LE
REGNE ANIMAL
DISTRIBUE
■ I
D'APRES SON ORGANISATION
/.'
*
IMPRIMERIE D'HIPPOLYTE TILLIARD,
RUE DE LA HARPE W° 78.
4
LE
RÈGNE ANIMAL
DISTRIBUÉ B' APRÈS SON ORGANISATION ,
POUR SERVIR DE BASE
»
A L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX
ET D'INTRODUCTION A L'ANATOMIE COMPARÉE.
Par m, le baron GUVIERj
CRAKD OFFICIER DE LA LÉGION-D'HONNBUn , CONSBILLER-d'ÉTAT ET AU CONSEIL ROYAL DB L'iNSTRUCTION
PUBLIQUE , L'UN CES QUARANTE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE, SECRETAIRE PERPETUEL DE L'ACADÉMIE DES
SCIENCES. MEMBRE DES ACADÉMIES ET SOCIETES BOTALES DES SCIENCES DE LONDRES, DE BERLIN,
DE PÉTERSBOURG, DE STOCKHOLM, D 'EDIMBOURG , DE COPENHAGUE, DE GOETTINGUB , DE TURIN,
DE BAVIÈRE , DB MODENB , DBS PAÏ3-BAS, DE CALCUTTA , DB LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LONDRES , etc.
AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE.
NOUVELLE ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE.
TOME IV.
CRUSTACÉS * ARACHNIDES ET PARTIE DES INSECTES.
PAR M. LATREILLE,
CUEVALIBR DE LA LÉGION-D'BONNEUB, MEMBRE DE l'iNSTITUT ( ACADÉMIE ROTALB DES SCIENCES ),
DB LA PLUPART DES AUTRES SOCIÉTÉS SAVANTES D'EUROPE ET d'amÉBIQUB , etc.
Part* ,
CHEZ DÉTERVILLE, LIBRAIRE,
RUE HATJTEFETJILXE, »° 8;
ET CHEZ CROCHARD, LIBRAIRE,
CLOÎTRE SAINT-BENOÎT , NQ l6.
1829.
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AVERTISSEMENT (i).
Surchargé de travaux, el cédant peut-être trop
facilement à l'impulsion de l'amitié , à mon em-
pressement à lui être utile , M. Cuvier m'a confié la
rédaction de la partie de cet ouvrage qui traite des
insectes.
Ces animaux ont été l'objet de ses premières
études zoologiques, et le principe de ses liaisons
avec un des plus célèbres disciple de Linnaeus ,
Fabricius , qui lui donne souvent dans ses écrits
des témoignages de son estime particulière. C'est
même par des observations curieuses sur plusieurs
de ces animaux( Journal d'Hist. nat.), que M. Cuvier
(i) Cet avertissement est le même que celui que, dans la première
e'dition de cet ouvrage , j'avais mis en tête du troisième volume. M'y
e'tant borné à exposer les principes généraux sur lesquels repose ma
distribution générale des animaux composant la classe des insectes ,
dans la méthode de Linnaeus , et n'ayant fait, dans cette nouvelle édi-
tion , aucun changement à cet égard , le même avertissement lui est
applicable. Mais, considérée dans les détails ou quant aux divisions se-
condaires et tertiaires, c'est-à-dire les ordres , les familles , les genres et
les sous-genres , cette seconde édition présentera des différences remar-
quables. Il nous était impossible de la mettre au niveau de l'état
actuel delà science, sans modifier en plusieurs parties ma première
méthode , et sans y faire des augmentations considérables ; elles
TOME IV. a
VJ AVERTISSEMENT.
a préludé à ses travauxsur l'histoire naturelle. L'en-
tomologie a retiré, comme toutes les autres bran-
ches de la zoologie ^ de grands avantages de ses re-
cherches anatomiques et des changements heureux
qu'il a faits aux hases de nos classifications. L'or-
ganisation intérieure des insectes a été mieux
connue, et cette étude n'est plus négligée comme
elle l'était généralement avant lui. Il nous a mis sur
la voie de la méthode naturelle. ( Tableau élém.
de VHist. nat. des Anim. j Lee. d'Anat. comp.)
Le public regrettera donc vivement que ses occu-
pations nombreuses ne lui aient point permis de
rédiger cette partie de son traité sur les animaux.
Peut-être le désir de répondre à sa confiance ,
d'associer mon nom an sien dans un ouvrage qui,
parla multitude des recherches sur lesquelles il
repose, et par leur application, sera pour notre
_ — — . . ■■■ ■ ■■' ' -'■ — ■ - -■■ ■— ■ — ' — -■ ■ ...... . ,.. ,. ^
elles sont même telies , vu les progrès de l'entomologie , qu'avec un vo-
lume de plu* , ou deux au lieu d'un , je n'ai pu présenter que très som-
mairement celte multitude de coupes génériques qu'on a public'es
depuis dix ans, et qui sont souvent fondées sur les caractères les plus
minutieux. Celte brandie de la zoologie a gagné sous d'autres rapports
et plus positifs , ceux de l'auatomie Je devais d'autant plus faire con-
naître ces observations, qu'elles entraient dans le pian de l'illustre au-
teur de cet ouvrage, et qu'elles confirment la solidité des coupes que
j'ai formées. C'est par la iecture des généralités qui les précèdent que
l'on pourra mieux apprécier les motifs qui oui déterminé ces change-
ments, et sentir rimpo"la:ice des additions dont s'est enrichie la partie
entoinolo»ique de ce livre. Pour peu qu'on la compare avec celle de la
première édilion, il sera facile de juger qu'elle a été entièrement refaite
ou que c est plutôt un nouvel ouvrage que nous donnons au public
qu'une nouvelle édition.
AVERTISSEMENT. VI j
siècle un précieux monument littéraire, in'a-t-il
fait illusion et jeté dans une entreprise au-dessus
de mes Forces. J'ai contracté une obligation bien
grande, et je me suis imposé une tâche aussi hardie
pour le plan que difficile dans l'exécution. Kéunir
dans un cadre très limité les faits les plus piquants
de l'histoire des insectes, les classer avec précision
et netteté dans une série naturelle, dessinera grands
traits la physionomie de ces animaux , tracer d'une
manière laconique et rigoureuse leurs caractères
distinetifs, en suivant une marche qui soit en rap-
port avec les progrès successifs de la science et ceux
de l'élève, signaler les espèces utiles ou nuisibles,
celles qui , par leur manière de vivre , intéressent
notre curiosité , indiquer le's meilleures sources où
. l'on puisera la connaissance des autres, rendre à
l'entomologie cette aimable simplicité qu'elle a eue
dans les temps de Linnœus, de Geoffroy et des pre-
mières productions de Fabricius, la présenter néan-
moins telle qu'elle est aujourd'hui^ ou avec toutes
les richesses d'observations qu'elle a acquises, mais
sans trop l'en surcharger ; se conformer, en un
mot, au modèle que j'avais sous les yeux, l'ou-
vrage de M. Cuvier , tel est le but que je me suis
efforcé d'atteindre.
Ce savant, dans son tableau élémentaire de l'his-
toire naturelle des animaux, n'a pas restreint l'é-
tendue donnée par Linnaeus à sa classe des insectes ;
mais il y a fait cependant des améliorations néces-
saires, et qui ont servi de base à d'autres mé-
a.
Vllj AVERTISSEMENT.
thodes publiées depuis. Il distingue d'abord les
insectes des autres animaux sans vertèbres, par des
caractères bien plus rigoureux que ceux qu'on
avait employés jusqu'à lui : une moelle épinière
noueuse ; des membres articulés. Linnaeus termine sa
classe des insectes par ceux qui n'ont point d'ailes ,
quoique la plupart d'entre eux, tels que les crus-
tacés, les aranéides , soient, sous les rapports de
leurs systèmes d'organisation , les plus parfaks de
la classe ou les plus rapprochés des mollusques. La
disposition de sa méthode est donc , à cet égard ,
en sens inverse de l'ordre naturel, et M. Cuvier,
en transportant, d'après cette différence de sys-
tèmes , les crustacés à la tête de la classe , et en
faisant venir immédiatement à leur suite presque
tous les autres insectes aptères de Linnoeus, a recj
tifié la méthode dans un point où la série était en
opposition avec l'échelle formée par la nature.
Dans ses Leçons d'anatomie comparée , la classe
des insectes, dont il sépare maintenant les crusta-
cés, est divisée en neuf ordres, d'après la nature et
les fonctions des organes masticateurs, l'absence ou
la présence des ailes y leur nombre, leur consi-
stance , et la manière dont elles sont réticulées.
C'est l'alliance du système de Fabricius et de la
méthode de Linnaeus perfectionnée.
Les coupes que M. Cuvier a faites dans son pre-
mier ordre, celui des gnathaptères , sont presque
les mêmes que celles que j'avais établies , soit dans
un Mémoire que j'ai présente à la société philo-
AVERTISSEMENT. IX
matique, au mois de d'avril 179^ , soit dans mon
Précis des caractères génériques des insectes (1).
M. de Lamarck, dont le nom est si cher aux amis
des sciences naturelles, a profité habilement de ces
divers travaux. Sa distribution méthodique des
insectes aptères de Linnceus nous paraît être celle
qui se rapproche le plus de l'ordre naturel , et nous
l'avons suivie, à quelques modifications près, dont
nous allons rendre compte.
Ainsi que lui, je partage les insectes de Linnaeus
en trois classes : les crustacés , les arachnides , et les
insectes j mais je fais abstraction, dans les carac-
tères essentiels que je leur assigne , des changements
que ces animaux peuvent éprouver antérieurement
à leur état adulte. Cette considération , quoique na-
turelle et déjà employée par de Géer^ dans sa dis-
tribution des insectes aptères, n'est point classique,
en ce qu'elle suppose l'observation de l'animal
dans les divesâges, et elle souffre d'ailleurs beau-
coup d'exceptions (2).
1 ■' ■ — - - — ■ — ■ ■
(1) J'y ai divisé les insectes aptères de Linnaeus en sept ordres':
i° les Suceurs; 20 les ThysAnoures ;«3° les Parasites; 4° les Acé-
phales {Arachnides palpistes de M. Lamarck j ; 5° les Entomostra-
cés; 6° les Crustacés,- 70 les Myriapodes.
(2) Ces considérations n'ont pas cependant été négligées , et je m'en
suis servi avec un grand avantage, pour grouper les familles et les
disposer dans un ordre naturel, ainsi qu'on peut le voir par les petits
tableaux historiques qui sont à la tête de l'exposition de ces familles.
Je me suis même occupé d'un travail général sur les métamorphoses des
insectes , dans un Mémoire qui n'a pas encore été publié (*), mais que
(') Voyez l'article Insectct du Nouv. Dict. d'Hist. nat., 2e édition.
X AVERTISSEMENT.
La situation et la Forme des branchies , la manière
dont la tète est unie au corselet, et les organes de
la rnanducation , m'ont fourni le moyen d'établir
dans la classe des crustacés cinq ordres (1) qui me
paraissent naturels. Je la termine , ainsi que l'a fait
M. de Lamarck , par les hranchiopodes , qui sont
des espèces de crustacés arachnides.
Je ne comprends dans la classe suivante ^ celle
des arachnides , que les espèces composant , dans la
méthode de M. de Lamarck, l'ordre des arach-
nides palpiste s , ou celles qui n'ont point d'antennes.
L'organisation tant intérieure qu'extérieure de ces
animaux nous présentera dès lors un signalement
simple, rigoureux, et d'une application générale.
Us ont tous les organes de la respiration inté-
rieurs , recevant l'air par des stigmates concentrés ,
ayant tantôt des fonctions analogues à celles des
poumons, et consistant tantôt en des trachées
rayonnées ou ramifiées dès leur base ; ils sont privés
d'antennes, et offrent communément huit pieds.
Je partage cette classe en deux ordres: les pulmo-
naires et les trachéennes.
Deux trachées s'étendant parallèlement dans la
longueur du* corps, ayant , par intervalles, des
centres de rameaux correspondant à des stigmates,
et deux antennes,, caractérisent, d'une manière
j'ai rédige depuis long-temps , et que j'ai communiqué à quelques amis
j'en ai fait usage dans les généralités.
(1) Deux de plus dans cette seconde édition.
AVERTISSEMENT. XJ
1res simple, la classe clés insectes. Ses coupes pri-
maires ont pour base les trois considérations sui-
vantes : l° Insectes aptères y a métamorphoses nulles
ou incomplètes ; les trois premiers ordres. i° In-
sectes aptères et subissant des transformations
complètes j le quatrième. 3° Insectes ayant des
ailes y et les acquérant par des métamorphoses ? soit
parfaites , soit incomplètes j les huit derniers. Je
débute par les arachnides antennistes de M . de
Lamarck, qui sont compris dans cette première di-
vision, et forment nos trois premiers ordres. La
seconde est composée du quatrième ordre, et n'offre
qu'un seul genre, celui des puces : il semblerait ,
sous quelque rapport , devoir se lier, au moyen des
hippoboscpies , avec les diptères: mais d'autres ca-
ractères , et la nature de ses métamorphoses ,
éloignent ce genre de celui des hippobosques. Au
surplus , il est souvent difficicile de distinguer ces fi-
liations naturelles, et souvent même, lorsqu'on est
assez heureux pour les découvrir , est-on obligé de
sacrifier ces rapports à la' clarté et à la facilité de
la méthode.
Aux ordres connus des insectes ailés y j'ai ajouté
celui des strépsiptères de M. Kirby, mais sous une
autre dénomination , savoir , celle des rhipiptères ,
la sienne me paraissant être fondée sur une fausse-
supposition. Peut-être même devrait-on supprimer
cet ordre, et ]e réunir à celui des diptères, ainsi
que le pense M. de Lamarck.
XJJ AVERTISSEMENT.
Pour des motifs que j'ai développés ailleurs (i) ,
et que je pourrais fortifier par d'autres preuves,
j'attache plus de valeur aux caractères tirés des
organes locomoteurs aériens des insectes, et à la
composition générale de leur corps, qu'aux modi-
fications des parties de leur bouche , du moins lors-
que leur structure se rapporte essentiellement au
même type. Ainsi, je ne divise point d'abord ces
animaux en broyeurs et suceurs , mais en ceux qui
ont des ailes et des étuis, et en ceux qui ont quatre
ou deux ailes de même consistance. La forme et les
usages des organes de ]a manducation ne sont
employés que secondairement. Ma série des ordres
relativement aux insectes ailés est conséquemment
presque semblable à celle de Linnceus.
Fabricius, MM. Cuvier, de Lamarck , Clairville
et Duméril, mettant en première ligne les diffé-
rences des fonctions des parties de la bouche , ont
disposé ces coupes d'une autre manière.
D'après le plan de M. Cuvier , j'ai réduit le
nombre des familles que j'avais établies dansrnes ou-
vrages antérieurs, et converti en sous-genres les dé-
membrements qu'on a faits des genres de Linnaens,
quoique leurs caractères puissent être d'ailleurs
bien distincts. Telle avait été aussi l'intention de
Gmelin , dans son édition du SystemaNaturœ. Cette
méthode est simple , historique et commode par
(i) Conside'r. ge'ne'r. sur l'ordre des crust , des arach. et des insect, ,
pag. 4 fi.
AVERTISSEMENT. Xll]
l'avantage qu'elle procure à l'étudiant de graduer
son instruction suivant son âge , sa capacité , ou le
but qu'il se propose.
Tons mes groupes sont fondés sur l'examen
comparatif de toutes les parties des animaux que
je veux faire connaître, et sur l'obseryation de
leurs habitudes. C'est pour être trop exclusifs dans
leurs considérations ^ que la plupart des natura-
listes s'écartent de l'ordre naturel. Aux faits re-
cueillis par Réaumur, Rœsel, DeGéer, Bonnet,
MM. Huber, etc. , sur l'instinct des insectes, j'en
ai ajouté plusieurs qui me sont propres, et dont
quelques-uns n'avaient pas encore été publiés.
M. Guvier y a joint un extrait de ses observations
anatomiques(j); il s'est même livré à de nouvelles
recherches, parmi lesquelles je citerai celles qui
ont pour objet l'organisation des limules, genre de
crustacés très singulier.
N'ayant pu décrire qu'un petit nombre d'espèces,
j'ai choisi les plus communes et les plus intéres-
santes , celles, particulièrement, qui sont men-
tionnées dans le tableau élémentaire de l'histoire
naturelle des animaux de M. Cuvier.
Vous , dont les travaux dans cette branche des
sciences naturelles ont mérité l'hommage de nos
respects et de notre gratitude , ne voyez dans cet
(i) Celles que j'y ai ajoutées dans cette seconde e'dition m'ont e'te'
fournies par MM. Léon Dufour, Marcel de Serres , Straus , Audouin
et Milne Edwards.
XIV AVERTISSEMENT.
ouvrage qu'une grande esquisse de l'Entomologie ,
qu'un exposé succinct de ce que vous avez fait pour
elle , qu'un repos pour votre mémoire ; en un mot ,
qu'un traité élémentaire qui préparera les élèves à
la méditation de vos écrits. Qu'il me serait doux
d'avoir rempli leurs espérances , et celle du savant
illustre dont j'ai été auprès d'eux le faible organe î
La treille , de V Académie royale
des Sciences,
TABLE MÉTHODIQUE
DU QUATRIÈME VOLUME.
Pages.
Des Animaux articulés
et pourvus de pieds
articulés 1
PREMIÈRE CLASSE.
LES CRUSTACÉS. . . 7
Leur division en ordres. 12
PREMIÈRE DIVISION
GÉNÉRALE.
LES MALACOSTRACÉS. 16
Malacostracés à yeux pé-
dicules ib.
CRUSTACÉS DÉCAPO-
DES ,8
Décapodes brachyures. 28
Crabes 3o
Crabes nageurs .... ib.
Matute 3i
Polybie ib.
Orithyie 32
Podophthalme.. . 33
Etrille ou Por-
tune 0,m
Pages.
Platyonique. ... 36
Crabes arque's. . . . ib.
Crabe proprem.
dit ib.
Clorodie , car-
pilie , Xan-
ihe (1). . . ib.
Pirimèle 38
A télécycle ib.
Mursie. 3g
Hépate ib.
Crabes quadrilatères. . 4°
Éripliie 41
Trapezie ib.
Pilumne ib.
Thelphuse 42
. -Gonoplace. ... 4^
Macroplithalme. . 44
Gélasime 4^
Ocypode 4^
Mictyre 47
Pinnotlière. ... 4$
Uca 49
Cardisome 5o
Ge'carcin ib.
(i).Nous désignerons par des caractères italiques des genres^que nous
ne mentionnons qu'accessoirement , soit qu'ils nous soient peu ou point
connus, soit que nous les réunissions à d'autres.
oc
XVJ TABLE MÉTHODIQUE
Pages.
Plagusie 5i
Grapse ib.
Crabes orbiculaires .
5a
Coryste 53
Leucosie ...... ib.
Ixa . ib.
Iphis, Nursie, Ar~
canie, Ilie, Per-
sephone, Mjra,
Leucosie. ... 54
Ébalie. .'.... 55
Crabes triangulaires. . ib.
Parthenope. ... 56
Lambvus . . . . ib.
Mitbrax 57
Acanthonyx ... 58
Pise ib.
Péricère ib.
Maïa 59
Micippe . * . . * ib.
Stenocionops. . . ib.
Camposcie . . • . 60
Halirue. ..... ib.
Hyas 61
Libime ib.
Doclée, Egérie. . ib.
Leptope 62
Hyrjie'nosome. . . 63
Tnaclius ' ib.
Ache'e 64
Ste'norhinque. . . ib.
Leptopodie. . . . ib.
Pactole . i . . . ib.
Lilhode 65
Crabes cryptopodes. . ib.
Calappe 66
iEthra 67
Crabes notopodes. . . ib.
Homole ib.
Dorippe 68
Pages.
Dromie 68
Dynomène .... 69
Ranine ib.
DÉCAPODES MACROURES.
Écrevisse. . . .
Macroures anomaux. .
Albune'e . . . . .
Hippe
Remipède
Birgus
70
72
73
74
ib.
75
76
Hermite ib.
Cénobite, Pagure. 7 7
Prophylace ... 78
Macroures locustes. . . 79
Scyllare . . : . • ib.
Thène , ibacus. . . 80
Langouste .... ib.
Macroures bomards. . 82
Galatbée 83
Grymote'e , munl-
dée ib.
sEglée , Janire. . 84
Porcellane. . . . ib.
Monolépis .... 85
Me'galope ib.
Gébie 86
Tbalassine. . . . ib.
Callianasse .... 87
Axie. ...... ib.
Eryon 88
Ecrevisse propre, ib.
Nephrops. . . ,| . 89
Macroures salicoques, 91
Pe'ne'e 92
Stenope 93
Atye ib.
Crangon g4
Processe . . » . . q5
Hyménocère « . . ib.
DU QUATRIEME VOLUME.
Pages
Gnathopliylle. . . 96
Ponlonie ib.
Alpliée ib,
Hippolyte .... ib.
Autonomëe. . . . ib.
Pandale 97
Pale'inon ib.
Lysmate 98
Athanas 99
Pasyphaé. .... ib.
Mysis 100
Cryptope ib.
Mulcion ib.
CRUSTACÉS STOMA-
PODES 101
STOMAPODES UNICU1RASSÉS. IO7
Squille ib.
Squille propre. . 108
Gonocle jtyle . . . 1 09
Coronis ib.
Ericlitlie 1 10
Alime ib.
Stomapodes bicuirassés. ib.
Phyllosome. . . 1 1 1
Malacostracés à yeux
sessiles ib.
CRUSTACÉS AMPHI-
PODES. ...... 114
Crevette. . . . ii5
Plironime. .... 116
Hypérie 117
Phrosyne ib.
Dactylocère . . ib
Ione 1 18
Orchestie 119
Talitre ib.
Atyle. ...... 120
XVI j
Pages?
Crevette propre. . 120
Mélite ib.
Me'ra 121
Amphihoe' .... ib.
Pheruse ib.
Déxamine .... ib.
Leucothoé . . . . 122
Cérapc ib.
Podocère ib.
Jasse ib<
Coroplûe 123
Pte'rygocère . . . 124
Apseude ib.
Typliis ib.
Ance'e 125
Pranize ib.
Ergine ib.
CRUSTACÉS LAEMODI-
PODES 126
Cyame. ...... 127
Leptomère ... ib.
Naupredie ... . 128
Chevrolle. .... ib.
Cyame propre . . ib.
CRUSTACÉS ISOPO-
DES -.ï?9
- Cloporte 1 3 1
Bopyre i32
Serole . . '. . . . ib.
Cymotlioë . . . . j 33
Iclitliyopliile . . . ib.
We'rocile ib.
Livonèce ib.
Canolire 1 34
^Ega ib.
Rocinèle ib.
Conilire ib.
Synodus 1 35
Cirolane ib
XVII]
TABLE METHODIQUE
Pages.
TVélocire
Eurydice.
Limnorc'e.
Zuzai e . .
Splieiome
Nesee. . .
Campdcopée
Cilicée .
Cymodoce'e
Dy na mène
Anthure .
Idotée . .
Slénosome
Arcture
Aselle .
Oniscode
Jœra. . .
Tylos .
Ligie. .
Philoscie
Cloporte propi
Porcellion
Armadille
DEUXIEME DIVISION
GÉNÉRALE DES CRUSTACÉS.
LES EÎNTOMOSTRA-
CÉS
CRUSTACÉS BRAN-
CHIOPGBES. . . ,
i35
ib.
ib.
i37
ib.
ib.
ib.
i38
ib.
ib.
ib.
139
ib.
ib.
140
ib.
141
ib.
i43
ib.
ib.
44
145
Vlonocle i 5o
ib.
Monocles lophyropes.
Zoe
INebalie , .
Condylure. , .
Cyclope . .
Calcine
Cythe're'e 1 58
Cypris ,59
l52
i53
ib.
154
i57
Latone
Sida
Polyphème. . . .
Daphnie ....
Lyncee
Monocles phyllopes. .
Limnadie
Artemie
Branchipe . . . .
Eulimène
Apus
Lépitlure
CRUSTACÉS PAECILO-
PODES
PiECILOPODES XVPHOSURES.
Limule
Tachyplce. . . .
POECILOPODES SIPHONOSTO-
MES
Calfgides
Arguie
Calige
Cahge propre. .
Pterygopode . . .
Pandare
Diiiemoure. . . .
Anthosome. . . .
Cécrops.. . . .
Lern^eiformes
Dicliéiestion.. ,
Nicothoé. . . .
TRILOB1TES ......
AgnosLe. . . .
Calymène. . .
Asapîie. .....
Ogygie
Paradoxide. , .
Page».
162
. ib.
i63
164
171
ib.
1^1
i73
i74
178
J79
182
i83
184
188
189
ib.
190
i95
*97
ib.
ib.
ib.
198
!S9
ib.
ib.
201
lO'l
204
•2o5
ib.
ib.
ib.
DU QUATRIEME
Pages.
DEUXIÈME CLASSE.
LES ARACHNIDES. . . 206
ARACHNIDES PULMO-
NAIRES 211
A. Pulmonaires fileu-
ses ou araneïdes. . 21 3
Mygale 227
Cténize 23 i
Atype a32
Eriodon 233
Dysdère 234
Filistale ib.
Araignée. ..... 235
Tubilèles ib.
Clotlio 236
Drasse ..;... 238
Se'gestrie. . . .240
Clubione 241
Araignée propre, ib.
Arygronèle. . . . 242
Ine'quitèies ib,
Scytode ib.
Tlie'ridion . . . . 2j3
Episine 2^4
Pholcus ib.
Orbitèles y,%
Linyphie <_>A$
.... 246
247
ib.
2 5o
25l
Ulobore . . . ,
Tetragnatbe . .
Epeïre . ...
Late'rigrades. ....
Micrommate .
Se'le'nope ^#
Philodrome. . . . 254
Thomise 255
Storène 25g
Citigradcs . . ... 257
Oxyope. . . . 2^8
VOLUME. XIX
Pages
Ctène. ...... 258
Dolomède. . . . ib.
Lycose 209
Myrme'cie , . . . 261
Saltigrades ib.
Tessarops 263
Palpimane. . . . ib.
Erèse ib.
Sallique 264
A. PULMONAIRES PEDI-
PALPES 265
Tarentule. . . . ib.
Phryne 266
The'lyphone. . . . ib.
Scorpion 267
Buthus , 2-0
Scorpion propre. . ib.
ARACHNIDES TRA-
CHÉENNES 271
Faux-Scorpions. . . . 273
Galéode ib.
Pince 275
Pycnogonides 276
Pycnogonon. . . 278
Phoxichile. . . . ib.
Nymphon. . . . ib.
Ammothee. . . . 279
Holetres tb.
Phalangiens ib.
Faucheur . . . .281
Gonolcpte .... ib.
Siron 282
Macrochèle.. . . ib.
Trogule ib.
ACARIDIES 283
Mite ib.
XX
TABLE METHODIQUE
Pages.
Ti'ombidion . . . 284
Erythrée ib.
Gamase ib.
Cheylète 285
Oribate ..... ib.
Uropode 286
Acarus ib.
Bdelle ib..
Smaride ..... 287
Ixode. ...... ib.
288
289
ib.
290
ib.
ib.
Argas .....
EyJaïs
Hydracline. . .
Limnochare . .
Caris
Lepte- ....
Aclysie ib.
Atome . . i . . . 291
Ocypète . . . . . ib.
TROISIEME CLASSE.
LES INSECTES ib.
Leur division en ordres. 32 1
MYRIAPODES 326
Chilognathes 329
Iule 333
Gloméris ib.
Iule propre. . . . 334
Polydème .... ib.
Craspedosome . . 335
Pollyxène ib.
Chilopôdes ib.
Scolopendre. . . ib.
Scutigère 33^
Lidiobie 338
Scolopendre pro-
pre ...... ib.
TUYSANOURES 339
Lepismenes 34o
Page*.
Lepisme 340
Machile. . '. . . 34 1
Le'pisme propre. . ib.
PODURELLES. ..... 342
Podure ib.
Podure propre . . 343
Smynthure. . . .' ib.
PARASITES. ...... ib.
Pou. ....... 344
Pou proprement
dit 345
Haematopine . . . 346
Ricin ib.
Trichodecte. . . . 348
Gyrope ib.
Liolhée ib.
Philoptère. . . . ib.
Goniode 349
Triongulin. ... ib.
SUCEURS ib.
Puce 35o
COLÉOPTÈRES 352
Coléoptères pen-
tamères. . . . 355
Carnassiers ib.
PREMIERE TRIBU.
CiCINDÉLETES 35g
Cicindèle. . . . ib.
Manticore 36o
Mcgace'pliale . . . ib.
Oxyclieile ib.
Euprosope . . . . 36 1
Cicindèle propre, ib.
Ctenostome. . . 363
The'rate 364
Colliure ib.
Tricondyle. . . . 365
DU QUATRIEME
Pages,
seconde tribu.
Carabiques 365
Carabe. . . .
Les Etuis tronqrte's. .
Anthie. . . .
Grapbiptère .
Aptine. . . .
.Drachme . . .
Corsyre. . . .
Casnonie. . .
Leptotrachèle
Odacanthe . .
Zuphie. . . .
Polis tique . .
Helluo. . . .
Dr^-pte. . . .
'Trichognatbe.
ib.
366
867
ib.
368
369
370
37i
ib.
372
ib.
373
ib,
ib
374
ib.
376
ib.
377
ib.
Gale'rite 375
Cordiste ....
Cte'nodactyle. .
Agre
Cy min dis. . . .
Collëide ....
De'mëtrias ib.
Dromie ib.
Lébie 37§
Plochione ib.
Orthogonie. ... 379
Coptodère .... ib.
Les Bipartis ib.
Encélade 38o
Siagone ib.
Care'num ib.
Pasimaque .... 38a
Acanthoscèle. . . 383
Scarite "-ib.
Oxygnathe .... 384
Oxystome 385
Camptodonte. . . ib.
TOME IV.
I
VOLUME. XXJ
Pages.
Ciivine 385
Dyschirie 386
Morion ib.
Ozène ib.
Ditome 387
A ris te ib.
Apotome 388
Les Quadrimanes. . . ib.
Acinope 3Sg
Dapte ...... ib
Harpale 390
Opbone 39 !
Ste'nolophe. . . . ib.
Acupalpe ib.
Les Simplicimanes . . ib.
Zabre 392
Pogone. ..... ib.
Te'tragonodère . . 393
Fe'ronie ib.
A mare : 3g4
Pœcîle ib.
Argutor ib.
Platysme ib.
Omasc'e ib,
Catadrome. ... ib.
Cophose ib.
Abax ib.
Cheporus 396
Plérosliche. ... ib.
Molops ib.
Stérope 397
Myas ib.
Trigonotome . . 3g8
Céphalote .... ib,
Stomis ib.
Catascope. .... ib.
Pseudomorphe. . ib.
Colpode 399
Péricule ib.
b
XXI] TABLE METHODIQUE
Pages.
Morinolyce. . . . 400
Sphodre. . . .*. . ib.
Cte'nipe ib.
Calatlie 4QI
Taphrie ib.
Les Patellimanes . . . ib.
Dolique 402
Platyne ib.
Agone ib.
Anchomène . . . 4°3
Calliste ib.
Oode ib.
Chlœnie ib.
Épomis 4°4
Dinode ib.
Lissauchenus. . . ib.
Rembe ib.
Dicœle 4°^
Licine ib.
Badister ib.
Péléçie 4°^
Cyntbie. .... . ib.
Panage'e . . • • . 4°7
Loricère- ib.
Patrobe. . . ■ . . ib.
Les Grandipalpes. . . 4°8
Pambore 4°9
Cychrus ib.
Scapliinote . . . . 410
Spliœrodère ... ib.
Tefflus '. ib.
Proce'rus 41 1
Procruste ib.
Carabe propre. . . ib.
Pledès 412
Cechenus ib.
Calosome 4*3
Pogonophore . . . 4 ! 4
Nébrie ^iS
Alpe'e ib.
Omophron .
Elaplire . .
Bléthise . .
Pélophile. .
Notiophile .
Les Subulipalpes
Bembidion. .
Tachypus .
Lopha .
Nolaphus .
Peryphus
Leja ....
Tre'phus . .
Blemus . .
TROISIÈME TRIBU.
Hydrocanthares. . . .
Dytisque. . . .
Dytisque propre.
Colymbète . . . .
Hygrobie. . . . .
Hydropore ....
Notère
Haliple
Gyrin
Dînent es
Brachelytres
Staphylin. .
Les Fissilabres
Oxypore. . . . .
Astrape'e
Staphylin^ propre.
XanViolin ....
Pinopliile. "'. \. . .
Lathrobie ....
Les Longipalpes. . . .
Pe'dère
'• . Stilique.'
Procirrus
Pages.
4i6
ib.
ib.
ib.
4i8
ib.
ib.
ib.
4i8
ib.
ib.
ib
420
ib.
ib.
4H
426
ib.
427
ib.
428
ib.
43i
ib.
ib.
433
ib.
ib.
434
435
ib.
ib.
436
ib.
ib.
ib.
DU QUATRIEME VOLUME.
Pages.
Evœsth ète . .
Stène
Les Denticrures. .
Oxytèle. . .
Osorius. . . .
Zirophore . .
Prognathe . .
Coproplule . .
Les Applatis . . .
Omalie. . . .
Lylève. . . .
Micropèple. .
Protéine . . .
Aleochare . .
Les Microcéphales.
Lomechuse. .
Tachine . . .
Tachypore. .
îERRICOP.NES. . . .
437
ib.
ib.
438
ib.
. ib.
439
ib.
ib.
ib.
ib.
44o
ib.
ib.
ib.
44i
ib.
442
-,
10.
PREMIERE SECTION.
Sternoxes. 444
PREMIERE TRIBU.
BuPRESTIDES ib.
Bupreste 445
Bupreste propre. . 44^
Trachys
• 44?
Aphanistiqu». . . 4^8
Me'lasis ib.
SECONDE TRIBU.
0
Elatekides ib.
Taiipin. . . , . 449
Galba 451
Eucne'mis ib.
Adelocère .... ib.
Lissome 452
Che'lonaire. . . . ib.
XX11J
Pages.
Throsque ib
Cérophyte .... 4^3
Cryptostorne. . . ib.
INe'matode ... ; 4^4
Hemirhipe .... ib.
Cténicère ib.
ïaupin propre. . . ib.
Campyîe ^56
Phvllocère .... ib.
J
seconde section.
Malacodermes. . . . 4^7
premiere tribu.
Cébrtonites ib.
Cebrion ib.
Physodactyle. . . 4^8
Cebrion propre . . ib.
Anélaste 4^9
Callirliipis . . .
Sandalus. . . .
Rhipicère.
ib.
46o
ib.
46i
ib.
Ptilodactyle. . .
Ditscille ....
• Élode '. 462
Scyrte ib.
Nycte'e ib.
Eubrie ib.
SECONDE TRIBU.
Lampyrides ib.
Lampyre. . . . 463
Lycus 4^4
Dictyoptère. . . . ib.
Omalise 4^5
simydète 467
Phengode ib.
Lampyre propre, ib.
Drile. ...... 46S
Cochltoctone . . . 469
Téle'phore .... 47°
b.
XXIV
TABLE METHODIQUE
Pages.
Siïis 47 l
Malthine 47 2
TROISIEME TRIBU.
Melybides ib.
Mélyre ib.
Malachie 47 3
Dasyte
Zygie
Me'lyre propre.
Pe'locopbore . .
Diglobicère
ib.
4t4
ib.
475
ib.
QUATRIEME TRIBU.
Clairones ib.
Clairon 476
Cylidre ib.
Tille ib.
Piocère 477
Axine ib.
Eurype ib.
Thanashne . . .
Opile. . . . . .
Clairon propre.
•
Necrobie . . . .
Énoplie
CINQUIEME TRIBU.
478
ib.
ib.
479
48o
ib.
]
rTINlORES. .....
Ptine. : . . . . 481
Piine propre.' . . ib.
IJe'dobie .... 4§2
Gibbie ib.
Piilin 483
Xyle'line ..... ib.
Dorcatome. ... ib.
Vrilietle ib.
TROISIEME SECTION
ET TRIBU DES
LlMEBOlS
485
ib.
487
ib.
Pages.
Lyméxylon. • . 485
Hyle'coete ^S6
Lymexyîon pro
pre .....
Cupès. .....
Rbysocle . . , .
Clavicornes
premiere section.
premiere tribu.
Palpeurs 488
Mastige. .... 489
Mastige propre. . ib.
Scyclmène ib.
SECONDE TRIBU.
Histéroïdes 49°
Escarbot 4l2
Hololeple ib,
Escarbet propre. . 49^
Platysome. .
Dendrophile .
Abrée ....
O niliophile . .
ib.
ib.
494
ib
TROISIÈME TRIBU.
SlLPHALES ib.
Bouclier 455
Spbe'rite . . . . ib.
Nécropbore. . . . 49^
Necrode 49^
Bouclier propre. . ib.
Thanaiophde. .
Oiceptome . . .
Phosphuge. . .
]\ecrophile. . .
Agyrtès
499
ib.
5oo
ib.
5oi
DU QUATRIÈME
QUATRIEME TRIBU.
SCAPHIDITES
Scaphidie. . . .
Scapbldie propre.
Cholève
CINQUIEME TRIBU.
NlTIDULAIRES
Nitidule
Colobique . . . .
Thymale
Ips
Nit-idule propre. .
Cerque
Byture
SIXIEME TRIBU.
Engtdites.
Dacné
Dacne' propre./.
Cryptophage. . . .
SEPTIEME TRIBU.
Dermestins
Dermes te . . . .
Dermes Le propre .
Me'galome . . . .
Limniclius . . .
AlLagène
Trogoderme. . .
Anlhrène. . . .
Globicorne . . .
HUITIEME TRIBU.
Page?.
5o
5oi
ib.
ib.
5o3
ib.
5o4
ib.
5o5
ib.
5o6
ib.
ib.
ib.
ib.
5o8
ib.
Soc)
ib
5io
ib.
5i i
ib\\
ib.
Byc^hiens. .
Byrrhe.
Nosodendre
5l2
ib
ib.
VOLUME. XXV
Pages.
Birrbe propre . ; 5ia
Trinode 5i3
SECONDE SECTION.
PREMIER» TRIBU.
ACANTHOPODES 5l5
Hétérocère . • • ib.
SECONDE TRIBU.
Macrodactyles (i) . . 5i6
Dryops ib.
Polamopliile . . ib.
Dryops propre. . 5 1 7
Elrais ib.
Macronyque . . . ib.
Ge'orisse ib.
Palpicornes ib.
PREMIERE TRIBU.
TÎYDROPH1L1ETVS 5l9
Hydrophile. . . ib.
Élopliore. . . • 520
Hydrochus. . . • ib.
Ochlhebie .... ib.
Hydrœne ib.
Sperclié 52 1
Globaire ib.
Hydrophile pro-
pre 522
Liuinébie. . . . 524
Hydrobie ib.
Be'i ose ib.
SECONDE TRIBU.
SpH.ERIDIOIES 5l5
Sphéridie. . . . ib.
Cercidion 520*
Lamellicornes. . . . ib.
1] Lisez : LeftodAciylès (voyez l'errala).
XXV]
TABLE METHODIQUE
Pages.
PREMIÈRE TRIRIT.
SCARABEIDES 5^9
Scarabée 53o
Coprophages . . • . ib.
Ateuchus 532
Pachysome. ... . 534
Gyuinopleure. . . ib.
Circellie 535
Coprobie ib.
Chœridie .... ib.
Hy borne ib.
Eurysterne. . . . ib.
Onilicelle 536
Onthophage . . . ib.
Onitis 537
Plianée ib.
Bousier 538
Aphodie .... 53q
Psamraodie. . . . ib.
JEuparie ib.
Arénicoles 5^o
iEgialie. ib.
Chiron 54i
Léthrus 5/j2
Ge'olrupe 543
Ochode'e ..... 544
Athyre'e ...... ib.
Ele'pliastome . . . 545
Bolboce'ras .... ib.
Hybosore 5^6
Acanthocère. . . ib.
Trox 547
Phobère ib.
Ciyptodus .... ib.
Mœchïdius. ... ib.
Xylopliiles ib.
Oryctès 548
Agacépliale. . . . 54o
Orphnus ib.
Pages.
Scarabe'e propre.. 549
Pliileure 55o
Hexodon 55 1
Cyclocéphale. . . 552
Chrysophore. . . ib.
Rutèle 553
ib.
ib.
554
ib.
555
556
ib.
557
ib.
ib.
558
56 [
ib.
Macraspis ....
Chasmodie . .
Ome'tis
Pliyllophages
Pachype
Amblytère . . .
Anoplognatbe . .
Leucothyrée . . .
Apogonie
Géniate .....
Hanneton propre.
Rhisotrogue. . . .
Ce'raspis
Aréode ib.
Dasyus 562
Sérique ib.
Diplmcéphale . . ib.
Macrodactyle. . . ib.
Plectris 563
Popilie ib.
Euchlore ib.
Anisoplie ib.
Le'pisie ib.
•Dicranie ... . . 564
Hoplie ib.
Monoclièle .... 565
Anthobies ib.
Glapbyre 566
Ampliicome . . . ib.
Antliipne. . . - 56^
Cliasmcptèie . . . ib.
Chasmé ib.
Dichèle 568
Lépitrix ib.
DU QUATRIEME
Pages.
Pachycnème . . . 568
Anisonix ib.
Melitopliiles 569
Trichie 570
Platygénie .... 571
Crémastocheile . . 572
Goliath ib.
Inca 573
Cétoine 574
Gymnétis ib.
Macronote. ... ib.
SECONDE TRIBU.
L1UCA.NIDES 575
VOLUME. XXvij
Pages.
Lucane 576
Sinodendre. ... ib.
iEsale 577
Lamprime .... ib.
Ryssonote .... 578
Lucane propre. . ib.
Platycère. . . . 579
Syndèse 58o
Passale ib.
Paxille 58 1
Additions et correc-
tion^ 583
LE
RÈGNE ANIMAL
DISTRIBUÉ D'APRÈS SON ORGANISATION.
DES ANIMAUX ARTICULÉS
ET POURVUS DE PIEDS ARTICULÉS (i)
ou
DES CRUSTACÉS, DES ARACHNIDES ET DES INSECTES.
Ces trois (2) dernières classes des animaux arti-
culés que Linnœus réunissait sous le nom d'insec-
tes, se distinguent par des pieds articulés, au moins
(1) Je les ai désignés plus laconiquement par la dénomination de Con-
djlopes. Cette série d'articulations , dont se compose leur corps , a été'
comparée par quelques naturalistes à un squelette , ou à la colonne ver-
tébrale. Mais l'emploi de cette dénomination est d'autant plus abusif que
les articles ouïes prétendues vertèbres ne sont que des portions plus épais-
sies de la peau, et que cette peau est continue, mais simplement plus
mince et presque membraneuse par intervalles ou dans les jonctions arti-
culaires. Un caractère général qui dislingue ces animaux de tous les au-
tres , pareillement dépourvus de squelette, est leur exuviabilité ou leur
aptitude à changer de peau. La situation de l'encéphale, du pharynx et
des yeux, établissent , ainsi que dans les animaux plus élevés , les limites
du dos et du ventre et de leurs appendices respectifs.
(2) Le docteur Leach forme une classe particulière des insectes myria-
podes ou mille-pieds. Les arachnides trachéennes pourraient encore, sous
des considérations anatomiques , en composer une autre ; mais elles ont
tant- d'affinités avec les arachnides pulmonaires , que nous n'avons pas
cru devoir les séparer classiquement.
TOME IV.
t
-
2 ANIMAUX. ARTICULÉS
au nombre de six (1). Chaque article est tubuleux
et contient, dans son intérieur, les muscles de
l'article suivant, qui se meut toujours par gyn-
glime, c'est-à-dire dans un seul sens.
Le premier article , qui attache le pied au corps ,
et qui est le plus souvent composé de deux piè-
ces (2) , se nomme la hanche j le suivant , qui est
d'ordinaire dans une situation à peu près horizon-
tale, est la cuisse ; le troisième , le plus souvent ver-
tical, se nomme la jambe ; enfin , il en reste une
suite de petits qui posent à terre, ce qui forme
proprement le pied , ou ce qu'on appelle le tarse.
La dureté de l'enveloppe calcaire ou cornée (3)
du plus grand nombre de ces animaux tient à celle
de l'excrétion qui s'interpose entre le derme et
l'épidémie , ce qu'on appelle dans l'homme le tissu
muqueux. C'est aussi dans cette excrétion que sont
(1) Hexapodes. Ceux où leur nombre est au-delà de six', sont appele's
spiropodes par M. Savigny. Je les ai désignes , d'une manière plus pré-
cise, sous la dénomination d'hyperhéxapes (au-delà de six pieds).
(2) Dans beaucoup de crustacés , la seconde pièce des hanches paraît
faire partie des cuisses. Les jambes , ainsi que celles des arachnides, sont
divisées en deux articles.
(3) D'après les recherches de M. Auguste Odier, [Mém. de la soc.
rVhist. naiur. de Paris, 1823, t. ier? p. 29 et suiv. }, la substance de
cette enveloppe est d'une nature particulière , qu'il nomme chitine.
Suivant lui , le phosphate de chaux forme la plus grande partie des sels
des téguments des insectes; tandis que la carapace ou le test des crusta-
cés en offre peu , et abonde en carbonate de chaux, que l'on ne trouve
point dans les animaux précédents. D'autres recherches , celles de
M. Straus surtout , démontrent que les téguments remplacent ici la peau
des vertébrés , ou qu'ils ne forment point de véritable scpielette. Les ob-
servations de M. Odier combattent aussi toutes les analogies que Fou
avait voulu établir à cet é^ard.
A PIEDS ARTICULES. O
déposées les couleurs souvent brillantes et si va-
riées qui les décorent.
Ces animaux ont toujours des jeux qui peuvent
être de deux sortes ; les yeux simples ou lisses (1) ,
qui se présentent sous la forme d'une très petite
lentille, communément au nombre de trois, et dis-
posés en triangle sur le sommet de la tête ; et les
jeux composés ou à facettes , dont la surface est
divisée en une infinité de lentilles différentes , ap-
pelées facettes , et à chacune desquelles répond un
filet du nerf optique. Ces deux sortes peuvent être
réunies ou séparées selon les genres ; on ne sait
pas encore si, lorsqu'elles existent simultanément,
leurs fonctions sont essentiellement différentes ;
mais dans l'une et l'autre la vision se fait par des
moyens très différents de ceux qui ont lieu dans
l'œil des vertébrés (2).
D'autres organes qui paraissent ici pour la pre-
mière fois, et qui se trouvent dans deux de ces
classes, les crustacés et les insectes (3) , les antennes,
sont des filaments articulés et infiniment diversifiés
pour la forme , souvent même selon les sexes $ te-
nant à la tête, paraissant éminemment consacrés à
(1) Ocelli stemmata.
(2) Voyez un mémoire de M. Marcel de Serres sur les yeux compose's
et les yeux lisses des insectes , Montpellier, i8i5 , i vol. in-8°. Voyez
aussi les observations de M. de Blainville sur les yeux des crustacés,
consignées dans le Bulletin de la Société philo matique. Nous reviendrons
plus bas sur ce sujet.
(3) Et même dans les arachnides , mais sous des formes et avec des
fonctions différentes.
-, *
[\ ANIMAUX ARTICULÉS
un toucher délicat , et peut-être à quelque autre
genre de sensation dont nous n'avons pas d'idée, mais
qui pourrait se rapporter à l'état de l'atmosphère.
Ces animaux jouissent du sens de l'odorat et de ,
celui de l'ouïe : quelques-uns placent le siège du
premier dans les antennes (1); d'autres, comme
M. Duméril, aux orifices des trachées; d'autres encore,
comme M. Marcel de Serres, dans les palpes ; mais
ces opinions ne sont pas appuyées sur des faits posi-
tifs et concluants. Quant à l'ouïe , les crustacés dé-
capodes ^ et quelques orthoptères ont seuls une
oreille visible.
La bouche de ces animaux présente une grande
analogie qui, d'après les observations de M. Savi-
gny (2), s'étend même, du moins relativement aux
insectes hexapodes , à ceux qui ne peuvent que
sucer des aliments liquides.
Ceux qu'on appelle broyeurs y parce qu'ils ont des
(1) Relativement aux insectes , et lorsqu'elles se terminent en massue
plus ou moins développée, ou bien qu'elles sont accompagnées d'un
prand nombre de poils. Suivant M. Robin eau Desvoidy , les antennes in-
terme'diaires des crustacés de'capodes sont l'organe olfactif ( Bull, des
Scienc. nat., mai 1827). Mais il ne cite à l'appui de son sentiment aucune
expérience directe. Il semblerait d'ailleurs que , dans les crustace's très
carnassiers , tels que les gécarcins et autres , cet organe devrait être com-
parativement plus développe' , et nous observons positivement le con-
traire. Ses idées sur la composition extérieure des crustacés décapodes,
supposent l'existence d'un squelette. Mais pour ne pas agir arbitrairement,
il aurait dû commencer par établir la connexion de ces animaux avec
les poissons, et ne pas admettre, comme fait positif, ce qui est, au
moins, en question.
(2) Mémoires suf les animaux sans vertèbres. L'idée mère avait été con-
signée, mais sans développement, dans monHist. génér. des insectes.
A PIEDS ARTICULÉS. D
mâchoires propres à triturer les aliments , les pré-
sentent toujours par paires latérales , placées au-
devant les unes des autres; la paire antérieure se
nomme spécialement mandibules; les pièces qui les
couvrent en avant et en arrière portent le nom de
lèvres (i), et celle de devant en particulier celui
de labre. On appelle palpes ou antennules des fila-
mens articulés attachés aux mâchoires ou à la lèvre
inférieure , et qui paraissent servir à l'animal pour
reconnaître ses aliments. Les formes de ces divers
organes déterminent le genre de nourriture aussi
nettement que les dents des quadrupèdes. A la
lèvre inférieure (2) adhère communément la langue
(1) Il s'agit ici plus particulièrement des insectes à six pattes ou hexa-
podes.
(2) Ou plus simplement lèvre , puisque l'autre a reçu le nom de labre.
Elle est protégée , en devant , par une pièce corne'e , plus ou moifis
grande , formée par un prolongement cutané et articulé à sa base d'une
portion inférieure de la tête, appelée menton. Ses palpes, toujours au
nombre de deux , sont distingués des maxillaires , par Pépithète de la-
biaux. Lorsque ceux-ci sont au nombre de quatre , on les désigne par les
dénominations d'externes et d'internes. On regarde les derniers comme
une modification de la division extérieure et terminale de la mâchoire.
Cette pièce, que Fabricius, relativement à ses uîonates ou les orthoptères,
nomme galea , n'est encore que la même division maxillaire , mais plus
dilatée , voûtée et propre à recouvrir la division interne qui, ici, à raison
de sa consistance écailleuse et de ses dents , ressemble à une mandibule.
Dans les derniers insectes, et surtout dans les libellules ou demoiselles ,
l'intérieur de la cavité buccale offre un corps mou ou vésiculeux, distinct
de la lèvre, et qui, comparativement aux crustacés, paraît être la langue
proprement dite {Labium , Fab. ). Cette pièce est peut-être représentée
par ces divisions latérales de la languette qu'on nomme paraglosses
( voyez les coléoptères carnassiers , les hydrophiles , les staphylins 3 les
deux pièces en forme de pinceau qui terminent la lèvre des lucanes , les
apiaires, etc.). Les insectes précités, savoir les orthoptères et les libel-
lules de Linuœus , nous montrent évidemment ., que cette portion mem-
6 ANIMAUX ARTICULÉS
(ou languette, ligula). Tantôt (les abeilles, et plu-
sieurs autres insectes hyménoptères) elle se prolonge
considérablement, ainsi que les mâchoires , et forme
une sorte de fausse trompe (promuscis) , ayant le pha-
rynx à sa base , souvent recouvert par une espèce de
sous-labre, appelé par M. Savigny épipharynx (1) ;
tantôt (hémiptères et diptères) les mandibules et les
mâchoires sont remplacées par des pièces écail-
leuses, en forme de soies ou de lancettes, reçues
dans une gaine tubulaire , alongée , soit cylindrique
et articulée , soit plus ou moins coudée et terminée
par des espèces de lèvres. Ces parties composent alors
une véritable trompe. Dans d'autres insectes suceurs
(lépidoptères), les mâchoires seules se prolongent
considérablement, se réunissent pour former un
corps tubulaire , en forme de soie , ayant l'appa-
rence d'une langue longue , très déliée et roulée
en spirale (spiritrojnpe, Latr.) ; les autres parties de
braneuse et terminale de la lèvre inférieure , qui fait plus ou inoins de
saillie entre ses palpes , très prolonge'e surtout dans plusieurs hyménop-
tères, est très distincte de cette caroncule intérieure, que je considère
comme la langue proprement dite ; et cependant presque tous les ento-
mologistes désignent cette extrémité extérieure de la lèvre sous le nom
de languette. Mais il est vrai de dire que la langue proprement dite est
ordinairement si intimement unie avec la lèvre , que ces parties se con-
fondent au premier coup d'œii. Le pharynx est situé au milieu de la face
antérieure de cette lèvre , un peu au-dessus de sa racine , et dans les co-
léoptères , pourvus de paraglosses, au point de leur réunion. Pour bien
connaître la composition primitive de la lèvre inférieure , il faut l'étudier
dans les larves mêmes , principalement dans celles des coléoptères car-
nassiers aquatiques [voyez les généralités de la classe des insectes).
(i) Dans beaucoup de coléoptères, au-dessous du labre est une pièce
membraneuse, qui me paraît être l'analogue de l'épipliarynx. Le labre
est relativement à elle , ce qu'est le menton par rapport à ia lèvre.
A PIEDS ARTICULÉS. J
la bouche sont très rappetissées. Quelquefois _,
comme dans beaucoup de crustacés ^ les pieds an-
térieurs se rapprochent des mâchoires ^ en prennent
la forme, exercent une partie de leurs fonctions,
et l'on dit alors que les mâchoires sont multi-
pliées; il peut même arriver que les vraies mâ-
choires soient tellement réduites , que les pieds
maxillaires , autrement pieds - mâchoires , soient
obligés de les remplacer en entier. Mais quelles
que soient les modifications de ces parties, il y a
toujours moyen de les reconnaître, et de ramener ces
changements à un type général (i).
PREMIERE CLASSE DES ANIMAUX ARTICULES
ET POURVUS DE PIEDS ARTICULES.
LES CRUSTACÉS (crustacea)
Sont des animaux articulés , à pieds articulés ,
respirant par des branchies, recouvertes dans les uns
par les bords d'un test ou carapace , extérieures
(i) C'est par l'étude comparative et graduelle de la bouche des crusta-
ce's, que l'on pourra acque'rir des notions exactes sur les diverses transfor-
mations de ces parties et le moyen d'établir une concordance générale ,
sinon certaine , du moins probable , entre ces divers organes considérés
dans les trois classes. Les mandibules , les mâchoires et la lèvre sont, au
fond , des sortes de pieds appropriés aux fonctions masticatoires ou buc-
caux , mais susceptibles , par des modifications , de devenir des organes
locomotiles. Ce principe s'étend même aux antennes , ou du moins aux
deux intermédiaires de celles des crustacés. En l'adoptant , il sera facile
de ramener la composition de ces organes à un type général. Les arach-
nides et les myriapodes , ainsi que nous le verrons plus bas , ne présen-
teront plus , sous ce rapport, d'anomalie.
S DES CRUSTACÉS
clans les autres, mais qui ne sont renfermées dans des
cavités spéciales du corps , recevant l'air par des
ouvertures placées à la surface de la peau. Leur
circulation est double et analogue à celle des
mollusques. Le sang se rend du cœur, situé sur
le dos, aux différentes parties du corps, d'où
il revient aux branchies , et de là retourne au
cœur (1). Ces branchies, situées, tantôt à la base
des pieds , ou sur les pieds mêmes , tantôt sur les
appendices inférieurs de l'abdomen , forment , soit
des pyramides composées de lames empilées ou
hérissées de barbes, soit des panaches, de simples
lames, et paraissent même dans quelques-unes
uniquement constituées par des poils.
Quelques zootomistes, et spécialement M. le ba-
ron Cuvier, nous avaient fait connaître le système
nerveux de plusieurs crustacés de divers ordres.
Le même sujet vient d'être traité à fond par
MM. Victor Audouin et Milne Edwards, dans leur
troisième Mémoire sur l'anatomie et la physiologie
des animaux de cette classe (Ann. des scieiic. nat. ,
xiv, 77 ), et il ne nous manque plus, pour complé-
ter ces recherches , que la publication de celles
qu'a faites M. Straus sur les branchiopodes, et no-
tamment sur leslimules, dont ces deux naturalistes
n'ont point parlé.
« Le système nerveux des crustacés, soumis à
(0 Voyez^ ci-après, Tordre des décapodes.
EN GÉNÉRAL. O,
leurs observations, se présente, nous disent-ils, sous
deux aspects très différents , qui constituent les
deux extrêmes des modifications qu'il offre dans les
crustacés. Tantôt , comme cela a lieu dans le tali-
tre, cet appareil est formé par un grand nombre
de renflements nerveux, semblables entre eux, dis-
posés par paires, et réunis par des cordons de com-
munication y de manière à former deux chaînes
ganglionnaires , distantes Tune de l'autre et occu-
pant toute la longueur de l'animal. Tantôt , au
contraire , il se compose uniquement de deux gan-
glions ou renflements noueux , dissemblables par
leur forme, leur volume et leur disposition , mais
toujours simples et impairs , et situés l'un à la tête
et l'autre au thorax. C'est ce que Ton rencontre
dans le maja. »
» Certes , au premier abord , ces deux modes
d'organisation semblent être essentiellement diffé-
rents, et si l'on bornait l'étude du système nerveux
des crustacés à ces deux animaux , il serait bien
difficile de reconnaître dans la masse nerveuse cen-
trale du thorax du maja , l'analogue des deux
chaînes ganglionnaires qui occupent la même par-
tie du corps dans letalitre. Mais si l'on se rappelle
les divers faits que nous avons rapportés dans ce
Mémoire , on arrivera nécessairement à ce résultat
remarquable. »
Ils y ont été conduits par l'étude exacte du sys-
tème nerveux de divers crustacés intermédiaires,
10 DES CRUSTA.GÉS
formant autant de chaînons de cette série, tels
que les cjmothoés (1 ), les phyllosonies ( 2 ), le
homard (3), les palémons et les langoustes. Ils se
sont aussi étayés des observations de M. le baron
Cuvier et de M. Tréviranus. Ils en déduisent
cette conséquence , que malgré ces différences
de disposition , le système nerveux des crustacés
est cependant formé des mêmes éléments qui ,
isolés chez les uns , et uniformément distribués
dans toute la longueur du corps , présentent chez
les autres divers degrés de centralisation^ d'abord
de dehors en dedans , ensuite dans la direction
longitudinale ; et qu'enfin ce rapprochement dans
tous les sens est porté à son extrême, lorsqu'il
n'existe plus qu'un noyau unique au thorax (les
crabes proprement dits ou brachyures). De tous
les décapodes macroures observés par MM. Victor
Audouin et Milne Edwards , la langouste serait
celui dont le système veineux serait le plus cen-
tralisé ; et dans notre méthode , en effet , ce
crustacé est peu éloigné des brachyures. Mais il
n'en serait pas de même des palémons et du ho-
mard; car, suivant eux, les premiers se rappro-
cheraient plus sous ce rapport des langoustes que
le homard , tandis que , dans notre distribution ,
ce dernier crustacé précède les palémons , dispo-
(1) Ordre des isopodes.
(2) Ordre des stomapodes.
(3) Voyez pour ce sous-genre et les deux suivants l'ordre des décapodes,
famille des macroures.
EN GÉNÉRAL. 11
sition qui nous paraît fondée sur plusieurs carac-
tères très naturels.
Les crustacés sont aptères ou privés d'ailes , mu-
nis de deux jeux à facettes, mais rarement d'jeux
lisses, et communément de quatre antennes. Ils
ont, pour la plupart (les pœcilopodes exceptés), trois
Paires de mâchoires (les deux supérieures qu'on
désigne sous le nom de mandibules , comprises) ,
autant de pieds-mâchoires (i) , mais dont les quatre
derniers deviennent, dans un grand nombre, de vé-
ritables pieds , et dix pieds proprement dits , tous
terminés par un seul onglet. Lorsque les deux der-
nières paires de pieds-mâchoires remplissent les
mêmes fonctions , le nombre de pieds est alors de
quatorze. La bouche présente aussi, de même que
dans les insectes, un labre , une languette, mais
point de lèvre inférieure proprement dite ou com-
parable à celle de ces derniers ; la troisième paire
de pieds-mâchoires ou la première, ferme extérieu-
rement la bouche et remplace cette partie.
Les organes sexuels, oujceux des mâles au moins,
(i) Mâchoires auxiliaires, dans la nomenclature de M.Savigny , du
moins quant aux crustacés de'capodes. Les deux supérieurs formant, dans
les amphipodes et les isopodes , une sorte de lèvre, il les appelle, dans ce
cas , lèvre auxiliaire. Relativement aux faucheurs ou phalangium , genre
d'arachnides, il distingue leurs mâchoires, en mâchoires principales, celles
qui tiennent aux palpes (faux palpes selon lui ) et en mâchoires surnumé-
mér aires, celles qui tiennent aux quatre premières pattes. Les pièces des
mêmes animaux qu'on a conside're'es comme des mandibules, sont pour lui
des mandibules succédanées. Al1 égard des scolopendres , il admet deux
lèvres auxiliaires,
12 DIVISIONS GÉNÉRALES
sont toujours doubles , et situés sous la poitrine ou à
l'origine inférieure de cette partie postérieure et
abdominale du corps qu'on nomme communément
queue, et jamais postérieurs. Leurs téguments sont
ordinairement solides, et plus ou moins calcaire. Ils
changent plusieurs fois de peau , et conservent gé-
néralement leur forme primitive et leur activité
naturelle. Us sont carnassiers pour la plupart, aqua-
tiques, et vivent plusieurs années. Ils ne deviennent
adultes ou propres à la génération qu'après un cer-
tain nombre de mues. A l'exception d'un petit
nombre, où les changements de peau influent un
peu sur leur forme primitive, modifient ou aug-
mentent leurs organes locomotiles, ces animaux
sont en naissant, et à la grandeur près, tels qu'ils
seront toute leur vie.
DIVISION
DES CRUSTACÉS EN ORDRES.
La situation et la forme des branchies , la ma-
nière dont la tête s'articule avec le tronc (1), la
mobilité ou la fixité des yeux (2) , les organes mas-
(1) Voyez, à l'égard de cette expression et celle du thorax, employées
souvent, d'une manière arbitraire, les généralités delà classe des in-
sectes.
(2) Ces organes sont pédicules et mobiles ou sessiles et fixes. Tel est
DES CRUSTACES. l5
#
ticatoires, les téguments, seront la base de nos divi-
sions^ et donneront lieu aux ordres suivants (1).
Nous partagerons cette classe en deux sections^
les Malacostracés et les Entomostracés (2). Les
premiers ont généralement des téguments très so-
lides^ d'une nature calcaire, et dix ou quatorze
pieds (5) ordinairement onguiculés; la bouche , si-
tuée comme d'ordinaire, est composée d'un labre ,
d'une langue , de deux mandibules (portant sou-
vent un palpe ) , de deux paires de mâchoires re-
couvertes par des pieds-mâchoires. Dans un grand
nombre , les jeux sont portés chacun sur un pédi-
cule articulé et mobile , et les branchies sont
cachées sous les bords latéraux du test ou de la
carapace; dans les autres, elles sont ordinairement
placées sous le post - abdomen. Cette section se
compose de cinq ordres : les Décapodes , les Sto-
mapodes, les Ljîmodipodes , les Amphipodes , et les
le caractère d'après lequel M. De Lamarck a divise' la classe des crustace's
en deux grandes coupes , les pédiocl-es et les sessiliocles , de'nominations
auxquelles le docteur Leach a substitue', mais en restreignant cette ap-
plication aux malacostrace's , celles de podoplithalmes et d'édriophthal-
mes. Gronovius avait, le premier , employé cette considération.
(1) Quoique nous n'ayons pas encore un grand nombre d'observations
sur le système nerveux des crustacés , celles qu'on a recueillies appuient
néanmoins nos divisions.
(2) On pourrait encore , d'après la présence ou l'absence des mandi-
bules, les diviser en dentés et en édentés. Jurine fils avait déjà proposé
ces divisions, dans son beau Mémoire Sur l'argule foliacé.
(3) Les quatre antérieurs, lorsqu'il y en a quatorze, sont formés par les
quatre derniers pieds - mâchoires. Dans les décapodes , les six pieds-
mâchoires sont appliqués sur la bouche et font l'office de mâchoires.
l4 DIVISIONS GÉNÉRALES
isopodes. Les quatre premiers embrassent le genre
cancer de Linnœus, et le dernier, celui qu'il nomme
oniscus (cloporte).
Les entomostracés ou insectes à coquille de Mill-
ier se composent du genre monoculus de Linnœus.
Ici les téguments sont cornés, très minces , et un
test en forme de bouclier d'une à deux pièces, ou
bien en forme de coquille bivalve , recouvre ou
renferme le corps du plus grand nombre. Les jeux
sont presque toujours sessiles, et souvent il n'y en
a qu'un. Les pieds, dont la quantilé varie, sont,
dans la plupart uniquement propres à la natation
et sans onglet au bout. Les uns , ayant une bouche
antérieure, composée d'un labre , de deux mandi-
bules (rarement pourvues de palpes), d'une lan-
gue, d'une à deux paires de mâchoires au plus,,
dont les extérieures à nu ou point recouvertes par
des pieds-mâchoires , se rapprochent des crustacés
précédents. Dans les autres entomostracés , et qui
semblent à plusieurs égards a voisiner les arachnides,
tantôt les organes masticateurs sont simplement for-
més par les hanches des pieds, avancées et disposées
en manière de lobes , hérissés de petites épines ,
autour d'un grand pharynx central ; tantôt ils com-
posent un petit siphon ou bec , servant de suçoir,
ainsi que dans plusieurs arachnides et dans plusieurs
insectes , ou bien ne se*montrent point ou presque
pas à l'extérieur, soit que le siphon soit interne, soit
que la succion s'opère à la manière d'une ventouse.
DES CRUSTACÉS l5
Ainsi les entomostracés sont dentés ou édentés.
Les premiers formeront notre ordre des branchio-
podes (1) , et les seconds, celui de p^ecilopodes ,
qui dans la première édition de cet ouvrage n'étaient
qu'une section de l'ordre précédent.
Les fossiles singuliers appelés Trilobit es, et dont
M. Brongniart , notre confrère à l'académie royale
des sciences, adonné une excellente monographie,
étant considérés par lui, ainsi que par beaucoup
d'autres naturalistes, comme des crustacés voisins
des entomostracés, nous en traiterons succintement,
à la suite de ceux-ci.
(i) Dans mon ouvrage intitule : Familles naturelles du règne animal ,
les entomostracés sont partagés en quatre ordres : les lophjropoJes , les
phjllopodes , les xiphosures elles siplwnostomes.
ÊÊ *'
l6 DES CRUST. DÉCAPODES
PREMIÈRE DIVISION GÉNÉRALE,
DES MALACOSTRACÉS. (Malacostraca.)
Les malocostracés se partagent naturellement en
ceux dont les yeux sont portés sur un pédicule mo-
bile et ceux où ces organes sont sessiles et immo-
biles.
DES MALACOSTRACÉS A YEUX PORTÉS SUR UN PÉDICULE
MOBILE ET ARTICULÉ,
ou des DÉCAPODES et des STOMAPODES en général.
Des yeux (1) portés sur un pédicule mobile ,
de deux articles, se logeant dans des fossettes, dis-
tinguent ces crustacés de tous les autres. Considérés
anatomiquement, ils paraissent s'en éloigner encore
(Leçons d'anatom. comparée de M. Cuvier; An-
nales des scienc. natur., tom. xie ) , en ce qu'ils
sont les seuls qui nous offrent des sinus où le sang
veineux se rassemble , avant que de se rendre aux
branchies pour revenir au cœur.
Les décapodes et stomapodes se ressemblent. par
plusieurs caractères communs. Une grande écaille,
quelquefois divisée en deux , appelée test ou cara-
(i) Suivant M. de Blainville , derrière leur corne'e est une choroïde
percée d'une infinité' de trous, puis un véritable cristallin, appuyé' sur un
ganglion nerveux et divisé en une multitude de petits faisceaux.
ET STOMAPODES EN GÉNÉRAL. 1 T
pace recouvre par devant une portion plus ou
moins étendue de leurs corps. Ils ont tous quatre
antennes (i), dont les mitoyennes terminées par
deux ou trois filets ; deux mandibules portant cha-
cune près de leur base un palpe, divisé en trois ar-
ticles et ordinairement couché sur elles; unelangfue
biiobée ; deux paires de mâchoires ; six pieds-mâ-
choires , mais dont les quatre postérieurs sont ,
dans quelques-uns , transformés en serres ; dix ou
quatorze ( dans ceux où les quatre pieds-mâchoires
ont cette forme ) pieds.
Dans le plus grand nombre , les branchies, au
nombre de sept paires , sont cachées sous les bords
latéraux du test ; les deux paires antérieures sont
situées à l'origine des quatre derniers pieds - mâ-
choires , et les autres à celle des pieds proprement
dits. Dans les autres crustacés, elles sont annexées
sous forme de houppes, a cinq paires de pattes en
nageoire, situées sous le post-abdomen. Le dessous
de cette partie postérieure du corps est pareille-
(i) Il faut y distinguer le pédoncule ( stipes ) et la tige (caulis ,
funiculus ). Le pédoncule est plus épais , cylindracé , et compose' de trois
articles , nombre qui semble propre à ces organes , conside're's dans un
e'tat rudimentaire ou imparfait. La tige est se'tace'e et divisée en une quan-
tité variable de très petits articles. Celle des extérieures est simple ;
mais celle des intérieures est formée de deux filets au moins et dans
plusieurs décapodes macroures , de trois. En passant graduellement de
ceux-ci aux brachyures, ces antennes se raccourcissent, de manière que
les latérales au moins sont très petites dans plusieurs quadrilatères. Les
deux divisions terminales des intermédfaires forment alors une sorte de
pince à deux branches, ou doigts inégaux et articulés.
TOME IV. 2
1 8 DES CRUSTACÉS
ment muni, dans les autres , de quatre à cinq paires
d'appendices bifides.
PREMIER ORDRE DES CRUSTACES.
LES DÉCAPODES ( Decapoda. )
Ont la tête intimement unie au thorax, et re-
couverte avec lui par un test ou carapace entiè-
rement continu, mais offrant le plus souvent des
lignes enfoncées, le divisant en diverses régions,
qui indiquent les places occupées par les principaux
organes intérieurs (1). Leur mode de circulation
offre quelques caractères qui les distinguent des
autres crustacés. Le cœur ( 2 ) bien circon-
scrit, de forme o val aire et à parois musculaires,
(1) M. Desmarest , dans son Histoire naturelle des crustacés fossiles ,
et dans son ouvrage ayant pour titre Considérations générales sur la
classe des crustacés, a présenté à cet égard une nomenclature ingénieuse,
fondée sur la concordance de*, portions de la surface extérieure de la
carapace avec les organes qu'elles recouvrent. Mais outre que le test de
plusieurs crustacés décapodes ne présente aucune impression, ou qu'elles
y sont presque oblitérées , ces dénominations peuvent être remplacées
par d'autres beaucoup plus simples, plus familières , et en rapport avec
ces mêmes organes, comme le milieu ou le centre, l'extrémité antérieure
et l'extrémité postérieure, les côtés , etc. ; il nous paraît inutile de sur-
charger ici la nomenclature.
(9.) Ces observations sont extraites du beau Mémoire de MM. Victor
Audouin et Milne-Edwards , inséré dans les annales d'histoire naturelle,
tom. XT, 283-3i4, et 35a-3g3. On pourra encore consulter les Mé-
moires du muséum d'histoire naturelle, où M. Geoffroi St-Hilaire a inséré
^e fruit de ses curieuses recherches sur les parties solides et la circulation
dn homard.
DÉCAPOf>ES EN GENERAL. 1Q
donne naissance à six troncs vasculaircs , dont trois
antérieurs, deux inférieurs et le sixième posté-
rieur. Des trois artères antérieures, la médiane
( V ophthahnique ) se distribue presque exclusive-
ment aux yeux ; les deux autres ( les antennaires se
répandent sur la carapace, les muscles de l'estomac,
sur une portion des viscères et sur Jes antennes; les
deux inférieures ( les hépatiques) portent le sang
au foie ; la dernière ( ou l'artère stemale ) , la plus
volumineuse de toutes , et qui naît tantôt à gauche,
tantôt à droite de la partie postérieure du corps , est
principalement destinée à porter le fluide nourri-
cier à l'abdomen et aux organes de la locomotion.
Elle fournit un grand nombre de vaisseaux d'un
volume considérable , parmi lesquels il faut surtout
remarquer celui que MM. Audouin et Mil ne -Edward s
nomment l'artère abdominale supérieure, parce
qu'elle sort de la partie postérieure dp cette artère
(un peu avant l'articulation du thorax et de l'abdo-
men , appelée vulgairement la queue) , et qu'elle
pénètre bientôt dans l'abdomen (la queue), où
elle se partage en deux grosses branches, continuant
son trajet en arrière, et se terminant à l'anus, en
s'amincissant de plus en plus. Le sang qui a servi à
la nutrition de ces divers organes, et, qui est ainsi
devenu veineux , afflue de toutes parts dans deux
vastes sinus (i), un de chaque côté, au-dessus des
(i) Ces savants naturalistes les comparent aux deux cœurs late'raux des
céphalopodes , et cette analogie a reçu la sanction de M. le baron Cuvier,
2*
2<> DES CRUSTACES
pâlies, et formés de golfes veineux , réunis en une
série longitudinale , en manière de chaîne. Il se
rend dans un vaisseau externe ( efferent ) des
branchies , s'y renouvelle, redevient artériel, passe
dans un vaisseau interne (afféî^ejit) , et se dirige
ensuite vers le cœur , en traversant des canaux
( branchio-cardiaqiies ) logés sous la voiite des flancs.
Tous les canaux d'un même côté se réunissent en
un large tronc , s'abouchent avec la partie latérale
et correspondante du cœur, par une ouverture
unique, dont les replis formant une double valvule
ou soupape, et s'ouvrent pour que le sang puisse aller
des branchies à ce viscère , mais se fermant pour
lui interdire une marche opposée , ou l'empêcher
dans son Rapport général sur les travaux de l'académie royale des sciences,
pour 1827 ; mais c'est une idée que j'avais communiquée à M. Audouin ,
et qui était une conséquence toute naturelle de mon opinion sur la circu-
lation des erustacés , et que j'avais consignée dans une note de mon
Esquisse d'une distribution générale du règne animal, pag. 5. Comme ces
naturalistes n'ont fait aucune mention de ce que j'avais écrit à cet égard
soit dans cette .brochure , soit dans mon ouvrage sur les familles du
règne animal, je rapporte ici, à la suppression près des mots ventricule
gauche , cette note : « Une opinion que je soumets au jugement des zoc-
tomistes, et plus spe'cialement de M. Cuvier, est que, dans les invertébrés
où il existe une circulation, l'organe appelé cœur représente, par ses fonc-
tions, le tronc artériel et dorsal , des poissons et des larves des batra-
ciens ; une ou deux artères, et qui, dans les céphalopodes, ont la forme
de cœurs, remplaceraient le ventricule droit. Le foyer de la circulation,
très concentré dans les premiers vertébrés , s'affaiblirait ainsi graduelle-
ment, et de manière qu'enfin il n'y aurait plus de circulation. Le vaisseau
dorsal des insectes ne serait plus que l'ébauche du cœur des mollusques
et des crustacés. » J'ajouterai que, dans mon Histoire naturelle des
erustacés et des insectes , qui date de plus de vingt-cinq ans, j'avais
rectifié l'erreur de Rœsel par. rapport au cordon nerveux de la moelle
»;pini'ère, qu'on avait pris pour un vaisseau.
DÉCAPODES EN GÉNÉRAL. 2 1
de passer du cœur aux organes respiratoires. Exa-
miné à l'intérieur , le cœur offre un grand nombre
de faisceaux et de fibres musculaires entre-croisés
dans divers sens , et composant plusieurs petites
loges , au-devant des orifices des artères. Ces loges
sont autant de petites oreillettes , qui communi-
quent facilement entre elles, lorsqu'il se dilate,
mais qui paraissent former , pour chaque vaisseau ,
dans sa contraction , pareil nombre de petites
cellules , dont la capacité est en rapport avec
la quantité du sang des vaisseaux qui leur sont
propres. Ces vaisseaux débouchent dans l'intérieur
du cœur par huit ouvertures, les deux latérales à
soupape, dont nous avons parlé plus haut, com-
prises; tel est, à quelques modifications près ( 1), le
système général de la circulation des décapodes.
La face supérieure du cerveau (2) est partagée
en quatre lobes, dont les mitoyens fournissent
chacun, de leur bord antérieur , le nerf optique,
qui se porte directement dans le pédoncule de l'œil ,
et s'y divise en une multitude de filets , se ren-
dant chacun à autant de facettes de la cornée de
ces organes. La face inférieure du cerveau produit
quatre autres nerfs qui vont aux antennes et don-
nent aux parties voisines quelques filets. De son
(1) Voyez les généralités de la famille des macroures.
^2) Ces observations sont extraites des Leçons d'anatomie comparée
de M. le baron Cuvier. Voyez, pour d'autres détails et quelques faits,
particuliers, le Mémoire précité de MM. Audouin et Milno Edwards.
22 DES CRUSTACÉS
bord postérieur naissent deux cordons nerveux fort
alongés, embrassant latéralement l'œsophage,, et
se réunissant en dessous. Là, comme dans les bra-
chyures, cette réunion n'a lieu qu'au milieu du
thorax, et la moelle médullaire prend ensuite la
forme d'un anneau, et sous des proportions huit
fois plus grandes que le cerveau; cet anneau donne
naissance, de chaque côté, à six nerfs , dont l'anté-
rieur se rend aux parties de la bouche , et les cinq
autres aux cinq pattes du même côté. Du bord pos-
térieur par un autre nerf, se rendant dans la queue,
sans produire de ganglions sensibles, et paraissant
représenter le cordon nerveux ordinaire. Ici ,
comme dans les macroures , les deux cordons ner-
veux, avant que de se réunir sous l'œsophage , don-
nent chacun naissance, au milieu de leur longueur, à
mi gros nerf, se rendant aux mandibules et à leurs
muscles. Réunis , ils forment un premier ganglion
médian ( sous-cervical) , fournissant des nerfs aux
mâchoires et aux pieds-mâchoires (1). Rapprochés,
ensuite, dans toute leur longueur, ils offrent suc-
cessivement onze autres ganglions, dont les cinq
premiers donnent chacun des nerfs à autant de
(i) D'après M. Straus, îa division antérieure du corps des limules ,
celle qui est recouverte par un bouclier semi-lunaire, ne présente aussi,
outre le cerveau , que le même ganglion ; d'où l'on peut de'duire que les
organes locomotiles inférieurs correspondent aux parties de la bouche des
décapodes , des stomapodes , et même des arachnides , ei que ceux de
l'autre division du corps ou du second bouclier soûl analogues aux pieds
des mêmes de'capodcs.
DÉCAPODES EN GÉNÉRAL. 2,>
paires de pattes , et les six autres fournissent ceux
de la queue; celle des pagures a quelques gan-
glions de moins, et ces crustacés paraissent ainsi
faire le passage des brachyures aux macroures. Nous
ajouterons que M. Serres a cru reconnaître, dans
ces crustacés décapodes, des vestiges du grand
nerf symphatique (1).
Les bords latéraux de la carapace ou test se re-
plient en dessous pour recouvrir et garantir les bran-
chies, mais laissent antérieurement un vide pour
le passage de l'eau. Quelquefois même (voyez Do-
rippe ) l'extrémité postérieure et inférieure du
thorax présente , à cette fin , deux ouvertures par-
ticulières. Ces branchies sont situées à la naissance
des quatre derniers pieds-mâchoires et des pattes ;
les quatre antérieures sont moins étendues. Les
six pieds-mâchoires sont tous de forme différente ,
appliqués sur la bouche, et divisés en deux bran-
ches, dont l'extérieure a la forme d'une petite an-
tenne, formée d'un pédoncule et d'une tige sétacée
et pluriarticulée : on l'a- comparée à un fouet
(Palpusjlagelliformis.) (2) Les deux pieds antérieurs,
quelquefois même les deux ou quatre suivants, sont
en forme de serres. L'avant-dernier article est dilaté ,
(1) MM. Audouin et Milne Edwards ont observe dans le maja et la
langouste un nerf analogue à celui que Lyonet nomme récurrent , dans son
Anatomie de la chenille du saule. On leur doit aussi la découverte des
autres nerfs gastriques.
(2) Leur base offre une lame tendiueuse , longue et velue.
24 DES CRUSTACÉS
comprimé et en forme de main ; son extrémité in-
férieure se prolonge en une pointe conique , repré-
sentant une sorte de doigt, opposé à un autre,
formé par le dernier article, ou le tarse propre.
Celui-ci (i) est mobile, et a reçu le nom de pouce
(pollex); l'autre , ou le fixe , est censé être l'index
(index). Ces deux doigts sont aussi appelés mor-
dants. Le dernier est quelquefois très court, sous la
forme d'une simple dent , l'autre alors se replie
en dessous. La main, ainsi que les doigts forme-
ront pour nous la pince proprement dite. On nomme
carpe l'article précédent , ou l'antépénultième.
Les proportions respectives et la direction des
organes locomotiles sont telles, que ces animaux
peuvent marcher de côté^ ou àreculon.
Excepté le rectum, qui va s'ouvrir au bout de la
queue (2) y tous les viscères sont renfermés dans le
thorax , de sorte que cette portion du corps repré-
sente le thorax et la majeure partie de l'abdomen
des insectes. L'estomac , soutenu par un squelette
cartilagineux, est armé à l'intérieur de cinq pièces
osseuses et dentelées, qui achèvent de broyer les
(1) La main posée de tranche, le doigt est supérieur.
(2) Cette suite de segments qui , dans les crustacés des premiers
ordres , succèdent immédiatement à ceux auxquels sont annexées les cinq
dernières paires de pieds , compose ce que j'appelle post-abdomen. La
dénomination de queue, qu'on a coutume de lui donner, et que nous
conservons , afin de nous prêter au langage ordinaire , est très impropre ;
elle ne peut convenir qu'aux appendices terminant postérieurement le
corps et le débordant notablement. Voyez mon ouvrage sur les familles
jiaturelles du règne animal , pag. a55 et suiv.
DÉCAPODES EN GÉNÉRAL. 25
aliments. On y voit, dans le temps de la mue., qui
arrive vers la fin du printemps , deux corps cal-
caires , ronds, convexes d'un côté et planes de
l'autre ? qu'on appelle vulgairement yeux d'écre-
visse % et qui, disparaissant après la mue , donnent
lieu de présumer qu'ils fournissent la matière du
renouvellement du test. Le foie consiste en deux
grandes grappes de vaisseaux aveugles, remplis
d'une humeur bilieuse , qu'ils versent dans l'in-
testin, près du pilore. Le canal alimentaire est court
et droit. Les flancs offrent une rangée de trous ,
placés immédiatement à l'insertion des branchies,
mais qu'on ne découvre que lorsqu'on enlève ces
organes. Le plastron, vu à l'intérieur, présente, du
moins dans plusieurs grandes espèces, des loges
trans verses formées par des lames crustacées, et
séparées dans leur milieu par une arête longitu-
dinale de la même consistance.
Les organes sexuels des mâles sont situés près
de l'origine des deux pieds postérieurs. Deux piè-
ces articulées , de consistance solide , sous la forme
de cornes , de stylets ou d'antennes sétacées } pla-
cés à la jonction de la queue et du thorax , et
remplaçant la première paire d'appendices souscau-
daux , sont regardés comme les organes copulateurs
mâles, ou du moins leurs fourreaux. Mais, d'après
nos observations sur divers décapodes > ils consiste-
raient chacun en un petit corps membraneux , tanlôfe
en forme de soie, tantôt filiforme ou cylindrique ,
26 DES CRUSTACÉS
sortant d'un trou situé à l'articulation de la hanche
des deux pieds postérieurs avec le plastron. Les
deux vulves sont placées sur cette pièce, entre
ceux de la troisième paire , ou à leur premier ar-
ticle , dispositions qui dépendent de l'élargissement
et du rétrécissement du plastron. L'accouplement se
fait ventre à ventre. La croissance de ces animaux
est lente , et ils vivent long-temps. C'est parmi eux
qu'on trouve les plus grandes espèces et les plus
utiles à notre nourriture , mais leur chair est
difficile à digérer. Le corps de quelques langoustes
acquiert jusqu'à un mètre de longueur. Leurs
pinces , comme on le sait , sont fort redoutables , et
d'une telle force, dans quelques grands individus ,
qu'on en a vu soulever et faire perdre terre à une
chèvre. Ils se tiennent habituellement dans l'eau ,
mais ne périssent pas sur-le-champ , à l'air ; quel-
ques espèces même y passent une partie de leur
vie , et ne vont à l'eau que dans le temps de l'amour,
et afin d'y déposer leurs œufs. Elles sont cependant
obligées de faire leur séjour soit dans des terriers, soit
dans des lieux frais et humides. Le naturel des
crustacés décapodes est vorace et carnassier. Cer-
taines espèces vont jusques dans les cimetières pour
y dévorer les cadavres et en faire leur pâture. Leurs
membres se régénèrent avec une grande prompti-
tude : mais il est nécessaire que les fractures aient lieu
à la jonction des articles, et ils savent y suppléer, lors-
que la cassure se fait autrement. Lorsqu'ils veulent
DÉCAPODES EN GÉNÉRAL. 2 7
changer de peau , ils cherchent un lieu retiré, afin
d'y être à l'abri des poursuites de leurs ennemis, et
s'y tenir en repos. La mue opérée^, leur corps est
mou, et, suivant quelques personnes, d'un goût plus
délicat. L'analyse chimique du vieux test nous a
fait connaître qu'il est formé de chaux carbonatée
et de chaux phosphatée unie, en diverses propor-
tions, à. la gélatine. De ces proportions dépend la
solidité du test; il est bien moins épais et flexible
dans les derniers genres de cet ordre , plus loin il
devient presque membraneux. M. de Blain ville a
observé que celui des langoustes , est composé
de quatre couches superposées , dont les deux in-
férieures etla supérieure membraneuses; la matière
calcaire est interposées entre elles et forme l'autre
couche. Par l'action de la chaleur, l'épiderme
prend une teinte d'un rouge plus ou moins vif, et
le principe colorant se décompose à l'eau bouil-
lante ; mais d'autres combinaisons de ce principe
produisent dans quelques espèces un mélange de
couleurs très agréable, etqui tirent souvent sur le
bleu ou le verd.
Le plus grand nombre des crustacés fossiles dé-
couverts jusqu'à ce jour appartient à l'ordre des
décapodes. Parmi ceux des contrées européennes, les
uns et les plus anciens , se rapprochent des espèces
actuellement vivantes dans les zones voisines des
tropiques; les autres , ouïes plus modernes , ont une
grande affinité avec les espèces vivantes, propres a
28 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
nos' climats. Mais les crustacés fossiles des régions
tropicales , m'ont paru avoir les plus grands rapports
avec plusieurs de ceux que Ton y trouve aujour-
d'hui en état vivant , fait qui serait intéressant pour
la géologie, si l'étude des coquilles fossiles de ces
pays , et recueillies dans les couches les plus pro-
fondes, nous donnait un semblable résultat.
La première famille (1) ou celle
Des décapodes brachyures (Kleistagnatha,
Fab. )
A la queue plus courte que le tronc y sans ap-
pendices ou nageoires à son extrémité, et se re-
ployant en dessous, dans l'état de repos , pour se
loger dans une fossette de la poitrine. Triangulaire
dans les mâles et garnie seulement à sa base de
quatre ou deux appendices , dont les supérieurs
plus grands, en forme de cornes, elle s'arrondit,
s'élargit et devient bombée dans les femelles (2) ,
(1) Les coupes que nous qualifions ainsi sont fonde'es sur un ensemble
de caractères anatomiques importants , et répondent ordinairement aux
genres de Linnœus, et quelquefois aussi à ceux que Fabricius avait établis
dans ses premiers ouvrages. Ces familles sont dès lors plus e'tendues que
les coupes que je nomme ainsi dans mes autres e'crits ; mais si on les con-
sidère comme des premières divisions ordinales , et si l'on regarde
comme familles ce que j'appelle ici tribus , l'on jugera qu'à ces dési-
gnations près , la méthode est toujours essentiellement la même. Il n'y a
donc point , contre l'opinion de quelques naturalistes , de discordance
réelle à cet égard. D'après les mêmes principes y les sous-genres , à l'ex-
ception néanmoins de quelques-uns dont les caractères sont peu trancliés
ou trop minutieux , deviendront , dans une méthode plus détaillée ou plus
spéciale , des coupes génériques.
(2) Le nombre apparent des segments, qui est généralement de sept,
FAMILLE DES BRACHIURES. 29
Son dess ous offre porte quatre paires de doubles
filets velus (t) , destinés à porter les œufs , et analo-
gues aux pieds natatoires sous-caudaux des crustacés
macroures et autres.
Les vulves sont deux trous placés sous la poitrine,
entre les pieds de la troisième paire. Leurs antennes
sont petites; les intermédiaires, ordinairement logées
dans une fossette sous le bord antérieur du test , se
terminent chacune par deux filets très courts. Les pé-
dicules oculaires sont généralement plus longs que
ceux des décapodes macroures. Le tube auriculaire
est presque toujours pierreux. La première paire
de pieds se termine par une serre. Les branchies sont
disposés sur un seul rang , en forme de languettes
pyramidales, composées d'une multitude de petits
feuillets empilés les uns sur les autres, parallèle-
ment à l'axe. Les pieds-mâchoires sont générale-
ment plus courts et plus larges que dans les autres
décapodes; les deux extérieurs forment une sorte
de- lèvre (r). Leur système nerveux diffère encore
de celui des macroures (voyez la généralité des
décapodes).
varie aussi quelquefois selon les sexes : il est moindre dans les femelles.
Le docteur Leach a fait un grand usage de cette considération , mais qui
nous paraît peu importante et contraire à Tordre nature.
(i) Plusieurs de ces filets existent dans les mâles , mais dans un e'tat
nulimentaire.
(2) Ceux des macroures sont plus alonge's et plus e'troits. C'est sur
cette différence que Fabricïus a établi son ordre des exochnata.
3o CRUSTACÉS DÉCAPODES.
Cette famille pourrait , comme dans plusieurs mé-
thodes antérieurs à la distribution de ces animaux par
Daldorf, ne former qu'un genre, celui de
Crabe. (Cancer.)
Le très-grand nombre a les pieds tous attachés aux côtés
de la poitrine , et toujours découverts; les cinq premières
sections sont dans ce cas. La première, ou les Nageurs
( Pinnipèdes ) (i), joint à ce caractère celui dJavoir les der-
(i) Cette distribution méthodique des de'capodes brachyures est arti-
ficielle ou peu naturelle sous quelques points ; aussi y avons-nous fait
quelques changements dans notre ouvrage sur les familles naturelles du
règne animal. Les quadrilatères composent notre première tribu, à la
tête de laquelle sont les oeypodes et les autres crabes de terre ou tourlou-
roux, et qui finit par les crabes de rivière ou les telphuses. Les arqués
forment la seconde. Celle des cryptopodes, nous paraissant plus rap-
prochée de la précédente que de celle des triangulaires viendra immé-
diatement après, et sera la troisième, et non la quatrième, comme
dans cette méthode. Dès lors nous placerons à la fin de la tribu
des arqués , des genres dont les pinces sont en forme de crête , dont les
antennes latérales sont toujtours très courtes , et dont le troisième article
des pieds-mâchoires a une forme triangulaire et ne présentant souvent
ancune échancrure ; tels sont les hépates , les matutes , les orithyies et
les mursies.
Des brachyures se rapprochant des derniers , quant à la forme du
même article, mais dont les serres sont différentes, et qui ont les an-
tennes latérales saillantes , avancées et souvent velues , tels que les thia ,
les pirimèles, les atélécycles, précéderont immédiatement ces derniers
sous-genres. Comme les telphuses semblent se lier avec les ériphies , les
pilumnes , et que de ceux-ci Ton passe naturellement aux crabes propre-
ment dits, il s'ensuit que les portunes et autres arqués nageurs commen-
ceront cetie tribu. Viendront ensuite les orbiculaires, les triangulaires
et les xotopodes. Mais parmi ceux-ci , les dromies et les doiippes de-
vraient remonter plus haut. Les homoles, les lithodes et les ranines me
paraissent être de tous les brachyures ceux qui tiennent de plus près aux
macroures. Les pieds-màchoires extérieurs des homoles et des lithodes
ont , par leur alongement et leur saillie , une grande ressemblance avec
ceux des macroures.
Quoique nous n'ayons divisé les décapodes qu'en deux genres, on
pourrait cependant , pour se rapprocher des dernières méthodes , et afin
FAMILLE DES BRACHYUUES. 5l
niera pieds au moins terminés par un article très-aplati en
nageoire ( ovale ou orbiculaire, et plus large que le même
article des pieds précédents, même lorsqu'ils sont aussi en
nageoire ). Ils s'éloignent plus souvent du rivage et se portent
en haute-mer. Si l'on en excepte les orithyies, la queue des
mâles n'offre bien distinctement que cinq segments, celle des
femelles en a sept. iNous commencerons par ceux dont tous
les pieds , les serres exceptées, sont natatoires.
Les Matutes. (Matuta. Fab. )
Ont le test presque orbiculaire et armé de chaque côté,
d'une dent très forte, en forme d'épine; les mains dentelées
supérieurement en manière de crête , et hérissées, à leur face
extérieure, de tubercules pointus j et le troisième article des
pieds-mâchoires extérieurs sans échancrure apparente, se
terminant en pointe, de sorte qu'il forme avec l'article pré-
cédent un triangle alongé, presque rectangle. Les antennes
extérieures sont très petites. Les pédicules oculaires sont un
peu arqués.
De Géer en mentionne une espèce (Cancer latipes.), qu'il
dit êtredesmers d'Amérique, et avoir le front terminé par
un bord droit et entier. Mais toutes celles que nous avons
vues (i) venaient des mers orientales, et le milieu de ce
bord offre toujours une saillie bidentée ou échancrée.
Les Polybies. (Polybius. Leach. )
Avoisinent les étrilles ou portunes; mais leur test est pro-
portionnellement moins large et plus arrondi; ses côtés n'of-
frent que des dents ordinaires. Le troisième article des pieds-
mâchoires extérieurs est oh'us et échancré. Les yeux sont
de diminuer le nombre des sous-genres, convertir nos sections en tribus,
re'pondant à autant de genres , que l'on partagerait ensuite en diverses
coupes sous-ge'ne'riques.
(1) M. victor, Fab. ; Herbst. , vi, 44- — M. planipes , Fab. ; Herbst.
xlviii, 6; M. lunari's, Leach, Zool. , Miscell. , cxxvn, 3-5, var. ; —
M. Peroniï, ib , tab. ead. , 1-2. Peu t-êfre faut-il rapporter à ce genre
ou à celui de mursie de M. Leach, l'espèce fossile que M. Desmarest
nomme portutre d\Héricart, Hist. nat. des crust. foss. , v, 5.
02 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
beaucoup plus épais que leurs pédicules , et globuleux*
On n'en connaît encore qu'une seule espèce (i), qui a
été trouvée sur la côte deDevonshire, et que M. Dorbigny -y
correspondant du Muséum d'histoire naturelle , a aussi
observée sur nos côtes maritimes des départements de
l'ouest (2).
Dans tous les nageurs suivants, les deux pieds postérieurs
sont seuls en nageoire (3).
On peut d'abord en détacher ceux dont le test est presque
ovoïde, rétréci et tronqué transversalement en devant^ dont
la queue offre distinctement dans les mâles (seuls indivi-
dus connus ) sept segments. Tels sont :
Les Orithyies. ( Orithyia. Fab. )
La seule espèce connue ( O. mamillaris , Fab., cancer
bimaculatus y Herbst., XVIII, 101 ) se trouve dans les
mers de la Chine, ou du moins fait partie des collections
d'insectes que ses habitants vendent aux Européens.
Les pédicules oculaires sont proportionnellement plus
longs que ceux des étrilles ou portunes.
Le test des derniers nageurs est notablement plus large
en devant que postérieurement, en forme de segment de
cercle, rétréci vers la queue et tronqué, ou bren soit en
trapèze, soit presque en cœur. Son plus grand diamètre
transversal surpasse généralement le diamètre opposé. La
queue des mâles ne présente que cinq segments , au lieu de
sept /nombre de ceux de la femelle, et qui est généralement
propre à la queue des décapodes ; le troisième et les deux
suivants se soudent et se confondent ou n'en forment qu'un*
cependant on en découvre souvent les traces, du moins sur
les côtés.
Nous séparons d'abord ceux dont les yeux sont portés sur
des pédicules grêles et très longs, partant du milieu du bord
antérieur du test, se prolongeant jusqu'à ses angles latéraux,
et se logeant dans une rainure pratiquée sous le bord.
(1) Polybius Henslowii, Leach, Malac, Brit. , ix , B.
(2) Les portumnes du docteur Leach ont les tarses des pieds inter-
médiaires comprimes , presque en nageoire , et pourraient venir après
les polybies.
(3) Toujours plus large et plus ovale que les tarses pre'ce'dents..
FAMILLE DES BRACHYURES. 53
Tels sont
Les Podophthalmes. ( Podophthalmus. Lam. )
Le test est en forme de trapèze transversal , plus large et
droit en devant, avec une dent longue, en forme d'épine,
derrière les cavités oculaires*. Les serres sont alongées ,
épineuses et semblables à celles de la plupart des espèces
du genre Lupa du docteur Leach.
La seule espèce vivante connue (i) habite les côtes de
l'île de France et celles des mers voisines.
Le riche cabinet d'un naturaliste des plus versés dans la
connaissance des coquilles fossiles, M. de France, offre le
moule intérieure d'un podophthalme fossile, auquel M. Des
marest a donné le nom de ce savant (2).
Les pédicules oculaires des autres crustacés de cette sec-
tion sont courts, n'occupent qu'une très petite portion du
diamètre transversal du test, se logent dans des cavités
ovales, et ressemblent en général à ceux des crabes ordi-
naires, avec lesquels ces crustacés nageurs se lient presque
insensiblement.
Ces crustacés peuvent être réunis eu un seul sous-genre ,
celui
D'ÉTRILLÉ OU PORTUNE. ( PoRTUNUS. Fab. )
Quelques espèces (3) propres aux mers des Indes orienta-
les , telles que YAdmete d'Herbst (LVI1 , 1.), se distinguent
de toutes les suivantes par leur test en forme de quadrila-
tère transversal, rétréci postérieurement , et dont les cavités
oculaires occupent les angles latéraux antérieurs j les yeux
sont ainsi distants l'un de l'autre, par un intervalle égalant
presque la plus grande largeur du test. L'insertion des an-
tennes latérales est très éloigr-ée de ces cavités.
D'autres espèces , dont le test est en forme de segment de
cercle , tronqué postérieurement et plus large dans son mi-
lieu , sont remarquables par la longueur de leurs serres ,
(1) Podophthalmus spinosus , Latr., Gêner, crust. etinsect., 1, 1 , et 11 ,
1 ; Leach, Zool. Miscel , cxlviiij portunus vigil , Fab.
(2) Hist. nat. des crust. fossil. , v , 6, 7 , 8.
(3) Genre thalamite, lhalaniila , Lat.
TOME IV. 5
34- CRUSTACÉS DÉCAPODES.
qui est double au moins de celle du test. Ses côtés offrent
chacun neuf dents , dont la postérieure beaucoup plus
grande, en forme d'épine. La queue des mâles est souvent
très différente de celle de leurs femelles. Ces portunes com-
posent le genre Lupée (Lupa) du docteur Leach, et sont ,
pour la plupart, assez grands et exotiques. La Méditerranée
nous en offre une espèce (i).
Une troisième division se composera d'espèces analo-
gues aux dernières pour la forme du test , mais dont les
dents latérales , au nombre de cinq communément, sont
presque égales , ou dont ia postérieure au moins diffère peu
des précédentes ; la longueur des serres excède peu celle du
lest.
Celles qui ont de six à neuf dents de chaque côté, sont
toutes exotiques. Le Fortune de Tranquebàr ( P. tranqueba-
ricitSj Fab., ïlerbst., Cane, XXWIIÏ, 3. ), est la seule con-
nue, ayant neuf dents et toutes égales à chaque bord latéral.
Elle est grande et sa chair est estimée. Nous soupçonnons
que leportune Leucodonte, deM.Desmarest(Hist. nat. des
crust. f'oss. , VI, i. — 3) est la même, en état fossile ; il
nous vient aussi des ïndes.
Les espèces suivantes, toutes des mers d'Europe (2),
ont cinq dents à chaque bord latéral de la carapace.
(ij Portumis Dufouriï, Latr. , nouv. Dict. d'hist. nat., 2e édit.
Cette espèce, figurée dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle ,
se rapproche beaucoup du Cancer hastalus de Linnœus , qu'il dit se trou-
ver dans la mer Adriatique. Rapportez à la même division les espèces
suivantes : Cancer pelagicus , Herbst, lviii , 55; — - C. forceps, ejusd. ,
lv , 4i Leach.., Zool. Mise, ltV: — C. sanguinolenlus , Herbst. ,
viii", 56 , 575 — Ejusd. , C. cedonulli , xxxix et reticulatus , l ; — ejusd.,
C. haslatus , lv, i; — C. menestho , ibid. 3 ; — C. ponticus , ibid. , 5.
(2) P o)-ez, pour les espèces delà Méditerranée, les ouvrages de Pé-
tagiia, de Risso, d'Olivi 5 pour celles de nos côtes occidentales et des
mers de la Grande-Bretagne, le Catalogue méthodique des crustacés du
département du Calvados , de M. de Brébisson, et surtout l'excellent ou-
vrage du docteur Leach , intitulé Malacostraca podophlhalmia Britan-
niœ. M. Desmarest a très bien développé la méthode de cet auteur , dans
ses Considérations générales sur les crustacés , livre qui sera très utile à
ceux qui s'occupent de l'élude de ces animaux, f^oyez aussi notre article
Porlune de l'Encyclopédie méthodique.
FAMILLE DES BRACHYURES. 35
L'Etrille commune. (Cancer puber. L.) Penn. Zool. Brit.
IV , iv. 8; Ilerbst. VIL 59. Leacli. Malac. Brit. vi.
Est couverte d'un duvet jaunâtre , avec huit petites
dents entre les yeux, dont les deux mitoyennes plus lon-
gues, obtuses et divergentes ; les serres sillonnées , armées
d'une dent forte et dentée, au côté interne du carpe , et
d'une autre sur l'article suivant ou la main; les doigts
sont noirâtres.
Cette espèce porte communément le nom & étrille, et
sa chair est très délicate.
La petite Etrille. ( Cancer corrugatus. Penn. Zool. Brit.
IV. pi. v. 9. Leach. Malac. Brit. VIL 1, a..)
A le test tout ridé , garni d'un duvet jaunâtre, avec trois
dents égales , presque en forme de lobes, au front. Les
trois dents postérieures des bords latéraux sont très aiguës,
en forme d'épines.
Le P. mënade ou le Crabe commun de nos côtes. (C. mœnas.
Lin .Fab.)
Et qu'on appelle vulgairement crabe enragé , me paraît
appartenir plutôt aux portunes qu'aux crabes proprement
dits ', seulement les nageoires postérieures sont plus
étroites. Tel a été le premier sentiment du docteur Leach,
qui en a fait ensuite un genre particulier , sous le nom
de carcin ( Carcinus , Malacost. Brit. , XII, tab. v ). Il
a aussi cinq dents de chaque côté, et pareil nombre au
front, les oculaires internes comprises. Le dessus du test
est glabre, finement chagriné, avec des lignes enfoncées,
profondes. Les tarses sont striés , la tranche supérieure
des mains est comprimée en manière d'arête arrondie , ter-
minée par une petite dent; on en voit une autre, mais
plus forte, au côté interne de l'article précédent; les doigts
sontstriés, presque également dentés , aveclebout noirâtre.
On trouve dans le calcaire marneux du Monte-Bolca ,
un crustacé fossile qui, selon M. Desmarest ( Hist. nat.
des crust. foss., pag. 125), a de grands rapports avec
cette espèce.
Dans le portune de Rondelet de M. Risso , le front est
sans dents. Celui qu'il nomme longipes présente le même
36 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
caractère, niais ses pieds sont proportionnellement .plus
longs que ceux des autres espèces analogues.
Nous formerons une quatrième division avec le sous-genre.
Platyonique ( Platvonichus. )
Dont la dénomination a remplacé celle de porlumne
(portumnus ) de M. Léach , trop rapprochée du mot por-
tune , déjà employé. Ici le test est aussi long au moins
que large, presque en forme de cœur. Tous les tarses des '
pieds, les serres exceptées, se terminent par une petite
lame semi - elliptique, alongée et pointue; l'index est très
comprimé. Cette division ne comprend encore qu'une es-
pèce, qui est le cancer latipes de Plancus ( De conchis
minus notis , lïl, 7, B. C), etqui a été figurée aussi par Leach
(Malac. Brit.,IV). Le front offre trois dents, et chaque bord
latéral du test cinq. ( Voyez l'article Platyonique de l'Ency-
clopédie méthodique.)
Des crabes nageurs nous passons à ceux dont tous les pieds
se terminent en pointe , ou par un tarse conique , quelque-
fois comprimé , mais ne formant point de nageoire pro-
prement dite. Ceux d'entre eux dont le test est évasé , coupé
par devant en arc de cercle , rétréci et tronqué en arrière,
dont les serres sont identiques dans les deux sexes ? où.
la queue offre ïe même nombre de segments que celle des
portunes , et qui , à l'exception des tarses , leur ressemblent
presque entièrement, composeront notre seconde section,
celle des Arques ( Arcuata ).
Les Crabes proprement dits. (Cancer. Fab. )
Ont le troisième article des pieds -mâchoires extérieurs
échancré ou marqué d'un sinus , près de l'extrémité in-
terne et presque carré. Les antennes , ne dépassant guère le
front, et à articles peu nombreux, sont repliées , glabres ou
peu velues. Les mains sont arrondies, et ne présentent point
supérieurement d'apparence de crête.
Les uns ont l'article radical des antennes extérieures
beaucoup plus grand que les suivants, en forme de lame,
terminée, pnr une dent saillante et avancée , fermant infé-
ricurement le coin interne des cavités oculaires. Les fosset-
tes des antennes mitoyennes ou internes sont presque lon-
gitudinales. Tel est
*
LAM1LLE DÈS BHACHYURES. 3 7
Le Crabe poupart ou tourteau (Cipagurus. Lin.) Herbst.
IX, 5ç}, dont ie test est roussâtre, large, plan , presque lisse
en dessus , avec neuf festons à chaque bord latéral, et
trois dents au front. Ses serres sont grosses , unies, avec
les doigts noirs et garnis intérieurement de tubercules
mousses. 11 acquiert près d'un pied de largeur, et pèse alors
jusqu'à cinq livres. 11 est commun sur les côtes de France
de l'Océan , et moins abondant dans la Méditerrannée. Sa
chair est estimée.
Le docteur Leach ( Malac. Brit. , XYlï , x ) le sépare
génériquement des autres crabes.
Dans les autres, les articles inférieurs des antennes sont
eylindracés$ le premier, quoiqu'un peu plus grand, ne
diffère point des suivants quanta la forme et aux proportions,
et ne dépasse point le canthus interne des fossettes ocu-
laires ; celles des antennes intermédiaires s'étendent plutôt
dans le sens de la largeur du test , que dans celui de sa lon-
gueur.
11 en est parmi eux (C. 1 1 . dentatus, Fab.) , dont les doigts
ont leur extrémité creusée en manière de cuiller; ce sont
les Clorodies ( Clorodius. ) de M. Leach. Plusieurs des es-
pèces, où. ils se terminent en pointe , sont remarquables en
ce que l'arqûre des bords du test se termine postérieure-
ment par un pli et une saillie débordante, en manière
d'angle. Celles dont le front est tridenté, et dont ie test n'of-
fre de chaque côté que cette saillie ou dent postérieure ,
composent son genre Carpilie ( Carpilius ). Les espèces de
cette subdivision ( C. corallinus , F.; C. maculatus , ejusd. )
présentent des marbrures ou des taches rondes couleur de
sang. Elles habitent plus particulièrement les mers des
ïndes orientales. Beaucoup de crabes fossiles me paraissent
appartenir à cette subdivision.
Les Xanth.es ( Xantho.) du même, et dont quelques-uns
{Xantho floridus, Leach, Malac. Brit.,f£l ; — Cancerporessa,
Oliv., Zool. adriat., II, 3. ) habitent nos côtes, ont leurs
antennes insérées dans Je canthus interne des cavités
oculaires , et non en dehors , comme dans les précé-
dents.
D'autre* considérations permettraient d'augmenter le
38 CRUSTACÉS PÉCAPODES.
nombre de ces coupes. Mais nous avons dû nous borner à
indiquer les principales.
Le Crabe vulgaire de nos côtes , de la première édition de
cet ouvrage, a été placé dans celle-ci avec les portunes
( P. mênade. )
Les Pirimeles (Pirimela. Leach.)
Ressemblent tout-à-fait aux crabes, mais leurs antennes
extérieures se prolongent notablement au-delà du front , et
leur tige, plus longue que leur pédoncule_, se compose
d'un grand nombre d'articles. Les fossettes des intermé-
diaires sont, ainsi que dans le crabe tourteau , plutôt longi-
tudinales que transversales.
On n'en connaît qu'une espèce ( P. denticulata , Leach. ?
Malac. Biït. , VIII , m. ), qu'on trouve dans la Manche
et dans la Méditerranée. Peut-être faut- il rapporter à
cette espèce le crustacé fossile, décrit par M. Desmarest,
sous le nom à? A télécycle rugueux. (Hist. nat. des crust.
foss. , IX, 9. )
Les Atélécycles (i). ( Atelecyclus. Leach.)
Ont, ainsi que les pirimeles, les fossettes des antennes
intermédiaires longitudinales; les antennes latérales alon-
gées, saillantes, et composées d'un grand nombre d'articles;
mais elles sont très velues ainsi que les serres; ces serres
sont fortes, avec les mains comprimées. Le troisième article
des pieds-mâchoires est sensiblement rétréci supérieurement
en manière de dent obtuse ou arrondie. Les tarses sont coni-
ques, et les pédicules oculaires sont de grandeur ordinaire.
La queue est plus alongée que dans les crustacés précédents.
On en a décrit deux espèces O), l'une des côtes d'An-
gleterre , à forme suborbiculaire , et l'autre de celles de
France, tant océaniques que méditerranéennes.
Le^Tiiies. ( Thia. Leach. )
Se rapprochent des àtélécycles, à raison de leurs antennes
(1) Nous avions d'abord i-lace ce sous-genre, ainsi que le suivant, dans
la section des orbicuiaires.
... Voyez les Considérations générales sur la classe des crustacés , de
I !) imarest, pag. 38 et 89.
FAMILLE DES BRACHYURES. 3q
latérales, de la direction des fossettes logeant les intermé-
diaires, de la forme du troisième article des pieds-mâchoi-
res extérieurs, de leur test suborbicuîaire $ mais leurs yeux
ainsi que leurs pédicules sont très petits et à peine saillants.
Leurs tarses sont très comprimés et subelliptiques. Le front
est arqué, arrondi, sans dentelures prononcées. L'espace
pectoral compris entre les pieds est très étroit et de la même
largeur partout. Les serres sont proportionnellement bien
moins fortes. Le test est uni, et sous quelques autres rap-
ports ces crustacés avoisinent les leucosies et les corisles.
L'espèce (1) prototype, dont on ignorait la patrie, a été
découverte par M. Mil ne Edwards , dans le sable des bords de
la Méditen année , près de ÎNaples. M. Risso ( Journ. de
pbys. ? 1822 , p. 25 1. ) en a décrit une autre, qu'il a dédiée
à M. de Blainville, et qu'il a trouvée dans la rivière de
Nice.
Les Mursies. (Mursia. Leach. ) (2).
Dont on ne connaît encore qu'une seule espèce, et qui
est propre à cette partie de l'Océan qui environne l'extré-
mité méridionale de l'Afrique. Elle avoisine les matutes et
plusieurs portunes, à raison d'une longue épine dont chaque
côté du test est armé postérieurement; elle se rapproche aussi
des crabes proprement dits, pour la forme du test et des pieds-
mâchoires extérieurs, avec cette différence que leur troi-
sième article est en forme de carré alongé, rétréci et tron-
qué obliquement à son extrémité supérieure; mais, ainsi
que dans les calappes et les hépates , les mains sont très com-
primées supérieurement, avec une tranche aiguë et dentée,
en manière de crête (3).
Les Hétates. ( Hepatus. Latr. )
Ont, quanta la forme évasée de leur test, la brièveté de leurs
antennes latérales, une grande affinité avec les crabes pro-
prement dits , et se rapprochent des mursies et des calappes,
(1) Thia polita, Leach, Zool. Miscel. , cm.
(2) Dénomination qu'il faudrait changer, parce qu'on peut facilement
la confondre avec celle àenursia , autre sous-genre de crustacés.
(3) Desmar. , Consid. , ix, 3.
/
^0 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
à raison de leurs mains comprimées et terminées supérieu-
rement en manière de crête. ; mais le troisième article de
leurs pieds -mâchoires extérieurs est en forme de triangle
aïongé, étroit et pointu, sans échancrure apparente , carac-
tère que l'on observe aussi dans les matutes et les leucosies.
L'espèce (i) qui a servi de type à l'établissement de cette
coupe a été confondue avec les calappes par Fabricius. Elle est
de la grandeur d'un crabe tourteau de moyenne taille. Son
test est jaunâtre, ponctué de rouge , avec les bords finement
et inégalement crénelés. Les yeux sont petits et rapprochés.
Les pieds sont entrecoupés de bandes rouges. Quoique la
queue des mâles n'ait que cinq segments complets, on dé-
couvre néanmoins très distinctement sur les côtés , les
traces des deux autres. Cette espèce est commune aux An-
tilles.
Une troisième section , celle des Quadrilatères ( Qua-
drilatera ) , a le test presque carré ou en cœur, avec le
front généralement prolongé, infléchi ou très incliné, et
formant une sorte de chaperon. La queue des deux sexes est
de sept segments , distincts dans toute leur largeur. Les an-
tennes sont généralement fort courtes. Les yeux de la plu-
part sont portés sur de longs pédicules ou gros. Plusieurs
visent habituellement à terre, dans des trous qu'ils se
pratiquent j d'autres fréquentent les eaux douces. Leur
course est très rapide (2).
Une première division comprendra ceux dans lesquels le
quatrième article des pieds-mâchoires extérieurs est inséré
à l'extrémité supérieure interne de l'article précédent, soit
sur une saillie courte et tronquée, soit dans un sinus du
bord interne. Ce sont ceux qui se rapprochent le plus des
crabes propres.
Les uns ont un test tantôt presque carré ou trapezo'ïde ,
mais point transversal , tantôt presque en forme de cœur
(i"l Hepatus fascialus , Latr. ; Desrnar. , Consid. , ix, 2- Calappa
anguslata, Fab. ; Cancer pr inceps , Bosc. • Herbst , xxxvn, 2. Voyez
aussi son cancer armadillus , vi , 42 et 4^-
(2I Je les considère , sous le rapport des habitudes et de quelques ca-
ractères d'organisation , comme s' éloignant le plus des autres décapodes ,
et "omme devant être places à lune des extrémités de cet ordre,
FAMILLE DES BRàCHYURES. 4*
tronqué. Les pédicules oculaires sont courts et insérés soit
près des angles latéraux et antérieurs du test, soit plus
intérieurs, mais toujours à une distance assez grande du
milieu du front. Ici viennent :
Les Eriphies. (Eriphia. Lat. )
Qui ont les antennes latérales insérées entre les cavités
oculaires et les antennes médianes ; le test presque en
forme de cœur, tronqué postérieurement , et les yeux éloi-
gnés de ses angles antérieurs.
Nos côtes en fournissent une espèce {Cancer spùiifrons,
Fab. '7 Herbst., XI , 65 ; Desmar., Cons. , XIV , i ) , qui est
le pagurus d'Aldrovande. Les côtés de son test ont
chacun cinq dents , dont la seconde et la troisième bifides.
Le front et les serres sont épineux. Les doigts sont noirs.
Les Trapésies. ( Trapezia, Latr. )
Semblables aux eriphies par l'insertion des antennes la-
térales , mais dont le test est presque carré, déprimé, uni ,
avec les yeux situés à ses angles antérieurs , et les serres très
grandes, comparativement aux autres pieds.
Toutes les espèces ( i ) sont exotiques et des mers orien-
tales.
Les Piltjmnes. (Pilumnus, Leach. )
Différents des deux sous -genres précédents à raison de
leurs antennes latérales insérées à l'extrémité interne des
cavités oculaires, au-dessous de la naissance des pédicules
des yeux. Ils sont plus rapprochés, quant à la forme du test,
des crustacés de la section précédente que les autres quadri-
latères, et ambigus , à cet égard, entre les deux sections.
Comme dans la plupart des arqués, le troisième article
de leurs pièds-mâchoires est presque carré ou pentagone.
Les antennes latérales sont plus longues que les pédi-
cules oculaires, avec une tige sétacée , plus longue que le
(1) Cancer cyrhodoce , Hferbst , ti, 5; — C. rufo punctatus, ejr.sd. r
xlvij,6; — ejusd. , C. glaberrimus , xx, uj. f\yez l'article Trapézie
de l'Encyclopédie méthodique.
L\1 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
pédoncule et composée d'un grand nombre de petits articles.
Les tarses sont simplement velus (i).
Les Thelphuses (2). (Thelphusa. Latr. )
A antennes latérales situées comme dans les pilumnes ,
mais plus courtes que les pédicules oculaires, de peu d'arti-
cles, avec la tige guère plus longue que le pédoncule, et cy-
lindrico-conique. Le test est d'ailleurs presque en forme de
cœur tronqué, et les tarses sont garnis d'arêtes épineuses ou
dentées. •
On en connaît plusieurs espèces , vivant toutes dans
les eaux douces, mais pouvant, à ce qu'il paraît, s'en
éloigner durant un intervalle de temps assez considérable.
L'une, citée par les anciens, se trouve dans le midi del'Eu-
rope, le Levant et en Egypte: c'est le crabe fluviatile de
Belon, de Rondelet et deGesner.(^o/ez Olivier, Voyage en
Egypte , pi. XXX, 2 ; et les planches d'hist. nat. du grand
ouvrage sur cette contrée. ) Il est très commun dans plu-
sieurs ruisseaux et divers lacs des cratères du midi de
l'Italie; et on voit son effigie sur plusieurs médailles an-
tiques grecques , celles de Sicile notamment. Son test a
environ deux pouces de diamètre en tout sens. Il est
grisâtre ou jaunâtre , selon que l'animal est vivant ou sec,
lisse en grande partie , avec de petites rides incisées et
des aspérités aux côtés antérieurs. Le front est transversal,
incliné, rebordé , sans dents. Les serres ont des aspérités,
avec une tache roussâtre à l'extrémités des doigts, qui
sont longs, coniques et inégalement dentés. Les moines
grecs le mangent cru, et il est , pendant le carême, l'un
des aliments des Italiens.
Deux naturalistes, voyageurs du gouvernement, trop tôt
enlevés aux sciences naturelles , Delalande et Leschenault-
de-Latour , ont découvert deux autres espèces ; Tune recueil-
(1) Voyez l'article Pilumne de l'Encyclopédie méthodique et l'ou-
vrage de M. Desmarest précité, pag. 1 1 1.
(2) Les Potamophiïes de la première édition de cet ouvrage. Ce nom
ayant déjà été consacré à un genre de coléoptères , je l'ai remplacé par
celui de thelphuse. ( Voyez ce mot dans la seconde édition du nouveau
Dictionnaire d'histoire nalurelle.)Ce sont les potamobies de M. Leacli , et
Jes potamons de M. Savigny.
FAMILLE DES BRACH YURES. 43
lie par le premier dans sou voyage au sud de l'Afrique, et
l'autre par le second dans les montagnes de Ceylan.
Le cancer senex de Fabricius ( Herbst. XL , 5 ) , me
paraît devoir se rapporter au même sous-genre. Cette espèce
habite les Indes orientales.
Une espèce propre à l'Amérique ( telphusa serrata,
Herbst. X , n) est proportionnellement plus aplatie
et plus large que les autres, et offre quelques autres ca-
ractères qui semblent indiquer une division particu-
lière (i).
D'autres quadrilatères ayant, de même que les précé-
dents , le quatrième article des pieds-mâchoires extérieurs
inséré à l'extrémité interne de l'article précèdent, s'en éloi-
gnent par la forme trapézoïdale, transverse et élargie en-de-
vant de leur test, ainsi que par leurs pédicules oculaires
qui, comme ceux des podophthalmes, sont insérés près du
milieu du front, longs, grêles, et atteignent les angles anté-
rieurs. Les serres des mâles sont longues et cylindriques^
tels sont :
Les Gonoplaces ou Rhombilles. ( gonoplax. Leach. )
Nos mers en fournissent deux espèces, dont Tune cepen-
dant ne pourrait être qu'une variété de l'autre.
Le gonoplace à deux épines ( Cancer angulatus, Lin. ) ,
Herbst. , ï. i3 ; Leach, ,Malac. Brit,, XIII, a les angles anté-
rieurs du test prolongés en pointe , et une autre épine ,
mais plus petite en arrière. Les serres des mâles en offrent
deux autres , une sur l'article appelé bras et l'autre au côté
interne du cape } les mains sont alongées, un peu rétrécies
(ï) Voyez aussi , plus bas, le sous-genre ocypode. J'en ai formé un nou-
veau , sous le nom de Trichodactylf. ( Trichodactylus ) , avec un crus-
tace' des eaux douces du Bre'sil, analogue aux précédents, mais ayant le
test presque carre', le troisième article des pieds- mâchoires extérieurs
en forme de triangle alonge et crochu au bout, et les tarses couverts
d'un duvet serré.
lue gras pus tesselatus des planches (cccv, ï) d'histoire naturelle de
V Encyclopédie méthodique est encore le type d'un autre nouveau genre
Mélie (Melia), trop peu 'un portant pour être exposé avec détail dans
cet ouvrage.
44 CRUSTACES DÉCAPODES.
a leur base; l'on observe une autre dent à l'extrémité supé-
rieure des cuisses des autres pieds. Le corps est roussâtre.
Cette espèce se trouve sur les côtes occidentales de France
et celles d'Angleterre.
Dans le gonoplace rlwmboïde {cancer rhomboïdes, Lin.),
la carapace n'offre d'autres épines que celles formées parle
prolongement des angles antérieurs. Le corps est plus petit
et d'un blanc rougeâtre ou couleur de chair. On la trouve
dans les lieux rocailleux de la Méditerranée (i).
Dans la seconde division des quadrilatères, le quatrième
article des pieds -mâchoires extérieurs ou de ceux qui re-
couvrent inférieurement les autres parties de la bouche est
inséré au milieu du bout de l'article précédent ou plus en-
dehors.
Tantôt le test est soit trapezoïde ou ovoïde, soit en forme
de cœur tronqué postérieurement. Les pédicules oculaires,
insérés à peu de distancé du milieu de son bord antérieur,
s'étendent jusque près de ses angles antérieurs ou les dépas-
sent même.
En commençant par ceux dont le test a la forme d'un qua-
drilatère transversal , élargi en avant et rétréci en arrière ,.
ou bien celle d'un œuf y s'offrent d'abord
Les Macrophthalmes. ( Macrophthalmus. Lat. )
Ainsi que dans les gonoplaces, le test est trapezoïde, les
serres sont longues et étroites , les pédicules oculaires sont
grêles, alongés et logés dans une rainure, sous le bord an-
térieur du test. Le premier article des antennes intermé-
diaires est plutôt transversal que longitudinal , et les deux
divisions qui les terminent sont très distinctes et de gran-
deur moyenne. Les pieds-mâchoires extérieurs sont rappro-
chés inférieurement, aubord interne, sans vide entre eux,
et leur troisième article est transversal.
Ces crustacés (2) habitent les parages des mers orientales
et de la Nouvelle-Hollande.
(1) Voyez l'article RhombiUe de l'Encyclopédie méthodique.
(2) Gonoplax transversus , Lat*. , Encyclop. me'thod. , Hist. nat. ,
ccxcvn , 2 ; — Cancer brevis, Herbst, lx , !\. Le gonoplace de Latreilley
espèce fossille décrite par M. Desmaresl {Hist. nat. des crust.Jbss. }
FAMILLE DES BRACHYUUES. /|5
Les suivants, et qui forment les sous - genres gélasime ,
ocypode et myctyre , vivant tous dans des terriers, et remar-
quables par la célérité de leur course, ont la quatrième
paire de pieds et la troisième ensuite plus longues que les
autres; les antennes intermédiaires sont excessivement petites
et à peine bifides au bout ; leur article radical est presque
longitudinal. Ces animaux sont propres aux pays chauds.
Ici le test est solide ? en forme de quadrilatère ou de tra-
pèze, plus large en devant.
Les Gélasimes ( Gelasimus. Latr. — Uca. Leach. )
Les yeux terminent leurs pédicules, en manière de petite
tête. Le troisième article de leurs pieds-mâchoires extérieurs
est en carré transversal. Le dernier segment de la queue des
mâles est presque demi-circulaire; celle des femelles est
presque orbiculaire.
Les antennes latérales sont proportionnellement plus lon-
gues et plus grêles que les mêmes des ocypodes. L'une des
serres, tantôt la droite , tantôt la gauche , ce qui varie dans
les individus de la même espèce, est ordinairement beau-
coup plus grande que l'autre; les doigts de la petite sont
souvent en forme de spatule ou de cuiller. L'animal ferme
Tenlrée de son terrier, qu'il établit près des rivages de la mer
ou dans des lieux aquatiques , avec sa plus grande pince.
Ces terriers sont cylindriques, obliques, très profonds,
très rapprochés les uns des autres, mais ordinairement
habités par un seul individu. L'usage où sont ces crustacés
de tenir la grosse pince élevée en avant du corps , comme
s'ils faisaient un geste pour appeler quelqu'un , leur a valu
le nom de crabes appelants ( Cancer vocans). Une espèce
observée dans la Caroline-Sud par M. Bosc , passe les trois
mois de l'hiver dans sa retraite, sans en sortir , et ne vient
à la mer qu'à l'époque de sa ponte (i).
ix, i~4), et peut-être aussi son G. incisé (ix, 5, 6), pourrait être un ma-
crophthalme: mais en général ses gonoplaces fossiles sont des .oéla-
simes. L'espèce qu'il nomme gélasime luisante (vin ,7,8) ne me semble
pas différer de l'espèce vivante que je nomme maracoani (Encyclop.
méthod. , ibid. , ccxcvi , 1).
(1) Voyez l'article Gélasime de la seconde édition du nouveau
46 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
Les Ocypodes. ( Ocypode. Fab. )
Les yeux s'étendent dans la majeure partie delà longueur
de leurs pédicules, et forment une sorte de massue. Le troi-
sième article des pieds - mâchoires extérieurs est en carré
long. La queue des mâles est très étroite, avec le dernier
article en forme de triangle alongé; celle des femelles est
ovale.
Les serres sont presque semblables, fortes, mais courtes ,
avec les pinces presque en forme de cœur renversé. Ainsi
que l'annonce l'étyinologie du nom générique, ces crusta-
cés courent avec une grande vélocité; elle est telle , qu'un
homme monté à cheval a de la peine à les atteindre; de là
l'origine» de l'épithète de cavalier ( eques), que leur donnè-
rent d'anciens naturalistes. Parmi les modernes , quelques-
uns les ont nommés crabes de terre; d'autres les ont con-
fondus avec les gécarcins, sous la dénomination générale de
tourlouroux. Les ocypodes se tiennent pendant le jour dans
les trous ou terriers qu'ils se creusent dans le sable, près
des rivages de la mer. lis les quittent après le coucher de
soleil.
L'0. chevalier* ( Cancer cursor, Lin. ), Cancer eques,
Bel. 'y O. ippeits, Oliv. Voy. dans i'emp. ott., II. xxx , i ,
se distinguc;de tous les autres par le faisceau de poils
qui termine les pédoncules oculaires. 11 habite les côtes de
la Syrie, celles d'Afrique, situées sur la Méditerranée, et
se trouve même au Cap»Verd
Dans YO. cérathophthaline {Cancer cerathoptlialmus
Pall., Spicil. zol. fasc.iX, v, 28), l'extrémité supérieure de
ces pédicules se prolonge au-delà des veux et d'un tiers ou
plus de leur longueur totale, en une pointe conique et
Dictionnaire d'histoire naturelle, et le même article de l'ouvrage de
M. Desmarest sur les animaux de cette classe. Les crabes cittie-ete, cietie-
panama de Ma regrave , me paraissent synonymes de la gëlasime combat-
tante. D'après une observalion de M. Marion , communiquée à l'acad.
roy. des se. par M. de Blain ville, cette inégalité' des pinces ne serait
propre qu'aux mâles, du moins dans des espèces dont il a observe' un
grand nombre d'individus dans son voyage aux Indes orientales.
FAMILLE DES BRACHYURES. lvJ
simple. les pinces sont en cœur , très chagrinées et dente-
lées sur leur tranche. Cette espèce vient des Indes orientales.
Dans quelques autres , les yeux terminent leurs pédi-
cules et forment une sorte de massue. Quelques-unes,
de l'ancien continent ( O. rhombea , Fab.) , et toutes celles
du nouveau , sont dans ce cas. Mais celles-ci ont un carac-
tère particulier , qui annonce qu'elles vont plus fréquem-
ment à l'eau ou qu'elles nagent plus facilement ; leurs
pieds sont plus unis, plus aplatis y* et garnis d'une frange
de poils. Tel est YO. blanc de M. Bosc (Hist. nat. des crust ,
1 , i ). Le crabe cunuru de Marcgrave est de cette divi-
sion (i).
En classant la collection du Muséum d'histoire naturelle,
nous avions rangé avec les ocypodes, sous le nom spécifi-
que de quadridentaia, un crustacé qui nous semble avoir une
grande conformité avec le gécarcin trois épines de M. Des-
marets, espèce fossile (Hist. nat. des crust. foss., VIII ^ io.)j
il soupçonne qu'elle pourrait appartenir au genre telphuse.
Ici le test, dans les femelles au moins ; est très mince 7
membraneux et flexible , le corps est presque rond ou sub-
ovoïde. Les pédicules oculaires sont sensiblement plus
courts que dans les sous-genres précédents.
Viennent d'abord
Les Mictyres. (Micïyris. Lat. )
Leur corps est subovoïde , très renflé , plus étroit et obtus
en devant, tronqué postérieurement, avec le chaperon très
rabattu , rétréci en pointe à son extrémité. Les serres sont
coudées à la jonction du troisième et du quatrième article ;
celui-ci est presque aussi grand que la main ; les autres
pieds sont longs 7 avec les tarses anguleux. Ajoutons à
ces caractères essentiels , que les pédicules oculaires sont
courbes ? couronnés par des yeux globuleux ; que les
pieds-mâchoires extérieurs sont très amples, très velus au
(i) Voyez ausssi, pour les ocypodes du nouveau continent, les obser-
vations de. M. Say , consigne'es dans le Journal des sciences naturelles <Je
Philadelphie. Son O. réticulé est un grapse. Nous renverrons aussi à l'ar-
ticle Ocypode de la seconde édition du nouv. Dictionn d hist. naturelle,
et à l'ouvrage de M. Desmarest.
4$ CRUSTACÉS DÉCAPODES.
bord interne., avec le second article fort grand et le suivant
presque demi-circulaire.
On en connaît deux espèces; Tune qui se trouve dans
l'Océan australasien (i) , et l'autre en Egypte (2) où. elle
a été observée par M. Savigny.
Immédiatement après les mictyres nous placerons
LesPiNNOTHERES. ( PlNNOTHERES. Latl\ )
Crustacés très petits^ vivant une partie de l'année, sur-
tout en novembre, dans diverses coquilles bivalves, les mou-
les et les jambonneaux particulièrement. Le test des femelles
est suborbiculaire, très mince et fort mou , tandis que celui
des mâles est solide, presque globuleux et un peu rétréci
en pointe en devant. Les pieds sont de longueur moyenne ?
et les serres sont droites et conformées à l'ordinaire. Les
pieds-mâchoires extérieurs n'offrent distinctement que trois
articles , dont le premier grand , transversal , arqué , et
dont le dernier muni à sa base interne d'un petit appendice.
La queue de la femelle est très ample et recouvre tout le
dessous du corps.
Les anciens croyaient qu'ils vivaient en société avec les
mollusques des coquilles oùonles trouve, et qu'ils les aver-
tissaient dans le danger , et allaient à la chasse pour eux.
Aujourd'hui le peuple de certaines côtes attribue , peut-être
sans de meilleurs raisons, à leur présence dans les moules, les
qualités malfaisantes que celles-ci prennent quelquefois (3).
Nous arrivons maintenant à des crustacés qui, analogues
aux derniers, à raison de l'insertion de leurs pédicules ocu-
laires, s'en éloignent cependant à l'égard du teèt. Il a la forme
d'un cœur, tronqué postérieurement; il est élevé , dilaté et
arrondi sur les côtés, près des angles antérieurs; les pédicu-
(ï) Latr., Gêner. , crust. etins., 1. ^o ; Encyclop. méthod. , atl. d'hisU
nat. , ccxcvii , 3; Desmar. , Consid. , xi, 2. Ce sous-genre et celui du
pinnoihère faisaient partie , dans la première e'dition de cet ouvrage, de la
section des orbiculaires } mais dans un ordre naturel, ils avoisinent les
ocypodes, les gécarcins , etc.
(y) Planches d'hist. nat. du grand ouvrage sur rÉgypte.
f 3) Ployez , rpiant aux espèces, Leacli, malac. , podoph. Bril. , et
Desmar. , Consul, gen. sur les crust. ,116.
FAMILLE DES BRACUYURE.S. /£<)
les oculaires sont plus courts que ceux des sous-genres
précédents, et n'atteignent pas tout-à-fait les extrémités
latérales du test. Les antennes intermédiaires sont toujours
terminées par deux divisions bien distinctes. Nos colons amé-
ricains ont désigné cescrustacés sousdiversesdénominations,
telles que celles de tourlouroux , de crabes peints , de cra-
bes de terre , de crabes violets , et qui peuvent s'appliquer
à diverses espèces ou à diverses variétés d'âge; mais aucune
recherche digne de confiance n'a encore fixé cette nomen-
clature. Ces animaux habitent plus particulièrement les con-
trées situées entre les tropiques et celles qui les avoisinent.
11 est bien peu de voyageurs qui n'aient parlé de leurs ha-
bitudes. Mais en dépouillant leurs récits des faits invraisem-
blables ou douteux, leur histoire se réduit essentiellement
aux suivants. Il passent la plus grande partie de leur vie à
terre, se cachant dans des trous et ne sortant que le soir,
îl y en a qui se tiennent dans les cimetières. Une fois par
année, lorsqu'ils veulent faire leur ponte, ils se rassemblent
en bandes nombreuses, et suivent la ligne la plus courte
jusqu'à la mer , sans s'embarrasser des obstacles qu'ils peu-
vent rencontrer ; après la ponte, ils reviennent très affai-
blis. On dit qu'ils bouchent leur terrier pendant la mue :
lorsqu'ils l'ont subie et qu'ils sont encore mous, on les ap-
pelle boursiers , et on estime beaucoup leur chair, qui ce-
pendant est quelquefois empoisonnée. On attribue cette
qualité au fruit du mancenillier, dont on suppose, fausse-
ment peut-être, qu'ils ont mangé.
Dans les uns, tels que
Les Ucas ( Uca Latr. ),
La grandeur des pattes , à commencer inclusivement à
celles de la seconde paire, diminue progressivement; elles
sont très velues , avec les tarses simplement sillonnés, sans
dentelures ni épines notables.
La seule espèce connue (Cancer uca 7 Lin.), Herbst. VI.,
38, habite les marais de la Guianne et du Brésil.
Dans les autres , la troisième et la quatrième paire ce
pieds sont plus longues que la seconde et la cinquième -,
les tarses ont des arêtes dentelées ou très épineuses. Ces
crustacés forment deux sous-genres.
TOME IV. h
5o CRUSTACÉS DÉCAPODES.
Les Cardisomes. (Cardisoma. Latr. )
Ayant les quatre antennes et tous les articles des pieds-
mâchoires extérieurs à découvert 5 les trois premiers articles
des mêmes pieds-mâchoires droits , le troisième plus court
que le précédent, échancré supérieurement, presque en
forme de cœur; enfin le premier des antennes latérales pres-
que iembiable et large.
On les désigne aux Antilles sous le nom de crabes blancs;
quelquefois cependant le test est jaune, avec des raies
rouges (1).
Les Gécarcins. (Gecarcinus. Leach. )
Dont les quatre antennes sont recouvertes par le chape-
ron ; dont le second et le troisième article des pieds-mâ-
choires extérieurs sont grands , aplatis, comme foliacés ,
arqués , et laissant entre eux, au côté interne, un vide; ou
le dernier de ces articles est en forme de triangle curviligne,
obtus au sommet; il atteint le chaperon et recouvre les trois
articles (4 ? 5 et 6 ) suivants.
L'espèce la plus commune (Cancer ruricola, Lin. ),
Herbst. III, 36, jeune âge, IV, XX, 116; xlix , 1, est
d'un rouge de sang plus ou moins vif, et plus ou moins
étendu, quelquefois tacheté de jaune, avec une impres-
sion en forme de H, très marquée. Divers voyageurs lui
ont donné le nom de crabe violet , de crabe peint; celui
de tourlourou me paraît plus spécialement propre à cette
espèce (:?.)•
Tantôt le test est presque carré , subisométrique, ou guère
plus large que long, aplati, avec le front rabattu dans
(1) Cancer cordatus ; Linn. 5 — Cancer carnijex ; Herbst. , xu , 1 ,
iv, 37 ; — C. guanhumi, Marcgrave. Les tarses ont quatre arrêtes: il y
en a deux de plus dans les gécarcins.
(2) Voyez l'article Tourlouroux de l'Encyclopédie méthodique.
MM. Victor Audouin et Milne-Edwards ont communiqué dernièrement
à l'académie royale de sciences des observations très curieuses sur un
organe propre à ces animaux , et formant une sorte de réservoir susceptible
de contenir une certaine quantité d'eau , et placé immédiatement au»
dessus des branchies. Voilà pourquoi ces crustacés ont les côtés anté-
rieurs du thorax plus bombés que d'ordinaire.
FAMILLE DES BRACHYUKES. 5l
presque toute sa largeur. Les pédicules oculaires sont courts
et insérés aux angles latéraux antérieurs. Les deux divisions
ordinaires des antennes intermédiaires sont très distinctes.
Les pieds-mâchoires extérieures sont écartés entre eux inté-
rieurement, et forment par cet écart , un vide angulaire;
leur troisième article est presque aussi long que large. Les
serres sont courtes , épaisses , et les autres pieds sont très
aplatis , la quatrième paire et ensuite la troisième sont
plus longues que les autres ; les tarses sont épineux.
Les Plagusies. ( Plagusia. Latr. )
Ont leurs antennes mitoyennes logées dans deux fissures
longitudinales et obliques, traversant toute l'épaisseur du
milieu du chaperon (i).
Elles sont inférieures ou recouvertes par cette partie, dans
Les Grapses. ( Grapsus. Lam. )
Leur test est un peu plus large en devant qu'en arrière ,
ou du moins pas plus étroit, tandis qu'il s'élargit un peu
de devant en arrière dans les plagusies.
Les grapses sont répandus dans toutes lespartiesdu monde,
mais plus particulièrement dans celles qui sont situées près
des tropiques. On n'en trouve plus en Europe au-delà du
5o° environ de latitude. Il me paraît qu'à la Martinique on
les appelle cêriques. Marcgrave en a figuré des espèces du
Brésil , sous les dénominations d'aratu , aratu pinima(Grap-
sus cruentatus , Latr. ), et de carara-una. A Gayenne on les
appelle ragabeumba , qui veut dire soldat.
Ces animaux se tiennent cachés pendant le jour sous les
pierres et autres corps qui sont dans la mer. Quelques-uns
même, à ce qu'il m'a été raconté, grimpent sur les arbres
du rivage et se retirent sous leurs écorces. La forme large
(i) P. Depressa, Latr.; Herbst. , ni, 35; — P. clavimana , Latr.,
Herbst. , lix , 3; Desin. , Consid., xiv, 2. La queue ne m'a paru com-
posée que de quatre segments bien distincts. Le troisième offre cepen-
dant une ou deux lignes enfonce'es et transverses. Dans les grapses,
ces segments sont au nombre de sept, et le troisième est dilate', de
chaque côte' de sa base , en manière d'angle ou d'oreillette.
52 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
et aplatie de leur corps et de leurs pieds leur donne la fa-
culté de se soutenir momentanément sur- l'eau; ils marchent
toujours de côté, tantôt à droite, tantôt à gauche. Certaines
espèces vivent dans les rivières, où la marée monte, mais
plus souvent sur, les bords ou hors de l'eau. Ils se ras-
semblent en nombre considérable , et lorsqu'il paraît quel-
qu'un dans les lieux où ils se trouvent, ils se sauvent dans
l'eau, en faisant un grand bruit avec leurs serres, qu'ils
frappent l'une contre l'autre. Leur manière de vivre est
d'ailleurs la même que celles des autres crustacés carnassiers.
( Voyez l'Hist. nat. des crust., par M. Bosc. )
Nos côtes offrent
Le grapse madré (Grapsus varius. Latr.; Cancer marmo-
ratus. Fab.; Oliv., Zool., Adr., Il , i ; le cancre madré de
Rondelet; Herbst., XX, 1 14). Il est de taille moyenne, pres-
que carré, à peine plus large que long, jaunâtre ou livide ,
très alongé en dessus, avec un grand nombre de lignes très
fines et de petits points, d'un brun rougeâtre; quatre émi-
nences, aplaties, disposées transversalement , à la base du
chaperon, et trois dents à l'extrémité antérieure de chaque
bord latéral. Ses tarses sont épineux.
Le G. porte -pinceau , ( Cuv., Règne anim. IV, xn , ïy
Rumph., Mus. X2; Desm., Consid., XV, 1) est remarquable
par les poils nombreux, longs et noirâtres, qui garnissent
le dessus des doigts des pinces. Les tarses n'ont point d'é-
pines , caractère qui lui est exclusivement propre. Cette
espèce (1) se trouve aux ïndes orientales.
ISotre quatrième section, les orbiculaires (Orbiculata) (2),
a le test soit sub-globuleux ou rhomboïdal, soit ovoïde, et
toujours très solide; les pédicules oculaires toujours courts
ou peu alongcs; les serres d'inégale grandeur, selon les
sexes ( plus grandes dans les mâles); la queue n'offre jamais
sept segments complets ; la cavité buccale va en se rétrécis-
(1) Voy., pour d'autres, l'article plagusie de l'Encyclopédie métho-
dique, et l'Histoire des animanx sans vertèbres de M. Delamarck , genre
grapse.
(2) Les orithyies et les dorîppes me paraissent, dans une série natu-
relle , appartenir à cette section , et conduire aux coristes 5 leur test est en
i'orme d'ovoïde tronqué.
FAMILLE DES BRACHYURES. 53
sant vers son extrémité supérieure, et le troisième article
des pieds-mâchoires extérieurs est toujours en forme de trian-
gle alongé. Les pieds postérieurs ressemblent aux précé-
dents, et aucun de ceux-ci n'est jamais très long.
Les Corystes. ( Corystes. Latr. )
Ontle test ovoïdo-oMong, crustacé, avec les antennes la-
térales longues, avancées et ciliées^les pédicules oculaires de
grandeur moyenne, écartés ; et le troisième article des pieds-
mâchoires extérieurs plus long que le précédent, avec une
échancrure apparente, pour l'insertion de l'article suivant. La
queue est de sept segments , mais dont deux oblitérés au mi-
lieu dans les mâles.
On en connaît une de nos côtes ( Cancer personalus ,
Herbst. XII, 71 , 72 • Leach., Malac. Brit., vi, 1 ) à trois
dentelures à chaque bord latéral du test.
Feu Delalande, naturaliste-voyageur, en a rapporté une
autre du cap de Bonne-Espérance.
Les Leucosies. ( Leucosia. Fab. )
Ont un test dont la forme varie, mais plus généralement
presque globuleux ou ovoïde, et toujours d'une consistance
très dure et pierreuse 5 les antennes latérales et les yeux très
petits. Les yeux sont rapprochés. Le troisièmearticle des pieds-
mâchoires extérieurs est plus petit que le précédent et
sans sinus interne apparent; ces parties sont contiguës
inférieurement, le long du bord interne , et forment un
triangle alongé, dont l'extrémité est reçue dans deux loges
supérieures de la cavité buccale. La queue, très ample et
suborbiculaire dans les femelles, n'offre ordinairement que
quatre à cinq segments, mais jamais sept.
Le docteur Leach (1) a partagé ce genre de Fabricius en
plusieurs autres, mais que nous présenterons comme de
simples divisions.
Les espèces dont le test est transversal , avec le milieu des
côtés fortement prolongé ou dilaté en manière de cylindre
ou de cône, forment son genre ixa {ixa) (1).
(j) Leach , Zool. Mise, m ; Desm. , Consid.
(•1) Leucosia cylindrus , Fab. , Ilcrbst. , 11 , 2Q-3f .
54 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
Celles dont le test est rhomboïdal, avec sept pointes co-
niques, en forme d'épines , de chaque côté, composent ce-
lui d'iphis ( iphis ).
Si le test ayant toujours la même forme rhomboïdale ne
présente que des angles ou des sinus sur les côtés , on aura
son genre nursie (nursia ) ; et celui à'ébalie ( ebalia ) , si ces
bords latéraux sont unis.
Les leucosies à test ovoïde ou presque globuleux, et distin-
guées en outre de plusieurs des précédentes, en ce que les
serres sont toujours plus longues que le corps , plus épais-
ses que les autres pieds , et que les tarses sont sensiblement
striés, peuvent se diviser ainsi.
Les unes ont le front avancé ou du moins point débordé
par l'extrémité supérieure de la cavité buccale. La branche
externe des pieds-mâchoires ( le flagre ) extérieurs est alon-
gée, presque linéaire.
Ici les serres sont grêles, avec les mains cylindriques et
les doigts longs.
Tantôt le test est presque globuleux, et soit très épineux,
comme dans le genre arcanie (arcania); soit uni, comme dans
celui d'ilie ( ilia ).
Tantôt le test est suborbiculaire et déprimé, ainsi que
dans le g. persephone ( persephona ) j ou bien ovoïde, ainsi
que dans celui de myra ( myra ).
Là, les serres sont épaisses , avec les mains ovoïdes et à
doigts courts.
Ce sont les vraies Leucosies ( Leucosia ) de ce naturaliste.
Dans les autres, l'extrémité supérieure de la cavité buc-
cale dépasse le front. La branche externe des pieds-mâchoires
extérieurs est courte et arquée. Le test est arrondi et déprimé.
Cette dernière division comprend son genre phylire ( phy-
lira ).
D'autres considérations prises des proportions des pattes
et de la forme des pieds-mâchoires extérieurs , appuient ces
caractères.
p
La leucosie noyau ( ilia nue leus , Leach; cancer nucleus,
Lin j Herbst., XI. i4« ) commune dans la Méditerranée, a
le test globuleux, granuleux sur les côtés et postérieure-
ment ; avec le front échancré , deux dents au bord posté-
FAMILLE DES BRACHYUKES. 55
>ieur,et deux autres très écartées l'une de l'autre, à chaque
bord latéral ; la postérieure est plus forte , en forme d'é-
pine, et située au - dessus de la naissance des deux pieds
postérieurs.
Les côtes maritimes de nos départements occidentaux
fournissent quelques autres espèces , qui rentrent dans
le genre ebalia de M. Leach (i).
Toutes le* autres sont de l'Océan indien et américain.
Les Indes orientales nous offrent quelques leucosies
fossiles. M. Desmaretsen a décrit trois espèces, dont deux
se rapportent, selon lui, aux leucosies proprement dites
de Leach , et qui en état vivant sont propres aux mêmes
contrées.
La cinquième section , celle des Triangulaires (Trigona),
se compose d'espèces, dont le test est généralement trian-
gulaire ou subovoïde, rétréci en pointe ou en manière de
bec par devant , ordinairement très inégal ou raboteux , avec
les yeux latéraux. L'épistome ou l'intervalle compris entre
les antennes et la cavité buccale est toujours presque carré ,
aussi long ou presque aussi long que large. Les serres , ou
du moins celles des mâles, sont toujours grandes et alon-
gées. Les pieds suivants sont très longs dans un grand nom-
bre , et quelquefois même les deux derniers ont une forme
différente des précédents. Le troisième article des pieds-
mâchoires extérieurs est toujourspresque carré ou hexagonal,
dansceuxaux moinsdontles pieds sont de longueur ordinaire.
Le nombre a; parent des segments de la queue variel II
est de sept dans les deux sexes de plusieurs; mais dans d'au-
tres, ou du moins dans leurs mâles , il est moindre.
Plusieurs de ces crustacés sont désignés vulgairement sous
le nom collectif d' Araignées de mer.
Quoique les espèces de cette tribu soient fort nombreuses,
on n'en a encore découvert que deux en état fossile , et dont
l'une au moins ( Maia squinaclo ) existe encore aujourd'hui ,
en état vivant, dans les mêmes localités ( Voy. Desin. Hist.
natur. des crust. fossil. )
Une première division comprendra ceux dont les seconds
(i) Malac. Brit. , xxv.
55 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
pieds et les suivants sont semblables , et dont la grandeur
diminue progressivement.
Parmi ceux-ci nous formerons un premier groupe de tou-
tes les espèces dont la queue, soit des deux sexes, soit des
femelles , est de sept articles. Le troisième article des pieds-
mâchoires extérieurs est toujours presque carré, et tron-
qué ou échancré à l'angle supérieur interne.
Des serres très grandes, surtout comparativement aux au-
tres pieds, qui sont très courts , dirigées horizontalement et
perpendiculairement à Taxe du corps jusqu'au carpe ou l'ar-
ticle précédant la main, repliées ensuite , par devant sur
elles mêmes, avec les doigts fléchis brusquement, en for-
mant un angle; des pédicules oculaires très courts, et point
ou peu saillants hors de leurs cavités/ un test rocailleux et
très inégal ou très épineux , signalent
Les Parthenopes. ( Parthenope. Fab. )
Les unes ont les antennes latérales très courtes, de la
longueur des yeux au plus; leur premier article est totale-
ment situé au-dessous des cavités oculaires.
Si la queue offre dans les deux sexes sept segments , ces
espèces composeront le genre Parthcnope proprement dit (i)
de M. Leach.
Si celle des mâles n'en présente que cinq, on aura son genre
Lambrus (2).
Les autres ont les antennes latérales très sensiblement
plus longues que les yeux; leur premier article se prolonge
jusqu'à l'extrémité supérieure interne des cavités propres à
ces derniers organes, et paraît se confondre avec le test. Ici
le post-abdomen est toujours de sept segments. Les serres
des femelles sont beaucoup plus courtes que celles de l'autre
(1) P. horrida, Fab. ; Rumph. , Mus. , ix , 1; Seba , III , xix, 16, 17;
Herbst., xiv, 88.
(3) P. longimana , Fab. ; Rumph. , Mus. , vin ? — P. giraffa , Fab. ;
Herbst. , xix , 108 , 209; — P. lar, Fab. ; — P. rubus, Latr. ; Cancer
eûntràrius, Herbst., lx, 3 ; — P. macrocheles , Latr. , Herbst., xix, 107 ;
— C, longimanus , Linn. , fem. , P. trigonimana, Latr.; Cancer
prensor , Herbst. , xli , 3.
FAMILLE DES BRÀCHYUKES. 5j
sexe. Le même naturalistedistingue génériquement ces crus-
tacés sous la dénomination d' ' Kurynome {eurynoma). On n'en
connaît qu'une seule espèce, qui se trouve sur les côtes de
France et d'Angleterre (i).
Toutes les autres parthenopes, à l'exception d'une (2),
sont de l'Océan indien.
Dans les suivants, les serres sont toujours avancées, et
leur longueur, est tout au plus double de celle du corps;
leurs doigts ne sont point brusquement et angulairement
inclinés (3).
Ici la longueur des pieds les plus longs ( les seconds ), n'ex-
cède guère celle du test, mesurée depuis les yeux jusqu'à
l'origine de la queue. Le dessous des tarses est généralement
soit dentelé ou épineux, soit garni d'une frange de cils ter-
minés en manière de massue.
Nous présenterons, en premier lieu, ceux dont les pédicu-
les oculaires sont très courts et de longueur moyenne, sus-
ceptibles de se retirer entièrement dans leurs cavités f et
dont les serres, dans les mâles au moins, sont notablement
plus épaisses que les autres pieds.
Les Miterax. ( Mithrax. Leach. )
Leurs serres sont très robustes , avec les doigts creusés en
cuiller aubout. La tige des antennes latérales est sensiblement
plus courte que leur pédicule. La queue est composée de
sept articles dans les deux sexes.
Toutes les espèces connnes (4) sont de l'Océan américain.
(1) Cancer asper , Penh., Brit. Zooî. , iv; Eurynoma aspera ,
Leach , Malac. Brit. , xvn.
(2) Parthenope angulifrons , Latr. , Encycl. niéthod. ; Cancer longi-
manus, Oiivi.
(3) Le premier article des antennes late'rales paraissant faire partie du
test, a été" méconnu de plusieurs naturalistes ; le second a été' pris pour
le précédent.
(4j Mithrax spinicinclus , Latr. ; Desmar. , Coasid. , p. i5o; — Cancer
hispiJus, Herbst., xvm , 1005 — Cancer aculeatus ,Herhstc, xix, io4;—
C. spinipes, ejusd. , xvn, 94. Uinachus hircus de Fab. est peut-être
congénère.
58 GRUSTA.CÉS DÉCAPODES.
LeS ACANTHONYX. ( AcANTHONYX. Lat. )
Ont un avancement en forme de dent ou d'épine au côté
inférieur des jambes ; le dessous des tarses velu et comme
pectine, et le dessus du test uni. La queue des mâles offre,
au plus, six segments complets (i).
Les Pises. (Pisa. Leach. )
Dont les serres sont de grandeur moyenne, avec les doigts
pointus. Les jambes n'ont point d'épineendessous, etla queue
est de sept segments dans les deux sexes. Ainsi que dans les
sous-genres précédents, les antennes latérales sont insérées
à égale distance des fossettes recevant les intermédiaires et
des cavités oculaires, ou plus rapprochées de celles-ci.
Ceux-ci, comme dans le genre naxia (2) du docteur Leach,
ont deux rangées de dentelures sous les tarses. Ceux-là n'ont
qu une seule rangée de dentelures ou qu'une simple frange
de gros cils en massue, sous le même article. Ceux qui sont
dans ce dernier cas forment le genre lissa (3) du même.
Parmi ceux qui ont une rangée de dentelures, tantôt
comme dans ses Pisa (4) proprement dits, la longueur des
pieds diminue graduellement; tantôt les troisièmes pieds
sont brusquement plus courts que les précédents dans les
mâles : c'est ce qui a lieu dans ses Chorinus (5).
Les PéricÈres. (Pericera. Lat. )
Rapprochés des pises par la forme et les proportions des
serres et le nombre des segments de la queue, s'en éloignent
ainsi que des sous-genres antérieurs, en ce que les antennes
latérales sont insérées sous le museau et sensiblement plus
(1} Maia glabra, Collcct. du Mus. d'hist. nal. ; maia lunulata , Risso. ;
i,4î Llbinia lunulata , Desmar.
(2) Pisa aurita , Latr. , Encyclop. me'thod. — P. monoceros , ibid.
(3) Pisa chiragra, Latr.; ibid. Desmar. , Consid.
(4) Pisa xyphias, Latr., ibid. 5 — ejusd. , ibid. P. aries ; — P. barbi-
cornis • — P. corrigera ,- — P. slyx ; — P. bicornuta; — P. tris pin os a ,■
— P. armala , Leach, Malac. Rrit. , xvn ; Cancer muscosus? Linn. ; —
P. tetraodon, Leach, ibid , xx.
(5) Pisa héros, Latr., Encyclop. method.
FAMILLE DES BHACHYURES. 5g
rapprochées des fossettes, logeant les intermédiaires, que
de celles recevant les pédicules oculaires (i).
Dans les deux sous-genres suivants, les pédicules oculai-
res sont courts ou moyens, ainsi que dans les précédents.
Mais les serres , même celles des mâles , sont à peine plus
épaisses que les pieds suivants. La queue est toujours com-
posée de sept segments.
Les Maïa. (Maia. Leach. )
Où le second article des antennes latérales semble naître du
canthus interne des cavités oculaires.La main et l'article qui
la précède sont presque de la même longueur. Le test est
ovoïde.
Ce sous-genre, établi par M. de Lamarck, et composé d'a-
bord d'un grand nombre d'espèces , n'en comprend plus
maintenant, dans la méthode de M. Leach, qu'une seule ,
le cancer squinado d'Herbst. QXIV, 84; 85, LVIj inachus cornu-
tus, Fab.). Elle est très commune sur nos côtes et dans la Mé-
diterranée, où. elle porte le nom d'araignée de mer: c'est l'un
de nos plus grands crustacés et le maïa des anciens grecs,
figurésurquelques unes de leurs médailles.Ils lui attribuaient
une grande sagesse et le croyaient sensible aux charmes de la
musique.
Les Micïppes. ( MicippE. Leach. )
Ont le premier article des antennnes latérales courbe, di-
laté à son extrémité supérieure , en manière de lame trans-
verse et oblique , fermant les cavités oculaires j l'article sui-
vant est inséré au-dessous de son bord supérieur. Le test,
vu en dessus, paraît comme largement tronqué en devant;
son extrémité antérieure est inciinée et se termine par une
sorte de chaperon ou de bec denté (i).
Les Stenocionops. (Stenocionops. Leach. )
Se distinguent de tous les sous-genres de cette tribu par
(i) Maia taurus , Lam. ; Cancer cornudo , Herbst. , lix , 6.
(2) Cancer cristatus , Linu. ; Rumph. , Mus. , vm , 1, le mâle. — Can-
eerphylira, Herbst. , lviu , 4 5 Desmar. , Consid. , xx , 2.
60 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
leurs pédicules oculaires longs, grêles, et très saillants hors
de leurs fossettes (i).
Là, le dessous des pieds ne présente ni de rangées de den-
telures, ni de frange de cils en massue. Ceux des premières
paires, au moins, sont d'une demi-fois au moins plus longs
que le test, et souvent beaucoup plus longs. Le corps est
généralement plus court que dans les précédents, soit pres-
que globuleux , soit en forme d'œuf raccourci.
Un crustaeé de cette tribu {maia retuja, Coll. du Jardin
du Roi. ), dont le test est en ovoïde tronqué ou émoussé
en devant et laineux^ dont les pédicules oculaires alongés,
très courbes, vont se loger en arrière dans des fossettes
situées sous les bords latéraux d u test • dont le carpe, ainsi
que dans les maïasj, est alongé, offre un autre caractère,
qui le distingue exclusivement : la longueur des pieds,
à partir des seconds , semble augmenter progressivement,,
ou du moins différer peu. M. Leach en a formé le genre
De Camposcie. (Camposcia. )
Dans les autres, ainsi que de coutume, la longueur des,
pieds diminue progressivement , de la seconde paire à la
dernière.
Nous en connaissons dont les pédicules oculaires , quoi-
que beaucoup plus courts que ceux des stenocionops ,
sont toujours saillants; dont les antennes latérales ont le
troisième article de leur pédoncule aussi long ou même
plus grand que le précédent, et se terminent par une tige
longue et sétacée. Ils se rapprochent des micippes; tels sont
Les Halimes. ( Halimus. Latr. ) (2).
Ceux qui forment les deux sous-genres suivants ont les
pédicules oculaires susceptibles de se retirer entièrement
dans leurs fossettes et garantis postérieurement par une
(1) Cancer cervicornis , Herbst. , lviii , 2, île de France. M. Des-
marels , Consid. gén. sur les crust., pag. i53 , s^st trompé en citant, pour
type le maia taurus de M. Delamarck.
(2) Deux espèces , dont Tune paraît être très voisine du Cancer super-
eiliosus de Linnœus , Herbst. , xiv , 89.
FAMILLE DES BRACHYURES. 6l
saillie en forme de dent ou d'angle des bords latéraux du
test. Le second article du pédoncule des antennes latérales
est beaucoup plus grand que le suivant ; elles sont termi-
nées par une tige très courte, en forme de stylet alongé.
Les Hyas. (Hyas. Leach. )
Ont les bords latéraux de leur test dilatés en manière d'o-
reillette 7 par-derrière les cavités oculaires qui sont ovales et
assez grandes^ le côté extérieur du second article de leurs an-
tennes latérales comprimé et caréné, et les pédicules ocu-
laires susceptibles d'être entièrement à découvert, lorsque
l'animal les redresse. Le corps est subovoïde (i). Dans
Les Libinies (Libinia, Leach),
Les fossettes oculaires sont très petites et presque orbi-
culaires. Les pédicules oculaires sont très courts et fort peu
exsertiles. Le second article des antennes latérales est cylin-
drique et point ou peu comprimé. Le corps est presque glo-
buleux ou triangulaire.
Nous y réunirons les Doclées ( Doclœa ) et les Egéries
( Egeria ) de M. Leach.
Dans ses libinies proprement dites (2), les serres des mâles
sont plus épaisses que les deux pieds suivants et presque
aussi longues. La longueur de ceux qui sont les plus longs
n'égale pas tout-à-fait le double de celle du test.
Les serres des mâles des doclées (3) sont notablement plus
courtes que les deux pieds suivants. La longueur de ces
pieds ne surpasse guère que d'une fois et demie celle du
test, qui est presque globuleux et toujours recouvert d'un
duvet brun ou noirâtre.
Dans les égéries (4) les serres sont filiformes, avec les
(1) Cancer araneus , Linn. ; Leach, Malac. Brit. , xxi, A; Herbst. ,
xvn , 59; — Hyas coarctata , Leach, ibid. , xxi , B.
(2) Libinia canaliculata , Say , Journ. acad. des se. nat. de phys. ,
tom I, pag. 77, iv, i'.j — Le emarginata, Leach, Zool. Mise, evin.
(3) Doclœa rissonnii , Leach, Zool. Mise, lxxiv. Rapportez -y
les inachus ovis , hjbridus, de Fab.
(4) Egeria indica, Leach, Zool. Mise, lxiii; Inachus spinifer ,
Fab.
62 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
mains fort alongées , presque linéaires. Les pieds suivants
sont cinq ou six fois plus longs que le test. Le corps est
triangulaire.
Après avoir passe' en revue les sous-genres de cette tribu ,
dont les pieds, venant après les serres, sont de forme identi
que, et dont la queue se compose, dans les femelles au moins,
et le plus souvent dans les deux sexes, de sept articles ou seg-
ments complets , nous passons à ceux où elle en offre six au
plus. Les pieds sont généralement longs et filiformes, ainsi
que dans les derniers sous-genres. Si l'on en excepte les lep-
topes, ces crustacés s'éloignent encore des précédents sous
le rapport de la forme du troisième article des pieds-mâ-
chires extérieurs. 11 est proportionnellement plus étroit, ré-
tréci à sa base, et l'article suivant paraît être inséré au mi-
lieu de son bord supérieur ou plus en dehors. Le sous-genre
suivant diffère de ceux qui lui succèdent , en ce que la
queue ne présente dans les mâles que trois segments. La
forme du troisième article des pieds -mâchoires extérieurs ,
m'a paru d'ailleurs être la même que dans les sous-genres
précédents.
Les Leptopes. ( Leptopus. Lam. )
La queuedes femelles est formée de cinq segments. Le corps
est convexe, et les pieds sont très longs.
Nous ne connaissons qu'une seule espèce, qui fait partie
de la collection du Muséum d'histoire naturelle , sous la dé-
nomination de maia longipes. Le docteur Leach s'était pro-
posé de désigner ce genre sous celle de stenopus , que nous
n'avons point adoptée, attendu qu'on l'avait déjà appliquée
à un autre genre de crustacés. Celui de leptope de M. de
Lamarck se compose de plusieurs espèces, mais qui , d'après
les caractères exposés ci-dessus, doivent , à l'exception de
celle que j'ai mentionnée, en être exclues.
Si l'on en excepte quelques espèces d'hyménosomes , où
îa queue n'offre distinctement, au plus, que quatre ou cinq
articles , dans tous les sous-genres suivants , cette partie du
corps en a six , soit dans les deux sexes , soit dans les mâles.
Le troisième article des pieds-mâchoires extérieurs est tantôt
eu forme de triangle renversé ou d'ovale, rétréci inférieure-
ment , tantôt en forme de cœur. L'article suivant est inséré
FAMILLE DES BRACHYURES. 65
au milieu de son bord supérieur, ou plus ea dehors que
dedans.
Quelques-uns, tels que les trois sous-genres suivants , se
rapprochent de ceux que nous venons d'exposer, parla forme
presque isométrique ou du moins transversale de Pépistome.
La base des antennes intermédiaires est peu éloignée du
bord supérieur de la cavité buccale.
L'un de ces sous-genres se distingue des deux autres par
l'aplatissement de son test, et en ce que l'extrémité supé-
rieure du premier article ( libre dans plusieurs) de ses an-
tennes latérales, ne dépasse pas celle des pédicules ocu-
laires. Tels sont :
Les TIyménosomes. ( Hymenosoma. Leach. )
Le test est triangulaire ou orbiculaire(i). Les espèces sont
généralement petites, et propres à l'Océan indien et aux
côtes de l'Àustralasie. Le nombre des segments de la queue
varie; mais il ne s'élève jamais au-delà de six.
Dans les deux sous-genres suivants, le test est plus ou
moins convexe toujours triangulaire, et terminé par de-
vant en manière de bec. Le premier article des antennes
latérales, toujours fixe, forme une arête ou ligne en saillie,
entre les fossettes des antennes mitovennes et celle des veux,
et qui se prolonge au-delà du bout des pédicules oculaires.
Les Inachus. ( ïnachus. Fab. )
Ont tous six segments à la queue ) tous les tarses presque
droits ou peu arqués; les pédicules oculaires unis , suscep-
tibles de se cacher dans leurs fossettes , et une dent ou
épine, dans les mâles au moins, à l'extrémité postérieure
de ces cavités. Le docteur Leach a beaucoup restreint l'é-
tendue primitive de ce groupe (2).
1 V
(1) Uyménosome orbiculaire , Desmar. , Consid. , xxvi , 1.
(2) Cancer do décos ? Linn. ; Inachus scorpio, Fab. ; — Inachus
dorsetlensis , Leach, Malac. Brit. xxn A; — Inachus phalangium , Fab. ;
Inachus doiynchus , Leach , ibid. , xxn , 7 , 8 j — Inachus leplorin-
chus , ojusd. , ibid., xxn, B; Cancer iribulus , Linn. ? Près des inachus
vient se placer un nouveau genre e'tabli dernièrement par M. Gue'rxn ,
sous le nom d'Eurypodc.
64- CRUSTACÉS DÉCAPODES.
Les Achees. (Achaeus. Leach.)
Ont tous pareillement six segments à la queue ; mais leurs
quatre tarses postérieurs sont très arqués ou en faueiilej
leurs pédicules oculaires sont toujours saillants, et présen-
tent en devant un tubercule (i).
Viennent maintenant ceux dont l'épistome est plus long
que large, en forme de triangle alongé et tronqué au som-
met , et où l'origine des antennes mitoyennes est éloignée ,
par un espace notable , du bord supérieur de la cavité
buccale. Les pédicules oculaires sont toujours saillants lors-
que le test est triangulaire et terminé en une pointe plus ou
moins bifide ou entière.
lesSTENORHYNQTiES. (Stenorhynchus. Lam. — Macropodia
Leach.)
Ont six segments à la queue, dans les deux sexes. L'extré-
mité antérieure du test est bifide (2).
Les Leptopodies. (Leptopodia. Leach.)
La queue des mâles est de cinq segments ; celle de la fe-
melle en a un de plus. Le test se prolonge antérieurement
en une longue pointe entière et dentelée (3).
Les derniers triangulaires diffèrent des précédents par la
dissemblance des pieds postérieurs.
Les Pactoles. (Pactolus. Leach.)
Ont les quatre ou six pieds antérieurs simples ou sans
pince. L'extrémité interne de l'avant-dernier article des
quatre postérieurs se prolonge en une dent, formant avec
le dernier article, une pince ou main didactyle. Le test a
la forme de celui des leptopodies, et la queue présente le
même nombre de segments 5 mais les pieds sont beaucoup
(1) Achœus cranchii , Leach , Malac., Brit. xxn , C.
(2) Macropodia tenuirostrls , Leach , Malac . Brit. , xxni , i-5; Ina-
chus longirostris? Fab. ; — Macropodia phalangium, Leach, ibid. ,
xxm , 6.
(3) Inachus sagillarius , Fab. ; Leach , Zool. Mise. , lxtu.
FAMILLE DES BRACHYURES. 65
plus courts; ceux de la troisième paire manquaient dans
l'individu qui a servi à rétablissement de cette coupe (i).
Les Lithodes. (Lithodes. Latr. )
Ressemblent , quanta la forme des huit premières paires
de pieds, auxautres triangulaires; leur longueur, cependant,
semble augmenter progressivement des seconds aux qua-
trièmes, mais les deux derniers sont très petits, repliés, peu
apparents , mutiques et comme inutiles. La queue est mem-
braneuse , avec trois espaces crustacés et transversaux sur les
côtés , et un autre au bout , représentant les divisions seg-
mentaires. Les yeux sont rapprochés inférieurement. Les
pieds-mâchoires extérieurs sont alongés et saillants. Le test
est triangulaire , très épineux, et terminé antérieurement
en une pointe dentée. Ces crustacés sont propres aux mers
du Nord (2).
Notre sixième section 9 celle des Cryptopodes ( Crypto-
poda ) (3) , se compose de crustacés brachyures , singuliers
en ce que les pieds , à l'exception des deux antérieurs ou des
serres, peuvent se retirer entièrement et se cacher sous une
avance, en forme de voûte, des extrémités postérieures de
leur test. Ce test est presque demi-circulaire ou triangulaire.
La tranche supérieure des pinces est plus ou moins élevée, et
dentée en manière de crête. Dans les espèces où elles sont
les plus grandes , elles recouvrent le devant du corps; et de
là l'origine des noms de coq de mer , de crabe honteux , que
l'on a donnés à quelques-uns de ces crustacés. L'un des sous-
genres de cette section , celui à'œthra , ayant par les autres
M^^^— — — a- ' ■ — ' M^— ^ ■.—■■■■ ■ — — ■— -■■■■ Il ■ lin. . ■■■■.. I 1 .1 , ,. . 1. , , , ,
(1) Pactolus Bosciï, Leach , Zool. Mise, lxviii.
(2) Cancer maja , Linn. } Parihenope maja , Fab. ; lnachus maja ,
ejusd.; Lithodes arctica , Leach, Malac. Brit. xxiv. Voyez aussi le
maja camptschensis de Tilesius , dans les Mémoires de l'académie de
Saint-Pétersbourg , 181 2, V et VJ.
(3) Plusieurs crustace's de la section des arqués , tels que les hépates ,
les mursies , les matutes, parmi les nageurs , ont des pinces en crête, et
semblent se lier naturellement avec les cryptopodes, de sorte que cette
section devrait remonter plus haut. Il en est de même de la dernière ou
des notopodes, car les uns se rapprochent des arqués, et les autres des
orbiculaires et des triangulaires.
TOME IV. 5
66 CRUSTACÉS DÉCAPODES,
caractères de grands rapports avec les parthenopes de Fabri-
cius , premier sous-genre de la section précédente, il s'en-
suivrait que, dans un ordre naturel, les cryptopodes de-
vraient être placés entre les orbiculaires et les triangulaires.
Les Calappes ou Migranes. ( Calappa. Fab. )
Ont le test très bombé, les pinces triangulaires, très com-
primées, dentées supérieurement en manière de crête, et
recouvrant perpendiculairement le devant du corps, dans
la contraction des pieds. Le troisième article des pieds-mâ-
choires extérieurs est terminé en manière de crochet. L'extré-
mité supérieure de la cavité buccale est rétrécie, et divisée
longitudinalement en deux loges par une cloison.
Les uns , et les plus nombreux, ont les deux dilatations
postérieures et latérales du test incisées et dentées.
La Méditerranée nous en fournit une espèce, le Calappe
migrane {Cancer granulatits ,Lin .),Calappa granulata, Fab.*
Herbst., XUI , ^5, 76, vulgairement Coq de mer, Crabe
honteux. Son test est rougeàtre, avec deux sillons profonds,
et des tubercules inégaux, d'un rouge carmin. La portion
des bords latéraux précédant les dilatations postérieures,
est d'abord presque entière, et se termine par quatre dents
très courtes, dont les deux dernières plus prononcées $
celles des bords des dilatations sont fortes , au nombre de
six, dont deux au bord postérieur et les autres latérales.
Le front en offre deux autres. Les pinces ont aussi des
tubercules rouges, et leur crête est formée par sept dents,
dont les supérieures sont aiguës (1).
Les autres , tel que le C. voûté ( Cancer calappa , Lin.) ,
Calappa jbrnicata ; Fab. , Herbst.' Xll , 73,74? ont bes
bords des dilatations du test entiers. Cette espèce habite
l'Océan australasien et les mers des Moluques.
, . ■ ■ ■ 1 - I ■ ■ - - ■— 1 .. 1 '—■■-■■■-■ ■ ii ■■ 1 ■■ 1 ■ 1 . 11 1 ^d
(1) Dans cette division , se rangent les espèces suivantes, de Fabri
cius : C. tuberculata, Herbst. , xin , 7S; lviii, i ? — C. lophos , Herbst.
xm, rjr- -t — C. cristatus , Herbst. , xl , 3 ; — C. mannoratus , Herbst. ,
XL ? 2. — Le guaja apura de Pison et de Marcgrave paraît devoir s:;
rapporter à cette espèce, et serait , d'après une citation de Barrèro, le
crabe des palétuviers , des colons de Cayenue. Le cancer hepaticus de
Liun.xus est aussi un calappe.
I
FAMILLE DES BRACHYUUF.S. 67
Les AEthra. (AEthra. Lcach. )
Biffèrent des calappespar leur test très aplati , par leurs
pinces qui ne s'élèvent point perpendiculairement et n'om-
bragent point le devant du eorpsj et par la forme presque
carrée du troisième article des pieds-mâchoires extérieurs.,
Tantôt (i) le test est en ovale transversal, tantôt (2) en
forme de triangle court , fort large, dilaté et arrondi latéra-
lement. Les serres sont peu alongéeset assez épaisses ; ici elles
sont plus longues , anguleuses , et nous rappellent , ainsi
que la forme du test , les parthcuopcs. Ces dernières espèces
pourraient former un sous-genre propre.
Enfin une septième et dernière division , les Notqpodes
(Notopoda), est formée de brachyures> dont les quatre ou
deux derniers pieds sont insérés au-dessus du niveau des
autres, orj semblent être dorsaux et regarder le ciel. Dans
ceux où ils se terminent par un crochet aigu , l'animal s'en
sert ordinairement pour retenir divers corps marins , tels
que des valves de coquilles , des alcyons , dont il se recou-
vre. La queue a sept segments dans les deux sexes.
Les uns ont, de même que les autres brachyures, la queue
repliée en dessous. Leurs pattes se terminent par un crochet
aigu, et ne sont point propres à la natation.
ici le test est presque carré et terminé antérieurement
par une pointe avancée et dentée, ou bien il est subovoïde
ou «tronqué en devant.
Les Homoles. ( Ho mol a. Leacîi. )
Ont les yeux portés par de longs pédicules , très rappro-
chés à leur base, et insérés au-dessous du milieu du front.
Les deux pieds postérieurs sont seuls relevés. Les serres sont
plus grandes dans les mâles que dans les femelles.
Le lest est très épineux, avec une saillie avancée et dentée,
(1) Mthra dspressa, Lam., Hist. des anira. sans vert. ; Cancer scru-
posus, Linn. ; Cancer polynôme , Herbst , lui, 4 ■> 5 ; Destnar. , Cou
sid. , x , 2.
(2) P arihenope fornicala , Fab.
• 5*
68 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
au milieu du front. Les pieds-uiâchoires supérieurs sont
alongés et saillants.
Ces crustacés habitent la Méditerranée et ont été désignés
par Aldrovande, sous le noni àliippocarcins , ce sont les
thelxiopes de M. Rafinesque. On en trouve des espèces d'une
grande dimension (i).
Les Dorippes. (Dorippe. Fab.)
Ont les yeux très écartés entre eux, et situés aux angles
latéraux et antérieurs du test , les quatre pieds postérieurs
relevés, les serres courtes dans les deux sexes, le test en
ovoïde, largement tronqué , sans saillie, en manière de bec ,
et aplati.
Ainsi que l'avait observé M. Desmarest, on voit de chaque
côté, au-dessus delà naissance des serres, une fente en forme
de boutonnière , oblique, coupée longitudinalement par un
diaphragme, ciliée ainsi que lui sur ses bords, communi-
quant avec les branchies , et servant d'issue à l'eau qui les
abreuve.
La Méditerranée en fournit trois espèces (2)5 les autres
sont des mers orientales, et dont l'une ( D. quadridens,
Fab. -j Herbst., XI , 70 ) s'y trouve aussi en état fossile.
Là le test est tantôt presque orbiculaire ou globuleux ,
tantôt arqué en devant et rétréci postérieurement , denté
ou épineux sur les côtés.
Les yeux sont situés près du milieu du front et portés sur
de courts pédicules.
Les Dromies. (Dromia. Fab. )
Ont les quatre pieds postérieurs insérés sur le dos , et ter-
minés par un double crochet; le test suborbiculaire ou pres-
que globuleux, bombé et laineux ou très velu.
• (1) Homola spinifrons , Leach , Zool. Miscell. , lxxxvui ; Cancer
spinifrons , Fab. Fojec l'article Homole du nouveau Dict. d'hist. natur.,
2e e'tlit. , etDesm. , Consid. , xvn , 1. Le Dorippe Cuvier de M. Risso,
appartient à ce sous-genre.
(•2) Dorippe lanata; Cancer lanatus , Linn. ; Desm. , Cons. , xvn, 2 ;
— D. affinis , ejusd. j Herbst. ; xi , 67 • — Cancer mascarone, Herbst. ,
m , G$.
FAMILLE DES BRACHYURES. 69
Ils saisissent , avec leurs pieds de derrière, des alcyons ,
des valves de coquilles , et autres corps sous lesquels ils se
mettent à l'abri, et qu'ils transportent avec eux.
L'espèce la plus connue (Cancer dormia, Lin.), Rumph.,
Mus., XI, i- Herbst. , XV1IÏ , io3 , est répandue dans
tout l'Océan, celui du nord excepté. Elle est couverte
d'un duvet brun , avec cinq dents à chaque bord latéral
et trois au front. Les doigts sont forts, très dentés sur
les deux bords , et en partie couleur de rose. Quelques-
uns l'ont dite venimeuse.
h&Dromie tête de mort (Cancer caput mortuum , Lin.) ,
Dormia cljpeata, Act. Hafn., 1802, est plus petite, plus
bombée, presque globuleuse, avec trois dents de chaque
côté, à ses bords antérieurs, le front court, échancré au
milieu et sinué latéralement. On la trouve sur les côtes
de Barbarie (1).
Les DynomÈnes. ( Dynomene. Latr. )
Où. les deux pieds postérieurs beaucoup plus petits que
les autres, sont seuls dorsaux, et mutiques , à ce qu'il nous
a paru. Le test est évasé, presque en forme de cœur ren-
versé et tronqué postérieurement, comme celui des derniers
quadrilatères, et simplement velu. Les pédicules oculaires
sont plus longs que ceux des dromies.
Nous n'en connaissons qu'une seule espèce , et qui se
trouve à l'île de France (Dynomene hispide , Desmarest ,
Consid., XVÏII, 1. ).
Les derniers netopodes diffèrent des précédents, en ce que
tous les pieds , à l'exception d_es serres, sont terminés en
nageoire, et de tous les brachyures, en ce que la queue est
étendue. Tels sont :
Les Ranines. (Ranina. Lam. )
Leur test est alongé , va en se rétrécissant de devant en ar-
rière, et a généralement la forme d'un triangle renversé ,
avec la base dentée. Les pédicules oculaires sont alongés.
Les antennes latérales sont longues et avancées. Les pieds-
(1) Voyez, pour les autres espèces, Desmarest, Consid. ge'n. sur la
classe des crust. , pag. 1 36 et suiv.
70 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
mâchoires extérieurs son pareillement alongés , étroits, avec
le troisième article rétréci en pointe, vers son extrémité.
Tous les pieds sont très rapprochés ou presque contigus
à leur naissance, et à commencer à laquatrièmepaire , remon-
tent sur le dos; mais les deux derniers sont seuls supérieurs.
Les pinces sont comprimées, presque en forme de triangle
renversé, dentées , avec les doigts brusquement fléchis. Ces
crustacés ont les plus grands rapports avec les aïbunées de
Fabricius, premier sous-genre de la famille suivante , et
font ainsi le passage des brachyures aux macroures. D'après
le rapprochement des pieds, il est même probable que les
ouvertures génitales de la femelle sont situées comme dans
les macroures. Suivant Rumphius, ils viennent à terre et
grimpent jusque sur les maisons; mais d'après la forme
des pieds, cela nous paraît impossible, ou du moins peupro-
bable.
Aldrovande en avait décrit une espèce fossile , que
M. l'abbé Ranzani et M» Desmarest ont depuis fait mieux,
connaître (i).
La seconde Famille , ou
Les décapodes macroures. ( exochnata.
Fab. )
Ont, au bout de la queue, des appendices for-
mant le plus souvent de chaque côté, une na-
geoire (2), et la queue aussi longue au moins que le
(1) Ranina Aldrovandi^ Ranz., Mera. di slor. nat. \ Desm., Hist. nat.
des cru3t. foss. . YI , xi , 1. La fig. x , 5 , 6 , nous paraît convenir plutôt
à une hippe qu'à une ranine ; — Ranina serrala , Lam. ; Cancer rani-
nus, Linn. ; Albunea scabra , Fab- ; Rhumph. , Mus. , vu, T. V; —
Ranina dorsipes , Lam.; Albunea dorsipes , Fab. ; Rhumph., Mus., x, 3 ;
Desmar. , Consid. , xix, 2.
Le genre symethis de Fabricius nous est inconnu , mais nous présu-
mons qu'il est voisin des ranines ou des premiers sous-genres de la
famille suivante.
(2) Ces appendices sont composes de trois pièces, dont Tune sert de
FAMILLE DES MACROURES. Jl
corps, étendue et découverte, et simplement courbée
vers son extrémité postérieure. Son dessous offre le
plus souven t et dans les deux sexes,cinq paires de faus-
ses pattes , terminées chacune par deux lames ou deux
filets. Cette queue est toujours composée de sept
segments distincts. Les ouvertures génitales des fe-
melles sont situées sur le premier article des pieds
de la troisième paire. Les branchies sont formées
de pyramides vésiculeuses , barbues et velues ( et
disposées dans plusieurs , soit sur deux rangées , soit
par faisceaux ). Les antennes sont généralement
alongées et saillantes. Les pédicules oculaires sont
ordinairement courts. Les pieds-mâchoires exté-
rieurs sont le plus souvent étroits , alongés , en
forme de palpes , et ne recouvrent point en tota-
lité les autres parties de la bouche. Le test est plus
hase ou de pédicule aux deux autres , et s'articule avec l'avant-dernier
segment; le dernier forme le plus souvent avec eux une nageoire en
éventail ; mais dans les derniers sous-genres de celte famille , ces appen-
dices sont remplaces par des filets en forme de soie. Les fausses pattes du
dessous de la queue sont formées sur le même modèle que ces appendices
natatoires. Dans les premiers sous-gënres , elles ne sont souvent qu'au
nombre de trois à quatre paires, et plus petites , ou même, à l'exception
des deux antérieures, nulles dans les mâles; les pagures n'en ont, autant
qu'il m'a paru , que sur l'un des côtés; les pièces terminales sont souvent
inégales. Mais ensuite ces fausses pattes ont plus d'extension, et sont con-
stamment au nombre de cinq paires : elles portent les œufs , et servent
à la natation. Nous observerons que, clans les macroures , où elles sont en
moindre nombre ou moins développées, tels que ceux que nous appelons
anomaux, le pédoncule des antennes intermédiaire est proportionnelle-
ment plus long que dans les autres macroures, et que les deu\ou quatre
dernières pattes sont plus petites. Ces crustacés semblent tenir encore,
sous quelques rapport*, des brachyures.
J2 CRUSTACES DECAPODES.
étroit et pi us alongé que celui des brachyures, et
ordinairement terminé en pointe au milieu du
front. Nous renverrons, pour de plus amples dé-
tails, au Mémoire précité de MM. Audouin et Milne
Edwards. Un caractère observé par eux sur le ho-
mard ( astacus marinus } Fab. ) , et qui serait dé-
cisif, s'il s'appliquait aux autres macroures, c'est
qu'outre les deux sinus veineux dont nous avons
parlé dans les généralités de l'ordre, il en existe
un troisième, logé dans le canal sternal, et s'é-
tendant entre les deux précédents , d'un bout du
thorax à l'autre. Cette disposition très curieuse,
établiroit, selon eux, une liaison entre le système
veineux des macroures et celui des crustacés sto-
mapodes.
Les macroures ne quittent jamais les eaux , et , à
l'exception d'un petit nombre, sont tous marins.
A l'exemple de De Géer, de Gronovius, on n'en for-
mera qu'un seul ( 1) genre , celui d'ÉcRE visse ( Astacus) ,
que l'on partagera ainsi :
Les uns, par les proportions, la forme et les usages de
leurs pieds, dont, les premiers ou les seconds au moins sont
en forme de serres, et par la situation sous-caudale de leurs
œufs, se rapprochent évidemment des crustace's précédents,
et plus encore de ceux que l'on connaît vulgairement sous
les noms à'écrevisse , de homard et de crevette.
Les autres ont des pieds très grêles , en forme de filou de
lanière et accompagnés d'un appendice ou rameau exté-
(i)Les seciions que nous allons exposer pourraient former autant de
coupes génériques , ayant pour bases des genres de Fabricius.
FAMILLE DES MACROURES. JO
rieur et aiongé , qui semble doubler leur nombre. Ils sont
propres à la natation , et aucun d'eux n'est terminé en pince.
Les œufs sont situés entre eux, et non sous la queue.
Les premiers se subdiviseront en quatre sections , les
Anomaux, les Locustes, les Homards et les Salicoques.
Les seconds composeront la cinquième et dernière section
de cette famille et des décapodes, celle des Schizopodes.
Dans la première, ou celle des Anomaux (Anomala.),
les deux ou quatre derniers pieds sont toujours beaucoup
plus petits que les précédents. Le dessous de la queue n'of-
fre jamais plus de quatre paires d'appendices ou fausses
pattes (i). Les nageoires latérales du bout de la queue, ou
les pièces qui les représentent, sont rejetées sur les côtés, et
ne forment point avec le dernier segment une nageoire en
éventail.
Les pédicules oculaires sont généralement plus longs que
ceux des macroures des sections suivantes.
Ici ( les Hippides , Latr. ) tous les téguments supérieurs
sont solides. Les deux pieds antérieurs tantôt se terminent
par une main monodactyle ou sans doigt , en manière de
palette, tantôt vont en pointe ; les six ou quatre suivants
finissent par une nageoire; les deux derniers sont filiformes,
repliés et situés à l'origine inférieure de la queue. Cette
queue se rétrécit brusquement, immédiatement après son
premier segment, qui est court et large , et dont le dernier
est en forme de triangle aiongé. Les appendices latéraux
de l'avant- dernier sont en forme de nageoires courbes.
Les appendices sous - caudaux sont au nombre de quatre
paires et formés d'une tige très" grêle et filiforme. Les an-
tennes sont très velues ou fort ciliées; les latérales se rap-
(i) Al1 exception des deux ante'rieurs, ces appendices sont même rudi-
mentaires ou nuls dans les mâles, caractère commun encore aux galathe'es,
aux scyllares et aux langoustes. On remarquera aussi que , dans ces trois
sous-genres, les nageoires de la queue sont plus minces ou presque mem-
braneuses à leur extre'mite' poste'rieure. Dans cette section , ainsi que
dans les galathe'es , la portion thoracique portant les deux pieds poste-
rieurs forme une sorte de pétiole , de sorte que ces pieds semblent être
annexes à la queue.
^4 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
prochent d'abord des intermédiaires, et sont ensuite arquées
ou contournées en dehors.
' Les àlbunees. (Albujnea. Fab.).
Ont les deux pieds antérieurs terminés par une main très
comprimée, triangulaire et monodactyle ; le dernier arti-
cle des suivants est en faucille. Les antennes latérales sont
courtes; les intermédiaires sont terminées par un seul filet
long et sétacé. Les pédicules oculaires occupent le milieu
du front et forment, réunis, une sorte de museau, plat
triangulaire, avec les côtés extérieurs arqués. Le test est
presque plan, presque carré, arrondi aux angles posté-
rieurs, et finement dentelé au bord antérieur.
La seule espèce bien connue(Cctncer symnista, Lin.), Albu-
?iea symnista, Fab.; Herbst. xxn. 2; Desm.?Consid., xxix, 3,
habite les mers des ïndes orientales (i).
Si le Cancer carabus de Linnœus appartient [au même
sous-genre, la Méditerranée en fournirait une espèce.
Les Hippes. (Hippa. Fab. — Emerita. Gronov.).
Ont les deux pieds antérieurs terminés par une. main très
comprimée, presque ovoïde et sans doigts; les antennes la-
térales beaucoup plus courtes que les intermédiaires, et con-
tournées; celles-ci terminées par deux filets courts, obtus,
placés l'un sur l'autre; les pédicules oculaires longs et fili-
formes; et le troisième article des pieds-mâchoires fort grand,
en forme de iame, échancré au bout et recouvrant les arti-
cles suivants. Le test est presque ovoïde, tronqué aux deux
bouts et convexe.
Le dernier article des seconds pieds et des deux paires sui-
vantes est triangulaire, mais se rapprochant, dans les der-
niers au moins, de la forme d'un croissant; les deux der-
niers de la quatrième paire sont redressés et appliqués sur
(i) M. Desmarest place près des albunées, mais avec doute, le G. po-
sYtlon de Fabricius , qui eu mentionne deux espèces ; mais, suivant ce
dernier , les antennes antérieures sont bifides , caractère qui ne convient
point au. >. albune'es. Il nous a été impossible, d'après la manière incomplè-
te dont ilde'crit ce genre, de le reconnaître, et d'en apprécier les rapports.
FAMILLE DES MACROURES. j'5
les deux précédents; le premier de la queue a deux lignes
imprimées et transverses (i).
Les Remipedes. ( Remipes. Latr. )
Ont les deux pieds antérieurs alongés, avec le dernier ar-
ticle conique, comprimé et velu; les quatre antennes très
rapprochées, fort courtes et presque de la même longueur;
les intermédiaires terminées par deux filets; les pédicules
oculaires fort courts et cylindriques; les pieds -mâchoires
extérieurs en forme de petites serres, amincies et arquées au
bout et terminées par un fort crochet. Le test est conformé
à la manière de celui des hippes.
Le dernier article des seconds et troisièmes pieds forme
une lame triangulaire, avec une échancrure au côté exté-
rieur; le même des quatrièmes est triangulaire, étroit et
alongé. Ainsi que dans les hippes, le premier segment de
la queue offre deux lignes imprimées et transverses.
On en connaît deux espèces, l'une des mers de la Nou-
velle-Hollande (2), et l'autre des Antilles et des côtes du
Brésil.
Là ( [les paguriens , Latr. ) les téguments sont légèrement
crustacés, et la queue est le plus souvent molle , en forme
de sac et contournée. Les deux pieds antérieurs se terminent
en une main didactyle; les quatre suivants vont en pointe ,
et les quatre postérieurs, plus courts , finissent par une
sorte de pince ou de petite main didactyle. Le premier arti-
cle du pédoncule des antennes latérales présente un appen-
dice ou saillie allant en pointe ou en forme.d'epine.
Ces crustacés, que les Grecs nommaient carcinion et les
Latins cancelli, vivent 7 pour la plupart, dans des coquilles
univalves et vides. Leur queue , les birgus exceptés, n'offre,
et dans les femelles seulement, que trois fausses pattes, si-
tuées sur l'un oes côtés, et divisées chacune en deux bran-
(i)Hipfja adactjla , Fab. ; ejusd. , H. emeriius; Cancer emtrilus ,
Linn. ; emerila, Gronov. , Zoop., xvn, 8,9; Herbst. , xxn, 3 ; Desmar. ,
Consid. , xxix , 2 , clans les mers des deux Tudes.
(2) Remipes tesludinarius , Latr. ; Desuiar. , Consid. , xxix, 1 ; Cuv. ,
Hègu. aniin. , IV , xn > 2.
j6 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
ches filiformes et velues. Les trois derniers segments sont
brusquement plus étroits.
Dans les uns, tels que
Les Birgus. (Birgus. Leach.. )
La queue est assez solide, suborbiculaire, avec deux rangs
d'appendices, en forme de lames, en-dessous. Les quatriè-
mes pieds sont seulement un peu plus petits que les deux
précédents 5 les deux derniers sont repliés et cachés ,
leur extrémité se logeant dans un enfoncement de la base du
thorax* les doigts du bout, ainsi que ceux de l'avant-der-
nière paire , sont simplement velus ou épineux. A l'excep-
tion des serres, tous les pieds sont séparés à leur naissance
par un écart assez sensible. Le thorax est en forme de cœur
renversé et pointu en devant.
Il paraît que les birgus,^ raison de leur grandeur, de la
consistance plus solide de leurs téguments , et de la forme de
leur queue , sont incapables de se loger dans des coquilles.
Ils doivent se retirer dans des fentes de rochers ou dans des
trous , en terre.
L'espèce la plus connue ( Cancer latro , Lin. ) , Herbst..
xxiv j Rumph. , Mus., iv ; Seba. , Thés., III , xxi, 1^2.,
ferait , suivant une tradition populaire des Indiens, sa
nourriture .des amandes des fruits de cocotier, et ses ex-
cursions auroient lieu la nuit (1). Dans les autres, savoir :
Les Hermites ou Pagures. ( Pagurus. Fab. )
Les quatres derniers pieds sont beaucoup plus courts que
les précédents, avec les pinces chargées de petits grains. La
queue est moile, longue, cylindracée, rétrécie vers le bout,
et n'offre ordinairement qu'un rang d'appendices ovifères ,
et qui sont en forme de fil. Le thorax est ovoïde ou oblong.
A l'exception de quelques espèces très peu connues et
(0 Pagurus lalicauda , Cuv. , Règn. anira., IV, xn , 2 ; Desmar. ,
Consid., pag. 180, de Filé de France. M. Geoffroy Sahit-Hilaire a pu-
blié sur ranalomie de l'espèce prece'denle des faits curieux , mais dont
nous ne tirons pas les mêmes conclusions.
FAMILLE DES MACROURES. 77
domiciliées dans des éponges, des serpules , des alcyons,
toutes les autres vivent dans des coquilles univalves, dont
elles ferment l'entrée avec leurs pinces antérieures, et le plus
souvent avec un seul de leurs mordants, qui est ordinaire-
ment plus grand que l'autre. On prétend que les femelles
font deux ou trois pontes par année.
Quelques espèces ( Cénobite , Cœnohita'y Latr.), distin-
guées des autres par leurs antennes avancées, et dont les
mitoyennes presque aussi longues que les extérieures ou
latérales et à filets alongés -7 dont le thorax est ovoïdo-coni-
que, étroit , alongé , très comprimé latéralement, avec la
division antérieure ou céphalique en forme de cœur, se
logent dans des coquilles terrestres, sur les rochers mari-
times, et roulent avec elles, de haut en bas, dans les in-
stants de danger (1).
Celles-ci , qui forment la division la plus nombreuse ( Pa-
gures propres , Pagurus , Latr. ) , ont au contraire les an-
tennes mitoyennes courbées , notablement plus courtes que
les latérales , avec les deux filets courts, et dont la supé-
rieure en cône alongé ou subulé; la division antérieure du
thorax est carrée ou en forme de triangle renversé et cur-
viligne. Elles habitent des coquilles marines.
\JHermite Bernard {Cancer Bernhardus? Lin.), Herbst.,
XXII. 6 y Pagurus streblonyx , Leach., Maiac. Brit. , XXVI.
ï — 4* fest de grandeur moyenne. Ses deux serres sont
hérissées de piquants , avec les pinces presque en cœur ,
et dont la droite plus grande. Les derniers articles des
pieds suivants sont pareillement épineux. Cette espèce est
très commune dans toutes les mers d'Europe. Une autre ,
mais fossile , le Pagure de Faujas (Desmarest , Hist. nat.
des crust. foss., XI , 1 ) , s'en rapproche beaucoup.
Une espèce de la Méditerranée ( Pagurus angulatus ,
Risso, Crust. de Nice, 1,8; Desmarest, Consid., XXX, 1),
est remarquable par ses pinces, qui sont fortement sillon-
nées, avec des arêtes longitudinales. La droite est la plus
forte (a).
(1) Pagurus clypeatus , Fab. \ Herbst. , xxn, 2.
(2) P oyez y pour les autres espèces, l'article Pagure de l'Encyclopédie
7S CRUSTACÉS DÉCAPOT)ES.
Une autre de la même mer s'éloigne des précédentes par
plusieurs caractères, et mérite de former un sous-genre
propre (Prophylace , Proplvylax , Latr. ). La queue, au lieu
d'être , à l'exception du dessus des trois derniers segments,
molle et arquée, de n'avoir qu'un seul rang de filets ovifè-
res , est couverte de téguments coriaces, se dirige en ligne
droite et ne se courbe en dessous qu'à son extrémité; sa sur-
face inférieure présente un sillon et deux rang de fausses
pattes. Le corps en outre est linéaire , avec les deux appen-
dices latéraux du bout de la queue presque égaux, et dont
la division, plus grande, foliacée et ciliée. Les quatre
derniers pieds sont légèrement granuleux à leur extrémité,
et semblent n'être terminés que par un seul doigt, ou du
moins ne sont point très distinctement bifides. Peut-être
faut-il rapporter à cette division les hermites vivant dans
les serpules, les alcyons , tels que le pagure tabulaire de
Fabricins.
Baas tous les macroures suivants , les deux pieds posté-
rieurs au plus sont seuls plus petits que les précédents.
Le plus souvent les fausses pattes sous-caudales sont au
nombre de cinq paire.1 Les téguments sont toujours
crustacés. Les nageoires latérales du pénultième seg-
ment de la queue et son dernier en forment une com-
mune disposée en éventail.
Les deux sections suivantes ont un caractère commun
qui les sépare de la quatrième ou celle des salicoques. Les
antennes sont insérées à la même hauteur ou de niveau ;
le pédoncule des latérales, lorsqu'il est accompagné d'une
écaille, n'est jamais entièrement recouvert par elle. Souvent
les fausses pattes sous-caudales ne sont qu'au nombre de
quatre paires. Les deux antennes mitoyennes ne sont ja-
mais terminées que par deux filets, et ordinairement plus
méthodique; l'Atlas d'histoire naturelle du même ouvrage; Desmarest ,
Considérations générales sur la classe des crustace's ; les planches d'his-
toire «aî".urclle accompagnant la Relation du voyage du capitaine Frey-
cinet. On observera que . dans la figure du cancer megistos dTlerbst. ,
lxi , 1, la queue est fausse, parce que, manquant dans l'individu qui a
servi au dessin , on y a suppîe'e' en prenant pour modèle la queue en na-
geoire d'un macroure ordinaire.
FAMILLE DES MACROURES. 7Q
courts que leur pédoncule, ou à peine plus longs. Le feuillet
extérieur des appendices natatoires de l'avant-dernier
segment de la queue n'est jamais divisé par une suture
transverse.
Notre troisième section , les Locustes (Locustte), ainsi
désignée du mot locusta, donné par les Latins aux crus-
tacés les plus remarquables de cette division, et d'où est
venu celui de langouste, qu'ils portent dans notre langue,
11 ont toujours que quatre paires de faussses pattes. L'extré-
mité postérieure de la nageoire, terminant la queue, est
toujours presque membraneuse ou moins solide que le reste.
Le pédoncule des antennes mitoyennes est toujoursplus long
que les deux filets du bout, et plus ou moins replié ou
coudé; les latérales ne sont jamais accompagnées d'écail-
lés; tantôt elles sont réduites au seul pédoncule, qui est
dilaté, très aplati, en forme de crête; tantôt elles sont
grandes, longues, allant en pointe et entièrement hérissées de
piquants. Tous les pieds sont presque semblables et vont en
pointe au bout; les deux premiers sont simplement un peu
plus forts ; leur pénultième articleet celui des deux derniers
est au plus unidenté , mais sans former avec le dernier une
main parfaitement didactyle. L'espace pectoral compris entre
les pattes est triangulaire ; le thorax est presque carié, ou
subcylindrique , sans prolongement frontal , en manière de
bec pointu ou de lance.
Les Scyllares ou Cigales de mer. (Scyllarus. Fab.)
Présentent dans la forme de leurs antennes latérales,
un caractère tout-à-fait insolite"; la tige manque , et les
articles du pédoncule, très dilatés transversalement, for-
ment une grande crête , aplatie, horizontale, plus ou moins
dentée.
La branche extérieure des appendices sous-caudaux est
terminée par un feuillet; mais l'interne, dans quelques
mâles, ne se montre que sous la forme d'une dent.
D'après les proportions et la forme du thorax , la position
des yeux et quelques autres parties, le docteur Leach a
établi trois genres : i° Ses Scyllares {Scyllarus) ont le
thorax aussi long ou plus long que large, sans incisions la-
bO CRUSTACES DECAPODES,
térales , et les yeux toujours situés près de ses angles anté-
rieurs ; l'avant-dernier article des deux pieds postérieurs est
unidenté dans les femelles. Ces crustacés se creusent dans les
terrains argileux, près des rivages, des trous qui leur ser-
vent d'habitation. Nous citerons deux espèces.
L'une est Je Scyllare ours ( Cancer arctus, Lin.), Cigale
de mer y Rondel. , liv. xni, chap. 6; Herbst., XXX, 6. Les
antennes extérieures ou latérales sont très dentées. Le tho-
rax a trois arêtes longitudinales et dentées. Le dessus de
la queue est comme sculpté et sans crénelures sur ses bords
latéraux.
L'autre est le Scyllare large ( Scy liants œquinoxialis ?
Fab.; Scyllarus orienta lis , Risso ; Squille large ouOrchetta,
Rondel.; Gesn. , Hist. anim. , III 7 pag. 1097). Elle est
grande , chagrinée, sans arêtes. Les crêtes n'ont point de
dents. Les segments de la queue sont crénelés sur leurs bords.
Sa chair est très estimée. Ses œufs sont d'un rouge vif.
20 Ses Thènes ( Thenus) ont ief thorax, mesuré en devant ,
plus large que long, avec une incision profonde à chaque
bord latéral , et les yeux situés à ses angles antérieurs (1).
3° Ses Ibacus ( Ibacus ) ne diffèrent des thènes que par
la position des yeux , qui sont rapprochés de l'origine des
antennes intermédiaires ou beaucoup plus intérieures.
Dans une espèce de la Nouvelle-Hollande ( Ibacus pç-
roniij LeachvZool. Mi3cell.,cxix.;Desm.,Consid., xxx, 12)
le troisième article des pieds - mâchoires extérieurs est
strié transversalement, et dentelé en manière de crête au
bord latéral externe (2).
Les Langoustes. ( Palinurus. Fab. )
Ont les antennes latérales grandes, sétacées , et hérissées
de piquants.
(1) Thenus indicus , Leach ] Scyllarus orientalis , Fab.; Rumph. ,
Mus., 11, D.; Herbst, xxx, ij Encyclop. , atl. d'hist. nat. , cccxiv •
Desmar. , Consid. , xxxi , 1.
(2) Ajoutez scyllarus antarcticus ; Fab., Herbst, xxx; 2; Rumph.,
Mus. 11 , D. Consultez l'article Scyllare de l'Encyclopédie metbod.
FAMILLE DES MACROURES. 8l
Parmi ces crustacés, appelés par les Grecs Carabos , par
les Latins Locusta, et sur lesquels Aristote a donné plu-
sieurs observations importantes, il en est qui acquièrent
avec l'âge jusqu'à près de deux mètres de long, en y com-
prenant les antennes. L'espèce de nos climats se tient , pen-
dant l'hiver7 dans les profondeurs de la mer, et ne se rap-
proche du rivage qu'au retour du printemps. Elle préfère les
rochers ou les parties rocailleuses. Elle fait alors sa ponte ,
et ses œufs, qui sont petits et très abondants, sont dJun beau
rouge , ce qui leur a valu le nom de corail. L'on prend alors
plus de mâles que de femelles, tandis que celles-ci sont plus
communes après la ponte. Suivant M. Risso, il y aurait un
second accouplement , suivi d'une autre ponte , au mois
d'août. Les langoustes sont répandues dans toutes les mers
des zones tempérées et intertropicales, mais surtout dans
celles-ci. Leur test est raboteux, hérissé de piquants, et pré-
sente en devant de fortes épines ou dents très fortes , avan-
cées et plus ou moins nombreuses. Ses couleurs, ainsi que
celles de la queue, consistent en un mélange agréable de
rouge, de vert et de jaune. La queue présente souvent des
bandes transverses, ou des taches , quelquefois en forme
d'yeux, disposées par séries. Leur, chair, surtout celle des
femelles, avant et pendant la ponte , est très estimée.
Dans l'espèce de nos côtes et probablement dans les au-
tres, les femelles ont à l'extrémité de l'avant-dernier article
des deux pieds postérieurs une saillie, en forme d'ergot ou
de dent, exclusivement propre à ce sexe. Les scyllares nous
ont présenté la même différence.
La Langouste commune ( PaKnurus quadricornis, Fab. ;
Herbst., 4stacus elephas,'xxix7i ; Leach., Malac. Brit., xxx.)
a quelquefois près d'un demi-mètre de long, et, chargée
d'ceufs , pèse de douze à quatorze livres. Son test est épi-
neux , garni de duvet , avec deux fortes dents , dentelées
en-dessous, au devant des yeux. Le dessus du corps est
d'un brun verdâtre ou rougeâtre. La queue est tachetée
et ponctuée de jaunâtre ; ses segments ont un sillon trans-
versal, interrompu au milieu, et ses bords latéraux for-
ment un angle avec des dentelures. Les pattes sont entre-
coupées de rouge et de jaunâtre. Elle habite nos côtes,
TOME IV. 6
'..
82 CKUSTACÉS DÉCAPODES.
mais plus particulièrement celles de la Méditerranée. On
la trouve aussi en Italie, en état fossile (i).
La quatrième section, celle des Homards (Àstacini, Latr.),
se distingue de la précédente par la forme des deux pieds
antérieurs , et souvent aussi par celle des deux paires sui-
vantes, qui se terminent par une pince à deux mordants
ou une main dicîactyle. Dans quelques-uns, les deux ou
quatre derniers sont beaucoup plus petits que les précé-
dents, ce qui les rapproche des anomaux; mais la nageoire
en éventail de l'extrémité de leur queue et d'autres caractè-
res les éloignent de ceux-ci. Le thorax se rétrécit en devant,
et le front s'avance plus ou moins, en manière de bec ou
de museau pointu.
Quelques-uns ( Galathadées, Leach ) ont, ainsi que les
macroures précédents, quatre paires de fausses pattes, et les
antennes mitoyennes coudées, et avec les deux filets, repré-
sentant la tige, sont manifestement plus courtes que leur
pédoncule. Celui des antennes latérales n'est jamais accom-
pagné d'uneîame en forme d'écaillé. Les deux pieds antérieurs
se terminent seuls par une main didactyîe, et qui est souvent
très aplatie. Le dernier segment de la queue est bilobé, du
moins dans la plupart.
En tête de celte division viendront ceux dont les deux (2)
(1) M. Desmarest en mentionne (Hist. nat. des crust. foss. , pag. i32)
deux autres espèces dans le même état, mais dont la seconde pourrait
bien appartenir au sous-genre d'écrevisse proprement dit , et se rappro-
cher de Vastacus norwegicus de Fabricius.
Voyez , pour les autres espèces vivantes , les Annales du Mus. d'hist.
natur. , tom. III, pag. 391 et suiv. ; l'article Palinure de l'EncycIop.
mc'thod. , et son atlas d'hist. natur. ; l'article Langouste de la seconde
e'dition du nouv. Dict. d'hist. natur. , et le même article de l'ouvrage de
M. Desmarest sur les crustacés. Consultez encore, quant au système ner-
veux de l'espèce de nos côtes, MM. Audouin et MUnc-Edwards; suivant
eux, tous les ganglions tlioraciques sont, pour ainsi dire, soude's bout
à bout.
(2) D'après une observation qui m'a été' communiquée verbalement
par le docteur Leach, dans la galathée ampleclens de Fabricius, non-
seulement les deux pieds postérieurs, mais encore les avant-derniers , se-
raient pi us petits que les autres. Cette espèce formerait alors un genre propre.
FAMILLE DES MACROURES. 83
pieds postérieurs sont beaucoup plus menus que les précé*
dents, filiformes, repliés, et inutiles à la course.
Les GalathÉes. ( Galathea. Fab. )
Ont la queue étendue, le thorax presque ovoïde ou
ob!ong,les antennes mitoyennes saillantes , et les pinces
alongées. Le dessus du corp's est ordinairement très incisé
ou strié, épineux et cilié. Les espèces les plus remarquables
de nos mers sont :
La Galathéc rugueuse {Galathea rugosa, Fab.; Leo7 Kon-
del., Hist. des poiss., pag. 3go.; Penn., Brit. zool., IV, xm;
Leach., Malac. Brit., xxix. ) dont les serres sont très lon-
gues et cylindriques; dont les mandibules sont dépour-
vues de dents; et qui a trois longues épines dirigées en
avant, au miiieudu front, et dix semblables et pareillement
avancées sur la queue, savoir: six au second segment et
quatre au suivant (i).
ha.Galathée striée {Cancer strigosus. Lin.) Herbst., xxvi,
2; Penn., Brit. zool. IV, xïv ; Leach., Malac. Brit.,xxvm, B.
Semblable, quant aux mandibules, à la précédente, mais
ayant le front avancé en manière de bec, avec quatre
dents de chaque côté et une autre au bout; les serres
grandes, mais non très longues ni linéaires, et très épi-
neuses, ainsi qu'une grande partie des pieds suivants- Ce
dernier caractère la distingue d'une troisième espèce, pa-
reillement indigène, la G. vorte-éc ailles [Galathea squami-
fr.ra.y, Leach., Malac. Brit. xxvm, À) du docteur Leach.
Ce savant forme, avec la galathée gregaria de Fabricius,
un genre propre, sous le nom de Grimotee. Grimotea. Le
second article des antennes intermédiaires se termine en
massue, et les trois derniers des pieds-mâchoires extérieurs
sont foliacés. Elle est de couleur rouge, et a été découverte
par Joseph Banks dans son voyage autour du monde. Elle
( i) Cette espèce forme le genre munidée , munida7 de M. Leach. Voy.
Desmar. , Consid. , pag. 191. Mais celui-ci se trompe en attribuant à ce
savant d'avoir reconnu le premier que cette espèce était le crusîace' crue
Rondelet nomme lion. Voy. mon Hist. gêner, des crust. et des insect. ,
tom. VI, pag. 198,
6*
8/j. CRUSTACÉS DÉCAPODES.
formait une agrégation si considérable , que la mer parais-
sait d'un rouge de sang.
Le G. Mglée {JEglea.) du même, n'est distinguée du
précédent et de celui de galathée, qu'en ce que les mandi-
bules sont dentées, que le second article de leurs pieds mâ-
choires extérieurs est plus court que le premier , et que le
dessus du corps est généralement uni (i).
Celui que M. Risso avait d'abord nommé Calypso, et qu'il
a ensuite appelé Janira , ne se distingue probablement pas ,
ainsi quelepenseM. Desmarest ( Consid.,pag. 192), de celui
de Galathée.
Les PORCELLANES. ( PoRCELLANA. Lam. )
Forment dans les macroures, sous le rapport de la queue,
une exception très singulière ; elle est repliée en- dessous ,
comme dans les brachyures. Elles s'éloignent d'ailleurs des
galathées parla forme plus raccourcie , suborbiculaire ou
presque carrée du thorax ) par les antennes mitoyennes re-
tirées dans leurs fossettes; par leurs pinces qui sont trian-
gulaires; enfin à raison de la dilatation intérieure des arti-
cles inférieurs de leurs pieds-mâchoires extérieurs. Leur corps
est très aplati.
Ces crustacés sont petits, lents, répandus dans toutes les
mers, et se tiennent cachés sous les pierres littorales.
Le docteur Leach a formé avec quelques espèces (Hexapus,
Lat.; —Longicornis, ejusd., — Bluteli, Riss., Crust., I, 7, etc.)
un genre qu'ii a nommé Pisidia. Mais d'après l'examen spé-
cial qu'en a fait M. Desmarest, il ne diffère par aucun ca-
ractère appréciable.
Les unes sont remarquables par leurs pinces très grandes
et velue? outrés cilicées. Telles sont, i°la Porce liane larges-
pinces ( Cancer platycheles , Penn,, Zool. luit. , 1V7 vi, 12;
Herbst., XLVH, i.), dont les pinces sont seulement velues
au bord extérieur , et dont le thorax presque nu est arrondi,
et qui vit sur les rochers de nos mors. 20 L;iPorcellane héris-
sée (P.hirta, Lam.), dont tout le dessus des -pinces et du tho-
(1) JEglce lisse , Desm., Consid. , xxxrn, 2; Latr., Encyclop. method.,
atl. d'hist. natnr. , ccevin , 2.
FAMILLE DES MACROURES. 85
rax est velu, et où celui-ci est presque ovale, aminci eu
devant. Elle a été rapportée de l'île King par Pérou et M. Le
Sueur. Les autres ont les pinces glabres. Telle est la Por-
cellane a six pieds (Cancer hexapus, Lin.; Herbst; XLY1I, 4)-
Le thorax a des lignes courtes , transverses, un peu ciliées.
Son front est trifide, avec la dent du milieu finement dente-
lée. Les serres sont parsemées de petites écailles et de petits
grains, d'un rouge de sang , avec les doigts écartés entre
eux et sans dentelures internes. Elle se trouve dans nos
mers (i).
Le genre Monolepis de M. Say ( Journ. de l'acad. des
scienc. natur. de Phiiad., I, pag. i55; Desrnar.,Cousid., pag.
199 et 200. ) paraît faire le passage des porcellanes aux raé-
galopes. Il se rapproche du premier sous le rapport des deux
pieds postérieurs et de la direction de la queue. Mais cette
queuen'aurait que six segments, etles yeux seraient trèsgros,
comme dans le second. 11 paraîtrait aussi que les nageoires
latérales du bout de la queue ressembleraient à celles du
dernier.
Les autres crustacés de la même division diffèrent des
précédents par leurs pieds postérieurs, semblables , quant à
la forme, aux proportions et aux usages, aux précédents,
ou pareillement ambulatoires. Ils s'en éloignent encore à
raison de leur corps plus épais et plus élevé, de leurs an-
tennes latérales beaucoup plus courtes, de leurs serres plus
petites, de la grosseur des yeux, et des nageoires latérales
de leur queue , qui ne sont composées que d'une seule lame.
Cette queue est étendue , étroite , et simplement courbée en-
dessous, vers son extrémité.
Les Mégalopes. (Megalopus. Lèacti. — Macropa. Latr.
Encyclop. )
Nous en connaissons quatre espèces, dont trois des mers
d'Europe et l'autre de l'Océan indien (2), d'où elle a été ap
portée par feu. Leschenault et MM. Quoy et Gaymard.
(1) Voyez Fariiele Porcellane , du nouv. Dicl. d'hist. nat., 2e e'dit. ,
et Desmar. , Coiisid. sur les crust. , pag-. 1 92-1 99.
(2) Ployez, pour celles d'Europe, Desmar. , Coiisid. , pag. 200-202 .
et la pi. xxxiv, 2 , du même ouvrage.
SG CRUSTACES DÉCAPODES.
No-as comprendrons dans notre seconde division (Asta-
cinij Latr. ) des homards, ceux qui ont cinq paires de fausses
pattes , les antennes mitoyennes droites ou presque droites ,
saillantes , avancées , et terminées par deux filets aussi longs
ou plus longs que leur pédoncule; et qui _, un seul sous-
genre excepté (gebie), ont les quatre ou six pieds antérieurs
terminés par une main didactyle.
Leur queue est toujours étendue; leurs deux pieds posté-
rieurs ne sont jamais beaucoup plus grêles que les précé-
dents , ni repliés. Le pédoncule des antennes latérales est
souvent accompagné d'une écaille.
Quelques-uns, ainsi que d'autres de la section suivante ,
vivent dans les eaux douces.
Ceux dont les quatre premiers pieds au plus se terminent
par deux doigts; dont les antennes latérales n'ont jamais
d'écaillé à leur base, et dont le feuillet extérieur des na-
geoires latérales du bout de la queue n'offre point de suture
transverse , formeront une première subdivision. La plupart
de leurs pieds sont ciliés ou velus. Ces crustacés sont ma-
rins et se tiennent cachés dans des trous qu'ils se creusent
dans le sable.
Tantôt l'index ou le doigt immobile (formé par une saillie
de l'avant-dernier article ) des serres est très sensiblement
plus court que le pouce ou le doigt mobile, et ne forme
qu'une simple dent.
Les Gebies ( Gebia. Leach. )
Àvoisinent les sous genres précédents , en ce que les deux
pieds antérieurs sont seuls didactyles. Les feuillets des na-
geoires latérales du bout de la queue vont en s'éiargissant
de la base à leur extrémité , et ont des arêtes longitudinales.
La pièce intermédiaire ou le dernier segment de la queue
est presque carré (i).
Les Thalassines. (Thalassina. Latr. )
Ont les quatre pieds antérieurs terminés par deux doigts,
les feuillets des nageoires latérales du bout de la queue
(i) Thalassina littnralis , Risso, Crust. , ni, 2; — Gebia stellata ,
Lcacli, Malac. Brit. , xxxi , 1-9. V'o$. Desm. , Consid. , pa#. 203, 204 •
FAMILLE 1>ES MACROURES. 87
étroits , et alongés, sans arêtes; et le dernier segment de
cette queue, ou la pièce intermédiaire, en triangle alongé (1).
Tantôt les quatre pieds antérieurs, ou les deux premiers
et l'un des seconds (1) sont terminés par deux doigts alon-
gés , formant parfaitement la pince.
Les deux serres antérieures sont plus grandes; les feuillets
latéraux de la nageoire terminant la queue sont en forme
de triangle renversé ou plus larges au bord postérieur; l'in-
termédiaire au contraire se rétrécit de la base au bout, et
va en pointe.
Les Callianasses. (Callianassa. Leach. )
Ont les serres très inégales , tant pour la forme que pour
les proportions; le carpe de la plus grande des deux anté-
rieures est transversal et forme avec la pince un corps com-
mun ; le même article de l'autre serre est alongé ; les deux
pieds postérieurs sont presque didactyles Le feuillet exté-
rieur des nageoires latérales du bout de la queue est plus
grand que l'interne, avec une arête; celui-ci est uni.
Les pédicules oculaires sont en forme d'écaillé, et la
cornée est située près du milieu de leur bord extérieur. Les
filets des antennes mitoyennes ne sont guère [>lus longs que
leur pédoncule.
La seule espèce connue, la Callianasse souterraine . (Cal-
liaiiassasubterranea^heach.jMixlac.Uiït.y XXXil.), se trouve
sur nos côtes et celles d'Angleterre.
Les âxïes. (Àxius. Leach. )
En diffèrent par leurs serres ,-qui sont presque égales, et
dont le carpe ne fait point partie de la pince ; les pieds pos-
térieurs sont semblables aux précédents. Les feuillets des
nageoires latérales sont presque de la même grandeur et ont
chacun une arête longitudinale. Les filets des antennes mi-
toyennes sont évidemment plus longs que leur pédoncule.
(1) TJialassina scoipionides , Latr. ; IlerbsL , Cancer a no malus ; lxii ;
Leach , Zool. mise. , cxxx ; Desmar. , Consid. , xxxyi.
(a) Dans les calianasses, la serre gauche de la seconde paire semble
êlre mono dactyle , et l'ayant-deroier article est dilate en manière de pa-
le lie.
88 CliUSTACÉS DÉCAPODES.
UAxie stirhynque ( Axius stirhynchus , Leaoh. , Malac.
Brit. ? XXXIII ) se trouve sur les côtes d'Angleterre et sur
celles de nos départements maritimes de l'ouest, où elle
a été observée par M. d'Orbigny père, correspondant du
Muséum d'histoire naturelle.
Notre seconde et dernière subdivision nous offre des
crustacés dont les six pieds antérieurs forment autant de
serres, terminées en pince parfaitement didactyle, caractère
qui les distingue de tous les décapodes précédents, et qui les
rapproche des premiers de la section suivante ; mais ici les
serres de la troisième paire sont les plus grandes , au lieu
que là ce sont les deux premières, et que leur épaisseur est
dîailleurs beaucoup plus considérable. Le pédoncule des an-
tennes latérales est accompagné d'une écaille ou d'épines.
Le feuillet extérieur des nageoires latérales du bout de la
queue est, dans toutes les espèces vivantes, comme partagé
en deux par une suture transverse (i).
Les Eryons. (Eryon. Desmarest. )
Ont tous les feuillets de la nageoire caudale rétrécis à leur
extrémité et terminés en pointe ; l'extérieur ne présente
aucune suture transverse. Les deux filets des antennes mi-
toyennes sont fort courts et guères plus longs que leur pé-
doncule. Les côtés du test ont des entailles profondes.
Les pinces des deux serres antérieures sont étroites et
alongées.
Ce sous-genre a été établi par M. Desmarest sur une
espèce fossile {Eiyon de Cuvier , Hist. nat. des crust. foss.,
X, 4 y Consid.,XXXlV, 3. ) , trouvée dans une pierre calcaire
lithographique de Pappenheim et d'Aichtedt, dans le mar*
î^raviat d'Anspach.
Les Ecrevisses. ( Astacus. Gronov., Fab.)
Ont les feuillets des nageoires latérales du bout de la
queue élargis et arrondis à leur extrémité; l'extérieur est
(i) Ce caraclère est commun à la section suivante , de manière qu'on
pourrait, d'après lui, partager les macroures , hormis les schizopodes ,
en deux grandes divisions.
FAMILLE DES MACROURES. 89
divisé transversalement en deux par une suture transverse;
l'extrémité postérieure de celui du milieu est obtuse ou
arrondie. Les deux filets des antennes mitoyennes sont nota-
blement plus longs que leur pédoncule. Les côtés du test ne
sont point incisés.
Dans les unes et toutes marines , le dernier segment de la
queue ou celui qui occupe le milieu de la nageoire ter-
minale y n'offre point de suture transverse.
Celles dont les antennes latérales ont une grande écaille
sur leur pédoncule, dont les yeux sont très gros, en forme
de rein , et dont les pinces des deux serres antérieures sont
étroites, alongées, prismatiques, égales, forment le genre
Nephrops {Nephrops) de M. Leacli. 11 a pour type Yécre-
visse deNorwège {Cancer norwegicus, Lin. ; deGéer., Insect.,
VU, XXI; Herbst., XXVI ; 3, Leach. , Malac. Brit., XXXVI. )
Les deux serres antérieures ont des épines et des arêtes den-
tées; le dessus de la queue est sculpté. On la trouve dans
les mers du nord de l'Europe et dans la Méditerranée.
Celles dont le pédoncule des antennes latérales n'offre
simplement que deux courtes saillies, en forme de dents ou
d'épines, dont les yeux ne sont ni très gros niréniformes, et
qui ont les pinces plus ou moins ovales, composent, avec
les espèces d'eau douce, ie genre astacus proprement dit
du même naturaliste.
\J Ecrevisse homard. ( Cancer gammarus, Lin. ) Astacus
marinus, Fab. ; Herbst., XXV; Penn., Brit.zool., V, x, 21.
La pointe en forme de bec de l'extrémité antérieure du
test, a trois dents de chaque côté, et une autre double à
sa base. Les serres antérieures sont inégales, très grandes;
la pince la plus grande est ovale , avec de grosses dents
molaires ; l'autre est plus alongée, avec de petites dents
nombreuses. Les individus les plus âgés ont quelque-
fois plus d'un demi-mètre de long. Sa chair est très esti-
mée. Elle se trouve dans l'Océan européen , dans la Médi-
terranée, et même sur les côtes orientales de l'Amérique
septentrionale. Son organisation intérieure a été étudiée
avec soin par MM. Victor Audouin et Mil ne-Edwards.
Dans les espèces d'eau douce, qui , par les antennes , les
yeux et la forme des serres , ressemblent d'ailleurs à la pré-
90 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
cédente, le dernier segment de la queue , ou le mitoyen de
sa nageoire terminale est coupé transversalement en deux
par une suture.
UÉcrcvisse commune {Cancer astacus,h'm.)J{œs., Insect.,
III, liv — vu. a ses pinces antérieures chagrinées et
finement dentelées au bord interne des mordants. Le mu-
seau a une dent de chaque côté? et deux à sa base j les
bords latéraux des segments de la queue forment un
angle aigu. Des circonstances accidentelles font varier sa
couleur, qui est ordinairement d'un brun verdâtre.
Cette espèce , qui se trouve dans les eaux douces de l'Eu-
rope, a été plus particulièrement étudiée, tant sous les rap-
ports de l'anatomie, que sous ceux des habitudes et de la
faculté qu'ont les crustacés de régénérer leurs antennes et
leurs pattes, lorsqu'ils les ont perdus ou qu'elles ont été
mutilées. L'estomac renferme, lorsqu'elle est sur le point de
muer, deux concrétions pierreuses, dont la médecine
faisait anciennement usage comme absorbants, et qu'on a
remplacées par le carbonate de magnésie. Elle se tient sous
les pierres ou dans des trous, et n'en sort que pour cher-
cher sa nourriture, qui consiste en petits mollusques, en
petits poissons, en larves d'insectes. Elle se nourrit aussi de
chairs corrompues, de cadavres de quadrupèdes , flottant
dans l'eau, et dont on se sert comme d'appâts, en les plaçant
au milieu de fagots d'épines, ou dans des filets. On les saisit
aussi dans leurs trous, ou on les pêche au flambeau. Sa mue
a lieu à la fin du printemps. Deux mois après l'accouple-
ment, qui s'opère ventre contre ventre, la femelle fait sa
ponte. Ses œufs, d'abord rassemblés en tas, et collés, au
moyen d'une liqueur visqueuse, aux fausses pattes,sontd'un
rouge brun , et ils grossissent avant que d'éclore. Les jeunes
éerevisses, tiès molles au moment de leur naissance, et
tout-à-fait semblables à leurs mères , se réfugient sous leur
queue, et y restent pendant plusieurs jours , et jusqu'à ce
que les parties de leur corps soient raffermies.
La durée de la vie de nos éerevisses s'étend au-delà de
vingt années, et leur taille s'accroît à proportion. On pré-
fère celles qui vivent habituellement dans les eaux vives et
courantes. On trouve sur leurs branchiesune aunelide para-
FAMILLE DES MACROU11ES. 91
site, observée, depuis long-temps par Rœseî , mais qu'on
ne connaissait qu'imparfaitement avant les recherches de
M. Odier(i).
Les eaux douces de l'Amérique septentrionalenous offrent
une autre espèce, V ecrevisse de Barlon7 etdontM.Boscnousa
donné une figure (Hist. nat. des crust., II, xi, 1). Une autre,
du même pays habite les rizières, et leur nuit beaucoup,
au témoignage de M. Le Conte, l'un des meilleurs natura-
listes des États-Unis.
Dans la cinquième section, celle des Saltcoqtjes (Carides.}
les antennes mitoyennes sont supérieures ou insérées au-
dessus des latérales; le pédoncule de celles-ci est entière-
ment recouvert par une grande écaille.
Leur corps est arqué, comme bossu et d'une consistance
moins solide que celui des crustacés précédents. Le front se
prolonge toujours en avant, en pointe, et le plus souvent
en manière de bec ou de lame pointue , comprimée et dentée
sur ses deux bords. Les antennes sont toujours avancées;
les latérales sont ordinairement fort longues et en forme de
soie très déliée ; les intermédiaires d'un très grand nombre
se terminent par trois filets. Les yeux sont très rapprochés.
Les pieds-mâchoires extérieurs, plus étroits et plus alongés
que de coutume, ressemblent à des palpes ou à des antennes.
Les mandibules delà plupart sont rétrécies et arquées à leur
extrémité. L'une des deux premières paires de pieds est sou-
vent pliée sur elle-même ou doublée. Les segments de la
queue sont dilatés ou élargis latéralement. Le feuillet exté-
rieur de sa nageoire terminale est toujours divisé en deux
par une suture, caractère que l'on n'observe que dans les
derniers crustacés de la section précédente; la pièce impaire
du milieu, ou le septième et dernier segment, est alongée,
rétrécie vers le bout, et offre, en dessus, des rangées de peti-
tes épines. Les fausses pattes, au nombre de cinq paires, sont
aîongées et ordinairement foliacées.
On fait une grande consommation de ces crustacés dans
toutes les parties du monde. On en sale même quelques
espèces, afin de les conserver.
(1) Voyez son Mémoire sur le branchiodelle , inséré dans la première
partie du premier tome des Mémoires de la Société' d'histoire natu-
relle de Paris , pag. 63 et suiv,.
C)2 CP.USTACÉS DÉCAPODES.
Les uns ont les trois premières paires de pieds en forme
de serre didactyle , et dont la longueur augmente pro-
gressivement , de sorte que la troisième paire est la plus
longue. Tels sont
Les Pénées. (PENiEus. Fab.)
Dont aucun article des pieds ne présente de division an-
nulaire.
Leurs palpes mandibules sont relevés et foliacés. On voit
un petit appendice en forme de lame elliptique à la base des
pieds , caractère qui semble rapprocher ces crustacés des
pasiphaés, dernier sous-genre de cette section, et de ceux.de
la suivante.
Quelques espèces, et toutes indigènes, forment, à raison
de la brièveté des deux filets de leurs antennes inter-
médiaires, une première division. Elle comprend les sui-
vantes.
hePénée caramote[P alaemon sulcatus ,0\\\ . , Encyclop.;
Caramote, Rond., Hist.nat. des poiss., liv. xvm, chap. 7.)
est long de neuf pouces. Sur le milieu du thorax est
une carène longitudinale, bifurquée à sa base, terminée
par un bec avancé , comprimé , ayant onze dents à sa
tranche supérieure, et une à l'inférieur • on voit de cha-
que côté de la carène un sillon longitudinal.
t Cette espèce est très commune dans la Méditerranée et
l'objet d'un grand commerce. On la sale pour la transpor-
ter dans le Levant. Le Pénée à trois sillons de M. Leach
( Malac. Brit., XLI1. ), et qui se trouve sur les côtes d'An-
gleterre, n'est peut être qu'une variété locale du précé-
cédent. Son thorax a trois siilons et le bec a deux dents
en-dessous. Dans ie Pénée d'Orbigny fsLat», Nouv. dict.
d'hist. nat. 2e édit. article Pénée. ), la carène n'est point
sillonnée.
D'autres pénées ont les antennes intermédiaires terminées
par de longs filets -, ce sont celles de notre seconde division.
INous y rapportons
Le Pénée monodon ( Penceus monodon , Fab. • Squilla
indiccij Bont., Hist. nat., p. 81.) des mers des Indes. Deux
espèces de la Méditerranée ( P. antennatus , lliss., Crust.,
FAMILLE DES MACROURES. g3
II, 6; — P. mars. y ejusd., II, 5 ) paraissent aussi en faire
partie.
• Les Stenopes. (Stenopus. Lat.)
Se distinguent des pénées par les divisions transverses et
annulaires des deux avant-derniers articles des quatre pieds
postérieurs.
Tout le corps est mou. Les antennes et les pieds sont
longs et grêles ; ceux de la troisième paire sont plus larges.
Nous n'en connaissons qu'une seule espèce, rapportée
des mers australiennes par Peron et M. Lesueur. Olivier
l'a conservée dans le genre palémon {Cancer setiferus ,
Lin.; P. hispidus , Oliv. , Encycl.; et atl. d'hist. nat. ,
cccxtx, i) Seb.,Mus., III, xxi, 6, 7; Herbst., xxxi, 3. ), où,
je l'avais d'abord placée.
Les autres saîicoques, dont plusieurs ont les antennes
intermédiaires terminées par trois filets , n'offrent au plus
que deux paires de serres didactyles, formées par les quatre
pieds antérieurs.
Un sous-genre, établi sur une seule espèce propre à l'A-
mérique septentrionale, celui
D'Atye. ( Atya , Leach. )
S'éloigne de tous les crustacés analogues, par un caractère
anomal. La pince terminant les quatre serres est fendue
jusqu'à sa base , ou semble être composée de deux doigts en
forme de lanières, réunis à leur origine; l'article qui précède
est en forme de croissant; la seconde paire est la plus grande.
Les antennes mitoyennes n'ont qjie deux filets (1).
Dans tous les sous-genres suivants, les doigts des pinces
ne prennent naissance qu'à une certaine distance de l'ori-
gine de l'avant-dernier article ou de celui qui est en foi nie de
main, et le corps ou l'article qui la précède n'est point lunule.
Maintenant viendront d'abord les saîicoques, dont les pieds
sont généralement robustes et point en forme, de fil, et sans
appendice à leur base extérieure. Leur corps n'est jamais très
mol , ni très alongé.
Parmi ces sous-genres, à pieds sans appendice, les trois
(1) Atya scabra , Leach , Zool. mise. , cxxxi.
94- CRUSTACÉS DÉCAPODES.
suivants nous présentent encore, sous le rapport des serres,
des formes insolites.
Dans celui
Des Crangons. (Crangon, Fab.),
Les deux serres antérieures, plus grandes queies pieds sui-
vants, n'ont qu'une dent à la place de l'index ou du doigt
fixe, et celui qui est mobile est en forme de crochet et
fléchi .
Les antennes supérieures ou mitoyennes n'ont que deux
filets. Les seconds pieds sont repliés, plus ou moins distinc-
tement bifides ou didactyles à leur extrémité} aucun de
leurs articles n'est annelé. Le bec antérieur du test est fort
court.
Nous ne séparerons point des crangons les egeons de
M. Risso ou les Pontophiles de M. Leach. Ici le dernier arti-
cle des pieds-mâchoires extérieurs est une fois plus long que
le précédent _, tandis qu'ils sont d'égale longueur dans les
premiers. Les seconds pieds des égéons sont plus courts que
les troisièmes et les plus petits de tous, au lieu que leur
longueur est la même dans les crangons. Le nombre des
espèces étant d'ailleurs très borné , cette distinction généri-
que est d'autant moins nécessaire.
Le Crangon commun { C. vulgaris, Fab. ; Roes., Insect.,
IIÏ, LXin, i,2.) n'a guère plus de deux pouces de long. Il
est d'un vert glauque pâle, ponctué de gris et uni. L'espace
pectoral portant la troisième paire de pieds est avancé en
pointe. Cette espèce est très commune sur nos côtes océa-
niques , où on l'appelle vulgairement Cardon. On l'y pê-
che toute l'année dans des filets. Sa chaire est délicate. On
y trouve aussi, selon M. Brébisson , mais très rarement,
le C. ponctue de rouge de M. Risso; mais je présume avec
lui , que ce n'est qu'une variété. Le C. cuirassé {Egeon
loricatits, Riss.' Cancer cataphrac tus, Oiiv.,Zool. adriat.,
III, i.) a trois arêtes longitudinales et dentelées sur le
thorax.
Les mers du nord offrent une espèce assez grande ( Cran-
gon borcas. , Phipps., Voy. au nord, pî. xi, i • Herbst.,
xxix, a'. ).
FAMILLE DES M ACIÏOUUES. g5
Les Processes. (Processa. Leach. — Nika. Risso. )
Ont l'un des deux pieds antérieurs terminé simplement
en pointe, et l'autre en pince didactyle; les deux suivants
sont inégaux, grêles, terminés aussi par deux doigts* l'un de
ces seconds pieds est fort long, avec le carpe et l'article précé-
dent annelés • ce caractère n'est propre à l'autre pied qu'au
premier de ces articles • les pieds de la quatrième paire sont
plus longs que les précédents et les deux suivants. Les an-
tennes supérieures n'ont que deux filets.
La P. comestible (Ni'ka edulis , Risso, Crust., III, 3 )
est d'un rouge de chair, pointillé de jaunâtre, avec une
ligne de petites taches jaunes au milieu. L'extrémité anté-
rieure de son test a trois pointes aiguës, dont l'intermé-
diaire ou le bec plus longue • les deux pattes antérieures
sont de grosseur égale , la droite est en pince. On vend
cette espèce pendant toute l'année , dans les marchés de
Nice. Elle se tiou\~e aussi sur les côtes du département des
Bouches-du-Rhône (i).
Les HymenocÈres. ( Hymenocera. Latr. )
Ont les deux pieds antérieurs terminés par un long cro-
chet, bifide au bout , et à divisions très courtes; les deux
suivants sont fort grands; ses mains, le doigt fixe, et le
filetsupérieur des antennes mitoyennes sont dilatés, nienrbra-
neux et comme foliacés. Les pieds-mâchoires extérieurs
sont pareillement foliacés et recouvrent la bouche.
La seule espèce connue fait partie delà collection duMu-
séum d'histoire naturelle, et a été recueillie dans les mers
des Indes orientales.
Nous passons maintenant à dessous-genres, dont les serres
n'offrent aucune particularité remarquable ou insolite.
Tantôt les antennes supérieures ou mitoyennes ne sont
terminées que par deux filets.
Le bec est généralement court.
(i) Ployez, pour d'autres espèces, Eisso , Hist. nat. des crust. de
JMice} Leach, Malac. Brit. xlt , et le nouv. Dict d'hist. nat., 2e doit.
96 CRUSTACÉS DECAPODES.
Les Gnathophylles. (Gnathophyllum. Latr. )
Les seuls qui, sous le rapport de la forme et l'ampleur des
pieds-mâchoires inférieurs , se rapprochent des hyméno-
cères. Les quatre pieds antérieurs sont en forme de serres
didactyles ; Ja seconde paire est plus longue et plus épaisse
que ia première. Aucun des articles des quatre n'est an-
nelé (i).
Les Pontonies. ( Pontonia. Latr. )
Ont, comme les deux sous-genres suivants, les quatre
pieds antérieurs en forme de serres et didactyles , mais le
carpe n'est point annelé (2).
Les Alphees. (Alpheus. Fah. )
Qui ont aussi les quatre pieds antérieurs terminés par une
pince didactyle , mais le carpe des seconds est articulé.
Ceux-ci sont plus courts que les premiers (3).
Les HippoLYTES. (îïippolyte. Leach. )
Ne s'éloignent des alphées que par les proportions res-
pectives des serres ; les secondes sont plus longues que les
premières (4).
Les deux derniers sous-genres suivants ont cela de parti-
culier, qu'une seule paire de leurs pieds se termine en pince
didactyle. Dans
Les Autonomées. ( Autonomea. Risso. )
Ce sont les deux antérieurs, qui se distinguent d'ailleurs
(1) Alpheus elegans, Risso , Crust. , n,4ï Desmar., Consid., p. 228.
(2) Alpheus thyrenus, Risso, Crust. , 11 , 2 ; Astacus thj remis petag.,
v , 5; Desmar. , ibid. , pag. 229.
(3) Alpheus malabaricus , Fab. , et probablement quelques autres es-
pèces, mais sur lesquelles je n'ai point de données suffisantes. Voyez
Desmar. , Consid. , pag. 222 et 223.
(4) Rapportez-y les pale'mons dwersimane et marbre! d'Olivier. Voyez
Desmar. , Consid , pag. 220.
FAMILLE DES MACROURES. C)^
des autres parleur grandeur, leur grosseur et leur dispropor-
tion (i). Dans
Les Pandales ( Pandalus , Leach. ) ,
Les deux pieds antérieurs sont simples ou à peine bifides;
les deux suivants sont plus longs, d'inégale longueur, didac-
tyles , avec le carpe et l'article précédent annelés.
Les pieds-mâchoires extérieurs sont grêles et très longs ,
du moins dans quelques-uns. La saillie antérieure du test
est fort longue et très dentée (2).
Tantôt les antennes supérieures ont trois filets.
Ces crustacés ont quatre serres didactyles, dont les plus
petites repliées , et le bec alongé.
Les Palémons, (Pal/emon. Fab. )
Se distinguent des deux sous-genres suivants, par leur
carpe inarticulé; les seconds pieds sont plus grands que les
premiers ; ceux-ci sont repliés. On en trouve aux Indes
orientales, d'une grandeur très remarquable, et dont les se-
condes serres sont fort longues. Les Antilles en offrent aussi
d'assez grands, et dont quelques-uns se tiennent à l'em-
bouchure des rivières. Ceux de nos côtes sont beaucoup
plus petits, et y sont désignés sous les noms de crevettes et
de salicoques ; leur chair est plus estimée que celle des
crangons. Selon M. de Brébisson (Catal. méthod. des crust.
terrest. et fluv., du département du Calvados.), on les pêche
de la même manière, mais seulement en été. Ces crustacés
nagent très bien , surtout lorsqu'ils fuient , et dans diverses
directions. Ils fréquentent les rivages. La pierre lithographi-
que de Pappenheim et de Solhnofen renferme souvent les
débris d'un crustacé fossile que M. Desmarest rapporte aux
palémons, sous le nom spécifique de spinipes (Hist. nat. des
(1) Autonornea OUvii, Risso, Crust., pag. 166/ Cancer glaber, Oliv. ,
Zool. adriat. 111, 4î Dcsmar., Consid. , pag. 25 1 et 252.
(2) Pandalus annulicornis , Leacli, Malac. Brit. , xlj — Pandalus
narwal, Latr. ; Astacus narwal , Fab.; Palœmon pristis , Risso;
Cancer armiger? Herbst. , xxxiv , 4- Voyez Desiaar. , Consid., pag.
219 , 220.
TOME IV. 7
Ç)8 CKU5TACES DÉCAPODES,
crust. foss., XI, 4* )• M en a effectivement le port , mais les
serres manquent. Une autre espèce pareillement fossile ,
mais beaucoup plus grande, a été découverte en Angleterre.
Le Paleyion à dents de scie ( P. serratus , Leach , Maiac.
Brit., XLIH, i — 105 Herbst., XXVll , 1), a trois à quatre
pouces de long. 11 est d'un rouge pâle, mais plus vif sur
les antennes, le bord postérieur des segments de la queue ,
et surtout sur la nageoire terminale. Sa corne frontale
dépasse le pédoncule des antennes mitoyennes , se relève
à son extrémité, a sept à huit dents eu dessus, la pointe
non comprise, et cinq en dessous. Les doigts sont aussi
longs que la pince proprement dite, ou F avant-dernier
article. Lette espèce se trouve sur les côtes océaniques de
Fiance et d'Angleterre, et c'est celle de ce sous-genre que
l'on vend plus particulièrement à Paris. L'un des côtés de
son test offre souvent et en tout temps une sorte de loupe,
recouvrant un crustacé parasite du genre bopyte , appliqué
sur les branchies.
Le Palet non sqaille7 ou Salicoque (Cancer s qui lia, \.'\n.)f
Palœmon squilla, Leach, Malac. Brit., XL111, 1 1- 1 35 Squilla
fusca, Bast., Opusc. subs., lib. 2, 111, 5.), est de moitié plus
petit que le précédent. Sa corne frontale ne dépasse guère
le pédoncule des antennes supérieures, est presque droite
ou peu recourbée, échancrée au bout, avec sept à huit
dents en dessus et trois en dessous. Les doigts des serres
sont un peu plus longs que la main, il est commun sur
nos côtes et sur celles d'Angleterre (1).
Le carpe est articulé ou présente des divisions annulaires
dans les deux geiues suivants, savoir :
Les Lysmates (Lysmata , Riss. , auparavant Melicerta du
même.) ,
Qui ont la seconde paire de serres plus grande que la pre-
mière (2).
(1) Voyez les articles Falémon de FEncyclope'die me'thodique , de la
seconde édition du nouv. Dict. d'hist. natur. , et Desmar. , Consid. gçn.
sur les c;-i:st. , pag. 233-238. Voyez aussi, quant au système nerveux.
le Mémoire précité de MM. Audouinet Milne Edwards.
(2^ Lysmata seticauda , Risso, Crust., 11, 1; Desmar., Coiisid. ,
FAMILLE DES MACROURES. C")Q
Les Athanas. ( Athanas. Leach.)
Ou la première paire de serres est; au contraire, plus
grosse que la suivante (i).
Le dernier sous-genre de cette section , celui
De Pasiphae; (Pasiph^a; Sav.) ,
Quoique très rapproché de plusieurs des précédents par
les antennes supérieures terminées par deux filets; par
la forme des quatre pieds antérieurs, terminés en une
pince didactyle , précédée d'un article, sans divisions an-
nulaires ; par la brièveté du museau ou de la corne frontale,
en diffère sous quelques rapports. On voit très distincte-
ment à la base extérieure de leurs pieds un appendice en
forme de soie; ces pieds, à l'exception des serres, qui sont
plus grandes et presque égaies, sont très grêles et filiformes;
le corps est fort alongé, très comprimé et fort mou.
La Pasiphaé sivado (Alpheus sivado , Risso, Crustv III,
2; Desmar. , Consid. , pag. 240.) a deux pouces et demi de
long sur quatre lignes et demi de largeur. Le corps est
d'un blanc nacré, transparent, bordé de rouge, avec de
petits points de cette couleur sur la nageoire de la queue.
Le museau est aigu et légèrement courbé à son extrémité.
Les serres sont rougeâtres.
Ce crustacé est très abondant sur la plage de Nice , et ,
suivant M. Risso , fait sa ponte en juin et juillet. On n'eu
a pas encore observé d'autres espèces.
ÎNotre sixième et dernière section des macroures, celle des
Schizopodes {Schizopoda.) , paraît lier les macroures avec
l'ordre suivant. Les pieds, dont aucun n'est terminé en pince,
sont très grêles , en forme de lanières , munis d'un appendice
plus ou moins long , partant de leur côté extérieur , p'ès de
leur base, et uniquement propres à la natation. Les œufs
sont situés entre eux et non sous la queue. Les pédicules
oculaires sont très courts. Ainsi que dans la plupart des ma-
croures, le front s'avauce en pointe ou présente l'apparence
d'une sorte de bec. Le test est mince, la queue se termine,
(1) Athanas nttescens , Leach , Malac. Brit. , xliv ; Desmar. , Con-
sid. , pag. :>3v) , 2/jo ] De Bre'b. , Oust, du Caîv. , pag. a3 , 2/j.
7*
100 CRUSTACÉS DÉCAPODES.
comme d'ordinaire, en manière de nageoire. Ces crustacés
sont petits et marins.
Ici les yeux sont très apparents; les antennes latérales sont
accompagnées d'une écaille; les mitoyennes sont terminées
par deux filets et composées de beaucoup de petits articles,
de même que les précédentes.
Les Mysis. (Mysis. Latr. )
Ont les antennes et les pieds à découvert , le test alongé,
presque carré ou cylindracé, les veux très rapprochés et les
pieds capillaires, comme formés de deux filets (i).
Les Cryptopes. (Cp.yptopus. Latr.)
Ont un test subovoïde, renflé, replié inférieurement sur
les côtés, enveloppant le corps ainsi que les antennes et les
pattes, et ne laissant à découvert en dessous qu'une fente
longitudinale. Les yeux sont écartés; les pieds sont en forme
de lanières , avec un appendice latéral (a).
Là les yeux sont cachés ; les antennes intermédiaires sont
coniques, inarticulées, fort courtes; les latérales sont com-
posées d'un pédoncule et d'un filet, sans articulations dis-
tinctes. Leur base n'offre point d'écaillé , du moins sail-
lante. Tels sont :
Les Mulcions. (Mulcion. Lat. )
Le corps est très mou, avec le thorax ovoïde. Les pieds sont
en forme de lanière, et la plupart au moins ont un appen-
dice à leur base; la quatrième paire est la plus longue de
toutes.
Je n'en connais qu'une espèce, le Mulcion de Lesueur.
Elle a été recueillie par ce zélé naturaliste dans les mers
de l'Amérique septentrionale. Feu Olivier avait trouvé
dans la pinne-marine un crustacé très analogue au pre-
mier coup d'œil, mais dont les individus étaient telle-
ment déformés, qu'il ne m'a pas été possible d'en étudier
les caractères.
(1) Mysis Fabricii , Leach ; Eucyclop. mcthod. , atl. d Tiisl. natur. ,
cccxxxvi , 8, 9; Cancer oculalus , Olh. Fab., Faun. {jroenl. , fîg. 1.
Voyez Desmar. , Consid. , pag. 241, 242,.
(2) Cryptopus Defrancii , Latr. , de la Méditerranée.
CRUSTACÉS STOMAPODES EN GÉNÉRAL. lOl
Les nébalies, que nous avions d'abord placés dans cette
section, n'ayant point d'appendices natatoires sous les der-
niers segments de leur corps, et leurs pieds étant assez sem-
blables à ceux des cyclopes, passeront, avec lescondylures,
dans l'ordre des brancliiopodes , dont ils feront l'ouverture.
Les nébalies, par leurs yeux très saillants, et qui semblent
être pédicules, et par quelques autres caractères, paraissent,
avec les zoés, lier les schizopodes avec les brancliiopodes.
LE SECOND ORDRE DES CRUSTACÉS,
Les STOMAPODES ( Stomapoda. ), vulgairement
Mantes de mer.
Ont leurs branchies à découvert et adhérentes aux
cinq paires d'appendices situés sous l'abdomen ( la
queue); que cette partie nous a offerts dans les dé-
capodes , et qui ici , comme dans la plupart des
macroures, servent à la natation ou sont des pieds-
nageoires. Leur test est divisé en deux parties,
dont l'antérieure porte les yeux et les antennes in-
termédiaires , ou bien compose la tête , sans porter
les pieds-mâchoires. Ces organes, ainsi que les quatre
pieds antérieurs, sont souvent rapprochés de la bou-
che , sur deux lignes convergentes inférieurement ?
et de là la dénomination de stomapodes, donnée à cet
ordre. Le cœur, à en juger par les squilles , genre
le plus remarquable de cet ordre^, et le seul où l'on
ait encore étudié , est alongé et semblable à un gros
vaisseau. Il s'étend tout le long du dos, repose sur le
foie et le canal intestinal , et se termine postérieu-
102 DES CRUSTACÉS STOM APODES
renient et près de l'anus en pointe. Ses parois sont
minées, transparentes et presque membraneuses.
Son extrémité antérieure, immédiatement placée
derrière l'estomac, donne naissance à trois artères
principales, dont la médiane ( l'ophthaimique ) , je-
tant des deux côtés plusieurs rameaux, se porte plus
spécialement aux jeux et aux antennes mitoyennes;
et dont les deux latérales ( les antennaires) passent
sur les côtés de l'estomac , et vont se perdre dans les
muscles de la bouche et des antennes extérieures.
La face supérieure du cœur ne produit aucune artère;
mais ou en voit sortir de ses deux côtés un grand
nombre, et dont chaque paire, à ce qu'il nous a
paru, correspond à chaque segment du corps, à com-
mencer aux pieds-mâchoires, soit que ces segments
soient extérieurs, soit qu'ils soient cachés par le
test, et même très petits , comme le sont les anté-
rieurs. Au niveau des cinq premiers anneaux de
l'abdomen, ou de ceux portant les appendices nata-
toires et les branchies, cette face supérieure du cœur
reçoit, près de la ligne médiane, cincj paires de vais-
seaux ( une paire par chaque segments ) venant de
ces derniers organes, et qui, suivant MM. Audouin
et Miine Edwards, sont les analogues des canaux
branchio-cardiaques des décapodes. Un canal cen-
tral (i ) , situé au-dessous du foie et de l'intestin , re-
(1) Voyez les généralités des macroures. On n'a point observé dans
les crustacés des ordres suivants, ce vaisseau ni les sinus veineux,- mais le
cœur conserve la même forme alongc'e , et présente aussi les mêmes artères
lia C.'GNUr. A.L. 105
eoit le sang veineux, qui afflue de toutes les parties
du corps. Au niveau de chaque segment portant les
pieds-nageoires et les branchies , il jette de chaque
côté un rameau latéral, se rendant à la branchie
située à la base du pied-nageoire correspondant.
Les parois de ces conduits ont paru aux mêmes
observateurs lisses et continues, mais formées plutôt
par une couche de tissu lamellaire celluîeux ac-
colé aux muscles voisins, que par une membrane
propre ; il leur a semblé que ces conduits commu-
niquaient entre eux vers le bord latéral des an-
neaux : mais ils n'osent l'assurer. Les vaisseaux
afférents ou internes des branchies, qui, dans ces
squilles, forment des houppes en panaches, se con-
tinuent avec les canaux branchio-cardiaques y ne
sont plus logés dans des cellules , passent entre des
muscles, contournent obliquement la partie laté-
rale de l'abdomen , gagnent le bord antérieur de
l'anneau précédent, et vont se terminera la face
supérieure du cœur, près de la ligne médiane , en
chevauchant légèrement l'u-n sur l'autre. Le cordon
médullaire n'offre , outre le cerveau , que dix gan-
glions, donM'antérieur fournit les nerfs des parties
de la bouche; les trois suivants , ceux des six pieds
natatoires, et les six derniers, ceux de la queue.
Ainsi les quatre derniers pieds-mâchoires , quoique
antérieures. Ses côtés donnent encore naissance à cTautres artères corres-
pondantes aux articulations du corps. Voyez , outre le mémoire précité ,
les Lpçons d'Anatoaiie comparée de M. Curicr.
104 I>ES CRUSTACÉS STOMAPODES
représentant les quatre pieds antérieurs des déca-
podes, font néanmoins partie des organes de la mas-
tication. L'estomac des mêmes crustacés (sqnilles)
est petit, et n'offre que quelques très petites dents (1)
vers le pylore. Il est suivi d'un intestin grêle et droit,
qui règne dans toute la longueur de l'abdomen, ac-
compagné à droite et à gauche de lobes glanduleux,
paraissant tenir lieu de foie. Un appendice en forme
de rameau, adhérent à la base interne de la dernière
paire de pieds, paraît caractériser lesindividusmâles.
Les téguments des stomapodes sont minces, et
même presque membraneux ou diaphanes dans plu-
sieurs. Le test, ou carapace, est tantôt formé de deux
boucliers , dont l'antérieur répond à la tête et l'autre
au thorax, tantôt d'une seule pièce, mais libre
par derrière, laissant ordinairement à découvert
les segments thoraciques, portant les trois der-
nières paires de pieds , et ayant en devant une
articulation, servant de base aux veux et aux an-
termes intermédiaires; ces derniers organes sont
toujours étendus et terminés par deux ou trois filets.
Les yeux sont toujours rapprochés. La composition
de ia bouche est essentiellement la même que celle
des décapodes ; mais les palpes des mandibules , au
lieu d'être couchés sur elles, sont toujours relevés.
Les pieds-mâchoires sont dépourvus de l'appendice
en forme de fouet, qu'ils nous offrent dans les dé-
(i) Elles forment deux range'es de stries transverses et parallèles.
EN GÉNÉRAL. 1C)5
capodes. Ils ont la forme de serres ou de petits
pieds ; et dans plusieurs au moins ( les squilles ) ,
leur base extérieure , ainsi que celle des deux pieds
antérieurs proprement dits , offre un corps vésicu*
laire ; ceux de la seconde paire , dans les mêmes
stomapodes, sont beaucoup plus grands que les
autres et que les pieds mêmes; aussi les a-t-on con-
sidérés comme de véritables pieds, et en a-t-on
compté quatorze (i). Les quatre pattes antérieures
ont aussi la forme de serres, mais terminées ainsi que
les pieds-mâchoires, en griffe, ou par un crochet
qui se replie du côté de la tête, sur la tranche infé-
rieure et antérieure de l'article précédent ou de la
main. Mais dans quelques autres, tels que les phyl-
losomes (2), tous ces organes sont filiformes et sans
pince. Quelques-uns d'entre eux au moins^ ainsi que
les six derniers et pareillement simples des stoma-
podes pourvus de serres, ont un appendice ou rameau
latéral. Les sept derniers segments du corps, renfer-
mant une bonne partie du cœur, et servant d'at-
tache aux organes respiratoires, ne peuvent plus,
sous ce rapport, être assimilés à cette portion du corps
qu'on nomme queue dans les décapodes; c'est un
abdomen proprement dit. Son avant dernier seg-
(1) Les secondes mâchoires des mêmes stomapodes n'ont plus aussi la
forme de celles des décapodes. Elles ont la figure d'un triangle alonfré et
divise en quatre articles par des lignes transverses. Les mandibules sont
bifurquées et très dentées,
(2) Dans tous ceux où les quatre pieds antérieurs sont en forme de
serre, les six derniers sont natatoires.
1(>6 CRUSTACÉS SÏOMAPODES.
inenta, de chaque côté, une nageoire composée
de même que celle cle la queue des macroures,
mais souvent armée ainsi que le dernier segment,
ou la pièce intermédiaire, d'épines ou de dents.
Tous les stomapodes sont marins , habitent de pré-
férence les contrées situées entre les tropiques, et
ne remontent point au-delà des zones tempérées.
Quoique nous ayons vu un très grand nombre d'in-
dividus, nous n'en avons jamais rencontré un seul
portant des œufs. Leurs habitudes nous sont tota-
lement inconnues; seulement, il est hors de doute
que ceux qui sont munis de serres , s'en servent pour
saisir leur proie, à la manière de ces orthoptères,
appelés en Provence prégadious ou mantes (1).
C'est à raison d'une telle conformité, que ces sto-
mapodes ont reçu la dénomination de mantes de
mer : ce sont les cragones et cr angine s des Grecs.
Au témoignage de M. Risso, ils se tiennent à de
grandes profondeurs, sur les fonds sablonneux et
fangeux, ets'accouplent aupri,ntemps. Mais d'autres
slomapodes, ceux de notre seconde famille, moins
favorisés quant aux appendices natatoires , avant
d'ailleurs le corps très aplati et beaucoup plus
étendu en surface, vivent habituellement à la sur-
face des eaux, et s'y meuvent très lentement.
(i) Quelques autres orthoptères analogues, tels que les phyliics , res-
semblent à des feuilles. Les phyllosoines , crustacés du même ordre ,
nous offriront les mêmes rapports.
FAMILLE DES UNICUIK ASSES. 10J
Nous diviserons les stomapodes en deux familles.
Dans la première, celle
Des UNICUIRASSÉS. ( Unipeltata. )
Le test ne forme qu'un seul bouclier, en forme
de quadrilatère alongé, ordinairement élargi et
libre par derrière, recouvrant la tête, à l'exception
des yeux et des antennes, portés sur une articula-
tion commune et antérieure , et les premiers seg-
ments au moins du thorax. Son extrémité anté-
rieure se termine en pointe ou est précédée d'une
petite plaque, finissant de même. Tous les pieds-
mâchoires, dont les seconds fort grands, et les
quatre pieds antérieurs sont très rapprochés de la
bouche, sur deux lignes convergentes inférieure-
ment , en forme de serres, avec un seul doigt ou
crochet mobile et replié. Si l'on en excepte les se-
conds pieds , tous ces organes ont extérieurement ,
à leur naissance , une petite vessie pédiculée. Les
autres pieds , au nombre de six , et dont le troisième
article porte latéralement et à sa base un appendice ,
sont linéaires, terminés par une brosse, et simple-
ment natatoires. Les antennes latérales ont une
écaille à leur base , et la tige des intermédiaires est
formée de trois filets. Le corps est étroit et alongé,
les pédicules oculaires sont toujours courts.
Cette famille se compose d'un seul genre, celui
De Squille ( Squilla. Fab. ),
Que nous partagerons ainsi :
10S CRUSTACÉS STOMAPODES.
Dans les uns , le bouclier crustacé est précédé d'une petite
plaque plus ou moins triangulaire , située au-dessus de l'ar-
ticulation portant les antennes mitoyennes et les yeux, ne
recouvre que la portion antérieure du thorax et ne se replie
point en-dessous latéralement. L'article servant de pédon-
cule aux antennes mitoyennes, ainsi qu'aux pédicules ocu-
laires, et les côtés extérieurs du bout de l'abdomen, sont à
découvert.
Tantôt le corps est presque demi cylindrique avec le der-
nier segment, arrondi, denté ou épineux au bord posté-
rieur* les appendices latéraux des six derniers pieds sont en
forme de stvlet.
Les Squilles propres. (Squilla. Latr. )
Ont, tout le long du côté interne de l'avant-dernier article
des deux grandes serres, «ne rainure très étroite , dsntelée
sur l'un de ses bords , épineuse sur l'autre, et l'article sui-
vant, ou la griffe, en forme defaulx et le plus souvent denté.
La. Squillem athte (Cancer mantis, Lin.) Herbst., XXXIII,
i ; Encyclop. méth., atl. d'hist. nat. , CCCXXIV; Desmar.,
Consid., XLI , i est longue d'environ sept pouces. Ses
grandes serres ont à leur base trois épines mobiles, et leurs
griffes ont six dents alongées et très acérées, dont la termi-
nale plus forte. Les segments du corps, le dernier excepté,
ont six arêtes longitudinales, terminées pour la plupart en
une pointe aiguë • le dernier est élevé dans son milieu en
une forte carène, ponctué, terminé postérieurement par
un double rang de dentelures et quatre pointes très fortes,
dont les dents du milieu plus rapprochées; chacun de ses
bords latéraux a deux divisions rebordées ou plus épaisses,
et dont la dernière finissant en pointe. Le pédoncule des
nageoires latérales se prolonge en-dessous et se termine
par deux dents très fortes. Elle est commune dans la Mé-
diterranée. La S quille de Desmar ets (Risso, Crust., II, 8.),
que l'on y trouve aussi y n'a que deux pouces et demi de
long. 'Ses griffes ont cinq dents; le test et le milieu des
segments de l'abdomen, les derniers exceptés, sont unis (i).
(i) Voyez, pour les autres espèces, l'article Squillc et les planche*
FAMILLE DES UNICUIRaSSÉS. 10()
Les GONODACTYLES. ( GONODACTYLUS. Latl'. )
La rainure de l'avant-dernier article des grandes serres est
élargie à son extrémité, et n'offre ni dentelures ni épines.
La griffe est ventrue ou en forme de nœud vers sa base, et
se termine ensuite en une pointe comprimée, droite ou peu
courbe. Toutes les espèces sont exotiques (i).
Tantôt le corps est très étroit et déprimé, avec le dernier
segment presque carré, entier, sans dentelures ni épines.
L'appendice latéral de ses six derniers pieds est en forme de
palette, presque orbiculaire et un peu rebordée- les antennes
et les pieds sont plus courts que dans les précédents; l'avant-
dernier article des grandes serres est garni au bord interne
de cils très nombreux en forme de petites épines; la griffe
est en faulx.
Les Coronis. (Coronis. Latr.)
On n'en connaît qu'une seule espèce (?,).
Les autres stomapodes de cette famille ont le test comme
membraneux, diaphane, recouvrant tout le thorax, replié
latéralement en dessous, prolongé antérieurement en ma-
nière d'épée ou d'épine, et s'avançant au-dessus du support
des antennes mitoyennes et des yeux. Ce support est suscep-
tible de se courber en dessous et d'être renfermé dans l'étui
formé par la courbure du bouclier. Les nageoires postérieures
se cachent sous le dernier segment.
Ces crustacés, très petits, mous, sont propres à l'Océan
atlantique et aux mers des Indes orientales. Les griffes des
grandes serres n'ont point de dents; le second article des
pédicules oculaires est beaucoup plus gros que le premier,
en forme de cône renversé; les yeux proprement dits sont
de l'Encyclopédie métliod. ; Desmar. , Consid. sur Ja classe des crust.
Il a donné , pi. xlii , une figure détaillée de la squille queue-rude.
(i) Srjuilla scjllarus, Fab. ; Rumph. , Mus. in, F.; — Squilla chi-
ragra, Fab.; Desmar., Consid., xliii. Consultez l'article Squille de
l'Encyclopédie méthodique.
(2) Fojrez l'article Squille de l'Encyclop. méthod. Squilla eusebia?
Risso.
J tO CKUSTACGS STOMÀPODES.
gros, presque globuleux; l'appendice des pieds en nageoire
ressemble à celui des squiiles et des gonodactyles. Dans
Les Erichthes, (Erichthus, Latr.; — Smerdis, Leach) ,
Le premier article des pédicules oculaires est beaucoup
plus court que le second; le milieu des bords latéraux du
bouclier est fortement dilaté en manière d'angle , et leur
extrémité postérieure offre deux dents (i). Dans
Les A limes , (Àlima. Leach) ,
Le premier article des pédicules oculaires est beaucoup
plus long que le suivant, grêle et cylindrique; le corps est
plus étroit et plus alongé que dans les éricbthes; les bords
latéraux du bouclier sont presque droits ou peu dilatés; son
milieu est caréné longitudinalement; chacun de ses angles
forme une épine, dont les deux postérieures plus fortes (2).
La seconde famille, celle
Des BICUIRASSÉS (Bipeltata.),
*
A le test divisé en deux boucliers^ dont l'anté-
rieur très grand, plus ou moins ovale, forme la iête ,
et dont le second, répondant au thorax, trans-
versal et anguleux dans son pourtour, porte les
pieds-mâchoires et les pieds ordinaires. Ces pieds, à
l'exception au plus des deux postérieurs, et les deux
derniers pieds-mâchoires , sont grêles , filiformes ,
et pour la plupart très longs et accompagnés d'un
appendice latéral, cilié; les quatre autres pieds-
mâchoires sont très petits et coniques. La base des
(1) Erichtus vitreus , Latr. Voy . l'article S quille , la planche cccliv
de l'ail. (Trust, natur. de l'Encyclop. meïhod. , et Desmar., Consid. .
^.LIV ,2,3.
(2) Aluna hyalina, Latr., Encyclop. me'thod. , arlicle S q utile , et
ibid. ail. d lmt, natur. , cccliv, 8: Desmar. , Consid. , xliv , 1.
FAMILLE DES BICLilUASSÉS. Ui
antennes latérales n'offre point d'écaillé; les mi-
toyennes sont terminées par deux filets. Les pédi-
cules oculaires sont longs. Le corps est très aplati,
membraneux, transparent, avec l'abdomen petit,
et sans épines à la nageoire postérieure.
Cette famille ne comprend qu'un seul genre, celui
De Phyllosome (Phyllosoma, Leach.),
Dont toutes les espèces sont de l'Océan atlantique et
des mers orientales (i).
DES MAL ACOSTR ACES
A YEUX SESSILES ET IMMOBILES.
Les branchipes seront désormais les seuls crus-
tacés qui nous offriront des jeux portés sur des pé-
dicules; mais outre que ces pédicules ne sont point
articulés, ni logés dans des cavités spéciales, ces
crustacés n'ont point de carapace, et s'éloignent
encore des précédents par plusieurs autres carac-
tères. Tous les maiacostracésr de cette division sont
pareillement dépourvus de carapace ; leur corps, de-
puis la tête , se compose d'une suite d'articulations,
(i) Voyez l'article Phrllosorne de l'Encyclopédie méthodique et de
la seconde édition du nouv. Dict. d'hist. natur. Consultez aussi l'ouvrage
de M. Besmarest sur les crustacés , et la partie zoologique de Ja Relation
du voyage du capitaine Freycinet. Considérés sous Je rapport du système
nerveux , les phyl'osomes semblent être intermédiaires entre les crustacés
précédents et les suivants. Voy. le Mémoire précité de MM. Audouin et
Milne Edwards.
112 DES MALACOSTRACÉS A YEUX SESSILES.
dont ordinairement les sept premières ont cha-
cune une paire cle pieds, et dont les suivantes et
denières , au nombre de sept au plus , forment une
sorte de queue, terminée par des nageoires ou des
appendices en forme de stylets. La tête nous offre
quatre antennes, dont les deux mitoyennes sont
supérieures , deux yeux, et une bouche composée de
deux mandibules , d'une langue, de deux paires de
mâchoires, et d'une sorte de lèvre formée par deux
pieds -mâchoires correspondants aux deux supé-
rieures des décapodes; ainsi que dans les stoma-
podeSj il n'existe plus de flagre. Les quatre der-
niers pieds-mâchoires sont transformés en pattes,
tantôt simples, tantôt terminés en pince, mais pres-
que toujours à un seul doigt ou crochet.
Suivant les observations de MM. Audouin et
Milne Edwards, les deux cordons ganglionnaires
de la moelle épinière seroient parfaitement symé-
triques et distincts dans toute leur longueur ; et
d'après des observations de M. le baron Cuvier,
les cloportes ne s'en éloigneraient qu'en ce que ces
cordons ne présenteraient pas dans tous les seg-
ments du corps la même uniformité , et qu'ils au-
raient quelques ganglions de moins (voy., ci-après,
l'article cloporte ). Ainsi, d'après eux, le système
nerveux de ces crustacés serait le plus simple de
tous. Dans les cymothoés et les idolées, les deux
chaînes de ganglions ne seraient plus distinctes ;
ceux qui viennent immédiatement à la suite des
EN GÉNÉRAL. 1 l3
deux céphaliques formeraie nt autan t de petites masses
circulaires, situées sur la ligne médiane du corps ;
mais les cordons de communication qui servent à
les unir entre eux pour former une chaîne con-
tinue, resteraient isolés et accolés l'un à l'autre.
Il semblerait , d'après ces faits , que ces derniers
crustacés seraient, sous ce point de vue , plus élevés
dans l'échelle animale , que les précédents; mais
d'autres considérations nous paraissent éloigner for-
tement les talitres des cloportes, et placer dans un
rang intermédiaire les cjmothoés et les idotées.
Les organes sexuels sont situés inférieurement vers
la naissance de la queue. Les deux premiers appen-
dices dont elle est garnie en dessous, et qui sont les
analogues de ceux que cette partie nous a offerts dans
les crustacés (précédents, mais plus diversifiés ici ,
et portant toujours, à ce qu'il paraît, les branchies,
différent , sous ces rapports, selon les sexes. L'ac-
couplement se fait à la manière de celui des in-
sectes, le mâle étant placé sur le dos de la fe-
melle ; celle - ci porte les œufs sous la poitrine ;
entre des écailles, formant une sorte de poche.
Ils s'y développent , et les petits restent attachés aux
pieds ou à d'autres parties du corps de leur mère ,
jusqu'à ce qu'ils aient assez de force pour nager et
se suffire à eux-mêmes. Tous ces crustacés sont
petits , et vivent, pour la plupart, soit sur les rivages
de la mer, soit dans les eaux douces. Quelques-uns
sont terrestres; on en connaît de parasites.
tome îv. 8
Il4 CRUSTACÉS
Ces animaux se partagent en trois ordres : ceux
dont les mandibules' sont munies d'un palpe pa-
raissent se lier naturellement avec les crustacés
précédents , tels sont les ampbipodes ; ceux où ces
organes en sont dépourvus composeront les deux
ordres suivants, les laemodipodes et les isopodes.
Les cyames, genre du second, étant parasites,
nous conduiront naturellement aux bopyres et
aux cymotboés , par lesquels nous commençons
les isopodes.
LE TROISIÈME ORDRE DES CRUSTACÉS,
Les AMPHIPODES. (Amphtpoda. ) .
Sont les seuls malacostracés à yeux sessiles et
immobiles , dont les mandibules soient , ainsi que
celles des crustacés précédents, munies d'un palpe;
les seuls encore dont les appendices sous-caudaux ,
toujours très apparents, re&emblent, par leur forme
étroite et alongée , leurs articulations et leurs bifur-
cations ou antres découpures, ainsi que par les poils
ou les cils dont ils sont garnis, à de fausses pattes
ou à des pieds nageoires. Dans les malacostracés des
ordres suivants, ces appendices ont la forme de la-
mes ou d'écaillés; ces cils ou ces poils paraissent
constituer ici les branchies. Beaucoup offrent , ainsi
que les stomapodes et les laemodipodes, des bourses
AMPHIPODES. Il5
vésiculaires, placées soit entre les pattes , soit à leur
base extérieure, dont on ignore l'usage.
La première paire cle pieds ; ou celle qui cor-
respond aux seconds pieds-mâchoires , est toujours
annexée à un segment propre , le premier après la
tête. Les antennes, dont le nombre, à uneseule excep-
tion près ( les phronimes ) est de quatre , sont avan-
cées , s'amincissent graduellement pour se terminer
en pointe , et se composent, comme dans les crus-
tacés précédents, d'un pédoncule, et d'une tige
unique, ou accompagnée au plus d'un petit rameau
latéral, et le plus souvent pluriarticulée. Le corps
est ordinairement comprimé et courbé en dessous
postérieurement. Les appendices du bout de la
queue ressemblent le plus souvent à de petits stylets
articulés. La plupart de ces crustacés nagent et
sautent avec facilité, et toujours de côté. Quel-
ques-uns se trouvent dans les ruisseaux et les fon-
taines, et souvent réunis par couples, composés
des deux sexes; mais le plus grand nombre habite
les eaux salées. Ces crustacés sont d'une couleur
uniforme, tirant sur le rougeâtre ou le verdâtre.
Ils pourraient être compris dans un seul genre,
celui
Des Crevettes. ( Gammarus. Fab. )
Que l'on peut partager d'abord , d'après la forme et
le nombre des pieds , en trois sections.
i° Ceux qui ont quatorze pieds, tous terminés par un
crochet, ou en pointe et au nombre de quatorze.
8*
Il6 CRUSTACÉS
i° Ceux dont le nombre des pieds est encore de quatorze,
mais où ces organes, ou les quatre derniers au moins, sont
mutiques et simplement natatoires.
3° Ceux qui n'ont que dix pieds apparents.
La première section se partagera en deux.
Les uns (UroptÈres, Uroptera. Latr.) ont la tête généra-
lement grosse, les antennes souvent courtes et simplement
au nombre de deux dans quelques-uns, et le corps mou; tous
les pieds, la cinquième paire au plus exceptée, simples; les
antérieurs courts ou petits, et la queue, soit accompagnée
au bout de nageoires latérales, soit terminée par des appen-
dices ou pointes élargis et bidentés ou fourchus à leur extré-
mité postérieure. Ils vivent dans le corps de divers acalèphes,
ou méduses de Linnaeus, et de quelques autres zoophytes.
Ici, comme dans
Les Phronimes (Phronima. Latr. ),
Il n'y a que deux antennes (très courtes et biarticulées);
la cinquième paire de pieds est la plus grande de toutes, et
terminée en pince didactyîe; les appendices du bout de la
queue sont au nombre de six, et en forme de stylets, alongés,
fourchus ou bidentés à leur extrémité; Ton voit six sacs vé-
siculeux entre les dernières pattes. Il paraît qu'il en existe
plusieurs espèces, mais qu'on n'a point décrites d'une ma-
nière comparative et rigoureuse. Celle qui a servi de type
est
Le Phronime sédentaire ( Cancer sedentarius , Forsk. ,
Faun. arab., p. g5; Latr., Gêner, crust. et insect, I, n ,
2, 3. ) se trouve dans la Méditerranée, et se loge dans un
corps membraneux , transparent, en forme de tonneau,
paraissant provenir du corps d'une espèce de beroë.
Le Phronime sentinelle de M. Risso (Crust. , II, 3. ) vit
dans l'intérieur des méduses, formant les genres équorée
et géronie de Péron et de Lesueur. Une autre espèce, selon
M. Leach, a été observée sur les côtes de la Zélande.
Là, les antennes sont au nombre de quatre; tous les pieds
sont simples; la queue a , de chaque côté de son extrémité,
une nageoire lamelleuse ou foliacée, dont les lames sont
acuminées ou unidentées aubout.
AMPH1P0DES. II7
Les Hypéries. (Hyperia. Latr. )
Dont le corps est plus épais en devant; dont la tête est
occupée, en majeure partie , par des yeux oblongs et un peu
échancrés au bord interne; dont deux des antennes sont
aussi longues au moins que la moitié du corps , et terminées
par une tige sétacée, longue et composée de plusieurs pe-
tits articles (1). *
Les Phrosines. (Phrosine. Risso.)
Semblables, pour la forme du corps et celle de la tête,
aux hypéries, mais dont les antennes sont au plus de la
longueur de cette partie, de peu d'articles en forme de stylet,
ou terminées par une tige en cône alongé (1).
Les Dactylocères. (Dactylocera. Latr.)
Dont le corps n'est point épaissi en devant; dont la tête
est de grosseur moyenne, déprimée, presque carrée, avec
les yeux petits; et dont les quatre antennes, fort courtes et
de peu d'articles , ainsi que dans les phrosines , sont de for-
mes diverses : les inférieures étant menues, en forme de
stylet, et les supérieures étant terminées par une petite lame
concave au côlé interne, et représentent une cuiller ou une
pince (3).
Les autres (Crevettines; Gummarinœ. Lat. ) ont toujours
quatre antennes ; le corps revêtu de téguments coriaces,
élastiques , généralement comprimé et arqué ; l'extrémité
postérieure de la queue est dépourvue de nageoires; ses
appendices sont en, forme de- stylets cylindriques ou
(1) Cancer monoculoides , Montag. , Trans., linn. Soc, XI, n, 3;
— Hypérie de Le sueur , Latr., Encyelop. rnéthod. , atl. d'hist. nat. ,
cccxxviii, 17, 18; Desmar. , Consid., pag. 2 58.
(2) Phrosina macropthabna , Risso, Journ. de phys. , octob. 1822 ;
Desmar. , ibid. , p. 259; Cancer galba, Montag, Trans. linn. , Soc.
XI, 11, 2.
(3) Phrosina semilunata , Risso , ibid. ,• Desmar. , ibid. La tige des an-
tennes inférieures présente deux ou trois articles , au lieu que , dans les
phrosines , elle est inarticulée. Ici encore les articles des pédoncules des
mêmes antennes sont plus courts.
1 l8 CRUSTACÉS
coniques. Deux au moins de leurs quatre pieds antérieurs
sont le plus souvent terminés en pince.
Les bourses vésiculaires , dans ceux où. on les a observées
(les crevettes. Lat. ), sont situées à la base extérieure des
pieds , à commencer à la seconde paire, et accompagnées
<''une petite lam^. Les écailles pectorales renfermant les
œufs, sont au nombre de six.
Tantôt les quatre antfennes , quoique de proportions dif-
férentes dans plusieurs, ont essentiellement la même forme
et les mêmes usages ; les inférieures ne ressemblent point à
des pieds et n'en font point les fonctions.
Un sous-genre, que nous avons établi sous la dénomi-
nation
D'ÏONE (ÏONE. ),
Mais uniquement d'après une figure de Montagu {Oniscus
tlwracicus , Trans. , linn. Soc, IX , ni , 3 , 4.) ? nous présente
des caractères très particuliers et qui l'éloiguent de tous les
autres du même ordre. Le corps se compose d'environ quinze
articles, mais que l'on ne distingue que par des incisions
latérales , en forme de dents. Les quatre antennes sont très
courtes 5 les externes , plus longues que les deux autres,
sont seules visibles, lorsque l'animal est vu sur le dos. Les
deux premiers segments du corps sont pourvus chacun, dans
la. femelle, de deux cirrhes alongés, charnus, aplatis, sem-
blables à des rames. Les pattes sont très courtes, cachées
sous le corps et crochues. Les six derniers segments sont
munis d'appendices latéraux , charnus, alongés 9 fascicules,
simples dans le mâle, en rameaux dans l'autre sexe. On voit
aussi, à l'extrémité postérieure du corps, six autres appen-
dices simples , recourbés , et dont deux plus grands que les"
autres. Les valves abdominales sont très grandes, recouvrent
toute la partie inférieure du corps, et forment une espèce
de réceptacle pour les œufs. Ce crustacé se tient caché sous
le test àe\& callianasse souterraine , ety forme sur l'un de ses
côtés une tumeur. Montagu a conservé en vie, pendant plu-
sieurs jours, ce crustacé, qu'il avait retiré de sa demeure.
Les femelles sont toujours accompagnées de leurs mâles , qui
se fixent solidement sur leurs appendices abdominaux, à
AMPHIPODES. ÎIQ
l'aide de leurs pinces. Ce cruslacé est raie , et se rapproche,
à Tégard de ses habitudes, des bopyres. ( Voyez les Annales
des sciences naturelles , décembre 1826 7 XLIX, 10, le mâle;
11, la femelle. )
Tous les amphipodes suivants ont les segments du corps
parfaitement distincts dans toute leur étendue, et aucun
d'eux et dans aucun sexe n'offre ces longs arrhes, en forme
de rames , que Ton voit aux deux premiers des iones.
Dans ceux-ci, la griffe ou le doigt mobile, lorsqu'il existe
des pieds terminés en pince, n'est formée que d'un seul ar-
ticle.
Parmi ces derniers, il en est dont les antennes supérieures
sont beaucoup plus courtes que les inférieures et même que-
leur pédoncule; la tige de celles-ci est composée d'un grand
nombre d'articles.
Les Orchesties. (Orchestia. Leach. )
Ont les seconds pieds terminés , dans les mâles , par une
grande pince , avec la griffe ou le doigt mobile long, un |peu
courbe; et par deux doigts dans les femelles. Le troisième
article des antennes inférieures est au plus de la longueur de
celles des deux précédents réunis (1).
Les Talitres. ( Talitrus. Lat. )
N'ont aucun pied en forme de serre.
Le troisième article des antennes inférieures est plus long
que les deux précédents réunis ; ces antennes sont grandes,
épineuses (2).
Dans les suivants, les antennes supérieures ne sont jamais
beaucoup plus courtes que les inférieures.
Quelques-uns, ayant d'ailleurs leurs antennes alongées,
sétacées, et terminées par une tige pluriarticulée et sans
serres remarquables, se rapprochent des précédents, en ce que
(1) Oniscus gamarellus , Pall. , Spicil. zool. , fasc. IX , iv , 8;
Cancer gammarus liltoreus , Montag. ; Desmar. , Consid. , pag. 261 ,
xlv , 3.
(2) Oniscus iocusta, Pall. , Spicil_, zool. , fasc, IX, iv , 7 ;• Cancer
gammarus saltator , Montag. ; Desm. , Consid. , xlv, 5.
120 CRUSTACES
les antennes supérieures sont un peu plus courtes que les
inférieures, et s'éloignent encore des suivants par la forme
de leur tête, rétrécie par devant, en manière de museau.
Tels sont
Les Atyles (Atylus. Leach. ) (i),
Tous ceux qui succèdent ont les antennes supérieures
aussi longues ou plus longues que les inférieures, et leur
tête n'avance point en manière de museau.
Ici, comme dans les cinq genres suivants du docteur/
Leach, le pédoncule des antennes est formé de trois arti-
cles (2).
Quelques-uns offrent, dans leurs antennes supérieures,
un caractère unique dans cet ordre ; l'extrémité interne du
troisième article de leur pédoncule porte unpetit filet articulé.
11 distingue
Les Crevettes ou Chevrettes. ( Gammarus. Lat. )
Les quatre pieds antérieurs sont en forme de petites serres,
avec la griffe ou le doigt mobile se repliant en dessous.
L'espèce la plusconnue, et d'après laquelle cette coupe a
été établie, est la Crevette des ruisseaux { Cancer pulex ,
Lin. ), Squilla pulex , Deg., Insect., VII, xxxin, 1,2.
Les autres espèces sont marines (3).
Les antennes des suivants sont, ainsi que dans tous les au-
tres amphipodes, simples ou sans appendices.
Les Mélites. (Melita. Leach.)
Ont les seconds pieds terminés , dans les mâles , par une
pince grande, comprimée, avec la griffe repliée sous sa face
(1) Atylus carinatus x Leach, Zool. mise, lxix; Desmar. , Consid. ,
pag. 262 , xlv , 4 ' Gammarus carinatus , Fab. • — G. nugax ? ejusd. ;
Phipps , Yoy. au Pol. bor. , xn , 2 ?
(2) Le troisième article du pédoncule peut devenir très petit , et s'assi-
miler ainsi aux suivants , ou ceux de la tige ; ce pe'doncule , comme dans
les déxamines , ne paraît alors composé cpie de deux articles. La tige,
dans la me'thode du docteur Leacli , est censée former un autre article ,
mais composé.
(3) Voyez Desmar. , Consid. , pag. 265-267.
AMPHIPODES. 121
interne. Les antennes sont presque d'égale longueur. L'extré-
mité postérieure du corps offre, de chaque côté, une petite
lame foliacée (i).
Les IVLera. (IVLera. Leach.)
Dont les seconds pieds sont pareillement terminés dans
les mâles en une grande pince comprimée, mais dont la
griffe se replie sur sa tranche inférieure et n'est point ca-
chée. Les antennes supérieures sont plus longues que les
inférieures, et l'extrémité postérieure du corps ne présente
point de lames en feuillet (2).
Les Ampithoes. (Ampithoe. Leach.)
Où. les quatre pieds antérieurs sont à peu près identiques
dans les deux sexes, et dont l'avant-dernier article ou la main
est ovoïde (3).
Les Pheruses. (Pherusa. Leach.)
Qui ne diffèrent des ampithoes qu'en ce que les mains des
serres sont filiformes (4).
Là , le pédoncule des antennes n'est composé que de deux
articles ( le troisième se confondant par sa petitesse avec
ceux de la tige, ou formant celui de sa base) ; les supérieu-
res sont plus longues que les inférieures. Tous les pieds sont
simples ou sans pinces. Tels sont
Les Déxamines. ( Dexamine. Leach. ) (5)
Dans ceux-là la griffe ou le doigt mobile des deux pinces
est biarticuîée.
Les antennes sont d'égale longueur.
(i) Cancer palmatus, Montag., Trans.linn. Soc, VII, p. 69; Encyclop.
méthod. , atl. d'hist natur. , cccxxxvi , 3i ; Desmar. , Consid. , xlv , 7.
(2) Cancer gammarus grosimanus , Montag., Trans. Soc. linn. , IX,
IV, 5 ; Desmar. , Consid. , pag. 264.
(3) Cancer rubricatus , Montag., Trans. linn. Soc, IX, pag. 99. ;
Encyclop. méthod., atl. d'hist. natur., cccxxxvi , 33 ; Desmar., Consid.,
xlv, 9; — Oniscus cancellus , Pall. , Spicil. zool. , iasc IX, ni, 18 -
Gammarus cancellus , Fab.
(4) Pherusafucicola , Leach; Trans. linn. Soc, XI, p. 36o; Desmar.,
Consid. , p. 2I8.
(5) Cancer gammarus spinosus , Montag. , Trans. Soc. linn. , XI y
pag. 3 ; Desmar. , Consid. , xlv , 6.
122 CRUSTACÉS
Les Leucothoes. ( Leucothoe. Leach. )
Qui ont les antennes courtes, avec le pédoncule de deux
articles ; les quatre pieds antérieurs terminés fortement en
pince; les griffes des deux antérieurs Inarticulées ; celles de
la seconde paire d'un seul article et longues, (i)
Les Cerapes. (Ceraptjs. Say.)
Dont les antennes sont grandes , avec le pédoncule de
trois (les supérieures ) ou quatre ( les inférieures ) articles •>
dont les deux pieds antérieurs sont petits , avec une griffe
d'un seul article, et dont les deux suivants se terminent
par une grande main triangulaire, unie, dentée, avec la
griffe biarticulée.
Le Cérape tubulaire ( Cerapus tubularis, Thom. Say,
Jour, of the Acad. of nat. scienc. of Philad. , I, îv, 7-1 1 '>
Desm., Censid., XL\T, 2. ) vit dans un petit tube cylindri-
que et se rapproche, à cet égard, du sous-genre suivant.
On le trouve, en grande quantité, près de Egg-Harbourg ,
sur les côtes maritimes des Etats-Unis, parmi les sertulai-
res , dont il paraît se nourrir.
Tantôt enfin les antennes inférieures, beaucoup plus
grandes que les supérieures , et dont la tige est com-
posée au plus de quatre articles, ont la forme de pieds ,
et paraissent servir, du moins quelquefois, d'organes de
préhension.
Ici les seconds pieds sont terminéspar une grande pince.
Les Podoceres. ( Podocerus. Leach. )
A yeux saillants (2).
Les Jasses. ( Jassa. Leach. )
A yeux non saillants (3).
Là aucun des pieds n'est terminé par une grande pince.
(1) Cancer arliculo sus , Montag. , Trans. Hnn. Soc. , VII, 6; Des-
mar. , Consid. , pag. 263 , xlv , 5.
(2) Podocerus variegalus , Leach, Trans. linn. Soc. , XI, pag. 36 1 ?-
Desmar. , Consid. , pag. 269.
(3) Jassa pulchella , Leach, ibià. , pag. 36 1 ; Desmar. , Consicîer. ,
pag. 269.
AMPHIPODES. 123
Les Corophies. ( Corophium. Lat. )
La Corophie longues-cornes ( Cancer grossipes , Lin. );
Gammarus longicornis,Fab.' Oniscus volutator, Pall., Spicil.
zool. , fasc. , IX , iv , 9; Desm. , Corisid. XLVI , 1 7 appelée
pernys sur les côtes de La Rochelle, vit dans des trous
qu'elle se pratique dans la vase, couverte en grande partie
de parcs en bois, nommés bouchots , par les habitants. L'a-
nimal ne commence à paraître qu'au commencement de mai.
Il fait une guerre continuelle aux néréides, aux amphinomes,
aux arénicoles et à d'autres annelides marins qui font leur
séjour dans les mêmes lieux. Il n'est rien de plus curieux
que de voir, à la marée montante , des myriades de ces crus-
tacés, s'agiter en tout sens, battre la vase de leurs grands
bras, et la délayer, pour tâcher d'y découvrir leur proie.
Ont- ils trouvé l'un de ces annelides, souvent dix et vingt
fois plus gros qu'eux, ils se réunissent pour l'attaquer et le
dévorer. Ils ne cessent leur carnage que lorsqu'ils ont
aplani et fouillé toutes les vases. Ils se jettent même sur les
mollusques, les poissons et les cadavres restés à sec. Ils mon-
tent aux clavons renfermant les moules , et sur elles. Les
boucholeurs prétendent même qu'ils coupent les soies qui y
retiennent ces coquillages, afin de les faire tomber dans la
vase et pouvoir ensuite les dévorer. Ils paraissent se multi-
plier pendant toute la belle saison, puisqu'on trouve à di-
verses époques des femelles portant leurs œufs. Les oiseaux
de rivage et plusieurs poissons les dévorent à leur tour.
Nous sommes redevables de ces intéressantes observations à
M. d'Orbigny père, conservateur du Musée de La Rochelle
et correspondant de celui d'histoire naturelle de Paris ( Voy.
l'article Podocère de l'Encyclop. méthod. ).
La seconde section ( Heteropes, Heteropa. Lat. ) est com-
posée de ceux qui ont quatorze pieds, dont les quatre der.
ni ers au moins nautiques au bout et uniquement propres à
la natation, comprend deux sous-genres (1).
■ ■ ■ ■ ■ ....-■ ■ ., m. ■ , . - ■ — 1 -— — — . ■ ■ - -■
(ï) Cette section et la suivante forment, dans la première édition de
cet ouvrage, la seconde des isopodes, celle des phytibranches . Mais-
outre que nous avons aperçu, dans quelques-uns de ces crustace's, des
palpes mandibulaires , la forme des appendices sous-caudaux nous a para
1 24 CRUSTACÉS
Les Pterygocères. (Pterygocera, Lat. )
Qui ont le thorax partagé eu plusieurs segments 5 quatre
antennes garnies de soies ou de poils, formant des panaches;
tous les pieds natatoires, el dont les derniers grands et
pinnés(i); et des appendices cylindriques , articulés , à
l'extrémité postérieure du corps.
Les Apseudes. (Apseudes. Leach. — Eupheus. Risso.)
Qui ont aussi le thorax divisé en plusieurs segments, mais
dont les deux pieds antérieurs sont terminés en une pince
didactyîe; dont lesdeux su Vants sont élargis en une massue,
terminée en pointe e* aentelée sur les bords; dont les six
suivants sont grêles et onguiculés au bout; dont les quatre
derniers sont natatoires. Les antennes sont simples. Le corps
est étroit, alongé, avec deux longs appendices, en forme de
soie, à son extrémité postérieure (2).
La troisième et dernière section ( Decempedes , Decem-
pedes. Latr. ) se compose d'amphipodes n'offrant que six
pieds distincts.
Les Typhis. (ïyphis. Risso. )
N'ont que deux antennes très petites. La tête est grosse ,
avec les yeux point saillants. Chaque paire de pieds est an-
nexée à un segment propre; les quatre antérieurs sont ter-
minés en pince didactyle. De chaque côté du thorax sont
deux lames mobiles, formant des sortes de battants ou de
valves, qui, réunies, et l'animal repliant ses pieds et sa queue
en dessous, ferment inférieurement le corps, et lui donnent
les rapprocher beaucoup plus desamphipodes que des isopodes. Au surplus,
ainsi que nous l'observons plus bas, ces animaux, dont nous n'avons vu
qu'un petit nombre, n'ont pas encore cte' bien e'tudies.
(1) D'après la figure de Slabber (Oniscus arenarius, Encylop. me'tliod.,
atl. d'hist. natur. , cccxxx, 3 , 4-)» ^e nombre des pieds ne serait que de
huit; mais je présume , par analogie, qu'il est de quatorze; au surplus,
si la figure est exacte, ce genre appartiendrait à la section suivante.
(2) Eupheus ligioides, Risso, Crust. , IÏI , 87; Desmar. , Consid. ,
3s85 ; — Apseudes talpa, Leach; Cancer gam/narus talpa, Montag. ,
Trans. linn. Soc, IX, îv , 6. ; Desmar. , Consid. , xi/vi , 9. Voy\ aussi
le gammarus heleroclitus de Viviani, Phosphor. maris, II, u, 12.
AMPHIPODES. 125
la forme d'un sphéroïde. L'extrémité postérieure de la queue
est dépourvue d'appendices (i).
Les Ancees. (ànceus. Risso. — Gnathia. Leach.)
Qui ont aussi le thorax divisé en autant de segments que
de paires de pieds, mais où tous ces organes sont simples et
monodactyles. Us ont d'ailleurs quatre antennes ( sétacées).
La tête est forte, carrée, avec deux grandes saillies en forme
de mandibules. L'extrémité de la queue a des appendices
foliacés, en forme de nageoires (2).
Les Pranizes. (Praniza. Leach. )
Ont quatre antennes sétacées, ainsi que les ancées ; mais
leur thorax , vu en dessus, ne présente que trois segments ,
dont les deux premiers, très courts , transversaux, portant
chacun une paire de pieds, et dont le troisième , beaucoup
plus grand, longitudinal , portant les autres. Tous les pieds
sont simples. La tête est triangulaire, pointue en devant,
avec les yeux saillants. L'extrémité postérieure du corps
offre aussi, de chaque côté, une nageoire (3).
A ce même ordre des amphipodes paraissent appartenir
divers autres genres de MM.Savigny, Rafinesque et Say (4),
mais dont les caractères n'ont pas été donnés ou suffisam-
ment développés. Ceux même de quelques-uns des sous-
genres que je viens de citer sollicitent un nouvel examen.
M. Milne Edwards a recueilli sur plusieurs de ces crusta-
cés, des observations précieuses et détaillées, qui contribue-
ront certainement à éclaircir ce sujet.
(1) Typhis ovoïdes, Risso , Crust. ,11, 9- Desmar. , Consid. , pag.
281 , xlvi, 5.
' (2) Anceus forficularis , Risso, Crust. , II, 10 ; Desmar. , Consid. ,
xlvi, 6; — Anceus maxillaris ,• Cancer maxillaris , Montag. , Trans.
linn. Soc, VII, vi, 2; Desmar., ibid. , xlvi, 7.
(3) Oniscus cœruleatuf, Montag. , Trans. linn. Soc. , XI, iv, 2 ; En-
cyclop. métliod. , ail. d'hist. nat., cccxxix, 28, et cccxxix, 24, 20;
Desmar. , Consid. , xlvi , 8.
(4) Je ne puis encore rien dire du G. ergine de M. Risso : il semble ,
par le nombre des pieds , appartenir à la dernière section des amphy-
podes , et par la manière dont ils se terminent et le nombre des segments
du corps , se ranger avec les isopodes.
2(> CRUSTACÉS
LE QUATRIÈME ORDRE DES CRUSTACÉS ,
Les LJMODIPODES. ( L^emodifoda.)
Sont, parmi les malacostracés à yeux sessiles , les
seuls dont l'extrémité postérieure du corps n'offre
point de branchies distinctes; qui n'aient presque
pas de queue } les deux dernières pattes étant in-
sérées à ce bout, ou le segment leur servant d'at-
tache n'étant suivi que d'un à deux autres articles
très petits. Ils sont encore les seuls où les deux
pieds antérieurs, et qui répondent aux seconds
pieds-mâchoires , fassent partie de la tête.
Ils ont tous quatre antennes sétacées et portées
sur un pédoncule de trois articles, des mandibules
sans palpes , un corps vésiculaire à la base de quatre
paires de pieds au moins , à commencer à la seconde
ou à la troisième paire, y compris ceux de la tête. Le
corps, le plus souvent filiforme ou linéaire, est com-
posé, en comptant la tête, de huit à neuf articles^
avec quelques petits appendices , en forme de tuber-
cules, à son extrémité postérieure et inférieure. Les
pieds sont terminés par un fort crochet. Les quatre
antérieurs, dont lesseconds plus grands, sont toujours
terminés en pince monodactyle ou en griffe. Dans
plusieurs, les quatre suivants sont raccourcis, moins
articulés, sans crochet au bout, ou rudimentaires,
et nullement propres aux usages ordinaires.
Les femelles portent leurs œufs sous les second
L^EMODIPODES. l'IJ
et troisième segments du corps, dans une poche
formée d'écaillés rapprochées.
Ces crustacés sont tous marins ; M. Savigni les
considère comme avoisinant les pjcnogonides, et
faisant avec eux le passage des crustacés aux arach-
nides. Dans la première édition de cet ouvrage ,
ils formaient la première section de l'ordre des iso-
podes, celle des cislibranches.
On pourrait n'en former qu'un seul genre, auquel ,
par droit d'ancienneté, on conserverait le nom
De Cyame. (Cyajmus. Latr. )
Les uns ( Filiformes , Filiformia , Latr. ) ont le corps long
et très grêle ou linéaire, avec les segments longitudinaux ;
les pieds pareillement alongés et déliés , et la tige des an-
tennes composée de plusieurs petits articles.
lisse tiennent parmi les plantes marines, marchent à la
manière des chenilles arpenteuses , tournent quelquefois
avec rapidité sur eux-mêmes, ou redressent leur corps en
faisant vibrer leurs antennes. Us courbent, en nageant, les
extrémités de leur corps.
Les Leptomeres. (Leptomera. Latr. — Proto. Leach. )
Ont quatorze pieds (les deux annexés à la tête compris)
complets et dans une série continue.
Ici, comme dans nos Leptomeres propres ( Gammarus pe-
datus , Mull. , Zool. dan. , Cl i , i ) , tous les pieds, à l'ex-
ception des deux antérieurs, ont un corps vésiculaire à leur
base. Là, comme dans les Protons de M. Leach ( Cancer pé-
dants , Montag., Trans. linn. Soc, lï , 6; Encyclop. méth.,
atl. d'hist. natur., CCCXXXVI, 38."), ces appendices ne sont
propres qu'aux seconds pieds et aux quatre suivants (i).
(i) Rapportez encore aux leptomeres la squilla ventricosa de Mùller,
Zool. dan., lvi , i-3 ; Herbst., xxxvi , n : — le Cancer llnearis de Lin-
nseus est peut-être conge'nère. Il lui donne six pieds, mais sans compter
la tête.
32 8 CRUSTACÉS
Les Naupre'dies. (Naupredia. Latr. )
N'ont que dix pieds, tous dans une série continue ) les
seconds et les deux paires suivantes ont à leur base un corps
vésiculaire (i).
Les Chevrolles. (Caprella. Lamck. )
ÏS'ont pareillement que dix pieds . mais dans une série in-
terrompue, à commencer inclusivement au second segment,
la tête non comprise; ce segment et le suivant offrent cha-
cun deux corps vésiculaires et sont totalement dépourvus
de pattes (i).
Les autres (Ovales, Ovalia. Latr.) laemodipodes ont le
corps ovale, avec les segments transversaux. La tige des an-
tennes paraît être inarticulée. Les pieds sont courts ou peu
alongés; ceux des second et troisième segments sont impar-
faits et terminés par un long article cylindrique et sans cro-
chets; ils ont, à leur base, un corps vésiculaire alongé. Ces
laemodipodes forment le sous-genre
Des Cyames proprement dits. ( Cyamus. Latr. — Larunda.
Leach. )
J'en ai vu trois espèces , qui vivent toutes sur des cé-
tacés, et dont la plus connue, le Cyame de la baleine
( Oniscus cetij Lin. ; Pall., Spicil. zool., fasc. IX, iv, i4 ;
Squille de la baleine , Degéer. , Ins. , Vil, 6, vi ; Pycno-
gonum ceti , Fab. ; Savig. , Mém. sur les anim. sans vert. ,
(i) Sous-genre établi sur une espèce de nos côtes, qui me paraît ine'dite.
(2) La squilla lobata de Mûller, Zool. dan. lvi, 4-6"; son Gamma-
rus quadrilobatus , ibid. , cxiv, 12; V Oniscus scolopendroides dePalIas,
Spicil. zoool. , fasc. IX , iv , i5 , sont des chevroles; mais leur distinc-
tion spécifique n'est point rigoureusement caractérisée. Nous avions
rapporté à la première le cancer linedris de Linnœus , ce qui ( -voyez la
note précédente ) nous paraît aujourd'hui douteux. Son cancer filifor-
mis est probablement une chevrplle; le Cancer phasma de Montagu ,
Trans. linn. Soc, VII, vi, 2 , est congénère. La figure qu'il en a donnée
a été reproduite dans l'atl. d'hist. natur. de l'Encyclop. métbod. ,
pi. cccxxxvt, 3.7. Voyez, pour cet ordre et ses genres, la seconde édition
du nouv. Dict. d'hist. natur. , et l'ouvrage de M. Desmar. , sur les
crustacés.
CRUSTACÉS ISOPODES. 129
fasc. I, v, 1. ) se trouve aussi suc le maquereau : les pê-
cheurs l'ont désignée sous le nom. de Pou de baleine. Une
autre espèce, très analogue, a été rapportée par feu Dela-
lande de son voyage au cap de Bonne-Espérance. La troi-
sième , beaucoup plus petite, se trouve sur des cétacés des
mers des Indes orientales.
LE CINQUIÈME ORDRE DES CRUSTACÉS ,
Les Isopodes. (Isopoda. — Polygonata , Fab. , îe genre
Monoculus retranché. ) (1)
Se rapprochent des lcemodipodes par l'absence
de palpes aux mandibules,, mais ils s'en éloignent
sous plusieurs rapports; les deux pieds antérieurs
(1) MM. Victor Audouin et Milne Edwards nous ont donné (Annales
des sciences nat., août 1827, p. 379-381), des observations intéressantes
sur la circulation des isopodes, et notamment les ligies. Le cœur a la forme
d'un long vaisseau, étendu au-dessus de la face dorsale de l'intestin. Son
extrémité antérieure donne naissance à trois artères , les mêmes que
celles des décapodes. On voit aussi des brandies latérales se dirigeant du
cœur vers les pattes. Au niveau des deux premières articulations de l'ab-
domen (la queue), cet organe reçoit, à droite et à gauche , de petits
canaux ( vaisseaux branchio-cardiaques ) , qui semblent venir des bran-
chies. D'après leurs expériences sur les ligies , il paraîtrait que le sys-
tème veineux est moins complet que dans les décapodes macroures ; que
le sang , chassé du cœur dans diverses parties du corps , passe dans des
lacunes que les organes laisseraient entre eux à la face inférieure du corps,
et qui communiqueraient librement avec les vaisseaux afférents des bran-
chies. Le sang , après avoir traversé l'appareil respiratoire , reviendrait
au cœur, en traversant les vaisseaux branchio-cardiaques. Cette disposi-
tion établirait le passage du système circulatoire des crustacés décapodes
à celui de certains crustacés branchiopodes. Selon M. Cuvier, les deux
cordons anomaux composant la partie moyenne du système nerveux des
cloportes (et probablement des autres isopodes et même des amphipodes),
ne sont pas entièremeut rapprochés, et on les distingue bien dans toute
leur étendue. Il y a neuf ganglions sans compter le cerveau ; mais les
deux premiers et les deux derniers sont si rapprochés , qu'on pourrait les
TOME IV. 9
l3o CRUSTACÉS
ne sont point annexés à la tête , et dépendent, ainsi
que les suivants, d'un segment propre. Ils sont tou-
joursau nombre de quatorze^ onguiculés, et sans ap-
pendice vésiculeux à leur base. Le dessous delà queue
est garni d'appendices très apparents, sous la forme de
feuillets ou de bourses vésiculaires, et dont les deux
premiers ou les extérieurs recouvrent ordinaire-
ment, totalement ou en grande partie, les autres.
Le corps est générament aplati , ou plus large qu'é-
pais. La bouche se compose des mêmes pièces que dans
les crustacés précédents ( voyez les généralités des
malacostracés) ; mais ici celles qui répondent auxdeux
pieds-mâchoires supérieurs des décapodes, présentent
encore plus que dans les derniers l'apparence d'une
lèvre inférieure , terminée par deux palpes. Deux
des antennes , les mitoyennes, s'oblitèrent presque
dans les derniers crustacés de cet ordre , qui sont
tous terrestres, et diffèrent encore des autres par
leurs organes respiratoires. Les organes sexuels mas-
culins s'annoncent le plus souvent par la présence
d'appendices linéaires ou filiformes, et quelque-
fois de crochets placés à l'origine interne des pre-
réduire à sept. Le second et les six suivants fonrnissent des nerfs aux
sept paires de pattes; les quatre antérieures , quoique analogues, par
l'ordre de succession des parties, aux quatre derniers pieds-mâchoires des
décapodes , sont re'ellement des pieds proprement dits. Les segment*
qui viennent immédiatement après , ou ceux qui forment la queue, re-
çoivent leurs nerfs du dernier ganglion ; ces segments peuvent être con-
sidérés comme de simples divisions d'un segment unique , représenté par
ce ganglion ; aussi voyons-nous que le nombre de ces segments posté-
rieurs varie.
isopodes. iti
mières lames sous-caudales. Les femelles portent
leurs œufs sous la poitrine^ soit entre des écailles,
soit dans une poche ou sac membraneux qu'elles
ouvrent, afin de livrer passage aux petits , qui nais-
sent avec la forme et les parties propres à leur es-
pèce, et ne font que changer de peau en grandis-
sant. Le plus grand nombre vit dans les eaux. Ceux
qui sont terrestres ont encore besoin, ainsi que les
autres crustacés vivant aussi hors de l'eau , d'une
certaine humidité atmosphérique, pour pouvoir
respirer et conserver leurs branchies dans un état
propice à cette fonction.
Cet ordre , dans Linnseus , embrasse le genre
Des Cloportes. (Oniscus. )
Que nous partagerons en six sections.
La première (Epicarides, Epicarides , Latr. ) se compose
d'isopodes parasites, sans yeux ni antennes, dont le corps
est très plat , très petit, et oblong dans les mâles ; beaucoup
plus grand dans les femelles , en forme d'ovale rétréci et un
peu courbé postérieurement, creux en dessous , avec un re-
bord thoracique, divisé de chaque côté en cinq lobes mem-
braneux j les pieds sont situés sur ce rebord, très petits, re-
coquillés, et ne peuvent servir à la marche ni à la natation.
Le dessous de la queue est garni de cinq paires de petits
feuillets ciliés, imbriqués ? répondant à autant de segments,
et disposés sur deux rangées longitudinales j mais l'extré*
mité postérieure est dépourvue d'appendices. La bouche
ne présente distinctement que deux feuillets membraneux,
appliqués sur un autre de même consistance, en forme de
grand quadrilatère. La concavité inférieure, formant une
sorte de corbeille plate, est remplie par les œufs. Près de
leur issue se trouve constamment l'individu que Ton pré-
sume être ie mâie. Son extrême petitesse semble interdire
9*
IÔ2 CRUSTACÉS
c
toute possibilité de copulation. Suivant M. Desmarest, il est
pourvu de deux yeux; son corps est droit et presque linéaire.
Ces crustacés ne forment qu^un seul sous-genre, celui
Des Bopyres. ( Bopyrus, Latr. )
L'espèce la plus commune est le Bopyre des chevrettes
(Bopyrus crangoruniy Latr., Gêner, cru s t. et insecî., I, ii4j
Monoculus crangorum 7 Fab.; Fouger. de Bondar., Mém.
de l'Acad. roy. des scienc. , 1772 , pi. 1 ; Desmar. , Cons. ,
XL1X , 8 — 13 ), vit sur les palémons squille et porte-
scie. Placée immédiatement sur les branchies et au-dessous
du test, elle produit sur Fun de ses côtés une grosseur en
forme de loupe. Les pêcheurs de la Manche croient que ce
sont des individus très jeunes de plies ou de soles.
M. Risso en a décrit une autre espèce ( B. des palémons),
et sous la femelle de laquelle il a observé huit à neuf cents
petits vivants (1).
La seconde section (CymothoadÈs , Cymotlioada , Latr.)
comprend des isopodes à quatre antennes très apparentes,
sétacées et presque toujours terminées par une tige pluriar-
ticulée ; ayant des yeux, une bouche composée comme d'or-
dinaire (voyez les généralités des malacostracés à yeux sessiles);
des branchies vésiculeuses , disposées longitudinalement par
paires; la queue formée de quatre à six segments, avec une
nageoire de chaque côté; près du bout, et les pieds anté-
rieurs le plus souvent terminés par un fort onglet ou cro-
chet. Ces crustacés sont tous parasites.
Tantôt les yeux sont portés sur des tubercules, au sommet
de la tête; la queue n'est composée que de quatre segments.
Les Séroles. (Serolis. Leach.)
Dont on ne connaît qu'une seule espèce (Cymothoa para-
doxa , Fab. ). Les antennes sont placées sur deux lignes , et
terminées par une tige pluriarticulée.Sous les trois premiers
segments de la queue, entre les appendices ordinaires, il y
en a trois autres transverses et terminés postérieurement en
— ' - 1 II ._ h ^-Mll_
(1) Voyez, sur ce sous-genre, l'ouvrage de M. Desmares t, qui l'a décrit
très complètement.
ISGPODES. l55
pointe {Voyez, pour d'autres détails, Desmar.-, Gonsid.
sur la classe des crust., pag. 292-294).
Tantôt les yeux sont latéraux et point portés sur des tu-
bercules. La queue est composée de cinq à six segments.
Ici les yeux ne sont point composés d'yeux lisses, rappro-
chés et en forme de petits grains; les antennes sont sur deux
lignes et de sept articles au moins; les six pieds antérieurs
sont communément terminés par un fort onglet.
Dans les uns, et dont la queue est toujours de six seg-
ments ? la longueur des antennes inférieures ne surpasse
jamais la moitié de celle du corps.
Nous commencerons par ceux dont les mandibules, comme
de coutume, ne sont point outrés peu saillantes. Ici viennent
Les Cymothoés. (Cymothoa. Fab,)
Dont les antennes sont presque d'égale longueur, les
yeux peu apparents, avec le dernier segment de la queue en
carré transversal, et les deux pièces terminant les nageoires
latérales, linéaires et égales, en forme de stylet (1).
Les Ichthyophiles. ( Ichtdyoi>hilus. Latr. — Nerocila ,
Livoneca. Leach. )
Ayant aussi les antennes d'égale longueur et les yeux peu
visibles, mais dont le dernier segment du corps est presque
triangulaire, avec les deux pièces terminant les nageoires
latérales, en forme de feuillets ou de lames (dont l'extérieure
plus grande dans les Nérociles , et de la grandeur de l'autre
dans les Livonèces) (2).
Dans les quatre sous-genres suivants, les antennes supé-
rieures sont manifestement plus courtes que les supérieures.
Plusieurs ont, ainsi que les cymothoés , tous les pieds ter-
minés par un onglet fort et très arqué; les huit derniers ne
sont point épineux; les yeux sont toujours écartés et con-
vexes. Ils forment trois genres dans la méthode de M. Leach,
(1) Çymoilioa œslru/n, Fab.; Desmar. , Consid. , xlvi, 6, 7; — C. im-
bricata, Fab. Voyez, pour les autres espèces , Desmar. , ibid.
(2) Voyez le même ouvrage de M. Desmarest, pag. 307 , genres né-
rocile et livonèce , et diverses espèces de cimothoés de M. Rissso, pag. 3 10
et3ii.
l54- CRUSTACÉS
mais que l'on peut réunir en un seul sous-genre , sous la dé-
nomination commune de l'un d'eux, celui
De Canolire. (Canolira. Leach. — e]usd. A nilocra. Olencira.)
Les olencires (i) ont les lames de leurs nageoires étroites
et armées de piquants. Dans les anilocres (2) , la lame exté-
rieure de ces nageoires est plus longue que l'intérieure;
c'est l'inverse dans les canolires (3). Ici, en outre, les yeux
sont peu granulés, tandis qu'ils le sont très sensiblement
dans le précédent.
Dans les trois sous-genres suivants, les second, troisième
et quatrième pieds sont seuls terminés par un onglet forte-
ment courbé, et les huit derniers sont épineux. Les yeux
sont ordinairement peu convexes, grands, etconvergent anté-
rieurement.
Les AEga. ( AEga. Leach. )
Ont les deux premiers articles de leurs antennes supé-
rieures très larges et comprimés., tandis que dans les deux
sous-genres qui succèdent, ces articles sont presque cylin-
driques (4).
Les rocinÈles. (Rocinela. Leach. )
Diffèrent des aega, ainsi que nous venons de le dire , par
la forme des deux premiers articles de leurs antennes supé-
rieures , et s'en rapprochent d'ailleurs par leurs yeux grands
et rapprochés antérieurement (5).
Les Conilires. (Conilira. Leach. )
Ressemblent, aux rocinelles par leurs antennes ; mais les
yeux sont petits, écartés, et les bords des segments sont
presque droits et non en forme de faulx et proéminents (6).
Le dernier sous-genre, parmi ceux de cette section dont
(1) Desmar. , Consid. , pag. 3o6.
(2) — Ibid. , Item. , anilocre du Cap , xlviii , 1 .
(3) — Ibid. , pag. 3o5.
(4) — Ibid. , pag. 3o4, œga entaillée , xi/vn , 4 » $•
(5) — Ibid. , item.
(6) — Ibid. y item.
\
ISOPODES. . l35
les antennes sont sur deux lignes.,, dont la queue est de six
segments, et dont les antennes inférieures <ont toujours
courtes, se distingue de tous les précédents par ses mandi-
bules fortes et saillantes. C'est celui
De Synodus. (Synodus. Latr.)
Etabli sur une seule espèce ( Voyez cet article dans YEn-
cyclop. méth. ).
Dans ceux qui suivent, la queue n'est le plus souvent
composée que de cinq segments. La longueur des antennes,
inférieures surpasse la moitié de celle du corps.
Les Cirolanes. (Cirolana. Leach.)
Ont six segments à la queue (i).
Les Nélocires. ( Nelocira. Leach. )
ÏN'en ont que cinq. La cornée des yeux est lisse (i).
Les Eurydiges. (Eurydice. Leach. )
Semblables aux nélocires par le nombre des segments
caudaux, s'en éloignent sous le rapport de leurs yeux gra-
nuleux (3).
Ce sous-genre nous conduit à ceux où ces organes sont
formés de petits grains ou d'yeux lisses rapprochés, qui ont
d'ailleurs les quatre antennes insérées sur une même ligne
horizontale, de quatre articles au plus, et tous les pieds am-
bulatoires. La queue est composée de six segments, dont
le dernier grand et suborbiculaire. Tels sont
Les Limnories. ( Limnoria. Leach. )
La seule espèce vivante connue , la Limnorie tèrébrante
( Limnoria te rebrans , Leach , Édimb., Encyclop., Vil, pag.
433; Desm., Consid., pag. 3 12) , quoique n'ayant guère plus
de deux lignes de long, est néanmoins, par ses habitudes
et sa multiplication, très nuisible. Elle perce le bois des
vaisseaux en divers sens, avec une promptitude alarmante.
(1) Desmar. , Consid. , p. 3o3.
(2) — lbid. . pag. 3o2 ; nélocire de Swainson , xlviu ,
(3) — lbid, , item.
7
l36 CRUSTACÉS
Elle se roule en boule, lorsqu'on la saisit. On la trouve dans
diverses parties de l'Océan britannique.
Le professeur Germar a envoyé à M. le comte Dejean la
ligure et îa description d'un petit crustacé fossile, qui nous
a paru se rapporter à ce sous-genre (i).
La troisième section ( Spheromides , Sphœromides , Lat. )
nous offre quatre antennes très distinctes, sétacées ou coni-
ques, et, un seul sous-genre excepté {anthure), toujours ter-
minées par une tige divisée en plusieurs petits articles, et
courtes ) les inférieures, toujours plus longues , sont insé-
rées sous le dessous du premier article des supérieures, qui
est épais et large. La bouche est composée comme de cou-
tume. Les branchies sont vésiculeuses ou molles , à nu, et
disposées longitudinalement par paires. La queue ne pré-
sente que deux segments complets et mobiles, mais ayant
souvent sur le premier des lignes imprimées et transverses ,.
indiquant les vestiges des autres segments ; de chaque
côté de son extrémité postérieure est une nageoire terminée
par deux feuillets , dont l'inférieur est seul mobile , et
dont le supérieur (*2) est formé par un prolongement in-
terne du support commun. Les appendices branchiaux sont
recourbés intérieurement ; le côté interne des premiers est
accompagné, dans les mâles, d'une petite pièce linéaire
et alongée. La partie antérieure de la tête située au-dessous
des antennes est triangulaire ou en forme de cœur ren-
versé.
Les uns ont le corps ovale ou obiong, prenant ordinaire-
ment , dans la contraction la forme d'une boule } les anten-
nes terminées par un article pluriarticulé, et les inférieures
au moins sensiblement plus longues que la tête. Les nageoi-
res latérales et postérieures sont formées d'un pédoncule et
de deux lames, composant avec le dernier segment une na-
geoire commune en éventail.
(i) Uoniscus prcegustator , figuré dans Parkinson , et trouve dans des
roches cariées, avoisine cette espèce , ou paraît du moins appartenir à la
même section. i
(2) ïl se replie sur le bord postérieur du dernier segment , et dans plu-
sieurs, tels que les zuzares, les ne'sces, de M. Leacli , en manière de
rinlre.
1S0P0DES. l5j
Dans ceux-ci, les lignes imprimées et transverses du seg-
ment antérieur de la queue, toujours plus court que le sui-
vant ou dernier, n'atteignent pas les bords latéraux. Le pre-
mier article des antennes supérieures est en forme de pa-
lette triangulaire.
La tête, vue en-dessus, forme un carré transversal. Les
feuillets des nageoires sont très aplatis , et la pièce inter-
médiaire ou le dernier segment est élargi et arrondi latéra-
lement.
Les Zuzares. ( Zuzara. Leach. )
Où les feuillets des nageoires sont très grands, et dont le
supérieur, plus court, s'écarte de l'autre, pour former une
bordure ou cintre au dernier segment (i).
Les Sphéromes. (Sph;eroma. Lat. )
Où les feuillets sont de grandeur moyenne, égaux et ap-
pliqués l'un sur l'autre (2).
Dans ceux-là , les lignes imprimées ou sutures transverses
du segment antérieur de la queue atteignent ses bords la-
téraux et le coupent. Le premier article des antennes supé-
rieures forme une palette alongée, carrée ou linéaire.
Les feuillets des nageoires sont ordinairement plus étroits
et plus épais que dans les précédents; l'extérieur emboîte
quelquefois ( cymodocées) l'autre; celui-ci est prismatique;
leur point de réunion présente l'apparence d'un nœud ou
d'un article.
Tantôt le sixième segment du corps est sensiblement plus
long dans toute sa largeur que les précédents et le suivant.
L'un des deux feuillets des nageoires est seul saillant.
Les Nese'es. (NjESà. — Campecopea. Leach.) (3).
Tantôt le sixième segment du corps est de la longueur des
précédents et du suivant.
(1) Desmar. , Consid. , pag. 298.
(2) — Ibid. } pag. 299-302. Sphérome denté, [xlvii , 3;^ — Oniscus
serratus , Fab.
(3) Desmar. , Consid. ; nesée bidentc'c , xlvii , 2; — Campecopée velue 7
ibid. , item , 1.
l58 CRUSTACÉS
Les Cilicées. (Cilic^a. Leach. )
Où l'un des feuillets des nageoires est seul saillant , l'au-
tre s'adossant contre le bord postérieur du dernier seg-
ment (i).
Les Cymodocees. (Cymodocea. Leach.),
Où les deux feuillets des nageoires sont saillants et pa-
reillement dirigés en arrière ; dont le sixième segment
n'est point prolongé postérieurement , et dont l'extré-
mité du dernier offre une petite lame, dans une échau-
crure (2).
Les Dyn amènes. ( Dyn amené. Leach. )
Semblables aux cymodocees par la saillie et la direction
des feuillets des nageoires, mais où le sixième segment se
prolonge en arrière, et où le dernier n'offre qu'une simple
fente, sans lame (3).
Les autres , tels que
Les Anthures (Anthura. Leach. ),
Ont le corps vermiforme et les antennes à peine aussi lon-
gues que la tête, de quatre articles. Les feuillets des na-
geoires postérieures forment, par leur disposition et leur
rapprochement , une sorte de capsule.
Les pieds antérieurs sont terminés par une pince mono-
dactyle (4).
Dans la quatrième section (Idoteïdes, Idoteides, Leach.),
les antennes sont aussi au nombre de quatre, mais sur une
même ligne horizontale et transverse ; les latérales se termi-
nent par une tige finissant en pointe, s'amincissant graduel-
lement et pluriarticulée ; les intermédiaires sont courtes,
filiformes ou un peu plus grosses vers le bout, de quatre
(1) Desm. , Consid. , Cilicée de Latreille , xlviii, 3.
(2) Desmar, ibid. , item , xlviii , 4-
(3) Desmar. , ibid. , pag. 297.-
(4) Desmar., ibid. , anthure grêle, xlvt, i3; Oniscus gracilis ,
Montag. , Trans. linn. Soc, IX, v, 6j — Gammarus hetevoclitus ,
Vivian. , Phosph. maris. , 11, n, 12.
ISOPODES. i5q
articles , dont aucun n'est divisé. La composition de la bou-
che est la même que dans les sections précédentes. Les bran-
chies sont en forme de vessies ( blanches dans la plupart ) ,
susceptibles de se gonfler , de servir à la natation , et recou-
vertes par deux lames ou valvules du dernier segment, ad-
hérentes latéralement à ses bords , longitudinales, biarticu-
lées, et s'ouvrant au milieu , par une ligne droite, comme
deux battants de porte. La queue est formée de trois seg-
ments , dont le dernier beaucoup plus grand, sans appendi-
ces au bout, ni nageoires latérales. Ces crustacés sont tous
marins.
Les Idotées. (Idotea. Fab.)
Ont tous les pieds fortement onguiculés, identiques; le
corps ovale ou simplement oblong, et les antennes latérales
plus courtes que la moitié du corps (i).
Les Sténosomes. (Stenosoma. Leach. )
N'en diffèrent que par la forme linéaire du corps et la
longueur des antennes, surpassant la moitié de celle du
corps (2).
Les x\rctures. ( Arcturus. Lat. )
Sont très remarquables par la forme des seconds et troi-
sième pieds , qui se dirigent en avant , et se terminent
par un long article barbu , et mutique ou faiblement ongui-
culé; les deux antérieurs sont appliqués sur la bouche et
onguiculés; les six derniers sont forts, ambulatoires , re-
jetés en arrière et bidentés à leur extrémité. Sous le rap-
port de là-longueur des antennes et de la forme du corps,
ils se rapprochent des sténosomes.
Je n'ai vu quJune seule espèce ( Arcturus tuberculatus )
(1) Oniscus entomon, Lin.; Souilla entomon , Deg. , Insect., VII,
xxxn, 1,2; — Idotea tricuspidata, Latr. ; Desm. , Consid. , xlvi, 11.
Voyez , pour les autres espèces , cet ouvrage et l'article Idotée du nouv.
Dict. d'hist. natur. , 2e édit.
(2) Stenosoma lineare , Leach ; Desmar. , ibid., hem, xlvi, 12; —
Stenosoma hecticum, ibid.; Idotea viridissima , Risso, Crust. , III , 8.
Voyez, pour les autres espèces , l'ouvrage de M. Desmarest.
l4<> CRUSTACÉS
et qui a été rapportée des mers du Nord, dans l'une de3
dernières expéditions anglaises au pôle arctique.
La cinquième section ( Asellotes , Asellota, Lat. ) nous
présente des isopodes à quatre antennes très apparentes,
disposées sur deux lignes, sétacées, terminées par une tige
pluriarticulée; deux mandibules, quatre mâchoires, recou-
vertes à l'ordinaire par une espèce de lèvre formée par les
premiers pieds-mâchoires 5 des branchies vésiculeuses , dis-
posées par paires, recouvertes par deux feuillets longitudi-
naux et biarticulés, mais libres; une queue formée d'un
seul segment, sans nageoires latérales, mais avec deux sty-
lets bifides ou deux appendices très courts , en forme de tu-
bercules , au milieu de son bord postérieur. D'autres appen-
dices en forme de lames, situées à sa base inférieure, plus
nombreux dans les mâles , distinguent les sexes.
Les Aselles. ( Asellus. Geoff. )
Ont deux stylets bifides à l'extrémité postérieure du corps,
les yeux écartés, les antennes supérieures de la longueur au
moins du pédoncule des inférieures, et les crochets du bout
des pieds entiers.
La seule espèce connue de ce sous-genre , 1! } Asellc d'eau
douce (Geoff., Ins., îï, xxn, 2; Squille as elle , Deg. , In-
sect. , YII, xxi , 1 ; Desm. , Consid. , xlix, 1 , 2; Idotea
aquatica, Fab.), est très abondante dans les eaux douces
et stagnantes , ainsi que dans les mares des environs de Pa-
ris. Elle marche lentement, à moins qu'elle ne soit ef-
frayée. Au printemps, elle sort de la vase où elle a passé
Tliiver. Le mâle, beaucoup plus gros que la femelle,
porte celle-ci une huitaine de jours, en la retenant avec
les pattes de la quatrième paire. Lorsqu'il l'abandonne ,
elle est chargée d'un grand nombre d'œufs , renfer-
més dans un sac membraneux, placé sous la poitrine , et
s'ouvrant par une fente longitudinale, à la naissance des
petits.
Les Oniscodes. (Ojviscoda. Lat.)
Ou les j an ires (1) de M. Leach, diffèrent des aselles par le
(1) Nom employé par M, Risso pour un genre de la même classe, et
qu'il m'a fallu dès lors remplacer ici par un autre.
ISOPODES. l4l
rapprochement de leurs yeux, leurs antennes supérieures
plus courtes que le pédoncule des inférieures, et par les cro-
chets des tarses, qui sont bifides.
La seule espèce connue ( Janira maculosa , Leach. ;
Desm., Consid., pag. 3i5.) a été trouvée sur les côtes d'An-
gleterre, parmi les varecs et les ulves.
Les «Lera. ( «Lera. Leach. )
N'ont à la place des stylets du bout de la queue, que deux
tubercules.
On n'en a aussi décrit qu'une seule espèce {Jœra albifrons,
Leach ; Desm., Consid., pag. 3i6), .et qui est très com-
mune sur les côtes d'Angleterre , sous les pierres et au
milieu des varecs.
Enfin , les isopodes de la sixième et dernière section (Clo-
portides , Oniscides , Lat. ) ont bien quatre antennes, mais
dont les deux intermédiaires très petites, peu apparentes et
de deux articles au plus ) les latérales sont sétacées. La queue
est composée de six segments, avec deux ou quatre appen-
dices, en forme de stylets , au bord postérieur du dernier
et sans nageoires latérales. Les uns sont aquatiques et les
autres terrestres. Dans ceux-ci, les premiers feuillets du
dessous de la queue offrent une rangée de petits trous, où
l'air pénètre et se porte aux organes de la respiration , qui y
sont renfermés.
Les uns ont le sixième article de leurs antennes ou leur
tige composé, de manière qu'en comptant les petites articu.
lations de cette partie, le nombre total de tous les articles est
au moins de neuf. Ces isopodes sent marins et forment deux
sous-genres.
Les Tylos. (Tylos. Lat.)
Paraissent avoir la faculté de se rouler en boule. Le der-
nier segment du corps est demi circulaire et remplit exacte-
ment l'échancrure formée par le précédent; les appendices
postérieurs sont très petits et entièrement inférieurs.' Les
antennes n'ont que neuf articles, dont les quatre derniers
composant la tige. De chaque côté est un tubercule enfoncé,
• représentant chacun l'une des antennes intermédiaires; l'es-
pace intermédiaire est élevé.
1 42 CRUSTACÉS
Les branchies sont vésiculeuses, imbriquées, et recou-
vertes par des lames (i).
Les Ligies. ( Ligïa. Fab. )
Ont la tige des antennes latérales composée d'un grand
nombre de petits articles et deux stylets très saillants , par-
tagés au bout en deux branches, à l'extrémité postérieure
du corps.
La Ligie océanique ( Oniscus oceanicus , Linn. ), Desm. ,
Consid., XLIX, 3, 4 > est longue d'environ un pouce, grise,
avec deux grandes taches jaunâtres sur le dos. Les anten-
nes latérales sont de moitié plus courtes que le corps , et
leur tige est divisée en treize articles. Les stylets sont de
la longueur de la queue. Elle est très commune sur nos
côtes maritimes , où on la voit grimper sur les rochers ou
sur les parapets des constructions maritimes. Lorsqu'on
cherche à la prendre , elle replie promptement ses pattes
et se laisse, tomber.
Dans la Ligie italique (Ligia italica y Fab. ) , les anten-
nes latérales sont presque de la longueur du corps, avec
la tige ou la sixième articulation divisée en dix -sept pe-
tits articles. Les stylets sont beaucoup plus longs que la
queue.
La Ligie des mousses ( Oniscus Jiypnorum , Fab. j Cuv. ,
Journ. d'hist. natui . , II , xxvi, 3, 4> $} Oniscus agi lis ,
Panz. , faun., 1ns. germ., fasc, IX, xxiv). Les antennes
latérales sont plus courtes que la moitié du corps, et leur
tige n'a que dix petits articles. Le pédoncule des stylets
postérieurs a , au côté interne , une dent et une soie.
Dans les autres , et tous terrestres, les antennes latérales
n'offrent au plus que huit articles, dont les proportions, vers
l'extrémité, diminuent graduellement, ou sans qu'aucun
d'eux paraisse être divisé ou composé.
Ici les appendices ou stylets postérieurs s'avancent au delà
du dernier segment. Le corps ne se contracte point ou que
très imparfaitement en boule.
(i) Tylos arniatlillo , Latr. , figure sur les planches d'hist. natur. du
grand ouvrage sur l'Egypte ; de la Mecîiterrane'e.
1S0P0DES. iA5
Los Phîloscies. ( Philoscia. Lat. )
Ont les antennes latérales divisées en huit articles et dé-
couvertes à leur base. Les quatre appendices postérieurs sont
presque égaux.
On ne les trouve que dans les lieux très humides (i).
Les Cloportes propres. (Oniscus. Lin.)
Ont aussi huit articles aux antennes latérales , mais leur
base est recouverte, et les deux appendices extrérieurs du
bout de la queue sont beaucoup plus grands que les deux
internes. Ces crustacés et ceux des deux sous -genres sui-
vants sont appelés vulgairement clous-a-porte , et par abré-
viation cloporte , porcelets de Saint- Antoine, Ils fréquen-
tent les lieux retirés et sombres , comme les caves, les cel-
liers , les fentes des murs, des châssis, et se trouvent aussi
sous les pierres et les vieilles poutres. Ils se nourrissent
de matières végétales et animales corrompues , et ne sortent
guère de leurs retraites que dans les temps pluvieux ou hu-
mides. Ils marchent lentement, à moins que quelque dan-
ger ne les menace. Les œufs sont renfermés dans une poche
pectorale. Les petits ont à leur naissance un segment thora-
cique de moins, et n'ont , par conséquent , que douze pattes.
On a généralement renoncé à l'usage médical qu'on en fai-
sait anciennement (2).
Les Porcellions. ( Porcellio. Lat.)
Se distinguent des cloportes par le nombre des articles
des antennes latérales , qui n'est que de sept. Ces isopodes
leur ressemblent d'ailleurs par les autres caractères (3).
(1) Oniscus sylveslris , Fab. ; Oniscus muscorum , Cuv. , Journ.
d'hist. natur. , II, xxvi, 6,8; Coqueb. , Illust. icon. insect. , dec. I,
VI, 12.
(2) Oniscus murarius , Fab. 5 Cuv. , Journ. d'hist. natur. , II,xxvi,
11 , i3; le Cloporte ordinaire , Geoff. , Insect., II, xxn, 1 ; Clo-
porte aselle, Deg. Insect. , VII, xxxv , 3; Besmarest , Consider. ,
xlix, 5.
(3) Oniscus asellus, Cuv. , ibid. ; Panz. , Faun. Ins Germ. , IX , xxi ;
Cloporte ordinaire , var. C , Geoff. ; — Porcelio lœvis , Latr. ; Cloporte
ordinaire , var. B, Geoff.
l44 CRUSTACÉS ISOFODES.
Là, comme dans
Les Armadilles ( Armadillo. Lat. ) ,
Les appendices postérieurs du corps ne font point de sail-
lies; le dernier segnrent est triangulaire; une petite lame,
en forme de triangle renversé, ou plus large et tronquée au
bout, formée par le dernier article des appendices latéraux,
remplit, de chaque côté, le vuide compris entre le segment
et le précédent. Les antennes latérales n'ont que sept arti-
cles. Les écailles supérieures sous-caudales ont une rangée
de petits trous (i).
(i) Oniscus armadillo , Lin.; Cuv. , ibid, i/f, i5; Oniscus cine-
reus , Panz, ibid., fasc. LXII , xxn; — Oniscus varie gatus , Vill. ,
Entom. IV, si, 16; A rmadi lie pustule, Desm. , Consid. , xlxix,6;
— Armaddle des boutiques, Dumér., Dict. des se. natur. , III, pag. 117,
espèce venant d'Italie, et employée anciennement par les apothicaires.
DES EINTOMOSTKACÉS ï/\6
DEUXIÈME DIVISION GÉNÉRALE.
DES ENTOMOSÏRACÉS.
( Entomostraca. Miïll. )
Sous cette dénomination formée du grec et si-
gnifiant insectes a coquille } Othon Frédéric Miiller
comprend le genre morwculus de Linnseus , au-
quel il faut adjoindre quelques-unes de ses lernées.
Ses recherches sur ces animaux, dont l'étude est
d'autant plus difficile qu'ils sont pour la plupart
microscopiques, et celles de Schaeffer et de Jurine
père ont excité l'admiration , et mérité la recon-
naissance de tous les naturalistes. D'autres travaux,
mais partiels, tels que ceux de Ramdohr, Straus,
Herman fils , Jurine fils , Adolphe Brongniart,
Victor Audouin et Milne Edwards, ont étendu
ces connaissances , sous les rapports surtout de
3'anatomie ; mais, à cet égard-, M. Straus, quoique
devancé , ainsi que Jurine père , pour plusieurs
faits importants d'organisation par Ramdohr, dont
ils ne paraissent pas avoir connu le mémoire sur
les monocles, publié en i8o5, les a tous surpassés.
Fabricius s'est borné à adopter le genre limulus de
Miiller, qu'il a placé dans sa classe des kleista-
gnathes ou notre famille des brachy tires, ordre
des décapodes. Tous les autres entomostracés sont
. TOME IV. 10
l/|fi 1)125 ENTOMOSTRACÉS
réunis, comme dans Linnceus, en un seul genre,
celui de monoculus , qu'il met dans sa classe des
polygonates ou nos isopodes.
Ces animaux sont tous aquatiques et habitent
pour la plupart les eaux douces. Leurs pieds,
dont le nombre varie, et va dans quelques-uns jus-
qu'au delà de cent, ne sont ordinairement propres
qu'à la natation , et tantôt ramifiés ou divisés ,
tantôt garnis de pinnules ou composés d'articles la-
mellaires. Leur cerveau n'est formé que d'un ou deux
globules. Le cœur a toujours la forme d'un long
vaisseau. Leurs branchies, composées de poils ou
de soies, soit isolés, soit réunis, en manière de
barbes , de peigne , d'aigrettes , font partie de
ces pieds ou d'un certain nombre d'entre eux , et
quelquefois des mandibules et des mâchoires supé-
rieures ( voyez cypj'is ) ; de là l'origine du mot de
branchiopodes } que nous avons donné à ces ani-
maux, dont nous n'avions d'abord formé qu'un
seul ordre. Ils ont presque tous un test d'une à deux
pièces, très mince et le plus souvent presque mem-
braneux et presque diaphane , ou du moins un grand
segment thoracique antérieur, souvent confondu avec
la tête et paraissant remplacer le test. Lestéguments
sont généralement plutôt cornés que calcaires ; ce
qui rapproche ces animaux des insectes et des arach-
nides. Dans ceux qui sont pourvus de mâchoires
ordinaires, les inférieures ou extérieures sont ton-
jours découvertes , tons les pieds-mâchoires faisant
EN GÉNÉRAL. \l\"]
l'office de pieds proprement dits ? et aucun d'eux
n'étant appliqué sur la bouche. Les secondes mâ-
choires^ celles des phjllopodes au plus exceptées,
ressemblent même à ces derniers organes ; Jurine
les a quelquefois désignées sous le nom de mains.
Ces caractères distinguent les entomostracés
broyeurs , des malacostracés : les autres entomos-
tracés, ceux qui composent notre ordre des pœcilo-
podes , ne peuvent être confondus avec les malacos-
tracés, parce qu'ils sont dépourvus d'organes propres
à la mastication ; ou parce que les parties qui pa-
raissent servir de mâchoires ne sont point rassem-
blées antérieurement et précédées d'un labre, comme
dans les crustacés précédents et les insectes broyeurs,
mais simplement formées par les hanches des or-
ganes locomotiles et garnies ; à cet effet, de petites
épines. Les paecilopodes représentent dans cette
classe, ceux que dans celle des insectes l'on distingue
sous le nom de suceurs. Ils sont presque tous para-
sites, et semblent conduire par nuances auxlernées ;
mais la présence des yeux, la propriété de changer de
peau , ou même d'éprouver une sorte de métamor-
phose (1), la faculté de pouvoir se transporter d'un
(1) Les petits des daphnies et de quelques autres sous-genres voisins ,
ceux probablement encore des cypris , des cythére'es, ne diffèrent point
ou presque pas, à la grandeur près, de leurs parents, à leur sortie de
l'œuf; mais ceux des cyclopes, des phyllopodes , des argules, éprouvent,
dans leur jeune âge , des changements notables, soit quanta la forme
du corps, soit quant au nombre des pattes. Ces organes subissent même
dans quelques-uns, comme les argules, des transformations qui modi-
fient leurs usages.
10*
ï$8 DES ENTOMOSTRACES E\T GENERAL.
lieu à l'autre , à la faveur des pieds, nous paraissent
établir une ligne de démarcation positive entre ces
derniers animaux et les précédents. Nous avons
consulté, à l'égard de ces transformations , divers
naturalistes instruits, et qui ont eu occasion d'ob-
server fréquemment des lernées, et aucun d'eux
ne les a vues changer de peau. Les antennes des ento-
mostracés, dont la l'orme et le nombre varient beau-
coup, servent dans plusieurs à la natation. Les jeux
sont très rarement portés sur un pédicule , et dans ce
cas, ce pédicule n'est qu'un prolongement latéral de
la tête, et jamais articulé à sa base ; souvent ils sont
très rapprochés et même n'en composent qu'un seul.
Les organes de la génération sont situés à l'origine de
laqueue; c'est à tort qu'on avoit considéré les antennes
de quelques mâles comme leur siège. Celte queue (î)
n'est jamais terminée par une nageoire en éventail ,
et n'offre point ces fausses pattes , que nous avons
observées dans les malacostracées. Les œufs sont ras-
semblés sous le dos , ou extérieurs, et sous une enve-
loppe commune, ayant la forme d'une ou de deux
petites grappes situées à la base de la queue ; il paraît
qu'ils peuvent se conserver long-temps dans un état
dedessication, sans perdre pour celaleurs propriétés.
Ce n'est au plus qu'après la troisième mue, que ces
animaux deviennent adultes et capables de se multi-
plier. On a constaté, à l'égard de quelques -uns,
(i) Si Ton en excepte les phyllopes, les derniers pieds sont ihoruciqucs
ou des pieds-mâchoires ( Cypris ).
CRUSTACÉS BIlANCHIOPODES. l^g
qu'une seule copulation peut féconder plusieurs gé-
nérations successives.
» ' -'" - 1 ■'
LE PREMIER ORDRE DES ENTOMOSTRACÉS ,
OU LE SIXIEME DE LA CLASSE DES CRUSTACES,
Celui des BRANCHIOPODES. (Branchiopoda. )
A pour caractères : bouche composée d'un labre,
de deux mandibules, d'une languette^ d'une ou de
deux paires de mâchoires; branchies, ouïes premiè-
res, lorsqu'ils y en a plusieurs, toujours antérieures.
Ces crustacés sont toujours vagabonds , généra-
lement recouverts par un test en forme de bouclier
ou de coquille bivalve , et munis de quatre ou deux
antennes. Leurs pieds, quelques-uns exceptés, sont
uniquement natatoires. Leur nombre varie; il n'est
que de six dans" quelques-uns, de vingt à qua-
rante-deux, ou de plus de cent, dans d'autres.
Beaucoup n'offrent qu'un seul œil.
Ces crustacés, étant pour la plupart, comme
nous l'avons dit, presque microscopiques , on sent
que l'application de l'un des caractères dont nous
avons fait usage , celui de la présence ou de
l'absence des palpes mandibulaires^ présenterait
maintenant des difficultés presque insurmonta-
bles (i). La forme et le nombre des pattes, celui
(1) Nous mettrons cependant en tête tous les branchiopodes dont les
mandibules sont munies de palpes ; ils composeront les deux premièî -
divisions des Iophyropes.
10O CRUSTACÉS BRA^CHIOPODES.
des jeux , le test , les antennes , nous fourniront des
signalements plus faciles et à la portée de tout le
monde.
L'ordre des branchiopodes ne composait , dans la mé-
thode de De Géer, de Fabricius, et dans celle de Lin-
nœus , moins une seule espèce ( M. polyphemus), que le
genre
Des Monocles (Monoculus. Lin. ) , (1)
Que nous partagerons en deux sections principales.
La première, celle des Lophyropes (Lophyropa.), se dis-
tingue par le nombre des pieds , qui ne s'élève jamais au-
delà de dix; leurs articles sont d'ailleurs plus ou moins cy-
lindriques ou coniques et jamais entièrement lamelliformes
ou foliacés j leurs branchies sont peu nombreuses , et la
plupart n'ont qu'un seul œil. Plusieurs, en outre, ont des
mandibules munies d'un palpe (2); les antennes sont pres-
que toujours au nombre de quatre 7 et servent à la locomo-
tion.
Dans la seconde section , celle des Phyllopes ( Phyllopa. ),
le nombre des pieds est au moins de vingt, et dans quel-
ques-uns beaucoup plus considérable; leurs articles, ou du
moins les derniers, sont aplatis, en forme de feuillets ciliés.
Leurs mandibules n'offrent jamais de palpes. Ils ont tous
deux yeux ( situés, dans quelques-uns , à l'extrémité de deux
pédicules mobiles ) ; leurs antennes, dont lo nombre dans
plusieurs n'est que de deux, sont généralement petites et
point propres à la natation.
Nous partagerons les lophyropes en trois groupes prin-
cipaux, très naturels, et dont les deux premiers se rappro-
chent des crustacés des trois premiers ordres, à raison de
(1) Et de plus , celui de binocle , dans celle de Geoffroi.
(2) M, Straus paraît attribuer exclusivement ce caractère aux cypris et
aux cythérees, composant son ordre des oslrapodes; mais il re'sulte des
observations de Jurine père et de M. Ramdohr, qu'il est encore propre
aux cyclopes.
SECTION DES LOPHYROPES. l5l
leurs mandibules , portant chacune un palpe, et de quel-
ques autres caractères .
i° Ceux (Carcinoïdes, Carcinoida. Lat.) dont le test, plus
ou moins ovoïde ou ovalaire, n'est point plié en deux en
manière de coquille bivalve, et laisse à découvert la partie
inférieure du corps. Ils n'ont jamais d'antennes en forme de
bras ramifiés. Leurs pieds sont au nombre de dix et plus ou
moins, cylindriques ou sétacés. Les femelles, dont on a ob-
servé la gestation, portent leurs œufs dans deux espèces de
sacs extérieurs, situés à la base de leur queue. Quelques-uns
offrent deux yeux.
2° Ceux ( Ostracodes , Oslrctcoda , Latr. ; Ostrapoda y
Straus. ) dont le test est formé de deux pièces "ou valves re-
présentant celles de la coquille d'une moule, réunies par
une charnière et renfermant dans l'inaction le corps. Ils n'ont
que six (i) pieds, et dont aucun ne se termine en manière
de nageoire digitée et accompagnée de lame branchiale. Leurs
antennes sont] simples, filiformes ou sétacées. Ils n'ont ja-
mais qu'un œil. Leurs mandibules et leurs mâchoires supé-
rieures sont munies d'une lame branchiale. Les œufs sont si-
tués sous le dos.
3° Les derniers (Cladoceres, Cladocera , Latr.; Daphni-
des . Straus. ) n'ont aussi qu'un seul œil et le test plié en
deux, mais sans charnière (Jurine), terminé postérieure-
ment en pointe, et laissent la tête, qui est recouverte d'une
espèce de bouclier en manière de bec, à nu. Us ont deux an-
antennes , ordinairement très grandes, en forme de bras,
divisées en deux ou trois branches, à la suite du pédoncule,
garnies de filets, toujours saillantes et servant de rames.
Leurs pieds , au nombre de dix (a) , se terminent par une na-
(i) La première paire de pieds, suivant M. Straus; mais quoique ces
parties en remplissent les fonctions, en servant de rames , je les consi-
dère ae'anmoins comme les analogues des antennes latérales des crus-
tace's supérieurs et des deux supérieures des cyclopes , qui , ici encore ,
concourent, avec les pieds, à la locomotion.
(a) Muller en donne huit aux eylhére'es; mais on peut supposer, par
analogie , qu'il y a erreur ou me'prise.
1D2 CRUSTACÉS 15RANCHJOPODES.
geoire comme digitée ou pectinée, et accompagnée, à l'ex-
ception des deux premiers , d'une lame branchiale (i).
Leurs œufs sont pareillement situés sous le dos ; leur
corps se termine toujours postérieurement en manière de
queue , avec deux soies ou filets au bout. L'extrémité anté-
rieure du corps tantôt se prolonge en manière de bec, tantôt
forme une approche de tète presque entièrement occupée
par un gros œil.
La première division des branchiopodes lophyropes (celle
des careinoïdes) peut se subdiviser en deux, d'après le
nombre des yeux. Les uns en ont deux.
Ici le test recouvre entièrement le thorax; les yeux sont
grands et très distincts; les antennes intermédiaires sont ter-
minées par deux filets ,.
Les Zoes. (Zoea. Bosc. )
Ont les yeux très gros, globuleux, entièrement décou-
verts , et des saillies en forme de cornes sur le thorax.
La Zoé pélagique {Zoe pelagica , Bosc, Hist. nat. des
crust. , II, xv, 3, 4* ) a Ie corps demi transparent, quatre
antennes insérées au-dessous des yeux, et dont les exté-
rieures coudées et bifides; une sorte de long bec sur le
devant du thorax, entre les yeux, et une élévation poin-
tue , longue , rejetée en arrière sur son dos. Les pieds sont
très courts, à peine visibles, à l'exception des deux der-
niers, qui sont alongés ou terminés en nageoire. La queue
est de la longueur du thorax, courbée, de cinq articles,
dont le dernier grand, en croissant, épineux. Ce crustacé
a été trouvé par M. Bosc dans l'Océan atlantique.
Le Monoculus taurus de Slabber ( Microsc, V) et le Can-
cer germanus de Linnœus paraissent avoir des rapports avec
lui (2).
(1) Ce caractère s'applique particulièrement aux daphnies, sous-genre
le plus nombreux de cette division , et par analogie , aux polyphèmes et
aux lyncc'es. »
(2) Voyez l'Hist. nat. des crust. et des insectes de Lalreille , et l'ou-
vrage de M. Desmarets sur ces premiers animaux. On n'a pas encore
décrit d'une manière complète, ou du moins satisfaisante, ce genre, et
nous n'avons pu nous en procurer un seul individu.
SECTION DES LOPHYROPES. I0^>
Les Nébalies. (Nebalia. Leach.)
Ont les yeux triangulaires, aplatis, en partie recouverts
par une écaille triangulaire et voûtée.
Les pieds sont fourchus, et les appendices du bout de la
queue sont en forme de soies (1).
Là, le thorax ou le test, vu en dessus , est divisé en cinq
segments, dont le premier, beaucoup plus grand, porte les
antennes, les yeux et les pieds-mâchoires* dont le second et
le troisième ont chacun unepaire de pieds; dont le quatrième
porte les deux paires suivantes, et le cinquième, la dernière.
Les yeux sont petits et point saillants; toutes les antennes se
terminent par un filet simple.
Les CoNDYLURES. (CONDYLURA. Latl'. )
Les antennes inférieures sont plus longues. Les côtés an-
térieurs du premier segment sont prolongés en pointe, et
forment deux écailles rapprochées en manière de bec. Les
pieds se terminent en pointe soyeuse; quelques-uns des in-
termédiaires ont, comme dans les schizopodes, un appendice
extérieur, près de leur base; la queue est étroite, de sept
anneaux, dont le dernier, alongé, conique, s'avance entre
les deux appendices latéraux, qui sont grêles, en forme de
stylets, de deux articles, dont le dernier soyeux (2).
Nota. Le genre Nicothoë de MM. Audouin et Milne Ed-
wards, dans la supposition qu'il ait des mandibules et des
mâchoires, appartiendrait à cette section; mais comme le
crustacé d'après lequel il a été établi est parasite, et que
j'ai cru y apercevoir les vestiges d'un suçoir, je l'ai placé dans
l'ordre des pcecilopodes. Je remarque néanmoins que les
(1) Nebalia Jlerbstiï, Leach , Zool. miscell. , xlv ; Desmar. , Consid. ,
xl , 5; Ramd, , monoc. ,1,8?
La nélalie ventrue de M. Risso (Journ. de phys. , octobre , 1822) con-
stitue probablement, dans la section des schizopodes, un sous-genre
propre. Dans le cyclops exiliens de Viviani, le tborax est divise' en plu-
sieurs segments, ce qui l'exclut des nébalies. Il forme aussi un nouveau
sous-genre inlerme'diaire entre le précèdent et le suivant.
(2) Condylure de Dorbigny, Lat, , sur les côtes maritimes de La
Flochclle.
l54- CRUSTACÉS BRANCHIOPODES.
pattes, à l'exception des antérieures, ressemblent beaucoup
à celles des cyclopes ; et que les femelles portent aussi leurs
œufs dans deux sacs situés à la base de la queue, de même
que celles des derniers.
Le second de ces naturalistes vient de publier, dans le
tome XIIIe des Annales des Sciences naturelles, de nouvelles
recherches sur les nébalies et les caractères de trois autres
genres nouveaux de crustacés. ÎSotre travail sur les animaux
de cette classe étant terminé au moment où le mémoire de
M. Milne Edwards a été communiqué à l'Académie, et
n'ayant pas alors le temps de revenir sur cet objet, nous
avons renvoyé l'exposition de ces genres, ainsi que de ceux
établis dans la famille des aranéides par M. Savigny , et de
quelques autres introduits récemment par M. le comte Dejean,
dans celle des coléoptères carnassiers, au supplément de cet.
ouvrage. Nous y donnerons aussi les caractères de quelques
autres coupes génériques, établies par MM. Guérin , Lepel-
tier deSaint-Fargeau etServille. Je n'aurais pu les intercaller
dans mon travail sans précipiter un examen, qui doit être
d'autant plus réfléchi , que l'on multiplie plus facilement les
groupes génériques.
Les autres lophyropes de notre première division, et dont
le thorax, ainsi que dans les condylures, est divisé en plu-
sieurs segments, et dont le premier beaucoup plus grand,
ne présentent plus qu'un seul œil , situé au milieu du front ,
entre les antennes supérieures. Tels sont
Les Cyclopes (Cyclops. Mull. ),
Si bien observés par Jurine père et M. Ramdohr. Leur
corps est plus ou moins ovalaire, mollet ou gélatineux , et
se partage en deux portions, l'une antérieure, composée de
la tête et du thorax , et l'autre postérieure , ou la queue. Le
segment précédant immédiatement les organes sexuels, et
qui, dans les femelles, porte deux appendices en forme de
petites pattes ( supports ,fulcra, Jurine. ) , peut être consi-
déré comme le premier de la queue, qui n'est pas toujours
bien nettement ou brusquement distinguée du thorax. Elle
est formée de six serments ou articles; le second porte en
dessous , dans les mâles, deux appendices articulés, tantôt
SECTION DES LOPHYROPES. 1 55
simples, tantôt ayant au côté interne une petite division ou
branche, de formes variées, et constituant en tout ou en
partie les organes de la génération. La vulve est située, dans
l'autre sexe, sur le même article. Le dernier se termine par,
deux pointes ou stylets, formant une fourche, et plus ou
moins garnie de soies ou de filets penniformes. L'autre por-
tion du corps, ou l'antérieure, est divisée en quatre segments,
dont le premier, beaucoup plus grand, compose la tête et une
portion du thorax, qui sont ainsi recouverts par une écaille
commune. Il porte l'œil , quatre antennes, deux mandibules
(mandibules internes, Jurine) munies d'un palpe simple ou
divvsé en deux branches articulées, deux mâchoires (mandi-
bules externes, ou lèvre avec des barbillons , Jurine.) (i) et
quatre pieds divisés chacun en deux tiges cylindriques, gar-
nies de poils ou defiletsbarbusjlapaire antérieure, représen-
tant les secondes mâchoires, diffère un peu des suivantes $
elle est comparée à des espèces de mains par Jurine. Chacun
des trois segments suivants sert d'attache à une paire de pieds,
conformés ainsi que les deux derniers des précédents. Deux
des antennes, supérieures aux autres, sont plus longues, séta-
cées, simples et composées d'un grand nombre de petits arti-
cles; elles facilitent, par leur action, les mouvements du
corps et font presque l'office des pieds. Les inférieures (an-
tennules, Jur.) sont filiformes, n'offrent le plus souvent que
quatre articles, et sont tantôt simples, tantôt fourchues $
elles font, par leurs mouvements" rapides, tourbillonner
l'eau. Dans les mâles, les supérieures ou l'une d'elles seule-
ment (C. Castor.) offrent des étranglements et un renflement,
suivi d'un article à charnière. Au moyen de ces organes ou
de l'un d'eux, ils saisissent soit les dernières pattes, soit le
bout de la queue de leurs femelles, dans leurs préludes amou-
reux, et les retiennentmalgré elles dans des situations appro-
priées à la manière dont ils se fixent. Elles emportent leurs
mâles, lorsqu'elles ne veulent pas d'abord se prêter à leurs
(i) D'après l'ordre successif des parties de la bouche, qui a lieu dans
les crustacés décapodes , la pièce situe'e immédiatement, au-dessous des
mandibules est la languette; mais les dentelures des pièces dont il s'agit
ici indiquent des organes maxillaires. La languette a pu échapper aux re-
gards de cet observateur.
l56 CRUSTACÉS BRA1VCHIOPODES.
désirs. La copulation s'opère comme dans les crustacés pré-
cédents et par des actes prompts et réitérés; Jurine en a vu
trois dans l'espace d'un quart-d'heure. On avait cru jusqu'à
lui que les organes copulateurs des mâles étaient placés aux
antennes supérieures, et cette erreur paraissait d'autant mieux
fondée , que les aranéides présentent des faits analogues. De
chaque côté de la queue des femelles, est un sac ovale, rempli
d'œufs (ovaire externe, Jurine), adhérant par un pédicule
très délié au second segment, près de sa jonction avec la
troisième, et où l'on voit aussi l'orifice du canal déférent de
ces œufs. La pellicule formant ces sacs , n'est qu'une conti-
nuation de celle de l'ovaire interne. Le nombre des œufs
qu'ils contiennent augmente avec l'âge; d'abord bruns ou
obscurs, ils prennent ensuite une teinte rougeâtre, et de-
viennent presque transparents , lorsque les petits sont prêts
d'éclore, mais sans grossir. Isolés ou détachés, du moins jus-
eju'à une certaine époque , le germe périt. Une seule fécon-
dation , mais indispensable, peut suffire aux générations
successives. La même femelle peut faire jusqu'à dix pontes
dans l'espace de trois mois. En n'en comptant que huit , et
en supposant chacune d'elles de quarante petits, la somme
totale des naissances s'élèverait à près de quatre milliards et
demie. La durée du séjour des fœtus dans les ovaires varie
de deux à dix jours , ce qui dépend de la température des
saisons et de diverses autres circonstances. Les sacs ovifères
présentent quelquefois des corps alongés , glandiformes ,
plus ou moins nombreux, et qui paraissent vêtre des réunions
d'animalcules infusoires.
A leur naissance , les petits n'ont que quatre pattes, et leur
corps est arrondi et sans queue. Mùiler avait formé avec ces
jeunes individus son genre amymone (amymone). Quelque
temps après (quinze jours, de février en mars), ils acquièrent
une autre paire de pieds : c'est le genre nauplie (nauplius)
du même; après la première mue , ils ont la forme et
toutes les parties qui caractérisent l'état adulte, mais sous
des proportions plus exiguës; leurs antennes et leurs pattes
sont proportionnellement plus courtes. Au bout de deux
autres mues , ils sont propres à la génération. La plupart de
ces entomostracés nagent sur le dos, s'élancent avec vivacité,.
SECTION DES LOPHYROPES. 1S7
et peuvent se porter aussi-bien en arrière qu'en avant. A
défaut de matières animales, ils attaquent les substances vé-
gétales; mais le fluide dans lequel ils vivent habituellement
ne passe point dans leur estomac. Le canal alimentaire s'é-
tend d'une extrémité du corps à l'autre. Le cœur, dans le
cyclope Castor, est immédiatement situé sous le second
et le troisième segment du corps, et ovalaire; chacune de ses
extrémités donne naissance à un vaisseau, dont l'un va à la
tête et l'autre à la queue. Immédiatement au-dessous de lui
est un autre organe analogue, mais en forme de poire, pro-
duisant aussi, à chaque bout, un vaisseau représentant
peut-être les canaux branehio-cardiaques dont nous avons
parlé en traitant de la circulation des crustacés décapodes. 11
résulterait de plusieurs expériences de Jurine, sur descyclo-
pes alternativement asphyxiés et rappelés à la vie, que dans
cette sorte de résurrection, l'extrémité du canal intestinal et
les supports donnent les premiers signes de vie, et que l'ir-
ritabilité du coeur est moins énergique; celle des antennes,
et plus spécialement de celles des mâles, des palpes et des
pattes ensuite, est inférieure. Lorsqu'on coupe une portion
d'antenne , il ne s'y fait aucun changement; la réintégration
s'effectue sous la peau, puisque cet organe reparaît dans
toute son intégrité à la mue suivante. Le cyclope staphylin
forme, à raison de ses antennes plus courtes, et dont les su-
périeures ont beaucoup moins d'articles que les mêmes des
autres cyclopes , tandis que les inférieures en offrent, au
contraire, davantage; à raison encore de son corps, qui s'a-
mincit graduellement vers son extrémité postérieure, de
manière qu'il semble n'avoir point de queue, du moins
brusquement formée, et que son dessous est armé, dans la
femelle, d'une sorte de corne arquée en arrière, une division
particulière. Le cyclope castor et quelques autres, dont les
antennes inférieures et les palpes mandibulaires sont divi-
sés , au-delà de leur base, en deux branches, peuvent aussi
composer un autre groupe. Celui que M. Leach désigne sous
le nom générique de Calane ( Calanus ) pourrait , en effet ,
former un sous-genre propre, s'il était vrai que l'animai
dont il est le type n'eût point d'antennes inférieures; mais
l58 CRUSTACÉS BRANCHIOPODES.
s'en est-il assuré par lui-même, ou n'en parîe-t-il que d'après
Muller ? c'est ce que j'ignore.
Le Cyclope quadricorne {Monoculus quadricornis , Lin.") •
Mull., Entom., XVM, i -i4 5 Jurine, Monoc, I, II, 111.
a toutes les antennes simples ou sans divisions. Les infé-
rieures ont quatre articles, et leur longueur n'égale guère
que le tiers des supérieures. Le corps proprement dit est
assez renflé et presque ovoïde 5 la queue est étroite et de
six segments. La couleur varie beaucoup; les uns sont
rougeâtres , les autres blanchâtres ou verdâtres. La lon-
gueur totale est de deux lignes. Cette espèce est très
commune (1).
La seconde division générale des brancliiopodes lophyro-
pes, celle où le test est formé de deux valves, réunies par
une charnière ( nos Ostracodes ou l'ordre des ostrapodes
de M. Straus), se compose de deux sous -genres, dont le
premier, celui de cythérée , nous paraît , depuis les belles
recherches de ce savant sur le second, celui de cypris , sol-
liciter , pour que ses caractères ne soient plus équivoques ,
une étude plus approfondie que celle qu'en a faite Muller,
notre unique garant à cet égard. Suivant lui ,
Les Cytherées (Cythere. Mull. — Çytherina. Lam. )
Auraient huit pieds (2) simples et finissant en pointe; et
deux antennes, pareillement simples, sétacées , composées
de cinq à six articles , avec des poils épais.
On les trouve dans les eaux salées et saumâtres des bords
de la mer , parmi les varecs et les conferves (3).
(t) Desmar. , Consid. , pag. 364- V°Ytz-> pour les autres espèces , le
même ouvrage , pag. 36i-j64, liv ; Muller, Entom. , G. cyclops; Ju-
rine, Hist. des monoc. , pag. 1-84 > première famille des monocles à co-
quille univalve; Ramd, monoc. , I, II, III.
(2) Il est probable qu'il n'y en a que six. Voyez, ci-après , l'article
cypris , note (1).
(3) Si ces entomostraces sont uniquement marins , il est naturel que
Jnrine et d'autres observateurs , dont les recherches , à raison des lieux
SECTION DES LOPHYROPES. 1 5g
Les Cypris. (Cypris. Miill.)
N'ont que six pieds (i) 7 et leurs deux antennes sont ter-
minées par un faisceau de soie, en manière de pinceau.
Le test ou la coquille forme un corps ovalaire, comprimé
latéralement, arqué et bombé sur le dos , ou du côté de la
charnière, presque droit et un peu échancré, en manière
de rein, au côté opposé. En avant de la charnière , dans la
ligne médiane , l'œil forme un gros point noirâtre et rond.
Les antennes, immédiatement insérées au-dessous , sont pi us
courtes que le corps , sétacées , composées de sept à huit
articles, dont les derniers plus courts , et terminées par un
faisceau de douze à quinze soies , servant de nageoires. La
bouche est composée d'un labre caréné ; de deux grandes
mandibules dentées, portant chacune un palpe divisé en trois
articles et au premier desquels adhère une petite lame bran-
chiale offrant cinq digitations (2) , et de deux paires de mâ-
choires } les deux supérieures , beaucoup plus grandes, ogt
au bord interne quatre appendices mobiles et soyeux , et au
côté extérieur une grande lame branchialepectinée à son bord
antérieur; Jes secondes sont composées de deux articles,
avec un palpe (3) court, presque conique, inarticulé, soyeux
au bout, ainsi que l'extrémité de ces mâchoires. Une sorte de
sternum comprimé fait l'office de lèvre inférieure (4). Les
de leur résidence , ne pouvaient avoir pour objet que des entomostrace's
d'eau douce , n'aient point parlé des cylhe'rées.
Voyez Mùller , Entom. , genre cythere, et Desmar. , Consid. , pag.
387,388, lv, 8.
(1) Quatre suivant M. Ilamdohr , huit suivant M. Jurine ; le pre-
mier considérant les deux derniers comme des appendices du sexe mas-
culin, et le second prenant les palpes des mandibules et la lame branchiale
de chaque mâchoire supérieure (les deux premiers pieds de sa seconde divi-
sion du corps , ceux qu'il dit n'être composés que d'un seul article , et ter-
minés en cuilier dentelée) pour autant de pieds. Celui-ci ne compte pas
non plus, danscenombre, ceux que le précédent présume être des organes
sexuels ; il les regarde (pag. 161-166) comme des filets de cinq articles,
sortant latéralement de la poche de la matrice, et dont il ignore l'usage.
(2) Lèvre intérieure, Ramdohr.
(3) Fourchu dans les cypris strigata , du même.
(4) Lèvre extérieure, du même.
l6o CRUSTACÉS' BflANCHIOPODES.
pieds sont divisés en cinq articles , dont le troisième re-
présentant la cuisse et le dernier le tarse. Les deux anté-
rieurs sont insérées au-dessous des antennes, beaucoup pins
forts que les autres, dirigés en avant, avec des soies roides,
ou de longs crochets, rassemblés en un faisceau, à l'extré-
mité des deux derniers articles. Les quatre pieds suivants
en sont dépourvus. Les seconds, siLués au milieu du des-
sous du corps, sont d'abord rejetés en arrière, arqués, et ter-
minés par un long et fort crochet, se portant en avant. Les
deux derniers ne se montrant jamais au dehors , se relèvent
et s'appliquent sur les côtés postérieurs du corps , pour sou-
tenir les ovaires, et se terminent par deux très petits cro-
chets (i). Le corps n'offre aucune articulation distincte , et
se termine postérieurement en une espèce de queue , molle,
repliée en-dessous, avec deux filets coniques ou sétacés ,
garnis de trois soies ou crochets au bout, se dirigeant en
arrière et sortant du test. Les ovaires forment deux gros
vaisseaux, simples et coniques, en cul-de sac à leur origine,
situés , sur les côtés postérieurs du corps, au-dessous du
test, et s'ouvrent , l'un à côté de l'autre, à la partie anté-
rieure de l'abdomen, où le canal formé par la qmeue établit
entre eux une communication. Les œufs sont sphériques.
Les pontes et les mues de ces crustacés ne sont pas moins
nombreuses que celle des cyclopes et autres entomostracés,
et leur manière de vivre est la même. Ledermuller dit en
avoir vu d'accouplés. Cependant aucun des naturalistes mo-
dernes qui les ont le plus observés n'a pu découvrir posi-
tivement leurs organes sexuels, ni être témoin de leurs réu-
nions. M. Strausa vu, au-dessous de l'origine des mandibu-
les, l'insertion d'un gros vaisseau conique, rempli d'une
substance gélatineuse , paraissant communiquer avec l'œso-
phage par un canal étroit, qu'il soupçonne être un testicule
ou une glande salivaire. Les individus soumis à cette obser-
vation ayant des ovaires, les cypris seraient, dans la pre-
mière de ces suppositions, hermaphrodites. Mais cela est
(i) Dans la figure de Ramdohr, ces pieds n'ont que trois articles, et le
dernier est un peu dilate' et échâncre au bout, avec un crochet au milieu
de cette e'chan^rure.
SECTION DES LOPHYROJPES. l6l
d'autant plus douteux, qu'il remarque lui-même que les
mâles pourraient bien n'exister qu'à une certaine époque de
l'année, et que le vaisseau dont il parle, communiquant
avec l'œsophage, paraît avoir plus de rapports avec les fonc
tions digestives qu'avec la génération (r).
Suivant J urine, les antennes sont de véritables nageoires,
dont ces animaux développent et réunissent à volonté les
filets, selon le degré de rapidité qu'ils veulent donnera
leur progression ; tantôt ils n'en font paraître qu'un seul, et
d'autres fois ils les éparpillent tous ensemble. Nous pensons
aussi que ces filets et ceux des deuxpattes antérieures peuvent
tout aussi bien concourirà la respiration que ces lames des
mandibules et des deux mâchoires supérieures, que M. Straus
distingue par l'épithète de branchiales. Les dernières où
celles de ces mâchoires me paraissent être un véritable palpe,
mais très dilaté , et les deux autres un appendice des palpes
mandibulaires. ( Voyez Jurine, Hist. des mon., VI, 3. )
D'après le naturaliste genevois précité, ces animaux,
lorsqu'ils nagent, meuvent avec autant de rapidité que les
antennes, leurs deux pattes antérieures, mais lentement,
quand ils marchent sur la surface des herbes marécageuses.
Ces pattes, conjointement avec les deux, terminées par un
long crochet ou les pénultièmes, supportent alors le corps.
11 suppose que celles qui , selon lui , forment la seconde
paire , sont destinées à établir un courant aqueux et à le di-
riger vers la bouche : ce qui assimilerait leurs fonctions à
celles des antennes inférieures, qu'il nomme antennules.
Les deux filets composant la queue se réunissent et semblent
n'en former qu'un seul, lorsqu'ils sortent du test; ilg ser-
vent, à ce qu'il présume, à nettoyer son intérieur. La fe-
melle dépose ses œufs en masse , en les fixant, au moyen
d'un gluten , sur les plantes ou sur la boue. Cramponnée
alors, à l'aide des seconds pieds, et de manière à ne pas
craindre les secousses de l'eau, elle emploie environ douze
heures dans cette opération, qui, dans les plus grandes
espèces , fournit jusqu'à vingt-quatre œufs. Il a recueilli de
■ .ii M ... .
(i) Voyez le canal alimentaire de la daphnia pulex , figure' par Jurine,
X, 7 , et Ramdohr, Monoc , tab. v, 1 1 , d , d et x.
TOME IV. Il
y
l62 CHUSTACÉS BR A NCHIQPODES.
ces paquets d'ceufs, à leur sortie, et après les avoir isolés,
il en a vu éclore des petits, et il a obtenu une autre généra-
tion sans l'intervention des mâles. Une femelle qui avaitfait
sa ponte le 12 avril, a, jusqu'au 18 mai suivant inclusive-
ment , changé six fois de peau. Le 27 du même mois , elle a
fait une seconde ponte, et deux joursaprès, ou le 29, une
troisième, il en conclut que le nombre des mues de l'en-
fance est en rapport avec le développement graduel de l'in-
dividu; que ce développement ne peut se manifester que
par la séparation générale d'une enveloppe devenue trop
petite pour loger l'animal , et que celui-ci a pour limite une
grandeur déterminée qu'il lui faut atteindre (1).
Les lopliyi opes de notre troisième division (nosCLADOCÈBES
ou les daphnides de M. Straus), composent, dans l'histoire
desmonoclesde Jurine sa seconde famille. La forme de deux
de leurs antennes , qui ressemblent à deux bras ramifiés et
servant de rames , la faculté qu'ils ont de sauter , ont valu à
Tune des espèces des plus communes, la dénomination de
puce aquatique arborescente.
Le premier de ces naturalistes, qui nous a donné une
excellente monographie des daphnies, sous -genre de cette
division, en a établi deux nouveaux, l'un sous la dénomi-
nation de Latone (Latotia), ayant pour caractère d'avoir
les antennes en forme de rames, divisées en trois branches,
d'un seul article (2) ; et l'autre, celui de Sida (Sida), se
rapprochant des sous-genres connus de la même division à
l'égard des mêmes antennes , divisées seulement en deux
branches, mais dont l'une n'a que deux articles, et l'autre
trois'(3). Suivant lui, les daphnies se distingueraient des pré-
cédents et des lyncées, en ce que l'une des deux branches
(1) Voyez Mùller, Entom. , genre cypris; Jurine, Hist. des monoc. ,
seconde divis. , nioro à coquille bivalve, pag. 159-179, xvn-xix ; Ratnd. ,
Mon., iv; Straus, Mém. du mus. cl'hist. nat., vu, ij Desmar., Cousid.,
pag. 38o-386 , lv, 1-7. M. Desmarest ( Crast. fossil. , xi, 8) en a figure'
une espèce fossile, qu'il nomme cypris jève, Irouve'e en grande abon-
dance près de la montagne de Gergovie , département du Puy-de-Dôme,
et à la balme d1 Allier, entre Yichy-Les-Bains et Cussac.
(2) D aphnia seiifera , Mùller, Entom.
(3) Daphnia cristallinu , ejusd. , ibid.
SECTION DES LOPHMOPES. l()5
des rames se composerait de trois articles et l'autre de qua-
tre. Cependant, selon Jurine (Hist. des mon., pag. 92),
chaque branche serait compose'e de trois articulations; mais
il paraît qu'il n'a p,as tenu compte du premier, à la vérité
très court, de la branche postérieure (1). Le dernier , dans
tous ces lophyropes, est terminé par trois filets, et chacun
des précédents en jette un autre ; ces filets sont simples ou
barbus. 11 existe aussi deux autres antennes, mais très cour-
tes, surtout dans les femelles, situées à l'extrémité anté-
rieure et inférieure de la tête, et qui n'ont un seul article,
avec une ou deux soies au bout.
Les Polyphèmes. (Polyphemus. Mûll. )
Ont, de même que les daphnies et les lyncées, leurs an-
tennes en forme de rames, divisées en deux branches; mais
chacune d'elles est composée de cinq articles. Déplus, leur
tête, très distincte et arrondie, portée sur une espèce de
cou, est presque entièrement occupée par un grand œil.
Leurs pattes sont entièrement à découvert.
On n'en connaît encore qu'une seule espèce, le poly-
phème des étangs (2).
Selon Jurine, les pattes ne ressemblent en rien aux mo-
nocles de cette division. Elles se composent d'une cuisse,
d'une jambe , d'un tarse de deux articles , et de l'extrémité
duquel sortent, celui* de la dernière paire excepté, quel-
ques petits filets. De l'extrémité antérieure de la tête sail-
lent deux petites antennes , d'un seui article, terminé par
deux filets. La coquille est tellement transparente, qu'on
peut distinguer tous les viscères! La matrice, lorsqu'elle
est pleine d'œufs, occupe la majeure partie de son intérieur.
Leur nombre, dans les fortes pontes, n'excède pas celui
de dix» Lorsqu'on suit le développement graduel des
fœtus, on est frappé de la prompte, apparition de l'œil,
(1) M. Ramdolu Ta rendu dans les figures 11 et vu, lab. v, de ces
antennes.
(p.) Monoculus pediculus , Lin ; Deg. , Insect. , VII, xxvm, 6-1 3;
Polyphemus oculus , Mûller , entoin. xx, 1 -5 ; Cephaloculus stagne-
zuaz, Lam. ; Jurin. , Monoc. , xv? i-3 ; Desmar., Consid. , liv, i, 2.
11*
l64 CRUSTACÉS BRANCHTOPODES.
coniparativement à celle des autres parties du corps. Il est
d'abord verdâtre et ne passe qu'insensiblement au noir foncé.
L'abdomen , après s'être contourné sur lui-même, de der-
rière en avant , se replie subitement en arrière pour former
une longue queue, grêle , pointue, de laquelle sortent deux
longs filets articulés. L'animal nage toujours sur le dos et
le plus souvent horizontalement , communiquant à ses bras
ou rames, et à ses pattes des mouvements vifs et répétés ; il
exécute, avec beaucoup de prestesse et d'agilité, toutes sortes
d'évolutions. 11 est sujet, dans sajeunesse et après sespremiè-
resmues, àlamaladiedela selle {vqy. ci-après); mais cette selle
a toujours une figure déterminée, et ne renferme jamais les
deux boulesovales qu'elle présente dans les daphnies. Réduit
en captivité , ce crustacé ne vit pas long-temps, et les petits ne
peuvent s'élever, du moins Jurine n'a-t-il pu les conserver
après les premières mues, ni observer la suite de leurs géné-
rations. Il n'a reconnu de mâles dans aucun des individus
qu'il a gardés.' À la vérité, il n'a pu s'en procurer qu'une
petite quantité, cette espèce étant rare dans les environs
de Genève j mais il paraît qu'elle est très commune dans les
marais et les étangs du Nord , et qu'elle y forme des attrou-
pements considérables.
Les Daphnies. (Daphnia. Mùll.)
Ont leurs rames toujours découvertes jusqu'à leur base ou
l'origine de leur pédondule, aussi longues ou presque aussi
longues que le corps, divisées en deux branches, dont la
postérieure de quatre articles, avec le premier très court"*,
et l'autre ou l'antérieur de trois; leur œil est petit ou en
forme ne point, et si l'on en excepte quelques espèces, l'on
ne voit point, comme dans les lyncées, en avant de lui ,
une petite tache noire, en forme de point, que Millier avait
prise pour un second œil (i).
Quoique l'organisation de ces crustacés semble, par l'ex-
(i) C'est aussi le sentiment de Ramdolir , Monoc. , pi. v, fig. n et
m , 6 ; et comme il Ta découvert dans la daphnia sima , il serait possible
que ce caractère fût commun, quoique peu sensible dans diverses espèces,
à ce sous-genre et aux lyncées. Schœi'fer avait déjà observé celte tache.
SECTION DES LOPHYROPES. l65
tréme petitesse de ces animaux, devoir se soustraire aux re-
gards de l'observateur, il n'en est guère cependant de mieux
connue. Sans parler de ceux qui se sont spécialement occu-
pés de recherches microscopiques, quatre naturalistes des
plus profonds, Schaeffer, Ramdohr, Straus , Jurine père,
mais surtout le troisième , ont étudié ces animaux avec l'at-
tention la plus scrupuleuse. Si quelques détails d'organisa-
tion ont échappé au dernier, les recherches de MM. Ramdohr
et Straus y suppléent ; Jurine, d'ailleurs, complète les obser-
vations de ceux-ci sous le rapport des habitudes, qu'il a long-
temps suivies et très bien observées. La bouche est située en
dessous, à la base dubecj nous considérons, avec M. Ramdohr,
comme un chaperon de forme alongée, la portion inférieure
de la tête, queM. Straus appelle labre, et nous appliquerons
cette dernière dénomination à la partie qu'il nomme lobule
postérieur du labre. Immédiatement au-dessous sont deux
mandibules (mâchoires intérieures, Ramd.) très fortes,
sans palpes, dirigées verticalement et appliquées sur deux
mâchoires (i) horizontales, terminées par trois épines ro-
bustes, cornées, en forme de crochets recourbés. Viennent
ensuite dix pattes, ayant toutes le second article vésiculeux;
les huit premières se terminent par une expansion en forme
de nageoire, garnie sur ses bords de soies ou de filets barbus,
disposés en manière de couronne ou de peigne; les deux anté-
rieures paraissent plus spécialement propres à la préhension:
aussi M. Ramdohr les prend-il pour des palpes doubles (l'ex-
terne et l'interne) : ce sont les mêmes pièces que Jurine ap-
pelle ailleurs (cyclopes) des mains. Dans les figures qu'ils
en ont données , les soies terminales paraissent être
barbues : nous ne voyons pas dès lors pourquoi ces appen-
dices ne pourraient pas servir à la respiration, propriété (2)
(1) Les mâchoires extérieures, dans la nomenclature de M. Ramdohr.
Jurine n'ayant pas détaché ces parties des précédentes, a suppose' que
celles - ci étaient accompagnées d'une espèce de souspape et d'un palpe.
Hist. des monoc. , IX , fig. 13-17.
{2) Suivant M. Straus, les cypris et les cythérées ne sont point de
véritables branchiopodes , attendu que leurs pattes n'ont point de bran-
chies ; mais , comme nous l'avons déjà observé , les soies ou poils des
l66 CRUSTACÉS BRANCHrOPODES.
que M. Stvaus n'accorde qu'aux suivantes , parce que celles-
ci ont de plus au côté interne une lame qui , à l'exception
des deux dernières, est bordée d'une rangée de soies, en
manière de peigne, et pareillement barbue, à en juger d'a-
près les figures de Jurine et M. Ramdohr. Les deux dernières
pattes ont une structure un peu différente, et M. Ramdohr
les distingue sous le nom de serres. L'abdomen , ou le corps
proprement dit, est divisé en huit segments, parfaitement
libre entre ses valves, grêle , alongé, recourbé en-dessous à
son extrémité, et terminé par deux petits crochets dirigés
en arrière. Le sixième segment présente en-dessus une rangée
de quatre mamelons, formant des dentelures, et le quatrième
une sorte de queue (i). Les ovaires sont placés le long des
côtés, entre ce segment et le premier, et s'ouvrent séparé-
ment près du dos, dans une cavité (matrice, Jurine) située
entre la coquille et le corps, où les œufs restent quelque
temps après îa ponte. *
Millier a donné le nom d'ephippium ou de selle à une
grande tache obscure et rectangulaire qui, à certaines épo-
ques de l'année et surtout en été , se montre, après la mue
des femelles, à la partie supérieure des valves de la coquille,
et que Jurine attribue à une maladie. Selon M. Straus , cet
ephippium présente deux ampoules ovalaires , transpa-
rentes, placées l'une au-devant de l'autre, et formant avec
celles du côté opposé deux petites capsules ovales, s'ouvrant
comme une capsule bivalve. Il se partage, ainsi que les valves
dont il fait partie, en deux moitiés latérales, réunies par
une suture le longdeleur bord supérieurs; son intérieur en
offre un autre semblable, mais plus petit, à bords libres ,
si ce n'est le supérieur, qui tientaux valves, et dont lesdeux
moitiés jouant en charnière l'une sur l'autre, présentent
les mêmes ampoules que les battants extérieurs. Chaque
capsule renferme un œuf à coque cornée et verdâtre , sem-
deux antérieures et celles des antennes , pourraient, tout aussi bien que
celles des palpes et des premières mâchoires , remplir les fonctions
branchiales.
(i) Nous omettons d'autres de'Lails d'organisation, parce que les uns
ne peuvent être saisis qu'au moyen de figures , et que les autres paraissent
être communs à la plupart des branchiopodes.
SECTION DES LOPHYROP13S. 167
Llable, du reste, aux œufs ordinaires, mais demeurant
plus long-temps à se développer et devant passer l'hiver
sous cette forme. A l'époque de la mue, l'éphippium, ainsi
que ses œufs, est abandonné avec la dépouille dont il fait
partie : elle sert d'abri à ces œufs pendant le froid. La cha-
Jeur du printemps les fait éclore, et il en sort des petits abso-
lument semblables à ceux que donnent les œufs ordinaires.
Schasffer a dit qu'ils peuvent rester fort longtemps dans
l'état de dessiccation sans que le germe soitaltéré; mais aucun
de ceux que M. Straus a conservés dans cet état n'est éclos.
lissont absolument libres, ou sans adhérer les uns aux autres,
dans les cavités qui leur sont propres. Selon Jurine, ils peu-
vent, en été, éclore au bout de deux ou trois jours. Sous le
climat de Paris , où M. Straus les a observés à toutes les
époques de l'année , il faut au moins cent heures. Le
fœtus, vingt heures après la ponte, n'offre qu'une masse
arrondie et informe, sur laquelle on remarque, quand on
l'examine de près, les rudiments obtus des bras, en forme
de moignons très courts et imparfaits, collés contre le corps ;
la tête ni l'œil ne sont visibles ; le corps, vert ou rougeâtre,
et ponctué de blanc comme les œufs , ne fait encore aucun
mouvement. Ce n'est qu'à la quatre-vingt-dixième heure ,
et lorsque l'œil a paru, que les bras et les valves se sont
alongés, que le fœtus commence à se mouvoir- À la centième
heure, il est déjà très actif; enfin à la cent dixième , il ne
diffère du petit venant de naître, qu'en ce que les soies des
rames sont encore collées contre leur tige, et que la queue
des valves est fléchie en dessous et reçue entre les bords
inférieurs de ces pièces. Vers la" fin du cinquième jour , la
queue, qui termine les valves dans le jeune âge, et les soies
des bras, se débandent comme un ressort, et les pattes com-
mencent alors seulement à s'agiter.. Les petits étant en état
de paraître au jour, la mère abaisse aussitôt son abdomen ,
et ils s'élancent au dehors. Des œufs nouvellement pondus
et placés 4ans un bocal , où M. Straus les a suivis, se sont
développés de la même manière. Jurine nous a aussi donné,
sur les changements progressifs des fœtus des daphnies, des
observations analogues, mais faites en hiver; et comme les
petits ne sont écios que le dixième jour, il a eu l'avantage
l68 CRUSTACÉS BRAWCHIOPODES.
de pouvoir mieux saisir et préciser ces développements. Le
premier jour, l'œuf présente une bulle centrale, entourée
d'autres plus petites, avec des molécules colorées dans les
intervalles. Ces molécules et ces bulles paraissent destinées
à former, en s'agglomérant , en se rapprochant du centre et
finissant par disparaître, les organes. Le sixième jour, la
forme du fœtus commence à se prononcer ; le septième, l'on
distingue la tête et les pattes ; le huitième , l'œil paraît ainsi
que l'intestin; le suivant, l'on commence à distinguer le
réseau de cet œil; les bulles ont presque entièrement disparu,,
à l'exception de la centrale, qui occupe le canal alimentaire,
sous le cœur; le dixième, le développement du fœtus est
terminé, le petit sort de la matrice, et reste un moment
immobile.
Les mâles, du moins dans les espèces observées par
M. Straus, sont très distincts des femelles. La tête est pro-
portionnellement plus courte ; le bec est moins saillant ; les
valves sont moins larges et moins gibbeuses supérieurement
et baillantes en devant , de sorte qu'elles présentent en cette
place une large ouverture presque circulaire. Les antennes
sont beaucoup plus grandes, offrent l'apparence de deux cor-
nes dirigées en dessous, et que Millier a considérées comme
les organes sexuels de ce sexe. M. Straus n'a pu découvrir ces
parties sexuelles; mais il a remarqué que l'onglet terminant
le dernier article des deux pattes antérieures (les secondes,
en supposant que les rames soient les premières) est beau-
coup plus grand que dans la femelle, qu'il a la forme d'un
très grand crochet , «fortement recourbé en dehors, et que la
soie du troisième article est également beaucoup plus lon-
gue; ces crochets lui servent à saisir la femelle. Les mame-
lons du sixième segment de l'abdomen sont beaucoup moins
sensibles et sous la forme de tubercules, dans le premier âge.
Aux antennes inférieures près, plus longues dans les mâles,
les deux sexes se ressemblent presque, et les deux valves de
leur coquille se terminent, dans l'un et l'autre, par un stylet
dentelé en dessous , arqué vers le bas et d'une longueur éga-
lant presque celle des valves. À chaque mue, ce stylet se rac-
courcit, de sorte qu'il ne forme plus, dans les adultes,
qu'une simple pointe obtuse.
SECTION DES LOPHYUOPES. 469
Les mâles sont très ardents à la poursuite de leurs femel-
les et souvent du même individu.
Un seul accouplement féconde la femelle pour plusieurs
générations successives et jusqu'à six au moins, ainsi que
l'a constaté Jurine. M. Straus remarquant que les orifices
des ovaires sont placés très profondément sous les valves, et
que dès lors aucune partie du corps du mâle ne pourrait y
atteindre, soupçonne qu'il n'existe point chez lui d'organe
copulateur, et qu'il se borne à lancer la liqueur fécondante
sous les valves de la femelle, d'où elle s'introduit dans les
•ovaires; mais l'analogie semble repousser une telle conjec-
ture (1). Jurine a vu leur accouplement, qui dure au plus
de huit à dix minutes. Le mâle, placé d'abord sur le dos de
la femelle, la saisit avec les longs filets de ses pattes anté-
rieures; se portant ensuite vers le bord inférieur de la co-
quille de celle-ci , et approchant la sienne de son ouverture,
il y introduit ces filets , ainsi que les crochets ou harpons
de ces pattes. Il rapproche ensuite sa queue de celle de sa
compagne, qui d'abord se refuse à ses désirs, court avec
une grande vitesse, le transportant avec elle, mais qui finit
par céder. De petits corps, en forme de grains colorés en
vert, en rose ou en brun , selon les saisons, composant les
ovaires, remontent graduellement dans la matrice et y de-
viennent des œufs. Jurine observe que les mâles de la ( D.
puce) sont en petit nombre, comparativement à celui des
femelles; qu'au printemps et en été, on n'en trouve que
difficilement , tandis qu'ils sont moins rares en automne.
Environ huit jours après leur naissance, les jeunes daph-
nies changent pour la première fois de peau , et continuent
ensuite la même opération , tous les cinq à six jours, selon
le plus ou moins d'élévation de la température; non seule-
ment le corps et les valves , mais encore les branchies et les
soies des rames se dépouillent de leur épidémie. Ce n'est
qu'à la troisième mue que ces crustacés commencent à pro-
duire. Leur ponte n'est d'abord que d'un seul œuf, puis de
deux ou trois, et augmente progressivement, et va même
jusqu'à cinquante-huit dans une espèce ( D. magna). Un
(1) Voy, Jurine, Hist. des mon. , pag. 106 et suiv.
I70 CRUSTACÉS BHANCHIOPODES.
jour après Ja ponte, la femelle change de peau, ei l'on
trouve dans les téguments qu'elle abandonne, les coques
des œufs de sa dernière ponte. Un moment après, elle en
fait une nouvelle. Les jeunes d'une même portée, sont
presque toujours du même sexe, et il est assez rare de trou-
ver dans une portée de femelles deux ou trois mâles, et vice
versa. Mais sur cinq à six portées des mois d'été, il s'en
trouve au plus une de mâles. On rencontre souvent des in-
dividus dont les téguments sont d'un blanc laiteux , opaque
et épaissi , sans que pour, cela ils en paraissent affectés ;
au renouvellement de leur test, on n'aperçoit sur lui que
de légères traces de cette altération, et qui se manifestent
par des rugosités»
Ces crustacés cessent de se reproduire et de muer aux ap^
proches de l'hiver, et finissent par périr avant le commeu-
cementdes gelées. Les œufs contenus dans les ephippiums, et
qui avaient été pondus pendant l'été, éclosent dès les pre-
mières chaleurs du printemps suivant ; bientôt les mares
sont de nouveau peuplées d'une infinité de daphnies. Plu-
sieurs naturalistes ont attribué la couleur sanguine que ces
eaux prennent quelquefois, à la présence de myriades de la
D. puce ; mais M. Straus dit n'avoir jamais observé ce fait,
et que cette espèce est en tout temps peu colorée. Le matin
et le soir, et même pendant le jour, lorsque le ciei est cou-
vert, les daphnies se tiennent habituellement à leur surface.
Mais dans les grandes chaleurs, et lorsque le soleil donne
avec ardeur sur les mares ou eaux stagnantes qu'elles habi-
tent, elles s'enfoncent dans l'eau, et se tiennent à six ou
huit pieds de profondeur ou davantage ; souvent on n'en
voit pas une seule à la surface. Elles nagent par petits bonds,
plus ou moins étendus , suivant que leurs rames sont plus
ou moins longues , et que le bouclier recouvrant le devant
de leur corps déborde plus ou moins , la grandeur de cette
saillie pouvant gêner leurs mouvements. Au témoignage de
M. Straus, leur nourriture consiste exclusivement en petites
parcelles de substances végétales, que ces animaux trouvent
au fond de l'eau, et très souvent en conferves. Ils o*nt con-
stamment refusé les substances animales qu'il leur a offertes.
Il leur a souvent vu avaler leurs propres excréments, en-
SECTION DES LOPHYROPES. 1 7 1
traînés par îe courant d'eau que produit l'action de leurs
pattes, et qui porte leur aliment ordinaire vers leur bou-
che. Les crochets qui terminent l'extrémité de leur queue
leur servent à nettoyer leurs branchies.
La Daphnie puce, la plus commune de toutes {Monoculus
puteXy Lin.)- Pulex aquaticus arborescens , Swamm., Bib.
nat. , xxxi ; le Perroquet d'eau , Geoff. , Hist. ins. , 11 ,
pag. 455; Scbaeff., Die Griin., ai m., Polyp. , 1 755, I, 1-8;
Straus. , Mera. du Mus. d'hist. , V , xxix, 1 — 10 ; Jurin.,
Mon., vni — xi, a, selon M. Straus , le bec grand', convexe;
les soies des rames plumeuses ; le premier mamelon du
sixième segment en languette; les valves dentelées au bord
inférieur, terminées par une queue courte, obtuse dans les
femelles. Ce dernier caractère la distingue d'une autre
espèceavec laquelle on l'a confondue , la D. longue épine
( D. longispina , Str. , Deg. insect, VII, xxvn, 1 — 4)« La
femelle est longue de quatre millimètres (1).
Le dernier sous-genre des lophyropes est celui de
Lyncee ( Lynceus. Mùil. — Chilodorus. Leach. ),
Qui ne se distingue guère du précédent que par ses rames,
évidemment plus courtes que la coquille, et dont la por-
tion inférieure ne fait point ou presque pas de saillie. Selon
M. Straus, les articulations de leurs branches seraient plus
nombreuses que dans les sous-genres précédents. Tous ont
au-devant de leur œil une petite tache qui a l'apparence
d'un autre œil. Le bec est proportionnellement plus pro-
longé que celui des daphnies , courbé et pointu (2).
La seconde section des branchiopodes, celle des Phyllo-
pes (Phytlopa) , est distinguée, ainsi que nous l'aVons dit,
de la première, à raison du nombre des pieds, qui est au
moins de vingt (3) et de la forme lamellaire ou foliacée de
(1) Voyez , pour les autres espèces , le Mémoire précité de M. Straus ;
Mùller , Entom., et Juriue, Hist. des monocles, seconde famille „ pag
1 85-58, et pag. 181-200. Voyez aussi,' pour les D. sima et longispina ,
Ramd. , Monoc. , v-vn,
(a) Voyez Millier , Entom., G. lynceus; Juriiie, Monoc. , pag. i5i-
i58, et Desmar. , Consid. , 375-878.
(3) Ces animaux représentent, dans la classe des crustacés , les myria-
podes de celle des insectes.
172 CIIUSTACÉS BRANCHIOPODES.
leurs articles. Les yeux sont toujours au nombre de 'deux,
et quelquefois pédicules: plusieurs encore ont un œil lisse.
Ces crustacés se distribuent dans deux grouppes princi-
paux.
Les uns (Ceratophthalmes, Ceratophtlialma , Lat.) ont dix
paires de pattes au moins et vingt-deux au plus, sans corps vé-
siculaire à leur base, et dont les antérieures, jamais beaucoup
plus longues que les autres, ni ramifiées. Leur corps est ren-
fermé dans un test en forme de coquille bivalve, ounu, avec
les divisions thoraciques portant chacune une paire de pattes
à découvert. Les yeux sont tantôt sessiles, petits et très rap-
prochés; tantôt, et le plus souvent, situés à l'extrémité de
deux pédicules mobiles. Les œufs sont intérieurs, ou exté-
rieurs et renfermés dans une capsule de la base de la queue.
Ici les yeux sont sessiles, immobiles, et le corps est ren-
fermé dans un test ovale, ayant la forme d'une coquille
bivalve ; les ovaires sont toujours intérieurs. Tels sont
Les LiMNADIES. (LlMNADIA. Adolp. Bl'ODg. )(l)
Qui se lient tellement avec les précédents que la seule espèce
connue avait été placée parmi les daphnies par Hermann fils.
Le test est bivalve, ovale, et renferme le corps, qui est alongé,
linéaire et infléchi en avant. A la tête, se confondant pres-
que avec lui , sont: i° deux yeux placés transversalement et .
très rapprochés; i° quatre antennes , dont deux beaucoup
plus grandes, composées chacune d'un pédoncule de huit
articles, et de deux branches ou filets, sétacées, divisées en
huit articles, et un peu soyeuses, et dont les deux autres et
intermédiaires, petites, simples, élargies à leur extrémité;
3° la bouche, située au-dessous, consistant en deux mandi-
bules renflées, arquées et tronquées à leur extrémité infé-
rieure, eten deux mâchoires foliacées. Ces parties forment,
réunies, une sorte de bec inférieur. Le corps proprement
dit est divisé en vingt-trois segments, portant chacun, à
(1) Dans mon ouvrage sur les familles naturelles du règne animal, ce
sous-genre compose, avec celui dapus, ma famille des aspidiphores ;
il se rapproche de celui-ei par le nombre des pattes, et des daphnies par
le test.
SECTION DES PHYLLOPES. I70
l'exception du dernier , une paire de pattes branchiales.
Toutes ces pattes sont semblables , très comprimées, bifides,
avec la division extérieure simple , ciliée au bord extérieur,
et l'autre quadriarticulée et fortement ciliée au bord interne.
Les douze premières paires sont de même longueur et plus
grandes que les au très; la longueur de celles-ci diminue pro-
gressivement. La onzième paire et les deux suivantes ont à
leur base un fiiet mince, remontant dans la cavité qui est
entre le dos et le test, et sert de support aux œufs. Le der-
nier segment ou la queue se termine par deux filets. Les
ovaires sont intérieurs et situés sur les côtés du canal intes-
tinal , depuis la base de la première paire de pieds jusqu'à
la dix-huitième , et leur issue paraît être située à la racine
de quelques-uns d'entre-eux. Les œufs, après la ponte, oc-
cupent la cavité dorsale, dont nous avons parlé, et y sont
attachés au moyen de petits filets, adhérant eux -même à
ceux de6 supports. Ils sont d'abord ronds et transparents ;
ils prennent ensuite une teinte jaunâtre , qui s'obscurcit
après au centre, et leur figure devient irrégulière et angu-
laire.
Tous les individus observés par \I. Adolphe Brongniart,
en étaient pourvus. Les mâles , supposé qu'il en existe, ne
paraissent pas à la même époque que les femelles , c'est-à-
dire au mois de juin , et sont inconnus.
La Limnadie d'Hermann {Limnadia Hermani , Adol.
Brong. , Mém. du mus. d'hist. natur. , VI, xm ; Daphnia
gigas , Herm., Mém. apterol , V. ) a été trouvée en grand
nombre dans les petites^mares de la forêt de Fontainebleau.
. Là, chaque œil est situé à l'extrémité d'un pédicule , formé
par le prolongement latéral et en forme de c%rne de chaque
côté de la tête. Le corps est nu, sans test, etannelédans toute
sa longueur. Les femelles portent leurs œufs dans une cap-
sule alongée située vers la base de la queue, dans ceux où.
il se termine ainsi, ou à l'extrémité postérieure du corps et
du thorax, dans ceux où il n'y a point de queue.
Ceux-ci ont une queue.
Les Artemies. ( Artemia. Leach. )
Dont les yeux sont portés sur de très courts pédicules 5
J *j[\. CKUSTA.CÉS BRANCHIOPODES.
dout.la tête se confond avec un thorax ovale, portant dix
paires de patte?, et terminé par une queue longue et pointue.
Leurs antennes sont courtes et subulées.
\J Artémie saline ( Cancer salinus. Lin.), Montag.j Trans.
soc. linn. , XI , xiv, 8-io;'Gammarus salinus, Fab.; Desm.,
Consid. , pag. 3q3, est un très petit crustacé , que l'on
trouve communément dans les marais salants de Lyming-
ton; en Angleterre, lorsque l'évaporation des eaux est
très avancée, mais sur lequel nous n'avons encore que
des renseignements très imparfaits.
Les Branchipes. (Branchipus. Lat. — Chirocephalus. Bénédict
Prévost. Jurin. )
Ont les yeux portés sur des pédicules très saillants, le
corps étroit, alongé et comprimé 5 la tête distincte du tronc,
diversement appendicée selon les sexes, avec deux saillies
en forme de cornes entre les yeux ; onze paires de pattes ,
et la queue terminée par deux feuillets plus ou moins alon-
gés et bordés de cils.
Quoique Schœffer et Bénédict Prévost (1) aient donné
des monographies très détaillées sur deux espèces de ce
genre , ces travaux néanmoins sont encore imparfaits,
quanta la connaissance approfondie et comparative de l'or-
ganisation buocale et de quelques autres parties de la tête.
Considérés dans les deux sexes, ces animaux nous pré-
sentent les généralités suivantes : le corps est presque
filiforme, composé d'une tête distincte du tronc par une
espèce de cou • d'un tronc 011 Uiorax creux: en dessous
dans sa longueur , divisé , du moins en dessus , le cou non
compris, en offze segments, portant chacun une paire de
pattes branchiales, très comprimées, généralement com-
posées de trois articles lamellaires, avec les bords garnis
d'une frange de poils ou filets barbus; et d'une queue alon-
gée, allant en pointe, de neuf segments, terminée par deux
feuillets plus ou moins alongés, bordé de cils. Le dessous
(1) Mémoire sur !e cliirocc'pliale , imprime' à la suite de l'Histoire des
monocles de feu Louis Juriue , et qui avait déjà paru dans le Journal de
physique.
SECTION DES PIIYLLOPES. 1 j5
de son second segment présente les organes sexuels mas-
culins, et dans la femelle un sac alongé , contenant les
œufs qu'elle est près de pondre. La tête offre, i° deux yeux
à réseau écartés , situés à l'extrémité de deux pédoncules
flexibles, formés par des prolongements latéraux de la tête ;
2° deux antennes au moins , frontales , guères plus longues
que la tête , menues , filiformes , composées de très petits
articles^ 3° deux saillies, au-dessous d'elles, tantôt en forme
de cornes et d'un seul article, tantôt digitifoimes ( le pre-
mier doigt des mains, Bénéd. Prévost ) , de deux articles ;
4° une bouche inférieure, composée de deux sortes de
mandibules dentées, sans palpes, et de quelques autres
pièces. ' Nous présumons que ces saillies en forme de
cornes ne sont qu'un appendice ou division , mais plus
grand, et autrement conformé dans les mâles, des an-
tennes frontales ; les deux autres antennes peuvent man-
quer ou s'oblitérer dans les femelles , et former dans
l'autre sexe de l'une de ces espèces ( Chirocéphale dia-
phane, Prévost ) ces singuliers tentacules, appendices et
dentés, en forme de trompe mollasse, pouvant se rouler
en spirale , que Bénédict Prévost désigne sous le nom de
doigts des mains. Il est probable que la bouche a ainsi que
dans les apus , deux paires de mâchoires, une languette et
un labre, mais dont les formes et les situations respectives
n'ont pas encore été bien reconnues. 11 me paraît hors de
doute qne cette pièce , en forme de bec , dont parle Schif-
fer, et que M. Prévôt appelle soupape, ne soit le labre;
que les quatre corps ou mamelons placés sur les côtés et
mentionnés par le premier ne soient les mandibules et les
deux mâchoires supériei res ; et que les pièces, considé-
rées par le second comme des barbillons ne soient aussi
maxillaires. Les deux panières pattes , qui, suivant Schaef-
fer, ne sont composées que de deux articles, et dont le
dernier allant en pointe, représenteraient les deux premiers
pieds-mâchoires des crustacés décapodes , et les deux gran-
des pattes antenniformes des apus. {Voyez la ire partie des
Mémoires'sur les animaux sans vertèbres, de M. Savigny.)
Les principaux organes sexuels masculins, ou du moins
ceux que l'on regarde comme tels , consistent en deux
176 CRUSTACÉS BRANCHIOPODES.
corps conoïdcs, Inarticulés et ne sortant que par la pres-
sion ( Schaeffer ), situés sur le dessous du second anneau ,
et auquel aboutissent- des vaisseaux, partant du premier.
M. Prévost présume que les deux vulves delà femelle sont
à l'extrémité de la queue, mais ne donnent point issue aux
œufs. Cette issue (deux ouvertures, selon Schaeffer) est
au second anneau, et communique intérieurement avec le
sac renfermant les œufs et servant de matrice extérieure.
Mais nous ne connaissons aucun crustacé dont les organes
sexuels féminins soient placés à l'extrémité postérieure du
corps, et dès lors cette opinion, nous paraît peu fondée. ;
Les observations de Schaeffer sur les poils des pattes de
ces crustacés nous montrent qu'ils sont autant de canaux
aériens , et la surface même des pattes dont elles se compo-
sent , paraît absorber une portion de l'air, qui s'y attache
sous la forme de petites bulles.
Le Chirocéphale diaphane de Bénédict Prévost , et qui
nous semble avoir les plus grands rapports avec- notre bran-
chip e des marais, si toutefoismême il en diffère, a en sortant
de l'œuf, le corps partagé en deux masses à-peu-près
égales, et presque globuleuses. La première offre un œil
lisse, deux antennes courtes, deux très grandes rames
ciliées au bout, et deux pattes assez courtes, grêles, de
cinq articles. A la suite delà première mue, les deux yeux
composés paraissent , le corps 's'est alongé postérieure-
ment, et se termine en une queue conique, articulée ,
avec deux filets au bout. Les mues suivantes développent
graduellement les pattes, et les rames s'évanouissent. La
soupape, qui dans le jeune âge s'étend jusque sur le
ventre et le recouvre, diminue aussi à proportion.
Les branchipes se trouvent, et ordinairement en grande
abondance , dans les petites mares d'eau douce et trouble ,
et souvent dans celles qui se forment à la suite des grandes
pluies , mais particulièrement , à ce qu'il paraît, au prin-
temps , et en automne. Les premiers frimats les font périr.
Ils nagent avec la plus grande facilité sur le dos, et leurs
pattes, incapables de leur servir à la marche, présentent
alors un mouvement ondulatoire très agréable à voir. Ce
mouvement établit un courant d'eau entre elles, et qui sui-
►
SECTION DES PHYLLOIMÎS. j-j
.'vant le canal do la poitrine , porte à ia bouche les petits cor-
puscules dont l'animal se nourrit ; mais lorsqu'il veut
avancer , il frappe vivement l'eau de droite et de gauche avec
sa queue, ce qui le fait aller comme par bonds et par sauts.
Retiré de ce liquide, il remue pendant quelque temps sa
queue , et se recouibecirculairement. Privé d'un degré suf-
fisant d'humidité, il ne fait plus aucun mouvement.
Au rapport de Bénédict Prévost, Je mâle de l'espèce qui
est l'objet de son mémoire , voulant s'accoupler, nage au-
dc-sous de sa femelle , la saisit au cou avec les appendices
en forme de cornes de sa tête , et s'y tient fixé, jusqu'à ce
que celle-ci recourbe l'extrémité postérieure de sa queue ,
afin de rapprocher les deux valves des organes copnlateàrs ;
cet accouplement ressemble ainsi à celui des libellules. Les
œufs sont jaunâtres , d'abord sphériques , ensuite anguleux,
avec la coque épaisse et dure , ce qui favorise leur conser-
vation. Il paraît même que la dessiccation , à moins qu'elle
ne soit trop forte , n'altère point le germe , et que les petits
éclosent lorsqu'il vient à tomber une quantité de pluie suffi-
sante. M. Desmarest a souvent observé des branchipes dans
de petites flaques d'eau pluviale, sur les sommités des grès
de Fontainebleau. Les femelîesdeschirocéphalesfont plu sieurs
pontes distinctes, à la suite d'un seul accouplement, cha-
cune en plusieurs reprises, et qui durent ensemble quel-
ques heures et jusqu'à un jour entier. Chaque ponte est de
cent à quatre cents œufs; ils sont lancés au dehors avec
beaucoup de vitesse, par jets de dix ou douze, et avec
assez de force pour pouvoir s'enfoncer un peu dans la
vase.
Bénédict Prévost a observé que le chirocéphale diaphane
était sujet £ quelques maladies, dont il donne la descrip-
tion. Cette espèce, ainsi que nous l'avons dit, nous
semble peu ou point différer de notre branchipe des
marais (i). Les deux cornes situées au-dessous des antennes
(i) Cancer paludosus, MulL, Zool. dan. , xlviii, i-8; Kcrbst., xxxv,
â - 5 ; Chirocephalus diaphanus ? Rened. Vvq.v. , Journ. de phys. ,
messidor an n ; Jurin. , Monoc. xx-xxn. V oyez Desinar. , Consid. , lvi,
9.-5. Cette dernière espèce a été' décrite dans le Manuel du naturaliste de
Duclieme , sous le nom de marteau d'eau douce.
£<JME iV. Î.2
I7<S CRUSTACÉS BRÀKCHTOPODES.
supérieures sont composées dans l'un et l'autre sexe de deux
articles, mais dont le dernier grand, et arqué dans le mâle,
très court et conique dans l'autre sexe. Dans le branchipe
stagnai (i), les cornes ne présentent qu'un article, et celles
du maie ressemblent parleur forme, leur direction et leurs
dents , aux mandibules des mâles de notre lucane cerf-
volant.
Ceux-là n'ont point de queue; leur corps se termine pres-
aue immédiatement à la suite du thorax et des dernières
L
pattes. Tels sont
Les Eulimenes. (Eulimene. Latr. )
Leur corps est presque linéaire , et offre quatre antennes
courtes , presque filiformes , dont deux plus petites ,
presque semblables à des palpes placées à l'extrémité anté-
rieure de la tête; une tête transverse, avec deux yeux portés
sur des pédoncules assez grands et cylindriques ; onze paires
de pattes branchiales dont les trois premiers articles et Je
dernier plus petits, allant en pointe; et immédiatement après
elles une pièce terminale , presque demi-globuleuse, rem-
plaçant la queue, et de laquelle sort un filet alongé qui est
peut-être un oviducte. J'ai observé vers le milieu de la cin-
quième paire de pattes et des quatre suivantes un corps glo-
buleux, analogue peut-être aux vésicules que présentent ces
organes dans -le sous-genre suivant , celui d'apus.
La seule espèce connue ( YEulimène blanchâtre , Latr.,
Règne animal, par M. Cuv., III , pag. 68; Nouv. Dict.
d'hist. «nat,., X, pag. 333; Desmar., Consid. pag 353,
354) est très petite, blanchâtre , avec les yeux et l'extré-
mité postérieure du corps noirâtres. On la trouve dans la
rivière de Nice.
Les autres et derniers phyllopcs ( Aspidiphores , Aspidi-
phora, Latr. ), ont une soixantaine de paires de pattes, toutes
munies extérieurement, près de leur base, d'une grosse vési-
cule ovalaire (i) , et dont les deux antérieures, beaucoup
( ï) Branchiopoâa stagnalis , Latr. , Hist. des crust. et des ins. , IV ,
pag. 297 ; Cancer stagnalis , Linn. ; Gammarus stagnalis , Fab. ; A pus
piscifonnis, Schaeft.; Gammarus stagnalis, Herbst. , xxx, 3- 10.
(2) Analogues peut-être aux ve'sicules formant le second article des
pattes des daphnies.
SECTION DES PHÏLLOPES. îjCj
plus grandes et rameuses , ressemblent à des antennes; un
grand test recouvrant lamajeure portion du dessus du corps,
presque entièrement libre, clypéiforme, écliancré posté-
rieurement, portant antérieurement sur un espace circon-
scrit, trois yeux, simples, sessiles , dont les deux antérieurs
plus grands et lui-iulés ; et deux capsules bivalves, renfer-
mant les œufs, et annexées à la onzième paire de pattes. Ces
caractères signalent
Les Apus. ( Apus. Scop. )
Qui font partie du genre binocle de Geoffroy et de celui
de limule de Muller.
Leur corps, en y comprenant le test, est ovalaire, plus
large et arrondi par devant, et rétréci postérieurement, en
manière dequeue; mais, abstraction faite du test ou misa nu,
il est d'abord presque cylindrique, convexe en dessus, con-
cave et divisé longitudinalement par un sillon en dessous,
et se termine ensuite en un cône alongé. Il se compose d'une
trentaine d'anneaux, diminuant beaucoup de grandeurvers
l'extrémité postérieure, et qui , à l'exception de^s sept à huit
derniers , portent les pattes. Les dix premiers sont membra-
neux, mous , sans épines; offrent de chaque côté une petite
éminence en forme de bouton , et n'ont chacun qu'une paire
de pieds. Les autres sont plus solides ou cornés, avec une
rangée de petites épines au bord postérieur; le dernier est
plus grand que les précédents, presque carré, déprimé,
anguleux, et terminé par deux filets ou soies articulées. Dans
quelques espèces composant le genre Lepidure (Lepidurus)
du docteur Leach , on voit dans leur entre-deux une lame
cornée, aplatie et elliptique. Si le nombre des pattes est
d'environ cent-vingt, il faut que les derniers anneaux, à
partir du onzième ou douzième, en portent plus d'une paire,
ce qui, sous ce rapport, rapprdche ces crustacés des myria-
podes. Le test, parfaitement libre depuis son attache anté-
rieure, recouvre une grande partie du corps et garantit ainsi
les premiers segments, qui, comme nous l'avons observé,
sont d'une consistance plus molle que les suivants. Il con-
siste en une grande écaille cornée, très mince, presque dia-
phane, représentant les téguments supérieurs de la tête et
12*
l8o CRUSTACÉS BRàNCHIOPODES.
du thorax réunis, et formant un grand bouclier ovale ,
convexe, entaillé en manière d'angle et denteléà son extré-
mité postérieure. ïl est divisé, à sa face supérieure, par une
ligne transverse et formant deux arcs réunis, en deux aires,
dont l'antérieure, presque semi-lunaire, répond à la tête et
l'autre au thorax. La première offre , au milieu , trois yeux
simples ou sans facettes sensibles, très rapprochés, dont
les deux antérieurs plus grands , presque en forme de rein,
et dont le postérieur beaucoup plus petit et ovale. Une du-
plicature de la portion antérieure du test forme en dessous
une sorte ds bouclier frontal , aplati , en demi-lune , servant
de base au labre. L'aire postérieure , celle qui répond au
thorax , est carénée au milieu de sa longueur. Ce test n'est
fixe que par son extrémité antérieure, de sorte qu'à partir
de ce point, on peut découvrir tout le dos de l'animal. Les
côtés de cette écaille, vus en dessous et à la lumière, pré-
sentent chacun une grande tache, formée d'un grand nombre
de lignes dessinant des ovales concentriques ,.et qui parais-
sent être des tubes remplis d'une liqueur rouge. Immédiate-
ment au dessous du bouclier ou disque frontal , sont situées
les antennes* et la bouche. Les antennes sont au nombre de
deux, insérées de chaque côté des mandibules, très courtes,
filiformes et de deux articles presque égaux. La bouche est
composée d'un labre carré et avancé- de deux mandibules
fortes, cornées , ventrues inférieurement, comprimées et
dentelées à leur extrémité, sans palpes ; d'une grande lan-
guette, profondément écliancréej et de deux paires de mâ-
choires, en forme de feuillets 7 appliquées l'une sur l'autre,
dont les supérieures, épineuses et ciliées au bord interne,
et dont les inférieures, presque membraneuses, semblables
à de petites fausses pattes; elles se terminent par un article
grêle, alongé, etse prolongent extérieurement, àleur base, en
une espèce d'oreillette, porlant un appendice d'un seul ar-
ticle et cilié t que Fou peut considérer comme une sorte de
palpe. La languette offre , suivant M. Savigny (Mém. sur les
anim. sans vertèb. , Ire part., i. fasc. ) , un canal cilié qui
conduit droit à l'œsophage. Les pattes, dont le nombre
est d'environ cent vingt, diminuent insensiblement de
grandeur, à partir de la seconde paire; elles sont toutes
SECTION DES PUALLOPES. l8l
très comprimées, foliacées, et se composent de trois articles,
non compris les deux longs filets du bout des deux anté-
rieures et les deux feuillets terminant les suivantes, pièces
que l'on peut regarder comme formant, réunies , un qua-
trième article^en pince ou à deux doigts prolongés et con-
vertis en espèces de filets a nten informes. Sur le côté posté-
rieur du premier article, est insérée une grande membrane
branchiale, triangulaire, et !e suivant ou le second porte
aussi, sur le même côté, un sac ovalaire, vésiculeux et
rouge. Le bord opposé de ces pattes offre quatre feuillets
triangulaires et ciliés, dont le supérieur est très rapproché
des doigts de la pince, et paraît en former un troisième sur
les secondes pattes et les suivantes, jusqu'à la dixième paire.
A fur et à mesure que la grandeur de ces organes diminue ,
les feuillets se rapprochent, les uns des autres, la pince est
moins prononcée et moins aiguë, et le premier doigts'élargit
aux dépens de la longueur et s'arrondit. Les deux anté-
rieures , beaucoup plus grandes, en forme de rames, ressem-
blent à des antennes ramifiées, et ont été considérées comme
telles par quelques auteurs (i): elles offrent quatre filets sé-
tacés, composés d'un grand nombre d'articles, et dont les
deux du bout, l'un surtout, bien plus long que les deux
autres , qui sont situés au côté interne ou l'antérieur. Il
est évident que les deux de l'extrémité sont les analogues
des deux doigts de la pince, et que les autres représentent
aussi deu^s. des feuillets latéraux ; on pourra s'en convaincre
en comparant ces pattes avec leurs analogues et les deux
ou trois suivantes des jeunes individus. Après leur sixième
ou septième mue, celles-ci ressemblent beaucoup aux
deux antérieures , et les antennes même y sont pro-
portionnellement plus longues que dans l'état adulte et
terminées par des soies ou des poils. La onzième paire est
très remarquable {i). Le premier article présente, derrière
(1) Elles paraissent aussi représenter les d$ux premiers pieds-mâchoires.
(2) Scliaeffer les distingue sous la de'nomination de pieds à matrice. Les
neuf paires précédentes sont, pour lui, des pieds en pince; ceux de
la première, des pieds en rames, ou des pieds proprement dits; enfin ,
ceux qui viennent après les pieds à matrice , ou la douzième paire et les
suivantes, des pieds branchiaux. Les sacs vésiculaires s'alongcnt „ct se
rappetissent aussi graduellement; leur usage est inconnu.
|$3 CRUSTACÉS BRANCHIOPODES.
la vésicule, deux valves circulaires, appliquées Tune sur
l'autre, formées par deux feuillets et renfermant lesœufs, qui
ressemblent à de petits grains d'un rouge très vif. Tous les
individus qu'on a étudiés jusqu'à ce jour ayant tous été
trouvés munis de pattes semblables, on a soupçonné qu'ils
se fécondaient eux-mêmes, et qu'il n'y avait point de mâles.
Ces crustacés habitent les fossés , les mares , les eaux
dormantes, et presque toujours en sociétés inombrables.
Enlevés, ainsi rassemblés, pardes vents très violents , on en a
vu tomber sous la forme de pluie. Ils paraissent plus com-
munément au printemps et au commencement de l'été.
Leur nourriture consiste principalement en têtards. Ils na-
gent très bien sur le dos , et lorsqu'ils s'enfoncent dans
la vase , ils tiennent leur queue élevée. Ils n'offrent en
naissant qu'un seul œil, que quatre pattes, en forme de
bras ou de rames, ayant des aigrettes de poils, et dont les
secondes plus grandes. Leur corps it'apoint de queue et leur
test ne forme qu'une plaque, recouvrant la moitié anté-
rieure du corps. Leurs autres organes se développent peu
à peu , par suite des mues successives. M. Valenciennes ,
employé au muséum d'histoire naturelle, a remarqué que
ces animaux étaient souvent dévorés par l'oiseau connu
vulgairement sous le nom de Lavandière.
Les espèces connues étant très peu nombreuses, il n'est
point nécessaire de former, comme l'a fait M. Leach,
avec celles qui ont une lame entre les filets de la queue
un genre propre ( Lépidure , Lepidurus)) telle est Y A pus
prolongé {Monoculus apus, Lin.; Schœff. , Monoc, VI; Li-
mule serricaude, Herm. fils.; Desmar. , Consid. LU., 2).
La carène du bouclier se termine postérieurement en une
petite épine, que.l'on ne voit point dans la suivante,
Y Apus canciforme (le Binocle à queue en filet, Geoff.
Insect., XXI, 4; limulus palustris , Mùil.; Schaeff. , Monoc,
I — Y. ; l'apus vert, Bosc. ; Desmar. , ibid, Ll, 1. ); celle-ci
n'a point d'ailleurs de lame entre les filets de la queue;
elle est le type du genre apus , proprement dit , du doc-
teur Leach. Il en a figuré ( Edimb. Encyclop. , Suppl.,
I. XX) une autre espèce {Apus Montagui ).
CRUSTACÉS PjECILOPODES. 1 83
££ SECOND ORDRE DES ENTOMOSTRACÉS,
OU LE SEPTIÈME ET DERNIER DE LA CLASSE DES CRUSTACES ,
Celui des P^ECXLOPODES. (P^ecilopoda. )
Se distingue des précédents par la diversité de
raies de leurs pattes, dont les antérieures, en
nombre indéterminé , sont ambulatoires ou propres
à la préhension , et dont les autres , lamelliformes
oupinnées, sont branchiales et natatoires. Mais c*est
surtout par l'absence de mandibules et de mâchoires
ordinaires, qu'ils s'éloignent de tous les autres crus-
tacés ; tantôt ces parties sont remplacées par les
hanches hérissées de petites épines des six pre-
mières paires de pieds ; tantôt les organes de la
manducation consistent , soit en un siphon extérieur,
en forme de bec inarticulé, soit en quelques autres
instruments propres à la succion, mais cachés ou
peu distincts.
Leur corps est presque toujours recouvert , en to-
talité, ou en grande partie par un test en forme de
bouclier , d'une seule pièce dans la plupart , de deux
dans quelques-uns^ et offrant toujours deux yeux
lorsqu'ils sont distincts. Deux de leurs antennes
( chélicèresy Latr. )sont, dans plusieurs, en- forme de
pince et en font les fonctions. Le nombre de leurs
lS4 CRUSTACÉS P.KCILOPODES.
piecls est de douze dans le plus grand nombre (i)^
et de dix ou de vingt - deux dans presque tous les
autres. Ils vivent, pour la plupart, sur des animaux
aquatiques, et plus communément sur des poissons.
Nous partagerons cet ordre en deux familles (a),
La première, celle
Des XYPHOSURES ( Xyphosuba. ),
Est distinguée de la suivante par plusieurs ca-
ractères : il n'y a point de siphon ; les hanches des
six premières paires de pattes sont hérissées de
petites épines , et font l'office de mâchoires; Je
nombre djs pattes est de vingt-deux ; les dix pre-
mières, à l'exception des deux antérieures des mâles,
sont terminées en pince à deux doigts, et insérées ,
ainsi que lesdeux suivantes, sous un grand bouclier
semi-lunaire ; celles-ci portent les organes sexuels ,
et ont la forme de grands feuillets , de même que les
dix suivantes , qui sont branchiales et annexées au
dessous d'unsecond test, terminé par un stylet très
dur, en forme d'épée, et mobile. Ces animaux, en
outre, sont erranls. Ils composent le genre
Des Lïmules. (Limulus. Fab.)
Dont les espèces ont reçu dans le commerce le nom de
crabe des Moluques.^o. corps suborbiculaire , un peu
(i) Quatorze , dans plusieurs, seion M. Leach ; mais celles qu'il con-
sidère alors comme les deux premières me paraissent être deux antennes
inférieures. Les argules, qui, sous le rapport de la locomotion , semblent
être des pi us .favorises, n'ont que douze pattes.
(2^ Elles forment deux ordres dans mon ouvrage sur ies familles natu-
relles du règne animal.
FAMILLE DES XYPHOSUKES. l86
alongé et rétréci postérieurement, est divisé en deux par-
ties, recouvert par un test solide de deux pièces, une pour
chaque division , très creux en dessous , offrant en dessus
deuxsillons longitudinaux, un de chaque côté, et aumilieu
du dos une carène. La première pièce du test, ou celle qui
recouvre le devant du corps, est beaucoup plus grande que
l'autre, forme un grand bouclier semi-lunaire , rebordé ,
portant en dessus deux yeux ovales , à facettes très
nombreuses, en forme de petits grains, situés, un de
chaque côté, sur le côté extérieur d'une carène longitu-
dinale , et à l'extrémité antérieure de celle du milieu
et commune aux deux pièces du test, deux petits yeux
lisses (1) rapprochés ; ces carènes sont armées de quel-
ques dents ou tubercules aigus. La dupiicature de ce
test forme en dessous, à son extrémité antérieure, un
rebord plan , très arqué et terminé inférieurement par
un double arc , avancé en manière de dent au centre de
réunion. Immédiatement au-dessous de cette saillie ,
dans la concavité du bouclier, est un petit labre renflé ,
caréné au milieu, terminé en pointe, etau-dessus duquel
sont insérées deux petites antennes, en forme de petites
serres didactyles et coudées au milieu de leur longueur,
à la jonction du premier article et du suivant ou de la
pince proprement dite. Immédiatement au-dessous sont
insérées et rapprochées par paires , sur deux lignes ,
douze pattes, dont les dix premières, les deux ou qua-
tre antérieures des mâles seules exceptées, terminées en
pince didactyle, et dont l'article radical est avancé in-
térieurement en manière de lobe, hérissé de petites épi-^
nés, et fait l'office de mâchoire. La grandeur de ces pattes
augmente progressivement ; si l'on en excepte celles de
la cinquième paire, elles sont composées de six articles,
en y comprenant le doigt mobile de la pince. Celles-ci
ont un article de plus , et diffèrent en outre des précé-
( i) Un de chaque coie de la tient terminant eelie carène.
l86 CRUSTACÉS P^ECILOPODES.
dentés en ce qu'elles ont extérieurement à leur base un
appendice arqué et rejeté en arrière, de deux articles,
dont le dernier comprimé et obtus; que leur cinquième
article est terminé, au côté interne, par cinq petits
feuillets mobiles; cornés, étroits, alougés, pointus et
mobiles , et de plus en ce que les d'eux doigts de la pince
sont mobiles ou articulés à leur base. Les deux pièces
situées dans l'entre-deux de ces pattes, que M. Savigny
considère comme une languette, ne me paraissent être
que deux lobes maxillaires de ces organes, mais dé-
tachés ou libres. Le pharynx occupe l'intervalle compris
entre toutes ces pattes. Les mâles sont distingués des
femelles par la forme des pinces qui terminent les deux
on quatre antérieures : elles sont renflées et dépourvues
de doigt mobile. Les deux dernières pattes de ce bou-
clier sont réunies et sous la forme d'un grand feuillet
membraneux, presque demi-circulaire, portant les or-
ganes sexuels à sa face postérieure, et offrant au milieu
d'une échancrure du bord postérieur deux petites divi-
*sions triangulaires , alongées et pointues , qui paraissent
représenter les doigts internes des pinces; des sutures
indiquent les autres articulations. La seconde pièce du
test, articulée avec la précédente au milieu de son échan-
crure postérieure et remplissant le vide qu'elle forme ,
est presque en forme de triangle , tronqué et échancré
angulairement à son extrémité postérieure. Ses bords
latéraux sont alternativement échancrés et dentés, et
les échanrrures , à partir de la seconde , offrent chacune,
dans leur milieu, une épine alongée et mobile; il y en
a six de chaque côté. Dans la concavité inférieure sont
renfermées et disposées par paires , sur deux séries lon-
gitudinales , dix pieds-nageoires presque semblables ,
pour la forme , aux deux dernières pattes , mais unis
simplement à leur base , appliqués les unes sur lesautres,
et portantà leur face postérieure les branchies, qui pa-
raissent composées de fibres très nombreuses et très ser-
FAMILLE DL:S XYPHOSURES. 187
rées , disposées sur un seul plan , les unes contre les autres.
L'anus est si tué a la racine inférieure du stylet, terminant
le corps. D'après une observation qui nous a été com-
muniquée par M. Straus, l'intérieur du premier bou-
clier ne présente , outre le cerveau, qu'un seul ganglion,
le sous-œsophagien (1). Les deux cordons nerveux se
prolongent ensuite dans l'intérieur du second bouclier,
n'y forment, à l'origine des pattes branchiales , que de
faibles ganglions , qui jettent des rameaux sur ces or-
ganes. Suivant M. Cuvier, le cœur, comme dans les
stomapodes, est un gros vaisseau garni en dedans de
colonnes charnues 3 régnant le long du dos, et donnant
des branches des deux côtés. Un œsophage ridé, remon-
tant en avant, conduit dans un gésier très charnu, garni
intérieurement d'un velouté cartilagineux , tout hé-
rissé de tubercules, et suivi d'un intestin large et droit.
Le foie verse la bile dans l'intestin par deux canaux de
chaque côté. Une grande partie du test est remplie par
l'ovaire dans la femelle , par les testicules dans le mâle.
Ces crustacés atteignent quelquefois deux pieds de
longueur; ils habitent les mers des pays chauds et s'y
tiennent le plus souvent sur leurs rivages. Il me paraît
qu'ils sont propres aux Indes orientales et aux côtes de
l'Amérique. Ici on désigne l'espèce qu'on y trouve (Li-
mule cjclope) sous la dénomination de poisson casse-
role , parce qu'elle en a, en quelque sorte la forme, et
qu'en enlevant les pattes, son test peut servir à puiser
l'eau. Au témoignage de M. Leconte, naturaliste des
plus instruits, et qui a si fort contribué par ses recher-
ches et ses découvertes aux progrès de l'entomologie,
on la donne à manger aux porcs. Les sauvages emploient
le stylet de leur queue à faire des flèches ; on en redoute
( 1 ) Les deux pieds antérieurs pourraient représenter les mandibules des dé-
capodes; les quatre suivants, leurs mâchoires, etlessixderniers, leurs pieds-
mâchoires ; ceux du second bouclier répondraient aux pieds thoraciques.
lS8 CRUSTACÉS PyECILOPODES.
la pointe. On mange leurs œufs à la Chine, Lorsque ces
animaux marchent, on ne voit point leurs pieds. On en
trouve de fossiles dans certaines couches d'une ancien-
neté moyenne (i).
Les uns ont les quatre pieds antérieurs terminés, du
moins dans l'un des sexes, par un seul doigt.
On ne connaît qu'une seule espèce de cette division y
et que j'ai vu figurée sur des vélins chinois, c'est le limule
hétéro dactyle , servant de type au genre tachjpleus du
docteur Léach (2).
Dans les autres, les deux serres antérieures au plus , sont
seules monodactyles. Tous les pieds ambulatoires son t di-
dactyles, au moins dans les femelles.
Cette division se compose de plusieurs espèces, mais qui,.
vu le peu d'attention qu'on a donnée à la forme détaillée
de leurs parties , aux différences de sexe et d'âge, des lo-
calités qui leur sont propres , n'ont pas encore été caracté-
risées d'une manière rigoureuse et comparative. C'est ainsi ,
par exemple, que le liuiuie que l'on trouve communément
en Amérique , vu dans son jeune âge, est blanchâtre ou de
couleur blonde , avec six dents fortes tout le long de
l'arête du milieu supérieur du test, et deux autres égale-
ment fortes et pointues, sur chaque arête latérale du
bouclier ou de la première pièce du test; tandis que dans
les individus les plus âgés, et qui ont quelquefois plus
d'un pied et demi de long, la couleur est d'un bru 11 très
foncé, ou presque noirâtre, et que les dents, particuliè-
lément celles du milieu, s'oblitèrent presque. Ici encore
les bords latéraux de la seconde pièce du test ont de fines
dentelures, qui sont nulles ou peu sensibles dans les pre-
miers. On rapportera aux jeunes individus le limule
(1) Knorr. , Momim. du déluge, T , pi. xiv; Desraar. , Crust. fossil. ,
XI, 6, 7. H semblerait, d'après ces figures, que les e'pines latérales de
la seconde pièce du test ne forment que des dents plus petites", au lieu
d'épines , s'articulaut par leur base ; mais ces articulations ont peut-être-
disparu.
(1) Ce limule est probablement le kabulogani ou unkia des Japomiais .,
et représentant, sur leur zodiaque primitif, la constellation du Cancer,
FAMILLE DES SIPHOKOSTOMES. 1 Sq
cyclops de Fabricius et le 1. de sowerby de Leach ( Zool.
mise. LXXIV)* son limule à £roz.s dents et le limule hlanc
de M. Boscjet aux seconds individus, ouïes plus grands, mon
limule des Moluques (monoculus polyphemus , Lin.; cl us.,
exot. , liv. 6, cap. 14 , pag. 128; Rumph., mus., XU, a. b.),
que j'avais d'abord distingué spécifiquement , dans la
croyaneeque ces grands individus habitaient exclusivement
ces îies. Dans les uns et les autres, ou à tout âge . la queue-
est un peu plus courte que le corps , triangulaire , fine-
ment dentelée à l'arête supérieure, sans sillon prononcé
en dessous. Nous désignerons cette espèce sous le nom de
limule polyplième. Ces derniers caractères la distingueront
de quelques autres , décrites par moi et M. Leacli. ( Voyez la
seconde édition du* nouveau dict. d'hist. naturelle; Des-
marets , Cousid. , pag. 344 — 358. )
La seconde famille , celle
Des SIPHONOSTOMES ( Siphonostoma. ).
■
Ne nous offre aucune espèce quelconque de mâ-
choires. Un suçoir ou siphon, tantôt extérieur et
sous la forme d'un bec (1) aigu , inarticulé , tantôt
caché ou peu distinct, tient lieu de bouche. Le
nombre des pattes ne s'élève jamais au-delà de
quatorze. Le test est très mince, et d'une seule
pièce. Ces entomostracés sont tous parasites.
Nous partagerons cette famille en deux tribus.
La première, celledesGALiGiDES ( Caligîde s, Latr .),
(1) La composition de ce bec n'est pas encore bien connue. Il est évi-
dent, d'après la figure qu'a donnée Juriue fils de Targuie foliacé , qu'il
renferme un suçoir; mais en est-il ainsi de celui des autres , et quel est le
nombre de ses pièces ? C'est ce qu'on ignore. Je présume cependant que
ce siphon se compose du labre, des mandibules et de la languette, qui
forme la gaîne du suçoir. Dans l'entomostracé précédent, les quatre
pieds antérieurs , et dont la forme est très différente de celle des sui-
vants , correspondraient aux quatre mâchoires des décapodes.
ICjO CRUSTACÉS P.ECILOPODES.
est caractérisée parla présence d'un test, en forme
de bouclier ovale ou semi-lunaire: par le nombre
des pieds visibles , qui est toujours de douze ( ou de
quatorze, si, avec M. Leach, on prend pour tels ceux
qui sont pour moi deux antennes inférieures ) ; par
la forme et la grandeur de ceux des dix dernières
paires, qui sont, tantôt multifides , pinnés ou ter-
minés en nageoire, et très propres, à toutes les
époques et dans l'état adulte, à la natation; tantôt en
forme de feuillets , ou larges et membraneux. Les
côtés du thorax ne présentent jamais d'expansions
en forme d'ailes, rejetées en arrière y et renferment
postérieurement le corps. f
Ici le corps, offrant en dessus plusieurs segments,
estalongé et se rétrécit postérieurement, pour se ter-
miner en manière de queue, avec deux filets ou deux
autres appendices saillants, au bout; cette extrémité
n'est point recouverte par une division des téguments
supérieurs, en forme d'une grande écaille arrondie,
et fortement éch ancrée au bord postérieur. Le test
occupe la moitié au moins de la longueur du corps.
Cette subdivisioncomprendra deux genres de Millier.
Le premier , celui
D'Argule (Argulus. Miïll.),
Avait d'abord été désigné par nous sous le nom d'o-
zoles et décrit d'une manière incomplète. Jurine fils a ,
depuis, observé l'espèce qui lui sert de type, avec l'at-
tention la plus scrupuleuse , l'a suivie dans tous ses
FAMILLE DES SIPHONOSTOMES. igi
âges, et nous en a donné une mon ogi'aphie qui ne laisse
rien à désirer. Il a restitué à ce genre le nom que Mill-
ier lui avait primitivement imposé.
Les argules ont un bouclier ovale , échancré posté-
rieurement , recouvrant le corps, à l'exception de l'ex-
trémité postérieure de l'abdomen , portant sur un espace
mitoyen , triangulaire , et distingué sou^ le nom de cha-
peron , deux yeux, quatre antennes très petites, pres-
que cylindriques, placées en avant, dont les supérieu-
res, plus courtes et de trois articles , ont à leur base un
crochet fort, édenté et recourbé ; et dont les inférieu-
res, de quatre articles, avec une petite dent au premier.
Le siphon est dirigé en avant. Les pieds sont au nombre
de douze. Les deux premiers se terminent par un em-
pâtement annelé transversalement , élargi circulaire-
ment au bout, strié et dentelé sur ses bords, offrant à
l'intérieur une sorte de rosette formée par les muscles,
et paraissant agir à la manière d'une ventouse ou d'un
suçoir. Ceux de la paire suivante sont propres à la pré-
hension, aVec les cuisses grosses , épineuses , et les tarses
composés de trois articles, dont le dernier, muni de
deux crochets. Les autres pieds se terminent par une
nageoire, formée de deux doigts ou pinnules alongés ,
garnis sur leurs bords de filets barbus ; les deux pre-
miers de ceux-ci, ou ceux de la troisième paire, en y
comprenant les quatre précédents , ont un doigt de plus,
mais recourbé. Les deux derniers sont annexés à cette
portion du corps qui fait postérieurement saillie hors
du test ou la queue. Les femelles n'ont qu'un seul ovi-
ducte et recouvert par deux petites pattes, situées en
arrière de ces deux palettes. L'organe considéré comme
le pénis du mâle est placé à l'extrémité interne du pre-
mier article des mêmes pattes , près de l'origine des deux
doigts. Sur le même article des deux pattes précédentes,
et eu regard avec ces organes copulateurs, est une vési-
cule présumée séminale. L'abdomen , en considérant
192 CKUSTACÉS P^ECILOPODKS.
comme tel , cette partie du corps, qui s'étend en arrière,
depuis les pattes ambulatoires , le bec et un tubercule
renfermant le cœur, est entièrement libre, depuis sa
naissance, sans articulations distinctes, et se termine
immédiatement après les deux dernières pattes , par une
sorte de queue , en forme de lame , arrondie , profondé-
ment échancrée ou bilobée, et sans poils au bout : c'est
une sorte de nageoire. La transparence du corps permet
de distinguer le cœur. Il est situé derrière la base du
siphon , logé dans un tubercule solide , demi transpa-
rent et formé d'un seul ventricule. Le sang, composé
de petits globules diaphanes, se dirige en avant, sous la
forme d'une colonne,, qui se divise bientôt en quatre ra-
meaux, dont deux vont directement vers les yeux, et
deux autres vers les antennes ; ceux-ci, réfléchis ensuite
en arrière et réunis aux premiers , forment de cha^-
que côté une seule colonne qui descend vers la ven-
touse, en contourne la base et disparaît. Un peu au-
dessous des deux pattes suivantes, l'on distingue, de
chaque côté , une autre colonne sanguine , qui se re-
courbe en dehors, s'étend ensuite près des bords du
test, et, arrivée près des deux avant-dernières pattes,
se replie en avant et cesse d'être visible. Une autre co^-
lonne, et où le sang, ainsi que dans la précédente , va
de devant en arrière, parcourt longitudinalement le mi-
lieu de la queue; elle se réunit postérieurement à deux
autres courants que l'on observe sur les bords de cette
queue , mais allant en sens contraire ou paraissant ra-
mener le sang au cœur. Jurine fils a évité d'employer
le mot ^vaisseau , parce que le sang chassé dans la
partie antérieure paraît s'y répandre et s'y disséminer ,
de manière à faire croire que les globules du sang son!
dispersés dans le parenchyme de ces parties, plutôt que
d'être contenus dans des vaisseaux particuliers. Mais .
d'après ce que nous avons dit à l'égard de la circulation
des décapodes, on voit qu'ici le sang se distribue d'à-
YAMIELE DES SIPHONOSTOMLS. J (j5
bord de la même manière , et les courants ou colonnes,
dont nous venons de parler , semblent indiquer l'exis-
tence de vaisseaux propres. Aussi cet habile observateur
convient-il après, que la circulation ne se fait point par-
tout d'une manière aussi diffuse que dans la partie an-
térieure du test , où cependant elle paraît, selon nous,
s'effectuer comme dans les décapodes. Le cerveau, placé
derrière les yeux , lui a paru divisé en trois lobes égaux ,
un antérieur et deux latéraux. La partie antérieure de
l'estomac donne naissance à deux grands appendices ,
divisés chacun en deux branches, qui se ramifient dans
les ailes du test. Les matières alimentaires et de couleur
bistrée qu'ils contiennent rendent ces ramifications
sensibles. Le caecum est pourvu, vers son origine,, de
deux apendices vermiformes.
Les mâles sont très ardents en amour, ce qui leur fait sou-
vent prendre un sexe pour l'autre , ouïes fait adresser à des
femelles pleines ou mortes. Us sont placés, dans l'accou-
plement, sur leur dos, auquel ils se cramponnent au moyen,
de leurs pieds à ventouse , et ils restent dans cet état plu-
sieurs heures. La durée de la gestation est de treize à dix-
neuf jours. Les œufs sont unis , ovales, et d'un blanc de
lait. Us sontfîxés, avec un gluten, sur les pierres ou autres
corps durs, soit en ligne droite, soit sur deux rangs , au
nombre d'un h quatre cents; étant pressés les uns contre
les autres, leur forme en devient presque hexagonale.
"Vingt-cinq jours après la ponte, et après avoir d'a-
bord pris une teinte jaunâtre et opaque, on commence
à y distinguer les yeux et quelques parties de l'embryon.
Au bout ensuite d'environ dix jours , ou vers le trente-
cinquième après la ponte, la coquille se fend longitudi-
nalement, et le petit ou têtard vient au monde. Il n'a
guère alors que trois huitièmes de ligne de long. Sa
forme, en général , ressemble à celle qu'il aura dans
Tétat adulte, mais ses organes locomotiîes présentent
des différences essentielles. Millier l'a décrit dans cet
TOME IV. l5
I(j4 CRUSTACÉS T^ECiLOPODES.
état , sous le nom (Vargulus charon. Quatre rames ou
longs bras . dont deux placés au-devant des yeux et les
deux autres derrière, terminées chacune par un pin-
ceau de soies flexibles et pennées, que l'animal meut
simultanément et au moyen desquelles il nage facile-
ment et par* saccades , sortent de l'extrémité antérieure
du test; elles ne représentent point les antennes, puisque
l'on voit .aussi ces derniers organes. Les pieds à ven-
touse sont remplacés par deux fortes pattes , coudées
près de leur extrémité et terminées par un fort crochet,
avec lequel ce crustacé peut se cramponner sur les pois-
sons. D'autres pattes, propres à l'état adulte, celles delà
seconde et de la troisième paire , ou les deux ambulatoires
et les deux premières des natatoires, sont les seules qui
soient développées et libres; les suivantes sont comme
emmaillotées et appliquées sur l'abdomen. Le cœur, la
trompe et les ramifications des appendices de l'estomac
sont distincts. La première mue, qui s'opère au moyen
d'une rupture de la face inférieure, ayant eu lieu, les
rames ont disparu , et toutes les pattes natatoires se mon-
trent. Trois jours après arrive la seconde mue, qui
ne produit aucun changement important Mais à la troi-
sième, qui. s'opère deux jours après, l'on commence à
apercevoir, vers le milieu des deux pattes antérieures,
le commencement de la formation des ventouses. A la
quatrième mue, qui a également lieu, au bout de deux
jours, ces mêmes pattes sont enfin transformées en pattes
à ventouse , en conservant néanmoins le crochet ter-
minal. Au bout de six jours, nouveau changement de
peau, et apparition des organes générateurs de l'un et
l'autre sexe; mais il faut encore une mue, retardée de
six jours, pour que ces animaux puissent se reunir et se
multiplier. Ainsi , la durée de leur état d'enfance ou de
leurs métamorphoses est de vingt -cinq jours. Ils n'ont
cependant encore atteint que la moitié de leur grandeur.
D'autres mues, et qui se font tou§ les six ou sept jours,
FAMILLE DES SIPHOTNOSTOMES. I C)5
sont pour cela nécessaires. Jurine s'est assuré que les
femelles ne pouvaient devenir mères sans l'interven-
tion des* mâles. Celles qu'il avait isolées ont péri d'une
maladie s 'annonçant par l'apparition de plusieurs glo-
bules bruns, disposés en demi -cercle vers la partie posté-
rieure du chaperon , et qui se forment , à ce qu'il paraît ,
dans le parenchyme, puisque les mues ne les détruisent
point.
La seule espèce connue de ce genre , Y A rgule foliacée
(Jurine fils, Ann. du Mus, d'hist. , nat. VII, xxvi ; Mo-
noculus Jbliaceus , Linn.; argulus delphinus et argulus
charon , Miill. , Entom. • argulus delphinus , Herm., fils,
Mém. apter., V, 3, VI, n ; monoculus gyrini , Cuv., Tabl.
élem» de l'hist. nat. des anim. , pag. 4^4 J ozolus gastc-
rostei , Lat. , Hist. nat. des crust. et des ins. f IV, xxix ,
1-7 ; Desmar. Consid. L. , 1 ; pou du gastéroste, Baker,
Microsc. , II, xxiv, ), se fixe sur le dessous du corps des
têtards des grenouilles, des épinoches ou gasterostes et
suce leur sang. Son corps est aplati, d'un vert jaunâtre
clair, et long, d'environ deux lignes et demi. Hermann
fils, qui avait très bien décrit ce crustacé dans son état
parfait, et qui cite un manuscrit de Léonard Baidaneur ,
pêcheur de Strasbourg, portant la date de 1666, où le
même animal est figuré, dit qu'on ne le rencontre guè-
res, dans les environs de cette ville , que sur les truites, et
qu'il leur donne souvent la mort, surtout à celles des
viviers; on le trouve aussi sur les perches , les brochets
et les carpes. Il ne l'a jamais rencontré sur les ouïes. Ainsi
que les gyrins, ce crustacé se tourne sur lui-même eu
manière de girouette. Il dit que son corps est divisé eu
cinq anneaux, mais peu distincts sur îe dos.
Les Caliges. (Galigus. Miill.)
N'ont point de pattes à ventouse; celles des paires
antérieures sont onguiculées; les autres sont divisées en
un nombre plus ou moins considérable de pinnules , ou
en forme de feuillets membraneux. Le test laisse à
découvert une bonne partie du corps , qui se termine
i3*
ig6 CRUSTACÉS P.ECILOPODES.
postérieurement , dans la plupart , par deux longs
filets, et dans les autres par des appendices en forme
de nageoire ou de stylet (1).
Le nom de poux de poissons 3 sous lequel on les dési-
gne collectivement, nous annonce que leurs habitudes
sont les mêmes que celles des argules et des autres sipho-
nostomes. Plusieurs naturalistes ont considéré les filets
tubulaires de l'extrémité postérieure de leur corps
comme des ovaires ; j'ai quelquefois trouvé des œufs
au-dessous des pieus postérieurs et branchiaux , mais
jamais dans ces tubes. On ne voit d'ailleurs d'oviductes
extérieurs, ainsi prolongés, que dans les femelles, qui doi-
vent pondre leurs œufs dans des trous ou cavités pro-
fondes; or les femelles des caliges ne sont point dans ce
cas. Millier et d'autres zoologistes ont remarqué que ces
crustacés redressent et agitent ces appendices. Nous
pensons avec Jurine fils , et telle est aussi l'opinion
de son père, qu'ils servent à la respiration, de même
que les filets du bout de l'abdomen des apus (2).
Les uns, dont tous les pieds sont libres et annexés, à
l'exception des deux derniers, à la partie antérieure du
corps (céphalothorax, Latr.), recouverte par le bouclier; où
quelques-uns au moins des pieds postérieurs sont garnis
de filets nombreux et pennacés; où. le siphon n'est point ap-
(1) Leur entre-deux offre aussi souvent quelques autres appendices ,
mais petits ou beaucoup moins saillants.
(2) On trouve dans le tome troisième (p. 343) des Annales générales
des sciences physiques , imprime'es à Bruxelles , un extrait des observa-
tions de M. le docteur Surriray , sur le foetus d'une espèce de calige, qu'il
croit être Yelongatus, et qui est très commune sur l'opercule de l'or-
phie (esox beloné). Ce naturaliste nous apprend qu'ayant froissé les deux
filets de la queue de ce crustace', il en lit sortir beaucoup d'oeufs transpa-
rents et membraneux , renfermant chacun un fœtus vivant, très différent
de sa mère , et dont il donne la description. De ces observations , l'on
pourrait déduire que ces filets sont des espèces d'oviductes extérieurs.
Mais n'y a-t-il pas eu ici quelque méprise ? car j'ai étudié avec beaucoup
d'attention ces mêmes organes sur plusieurs individus, conservés, à îa
vérité , dans de la liqueur, et je n'y ai jamais découvert aucun corps.
FAMILLE DES SIPIlCraOSTOM.ES. J Ç)J
parent, ont l'abdomen nu en dessus et terminé par deux
longs filets ou par deux stylets; ils composent le sous genre.
Des Caliges proprement dits. (Caligus. — Caligus , risculus.
Leach.) (i)
Dans tous les autres , le dessus de l'abdomen est imbri-
qué ? ou cette partie du corps est renfermée comme dans
une espèce d'étui, formé par les dernières pattes qui res-
semblent à des membranes et se replient en dessus.
Parmi ces derniers, il en est dont les antennes ne sont
jamais avancées en manière de petites serres, dont tous les
pieds sont libres, et dont les derniers n'enveloppent point
le corps en manière d'étui membraneux. Ils forment les
sous-genres suivants.
Les Pte'rygopodes. (Pterygopoda. Latr. — Nogaus ? Leach.)
Qui ont l'extrémité postérieure du corps terminée par
deux espèces de nageoires ; des pieds pinnés ou digités sur
le dessous du post-abdomen , ou de la seconde division
du corps non recouverte par le bouclier, et un bec dis-
tinct (2).
Les Pandares. (Pandarus. Leach.)
Qui ont deux filets à l'extrémité postérieure du corps;
les pattes delà première et de la cinquième paire onguiculées
et les autres digitées. mais dont le siphon n'est point appa-
rent (3).
Les Dinemoures. ( Dinemoura. Latr. )
Ayant aus.si deux longs filets ^ l'anus , mais dont le si-
(1) Caligus piscinus , Lat. ; Caligus curtus , Mull. , Entomost. , xxi,
3,2; Monoculus piscinus , Linn, ; — Caligus Mulleri , Leach. ; Desmar.,
Consid. , l, 4; sur la morue. "Voniscus lutosus de Slabbér (Ençyclop.
ine'thod , atl. cTliist. natur. , cccxxx ,7,8,) paraît , à raison des appen-
dices eu nageoires de la queue, devoir former un sous-genre propre. Le
binocle à queue en plumet de Geoffroy pourrait y être place'.
(2) Une seule espèce vivante , trouve'e sur le requin. Voyez le genre
nogaus, Desmar., Consid. , pag. 34o.
(3) Pandarus bicôlor, Leach j Desmar. , L, 5 5 — Pandarus Boscii,
Leach, Encycl. brit. , suppl.I, xx. Voyez , pour d'autres espèces y
Desmar. , ibid. , pag. 33q
1C)8 CRUSTACÉS P^CILOPODES.
phon est apparent. Leurs deux pattes antérieures sont on-
guiculées ; les deux suivantes se terminent par deux longs
doigts • les autres sont en forme de feuillets membraneux (1).
Le dernier sous-genre de cette sous-division , celui
d'AisTiiosoME ( Anthosoma. Leach. ) ,
Se rapproche du précédent, quanta l'existence d'un siphon,
et quant aux deux filets du bout de la queue ; mais il s'en
éloigne, ain si que de ceux qui le précèdent , à raison de deux
de ses antennes _, portées en avant, en forme de petites ser-
res monodactyles , et des six dernières pattes qui sont mem-
braneuses, réunies inférieurement, repliées latéralement sur
le post-abdomen _, pour l'envelopper, en manière d'étui $
celles de la première et de la troisième paire sont onguiculés ;
les secondes se terminent par deux doigts courts et obtus (2).
Là le corps est ovale , sans appendices saillants , en
manière de queue, composée de filets ou d'appendices en
forme de nageoires, à son extrémité postérieure. Une por-
tion cle téguments supérieurs forme d'abord et par devant
un bouclier, ne recouvrant pas sa moitié antérieure ,
plus étroit qu'elle , arrondi etéchancré antérieurement,
élargi et comme bilobé à l'autre bout: puis viennent
successivement trois autres pièces ou écailles arrondies et
échancrées postérieurement, dont la seconde, la plus
petite de toutes, est presque en forme de cœur renversé,
et dont la dernièreet la plus grande est voûtée. Les quatre
pieds postérieurs sont en forme de lames et réunies par
paires ; celles de la première et de la troisième sont
onguiculées ; les secondes ont leur extrémité bifide.
Le siphon est apparent. Les œufs sont recouverts par
deux grandes pièces ovales , contiguè's , coriaces , placées
sous l'abdomen et le surpassant en longueur. Tels sont
les caractères du genSre
(1) Caligus producius , Mùll., Entom. xxsu , 3, t\', Monoculus sahno-
neûs , Fab.
(•2) Anthosoma Smithif, Leach ; Desra. , Consid. , l, 3;; Caligus im-
bricatUs , Kisso.
FAMILLE DES STPHONOSTOMES. 199
DesCécrops. (Cecrops. Leach. )
Dont on ne connaît qu'une seule espèce , qu'on a
trouvée fixée aux branchies du thon et du turbot , le
Cécrops de Latreille. .(Leach , Encyclop. brit. , Supp. 1,
pi. xx; i,3, mâle; 2, 4 femelle ; 5 > antennes grossies ;
Desmar. , Consid. , L , 2.)
La seconde tribu , celle des Lern^eiformes ( Ler-
nœijormes . Lat.), se compose d'en tomos tracés encore plus
rapprochés que les précédents , par leurs formes exté-
rieures, des lernées. Le nombre des pattes discernables
n'est que dix (1) , et ces organes sont, pour la plupart ,
fort courts et point ou peu propres à la natation. Tantôt
le corps est presque vermiforme , cylindracé, avec le
segment antérieur simplement un peu plus large, et
muni de deux pinces didactyles, avancées; tantôt, à
raison de deux expansions latérales en forme de lobes
ou d'ailes , rejetées en arrière du thorax , et de deu.Y
ovaires postérieurs , il forme une petite niasse quadri
lobée. Cette tribu se compose de deux genres. Le pre-
mier , celui
De Dichelestion ( Dichelestium. Herni. fils),
Nous présente un corps étroit et alongé , un peu dilaté
en devant, composé de sept segments, dont l'antérieur
(le corselet, Hermann) plus large , rhomboïdal , formé
de la tête et d'une portion du thorax réunies. Il porte
i° quatre antennes courtes, dont les latérales filiformes,
de sept articles, et dont les intermédiaires, avancées
en manière de petits bras , de quatre articles, avec le
dernier en forme de pince didaclyle ; i° un siphon
inférieur > membraneux ettubulaire; 3° trois sortes de
(1) Il y en a probablement deux de plus , comme dans les sous-genres
pre'cédents ; mais elles sont ou très peu distincts , ou sous une forme par-
ticulière , qui les fait méconnaître.
200 C KU STAGES P^CILOPODES.
palpes difformes (deux pieds multifides?) de chaque c6tér
situés sur une eminen.ee ; 3° quatre pattes propres à la
préhension , dont les deux premières formées d'une cuisse
et d'une jambe, et terminées pardivers crochets inégaux et
dentelés 7 et dont les secondes consistant en une cuisse
renflée , terminée par un fort onglet. Les second et troi-
sième segments sont presque lunules, et portent chacun
une paire de pieds formés d'un article , terminé par
deux sortes de doigts , dentelés au bout. Au quatrième
segment est attachée une autre paire de pattes, la
cinquième et dernière, mais sous la forme de simples
vésicules ovales, divergentes et immobiles, et qu'Her-
ma nn présume être plutôt des ovaires que des pattes. Ce
segment , ainsi que le suivant, sont presque carrés. Le
sixième est beaucoup plus longetcyîindrique. Le septième
et dernier est trois fois plus court , presque orbiculaire ,
aplati et terminé par deux petites vésicules. Les yeux
ne sont point distincts.
Le Dichélestion de l'esturgeon ( Dichelestium sturionis 7
Hermann , fils, Mém. apterol. , pag. 124Î , v. 7, 85 Desmar.
Consid. L. , y. ) a environ sept lignes de long 7 sur une de
large. Le second segment, prolongé de chaque côté en
une papille obtuse , et les quatre suivants sont rouges
au milieu et d'un jaune blanchâtre latéralement. Les
pattes ne paraissent point lorsqu'on voit l'animal en des-
sus. Il s'insinue profondement dans la peau et recouvre
les arcs osseux des branchies, mais sans se placer, à ce qu'il
paraît 7 sur leurs peignes. Hermann en a recueilli jusqu'à
douze sur un seul poisson. Deux ou trois de ce nom-
bre7des mâles peut-être, étaient d'un tiers plus courts que
les autres et avaient le corps courbé; l'un de ces douze
individus vécut trois jours. Ces crustacés se tournent
beaucoup et avec vivacité. Ils s'accrochent très fortement
au moyen de leurs pinces frontales.
FAMI1LLE DES SIPHONOSTOMF.S. 20 1
Les Nicothoés. (Nicothoe. Aud. et Miln. Edw. )
Terminent la classe des crustacés, et s'en distinguent
par leur forme hétéroclite. Ils n'offrent, à la vue simple,
qu'un corps formé de deux lobes réunis en manière de
fer à cheval, en renfermant deux autres; mais observés
au microscope , l'on découvre que les deux grands lobes
sont de grandes expansions latérales du thorax, en forme
d'ailes , presque ovales et rejetées en arrière ; que les
deux autres lobes sont des ovaires extérieurs ou des
grappes d'œufs , analogues à ceux des cyclopes femelles,
insérés, un de chaque côté, au moyen d'un court pédicule,
à la base de l'abdomen ; et que le corps de l'animal se com-
pose des parties suivantes : i° une tête distincte , portant
deux yeux écartés, deux antennes latérales, courtes,
sétacées , de onze articles, ayant chacun un poil au côté
interne, avec la bouche formée d'une ouverture circu-
laire, faisant l'office de ventouse, et accompagnée, de
chaque côté , d'appendices maxilliformes ( pieds anté-
rieurs); 2° un thorax de quatre segments, ayant en dessous
cinq paires de pieds, dont les deux antérieurs terminés
par un fort crochet, bidenté au côté interne, et dont
les huit autres, composés d'un grand article, terminé
par deux tiges presque cylindriques , presque égales ,
garnies de soies et de trois articles chaque; 3° un
abdomen , allant en pointe, de cinq anneaux, dont le
premier, plus grand, donnant naissance aux sacs ovi-
fères, et dont le dernier terminé par deux longs poils.
Les expansions latérales ne paraissent être qu'un déve-
loppement excessif du quatrième et dernier anneau du
thorax. On aperçoit, dans leur intérieur, deux espèces
de boyaux, partant de la ligne moyenne du corps, et
que l'on peut considérer comme deux cœcums ou di-
visions du canal intestinal, qui auraient fait hernie. Ils
sont doués de mouvements péristaltiques très pronon-
202 CRUSTACÉS P^ECILOPODES.
ces. Nous avons vu, en parlant des arguées, que leur
estomac offrait aussi deux cœcums, qui se rauii fiaient
dans l'intérieur des ailes de leur test, et peut-être les
expansions tlioraciques des nicothoés sont- elles aussi
deux lobes analogues (i).
Nous devons la connaissance de la seule espèce , com-
posant le genre
La Nicothoé du homard ( Nicothoé astaci. Annal, des
se. nat. ; déc. 18126 , XLIX, i, 9)à MM. Victor Audouin
et Milne Ed.wards ; elle est longue d'une demi-ligne sur
près de trois lignes de largeur , y compris les prolonge-
ments tlioraciques. Elle est de couleur rosée, plus tendre
sur les sacs ovifères , avec les expansions jaunâtres. Elle
adhère intimement aux branchies du homard, et s'enfonce
profondément entre les filaments de ces organes. On la
trouve en petit nombre et simplement sur quelques indivi-
dus. Tous les Nicothoés observés par ces deux naturalistes
étaient pourvus d'ovaires ; il est probable que ces crustacés
peuvent nager, avant que de se fixer, et que leurs lobes
tlioraciques aient acquis leur développement ordinaire;
de même qu'à l'égard du corps des ixodes, il pourrait être
le produit de la surabondance des sucs nutritifs.
DES TR1L0BITES. (Trilobites. )
Dans le voisinage des limules et des autres entomos-
tracés pourvus d'un grand nombre de pieds, se rangent,
dans l'opinion de l'un de mes confrères à l'Académie
royale des sciences , M. Alexandre Brongniart, et de divers
autres naturalistes , ces singuliers animaux fossiles , con-
fondus d'abord sous la dénomination générale à'ento-
molithe paradoxal , "désignés aujourd'hui sous celle
de trilobites , et dont il a donné une excellente
monographie, enrichie de très bonnes figures lithogra-
pliiées ( 2 ). Il faut, dans cette hypothèse, admettre
(i) On pourrait dès lors placer ce genre près du pre'cedent.
(2) i\T. Eudes Deslongoliamps , professeur à l'université de Cacn ,
CRUSTACÉS TRILOBITES. 20J
comme un fait positif , ou du moins très probable ,
l'existence d'organes locomotiles , quoique , malgré
toutes les recherches, on n'ait pu en découvrir de ves-
tiges (1). Supposant, au contraire, que ces animaux en
étaient dépourvus , j'ai pensé qu'ils venaient plus natu-
rellement près des oscabrions , ou plutôt qu'ils for-
maient la souche primitive des animaux articulés, se
liant d'une part avec ces derniers mollusques, et d'au-
tre part avec les crustacés ci-dessus , et même avec les
gloméris (2) , dont quelques trilobites , tels que les caly-
mènes , paraissent se rapprocher, ainsi que des osca-
M. le comte de Rasoumowski, M. Dalman et quelques autres savants, ont
publié depuis de nouvelles observations sur ces fossiles. M. Victor Au-
douin , embrassant avec ardeur l'opinion de M. Brongniart, a combaïtu ,
dans un Me'moire particulier, celle que j'avais émise à cet égard, et
d'après laquelle je les rapprochais des oscabrions. Le plus essentiel de la
difficulté était de constater l'existence des pattes, et c'est ce qu'il n'a
point fait. Quant à l'application de sa ibéorie du thorax des insectes aux
trilobites , elle me paraît d'autant plus douteuse que, suivant ma manière
de voir, les premiers anneaux de l'abdomen des insectes représentent
seuls le thorax des crustacés décapodes.
(1) M. Otftlines (Oryctology^ croit cependant en avoir aperçu , et
soupçonne qu'ils sont onguiculés. T^oyez aussi V entomostracite granuleux,
Brong. » Trilobites, m , 6.
(2) Première édition de cet ouvrage , tom. III, pag. i5o et 1 5i . Aucun
branchiopode connu ne se contracte en manière de boule. Ce caractère
n'est propre , dans la classe des crustaeés , qu'aux typhis , aux sphéromes,
aux tylfcs , aux armadilles; et parmi les insectes aptères, qu'aux glo-
méris , genre qui est à la tête de cette classa , et qui laisse entre lui et ]es
derniers crustacés un vide considérable. Les calymènes se rapprochent
évidemment, à l'égard de cette contractibilité , de ces derniers insectes ,
des typhis et des sphéromes; mais il ne paraît pas que l'extrémité posté-
rieure de leur corps soit pourvue d'appendices natatoires latéraux, carac-
tère négatif qui les éloignerait des sphéromes , mais les rapprocherait des
armadilles, et Surtout des tyîos , dont le dessus des segments thoraci-
ques est divisé en trois. L'examen d'un individu bien conservé m'a
convaincu qu'ils avaient , de même que les limules , des yeux adossés à
deux élévations, et dont la cornée était granuleuse ou à facettes. Sous le
rapport de la non existence (^antennes supérieures, ces mêmes trilobites
auraient encore une nouvelle affinité avec les limules.
20-4 CRUSTACÉS TRILOBITES.
brions , en ce qu'ils pouvaient prendre aussi , en se con-
tractant, la forme d'un sphéroïde. Depuis la publica-
tion du travail de M. Brongniart, quelques naturalistes
n'ont point partagé son sentiment T et ont, en tout ou
on partie , adopté le mien ; d'autres hésitent encore.
Quoi qu'il en soit, ces animaux paraissent avoir été anéan-
tis par les antiques révolutions de notre planète.
Si l'on en excepte un genre hétéromorphe, celui d'a-
gnoste, les trilohites ont, de même que les limules , un
grand segment antérieur, en forme de bouclier., pres-
que demi circulaire ou lunule, et suivi d'environ douze
à vingt-deux segments (1), tous, hormis le dernier,
transversaux , et divisés par deux sillons longitudinaux
en trois rangées de parties ou de lobes, et de là l'origine
de la dénomination de trilobites (2). Ce sont pour quel-
ques savants, des cntomostracites .
Le genre Agnoste (Agnostus, Brong.) est le seul
dont le corps soit demi circulaire ou réniforme. Dans
(1) Il semblerait que dans divers trilobiles, et particulièrement dans
les asaphes , le corps se compose, non compris le bouclier, d'une douzaine
de segmenls bien cle'tache's sur les côte's, et d'un autre formant le post-
abdomen ou une queue, triangulaire ou semi-lunaire, n'offrant que des di-
visions superficielles, etqui ne coupent pas ses bords. Dans les paradoxides,
au contraire , les lobes late'raux se terminent par des prolongements aigus
bien prononces , et on en compte bien vingt-deux. Une espèce de trilo-
bile, dont M. le comte de Rasoumowsky a fait mention dans son*Me'moire
sur les fossiles (Annal, des scienc. nat. , juin 1826, pi. xxvm, n), et
qu'il présume devoir constituer un nouveau genre , est , sous ce rapport,
1res remarquable. Ses lobes latéraux forment des sortes de lanières très
longues et allant en pointe. Les pattes des nymphes des cousins sont en
forme de lames alongées, aplaties , sans articulations, termine'es par des
nlets , et repliées sur les côte's. Elles sont dans un état rudimentaire, et
peuvent être analogues aux divisions latérales de cette espèce de trilo-
bit-e , voisine des paradoxides.
(a. Les squilles, divers crustacés amphipodes etisopodes, ont aussi
plusieurs de leu-rs segments diviaés en trois par deux lignes enfoncées et
longitudinales; mais ces lignes sont pi us 'rapprochées des bords, et ne
forment pas de profonds sillons.
CRUSTACES TRIL0B1TES. 2o5
tous les autres genres, il est ovale ou elliptique , et offre
les caractères généraux que nous venons d'énoncer.
Les Calymènes (Calymene, Brong. ) se distinguent
de tous les autres trilobites, par la faculté de pouvoir
contracter le corps en fcoule , et de la même manière que
les sphéromes , les armadilles , les gloméris, c'est-à-dire
en rapprochant, en dessous, les deux extrémités de leur
corps. Le bouclier, aussi large ou plus large que long,
présente, ainsi que dans les asaplies et les ogygies, deux
éminences oculifo raies. Les segments ne débordent pas
latéralement le corps, sont réunis jusqu'au bout, et
le corps se termine postérieurement en une sorte de
queue triangulaire et alongée.
Dans les AsAphes ( Asaphus, Brong. ), les tubercules
oculiformes semblent présenter une paupière ou sont
granuleux; l'espèce de queue qui termine postérieu-
rement le corps est moins alongée que daas les caly-
mènes , et soit presque demi circulaire, soit en forme de
triangle court ( 1 ).
Le bouclier des Ogygies ( Ogygia , Brong. ) est
plus long que large, avec les angles postérieurs prolon-
gés en manière d'épine. Les éminences oculiformes
n'offrent ni paupière ni granulation. Le corps est el-
liptique.
Ces éminences, ayant l'apparence d'yeux, n'existent
point ou ne se montrent point dans le genre Paradoxide
( Paradoxides , Brong.). Les segments, ou du moins la
plupart d'entre eux, débordent latéralement le corps , et
sont libres à leur extrémité latérale.
Tels sont les caractères des cinq genres établis par
M. Alexandre Brongniart, et que l'on pourrait distri-
buer en trois groupes principaux : les rèniformes^ le G.
(i) Dans Yasaphe de Brongniart, décrit et figuré par M. Eudes Des-
longcliamps, les angles postérieurs du bouclier, au lieu de se diriger en
airière , comme dans les autres epèces , sont recourbés.
206 LES ARACHNIDES
agnoste ) , les contractiles ( le G. ealymène ) et les éten-
dus ( les G. asaphe , ogygie et paradoxide ).
Nous renverrons , quant à la connaissance des espèces
et de leurs gisseménts, au beau travail de ce célèbre na-
turaliste , qui } à l'égard des crustacés fossiles propre-
ment dits ou bien reconnus pour tels , s'est associé l'un
de ses premiers élèves et correspondant de l'Académie
des sciences, M. Anselme -Gaétan Desmarest, souvent
cité par nous, tant pour cette partie que pour son
ouvrage sur les crustacés vivants. D'autres savants ont
proposé à l'égard rdes trilobites quelques autres coupes
génériques ; mais devant me borner aux considérations
les plus générales , je m'arrête à celles que nous présente
le meilleur ouvrage que nous ayons encore sur ces singu-
liers fossiles.
DEUXIEME CLASSE DES ANIMAUX ARTICULÉS
ET POURVUS DE PIEDS ARTICULES.
LES ARAGHiNIDES. (arachnides. )
Sont, ainsi que les crustacés, dépourvues d'ailes,
et ne sont point pareillement sujettes à changer de
forme , ou n'éprouvent pas de métamorphoses, mais
de simples mues. Elles ont aussi leurs organes sexuels
éloignés de l'extrémité postérieure du corps, et si-
tués , à l'exception de ceux de plusieurs mâles , à
la hase du ventre; mais elles diffèrent de ces ani-
maux, ainsi que des insectes , en plusieurs points.
De même que dans ceux-ci, leur corps offre à sa sur-
face des ouvertures ou fentes tranverses, nommées
EN GENERAL. '>OJ
stigmates (i), destinées à l'entrée del'air, mais en
très petit nombre (huit au plus } plus communé-
ment deux ) , et uniquement situées à la partie in-
férieure de l'abdomen. La respiration d'ailleurs
s'opère, soit au moyen de branchies aériennes, ou
faisant l'office de poumons , renfermées dans des
poches dont ces ouvertures forment l'entrée, soit
au moyen de trachées (2) rayonnées. Les organes
de la vision ne consistent qu'en de simples petits
yeux lisses , groupés de diverses manières , lors-
qu'ils sont nombreux. La tête , ordinairement con-
fondue avec le thorax, ne présente à la place des
antennes, que deux pièces articulées, en forme de
petites serres didactyles ou monodactyles , qu'on a
mal à propos comparées aux mandibules des in-
sectes et désignées de même, se mouvant en sens
contraire de celles-ci, ou de haut en bas , coopérant
néanmoins à la manducation ,' et remplacées dans
les arachnides dont la bouche est en forme de si-
phon ou de suçoir, par deux lames pointues, ser-
vant de lancettes (3). Une sorte de lèvre (labium ,
Fab. ) ou plutôt de languette, produite par un pro-
(1) Désignation vague et impropre , et que l'on pourrait remplacer
par celle de pneumostome, bouché à air, ou celle de soupirail, spin/cuiui/i.
(2) Voyez, pour ces organes respiratoires, les ge'ue'ralite's de ia classe
des insectes.
(3) Des chelicères ou antenne-pinces : c'est ce qui re'sulte évidemment
de leur comparaison avec les antennes interme'diaires des divers crustace's,
et notamment de ceux- de Tordre des pœcilopodes. Il n'estdonc pas rigou-
reusement vrai que les arachnides n'aient point d'antennes, caractère
négatif qu'on leur avait jusqu'à nous exclusivement attribue'.
2o8 ARACHNIDES
longement pectoral, deux mâchoires formées par
l'article radical du premier article de deux petits
pieds ou palpes (i), ou par un appendice ou lobe
de ce même article, une pièce cachée sous les man-
dibules, appelée langue sternale par M. Savigny
( description et figure du Flialangium copticum) ,
et qui se compose d'une saillie en forme de bec, pro-
duit de la réunion d'un très petit épistome ou chape-
ron , terminé par un labre très petit, triangulaire, et
d'une carène longitudinale, inférieure, ordinaire-
ment très velue ; voilà ce qui, avec les piècesappelées
mandibules, constitue généralement, à quelques
modification près , la bouche de la plupart des arach-
nides. Le pharynx ( 2 ) est placé au-devant d'une
(i) Ils ne diffèrent des pieds proprement dits que par leurs tarses,
composés d'un seul article, et ordinairement termine's par un petit cro-
chet : ils ressemblant, en un mot, aux pattes ordinaires des crustace's.
J^oyez, ci-après, les généralités du premier ordre. Ces mâchoires et ces
palpes paraissent correspondre aux mandibules palpigères des déca-
podes, et aux deux pied; antérieurs deslimules. Dans les faucheurs oxxpha-
lanqium , les quatre pieds suivants ont, à leur origine, un appendice
maxillaire, de sorte que ces quatre appendices sont les analogues des
quatre mâchoires des animaux précédents. Dans une Monographie des
espèces de ce genre, propres à la France, et publiée long-temps avant les
Mémoires de M. Savigny sur les animaux sans vertèbres, j'avais décrit ces
parties. D'après ces observations et les précédentes , il est facile de rame-
ner la composition de ces animaux au même type général qui caractérise
tous les animaux articulés, à pieds articulés. Les arachnides ne sont donc
pas des sortes de crustacés sans tète, ainsi que l'avait dit ce savant, si
exact etsi admirable d'ailleurs dans ses observations anatomiques, et dont
il a été pour le malheur des sciences naturelles , une déplorable victime.
(ï) Je n'ai jamais vu, ainsi que M. Straus , qu'une ouverture , quoique
M. Savigny en admette deux 5 je pense que c'est l'effet d'une illusion
optique, provenant de ce qu'il n'a aperçu que les extrémités latérales de
la fente , son milieu se trouvant caché par la langue , dont la face anté-
rieure est c[ aissie dans sa partie moyenne.
EE GÉNÉRAL. 2 OC)
saillie sternale, qu'on a considérée comme une
lèvre, mais qui, d'après sa situation immédiate en
arrière du pharynx et l'absence de palpes , est
plutôt une languette. Les pieds , ainsi que ceux des
insectes , sont communément terminés par deux
crochets, et même quelquefois par un de plus, et
tous annexés au thorax (ou plutôt céphalothorax) ,
qui , un petit nombre excepté , n'est formé que d'un
seul article , et très souvent intimement uni à l'ab-
domen. Cette dernière partie du corps est molle
ou peu défendue dans la plupart.
Envisagées sous le rapport du système nerveux ,
les arachnides s'éloignent notablement des crus-
tacés et des insectes; car si l'on en excepte les
scorpions , qui, à raison des nœuds ou articles for-
mant leur queue , ont quelques ganglions de plus ,
Le nombre de ces renflements des deux cordons
nerveux est de trois au plus; et même dans ces
derniers animaux n'est-il , tout compris , que de
sept.
La plupart desarachnides se nourrissent d'insectes,
qu'elles saisissent vivants, ou sur lesquels ils se fixent,
et dont ils sucent les humeurs. D'autres vivent en
parasites , sur des animaux vertébrés. Il en est
cependant que l'on ne trouve que dans la farine ,
sur le fromage, et même sur divers végétaux. Celles
qui se tiennent sur d'autres animaux s'y multiplient
souvent en grand nombre. Dans quelques espèces,
deux de leurs pattes ne se développent qu'avec un,
TOMf: IV. l/f
2 10 ARACHNIDES
changement de peau, et en général, ce n'est qu'a-
près la quatrième ou cinquième mue au plus , que
les animaux de cette classe deviennent propres à la
génération (1).
DIVISION
DES ARACHNIDES EN DEUX ORDRES.
Les unes ont des sacs pulmonaires (2), un cœur
avec des vaisseaux bien distincts , et six à huit jeux
lisses. Elles composeront le premier ordre , celui
des Arachnides pulmonaires.
Les autres respirent par des trachées, et ne pré-
sentent point d'organes de circulation , ou , s'ils en
ont , cette circulation n'est point complète. Les
trachées se partagent près de leur naissance , en
divers rameaux, et ne forment pas, comme clans les
insectes, deux troncs, s'étendant parallèlement dans
toute la longueur du corps, et recevant l'air de ses
(t) Nous avons vu, d'après les observations recueillies sur les argules
par Jurine fils, qu'ils n'acquièrent cette facilite' qu'après la sixième mue. Ce
fait s'applique aussi aux insectes lépidoptères, et probab'ement à d'autres
insectes changeant plusieurs fois de peau ; car les chenilles muent ordi-
nairement quatre fois avant de passer à l'état de chrysalide , qui est une
cinquième mue. L'insecte ne devient parfait qu'au bout d'une autre : voilà
donc six mues.
(0) Sacs renfermant des branchies aériennes ou faisant l'office de pou-
mons , et que j'ai distinguées de ces derniers organes par la de'nomination
de y neumo- branchies.
)
PULMONAIRES. 211
diverses parties,, par des ouvertures (ou stigmates)
nombreuses. Ici on n'en voit bien distinctement que
deux au plus , et situées près de la base de l'abdo-
men (1). Le nombre des yeux lisses est de quatre
au plus. Ces arachnides formeront notre deuxième
et dernier ordre , celui des Arachnides Tra-
chéennes.
LE PREMIER ORDRE DES ARACHNIDES,
Les PULMONAIRES. (Pulmonarle.— Unogata. Fab.)
Nous présente , ainsi que nous l'avons dit , un
système de circulation bien prononcé et des sacs
pulmonaires, toujours placés sous le ventre, s'annon-
cant à l'extérieur par des ouvertures ou fentes
transverses (stigmates) , tantôt au nombre de buit ,
quatre de chaque côté , tantôt au nombre de quatre
ou de deux. Le nombre des yeux lisses est de six
à huit (2), tandis que dans l'ordre suivant, il n'y en a
(i)Les pycnogonides n'offrent aucun stigmate, et sembleraient, sous
ce rapport, se rapprocher des derniers crustace's, tels que les dichéles-
tions, les ce'crops et autres entomostrace's suceurs. M. Savigny leur trouve
plus d'affinité avec les lcemodipodes , dont cependant ils s'éloignent
beaucoup, tant par l'organisation buccale que par les yeux et les pattes.
Nous pensons néanmoins que , par l'ensemble de leurs caractères , ils
appartiennent plutôt à la classe des arachnides, et qu'ils avoisinent sur-
tout les phalangiwn , avec lesquels divers auteurs les ont rangés. Nous
croyons aussi qu'ils pourraient respirer par la surface de leur peau.
Il faut, au surplus, attendre que l'anatomie nous ait éclairés à cet égard.
(2) Les tessarops de M. Rafiuesque n'auraient que quatre yeux ; mais
je présume qu'il n'a point aperçu les latéraux. Vof. le sous-genre érèse,
i4*
2 ! 2 ARACHNIDES PULMONAIRES.
tout au plus que quatre , le plus souvent que deux ,
quelquefois même très peu apparents ou nuls.
L'organe respiratoire est formé cle petites lames. Le
cœur est un gros vaisseau qui règne le long du dos
et donne des branches de chaque côté et en avant (1).
Les pieds sont constamment au nombre de huit. Leur
tête est toujours confondue avec le thorax, et offre
à son extrémité antérieure et supérieure deux pinces
( mandibules des auteurs , chelicères ou antenne-
pinces de Latreiile ) , terminées par deux doigts ,
dont l'un mobile ; ou par un seul en forme de cro-
chet ou de griffe , et toujours mobile (2). La bouche
se compose d'un labre ( V^ojez les généralités de
la classe) , de deux palpes , simulant quelquefois des
bras ou de serres de deux ou quatre mâchoires, for-
mées, lorsqu'il n'y en a que deux , par l'article ra-
dical de ces palpes, et de plus lorsqu'il yen a quatre,
par le même article de la première paire de pieds, et
d'une languette d'une ou de deux pièces (5) . En pre-
(1) Suivant M. Marcel de Serres (Mémoire sur le vaisseau dorsal des
nsectes), le sang , dans les aranéïdes et les scorpions, se porterait d'abord
aux organes respiratoires, et de là, par des vaisseaux particuliers, aux
diverses parties du corps. Mais, à en juger d'après les rapports qu'ont ces
animaux avec les crustacés , cette circulation paraît devoir s'effectuer en
sens contraire. P oyez le Mémoire de M. Tréviranus sur l'anatomie des
araignées et des scorpions.
(2) Ces pièces sont formées d'un premier article très grand et ventru ,
dont un des angles supérieurs, lorsque la pince est didactjle, forme le
doigt fixe , et d'un second article, celui qui forme le doigt opposé et mo-
bile , ou le croche*, lorsqu'il n'y a qu'un doigt. Dans ce dernier cas,
comme relativement à divers crustacés , j'emploierai le mot de griffe.
(3) Celle des scorpions paraît se composer de quatre pièces ,
en forme de triangle alongé et pointu , et dirigées en avant ; mais
PAPILLE DES PILEUSES. 2 l 3
nant pour base la diminution progressive du nombre
des sacs pulmonaires et des stigmates , les scorpions,
où il est de huit, tandis que les autres arachnides n'en
offrent que quatre ou deux, devraient former le pre-
mier genre de cette classe, et dès lors notre famille des
pédipalpes, à laquelle il appartient, devrait précéder
celle des fileuses ( i) . Mais ces dernières arachnides s'i-
solent en quelque sorte, à raison des organes sexuels
masculins, delà griffe ou crochet de leurs serres fron-
tales, de leur abdomen pédicule et de ses filières,
et de leurs habitudes ; les scorpions d'ailleurs parais-
sent former une transition naturelle des arachnides
pulmonaires , à la famille des faux-scorpions,, la pre-
mière de l'ordre suivant. Nous commencerons donc,
ainsi que nous l'avions fait, par les arachnides fileuses.
La première famille des Arachnides pulmonaires,
celle
Des FILEUSES ou ARANÉÏDES , ( Araneides. )
Se compose dngenrexles A raigrées (4 ranea, Lin.).
Elles ont des palpes en forme de petits pieds , sans
les deux latérales sont évidemment formées par le premier article des
deux pieds antérieurs, et peuvent être considérées comme deux mâchoires,
analogues aux deux premières. On voit, par les mygales, les scorpions, etc. ,
que les palpes sont divisés en six articles, dont le radical, dans les
autres aranéïdes, se dilate intérieurement et en avant, pour former le
lobe maxiliiforme. Ce lobe mdme, dans quelques espèces, s'articule
à sa base, et devient ainsi un appendice maxillaire de ce même ar-
ticle. Si on fait abstraction de cet article , le palpe n'en offre que cinq,
et tel est le mode de supputation le plus général. Dans les scorpions ,
le doigt mobile des pinces forme, ainsi que dans les serres des crustacés.,
le sixième article.
(1) Dans mon ouvrage sur les familles naturelles du règne animal., je
2l4 ARACHNIDES PULMONAIRES.
pince au bout , terminés au plus dans les femelles ,
par un petit crochet, et dont le dernier article ren-
ferme ou porte dans les mâles divers appendices plus
ou moins compliqués, servant à la génération (i).
Leurs serres frontales ( mandibules des auteurs )
sont terminées par un crochet mobile replié in-
férieurement , ayant en dessous , près de son extré-
mité, toujours très pointue , une petite fente, pour la
sortie d'un venin renfermé dans une glande de l'ar-
ticle précédent. Les mâchoires ne sont jamais qu'au
nombre de deux. La languette est d'une seule pièce ^
toujours extérieure et située entre les mâchoires ,
soit plus ou moins carrée, soit triangulaire ou semi-
circulaire. Le thorax (2) ayant ordinairement une
impression en forme de V , indiquant l'espace occupé
par la tête , est d'un seul article , auquel esl suspendu
en arrière , au moyen d'un pédicule court, un ab-
domen mobile et ordinairement mou; il est muni dans
tous, au-dessous de l'anus , de quatre à six mamelons,
commence par les pe'dipalpes. Mon ami, M.Léon Dufour, pense aussi
que les scorpions doivent être mis en tête.
(1) D'après toutes les observations qu'on a recueillies sur le mode
d'accouplement des arane'ïdes , je suis toujours porte' à croire que ces ap-
pendices sont les organes de la copulation. J'ai vainement cherché à dé-
couvrir, sur la base du ventre d'une grande mygale mâle conservée dans
de la liqueur, quelques orgaues particuliers. Il ne faut pas toujours juger
d'après l'analogie : c'est ainsi que les organes sexuels des femelles des
(jloméris, des jules et autres chilognates, sont situés près de la bouche ,
lait dont on ne trouve pas un second exemple.
hi) L'expression de céphalo-thorax serait plus rigoureuse et plus juste ;
mais n'étant pas usitée, je n'ai pas cru devoir m'en servir. Je n'em-
ploierai pas non plus celle de corselet, quoique généralement admise ,
parce que , dans son application aux coléoptères, aux orthoptères , etc. ,
fiÏÏe ne convient qu'au prothorax ou au premier segment thoracique
FAMILLE DES FILEUSES. 2l5
charnus au bout, cylindriques ou coniques, articulés,
très rapprochés les uns des autres et percés à leur
extrémité d'une infinité de petits trous (i), pour le
passage des fils soyeux d'une extrême ténuité^ par-
tant des réservoirs intérieurs. Les pieds, déformes
identiques, mais de grandeurs variées y sont compo-
sés de sept articles , dont les deux premiers forment
les hanches, le suivant la cuisse , le quatrième (2) et
le cinquième la jambe, et les deux autres le tarse: le
dernier est terminé par deux crochets ordinairement
dentelés en peigne , et dans plusieurs par un de plus ,
mais plus petit et sans dentelures. Le canal intestinal
est droit ; il a d'abord un premier estomac , composé
de plusieurs sacs; puis, vers le milieu de l'abdomen ,
une seconde dilatation stomacale , entourée de
soie. Suivant les observations de M. Léon Du four
(Annal, des scienc. pliysiq., tom. 6), il occupe la
majeure partie de la capacité abdominale , et se
trouve immédiatement enveloppé par la peau. Il
est d'une consistance pulpeuse , formée de petits
grains (5) , dont les conduits excréteurs particuliers
se réunissent en plusieurs canaux hépatiques, versant
(1) Ces trous sont sur le dernier article, qui est souvent rentré. Si ou
?e presse fortement, on en fait sortir, du moins dans plusieurs espèces, de
très petites papilles percées au bout, et qui sont les filières propres.
Quelques naturalistes pensent que les deux petits mamelons situés au
milieu des quatre extérieurs ne fournissent point de soie.
(2) Cet article, ou le premier de la jambe, est une espèce de rotule.
(3) Le foie des scorpions se compose de lobules pyramidaux et fasci"
euiés , ce qui semble annoncer une organisation plu* avancée.
2l6 ARACHNIDES PULMONAIRES.
clans le tube alimentaire le produit de la sécrétion;
Au milieu de sa face supérieure est une ligne en-
foncée, où se loge le cœur , et qui divise cet organe
en deux lobes égaux. Sa forme varie comme celle
de l'abdomen, suivant les espèces ; ainsi son contour
est festonné dans l'épeïre soyeuse. Dans ce sous-genre
ainsi que dans la lycose-tarentule , sa surface est
recouverte d'un enduit d'un blanc de chaux , fen-
dillé en aréoles , qui s'aperçoivent même aisé-
ment , à travers la peau glabre de plusieurs espè-
ces ; on les voit obéir au mouvement de sislole
et de diastole du cœur. Les individus des deux sexes
lancent souvent par l'anus une liqueur excrémen-
tielle, composée d'une partie d'un blanc laiteux et
d'une autre noire comme de l'encre.
Le système nerveux se compose d'un double cor-
don , occupant la ligne médiane du corps , et de
ganglions qui distribuent des nerfs aux divers orga-
nes. M. Dufour n'a pu déterminer le nombre et les
dispositions de ces ganglions; mais, d'après la figure
qu'à donnée de ce système Treviranus ( Veber
deninnern , bau des arachniden, tab. 5, fig. 45. ),
le nombre des ganglions ne serait que de deux.
Les observations de celui-ci suppléeront encore à
celles de M. Dufour , relativement à l'organe de
circulation qui, suivant lui ne paraît consister qu'en
un simple vaisseau dorsal , ainsi que par rapport
aux testicules et aux vaisseaux spermaliques, sur les-
quels il n'a aucune donnée.
FAMILLE DES FIL EUS «S. 21 7
La région dorsale de l'abdomen offre dans plu-
sieurs aranéides , notamment dans celles qui sont
glabres ou peu velues , des points enfoncés ou om-
bilics , dont le nombre et la disposition varient.
M. Dufour a reconnu que ces petites dépressions or-
biculaires étaient déterminées par l'attache des
muscles filiformes qui traversent le foie , et qu'il a
aussi observés dans les scorpions.
Les cavités pulmonaires , au nombre d'une ou de
deux paires , s'annoncent à l'extérieur par autant de
taches jaunâtres ou blanchâtres , placées près de la
base du ventre, immédiatement après le segment,
qui, au moyen d'un filet charnu, unit l'abdomen avec
le thorax. Chaque bourse pulmonaire est formée par
la superposition d'un grand nombre de feuillets
triangulaires , blancs , extrêmement minces , qui
deviennent confluents autour des stigmates , dont le
nombre est le même que celui des sacs pulmonai^
res. Lorsqu'il y en a quatre , une sorte de pli ou
vestige d'anneau , existant même dans ceuxoùiin'y
en a que deux, et placé immédiatement après eux,
forme une ligne qui sépare les deux paires.
Les aranéides femelles ont deux ovaires bien dis-
tincts , logés dans une espèce de capsule formée par
le foie. N'étant point fécondés, ils paraissent corn-*
posés d'un tissu spongieux, comme floconneux, et
constitué par l'agglomération de corpuscules ar-
rondis, à peine sensibles , qui sont les germes des
œ.ufs. A mesure que la fécondation fait des progrès, la
21 8 ARACHNIDES PULMONAIRES.
grappe formée par ces œufs ( 1) devient moins serrée,
et on voit qu'ils sont insérés latéralement sur plu-
sieurs canaux. Leur grande analogie avec les ovaires
du scorpion fait présumer au même observateur
qu'ils forment des mailles aboutissant à deux oviduc-
tes distincts ,, qui débouchent dans une même vulve.
La configuration de celle-ci varie beaucoup ; tantôt
c'est une fente longitudinale bilabiée, comme dans
la micrommate argelasienne, tantôt elle est abritée
par un opercule prolongé et terminé en manière
de queue , comme dans l'épéïre-diadème , ou bien
elle se présente sous la forme d'un tubercule.
A l'égard des jeux lisses , il remarque qu'ils bril-
lent dans l'obscurité comme ceux des chats , et que
les aranéïdes ont vraisemblablement la faculté de
voir de jour et de nuit.
L'abdomen des aranéïdes se putréfie et s'altère
tellement après la mort , que ses couleurs et même
sa forme sont méconnaissables. M Du four est par-
venu , au moyen d'une dessication très prompte , et
dont il indique le procédé , à remédier , autant que
possible, à cet inconvénient.
Selon Réaumur , la soie subit une première éla-
boration dans deux petits réservoirs ayant la fi-
gure d'une larme de verre , placés obliquement ,
un de chaque côté , à la base de six autres réser-
voirs , en forme d'intestins , situés les uns à côté
(i) Voyez sur leur développement et celui du fœtus le beau travail dp
M. Hétol.l.
FAMILLE DtS F ILE USES. 21Q
des antres , recoudés six ou sept fois , partant un
peu au-dessous de l'origine du ventre, et venant
aboutir aux mamelons par un filet très mince. C'est
dans ces derniers vaisseaux que la soie acquiert plus
de consistance et les autres qualités qui lui sont
propres ; ils communiquent aux précédents par des
branches , formant un grand nombre de coudes et
ensuite divers lacis (i). Au sortir des mamelons , les
fils de soie sont gluants ; il leur faut un certain
degré de dessiccation ou d'évaporation d'humidité,
pour pouvoir être employés. Mais il paraît que
lorsque la température est propice , un instant
suffit, puisque ces animaux s'en servent tout aussitôt
qu'ils s'échappent de leurs filières. Ces flocons blancs
et soyeux que l'on voit voltiger au printemps et en
automne, les jours où il y a eu du brouillard, et
qu'on nomme vulgairement jils de la Vierge , sont
certainement produits , ainsi que nous nous en som-
mes assurés en suivant leur point de départ , par
diverses jeunes aranéïdes, et notamment des épéires
et des thomises ; ce sont principalement les grands
fils qui doivent servir d'attache aux rayons de la
toile , ou ceux qui en composent la chaîne , et qui
devenant plus pesants à raison de l'humidité, s'af-
faissent, se rapprochent les uns des autres, et fi-
nissent par se former en pelotons; on les voit sou-
vent se réunir près de la toile commencée par
l'animal , et où il se tient. Il est d'ailleurs probable
que beaucoup de ces aranéïdes n'ayant pas en-
f i) Voyez, sur \c même sujet , Tréviranns.
220 ARACHNIDES PULMONAIRES.
eore une provision assez abondante de soie, se bor-
nent à en jeter au loin de simples fils. C'est, à ce
qu'il me paraît , à de jeunes Ijcoses qu'il faut at-
tribuer ceux que l'on voit en grande abondance,
croisant les sillons des terres labourées, lorsqu'ils
réfléchissent Ja lumière du soleil. Analysés chimi-
quement, ces fils delà vierge offrent précisément les
mêmes caractères que la soie des araignées; ils ne se
forment donc point dans l'atmosphère, ainsi que
l'a conjecturé , faute d'observations propres ou ex
visu, un savant dont l'autorité est d'un si grand poids,
M. le chevalier de Lamarck. On est parvenu à fa-
briquer avec cette soie des bas et des gants; mais
ces essais n'étant point susceptibles d'une application
en grand, et étant sujets à beaucoup de difficultés,
sont plus curieux qu'utiles. Getle matière est bien
plus importante pour les aranéïdes. C'est avec elle
que les espèces sédentaires , ou n'allant point à la
chasse de leur proie, ourdissent ces toiles (1) d'un
tissu plus ou moins serré } dont les formes et posi-
tions varient selon les habitudes propres à chacune
d'elles, et qui sont autant de pièges où les insectes
dont elles se nourrissent, se prennent ou s'embar-
rassent. À peine s'y trouvent-ils arrêtés, au moyen
des crochets de leurs tarses, que l'aranéïde, tantôt
placée au centre de son réseau ou au fond de sa
( i ) Celles de quelques arane'ïdes exotiques sont si fortes , qu'elles ar-
rêtent de petits oiseaux, et opposent même à Thomme une certaine
résistance.
FAMILLE DES FILEUSES. 22 1
toile , tantôt dans une habitation particulière située
auprès et dans l'un de ses angles, accourt , s'ap-
proche de l'insecte , fait tous ses efforts pour le
piquer avec son dard meurtrier, et distiller dans
sa plaie un poison qui agit très promptement ;
lorsqu'il oppose une trop forte résistance , ou qu'il
serait dangereux pour elle de lutter avec lui, elle se
retire un instant afin d'attendre qu'il ait perdu de
ses forces ou qu'il soit plus enlacé ; ou bien, si elle
n'a rien à craindre , elle s'empresse de le garrotter
en dévidant autour de son corps des fils de soie, qui
l'enveloppent quelquefois entièrement et forment
une couche , le dérobant à nos regards.
lister avait dit que des araignées éjaculent et
lancent leurs fils , delà même façon que les porcs-
épics lancent leurs piquants, avec cette différence
qu'ici ces armes, suivant une opinion populaire, se
détacheraientdu corps, tandis que dans les araignées»
ces fils, quoique poussés au loin , y restent attachés.
Ce fait a été jugé impossible. Nous avons ce-
pendant vu des fils sortir des mamelons de quelques
thomises, se diriger en ligne droite, et former comme
des rayons mobiles, lorsque l'animal se mouvait cir-
culairement. Un autre emnloi de la soie, et commun
à toutes les aranéïdes femelles^ a pour objet la cons-
truction des coques destinées à renfermer leurs œufs.
La contexture et la forme de ces coques est di-
versement modifiée selon les habitudes* des races.
Elles sont généralement sphéroïdes; quelques-unes
22 2 ARACHNIDES PULMONAIRES.
ont la forme d'un bonnet ou celle d'une tymbale ; on
en connaît qui sont portées sur un pédicule , ou qui
se terminent en massue. Des matières étrangères,
comme de la terre, des feuilles, les recouvrent
quelquefois , du moins partiellement; un tissuplus fin ,
ou une sorte de bourre ou de duvet , enveloppe sou-
vent les œufs à l'intérieur. Us y sont libres ou ag-
glutinés, et plus ou moins nombreux. Ces animaux
étant très voraces, les mâles, pour éviter toute
surprise, et n'être pas victimes d'un désir préma-
turé , ne s'approchent de leurs femelles , à l'époque
des amours, qu'avec une extrême méfiance et la
plus grande circonspection. Ils tâtonnent souvent
long-temps avant que celles-ci se prêtent à leurs
caresses ; lorsqu'elles s'y déterminent , ils appli-
quent alternativement , avec une grande prompti-
tude, l'extrémité de leurs palpes, sur le dessous du
ventre delà femelle, font sortir, à chaque contact, et
comme par une espèce de ressort ^ l'organe fécon-
dateur, contenu dans le bouton formé par le dernier
article de ces palpes, et l'introduisent dans une
fente située sous le ventre, près de sa base, entre les
ouvertures propres à la respiration; après quelques
courts instants de repos, le même acte se renou-
velle plusieurs fois. Voilà l'accouplement d'un petit
nombre d'espèces et de la division des orbitèles.
On ne lira pas sans éprouver un vif intérêt, ce qu'a
écrit sur ce sujet le savant qui a le plus approfondi
l'histoire de ces animaux, le célèbre M. Walcke-
FAMILLE DES FILETJSES. 2 2$
\ naer, membre de l'académie des inscriptions et
belles-lettres, et dont je m'honore d'être un an-
cien ami. L'appareil de la génération des mâles ,
ou du moins présumé tel , est ordinairement très
compliqué et très varié, formé des pièces écail-
leuses, plus ou moins crochues et irrégulières, et
d'un corps blanc , charnu , sur lequel on aperçoit
quelquefois des vaisseaux d'une apparence sanguine,
et que l'on regarde comme l'organe fécondateur
proprement dit ; mais dans les arachnides à quatre
sacs pulmonaires , et dans quelques autres de la
division de celles qui n'en ont que deux, le der-
nier article des palpes des mêmes individus n'offre
qu'une seule pièce cornée, en forme de crochet ou de
cnre-oreille, sans la moindre ouverture distincte.
Quoique Millier et d'autres aient eu tort, relati-
vement à quelques entomostracés , de placer les
organes sexuelsmasculinssurdeuxde leurs antennes,
il n'en est pas moins vrai que les parties considérées
comme analogues dans les aranéïdes , sont très diffé-
rentes decellesquel'onohserve-aux antennes de ces
crustacés, et que l'on ne conçoit pas quelle pour-
rait être leurdestination,sion leur refuse celle-ci(T).
D'après les expériences d'Audebert , qui nous a
donné une histoire des singes , di^ne des talents de ce
grand peintre, il est prouvé qu'une seule fécondation
peutsuffireà plusieurs générations successives; mais,
comme dans tous les insectes et au ires classes analo-
(i) Elles seraient au moins des organes excitateurs.
224 AllACHKIDES PULMONAIRES.
gués , les œufs sont stériles si les deux sexes ne se
sont pas réunis. L'accouplement, dans nos climats,
a lieu depuis la fin de l'été jusqu'à la fin de septem-
bre. Les œufs pondus les premiers éclosent souvent
avant la fin de l'automne ; les autres passent l'hiver.
On a remarqué que les femelles de quelques espèces
de lycoses ou d 'araignées-loups déchirent la coque
des œufs , lorsque les petits doivent venir au monde.
Les nouveau - nés grimpent sur le dos de leur mère
et s'y tiennent pendant quelque temps. D'autres
aranéïdes femelles portentleurscocons sous le ventre,
ou veillent à leur conservation , en se fixant auprès
d'eux. Les deux pattes postérieures ne se dévelop-
pent , dans quelques petits, que quelque jours après
leur naissance. 11 en est qui , à la même époque ,
sont rassemblés pendant quelque temps en société
et paraissent filer en commun. Leurs couleurs alors
sont souvent plus uniformes, et le naturaliste qui
aurait peu d'expérience pourrait multiplier mal à
propos les espèces. L'un de nos collaborateurs pour
l'Encyclopédie méthodique , M. ÀmédéeLepelletier
de Saint-Fargeau , a observé que ces animaux jouis-
saient y ainsi que les crustacés , de la faculté de ré-
générer les membres perdus.
J'ai constaté qu'une seule piqûre d'aranéïde de
moyenne taille fait périr notre mouche domestique
dans l'espace de quelques minutes. Il est encore cer-
tain que la morsure de ces grandes aranéïdes de l'A-
mérique méridionale, qui y sont connues sous le nonv
FAMILLE DES FILEUSES. 22 5
d'araignées crabes et que nous rangeons dans le
genremygale,donnelamort à de petits animauxver-
tébrés,tels que de petitsoiseaux, comme des colibris,
des pigeons, et peut produire dans l'homme un accès
violent de fièvre; la piqûre même de quelques espèces
de nos climats méridionaux a été quelquefois mor-
telle. L'on peut donc , sans adopter toutes les
Tables que Baglivi et d'autres ont débitées sur le
compte de la tarentule, se méfier, surtout dans les
pays chauds,, de la piqûre des aranéïdes et particu-
lièrement des grosses espèces. Diverses espèces d'in-
sectes du genre Sphex de Linnaeus saisissent des
aranéïdes , les percent de leur aiguillon et les trans-
portent dans les trous où elles déposent leurs œufs ,
afin qu'elles servent de pâture à leurs petits. La plu-
part de ces animaux périssent à Farrière-saison ,
mais il en est qui vivent plusieurs années , et de ce
nombres ont les mygales, les 1 vcoses et probablement
plusieurs autres. Quoique Pline dise que les phalan-
gium sont inconnus en Italie , nous présumons néan-
moins que ces dernières aranéïdes et d'autres grandes
espèces ne faisant point de toile , de même encore
que les galéodes ou soipuges, sont les animaux que
l'on désignait collectivement de la sorte , et dont
l'on distinguait plusieurs espèces. Telle était aussi
l'opinion de Mouffet qui a figuré (Theatr. insect. ,
p. 219) comme une espèce de phalangîum une
lycose ou une mygale de l'île de Candie.
Lister, qui a, le premier, ïe mieux observé les
TOME IV. i5
2 26 ÀRAGNHIDES PULMONAIRES.
araneïdes dont il était à portée de suivre les habi-
tudes, celles de la Grande-Bretagne , a jeté les bases
d'une distribution naturelle , et dont celles qu'on a
publiées depuis ne sont pour la plupart que des mo-
difications. La connaissance plus récente de quel-
ques espèces particulières aux pays chauds, telles
que l'araignée maçonne, décrite par l'abbé Sauvages,
et de quelques autres analogues , l'emploi des or-
ganes de la manducation , introduit dans la méthode
par Fabricius, une étude plus précise de la disposi-
tion générale des yeux et de leurs grandeurs respec-
tives , celle encore des longueurs relatives des
pattes, ont contribué à étendre cette classification.
M. Walckenaer est entré à cet égard dans les plus
petits détails , et il serait difficile de découvrir une
espèce qui ne trouvât sa place dans quelqu'une des
coupes qu'il a établies. Il existait cependant un ca-
ractère dont on n'avait point généralisé l'applica-
tion , la présence ou l'absence du troisième crochet
du bout des tarses. M. Savignynous aprésenté, surce
point de vue, une nouvelle méthode, mais dont je ne
connais qu'un simple aperçu. {Voyez "Walck. ,
Faune franc., note terminant le genre Atte. ) (1)
M. Léon Dufour,qui a publié d'excellents mé-
(i) Nous n'avons eu connaissance des observations de M. Savigny sur
les araneïdes faisant partie de l'explication des planches d'histoire natu-
relle du grand ouvrage sur l'Egypte, que long-temps après la rédaction
de notre article relatif aux mêmes animaux. Ne pouvant interrompre la
continuation de notre travail , et revenir sans cesse sur ce que nous avons
déjà rédige , nous exposerons succinctement la distribution méthodique
des araneïdes propose'e par M. Savigny , dans un sapple'mcnt.
FAMILLE DES EILEUSES. 2 2^
moires sur l'anatomie des insectes^ qui a fait une
étude spéciale de ceux du royaume de Valence ,
où il en a découvert plusieurs espèces nouvelles ,
et auquel la botanique n'est pas moins redevable ,
a donné une attention particulière aux organes
respiratoires des aranéïdes, et c'est d'après lui que
nous les partagerons en celles qui ont quatre sacs
pulmonaires , ( et à l'extérieur quatre stigmates ,
deux de chaque côté et très rapprochés) , et en celles
qui n'en ont que deux ( i ) . Les premières, qui embras-
sent l'ordre des aranéïdes théraphoses de M. Valc-
kenaer, et quelques autres genres de celui qu'il
désigne collectivement sous la dénomination d'arai-
gnée , n'en composent d'après notre méthode ,
qu'un seul, celui
De Mygale. (Mygale. )
Leursyeuxsont toujours si tués à l'extrémité antérieure
du thorax et ordinairement très rapprochés. Leurs chéli-
cères et leurs pieds sont robustes. Les organes copulateurs
des mâles sont toujours saillants et souvent très sim-
ples. La plupart n'ont que quatre filières, dont les deux
latérales ou extérieures , et situées un peu au-dessus des
deux autres , plus longues , de trois articles, sans compter
l'élévation formant leur pédoncule. Elles se fabriquent
des tubes soyeux , leur servant d'habitation , et qu'elles
cachent , soit dans des terriers qu'elles ont creusés , soit
sous des pierres, desécorces d'arbres ou entre des feuilles.
Les théraphoses de M. Walckenaer formeront une pre-
(i) Section des araigne'es territèles de la première e'dition de cet ouvrage.
i5*
2 2-3 ARACHNIDES PULMONAIUES.
mière division ayant pour caractères : quatre (i) filières,
dont les deux intermédiaires et in férieures ordinairemen t très
courtes et dont les deux extérieures très saillantes. Crochets
des chélicères repliés en dessous, le long de leur carène ou
tranche inférieure,* et non en dedans ou sur leur face in-
terne. Huit veux dans tous ( le plus souvent groupés sur
une petite éminence, trois de chaque côté, formant, réu-
nis, un triangle renversé , et dont les deux supérieurs rap-
prochés; les deux autres disposés transversalement au milieu
des précédents ).
La quatrième paire de pieds, et ensuite la première,
sont les plus longues, la troisième est la plus courte.
Ici les palpes sont insérés à l'extrémité supérieure des
mâchoires, de sorte qu'ils paraissent être composés de six ar-
ticles, dont le premier, étroit et alongé, avec l'angle interne
de l'extrémité supérieure saillant, fait l'office de mâchoire.
La languette est toujours petite et presque carrée. Le dernier
article des palpes des mâles est court , en forme de bouton, et
portant à son extrémité les organes sexuels. Les deux jambes
antérieures des mêmes individus ont une forte épine ou ergot
à leur extrémité inférieure. Tels sont les caractères
Des Mygales proprement dites. (Mygale. Walck. )
Les unes n'offrent point à l'extrémité supérieure de leurs
chélicères, immédiatement au-dessus de l'insertion delà griffe
ou crochet qui les termine , une série transverse d'épines
ou de pointes cornées et mobiles ? disposées en manière de
râteau. Les poils qui garnissent le dessous de leurs tarses
forment une brosse épaisse et assez large, débordante ,
et cachant ordinairement les crochets. Les organes sexuels
masculins consistent en une seule pièce écailleuse et
terminée en une pointe entière , ou sans échancrure ni di-
vision • tantôt elle a presque la forme d'un cure-oreille
(M. de le Blond, Latr. ); tantôt, et c'est le plus souven*,
elle ressemble à une larme batavique, ou globuleuse infé-
(i) J'ai aperçu, dans les atypes, des vestiges de deux autres mame-
lons, ceux qui, dans les arane'ïdes de la division suivante, sont place's
entre les quatre extérieurs et très visibles ; mais comme ici ils sont très
peu apparents , je n'ai pas cru devoir en tenir compte.
FAMILLE DES FILEUSES. 2 2Q
rieu renient, elle se rétrécit ensuite, pour se terminer en
pointe et former une espèce de crochet arqué.
Cette division se compose des espèces les plus grandes
de la famille, et dont quelques-unes, dans l'état de repos ,
occupent un espace circulaire de six à sept pouces de dia-
mètre , et saisissent quelquefois des colibris et des oi-
seaux-mouches. Elles établissent leur domicile dans les
gerçures des -arbres, sous leur écorce , dans les interstices
des pierres ou des rochers, ou sur les surfaces des feuilles
de divers végétaux. La cellule de la Mygale aviculaire a la
forme d'un tube, rétréci en pointe à son extrémité posté-
rieure. Elle se compose d'une toile blanche, d'un tissu
serré, très fin , demi transparent et semblable en apparence
à de la mousseline. M. Goudot m'en a donné une qui,
développée, avait environ deux décimètres de long, sur
près de six centimètres de large, mesurée dans son plus
grand diamètre transversal. Le cocon de la même espèce
avait la forme et la grandeur d'une grosse noix. Son enve-
loppe, composée d'une soie, de la même nature que celle
de son habitation , était formée de trois couches. Il paraît
que les petits y écloscnt et y subissent leur première mue.
Ce naturaliste m'a dit en avoir retiré d'un seul une cen-
taine. ( Voyez mon Mémoire sur les habitudes de l'araignée
aviculaire, dans le recueil de ceux du muséum d'hist. nat.,
îom vin , pag. 456. )
Cette mygale ( Aranea avicularia , Lin. ; Kléem. , in-
sect. XI et XII, maie. ) est longue d'environ un pouce et
demi, noirâtre, très velue, avec l'extrémité des palpes,
des pieds et les poils inférieurs "de la bouche rougeâtres.
L'organe génital des mâles est creux à sa base, et finit en
pointe a longée et très aiguë'.
L'Amérique méridionale et les Antilles fournissent d'au-
tres espèces, qui y sont connues des colons français, sous
le nom cl' araignées-crabes . Leurs, morsures passent pour être
très dangereuses. Lesgrandes Indes enontaussi une espèce
très grande ( M. fasciata; Seba, Mus., I, lxix, i ; Walck.,
Hist. desaran., IV, i, fem. ). On reçoit aussi du cap de
Bonne-Espérance une espèce presque aussi grande que
Taviculaire. Une autre de la même division , la M. valen-
23o ARACHNIDES PULMON A.IKES.
cienne ( Valentina ), a été trouvée dans les lieux arides et
déserts de Moxenta , en Espagne , par M. Dufour, qui Ta
décrite et figurée dans le cinquième volume des Annales
des sciences physiques, publiées à Bruxelles. M. Walcke-
naeren a fait connaître une autre de cette péninsule (M. cal-
peiana) qui a deux éminences au-dessus des organes respi-
ratoires. Ces deux espèces forment un petit groupe parti-
culier, ayant pour caractère, crochets des tarses saillants
ou à découvert (i).
Dans les mygales suivantes (2) , l'extrémité supérieure du
premier articledesantenne-pinces présente une séried'épines
articulées et mobiles à leur base , d'après les observations
de M. Dufour, et formant une sorte de râteau.
Les tarses sont moins velus en dessous que dans la di-
vision précédente , et leurs crochets sont toujours dé-
couverts. Les mâles d'une espèce , les seuls que j'aie vus ,
ont leurs organes copulateurs moins simples que ceux des
espèces précédentes. La pièce écailleuse et principale ren-
ferme dans une cavité inférieure un corps particulier , se-
mi-globuleux, etse terminant en une pointe , bifide (3).
Ces espèces se creusent , dans les lieux secs et montueux,
situés au midi , des contrées méridionales de l'Europe et de
quelques autres pays, des galeries souterraines , en forme de
boyau, ayant souvent deux pieds de profondeur, et telle-
ment fléchies , selon M. Dufour, qu'on en perd souvent la
trace. Elles construisent à leur entrée, avec de la terre et de
la soie, un opercule mobile, fixé par une charnière, et qui,
à raison de sa forme, parfaitement adaptée à l'ouverture,
de son inclinaison, de son poids naturel et de la situation
supérieure de la charnière, ferme de lui-même et d'une
manière très juste, l'entrée de l'habitation, et forme ainsi
(1) Voyez , pour ces espèces et les suivantes, ainsi que pour les autres
genres de cette famille, les articles correspondants de la seconde e'dition
du nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, que nous avons traite's avec
étendue.
(2) Le G. Cteiyize , Cteniza , Latr. , Fam. natur. du règne animal.
(3) M. Dufour me contredit à cet égard. J'ai de nouveau vérifié le fait,
et je me suis convaincu que je ne m'étais pas trompé. Peut-être que les
individus qu'il a examinés n'offraient point ce caractère.
FAMILLE DES PILEUSES. 20 h
une trape, que Ton a de la peine à distinguer du teriain
environnant. Sa face intérieure est revêtue d'une couche
soyeuse, à laquelle l'animal s'accroche, pour attirer à lui
cette porte et empêcher qu'on ne l'ouvre. Si elle est un peu
béante, on est sur qu'il est dans sa retraite. Mis à découvert
par une scission , pratiquée dans le conduit, en avant de
son issue, il reste stupéfait et se laisse prendre sans résis-
tance. Un tube soyeux, ou le nid proprement dit, revêt l'in-
térieur de la galerie. Le savant précité est d'avis que les
mâles n'en creusent point. Outre qu'il ne les a jamais rencon-
trés que sous des pierres , ils lui paraissent moins favorisés
sous le rapport des organes propres à ces travaux. ( Voyez
son beau Mémoire , ayant pour titre, Observations sur quel-
ques arachnides quadripulmonaires. ) Sans prononcer à cet
égard , nous présumons avec lui que notre Mygale cardeuse
( Mygale carminans , Nouv. dict. d'hist. nat., 2e édit., article
Mygale. ) n'est que le mâle de l'espèce suivante; cependant
M. Walckenaer en doute.
La Mygale maçonne ( M. cœmentaria , Latr. ; Araignée
maçonne , Sauvag., Hist. de l'Acad. des scienc. , 17^8,
pag. 26 ; Araignée mineuse , Dorthès , Transact. lin. , Soc.
II, 17, 8; Walck., Hist. des aran., fasc, III, xjFaun. franc.,
arach., II, 4;Dufour, Annal, dessc.phys., V, lxxiii, 5.)
femelle est longue d'environ huit lignes, d'un roussâtre
tirant sur le brun et plus ou moins foncé, avec les bords
du corselet plus pâles. Leschélicèressont noirâtres, et ont
chacune en dessus, près de l'articulation du crochet, cinq
pointes, dont lanterne plus courte. L'abdomen est gris
de souris , avec des mouchetures plus foncées. Le premier
article de tous les tarses est garni de petites épines ) les
crochets du dernier ont un ergot à leur base, et une
double rangée de dents aiguës. Les filières sont peu
saillantes. Suivant M. Dufour (Annal, des se. phys., V,
lxxiii, 4-)? le mâle présumé, dont j'ai fait une espèce,
sous le nom de M. cardeuse, diffère de l'individu précé-
dent par ses pattes plus longues, parles crochets des tarses
dont les dents sont une fois plus nombreuses, mais dé-
pourvues d'ergots , et par ses filières plus courtes. Mais
un caractère plus apparent est la forte épine terminant
202 ARACHNIDES PULMONAIRES.
en dessous les deux jambes antérieures. Cette mvgale se
trouve dans les départements méridionaux de la France ,
situés sur les bords de la Méditerranée , en Espagne , etc.
\jxM.pionnièrc(M.fodiens, Walck., Faun. franc., arach.,
H , 1,2; M. Sauvagesii , Dufour., Ànn. des se. phys. , V 7
lxxiii, 3 j Aranea Sauvagesii , lloss.) femelle, est un peu
plus grande que celle de l'espèce précédente, d'un brun
roussâtre clair et sans taches. Les filières extérieures sont
longues. Les quatre tarses antérieurs sont seuls garnis de
petites épines j tous ont un ergot au bout , et leurs cro-
chets n'offient qu'une dent, située à leur base. Les chéli-
cères sont plus fortes et plus inclinées que celles de la M.
maçonne; les pointes du râteau sont un peu plus nom-
breuses; la première articulation offre, en-dessous , deux
rangées de dents. Le mâle est inconnu. Cette espèce se
trouve en Toscane et en Corse. Le Muséum d'histoire na-
turelle possède un petit bloc de terre, où l'on voit quatre
de ses nids, disposés en un quadrilatère régulier.
M. Lefèvre, si zélé pour les progrès de l'entomologie, et
qui a fait tant de sacrifices pour cette science , a rapporté
de ia Sicile une nouvelle espèce de mygale , dont le corps
est entièrement d'un brun noirâtre. Le mâle n'offre point
à l'extrémité des jambes antérieures cette forte épine qui
paraît généralement propre aux individus du même sexe
des autres mygales.
On trouve àla Jamaïque une autre espèce {M. nidalans),
représentée, ainsi que son nid, par Brown , dans son
Histoire naturelle de la Jamaïque, pi. xliv , 3.
Là, les palpes sont insérées sur une dilatation inférieure
du côté externe des mâchoires, et n'ont que cinq articles. La
languette, d'abord très petite ( atype ), s'alonge et s'avance
ensuite entre les mâchoires, et ce caractère devient général.
Le dernier article des palpes des deux sexes est alongé et
aminci en pointe vers le bout. Les mâles n'ont point de
fort ergota l'extrémité de leurs deux, jambes antérieures.
.Les Atypes. (\typus. Latr. — Oletcra. Walck.)
Ont une très petite languette, presque recouverte par
FAMILLE DES PILEUSES. 2,53
la portion interne de la base des mâchoires , et les yeux très
rapprochés et groupés sur un tubercule.
L'Atype de Sulzer (Atypus Sulzeri, Latr., Gêner, crust.
et insect., I, v,2, mâle; Dufour, Ann. des scienc. physiq., V,
Lxxni , 6 'y Aranea picea f Sulz; Oletère atype , Walck. ,
Faun. franc., arachn., II, 3.) a le corps entièrement noi-
râtre et long d'environ huit lignes. Le thorax est presque
carré, déprimé postérieurement, renflé, élargi et large-
ment tronqué par devant, ce qui lui donne une forme
très différente de celle qu'offre cette partie du corps dans
les mygales. Les chélicères sont très fortes, et leur griffe a
en-dessous, près de la base, une petite éminence en forme
de dent. Le dernier article des palpes du mâle est pointu
au bout. L'organe génital donne inférieurement naissance
à une petite pièce demi transparente, en forme d'écaillé,
élargie et inégalement bidentée au bout , avec une petite
soie ou cirrhe, à l'une de ses extrémités. Cette espèce se
creuse , dans les terrains en pente et couverts de gazon ,
un boyau cylindrique, long de sept à huit pouces, d'a-
bord cylindrique , incliné ensuite, où elle se file un tuyau
de soie blanche, de la même forme et des mêmes dimen-
sions. Le cocon est fixé avec de la soie et par les deux ( ,
bouts , au fond de ce tuvau. On la trouve aux environs
de Paiis, de Bordeaux, et M. de Basoches a observé près
de Séez une variété qui est constamment d'un brun clair.
M. Milbert, correspondant du. Muséum d'histoire natu-
relle, a découvert aux environs de Philadelphie une autre
espèce {Atypus rufipes) toute noire, avec les pattes fauves.
Les Eriodons. ( Eriodon. Latr. — Missulena. Walck. )
Diffèrent des atypes par leur languette alongée, étroite }
«'avançant entre les mâchoires, et par leurs yeux disséminés
sur le. devant du thorax.
La seule espèce connue ( Eriodon occatorius , Latr. ;
Missulena occatoria, Walck., Tabl. des araii., pi. ÏI, n, i'i. )
est longue d'un pouce, noirâtre, et propre à la Nouvelle-
Hollande, d'où elle a été apportée par Pérou et M. Lesueui (i).
(i) Dans un premier Mémoire de M. Dalman sur les insectes renfcrmc's
2o4 ARACHNIDES PULMONAIRES.
Notre seconde et dernière division générale des aranéïdes
quadripulmonaires ou mygales, nous présente des caractè-
res communs aux ériodons , comme d'avoir la languette pro-
longée entre les mâchoirses , les palpes composés de cinq
articles; mais les griffes des cbélicères sont repliées sur leur
face interne, leurs filières sont au nombre de six, leur pre-
mière paire de pattes , et non la quatrième , est la plus lon-
gue de toutes; la troisième est toujours, d'ailleurs, la
plus courte. Quelques-unes de ces arachnides n'ont que six
yeux. Le nombre des sacs pulmonaires ne permet point d'é-
loigner les sous-genres de cette division des précédents, et
comme ils nous conduisent aux drasses, aux clothos , aux
ségestries, sous - genres n'offrant que deux sacs pulmonai-
res , l'ordre naturel ne nous permet point de passer des my-
gales aux lycoses et autres aranéïdes chasseuses ou vagabon-
des. Les mygales sont de véritables araignées tapissières, et
c'est en effet dans cette division qu'on avait anciennement
placé l'araignée aviculaire de Linnaeus.
Cette seconde division comprend les deux sous-genres
suivants.
Les DysdÈres. (Dysdera. Latr. )
Qui n'ont que six yeux et disposés en fer en cheval , avec
l'ouvertuie en devant; dont les cbélicères sont très fortes
et avancées /et dont les mâchoires sont droites, et dilatées
à l'insertion des palpes (i).
Les Filistates. ( Filistata. Latr. )
Qui ont huit yeux, groupés sur une petite élévation à
dans le succin, ce célèbre naturaliste mentionne (pag. 25) une araignée
qui lui paraît devoir former un nouveau genre (chalinura). Les yeux sont
portés sur un tubercule antérieur très élevé , et quatre d'entre eux , dont
les deux antérieurs sont très grands et rapprochés, occupent le centre.
Les filières extérieures soht fort alongées. Il semblerait, d'après ces ca-
ractères , que cette' aranéide avoisinerait les mygales ou quelques autre
genre analogue.
(1) Dysdera erythrina, Latr.; Walck , Tab. des arau. , V,|49» °*° ;
Dufour, Ann. des scienc. phys., V, lxxiii, 7 ; Aranea rufipes , Fab. ; —
Dysdera paivula , Dufour, ibid.
FAMILLE DES FILEUSES. 235
l'extrémité antérieure du thorax; les chélicères petites, et
les mâchoires arquées au côté extérieur et environnant la
languette en manière de cintre (i).
Nous passons maintenant aux aranéïdes n'ayant qu'une
paire de sacs pulmonaires et de stigmates. Toutes nous
offrent des palpes à cinq articles , insérés sur le côté exté-
rieur des mâchoires , près de leur base , et le plus souvent
dans un sinus; une languette avancée entre elles, soit
presque carrée , soit triangulaire ou semi-circulaire, et six
mamelons oufilièresàl'anus.Le dernier article des palpes
des mâles est plus ou moins ovoïde , et renferme le plus
souvent , dans uue excavation, un organe copulateur
compliqué et très varié; rarement (ségestrie) est-il à nu.
A l'exception d'un petit nombre d'espèces, rentrant
dans le genre mygale , elles composent celui
D'Araignée. ( Aranea ) de Linnœus, ou à'Jraneus de
quelques auteurs.
Une première division comprendra les Araignées séden-
taires. Elles font des toiles, ou jettent au moins des fils ,
pour surprendre leur proie, et se tiennent habituellement
dans ces pièges ou tout auprès , ainsi que près de leurs
œufs. Leur yeux sont rapprochés sur la largeur du front,
tantôt au nombre de huit, dont quatre ou deux au milieu,
et deux ou trois de chaque côté,' tantôt au nombre de six.
Les unes, qui, dans leur marche, se portent toujours en
avant, et que nous nommerons, -pour cela, Rectigrades,
ourdissent des toiles et sont toujours stationnaires; leurs
pieds sont élevés dans le repos ; tantôt les deux premiers
et les deux derniers, tantôt ceux des deux paires antérieu-
res, ou les quatrièmes et les troisièmes, sont les plus longs.
Les yeux ne forment point par leur disposition générale un
segment de cercle ou un croissant.
(i) Filistata bicolor, Latr. ; Walck., Faun. franc., arachn. , VI, i-3.
On trouve à la Guadeloupe une espèce de moyenne taille , dont le mâle
a les pattes longues et grêles , les palpes courbes , avec les organes sexuels
situés à l'extrémité du dernier article , et termine's par un crochet grêle
et arqué en manière de faucille.
2^ft ARACHNIDES PULMONAIRES.
On peut les diviser en trois sections : la première, celle
des Ïubiteles ou Tapissières , a les filières cylindriques ,
rapprochées en un faisceau dirigé en arrière ; les pieds ro-
bustes, et dont les deux premiers ou les deux derniers et
vice versa, plus longs dans les unes , et dont les huit presque
égaux dans les autres.
Nous commencerons par deux sous-genres qui , sous le
rapport des mâchoires , formant un cintre autour de la lan-
guette; se rapprochent des fllistates et s'éloignent des sui-
vants. Les yeux sont toujours au nombre de huit, disposés
quatre par quatre sur deux lignes trausverses. Le premier,
celui
De Clotho. ( Clotho Walck. — Urociea. Dufour. )
Est des plus singuliers. Ses chélicères sont fort petites, peu
susceptibles de s'écarter, ce qui rapproche ce sous-genre
du dernier , et sans dentelures ; les crochets sont très
petits; par la forme courte du corps et ses longues pat-
tes, il a l'aspect des araignées-crabes ou. thomises. Les
longueurs relatives de ces organes diffèrent peu ; la qua-
trième paire et la précédente ensuite sont seulement un
peu plus longues que les quatre premières; les tarses seuls
sont garnis de piquants. Les veux sont plus éloignés du
bord antérieur du thorax que dans le sous-genre suivant,
rapprochés et disposés de la même manière que dans le
genre mygale de M. Walckenaer; trois de chaque côté for-
ment un triangle, renversé, ou dont l'impair est infé-
rieur; les deux autres forment une ;Iigne transverse, dans
l'espace compris entre les deux triangles. Les mâchoires et
la languette sont proportionnellement plus petites que
celles du même sous-genre ; les mâchoires ont au côté ex-
térieur une courte saillie ou faible dilatation , servant d'in-
sertion aux palpes , et se terminent en pointe ; la lan-
guette est triangulaire et non presque ovale , comme celle
des d rases. Les deux filières supérieurs, ou les plus la-
térales, sont longues; mais ce qui, d'après M. Dufour,
caractérise parti cul 1ère nient ses uroctées ou nos clothos,
c'est qu'à la place des deux filières intermédiaires, l'on voit
FAMILLE DES EJLEUSES. 20J
deux valves pecti ni formes, s'ouvrant et se fermant à la vo-
lonté de l'animal (i).
On ne connaît encore qu'une seule espèce ( uroctea 5 —
maculata 7 Dufour , Annal, des scienc. phys. , V, lxxvi ,
i ; Clotho Durandiiy Latr.). Son corps est long de cinq li-
gnes , d'un brun marron , avec l'abdomen noir , ayant en
dessus cinq petites taches rondes, jaunâtres, dont quatre
disposées transversalement par paires, et dont la dernière
ou l'impaire postérieure; les pattes sont velues. On voit par
les planches du grand ouvrage sur l'Egypte, que M. Savi-
gny l'avait trouvée dans ce pays, et qu'il se proposait d'eu
former une nouvellecoupe générique. M. le comte Dejean
l'a rapportée de la Dalmatie, et M. le chevalier de Schrei-
bers , directeur du cabinet impérial de Vienne, m'en a en-
vové des individus recueillis dans les mêmes lieux. M. Du-
J
four l'a aussi trouvée dans les montagnes de Narbonne ,
dans les Pyrénées, et dans les rochers delà Catalogne. On
lui doit, outre la connaissance des caractères extérieurs de
cette aranéide, des observations curieuses sur ses habitu-
des. « Elle établit, nous dit-il, à la surface inférieure des
grosses pierres ou dans les fentes desrochers unecoqueeu
forme de calotte ou de patelle, d'un bon pouce de diamètre.
Son contourprésente sept à huit échancrures, dont les an-
gles seuls sont fixés sur lapierre,au moyen de faisceaux de
fils, tandis que les bords sont libres. Cettesingulière tente
est d'une admirable texture. L'extérieur ressemble à un
taffetas des plus fins, formé, suivant l'âge de l'ouvrière,
d'un plusou moins grand nombrede doublures. Ainsi lors
quel'uroctée, encore jeune, commence à établir sa retraite,
elle ne fabrique que deux toiles entre lesquelles elle se
tient à l'abri. Par la suite, et je crois, à chaque mue, elle
(i) J'ai vu , dans un individu bien conservé, six filières , dont les cieu?:
supérieures beaucoup plus longues, terminées par un article alongé en
forme de lame elliptique , et quatre autres petites, les inférieures surtout ,
disposées en carré. L'anus, placé sous un petit avancement, en l'orme
de chaperon et membraneux, offrait, de chaque côté, un pinceau de poils
rélractiles. Ces pinceaux sont les pièces que M. Dufour nomme valves
pectiniforraes , et distinctes des deux filières intermédiaires, oui sont ca-
cnees par les deux inférieures.
2ô8 ARACHNIDES PULMONAIRES.
ajoute un certain nombre de doublures. Enfin, lorsque
l'époquemarquéepourlareproduction arrive, elle tisse un
appartement tout exprès, plus duveté, plus moelleux , où
doivent être renfermés et les sacsdes œufs et les petits ré-
cemment éclos. Quoique la calotte extérieure ou le pavil-
lon soit, à dessein sans doute, plus ou moins sali par des
corps étrangers qui servent à en masquer la présence, ^ap-
partement de l'industrieuse fabricante est toujours d'une
propreté recherchée. Les poches ou sachets qui renferment
les œufs, sont au nombre de quatre, de cinq ou même de
six , pour chaque habitation , qui n'est cependant qu'une
seulehabitation; ces poches ont une forme lenticulaire, et
ont plus de quatrelignes de diamètre. Elles sont d'un taf-
fetas blanc comme la neigeet fournies intérieurement d'un
édredon des plus fins. Ce n'est que vers la fin de décembre
ou au mois dejanvier que la ponte des œufs a lieu. Il fallait
prémunir la progéniture contre la rigueur de la saison et
les incursions ennemies. Tout a été prévu : le réceptacle
de ce précieuxdépôt est séparé de la toile, immédiatement
appliquée sur la pierre par un duvet moelleux, et de la ca-
lotte extérieure par lesdivers étages dont j'ai parlé. Parmi
les échancrures qui bordent le pavillon , les unes sont
tout-à-fait closes parla continuité de l'étoffe, les autres
ont leurs bords simplement superposés , de manière que
l'urontée soulevant ceux-ci , peut à son gré sortir de sa
tente et y rentrer. Lorsqu'elle quitte son domicile pour
aller à !a chasse, elle a peu à redouter sa violation, car
elle seule a le secret des échancrures impénétrables , et la
clef de celles où l'on peut s'introduire. Lorsque les petits
sont en état de se passer dessoins maternels , ils prennent
leur essor et vont établir ailleurs leurs logements parti-
culiers , tandis que la mère vient mourir dans son pavil-
lon. Ainsi ce dernier est en même temps le berceau et
le tombeau de l'uroctée. »
Les Drasses. (Drassus. Walck. )
Diffèrent des clothos par plusieurs caractères. Leurs chéli-
cères sont robustes, saillantes et dentelées en dessous; leurs
mâchoires sont tronquées obliquement à leurextrémité, et la
languette forme un ovale tronqué inférieurernent ou un
FAMILLE DES PILEUSES. 25q
triangle curviligne alongé; les yeux sont plus rapprochés
du bord antérieur du thorax, et la ligne formée par les quatre
postérieurs est plus longue que l'antérieure ou la déborde
sur les côtés. Les proportions des filières extérieures diffè-
rent peu, et l'on ne voit point entre elles ces deux valvecS
pectiniformes qui sont propres aux clothos. Enfin , les
quatrièmes pieds et ensuite les 'deux premiers sont très
manifestement plus longs que les autres. Les jambes et le
premier article des tarses sont armés de piquants.
Ces aranéïdes se tiennent sous les pierres , dans les fentes
des murs, l'intérieur des feuilles, et s'y fabriquent des cel-
lules d'une soie très blanche. Les cocons de quelques-unes
sont orbiculaires, aplatis et composés de deux valves appli-
quées l'une sur l'autre. M. Walckenaer distribue les drasses
en trois familles, d'après la direction et le rapprochement
des lignes formées par les yeux, et le plus ou moins de dila-
tation du milieu des mâchoires.
L'espèce qu'il nomme vert (viridissimus, Hist. des aran.,
fasc. iv , g. ) , et qui compose seule sa troisième division ,
construit sur la surface des feuilles une toile fine, blanche et
transparente, sous laquelle elle s'établit. L'un des côtés des
feuilles du poirierm'a quelquefois offert une toile sembla-
ble, mais anguleuse sur ses bords., en forme détente , ainsi
que celle que font les clothos, et sous laquelle était le
cocon. Elle est, je présume, l'ouvrage de cette espèce de
cirasse , et nous montre l'analogie de ce sous-genre avec le
précédent. M. Léon Dufour nous a donné dans les Annales
des sciences physiques (Drassus segestriformis, VI, xcv, i.)
une description très complète d'une espèce de drasse qu'il
a trouvée sous les pierres, dans les hautes montagnes des
Pyrénées, et jamais au-dessous de la zone alpine. C'est une
des plus grandes de ce sous-genre , et qui me paraît avoir
de grands rapports avec celle que j'ai nommée melanogas-
ter, et que je crois être le drasse lucij'uge de M. Walcke-
naer (Schceff. , Icon. , CI, 7. ).
L'une des plus jolies espèces, et que l'on trouve assez
communément aux environs de Paris, courant à terre,
est le drasse reluisant (D. relucens.). Elle est petite , pres-
que cvlindrique, avec le thorax fauve, recouvert d'un
24-0 ARACHNIDES PULMONAI RE S.
duvet soyeux et pourpré; l'abdomen mélangé de bleu ,
de rouge et de vert , avec des reflets métalliques et
deux lignes iransverses d'un jaune d'or, dont l'antérieure
arquée. On y voit aussi quelquefois quatre points do-
rés (i).
Dans les autres araignées tubitèles, les mâchoires ne for-
ment point une espèce de cintre renfermant la languette;
leur côté extérieur est dilaté inférieurement 7 au-dessous de
3'origine des palpes.
Quelques-unes n'ont que six yeux, dont quatre antérieurs,
formant une ligne transverse, elles deux autres postérieurs,
situés, un de chaque côté, derrière les deux latéraux de la
ligne précédente. Tel est le caractère essentiel
Des Segestbtes. (Segestria, Latr. )
Leur languette est presque carrée et alongée. La première
paire de pattes et ensuite la seconde sont les plus longues;
la troisième est la plus courte. Ces aranéides se filent, dans
les fentes des vieux murs, des tubes soyeux, cylindriques,
alongés, où elles se tiennent, ayant leurs premières paires de
pattes dirigées en avant; des fils divergents bordent exté-
rieurement l'entrée de l'habitation et forment une petite
toile propre à arrêter les insectes. L'organe génital de la se-
gestrie perfide {aranea jlorentina , Ross., Faun. etrusc. ,
XIX, 3.), espèce assez grande, n oire, à chélicères vertes, et qui
n'est pas rare en France, est en forme de larme ou ovoïdo-
conique, très aigu au bout, entièrement saillant et
rouge (2).
Les autres tubitèles ont huit yeux. On peut, à raison de
la différence du milieu d'habitation , les partager en terres-
tres et en aquatiques. Quoique M. Walckenaer ait fait de
celles-ci sa dernière famille des aranéïdes, celle des noyades,
elles ont tant de rapport avec les autres tubitèles que ,
nonobstant cette disparité d'habitudes, il faut les placer avec
elles. Dans celles qui sont terrestres, la languette est presque
(1) Voyez, quant aux autres espèces, la Faune parisienne de M. Walc-
kenaer, et son tableau des arane'ïdes.
(2) Ajoute» la ségestrie senoculec , Waîrk., TTisL des aran. , V, vu;
aranea senocuiita ', Lin. , Dfeg.
famille des fileuses. 2 4 1
carrée ou très peu rétrécie , très obtuse ou tronquée au som-
met; Jes mâchoires sont droites ou presque droites et plus
ou moins dilatées vers leur extrémité; les deux yeux de
chaque extrémité latérale du groupe oculaire sont générale-
ment assez écartés l'un de l'autre, ou du moins ne sont point
géminés et portés sur une petite éminence particulière ,
comme ceux des tubitèles aquatiques.
'uLes Clubiones. (Cltjbiona. Latr.)
Ne se distinguent guère du sous-geare suivant qu'en ce
que les longueurs des filières extérieures sont peu diffé-
rentes, et*que la ligne formée par les quatre yeux antérieurs
est droite ou presque droite. Elles font des tubes soyeux
leur servant d'habitation et qu'elles placent soit sous des
pierres, dans des fentes des murs, soit entre les feuilles. Les
cocons sont globuleux (1).
Les Araignées propres. ( Àranea. )
Que nous avions d'abord désignées sous le nom générique
de tégénaire {tegenaria) 7 conservé par M. Walckenaer, et
auxquelles nous réunissons ses agélènes (agelena) et ses
nysses (nyssus) , ont leurs deux filières supérieures notable-
ment plus îonguesque les autres, et leurs quatre yeux anté-
rieurs disposés en une ligne arquée en arrière ou formant
une courbe.
Elles construisent dans l'intérieur de nos habitations,
aux angles des murs , sur les plantes, les haies et souvent
sur les bords des chemins, soit dans la terre, soit sous des
pierres, une toile grande, à peu près horizontale, et à la
partie supérieure de laquelle est un tube où elles se tiennent
sans faire de mouvement ('2).
(1) Aranep. hoiosericea , Lia.; De G. , Fab. , Walck. , Hist, des aran.,
ÎV , m , fem. ; — Aranea atrox, De G. ; List. , Aran. , lit. xxi ,21;
Albin , Aran. , x , 48 et xvn, 82. Koyez aussi le tableau des aran. et la
Faune parisienne de M. Walckenaer.
(2) Aranea do mestica ,>Lin. , De G. , Fab. ; Clerck. , Aran. suec. ,
pi. 11, tab. ix ; — Tegeneria civilis , Walck. , Hist. des aran. , V, v;
— Aranea laby rinlkica , Lin. , Fab.; Clerck , Aran. ssiec. , pi. n,
l\\h. vin. Foyezle tableau des aran. de M. Wïflckenaer.
TOME IV. rf>
2/j2 ARACHNIDES PULMONAIRES.
Viennent maintenant les nayades de M. Walckenaer , ou
nos tubitèles aquatiques , et qui composent le genre
D'Argyronète. ( Argyroneta. Latr.)
Les mâchoires sont inclinées sur la languette , dont la
forme est triangulaire. Les deux yeux de chaque extrémité
latérale du groupe oculaire sont très rapprochés l'un de
l'autre eî placés sur une éminence spéciale j les quatre autres
forment un quadrilatère.
V Argyronète aquatique {Aranea aquatica, Lin., Geoff. ,
De G.), est d'un brun noirâtre, avec l'abdomen plus foncé,
Soyeux, et ayant sur le dos quatre points enfoncés.
Elle vit dans nos eaux dormantes, y nage, l'abdomen
renfermé dans une bulle d'air, et s'y forme, pour retraite,
une coque ovale , remplie d'air , tapissée de soie, de la-
quelle partent des fils, dirigés en tout sens et attachés
aux plantes des environs. Elle y guette sa proie, y place
son cocon, qu'elle garde assiduement, et s'y renferme
pour passer l'hiver.
Le seconde section des araignées sédentaires et recti gra-
des, celle des InequitÈles, ou les Araignées filandiÈres , a
les filières extérieures presque coniques, faisant peu de sail-
lie, convergentes, disposées en rosette, et les pieds très
grêles. Leurs mâchoires sont inclinées sur la lèvre et se rétré-
cissent, ou du moins nes'élargissent pas sensiblement, à leur
extrémité supérieure.
La plupart ont la première paire de pieds, et ensuite la
quatrième plus longues. Leur abdomen est plus volumi-
neux, plus mou, et plus coloré que dans les tribus précé-
dentes. Elles font des toiles, à réseau irrégulier , composées
de fils qui se croisent en tout sens et sur plusieurs plans.
Elles garottent leur proie, veillent avec soin à la conserva-
tion de leurs œufs, et ne les abandonnent point qu'ils ne
soient éclos. Elles vivent peu de temps.
Les unes out la première paire de pieds el ensuite la qua-
trième plus longues. Telles "sont
Les Scytodes. (Scytodes. Latr.)
Qui n'ont que six veux, et disposés par paires. Selon
FAMILLE DES FILEUSES. 2^5
M. Dufour, les crochets des tarses sont insérés sur un arti-
cle supplémentaire.
On en connaît deux espèces, dont Tune, la thoraci-
que (i), habite l'intérieur de nos appartements, et dont
l'autre, la hlonde ( Annal, des scienc. phys., V, lxxvi, 5.),
a été trouvée , par ce naturaliste, sous des débris calcaires,
dans les montagnes du royaume de Valence. Elle se fabri-
que un tube, assez informe, d'une toile mince, d'un blanc
laiteux, à peu près comme la dysdère erythrine.
Les Théridions. (Ïheridion. Walck. )
Dont les yeux sont au nombre de huit, et disposés ainsi :
quatre au milieu en carré , dont les deux antérieurs pla-
cés sur une petite éminence, et deux de chaque côté , situés
aussi sur une élévation commune. Le corselet est en forme
de cœur renversé ou presque triangulaire. Ce sous-genre est
très nombreux (2).
Le Théridion malmignatte ( Aranea i3-guttata , Fab. ;
Ross., Faun. etrusc, Il , ix, 10.) Yeux latéraux écartés en
tre eux; corps noir, avec treize petites taches rondes, d'un
rouge de sang, sur l'abdomen. — Toscane, îledeCJorse.
On croit que sa morsure est très venimeuse, et même
mortelle (3).
UA. mac tans de Fabricius, autre espèce de théridion,
mais de l'Amérique méridionale, y inspire les mêmes
craintes. Il semble que ces préventions ont leur source
dans la couleur noire, coupée par des taches sanguines, de
ces animaux.
(i") Scytodes thoracica, Latr. , Gêner, crust. et insect. , I, v,4i
Walck. , Hist. des arau. , I, x et II , suppl.
(2) Voyez le Tableau et l'Histoire des aranéïdes de M. Walckenaer,
les Annales des sciences naturelles et celles des sciences physiques. Il
faut rapporter à ce genre les araignées bipunctata , redimita de Linnaeus,
Y 'aranea albo-macidata de De Géer , etc.
(3) Cette espèce est le type du genre latrodecte de M. Walckenaer ,
qu'il distingue de celui de théridion d'après les différences des longueurs
respectives des pieds ; mais il ni 'a paru qu'il y avait erreur à cet égard.
Son théridion bienfaisant (benignuiri) , Hist. des aran. , fasc. V , yiri
dont il a étudié avec beaucoup de soin les habitudes , s'établit entre les
grappes de raisin , et les garantit de l'attaque de plusieurs insectes.
l6*
2/|4 ARACHNIDES PULMONAIRES.
Les Épisines. (Episinus. Walck. )
Ont aussi huit yeux, mais rapprochés sur une élévation
commune, et le corselet étroit, presque cylindrique (i).
Les autres InéquitÈles ont la première paire de pieds et la
seconde ensuite, plus longues. Tels sont
Les Pholcus. (Pholcus. Wajck. )
Dont les yeux, au nombre de huit, sont placés sur im
tubercule , et divisés en trois groupes : un de chaque côté ,
formé de trois yeux, disposés en triangle, et le troisième au
milieu , un peu antérieur, composé de deux autres yeux, et
sur une ligne transverse.
Le Pholcus phalangiste {Araignée domestique, ci lon-
gues pattes, GeoF. ), Ph. Phalangioides., Walck., Hist. des
aran. , fasc. 5 , tab. x. Corps long, étroit, d'un jaunâtre
très pâle ou livide, pubescent ; abdomen presque cvlin-
drique, très mou, et marqué en dessus de taches noirâ-
tres; pattes très longues , très fines , avec un anneau hlan-
châtre à l'extrémité des cuisses et des jambes.
Commun dans les maisons, où il file aux angles des
murs une toile composée de fils lâches et peu adhérents
entre eux. La femelle agglutine ses œufs en un corps rond ,
nu , qu'elle porte entre ses mandibules.
M. Dufour en a trouvé une seconde espèce, le Pholque
à queue (Annal, des scienc. physiq., V, lxxvi, 2.), dans
les fentes des rochers, à Moxente, royaume de Valence.
Son abdomen se termine en une saillie conique et for-
mant ainsi une sorte de queue, comme celui de l'épeïre
conique. De même que les précédentes, elle balance son
corps et ses pattes. Les palpes du mâle ont l'organe génital
très compliqué.
La troisième section des Araignées sédentaires rectigra-
des , celle des OrbitÈles , ou les Araignées tendeuses de plu-
sieurs, a les filières extérieures pr-esque coniques, peu sail-
lantes , convergentes et disposées en rosette, et les pieds
(1) Episinus truncatus , Latr. , Gêner, crust. et insect. , tom. IV,
pag. 371. Italie, environs de Paris.
FAMILLE DES llLEUSES. 2^h
grêles comme la précédente, mais en diffère par les mâ-
choires , qui sont droites et sensiblement plus larges à leur
extrémité.
La première paire de pieds , et la seconde ensuite, sont
toujours les plus longues. Les yeux sont au nombre de huit,
et disposés ainsi : quatre au milieu, formant un quadrilatère,
et deux de chaque côté.
Elle se rapprochent des Inéqiiitèles par la grandeur, la
mollesse, la variété des couleurs de l'abdomen , et par la
courte durée de leur vie ) mais elles font des toiles en réseau
régulier, composé de cercles concentriques croisés par des
rayons droits, se rendant du centre, où. elles se tiennent
presque toujours, et dans une situation renversée, à la cir-
conférence. Quelques-unes se cachent dans une cavité ou
dans une loge qu'elles se sont construite près des bords de
la toile, qui est tantôt horizontale, tantôt perpendiculaire.
Leurs œufs sont agglutinés, très nombreux, et renfermés
dans un cocon volumineux.
On se sert pour les divisions du micromètre, des fils qui
soutiennent la toile, et qui peuvent s'alonger d'envirou un
cinquième de leur longueur. Cette observation nous a été
communiquée par M. Arrago.
Les Linyphies. ( Linyphia. Lati\ )
Bien caractérisées parla disposition de leurs yeux : quatre
au milieu, formant un trapèze dont le côté postérieur plus
large , et occupé par deux yeux beaucoup plus gros et plus
écartés ; et les quatre autres groupés par paires , une de cha-
que côté, et dans une direction oblfque. Leurs mâchoires ne
s'élargissent qu'à leur extrémité supérieure.
Elles construisent sur les buissons, les genêts, une toile
horizontale, mince, peu serrée , et tendent au-dessus, sur
plusieurs points, ou dJune manière irrégulière , d'autre fils.
Cette toile est aiusi un mélange de celles des inéquitèles et
des orbitèles. L'animal se tient à la partie inférieure et dajis
une situation renversée (r).
(j) Linyphia triangularis , Walck., Hist. des aran. , V, ix , fem. ;
Arunea resupina sih'eslris , De Geer; jlranea montana , Lin. ; Clercîi ,
aran. , Suce. , pi. ni, 1a]>. *i: — Aranea resupma do mes lie a , De G.
2/f(5 ARACHNIDES PULMONAIRES.
Les Ulobores. ( Uloborus. Latr. )
Ont les quatre yeux postérieurs placés, à intervalles égaux,
sur une ligne droite , et les deux latéraux de la première li-
gne plus rapprochés du bord antérieur du corselet que les
deux compris entre eux , de sorte que cette ligne est arquée
en arrière. Leurs mâchoires, ainsi que celles des épeïres ,
commencent à s'élargir un peu au-dessus de leur base, et se
terminent en forme de palette ou de spatule. Les tarses des
trois dernières paires de pattes se terminent par un seul on-
glet. Le premier article des deux postérieurs a une rangée de
petits crins.
Ces fileuses , ainsi que les espèces du sous-genre suivant ?
ont le corps alongé et presque cylindriqu e. Placées au centre
de leur toile , elles portent en avant et en ligne droite les
quatre pieds antérieurs , et dirigent les deux derniers dans
un sens opposé; ceux de la troisième paire sont étendus la-
téralement.
Ces arachnides font des toiles semblables à celles des au-
tres orbitèles, mais plus lâches et horizontales. Elles em-
maillotent, en moins de trois minutes, le corps d'un petit
coléoptère qui s'est pris dans leur filet. Leur cocon est
étroit, alongé, anguleux sur ses bords, et suspendu verti-
calement , par un de ses bouts, à un réseau. L'autre extré-
mité est comme fourchue, ou terminée par deux angles pro-
longés , dont l'un plus court et obtus; chaque côté a deux
angles aigus.
Je suis redevable de ces observations intéressantes à mon
ami M. Léon Dufour.
■
L' Ulobore de TValckenaeriJJl. TValckenaerius , Latr.) ( i ),
long de près de cinq lignes, d'un jaunâtre roussâtre, cou-
vert d'un duvet soyeux, formant sur le dessus de l'abdo-
men deux séries de petits faisceaux; des anneaux plus
pâles aux pieds, — Des bois des environs de Bordeaux ? et
clans d'autres départements méridionaux.
(i) Latr. , Geuer. crust. et iusect. , 1 , 109; voyez aussi l'article Ulo-
bore de la seconde édit. du Nouv. Dict. d'hist. natur.
FAMILLE DES FILEUSES. 2^7
Les Tétragnathes. (Tetragnatha. Lati'. )
Dont les yeux sont situés, quatre par quatre , sur deux
lignes presque parallèles ? et séparés par des intervalles pres-
que égaux j et qui ont les mâchoires longues , étroites, élar-
gies seulement à leur extrémité supérieure. Leurs chéli-
cères sont aussi fort longues, surtout dans les mâles.
Leur toile est verticale (i).
Les Epeïres. (Epeira. Walck. )
Qui ont les deux yeux de chaque côté rapprochés par
paires et presque contigus, et les quatre autres formant au
milieu un quadrilatère. Leurs mâchoires se dilatent dès leur
base , et forment une palette arrondie.
Ueipeïve cucurbitine est la seule connue dontlatoilesoitho-
1 izontale; celle desautresest verticale ou quelquefois inclinée.
Les unes s'y placent au centre, le corps renversé ou la
tète en bus; les autres se font auprès une demeure 7 soit
cintrée de toutes parts , tantôt en forme de tube soyeux,
tantôt composée de feuilles rapprochées et liées par des fils,
soit ouverte parle haut et imitant une coupe ou un nid d'oi-
seau. La toile de quelques espèces exotiques est composée
de fils si forts, qu'elle arrête de petits oiseaux, et embarrasse
même l'homme qui s'y trouve engagé.
Leur cocon est le plus souvent globuleux , mais celui de
quelques espèces a la figure d'un ovoïde tronqué ou d'un
cône très court.
Les naturels de la Nouvelle-Hollande (Voyage à la recher-
che de La Peyrouse, pag. a3g) et ceux de quelques îles de
la mer du Sud, mangent, au* défaut d'autre aliment , une
espèce d'épéire, très voisine de Yaranea esuriens de Fabricius.
M.Walckenaer mentionne, dans son Tableau desaranéïdes,
soixante -quatre espèces d'epéïres , et généralement remar-
quables par la variété de leurs couleurs, de leurs formes et
(i) Tetragnatha extensa , Walck , Hist. des aran. , "V , vi; aranea ej:~
tensa , Lin . , Fab. , De G. ; — Aranea virescens ? Fab. ; — Aranea maxil-
losa ? ejusd. Voyez le Tableau des Arane'ïdes de M.' Walckenaer.
2<4B ARACHNIDES PULMONAIRES.
de leurs habitudes. Il les a distribuées en diverses petites fa-
milles très naturelles , et dont nous avons cherché, à l'article
Epeïre de la seconde édition du Nouveau Dictionnaire d'his-
toire naturelle, à simplifier l'étude. Quelques considérations
importantes, telles que celles des organes sexuels, ont été
négligées ou n'ont pas été assez suivies ; c'est ainsi , par
exemple, que l 'epeïre diadème femelle et d'autres offrent à
la partie qui caractérise leur sexe, un appendice fort singu-
lier, qui nous rappelle le tablier des femmes des Hottentots-
Ces espèces doivent former une division particulière. On
pourrait probablement en établir d'autres, non moins natu-
relles , en poursuivant cet examen.
Nous nous bornerons à citer quelques espèces principales,
en commençant par les indigènes.
L' Epeïre diadème {Aranea diadema , Lin. ., Fab.) lices.,
Insect. , 1Y , xxxv — xl. Grande , roussâtre, veloutée. Ab-
domen très volumineux dans les femelles, surtout lors-
qu'elles sont sur le point de faire leur ponte; d'un brun
foncé ou d'un roux jaunâtre, avec un tubercule gros et
arrondi, de chaque côté du dos, près de sa base, et une
triple croix formée de petites taches ou de points blancs;
palpes et pieds tachetés de noir.
Très commune en Europe , en automne. Les œufs éclo-
sent au printemps de l'année suivante.
U Epeïre scalaire ( Aranea scalaris, Fab. ; Panz. Faun. .
IV, xxiv.) à le corselet roussâtre, le dessus de l'abdomen
ordinairement blanc, avec une tache noire, en forme de
triangle renversé, oblongue et dentée. Elle fait sa toile sur
le bord des étangs , des ruisseaux, etc.
U Epeïre à cicatrices ( Aranea cicatricosa , De G. ; A.
impressa, Fab.) ,* dont l'ab'domen est aplati, d'un brun
grisâtre on d'un jaunâtre obscur, avec une bande noire,
• festonnée et bordée de gris , le long du milieu du dos , et
huit à dix gros points enfoncés , situés sur deux lignes.
Elle file sa toile contre les murailles ou d'autres corps,
et se tient cachée dans un nid de soie blanche, qu'elle se
forme sous quelque partie saillante ou dans quelque cavité,
à proximité de sa toile.
Elle ne travaille -et ne prend de nourriture que dans la
FAMILLE DES FILETJSES. 2/J9
nuit j ou lorsque la lumière du jour est faible. Elle se re-
tire sous les vieilles écorces des arbres ou des pieux.
U Epeïre soyeuse (Sericea ,Walck.,iïist.desaran.,lII, n.)
est couverte en dessus d'un duvet soyeux argenté ; son ab-
domen est aplati , sans taches et festonné sur ses bords. On
la trouve dans le midi de l'Europe et au Sénégal.
L' Epeïre brune ( Fusca , Walck. , Hist. des aran., II, i,
fem. ) est très commune dans les caves de la ville d'Angers.
Son cocon est blanc, presque globuleux, fixé par un pé-
dicule, et composé de fils très fins et doux au toucher,
comme de la laine.
Celui de Y Epeïre fasciée(Fasciata7 Walck. , Hist. des aran.,
III, i,fem. ) est long d'environ un pouce, ressemble à un
petit ballon, de couleur grise, avec des raies longitudinales
noires , et dont une des extrémités est tronquée et fermée
par un opercule plat et soyeux. L'intérieur offre un duvet
très fin , qui enveloppe les œufs. Cette espèce s'établit sur
les bords des ruisseaux, et y fiïe une toile verticale, peu
régulière, au centre de laquelle elle se tient. Elle est très
commune au midi de la France. Son corselet est couvert
d'un duvet soyeux et argenté 5 son abdomen est d'un beau
jaune, entrecoupé, par intervalles, de lignes transverses,
noires ou d'un brun noirâtre, arquées et un peu ondées.
M. Léon Dufour nous a donné, dans les Annales des
Sciences physiques (tom. VI, pi. XCY, 5 ) , une descrip-
tion détaillée de cette espèce, de ses habitudes, et nous a,
le premier , fait connaître son mâle. 11 en a représenté
iJorgane sexuel. La verge est en forme de crin tortillé.
U Epeïre cucurbitine. {Aranea cucurbitina , Lin. :} A.
senoculata, Fabr.) Walck. , Hist. des arau., III, m. Petite;
abdomen ovoïde , d'un jaune citron , avec des pointa
noirs; unetache rousse à l'anus. Elle file, entre les tiges et
les feuilles des plantes, une toile horizontale peu étendue.
L' Epeïre conique {Aranea conica , De G., Pàlî.) Walkc,
Hist. nat. des aran., III, m. Remarquable par son abdo-
men bossu en devant et terminé en forme de cône, avec
l'anus placé au centre d'une élévation.
Elle suspend à un fii l'insecte qu'elle a sucé.
2 DO ARACHNIDES PULMONAIRES.
On peut placer à la suite de cette espèce celle que
M. Dufour nomme Epeïre de V opuntia (Annal, des scienc.
phys. , V, lxix , 3), parce qu'elle se tient constamment
au milieu des feuilles de l'agave et de l'opuntia, et y éta-
blit ses filets au moyen d'un réseau à fils lâches et irrégu-
lièrement entrelaces. Elle est noire, avec des poils blancs
et couchés, formant des apparences d'écaillés. Son abdo-
men a de chaque côté deux tubercules pyramidaux, et se
termine postérieurement par deux autres, mais obtus et
séparés par une large échancrure. La face postérieure de
chacun de ces tubercules pyramidaux offre une tache d'un
beau blanc de neige nacré; ces taches se lient entre elles et
avec une ou deux autres qui leur sont postérieures, par
des ligues blanches en zig-zag. Ces tubercules n'existent
point dans les individus qui viennent de naître. Les
cocons sont ovales , blanchâtres et formés de deux tuni-
ques, dont l'intérieure est une espèce de bourre envelop-
pant les œufs. On trouve souvent sept, huit et même dix
de ces cocons à la file l'un de l'autre. Cette espèce habite
la Catalogne et le royaume de Valence.
Parmi les espèces exotiques, il y en a de très remar-
quables. Les unes ont l'abdomen revêtu d'une peau très
ferme, avec des pointes ou des épines cornées (i). D'autres
ont des faisceaux de poils aux pieds (<i).
Nous passerons maintenant à des araignées sédentaires,
ainsi que les précédentes, mais qui peuvent marcher de côté,
à reculons et eu avant, en un mot en tous sens. C'est la
section des araignées latérigrades. Les quatre pieds anté-
(i) Les araignées militaris , spinosa , cancriformis , hexacantha , tetra-
canilia , geminala , fornicata de Fabricius. M. Vauthier, Tun de nos
meilleurs peintres d'histoire naturelle , a de'crit et figuré , dans les An-
nales des sciences naturelles (tom. I , pag. 261) , une espèce de cette divi-
sion [curvicauda), très remarquable par son abdomen élargi postérieurement
et terminé par deux longues épines arquées : elle est de Java. Ces espèces
épineuses pourraient former un sous-genre propre.
(2) Les araignées pilipes, clavipes , etc., de Fabricius. M. Leacli forme
avec son A. maculata le genre nephisa. Voyez le Tableau et l'Histoire
des arauéides de M. Walckenaer.
FAMILLE DES FILEUSES. 2D L
rieurs sont toujours plus longs que les autres 5 tantôt la se-
conde paire surpasse la première, tantôt l'une et l'autre sont
presque égales; l'animal les étend, dans toute leur longueur,
sur le plan de position.
Les chélicères sont ordinairement petites, et leur cro-
chet est replié transversalement , comme dans les quatre
tribus précédentes. Leurs yeux sont toujours au nombre de
huit , souvent très inégaux, et forment, par leur réunion,
un segment de cercle ou un croissant; les deux latéraux
postérieurs sont plus reculés en arrière , ou plus rapprochés
des bords latéraux du corselet que les autres. Les mâchoires
sont, dans le grand nombre, inclinées sur la lèvre. Le corps
est d'ordinaire aplati, à forme de crabe, avec l'abdomen
grand, arrondi et triangulaire.
Ces arachnides se tiennent tranquilles, les pieds étendus,
sur les Végétaux. Elles ne font point de toile , et jettent sim-
plement quelques fils solitaires , afin d'arrêter leur proie.
Leur cocon est orbiculaire et aplati. Elles se cachent entre
des feuilles, dont elles rapprochent les bords, et le gardent
assidûment jusqu'à la naissance des petits.
Les Micrommates. ( Micrommata. Latr. — Sparassus.
Walck. )
Qui ont les mâchoires droites, parallèles et arrondies au
bord, et les yeux disposés quatre par quatre, sur deux lignes
transverses, dont la postérieure plus longue, arquée en ar-
rière. Les seconds pieds et les premiers ensuite sont les plus
longs de tous. La languette est demi circulaire (1).
On trouve communément dans les bois des environs de
Paris :
La Mlcrommate smaragdine ( Aranea smaragdula, Fab.;
A. viridissima, De G.) Clerck. , Àran. Suec, pi. 6,
tab. iv, qui est de grandeur moyenne, d'un vert de gra-
men, avec les côtés bordés d'un jaune clair, et l'abdomen
(1) M. Walckenaer place ce genre dans la série de ceux qui sont com-
posés d'espèces à la fois vagabondes et sédentaires , tels que les attes , ou
nos saltiques , les thomises, les philodromes , les drasses , les clubiones ,
et qui n'ont que deux crochets aux tarses.
252 ARACHNIDES PULMONAIRES.
d'un jaune verdâtre, coupé sur Je milieu du dos par une
ligne verte.
Elle lie trois à quatre feuilles en un paquet triangu-
laire , en tapisse l'intérieur d'une soie épaisse, et place au
milieu son cocon , qui est rond , blanc , et laisse apercevoir
les œufs. Ces œufs ne sont point agglutinés.
Le Micrommate argelas (Dufour, Ann. des Scienc. phys.,
VI, pag. -jo6, XCV, i y Walck. , Hist.,des aran. , IV, il),
dont la dénomination rappelle aux naturalistes l'un de
nos savants les plus zélés, que j'ai signalé à leur estime
comme mon sauveur dans la tourmente révolutionnaire,
est l'une de nos plus grandes espèces, et dont M. Dufour a
complété la description que j'en avais donnée, et observé
les habitudes. Son corps est long de sept à huit lign.es, d'un
blond cendré, garni de duvet, et plus ou moins mou-
cheté de noir. Le dessus de l'abdomen offre, depuis son
milieu jusqu'au bout, une bande formée d'une suite de
petites taches, en forme de hache , de cette dernière cou-
leur. On voit sous le ventre une bande longitudinale, pa-
reillement noire, mais grise dans son milieu. Les pieds
sont annelés de noir. Cette espèce avait été découverte,
aux environs de Bordeaux, par le naturaliste auquel je
l'ai dédiée. M. Dufour l'a depuis trouvée dans les mon-
tagnes les plus arides du royaume de Valence. Elle court
avec vélocité, les pattes étendues latéralement; ses pe-
lottes onguiculaires lui donnent la facilité de s'accrocher
sur les surfaces les plus lisses et dans toute position. Elle
établit à fa face inférieure des fragments de rochers, une
coque qui a beaucoup d'analogie, par sa contexture,
avec celle du clotho de Durand. Elle s'y retire pour se
mettre à l'abri des mauvais temps, échapper à ses enne-
mis et faire sa ponte. C'est une tente ovale, de près de
deux pouces de diamètre, appliquée sur les pierres, à
peu près comme les patelles marines. Elle se compose
d'une enveloppe extérieure, d'un taffetas jaunâtre, fin
comme de la pelure d'ognon , mais résistant, et d'un
fourreau intérieur plus souple, plus moelleux et ouvert
aux deux bouts. C'est par des ouvertures, munies de sou-
papes , que l'animal sort. Le cocon est globuleux, placé
FAMILLE DES FILEUSES. 255
au-dessous de sa demeure, de manière qu'il peut le cou-
ver, et renferme environ une soixantaine d'œufs.
Le même naturaliste a décrit et figuré une autre espèce,
le M. a tarses spongieux ( Ann. des scienc. phys. , V ,
LXix,ti ), qu'il a trouvée sur un arbre, dans un jardin de
Barcelone. Mais je présume, d'api es ses habitudes, et
quelques caractères descriptifs , que cette aranéïde appar-
tient au genre philodrome de M. Walckenaer (i).
Les Senelopes. ( Senelops. Duf. )
Font le passage du sous-genre précédent au suivant. Les
mâchoires sont droites ou très peu inclinées, sans sinus la-
téral, et vont en pointe, étant tronquées obliquement au
côté interne. La languette est-demi circulaire, comme celle
des micrommates. Mais les yeux ont une autredisposition.Ou
en voit six en devant, formant une ligne transverse j les
deux autres sont postérieurs et situés , un de chaque côté,
derrière chaque extrême de la ligne précédente. Les pattes
sont longues; les seconds et ensuite ceux des deux paires
suivantes surpassent les deux premiers en longueur.
L'espèce servant de type, le Senelops omalosome(Dn^ouv1
Ann. des scienc. phys. , V, lxix , 40? a été trouvée par
M. Dufour dans le royaume de Valence, mais elle y est
fort rare. Son corps est long d'environ quatre lignes, très
aplati, d'un roussâtre gris, avec des mouchetures cen-
drées, et des anneaux noirs aux pattes. L'abdomen semble
présenter postérieurement des vestiges d'anneaux, for-
mant latéralement des apparences de dents. Elle habite les
rochers, et fuit avec la rapidité d'un trait. On la trouve
aussi en Syrie ( Collection de M. Labillardière ) et eu
Egypte. Le Sénégal, le cap de Bonne-Espérance et l'île de
Fiance en fournissent d'autres espèces.
- *
(i ) Voyez, pour d'autres espèces, le tableau des arane'ïdes de M. Walc-
kenaer, et son Hist. des aranéides, fasc. IV, Sparassus roseus, X, mâle ; —
ibidî , fasc. II , vm , mâle. Je crois qu'il faut rapporter à ce sous-genre
Varanea venatoria de Linnoeus (Sloan, Hist. nat. de la Jam. , ccxxv
1,2; Nhamdiu , 2 ? Pison) ; et une autre espèce lies Grandes-Indes , très
analogue à la précédente , que Ton voit figurée sur des dessins et des
tapisseries venant de la Chine.
2 54 ARACHNIDES PULMONAIRES.
Les Philodromes. (Philodromus. Walck. ) (i).
Diffèrent des deux sous-genres précédents par leurs ma*
choires inclinées sur la languette ; cette partie est en outre
plus haute que large. Les yeux, presque égaux entre eux,
forment toujours un croissant ou un demi-cercle. Les laté-
raux ne sont jamais portés sur des tubercules ou sur des
éminences. Les chélicères sont alongées et cylindriques. Les
quatre ou les deux derniers pieds ne diffèrent pas notable*
ment en longueur des précédents.
Suivant M. Walckenaer, ces aranéides courent avec rapi-
dité, les pattes étendues .latéralement, épient leur proie,
tendent des filets solitaires pour la retenir, se cachent dans
des fentes ou dans des feuilles, qu'elles raprochent pour faire
leur ponte.
Les unes ont le corps aplati, large, l'abdomen court,
élargi postérieurement et les quatre pattes intermédiaires
plus alongées. Telle est le Philodrome tigré ( thomise ti-
grée, Latr. ; Araneus margaritarius , Clerck. , VI, iiij
Schœff. , Icon. , lxxi, 8; Frisch., Ins., 10 , centur., II,
xiv ; Aranea levipes , Lin. ? ). Cette espèce est longue de
trois lignes. Ses deux yeux intermédiaires antérieurs et
les quatres latéraux sont situés sur un espace un peu plus
élevé, et les latéraux, selon le même naturaliste, sont un
peu plus gros ou du moins plus apparents. Le thorax est
très large, aplati, d'un fauve rougeâtre, brun latérale-
ment et postérieurement, et blanc par devant. L'abdo.men,
qui semble former un pentagone, est tigré , à raison des
poils roux, bruns et blancs dont il est revêtu. Il est bordé de
brun sur les côtés, et a , au milieu du dos, quatre ou six
points enfoncés. Le ventre est blanchâtre. Les pattes sont
longues , fines , rougeâtres, avec des taches brunes.
Cette espèce est très commune sur les arbres , les cloi-
sons de bois, les murailles , etc. , et s'y tient les pattes
étendues et comme collées. Dès qu'on la touche, elle s'en-
fuit avec une extrême rapidité, ou. se laisse tomber en
dévidant un fil qui la soutient. Son cocon est d'un beau
(i) Ce sous-genre formait, dans la première édition de cet ouvrage
notre première division des Thomises.
FAMILLE DES FILEUSES. 2 55
blanc et renferme environ cent œufs qui sont jaunes et
libres. Elle le place dans les fentes des arbres ou des po-
teaux exposés au nord, et le garde assidûment.
Les autres philodromes , qui , dans la méthode de M. Walc-
kenaer , forment plusieurs petits groupes, ont le corps et
quelquefois les chélicères proportionnellement plus longs.
L'abdomen est tantôt pyriforme ou ovoïde, tantôt cylindri-
que. La seconde paire de pattes, et ensuite la première ou la
quatrième sont les plus longues,
Nous citerons le Philodrome rhombij'ère (Faim, franc. ,
arauéide, vi, 8, mâle). Son corps est long de trois lignes
et demie, roussâtre; les seconds pieds et les deux derniers
ensuite sont les plus longs; le thorax est brun sur les
côtés; l'abdomen est ovoïde et offre en-dessus une tache
noire ou brune, en losange, et bordée de blanc.
Le Philodrome oblong( Walck., ibid.y tab. ead., fig. 9 ),
appartient à la même division, sous le rapport des propor-
tions relatives des pattes et de la disposition des yeux;
mais l'abdomen est plus long, presque cylindrique ou en
cône alongé, avec trois raies longitudinales et des points
bruns, sur un fond jaunâtre, qui est aussi la couleur du
thorax. Cette partie offre, dans son milieu, deux raies
brunes, formant un V alongé.
Ces deux espèces se trouvent aux environs de Paris.
Voyez , quant aux autres, la Faune française, d'où nous
avons extrait les descriptions précédentes.
Les Thomises. (Thomisus. Walck.)
Diffèrent desphilodromes par leurs chélicères, proportion-
nellement plus petites et cunéiformes, et par leurs quatre
pieds postérieurs, très sensiblement ou même subitement
plus courts que les précédents. Les yeux latéraux sont sou-
vent situés sur des éminences , tandis que ceux des philo-
dromes sont constamment sessiles. Ici encore les deux laté-
raux postérieurs sont plus rejetés en arrière que les deux
intermédiaires de la même ligne, tandis que dans les tho-
mises ces quatre yeux sont à peu près de niveau.
Les espèces de ce sous-genre sont cellesqu'on a plus particu-
lièrement désignéessous le nom d' A raignées crabes .Les mâles
2 56 ARACHNIDES PULMONAIRES.
sont souvent très différents , par les couleurs, des femelles ,
et beaucoup plus petits.
Les unes, toutes exotiques(i) ont les yeux disposés, quatre
par quatre , sur deux lignes transverses , presque parallèles,
et dont la postérieure plus longue.
Dans les autres, qui forment le plus grand nombre, l'en-
semble de ces yeux représente un croissant, dont la con-
vexité est antérieure et en dehors.
Le Thomise arrondi ( Aranea globosa , Fab. ) Aranea ir-
regularis , Panz. , Faun. , Insect. Germ. , fasc. n^ i tab. xx,
fem. ; Walck. Faun., franc. , aranéid. ,vi , 4- Long de près
de trois lignes , noir , avec l'abdomen globuleux, rouge
ou jaunâtre tout autour du dos. *
Le Thomise à crête. {Cristatus ; Clerck., Aran . suec, pi . 6,
tab. vi. Taille du précédent; corps d'un roussâtre gris, quel-
quefois brun, parsemé de poils , avec de petites épines aux
pieds; yeux latéraux plus gros, et portés sur un tuber-
cule; une raie transverse , jaunâtre , sur le devant du cor-
selet; deux autres formant un V, de la même couleur ,
sur son dos; abdomen arrondi, avec une bande jaunâtre,
ayant de chaque côté trois divisions, en forme de dents ,
sur le milieu de son dos. Cette espèce est commune, et
se trouve souvent à terre.
Le Thomise citron {Aranea citrea.7De G.;Schceff., Icon.
Insect., tab. xix, i3. D'un jaunâtre citron , avec l'abdo-
men grand, plus large en arrière, et ayant souvent, sur
le dos, deux raies ou deux taches rouges, ou couleur de
souci. Sur les fleurs (a).
LJn sous-genre, établi par M. Walckenaer , sous le nom
de Stohene (Storena) , mais qui n'est encore connu qu'im-
parfaitement, paraît devoir terminer cette section et con-
duire aux onyopes, qui tiennent autant des araignées-crabes
(i) Thomisus Lamarck , Latr. , espèce voisine de Y aranea nobills de
Fab. \ • — T. cancei idus , Walck., ejusd. ■ — T. leucosia {aranea régla ?
Fab. ) j — T. plagusius ; — T. pinnotheres.
(es) 'Ployez le tableau des aranéides de M. Walckenaer. , la Faune fran-
çaise , les Annales des sciences physiques, pour des espèces d'Espagne
décrites par M. Dulbur; et l'article Thomise dn Nouv. Dict. d'bist. nat.,
édition.
FAMILLE DES FILEUSES. 267
que des araignées -loups. Les storènes ont les mâchoires
inclinées sur la languette,qui estpresque aussi longuequJelle,
et en forme de triangle alongé; les chélicères coniques; les
deux pieds antérieurs et ensuite les seconds les plus longs
de tous ; les deux suivants surpassent les derniers. Les yeux
sont disposés sur trois lignes transveres , 1 , 4 ? 2 j les deux
postérieurs forment avec les deux intermédiaires de la se-
conde ligne, un petit carré, et les deux antérieurs sont écartés
( Voyez leTabl. des aran. de M. Walck., IX, 85, 86. ).
D'autres araignées, dont les yeux, toujours au nombre
de huit, s'étendent plus dans le sens delà longueur du cor-
selet que dans celui de sa largeur, ou du moins presque
autant dans l'un que dans l'autre, et qui forment, par leur
réunion , soit un triangle curviligne ou un ovale , tronqués,
soit un quadrilatère, composent une seconde division gé-
nérale , les Araignées vagabondes , que je nomme ainsi par
opposition à celles de la première division ou des se'dentaires.
Deux ou quatre de ieurs yeux sont souvent beaucoup
plus gros que les autres; le thorax est grand et les pieds sont
robustes; ceux de la quatrième paire, les deux premiers,
ou ceux de la seconde paire ensuite , surpassent ordinaire-
ment les autres en longueur.
Ces araignées ne font point de toiles, guettent leur proie,
la saisissent à la course ou en sautant sur elle.
Nous les partagerons en deux sections.
La première, celle des Citigrades, se compose des Araignées-
Loups de plusieurs. Les yeux forment, par leur disposition,
soit un triangle curviligne ou un ovale, soit un quadrila-
tère , mais dont le côté antérieur est beaucoup plus étroit
que le thorax, mesuré dans sa plus grande largeur. Cette
partie du corps est ovoïde, rétrécie en devant, et en carène,
dans le milieu de sa longueur. Les pieds ne sont générale-
ment propres qu'à la course. Les mâchoires sont toujours
droites et arrondies au bout.
La plupart des femelles se tiennent sur leur cocon, ou
l'emportent même avec elles, appliqué contre la poitrine
et à la base du ventre, ou suspendu à l'anus. Elles ne l'aban-
donnent que dans une extrême nécessité, et retournent le
chercher lorsqu'elles n'ont plus rien à craindre. Elles veil-
TOME IV. 17
3-5,8 ARACHTSTDES PULMONAIRES.
lent aussi , pendant quelque temps, à la conservation de
leurs petits.
Les Oxyopes. ( Oxyopes. Latr. — Sphasus. Walck. )
Qui ont les yeux rangés deux par deux , sur quatre lignes
transverses, et dont les deux extrêmes plus courtes; ils
dessinent une sorte d'ovale, tronqué aux deux bouts. La
languette est alongée , plus étroite à sa base, dilatée et ar-
rondie vers le bout. La première paire de pattes est la plus
longue; la quatrième et la seconde sont presque égales; la
troisième est la plus courte (i).
Les Ctènes. (Ctenus. "Walck. )
Ont les yeux disposés sur trois lignes transverses, s'alon-
geaut de plus en plus (2, 4? 2)> et formant une sorte de
triangle curviligne, renversé, tronqué en devant ou à sa
pointe. La languette est carrée et presque isométrique; la
quatrième paire de pieds et la première après sont les plus
longues; la troisième est la plus courte.
Ce genre a été établi sur une espèce d'arachnide assez
grande, qui se trouve à Cayenne. Depuis, on en a découvert
quelques autres, soit de la même colonie, soit du Brésil,
mais toutes inédites.
Les DolomÈdes. ( Dolomedes. Latr. )
Dont les yeux, disposés sur trois lignes transverses, f\ ,
2,2, représentent un quadrilatère, un peu plus large que
long, avec les deux derniers ou postérieurs situés sur une
éminence ; et qui ont la seconde paire de pieds aussi longue
ou plus longue que la première, ceux de la quatrième sont
plus longs. La languette est carrée et aussi large que haute,
ainsi que celle des ctènes.
(1) Sphasus heterophthalmus , Walck., Hist. des aran. , fasc. III,
tab. vin , fem. ; Oxyopes variegalus, Latr. • — Sphasus italicus , Walck.,
ibid. , fasc. IV , tab. vm, fera. ; Oxyopes lineatus, Latr. , Gêner, crust.
et ius. , tom, I , v , 5, fem. Voyez l'article Oxyope de la partie entomo-
logique de l'Encycl. méthodique , le tableau des araneïdes de M, Walc-
kenaer, cl la Fanne française.
FAMILLE DES FILEUSES. 2DQ
Les uns ont les deux yeux latéraux de la ligne antérieure
plus gros que les deux mitoyens compris entre eux, et l'ab-
domen en ovale oblong et terminé en pointe.
Les femelles se construisent, aux sommités des arbres
chargés de feuilles , ou dans les buissons, un nid soyeux,
en forme d'entonnoir ou de cloche , y font leur ponte , et
lorsqu'elles vont à la chasse, ou qu'elles sont forcées d'a-
bandonner leur retraite, elles emportent toujours avec elles
leur cocon, qui est fixé sur la poitrine. Clerck dit avoir vu
des individus sauter très promptement sur des mouches qui
volaient autour d'eux (i).
Les autres ont les quatre yeux de devant égaux , et l'abdo-
men ovale et arrondi au bout.
Ils habitent le bord des eaux, courent sur leur surface avec
une vitesse surprenante, y entrent même un peu sans se
mouiller. Les femelles font , entre les branches des végé-
taux , une grosse toile irrégulière, dans laquelle elles pla-
cent leur cocon. Elles le gardent jusqu'à ce que les œufs
soient éclos (2).
Les Lycoses. (Lycosa. Latr. )
Qui ont encore les yeux disposés en un quadrilatère ,
mais aussi long ou plus long que large, et dont les deux pos-
térieurs ne sont point portés sur une éminence. La première
paire de pieds est sensiblement plus longue que la seconde,
mais plus courte que la quatrième, qui surfasse, sous ce
rapport, toutes les autres. Les mâchoires sont tronquées
obliquement à leur extrémité interne. La languette est carrée,
mais plus longue que large.
Les lycoses se tiennent presque toutes à terre, où. elles
(1) Araneus mirabilis , Clerck. , Aran. Suec. , pi. v , tab. 10; Aran.
rufo-fasciata , De G. 5 A. obscura , Fab. Voyez la Faune française (Do-
lomèdes sylvains) et les AnnaLes des sciences physiques [dolomède spini-
mane, Dufour, V, lxxvi, 3).
(2) Dolomedes marginatus , Walck. 5 Araneus undatus , Clerck, V ,
tab. i • DeG., Insect., YII , xvi, fig. i3-i5; Panz, Faun. , lxxi ; 22; — ■
Dolomedes fimbriatus , Walck. 5 De G., Insect. , VII, xvi, 9-1 1 5 —
Araneus fimbriatus , Clerck., V, tab. ix. Ces espèces composent la
division des dolomedes riverains de M. Walckenaer.
17*
2()0 ARACHNIDES PULMONAIRES,
cornent très vite. Elles s'y logent dans des trous, qu'elles
trouvent formés, ou qu'elles ont creusés , en fortifiant les
parois avec de la soie, et les agrandissent à mesure qu'elles
croissent. Quelques-unes s'établissent dans les cavités et les
fentes des murs , y font des tuyaux de soie, qu'elles recou-
vrent à l'extérieur de parcelles de terre ou de sable. C'est
dans ces retraites qu'elles muent et qu'elles passent l'hiver,
après en avoir fermé , à ce qu'il paraît, l'ouverture. C'est là
aussi que les femelles font leur ponte. Elles emportent, lors-
qu'elles vont en course, leur cocon, qui est fixé par des fils
à l'anus. Les petits se cramponnent, à leur sortie de l'œuf,
sur le corps de leur mère, et y demeurent attachés, jusqu'à
ce qu'ils soient assez forts pour chercher eux-mêmes leur
nourriture.
Les 1-ycoses sont très voraces, et défendent courageusement
la possession de leur domicile.
Une espèce de ce genre, la Tarentule , ainsi nommée
de la ville de Tarenle, en Italie, aux environs de laquelle
elle est commune, jouit d'une grande célébrité. Dans l'o-
pinion du peuple, son venin produit des accidents très
graves, suivis même souvent de la mort, ou le tarentisme ,
et qu'on ne peut dissiper que par le secours de la musi-
que et de la danse. Les personnes éclairées et judicieuses
pensent qu'il est plus nécessaire de combattre les terreurs
de l'imagination que les effets de ce venin , et la médecine,
au surplus ^ offre d'autres moyens curatifs.
M. Chabrier a publié (Soc. Acad. de Lille, 4e cahier) des
observations curieuses sur la lycose tarentule du midi de la
France.
Ce genre' est très nombreux en. espèces, mais qu'on n'a
pas encore bien caractérisées.
La Lycose tarentule ( Aranea tarentula, Lin. , Fab.)
Albin. , Aran., tab. xxxix -, Senguerd. de Tarent. Longue
d'environ un pouce. Dessous de l'abdomen rouge, traversé
dans son milieu par une bande noire.
La Tarentule du midi de la France (Lycose narbonnaise,
Waîck. , Faun. franc. , aran. , I, i — '40 est 1m peu moins
grande, avec le dessous de son abdomen très noir, bordé
de rouge tout autour.
FAMILLE DES FILETJSES,* 261
On trouve aux environs de Paris une espèce analogue,
la Lycose ouvrière ( Fabrilis , Clerck. , Aran. Suec. , pi. 4,
tab. 11 ; Walck. , Faun. franc. , aran. II, 5. )
La Lycose a sac ( Aranea saccata , Lin. ; Araneus amen
tatus , Clerck. , IV , tab. vin ; Lister , tit. 25 , fig. -i5 ). Pe-
tite, noirâtre: carène du corselet d'un roussâtre obscur,
avec une ligne cendrée; un petit faisceau de poils gris, à
la base supérieure de l'abdomen ; pieds d'un roux livide,
entrecoupé de taches noirâtres ; cocon aplati et verdâtre.
— Très commune aux environs de Paris (1).
Nous terminerons cette section par le sous-genre,
De Myrmécie (Myrmecia. Latr. ) ,
Qui semble conduire à la suivante, et dont nous avons
exposé les caractères dans les Annales. des Sciences natu
relies (tom. III , pag. 27). Les yeux forment un trapèze court
et large ; il y en a quatre en devant, sur une ligne transverse;
deux autres, plus intérieurs que les deux extrêmes précé-
dents, composent une seconde ligne transverse; les deux
derniers sont en arrière des deux précédents. Les chélicères
sont fortes. Les mâchoires sont arrondies et très velues au
bout. La languette est presque carrée, un peu plus longue que
large. Les pieds sont longs, presque filiformes; ceux de la
quatrième paire et de la première sont les plus lot g s de tous.
Le thorax semble être partagé en trois parties, dont* l'anté-
rieure, beaucoup plus grande, est carrée, et dont les deux
autres en forme de nœuds ou de bosses. L'abdomen est beau-
coup plus court que le thorax, et recouvert, depuis sa nais-
sance jusque vers son milieu, d'un épiderme solide.
La Myrmécie Jauve , sur laquelle j'ai établi ce genre, se
trouve au Brésil ; mais il paraît qu'il en existe d'autres
espèces dans la Géorgie américaine.
La seconde section des Araignées vagabondes , celle des
Saltigrades, désignées par d'autres sous le nom d'Araignées
(1) Voyez ^pour les autres espèces, le Tableau et l'Histoire des ara-
ne'ïdes de M. Walckenaer , et la partie des arane'ïdes du même, dans la
Faune française. Consultez encore l'article Lycose de la seconde e'dkion
du Nouv. Dict. d'hist. natur.
2Ô2 ARACHNIDES PULMONAIRES.
phalanges 7 a les yeux disposés en un grand quadrilatère , et
dont le côté antérieur , ou la ligne formée par les premiers ,
s'étend dans toute la largeur du corselet; cette partie du
corps est presque carrée ou en demi-ovoïde, plane ou peu
bombée en dessus , aussi large en devant que dans le reste
de son étendue , et tombe brusquement sur les côtés. Les
pieds sont propres à la course et au saut.
Les cuisses des deux pieds de devant sont ordinairement
remarquables par leur grandeur.
L'araignée a chevrons blancs de Geoffroy, espèce de
saltique, très commune en été, sur les murs ou sur les
vitres exposés au soleil, marche comme par saccades, s'ar-
rête tout court après avoir fait quelques pas, et se hausse
sur les pieds antérieurs. Vient-elle à découvrir une mou-
che, un cousin surtout, elle s'en approche tout doucement,
jusqu'à une distance qu'elle puisse franchir d'un trait, et
s'élance tout d'un coup sur l'animal qu'elle épiait. Elle ne
craint pas de sauter perpendiculairement au mur, parce
qu'elle s'y trouve toujours attachée par le moyen d'un fil
de soie, et qu'elle le dévide à mesure qu'elle avance. Il
lui sert encore à se suspendre en l'air, à remonter au
point d'où elle était descendue , ou à se laisser transporter
par le vent d'un lieu à l'autre. Ces habitudes conviennent,
en général , aux espèces de cette division.
Plusieurs se construisent, entre des feuilles, sous des
pierres, etc., des nids de soie, en forme de sacs ovales et
ouverts aux deux bouts. Ces arachnides s'y retirent pour
se reposer, changer de mue, et se garantir des intempéries
des saisons. Si quelque danger les menace, elles en sortent
aussitôt et s'enfuient avec agilité.
Des femelles se font, avec la même matière, une espèce
de tente j qui devient le berceau de leur postérité , et où
les petits vivent, pendant quelque temps, en commun
avec leur mère.
Quelques espèces , semblables à des fourmis, élèvent
leurs pieds antérieurs, et les font vibrer très rapidement.
Les mâles se livrent quelquefois des combats très singu-
liers par leurs manœuvres, mais qui n'ont aucune issue
funeste.
FAMILLE DES F1LEUSIÏS. 263
Un sous-genre, établi par M. Rafinesque, celui
De Tessarops (Tessarops. ),
Nous paraît se rapprocher beaucoup du suivant, à raison
de la plupart de ses caractères et de ses habitudes, mais s'en
éloigner beaucoup, s'il n'y a pas d'erreur, sous le rapport
du nombre des yeux, qui ne serait que de quatre. ( Voy. les
Annales générales des Sciences physiques, tom. VIII , p. 8&. )
Un autre sous-genre, qui ne nous est pareillement connu
que par sa description, est celui
De Palpimane (Palfimanus. ),
Publié par M. Dufour, dans les Annales des Sciences phy-
siques (V, lxix, 5), et qui lui paraît intermédiaire entre
les érèses et les saltiques. La disposition des yeux est à peu
près la même que dans le premier de ces deux sous-genres.
La languette est pareillement triangulaire et pointue , et les
mâchoires sont encore dilatées et arrondies au bout; mais,
suivant ce naturaliste , elles seraient inclinées et non droites
comme celles des érèses. L'article terminal des tarses anté-
rieurs serait inséré latéralement et dépourvu de crochets.
Il n'en décrit qu'une espèce {Palpimane bossu). Elle ne
saute point, marche avec assez de lenteur, et se trouve
sous les pierres , dans le royaume de Valence; mais elle y
est très rare.
M. Lefèvre a rapporté de Sicile une nouvelle espèce
d'aranéïde , qui me paraît être de ce genre.
Dans les deux sous-genres suivants, le nombre des yeux
est toujours de huit, et les mâchoires sont droites.
Les Erèses. (Eresus. Walck.)
Qui ont près du milieu de l'extrémité antérieure du corse-
let, quatre yeux rapprochés en un petit trapèze, et les quatre
autres sur ses côtés, et formant aussi un autre quadrilatère ,
mais beaucoup plus grand. Leur languette est triangulaire
et pointue. Leurs tarses sont terminés par trois crochets (i).
(i) Eresus cinnaberinus , Walck; Aranea quatuor- gultata , Ross.,
Faun. etrusc. , tom. II, i, 8, 9; Coqueb. , Illust. , icon. Insect.,
decas. III , xxvn, 125 — Aranea nigra, Peiag., Spécial, insect. Ca-
264 ARACHNIDES PULMONAIRES.
Les Saltiques. ( Salticus. Latr. — Attus. Walck.)
Qui ont quatre yeux, dont les deux intermédiaires plus
gros , en avant du corselet, sur une ligne transverse, et les
autres près des bords latéraux, deux de chaque côté ; ils for-
ment ainsi un grand carré ouvert postérieurement, ou une
parabole. La languette est très obtuse ou tronquée au som-
met. Les tarses n'offrent, à leur extrémité, que deux cro-
chets.
Plusieurs mâles ont de très grandes chélicères.
Les uns ont le corselet épais et en talus, très incliné à sa
base.
Le Saltique de Sloane. {Aranea sanguinolenta , Lin.)
Noir , une ligne blanche formée par un duvet , de chaque
coté du corselet ; abdomen d'un rouge cinabre, avec une
tache alongée , noire, au milieu du dos. — Midi de la
France, sur les pierres (i).
Les autres ont le corselet très aplati , et presque insensi-
blement en pente , à sa base.
Tantôt leur corps est simplement ovale, garni de poils ou
de duvet épais, avec les pieds courts et robustes.
Le Saltique chevronné {Aranea scenica , Lin.; Y Arai-
gnée a chevrons , Geoff. ) Araignée a bandes blanches,
De G., Insect., Vil, xvn,8,g. Long d'environ deux lignes
et demie ; dessus noir , avec les bords du corselet et trois
lignes en forme de chevrons sur le dessus de l'abdomen,
blancs. — Très commune (a).
lab. M. Dufour a décrit, dans les Annales des sciences physiques , deux
espèces d'Espagne , Fune , Yérèse acanthophile (VI , xcv , 3 , 4) est mon
érèse rayé du nouy. Dict. dlnst. natur. ; Fautre , Vérèse impérial ( V ,
lxix, 2) a de grands rapports avec V aranea nigra de Pe'tagua , cite'e ci-
dessus. Ces deux espèces sont repre'sente'es dans la Faune française,
aran. , pi. iv , 3, 4 5 5. Voyez aussi j même planche, fîg. 7, Vérèse
cinabre.
(1) Cette division comprend les attes suivants de M. Walckenaer :
bicolor , chalybeiuSj niger, cupreus, inuscorwn , Y aranea grossipes de
De Geer.
(2) Ajoutez attus tàrdigradus t Walclc , Hist. des aran., V, iv, fem.
Yo*ez son tableaa des arane'ides.
\
FAMILLE DES PEDiP ALPES. 265
Tantôt leur corps est étroit, alongé , presque cylindrique
et ras; les pieds sont longs et grêles.
LeSaltiqueJburmi(Formicarius.)AraneaJbrmicaria,I)e G .
Insect., tom. Vil, xvm, i,. aj atte fourmi, Walck., Faun.
Franc., aran , Y, i-3. Roux; devant du corselet noir ; des
bandes noires et deux taches blanches sur l'abdomen (i).
La seconde famille des Arachnides pulmonaires,
celle
Des PÉDIPALPES (Pédipalpi.) ,
Nous offre des palpes très grands , en forme de
bras avancés , terminés en pince ou en griffe ; des
chélicères ou antenne-pinces à deux doigts , dont
l'un mobile ; un abdomen composé de segments
très distincts, sans filières au bout, et les organes
sexuels situés à la base du ventre. Tout le corps
est revêtu d'un derme assez solide ; le thorax est
d'une seule pièce , et présente, près des angles
antérieurs, trois ou deux yeux lisses, rapprochés
ou groupés ; et près du milieu de son extrémité
antérieure , ou postérieurement , mais dans la ligne
médiane , deux autres yeux lisses, pareillement rap-
prochés. Le nombre des sacs pulmonaires est de
quatre ou de huit.
Les uns^ qui forment le genre
Tarentule (Tarantula. Fabric. ),
Ont l'abdomen attaché au thorax par un pédicule ou
par une portion de leur diamètre transversal, sans la-
(0 Voyez, pour toutes les autres espèces de ce sous-genre-, la partie
des arane'ïdes de la Faune française. M. Walckenaer, auteur. de'cette
partie, mentionne, clans son tableau des arane'ïdes, une espèce reni'erme'c
dans du succin.
266 AHACH1NIDES PULMONAIRES.
mes en forme de peigne à sa base inférieure, ni d'ai-
guillon à son extrémité. Leurs stigmates, au nombre de
quatre, sont situés près de l'origine du ventre, et recou-
verts d'une plaque. Leurs antenne-pinces ( mandibules
des auteurs) sont en griffe, ou terminées simplement
par un crochet mobile. Leur languette est alongée, très
étroite, en forme de dard et cachée. Ils n'ont que deux
mâchoires, et formées par le premier article de leurs
palpes.
Ils ont tous huit yeux , dont trois , de chaque côté ,
près des angles antérieurs, disposés en triangle; et deux
près du milieu, au bord antérieur et portés sur un tuber-
cule commun ou sur une petite éminence , un de chaque
côté. Les palpes sont épineux. Les tarses des deux pieds
antérieurs diffèrent des autres; ils sont composés de
beaucoup d'articles , en forme de filou de soie; et sans
onglet au bout.
Ces arachnides n'habitent que les pays très chauds de
l'Asie et de l'Amérique. Leurs habitudes nous sont
inconnues. On en fait aujourd'hui deux genres.
Les Phrynes. ( Phrynus. Oliv. )
Qui ont des palpes terminés en griffe, le corps très aplati,
le thorax large, presque en forme de croissant; l'abdomen
sans queue, et les deux tarses antérieurs très longs , très me-
nus, semblables à des antennes en forme de soie (i).
Les Tuelyphones. ( Thelyphonus. Latr. )
Se distinguent des phrynes par leurs palpes plus courts ,
plus gros, terminés en pince ou par deux doigts réunis; par
leur corps long, avec le thorax ovale , et le bout de l'abdo-
men muni d'une soie articulée, formant une queue; leurs
(i) Phalangium reniforme , Lin.; Pall. , Spicil. zool., fasc. IX, m,
5,6; Herbst., Monog. phal. , nij Indes orientales, îles Séclielles ;
Herbst. , ibid , iv , i , Amérique méridionale; — Tarent ula reniformis,
Fab. ; Pall. , Spicil. zool. , 9 , m , 3 , 4 ; Herbst. , ibid , v , 1 ; ejusd. ,
ïv, 2 , var. ? Antilles.
FAMILLE DES PGDIPALPES. 267
deux tarses antérieurs sout courts , d'une même venue , et a
articulations peu nombreuses (1).
Les autres ont l'abdomen intimement uni au
thorax par toute sa largeur , offrant à sa base in-
férieure deux lames mobiles en forme de peigne ,
et terminé par une queue noueuse , armée d'un ai-
guillon à son extrémité ; leurs stigmates sont au
nombre de huit, découverts et disposés quatre par
quatre, de chaque côté , delà longueur du ventre;
leurs antenne-pinces sont terminées par deux doigts,
dont l'extérieur mobile. Ils forment le genre
Des Scorpions. (Scorpio. Lin. Fab.)
Qui ont le corps long et terminé brusquement par
une queue longue, grêle , composée de six nœuds, dont
le dernier finit en pointe arquée et très aiguë, ou en
un dard , sous l'extrémité duquel sont deux petits trous^
servant d'issue à une liqueur venimeuse, contenue dans
un réservoir intérieur. Leur thorax, en forme de carré
long et ordinairement marqué , dans son milieu , d'un
sillon longitudinal, a de chaque côté, près de son
extrémité antérieure , trois ou deux yeux lisses , for-
mant une ligne courbe , et vers le milieu du dos deux
autres yeux lisses rapprochés. Les palpes sont très
grands, avec une serre au bout, en forme de main;
leur premier article forme une mâchoire concave et
arrondie. A l'origine de chacun des quatre pieds
(1) Phalangium caudalum, Linn.; Paîl. , Spicil. zool. fasc. IX, ni ,
1 , 2 , de Java. L'Amérique méridionale fournit une autre espèce , décrite
et figurée dans le Journal de Physique et d'Histoire naturelle ( 1777) ;
les habitants de la Martinique l'appellent le vinaigrier. Une troisième es-
pèce, plus petite que les précédentes , et dont les pattes sont fauves , ha-
bile la presqu'île en-deçà du Gange.
268 ARACHNIDES PULMONAIRES.
antérieurs , est un appendice triangulaire , et ces pièces
forment, par leur rapprochement, l'apparence d'une
lèvre à quatre divisions , mais dont les deux latérales
peuvent être considérées comme des sortes de mâchoires,
et dont les deux autres forment la languette. L'abdomen
est composé de douze anneaux , ceux de la queue
compris; le premier est divisé en deux parties, dont
l'antérieure porte les organes sexuels, et l'autre les
deux peignes. Ces appendices sont composés d'une pièce
principale , étroite, alongée, articulée, mobile à sa base,
et garnie , le long de son côté inférieur , d'une suite de
petites lames, réunies avec elle par une articulation,
étroites , alongées , creuses intérieurement , parallèles,
et imitant des dents de peigne; leur nombre est plus
ou moins considérable , selon les espèces ; il varie quel-
quefois d'une certaine quantité, et peut-être avec l'âge,
dans la même. On n'a pas encore déterminé, par des
expériences positives , quel est l'usage de ces appendices.
Les quatre anneaux suivants ont chacun une paire de
sacs pulmonaires et de stigmates. Immédiatement après
le sixième, l'abdomen se rétrécit brusquement, et les
six autres anneaux, sous la forme de nœuds, composent
la queue. Tous les tarses sont semblables, de trois arti-
cles , avec deux crochets au bout du dernier. Les quatre
derniers pieds ont une base commune , et le premier
article de leurs hanches est soudé ; les deux derniers
sont même adossés, en partie, à l'abdomen.
Les deux cordons nerveux, partant du cerveau, se
réunissent par intervalles, et forment sept ganglions,
dont les derniers appartiennent à la queue. Dans toutes
les autres arachnides , le nombre des ganglions est de
trois au plus.
Les huit stigmates donnent dans autant de bourses
blanches , renfermant chacune un grand nombre de
petites lames très déliées , entre lesquelles il est probable
que l'air se filtre. Un vaisseau musculeux règne le long
FAMILLE DES PÉDIDALPES. 26()
du dos , et communique avec chaque bourse par deux
vaisseaux (i) ; d'autres branches en partent pour toutes
les parties. Le canal intestinal est droit et grêle. Le foie
se compose de quatre paires de grappes glanduleuses, qui
versent leur liqueur dans quatre points de l'intestin.
Le mâle a deux verges sortant près des peignes , et la
femelle deux vulves. Ces dernières donnent dans une
matrice composée de plusieurs canaux qui communi-
quent les uns avec les autres , et que l'on trouve au
temps du part, remplis de petits vivants: les testicules
sont aussi formés de quelques vaisseaux anamostosés en-
semble (2).
Ces arachnides habitent les pays chauds des deux
hémisphères, vivent à terre, se cachent sous les pierres
ou d'autres corps , le plus souvent dans les masures ou
dans les lieux sombres et frais , et même dans l'in-
térieur des maisons. Ils courent vite, en recourbant
leur queue en forme d'arc sur le dos. Ils la dirigent en
tout sens , et s'en servent comme d'une arme offensive
et défensive. Ils saississent avec leurs serres les cloportes
et les différents insectes , tels que des carabes, des cha-
rançons , des orthoptères , etc. , dont ils se nourrissent,
les piquent avec l'aiguillon de leur queue , en la portant
en avant, et font ensuite passer leur proie entre leurs
chélicères et leurs mâchoires. Ils sont friands des œufs
daranéïdes et de ceux d'insectes.
La piqûre du Scorpion d'Europe n'est pas , à ce qu'il
paraît, ordinairement dangereuse. Celle du scorpion de
Souvignargues , de Maupertuis, ou de l'espèce que j'ai
nommée roussdtre (Occitanus) , et qui est plus forte que
la précédente, produit, d'après les expériences que le
(1) Voyez nos remarques pre'ce'dentes sur la circulation des arach-
nides pulmonaires.
(2) Consultez , sur Fanatomie des scorpions , TYeviranus , Marcel de
Serres et Léon Dufour (Journ. de physique , juin 1817).
2yO ARACII1NIDES PULMONAIRES.
docteur Maccary a eu le courage de faire sur lui-même,
des accidents plus graves et plus alarmants; le venin pa-
raît être d'autant plus actif que le scorpion est plus âgé.
On emploie , pour en arrêter les effets, l'alkali volatil,
soit extérieurement , soit à l'intérieur.
Quelques naturalistes ont avancé que nos espèces indi-
gènes produisent deux générations par an. Celle qui me
semble la mieux constatée a lieu au mois d'août. La
femelle, dans l'accouplement, est renversée sur le dos.
Suivant M. Maccary, elle change de peau avant de mettre
bas ses petits. Le mâle en fait autant à la même époque.
La femelle fait ses petits à diverses reprises. Elle les
porte sur son dos pendant les premiers jours, ne sort
pas alors de sa retraite, et veille à leur conservation
l'espace d'environ un mois , époque à laquelle ils sont
assez forts pour s'établir ailleurs et pourvoir à leur sub-
sistance. Ce n'est guère qu'au bout de deux ans qu'ils
sont en état d'engendrer.
Les uns ont huit yeux, et forment le genre Builius de
M. Leach.
Le Scorpion d' Afrique (Afer., Lin., Fab.). Rœs., insect.,
3 , lxv. — Herbst. , monog. , scorp. , i. Long de cinq à six
pouces, d'un brun noirâtre, avec les serres grandes, en
cœur, très chagrinées et un peu velues. Bord antérieur
du corselet fortement échancré. Treize dents à chaque
peigne. — Des Indes orientales, deCeylan, etc.
Le Scorpion roussâtre ( Occitanus , Amor. ); Tunetanus,
Herbst., monog., scorp., 111, 3; Buthus occitanus, Leach. ,
Zoolog. Miscell. cxlïii. Jaunâtre ou roussâtre ; queue
un peu plus longue que le corps , avec des lignes élevées
et finement crénelées. Vingt-huit dents et au-delà ( 52-65 ,
Maccary.) à chaque peigne. — Midi de l'Europe, Barbarie,
et très commun en Espagne.
Les autres n'ont que six yeux, et composent le genre Scor-
pion, proprement dit, du même naturaliste.
Le Scorpion dJ Europe (Europœus, Lin., Fab.). Herbst.,
Monog. scorp., 1IÏ, i, i. D'un brun plus ou moins fonce,
ARACHNIDES TRACHÉENNES. 2JI
avec les pieds et le dernier article de la queue d'un brun
plus clair ou jaunâtre ; serres en forme de cœur et angu-
leuses; neuf dents à chaque peigne. — Les départements les
plus méridionaux et orientaux de la France.
LE SECOND ORDRE DES ARACHNIDES,
Les TRACHÉENNES. (Trachearle. )
Différent du précédent par des organes respira-
toires, consistant en des trachées (i) rajonnées ou
n— — — w — — i^— — ^— — ^— . — ■—■ ■ ■ i ■ -.— —ii - ■ .1 ,,.- ■ ■ i m
(i) Les trachées sont des vaisseaux qui reçoivent et distribuent le
fluide aérien dans tout l'intérieur du corps, et supple'ent ainsi au défaut
de circulation. Elles sont de deux sortes. Les lubulaires ou élastiques
sont formées de trois membranes , dont l'intermédiaire, composée d'un
filet cartilagineux, élastique, roulé en spirale, et dont les deux autres
celluleuses. Les trachées vésiculaires ne sont formées que de deux mem-
branes et de cette sorte. Ce sont des espèces de poches pneumatiques ,
susceptibles de se gonfler et de s'abaisser. Les insectes aquatiques et plu-
sieurs autres aériens en sont dépourvus. Elles communiquent entre elles par
des trachées tubulaires. Dans plusieurs orthoptères, où elles sont bien déve-
loppées, des arcs cartilagineux, formés par des appendices des demi-anneaux
inférieurs de l'abdomen , servent d'attaches aux muscles qui les retiennent.
Les trachées sont divisées en deux troncs principaux , s'étendant longitu-
dinalement, un de chaque côté , et recevant l'air au moyen d'ouvertures
latérales appelées stigmates, et jetant ensuite des branches et des rameaux
nombreux qui répandent ce fluide. Mais dans plusieurs insectes , il existe
aussi deux autres troncs plus ou moins longs , situés entre les deux précé-
dents et communiquant avec eux. M. Marcel de Serres les distingue par
la dénomination de pulmonaires : les deux ordinaires sont pour lui des
trachées artérielles. Il distingue aussi deux sortes de stigmates : les uns,
simples , ou les stigmates ordinaires , consistent en deux lèvres membra-
neuses, ayant des fibres ou stries transverses, s'ouvrant au moyen d'une
simple contraction; les autres stigmates, ceux qu'il nomme trémaères ,
sont formés d'une ou de deux pièces, mais leplus souvent de deux, cornées,
mobiles, s'ouvrant ou se fermant comme des volets. De Geer (Descript.
du criquet de passage) les compare à des paupières. Ils sont propres à
certains orthoptères , et leur position indique que ce sont les stigmates
du mésothorax. M. Léon Dufour (A un. des se. natur., mai 1826) a donné
2j2 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
ramifiées , et ne recevant l'air que par deux ou-
vertures ou stigmates ; par l'absence d'organe cir-
culatoire (1), et à l'égard du nombre des jeux qui
n'est que de deux à quatre (2). Faute d'observa-
tions an atomiques assez générales , les limites de
cet ordre ne sont pas encore rigoureusement tra-
cées. Quelques-unes mêmes de ces arachnides, telles
que les pjcnogonides , n'offrent aucun stigmate,
et leur mode de respirer est inconnu.
Les arachnides trachéennes se partagent très na-
turellement en celles qui sont pourvues d'antenne-
pinces terminées par deux doigts, dont l'un mo-
de très bonnes figures de ces diverses sortes de stigmates , mais sans em-
ployer les désignations du naturaliste précédent. Il paraîtrait, diaprés sa
description des stigmates abdominaux, que ceux-ci ont les caractères des
trémaères, tandis que ceux qu'il de'crit ensuite comme différents , sont
les stigmates ordinaires. Nous croyons, au surplus, que ces dissemblances
ne tiennent qu'à de simples modifications des lèvres. Re'aumur (Mem., I,
iv, 16) a figure' un stigmate de cette dernière sorte , mais dont les lèvres
ont un rebord intérieur, qui doit , selon toute apparence , être corné.
Supposons qu'elles soient presque entièrement de cette consistance, nous
aurons alors cette espèce de stigmate que M. Serres nomme trémaère.
Quelques larves aquatiques ont des appareils respiratoires particuliers et
dont nous parlerons en traitant de ces insectes.
(1) La présence des trachées exclut toute circulation complète, c'est-
à-dire la distribution du sang aux diverses parties , et son retour des or-
ganes de la respiration au cœur. Ainsi, quoique l'on ait récemment
découvert des vaisseaux dans quelques insectes (phasmes) , quoique leur
existence soit possible dans diverses arachnides trachéennes, ces animaux
ne rentrent pas moins, sous ce rapport, dans le système général. M. Mar-
cel de Serres a observé que le tube intestinal des phalangium ou fau-
cheurs jette un très grand nombre de cœcums ou d'appendices vermi-
formes , qui semblent avoir de l'analogie avec les vaisseaux hépatiques ,
et que les trachées rampent et se ramifient à l'infini sur ces cœcums.
(2) Suivant Mûller, Y hydrachne usnbrata a six yeux; mais n'est-ce pas
une erreur d'optique ou une méprise ?
FAMILLE DES FAUX SCORPIONS. 2^3
bile, ou bien par un seul, pareillement mobile,
en forme de griffe on de crochet ; et en celles où
ces organes sont remplacés par de simples lames
ou lancettes, et qui, avec la languette, consti-
tuent un suçoir. Mais la plupart de ces animaux
étant fort petits, cet examen entraîne de grandes
difficultés, et l'on sent que de tels caractères ne
doivent être employés que lorsqu'on ne peut faire
autrement.
La première famille des Arachnides trachéen=
nés , celle
Des FAUX SCORPIONS (Pseudo Scorpiones. ),
A le thorax artieulé, avec le segment antérieur
beaucoup plus spacieux, en forme de corselet; un
abdomen très distinct et annelé , des palpes très
grands , en forme de pieds ou de serres ; huit
pieds dans les deux sexes, avec deux crochets
égaux au bout des tarses, les deux antérieurs au
plus exceptés; deux antenne-pinces ou chélicères
apparentes, terminées par deux doigts, et deux
mâchoires formées par le premier article des
palpes. Ils sont, tous terrestres et ont le corps
ovale ou oblo ng ; cette famille ne comprend que
deux genres.
Les Galéodes. (Galeodes. Oliv. — Solpuga. Licht.
Fab. )
Ont deux antenne-pinces très grandes , à doigts ver-
ticaux, fortement dentés, l'un supérieur, fixe et sou-
TOME IV. 18
2j/\. ARACHNIDES TRACHÉENNES.
vent muni , à sa base, d'un appendice (1) grêle , alongé,
terminé en pointe , et l'autre mobile ; les palpes grands,
avancés , en forme de pieds ou d'antennes , terminés par
un article court , en forme de bouton , vésiculeux et sans
crocliet au bout; les deux pieds antérieurs d'une figure
presque semblable, pareillement mutiques, mais plus
petits; les autres terminés par un tarse , dont le dernier
article, muni au bout de deux petites pelotes et de deux,
longs doigts, avec un crocliet à leur extrémité; cinq
écailles en forme de demi-entonnoir et pédicellées, sur
chaque pied postérieur , disposées en une rangée le long
de leurs premiers articles ; et deux yeux très rapprochés
sur une éminence antérieure du premier segment tliora-
cique , qui représente une grande tête, portant , outre
les parties de là bouche les deux pieds antérieurs.
Leur corps est oblong, généralement mou et hérissé
de longs poils. Le dernier article» des palpes, ou leur
bouton, renferme , suivant M. Dufour, un organe parti-
culier, en forme de disque ou de cupule, d'un blanc
nacré, et qui ne se présente en dehors que lorsque l'a-
nimal est irrité. Les deux pieds antérieurs peuvent être
considérés comme de seconds palpes. Le labre a la forme
d'un petit bec très comprimé, recourbé, pointu et velu
au bout. La languette est petite , en forme de carène ,
et se termine par deux soies barbues, divergentes, pos-
tées chacune sur un petit article. Les autres paires de
pieds sont annexées à autant de segments. J'ai aperçu
un grand stigmate , de chaque côté du corps , entre les
premiers et les seconds pieds, ainsi qu'une fente à la
base du ventre. L'abdomen est ovalaire et composé de
neuf anneaux. [Voyez , pour d'autres particularités, la
description d'une espèce découverte en Espagne par
M. Dufour, et décrite et figurée par lui dans les An-
nales des sciences physiques, tom. Y, pi. lxix, 5. )
(i) Je ne crois pas qu'il soit exclusivement propre à Fun tics sexes.
FAMILLE DES FAUX-SCORPIONS. 2y5
On soupçonne que les anciens ont désigné ces arach-
nides sous les noms de phalan glum , solifuga, tetra-
gnaiha , etc. M. Poè* en a découvert une espèce dans les
environs de la Havane ; mais les autres sont propres aux
pays chauds et sablonneux de l'ancien continent.
Ces animaux courent avec une extrême vitesse, re-
dressent leur tête, semblent vouloir se défendre, lors-
qu'on les surprend, et sont réputés venimeux (i).
Les Pinces. ( Chelifer. GeofT. — Oblsium. Ilig. ) ,
Ont les palpes alongés, en forme de bras, avec une
pince en forme de main et didactyle au bout ; tous les
pieds égaux, terminés par deux crochets, et les yeux
placés sur les côtés du thorax.
Ces animaux ressemblent à de petits scorpions privés
de queue. Leur corps est aplati, avec le thorax presque
carré, et ayant de chaque côté un ou deux yeux.
Ils courent vite , et souvent à reculons ou de côté ,
comme les crabes. Rœsel a vu une femelle pondre ses
œufs et les rassembler en tas. Hermann père dit que
ces individus les portent réunis en une pelotte sous leur
ventre. Il croit même, d'après une autre observation,
que ces arachnides peuvent filer.
Son fils {Menu aplérol. ) divise ce genre en deux sections.
Les uns (Chelifer, Leach.) ont le premier segment du tronc,
ou du thorax, partagé en deux par une ligne imprimée et
transversale; les tarses d'un seul article; une espèce de stvlet
au bout du doigt mobile des chélicèies , et les poils du
corps en forme de spatule.
La Pince crabe {Phalangiurn cancroides , Lin.; Scornio
cancroides ,Fab.) ï\ces., Ins., III, supp. lxiv, vulgairè-
(]) Solpulga futalis , lab. ; Herbst. , Monog. , soîp. I, i7 du Bengale:
— S. chtlico/'nis, Fab. ; Herbst. , ihid. , II , i; — Phalangium araneoides,
Pall. , Spicil. zool. , fasc. IX, m , 7 , 8 , 9. Voyez, en outre, la Mono-
graphie de ce genre publie'e par Herbst. , et les Voyages de Palîas et
d'Olivier.
18*
276 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
ment Scorpion des livres , se trouve dans les herbiers ? les
vieux livres ; etc.; où. elle se nourrit des petits insectes qui
les rongent.
Une a u tire (Scorp/o cimicoides, Fab .)Herm v Mém . aptér . ,
Vlï7 g; habite sous les écorces d'arbres, lespierres; etc.
D'autres (Obisium , Leach.) ont le thorax sans division,
les chélicères sans stylet, les poils du corps en forme de
soies (1). Mais le nombre des yeux nous fournit un caractère
plus important. Il est de quatre dans les Obisies et de deux
dans les Pinces proprement dites (2).
La seconde famille des àrachjnides trachéen-
nes; celle
Des PYCNOGON1DES. (Pycnogonides. )
A le tronc composé de quatre segments, occu-
pant presque toute la longueur du corps , terminé à
chaque extrémité par un article tubulaire, dent
l'antérieur plus grand, tantôt simple, tantôt ac-
compagné d'antenne-pinces et de palpes , ou d'une
seule sorte de ces organes, constitue la bouche (3).
Les deux sexes ont huit pieds propres à la course;
mais les femelles offrent, en outre, deux fausses
pattes, situées près des deux antérieurs, et servant
uniquement à porter les œufs.
(1) Herrn. , Mém. aptér. , v, 6 ; vi, \(\.
(2) J^oyez la Monographie des scorpionides du docteur Leach , dans
le troisième volume de son Zoological miscellany, tab. \^\ et 142 ; et un
Mémoire sur les insectes du Copal, par M. Daiinan, où il en décrit et
figure une espèce sous le nom à eucarpus , et où il présente des observa-
lions sur d'autres espèces.
(3) Le siphon d'une grande espèce du sous-genre phoxichile, apportée
du cap de Bonne-Espérance par feu Delalande, m'a offert des sutures
longitudinales , de manière qu'il me parait composé du labre, de la lan-
guetic et de deux mâchoires, le tout sondé ensemble. Les palpes sont
dès lors ceux de ces mâchoires.
FAMILLE DES PYCNOGONIDES. v 277
Les Pjcnogonides sont des animaux marins (1),
ayant de l'analogie, soit avec les Cj aines et les
Chevrolles y soit avec les arachnides du genre Pha-
langiuniy ou les Faucheurs, auxquels Linnaeus les a
réunis. Leur corps est ordinairement linéaire , avec
les pieds très longs , de huit à neuf articles , et ter-
minés par deux crochets inégaux, paraissant n'en
former qu'un seul, et dont le plus petit est fendu.
Le premier article du corps, et qui tient lieu de
tète et de bouche, forme un tube avancé, presque
cylindrique ou en cône tronqué , ayant à son extré-
mité une ouverture triangulaire ou en trèfle. 11
porte à sa base les antenne-pinces et les palpes.
Les antenne - pinces sont cylindriques ou linéai-
res , simplement prenantes , composées de deux
pièces, dont la dernière en pince, avec le doigt
inférieur, ou celui qui est immobile, quelquefois
plus court. Les palpes sont en forme de fil, de cinq
ou-neuf articles, avec un crochet au bout. Chaque
segment suivant, à l'exception du dernier, sert
d'attache à une paire de -pieds (2) ; mais le pre-
(1) Suivant M. Savigny, ils font le passage des arachnides aux crus-
tacés. Nous ne les plaçons ici qu'avec doute.
(2) M. Milne -Edwards , qui a observé ces animaux sur le vivant,
m'a dit avoir vu dans l'intérieur de ces organes des expansions laté-
rales du canal intestinal, ou des cœcums. J'en avais effectivement aperçu
les traces, sous la forme de vaisseaux noirâtres, dans divers nympLons.
Cette observation me porterait à croire que ces animaux respirent par la
peau, caractère d'après lequel ilsiiourraient former un ordre particulier,
et peut-être intermédiaire entre les arachnides et les insectes apières de
l'ordre des parasites.
278 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
mier, on celui avec lequel s'articule la bouche ,
a sur le dos un tubercule portant^ de chaque côté,
deux jeux lisses, et en dessous, dans les femelles
seulement, deux autres petits pieds, repliés sur
eux-mêmes , et portant les œufs qui sont rassemblés
tout autour d'eux, en une ou deux pelottes. Le
dernier segment est petit , cylindrique , et percé
d'un petit trou à son extrémité. On ne découvre
aucuns vestiges de stigmates.
Ces animaux se trouvent parmi les plantes ma-
rines, quelquefois sous les pierres, près des rivages,
et quelquefois aussi sur des cétacés.
Les Pycnogonons. (Pycnogonum. Brun. Miïll. Fab.)
Sont dépourvus d'antenne-pinces et de palpes, et la
longueur de leurs pieds ne surpasse guère celle du corps,
qui est proportionnellement plus court et plus épais que
dans les genres suivants. Ils vivent sur des cétacés (1).
Les Phoxtchiles. (Phoxichilus. Latr. )
N'offrent point de palpes, de même que les précé-
dents, mais ont des pieds fort longs et deux antenne-
pinces (2).
Les Nymphons. (Nymphon. Fab. )
Ressemblent aux Phoxiclules par la forme très étroite
(ijMùll., Zool. dan., cxix, 10-12, femelle. Trouve' sur nos côtes par
MM. Surirey et d'Qrbigny.
(2) Rapportez à ce genre le pycnogonum spinipes cTOthon Fabricius ,
sa variété' du P. grossipes, sans antennes ; les phalangium aculeatum, spi-
noswn de Montagus (Lin. Trans. ), le nymphon ftmoralum des Actes
de la Soc. cThist. natur. de Copenhague (179.7) ; le nymphon hirtwn
de Fabricius, qui peut-être ne diffère pas des phalangium spinipes , spi-
nosum , cite's plus haut.
FAMILLE DES HOLÈTRES. 2jÇf-
et oblongue de leur corps , la longueur de leurs pieds ,
et la présence des an tenue -pinces; mais ont, en outre ,
deux palpes (1').
La troisième famille des Arachnides trachéen-
nes , celle
Des HOLÈTRES. ( Holetra. Hermann.)
A le thorax et l'abdomen réunis en une masse ,
sous un épiderme commun : le thorax est tout au
plus divisé en deux, par un étranglement, et l'ab-
domen présente seulement dans quelques-uns des
apparences d'anneaux, formés par des plis de l 'é-
piderme.
L'extrémité antérieure de leur corps est souvent
avancée en forme de museau ou de bec ; la plupart
ont huit pieds et les autres six (2).
Cette famille ce compose de deux tribus.
La première tribu des Arachnides Holètres ,
celle des Phalangiens ( Phalangàa, Latr. ) ,
a des antenne-pinces très apparentes , soit en
(1) Pycnogorum grosszpes * Olh. Fab,.; Mùll., Zool. don., cxix, 5-g ,
fem,; à comparer avec les njmphons gracile et femoratum du docteur
Leach. (Zool. miscell. , xix , 1,2). Son genre ammothea (A. carolinen-
sis , ibid. , xiti) diffère de celui des iiymphons par les antenne- pinces
beaucoup plus courtes que la bouche, leur première pièce , ou celle de
la racine, étant fort petite. Les palpes ont neuf articles, tandis que
ceux des nymphons n'en offrent que cinq. Dans ce genre , ainsi que ceux
de phoxichile et de pycnogonon , le second article des tarses est fort
court. Le tubercule portant les yeux est quelquefois place' sur une saillie
qui s^vance au-dessus de la base de l'article antérieur, ou la bouche.
(2) Le trombidium longipes d'Herman fils, Me'm. aptér. , pi. 1,8, est
représenté avec dix pieds, dont les deux premiers très longs. Il ne lui
en donne crue huit dans le îexte
280 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
saillie au-devant du tronc , soit inférieures , et tou-
jours terminées en une pince didactyle, précédée
d'un à deux articles.
Ils ont deux palpes en forme de fil , de cinq ar-
ticles s dont le dernier terminé par un pelit onglet ;
deux yeux distincts , deux mâchoires formées par
le prolongement de l'article radical des palpes, et
souvent quatre de plus (i) , et qui ne sont aussi
qu'une dilatation de la hanche des deux premières
paires de pieds; le corps ovale ou arrondi, re-
couvert, du moins sur le tronc, d'une peau plus
solide ; des apparences d'anneaux ou des plis sur
l'abdomen. Les pieds, toujours au nombre de huit^
sont longs et divisés distinctement à la manière de
ceux des insectes (2). Plusieurs au moins (faucheurs),
ont à l'origine des deux pieds postérieurs, deux
stigmates, un de chaque côté, mais cachés par
leurs hanches.
\
(0 Dans la supposition que les deux mâchoires supérieures représen-
tent, avec leurs palpes, les mandibules des crustacés décapodes , ies
quatre autres représenteront aussi les quatre mâchoires des mêmes crus-
tacés, et les deux mâchoires, ainsi que la lèvre inférieure des insectes
broyeurs. M. Marcel de Serres nous apprend que le ganglion venant im-
médiatement après le cerveau , est en face de la troisième paire de
pattes , qui , d'après ces rapprochements, serait l'analogue de la première
des insectes ; or c'est là aussi qu'est placé , dans ceux-ci, le même gan-
glion. Voyez l'ordre des myriapodes.
(2) Hanches , cuisses, jambes et tarses de même que dans les familles
précédentes. Mais les pieds des autres arachnides trachéennes sont coin-
posés d'articles courts, dont les proportions relatives ne diffèrent que
graduellement, de sorte que ces distinctions de parties sont moins ap-
préciables.
FAMILLE DES HOLÈTRES. 28 L
La plupart vivent à terre, sur les plantes, au
bas des arbres, et sont très agiles; d'autres se ca-
chent sous la pierre , dans la mousse. Leurs organes
sexuels sont placés sous la bouche et intérieurs.
Les Faucheurs. (Phalangium. Lin. Fab.)
Qui ont les antenne - pinces saillantes ; beaucoup plus
courtes que le corps, et les yeux portés sur un tubercule
commun.
Leurs pieds sont très longs, fort menus; et détachés du
corps, ils donnent, pendant quelques instants, des signes
d'irritabilité. Les deux sexes sont placés vis-à-»vis l'un de
l'autre dans la copulation , qui a lieu vers la fin de l'été.
L'organe générateur du mâle a la forme d'un dard,
terminé en demi-flèche. La femelle a un oviducte mem-
braneux, en forme de iil, flexible et aiinclé. Les tra-
chées sont tubulaires.
Le Faucheur des murailles (Cornulum , Lin., mâle;
Opilio y cjusd. , femelle.) Herbst., Monog. phal., 1 , 3, mâle;
ibicl. 1, femelle. Corps ovale, roussâtre ou cendré en des-
sus, blanc en dessous; palpes longs; deux rangées de
petites épines sur le tubercule portant les yeux, et des
piquants sur les cuisses. Antenne-pinces cornues dans le
mâle; une bande noirâtre, avec ses bords festonnés, sur le
dos, dans la femelle (1).
Un célèbre entomologiste anglais, M. Kirby, a forme ,
sous le nom de Gonolepte (Gonoleptes.), un genre propre sui-
des espècesqui ont les palpes épineux, avec les deux derniers
articles presque de la même grandeur, subovalaires , et
un fort onglet terminal ; et dont les banches des deux
pieds postérieurs sont fort grandes, soudées et forment une
plaque sous le corps. Ces pieds sont éloignés des autres
(1) Consultez les Monographies de ce genre publiées par Lalreille (à la
suite de FHisîoirc des fou/mis), Herbst et Hermann fils (Me'm. aptérologi).
J
282 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
et rejetés en arrière (1). Dans les Faucheurs proprement
dits, les palpes sont filiformes, sans épines , terminés par
un article beaucoup plus long que le précédent , avec un
petit crochet au bout. Tous les pieds sont rapprochés , à
à hanches semblables et contiguès à leur naissance. Telles
sont toutes nos espèces indigènes.
Les SiRONS. (SiRO. Latr. )
A les antenne - pinces saillantes , presque aussi lon-
gues que le corps , les yeux écartés et portés chacun sur
un tubercule isolé ou sans support (2).
Les Macrochèles. ( Macrocheles. Latr.)
Ont aussi les antenne - pinces tressaillantes et fort
longues ; mais leurs yeux sont nuls ou sessiles. Les deux
pieds antérieurs sont fort longs et an te uniformes; le
dessus du corps forme une plaque ou écaille sans anneaux
distincts.
Je rapporte à ce genre les Acarus marginatus et testa-
dinarius d'Herman fils (Mémoire aptérol. 3 pag. 76 ,
pi. vi, fig. 6 , et pag. 80 , pi. IX, fig. 1. ).
Les Trogules.- (Trogtjltjs. Latr.)
Dont l'extrémité antérieure du corps s'avance en forme
de chaperon , et reçoit dans une cavité inférieure les
antennè-pinces et les autres parties de sa bouche.
Leur corps est très aplati et recouvert d'une peau
très ferme. Sous les pierres (3).
(1) Gonoleptes horridus , Trans. Lia. Soc. XII, xxn, 16 ; espèce
du Brésil.
(2) Slro rubens , Latr. , Gêner, crust. et insect. , I , vi , 2 ; — Acarus
crassipes , Herm. , Me'tn. apte'r. , ni, 6 et ix , Q. N.
(3) Trogulus nepœfortnis , Lat. , Gêner. , crust. et iasoct. ,1, "vi , i ;
Phalan^ium tricurinalum , Lin. ; Midi rie la France , Espagne.
FAMILLE DES HOLÈTRES. 283
La seconde tribu des Arachnides Holètres,
celle des Acarides (Acarides), a tantôt des antenne-
pinces , mais simplement composées d'une seule
pince , soit didactjie , soit en griffe , et cachée dans
une lèvre sternale : tantôt un suçoir , formé de lames
en lancette et réunies, ou n'a même pour bouche
qu'une cavité, sans autres pièces apparentes.
Cette tribu est formée du genre
Des Mites. (Acarus. L.)
La plupart de ces animaux sont très petits ou presque
microscopiques. Ils sont dispersés partout. Les uns sont
errants, et parmi eux on en rencontre sous les pierres,
les feuilles, les éeorces des arbres, dans la terre, les
eaux, ou bien sur les provisions de bouche, comme la
farine, la viande desséchée, le vieux fromage sec, sur
les substances animales en putréfaction; d'autres vivent,
en parasites, sur la peau ou dans la chair de divers ani-
maux, et les affaiblissent souvent beaucoup par leur
excessive multiplication. On attribue même à quelques
espèces l'origine de certaines maladies , et particulière-
ment de la gale. Il paraît résulter des expériences du doc-
teur Galet , que les mites de la gale humaine, mises sur
le corps d'une personne saine, lui inoculent le virus de
cette maladie. On trouve aussi diverses sortes de mites
sur des insectes , et plusieurs coléoptères vivant de sub-
stances cadavéreuses ou excrémentielles, en sont quel-
quefois tout couverts. On en a observé jusque dans le
cerveau et les yeux de l'homme.
Les mites sont ovipares et pullulent beaucoup. Plu-
sieurs ne naissent qu'avec six pieds , et les deux autres se
développent peu de temps après. Leurs tarses se termi-
284 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
netit de manières diverses et appropriées à leurs habi-
tudes.
Les unes ( les A ci rides propres, Acarides, Latr.) ont huit
pieds, uniquement propres à la course, et des antenne-pinces,
Les Trombidions. ( Trombidium. Fab. )
Qui ont des antenne- pinces en griffe ou terminées par un
crochet mobile ; des palpes saillants, pointus au bout, avec
un appendice mobile ou une espèce de doigt sous le? extré-
mité; deux yeux, situés chacun au bout d'un petit pédicule
fixe , et le corps divisé en deux parties, dont la première ou
l'antérieure très petite, et porte, outre les yeux et la bou-
che, les deux première paires de pieds.
Le Trombidion satiné ( T. holosericeum , Fab. ) Herm. ,
Mém. aptér. , pi. !, 2 , et îi, i , très commun, au prin-
temps , dans les jardins; d'un rouge couleur de sang , ab-
domen presque carré, rétréci postérieurement, avec us.e
échancrure; dos chargé de papilles velues à leur base, et
. globuleuses à leur extrémité.
On trouve aux Indes orientales une autre espèce trois à
quatre fois plus grande, et qui donne une teinture rouge :
c'est le T. colorant ( T, tinclorium , Fab. )Rerm., Mém.
apt. I, i, (i).
Les Erythrées. (Erythr^us. Latr. )
Qui ont les antenne-pinces et les palpes des Trombidions,
mais dont les yeux ne sont point portés sur de pédicule, et
dont le corps n'est pas divisé (2).
Les Gamases. (Gamasus. Lat. Fabr.)
Dont les antennp-piii-ces sont didactvles, et qui ont des
palpes saillants ou tiès distincts, et en forme de fil.
(1) T '. fuliginosum , Herm., Mé'ra. apt. , t, 3; — T. bicôlor, ibid. , 11,
2 ; — T. assimile , ibid. , 3 ; — T. curtipes , ibid. , 4 ?' — T. tngonum ,
ibid. , 5 ; — 1\ trimaculatwn , ibid. , 6.
(2) Eryikrœus phalangioidfes , Luîr. • Trombidium phalangioidcs ,
TTcrm. , ibid., 1 ,sio; — Trombidiun% quiscfuiliarum , ibid. ,9; — T. pa-
rietinum, ibid., 1 2 : — T. pus Muni . ibid , 11 , 4; — T. mureru.//
ibid. , 5.
FAMILLE DES HOLËTilES. 285
Les uns ont le dessus du corps revêtu , en tout ou en par-
tie, d'une peau écailleuse (i).
Les autres ont le corps entièrement mou. Quelques espè-
ces de cette division vivent sur différents oiseaux et quadru-
pèdes. On en connaît, tels surtout que YAcarus telarius de
Linnœ.^o, ou le Gamase tisserand , qui forment sur les feuil-
les de plusieurs végétaux, particulièrement sur celles du
tilleul , des toiles très fines, et leur nuisent beaucoup. Cette
espèce est rougeâtre, avec une tache noirâtre de chaque côté
de l'abdomen.
Les Cheyletes. (Cheyletus. Lat.)
Qui ont aussi des antenne- pinces didactyles , mais dont
les palpes sont e'pais , en forme de bras et terminés en
faulx (2).
Les Oribates. ( Oribata. Latr. — Notaspis. Herm. )
Dontlesantenne-pinces sont encore didactyies, mais dont
les palpes sont très courts ou cachés; qui ont le corps recou-
vert d'une peau ferme, coriace ou écailleuse, eu forme de
bouclier ou dJécusson , et les pieds longs ou de grandeur
moyenne.
Le devant du corps est avancé en forme de museau. On
voit souvent une apparence de corselet. Le bout du tarse
est terminé par un seul crochet dans les uns, par deux ou
trois dans les autres, sans pelotte vésiculeuse.
Ils se trouvent sur les pierres, les arbres, dans la mousse,
et marchent lentement (3).
(1) Gamasus marginatus , Latr.; Acarus marginatus , Herm.,
Mém. apt. , Vi, 6, trouvé sur le corps calleux du cerveau d'un homme;
— Trotnbidium longipes , Herm. , ibid. , 1, 8; — Acarus cohoptralo-
rum, Fab. ; De Geer, Me'ra. inseet. , VII , vi, 5; — Acarus hirùtidinis ,
Herm., ibid.,i, i3; — A. vespertilionis , ibid., i4; — Trombidiuni
bipuslulatum , ibid. ,11, ioj — T. socium , ibîd. , 11, i3; — T. tiliarium,
ibid. ,12; — T. lelarium, ibid. , i5 : ces trois espèces vivent en société'
sur les feuilles, les recouvrent de fils soyeux et très fins ; — T. celer,
ibid. , i4, — Acarus gallince , De Geer, Inseet. , VII, vi, i3.
(2) Acarus eruditus , Schrank , Enum., Inseet. , Aust. , n» io58, tab.
n , 1 ; e'^nsd. , peciculus musculi, ibid., n° 1024, 1, 5.
(3) Voyez Hermann , Mëm. aptér. , genre notaspe ,• et Olivier, Encycl.
méthod. , inseet. , article Oribate.
286 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
Les Uropodes. ( Uropoda. Lat. )
Qui ont , à ce que l'analogie nous fait présumer , des ché-
licères en pince ; dont Jes palpes ne sont point apparents
ou saillants; dont le corps est encore recouvert d'une peau
écailleuse, mais qui ont des pieds très courts , et un fil à l'a-
nus, au moyen duquel ils se fixent sur le corps de quelques
insectes coléoptères, et se suspendent en l'air (i).
Les Acarus. ( Acarus. Fab. Latr. — Sarcoptes. Latr. )
Ayant, ainsi que les précédents, deux antenne-pinces
didactyles , des palpes très courts ou cachés, mais dont le
corps est très mou ou sans croûte écailleuse.
Les tarses ont, à leur extrémité, une peiotte vésiculeuse.
Plusieurs espèces se nourrissent de nos substances alimen-
taires. D'autres se trouvent dans les ulcères de la gale de
l'homme, de celles du cheval, du chien, du chat (2).
D'autres Mites ( les Tiques, Riciniœ , Latr. ) ont aussi huit
pieds et uniquement propres à la course, mais sont dépour-
vus d'antenne-pinces proprement dites; ces organes sont
remplacés par deux lames en lancettes, formant, avec la lan-
guette, un suçoir.
Tantôt elles ont des yeux distincts , des palpes saillants ,
filiformes et libres; un suçoir composé de pièces membra-
neuses et sans dentelures, et le corps très mou. Elles sont
vagabondes.
Les Bdelles. (Bdella. Lat. Fab — Scirus. Henri. )
Qui ont les palpes alongés, coudés, avec des soies ou des
poils au bout; quatre yeux et les pieds postérieurs plus longs.
Leur suçoir est avancé en forme de bec conique ou en alêne.
(1) Acarus vegelans , DeGéer, Insect. , VII, vu, i5.V 'acarus spini
tarsus d'Hermann, Mém. apt., vi, 5 , forme peut être un genre inter-
médiaire entre celui-ci et le précédent.
(2) Acarus domesticus, ~Dz G. , ïold. , v, i~4 5 — Acarus siro , Fab. ;
jl% scabiei, ibid. , 12, i3 : voyez la Dissertation en torme de thèse
du docteur Galet; — A. farinas , ibid. , i5 ; — A. avicularmn , ibid. •
V1" g ; — A. passerinus , ibid. , 12 , remarquable par la grandeur de sa
troisième paire de pieds ; — A. dimidiatus , Herm. , Mém. apt. vi, 4;
— Trombidium expalpe, ibid. , 1 1 , 8.
FAMILLE DES HOLÈTRES. 2 87
Elles se trouvent sous les pierres , les écorces d'arbres, ou
dans la mousse.
La Bdelle rouge {Acarus longicornis , Lin. 5 La Pince
rouge , Geoff. ) Scirus vulgaris , Herm. , Merci, apt. , III , 9 ;
IX , S. Longue à peine d'une demi-ligne , d'un rouge écar-
late, avec les pieds plus pâles. Suçoir en forme de bec
alougé et pointu. Palpes à quatre articles, dont le premier
et le dernier plus longs j celui-ci un peu plus court, et
terminé par deux soies. — Commune aux environs de
Paris '7 sous les pierres (1).
Les Smarides. (Smaridia. Latr. )
Se distinguent des bdelles par les palpes, qui ne sont
guère plus longs que le suçoir , droits et sans soies au bout;
par leurs yeux au nombre de deux, et en ce que les deux
pieds antérieurs sont plus longs que les autres (2).
Tantôt cesmitesà buit pieds et sans anlenne-pinces n'ont
point d'yeux perceptibles ; leurs palpes sont, soit antérieurs
et avancés, mais en forme de valvules élargies ou dilatées
vers le bout, servant de gaîne au suçoir, soit inférieurs; les
pièces du suçoir sont cornées, très dures et dentées; le corps
est revêtu d'une peau coriace, ou a, du moins en avant, une
plaque écailleuse.
Ces tiques sont parasites, se gorgent du sang de plusieurs
animaux vertébrés , et d'abord très aplaties, acquièrent, par
la succion , un très grand volume et une forme vésiculaive.
Elles sont rondes ou ovales.
Les Ixodes. ( Ixodes. Lat. Fab. — Cynorœsthes. Herm. )
Dont les palpes engaînent le suçoir et forment avec lui
un bec avancé, court, tronqué et un peu dilaté au bout.
Les ixodes fréquentent les bois fourrés , s'accrochent aux
(1) Scirus longirostris , Herm. , Mém. apt. , vi, 25 — S. lalirostris ,
ibid. , 11 , m} — S. setiroUris , ibid. , m , 12 ; ix, T.
(2) Acarus sanibuci, Schrank , et peut-être les trombidions suivants
d'Kerman ; Miniatum ,1,7; — PapiLlosum , 11 , 65 — Scjuammatwn ,
ibid. , 7. Le second est même très voisin de l'espèce qui sert de type
au genre.
288 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
végétaux peu élevés, par les deux pieds antérieurs , et tien-
nent les autres étendus. Lis s'attachent aux chiens, aux
bœufs , aux chevaux , à d'autres quadrupèdes , et même aux
tortues, engagent tellement leur suçoir dans leur chair,
qu'on ne peut les en détacher qu'avec force et en enlevant
la portion de chair qui lui adhère. Ils pondent une quantité
prodigieuse d'œufs, et par la bouche, suivant M. Chabrier.
Leur multiplication sur un bœuf, un cheval , est quelque-
fois si grande, que ces animaux en périssent d'épuisement.
Leurs tarses sont terminés par deux crochets insérés sur une
palette, ou réunis à leur base sur un pédicule commun.
il paraît que les anciens désignaient ces arachnides sous
le nom de Ricin. Les piqueurs appellent Louvctte l'espèce
qui se fixe sur le chien , ou la suivante.
\J ixode ricin {Acarus ricinuSj\An.) Acarus reduvius
De G. , Insect. , VII, vi , i , i; d'un rouge de sang foncé ,
avec la plaque écailleuse antérieure pius foncée ) côtés
du corps rebordés, un peu poilus; palpes engainant le
suçoir.
VIxode réticulé (Reticulatus 3 Latr. , Fab.), Acarus
reduvius, Schrank, Enum. insect. , Aust., n° io43 , m,
i , a; Cynurhœstes piclus , Hermann; cendré, avec de pe-
tites taches et de petites lignes annulaires d'un brun rou-
peâtre ; bords de l'abdomen striés ; palpes presque ovales.
11 s'attache aux bœufs , et a, lorsqu'il est tuméfié, cinq
à six lignes de longueur.
L'étude des espèces de ce genre n'a pas été suffisamment
approfondie (i).
Les Argas. ( Argas, Latr. — R.hynchoprion. Herm. )
Diffèrent des Ixodes par la situation inférieure de leur
bouche et par leurs palpes qui n'en gainent pas le suçoir,
ont une forme conique et sont composés de quatre articles,
et non de trois, comme dans le genre précédent.
(i) Acarus œgfpiius, Lin. : Herm. , Mém. apt. , iv, 9; L. 5 iv, i3 ;
Acarus rhinocerolis , De G., JjQsect. , VII, xxxvm, 5,6; — Acarus
américanuSjiÀn.; — A. nigua, De G. , iUd. , xxxvn, 9, i3. Voyez
le penre ixocks de Fabricius , et le travail ge'ne'rai du docteur Leach sur
les insectes aptères de Linnaîus (Trans. linn. Soc. , tom. XT).
FAMILLE DES HOLÈTRES. 28()
UArgas bordé '( Ixodes rejlexus , Fab. ) Lat. , Gen. ciust.
et insect. , I, vi, 3 , Herm. , Mém. apt. , IV , io; n ; d'un
jaunâtre pâle, avec des lignes couleur de sang foncé, ou
obscures et anastomosées. — Sur les pigeons, dont il suce
le sang.
Une autre espèce , YArgas de Perse {Malleh de Mianeli),
décrite par des voyageurs sous le nom de punaise veni-
meuse de Miana , a été , ainsi que d'autres ixodes, l'objet
d'une notice très curieuse, publiée par M. Gotthef Fis-
cher de Waldheim.
D'autres Mites ( les Hydrachnelles, Hydrachnellœ , Lat.)
ont encore huit pieds, mais ciliés et propres à la natation.
Elles forment le genre Hydrachna de Mùller (i), ou celui
à'Athax de Fabricius, et vivent uniquement dans l'eau. Leur
corps est généralement ovale ou presque globuleux et très
mou. Celui de quelques mâles se rétrécit postérieurement,
d'une manière cylindrique ou en forme de queue ; leurs par-
ties génitales sont placées à son extrémité; la femelle les a
sous le ventre. Le nombre des yeux varie de deux à quatre,
et va même jusqu'à six, suivant Millier.
La bouche des espèces que j'ai pu étudier m'a offert les
trois modifications suivantes, et qui ont servi de base à trois
coupes génériques , mais auxquelles il est presque im-
possible de rapporter toutes les espèces d'hydrachnes de
Millier, ce naturaliste ne les ayant pas décrites avec assez
de détails.
Les Eylaïs. ( Eylais. Latr. )
Qui ont des antenne-pinces terminées par un crochet mo-
bile (2).
Les Hydrachnes. ( Hydrachna. Latr. )
Dont la bouche est composée de lames formant un suçoir
avancé, et dont les palpes ont, sous leur extrémité, un ap-
pendice mobile (3).
(1) Hydrarachna , Herm.
(2) Atax extendens, Fab. ; Mùll. , ix , 4-
(3) A. geographicus , Fab. ; Mùll. , vin, 3-5
A. globator, Fab. , Mùll. ; ix , 1 .
TOME IV. IQ
290 ARACHNIDES TRACHÉENNES.
Les LlMNOCHARES. (LlMNOCHARES. Latr.)
Semblables aux Hydrachnes par la bouche en suçoir, mais
dont les palpes sont simples (1).
D'autres Mites ( les Microphthires, Microphthira , Latr. )
enfin s'éloignent de toutes les autres arachnides par le nom-
bre des pieds, qui n'est que de six.
Elles sont toutes parasites.
Les Caris. ( Caris. Lat. )
Qui ont un suçoir et des palpes apparents, le corps ar-
rondi, très plat et revêtu d'une peau écailleuse (2).
Les Leptes. ( Leptus. Latr. )
Avant aussi un suçoir et des palpes apparents, mais dont
le corps est très mou et ovoïde.
Le Lepte automnal ( Autumnalis) , Acarus autumnalis ,
Shaw., Mise. zool. , tom. II, pi. xlii , espèce très com-
mune en automne sur les graminées et d'autres plantes.
Elle grimpe , s'insinue dans la peau , à la racine des poils,
et occasione des démangeaisons aussi insupportables
que celles produites par la gale. On le connaît sous le nom
de Rouget. Il est en effet de cette couleur et très petit.
Les autres espèces se trouvent sur différents insectes, et
rentrent dans la division des Trombides hexapodes d'Her-
mann (3).
Les àclysies. (A-clysia. Aud. )
Dont le corps a la forme d'une cornemuse , avec un si-
phon , sans palpes distincts, situé au-dessous de son extré-
(\\ Acarus aquaticus , Lin. $ — Acarus aqualicus holosericeus ,
De G. , Inseot. , VII, ix , i5, 20; — ■ Trombidiwn acjua'icwn , Herm.,
Mém. apt. , I, 11.
(aj Caris vespertilionis , Latr., Gêner, crust. et insect. , I, 161.
(3) Trombidiwn inseclorum , Herm. , Mém. apt. 1 , 16 ;De G. , insect ,
VII, vu , 5; — T. latirostre , Herm. , ibid. , i5; — T. comutuni , ibid.,
Iï, it • — T. aphidis , ibid. 5 De G. , Insect. , Vil , vu , 1 4 ; — T. Ubellulœ,
Herm. , ibid. ; De G. , ibid. , vu, 9; — T. culicis, Herm. , ibid ; De G. ,
ibid. , vu , 1 2 ; T. lapidum , Herm. , ibid. , vu, 7.
INSECTES EN GÉNÉRAL. 2Q1
mité antérieure, qui est rétrécie , courbée et obtuse; les
pieds sont très petits.
Les aclysies vivent sur le corps des dytiques. On n'en
avait d'abord découvertqu'nne seule espèce {A. du dytique,
Mém. de la Soc. d'hist. natur. de Paris, tom. i , pag. 98,
pi. v, fig. i)y celle d'après laquelle M. Victor Audouin a
établi ce sous-genre. Mais M. le comte de Manheiren , na-
turaliste de Russie, qui a déjà bien mérité de la science
par ses essais entomologiques et par son empressement à
seconder les efforts de ceux qui s'y livrent, en a décou-
vert, à ce qu'il paraît, une autre espèce.
Les Atomes. ( Atoma. Latr. )
N'ont ni suçoir ni palpes visibles ; leur bouche ne consiste
qu'en une petite ouverture située sur la poitrine. Leur corps
est ovale, mou; avec les pieds très courts (1).
Les OcypÈtes. ( Ocypete. )
De M. Leach appartiennent à cette tribu par le nombre
des pieds, mais ont, suivant lui, des mandibules (2).
TROISIÈME CLASSE DES ANIMAUX ARTICULÉS
ET POURVUS DE PIEDS ARTICULES.
LES INSECTES. (Insecta.)
Ont des pieds articulés, un vaisseau dorsal, te-
nant lieu de vestige de cœur, mais sans aucune
branche pour la circulation (3) ; respirent par deux
(1) Acarus parasiticus , De G., VII. , vu, 7; Trombidium parasiti-
cum , Hermann.
(2) Ocypete rubra , Leach, Trans. lin. Soc. , tom. XI, 396. Sur les
iipulaires.
(3) Les anatomistes sont très partagés à l'égard de la nature de cet
'9*
2Q2 DES INSECTES
trachées principales , s'étendant , parallèlement
l'une à l'au Ire , dans toute la longueur du corps,
ayant par intervalles des centres d'où partent
beaucoup de rameaux , et qui répondent à des
organes : plusieurs y voient un véritable cœur; d'autres, et telle est l'opi-
nion de M. Cuvier , et qui nous paraît avoir été pleinement confirmée par
les belles recherches de M. Marcel de Serres (Mémoire sur le vaisseau
dorsal des insectes , inséré dans le Recueil des Mémoires du Muséum
dlrist. natur.), lui refusent cette qualité. Suivant ce dernier, il sécréte-
rait la graisse , qui serait ensuite élaborée dans le tissu adipeux qui l'en-
veloppe.. Lyonet dit qu'il renferme une substance gommeuse de couleur
orangée. Quelques observations très récentes paraissent établir l'exis-
tence de quelques petils vaisseaux 5 mais, outre que cette circulation
serait très partielle , les insectes différeraient toujours beaucoup sous ce
rapport des crustacés , en ce que le sang ne reviendrait point au cœur.
M. Straus, en rendant compte (Bulletin univers, de M. le baron de
Férussac) d'un Mémoire de M. Hérold sur ce sujet , nous a fait connaître
l'opinion qu'il s'est formée à cet égard , d'après ses recherches anato-
miques sur le hanneton. « Le vaisseau dorsal, dit-il, est le véritable
cœur des insectes, étant, comme chez les animaux supérieurs, l'organe
locomoteur du sang , qui7 au lieu d'être contenu dans des vaisseaux, est
répandu dans la cavité générale du corps. Ce cœur occupe toute la lon-
gueur du dos de l'abdomen , et se termine antérieurement par une artère
unique , non ramifiée, qui transporte le sang dans la tète, où elle l'épan-
ché , et d'où il revient dans l'abdomen , par l'effet même de son accumu-
lation dans la tête , pour rentrer de nouveau dans le cœur ; et c'est à quoi
se réduit toute la circulation sanguine chez les insectes, qui n'ont ainsi
qu'une seule artère sans branches, et point de veines. Les ailes du cœur
ne sont pas musculeuses, comme le prétend Hérold ; ce sont de simples
ligaments fibreux qui maintiennent le vaisseau dorsal en place. Le cœur,
c'est-à-dire la partie abdominale du vaisseau , est divisé intérieurement
en huit chambres (jnelolontha vulgaris) , séparées les unes des autres
par deux valvules convergentes, qui permettent au sang de se porter
d'arrière en avant d'une chambre dans l'autre, jusque dans l'artère qui le
conduit dans la tête, mais qui s'opposent à son mouvement rétrograde.
Chaque chambre porte latéralement, à sa partie antérieure , deux ouver-
tures en forme de fentes transversales , qui Communiquent a'vec la cavité
abdominale, et par lesquelles le sang contenu dans cette dernière peut
entrer daus le cœur. Chacune de ces ouvertures est munie intérieurement
d'une petite valvule en forme de demi-cercle , qui s'applique sur elle
EN GÉNÉRAL. 2()3
ouvertures extérieures ou des stigmates (1) pour
l'entrée de l'air. Ils ont tous deux antennes et
une tête distincte. Le système nerveux de Ja
plupart des insectes ( les hexapodes ) , est
lors du mouvement de systole. D'après cette courte description, on con-
çoit que , lorsque la chambre postérieure vient à se dilater , le sang con-
tenu dans la cavité abdominale y pénètre par les deux ouvertures dont
nous venons de parler , et que nous nommons auriculo-ventriculaires .
Quand la chambre se contracte, le sang qu'elle contient ne pouvant pas
retourner dans la cavité abdominale , pousse la valvule interventricu-
laire, passe dans la seconde chambre, qui se dilate pour le recevoir, et
qui reçoit en même temps une certaine quantité de sang par les propres
ouvertures auriculo-ventriculaires. Lors du mouvement de systole de
cette seconde chambre, le sang passe de même dans la troisième, qui en
reçoit également par les ouvertures latérales, et c'est ainsi que le sang
est poussé d'une chambre dans l'autre jusque dans l'artère. Ce sont ces
contractions successives des chambres du coeur qu'on aperçoit au travers
de la peau des chenilles. » Le cœur des crustacés décapodes , des souilles ,
des limules, des araignées, etc. , offre aussi, d'après ce que m'a assuré ce
profond observateur, des valvules semblables. IL est renfermé dans une
espèce de sac ou péricarde, qui , suivant lui, tient lieu d'oreillette. Ces
divisions ou chambres du vaisseau dorsal sont ce que Lyonet nomme
ailes, et il a pareillement vu le vaisseau dorsal se prolonger jusqu'à la tête,
et s'y terminer de la même manière ; mais il n'a point aperçu les ouver-
tures^ les valvules dont parle M. Straus. La définition du vaisseaudorsal
donnée par ce naturaliste, quelle que soit la composition intérieure de
cet organe, prouve évidemment que ce n'est point un véritable cœur.
Ces observations, d'ailleurs , ne nous apprennent point quelle est la na-
ture de ce liquide, ni comment il se répand dans les autres parties du
corps pour opérer leur nutrition. Toujours est-il certain, d'après les obser-
vations de Lyonet, que toutes les parties du corps communiquent avec le
corps graisseux au moyen de fibrilles. Les trachées jettent des rameaux
qui s'étendent jusque dans les extrémités des divers appendices du
corps. L'action de l'air peut déterminer l'ascension des sucs nutritifs dans
'es interstices , formant des sortes de tubes capillaires.
(i) Le nombre des segments du corps des myriapodes étant indéter-
miné , celui de leurs stigmates l'est aussi , et va souvent au-delà de vingt»
Dans les insectes hexapodes, il est souvent de dix-huit, neuf de chaque
côté. Cette évaluation, néanmoins, est plutôt fondée sur l'animal en, état
de iarve que dans son état parfait. Les chenilles , les larves de coléoptères
20)4 DES INSECTES
généralement composé d'un cerveau formé de deux
ganglions-opposés, réunis par leurs bases, donnant
huit paires de nerfs et deux nerfs solitaires, et de
douze ganglions (1) , tous inférieurs. Les deux pre-
miers sont situés près de la jonction de la lête avec
le thorax , et contiguslongitudinalement; l'antérieur
donne des nerfs à la lèvre inférieure et aux parties
et celles d'un grand nombre de divers autres insectes, ont une paire de
stigmates sur le premier segment, ou celui qui porte la première paire de
pieds; le second et le troisième en sont de'pourvus, parce que, je pré-
sume, le développement des ailes qui a lieu dans ces anneaux, rend ici
inutile la pre'sence d'ouvertures respiratoires. Le quatrième anneau et les
sept suivants en offrent chacun une paire ; mais dans les cole'optères en
■ état parfait, outre les deux stigmates antérieurs, cachés dans la cavité
du prothorax ou corselet, et qu'on n'avait pas aperçus, on en voit deux
autres , situés entre l'origine des élytres et celle des ailes; ce sont ceux du
mésothorax. Il n'y eu a point au métathorax , à moins qu'on ne consi-
dère les deux du premier segment abdominal comme supplémentaires du
thorax, en se fondant sur ce qui a lieu dans les hyménoptères à
abdomen pédicule et les diptères, où ces deux stigmates, avec le
demi-segment dont ils dépendent, font partie du thorax. Ainsi, en gé-
néral, tous les insectes hexapodes ont huit paires de stigmates à l'abdo-
men , mais dont les deux dernières souvent oblitérées. Dans les criquets,
les truxales, les libellules , les côtés du mésolhorax offreat chacun un
stigmate, ceux que M. Marcel de Serres nomme trémaères. Dans ces
derniers insectes, ainsi que dans les autres à ailes nues ou sans élytres,
les deux premiers stigmates thoraciques sont placés en dessus , entre le
prothorax et le mésothorax. Les libellules exceptées, le thorax proprement
dit ne présente plus ensuite de stigmates distincts ;.je dis le thorax pro-
prement dit, parce que, comme nous l'avons remarqué plus haut, les
deux premiers de l'abdomen sont reportés , dans plusieurs, à l'extrémité
postérieure du thorax. Le métathorax des pentatomes , des scutellères,
offre inférieurement une paire de stigmates. Dans les spectres aptères ,
le second segment ou mésothorax en est dépourvu; mais le segment sui-
vant ou le métathorax en a deux paires , Fune antérieure , et qui étant
située près de l'articulation de ce segment avec le précédent, peut être
censée appartenir à celui-ci , et l'autre plus petite et placée très près de
celle du premier segment abdominal.
(i^ Divers poléoptères lamellicornes , en état parfait , font exception.
EN GÉNÉRAL. 2g5
adjacentes ; le second et les deux suivants sont
propres à chacun des trois premiers segments ou
ceux qui dans les insectes hexapodes, composent
le thorax ; les autres ganglions appartiennent à l'ab-
domen , de manière que le dernier ou le douzième
correspond à son septième anneau, suivi immédia-
tement de ceux qui composent les organes sexuels ;
chacun de ces ganglions donne des nerfs aux parties
de leurs segments respectifs. Les deux derniers, très
rapprochés, en donnent aussi aux derniers anneaux
du corps. La région frontale offre trois ganglions
particuliers, désignés par Lyonet sous le nom de
frontaux y et dont le premier produit postérieure-
ment un gros nerf ayant des renflements , le plus
long de tous, et qu'il nomme récurrent. Le premier
ganglion ordinaire ou le sous-œsophagien pousse ,
selon lui, quatre paires de nerfs,, et les suivants deux
paires chacun; de sorte qu'en y comptant les huit
paires du cerveau , les dix brides épinières que l'on
peut considérer comme autant de paires de nerfs ,
on en a, en tout, quarante-cinq paires, indépen-
damment des deux nerfs solitaires , ou douze à qua-
torze de plus que n'en offre le corps humain. Les
deux cordons nerveux, qui forment par leur réu-
nion les ganglions , sont tabulaires et composés de
deux tuniques, dont l'extérieure offre des trachées;
une substance médullaire remplit. le canal central.
Le bel ouvrage de M. Hérold , sur l'anatornie de
la chenille du grand papillon du chou, étudiée dans
296 INSECTES
sa croissance progressive et jusqu'à sa transforma-
tion en chrysalide , nous montre que le système ner-
veux et celui des organes digestifs éprouvent des
changements notables; que les cordons nerveux
sont dans l'origine plus longs et plus écartés, obser-
vation qui favorise l'opinion de l'un des plus grands
zootomistes de notre époque , le docteur Serres ,
sur l'origine et le développement du système ner-
veux. Nous avons exposé dans les généralités com-
munes aux trois classes des animaux articulés et
pourvus de pieds articulés, les divers sentiments
des physiologistes sur le siège des sens de l'ouïe
et de l'odorat. Nous nous bornerons à ajouter qu'à
l'égard du premier^ les petits ganglions nerveux ,
situés sur le front ; dont nous avons parlé, semblent
confirmer l'opinion de ceux qui, tels que Scarpa,
placent ce sens près de la naissance des antennes.
Quelques lépidoptères m'ont offert deux petits trous
situés près des yeux, et qui sont peut-être des con-
duits auditifs. Si, dans plusieurs insectes, no-
tamment ceux qui ont les antennes filiformes, ou
sétacées et longues , ces organes servent au tact, il
nous paraît difficile de rendre raison du développe-
ment extraordinaire qu'ils acquièrent dans certaines
familles, et plus particulièrement dans les mâles,
si l'on n'admet point qu'ils sont alors le siège de
l'odorat. Peut-être aussi que, relativement au goût,
les palpes jouent , dans quelques cas , comme lors-
qu'ils sont très dilatés à leur extrémité , le principal
EN GÉNÉRAL. 297
rôle ; la languette encore peut n'être pas étrangère
à cette fonction.
Un appareil préparateur ou buccal , le canal in-
testinal , les vaisseaux biliaires , nommés aussi hé-
patiques, ceux qu'on appelle saliv aires y mais qui
sont moins généraux , ces vaisseaux libres ou flot-
tants qui ont reçu la dénomination d'excrémen-
tiels, l'épiploon ou le corps graisseux, et proba-
blement encore le vaisseau dorsal , telles sont les
considérations qu'embrasse le système digestif. Il est
singulièrement modifié selon la diversrté des aliments,
ou forme un grand nombre de types particuliers,
dont nous ferons l'exposition , en traitant des famil-
les. Nous dirons seulement un mot del'appareilbuc-
cal, et des divisions principales du canal intestinal ,
en commençant par celui-ci. Dans ceux, tels que les
coléoptères carnassiers , où il est le plus composé ,
on y distingue le pharynx, l'œsophage, le jabot,
le gésier, l'estomac ou ventricule chylifique , et des
intestins que l'on divise en intestins grêles, en gros
intestin ou cœcum , et en rectum. Dans les insectes
où la langue proprement dite est appliquée sur la
face antérieure ou interne de la lèvre, ou n'est pas
dégagée , le pharynx est situé sur cette même face :
c'est ce qui a généralement lieu(i). Nous ajoute-
rons encore qu'à l'égard des vaisseaux biliaires , un
naturaliste qui nous avait donné le premier de bonnes
.. , — ■■■■ —
(1) Voyez ce que nous avons dit - dans les ge'ne'ralite's des trois classes ,
à l'occasion de la languette
298 DES INSECTES
observations sur les organes respiratoires des my-
gales, M. Gaëde , professeur d'Histoire naturelle à
Liège, ne considère point ces vaisseaux comme
sécréteurs, ainsi qu'on le pense communément ;
mais cette opinion ne paraît pas suffisamment mo-
tivée, et les observations de M. Léon Dufour (1),
semblent même la détruire.
Des insectes, en petit nombre et toujours sans ailes,
tels que les Myriapodes ou les Mille-pieds y se rap-
prochent de plusieurs crustacés , soit par la quantité
des anneaux du corps et de leurs pieds , soit par
quelques traits d'analogie dans la conformation
des parties de la bouche ; mais tous les autres n'ont
constamment que six pieds, et leur corps, dont le
nombre des segments ne surpasse jamais celui de
douze , est toujours partagé en trois portions prin-
cipales, X^tête, le tronc elX abdomen. Parmi ces
derniers , quelques-uns n'ont point d'ailes , con-
servent toute leur vie la forme qu'ils avaient en
naissant, et ne font que croître et changer de
peau (2). Ils ont, à cet égard, des rapports avec
les animaux des classes précédentes. Les antres in-
(1) Ce dernier naturaliste, que j'aurai souvent occasion de citer, a
exposé avec le plus grand de'tail tout ce qui a rapport au système diges-
tif des insectes, dans une suite de beaux Me'moires , qui ont contribué à
enrichir les Annales des sciences naturelles. M. Victor Audouin en a offert
un résumé très bien fait, à son article Insectes, du Dictionnaire classique
d'histoire naturelle.
(2) Ce sont ceux que je nomme homotènes (semblable jusqu'à la fin) ,
ou les ameiobolia de M. Leach.
EN GÉNÉRAL. 2Cjg
sectes à six pieds ont presque tous des ailes ; mais
ces derniers organes, et souvent même les pieds,
ne paraissent pas d'abord , et ne se développent
qu'à la suite de changements plus ou moins remar-
quables, nommés métamorphoses } et que nous fe-
rons bientôt connaître.
La tête (1) porte les antennes y les jeux et la bou-
che. La composition et la forme des antennes varient
beaucoup plus que dans les crustacés, et sont sou-
vent plus développées ou plus longues dans les mâles
que dans les femelles.
Les jeux sont composés ou lisses : les premiers,
d'après les recherches de M. le baron Cuvier, Marcel,
de Serres et autres, sont formés : i° d'une cornée,
divisée en une multitude de petites facettes, d'au-
tant plus convexe que l'insecte est plus carnassier,
enduite à sa face interne d'une substance peu li-
quide, opaque, diversement colorée, mais ordi-
nairement noire, ou d'un violet sombre; 2° d'une
choroïde, fixée dans son contour et par ses bords,
à la cornée, recouverte d'un vernis noir, offrant
une multitude de vaisseaux aériens , provenant de
troncs assez gros de trachées situées dans la tête, et
dont les rameaux forment autour de l'œil une tra-
(i) Sa surface est divise'e en plusieurs petites régions ou aires , qu'on
nomme chaperon ( nez, Kirby, ), la face, le front, le vertex ou sommet?
les joues. La de'nomiuation de chaperon étant e'quivoque, je l'ai rem-
placée par celle iïepistome ou sur-bouche. Cette partie sert d'insertion
au labre ou lèvre supérieure..
300 DES INSECTES
chée circulaire : elle manque ainsi que la choroïde,
dans divers insectes lncifuges ; 3° de nerfs qui nais-
sent d'un gros tronc, partant immédiatement du
cerveau , s'épanouissant ensuite en forme de cône
renversé , et dont la base est du côté de la cornée ,
et dont les rayons ou filets traversant la choroïde et
l'enduit de la cor-née , aboutissent chacun à l'une
de ses facettes; il n'y a ni cristallin, ni humeur
vitrée.
Plusieurs ont^ outre les yeux composés, des yeux
lisses, ou dont la cornée est tout unie. Ils sont
ordinairement au nombre de trois, et disposés en
triangle sur le sommet de la tête. Dans la plupart
des insectes aptères et des larves de ceux qui
sont ailés, ils remplacent les précédents, et sont
souvent réunis en groupe ; à en juger par ceux des
arachnides, ils devraient être propres à la vi-
sion.
La bouche des insectes à six pieds est , en gé-
néral, composée de six pièces principales, dont
quatre latérales , disposées par paires , et se mou-
vant transversalement; les deux autres , opposées
l'une à l'autre, dans un sens contraire à celui des
précédentes , remplissent les vides compris entre
elles : l'une est située au-dessus de la paire supé-
rieure, et l'autre au-dessous de l'inférieure. Dans
les insectes broyeurs ou qui se nourrissent de ma-
tières solides , les quatre pièces latérales font l'office
de mâchoires, et les deux autres sont considérées
ES GÉNÉRAL. 5()l
comme des lèvres ; mais comme nous l'avons déjà
observé , les deux mâchoires supérieures ont été
distinguées par la dénomination particulière de
mandibules j les deux autres ont seules conservé celle
de mâchoires ; elles ont d'ailleurs un ou deux filets
articulés, qu'on appelle palpes ou aniennules , ca-
ractère que n'offrent jamais, dans cette classe, les
mandibules. Leur extrémité se termine souvent par
deux divisions ou lobes, dont l'extérieure est nom-
mée, dans l'ordre des orthoptères , galète. Nous
avons encore dit qu'on était convenu d'appeler
labre la lèvre supérieure. L'autre , ou la lèvre pro-
prement dite, est formée de deux parties; l'une
plus solide et inférieure est le menton; la supé-
rieure , et qui porte le plus souvent deux palpes, est
la languette (1). \
Dans les insectes suceurs, ou ceux qui ne pren-
(i) Voyez ce que nous avons dit à cet égard dans les généralités qui
précèdent l'exposition particulière de chaque classe. La lèvre inférieure
ne nous paraît être qu'une modification des secondes mâchoires des crus-
tacés décapodes, combinée avec leur languette. Les changements qu'é-
prouvent graduellement ces parties clans les crustacés , les arachnides et
myriapodes,] nous donnent lieu de le présumer. Dans cette hypothèse,
les six pieds thoraciques seraient les analogues des pieds-mâchoires , et
cela a déjà été reconnu par rapport aux crustacés du genre apus. Dès lors
les cinq premiers segments de l'abdomen des insectes hexapodes repré-
senteraient ceux qui, dans les crustacés décapodes, portent les pieds
proprement dits, ou bien les troisièmes et les quatre suivants des crustacés
amphipodes et isopodes. Tous les travaux qu'on a publiés sur le thorax
des insectes , quoique très utiles et très recommandables d'ailleurs , subi-
ront nécessairement des changements essentiels , lorsqu'on comparera
cette partie du corps dans les trois classes des animaux articulés et à pieds
articulés. La nomenclature est loin d'être fixée à cet égard.
002 DES INSECTES
rient que des aliments fluides , ces divers organes
de la manducation se présentent sous deux sortes
de modifications générales : dans la première , les
mandibules et les mâchoires sont remplacées par
de petites lames en forme de soies ou de lancettes ,
composant , par leur réunion , une sorte de suçoir ,
qui est reçu dans une gaine tenant lieu de lèvre ,
soit cylindrique ou conique et articulée en forme
de bec ( le rostre ) -, soit membraneuse ou charnue',
inarticulée et terminée par deux lèvres ( la trompe ).
Le labre est triangulaire , voûté, et recouvre la base
du suçoir. Dans la seconde sorte d'organisation ,
le labre el les mandibules sont presque oblitérés ou
extrêmement petits: la lèvre n'est plus un corps
libre et ne se distingue que parla présence de deux
palpes, dont elle est le support; les mâchoires ont
acquis une longueur extraordinaire , sont trans-
formées en deux filets tubuleux, qui, se réunissant
parleurs bords, forment une espèce de trompe,
se roulant en spirale, et qu'on nomme langue,
mais que , pour éviter tout équivoque , il serait pré-
férable d'appeler spiritrompe (spirignathd)\ son in-
térieur présente trois canaux, dont celui du milieu
est le conduit des sucs nutritifs. A la base de chacun
de ces filets est un palpe , ordinairement très petit,
et peu apparent.
Les myriapodes ou mille-pieds sont les seuls dont
la bouche offre un autre type d'organisation, que
j'exposerai en traitant de ces insectes.
1
EN GÊNÉ UAL. 5o.")
Le tronc (1) des insectes , ou cette portion inter-
médiaire de leurs corps portant les pieds , est gé-
néralement désigné sous le nom latin de thorax ,
qu'on a rendu dans notre langue par celui de cor-
selet. Il est composé de trois segments, qu'on n'avait
pas d'abord bien distingués, et dont les proportions
relatives varient. Tantôt ^ comme dans les coléop-
tères , l'antérieur beaucoup plus grand , séparé
du suivant par une articulation , mobile et seul
découvert, paraît au premier coup d'œil com-
poser à lui seul le tronc , et porte le nom de
thotax ou corselet j tantôt, comme dans les hymé-
noptères, les lépidoptères, etc., beaucoup plus
court que le suivant, il a la (orme d'un collier
ou d'un rebord, et il constitue avec les deux autres
un corps commun , tenant à l'abdomen par un
pédicule, ou intimement uni avec lui, dans toute
sa largeur postérieure , et qu'on appelle encore
thorax. Ces distinctions établies à cet égard , étaient
(i) Cette dénomination est ici synonyme de celle de thorax. Je pense
qu'afin d'éviter tout embarras , il ne faudrait appliquer la première qu'aux
insectes aptères de Linnaeus , ayant plus de six pieds , et où ces organes
seraient portés sur des segments propres, c'est-à-dire où la tète serait
distincte du tronc. A l'égard des crustacés où ces parties du corps se
confondent, le thorax prendrait le. nom de thor acide (thoracida), et celui
de céphalothorax (céphalothorax) , quant aux arachnides , animaux pré-
sentant le même caractère , mais où le tronc ou thorax est plus simple et
muni d'appendices moins nombreux. Les entomostracés se rapprochent
même, sous ce rapport , de ces derniers animaux ; mais comme ils appar-
tiennent à une autre classe , l'on conserverait encore pour eux l'expres-
sion de thoracide; celle de thorax serait exclusivement réservée aux in-
sectes hexapodes.
OC>4 DES INSECTES
insuffisantes et souvent ambiguës , attendu qu'elles
ne reposaient point sur une division ternaire , que
j'ai nettement annoncée dans la première édition
de cet ouvrage , comme un caractère propre aux
insectes hexapodes. M. Kirby ayant déjà employé
la dénomination de métathorax, pour distinguer
V arrière -thorax [\) , celles de prothorax et de meso-
thorax , la division ternaire une fois établie, se pré-
sentaient naturellement à la pensée, et c'est le cé-
lèbre professeur Nitzsch, qui en a le premier fait
usage. Quelques naturalistes ont depuis nommé
(i) Ce segment ne doit pas être restreint, dans les hyménoptères, à
cette division supérieure, très courte et transverse du thorax, sur les
côtes de laquelle sont insérées les secondes ailes. Il est encore formé de
cette portion thoracique qui s'étend en arrière jusque l'origine de l'ab-
domen, et c'est ce que prouve e'videmment la position des deux derniers
stigmates du tronc , puisqu'ils sont place's sur les côte's de cette extré-
mite' , derrière les ailes , et au-dessus des deux dernières pattes. Je pense
même que cette observation doit s'appliquer à tous les insectes aile's. Leur
métathorax sera divisé, du moins supérieurement, en deux parties ou
demi-segments , l'une portant , dans les tétraptères , les secondes ailes et
sans stigmates , et l'autre en étant pourvue ; celle-ci tantôt paraît dépendre
de l'abdomen, comme dans presque tous les insectes, à l'exception des
hyménoptères à abdomen pédicule, les rhipiptères et les diptères ; tantôt
elle est incorporée avec le tronc ou le thorax , et le ferme postérieurement ,
comme dans ces derniers insectes : c'est pour cela que j'ai nommé cette
seconde division du métathorax segment mc'diaire. Ainsi , tous les seg-
ments du thorax auront chacun une paire de stigmates, mais dont ceux
du mésothorax peu sensibles , ou oblitérés, dans les hyménoptères et les
diptères ; et dont les deux postérieurs ou métathoraciques sont situés
sur le segment qui vient immédiatement après celui qui porte les secondes
ailes. Dans les orthoptères , les hyménoptères , les lépidoptères et
les diptères , les deux antérieurs ou prothoraciques sont placés entre
le prothorax et le mésothorax. L'abdomen sera composé de neuf seg-
ments complets, dont les trois derniers composant les organes de la
génération.
EN GÉNÉRAL. 3o5
collier, collare , le prothorax ou le segment anté-
rieur, celui qui porte les deux premiers pieds.
Voulant conserver la dénomination de corselet, mais
en restreindre l'application dans de justes limites,
nous nous en servirons dans tous les cas où ce seg-
ment surpasse de beaucoup les autres en grandeur, et
où ceux-ci sont réunis avec l'abdomen et semblent en
faire partie intégrante ; c'est ce qui est propre aux co-
léoptères , aux orthoptères et à plusieurs hémiptères.
Lorsque le prothorax étant court, formera avec les
suivants une masse commune et à découvert, le
trono, composé destrois segments réunis, conservera
la dénomination de thorax. Nous continuerons en-
core d'appeler poitrine la surface inférieure du
tronc , en la divisant suivant les segments, en trois
aires , l'avant-poitrine , la médi-poitrine et l' arrière-
poitrine. La ligne médiane sera aussi le sternum ,
que nous partagerons encore en trois : l'avant-ster-
num, le médi-sternum et l'arrière sternum.
Les téguments des' segments thoraciques, ainsi
que ceux des segments abdominaux , sont généra-
lement divisés en deux anneaux ou demi-anneaux,
l'un dorsal ou supérieur, l'autre inférieur, et réunis
latéralement au moyen d une membrane molle et
flexible , qui n'est, au surplus, qu'une portion des
mêmes téguments, mais moins solide dans beau-
coup d'insectes^ notamment les coléoptères. L'on
voit à la jonction de ces anneaux un petit espace
plus ferme, ou delà consistance de ceux-ci , et
tomi; IV. 20
3oG DES INSECTES
portant chacun un stigmate, de sorte que les côtés
de l'abdomen présentent une série longitudinale
de petites pièces, ou que chaque segment est comme
partagé en quatre. D'autres pièces , pareillement
cornées , occupent les côtés inférieurs du méso-
thorax et du métathorax, et immédiatement au-
dessous de l'origine des élytres et des ailes , qui
sont appuyées elles-mêmes sur une autre pièce
disposée longiludinalement. Les relations de ces
parties, la grandeur et la l'orme du premier article
des hanches , la manière dont elles s'articulent avec
le demi-anneau dont elles dépendent , l'étendue et
la direction de ce demi-anneau variant , le thorax
considéré sous ce point de vue , présente une combi-
naison de caractères, qui est très avantageuse pour
la méthode. Quelques naturalistes , notamment
Knoch, en avaient déjà fait usage , mais sans aucun
principe fixe, et avec des dénominations arbitraires.
Il aurait fallu } au préalable, étudier soigneusement
la composition du thorax , et la suivre comparati-
vement dans tous les ordres de la classe des in-
sectes. Feu Lâchât , d'après mon invitation , avait
commencé un tel travail. Son ami , M. Victor
Àudouin , a poursuivi ces recherches , et a pré-
senté à l'Académie des sciences , un Mémoire sur
ce sujet, qui a obtenu ses suffrages. Mais il ne nous
est encore connu que par l'esquisse générale qu'en a
donnée M. le baron Cuvier , dans son Rapport (1) ,
(1) It1 exposé des parties du thorax et une nomenclature fixe cre'e'e pour
EN GÉNÉRAL. Tyoj
et par l'extrait qu'en a présenté l'auteur à l'article
insecte* , du Dictionnaire classique d'histoire na-
turelle. Pour adopter cette nomenclature, et en
faire une application générale, nous attendrons
que son travail et les figures qui doivent l'ac-
compagner aient vu le jour; dans la "pratique ,
d'ailleurs, les dénominations déjà introduites peu-
vent suffire. Un autre travail se rattachant au même
elles , dit M. le baron Cuvier dans son Rapport, devaient naturellement
se placer en tête de l'ouvrage. Le tronc de l'insecte se 'laisse toujours
diviser en trois anneaux, dont chacun porte une paire de pattes, et aue
M. Audouin nomme , d'après leur position , le prothorax , le mésothorax
et le métathorax. Outre ces pattes , le me'sothorax porte la première
paire d'ailes, et le métathorax la seconde. Chacun de ces trois segments
est compose de quatre parties : une inférieure , deux latérales (formant à
elles trois la poitrine) , et une supérieure, qui forme le dos; l'inférieure
prend le nom de sternum- la partie latérale ou lejlanc se divise en trois
pièces principales , une qui tient au sternum et se nomme c'pisternum ,
l'autre, placée en arrière de celle-ci, et à laquelle la hanche s'articule,
est nommée ëpimère. On nomme trochantln , par opposition à trochan-
ter , une petite pièce mobile, jusqu'ici inconnue, qui sert à l'union de
Tépimère et delà hanche. La troisième pièce du flanc , qui, dans le
mésothorax et le m&athorax, esfplacée en avant de l'épisternum et sous
l'aile, est appelée hjpopthère. Quelquefois il y a encore autour du stig-
mate une petite pièce cornée qui se nomme périlrème. La partie supérieure
de chaque segment, que l'auteur nomme tergum, se divise en quatre
pièces nommées , d'après leur position dans chaque anneau , prœscutum ,
scutum , postsculdlum. La première est souvent, et la quatrième presque
toujours, cachée dans l'intérieur. Les naturalistes n'ont guère distingue
qne le sculellum du mésothorax , qui est souvent remarquable par sa
grandeur et sa configuration, mais on retrouve son analogue dans les troi*
segments. Ainsi, le tronc des insectes peut se subdiviser en trente-trois
pièces principales , et, si l'on compte les hypoptères , le nombre de ces
pièces peut aller à quarante-trois, plus ou moins visibles à l'intérieur.
Une partie de ces pièces donne, en outre, au dedans, diverses productions
qui méritent aussi des noms, à cause de leur importance et de leurs usages ;
ainsi, de la partie postérieure du sternum de chaque segment, s'éiève en
dedans une apophyse verticale, quelquefois figurée en Y, et que M. Au
2 0*
5oS DES I1N SECTES
sujet, et que la justice ainsi que l'amitié nous
commandent de signaler aux naturalistes, est celui
de M. Ghabrier, ancien officier supérieur d'artil-
lerie, sur le vol des insectes. Il fait partie des Mé-
moires du Muséum d'histoire naturelle, mais se
vend aussi séparément. Les figures sont exécutées
sur une très grande échelle , ainsi que celles d'un
Mémoire de Jurine père, sur les ailes des hymé-
noptères, ouvrage d'une admirable patience, de
même que le précédent*
douiu nomme entothorax. Elle fournit des attaches aux muscles , et pro-
tège le cordon médullaire; son analogue se montre dans la tête , et quel-
quefois dans les premiers anneaux de l'abdomen. D'autres proéminences
intérieures résultent du prolongement des pièces externes voisines soude'es
ensemble. M. Audouin les nomme apodèmes. Les unes donnent attacheaux
muscles , d'autres aux ailes ; enfin , il y a encore de petites pièces mobiles ,
soit à l'intérieur entre les muscles, soit à la base des ailes, que l'auteur
nomme épidèmts. Nous avons dit que l'on retrouve toujours les pièces
principales ou leurs vestiges ; mais il s'en faut bien qu'elles se laissent
toujours séparer. Plusieurs d'entre elles sont même toujours unies dans
certains genres ou dans certains ordres , et ne se distinguent que par des
traces de sutures. » M. Audouin a depuis changé, dans son article In-
sectes du Dictionnaire classique des sciences naturelles, la dénomination
d'hypoptères en celle de paraptère. Celle d'enthorax changera aussi dans
quelques circonstances, et s'appellera entocéphale (relativement à la
tète ), et entogastre ( par rapport à l'abdomen ). Il remarque que la tête
des insectes est composée de plusieurs segments. Nous avons aussi observé
que le bec de la cigale, représentant la lèvre inférieure, ne tient pas à la
tête, mais à la membrane qui l'unit avec le thorax. Aussi les deux cor-
dons médullaires forment-ils, sous la bouche, deux ganglions contigus.
D'après ces motifs , considérons-nous le premier segment du corps des
scolopendres, celui qui porte les deux crochets, comme une division de la
tète analogue. Il paraît que Knoch avait distingué les épimères sous
les dénominations de se a pu lœ et de parapleurœ; l'arrière-poitrine, par
celle d? acetabulum , tandis que la medi-poitrine est le peristœthium. Le
premier article des quatre hanches postérieures forme, dans la plupart
des coléoptères, une lame transverse, s'emboîtant dans les flancs, et
c'est , à ce qu'il me semble , la pièce qu'il nomme mœrium.
EN GÉNÉRAL. 5l)g
Les insectes ayant toutes sortes de séjours, ont
aussi toutes sortes d'organes du mouvement , des
ailes et des pieds , lesquels servent ,' dans plusieurs ,
de nageoires.
Les ailes sont des pièces membraneuses, sèches,
élastiques, ordinairement transparentes et attachées
sur les côtés du dos du thorax : les premières, lors-
qu'il y en a quatre ou qu'elles sont uniques, sur
ceux de son second segment , et les secondes sur
ceux du suivant ou du métathorax. Elles sont com-
posées de deux membranes appliquées l'une sur
l'autre et parcourues en divers sens par des ner-
vures plus ou moins nombreuses, qui sont autant
de tubes trachéens, et formant tantôt un réseau,
tantôt de simples veines. Un célèbre naturaliste ,
Jurine père, a tiré, pour la méthode ^ un parti
avantageux de la disposition et du croisement de ces
nervures(i). Les demoiselles, les abeilles, les guêpes,
les papillons> etc., ont quatre ailes; maiscelles des pa-
pillons sont couvertes de petites écailles, qui, au pre-
mier coup d'œil, ressemblent àde la poussière , et leur
donnent les couleurs dont elles sont ornées. On les en-
lève aisément avec le doigt , et la portion de l'aile qui
les aperdues est transparente. On voit au microscope y
que ces écailles, de figures très variées, ysontimplan^-
tées, par le moyen d'un pédicule , et disposées gra-
duellementetparséries,ainsiquedestuilessur untoit.
(i) Voyez les généralités des hyme'noptères.
5jlo des insectes
Au devant des ailes-supérieures de ces insectes, sont
deux espèces d'épaulettes (ptéry godes) , qui se pro-
longent en arrière, le long d'une partie du dos 9 sur
lequel elles s'appliquent. Dans certains insectes, les
ailes restent droites, ou se replient sur elles-mêmes.
Dans d'autres , elles sont doublées ou plisséeslongi-
tudinalement en éventail. Tantôt elles sont horizon-
tales, tantôt elles sont inclinées ou en toit ; dans plu-
sieurs, elles se croisent sur le dos, ailleurs elles sont
écartées (1). Les insectes à deux ailes , de l'ordre
des diptères, ont au-dessous d'elles deux petits filets
mobiles, terminés en massue, et qui, selon L'opinion
la plus commune (2), semblent remplacer les deux
ailesqui manquent. On les nomme balanciers, D'autres
insectes à deux ailes , et* des plus extraordinaires ,
ont aussi deux balanciers, mais situés à l'extrémité
antérieure du thorax, et que nous nommerons, pour
les distinguer des autres , des prébalanciers* Au-
dessus des balanciers est un petite écaille membra-
neuse, formée de deux pièces réunies par l'un des
bords , et semblables à deux battants de coquille
(1) L'insecte est supposé en repos. La rapidité' des vibrations de ces
organes nous parait être l'une des principales causes du bourdonnement
de divers animaux de cette classe. Les explicalions que Ton en a données
ne sont pas encore satisfaisantes.
(2) Appendices, selon moi , des trachées du premier segment abdomi-
nal et correspondants à cet espace, percé d'un petit trou, adjacent au côté
antérieur d'une ouverture, avec un diaphragme membraneux et intérieur,
que l'on voit, de chaque côté, au même segment, dans plusieurs criquets
ou acrydiums. ( Voyez mon Mémoire sur les appendices articulés des
insectes, dans le Recueil des Mémoires du Muséum d'hist. natur.)
EN GÉNÉRAL. 3l 1
bivalve ; c'est V aileron ou le cueilleron. Quelques
coléoptères aquatiques en offrent aussi au-dessous
de leurs élytres, et insérés à leur base.
Beaucoup d'insectes, tels que les hannetons, les
cantharides, etc. , ont, au lieu des deux ailes supé-
rieures ou antérieures, deux espèces d'écaillés plus
ou moins épaisses et plus ou moins solides, opaques,
qui s'ouvrent et se ferment, et sous lesquelles les
ailes se replient transversalement dans le repos. Ces
espèces d'étuis ont reçu le nom & élytres (i). Les
insectes qui en sont munis sont appelés coléoptères ,
ou insectes à étuis. Ces pièces ne leur manquent
jamais; mais il n'en est pas toujours ainsi des ailes.
Dans d'autres insectes, l'extrémité de ces écailles
est tout-à-fait membraneuse , comme les ailes ; on
les nomme des demi-étuis ou hémélytres.
L'écusson est une pièce ordinairement triangu-
laire, située sur le dos du mésothorax, entre les
attaches des élytres ou des ailes. Elle est quelquefois
très grande, et recouvre alors la plus grande partie
du dessus de l'abdomen. Divers hyménoptères of-
frent en arrière d'elle, sur le métathorax, un petit
espace qu'on nomme arrière-écusson ou faux-écus
son.
Les pieds sont composés d'une hanche de deux
articles, d'une cuisse, d'une jambe d'un seul arti-
(ï) Voyez, pour leur composition cliymique, un Mémoire précité de
M. Odier , inséré dans le recueil des Mémoires de la Société d'histoire
natur/de Paris, et l'article Insectes dudit Dict. classique d'hist. nat.
5l2 DES INSECTES
cle, et d'un doigt, qu'on nomme habituellement
tarse x et qui est divisé en plusieurs phalanges. Le
nombre de ses articulations varie de trois à cinq ,
ce qui dépend beaucoup des changements qu'é-
prouvent , dans leurs proportions , la première et
l'avant- dernière. Quoique leur supputation puisse
quelquefois embarrasser, et que cette série numé-
rique ne soit pas toujours en rapport avec l'ordre
naturel, elle fournit néanmoins un bon caractère
pour la distinction des genres : la dernière articu-
lation est ordinairement terminée par deux crochets.
La forme des tarses est sujette à quelques modifi-
cations, suivant les habitudes des insectes. Ceux
des espèces aquatiques sont ordinairement aplatis,
très ciliés et en forme de rames (1).
L'abdomen , qui forme la troisième et dernière
partie du corps , se confond avec le corselet dans les
myriapodes ; mais il en est distinct dans tous les
autres insectes, ou ceux qui. n'ont que six pieds. Il
renferme les viscères , les organes sexuels, et pré-
sente neuf à dix segments, mais dont quelques-uns
sont souvent cachés ou très rapetisses. Les parties de
la générationsontsituéesà son extrémité postérieure,
et sortent par l'anus. Les ïules et les libellules font
seuls exception. Les derniers anneaux de l'abdomen
(i) M. Kirby , dans sa Monographie des abeilles d'Angleterre, désigne
les deux tarses antérieurs sous le nom de main. Le premier article est la
paume (jjalma). Conjointement avec M. Spence , il a publie des e'ie'raems
d'entomologie, très détaillés et des plus complets.
EN GÉNÉRAL. 01 3
forment , dans plusieurs femelles , un oviducte
(oviscapte y Mareel de Serres) rétractile ou toujours
saillant, plus ou moins compliqué, et leur servant
de tarière. Il esl remplacé par un aiguillon dans
les femelles de beaucoup d'hyménoptères. Des cro-
chets ou des pinces accompagnent presque toujours
l'organe fécondateur du mâle (1). Les deux sexes
ne se réunissent ordinairement qu'une seule fois, et
cet accouplement suffit même, dans quelques genres,
pour la fécondation de plusieurs générations succes-
sives. Le mâle se place sur le dos de sa femelle , et
leur jonction dure quelque temps. Celle-ci ne tarde
pas à faire sa ponte (2) , et dépose ses œufs de la ma-
nière la plus favorable à leur conservation, #e sorte
que les petits venant à éclore , trouvent à leur portée
les aliments convenables. Souvent même elle les ap-
provisionne. Ces soins maternels excitent fréquem-
(1) Les organes générateurs mâles se composent d'un appareil prépara-
teur de la semence et de pièces propres à la copulation. L'appareil prépa-
rateur est forme' de testicules , de canaux déférents et de vésicules sémi-
nales. L'organe copulateur nous présentcle pénis et une armure constituée
par des pièces environnantes, de diverses formes., faisant l'office de
pinces , et avçc lesquelles ces individus saisissent l'extrémité posté-
rieure du corps de la femelle. L'organe générateur de ces derniers indi-
vidus a pour éléments l'ovaire, le réceptacleou calice, formé par sa base,
et 1 oviducte. (Consultez, pour plus amples détails, les Mémoires de
M. Dufour, faisant partie des Annales des sciences naturelles, et une Dis-
sertation latine de M. Hegetschweiler, Zurich, 1820.)
(2) M. Audouin suppose qu'à l'égard d'un grand nombre d'insectes ,
les œufs sont fécondés, à leur passage, dans une poche située près de
l'anus; mais cette opinion a besoin d'être confirmée par des expériences 5
et l'un des naturalistes, qui a le plus étudié l'anatomie de ces animaux ,
M. Léon Dufour , ne la partage point
3 1 4 DES INSECTES
ment notre surprise y et nous dévoilent plus particu-
lièrement l'instinct des insectes. Dansdes sociétés très
nombreuses de plusieurs de ces animaux , tels que les
fourmis, les termes, les guêpes, les abeilles, etc.,
les individus composant la majeure partie de la po-
pulation, et qui , par leurs travaux et leur vigilance,
maintiennent ces sociétés , ont été considérés comme
des individus neutres ou sans sexe. On les a aussi
désignés sous les noms à'ouvriei%s et de mulets. Il est
reconnu aujourd'hui que ce sont des femelles dont
les organes sexuels ou les ovaires n'ont pas reçu
parfaite élaboration, et qui peuvent devenir fécon-
des, si une amélioration dans leur nourriture déve-
loppe/à une certaine époque de leur jeune âge,
ces mêmes organes.
Les œufs éclosent quelquefois dans le ventre de
la mère; elle est alors vivipare. Le nombre des gé-
nérations annuelles d'une espèce dépend delà durée
de chacune d'elles. Le plus souvent il n'y en a
qu'une ou deux par année. Une espèce , toutes
choses égales, est d'autant plus commune, que les
générations se Succèdent avec plus de rapidité, et
que la femelle est plus féconde.
Uu papillon femelle , après s'être accouplé, pond
des œufs, desquels il naît, non pas des papillons y
mais des animaux à corps très alongé , partagé en
anneaux, à tête pourvue de mâchoires et de plu-
sieurs petits yeux, ayant des pieds très courts , dont
six écailleuxet pointus, placés en avant, et d'au-
EN GÉNÉRAL. 3 LO
1res en nombre variable , membraneux , attachés
aux derniers anneaux. Ces animaux , connus sous
le nom de chenilles , vivent un certain temps dans
cet état, et changent plusieurs fois de peau. Enfin
il arrive une époque où , de cette peau de chenille ,
sort un être tout différent, de forme oblongue , sans
membres distincts , et qui cesse bientôt de se mou-
voir , pour rester long-temps avec l'apparence de
mort et de dessèchement, sous le nom de chrysalide.
En y regardant de très près , on voit en relief, sur la
surface extérieure de cette chrysalide, des linéaments
qui représentent toutes les parties du papillon, mais
dans des proportions différentes de celles que ces
parties auront un jour. Après un temps plus ou moins
long , la peau de la chrysalide se fend , et le papillon
en sort humide , mou , avec des ailes flasques
et courtes ; mais en peu d'instants il se dessèche , ses
ailes croissent, se raffermissent, et il est en état de
voler. Il a six longs pieds, desantènnes* une trompe
en spirale, des yeux composés; en un mot, il ne
ressemble en rien à la chenille dont il est sorti , car
on a vérifié que les changements d'état ne sont autre
chose que des développements successifs des parties
contenues les unes dans les autres.
Voilà ce qu'on appelle les métamorphoses des in-
sectes. Leur premier état se nomme larvejle second,
nymphe j le dernier, état parfait. Ce n'est que dans
celui-ci qu'ils sont en état de produire.
Tous les insectes ne passent point par ces trois
3l6 DES INSECTES
*
états. Ceux qui n'ont point d'ailes sortent de l'œuf
avec la forme qu'ils doivent toujours garder (1) :
on les appelle insectes sans métamorphose. Parmi
ceux qui ont des ailes, un grand nombre ne subit
d'autre changement que de les recevoir : on les
nomme insectes à demi-métamorphose. Leur larve
ressemble à l'insecte parfait, à l'exception seule-
ment des ailes, qui lui manquent tout-à-fait. La
nymphe ne diffère de la larve que par des moignons
ou rudiments d'ailes, qui se développent à sa der-
nière mue pour mettre l'insecte dans son état parfait .
Telles sont les punaises , les sauterelles , etc. Enfin ,
le reste des insectes pourvus d'ailes, nommés à mé-
tamorphose complète j est d'abord une larve de la
forme d'une chenille ou d'un ver, devient ensuite
une nymphe immobile^ mais présentant toutes les
parties de l'insecte parfait, contractées et comme
emmaillottées.
Ces parties sont libres, quoique très rapprochées
et appliquées contre le corps, dans les nymphes des
coléoptères , des nevroptères , des hyménoptè-
res ? etc.; mais elles ne le sont pas dans celles des
lépidoptères, de beaucoup d'insectes à deux ailes.
Une peau élastique ou d'une consistance assez ferme
semoule sur le corps et ses parties extérieures, ou
lui forme une sorte d'étui.
Celle des nymphes ou chrysalides des lépidop-
(i) La Puce, les femelles des Mutilles , les Fourmis ouvrières , et quel-
ques autres insectes , mais en petit nombre , exceptes.
ETS GliHÉRAL. 3lJ
tères, ne consistant qu'en une simple pellicule, ap-
pliquée sur les organes extérieurs, suivant tous
leurs contours, et formant, pour chacun d'eux,
autant de moules spéciaux , comme l'enveloppe
d'une momie , permet de les reconnaître et de les
distinguer (1); mais celle des mouches, des syrphes,
formée de la peau desséchée de la larve, n'a que
l'apparence d'une coque en forme d'œuf. C'est une
espèce de capsule ou d'étui , où l'animal est ren-
fermé (2).
Beaucoup de larves, avant de passer à l'état de
nymphe, sepréparent, avec de la soie qu'elles tirent
de leur intérieur, et au moyen des filières de leur
lèvre, ou avec d'autres matériaux qu'elles réunis-
sent^ une coque où elles se renferment. L'insecte
parfait sort de la nymphe par une fente ou une
scission qui se fait sur le dos du corselet. Dans les
nymphes des mouches , une de ses extrémités se dé-
tache , en forme de calotte , pour le passage de l'in-
secte.
Les larves et les nymphes des insectes à demi-
métamorphose ne diffèrent de ces mêmes insectes
en état parfait, qu'à raison des ailes. Les autres
organes extérieurs sont identiques. Mais dans la
métamorphose complète, la forme du corps des
larves n'a point de rapport constant avec celle qu'au-
ront ces insectes dans leur dernier état. 11 est ordi-
(1) Pupa oblecia , Lin.
(2) Pupa coarctatay ejusd.
3l8 DES INSECTES
nairement plus alongé ; la tête est souvent très dif-
férente, tant par sa consistance que par sa figure,
n'a que des rudiments d'antennes ou en manque
absolument, et n'offre jamais d'yeux composés.
Les organes de la manducation sont encore très
disparates, ainsi qu'on peut le voir en comparant
la bouche d'une chenille avec celle d'un papillon ,
la bouche de la larve d'une mouche avec celle de
l'insecte entièrement développé.
Plusieurs de ces larves n'ont point de pieds ;
d'autres , telles que les chenilles , en ont beaucoup ,
mais qui, à l'exception des six premiers, sont tous
membraneux et n'ont point d'ongles au bout. Quel-
ques insectes , tels que les éphémères , nous présen-
tent, dans leur métamorphose , une exception sin-
gulière. Parvenus à l'état parfait , ils se dépouillent
encore une fois de leurs ailes.
Les insectes qui composent nos trois premiers
ordres conservent toute leur vie la forme qu'ils ont
en naissant. Les myriapodes, néanmoins, nous mon-
trent une ébauche de métamorphose. Ils n'ont d'a-
bord que six pieds , ou en sont même, suivant
M. Savi, tout-à-fait privés; les autres, ainsi que
les segments dont ils dépendent , se développent
avec l'âge.
Il est bien peu de substances végétales qui soient
à l'abri de la voracité des insectes; et comme celles
qui sont nécessaires ou utiles à nos besoins ne sont
pas plus épargnées que les autres, ils nous causent
EN GÉNÉRAL. 3lQ
de grands dommages , surtout dans les années
favorables à leur multiplication. Leur destruction
dépend beaucoup de la connaissance de leurs habi-
tudes et de notre vigilance. Il en est d'omnivores,
et tels sont les termes, les fourmis, etc., dont les
ravages ne sont que trop connus. Plusieurs de ceux
qui sont carnassiers , et les espèces qui se nourrissent
de matières soit cadavéreuses, soit excrémentielles,
sont un bienfait de l'auteur de la nature , et com-
pensent un peu les pertes et les incommodités que
les autres nous font éprouver. Quelques-uns sont
employés dans la médecine, dans les arts et dans
l'économie domestique.
Ils ont aussi beaucoup d'ennemis : les poissons
détruisent une grande quantité d'espèces aquati-
ques; beaucoup d'oiseaux, de chauves-souris, de
lézards, etc., nous délivrent d'une partie de celles
qui font leur séjour sur terre ou dans les airs. La
plupart des insectes essaient de se soustraire, par
la fuite ou par le vol, aux dangers qui menacent
leur existence; mais il en est qui emploient, à cette
fin , des ruses particulières ou des armes naturelles.
Parvenus à leur dernière transformation , ou
jouissant de toutes leurs facultés , ils se hâtent de
propager leur race , et ce but étant rempli , ils
cessent bientôt d'exister. Aussi , dans nos climats ,
chacune des trois belles saisons de l'année nous
offre-t-elle plusieurs espèces qui lui sont propres.
Il paraît cependant que les femelles et les individus
320 DES INSECTES
neutres de celles qui vivent en société , ont une car-
rière plus longue. Plusieurs individus, nés en au-
tomne, se dérobent aux rigueurs de l'hiver, et repa-
raissent au printemps de Tannée suivante.
Ainsi que les végétaux , les espèces sont soumises
à des circonscriptions géographiques. Celles , par
exemple, du Nouveau-Monde, à l'exception d'un
petit nombre et toutes boréales , lui sont essentielle-
ment propres; il offre aussi plusieurs genres parti-
culiers. L'ancien continent en possède à son tour
qui sont inconnus dans l'autre. Les insectes du midi
de l'Europe , de l'Afrique septentrionale et des con-
trées occidentales et méridionales de l'Asie ont de
grands rapports entre eux. Il en est de même de
ceux des Moluques et des îles plus orientales, celles
de la mer du Sud comprises. Plusieurs espèces du
nord se retrouvent dans les montagnes des pays
méridionaux. Celles d'Afrique diffèrent beaucoup
de celles des contrées opposées de l'Amérique. Les
insectes de l'Asie méridionale , à partir de l'Indus ou
du Sind, et en allant à l'est, jusqu'aux confins de la
Chine, ont de grands traits de ressemblance. Les
régions intertropicales, couvertes de très grandes
forêts et très arrosées, sont les plus riches en in-
sectes; et, sous ce rapport, le Brésil et la Guyane
sont le plus favorisés.
Toutes les méthodes générales relatives aux in-
sectes se réduisent essentiellement à trois. Swam-
merdam a pris pour base les métamorphoses ; Lin-
EN GÉNÉRAL 02 1
iiceus s?est fondé sur la présence et l'absence des
ailes, leur nombre, leur consistance, leur superpo-
sition, la nature de leur surface, et sur l'existence ou
l'absence d'un aiguillon ; Fabricius n'a employé que '
les parties de la bouche. Les crustacés et les arach-
nides , dans toutes ces distributions, font partie des
insectes, et ils en sont même les derniers dans celle
de Linnœus, qu'on a généralement adoptée. Brisson
cependant les en avait distraits, et sa classe des crus-
tacés, qu'il place avant celle des insectes, renferme
tous ceux de ces animaux qui ont plus de six pieds,
c'est-à-dire Ses crustacés et les arachnides de M. de
Lamarck, ou les insectes apiropodes de M. Savigny.
Quoique cet ordre fût plus naturel que celui de
I.innaeus, il n'avait pas été suivi, et ce n'est que
dans ces derniers temps que les observations ana-
tomiques et l'exactitude rigoureuse des applications
qu'on en a faites, nous ont ramenés à la méthode
naturelle (i).
Je partage cette classe en douze ordres, dont les
trois premiers , composés d'insectes privés d'ailes ,
ne changeant point essentiellement de formes et
d'habitudes, sujets seulement, soit à de simples
mues, soit à une ébauche de métamorphose, qui
accroît le nombre des pieds et des anneaux du corps,
(i) Cuvier, Tabl. élém. de l'Hist. nat; desanim., et Leçons d'anat
comparée ; Lamark , Système des anim. sans vertèbres ; Latreille, Pre'cis
des caract. géne'r. de« insectes, et gêner, crust. et insectorurn. Consultez,
pour plus de de'tails, l'excellente introduction à TLiitomolopie de
MM. Kirby et Spence, déjà citée, p. 3 12,
TOME IV. 21
022 DES IJNSECTES
répondent à l'ordre des arachnides antennistes de
M. de Lamarck. L'organe de la vision n'est ordi-
nairement , dans ces animaux , qu'un assemblage
plus ou moins considérable d'yeux lisses , sous la
forme de petits grains. Les ordres suivants compo-
sent la classe des insectes du même naturaliste. Par
ses rapports naturels , celui des suceurs , qui ne
comprend que le genre puce , semble devoir ter-
miner la classe. Mais comme je mets en tête les
insectes qui n'ont point d'ailes, cet ordre ^ pour la
régularité de la méthode , doit succéder immédia-
tement à celui des parasites.
Quelques naturalistes anglais ont établi , d'après
la considération des ailes , de nouveaux ordres ;
mais je ne vois pas la nécessité de les admettre, à
l'exception cependant de celui des strésisptères ,
dont la dénomination me paraît vicieuse (i), et que
j'appellerai rhipiptères (2).
Le premier ordre , les Myriapodes , a plus
de six pieds ( 24 et .au-delà ), disposés dans toute
la longueur du corps, sur une suite d'anneaux,
qui en portent chacun une ou deux paires, et
dont la première , et même dans plusieurs la se-
conde , semblent faire partie de la bouche. Ils sont
aptères (3).
(1) Ailes torses. Les parties que Ton prend pour des èlytres n'en sont
pas. Voyez cet ordre.
(2) Ailes en éventail.
(3) Privés d'ailes et d'écusson.
\
EN GÉNÉRAL. 32^
Le second ordre, IcsThysaisoures, a six pieds ,
et l'abdomen garni sur les cotés de pièces mo-
biles, en forme de fausses pattes, ou terminé par
des appendices propres pour le saut.
Le troisième ordre, les Parasites, a six pieds,
manque d'ailes, n'offre pour organes de la vue,
que des jeux lisses ; leur bouche est , en grande
partie, intérieure, et ne consiste que dans un museau
renfermant un suçoir rétractile , ou dans une fente
située entre deux lèvres, avec deux mandibules en
crochet
Le quatrième ordre, les Suceurs, a six pieds,
manque d'ailes (i) ; leur bouche est composée d'un
suçoir renfermé dans une gaine cylindrique, de
deux pièces articulées.
Le cinquième ordre, les Coléoptères, asix pieds,
quatre ailes , dont les deux supérieures en forme d'é-
tuis; des mandibules et des mâchoires pour la mas-
tication; les ailes inférieures pliées simplement en
travers , et les étuis crustacés (toujours horizontaux).
Ils subissent une métamorphose complète.
Le sixième ordre ^ les Orthoptères (2), a six
(1) Ils subissent des métamorphoses, et acquièrent des organes loco-
motiles , qu'ils n'avaient pas à leur naissance. Ce caractère est commun
aux ordres suivants , mais dans ceux-ci la me'tamorphose développe une
autre sorte d'organes locomotiles, les ailes.
(2) De Ge'er avait e'tabli cet ordre et lui avait donne' le nom de cler
maptères , qu'Olivier a change' mal à propos en celui d'orthoptères. Nou".
conservons cependant ce dernier, parce que les naturalistes français l'ont
ge'ne'ralement adopte'.
21*
/
024 DES INSECTES
pieds; quatre ailes, dont les deux supérieures en
forme d'étuis; des mandibules et des mâchoires
pour la mastication ( recouvertes à leur extrémité
par une galète ) ; les ailes inférieures, pliées en deux
sens , ou simplement dans leur longueur , et les étuis
ordinairement coriaces, le plus souvent croisés au
bord interne ; ils ne subissent que des demi-méta-
morphoses.
Le septième ordre , les Hémiptères, a six pieds;
quatre ailes, dont les deux supérieures en forme
d'étuis crustacés, avec l'extrémité membraneuse ,
ou semblables aux inférieures , mais plus grandes
et plus fortes ; les mandibules et les mâchoires rem-
placées par des soies formant un suçoir , renfermé
dans une gaine d'une seule pièce, articulée, cylin-
drique ou conique, en forme de bec.
Le huitième ordre , les Névroptères, a six pieds ;
quatre ailes membraneuses et nues ; des mandibules
et des mâchoires pour la mastication ; leurs ailes
sont finement réticulées, et les inférieures sont or-
dinairement de la grandeur des supérieures , ou plus
étendues dans un de leurs diamètres.
■
Le neuvième ordre, les Hyménoptères, a six
pieds ; quatre ailes membraneuses et nues ; des man-
dibules et des mâchoires pour la mastication ; les
ailes inférieures plus petites que les supérieures;
l'abdomen des femelles presque toujours terminé
par une tarière ou par un aiguillon.
Le dixième ordre , les Lépidoptères, a six pieds ;
EN GÉNÉRAL. 32 5
quatre ailes membraneuses, couvertes de petites
écailles colorées, semblables à une poussière ; une
pièce cornée, en forme d'épaulette , rejetée en ar-
rière, insérée au-devant de chaque aile supérieure;
les mâchoires remplacées par deux filets tabulaires,
réunis et composant une espèce de langue roulée
en spirale sur elle-même(i).
Le onzième ordre ^ les Rhipiptères , a six pieds;
deux ailes membraneuses et plissées en éventail ;
deux corps crustacés, mobiles, en forme de petits
élytres, situés à l'extrémité antérieure du thorax (2);
et pour organes de la manducation , simples mâ-
choires, en forme de soies, avec deux palpes.
Le douzième ordre , les Diptères, a six pieds;
deux ailes membraneuses, étendues, accompagnées,
dans presque tous, de deux corps mobiles , en forme
de balanciers, situés en arrière d'elles; et pour
organes de la manducation , un suçoir d'un nombre
variable de soies, renfermé dans une gaine inarti-
culée , le plus souvent sous la forme d'une trompe ,
terminée par deux lèvres. -
(x) Spiritrompe. Voyez les ge'ne'ralités de la classe. Le thorax des Lé-
pidoptères a plus d'analogie avec celui des NéVroptères qu'avec celui des
Hynie'noptères , le segment que j'ai nomme' me'diaire paraissant faire
partie de l'abdomen , tandis que , dans ceux-ci et les Diptères , il est in
corpore' avec le thorax.
(2) Forme's , à ce que nous présumons, par des pièces analogues aux
epaulettes ou pte'/ygodes des lépidoptères.
0 26 INSECTES MYRIAPODES.
ft
LE PREMIER ORDRE DES INSECTES,
Les MYRIAPODES. (Myriapoda. — Mitosata. Fab.)
Nommés vulgairement mille-pieds } sont les seuls
animaux de cette classe qui aient plus de six pieds
dans leur état parfait , et dont l'abdomen ne soit
pas distinct du tronc. Leur corps, dépourvu d'ailes,
est composé d'une suite ordinairement considérable
d'anneaux,. le plus souvent égaux, et portant géné-
ralement chacun, à l'exception des premiers, deux
paires de pieds, le plus souvent terminés par un seul
crochet, soit que ces anneaux soient indivis, soit
qu'ils soient partagés en deux demi - segments }
a yant chacun une paire de ces organes , et dont
l'un seulement offre deux stigmates (i). -
Les myriapodes ressemblent, pour la plupart, à
de petits serpents ou à des néréides, ayant des pieds
très rapprochés les uns des autres , dans toute la
longueur du corps. La forme de ces organes s'é-
tend même jusqu'aux parties de la bouche. Les
mandibules sont Inarticulées et immédiatement
suivies d'une pièce en forme de lèvre , quadrifide ,
(i) Les anneaux du corps des insectes ont ge'ne'ralement deux stig-
mates. Si l'on considère sous ce point de vue les anneaux du corps des
scolopendres, notamment des grandes espèces, celles qui ont vingt-une
paires de pattes , l'on verra qu'ils sont alternativement pourvus ou privés
de deux stigmates , et qu'ainsi , comparativement à ces derniers animaux,
ce ne sont re'ellement que des demi-anneaux. Dès lors chaque segment
complet a deux paires de pattes , mais dont une surnuméraire, puisque,
dans les autres insectes, les anneaux munis de pattes n'en ont que deux.
insectes myriapodes. 5^7
à divisions articulées ou semblables à de petits pieds,
et qui par sa situation correspond à la languette des
crustacés ; viennent ensuite deux paires de petits
pieds, dont les seconds en forme de grands crochets
dans plusieurs , paraissent remplacer les quatre
mâchoires de ces derniers^ ou bien les deux ainsi
que la lèvre inférieure des insectes : ce sont des
sorles de pieds buccaux. Les antennes , au nombre
de deux, sont courtes, un peu plus grosses vers le
bout ou presque filiformes, de sept articles dans
les uns, d'un grand nombre dans les autres et sé-
tacées. Leurs veux sont ordinairement formés d'une
réunion d'yeux lisses , et si dans les autres , ils offrent
une cornée à facettes , ces lentilles sont néanmoins
proportionnellement plus grandes, plus rondes et
plus distinctes que celles des yeux des insectes. Les
stigmates sont souvent très petits, et leur quantité,
à raison de celle des anneaux, est ordinairement
plus considérable que dans ces derniers, où elle n'est
au plus que de dix-huit ou vingt. Le nombre de ces
anneaux et celui des pieds augmente avec l'âge,
caractère qui distingue encore les myriapodes des
insectes, ceux-ci naissant toujours avec le nombre de
segments qui leur est propre, et toutes leurs pattes à
crochets, ou proprement dites, se développant à la
fois, soit à la même époque , soit lorsqu'ils passent à
l'état de nymphe. M. Savi, fils, professeur de minéra-
logie à Pise, qui a fait une étude particulière desïules;
a observé qu'ils sont privés , à la sortie de l'œuf, de
328 INSECTES MYRIAPODES,
ces organes : ces animaux éprouvent donc une vé-
ritable métamorphose. Dans les uns, les organes
sexuels masculins sont toujours placés immédiate-
ment après la septième paire de pattes, sur le
sixième ou septième segment du corps , et ceux de
la femelle près de l'origine des seconds pieds ; dans
les- autres , ces deux sortes d'organes sont situées ,
comme d'ordinaire, à l'extrémité postérieure du
corps. La position des partiesmasculines des premiers^
comparée avec celle qu'elles ont dans les crustacés
et les arachnides , semblerait indiquer la séparation
du tronc et de l'abdomen ; à l'égard des autres
myriapodes , où les organes sexuels sont posté-
rieurs, l'on remarque qu'il s'opère dans une portion
analogue du corps de certaines espèces {scolopendra
morsitans );un inversion dans Fordre successif des
stigmates , ce qui paraîtrait annoncer la même dis-
tinction.
Les myriapodes vivent et croissent plus long-
temps que les autres insectes , et suivant M. Savi,
il faut au moins deux ans à quelques-uns ( les ïules ),
pour que les organes génitaux deviennent apparents.
De cet ensemble de faits , l'on peut conclure que
ces animaux se rapprochent d'une part des crus-
tacés et des arachnides, et de l'autre des insectes;
mais sous la considération de la présence , de la
forme et de la direction des trachées, ils appar-
tiennent à la classe des derniers.
Nous les partagerons en deux familles, parfaite*
FAMILLE DES CHIL0G1N ATHES. ^29
nient distinctes , tant à raison de leur organisation ,
que de leurs habitudes , et composant dans Linngeus,
deux coupes génériques.
La première famille des Myriapodes, celle
Des CHILOGNATHES ( Chiloghatha. Latr. ) , ou le
genre des IULES (ïulus) de Linnaeus ,
À le corps généralement crustacé et souvent
cylindrique ; les antennes , un peu plus grosses
vers le bout ou presque d'égale grosseur, et com-
posées de sept articles ; deux mandibules épaisses ,
sans palpes, très distinctement divisées en deux
portions par une articulation médiane, avec des
dents imbriquées et implantées dans une concavité
de son extrémité supérieure; une espèce de lèvre
( languette ) (1) , située immédiatement au-dessous
d'elles, les recouvrant, crustacée, plane, divisée à
sa surface extérieure par des sutures longitudinales
et des échancrures, en quatre aires principales,
tuberculées au bord supérieur^ et dont les deux in-
termédiaires plus étroites et plus courtes, situées à
l'extrémité supérieure d'une autre aire, leur servant
de base commune; les pieds très courts et toujours
terminés par un seul crochet ; quatre pieds situés
immédiatement au-dessous de la pièce précédente ?
de la l'orme des suivants, mais plus rapprochés à
(1) Lèvre inférieure composée des deux paires de mâchoire» des crus-
tacés, selon M, Savigny.
33o INSECTES MYRIAPODES.
leur base, avec l'article radical proportionnellement
plus long ; et la pi upart des autres , attachés par dou-
ble paire, à un seul anneau. Les organes génitaux
masculins sont situés immédiatement après la sep-
tième paire de pieds , et ceux de l'autre sexe derrière
les seconds. Les stigmates sont placés alternative-
ment , en dehors de l'origine de chaque paire de
pieds, et très petits.
Les chilognathes marchent très lentement ou se
glissent , pour ainsi dire , sur le plan de position, et se
roulent en spirale ou en boule. Le premier segment
du corps , et dans quelques-uns le suivant , est plus
grand, et présente la forme d'un corselet ou d'un
petit bouclier. Ce n'est guère qu'au quatrième dans
les uns, qu'au cinquième ou au sixième dans les
autres, que la duplicature des paires de pieds com-
mence ; les deux ou quatre premiers pieds sont
même entièrement libres jusqu'à leur naissance, ou
ils n'adhèrent à leurs segments respectifs, que par
une ligne médiane ou sternale. Les deux ou trois
derniers anneaux sont apodes- On voit de chaque
côté du corps une série de pores , qu'on avait pris
pour des stigmates , mais qui,, d'après M. Savi, sont
simplement destinés à la sortie d'une liqueur acide
et d'une odeur désagréable , qui paraît servir à la
défense de ces animaux; les ouvertures propres à
la respiration , et dont on lui doit la découverte , sont
placées sur la pièce sternale de chaque segment , et
communiquentintérieureinent avec une double série
FAMILLE DES CHILOGNATHES. 35l
de poches pneumatiques, disposées en chapelet,,
tout le long du corps, et d'où partent des branches
trachéennes qui vont se répandre sur les autres or-
ganes. Suivant une observation de M. Straus, les
poches ou trachées vésiculeuses ne sont point liées
les unes aux autres , ainsi que de coutume, par une
trachée principale.
Aux environs de Pise, où M. Savi a recueilli les
observations précitées ^ les amours de l'iule commun
commencent vers la fin de décembre et finissent
vers la mi-mai. Les organe» copulateurs du mâle
sont placés clans cette espèce sous le sixième segment ,
mais ils ne se montrent sous cette forme que lors-
que l'individu est parvenu environ au tiers de sa
taille ordinaire ; jusqu'alors cette place est occupée
par une paire de paltes , la quinzième , et qui existe
toujours dans les femelles; ici 2 l'orifice des parties
sexuelles est placé entre le premier et deuxième
segment. Des gloméris et des iules femelles m'ont
offert par derrière la naissance de la seconde paire
de paltes, deux petits mamelons convexes qui pa-
raissent caractériser ce sexe ; celui des mâles con-
siste aussi en deux mamelons, mais terminés chacun
par un crochet écailleux et contourné. Dansl'accou-
plement, ces insectes redressent et appliquent l'une
contre l'autre, face à face, les extrémités antérieures
de leurs corps, et s'entrelacent inférieurement. Le
corps des individus venant de naître est en forme
de rein, parfaitement uni et sans appendices. Dix-
552 IÎNSECTES MYRIAPODES.
huit iours après , il subissent une première mue .,
et ils prennent seulement alors la forme des adultes ;
mais ils n'ont encore que vingt-deux segments , et
le nombre total de leurs paltes est de vingt-six
paires. M. Savi paraît contredire l'assertion de
De Géer y qui dit n'en avoir compté que trois paires •
et que huit anneaux dans les jeunes individus; mais
est-il bien certain que la mue dont parle M. Savi
soit réellement la première , et ne doit-on pas, au
contraire, présumer que ces jeunes individus ne
passent pas subitement d'un état où ils n'offrent
aucun appendice locomotile, à celui où ils en
montrent jusqu'à vingt-six paires, ou qu'en un mot
d'autres changements de peau , mais qui ont pu
échapper à M. Savi, ont eu lieu et ont développé
successivement ce nombre de pattes? Les observa-
tions du Réaumur suédois ne confirment-elles pas
ces transitions graduelles? Quoiqu'il en soit , selon
M. Savi , les dix-huit premières paires de pattes
servent seules à la locomotion; à la seconde mue,
l'animal en offre trente-six paires et à la troisième
quarante-trois; le corps alors se compose de trente
segments. Enfin, dans l'état adulte, le mâle
en a trente-neuf et la femelle soixante-quatre ;
deux ans après , ils muent encore , et c'est alors
seulement qu'apparaissent les organes de la gêné-
ration. Depuis là naissance, qui a lieu en mars, jus-
qu'en novembre, époque où M. Savi a cessé ses
observations , ces changements de peau se renou-
FAMILLE DES CHILOGNATHES. 353
vellent à peu près de mois en mois. On découvre
dans la dépouille jusqu'à la membrane qui tapisse
intérieurement le canal alimentaire et les trachées.
Les organes de la bouche sont les seules parties que
M. Savi n'a pu retrouver (1).
Ces insectes se nourrissent de substances soit vé-
gétales , soit animales, mais mortes et décomposées,
et pondent dans la terre un grand nombre d'oeufs.
Ils ne forment dans Linnœus , qu'un genre.
Les Iules. (Iulus. L. )
Que nous divisons comme il suit :
Les uns ont le corps crustacé, sans appendices au bout,
et les antennes renflées vers leur sommet.
Les Glomébis. (Glomeris. Latr. )
Semblables à des cloportes, ovales, et se roulant en
boule.
Leur corps, convexe en dessus et concave en dessous, a,
le long de chacun de ses côtés inférieurs, une rangée de
petites écailles, analogues aux divisions latérales des trilo-
bites. Il n'est composé, la tête non comprise , que de douze
segments ou tablettes, dont le premier, plus étroit, forme
une sorte de collier en demi-cercle transversal , et dont le
suivant et le dernier les plus grands de tous; celui-ci est
voûté et arrondi au bout. Le nombre des pattes est de trente-
quatre dans les femelles, et de trente-deux dans les mâles,
ses organes sexuels remplaçant la paire qui manque. Ces aui-
(i) Voyez le Bulletin général et universel de M. le baron de Férussac,
décembre i8îî3. Les observations de M. Savi , dont ce journal offre un
extrait, sont consignées dans le mémoire suivant : Osservazioni per ser-
vi re alla storia di una specie di julus communissima , Bologna , 1817.
Le même savant en a publié un autre, en 18 19, sur le Julus fœtidissimus.
334 INSECTES MYRIAPODES.
maux sont terrestres et vivent sous les pierres dans les ter-
rains montueux (i).
Les Iules propres. (Ïulus. Lin.)
Qui ont le corps cylindrique et fort long, se roulant en
spirale, et sans saillie en forme d'arête ou de bord tranchant
sur les côtés des anneaux.
Les plus grandes espèces vivent à terre, particulière-
ment dans les lieux sablonneux , les bois , et répandent
une odeur désagréable. Les plus petites se nourrissent de
fruits, de racines ou de feuilles de plantes potagères. On
en trouve quelques autres sous les écorces d'arbres, dans
la mousse, etc.
Ulule très-grand (I. maximus , Lin.)Marcg., Bras.,
p. 255. Propre à l'Amérique méridionale, a jusqu'à sept
pouces de long.
Ulule des sables ( /. sabulosus , Lin. ) Schœff. , Elem. ,
entom, lxxiii. — /. fasciatus , De G., Insect., VU, xxxvi ,
9, io ; Leacli. , Zool. , miscell. , cxxxni ; long d'environ
seize lignes, d'un brun noirâtre, avec deux lignes rous-
sâtres le long du dos; cinquante- quatre segments, dont
l'avant -dernier terminé par une pointe forte, velue et
cornée au bout. — En Europe.
Ulule terrestre (I. terres tris. Lin. ) Geoff. , insect., lï, xxn,
5; d'un quart plus petit, cendré bleuâtre, entrecoupé de
jaunâtre clair; quarante -deux à quarante- sept segments.
— Avec le précédent (2).
Les POLYDÈMES. ( POLYDESMUS. Lat. )
Semblables aux 'iules par la forme linéaire de leur corps et
l'habitude de se rouler en spirale, mais dont les segments
(1) Iulus ovalis, Lia. ; Gronov., Zooph., pi. xvn, 4> 5 ; — Oniscus
zonatus , Panz. , Faun. , Insect. germ. , IX, xxm ; Glomeris marginata,
Leach , Zool. miscell. , cxxxii; — Oniscus pustulatus, Fab. ; Panz., ibid. ,
XXII.
(2) Voyez les deux Mémoires pre'cite's de M. Savi, et le Zoolog. miscel ;
de M. Leacli, tom. III, à l'égard de ces deux espèces et de quelques
autres d'Angleterre. Ajoutez lulus indus, Lin.; De G., VII, xliii , 7;
Séb. , Mus. II , xxiv , 4 > 5; — Se'b, , Mus. I, lxxxi, 5 ; — Schrœt., Ab-
handl. , I , in, 7.
FAMILLE DES CHILOPODES. 335
sont comprimés sur les côtés inférieurs, avec une saillie en
forme de rebord ou d'arête au-dessus.
On les trouve sur les pierres, et !e plus souvent dans les
lieux humides (i).
Les espèces qui ont des yeux apparents forment le genre
Craspedosome de M. Leach (a).
Les autres ont le corps membraneux, très mou, et terminé
par des pinceaux de petites écailles. Leurs antennes sont de
la même grosseur. Tels sont
Les Pollyxènes. ( Pollyxenus. Latr. )
Qui ne comprennent encore qu'une seule espèce, rangée
avec les Scolopendres (Se. lagura. L. )par Linnaeus, Geoffroy
et Fabricius.
C'estle Iule à queue en pinceau deDeGeer, Insect., VII,
xxxvi, i , 2, 3; Zool. miscell. , cxxxv, B. Cet insecte est
très petit, oblong, avec des aigrettes de petites écailles
sur les côtés, et un pinceau blanc à l'extrémité postérieure
du corps. Il a douze paires de pieds, placées sur autant de
demi-anneaux.
Il se tient dans les fentes des murs et sous les vieilles
écorces.
La seconde famille de Myriapodes ,
Les CHILOPODES ( Chilopoda . Lat. ) , ou le genre
des Scolopendres (Scolopendra) de hinnssus , etc.
Ont les antennes plus grêles vers leur extrémité, de
quatorze articles et au-delà; une bouche composée
de deux mandibules, munies d'un petit appendice
en forme de palpe , offrant dans leur milieu l'ap-
parence d'une soudure , et terminées en manière
(i) Les Iules complanatus (Zool. miscel., cxxxv, A) depressus, stigma,
tridentatus de Fabricius; Ses Scolopendres ? dorsalis, clypeala.
(n) Les espèces, inconnues avant M. Leach, paraissent propres à la
Grande-Bretagne. Voyez la planche cxxxiv de son Zoological miscel-
lany , tom. TH,
356 INSIXTES MYRIAPODES.
de cuilleron dentelé sur ses bords; d'une lèvre (i)
quadrifide , dont les deux divisions latérales plus
grandes, annelées transversalement, semblables
aux pattes membraneuses des ehenilles ; de deux
palpes ou petits pieds réunis à leur base, ongui-
culés au bout; et d'une seconde lèvre (2) formée
par une seconde paire de pieds dilatés et joints à leur
naissance, et terminés par un Fort crochet, mo-
bile et percé sous son extrémité d'un trou, pour la
sortie d'une liqueur vénéneuse.
Le corps est déprimé et membraneux. Chacun
de ses anneaux est recouvert d'une plaque coriace
ou cartilagineuse. , et ne porte y le plus souvent,
qu'une paire de pieds (5) ; la dernière est ordinai-
(1) Pièce analogue à la lèvre inférieure des Chilognates , représentant ,
selon moi, la langue des crustacés, mais pouvant aussi faire l'office de
mâchoires 5 c'est ce que M. Savigny nomme première lèvre auxiliaire.
(2) Seconde lèvre auxiliaire du même. Elle n'est point annexe'e avec
la tête , mais avec l'extre'mité antérieure du premier demi-segment. Les
deux pieds à crochets forment, par la réunion et la dilatation de leur
premier article , une plaque en form^de menton et de lèvre. Le même
demi-segment porte les deux premiers pieds ordinaires. Dans les Scolo-
pendres propres de M. Leach , les deux premiers stigmates sont situes
sur le troisième demi-segment, abstraction faite du premier; le second et
le suivant composeront le premier anneau complet , et alors les deux pre-
miers stigmates se trouveront placés , comme dans les autres insectes ,
sur un espace correspondant au prothorax. Cette seconde lèvre auxiliaire
pourra ainsi représenter la lèvre inférieure des insectes hexapodes broyeurs.
Mais ici le pharynx est situé en avant de cette lèvre, au lieu que, dans
les .myriapodes , il est placé au-devant de la première lèvre auxiliaire.
C'est d'après ces rapports et plusieurs autres , fournis par les entomos-
tracés et les arachnides, que je considère les pieds des insectes hexapodes
comme les analogues des six pieds-mâchoires des crustacés décapodes.
(3) Us ne sont, dans ce cas , que des demi-anneaux. Voyez les géné-
ralités de l'ordre.
FAMILLE DES CHILOPODES. 337
ment rejetée en arrière, et s'alonge en forme de
queue. Les organes de la respiration sont composés
en totalité ou en partie de trachées tabulaires.
Ces animaux courent très vite, sont carnassiers,
fuient la lumière, et se cachent sous les pierres,
les vieilles poutres, les écorces des arbres, dans la
terre , le fumier , etc. Les habitants des pays chauds
les redoutent beaucoup, les espèces qu'on y trouve
étant fort grandes, et leur venin pouvant être plus
actif. La scolopendre mordante est désignée aux
Antilles par l'épilhète de malfaisante. On en connaît
qui ont une propriété phosphorique.
Les organes sexuels sont intérieurs et situés à
l'extrémité postérieur du corps, comme dans la
plupart des insectes suivants. Les$stigmates sont plus
sensibles que dans la famille précédente , et latéraux
ou dorsaux.
Cette famille, qui, dans la méthode de M. Leach,
forme son ordre des Syngnathes y peut, d'après ces
derniers caractères , la nature des organes respira-
toires et les pieds , se diviser- ainsi :
Les unes n'ont que quinze paires de pattes (ij, et leur corps
vu en dessus présente moins de segments qu'en dessous.
Les ScutigÈres. (Scutigeba. Lam. — Cermatia. Ilig. )
Qui ont le corps recouvert de huit plaques en forme d'é~
cussons, sous chacune desquelles M. Marcel de Serres a ob-
servé deux poches pneumatiques ou trachées vésiculaires,
(i) Le docteur Leach compte deux paires de plus, parce qu'il comprend
dans ce nombre, les palpes et les pieds en forme de crochets de la tête,
TOME IV. 22
338 INSECTES MYRIAPODES.
recevant l'air, et communiquant avec des trachées tubu-
Jaires latérales et inférieures. Le dessous du corps est di-
visé en quinze demi-anneaux, portant chacun une paire de
pieds terminés par un tarse fort long , grêle et très articulé ;
les dernières paires sont plus alongées ; les yeux sont grands
et à facettes.
Elles ont des antennes grêles et assez longues; les deux
palpes saillants et garnis de petites épines. Le corps est plus
court que dans les autres genres de la même famille, avec
les articles des pieds proportionnellement plus longs.
Les scutigères , qui, d'après ces caractères, font le passage
de la famille précédente à celle-ci, sont fort agiles, et perdent
souvent une partie de leurs pieds lorsqu'on les saisit.
L'espèce de notre pays (i) se cache entre les poutres ou
les solives des charpentes des maisons.
Les Lithobies. ( Lithobius. Leach. )
Qui ont les stigmates latéraux, le corps divisé , tant en
dessus qu'en dessous, en un pareil nombre de segments ,
portant chacun une paire de pieds, et les plaques supérieu-
res alternativement plus longues et plus courtes, en recou-
vrement, jusque près de l'extrémité postérieure.
Le Lithohie fourchu ( Scolopendra forficata, Lin.) Fabr.,
De G. ; Geoff. , Hist. des insect. , II, xxn, 3; Panz., Faun.,
insect.Germ.L. , xm; Leach. , Zool., miscell., cxxxvn(a).
Les autres ont au moins vingt- une paires de pattes et
les segments sont, tant en dessus qu'en dessous, de gran-
deur égale et en même quantité.
Les Scolopendres propres. (Scolopendra. Lin.)
Celles qui à partir des deux pieds venant immédiatement
après les deux crochets formant la lèvre extérieure, n'eu of-
(i) La Scolopendre à -vingt-huit pattts de Geoffroy, qui paraît différer
de la S. coleoptrala de Panzer, Faun. insect. Germ. , L. , xi;, et de celle
deLinnaensj — Iulus araneoides , Pall.; Spicil. Zoo!., IX, îv, 16; —
Scolopendra lo?igicornis , Fab. ; de. Tranquebar. Voyez aussi Leach ,
Zool. miscel, Cermatia livida , cxxxvi , et le i 4e volume des Transactions
Jinne'ennes.
(a) L. variegatus , lœvïlabrum , Leach, Trans. linn. Soc, XI. Voyez
aussi le troisième volume de son Zoological miscellany.
INSECTES THYSANOURES. 33p,
fient que vingt-une paires, et dont les antennes ont dix-sept
articles composant les genres Scolopendre et Crytops de
M. Leach. Les yeux sont distincts, au nombre de huit, quatre
de chaque côté, dans le premier et celui qui comprend les
pjius grandes espèces $ ils sont nuls ou très peu visibles dans
le second.
Les départements les plus méridionaux de la France et
d'autres contrées du sud de l'Europe nous offrent une es-
pèce {Scolopendra cingulata , Latr.; Se. morsitans , Yill. ,
entom., tom. IV, xi, 17, 18.) presque aussi grande quelque-
fois que l'espèce ordinaire des Antilles, mais ayant le corps
plus aplati (1). -
Les crytops ont leurs antennes plus grenues que les
scolopendres et les deux pieds postérieurs plus grêles. Le
docteur Leach en mentionne deux espèces trouvées dans
les enviions de Londres (2).
Dans les Scolopendres composant le genre Géophile
( Geophilus ) du même, le nombre dés pieds est au-dessus
de quarante-deux et souvent très considérable. Les anten-
nes n^ont que quatorze articles et leur extrémité est moins
amincie; le corps est proportionnellement plus étroit et
plus long. Les yeux sont peu distincts. Quelques espèces .
sont électriques (3).
LE SECOND ORDRE DES INSECTES,
Les THYSANOURES (Thysanoura.),
Comprend des insectes aptères , portés seulement
sur six pieds, sans métamorphose, et ayant de
(i) Scolopendra morsitans, Lin.; De Ge'er , Insect. , VII, xliii, 1.
Voyez, pour d'autres espèces, le troisième vol. du Zoolog. miscellany du
docteur Leach; la Scolopendra gigantea de Linnaeus (Brown. , Jam. , xlii, 4j,
et d'autres grandes espèces, mais incomple'tement de'crites.
(2) Crytops hortensis, Zool. misc.,cxxxix; ejusd., ib. ; Crytops S avigniL
(3) S. electrica, Lin. ; Frifch. , Insect. , XI, vin, 1; — S. occiden-
talis , Lin.; List. fan. , vi ; — S. phosphorea , Lin. Tombée du ciel
22*
OZ+O INSECTES THYSANOUKES.
plus , soit sur les côtés , soit à l'extrémité de l'al>-
clomen , des organes particuliers de mouvement,
La famille première des Thysanoures, celle
i
Des Lépismènes (LEPisMENiE. Lat. ),
A les antennes en forme de soies, et divisées, dès
leur naissance, en un grand nombre de petits ar-
ticles; des palpes très distincts et saillants à la bou-
che; l'abdomen muni de chaque côté, en dessous,
d'une rangée d'appendices mobiles, en forme de
Fausses pattes ^ et terminé par des soies articulées,
dont trois plus remarquables; et le corps toujours
garni de petites écailles luisantes.
Elle ne comprend qu'un genre de Linnaeus.,
Les Lépismes. (Lepisma. L.)
Leur corps est alongé et couvert de petites écailles,
souvent argentées et brillantes, ce qui a fait comparer
l'espèce la plus commune à un petit poisson. Les an-
tennes sont en forme de soies, et ordinairement fort lon-
gues. La bouche est composée d'un labre, de deux man-
dibules presque membraneuses, de deux mâchoires à
deux divisions , avec un palpe de cinq à six articles, et
d'une lèvre à quatre découpures et portant deux palpes
à quatre articulations. Le thorax est de trois pièces.
L'abdomen , qui se rétrécit peu à peu vers son extrémité
postérieure, a, le long de chaque côté du ventre, une
rangée de petits appendices portés sur un court article,
sur an vaisseau , à 100 milles du continent. Trayez le tome troisième du
Zool. misceîlan. de M. Leach. Geophilus marili/nus , cxr, , i , 2; — G.
làrùncorniS) Tab. ead. , 3-6, et. quelques autres espèces.
FAMILLE DES LÉP1SMÈNES. 54 1
et terminés en pointes soyeuses; ies derniers sont plus
longs; de l'anus sort une espèce de stylet écailleux,
comprimé et de deux pièces; viennent ensuite les trois
soies articulées , qui se prolongent au-delà du corps.
Les pieds sont courts, et ont souvent des hanches très
grandes , fortement comprimées et en forme d'écaillés.
Plusieurs espèces se cachent dans les fentes des châssis
qui restent fermés , ou qu'on n'ouvre que rarement, sous
des planches un peu humides, dans les armoires. D'autres
vivent retirées sous les pierres.
Ces insectes courent très vite; quelques-uns sautent
par le moyen des filets de leur queue.
On en fait deux sous-genres.
Les Machiles. (Machilis. Latr. — Petrobius. Leach. )
Dont les yeux sont très composés, presque contigus, et
occupent la majeure partie de la tête; qui ont le corps con-
vexe et arqué en dessus , et l'abdomen terminé par des petits
filets propres pour le saut, et dont celui du milieu, placé au-
dessus des deux autres , est beaucoup plus long.
Les palpes maxillaires sont très grands et en forme de pe-
tits pieds. Le thorax est étranglé, avec son premier segment
plus petit que le second et en voûte.
Ces insectes sautent très bien et fréquentent les lieux
pierreux et couverts. Toutes les espèces connues sont d'Eu-
rope (i).
Les Lépismès. QLepisma. Lin. — Forbicina. Geoff. Leach. )
Qui ont les yeux très petits, fort écartés, composés d'un
petit nombre de grains ; le corps aplati , et terminé par trois
fiiets de la même longueur , insérés sur la même ligne , et ne
servant pointa sauter.
(i) Lepisma polypoda , Lin.; L saccharina , Vill , Entom. ,
Lin., IV, xi, i; Roera. , Gêner., insect. , xxix, i 5 Forbicine cylin-
drique, Geoi'f. ; — Lepisma thezeana , Fab. ; — Petrobius marilunus ,
Leach, Zoolog. miscellan, , cxlv.
5^2 INSECTES THYSANOTJRES.
Leurs hanches sont très grandes. La plupart des espèces se
trouvent dans l'intérieur des maisons.
Le Lépisme du sucre ( L. saccharina , Lin. ), — la Forbi-
cineplate., Geoff. ,Insect., II, xx, 3j Schœff., Elem. en-
tom., lxxv ; long de quatre lignes, d'une couleur argentée
et un peu plombée, sans taches, est, dit-on, originaire de
l'Amérique1, et devenu commun dans nos maisons.
On trouve souvent avec lui et dans les mêmes lieux
le Lépisme rubanné {vittata , Fab.), qui a le corps cendré ,
pointillé de noirâtre, avec quatre raies de cette dernière
couleur le long du dos de l'abdomen. Il y en a d'autres es-
pèces sous les pierres.
La seconde famille des Thysanoures, celle
Des PODURELLES ( PoDURELLiE. Lat. ),
Dont les antennes sont de quatre pièces, dont
la bouche n'offre point de palpes distincts et sail-
lants, et qui a l'abdomen terminé par une queue
fourchue, appliquée, dans l'inaction, sous le ventre,
et servant à sauter , ne forme aussi dans Linnaeus
qu'un genre.
Des PODURES. (PODURA. L. )
Ces insectes sont très petits, fort mous, alongés, avec
la tête ovale et deux yeux formés chacun de huit petits
grains. Leurs pieds n'ont que quatre articles distincts.
La queue est molle , flexible et composée d'une pièce in-
férieure , mobile à sa base , à l'extrémité de laquelle s'ar-
ticulent deux tiges, susceptibles de se rapprocher, de
s'écarter ou de se croiser , et qui sont les dents de la
fourche. Ces insectes peuvent redresser leur queue , la
pousser avec force contre le plan de position , comme
s'ils débandaient un ressort, et s'élever ainsi en l'air,
et sauter, de même que les puces, mais à une hauteur
IW SECTES PARASITES. 343
moindre. Ils retombent ordinairement sur le dos , la
queue étendue en arrière. Le milieu de leur ventre
offre une partie relevée , ovale et divisée par une fente.
Les uns se tiennent sur les arbres, les plantes, sous
les écorces ou sous les pierres ; d'autres , à la surface
des eaux dormantes , quelquefois sur la neige même, au
temps du dégel. Plusieurs se réunissent en sociétés nom-
breuses , sur la terre , les chemins sablonneux , et res-
semblent de loin à un petit tas de poudre à canon. La
multiplication de quelques espèces paraît se faire en
hiver.
Les Podures proprement dites. ( Podura. Latr. )
Ont les antennes de la même grosseur et sans anneaux ou
petits articles a la dernière pièce. Leur corps est presque li-
néaire ou cylindrique, avec le tronc distinctementarticulé, et
l'abdomen étroit et oblong (i).
Les Smynthures. ( Smynthurtjs. Latr. )
Ont les antennes plus grêles vers leur extrémité, et termi-
nées par une pièce annelée ou composée de petits articles. Le
tronc et l'abdomen sont réunis en une masse globuleuse on
ovalaire(2);
LE TROISIÈME ORDRE DES INSECTES ,
*
Les PARASITES (Parasita. Lat. — Anoplura. Leach.),
Ainsi nommés de leurs habitudes ( voyez pins
bas ) , n'ont que six pieds , et sont aptères de même
(i) Podura. arborea, Lin.; DeGe'er, Insect. , VII , n , 1-7; — P.
nivalis , Lin. ; De G. ibid. , 8-10 5 — P. aqualica , Lin. ; De G., ibid. ,
! ! in • — p, plumbea , Lin. ; De G. , ibid , ni , i~4 ; — P. ambulans ,
Lin.; De G., ibid. , 5-6 ; — P. acjuatica grisea , De G., ibid. , 11 , 18, 21.
Les Podures vaga , villosa, cincta , annulata , fusilla , Ugnorwn ,
jimetaria , de Fabricius.
(2) Podura atra , Lin.; De Géer, ibid., m, 7-14 ? les Podures vi-
ridis , polypoda , minuta , signata , de Fab.
544 INSECTES PARASITES.
que les thysanoures ; mais leur abdomen n'a point
d'appendices articulés et mobiles. Ils n'ont, pour
organes de la vue , que quatre ou deux petits yeux
lisses; leur bouche est en grande partie intérieure,
et présente au dehors soit un jnuseau ou un ma-
melon avancé renfermant un suçoir rétractile , soit
deux lèvres membraneuses et rapprochées , avec
deux mandibules en crochets. Ils ne forment dans
Linnaeus que le genre des
Poux. (Pediculus. L.)
Leur corps est aplati , presque transparent , divisé en
douze ou onze segments distincts , dont trois pour le
tronc , portant chacun une paire de pieds. Le premier de
ces segments forment souvent une espèce de corselet.
Les stigmates sont très distincts. Les antennes sont
courtes, de la même grosseur, composées de cinq arti-
cles et souvent insérées dans une échancrure. Chaque
côté de la tête offre un ou deux petits yeux lisses. Les
pieds sont courts et terminés par un ongle très fort ou
par deux crochets, dirigés l'un vers l'autre. Ces animaux
s'accrochent ainsi facilement , soit aux poils des qua-
drupèdes, soit aux plumes des oiseaux, dont ils sucent
le sang, et sur le corps desquels ils passent leur vie et se
multiplient. Ils attachent leurs œufs à ces appendices
cutanés. Leurs générations sont nombreuses et se succè-
dent très rapidement. Quelques causes particulières, et
qui nous sont incounues, les favorisent d'une manière
extraordinaire, et c'est ce qui a lieu, par rapport au
pou de l'homme , dans la maladie pédicuîaire ou phti-
riase , et même dans notre enfance. Ces insectes vivent
constamment sur les mêmes quadrupèdes et sur les mê-
mes oiseaux , ou du moins sur des animaux de ces classes
INSECTES PARASITES. 3^5
qui ont des caractères et des habitudes analogues. Un
oiseau en nourrit souvent de deux sortes. Leur démar-
che est, en général , assez lente.
Les uns ( Pediculea, Leach ), tels que
Les Poux proprement dits (Pediculus. Deg. ),
Ont pour bouche un mamelon très petit, tubulaire , situé
à l'extrémité antérieure de la tète, en forme de museau, et
renfermant, dans l'inaction , un suçoir. Leurs tarses sont
composés d'un article dont la grosseur égale presque celle de
la jambe , terminé par un ongle très fort, se repliant sur une
saillie, en forme de dent de la jambe, et faisant avec cette
pointe l'office de pince. Ceux que j'ai observé ne m'ont offert
que deuxyeux lisses, un de chaque côté.
L'homme en nourrit de trois sortes ; leurs œufs sont connus
sous le nom de lentes.
Dans les deux espèces suivantes, le thorax est bien di-
stinct de l'abdomen , de sa largeur et de longueur moyenne.
Elles forment le genre pediculus, proprement dit, du docteur
Leach (i).
Le Pou humain du corps { P. humanus corporis, De G. ,
Insect., VII, i, 7). D'un blanc sale, sans taches, avec les
découpures de l'abdomen moins saillantes que dans la sui-
vante.Elle vient uniquement sur le corps de l'homme, et
pullule d'une manière effrayante dans la maladie pédicu-
laire.
Le Pou humain de la télé. ( P. humanus capitis. De G.,
Insect., VU, i,G.) Cendré , avec les espaces où sont situés
les stigmates bruns ou noirâtres* lobes ou découpures de
l'abdomen arrondis. — Sur la tète de l'homme, et particu-
lièrement des enfants.
Les mâles de cette espèce et de la précédente ont, à
l'extrémité postérieure de leur abdomen , nue petite pièce
écailleuse et conique, en forme d'aiguillon, probablement
l'organe sexuel.
Les Hottentots, les Nègres, différents singes, mangent les
(r) Zoolog. misceilan., III.
3^6 INSECTES PARASITES.
poux, ou sont phtirophages . Oviédo prétend avoir observé que
cette vermine abandonne, à la hauteur des Tropiques, les
nautoniers espagnols qui vont aux ïndes, et qu'elle les re-
prend au même point , lorsqu'ils reviennent en Europe. On
dit encore que dans l'Inde, quelque sale que l'on soit , l'on
n'en a jamais qu'à la tête.
il fut un temps où. la médecine employait le pou de
l'homme pour les suppressions d'urine , en l'introduisant
dans le canal de l'urètre.
Le docteur Leach forme un genre propre, phthirus , avec
le Pou du pubis ( P. pubis , Lin. ), Red. , Exp. , xix, i ;
qui a le corps arrondi et large, le thorax très court , se
confondant presque avec l'abdomen , et les quatre pieds
postérieurs très forts. On le désigne vulgairement sous le
nom de Morpion. Il s'attache aux poils des parties sexuelles
et des sourcils. Sa piqûre est très^orte.
Consultez , pour ces espèces vivant sur l'homme, le beau
traité des maladies de la peau du docteur Alibert, médecin
du roi.
Redi a figuré, mais grossièrement, plusieurs autres espè-
ces, qui se trouvent sur divers quadrupèdes. Celle qui vit
sur le porc a le thorax très étroit, avec l'abdomen fort large.
Elle est le type du genre Hœmatopinus de M. Leach (i), le
pou du bu/le , figuré par DeGéer ( Insect., VII, i, 12), présente
des caractères plus importants.
Les autres {Nirmidea, Leach), tels que
Les Ricins (Ricinus. De G. } — Nirmus, Herm. Leach. ),
Ont la bouche inférieure , et composée à l'extérieur de
deux lèvres et de deux mandibules en crochet. Leurs tarses
sont très distincts, articulés et terminés par deux crochets
égaux.
A l'exception d'une seule espèce, celle du chien , toutes
les autres se trouvent exclusivement sur les oiseaux. Leur
(1) Zoolog. miscellan, , cxlvi ; P. suis, Panz. , Faun. insect. Germ. ,
LI , xvi.
Le Pou du cerf, Panz , ibid. , xv, appartient au genre Mélophage , de
l'ordre des Diptères.
INSECTES PARASITES. 5/4J
tête est [ordinairement grande, tantôt triangulaire , tantôt
en demi-cercle ou en croissant, et a souvent des saillies
angulaires. Elle diffère quelquefois dans les deux sexes , de
même que les antennes. J'ai aperçu, dans plusieurs, deux
yeux lisses rapprochés de chaque côté de la tête. Suivant
des observations que m'a communiquées M. Savigny, ces
insectes ont des mâchoires avec un palpe très petit sur cha-
cune d'elles , et cachées par la lèvre inférieure, qui a aussi
deux organes de la même sorte. Ils ont encore une espèce de
langue. »
M. Lecierc de Laval m'a dit avoir vu , dans leur estomac ,
des parcelles de plumes d'oiseaux, et croit que c'est leur
seule nourriture. De Géer assure cependant avoir trouvé
l'estomac du ricin du pinçon rempli de sang, dont il venait
de se gorger. L'on sait aussi que ces insectes ne peuvent vi-
vre long-temps sur les oiseaux morts. On les voit alors se
promeneravec inquiétude surleursplumes, particulièrement
sur celles de la tête et des environs du bec.
Ilédi en a aussi représenté un grand nombre d'espèces.
Les unes ont la bouche située près de l'extrémité anté-
rieure de la tête. Les antennes sont insérées à côté, loin des
yeux , et très petites (i).
Dans les autres, la bouche est presque centrale; les an-
tenues sont placées très près des yeux, et leur longueur
égale presque la moitié de celle de la tête (2).
Un célèbre naturaliste allemand, le docteur Nitzsch , pro-
fesseur à Halle, a fait une étude très approfondie de l'organi-
sation tant intérieure qu'extérieure de ces animaux, ainsi
que l'atteste son Mémoire sur les insectes épizoïques , inséré
dans le Magazin entomologique de M. Germar. Le genre
— — — — — — — — — . ., , , . t
(i) Pediculus sternes Jiirundinis , Lin. * De G. , Insect. , VIT , iv , 12;
— Pediculus corvi coracis , Lin. ; De G. , ibid. , n; — Ricin us frin-
gillce , De G., ibid., 5,6, 7; — Pediculus tinnunculi , Panz., ibid., xvn.
(2) Ricinus gallinœ , De G. , ibid. , 1 5 : sur la poule , les perdrix et les
faisans; — R. emberizœ , De G. , ibid. ,9; — R. mergi, De G. , ibid. , ,
i3 , 1 4 7 — • R' eanù , De G. , ibid. , 16 ; — Pediculus pawonis , Panz. ,
ibid., xix ; Latr. , Hist. nat. des Fourni. , 389, xn, 5. Voyez encore
Panzer, ibid. , pi. xx-xxiv. Son Pediculus ardeœ , xvm , paraît être le
même que le Ricin du plongeon de De G, , iv, 1 3.
54S INSECTES PAhASITES.
pediculus proprement dit , ou celui dont les espèces sont
munies d'un suçoir, est rangé , par lui , avec les hémiptères
épizoïques. Les ricins de De Géer et d'autres , ou les nirmos
d'Ile rmann fils , c'est-à-dire les espèces pourvues de mandi-
bules, de mâchoires, sont rapportés à l'ordre des orthop-
tères , et désignés collectivement par la dénomination de
mallophagcs. Devis, genres de cette division se rapprochent des
précédents , en ce que ces-animaux vivent aussi sur des mam-
mifères, tels sont ceux de Trichodecte ( Tnchodectes) et de
Gyrope [Gyropus). Dans le premier, les palpes maxillaires
.sont nuls ou indistincts, et les antennes sont filiformes et
de trois articles. Les espèces se trouvent sur le chien , le blai-
reau, la belette, la fouine, etc. Dans le second, les palpes
maxillaires sont apparents, les antennes sont plus grosses
vers le bout et de quatre articles. Ses mandibules n'ont
point de dents, les palpes labiaux sont nuls et les quatre
tarses postérieurs n'ont qu'un seul crochet au bout. Ces der-
niers caractères le distinguent d'un autre genre ayant aussi
des palpes maxillaires visibles , des antennes de quatre arti-
cles et plus grosses vers le bout, et la bouche antérieure,
celui de Liothee {Liotheum). Ici les mandibules sont biden-
tées; les palpes labiaux sont distincts, et tous les tarses
sont terminés par deux crochets. Les espèces se trouvent
sur divers oiseaux, au lieu que les gyropes vivent sur
les quadrupèdes nommés vulgairement Cochons d'inde.
Un quatrième et dernier genre, dont les espèces sont
exclusivement propres aux oiseaux, est celui de Philop-
tere ( Philopterus). Les antennes ont cinq articles , dont
le troisième offre souvent, dans les mâles ,. un rameau,
formant avec le premier une pinee ; ces organes sont
filiformes. Les palpes maxillaires sont invisibles. Les
tarses ont deux crochets à leur extrémité, mais non diver-
gents , comme le sont ceux des liothées. ïci, d'ailleurs, les
mâles ont six testicules , trois de chaque côté , et leurs quatre
vaisseaux biliaires sont épaissis vers le milieu de leur lon-
gueur. Ceux des trichodectes et des philoptères n'offrent
point ce renflement, et leurs testicules ne sont qu'au nom-
bre de quatre, deux de chaque côté. Dans ces deux genres,
encore, il y a dix ovaires, cinq de chaque côté} dans les
INSECTES SUCEURS. 549
liothées femelles, où ce savant a pu les observer, il n'en a
vu que six, trois de chaque côté. 11 n'a point de connais-
sance positive sur le nombre de ceux des gvropes femelles
et de celui des testicules de l'autre sexe. Dans tous ces genres,
le thorax est biparti, c'est-à-dire que le prothorax et le méso-
thorax composent le tronc apparent, et que sa troisième di-
vision ou le métathorax se réunil et se confond avec l'abdo-
men. M. Kirby avait le premier, à ce que je crois, désigné ainsi
ce segment ; mais M. Nitzsch me paraît avoir aussi employé,
le premier les deux autres dénominations (voyez les généra-
lités de la classe des insectes). Les limites de cet ouvrage nous
interdisent l'exposition des sous-genres qu'il a établis. Nous
remarquerons seulement que celui qu'il nomme Goniodes, le
quatrième du genr*e philoptère, est uniquement propre aux
gallinacés. Bans le recueil de mémoires qui termine notre
histoire des fourmis, nous avons décrit avec détail une es-
pèce de ricin ( Philoptère ).
M. Léon Dufour a formé avec le pou de la mélitte de
M. Kirby, déjà très bien observé par De Géer , qui le prend
pour la larve du méloë proscarabée , ainsi que par ce cé-
lèbre entomologiste anglais, un nouveau genre ( Trion-
gulin dest andrenettes) , dont il a publié et représenté \q?>
caractères dans le tome treizième (g, ïi. ) des Annales des
sciences naturelles. Si cet insecte n'était point la larve de ce
méloë, ainsi que le pense M. Kirby, nul doute qu'il ne
formât, dans l'ordre des parasites, un sous-genre propre;
mais, d'après les recherches de MM. Lepeletier et Servi le ,
le sentiment de De Géer est confirmé.
s
LE QUATRIÈME ORDRE DES INSECTES,
Les SUCEURS(SucTORiA.De G.; — SiphonapteraJLsiiY.').
Qui composent; le dernier clés insectes aptères ,
ont pour bouche un suçoir de trois (1) pièces, ren-
fermées entre deux lames articulées, forrrjant, réu-
(i) Rœsei n'en représente que deux; mais MM. Kirby et Straus en
35o INSECTES SUCEURS.
nies, une trompe ou un bec, soit cylindrique, soit
conique, et dont la base est recouverte par deux
écailles . Ces caractères distinguent exclusivement cet
ordre de tous les autres , et même de celui des hé-
miptères, dont il se rapproche le plus sous ces rap-
ports , et dans lequel Fabricius a placé ces insectes.
Les suceurs subissent en outre de véritables méta-
morphoses, analogues à celles de plusieurs insectes
à deux ailes ^ comme les tipulaires.
Cet ordre n'est composé que d'un seul genre,
celui
Des Puces. (Pulex. L. )
Leur corps est ovale, comprimé, revêtu d'une peau
assez ferme , et divisé en douze segments , dont trois
composent le tronc, qui est court, et les autres l'abdo-
men. La tête est petite, très comprimée, arrondie en
dessus, tronquée et ciliée en devant; elle a, de chaque
côté, un œil petit et arrondi, derrière lequel est une
fossette où l'on découvre un petit corps mobile, garni
de petites épines. Au bord antérieur,, près de l'origine
du bec , sont insérées les pièces que l'on prend pour les
antennes, qui sont à peine de la longueur de la tête et
composées de quatre articles presque cylindriques. La
gaine ou bec est divisée en trois articles. L'abdomen est
fort grand , et chacun de ses anneaux est divisé en deux
ou formé de deux lames, l'une supérieure et l'autre in-
férieure. Les pieds sont forts, particulièrement les der-
niers, propres pour le saut, épineux, avec les hanches
et les cuisses grandes, et les tarses composés de cinq ar-
ont observe une de plus. Suivant celui-ci, les deux écailles, recouvrant
la base du bec, sont des palpes.
INSECTES SUCEURS. 35 1
ticles , dont le dernier se termine par deux crochets
alongés ; les deux pieds antérieurs sont presque insérés
sous la tête , et le bec se trouve dans leur entre-deux.
Le mâle est placé, dans l'accouplement, sous sa fe-
melle , de manière que leurs têtes sont eu regard. La fe-
melle pond une douzaine d'œufs , blancs et un peu vis-
queux ; il en sort de petites larves sans pieds , très alon-
gées , semblables à de petits vers, très vives, se roulant
en cercle ou en spirale, serpentant dans leur marche;
d'abord blanches et ensuite rongeàtres. Leur corps est
composé d'une tête écailleuse, sans yeux, portant deux
très petites antennes , et de treize segments , ayant de
petites touffes de poils , avec deux espèces de crochets
au bout du dernier. Leur bouche offre quelques pe-
tites pièces mobiles, dont ces larves font usage pour se
pousser en avant. Après avoir demeuré une douzaine de
jours sous cette forme, les larves se renferment dans
une petite coque soyeuse, où elles deviennent nymphes ,
et dont elles sortent en état parfait au bout d'un espace
de temps de la même durée.
Chacun connaît la Puce commune ( Pulex irritans, L.),
Rœs., Ins., II, n , tv , qui se nourrit du sang de l'homme ,
du chien, du chat; sa larve habite parmi les ordures, sous
les ongles des hommes malpropres , dans les nids des
oiseaux, surtout des pigeons, s'attachant au cou de leurs
petits, et les suçant au point de devenir toute rouge.
La Puce pénétrante (PuLpenetrans, L.), Catesb., Carol.,
îïï, x, 3(i), forme probablement un genre particulier. Son
bec est de la longueur du corps. Elle est connue en Amé-
rique sous le nom de Chique. Elle s'introduit sous les
ongles des pieds et sous la peau du talon , et y acquiert
bientôt le volume d'un petit poids par le prompt accrois-
(i) M. Duniéril a donné une excellente figure de cet animal , dans
son ouvrage intitule : Considérations générales sur la classe des insectes;
et dans le Dictionnaire des sciences naturelles.
552 INSECTES COLÉOPTÈUES.
sèment des œufs qu'elle porte dans un sac membraneux
sous le ventre.
La famille nombreuse à laquelle elle donne naissance
occasione, par son séjour dans la plaie, un ulcère malin
difficile à détruire, et quelquefois mortel. On est peu ex-
posé à cette incommodité fâcheuse si on a soin de se laver
souvent, et surtout si l'on se frotte les pieds avec des
feuilles de tabac broyées, avec le roucou et d'autres plantes
acres et a m ères. Les Nègres savent extraire avec adresse
l'animal de la partie du corps où il s'est établi.
Divers quadrupèdes et oiseaux nourrissent des puces qui
paraissent différer spécifiquement des deux précédentes.
LE CINQUIÈME ORDRE DES INSECTES,
LesCOLÉOPTÈRES(Coleopterà;~~ Eleutherata.Fàb.),
Ont quatre ailes, dont les deux supérieures crusta-
cées, en forme d'écaillés, horizontales, et se joignant
au bord interne par une ligne droite; des mandibules
et des mâchoires; et les ailes inférieures pliées seu-
lement en travers , et recouvertes par les deux autres,
qui leur forment des sortes d'étuis , et que l'on dé-
signe sous ce nom ou par celui d'élytre (t).
Ils sont, de tous les insectes, les plus nombreux
et les mieux connus. Les formes singulières , les
couleurs brillantes ou agréables que présentent plu-
sieurs de leurs espèces, le volume de leur corps ,
la consistance plus solide de leurs téguments, qui
rend leur conservation plus facile , les avantages
(i) Voyez, pour les caractères anatomiques des insectes de cet ordre ,
les Annales des sciences naturelles , tome VIII , pag. 36, où M. Dufonr
en présente un résume'.
INSECTES COLÉOPTÈRES. 355
nombreux que l'étude retire de la variété de formes
de leurs organes extérieurs, etc. , leur ont mérité
l'attention particulière des naturalistes.
Leur tête offre deux antennes de formes variées ,
et dont le nombre des articles est presque toujours
de onze ; deux yeux à facettes, point d'y eux lisses ( i);
et une bouche composée d'un labre, de deux man-
dibules, le plus souvent de consistance écailleuse ,
de deux mâchoires, portant chacune un ou deux
palpes^ et d'une lèvre formée de deux pièces, le
menton et la languette, et accompagnée de deux
palpes , ordinairement insérés sur cette dernière
pièce. Ceux des mâchoires, ou leurs extérieurs,
lorsqu'elles en portent deux, n'ont jamais au-delà
de quatre articles ; ceux de la lèvre n'en ont
ordinairement que trois.
Le segment antérieur du tronc, ou celui qui est
au-devant des ailes , et qu'on nomme habituellement
le corselet y porte la première paire de pieds, et
surpasse de beaucoup, en étendue, les deux autres
segments (2). Ceux-ci s'unissent étroitement avec
la base de l'abdomen , et leur partie inférieure, ou
la poitrine, sert d'attache aux deux autres paires de
(i) On a aperçu dans quelques brachélytres Jeux petits points jau-
nâtres, que l'on a pris pour des yeux lisses, mais, à ce que je pense,
sans examen approfondi, d'autant plus que les forficules, genre d'or-
thoptères le plus voisin des coléoptères, n'en offrent point.
(2) La membrane intérieure offre, de chaque côte, par derrière, un
stigmate, caractère qu'on n'avait pas encore, à ce que je crois, remar-
qué, mais dont l'exislence était présuuiabîe.
TOME IV. <s5
554 INSECTES GOLÉOPTÈUES.
pieds (1). Le second, sur lequel est placé l'écusson,
se rétrécit en devant, et forme un court pédicule
qui s'emboîte dans la cavité intérieure du premier,
et lui sert de pivot dans ses mouvements.
Les élytres et les ailes prennent naissance sur les
bords latéraux et supérieurs de l'arrière-tronc. Les
élytres sont crustacées , et, dans le repos, s'appli-
quent l'une contre l'autre, par nue ligne droite , le
long" de leur bord interne , ou à la suture, et tou-
jours dans une position horizontale. Presque toujours
elles cachent les ailes, qui sont larges et pliées trans-
versalement. Plusieurs espèces sont aptères, mais
les élytres existent toujours. L'abdomen est sessile
ou uni au tronc par sa plus grande largeur. Il est
composé, à l'extérieur, de six à sept anneaux,
membraneux en dessus, ou d'une consistance moins
solide qu'en dessous. Le nombre des articles des
tarses varie depuis trois (2) jusqu'à cinq.
Le3 coléoptères subissent une métamorphose com-
plète. La larve ressemble à un ver, ayant une tête
écailleuse , une bouche analogue , par le nombre
et les fonctions de ses parties , à celle de l'insecte
parfait, et ordinairement six pieds. Quelques es-
pèces, en petit nombre, en sont dépourvues, ou
n'ont que de simples mamelons.
(ï) Le mésotliorax est toujours court et e'troit, et le métathorax, sou-
vent spacieux, est sillonné longitudinaleznent dans son milieu.
(2) A en juger par analogie , les coléoptères dits monomères ont proba-
blement trois articles aux tarses, mais dont les deux premiers échappent
à la vue : cette section et celle de3 dimères ont été supprimées.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 555
La nymphe est inactive, et ne prend pas de
nourriture. L'habitation, la manière de vivre et les
autres habitudes de ces insectes, soit dans leur pre-
mier âge, soit dans le dernier , varient beaucoup.
Je divise cet ordre en quatre sections, d'après le
nombre des articles des tarses.
La première comprend les Pentamères , ou ceux
dont tous les tarses ont cinq articles, et se compose
de six familles, dont les deux premières distinguées
des autres par l'existence d'un appareil excrémentiel
double (1).
La première famille des Coléoptères Penta-
aières,
Les CARNASSIERS Cuv. (CARNIVORA. — Adêphages.
Clairv. ) (2).
A deux palpes à chaque mâchoire , ou six en tout.
Les antennes sont presque toujours en forme de fil
ou de soie, et simples.
Les mâchoires se terminent par une pièce écail-
îeuse , en griffe, ou crochue, -et le côté intérieur est
garni de cils ou de pelites épines. La languette est
enchâssée dans une échancrure du menton. Les deux
pieds antérieurs sont insérés sur les côtés d'un ster-
(1) D'après M. Dufour, îes boucliers ou Sifoha, genre de la quatrième
famille , en offrent aussi un , mais unique , ou sur un seul côte'.
(2) Cette famille, Tune des plus considérables des coléoptères , déjà
illustrée, quant à la méthode, par îes travaux de MM. Weber, Clairviileet
Bonelli, sortira enfin du calios, sous le rapport des espèces , si M. le comte
Dejean continue leSpeciesdes coléoptères de sa collection, dont il a publie
deux volumes , ouvrage remarquable par l'exactitude des descriptions.
2 3*
356 INSECTES COLÉOPTÈRES.
num comprimé et portés sur une grande rotule ; les
deux postérieurs ont un fort trochanter à leur nais-
sance; leur premier article est grand, paraît se
confondre avec l'arrière-poitrine , et a la forme d'un
triangle curviligne , avec le côté extérieur excavé.
Ces insectes font la chasse aux autres, et les dé-
vorent. Plusieurs n'ont point d'ailes sous leurs ély-
tres. Les tarses antérieurs de la plupart des mâles
sont dilatés ou élargis.
Les larves sont aussi très carnassières. Elles ont ,
en général, le corps cylindrique , alongé, et com-
posé de douze anneaux ; la tête , qui n'est pas com-
prise dans ce nombre , est grande , écailleuse , ar-
mée de deux fortes mandibules recourbées à leur
pointe, et offre deux antennes courtes et coniques,
deux mâchoires divisées en deux branches , dont
l'une est formée par un palpe , une languette
portant deux palpes plus courts que les précédents,
et six petits yeux lisses de chaque côté. Le pre-
mier anneau est recouvert d'une plaque écailleuse ;
les autres sont mous ou peu fermes. Les trois pre-
miers portent chacun une paire de pieds , dont l'ex-
trémité se courbe en avant.
Ces larves diffèrent selon les genres. Celles des ci-
cindèles et de l'ariste bucéphale ont le dessus de la
tête très enfoncé dans son milieu , en forme de cor-
beille, tandis que sa partie inférieure est bombée.
Elles ont, de chaque côté, deux petits yeux lisses
beaucoup plus gros , et semblables à ceux des ly-
FAMILLE DES CARNASSIERS. 35j
coses ou des araignées-loups. La plaque supérieure
du premier segment est grande } et en bouclier de-
mi-circulaire. Le huitième anneau a sur le dos
deux mamelons à crochets ; le dernier n'a point
d'appendices remarquables.
Dans les autres larves de cette famille qui nous
sont connues , à l'exception de celle des omophrons,
la tête est moins forte et plus égale. Les jeux lisses
sont très petits et semblables. La pièce écailleuse
du premier anneau est carrée, et ne déborde point
le corps. Le huitième n'a point de mamelons^ et
le dernier est terminé par deux appendices co-
niques , outre un tube membraneux formé par le
prolongement de la partie du corps où est l'anus.
Ces appendices sont cornés et dentés dans, les larves
des calosomes et des carabes. Ils sont charnus, ar-
ticulés et plus longs dans celles des harpales et des
licines. Le corps des avant- dernières est un peu plus
court, avec la tête un peu plus grosse. La forme des
mandibules des unes et des autres se rapproche de
celle qu'elles ont dans l'insecte parfait. La larve de
l'omophron bordé, d'après les observations de M. Des-
marest , a une forme conique ? une tête grande ,
avec deux très fortes mandibules, et n'offre que
deux yeux ; l'extrémité postérieure du corps , qui
se rétrécit peu à peu, se termine par un appendice
de quatre articles. Je n'en ai compté que deux à
ceux des larves des licines et des harpales.
Cette famille a toujours un premier estomac
558 11NSECTES COLÉOPTÈRES.
court et charnu ; un second alongé, comme velu
à l'extérieur à cause des nombreux petits vaisseaux
dont il est garni, un intestin court et grêle. Les
vaisseaux hépatiques, au nombre de quatre, s'in-
sèrent près du pylore.
Il y en a de terrestres et d'aquatiques.
Les terrestres ont des pieds uniquement propres
à la course, et dont les quatre postérieurs sont in-
sérés à égales distances, les mandibules entièrement
découvertes, la pièce terminant les mâchoires, droite
inférieurement, et seulement courbée à son extré-
mité, et, le plus souvent, le corps oblong, avec
les jeux saillants. Toutes leurs trachées sont tabu-
laires ou élastiques. Leur intestin se termine par
un cloaque. élargi, muni de deux petits sacs qui sé-
parent une humeur acre (i).
(i) M. Léon Du four a présenté , dans les Annales des sciences natu-
relles (VIII, p. 36), le résumé suivant des caractères anatomiques des
insectes de cette division : .
a Les Carabiques sont chasseurs et carnassiers. La longueur de leur
tube digestif ne. surpasse pas plus de deux fois celle de leur corps. L'œso-
phage est court; il est suivi d'un jrVz&oZ musculo-membraneux bien déve-
loppé, très dilatable; puis vient un gésier ovale ou arrondi , à parois cel-
luleuses et élastiques, armé intérieurement de pièces cornées mobiles ,
propres à la trituration, et muni d'une valvule k ses deux orifices. Le
ventricule ckyljfique ^ qui lui succède , est d'une texture molle et expan-
sible, constamment hérissé de papilles plus ou moins prononcées, et
rétréci en arrière. L' intestin grêle est assez court. Le coeewn a la forme du
jabot. Le rectum est court dans les deux sexes. Les vaisseaux hépatiques
ne sont qu'au nombre de deux, en arc diversement reployé, et s'im-
plantent, par quatre insertions isolées, autour de la terminaison du ven-
tricule chylifîque. Les testicules sont formés chacun parles circonvolu-
tions agglomérées d'un seul vaisseau spermatique , tantôt presqu'à nu ,
tantôt revêtues d'une couche adipeuse, d'une sorte de tunique vaginale,
FAMILLE DES CARNASSIERS. ODQ
Ils se divisent en deux tribus.
La première, celle des Cicindélètes ( Cicinde-
letœ, La t. ), comprend le genre
Des Cicindèles. (Cicindela. L. )
Qui a, au bout des mâchoires, un onglet qui s'arti-
cule , par sa base , avec elles.
Leur tête est forte ,^ avec de gros yeux, des mandi-
bules très avancées et très dentées, et la languette fort
courte, cachée derrière le menton. Leurs palpes labiaux
sont composés distinctement de quatre articles; ils sont
généralement velus, ainsi que les maxillaires. La plupart
des espèces sont exotiques.
Les unes ont une dent au milieu de l'échancrure du men
ton • les palpes labiaux écartés à leur naissance, avec le pi'e-"
mier article presque cylindrique, sans prolongement angu-
laire à son extrémité* et les palpes maxillaires extérieurs
manifestement avancés au-delà du labre.
Ici les tarses sont semblables et à articles cylindriques dans
les deux sexes; l'abdomen est large , presque en forme de
cœur, et entièrement embrassé par des élytres soudées, et
dont, le bord extérieur forme une carène.
Les canaux déférents son« souvent repliés en épididynie. Les vésicules
séminales, au nombre de deux seulement, sont filiformes. Le conduit
éjaculateur est court, la verge grère et alôngee, V armure copulalrice
plus ou moins compliquée. Les ovaires n'ont que sept à douze gaines
ovigères àchacun, multiloculaires, re'unies en un faisceau conoïde. L'ow-
ducte est court, ha glande sébacée, compose'e d'un vaisseau sécréteur,
tantôt filiforme, tantôt renflé à son extrémité, et d'un réservoir. La vulve
s'acccompagnc de deux crochets rélraetiles. Les œufs sont ovales-oblongs.
L'existence d'un appareil de sécrétion exe ré/ne ntilie lie est un des traits
analomiques les plus saillants de tous les Carabiques. Il consiste en une
ou plusieurs grappes (*uùïcules secrétaires dont la forme varie selon les
genres , en un long canal efférent, en une vessie ou réservoir contractile ,
en un conduit excréteur dont le mode d'excrétion varie, et en un liquide
excrété qui a des qualités ammoniacales. \1 organe respiratoire a des stig-
mates ou boutons bivalves, et des trachées toutes tubulair'es. Le système
nerveux ne diffère pas de celui des Coléoptères en général ».
5Go INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Manticores. (Manticora. Fab.)
Les deux seules espèces (i) connues habitent exclusive-
ment la Cafreriej ce sont les plus grandes du genre. L'une
d'elles (Manticorapailida,Yah.) est rapportée, avec doute,
par M. Williams Mac-Leay, à un nouveau genre, qu'il
nomme Platychile ( Platychile) , et qui ne nous paraît
guère différer des manticores qu'en ce que les élytres ne
sont point soudées (2).
Là les trois premiers articles des deux tarses antérieurs
sont sensiblement plus dilatés ou plus larges dans les mâles
que dans les femelles.
Tantôt le corps est simplement ovale ou oblong, avec le
corselet presque carré, sub-isométrique, ou plus large que
long, et point globuleux, ni en forme de nœud. Le troi-
sième article des tarses antérieurs des mâles ne s'avance
point intérieurement, et le suivant est inséré à son ex-
trémité. 1
Parmi celles-ci, les espèces dont les palpes labiaux sont
sensiblement plus longs que les maxillaires externes , avec le
pénultième article plus long que le dernier, forment deux
sous-genres.
Les Megacephales. (Megacephala. Lat. )
Qui ont le labre très court, transversal, et le premier ar-
ticle des palpes labiaux beaucoup plus long que le suivant,
et saillant au-delà du menton (3).
Les Oxycheiles. (Oxycheila. Dej. )
Dont le labre est en forme de triangle alongé , et dont le
premier article des palpes labiaux n'est pas beaucoup plus
(1) Manticora maxillosa, Fab. ; Oliv. , col. III, 37, 1, 2; Hist. nat.
des cole'opt. d'Eur. , I , 1 , ij — Manticora pallida , Fab.
(2) Annulosa javanica , I, pag. 9.
(3) Cicindcla megalocephala , Fab. ; Oliv. , II , 33, 1 1, 12 ; C. caro-
lina f Oliv. , ibid. , xi , 22 5 — Magacephala euphralica , Hist. natur.
des cole'opt. d'Eur. , I, 1 , 2. Voyez, pour les autres espèces , le Species
général des cole'opt. de M. le comte Dejean, tom. I, paç. 6 et suiv.
FAMILLE DES CAKN ASStERS. 36 1
long que le suivant, et ne dépasse point i'éckancrure du
menton (i).
Dans les espèces suivantes , les palpes labiaux sont tout au
plus de la longueur des maxillaires externes, avec le dernier
article plus long que le précédent. Elles composent aussi
deux sous-genres.
Les Eufrosopes. ( Euprosoptjs. Lat., Dej.)
Où le troisième article des palpes labiaux est plus épais
que le dernier, et dont les trois premiers articles des tarses
antérieurs des mâles sont peu alongés, aplatis , carénés en
dessous, et également ciliés des deux côtés. Les yeux sont
très gros, ces insectes se tiennent sur les arbres (2).
Les CicindÈles propres. ( Cicindela. Lat. )
Ne s'éloignant guère des euprosopes qu'en ce que le troi-
sième article des palpes labiaux n'est pas notablement plus
épais que le suivant j et par leurs tarses antérieurs, dont les
trois premiers articles sont, dans les mâles, fort alongés,
plus fortement ciliés au côté interne qu'à l'opposé, et sans
carène en dessous.
Leur corps est ordinairement d'un vert plus ou moins
foncé, mélangé de couleurs métalliques et brillantes, avec
des taches blanches sur les étuis. Elles fréquentent les lieux
secs, exposés au soleil, courent très vite, s'envolent dès
qu'on les approche, et prennent terre à peu de distance. Si
on continue de les inquiéter, elles ont recours aux mêmes
moyens.
Les larves de deux espèces indigènes , les seules qu'on ait
observées , se creusent dans la terre un trou cylindrique
assez profond, en employant leurs mandibules et leurs pieds.
Pour le déblayer, elles chargent le dessus de leur tête des
molécules de terre qu'elles ont détachées, se retournent ,
(1) Cicindela tristis , Fab. ; Oliv. , Colëopt. , II, 33, in, 35; Oxy-
cheila tristis , Dej. , Species gêner, des cole'opt. , I, pag. 16; - — Cicindela
bipustulata, Latr. 5 Voyag. de MM. Humb. et Eonpl.- Observ. d'anat. et
de zool. , n° i3, xvi, 1, 2.
(3) Cicindela (\-notata , Hist. uatur. des cole'opt. d'Eur. , I, 1,6;
lîuprosopus ^-notatus , Dej. , Spec. ge'ne'r. des cole'opt., I, pag. i5i.
562 _ INSECTES COLÉOPTÈRES.
grimpent peu à peu, se reposent par intervalles, en se
cramponnant aux parois intérieures de leur habitation, à
l'aide des deux mamelons de leur dos, et arrivées à l'orifice
du trou , rejettent leur fardeau. Dans le moment qu'elles
sont en embuscade, la plaque de leur tête ferme exactement
et au niveau du sol l'entrée de leur cellule. Elles saisissent
leur proie avec leurs mandibules , s'élancent même sur elle ,
et la précipitent au fond du trou, en inclinant brusquement
et par un mouvement de bascule, leur tête. Elles y descen-
dent aussi très promptement , au moindre danger. Si elles
se trouvent trop à l'étroit ou que la nature du terrain ne
leur soit point favorable, elles se font un nouveau domi-
cile. Leur voracité s'étend jusqu'aux autres larves de leur
propre espèce qui se sont établies dans les mêmes lieux.
Elles bouchent l'ouverture de leur demeure, lorsqu'elles
doivent changer de peau ou se métamorphoser en nymphe.
Une partie de ces observations m'a été communiquée par feu
M. Miger , qui a étudié avec beaucoup de soin un grand
nombre de larves de coléoptères, et en a découvert plusieurs
qui avaient échappé aux recherches des naturalistes. .
La C. champêtre ( C. campestris , Lin. ) , Panz. , Faun. ,
Insect., Germ., LXXXV , m. Longue d'environ six lignes ,
d'un vert-pré en dessus, avec le labre blanc, faiblement
unidenté au milieu. Cinq points blancs sur chaque élytre.
Très commune en Europe, au printemps.
La C. hybride ( C. hyhrida. Lin. ) , Panz., ibid., iv , qui
a sur chaque élytre deux taches en croissant et une bande
blanche; une de ces taches située à la base extérieure et
l'autre au bout ; suture cuivreuse. — Dans les sablonnières,
ne se mêlant point avec la précédente (i).
Une autre espèce de notre pays, la Cicindèle germani-
que {Ciciiidela germanica , Lin. ), et quelques autres, ont
une forme plus étroite et plus alongée, et semblent for-
(i) Aj. Ciclndela sylualicay Lin.- Clairv. , Entom. helv. , II, xxiv, A;
— C. sinuata , Fab. : Clairv. , ibid. , B %h ; — C. germanica , Lin. • Panz,
Faun. insect. Germ. , VI, v. Voyez aussi, pour ces espèces et les autres
d'Europe, l'IIist. natur. des coie'opt. d'Eur. par MM. Larreille et le goïMc
Dejean, iasc. I, pag. 37 et suiv ; et tant pour les racines que p'ouV un
grand nombre d'exotiques , le Species gêner, de ce dernier savant.
\
FAMILLE DES CARNASSIERS. 363
mer une coupe particulière. Elle ne s'envole pas , ainsi
* que les précédentes , dès qu'on veut la saisir , mais s'é-
chappe, en courant très vite. M. Gotth. Fischer, dans son
Entomog. de la Russie , en a placé une espèce du Brésil
dans le sous-genre thérate ( T. marginatus ).
Toutes ces espèces ont des ailes* mais on en connaît d'ap-
tères, dont l'abdomen est d'ailleurs plus étroit et ovalaire,
et dans lesquelles la dent de l'échaucrure du menton est
très petite, à peine sensible. Telle est celle que nous avons
représentée dans notre Hist. natur. des coléopt. d'Europe
(I, i, 5. ), sous le nom de Coarctata. M. le comte Dejean
(Spec. gén. des Col., Il, p. 434) a formé avec elles un nou-
veau genre, celui de Dromica.
Tantôt le corps est long et étroit, avec le corselet alongé,
en forme de nœud , rétréci en devant. Le troisième article
des deux tarses antérieurs des mâles est en forme de palette
et avancé intérieurement j le suivant est inséré extérieure-
ment près de sa base.
Les Cténostomes. (Ctenostoma. Kliïg. — Caris , Fisch.)
Ce sous-genre paraît être jusqu'ici particulier aux con-
trées intra-tropicales de l'Amérique méridionale. La tête est
grosse, avec les antennes presque aussi longues que le corps
et presque sétacées ; les palpes extérieurs très saillants et
terminés par un article plus gros , en forme de poire alon-
pée; le pénultième article des maxillaires externes plus court
Que le suivant ; les deux premiers des labiaux fort courts ,
et le lobe terminal des mâchoires sans onglet sensible au
bout. L'abdomen est ovalaire, étranglé à sa base et pédi-
cule. Les pattes sont longues et déliées.
Les cténostomes se rapprochent, sous le rapport de la gran-
deur des palpes, des mégacéphales et à d'autres égards des
tricondyles et des thérates (i).
( i) Voyez V Entomologice brasilianœ spécimen de M. Klug ; le Species
vénérai des coléopt. d'Eur. de M. le comte Dejean, tom. ï, pag. i52 et
suiv- , et le Suppl. du tom. II ; THist. natur. des coléopt. d'Eur. , Fasc. I?
pag. 35 ; l'Entomographiede la Russie , de M. Gotthelf Fischer, to m. I ;
Gêner, insect , pag. 98.
364 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les autres n'ont point de dent au milieu de l'échancrure
du menton. Les palpes labiaux sont contigus à leur nais-
sance, avec leur premier article obconique ou en forme de
pyramide renversée , et dilaté ou prolongé intérieurement , à
son extrémité, en manière d'angle ou de dent; les maxillai-
res extérieures ne dépassent guère le labre. Ces espèces ont été
réparties dans trois sous-genres.
Les The'rates. (Therates. Latr. — Eurychile , Bonelli.)
Semblables, pour la forme générale, aux cicindèles pro-
pres , mais qui s'en distinguent, ainsi que de tous les sous-
genres analogues, par leurs palpes maxillaires internes très
petits, et d'une forme aciculaire. Les tarses sont semblables
dans les deux sexes, avec Je pénultième article en forme
de cceur^ sans échancrure, et simplement creusé en-dessus
pour lJinsertion du dernier.
Ces insectes sont exclusivement propres aux ries les plus
orientales de l'Asie, comme Java, celles de la Sonde, et celles
qui sont au nord de la Nouvelle^IIollande (i).
Dans les deux sous-genres suivants , et tous propres aux
Indes orientales ou aux îles plus reculées vers l'est, le corps
est étroit et alongé, avec le corselet presque cylindrique ou
en forme de nœud. Le troisième ou le quatrième article des
tarses est prolongé intérieurement en manière de lobe.
Les Colliures. (Collîuris. Latr. — Collyris , Fab. )
Ils sont ailés. Les antennes sont plus grosses vers le bout.
Le dernier article des palpes labiaux est presque en forme de
hache, et le précédent souvent courbe. Le corselet est pres-
que cylindrique, rétréci et étranglé en devant, avec le bord
antérieur évasé. L'abdomen , qui est aussi presque cylindri-
que , s'élargit et s'agrandit postérieurement. Les tarses sont
semblables dans les deux sexes, avec le pénultième article
prolongé obliquement, au côté interne, aussi grand que le
(i) Voyez Latr. etDej., Hist. natur. des coléopt. d'Eur. , fasc.I,
pag. 63 \ le Spec. ge'ne'r. des coléopt. de M. le comte Dejean, tom. I ,
pag. 57 , et le Supplém. du tom. II, et surtout le Me'moire de M. Bonelli
sur ce genre.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 365
précédent, et celui-ci en forme de triangle renversé, avec
les angles aigus (i).
Les Triconuyles. (Tricondyla. Lat.)
Ici les ailes manquent, les antennes sont filiformes, et l'a-
vant-dernier article des palpes labiaux est le plus long et le
plus épais de tous. Le corselet est en forme de nœud , sub-
ovoïde, étranglé, tronqué et rebordé aux deux bouts. L'ab-
domen est ovalaire, oblong, rétréci vers sa base , et un peu
gibbeux postérieurement. Les trois premiers articles des
tarses antérieures sont dilatés dans les mâles; le troisième
est prolongé obliquement, au côté interne, en manière de
lobe; le suivant est presque semblable, mais beaucoup plus
petit et moins prolongé (2).
La seconde tribu , celle des Carabiques ( Cam-
bial , Lat.), comprend le genre
Carabe. ( Car abus. L. )
Qui a les mâchoires terminées simplement en pointe
ou en crochet, sans articulation à son extrémité.
Leur tête est ordinairement plus étroite que le cor-
selet, ou tout au plus de sa largeur; leurs mandibules,
à l'exception de celles d'un petit nombre, n'ont point,
ou que très peu de dentelures ; la languette est ordi-
nairement saillante , et les palpes labiaux n'offrent que
trois articles libres (3). Beaucoup sont privés d'ailes et
n'ont que des élytres. Ils répandent souvent une odeur
fétide , et lancent par l'anus une liqueur acre et caus-
ai) Voyez les mêmes ouvrages que ci-dessus. L'espèce que j'ai de'crite
et Apurée sous le nom de longicollis est distincte de celle que Fabricius
désigneainsi; c'est le Colliuris emarginata de M. Dejean, Spec. génér.,1,
pag. i65,
(2) Item.
(3) Dans les Cicindèles, l'article radical est dégage', et c'est pour cela
que les palpes ont quatre articles; mais ici il est entièrement adhérent,et
ne forme qu'un support , dont on ne tient pas compte.
366 INSECTES COLÉOPTÈRES.
tique. Geoffroy a présumé que les anciens les avaient dé-
signés sous le nom de Buprestes , insectes qu'ils regar-
daient comme un poison très dangereux, particulière -
ment pour Tes bœufs (i).
Les carabes se cachent dans la terre , sous les pierres,
les écorces des arbres, et sont, pour la plupart, très
agiles. Leurs larves ont les mêmes habitudes. Cette tribu
est très nombreuse, et d'une étude difficile.
Nous composerons une première division générale avec
ceux dont les palpes extérieurs ne sont point terminés en
manière d'alêne; leur dernier article n'est point réuni avec
le précédent pour former un corps soit ovalaireet très pointu
au bout, soit conoïde, avec une pointe grêle et aciculaire au
bout.
Ces carabes peuvent se subdiviser en ceux dont les deux
jambes antérieures ont au côté interne une forte échancrure
séparant les deux épines, qui, d'ordinaire, sont placées
l'une près de l'autre , à l'extrémité de ce côté; et en ceux où
les jambes n'ont point d'échancrure, ou ne présentent qu'un
canal oblique, linéaire, n'avançant point sur le côté anté-
rieur de ces jambes.
Nous partagerons cette subdivision en plusieurs sections.
i° Les Etuis-tronqués (Truncatipenncs) , ainsi nommés à
raison de leurs ély très presque toujours tronquées à leur extré-
mité postérieure. La tête et le corselet sont plus étroits que
l'abdomen. La languette est le plus souvent ovale ou carrée,
et rarement accompagnée , sur les côtés , de divisions ( para-
phasses ) saillantes.
Les unes ont les crochets des tarses simples ou sans den-
telures, disposées en manière de peigne.
Nous commencerons par ceux dont la tête n'est point ré-
trécie brusquement à son extrémité postérieure, et ne tient
point au corselet par une sorte de cou formé brusquement ,
ou par une espèce de rotule. Le corselet est toujours en forme
de cœur tronqué. Les palpes extérieurs ne sont jamais ter-
minés par .mi article beaucoup plus gros et en forme de ha-
1 ■ ■
(s) forez le genre Me'loe.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 56j
che. Les deux tarses antérieurs des mâles ne sont point ou
que très peu dilatés ; le pénultième article de ces tarses et
des autres, n'est jamais profondément bilobé.
Les trois sous-genres suivants ont un caractère négatif
commun , celui d'être privés d'ailes.
Les JVnthies. (-Anthia. Web.,:.Fab.)
Ont une languette cornée , ovale, et s'avançant entre les
palpes, jusque près de leur extrémité.
Le labre est souvent grand et denté ou anguleux.
Leurs palpes extérieurs sont filiformes, avec le dernier
article presque cylindrique ou en cône renversé et alongé.
L'échancrure du menton n'offre point de dent. L'abdomen
est ovalaire, le plus souvent convexe, et les élytres sont
presque entières ou peu tronquées.
Ces insectes, ainsi que ceux du sous-genre suivant, ont le
corps noir , tacbeté de blanc, couleur formée par un duvet ,
et habitent les déserts ou des lieux semblables de l'Afri-
que (i) et de quelques parties de l'Asie. Les anthies, d'après
une observation de feu Leschenault de Latour, jettent, par
l'anus, lorsqu'on les inquiète, une liqueur caustique. Les
espèces sont généralement grandes, et dans les mâles de
quelques-unes, le thorax se dilate plus ou moins en arrière
et se termine par deux lobes (2). r,
Les Graphipteres. ( Graphipterus. Lat. — Anthia , Fab. )
Qu'on avait confondu avec les précédents, mais qui en
diffèrent par leur languette entièrement membraneuse , à
l'exception du milieu ; par leurs -antennes comprimées et
dont le troisième article est beaucoup plus long que les au-
tres. Leur abdomen est d'ailleurs toujours aplati , orbicu-
(1) Quoiqu'on ait trouve dans la partie méridionale de l'Espagne et de
l'Italie plusieurs insectes du nord de l'Afrique , on n'y a pas encore dé-
couvert une seule espèce d'anthie ni de grapliiptère.
(2) Troyez le second fascicule de l'Histoire naturelle des cole'optère>
d'Europe; le premier volume du Species de M. le comte Dejeau ; l'excel-
lent ouvrage de M. Schœnherr sur la Synonymie des insectes, et la partie
zoologique du Voyage de M. Cailliaud , où j'ai décrit et figure' les in-
sectes recueillis par lui en Afrique.
368 INSECTES COLÉOPTÈRES.
laire, et Tune des deux épines terminant les jambes posté-
rieures est beaucoup plus grande que l'autre, et en forme de
lame.
Les espèces de ce sous-genre sont exclusivement propres
à l'Afrique, et plus petites que les précédents (i).
Les Aptines ( £ptinus. Bon. — Braclu'ws, Web., Fab. )
Ont le dernier article des palpes extérieurs un peu plus
gros, celui des labiaux surtout, et une dent au milieu de
l'échancrure du menton. Leur languette ressemble d'ailleurs
à celle des graphiptères , mais les divisions latérales ou pa-
raglosses forment une petite saillie pointue. Mais ce qui les
distingue plus particulièrement, ainsi que le sous -genre
suivant, est qnp leur abdomen ovale et assez épais, ren-
ferme des organes sécrétant une liqueur caustique, sortant
avec explosion par l'anus , se vaporisant aussitôt , et d'une
odeur pénétrante. Cette liqueur, lorsqu'on tient l'animal
entre les doigts, produit sur la peau une tache analogue à
celle qu'y ferait de l'acide nitrique, et même, si l'espèce est
assez grande, une brûlure, avec juleur. M. Léon Dufour
nous a fait connaître (2) le& organes qui la sécrètent.
Ces insectes se trouvent, et souvent rassemblés en société,
du moins au printemps, sous les pierres. Ils font usage de
ce nmyen de défense pour épouvanter leurs ennemis, et peu-
vent réitérer l'explosion un assez grand nombre de fois. Les
plus grandes espèces se trouvent entre les tropiques et dans
les autres pays chauds, jusqu'aux limites de la zone tem-
pérée.
Nous citerons , i° VAptine tirailleur ( Brachinus clisplo-
sor, Duf.; Aptinus balista , Dej., Hist. natur. des coléopt.
d'Eur., II, vin, 1 ). Il est long de cinq à huit lignes, noir,
avec le corselet fauve et les élytres sillonnées. Dans la Na-
varre, diverses contrées de l'Espagne et en Portugal.
(1) Koyez le second fascicule deFHist. nat. des coléopt. d'Eur. , et le
premier volume du Species de M. le comte Dejean ; YAniliia exclamatio-
nis de Fabricius est un Graphiptère figuré daus le Dict. d'hist. nat. ,
tom. X , E, 2 , 7 , sous le nom de trllinée.
(2) Mém. sur le Brachine tirailleur, Ami. du Mus. d'hist. natur , XVII,
70, v, et les Annales des sciences naturelles, VI, p. 32o.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 36Q
i°VAptine des Pyrénées (Aptinus pyrenœus, Dej. ., Hist.
natur. des coléopt. d'Eur , Il , vin , 3. Il est long de trois
à quatre lignes , d'un noir foncé , avec les antennes et les
palpes fauves,et les pattes d'un jaune roussâtre.Les élytres
sont sillonnées. Il a été découvert dans le département des
Pyrénées-Orientales par M. le comte Dejean (1.)
Les Brachines. (Brachinus. Web. Fab.)
Ne diffèrent guère des aptines qu'en ce qu'ils sont pour-
vus d'ailes, et que l'échancrure du menton n'offre point de
dent.
Les uns , et généralement plus grands, et pour la plupart
exotiques, ont les élvtres très distinctement sillonnées ou à
côtes, et de ce nombre est une espèce communie aux Antilles
et à Cayenne,
Le Brachine aplati ( Brachinus complanatus ? Fab. ; Ca-
rabus planus, Oliv., III, vi, 63). Son corps est long de six
à huit lignes, d'uu jaune roussâtre, avecles élytres noires,
et offrant un point humerai , une bande sinuée , traver-
sant leur milieu, et une tache à leur extrémité, de la cou-
leur du corps ; c'est aussi celle de leur bord extérieur. Les
angles postérieurs du corselet se prolongent en pointe.
Les autres brachines ont les élytres unies ou légèrement
sillonnées. *•
On trouve communément aux environs de Paris les espè-
ces suivantes :
Le Brachine pétard (Brachinus crepitans , Fab.; Hist.
natur. des coléop. d'Eur., II, vin, 6; Panz., Faun., insect.
germ. , XX , 5 ). Sa longueur moyenne est de quatre li-
gnes. 11 est fauve, avec les élytres tantôt d'un bleu foncé,
tantôt d'un vert bleuâtre, faiblement sillonnées, et les
antennes fauves; mais ayant le troisième et le quatrième
article noirâtres. La poitrine, à l'exception de son milieu,
et l'abdomen, sont de cette couleur. On avait confondu
avec cette espèce celle que M. Duftschmid a nommée ex-
plodens(W\$t. natur. des coléop. d'Eur., Il, vin, 7), et qui
————— ^
(iï Voyez le second fascicule de l'Hist. naiur. des coleopt. d'Eur. , et
le pi*emier volume du Species de M. le comte Dejean.
TOME IV. 24
7>J0 INSECTES COLÉOPTÈRES.
est aussi très commune.' Elle est de moitié plus petite,
avec les élytres bleues et presque lisses. Celle que M. Bo-
nelli a distinguée sous le nom de glabratus n'en diffère
que par le défaut de taches aux antennes.
Le Brachine pistolet {'Brachinus sclopeta, Fab. ; Hist.
natur. des coléop. d'Eur., II , ix 7 3) ressemble tout-à-fait
à la dernière , mais s'en distingue , ainsi que des précé-
dentes, par la suture des élytres, qui est d'un rouge fauve,
depuis la base jusqu'au milieu. Le corps est aussi propor-
tionnellement plus large et de la même, couleur, tant en
dessus qu'en dessous.
Une autre espèce, le Brachine bombarde (Brachinus
bombarda , llig.j Hist. nat. des coléopt. d'Eur., II , ix , 2 ),
tient le milieu entre la dernière et la première. Les ély-
tres ont autour de l"ecusson une tache fauve, mais qui
ne se prolonge pas le long de la suture.
Le. département de l'Hérault nous offre deux autres jo-
lies espèces, l'une (exhalans) ayant les élytres d'un bleu
obscur, avec quatre points jaunâtres , et l'autre (causticus)
toute fauve, avec une bande le long de la suture et une
tache postérieure noirâtre (1).
Nous ^yions d'abord (Hist. nat. des coléopt. d'Eur.) placé
le genre Catascopus de M. Kirby après les brachines. Nous
pensons, d'après un nouvel examen, qu'il appartient plu-
tôt à la section des simplicimanes. L'extrémité postérieure
des élytres offre bien une échancrure profonde, mais elle se
termine en pointe, du côté de la suture, et n'est point tron-
quée. Plusieurs espèces de cette division présentant aussi
le même sinus, quoique cependant moins profond et moins
aigu.
Entre les brachines et les catascopes, M. le comte Dejean
( Spec, I, p. 226) place le genre Corsyra de M. Steven , qui
a pour type le Cymindis j'usida de l'Entomographie de la
llussie par M. Fischer ( 1, xn, 3 ). 11 diffère de ce dernier par
ses tarses, dont les crochets sont simples. Le corps est d'ail-
leurs aplati, comme dans le précédent et autres sous-genres
voisins, court , assez large, avec les palpes filiformes, le men-
(1) Voyez les ouvrages cites aux sous-genres pvece'dents.
FAMILLE DES C VRiN ASSIERS. 7)J 1
ton unidenté, le labretransversal , le corselet plus large que
la tête et presque demi orbicuîaire.
On n'en connaît qu'une seule espèce.
Les autres Carabiques de la même division , et dont les
chrochets sont pareillement simples , s'éloignent des précé-
dents par la forme de leur tête, qui est resserrée brusque-
ment dès sa naissance, et présente l'apparence d'un cou ou
d'une rotule.
Viendront d'abord ceux dont les tarses sont presque iden-
tiques dans les deux sexes, subcylindriques ou linéaires,
et dont le pénultième article au plus est profondément
écliancré ou bilobé.
Tantôt les pa!pes extérieurs sont filiformes ou peu
renflés au bout, avec le dernier article presque ovalaire;
la tête a la même forme ; et se rétrécit graduellement en
arrière des yeux. Le premier article des antennes est tou-
jours court ou peu alongé. Le corselet est toujours étroit et
alongé. Le corps est assez épais. L'échancrure du menton
offre une dent dans son milieu. La languette est presque
carrée, avec les paraglosses saillantes et allant en pointe.
Les Casnonies. (Casnonia. Latr. -? — Ophionœa. Klug.)
Dont le corselet a presque la forme d'un cône tronqué
ou d'un cylindre rétréci antérieurement (i).
Les Leptotracheles. ( Leptotrachelus. Latr. )
Où cette partie du corps est à peu près cylindrique, sans
rétrécissement sensible en devant ; où les élytres ne sont
point tronquées, et dont les tarses ont leur pénultième article
bilobé {i).
(i) Consultez FEntomol. brasil. de M. Klûg; le Species ge'ne'ral de
M. le comte Dejean , tom I, pag. 170 ; l'Hist. nat. des cole'opt. d'Eur. ,
fasc. II, vu , 6. L'espèce qui est fîgure'e (cyanocephala) forme, à raison
du pénultième article des tarses , une division particulière. Elle se trouve
au Bengale. Toutes les autres , et dont la principale est Yaltelabus pen-
sylvanicus de Linnœus , sont américaines, et ont tous les articles des
tarses entiers.
(2) Odocantha dorsales , Fab.
24*
672 INSECTES COLÉOPTÈRES.
4* Les Odacanthes. ( Odacantha. Payk., Fab. )
Semblables, quant au corselet , mais à élytres tronquées et
à articles des tarses entiers.
L'espace servant de type au genre, YOdacanthe méla-
nure {Odacantha melanura, Fab. ; Clairv. , Entoni. Helv.
II. v.: HisU nat. des coléopt. d'Eur., II, x. 6)', est longue
de trois lignes, d'un bleu verdâtre, avec les élytres, leur
extrémité excepté , d'un jaune roussâtre. La base des
antennes, la poitrine et la majeure partie des pattes sont
aussi de cette couleur. Le bout des élytres est d'un bleu
noirâtre. Cette espèce fréquente les lieux aquatiques, et
habite plus particulièrement les départements du nord de
la France , l'Allemagne et la Suède (1).
Tantôt les palpes extérieurs sont terminés par un article
plus gros, en forme de cône renversé ou triangulaire; la tête,
immédiatement après les yeux , est brusquement rétrécie,
et d'une forme triangulaire ou de celle d'un cœur.
Les uns, dont le corps est aplati, et que Fabricius a placés
avec ses galérites , ont tous les articles des tarses entiers,
le corselet en forme de cœur, tronqué postérieurement, et
les mandibules ainsi que les mâchoires de longueur ordi-
naire ou peu saillantes.
Le premier article des antennes est en cône renversé et
alongé.La languette est carrée, et ses divisions latérales sont,
leplus souvent aussi longuesqu'elle.On aperçoit une dent au
milieu de l'échancrure du menton. Ces carabiques, dont les
espèces indigènes se trouvent sous les pierres, les écorces
d'arbres, et leplus souvent près des eaux, forment les trois
sous-genres suivants :
• Les Zuphies. (Zuphium. Latr. )
Qui ont le premier article des antennes aussi long au
moins que la tête, et les palpes maxillaires extérieures fort
alongés (a)
(1) \2 Odacantha trip us tulata de Fab. est une espèce de notoxe.
(2) Galerita olens , Fab.; Clairv., Entom.Hely. , II, xvn, A, a,
Hist. nat. des cole'opt. d'Eur. , fasc. TT, x , 3.
FAMILLE DÉS CARNASSIERS. 07.)
Les POLISTIQUES. (POLISTICHUS. Bon. )
Où, comme dans le sous-genre suivant, le premier article
des antennes est plus court que la tète, et où. les palpes maxil-
laires sont de longueur ordinaire; mais dont les second, troi-
sième et quatrième articles des tarses, ceux des deux anté-
rieures surtout, sont courts , presque orbiculaires, et dont
la languette terminée supérieurement par un bord droit,
a ses divisions latérales saillantes, en forme d'oreillettes
arquées, étroites et pointues (1).
Les Helluq. (Helluo. Bon.)
Qui ne se distinguent guère du sous-genre précédent que
par leur languette entièrement cornée , arrondie au bout
supérieur, et sans divisions distinctes. Les espèces sont toutes
exotiques (2").
Les autres, et qui, avec ceux qui suivent immédiatement,
paraissent se rapprocher beaucoup des brachines (3), ont le
pénultième article de tous les tarses profondément bilobé;
les mandibules et les mâchoires longues, étroites et avancées;
le corps assez épais , avec la tête en forme de triangle étroitet
alongé , et le corselet presque cylindrique, un peu rétréci
postérieurement.
Le premier article des antennes est fort long et rétréci à
(1) Galerilafasciolala.,Fab.; Clair v. , ibid. , B , b;Hist. natur. des
colëopt. d'Eur. , ibid., 4 ; — Polisticus discoideus , ibid. , 5. Voyez le
Species gêner, de M. le comte Dejean , I; pag. 194.
(2) Helluo coslaius , Hist. nat. des coleopt. d'Eur. , fasc. Il, vi, 5, —
Galeriia hirta , Fab. Voyez le Species génér. de M. le comte Dejean
I , pag. 283.
Un lielluo ine'dit du Brésil me paraît devoir former un nouveau sous-
genre,à raison de ses palpes filiformes, et dont le dernier article est cylin-
drique.
(3) Les Dryptes ont aussi des rapports avec les Cychrus, et paraissent
lier les Cicindelètes avec la section des Carabiques grandipalpes. Plu-
sieurs sections de cette famille semblent se rattacher , comme autant de
rameaux, aux Cicindèles. La plupart des autres familles d'insectes sont
dans le même cas, ou forment des troncs ramifiés. En un mot, des
se'ries continues n'existens pas dans la nature.
3j4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
sa base. Le menton est presque en forme de croissant, sans
dent au milieu de l'échancrure. La languette est saillante ,
étroite, presque linéaire , et terminée par trois épines, et
accompagnée de deux petites paraglosses. Le dessous des
tarses est garni de duvet. Tels sont les caractères
Des Dryptes. (Drypta. Latr. , Fab. )
Toutes les espèces connues sont de l'ancien continent ou
delà Nouvelle-Hollande. On en trouve deux en Europe,
et toujours à terre. La plus commune et la Drypte échan-
crée {Drypta emarginata , Fab. j Clairv., Entom. Helv.,
ïï , xvn • Histoire naturelle des coléoptères d'Europe ,
fasc. II, x; i ); elle est longue d'environ quatre lignes, d'un
beau bleu azuré, avec la bouche, les antennes et les pattes
fauves. L'extrémité du premier article des antennes et le
milieu du troisième sont noirâtres. Les élytres ont des
stries pointillées; elle est plus commune dans le midi
de la France qu'au nord. M. Blondel fils l'a trouvée ce-
pendant en abondance dans une localité des environs
de Versailles (i).
Succèdent maintenant des carabiques très analogues aux
précédents par leurs caractères divisionnaires , mais qui s'en
éloignent par la forme des tarses. Les quatre premiers arti-
cles, ou du moins ceux des tarses antérieurs des mâles,
sont très dilatés et bifides ; le pénultième de tous est dans
les deux sexes constamment échancré ou dilaté. Les palpes
extérieurs et le premier article des antennes sont toujours
longs.
Les Trichognathes. ( Trichognatha. Latr.)
Ont le dernier article des palpes extérieurs en formedecône
renversé et alongé , etune saillie triangulaire et velue au côté
extérieur des mâchoires. Les palpes sont fort longs. Le labre
offre deux crenelures et trois dents obtuses. Le sommet de
la languette est armé de trois épines. Les quatre tarses posté-
(0 Voyez, pour les autres espèces, l'Hast, natur. des coléopt. d'Eur.,
fasc II , x , 2 , et le Species ge'ne'r. de M. le comte Dejean, tom. I,
pu1:. 182.
w* f
FAMILLE DES CARNASSIERS. OJO
rieurs ne sont point dilatés , du moins dans les femelles.
L'insecte (marginipennis) servant de type a été apporté du
Brésil , par le célèbre botaniste M. de Saint-Hilaire.
Les Galerites. (Galerita. Fab.)
Qui diffèrent des sous-genres précédents par leurs palpes
extérieurs , dont le dernier article est triangulaire, ou en
forme de hache , et par leurs mâchoires non dilatées au côté
extérieur.
Les deux tarses antérieurs des mâles §out élargis ; les
échancrures des quatre premiers articles sont aiguës , et
leurs divisions internes sont plus grandes et plus prolongées
que les extérieures. La languette est tridentée au sommet et
ses paraglosses sont très distinctes. L'échancrure du menton
est unideutée.
Quelques espèces [Galerita occidentalis , Dej.; — G. afri-
cana y ejusd.), forment par leur tête ovalaire , leur cor-
selet plus alongé et plus étroit, une division particulière.
La plupart sont américaines (1).
Les Cordistes. ( Cordistes. Latr. — Calophœna. Klùg. —
Odocantha. Fab. )
Ont les palpes extérieurs filiformes et terminés par un ar-
ticle ovalaire et pointu.
Les quatre premiers articles de tous les tarses sont dilatés.
Le premier est en forme de cône renversé et alongé ; les
lobes des deux suivants sont égaux, étroits et pointus ; le
quatrième est en forme de cœur ou de triangle renversé,
sans échancrurej sa face supérieure est excavée, pour l'in-
sertion du suivant. La tête est presque ovalaire (2).
Nous terminons cette section par ceux dont les crochets
des tarses sont dentelés en dessous, en manière de peigne,
(1) Voyez le second fascicule de l'Hist. natur. des coléopt, d'Eur. , et
le premier volume du Spec. ge'ne'r. de M. le comte Dejean.
(2) Voyez le second fascicule de l'Hist. natur. des cole'opt. d'Eur. • le
premier volume du Spec. ge'ne'r. de M. le comte Dejean, et principale-
ment l'Entom. brasil., spécimen de M. le doct. Klûg. Toutes les espèces
de'crites sont de FAme'rique méridionale.
376 INSECTES COLÉOPTÈRES.
et nous commencerons par ceux dont la tête ovalaire ou
ovoïde est séparée du corselet par un étranglement brusque,
très prononcé, formant une sorte de nœud ou de rotule. Le
pénultième article de leur tarse est toujours divisé jusqu'à
sa base en deux lobes , les précédents sont larges, en forme
de cœur ou de triangle renversé. Le premier article des an-
tennes est peu alongé. Toutes les espèces connues sont du
nouveau continent.
Les Ctenodactyles. (Ctenodactyla. Dej.)
Leurspalpes extérieurs sont filiformes, avecle dernier article,
ovalaire. Le corps est peualongé aplati, avec le corselet presque
en forme de cœur alongé et tronqué postérieurement (1).
Les Agrès. (Agra. Fab. )
Les palpes maxillaires extérieurs sont filiformes , et les la-
biaux se terminent par un article plus grand , sécuriforme
ou triangulaire. Le corps est long, étroit, avec le corselet
en forme de cône alongé , rétréci en devant.
Le menton est suborbiculaire, avec une dent au milieu de
Féchancrure. La languette est presque cylindrique, sans pa-
raglosses bien distinctes (2).
Maintenant la tête n'est point distincte du corselet par un
étranglement très brusque , en forme de nœud ou de
rotule (3). Les articles des tarses sont entiers dans plusieurs,
et les premiers sont rarement dilatés. Le corps est toujours
aplati. Les paraglosses ne sont jamais saillantes, et forment
simplement une marge membraneuse, arrondie ou obtuse
au bout.
Ici le corselet est isométrique ou plus long que large , en
(1) Ctenodactyla Chevrolatii, Dej. , Spec, I, pag. 227 j de Cayenne.
(2) Voyez l'excellente Monographie de ce genre publie'e par le doc~
leur Klûg ; le second fasc. de FHist. nat. des coîéopt. d'Eur. , et le pre-
mier tome du Spec. gene'r. de M. le comte Dejean. Toutes les espèces
sont de FAméVique intra tropicale.
(3) Un peu rétrécie postérieurement dans les De'metrias et les Dro-
mies, mais point fixe'e au corselet par une rotule. '
FAMILLE DES CARNASSIERS. OJJ
forme de coeur, tronqué postérieurement. Lecorps est alongé.
Tels sont :
Les Cymindis. (Cymindîs. Latr. — Cymindis, anomœus. Fisch.
— Tarus. Clairv. — Carabus. Fab. )
Qui ont les palpes maxillaires extérieurs filiformes ou
guère plus* gros à leur extrémité, avec le dernier article
presque cylindrique ; et le même des labiaux plus grand,
presque en forme de hache ou de triangle renversé, dans les
mâles au moins; dont la tête n'est point rétrécie postérieu-
rement, et dont tous les articles des tarses sont entiers et
presque cylindriques (1).
Les Calleïdes. ( Calleid a . Dej . )
Entièrement semblables aux cymindis, aux tarses près, le
pénultième article étant bifide, et les précédents triangu-
laires. Ce sous-genre est propre à l'Amérique (2)
Les Démétrias. (Démétrias. Bon.)
1
Analogues aux calléidespar les tarses, mais ayant la tête
ovalaire, rétrécie postérieurement, et tous les palpes exté-
rieurs presque filiformes, avec le dernier article presque
ovoïde ou subcylindrique.
Ce sous-genre, ainsi que le suivant, se compose de très
petites espèces, fréquentant, pour la plupart, les lieux aqua-
tiques ou humides et couverts, et presque toutes européen-
nes (3).
Les Dromies. ( Dromias. Bon.)
Généralement aptères, à articles des tarses entiers, d'ail-
leurs semblables aux démétrias (4).
Là , le corselet est sensiblement plus large que long , en
forme de segment de cercle ou de cœur, largement et trans-
versalement tronqué postérieurement.
(1) Voyez les second et troisième fascicules de l'Histoire natur. des
cole'opt. d'Eur. , et le premier vol. du Spec. ge'ne'r. de M. le comte Dej.
(2) Les mêmes ouvrages que ci-dessus.
(3) Item.
(4) Item.
O78 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Il en est où le milieu du bord postérieur du corselet se
prolonge et arrière. Telles sont :
Les Lebies (Lebia. Latr. — Lebia, lamprias. Bon. )
Les palpes extérieurs se terminent par un article un peu
plus grand, presque cylindrique ou ovalaire et tronqué au
bout. Les quatre premiers articles des tarses sont presque
triangulaires, et le quatrième est plus ou moins bifide ou
bilobé.
Ces insectes sont agréablement colorés. Une espèce des
plus communes en Europe , est la Lébie téte-bleue (Carabus
cyanocephalus , Lin. , Fab. -7 le Bupreste bleu à corselet
rouge y Geoff. ; Panz. , Faun. insect. Germ. , LXXV , 5 ;
Ilist. natur. des coléopt. d'Eur., fasc. III, xn, 7). Son
corps a de deux lignes et demie à trois lignes et demie de
long. 11 est bleu ou vert et très luisant en dessus, avec le
premier article des antennes, le corselet et les pattes, d'un
rouge fauve; l'extrémité des cuisses noire, et les élytres
pointiîlées , marquées de stries légères et ponctuées.
Une autre espèce de nos environs est la Lébie hémor-
rhoïdale ( Carabus hœmorrhoidalis , Fab.; Ilist. natur. des
coléopt. d'Eur., fasc. 111 , xm ,8), qui n'a guère plus de
deux lignes de long, dont le corps est fauve, avec les élytres
noires , et terminées par une tache d'un fauve jaunâtre }
elles ont des stries peu enfoncées, ponctuées, et deux
points enfoncés plus* distincts, près de la troisième, en
commençant par la suture (1).
Dans les suivants, le corselet se termine postérieurement
par une ligue droite , sans avancement au milieu.
Les Plochiones. (Plochionus. Dej.)
Qui ont les antennes presque grenues, le dernier article
des palpes labiaux grand , presque sécuriforme, les quatre
premiers des tarses courts, eu forme de cœur renversé, et
dont le quatrième est bilobé (•>>>).
(1) Les mêmes ouvrages que ci-devant,
(a) Item.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 3jÇ)
Les Orthogonies. ( Orthogonius. Dej. )
Ayant des tarses conformes de même, mais à antennes
filiformes et à palpes extérieurs termines par un article pres-
que cylindrique (i).
Les Coptoderes. ( Coptodera. Dej. )
Ayant les palpes des orthogonies, les antennes plus ou
moins grenues, les trois premiers articles des tarses anté-
rieurs courts, larges, les mêmes des quatre tarses postérieurs
étroits, presque filiformes, et le pénultième de tous bifide,
mais non divisé en deux lobes. Toutes les espèces mention-
nées par M. le comte Dcjean (Spec. 1, pag. 273 ) sont étran-
gères et pour la plupart américaines.
2° La seconde section , celle des Bipartis {Bipartiti. — Sca-
ritides. Dej.), que l'on pourrait, sous les rapport des habitudes,
appeler aussi celle des fouisseurs, est formée de carabiques à
ély très entières ou légèrement si nuées à leur extrémité posté-
rieure; ayant des antennes souvent grenues et coudées, la tête
large, le corselet grand, ordinairement en forme de coupe,
ou presque demi orbiculaire , séparé de l'abdomen par un
intervalle, ce qui fait paraître celui-ci pédicule; les pieds
généralement peu alongés, avec les tarses le plus souvent
dourts, semblables ou peu différents dans les deux sexes,
sans brosse en dessous et simplement garnis de poils ou de
cils ordinaires. Les deux jambes antérieures sont dentées
extérieurement, comme palmées ou digitées, dans plusieurs,
et les mandibules sont souvent fortes et dentées. L'cchancrure
du menton offre une dent. Ils se tiennent tous à terre , se
cachent soit dans des trous qu'ils y creusent, soit sous des
pierres, et souvent ne quittent leur retraite que pendant la
nuit; leur couleur est généralement d'un noir uniforme.
La larve du Ditomebucéphale, la seule que l'on ait observée,
a la forme et la manière de vivre de celles des Cicindèles.
Ces insectes habitent plus particulièrement les pays chauds.
Trois sous-genres, et par lesquels nous débuterons, for-
ment, à raison de leurs palpes labiaux terminés par un ar-
(1) Dej., Spec. , T, p. 279, espèces toutes exotiques; près de ce sous-
genre doit peut -être venir celui (Tf/exagoma de M. Kirby (Lin.,
Trans., XIV).
58o INSECTES COLÉOPTÈRES.
ticle plus grand , en forme de hache ou triangulaire, un
groupe particulier; le dernier de ces sous- genres nous
conduit aux scarites, tandis que le premier, qui , à l'égard
de l'absence d'échancrure au côté interne des deux jambes
antérieures , fait exception , semble se lier avec les premiers
sous-genres de la famille. Us ont tous des mandibules fortes
et dentées. Les palpes maxillaires extérieurs se terminent
par un article un peu plus gros; le corselet est en forme
de coupe, ou de cœur tronqué; l'abdomen est pédicule.
Deux de ces sous-genres forment dans ce groupe une sub-
division spéciale. Leurs jambes antérieures ne sont point
palmées. Leurs antennes se composent d'articles presque
cylindriques ou en forme de cône renversé. Le menton re-
couvre presque tout le dessous de la tête jusqu'au labre, et
souvent n'offre point de suture transverse à sa base. Le corps
est très aplati, et dépourvu d'ailes dans plusieurs. Ils sont
tous de l'ancien continent ou de la Nouvelle -Hollande.
Les Encélades. (Enceladus. Bon.)
Leurs jambes antérieures n'ont point d'échancrure au côté
interne. Le premier article de leurs antenn.es est peu alongé
et presque cylindrique; le troisième est plus court que le
second. Le milieu du bord supérieur de la languette est
avancé en manière d'angle ou de dent. Le corselet est pres-
que en forme de cœur, largement tronqué, avec les angles
postérieurs un peu dilatés et pointus. Le labre est échancré
ou presque bilobé.
La seule espèce décrite, VEncelade géant ( Enceladus*
gigas, Bon., Mém. de l'acad. des scien. de Turin ), est de
la côte d'Àngole.
Les Siagones. (Siagona. Latr. — Cucujus j galerita. Fab. )
Ont une échancrure bien prononcée au côté interne des
deux jambes antérieures; le premier article des antennes
alongé, en cône renversé, et le second plus court que le troi-
sième; le sommet de languette droit , sans avancement; le
corselet presque en forme de coupe, presque aussi long que
large et sans saillies postérieures , et le labre dentelé.
Les unes ont l'abdomen ovale et sont aptères (i). Dans les
(i) Siagona rufipès , Latr., Gêner, trust, et insect. , I , vu, 9 ; Cu-
m jus ru/ipes, Fab.; — Siagona fuscipcs , Dej. , Spec. , T, p. 35q.
FAMILLE D!ÎS CARNASSIERS. 58 1
autres il est ovale, tronqué à sa base, et ces espèces sont
ailées. M. Lefèvre'en a découvert une nouvelle en Sicile.
Toutes les autres, tant de cette division que de la précé-
dente, habitent l'Afrique septentrionale ou les Indes orien-
tales (i).
Le troisième sous-genre, par ses antennes moniliformes,
les dents du côté extérieur de ses deux premières jambes,
les proportions ordinaires du menton, la forme générale du
corps, se rapproche évidemment des scarites.
Les Carenums. (Carenum. Bon.)
Les mâchoires sont droites , sans crochet terminal. La
languette est arrondie à son sommet. Le dernier article des
palpes maxillaires extérieurs est renflé et une fois plus long
que le précédent.
La seule espèce connue ( Scarites cyaneus , Fab. ) habite
la Nouvelle-Hollande.
Aucun des autres carabiques de cette section n'offre de pal-
pes labiaux terminés par un article plus grand et sécuriforme;
le dernier est en forme de cône renversé et alongé , ou pres-
que cylindrique et aminci à sa base; le même des maxil-
laires extérieurs est aussi presque cylindrique; tous ces pal-
pes sont à peu près de la même grosseur partout , ou quel-
quefois amincis à leur extrémité.
Une première subdivision très naturelle, et qui comprend
les scaritesde Fabricius, moins l'espèce précédente, se com-
posera des carabiques bipartis, dont les deux jambes anté-
rieures sont palmées, ou du moins digitées au bout, c'est-
à-dire terminées extérieurement par une longue pointe, en
forme d'épine, opposée à un éperon interne très fort. Leurs
antennes sont grenues , avec le second article aussi long et
souvent même plus long que le suivant. Les mandibules,
celles d'un petit nombre excepté , sont robustes , avancées,
anguleuses ou dentées au côté interne. Le labre est très court,
transversal et crustacé. La languette est le plus souvent en-
(i) Les Siagones atrata, depressa ( Galerita depressa , Fa'O , Feins
{Galerila flejus y Fab.), Schupelii, De]., ibid. • — Scarites lœvigalus
Herbst. , col. clxxv, 6.
582 IJS SECTES COLÉOPTÈUES.
tièrement cornée, hérissée de poils ou de cils , largement
échancrée ou évasée au sommet j avec les angles latéraux
avancés.
Les uns ont les mandibules très fortes, avancées et ordi-
nairement dentées; le labre crustacé, très denté au bord
antérieur; la languette courte, point saillante au-delà du
menton, entièrement cornée ou crustacée, hérissée de poils,
évasée au bord supérieur. Leurs jambes antérieures sont
toujours palmées.
Les espèces sont généralement grandes.
L'un de ces sous-genres, celui
De Pasimaque. (Pasimachus. Bon.)
Se rapproche du dernier relativement aux mâchoires, qui
sont droites et sans crochet terminal.
Les antennes sont d'égale grosseur. Le corps est très aplati,
ovale, avec le corselet en forme de cœur, largement tron-
qué en arrière, presque aussi large à son bord postérieur
qu'en devant et que la base des élytres ; ce bord est presque
droit et simplement un peu concave dans son milieu. Ce
sous-genre est propre à l'Amérique (i).
Selon M. le comte Dejean ( Spec, II, pag. 471 ) ? après les
pasymaques doit venir le genre qu'il a formé sous la déno-
mination de Se aptère ( Scapterm ) et sur une espèce des
Indes orientales qui lui a été communiquée par l'un de nos
plus zélés entomologistes, M. Guérin , auquel elle est dé-
diée. J'ignore si les mâchoires ressemblent à celles du sous-
genre précédent, mais le corps a des proportions différentes;
il est alongé et cylindrique. Les antennes sont proportion-
nellement plus courtes que d'ordinaire ; le second article
est carré , un peu plus gros que les autres, qui sont courts ,
presque carrés, et vont en grossissant.
Les suivants ont les mâchoires arquées et crochues au
(\\ Rapportez à ce sous-genre les Scarites depressus et marginatus de
Fabricius et d'Olivier. Voyez le premier volume du Species de M. le
comte Dejean , pag. 4©5 ; les Observations entomologiques de M. Bonelli,
et Fouvrage de Palisot de Beauvois sur les insectes recueillis par lui en
Ame'rique et en Afrique.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 385
bout. Les antennes grossissent insensiblement vers le bout.
Le corselet est toujours séparé postérieurement de la base
des élytres par un vide ou par un angle rentrant , bien pro-
noncé.
Ici les palpes extérieurs sont terminés par un article pres-
que cylindrique, point rétréci en pointe , au bout.
Les AcanthoscÈles. ( Acanthoscelis. Lat. )
Sont remarquables par leurs quatre jambes postérieures,
qui sont en forme de palette alongée, arquées , planes et
un peu concaves à leur face interne, convexes , chargées de
petits grains et de petites épines sur la face opposée, avec la
tranche supérieure dentée, et les dents postérieures grandes
et comprimées ; le trochanter des deux cuisses postérieures
est fort grand.
Le corps est court, large, convexe en dessus , avec le cor-
selet transversal , arrondi latéralement, sinué au bord posté-
rieur; les éperons des jambes antérieures fort longs et les au-
tres presque en forme de lames.
La seule espèce connue ( Scarites ruficornis , Fab. ) ha-
bite le Cap de Bonne-Espérance.
Les Scarites. (Scarites. Fab.)
Ont les quatre jambes postérieures étroites, généralement
unies, n'offrant de petites épines que sur leurs arêtes; les
intermédiaires ont au plus sur le côté extérieur une ou deux
dents; le trochanter des cuisses postérieures est beaucoup
plus petit qu'elles. Les mandibules sont en forme de triangle
alongé, et fortement dentées à leur base. Les second et troi-
sième articles des antennes sont en forme de cône renversé,
presque de la même épaisseur, et les suivants sont grenus.
Les uns ont deux dents au côté extérieur des jambes inter-
médiaires.
Les Scarites pyracmon {Scarites pyracmon , Bonelli ;
Dej., Spec. I, p. 367 ; Scarites gigas, Oliv., col. III, n° 30;
1. 1 ;Clairv.,Entom.,Helv. II, ix. a). Il est long d'environ un
pouce, sans ailes, aplati, d'un noir luisant, avec les élytres
un peu élargies postérieurement , marquées de stries très
fines, légèrement ponctuées, et dont la troisième offrant
584 ÏJNSECTES COLÉOPTÈRES.
près de l'extrémité deux points enfoncés plus distincts»
La tête , selon M. Dejean , est beaucoup plus grande dans
le mâle que dans la femelle; elle a deux impressions et de
petites rides sur le front. Le corselet a postérieure-
ment une dent de chaque côté. On en compte trois aux
jambes antérieures. Il se trouve sur les bords de la Médi-
terranée; dans le midi de la France, et la partie orientale
de l'Espagne. M. Lefebvre de Cerisy , officier distingué de
marine et très bon entomologiste , a publié quelques
observations sur ses habitudes.
Le Scarite terricole. [Scaritcs terricola , Bonelli.; Dej.,
Spec. I, p. 398. ) Son corps est ailé, long de huit à neuf
lignes, et noir. Les jambes antérieures ont trois fortes
dents, suivies de trois autres très petites ; le côté exté-
rieur des deux jambes suivantes n'en offre qu'une. Les
élytres sont alongées , striées et un peu rugueuses , etdont
deux points enfoncés près de la troisième strie, 11 se
trouve avec le précédent.
Le Scarite des sables (Scarites sahulosus , Oliv., col. III,
36, 1, 8jClairv., Entom. Helv.,11, ix, 6.;Scarites lœvigatus,
Fab., Dej. ), ressemble beaucoup au précédent, mais il est
tin peu plus petit, plus déprimé, sans ailes, avec les élytres
faiblement striées. Les jambes antérieures n'ont que deux
dentelures, après les trois dents ordinaires. Il habite encore
les mêmes localités que le premier, et se trouve aussi en
Sicile, d'où il a été apporté par M. Lefèvre.
LeS OxYGNATHES. ( OxYGNATHTJS. Dej.)
Semblables essentiellement, quant aux antennes et aux
palpes, aux scarites , mais ayant, ainsi que les deux sous-
genres suivants, des mandibules longues, étroites, sans
dents, se croisant fortement en manière de pince ; et le
corps étroit, alongé et cylindrique. Les antennes sont plus
courtes que la tête et les mandibules réunies. Le labre est
peu distinct. Le corselet est presque carré.
L'espèce servant de type (Scarites elongatus , Wiedem.;
Oxygnatluts elongatus, Dej., Spec. ^11, p. 4740 est des
Indes orientales.
Là, les quatre palpes extérieurs, ou les labiaux au moins,
FAMILLE DES CARNASSIERS. 586
se terminent par un article en forme de fuseau et finissant
en pointe. Le corps est alongé et cylindrique, et les mandi-
bules sont longues, étroites, sans dents notables, ainsi que
celles des oxygnathes.
Les Oxystomes. ( Oxystomus. Latr. )
Dont les palpes labiaux, presque aussi longs que les
maxillaires externes, sont recourbés, avec le premier article
saillant, cylindrique , le suivant peu alongé et le dernier, en
fuseau , long et très pointu au bout; les antennes sont par-
faitement moniliformes, à partir du milieu de leur lon-
gueur , avec le premier article aussi long'que les trois sui-
vants réunis (i).
Les Gamptodontes. ( Camptodontus. Dej. )
Où les palpes labiaux sont sensiblement plus courts que
les maxillaires externes, non recourbés, et terminés, ainsi
qu'eux , par un article en fuseau , et dont les antennes sont
composées en majeure partie d'articles en forme de cône
renversé; la longueur du premier ne surpasse guère celle
des deux suivants.pris ensemble (2).
Les autres, et dont les jambes antérieures ne sont point
dentées extérieurement, mais simplement diuactyles au bout,
ont des mandibules courtes , peu avancées au-delà du labre;
le labre coriace, entier; la languette saillante au-delà de Té-
chancrure du menton , glabre ou peu velue , avec des para-
glosses séparées , saillantes et membraneuses; les palpes ex-
térieurs sont terminés par un article ovalaire, acuminé au
bout.
Ces carabiques sont petits, fréquentent les lieux humides,
et ne sont pas étrangers aux régions septentrionales.
Les Clivines. (Clivina. Lat. )
Ont trois fortes dents au côté extérieur des deux jambes
antérieures et une à celui des deux suivantes (3).
(1) Oxystomus cylindricus , Dej. , Spec. , I , p. 4lo> du Brésil.
(2) Camptodontus cayennensis , ibid. , II, pag. 477-
(3) Tenebriofossor, Lin.; Scarites arenarius, Fab. ; Clairv. , Enlora.
Helv. , II, vin, A, a, espèces; les Clivines de M. Dej ean (Spec. I,
pag. 4n), 1-7.
TOME IV. 25
ÔSG INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Dyschiries. (Dyschirius. Bon. — Clivina, Dej. )
Qui n'ont au plus que des dentelures ou de petites épi nés
très peu distinctes, au côté externe des deux jambes anté-
rieures, et où. ce côté se prolonge ordinairement à son extré-
mité en une longue pointe, en forme d'épine ou de doigt,
et opposée à un autre doigt constitué par un fort éperon du
côté interne. Le dernier article des palpes labiaux est pro-
portionnellement plus gros que le même des divines, et
presque en massue sécuriforme. Le corselet est ordinaire-
ment globuleux (i).
Notre seconde et dernière subdivision des bipartis com-
prendra ceux dont les jambes antérieures ne sont ni dentées
extérieurement ni bidigittées au bout, et dont le second
article des antennes est sensiblement plus court que le sui-
vant. Ils se rapprochent beaucoup, quant aux organes de la
manducation des deux derniers sous-genres, et ils avaient
été confondus par quelques auteurs avec les scarites , dont
ils ont, en effet, le port et les habitudes.
Les uns ont lecorps étroit, alongé,presqueparallélipipède,
avec le corselet presque carré ; les antennes en tout ou en
partie grenues ; le dernier article des palpes extérieurs pres-
que cylindrique , et le même des labiaux presque en forme
de cône renversé ou de hache: Ils sont tous exotiques.
Les Morions. (Morio. Lat. )
Ont des antennes d'égale grosseur partout, le labre pro-
fondément échancré , les palpes extérieurs filiformes, les
cuisses ovales et les jambes triangulaires (2).
Dans
Les Ozènes. ( Oz/ena. Oliv. )
Les antennes sont plus grosses ou renflées à leur extré-
mité, le labre est entier, les palpes labiaux se terminent
(1) divines, nos 8-2 1 , de M. le comte Dejean ; mais la huitième , ou
Yarctica , semble offrir les caractères des Ce'phalotes.
(2) Harpalus monilicornis , Latr. , Gêner, crust. et insect. , I, p. 206;
Morio monilicornis, Dej., Spec. I, p. 43o; Scarit. Georgiœ , Palis, de
Beauv. , VII , xv, 5 ; — Morio brasiliensis , Dej , ibid. ; — Morio
orientalis, ejusd. , ibid.
F YMTLLE DES CARNASSIERS. 087
par un article plus large, presque en forme de hache ou de
triangle '? les cuisses et les jambes sont étroites et alon-
gées (1).
Les autres ont le corps ovale ou oblong, avec le corselet soit
presque en forme de coupe ou de cœur, soit presque orbi-
culaire; les antennes filiformes, composées d'articles, pour
la plupart presque cylindriques, surtout les derniers (les
autres plus amincis à leur base, presque en forme de cône
renversé ), et le dernier article des palpes extérieurs presque
ovalaire ou en fuseau. Le labre est échancré.
Ceux-ci sont propies aux pays chauds et sablonneux des
contrées occidentales de l'ancien continent.
Les Ditomes. (Ditomus. Bon. — Carabus , Calosomay
Scaurus, Fab. )
Dont les palpes sont plus courts que la tête ; dont le cor-
selet est en forme de coupe ou de cœur, et dont les tarses
sont courts.
Quelques espèces , celles auxquelles M. Ziégler restitue
la dénomination générique de ditomus , ont le corps plus
alongé, de la même largeur , avec la tête séparée de chaque
côté du corselet par un angle rentrant, et ordinairement
armée, dans les mâles, d'une ou de deux cornes (?.).
Les autres , ou celles qui composent le genre Aristus , du
même, ont le corps plus court , plus large eu devant, avec
la tête presque continue avec le corselet, s'y enfonçant jus-
qu'aux yeux ; ses angles antérieurs sont pointus (3).
" — ■ — ~ — — «
(1) Ozœna clentipes , Oliv. , Encyclop. method.; — Ozœna Rogerii ,
Dej , Spec. , p. 434 '-, — Ozœna brunnea , ejusd. , ibid. 5 — Ozœna Grl-
luenalii, ejusd. , ibid.
(2) Dej., Spec. , I, pag. 4^9, première division des Ditomes. Le Va-
rabus calfdonlus de Fabricius, d'après une e'tiquette mise par lui sous
un individu provenant de la collection de M. Desfontaines, forme une
espèce 1res distincte du Ditomus calydonius de M. le comte Dcjern. Le
mâle a les mandibules fourchues ou comme parlâmes en deux cornes ; la
corne du milieu se termine en pointe, ou plutôt en 1er de lance. Le Ca~
losoina longlcornis de. Fabricius est probablement la femelle de cette
espèce ou d'une autre très voisine.
(3) Seconde division des Ditomes de M. ie comte Dcjean, ibid., p. 44 {>
2D
58S INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Apotomes. ( Apotomus. Hoffra. — Scarites, Ross.)
Dont les palpes antérieurs sont fort longs, dont le cor-
selet est oibiculaire , et dont les tarses sont filiformes et
alongés. Les paipes îrfaxiilaires extérieurs sont beaucoup
plus longs que la tête, et terminés par un article ovoïdo-
evlindrique; le même des labiaux est en forme de fuseau
aîongé-. Je n'ai pas aperçu de dent dans l'écliancrure du
menton (i).
3° Notre troisième section des carabiques , celle des Qua-
drumanes (Quadrimani — Harpaliens) , Dej. (2), renferme
ceux qui, semblables d'ailleurs aux derniers par leurs élytres
terminées postérieurement en pointe, ont, dans les mâles,
les quatre tarses antérieurs dilatés; les trois ou quatre pre-
miers articles sont en forme de cœur renversé ou triangu-
laires, et presque tous terminés par des angles aigus ; leur
dessous est ordinairement (les ophones exceptés) garni- de
deux rangées de papilles ou d'écaillés, avec un vide li-
néaire, intermédiaire.
Le corps est toujours ailé , généralement ovalaire et arqué
en dessus ou convexe, avec le corselet plus large que long,
ou tout au plus presque isométrique , carré ou trapézoïdal.
La tête n'est jamais brusquement rétrécie postérieurement.
Les antennes sont de la même grosseur partout, ou un peu
et insensiblement épaissies vers le bout. Les mandibules ne
sont jamais très fortes. Le? palpes extérieurs sont terminés
par un article plus long que le précédent, ovalaire ou en
fuseau. La dent de i'échanciure du menton est toujours en-
tière, et manque dans quelques-uns (3). Les pieds sont ro-
bustes, avec les jambes épineuses et les crochets des tarses
(i) Scarites rufus , Oliv. , col. III, 36, n, i3 , a , b ; Rossi, Faim.
etrusc, I , iv, 3 ; apotomus rufus , Dej. , Spec. , I , pag. 45o ; — ejusd.,
apotomus testaceus , ibid. , pag. 45 1.
(2) Cette dénomination est en harmonie avec celle des deux sections
suivantes , et fondée sur un caractère exclusif; elle me semble donc pré-
férable à celle (Thar/jalici, employée par M. Bonelli.
(3) La languette, ainsi que dans les deux sections suivantes, est tou-
jours notablement saillante , obtuse ou tronquée au bout, et accompagnée
de deux paragîosses distinctes, membraneuses , en forme dWeillettes.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 0S9
simples. Les tarses intermédiaires, dans les femelles mêmes,
sont courts, et, à la dilatation près, conformés à peuprès ainsi
que les précédents. Ces cara biques se plaisent dans les lieux
sablonneux et exposés au soleil.
Cette section se compose du genre harpale , tel qne M. Bo-
nelli l'a restreint dans le tableau présentant la distribution
générale des carabiques. De nouvelles coupes en ont encore
depuis diminué l'étendue. Elles sont subordonnées aux trois
divisions suivantes.
La première aura pour caractères: échancrure du menton
nnidentée (i), labre échancré, tête et extrémité antérieure
du corselet aussi larges ou plus larges que l'abdomen (2).
Elle comprend trois sous-genres.
Les Acinopes. (Acinopus. Ziégl., Dej.)
A antennes filiformes 7 composées d'articles courts, mais
cylindracés, et à corselet rétréci insensiblement de devant
en arrière, avecles angles postérieurs très obtus ou arrondis.
Le labre est fortement échancré ; les mandibules n'ont point
de dents; celle du milieu de l'écliancrure du mçnton est
îargementtronquée (3).
Les Daptes. (Daptus. Fiscli. — Acinopus. Dej.)
A antennes, à commencer au cinquième article, monili-
formes; à corselet rétréci brusquement vers ses angles posté-
rieurs , qui se terminent en pointe. L'une des mandibules
est avancée et très pointue. Les quatre jambes antérieu-
res, surtout celles des maies ? sont très garnies Je petites
épines (4)»
(1) Si les Cyclosomes ( Voy\ la pag. 3q4- ) ont les quatre tarses an-
térieurs dilatés , ils formeront une quatrième division , à raison des deux
dents de re'cîiancrure du menton.
(2) Tête forte , paraglosses assez larges , comparativement à la lan-
guette propre, et arrondies au bout; second article des antennes un peu
plus court que le suivant; tarses iuterme'diaires des mâles un peu moins
dilatés que les antérieurs.
(3) Iiarpalus megacephalus , Latr. , Gêner, crust. et insect., J, p. 206 ;
Carabus megacephalus , Fab.; Ross., Faun. etrusc, Append., tab. III, H;
Acinopus megacephalus 9 Dej , Cotai.
(4) Acinopus maculipennis , Dej. ; Daptus^p ictus, Fisch". , Entoin. de
ÔqO INSECTES CARNASSIERS.
Près des daptes paraît devoir venir le genre Pangus de
M. Megerle, mentionné par M. le comte Dejean dans le ca-
talogue de sa collection de coléoptères.
D'après l'étude de l'une ( Pensylvanicm) des deux espèces
que celui-ci y rapporte, je n'ai pu découvrir les caractères
qui distinguent cette coupe de la précédente.
La seconde division se compose d'harpales, ayant aussi
l'échancrure du menton unidentée, mais dont le corps, plus
ou moins ovalaire ou ovoïde, est plus étroit en devant , et
dont le labre est entier ou simplement un peu concave. Ce
sont :
Les Harpales propres. (Harpalus. Dej. )
Une espèce des plus communes dans toute l'Europe est
YHarpale bronzé {Carabus œneus , Fab. ; Panz. , Faun.
insect. Germ., LXXV , 3,4-); son corps est long d'en-
viron quatre lignes , d'un noir luisant, avec les antennes
et les pattes fauves; le dessus du corselet et des élytres le
plus souvent vert ou cuivreux et brillant , quelquefois
d'un noir bleuâtre. Le corselet est transversal , rétréci pos-
térieurement ', finement rebordé sur les côtés et au bord
postérieur, avec un enfoncemen' pointillé de chaque côté,
près des angles postérieurs. Les élytres sont striées, ont
une incision près de leur bout, et de petits points enfoncés
dans les intervalles des stries extérieurs. On lui a aussi
donné le nom de protée , à raison des changements nom-
breux de ses couleurs (i).
.L'absence de toute dent sensible dans l'échancrure du
menton , distingue les carabiques de la troisième et de la
dernière division de cette section , et qui ? par la forme du
ta Russie , II , xxvi , 2 , xlvi , 2 ; — D. vlltatus , ejusd. , ibid. , 7 , var. ?
Oitoma vittiger, Germ. ; — D. chloroticus , ejusd. , ibid.
(1) Voyez , pour les espèces, le Catalogue de la collection de M. le
comte Dejean, genre Harpalus , pag. i4, et, quant à leur synonymie ,
Schœnherr, Synonymia insectorum , et la Faune d'Autriche de M. Duft-
schmid. Fabiicius n'en a décrit qu'un petit nombre, et parmi lesquels
nous citerons celles qu'il nomme : caliginosus, ruficonris , binotatus ,
tard us, héros, analis , flavilabris , etc. Los Carabus signatus , hirlpes
de Panzer font aussi partie de ce sous-genre. .
FAMILLE DES C AKi\ ASSIEii S. 3(^1
corps et le labre , ressemblent d'ailleurs à ceux de la division
précédente.
Les Ophones. (Ophonus. Zié.Ml., Dej. )
Dont les mâles ont les quatre tarses antérieurs fortement
dilatés ou sensiblement plus larges et généralement garnis
en-dessous de poils nombreux et serrés f formant une brosse
continue; le pénultième article n'est point bilobé. Le der-
nier des palpes extérieurs est tronqué ou très obtus.
Le dessus du corps est très finement pointillé. Le corselet
est le plus souvent en forme de cœur , tronqué postérieure-
ment (i).
Les Sténolophes. (Stenolophus. Ziég., Dej.)
Qui ne différent des ophones qus parla forme de l'avaut-
dernier article des quatre tarses antérieurs, du moins dans
les mâles, et même des postérieurs, dans quelques-uns; il est
divisé jusqu'à sa base en deux lobes (2).
Les Acupalpes. ( Acupalpus. Lat. — Stenolophus , Dej. )
Dont les quatre tarses antérieurs des mâles diffèrent peu
des postérieurs , avec les articles intermédiaires arrondis,
presque grenus et velus ; et dont les palpes extérieurs se ter-
minent par un article pointu au bout.
Ces carabiques sont très petits et semblent se lier avec le
tréchus (3). 1
4° La quatrième section , celle desSiMPiaciMANES (Simplici-
mani), se rapproche de la précédente, quant à la manière dont
se terminent les élytres; mais les deux tarses antérieurs sont
seuls dilatés dans les mâles, sans former néanmoins de pa-
lette carrée ou orbiculaire; tantôt les trois premiers articles
sont notablement plus larges , et le suivant alors est tou-
(0 Voyez le Catalogue de M. le comte Dejean , pag. i3.
(2) Stenolophus vaporariorwn , Dej., ïbld. ,• Carabus vaporariorwn ,
Lin.; Panz, Faun. insect. Germ. , XVI, 7; Harpalus saponarius , Du-
i'our. Du Sénégal.
(3) Les Stenolophes du Catalogue de M. Dejean , à l'exception du pré-
cédent. Nous citerons , entre autres , le Carabus meridianus de Linnaeus
et de Fabricius, et là C. vespertinus à<> Panzer, XXXVII, 21,
692 INSECTES COLÉOPTÈRES.
jours beaucoup plus petit que le précédent; tantôt celui-ci
et les deux précédents sont plus larges, presque égaux, en
forme de cœur renversé ou triangulaires : les premiers arti-
cles des quatre tarses suivants sont plus grêles et plus alon-
gés, presque cylindriques ou en forme de cône alongé et
renversé.
Les uns ont les crochets des tarses simples ou sans dente-
lures.
Ici le troisième article des antennes est, au plus, une fois
plus long que le précédent. Les pieds sont généralement
robustes , avec les cuisses épaisses, plus ou moins ovalaires;
le corselet, mesuré dans son plus grand diamètre transver-
sal , est aussi large que les élytres.
Tantôt les mandibules sont évidemment plus courtes que
la tête, et ne dépassent le labre que de la moitié au plus de
leur longueur.
Nous commencerons par ceux dont tous les palpes exté-
rieurs sont filiformes.
Les Zabres. (Zabrus. Clairv. Bon. — Pelor. Bon.)
Se distinguent des suivants par le dernier article de leurs
palpes maxillaires, qui est sensiblement plus court que le
précédent , et par les deux épines qui terminent les deux
jambes antérieures (1).
Les Pogones. ( Pogonus. Zieg. , Dej.)
Qui, dans Tordre naturel, nous paraissent très rapprochés
des amara de M. Bonelîi , s'éloignent des autres carabiques
de cette division par le mode de dilatation propre aux deux
tarses antérieurs des mâles; les deux premiers articles, et
dont le radical plus grand , sont seuls dilatés; les deux sui-
vants sont petits et égaux. Leur corps est généralement plus
oblong que celui des àmara. Ces insectes paraissent d'ail-
( 1) Carabus gibbus , Fab. ; Zabrus gibbus y Clairv., Entom. Helv., II ,
Ki. Voyez, pour les autres espèces , le Catal. delà coll. de M. le comte
Deîean , et le troisième vol. de son Species. Les espèces aptères, telles
(jue le Blaps spinipes de Fabricius (Panz. , Faim, insect. Germ. , xcvi
a ), forment ie genre Pelor.
FAMILLE DES CARNASSIERS. ôg^
leurs habiter presque exclusivement les bords de la mer ou
les bords des étangs salés (1).
Ce n'est guère encore que par un caractère analogue que
Ton peut distinguer de ces derniers
Les TétragonodÈres. ( Tetragowoderus. Dej. )
Les tarses antérieurs des mâles sont proportionnellement
moins dilatés que dans les suivants , leurs premiers articles
étant plus étroits et plus alongés, et plutôt en forme de cône
renversé qu'en forme de cœur. Ces insectes sont propres à
l'Amérique méridionale (2).
Les Féronies. ( Feronia. Lat. )
Où. les tarses antérieurs des mâles ons leurs trois premiers
articles fortement dilatés, en forme de cœur renversé, et
dont le second et le troisième plutôt transversaux que lon-
gitudinaux.
Ce sous-genre comprendra un grand nombre de coupes
génériques, indiquées dans le catalogue de la collection de
M. le comte Dejean, tels que les suivantes : Amara , Poeci-
lus , Argutor, Omaseus , Platysma , Pteroslichus , Abax , Ste-
ropus , Perçus , Molops , Cophosus. Ce savant entomologiste
a reconnu depuis ( troisième volume de son Species) (3) l'im-
possibilité de les signaler, et, à l'exception du premier, qu'il
conserve encore , il réunit les autres'dans une grande coupe
générique, qu'il nomme avec moi, Féronîe. Mais quant aux
amara même, vainement ai-je cherché, dans les antennes,
les parties de la bouche , des caractères qui les distinguas-
sent nettement des autres genres. Celui que l'on tire de la
dent du milieu de i'échancrure du menton , sans parler de
son peu d'importance, est très équivoque; cette dent, dans
tous ces carabiques, m'a paru avoir au bout une échan-
(1) Voyez le Catal. de M. le comte Dejean. M. Germar en a repré-
sente, dans sa Faune des insectes d'Europe, deux espèces : Pogonus halo-,
philus , X ,. 1 ; Harpalus luridipennis , VII , 2 , voisine du Pogonus
pallidipennis. du premier.
(2) Harpalus circumfusus de M. Germar, Insect., Species nov., I, 26?
(3) Actuellement sous presse et dont il m'a communiqué quelques
passages.
5cj4 INSECTES COLÉOrTÈRES.
crure , mais un peu plus distincte ou plus profonde dans
les uns que dans les autres. Les antennes de plusieurs sont
un peu grenues ou composées d'articles relativement plus
courts et plus arrondis au sommet; mais on ne peut assi-
gner d'une manière rigoureuse les limites de cette distinc-
tion. J'en dis autant de la concavité du bord antérieur du
labre et de la forme du corselet.
Les félonies peuvent former trois divisions : i° les espè-
ces , généralement ailées, dont le corps, plus ou moins
ovale, est un peu convexe ou arqué en dessus , avec les an-
tennes plus filiformes, la tête proportionnellement plus
étroite et les mandibules un peu moins saillantes. Par leurs
habitudes , ces espèces se rapprochent des zabres et des har-
pales. Tels sont les àmares( Amara){\), dont le corselet est
transversal ; les Poeciles ( Pœcilus ) , où il est presque aussi
long que large , et dont les antennes , assez courtes, ont le
troisième article comprimé et anguleux; et les Argutors
{Argulor), semblables aux pœciies, mais à antennes propor-
tionnellement plus Iongues;etdont le troisième article n'est
point anguleux.
i° Les espèces généralement ailées, mais dont le corps
est droit , plan ou horizontal , en dessus , avec la tête pres-
que aussi large que lui. Elles fréquentent les lieux frais ou
humides. Tel est le ge/ire Platysme {Platysma) de M. Bo-
ne li, auquel nous réunissons celui d'omaseus, de MM. Zié-
gler et Dejean , et celui de eatadromus , de M. Mac Leay
fils (a).
(i) Des espèces plus raccourcies, dont le corselet s^largit de devant en
arrière, forment le genre Leirus de quelques auteurs. Le Scolytus flexuo-
sus de Fabricius semblerait se rapporter a cette division; mais, suivant
M. le comte Dejean, les quatre tarses ante'rieurs sont dilate's : il m'a
paru qu'ils Fe'taient plus en dehors qu^n dedans. Cet insecte peut former
un sous-genre propre (Cyclosomus). J^oyez, quant aux pre'çe'dents , le
troisième volume du Species de ce naturaliste.
(2) Celles dont le corps est très' aplati, avec le corselet notablement
rétréci postérieurement, en forme de cœur tronqué, formeront une
première division , tel est le C ar abus picim anus de M. Duftschmid, ou le
C. inonticola de quelques autres; M. le comte Dejean le place avec les
PtcrosiicJius y quelques espèces du Brésil y entreront aussi. M. Germai*
FAMILLE- DES CAtUNASSIEllS. 5g5
3° La troisième division des féronies se composera d'espè-
ces analogues à celles de la précédente par l'ensemble de
leurs caractères, mais qui en diffèrent par l'absence des ailes.
Parmi ces espèces, les unes, et les plus nombreuses, et
dont le corselet n'est pas toujours en forme de cœur tronqué,
ont à la base des élytres un pli ou rebord transversal, bien
marqué, continu, s'étendant jusqu'à la suture. x
Tantôt le corselet est presque carré ou en cœur tronqué ,
avec les angles postérieurs aigus.
Celles dont le corps est en carré long ou cylindrique avec
le corselet presque carré, guère plus étroit postérieurement
qu'en devant, forment le genre Cophose {Cophosus) de
MM. Ziégler et Dejean. il a été établi sur une espèce ( Cylin-
dricus) d'Autriche (i).
Celles dont le corps est généralement ovale, déprimé, ou
peu convexe en dessus, avec le corselet grand, presque carré
et subisométrique, toujours fortement rebordé latéralement,
aussi large ou presque aussi large à son bord postérieur que
la base des élytres, composent le genre Àbax ( Abax ) de
M. Bonelli.
(Insect. nov. spec, I , pag. 21) en a décrit une sous le nom de Mo-
lops Corinthius.
Ceux dont le corps est presque parallélipipède, avec le corselet presque
carre', point ou peu rétréci en arrière , formeront une seconde division.
De ce nombre sont le Platjsma nigra de MM. Bonelli et Dejean, les
Otnaseus du dernier (Catal. , pag. 12), et le Carabus tenebrioides d'Oli-
vier , type du sous-genre Cataclromus de M. Mac Leay fils (Annul. jav. ,
I , pag. 18 , 1, v) , qui ne diffère de celui d1 Omaseus que par la dent du
menton , qui est beaucoup plus grande et entière. Ses élytres ont à leur
extrémité un grand sinus , ou plutôt une échancrure. C'est une des plus
grandes espèces de cette famille.
Les Harpales , nigrita , anthracinus et alerrimus de M. Gyllenhall y
sont des omaseus. Le dernier a les angles postérieurs du corselet obtus ,
ce qui le distingue de tous les autres. On place dans le même sous-genre
le Carabus leucopthalmus de Fabricius, ou le Melanarlus d'Iliger, mais,
il est aptère.
(1) Nous y joindrons Y Omaseus melanarlus de M. le comte Dejean ,
ainsi qu'une autre espèce d'Allemagne , intermédiaire entre les précé-
dentes elle Cophosus cylindricus , et qui est, je crois, Y Omaseus elon-
gaLis de M. Ziégler.
396 INSECTES COLÉOPTÈRES.
L'Allemagne en fournit plusieurs espèces. Celle qu'on t
nommée metallicus et le molops striolatus de M. le comte
Dejean , qui ont les antennes composées d'articles plus
courts , ou qui sont presque grenues , ont paru devoir
former un nouveau genre, celui de cheporus (1).
Ou trouve souvent dans les parties froides ou humides des
forêts de nos environs. VAbax petites-stries {Carabus slriola,
Fab.; Carabus depressus , Qliv., col. III, 35, IV, 4G-) (2)-
Tantôt, le corselet toujours terminé postérieurement par
deux angles bien prononcés ou aigus , est sensiblement ré-
tréci par derrière. Sa coupe se rapproche plus ou moins de
celle d'un cœur tronqué.
Parmi ces espèces, plusieurs ont le corps déprimé ou plan
en dessus, et les antennes composées d'articles assez alongés,
plutôt obeoniques que turbines. M. Bonelli les dislingue gé-
néralement sous le nom de Pterostiche ( Pterostichus. )
Elles habitent plus particulièrement les hautes montagnes
de l'Europe et le Caucase.
Les environs de Paris n'en fournissent qu'une seule
{Carabus oblongo-punctatus , Fab. 5 Panz. , Faun. insect.
Germ., LXX1II, 2. ) (3)
D'autres, dont lesautennes sont presque grenues, ont le des-
susdu corps assez convexe, et proportioncllement plus large,
avec l'abdomen plus court. C'est le genre Molops ( Molops )
de M. Bonelli , qui conduit évidemment à d'autres férouies
très analogues , mais dont le corselet est arrondi aux angles
postérieurs, et dont l'abdomen est ovalaire, l'angle exté-
rieur de la base des élytres étant obtus ou point saillant.
Le corps et lesautennes sont, en général, proportioneliemeut
plus longs. Ces dernières espèces ont été détachées des pté-
(1) Les Platysmes , décrits et figurés par M. «Fischer (Entomol. de la
Russie, II , xix , 4 et 5) , sont probablement des abax analogues.
(2) Voyez, pour les autres espèces, le Catalogue de M. le comte
Dejean, et la Faune d'Autriche de M. Duftschmid.
(3) Voyez, pour les autres espèces, le Catalogue de M le comte Dejean,
et le bel ouvrage de M, Fischer sur les insectes de la Russie (II , p. 1 23 ,
xix , fig. 1 ; xxxvii , 8, 9). Je pense avec lui que le G. myosodus de
M. Mégerlc ne diffère pas essentiellement de celui de Pterostichus.
FAMILLE DES CAR1N ASSIERS. ÔQ7
rostiches pour former un nouveau genre, celui de Sterope
(Steropus, Meg. ) (1).
Nous terminerons enfin ce sous- genre par des espèces gé-
néralement assez grandes /dont le corselet a presque toujours
la forme d'un cœur tronqué , et dont la base des élytres
n'a point de pli transversal, ou ne présente au plus qu'un
espace lisse, s'effaçant, et sans bord postérieur bien terminé.
Tel est le caractère qui me paraît le mieux signaler le genre
Perçus (Perçus) de M. Bonelli. Ni la longeur relative des
deux derniers articles des palpes-maxillaires, ni l'inégalité
des proportions des mandibules, ni quelques légèies diffé-
rences sexuelles prises des derniers anneaux de l'abdomen ,
ne le distinguent nettement des autres sous-genres. Ces es-
pèces habitent exclusivement l'Espagne , l'Italie et les
grandes îles de la Méditerrannée. Quelques-unes sont aplaties
en dessus (2).
Les Myas ( Myas. )
De M. Ziégler, ressemblent aux félonies, avec lesquelles
on a formé le genre cheporus'7 mais leur corselet est plus
dilaté latéralement, rétréci près des angles postérieurs, et
offre immédiatement avant eux une petite échancrure.
Les palpes labiaux se terminent par un article évidemment
plus épais, presque triangulaire. On en connaît deux espèces,
(1) Voyez, tant pour celui-ci que pour le pre'ce'dent, le Catalogue de
M. le comte Dejean et M. Germar (Iiisect. spec. nov. , I, p. 26 et
suiv.). Quelques espèces , telles que le Molops terricola [Scarites piceus ,
Panz , Faun. insect. Germ. , XI , 2 ) ; le l\lolops clalus (Scarites gagates,
ejusd., XI, ])• le Steropus hottentola (Scarites hottenlotus, Oliv., col. III ,
36, 11 , 19^,, avaient e'te' range's avec les Scarites. Le Carabus madidus
de Fabricius (Faun., insect, Cur., V, 2), espèce assez eomramune dans
quelques départements méridionaux, est un sterope. M. le comte Dejean
forme un nouveau genre avec le St. liottentot, à raison de ses pieds ante'-
rieurs , dont les jambes s'ont arquées, et de quelques autres caractères.
(2) Carabus Pafkulii , Ross. , Faun. etrusc. , mant. 1, tab. V , i". C ,
— Perçus ebenus , Charp. Hor. Entom. , V, I. Voyez aussi les Annales
des sciences naturelles , et celles des sciences physiques par MM. Bory
de Saint-Vincent, Drapiez et Yan-Mons. Je rapporte au même sous-genre
VAbax corsicus de M. le comte Dejean.
3g8 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Tune de Hongrie ( Chalybœus), et l'autre de l'Amérique sep-
septentrionale , où elle a été découverte par M. Leconte (i).
Tantôt les mandibules sont aussi longues que la tête, et
s'avancent fortement au-delà du chaperon. Le corps est tou-
jours oblong, avec le corselet en forme de cœur alongé. Les
uns ressemblent à des scarites, et les autres à des lébies.
Les Cephalotes. ( Ce'phalotes. Bon. — Broscus. Panz.)
Ont des antennes dont la longueur égale au plus la moitié
de celle du corps, composées d'articles courts, et dont le
premier plus court que les deux suivants pris ensembles ;
la mandibule droite fortement unidentée au côté interne,
et le labre entier (a).
4
Les Stomis. (Stomis. Clairv. )
Où les antennes sont plus longues que la moitié du corps,
composées d'articles alongés, et dont le premier plus long
que les deux suivants réunis; dont la mandibule droite
offre près du milieu de son côté interne une forte entaille,
et dont le labre est échancré (3).
Le sous-genre suivant, celui
De Catascope ( Catascopus. Kirb. ),
Se distingue des deux précédents , dont il se rapproche
d'ailleurs par la longueur relative du troisième article des
antennes, en ce que le corps est aplati, proportionnelle-
ment plus large, avec le corselet plus court, les élytres
fortement échancrées latéralement à leur extrémité posté-
rieure, et que le labre est alongé. Les yeux sont grands et
(i) Quelques autres espèces , analogues par la forme des palpes labiaux,
mais à mandibules plus fortes , cloui la dent mitoyenne du menton est
beaucoup plus grande , et propres aux Indes orientales , forment le genre
Trigonotoma de M. Dejean, dont les caractères sont expose's dans le troi-
sième volume de son Species. Ici encore .paraît devoir se placer le genre
Pseudomorpha de M. Kirby (Lin., Trans , XIV > 98).
(2) Carabus cephalotes , Fab. ; Panz., Fauii. insect. Germ. , lxxxiij, i;
Ind. entom. , p. 62.
(3) Stomis pwnicatus , Clairv. , Entom. helv. , Il , vi.
FAMILLE DES CARNASSIERS. O99
saillants. Ces insectes ont des couleurs brillantes, et ressem-
blent, au premier aspect, àdescicindèles ou à des élapbres (1).
Là, la longueur du troisième article des antennes est
triple, ou peu s'en faut, de celle du précèdent. Ces organes
ainsi que les pieds sont généralement grêles.
Dans ceux-ci , les quatre premiers articles des tarses anté-
rieurs des mâles sont larges, et le pénultième est bilobé.
Les Colpodes. ( Colpodes. Macl.)
Ce sous-genre, établi par M. Mac Leay fils (<\nnul. javan.; 1,
p. 17 , t. 1 , fig. 3 ) , paraît avoir de grands rapports avec le
précédent et les suivants. Suivant lui ? le labre est en carré
transversal et entier. L'échancrure du menton est «impie ou
sans dent. La tête est preque de la longueur du corselet.
(1) Ce sous-genre a été établi par M. Kirby sur une espèce de cara-
bique ( Calascopus Hardwickii, Trans. lin. soc., XIV, m, 1; Hist.
nat. des coléopt. d'Eur. , II , vit , 8) des Indes orientales , ayant la tète
et le corselet verts, les élytres d'un bleu verdàtre, avec des stries ponc-
tuées, et le dessous du corps presque noirâtre. M. Mac Leay fils (Annul.
javan. , I, p. i4) place les Catascopes clans sa famille des Harpalides ,
immédiatement après les Chlamies , et y rapporte le Carabe élégant de
Fabricius , rangé avec les Elaplires par M. Weber. Il les distingue d'un
autre sous-genre très voisin, qu'il établit sous la dénomination de Peri-
calus , par ses antennes, dont le second et le troisième articles'sont
presque de longueur égale, tandis qu'ici le troisième est plus long; par
les mandibules , qui sont courtes , épaisses et courbées , au lieu d'être
avancées et presque parallèles; a raison encore des palpes, qui sont
courts, épais, avec le dernier article ovoïde , presque tronqué, tandis que
ceux des Péricales sont grêles etcylindrique.s ; enfin parce qu'ici la tête
est plus large que le corselet , ce qui n'a pas lieu dans les Catascopes. Les
yeux , en outre, sont très saillants et globuleux dans les Péricales, ce qui
leur donne quelque ressemblance avec les Élapbres et les Cicindèles. Il
n'en décrit qu'une espèce (Pericalus cicindeloides , 1,2); mais nous igno-
rons encore quelles sont les différences sexuelles , surtout relativement
aux tarses. La forme de la languette des Catoscopes et celle de leurs
jambes les éloignent des Elapbres et des Tacbys. Ces insectes se rappro-
chent beaucoup plus des Chlœnies, 'des Anchomènes, des Spliodres, etc.
Plusieurs Carabiques simplicimanes ont l'extrémité de leurs élytres for-
tement sinuée au bout , et se distinguant à peine , sous ce rapport, des
Tronca t ipennes.
4.00 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Celui-ci est presque eu forme de cône tronqué, éch ancré en
devant , avec les côtés arrondis et un peu rebordés. Les
élytres sont un peu échancrées. Les lobes du pénultième
article des tarses antérieurs du mâle sont plus grands. Le
corps est un peu convexe. 11 ne cite qu'une seule espèce
(Brunneus ).
Dans ceux-là, tous les articles des tarses des deux sexes
sont entiers.
Les Mormolyces. ( Mormolyce. Hegemb. )
Le corps est très aplati , foliacé, et beaucoup plus étroit
dans sa moitié antérieure. La tète est fort longue, très
étroite, presque cylindrique. Le corselet est ovalaire et
tronqué aux deux bouts. Les élytres sont très dilatées et
arquées extérieurement, avec une échancrure profonde
au côté interne, près de leur extrémité.
La seule espèce connue {Phyllodes) a été l'objet d'une
monographie particulière publiée par M. Hagembach , et
se trouve à Java.
Les Sphodres. ( Sphodrus. Clairv. Bon. — Lœmosthenus .
Bon. — Carabus. Lin.
Ont le corps déprimé, mais non foliacé, avec la tête ovoïde,
le corselet en forme de cœur et les élytres sans dilatation
extérieure ni échancrure interne.
Plusieurs de ces insectes se tiennent dans les caves (i).
Les derniers simplicimanes se distinguent de tous les
autres par les dentelures intérieures des crochets du bout de
leurs tarses.
Les uns ont tous leurs palpes extérieurs filiformes, et le
corselet soit en forme de cœur rétréci et tronqué postérieu-
rement, soit en trapèze et s'éiargissant de devant en arrière.
Les Cte'jnipes. ( Ctenipus. Latr. — Lœmosthenus , Bon. )
Dont le corps est droit, alongé , avec'le corselet en forme
- i _r
(i) Carabus leucoplhalnius , Lin.; Carabus planus , Fab.; Panz., Faim.
insect. Germ. , XI , 4- Dans le Sphodrus terricola {'Carabus terricola,
Payk; Oliv. Col. III, XXXV , u , 124) , les crochets des tarses offrent
quelques petites dentelures , comme dans le sous-genre suivant.
FAMILLE DES CARNASSIERS. ^0 1
de cœur, rétréci et tronqué postérieurement. Le troisième
article des antennes est alongé (i)»
Les Calathes. ( Calathus. Bon. )
Dont le corps est ovale, arqué en dessus, avec le corselet
carré ou trapézoïde, plus large postérieurement (2).
Les autres ont les palpes labiaux terminés en massue, en
l'orme de toupie ou de cône renversé, et le corselet presque
orbiculaire.
Les Taphries. (Tavhria. QonelM. -Synuchus. Gyllenli. )
L'échancrure du menton est bidentée, ainsi que dans le
sous-genre précédent (3).
5° La section cinquième, celle des Patellimanes. (Patelli-
mani) , n'est distinguée de la précédente que par la manière
dont se dilatent dans les mâles les deux tarses antérieurs;
les premiers articles ( ordinairement les trois premiers, le
quatrième en sus ou les deux premiers seulement dans d'au-
tres), tantôt carrés, tantôt en partie de cette forme, et les
autres en forme de cœur ou de triangle renversé, niais tou*
jours arrondis à leur extrémité, et point terminés comme
dans les sections précédentes, par des angles aigus, forment
une palette orbiculaire ou un carré long , dont le dessous est
le plus souvent garni de brosses ou de papilles serrées, sans
vide au milieu.
Les pieds sont ordinairement grêles et alongés. Le corselet
est souvent plus étroit dans toute sa longueur que l'abdo-
(1) Les S nhoâr es janlhinus , complanalus , et plusieurs autres de M. le
comte Dejeari , qui se distinguent des vrais Sphodres par le raccourcisse-
ment du troisième article des antennes et les dentelures des crochets des
tarses. Ces deux sous- genres se confondent presque insensiblement.
M. Fischer a figure' plusieurs espèces de l'un et de l'autre, sous la déno-
mination géne'rique de Sphodre , dans le second volume de son Entomo-
graphie de la Puissie.
(2) Carabusmelanocephalus, Fab. ; Panz., Faun. insect. Germ., XXX,
19; — C. cisteloides, ibid. , Xï , 12 ; — C. fuscus\ Fab. ; — ■ C.fri-
gidus , ejusd. Voyez le Catal. de la coll. de M. le comte Dejean, et
M. Germar. Insect. Spec. nov. , I, pag. i3.
(3) Carabus vivaiti , Tlig ; Panz. , ibid. , XXXVÏI, 19.
TOME IV, 26
/|02 INSECTES COLÉOPTÈRES.
men. Ils fréquentent, pour la plupart, les bords des rivières
ou les les lieux aquatiques.
Nous partagerons les patellimanes en ceux dont la tête se
rétrécit insensiblement par derrière ou à sa base, et en ceux
où le rétrécissement se forme brusquement derrière les
yeux, de manière que la tête semble être portée sur une
espèce de cou ou de pédicule.
Les premiers peuvent aussi se subdiviser en deux.
Les uns, dont les mandibules se terminent toujours eu
pointe, et dont la palette des tarses est toujours étroite, alon-
gée , et formée par les trois premiers articles, dont le second
et le troisième carrés ont le labre entier ou sans échancrure
notable, et une ou deux dents dans l'échancrure du menton ;
l'extrémité antérieure delà tête n'est point rebordée.
Ici le dessous de la palette des tarses offre, comme dansles
précédents , deux séries longitudinales de papilles ou de
poils, avec un vide intermédiaire, et non une brosse serrée
•et continue. Les palpes extérieurs sont toujours filiformes et
terminés par un article presque cylindrique ou cylindrico-
o val aire.
Tantôt le corps est très aplati.
Les DoLiQUEs (Dolichus. Bon.)
Qui se rapprochent des derniers sous-genres et s'éloignent
de tous les suivants, par les crochets de leurs tarses dentelés
en dess'ous. Leur corselet est en forme de cœur tronqué (i).
Les Platynes. ( Platynus. Bon. )
Semblables , quant à la forme du corselet , mais à crochets
des tarses simples. ,
Les ailes manquent ou sont imparfaites dans quelques-
uns (2).
Les Agones. ( àgonum. Bon. )
Où le corselet est presque orbiculaire (3).
(1) Carabus fiavicornh , Fab. ; Preysl. , Bohem. insect. , I,iii,6, et
quelques autres espèces du cap de Bonne-Esperance.
(2) Platynus cornplanatus , Bon. • — Carabus angusticollis , Fab. ;
Panz. , Faun. insect. Germ. , LXXIH , 9 ; — Platynus blandus , Germ.
insect. , Spec. nov. , I , p. 1 2 ; — Carabus scrobiculatus , Fab. ; — Har-
palus livens , Gyll.
(3) Harpalus vihtus , Gyll. ; Panz. , ibid. , XXXVII, 18 5 — Ca-
FAMILLE DES CARTN ASSIERS. 4<>3
Tantôt le corps est d'une épaisseur ordinaire Le corselet
toujours en forme de cœur tronqué.
Les AnchomÈnes. ( ànchomenus. Bon. ) (i)
Là le dessous de la palette des tarses est garnie d'une brosse
serrée et continue. Les palpes extérieurs et surtout les la-
biaux sont, dans plusieurs, terminés par un article plus épais
ou plus large, en forme de triangle renversé.
Nous commencerons par ceux où, ils sont filiformes.
Les Callistes. ( Callistus. Bon. )
Ont la dent de l'écbancrure du menton entière, les palpes
extérieurs terminés par un article ovalaire et pointu au
bout, et le corselet en forme de cœur tronqué (2).
Les Oodes. (Oodes. Bon.)
Ressemblent aux callistes quant à la dent de l'échancrure
du menton , mais ont le dernier article des palpes maxillaires
extérieurs cylindrique , et le même des labiauxen ovale tron-
qué. Le corselet est trapézoïdal, plus étroit en devant, et de
la largeur de la base de l'abdomen à son bord postérieur (3).
Les Chl.enies. (Chl^enius. Bon.)
Où la dent de l'échancrure du menton est bifide ; qui ont
les palpes maxillaires extérieurs terminés par un article pres-
que cylindrique, un peu aminci à sa base, et le dernier des
labiaux en forme de cône renversé etalongé.
rabus marginatus, Fab.; Panz. , ibid., XXX, i4; — G. 6-punc'tatus, Fab.;
Panz., ibid., XXX , i3 et XXXVIII, 17? — C. parum-punclatus, Fab. ;
Panz. , ibid. , XCII , (\ ; — C. ^-punclatus , Fab. ; Oliv. , col. III, 35,
xin, 1 58. Voyez le Calai, de M. le comte Dejean. L'^. rotundatwn
et quelques autres forment, pour lui, un nouveau genre.
(1) Carabus prasinus , Fab. ; Panz. , ibid. , XVI , 6 ; — Carabus al-
bipes, Fab. ; Panz., ibid. , LXXIII , 7; — C. oblongus, Fab. ; Panz.,
ibid. , XXXIV, 3.
(2) Carabus lunatus , Fab. ; Panz., Faun. insect. Germ , XVI, 5;
Dej., Spec. , II, p. 296.
(3) C, helopioides , Fab. ; Panz. , ibid. , XXX, 1 1. Forez le second
volume du Spccies de M. le comte Dejean, pkft] 37/1-
26*
4o4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Le Carabe savonnier d'Olivier (col. III, 36, m, 26),
dont on se sert au Sénégal, en guise de savon , est de ce
sous-genre (1).
Dans les suivants les palpes extérieurs sont terminés par
un article plus large, comprimé , en forme de triangle ren-
versé ou de hache , et plus dilaté dans les mâles La dent de
Téchanci ure du menton est toujours hifide.
Les Épomis. ( Epomis. Bonelli. )
Auxquels nous réunirons les Dinodes (Dinodes) y dont le
dernier article des palpes est un peu plus dilaté (2).
Le genre Lissauchenus, de M. Mac-Leay fils (Annul. javan.
I,i, 1 ) me paraît peu différer du précédent.
Les autres ont le plus souvent les mandibules très ob-
tuses , ou comme tronquées et fourchues ou bidentées à leur
extrémité. Leur labre est distinctement échancré ou bilobé,
et la portion antérieure delà tête, qui lui donne naissance,
est rebordée et souvent concave. L'échancrure du menton
n'offre point de dent. La palette des tarses de plusieurs est
large , presque orbiculaire.
Ceux-ci ont les mandibules terminées en pointe, sans
échancrure ni dent au dessous d'elle.
La palette des tarses des mâles est formée par les trois pre-
miers articles.
Les Rembes. (Rembus. Latr. )
Le labre est bilobé. Les palpes maxillaires extérieurs sont
(1) C. cinclus, Fab. ; Herbst. , Archiv. , XXIX , 7 ; — C.festivus,
Fab.; Panz., ibid., XXX, i5; — C. spoliatus, Fab.; Panz, , ibid. ,
XXXI, 6 ; — Chlœnius velutinus , Dej. ; Carabus cinclus, Oliv., col. III ,
35, m, 28; — C. holosericeus , Fab. j Panz., ibid., XI, 9, a; — C.
nigricornis , Fab. 5 Panz. , ibid., XI, 9, b , c. ; — C. agrorum, Oliv. ,
ibid. , XII, 1 44 '■> ~~ £• ^sulcatus, Payk. , et plusieurs autres espèces
exotiques de Fabricius, telles que les suivantes : tenuicollis , oculalus ,
posticus , micans , quadricolor, stigina , artimon , carniftx , etc. Voyez
le second vol. du Spec. Je M. Dejean , pag. 297 et suiv.
(2) Dinodes ru/ipes , Bon. 5 Dej., Spec, II, pag. 3^2; Carabus
azureus , Duft. ; Chalœnius azureus , Sturm. , V,cxxvn; — Epomis
circumscriptus, Dej., Spec. , II, p. 369; Carabus cinctus , Ross. , Faun
etrnsc. , I , îv , 9 ; — Carabus crœsus , Fab.
FAMILLE DES CARNASSIERS. /±o5
filiformes, et le dernier article des labiaux est un peu renflé,
en forme de cône renversé et aîongé.
La tête est étroite, relativement à la largeur du corps. Les
antennes et les palpes sont grêles (i).
Les Diceles. ( Dic^lus. Bon.)
Le labre est simplement échancré, avec une ligne imprimée
et longitudinale au milieu. Le dernier article des palpes
extérieurs est plus grand et presque en forme de hache.
Le corps est presque parailélipipède, avec la tête presque
aussi large que le corselet, et les élytres fortement striées et
souvent carénées latéralement. Les mandibules sont arquées
inférieu rement, au bord interne, et comme tronquées ensuite
et terminées en pointe. Les espèces connues sont américai-
nes (2).
Ceux-là on des mandibules très obtuses , écliancrées à leur
extrémité, ou unidentées en dessous.
Les Licines. (Licinus. Latr.)
Ont le dernier articles des palpes extérieurs plus grand ,
presque en forme de hache. La palette des tarse^des mâles est
large, suborbiculaire etformée par les deux premiers articles,
dont le basilaire fort grand (3).
Les Badister. ( Badister. Clairv. Amblychus. Gyllenh. )
Où. le dernier article des palpes extérieurs est ovalaire ;
celui des labiaux est simplement un peu plus gros (terminé
souvent en pointe aiguë). La palette des tarses est en carré
long et formée par les trois premiers articles (4).
fi) lie mb us poli tus , Dej ; Carabus polilus , Fab. ; Herbst. , Archiv. ,
XXIX , 2 ; — H. impressus, Dej. ; Carabus impressus , Fab.
(2) "Voyez le Spec. gen. des col. de M. le comte Dejean., II , a83.
(3) Carabus agricole/ , Oliv., col. III, 35, V, 53; — C. silphoîdes9Fab.'}
Sturm. III, lxxiv , a ; — C. cmarginalus , Oliv. , ibid. , XIII , i5o ; Ca-
rabus cassideus , Fab. ; — C. depressus , Pajk.; Sturm. , ibid. , LXXIV,
o , O ; — C. H of finalise ggd , Panz. , Faun. insect. Germ. , LXXXIX, 5.
Voyez le Speçies de M. le comte Dejean, II, pag. 392-401
(4) Carabus bipustulatus , Fab ; Ciairv. , Eutom. Helv. , II, xiri; —
■C. pellalus , Ilig. - Panz. , ibid., XXXVII, 20. Voyez le second volume
du Spec. de M. le comte Dejean , pag. f\o5-^i r.
4o6 INSECTES COLÉOPTÈUES.
Les derniers patellimanes, ou ceux qui composent leur se-
conde division générale, ont leur tête rétrécit brusquement
derrière les yeux , ei comme distinguée du corselet par une
espèce de cou ou de pédicule. Elle est souvent petite , avec
les yeux saillants. Dans plusieurs, la languette est courte et
s'avance peu au-delà de l'échancrure du menton.
Ici cette échancrure n'a point de dent; les mandibules
sont fortes, et le labre est fortement échancré et presque
bilobé. Tels sont
Les Pelécies. ( Pelecium. Kirby.)
Le dernier article des palpes extérieurs est en forme de
hache. La languette est courte. Le corps est oblong , plus
étroit en devant. Les quatre premiers articles des tarses an-
térieurs des mâles sont en forme de triangle renversé , gar-
nis de brosse en-dessous , et le quatrième est bifide.
Les espèces de ce sous-genre et du suivant sont propres
à l'Amérique méridionale (i).
Là, l'échancrure du menton offre une dent; les mandibu-
les sont généralement petites et moyennes dans les autres.
Le labre est entier ou faiblement échancré.
Quelques-uns se rapprochent des péiécies à l'égard des
palpes extérieurs , terminés aussi par un article plus grand,
en forme de hache ou de triangle renversé. Leur tète est
toujours petite, et le corselet est orbiculaire ou trapézoïde.
Les Cynthies. (Cyjsthia. Lat. — Aupar. Microceplialus.)
Dans les mâles desquels les premiers articles des tarses
antérieurs sont en forme de triangle renversé et composent
la palette; ils sont garnis de brosse en-dessous , et le qua-
trième est bifide.
La tête et les mandibules sont proportionnellement plus
fortes que dans le sous-genre suivant. Les palpes extérieurs
sont moins alongés, mais plus comprimés au bout. Le corps
est ovale , avec le corselet trapézoïdal, plus large postérieu-
rement , plan , rebordé , sillonné lôngitudinalement (2).
(;) Pelecium cyanijjes , FLirb. , Transacl. linn. soc. , XII , xxi, 1 .
•/) Sous-genre établi sur des espèces du Brésil. ayant,ainsi que lcsdicles,
if povt des Ahax de M. Eom lli.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 4°7
Les Panagées. ( Panag^us. Lat* )
Dont la palette des tarses, propre aux mâles , n'est formée
que par les deux premiers articles-
La tête est très petite, comparativement au corps, avec,
les yeux globuleux. Les mandibules, les mâchoires et la lan-
guette sont aussi très petites. Le corselet est le plus souvent
suborbiculaire (i).
Dans les sous-genres suivants, et qui terminent cette sec-
tion , les palpes extérieurs sont filiformes ; le dernier article
des maxillaires est presque cylindrique et le même des la-
biaux est presque ovalaire ou presque en cône renversé et
alongé. Le premier sous-genre, celui
De Loricère. (Loricera. Lat. )
Est très remarquable. Ses antennes sont sétacées , cour-
bes, avec le second article et les quatre suivants plus courts
que les derniers et garnis de faisceaux de poils. Les mandi_
bules sont petites. Les mâchoires sont barbues extérieure-
ment. Le labre est arrondi en devant. Les palpes labiaux
sont plus longs que les maxillaires. Les yeux sont très sail-
lants. Le corselet est presque orbiculaire ou en forme de
cœur, largement tronqué et arrondi aux angles posté-
rieurs. Les trois premiers articles des tarses antérieurs sont
dilatés dans les mâles (2).
Les Patrobes. ( Patrobus. Meg. )
Ont des antennes filiformes, droites, sans faisceaux, de
poils, avec le quatrième article et les suivants égaux , pres-
que cylindriques; les mandibules de grandeur ordinaire; le
labre en carré transversal , avec le bord antérieur droit. La
(1) Carabus crux-major, Fab. ; Clairv. , Enlom. Helv. , II, xv ; —
Garabus notulatus , Fab. ; — Çy'chrus reflexus , Fab. 5 Oliv. , col III ,
35 , vit , 77 5 — Garabus angulalus , Fab. 5 Oliv. , ibid. , vu , 76 ; — Pa-
nagc'e à quatre taches , Cuv. ,Reg. anirn., IV, xiv, 1. Voyez l'article
Panagée de FEncyclop. mélhod. , et le second volume du Species de
M. le comte Dejean , pag. 283 et suiv.
(a) Loricera œnea, Latr. ; Carabus pUicornis , Fab.; Panz. , Faun.
'usect. Germ. , XI , 10 ; Oliv. ; col. III , 35, xi, 119: Dej. , Spec. , II ,
pag. 393.
4-OS IJNSECTIÎS COLÉOPTÈRES.
longueur des palpes labiaux n'excède pas celle des maxil-
laires. Le corselet est en forme de cœur tronqué , avec les
angles postérieurs aigus. Les deux premiers articles des
tarses antérieurs sont seuls dilatés dans les maies. Les yeux
sont moins saillants et le cou est moins étroit que dans le
sous-genre précédent (i).
Nous passerons maintenant aux carabiques dont les jam-
bes antérieures n'ont point d'échancrure au côté interne , ou
qui en offrent une, mais commençant très près de l'ex-
trémité de ces jambes, ou ne s'avançant point sur leur
face antérieure et ne formant qu'un canal oblique et linéaire.
La languette est souvent très courte, terminée en pointe au
milieu de son sommet , et accompagnée de paraglosses allant
aussi en pointe. Les mandibules sont robustes. Le dernier
article des palpes extérieurs est ordinairement plus grand,
comprimé en forme de triangle renversé ou de hache dans
les uns, presque en forme de cuiller dans les autres (2).
Les yeux sont saillants. Les élytres sont entières ou simple-
ment sinuées à leur extrémité postérieure. L'abdomen est
ordinairement volumineux , comparativement aux autres
parties du corps. Ces carabiques sont, pour la plupart, de
grande taille, ornés de couleurs métalliques brillantes, cou-
rent très vite et sont très carnassiers. Ils composeront une
section particulière, la sixième du genre , et que nous nom-
merons Grandipalpes ( Grandipalpi) (3).
Une première division aura pour caractères : corps tou-
jours épais, sans ailes; labre toujours bilobé; dernier arti-
cle des palpes extérieurs toujours très grand ; échancrure du
menton sans dent ; côté interne des mandibules entière-
ment ou presque entièrement dentelé dans sa longueur.
Ici les mandibules sont arquées, fortement dentées dans
toute leur longueur, et l'extrémité latérale et extérieure des
m) Carabus ri'fîpes, Fab. ; C. excauatus , Vny\ . ; Panz., ibid., XXXIV
a. M. le comte Dejcan , dans le Catalogue de sa collection , en mentionne
deux autres espèces, l'une du Portugal et l'autre de l'Amer, sepleat.
(2) Il est souvent plus dilaté dans les mâles ; cela est surtout très sen-
sible dans les Procèrus.
(3) Dénomination plus caracte'risiique que celle d'abdominaux, qiff
nous lui avions donnée auparavant.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 4*X)
deux premières jambes est prolongée eu une pointe. Le der-
nier article de leurs palpes extérieurs est en demi-ovale ,
longitudinal, avec le côté interne arqué ; les palpes maxil-
laires internes sont droits, avec le dernier article beaucoup
plus grand que le premier et presque ovoïde. L'échancrure
du menton est peu profonde. Tels sont les caractères
Des Pambores. ( Pamborus. Latr. )
On n'en connaît encore qu'une seule espèce, le Pam-
bore alternant (Cuv., Règ. anim., V,xiv, a; Dej., Spec.,II,
p. 18, 19), et qui a été apportée de la Nouvelle-Hollande
par Peron et M. Lesueur.
Là les mandibules sont droites , simplement arquées
ou 'crochues et dilatées à leur extrémité. Les deux jambes
antérieures ne se prolongent point en manière d'épine à leur
extrémité latérale. Le dernier article des palpes extérieurs
est beaucoup plus large que les précédents, concave en des-
sus, presque en forme de cuiller. Le menton'est profondes
ment échancré, proportionnellement plus alongé que dans
les sous-genres suivants, épaissi sur les côtés dans la plupart,
et comme divisé longitudinalement en trois espaces.
Les élytres sont soudées, carénées latéralement, et embras-
sent une partie des côlés de l'abdomen. Ces carabiques com-
posent le genre Cychrus de Pvkull et de Fabricius, mais
qu'on a modifié depuis, de la manière suivante :
Ceux dont les tarses so:it semblables dans les deux sexes,
dont le corselet est eu foyue de cœur tronqué, plus étroit
postérieurement, ou presque oihiculaire , et point relevé
sur les côtés, avec les angles postérieurs nuls ou arrondis,
ont seuls conservé la dénomination générique
De Cycrrus. ( Cychrus. Latr.,Dej. ) (1)
Ceux où les maies ont les trois premiers articles des tarses
antérieurs dilatés, mais faiblement et sous forme de pa-
■ »
(1) Cychrus ro stratus , Fab. ; Panz. , Faim, inscct. Germ. , LXXIV,
6; Clairv., Entom. Helv. , II, xix, A; — C. attenualus , Fab. ; Panz. ,
ibid. , II, 3; Clafrv. , ibid. , xix, B; — C. italiens , Bonel. , Observ.
entom. (Mém. de l'Acad. de Turin). Voyez , pour les autres espèces,
Spec. de M. le comte Dejean, II, pag. l\ et suiv.
4lO INSECTES COLÉOPTÈRES.
Jette,, et dont le corselet est en trapèze, large, échancrë
aux deux bouts, relevé sur les côtés avec les angles posté-
rieurs aigus et recourbés, composent une autre coupe géné-
rique, celle
Des Scaphinotes. (Scaphinotus. Latr., Dej.) (i).
D'autres espèces enfin, ayant le port des cychrus, mais
dont les tarses antérieurs ont, dans les mâles, les deux
premiers articles très dilatés et formant avec le suivant,
qui i'est moins, et dont la figure est celle d'un cœur, une
palette, sont pour M. le comte Dejean
Des SPHiERODERES. ( SpH^ERODERUS. ) (2).
Les espèces de ces deux derniers sous -genres sont par-
ticulières à l'Amérique.
La seconde division de cette section nous offrira des cara-
biques ayant aussi comme les précédents le corps épais, le
plus souvent privé d'ailes, mais dont le menton est muni,
au milieu de son échancrure, d'une dent entière ou bifide,
et dont les mandibules sont, au plus, armées d'une ou de
deux dents et situées à leur base.
Le corselet est toujours en forme de cœur tronqué. L'ab-
domen est le plus souvent ovalaire.
Les uns, dont le labre est quelquefois entier, ont tous les
tarses identiques dans les deux sexes.
Les Tefflus. (Tefflus. Leach. )
Sont les seuls de cette division dont le labre soit entier ou
sans échancrure.
Le Tejjlus de Megerle ( Carabus Megerlei, Fab. j Voet.,
col. II, xxxix, 49)? a Pr^s de deux pouces de long, et
habite la côte de Guinée et l'extrémité orientale du Séné-
gal. Il est tout noir, avec le corselet ridé, et les élvtres
divisées par des côtes longitudinales et ayant dans leurs
sillons des, points élevés, Le dernier article des palpes
extérieurs est très grand, en forme de hache alongée,
(1) Cychrus elevatus , Fab. ; Knoch , Beytr. , I, vin", 12 ; Dej. , Spec»,.
II, pag. 17.
(2) Dej. , Spec. , ÎI , pag. \(\ etsuiv.
FAMILLE DES CaRIVASSIERS. ^11
avec le côté interne curviligne. La dent de l'échancruredu
menton est petite. Le troisième article des antennes est
trois fois au moins plus long que le second.
Les Procerus. ( Procerus. Meg. )
Ont le labre bilobé. Toutes les espèces connues sont
pareillement de grande taille, soit entièrement noires , soit
de cette couleur en dessous, et bleues ou verdâtres en
dessus, avec les élytres très chagrinées. Elles habitent géné-
ralement les montagnes des contrées orientales et méridio-
nales de l'Europe, et celles du Caucase et du Liban (i).
Les autres, et dont le labre est toujours divisé en deux ou
trois lobes, ont les tarses antérieurs très sensiblement dila-
tés dans les mâles.
Ceux-ci n'ont jamais d'ailes. Leurs mandibules sont lisses,
et l'on remarque à leur base , ou à l'une d'elles au moins ,
une ou deux dents. Le corselet est en forme de cœur tronqué,
subisométrique ou plus long que large. L'abdomen est ova-
iaire.
Les Procrustes. (Procrustes. lion.)
Dont le labre est trilobé, et dont la dent de l'échancure
du menton est bifide (2).
Les Carabes. (Carabus. Lin. Fab.— Tachypus. Web.)
Où le labre est simplement échancré ou bilobé, et dont
la dent de l'échancrure du menton est entière.
M. le comte Dejean en a décrit cent vingt quatre espèces,
qu'il a distribuées dans seize divisions. Les treize premiè-
res comprennent celles dont les élytres sont convexes ou
(1) Carabus scabrosus , Fab. ; C. gigas , Creutz. , Entom., I, 11, i3; —
C. scabrosus, Oliv., col. ITI, 35, vu, 83, décrit et figuré depuis
0
longtemps par Mouffet , Ins. thealh. , i5cj; — P. tauricus , Dej. , Spec. ,
II, i!\; Carabus scabrosus, Fisch., Enlom. de la Russie, I, n, 1, b,
c\f f; Procerus caucasicus, Dej., ibid. , p. 25; Carabus scabrosus ,
Fisch. , ibid. , c. , e. M. Labillardière a trouve', dans le Liban, une
autre espèce , mais inédite.
(2) Carabus coriaceus, Fab.; Panz., Faun. insect. Germ., LXXXI, 1.
Voyez le second volume du Species de M. le comte Dejean, pag, 26
et suiv.
hl'J, INSECTES COLÉOPTÈRES.
bombées , et les trois dernières , celles où elles sont
planes , et dont M. Fischer forme deux genres, plectes et
cechenus (i) , fondés sur les proportions relatives de la tête
et du corselet. La considération de la surface des élytres
fournit les autres caractères secondaires de ces divisions , et
telle a été la méthode de MM. Clairville et Bonelli. La ma-
jeure partie de ces espèces habite l'Europe , le Caucase , la
Sibérie , l'Asie mineure, la Syrie et le nord de l'Afrique,
jusqu'au trentième degré environ de latitude nord. On en
trouve aussi quelques-unes aux deux extrémités de l'Amé-
rique , et il est probable que' les montagnes des contrées in-
termédiaires en possèdent aussi quelques-autres.
Parmi les espèces à corps convexe et oblong , l'une des
plus communes est le C. doré { C. auratus , Lin.), Panz.,
Faun. insect. Germ., LXXXI, 4, qu'on nomme vulgai-
rement le Jardinier. Long de près d'un pouce, d'un vert
doré en dessus, noir en dessous, avec les premiers articles
des antennes et les pieds fauves; élytres silonnées, uni-
dentées au bord extérieur, près de leur extrémité , surtout
dans la femelle, avec trois côtes unies sur chaque.
Ce carabe disparaît au midi de l'Europe, ou ne s'y
trouve plus que dans les montagnes {%).
(i) Carabus hispanus , Fab. ; Germ. Faun. insect. Europ. , VIII , 2;
— C cyaneus , Fab. ; Panz. , Faun. insect. Germ., LXXXI, 2; — C.
Creutzeri, Fab. 5 Panz. , ibld. , CIX , 1 ; — C. depressus , Bonel. ; — C.
ossedcus , Dej.; Plectes ossetlcus , Fiscli. , Enlom. de la Russie, II,
xxxm, 3 ; — C. Fabricii, Panz. , ibld. , CIX, 6; — C. irregularis, Fab. ;
Panz. . ibid. , V, 4 ; — C. pyrenœus , Dufour. — Les deux dernières ren-
trent dans le genre Cechenus de M. Fischer. Leur tète est proportionnel-
lement plus large que celles des espèces précédentes ou des Plectes de
M. Fischer.
(2) Ajoutez C. auro-nitens, Fab. ; Panz. . ibid. , IV , 7 ; — C. nitens,
Fab. ; Panz. , ibid., LXXXV, 2 ; — C. cœlatus , F. ; Panz. , ibid. ,
LXXXVII, 3 ; — C. purpurascens, F. ; Panz. , ibid. , IV, 5 , — C.catena-
lus , F ; Panz., ibid., LXXXVII, !\\—C. cutenulalus, F. ; Panz., ibid •
IV, 6 ;— C. affinis, Panz. , ibid., CIX , 3 ; — C. Scheidleri, F. ; Panz. ,.
ibid. , LXVI , 2 ; — C. monilis, F. ; Panz. , ibid,. , CVIII , 1 ; — C. con-
silus , Panz. , ibid. , 3 ; — C. cancellatus, F. ; Panz. , ibid., LXXXV, 1 ;
— C. arvensis , F. ; Panz. , ibid. , LXXIV , 3 , LXXXI , 3 ; — C. mor-.
FAMILLE DES CARN ASSTEUS. ^l5
Ceux-là sont le plus souvent ailés. Leurs mandibules sont
striées transversalement, sans dents sensibles au côté in-
terne. Le corselet est transversal , également dilaté et ar-
rondi latéralement , sans prolongements aux angles posté-
rieurs. L'abdomen est presque carré. Leurs palpes exté-
rieurs sont moins dilatés à leur extrémité. Les mâchoires se
courbent brusquement à leur extrémité. Le second article
des antennes est court et le troisième alongé. Les quatre
jambes postérieures sont arquées dans plusieurs mâles.
Les Calosomes. (Calosoma. Web. Fab: Calosoma, CalUs*
thenes , Fischer.)
Ce sous-genre est beaucoup moins nombreux que le pré-
cédent , mais ses espèces s'étendent depuis le nord jusqu'à
l'équateur.
Le C. sycophante ( Caràbus sycophantha, Lin.) , Clairv.,
Entom. Helvet., II, xxi, A.
Long de huit à dix lignes, d'un noir violet, avec les
élytres d'un veit doré ou cuivreux très brillant , très fine-
ment striées, et ayant chacune trois lignes de petits points
enfoncés et distants.'
Sa larve vit dans le nid des chenilles processionnaires,
dont elle se nourrit. Elle en mange plusieurs dans la même
journée ; d'autres larves de son espèce, encore jeunes et
petites , l'attaquent et la dévoient , lorsqu'à force de s'être
repue, elle a perdu son activité. Elles sont noires, et on
les trouve quelquefois courant à terre ou sur les arbres, et
sur le chêne particulièrement (i).
billosus,Y. ; Panz. , ibid. , LXXXI ,5; — C. granulatus , F. ; Panz.,
ibid. ,65 — C. violace.us, F. ; Panz. , ibid. , IV, 4} — C marginalisa
F.; Panz., ibid. , XXXIX, 7; — C. glabraius , F. 5 Panz. , ibid. ,
LXX1V, 4 '■> — C. convexus , F. ; Panz. , ibid. , 5 5 — C horiensis; F. ;
Panz. , ibid., V, i ; — C. nodulosus , F. ; Panz. , ibid. , LXXXI V , 4 ; —
C. sylvesiris, F. ; Panz , ibid. , V, 3; — C. gemnzalus , F. ; Panz., ibid. ,
LXXIV , 2; — C. cœruleus , Panz., ibid. , CIX , 2; — C. concolor ,
F.; Panz.; ibid., CVIII, 2; — C. Linnœi , Panz., ibid., CIX, 5; —
C. angustatus , Panz. , ibid. . [\. Voyez, quant à la synonymie de ces
espèces et quant aux autres du même sous-genre, le second volume du
Species de M. le comte Dejean , pag. 30-189.
(1) Ajoutez C. inqnisitor^ Fab. ; Panz., Faun. insecr. Germ., LXXXI,
4l4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
La troisième et dernière division des grandipalpes nous
offre un ensemble de caractères qui la signalent distincte-
ment des précédentes. La plupart ont des ailes. Les tarses an-
térieurs des mâles sont toujours dilatés, le labre est en-
tier. Les palpes extérieurs sont simplement un peu dilatés
ou un peu plus gros à leur extrémité , avec Je dernier article
en forme de cône renversé et alongé. Le côté interne des
mandibules ne présente point de dents notables; celle du
milieu de l'échancrure du menton est bifide. Le milieu du
bord supérieur de la languette s'élève en pointe. Les jambes
antérieures de plusieurs ont au côté interne une courte
échancrure ou l'un des deux éperons inséré plus haut que
l'autre, de sorte que ces carabiques sont sous ce rapport am-
bigus et. pourraient venir, ainsi que ceux de la section sui-
vante , immédiatement après les palellimanes (i). Ils fré-
quentent généralement les lieux humides et aquatiques.
Quelques-uns même, comme les omophrons, paraissent lier
cette tribu avec la suivante ou les carnassiers aquatiques.
Les uns, dont le corps est aplati , ou bombé et subor-
biculaire, ont des yeux de grandeur, ordinaire , les anten-
nes linéaires et composées d'articles généralement alon^és,
presque cylindriques ,1e côté extérieur des mâchoires barbu
et les deux éperons internes des deux jambes antérieures de
niveau à leur origine j ces jambes n'ont qu'un simple canal
longitudinal.
Tantôt le corps est ovale-oblong , aplati, avec le corse-
let en cœur tronqué, rétréci postérieurement. L'écusson est
distinct. Les trois premiers articles des tarses antérieurs des
mâles sont dilatés.
Les Pogonophores. ( Pogonophorus. Lat., Gvllenh. — Leis-
tus , Frcel., Clairv. — Carabus , Fab. — Manticora , Panz. )
Remarquables parl'alongement de leurs palpes extérieurs,
7; — C. reliculalum , F. , Panz. , ibid., 9; — C. indagator, F.; Clairv.,
Ent. Helv. , TT , xxi , B ; — C. scmlator, F. ; Leach , Zool. mise, xcm;
— C. calidum, F. ; Oliv. , col. III, 35, iv , 45, et n, 21. — Le C.por-
culalum de Fabricius est un Hélops. Voyez le second volume du Species
de M. le comte Dgjean , pag. 190 et suiv.
(1) Les Pogonophores sont très voisins des Loricères.
I
FAMILLE DES CARNASSIERS. /\l6
«t dont les labiaux plus longs que la têlej par leurs mandi-
bules, dont le côté externe forme un angle saillant et aplati;
enfin par leur languette avancée et terminée par trois épines.
Leur tête est brusquement rétrécie derrière les yeux, et les
articles de leurs antennes sont longs et menus. Toutes les
espèces connues sont européennes (i).
Les Nébries. (Nebria. Lat.)
Qui ne diffèrent des pogonophores que par des caractères
négatifs, ou en ce que les palpes sont beaucoup plus
courts, que le côté externe des mandibules est peu ou point
dilaté et ne forme plus qu'une très petite oreillette,ne s avan-
çant point au-delà de la base des mâchoires ; que la languette
est courte , et que la tête n'offre point d'étranglement ou
de cou. Les antennes sont aussi proportionnellement plus
épaisses et composées d'articles plus courts (2).
Les Alpées. ( Alp^sus. ) de M. Bonelli.
Ne sont que des nébries aptères , un peu plus oblongues,
et qui habitent plus spécialement les hautes montagnes (3).
Tantôt le corps, bombé ou convexe en dessus, est presque
orbiculaire avec le corselet fort court, transversal, très échan-
créen devant , plus large et lobé postérieurement. L'écusson
n'est point apparent. Le premier article des deux tarses anté-
rieurs des mâles (et quelquefois le même des tarses inter-
médiaires, comme dans l'O. mélangé) est seul sensiblement
dilaté.
• —
(1) Carabus spinibarbis , Fab ; Leistus cœruleus , Clairv. , Entom.
Helv. , II, xxin, A, a:— -C. spinilabris , Fab. ; Leistrus rufescens, ibicl.,
B,b; — C. rufescens, Fab.; Carabus lerininatus , Panz , Fann. insect.
Germ. , "VII, 11. Voy es, pour les autres espèces, le second volume du
Species de M. le comte Dejean, pag. 212 et suiv.
(2) Nebria arenaria, Latr. , Ge'ne'r. crust. etinsec^, I 2, vu , 6; — Ca-
rabus brevicollis , Fab. ; Panz. , ibid. , XI , 8 ; Clairv. , ibid. , XXII, B ;
— C. subulosus , Fab. ; Clairv. , ibid. , A; Panz. , ibid. , XXXI, 4 i —
C. picicornis , Fab. ; Panz. , ibid. , XCII ,15 — C. psammodes , Ross. ,
Faun. etrusc , mant. I , v , M.
(3) Le C. Helwigii dePanzer, ibid., LXXXÏX , 4» est un ^ïpe'e.
Forez le Species de M. le comte Dojeari , II, pagi 22 ; el suiv.
4l6 INSECTES COLI-OPTÈRES.
Les Omophrons. Omopron. Latr. — Scolytus. Fab.
Ce sous - genre se compose (l'un petit nombre d'espèces
que l'on trouve sur les bords des eaux, en Europe, dans
l'Amérique septentrionale, en Egvpte et au cap de Bonne-
Espérance. M. Desmarest a fait connaître la larve de l'espèce
la plus commune. Sa forme se rapproche de celle des larves
de dytiques. Les observations anatomiques de M. Dufour
paraissent confirmer ces rapports (i).
Les autres, dont le corps est assez épais, Ont de grands
yeux et très saillants ; des antennes grossissant un peu vers
leur extrémité, et composées d'articles courts, pour la plu-
part en forme de toupie ou de cône renversé ; l'un des deux
éperons de l'extrémité interne des deux jambes antérieures
inséré plus haut que l'autre, avec une entaille dans l'entre-
deux. Les quatre ou trois premiers articles des tarses anté-
rieurs des mâles sont peu dilatés dans la plupart. Les palpes
ne sont jamais alongés. Ces insectes sont riverains et tous
d'Europe ou de Sibérie.
Tantôt le labreest très court, transversal et terminé parune
ligne droite. Le dernier article des palpes extérieurs est pres-
que en forme de cône renversé, plus gros et tronqué au
bout. Les mandibules s'avancent notablement au-delà du
labre. Les tarses antérieurs des mâles sont sensiblement
dilatés.
•
Les Elaphres. (Elaphrus. Y&b.-Elap1irus7 Blelhisa, Pelo-
phila. Dej. )
Les uns, et les plus grands ( Bléthises, Blelhisa, Bonelli )>
ont le corselet plus large que long, plan , rebordé latérale-
ment,presque carré,un peu rétréci versles angles postérieurs.]
Ici les trois premiers articles des tarses antérieurs sont for-
tement dilatés et cordiformcs dans les mâles. Ce sont les
Pélophiles ( Pelophila ) de M. Dejean (2).
- ___ «
(1) Voyez Farticle omophron d'Olivier, Encyclop. methcxj.; FEn-
t.omol. Helvet. , II, xxvi; Latr. , Geuer. crust. et insect. , I , 225,
vu, 7 , et le second vol. du Spec. de M. le comte Dejean , p. 25^ et suiv.
(2) Carabus borealis , Fab. ; Nthria borealis , Gyllenh. ; Panz. , Faune
insect. Germ. , LXXV, 8.
FAMILLE DES CARNASSIERS. 4*7
Là, les quatre premiers articles des tarses antérieurs des
mâles sont faiblement dilatés ; ce sont les Blethjses ( ble~
thisa ) d u même ( i ) .
Les autres ont ie corselet aussi long au moins que large,
convexe, en forme de cœur tronqué. Le corps est propor-
tionnellement plus convexe que dans les précédents. Les
quatre premiers articles des tarses antérieurs sont légèrement
dilatés dans les mâles. Ceux-ci composent exclusivement son
genre Elaprre. •
UElaphre uligineux ( C. uliginosus , Fab. ; elaphrus
riparius , Oliv. , col., II ? 34 ? I, i. A-E. ) est long
d'environ quatre lignes, d'un bronzé noirâtre, très ponc-
tué , avec des impressions ou petites fossettes sur le front
et sur le corselet, et d'autres à fond violet, élevées dans
leur contour et réunies les unes aux autres, sur les élytres.
Les tarses sont d'un noir bleuâtre • mais les jambes sont
tantôt de cette couleur tantôt roussâtres. Ces derniers indi-
vidus ont été considérés comme formant une espèce pro-
pre ( Cupreus), par MM. Megerle et le comte Dejean. il est
très rare aux environs de Paris, mais commun dans d'au-
tres parties de la France, en Allemagne, en Suède, etc.
UElaphre des rivages (Cicindela, riparia , Lin.; Ela-
phrus riparius, Fab.; Clairv. , En loin, helvet., il, xxv ,
A. a.; elaphrus y paludosus , Oliv., col. II, 34, i > 4; a D ?
Panz. , Faun. insect. Germ., xx , i. ). D'un tiers environ
plus petit' que le précédent, très finement pointillé et
d'un cuivreux mat et mêlé de vert, en dessus, avec des
impressions circulaires, mameionées au centre, vertes,
disposées sur quatre lignes, et une tache cuivreuse, polie
et luisante, près la suture, sur chaque élytre. Commun
aux enviions de Paris (2).
Tantôt ie labre est presque demi-circulaire et arrondi en
devant; les palpes extérieurs se terminent par un article su-
bovalaire , rétréci en pointe au bout. Les mandibules s'avan-
cent peu au-delà du labre. Les tarses sont identiques dans
les deux sexes.
(j) Car-abus mullipunctalus , Fab. ; Panz. , ibid. , XI , 5.
(2) Voyez pour les autres espèces, le second volume du Spëcies de
M. le comte Dejean , pag. 268 et suiv.
TOME IV. 27
4 t S INSECTES COLÉOPTÈRES.
L'extrémité antérieure de la tête fornie un petit museau.
Le dessins du corps est plan , avec le corselet trapézoïde ,
presque aussi large que la tête^ un peu rétréci postérieu-
rement.
Les Notiophiles. (Notiophilus. Dumér. — Elaphrus. Fab. ,
Oliv. ) (l)
Notre seconde division générale de cette tribu, lesSuBULi-
palpes {Subulipalpi) , est distinguée de la "précédente par la
forme des palpes extérieurs, dont l'avant- dernier article, en
formedccônc renversé, se réunit avec le suivant, et compose
avec lui un corps commun ovalaire ou en fuseau , terminé ,
soit insensiblement, soit subitement , en pointe ou en ma-
nière d'alêne. Les deux jambes antérieures sont toujours
échancrées au côté interne. Ces insectes ressemblent beau-
coup aux derniers, tant pour les formes que pour la manière
de vivre.
Les Bemmdions. ( Bembidion. Latr. — Bembidium. Gyllenh.,
Dejean. )
Ont l'avaut-dernier article des palpes extérieurs grand ,
renflé; en forme de toupie, et le dernier beaucoup plus
grêle, très court, conique ou aciculaire. Le premier article
des deux tarses antérieurs est dilaté dans les mâles.
MM. Ziégler et Megerle ont divisé ce sous-genre en plu-
sieurs autres (2) , mais sans eu donner les caractères et en se
( 1) Cicindela aquatica , Lin. ; Elaphrus acjuaticus, Fab. ; Panz., Faun.
insect. Germ. , XX, 3; — Elaphrus biguttatus , Fab., et auquel M. le
comte Dejean rapporte son C. semipunctatus, Consultez le Species de ce
dernier, II , p. 276 et suiv.
(2) Ce sous-genre peut se diviser ainsi. Les uns ont le corselet moins
déprime' , aussi long au moins que large, beaucoup plus e'troit postérieu-
rement qu'en devant, en cœur tronqué, à angles poste'rieurs très courts
ou peu prolonges.
Ceux où cette partie du corps n'offre aux angles poste'rieurs aucune
impression bien marquée, et dont les yeux sont très gros et font paraître
la tète un peu plus large que le corselet, forment le G. tachypus de
M. Merrerle.
Cetîx dont les yeux, ainsi que dans (eus les suivants , ont moins de
FAMILLE DES CARNASSIERS. 4*9
fondant uniquement, à ce qu'il paraît, d'après les change-
ments de formes du corselet.
L'espèce suivante est rangée par M. le comte Dejean
avec ses tachypes.
Le B. à pieds- jaunes ( Cicindela flavipes. Lin. ) Panz.
Faun. insect. Germ. XX, ?,, très semblable à l'élaphre des
rivages, long de deux lignes ; corselet un peu plus étroit
que la tête, en forme de cœur tronqué, aussi long que
large 5 yeux gros ; dessous du corps d'un vert-noirâtre ;
dessus bronzé, marbré de rougecuivreux; deux gros points
enfoncés près de la suture, sur chaque étui ; base des an-
tennes , palpes et pieds jaunâtres. — Très commun aux en-
virons de Paris (i).
saillie , de manière que le corselet n'est pas plus large que la tète, mais
offre d'ailleurs les mêmes caractères, sont les Bembidiums proprement
dits de M. le comte Dejean.
Avec M. Megerle, il range dans le genre. Lopha , ceux dont le corselet
ayant la même forme et les mêmes proportions , offre , à chaque angle
poste'rîeur, une impression bien prononcée , de sorte que ces angles sont
bien reborde's.
Les autres Bembidions ont le corps plus aplati, le corselet plus large
quelong, et proportionnellement moins rétréci postérieurement; sesangles
postérieurs ont toujours une forte impression et une petite carène oblique,
Des espèces dont le corselet, quoique re'tre'ci près des angles postérieurs,
l'est cependant moins que dans les autres, de sorte que le bord poste' -
rieur n'est guère plus e'troit que l'antérieur , composent le genre JYola-
phus du même et de M. Megerle.
Parmi celles dont le corselet est notablement rétréci en arrière, tantôt
sa longueur est seulement un peu plus grande que sa largeur et il est en
forme de cœur tronque ; tels sont les Pe/yphus de ces savants. Tantôt,
beaucoup plus court proportionnellement , sa forme se rapproche de celle
d'une coupe ou d'un cœur très évasé; dans quelques-uns même , il est
arrondi aux angles postérieurs. Ces espèces constituent, pour eux, le
p-enre Leja. Les Tachypes , à raison de la saillie extraordinaire de leurs
yeux, de leurs autres rapports avec les Elaphres, sont assez distincts;
mais il n'en est pas ainsi des autres genres : il est impossible deles signaler
par des caractères rigoureux. Ceux que l'on pourrait tirer des longueurs
respectives et comparées des second et troisième articles des antennes
m'ont encore paru incertains. Voyez le Catal. de la coll. des coléopt. de
M. Dejean.
(0 Ajoutez Cctrabus tricolor, Fab. ; — ejusd. , C. modesius , — cursor,
„ *
27
420 IIS' SECTES COLÉOPTÈRES.
Les Trechus. (Trechus. Clairv. )
Qui ont le dernier article de leurs palpes extérieurs aussi
long ou plus long que le précédent, de sa grosseur à son
origine , de sorte que ces deux articles forment réunis un
corps en fuseau (i).
Les Coléoptères pentamères carnassiers aquatiques
forment une troisième tribu, celle des Hydrocatï-
thares ( Hydrocanthari , Lat. ) ou des Nageurs.
Elle a des pieds propres à la natation ; les quatre
derniers sont comprimés, ciliés ou en forme de lame,
et les deux derniers sont éloignés des autres; les
mandibules sont presque entièrement recouvertes;
— bi-guttatus , — quatuor- guttatus , -— gutlula ; — C. minutus , Panz. ,
Faun. insect. Germ. , XXXVIII , 10; — C pygmœus, F. ; Panz. , ibid. ,
1 1 ; — C. articulalus , Panz. , ibid. , XXX ,21; — Cicindela quadri-
maculata , Lin.; Carabus p niche llus , Panz., ibid., XXXVIII , 8 ;
XL, 5 ; — C. doris , Panz. , ibid. , 9; — Elaphrus rupeslris , Fab. ; Panz. ,
ibid. , XL , 6 ; — C. decorus, Panz. , ibid. , LXXIII, 4 j — C. uslulatus,
Lin. ; Panz., ibid. , XL , ^, 9; — C. bi-punclatus, Lin. j Oliv., col. III ,
35, xiv, i63; — Elaplirus rufcollis , Panz., ibid., XXXVIII, 21 ;
— Eluphrus impressus , F. 5 Panz., ibid., XL, 8; — ■ Elaphrus palu-
dosus , ibid. , XX ,4»
(1) Trechus rubens , Clairv. , Entom. helv. , II, 11 , B , b. Le Carabus
meridianus , qu'il représente même planche, A, a, est un sténolophe. —
Carabus micros, Panz., Faun. insect. Germ., XL, 4- — Le G. ma-
soreUs de MM. Ziégler et Dejean , me parait avoisiner celui cîe Trechus.
L'espèce sur laquelle il est l'onde est très voisine de V Harpalus collaris
de M. Gyllenhall. Les palpes maxillaires se terminent , ainsi que ceux des
Trechus, en manière de fuseau ; seulement Pavant dernier article est
beaucoup plus court que le suivant. Les tarses aute'rieurs sont légèrement
dilate's dans les mâles. Cet insecte semble lier les Trechus avec diverses
petites espèces de sténolophes de M. Dejean.
Ses Blemus (Ulemus) des mêmes naturalistes sont des espèces de
Trechus plus étroits et plus alongés , à corselet subisométrique, en forme
de triangle renversé et tronqué, et à mandibules notablement plus grandes
et prolongées au-deià du labre. On les trouve sous des pierres, sur nos
côtes maritimes ou dans la mer même,
FAMILLE DES CARNASSIERS. l\2 I
le corps est tor, jours ovale, avec les yeux peu saillants
et le corselet beaucoup plus large que long. Le
crochet qui termine les mâchoires est arqué dès sa
base ; ceux du bout des tarses sont souvent inégaux.
Ces insectes composent les genres Djtiscus et
Gjrinus de Geoffroy. Ils passent le premier et le
dernier état de leur vie dans les eaux douces et
tranquilles des lacs , des marais, des étangs, etc.
Ils nagent très bien et se rendent de temps en temps
à la surface pour respirer. Ils y remontent aisé-
ment en tenant leurs pieds en repos et se laissant
flotter. Leur corps étant renversé, ils élèvent un
peu leur derrière hors de l'eau , soulèvent l'extré-
mité de leurs étuis ou inclinent le bout de leur ab-
domen , afin que l'air s'insinue dans les stigmates
qu'ils recouvrent , et de là dans les trachées. Ils
sont très v or aces et se nourrissent des petits ani-
maux qui font, comme eux, leur séjour habituel
dans cet élément. Ils ne s'en éloignent que pendant
la nuit ou à son approche. Lorsqu'on les retire de
l'eau, ils répandenl une odeur des plus nauséa-
bondes. La lumière les attire quelquefois dans l'in-
térieur des maisons.
Leurs larves ont le corps long et étroit , com-
posé de douze anneaux , dont le premier plus grand,
avec la tête forte et offrant deux mandibules puis-
santes , courbées en arc et percées près de leur
pointe , de petites antennes , des palpes , et de
chaque côté six yeux lisses rapprochés. Elles oui
4-- INSECTES COLÉOPTÈRES.
six pieds assez longs, souvent frangés de poils , et
terminés par deux petits ongles. Elles sont agiles ,
carnassières, et respirent soit par l'anus, soit par
des espèces de nageoires, imitant des branchies.
Elles sortent de l'eau pour se métamorphoser en
nymphes»
Cette tribu se compose de deux genres principaux.
Les Dytisques. (Dytiscus. GeofT. )
Qui ont des antennes en filets plus longues que la
tète, deux yeux, les pieds antérieurs plus courts que
les suivants, et les derniers terminés le plus souvent par
un tarse comprimé , allant en pointe (i). Ils nagent
avec beaucoup de vitesse, à l'aide de leurs pieds garnis
de franges de longs poils , et particulièrement des deux
derniers. Ils s'élancent sur les autres insectes , les vers
aquatiques, etc. Dans la plupart des mâles, les quatre
tarses antérieurs ont leurs trois premiers articles élargis
et spongieux en dessous; ceux de la première paire sont
surtout très remarquables dans les grandes espèces; ces
trois articles y forment une grande palette, dont la sur-
face inférieure est couverte de petits corps, les uns en
papilles, les autres plus grands, en forme de godets ou
de suçoirs, etc. Quelques femelles se distinguent de leurs
mâles par les étuis sillonnés. Les larves ont le corps com-
posé de onze à douze anneaux et recouverts d'une plaque
écailleuse ; elles sont longues , ventrues au milieu , plus
(i) Selon M. Léon Dufour , leur jabot se termine en arrière par un
bourrelet annulaire , caractère qu'on n'observe pas dans la tribu précé-
dente. Leur ccecum forme une vessie natatoire. Leur poitrine renferme
une ou deux utricules pneumatiques , tandis que les trachées des autres
jarties sont tubulaires. Le tissu adipeux splanclinique a les caractères
d'un véritable épiploon ou d'un mésentère. Leurs stigmates diffèrent aussi
de ceux des carnassiers terrestres.
FAMILLE DES CARNASSIERS. /} 2 >
grêles aux deux extrémités , particulièrement eu arrière ,
où les derniers anneaux forment un cène alongé, garni sur
les côtés d'une frange de poils flottants , avec lesquels l'a
aimai pousse l'eau et fait avancer son corps, qui èè\
terminé ordinairement par deux iilets coniques , bàrbiiN
et mobiles. Dans l'entre-deux sont deux petits corps cy-
lindriques, percés d'un trou à leur extrémité , et qui
sont des conduits aériens, auxquels aboutissent les deux
trachées; on distingue cependant sur les côtés de l'ab-
domen des stigmates. La tête est grande, ovale, alta
chée au corselet par un cou , avec des mandibules très
arquées, et sous l'extrémité desquelles De Géer a aperçu
une fente longitudinale; de sorte qu'à cet égard ces or
ganes ressemblent aux mandibules des larves de four-
mis-lions , et servent de suçoirs; la bouche offre néan-
moins des mâchoires et une lèvre avec des palpes. Les
(rois premiers anneaux portent chacun une paire de
pattes assez longues , dont la jambe et le tarse sont bordée
de poils, qui sont encore utiles à. la natation . Le pre-
mier anneau est plus grand ou plus long, et défendu
en dessous, aussi -bien qu'en dessus, par une plaque
ecailleuse.
Ces larves se suspendent à la surface de l'eau au moyen
des deux appendices latéraux du bout de leur queue , et
qu'elles tiennent à sec. Lorsqu'elles veulent changer su-
bitement de place, elles donnent a leur corps un mou-
vement prompt et vermiculaire , et battent l'eau avec
leur queue. Elles se nourrissent plus particulicremen ;
des larves de libellules, de cellesdes cousins et des sti-
pules, et d'aselles. Lorsque le temps de leur transfor-
mation est venu, elles quittent i'eau, gagnent le rivage
et s'enfoncent dans la terre; mais il faut qu'elle soi^
toujours mouillée ou très humide. Elles s'y pratiquent
une cavité ovale et s'y renferment.
Suivant Rœsel, les œufs du ds t isqiié bordé ecl osent dix
à douze jours après In ponte. Au bout df ire. a cinq,
4 2^ INSECTES COLÉOPTÈRES.
la larve a déjà quatre à cinq lignes de long, et mue
pour la première fois. Le second changement de peau a
lieu au bout d'un intervalle de même durée, et ranimai
est une fois plus grand. La longueur de deux pouces est
le terme de son accroissement. En été, on en a vu se
changer en nymphe au bout de quinze jours , et en in-
secte parfait quinze ou vingt jours après. Outre le cloaque
des insectes de cette famille, lesdytisquesontunccecum
assez long, qui s'aperçoit dès l'état de larve.
Ce grand genre se subdivise comme il suit :
Les uns ont les antennes composées de onze articles dis-
tincts, les palpes extérieurs filiformes ou un peu plus gros
vers leur extrémité, et la base de leurs pieds postérieurs,
ainsi que celle des autres découverte.
Tantôt l'épaisseur des antennes diminue graduellement
depuis leur origine jusqu'à leur extrémité; le dernier article
des palpes labiaux est simplement obtus à son extrémité,
sans échancrure. Tels sont
Les Dytisques proprement dits. (Dytiscus.)
Dont tous les tarses ont cinq articles très distincts -, et
dont les deux antérieurs ont, dans les mâles, les trois pre-
miers articles très larges, et formant ensemble une palette,
soit ovale et transverse, soit orbiculaire.
Le D. très large {D. latissimus , Lin. )? Panz. , Faun.
insect. Germ., LXXXV1, i , long de près d'un pouce et
demi , et très distinct parla dilatation comprimée et tran-
chante de la marge extérieure des étuis, dont le rebord est
jaunâtre; corselet bordé tout autour de la même couleur;
étuis sillonnés et à côtes dans la femelle. Dans le départe-
ment des Vosges, au nord de l'Europe et en Allemagne.
Le D. bordé (D. marginalis 7 Lin.), Panz. , ibid. , 3,
d'un quart environ plus petit, ayant aussi une bordure
jaunâtre tout autour du corselet, et une ligne de la-même
couleur sur le bord extérieur et non dilaté des étuis; ceux
de la femelle sillonnés depuis leur base jusqu'aux deux
tiers environ de leur longueur.
FAMILLE DES CARNASSIERS. ^25
Fabricius dit que , renversé sur le dos , il se rétablit, eu
sautant, dans sa position ordinaire.
Esper conservait depuis trois ans et demi , dans un
grand bocal de verre, un dytisque bordé et toujours bien
portant. Il lui donnait chaque semaine, et quelquefois
plus souvent , gros comme une noisette, du bœuf cru, sur
lequel il se jetait avec avidité, et dont il suçait le sang de
la manière la plus complète. Il peut jeûner au moins
quatre semaines. Il tue l'hydrophile brun , quoiqu'une
fois plus grand que lui , en le perçant entre la tête et le
corselet, la seule partie du corps qui est sans défense.
Suivant Esper, il est sensible aux changements de l'at-
mosphère , et les indique par la hauteur à laquelle il se
tient dans le bocal.
Le D. de Rœsel ( D. Rœselii, Fab. ) , Rœs. , Insect. , II,
Aquat. , class. I , n , plus étroit ou plus ovale , et plus dé-
primé que les précédents; bord extérieur du corselet et
des étuis jaunâtre; ces étuis très finement striés dans la
femelle. Aux environs de Paris et en Allemagne.
Le D. à antennes en scie ( D. serricornis, Payk. , Nov.
act. Acad. scient. Stockh. , XX, i , 3.) très singulier par
la forme anomale des antennes du mâle, dont les quatre
derniers articles forment une masse comprimée et dentée
en scie(i).
(i) Le docteur Leach a fonde sur ce caractère son genre Agabtjs (Zool.
miscell. III, pag. 69 et 72). Quelqueslégères différences dans la forme
et les proportions relatives des articles des palpes maxillaires exte'rieurs
Vont aussi de'terminé à en établir quelques autres, telles que ceux d'Hr-
DATtcus (D. Ilybneri, transversales, stagnalis , /^-vdlalus); d'Acitius
[D. sulcatus) , et de Trogus (Z). latérales). Le dernier seul pourrait être
conserve' , à raison de quelques autres caractères. Les pieds poste'rieurs
ont les jambes courtes , très larges, et leurs tarses ne sont termines que
par un seul crochet. Aux espèces décrites ci-dessus , ajoutez D. sulcatus,
Fab.; Clairv. , Entom. helv., II , xx ; — D. costalis, Oliv. , col. III, l\o,
1, 7 ; — D. punctatus , ibid., 1, 6, b, et 1, e; — D. aciculatus , ibid., 111,
3o; — D. lœvigalus , ibid. , 23; — D. trip une talus , ibid., 24; — Ruficollis ,
ibid. , 11 , 20 ; — D. viltatus , ibid. , i , 5 5 — D. griseus , ibid» 11 , 12 ; —
D. sûclicus , ibid, n , 11; — D. circumjlcxus , F.
h ±'6 INSECTES COLÉOPTÈUES.
Les Colymbetes. (Colymbetes. Clairv.)
Dont tous les tarses, ont aussi cinq articles très distincts,
niais dont les quatre antérieurs ont , dans les mâles, leurs
trois premiers articles presque également dilatés, et ne for-
mant ensemble qu'une petite palette en carré long ; leurs
antennes sont au moins de la longueur de la tête et du cor-
selet. Le corps est parfaitement ovale, a plus de largeur que
de hauteur* les yeux ne sont point ou peu saillants (i).
Les Hygrobies. ( Hygrobia. Lat. — Hydrachna. Fab.; Clairv,
— Pœlobius. Schœnh.)
Qui ont encore des tarses à cinq articles distincts, et dont
les quatre antérieurs dilatés presque également, à leur base,
dans les mâles, en une petite palette en carré long priais
dont les antennes sont plus courtes que la tête et le corse-
let , qui ont le corps ovoïde , très épais dans son milieu, et
les yeux saillants (2).
(1) D. fusais , Panz. , Faun. insect. Germ. , LXXXVI , 5; — D. cinc
reus , F. ; Panz., ibid. , XXXI , il; — D. zonatus , F. ; Panz. , ibid. ,
XXXVIII , 3 ; — D. bi-punctalus , F. ; Panz. ; ibid. , XCI , 6 ; — D.
fenestratus , F.; Panz. , ibid. , XXXVIII, 16; — D. chalconatus , F. ;
Panz. , ibid. , 17 ; — D. ater, F. ; Panz. , ibid , i5; — D. gullatus ,
Payk. ; Panz,, ibid., XC , 1; — D. fulginosus , F.; Panz., ibid. ,
XXXVIII, i/f; — D. bi-pustulatus , F.; Panz. , ibid. , CI, 2; — D.
slagnalis , F. ; Panz. , ibid. ; XCI , 7 ; — D. transversales , F. : Panz. ,
ibid. , LXXXVI, 6; — D. abbreviatus , F. ; Panz., ibid., XIV, 1 ; —
D. maculatus , F. ; Panz., ibid. , 7; — D. agilis , F. ; Panz. , ibid., XC,
2j — D. adspersus, F. ; Panz., ibid. , XXXVIII , 18 ; — D. minutas ,
F.; Panz., XXVI, 3, 5; — D. leander, Oliv., ibid., ni, 2.5; — D.
varius , Oliv. , ibid, ,11, 17 ; — D. b'unacutatus , Oliv. , ibid. , 18. Voyez
Clairville, Entom. helv. , tom. II, genre Colymbetes.
Quelques petites espèces n'ayant point d'ecusson distinct, et dont les
tarses antérieurs sont peu dilate's dans les mâles , composent le genre La-
copHiLUs du docteur Leach. Il cite les suivantes : D. hyalinus , Marsh. ;
— D. ■mterruplus , Panz? — D. minutus , Lin. ; — D. martnorcus , Oîiv.
Voyez son Zool. miscell. , III , pâg. 72.
(2) Hydrachna Hertnanni , FaÎD. , LaLr. , Gen. crust. et insect. ; I , \ ;,
): Clairv. , Entom. helv, H, xxViï, A, a ; — 77. idgihosa, Cîain
ibid. , G, b
Ces insectes el les Ha | forment, dans là mc'thocte clc M L'è
FAMILLE DES CARNASSIERS. 427
Les Hydropores. ( Hydroporus. Clairv. — Hy phy drus. Lat.,
Schœnh. )
Dont les quatre tarses antérieurs, presque semblables et
spongieux en dessous , dans les deux sexes , n'ont que
quatre articles distincts, le quatrième étant nul ou très pe-
tit et caché , ainsi qu'une partie du dernier , dans une fissure
profonde du troisième.
Ils n'ont point d'écusson apparent (i).
On pourrait en détacher quelques espèces (2), dont le corps
est très bombé ou presque globuleux, et dont le dernier ar-
ticle des quatre tarses antérieures est très petit et peu sail-
lant au-delà du "précédent (Hyphydrus. Latr. ). Les autres
ont le corps ovale et moins épais (3).
Tantôt les antennes sont un peu dilatées et plus larges
vers le milieu de leur longueur ; le dernier article des palpes
labiaux a une échancrure, et paraît fourchu.
Les Notères. (Noterus. Clairv.)
L'écusson manque j les tarses ont cinq articles distincts j
les deux premiers des quatre antérieurs sont dilatés dans
les mâles et forment une palette alongée. Le premier arti-
cle des deux tarses antérieurs est recouvert dans les mêmes
(Zool. miscell. , III, pag. 68) , un groupe particulier, ayant pour carac-
tères : un e'cusson , tous les pieds propres à la marche, cinq articles à tous
les tarses > deux crochets au bout du dernier
Les Hygrobies ont les palpes extérieurs un peu renfle's à leur extre'-
mité, deux forts éperons et rapproche's au bout des jambes, et leurs
tarses antérieurs susceptibles de se replier sous les jambes, dont ils de'-
pendent.
(1) Les pre'ce'dcnts , à l'exception de quelcpies petites espèces , en ont
un très sensible.
(2) LesHydrachnes : gibba, oualis , scripta , deFabricius; Hyphydrus
lyratus , Schœnh., Synon. insect. \ II , iv , 1.
(3) Les Dytiscus : inœqualis , reliculatus , confluens , picipes , piclus ,
tjeminus , Rneatus , halensis , duodecim-pustulatus , dorsalis , sex-puslu-
lalus , palustris , depressus , liluratus , planus , trylhrocephalus , nigritti
granularis , de Fabricius. Koyez Schœnherr. , Synon. inséct. , loin, t! ,
genre Hyphydrus; — Panzer, Index, rnloin., gdirt* Hydroporus; ci Clairv..
Entom. helv. , ioni. II. même genre.
4'i8 INSECTES COLÉOPTÈRES.
individus par un large éperon, en forme de lame. La pièce
pectorale, qui porte les derniers pieds, a, de chaque côté,
une rainure ou coulisse profonde (i).
Les autres n'ont que dix articles distincts aux antennes j
leurs palpes extérieurs se terminent en alêne ou par un ar-
ticle plus grêle et allant en pointe; la base de leurs pieds
postérieurs est recouverte d'une grande lame en forme
de bouclier.
Le corps est bombé en dessous et ovoïde, comme dans les
hygrobies; mais ils n'ont point d'éeusson , et tous leurs
tarses sont filiformes , à cinq articles distincts et presque
cylindriques, et ont à peu près la même forme dans les deux
sexes. Ce sont : •
Les Haliples. (Halipltjs. Lat. — Hoplitus. Clairv. — Cne-
midotus. llig. ) (2)
Le second genre ou celui
Des Gyrijns. (Gyrinus. L.)
Comprend ceux dont les antennes sont en massue,
plus courtes que la tête; les deux premiers pieds sont
longs, avancés en forme de bras, et les quatre autres
très comprimés , larges et en nageoires. Les yeux sont au
nombre de quatre.
Le corps est ovale et ordinairement très luisant.
Les antennes, insérées dans une cavité, au devant des
yeux, ont le second article prolongé extérieurement,
en forme d'oreillette, et les articles suivants (3) , très
courts, fort serrés , et se réunissent en une masse, pres-
que en forme de fuseau et un peu courbe. La tête est
enfoncée dans le corselet jusqu'aux yeux , qui sont
(1) Dytiscus crassicornis , Fab. ; Clairv. , Entom. helv., II, xxxn.
(2) Les Dytisques : fulvus , impressus , obliquas de Fabricius. P oyez
Latreille , Gêner, crust. et insect. , I, pag. 234; Clairv., Entom. lieîv. ,
tom. II, genre Hoplitus, XXXI; Pauz. , Ind. entom. genus , kl., cl
Schœnherr. , Synon. insect. , II, genre Cncmidotus.
(3) On n'en voit bien que sept, dont le premier et le dernier plus longs.
FAMILLE DES CARNASSIERS. ^2g
grands, et partagés par un rebord, de manière qu'il
en paraît deux en dessus et deux en dessous. Le labre est
arrondi et très cilié en devant. Les palpes sont très pe-
tits, et l'intérieur des maxillaires manque ou avorte dans
plusieurs espèces, notamment dans les plus grandes. Le
corselet est court et transversal. Les élytres sont obtuses
ou tronquées au bout postérieur, et laissent à découvert
l'anus, qui se termine en pointe. Les deux pieds anté-
rieurs sont grêles, longs, repliés en double et presque à
angle droit avec le corps , dans la contraction , et termi-
nés par un tarse fort court, très comprimé, dont le
dessous est garni d'une brosse fine et serrée dans les
mâles. Les quatre autres sont larges, très minces, comme
membraneux , et les articles des tarses forment de petits
feuillets, disposés en falbalas.
Les gyrins sont en général de taille petite ou moyenne.
On les voit, depuis les premiers jours du printemps jus-
qu'à la fin de l'automne, à la surface des eauxdorman tes,
et même Sur celles de la mer, souvent assemblés en troupes,
y paraître, par l'effet delà lumière, comme des points
brillants, nager ou courir avec une extrême agilité, y
faire des tours et détours circulaires , obliques et dans
toutes les directions, et de là le nom de puce aquatique,
de tourniquet, que des auteurs leur ont donné. Quel-
quefois ils se reposent sans se donner le moindre mouve-
ment; mais pour peu qu'on les approche , ils se sauvent
aussitôt à la nage et s'enfoncent dans l'eau avec une
grande célérité. Les quatre derniers pieds leur servent
d'avirons , et ceux de devant à saisir leur proie Placés à
la surface de l'eau , le çlessus de leur corps reste toujours
à sec, et lorsqu'ils plongent, une petite bulle d'air,
semblable à un globe argentin, reste attachée à leur
derrière. Si on les saisit,, ils font suinter de leur corps
une liqueur laiteuse qui se répand sur lui, et qui pro-
duit peut-être cette odeur désagréable et pénétrante
qu'ils exhalent alors, et qui se conserve long- temps aux
4^0 11NSECTI£S COLÉOPTÈRES.
doigts. Ils s'accouplent sur la surface de l'eau. Quelque-
fois ils restent au fond , accrochés aux plantes : c'est
là aussi probablement qu'ils se cachent pour passer
l'hiver (i). I
Le G. nageur. ( G. natator. Lin. ) Panz. Faun. Insect. ,
Germ., III , 5 ; De Géer , Insect., IV , xni, 4 ; !9» Long de
trois lignes , ovale , très glabre, fort luisant , d'un noir
bronzé en dessus , noir en dessous, avec les pattes fauves.
Ecusson triangulaire , très pointu, un peu plus long
que large; élytres arrondies au bout, avec des petits
points enfoncés, formant des lignes régulières et longitu-
dinales.
La femelle pond ses œufs sur les plantes aquatiques. Ils
sont très petits, en forme de petits cylindres, et d'un
blanc un peu jaunâtre. La larve a le corps long, effilé ,
linéaire , composé de treize anneaux , dont les trois pre-
miers portent chacun une paire de pieds. La tête grande ,
en ovale aîongé et très aplatie, offre les mêmes parties
que celles des larves des dytisques; mais, ici ,1e quatrième
anneau et les sept suivants ont, de chaque côté, un filet
conique, membraneux , flexible et barbu sur ses bords.
Le douzième anneau en a quatre semblables, mais beau-
coup plus longs, et plus dirigés en arrière. Deux trachées
tiès fines parcourent toute la longueur du corps, et re-
çoivent de chaque filet un vaisseau artérien. Le dernier an-
neau du corps est très petit, et terminé par quatre cro-
chets longs et parallèles. Cette larve vit dans l'eau , et en
sortau commencement d'août pour passera l'étatde nym-
phe. Elle forme avec une matière qu'elle tire de son corps,
et semblable à du papier gris, une petite coque ovale,
pointue aux deux bouts, qu'eile fixe aux feuilles de ro-
seau, et où elle s'enferme.
Cette espèce est très commune en Europe (i).
(i) M. Léon Dufour a publie dans ies Annales des sciences naturelles
(octobre 18^4) quelques observations anatomiques sur ces insectes. L'in-
testin prèle est remarquable par sa longueur. Le ccecum n'est point laté-
ral comme celui des dytisiques. Les organes génitaux mâles diffèrent de
ceux des autres carnassiers.
(2) Voyez, pour les autres espèces, Olivier, col. III, n° f\ t. et Schœn-
FAMILLE DES BU ACHÉLYTRES. ^7) l
La seconde famille des Coléoptères pentamères,
Les BRACHÉLYTRES, Cuv. (Microptera, Graven-
liorst.)
N'ont qu'un palpe aux mâchoires, ou quatre en
lout ; les antennes, tantôt d'égale épaisseur , tantôt
un peu plus grosses vers le bout, sont ordinairement
composées d'articles en forme de grains ou lenticu-
laires; les étuis sont beaucoup pkis courts que le
corps, qui est étroit et alongé, avec les hanches
des deux pieds antérieurs très grandes, et deux vé-
sicules près de l'anus, que l'animal fait sortir à
son gré.
Ces coléoptères composent le genre
Staphylin (Staphylhnus) de Linnaeus.
On les a considérés comme faisant le passage des co-
léoptères aux forficules ou perce-oreilles , premier genre
de l'ordre suivant. Sons quelques rapports, ilsavoisinent
encore les insectes de la famille 'précédente, et sous
plusieurs autres les boucliers,, les nécrophores, genre
de la quatrième. Ils ont, le plus souvent, la tête
grande et aplatie, de fortes mandibules, des antennes
lierr, Synon. insect. II, n° 55. On trouve encore aux environs de Paris les
Gyrins minutus et bicolor deFabricius. Lefs espèces les plus grandes, et
toutes exotiques, n'ont pas d'ecusson sensible, et leurs palpes ne sont
qu'au nombre de quatre.
M. Mac Leay fils (Annul. javan., I, pag. 3o) , forme un genre propre 7
sousle nom de Dineutes , avec des espèces dont le labre n'est point cille',
dont les palpes sont en massue , qui ont les pieds anle'rieurs de la longueur
du corps , et les antennes termine'es un peu en pointe. Il ne mentionne
qu'une seule espèce ^Politus).
452 INSECTES COLÉOPTÈRES.
courtes, le corselet aussi large que l'abdomen, les
étuis tronqués à leur extrémité, et recouvrant néan-
moins les ailes, qui conservent leur étendue ordinaire.
Les demi-anneaux du dessus de l'abdomen sont aussi
écailleux que les inférieurs. Les vésicules de l'anus con-
sistent en deux pointes coniques et velues que l'animal
fait sortir et rentrer à volonté; il s'en échappe une va-
peur subtile , et qui , dans quelques espèces , sent forte-
ment Fétber sulfurique. M. Léon Dufour [Annales des
sciences natur. , t. Vin, pag, 16 ) a donné la description
de l'appareil qui la produit. Le dernier segment de l'ab-
domen, celui où est l'anus, se prolonge et se termine en
pointe.
Ces coléoptères, lorsqu'on les touche ou qu'ils courent,
relèvent le bout de leur abdomen et lui donnent toute
sorte d'inflexions. Ils s'en servent aussi pour pousser leurs
ailes sous les étuis et les y faire rentrer. Les deux pieds
antérieurs ont souvent les tarses larges et dilatés ; leurs
hanches , ainsi que celles des pieds intermédiaires , sont
fort grandes. Ils vivent, pour la plupart, dans la terre,
le fumier, les matières excrémentielles; d'autres se trou-
vent dans les champignons, la carie ou les plaies des ar-
bres, sous les pierres; quelques-uns n'habitent que les
lieux aquatiques. On en connaît encore , mais de très
petits , qui se tiennent sur les fleurs. Tous sont voraces,
marchent d'une grande vitesse, et prennent vol très
promptement.
Leurs larves ressemblent beaucoup à l'insecte parfait;
elles ont la forme d'un cône alongé, dont la base ou la
partie la plus épaisse est occupée par la tête, qui est très
grande; le dernier anneau se prolonge en manière de
tube , et est accompagné de deux appendices coniques et
velus. Ces larves se nourrissent des mêmes matières que
l'insecte dans son dernier état.
Le premier estomac des staphylins est petit et sans
FAMILLB DES BRACHELYTRES. 4^3
plis; le deuxième très long et très velu; l'intestin est
très court (1).
Ce genre est considérable. Nous le divisons en cinq sections.
La première, celle des F.ïssilabres {Fissilabra) , a la
tête entièrement nue et séparée du corselet, qui est tantôt
carré ou en demi ovale, tantôt arrondi ou en cœur tron-
qué , par un cou ou un étranglement visible. Le labre est pro-
fondément divisé en deux lobes. Tels sont :
Les Oxypores. ( Oxyporits. Fab. )
*
Dont les palpes maxillaires sont filiformes, et les labiaux
terminés par un article très grand et en croissant.
Les antennes sont grosses, perfoliées et comprimées. Les
tarses antérieurs ne sont point dilatés; le dernier article et
le second ensuite sont les plus longs. Ils vivent dans les
bolets et les agarics.
VO .roux (Staphyliiius rufus, Lin.) , Panz., Faun. insect.
Germ., XVI, 19, long d'environ trois lignes, fauve, avec
la tête, la poitrine, l'extrémité et le bord intérieur des
étuis, ainsi que l'anus, noirs(2).
Les Astrapees. ( Astrap^us. Grav. )
Où les quatre palpes sont terminés par un article plus
grand et presque triangulaire. Les tarses antérieurs sont très
dilatés; le premier et les dernier articles sont le plus longs (3).
(1) Selon M. Dufour , leur canal alimentaire ne diffère essentiellement
de celui des coîe'optères carnassiers que par l'absence du jabot. Leurs
vaisseaux biliaires sont inse're's sur un même point latéral, et, dans quel-
ques espèces au moins, offrent, vers leur milieu, un nœud ou une vésicule^
ce qu'on ne remarque dans aucun insecte Leur appareil ge'ne'rateur dif-
fère beaucoup de celui des coléoptères carnassiers ( Voyez Annal, des
se. nat. (octobre, 1825).
(2) Ajoutez O. maxillosus , Fab. ; Panz. , ibid. , 20. Les autres Oxy-
pores de Fabricius appartiennent à des sous-genres de notre quatrième
section. Voyez Olivier, Encyclop. me'thod., genre Oxypore, et M. Gra-
venhorst , Coleoptera mlcroptera.
(3) Siaphylinus ulmi , Oliv. 5 Ross., Faun. etrusc. , I, v , 6; Panz, ,
ibid. , LXXXVIII , 4 ; TjRtr ? ^ener. crust. et insect. , 1 , 284.
TOME IV. 28
/,34 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Staphylins propres. (Staphylinus. Fab.)
Qui ont tous les palpes filiformes , et les antennes insérées
au-dessus du labre et des mandibules, entre les yeux.
Les uns, et surtout les mâles, ont les tarses antérieurs
très dilatés , les antennes écartées à leur naissance , et dont
le premier article égale au plus en longueur le quart de leur
longueur totale. La tête est peu alongée. Les espèces offrant
ces caractères composent seules dans quelques méthodes
le genre Staphylin. On en a même séparé, pour en former
un autre, leiS". dilaté {S. dilata tus , Fab., Germ., Fa un. insect.
d'Europe , VI , xiv ) , à raison de ses antennes formant une
massue alongée et dentée en scie. Selon les observations de
M. Chevrolat, entomologiste très zélé, cet insecte se nourrit
de chenilles , qu'ils va chercher sur les arbres.
Le S. bourdon {S. hirtus , Lin. ) , Panz., Faun. insect.
Germ., IV, 19, long de dix lignes , noir , très velu , avec
le dessus de la tête , du corselet et les derniers anneaux de
l'abdomen couverts de poils épais , d'un jaune doré et
lustré; étuis d'un gris cendré, avec la base noire; dessous
du corps d'un noir bleuâtre. — Nord de l'Europe, France
et Allemagne.
Le Si odorant {S. olens, Fab. ), Panz., ibid., XXVII, 1,
long d'un pouce, d'un noir mat , avec la tête plus large
que le corselet , et les ailes roussâtres. Ses œufs sont d'une
grosseur très remarquable.
Très commun aux environs de Paris, sous les pierres.
heS.à mâchoires (S. maacillosus ,Lin.) ? Panz., ibid., 2,
ayant près de huit lignes de longueur, noir, luisant;
tête plus large que le corselet; grande partie de l'abdomen
et des élytres d'un gvis cendré , avec des points et des
taches noires. — Dans la terre et le fumier.
Le S. gris de souris (S. murinus, F.), Panz., ibid., LXVI,
16, long de quatre à six lignes; tête, corselet et étuis d'un
bronze foncé, luisant, avec des taches obscures; écusson
jaunâtre , marqué de deux taches très noires ; abdomen
noir; majeure partie des antennes roussâtres. — Avec les
précédents.
Le S. à élytres rouges (S. erythropterus , Lin. ), Panz.)
FAMILLE DES BHACHÉLYTRES. 4^5
XXYIU , 4 7 long de six à dix lignes , noir , avec les étuis y
la base des antennes et les pieds fauves (i).
Les autres, dont la forme est linéaire avec la tête, et le
corselet alougés, en forme de carré long, ont les antennes
rapprochées à leur base, fortement coudées et grenues;
leurs tarses antérieurs ordinairement ne sont point ou
que trèspeu dilatés. Les jambes antérieures sont épineuses,
avec une forte épine au bou»t. Le labre est petit. Ceux-ci
composent le genre Xantholin (Xantholinus) dequelques
eutomologistes (a).
Les Pinophiles. ( Pinophilus. Grav. )
Qui ont aussi les palpes filiformes, mais dont les antennes
sont insérées au-devant des yeux, en dehors du labre, et près
de la base extérieure des mandibules (3).
Les Lathp.obies. (Lathrobtum. Grav. — Pœderus , Fab.)
Dont les palpes sont terminés brusquement par un article
beaucoup plus petit que le précédent, pointu, souvent.peu,
distinct. Les maxillaires sont beaucoup plus longs que les
labiaux, et l'insertion des antennes est la même que dans
le genre précédent. Les tarses antérieurs sont très dilatés
dans les deux sexes. La longueur du dernier article des
quatre postérieurs égale presque celle des quatre articles
précédents réunis (4).
(1) P oyez la Monographie de cette famille (Coleopteru micropterd) de
M. Gravenhorst ; Panz. , Index entom. , pars 1 , pag. 208 et suiv. ; Latr.,
ibid . I, 285. Rapportez à ce genre les espèces suivantes d'Olivier : au-
rais, œneus , hœ/norro/udalis , oculalus , .erytlirocephalus , similis, cya ■
neus , pubescens , cupreus , slercorarius , brumùpes, pilosus, politus, amœ-
nus , en outre des cinq dont nous donnons ici la description.
(2) Les Staphylins fulgidus , fulmineus , pyropterus , elegans , elonga-
tus ochraceusi alternans , melanocephalus de M. Gravenïiorst.
(3) Pinophilus latipes , Grav., Amer, septent. ïl est re'uni au genre
suivant dans son Mantissa.
(4) Voyez Gravenhorst, Coleopt. microp., et Lair. , Gêner, crust.
et insect. , I, 289. Le L. elongatum ( S. elongatus Lin. ), a été figure par
Panzer, ibid. , IX , 12; — Staphylinus Unearis ? Oliv. , col. III , 2 , iv „
28*
' v
436 INSECTES COLÉOPTÈRES.
La seconde section , les Longipalpes ( Longipalpi ) 7 qui
ont aussi la tête entièrement découverte, mais dont le
labre. est entier, et dont les palpes maxillaires sont pres-
que aussi longs que la tête, terminés en massue, formée
par le troisième article , avec le quatrième caché ou très
peu distinct, et sous la figure d'une petite pointe, terminant
cette massue lorsqu'il est visible j le précédent est très ren-
flé. Ces insectes vivent sur lès bords des eaux.
Les Pederes. ( P^ederus. Fabr. )
Où les antennes, insérées devant les yeux, sont filiformes
ou grossissent insensiblement, et plus longues que la tête;
dont le corps est long et étroit, avec les mandibules dentées
au côté interne et terminées en une pointe simple.
Les uns (Pederes, Latr. ) ont le pénultième article des
tarses bifide (i).
Le P. des rivages ( Staphylinus riparius , Panz. Faun.
insect. Germ. IX , 1 1 ), long d'environ trois lignes, très
étroit et fort alongé, fauve, avec la tête, la poitrine,
Pextrémité supérieure de l'abdomen et les genoux noirs j
élvtres bleus. Très commun dans le sable humide, sous
les pierres , à la racine des arbres , etc.
Les autres (Stiliques, Stilicus , Latr. ) ont tous les arti-
cles des tarses entiers (2).
38. Voyez aussi Gyllenh., Insect. Suec. I, pars II, pag. 363 et suiv. ,
et le Catal. de la collect. de M. le comte Dejean , pag. 2^.
(1) M. Lefèvrea rapporté de Sicile un insecte voisin des Pe'dères, mais
formant évidemment un nouveau genre. Le quatrième et dernier article
des palpes maxillaires est ici très distinct, et les termine en manière de
massue. Le dernier des antennes est plus grand que le précédent et
ovoïdo-conique. La tête tient au corselet par un pédicule alongé et de
niveau, à son origine, avec la tête. Le corselet est étroit et alongé. Les
deux tarses antérieurs sont très dilatés; le premier article des autres est
fort long , et leur pénultième va a paru échancré ou bifide. Je désignerai
ce genre par la dénomination de Procirrus , et cette espèce sera consacre'e
au zélé iiaturaliste«(Z,e/e&a/7) qui Ta découverte.
(2) Voyez Latr., Gêner, crust. et insect., I, pag. 290 et suiv., et
Gyllenh. , Insect. Suce. I, pars. II, pag. 372.
FAMILLE DES BK ACHÉLYTRES. 4^7
Les Ev.esthetes. ( Ev^esthetus. Grav. )
Dont les antennes sont pareillement insérées devant les
yeux, mais guère plus longues que la tète et. presque entiè-
rement moniliformes ; le corps est peu alongé, avec la tête
aussi large que le corselet (i).
Les Stenes ( Stenus. Latr. )
Où. les antennes, insérées près du bord interne des yeux,
sont terminées par une massue de trois articles. Ils ont l'ex-
trémité des mandibules fourchue et de gros yeux.
Le S. à deux points {Staphylinus o.-guttatus , Lin.),
Panz., Faun. insect. Germ., XI , 18 , long de deux lignes ,
tout noir, avec un point roussâtre sur chaque étui (2).
La troisième section , celle des Denticrures. (Denticrura),
diffère de la précédente par les palpes maxillaires , qui sont
beaucoup plus courts que la tête, et toujours de quatre
articles distincts ; les jambes antérieures au moins sont den-
tées au épineuses au côté extérieur. Les tarses qui, dans la
plupart, se replient sur les jambes, ont le dernier article
aussi long ou plus long que les précédents pris ensemble j
le premier ou les deux premiers sont ordinairement si pe-
tits ou si cachés , que leur nombre total ne paraît être que
de deux ou de trois.
Le devant de la tête, et quelquefois même le corselet,
est armé de cornes dans plusieurs mâles. Les antennes
sont insérées devant les yeux.
Les uns, dont les palpes se terminent en manière d'alêne,
dont les antennes sont en majeure partie grenues et vont en
grossissant, n'offrent distinctement que trois articles aux
tarses (3).
(1) Evœsthetus scaber , Grav.; Germ. Faun. insect. Europ. , VII,
i3; Gyllenh. , Insect , suec. I, pars. II, pag. l\Q\. M. Blondel fils, de
Versailles, en a découvert une- nouvelle espèce dans les environs de cette
ville.
(2) Ajoutez Staphylinus juno , Payk. 5 — Pœderus proboseideus , Oîiv.,
col. III ,44; '? 5 ï — Staphylinus c lav ico mis , Panz., Faun. insect. Germ,
XXVII, 2. Voyez Gravenhorst, Coleopt. microp. ,* Làtr., Gêner, crust.
et insect. /genre Stenus, et Gyll. , ibid. , p. 4^3.
(3) Si Ton en excepte les Tacliines , les tarses ante'rieurs ne sont plus
notablement dilatés.
4^8 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les OxytÈles. (Oxytelus. Grav.) (i).
Les autres ont les palpes filiformes et quatre articles at4
moins, bien apparents, aux tarses.
Les Osorius. ( Osorius. Leacli. Dej. )
Ont le corps cylindrique, toutes les jambes élargies et den-
tées; la tête aussi longue que large, le corselet presque en
forme de cœur rétréci et tronqué postérieurement, et les an-
tennes, en majeure partie, grenues, grossissant insensible-
ment vers le bout, plus courtes que la tête et le corselet; les
mandibules beaucoup plus courtes que la tête, très croisées,
terminées en une pointe simple, et le menton grand et
en forme de bouclier.
On n'en connaît qu'un petit nombre d'espèces, qu'on n'a
pas encore décrites, et qui habitent la Guiane française et
le Brésil.
Les Zirophores. (Zyrophorus. Daim. — Leptochire. Germ.
— Irenœus. Leach. — Oxytelus. Oliv. — Piestus. Grav. )
Dont le corps est déprimé; dont les jambes antérieures^
plus larges* que les autres, sont seules dentées extérieure-
ment; qui ont la tête transverse, le corselet carré, lés an-
tennes de la même grosseur partout , aussi longues au
moins que la tête et le corselet, composées d'articles pour
la plupart ovalaires, ou cylindriques et arrondis aux deux
bouts, et les mandibules aussi longues que la tête, et dentées
à leur extrémité (2).
(1) Voyez l'article Oxttèle de l'Encyclop. méthod. ; la Monographie
précitée de M. Gravenhorst, et Gyllenhall, Insect. Suec, I, pars, n ,
pag. 444.
(2) Voyez Dalman , Anal, entom. , pag. ^3 ; son Z. Fronticornis , iv ,
fig. 1, paraît être V Oxytelus. bicornis d'Olivier ( Encyclop. méthod.).
Ceiui qu'il nomme penicillatus , ibid. , fig. 2 , paraît avoir de grands rap-
ports avec le Piesius sulcatus de M. Gravenhorst.. Le Lepiochirus scoria-
ccus de M. Germar (Insect. Spec. nov. , 1 , 1) est une espèce 'très dis-
tincte des précédentes.
FAMILLE DES BKAGHÉLYTKES. 4^0
Las Prognathes. (Prognatha. Latr. , Blond. — Siagona.
Kirby. )
Qui ne diffèrent guère des zirophores que par leurs
antennes filiformes, composées d'articles alongés (i).
Les Coprophiles. (Coprophilits. Latr. — Omalium. Grav .,
Oliv., Gyll. )
Où le corps est encore aplati , mais dont toutes les jambes
sont dentées ou épineuses extérieurement; dont les antennes,
beaucoup plus longues que la tête, sont grenues, grossis-
sent insensiblement vers le bout; et dont les mandibules
arquées extérieurement, presque en croissant, ne .sont
point sensiblement dentées, et se prolongent peu à leur
extrémité (2).
La quatrième section , celle des Aplatis ( Depressa ) ,
nous offre, ainsi que la précédente, une tète dégagée, 1111
labre entier, des palpes maxillaires courts et à quatre arti-
cles distincts; mais les jambes sont simples ou sans dents
ni épines au côté extérieur , et les tarses ont manifestement
cinq articles.
Ici les palpes sont filiformes.
Les Omalies. (Omalium. Grav.)
Dont le corselet est de la largeur des élytres, plus large
que la tête, presque en carré transversal ( avec les angles
ou du moins les antérieurs arrondis ), et souvent rebordé
latéralement, et dont les antennes vont en grossissant vers
leur extrémité (3).
Les LestÈves. ( Lesteva. Latr. — Antlwphagus. Grav. )
Qui ont le corselet en forme de cœur, rétréci et tronqué
postérieurement, presque isométrique , de la largeur de la
(1) Siagonwn quadricorne , Kirb. et Spence, Introd. entom. , I, 1, 5 5
Blondel , Annal, des se. natur. , avril 1817 , XVÏI , i4_17«
(2) Omalium rugosum , Gravenhorst ,. et d'autres espèees à élytres
courtes.
(3) Voyez Gravenhorst, l'article Omalie de l'Encyclop. me'thod., et
Gyllenhal , ibid. , pag. 198.
44o INSECTES COLÉOPTÈRES.
tête, plus étroit que les élytres et les antennes générale-
ment iîli formes et à" articles alongés (i).
Là; les palpes se terminent en alêne.
Les Micropeples. ( Micropeplus. Latr. )
Distingués par leurs antennes finissant en une massue
solide et se logeant dans des fossettes du corselet (2).
Les Protéines. ( Proteinus. Latr. )
Où les antennes grenues, un peu perfoliées et plus grosses
vers le bout, mais sous forme de massue et toujours à dé-
couvert, sont insérées devant les yeux; où. le corselet est
court, et dont les élytres recouvrent la majeure partie de
l'abdomen (3).
Les Aléochares. (Aleochara, Grav.)
Où les antennes sont insérées entre les yeux ou près de
leur bord inférieur, et à nu , à leur naissance , avec les trois
premiers articles sensiblement plus longs que les suivants,
ceux-ci pei foliés , et le dernier alongé et conique. Le corselet
est presque ovale, ou en carré arrondi aux angles (4).
La cinquième section, les Microcéphales (Microcephala) ,
ont la tête enfoncée postérieurement jusque près des yeux,
(i) Voyez Latr., Gêner, crust. et insect. , I, p. 296, 297; Graven-
horst et Gyllenhall , genre Antliophagus.
(2) Voyez Latr., Gêner, crust. et insect. , IV, p. 377 ; Qmalium por-
catum , Gyll., Insect. Suec. , I, pars II, pag. 21 1; Micropeplus por-
catus , Cliarp. horae entom., VIII, 95 — Gyll., ibid. , O. staphy-
linoidesj pag. 21 3.
(3) Voyez Laîr. , ibid. , I, pag. 298 , et les Omalium ovatum et ma-
cropterum de Gravenliorst.
(4) Staphylinus canaliculatus , Fab. ; Panz. , ibid. , XXVII, i3; —
Staphylinus impressus , Oliv. , Col. , ibid. , v, 4i; — S. BoL-li, Lin ;
Oliv. , Col. , ibid. , m , 25 ; — S. collaris , ejusd. , ibid. , u, i3 ; — S.
minutusj ejusd. , ibid. , vi , 53 ; — S. socialis , ejusd. , ihid. , m , ^5 , et
gëne'raleraent les trois premières familles du genre .Altochara de Graven-
liorst, Col. mie, tom. II. Voyez aussi Gyllenhall , Insect. Suec. I, pars
II, pag. 377. Riais on observera que ni cet auteur, ni M. Gravenliorst ,
n'ont point assigne aux Ale'ochares et aux Lome'chuses de caractères clairs
et rigoureux 5 ces deux sons-genres réclament un nouveau travail.
FAMILLE DES BRACHÉLYTRES. 44 1
dans le corselet; elle n'est point séparée par un cou, ni par
un étranglement visible; le corselet a la forme d'un trapèze ,
et s'élargit de devant en arrière.
Ils ont le corps moins alongé que les précédents, et se
rapprochant davantage de la forme elliptique; la tête beau-
coup plus étroite, rétrécie et avancée en devant; les mandi-
bules de grandeur moyenne, sans dentelures, et arquées
simplement à la pointe. Les élytres1, dans plusieurs, recou-
vrent un peu plus de la moitié de la longueur du dessus de
l'abdomen. Les uns vivent dans les champignons, sur les
fleurs , et les autres dans les fientes. Fabricius en a réuni
plusieurs espèces avec les oxypores.
Les Lomécruses. ( Lomechusa , Aleochara. Grav. )
Qui n'ont point d'épines aux jambes, et dont les antennes,
depuis le quatrième article, forment une massue perfoliée
ou en fuseau alongé, et dont 'les palpes sont terminés en
alêne; les antennes sont souvent plus courtes que la tête et
le corselet (i).
Les Tachines. ( Tachinus. Grav. )
Qui ont les jambes épineuses ; dont les antennes sont
composées d'articles en cône renversé ou en poire , et
grossissant insensiblement , et dont les palpes sont fili-
formes (2).
(1) Les unes ont le corselet uni et non relevé' sur ses bords; telles sont
les Alcochares bipunctata, lanuginosa , nitida {StaplifUnus bi-pustu-
latus, Lin. ; Oliv. , Col. , III , î\i , v, ^!\)\fumata, nana de Gravenhorst,
ou ses familles m-vi (Col. micropt. , tom. 2). Les autres ont les bords du
corselet relevés et forment son genre Lomechusa • L. paradoxa; Staplif-
Unus emarginatus , Oliv. , ibid. , 11 , 12 ; — L. dentala , Grav. ; StaplifU-
nus slrwnosus , Payk. , V.
(2) Oxyporus subterraneus , Fab. ; — O. bi-pustulatus , ejusd., Panz.,
Faun. insect. Germ. , XVI, 21; — O. marginellus, Panz., ibid., IX, i3;
StaplifUnus fuscipes , ibid. , XXVII ,12; — Oxyporus suluralis , ibid. ,
XVIII, 20 ; — O. pygmœus, ibid., 27; — O lunulatus, ibid. XXII, 19;
x5 ; Staphylinus -atricapillus , F.; — Oxyporus merdarius , Panz. ,
ibid. , XXVI , 18 ; — StapliyUnus striatus , Oliv. , ibid, ; v, 47 5 — S. lu-
natus, Lin. Voyez aussi, tant pour ce sous-genre que pour le suivant, la
seconde partie du premier volume des Insectes de Suède de M. Gyllen-
y
44 % INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Tachypores. (Tacryporus. Grav. )
Semblables aux tachines par les jambes et les antennes,
mais ayant des palpes termine's en manière d'alêne (i).
Le genre Callïcerus de M. Gravenhoist m'est inconnu.
Celui de Stenosthetus de M. Megerle, indiqué dans le Cata-
logue de la collection des Coléopt. de M. le comte Dcjean,
offre tous les caractères d'un véritable psélaphe, et doit être
supprimé ; telle est aussi maintenant l'opinion de ce dernier
naturaliste.
La troisième (2) famille des Coléoptères Pen-
tamères ,
Les SERRIÇORNES (Serricornes),
Ne nous offrent, ainsique la famille précédente et
les suivantes du mêmeordre,que quatre palpes. Leurs
hall. On y trouve d'excellentes remarques sur les différences sexuelles de
plusieurs espèces, et dont l'application pourrait être très utile.
Les Tachines qui, telles que l' Alricopillus , ont le corselet presque
aussi long que large , le museau avance', les quatre tarses postérieurs sen-
siblement plus longs que leurs jambes respectives, paraissent devoir for-
mer une coupe particulière.
(i) Oxyporus niftpes , Fab. ; Panz. , ibid., XXVII, 205 — O. mar-
ginatus , F.; Panz, ibid., 17- — O. chrysomelinus , F.; Panz.. ibid. ,
IX, \l\\ — O. analis , F. 5 Panz., ibid. , XXII, 16; — O. abdominalis, F.
(2 Les Boucliers ou Silpha sont les seuls coléoptères pentamères qui
présentent, ainsi que les précédents, un appareil excrémentiel, encore
n'est-il point binaire, comme dans ceux-ci, et le conduit extérieur se dé-
gorge directement dans le rectum , comme l'urèthre des oiseaux. Il paraî-
trait donc, d'après ces rapports, que les Boucliers devraient venir , ainsi
que d'autres Clavicornes , immédiatement après les Brachélytres. D'autres
considérations m'avaient conduit au même rapprochement. [Voyez la
Préface de mon ouvrage intitulé. Considérations générales sur l'ordre na-
turel des crustacés, etc.). Suivant M. Léon Dufour, qui m'a fourni ces
observations anatomiques , les conduits hépatiques des Buprestides et des
Éntérides, ou de mes Sternoxes, ressemblent, par leur nombre, leur
longueur et leur mode d'insertion , à ceux des Carabiques. Les Lampyres
et les Mély rides n'ont aussi que deux vaisseaux hépatiques,- mais il y en
FAMILLE DES SERRICORWES. 44^
élytres recouyeut l'abdomen , ce qui les distingue
avec quelques autres caractères des brachélytres ,
dont nous venons de faire l'exposition. Les an-
tennes, à quelques exceptions près, sont de la
même grosseur partout , ou plus menues à leur
extrémité, dentées , soit en scie, soit en peigne , ou
formant même l'éventail, et plus développées sous
ce rapport dans les mâles. Le pénultième article des
tarses est souvent bilobé ou bifide. Ces caractères
se présentent très rarement dans la famille sui-
vante , celle des clavicornes , et à laquelle on arrive
par des transitions si nuancées , qu'il est très difficile
d'assigner rigoureusement ses limites.
Les uns, dont le corps est toujours de consistance
ferme et solide , le plus souvent ovale ou elliptique ,
avec les pieds en partie contractiles , ont la tête
engagée verticalement jusqu'aux yeux dans le cor-
selet; et le présternum, ou la portion médiane de
cette dernière partie du corps , alongé, dilaté, ou
avancé en devant jusques sous_la bouche, distingué
ordinairement de chaque côté, par une rainure où
s'appliquent les antennes (toujours courtes), et
prolongé postérieurement en une pointe , reçue
dans un enfoncement de l'extrémité antérieure du
inésoslernum. Ces pieds antérieurs sont éloignés
a quatre dans les Te'le'phores, les Lycus et les Ptiniores. Les Malachies ,
lés Drilles et les Vrillettes, sont, de tous les insectes delà famille des Serri-
corues dont il a étudie l'organisation , ceux où le tube alimentaire est le
plus lon^.
444 INSECTES COLÉOPTÈRES.
de l'extrémité antérieure du corselet. Ces serri-
cornes formeront une première section, celle des
Steknoxes ( Slernoxi ).
D'autres, ayant aussi la tête engagée postérieu-
rement dans le corselet, ou du moins recouverte
par lui à sa base*, mais dont le présternum n'est
point dilaté et avancé antérieurement en manière
de mentonnière , ni ordinairement (i) terminé pos-
térieurement en une pointe reçue dans une cavité
du mésosternum ; dont le corps est le plus souvent,
en tout ou en partie , de consistance molle ou
flexible, composeront une seconde section, celle
des Malacodermes ( Malacodermi).
Une troisième et dernière, celle des Lime-bois ,
( Xjlotrogi ) , comprendra des serricornes dont
le présternum n'est point pareillement prolongé à.
son extrémité postérieure , mais dont la tête est
entièrement à découvert et séparée du corselet,
par un étranglement ou espèce de cou.
Nous diviserons les Sternoxes en deux tribus.
La première , celle des Buprestides {Buprestides) ,
a la saillie postérieure, du présternum aplatie et
point terminée en une pointe comprimée latérale-
ment, et simplement reçue dans une dépression ou
(i) Les Cébrions font exception et se rapprochent, à cet égard, des
Taupins ; mais l'extrémité' inférieure du présternum ne s'avance point, sur
Je dessous de la tête. Les mandibules sont avancées, arquées et simples;
les palpes sont filiformes; les pieds ne sont point contracliles, et les deux
antérieurs sont peu éloignés , à leur naissance , de l'extrémité antérieure
du corselet, et très rapprochés.
FAMILLE DES SERRICORNES. 445
dans une échancrnrë du mésosternum. Les man-
dibules se terminent souvent en une pointe en-
tière ou sans échancrure ni fissure. Les angles
postérieurs du corselet ne sont point ou très peu
prolongés. Le dernier article des palpes est le plus
souvent presque cylindrique, guère plus gros que
les précédents, et globuleux ou ovoïde dans les
autres. La plupart de ceux des tarses sont commu-
nément larges ou dilatés, et garnis en dessous de
pelottes. Ces insectes ne sautent point, caractère
qui les distinguent éminemment de ceux de la tribu
suivante (i) ; ils composent le genre
Bubreste ( Buprestis) de Linnœus.
La dénomination générique de Richard donnée par
Geoffroy à ces coléoptères, nous annonce la beauté de
leur parure. Plusieurs espèces indigènes et beaucoup
d'exotiques, d'ailleurs remarquables par la grandeur de
leur taille, ont l'éclat de l'or poli sur un fond d'éme-
raude; dans d'autres, l'azur brille sur l'or, où sont réu-
nies plusieurs autres couleurs métalliques. Leur corps,
en général, est ovale, un peu plus large et obtus, ou
tronqué , en devant, et rétréci en arrière depuis la base
de l'abdomen, qui occupe la plus grande partie de sa
longueur. Les yeux sont ovales, et le corselet est court
et large. L'écusson est petit ou nul. L'extrémité des
élytres est plus ou moins dentée dans un grand nombre.
Les pieds sont courts.
( i) Les insectes de celte tribu diffèrent encore de tous les autres de
cette famille par leurs trache'es vesiculaires, tandis qu'elles sont tubulain s
dans les autres serricornes. Voyez les Observations anatomiques de
M. Léon Pu four.
446 INSECTES COLÉOPTÈUES.
Ils marchent lentement, mais leur vol est très agile ,
lorsque le temps est chaud et sec. Si on veut les saisir,
ils se laissent tomber à terre. Les femelles ont à l'extré-
mité postérieure de l'abdomen, une partie coriace ou
écornée, en forme de lame conique, composée de trois
pièces (les derniers anneaux ) , et qui est probablement
une tarière avec laquelle elles déposent leurs œufs dans le
bois sec, où vivent leurs larves. On rencontre plusieurs
des petites espèces sur les fleurs et les feuilles; mais les
autres se tiennentpourla plupart dans les forèts.,îescham-
tiers : ils éclosent quelquefois dans les maisons, y étant
transportés en état de larve ou de nymphe, avec le bois.
Tantôt les antennes sont tout au plus en scie. Les articles
intermédiaires des tarses sont en forme de cœur renversé et
le pénultième au moins est bifide. Les palpes sont filiformes
ou légèrement plus épais au bout. Les mâchoires sont bi-
lobées.
Les Richards propres. ( Buprestis, Lin .)
Dont les antennes sont de la même grosseur partout, et
en scie, depuis le troisième ou quatrième article.
Les uns n'ont point d'écusson.
Le R. à faisceaux {B. fasciculata. Lin.), 01iv.,Col. 1 1, 3?^
IV, 38, long d'environ un pouce, ovoïde, convexe, très
ponctué et ridé, d'un vert doré ou cuivreux, quelquefois
obscur, avec de petites touffes de poils jaunâtres ou rou-
geâtres ; étuis entiers. — Au cap de Bonne-Espérance, et
quelquefois en si grande abondance sur le même arbuste,
qu'il semble tout chargé de fleurs.
Le R. sternicorne {B. sternicornis, Lin.), Oliv., Col. ibid.y
vi , 5», a , un peu plus grand, même forme, d'un vert un peu
doré, très, brillant; de gros points enfoncés, dont le fond
est garni d'écaillés blanchâtres, sur les étuis : trois dents à
leur extrémité; sternum postérieur avancé en forme de
corne. — ïndes orientales.
Le R. chrysis(B. chrjsis, Fab.), Oliv., ibid.y II, 8, vi, 52 ,
b, diffère du précédent par les étuis d'un brun marron et
sans taches blanchâtres.
FAMILLE DES SERKICOH1SES. 44 7
Le R. bande-dorée (B. vittata F.), Oliv. , ibid., M, 17,
long de près d'un pouce et demi , plus étroit et plus alongé
que les précédents, déprimé, d'un vert bleuâtre; quatre
lignes élevées et une bande dorée et cuivreuse sur chaque
étui , dont le bout a deux dents. — Des Indes orientales.
Le R. ocellé ( B. ocellata F. ), Oliv., ibid., I, 3, presque
semblable, pour la taille et la forme, a sur chaque étui une
grande tache jaune et phosphorique , située entre deux
autres de couleur d'or ; le bout de chaque étui est terminé
par trois dents.
Les autres ont un écusson.
Le R. géant (B. g/gm Lin.), Oliv., ibid.,1, 1, long de deux
pouces; corselet cuivreux, mêlé de vert brillant , avec deux
grandes taches lisses, couleur d'acier bruni ; étuis terminés
par deux pointes, cuivreuses dans leur milieu, d'un vert
bronzé sur leurs bords, avec des points enfoncés, des lignes
élevées et des rides. — De Cayenne.
Nous citerons parmi les espèces de notre pays,
Le jR. à fossettes ( B. affinis. F. ), B. clirysostigma , Oliv. ,
ibid. y VI, 54, bronzé en dessus, cuivreux et brillant en des-
sous, dont les élytres, dentelées en scie à leur pointe, ont
trois lignes longitudinales élevées, et deux impressions do-
rées sur chacune.
Le R.vert (B. viridis. Lin.), Oliv., ibid. XI, 127 , long
d'environ deux lignes et demie, à forme linéaire, d'un
vert bronzé, avec les étuis entiers et pointillés. — Sur
les arbres.
Fabricius a détaché des richards propres ceux qui ont le
corps court , plus large proportionnellement et presque
triangulaire ; le front excavé, le corselet transversal et lobé
postérieurement, et les tarses fort courts, avec les pelotes
larges; les cinq derniers articles des antennes forment seuls
des dents de scie; les précédents, à l'exception des deux
premiers, sont petits, presque grenus , ou en cône renversé;
les deux premiers sont beaucoup plus gros. Ces espèces com-
posent le genre Ïrachys ( trachys). De ce nombre (1) est
(1) Voyez les autres espèces cite'es par Fabricius, System, cleut. , ÎI ,
ai8, et, quant aux divisions à établir dans ce genre nombreux , l'ou-
vrage de M. Schœnherr sur la synonymie des insectes.
448 IINSECTES COLÉOPTÈRES.
Le R. nain {B. minuta Lin. ), Oliv., ibid., II, i4|, noir en
dessous, d'un brun cuivreux en dessus, avec le milieu du
front enfoncé, le corselet sinué à son bord postérieur, et
des raies blanchâtres, ondées, formées par des poils et
transverses, sur les étuis. — Commun sur le coudrier, dont
il ronge les feuilles.
Les Aphanistiques. ( Aphanisticus. Latr. )
Ont les antennes terminées en une massue brusque,
oblongue, comprimée, légèrement en scie, formée par les
quatre derniers articles. Le dernier des palpes est un peu
plus gros, presque ovalaire. L'entre - deux des yeux est
excavé , ainsi que dans les trachis. On en connaît deux ou
trois espèces, toutes très petites et à forme linéaire (i).
Tantôt les antennes sont très pectinées ( d'un seul côté )
dans les mâles, fortement en scie dans l'autre sexe; les arti-
cles des tarses sont presque cylindriques et entiers; les
palpes sont terminées par un article beaucoup plus gros
que les précédents et presque globuleux. Les mâchoires se
terminent par un seul lobe.
Les Melasis. (Mélasis. Oliv.)
Leur corps est cylindrique, et les angles postérieurs du
corselet sont prolongés en une dent aiguë, caractères qui,
de même que ceux pris des tarses et des palpes, annoncent
que ces insectes font le passage de cette tribu à la sui-
vante (2).
La seconde tribu , celle des Elatérides, ne diffère
essentiellement de la précédente qu'en ce que le
stylet postérieur de l'avant-sternum , terminé en
une pointe comprimée latéralement et souvent un
peu arquée et unidentée, s'enfonce à la volonté
(1) Buprestis emarginata , F., Oliv., ibid. , x, 1)6; Germ. Faun.
insect. Europ, III ,9; — ejusd. , Buprestris lineola , ibid. , 10.
(2) Melasis buprestoides , Oliv. , II, 3o , 1 , 1 ; — Melasis elateroides ,
Illift. , différant suivant lui , de Y dater buprestoides de Linuaeus.
FAMILLE DES SERRICORNES. 44Q
cle l'animal, dans une cavité de la poitrine , située
immédiatement au-dessus de la naissance de la
seconde paire de pieds, et que ces insectes, pla-
cés sur le dos , ont la faculté de sauter ( voyez ci-
après ). Ils ont, pour la plupart, des mandi-
bules échancrées ou fendues à leur extrémité, les
palpes terminés par un article beaucoup plus grand
que les précédents, en forme de triangle ou de
hache, et les articles des tarses entiers. Celte tribu
ne comprend que le genre
Taupin (Elater) deLinnœus.
Leur corps est généralement plus étroit et plus alongé
que celui des bupreslides, et les angles postérieurs du cor-
selet se prolongent en pointe aiguë , en forme d'épine.
On les a nommés en français scarabées a ressort , et
en latin notopeda, elater. Couchés sur le dos, et ne
pouvant se relever^ à raison de la brièveté de leurs pieds,
ils sautent et s'élèvent perpendiculairement en l'air jus-
qu'à ce qu*ils retombent dans leur position naturelle ou
sur leurs pieds. Pour exécuter ces mouvements, ils les
serrent contre le dessous du corps , baissent inférieure-
ment la tête, et le corselet, qui est très mobile de haut
en bas , puis , rapprochant cette dernière partie de l'ar-
rière-poitrine, ils poussent avec force la pointe du
prés ter nn m contre le bord du trou situé en avant du
mésosternum, où elle s'enfonce ensuite brusquement
et comme par ressort. Le corselet avec les pointes laté-
rales, la tète, le dessus desélytres, heurtant avec force
contre le plan de position , surtout s'il est ferme et uni,
concourent , par leur élasticité , à faire élever le corps
er l'air. Les côtés de l'avant-sternum sont distingués par
une rainure où ces insectes logent , en partie, leurs an-
TOME IV. 29
/f5o INSECTES COLÉOPTÈRES.
ternies, qui sont en peigne ou en longues barbes, dans
plusieurs mâles. Les femelles ont à l'anus une espèce de
tarière alongée , avec deux pièces latérales et pointues
au bout , entre lesquelles est l'oviducte proprement
dit.
Les taupins se tiennent sur les fleurs, les plantes, et
même à terre ou sur le gazon ; ils baissent la tête en mar-
chant, et quand on les approche, ils se laissent tomber
à terre, en appliquant leurs pieds sous le dessous du
corps.
De Géer a décrit la larve d'une espèce de ce genre
(undulatus). Elle est longue, presque cylindrique, pour-
vue de petites antennes, de palpes , de six pieds, a douze
anneaux couverts d'une peau écailleuse , dont celui de
l'extrémité postérieure forme uqe plaque rebordée et an-
guleuse sur les bords avec deux pointes mousses et cour-
bées en dedans; au-dessous est un gros mamelon charnu
et rétractile, qui fait l'office de pied. Elle vit dans le
terreau de bois pourri ; on en trouve aussi dans la terre.
Il paraît même que celle du T. strié de Fabricius ronge
les racines du blé , et fait beaucoup de dégât lorsqu'elle
se multiplie.
L'estomac des taupins est long, ridé en travers, quel-
quefois gonflé à la partie postérieure ; leur intestin est
médiocre.
On peut rapporter à deux divisions principales Jes divers
sous-genres qu'on a formés dans cette tribu. Ceux dont les
antennes peuvent se loger entièrement dans des cavités in-
férieures du corselet composeront la première.
Tantôt elles sont reçues , de chaque côté, dans une rai-
nure longitudinale , pratiquée immédiatement^au-dessous
des bords latéraux du corselet, et toujours filiformes et sim-
plement en scie. Les articles des tarses sont toujours entiers
et sans prolongements, eu forme de palette, en dessous. Le
corselet est convexe ou bombé , du moins sur les côtés, et
se dilate vers les angles postérieurs en manière de lobe,
FAMILLE DES SERRICORNES. 4^> t.
allant en pointe, ou triangulaire. Ces insectes se rapprochent
des buprestides.
Les Galba. (Galba. Lat. )
Dont les mandibules se terminent en une pointe simple;
dont les mâchoires n'offrent qu'un seul lobe; dont le der-
nier article des palpes est globuleux et le corps presque cy-
lindrique (i).
Les Eucnémis. ( Eucnemis. Arh. )
Où les mandibules sont bifides et les mâchoires bilobées ;
où. le dernier article des palpes est presque en forme de ha-
che et le corps presque elliptique (2).
Tantôt les antennes, quelquefois en massue, se logent,
du moins en partie , soit dans les rainures longitudinales
des bords latéraux du présternum , soit dans des fossettes
situées sous les angles postérieurs du corselet. Les tarses ont
souvent des petites palettes, formées par le prolongement
des pelottes inférieures, ou le pénultième article est bifide.
Quelques-uns, à antennes filiformes, ont les articles des
tarses entiers et sans palettes en dessous; les deux pattes an-
térieures se logent, dans la contraction , dans des enfonce-
ments latéraux du dessous du corselet. Tels sont
Les Adelocères. (Adelocera. Lat.) (3).
D'autres, à antennes pareillement de la même grosseur par-
tout , ont les articles des tarses entiers , mais avec les pelottes
(1) J'en ai vu trois espèces eL toutes du Brésil. L'une a de grands rap-
ports avec le Melasis tuberculata de M. Dalman (Anal, entorn.). Les mâ-
choires se terminent par un lobe très petit et pointu.
(2) M. le comte de Mannlierheim a publie' une très belle Monographie
de ce sous-genre , dont on a donne' un extrait et reproduit les planches
dans le troisième volume des Annales des sciences naturelles. J'y ai
ajouté quelques observations sur la trop grande étendue que ce savant a
donné à ce sous-genre. L'espèce qu'il nomme Capucinus est , selon moi,
la seule qui doive y rester , et telle fut d'abord l'opinion de celui qui
l'établit.
(3) Elater ovales , Germ. ; — Elater fuscus , Fab. , et quelques autres
des Indes orientales, rapportés par M. de Labillardière.
29*
^02 INSECTES COLÉOPTÈRES.
inférieures prolongées et avancées en manière de petites pa-
lettes ou de lobes. Leur tête est découverte. Ce sont
Les Lissomes (Lissomls. Daim. — Lissodes. Lat. —
Drapetes. Meg. f Dej.) (i).
D'autres à antennes pareillement filiformes , mais dont le
second et troisième article plus grands que les suivants et
aplatis, se logeant seuls dans les rainures sternales; les tarses
sont semblables à ceux des lissomes; la tête est cachée en
dessous et comme recouverte par un corselet demi circu-
laire, où. elle est enfoncée. Tels sont
Les Chelonaires. ( Chelonàrtum. Fab. )
Les antennes, dans le repos, s'étendent parallèlement le
long de la poitrine; le premier et le quatrième article sont
les plus petits de tous; les sept suivants sont de la même
grandeur, et , à l'exception du dernier qui est ovoïde,
presque en forme de cône renversé et égaux. Le corps est
ovoïde, avec les jambes antérieures plus larges que les au-
tres. Toutes les espèces connues sont de l'Amérique méri-
dionale (a).
Le dernier sous-genre de cette première division , celui
De Throsque. (Throscus. Lat. — Trixagus* Kugel. ,
Gyllenh. — Elater. Lin.)
Se distingue de tous ceux de cette tribu par ses antennes
terminées en une massue de trois articles, et logée dans une
cavité latérale et inférieure du corselet. Le pénultième arti-
cle des tarses est bifide. La pointe des mandibules est en-
tière (3).
(1) Daim., Epliera. entom. , 1824. Son Lissomus punctulatus a de
grands rapports avec le Drapetes castaneus de M. le comtDajean, et
Y Elater lœvigatus de Fabricius.
L'Europe possède une espèce de ce sous-genre, YEl0er equestris de
celui-ci, figuré par Panzer, Faun. iusect. Germ., XXXI, 21.
(2) Fab., Syst. eleut. , I , 10 1 ; Lat. , Gêner, crust insect. , I, vin; 7
et II, 44) '1 Daim., Epliem. entom. , 1824, pag. 29.
(3) Elater dermesloides , Lin.; E. clavicornis, Oliv. , col ; II , 3i,
VIII, 85, a, b.; Dermestes adslrictor, Fab.; Panz. , Faun. insect. Germ.,
LXXV , i5. Sa larye vit dans le bois du chêne.
FAMILLE DES SERRICORNES. 4^5
Notre seconde division de cette tribu comprendra tous
les élatérides dont les antennes sont toujours à découvert ou
extérieures.
Nous en détacherons d'abord ceux dont le dernier article
des palpes, des maxillaires surtout, est beaucoup plus grand
que les précédents, presque en forme de hache. '
Un seul sous-genre, celui
De Cerophyte. (Cerofrytum. Lat.)
S'éloigne des suivants par ses tarses, dont les quatre pre-
miers articles courts, en forme de triangle, et dont le pénul-
tième article est bifide.
Les antennes des mâles sont branchues au côté interne,
la base du troisième article et dés suivants se prolongeant
en un rameau élargi et arrondi au bout; celles de la femelle
sont en scie (i).
Dans tous les autres sous-genres, les articles des tarses sont
presque cylindriques et entiers.
Tantôt la tête s'enfonce jusqu'aux yeux dans le corselet.
L'extrémité antérieure du présternum s'avance sur le dessous
de la tête et son bord est arqué.
Quelques-uns ont le labre et les mandibules cachés par
l'extrémité antérieure du présternum , le chaperon ou épi-
stome étant élargi et s'appliquant sur cette partie. Tels sont :
Les Cryptostomes. ( Cryptostoma. Dej. — Elater. Fab. )
Qui ont l'angle interne du sommet du troisième article
des antennes et des sept suivants se prolongeant en manière
de dent • les second et quatrième articles plus courts , le der-
nier long et étroit, et un rameau droit et linéaire au côté
interne du troisième, près de son origine.
Les mandibules sont unidentées sous la pointe. Les mâ-
choires ne présentent qu'un seul lobe ; elles sont, ainsi que
(i) Latr. , Gen. crust. et insect. , IV, ?f]B. Le Melasis sphondrloides
de Germar, Faun. insect. Europ, XI, 5, a une grande affinité avec la
ienielle de l'espèce servant de type. Le Melasis picea de Palisot de Beau-
vois , Insect. d'Air, et d'Amer. , VII , i , a aussi de l'analogie avec les
Cérophytes.
4-5/+ INSECTES. COLÉOPTÈHES.
la languette, petites et membraneuses. Les palpes sont très
courts. Les tarses sont petits , menus et presque sétacés.
La seule espèce connue {Elater denticornis, Fab.) se
trouve à Cayenne , d'où 'elle a été envoyée au Muséum
d'histoire naturelle par M. Banon.
Les Nématodes. (Nematodes. Lat. )
Où les antennes ont le premier article alongé , les cinq
suivants en cône renversé , égaux , à l'exception du premier
d'entre eux ou du second , qui est un peu plus court, et les
cinq derniers plus épais, presque perfoliés, et celui du som-
met ovoïde.
Le corps est presque linéaire (i).
Le labre elles mandibules sont maintenant découverts.
Ici , les antennes des mâles sont terminées en éventail. Ce
sont
Les Hémirhipes. (Hemirhipus. Lat.)
Les espèces sont toutes exotiques (12).
Là, ces organes, dans le même sexe, sont pectines, dans
leur longueur.
Les Cteniceres. (Ctecjicera. Lat.) (3).
Dans le sous-genre suivant, ou
Les Taupiks proprement dits (Elater),
Les antennes des mâles sont simplement en scie (4).
Le T. cucujo (E. noctilucus , Lin.), Oliv., col., II, 3i,
11 , i47 a, iong d'un peu plus d'un pouce, d'un brun
obscur, avec un duvet cendré; une tache jaune, ronde ,
convexe, luisante, de chaque côté du corselet, près de ses
(1) JEunemisfilum, Manner.
(2) Elater flabellicornis , Fab. • ejusd. , E '. jasclcularis , etc.
(3) Ses Elater pectinicornis , cupreus , hœ malodes ; — T. double-
croix, Cuv. Regn-. anim,, IV, xiv, 3.
(4) L'extrémité antérieure de la tête est tantôt de niveau avec le labre
ou sur le même plan horizontal , tantôt plus élevée et terminée brusque-
ment; mais ces différences, souvent inappréciables, ne peuvent servir à
établir des coupes génériques, et le genre que j'avais nommé Ludic
sollicite un nouvel examen.
FAMILLE DES SERRICORNES. ^55
angles postérieurs; des lignes de petits points enfoncés sur
les étuis. — De l'Amérique méridionale.
Ses taches répandent pendant la nuit une lumière très
forte, et qui permet de lire l'écriture la plus fine, sur-
tout si on réunit plusieurs de ces insectes dans le môme
vase. C'est à cette lueur que des femmes font leurs ouvra-
ges; elles le placent aussi, comme ornement, dans leurs
coiffures, pour leurs promenades du soir. Les Indiens les
attachent à leur chaussure , afin de s'éclairer dans leurs
voyages nocturnes. Brown prétend que toutes les parties
intérieures de l'insecte sont lumineuses , et quJil peut
suspendre à volonté sa propriété phosphorique (i). Nos
colons l'appellent Mouche lumineuse , et les Sauvages Cu-
cuyos , .Coyouyou ; de là le nom espagnol Cucujo. Un in-
dividu de cette espèce , transporté à Paris, dans du bois,
en état de larve ou de nymphe, s'y est métamorphosé, et
a excité, par la lumière qu'il jetait, la surprise de plu-
sieurs habitants du faubourg Saint-Antoine, témoins de
ce phénomène , inconnu pour eux.
Le T. bronzé (E. œneus , Lin.), 01iv.,Col., ibid., vin,
83, long de six lignes , d'un vert Bronzé, luisant, avec les
étuis striés et les pattes fauves. — En Allemagne et au nord
de l'Europe.
Le T. germanique (E. germanus , Lin. )Q\iv.9ibid.r 1 i,
12, très commun a;.x environs de Paris, ne diffère du
précédent que par la couleur des pieds, qui sont noirs.
Le Taupin porte-croix {E. cruciatus ^ 01 iv. , ibid, , IV,
4o), jolie espèce d'Europe, ayant le port du T. bronzé, mais
plus petite, noire, aveedeux bandes rouges et longitudi-
nales sur le corselet, près des bords latéraux; les élytres
sont d'un rouge jaunâtre, et ontpièsdes angles'antérieurs
de leur base une ligne noire, et deux bandes de cette cou-
leur formant une croix à la suture. Elle est rare aux en-
virons de Paris-
LeT1. marron {E. casianeus. Lin.),Oiiv. ibid.? 111,25; v, 5i ,
(i) M. de la Cordairc, qui a observe cet insecte vivant, m'a dit que le
principal réservoir cle la matière pliosphorisque e'tait situe inferieurement
à Injonction de l'abdomen avec le thorax.
456 INSECTES COLÉOPTÈKES.
noir '7 corselet couvert d'un duvet roussâtre; elytres jaunâ-
tres , avec l'extrémité noire; antennes du mâle en peigne.
— D'Europe.
Le T. corselet fauve ( E.ruficollis, Lin. ), Oliv., ibid., VI,
61 , a, b, long de trois lignes , d'un noir luisant, avec la
moitiépostérieure du corselet rouge. — Du nord de l'Europe.
Le T. ferrugineux (E.Jerrugineus. Lin.), Oliv., ibid., \\\,
35 , long de dix lignes -, noir avec le corselet , à l'exception
de son bord postérieur , et les étuis d'un rouge de sang foncé.
Sur le saule. C'est la plus grande espèce d'Europe (i).
Tantôt la tête est dégagée postérieurement ou ne s'en-
fonce pas jusqu'aux yeux, qui sont saillants et globuleux.
Les antennes sont insérées sous les bords d'une saillie fron-
tale, déprimée et arquée en devant. Le corps est long et étroit,
ou presque linéaire. Tels sont
Les Campyles. ( Campyltts. Fischer. — Exophthalmus.
Latr. — Hammionus . Mùhfeld. ) (i}*
Des élalérides à palpes filiformes, à antennes pectinées,
depuis le quatrième article, composeront un dernier sous-
genre, celui
De Phyllocère. ( Phyllocerus. ) (3).
(i) Voyez, pour les autres espèces , Oliv. , ibid. ; Panz. , Faun. insect.
Germ. , et son Ind. entom. ; ainsi qu'Herbst. , Col. , et M. Palisot de
Beauvois, Insect. d'Afr. et d'Amer. Le genre Dima de M. Ziégler, et
dont l'espèce nommée elateroides a e'te' figurée par M. Charpentier, dans
son ouvrage intitulé Horœ entomolog. , VI, 8, ne m'a offert aucun ca-
ractère qui le distingue nettement du précédent.
(2) ^bj-ec Fischer, Entomog. de la Russie, tom. II, pag. i53. Ce sous-
genre comprend VElater linearis de Linnseus, dont son Mesomelas n'est
qu'une variété; YE. borealis de Gyllenhail , et son E. cinctus.
(3) M. le comte Dejean n'ayant recueilli qu'un seul individu, je n'ai
pu le sacrifier, pour en étudier en détail les caractères. Deux insectes de
Java m'ont offert un port sembla1 le. Ici seulement (et probablement des
femelles) les antennes sont simplement en scie. Les mandibules m'ont
paru se terminer en une pointe entière ou sans dent. Le dernier article
des palpes est un peu plus grand, presque oblonique. Supposé que les
mandibules des phyllocères soient semblables, ces espèces exotiques se-
ront congénères.
FAMILLE DES SERRICORNES. A6j
Notre seconde section , celle des Malacoderm.es,
sera partagée en cinq tribus.
La première , les Cébrioisites ( Cébrionites ) ,
ainsi nommée du genre Cébrion d'Olivier , auquel
se rattachent les autres, a les mandibules termi-
nées en une pointe simple ou entière , les palpes de
la même grosseur ou plus grêles à leur extrémité ,
le corps arrondi et bombé dans les uns, ovale ou
oblong, mais arqué en dessus, et incliné par de-
vant, dans les autres. Il est le plus souvent mou
et flexible, avec le corselet transversal, plus large
à sa base, et dont les angles latéraux sont aigus ou
même prolongés, dans plusieurs, en forme d'é-
pine. Les antennes sont ordinairement plus longues
que la tête et le corselet. Les pieds ne sont point
contractiles.
Leurs habitudes sont inconnues. Beaucoup se
tiennent sur les plantes } dans les lieux aquatiques.
Ces insectes peuvent être réunis un seul genre, celui
De Cébrion. (Cebrio. Oliv-, Fab. )
Les uns, établissant une connexion de cette tribu avec ia
précédente', dont la consistance est même aussi solide que
celle des sternoxes , dont les pieds ne sont jamais propres à
sauter, et dont le corps est généralement ovale oblong, avec
les antennes soit flabeliées ou pectinées , soit en scie, dans
les mâles, les palpes filiformes ou un peu plus gros à
leur'extrémité, les angles postérieurs du corselet prolongés
en pointe aiguë, nous offrent des mandibules s'avançant
au-delà du labre, étroites et très arquées, ou en forme de
crochets. Le labre est ordinairement très court , échancré
ou biiobc.
458 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Là, ainsi que dans .les élatérides, le prestern uni se ter-
mine postérieurement en une pointe, reçue dans un enfon-
cement du mesosternum.
Les antennes, longues dans les mâles de quelques espèces,
sont composées de onze articles , pectinées ou en scie. Le
dernier article des palpes est presque cylindrique ou en
cône renversé.
Les Physodactyles. ( Physodactylus. Fisch. )
Où les trois articles intermédiaires des tarses présentent en
dessous une pelotte membraneuse (^sole ou semelle) , orbi-
culaire; dont les cuisses postérieures sont renflées, et dont
les antennes , du moins dans l'un des sexes , sont fort
courtes, en scie et insensiblement amincies vers le bout.
Ce sous-genre a été établi par le célèbre auteur de l'ento-
mographie de la Russie, sur un insecte de l'Amérique sep-
tentrionale ( P. Henningii , lettre sur le physodactyle ,
Moscou, 18.24 > Annales des scienc. nat. , décem. 1824,
XXV1I,B.).
Les Cébrions propres. ( CrBRio.Oliv. Fab. ),
Dont tous les articles des tarses sont entiers et sans pe-
lottes, et où les cuisses postérieures ne sont guère plus
grosses que les autres.
Les espèces propres à l'Europe paraissent en quantité
après les pluies d'orage. La femelle (1) de l'espèce la plus
connue ( gigas , Fab.; C. longicornis , Oliv., col. II , 3o bis. I ,
1, a, b, c; Taupin, l, 1 , a, b, c. ), diffère singulièrement
du mâle; ses antennes ne sont guère plus longues que la
tête: leur premier article est beaucoup plus long que le;
(1) Cebrio brevicornis , Oliv. , col. II, 3o bis , ï , 2 , a, b, c; Têtu-
brio dubius, Rossi , Eaun. etrusc. , 1 , 1 , 2. Cette femelle m'avait paru , à
raisou de ses antennes, devoir former un nouveau genre , quej'avai;
nomme' Haminonie. On trouve au cap de Bonne-Espérance une espèce
dont les articles des antennes jettent chacun, à la base de leur côte in-
terne, un rameau long et linéaire, et dont les palpes se terminent par un
article ovoïde, et non en forme de cône renverse', comme dans lis
autres espèces. Celle-ci pourrait en être séparée.
FAMILLE DES SERRICOBXES. 4%
autres; le quatrième et les suivants composent, réunis, une
petite massue oblongue et presque perfoliée. Les ailes avor-
tent en partie. Les pieds sont plus courts, mais proportion-
nellement plus robustes que ceux des mâles. La larve vit
probablement en terre. Le C. bicolor de Fabricius (i)
et quelques autres espèces d'Amérique dont le corps est
alongé , moins arqué en dessus ou presque droit, avec les
antennes plus courtes, ont paru au docteur Leach , devoir
composer une nouvelle coupe générique {i).
Ici le présternum ne se prolonge point notablement en
pointe, et le mésosternum n'offre point antérieurement de
cavité.
Tantôt tous les articles des tarses sont entiers et sans pa-
lette membraneuse et avancée en dessous.
Lçs Anelastes. ( Anelastes. kirby. )
Dont les antennes sont écartées à leur naissance, courtes ,
presque grenues, avec le dernier article (3) presque en crois-
sant; et dont le même clés palpes est presque en forme
de cône renversé. M. Kirby n'en mentionne qu'une seule
espèce (A. Druril , Linn. Trans., XII, xxi, 2 ).
Les Callirhipis. (Callirhipis. Lati\ )
Dont les antennes sont très rapprochées à leur naissance,
insérées sur une éminence,et à partir du troisième article,
forment dans les mâles un graud éventail. Le dernier des
palpes est ovoïde. Le même des tarses est presque aussi long-
que les autres pris ensemble , et présente entre ses crochets
un petit appendice linéaire et soyeux.
(1) Palis, de Beauv. , Insect-. d'Af'r. et d'Am. , I,'i , 2 , a , b.
(2) Les Cebrions fuscus et ruficollis de Fabricius ont Ja forme de l'es-
pèce qu'il nomme Gigas. M. Lefèvre a rapporté la seconde de Sicile.
Le Cebrio femoralus de M. Germar n'appartient point au genre ane-
lastes de M. Kirby, ainsi que je l'avais d'abord soupçonne.
(3) Le troisième est plus long que le pre'ce'dent et le suivant, tandis
que, dans les Cebrions, cet article et le second sont plus courts que le
quatrième et suivants. Ces organes, de même que ceux des Elate'rides ,
semblent avoir douze articles , le onzième e'tant brusquement aminci vers
le bout, et terminé en une pointe, ayant- l'apparence d'un petit article
conique O'i triangulaire
4-6o INSECTES COLÉOPTÈRES,
L'espèce servant de type (C. Dejeanii) , se trouve à Java
et a été envoyée au Muséum d'Histoire naturelle par
M. Diard et feu M. Duvaucel. Les antennes n'ont que
onze articles, et diffèrent par là de celles des rhipicères ,
qui ont bien la même figure, mais dont les articles sont
beaucoup plus nombreux, dans les individus du même
sexe, ou les mâles.
Tantôt les tarses ont en dessous des palettes membraneu-
ses, ou leur pénultième article est profondément bilobé.
Dans les deux sous-genres suivants, les quatre premiers
articles des tarses offrent chacun, en dessous , deux lobes
membraneux et avancés; le dernier est long et terminé,
entre les crochets, par un petit appendice soyeux. Les an-
tennes des uns sont composées déplus de onze articles, et
disposés en éventail ; celles dés autres n'en ont que onze,
en dent de scie, et dont les quatre derniers plus gros, for-
mant une massue.
Les Sandalus. ( Sandalus. Knoch. )
Les antennes, du moins celles des femelles , sont simple-
ment un peu plus longues que la tête, composées de onze
articles, dont le troisième et suivants, le dernier excepté ,
en forme de dents de scie, et dont les quatre derniers , un
peu plus dilatés, composent une massue; le terminal est
presque ovoïde, arrondi ou très obtus au bout (r).
Les Rhipicères. (Rhipicera. Lat. Rirb. — Ptyocerus.
Hoffmans. — Polytomus.V>n\\\\. )
Les antennes forment dans les deux sexes un éventail , et
sont composées d'un grand nombre d'articles ( 20-4.0 ), mais
en moindre quantité dans les femelles.
Ce sous-genre se compose de cinq à six espèces , dont
deux de la Nouvelle -Hollande et les autres d'Améri-
que (2).
(1) Sandalus petrophya , Knog , N. Beyt. , I, p. i3i, v, 5; — S.
niger, ejusd. , ibid.
(2) Rhipicera marginal a , Latr. , Cuv. , Kegn. aDirn., III, p. ^35 ;
FAMILLE DES SERRICORNES. 4^1
Les trois premiers articles des tarses des deux sous-genres
suivants sont en forme de cœur renversé, sans prolonge-
ments membraneux en dessous ; le quatrième est profondé-
ment bilobé 5 le dernier, peu alongé, ne présente point, en-
tre ses crochets, d'appendice saillant et soyeux. Les antennes
sont filiformes , simples ou tout au plus pectinées, et n'ont
jamais au-delà de onze articles.
Les Ptilodactyles. ( Ptilodactyla. Ilig. — Pyro*
chroctj De G. )
Se distinguent par leurs antennes demi pectinées ou en
scie dans les mâles.
Ce sous-genre se compose d'espèces propres à l'Améri-
que (1).
Les Dascilles.. (Dascillus. Lat. — Atopa. Fab. )
N'en diffèrent que par leurs antennes simples dans les
deux sexes (2).
Les autres cébrionites ont des mandibules petites, peu ou
point saillantes au-delà du Jabre, le corps généralement
mou, presque hémisphérique ou ovoïde, et les palpes ter-
minées en pointe. Les antennes sont simples ou faiblement
dentées. Dans plusieurs, les pattes postérieures servent à
sauter.
Ces insectes habitent les plantes des lieux aquatiques.
Ceux-ci ont le pénultième article des tarses bilobé. Le se-
cond et le troisième des antennes sont plus courts que le
suivant.
Kirb. , Lin. trans. , XII, xxi, 3 mas. ; Polylomus marginatus , Daim. ,
Anal, entom. , p. 22; — ejusd. , P.femoratus, ibid. ,215 — ejusd. , P.
myslacinus, p. 22; Hispa mystacina) Fab. ; Drur. ins. , III, vin, 7.
J'ai vu, dans la Collection de M. le comte Dejean , une autre espèce ,
toute fauve, recueillie dans l'AinéY. sept, par M. Leconte.
(1) Plylodactyla elaterina , Ilig. ; Prrochroa nitida, De G., Insect.,
V, xm, 6-17.
(2) Atopa cervina , Fab. ; ejusd. , A. cinerea , var. 5 Ptinus testaceo-
villosus, De G. , IV, ix , 8 ; Clstela cennna , Oliv. , col. III , 54 , 1, 2, a .
462 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Elodes. ( Elodes. Lat. — CypJwn. Fab. _, Dej.)
Où les cuisses postérieures diffèrent peu en grosseur des
précédentes (i).
Les Scyrtes. (Scyrtes. Lat.- — Cyphon. Fab.)
Dont les pattes postérieures ont les cuisses très grosses,
et les jambes terminées par deux forts éperons, dont l'un
très long, ce qui donne à ces insectes la faculté de sauter.
Les palpes labiaux sont fourchus. Le premier article des
tarses postérieurs est aussi long que les autres pris ensem-
ble (2).
Ceux-là ont tous les articles des tarses entiers.
Les Nyctées. (Nycteus. Lat. — Hamaxobium, Ziégl.
— Eucynetus. Schùppel. )
Où le troisième article des antennes est très petit et beau-
coup plus court que le second et le suivant, et où. les der-
niers sont presque grenus 5 et dont les quatre pieds ont les
jambes terminées par deux éperons très distincts, avec les
tarses longs, plus grêles vers le bout (3).
Les Eurries. (Eubria. Ziég. , Dej.)
Qui ont les antennes un peu dentées en scie, avec le se-
cond article très petit, les deux suivants les plus grands de
tous, et le dernier un peu échancré au bout et allant en
pointe. Les éperons des jambes sont très petits ou presque
nuls. Les tarses sont filiformes (4).
Laseconde tribu clés mal acoclermes, celledesLAM-
p y rides (Lampy rides), se distingue de la précédente,
parle renflement qui termine leurs palpes, ou du
moins les maxillaires, àraison de leurs corps, toujours
,• — — ,,, , — - .- ....—,. , 1 , .. ,, ■.-.,. ., 1 1 » ■■ -.— -. H.
1
(1) La première division des Cy plions de Fabricius.
(2) La seconde. F oyez le Catal. de la Coll. de M. le comte Dejean.
(^3) Eucinetus liœmorrlioïdalis , Germ. , Faim, insect. Europ. , V, 1 r.
Voyez le Catal. de la collect. des Cole'opt. de M. le comte Dejean , p. 35.
(4) Cyplion palus iris , Germ., ibid, , IV, 3.
FAMILLE DES SERRICORJNES. l^ftô
mou, droit, déprimé ou peu convexe j et dont le
corselet, tantôt demi circulaire, tantôt presque
carré ou en forme de trapèze, s'avance sur la tête,
qu'il recouvre entièrement ou en partie. Les man-
dibules sont généralement petites, terminées en une
pointe grêle, arquée , très aiguë et entière au bout
dans la- plupart. Le pénultième article des tarses
est toujours bilobé , et les crochets du dernier ne
sont ni dentés, ni appendices.
Les femelles de quelques-uns sont dépourvues
d'ailes , ou n'ont que des élytres très courtes.
Lorsqu'on saisit ces insectes, ils replient leurs
antennes et leurs pieds contre le corps ^ et ne
font aucun mouvement, comme s'ils étoient morts.
Plusieurs recourbent alors l'abdomen en dessous.
Ils comprennent le genre
Des Lampyres (Lampyris. Lin.) f
Antennes très rapprochées à leur base, tête soit dé-
couverte et prolongée antérieurement en manière de mu-
seau, soit cachée entièrement ou en majeure partie sous le
corselet , avec les yeux grands et globuleux dans les mâles ,
bouche petite , tel est le signalement d'une première divi-
sion de cette tribu, et que nous partagerons en. ceux dont
aucun des sexes n'est phosphorescent et en ceux où les fe-
melles au moins jouissent de cette propriété. Tous les indi-
vidus des premiers sont ailés, ont la tête découverte, sou-
Aeut rétrécie et avancée par devant, ou sous la forme d'un
museau , et le corselet élargi postérieurement, avec les angles
latéraux pointus. Les deux ou trois derniers anneaux de
leur abdomen ne présentent point cette teinte d'un jaune
pâle ou blanchâtre , qui affecte cette partie du corps dans
les lampyres propres et annonce leur phosphorence. Les
4-64 IJSSBCTES COLÉOPTÈRES.
élytres vont,, dans plusieurs, en s'élargissant, et sont même
quelquefois très dilatées et arrondies postérieurement, dans
les femelles particulièrement. Elles sont très ponctuées et
souvent réticulées.
Les Lycus. ( Lycus. Fab. Oliv. — Cantharis. Lin.)
Nous restreindrons ce sous genre aux espèces de Fabri-
cius, dont le museau est aussi long ou plus long que la por-
tion de la tête qui le précède, et dont les antennes sont en
scie. Les élytres sont le plus souvent dilatées, soit latérale-
ment, soit à leur extrémité postérieure, et les deux sexes
diffèrent ordinairement beaucoup à cet égard , particulière-
ment dans quelques espèces propres à l'Afrique (i").
D'autres espèces du même auteur, mais à museau très
court, et dont les antennes comprimées, tantôt simples , et
tantôt en scie ou pectinées, ont leur troisième article plus
long que le précédent, et où les articles intermédiaires des
tarses sont en forme de cœur renversé , composeront un
autre sous-genre, celui
De Dictyoptere. (Dictyoptera. Latr. )
L'on trouve dans quelques bois des environs de Paris ,
sur les fleurs de millefeuille et autres, et quelquefois abon-
damment,
Le Lycus sanguin (Lampyris scmguinea , Lin., Panz. ,
Faun. in se et. Gerrn. , XLI, g ). 11 est long d'environ trois
lignes, noir, a\Tec les côtés du corselet et les élytres d'un
rouge de sang. Ces élytres sont soyeuses et faiblement
striées. Sa larve vit sous les écorces du chêne. Elle est
linéaire, aplatie, noire, avec le dernier anneau rouge , en
forme de plaque, ayant à son extrémité deux espèces de
cornes cylindriques , comme anuelces ou articulées et ar-
quées en dedans. Elle a six petits pieds.
Uue autre espèce, mais plus petite, toute noire, à l'ex-
ception des élytres qui sont rouges , et. du bout des anten-
(i) Les Lycus latissimus , rostratus, proboscideus , etc , de Fabricius.
Voyez , pour dV.ulres espèces, l'appendix de la troisième partie du pre-
mier tome de la Synonymie des insectes de M. Schœnher , où il en dé-
crit, et figure plusieurs.
FAMILLE DES SEUIUCGRNES. 4^5
îies qui est roussâtre , le Lycus nain {Lycus minutus , Fab.j
Panz. , Faun. insect. Germ., XL1, s ), se trouve aussi en
France, mais dans les bois de sapins des montagnes (i).
Les Omalises. (Om-alisus. Geoff. , Oliv. , Fab. )
N'ont point de museau sensible. Les articles de leurs an-
tennes sont presque cylindriques , un peu amincis à leur
base, et le second et le troisième sont beaucoup plus courts
que les suivants. Le pénultième des tarses est seul en forme
de cœur renversé; les autres sont alongés et cylindriques.
Les élvtres sont d'une consistance assez solide.
\JOmalise suturai ( O. suturalis , Fab.j Oliv., col. II,
24, 1,, 1) est long d'un peu plus de deux ligues, noir
avec les étuis, leur portion intérieure ou la suture exceptée
d'un rouge de sang. Dans les bois des environs de Paris
et particulièrement dans la forêt de Saint-Germain , su
les chênes, au printemps (2).
Les autres lampyrides de notre première division se dis-
tinguent des précédentes, non-seulement, en ce qu'aucune
n'offre de museau, que leur tête, presque entièrement oc-
cupée par les yeux dans les maies, est cachée totalement ou
en majeure partie, sous un corselet demi circulaireou carré,
mais encore par un caractère très remarquable, soit com-
mun aux deux sexes, soit propre aux femelles, celui d'être
phosphorescent ; et de là les noms de vers luisants , de mou-
ches lumineuses , mouches à feu, donnés à ces insectes.
Le corps de ces insectes est très mou, surtout l'abdomen ,
qui est comme plissé. La matière lumineuse occupe le dessous
des deux ou trois derniers anneaux de cette dernière partie,
qui sont autrement colorés, et ordinairement jaunâtres ou
blanchâtres. La lumière qu'ils répandent est plus ou moins
vive, d'un blanc verdâlre ou blanchâtre, comme celle des
différents phosphores. Il paraît que ces insectes peuvent, à
volonté, varier son action ; ce qui a lieu surtout lorsqu'on
les saisit ou qu'on les tient dans la main. Ils vivent très long-
temps dans le vide et dans différents gaz, excepté dans le gaz
acide nitreux,muriatique et sulfureux, dans lequel ils meu-
(1) Les Lycus re.ticulalus , bicolor, serraticornis, fasclatus, aurora, etc.
(1) Voyez l'article O m alise de PEncyclop. me'lhod.
TOME IV. 7)0
/±66 INSECTES COLÉOPTÈRES.
rent en peu de minutes. Leur séjour dans le gaz hydrogène
le rend, du moins quelquefois, détonnant. Privés, par mu-
tilation, de cette partie lumineuse du corps, ils continuent
encore de vivre, et la même partie, ainsi détachée, conserve
pendant quelque temps sa propriété lumineuse, soit qu'on
la soumette à l'action de différents gaz, soit dans le vide ou
à l'air libre. La phosphorescence dépend plutôt de lJétat de
mollesse de la matière, que de la vie de l'insecte. On peut
la faire renaître en ramollissant cette matière dans l'eau.
Les lampyres luisent, avec vivacité, dans de l'eau tiède, et
s'éteignent dans l'eau froide: il paraît que ce liquide est
le seul agent dissolvant de la matière phosphorique (i). Ces
insectes sont nocturnes ; on voit souvent des mâles voler,
ainsi que des phalènes , autour des lumières, d'où l'on peut
conclure que l'éclat phosphorique que jettent principale-
ment les femelles a pour but d'attirer les individus de l'autre
sexe; et si les larves et les nymphes de l'espèce de notre pays
sont , suivant de Géer, lumineuses, on doit seulement en
conclure que la substance phosphorique se développe dès le
premier âge. On a dit que quelques mâles n'avaient pas
la même propriété; mais ils en jouissent encore, quoique
très faiblement. Presque tous les lampyres des pays chauds,
tant mâles que femelles, étant ailés, et s'y trouvant -en
grande quantité , offrent à leurs habitants , après le coucher
du soleil , et pendant la nuit, un spectacle amusant, une
illumination naturelle , par cette multitude de points lumi-
neux, qui, comme des étincelles ou de petites étoiles, er-
rent dans les airs. On peut s'éclairer en réunissant plusieurs
de ces insectes.
Suivant M. Dufour (Annal, des se. natur.,111, p. 225), le
canal alimentaire de la femelle de notre lampyre commun
(splendidula) est environ une fois plus long que le corps.
Son œsophage est extrêmement court et se dilate aussitôt
(i) Outre les expériences rapportées dans les Annales de chimie, con-
sultez les Annales générales des sciences physiques, par MM. Bory de
Saint-Vincent, Drapiez et Van Mons, tom. VIII , pag. 3i, où sont expo-
sées les recherches de M. Grotthuss sur la phosphorence du Lampyris
laiica.
FAMILLE DES SERRICORîlES. [fij
en un jabot court et séparé du ventricule chylifique par un
étranglement valvulaire. Cette dernière partie est fort lon-
gue, lisse, boursouflée et cylindrique jusqu'aux deux tiers
de sa longueur, et ensuite intestiniforme. L'intestin grêle
est fort court, flexueux, et offre un renflement représentant
le ccecum , mais peut-être inconstant , et qui se termine par
un rectum alongé. ,
Du genre Lampyris de Linnaeus, on en a séparé quelques
espèces du Brésil, dont les mâles ont des antennes compo-
sées de plus de onze articles, en forme de barbes déplumes.
Ces espèces forment le genre d'AMYDÈTE ( Amydetes ,
Ho f fm., Germ. ) (i).
D'autres lampyres , et propres aussi à l'Amérique méridio-
nale, n'ayant que onze articles aux antennes, nous offrent
des caractères particuliers qui leur ont valu la même dis-
tinction générique, celle de V rex gode (Phengodes, Hoffm.).
Le troisième article de ces organes et les suivants jettent
chacun, au côté interne, deux filets longs, ciliés, parais-
sant articulés , et roulés sur eux-mêmes. Les élytres sont
rétrécies brusquement en pointe. Les ailes sont étendues
dans toute leur longueur, et simplement plissées longitudi-
nalement. Les palpes maxillaires sont très saillants et pres-
que filiformes. Le corselet est transversal. Les tarses sont fili-
formes, avec le pénultièmearticle fort court et à peine bilobé.
Le corps est étroit et alongé, avec la tête découverte (2).
Les autres espèces composent maintenant le genre
De Lampyre proprement dit ( Lampyris. )
Qui, à raison delà forme des antennes, de la présence
ou de l'absence des élytres, des ailes, etc. , est susceptible
de plusieurs divisions.
Le L. luisant ( L. noctihtca , Lin.), Panz., Faun. insect.
Germ., XLÏ , 7. Mâle long de quatre lignes, noirâtre; an-
tennes simples ; corselet demi circulaire, recevant entière-
ment la tête, avec deux taches transparentes, en croissant ;
ventre noir ; derniers anneaux d'un jaunâtre pâle.
(1) Lampyris plwnicornis , Latr. , Voyag. de MM. Hutnb. el Bonp], ,
Zool. , XVI, 4ô — Amydetes apicalis , Germ. iusect. , Sp. nov., p. 67.
(a) ïl%. , Ma#. , VI , p. 342.
468 INSECTES COLÉOPTÈRES.
L. splcndidulc ( L. splendidula , Lin. ) , Panz., ibid., 8,
très voisin du précédent, an peu plus grand. Corselet jau-
nâtre, avec le disque noirâtre et deux taches transparentes
en devant; élytres noirâtres; dessous du corps et pieds
d'un jaunâtre livide; premiers anneaux du ventre tantôt
de cette couleur , tantôt plus obscurs.
Femelle privée d'élytres et d'ailes, noirâtre en dessus,
avec le pourtour du corselet et le dernier anneau jaunâ-
tres ; angles latéraux du second et du troisième anneaux,
couleur de chair; dessous du corps jaunâtre, avec les trois
derniers anneaux couleur de soufre.
C'est particulièrement à ces individus qu'on a donné le
nom de vers luisants. On les trouve paroutà la campagne,
et aux bords des chemins, dans les Haies, les prairies, etc.,
aux mois de juin, de juillet et d'août. Ils pondent un grand
nombre d'œufs, qui sont gros , sphériques et d'un jaune
citrin , dans la terre ou sur les plantes; ils sont fixés au
moyen d'une matière visqueuse qui les enduit.
La larve ressemble beaucoup à la femelle; mais elle est
noire, avec une tache rougeâtre aux angles postérieurs
des anneaux; ses antennes et ses pieds sont plus courts.
Elle marche fort lentement, peut alonger , raccourcir ou
recourber en dessous son corps. Elle est probablement
carnassière.
Le L. d'Italie (L. italica. Lin.),Oliv., col. II, 28, 11, 12,
nommé parles habitants Lucciola. Corselet ne recouvrant
pas toute la tète, transversal, rougeâtre, ainsi que l'écus-
son , la poitrine, et une partie des pieds; tête, étuis et
abdomen noirs; les deux derniers anneaux du corps jau-
nâtres. Les deux sexes sont ailés (1).
Dans notre seconde division des lampyrides , les antennes
sont notablement écartées l'une de l'autre à leur naissance;
la tête n'est point prolongée ni rétrécie antérieurement en
forme de museau , et les yeux sont de grandeur ordinaire
dans les deux sexes.
Les Driles. ( Drilus. Oliv. — Ptilinus. Geoff., Fab. )
Les mâles sont allés, et le côté interne de leurs antennes,
(1) Voyez Fabricius , et Olivier, col. II, n° 28.
FAMILLE DES SERRlCOHNES. 4%
à commencer au quatrième article, se prolonge en forme de
dent de peigne. Celles de la femelle sont plus courtes, un
peu perfoliées et légèrement en scie. Dans l'un et l'autre
sexe les palpes maxillaires sont plus gros vert le bout, et se
terminent en pointe. Le côté interne des mandibules offre
une dent.
La femelle de l'espèce servant de tvpe au genre , et dont
le mâleestassez commun , avait été inconnue jusque dans
ces derniers temps, ainsi que les métamorphoses des deux
sexes. Des observations faites à Genève, par M. le comte
Mielzinsky, sur la larve de cet insecte et sur l'individu fe-
melle en état parfait , excitèrent l'attention de deux natu-
ralistes français, qui avaient déjà donné des preuves de leurs
talents, M. Desmarest, professeur à l'école vétérinaire d'Aï-
fort, et M. Victor Audouin • celui-ci avait reçu de l'auteur
de cette découverte des larves en état vivant. Elles avaient
été trouvées dans l'intérieur de la coquille dite livrée, ou
l' Hélix nemoralis deLinnaeus. M. Mielzinsky les fit connaître
ainsi que la femelle parvenue à sa dernière transformation,,
seule sorte d'individus qu'il avait obtenue en état parfait.
Mais il s'était trompé, en considérant comme des nymphes
des larves parvenues à leur dernière grosseur , et qui passent
l'hiver dans l'intérieur de ces coquilles. Sous cette forme ,
ces insectes ont assez de ressemblance avec les larves de nos
lampyres, mais les côtés de leur abdomen offrent une rangée
de mamelons coniques, et deux séries de houppes de poils,
placées sur d'autres mamelons ou prolongements dermiques.
L'extrémité postérieure du corps est fourchue, et l'anus
sert à l'animal dans la progression. SI dévore , et assez
promptement, l'habitant naturel de la coquille, et delà le
nom générique de Cochleoctone (Cochleoctonus), donné à
cet insecte par ce naturaliste. M. Desmarest présuma , avec
raison , que puisque ces larves étaient assez communes aux
environs de Genève, on pouvait aussi les rencontrer aux
environs de Paris. Aidé par ses élèves, il s'en procura en
effet, un grand nombre d'individus , ce qui lui permit de
donner une histoire complète de cet insecte, et de décou-
vrir que les individus en état parfait décrits par M. Miel-
zinsky étaient des femelles du drile jaunâtre ou \a pa-
4jO INSECTES COLÉOPTÈRES.
nache jaune de Geoffroy ( l,i, 2; Oliv., col. II , 23 , 1 ,
1 ), dont le corps est long d'environ trois lignes, noir,
avec les élytres jaunâtres. La femelle est presque trois fois
plus grande, d'un jaune orangé ou rougeâtre, et ressem-
ble à celles des lampyres, mais sans être phosphorescente.
M. Audouin en a publié l'anatomie; il a remarqué que
la vieille peau de la larve bouche exactement l'entrée de la
coquille, et lui forme une sorte d'opercule. Tant que l'in-
secte est en état de larve , s'il se retire au fond de son habi-
tation , il s'y place de manière que l'extrémité postérieure
de son corps en regarde l'ouverture ; mais ayant passé à
l'état de nymphe , il s'y tient en sens contraire. Cette obser-
vation est due à M. Desmarest ( Voyez les Annales des scien-
ces naturelle, janvier , juillet et août 1824? et le Bulletin des
la Soc. philom., avril de la même année). M. Léon Dufour
a publié aussi quelques observations anatomiques faites sur
le mâle de cette espèce.
On en trouve en Allemagne une autre {Ater, Dej.) ,
toute noire et à antennes moins pectinées. Elle a été figu-
rée, ainsi qu'une troisième ( rujîcollis ) , découverte par
M. le comte Dejean en Dalmatie , dans un Mémoire de
M. Audouin(Annal. desscienc. nat., août 1824), qui, sous
le titre de Recherches anatomiques sur la femelle du drile
jaunâtre, et sur le mâle de cette espèce, forme une mono-
graphie compîètede ce genre, enrichied'excellentes figures.
Tous les individus des autres lampyrides de cette se-
conde division sont ailés , et leurs palpes maxillaires ne
sont pas beaucoup plus longs que les labiaux, ils embras-
sent une grande partie du genre caniharis de Linna?us, ou
de celui de cicindela de Geoffroy.
Les Telephores. (Telephorus. Schœff. — Cantharis. Lin.)
Où les palpes sont terminés par un article en forme de
hache, et dont le corselet n'offre point d'échancrures laté-
rales. Us sont carnassiers, et courent sur les plantes. Leur
estomac est long, ridé en travers; leur intestin très court.
Le T. ardoisé {Cantharis Jiisca. Lin.), 01 iv., col. li, '26 ,
1,1, long de cinq à six ligues ; p utie postérieure de
la têto , étuis, poitrine et grande partie des pieds d'un
FAMILLE DES SEUIIICORNES. Itf \
noir ardoisé; les autres parties d'un rouge jaunâtre; une
tache noire sur le corselet. Se trouve fréquemment, en
Europe, au printemps. Sa larve est presque cylindrique ,
alongée, molle, d'un noir mat et velouté, avec les an-
tennes, les palpes et les pieds d'un roux jaunâtre. La tête
est écailleuse, avec de fortes mandibules. Sous le dou-
zième et dernier anneau est un mamelon, dont elle fait
usage en marchant. Elle vit dans la terre humide et se
nourrit de proie.
On a vu , des années , pendant l'hiver, au milieu de la
neige, en Suède, et même dans des parties montagneuses
de la Fiance, une étendue considérable de terrain re-
couverte d'une quantité infinie de ces larves, ainsi que
de différentes autres espèces d'insectes vivants. On soup-
çonne, avec fondement, qu'ils avaient été enlevés et
transportés par des coups de vent, à la suite de ces vio-
lentes tempêtes qui déracinent et abattent un très grand
nombre d'arbres, particulièrement de pins et de sapins.
Telle est l'origine de ce qu'on a nommé pluie d'insectes.
Les espèces que l'on trouve alors, et quelquefois même
sur des lacs glacés, sont probablement du nombre de celles
qui paraissent de bonne heure.
Le T. livide ( Cantharis livida , Lin . ) , Oliv. , ibid., II , 28.
Grandeur et forme du précédent; corselet roussâtre, sans
tache; étuis d'un jaune d'ocre, et bout des cuisses posté-
rieures noir. — Sur les fleurs (1).
Les Silis. (Silis. Meg. , Dej. , Charp.)
Ne diffèrent des téléphores qu'en ce que leur corselet est
échancré, de chaque côté, postérieurement, et qu'on y voit
en dessous (du moins dans le S. spinicollis ) , un petit ap-
pendice coriace, terminé en massue, et dont l'extrémité,
probablement plus membraneuse, forme dans les individus
desséchés l'apparence d'un article. M. Toussaint de Char-
pentier en a figuré une espèce ( rubricollis) dans ses Horœ
entomol., p. 194, 195, vi, 7. * ,
(1) Consultez, pour les autres espèces , Schccnherr, Synon. insect., II ,
pag. 60 , et Panzer, Ind. entom. , pag. 91.
4j 2 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Malthines. (Malthinus. Lat., Schœuh. — Necyda-
lis. Geoff. )
Dont les palpes sont terminés par un article ovoïde.
La tête est amincie en arrière; (es étuis sontplus courts que
l'abdomen , dans plusieurs.
Sur les plantes, et plus particulièrement sur les arbres (i).
La troisième tribu des Malacodermes, IcsMélyri-
des, (Melrrides), offre des palpes le plus souvent fili-
formes et -courts; des mandibules échancrées à la
pointe; un corps le plus souvent étroit et alongé,
avec la tête seulement recouverte à sa base, par
un corselet plat ou peu convexe, ordinairement
carré ou en quadrilatère alongé , et les articles des
tarses entiers; les crochets du dernier sont- uni-
dentés ou bordés d'une membrane. Les antennes
sont ordinairement en scie, et même pectinées dans
les mâles de quelques espèces.
La plupart sont très agiles, et se trouvent sur les
fleurs et sur les feuilles.
Cette tribu , qui n'est qu'un démembrement des
genres Cantharis et dermestes de LinnaBUS, com-
posera celui
De Melyre. (Melyris. Fab.)
Les uns ont les palpes de la même grosseur partout.
Ici l'on découvre sous chaque angle antérieur du corselet
et de chaque côté de la base de l'abdomen, une vésicule en
(i) Latr., Gen. crust. etinsect. , 1, 261; Sehœnh., Synon., iiisect., II,
p. -j'i ; Panz. , Iud. eiitom. , p. y3. Les Te'e'phores biguttatus et mir.imiis
d'Olivier sont de ce genre.
F "*
FAMILLE DES SERR1C0KJNES. 47 J
forme de corne ou de cocarde, réiractile, susceptible de se di-
later, que l'animal fait sortir lorsqu'il est effrayé, et dont ou
ignore l'usage. Le corps est proportionnellement plus court
quedans le sous-genresuivant, pluslargeetplusdéprimé,avec
le corselet pi us large que Ion g. On voit sous chaque crochet du
bout des tarses un appendice membraneux, en forme de dent.
LesMalachies. (Malachius. Fab., Oliv. — Cantharis. Lin.)
L'un des sexes a , dans quelques espèces, un appendice en
forme de crochet, au bout de chaque étui, que l'individu
de l'autre sexe saisit par derrière, avec ses mandibules, pour
l'arrêter lorsqu'il fuit ou qu'il court trop vite. Les premiers
articles des antennes sont souvent dilatés et irréguliers dans
les mâles. Ces insectes ont des couleurs agréables.
Le M. bronze {Cantharis œnea, Lin.), Panz., ibid.y\, 1,
long de trois lignes, d'un vert luisant, avec les étuis
rouges au bord, et le devant de la tête jaune.
Le 71/. à deux pustules ( Cantharis bipustulata , L.), Panz.,
ibid. y 3 , un peu plus petit, d'un vert luisant, avec le bout
des étuis rouge (1).
Parmi les mélyrides suivants, à palpes filiformes, et dont
le corselet et l'abdomen sont dépourvus de vésicules rétrac-
tiles , nous placerons d'abord ceux dont les antennes sont de
la longueur au moins de la tête et du corselet; dont le corps
est généralement étroit, alongé et quelquefois linéaire, et
dont les crochets des tarses sont ordinairement, ainsi que
ceux des malachies, bordés inférieurement par un appen-
dice membraneux.
Les Dasytes. ( Dasytes. Payk. , Fab. — Dermestes. Lin. )
Le D. bleuâtre ( D. cœruleus, F. ), Panz. , Faun. insect.
Germ., XCYI, 10, long de trois lignes, alongé, vert ou
bleuâtre, luisant et velu. — Très commun aux environs
de Paris , sur les fleurs , dans les champs.
Le D. très noir (Dermestes hirtus , Lin. ), Oi iv., col. II,
i\ , 1 1 , fi8, un peu plus grand , moins oblong , tout noir et
(1) Voyez les mêmes ouvrages , et Schœnli., Sya. iusecl. , II, p. 67.
\
4?4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
très velu. Une épine à la base des tarses antérieurs, beau
coup plus forte et très crochue dans l'un des sexes. — Sur
les graminées (i).
D'autres mélyrides à crochets des tarses uniden.tés, ainsi
que ceux des dasytes, dont ils sont très voisins, et avec les-
quels Olivier les confond, s'en éloignent par des antennes
plus courtes que la tête et le corselet, et dont le troisième
article est une fois au moins plus long que le second. Leur
corps est moins alongé, 2Te consistance plus solide, avec la
tête un peu prolongée et rétrécie en avant, le corselet pres-
que semi-orbiculaire et tronqué en devant. Ils ont une cer-
taine ressemblance avec les coléoptères du genre silpha de
Linnaeus. Tels sont
Les Zygies. ( Zygia. Fab. )
Le quatrième article des antennes et les suivants forment
presque une massue aiongée, comprimée, dentée en scie, et
la plupart de ces articles sont transversaux. Le corselet est
très convexe.
La Zygie oblongue ( Z. oblonga, Fab. ) se trouve en Es-
pagne et en Egypte, dans l'intérieur des maisons et plus
particulièrement, à ce que m'a appris M. le comte Dejean,
dans les greniers. Il paraît qu'on la rencontre aussi quel-
quefois en France, dans le département des Pyrénées-
Orientales. On en a découvert une autre espèce en Nubie.
Les Melyf.es. (Melyris. Fab. )
Dont les antennes grossissent insensiblement, sans former
de massue, etdont les articles sont moins dilatés latéralement
et presque isométriques. Le corselet est moins convexe (2).
Les autres et derniers mélyrides ont les palpes maxillaires
terminés par un article plus grand et en forme de hache. Ce
(1) Voyez, pour les autres espèces, Fabricius; les Mélyres d'Olivier,
n° 6-17; Panz. , Ind. enlom. , p. 1 43; La.tr. , Gen. crust et Iusect., I,
p. 264; Germ. insect. Spec. nov. Le Brésil en fournit d'assez grandes,
et dont quelques-unes forment une division particulière.
(2) M. viridis, Fab. 5 Oliv. , Col. , Il , 21, 1 , 1 ; — M. abdominal/s,
Fab.; Oliv., ibid. , 1 , 7; — Opatrum granulatum, Fab.; Coqueb. ,
ïllust. icon. insect. , III, xxx , 7.
FAMILLE DES SERRICORNES. kj5
caractère, Ja brièveté du premier article des taises et quel-
ques autres considérations semblent les rapprocher des in-
sectes de la tribu suivante. Ce sont
Les Pe'locophores. ( Pelocophorus. )
De M. le comte Dejean ; qui les place avec les coléoptères
tétramères(i).
La quatrième tribu des Malacoclermes , celle des
C-LAiROXEs(Clerà), dont le nom nous rappelle celui
de Clairon, genre principal de cette tribu , se dis-
tingue par l'ensemble des caractères suivants. Deux
de leurs palpes au moins sont avancés et terminés
en massue. Les mandibules sont dentées. Le pénul-
tième article des tarses est bilobé , et le premier est
très court ou peu visible dans plusieurs. Lesantennes
sont tantôt presque filiformes et dentées en scie, et
tantôt terminées en massue , ou grossissent insensi-
blement vers le bout. Le corps est ordinairement
presque cylindrique, avec la tête et le corselet plus
étroits que l'abdomen, et les jeux échancrés.
La plupart de ces insectes se trouvent sur les
fleurs, les autres sur les troncs des vieux arbres ou
dans le bois sec. Celles des larves que l'on a ob-
servées sont carnassières.
(i) Catalogue de la collection des Coléoptères de M. Dejean,
p. ir5; IVotoxus 1 ligeri , Schœnh. , Synon. insect. , I, 2, p. 53, iv,
7 , a. Je rapporterai à la même subdivision des Mélyrides un sous-genre
nouveau que je nommerai Diglobicère (Diglobicerus). Les antennes n'ont
que dix articles distincts, et dont les deux derniers sont plus gros et glo-
buleux. Il est établi sur un insecte qui m'a été envoyé par M. Lefébure
de Cens y.
476 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Cette tribu comprendra le genre
Des Clairons. (Clerus. Geoff. )
Il y en a dont les tarses vus sous leurs deux faces, offrent
distinctement cinq articles. Leurs antennes sont toujours
dentées, en majeure partie, en manière de scie.
Quelques-uns, parmi eux, ont des palpes maxillaires fili-
formes ou légèrement plus gros vers le bout.
Les Cylidres. ( Cylidrus. Lat. )
Ont des mandibules longues , très croisées , terminées en
une pointe simple, avec deux dents au côté interne. Les
quatre premiers articles des antennes sont cylindriques et
alongés ', les six suivants ont la figure de dents de scie, et le
dernier est oblong. Les palpes sont terminés par un article
alongéj celui des maxillaires , est cylindrique et le même
des labiaux est un peu plus gros et en cône renversé. Le pé-
nultième article des tarses est formé de deux lobes distincts.
La tête est alongée.
La seule espèce connue ( Trichodcs cyaneus , Fab.) , se
trouve à l'île de France.
Les Tilles. ( Tillus. Oliv. , Fab.) (i)
Ont des mandibules de grandeur moyenne , et refendues
ou bidentées au bout; des antennes tantôt dentées en scie,
depuis le quatrième article jusqu'au dixième inclusivement,
avec le dernier ovoïde , tantôt terminées brusquement, de-
puis le sixième, en une massue^ dentée en scie. Le dernier
article des palpes labiaux est U'ès grand, en forme de hache.
La tête est courte, arrondie. Le troisième et le quatrième
(i) Tillus elongatus , Oliv. , col. II , 22,1, 1 ; Chrysomela elongata ,
Lin. • — Clerus unifascialus , Fab ; Oiiv. , ibld. , IV, 76, 11, 21. Le
premier a les antennes en scie depuis le quatrième article, et le corselet
cylindrique. Dans le second, les antennes se terminent, à partir du
sixième article, eu une massue dentée en scie. Le corselet est rétréci pos-
térieurement. Le dernier article des palpes maxillaires est proportionnel-
lement plus long que le même de la premièe espèce, et comprime.
FAMILLE DES SERRJ CORNES. l^JJ
article des tarses sont dilatés et en forme de triangle ren-
versé.
On trouve ces insectes sur les vieux bois ou sur les troncs
dJarbre£.
Les autres insectes de cette tribu, et toujours distinctement
pentamères, ont les quatre palpes terminés en massue; le
dernier article des labiaux est presque toujours en forme de
hache.
Ici les quatre premiers articles des tarses sont garnis en
dessous de pelotles membraneuses, avancées, en forme de
lobes. Le corselet est alongé, presque cylindrique.
Les PriocÈres. (Priocera. Kirb.)
Le corps est convexe , avec le corselet resserré postérieu-
rement. Le dernier article des palpes maxillaires est moins
dilaté que ie même des labiaux, en forme de triangle ren-
versé et oblong. Le labre est échancré.
On n'en connaît qu'une espèce {Priocera variegata ,
Kirb., Lin. Trans. Xlî, p. 38q, 3c)o,xxi, 7).
Les Axjnes. ( àxina. Kirb. )
Le corps est déprimé. Le dernier article des quatre palpes
est fort grand , en forme de hache.
On n'en a encore décrit qu'une seule espèce ( Axina
analis, Kirb., ibid., ftg. 6. ) , et qui se trouve au Brésil.
Là, le pénultième article des tarses est seul distinctement
bilobé. Le corselet est carré. Le corps est d'ailleurs déprimé,
comme dans le sous-genre précédent, et les palpes se termi-
nent de même.
Les Eurypes. ( Eurypus. Kirb. )
VE. rougedtre (Eurypus rubens, Kirb. , ihuL, fig. 5.),
habite aussi le Brésil. J'en ai vu une seconde espèce, du
même pays, dans la belle collection de M. de la Coadaire.
Maintenant les tarses, vus en dessus, ne paraissent com-
posés que de quatre articles, le premier des cinq ordinaires
étant fort court et caché sous le second (1).
(1) Les insectes de cette subdivision composent le genre Clairon pro-
prement dit de Geoffroy; M. Dufour admets que les tarses poste'rieurs
4-7$ INSECTES COLÉOPTÈRES.
Tantôt les antennes grossissent insensiblement ou se ter-
minent graduellement en massue ; les articles intermé-
diaires, à partir du troisième, sont presque en forme de
cône renversé ; les deux à quatre avant-derniers sont pres-
que en forme de triangle renversé, et le dernier est ovoïde.
Les Thanasimes. (Thanasimus. Lat. — Clerus. Fab.)
Ont les palpes maxillaires filiformes et le dernier article
des labiaux grand , en forme de hache (i).
Les Opiles. ( Ofilo. Lat. — Notoxus. Fab.)
Dont lesquatre palpes sont termines par un grand article,
en forme de hache (2).
Tantôt les trois derniers articles des antennes sont beau-
coup plus larges que les précédents, et forment une massue
brusque, soit simple et en forme de triangle renversé, soit
en scie.
Ceux où. cette massue est simple ou point dentée en scie
composent deux sous-genres.
Les Clairons proprement dits. (Clerus. Geoff. — Tri-
1 diodes. Fab. )
Leurs palpes maxillaires sont terminés par un article en
forme de triangle renversé et comprimé ; le dernier des la-
biaux, qui sont plus grands que les précédents, est en forme
de baclie. La massue des antennes n'est guère plus longue
que large, et se compose d'articles serrés; le troisième est
plus long que le second. Les mâchoires se terminent par un
lobe saillant et frangé. Le corselet est déprimé en devant.
Ces insectes se trouvent sur les fleurs; leurs larves dé-
vorent celles de quelques apiaires.
Leur estomac est plus large en avant, sans rides; leur in-
testin est court, avec deux renflements en arrière. Suivant
ont cinq articles , maïs dont le premier est fort court ; le même article
n'est que rudimentaire aux tarses inlerme'diaires , et nul aux deux an-
te'rieurs.
(1) Attelabus formicarius , Lin. 5 Clerus formicarius , Oliv. , col.
IV, 76 , 1 , 1 3 ; — Clerus mulillarius , Fab. ; Oliv. , ibid. , 1 , 12.
(a) Attelabus mollis , Lin. ; Clerus mollis , Oliv. , ibid. , 1 i 10.
FAMILLE DES SEIi RICOH NES. ^79
M. Dufour, leurs jabot est si court , qu'il est presque entière-
ment caché dans la tête (i).
Le C. des Ruches ( Attelabus apiarius , Lin.* Trichodes
apiarius , Fab. ; Oliv. ? col. IV , 76 , 1 , 4 ) • est Weu , avec
les étuis ronges. Ils sont traversés par trois bandes d'un
bleu foncé, dont la dernière occupe l'extrémité. La larve
dévoie celle de l'abeille domestique, et nuit beaucoup aux
ruches.
Celle d'une autre espèce ( Trichodes alvearius , Fab.*
Oliv., ibid.j I, 5 a, b; Reaum. , insect,, VI, vin, 8- 10 ),
presque semblable à la précédente , mais ayant une tache
d'un noir bleuâtre à l'écusson, vit dans les nids des abeilles
maçonnes ( G. osmie ) de Réaumur, et se nourrit aux
dépens de leur postérité.
Les Néckobies. ( Necrobia. Latr. — Corynetes. Fab. )
Ont les quatre palpes terminés par un article de la même
grandeur, en forme de triangle alongé et comprimé •. les
second et troisième articles des antennes presque égaux, et
la massue terminale alongée et à articles lâches. Le devaut
du corselet n'offre point de dépression,
La Nécrobie violette (Necrobia violacea , Oliv., col.,
ibid. , 76 bis , 2, 1 ; Derniestes violaccus , Lin. ) est petite,
d'un bleu violet ou verdâtre , avec les pieds de la même
couleur. Ses étuis ont des points disposés en séries longi-
tudinales. Elie est très commune au printemps, dans les
maisons. On la trouve aussi dans les charognes (2).
Nous terminerons cette tribu par un sous-genre, dont les
deux avant-derniers articles des antennes, plus ou moins
dilatés au côté interne, en manière de dents, composent
avec le dernier, qui a une forme ovalaire, une massue en
scie ou semi-pectinée. Les palpes sont terminés par un ar-
(1) L'organe générateur mâle est beaucoup pï us complique' que celui des
Me'lyrides, desLampyrides , et autres Malacoderraes. Le dernier anneau
de l'abdomen est largement pehàncre. Ce sont , avec les Pellis de Fabri-
cius, les seuls coléoptères qui aient six vaisseaux biliaires. Leur inser-
tion est cœcale.
(2) Voyez Olivier, genre Nécrobie, etScœhnh. , Synon. insect., I, 2,
pag. 5o.
4$0 INSECTES COLÉOPTÈRES.
ticle plus grand, soit en forme de triangle aiongé et com-
primé, soit, en forme de hache. Tels sont
Les Enoplies. ( Enoplium , Latv. — Tillus , Oliv., Fab. —
Corynetes , Fab. ) (i).
La cinquième tribu clés Malacodermes, celle des
Ptiniores (Ptiniores), a pour type le genre Pti-
nus de Linnaeus et quelques autres qui en déri-
vent , ou qui s'en rapprochent le plus. Le corps
de ces insectes est de consistance assez solide ,
tantôt presque ovoïde ou ovalaire , tantôt pres-
que cylindrique , mais généralement court et ar-
rondi aux deux bouts. La tête est presque globu-
leuse ou orbiculaire, et reçue, en grande partie,
dans un corselet très cintré ou voûté , en forme de
capuchon. Les antennes des uns sont filiformes ou
vont en s'amincissant vers le bout, soit simples,
soitflabellées, pectinées ou en scie; et celles des au très
se terminent brusquement par trois articles plus
grands et beaucoup plus longs. Les mandibules sont
courtes, épaisses et dentées sous la pointe. Les
palpes sont très courts et terminés par un article
plus grand , presque ovoïde ou en triangle renversé.
Les jambes sont sans dentelures, et les éperons de
leurs extrémités sont très petits. Les couleurs sont
toujours obscures et peu variées. Tous ces insectes
sont de petite taille. Lorsqu'on les touche, ils con-
(i) Tillus serratrtcomis , Oliv., col. II, a '2, i, 2; — T. , ïf^eùeri ,
Fab.; — ejnsd., T. damicornis ; — Dermestoïdes , Scheff., Elem., entotn.,
i38; Carjneies sanguinicollls , Fab. Voyez Scliœnh. , Synon. iasect. ,
I, 2,pag. 46.
FAMILLE DES SERRICORN ES. 4^1
1 refont le mort, en baissant la tête, en inclinant
leurs antennes et en contractant leurs pieds; ils de-
meurent quelque temps dans cette léthargie appa-
rente. Leurs mouvements sont , en général , assez
lents ; les individus ailés prennent rarement le vol
pour s'échapper. Leurs larves noussont très nuisibles,
et ont une grande ressemblance avec celles des
scarabées. Leur corps y souvent courbé en arc, est
mou , blanchâtre, avec la tête et les pieds bruns et
écâilleux. Leurs mandibules sont fortes. Elles secon-
struiseut , avec les fragments des matières qu'elles
ont rongées, une coque, où elles se changent en nym-
phes. D'autres espèces établissent leur domicile à la
campagne, dans le vieux bois, les pieux et sous les
pierres ; elles ont d'ailleurs les mêmes habitudes.
Tels sont les caractères généraux du genre
.Des Ptines. (Pttnus. Lin.)
Les uns ont la tête et le corselet, ou la moitié antérieure
du corps, plus étroits que l'abdomen , des antennes toujours
terminées d'une manière uniforme , simples, ou très peu en
scie, et presque aussi longues au moins que le corps.
Les Ptines propres (Ptinus. Lin. , Fab.. — Bruchus. Geoff.)
Ont les antennes insérées entre les yeux, qui sont saillauls
ou convexes. Leur corps est oblong.
Ils se tiennent, pour la plupart, dans l'intérieur des mai-
sons, principalement dans les greniers et les parties inhabi-
tées. Leurs larves rongeut les herbiers et les dépouilles pré-
parées et sèches d'animaux. Lesantennes des mâles sont plus
longues que celles des femelles, et dans plusieurs espèces,
ces derniers individus sont dépourvus d'ailes.
Le P. voleur {P. fur. , Lin. , Fab. ) P. latro , slriaLus, F.),
TOM E IV . 5 l
482 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Oliv., col. II, 17 y 1 , , ,i , 3j .1 1 , g, var. du mâle; long d'une
ligne et demie, d'un brun clair; antennes de la longueur du
corps; corselet ayant de chaque côté une éminence pointue,
et deux autres arrondies et couvertes d'un duvet jaunâtre,
dans l'intervalle; deux bandes transverses, grisâtres, for-
mées par des poils, sur les étuis.
Suivant de Géer , il se nourrit de mouches et autres in-
sectes morts qu'il rencontre. Sa larve fait un grand dégât
dans les herbiers et les collections d'histoire naturelle.
L. P. impérial ( P. imperialis , Fab. ) , Oliv. , ibicL ,1,4?
remarquable par deux taches des étuits représentant , par
leur réunion, la figure grossière d'une aigle à deux têtes.
Vit sur le vieux bois (1).
J'ai trouvé fréquemment sur des excréments le P. germain
( Latr. , Gen. crust. et insect., I, pag. ^79), qui a beaucoup
de rapports avec le P. voleur (2).
Les Gibbies. ( Gibbium. Scop. — Ptinus. Fab., Oliv.)
Où les antennes sont insérées au-devant des yeux, qui
sont aplatis et très petits; où i'écusson manque ou n'est
point distinct, et dont le corps est court, avec l'abdomen
très grand, renflé, presque globuleux et demi transparent.
Les antennes sont plus menues vers leur extrémité, et les
étuis sont soudés. Ces insectes font aussi leur séjour dans
les herbiers et les collections (3).
Les autres ont le corps soit ovale ou ovoïde, soit presque
cylindrique; le corselet dé la largeur de l'abdomen, du
(1) Celte espèce nous paraît devoir être place'e dans le genre Hfdobîe
(Hedoùia) du Catalogue de la collection de M. le comte Dejean. Il dif
ière de celui de Ptine par les antennes plus écartées, un peu en scie, et
surtout par les tarses , qui sont courts et composes d'articles presqu'en
forme de coeur, larges, le dernier surtout; les crochets de celui-ci sont
même caclie's. Dans lès Ftincs, ces tarses sont étroits , avec le dernier
article en forme de cône renversé. Les antennes sont rapprochées à
leur base.
(2) Voytz, -pour la Synonymie des espèces de ce genre, SchœnheiTj
Synon. instet. , II, p. 106.
(3) Ptinus scolias , Fab. ; Oliv., col., ibid. , .1, »; Panz. , Faun.
insect. Gerin., V, 8- — P. sutcatus, Fab.
FAMILLE DES SERRIGORNES. 4^3
moins à sa base; les antennes tantôt uniformes et en scie ou
pcctinées, tantôt terminées par trois articles beaucoup plus
grands que les précédents; elles sont plus courtes que le
corps.
Les Ptilins. ( Ptilinus. Geoff. , Oliv. — Ptinus. Lin. )
Dont les antennes, depuis le troisième article, sont forte-
ment pectinées ou en panache dans les mâles , et en scie
dans les femelles.
Ces insectes vivent dans le bois sec, et le percent de petits
trous. C'est là aussi qu'ils sJaccouplent; l'un des sexes est en
dehors et suspendu en l'air (i).
Les Xylétines. ( Xyletinus. Latr. — Ptilinus. Fab. )
Auxquels nous réunissons les Ochines ( Ochina ) de
MM. Ziégler ei Dejean, ont les antennes simplement en scie
dans les deux sexes (2).
Les Dorcatomes. (Dorcatoma. Herbst, Fab. )
Où les antennes finissent brusquement par trois articles
plus grands, et dont les deux avant-derniers en forme de
dents de scie; elles ne sont composées que de neuf arti-
cles (3).
Les Vrillettes. (Anobium. Fab.., Oliv. — Ptinus. Lin.
— Byrrhus. Geoff. )
Où. les antennes sont également terminées par trois arti-
cles plus grands ou plus longs, mais dont les deux avant-
derniers en cône renversé et alongé, et celui du bout ovale
ou presque cylindrique; elles ont onze articles.
(1). Ptilinus pe.ctinicornis , Fab.; Oliv. col. II, 17 bis , 1 , \-, — P.
pectinatus , Fab. ; ejusd. , P. serralus ,• P linus denticornis, var ; Fanz ,
iBi77.,VI,9;XXXV, 9.
(2) Ptilinus pallens , Germ. ; — Ptinus serricornis , Fab. Dans V Ochina
hederœ , les antennes sont un peu plus longues que celles des Xylétines,
un peu moins en scie, avec les second et troisième articles presque de
longueur égale Jç n'ai point examiné les autres espèces d'OcHnes men-
tionnées par M. le comte Dejean dans son Catalogue (p. 4o)-
(3) Dorcatoma dresdensis , Herhsl. 7 col. IV, xxxix, 8.
5i*
484 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Plusieurs espèces de ce genre habitent l'intérieur de nos
maisons, où. elles nous font beaucoup de tort dans leur pre-
mier état, celui de larve, en rongeant les planches, les so-
lives, les meubles en bois, les livres, qu'elles percent de
petits trous ronds, semblables à ceux que Ton ferait avec
une vrille très fine. Leurs excréments forment ces petits tas
pulvérulents de bois vermoulu que nous voyons souvent
sûr le plancher. D'autres larves.de vriliettes attaquent la fa-
rine, les pains à cacheter que Ton garde dans les tiroirs, les
collections d'oiseaux, d'insectes, etc.
Les deux sexes, pour s'appeler dans le temps de leurs
amours et se rapprocher l'un et l'autre, frappent plusieurs
fois de suite et rapidement, avec leurs mandibules , les boi-
series où. ils sont placés, et se répondent mutuellement.
Telle est la cause de ce bruit, semblable à celui du batte-
ment accéléré d'une monlie, que nous entendons souvent,
et que la superstition a nommé ['horloge de la mort.
La V . damier {A. tesselatum. Fab. ), Oliv., col. li, 16,
1,1, longue de trois lignes, d'un brun obscur et mat, avec
des taches jaunâtres, formées par des poils; corselet uni;
étuis sans stries.
La V. opiniâtre {Ptinuspertinax7\Àn.'7 A. striatum, F.),
Oliv., ibid. ï, 4? noirâtre; corselet ayant, à chaque angle
postérieur , une tache jaunâtre, et près du milieu de sa
base une élévation comprimée, divisée en deux, en devant,
par une dépression ; étuis à stries ponctuées. Elle préfère,
d'aprèsles observations de de Géer, selaisser brûlera petit
feu, plutôt que de donner le moindre signe de vie, lors-
qu'on la tient.
La V . striée d'Olivier, ou VAnobium pertinaxde Fabri-
cius (Panz., ibid., LX\I, 5), ressemble beaucoup à la pré-
cédente; mais elle est plus petite et n'a pas de taches
jaunes aux angles postérieurs du corselet. Elle est très
commune dans les maisons. M. Dufour a observé que des
appendicesformentautourdeson pylore u> esorteoe fraise.
La V* de la farine ( A. paniceum, Fab. ; A. rninutum,
ejusd.), Oliv., ibid. Il, g, est très- petite, fauve, avec
le corselet lisse, et les étuis triés. Elle ronge les sub-
stances farineuses, et ravage les collections d'insectes,
FAMILLE DES SERRICOtlNES. , $85
lorsqu'on la laisse s'v multiplier. Elle s'établit aussi dans
le liège (i).
La troisième et dernière seclion des Serricornes,
formant aussi une dernière tribu , eelle des Lime-
rois (Xylotrogi), et se distinguant, comme nous
l'avons déjà dit , des deux précédentes à raison de la
tète entièrement dégagée^ se compose du genre
De Lyméxylon. (Lymexylon. Fab. )
Nous le partagerons ainsi :
Les uns ont les palpes maxillaires beaucoup plus grands
que les labiaux, pendants, en forme de peigne ou de houppe
dans les mâles , terminés par un grand article ovoïde dans
les femelles. Les antennes sont courtes , un peu élargies
vers leur milieu et amincies vers le bout. Les tarses sont fi-
liformes, avec tous les articles entiers 5 les quatre postérieurs
sont longs et très grêles.
Ceux dont les élytrcs sont très courtes, sous la forme d'une
petite écaille, composent le genre
D'àtractocÈre. (Atractocerus. 'Palis, de Beauv. — Necyda-
lis. Lin. — Lymexylon. Fab. )
Les antennes sont comprimées, presque en fuseau. Le cor-
selet est carré et l'abdomen déprimé.
\1 A. necydaloïde {A. necydaloides , Palis, de Beauv. ,
Magaz. encycl.; Nccydalis brevicornis , Lin.; Lymexylon
abbreviatum , Fab.; /liacrogaster abbreviatus , Thunb. ) se
trouve en Guinée, et paraît peu différer d'un autre espèce
que l'on reçoit du Brésil. Le Muséum d'histoire naturelle
en possède une seconde beaucoup plus petite, et parfaite-
ment distincte, renfermée dans du succin. On en trouve
une autre à Java.
('eux où les éjyties sont de la longueur de l'abdomen ou
puères. plus courtes forment deux sous-genres.
(1) Voyez Schœtih. , Synon. iusect. , î , 7. , p. toi . Quelques espèces
de Fabricius se rapportent au genre Cis.
/l$6 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Ici les antennes sont comprimées, en scie et à articles
transversaux; le corselet est presque carré. Tels sont
Les Hylecoetes. ( Hylecoetus. Latr. — Meloe, cantharis.
* Lin. — Lymexylon. Fab.)
V H dermestoïde {Meloe. Marci , Lin., le mâle; Lyme-
xylon morio , Fab. , et L. prohoscideum , item; Cantharis
dermes toides , Lin. , la femelle; L. dermestoides , Fab.,
item.; Oliv., col. lï, ^5; I, 1,2, item ). La femelle eit
longue de six lignes, d'un fauve pâle, avec les yeux et la
poitrine noirs. Le mâle est noir, avec les étuis tantôt noi-
râtres , tantôt roussâtres, avec l'extrémité noire. — En
Allemagne, en Angleterre et au nord de l'Europe.
Là, les antennes sont simples, peu ou point comprimées,
presque moniliformes. Le corselet est presque cylindrique.
Les Lyme'xylons propres. (Lymexylon, Fab. — Cantharis*
Lin. — Elateroides. Schaeff. )
Le L. naval {L. flavipes , Fab., mâle; ejusd., L. navale 9
fem.; 0\'w.,ihid. I, 4) , de la longueur du précédent, mais
plus étroit, d'un fauve pâle , avec la tête, le bord extérieur et
le bout des éluis noirs; cette dernière couleur domine un
peu plus daus le mâle. Cet insecte est très commun dans
les forêts de chênes du nord de l'Europe, mais assez rare
aux environs de Paris; sa. larve est fort longue et très
grêle, presque semblable à une filaire. Elle s'était, il y a
quelque temps, tellement multipliée à Toulon , dans les
chantiers de la marine, qu'elle y avait causé de grands
ravages (1).
Les autres ont les palpes fort courts et semblables daus
les deux sexes (2). Les autennes sont toujours simples et de
■■'- ■" — ■■■■■— - - .■■ ■ ■- il ■' r-T.- ■■ ■ ■ . ■ ■ ■■--—.. .. M -. 1 1 1 ■ ■ ■■■■■— — .
(1) Le Lymexylon proboscideum d'Olivier, dont l'individu a servi de
type à sa description, et qui fait maintenant partie de la collection de
M. le comte de Jousselin , à Versailles , doit former un genre propre.
Voyez aussi le Lymexylon flabelllcorne de Panzer, Fawn. iusect. Germ.,
XI, 10.
(2^ Le dernier article ,. celui des maxillaires au moins , esl un peu plus
gros, presque ovoïde.
FAMILLE DES CL AVIC0R1NES. fiSf
la même grosseur partout. Les tarses sont courts, et le pé-
nultième artième article est bilobé dans quelques-uns.
Le corps est de consistance solide, avec Je dessus de la tête
inégal ou sillonné, et le corselet presque carré ou suborbi-
<:ulaiie.
Les Cupes. (Cupes. Fab. )
Où. les antennes sont composés d'articles presque cylin-
driques , et où le pénultième des tarses est bifide.
Les mandibules sont unidentées sous la pointe. Les palpes,
le» mâchoires et la languette sont découverts. La languette
est bilobée, et le menton est presque semi-orbiculaire. On
en connaît deux espèces, et propres l'une et l'autre à l'Amé-
rique septentrionale (i).
Les Rhysodes. (Rh\ sodés. Latr, Daim. )
Dont les antennes sont grenues et dont tous les articles des
tarses sont entiers.
Les mandibules sont, à ce qu'il m'a paru, rétréci es et
presque tricuspidées à leur extrémité. Le menton est corné,
très grand « en forme de bouclier, terminé supérieurement
par trois dcnls ou pointes. Les palpes sont fort courts.
"Nonobstant le nombre des articles des tarses, ce genre pa-
raît se rapprocher des cucujeset même de certains brentes, à
trompe courte dans les deux sexes. Les habitudes sont les
mêmes que celles des xylopliages (2).
La quatrième Famille des Coléoptères Peint a-
mères , celle
Des CLAVICORNES. (Clavicornes. )
Ayant, de même que là précédente , quatre palpes,
el des étuis recouvrant le dessus de l'abdomen ou sa
plus grande portion , en diffère parsesantennes pres-
que toujours plus grosses vers leur extrémité, souvent
(1 ) Cupes ctipitata , Fab ; Latr. , Gen. crust. et insect. , I , vin , 2 ;
Coqueb. , Illust. icon. insect. , III , xxx , 1 .
('a) fflnsodes exaratus ,~Da\m. , Anaîect. enlcni. , pag. <)3. M. Léon
Dufour vient tic découvrir celte espèce dans les Pyrénées.
/|88 INSECTES COLÉOPTÈRES.
même en massue , perfoliée ou solide ; elles sont
plus longues qu les palpes maxillaires , avec la base
nue ou à peine recouverte. Les pieds ne sont point
propres à la natation , et les articles des tarses, ou du
moins ceux des postérieurs sont ordinairement en-
tiers.
Ils se nourrissent, dans leur premier état, au
moins de matières animales.
Nous diviserons cette famille en deux sections,
dont la première aura pour caractères communs :
antennes toujours composées de onze articles, plus
longues que la tête , ne formant point depuis la
troisième, de massue en fuseau ou presque cylin-
drique ; leur second article point dilaté en ma-
nière d'oreillette. Dernier article des tarses ainsi
que ses crochets^ de longueur moyenne ou petit.
Ces clavicornes vivent hors de l'eau , tandis que
ceux de la seconde section sont aquatiques on ri-
verains, et nous conduisent ainsi aux palpicornes,
coléoptères pour la plupart aquatiques, et dont
les antennes n'ont jamais au-delà de neuf articles.
La premier e section comprendra plusieurs petites
tribus.
• La première, celle des Palpeurs (Palpatores),
nous paraît devoir venir , dans une série naturelle >
près des psélaphes et des coléoptères de la famille
les brachélytres (1). Leurs antennes, de la Ion-
(]) C'est ce qui nous parait résulter des organes de la manducalion e&
des habitudes.
FAMILLE DES CLAVICOUNES. 4$9
gueur au moins de la tête et du corselet , vont un
peu en grossissant vers le bout, ou sont presque fi-
liformes, avec les deux premiers articles plus longs
que les suivants. La tête est distinguée du corselet
par un étranglement et ovoïde. Les palpes maxil-
laires sont longs, avancés, et renflés vers leur
extrémité. L'abdomen est grand, ovalaireou ovoïde,
et embrassé latéralement par les élytres. Les pieds
sont alongés, avec les cuisses en massue, et les ar-
ticles des tarses entiers.
Ces insectes se tiennent à terre , sous des pierres
ou d'autres corps. Quelques-uns ( les scydmènes )
fréquentent les lieux humides. Nous les réunirons
en un seul genre, celui
De Mastige. (Mastigus.)
Les Mastiges, ( Mastigus. Hoffm. — Ptinus. Fab. )
Ont les antennes composées d'articles ayant presque la
forme d'un cône renversé, dont le premier fort long, et dont
les derniers guère plus gros que les autres. Les deux derniers
des palpes maxillaires composent une massue ovalaire. Le
corselet est presque de figure ovoïde. L'abdomen est ova-
laire (i).
Les Scydmènes. (Scydm.enus. Latr.,Gill. — Pselaphus ,
llig., Payk. — Anthicus. Fab. )
Ont les antennes grenues, sensiblement renflées vers leur
extrémité, et peu coudées. Les palpes maxillaires se termi-
nent par un article très petit et pointu. Le corselet est près-
(i) Mastigus palpalis , Latr. , Gen. crust. et insecL. , 1 , 281; vin, 5.
Voyez Schœnh. , Synon. insect. , I, 11, p. 59, et Klùg, EntomuL
monog. , pag. i(33.
4gO INSECTES COLÉOPTÈRES.
que globuleux , et l'abdomen, presque ovoïde , est propor-
tionnellement plus court que ce! ni des mastiges (i).
Dans tous les clavicornes suivants, la tête s'en-
fonce généralement dans le corselet, et les palpes
maxillaires ne sont jamais à la fois aussi avancés
et en massue ; l'ensemble de leur physionomie pré-
sente d'ailleurs d'autres dissemblances.
Le genre des escarbots (Hister) formera notre
seconde tribu , que nous nommerons, avec M. le
baron Paykull , qui l'a si bien étudiée , Histé-
ro'ïdes ( Hisieroicles ),
Ici les quatre pieds postérieurs sont plus écartés
entre eux, à leur origine, que les deux antérieurs,
caractère qui distingue, lui seul, cette tribu de
toutes les autres de la même famille. Les pieds sont
contractiles , et le côté extérieur des jambes est
denté ou épineux. Les antennes sont toujours cou-
dées et terminées en une massue solide, ou com-
posée d'articles très serrés. Le corps est d'une con-
sistance très solide, le plus souvent carré, ou pa-
rallélipipède, avec le présternum souvent dilaté
en devant, et les élytres tronquées. Les mandi-
bules sont fortes , avancées, et souvent d'inégale
( i ) Scydmœniis Ilelwigii , Latr.; Anlhicus Hehvigii, Fab. : JVotoxus mi-
nutas, Faun. insect. Germ. , XXIII, 5; — S. Goàarti, Latr., I, vin, 6 ;
S. hirlicollis ? Gyfl. ; — S. minutas, ejus. ; Anlhicus minulus ,, Fab.
Voyez Schœnli., Synon. insect., I, u, p. 57. M. Daros , garde-du-
corps du roi, qui a un talent particulier pour découvrir les petites es-
pèces de nos enviions , a trouve dans une fourmilière le S. clavatus de
M. Gyîienhall. Ce fait et quelques autres me confirment dans l'opinion
que ces insectes viennent, avec les Pse'ïaphes, à la suite des Brachclytres.
FAMILLE -D ES CLAVICOUJNES. 4Çjl
grandeur. Les palpes sont presque filiformes ou
légèrement plus gros à leur extrémité, et terminés
par un article ovalaire ou ovoïde.
Sous le rapport des habitudes et à raison des den-
telures de leurs jambes et de quelques autres carac-
tères, ces insectes semblent se rapprocher des lamelli-
cornes coprophages. Mais, pard'autres considérations,
fondées sur l'anatomie ,♦ ils viennent naturellement
près des boucliersous/^Atf y telle est aussi l'opinion de
M. Dufour (Annal, des Scienc. nat., octob. 1824).
Le canal digestif de l'espèce qu'il a disséquée {si-
nuatus) a quatre à cinq fois la longueur du corps.
L'œsophage est très court; le renflement oblong
venant immédiatement après, offre à travers ses
parois quelques traits brunâtres , qui sembleraient
annoncer l'existence de pièces intérieures propres
à la trituration , et s'il en était ainsi , ce renfle-
ment mériterait le nom de gésier; le ventricule
ehylifique est fort long; replié sur lui-même, et
hérissé de papilles pointues et très saillantes. Les
vaisseaux hépatiques ont six insertions distinctes au-
tour du ventricule ehylifique ( Ibid. juillet, 1825 ).
Leur nombre, selon Rarndohr, ne serait que de trois ,
et chacun d'eux aurait ainsi deux insertions : mais
une telle disposition de ces vaisseaux est douteuse.
i
Ces animaux se nourrissent de matières cada-
véreuses ou stercoraires, de substances végétales
corrompues, comme le fumier , les vieux cham-
pignons , etc. ; quelques autres font leur séjour
sous les écorces des arbres. Leur démarche est
/|()2 INSECTES COLÉOPTÈRES.
lente ; ils sont d'un noir très brillant , ou de couleur
bronzée. Celles de leurs arves qu'on a observées
(inerdarius , cadaverinus) se nourrissent des mêmes
substances que l'insecte parfait. Leur corps est
presque de forme linéaire ; déprimé , presque
glabre , mou et d'un blanc jaunâtre, à l'exception
de la tête et du premier segment, dont le derme
est écailleux et brun ou rougeâtre; il est pourvu
de six pattes courtes , et se termine postérieure-
ment par deux appendices articulés, et un prolon-
gement anal et tubulaire ; la plaque écailleuse du
premier segment est cannelée longitudinalement.
Cette tribu comprendra exclusivement , ainsi que
nous l'avons dit plus haut, le genre
Des Escarbots. (Hister. Lin. )
M. le baron Paykull s'était borné à en détacher quelques
espèces à forme très aplatie, et dont il compose celui d'hoio-
lepte; mais le docteur Leach (Zool. miscell., M, p. 76.)
en a établi quatre autres.
Les uns ont les jambes , ou les antérieures au moins ,
triangulaires, dentées extérieurement , les antennes toujours
découvertes et libres, le corps généralement carré, peu ou
point renflé.
On peut les diviser en deux sous-genres. Dans le premier,
celui
D'Hololepte ( Hololepta. Payk. ),
Le corps est très aplati , le présternum ne s'avance point
sur la bouche, et les quatre jambes postérieures n'ont qu'un
seul rang d'épines; le lobe terminal des mâchoires est pro-
longé ) le menton est profondément échancré, et les pal-
pes, proportionnellement plus avancés , sont formés d'arti-
cles presque cylindriques.
Sis se tiennent sous les écorces des arbres. L'animal figuré
FAMILLE DES CLAVICORNES. #g5
par M. Paykull comme la larve d'une espèce de ce sous-
genre est celle d'uue espèce de syrphe ou de mouche (i).
Les autres histéroïdes, dont le présternum s'avance sur
la bouche , dont les mâchoires se terminent par un lobe
court, avec les palpes peu avancés et composés d'articles
qui, à l'exception du dernier, sont plutôt en cône renversé
que cylindriques, et dont le menton , enfin , est légèrement
échancré, rentreront dans le sous-genre.
D'Escarbot proprement dit. ( Hister. )
Quelques espèces dont les quatre jambes postérieures
n'ont, ainsi que les hololeptes, qu'une seule rangée de
petites épines, et vivent aussi sous les écorces d'arbres,
composent les genres Platysome ( Platysoma ), et Den-
drophile ( Dendrophilus) , de M. Leach. Le premier (2)
ne diffère du second (3) qu'en ce que le corps est aplati
en dessus , et que le corselet est plus court , et rétréci
en devant. Une espèce de la même division, Yescarbot
a trompe (H. proboscideas , Payk., Monog., VIII, 4)? a
une forme particulière. Son corps est long et étroit, avec
le corsele? plus d'une demi-fois plus long que large.
Les autres escarbots ont deux rangées d'épines aux
quatre jambes postérieures. Ce sont les seuls que M. Leach
laisse dans le genre hister.
\JE. unicolor (H. unicolor, Lin.; Payk., ibid.? II, 7),
long de quatre lignes , entièrement noir, luisant; trois
dentelures au côte extérieur des deux premières jambes ;
deux stries de chaque côté d_u corselet , et quatre sur la
partie extérieure de chaque étui, de leur longueur, et dont
la plus voisine du bord interrompue. Très commun.
Le nombre des dentelures des jambes, celui des stries du
corselet et des élytres ,, leur ponctuation , la forme du corps
ont fourni à M. Paykull d'exceilents caractères, au moyen
desquels il a bien signalé les espèces.
Une dernière division de cette tribu comprend des Juste*
(1) Hister. monog. , pag. 201 et suiv.
(•2) Hister picipzs , Fab. ; Payk. , ibid. , VIII , 5 ; — H. flavicornis ,
• ejusd. , VIII, 6 ; — H. oblongus , ejusd. , X , 3.
(3) A. punctatus, ejusd. , VIT , 5.
4.g4 insectes coléoptères.
roïdes très petits , à corps épais, presque globuleux, dont le
présternum peu ou point comprimé latéralement , point
avancé sur la bouche, est droit en devant. Dans les uns (Abrée,
Abrœus ? Leach. ), il se prolonge jusqu'aux angles antérieurs
du corselet, et recouvre entièrement les antennes dans leur
contraction ) il est plus étroit dans les autres (Onthophile ,
Oiithophilus , ejusd. ); mais ici la massue des antennes se
loge dans une cavité orbiculaire et très distincte, située
sous l'angle antérieur du corselet. Les jambes antérieures
sont souvent étroites , presque linéaires et sans dents. Le
dernier demi-segment supérieur de l'abdomen est courbé
inférieurement et paraît le terminer (i).
Les autres clavicornes ont les pieds insérés à
égale distance les uns des autres. Ceux de ces co-
léoptères où ces organes ne sont point contractiles ,
ou donl les tarses, à plus , se replient contre la
jambe , qui ont des mandibules le plus souvent
saillantes et aplaties, ou peu épaisses, et dont le
présternum n'est jamais dilaté antérieurement, com-
poseront cinq autres tribus,
La troisième tribu de la famille , celle des Sil-
phales ( Silphales ) , offre cinq articles très
distincts à tous les tarses, et les mandibules ter-
minées en une pointe entière , ou sans échancrure
ni fissure (2). les anlennes se terminent en une
(1) Le docteur Leacb rapporte, au G. abrœusYH. globosus, Payk. ,
VITI , 2 : — VH. mini/tus , ejusd, , A Iîl , i ; et à son genre Onlhophilus,
les escarhots suivants : H, striatus , Payk., ibuï. , XI, i ; H . sulcatus ,
X , 8 ; 1ÏH. hispidus du même, XI, 2 , paraît êt^e congénère. Le genre.
ceulocerus de M. Gevmar flnsect. jSpec. nov., I, p. 85, i , 2) semble ve-
nir naturellement après les Hisléroïdes , d'après la forme des antennes ,
des pattes , etc. ; mais les élylres recouvrent l'abdomen, et les mandi-
bules ne sont point saillantes. Je n'ai vu aucun individu de ce genre.
(2) Le côté interne cependant offre quelquefois des dentelures, et
telles sont celles des Sjthérites.
FAMILLE DES CLAVïCORNES. i|ftp
massue le plus souvent perfoliée-, et de quatre à
cinq articles. Les mâchoires ont dans la plupart
une dent cornée au côté interne. Les tarses anté-
rieures sont souvent dilatés , du moins dans les
mâles. Les ély très du plus grand nombre ont au
bord extérieur une gouttière, avec un fort re-
bord.
Cette tribu se compose du genre
Des Boucliers. (Silpha. Lin. — Pehis. GeofT.)
ïci les antennes se terminent brusquement en une massue
courte et solide, formée par les quatre derniers articles *
le second est plus grand que les suivants. Le corps est
presque carré, avec les ély très tronquées, les jambes dentées,
les tarses simples, les mandibules bidentées au côté interne,et
le dernier article des palpes maxillaires aussi long que les
deux précédents réunis. Les mâchoires ont une dent cornée
au côté interne. Ces insectes ressemblent tellement aux
escarbots , que Fabricius les a confondus avec eux. Tels
sont
Les Spherites. ( Sphjeuites. Dufst. — Sarapus. Fisch. — His-
ter. Fab. — Nitidula. GylJ. ) (i)
Là*, les antennes se terminent en une massue perfoliée.
Tantôt le corps est obiong , avec la tête étranglée posté-
rieurement, aussi large ou guère plus étioitequele bord
antérieur du corselet ; cette, partie est en forme de carré ar-
rondi aux angles ', les ély très sont en carré longr brusque-
ment et fortement tronquées à leur extrémité postérieure.
Les cuisses postérieures, du moins dans les maies , sont or-
dinairement renflées. Le dernier article des palpes maxillai-
res est un peu plus grêle que le précédent, presque cyiindri-
(i) Dufst , Faim. aust. , î, p. 206 • Hister glabratus , Fab.; Sturm. ,
I , xx ; Sarapus, Fisch. , Mena, delà Soc. des natur, de Moscou.
4()6 INSECTES COLÉOPTÈRES.
que , un peu aminci vers le bout et obtus. Les tarses anté-
rieurs sont dilatés dans les mâles.
Les Nécrophores. ( Necropborus. Fab. — Silpha. Lin. —
Dermestes. Geoff.)
Les antennes , guère plus longues que la tête , sont ter-
minées brusquement en une massue presque globuleuse,
de quatre articles; le premier est long et le second beau-
coup plus court que le suivant. Le corps est presque parallé-
lipipède, avec le corselet plus large en devant, toutes les
jambes fortes , élargies à leur extrémité et terminées par de
forts éperons, et les éiytres tronquées à angle droit.
Les mâchoires sont dépourvues d'onglet corné. L'instinct
qu'ils ont d'enfouir les cadavres des taupes, des souris, et
autres petits quadrupèdes, les a fait nommer enterreurs ,
porte-morts. Ils'se glissent dessous, creusent la terre, jusqu'à
ce que la fosse soit assez profonde pour contenir le corps, et
IV font entrer peu à peu , en le tirant à eux ; ils y déposent
leurs œufs , et leurs larves trouvent ainsi leur nourriture.
Elles sont longues, d'un blanc grisâtre, avec le dessus de
leurs anneaux antérieurs revêtu d'une petite plaque écail-
leuse d'un brun fauve , et de petites pointes élevées sur les
derniers. Elles sont munies de six pattes et de mandibules
assez fortes. Pour passer àd'état de nymphes, elles s'enfon.
cent profondément dans la terre , et s'y construisent une
loge, qu'elles enduisent d'une substance gluante. Ces in-
sectes, ainsi que beaucoup d'autres qui vivent dans des matiè-
res cadavéreuses, ont une forte odeur de musc. Leurs habitu-
des ont, dans ces derniers temps, fixé l'attention de ceux qui
font métier de la destruction des taupes , et l'ouvrage inti-
tulé l'Art du taupier, nous offre à cet égard quelques faits
qui avaient échappé à l'observation des naturalistes. 11 faut
que ces insectes aient un odorat très fin , puisque peu de
temps après qu'une taupe a été tuée , l'on ne tarde pas à
voir voler autour des nécrophores , qu'on eut vainement
cherché dans ce lieu auparavant.
Le canal digestif des nécrophores et des boucliers est trois
fois au moins plus long que le corps. L'œsophage est très
court et suivi d'un gésier ellipsoïde, dont la tunique interne
FAMILLE DES CLAVTCORNES. 4-97
et un peu scarieuse est hérissée, .du moins dans plusieurs
espèces, de soies pointues, dirigées en divers sens, mais
disposées en huit bandes longitudinales , séparées par des
intervalles lisses. Le tube intestinal est fort long, surtout
dans les nécrophores et les nécrodes. La surface de l'intes-
tin, dans les derniers, ainsi que dans les boucliers, est toute
couverte de points saillants et granuleux. Il s'ouvre, soit
latéralement, soit directement, dans un renflement lisse que
l'on peut, selon M. Dufour (Annal, des scienc. nat., octob.
1824 ) comparer à un ccecum. Il reçoit par côté une bourse
pédicellée, ovalaire ou oblongue , faisant partie de l'appareil
excrémentiel. Le nombre des vaisseaux biliaires , qui sont
grêles , très longs, fort repliés, et ont chacun une insertion
propre, autour de l'extrémité du ventricule chylifique (Du-
four, ibid., juillet i8^5 ) , est de quatre. Il paraît, d'après la
figure du canal digestif du necrophorus vespillo, donnée par
Ramdohr, que son gros intestin, au lieu d'être couvert de pa-
pilles granuleuses , aurait des rubans musculeuxy transver-
saux , formant des plis annulaires.
Le N. fossoyeur ou point de Hongrie ( Silpha vespillo ,
Lin. • Oliv. , col. II , 10 , 1 , 1 ), est long de sept à neuf li-
gnes , noir, avec les trois derniers articles des antennes
rouges, et deux bandes orangées, transverses et dentées
sur les étuis et les hanches des deux pieds postérieurs ar-
mées d'une forte dent; leurs jambes sont courbes.
Le N. des morts ( N. mortuorum,Fab.m? Panz., Faun. inr
sect. germ., XLÏ, 3 ), est plus petit, avec les antennes en-
tièrement noires. La seconde bande transverse orangée
des élytres de l'espèce précédente, ne forme ici ordinai-
rement qu'une grande tache en croissant.
On la trouve spécialement dans les bois et souvent dans
les champignons..
Le N. germanique ( JV, germanicus , Fab. ; Oliv. , ibid. ,
1, iy a, b ), a souvent plus d'un pouce de longueur. Il est
tout noir, avec le bord extérieur des-élytres fauve , et une
tache d'un jaune ferrugineux sur le front.
Le N. inhumeur ( humaior, Fab.; Oliv., ibid., 1, 2, c. );
diffère du précédent par la couleur orangée de la massue
des antennes. Il est aussi constamment plus petit.
TOME IV. 32
4g8 INSECTES COLÉOPTÈRES.
L'Amérique septentrionale en fournit plusieurs espè-
ces, dont une surtout [grandis , Fab. ) surpasse toutes
les autres en grandeur. Ce genre paraît, jusqu'ici, re-
streint aux contrées septentrionales de ce continent et de
l'Europe (i).
Les INécrodes. ( Necrodes. Wilk. — Silpha. Lin. , Fab.)
Ont des antennes manifestement plus longues que la tête,
terminées en une massue alongée, de cinq articles j le se-
cond est plus grand que le troisième. Le corps est ovale-
oblong , avec le corselet presque orbiculaire , plus large dans
son milieu , les jambes étroites, alongées, peu élargies au
bout, et terminées par deux éperons de grandeur ordinaire ,
et les étuis tronqués obliquement.
On trouve des espèces de ce sous-genre en Europe, dans
les contrées équatoriales du nouveau monde , aux Indes
orientales et à la Nouvelle-Hollande (2).
Tantôt le corps, est ovalaire ou ovoïde, avec la tête peu ou
point étranglée postérieurement, plus étroite que le corse-
Jet 3 le corselet soit presque demi circulaire et tronqué en
devant, soit trapézoïde et plus large en arrière; les élytres
arrondies où simplement échancrées à leur extrémité posté-
rieure. Les pieds postérieurs ne diffèrent point ou peu sexuel-
lement.
Les mâchoires sont armées intérieurement d'une dent ou
crochet écailleux.
Les Boucliers proprement dits. (Silpha. Lin. , Fab.
— Peltis.. Geoff. )
Dont le corps est presque en forme de bouclier, déprimé
ou peu élevé, avec le corselet demi circulaire, tronqué ou
très obtus en devant, les élytres fortement rebordées et creu-
séesen goutiète extérieurement, les palpes filiformes, et dont
le dernier article est presque cylindrique et terminé en
pointe dans plusieurs. La plupart vivent dans les charognes
(1) Voyez, pour les autres espèces, Fabricius, Olivier, et Schœnh. ,
I, 11, p. 117.
(2) Silpha litto rails , Fab. ; Oliv., col., II, n , 1, 8, a, b,c; — S.
surinamensis , Fab. ; Oliv. , ibul. ,11, 11 ; — S. lachrymosa, Schreib. ,
Lin. Tians. , YI , xx , 5 ; — S. inclica , Fab. , etc.
FAMILLE DES CLÀVICORISES. 499
et diminuent ainsi la quantité des miasmes qu'elles répan-
dent. Quelques autres grimpent sur les plantes, et notam-
ment les tiges de blé, où sont de petits hélix, pour en man-
ger l'animal. D'autres se tiennent sur des arbres élevés et
dévorent les chenilles. Les larves sont pareillement agiles,
vivent de la même manière , et souvent rassemblées en
grande quantité. Elles ont beaucoup de ressemblance avec
l'insecte parfait. Leur corps est aplati , composé de douze
segments dont les angles postérieurs sont aigus, avec l'ex-
trémité postérieure plus étroite et terminé par deux appen-
dices coniques.
Dans la plupart des espèces , les deux tarses antérieurs des
mâles sont seuls plus dilatés que les autres. Les antennes
grossissent insensiblement ou se terminent brusquement
en une massue de quatre articles au plusj les second et
troisième articles sont peu différents ; le dernier des maxil-
laires est de la longueur au plus du précédent, et souvent un
peu plus court et un peu plus menu.
Les espèces où l'extrémité des antennes est distinctement
perfoliée ou composée d'articles, qui, à l'exception du dernier,
sont transversaux et plus larges que longs, où cette massue est
brusque, et dont lesélytres sontéchancréesà leur extrémité ,
dans les mâles au moins, forment le genre Thanatophile
( lhanatopliilus ) de M. Leach (i).
Celles où les élytres sont entières , mais qui ont d'ailleurs
des antennes semblables, composent celui qu'il nomme
Oiceftome (Oiceploma).
Le B. thoracique ( S. thoraçica , Lin. , Fab. ; Oliv. , col.
H, ii, i, 3, a, b. ), dont le corps est noir, avec le corselet
rouge , soyeux , et trois lignes élevées, flexueuses, dont
l'extérieure plus courte, formant une carène et se termi-
nant près d'un tubercule transversal, sur chaque élytre.
Dans le mâle, l'extrémité postérieure de ces élytres finit
en pointe à la suture. Cette espèce habite plus particuliè-
rement les bois.
Une autre espèce, propre aussi aux forêts, mais qui
(i) Silpha sinuala, Fab.; Oliv., ibid. , II, 12; — S.dispar, Ilig.,
Gyllenli , etc.
.12*
500 INSECTES COLÉOPTÈRES.
se tient communément sur les jeunes chênes, pour y vi-
vre de chenilles, est le B. a quatre points (S. quadripunc-
tata , Lin., Fab.; Oliv. , ibid. , I, 7 , a, b. ). Son corps est
noir, avec le limbe du corselet et les ély très jaunâtres. Elles
ont chacune deux points noirs, l'un à la base et l'autre
au milieu (î).
Les boucliers dont les antennes sont pareillement per-
foliées à leur extrémité, mais dont la massue est formée
graduellement, conservent seuls, dans la méthode du même
naturaliste, la dénomination générique de Silpha. Ces es-
pèces se tiennent habituellement dans les champs , sur les
bords des chemins , etc.
Le B. lisse ( S. lœvigata , Fab.; Oliv., ibid,, 1 , 1 , a, h ) ,
qui est d'un noir luisant, très pointillé, avec le corselet
beaucoup plus étroit en devant , et les élytres sans lignes
élevées.
Le 2?. obscur (S. obscura,Lin., Fab.;01iv., ibid., H, 18 ) ,
d'un noir obscur, avec le corselet tronqué en devant , les
élytres plus profondément ponctuées, et trois lignes
élevées, mais peu saillantes, courtes, et dont l'intermé-
diaire plus longue, sur chaque élytre.
Le B. réticulé {S. reticulatay Lin.; Panz., Faun. insect.
Germ. , Y , 9 ), d'un noir opaque , avec le corselet tron-
qué en devant, trois lignes élevées sur chaque élytre,
dont l'extérieure plus forte, formant une carène , terminée
par un tubercule, et des rides transverses dans les inter-
valles (2).
Dans quelques-uns, les antennes ne sont point nettement
perfoliées à leur extrémité, les derniers articles étant
presque globuleux. Ce sont Les Phosphuges ( Phosphuga)
du même (3).
Une espèce de bouclier d'Allemagne, et qui pourrait
former un sous-genre propre {Necrophilus , Latr. ) , s'é-
loigne des précédentes par plusieurs caractères. Les quatre
(1) Ajoutez lS\ rngosn, Fab.; Oliv. , II, ibid., 17 ; — S. hiponica , Fab,
(2) Ajoutez S. opaca, Fab. ; Herbst. , col., LI , 16; — S. tristis,
litige etc.
(3) S. atrata , Fab. ; ejusâ. , Pcdemonlana , var. ; Oliv. , ibid , I, G.
FAMILLE DES CLAVICORtfES. 5oi
tarses antérieurs sont semblables et dilatés à leur base ,
les deux premiers articles étant sensiblement plus larges,
du moins dans les mâles, que les deux suivants. Le troi-
sième article des antennes est plus long que le précédent,
et les cinq derniers forment brusquement une massue
perfoliée. Le dernier des maxillaires est aussi long que
les deux précédents réunis. Cette espèce est la Silpha sub-
îerranea d'Iliger et de divers autres entomologistes.
Les àgyfxTes. ( Agyrtes. Frœh. — Mycetophagus. Fab.)
Ont le corps assez épais, convexe ou arqué en dessus,
point en forme de bouclier, avec le corselet presque carré ,
un peu plus large que long et un peu plus étroit en devant,
la marge extérieure des élytres inclinée et sans canal , le
dernier article des palpes maxillaires plus gros et ovoïde (i).
Des clavicornes qui nous paraissent se rappro-
cher par plusieurs caractères et par leurs habitudes
des agyrtes , mais dont les mandibules sont fendues
ou bidentées à leur extrémité , composeront une
quatrième tribu , celle des Scaphidites ( Scaphi-
dites ). Leurs tarses ont cinq articles très distincts
et entiers. Leur corps est ovalaire, rétréci aux
deux bouts, arqué ou convexe en dessus, épais au
milieu , avec la tête basse , reçue postérieurement
dans un corselet trapézoïde, point ou faiblement
rebordé, plus large postérieurement. Les antennes
sont généralement aussi longues au moins que la
tête et le corselet, et terminées en une massue
alongée , de cinq articles. Le dernier article des
(i) Agyrtes castaneus , Gyllenh., Insect. Suec, I , ni, p. 682; My-
cetophagus castaneus , Fab. ; M. spinipes^ Panz, , Faun. insect. Germ ,
XXIV, 20 Je soupçonne que VA. subniger de M. Dejean n'est que la
femelle.
502 INSECTES COLÉOPTÈRES.
palpes est conique. Les pieds sont alongés et grêles.
Si Ton en excepte quelques espèces (les cholèves),
les tarses sont presque identiques dans les deux sexes.
Cette tribu composera le genre
De Scaphidie. ( Scaphidium.)
Les Scaphidies propres. ( Scaphidium. OIiv.? Fab. — Silpha.
Lin. )
Les cinq derniers articles de leurs antennes sont presque
globuleux et composent la massue. Les palpes maxillaires
sont peu saillants et se terminent graduellement en pointe ■
le pénultième article n'étant guère plus épais que le dernier,
à leur jonction. Le corps auneformeriaviculaire, avec le corse-
let un peu rebordé et les étuis tronqués. Us vivent dans les
champignons On n'en connaît qu'un petit nombre d'espèces,
dont l'une de Cayenne, et les autres du nord de l'Europe (i).
Les Cholèves. (Choleva. Latr.7 Spence. — Catops. Fab. —
Peltis. Geoff. )
Ont la massue de leurs antennes composée d'articles ;
pour la plupart, presque en forme de toupie, et plus ou
moins perfoliée; les palpes maxillaires très saillants et ter-
minés brusquement en manière d'alêne j le corps ovoïde,
avec le corseiet plan , sans rebords. Les quatre premiers ar-
ticles des tarses antérieurs et le premier des intermédiaires
sont dilatés dans les mâles de quelques espèces ( Catops
blapoides , Germ. ).
Dans les Cholèves proprement dits , les antennes sont de
la longueur environ de la tête et du corselet • leur huitième
article ou le second de la massue , est sensiblement plus
court que lé précédent et le suivant , et même quelquefois
peu distinct; le dernier est semi-ovoïde et pointu (a). Dans
es Myloeques. ( Myloechus. Latr. , Oiiv. — Catops. Payk.
(i) Oliv. , col. ii, 20.
(2) Latr., Gêner, crust. et insect. , II , pag. 26. Voyez la Monogra-
phie de ce genre publie'e par M. Spence , dans les Transactions de la So-
ciété linnéenne de Londres, Paylvull et Gyllenliall.
FAMILLE DES CLAVICORNES. 5o5
Gyll. ) les antennes sont plus courtes, le huitième article est
plus grand que le précédent et presque égal au suivant, le
dernier est arrondi et obtus au sommet (i).
La cinquième tribu, celle des Nitidulaires
( Nitidulariœ ) , se rapproche de celle des siJ-
phales, par le corps en forme de bouclier et re-
bordé ; mais les mandibules sont bifides ou éc.han-
crées à leur extrémité ; leurs tarses semblent
n'être composés que de quatre articles ,, le premier
et le suivant , dans les uns , ne se montrant qu'en
dessous et n'y formant qu'une petite saillie, le
pénultième dans les autres étant très petit et sous
la forme d'unnœud,renfermé entre les lobes du pré-
cédent. La massue des antennes est toujours per-
foliée, de trois ou deux articles, et ordinaire-
rement courte ou peu alongée.
Les palpes sont courts, filiformes ou un peu plus
gros à leur extrémité. Les élytres sont courtes ou
tronquées dans plusieurs. Les pieds sont peu alongés,
avec les jambes souvent élargies à leur extrémité ,
et les tarses garnis de poils ou de pelotes. L'habi-
tation de ces insectes varie selon les espèces; on en
trouve sur les fleurs ^ dans les champignons y les
viandes corrompues et sous les écorces d'arbres. Ils
forment le genre \
Des NlTJDULES. (NlTIDULA.)
Dans quelques-uns, la massue des antennes n'est que de
(i) Latr. , ibid. , p. 3o, VIII , h; Oliv. , Encvclop. method. , article
Mylœque.
5o4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
deux articles ; et le devant de la tête s'avance en manière de
chaperon demi circulaire , aplati, recouvrant les mandibules
et les autres parties de la bouche.
* Les Colobiqxjes. ( Colobicus. Latr. )
Dans ce sous-genre et le suivant, les tarses, à partir du
point où ils sont mobiles, semblent n'avoir que quatre ar-
ticles, dont les trois premiers, beaucoup plus courts que le
dernier, entiers et simplement garnis en dessous de poils
plus ou moins abondants ; ainsi que dans plusieurs clairons
d'Olivier, le premier proprement dit ne se montre qu'en
dessous, et y fait une petite saillie; il est aussi garni de
poils. Les palpes des colobiques et ceux du sous-genre sui-
vant se terminent par un article un peu plus gros que le
précédent (i).
Daus les autres nitidulaires, la massue des antennes est
de trois articles , et la tête ne s'avance point au-dessus de la
bouche.
Tantôt le premier article des tarses, ainsi que dans les colo-
biques, estfoit court, les trois suivants sont alongés, entiers,
égaux et simplement velus en dessous ; les palpes sont plus
gros à leur extrémité.
Les Thvmales. ( Thymalus. Latr. — Peltis. Fab. —
Silpha. Lin. )
Dans les espèces dont le corps est presque hémisphérique
(limbatus), la massue des antennes est proportionnelle-
ment plus courte, le troisième article et les suivants sont
plus menus que le second; les éperons des jambes sont
extrêmement petits (2).
Tantôt les trois premiers articles des tarses, du moins
ceux des mâles, sont courts , larges , échancrés ou bilobés;
le quatrième est très petit , peu ou point apparent; les palpes
maxillaires, au moins, sont filiformes.
Ici les jambes, ou du moins les antérieures, sont élargies
à leur extrémité, en forme de triangle renversé; le premier
(1) Latr. , Gêner, erust. et insect, II , p. 9 , et I , xvi , 1
{-x)-Foyez Fabricius, GyJieuhall et Schœnlicrr.
FAMILLE DES CLAvICOflNES. 5o5
article des antennes est ordinairement plus grand que le
second; les élytrcs sont généralement tronqués ou très ob-
tus au bout.
Dans les deux sous-genres suivants, le troisième article
des antennes est sensiblement plus long que le suivant; la
massue est formée brusquement, presque orbiculaire ou
presque ovaîaire.
Les Ips. (Ïps. F ah. —Nitidula. Oliv., Latr. — Silpha. Lin.)
Dont le corps est toujours ovale-oblong, déprimé , avec
l'extrémité postérieure de l'abdomen découverte; dont l'une
de leurs mandibules (la gauche) est comme tronquée et tri-
dentée à son extrémité, et l'autre élargie et largement échan-
crée ou concave, au même bout; et où le lobe terminal des
mâchoires est alongé (i).
Les Nitidules propres. ( Nitidula. Fab. — Nitidula.
Strongylus. Herbst. — Silpha. Lin. )
Où les deux mandibules se rétrécissent vers le bout et se
terminent en pointe échancrée ou bifide.
Les unes sont aplaties, oblongues ou ovoïdes; les autres
sont orbiculaires et bombées, ou proportionnellement plus
convexes que les précédentes. Aussi quelques auteurs en
ont-ils placé certaines espèces dans des genres d'une forme
analogue, mais très différents, tels que ceux des spheridies
et des Tritomes.
On trouve en grande abondance sur les fleurs, la N.
bronzée (N. œnœa , Fab., ejusd. , N. viridescens , rufipes ,
Var.; Oliv., col. II, 1 1, 12 ; Iiï, 20, a, b ; V, 33, a, b ). Elle
est petite, ovoïde-oblongue, d'un vert bronzé brillant,
très ponctuée, avec les antennes noirâtres, terminées par
une grande massue obtuse; le corselet transversal, légè-
rement échancré en devant , rebordé latéralement, et les
pieds tantôt d'un brun noirâtre, tantôt fauves (1).
Maintenant , le second et le troisième. article des antennes
(1) Quelques espèces de Fabricius paraissent devoir être rapporte'es à
son genre Engis.
(2) Voyez Fab. , Oliv. , GyUenh. , Schoenh. ; etc.
5o6 INSECTES COLÉOPTÈRES.
sont presque de la même grandeur f et la massue est alongée,
en forme de cône renversé ou de poire.
Les Cerques. (Cercus. Latr. — Catheretes. Herbst., Hig.
— Dermestes. Lin., Fab. — Sphœridium. Fab. , Gylleii.
— Nitidula. Oliv.)
Le corps est déprimé, avec les élytres tronqués. Les deux
premiers articles des antennes sont beaucoup plus grands
dans les mâles de quelques espèces que dans leurs femelies,
et peut-être ce sous-genre ne devrait-il comprendre que ces
espèces; les autres seraient reportées dans le précédent (i).
Là., les jambes sont longues, étroites, presque linéaires;
les élytres recouvrent l'abdomen et ne sont point tronquées.
Le corps est ovale, avec le corselet trapézoïde; la massue
des antennes est oblongue, les deux premiers articles sont
presque égaux et le troisième n'est guère plus long que le
suivant.
LesBiTURES.(BYTURUS. Lat.jScbcenh. — Dermestes. Geoff.,
Fab. , Oliv. — Ips. Oliv.) (2).
Une sixième tribu , celle des Engidites ( Engi-
dites), analogue aux dernières, quanta l'échan-
crure de l'extrémité des mandibules, s'en distingue
en ce qu'elles ne débordent point ou de très peu,
et simplement sur les cotés, le labre. Le corps est
ovalaire , ou elliptique , avec l'extrémité antérieure
de la tête un peu avancée en pointe obtuse ou tron-
quée. Les tarses ont cinq (5) articles distincts, en-
tiers, et tout au plus nn peu velus en dessous; le
pénultième est simplement un peu plus court que le
(1) Voyez Gyllenh., Tnsect. Suec. , 1, p. 245.
(2) Voyez Scliœnh. , Synon. insect. , I , n , p. 95.
(3) Suivant des auteurs, quelques Cryptophages , ou du moins leurs
mâles, sont he'te'romères.
FAMILLE DES CLAVICORINES. 5oj
précédent. Les antennes se terminent en une massue
perfoliée, de trois articles; les élytres recouvrent en-
tièrement l'abdomen ; les palpes sont un peu plus
gros à leur extrémité. Quelques espèces, très petites,
vivent dans l'intérieur des maisons, et on les trouve
souvent derrière les vitres des croisées.
Ces clavicornes seront réunis en un seul genre,
celui
De Dancé. ( Dacise. )
Les Dacnes propres. ( Dacne. Lat. — Engis. Fab. ; Dej.
— Erotylus. Oliv. )
Leurs antennes se terminent brusquement en une massue
assez grande, orbiculaire ou ovoïde , comprimée, composée
d'articles serrés, et dont celui du milieu au moins beaucoup
plus large que long; le tioisième article est plus long que le
précédent et le suivant.
Le milieu du bord postérieur du corselet est dilaté en ar-
rière ou lobé, et l'extrémité supérieure du menton est avan-
cée, terminée en pointe tronquée ou bidentce (i).
Les Cryptophages. (Cryptophagus. Herbst., Schœnh. — Der-
mestes. Lin., Fab. — Ips. Oliv., Lat. — Anthcrophagus ■.Knoch.)
Dont les antennes moniliformes , avec le second article
aussi grand ou plus grand que le précédent, se terminent en
une massue moins brusque, plus étroite que dans les dacnes,
et espacée (2). •
(1) Ployez Fabricius, Syst. eleut.
(2) Voyez Schœnli. , Sj'non. insect. , I, 11 , pag. 96.
Les antennes des Antherophagus sont proportionnellement plus grosses,
compose'es d'articles plus transversaux , et terminées presque graduelle-
ment en massue; à partir du second jusqu'au huitième , ils sont presque
égaux. Le Cryptophagus silaceus de M. Gyllenhall a de chaque côte' du
dessous de la tète, une saiiiie en forme de dent ou de corne. Les Tri-
phylles de MM. Me'gerle et Dejean ne diffèrent des Cryptophages que
par le nombre des articles des tarses.
5o8 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Nous passerons maintenant à quelques tribus où
le présternum est souvent dilaté antérieurement en
manière de mentonnière ,, et qui diffèrent des pré-
cédentes par leurs pieds en tout*ou en partie con-
tractiles ; les tarses peuvent être libres , mais les
jambesau moins se replient contre leurs cuisses. Les
mandibules sont courtes, généralement épaisses et
dentées. Le corps est ovoïde ? épais, garni d'écaillés
ou de poils caduques, qui le colorent diversement.
Les antennes sont ordinairement plus courtes que
la tête et le corselet , et droites. La tête est en-
foncée dans le corselet jusqu'aux yeux. Le cor-
selet est peu ou point rebordé, trapézoïde, plus
large postérieurement ; le milieu de son bord pos-
térieur est souvent un peu prolongé ou lobé. Les
larves sont velues, et se nourrissent pour la plupart,
de dépouilles ou de cadavres d'animaux. Plusieurs
d'entre elles sont très nuisibles aux collections en-
tomologiques.
Ceux donc, dont les pieds ne sont pas complète-
ment contractiles, les tarses restant toujours libres^
avec les jambes étroites et alongées , forment notre
septième tribu . les DEUMESTms ( Dermestini ), et
le genre
Des Dermestes, ( Dermestes. )
Les Aspidiphores. ( Aspidiphorus. Ziegl. , Dej.)
Sont les seuls de cette tribu dont les antennes n'offrent
que dix articles distincts J et dont les palpes très courts et
FAMILLE DES CL A.VIC0R1SES, 5oQ
renflés inférieurement vont ensuite en pointe. Le corps est
orbiculaire (i).
Parmi ceux dont les antennes ont onze articles distincts,
et dont les palpes sont filiformes ou vont en grossissant,
nous séparerons d'abord ceux dont les antennes ne sont
point reçues dans des fossettes spéciales du dessous du cor-
selet. Le présternum, avance rarement ('2) sur la bouche.
Dans les uns, les antennes sont terminées brusquement en
une massue perfoliée , grande, formée par les trois derniers
articles.
Les Dermestes propres. ( Dermestes. Lin., Geoff., Fab. )
Où les antennes sont semblables ou peu différentes dans
les deux sexes 5 la longueur du dernier article ne surpasse
jamais notablement celle des précédents.
Quelques espèces font de grands ravages dans les pellete-
ries, les cabinets d'histoire naturelle; aussi de Géerles dési-
gne-t-il sous le nom de disséqueurs. Le Dermeste du lard ,
en effet, coupe et réduit en pièces les insectes des collec-
tions où il pénètre. Les autres dévorent les cadavres.
Le Dermeste du lard (D. lardarius , Lin. ; Oliv. , col.
H, 9, \9 1 ) est noir, avec la base des étuis cendrée et
ponctuée de noir. Sa larve est alongée, diminuant insen-
siblement de grosseur de devant en arrière, d'un brun
marron en dessus, blanche en dessous, garnie de longs
poils, avec deux espèces de cornes écailleuses, sur le der-
nier anneau. Elle jette des excréments en forme de longs
filets (3).
Les Me'gatomes. ( Megatoma. Herbst, Lin. , Geoff. ., Fab. )
Ne diffèrent des dermestes que par là massue de leurs an-
tennes, qui est beaucoup plus alongée dans les mâles que
dans les femelles; le dernier article est en forme de triangle
alongé ou lancéolé.
(1) ISitidula oroiculala , Gyllenh.
(2) Le Dermestes undatus ( Megatpme ) de Fabricius et les Limnichus
font seuls exception.
(3) Ajoutez D. vulpinus , murinus , af/înis , laniarats , lesselatus , tri-
fàsciatus de Grylîenliall (Io.sect. Suce., ï , p. i/p ei suiv.).
5 10 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Le M. des pelleteries ( Dermes tes pellio , Lin. ; 01 iv. ,
ibid.y lï, ii) n'a que deux lignes et demie de long. Son
corps est noir, avec trois points blancs sur le corselet, et
un sur chaque étui; ils sont formés par un duvet. La
larve est fort alongée, d'un brun roussâtre, luisante,
garnie de poils roux et dont ceux de l'extrémité posté-
rieure forment une queue. Elle marche en glissant, et
comme par secousses, ce que fait aussi l'insecte parfait,
ainsi que les dermestes (i).
Dans les autres, tels que
Les Limnichus (Limnichus. Ziég. , Dej.),
Les antennes grossissent insensiblement, et se terminent
par un article plus grand et ovoïde; elles sont grenues et se
logent sous les angles antérieurs du corselet. Les mâchoires
se terminent par deux lobes, dont l'extérieur étroit, en
forme de palpe. Les palpes labiaux sont très petits, et le
dernier article des maxillaires est plus grand que les précé-
dents, et ovoïde (2).
Dans tous les sous-genres suivants, les antennes, ou du
moins leur massue, se logent dans des cavités particulières
et latérales du dessous du corselet. Le présternum, est tou-
jours dilaté ou avancé en devant, en manière de menton-
nière.
ici la massue des antennes est perfoliée et non solide.
Les AttagÈnes. ( Attagenus. Lat. — Megatoma. Ejusd.
— Dermestes. Fab. )
Où la massue des antennes est fort grande, presque en
scie, et composée seulement de trois articles, dont le pre-
mier et le dernier , dans les mâles surtout, plus grands.
Le corps est ovoïde , court i peu convexe. Le dernier arti-
cle des palpes maxillaires est plus grand et ovoïde (3).
(1) Ajoutez le Dermestes megatoma de Fàb. , dont son Macellàrius
paraît être la femelle ; le D. emarginalus de Gyllenhall ; le D. urulatus
de Fab. Le presternum , dans cette dernière espèce, s'avance sur Ja
bouche.
(2) Byrrhus sericeus , Duft. ; B. pygmœus , Str.rm.
(3) Dermestes serra, Fab. ; Attagenus serra, Lat., Hist. nat. des crust.
FAMILLE DES CLAVICORNES. 5l 1
LesTiiOGODERMES. (Trogoderma. Latr., Dej. — Anihre-
nus. Fab. )
Où la massue des antennes est de quatre articles au moins.
Le corps est ovoïde , obiong, et les palpes sont filifor-
mes (i).
La massue des antennes est maintenant solide ou formée
d'articles très serrés. Le corps est ovoïde, court, tout couvert
de petites écailles caduques. Le corselet est lobé postérieure-
ment.
Les Anthrènes. ( Anthrenus. Geoff. , Fab. — Byrrhus. Lin. )
Dont les antennes, terminées en une massue en forme de
cône renversé , se logent dans des cavités courtes , prati-
quées sous les angles antérieurs du corselet.
Ces coléoptères sont très petits, vivent sur les fleurs en
état parfait , et rongent, sous la forme de larves, les matiè-
res animales sèches et particulièrement les insectes des col-
lections. Ces larves sont ovales et garnies de poils, dont
plusieurs sont dentelés; ils y forment des aigrettes, et les
derniers se prolongent en arrière, sous l'apparence d'une
queue. Leur dernière dépouille sert de coque à la nymphe.
UA. à bandes {Byrrhus verhasci , Lin. ; Oliv., col. Il ,
10, i, i), gris en dessus, d'un jaune roussâtre en des-
sous, avec les angles postérieurs du corselet, deux bandes
transverses sur les étuis et une tache près de leur extré-
mité gris (2).
Les Globicornes. ( Globicornis. Latr. )
Ou les antennes terminées en une massue globuleuse, se
logent dans des fossettes prolongées jusque près des angles
postérieurs du corselet (3).
et des insect. , IX, p. 244? ejusd. , Megatoma serra , Gêner, crus et in-
sect. , I, vm, 105 Anthrenus viennensis , Herbst. , Col. VII, cxv y
10, k.
\\) Anthrenus elongutus, Fab.; A. ruficornis, Latr., Geu. crust. et
insect., II , p. 5ç) ; — A. versicolor, Creutz. , Ent. vers., 1 , 11 , 21, a; —
Dermestes subfascialus , Gyll. , Insect. Suec. , I, pag. i55.
(2) Voyez Oliv. , ibid. , et Fahricius, Syst. eleut. , I , p. 106.
(3) Megatoma rufitarsis , Latr. , Gêner, crust. et insect. , II, p. 35r
Dermestes rufitarsis , Panz. , Faim, insect. Germ., xxxv , 6.
012 INSECTES COLÉOPTÈRES.
La huitième tribu , celle des Byrrhiens ( Bir-
rhil)? diffère de la précédente en ce que les pieds
sont parfaitement contractiles, les jambes pouvant
se replier sur les cuisses et les tarses sur les jambes ( i),
de sorte que l'animal semble , lorsque ces organes
sont contractés et appliqués sur le dessous du corps,
être absolument sans pattes et inanimé. Les jambes
sont ordinairement larges et comprimées. Le corps
est court et bombé.
Cette tribu se compte principalement du genre
Byrrhe ( Byrrhus ) de Linnaeus.
Les NOSODENDRES. (NOSODENDRON. Latl\ )
Qui s'éloignent des autres byrrhes par leur menton en-
tièrement découvert, très grand , en forme de bouclier.
Leurs antennes se terminent brusquement en une massue
courte, perfoliée, de trois articles.
On les trouve dans les plaies des arbres , de Tonne parti-
culièrement (2).
Les Byrrhes propres. (Byrrhus. Lin. — Cistela. Geoff. )
Diffèrent des nosodendres par leur menton de grandeur
ordinaire et enclavé , du moins partiellement, par le pré-
sternum , dont l'extrémité antérieure est dilatée.
Dans les uns les antennes grossissent insensiblement ou
se terminent en une massue alongée , formée de cinq à six
articles.
Le B. pilule ( B. pilula, Lin. ; Oliv. , col. II, i3 , 1 , 1 ) ,
long de trois à quatre lignes, noir en dessous, d'un
bronzé noirâtre ou couleur de suie, et soveux en dessus ,
(1) Dans les Anthrènes , toutes les jambes se replient sur le côte' pos-
térieur des cuisses ; mais dans les autres, les deux ante'rieures se replient
du côte de la tête , et les autres en arrière.
(2) Latr, ibid.^ II , p. 43 ; Oliv. , Encyclop. méthod.,art. Nosodendrc,
FAMILLE DES CLAVICOKKES. 5l3
avec de petite taches noires, entrecoupe'es par d'autres
plus claires, disposées en lignes.
M. Waudouer a découvert la larve d'une variété de cette
espèce. Elle est étroite, alongée, avec la tête grosse, la
plaque du premier segment grande, et les deux derniers
plus longs que les autres. Elle se lient sous la mousse.
Une autre espèce {Siriato-piinctatus , Dej. ), ayant des
antennes conformées de la même manière, forme, à raison
de ses tarses, dont le quatrième article est très petit et
caché entre les lobes du précédent , une division particu-
lière.
Un autre byrrhe, très petit et hérissé de poils , a des
antennes terminées en une massue de trois articles. Cette
espèce forme le genre ïrinode {Trînodes) de MM. Mé-
gerlc et Dejean (i).
D'après cette considération , on pourrait aussi détacher des
byrrhes quelques - autres espèces analogues (a), dont la
massue antennaire n'est composée que de deux articles, et
dont le dernier beaucoup plus gros , presque globuleux.
Tous les byrrhes se tiennent généralement à terre, dans
les lieux sablonneux (3).
On ne peut signaler les cîavieornes cle notre se-
conde section , quoique très naturelle, que par la
réunion cle plusieurs caractères; quelques-uns de
ces insectes s'éloignent cle tous les autres cîavi-
eornes à raison cle leurs antennes, cle neuf ou six
ariicles ; ce sont ceux qui, à cet égard , semblent
le plus se rapprocher de la famille suivante. Les
antennes des autres cîavieornes cle la même section
(1) Anthrenus hirèus , Fab. ; Panz. , Faim, insect. Germ. , XI, 16.
(2) Byrrhus erinaceus, Ziegl. ; — B. setlger , Ilig.
(3) Voyez, pour les autres espèces, Fabricius , Olivier , Schcenherr,
Gyllenbalî , etc.
Le G. murmidius de M. Leacli appartient, suivant lui, à celte tribu,
Les antennes n'ont que dix articles , dont le dernier forme une massue
ovokîo-globuleuse. Voyez le 10e vol. des Trans. linn. , p. 4T-
TOME IV. 55
5 I 4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
sont composées de onze ou dix articles; mais tantôt
elles ne sont guère plus longues que la tète, et for-
ment dès le troisième article une massue presque
cylindrique, ou en fuseau, arquée et un peu den-
telée en scie ; tantôt elles sont presque filiformes,
de la longueur de la tête et du corselet ; mais ici ,
ainsi que dans la plupart des autres sous-genres
de la même division , les tarses sont terminés par
un grand article , avec deux fort crochets au bout.
Ceux de quelques-uns {Hêtérocère P géorisse ) n'ont
que quatre articles.
Le corps de ces coléoptères est généralement
ovoïde, avec la tête enfoncée jusqu'aux jeux dans
un corselet trapézoïde, rebordé latéralement et ter-
miné postérieurement par des angles aigus , le pré-
sternum dilaté antérieurement (i), et les pieds im-
parfaitement contractiles. On les trouve dans l'eau,
sousles pierres, près des rivages, et souvent enfoncés
dans la boue ; par la construction et la brièveté de
leurs antennes, quelques-uns ( Dryops) ont de l'affi-
nité avec les gjrins.
Je diviserai cette section en deux tribus (2) ; la
il) Les Potamopliiles exceptés.
(a) Ou pourrait encore partager cette seelion de la manière suivante :
î. Antennes de onze articles.
A. Antennes en massue, très courtes.
a. Jambes épineuses ; tarses de quatre articles.
Le G. hêtérocère.
h. Jambes simples; tarses de cinq articles.
Les G, potamophile , Dryops.
FAMILLE DES CLAVIC0R1NES. 5 I 5
première, celle des Acanthopodes (Acanthopoda),
est remarquable par leurs jambes aplaties, assez
larges, armées extérieurement d'épines; les tarses
courts, de quatre articles, et dont les crochets de
grandeur ordinaire, et par leur corps déprimé.- Le
préslernum est dilaté. Les antennes sont un peu
plus longues que la tête, arquées, de onze articles,
dont les six derniers forment une massue presque
cylindrique , un peu dentée en scie ; le second est
court et sans dilatation.
Cette tribu se compose d'un seul genre, celui
D'Hétérocère. (Heterocerus. Bosc, Fab.)
Ces insectes se tiennent dans le sable ou dans la boue ,
près des bords des ruisseaux ou des mares, et sortent
de leurs trous lorsqu'on les inquiète par la marche ou
le trépignement des pieds. La forme de leurs jambes leur
permet de fouiller la terre, et de s'y cacher; les tarses
peuvent se replier sur elles. C'est là aussi que vit la
larve, que feu M. Miger a observée le premier.
UHctêrocère bordé [H. marginatus , Fab.; ejusd. ,
H, lœvigatus , Panz. , Faun. insect. Germ. , XXÏII ,
12) est un petit insecte noirâtre, soyeux, avec de
petites taches jaunâtres ou roussâtres , dont le nombre
et la forme varient, disparaissant même quelquefois
sur les élytres.
M. Gyllenhal remarque que les tarses ont réellement
B. Antennes filiformes ou légèrement plus grosses vers le bout, de îa
longueur de la tête et du corselet.
Le G. elmis.
II. Antennes de neuf ou six articles.
Les G. macro njrcfue , ge'orisse,
00
5l6 INSECTES COLÉOPTÈRES.
cinq articles , mais dont le premier petit et oblique,
( Insect. Suec. I, p. i38. )
La seconde tribu , celle des Macro dactyles
(Macrodactjla), renferme des clavicornes à jambes
simples , étroites , à tarses longs , tous composés , à
l'exception d'un seul sous-genre (géorisse) , bien
distingué de tous les autres de cette tribu , par ses
antennes dç, neuf articles, et dont les trois derniers
forment une massue presque solide , de cinq ar-
ticles distincts, dont le dernier grand , avec deux
forts crochets au bout. Le corps est épais ou con-
vexe. Le corseîet est moins arrondi, et se termine
le plus souvent de chaque côté par des angles
aigus.
Cette tribu a pour type principal le genre
Dryops (Dryops) d'Olivier,
Ou celui de Parnus de Fabricius, qui se divise de la
manière suivante :
i° Ceux dont les antennes, jamais guère plus longues que
la tête, sont composées de dix à onze articles qui , à partir
du troisième , forment une massue presque cylindrique ou
un oeu en fuseau , arquée, et un peu en scie.
Les Potamophîles. ( Potamophilus. Germ. — Parnus. Fab. )
Que, sans connaître l'établissement de ce sous-genre, nous
avions nommé (Regn. anira. , Iïl? p. 268) HydÈre ( Hy-
dera ) , ont leurs antennes à découvert, ne se logeant point
dans des cavités particulières un peu plus longues que la
tète, avec le premier article presque aussi long que les sui-
vants pris ensemble , et le second court et globuleux. Les
palpes sont saillants, la bouche est entièrement à nu, le
FAMILLE DES CL AVICORJNES. 5lJ
présternum ne s'avançant point sur elle , caractère exclusive-
ment propre dans cette tribu à ce sous-genre (i).
Les Dryops proprement dits. (Dryops. Oiiv. — Parnus. Fab. )
Dont les antennes plus courtes que la tête sont reçues
dans une cavité située sous les yeux, et recouvertes, en
grande partie, par le second article, qui est grand, dilaté ,
en forme de palette presque triangulaire, et fait une saillie
en manière d'oreillette ; de là le nom de Dermes te a oreilles ,
donné par Geoffroy à l'espèce la plus commune (2). Les
palpes ne sont point saillants.
'i° Ceux dont les antennes, composées de onze articles,
sont filiformes où. à peine un peu plus grosses vers le bout,
et presque aussi longues au moins que la tête et le corselet.
LesELMis. (Elmis. Latr. — Limnius. ïlig.)
On les trouve dans l'eau , sous les pierres, ou sur les
feuilles du nénuphar (3).
3° Ceux dont les antennes, toujours fort courtes, n'offrent
que neuf ou six articles et qui se terminent en une massue
presque solide, ovale ou presque globuleuse.
Les Macronyques. ( Macronychus. Miill., Germ. )
Ont cinq articles distincts aux tarses, !e corps obloug ,
des antennes de six articles, dont le dernier (composé peut-
être de trois) formant une massue ovale ; elles sont suscep-
tibles de se replier sous les yeux (4).
(1) Parnus acuminalus , Fab. ; Panz. , Faun. insect, Germ., VI, 8;
— Dryops picipes , Oliv. , III , 4 1 , 1 , 2.
(2) Latr. , Gen. crust. et insert. , II , 55 3 Scbœnh. , Synon. insect. ,
1 , 11, p. 116. Le Dryops de Dume'ril présente quelques différences dans
la longueur des pattes , la forme des antennes et du corselet r et cPàprès
lesquelles le docteur Leach a cru devoir former avec cette espèce un
genre propre , Dyops. Les autres espèces rentrent dans celui de Parnus.
(3) Latr. , ibid. ,11, p. 49 j Schœn. , ibid. ,1 11, p. 3 17 ; Gyllenh. ,
Insect. Suce, I, p. 55 1.
(4) Macronych'us quadrilubtrculalus , Miill. ; Hig. , Mag. , Vj Latr. ,
Gêner, crust. et insect. , II , pag. 58 ; Partais obscurus , Fab. ; Germ
insect. Spec. nov. , I , p. 89.
5i8 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les GioRissES. (Geobissus. Latr.r Gyll. — Pimelia, Fab.)
Où les tarses ne paraissent composés que de quatre arti-
cles j dont le corps est court , renflé, presque globuleux ,
avec l'abdomen embrassé par lesélytres; et dont les antennes
offrent neuf articles , et se terminent en une massue ronde ,
formée par les trois derniers (i).
La cinquième famille des Coléoptères penta-
mères , celle
Des PALPICORNES (Palpicornes),
Nous offre , comme la précédente , des antennes
terminées en massue et ordinairement perfoliée ,
mais de neuf articles au plus dans tous , insérées
sous les bords latéraux et avancés delà tête, guère
plus longues qu'elle et les palpes maxilliaires ,.
souvent même plus courtes que ces derniers or-
ganes. Le menton est grand et en forme de bou-
clier.
Le corps est généralement ovoïde , ou hémi-
sphérique, bombé ou voûté. Les pieds sont , dans
plusieurs, propres à la natation , et n'ont alors que
quatre articles bien distincts, ou cinq, mais dont
le premier beaucoup plus court que le suivant; tous
les articles sont entiers.
Ceux dont les pieds sont propres à la natation ,
avec le premier article des tarses beaucoup plus
court que les suivants, et dont les mâchoires sont
(i) Pimelia pygmœa y Fab.; Georissus pygmœus , Gyll., Insect. Suce,
I , m, p. 675; Trox dubius , Panz. , Faun insect. Gerro. , LXII, 5.
FAMILLE DES PALPICORKLS. 5lO,
entièrement cornées , composeront une première
tribu, celle des Hydiiophiliens (Hydrophiliï),
qui embrasse le genre
Des Hydrophiles (Hydrophilus) de Geoffroy.
Linnseus n'en a formé qu'une division ( la première)
de son genre Djliscus ; mais l'anatomie de ces insectes
diffère essentiellement. Le canal digestif des hydrophiles
a beaucoup d'analogie, par sa longueur, surpassant quatre
ou cinq fois celle du corps, et par sa contexture, de
celui des lamellicornes, et ne se rapproche de celui des
carnassiers que sous le rapport des vaisseaux biliaires.
Ils n'ont ni la vessie natatoire ni l'appareil excrémen-
tiel qui caractérisent les hydrocanthares. Dans les fe-
melles seulement, cet appareil est remplacé par des or-
ganes sécrétant la matière propre à former le cocon ren-
fermant les œufs, et l'anus présente, à cet effet, deux
filières. Enfin, les organes génitaux masculins ont les
plus grands rapports avec ceux des coléoptères de la fa-
mille précédente (1).
Les uns, dont le corps est tantôt ovale/ oblong, et dé-
primé, ou alongé et étroit, avec le corselet inégal ou rabo-
teux et rétréci postérieurement, les jambes grêles, munies
de petits éperons, et les tarses filiformes, peu ou faiblement
ciliés et terminés par deux forts crochets , ont des antennes
(toujours composées de neuf articles) finissant en une massue
presque en forme de cône renversé, légèrement perfoliéeou
presque solide, et l'extrémité des mandibules entière ou
terminée par une seule dent. Ces palpicornes sont tous
très petits , nagent peu ou mal, habitent les eaux stagnantes
et s'en éloignent quelquefois, pour se cacher dans la terre
(1) « La conformation et la structure des organes génitaux mâles des
palpicornes justifient pleinement. la place que M. Latreille leur a assignée
dans le cadre entomologiste, jj- (Léon Dufour, Annal, des se. nat. , VI ,
pag. 172).
520 INSECTES COLÉOPTÈRES.
ou sous des pierres. Ils composent la famille des Hélophori-
dees ( Helophoridea ) de M. Leach , dénomination qui nous
rappelle le genre Elophorus de Fabiïcius.
Ici la longueur des palpes maxillaires ne surpasse pas
celle des antennes ou lui est même inférieure. Le chaperon
est entier ou sans échancmre notable.
Tantôt les palpes maxillaires sont terminés par un article
plus gros et ovalaire.
Les Elophores. (Elophorus. Fab. — Silpha. Lin. — Dermes-
tes. Geoff. — Hydrophilus, De G . )
Ont le corps ovale 7 le corselet transversal ; et les yeux peu
élevés (i).
Les Hydrochus. (Hydrochus. Germ. — Elophorus. Fab.)
Qui ne se distinguent des précédents que par leur forme
étroite et alongée, leur corselet en carré long 7 et la proémi-
nence de leurs yeux (2).
Tantôt les palpes maxillaires se terminent en manière d'a-
îène, ou par un article plus grêle, court et conique.
Les Ochthébies. (Ochthelius. Leach. y Germ. — Elophorus.
Fab. — Hydrœna. Ilig. ; Latr. )
Le corselet est presque semi-orbiculaire (3).
Là , les palpes maxillaires 7 terminés par un article plus
grand que le précédent, en forme de fuseau et pointu au
bout y sont beaucoup plus longs que les antennes et la tête.
Le chaperon est fortement échancré. Ils ont d'ailleurs le port
des Ochthébies.
Les HYDR/ENES.^rÏYDRiENA. Kugel., Leach.) (4)
Les autres Hydrophiliens ont le corps ovoïde ou presque
(1) Les Elophores deFabricius, à l'exception des espèces des sous-genres
suivants.
(2) Elophorus elongatus , Fab. ; — E. crenalus , ejusd. ; — E. brei'is,
Gyllenh.; Voyez Germ. insect. Spec. nov. , I , pag. 90.
(3) E. pygmœus , Fab. ; Hydrœna riparia, Lalr. ; — Hydrœna mar-
gipallens, Lalr.; Elophorus marinus , GyU.j Voyez Germ.,' ibid. , p. 90.,
(4) E. miniinus , Fab.; Gyll. ; Hydrœna rip aria , Kugel.; H. longi-
palpis , Schœnh. ; Germ. , Faun. inecl. Europ. , VIII, 6 : Voyez, pour
d'autres espèces , Germ. insect. Spac. nov. , I, p. g3.
FAMILLE DES PALP1C0RNES. 521
hémisphérique et généralement convexe ou bombé ; avec le
corselet toujours beaucoup plus large que long, et uni , les
jambes terminées par de forts éperons, et les tarses le plus
souvent ciliés. L'extrémité de leurs mandibules présente
deux dents. Us embrassent la famille des Hydrophtlides {Hy-
drophilidea) du docteur Leach , ou le genre hydrophile de
Fabricius.
Quelques-uns n'ont que six articles aux antennes, et leur
chaperon est échancré. Tels sont
Les Sperches. (Spercheus. Fab. ) (i)
Dans les suivants, les antennes sont toujours composées
de huit ou neuf articles , et le chaperon est entier ou légè-
rement concave au bord antérieur.
Une espèce qui nous a été communiquée par notre ami
M. Leach, nous a présenté des caractères singuliers, et qui
m'ont déterminé à considérer cet insecte comme le type d'un
nouveau sous-genre (2), celui
De Globaire. (Globaria.)
Que je nommerai ainsi parce que son corps est presque
sphérique, comprimé latéralement , et qu'il paraît suscepti-
ble de se mettre en boule, à la manière des agathidies. Ses
antennes ne m'ont paru composées que de huit articles,
dont le cinquième dilaté en manière d'épine au côté interne,
le suivant en cône renversé, alongé, le septième cylindrique
et le dernier ou le huitième conique; ces derniers articles
forment une massue fort alongée, presque cylindrique et
terminée en pointe. Les palpes maxillaires sont un peu plus
courts que les antennes. Les yeux sont gros et saillants. Le
(1) Spercheus emarginatus , Fab. ; Panz. , Fauu. insect. Gerrn. , XCI,
4 M, Bourdon , naturaliste français, qui explore maintenant les états
de la république de la Colombie, a le premier de'couvert cette espèce
aux environs de Paris.
(•2) Il semble venir plus naturellement près de celui de Bérose de
M. Leach ; mais , à raison du nombre des articles des antennes , j'ai cru
devoir le placer immédiatement après les Sperches. On pourrait , au sur-
plus , renverser cet ordre , en commençant par les sous-genres qui ont
neuf articles aux antennes, et en terminant par ceux où elles en ont un et
trois de moins, ou par les Globaires et les Sperches.
52 2 INSECTES COLÉOPTÈHES.
corselet est presque semi-lunaire. Les élytres embrassent en-
tièrement l'abdomen. La poitrine est dépourvue d'épine
sternale. Les quatre jambes postérieures ont à leur extrémité
un faisceau de soies, presque aussi long que le tarse: l'é-
cusson est petit, en triangle alongé et étroit.
La seule espèce connue ( G. de Leach) est petite et
exotique. Je la crois de l'Amérique méridionale.
Tous les autres hydrophiiiens ont neuf articles aux an-
tennes , et la massue est ovalaire ou ovoïde. Le corps n'est
point susceptible de se contracter en boule.
Les espèces les plus grandes ont les deux articles inter-
médiaires de la massue antennaire, ou le septième et le
huitième , en forme de rein ou de croissant irrégulier ,
obtus à l'un de leur bout , prolongés , arqués et pointus
à l'autre _, avec un vide ou écart notable entre eux • le pre
mier de cette massue est cupulaire, plus prolongé au côté
antérieur. Le milieu du sternum est relevé en carène , et
terminé postérieurement en une pointe plus ou moins
longue et très aiguë. Les palpes maxillaires sont plus longs
que les antennes, avec le dernier article plus court que
le précédent. Les tarses , surtout les derniers , sont com-
primés , garnis d'une frange de poils ou de cils au côté
interne, et terminés par deux crochets généralement pe-
tits, inégaux et unidentés inférieurement. L'écusson est
assez grand.
Ces espèces composeront le sous-genre
D'Hydrophile proprement dit ( Hydrophilus. Geoff., Fan. ,
Leach. — Dytiscus. Lin. )
Ici l'épine sternale est fortement prolongée en arrière. Le
dernier article des deux tarses antérieurs des mâles est dilaté
en manière de palette triangulaire. L'écusson est grand. Ce
sont les Hy droits de M. Leach (i).
Les larves ressemblent à des espèces de vers, mous, à
forme conique et alongée, pourvus de six pieds, avec la
tête assez grande, écailïeuse, plus convexe en dessous qu'es:
dessus et armées de mandibules fortes et crochues. Elles
(i) Zool. misée!., III, pag. 94.
FAMILLE DES PALPICOUNES. 52Ù
respirent par l'extrémité postérieure du. corps. Elles sont
très voraces et nuisent beaucoup aux étangs ? en dévorant le
frai.
UH. brun ( H. piceus , Fab. j Oiiv., col. III, 3g , 1 , i ) ,
est long d'un pouce et demi, ovale, d'un brun noir, comme
poli ou enduit d'un vernis , avec la massue des antennes
en partie roussâtre, et quelques stries peu marquées sur les
élytres, dont l'extrémité postérieure est arrondie extérieu-
rement et prolongée en une petite dent à l'angle interne.
Il nage et vole très bien , mais il marche mal. Sa pointe
sternale peut quelquefois blesser , lorsqu'on le tient dans
la main, et qu'on lui laisse la liberté de se mouvoir.
L'anus de la femelle a deux filières, avec lesquelles elle
forme une coque ovoïde, surmontée d'une pointe en
forme de corne arquée et de couleur brune. Son tissu ex-
térieur est une pâte gommeuse , d'abord liquide, se dur-
cissant ensuite et devenant impénétrable à l'eau. Les œufs
qu'elle enveloppe y sont disposés avec symétrie et main-
tenus par une sorte de duvet blanc. Ces coques flottent
sur l'eau.
La larve est déprimée, noirâtre, ridée, avec la tête
d'un brun rougeâtre, lisse, ronde et pouvant se renverser
en arrrière. Cette faculté lui donne le moyen de saisir les
petites coquilles qui nagent à la surface de l'eau. Son dos
lui sert de point d'appui, et c'est sur cette sorte de table
qu'elle les casse et dévore l'animal qu'elles renferment.
Le corps de ces larves devient flasque, lorsqu'on les prend.
Elles nagent avec facilité, et ont, au-dessous de l'anus,
deux appendices charnus, qui servent à les maintenir à la
surface de l'eau , la tête en bas , lorsqu'elles y viennent
respirer. Suivant M. Miger , qui nous a fourni ces obser-
vations (Annal, du Mus. d'hist. natur., XIV, 441 )> d'au-
tres larves d'hydrophyles sont dépourvues de ces appen-
dices, ne nagent point et ne se suspendent point comme
les précédentes. Les femelles de ces espèces nagent diffi-
cilement, et portent leurs œufs sous l'abdomen, dans un
tissu soyeux; mais ces espèces appartiennent aux derniers
sous-genres de cette tribu.
Celui à' hydrophile propre du docteur Leach se compose
52Zf INSECTES COLÉOPTÈRES.
des espèces dont les tarses sont identiques dans les deux
sexes et point dilatés , dont l'épine pectorale se termine avec
l'arrière-sternum, et dont l'écusson est proportionnellement
plus petit (i).
Dans tous les hydrophiliens suivants , les deux articles
intermédiaires de la massue des antennes sont parfaitement
transversaux, de forme régulière, point prolongés en ma-
nière de dent à l'un de leurs bouts , et sans vide entre eux ;
le dernier est obtus ou arrondi au bout. La poitrine n'offre
ni carène ni épine. Les tarses sont moins ou peu propres à
la natation , peu ou point ciliés et terminés par des crochets
grands, égaux et simples.
Ceux dont les palpes maxillaires sont beaucoup plus longs
que les antennes, avec le dernier article plus court que le
précédent et cylindrique j dont le corps est peu élevé, avec
le bout des élytres tronqué ou très obtus, composent le
genre
De Limnebie ( Limnebius ) du docteur Leach (a).
Ceux dont les palpes maxillaires ne sont guère plus longs
que les antennes, avec le dernier article aussi long ou plus
long que le précédent, presque ovalaire et dont le corps est
bombé, sont compris par le même savant anglais, dans deux
autres genres. L'un , celui
D'Hydrobie ( Hydrobius )
A les yeux déprimés ou peu convexes. L' extrémité anté-
rieure de la tête n'est point rétrécie brusquement, et la base
du corselet est de la largueur de celle des élytres (3).
Les Béroses. (Berosus.)
Ont, au contraire, des yeux très saillants, l'extrémité
antérieure de la tête brusquement rétrécie et le corselet
(i) Rapportez aux Hydroùs de M. Leach , outre le piceus , les espèces
suivantes de Fabricias : ater, olivaceus, lufïpes, etc. Celles que celui-ci
nomme Caïaboides , ellipUciis , etc. , sont des Hydrophiles proprement
dits, pour le naturaliste anglais.
(2) H. griseus, truncalellus , Fah.
(3) Les H. scarabœoides , melanocephalus , orbicularis , etc.
FAMILLE DES PALPICORNES. 525
plus étroit à sa base, que les élytres. Le corps est très
bombé (i).
La seconde tribu, les Sph/eridiotes (Sphœri-
diota ), est formée de palpicornes terrestres, à tarses
composés de cinq articles très distincts et dont le
premier aussi long" au moins que le suivant. Les
palpes maxillaires sont un peu plus courts que les
antennes, avec le troisième article plus grand, renflé,
en forme de cône renversé. Les lobes maxillaires
sont membraneux.
Le corps est presque hémisphérique , avec le pré-
sternum prolongé en pointe à son extrémité posté-
rieure, et les jambes épineuses; les antérieures sont
palmées ou digitées dans les grandes espèces. Les
antennes sont toujours composées de neuf articles,
ou simplement de huit , si l'on considère le dernier
comme un appendice du précédent. ( J^ojez les
taupins et plusieurs autres genres de coléoptères).
Ces insectes sont petits, et habitent les bouzes et
autres matières excrémentielles; quelques espèces
se tiennent près du bord des eaux.
Ils composent le genre
Des Sphéridies (Spileridium) de Fabricius.
Mais dont il faut séparer plusieurs espèces , ce qu'a-
vait déjà fait Olivier. Le docteur Leach n'y conserve
même que celles dont les tarses antérieurs sont dilatés
dans les mâles. Tel est
Le S. à quatre taches (Dermestes scarabœoides , Linn.;
(i) H. luridus, Fab. .
526 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Oliv. , col. II > i5, 1 et 3 , II, il ). 11 est d'un noir lui-
sarît , lisse , avec l'écusson alongé , les pieds très épineux ,
une tache d'un rouge de sang à la base de chaque étui ,
et leur extrémité rougeâtre. Ces taches diminuent ou
s'oblitèrent dans plusieurs individus.
Les espèces dont les tarses sont semblables dans les
deux sexes , et dont la massue des antennes est lâche-
ment imbriquée , composent le genre Cercjdion (i) de ce
savant. On pourrait, d'après la considération de la forme
des jambes, de la disposition de leurs épines ou de leurs
dentelures , diviser les sphéridies en plusieurs autres
coupes qui faciliteraient l'étude des espèces , et dont le
nombre paraît avoir été trop multiplié (2).
La sixième et dernière famille des coléoptères
Pentamères, celle
. Des LAMELLICORNES (Lamellicornes),
Nous offre des antennes insérées dans une fossette
profonde, sous les bords latéraux delà tête, tou-
jours courtes , de neuf ou dix articles le plus sou -
vent, et terminée dans tous en une massue, ordi-
nairement composée des trois derniers , qui sont
en forme de lames, tantôt disposées en éventail,
ou à la manière des feuillets d'un livre, s'ouvrant
ou se fermant de même , quelquefois contournées
et s'emboîtant concentriquement, le premier ou
l'inférieur de cette massue ayant alors la forme
(1) Les Sphéridies , unipunclatwn , melanocephalum , etc.; Zool. mîs-
< ell. , III , pag. 95.
(2) Voyez, pour les autres espèces, Olivier, Schœflherr , Gyllenhal,
Dejean , etc.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 627
d'un demi-entonnoir, et recevant les autres , tantôt
disposées perpendiculairement à l'axe et formant
une sorte de peigne.
Le corps est généralement ovoïde ou ovalaire et
épais. Le côté extérieur des deux jambes antérieures
est denté, et les articles des tarses , à l'exception de
quelques mâles , sont entiers et sans brosses ni pe-
lotte en dessous. L'extrémité antérieure de la tête
s'avance ou se dilate le plus souvent en manière de
chaperon. Le menton est ordinairement grand ,
recouvre la languette, ou est incorporé avec elle et
porte les palpes. Les mandibules de plusieurs sont
membraneuses, caractère qu'on n'observe dans au-
cun autre coléoptère. Souvent les mâles différent
des femelles , soit par des élévations en forme de
cornes ou de tubercules du corselet ou de la tête ,
soit par la grandeur de leurs mandibules.
Cette famille est très considérable, et l'une des
plus belles des insectes de cet ordre , sous le rapport
de la grandeur du corps, de la variété de formes
du corselet et de la têle, considérés dans les deux
sexes, et souvent aussi, quant aux espèces, vivant
en état parfait, de substances végétales; par l'éclat
des couleurs métalliques dont il est orné. Mais la
plupart des autres espèces, se nourrissant de végé-
taux décomposés., tels que le fumier, le tan , ou
de matières excrémentielles, sont communément
d'une teinte noire ou brune et uniforme. Quelques
copropbages cependant ne le cèdent point, à cet
528 1JNSECTES COLÉOPTÈRES.
égard aux précédents. Tous ont des ailes et la
démarche lourde.
Les larves ont le corps long^ presque demi cy-
lindrique, mou, souvent ridé, blanchâtre, divisé
en douze anneaux , avec la tête écailleuse , armée
de fortes mandibules, et six pieds écailleux. Chaque
côté du corps a neuf stigmates; son extrémité pos-
térieur est plus épaisse, arrondie et presque tou-
jours courbée en dessous, en sorte que ces larves,
ayant le dos convexe ou arqué, ne peuvent s'é-
tendre en ligne droite , marchent mal sur un plan
uni y et tombent à chaque instant à la renverse ou
sur le côté. On peut se Faire une idée de leur forme
par celle de la larve si connue des jardiniers , sous le
nom &e ver blanc, celle du hanneton ordinaire. Quel-
ques-unes ne se changent en nymphe qu'au bout
de trois à quatre ans ; elles se forment dans leur
séjour, avec de la terre ou les débris des matières
qu'elles ont rongées , une coque ovoïde ou en forme
de boule alongée , dont les partie3 sont liées avec
une substance glutineuse , qu'elles font sortir du
corps. Elles ont pour aliments les bo.uzes, le fu-
mier, le terreau, le tan, les racines des végétaux,
souvent même de ceux qui sont nécessaires à nos
besoins , d'où résultent pour le cultivateur des
pertes considérables. Les trachées de ces larves
sont élastiques, tandis que celles de l'insecte parfait
sont tubulaires. Le système nerveux, considéré
dans ces deux âges , présente aussi des différences
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 52Cj
remarquables. Les ganglions sont moins nombreux
et plus rapprochés dans l'insecte parvenu à sa der-
nière transformation , et les deux postérieurs jettent
un grand nombre de filets disposés en rayons.
D'après les observations de M. Marcel de Serres
sur les yeux des insectes, ceux de la plupart des
lamellicornes offrent des caractères particuliers,
et qui rapprochent leur organisation de celle des
yeux des ténébrionites, des blattes et autres in-
sectes lucifuges.
Le tube alimentaire est généralement fort louer,
surtout dans les coprophages, contourné sur lui-
même , et le ventricule chylifique est hérissé de
papilles , que M. Du four a reconnu être des bourses
destinées au séjour du liquide alimentaire. Les vais-
seaux biliaires ressemblent, par leur nombre et
leur mode d'implantation , à ceux des coléoptères
carnassiers, mais ils sont beaucoup plus longs et
plus déliés.
Nous partagerons cette famille en deux tribus (1).
La première , celle des Scarabéïdes ( Scara-
bœides) , nous offre des antennes terminées en
massue feuilletée et plicatile dans la plupart , com-
posée, dans les autres , d'articles emboîtés , soit en
forme de cône renversé, soit presque globuleux,
(1) L'anatomie est, selon M. Dufour, si différente, que ces deux tribus
devraient constituer deux familles. Les sections seraient alors des tribus ,
et formeraient quelques-unes de leurs divisions , autant de genres princi-
paux (Bousier, ÂphoàiA , Géotrupe, Scarabée , Rutèle, Hanneton , Gla-
phjre , Cétoine, pour la première tribu J;
TOME IV. J*4
55o INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les mandibules sont identiques ou presque sem-
blables dans les deux sexes; mais la tête et le cor-
selet des individus mâles offrent souvent des saillies
ou des (ormes particulières; quelquefois aussi leurs
antennes sont plus développées.
Celte tribu répond au genre
Des Scarabfes. ( Scarab^eus. Lin.)
Le tube alimentaire est généralement beaucoup plus
long que celui des lamellicornes de la tribu suivante ou
des îucanides , et l'œsophage est proportionnellement
beaucoup plus court. Le tissu adipeux oul'épiploonestgé-
néralement presque nul, tandis qu'ici il est bien plus pro-
noncé. Mais c'est surtout par l'appareil génital masculin
que les scarabéïdes se distinguent, non-seulement de ces
derniers , mais encore de tous les autres penlamères.
Leurs testicules, d'après les observations de M. Dufour ,
consistent en capsules spermatiques (des houppes selon
M. Cuvier ) assez grosses, bien distinctes, pédicellées, et
dont le nombre varie selon les genres.
Les larves ( Cuv. , Règne anim. ) ont un estomac cylin-
drique entouré de trois rangées de petits cœcums, un
intestin grêle très court, un colon extrêmement gros,
boursouflé, et un rectum médiocre.
Nous diviserons ce genre en plusieurs petites sections ,
établies sur la considération des organes masticateurs, des
antennes, des habitudes, coupes dont la distinction a été
confirmée par les recherches anatomiques du savant pré-
cité.
Les Covropkagks (Coprophagi ), ou les scarabéïdes de notre
première section, ont des antennes ordinairement composées
de neuf articles et de huit dans les autres , et dont les trois
derniers forment la massue. Le labre et les mandibules sont
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 55 1
membraneux et cachés. Le lobe terminant les mâchoires
est aussi de cette consistance, large et arqué au bord supé-
rieur et courbé en-dedans. Le dernier article des palpes
maxillaires est toujours le plus grand de tous , presque ova-
laire ou presque cylindrique ; mais le même des labiaux est
presque toujours plus grêle que les précédents, ou très petit.
Derrière chacun de ces derniers palpes est une saillie mem-
braneuse, en forme de languette. Le menton est échancré.
Le sternum n'offre aucune proéminence particulière, et les
crochets des tarses sont toujours simples. Les tarses anté-
rieurs manquent souvent dans plusieurs, soit par naissance,
soit parce qu'ils sont caduques.
Le tube alimentaire est toujours fort long, et cette lon-
gueur est même quelquefois (copris lunaris) dix à douze
fois plus considérable que celle du corps. Le ventricule cKy-
lifique, en occupantla majeure partie, est hérissé de papilles
conoïdes ou en forme de clous, très replié sur lui-même et
maintenu dans cet état d'agglomération par de nombreuses
brides trachéennes. L'intestin est filiforme et terminé par un
renflement. Les testicules des coprophages disséqués par
M. Dufour, lui ont paru composés de six capsules sper-
matiques, orbiculaires, un peu déprimées, ordinairement
réunies, par des trachées, en un paquet, portées cha-
cune sur un pédicule tubuleux, assez long, et qui aboutit
à un canal déférent de peu de longueur. Il n'y a qu'une
paire de vésicules séminales; elles sont filiformes, très lon-
gues et fort repliées.
Cette première section répoird à la troisième division du
genre scarabée d'Olivier, ou à celui de Bousier {copris)7 mais
en y ajoutant quelques scarabées (aphodies) de ce natura-
liste.
Les uns ont les deux pieds intermédiaires beaucoup plus
écartés entre eux à leur naissance que les autres ; les palpes
labiaux très velus, avec le dernier article beaucoup plus
petit que les autres ou même peu distinct; l'écusson nul ou
très petit et l'anus découvert.
Des coprophages de cette division , propres à l'ancien con-
tinent, à corps arrondi , ordinairement déprimé en-dessus
ou peu bombé, semblable ou peu différent et sans cornes,
t>02 INSECTES COLÉOPTÈRES.
dans les deux sexes; dont les antennes de neuf articles se
terminent en massue feuilletée; sans écusson, ni hiatus sutu-
rai indiquant sa place; dont les quatre jambes postérieures,
ordinairement garnies, ainsi que les tarses, de franges de
poils ou de cils, sont grêles, alongées, point ou peu dila-
tées à leur extrémité, tronquées obliquement et terminées
par un seul éperon, robuste et en forme d épine ou de pointe,
dont le chaperon enfin est plus ou moins lobé ou denté, for-
ment le genre
D'Ateucrus ( ÀTEUcaus ), de M. Weber et de Fabricius.
Mais restreint depuis auxespèces dontlesélytres ont lcbord
extérieur droit ou sans échancrure ni sinus , près de leur
base, et mettant à découvert la portion correspondante des
bords supérieurs de l'abdomen. Les jambes et les tarses des
quatre derniers pieds sont garnis de longs poils; les quatre
premiers articles des tarses sont généralement plus longs que
dans les autres; le premier des labiaux est presque cylin-
drique ou en cône renversé ; le chaperon est le plus souvent
divisé en trois lobes ou festons , et son contour présente six
dents.
Ces insectes , que M. Mac Leay fils, dans un livre plein de
recherches et d'aperçus ingénieux, intitulé Horœ entomo-
log. (i vol. , iie part.', p. i34)7 désigne sous le nom géné-
rique de scarabée y comme étant celui qu'ils reçurent pri-
mitivement des latins (i) , et dont il a donné, dans le même
ouvrage ( part. 2e, p. 497 )? une excellente monographie ,
enferment leurs œufs dans des boules de fiente, et même
d'excréments humains, semblables à de grandes pilules,
ce qui leur a fait donner par quelques auteurs le nom de
piluîaires. lis les font rouler avec leurs pieds de derrière
et souvent de compagnie , jusqu'à ce qu'ils aient trouvé des
trous propres à les recevoir, ou des lieux où ils puissent les
enfouir.
Deux espèces d'ateuchus faisaient partie du culte reli-
gieux des auciens Egyptiens et de leur écriture hiéroglv-
phique. Tous leurs monuments nous en retracent, et sous
(1) Les heliocaulharos des (irecs.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 555
diverses positions, et souvent sous des dimensions gigan-
tesques, leur effigie. Ou les représentait aussi séparément,
en employant même les substances les plus précieuses,
tomme l'or } on en formait des cachets, des amulettes, que
l'on suspendait au cou , et que l'on ensevelissait avec les
momies. On a trouvé l'insecte lui-même renfermé dans
quelques-uns de leurs cercueils (i).
Le Scarabée sacré deLinnseus, ou Y Ateuchus sacré [OUv. ,
col. I, 3, vm ; 59), que Ton trouve, non-seulement dans
toute l'Egypte, mais dans les contrées méridionales de la
Fiance, en Espagne, en Italie, et en général au sud de l'Eu
rope , avait été regardé jusqu'ici comme l'objet de cette
superstition -7 mais une autre espèce, découverte dans le
Seunâri par M. Caillaud de Nantes, paraît, à raison de
ses couleurs plus brillantes , du pays où on la trouve,
et qui fut le premier séjour des Egyptiens, avoir d'abord
fixé leur attention. Celle-ci, que j'ai nommée V Ateuchus des
Egyptiens ( Voyage à Méroé, au fleuve Blanc, IV, p. 'iyi ,
Atl. d'hist. nat. et d'antiq., H, lviii , 10), est verte , avec
une teinte dorée, tandis que la première est noire. Le
chaperon a de part et d'autre six dentelures, mais ici" le
vertex a deux petites éminences ou tubercules , au lieu
que celle de l'autre ou de i'A. des Egyptiens n'offre
qu'une faible éminence alongée, lisse et très luisante. Le
corselet, à l'exception du milieu du dos, est entièrement
ponctué, et même chagriné latéralement, avec les bordas
dentelés. Les intervalles des stries des élytres sont, eu
outre, finement chagrinés , et offrent des points enfoncés,
assez nombreux et assez larges. Le côté interne des deux
jambes antérieures présente une série de petites dents.
Dans notre Ateuchus sacré , ce même côté a ordinairement
deux dents assez fortes.
Des ateuchus ( S. œsculapius , Oliv., et une autre es-
pèce , Hippocrates) dont le corselet et l'abdomen sont
plus courts, plus arrondis et plus convexes ; dont le pre-
mier article des palpes labiaux est aussi plus court et-
(0 ^°yez mon Mémoire relatif aux insectes peints et sculptés sur les
monuments antiques de l'Egypte, et les ouvrages de M- de Champol-
lion le jeune.
554 INSECTES COLÉOPTÈRES.
plus large, eu forme de triangle renversé, composent le
genre Pachysoma de M. Kirby (i).
Les ateuchus dont les élytres ont au côté extérieur, près
de leur base, une forte écbancrure, sont maintenant
Des Gymnopleijres. (Gymnopleurus. Ilig.)
Les quatre jambes postérieures sont ordinairement sim-
plement ciliées ou munies de petites épines, et le dernier
article de leurs tarses est aussi long ou plusjong que les pré-
cédents pris ensemble. Le premier des labiaux est dilaté au
côté interne, presque triangulaire. Le corselet a de cbaque
côté une fossette (2).
D'autres copropbages très analogues aux précédents, et
rangés au?si avec les ateucbus par Fabricius, s'en distin-
guent par leurs jambes intermédiaires, dont l'extrémité,
ainsi que celle des deux dernières, souvent dilatée ou en
massue, offre deux éperons ou épines. Le chaperon n'a, dans
plusieurs , que quatre ou deux dents. Le premier article des
palpes labiaux est toujours plus grand que le suivant , et di-
laté au côté interne. Le troisième et dernier article est
distinct. Viendront d'abord
Les Sisyphes. (Sisyphus. Latr.)
Qui diffèrent des autres copropbages par leur antennes
n'ayant que huit articles , et à raison de la forme triangu-
laire de leur abdomen. Les quatre derniers pieds sont longs,
étroits, avec les cuisses en massue. Le corps est court et épais.
L'écusson manque (3).
(i) Outre les Ateucbus précites, rapportez au même sous-genre les
A. laticollis, variolosus, sewipunctalus, miliaris, sanclus , etc. , de Fabri-
cius, et quelques autres. Voyez l'ouvrage pre'cite' de M. Mac Leay fils ,
et l'Entomographie de la Russie, où quelques espèces de ce sous-genre et
des suivants sont parfaitement figurées.
(2) Les Ateuchus, sinualus, pilularius ,Jiagellatus , Leei, Rœnigii, cu~
preus , profanus , etc. , de Fab. ; le Scfulgidus d'Oliv., etc. Les Aleu-
chus de Fabricius , qui sont propres à l'Amérique , appartiennent à d'au-
tres sous-genres. M. Mac Leay fils (Hor. entom. , I, pars n , pag. 5 10) ,
conserve encore les Gymnopleures avec les Ateucbus ou ses Scarabées *.
mais il en fait une division dont il indique les espèces.
(3) Ateuchus Schœfferi, Fab. ; — Se. longipes , Oliv. , et quelques au-
ves espèces inédites du cap de Bonne-Espérance,
FAMILLE DES L AMELL1C0UJN ES. />."),)
LeS ClRCELLÏES. (ClP.CELLIUM. Latl*.)
Dont le corps est hémisphérique, bombé, avec l'abdomen
presque demi circulaire, et les bords latéraux du corselet
droits ou point dilatés dans leur milieu, il n'y apoint d'écus-
son. Le chaperon offre quatre ou six dentelures (1).
Les r.opROBiiis. (Coprobius. Latr. )
Pareillement sans écusson , et dont le corps est ovoïde,
point ou peu bombé, avec le milieu d^s bords latéraux du
corselet dilaté en manière d'angle mousse ou arrondi , l'ab-
domen presque carré, et le chaperon bi denté. Ces insectes sont
plus particulièrement propres au nouveau continent (i).
Les espèces dont les quatre jambes postérieures sont pro-
portionnellement plus courtes , dilatées ou élargies notable-
ment à leur extrémité, avec les premiers articles des tarses
plus larges, composent le genre Choeridie (Chœridium) de
MM. Lepeietier de Saint-Fargeau et Serville (Encyclop. mé-
thofl.). Nous réunirons encore aux copropbiles celui qu'ils
nomment Hyboma (ibid.).
Un autre sous-genre, voisin des précédents, dont les
espèces sont aussi américaines; celui qu'ils appellent /Es-
c/jrote5,maisqueM. Dalman avait publié (Ephém. Entom.,
1824) avant eux sous une autre dénomination.
Celle d'ElJRYSTERNE. (EURYSTERNUS.)
Diffère des précédents par la présence d'un écusson. Le
corps est d'ailleurs ovale- oblong, plan en dessus, avec les
côtés postérieurs du corselet coupés brusquement et d'une
manière oblique. Les hanches intermédiaires sont dirigées
dans le sens de la longueur du corps, et parallèlement à ses
côtés.
Dans tous les coprophages suivants, les quatre jambes
postérieures sont toujours dilatées à leur extrémité et presque
en forme de triangle aiongé; les intermédiaires se terminent
(1) Les Attucluis Bacchus, HoUandlœ , de Fab.
(2) Les A. volve ns , violaceus , Iriangulatïs , 6-ptinctalus , etc.de
i abrieius.
536 INSECTES COLÉOPTÈRES.
d'ailleurs , comme dans les derniers, par deux fortes épines
ou éperons; mais la tête, ou le corselet, ou l'un et l'autre
offrent, dans les mâles, des cornes ou des éminences qui les
distinguent de l'autre sexe. Dans plusieurs, les trois derniers
articles des antennes, en forme de demi-godets, ou semi-
cupulaires, s'emboîtent ou s'empilent concentriquement. Ces
insectes serapportentaux genres OnilisetCopris de Fabricius.
Deux sous-genres à massue antennaire feuilletée nous pré-
sentent un caractère qui leur est, dans cette section , ex-
clusivement propre : le troisième article des palpes labiaux
est peu ou point distinct, et le précédent est plus grand que
le premier.
(Les Om ocelles. ( Oniticellus. Ziég., Dej.)
Ont lecorps obîong, déprimé, avec le corselet grand, pres-
que ovale et presque aussi long que large, toujours uni.
L'écusson est distinct. De simples lignes élevées ou des tuber-
cules de la tête distinguent les mâles des femelles (i).
Les Onthophages. ( Onthophagus. Lat. — Copris. Fab. )
N'offrent point d'écusson. Leur corps est court, avec le
corselet assez épais, plus large que long, soit presque semi-
orbiculaire, soit presque orbiculaire, mais fortement échan-
cré ou tronqué en 'devant. La tête, et souvent aussi le cor-
selet, est cornue dans les mâles.
L'O, taureau (S. taurus. Lin.; Oiiv., col. 1. 3., vin, 63 ),
petit , noir; deux cornes arquées en demi - cercle sur la
tête du mâle; deux lignes élevées et transverses sur celle
de la femelle. — Dans les bouses de vache.
L'O. nuchicorne (S. nuchicornis , Lin. ; Panz. , Faun.
insect. Germ. I,"i, etXL!X,8), petit, noir, avec les
étuis gris et parsemés de petites taches noires; une éléva-
tion comprimée et en forme de lame, et terminée en une
pointe presque droite sur le derrière de la tête du mâle;
deux lignes élevées et transverses sur celle de la femelle ;
un tubercule à la partie antérieure de son corselet. Avec
le précédent.
(i) Dej. , Catal., p. 53.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 557
L'Afrique et les Indes orientales eu offrent plusieurs
autres espèces, dont quelques-unes très brillantes, mais
toutes de petite taiile (i).
Deux autres sous-genres offrant un écusson ou un hiatus
suturai, indiquant sa place, dont les pieds antérieurs sont
souvent dépourvus de tarses et souvent encore plus longs,
grêles et arqués dans les mâles, sont distingués de tous les
autres coprophages par la forme de la massue de leurs an-
tennes; son premier article, ou le septième de tous, est en
forme de demi-cornet, emboîte le suivant, dont une por-
tion au moins est cachée. et a la figure d'un fer à cheval ; le
troisième, ou le dernier, est en forme de cupule renversée.
Le corselet est grand, et offre ordinairement, près du milieu
du bord postérieur, deux petites fossettes.
Les Onitis. (Onitis. Fab.)
Où le second article des palpes labiaux est le plus grand de
tous, et où l'écusson , quoique très petit et enfoncé, est ce-
pendant visible.
Les pieds antérieurs sont généralement plus longs, plus
grêles et arqués dans les mâles. Leurs tarses manquent le
plus souvent. Le corselet, un petit nombre excepté , est sans
cornes (2).
Les Phanees. (Phanjeus. Mac L. — Lonchophorus. Germ.
— Scarabœus. Lin . — Copris> onitis. Fab. )
Où le premier article des palpes labiaux est le plus grand
de tous et dilaté au côté interne. Un simple vide suturai
indique la place de l'écusson. Lés mâles diffèrent beaucoup
de leurs femelles par les proéminences, en forme de cornes,
de la tête et du corselet ; mais les longueurs respectives des
pattes sont identiques.
Plusieurs grandes et belles espèces de bousiers ou co-
pris de Fabricius, propres au nouveau continent et plus
particulièrement à ses contrées équinoxiales, composent ce
sous-genre (3).
(1) Dej. , ibid. Voyez Latr. , Gêner, crust. et insect. , II , p. 83.
(2) Consultez l'article Onitis de V Encyclopédie méthodique.
(3) Ibid., article Phanéc , et surtout l'ouvrage de M. Mac Leay fils,
538 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Bousiers proprement dits. (Copris. Geoff., bab. —
Scarabœus. Lin.)
Ne comprennent plus maintenant que ceux dont les an-
tennes se terminent par une massue à trois feuillets ; dont
les quatre jambes postérieures sont fortement dilatées et
tronquées à leur extrémité; qui n'ont ni écusson, ni vide
à sa place; dont le corps est toujours épais , et diffère, en
dessus, se'on les sexes; et qui ont les palpes labiaux com-
posés de trois articles distincts, dont le premier plus grand,
presque cylindrique, point dilaté du côté interne.
Les plus grandes espèces habitent les contrées de l'A-
frique et des Indes orientales, situées entre les tropiques
ou dans leur voisinage.
On trouve très communément en Europe le B. lunaire
(S. lunaris 7 Lin. ; Oliv. , ibid.y v , 36 ) , qui est long de
huit lignes, noir, très luisant, avec la tête échancrée au
bord antérieur, portant une corne élevée, plus longue et
pointue dans le mâle, courte et tronquée dans la femelle
{S. emarginatus , Oliv., ibid,'\u\, 64 )• Le corselet est
tronqué en devant, avec une corne de chaque côté. Les
étuis sont profondément striés (i).
Ainsi queles lamellicornesdes sections suivantes , les der-
niers coprophages ont tous les pieds insérés à égale dis-
tance les uns des autres, et un écusson très distinct. Les
palpes labiaux sont glabres ou peu velus , avec le troisième
et dernier article plus grand ou plus long au moins qine les
précédents. Les élytres enveloppent entièrement le pourtour
de l'abdomen , ou lui forment une voûte, caractère qui les
rapproche des scarabéïdes de la section suivante. Ces insec-
tes ont d'ailleurs les plus grands rapports ; quant aux an-
tennes et aux pattes, avec ceux du sous -genre précédent;
intitulé Hora: entomolog. , I, pars I, p. 12^. Il y rapporte les Scarabées
suivants d'Olivier : bellicosus, lancifer, Jasius, Mimas, Belzebut, festisvus,
carnifex , etc.
(1) Les Copris : slnlenor, Hamadryas, Midas, gigas, bucephaius, rno-
lossus, hispanus , ne/netrinus, nemestrinus, sabœus , Jachus, etc., de Fa-
bricius; V Attuclius Tmolus de M. Fischer ( Entom. de la Russ. , I , vin ,
1 , '2) est un Copris.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. OÔ9
mais les différences sexuelles sont moins prononcées , et ne
consistent souvent qu'en de simples petites éminences, eu
forme de tubercules. Tous ces coprophages sont d'ailleurs
de petite taille. Plusieurs espèces paraissent dès les premiers
jours du printemps. Ils composent deux sous-genre.
Les Aphodi.es. (Aphodius. Uig., Fab. — Scarabœus. Lin. -,
Geoff. — Copris. 01 iv. )
Le dernier article des palpes est cylindrique 5 celui des
labiaux est un peu plus grêle que les précédents, ou du moins
pas plus gros. Les mâchoires n'ont point au côté interne
d'appendice ou de lobe corné et denté. Le corps est rare-
ment court, avec l'abdomen très bombé, et lorsqu'il offre
ces caractères , le corselet n'est point sillonné transversa-
lement.
\JA. du fumier (S. fime tarins , Lin.; Panz., Faun.
insect. Germ.; XXXI , 2 ) , long de trois lignes, noir, avec
les étuis et une tache de chaque côté du corselet , fauves ;
trois tubercules sur la tête; des stries ponctuées sur les
élytres(i).
Les Psammodies. ( Psammodius. Gyll. )
Dont le dernier article des palpes est presque ovalaire, et
le plus long et le plus épais de tous, et dont le lobe interne
des mâchoires est corné et divisé en deux dents. Le corps
est court, avec le corselet sillonné transversalement et l'ab-
domen renflé ('2).
(1) Voyez Schœnh. , Synon. insect., I, r, p. 66 j Panz., Incl.
entoin , p. 7.
(-.*) Je n'y rapporte que le Psammodius sulcicollis de M. GylienhaU
(Insect, Suec. , I , p. 9). Les autres espèces , la première exceptée {voyez
,'Egialce), sont de vrais Aphodies. Voyez l'Encyclope'die méthod. ,
article Psammodie.
Le genre Euparie (Euparia) e'tabli dans rEncyclope'die méthodique ,
par MM. Lepeletier etServille, appartient, sans aucun doute, à cette
section; mais comme ils ne l'ont point signalé complètement, et que je
n'ai point vu l'espèce servant de type , je ne puis assigner sa place. Selon
eux, les côtes de la tète sont dilate's, et forment un triangle. Les angles
postérieurs du corselet sont écîuinerés, et les angles numéraux des élytres
54o INSECTES COLÉOPTÈRES.
Ce sous-genre nous conduit naturellement au premier de
la section suivante, celle des Arénicoles {Arenicoli). Ces sca-
rabéïdes sont, avec les apbodies et les psammodies , les
seuls dont les élytres recouvrent entièrement l'extrémité
postérieure de l'abdomen , de sorte que l'anus est caché ;
mais plusieurs caractères les distinguent de ceux-ci. Le labre
est coriace et déborde le plus souvent le chaperon. Les man-
dibules sont cornées, ordinairement saillantes et arquées.
Le lobe terminant les mâchoires est droit et point courbé
en dedans. Le troisième et dernier article des palpes labiaux
est toujours très distinct, et presque aussi long au moins
que le précédent. Quelques-uns exceptés , les antennes sont
composées de dix ou onze articles.
Ces coléoptères vivent aussi de fiente, creusent des trous
profonds dans la terre, volent plus spécialement le soir, après
le coucher du soleil, et contrefont les morts, lorsqu'ou les
prend à la main. M. Léon Dufour nous apprend que le
canal digestif des géotrupes , l'un des principaux sous-genres
de cette section , a un peu moins d'étendue que celui des
Copris , et que le ventricule chiiifique n'offre aucun vestige
de papilles (Annal, des se. natur. y lil , p. iZ!±).
Ici {Geotrupides , Mac L.) !a lèvre est terminée par deux
lobes ou languettes saillantes; les mandibules sont générale
meut saillantes et arquées; le labre est en tout ou en partie
découvert; les antennes sont composées, dans le plus grand
nombre, de onze articles. Le corps est noir ou rougeâtre,
avec les élytres lisses ou simplement striées. Les mâles ont
le plus souvent des saillies en forme de cornes, ou ds(
fèrent extérieurement, par d'autres caractères, des indivi-
dus de l'autre sexe. Ces insectes se nourrisent plus particu •
lièrement de matières excrémentielles.
Les uns ont neuf articles aux antennes.
Les AEgialtes. (AEgialia. Latr. — Aphodius. Fab.)
Ont le labre très court, transversal, à peine apparent, en
sont prolongés eu avant, en manière de pointe. La seule espèce indiquée
e&lVJE. marron (Castane a). Ces caractères et la couleur même me font
soupçonner que ce genre est très voisin de celui d'Euryslerne de M. Dai-
man , dont nous avons parlé.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 5/|.1
lier * les mandibules terminées en pointe bifide; le lobe in-
terne des mâchoires corné et bidenté; le corps court, renflé,
avec le corselet transversal et l'abdomen gibbeux; les quatre
jambes postérieures épaisses , incisées , et dont les deux der-
nières terminées par deux éperons comprimés, presque
elliptiques ou en forme de spatule; les deux antérieures
n'ont pointde dent au côté interne; les cuisses postérieures
sont plus fortes (i).
Les Chirons. (Chiron. Mac L. — Diosomus. Daim. — Sino-
dendron. Fab.)
Se rapprochent , par la massue des antennes, plutôt semi-
pectinée que feuilletée, des lamellicornes de la seconde
tribu , et y ont en effet été placés par M. Mac Leay fils; mais
ils appartiennent, par l'ensemble des autres caractères, à la
présente section. Leur labre est entièrement découvert,
grand , cilié et quadridenté. Leurs mandibules sont robustes,
en forme de triangle alongé, avec deux dents au côté in-
terne. Les deux lobes maxillaires sont coriaces et inermes.
Le corps est étroit, alongé , presque cylindrique, avec le
corselet longitudinal , séparé de l'abdomen par un profond
étranglement; l'abdomen alongé, et les jambes antérieures
larges, digitées, et munies, au côté interne, à la suite de
l'éperon, d'une dent soyeuse au bout. Les cuisses ont une
forme lenticulaire, et les antérieures sont plus grandes.
L'extrémité antérieure de la tête offre une rangée transverse
de petits tubercules (2).
D'autres ont onze (3) articles aux antennes.
(1) Psammodius arenarius , GylJ. , Insect. Suec. , I , pag. 6; Scara-
bœus globosus , Panz. , Faun. insect. Gerin. , XXXVII, -i ; Aphodius
arenarius , Fab.
(2) Sino 'endron digilatutn , Fab. 5 Chiron digitalus , Mac L. , Hor. en=
lorn. I , pars 1, pag. 107 ; Diasomus digitatus , Daim., Ephem. entom. ,
I , pag. 4.
(3) Cette supputation est quelquefois douteuse, attendu qu'il n'est pas
toujours facile de distinguer l'article qui précède la massue , et qu'il
peut, en apparence, se confondre avec le premier de cette massue. La
base du second forme aussi une sorte de nœud ou de rotule , que Ton
peut prendre pour un article.
5^2 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Quelques-uns sont distingués de tous les autres par la
massue en cône renversé, et composée d'articles ou de feuil-
lets contournés en manière d'entonnoir et emboîtés concen-
triquement ; et par leurs mandibules entièrement dentées en
scie au côté interne , offrant en dessous , surtout dans les
mâles , un avancement ou corne. Le corselet est très échan-
cré en devant , dans ces individus, avec les angles antérieurs
très prolongés en avant. L'abdomen est fort court , presque
semi-circulaire, et les dernières pattes sont peu éloignées de
son extrémité. Les palpes labiaux sont un peu plus longs que
les autres, avec le second article alongé et les deux autres
presque d'égale longueur. Les mâchoires sont munies inté-
rieurement de poils et de cils en forme de petites épines ;
leur lobe terminal est étroit et alongé. Le menton est en
forme de triangle, tronqué transversalement à son extrémité.
Tels sont
Les Léthrus. (Lethrus. Scopv Fab. )
Dont les espèces, en très petit nombre, sont propres à la
Hongrie et aux contrées occidentales de la Russie.
Le Léthrus céphalote ( Lethrus cephalotes , Fab.; Fisch.,
Entom. de la Russ., 1. p. i33, XIII, i ) , distingué des au-
tres espèces par sa couleur entièrement noire, son cor-
selet et ses élytres lisses, est , suivant le célèbre profes-
seur Gothelf Fischer , un animal très nuisible aux
endroits cultivés , parce qu'il cherche de préférence les
gemmes ou feuilles à peine apparentes , et les coupe net-
tement avec les pinces tranchantes de ses mandibules.
C'est pourquoi on l'appelle en Hongrie, où il fait beau-
coup de mal aux vignes , coupeur , schneider, La poitrine
avançant beaucoup au-dessous del'abdomen, et les pattes
dederrière paraissant être insérées près de l'anus, il grimpe
très bien, et fait son chemin de retour en reculant. Après
avoir coupé le cœur d'une plante, il recule comme une
écrevisse, portant sa proie dans chaque trou. Chaque trou
creusé dans la terre est occupé par paire; mais du temps
de l'accouplement, il se montre souvent un mâie étran-
ger qui désire y être admis. La se livre un combat véhé-
ment, durant lequel la femelle, ferme l'entrée du trou
et pousse toujours le mâle du derrière. Ce combat ne
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 54-5
cesse qu'avec la mort ou la fuite du mâle étranger. Ce
savant en décrit trois autres espèces, inconnues avant lui
(Ibid., p. i36-i4o).
Tous les autres arénicoles ont la massue des antennes
composée de feuillets de forme ordinaire, et appliqués les
uns sur les autres dans un même sens , ou comme ceux d'un
livre. Ils composent notre sous-genre de Géotrupe (Geo-
irupes ) , ou celui de Scarabée ( Scarabœus ), de Fabricius, et
dont on a détaché depuis les sous-genres suivants.
Ceux dont la massue des antennes est ovale ou ovoïde, et
dont tous les feuillets ont, même dans la contraction , leurs
tranches ou bords totalement ou partiellement découvertes,
en composent deux.
Les Geotrupes proprement dits. (Geotrupes. Lat. )
Ont le labre en carré transversal _, entier ou simplement
denté; les mandibules arquées , très comprimées, dentées à
leur extrémité et souvent sinueuses au côté extérieur; les
mâchoires garnies d'une frange très épaisse de poils; le der-
nier article de leurs palpes guère plus grand que le précé-
dent, mais le même des labiaux plus grand ; le menton pro-
fondément échancré; les jambes antérieures alongées, avec
un grand nombre de dents au côté extérieur, et un seul épe-
ron ou épine à leur extrémité interne; et le chaperon en
forme de lozange.
Tantôt les mâles ont le corselet armé de cornes. Ce sont
les ceratophyus de M. Fischer, ou les armidens de M. Zié-
gîer.
Le G. phalangiste (S. typhœus , Lin.; Oliv., col. 1,3,
vu, 52 ), noir; trois cornes avancées, en forme de pointes,
et dont l'intermédiaire pins courte, au-devant du corse-
let du mâle. Etuis striés. Dans les lieux sablonneux et
élevés.
Le G. momus ( S. mpmus , Fab. ), découvert en Espa-
gne par M. le comte Dejean , diffère du précédent par ses
élvtres lisses, et lui ressemble pour le reste.
Le G. dispar mâle ( Ceratophyus dispar, Fisch., Entom.
de laRuss., il, xvin), espèce que l'on trouve en Italie et
en Russie, a une corne sur la tête et sur le corselet.
544 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Tantôt les deux sexes sont dépourvus de cornes. Ce sont
les géotrupes propres.
Le G. stercoraire (Scarabœus stercorarius , Lin. ; 01 iv. ,
ib.y V,3o,), d'un noir luisant ou d'un vert foncé en dessus,
violet ou d'un vert doré en dessous; un tubercule sur le
vertex ; des raies pointillées surles élytres , les intervalles
lisses; deux dentelures à la base des cuisses postérieures.
Le G. printanier { S . vernalis, Lin.; Oliv., ibid., iv, fi3),
plus court que le précédent, se rapprochant de la Forme
hémisphérique, d'un noir violet ou bleu, avec les anten-
nes noires et les élvtres lisses.
•1
Les Ochodées. (Ochod^us. Meg. — Melolontha. Fab.)
Ont le labre fortement échancré et presque en forme de
cœur tronqué postérieurement; les mandibules en forme
de triangle alongé, et dont l'une, terminée en une pointe
simple, avec une entaille en dessous, et l'autre par deux
dents obtuses; le lobe extérieur des mâchoires bordé de pe-
tites épines ou de gros cils, crochus au bout, avec deux pe-
tites dents cornées et égales, internes ; l'autre lobe, ou l'in-
terne, formé d'un pinceau de soies et rétréci en pointe; le
dernier article de leurs palpes beaucoup plus long que le
précédent, cylindrique; le second des palpes labiaux plus
grand que les aunes, et le suivant ou dernier en ovoïde
tronqué. Les jambes antérieures n'ont que deux dents au
côté extérieur, et l'extrémité du côté opposé ou l'interne a
deux épines, dont l'inférieure plus petite. Le corps est pro-
portionnellement moins élevé que celui des autres géotru-
pes et sans cornes (1).
Les géotrupes où la massue des antennes est grande, or-
biculaire ou presque globuleuse, et dont le premier et le
dernier feuillet enveloppent entièrement, dans la contrac-
tion, l'intermédiaire ou le dixième, ou lui formant une
sorte de boîte, composant trois autres sous-genres.
Celui d'ÀTHYREE. (\THYREUS.MaC L.)
Se rapproche des coprophages par ses pattes intér-
êt) Mclolontlut chrj somelina , Fab.; Panz., Faun. insect. Genn.
XXXTV,2.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 545
médianes plus écartées à leur naissance que les au-
tres (r).
Les Eléphastomes. (Elephastomus. Mac L. )
Sont remarquables par leur chaperon dilaté de chaque
côté et prolongé , en devant, dans leur milieu, en une lame
presque carrée, plus épaisse et fourchue au bout* en outre,
par la longueur de leurs palpes maxillaires, qui est presque
triple de celle des labiaux. Le menton est profondément
éch ancré, et les deux mandibules sont dentées à leur extré-
mité (2).
Les BolbocÈres. (Bolboceras. Kirb. — Odontceus. Ziégl.
— Scarabœus. Lin. , Fab.) ^
Où, comme dans les ochodées, dont ils se rapprochent
beaucoup, l'une des mandibules est simple et l'autre bi-
dentée au bout ; où les palpes maxillaires ne sont guère
plus longs que les labiaux, et dont le menton n'offre point
d'échancrure.
Nous en avons une espèce en France, celle qu'on a
nommée Mobillcorne (S. mobilicornis , Fab. ; Panz., Faun.
insect.; Germ., XII, 2), elle est petite, noire en dessus,
fauve en dessous, avec une corne très longue, linéaire ,
un peu recourbée et mobile, sur la tête; le corselet pro-
fondément ponctué, canal iculé au milieu, et muni anté-
rieurement de quatre tubercules. Les ély très ont des stries
pointiilées. Son corps est quelquefois entièrement fauve
( S. testaceus , Fab. ).
L'un des fils du célèbre voyageur et ornithologiste Le Vail-
lant a remarqué que les grenouilles et les crapauds étaient
très friands de cet insecte, et il s'en est procuré un grand
nombre d'individus en éventrant ces reptiles (3).
Notre première division des scarabéïdes arénicoles se
terminera par ceux dont les antennes, ainsi que dans iaplu-
(1) Horae entomol. , I , 1 , p. 1 23.
(2) Ibid., p. I2i ; Scarabœus proboscideus, Schreib. , Trans. lin. Soc,
VI, p. 189.
(3) Bolboceras Australaslœ , Kirb. , Trans. linn. Soc. , XIÏ, xxm , 5 ,
— les Scarabées quaâridëks , cyclops , lazarus, de Fabricius.
TOME ÏY. 55
546 INSECTES COLÉOPTÈRES.
part des autres scarabéïdes venant après , ont dix articles
aux antennes.
Le dernier article de leurs palpes est alongé. Les lobes
maxillaires sont membraneux. Le labre est moins saillant
que dans les précédents ou peu avancé. Les mandibules ne
sont point ou que très peu dentées. Le chaperon est court,
soit arqué et arrondi, soit avancé en manière d'angle. Ces
insectes sont tous très petits, avec le corselet sans cornes.
Les Hybosores. (Hybosorus. MacL. — Scarabœus , geotrupes.
Fab. )
Le premier article de leurs antennes est en forme de cône
renversé et alongé , et l'article intermédiaire delà massue
est enveloppé entièrement par les deux autres, ainsi que
dans les derniers sous-genres. Les jambes sont étroites et
alongées. Le chaperon est arrondi par devant (i). •
Les AcanthocÈres. ( Acanthocerus. Mac L.')
Les antennes ont leur premier article fort grand, dilaté
supérieurement, en forme de lame , et les bords du feuillet
intermédiaire de la massue, lorsqu'elle est pliée, décou-
verts. Les jambes, surtout les quatre dernières , sont lamel-
liformes et recouvrent les tarses, repliés sur elles dans la
contraction des pieds. Le chaperon va en pointe ou se ter-
mine par un angle. Le corselet est presque semi-lunaire (2).
Là, ou dans notre seconde division des arénicoles ( Trogt-
des , Mac L.) , les antennes, guères plus longues que la tête,
sont toujours composées de dix articles, dont le premier
grand et très velu. La languette est entièrement cachée par
le menton. Le labre et les mandibules sont peu découverts;
ces dernières parties sont épaisses. Les palpes sont courts.
Le menton est très velu. Les mâchoires sont armées de dents
au côté interne. Le corps, cendré ou couleur de terre, est
(1) Mac L. , Horae entom. , ï , 1 , p. 120 ; Geotrupes arator, Fab.
(a) Mac L. , ibid. , pag, i36 ; A. œneus, espèce dont je dois la com-
munication à Tun de nos plus habiles ingénieurs constructeurs de la ma-
rine , M. Lefebure de Cerisy, et non moins instruit en Entomologie.
M. Mac Leay rapporte au même genre le Trox._spinicornis de Fab.
FAMÏLLE DES LAMELLlCOilNES. 6/j7
très raboteux ou tuberculeux en dessus. La tête est inclinée,
se termine par un angle ou va en pointe. Le corselet est
court, transversal, sans rebords latéraux, sinueux posté-
rieurement , avec les angles antérieurs avancés. L'abdomen
est grand, bombé, et recouvert par des élytres très dures.
Les pieds antérieurs sont avancés, et leurs cuisses recou-
vrent le dessous de la tête. Ces insectes produisent une stri-
dulation au moyen du frottement réitéré et alternatif du
pédicule du mésothorax, contre les parois internes de la ca-
vité du corselet.
Ces insectes se tiennent dans la terre ou dans le sable, pa-
raissent ronger les racines des végétanx. Ils forment le genre
Trox (Trox.) de Fabricius et d'Olivier.
M. Mac Leay fils en a séparé , sous le nom générique de
Phobere (Phoberus) , ceux dont les côtés du corselet sont
déprimés , dilatés, et bordés d'épines et qui n'ont point
d'ailes. Le bord postérieur du corselet a , de chaque côté , "une
forte échancrure , et le chaperon est arrondi par devant (i).
Une troisième section, celle des Xylophiles (Xylophili) ,
comprendra les géotrupes de Fabricius et quelques-unes de
ses cétoines. Ici l'écusson est toujours distinct, et les ély-
tres ne recouvrent point l'extrémité postérieure de l'abdo-
men. Les crochets des tarses de plusieurs sont inégaux. Les
antennes ont toujours dix articles, dont les trois derniers for-
ment une massue feuilletée, et dont le feuillet intermédiaire
*
(i) Trox horridus , Fab. ; Mac L. , Horœ entom. , ï, 1, p. 137. Les
Trox de Fabricius ne changent point de place. Voyez cet auteur, Oli-
vier et Sehœnher.
Les genres Cryptodus et Mœchldlus , que M. Mac Leay met dans sa
famille des Trogldœ , immédiatement après celui de Phoberus , ont l'ex-
trémité poste'rieure de l'abdomen découverte , et neuf articles aux an-
tennes, caractères qui paraissent les éloigner du Trox. Je soupçonne que
les Mœchidies, à raison de la forme et de iVchancrure du labre, et de
quelques autres caractères , avoisinent les Méiolonthes. Les cryptodes se
distinguent de tous les autres Scarabéïdes par leur menton , qui recouvre
presque entièrement la bouche eu-dessous, et même par les palpes labiaux
situe's , ainsi que la languette , derrière lui. Ces deux genres ont été' éta •
nlis sur des inser'es del'Australasie, et que je n'ai point vus.
55*
5/18 INSECTES COLÉOPTÈRES.
n 'est jamais entièrement caché parles deux autres ou emboîté.
Le labre n'est point saillant, et son extrémité antérieure au
plus est découverte. Les mandibules sont entièrement cor-
nées et débordent latéralement la tête. Les mâchoires
sont cornées ou de consistance solide, droite et ordinaire-
ment doutées. La languette est recouverte par un menton
de forme ovoïde ou triangulaire, rétréci et tronqué à son
extrémité, dont les angles sont souvent dilatés. Tous les
pieds sont insérés à égale distance les uns des autres.
Une première division comprendra les géotrupes deFabri-
cius. Les mâles diffèrent de leurs femelles par des éminences
particulières, sous la forme de cornes, de tubercules, soit
de la tête ou du corselet, soit de ces deux parties , et quel-
quefois aussi par la forme de la dernière. Le chaperon est
petit, triangulaire, soit pointu, soit tronqué ou bidenté
au bout. Le labre est presque toujours entièrement caché.
Ici les mâchoires se terminent par un simple lobe coriace,
crustacé , plus ou moins velu , sans dents* là elles sont en-
tièrement écailleuses, vont en pointe, et n'offrent qu'un
petit nombre de dents, accompagnées de poils. Le menton
est ovoïde ou en triangle tronqué. La poitrine n'offre point
de saillie. Les crochets des tarses sont généralement égaux.
L'écusson est petit ou moyen. Les couleurs tirent sur le noir
ou sur le brun.
Tantôt les mâchoires sont terminées par un lobe coriace
ou crustacé, sans dents, et simplement velu ou muni de cils
spi nul i formes.
Les Oryctes. ( Oryctes. II i g- — Scaràbœus. Lin.)
Dont les pieds diffèrent peu en longueur, et dont les
quatre jambes postérieures sont épaisses, fortement incisées
ou échan crées , avec l'extrémité très évasée, comme étoilée
dans plusieurs.
, L'O. nasicorne ( S. nasicomis , Lin. • Rces. , lï , vi , vu ),
long de quinze lignes, d'un brun marron luisant, avec la
pointe du chaperon tronqué; une corne conique, plus
du moins longue-, arquée en arrière, sur la tête ) devant
du corselet coupé obliquement, avec trois dents ou tu-
bercules à la partie élevée et postérieure de la troncature;
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 54o,
étuis lisses. — 11 vit , ainsi que sa larve, clans les couches
de tan.
On trouve, dans le raidi de l'Europe, une autre espèce,
( G. silenus , Fab.-Oîiv. , coi. i, 3, vm, 6\>, , a — c), plus
petite que la précédente, d'un brun marron plus clair- une
petite corne, recourbée et pointue, sur la tête du mâle;
une excavation profonde au milieu de son corselet; le
dernier article de ses deux tarses antérieurs renflé, avec
deux crochets très inégaux ; élytres finement et vaguement
pointillées(i).
Les Agacéphales. ( Agacephala* Manh. )
Dont les pieds antérieurs, dans les mâles au moins, sont
plus longs que les suivants, et dont les quatre jambes posté-
rieures sont grêles ou peu épaisses, presque cylindriques,
légèrement dilatées à leur extrémité, sans entailles ou inci-
sions latérales profondes.
Le labre est entièrement caché. Le lobe terminant les mâ-
choires est simplement velu. Les antennes ont dix articles,
et c'est par erreur que dans l'Encyclop. méthod. (art. Sca-
rabée ), on ne leur en donne que neuf.
J'en connais deux espèces, et 'l'une et l'autre du Bré-
sil (2).
Tantôt les mâchoires, ordinairement cornées ou écaîlleu
ses, sont plus ou moins dentées.
Les Scarabées proprement dits. (Geotrupes. Fab. )
Ont le corps épais, convexe, et le côté extérieur des man-
dibules sinué ou denté.
(1) Ajoute/ les Geotrupes boas, rhinocéros, stentor, etc., de Fa-
bricius.
Le G. orphnus de M. Mac Leay , établi sur le G. bicolor de Fah. , ne
diffère pas du préce'dent. Le bord antérieur du labre est saillant ou de-
couvert. Les mâchoires sont terminées par un faisceau de cils spinuli-
iormes, arqué extérieurement, avec un lobe cruslacé, triangulaire. La
massue des antennes est presque globuleuse. Son genre Dasygnathus,
qu'il place dans sa famille des Dynastidés, nous est inconnu; mais nous
soupçonnons , d'après l'exposition de ses caractères , qu'il se rapproche
des précédents et du suivant. Les mâchoires ne sont point dentées.
(2) Le G. jfêgeon de Fabricius est peut être congénère.
OOO I1NSECTES COLÉOPTÈRES.
Les contrées équatoriales des deax mondes en fournis-
sent des espèces très remarquables.
Le S. Hercule (S. Hercules , Lin. ) • Oliv. , col. 1,3, i,
xxm, i), long de cinq pouces, noir, avec les étuis
d'un gris verdâtre , mouchetés de noir; le mâle a sur
la tête une corne recourbée et dentée , et une autre lon-
gue, avancée, velue en-dessous, avec une dent, de cha-
que côté, sur le corselet. — Amérique méridionale. Quel-
ques voyageurs l'ont nommé Mouche cornue (i).
Le S. branchu ( S. dichotomus , Oliv., ibid., xvn, i56 ),
d'un brun marron -, une grande corne fourchue et à bran-
ches divisées en deux, sur la tête; une autre plus petite,
courbée et bifide à son extrémité, sur le corselet. Mâle. —
Indes orientales.
Le S. longs-bras (S. longimanus . Lin. ) ; Oliv. , ibid. r
iv, 27 , d'un brun fauve, sans cornes ni tubercules sur la
tête et le corselet. Les deux pieds antérieurs de moitié
pins longs que le corps, et arqués. — Indes orientales.
La France ne. nous offre qu'une seule espèce de ce sous,
genre, îe S*, ponctué ( Oliv. , ibid» , VIII , 70 ) j son corps
est noir, ponctué, sans élévation en forme de corne, dans
aucun sexe. Le chaperon est tronqué en devant, avec les
angles de la troncature un peu relevés , en manière de
dents. Le milieu de la tête offre deux tubercules rappro-
chés {'!).
Les Phileures. (Phileurus. Lat. — Geotrupes. Fab.)
Ne diffèrent des scarabées que par leurs mandibules plus
étroites, sans sinus ni dents au côté externe, et par leur
corps déprimé, et dontîe corselet est dilaté et arrondi sur les '
côtés (3).
•
(ï) Cette espèce estlelype du genre Dynasies de M. Kirby. Le S. Ac~
îteon en forme un autre , celui de Megasoma. Voyez le i4e volume des
Transactions linnéennes.
(2) Les Ge'otrupes deFabricius, à l'exception des espèces pre'citées ,.
formant le G. cryetes , et de celles du genre suivant.
(3) G. dydimus , valgus , (lèpres s us , de Fab. Quelques espèces ine'-
«iliies du Brésil et de Cayenne , ayant quelque analogie avec les Sinoden-
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 55 l
Notre seconde division offre des scarabé'ides très voisins
des précédents, à quelques égards, mais très rapprochés
aussi de divers hannetons et particulièrement des cétoines,
dont ils ont le port extérieur, mais dont l'organisation buc-
caleest différente; c'est même avecellesque Fabricius etOIi-
vier ont placé la plupart de ces insectes. Leur corps est gé-
néralement plus court, plus arrondi, plus lisse que celui
des scarabées, et orné de couleurs brillantes. La tête et le
corselet sont identiques et sans éminences particulières dans
les deux sexes. Le bord antérieur du labre est presque tou-
jours découvert ou apparent. Les mâchoires sont entière-
ment écailleuses , comme tronquées au bout, avec cinq à
six fortes dents au côté interne. Le menton est proportion-
nellement plus court et plus large que celui des mêmes co-
léoptères, et moins rétréci supérieurement. Le mésosler-
num se prolonge souvent en manière de corne ou de pointe
mousse entre les secondes pattes et au-delà. L'écussou est
ordinairement grand. Les crochets des tarses sont commu
nément inégaux. Un petit nombre excepté, ces xylophiles
sont particuliers aux contrées équatoriales du nouveau con-
tinent.
Ici , de même que dans tous les scarabé'ides précédents ,
l'on ne voit point entre les angles postérieurs du corselet et
les extérieurs de la base des élytres de pièce axillaire (i),
remplissant le vide compris entre ces parties.
Exposons d'abord les sous-genres où le milieu de la poi-
trine ne présente aucun prolongement, en manière de pointe ,
ou de corne.
Les Héxodons. ( Iîexodon. Oliv., Fab. )
Leur corps est presque orbiculaire , plan en dessous ,
drons, ont le corps plus épais, et lient les Phileures avec nos Scarabées
ou les Géotr upes de Fabricius , genre dont l'étude n'a pas été assez appro-
fondie , sous le rapport de l'organisation buccale.
()) Pièce latérale du mésosternum, plus grande et plus épaisse que
d'ordinaire, et cpii répond peut-être à cette petite écaille arrondie, nom-
mée Tégule par quelques auteurs, que l'on voit à l'origine des ailes supé-
rieures des Hyménoptères. Voyez, à cet égard, le Mémoire de M. Au-
douin sur le thorax des insectes.
552 INSECTES COLÉOPTEUES.
avec la tête carrée, reçue dans une échancrure profonde du
corselet, le bord exte'rieur des élytres dilaté, et précédé
d'une gouttière, les pieds grêles, et les crochets des tarses
très petits, égaux.
Le labre n'est point apparent. La massue des antennes est
petite. Les mâchoires sont fortement dentées (i).
Les Cyclocephales. ( Cyclocephala. Latr. — Chalepus.
Mac L. — Melolontha. Fab.)
Ont le corps ovoïde , avec la tête dégagée , les élytres fai-
blement rebordées, sans dilatation ni gouttière latérales , et
les tarses antérieurs terminés par un article en massue , à
crochets inégaux, l'un et l'autre bifides.
Le bord antérieur du labre est apparent. Les mandibules
sont étroites, sans échancrure ou sinus notable au côté exté-
rieur, et peu débordantes (2).
Dans les sous-genres suivants , le sternum s'avance en
pointe conique, plus ou moins longue, pointue ou arron-
die au bout , entre les secondes pattes.
Le bord antérieur du labre est toujours apparent. Les man-
dibules sont ordinairement crénelées ou dentées au côlé
extérieur. Les crochets des tarses sont inégaux.
Les Chrysophores3 (Chrysophora. Dej.)
Dont les mâles ont les pieds postérieurs très grands , avec
les cuisses grosses, les jambes arquées et terminées à l'angle
interne en une pointe très forte (3).
(1) Voyez Olivier et Latr. , Gêner, crust., II, p. 106.
(2) Les Me'lolonthes geminata , barbata , castanea , signala , ferru-
gïnea , melanocephala , pallens , etc. , de Fabricius. Dans les premières,
les mandibules sont fortes, arquées et crochues au bout. Celles des M. si-
gnala , melanocephala , etc , sont plus petites , droites , tronque'es ou
obtuses au bout Les sommités des mâchoires et du menton sont , en
outre, garnies de poils. On pourrait, d'après cela, former avec ces es-
pèces et leurs analogues, un sous-genre propre. Tous ces insectes sont de
l'Amérique méridionale.
(3) Melolontha chrysochlora , Latr.; Voy. de MM. Humb. et Bonpl. ,
II, xv, 1, fem.1, 2 mâle; — Scarabœus macropus , Shaw., Nat. mis. ,,
CCCLXXX, iv.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 555
Les Rutèles. ( Rutela. Latr. — Rutela, pelidnota. Mac L.,
Rirb. — Oplognathus. Rirb., Mac L. )
Dont les pattes ne diffèrent point notablement sous le
rapport des proportions, dans les deux sexes ; dont le men-
ton est presque isométrique; où l'écusson est petit ou de
grandeur moyenne, et où la pointe sternale est courte, n'at-
teignant pas l'origne des deux pieds antérieurs. Le corps est
ovoïde ou ovalaire (i).
Les Macraspis. (Mac lASPis.Mae L. — Cetonia. Fab.)
Qui diffèrent des rutèles, sous le rapport des proportions
du menton , qui est sensiblement plus long que large; de la
forme courte et arrondie du corps ; de la longueur de l'écus-
son, égalantau moins le tiers de celle desélytres, etdecellede
la pointe sternale, dont l'extrémité atteint ou dépasse la nais-
sance des deux pieds antérieurs. Les mandibules sont pres-
que triangulaires, avec l'extrémité pointue et échancrée. Les
mâchoires ont plusieurs dents. Le menton est en forme de
carré alongé, légèrement rétréci près de son extrémité supé-
rieure, et sans cils à son bord supérieur. L'un des crochets
des tarses ou des quatre antérieurs au moins est bifide, et
l'autre entier (2).
Les Chasmodies. (Chasmodia. MacL.)
Semblables aux macraspidespar la forme générale du corps,
les proportions de l'écusson et de la pointe sternale, mais
dont les mandibules, plus étroites, ont l'extrémité obtuse et
entière; où les mâchoires n'on.t que deux dents, avec un
pinceau de cils; et dont le menton est en forme d'ovoïde
alongé , notablement rétréci vers son extrémité supérieure,
avec son bord garni de cils. Tous les crochets des tarses sont
en outre entiers (3).
(1) Voyez le Catal de la coll. de M. le comle Dejean; M. Mac Leay
fils , Horae entomol., I, pars J, et l'article Rutèle de l'Encyclop. metliod»
Les caractères des G. pelidnota et oplognathus ne me paraissent point
suffisamment tranchés.
(2) Item , ibid.
(3) Voyez l'article Rutèle de TEncyclop. method. , et l'ouvrage pré-
rite de M. Mac Lcay fils.
55/|. INSECTES COLÉOPTÈRES.
Là, une pièce axillaire ( la même que celle que l'on voit
à la même place dans les cétoines ou celle que M. Audouin
nomme épimère) remplit le vide compris entre les angles
postérieurs du corselet, et les extérieurs de la base des
élytres.
Les Ométis. ( Ométis. Latr. ) (i).
Le genre melolontha de Fabricius composera nos qua-
trième et cinquième sections.
La quatrième, celle des Phyllophages [phyllophagi) , est
formée de scarabéïdes très rapprochés de ceux des derniers
sous-genres; mais les mandibules sont recouvertes en dessus
par le chaperon, et cachées en dessous par les mâchoires; leur
côté extérieur est seul à découvert, sans déborder néanmoins;
elles n'offrent point extérieurement les si nus ou les dentelures
que Ton y observe dans les rutèles etautressous-genres analo-
gues. La tranche antérieure du labre est à découvert, et tantôt
sous la figure d'un triangle renversé et large, et tantôt et le
plus souventsous la forme d'une laine transverse, échancrée
dans son milieu. Le nombre des articles des antennes n'est
point constant , et varie de huit à dix; il en est de même de
ceux de la massue, et dans plusieurs, les deux sexes dif-
fèrent beaucoup à cet égard. La languette est entièrement
recouverte par le menton, ou incorporée avec sa face anté-
rieure, et les élytres se joignent entièrement tout le long
de la suture, caractères qui distinguent ces insectes de ceux
de la cinquième section.
La famille des anoplognathidesdeM. Mac Leav, etquelques
autres sous-genres, très voisins de quelques-uns de ceux
de la section précédente, composeront notre première divi-
sion. Le chaperon est épaissi antérieurement, et forme avec
le labre ou seul , une facette verticale, en triangle renversé,
et dont la pointe s'appuie sur le menton. Cette dernière
pièce est tantôt presque ovoïde, très velue, avec l'extrémité
(i) Rutela cetonioides , Encyclop. nie'thod. ; — Rutela cerata, Gerra. ;
■ — Anisoplia hislrio ? Dej. , mais antennes de neuf articles.
Ce sous-^enre semble lier ces insectes et les précédents avec les
Cétoines.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 555
soit arrondie, soit tronquée et sans échancrure; tantôt en
carré transversal, avec le milieu du bord supérieur prolongé
en manière de dent simple , ou.échancré. Les mâchoires des
uns se terminent par un lobe coriace ou membraneux, très
velu , sans dents , ou n'en ayant que de très petites, et situées
près du milieu du bord interne j celles des autres sont en-
tièrement cornées , ressemblent à des mandibules, soit tron-
quées ou obtuses et entières au bout, soit terminées par
deux ou trois dents.
Ceux dont le menton est presque ovoïde et très velu, et
dont les mâchoires se terminent par un lobe triangulaire, pa-
reillement velu , sans dents ou n'en ayant que de très petites,
et situées près du milieu de son bord interne, forment deux
sous-genres (i).
Les Pachypes ( Pachypus. Dej. — Geotrupes , Melolontha.
Fab. )
Les antennes des mâles n'ont que huit articles, dont les
cinq derniers composent la massue. Les mandibules sont en
forme de feuillets très minces, triangulaires, alougés, et en-
tièrement cachés, ainsi que le labre. Le lobe terminal des
mâchoires est très petit, à peine distinct, sans dents. Le men-
ton est très proéminent, avancé et arrondi au sommet. Le
dernier article des palpes est le plus long de tous, presque
cylindrique.
Le corps est épais, avec le chaperon demi circulaire, creusé
en dessus en manière de corbeille, et distingué postérieure-
ment du vertex par une carène transverse. Le corselet des
mâles est excavé et armé en devant d'une corne ) les quatre
jambes postérieures sont fortes, incisées profondément en
travers, avec leur extrémité évasée et couronnée d'une
rangée de petites épines ; les éperons sont grands. Les tarses
sont longs, grêles, velus, et terminés par deux crochets
petits, égaux et simples.
Aux antennes et à la forme du chaperon près, ce sous-
genre se rapproche beaucoup plus des oryctès que des han-
netons (2).
(1) Le sternum n'offre aucune saillie.
(2) Geotrupes excavatus , Fab. , mâle; Melolontha cornula , Oliv. ,
55f) INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Amblyteres. ( Amblyteres. Mac L. )
Ont dix articles aux antennes, dont les trois derniers
composent la massue. Le labre est découvert et lobé. Les
mandibules sont fortes et écaiileuses. Le lobe maxillaire est
de grandeur moyenne et armé de dents cornées au côté in-
terne. Le milieu de l'extrémité supérieure du menton est un
peu prolongé, tronqué , avec les angles arrondis et portant
les palpes ; leur dernier article est ovoïde, le même des mâ-
choires est fort alongé et presque cylindrique. L'écusson est
grand (i).
Dans les autres sous-genres de la même division , le men-
ton est en carré transversal, avec le milieu du bord supé-
rieur avancé en manière de dent, entier ou échancré. Les
mâchoires sont entièrement cornées, ressemblent à des man-
dibules, terminées par une forte dent, penchée, alongée,
soit entière et très obtuse au bout , soit divisée à sou extré-
mité en deux oti trois pointes. Les mandibules sont tou-
jours écaille uses et robustes. Le labre est à découvert.
Les uns, et propres à TAustralasie, ont une pointe steï-
nale, et les crochets des tarses entiers et inégaux. Tels sont
Les Anoplognathes. ( Anoplognathus. Repsimus. Leach. )
Les antennes sont composées de dix articles, et l'extrémité
des mâchoires est tronquée ou obtuse et entière. Ces in-
sectes sont généralement assez grands et ornés de belles
couleurs (2).
cal. I, 5, vu, 7 4 1 a» b, mâle ; Scarabœus candidœ , Petag. , Iusect.
Calab. , I, 6; a, b, mâle; var. noire, observée aussi en Corse par
M. Peyraudeau et ensuite en Sicile par M. Lefèvre ; — M. atriplicis ,
Fab. , femelle d'une autre espèce.
(i) Mac L. , Horse entom. , I, pars I , p. 142. Ce savant ne parle point
des crochets des tarses , ni des différences sexuelles. D'après la description
de l'espèce servant de type , le corselet n'aurait point de cornes ; les
jambes antérieures ont trois dents au côté extérieur ; on n'en voit que
deux aux mêmes des Pacliypes.
(2) J^oyez Mac Leay fils , Horœ eiitomol. , I, pars I , p. i43, et le
12e vol. des Trans. de la Soc. linn. , p. 401 et 4<>5.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 557
Les autres, et propres aux pays chauds des deux conti-
nents, n'ont point de saillie sternalej les crochets des tarses,
ou l'un d'eux, sont bifides ; leurs mâchoires se terminent
souvent par deux ou trois dents.
Tantôt les antennes ont dix articles, et l'extrémité supé-
rieure des mâchoires est entière ou tout au plus échancrée
ou bidentée.
Les Leucothyrees. ( Leucothyreus. Mac L. )
Où l'un des crochets tarsiers est entier et l'autre bifide.
Les tarses, ou du moins les antérieurs, sont garnis de
brosses en dessous j ceux-ci sont dilatés dans les mâles. Le
dessous de leur tète est plus velu que dans l'autre sexe (i).
Les Âpogomes. (Apogonia, Kirb. , Mac L. )
Où tous les crochets des tarses sont bifides (2).
Tantôt les antennes n'ont que neuf articles, et l'extrémité
des mâchoires offre trois dents.
Les Geniates. ( Geniates. Kirb. )
L'extrémité des mandibules est échancrée. Le menton des
mâles offre en dessous une espèce de brosse circulaire, for-
mée de poils très serrés, plane ou comme coupée en ma-
nière de vergette. Les quatre premiers articles de leurs
tarses antérieurs sont dilatés et garnis de brosses en dessous.
L'un des crochets de tous les tarses est entier, et l'autre
bifide. L'antérieur des deux premiers est accompagné à sa
base, d'une lame cornée, échancrée inférieu.rement, arrondie
au bout, formant une espèce d'ergot (3).
(t) Mac L. , Hor. entom. , I , pars I , p. i45; — Melolontha sulcicollisy
Germ. inscct. Spes nov. , p. 124.
(2) Kirb. , Trans. linn. Soc. , XII , p. 4°i; — A. gemellala , ejusd. ,
ibid. XXI , 9.
(3) Kirb., ibid., p. 4OIî — Géniales barbatus, ibid. , xxxi , S. Les
Méiolonthes obscura , lânata de Fabricius , l'espèce nommée nigrifons
par M. Stevens , et décrite dans la Synon. des insect de M. Schœnh.
(1,3, app. 1 1 5) , et probablement d'autres espèces , paraissent devoir
former un sous-genre propre, voisin de celui de Géniale , mais à tarses
non dilatés.
558 INSECTES COLKOPTÈRES.
Une seconde division des xylophiles, et qui comprendra
la famille des mélolonthides de M. Mac Leay fils, nous offre
les caractères suivants : le labre est en forme de feuillet
transversal, et le plus souvent fortement échancré en des-
sous, dans son milieu 7 de sorte que vu en. devant , il a pres-
que la figure d'un cœur renversé et à demi tronqué. Le
menton est aussi long ou plus long que large , un peu rétréci
avant le sommet, soit presque carré, soit presque en forme
de cœur; son bord supérieur est droit, ou plus ou moins
échancré ou concave dans son milieu, mais sans dilatation
en forme de dent. Les mâchoires sont ordinairement écail-
leuses et armées de plusieurs ( 5 à 6 communément ) dents.
On peut partager cette division en deux coupes, dont
l'une embrassera le G. melolontha de Fabricius , tel qu'I-
liger et moi l'avions restreint; et l'autre, celui à'hoplia de
ce dernier. La première de ces subdivisions pourrait con-
server le nom de mélolonthides , et l'autre recevoir celui
û'hoplides.
Nous signalerons ainsi la première. Nombre des feuillets
complets de la massue de plus de trois dans plusieurs. Corps
ordinairement épais. Mandibules fortes, entièrement ou en
majeure partie cornées, n'offrant au plus, qu'un appendice
membraneux et velu, situé dans la concavité ou l'échan-
crure du côté interne; l'extrémité supérieure fortement
tronquée, avec deux ou trois dents ou saillies angulaires.
Tous les tarses terminés par deux crochets ; le premier article
des deux antérieurs point prolongé inférieurement en un
appendice crochu. Labre ordinairement apparent. Dents
maxillaires robustes.
Les espèces de melolonthes de Fabricius qui formeront le
sous-genre
De. Hanneton proprement dit (Melolontha. Fab.)
Ont les antennes de dix articles, dont les cinq ou sept der-
niers , dans les maies, et les six ou quatre derniers dans les
femelles, composent la massue. Lelabreest épaiset fortement
échancré en dessous. Tous les crochets des tarses sont égaux,
terminés en une pointe entière et simplement unide:jtés
à leur base. L'extrémité postérieure de l'abdomen finit Je
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 55q
plus souvent en pointe ou en un stylet , du moins dans les
mâles.
. Parmi les espèces où la massue antennaire est de sept
feuillets dans les mâles et de six dans l'autre sexe, nous ci-
terons:
Le H. foulon (Scarabœus fullo , Lin. ; Oliv. 7 col. 1,5,
m, 28 ) , long d'environ un pouce et demi, brun ou noi-
râtre, avec trois lignes sur le corselet, deux taches ovoï-
des à l'écusson,fet beaucoup d'autres, irrégulières, sur les
élytres, blanches. La massue des antennes du mâle est très
grande.
On le trouve sur les côtes maritimes, dans les dunes.
Le H. ordinaire (S. melolontha , Lin.; Oliv., ibid., 1, 1,
a — d.) (1), noir, velu, avec les antennes, le bord anté-
rieur du chaperon, les élytres et la majeure partie des
pieds , d'un bai rougeâtre. Corselet un peu dilaté et inar-
qué d'une impression , vers le milieu de ses bords laté-
raux, tantôt noir, tantôt rouge. Quatre lignes élevées sur
les élytres, dont le bord extérieur est de la couleur du
fond. Des taches triangulaires blanches sur les côtés de
lJabdomen. Stylet anal rétréci insensiblement en pointe.
Le H.de Y Hippocastanum {M. Hippocastani ,Fab.; Oliv.,
ibid., I, 3, a, b, c), qu'on avait d'abord confondu avec le
précédent, est un peu plus petit, plus court , plus con-
vexe, avec les élytres bordées de noir, le stylet anal pro-
portionnellement plus court et resserré avant l'extrémité,
qui paraît ainsi plus largcet obtuse.
Le tube alimentaire du hanneton commun est, suivant
M. Dufour (Annal, des se. natur. , III, p. '234), moins étendu
que celui des bousiers, mais à parois plus robustes. Le ven-
tricule chylifique est tout-à-fait dépourvu de papilles , et
(]") Au moment où nous livrions cet ouvrage à l'impression, celui de
M. Straus sur Fanatomie de cet insecte e'tait offert à l'Académie royale
des sciences , qui l'avait fait exécuter à ses frais. Nous regrettons vivement
de n'avoir pas eu le temps de mettre à profil ce beau travail. Déjà M. Léon
Dufour nous avait fait connaître tout ce qui est relatif au système digestif
et aux organes de la génération. M. Cliabrier avait aussi décrit et figuré
avec une grande exactitude les muscles des ailes et le thorax. M. Straus
a rempli parfaitement les autres lacunes.
56o INSECTES COLÉOPTÈRES.
offre à sa surface des franges élégantes formées par des
vaisseaux hépatiques. L'intestin grêle est suivi d'une espèce
de colon , ayant des valvules intérieures, sous la forme de
petites poches triangulaires, imbriquées, disposées sur six
séries longitudinales, séparées par autant de cordons mus-
culeux.Ce savant a souvent trouvé ces poches remplies d'une
pulpe végétale verte. Les vaisseaux biliaires sont d'une struc-
ture très délicate , forment des replis très multipliés et plu-
sieurs d'entre eux ont, à gauche et à droite , de petits bar-
billons en manière de frange. L'armure copulatrice du mâle
est fort grosse , très dure , terminée par deux crochets ro-
bustes, et présente , vers son tiers postérieur , une articula-
tion favorable à ses mouvements. Chaque testicule est une
agglomération de six capsules spermaliques, orbicuîaires ,
comme ombiliquées et munies chacune d'un conduit pro-
pre, tubuleux, de manière qu'elles ressemblent à ces feuilles
désignées parles botanistes sous la désignation de peltées on
ombiliquées.
Cet insecte paraît , certaines années, en si grande abon-
dance, qu'il dépouille, en peu de temps, de feuilles, de
grandes étendues de bois. La larve n'est pas moins nuisible
aux plantes de nos jardins. Elle est vulgairement nommée
ver blanc.
Une quatrième espèce, le H. cotonneux ( M. villosa ,
Oliv., ibid. , 1,4), se distingue des précédentes par la
massue des antennes, qui est de cinq feuillets dans les
mâles et de quatre dans les femelles. Le corps est d'un brun
plus ou moins foncé . quelquefois rougeâtre en- dessus ,
avec trois lignes grises, formées par un duvet, sur le cor-
selet ; l'écusson et Je dessous du corps sont garnis d'un
duvet semblable, et formant des taches sur les côtés de
l'abdomen (i).
Désormais la massue antennaire ne nous présentera, dans
les deux sexes, que trois feuillets.
(0 Ajoutez M. hololeuca , Fiscli. , Entom. de la Russ. , II , xxvin , 3 ;
— ejusd. , M. Anktted, 4 ; — M\ pilosa , Fab. ; Fisch.], ibid. , 9 . — M.
occidentalis , Fab., etc. Forez Sclicenli. , Synon. insect. , I, 3,
p . 162 =
VAMILLE DES LAMELLICORNES. 56 1
Les Rhisotrogues. ( Rhisotrogus. Lat. )
Ressemblent parfaitement aux hannetons , quant à la
Forme générale du corps , celle du labre et des tarses j mais
leurs antennes, de neuf ou dix articles, n'ont que trois
feuillets à la massue (i).
Les Céraspis. (Ceraspis. Lepel., Serv.)
Ont au milieu du bord postérieur du corselet deux petites
incisions longitudinales, et l'espace compris forme une
dent, dont l'extrémité est reçue dans une échancrure cor-
respondante de l'écusson. Les antennes ont dix articles.
Tous les crochets des tarses, à l'exception des antérieurs,
sont inégaux ) le plus fort des intermédiaires est entier dans
le mâle; les autres et les six dans la femelle sont bifides. Le
corps est recouvert ou parsemé de petites écailles.
On n'en connaît que peu d'espèces et toutes du Bré-
sil (2).
Les Aréodes. (àreodes. Leach , Mac L. )
Ont dix articles aux antennes, le sternum cornu, et tous
les crochets des tarses égaux dans les individus présumés
femelles ( Lepel. et Serv. ), et inégaux dans les maies ; le plus
gros des deux antérieurs de ceux-ci est bifide, et tous les au-
tres sont entiers.
Ces insectes ont des couleurs brillantes (3).
Tous les phyllophages précédents, quelques-uns exceptés,
nous ont présenté des antennes cle dix articles. Dans tous les
(1) Comme il n'est pas toujours facile de bien distinguer le nombre des
articles qui précèdent immédiatement la massue des antennes , je re'unis
le genre que j'avais nommé Amphimalle, et où ces organes n'ont que neuf
articles, à celui de Rhisotrogue. Les M* solstitialis , pini, serrata , feruida ,
aira. œquinoxialis , rujicornis , etc., de Fabricius. L/ troisième article
paraît se de'composer.
(2) Le Ceraspis pruinosa de MM. Lepel. et Serv. (Encycl me'thod. )
est le M. bivulnerata de M. Germar. Le M. varie gala de celui-ci me pa-
rait être aussi un Céraspis.
(3) Mac L. , Hor. entom. , I , pars I, p. t58.
TOME IV. 36
562 IKSECTES COLÉOPTÈRES.
suivants et de la même division, ou celle des melolonthi-
des, nous n'en compterons plus que neuf.
!ci tous les crochets des tarses sont égaux; l'un des deux
antérieures au plus est quelquefois plus gros.
Les Dasyus. (Dasyus. Lepel. et Serv. )
Où les crochets des deux tarses antérieurs, du moins dans
les mâles , sont bifides , et les autres entiers (i).
Les Seriques. (Serica. Mac L. — Omalopia. Bej.)
Qui ont tous les crochets des tarses bifides, le corps
ovoïde, bombé ( soyeux et souvent avec un reflet chan-
geant ) , avec le corselet beaucoup plus large que long (2).
LeS DlPHUCEPHALES. ( DlPHUCEPHALA. Dej.)
Ont aussi tous ies crochets des tarses bifides; mais le corps
est étroit, alongé, avec le corselet presque carré. Les pre-
miers articles des quatre (mâle) ou deux ( femelles)^ tarses
antérieurs sont courts et garnis en -dessous de brosses; ces
mômes articles sont dilatés ou plus larges aux quatre pre-
miers tarses des mâles. Le chaperon est fortement et àngu-
Jairement échancré.
Ces insectes sont propres à TAustralasie (3).
Les Macrodactyles. (Macrodactylus. Latr. )
Ressemblent aux diphucéphaîes, quant aux crochets des
tarses et à Falongement du corps; mais ici le corselet est
plus long , presque hexagonal , et tous les articles des tarses
sont semblables dans les deux sexes, alongés et simplement
velus. Ces insectes sontparticuliersau nouveau continent(4)-
Là , les crochets des tarses intermédiaires sont seuls iné-
gaux.
(1 J Encyclop. mëthod. , article Scarabéïdes.
(2) Mac L., Hor. entom. , I , pars I , p. \[±Q>. Les M. brunnea , varia-
bilis , ruricola , ete. , de Fabricius. M. Mac Leay dit que les antennes
ont dix articles, mais je n'en aï compte' que neuf. La longueur et la forme
de ceux des tarses varie.
(3) Metoloniha colas pidoides , Scliœnh. , Synon. insect. , I, 3app.,
pag. 101 . Voyez le Catal. de la coll. de M. le comte Dejean, p. 58.
(4) M. subspinosa , Fab. , et plusieurs autres espèces ine'diies.
FAMILLE TES LAMELLICORNES, 563
Les Plectris. ( Plectris. Lepel. etServ.)
Le plus gros de ces crochets et les deux des autres tarses
sont bifides; le premier article des tarses postérieurs est fort
long (i). ■ .
Dans les autres, tous les crochets des tarses sont inégaux;
ceux des deux postérieurs au moins sont toujours entiers;
l'un au moins des deux ou quatre tarses antérieurs des ma-
ies et quelquefois des femelles , est bifide.
Les Popilies. (Popilia. Leach. )
Où le sternum s'avance, entre les premières pattes, en
manière de lame comprimée et tronquée ou très obtuse (2).
Les Euchlores. (Euchlora. Mac L. — Anomala. Meg., Dej.)
N'ayant point de saillie sternale; où l'un des crochets des
quatre tarses antérieurs est bifide dans les mâles, et où le
corps est bombé, avec le chaperon court et transversal (3).
Les Anisoflies. (Anisoplia. Meg., Dej.)
Pareillement sans prolongement sternal , mais où l'un des
crochets des quatre tarses antérieurs est bifide dans les deux
sexes, où le dos est déprimé, et le chaperon ordinaire-
ment rétréci en devant et relevé à son extrémité (4).
Les Le'pisies. ( Lepisia. Lepel. et Serv. )
N'offrant pas non plus de corne sternale, et distincts des
précédents par leurs quatre tarses antérieurs , dont les deux
crochets sont bifides (5).
Les Hoplides , ou les phyllophages de notre troisième et
dernière division , ont les mandibules petites, déprimées ,
(1) Encyclop. méthod., article Scarabéïdes .
(2) Trichius z-punctatus , Fab.
(3) Les M. viridis % bicolor, errans, marginata , cyanocephala , viles,
Julii FrUchiiy hnlosericea , <mrala , etc., de Fab. Voyez Mac L., Hcr.
eiitom. ,1, pars I, p. i4;- Le genre Mhnela de M. Kirby me paraît se
rapprocher beaucoup de celui d'Euchlore; mais n'en ayant vu aucun in-
dividu, je me borne à cette simple indication.
(4) Les M. horticola , Jîoricola , aivicola , fruticola, agricola, Li^
neata, etc. , de Fab.
(5) Encyclop. méthod. , article Scarabéïdes.
*7 O-k
564 INSECTES COLJÈOFTÈRES.
comme 'divisées longitudinalement en deux parties, dont
l'interne membraneuse et l'autre cornée ; l'extrémité supé-
rieure n'offre point de dentelures sensibles. Le labre est ca-
ché ou peu apparent (i). Les mâchoires n'ont souvent que
de petites dentelures. Le corps est court, déprimé, large,
avec les éiytres rétrécies postérieurement, au côté extérieur.
Les deux derniers tarses n'ont ordinairement qu'un seul
crochet) dans ceux où tous en ont deux {Dicranie) , le pre-
mier articie dès tarses antérieurs est prolongé inférieure-
ment, et, offre au côté interne , une forte dent crochue.
M. Léon Dufour remarque que le canal digestif des ho-
plies est beaucoup moins long que celui des hannetons , et
qu'il se rapproche davantage de celui des cétoines. Le ven-
tricule chylifique est lisse et flexueux. L'intestin grêle est
moins court que dans les hannetons, et présente souvent à
son origine un renflement ovoïde. 11 est suivi d'un gros in-
testin alongé, dépourvu d'anfractuosités valvuleuses. Le
rectum en est distinct par un bourrelet et bien marqué.
Les organes de la génération ne diffèrent presque pas de
ceux du hanneton.
Les Dicranies. (Dicrania. Lepel. et Serv. )
Ont deux crochets, tous égaux et bifides, à tous les tarses,
et dont les deux antérieurs ont leur premier article pro-
longé inférieurement en une dent crochu. Le corps est très
lisse, sans écailles, avec l'écusson assez grand, deux fortes
épines à l'extrémité des quatre jambes postérieures ; le bout
inférieur des deux dernières jambes est dilaté. Ces insectes
habitent le Brésil (a).
Les Hoplies. (Hoplia. liig. )
Ont un seul crochet aux deux tarses postérieurs ; les deux
des autres sont inégaux et bifides. L'extrémité des quatre
dernières jambes est couronnée par de petites épines, et dont
aucune n'est manifestement plus longue que les autres. Le
(0 Daus les derniers sous-genres précédents, cette pièce, vue en de-
vant , n'offre non plus qu'une tranche linéaire, transverse, entière, ou
légèreineut échancrée d.'ms son milieu.
^a) Eneyclop. métliod. , article ScarabéïJts.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 565
corps est généralement garni d'écaillés. Le chaperon est pres-
que carré ou presque semi-circulaire. Les cuisses des deux
pieds postérieurs sont médiocrement renflées, et leurs jambes
sont longues, droites, sans dent crochue à leur extrémité.
On trouve très communément dans le midi de la France,
près des bords des ruisseaux ou des rivières, la plus belle
espèce connue de ce sous-genre, Y H. violette (H. for-
mosa , Slig. • Melolontha farinosa , Fab. \ Oliv., col. 1,5,
11 , i4 , a , c. ). Ses antetines ont neuf articles. Tout son
corps est recouvert d'écaillés brillantes, argentées, dont
Jes supérieures ont un reflet d'un bleu violet, et dont les
inférieures sont un peu verdâtres ou dorées.
Les antennes de quelques autres ont dix articles (i).
Les Monocheles. ( Monocheles. llig. )
Ne diffèrent des hoplies que par leur chaperon , qui est
en forme de triangle tronqué à son extrémité antérieure, et
par les deux pieds postérieurs, dont le s cuisses sont très grosses,
et dont les jambes sont courtes, avec une forte dent crochue
à leur extrémité (i).
Des scarabéïdes, très voisins des derniers de la section
précédente, et qu'on avait d'abord réunis avec eux dans
le genre mélolonthe, mais dont les paraglosses ou les deux
divisions de la languette font saillie au-delà de l'extrémité
supérieure du menton , et dont les élytres sont béantes ou.
un peu écartées du côté de la suture , à leur extrémité pos-
térieure, ce bout étant rétréci en pointe ou arrondi, com-
posant une cinquième section., celle des Anthobies ( an-
thobii. )
Les antennes out neuf à dix articles, dont les trois der-
niers forment seuls la massue dans les deux sexes. Le lobe
terminant les mâchoires est souvent presque membraneux,
soyeux, en forme de pinceau, coriace, et dentelé au bord
interne dans les autres. Le labre et les mandibules sont plus
ou moins solides selon que ces parties sont à nu ou cachées.
Ces insectes vivent sur les fleurs ou sur les feuilles.
(i) Voyez Lalr. , Gêner, crust. et inseel. , II , p, 1 15.
(a) Encyclop. meïlioJ. , article Scaraùéïdes. '
566 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les uns ont les mandibules et le labre saillants, et deux
crochets entiers et égaux à tous les tarses.
Les antennes ont dix articles ; les palpes maxillaires sont
un peu plus gros vers le bout , avec le dernier article court
ou peu alongé et tronqué ; les mandibules sont cornées.
Quelques-uns de ces insectes habitent le nord de l'Afri-
que et d'autres contrées situées sur la Méditerannée; la
plupart des autres fréquentent les pays élevés de l'Asie occi-
dentale.
Dans ceux-ci , le premier article de la massue des antennes
est concave , et emboîte les autres.
Les Glaphyres. ( Glaphyrus. Latr. )
Ont le bord interne des mandibules dentelé et un an-
gle aigu à l'autre bord; la massue des antennes presque
ovoïde; les téguments fermes et les cuisses postérieures ren-
flées. Les palpes maxillaires sont notablement plus grands
que les labiaux, avec le dernier article plus long que le
précédent. Le lobe interne des mâchoires est en forme de
dent ; l'extérieur ou le terminal est coriace. Le corselet est
oblong. Les pieds postérieurs sont grands (i).
Les Amphîcomes. ( Amphicoma. Latr. )
•
Ont des mandibules arrondies et arquées au côté exté-
rieur, sans dentelures au bord interne; la massue des an-
tennes globuleuse, l'abdomen mou, et tous les pieds de
grandeur ordinaire.
Le chaperon est très rebordé. Les jambes antérieures ont
trois dents au côté extérieur. Les quatre premiers articles de
leurs tarses sont fortement ciliés dans les mâles.
Dans ce sous-genre et le suivant, les mâchoires se termi-
nent par un lobé membraneux, étroit, alongé, en forme de
lanière. Leurs palpes ne sont guère pi us longs que les labiaux,
et la longueur de leur dernier article ne surpasse guère
celle du précédent (2).
(1) Latr. , Gêner, crust. et insect, , II, pag. 117.
(i) Voyez Latr., Gêner, crust et insect . , II , pag. 118; G. amphi-
coma , l,e division.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 56j
Dans ceux là, tels que
Les Ajnthipnes. ( Anthspna. Escholtz. )
La massue des antennes est formée de feuillets libres et
ovale.
Le chaperon n'est point rebordé en devant; la portion
médiane de la tête forme avec lui une plaque en carré long,
rebordée latéralement et postérieurement. Les jambes anté-
rieures ont deux dents au côté extérieur. Les quatre pre-
miers articles des tarses sont dilatés et en forme de dents,
dans les mâles. Ces insectes ressemblent d'ailleurs aux
amphicomes (i).
Les autres ont le labre et les mandibules recouverts ou
point saillants , et quelques-uns au moins des crochets de
leurs tarses sont bifides. Le menton est alongé et velu.
Tantôt tous les tarses ont deux crochets. Les antennes
n'ont jamais que neuf articles. Le chaperon est ordinaire-
ment transversal. Les palpes sont peu aiongés, avec le der-
nier article ovalaire.
Ici les pieds postérieurs diffèrent peu des autres.
Les Chasmopteres.(Chasmopterus. Dej. — Melolonllia. lllig.)
Ont tous les crochets des tarses bifides ; le lobe terminal
des mâchoires étroit, alongé, avec deux dents écartées au
bord interne ; le corps presque ovalaire, avec le corselet
arrondi, et les élytres d'égale largeur partout (2).
Les Chasmés. ( Chasme, LepeL et Serv. )
Ne paraissent différer des chasmoptères que par les cro-
chets des deux tarses postérieurs, dont le plus gros est seul
bifide (3).
Là, les pieds postérieurs ont, du moins dans les mâles,
les cuisses très grosses, dentées, les jambes épaisses et ter-
minées par un fort crochet.
(1) Amphicoma abdominalis , Latr., Gen. crust. et insect., II, p. 1 19-
M. alpin a , Oliv. , col. I, 5 , x , 112.
(2) Voyez Dej. , Catal. de sa coll. des Coîe'opt , p. 60.
(3) Encyclop. méthod. , art. Scarabéïdes.
568 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Dichèles. (Dicheles. Lepel. etServ. — Melolontha.
Fab.,01iv.)
Le corps est court , peu velu , avec les élytres rétrécies vers
leur extrémité, en triangle alongé. Les pieds postérieurs
sont en partie contractiles. Tous les crochets des tarses sont
égaux et bifides. Le lobe terminal des mâchoires est dentelé
le long du bord interne , comme dans les hoplies , dont ce
sous-genre se rapproche beaucoup (i).
Tantôt les deux tarses postérieurs n'ont qu'un seul cro-
chet ( ceux des autres sont inégaux et bifides ).
Quelques-uns n'ont, comme les précédents, que neuf arti-
cles aux antennes.
Les Le'pitrix. ( Lepitrix. Lepel. et Serv. — Trichius , Me-
lolontha. Fab. )
Le corps est court, avec le corselet plus étroit que l'âbdo-
meu , presque carré , un peu rétréci postérieurement ; l'ab-
domen large, et les pattes postérieures grandes. Le dernier
article des palpes maxillaires est beaucoup plus long que
dans les sous-genres précédents. Le lobe terminal des mâ-
choires est très petit, en forme de triangle court (2).
Les autres ont dix articles aux antennes.
Le corps est court, très velu, avec le chaperon en forme
de triangle alonejé, tronqué ou très obtus au bout: les palpes
saillants, terminés par un article long et cylindrique, le
lobe maxillaire long, étroit, saillant à son extrémité, sans
dents; l'abdomen grand, et les pieds postérieurs longs.
Les Pachyctnemes. ( Pachycnemus. Lepel. et Serv. — Me.-
lolontha , Trichius. Fab.)
Ont les éiytres rétrécies vers leur extrémité, les cuisses et
les jambes des deux pieds postérieurs renflées; celles-ci pres-
que en massue , avec l'un des deux éperons du bout beau-
coup plus fort que l'autre.
Les Anisonyx. ( Anisonyx. Lat. — Melolontha. Fab.)
Dont les élytres forment un carré long, arrondi posté-
(1) Encyclop. méthod. , art. Scarabéïdes.
(2} Ibid. , Uem»
FAMILLE DES LAMELLiCOtUNES. 56g
rieurement; où les jambes postérieures sont presque cylin-
driques, ou en forme de cônealongé, avec les deux éperons
du bout de grandeur égale.
La sixième et dernière section des scarabéïdes , celle des
Melitophiles {Melitophili) , se compose d'insectes dont le
corps est déprimé, le plus souvent ovale, brillant, sans
cornes, avec le corselet trapéziforme ou presque orbiculaire;
une pièce axillaire occupe ; dans le plus grand nombre, l'es-
pace compris entre les angles postérieurs et l'extérieur de la
base des élvtres. L'anus est découvert. Le sternum est sou-
vent prolongé en manière de pointe ou de corne avancée.
Les crochets des tarses sont égaux et simples. Les antennes
ont dix articles, dont les trois derniers formeut une massue,
toujours feuilletée. Le labre et les mandibules sont cachés ,
en forme de lames aplaties, entièrement ou presque entière-
ment membraneuses, Les mâchoires se terminent par un lobe
soyeux, en forme de pinceau, sans dents cornées. Le men-
ton est ordinairement ovoïde, tronqué supérieurement, ou
presque carré, avec le milieu du bord supérieur plus ou
moins concave ou échancré. La languette n'est point sail-
lante.
Des observations anatomiques faites sur plusieurs de ces
insectes par M. Léon Dufour , l'on "peut conclure qu'ils
sont, de tous les scarabéïdes, ceux où le tube alimentaire est
le plus court. Le ventricule chylifique a, communément,
sa tunique externe couverte de fort petites papilles superfi-
cielles, en forme de points saillants. Le renflement qui ter-
mine l'intestin grêle n'est point caverneux, comme celui des
hannetons. L'armure copulatrice des maies diffère aussi de
celle de ces derniers. Les capsuies spermatiques sont au
nombre de dix ou de douze par chaque testicule. Leurs con-
duits propres ne conflueni pas tous ensemble en un même
point, pour la formation du canal déférent, mais ils s'a-
bouchent entre eux de drverses manières. Le nombre des
vésicules séminales est d'une ou trois paires. Le conduit
éjaculateur se contourne et se renfle beaucoup, avant de pé-
nétrer dans l'appareil copuiateur( Voyez Annal, des scieuc.
natur., tom. ÏU, p. 235, et IV, p. 178.)
Les larves vivent dans le vieux bois pourri. On trouve
5jO INSECTES GOLÉOPTÈiiESe
l'insecte parfait sur les fleurs , et souvent aussi sur les troncs
d'arbres d'où il suinte une liqueur qu'ils sucent,
Cette section est susceptible de se partager en trois divi-
sions principales qui correspondent , la première , au genre
trichius de Fabricius; la seconde, à celui de goliath de M. de
Lamarck ; et la troisième , à celui de cetonia du premier,
mais réduit et simplifié par le retranchement du second
genre , ainsi que des rulèles et autres coupes analogues.
Les méiitophiles des deux premières divisions n'ont point
de saiilie sternale bien prononcée; la pièce latérale du mé-
sosternum que nous avons désignée par l'épitliète d'axil-
laire (épinière d'Audouin) ne se montre point générale-
ment en dessus, ou n'occupe qu'une portion de l'espace
compris entre les angles postérieurs du corselet et la base
extérieure des élytres. Le corselet ne s'élargit point de de-
vant en arrière, ainsi que dans les cétoines. Le côté exté-
rieurdes élytres n'est point brusquement rétréci ou unisinué,
un peu au-dessous des angles huméraux, comme dans ces
derniers insectes. Mais un caractère qui nous paraît plus
rigoureux, c'est qu'ici les palpes labiaux sont insérés dans
des fossettes latérales de la face antérieure du menton , de
sorte qu'ils sont entièrement à découvert , et que les côtés
de ce menton les débordent même à leur naissance et les
protègent par derrière. Dans les deux premières divisions,
ces palpes sont insérés sous les bords latéraux du menton ou
dans les bords mêmes, de manière que les premiers articles
ne paraissent point, vus par devant.
Les uns (trichides) ont le menton soit presque isométri-
que, soit plus long que large, et laissant à découvert les
mâchoires. Ce sont :
Les Trichies (Trichius. ) de Fabricius.
La T. noble {Scarabœus nobilis. Lin.; Oliv., col. 1,
6, in, 10), longue d'euviron un demi-pouce, d'un vert
doré en dessus, cuivreuse, avec des poils d'un gris jau-
nâtre , en dessous; sur les fleurs ombellifères.
La T. rayée {S. fasciatus, Lin. ; Oliv., ibid.7 ix? 8^ ), un
peu pi us petite, noire, avec des poils épais, jaunes; étuis de
cette dernière couleur, avec trois bandes noires, trans-
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 5jl
verses, interrompues à la suture. Très commune, au
printemps, sur les fleurs.
La T. ermite (S. eremiia, Lin.; Oliv. , ibid., m, 17 ),
grande, d'un noir brun ; bords de la tête relevés; trois sil-
lons sur le corselet. Sur le tronc des vieux arbres, dans
l'intérieur desquels vit la larve.
La femelle de la T. hemiptère ( S. hemipterus , Lin. ;
Oliv., ibid.y iX, 83 , xi , io3 ), et celles de quelques
autres espèces de l'Amérique septentrionale sont remar-
quables paï- la tarière cornée, en forme de dard, de l'ex-
trémité postérieure de leur abdomen , et leur servant à
introduire leurs œufs.
Ces espèces se tiennent communément à terre , où. elles
marchent très lentement. Le dernier article de leurs pal-
pes maxillaires est proportionnellement plus court et plus
épais que celui des autres trichfe's: il m'a paru que le pre-
mier des tarses postérieurs excédait beaucoup plus en
longueur le suivant, tandis que, dans les autres trichies,
il n'est guère plus long (1).
La seconde division ( Goliathides ) se distingue de la
précédente, sous le rapport du menton, qui est beaucoup
plus grand, large, et recouvre les mâchoires.
Ici le menton est concave dans son milieu, ayant la figure
d'un cœur élargi , ou d'un carré transversal. L'extrémité
antérieure du chaperon n'est ni dentée ni cornue. Le cor-
selet est en forme de cœur tronqué aux deux bouts et ré-
tréci brusquement en arrière, ou bien en forme de carré
transversal, arrondi latéralement.
Le premier article des antennes est fort grand, triangu-
laire, ou en cône renversé. Les palpes sont courts; Je der-
nier article des maxillaires est alongé. Le côté extérieur des
deux premières jambes offre deux dents.
Les Platygenies. ( Platygenia. Mac L. )
Leurs corps est très aplati, avec le corselet presque en
forme de cœur , largement tronqué aux deux bouts; les mâ-
choires terminées par un faisceau de poils, et dont le lobe
(1) t'oyez Schœrih. , Synou. iusect. , I, 111 , p. ^9.
672 IIS' SECTES COL ÉOPT ÈiiES.
interne est triangulaire, échancré au bout; le dernier article
de leurs palpes ovoïdo- cylindrique; le menton presque carré,
échancré au milieu du bord supérieur et un peu sur les côtés;
et les jambes postérieures très velues au côté interne (1).
Les Cremastocheiles. ( Cremastocheilus. Knoch. )
Dont le corselet est presque en forme de carré transversal ;
dont les mâchoires sont terminées par une forte dent, cro-
chue ou en faulx, avec des soies ou petites épines, à la place
du lobe interne; qui ont le dernier article des palpes fort
long et cylindrique; et le menton en forme de cœur élargi ,
ou de triangle renversé et arrondi aux angles supérieurs,
sans échancrure sensible (ri).
Là , le menton est en forme de cœur très évasé , sans con-
cavité discoïdale ; échancré ou sinué au bord supérieur.
L'extrémité antérieure du chaperon des mâles se divise en
deux lobes, en forme de cornes tronquées ou obtuses. Le cor-
selet est presque orbiculaire.
Les Goliath. (Goliath. Lam., Kirb. — Cetonia. Fab., Oliv.)
Sous-genre qui se compose, d'après M. Delamarck , de
grandes et belles espèces, les unes d'Afrique et des Indes
orientales, les autres de l'Amérique équatoriale. MM. Lë-
peletier et de Seiville, ( Eucyciop. métliod. , article scara-
béïdes), en ont séparé celles-ci, sous !e nom de générique
d'ÎNCA ( Inca ). La pièce axillaire n'est point proéminente
(1) Mac L.,Hor. entom., T, pars I, p. i5i; Trichius barbalus, Schœnb.
Synon. insect., I, m , App. 38.
(2) Latr. , Gêner, crust. et insect. , p. 121. M. Dupont, naturaliste de
son altesse le duc d'Orléans, et dont la collection en insectes coléoptères
est, après celle de M. le comte Dejean, la plus riche de celles de Paris,
a reçu de Lamana (Guiane française) un insecte offrant tou.s les carac-
tères essentiels des Cre'mastoclieiles, mais où les pièces axi laires sont plus
apparentes, l'animai étant vu par dessus. Les jambes antérieures sont
arquées, et ont au côté interne une forte saillie en forme de dent. Tous
les tarses sont courts , gros, cylindriques , et terminés par deux crochets
très longs. Le chaperon est relevé à son extrémité antér'eure, en manière
de lame presque carrée. L'extrémité postérieure de la tète offre une éléva-
tion divisée en deux'denls ou tubercules. Cet insecte est long d'un pouce,,
noir, avec une tache rouge sur le dessus de chaque éîytre.
La Cetonia vlongala d'Olivier parait être un crémastocheilc.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 5j5
Les deux pieds antérieurs ont les cuisses munies d'une dent,
et une échancrure à leur base interne. Le bord supérieur du
menton est fortement échancré dans son milieu; cette pièce y
dans les goliaths proprement dits , offre quatre lobes ou
dents, deux supérieurs et les deux autres latéraux. Les palpes
labiaux sont insérés sur ses bords, dans les échancrures de
ces derniers lobes. Toutes les espèces que nous connaissions
étaient de grande taille; mais M. Yerreaux fils , neveu et
compagnon de voyage de feu Delalande, et qui est retourné
au cap de Bonne-Espérance, vient d'envoyer une espèce
qui n'est pas plus grande que Ja C. gagates , à laquelle elle
ressemble d'ailleurs par les couleurs, et qui offre tous les
caractères des Goliath. Le C. géotrupine de M. Schœnlierr est
peut-être aussi congénère. Le corselet des Goliath est moins
rond et plus rétréci en devant que celui des Inca. Les cuis-
ses antérieures ne sont point dentées, et leurs jambes n'ont
point d'échanciure au côté interne (t).
Dans la troisième division des mélitophiles, division ré-
pondant à la famille des Cétoniides ( cetoniidœ ) de M. Mac
Leay fils, le sternum se prolonge plus ou moins en pointe
obtuse , entre les secondes pattes ; la pièce axillaire se
montre toujours en dessus ? et occupe tout le vide séparant
les angles postérieurs du corselet de la base des élytres; le
corselet s'élargit ordinairement de devant en arrière, et a
3a forme d'un triangle tronqué antérieurement ou à sa
pointe (2). Le menton n'est jamais transversal; son bord
supérieur est plus ou moins échancré au milieu. Le lobe
(1) Voyez FEncyclop. métliod. , article Scarabéïdes ,• THist. des ani-
maux sans vertèbres de M. Delamarck; les Observ. entom. de M. We-
ber, et le i2e volume des Traûsact. linn. , pag. 4°7> ou M. Kirby de'crit
deux espèces. On trouve dans l'île de Java un insecte que Ton prendrait,
au premier coup d'œil , pour un Goliath , et que MM. Lepeîetier et Ser-
ville ont considéré comme tel; mais il a tous les caractères essentiels des
Cétoines ; seulement le corselet est plus arrondi et re'tre'ci postérieurement.
Le mâle a une corne fourchue sur la tète.
(2) Presque orbiculairedans quelques-uns ( C. cruenta , Fab. ; C. ven-
cosa , Schoenh, etc.).
M. Chevrotât, possesseur d'un très belle collection de coléoptères, et
dont plusieurs provenant de celle de feu Olivier, m'a montre une espèce
5j4 INSECTES COLÉOPTÈRES.
terminal des mâchoires est soyeux, ou en forme depinceau. Le
corps est presque ovoïde , déprimé.
Cette division comprend le genre
Des Cétoines ( Cetonia , de Fabricius. )
Moins les espèces appartenant au sous-genre précédent,
et à celui de rutèle (Gêner, crust., et insect. ).
Les unes ontle corselet prolongé postérieurement en forme
d'angle, de manière que l'écusson disparaît tout-à-fait. Elles
forment le genre Gymnetis ( Gymnetis ) de M. Mac Leay fils,
(Ilor.entomol, I, pars., i, p. i5'i). Le nouveau continent eu
produit plusieurs espèces. L'île de Java et d'autres contrées
orientales de l'Asie en offrent d'autres, où le corselet est
pareillement prolongé, mais où l'écusson, quoique très petit,
est encore visible (i). Le menton est plus profondément
échancré en manière d'angle, et le dernier article de palpes
labiaux est proportionnellement plus long. Le chaperon est
plus ou moins bifide. D'autres espèces des Indes orientales
ou de la Nouvelle-Hollande, où cette pièce est encore bifide,
ou armée de deux cornes dans les mâles, dont le corps est
proportionnellement plus étroit et plus alongé, avec l'abdo-
men se rétrécissant notablement de devant en arrière, presque
triangulaire même, et la massue des antennes est fortalongée,
composent le genre macronota de M. "Wiedemann. Mais
toutes ces coupes n'acquerront de la solidité que lorsqu'on
aura fait un étude particulière des nombreuses espèces du
genre Cetonia de Fabricius.
Celles d'Europe sont pourvues d'un écusson de grandeur
ordinaire. Telles sont :
La C. dorée ( Scarabœus auratus , Lin. ; Oliv. , col., \ ,
6,1, i), longue de neuf lignes, d'un vert doré brillant,
en dessus , d'un rouge cuivreux en dessous, avec des ta-
ches blanches sur les élylres. — Commune sur les fleurs,
et souvent sur celles du rosier et du sureau.
trouvée dans Vile de Cuba par M. Poe, ayant le pondes Triclues, mais
avec les pièces axillaires et le prolongement slernal des Ce'toines. Quelques
espèces de ce dernier genre (C. cornuta, Fab.) ontle corselet muni d une
petite corne, et ressemblent, ati premier coup d'oeil, à des Scarabées.
(i) C. chine n sis , Fab.; ejusd , , C. regiar, les C. plana, irnperialis de
Schœnhrr.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 575
La C. fastueuse ( C.Jastuosa , Fab.; Panz., Faun. insect.
Gérai., XLI, 16 ), plus grande que la précédente, d'un
vert doré uniforme, sans taches, avec les tarses bleuâtres.
— Midi de la France.
La C. drap mortuaire (S. sticlicus , Lin.; Panz., ïbid. ,
I, 4)? longue de cinq lignes, noire, un peu velue, avec
des points blancs; ceux du ventre disposés sur deux ou
trois lignes, selon le sexe. — Très commun sur les char-
dons (i).
La seconde tribu des lamellicornes , les Lu-
canides ( Lucanides ) , ainsi , nommés du genre
Lucanus de Linngeus, ont la massue des antennes
composée de feuillets ou de dents disposés per-
pendiculairement à Taxe , en manière de peigne.
Ces organes sont toujours de dix articles , dont le
premier ordinairement beaucoup plus long. Les
mandibules sont toujours cornées, le plus souvent
saillantes et plus grandes, et même très différentes
dans les mâles. Les mâchoires de la plupart se ter-
minent par un lobe étroit, alongé et soyeux; celles
des autres sont entièrement cornées et dentées. La
languette du plus orand nombre est formée de deux
petits pinceaux soyeux, plus ou moins saillants,
au-delà d'un menton presque semi-circulaire ou
carré. Les pieds antérieurs sont le plus souvent
alongés, avec les jambes dentelées, tout le long
de leur côté extérieur. Les tarses se terminent par
deux crochets égaux, simples, avec un petit ap-
(1) Voyez la Ire division des Cëloiaes d'Olivier; Latr., Gêner, crust. ei
insect., I , m, p. 1 26. ; Sehœn. , Synon., I , uï, p. 1 1 2 ; et le i4e vo-
lume des Trans. linn., à l'égard dos genres genuchus , schizorhinael sna-
thocera, établis aux de'pcns de celui des Cétoines.
\
O76 IESEGTES COLÉOPTÈRES.
pendice terminé par deux soies, dans l'entre-deux.
Les élytres recouvrent tout le dessus de l'abdomen.
Nous la partagerons en deux sections, qui ré-
pondent aux genres Lucane et Passale d'Olivier,
Des antennes fortement coudées , glabres ou peu
velues; un labre très petit ou confondu avec le
chaperon ; des mâchoires terminés par un lobe mem-
braneux ou coriace, très soyeux, en forme de
pinceau, sans dents, ou n'en offrant qu'une au
plus ; une languette , soit entièrement cachée ou
incorporée avec le menton , soit divisée en deux
lobes étroits , alongés , soyeux , plus ou moins
saillants au-delà du menton , signalent la première ;
l'écusson, en outre, est situé entre les élytres.
Cette première section formera le genre
Des Lucanes. (Lucanus. )
Nous ferons une première division avec ceux dont la
massue des antennes n'est composée que de trois à quatre
articles ou feuillets.
Nous la commencerons par des insectes presque entière-
ment semblables , aux antennes près, aux orvctès, sous-
genre de latiibu précédente. Les mandibules sont cachées ,
sans dents, et semblables dans les deux sexes. Le menton est
presque triangulaire, cache entièrement la languette, ainsi
que la base des mâchoires. Le corps est épais et convexe eu
dessus, presque cylindrique et arrondi postérieurement. Le
corselet est tronqué et excavé en devant. La tête des mâles
est munie d'une corne.
Les SlNODENDRES. ( SlNODENDRON. Fab. )
La massue des antennes est formée par les trois derniers
articles (1).
(1) Scarabœus cylindricus , Lin. : Oliv., col. 1,3, ix,88. C'est la seule
FAMILLE DES LAMELLICORNES. $JJ
Ceux dont lecorps est épais, convexe, ovoïde, avec! es man-
dibules en pi n ce coirlpri niée ets'éle vaut verticalement,, dan s les
mâles; la tète beaucoup plus étroite que le corselet, mesuré
dans sa plus grande largeur; et les jambes, ou du moins les
deux antérieures, larges, en forme de triangle renversé,
forment deux sous-genres.
Les AEsales. (AEsalus. Fab.)
Où. les mandibules , même dans les maies , sont plus cour-
tes que la tête, et se terminent supérieurement en manière
de corne; où. le menton cache les mâchoires; dont la lan-
guette est très petite; dont le corps est court , bombé, avec
la tète presque entièrement reçue dans l'écliancrure du cor-
selet, les jambes comprimées , triangulaires, et le sternum
simple ou sans saillie (i).
Les Lamprimes. ( Lamprima. Latr. )
Où lecorps est plus alongé, avec les mandibules beaucoup
plus longues que la tête, dans les mâles, en forme de lames
verticales , anguleuses, très dentées et velues intérieurement;
les mâchoires découvertesjusqu'à leurbase; la languettebien
distiucte;le labre aï ongé; les deux jambes antérieures élargi es,
et offrant, dans les mâles, une palette (éperon) en forme de
triangle renversé , et. une pointe sternale ('.>.).
Deux autres sous-genres , établis par M. Mac Leay fils, se
rapprochant des Iamprim.es, à raison de leur mésosternum
prolongé et avancé , moins cependant que dans les précé-
dents, de leur tête notablement plus étroite que le corse-
let, et de leurs mandibules garrries de duvetau côté interne ;
mais leur corps est aplati ou peu élevé, surtout dans les
femelles. Le labre est caché. Les jambes antérieures sont
étroites et sans palette. Les palpes et les îobes de la languette
sont pins alo.ïgés.
espèce connue 5 les autres Synodendres de Fab. appartiennent à d'autres
genres.
(1) JEsalus scarabœoiiies , Fab.; Panz. ,Faun. insect. Gerrn. , XXVI,
i5, 16.
(2) Latr. , Gêner, crust. et insect. , II , p. i32; Lethrus œneus , Fab.;
Schreib. , Traus. linn. Soc, VI , 1. — Voyez aussi, quant à cette espèce
et autres , Mac L. , TTor. entom. , I , pars I , pag. go
TOME IV. J7
578 INSECTES COLÉOPTÈRES.
Les Ryssonotes. (Ryssonottjs. MacL.)
Dont Jes mandibules des mâ!es forment , comme dans les
lamprimes, des pinces comprimées verticalement , angu-
leuses et dentées (1).
Les Pholidotes. (Pholidotus. Mac L. — Chalcimon. Daim. —
Lamprima. Schœnh. )
Où les mandibules , dans le même sexe, sont fort longues,
étroites, arquées , terminées en crocbet courbé intérieure-
ment, et dentelées en scie au côté interne.
La massue des antennes, formée par les trois derniers articles,
est moins pectinée que dans les autres, et presque perfoliée.
Le menton recouvre les mâchoires (2).
Dans les suivants, le mésosternum ne fait point de saillie.
-La tête est aussi large ou même plus large ( divers mâles)
que le corselet. Les mandibules sont glabres, ou du moins
sans duvet épais, au côté interne. Le corps est toujours
aplati.
Ici les yeux ne sont point coupés transversalement par les
bords de la tête, les mâchoires se terminent par un lobe très
grêle, en forme de pinceau, et sans dents cornées.
Les Lucanes propres. ( Lxtcanus. Lin.)
Le canal digestif est bien moins alongé que celui des sca-
rabéïdes, mais l'œsophage est beaucoup plus long. Les orga-
nes mâles de la génération diffèrent aussi beaucoup de ceux
des précédents , les testicules étant formés par les circonvo-
lutions d'un vaisseau spermatique, et non par une agglomé-
ration de capsules de cette nature. Le tissu adipeux, pres-
que nul dans les scarabéïdes, est ici abondant et disposé en
grappes , qui convergent à la ligne médiane.
L'on présume que la larve de notre grand lucane, qui vit
dans l'intérieur des chênes et y passe quelques années, avant
(1) Lucanus nebulosus , Kirb. , Trans. Ihm. Soc, XIÏ , xxi, 12;
Mac L. , Hor. entom. , I, pars î , p. 98.
(2) Lamprima Humbohlli , ScViœnh. ; Chalcimon Humboldli , Daim. ,
Epliem. entom., I, p. 3; Pholidotus lepidosus , MacL., Hor. entom. ,
I , pars I , p. 97 , le mâle ; ejusd. , Cassignetus geotrupoùles , la femelle.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 679
de subir sa dernière transformation, est le cossus des Ro-
mains, ou cet animal, ayant la forme d'un ver, qu'ils re-
gardaient comme un mets délicat.
Le L. cerf-volant {L. ce/vus , Lin} Oliv., col. 1 , 1, 1 j
Rces., insect. , II ; Scarab. , I , iv , v. ) , mâle long de deux
pouces, plus grand que la femelle, noir, avec les élytres
bruns j tête plus large que le corps ; mandibules très
grandes , arquées, avec trois dents très fortes , dont deux
au bout, divergentes, et l'autre au côté interne, qui en ont
aussi de petites. Les femelles, désignées sous le nom de
biches, ont la tête pi us étroite et les mandibules beaucoup
plus petites. Cet insecte vole le soir, au solstice d'été. Sa
grandeur et ses mandibules varient. C'est à l'une de ces
variétés qu'il faut rapporter le lucane chèvre d'Olivier, ou
le L. chevreuil de Fabricius. Le lucane désigné ainsi par
Linnaeus est une espèce de l'Amérique septentrionale et
bien distincte de la précédente
Le L. vert (L. caraboides. Lin.; Oliv., col., ibid., II, 2.),
long de cinq lignes, d'un brun verdâtre, avec les mandi-
bules en croissant et dont la longueur ne surpasse point ,
même dans les mâles _, celle de la tête (1).
Là les yeux sont divisés transversalement et intégralement
par les bords de la tête. Les mâchoires se terminent par un
lobe plus court et moins étroit que dans les précédents, et
offrent souvent une dent cornée au bord interne.
Les Platycères. ( Platyceuus. Lat. )
Les palpes , les lobes maxillaires et la languette , sont pro-
portionnellement plus courts que dans le sous-genre précé-
dent. Le menton forme un carré transversal, tandis que
dans les précédents il est souvent en demi-cercle. Il cache,
de part d'autre, la base des mâchoires. Les mandibules sont
généralement courtes (2).
(1) Aux Lucanes , je re'unis les Ceruchus et les Platycerus de M. Mac
Leay. Les proportions des mandibules , des palpes, des lobes maxillaires
de la languette et la massue des antennes , ne peuvent fournir de carac-
tères constants et rigoureux.
(a) Le Lucanus parallelipedus deFab., espèce formant avec une autre
37'
58o UN SECTES COLOÉPTÈRES.
Les autres lucanides ont la massue des antennes composée
des sept derniers articles.
Les SvndÈses. (Syndesus. Mac L. — Sinodendrom Fab. )
Le corselet offre antérieurement une petite corne, et de
même que celui de la plupart des passales , un sillon dans
son milieu. Sa séparation d'avec l'abdomen est aussi plus
prononcée que dans les lucanes. Les deux pieds postérieurs
sont plus reculés en arrière. Les autennes sont moins cou-
dées (i).
Les lucanides de notre seconde section ont des
antennes simplement arquées ou peu coudées et
velues; un labre toujours découvert, crustacé ,
transversal ; des mandibules fortes et très dentées,
mais sans disproportions sexuelles très remar-
quables; des mâchoires entièrement cornées, avec
deux fortes dents au moins; une languette pareille-
ment cornée ou très dure , située dans une échan-
crure supérieure du menton et terminée par trois
pointes ; l'abdomen porté sur un pédicule, offrant
en dessus l'écusson , et séparé du corselet par un
étranglement ou un intervalle notable. Ces insectes
composent le genre
Des Passales. (Passalus. Fab.)
Que M. Mac Leay restreint aux espèces dont la massue des
antennes n'est que de trois articles , dont le labre forme un
carré transversal , et dont les mâchoires ont trois fortes
le G. Do/cus de M. Mac Leay. Je réunis encore auxPlalycères les IVi'gi-
(Uus , les JEgus el les Figulus de ce savant entomologiste.
(i) Synodendron cornututn , Fab. ; Donov. , Jnsect. oi. New. Holi. ,
tab. i, 4î syndesus cornutus, Mac L., hor. ontom., I , pars I , p. 104.
FAMILLE DES LAMELLICORNES. 58 1
dents aubout, et deux au côté interne, à la place du lobe in-
térieur.
Les espèces où. la massue est de cinq articles, où. le labre
est très court et dont les mâchoires n'ont que deux dents,
l'une terminaleet l'autre interne, forment son genre Paxille
( Paxillus).
Enfin il réunit aux précédents, dans sa famille des passa-
lides, le G. chiron, que nous savons placé dans la tribu de
coprophages(i).
Ces insectes sont étrangers à l'Europe, et, à ce qu'il paraît, à
l'Afrique. C'est dans Jes contrées orientales de l'Asie, et par-
ticulièrement en Amérique, qu'on les trouve. Mademoiselle
de Mérian dit que la larve de l'espèce qu'elle représente se
nourrit de racines de patates. L'insecte parfait n'est pas rare
dans les sucreries (i).
(i) Hor. eniora. , I, pars I, pag. io5 et suiv.
(2) Voyez Fabricius , Syst. elenlb. , II , p. 255 ; Web. , Observ. en-
tom. ; Palis, de Beauv. , insect. d'Air, et d'Amer. ; Latr. , Gêner, crust.
et insect, II, p. i36; et Schœnh. , Synon. insect., I, 111, p. 33 1 , et
Append. , p. 143, i44-
CORRECTIONS ET ADDITIONS. 583
: suis^sr.. .m..
CORRECTIONS ET ADDITIONS.
P. 20, ligne huitième de la note. Dans le passage que je
cite, ou peut conserver les mots ventricule gauche; il fut
seulement lire : « l'organe appelé cœur représente, par ses
fonctions, un ventricule gauche».
P. 3o, ligne huitième. Pinnipèdes. Afin que l'on distinguât
plus facilement les sections et les tribus, j'ai, à commencer
aux arachnides , employé; pour leurs dénominations latines
ou formées du grec, des caractères italiques.
P. 63. Seconde note. Le genre Eurypode est décrit et figuré
avec détail dans le tome XVIe des Mémoires du Muséum
d'histoire naturelle ; il se rapproche de celui d' Inachus ; mais
les pédicules oculaires sont toujours saillants ; le post-abdo-
men est composéde sept segments, entièrement séparés, dans
les deux sexes, et l'avant-dernier article des pieds ou le mé-
tatarse est dilaté et comprimé inférieurement.
P. 79. Ligne cinquième. Lisez notre seconde section. Cette
erreur numérique affecte les sections suivantes des mêmes
décapodes macroures; lisez i troisième, quatrième et cin-
quième, au lieu de quatrième, cinquième et sixième.
P. 117, près des Hypéries, doit être placé un autre genre
de crustacés, celui de Themisto, établi par le même natura-
liste, et décrit ainsi que figuré, avec le même soin, dans le
tome IVe des Mémoires de la Société d'histoire naturelle de
Paris. Comme dans les Hypéries , les yeux sont très grands et
occupent la majeure partie de la tête; deux des antennes, les.
inférieures, toutes terminées par une tige multiarticulée et
allant en pointe, sont manifestement plus longues que les
deux autres. La pièce qu'il nomme lèvre inférieure est la
languette; celles qui lui paraissent former la troisième
paire de mâchoires, sont la première des pieds-mâchoires, et
qui , de même que dans les amphipodes et les isopodes fer-
ment la bouche inférieurement sous la forme d'une lèvre* Jes
quatre autres pieds-mâchoires sont très courts, dirigés eu
avant, appliqués sur la bouche , de sorte qu'ils semblent en
584 CORRECTIONS ET ADDITIONS.
faire partie, et qu'eu ne !es comptant pas, ou qu'en ne con-
sidérant que comme <?es pieds les organes locomotiles, sui-
vants et beaucoup plus apparents, cet animal , de même que
Jeshypéries etlesphrosines, ne paraît avoir, au premier cotâp
d'œil, que dix pieds au lieu de quatorze. La troisième paire
•de pieds-mâchoires est terminée par une petite pince didac-
tyle. La même paire des pieds proprement dits est beaucoup
plus longue que les autres; son avant-dernier article est
fort long, et armé d'un rang de petites épines, formant une
sorte de peigne. On n'en connaît encore qu'une seule espèce.
P. i?4> ligne septième. Les Apseudes. Le genre rhoe {rhœa),
de M. Milne Edwards (Annales des sciences naturelles, XIII,
292, xiii , A), diffère du précédent par les antennes supé-
rieures qui sont plus grosses, plus longues et bifides.
P. i53. Les INebaliés. Une nouvelle espèce de ce genre,
la N. de Geoffroy • Saint- Hiiaire (ibid., xv , 1) , a été décrite
par M. Milne Edwards d'une manière très détaillée. Le
test se termine antérieurement par un rostre articulé à sa
base, ou mobile, et pointu; les yeux sont pédoncules; les
antennes supérieures sont insérées au- dessous d'eux , et
le second article de leur pédoncule porte une lame; la bou-
che est entourée de trois paires d'appendices , qui nous pa-
raissent répondre, dans leur ordre progressif, aux man-
dibules palpigèi es, et aux quatre mâchoires de crustacés
décapodes ; au-dessous sont cinq paires de lames foliacées et
ciliées, qui paraissent être branchiales, et plus bas quatre
paires de pieds bifides et propres à la natation ; l'abdomen
est composé de sept anneaux, dont les premiers supportent
deux petits filaments rudimentaives, et dont le dernier est
terminé par deux styles alongés et garnis de longs poils.
Comme il est infiniment probable qu'il existe, ainsi que d'or-
dinaire, une paire de pieds de plus , les deux appendices in-
férieurs et branchiaux, dont il est parlé plus haut, pour-
raient bien représenter cette paire de pieds. Dans les autres
appendices nous verrions des pieds-mâchoires, et les pièces
de la languette; il faudrait dès lors reporteries nébalies dans
la dernière section des décapodes macroures.
( T^ojez pour la suite le volume suivant. )
FIN DU QUATRIEME VOLUME.
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