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Full text of "Le règne animal distribué d'après son organisation, pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux et d'introduction à l'anatomie comparée"

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LE 


REGNE  ANIMAL 


DISTRIBUE 


■    I 


D'APRES  SON  ORGANISATION 


/.' 


* 


IMPRIMERIE  D'HIPPOLYTE  TILLIARD, 

RUE   DE  LA   HARPE      W°  78. 


4 


LE 

RÈGNE  ANIMAL 

DISTRIBUÉ  B' APRÈS  SON  ORGANISATION  , 

POUR   SERVIR    DE    BASE 

» 

A  L'HISTOIRE  NATURELLE  DES   ANIMAUX 

ET    D'INTRODUCTION   A     L'ANATOMIE    COMPARÉE. 

Par  m,  le  baron   GUVIERj 

CRAKD  OFFICIER  DE  LA  LÉGION-D'HONNBUn  ,  CONSBILLER-d'ÉTAT  ET  AU  CONSEIL  ROYAL  DB  L'iNSTRUCTION 
PUBLIQUE  ,  L'UN  CES  QUARANTE  DE  L'ACADÉMIE  FRANÇAISE,  SECRETAIRE  PERPETUEL  DE  L'ACADÉMIE  DES 
SCIENCES.  MEMBRE  DES  ACADÉMIES  ET  SOCIETES  BOTALES  DES  SCIENCES  DE  LONDRES,  DE  BERLIN, 
DE  PÉTERSBOURG,  DE  STOCKHOLM,  D 'EDIMBOURG  ,  DE  COPENHAGUE,  DE  GOETTINGUB  ,  DE  TURIN, 
DE    BAVIÈRE  ,  DB  MODENB  ,    DBS  PAÏ3-BAS,    DE  CALCUTTA  ,  DB  LA  SOCIÉTÉ  LINNÉENNE  DE  LONDRES  ,  etc. 

AVEC  FIGURES  DESSINÉES  D'APRÈS  NATURE. 

NOUVELLE  ÉDITION,  REVUE  ET  AUGMENTÉE. 


TOME  IV. 

CRUSTACÉS  *    ARACHNIDES  ET    PARTIE   DES   INSECTES. 

PAR  M.  LATREILLE, 

CUEVALIBR    DE    LA    LÉGION-D'BONNEUB,    MEMBRE  DE     l'iNSTITUT    (  ACADÉMIE  ROTALB  DES    SCIENCES  ), 
DB  LA     PLUPART    DES  AUTRES    SOCIÉTÉS    SAVANTES  D'EUROPE     ET     d'amÉBIQUB  ,    etc. 


Part* , 


CHEZ    DÉTERVILLE,    LIBRAIRE, 

RUE    HATJTEFETJILXE,    »°    8; 

ET  CHEZ  CROCHARD,  LIBRAIRE, 

CLOÎTRE    SAINT-BENOÎT  ,    NQ     l6. 

1829. 


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X^y~  é^s* 


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V 


S^*<iH^C?'-^r^JjLt<'/4<^  y 


(?C^C\ 


AVERTISSEMENT  (i). 


Surchargé  de  travaux,  el  cédant  peut-être  trop 
facilement  à  l'impulsion  de  l'amitié ,  à  mon  em- 
pressement à  lui  être  utile ,  M.  Cuvier  m'a  confié  la 
rédaction  de  la  partie  de  cet  ouvrage  qui  traite  des 
insectes. 

Ces  animaux  ont  été  l'objet  de  ses  premières 
études  zoologiques,  et  le  principe  de  ses  liaisons 
avec  un  des  plus  célèbres  disciple  de  Linnaeus  , 
Fabricius  ,  qui  lui  donne  souvent  dans  ses  écrits 
des  témoignages  de  son  estime  particulière.  C'est 
même  par  des  observations  curieuses  sur  plusieurs 
de  ces  animaux( Journal d'Hist.  nat.),  que  M.  Cuvier 


(i)  Cet  avertissement  est  le  même  que  celui  que,  dans  la  première 
e'dition  de  cet  ouvrage ,  j'avais  mis  en  tête  du  troisième  volume.  M'y 
e'tant  borné  à  exposer  les  principes  généraux  sur  lesquels  repose  ma 
distribution  générale  des  animaux  composant  la  classe  des  insectes , 
dans  la  méthode  de  Linnaeus  ,  et  n'ayant  fait,  dans  cette  nouvelle  édi- 
tion ,  aucun  changement  à  cet  égard ,  le  même  avertissement  lui  est 
applicable.  Mais,  considérée  dans  les  détails  ou  quant  aux  divisions  se- 
condaires et  tertiaires,  c'est-à-dire  les  ordres  ,  les  familles  ,  les  genres  et 
les  sous-genres  ,  cette  seconde  édition  présentera  des  différences  remar- 
quables. Il  nous  était  impossible  de  la  mettre  au  niveau  de  l'état 
actuel  delà  science,  sans  modifier  en  plusieurs  parties  ma  première 
méthode ,   et    sans   y    faire  des    augmentations  considérables  ;    elles 

TOME    IV.  a 


VJ  AVERTISSEMENT. 

a  préludé  à  ses  travauxsur  l'histoire  naturelle.  L'en- 
tomologie a  retiré,  comme  toutes  les  autres  bran- 
ches de  la  zoologie  ^  de  grands  avantages  de  ses  re- 
cherches anatomiques  et  des  changements  heureux 
qu'il  a  faits  aux  hases  de  nos  classifications.  L'or- 
ganisation intérieure  des  insectes  a  été  mieux 
connue,  et  cette  étude  n'est  plus  négligée  comme 
elle  l'était  généralement  avant  lui.  Il  nous  a  mis  sur 
la  voie  de  la  méthode  naturelle.  (  Tableau  élém. 
de  VHist.  nat.  des  Anim.  j  Lee.  d'Anat.  comp.) 
Le  public  regrettera  donc  vivement  que  ses  occu- 
pations nombreuses  ne  lui  aient  point  permis  de 
rédiger  cette  partie  de  son  traité  sur  les  animaux. 
Peut-être  le  désir  de  répondre  à  sa  confiance  , 
d'associer  mon  nom  an  sien  dans  un  ouvrage  qui, 
parla  multitude  des  recherches  sur  lesquelles  il 
repose,   et  par  leur   application,    sera  pour  notre 

_ — — . .  ■■■ ■  ■■'        '  -'■  —  ■    -    -■■  ■—  ■  —  '  — -■  ■  ......  . ,..  ,.  ^ 

elles  sont  même  telies  ,  vu  les  progrès  de  l'entomologie ,  qu'avec  un  vo- 
lume de  plu*  ,  ou  deux  au  lieu  d'un  ,  je  n'ai  pu  présenter  que  très  som- 
mairement celte  multitude  de  coupes  génériques  qu'on  a  public'es 
depuis  dix  ans,  et  qui  sont  souvent  fondées  sur  les  caractères  les  plus 
minutieux.  Celte  brandie  de  la  zoologie  a  gagné  sous  d'autres  rapports 
et  plus  positifs  ,  ceux  de  l'auatomie  Je  devais  d'autant  plus  faire  con- 
naître ces  observations,  qu'elles  entraient  dans  le  pian  de  l'illustre  au- 
teur de  cet  ouvrage,  et  qu'elles  confirment  la  solidité  des  coupes  que 
j'ai  formées.  C'est  par  la  iecture  des  généralités  qui  les  précèdent  que 
l'on  pourra  mieux  apprécier  les  motifs  qui  oui  déterminé  ces  change- 
ments, et  sentir  rimpo"la:ice  des  additions  dont  s'est  enrichie  la  partie 
entoinolo»ique  de  ce  livre.  Pour  peu  qu'on  la  compare  avec  celle  de  la 
première  édilion,  il  sera  facile  de  juger  qu'elle  a  été  entièrement  refaite 
ou  que  c  est  plutôt  un  nouvel  ouvrage  que  nous  donnons  au  public 
qu'une  nouvelle  édition. 


AVERTISSEMENT.  VI  j 

siècle  un  précieux  monument  littéraire,  in'a-t-il 
fait  illusion  et  jeté  dans  une  entreprise  au-dessus 
de  mes  Forces.  J'ai  contracté  une   obligation  bien 
grande,  et  je  me  suis  imposé  une  tâche  aussi  hardie 
pour  le  plan  que  difficile  dans  l'exécution.  Kéunir 
dans  un  cadre  très  limité  les  faits  les  plus  piquants 
de  l'histoire  des  insectes,  les  classer  avec  précision 
et  netteté  dans  une  série  naturelle,  dessinera  grands 
traits  la  physionomie  de  ces  animaux ,  tracer  d'une 
manière  laconique  et  rigoureuse  leurs  caractères 
distinetifs,  en  suivant  une  marche  qui  soit  en  rap- 
port avec  les  progrès  successifs  de  la  science  et  ceux 
de  l'élève,  signaler  les  espèces  utiles  ou  nuisibles, 
celles  qui ,  par  leur  manière  de  vivre  ,  intéressent 
notre  curiosité  ,  indiquer  le's  meilleures  sources  où 
.   l'on  puisera  la  connaissance  des  autres,   rendre  à 
l'entomologie  cette  aimable  simplicité  qu'elle  a  eue 
dans  les  temps  de  Linnœus,  de  Geoffroy  et  des  pre- 
mières productions  de  Fabricius,  la  présenter  néan- 
moins telle  qu'elle  est  aujourd'hui^  ou  avec  toutes 
les  richesses  d'observations  qu'elle  a  acquises,  mais 
sans   trop  l'en  surcharger  ;  se   conformer,  en  un 
mot,  au  modèle  que  j'avais  sous  les  yeux,    l'ou- 
vrage de  M.  Cuvier ,  tel  est  le  but  que  je  me  suis 
efforcé  d'atteindre. 

Ce  savant,  dans  son  tableau  élémentaire  de  l'his- 
toire naturelle  des  animaux,  n'a  pas  restreint  l'é- 
tendue donnée  par  Linnaeus  à  sa  classe  des  insectes  ; 
mais  il  y  a  fait  cependant  des  améliorations  néces- 
saires, et  qui   ont  servi  de    base  à    d'autres  mé- 


a. 


Vllj  AVERTISSEMENT. 

thodes  publiées  depuis.  Il  distingue  d'abord  les 
insectes  des  autres  animaux  sans  vertèbres,  par  des 
caractères  bien  plus  rigoureux  que  ceux  qu'on 
avait  employés  jusqu'à  lui  :  une  moelle  épinière 
noueuse  ;  des  membres  articulés.  Linnaeus  termine  sa 
classe  des  insectes  par  ceux  qui  n'ont  point  d'ailes , 
quoique  la  plupart  d'entre  eux,  tels  que  les  crus- 
tacés, les  aranéides ,  soient,  sous  les  rapports  de 
leurs  systèmes  d'organisation ,  les  plus  parfaks  de 
la  classe  ou  les  plus  rapprochés  des  mollusques.  La 
disposition  de  sa  méthode  est  donc ,  à  cet  égard  , 
en  sens  inverse  de  l'ordre  naturel,  et  M.  Cuvier, 
en  transportant,  d'après  cette  différence  de  sys- 
tèmes ,  les  crustacés  à  la  tête  de  la  classe ,  et  en 
faisant  venir  immédiatement  à  leur  suite  presque 
tous  les  autres  insectes  aptères  de  Linnoeus,  a  recj 
tifié  la  méthode  dans  un  point  où  la  série  était  en 
opposition  avec  l'échelle  formée  par  la  nature. 

Dans  ses  Leçons  d'anatomie  comparée  ,  la  classe 
des  insectes,  dont  il  sépare  maintenant  les  crusta- 
cés, est  divisée  en  neuf  ordres,  d'après  la  nature  et 
les  fonctions  des  organes  masticateurs,  l'absence  ou 
la  présence  des  ailes y  leur  nombre,  leur  consi- 
stance ,  et  la  manière  dont  elles  sont  réticulées. 
C'est  l'alliance  du  système  de  Fabricius  et  de  la 
méthode  de  Linnaeus  perfectionnée. 

Les  coupes  que  M.  Cuvier  a  faites  dans  son  pre- 
mier ordre,  celui  des  gnathaptères ,  sont  presque 
les  mêmes  que  celles  que  j'avais  établies  ,  soit  dans 
un  Mémoire  que  j'ai  présente  à  la  société  philo- 


AVERTISSEMENT.  IX 

matique,  au  mois  de  d'avril  179^  ,  soit  dans  mon 
Précis  des  caractères  génériques  des  insectes  (1). 

M.  de  Lamarck,  dont  le  nom  est  si  cher  aux  amis 
des  sciences  naturelles,  a  profité  habilement  de  ces 
divers  travaux.  Sa  distribution  méthodique  des 
insectes  aptères  de  Linnceus  nous  paraît  être  celle 
qui  se  rapproche  le  plus  de  l'ordre  naturel ,  et  nous 
l'avons  suivie,  à  quelques  modifications  près,  dont 
nous  allons  rendre  compte. 

Ainsi  que  lui,  je  partage  les  insectes  de  Linnaeus 
en  trois  classes  :  les  crustacés ,  les  arachnides ,  et  les 
insectes j  mais  je  fais  abstraction,  dans  les  carac- 
tères essentiels  que  je  leur  assigne  ,  des  changements 
que  ces  animaux  peuvent  éprouver  antérieurement 
à  leur  état  adulte.  Cette  considération  ,  quoique  na- 
turelle et  déjà  employée  par  de  Géer^  dans  sa  dis- 
tribution des  insectes  aptères,  n'est  point  classique, 
en  ce  qu'elle  suppose  l'observation  de  l'animal 
dans  les  divesâges,  et  elle  souffre  d'ailleurs  beau- 
coup d'exceptions  (2). 

1  ■'  ■  — -  -  — ■  —  ■     ■ 

(1)  J'y  ai  divisé  les  insectes  aptères  de  Linnaeus  en  sept  ordres': 
i°  les  Suceurs;  20  les  ThysAnoures  ;«3°  les  Parasites;  4°  les  Acé- 
phales {Arachnides  palpistes  de  M.  Lamarck  j  ;  5°  les  Entomostra- 
cés;  6°  les  Crustacés,-  70  les  Myriapodes. 

(2)  Ces  considérations  n'ont  pas  cependant  été  négligées  ,  et  je  m'en 
suis  servi  avec  un  grand  avantage,  pour  grouper  les  familles  et  les 
disposer  dans  un  ordre  naturel,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  les  petits 
tableaux  historiques  qui  sont  à  la  tête  de  l'exposition  de  ces  familles. 
Je  me  suis  même  occupé  d'un  travail  général  sur  les  métamorphoses  des 
insectes ,  dans  un  Mémoire  qui  n'a  pas  encore  été  publié  (*),  mais  que 

(')  Voyez  l'article  Insectct  du  Nouv.  Dict.  d'Hist.  nat.,  2e  édition. 


X  AVERTISSEMENT. 

La  situation  et  la  Forme  des  branchies ,  la  manière 
dont  la  tète  est  unie  au  corselet,  et  les  organes  de 
la  rnanducation ,  m'ont  fourni  le  moyen  d'établir 
dans  la  classe  des  crustacés  cinq  ordres  (1)  qui  me 
paraissent  naturels.  Je  la  termine  ,  ainsi  que  l'a  fait 
M.  de  Lamarck  ,  par  les  hranchiopodes  ,  qui  sont 
des  espèces  de  crustacés  arachnides. 

Je  ne  comprends  dans  la  classe  suivante  ^  celle 
des  arachnides  ,  que  les  espèces  composant ,  dans  la 
méthode  de  M.  de  Lamarck,  l'ordre  des  arach- 
nides palpiste  s  ,  ou  celles  qui  n'ont  point  d'antennes. 
L'organisation  tant  intérieure  qu'extérieure  de  ces 
animaux  nous  présentera  dès  lors  un  signalement 
simple,  rigoureux,  et  d'une  application  générale. 

Us  ont  tous  les  organes  de  la  respiration  inté- 
rieurs ,  recevant  l'air  par  des  stigmates  concentrés , 
ayant  tantôt  des  fonctions  analogues  à  celles  des 
poumons,  et  consistant  tantôt  en  des  trachées 
rayonnées  ou  ramifiées  dès  leur  base  ;  ils  sont  privés 
d'antennes,  et  offrent  communément  huit  pieds. 
Je  partage  cette  classe  en  deux  ordres:  les  pulmo- 
naires et  les  trachéennes. 

Deux  trachées  s'étendant  parallèlement  dans  la 
longueur  du*  corps,  ayant  ,  par  intervalles,  des 
centres  de  rameaux  correspondant  à  des  stigmates, 
et  deux   antennes,,   caractérisent,  d'une  manière 


j'ai  rédige  depuis  long-temps ,  et  que  j'ai  communiqué  à  quelques  amis 
j'en  ai  fait  usage  dans  les  généralités. 

(1)  Deux  de  plus  dans  cette  seconde  édition. 


AVERTISSEMENT.  XJ 

1res  simple,  la  classe  clés  insectes.  Ses  coupes  pri- 
maires ont  pour  base  les  trois  considérations  sui- 
vantes :  l°  Insectes  aptères  y  a  métamorphoses  nulles 
ou  incomplètes  ;  les  trois  premiers  ordres.  i°  In- 
sectes aptères  et  subissant  des  transformations 
complètes j  le  quatrième.  3°  Insectes  ayant  des 
ailes y  et  les  acquérant  par  des  métamorphoses  ?  soit 
parfaites  ,  soit  incomplètes  j  les  huit  derniers.  Je 
débute  par  les  arachnides  antennistes  de  M .  de 
Lamarck,  qui  sont  compris  dans  cette  première  di- 
vision, et  forment  nos  trois  premiers  ordres.  La 
seconde  est  composée  du  quatrième  ordre,  et  n'offre 
qu'un  seul  genre,  celui  des  puces  :  il  semblerait , 
sous  quelque  rapport ,  devoir  se  lier,  au  moyen  des 
hippoboscpies ,  avec  les  diptères:  mais  d'autres  ca- 
ractères ,  et  la  nature  de  ses  métamorphoses , 
éloignent  ce  genre  de  celui  des  hippobosques.  Au 
surplus ,  il  est  souvent  difficicile  de  distinguer  ces  fi- 
liations naturelles,  et  souvent  même,  lorsqu'on  est 
assez  heureux  pour  les  découvrir ,  est-on  obligé  de 
sacrifier  ces  rapports  à  la' clarté  et  à  la  facilité  de 
la  méthode. 

Aux  ordres  connus  des  insectes  ailés y  j'ai  ajouté 
celui  des  strépsiptères  de  M.  Kirby,  mais  sous  une 
autre  dénomination  ,  savoir  ,  celle  des  rhipiptères , 
la  sienne  me  paraissant  être  fondée  sur  une  fausse- 
supposition.  Peut-être  même  devrait-on  supprimer 
cet  ordre,  et  ]e  réunir  à  celui  des  diptères,  ainsi 
que  le  pense  M.  de  Lamarck. 


XJJ  AVERTISSEMENT. 

Pour  des  motifs  que  j'ai  développés  ailleurs  (i) , 
et  que  je  pourrais  fortifier  par  d'autres  preuves, 
j'attache  plus  de  valeur  aux  caractères  tirés  des 
organes  locomoteurs  aériens  des  insectes,  et  à  la 
composition  générale  de  leur  corps,  qu'aux  modi- 
fications des  parties  de  leur  bouche ,  du  moins  lors- 
que leur  structure  se  rapporte  essentiellement  au 
même  type.  Ainsi,  je  ne  divise  point  d'abord  ces 
animaux  en  broyeurs  et  suceurs  ,  mais  en  ceux  qui 
ont  des  ailes  et  des  étuis,  et  en  ceux  qui  ont  quatre 
ou  deux  ailes  de  même  consistance.  La  forme  et  les 
usages  des  organes  de  ]a  manducation  ne  sont 
employés  que  secondairement.  Ma  série  des  ordres 
relativement  aux  insectes  ailés  est  conséquemment 
presque  semblable  à  celle  de  Linnceus. 

Fabricius,  MM.  Cuvier,  de  Lamarck  ,  Clairville 
et  Duméril,  mettant  en  première  ligne  les  diffé- 
rences des  fonctions  des  parties  de  la  bouche  ,  ont 
disposé  ces  coupes  d'une  autre  manière. 

D'après  le  plan  de  M.  Cuvier  ,  j'ai  réduit  le 
nombre  des  familles  que  j'avais  établies  dansrnes  ou- 
vrages antérieurs,  et  converti  en  sous-genres  les  dé- 
membrements qu'on  a  faits  des  genres  de  Linnaens, 
quoique  leurs  caractères  puissent  être  d'ailleurs 
bien  distincts.  Telle  avait  été  aussi  l'intention  de 
Gmelin  ,  dans  son  édition  du  SystemaNaturœ.  Cette 
méthode   est  simple ,  historique  et  commode  par 

(i)  Conside'r.  ge'ne'r.  sur  l'ordre  des  crust  ,  des  arach.  et  des  insect,  , 

pag.  4 fi. 


AVERTISSEMENT.  Xll] 

l'avantage  qu'elle  procure  à  l'étudiant  de  graduer 
son  instruction  suivant  son  âge ,  sa  capacité ,  ou  le 
but  qu'il  se  propose. 

Tons  mes  groupes  sont  fondés  sur  l'examen 
comparatif  de  toutes  les  parties  des  animaux  que 
je  veux  faire  connaître,  et  sur  l'obseryation  de 
leurs  habitudes.  C'est  pour  être  trop  exclusifs  dans 
leurs  considérations ^  que  la  plupart  des  natura- 
listes s'écartent  de  l'ordre  naturel.  Aux  faits  re- 
cueillis par  Réaumur,  Rœsel,  DeGéer,  Bonnet, 
MM.  Huber,  etc. ,  sur  l'instinct  des  insectes,  j'en 
ai  ajouté  plusieurs  qui  me  sont  propres,  et  dont 
quelques-uns  n'avaient  pas  encore  été  publiés. 
M.  Guvier  y  a  joint  un  extrait  de  ses  observations 
anatomiques(j);  il  s'est  même  livré  à  de  nouvelles 
recherches,  parmi  lesquelles  je  citerai  celles  qui 
ont  pour  objet  l'organisation  des  limules,  genre  de 
crustacés  très  singulier. 

N'ayant  pu  décrire  qu'un  petit  nombre  d'espèces, 
j'ai  choisi  les  plus  communes  et  les  plus  intéres- 
santes ,  celles,  particulièrement,  qui  sont  men- 
tionnées dans  le  tableau  élémentaire  de  l'histoire 
naturelle  des  animaux  de  M.  Cuvier. 

Vous ,  dont  les  travaux  dans  cette  branche  des 
sciences  naturelles  ont  mérité  l'hommage  de  nos 
respects  et  de  notre  gratitude ,  ne  voyez  dans  cet 


(i)  Celles  que  j'y  ai  ajoutées  dans  cette  seconde  e'dition  m'ont  e'te' 
fournies  par  MM.  Léon  Dufour,  Marcel  de  Serres  ,  Straus  ,  Audouin 
et  Milne  Edwards. 


XIV  AVERTISSEMENT. 

ouvrage  qu'une  grande  esquisse  de  l'Entomologie , 
qu'un  exposé  succinct  de  ce  que  vous  avez  fait  pour 
elle ,  qu'un  repos  pour  votre  mémoire  ;  en  un  mot , 
qu'un  traité  élémentaire  qui  préparera  les  élèves  à 
la  méditation  de  vos  écrits.  Qu'il  me  serait  doux 
d'avoir  rempli  leurs  espérances ,  et  celle  du  savant 
illustre  dont  j'ai  été  auprès  d'eux  le  faible  organe  î 

La  treille  ,  de  V Académie  royale 
des  Sciences, 


TABLE  MÉTHODIQUE 


DU  QUATRIÈME  VOLUME. 


Pages. 

Des  Animaux  articulés 
et  pourvus  de  pieds 
articulés 1 

PREMIÈRE  CLASSE. 

LES  CRUSTACÉS.    .    .       7 

Leur  division  en  ordres.      12 

PREMIÈRE  DIVISION 
GÉNÉRALE. 

LES  MALACOSTRACÉS.  16 

Malacostracés  à  yeux  pé- 
dicules   ib. 

CRUSTACÉS  DÉCAPO- 
DES   ,8 

Décapodes  brachyures.  28 

Crabes 3o 

Crabes  nageurs ....  ib. 

Matute 3i 

Polybie ib. 

Orithyie 32 

Podophthalme..   .  33 
Etrille     ou    Por- 

tune 0,m 


Pages. 

Platyonique. ...  36 

Crabes  arque's.   .    .       .  ib. 
Crabe      proprem. 

dit ib. 

Clorodie  ,    car- 
pilie ,    Xan- 

ihe   (1).   .    .  ib. 

Pirimèle 38 

A  télécycle ib. 

Mursie. 3g 

Hépate ib. 

Crabes  quadrilatères.   .  4° 

Éripliie 41 

Trapezie ib. 

Pilumne ib. 

Thelphuse 42 

.   -Gonoplace.    ...  4^ 

Macroplithalme.  .  44 

Gélasime 4^ 

Ocypode 4^ 

Mictyre 47 

Pinnotlière.   ...  4$ 

Uca 49 

Cardisome 5o 

Ge'carcin ib. 


(i).Nous  désignerons  par  des  caractères  italiques  des  genres^que  nous 
ne  mentionnons  qu'accessoirement ,  soit  qu'ils  nous  soient  peu  ou  point 
connus,  soit  que  nous  les  réunissions  à  d'autres. 


oc 


XVJ  TABLE  MÉTHODIQUE 

Pages. 

Plagusie 5i 

Grapse ib. 

Crabes  orbiculaires  . 


5a 


Coryste 53 

Leucosie  ......  ib. 

Ixa .  ib. 

Iphis,  Nursie,  Ar~ 
canie,  Ilie,  Per- 
sephone,  Mjra, 

Leucosie.    ...  54 

Ébalie.    .'....  55 

Crabes  triangulaires.   .  ib. 

Parthenope.   ...  56 

Lambvus  .   .      .    .  ib. 

Mitbrax 57 

Acanthonyx  ...  58 

Pise ib. 

Péricère ib. 

Maïa 59 

Micippe  .  *  .    .   *  ib. 

Stenocionops.   .   .  ib. 

Camposcie  .   .   •   .  60 

Halirue.   .....  ib. 

Hyas 61 

Libime ib. 

Doclée,  Egérie.   .  ib. 

Leptope 62 

Hyrjie'nosome.   .   .  63 

Tnaclius '  ib. 

Ache'e 64 

Ste'norhinque.   .   .  ib. 

Leptopodie.   .  .   .  ib. 

Pactole   .    i   .   .    .  ib. 

Lilhode 65 

Crabes  cryptopodes.    .  ib. 

Calappe 66 

iEthra 67 

Crabes   notopodes.  .  .  ib. 

Homole ib. 

Dorippe 68 


Pages. 

Dromie 68 

Dynomène ....     69 
Ranine ib. 


DÉCAPODES    MACROURES. 

Écrevisse.  .   .  . 

Macroures  anomaux.   . 
Albune'e  .   .  .   .   . 

Hippe 

Remipède 


Birgus 


70 
72 
73 

74 

ib. 

75 

76 

Hermite ib. 

Cénobite,  Pagure.  7  7 

Prophylace   ...  78 

Macroures  locustes.   .  .  79 

Scyllare  .  .   :  .  •  ib. 

Thène  ,  ibacus. .   .  80 

Langouste  ....  ib. 

Macroures  bomards.  .  82 

Galatbée 83 

Grymote'e  ,  munl- 

dée ib. 

sEglée  ,  Janire.  .  84 

Porcellane.    .   .   .  ib. 

Monolépis ....  85 

Me'galope ib. 

Gébie 86 

Tbalassine.    .   .   .  ib. 

Callianasse ....  87 

Axie.   ......  ib. 

Eryon 88 

Ecrevisse   propre,  ib. 

Nephrops.  .   .   ,|  .  89 

Macroures    salicoques,  91 

Pe'ne'e 92 

Stenope 93 

Atye ib. 

Crangon g4 

Processe  .  .   »  .  .  q5 

Hyménocère  «  .   .  ib. 


DU    QUATRIEME    VOLUME. 

Pages 


Gnathopliylle.  .   .  96 

Ponlonie ib. 

Alpliée ib, 

Hippolyte  ....  ib. 

Autonomëe.  .   .   .  ib. 

Pandale 97 

Pale'inon ib. 

Lysmate 98 

Athanas 99 

Pasyphaé.   ....  ib. 

Mysis 100 

Cryptope ib. 

Mulcion ib. 

CRUSTACÉS   STOMA- 
PODES 101 

STOMAPODES  UNICU1RASSÉS.  IO7 

Squille ib. 

Squille    propre.    .  108 

Gonocle  jtyle  .    .  .  1 09 

Coronis ib. 

Ericlitlie 1 10 

Alime ib. 

Stomapodes  bicuirassés.  ib. 

Phyllosome.   .   .  1 1 1 
Malacostracés  à  yeux 

sessiles ib. 

CRUSTACÉS  AMPHI- 
PODES.  ......   114 

Crevette.   .   .   .   ii5 

Plironime.   ....    116 

Hypérie 117 

Phrosyne ib. 

Dactylocère  .    .         ib 

Ione 1 18 

Orchestie 119 

Talitre ib. 

Atyle.  ......   120 


XVI  j 

Pages? 

Crevette  propre.  .  120 

Mélite ib. 

Me'ra 121 

Amphihoe'  ....  ib. 

Pheruse ib. 

Déxamine  ....  ib. 

Leucothoé .   .    .    .  122 

Cérapc ib. 

Podocère ib. 

Jasse ib< 

Coroplûe 123 

Pte'rygocère   .   .  .  124 

Apseude ib. 

Typliis ib. 

Ance'e 125 

Pranize ib. 

Ergine ib. 

CRUSTACÉS  LAEMODI- 

PODES 126 

Cyame.  ......    127 

Leptomère  ...     ib. 
Naupredie  ...    .    128 

Chevrolle.  ....     ib. 

Cyame  propre  .   .      ib. 

CRUSTACÉS  ISOPO- 

DES -.ï?9 

-  Cloporte 1 3 1 

Bopyre i32 

Serole  .  .  '.  .  .  .  ib. 
Cymotlioë  .  .  .  .  j  33 
Iclitliyopliile .   .   .     ib. 

We'rocile ib. 

Livonèce ib. 

Canolire 1 34 

^Ega ib. 

Rocinèle ib. 

Conilire ib. 

Synodus 1 35 

Cirolane ib 


XVII] 


TABLE    METHODIQUE 

Pages. 


TVélocire 
Eurydice. 

Limnorc'e. 
Zuzai  e  .   . 
Splieiome 
Nesee.  .   . 
Campdcopée 
Cilicée  . 
Cymodoce'e 
Dy  na  mène 
Anthure  . 
Idotée  .    . 
Slénosome 
Arcture 
Aselle  . 
Oniscode 
Jœra.  .    . 
Tylos    . 
Ligie.   . 
Philoscie 
Cloporte   propi 
Porcellion 
Armadille 

DEUXIEME  DIVISION 
GÉNÉRALE  DES  CRUSTACÉS. 

LES  EÎNTOMOSTRA- 
CÉS 

CRUSTACÉS  BRAN- 
CHIOPGBES.    .   .  , 


i35 

ib. 

ib. 
i37 

ib. 

ib. 

ib. 
i38 

ib. 

ib. 

ib. 
139 

ib. 

ib. 

140 
ib. 

141 

ib. 

i43 

ib. 
ib. 

44 


145 


Vlonocle i  5o 


ib. 


Monocles    lophyropes. 

Zoe 

INebalie    ,   . 
Condylure.       ,   . 
Cyclope    .   . 

Calcine 

Cythe're'e 1 58 

Cypris ,59 


l52 

i53 

ib. 

154 

i57 


Latone 

Sida 

Polyphème.    .   .    . 
Daphnie  .... 

Lyncee 

Monocles  phyllopes.    . 

Limnadie 

Artemie 

Branchipe  .    .    .    . 

Eulimène 

Apus 

Lépitlure 

CRUSTACÉS  PAECILO- 
PODES 

PiECILOPODES  XVPHOSURES. 

Limule 

Tachyplce.    .     .    . 

POECILOPODES  SIPHONOSTO- 
MES 

Calfgides 

Arguie 

Calige 

Cahge  propre.    . 

Pterygopode  .    .    . 

Pandare 

Diiiemoure.    .   .   . 

Anthosome.   .   .   . 
Cécrops..    .   .  . 

Lern^eiformes 

Dicliéiestion..  , 
Nicothoé.  .    .    . 

TRILOB1TES  ...... 

AgnosLe.    .    .    . 

Calymène.     .    . 
Asapîie. ..... 

Ogygie 

Paradoxide.  ,   . 


Page». 
162 

.     ib. 

i63 
164 


171 

ib. 

1^1 

i73 

i74 

178 

J79 
182 

i83 


184 
188 


189 

ib. 

190 

i95 

*97 

ib. 

ib. 

ib. 

198 

!S9 

ib. 

ib. 
201 

lO'l 

204 
•2o5 

ib. 

ib. 

ib. 


DU    QUATRIEME 

Pages. 
DEUXIÈME   CLASSE. 

LES  ARACHNIDES.    .   .  206 
ARACHNIDES  PULMO- 
NAIRES  211 

A.  Pulmonaires  fileu- 
ses  ou  araneïdes.    .  21 3 
Mygale 227 

Cténize 23  i 

Atype a32 

Eriodon 233 

Dysdère 234 

Filistale ib. 

Araignée.  .....  235 

Tubilèles ib. 

Clotlio 236 

Drasse  ..;...   238 
Se'gestrie.   .   .       .240 

Clubione 241 

Araignée    propre,      ib. 
Arygronèle.   .   .    .    242 

Ine'quitèies ib, 

Scytode ib. 

Tlie'ridion   .    .   .    .   2j3 

Episine 2^4 

Pholcus ib. 

Orbitèles y,% 

Linyphie <_>A$ 

....   246 


247 
ib. 

2  5o 

25l 


Ulobore  .  .  .  , 
Tetragnatbe  .  . 
Epeïre .       ... 

Late'rigrades.   .... 
Micrommate  . 

Se'le'nope ^# 

Philodrome.   .   .   .   254 

Thomise 255 

Storène 25g 

Citigradcs  .  .      ...   257 
Oxyope.  .  .   .   2^8 


VOLUME.  XIX 

Pages 

Ctène.  ......   258 

Dolomède.    .       .    .   ib. 

Lycose 209 

Myrme'cie  ,   .   .   .  261 

Saltigrades ib. 

Tessarops 263 

Palpimane.       .   .   .  ib. 

Erèse ib. 

Sallique 264 

A.    PULMONAIRES    PEDI- 

PALPES 265 

Tarentule.    .   .   .     ib. 

Phryne 266 

The'lyphone.  .   .   .     ib. 

Scorpion 267 

Buthus ,  2-0 

Scorpion   propre.    .  ib. 

ARACHNIDES    TRA- 
CHÉENNES  271 

Faux-Scorpions.    .   .   .   273 

Galéode ib. 

Pince 275 

Pycnogonides 276 

Pycnogonon.  .   .   278 

Phoxichile.  .   .   .     ib. 

Nymphon.    .    .   .     ib. 

Ammothee.  .   .   .  279 

Holetres tb. 

Phalangiens ib. 

Faucheur  .   .   .   .281 

Gonolcpte  ....  ib. 

Siron 282 

Macrochèle..   .   .     ib. 

Trogule ib. 

ACARIDIES 283 

Mite ib. 


XX 


TABLE    METHODIQUE 

Pages. 


Ti'ombidion  .   .   .  284 

Erythrée ib. 

Gamase ib. 

Cheylète 285 

Oribate  .....  ib. 

Uropode 286 

Acarus ib. 

Bdelle ib.. 

Smaride  .....  287 

Ixode.  ......  ib. 


288 
289 

ib. 
290 

ib. 

ib. 


Argas  ..... 

EyJaïs 

Hydracline.    .   . 
Limnochare  .  . 

Caris 

Lepte-   .... 

Aclysie ib. 

Atome .   .  i   .  .  .  291 
Ocypète  .  .  .  .  .     ib. 

TROISIEME  CLASSE. 

LES  INSECTES ib. 

Leur  division  en  ordres.  32 1 

MYRIAPODES 326 

Chilognathes 329 

Iule 333 

Gloméris ib. 

Iule  propre.  .  .  .  334 
Polydème  ....  ib. 
Craspedosome  .  .  335 
Pollyxène ib. 

Chilopôdes ib. 

Scolopendre.  .   .     ib. 

Scutigère 33^ 

Lidiobie 338 

Scolopendre  pro- 
pre ......      ib. 

TUYSANOURES 339 

Lepismenes 34o 


Page*. 

Lepisme 340 

Machile.    .  '.   .  .   34 1 

Le'pisme  propre.  .     ib. 

PODURELLES.    .....    342 

Podure ib. 

Podure  propre .  .  343 
Smynthure.  .   .   .'    ib. 

PARASITES.  ......  ib. 

Pou.   .......  344 

Pou     proprement 

dit 345 

Haematopine .   .   .  346 

Ricin ib. 

Trichodecte.  .  .   .  348 

Gyrope ib. 

Liolhée ib. 

Philoptère.   .  .    .  ib. 

Goniode 349 

Triongulin.    ...  ib. 

SUCEURS ib. 

Puce 35o 

COLÉOPTÈRES 352 

Coléoptères  pen- 
tamères.   .   .   .  355 
Carnassiers ib. 

PREMIERE  TRIBU. 
CiCINDÉLETES 35g 

Cicindèle.    .   .   .     ib. 

Manticore 36o 

Mcgace'pliale .  .   .     ib. 

Oxyclieile ib. 

Euprosope .  .  .  .  36 1 
Cicindèle  propre,  ib. 
Ctenostome.      .  .  363 

The'rate 364 

Colliure ib. 

Tricondyle.  .   .   .  365 


DU    QUATRIEME 


Pages, 


seconde  tribu. 
Carabiques 365 


Carabe. .   .   . 
Les  Etuis  tronqrte's.   . 
Anthie.    .    .   . 
Grapbiptère  . 
Aptine.    .    .    . 
.Drachme .   .    . 
Corsyre.  .  .    . 
Casnonie.   .  . 
Leptotrachèle 
Odacanthe  .    . 
Zuphie.   .   .   . 
Polis  tique  .    . 
Helluo.   .   .    . 
Dr^-pte.   .  .   . 
'Trichognatbe. 


ib. 
366 
867 

ib. 

368 

369 

370 

37i 

ib. 

372 

ib. 

373 

ib, 

ib 


374 


ib. 

376 
ib. 

377 
ib. 


Gale'rite 375 

Cordiste  .... 
Cte'nodactyle.    . 

Agre 

Cy  min  dis.   .   .   . 
Collëide  .... 

De'mëtrias ib. 

Dromie ib. 

Lébie 37§ 

Plochione ib. 

Orthogonie.   ...  379 
Coptodère  ....      ib. 

Les   Bipartis ib. 

Encélade 38o 

Siagone ib. 

Care'num ib. 

Pasimaque  ....  38a 
Acanthoscèle.   .  .  383 

Scarite "-ib. 

Oxygnathe  ....  384 

Oxystome 385 

Camptodonte.  .  .     ib. 
TOME    IV. 


I 
VOLUME.  XXJ 

Pages. 

Ciivine 385 

Dyschirie 386 

Morion ib. 

Ozène ib. 

Ditome 387 

A  ris  te ib. 

Apotome 388 

Les  Quadrimanes.   .    .      ib. 

Acinope 3Sg 

Dapte  ......      ib 

Harpale 390 

Opbone 39  ! 

Ste'nolophe.   .   .   .     ib. 

Acupalpe ib. 

Les  Simplicimanes  .   .     ib. 

Zabre 392 

Pogone.  .....     ib. 

Te'tragonodère  .  .  393 

Fe'ronie ib. 

A  mare  : 3g4 

Pœcîle ib. 

Argutor ib. 

Platysme ib. 

Omasc'e ib, 

Catadrome.    ...      ib. 

Cophose ib. 

Abax ib. 

Cheporus 396 

Plérosliche.    ...     ib. 

Molops ib. 

Stérope 397 

Myas ib. 

Trigonotome  .  .     3g8 
Céphalote  ....     ib, 

Stomis ib. 

Catascope.  ....     ib. 

Pseudomorphe.    .     ib. 

Colpode 399 

Péricule ib. 

b 


XXI]  TABLE    METHODIQUE 

Pages. 

Morinolyce.  .   .  .  400 

Sphodre.   .   .    .*.  .  ib. 

Cte'nipe ib. 

Calatlie 4QI 

Taphrie ib. 

Les    Patellimanes  .   .   .      ib. 

Dolique 402 

Platyne ib. 

Agone ib. 

Anchomène  .    .   .  4°3 

Calliste ib. 

Oode ib. 

Chlœnie ib. 

Épomis 4°4 

Dinode ib. 

Lissauchenus.    .    .      ib. 

Rembe ib. 

Dicœle 4°^ 

Licine ib. 

Badister ib. 

Péléçie 4°^ 

Cyntbie.  ....   .     ib. 

Panage'e  .    .    •    •   .  4°7 

Loricère- ib. 

Patrobe.  .  .  ■  .  .  ib. 
Les  Grandipalpes.    .   .  4°8 

Pambore 4°9 

Cychrus ib. 

Scapliinote  .  .   .   .  410 

Spliœrodère  ...     ib. 

Tefflus '.     ib. 

Proce'rus 41 1 

Procruste ib. 

Carabe  propre.   .   .   ib. 

Pledès 412 

Cechenus ib. 

Calosome 4*3 

Pogonophore .  .   .   4  !  4 

Nébrie ^iS 

Alpe'e ib. 


Omophron  . 
Elaplire  .  . 
Bléthise  .  . 
Pélophile.    . 

Notiophile  . 
Les  Subulipalpes 
Bembidion. . 
Tachypus  . 
Lopha   . 
Nolaphus   . 
Peryphus 
Leja  .... 
Tre'phus  .   . 
Blemus  .   . 


TROISIÈME  TRIBU. 

Hydrocanthares.  .   .    . 

Dytisque.    .    .   . 

Dytisque    propre. 

Colymbète  .   .    .  . 

Hygrobie.    .    .    .   . 

Hydropore .... 

Notère 

Haliple 

Gyrin 

Dînent  es 

Brachelytres  

Staphylin.    . 

Les  Fissilabres 

Oxypore.   .   .    .   . 

Astrape'e 

Staphylin^  propre. 
XanViolin  .... 
Pinopliile.  "'.  \.  .  . 
Lathrobie  .... 
Les  Longipalpes.   .    .   . 

Pe'dère 

'•   .  Stilique.' 

Procirrus 


Pages. 

4i6 

ib. 
ib. 

ib. 

4i8 

ib. 

ib. 

ib. 

4i8 

ib. 

ib. 
ib 
420 
ib. 


ib. 

4H 
426 

ib. 
427 

ib. 
428 

ib. 
43i 

ib. 

ib. 
433 

ib. 

ib. 

434 
435 

ib. 

ib. 
436 

ib. 

ib. 

ib. 


DU    QUATRIEME    VOLUME. 

Pages. 

Evœsth  ète  .   . 

Stène 

Les  Denticrures.    . 


Oxytèle.  .    . 

Osorius.   .    .    . 

Zirophore  .   . 

Prognathe   .   . 

Coproplule .  . 
Les    Applatis .   .    . 

Omalie.  .   .    . 

Lylève.    .   .    . 

Micropèple.    . 

Protéine  .    .   . 

Aleochare  .  . 
Les  Microcéphales. 

Lomechuse.    . 
Tachine  .    .   . 
Tachypore.    . 
îERRICOP.NES.     .     .     . 


437 
ib. 
ib. 

438 
ib. 

.  ib. 

439 

ib. 

ib. 

ib. 

ib. 
44o 

ib. 

ib. 

ib. 
44i 

ib. 

442 
-, 

10. 


PREMIERE  SECTION. 

Sternoxes. 444 

PREMIERE   TRIBU. 
BuPRESTIDES ib. 

Bupreste 445 

Bupreste  propre.  .    44^ 


Trachys 


•  44? 


Aphanistiqu».   .    .  4^8 

Me'lasis ib. 

SECONDE   TRIBU. 

0 

Elatekides ib. 

Taiipin.     .    .    ,    .   449 

Galba 451 

Eucne'mis ib. 

Adelocère  ....  ib. 

Lissome 452 

Che'lonaire.  .   .   .  ib. 


XX11J 

Pages. 

Throsque ib 

Cérophyte  ....  4^3 

Cryptostorne.     .   .  ib. 

INe'matode    ...   ;  4^4 

Hemirhipe  ....  ib. 

Cténicère ib. 

ïaupin  propre.  .   .   ib. 

Campyîe ^56 

Phvllocère ....  ib. 

J 

seconde  section. 
Malacodermes.    .    .   .  4^7 

premiere  tribu. 

Cébrtonites ib. 

Cebrion ib. 

Physodactyle.   .   .  4^8 
Cebrion    propre .   .   ib. 

Anélaste 4^9 

Callirliipis  .    .   . 
Sandalus.    .    .    . 


Rhipicère. 


ib. 
46o 

ib. 
46i 

ib. 


Ptilodactyle.  .   . 
Ditscille   .... 

•       Élode  '. 462 

Scyrte ib. 

Nycte'e ib. 

Eubrie ib. 

SECONDE    TRIBU. 

Lampyrides ib. 

Lampyre.    .    .   .  463 

Lycus 4^4 

Dictyoptère.  .   .    .      ib. 

Omalise 4^5 

simydète 467 

Phengode ib. 

Lampyre    propre,      ib. 
Drile.   ......   46S 

Cochltoctone .   .   .   469 
Téle'phore  ....   47° 

b. 


XXIV 


TABLE    METHODIQUE 

Pages. 


Siïis 47  l 

Malthine 47  2 

TROISIEME   TRIBU. 

Melybides ib. 

Mélyre ib. 

Malachie 47  3 

Dasyte 

Zygie 

Me'lyre    propre. 
Pe'locopbore  .    . 


Diglobicère 


ib. 

4t4 
ib. 

475 

ib. 


QUATRIEME    TRIBU. 

Clairones ib. 

Clairon 476 

Cylidre ib. 

Tille ib. 

Piocère 477 

Axine ib. 

Eurype ib. 


Thanashne  .   .   . 
Opile.   .  .   .   .   . 

Clairon  propre. 

• 

Necrobie .    .   .   . 
Énoplie 

CINQUIEME  TRIBU. 


478 
ib. 

ib. 

479 
48o 

ib. 


] 


rTINlORES.      ..... 

Ptine.    :   .    .   .   .  481 

Piine  propre.'  .    .  ib. 

IJe'dobie   ....  4§2 

Gibbie ib. 

Piilin 483 

Xyle'line .....  ib. 

Dorcatome.    ...  ib. 

Vrilietle ib. 


TROISIEME    SECTION 
ET  TRIBU  DES 

LlMEBOlS 


485 


ib. 

487 

ib. 


Pages. 

Lyméxylon.    •  .  485 

Hyle'coete ^S6 

Lymexyîon     pro 
pre   ..... 

Cupès.  ..... 

Rbysocle  .   .  ,   . 
Clavicornes 

premiere  section. 

premiere  tribu. 

Palpeurs 488 

Mastige.  ....  489 
Mastige  propre.  .  ib. 
Scyclmène ib. 

SECONDE  TRIBU. 

Histéroïdes 49° 

Escarbot 4l2 

Hololeple ib, 

Escarbet  propre.  .   49^ 
Platysome.    . 
Dendrophile  . 
Abrée  .... 
O  niliophile .  . 


ib. 
ib. 

494 
ib 


TROISIÈME  TRIBU. 
SlLPHALES ib. 

Bouclier 455 

Spbe'rite  .  .       .    .      ib. 
Nécropbore.  .   .   .  49^ 

Necrode 49^ 

Bouclier  propre.   .     ib. 
Thanaiophde.    . 
Oiceptome  .   .    . 
Phosphuge.   .    . 
]\ecrophile.    .   . 

Agyrtès 


499 
ib. 

5oo 

ib. 

5oi 


DU    QUATRIÈME 


QUATRIEME  TRIBU. 
SCAPHIDITES 

Scaphidie.    .   .  . 

Scapbldie  propre. 
Cholève 

CINQUIEME    TRIBU. 

NlTIDULAIRES 

Nitidule 

Colobique   .    .   .   . 

Thymale 

Ips 

Nit-idule  propre.  . 

Cerque 

Byture 

SIXIEME  TRIBU. 

Engtdites. 

Dacné 

Dacne' propre./. 
Cryptophage. .  .   . 

SEPTIEME    TRIBU. 

Dermestins 

Dermes  te  .    .   .   . 

Dermes  Le  propre  . 
Me'galome  .  .  .  . 
Limniclius  .    .    . 

AlLagène 

Trogoderme.  .  . 
Anlhrène.  .  .  . 
Globicorne .   .  . 

HUITIEME    TRIBU. 


Page?. 


5o 

5oi 

ib. 

ib. 


5o3 

ib. 

5o4 
ib. 

5o5 
ib. 

5o6 
ib. 


ib. 

ib. 
ib. 

5o8 

ib. 

Soc) 

ib 
5io 

ib. 
5i  i 

ib\\ 

ib. 


Byc^hiens.    . 
Byrrhe. 


Nosodendre 


5l2 

ib 

ib. 


VOLUME.  XXV 

Pages. 

Birrbe  propre  .  ;  5ia 
Trinode 5i3 

SECONDE    SECTION. 
PREMIER»    TRIBU. 
ACANTHOPODES 5l5 

Hétérocère  .   •   •    ib. 

SECONDE    TRIBU. 

Macrodactyles  (i)  .  .  5i6 
Dryops ib. 

Polamopliile  .  .         ib. 

Dryops    propre.   .  5 1 7 

Elrais ib. 

Macronyque  .  .  .     ib. 

Ge'orisse ib. 

Palpicornes ib. 

PREMIERE  TRIBU. 
TÎYDROPH1L1ETVS 5l9 

Hydrophile.     .   .    ib. 

Élopliore.  .  .  •  520 
Hydrochus.  .  .  •  ib. 
Ochlhebie ....     ib. 

Hydrœne ib. 

Sperclié 52 1 

Globaire ib. 

Hydrophile     pro- 
pre  522 

Liuinébie.  .    .       .    524 

Hydrobie ib. 

Be'i  ose ib. 

SECONDE    TRIBU. 

SpH.ERIDIOIES 5l5 

Sphéridie.    .   .   .     ib. 

Cercidion 520* 

Lamellicornes.     .    .   .     ib. 


1]  Lisez  :  LeftodAciylès  (voyez  l'errala). 


XXV] 


TABLE    METHODIQUE 

Pages. 


PREMIÈRE    TRIRIT. 
SCARABEIDES 5^9 

Scarabée 53o 

Coprophages   .    .       •   .     ib. 

Ateuchus 532 

Pachysome.  ...    .  534 
Gyuinopleure.  .  .     ib. 

Circellie 535 

Coprobie ib. 

Chœridie     ....      ib. 

Hy  borne ib. 

Eurysterne.    .   .  .     ib. 

Onilicelle 536 

Onthophage   .   .   .      ib. 

Onitis 537 

Plianée ib. 

Bousier 538 

Aphodie  ....       53q 
Psamraodie.    .   .   .     ib. 

JEuparie ib. 

Arénicoles 5^o 

iEgialie. ib. 

Chiron 54i 

Léthrus 5/j2 

Ge'olrupe 543 

Ochode'e  .....    544 

Athyre'e  ......      ib. 

Ele'pliastome  .    .  .   545 
Bolboce'ras  ....      ib. 

Hybosore 5^6 

Acanthocère.   .   .      ib. 

Trox 547 

Phobère ib. 

Ciyptodus  ....     ib. 
Mœchïdius.    ...      ib. 

Xylopliiles ib. 

Oryctès 548 

Agacépliale.  .    .    .   54o 
Orphnus ib. 


Pages. 

Scarabe'e  propre..   549 

Pliileure 55o 

Hexodon 55 1 

Cyclocéphale.  .  .  552 
Chrysophore.  .  .  ib. 
Rutèle 553 


ib. 

ib. 
554 

ib. 
555 
556 

ib. 
557 

ib. 

ib. 
558 
56  [ 

ib. 


Macraspis   .... 
Chasmodie  .   . 

Ome'tis 

Pliyllophages 

Pachype  

Amblytère   .   .   . 
Anoplognatbe  .   . 
Leucothyrée  .    .   . 

Apogonie 

Géniate  ..... 
Hanneton  propre. 
Rhisotrogue.  .   .   . 

Ce'raspis 

Aréode ib. 

Dasyus 562 

Sérique ib. 

Diplmcéphale  .   .      ib. 
Macrodactyle.  .   .     ib. 

Plectris 563 

Popilie ib. 

Euchlore ib. 

Anisoplie ib. 

Le'pisie ib. 

•Dicranie  ...   .   .   564 

Hoplie ib. 

Monoclièle ....  565 

Anthobies ib. 

Glapbyre 566 

Ampliicome  .   .   .     ib. 

Antliipne.  .    .   -     56^ 
Cliasmcptèie .    .    .      ib. 

Chasmé ib. 

Dichèle 568 

Lépitrix ib. 


DU     QUATRIEME 

Pages. 

Pachycnème  .  .    .  568 

Anisonix ib. 

Melitopliiles 569 

Trichie 570 

Platygénie  ....  571 

Crémastocheile .   .  572 

Goliath ib. 

Inca 573 

Cétoine 574 

Gymnétis ib. 

Macronote.    ...  ib. 

SECONDE    TRIBU. 
L1UCA.NIDES 575 


VOLUME.  XXvij 

Pages. 

Lucane 576 

Sinodendre.  ...     ib. 

iEsale 577 

Lamprime  ....  ib. 
Ryssonote  ....  578 
Lucane  propre.  .  ib. 
Platycère.  .  .  .  579 
Syndèse 58o 

Passale ib. 

Paxille 58 1 

Additions  et    correc- 
tion^  583 


LE 


RÈGNE  ANIMAL 

DISTRIBUÉ  D'APRÈS  SON  ORGANISATION. 

DES    ANIMAUX   ARTICULÉS 

ET  POURVUS  DE  PIEDS  ARTICULÉS  (i) 


ou 


DES  CRUSTACÉS,  DES  ARACHNIDES  ET  DES  INSECTES. 

Ces  trois  (2)  dernières  classes  des  animaux  arti- 
culés que  Linnœus  réunissait  sous  le  nom  d'insec- 
tes, se  distinguent  par  des  pieds  articulés,  au  moins 


(1)  Je  les  ai  désignés  plus  laconiquement  par  la  dénomination  de  Con- 
djlopes.  Cette  série  d'articulations ,  dont  se  compose  leur  corps ,  a  été' 
comparée  par  quelques  naturalistes  à  un  squelette  ,  ou  à  la  colonne  ver- 
tébrale. Mais  l'emploi  de  cette  dénomination  est  d'autant  plus  abusif  que 
les  articles  ouïes  prétendues  vertèbres  ne  sont  que  des  portions  plus  épais- 
sies de  la  peau,  et  que  cette  peau  est  continue,  mais  simplement  plus 
mince  et  presque  membraneuse  par  intervalles  ou  dans  les  jonctions  arti- 
culaires. Un  caractère  général  qui  dislingue  ces  animaux  de  tous  les  au- 
tres ,  pareillement  dépourvus  de  squelette,  est  leur  exuviabilité  ou  leur 
aptitude  à  changer  de  peau.  La  situation  de  l'encéphale,  du  pharynx  et 
des  yeux,  établissent ,  ainsi  que  dans  les  animaux  plus  élevés  ,  les  limites 
du  dos  et  du  ventre  et  de  leurs  appendices  respectifs. 

(2)  Le  docteur  Leach  forme  une  classe  particulière  des  insectes  myria- 
podes ou  mille-pieds.  Les  arachnides  trachéennes  pourraient  encore,  sous 
des  considérations  anatomiques ,  en  composer  une  autre  ;  mais  elles  ont 
tant-  d'affinités  avec  les  arachnides  pulmonaires  ,  que  nous  n'avons  pas 
cru  devoir  les  séparer  classiquement. 

TOME    IV. 

t 


- 


2  ANIMAUX.    ARTICULÉS 

au  nombre  de  six  (1).  Chaque  article  est  tubuleux 
et  contient,  dans  son  intérieur,  les  muscles  de 
l'article  suivant,  qui  se  meut  toujours  par  gyn- 
glime,  c'est-à-dire  dans  un  seul  sens. 

Le  premier  article ,  qui  attache  le  pied  au  corps , 
et  qui  est  le  plus  souvent  composé  de  deux  piè- 
ces (2) ,  se  nomme  la  hanche  j  le  suivant ,  qui  est 
d'ordinaire  dans  une  situation  à  peu  près  horizon- 
tale, est  la  cuisse  ;  le  troisième  ,  le  plus  souvent  ver- 
tical, se  nomme  la  jambe  ;  enfin  ,  il  en  reste  une 
suite  de  petits  qui  posent  à  terre,  ce  qui  forme 
proprement  le  pied ,  ou  ce  qu'on  appelle  le  tarse. 

La  dureté  de  l'enveloppe  calcaire  ou  cornée  (3) 
du  plus  grand  nombre  de  ces  animaux  tient  à  celle 
de  l'excrétion  qui  s'interpose  entre  le  derme  et 
l'épidémie  ,  ce  qu'on  appelle  dans  l'homme  le  tissu 
muqueux.  C'est  aussi  dans  cette  excrétion  que  sont 

(1)  Hexapodes.  Ceux  où  leur  nombre  est  au-delà  de  six',  sont  appele's 
spiropodes  par  M.  Savigny.  Je  les  ai  désignes  ,  d'une  manière  plus  pré- 
cise, sous  la  dénomination  d'hyperhéxapes  (au-delà  de  six  pieds). 

(2)  Dans  beaucoup  de  crustacés ,  la  seconde  pièce  des  hanches  paraît 
faire  partie  des  cuisses.  Les  jambes  ,  ainsi  que  celles  des  arachnides,  sont 
divisées  en  deux  articles. 

(3)  D'après  les  recherches  de  M.  Auguste  Odier,  [Mém.  de  la  soc. 
rVhist.  naiur.  de  Paris,  1823,  t.  ier?  p.  29  et  suiv. },  la  substance  de 
cette  enveloppe  est  d'une  nature  particulière  ,  qu'il  nomme  chitine. 
Suivant  lui ,  le  phosphate  de  chaux  forme  la  plus  grande  partie  des  sels 
des  téguments  des  insectes;  tandis  que  la  carapace  ou  le  test  des  crusta- 
cés en  offre  peu  ,  et  abonde  en  carbonate  de  chaux,  que  l'on  ne  trouve 
point  dans  les  animaux  précédents.  D'autres  recherches  ,  celles  de 
M.  Straus  surtout ,  démontrent  que  les  téguments  remplacent  ici  la  peau 
des  vertébrés  ,  ou  qu'ils  ne  forment  point  de  véritable  scpielette.  Les  ob- 
servations de  M.  Odier  combattent  aussi  toutes  les  analogies  que  Fou 
avait  voulu  établir  à  cet  é^ard. 


A   PIEDS    ARTICULES.  O 

déposées  les  couleurs  souvent  brillantes  et  si  va- 
riées qui  les  décorent. 

Ces  animaux  ont  toujours  des  jeux  qui  peuvent 
être  de  deux  sortes  ;  les  yeux  simples  ou  lisses  (1) , 
qui  se  présentent  sous  la  forme  d'une  très  petite 
lentille,  communément  au  nombre  de  trois,  et  dis- 
posés en  triangle  sur  le  sommet  de  la  tête  ;  et  les 
jeux  composés  ou  à  facettes ,  dont  la  surface  est 
divisée  en  une  infinité  de  lentilles  différentes ,  ap- 
pelées facettes ,  et  à  chacune  desquelles  répond  un 
filet  du  nerf  optique.  Ces  deux  sortes  peuvent  être 
réunies  ou  séparées  selon  les  genres  ;  on  ne  sait 
pas  encore  si,  lorsqu'elles  existent  simultanément, 
leurs  fonctions  sont  essentiellement  différentes  ; 
mais  dans  l'une  et  l'autre  la  vision  se  fait  par  des 
moyens  très  différents  de  ceux  qui  ont  lieu  dans 
l'œil  des  vertébrés  (2). 

D'autres  organes  qui  paraissent  ici  pour  la  pre- 
mière fois,  et  qui  se  trouvent  dans  deux  de  ces 
classes,  les  crustacés  et  les  insectes  (3) ,  les  antennes, 
sont  des  filaments  articulés  et  infiniment  diversifiés 
pour  la  forme ,  souvent  même  selon  les  sexes  $  te- 
nant à  la  tête,  paraissant  éminemment  consacrés  à 

(1)  Ocelli  stemmata. 

(2)  Voyez  un  mémoire  de  M.  Marcel  de  Serres  sur  les  yeux  compose's 
et  les  yeux  lisses  des  insectes ,  Montpellier,  i8i5  ,  i  vol.  in-8°.  Voyez 
aussi  les  observations  de  M.  de  Blainville  sur  les  yeux  des  crustacés, 
consignées  dans  le  Bulletin  de  la  Société  philo matique.  Nous  reviendrons 
plus  bas  sur  ce  sujet. 

(3)  Et  même  dans  les  arachnides  ,  mais  sous  des  formes  et  avec  des 
fonctions  différentes. 

-,  * 


[\  ANIMAUX    ARTICULÉS 

un  toucher  délicat ,  et  peut-être  à  quelque  autre 
genre  de  sensation  dont  nous  n'avons  pas  d'idée,  mais 
qui  pourrait  se  rapporter  à  l'état  de  l'atmosphère. 

Ces  animaux  jouissent  du  sens  de  l'odorat  et  de  , 
celui  de  l'ouïe  :  quelques-uns  placent  le  siège  du 
premier  dans  les  antennes  (1);  d'autres,  comme 
M. Duméril,  aux  orifices  des  trachées;  d'autres  encore, 
comme  M.  Marcel  de  Serres,  dans  les  palpes  ;  mais 
ces  opinions  ne  sont  pas  appuyées  sur  des  faits  posi- 
tifs et  concluants.  Quant  à  l'ouïe  ,  les  crustacés  dé- 
capodes ^  et  quelques  orthoptères  ont  seuls  une 
oreille  visible. 

La  bouche  de  ces  animaux  présente  une  grande 
analogie  qui,  d'après  les  observations  de  M.  Savi- 
gny  (2),  s'étend  même,  du  moins  relativement  aux 
insectes  hexapodes  ,  à  ceux  qui  ne  peuvent  que 
sucer  des  aliments  liquides. 

Ceux  qu'on  appelle  broyeurs y  parce  qu'ils  ont  des 


(1)  Relativement  aux  insectes ,  et  lorsqu'elles  se  terminent  en  massue 
plus  ou  moins  développée,  ou  bien  qu'elles  sont  accompagnées  d'un 
prand  nombre  de  poils.  Suivant  M.  Robin  eau  Desvoidy ,  les  antennes  in- 
terme'diaires  des  crustacés  de'capodes  sont  l'organe  olfactif  (  Bull,  des 
Scienc.  nat.,  mai  1827).  Mais  il  ne  cite  à  l'appui  de  son  sentiment  aucune 
expérience  directe.  Il  semblerait  d'ailleurs  que  ,  dans  les  crustace's  très 
carnassiers  ,  tels  que  les  gécarcins  et  autres  ,  cet  organe  devrait  être  com- 
parativement plus  développe' ,  et  nous  observons  positivement  le  con- 
traire. Ses  idées  sur  la  composition  extérieure  des  crustacés  décapodes, 
supposent  l'existence  d'un  squelette.  Mais  pour  ne  pas  agir  arbitrairement, 
il  aurait  dû  commencer  par  établir  la  connexion  de  ces  animaux  avec 
les  poissons,  et  ne  pas  admettre,  comme  fait  positif,  ce  qui  est,  au 
moins,  en  question. 

(2)  Mémoires  suf  les  animaux  sans  vertèbres.  L'idée  mère  avait  été  con- 
signée, mais  sans  développement,  dans  monHist.  génér.  des  insectes. 


A  PIEDS  ARTICULÉS.  D 

mâchoires  propres  à  triturer  les  aliments ,  les  pré- 
sentent toujours  par  paires  latérales ,  placées  au- 
devant  les  unes  des  autres;  la  paire  antérieure  se 
nomme  spécialement  mandibules;  les  pièces  qui  les 
couvrent  en  avant  et  en  arrière  portent  le  nom  de 
lèvres  (i),  et  celle  de  devant  en  particulier  celui 
de  labre.  On  appelle  palpes  ou  antennules  des  fila- 
mens  articulés  attachés  aux  mâchoires  ou  à  la  lèvre 
inférieure ,  et  qui  paraissent  servir  à  l'animal  pour 
reconnaître  ses  aliments.  Les  formes  de  ces  divers 
organes  déterminent  le  genre  de  nourriture  aussi 
nettement  que  les  dents  des  quadrupèdes.  A  la 
lèvre  inférieure  (2)  adhère  communément  la  langue 

(1)  Il  s'agit  ici  plus  particulièrement  des  insectes  à  six  pattes  ou  hexa- 
podes. 

(2)  Ou  plus  simplement  lèvre ,  puisque  l'autre  a  reçu  le  nom  de  labre. 
Elle  est  protégée ,  en  devant ,  par  une  pièce  corne'e ,  plus  ou  moifis 
grande ,  formée  par  un  prolongement  cutané  et  articulé  à  sa  base  d'une 
portion  inférieure  de  la  tête,  appelée  menton.  Ses  palpes,  toujours  au 
nombre  de  deux ,  sont  distingués  des  maxillaires ,  par  Pépithète  de  la- 
biaux. Lorsque  ceux-ci  sont  au  nombre  de  quatre  ,  on  les  désigne  par  les 
dénominations  d'externes  et  d'internes.  On  regarde  les  derniers  comme 
une  modification  de  la  division  extérieure  et  terminale  de  la  mâchoire. 
Cette  pièce,  que  Fabricius,  relativement  à  ses  uîonates  ou  les  orthoptères, 
nomme  galea ,  n'est  encore  que  la  même  division  maxillaire ,  mais  plus 
dilatée ,  voûtée  et  propre  à  recouvrir  la  division  interne  qui,  ici,  à  raison 
de  sa  consistance  écailleuse  et  de  ses  dents  ,  ressemble  à  une  mandibule. 
Dans  les  derniers  insectes,  et  surtout  dans  les  libellules  ou  demoiselles  , 
l'intérieur  de  la  cavité  buccale  offre  un  corps  mou  ou  vésiculeux,  distinct 
de  la  lèvre,  et  qui,  comparativement  aux  crustacés,  paraît  être  la  langue 
proprement  dite  {Labium  ,  Fab.  ).  Cette  pièce  est  peut-être  représentée 
par  ces  divisions  latérales  de  la  languette  qu'on  nomme  paraglosses 
(  voyez  les  coléoptères  carnassiers  ,  les  hydrophiles  ,  les  staphylins  3  les 
deux  pièces  en  forme  de  pinceau  qui  terminent  la  lèvre  des  lucanes  ,  les 
apiaires,  etc.).  Les  insectes  précités,  savoir  les  orthoptères  et  les  libel- 
lules de  Linuœus ,  nous  montrent  évidemment .,  que  cette  portion  mem- 


6  ANIMAUX     ARTICULÉS 

(ou  languette,  ligula).  Tantôt  (les  abeilles,  et  plu- 
sieurs autres  insectes  hyménoptères)  elle  se  prolonge 
considérablement,  ainsi  que  les  mâchoires  ,  et  forme 
une  sorte  de  fausse  trompe  (promuscis) ,  ayant  le  pha- 
rynx à  sa  base ,  souvent  recouvert  par  une  espèce  de 
sous-labre,  appelé  par  M.  Savigny  épipharynx  (1)  ; 
tantôt  (hémiptères  et  diptères)  les  mandibules  et  les 
mâchoires  sont  remplacées  par  des  pièces  écail- 
leuses,  en  forme  de  soies  ou  de  lancettes,  reçues 
dans  une  gaine  tubulaire ,  alongée  ,  soit  cylindrique 
et  articulée ,  soit  plus  ou  moins  coudée  et  terminée 
par  des  espèces  de  lèvres.  Ces  parties  composent  alors 
une  véritable  trompe.  Dans  d'autres  insectes  suceurs 
(lépidoptères),  les  mâchoires  seules  se  prolongent 
considérablement,  se  réunissent  pour  former  un 
corps  tubulaire ,  en  forme  de  soie ,  ayant  l'appa- 
rence d'une  langue  longue ,  très  déliée  et  roulée 
en  spirale  (spiritrojnpe,  Latr.)  ;  les  autres  parties  de 

braneuse  et  terminale  de  la  lèvre  inférieure  ,  qui  fait  plus  ou  inoins  de 
saillie  entre  ses  palpes  ,  très  prolonge'e  surtout  dans  plusieurs  hyménop- 
tères, est  très  distincte  de  cette  caroncule  intérieure,  que  je  considère 
comme  la  langue  proprement  dite  ;  et  cependant  presque  tous  les  ento- 
mologistes désignent  cette  extrémité  extérieure  de  la  lèvre  sous  le  nom 
de  languette.  Mais  il  est  vrai  de  dire  que  la  langue  proprement  dite  est 
ordinairement  si  intimement  unie  avec  la  lèvre  ,  que  ces  parties  se  con- 
fondent au  premier  coup  d'œii.  Le  pharynx  est  situé  au  milieu  de  la  face 
antérieure  de  cette  lèvre  ,  un  peu  au-dessus  de  sa  racine ,  et  dans  les  co- 
léoptères ,  pourvus  de  paraglosses,  au  point  de  leur  réunion.  Pour  bien 
connaître  la  composition  primitive  de  la  lèvre  inférieure ,  il  faut  l'étudier 
dans  les  larves  mêmes  ,  principalement  dans  celles  des  coléoptères  car- 
nassiers aquatiques  [voyez  les  généralités  de  la  classe  des  insectes). 

(i)  Dans  beaucoup  de  coléoptères,  au-dessous  du  labre  est  une  pièce 
membraneuse,  qui  me  paraît  être  l'analogue  de  l'épipliarynx.  Le  labre 
est  relativement  à  elle  ,  ce  qu'est  le  menton  par  rapport  à  ia  lèvre. 


A    PIEDS     ARTICULÉS.  J 

la  bouche  sont  très  rappetissées.  Quelquefois  _, 
comme  dans  beaucoup  de  crustacés ^  les  pieds  an- 
térieurs se  rapprochent  des  mâchoires  ^  en  prennent 
la  forme,  exercent  une  partie  de  leurs  fonctions, 
et  l'on  dit  alors  que  les  mâchoires  sont  multi- 
pliées; il  peut  même  arriver  que  les  vraies  mâ- 
choires soient  tellement  réduites  ,  que  les  pieds 
maxillaires  ,  autrement  pieds  -  mâchoires  ,  soient 
obligés  de  les  remplacer  en  entier.  Mais  quelles 
que  soient  les  modifications  de  ces  parties,  il  y  a 
toujours  moyen  de  les  reconnaître,  et  de  ramener  ces 
changements  à  un  type  général  (i). 


PREMIERE  CLASSE  DES  ANIMAUX  ARTICULES 

ET  POURVUS    DE    PIEDS    ARTICULES. 


LES  CRUSTACÉS  (crustacea) 

Sont  des  animaux  articulés  ,  à  pieds  articulés , 
respirant  par  des  branchies,  recouvertes  dans  les  uns 
par  les  bords  d'un  test   ou  carapace  ,  extérieures 

(i)  C'est  par  l'étude  comparative  et  graduelle  de  la  bouche  des  crusta- 
ce's,  que  l'on  pourra  acque'rir  des  notions  exactes  sur  les  diverses  transfor- 
mations de  ces  parties  et  le  moyen  d'établir  une  concordance  générale , 
sinon  certaine  ,  du  moins  probable  ,  entre  ces  divers  organes  considérés 
dans  les  trois  classes.  Les  mandibules  ,  les  mâchoires  et  la  lèvre  sont,  au 
fond ,  des  sortes  de  pieds  appropriés  aux  fonctions  masticatoires  ou  buc- 
caux ,  mais  susceptibles  ,  par  des  modifications  ,  de  devenir  des  organes 
locomotiles.  Ce  principe  s'étend  même  aux  antennes  ,  ou  du  moins  aux 
deux  intermédiaires  de  celles  des  crustacés.  En  l'adoptant ,  il  sera  facile 
de  ramener  la  composition  de  ces  organes  à  un  type  général.  Les  arach- 
nides et  les  myriapodes  ,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  bas ,  ne  présen- 
teront plus  ,  sous  ce  rapport,  d'anomalie. 


S  DES   CRUSTACÉS 

clans  les  autres,  mais  qui  ne  sont  renfermées  dans  des 
cavités  spéciales  du  corps ,  recevant  l'air  par  des 
ouvertures  placées  à  la  surface  de  la  peau.  Leur 
circulation  est  double  et  analogue  à  celle  des 
mollusques.  Le  sang  se  rend  du  cœur,  situé  sur 
le  dos,  aux  différentes  parties  du  corps,  d'où 
il  revient  aux  branchies  ,  et  de  là  retourne  au 
cœur  (1).  Ces  branchies,  situées,  tantôt  à  la  base 
des  pieds ,  ou  sur  les  pieds  mêmes ,  tantôt  sur  les 
appendices  inférieurs  de  l'abdomen  ,  forment ,  soit 
des  pyramides  composées  de  lames  empilées  ou 
hérissées  de  barbes,  soit  des  panaches,  de  simples 
lames,  et  paraissent  même  dans  quelques-unes 
uniquement  constituées  par  des  poils. 

Quelques  zootomistes,  et  spécialement  M.  le  ba- 
ron Cuvier,  nous  avaient  fait  connaître  le  système 
nerveux  de  plusieurs  crustacés  de  divers  ordres. 
Le  même  sujet  vient  d'être  traité  à  fond  par 
MM.  Victor  Audouin  et  Milne  Edwards,  dans  leur 
troisième  Mémoire  sur  l'anatomie  et  la  physiologie 
des  animaux  de  cette  classe  (Ann.  des  scieiic.  nat. , 
xiv,  77  ),  et  il  ne  nous  manque  plus,  pour  complé- 
ter ces  recherches ,  que  la  publication  de  celles 
qu'a  faites  M.  Straus  sur  les  branchiopodes,  et  no- 
tamment sur  leslimules,  dont  ces  deux  naturalistes 
n'ont  point  parlé. 

«  Le  système  nerveux  des  crustacés,   soumis  à 


(0   Voyez^  ci-après,  Tordre  des  décapodes. 


EN    GÉNÉRAL.  O, 

leurs  observations,  se  présente,  nous  disent-ils,  sous 
deux  aspects  très  différents  ,  qui  constituent  les 
deux  extrêmes  des  modifications  qu'il  offre  dans  les 
crustacés.  Tantôt ,  comme  cela  a  lieu  dans  le  tali- 
tre,  cet  appareil  est  formé  par  un  grand  nombre 
de  renflements  nerveux,  semblables  entre  eux,  dis- 
posés par  paires,  et  réunis  par  des  cordons  de  com- 
munication y  de  manière  à  former  deux  chaînes 
ganglionnaires ,  distantes  Tune  de  l'autre  et  occu- 
pant toute  la  longueur  de  l'animal.  Tantôt  ,  au 
contraire ,  il  se  compose  uniquement  de  deux  gan- 
glions ou  renflements  noueux ,  dissemblables  par 
leur  forme,  leur  volume  et  leur  disposition  ,  mais 
toujours  simples  et  impairs ,  et  situés  l'un  à  la  tête 
et  l'autre  au  thorax.  C'est  ce  que  Ton  rencontre 
dans  le  maja.  » 

»  Certes ,  au  premier  abord  ,  ces  deux  modes 
d'organisation  semblent  être  essentiellement  diffé- 
rents, et  si  l'on  bornait  l'étude  du  système  nerveux 
des  crustacés  à  ces  deux  animaux ,  il  serait  bien 
difficile  de  reconnaître  dans  la  masse  nerveuse  cen- 
trale du  thorax  du  maja ,  l'analogue  des  deux 
chaînes  ganglionnaires  qui  occupent  la  même  par- 
tie du  corps  dans  letalitre.  Mais  si  l'on  se  rappelle 
les  divers  faits  que  nous  avons  rapportés  dans  ce 
Mémoire  ,  on  arrivera  nécessairement  à  ce  résultat 
remarquable.  » 

Ils  y  ont  été  conduits  par  l'étude  exacte  du  sys- 
tème nerveux  de  divers  crustacés    intermédiaires, 


10  DES    CRUSTA.GÉS 

formant  autant  de   chaînons  de  cette  série,    tels 
que  les  cjmothoés  (1  ),  les  phyllosonies  (  2  ),    le 
homard  (3),  les  palémons  et  les  langoustes.  Ils  se 
sont  aussi  étayés  des  observations  de  M.  le  baron 
Cuvier    et    de  M.    Tréviranus.    Ils   en    déduisent 
cette    conséquence  ,   que   malgré    ces   différences 
de   disposition ,  le  système  nerveux  des  crustacés 
est   cependant    formé   des    mêmes  éléments   qui , 
isolés   chez  les  uns ,    et   uniformément  distribués 
dans  toute  la  longueur  du  corps ,  présentent  chez 
les  autres  divers  degrés  de  centralisation^  d'abord 
de   dehors  en   dedans ,   ensuite    dans   la  direction 
longitudinale  ;   et  qu'enfin  ce  rapprochement  dans 
tous  les  sens  est  porté   à  son   extrême,    lorsqu'il 
n'existe  plus  qu'un   noyau  unique  au  thorax   (les 
crabes  proprement  dits  ou   brachyures).  De  tous 
les  décapodes  macroures  observés  par  MM.  Victor 
Audouin  et   Milne  Edwards ,  la  langouste  serait 
celui  dont  le  système  veineux  serait  le  plus  cen- 
tralisé ;    et   dans   notre  méthode  ,     en    effet ,    ce 
crustacé  est  peu  éloigné  des  brachyures.   Mais  il 
n'en  serait  pas  de  même  des  palémons  et  du  ho- 
mard; car,   suivant  eux,  les  premiers  se  rappro- 
cheraient plus  sous  ce  rapport  des  langoustes  que 
le  homard  ,   tandis   que ,   dans  notre  distribution , 
ce  dernier  crustacé  précède  les  palémons  ,  dispo- 

(1)  Ordre  des  isopodes. 

(2)  Ordre  des  stomapodes. 

(3)  Voyez  pour  ce  sous-genre  et  les  deux  suivants  l'ordre  des  décapodes, 
famille  des  macroures. 


EN  GÉNÉRAL.  11 

sition  qui  nous  paraît  fondée  sur  plusieurs  carac- 
tères très  naturels. 

Les  crustacés  sont  aptères  ou  privés  d'ailes ,  mu- 
nis de  deux  jeux  à  facettes,  mais  rarement  d'jeux 
lisses,  et  communément  de  quatre  antennes.  Ils 
ont,  pour  la  plupart  (les  pœcilopodes  exceptés),  trois 
Paires  de  mâchoires  (les  deux  supérieures  qu'on 
désigne  sous  le  nom  de  mandibules ,  comprises)  , 
autant  de  pieds-mâchoires  (i) ,  mais  dont  les  quatre 
derniers  deviennent,  dans  un  grand  nombre,  de  vé- 
ritables pieds  ,  et  dix  pieds  proprement  dits ,  tous 
terminés  par  un  seul  onglet.  Lorsque  les  deux  der- 
nières paires  de  pieds-mâchoires  remplissent  les 
mêmes  fonctions ,  le  nombre  de  pieds  est  alors  de 
quatorze.  La  bouche  présente  aussi,  de  même  que 
dans  les  insectes,  un  labre  ,  une  languette,  mais 
point  de  lèvre  inférieure  proprement  dite  ou  com- 
parable à  celle  de  ces  derniers  ;  la  troisième  paire 
de  pieds-mâchoires  ou  la  première,  ferme  extérieu- 
rement la  bouche  et  remplace  cette  partie. 

Les  organes  sexuels,  oujceux  des  mâles  au  moins, 


(i)  Mâchoires  auxiliaires,  dans  la  nomenclature  de  M.Savigny ,  du 
moins  quant  aux  crustacés  de'capodes.  Les  deux  supérieurs  formant,  dans 
les  amphipodes  et  les  isopodes  ,  une  sorte  de  lèvre,  il  les  appelle,  dans  ce 
cas  ,  lèvre  auxiliaire.  Relativement  aux  faucheurs  ou  phalangium ,  genre 
d'arachnides,  il  distingue  leurs  mâchoires,  en  mâchoires  principales,  celles 
qui  tiennent  aux  palpes  (faux palpes  selon  lui  )  et  en  mâchoires  surnumé- 
mér  aires,  celles  qui  tiennent  aux  quatre  premières  pattes.  Les  pièces  des 
mêmes  animaux  qu'on  a  conside're'es  comme  des  mandibules,  sont  pour  lui 
des  mandibules  succédanées.  Al1 égard  des  scolopendres  ,  il  admet  deux 
lèvres  auxiliaires, 


12  DIVISIONS  GÉNÉRALES 

sont  toujours  doubles ,  et  situés  sous  la  poitrine  ou  à 
l'origine  inférieure  de  cette  partie  postérieure  et 
abdominale  du  corps  qu'on  nomme  communément 
queue,  et  jamais  postérieurs.  Leurs  téguments  sont 
ordinairement  solides,  et  plus  ou  moins  calcaire.  Ils 
changent  plusieurs  fois  de  peau ,  et  conservent  gé- 
néralement leur  forme  primitive  et  leur  activité 
naturelle.  Us  sont  carnassiers  pour  la  plupart,  aqua- 
tiques, et  vivent  plusieurs  années.  Ils  ne  deviennent 
adultes  ou  propres  à  la  génération  qu'après  un  cer- 
tain nombre  de  mues.  A  l'exception  d'un  petit 
nombre,  où  les  changements  de  peau  influent  un 
peu  sur  leur  forme  primitive,  modifient  ou  aug- 
mentent leurs  organes  locomotiles,  ces  animaux 
sont  en  naissant,  et  à  la  grandeur  près,  tels  qu'ils 
seront  toute  leur  vie. 


DIVISION 

DES    CRUSTACÉS   EN    ORDRES. 


La  situation  et  la  forme  des  branchies ,  la  ma- 
nière dont  la  tête  s'articule  avec  le  tronc  (1),  la 
mobilité  ou  la  fixité  des  yeux  (2)  ,  les  organes  mas- 


(1)  Voyez,  à  l'égard  de  cette  expression  et  celle  du  thorax,  employées 
souvent, d'une  manière  arbitraire,  les  généralités  delà  classe  des  in- 
sectes. 

(2)  Ces  organes  sont  pédicules  et  mobiles  ou  sessiles  et  fixes.  Tel  est 


DES     CRUSTACES.  l5 

# 

ticatoires,  les  téguments,  seront  la  base  de  nos  divi- 
sions^ et  donneront  lieu  aux  ordres  suivants  (1). 

Nous  partagerons  cette  classe  en  deux  sections^ 
les  Malacostracés  et  les  Entomostracés  (2).  Les 
premiers  ont  généralement  des  téguments  très  so- 
lides^ d'une  nature  calcaire,  et  dix  ou  quatorze 
pieds  (5)  ordinairement  onguiculés;  la  bouche ,  si- 
tuée comme  d'ordinaire,  est  composée  d'un  labre , 
d'une  langue  ,  de  deux  mandibules  (portant  sou- 
vent un  palpe  ) ,  de  deux  paires  de  mâchoires  re- 
couvertes par  des  pieds-mâchoires.  Dans  un  grand 
nombre  ,  les  jeux  sont  portés  chacun  sur  un  pédi- 
cule articulé  et  mobile  ,  et  les  branchies  sont 
cachées  sous  les  bords  latéraux  du  test  ou  de  la 
carapace;  dans  les  autres,  elles  sont  ordinairement 
placées  sous  le  post  -  abdomen.  Cette  section  se 
compose  de  cinq  ordres  :  les  Décapodes  ,  les  Sto- 
mapodes,  les  Ljîmodipodes  ,  les  Amphipodes  ,  et  les 


le  caractère  d'après  lequel  M.  De  Lamarck  a  divise'  la  classe  des  crustace's 
en  deux  grandes  coupes  ,  les  pédiocl-es  et  les  sessiliocles  ,  de'nominations 
auxquelles  le  docteur  Leach  a  substitue',  mais  en  restreignant  cette  ap- 
plication aux  malacostrace's ,  celles  de  podoplithalmes  et  d'édriophthal- 
mes.  Gronovius  avait,  le  premier  ,  employé  cette  considération. 

(1)  Quoique  nous  n'ayons  pas  encore  un  grand  nombre  d'observations 
sur  le  système  nerveux  des  crustacés  ,  celles  qu'on  a  recueillies  appuient 
néanmoins  nos  divisions. 

(2)  On  pourrait  encore  ,  d'après  la  présence  ou  l'absence  des  mandi- 
bules, les  diviser  en  dentés  et  en  édentés.  Jurine  fils  avait  déjà  proposé 
ces  divisions,  dans  son  beau  Mémoire  Sur  l'argule  foliacé. 

(3)  Les  quatre  antérieurs,  lorsqu'il  y  en  a  quatorze,  sont  formés  par  les 
quatre  derniers  pieds  -  mâchoires.  Dans  les  décapodes ,  les  six  pieds- 
mâchoires  sont  appliqués  sur  la  bouche  et  font  l'office  de  mâchoires. 


l4  DIVISIONS  GÉNÉRALES 

isopodes.  Les  quatre  premiers  embrassent  le  genre 
cancer  de  Linnœus,  et  le  dernier,  celui  qu'il  nomme 
oniscus  (cloporte). 

Les  entomostracés  ou  insectes  à  coquille  de  Mill- 
ier se  composent  du  genre  monoculus  de  Linnœus. 
Ici  les  téguments  sont  cornés,  très  minces  ,  et  un 
test  en  forme  de  bouclier  d'une  à  deux  pièces,  ou 
bien  en  forme  de  coquille  bivalve  ,  recouvre  ou 
renferme  le  corps  du  plus  grand  nombre.  Les  jeux 

sont  presque  toujours  sessiles,  et  souvent  il  n'y  en 
a  qu'un.  Les  pieds,  dont  la  quantilé  varie,  sont, 
dans  la  plupart  uniquement  propres  à  la  natation 
et  sans  onglet  au  bout.  Les  uns ,  ayant  une  bouche 
antérieure,  composée  d'un  labre ,  de  deux  mandi- 
bules (rarement  pourvues  de  palpes),  d'une  lan- 
gue, d'une  à  deux  paires  de  mâchoires  au  plus,, 
dont  les  extérieures  à  nu  ou  point  recouvertes  par 
des  pieds-mâchoires ,  se  rapprochent  des  crustacés 
précédents.  Dans  les  autres  entomostracés ,  et  qui 
semblent  à  plusieurs  égards  a  voisiner  les  arachnides, 
tantôt  les  organes  masticateurs  sont  simplement  for- 
més par  les  hanches  des  pieds,  avancées  et  disposées 
en  manière  de  lobes ,  hérissés  de  petites  épines , 
autour  d'un  grand  pharynx  central  ;  tantôt  ils  com- 
posent un  petit  siphon  ou  bec  ,  servant  de  suçoir, 
ainsi  que  dans  plusieurs  arachnides  et  dans  plusieurs 
insectes ,  ou  bien  ne  se*montrent  point  ou  presque 
pas  à  l'extérieur,  soit  que  le  siphon  soit  interne,  soit 
que  la  succion  s'opère  à  la  manière  d'une  ventouse. 


DES  CRUSTACÉS  l5 

Ainsi  les  entomostracés  sont  dentés  ou  édentés. 
Les  premiers  formeront  notre  ordre  des  branchio- 
podes  (1) ,  et  les  seconds,  celui  de  p^ecilopodes , 
qui  dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage  n'étaient 
qu'une  section  de  l'ordre  précédent. 

Les  fossiles  singuliers  appelés  Trilobit  es,  et  dont 
M.  Brongniart ,  notre  confrère  à  l'académie  royale 
des  sciences,  adonné  une  excellente  monographie, 
étant  considérés  par  lui,  ainsi  que  par  beaucoup 
d'autres  naturalistes,  comme  des  crustacés  voisins 
des  entomostracés,  nous  en  traiterons  succintement, 
à  la  suite  de  ceux-ci. 


(i)  Dans  mon  ouvrage  intitule  :  Familles  naturelles  du  règne  animal , 
les  entomostracés  sont  partagés  en  quatre  ordres  :  les  lophjropoJes ,  les 
phjllopodes ,  les  xiphosures  elles  siplwnostomes. 


ÊÊ      *' 


l6  DES    CRUST.     DÉCAPODES 


PREMIÈRE  DIVISION  GÉNÉRALE, 


DES  MALACOSTRACÉS.  (Malacostraca.) 

Les  malocostracés  se  partagent  naturellement  en 
ceux  dont  les  yeux  sont  portés  sur  un  pédicule  mo- 
bile et  ceux  où  ces  organes  sont  sessiles  et  immo- 
biles. 

DES  MALACOSTRACÉS  A  YEUX  PORTÉS  SUR  UN  PÉDICULE 

MOBILE  ET  ARTICULÉ, 

ou  des  DÉCAPODES  et  des  STOMAPODES  en  général. 

Des  yeux  (1)  portés  sur  un  pédicule  mobile  , 
de  deux  articles,  se  logeant  dans  des  fossettes,  dis- 
tinguent ces  crustacés  de  tous  les  autres.  Considérés 
anatomiquement,  ils  paraissent  s'en  éloigner  encore 
(Leçons  d'anatom.  comparée  de  M.  Cuvier;  An- 
nales des  scienc.  natur.,  tom.  xie  )  ,  en  ce  qu'ils 
sont  les  seuls  qui  nous  offrent  des  sinus  où  le  sang 
veineux  se  rassemble  ,  avant  que  de  se  rendre  aux 
branchies  pour  revenir  au  cœur. 

Les  décapodes  et  stomapodes  se  ressemblent. par 
plusieurs  caractères  communs.  Une  grande  écaille, 
quelquefois  divisée  en  deux  ,  appelée  test  ou  cara- 

(i)  Suivant  M.  de  Blainville  ,  derrière  leur  corne'e  est  une  choroïde 
percée  d'une  infinité'  de  trous,  puis  un  véritable  cristallin,  appuyé'  sur  un 
ganglion  nerveux  et  divisé  en  une  multitude  de  petits  faisceaux. 


ET    STOMAPODES   EN    GÉNÉRAL.  1  T 

pace  recouvre  par  devant  une  portion  plus  ou 
moins  étendue  de  leurs  corps.  Ils  ont  tous  quatre 
antennes  (i),  dont  les  mitoyennes  terminées  par 
deux  ou  trois  filets  ;  deux  mandibules  portant  cha- 
cune près  de  leur  base  un  palpe,  divisé  en  trois  ar- 
ticles et  ordinairement  couché  sur  elles;  unelangfue 
biiobée  ;  deux  paires  de  mâchoires  ;  six  pieds-mâ- 
choires ,  mais  dont  les  quatre  postérieurs  sont , 
dans  quelques-uns ,  transformés  en  serres  ;  dix  ou 
quatorze  (  dans  ceux  où  les  quatre  pieds-mâchoires 
ont  cette  forme  )  pieds. 

Dans  le  plus  grand  nombre  ,  les  branchies,  au 
nombre  de  sept  paires  ,  sont  cachées  sous  les  bords 
latéraux  du  test  ;  les  deux  paires  antérieures  sont 
situées  à  l'origine  des  quatre  derniers  pieds  -  mâ- 
choires ,  et  les  autres  à  celle  des  pieds  proprement 
dits.  Dans  les  autres  crustacés,  elles  sont  annexées 
sous  forme  de  houppes,  a  cinq  paires  de  pattes  en 
nageoire,  situées  sous  le  post-abdomen.  Le  dessous 
de  cette  partie  postérieure  du  corps  est  pareille- 


(i)  Il  faut  y  distinguer  le  pédoncule  (  stipes  )  et  la  tige  (caulis  , 
funiculus  ).  Le  pédoncule  est  plus  épais ,  cylindracé  ,  et  compose'  de  trois 
articles ,  nombre  qui  semble  propre  à  ces  organes ,  conside're's  dans  un 
e'tat  rudimentaire  ou  imparfait.  La  tige  est  se'tace'e  et  divisée  en  une  quan- 
tité variable  de  très  petits  articles.  Celle  des  extérieures  est  simple  ; 
mais  celle  des  intérieures  est  formée  de  deux  filets  au  moins  et  dans 
plusieurs  décapodes  macroures ,  de  trois.  En  passant  graduellement  de 
ceux-ci  aux  brachyures,  ces  antennes  se  raccourcissent,  de  manière  que 
les  latérales  au  moins  sont  très  petites  dans  plusieurs  quadrilatères.  Les 
deux  divisions  terminales  des  intermédfaires  forment  alors  une  sorte  de 
pince  à  deux  branches,  ou  doigts  inégaux  et  articulés. 

TOME    IV.  2 


1  8  DES     CRUSTACÉS 

ment  muni,  dans  les  autres  ,  de  quatre  à  cinq  paires 
d'appendices  bifides. 


PREMIER  ORDRE  DES  CRUSTACES. 


LES  DÉCAPODES  (  Decapoda.  ) 

Ont  la  tête  intimement  unie  au  thorax,  et  re- 
couverte avec  lui  par  un  test  ou  carapace  entiè- 
rement continu,  mais  offrant  le  plus  souvent  des 
lignes  enfoncées,  le  divisant  en  diverses  régions, 
qui  indiquent  les  places  occupées  par  les  principaux 
organes  intérieurs  (1).  Leur  mode  de  circulation 
offre  quelques  caractères  qui  les  distinguent  des 
autres  crustacés.  Le  cœur  (  2  )  bien  circon- 
scrit, de  forme  o  val  aire  et  à  parois   musculaires, 

(1)  M.  Desmarest ,  dans  son  Histoire  naturelle  des  crustacés  fossiles , 
et  dans  son  ouvrage  ayant  pour  titre  Considérations  générales  sur  la 
classe  des  crustacés,  a  présenté  à  cet  égard  une  nomenclature  ingénieuse, 
fondée  sur  la  concordance  de*,  portions  de  la  surface  extérieure  de  la 
carapace  avec  les  organes  qu'elles  recouvrent.  Mais  outre  que  le  test  de 
plusieurs  crustacés  décapodes  ne  présente  aucune  impression,  ou  qu'elles 
y  sont  presque  oblitérées ,  ces  dénominations  peuvent  être  remplacées 
par  d'autres  beaucoup  plus  simples,  plus  familières  ,  et  en  rapport  avec 
ces  mêmes  organes,  comme  le  milieu  ou  le  centre,  l'extrémité  antérieure 
et  l'extrémité  postérieure,  les  côtés  ,  etc.  ;  il  nous  paraît  inutile  de  sur- 
charger ici  la  nomenclature. 

(9.)  Ces  observations  sont  extraites  du  beau  Mémoire  de  MM.  Victor 
Audouin  et  Milne-Edwards ,  inséré  dans  les  annales  d'histoire  naturelle, 
tom.  XT,  283-3i4,  et  35a-3g3.  On  pourra  encore  consulter  les  Mé- 
moires du  muséum  d'histoire  naturelle,  où  M.  Geoffroi  St-Hilaire  a  inséré 
^e  fruit  de  ses  curieuses  recherches  sur  les  parties  solides  et  la  circulation 
dn  homard. 


DÉCAPOf>ES     EN    GENERAL.  1Q 

donne  naissance  à  six  troncs  vasculaircs  ,  dont  trois 
antérieurs,    deux    inférieurs   et  le  sixième   posté- 
rieur.   Des  trois   artères  antérieures,    la  médiane 
(  V  ophthahnique  )   se  distribue    presque  exclusive- 
ment aux  yeux  ;  les  deux  autres  (  les  antennaires  se 
répandent  sur  la  carapace,  les  muscles  de  l'estomac, 
sur  une  portion  des  viscères  et  sur  Jes  antennes;  les 
deux  inférieures  (  les    hépatiques)  portent  le  sang 
au  foie  ;  la  dernière  (  ou  l'artère  stemale  ) ,   la  plus 
volumineuse  de  toutes ,  et  qui  naît  tantôt  à  gauche, 
tantôt  à  droite  de  la  partie  postérieure  du  corps  ,  est 
principalement  destinée  à  porter  le  fluide   nourri- 
cier à  l'abdomen  et  aux  organes  de  la  locomotion. 
Elle  fournit  un  grand   nombre  de   vaisseaux  d'un 
volume  considérable  ,  parmi  lesquels  il  faut  surtout 
remarquer  celui  que  MM.  Audouin  et  Mil  ne -Edward  s 
nomment    l'artère    abdominale  supérieure,     parce 
qu'elle  sort  de  la  partie  postérieure  dp  cette  artère 
(un  peu  avant  l'articulation  du  thorax  et  de  l'abdo- 
men ,  appelée  vulgairement  la  queue)  ,    et  qu'elle 
pénètre  bientôt  dans  l'abdomen    (la  queue),    où 
elle  se  partage  en  deux  grosses  branches,  continuant 
son  trajet  en  arrière,    et  se  terminant  à  l'anus,  en 
s'amincissant  de  plus  en  plus.  Le  sang  qui  a  servi  à 
la  nutrition  de  ces  divers  organes,    et,  qui  est  ainsi 
devenu  veineux ,   afflue  de  toutes  parts  dans   deux 
vastes  sinus  (i),  un  de  chaque  côté,    au-dessus  des 

(i)  Ces  savants  naturalistes  les  comparent  aux  deux  cœurs  late'raux  des 
céphalopodes  ,  et  cette  analogie  a  reçu  la  sanction  de  M.  le  baron  Cuvier, 

2* 


2<>  DES    CRUSTACES 

pâlies,  et  formés  de  golfes  veineux  ,  réunis  en  une 
série  longitudinale  ,  en  manière  de  chaîne.  Il  se 
rend  dans  un  vaisseau  externe  (  efferent  )  des 
branchies  ,  s'y  renouvelle,  redevient  artériel,  passe 
dans  un  vaisseau  interne  (afféî^ejit)  ,  et  se  dirige 
ensuite  vers  le  cœur ,  en  traversant  des  canaux 
(  branchio-cardiaqiies  )  logés  sous  la  voiite  des  flancs. 
Tous  les  canaux  d'un  même  côté  se  réunissent  en 
un  large  tronc ,  s'abouchent  avec  la  partie  latérale 
et  correspondante  du  cœur,  par  une  ouverture 
unique,  dont  les  replis  formant  une  double  valvule 
ou  soupape,  et  s'ouvrent  pour  que  le  sang  puisse  aller 
des  branchies  à  ce  viscère  ,  mais  se  fermant  pour 
lui  interdire  une  marche  opposée  ,   ou  l'empêcher 

dans  son  Rapport  général  sur  les  travaux  de  l'académie  royale  des  sciences, 
pour  1827  ;  mais  c'est  une  idée  que  j'avais  communiquée  à  M.  Audouin , 
et  qui  était  une  conséquence  toute  naturelle  de  mon  opinion  sur  la  circu- 
lation des  erustacés ,  et  que  j'avais  consignée  dans  une  note  de  mon 
Esquisse  d'une  distribution  générale  du  règne  animal,  pag.  5.  Comme  ces 
naturalistes  n'ont  fait  aucune  mention  de  ce  que  j'avais  écrit  à  cet  égard 
soit  dans  cette  .brochure ,  soit  dans  mon  ouvrage  sur  les  familles  du 
règne  animal,  je  rapporte  ici,  à  la  suppression  près  des  mots  ventricule 
gauche ,  cette  note  :  «  Une  opinion  que  je  soumets  au  jugement  des  zoc- 
tomistes,  et  plus  spe'cialement  de  M.  Cuvier,  est  que,  dans  les  invertébrés 
où  il  existe  une  circulation,  l'organe  appelé  cœur  représente,  par  ses  fonc- 
tions, le  tronc  artériel  et  dorsal ,  des  poissons  et  des  larves  des  batra- 
ciens ;  une  ou  deux  artères,  et  qui,  dans  les  céphalopodes,  ont  la  forme 
de  cœurs,  remplaceraient  le  ventricule  droit.  Le  foyer  de  la  circulation, 
très  concentré  dans  les  premiers  vertébrés ,  s'affaiblirait  ainsi  graduelle- 
ment, et  de  manière  qu'enfin  il  n'y  aurait  plus  de  circulation.  Le  vaisseau 
dorsal  des  insectes  ne  serait  plus  que  l'ébauche  du  cœur  des  mollusques 
et  des  crustacés.  »  J'ajouterai  que,  dans  mon  Histoire  naturelle  des 
erustacés  et  des  insectes ,  qui  date  de  plus  de  vingt-cinq  ans,  j'avais 
rectifié  l'erreur  de  Rœsel  par.  rapport  au  cordon  nerveux  de  la  moelle 
»;pini'ère,  qu'on  avait  pris  pour  un  vaisseau. 


DÉCAPODES  EN  GÉNÉRAL.  2  1 

de  passer  du  cœur  aux  organes  respiratoires.  Exa- 
miné à  l'intérieur ,  le  cœur  offre  un  grand  nombre 
de  faisceaux  et  de  fibres  musculaires  entre-croisés 
dans  divers  sens  ,  et  composant  plusieurs  petites 
loges ,  au-devant  des  orifices  des  artères.  Ces  loges 
sont  autant  de  petites  oreillettes  ,  qui  communi- 
quent facilement  entre  elles,  lorsqu'il  se  dilate, 
mais  qui  paraissent  former  ,  pour  chaque  vaisseau  , 
dans  sa  contraction  ,  pareil  nombre  de  petites 
cellules  ,  dont  la  capacité  est  en  rapport  avec 
la  quantité  du  sang  des  vaisseaux  qui  leur  sont 
propres.  Ces  vaisseaux  débouchent  dans  l'intérieur 
du  cœur  par  huit  ouvertures,  les  deux  latérales  à 
soupape,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  com- 
prises; tel  est,  à  quelques  modifications  près  (  1),  le 
système  général  de  la  circulation  des  décapodes. 

La  face  supérieure  du  cerveau  (2)  est  partagée 
en  quatre  lobes,  dont  les  mitoyens  fournissent 
chacun,  de  leur  bord  antérieur ,  le  nerf  optique, 
qui  se  porte  directement  dans  le  pédoncule  de  l'œil , 
et  s'y  divise  en  une  multitude  de  filets  ,  se  ren- 
dant chacun  à  autant  de  facettes  de  la  cornée  de 
ces  organes.  La  face  inférieure  du  cerveau  produit 
quatre  autres  nerfs  qui  vont  aux  antennes  et  don- 
nent  aux  parties  voisines  quelques   filets.  De  son 

(1)  Voyez  les  généralités  de  la  famille  des  macroures. 

^2)  Ces  observations  sont  extraites  des  Leçons  d'anatomie  comparée 
de  M.  le  baron  Cuvier.  Voyez,  pour  d'autres  détails  et  quelques  faits, 
particuliers,  le  Mémoire  précité  de  MM.  Audouin  et  Milno  Edwards. 


22  DES    CRUSTACÉS 

bord  postérieur  naissent  deux  cordons  nerveux  fort 
alongés,  embrassant  latéralement  l'œsophage,,  et 
se  réunissant  en  dessous.  Là,  comme  dans  les  bra- 
chyures,  cette  réunion  n'a  lieu  qu'au  milieu  du 
thorax,  et  la  moelle  médullaire  prend  ensuite  la 
forme  d'un  anneau,  et  sous  des  proportions  huit 
fois  plus  grandes  que  le  cerveau;  cet  anneau  donne 
naissance,  de  chaque  côté,  à  six  nerfs  ,  dont  l'anté- 
rieur se  rend  aux  parties  de  la  bouche  ,  et  les  cinq 
autres  aux  cinq  pattes  du  même  côté.  Du  bord  pos- 
térieur par  un  autre  nerf,  se  rendant  dans  la  queue, 
sans  produire  de  ganglions  sensibles,  et  paraissant 
représenter  le  cordon  nerveux  ordinaire.  Ici  , 
comme  dans  les  macroures  ,  les  deux  cordons  ner- 
veux, avant  que  de  se  réunir  sous  l'œsophage ,  don- 
nent chacun  naissance,  au  milieu  de  leur  longueur,  à 
mi  gros  nerf,  se  rendant  aux  mandibules  et  à  leurs 
muscles.  Réunis ,  ils  forment  un  premier  ganglion 
médian  (  sous-cervical) ,  fournissant  des  nerfs  aux 
mâchoires  et  aux  pieds-mâchoires  (1).  Rapprochés, 
ensuite,  dans  toute  leur  longueur,  ils  offrent  suc- 
cessivement onze  autres  ganglions,  dont  les  cinq 
premiers  donnent    chacun    des  nerfs  à  autant  de 


(i)  D'après  M.  Straus,  îa  division  antérieure  du  corps  des  limules  , 
celle  qui  est  recouverte  par  un  bouclier  semi-lunaire,  ne  présente  aussi, 
outre  le  cerveau  ,  que  le  même  ganglion  ;  d'où  l'on  peut  de'duire  que  les 
organes  locomotiles  inférieurs  correspondent  aux  parties  de  la  bouche  des 
décapodes  ,  des  stomapodes  ,  et  même  des  arachnides  ,  ei  que  ceux  de 
l'autre  division  du  corps  ou  du  second  bouclier  soûl  analogues  aux  pieds 
des  mêmes  de'capodcs. 


DÉCAPODES  EN  GÉNÉRAL.  2,> 

paires  de  pattes ,  et  les  six  autres  fournissent  ceux 
de  la  queue;  celle  des  pagures  a  quelques  gan- 
glions de  moins,  et  ces  crustacés  paraissent  ainsi 
faire  le  passage  des  brachyures  aux  macroures.  Nous 
ajouterons  que  M.  Serres  a  cru  reconnaître,  dans 
ces  crustacés  décapodes,  des  vestiges  du  grand 
nerf  symphatique  (1). 

Les  bords  latéraux  de  la  carapace  ou  test  se  re- 
plient en  dessous  pour  recouvrir  et  garantir  les  bran- 
chies, mais  laissent  antérieurement  un  vide  pour 
le  passage  de  l'eau.  Quelquefois  même  (voyez Do- 
rippe  )  l'extrémité  postérieure  et  inférieure  du 
thorax  présente ,  à  cette  fin ,  deux  ouvertures  par- 
ticulières. Ces  branchies  sont  situées  à  la  naissance 
des  quatre  derniers  pieds-mâchoires  et  des  pattes  ; 
les  quatre  antérieures  sont  moins  étendues.  Les 
six  pieds-mâchoires  sont  tous  de  forme  différente  , 
appliqués  sur  la  bouche,  et  divisés  en  deux  bran- 
ches, dont  l'extérieure  a  la  forme  d'une  petite  an- 
tenne, formée  d'un  pédoncule  et  d'une  tige  sétacée 
et  pluriarticulée  :  on  l'a-  comparée  à  un  fouet 
(Palpusjlagelliformis.)  (2)  Les  deux  pieds  antérieurs, 
quelquefois  même  les  deux  ou  quatre  suivants,  sont 
en  forme  de  serres.  L'avant-dernier  article  est  dilaté , 


(1)  MM.  Audouin  et  Milne  Edwards  ont  observe  dans  le  maja  et  la 
langouste  un  nerf  analogue  à  celui  que  Lyonet  nomme  récurrent ,  dans  son 
Anatomie  de  la  chenille  du  saule.  On  leur  doit  aussi  la  découverte  des 
autres  nerfs  gastriques. 

(2)  Leur  base  offre  une  lame  tendiueuse  ,  longue  et  velue. 


24  DES  CRUSTACÉS 

comprimé  et  en  forme  de  main  ;  son  extrémité  in- 
férieure se  prolonge  en  une  pointe  conique  ,  repré- 
sentant une  sorte  de  doigt,  opposé  à  un  autre, 
formé  par  le  dernier  article,  ou  le  tarse  propre. 
Celui-ci  (i)  est  mobile,  et  a  reçu  le  nom  de  pouce 
(pollex);  l'autre  ,  ou  le  fixe ,  est  censé  être  l'index 
(index).  Ces  deux  doigts  sont  aussi  appelés  mor- 
dants. Le  dernier  est  quelquefois  très  court,  sous  la 
forme  d'une  simple  dent ,  l'autre  alors  se  replie 
en  dessous.  La  main,  ainsi  que  les  doigts  forme- 
ront pour  nous  la  pince  proprement  dite.  On  nomme 
carpe  l'article  précédent ,  ou  l'antépénultième. 

Les  proportions  respectives  et  la  direction  des 
organes  locomotiles  sont  telles,  que  ces  animaux 
peuvent  marcher  de  côté^  ou  àreculon. 

Excepté  le  rectum,  qui  va  s'ouvrir  au  bout  de  la 
queue  (2)  y  tous  les  viscères  sont  renfermés  dans  le 
thorax  ,  de  sorte  que  cette  portion  du  corps  repré- 
sente le  thorax  et  la  majeure  partie  de  l'abdomen 
des  insectes.  L'estomac ,  soutenu  par  un  squelette 
cartilagineux,  est  armé  à  l'intérieur  de  cinq  pièces 
osseuses  et  dentelées,   qui  achèvent  de  broyer  les 

(1)  La  main  posée  de  tranche,  le  doigt  est  supérieur. 

(2)  Cette  suite  de  segments  qui ,  dans  les  crustacés  des  premiers 
ordres ,  succèdent  immédiatement  à  ceux  auxquels  sont  annexées  les  cinq 
dernières  paires  de  pieds  ,  compose  ce  que  j'appelle  post-abdomen.  La 
dénomination  de  queue,  qu'on  a  coutume  de  lui  donner,  et  que  nous 
conservons  ,  afin  de  nous  prêter  au  langage  ordinaire  ,  est  très  impropre  ; 
elle  ne  peut  convenir  qu'aux  appendices  terminant  postérieurement  le 
corps  et  le  débordant  notablement.  Voyez  mon  ouvrage  sur  les  familles 
jiaturelles  du  règne    animal  ,   pag.  a55  et  suiv. 


DÉCAPODES  EN  GÉNÉRAL.  25 

aliments.  On  y  voit,  dans  le  temps  de  la  mue.,  qui 
arrive  vers  la  fin  du  printemps ,  deux  corps  cal- 
caires ,  ronds,  convexes  d'un  côté  et  planes  de 
l'autre  ?  qu'on  appelle  vulgairement  yeux  d'écre- 
visse  %  et  qui,  disparaissant  après  la  mue  ,  donnent 
lieu  de  présumer  qu'ils  fournissent  la  matière  du 
renouvellement  du  test.  Le  foie  consiste  en  deux 
grandes  grappes  de  vaisseaux  aveugles,  remplis 
d'une  humeur  bilieuse ,  qu'ils  versent  dans  l'in- 
testin, près  du  pilore.  Le  canal  alimentaire  est  court 
et  droit.  Les  flancs  offrent  une  rangée  de  trous , 
placés  immédiatement  à  l'insertion  des  branchies, 
mais  qu'on  ne  découvre  que  lorsqu'on  enlève  ces 
organes.  Le  plastron,  vu  à  l'intérieur,  présente,  du 
moins  dans  plusieurs  grandes  espèces,  des  loges 
trans verses  formées  par  des  lames  crustacées,  et 
séparées  dans  leur  milieu  par  une  arête  longitu- 
dinale de  la  même  consistance. 

Les  organes  sexuels  des  mâles  sont  situés  près 
de  l'origine  des  deux  pieds  postérieurs.  Deux  piè- 
ces articulées ,  de  consistance  solide  ,  sous  la  forme 
de  cornes ,  de  stylets  ou  d'antennes  sétacées  }  pla- 
cés à  la  jonction  de  la  queue  et  du  thorax  ,  et 
remplaçant  la  première  paire  d'appendices  souscau- 
daux ,  sont  regardés  comme  les  organes  copulateurs 
mâles,  ou  du  moins  leurs  fourreaux.  Mais,  d'après 
nos  observations  sur  divers  décapodes  >  ils  consiste- 
raient chacun  en  un  petit  corps  membraneux  ,  tanlôfe 
en  forme  de  soie,  tantôt  filiforme  ou  cylindrique  , 


26  DES    CRUSTACÉS 

sortant  d'un  trou  situé  à  l'articulation  de  la  hanche 
des  deux  pieds  postérieurs  avec  le  plastron.  Les 
deux  vulves  sont  placées  sur  cette  pièce,  entre 
ceux  de  la  troisième  paire ,  ou  à  leur  premier  ar- 
ticle ,  dispositions  qui  dépendent  de  l'élargissement 
et  du  rétrécissement  du  plastron.  L'accouplement  se 
fait  ventre  à  ventre.  La  croissance  de  ces  animaux 
est  lente ,  et  ils  vivent  long-temps.  C'est  parmi  eux 
qu'on  trouve  les  plus  grandes  espèces  et  les  plus 
utiles  à  notre  nourriture  ,  mais  leur  chair  est 
difficile  à  digérer.  Le  corps  de  quelques  langoustes 
acquiert  jusqu'à  un  mètre  de  longueur.  Leurs 
pinces  ,  comme  on  le  sait ,  sont  fort  redoutables  ,  et 
d'une  telle  force,  dans  quelques  grands  individus  , 
qu'on  en  a  vu  soulever  et  faire  perdre  terre  à  une 
chèvre.  Ils  se  tiennent  habituellement  dans  l'eau  , 
mais  ne  périssent  pas  sur-le-champ  ,  à  l'air  ;  quel- 
ques espèces  même  y  passent  une  partie  de  leur 
vie  ,  et  ne  vont  à  l'eau  que  dans  le  temps  de  l'amour, 
et  afin  d'y  déposer  leurs  œufs.  Elles  sont  cependant 
obligées  de  faire  leur  séjour  soit  dans  des  terriers,  soit 
dans  des  lieux  frais  et  humides.  Le  naturel  des 
crustacés  décapodes  est  vorace  et  carnassier.  Cer- 
taines espèces  vont  jusques  dans  les  cimetières  pour 
y  dévorer  les  cadavres  et  en  faire  leur  pâture.  Leurs 
membres  se  régénèrent  avec  une  grande  prompti- 
tude :  mais  il  est  nécessaire  que  les  fractures  aient  lieu 
à  la  jonction  des  articles,  et  ils  savent  y  suppléer,  lors- 
que la  cassure  se  fait  autrement.  Lorsqu'ils  veulent 


DÉCAPODES    EN  GÉNÉRAL.  2 7 

changer  de  peau  ,  ils  cherchent  un  lieu  retiré,  afin 
d'y  être  à  l'abri  des  poursuites  de  leurs  ennemis,  et 
s'y  tenir  en  repos.  La  mue  opérée^,  leur  corps  est 
mou,  et,  suivant  quelques  personnes,  d'un  goût  plus 
délicat.  L'analyse  chimique  du  vieux  test   nous  a 
fait  connaître  qu'il  est  formé  de   chaux  carbonatée 
et  de  chaux  phosphatée  unie,  en  diverses  propor- 
tions, à. la  gélatine.  De  ces  proportions  dépend  la 
solidité  du  test;    il  est  bien  moins  épais  et  flexible 
dans  les  derniers  genres  de  cet  ordre ,    plus  loin  il 
devient  presque  membraneux.   M.  de  Blain ville  a 
observé   que    celui   des   langoustes ,    est  composé 
de  quatre  couches  superposées ,    dont  les  deux  in- 
férieures etla  supérieure  membraneuses;  la  matière 
calcaire  est  interposées  entre  elles  et  forme  l'autre 
couche.    Par   l'action   de  la  chaleur,    l'épiderme 
prend  une  teinte  d'un  rouge  plus  ou  moins  vif,  et 
le  principe  colorant  se  décompose  à  l'eau  bouil- 
lante ;    mais  d'autres  combinaisons  de  ce  principe 
produisent  dans  quelques  espèces  un  mélange  de 
couleurs  très  agréable,  etqui  tirent  souvent  sur  le 
bleu  ou  le  verd. 

Le  plus  grand  nombre  des  crustacés  fossiles  dé- 
couverts jusqu'à  ce  jour  appartient  à  l'ordre  des 
décapodes. Parmi  ceux  des  contrées  européennes,  les 
uns  et  les  plus  anciens  ,  se  rapprochent  des  espèces 
actuellement  vivantes  dans  les  zones  voisines  des 
tropiques;  les  autres ,  ouïes  plus  modernes ,  ont  une 
grande  affinité  avec  les  espèces  vivantes,  propres  a 


28  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

nos' climats.  Mais  les  crustacés  fossiles  des  régions 
tropicales ,  m'ont  paru  avoir  les  plus  grands  rapports 
avec  plusieurs  de  ceux  que  Ton  y  trouve  aujour- 
d'hui en  état  vivant ,  fait  qui  serait  intéressant  pour 
la  géologie,  si  l'étude  des  coquilles  fossiles  de  ces 
pays ,  et  recueillies  dans  les  couches  les  plus  pro- 
fondes, nous  donnait  un  semblable  résultat. 
La  première  famille  (1)  ou  celle 

Des  décapodes  brachyures  (Kleistagnatha, 

Fab.  ) 

A  la  queue  plus  courte  que  le  tronc  y  sans  ap- 
pendices ou  nageoires  à  son  extrémité,  et  se  re- 
ployant en  dessous,  dans  l'état  de  repos ,  pour  se 
loger  dans  une  fossette  de  la  poitrine.  Triangulaire 
dans  les  mâles  et  garnie  seulement  à  sa  base  de 
quatre  ou  deux  appendices  ,  dont  les  supérieurs 
plus  grands,  en  forme  de  cornes,  elle  s'arrondit, 
s'élargit  et  devient  bombée   dans  les   femelles  (2) , 

(1)  Les  coupes  que  nous  qualifions  ainsi  sont  fonde'es  sur  un  ensemble 
de  caractères  anatomiques  importants  ,  et  répondent  ordinairement  aux 
genres  de  Linnœus,  et  quelquefois  aussi  à  ceux  que  Fabricius  avait  établis 
dans  ses  premiers  ouvrages.  Ces  familles  sont  dès  lors  plus  e'tendues  que 
les  coupes  que  je  nomme  ainsi  dans  mes  autres  e'crits  ;  mais  si  on  les  con- 
sidère comme  des  premières  divisions  ordinales ,  et  si  l'on  regarde 
comme  familles  ce  que  j'appelle  ici  tribus  ,  l'on  jugera  qu'à  ces  dési- 
gnations près  ,  la  méthode  est  toujours  essentiellement  la  même.  Il  n'y  a 
donc  point ,  contre  l'opinion  de  quelques  naturalistes ,  de  discordance 
réelle  à  cet  égard.  D'après  les  mêmes  principes  y  les  sous-genres ,  à  l'ex- 
ception néanmoins  de  quelques-uns  dont  les  caractères  sont  peu  trancliés 
ou  trop  minutieux ,  deviendront ,  dans  une  méthode  plus  détaillée  ou  plus 
spéciale ,  des  coupes  génériques. 

(2)  Le  nombre  apparent  des  segments,  qui  est  généralement  de  sept, 


FAMILLE  DES   BRACHIURES.  29 

Son  dess  ous  offre  porte  quatre  paires  de  doubles 
filets  velus  (t)  ,  destinés  à  porter  les  œufs  ,  et  analo- 
gues aux  pieds  natatoires  sous-caudaux  des  crustacés 
macroures  et  autres. 

Les  vulves  sont  deux  trous  placés  sous  la  poitrine, 
entre  les  pieds  de  la  troisième  paire.  Leurs  antennes 
sont  petites;  les  intermédiaires,  ordinairement  logées 
dans  une  fossette  sous  le  bord  antérieur  du  test  ,  se 
terminent  chacune  par  deux  filets  très  courts.  Les  pé- 
dicules oculaires  sont  généralement  plus  longs  que 
ceux  des  décapodes  macroures.  Le  tube  auriculaire 
est  presque  toujours  pierreux.  La  première  paire 
de  pieds  se  termine  par  une  serre.  Les  branchies  sont 
disposés  sur  un  seul  rang  ,  en  forme  de  languettes 
pyramidales,  composées  d'une  multitude  de  petits 
feuillets  empilés  les  uns  sur  les  autres,  parallèle- 
ment à  l'axe.  Les  pieds-mâchoires  sont  générale- 
ment plus  courts  et  plus  larges  que  dans  les  autres 
décapodes;  les  deux  extérieurs  forment  une  sorte 
de-  lèvre  (r).  Leur  système  nerveux  diffère  encore 
de  celui  des  macroures  (voyez  la  généralité  des 
décapodes). 


varie  aussi  quelquefois  selon  les  sexes  :  il  est  moindre  dans  les  femelles. 
Le  docteur  Leach  a  fait  un  grand  usage  de  cette  considération ,  mais  qui 
nous  paraît  peu  importante  et  contraire  à  Tordre  nature. 

(i)  Plusieurs  de  ces  filets  existent  dans  les  mâles  ,  mais  dans  un  e'tat 
nulimentaire. 

(2)  Ceux  des  macroures   sont  plus  alonge's  et  plus  e'troits.    C'est  sur 
cette  différence  que  Fabricïus  a  établi  son  ordre  des  exochnata. 


3o  CRUSTACÉS  DÉCAPODES. 

Cette  famille  pourrait ,  comme  dans  plusieurs  mé- 
thodes antérieurs  à  la  distribution  de  ces  animaux  par 
Daldorf,  ne  former  qu'un  genre,  celui  de 

Crabe.  (Cancer.) 

Le  très-grand  nombre  a  les  pieds  tous  attachés  aux  côtés 
de  la  poitrine ,  et  toujours  découverts;  les  cinq  premières 
sections  sont  dans  ce  cas.  La  première,  ou  les  Nageurs 
(  Pinnipèdes  )  (i),  joint  à  ce   caractère  celui  dJavoir  les  der- 

(i)  Cette  distribution  méthodique  des  de'capodes  brachyures  est  arti- 
ficielle ou  peu  naturelle  sous  quelques  points  ;  aussi  y  avons-nous  fait 
quelques  changements  dans  notre  ouvrage  sur  les  familles  naturelles  du 
règne  animal.  Les  quadrilatères  composent  notre  première  tribu,  à  la 
tête  de  laquelle  sont  les  oeypodes  et  les  autres  crabes  de  terre  ou  tourlou- 
roux,  et  qui  finit  par  les  crabes  de  rivière  ou  les  telphuses.  Les  arqués 
forment  la  seconde.  Celle  des  cryptopodes,  nous  paraissant  plus  rap- 
prochée de  la  précédente  que  de  celle  des  triangulaires  viendra  immé- 
diatement après,  et  sera  la  troisième,  et  non  la  quatrième,  comme 
dans  cette  méthode.  Dès  lors  nous  placerons  à  la  fin  de  la  tribu 
des  arqués ,  des  genres  dont  les  pinces  sont  en  forme  de  crête ,  dont  les 
antennes  latérales  sont  toujtours  très  courtes  ,  et  dont  le  troisième  article 
des  pieds-mâchoires  a  une  forme  triangulaire  et  ne  présentant  souvent 
ancune  échancrure  ;  tels  sont  les  hépates  ,  les  matutes ,  les  orithyies  et 
les  mursies. 

Des  brachyures  se  rapprochant  des  derniers  ,  quant  à  la  forme  du 
même  article,  mais  dont  les  serres  sont  différentes,  et  qui  ont  les  an- 
tennes latérales  saillantes ,  avancées  et  souvent  velues  ,  tels  que  les  thia  , 
les  pirimèles,  les  atélécycles,  précéderont  immédiatement  ces  derniers 
sous-genres.  Comme  les  telphuses  semblent  se  lier  avec  les  ériphies  ,  les 
pilumnes  ,  et  que  de  ceux-ci  Ton  passe  naturellement  aux  crabes  propre- 
ment dits,  il  s'ensuit  que  les  portunes  et  autres  arqués  nageurs  commen- 
ceront cetie  tribu.  Viendront  ensuite  les  orbiculaires,  les  triangulaires 
et  les  xotopodes.  Mais  parmi  ceux-ci ,  les  dromies  et  les  doiippes  de- 
vraient remonter  plus  haut.  Les  homoles,  les  lithodes  et  les  ranines  me 
paraissent  être  de  tous  les  brachyures  ceux  qui  tiennent  de  plus  près  aux 
macroures.  Les  pieds-màchoires  extérieurs  des  homoles  et  des  lithodes 
ont ,  par  leur  alongement  et  leur  saillie  ,  une  grande  ressemblance  avec 
ceux  des  macroures. 

Quoique  nous  n'ayons  divisé  les  décapodes  qu'en  deux  genres,  on 
pourrait  cependant ,  pour  se  rapprocher  des  dernières  méthodes  ,  et  afin 


FAMILLE    DES    BRACHYUUES.  5l 

niera  pieds  au  moins  terminés  par  un  article  très-aplati  en 
nageoire  (  ovale  ou  orbiculaire,  et  plus  large  que  le  même 
article  des  pieds  précédents,  même  lorsqu'ils  sont  aussi  en 
nageoire  ).  Ils  s'éloignent  plus  souvent  du  rivage  et  se  portent 
en  haute-mer.  Si  l'on  en  excepte  les  orithyies,  la  queue  des 
mâles  n'offre  bien  distinctement  que  cinq  segments,  celle  des 
femelles  en  a  sept.  iNous  commencerons  par  ceux  dont  tous 
les  pieds ,  les  serres  exceptées,  sont  natatoires. 

Les  Matutes.  (Matuta.  Fab.  ) 

Ont  le  test  presque  orbiculaire  et  armé  de  chaque  côté, 
d'une  dent  très  forte,  en  forme  d'épine;  les  mains  dentelées 
supérieurement  en  manière  de  crête  ,  et  hérissées,  à  leur  face 
extérieure,  de  tubercules  pointus  j  et  le  troisième  article  des 
pieds-mâchoires  extérieurs  sans  échancrure  apparente,  se 
terminant  en  pointe,  de  sorte  qu'il  forme  avec  l'article  pré- 
cédent un  triangle  alongé,  presque  rectangle.  Les  antennes 
extérieures  sont  très  petites.  Les  pédicules  oculaires  sont  un 
peu  arqués. 

De  Géer  en  mentionne  une  espèce  (Cancer  latipes.),  qu'il 
dit  êtredesmers  d'Amérique,  et  avoir  le  front  terminé  par 
un  bord  droit  et  entier.  Mais  toutes  celles  que  nous  avons 
vues  (i)  venaient  des  mers  orientales,  et  le  milieu  de  ce 
bord  offre  toujours  une  saillie  bidentée  ou  échancrée. 

Les  Polybies.  (Polybius.  Leach.  ) 

Avoisinent  les  étrilles  ou  portunes;  mais  leur  test  est  pro- 
portionnellement moins  large  et  plus  arrondi;  ses  côtés  n'of- 
frent que  des  dents  ordinaires.  Le  troisième  article  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs  est  oh'us  et  échancré.    Les   yeux  sont 

de  diminuer  le  nombre  des  sous-genres,  convertir  nos  sections  en  tribus, 
re'pondant  à  autant  de  genres ,  que  l'on  partagerait  ensuite  en  diverses 
coupes  sous-ge'ne'riques. 

(1)  M.  victor,  Fab.  ;  Herbst. ,  vi,  44-  —  M.  planipes ,  Fab.  ;  Herbst. 
xlviii,  6;  M.  lunari's,  Leach,  Zool. ,  Miscell. ,  cxxvn,  3-5,  var.  ;  — 
M.  Peroniï,  ib  ,  tab.  ead. ,  1-2.  Peu t-êfre  faut-il  rapporter  à  ce  genre 
ou  à  celui  de  mursie  de  M.  Leach,  l'espèce  fossile  que  M.  Desmarest 
nomme  portutre  d\Héricart,  Hist.  nat.  des  crust.  foss. ,  v,  5. 


02  CRUSTACÉS     DÉCAPODES. 

beaucoup  plus  épais  que  leurs  pédicules ,  et  globuleux* 
On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  espèce  (i),  qui  a 
été  trouvée  sur  la  côte  deDevonshire,  et  que  M.  Dorbigny  -y 
correspondant  du  Muséum  d'histoire  naturelle  ,  a  aussi 
observée  sur  nos  côtes  maritimes  des  départements  de 
l'ouest  (2). 

Dans  tous  les  nageurs  suivants,  les  deux  pieds  postérieurs 
sont  seuls  en  nageoire  (3). 

On  peut  d'abord  en  détacher  ceux  dont  le  test  est  presque 
ovoïde,  rétréci  et  tronqué  transversalement  en  devant^  dont 
la  queue  offre  distinctement  dans  les  mâles  (seuls  indivi- 
dus connus  )  sept  segments.  Tels  sont  : 

Les  Orithyies.  (  Orithyia.  Fab.  ) 

La  seule   espèce  connue  (  O.  mamillaris ,    Fab.,  cancer 
bimaculatus y   Herbst.,    XVIII,    101  )    se   trouve  dans   les 
mers  de  la  Chine,  ou  du  moins  fait  partie  des  collections 
d'insectes    que    ses   habitants  vendent   aux    Européens. 
Les  pédicules    oculaires  sont   proportionnellement   plus 
longs  que  ceux  des  étrilles  ou  portunes. 
Le  test  des  derniers  nageurs  est  notablement  plus  large 
en  devant  que  postérieurement,   en   forme  de  segment  de 
cercle,  rétréci  vers  la  queue  et  tronqué,  ou  bren   soit  en 
trapèze,    soit  presque  en  cœur.   Son  plus   grand  diamètre 
transversal  surpasse  généralement  le  diamètre  opposé.  La 
queue  des  mâles  ne  présente  que  cinq  segments  ,  au  lieu  de 
sept  /nombre  de  ceux  de  la  femelle,  et  qui  est  généralement 
propre  à  la  queue  des  décapodes  ;  le  troisième  et  les   deux 
suivants  se  soudent  et  se  confondent  ou  n'en  forment  qu'un* 
cependant  on  en  découvre  souvent  les  traces,  du  moins  sur 
les  côtés. 

Nous  séparons  d'abord  ceux  dont  les  yeux  sont  portés  sur 
des  pédicules  grêles  et  très  longs,  partant  du  milieu  du  bord 
antérieur  du  test,  se  prolongeant  jusqu'à  ses  angles  latéraux, 
et  se  logeant  dans  une  rainure  pratiquée  sous  le  bord. 

(1)  Polybius  Henslowii,  Leach,  Malac,  Brit. ,  ix  ,  B. 

(2)  Les  portumnes  du  docteur  Leach  ont  les  tarses  des  pieds  inter- 
médiaires comprimes  ,  presque  en  nageoire ,  et  pourraient  venir  après 
les  polybies. 

(3)  Toujours  plus  large  et  plus  ovale  que  les  tarses  pre'ce'dents.. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  53 

Tels  sont 

Les  Podophthalmes.  (  Podophthalmus.  Lam.  ) 

Le  test  est  en  forme  de  trapèze  transversal  ,  plus  large  et 
droit  en  devant,  avec  une  dent  longue,  en  forme  d'épine, 
derrière  les  cavités  oculaires*.  Les  serres  sont  alongées  , 
épineuses  et  semblables  à  celles  de  la  plupart  des  espèces 
du  genre  Lupa  du  docteur  Leach. 

La  seule  espèce  vivante  connue  (i)  habite  les  côtes  de 

l'île  de  France  et  celles  des  mers  voisines. 

Le  riche  cabinet  d'un  naturaliste  des  plus  versés  dans  la 
connaissance  des  coquilles  fossiles,  M.  de  France,  offre  le 
moule  intérieure  d'un  podophthalme  fossile,  auquel  M.  Des 
marest  a  donné  le  nom  de  ce  savant  (2). 

Les  pédicules  oculaires  des  autres  crustacés  de  cette  sec- 
tion sont  courts,  n'occupent  qu'une  très  petite  portion  du 
diamètre  transversal  du  test,  se  logent  dans  des  cavités 
ovales,  et  ressemblent  en  général  à  ceux  des  crabes  ordi- 
naires, avec  lesquels  ces  crustacés  nageurs  se  lient  presque 
insensiblement. 

Ces  crustacés  peuvent  être  réunis  eu  un  seul  sous-genre  , 
celui 

D'ÉTRILLÉ    OU    PORTUNE.    (  PoRTUNUS.     Fab.   ) 

Quelques  espèces  (3)  propres  aux  mers  des  Indes  orienta- 
les ,  telles  que  YAdmete  d'Herbst  (LVI1 ,  1.),  se  distinguent 
de  toutes  les  suivantes  par  leur  test  en  forme  de  quadrila- 
tère transversal,  rétréci  postérieurement ,  et  dont  les  cavités 
oculaires  occupent  les  angles  latéraux  antérieurs  j  les  yeux 
sont  ainsi  distants  l'un  de  l'autre,  par  un  intervalle  égalant 
presque  la  plus  grande  largeur  du  test.  L'insertion  des  an- 
tennes latérales  est  très  éloigr-ée  de  ces  cavités. 

D'autres  espèces  ,  dont  le  test  est  en  forme  de  segment  de 
cercle  ,  tronqué  postérieurement  et  plus  large  dans  son  mi- 
lieu ,   sont  remarquables  par   la  longueur  de   leurs  serres , 


(1)  Podophthalmus  spinosus ,  Latr.,  Gêner,  crust.  etinsect.,  1, 1 ,  et  11 , 
1  ;  Leach,  Zool.  Miscel ,  cxlviiij  portunus  vigil ,  Fab. 

(2)  Hist.  nat.  des  crust.  fossil.  ,  v  ,  6,  7  ,  8. 

(3)  Genre  thalamite,  lhalaniila  ,  Lat. 

TOME    IV.  5 


34-  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

qui  est  double  au  moins  de  celle  du  test.  Ses  côtés  offrent 
chacun  neuf  dents  ,  dont  la  postérieure  beaucoup  plus 
grande,  en  forme  d'épine.  La  queue  des  mâles  est  souvent 
très  différente  de  celle  de  leurs  femelles.  Ces  portunes  com- 
posent le  genre  Lupée  (Lupa)  du  docteur  Leach,  et  sont , 
pour  la  plupart,  assez  grands  et  exotiques.  La  Méditerranée 
nous  en  offre  une  espèce  (i). 

Une  troisième  division  se  composera  d'espèces  analo- 
gues aux  dernières  pour  la  forme  du  test  ,  mais  dont  les 
dents  latérales  ,  au  nombre  de  cinq  communément,  sont 
presque  égales  ,  ou  dont  ia  postérieure  au  moins  diffère  peu 
des  précédentes  ;  la  longueur  des  serres  excède  peu  celle  du 
lest. 

Celles  qui  ont  de  six  à  neuf  dents  de  chaque  côté,  sont 
toutes  exotiques.  Le  Fortune  de  Tranquebàr  (  P.  tranqueba- 
ricitSj  Fab.,  ïlerbst.,  Cane,  XXWIIÏ,  3.  ),  est  la  seule  con- 
nue, ayant  neuf  dents  et  toutes  égales  à  chaque  bord  latéral. 
Elle  est  grande  et  sa  chair  est  estimée.  Nous  soupçonnons 
que  leportune  Leucodonte,  deM.Desmarest(Hist.  nat.  des 
crust.  f'oss.  ,  VI,  i. — 3)  est  la  même,  en  état  fossile  ;  il 
nous  vient  aussi  des  ïndes. 

Les  espèces  suivantes,  toutes  des  mers  d'Europe  (2), 
ont  cinq  dents  à  chaque  bord  latéral  de  la  carapace. 

(ij  Portumis  Dufouriï,  Latr.  ,  nouv.  Dict.  d'hist.  nat.,  2e  édit. 
Cette  espèce,  figurée  dans  le  Dictionnaire  classique  d'histoire  naturelle  , 
se  rapproche  beaucoup  du  Cancer  hastalus  de  Linnœus  ,  qu'il  dit  se  trou- 
ver dans  la  mer  Adriatique.  Rapportez  à  la  même  division  les  espèces 
suivantes  :  Cancer pelagicus ,  Herbst,  lviii  ,  55;  — -  C.  forceps,  ejusd.  , 
lv  ,  4i  Leach..,  Zool.  Mise,  ltV:  —  C.  sanguinolenlus ,  Herbst.  , 
viii",  56  ,  575 — Ejusd. ,  C.  cedonulli ,  xxxix  et  reticulatus ,  l  ; — ejusd., 
C.  haslatus ,  lv,  i; —   C.  menestho  ,  ibid.  3  ;  —   C.  ponticus ,  ibid.  ,  5. 

(2)  P o)-ez,  pour  les  espèces  delà  Méditerranée,  les  ouvrages  de  Pé- 
tagiia,  de  Risso,  d'Olivi  5  pour  celles  de  nos  côtes  occidentales  et  des 
mers  de  la  Grande-Bretagne,  le  Catalogue  méthodique  des  crustacés  du 
département  du  Calvados  ,  de  M.  de  Brébisson,  et  surtout  l'excellent  ou- 
vrage du  docteur  Leach  ,  intitulé  Malacostraca  podophlhalmia  Britan- 
niœ.  M.  Desmarest  a  très  bien  développé  la  méthode  de  cet  auteur  ,  dans 
ses  Considérations  générales  sur  les  crustacés ,  livre  qui  sera  très  utile  à 
ceux  qui  s'occupent  de  l'élude  de  ces  animaux,  f^oyez  aussi  notre  article 
Porlune  de  l'Encyclopédie  méthodique. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  35 

L'Etrille  commune.  (Cancer  puber.  L.)  Penn.  Zool.  Brit. 
IV  ,  iv.  8;  Ilerbst.  VIL  59.  Leacli.  Malac.  Brit.  vi. 

Est  couverte  d'un  duvet  jaunâtre ,  avec  huit  petites 
dents  entre  les  yeux,  dont  les  deux  mitoyennes  plus  lon- 
gues, obtuses  et  divergentes  ;  les  serres  sillonnées  ,  armées 
d'une  dent  forte  et  dentée,  au  côté  interne  du  carpe  ,  et 
d'une  autre  sur  l'article  suivant  ou  la  main;  les  doigts 
sont  noirâtres. 

Cette  espèce  porte  communément  le  nom  &  étrille,  et 
sa  chair  est  très  délicate. 

La  petite  Etrille.  (  Cancer  corrugatus.  Penn.  Zool.  Brit. 
IV.  pi.  v.  9.  Leach.  Malac.  Brit.  VIL  1,  a..) 

A  le  test  tout  ridé  ,  garni  d'un  duvet  jaunâtre,  avec  trois 
dents  égales  ,  presque  en  forme  de  lobes,  au  front.  Les 
trois  dents  postérieures  des  bords  latéraux  sont  très  aiguës, 
en  forme  d'épines. 

Le  P.  mënade  ou  le  Crabe  commun  de  nos  côtes.  (C.  mœnas. 

Lin  .Fab.) 

Et  qu'on  appelle  vulgairement  crabe  enragé ,  me  paraît 
appartenir  plutôt  aux  portunes  qu'aux  crabes  proprement 
dits  ',  seulement  les  nageoires  postérieures  sont  plus 
étroites.  Tel  a  été  le  premier  sentiment  du  docteur  Leach, 
qui  en  a  fait  ensuite  un  genre  particulier  ,  sous  le  nom 
de  carcin  (  Carcinus ,  Malacost.  Brit. ,  XII,  tab.  v  ).  Il 
a  aussi  cinq  dents  de  chaque  côté,  et  pareil  nombre  au 
front,  les  oculaires  internes  comprises.  Le  dessus  du  test 
est  glabre,  finement  chagriné,  avec  des  lignes  enfoncées, 
profondes.  Les  tarses  sont  striés ,  la  tranche  supérieure 
des  mains  est  comprimée  en  manière  d'arête  arrondie  ,  ter- 
minée par  une  petite  dent;  on  en  voit  une  autre,  mais 
plus  forte,  au  côté  interne  de  l'article  précédent; les  doigts 
sontstriés,  presque  également  dentés  ,  aveclebout  noirâtre. 

On  trouve  dans  le  calcaire  marneux  du  Monte-Bolca  , 
un  crustacé  fossile  qui,  selon  M.  Desmarest  (  Hist.  nat. 
des  crust.  foss.,  pag.  125),  a  de  grands  rapports  avec 
cette  espèce. 

Dans  le  portune  de  Rondelet  de  M.  Risso  ,  le  front  est 
sans  dents.  Celui  qu'il  nomme   longipes  présente  le  même 


36  CRUSTACÉS  DÉCAPODES. 

caractère,  niais  ses  pieds   sont  proportionnellement  .plus 

longs  que  ceux  des  autres  espèces  analogues. 

Nous  formerons  une  quatrième  division  avec  le  sous-genre. 

Platyonique  (  Platvonichus.  ) 
Dont  la  dénomination  a  remplacé  celle  de  porlumne 
(portumnus  )  de  M.  Léach  ,  trop  rapprochée  du  mot  por- 
tune ,  déjà  employé.  Ici  le  test  est  aussi  long  au  moins 
que  large,  presque  en  forme  de  cœur.  Tous  les  tarses  des  ' 
pieds,  les  serres  exceptées,  se  terminent  par  une  petite 
lame  semi  -  elliptique,  alongée  et  pointue;  l'index  est  très 
comprimé.  Cette  division  ne  comprend  encore  qu'une  es- 
pèce, qui  est  le  cancer  latipes  de  Plancus  (  De  conchis 
minus  notis  ,  lïl,  7,  B.  C),  etqui  a  été  figurée  aussi  par  Leach 
(Malac.  Brit.,IV).  Le  front  offre  trois  dents,  et  chaque  bord 
latéral  du  test  cinq.  (  Voyez  l'article  Platyonique  de  l'Ency- 
clopédie méthodique.) 

Des  crabes  nageurs  nous  passons  à  ceux  dont  tous  les  pieds 
se  terminent  en  pointe ,  ou  par  un  tarse  conique  ,  quelque- 
fois comprimé  ,  mais  ne  formant  point  de  nageoire  pro- 
prement dite.  Ceux  d'entre  eux  dont  le  test  est  évasé  ,  coupé 
par  devant  en  arc  de  cercle  ,  rétréci  et  tronqué  en  arrière, 
dont  les  serres  sont  identiques  dans  les  deux  sexes ?  où. 
la  queue  offre  ïe  même  nombre  de  segments  que  celle  des 
portunes  ,  et  qui ,  à  l'exception  des  tarses  ,  leur  ressemblent 
presque  entièrement,  composeront  notre  seconde  section, 
celle  des  Arques  (  Arcuata  ). 

Les  Crabes  proprement  dits.   (Cancer.  Fab.  ) 

Ont  le  troisième  article  des  pieds -mâchoires  extérieurs 
échancré  ou  marqué  d'un  sinus  ,  près  de  l'extrémité  in- 
terne et  presque  carré.  Les  antennes  ,  ne  dépassant  guère  le 
front,  et  à  articles  peu  nombreux,  sont  repliées  ,  glabres  ou 
peu  velues.  Les  mains  sont  arrondies,  et  ne  présentent  point 
supérieurement  d'apparence  de  crête. 

Les  uns  ont  l'article  radical  des  antennes  extérieures 
beaucoup  plus  grand  que  les  suivants,  en  forme  de  lame, 
terminée,  pnr  une  dent  saillante  et  avancée  ,  fermant  infé- 
ricurement  le  coin  interne  des  cavités  oculaires.  Les  fosset- 
tes des  antennes  mitoyennes  ou  internes  sont  presque  lon- 
gitudinales. Tel  est 


* 


LAM1LLE    DÈS    BHACHYURES.  3  7 

Le  Crabe  poupart  ou  tourteau  (Cipagurus.  Lin.)  Herbst. 
IX,  5ç},  dont  ie  test  est  roussâtre,  large,  plan  ,  presque  lisse 
en  dessus  ,  avec  neuf  festons  à  chaque  bord  latéral,  et 
trois  dents  au  front.  Ses  serres  sont  grosses  ,  unies,  avec 
les  doigts  noirs  et  garnis  intérieurement  de  tubercules 
mousses.  11  acquiert  près  d'un  pied  de  largeur,  et  pèse  alors 
jusqu'à  cinq  livres.  11  est  commun  sur  les  côtes  de  France 
de  l'Océan  ,  et  moins  abondant  dans  la  Méditerrannée.  Sa 
chair  est  estimée. 

Le  docteur  Leach  (  Malac.  Brit. ,  XYlï ,  x  )  le  sépare 
génériquement  des  autres  crabes. 

Dans  les  autres,  les  articles  inférieurs  des  antennes  sont 
eylindracés$  le  premier,  quoiqu'un  peu  plus  grand,  ne 
diffère  point  des  suivants  quanta  la  forme  et  aux  proportions, 
et  ne  dépasse  point  le  canthus  interne  des  fossettes  ocu- 
laires ;  celles  des  antennes  intermédiaires  s'étendent  plutôt 
dans  le  sens  de  la  largeur  du  test ,  que  dans  celui  de  sa  lon- 
gueur. 

11  en  est  parmi  eux  (C.  1 1 .  dentatus,  Fab.) ,  dont  les  doigts 
ont  leur  extrémité  creusée  en  manière  de  cuiller;  ce  sont 
les  Clorodies  (  Clorodius.  )  de  M.  Leach.  Plusieurs  des  es- 
pèces, où.  ils  se  terminent  en  pointe  ,  sont  remarquables  en 
ce  que  l'arqûre  des  bords  du  test  se  termine  postérieure- 
ment par  un  pli  et  une  saillie  débordante,  en  manière 
d'angle.  Celles  dont  le  front  est  tridenté,  et  dont  ie  test  n'of- 
fre de  chaque  côté  que  cette  saillie  ou  dent  postérieure , 
composent  son  genre  Carpilie  (  Carpilius  ).  Les  espèces  de 
cette  subdivision  (  C.  corallinus  ,  F.;  C.  maculatus ,  ejusd.  ) 
présentent  des  marbrures  ou  des  taches  rondes  couleur  de 
sang.  Elles  habitent  plus  particulièrement  les  mers  des 
ïndes  orientales.  Beaucoup  de  crabes  fossiles  me  paraissent 
appartenir  à  cette  subdivision. 

Les  Xanth.es  (  Xantho.)  du  même,  et  dont  quelques-uns 
{Xantho floridus,  Leach,  Malac.  Brit.,f£l  ;  —  Cancerporessa, 
Oliv.,  Zool.  adriat.,  II,  3.  )  habitent  nos  côtes,  ont  leurs 
antennes  insérées  dans  Je  canthus  interne  des  cavités 
oculaires ,  et  non  en  dehors  ,  comme  dans  les  précé- 
dents. 
D'autre*    considérations    permettraient    d'augmenter   le 


38  CRUSTACÉS    PÉCAPODES. 

nombre  de  ces  coupes.  Mais  nous  avons  dû   nous  borner  à 
indiquer  les  principales. 

Le  Crabe  vulgaire  de  nos  côtes ,  de  la  première  édition  de 
cet  ouvrage,  a  été  placé  dans  celle-ci  avec  les  portunes 
(  P.  mênade.  ) 

Les  Pirimeles  (Pirimela.  Leach.) 

Ressemblent  tout-à-fait  aux  crabes,  mais  leurs  antennes 
extérieures  se  prolongent  notablement  au-delà  du  front ,  et 
leur  tige,  plus  longue  que  leur  pédoncule_,  se  compose 
d'un  grand  nombre  d'articles.  Les  fossettes  des  intermé- 
diaires sont,  ainsi  que  dans  le  crabe  tourteau  ,  plutôt  longi- 
tudinales que  transversales. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  (  P.  denticulata ,  Leach. ? 
Malac.  Biït.  ,  VIII  ,  m.  ),  qu'on  trouve  dans  la  Manche 
et  dans  la  Méditerranée.  Peut-être  faut- il  rapporter  à 
cette  espèce  le  crustacé  fossile,  décrit  par  M.  Desmarest, 
sous  le  nom  à?  A  télécycle  rugueux.  (Hist.  nat.  des  crust. 
foss.  ,  IX,  9.  ) 

Les  Atélécycles  (i).  (  Atelecyclus.  Leach.) 

Ont,  ainsi  que  les  pirimeles,  les  fossettes  des   antennes 
intermédiaires  longitudinales;  les  antennes    latérales  alon- 
gées,  saillantes,  et  composées  d'un  grand  nombre  d'articles; 
mais  elles  sont  très  velues  ainsi  que   les  serres;   ces   serres 
sont  fortes,  avec  les  mains  comprimées.  Le  troisième  article 
des  pieds-mâchoires  est  sensiblement  rétréci  supérieurement 
en  manière  de  dent  obtuse  ou  arrondie.  Les  tarses  sont  coni- 
ques, et  les  pédicules  oculaires  sont  de  grandeur  ordinaire. 
La  queue  est  plus  alongée  que  dans  les  crustacés  précédents. 
On  en  a  décrit  deux  espèces  O),  l'une  des  côtes  d'An- 
gleterre ,  à  forme  suborbiculaire ,    et  l'autre  de  celles  de 
France,  tant  océaniques  que  méditerranéennes. 

Le^Tiiies.  (  Thia.  Leach.  ) 

Se  rapprochent  des  àtélécycles,  à  raison  de  leurs  antennes 

(1)  Nous  avions  d'abord  i-lace  ce  sous-genre,  ainsi  que  le  suivant,  dans 
la  section  des  orbicuiaires. 

...    Voyez  les  Considérations  générales  sur  la  classe  des  crustacés  ,  de 
I    !)    imarest,  pag.  38  et  89. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  3q 

latérales,  de  la  direction  des  fossettes  logeant  les  intermé- 
diaires, de  la  forme  du  troisième  article  des  pieds-mâchoi- 
res extérieurs,  de  leur  test  suborbicuîaire  $  mais  leurs  yeux 
ainsi  que  leurs  pédicules  sont  très  petits  et  à  peine  saillants. 
Leurs  tarses  sont  très  comprimés  et  subelliptiques.  Le  front 
est  arqué,  arrondi,  sans  dentelures  prononcées.  L'espace 
pectoral  compris  entre  les  pieds  est  très  étroit  et  de  la  même 
largeur  partout.  Les  serres  sont  proportionnellement  bien 
moins  fortes.  Le  test  est  uni,  et  sous  quelques  autres  rap- 
ports ces  crustacés  avoisinent  les  leucosies  et  les  corisles. 

L'espèce  (1)  prototype,  dont  on  ignorait  la  patrie,  a  été 
découverte  par  M.  Mil  ne  Edwards  ,  dans  le  sable  des  bords  de 
la  Méditen année  ,  près  de  ÎNaples.  M.  Risso  (  Journ.  de 
pbys.  ?  1822  ,  p.  25 1.  )  en  a  décrit  une  autre,  qu'il  a  dédiée 
à  M.  de  Blainville,  et  qu'il  a  trouvée  dans  la  rivière  de 
Nice. 

Les  Mursies.  (Mursia.  Leach.  )  (2). 

Dont  on  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce,  et  qui 
est  propre  à  cette  partie  de  l'Océan  qui  environne  l'extré- 
mité méridionale  de  l'Afrique.  Elle  avoisine  les  matutes  et 
plusieurs  portunes,  à  raison  d'une  longue  épine  dont  chaque 
côté  du  test  est  armé  postérieurement;  elle  se  rapproche  aussi 
des  crabes  proprement  dits,  pour  la  forme  du  test  et  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs,  avec  cette  différence  que  leur  troi- 
sième article  est  en  forme  de  carré  alongé,  rétréci  et  tron- 
qué obliquement  à  son  extrémité  supérieure;  mais,  ainsi 
que  dans  les  calappes  et  les  hépates ,  les  mains  sont  très  com- 
primées supérieurement,  avec  une  tranche  aiguë  et  dentée, 
en  manière  de  crête  (3). 

Les  Hétates.  (  Hepatus.  Latr.  ) 

Ont,  quanta  la  forme  évasée  de  leur  test,  la  brièveté  de  leurs 
antennes  latérales,  une  grande  affinité  avec  les  crabes  pro- 
prement dits ,  et  se  rapprochent  des  mursies  et  des  calappes, 


(1)  Thia  polita,  Leach,  Zool.  Miscel. ,  cm. 

(2)  Dénomination  qu'il  faudrait  changer,  parce  qu'on  peut  facilement 
la  confondre  avec  celle  àenursia  ,  autre  sous-genre  de  crustacés. 

(3)  Desmar. ,   Consid. ,  ix,  3. 


/ 


^0  CRUSTACÉS     DÉCAPODES. 

à  raison  de  leurs  mains  comprimées  et  terminées  supérieu- 
rement en  manière  de  crête. ;  mais  le  troisième  article  de 
leurs  pieds -mâchoires  extérieurs  est  en  forme  de  triangle 
aïongé,  étroit  et  pointu,  sans  échancrure  apparente ,  carac- 
tère que  l'on  observe  aussi  dans  les  matutes  et  les  leucosies. 
L'espèce  (i)  qui  a  servi  de  type  à  l'établissement  de  cette 
coupe  a  été  confondue  avec  les  calappes  par  Fabricius.  Elle  est 
de  la  grandeur  d'un  crabe  tourteau  de  moyenne  taille.  Son 
test  est  jaunâtre,  ponctué  de  rouge  ,  avec  les  bords  finement 
et  inégalement  crénelés.  Les  yeux  sont  petits  et  rapprochés. 
Les  pieds  sont  entrecoupés  de  bandes  rouges.  Quoique  la 
queue  des  mâles  n'ait  que  cinq  segments  complets,  on  dé- 
couvre néanmoins  très  distinctement  sur  les  côtés  ,  les 
traces  des  deux  autres.  Cette  espèce  est  commune  aux  An- 
tilles. 

Une  troisième  section ,  celle  des  Quadrilatères  (  Qua- 
drilatera  ) ,  a  le  test  presque  carré  ou  en  cœur,  avec  le 
front  généralement  prolongé,  infléchi  ou  très  incliné,  et 
formant  une  sorte  de  chaperon.  La  queue  des  deux  sexes  est 
de  sept  segments  ,  distincts  dans  toute  leur  largeur.  Les  an- 
tennes sont  généralement  fort  courtes.  Les  yeux  de  la  plu- 
part sont  portés  sur  de  longs  pédicules  ou  gros.  Plusieurs 
visent  habituellement  à  terre,  dans  des  trous  qu'ils  se 
pratiquent  j  d'autres  fréquentent  les  eaux  douces.  Leur 
course  est  très  rapide  (2). 

Une  première  division  comprendra  ceux  dans  lesquels  le 
quatrième  article  des  pieds-mâchoires  extérieurs  est  inséré 
à  l'extrémité  supérieure  interne  de  l'article  précédent,  soit 
sur  une  saillie  courte  et  tronquée,  soit  dans  un  sinus  du 
bord  interne.  Ce  sont  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  des 
crabes  propres. 

Les  uns  ont  un  test  tantôt  presque  carré  ou  trapezo'ïde , 
mais   point  transversal  ,   tantôt  presque  en  forme  de  cœur 

(i"l  Hepatus  fascialus  ,  Latr.  ;  Desrnar.  ,  Consid.  ,  ix,  2-  Calappa 
anguslata,  Fab.  ;  Cancer  pr inceps  ,  Bosc.  •  Herbst ,  xxxvn,  2.  Voyez 
aussi  son  cancer  armadillus ,  vi  ,  42  et  4^- 

(2I  Je  les  considère  ,  sous  le  rapport  des  habitudes  et  de  quelques  ca- 
ractères d'organisation  ,  comme  s' éloignant  le  plus  des  autres  décapodes , 
et  "omme  devant  être  places  à  lune  des  extrémités  de  cet  ordre, 


FAMILLE    DES    BRàCHYURES.  4* 

tronqué.  Les  pédicules  oculaires  sont  courts  et  insérés  soit 
près  des  angles  latéraux  et  antérieurs  du  test,  soit  plus 
intérieurs,  mais  toujours  à  une  distance  assez  grande  du 
milieu  du  front.  Ici  viennent  : 

Les  Eriphies.  (Eriphia.  Lat.  ) 

Qui  ont  les  antennes  latérales  insérées  entre  les  cavités 
oculaires  et  les  antennes  médianes  ;  le  test  presque  en 
forme  de  cœur,  tronqué  postérieurement  ,  et  les  yeux  éloi- 
gnés de  ses  angles  antérieurs. 

Nos  côtes  en  fournissent  une  espèce  {Cancer  spùiifrons, 
Fab.  '7  Herbst.,  XI ,  65  ;  Desmar.,  Cons. ,  XIV ,  i  )  ,  qui  est 
le  pagurus  d'Aldrovande.  Les  côtés  de  son  test  ont 
chacun  cinq  dents ,  dont  la  seconde  et  la  troisième  bifides. 
Le  front  et  les  serres  sont  épineux.  Les  doigts  sont  noirs. 

Les  Trapésies.  (  Trapezia,  Latr.  ) 

Semblables  aux  eriphies  par  l'insertion  des  antennes  la- 
térales ,  mais  dont  le  test  est  presque  carré,  déprimé,  uni  , 
avec  les  yeux  situés  à  ses  angles  antérieurs ,  et  les  serres  très 
grandes,  comparativement  aux  autres  pieds. 

Toutes  les  espèces  (  i  )  sont  exotiques  et  des  mers  orien- 
tales. 

Les  Piltjmnes.  (Pilumnus,  Leach.  ) 

Différents  des  deux  sous -genres  précédents  à  raison  de 
leurs  antennes  latérales  insérées  à  l'extrémité  interne  des 
cavités  oculaires,  au-dessous  de  la  naissance  des  pédicules 
des  yeux.  Ils  sont  plus  rapprochés,  quant  à  la  forme  du  test, 
des  crustacés  de  la  section  précédente  que  les  autres  quadri- 
latères, et  ambigus  ,  à  cet  égard,  entre  les  deux  sections. 
Comme  dans  la  plupart  des  arqués,  le  troisième  article 
de  leurs  pièds-mâchoires  est  presque  carré  ou  pentagone. 
Les  antennes  latérales  sont  plus  longues  que  les  pédi- 
cules oculaires,  avec  une  tige  sétacée  ,  plus  longue  que  le 

(1)  Cancer  cyrhodoce  ,  Hferbst ,  ti,  5; —  C.  rufo  punctatus,  ejr.sd.  r 
xlvij,6;  — ejusd.  ,  C.  glaberrimus ,  xx,  uj.  f\yez  l'article  Trapézie 
de  l'Encyclopédie  méthodique. 


L\1  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

pédoncule  et  composée  d'un  grand  nombre  de  petits  articles. 
Les  tarses  sont  simplement  velus  (i). 

Les  Thelphuses  (2).  (Thelphusa.  Latr.  ) 

A  antennes  latérales  situées  comme  dans  les  pilumnes  , 
mais  plus  courtes  que  les  pédicules  oculaires,  de  peu  d'arti- 
cles, avec  la  tige  guère  plus  longue  que  le  pédoncule,  et  cy- 
lindrico-conique.  Le  test  est  d'ailleurs  presque  en  forme  de 
cœur  tronqué,  et  les  tarses  sont  garnis  d'arêtes  épineuses  ou 
dentées.  • 

On  en  connaît  plusieurs  espèces  ,  vivant  toutes  dans 
les  eaux  douces,  mais  pouvant,  à  ce  qu'il  paraît,  s'en 
éloigner  durant  un  intervalle  de  temps  assez  considérable. 
L'une,  citée  par  les  anciens,  se  trouve  dans  le  midi  del'Eu- 
rope,  le  Levant  et  en  Egypte:  c'est  le  crabe fluviatile  de 
Belon,  de  Rondelet  et  deGesner.(^o/ez  Olivier, Voyage  en 
Egypte  ,  pi.  XXX,  2  ;  et  les  planches  d'hist.  nat.  du  grand 
ouvrage  sur  cette  contrée.  )  Il  est  très  commun  dans  plu- 
sieurs ruisseaux  et  divers  lacs  des  cratères  du  midi  de 
l'Italie;  et  on  voit  son  effigie  sur  plusieurs  médailles  an- 
tiques grecques  ,  celles  de  Sicile  notamment.  Son  test  a 
environ  deux  pouces  de  diamètre  en  tout  sens.  Il  est 
grisâtre  ou  jaunâtre  ,  selon  que  l'animal  est  vivant  ou  sec, 
lisse  en  grande  partie  ,  avec  de  petites  rides  incisées  et 
des  aspérités  aux  côtés  antérieurs.  Le  front  est  transversal, 
incliné,  rebordé  ,  sans  dents.  Les  serres  ont  des  aspérités, 
avec  une  tache  roussâtre  à  l'extrémités  des  doigts,  qui 
sont  longs,  coniques  et  inégalement  dentés.  Les  moines 
grecs  le  mangent  cru,  et  il  est ,  pendant  le  carême,  l'un 
des  aliments  des  Italiens. 

Deux  naturalistes,  voyageurs  du  gouvernement,  trop  tôt 
enlevés  aux  sciences  naturelles  ,  Delalande  et  Leschenault- 
de-Latour  ,  ont  découvert  deux  autres  espèces  ;  Tune  recueil- 

(1)  Voyez  l'article  Pilumne  de  l'Encyclopédie  méthodique  et  l'ou- 
vrage de  M.  Desmarest  précité,  pag.  1 1 1. 

(2)  Les  Potamophiïes  de  la  première  édition  de  cet  ouvrage.  Ce  nom 
ayant  déjà  été  consacré  à  un  genre  de  coléoptères  ,  je  l'ai  remplacé  par 
celui  de  thelphuse.  (  Voyez  ce  mot  dans  la  seconde  édition  du  nouveau 
Dictionnaire  d'histoire  nalurelle.)Ce  sont  les  potamobies  de  M.  Leacli ,  et 
Jes  potamons  de  M.  Savigny. 


FAMILLE  DES  BRACH YURES.  43 

lie  par  le  premier  dans  sou  voyage  au  sud  de  l'Afrique,  et 
l'autre  par  le  second  dans  les  montagnes  de  Ceylan. 

Le  cancer  senex  de  Fabricius  (  Herbst.  XL ,  5  ) ,  me 
paraît  devoir  se  rapporter  au  même  sous-genre.  Cette  espèce 
habite  les  Indes   orientales. 

Une  espèce  propre  à  l'Amérique  (  telphusa  serrata, 
Herbst.  X  ,  n)  est  proportionnellement  plus  aplatie 
et  plus  large  que  les  autres,  et  offre  quelques  autres  ca- 
ractères qui  semblent  indiquer  une  division  particu- 
lière (i). 

D'autres  quadrilatères  ayant,  de  même  que  les  précé- 
dents ,  le  quatrième  article  des  pieds-mâchoires  extérieurs 
inséré  à  l'extrémité  interne  de  l'article  précèdent,  s'en  éloi- 
gnent par  la  forme  trapézoïdale,  transverse  et  élargie  en-de- 
vant de  leur  test,  ainsi  que  par  leurs  pédicules  oculaires 
qui,  comme  ceux  des  podophthalmes,  sont  insérés  près  du 
milieu  du  front,  longs,  grêles,  et  atteignent  les  angles  anté- 
rieurs. Les  serres  des  mâles  sont  longues  et  cylindriques^ 
tels  sont  : 

Les  Gonoplaces  ou  Rhombilles.  (  gonoplax.  Leach.  ) 

Nos  mers  en  fournissent  deux  espèces,  dont  Tune  cepen- 
dant ne  pourrait  être  qu'une  variété  de  l'autre. 

Le  gonoplace  à  deux  épines  (  Cancer  angulatus,  Lin.  ) , 
Herbst. ,  ï.  i3  ;  Leach,  ,Malac.  Brit,,  XIII,  a  les  angles  anté- 
rieurs du  test  prolongés  en  pointe  ,  et  une  autre  épine  , 
mais  plus  petite  en  arrière.  Les  serres  des  mâles  en  offrent 
deux  autres  ,  une  sur  l'article  appelé  bras  et  l'autre  au  côté 
interne  du  cape }  les  mains  sont  alongées,  un  peu  rétrécies 

(ï)  Voyez  aussi ,  plus  bas,  le  sous-genre  ocypode.  J'en  ai  formé  un  nou- 
veau ,  sous  le  nom  de  Trichodactylf.  (  Trichodactylus  ) ,  avec  un  crus- 
tace'  des  eaux  douces  du  Bre'sil,  analogue  aux  précédents,  mais  ayant  le 
test  presque  carre',  le  troisième  article  des  pieds- mâchoires  extérieurs 
en  forme  de  triangle  alonge  et  crochu  au  bout,  et  les  tarses  couverts 
d'un  duvet  serré. 

lue  gras  pus  tesselatus  des  planches  (cccv,  ï)  d'histoire  naturelle  de 
V Encyclopédie  méthodique  est  encore  le  type  d'un  autre  nouveau  genre 
Mélie  (Melia),  trop  peu  'un portant  pour  être  exposé  avec  détail  dans 
cet  ouvrage. 


44  CRUSTACES    DÉCAPODES. 

a  leur  base;  l'on  observe  une  autre  dent  à  l'extrémité  supé- 
rieure des  cuisses  des  autres  pieds.  Le  corps  est  roussâtre. 
Cette  espèce  se  trouve  sur  les  côtes  occidentales  de  France 
et  celles  d'Angleterre. 

Dans  le  gonoplace  rlwmboïde  {cancer  rhomboïdes,  Lin.), 
la  carapace  n'offre  d'autres  épines  que  celles  formées  parle 
prolongement  des  angles  antérieurs.  Le  corps  est  plus  petit 
et  d'un  blanc  rougeâtre  ou  couleur  de  chair.  On  la  trouve 
dans  les  lieux  rocailleux  de  la  Méditerranée  (i). 
Dans  la  seconde  division  des  quadrilatères,  le  quatrième 
article  des  pieds -mâchoires  extérieurs  ou  de  ceux  qui  re- 
couvrent inférieurement  les  autres  parties  de  la  bouche  est 
inséré  au  milieu  du  bout  de  l'article  précédent  ou  plus   en- 
dehors. 

Tantôt  le  test  est  soit  trapezoïde  ou  ovoïde,  soit  en  forme 
de  cœur  tronqué  postérieurement.  Les  pédicules  oculaires, 
insérés  à  peu  de  distancé  du  milieu  de  son  bord  antérieur, 
s'étendent  jusque  près  de  ses  angles  antérieurs  ou  les  dépas- 
sent même. 

En  commençant  par  ceux  dont  le  test  a  la  forme  d'un  qua- 
drilatère transversal ,  élargi  en  avant  et  rétréci  en  arrière ,. 
ou  bien  celle  d'un  œuf  y  s'offrent  d'abord 

Les  Macrophthalmes.  (  Macrophthalmus.  Lat.  ) 

Ainsi  que  dans  les  gonoplaces,  le  test  est  trapezoïde,  les 
serres  sont  longues  et  étroites ,  les  pédicules  oculaires  sont 
grêles,  alongés  et  logés  dans  une  rainure,  sous  le  bord  an- 
térieur du  test.  Le  premier  article  des  antennes  intermé- 
diaires est  plutôt  transversal  que  longitudinal ,  et  les  deux 
divisions  qui  les  terminent  sont  très  distinctes  et  de  gran- 
deur moyenne.  Les  pieds-mâchoires  extérieurs  sont  rappro- 
chés inférieurement,  aubord  interne,  sans  vide  entre  eux, 
et  leur  troisième  article  est  transversal. 

Ces  crustacés  (2)  habitent  les  parages  des  mers  orientales 
et  de  la  Nouvelle-Hollande. 

(1)  Voyez  l'article  RhombiUe  de  l'Encyclopédie  méthodique. 

(2)  Gonoplax  transversus  ,  Lat*.  ,  Encyclop.  me'thod.  ,  Hist.  nat.  , 
ccxcvn  ,  2  ;  —  Cancer  brevis,  Herbst,  lx  ,  !\.  Le  gonoplace  de  Latreilley 
espèce  fossille  décrite    par   M.    Desmaresl  {Hist.   nat.  des  crust.Jbss.  } 


FAMILLE    DES     BRACHYUUES.  /|5 

Les  suivants,  et  qui  forment  les  sous  -  genres  gélasime , 
ocypode  et  myctyre  ,  vivant  tous  dans  des  terriers,  et  remar- 
quables par  la  célérité  de  leur  course,  ont  la  quatrième 
paire  de  pieds  et  la  troisième  ensuite  plus  longues  que  les 
autres;  les  antennes  intermédiaires  sont  excessivement  petites 
et  à  peine  bifides  au  bout  ;  leur  article  radical  est  presque 
longitudinal.  Ces  animaux  sont  propres  aux  pays  chauds. 

Ici  le  test  est  solide  ?  en  forme  de  quadrilatère  ou  de  tra- 
pèze, plus  large  en  devant. 

Les  Gélasimes  (  Gelasimus.  Latr.  —  Uca.  Leach.  ) 

Les  yeux  terminent  leurs  pédicules,  en  manière  de  petite 
tête.  Le  troisième  article  de  leurs  pieds-mâchoires  extérieurs 
est  en  carré  transversal.  Le  dernier  segment  de  la  queue  des 
mâles  est  presque  demi-circulaire;  celle  des  femelles  est 
presque  orbiculaire. 

Les  antennes  latérales  sont  proportionnellement  plus  lon- 
gues et  plus  grêles  que  les  mêmes  des  ocypodes.  L'une  des 
serres,  tantôt  la  droite ,  tantôt  la  gauche ,  ce  qui  varie  dans 
les  individus  de  la  même  espèce,  est  ordinairement  beau- 
coup plus  grande  que  l'autre;  les  doigts  de  la  petite  sont 
souvent  en  forme  de  spatule  ou  de  cuiller.  L'animal  ferme 
Tenlrée  de  son  terrier, qu'il  établit  près  des  rivages  de  la  mer 
ou  dans  des  lieux  aquatiques  ,  avec  sa  plus  grande  pince. 
Ces  terriers  sont  cylindriques,  obliques,  très  profonds, 
très  rapprochés  les  uns  des  autres,  mais  ordinairement 
habités  par  un  seul  individu.  L'usage  où  sont  ces  crustacés 
de  tenir  la  grosse  pince  élevée  en  avant  du  corps ,  comme 
s'ils  faisaient  un  geste  pour  appeler  quelqu'un  ,  leur  a  valu 
le  nom  de  crabes  appelants  (  Cancer  vocans).  Une  espèce 
observée  dans  la  Caroline-Sud  par  M.  Bosc  ,  passe  les  trois 
mois  de  l'hiver  dans  sa  retraite,  sans  en  sortir ,  et  ne  vient 
à  la  mer  qu'à  l'époque  de  sa  ponte  (i). 

ix,  i~4),  et  peut-être  aussi  son  G.  incisé  (ix,  5,  6),  pourrait  être  un  ma- 
crophthalme:  mais  en  général  ses  gonoplaces  fossiles  sont  des  .oéla- 
simes.  L'espèce  qu'il  nomme  gélasime  luisante  (vin  ,7,8)  ne  me  semble 
pas  différer  de  l'espèce  vivante  que  je  nomme  maracoani  (Encyclop. 
méthod.  ,  ibid.  ,  ccxcvi  ,   1). 

(1)    Voyez   l'article    Gélasime  de    la    seconde   édition  du    nouveau 


46  CRUSTACÉS     DÉCAPODES. 

Les  Ocypodes.  (  Ocypode.  Fab.  ) 

Les  yeux  s'étendent  dans  la  majeure  partie  delà  longueur 
de  leurs  pédicules,  et  forment  une  sorte  de  massue.  Le  troi- 
sième article  des  pieds  -  mâchoires  extérieurs  est  en  carré 
long.  La  queue  des  mâles  est  très  étroite,  avec  le  dernier 
article  en  forme  de  triangle  alongé;  celle  des  femelles  est 
ovale. 

Les  serres  sont  presque  semblables,  fortes,  mais  courtes  , 
avec  les  pinces  presque  en  forme  de  cœur  renversé.  Ainsi 
que  l'annonce  l'étyinologie  du  nom  générique,  ces  crusta- 
cés courent  avec  une  grande  vélocité;  elle  est  telle  ,  qu'un 
homme  monté  à  cheval  a  de  la  peine  à  les  atteindre;  de  là 
l'origine»  de  l'épithète  de  cavalier  (  eques),  que  leur  donnè- 
rent d'anciens  naturalistes.  Parmi  les  modernes  ,  quelques- 
uns  les  ont  nommés  crabes  de  terre;  d'autres  les  ont  con- 
fondus avec  les  gécarcins,  sous  la  dénomination  générale  de 
tourlouroux.  Les  ocypodes  se  tiennent  pendant  le  jour  dans 
les  trous  ou  terriers  qu'ils  se  creusent  dans  le  sable,  près 
des  rivages  de  la  mer.  lis  les  quittent  après  le  coucher  de 
soleil. 

L'0.  chevalier* (  Cancer  cursor,  Lin.  ),  Cancer  eques, 
Bel.  'y  O.  ippeits,  Oliv.  Voy.  dans  i'emp.  ott.,  II.  xxx ,  i  , 
se  distinguc;de  tous  les  autres  par  le  faisceau  de  poils 
qui  termine  les  pédoncules  oculaires.  11  habite  les  côtes  de 
la  Syrie,  celles  d'Afrique,  situées  sur  la  Méditerranée,  et 
se  trouve  même  au  Cap»Verd 

Dans   YO.   cérathophthaline    {Cancer    cerathoptlialmus 

Pall.,  Spicil.  zol.  fasc.iX,  v,  28),  l'extrémité  supérieure  de 

ces  pédicules  se  prolonge  au-delà  des  veux  et  d'un  tiers  ou 

plus   de   leur  longueur    totale,   en    une  pointe  conique  et 


Dictionnaire  d'histoire  naturelle,  et  le  même  article  de  l'ouvrage  de 
M.  Desmarest  sur  les  animaux  de  cette  classe.  Les  crabes  cittie-ete,  cietie- 
panama  de  Ma  regrave  ,  me  paraissent  synonymes  de  la  gëlasime  combat- 
tante. D'après  une  observalion  de  M.  Marion  ,  communiquée  à  l'acad. 
roy.  des  se.  par  M.  de  Blain ville,  cette  inégalité' des  pinces  ne  serait 
propre  qu'aux  mâles,  du  moins  dans  des  espèces  dont  il  a  observe'  un 
grand  nombre  d'individus  dans  son  voyage  aux  Indes  orientales. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  lvJ 

simple.  les  pinces  sont  en  cœur  ,  très  chagrinées  et  dente- 
lées sur  leur  tranche.  Cette  espèce  vient  des  Indes  orientales. 

Dans  quelques  autres  ,  les  yeux  terminent  leurs  pédi- 
cules et  forment  une  sorte  de  massue.  Quelques-unes, 
de  l'ancien  continent  (  O.  rhombea ,  Fab.)  ,  et  toutes  celles 
du  nouveau  ,  sont  dans  ce  cas.  Mais  celles-ci  ont  un  carac- 
tère particulier ,  qui  annonce  qu'elles  vont  plus  fréquem- 
ment à  l'eau  ou  qu'elles  nagent  plus  facilement  ;  leurs 
pieds  sont  plus  unis,  plus  aplatis  y*  et  garnis  d'une  frange 
de  poils.  Tel  est  YO.  blanc  de  M.  Bosc  (Hist.  nat.  des  crust , 
1  ,  i  ).  Le  crabe  cunuru  de  Marcgrave  est  de  cette  divi- 
sion (i). 

En  classant  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle, 
nous  avions  rangé  avec  les  ocypodes,  sous  le  nom  spécifi- 
que de  quadridentaia,  un  crustacé  qui  nous  semble  avoir  une 
grande  conformité  avec  le  gécarcin  trois  épines  de  M.  Des- 
marets,  espèce  fossile  (Hist.  nat.  des  crust.  foss.,  VIII  ^  io.)j 
il  soupçonne  qu'elle  pourrait  appartenir  au  genre  telphuse. 

Ici  le  test,  dans  les  femelles  au  moins  ;  est  très  mince 7 
membraneux  et  flexible  ,  le  corps  est  presque  rond  ou  sub- 
ovoïde. Les  pédicules  oculaires  sont  sensiblement  plus 
courts  que  dans  les  sous-genres  précédents. 

Viennent  d'abord 

Les  Mictyres.  (Micïyris.  Lat.  ) 

Leur  corps  est  subovoïde  ,  très  renflé  ,  plus  étroit  et  obtus 
en  devant,  tronqué  postérieurement,  avec  le  chaperon  très 
rabattu  ,  rétréci  en  pointe  à  son  extrémité.  Les  serres  sont 
coudées  à  la  jonction  du  troisième  et  du  quatrième  article  ; 
celui-ci  est  presque  aussi  grand  que  la  main  ;  les  autres 
pieds  sont  longs  7  avec  les  tarses  anguleux.  Ajoutons  à 
ces  caractères  essentiels  ,  que  les  pédicules  oculaires  sont 
courbes  ?  couronnés  par  des  yeux  globuleux  ;  que  les 
pieds-mâchoires  extérieurs  sont  très  amples,  très  velus  au 

(i)  Voyez  ausssi,  pour  les  ocypodes  du  nouveau  continent,  les  obser- 
vations de.  M.  Say ,  consigne'es  dans  le  Journal  des  sciences  naturelles  <Je 
Philadelphie.  Son  O.  réticulé  est  un  grapse.  Nous  renverrons  aussi  à  l'ar- 
ticle Ocypode  de  la  seconde  édition  du  nouv.  Dictionn    d  hist.  naturelle, 
et  à  l'ouvrage  de  M.  Desmarest. 


4$  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

bord  interne.,  avec  le  second  article  fort  grand  et  le  suivant 
presque  demi-circulaire. 

On  en  connaît  deux  espèces;  Tune  qui  se  trouve   dans 

l'Océan  australasien  (i) ,  et  l'autre  en  Egypte  (2)  où.   elle 

a  été  observée  par  M.  Savigny. 

Immédiatement  après  les  mictyres  nous  placerons 

LesPiNNOTHERES.    (  PlNNOTHERES.   Latl\  ) 

Crustacés  très  petits^  vivant  une  partie  de  l'année,  sur- 
tout en  novembre,  dans  diverses  coquilles  bivalves,  les  mou- 
les et  les  jambonneaux  particulièrement.  Le  test  des  femelles 
est  suborbiculaire,  très  mince  et  fort  mou  ,  tandis  que  celui 
des  mâles  est  solide,  presque  globuleux  et  un  peu  rétréci 
en  pointe  en  devant.  Les  pieds  sont  de  longueur  moyenne  ? 
et  les  serres  sont  droites  et  conformées  à  l'ordinaire.  Les 
pieds-mâchoires  extérieurs  n'offrent  distinctement  que  trois 
articles  ,  dont  le  premier  grand  ,  transversal  ,  arqué  ,  et 
dont  le  dernier  muni  à  sa  base  interne  d'un  petit  appendice. 
La  queue  de  la  femelle  est  très  ample  et  recouvre  tout  le 
dessous  du  corps. 

Les  anciens  croyaient  qu'ils  vivaient  en  société  avec  les 
mollusques  des  coquilles  oùonles  trouve,  et  qu'ils  les  aver- 
tissaient dans  le  danger  ,  et  allaient  à  la  chasse  pour  eux. 
Aujourd'hui  le  peuple  de  certaines  côtes  attribue  ,  peut-être 
sans  de  meilleurs  raisons,  à  leur  présence  dans  les  moules,  les 
qualités  malfaisantes  que  celles-ci  prennent  quelquefois  (3). 

Nous  arrivons  maintenant  à  des  crustacés  qui,  analogues 
aux  derniers,  à  raison  de  l'insertion  de  leurs  pédicules  ocu- 
laires, s'en  éloignent  cependant  à  l'égard  du  teèt.  Il  a  la  forme 
d'un  cœur,  tronqué  postérieurement;  il  est  élevé  ,  dilaté  et 
arrondi  sur  les  côtés,  près  des  angles  antérieurs;  les  pédicu- 

(ï)  Latr.,  Gêner.  ,  crust.  etins.,  1.  ^o  ;  Encyclop.  méthod. ,  atl.  d'hisU 
nat. ,  ccxcvii ,  3;  Desmar.  ,  Consid. ,  xi,  2.  Ce  sous-genre  et  celui  du 
pinnoihère  faisaient  partie  ,  dans  la  première  e'dition  de  cet  ouvrage,  de  la 
section  des  orbiculaires }  mais  dans  un  ordre  naturel,  ils  avoisinent  les 
ocypodes,   les  gécarcins  ,  etc. 

(y)  Planches  d'hist.  nat.  du  grand  ouvrage  sur  rÉgypte. 

f 3)  Ployez  ,  rpiant  aux  espèces,  Leacli,  malac. ,  podoph.  Bril.  ,  et 
Desmar. ,  Consul,  gen.  sur  les  crust.  ,116. 


FAMILLE    DES    BRACUYURE.S.  /£<) 

les  oculaires  sont  plus  courts  que  ceux  des  sous-genres 
précédents,  et  n'atteignent  pas  tout-à-fait  les  extrémités 
latérales  du  test.  Les  antennes  intermédiaires  sont  toujours 
terminées  par  deux  divisions  bien  distinctes.  Nos  colons  amé- 
ricains ont  désigné  cescrustacés  sousdiversesdénominations, 
telles  que  celles  de  tourlouroux  ,  de  crabes  peints  ,  de  cra- 
bes de  terre  ,  de  crabes  violets ,  et  qui  peuvent  s'appliquer 
à  diverses  espèces  ou  à  diverses  variétés  d'âge;  mais  aucune 
recherche  digne  de  confiance  n'a  encore  fixé  cette  nomen- 
clature. Ces  animaux  habitent  plus  particulièrement  les  con- 
trées situées  entre  les  tropiques  et  celles  qui  les  avoisinent. 
11  est  bien  peu  de  voyageurs  qui  n'aient  parlé  de  leurs  ha- 
bitudes. Mais  en  dépouillant  leurs  récits  des  faits  invraisem- 
blables ou  douteux,  leur  histoire  se  réduit  essentiellement 
aux  suivants.  Il  passent  la  plus  grande  partie  de  leur  vie  à 
terre,  se  cachant  dans  des  trous  et  ne  sortant  que  le  soir, 
îl  y  en  a  qui  se  tiennent  dans  les  cimetières.  Une  fois  par 
année,  lorsqu'ils  veulent  faire  leur  ponte,  ils  se  rassemblent 
en  bandes  nombreuses,  et  suivent  la  ligne  la  plus  courte 
jusqu'à  la  mer ,  sans  s'embarrasser  des  obstacles  qu'ils  peu- 
vent rencontrer  ;  après  la  ponte,  ils  reviennent  très  affai- 
blis. On  dit  qu'ils  bouchent  leur  terrier  pendant  la  mue  : 
lorsqu'ils  l'ont  subie  et  qu'ils  sont  encore  mous,  on  les  ap- 
pelle boursiers  ,  et  on  estime  beaucoup  leur  chair,  qui  ce- 
pendant est  quelquefois  empoisonnée.  On  attribue  cette 
qualité  au  fruit  du  mancenillier,  dont  on  suppose,  fausse- 
ment peut-être,  qu'ils  ont  mangé. 
Dans  les  uns,  tels  que 

Les  Ucas  (  Uca  Latr.  ), 

La  grandeur  des  pattes  ,  à  commencer  inclusivement  à 
celles  de  la  seconde  paire,  diminue  progressivement;  elles 
sont  très  velues  ,  avec  les  tarses  simplement  sillonnés,  sans 
dentelures  ni  épines  notables. 

La  seule  espèce  connue  (Cancer  uca  7  Lin.),  Herbst.  VI., 

38,  habite  les  marais  de  la  Guianne  et  du  Brésil. 

Dans  les  autres  ,  la  troisième  et  la  quatrième  paire  ce 
pieds  sont  plus  longues  que  la  seconde  et  la  cinquième  -, 
les  tarses  ont  des  arêtes  dentelées  ou  très  épineuses.  Ces 
crustacés  forment  deux  sous-genres. 

TOME    IV.  h 


5o  CRUSTACÉS   DÉCAPODES. 

Les  Cardisomes.  (Cardisoma.  Latr.  ) 

Ayant  les  quatre  antennes  et  tous  les  articles  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs  à  découvert 5  les  trois  premiers  articles 
des  mêmes  pieds-mâchoires  droits  ,  le  troisième  plus  court 
que  le  précédent,  échancré  supérieurement,  presque  en 
forme  de  cœur;  enfin  le  premier  des  antennes  latérales  pres- 
que iembiable  et  large. 

On  les  désigne  aux  Antilles  sous  le  nom  de  crabes  blancs; 
quelquefois  cependant  le  test  est  jaune,  avec  des  raies 
rouges  (1). 

Les  Gécarcins.  (Gecarcinus.   Leach.  ) 

Dont  les  quatre  antennes  sont  recouvertes  par  le  chape- 
ron ;  dont  le  second  et  le  troisième  article  des  pieds-mâ- 
choires extérieurs  sont  grands  ,  aplatis,  comme  foliacés  , 
arqués  ,  et  laissant  entre  eux,  au  côté  interne,  un  vide;  ou 
le  dernier  de  ces  articles  est  en  forme  de  triangle  curviligne, 
obtus  au  sommet;  il  atteint  le  chaperon  et  recouvre  les  trois 
articles  (4  ?  5  et  6  )  suivants. 

L'espèce  la  plus  commune  (Cancer  ruricola,  Lin.  ), 
Herbst.  III,  36,  jeune  âge,  IV,  XX,  116;  xlix  ,  1,  est 
d'un  rouge  de  sang  plus  ou  moins  vif,  et  plus  ou  moins 
étendu,  quelquefois  tacheté  de  jaune,  avec  une  impres- 
sion en  forme  de  H,  très  marquée.  Divers  voyageurs  lui 
ont  donné  le  nom  de  crabe  violet ,  de  crabe  peint;  celui 
de  tourlourou  me  paraît  plus  spécialement  propre  à  cette 
espèce  (:?.)• 

Tantôt  le  test  est  presque  carré  ,  subisométrique,  ou  guère 
plus  large   que  long,   aplati,  avec   le  front  rabattu   dans 

(1)  Cancer  cordatus  ;  Linn.  5  —  Cancer  carnijex  ;  Herbst.  ,  xu  ,  1  , 
iv,  37  ;  —  C.  guanhumi,  Marcgrave.  Les  tarses  ont  quatre  arrêtes:  il  y 
en  a  deux  de  plus  dans  les  gécarcins. 

(2)  Voyez  l'article  Tourlouroux  de  l'Encyclopédie  méthodique. 
MM.  Victor  Audouin  et  Milne-Edwards  ont  communiqué  dernièrement 
à  l'académie  royale  de  sciences  des  observations  très  curieuses  sur  un 
organe  propre  à  ces  animaux ,  et  formant  une  sorte  de  réservoir  susceptible 
de  contenir  une  certaine  quantité  d'eau  ,  et  placé  immédiatement  au» 
dessus  des  branchies.  Voilà  pourquoi  ces  crustacés  ont  les  côtés  anté- 
rieurs du  thorax  plus  bombés  que  d'ordinaire. 


FAMILLE    DES    BRACHYUKES.  5l 

presque  toute  sa  largeur.  Les  pédicules  oculaires  sont  courts 
et  insérés  aux  angles  latéraux  antérieurs.  Les  deux  divisions 
ordinaires  des  antennes  intermédiaires  sont  très  distinctes. 
Les  pieds-mâchoires  extérieures  sont  écartés  entre  eux  inté- 
rieurement,  et  forment  par  cet  écart ,  un  vide  angulaire; 
leur  troisième  article  est  presque  aussi  long  que  large.  Les 
serres  sont  courtes ,  épaisses ,  et  les  autres  pieds  sont  très 
aplatis  ,  la  quatrième  paire  et  ensuite  la  troisième  sont 
plus  longues  que  les  autres  ;  les  tarses   sont  épineux. 

Les  Plagusies.   (  Plagusia.  Latr.  ) 

Ont  leurs  antennes  mitoyennes  logées  dans  deux  fissures 
longitudinales  et  obliques,  traversant  toute  l'épaisseur  du 
milieu  du  chaperon  (i). 

Elles  sont  inférieures  ou  recouvertes  par  cette  partie,  dans 

Les  Grapses.  (  Grapsus.    Lam.  ) 

Leur  test  est  un  peu  plus  large  en  devant  qu'en  arrière  , 
ou  du  moins  pas  plus  étroit,  tandis  qu'il  s'élargit  un  peu 
de  devant  en  arrière  dans  les  plagusies. 

Les  grapses  sont  répandus  dans  toutes  lespartiesdu  monde, 
mais  plus  particulièrement  dans  celles  qui  sont  situées  près 
des  tropiques.  On  n'en  trouve  plus  en  Europe  au-delà  du 
5o°  environ  de  latitude.  Il  me  paraît  qu'à  la  Martinique  on 
les  appelle  cêriques.  Marcgrave  en  a  figuré  des  espèces  du 
Brésil ,  sous  les  dénominations  d'aratu ,  aratu  pinima(Grap- 
sus  cruentatus  ,  Latr.  ),  et  de  carara-una.  A  Gayenne  on  les 
appelle  ragabeumba  ,  qui  veut  dire  soldat. 

Ces  animaux  se  tiennent  cachés  pendant  le  jour  sous  les 
pierres  et  autres  corps  qui  sont  dans  la  mer.  Quelques-uns 
même,  à  ce  qu'il  m'a  été  raconté,  grimpent  sur  les  arbres 
du  rivage  et  se  retirent  sous  leurs  écorces.   La  forme  large 

(i)  P.  Depressa,  Latr.;  Herbst. ,  ni,  35;  — P.  clavimana ,  Latr., 
Herbst. ,  lix  ,  3;  Desin. ,  Consid.,  xiv,  2.  La  queue  ne  m'a  paru  com- 
posée que  de  quatre  segments  bien  distincts.  Le  troisième  offre  cepen- 
dant une  ou  deux  lignes  enfonce'es  et  transverses.  Dans  les  grapses, 
ces  segments  sont  au  nombre  de  sept,  et  le  troisième  est  dilate',  de 
chaque  côte'  de  sa  base  ,  en  manière  d'angle  ou  d'oreillette. 


52  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

et  aplatie  de  leur  corps  et  de  leurs  pieds  leur  donne  la  fa- 
culté de  se  soutenir  momentanément  sur- l'eau;  ils  marchent 
toujours  de  côté,  tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche.  Certaines 
espèces  vivent  dans  les  rivières,  où  la  marée  monte,  mais 
plus  souvent  sur,  les  bords  ou  hors  de  l'eau.  Ils  se  ras- 
semblent en  nombre  considérable  ,  et  lorsqu'il  paraît  quel- 
qu'un dans  les  lieux  où  ils  se  trouvent,  ils  se  sauvent  dans 
l'eau,  en  faisant  un  grand  bruit  avec  leurs  serres,  qu'ils 
frappent  l'une  contre  l'autre.  Leur  manière  de  vivre  est 
d'ailleurs  la  même  que  celles  des  autres  crustacés  carnassiers. 
(  Voyez  l'Hist.  nat.  des  crust.,  par  M.  Bosc.  ) 
Nos  côtes  offrent 

Le  grapse  madré  (Grapsus  varius.  Latr.;  Cancer  marmo- 
ratus.  Fab.;  Oliv.,  Zool.,  Adr.,  Il ,  i  ;  le  cancre  madré  de 
Rondelet;  Herbst.,  XX,  1 14). Il  est  de  taille  moyenne, pres- 
que carré,  à  peine  plus  large  que  long,  jaunâtre  ou  livide  , 
très  alongé  en  dessus,  avec  un  grand  nombre  de  lignes  très 
fines  et  de  petits  points,  d'un  brun  rougeâtre;  quatre  émi- 
nences,  aplaties,  disposées  transversalement ,  à  la  base  du 
chaperon,  et  trois  dents  à  l'extrémité  antérieure  de  chaque 
bord  latéral.  Ses  tarses  sont  épineux. 

Le  G.   porte  -pinceau ,  (  Cuv.,  Règne  anim.  IV,  xn  ,   ïy 
Rumph.,  Mus.  X2;  Desm.,  Consid.,  XV,  1)  est  remarquable 
par  les  poils  nombreux,  longs  et  noirâtres,  qui  garnissent 
le  dessus  des  doigts  des  pinces.  Les  tarses  n'ont  point  d'é- 
pines ,  caractère  qui  lui  est  exclusivement  propre.  Cette 
espèce  (1)  se  trouve  aux  ïndes  orientales. 
ISotre  quatrième  section,  les orbiculaires  (Orbiculata)  (2), 
a  le  test  soit  sub-globuleux  ou  rhomboïdal,  soit  ovoïde,  et 
toujours  très  solide;  les  pédicules  oculaires  toujours  courts 
ou  peu  alongcs;  les   serres   d'inégale  grandeur,   selon  les 
sexes  (  plus  grandes  dans  les  mâles);  la  queue  n'offre  jamais 
sept  segments  complets  ;  la  cavité  buccale  va  en  se  rétrécis- 


(1)  Voy.,  pour  d'autres,  l'article  plagusie  de  l'Encyclopédie  métho- 
dique, et  l'Histoire  des  animanx  sans  vertèbres  de  M.  Delamarck ,  genre 
grapse. 

(2)  Les  orithyies  et  les  dorîppes  me  paraissent,  dans  une  série  natu- 
relle ,  appartenir  à  cette  section ,  et  conduire  aux  coristes  5  leur  test  est  en 
i'orme  d'ovoïde  tronqué. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  53 

sant  vers  son  extrémité  supérieure,  et  le  troisième  article 
des  pieds-mâchoires  extérieurs  est  toujours  en  forme  de  trian- 
gle alongé.  Les  pieds  postérieurs  ressemblent  aux  précé- 
dents, et  aucun  de  ceux-ci  n'est  jamais  très  long. 

Les  Corystes.  (  Corystes.  Latr.  ) 

Ontle  test  ovoïdo-oMong,  crustacé,  avec  les  antennes  la- 
térales longues,  avancées  et  ciliées^les  pédicules  oculaires  de 
grandeur  moyenne,  écartés  ;  et  le  troisième  article  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs  plus  long  que  le  précédent,  avec  une 
échancrure  apparente,  pour  l'insertion  de  l'article  suivant.  La 
queue  est  de  sept  segments  ,  mais  dont  deux  oblitérés  au  mi- 
lieu dans  les  mâles. 

On  en  connaît  une  de  nos  côtes  (  Cancer  personalus , 

Herbst.  XII,  71  ,  72  •  Leach.,  Malac.  Brit.,  vi,  1  )  à  trois 

dentelures  à  chaque  bord  latéral  du  test. 

Feu  Delalande,  naturaliste-voyageur,  en  a  rapporté  une 
autre  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Les  Leucosies.  (  Leucosia.  Fab.  ) 

Ont  un  test  dont  la  forme  varie,  mais  plus  généralement 
presque  globuleux  ou  ovoïde,  et  toujours  d'une  consistance 
très  dure  et  pierreuse  5  les  antennes  latérales  et  les  yeux  très 
petits. Les  yeux  sont  rapprochés. Le  troisièmearticle  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs  est  plus  petit  que  le  précédent  et 
sans  sinus  interne  apparent;  ces  parties  sont  contiguës 
inférieurement,  le  long  du  bord  interne  ,  et  forment  un 
triangle  alongé,  dont  l'extrémité  est  reçue  dans  deux  loges 
supérieures  de  la  cavité  buccale.  La  queue,  très  ample  et 
suborbiculaire  dans  les  femelles,  n'offre  ordinairement  que 
quatre  à  cinq  segments,  mais  jamais  sept. 

Le  docteur  Leach  (1)  a  partagé  ce  genre  de  Fabricius  en 
plusieurs  autres,  mais  que  nous  présenterons  comme  de 
simples  divisions. 

Les  espèces  dont  le  test  est  transversal ,  avec  le  milieu  des 
côtés  fortement  prolongé  ou  dilaté  en  manière  de  cylindre 
ou  de  cône,  forment  son  genre  ixa  {ixa)  (1). 

(j)  Leach  ,  Zool.   Mise,   m  ;  Desm. ,  Consid. 

(•1)  Leucosia  cylindrus ,  Fab.  ,  Ilcrbst. ,  11 ,  2Q-3f . 


54  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

Celles  dont  le  test  est  rhomboïdal,  avec  sept  pointes  co- 
niques, en  forme  d'épines  ,  de  chaque  côté,  composent  ce- 
lui d'iphis  (  iphis  ). 

Si  le  test  ayant  toujours  la  même  forme  rhomboïdale  ne 
présente  que  des  angles  ou  des  sinus  sur  les  côtés  ,  on  aura 
son  genre  nursie  (nursia  )  ;  et  celui  à'ébalie  (  ebalia  ) ,  si  ces 
bords  latéraux  sont  unis. 

Les  leucosies  à  test  ovoïde  ou  presque  globuleux,  et  distin- 
guées en  outre  de  plusieurs  des  précédentes,  en  ce  que  les 
serres  sont  toujours  plus  longues  que  le  corps  ,  plus  épais- 
ses que  les  autres  pieds  ,  et  que  les  tarses  sont  sensiblement 
striés,  peuvent  se  diviser  ainsi. 

Les  unes  ont  le  front  avancé  ou  du  moins  point  débordé 
par  l'extrémité  supérieure  de  la  cavité  buccale.  La  branche 
externe  des  pieds-mâchoires  (  le  flagre  )  extérieurs  est  alon- 
gée,  presque  linéaire. 

Ici  les  serres  sont  grêles,  avec  les  mains  cylindriques  et 
les  doigts  longs. 

Tantôt  le  test  est  presque  globuleux,  et  soit  très  épineux, 
comme  dans  le  genre  arcanie  (arcania);  soit  uni,  comme  dans 
celui  d'ilie  (  ilia  ). 

Tantôt  le  test  est  suborbiculaire  et  déprimé,  ainsi  que 
dans  le  g.  persephone  ( persephona  )  j  ou  bien  ovoïde,  ainsi 
que  dans  celui  de  myra  (  myra  ). 

Là,  les  serres  sont  épaisses ,  avec  les  mains  ovoïdes  et  à 
doigts  courts. 

Ce  sont  les  vraies  Leucosies  (  Leucosia  )  de  ce  naturaliste. 

Dans  les  autres,  l'extrémité  supérieure  de  la  cavité  buc- 
cale dépasse  le  front.  La  branche  externe  des  pieds-mâchoires 
extérieurs  est  courte  et  arquée.  Le  test  est  arrondi  et  déprimé. 

Cette  dernière  division  comprend  son  genre  phylire  (  phy- 
lira  ). 

D'autres  considérations  prises  des  proportions  des  pattes 
et  de  la  forme  des  pieds-mâchoires  extérieurs ,  appuient  ces 
caractères. 

p 

La  leucosie  noyau  (  ilia  nue leus ,  Leach;  cancer  nucleus, 
Lin  j  Herbst.,  XI.  i4«  )  commune  dans  la  Méditerranée,  a 
le  test  globuleux,  granuleux  sur  les  côtés  et  postérieure- 
ment ;  avec  le  front  échancré  ,  deux  dents  au  bord  posté- 


FAMILLE    DES    BRACHYUKES.  55 

>ieur,et  deux  autres  très  écartées  l'une  de  l'autre,  à  chaque 
bord  latéral  ;  la  postérieure  est  plus  forte  ,  en  forme  d'é- 
pine, et  située  au  -  dessus  de  la  naissance  des  deux  pieds 
postérieurs. 

Les  côtes  maritimes  de  nos  départements  occidentaux 
fournissent  quelques  autres  espèces  ,  qui  rentrent  dans 
le  genre  ebalia  de  M.  Leach  (i). 

Toutes  le*  autres  sont  de  l'Océan  indien  et  américain. 
Les  Indes  orientales  nous  offrent  quelques  leucosies 
fossiles.  M.  Desmaretsen  a  décrit  trois  espèces,  dont  deux 
se  rapportent,  selon  lui,  aux  leucosies  proprement  dites 
de  Leach ,  et  qui  en  état  vivant  sont  propres  aux  mêmes 
contrées. 

La  cinquième  section  ,  celle  des  Triangulaires  (Trigona), 
se  compose  d'espèces,  dont  le  test  est  généralement  trian- 
gulaire ou  subovoïde,  rétréci  en  pointe  ou  en  manière  de 
bec  par  devant ,  ordinairement  très  inégal  ou  raboteux ,  avec 
les  yeux  latéraux.  L'épistome  ou  l'intervalle  compris  entre 
les  antennes  et  la  cavité  buccale  est  toujours  presque  carré  , 
aussi  long  ou  presque  aussi  long  que  large.  Les  serres  ,  ou 
du  moins  celles  des  mâles,  sont  toujours  grandes  et  alon- 
gées.  Les  pieds  suivants  sont  très  longs  dans  un  grand  nom- 
bre ,  et  quelquefois  même  les  deux  derniers  ont  une  forme 
différente  des  précédents.  Le  troisième  article  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs  est  toujourspresque  carré  ou  hexagonal, 
dansceuxaux  moinsdontles  pieds  sont  de  longueur  ordinaire. 
Le  nombre  a;  parent  des  segments  de  la  queue  variel  II 
est  de  sept  dans  les  deux  sexes  de  plusieurs;  mais  dans  d'au- 
tres,  ou  du  moins  dans  leurs  mâles ,  il  est  moindre. 

Plusieurs  de  ces  crustacés  sont  désignés  vulgairement  sous 
le  nom  collectif  d' Araignées  de  mer. 

Quoique  les  espèces  de  cette  tribu  soient  fort  nombreuses, 
on  n'en  a  encore  découvert  que  deux  en  état  fossile  ,  et  dont 
l'une  au  moins  (  Maia  squinaclo  )  existe  encore  aujourd'hui  , 
en  état  vivant,  dans  les  mêmes  localités  (  Voy.  Desin.  Hist. 
natur.  des  crust.  fossil.  ) 

Une  première  division  comprendra  ceux  dont  les  seconds 


(i)  Malac.  Brit. ,  xxv. 


55  CRUSTACÉS   DÉCAPODES. 

pieds  et  les  suivants  sont  semblables ,  et  dont  la  grandeur 
diminue  progressivement. 

Parmi  ceux-ci  nous  formerons  un  premier  groupe  de  tou- 
tes les  espèces  dont  la  queue,  soit  des  deux  sexes,  soit  des 
femelles  ,  est  de  sept  articles.  Le  troisième  article  des  pieds- 
mâchoires  extérieurs  est  toujours  presque  carré,  et  tron- 
qué ou   échancré  à  l'angle  supérieur  interne. 

Des  serres  très  grandes,  surtout  comparativement  aux  au- 
tres pieds,  qui  sont  très  courts ,  dirigées  horizontalement  et 
perpendiculairement  à  Taxe  du  corps  jusqu'au  carpe  ou  l'ar- 
ticle précédant  la  main,  repliées  ensuite  ,  par  devant  sur 
elles  mêmes,  avec  les  doigts  fléchis  brusquement,  en  for- 
mant un  angle;  des  pédicules  oculaires  très  courts,  et  point 
ou  peu  saillants  hors  de  leurs  cavités/  un  test  rocailleux  et 
très  inégal  ou  très  épineux  ,  signalent 

Les  Parthenopes.  (  Parthenope.  Fab.  ) 

Les  unes  ont  les  antennes  latérales  très  courtes,  de  la 
longueur  des  yeux  au  plus;  leur  premier  article  est  totale- 
ment situé  au-dessous  des  cavités  oculaires. 

Si  la  queue  offre  dans  les  deux  sexes  sept  segments  ,  ces 
espèces  composeront  le  genre  Parthcnope  proprement  dit  (i) 
de  M.  Leach. 

Si  celle  des  mâles  n'en  présente  que  cinq,  on  aura  son  genre 
Lambrus  (2). 

Les  autres  ont  les  antennes  latérales  très  sensiblement 
plus  longues  que  les  yeux;  leur  premier  article  se  prolonge 
jusqu'à  l'extrémité  supérieure  interne  des  cavités  propres  à 
ces  derniers  organes,  et  paraît  se  confondre  avec  le  test.  Ici 
le  post-abdomen  est  toujours  de  sept  segments.  Les  serres 
des  femelles  sont  beaucoup  plus  courtes  que  celles  de  l'autre 


(1)  P.  horrida,  Fab.  ;  Rumph. ,  Mus. ,  ix  ,  1;  Seba  ,  III ,  xix,  16,  17; 
Herbst.,  xiv,  88. 

(3)  P.  longimana ,  Fab.  ;  Rumph. ,  Mus.  ,  vin  ?  —  P.  giraffa  ,  Fab.  ; 
Herbst. ,  xix  ,  108  ,  209;  —  P.  lar,  Fab.  ;  —  P.  rubus,  Latr.  ;  Cancer 
eûntràrius,  Herbst.,  lx,  3  ; — P.  macrocheles ,  Latr. ,  Herbst.,  xix,  107  ; 
—  C,  longimanus ,  Linn.  ,  fem.  ,  P.  trigonimana,  Latr.;  Cancer 
prensor ,  Herbst. ,  xli  ,  3. 


FAMILLE    DES    BRÀCHYUKES.  5j 

sexe.  Le  même  naturalistedistingue  génériquement  ces  crus- 
tacés sous  la  dénomination  d' '  Kurynome  {eurynoma).  On  n'en 
connaît  qu'une  seule  espèce,  qui  se  trouve  sur  les  côtes  de 
France  et  d'Angleterre  (i). 

Toutes  les  autres  parthenopes,  à  l'exception  d'une  (2), 
sont  de  l'Océan  indien. 

Dans  les  suivants,  les  serres  sont  toujours  avancées,  et 
leur  longueur,  est  tout  au  plus  double  de  celle  du  corps; 
leurs  doigts  ne  sont  point  brusquement  et  angulairement 
inclinés  (3). 

Ici  la  longueur  des  pieds  les  plus  longs  (  les  seconds  ),  n'ex- 
cède guère  celle  du  test,  mesurée  depuis  les  yeux  jusqu'à 
l'origine  de  la  queue.  Le  dessous  des  tarses  est  généralement 
soit  dentelé  ou  épineux,  soit  garni  d'une  frange  de  cils  ter- 
minés en  manière  de  massue. 

Nous  présenterons,  en  premier  lieu,  ceux  dont  les  pédicu- 
les oculaires  sont  très  courts  et  de  longueur  moyenne,  sus- 
ceptibles de  se  retirer  entièrement  dans  leurs  cavités f  et 
dont  les  serres,  dans  les  mâles  au  moins,  sont  notablement 
plus  épaisses  que  les  autres  pieds. 

Les  Miterax.  (  Mithrax.  Leach.  ) 

Leurs  serres  sont  très  robustes  ,  avec  les  doigts  creusés  en 
cuiller  aubout.  La  tige  des  antennes  latérales  est  sensiblement 
plus  courte  que  leur  pédicule.  La  queue  est  composée  de 
sept  articles  dans  les  deux  sexes. 

Toutes  les  espèces  connnes  (4)  sont  de  l'Océan  américain. 


(1)  Cancer  asper ,  Penh.,  Brit.  Zooî.  ,  iv;  Eurynoma  aspera , 
Leach  ,  Malac.   Brit. ,  xvn. 

(2)  Parthenope  angulifrons  ,  Latr. ,  Encycl.  niéthod.  ;  Cancer  longi- 
manus,  Oiivi. 

(3)  Le  premier  article  des  antennes  late'rales  paraissant  faire  partie  du 
test,  a  été"  méconnu  de  plusieurs  naturalistes  ;  le  second  a  été'  pris  pour 
le  précédent. 

(4j  Mithrax  spinicinclus  ,  Latr.  ;  Desmar.  ,  Coasid.  ,  p.  i5o; —  Cancer 
hispiJus,  Herbst.,  xvm  ,  1005 — Cancer  aculeatus ,Herhstc,  xix,  io4;— 
C.  spinipes,  ejusd.  ,  xvn,  94.  Uinachus  hircus  de  Fab.  est  peut-être 
congénère. 


58  GRUSTA.CÉS    DÉCAPODES. 

LeS  ACANTHONYX.  (  AcANTHONYX.  Lat.  ) 

Ont  un  avancement  en  forme  de  dent  ou  d'épine  au  côté 
inférieur  des  jambes  ;  le  dessous  des  tarses  velu  et  comme 
pectine,  et  le  dessus  du  test  uni.  La  queue  des  mâles  offre, 
au  plus,  six  segments  complets  (i). 

Les  Pises.  (Pisa.  Leach.  ) 

Dont  les  serres  sont  de  grandeur  moyenne,  avec  les  doigts 
pointus. Les  jambes  n'ont  point  d'épineendessous,  etla  queue 
est  de  sept  segments  dans  les  deux  sexes.  Ainsi  que  dans  les 
sous-genres  précédents,  les  antennes  latérales  sont  insérées 
à  égale  distance  des  fossettes  recevant  les  intermédiaires  et 
des  cavités  oculaires,  ou  plus  rapprochées  de  celles-ci. 

Ceux-ci,  comme  dans  le  genre  naxia  (2)  du  docteur  Leach, 
ont  deux  rangées  de  dentelures  sous  les  tarses.  Ceux-là  n'ont 
qu  une  seule  rangée  de  dentelures  ou  qu'une  simple  frange 
de  gros  cils  en  massue,  sous  le  même  article.  Ceux  qui  sont 
dans  ce  dernier  cas  forment  le  genre  lissa  (3)  du  même. 

Parmi  ceux  qui  ont  une  rangée  de  dentelures,  tantôt 
comme  dans  ses  Pisa  (4)  proprement  dits,  la  longueur  des 
pieds  diminue  graduellement;  tantôt  les  troisièmes  pieds 
sont  brusquement  plus  courts  que  les  précédents  dans  les 
mâles  :  c'est  ce  qui  a  lieu  dans  ses  Chorinus  (5). 

Les  PéricÈres.  (Pericera.  Lat.  ) 

Rapprochés  des  pises  par  la  forme  et  les  proportions  des 
serres  et  le  nombre  des  segments  de  la  queue,  s'en  éloignent 
ainsi  que  des  sous-genres  antérieurs,  en  ce  que  les  antennes 
latérales  sont  insérées  sous  le  museau  et  sensiblement  plus 


(1}  Maia  glabra,  Collcct.  du  Mus.  d'hist.  nal.  ;  maia  lunulata ,  Risso.  ; 
i,4î  Llbinia  lunulata  ,  Desmar. 

(2)  Pisa  aurita ,   Latr.  ,  Encyclop.  me'thod.  —  P.  monoceros ,  ibid. 

(3)  Pisa  chiragra,  Latr.;  ibid.  Desmar.  ,  Consid. 

(4)  Pisa  xyphias,  Latr.,  ibid. 5  — ejusd.  ,  ibid.  P.  aries ; —  P.  barbi- 
cornis  •  —  P.  corrigera  ,-  —  P.  slyx  ;  —  P.  bicornuta; —  P.  tris pin  os  a ,■ 
—  P.  armala  ,  Leach,  Malac.  Rrit. ,  xvn  ;  Cancer  muscosus?  Linn.  ;  — 
P.  tetraodon,  Leach,  ibid  ,  xx. 

(5)  Pisa  héros,  Latr.,  Encyclop.  method. 


FAMILLE    DES    BHACHYURES.  5g 

rapprochées  des  fossettes,  logeant  les  intermédiaires,  que 
de  celles  recevant  les  pédicules  oculaires  (i). 

Dans  les  deux  sous-genres  suivants,  les  pédicules  oculai- 
res sont  courts  ou  moyens,  ainsi  que  dans  les  précédents. 
Mais  les  serres ,  même  celles  des  mâles ,  sont  à  peine  plus 
épaisses  que  les  pieds  suivants.  La  queue  est  toujours  com- 
posée de  sept  segments. 

Les  Maïa.  (Maia.  Leach.  ) 

Où  le  second  article  des  antennes  latérales  semble  naître  du 
canthus  interne  des  cavités  oculaires.La  main  et  l'article  qui 
la  précède  sont  presque  de  la  même  longueur.  Le  test  est 
ovoïde. 

Ce  sous-genre,  établi  par  M.  de  Lamarck,  et  composé  d'a- 
bord d'un  grand  nombre  d'espèces  ,  n'en  comprend  plus 
maintenant,  dans  la  méthode  de  M.  Leach,  qu'une  seule  , 
le  cancer  squinado  d'Herbst.  QXIV,  84;  85,  LVIj  inachus  cornu- 
tus,  Fab.).  Elle  est  très  commune  sur  nos  côtes  et  dans  la  Mé- 
diterranée, où.  elle  porte  le  nom  d'araignée  de  mer:  c'est  l'un 
de  nos  plus  grands  crustacés  et  le  maïa  des  anciens  grecs, 
figurésurquelques  unes  de  leurs  médailles.Ils lui  attribuaient 
une  grande  sagesse  et  le  croyaient  sensible  aux  charmes  de  la 
musique. 

Les  Micïppes.  (  MicippE.  Leach.  ) 

Ont  le  premier  article  des  antennnes  latérales  courbe,  di- 
laté à  son  extrémité  supérieure ,  en  manière  de  lame  trans- 
verse et  oblique  ,  fermant  les  cavités  oculaires  j  l'article  sui- 
vant est  inséré  au-dessous  de  son  bord  supérieur.  Le  test, 
vu  en  dessus,  paraît  comme  largement  tronqué  en  devant; 
son  extrémité  antérieure  est  inciinée  et  se  termine  par  une 
sorte  de  chaperon  ou  de  bec  denté  (i). 

Les  Stenocionops.  (Stenocionops.  Leach.  ) 
Se  distinguent  de  tous  les  sous-genres  de  cette  tribu  par 


(i)  Maia  taurus ,  Lam.  ;  Cancer  cornudo  ,  Herbst. ,  lix  ,  6. 
(2)  Cancer  cristatus ,  Linu.  ;  Rumph.  ,  Mus.  ,  vm  ,  1,  le  mâle. —  Can- 
eerphylira,  Herbst. ,  lviu  ,  4  5  Desmar.  ,  Consid.  ,  xx  ,  2. 


60  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

leurs  pédicules  oculaires  longs,  grêles,  et  très  saillants  hors 
de  leurs  fossettes  (i). 

Là,  le  dessous  des  pieds  ne  présente  ni  de  rangées  de  den- 
telures, ni  de  frange  de  cils  en  massue.  Ceux  des  premières 
paires,  au  moins,  sont  d'une  demi-fois  au  moins  plus  longs 
que  le  test,  et  souvent  beaucoup  plus  longs.  Le  corps  est 
généralement  plus  court  que  dans  les  précédents,  soit  pres- 
que globuleux  ,  soit  en  forme  d'œuf  raccourci. 

Un  crustaeé  de  cette  tribu  {maia  retuja,  Coll. du  Jardin 
du  Roi.  ),  dont  le  test  est  en  ovoïde  tronqué  ou  émoussé 
en  devant  et  laineux^  dont  les  pédicules  oculaires  alongés, 
très  courbes,  vont  se  loger  en  arrière  dans  des  fossettes 
situées  sous  les  bords  latéraux  d  u  test  •  dont  le  carpe,  ainsi 
que  dans  les  maïasj,  est  alongé,  offre  un  autre  caractère, 
qui  le  distingue  exclusivement  :  la  longueur  des  pieds, 
à  partir  des  seconds  ,  semble  augmenter  progressivement,, 
ou  du  moins  différer  peu.  M.  Leach  en  a  formé  le  genre 

De  Camposcie.    (Camposcia.  ) 

Dans  les  autres,  ainsi  que  de  coutume,  la  longueur  des, 
pieds  diminue  progressivement ,  de  la  seconde  paire  à  la 
dernière. 

Nous  en  connaissons  dont  les  pédicules  oculaires  ,  quoi- 
que beaucoup  plus  courts  que  ceux  des  stenocionops , 
sont  toujours  saillants;  dont  les  antennes  latérales  ont  le 
troisième  article  de  leur  pédoncule  aussi  long  ou  même 
plus  grand  que  le  précédent,  et  se  terminent  par  une  tige 
longue  et  sétacée.  Ils  se  rapprochent  des  micippes;  tels  sont 

Les  Halimes.  (  Halimus.  Latr.  )  (2). 

Ceux  qui  forment  les  deux  sous-genres  suivants  ont  les 
pédicules  oculaires  susceptibles  de  se  retirer  entièrement 
dans  leurs   fossettes  et  garantis   postérieurement  par  une 


(1)  Cancer  cervicornis  ,  Herbst. ,  lviii  ,  2,  île  de  France.  M.  Des- 
marels ,  Consid.  gén.  sur  les  crust.,  pag.  i53 ,  s^st  trompé  en  citant,  pour 
type  le  maia  taurus  de  M.  Delamarck. 

(2)  Deux  espèces ,  dont  Tune  paraît  être  très  voisine  du  Cancer  super- 
eiliosus  de  Linnœus  ,  Herbst.  ,  xiv  ,  89. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  6l 

saillie  en  forme  de  dent  ou  d'angle  des  bords  latéraux  du 
test.  Le  second  article  du  pédoncule  des  antennes  latérales 
est  beaucoup  plus  grand  que  le  suivant  ;  elles  sont  termi- 
nées par  une  tige  très  courte,  en  forme  de  stylet  alongé. 

Les  Hyas.  (Hyas.  Leach.  ) 

Ont  les  bords  latéraux  de  leur  test  dilatés  en  manière  d'o- 
reillette 7  par-derrière  les  cavités  oculaires  qui  sont  ovales  et 
assez  grandes^  le  côté  extérieur  du  second  article  de  leurs  an- 
tennes latérales  comprimé  et  caréné,  et  les  pédicules  ocu- 
laires susceptibles  d'être  entièrement  à  découvert,  lorsque 
l'animal  les  redresse.  Le  corps  est  subovoïde  (i).  Dans 

Les  Libinies  (Libinia,  Leach), 

Les  fossettes  oculaires  sont  très  petites  et  presque  orbi- 
culaires.  Les  pédicules  oculaires  sont  très  courts  et  fort  peu 
exsertiles.  Le  second  article  des  antennes  latérales  est  cylin- 
drique et  point  ou  peu  comprimé.  Le  corps  est  presque  glo- 
buleux ou  triangulaire. 

Nous  y  réunirons  les  Doclées  (  Doclœa  )  et  les  Egéries 
(  Egeria  )  de  M.  Leach. 

Dans  ses  libinies  proprement  dites  (2),  les  serres  des  mâles 
sont  plus  épaisses  que  les  deux  pieds  suivants  et  presque 
aussi  longues.  La  longueur  de  ceux  qui  sont  les  plus  longs 
n'égale  pas  tout-à-fait  le  double  de  celle  du  test. 

Les  serres  des  mâles  des  doclées  (3)  sont  notablement  plus 
courtes  que  les  deux  pieds  suivants.  La  longueur  de  ces 
pieds  ne  surpasse  guère  que  d'une  fois  et  demie  celle  du 
test,  qui  est  presque  globuleux  et  toujours  recouvert  d'un 
duvet  brun  ou  noirâtre. 

Dans  les  égéries  (4)  les  serres  sont  filiformes,  avec  les 

(1)  Cancer  araneus ,  Linn.  ;  Leach,  Malac.  Brit. ,  xxi,  A;  Herbst. , 
xvn ,  59;  —  Hyas  coarctata  ,  Leach,  ibid.  ,  xxi ,  B. 

(2)  Libinia  canaliculata ,  Say  ,  Journ.  acad.  des  se.  nat.  de  phys.  , 
tom  I,  pag.  77,  iv,  i'.j  — Le  emarginata,  Leach,  Zool.  Mise,  evin. 

(3)  Doclœa  rissonnii ,  Leach,  Zool.  Mise,  lxxiv.  Rapportez -y 
les  inachus  ovis ,  hjbridus,  de  Fab. 

(4)  Egeria  indica,  Leach,  Zool.  Mise,  lxiii;  Inachus  spinifer , 
Fab. 


62  CRUSTACÉS     DÉCAPODES. 

mains  fort  alongées  ,  presque  linéaires.  Les  pieds  suivants 
sont  cinq  ou  six  fois  plus  longs  que  le  test.  Le  corps  est 
triangulaire. 

Après  avoir  passe'  en  revue  les  sous-genres  de  cette  tribu  , 
dont  les  pieds,  venant  après  les  serres,  sont  de  forme  identi 
que,  et  dont  la  queue  se  compose,  dans  les  femelles  au  moins, 
et  le  plus  souvent  dans  les  deux  sexes,  de  sept  articles  ou  seg- 
ments complets  ,  nous  passons  à  ceux  où  elle  en  offre  six  au 
plus.  Les  pieds  sont  généralement  longs  et  filiformes,  ainsi 
que  dans  les  derniers  sous-genres.  Si  l'on  en  excepte  les  lep- 
topes,  ces  crustacés  s'éloignent  encore  des  précédents  sous 
le  rapport  de  la  forme  du  troisième  article  des  pieds-mâ- 
chires  extérieurs.  11  est  proportionnellement  plus  étroit,  ré- 
tréci à  sa  base,  et  l'article  suivant  paraît  être  inséré  au  mi- 
lieu de  son  bord  supérieur  ou  plus  en  dehors.  Le  sous-genre 
suivant  diffère  de  ceux  qui  lui  succèdent  ,  en  ce  que  la 
queue  ne  présente  dans  les  mâles  que  trois  segments.  La 
forme  du  troisième  article  des  pieds  -mâchoires  extérieurs  , 
m'a  paru  d'ailleurs  être  la  même  que  dans  les  sous-genres 

précédents. 

Les  Leptopes.  (  Leptopus.  Lam.  ) 

La  queuedes  femelles  est  formée  de  cinq  segments.  Le  corps 
est  convexe,  et  les  pieds  sont  très  longs. 

Nous  ne  connaissons  qu'une  seule  espèce,  qui  fait  partie 
de  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  ,  sous  la  dé- 
nomination de  maia  longipes.  Le  docteur  Leach  s'était  pro- 
posé de  désigner  ce  genre  sous  celle  de  stenopus  ,  que  nous 
n'avons  point  adoptée,  attendu  qu'on  l'avait  déjà  appliquée 
à  un  autre  genre  de  crustacés.  Celui  de  leptope  de  M.  de 
Lamarck  se  compose  de  plusieurs  espèces,  mais  qui  ,  d'après 
les  caractères  exposés  ci-dessus,  doivent ,  à  l'exception  de 
celle  que  j'ai  mentionnée,  en  être  exclues. 

Si  l'on  en  excepte  quelques  espèces  d'hyménosomes ,  où 
îa  queue  n'offre  distinctement,  au  plus,  que  quatre  ou  cinq 
articles  ,  dans  tous  les  sous-genres  suivants  ,  cette  partie  du 
corps  en  a  six  ,  soit  dans  les  deux  sexes  ,  soit  dans  les  mâles. 
Le  troisième  article  des  pieds-mâchoires  extérieurs  est  tantôt 
eu  forme  de  triangle  renversé  ou  d'ovale,  rétréci  inférieure- 
ment ,  tantôt  en  forme  de  cœur.  L'article  suivant  est  inséré 


FAMILLE    DES   BRACHYURES.  65 

au  milieu  de  son  bord  supérieur,  ou  plus  ea  dehors  que 
dedans. 

Quelques-uns,  tels  que  les  trois  sous-genres  suivants  ,  se 
rapprochent  de  ceux  que  nous  venons  d'exposer,  parla  forme 
presque  isométrique  ou  du  moins  transversale  de  Pépistome. 
La  base  des  antennes  intermédiaires  est  peu  éloignée  du 
bord  supérieur  de  la  cavité  buccale. 

L'un  de  ces  sous-genres  se  distingue  des  deux  autres  par 
l'aplatissement  de  son  test,  et  en  ce  que  l'extrémité  supé- 
rieure du  premier  article  (  libre  dans  plusieurs)  de  ses  an- 
tennes latérales,  ne  dépasse  pas  celle  des  pédicules  ocu- 
laires. Tels  sont  : 

Les  TIyménosomes.  (  Hymenosoma.   Leach.  ) 

Le  test  est  triangulaire  ou  orbiculaire(i).  Les  espèces  sont 
généralement  petites,  et  propres  à  l'Océan  indien  et  aux 
côtes  de  l'Àustralasie.  Le  nombre  des  segments  de  la  queue 
varie;  mais  il  ne  s'élève  jamais  au-delà  de  six. 

Dans  les  deux  sous-genres  suivants,  le  test  est  plus  ou 
moins  convexe  toujours  triangulaire,  et  terminé  par  de- 
vant en  manière  de  bec.  Le  premier  article  des  antennes 
latérales,  toujours  fixe,  forme  une  arête  ou  ligne  en  saillie, 
entre  les  fossettes  des  antennes  mitovennes  et  celle  des  veux, 
et  qui  se  prolonge  au-delà  du  bout  des  pédicules  oculaires. 

Les  Inachus.  (  ïnachus.  Fab.  ) 

Ont  tous  six  segments  à  la  queue  )  tous  les  tarses  presque 
droits  ou  peu  arqués;  les  pédicules  oculaires  unis  ,  suscep- 
tibles de  se  cacher  dans  leurs  fossettes  ,  et  une  dent  ou 
épine,  dans  les  mâles  au  moins,  à  l'extrémité  postérieure 
de  ces  cavités.  Le  docteur  Leach  a  beaucoup  restreint  l'é- 
tendue primitive  de  ce  groupe  (2). 

1  V 

(1)  Uyménosome  orbiculaire  ,  Desmar. ,  Consid.  ,  xxvi ,  1. 

(2)  Cancer  do  décos  ?  Linn.  ;  Inachus  scorpio,  Fab.  ;  —  Inachus 
dorsetlensis ,  Leach,  Malac.  Brit.  xxn  A; — Inachus  phalangium  ,  Fab.  ; 
Inachus  doiynchus ,  Leach  ,  ibid.  ,  xxn  ,  7  ,  8  j  —  Inachus  leplorin- 
chus ,  ojusd.  ,  ibid.,  xxn,  B;  Cancer  iribulus ,  Linn.  ?  Près  des  inachus 
vient  se  placer  un  nouveau  genre  e'tabli  dernièrement  par  M.  Gue'rxn  , 
sous  le  nom  d'Eurypodc. 


64-  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

Les  Achees.  (Achaeus.  Leach.) 

Ont  tous  pareillement  six  segments  à  la  queue  ;  mais  leurs 
quatre  tarses  postérieurs  sont  très  arqués  ou  en  faueiilej 
leurs  pédicules  oculaires  sont  toujours  saillants,  et  présen- 
tent en  devant  un  tubercule  (i). 

Viennent  maintenant  ceux  dont  l'épistome  est  plus  long 
que  large,  en  forme  de  triangle  alongé  et  tronqué  au  som- 
met ,  et  où  l'origine  des  antennes  mitoyennes  est  éloignée  , 
par  un  espace  notable  ,  du  bord  supérieur  de  la  cavité 
buccale.  Les  pédicules  oculaires  sont  toujours  saillants  lors- 
que le  test  est  triangulaire  et  terminé  en  une  pointe  plus  ou 
moins  bifide  ou  entière. 

lesSTENORHYNQTiES.  (Stenorhynchus.  Lam. — Macropodia 

Leach.) 

Ont  six  segments  à  la  queue,  dans  les  deux  sexes.  L'extré- 
mité antérieure  du  test  est  bifide  (2). 

Les  Leptopodies.   (Leptopodia.  Leach.) 

La  queue  des  mâles  est  de  cinq  segments  ;  celle  de  la  fe- 
melle en  a  un  de  plus.  Le  test  se  prolonge  antérieurement 
en  une  longue  pointe  entière  et  dentelée  (3). 

Les  derniers  triangulaires  diffèrent  des  précédents  par  la 
dissemblance  des  pieds  postérieurs. 

Les  Pactoles.  (Pactolus.  Leach.) 

Ont  les  quatre  ou  six  pieds  antérieurs  simples  ou  sans 
pince.  L'extrémité  interne  de  l'avant-dernier  article  des 
quatre  postérieurs  se  prolonge  en  une  dent,  formant  avec 
le  dernier  article,  une  pince  ou  main  didactyle.  Le  test  a 
la  forme  de  celui  des  leptopodies,  et  la  queue  présente  le 
même  nombre  de  segments  5   mais  les  pieds  sont  beaucoup 

(1)  Achœus  cranchii ,  Leach  ,  Malac.,  Brit.  xxn  ,  C. 

(2)  Macropodia  tenuirostrls ,  Leach ,  Malac  .  Brit. ,  xxni  ,  i-5;  Ina- 
chus  longirostris?  Fab.  ; — Macropodia  phalangium,  Leach,  ibid.  , 
xxm ,  6. 

(3)  Inachus  sagillarius  ,  Fab.  ;  Leach ,  Zool.  Mise. ,  lxtu. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  65 

plus  courts;   ceux  de  la   troisième  paire  manquaient  dans 
l'individu  qui  a  servi  à  rétablissement   de  cette  coupe  (i). 

Les  Lithodes.   (Lithodes.  Latr.  ) 

Ressemblent ,  quanta  la  forme  des  huit  premières  paires 
de  pieds,  auxautres  triangulaires;  leur  longueur,  cependant, 
semble  augmenter  progressivement  des   seconds  aux  qua- 
trièmes, mais  les  deux  derniers  sont  très  petits,  repliés,  peu 
apparents ,  mutiques  et  comme  inutiles.  La  queue  est  mem- 
braneuse ,  avec  trois  espaces  crustacés  et  transversaux  sur  les 
côtés  ,  et  un  autre  au  bout ,  représentant   les  divisions  seg- 
mentaires.  Les  yeux  sont  rapprochés  inférieurement.   Les 
pieds-mâchoires  extérieurs  sont  alongés  et  saillants.  Le  test 
est  triangulaire  ,  très  épineux,   et  terminé  antérieurement 
en  une  pointe  dentée.  Ces  crustacés  sont  propres  aux  mers 
du  Nord  (2). 

Notre  sixième  section  9  celle  des  Cryptopodes  (  Crypto- 
poda  )  (3) ,  se  compose  de  crustacés  brachyures  ,  singuliers 
en  ce  que  les  pieds  ,  à  l'exception  des  deux  antérieurs  ou  des 
serres,  peuvent  se  retirer  entièrement  et  se  cacher  sous  une 
avance,  en  forme  de  voûte,  des  extrémités  postérieures  de 
leur  test.  Ce  test  est  presque  demi-circulaire  ou  triangulaire. 
La  tranche  supérieure  des  pinces  est  plus  ou  moins  élevée,  et 
dentée  en  manière  de  crête.  Dans  les  espèces  où  elles  sont 
les  plus  grandes ,  elles  recouvrent  le  devant  du  corps;  et  de 
là  l'origine  des  noms  de  coq  de  mer ,  de  crabe  honteux  ,  que 
l'on  a  donnés  à  quelques-uns  de  ces  crustacés.  L'un  des  sous- 
genres  de  cette  section  ,  celui  à'œthra  ,  ayant  par  les  autres 

M^^^— — —    a-       '  ■   —     '  M^— ^  ■.—■■■■         ■   — — ■—  -■■■■         Il  ■  lin.    .  ■■■■..  I     1  .1       ,         ,.  .  1.      ,  ,  ,  , 

(1)  Pactolus  Bosciï,  Leach  ,  Zool.  Mise,  lxviii. 

(2)  Cancer  maja  ,  Linn. }  Parihenope  maja  ,  Fab.  ;  lnachus  maja  , 
ejusd.;  Lithodes  arctica ,  Leach,  Malac.  Brit.  xxiv.  Voyez  aussi  le 
maja  camptschensis  de  Tilesius ,  dans  les  Mémoires  de  l'académie  de 
Saint-Pétersbourg  ,  181 2,  V  et  VJ. 

(3)  Plusieurs  crustace's  de  la  section  des  arqués  ,  tels  que  les  hépates  , 
les  mursies ,  les  matutes,  parmi  les  nageurs  ,  ont  des  pinces  en  crête,  et 
semblent  se  lier  naturellement  avec  les  cryptopodes,  de  sorte  que  cette 
section  devrait  remonter  plus  haut.  Il  en  est  de  même  de  la  dernière  ou 
des  notopodes,  car  les  uns  se  rapprochent  des  arqués,  et  les  autres  des 
orbiculaires  et  des  triangulaires. 

TOME    IV.  5 


66  CRUSTACÉS    DÉCAPODES, 

caractères  de  grands  rapports  avec  les  parthenopes  de  Fabri- 
cius  ,  premier  sous-genre  de  la  section  précédente,  il  s'en- 
suivrait que,  dans  un  ordre  naturel,  les  cryptopodes  de- 
vraient être  placés  entre  les  orbiculaires  et  les  triangulaires. 

Les  Calappes  ou  Migranes.  (  Calappa.  Fab.  ) 

Ont  le  test  très  bombé,  les  pinces  triangulaires,  très  com- 
primées, dentées  supérieurement  en  manière  de  crête,  et 
recouvrant  perpendiculairement  le  devant  du  corps,  dans 
la  contraction  des  pieds.  Le  troisième  article  des  pieds-mâ- 
choires extérieurs  est  terminé  en  manière  de  crochet.  L'extré- 
mité supérieure  de  la  cavité  buccale  est  rétrécie,  et  divisée 
longitudinalement  en  deux   loges  par  une  cloison. 

Les  uns  ,  et  les  plus  nombreux,  ont  les  deux  dilatations 
postérieures  et  latérales  du  test  incisées  et  dentées. 

La  Méditerranée  nous  en  fournit  une  espèce,  le  Calappe 
migrane {Cancer granulatits ,Lin .),Calappa granulata,  Fab.* 
Herbst.,  XUI ,  ^5,  76,  vulgairement  Coq  de  mer,  Crabe 
honteux.  Son  test  est  rougeàtre,  avec  deux  sillons  profonds, 
et  des  tubercules  inégaux,  d'un  rouge  carmin.  La  portion 
des  bords  latéraux  précédant  les  dilatations  postérieures, 
est  d'abord  presque  entière,  et  se  termine  par  quatre  dents 
très  courtes,  dont  les  deux  dernières  plus  prononcées  $ 
celles  des  bords  des  dilatations  sont  fortes  ,  au  nombre  de 
six,  dont  deux  au  bord  postérieur  et  les  autres  latérales. 
Le  front  en  offre  deux  autres.  Les  pinces  ont  aussi  des 
tubercules  rouges,  et  leur  crête  est  formée  par  sept  dents, 
dont  les  supérieures  sont  aiguës  (1). 

Les  autres  ,  tel  que  le  C.  voûté  (  Cancer  calappa  ,  Lin.) , 
Calappa  jbrnicata  ;  Fab.  ,  Herbst.'  Xll ,  73,74?  ont  bes 
bords  des  dilatations  du  test  entiers.  Cette  espèce  habite 
l'Océan  australasien  et  les  mers  des  Moluques. 

,  .  ■     ■  ■  1     -      I  ■  ■      -     -    ■—  1  ..      1 '—■■-■■■-■  ■  ii  ■■      1  ■■  1  ■    1  .  11  1  ^d 

(1)  Dans  cette  division  ,  se  rangent  les  espèces  suivantes,  de  Fabri 
cius  :  C.  tuberculata,  Herbst. ,  xin  ,  7S;  lviii,  i  ? — C.  lophos ,  Herbst. 
xm,  rjr-  -t  —  C.  cristatus ,  Herbst. ,  xl  ,  3  ;  —  C.  mannoratus ,  Herbst.  , 
XL  ?  2.  —  Le  guaja  apura  de  Pison  et  de  Marcgrave  paraît  devoir  s:; 
rapporter  à  cette  espèce,  et  serait ,  d'après  une  citation  de  Barrèro,  le 
crabe  des  palétuviers ,  des  colons  de  Cayenue.  Le  cancer  hepaticus  de 
Liun.xus  est  aussi  un  calappe. 


I 

FAMILLE    DES    BRACHYUUF.S.  67 

Les   AEthra.   (AEthra.    Lcach.  ) 

Biffèrent  des  calappespar  leur  test  très  aplati ,  par  leurs 
pinces  qui  ne  s'élèvent  point  perpendiculairement  et  n'om- 
bragent point  le  devant  du  eorpsj  et  par  la  forme  presque 
carrée  du  troisième  article  des  pieds-mâchoires  extérieurs., 

Tantôt  (i)  le  test  est  en  ovale  transversal,  tantôt  (2)  en 
forme  de  triangle  court ,  fort  large,  dilaté  et  arrondi  latéra- 
lement. Les  serres  sont  peu  alongéeset  assez  épaisses  ;  ici  elles 
sont  plus  longues  ,  anguleuses  ,  et  nous  rappellent ,  ainsi 
que  la  forme  du  test  ,  les  parthcuopcs.  Ces  dernières  espèces 
pourraient  former  un  sous-genre  propre. 

Enfin  une  septième  et  dernière  division  ,  les  Notqpodes 
(Notopoda),  est  formée  de  brachyures>  dont  les  quatre  ou 
deux  derniers  pieds  sont  insérés  au-dessus  du  niveau  des 
autres,  orj  semblent  être  dorsaux  et  regarder  le  ciel.  Dans 
ceux  où  ils  se  terminent  par  un  crochet  aigu  ,  l'animal  s'en 
sert  ordinairement  pour  retenir  divers  corps  marins  ,  tels 
que  des  valves  de  coquilles  ,  des  alcyons  ,  dont  il  se  recou- 
vre. La  queue  a  sept  segments  dans  les  deux  sexes. 

Les  uns  ont,  de  même  que  les  autres  brachyures,  la  queue 
repliée  en  dessous.  Leurs  pattes  se  terminent  par  un  crochet 
aigu,  et  ne  sont  point  propres  à  la  natation. 

ici  le  test  est  presque  carré  et  terminé  antérieurement 
par  une  pointe  avancée  et  dentée,  ou  bien  il  est  subovoïde 
ou  «tronqué  en  devant. 

Les  Homoles.  (  Ho  mol  a.  Leacîi.  ) 

Ont  les  yeux  portés  par  de  longs  pédicules  ,  très  rappro- 
chés à  leur  base,  et  insérés  au-dessous  du  milieu  du  front. 
Les  deux  pieds  postérieurs  sont  seuls  relevés.  Les  serres  sont 
plus  grandes  dans  les  mâles  que  dans  les  femelles. 

Le  lest  est  très  épineux,  avec  une  saillie  avancée  et  dentée, 


(1)  Mthra  dspressa,  Lam.,  Hist.  des  anira.   sans    vert.  ;  Cancer  scru- 
posus,   Linn.  ;    Cancer  polynôme  ,    Herbst ,   lui,  4  ■>  5  ;  Destnar.  ,  Cou 
sid. ,  x  ,  2. 

(2)  P  arihenope  fornicala  ,  Fab. 

•       5* 


68  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

au  milieu    du  front.  Les  pieds-uiâchoires   supérieurs  sont 
alongés  et  saillants. 

Ces  crustacés  habitent  la  Méditerranée  et  ont  été  désignés 
par  Aldrovande,  sous  le  noni  àliippocarcins ,  ce  sont  les 
thelxiopes  de  M.  Rafinesque.  On  en  trouve  des  espèces  d'une 
grande  dimension  (i). 

Les  Dorippes.  (Dorippe.   Fab.) 

Ont  les  yeux  très  écartés  entre  eux,  et  situés  aux  angles 
latéraux  et  antérieurs  du  test ,  les  quatre  pieds  postérieurs 
relevés,  les  serres  courtes  dans  les  deux  sexes,  le  test  en 
ovoïde,  largement  tronqué  ,  sans  saillie,  en  manière  de  bec  , 
et  aplati. 

Ainsi  que  l'avait  observé  M.  Desmarest,  on  voit  de  chaque 
côté,  au-dessus  delà  naissance  des  serres,  une  fente  en  forme 
de  boutonnière  ,  oblique,  coupée  longitudinalement  par  un 
diaphragme,  ciliée  ainsi  que  lui  sur  ses  bords,  communi- 
quant avec  les  branchies  ,  et  servant  d'issue  à  l'eau  qui  les 
abreuve. 

La  Méditerranée  en  fournit  trois  espèces  (2)5  les  autres 

sont  des  mers  orientales,  et  dont   l'une  (  D.  quadridens, 

Fab.  -j  Herbst.,  XI ,  70  )  s'y  trouve  aussi  en  état  fossile. 

Là  le  test  est  tantôt  presque  orbiculaire  ou  globuleux  , 
tantôt  arqué  en  devant  et  rétréci  postérieurement ,  denté 
ou  épineux  sur  les  côtés. 

Les  yeux  sont  situés  près  du  milieu  du  front  et  portés  sur 
de  courts  pédicules. 

Les  Dromies.  (Dromia.  Fab.  ) 

Ont  les  quatre  pieds  postérieurs  insérés  sur  le  dos ,  et  ter- 
minés par  un  double  crochet;  le  test  suborbiculaire  ou  pres- 
que globuleux,  bombé  et  laineux  ou  très  velu. 


•  (1)  Homola  spinifrons  ,  Leach  ,  Zool.  Miscell. ,  lxxxvui  ;  Cancer 
spinifrons ,  Fab.  Fojec  l'article  Homole  du  nouveau  Dict.  d'hist.  natur., 
2e  e'tlit. ,  etDesm.  ,  Consid. ,  xvn  ,  1.  Le  Dorippe  Cuvier  de  M.  Risso, 
appartient  à  ce  sous-genre. 

(•2)  Dorippe  lanata;  Cancer  lanatus ,  Linn.  ;  Desm.  ,  Cons.  ,  xvn,  2  ; 
—  D.  affinis  ,  ejusd.  j  Herbst.  ;  xi ,  67  •  —  Cancer  mascarone,  Herbst.  , 
m  ,  G$. 


FAMILLE    DES    BRACHYURES.  69 

Ils  saisissent ,  avec  leurs  pieds  de  derrière,  des  alcyons  , 
des  valves  de  coquilles  ,  et  autres  corps  sous  lesquels  ils  se 
mettent  à  l'abri,  et  qu'ils  transportent  avec  eux. 

L'espèce  la  plus  connue  (Cancer dormia,  Lin.),  Rumph., 
Mus.,  XI,  i-  Herbst. ,  XV1IÏ ,  io3  ,  est  répandue  dans 
tout  l'Océan,  celui  du  nord  excepté.  Elle  est  couverte 
d'un  duvet  brun  ,  avec  cinq  dents  à  chaque  bord  latéral 
et  trois  au  front.  Les  doigts  sont  forts,  très  dentés  sur 
les  deux  bords  ,  et  en  partie  couleur  de  rose.  Quelques- 
uns  l'ont  dite  venimeuse. 

h&Dromie  tête  de  mort  (Cancer  caput  mortuum ,  Lin.)  , 
Dormia  cljpeata,  Act.  Hafn.,  1802,  est  plus  petite,  plus 
bombée,  presque  globuleuse,  avec  trois  dents  de  chaque 
côté,  à  ses  bords  antérieurs,  le  front  court,  échancré  au 
milieu  et  sinué  latéralement.  On  la  trouve  sur  les  côtes 
de  Barbarie  (1). 

Les  DynomÈnes.  (  Dynomene.   Latr.  ) 

Où.  les  deux  pieds  postérieurs  beaucoup  plus  petits  que 
les  autres,  sont  seuls  dorsaux,  et  mutiques  ,  à  ce  qu'il  nous 
a  paru.  Le  test  est  évasé,  presque  en  forme  de  cœur  ren- 
versé et  tronqué  postérieurement,  comme  celui  des  derniers 
quadrilatères,  et  simplement  velu.  Les  pédicules  oculaires 
sont  plus  longs  que  ceux  des  dromies. 

Nous  n'en  connaissons  qu'une  seule  espèce  ,  et  qui  se 

trouve  à   l'île  de  France  (Dynomene  hispide ,  Desmarest , 

Consid.,  XVÏII,  1.  ). 

Les  derniers  netopodes  diffèrent  des  précédents,  en  ce  que 
tous  les  pieds ,  à  l'exception  d_es  serres,  sont  terminés  en 
nageoire,  et  de  tous  les  brachyures,  en  ce  que  la  queue  est 
étendue.  Tels  sont  : 

Les  Ranines.  (Ranina.  Lam.  ) 

Leur  test  est  alongé  ,  va  en  se  rétrécissant  de  devant  en  ar- 
rière, et  a  généralement  la  forme  d'un  triangle  renversé , 
avec  la  base  dentée.  Les  pédicules  oculaires  sont  alongés. 
Les  antennes  latérales  sont  longues  et  avancées.  Les  pieds- 

(1)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Desmarest,  Consid.  ge'n.  sur  la 
classe  des  crust. ,  pag.  1 36  et  suiv. 


70  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

mâchoires  extérieurs  son  pareillement  alongés  ,  étroits,  avec 
le  troisième  article  rétréci  en  pointe,  vers  son  extrémité. 
Tous  les  pieds  sont  très  rapprochés  ou  presque  contigus 
à  leur  naissance,  et  à  commencer  à  laquatrièmepaire  ,  remon- 
tent sur  le  dos;  mais  les  deux  derniers  sont  seuls  supérieurs. 
Les  pinces  sont  comprimées,  presque  en  forme  de  triangle 
renversé,  dentées  ,  avec  les  doigts  brusquement  fléchis.  Ces 
crustacés  ont  les  plus  grands  rapports  avec  les  aïbunées  de 
Fabricius,  premier  sous-genre  de  la  famille  suivante ,  et 
font  ainsi  le  passage  des  brachyures  aux  macroures.  D'après 
le  rapprochement  des  pieds,  il  est  même  probable  que  les 
ouvertures  génitales  de  la  femelle  sont  situées  comme  dans 
les  macroures.  Suivant  Rumphius,  ils  viennent  à  terre  et 
grimpent  jusque  sur  les  maisons;  mais  d'après  la  forme 
des  pieds,  cela  nous  paraît  impossible,  ou  du  moins peupro- 
bable. 

Aldrovande  en  avait  décrit  une  espèce  fossile  ,  que 
M.  l'abbé  Ranzani  et  M»  Desmarest  ont  depuis  fait  mieux, 
connaître  (i). 

La  seconde  Famille  ,  ou 

Les  décapodes  macroures.  (  exochnata. 

Fab.  ) 

Ont,  au  bout  de  la  queue,  des  appendices  for- 
mant le  plus  souvent  de  chaque  côté,  une  na- 
geoire (2),  et  la  queue  aussi  longue  au  moins  que  le 


(1)  Ranina  Aldrovandi^  Ranz.,  Mera.  di  slor.  nat.  \  Desm.,  Hist.  nat. 
des  cru3t.  foss. .  YI ,  xi ,  1.  La  fig.  x  ,  5 ,  6  ,  nous  paraît  convenir  plutôt 
à  une  hippe  qu'à  une  ranine  ; —  Ranina  serrala  ,  Lam.  ;  Cancer  rani- 
nus,  Linn.  ;  Albunea  scabra  ,  Fab-  ;  Rhumph.  ,  Mus.  ,  vu,  T.  V;  — 
Ranina  dorsipes  ,  Lam.;  Albunea  dorsipes ,  Fab.  ;  Rhumph.,  Mus.,  x,  3  ; 
Desmar. ,  Consid. ,  xix,  2. 

Le  genre  symethis  de  Fabricius  nous  est  inconnu  ,  mais  nous  présu- 
mons qu'il  est  voisin  des  ranines  ou  des  premiers  sous-genres  de  la 
famille  suivante. 

(2)  Ces  appendices  sont  composes  de  trois  pièces,  dont  Tune  sert  de 


FAMILLE    DES    MACROURES.  Jl 

corps,  étendue  et  découverte,  et  simplement  courbée 
vers  son  extrémité  postérieure.  Son  dessous  offre  le 
plus  souven  t  et  dans  les  deux  sexes,cinq  paires  de  faus- 
ses pattes ,  terminées  chacune  par  deux  lames  ou  deux 
filets.  Cette  queue  est  toujours  composée  de  sept 
segments  distincts.  Les  ouvertures  génitales  des  fe- 
melles sont  situées  sur  le  premier  article  des  pieds 
de  la  troisième  paire.  Les  branchies  sont  formées 
de  pyramides  vésiculeuses ,  barbues  et  velues  (  et 
disposées  dans  plusieurs  ,  soit  sur  deux  rangées ,  soit 
par  faisceaux  ).  Les  antennes  sont  généralement 
alongées  et  saillantes.  Les  pédicules  oculaires  sont 
ordinairement  courts.  Les  pieds-mâchoires  exté- 
rieurs sont  le  plus  souvent  étroits ,  alongés ,  en 
forme  de  palpes ,  et  ne  recouvrent  point  en  tota- 
lité les  autres  parties  de  la  bouche.  Le  test  est  plus 


hase  ou  de  pédicule  aux  deux  autres ,  et  s'articule  avec  l'avant-dernier 
segment;  le  dernier  forme  le  plus  souvent  avec  eux  une  nageoire  en 
éventail  ;  mais  dans  les  derniers  sous-genres  de  celte  famille  ,  ces  appen- 
dices sont  remplaces  par  des  filets  en  forme  de  soie.  Les  fausses  pattes  du 
dessous  de  la  queue  sont  formées  sur  le  même  modèle  que  ces  appendices 
natatoires.  Dans  les  premiers  sous-gënres  ,  elles  ne  sont  souvent  qu'au 
nombre  de  trois  à  quatre  paires,  et  plus  petites ,  ou  même,  à  l'exception 
des  deux  antérieures,  nulles  dans  les  mâles;  les  pagures  n'en  ont,  autant 
qu'il  m'a  paru  ,  que  sur  l'un  des  côtés;  les  pièces  terminales  sont  souvent 
inégales.  Mais  ensuite  ces  fausses  pattes  ont  plus  d'extension,  et  sont  con- 
stamment au  nombre  de  cinq  paires  :  elles  portent  les  œufs  ,  et  servent 
à  la  natation.  Nous  observerons  que,  clans  les  macroures  ,  où  elles  sont  en 
moindre  nombre  ou  moins  développées,  tels  que  ceux  que  nous  appelons 
anomaux,  le  pédoncule  des  antennes  intermédiaire  est  proportionnelle- 
ment plus  long  que  dans  les  autres  macroures,  et  que  les  deu\ou  quatre 
dernières  pattes  sont  plus  petites.  Ces  crustacés  semblent  tenir  encore, 
sous  quelques  rapport*,  des  brachyures. 


J2  CRUSTACES    DECAPODES. 

étroit  et  pi  us  alongé  que  celui  des  brachyures,  et 
ordinairement    terminé   en    pointe    au   milieu   du 
front.  Nous  renverrons,  pour  de  plus  amples  dé- 
tails, au  Mémoire  précité  de  MM.  Audouin  et  Milne 
Edwards.  Un  caractère  observé  par  eux  sur  le  ho- 
mard (  astacus  marinus  }  Fab.  )  ,    et  qui  serait  dé- 
cisif, s'il  s'appliquait  aux  autres  macroures,    c'est 
qu'outre  les  deux  sinus  veineux  dont  nous  avons 
parlé  dans  les  généralités  de  l'ordre,    il  en  existe 
un  troisième,   logé  dans  le  canal  sternal,    et   s'é- 
tendant   entre  les  deux  précédents ,  d'un  bout  du 
thorax  à  l'autre.    Cette  disposition  très  curieuse, 
établiroit,  selon  eux,    une  liaison  entre  le  système 
veineux  des  macroures  et  celui  des  crustacés  sto- 
mapodes. 

Les  macroures  ne  quittent  jamais  les  eaux ,  et ,  à 
l'exception   d'un  petit  nombre,    sont  tous  marins. 

A  l'exemple  de  De  Géer,  de  Gronovius,  on  n'en  for- 
mera qu'un  seul  (  1)  genre ,  celui  d'ÉcRE visse  (  Astacus)  , 
que  l'on  partagera  ainsi  : 

Les  uns,  par  les  proportions,  la  forme  et  les  usages  de 
leurs  pieds,  dont,  les  premiers  ou  les  seconds  au  moins  sont 
en  forme  de  serres,  et  par  la  situation  sous-caudale  de  leurs 
œufs,  se  rapprochent  évidemment  des  crustace's  précédents, 
et  plus  encore  de  ceux  que  l'on  connaît  vulgairement  sous 
les  noms  à'écrevisse  ,  de  homard  et  de  crevette. 

Les  autres  ont  des  pieds  très  grêles ,  en  forme  de  filou  de 
lanière  et  accompagnés   d'un    appendice  ou  rameau   exté- 


(i)Les  seciions  que  nous  allons  exposer  pourraient  former  autant  de 
coupes  génériques ,  ayant  pour  bases  des  genres  de  Fabricius. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  JO 

rieur  et  aiongé  ,  qui  semble  doubler  leur  nombre.  Ils  sont 
propres  à  la  natation  ,  et  aucun  d'eux  n'est  terminé  en  pince. 
Les  œufs  sont  situés  entre  eux,  et  non  sous  la  queue. 

Les  premiers  se  subdiviseront  en  quatre  sections  ,  les 
Anomaux,  les  Locustes,  les  Homards  et  les  Salicoques. 

Les  seconds  composeront  la  cinquième  et  dernière  section 
de  cette  famille  et  des  décapodes,  celle  des  Schizopodes. 

Dans  la  première,  ou  celle  des  Anomaux  (Anomala.), 
les  deux  ou  quatre  derniers  pieds  sont  toujours  beaucoup 
plus  petits  que  les  précédents.  Le  dessous  de  la  queue  n'of- 
fre jamais  plus  de  quatre  paires  d'appendices  ou  fausses 
pattes  (i).  Les  nageoires  latérales  du  bout  de  la  queue,  ou 
les  pièces  qui  les  représentent,  sont  rejetées  sur  les  côtés,  et 
ne  forment  point  avec  le  dernier  segment  une  nageoire  en 
éventail. 

Les  pédicules  oculaires  sont  généralement  plus  longs  que 
ceux  des  macroures  des  sections  suivantes. 

Ici  (  les  Hippides ,  Latr.  )  tous  les  téguments  supérieurs 
sont  solides.  Les  deux  pieds  antérieurs  tantôt  se  terminent 
par  une  main  monodactyle  ou  sans  doigt ,  en  manière  de 
palette,  tantôt  vont  en  pointe  ;  les  six  ou  quatre  suivants 
finissent  par  une  nageoire;  les  deux  derniers  sont  filiformes, 
repliés  et  situés  à  l'origine  inférieure  de  la  queue.  Cette 
queue  se  rétrécit  brusquement,  immédiatement  après  son 
premier  segment,  qui  est  court  et  large ,  et  dont  le  dernier 
est  en  forme  de  triangle  aiongé.  Les  appendices  latéraux 
de  l'avant- dernier  sont  en  forme  de  nageoires  courbes. 
Les  appendices  sous  -  caudaux  sont  au  nombre  de  quatre 
paires  et  formés  d'une  tige  très"  grêle  et  filiforme.  Les  an- 
tennes sont  très  velues  ou  fort  ciliées;  les  latérales  se  rap- 


(i)  Al1  exception  des  deux  ante'rieurs,  ces  appendices  sont  même  rudi- 
mentaires  ou  nuls  dans  les  mâles,  caractère  commun  encore  aux  galathe'es, 
aux  scyllares  et  aux  langoustes.  On  remarquera  aussi  que  ,  dans  ces  trois 
sous-genres,  les  nageoires  de  la  queue  sont  plus  minces  ou  presque  mem- 
braneuses à  leur  extre'mite'  poste'rieure.  Dans  cette  section ,  ainsi  que 
dans  les  galathe'es ,  la  portion  thoracique  portant  les  deux  pieds  poste- 
rieurs  forme  une  sorte  de  pétiole ,  de  sorte  que  ces  pieds  semblent  être 
annexes  à  la  queue. 


^4  CRUSTACÉS  DÉCAPODES. 

prochent  d'abord  des  intermédiaires,  et  sont  ensuite  arquées 
ou  contournées  en  dehors. 

'  Les  àlbunees.  (Albujnea.  Fab.). 

Ont  les  deux  pieds  antérieurs  terminés  par  une  main  très 
comprimée,  triangulaire  et  monodactyle  ;  le  dernier  arti- 
cle des  suivants  est  en  faucille.  Les  antennes  latérales  sont 
courtes;  les  intermédiaires  sont  terminées  par  un  seul  filet 
long  et  sétacé.  Les  pédicules  oculaires  occupent  le  milieu 
du  front  et  forment,  réunis,  une  sorte  de  museau,  plat 
triangulaire,  avec  les  côtés  extérieurs  arqués.  Le  test  est 
presque  plan,  presque  carré,  arrondi  aux  angles  posté- 
rieurs, et  finement  dentelé  au  bord  antérieur. 

La  seule  espèce  bien  connue(Cctncer  symnista,  Lin.),  Albu- 

?iea  symnista,  Fab.;  Herbst.  xxn.  2;  Desm.?Consid.,  xxix,  3, 

habite  les  mers  des  ïndes  orientales  (i). 

Si  le  Cancer  carabus  de  Linnœus  appartient  [au  même 
sous-genre,  la  Méditerranée  en  fournirait  une  espèce. 

Les  Hippes.  (Hippa.  Fab. — Emerita.  Gronov.). 

Ont  les  deux  pieds  antérieurs  terminés  par  une. main  très 
comprimée,  presque  ovoïde  et  sans  doigts;  les  antennes  la- 
térales beaucoup  plus  courtes  que  les  intermédiaires,  et  con- 
tournées; celles-ci  terminées  par  deux  filets  courts,  obtus, 
placés  l'un  sur  l'autre;  les  pédicules  oculaires  longs  et  fili- 
formes; et  le  troisième  article  des  pieds-mâchoires  fort  grand, 
en  forme  de  iame,  échancré  au  bout  et  recouvrant  les  arti- 
cles suivants.  Le  test  est  presque  ovoïde,  tronqué  aux  deux 
bouts  et  convexe. 

Le  dernier  article  des  seconds  pieds  et  des  deux  paires  sui- 
vantes est  triangulaire,  mais  se  rapprochant,  dans  les  der- 
niers au  moins,  de  la  forme  d'un  croissant;  les  deux  der- 
niers de  la  quatrième  paire  sont  redressés  et  appliqués  sur 


(i)  M.  Desmarest  place  près  des  albunées,  mais  avec  doute,  le  G.  po- 
sYtlon  de  Fabricius ,  qui  eu  mentionne  deux  espèces  ;  mais,  suivant  ce 
dernier  ,  les  antennes  antérieures  sont  bifides  ,  caractère  qui  ne  convient 
point  au. >.  albune'es.  Il  nous  a  été  impossible,  d'après  la  manière  incomplè- 
te dont ilde'crit  ce  genre,  de  le  reconnaître,  et  d'en  apprécier  les  rapports. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  j'5 

les  deux  précédents;  le  premier  de  la  queue  a   deux   lignes 
imprimées  et  transverses  (i). 

Les  Remipedes.  (  Remipes.  Latr.  ) 

Ont  les  deux  pieds  antérieurs  alongés,  avec  le  dernier  ar- 
ticle conique,  comprimé  et  velu;  les  quatre  antennes  très 
rapprochées,  fort  courtes  et  presque  de  la  même  longueur; 
les  intermédiaires  terminées  par  deux  filets;  les  pédicules 
oculaires  fort  courts  et  cylindriques;  les  pieds -mâchoires 
extérieurs  en  forme  de  petites  serres,  amincies  et  arquées  au 
bout  et  terminées  par  un  fort  crochet.  Le  test  est  conformé 
à  la  manière  de  celui  des  hippes. 

Le  dernier  article  des  seconds  et  troisièmes  pieds  forme 
une  lame  triangulaire,  avec  une  échancrure  au  côté  exté- 
rieur; le  même  des  quatrièmes  est  triangulaire,  étroit  et 
alongé.  Ainsi  que  dans  les  hippes,  le  premier  segment  de 
la  queue  offre   deux  lignes  imprimées  et  transverses. 

On  en  connaît  deux  espèces,  l'une  des  mers  de  la  Nou- 
velle-Hollande (2),  et  l'autre  des  Antilles  et  des  côtes  du 
Brésil. 

Là  (  [les  paguriens ,  Latr.  )  les  téguments  sont  légèrement 
crustacés,  et  la  queue  est  le  plus  souvent  molle  ,  en  forme 
de  sac  et  contournée.  Les  deux  pieds  antérieurs  se  terminent 
en  une  main  didactyle;  les  quatre  suivants  vont  en  pointe  , 
et  les  quatre  postérieurs,  plus  courts  ,  finissent  par  une 
sorte  de  pince  ou  de  petite  main  didactyle.  Le  premier  arti- 
cle du  pédoncule  des  antennes  latérales  présente  un  appen- 
dice ou  saillie  allant  en  pointe  ou  en  forme.d'epine. 

Ces  crustacés,  que  les  Grecs  nommaient  carcinion  et  les 
Latins  cancelli,  vivent  7  pour  la  plupart,  dans  des  coquilles 
univalves  et  vides.  Leur  queue  ,  les  birgus  exceptés,  n'offre, 
et  dans  les  femelles  seulement,  que  trois  fausses  pattes,  si- 
tuées sur  l'un  oes  côtés,  et  divisées  chacune  en  deux  bran- 


(i)Hipfja  adactjla  ,  Fab.  ;  ejusd. ,  H.  emeriius;  Cancer  emtrilus , 
Linn.  ;  emerila,  Gronov. ,  Zoop.,  xvn,  8,9;  Herbst.  ,  xxn,  3  ;  Desmar.  , 
Consid. ,  xxix  ,  2 ,  clans  les  mers  des  deux  Tudes. 

(2)  Remipes  tesludinarius  ,  Latr.  ;  Desuiar.  ,  Consid. ,  xxix,  1  ;  Cuv.  , 
Hègu.  aniin. ,  IV ,  xn  >  2. 


j6  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

ches  filiformes  et  velues.  Les  trois   derniers  segments  sont 
brusquement  plus  étroits. 
Dans  les  uns,  tels  que 

Les  Birgus.  (Birgus.  Leach..  ) 

La  queue  est  assez  solide,  suborbiculaire,  avec  deux  rangs 
d'appendices,  en  forme  de  lames,  en-dessous.  Les  quatriè- 
mes pieds  sont  seulement  un  peu  plus  petits  que  les  deux 
précédents  5  les  deux  derniers  sont  repliés  et  cachés  , 
leur  extrémité  se  logeant  dans  un  enfoncement  de  la  base  du 
thorax*  les  doigts  du  bout,  ainsi  que  ceux  de  l'avant-der- 
nière  paire  ,  sont  simplement  velus  ou  épineux.  A  l'excep- 
tion des  serres,  tous  les  pieds  sont  séparés  à  leur  naissance 
par  un  écart  assez  sensible.  Le  thorax  est  en  forme  de  cœur 
renversé  et  pointu  en  devant. 

Il  paraît  que  les  birgus,^  raison  de  leur  grandeur,  de  la 
consistance  plus  solide  de  leurs  téguments ,  et  de  la  forme  de 
leur  queue  ,  sont  incapables  de  se  loger  dans  des  coquilles. 
Ils  doivent  se  retirer  dans  des  fentes  de  rochers  ou  dans  des 
trous  ,  en  terre. 

L'espèce  la  plus  connue  (  Cancer  latro  ,  Lin.  ) ,  Herbst.. 
xxiv  j  Rumph.  ,  Mus.,  iv  ;  Seba. ,  Thés.,  III ,  xxi,  1^2., 
ferait ,  suivant  une  tradition  populaire  des  Indiens,  sa 
nourriture  .des  amandes  des  fruits  de  cocotier,  et  ses  ex- 
cursions auroient  lieu  la  nuit  (1).  Dans  les  autres,  savoir  : 

Les  Hermites  ou  Pagures.  (  Pagurus.  Fab.  ) 

Les  quatres  derniers  pieds  sont  beaucoup  plus  courts  que 
les  précédents,  avec  les  pinces  chargées  de  petits  grains.  La 
queue  est  moile,  longue,  cylindracée,  rétrécie  vers  le  bout, 
et  n'offre  ordinairement  qu'un  rang  d'appendices  ovifères  , 
et  qui  sont  en  forme  de  fil.  Le  thorax  est  ovoïde  ou  oblong. 

A  l'exception  de  quelques  espèces  très  peu  connues  et 


(0  Pagurus  lalicauda ,  Cuv.  ,  Règn.  anira.,  IV,  xn  ,  2  ;  Desmar. , 
Consid.,  pag.  180,  de  Filé  de  France.  M.  Geoffroy  Sahit-Hilaire  a  pu- 
blié sur  ranalomie  de  l'espèce  prece'denle  des  faits  curieux ,  mais  dont 
nous  ne  tirons  pas  les  mêmes  conclusions. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  77 

domiciliées  dans  des  éponges,  des  serpules  ,  des  alcyons, 
toutes  les  autres  vivent  dans  des  coquilles  univalves,  dont 
elles  ferment  l'entrée  avec  leurs  pinces  antérieures,  et  le  plus 
souvent  avec  un  seul  de  leurs  mordants,  qui  est  ordinaire- 
ment plus  grand  que  l'autre.  On  prétend  que  les  femelles 
font  deux  ou  trois  pontes  par  année. 

Quelques  espèces  (  Cénobite  ,  Cœnohita'y  Latr.),  distin- 
guées des  autres  par  leurs  antennes  avancées,  et  dont  les 
mitoyennes  presque  aussi  longues  que  les  extérieures  ou 
latérales  et  à  filets  alongés  -7  dont  le  thorax  est  ovoïdo-coni- 
que,  étroit  ,  alongé  ,  très  comprimé  latéralement,  avec  la 
division  antérieure  ou  céphalique  en  forme  de  cœur,  se 
logent  dans  des  coquilles  terrestres,  sur  les  rochers  mari- 
times,  et  roulent  avec  elles,  de  haut  en  bas,  dans  les  in- 
stants de  danger  (1). 

Celles-ci ,  qui  forment  la  division  la  plus  nombreuse  (  Pa- 
gures propres ,  Pagurus  ,  Latr.  )  ,  ont  au  contraire  les  an- 
tennes mitoyennes  courbées  ,  notablement  plus  courtes  que 
les  latérales  ,  avec  les  deux  filets  courts,  et  dont  la  supé- 
rieure en  cône  alongé  ou  subulé;  la  division  antérieure  du 
thorax  est  carrée  ou  en  forme  de  triangle  renversé  et  cur- 
viligne. Elles  habitent  des  coquilles  marines. 

\JHermite  Bernard  {Cancer  Bernhardus?  Lin.),  Herbst., 
XXII.  6 y  Pagurus  streblonyx ,  Leach.,  Maiac.  Brit. ,  XXVI. 
ï  — 4*  fest  de  grandeur  moyenne.  Ses  deux  serres  sont 
hérissées  de  piquants  ,  avec  les  pinces  presque  en  cœur  , 
et  dont  la  droite  plus  grande.  Les  derniers  articles  des 
pieds  suivants  sont  pareillement  épineux.  Cette  espèce  est 
très  commune  dans  toutes  les  mers  d'Europe.  Une  autre  , 
mais  fossile  ,  le  Pagure  de  Faujas  (Desmarest ,  Hist.  nat. 
des  crust.  foss.,  XI ,  1  ) ,  s'en  rapproche  beaucoup. 

Une  espèce  de  la  Méditerranée  (  Pagurus  angulatus , 
Risso,  Crust.  de  Nice,  1,8;  Desmarest,  Consid.,  XXX,  1), 
est  remarquable  par  ses  pinces,  qui  sont  fortement  sillon- 
nées, avec  des  arêtes  longitudinales.  La  droite  est  la  plus 
forte  (a). 


(1)  Pagurus  clypeatus ,  Fab.  \  Herbst.  ,  xxn,  2. 

(2)  P oyez  y  pour  les  autres  espèces,  l'article  Pagure  de  l'Encyclopédie 


7S  CRUSTACÉS    DÉCAPOT)ES. 

Une  autre  de  la  même  mer  s'éloigne  des  précédentes  par 
plusieurs  caractères,  et  mérite  de  former  un  sous-genre 
propre  (Prophylace  ,  Proplvylax  ,  Latr.  ).  La  queue,  au  lieu 
d'être  ,  à  l'exception  du  dessus  des  trois  derniers  segments, 
molle  et  arquée,  de  n'avoir  qu'un  seul  rang  de  filets  ovifè- 
res  ,  est  couverte  de  téguments  coriaces,  se  dirige  en  ligne 
droite  et  ne  se  courbe  en  dessous  qu'à  son  extrémité;  sa  sur- 
face inférieure  présente  un  sillon  et  deux  rang  de  fausses 
pattes.  Le  corps  en  outre  est  linéaire  ,  avec  les  deux  appen- 
dices latéraux  du  bout  de  la  queue  presque  égaux,  et  dont 
la  division,  plus  grande,  foliacée  et  ciliée.  Les  quatre 
derniers  pieds  sont  légèrement  granuleux  à  leur  extrémité, 
et  semblent  n'être  terminés  que  par  un  seul  doigt,  ou  du 
moins  ne  sont  point  très  distinctement  bifides.  Peut-être 
faut-il  rapporter  à  cette  division  les  hermites  vivant  dans 
les  serpules,  les  alcyons ,  tels  que  le  pagure  tabulaire  de 
Fabricins. 

Baas  tous  les  macroures  suivants  ,  les  deux  pieds  posté- 
rieurs au  plus  sont  seuls  plus  petits  que  les  précédents. 
Le  plus  souvent  les  fausses  pattes  sous-caudales  sont  au 
nombre  de  cinq  paire.1  Les  téguments  sont  toujours 
crustacés.  Les  nageoires  latérales  du  pénultième  seg- 
ment de  la  queue  et  son  dernier  en  forment  une  com- 
mune disposée  en  éventail. 

Les  deux  sections  suivantes  ont  un  caractère  commun 
qui  les  sépare  de  la  quatrième  ou  celle  des  salicoques.  Les 
antennes  sont  insérées  à  la  même  hauteur  ou  de  niveau  ; 
le  pédoncule  des  latérales,  lorsqu'il  est  accompagné  d'une 
écaille,  n'est  jamais  entièrement  recouvert  par  elle.  Souvent 
les  fausses  pattes  sous-caudales  ne  sont  qu'au  nombre  de 
quatre  paires.  Les  deux  antennes  mitoyennes  ne  sont  ja- 
mais terminées  que  par  deux  filets,  et  ordinairement  plus 


méthodique;  l'Atlas  d'histoire  naturelle  du  même  ouvrage;  Desmarest , 
Considérations  générales  sur  la  classe  des  crustace's  ;  les  planches  d'his- 
toire «aî".urclle  accompagnant  la  Relation  du  voyage  du  capitaine  Frey- 
cinet.  On  observera  que  .  dans  la  figure  du  cancer  megistos  dTlerbst.  , 
lxi  ,  1,  la  queue  est  fausse,  parce  que,  manquant  dans  l'individu  qui  a 
servi  au  dessin  ,  on  y  a  suppîe'e'  en  prenant  pour  modèle  la  queue  en  na- 
geoire d'un  macroure  ordinaire. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  7Q 

courts  que  leur  pédoncule,  ou  à  peine  plus  longs.  Le  feuillet 
extérieur  des  appendices  natatoires  de  l'avant-dernier 
segment  de  la  queue  n'est  jamais  divisé  par  une  suture 
transverse. 

Notre  troisième  section ,  les  Locustes  (Locustte),  ainsi 
désignée  du  mot  locusta,  donné  par  les  Latins  aux  crus- 
tacés les  plus  remarquables  de  cette  division,  et  d'où  est 
venu  celui  de  langouste,  qu'ils  portent  dans  notre  langue, 
11  ont  toujours  que  quatre  paires  de  faussses  pattes.  L'extré- 
mité postérieure  de  la  nageoire,  terminant  la  queue,  est 
toujours  presque  membraneuse  ou  moins  solide  que  le  reste. 
Le  pédoncule  des  antennes  mitoyennes  est  toujoursplus  long 
que  les  deux  filets  du  bout,  et  plus  ou  moins  replié  ou 
coudé;  les  latérales  ne  sont  jamais  accompagnées  d'écail- 
lés; tantôt  elles  sont  réduites  au  seul  pédoncule,  qui  est 
dilaté,  très  aplati,  en  forme  de  crête;  tantôt  elles  sont 
grandes,  longues,  allant  en  pointe  et  entièrement  hérissées  de 
piquants.  Tous  les  pieds  sont  presque  semblables  et  vont  en 
pointe  au  bout;  les  deux  premiers  sont  simplement  un  peu 
plus  forts  ;  leur  pénultième  articleet  celui  des  deux  derniers 
est  au  plus  unidenté  ,  mais  sans  former  avec  le  dernier  une 
main  parfaitement  didactyle.  L'espace  pectoral  compris  entre 
les  pattes  est  triangulaire  ;  le  thorax  est  presque  carié,  ou 
subcylindrique  ,  sans  prolongement  frontal ,  en  manière  de 
bec  pointu  ou  de  lance. 

Les  Scyllares  ou  Cigales  de  mer.  (Scyllarus.  Fab.) 

Présentent  dans  la  forme  de  leurs  antennes  latérales, 
un  caractère  tout-à-fait  insolite";  la  tige  manque  ,  et  les 
articles  du  pédoncule,  très  dilatés  transversalement,  for- 
ment une  grande  crête  ,  aplatie,  horizontale,  plus  ou  moins 
dentée. 

La  branche  extérieure  des  appendices  sous-caudaux  est 
terminée  par  un  feuillet;  mais  l'interne,  dans  quelques 
mâles,  ne  se  montre  que  sous  la  forme  d'une  dent. 

D'après  les  proportions  et  la  forme  du  thorax  ,  la  position 
des  yeux  et  quelques  autres  parties,  le  docteur  Leach  a 
établi  trois  genres  :  i°  Ses  Scyllares  {Scyllarus)  ont  le 
thorax  aussi  long  ou  plus  long  que  large,  sans  incisions  la- 


bO  CRUSTACES    DECAPODES, 

térales ,  et  les  yeux  toujours  situés  près  de  ses  angles  anté- 
rieurs ;  l'avant-dernier  article  des  deux  pieds  postérieurs  est 
unidenté  dans  les  femelles.  Ces  crustacés  se  creusent  dans  les 
terrains  argileux,  près  des  rivages,  des  trous  qui  leur  ser- 
vent d'habitation.  Nous  citerons  deux  espèces. 

L'une  est  Je  Scyllare  ours  (  Cancer  arctus,  Lin.),  Cigale 
de  mer  y  Rondel. ,  liv.  xni,  chap.  6;  Herbst.,  XXX,  6.  Les 
antennes  extérieures  ou  latérales  sont  très  dentées.  Le  tho- 
rax a  trois  arêtes  longitudinales  et  dentées.  Le  dessus  de 
la  queue  est  comme  sculpté  et  sans  crénelures  sur  ses  bords 
latéraux. 

L'autre  est  le  Scyllare  large  (  Scy liants  œquinoxialis  ? 
Fab.;  Scyllarus  orienta  lis ,  Risso  ;  Squille  large  ouOrchetta, 
Rondel.;  Gesn. ,  Hist.  anim. ,  III 7  pag.  1097).  Elle  est 
grande  ,  chagrinée,  sans  arêtes.  Les  crêtes  n'ont  point  de 
dents. Les  segments  de  la  queue  sont  crénelés  sur  leurs  bords. 
Sa  chair  est  très  estimée.  Ses  œufs  sont  d'un  rouge  vif. 
20  Ses  Thènes  (  Thenus)  ont  ief  thorax,  mesuré  en  devant , 
plus  large  que  long,  avec  une  incision  profonde  à  chaque 
bord  latéral ,  et  les  yeux  situés  à  ses  angles  antérieurs  (1). 

3°  Ses  Ibacus  (  Ibacus  )  ne  diffèrent  des  thènes  que  par 
la  position  des  yeux ,  qui  sont  rapprochés  de  l'origine  des 
antennes  intermédiaires  ou  beaucoup  plus  intérieures. 

Dans  une  espèce  de  la  Nouvelle-Hollande  (  Ibacus  pç- 
roniij  LeachvZool.  Mi3cell.,cxix.;Desm.,Consid.,  xxx,  12) 
le  troisième  article  des  pieds  -  mâchoires  extérieurs  est 
strié  transversalement,  et  dentelé  en  manière  de  crête  au 
bord  latéral  externe  (2). 

Les  Langoustes.  (  Palinurus.  Fab.  ) 

Ont  les  antennes  latérales  grandes,  sétacées  ,  et  hérissées 
de  piquants. 


(1)  Thenus  indicus  ,  Leach  ]  Scyllarus  orientalis ,  Fab.;  Rumph. , 
Mus.,  11,  D.;  Herbst,  xxx,  ij  Encyclop. ,  atl.  d'hist.  nat. ,  cccxiv  • 
Desmar. ,  Consid. ,  xxxi ,  1. 

(2)  Ajoutez  scyllarus  antarcticus ;  Fab.,  Herbst,  xxx;  2;  Rumph., 
Mus.  11  ,  D.  Consultez  l'article  Scyllare  de  l'Encyclopédie  metbod. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  8l 

Parmi  ces  crustacés,  appelés  par  les  Grecs  Carabos ,  par 
les  Latins  Locusta,  et  sur  lesquels  Aristote  a  donné  plu- 
sieurs observations  importantes,  il  en  est  qui  acquièrent 
avec  l'âge  jusqu'à  près  de  deux  mètres  de  long,  en  y  com- 
prenant les  antennes.  L'espèce  de  nos  climats  se  tient ,  pen- 
dant l'hiver7  dans  les  profondeurs  de  la  mer,  et  ne  se  rap- 
proche du  rivage  qu'au  retour  du  printemps.  Elle  préfère  les 
rochers  ou  les  parties  rocailleuses.  Elle  fait  alors  sa  ponte  , 
et  ses  œufs,  qui  sont  petits  et  très  abondants,  sont  dJun  beau 
rouge  ,  ce  qui  leur  a  valu  le  nom  de  corail.  L'on  prend  alors 
plus  de  mâles  que  de  femelles,  tandis  que  celles-ci  sont  plus 
communes  après  la  ponte.  Suivant  M.  Risso,  il  y  aurait  un 
second  accouplement ,  suivi  d'une  autre  ponte  ,  au  mois 
d'août.  Les  langoustes  sont  répandues  dans  toutes  les  mers 
des  zones  tempérées  et  intertropicales,  mais  surtout  dans 
celles-ci.  Leur  test  est  raboteux,  hérissé  de  piquants,  et  pré- 
sente en  devant  de  fortes  épines  ou  dents  très  fortes ,  avan- 
cées et  plus  ou  moins  nombreuses.  Ses  couleurs,  ainsi  que 
celles  de  la  queue,  consistent  en  un  mélange  agréable  de 
rouge,  de  vert  et  de  jaune.  La  queue  présente  souvent  des 
bandes  transverses,  ou  des  taches ,  quelquefois  en  forme 
d'yeux,  disposées  par  séries.  Leur,  chair,  surtout  celle  des 
femelles,  avant  et  pendant  la  ponte  ,  est  très  estimée. 

Dans  l'espèce  de  nos  côtes  et  probablement  dans  les  au- 
tres, les  femelles  ont  à  l'extrémité  de  l'avant-dernier  article 
des  deux  pieds  postérieurs  une  saillie,  en  forme  d'ergot  ou 
de  dent,  exclusivement  propre  à  ce  sexe.  Les  scyllares  nous 
ont  présenté  la  même  différence. 

La  Langouste  commune  (  PaKnurus  quadricornis,  Fab.  ; 
Herbst.,  4stacus  elephas,'xxix7i ;  Leach.,  Malac.  Brit.,  xxx.) 
a  quelquefois  près  d'un  demi-mètre  de  long,  et,  chargée 
d'ceufs ,  pèse  de  douze  à  quatorze  livres.  Son  test  est  épi- 
neux ,  garni  de  duvet ,  avec  deux  fortes  dents ,  dentelées 
en-dessous,  au  devant  des  yeux.  Le  dessus  du  corps  est 
d'un  brun  verdâtre  ou  rougeâtre.  La  queue  est  tachetée 
et  ponctuée  de  jaunâtre  ;  ses  segments  ont  un  sillon  trans- 
versal,  interrompu  au  milieu,  et  ses  bords  latéraux  for- 
ment un  angle  avec  des  dentelures.  Les  pattes  sont  entre- 
coupées de  rouge  et  de  jaunâtre.  Elle  habite  nos  côtes, 
TOME    IV.  6 


'.. 


82  CKUSTACÉS    DÉCAPODES. 

mais  plus  particulièrement  celles  de  la  Méditerranée.  On 

la  trouve  aussi  en  Italie,  en  état  fossile  (i). 

La  quatrième  section,  celle  des  Homards  (Àstacini,  Latr.), 
se  distingue  de  la  précédente  par  la  forme  des  deux  pieds 
antérieurs ,  et  souvent  aussi  par  celle  des  deux  paires  sui- 
vantes, qui  se  terminent  par  une  pince  à  deux  mordants 
ou  une  main  dicîactyle.  Dans  quelques-uns,  les  deux  ou 
quatre  derniers  sont  beaucoup  plus  petits  que  les  précé- 
dents, ce  qui  les  rapproche  des  anomaux;  mais  la  nageoire 
en  éventail  de  l'extrémité  de  leur  queue  et  d'autres  caractè- 
res les  éloignent  de  ceux-ci.  Le  thorax  se  rétrécit  en  devant, 
et  le  front  s'avance  plus  ou  moins,  en  manière  de  bec  ou 
de  museau  pointu. 

Quelques-uns  (  Galathadées,  Leach  )  ont,  ainsi  que  les 
macroures  précédents,  quatre  paires  de  fausses  pattes,  et  les 
antennes  mitoyennes  coudées,  et  avec  les  deux  filets,  repré- 
sentant la  tige,  sont  manifestement  plus  courtes  que  leur 
pédoncule.  Celui  des  antennes  latérales  n'est  jamais  accom- 
pagné d'uneîame  en  forme  d'écaillé. Les  deux  pieds  antérieurs 
se  terminent  seuls  par  une  main  didactyîe, et  qui  est  souvent 
très  aplatie.  Le  dernier  segment  de  la  queue  est  bilobé,  du 
moins  dans  la  plupart. 

En  tête  de  celte  division  viendront  ceux  dont  les  deux  (2) 


(1)  M.  Desmarest  en  mentionne  (Hist.  nat.  des  crust.  foss.  ,  pag.  i32) 
deux  autres  espèces  dans  le  même  état,  mais  dont  la  seconde  pourrait 
bien  appartenir  au  sous-genre  d'écrevisse  proprement  dit ,  et  se  rappro- 
cher de  Vastacus  norwegicus  de  Fabricius. 

Voyez ,  pour  les  autres  espèces  vivantes  ,  les  Annales  du  Mus.  d'hist. 
natur.  ,  tom.  III,  pag.  391  et  suiv.  ;  l'article  Palinure  de  l'EncycIop. 
mc'thod.  ,  et  son  atlas  d'hist.  natur.  ;  l'article  Langouste  de  la  seconde 
e'dition  du  nouv.  Dict.  d'hist.  natur. ,  et  le  même  article  de  l'ouvrage  de 
M.  Desmarest  sur  les  crustacés.  Consultez  encore,  quant  au  système  ner- 
veux de  l'espèce  de  nos  côtes,  MM.  Audouin  et  MUnc-Edwards;  suivant 
eux,  tous  les  ganglions  tlioraciques  sont,  pour  ainsi  dire,  soude's  bout 
à  bout. 

(2)  D'après  une  observation  qui  m'a  été'  communiquée  verbalement 
par  le  docteur  Leach,  dans  la  galathée  ampleclens  de  Fabricius,  non- 
seulement  les  deux  pieds  postérieurs,  mais  encore  les  avant-derniers  ,  se- 
raient pi  us  petits  que  les  autres.  Cette  espèce  formerait  alors  un  genre  propre. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  83 

pieds  postérieurs  sont  beaucoup  plus  menus  que  les  précé* 
dents,  filiformes,  repliés,  et  inutiles  à  la  course. 

Les  GalathÉes.  (  Galathea.  Fab.  ) 

Ont  la  queue  étendue,  le  thorax  presque  ovoïde  ou 
ob!ong,les  antennes  mitoyennes  saillantes  ,  et  les  pinces 
alongées.  Le  dessus  du  corp's  est  ordinairement  très  incisé 
ou  strié,  épineux  et  cilié.  Les  espèces  les  plus  remarquables 
de  nos  mers  sont  : 

La  Galathéc  rugueuse  {Galathea  rugosa,  Fab.;  Leo7  Kon- 
del.,  Hist.  des  poiss.,  pag.  3go.;  Penn.,  Brit.  zool.,  IV,  xm; 
Leach.,  Malac.  Brit.,  xxix.  )  dont  les  serres  sont  très  lon- 
gues et  cylindriques;  dont  les  mandibules  sont  dépour- 
vues de  dents;  et  qui  a  trois  longues  épines  dirigées  en 
avant,  au  miiieudu  front,  et  dix  semblables  et  pareillement 
avancées  sur  la  queue,  savoir:  six  au  second  segment  et 
quatre  au  suivant  (i). 

ha.Galathée striée  {Cancer  strigosus.  Lin.)  Herbst.,  xxvi, 
2;  Penn.,  Brit.  zool.  IV,  xïv  ;  Leach.,  Malac.  Brit.,xxvm,  B. 
Semblable,  quant  aux  mandibules,  à  la  précédente,  mais 
ayant  le  front  avancé   en  manière  de  bec,   avec  quatre 
dents  de  chaque  côté  et  une  autre  au  bout;    les  serres 
grandes,  mais  non  très  longues  ni  linéaires,  et  très  épi- 
neuses, ainsi  qu'une  grande  partie  des  pieds  suivants-  Ce 
dernier  caractère  la  distingue  d'une  troisième  espèce,  pa- 
reillement indigène, la  G.  vorte-éc  ailles  [Galathea  squami- 
fr.ra.y, Leach.,  Malac.  Brit.  xxvm,  À)  du  docteur  Leach. 
Ce  savant  forme,  avec  la  galathée  gregaria  de  Fabricius, 
un  genre  propre,   sous  le  nom  de  Grimotee.  Grimotea.  Le 
second  article  des  antennes  intermédiaires  se  termine  en 
massue,  et  les  trois  derniers  des  pieds-mâchoires  extérieurs 
sont  foliacés.  Elle  est  de  couleur  rouge,  et  a  été  découverte 
par  Joseph  Banks  dans  son  voyage  autour  du  monde.  Elle 

(  i)  Cette  espèce  forme  le  genre  munidée  ,  munida7  de  M.  Leach.  Voy. 
Desmar. ,  Consid.  ,  pag.  191.  Mais  celui-ci  se  trompe  en  attribuant  à  ce 
savant  d'avoir  reconnu  le  premier  que  cette  espèce  était  le  crusîace'  crue 
Rondelet  nomme  lion.  Voy.  mon  Hist.  gêner,  des  crust.  et  des  insect.  , 
tom.  VI,  pag.  198, 

6* 


8/j.  CRUSTACÉS     DÉCAPODES. 

formait  une  agrégation  si  considérable  ,  que  la  mer  parais- 
sait d'un  rouge  de  sang. 

Le  G.  Mglée  {JEglea.)  du  même,  n'est  distinguée  du 
précédent  et  de  celui  de  galathée,  qu'en  ce  que  les  mandi- 
bules sont  dentées,  que  le  second  article  de  leurs  pieds  mâ- 
choires extérieurs  est  plus  court  que  le  premier  ,  et  que  le 
dessus  du  corps  est  généralement  uni  (i). 

Celui  que  M.  Risso  avait  d'abord  nommé  Calypso,  et  qu'il 
a  ensuite  appelé  Janira  ,  ne  se  distingue  probablement  pas  , 
ainsi  quelepenseM.  Desmarest  (  Consid.,pag.  192),  de  celui 
de  Galathée. 

Les  PORCELLANES.  (  PoRCELLANA.  Lam.  ) 

Forment  dans  les  macroures,  sous  le  rapport  de  la  queue, 
une  exception  très  singulière  ;  elle  est  repliée  en-  dessous , 
comme  dans  les  brachyures.  Elles  s'éloignent  d'ailleurs  des 
galathées  parla  forme  plus  raccourcie ,  suborbiculaire  ou 
presque  carrée  du  thorax  )  par  les  antennes  mitoyennes  re- 
tirées dans  leurs  fossettes;  par  leurs  pinces  qui  sont  trian- 
gulaires; enfin  à  raison  de  la  dilatation  intérieure  des  arti- 
cles inférieurs  de  leurs  pieds-mâchoires  extérieurs.  Leur  corps 
est  très  aplati. 

Ces  crustacés  sont  petits,  lents,  répandus  dans  toutes  les 
mers,  et  se  tiennent  cachés  sous  les  pierres  littorales. 

Le  docteur  Leach  a  formé  avec  quelques  espèces  (Hexapus, 
Lat.;  —Longicornis,  ejusd., —  Bluteli,  Riss.,  Crust.,  I,  7,  etc.) 
un  genre  qu'ii  a  nommé  Pisidia.  Mais  d'après  l'examen  spé- 
cial qu'en  a  fait  M.  Desmarest,  il  ne  diffère  par  aucun  ca- 
ractère appréciable. 

Les  unes  sont  remarquables  par  leurs  pinces  très  grandes 
et  velue?  outrés  cilicées.  Telles  sont,  i°la  Porce  liane  larges- 
pinces  (  Cancer  platycheles ,  Penn,,  Zool.  luit.  ,  1V7  vi,  12; 
Herbst.,  XLVH,  i.),  dont  les  pinces  sont  seulement  velues 
au  bord  extérieur ,  et  dont  le  thorax  presque  nu  est  arrondi, 
et  qui  vit  sur  les  rochers  de  nos  mors.  20  L;iPorcellane  héris- 
sée (P.hirta,  Lam.),  dont  tout  le  dessus  des -pinces  et  du  tho- 

(1)  JEglce  lisse  ,  Desm.,  Consid. ,  xxxrn,  2;  Latr.,  Encyclop.  method., 
atl.  d'hist.  natnr.  ,  ccevin ,  2. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  85 

rax  est  velu,  et  où  celui-ci  est  presque  ovale,  aminci  eu 
devant.  Elle  a  été  rapportée  de  l'île  King  par  Pérou  et  M.  Le 
Sueur.  Les  autres  ont  les  pinces  glabres.  Telle  est  la  Por- 
cellane  a  six  pieds  (Cancer  hexapus,  Lin.;  Herbst;  XLY1I,  4)- 
Le  thorax  a  des  lignes  courtes  ,  transverses,  un  peu  ciliées. 
Son  front  est  trifide,  avec  la  dent  du  milieu  finement  dente- 
lée. Les  serres  sont  parsemées  de  petites  écailles  et  de  petits 
grains,  d'un  rouge  de  sang ,  avec  les  doigts  écartés  entre 
eux  et  sans  dentelures  internes.  Elle  se  trouve  dans  nos 
mers  (i). 

Le  genre  Monolepis  de  M.  Say  (  Journ.  de  l'acad.  des 
scienc.  natur.  de  Phiiad.,  I,  pag.  i55;  Desrnar.,Cousid.,  pag. 
199  et  200.  )  paraît  faire  le  passage  des  porcellanes  aux  raé- 
galopes.  Il  se  rapproche  du  premier  sous  le  rapport  des  deux 
pieds  postérieurs  et  de  la  direction  de  la  queue.  Mais  cette 
queuen'aurait  que  six  segments, etles  yeux  seraient  trèsgros, 
comme  dans  le  second.  11  paraîtrait  aussi  que  les  nageoires 
latérales  du  bout  de  la  queue  ressembleraient  à  celles  du 
dernier. 

Les  autres  crustacés  de  la  même  division  diffèrent  des 
précédents  par  leurs  pieds  postérieurs,  semblables  ,  quant  à 
la  forme,  aux  proportions  et  aux  usages,  aux  précédents, 
ou  pareillement  ambulatoires.  Ils  s'en  éloignent  encore  à 
raison  de  leur  corps  plus  épais  et  plus  élevé,  de  leurs  an- 
tennes latérales  beaucoup  plus  courtes,  de  leurs  serres  plus 
petites,  de  la  grosseur  des  yeux,  et  des  nageoires  latérales 
de  leur  queue  ,  qui  ne  sont  composées  que  d'une  seule  lame. 
Cette  queue  est  étendue ,  étroite ,  et  simplement  courbée  en- 
dessous,  vers  son  extrémité. 

Les  Mégalopes.  (Megalopus.  Lèacti.  — Macropa.  Latr. 

Encyclop.  ) 

Nous  en  connaissons  quatre  espèces,  dont  trois  des  mers 
d'Europe  et  l'autre  de  l'Océan  indien  (2),  d'où  elle  a  été  ap 
portée  par  feu.  Leschenault  et  MM.  Quoy  et  Gaymard. 

(1)  Voyez  Fariiele  Porcellane ,   du  nouv.  Dicl.  d'hist.  nat.,    2e  e'dit. , 
et  Desmar. ,  Coiisid.  sur  les  crust.  ,  pag-.  1 92-1 99. 

(2)  Ployez,  pour  celles  d'Europe,  Desmar. ,  Coiisid.  ,  pag.  200-202  . 
et  la  pi.  xxxiv,  2  ,  du  même  ouvrage. 


SG  CRUSTACES    DÉCAPODES. 

No-as  comprendrons  dans  notre  seconde  division  (Asta- 
cinij  Latr.  )  des  homards,  ceux  qui  ont  cinq  paires  de  fausses 
pattes  ,  les  antennes  mitoyennes  droites  ou  presque  droites , 
saillantes  ,  avancées  ,  et  terminées  par  deux  filets  aussi  longs 
ou  plus  longs  que  leur  pédoncule;  et  qui  _,  un  seul  sous- 
genre  excepté  (gebie),  ont  les  quatre  ou  six  pieds  antérieurs 
terminés  par  une  main  didactyle. 

Leur  queue  est  toujours  étendue;  leurs  deux  pieds  posté- 
rieurs ne  sont  jamais  beaucoup  plus  grêles  que  les  précé- 
dents ,  ni  repliés.  Le  pédoncule  des  antennes  latérales  est 
souvent  accompagné  d'une  écaille. 

Quelques-uns,  ainsi  que  d'autres  de  la  section  suivante , 
vivent  dans  les  eaux  douces. 

Ceux  dont  les  quatre  premiers  pieds  au  plus  se  terminent 
par  deux  doigts;  dont  les  antennes  latérales  n'ont  jamais 
d'écaillé  à  leur  base,  et  dont  le  feuillet  extérieur  des  na- 
geoires latérales  du  bout  de  la  queue  n'offre  point  de  suture 
transverse  ,  formeront  une  première  subdivision.  La  plupart 
de  leurs  pieds  sont  ciliés  ou  velus.  Ces  crustacés  sont  ma- 
rins et  se  tiennent  cachés  dans  des  trous  qu'ils  se  creusent 
dans  le  sable. 

Tantôt  l'index  ou  le  doigt  immobile  (formé  par  une  saillie 
de  l'avant-dernier  article  )  des  serres  est  très  sensiblement 
plus  court  que  le  pouce  ou  le  doigt  mobile,  et  ne  forme 
qu'une  simple  dent. 

Les  Gebies  (  Gebia.  Leach.  ) 

Àvoisinent  les  sous  genres  précédents  ,  en  ce  que  les  deux 
pieds  antérieurs  sont  seuls  didactyles.  Les  feuillets  des  na- 
geoires latérales  du  bout  de  la  queue  vont  en  s'éiargissant 
de  la  base  à  leur  extrémité  ,  et  ont  des  arêtes  longitudinales. 
La  pièce  intermédiaire  ou  le  dernier  segment  de  la  queue 
est  presque  carré  (i). 

Les  Thalassines.  (Thalassina.  Latr.  ) 

Ont  les  quatre  pieds  antérieurs  terminés  par  deux  doigts, 
les  feuillets   des   nageoires  latérales  du  bout  de  la  queue 


(i)  Thalassina  littnralis  ,    Risso,  Crust.  ,    ni,   2; —  Gebia    stellata  , 
Lcacli,  Malac.  Brit.  ,  xxxi ,  1-9.  V'o$.  Desm.  ,  Consid.  ,  pa#.  203,  204  • 


FAMILLE    1>ES    MACROURES.  87 

étroits  ,  et  alongés,  sans  arêtes;  et  le  dernier  segment  de 
cette  queue,  ou  la  pièce  intermédiaire,  en  triangle  alongé  (1). 

Tantôt  les  quatre  pieds  antérieurs,  ou  les  deux  premiers 
et  l'un  des  seconds  (1)  sont  terminés  par  deux  doigts  alon- 
gés ,  formant  parfaitement  la  pince. 

Les  deux  serres  antérieures  sont  plus  grandes;  les  feuillets 
latéraux  de  la  nageoire  terminant  la  queue  sont  en  forme 
de  triangle  renversé  ou  plus  larges  au  bord  postérieur;  l'in- 
termédiaire au  contraire  se  rétrécit  de  la  base  au  bout,  et 
va  en  pointe. 

Les  Callianasses.  (Callianassa.  Leach.  ) 

Ont  les  serres  très  inégales  ,  tant  pour  la  forme  que  pour 
les  proportions;  le  carpe  de  la  plus  grande  des  deux  anté- 
rieures est  transversal  et  forme  avec  la  pince  un  corps  com- 
mun ;  le  même  article  de  l'autre  serre  est  alongé  ;  les  deux 
pieds  postérieurs  sont  presque  didactyles  Le  feuillet  exté- 
rieur des  nageoires  latérales  du  bout  de  la  queue  est  plus 
grand  que  l'interne,  avec  une  arête;  celui-ci  est  uni. 

Les  pédicules  oculaires  sont  en  forme  d'écaillé,  et  la 
cornée  est  située  près  du  milieu  de  leur  bord  extérieur.  Les 
filets  des  antennes  mitoyennes  ne  sont  guère  [>lus  longs  que 
leur  pédoncule. 

La  seule  espèce  connue,  la  Callianasse souterraine .  (Cal- 

liaiiassasubterranea^heach.jMixlac.Uiït.y  XXXil.),  se  trouve 

sur  nos  côtes  et  celles  d'Angleterre. 

Les  âxïes.  (Àxius.  Leach.  ) 

En  diffèrent  par  leurs  serres  ,-qui  sont  presque  égales,  et 
dont  le  carpe  ne  fait  point  partie  de  la  pince  ;  les  pieds  pos- 
térieurs sont  semblables  aux  précédents.  Les  feuillets  des 
nageoires  latérales  sont  presque  de  la  même  grandeur  et  ont 
chacun  une  arête  longitudinale.  Les  filets  des  antennes  mi- 
toyennes sont  évidemment  plus  longs  que  leur  pédoncule. 

(1)  TJialassina  scoipionides  ,  Latr.  ;  IlerbsL ,  Cancer  a no malus  ;  lxii  ; 
Leach  ,  Zool.  mise. ,  cxxx  ;  Desmar.  ,  Consid. ,  xxxyi. 

(a)  Dans  les  calianasses,  la  serre  gauche  de  la  seconde  paire  semble 
êlre  mono  dactyle  ,  et  l'ayant-deroier  article  est  dilate  en  manière  de  pa- 
le lie. 


88  CliUSTACÉS    DÉCAPODES. 

UAxie  stirhynque  (  Axius  stirhynchus  ,  Leaoh. ,  Malac. 
Brit.  ?  XXXIII  )  se  trouve  sur  les  côtes  d'Angleterre  et  sur 
celles  de  nos  départements  maritimes  de  l'ouest,  où  elle 
a  été  observée  par  M.  d'Orbigny  père,  correspondant  du 
Muséum  d'histoire  naturelle. 

Notre  seconde  et  dernière  subdivision  nous  offre  des 
crustacés  dont  les  six  pieds  antérieurs  forment  autant  de 
serres,  terminées  en  pince  parfaitement  didactyle,  caractère 
qui  les  distingue  de  tous  les  décapodes  précédents,  et  qui  les 
rapproche  des  premiers  de  la  section  suivante  ;  mais  ici  les 
serres  de  la  troisième  paire  sont  les  plus  grandes  ,  au  lieu 
que  là  ce  sont  les  deux  premières,  et  que  leur  épaisseur  est 
dîailleurs  beaucoup  plus  considérable.  Le  pédoncule  des  an- 
tennes latérales  est  accompagné  d'une  écaille  ou  d'épines. 
Le  feuillet  extérieur  des  nageoires  latérales  du  bout  de  la 
queue  est,  dans  toutes  les  espèces  vivantes,  comme  partagé 
en  deux  par  une  suture  transverse  (i). 

Les  Eryons.   (Eryon.  Desmarest.  ) 

Ont  tous  les  feuillets  de  la  nageoire  caudale  rétrécis  à  leur 
extrémité  et  terminés  en  pointe  ;  l'extérieur  ne  présente 
aucune  suture  transverse.  Les  deux  filets  des  antennes  mi- 
toyennes sont  fort  courts  et  guères  plus  longs  que  leur  pé- 
doncule. Les  côtés  du  test  ont  des  entailles  profondes. 

Les  pinces  des  deux  serres  antérieures  sont  étroites  et 
alongées. 

Ce  sous-genre  a  été  établi  par  M.  Desmarest  sur  une 
espèce  fossile  {Eiyon  de  Cuvier ,  Hist.  nat.  des  crust.  foss., 
X,  4  y  Consid.,XXXlV,  3.  ) ,  trouvée  dans  une  pierre  calcaire 
lithographique  de  Pappenheim  et  d'Aichtedt,  dans  le  mar* 
î^raviat  d'Anspach. 

Les  Ecrevisses.  (  Astacus.  Gronov.,  Fab.) 

Ont  les  feuillets  des  nageoires  latérales  du  bout  de  la 
queue   élargis  et  arrondis  à  leur  extrémité;  l'extérieur  est 

(i)  Ce  caraclère  est  commun  à  la  section  suivante ,  de  manière  qu'on 
pourrait,  d'après  lui,  partager  les  macroures ,  hormis  les  schizopodes  , 
en  deux  grandes  divisions. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  89 

divisé  transversalement  en  deux  par  une  suture  transverse; 
l'extrémité  postérieure  de  celui  du  milieu  est  obtuse  ou 
arrondie.  Les  deux  filets  des  antennes  mitoyennes  sont  nota- 
blement plus  longs  que  leur  pédoncule.  Les  côtés  du  test  ne 
sont  point  incisés. 

Dans  les  unes  et  toutes  marines ,  le  dernier  segment  de  la 
queue  ou  celui  qui  occupe  le  milieu  de  la  nageoire  ter- 
minale y  n'offre  point  de  suture  transverse. 

Celles  dont  les  antennes  latérales  ont  une  grande  écaille 
sur  leur  pédoncule,  dont  les  yeux  sont  très  gros,  en  forme 
de  rein  ,  et  dont  les  pinces  des  deux  serres  antérieures  sont 
étroites,  alongées,  prismatiques,  égales,  forment  le  genre 
Nephrops  {Nephrops)  de  M.  Leacli.  11  a  pour  type  Yécre- 
visse  deNorwège  {Cancer  norwegicus,  Lin. ;  deGéer.,  Insect., 
VU,  XXI;  Herbst.,  XXVI  ;  3,  Leach.  ,  Malac.  Brit.,  XXXVI.  ) 
Les  deux  serres  antérieures  ont  des  épines  et  des  arêtes  den- 
tées; le  dessus  de  la  queue  est  sculpté.  On  la  trouve  dans 
les  mers  du  nord  de  l'Europe  et  dans  la  Méditerranée. 

Celles  dont  le  pédoncule  des  antennes  latérales  n'offre 
simplement  que  deux  courtes  saillies,  en  forme  de  dents  ou 
d'épines,  dont  les  yeux  ne  sont  ni  très  gros  niréniformes,  et 
qui  ont  les  pinces  plus  ou  moins  ovales,  composent,  avec 
les  espèces  d'eau  douce,  ie  genre  astacus  proprement  dit 
du  même  naturaliste. 

\J  Ecrevisse  homard.  (  Cancer  gammarus,  Lin.  )  Astacus 
marinus,  Fab.  ;  Herbst.,  XXV;  Penn.,  Brit.zool.,  V,  x,  21. 
La  pointe  en  forme  de  bec  de  l'extrémité  antérieure  du 
test,  a  trois  dents  de  chaque  côté,  et  une  autre  double  à 
sa  base.  Les  serres  antérieures  sont  inégales,  très  grandes; 
la  pince  la  plus  grande  est  ovale ,  avec  de  grosses  dents 
molaires  ;  l'autre  est  plus  alongée,  avec  de  petites  dents 
nombreuses.  Les  individus  les  plus  âgés  ont  quelque- 
fois plus  d'un  demi-mètre  de  long.  Sa  chair  est  très  esti- 
mée. Elle  se  trouve  dans  l'Océan  européen  ,  dans  la  Médi- 
terranée, et  même  sur  les  côtes  orientales  de  l'Amérique 
septentrionale.  Son  organisation  intérieure  a  été  étudiée 
avec  soin  par  MM.  Victor  Audouin  et  Mil  ne-Edwards. 
Dans  les  espèces  d'eau  douce,  qui ,  par  les  antennes  ,  les 
yeux  et  la  forme  des  serres  ,  ressemblent  d'ailleurs  à  la  pré- 


90  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

cédente,  le  dernier  segment  de  la  queue  ,  ou  le  mitoyen  de 
sa  nageoire  terminale  est  coupé  transversalement  en  deux 
par  une  suture. 

UÉcrcvisse  commune  {Cancer astacus,h'm.)J{œs.,  Insect., 
III,   liv  —  vu.     a    ses    pinces    antérieures    chagrinées  et 
finement  dentelées  au  bord  interne  des  mordants.  Le  mu- 
seau a  une  dent  de  chaque  côté?  et  deux  à  sa  base  j  les 
bords  latéraux   des   segments   de  la   queue  forment   un 
angle  aigu.  Des  circonstances  accidentelles  font  varier  sa 
couleur,  qui  est  ordinairement  d'un  brun  verdâtre. 
Cette  espèce ,  qui  se  trouve  dans  les  eaux  douces  de  l'Eu- 
rope, a  été  plus  particulièrement  étudiée,  tant  sous  les  rap- 
ports de  l'anatomie,  que  sous  ceux  des  habitudes  et  de  la 
faculté  qu'ont  les  crustacés  de  régénérer  leurs  antennes  et 
leurs  pattes,   lorsqu'ils  les  ont  perdus   ou  qu'elles  ont  été 
mutilées.  L'estomac  renferme,  lorsqu'elle  est  sur  le  point  de 
muer,  deux  concrétions     pierreuses,     dont    la    médecine 
faisait  anciennement  usage  comme  absorbants,  et  qu'on  a 
remplacées  par  le  carbonate  de  magnésie.  Elle  se  tient  sous 
les  pierres  ou  dans  des  trous,  et  n'en   sort  que  pour  cher- 
cher sa  nourriture,  qui  consiste  en  petits  mollusques,  en 
petits  poissons,  en  larves  d'insectes.  Elle  se  nourrit  aussi  de 
chairs  corrompues,  de  cadavres   de  quadrupèdes  ,   flottant 
dans  l'eau,  et  dont  on  se  sert  comme  d'appâts,  en  les  plaçant 
au  milieu  de  fagots  d'épines,  ou  dans  des  filets.  On  les  saisit 
aussi  dans  leurs  trous,  ou  on  les  pêche  au  flambeau.  Sa  mue 
a  lieu  à  la  fin  du  printemps.   Deux  mois  après  l'accouple- 
ment, qui  s'opère  ventre  contre  ventre,  la   femelle  fait  sa 
ponte.  Ses  œufs,  d'abord  rassemblés  en  tas,  et  collés,    au 
moyen  d'une  liqueur  visqueuse,  aux  fausses  pattes,sontd'un 
rouge  brun  ,  et  ils  grossissent  avant  que  d'éclore.  Les  jeunes 
éerevisses,  tiès   molles  au  moment  de   leur  naissance,  et 
tout-à-fait  semblables  à  leurs  mères  ,  se  réfugient  sous  leur 
queue,  et   y  restent  pendant  plusieurs  jours  ,  et  jusqu'à  ce 
que  les  parties  de  leur  corps  soient  raffermies. 

La  durée  de  la  vie  de  nos  éerevisses  s'étend  au-delà  de 
vingt  années,  et  leur  taille  s'accroît  à  proportion.  On  pré- 
fère celles  qui  vivent  habituellement  dans  les  eaux  vives  et 
courantes.  On  trouve  sur  leurs  branchiesune  aunelide  para- 


FAMILLE    DES    MACROU11ES.  91 

site,  observée,  depuis  long-temps  par  Rœseî ,  mais  qu'on 
ne  connaissait  qu'imparfaitement  avant  les  recherches  de 
M.  Odier(i). 

Les  eaux  douces  de  l'Amérique  septentrionalenous  offrent 
une  autre  espèce,  V  ecrevisse  de  Barlon7  etdontM.Boscnousa 
donné  une  figure  (Hist.  nat.  des  crust.,  II,  xi,  1).  Une  autre, 
du  même  pays  habite  les  rizières,  et  leur  nuit  beaucoup, 
au  témoignage  de  M.  Le  Conte,  l'un  des  meilleurs  natura- 
listes des  États-Unis. 

Dans  la  cinquième  section,  celle  des  Saltcoqtjes  (Carides.} 
les  antennes  mitoyennes  sont  supérieures  ou  insérées  au- 
dessus  des  latérales;  le  pédoncule  de  celles-ci  est  entière- 
ment recouvert  par  une  grande  écaille. 

Leur  corps  est  arqué,  comme  bossu  et  d'une  consistance 
moins  solide  que  celui  des  crustacés  précédents.  Le  front  se 
prolonge  toujours  en  avant,  en   pointe,  et  le  plus  souvent 
en  manière  de  bec  ou  de  lame  pointue  ,  comprimée  et  dentée 
sur  ses   deux  bords.  Les  antennes  sont   toujours  avancées; 
les  latérales  sont  ordinairement  fort  longues  et  en  forme  de 
soie  très  déliée  ;  les  intermédiaires  d'un  très  grand  nombre 
se  terminent  par  trois  filets.  Les  yeux  sont  très  rapprochés. 
Les  pieds-mâchoires  extérieurs,  plus  étroits  et  plus  alongés 
que  de  coutume,  ressemblent  à  des  palpes  ou  à  des  antennes. 
Les  mandibules  delà  plupart  sont  rétrécies  et  arquées  à  leur 
extrémité.  L'une  des  deux  premières  paires  de  pieds  est  sou- 
vent pliée  sur  elle-même  ou  doublée.  Les   segments  de  la 
queue  sont  dilatés  ou  élargis  latéralement.  Le  feuillet  exté- 
rieur de  sa  nageoire  terminale  est   toujours  divisé  en  deux 
par  une  suture,  caractère  que  l'on  n'observe  que  dans  les 
derniers  crustacés  de  la  section  précédente;  la  pièce  impaire 
du  milieu,  ou  le  septième  et  dernier  segment,  est  alongée, 
rétrécie  vers  le  bout,  et  offre,  en  dessus,  des  rangées  de  peti- 
tes épines.  Les  fausses  pattes,  au  nombre  de  cinq  paires,  sont 
aîongées  et  ordinairement  foliacées. 

On  fait  une  grande  consommation  de  ces  crustacés  dans 
toutes  les  parties  du  monde.  On  en  sale  même  quelques 
espèces,  afin  de  les  conserver. 

(1)  Voyez  son  Mémoire  sur  le  branchiodelle ,  inséré  dans  la  première 
partie  du  premier  tome  des  Mémoires  de  la  Société'  d'histoire  natu- 
relle de  Paris ,  pag.  63  et  suiv,. 


C)2  CP.USTACÉS     DÉCAPODES. 

Les  uns  ont  les  trois  premières  paires  de  pieds  en  forme 
de  serre  didactyle  ,  et  dont  la  longueur  augmente  pro- 
gressivement ,  de  sorte  que  la  troisième  paire  est  la  plus 
longue.  Tels  sont 

Les  Pénées.  (PENiEus.  Fab.) 

Dont  aucun  article  des  pieds  ne  présente  de  division  an- 
nulaire. 

Leurs  palpes  mandibules  sont  relevés  et  foliacés.  On  voit 
un  petit  appendice  en  forme  de  lame  elliptique  à  la  base  des 
pieds  ,  caractère  qui  semble  rapprocher  ces  crustacés  des 
pasiphaés,  dernier  sous-genre  de  cette  section,  et  de  ceux.de 
la  suivante. 

Quelques  espèces,  et  toutes  indigènes,  forment,  à  raison 
de  la  brièveté  des  deux  filets  de  leurs  antennes  inter- 
médiaires, une  première  division.  Elle  comprend  les  sui- 
vantes. 

hePénée  caramote[P  alaemon  sulcatus  ,0\\\ . ,  Encyclop.; 
Caramote,  Rond.,  Hist.nat.  des  poiss.,  liv.  xvm,  chap.  7.) 
est  long  de  neuf  pouces.  Sur  le  milieu  du  thorax  est 
une  carène  longitudinale,  bifurquée  à  sa  base,  terminée 
par  un  bec  avancé  ,  comprimé  ,  ayant  onze  dents  à  sa 
tranche  supérieure,  et  une  à  l'inférieur  •  on  voit  de  cha- 
que côté  de  la  carène  un  sillon  longitudinal. 
t  Cette  espèce  est  très  commune  dans  la  Méditerranée  et 

l'objet  d'un  grand  commerce.  On  la  sale  pour  la  transpor- 
ter dans  le  Levant.  Le  Pénée  à  trois  sillons  de  M.  Leach 
(  Malac.  Brit.,  XLI1.  ),  et  qui  se  trouve  sur  les  côtes  d'An- 
gleterre, n'est  peut  être  qu'une  variété  locale  du  précé- 
cédent.  Son  thorax  a  trois  siilons  et  le  bec  a  deux  dents 
en-dessous.  Dans  ie  Pénée  d'Orbigny  fsLat»,  Nouv.  dict. 
d'hist.  nat.  2e  édit.  article  Pénée.  ),  la  carène  n'est  point 
sillonnée. 

D'autres  pénées  ont  les  antennes  intermédiaires  terminées 
par  de  longs  filets  -,  ce  sont  celles  de  notre  seconde  division. 
INous  y  rapportons 

Le  Pénée  monodon  (  Penceus  monodon  ,  Fab.  •  Squilla 
indiccij  Bont.,  Hist.  nat.,  p. 81.)  des  mers  des  Indes.  Deux 
espèces  de  la  Méditerranée  (  P.  antennatus ,  lliss.,  Crust., 


FAMILLE    DES    MACROURES.  g3 

II,  6; —  P.  mars. y  ejusd.,  II,  5  )  paraissent  aussi  en  faire 
partie. 

•    Les  Stenopes.  (Stenopus.  Lat.) 

Se  distinguent  des  pénées  par  les  divisions  transverses  et 
annulaires  des  deux  avant-derniers  articles  des  quatre  pieds 
postérieurs. 

Tout  le  corps  est  mou.  Les  antennes  et  les  pieds  sont 
longs  et  grêles  ;  ceux  de  la  troisième  paire  sont  plus  larges. 
Nous  n'en  connaissons  qu'une  seule  espèce,  rapportée 
des  mers  australiennes  par  Peron  et  M.  Lesueur.  Olivier 
l'a  conservée  dans  le  genre  palémon  {Cancer  setiferus , 
Lin.;  P.  hispidus  ,  Oliv.  ,  Encycl.;  et  atl.  d'hist.  nat.  , 
cccxtx,  i)  Seb.,Mus.,  III,  xxi,  6,  7;  Herbst.,  xxxi,  3.  ),  où, 
je  l'avais  d'abord  placée. 

Les  autres  saîicoques,  dont  plusieurs  ont  les  antennes 
intermédiaires  terminées  par  trois  filets  ,  n'offrent  au  plus 
que  deux  paires  de  serres  didactyles,  formées  par  les  quatre 
pieds  antérieurs. 

Un  sous-genre,  établi  sur  une  seule  espèce  propre  à  l'A- 
mérique septentrionale,  celui 

D'Atye.   (  Atya  ,    Leach.  ) 

S'éloigne  de  tous  les  crustacés  analogues,  par  un  caractère 
anomal.  La  pince  terminant  les  quatre  serres  est  fendue 
jusqu'à  sa  base ,  ou  semble  être  composée  de  deux  doigts  en 
forme  de  lanières,  réunis  à  leur  origine;  l'article  qui  précède 
est  en  forme  de  croissant;  la  seconde  paire  est  la  plus  grande. 
Les  antennes  mitoyennes  n'ont  qjie  deux  filets  (1). 

Dans  tous  les  sous-genres  suivants,  les  doigts  des  pinces 
ne  prennent  naissance  qu'à  une  certaine  distance  de  l'ori- 
gine de  l'avant-dernier  article  ou  de  celui  qui  est  en  foi  nie  de 
main,  et  le  corps  ou  l'article  qui  la  précède  n'est  point  lunule. 

Maintenant  viendront  d'abord  les  saîicoques,  dont  les  pieds 
sont  généralement  robustes  et  point  en  forme,  de  fil,  et  sans 
appendice  à  leur  base  extérieure.  Leur  corps  n'est  jamais  très 
mol ,  ni  très  alongé. 

Parmi  ces  sous-genres,  à  pieds  sans  appendice,  les  trois 


(1)  Atya  scabra  ,  Leach  ,  Zool.  mise. ,  cxxxi. 


94-  CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

suivants  nous  présentent  encore,  sous  le  rapport  des  serres, 
des  formes  insolites. 
Dans  celui 

Des  Crangons.  (Crangon,  Fab.), 

Les  deux  serres  antérieures,  plus  grandes  queies  pieds  sui- 
vants, n'ont  qu'une  dent  à  la  place  de  l'index  ou  du  doigt 
fixe,  et  celui  qui  est  mobile  est  en  forme  de  crochet  et 
fléchi . 

Les  antennes  supérieures  ou  mitoyennes  n'ont  que  deux 
filets.  Les  seconds  pieds  sont  repliés,  plus  ou  moins  distinc- 
tement bifides  ou  didactyles  à  leur  extrémité}  aucun  de 
leurs  articles  n'est  annelé.  Le  bec  antérieur  du  test  est  fort 
court. 

Nous  ne  séparerons  point  des  crangons  les  egeons  de 
M.  Risso  ou  les  Pontophiles  de  M.  Leach.  Ici  le  dernier  arti- 
cle des  pieds-mâchoires  extérieurs  est  une  fois  plus  long  que 
le  précédent  _,  tandis  qu'ils  sont  d'égale  longueur  dans  les 
premiers.  Les  seconds  pieds  des  égéons  sont  plus  courts  que 
les  troisièmes  et  les  plus  petits  de  tous,  au  lieu  que  leur 
longueur  est  la  même  dans  les  crangons.  Le  nombre  des 
espèces  étant  d'ailleurs  très  borné  ,  cette  distinction  généri- 
que est  d'autant  moins  nécessaire. 

Le  Crangon  commun  {  C.  vulgaris,  Fab.  ;  Roes.,  Insect., 
IIÏ,  LXin,  i,2.)  n'a  guère  plus  de  deux  pouces  de  long.  Il 
est  d'un  vert  glauque  pâle,  ponctué  de  gris  et  uni.  L'espace 
pectoral  portant  la  troisième  paire  de  pieds  est  avancé  en 
pointe.  Cette  espèce  est  très  commune  sur  nos  côtes  océa- 
niques ,  où  on  l'appelle  vulgairement  Cardon.  On  l'y  pê- 
che toute  l'année  dans  des  filets.  Sa  chaire  est  délicate.  On 
y  trouve  aussi,  selon  M.  Brébisson  ,  mais  très  rarement, 
le  C.  ponctue  de  rouge  de  M.  Risso;  mais  je  présume  avec 
lui ,  que  ce  n'est  qu'une  variété.  Le  C.  cuirassé  {Egeon 
loricatits,  Riss.'  Cancer  cataphrac tus,  Oiiv.,Zool.  adriat., 
III,  i.)  a  trois  arêtes  longitudinales  et  dentelées  sur  le 
thorax. 

Les  mers  du  nord  offrent  une  espèce  assez  grande  (  Cran- 
gon  borcas. ,  Phipps.,  Voy.  au  nord,  pî.  xi,  i  •  Herbst., 
xxix,  a'.  ). 


FAMILLE    DES    M ACIÏOUUES.  g5 

Les  Processes.   (Processa.  Leach. —  Nika.  Risso.  ) 

Ont  l'un  des  deux  pieds  antérieurs  terminé  simplement 
en  pointe,  et  l'autre  en  pince  didactyle;  les  deux  suivants 
sont  inégaux,  grêles,  terminés  aussi  par  deux  doigts*  l'un  de 
ces  seconds  pieds  est  fort  long,  avec  le  carpe  et  l'article  précé- 
dent annelés  •  ce  caractère  n'est  propre  à  l'autre  pied  qu'au 
premier  de  ces  articles  •  les  pieds  de  la  quatrième  paire  sont 
plus  longs  que  les  précédents  et  les  deux  suivants.  Les  an- 
tennes supérieures  n'ont  que  deux  filets. 

La  P.  comestible  (Ni'ka  edulis ,  Risso,  Crust.,  III,  3  ) 
est  d'un  rouge  de  chair,  pointillé  de  jaunâtre,  avec  une 
ligne  de  petites  taches  jaunes  au  milieu.  L'extrémité  anté- 
rieure de  son  test  a  trois  pointes  aiguës,  dont  l'intermé- 
diaire ou  le  bec  plus  longue  •  les  deux  pattes  antérieures 
sont  de  grosseur  égale ,  la  droite  est  en  pince.  On  vend 
cette  espèce  pendant  toute  l'année  ,  dans  les  marchés  de 
Nice.  Elle  se  tiou\~e  aussi  sur  les  côtes  du  département  des 
Bouches-du-Rhône  (i). 

Les  HymenocÈres.   (  Hymenocera.  Latr.  ) 

Ont  les  deux  pieds  antérieurs  terminés  par  un  long  cro- 
chet,  bifide  au  bout  ,  et  à  divisions  très  courtes;  les  deux 
suivants  sont  fort  grands;  ses  mains,  le  doigt  fixe,  et  le 
filetsupérieur  des  antennes  mitoyennes  sont  dilatés, nienrbra- 
neux  et  comme  foliacés.  Les  pieds-mâchoires  extérieurs 
sont  pareillement  foliacés  et  recouvrent  la  bouche. 

La  seule  espèce  connue  fait  partie  delà  collection  duMu- 

séum  d'histoire  naturelle,  et  a  été  recueillie  dans  les  mers 

des  Indes  orientales. 

Nous  passons  maintenant  à  dessous-genres,  dont  les  serres 
n'offrent  aucune  particularité  remarquable  ou  insolite. 

Tantôt  les  antennes  supérieures  ou  mitoyennes  ne  sont 
terminées  que  par  deux  filets. 

Le  bec  est  généralement  court. 

(i)  Ployez,  pour  d'autres  espèces,  Eisso  ,  Hist.  nat.  des  crust.  de 
JMice}  Leach,  Malac.  Brit.  xlt  ,  et  le  nouv.    Dict    d'hist.  nat.,  2e  doit. 


96  CRUSTACÉS     DECAPODES. 

Les  Gnathophylles.   (Gnathophyllum.  Latr.  ) 

Les  seuls  qui,  sous  le  rapport  de  la  forme  et  l'ampleur  des 
pieds-mâchoires  inférieurs  ,  se  rapprochent  des  hyméno- 
cères.  Les  quatre  pieds  antérieurs  sont  en  forme  de  serres 
didactyles  ;  Ja  seconde  paire  est  plus  longue  et  plus  épaisse 
que  ia  première.  Aucun  des  articles  des  quatre  n'est  an- 
nelé   (i). 

Les  Pontonies.  (  Pontonia.  Latr.  ) 

Ont,  comme  les  deux  sous-genres  suivants,  les  quatre 
pieds  antérieurs  en  forme  de  serres  et  didactyles  ,  mais  le 
carpe  n'est  point  annelé  (2). 

Les  Alphees.  (Alpheus.  Fah.  ) 

Qui  ont  aussi  les  quatre  pieds  antérieurs  terminés  par  une 
pince  didactyle  ,  mais  le  carpe  des  seconds  est  articulé. 
Ceux-ci  sont  plus  courts  que  les  premiers  (3). 

Les  HippoLYTES.  (îïippolyte.  Leach.  ) 

Ne  s'éloignent  des  alphées  que  par  les  proportions  res- 
pectives des  serres  ;  les  secondes  sont  plus  longues  que  les 
premières  (4). 

Les  deux  derniers  sous-genres  suivants  ont  cela  de  parti- 
culier, qu'une  seule  paire  de  leurs  pieds  se  termine  en  pince 
didactyle.  Dans 

Les  Autonomées.  (  Autonomea.  Risso.  ) 

Ce  sont  les  deux  antérieurs,  qui  se  distinguent  d'ailleurs 


(1)  Alpheus  elegans,  Risso  ,  Crust. ,  n,4ï  Desmar.,  Consid.,  p.  228. 

(2)  Alpheus  thyrenus,  Risso,  Crust.  ,  11 ,  2  ;  Astacus  thj  remis  petag., 
v ,  5;  Desmar. ,  ibid. ,  pag.  229. 

(3)  Alpheus  malabaricus  ,  Fab.  ,  et  probablement  quelques  autres  es- 
pèces, mais  sur  lesquelles  je  n'ai  point  de  données  suffisantes.  Voyez 
Desmar. ,  Consid.  ,  pag.  222  et  223. 

(4)  Rapportez-y  les  pale'mons  dwersimane  et  marbre! d'Olivier.  Voyez 
Desmar.  ,  Consid   ,  pag.  220. 


FAMILLE    DES    MACROURES.  C)^ 

des  autres  parleur  grandeur,  leur  grosseur  et  leur  dispropor- 
tion (i).  Dans 

Les  Pandales  (  Pandalus  ,  Leach.  )  , 

Les  deux  pieds  antérieurs  sont  simples  ou  à  peine  bifides; 
les  deux  suivants  sont  plus  longs,  d'inégale  longueur,  didac- 
tyles  ,  avec  le  carpe  et  l'article  précédent  annelés. 

Les  pieds-mâchoires  extérieurs  sont  grêles  et  très  longs  , 
du  moins  dans  quelques-uns.  La  saillie  antérieure  du  test 
est  fort  longue  et  très  dentée  (2). 

Tantôt  les  antennes  supérieures  ont  trois  filets. 

Ces  crustacés  ont  quatre  serres  didactyles,  dont  les  plus 
petites  repliées  ,  et  le  bec  alongé. 

Les  Palémons,  (Pal/emon.  Fab.  ) 

Se  distinguent  des  deux  sous-genres  suivants,  par  leur 
carpe  inarticulé;  les  seconds  pieds  sont  plus  grands  que  les 
premiers  ;  ceux-ci  sont  repliés.  On  en  trouve  aux  Indes 
orientales,  d'une  grandeur  très  remarquable,  et  dont  les  se- 
condes serres  sont  fort  longues.  Les  Antilles  en  offrent  aussi 
d'assez  grands,  et  dont  quelques-uns  se  tiennent  à  l'em- 
bouchure des  rivières.  Ceux  de  nos  côtes  sont  beaucoup 
plus  petits,  et  y  sont  désignés  sous  les  noms  de  crevettes  et 
de  salicoques  ;  leur  chair  est  plus  estimée  que  celle  des 
crangons.  Selon  M.  de  Brébisson  (Catal.  méthod.  des  crust. 
terrest.  et  fluv.,  du  département  du  Calvados.),  on  les  pêche 
de  la  même  manière,  mais  seulement  en  été.  Ces  crustacés 
nagent  très  bien  ,  surtout  lorsqu'ils  fuient ,  et  dans  diverses 
directions.  Ils  fréquentent  les  rivages.  La  pierre  lithographi- 
que de  Pappenheim  et  de  Solhnofen  renferme  souvent  les 
débris  d'un  crustacé  fossile  que  M.  Desmarest  rapporte  aux 
palémons,  sous  le  nom  spécifique  de  spinipes  (Hist.  nat.  des 

(1)  Autonornea  OUvii,  Risso,  Crust.,  pag.  166/  Cancer  glaber,  Oliv. , 
Zool.  adriat.  111,  4î  Dcsmar.,  Consid.  ,  pag.  25 1  et  252. 

(2)  Pandalus  annulicornis  ,  Leacli,  Malac.  Brit. ,  xlj —  Pandalus 
narwal,  Latr.  ;  Astacus  narwal ,  Fab.;  Palœmon  pristis  ,  Risso; 
Cancer  armiger?  Herbst. ,  xxxiv ,  4-  Voyez  Desiaar.  ,  Consid.,  pag. 
219 ,  220. 

TOME    IV.  7 


Ç)8  CKU5TACES    DÉCAPODES, 

crust.  foss.,  XI,  4*  )•  M  en  a  effectivement  le  port ,  mais  les 
serres  manquent.  Une  autre  espèce  pareillement  fossile  , 
mais  beaucoup  plus  grande,  a  été  découverte  en  Angleterre. 
Le  Paleyion  à  dents  de  scie  (  P.  serratus ,  Leach ,  Maiac. 
Brit.,  XLIH,  i  —  105  Herbst.,  XXVll  ,  1),  a  trois  à  quatre 
pouces  de  long.  11  est  d'un  rouge  pâle,  mais  plus  vif  sur 
les  antennes,  le  bord  postérieur  des  segments  de  la  queue , 
et  surtout  sur  la  nageoire  terminale.  Sa  corne  frontale 
dépasse  le  pédoncule  des  antennes  mitoyennes  ,  se  relève 
à  son  extrémité,  a  sept  à  huit  dents  eu  dessus,  la  pointe 
non  comprise,  et  cinq  en  dessous.  Les  doigts  sont  aussi 
longs  que  la  pince  proprement  dite,  ou  F  avant-dernier 
article.  Lette  espèce  se  trouve  sur  les  côtes  océaniques  de 
Fiance  et  d'Angleterre,  et  c'est  celle  de  ce  sous-genre  que 
l'on  vend  plus  particulièrement  à  Paris.  L'un  des  côtés  de 
son  test  offre  souvent  et  en  tout  temps  une  sorte  de  loupe, 
recouvrant  un  crustacé  parasite  du  genre  bopyte  ,  appliqué 
sur  les  branchies. 

Le  Palet  non  sqaille7  ou  Salicoque  (Cancer  s  qui  lia, \.'\n.)f 
Palœmon  squilla,  Leach,  Malac.  Brit.,  XL111,  1 1- 1 35  Squilla 
fusca,  Bast.,  Opusc.  subs.,  lib.  2,  111,  5.),  est  de  moitié  plus 
petit  que  le  précédent.  Sa  corne  frontale  ne  dépasse  guère 
le  pédoncule  des  antennes  supérieures,  est  presque  droite 
ou  peu  recourbée,  échancrée  au  bout,  avec  sept  à  huit 
dents  en  dessus  et  trois  en  dessous.  Les  doigts  des  serres 
sont  un  peu  plus  longs  que  la  main,  il  est  commun  sur 
nos  côtes  et  sur  celles  d'Angleterre  (1). 
Le  carpe  est  articulé  ou  présente  des  divisions  annulaires 
dans  les  deux  geiues  suivants,  savoir  : 

Les  Lysmates  (Lysmata  ,    Riss.  ,  auparavant  Melicerta  du 

même.)  , 

Qui  ont  la  seconde  paire  de  serres  plus  grande  que  la  pre- 
mière (2). 

(1)  Voyez  les  articles  Falémon  de  FEncyclope'die  me'thodique ,  de  la 
seconde  édition  du  nouv.  Dict.  d'hist.  natur. ,  et  Desmar. ,  Consid.  gçn. 
sur  les  c;-i:st. ,  pag.  233-238.  Voyez  aussi,  quant  au  système  nerveux. 
le  Mémoire  précité  de  MM.  Audouinet  Milne  Edwards. 

(2^  Lysmata  seticauda ,  Risso,    Crust.,    11,    1;    Desmar.,    Coiisid.  , 


FAMILLE     DES    MACROURES.  C")Q 

Les  Athanas.   (  Athanas.  Leach.) 

Ou  la  première  paire  de  serres  est;  au  contraire,  plus 
grosse  que  la  suivante  (i). 

Le  dernier  sous-genre  de  cette  section  ,  celui 

De  Pasiphae;  (Pasiph^a;  Sav.)  , 

Quoique  très  rapproché  de  plusieurs  des  précédents  par 
les  antennes  supérieures  terminées  par  deux  filets;  par 
la  forme  des  quatre  pieds  antérieurs,  terminés  en  une 
pince  didactyle  ,  précédée  d'un  article,  sans  divisions  an- 
nulaires ;  par  la  brièveté  du  museau  ou  de  la  corne  frontale, 
en  diffère  sous  quelques  rapports.  On  voit  très  distincte- 
ment à  la  base  extérieure  de  leurs  pieds  un  appendice  en 
forme  de  soie;  ces  pieds,  à  l'exception  des  serres,  qui  sont 
plus  grandes  et  presque  égaies,  sont  très  grêles  et  filiformes; 
le  corps  est  fort  alongé,  très  comprimé  et  fort  mou. 

La  Pasiphaé sivado  (Alpheus  sivado ,  Risso,  Crustv  III, 

2;  Desmar. ,  Consid. ,  pag.  240.)  a  deux  pouces  et  demi  de 

long  sur  quatre  lignes  et  demi  de  largeur.  Le  corps  est 

d'un  blanc  nacré,  transparent,  bordé  de  rouge,  avec  de 

petits  points  de  cette  couleur  sur  la  nageoire  de  la  queue. 

Le  museau  est  aigu  et  légèrement  courbé  à  son  extrémité. 

Les  serres  sont  rougeâtres. 

Ce  crustacé  est  très  abondant  sur  la  plage  de  Nice  ,  et , 

suivant  M.  Risso ,  fait  sa  ponte  en  juin  et  juillet.  On  n'eu 

a  pas  encore  observé  d'autres  espèces. 

ÎNotre  sixième  et  dernière  section  des  macroures,  celle  des 
Schizopodes  {Schizopoda.)  ,  paraît  lier  les  macroures  avec 
l'ordre  suivant.  Les  pieds,  dont  aucun  n'est  terminé  en  pince, 
sont  très  grêles  ,  en  forme  de  lanières  ,  munis  d'un  appendice 
plus  ou  moins  long  ,  partant  de  leur  côté  extérieur  ,  p'ès  de 
leur  base,  et  uniquement  propres  à  la  natation.  Les  œufs 
sont  situés  entre  eux  et  non  sous  la  queue.  Les  pédicules 
oculaires  sont  très  courts.  Ainsi  que  dans  la  plupart  des  ma- 
croures, le  front  s'avauce  en  pointe  ou  présente  l'apparence 
d'une  sorte  de  bec.  Le  test  est  mince,  la  queue  se  termine, 

(1)  Athanas   nttescens ,  Leach  ,  Malac.   Brit. ,  xliv  ;  Desmar.  ,  Con- 
sid. ,  pag.  :>3v) ,  2/jo  ]  De  Bre'b. ,  Oust,  du  Caîv. ,  pag.  a3  ,  2/j. 

7* 


100  CRUSTACÉS  DÉCAPODES. 

comme  d'ordinaire,  en  manière  de  nageoire.  Ces  crustacés 
sont  petits  et  marins. 

Ici  les  yeux  sont  très  apparents;  les  antennes  latérales  sont 
accompagnées  d'une  écaille;  les  mitoyennes  sont  terminées 
par  deux  filets  et  composées  de  beaucoup  de  petits  articles, 
de  même  que  les  précédentes. 

Les  Mysis.  (Mysis.  Latr.  ) 

Ont  les  antennes  et  les  pieds  à  découvert ,  le  test  alongé, 
presque  carré  ou  cylindracé,  les  veux  très  rapprochés  et  les 
pieds  capillaires,  comme  formés  de  deux  filets  (i). 

Les  Cryptopes.  (Cp.yptopus.  Latr.) 

Ont  un  test  subovoïde,  renflé,  replié  inférieurement  sur 
les  côtés,  enveloppant  le  corps  ainsi  que  les  antennes  et  les 
pattes,  et  ne  laissant  à  découvert  en  dessous  qu'une  fente 
longitudinale.  Les  yeux  sont  écartés;  les  pieds  sont  en  forme 
de  lanières  ,  avec  un  appendice  latéral  (a). 

Là  les  yeux  sont  cachés  ;  les  antennes  intermédiaires  sont 
coniques,  inarticulées,  fort  courtes;  les  latérales  sont  com- 
posées d'un  pédoncule  et  d'un  filet,  sans  articulations  dis- 
tinctes. Leur  base  n'offre  point  d'écaillé  ,  du  moins  sail- 
lante. Tels  sont  : 

Les  Mulcions.  (Mulcion.  Lat.  ) 

Le  corps  est  très  mou, avec  le  thorax  ovoïde.  Les  pieds  sont 
en  forme  de  lanière,  et  la  plupart  au  moins  ont  un  appen- 
dice à  leur  base;  la  quatrième  paire  est  la  plus  longue  de 
toutes. 

Je  n'en  connais  qu'une  espèce,  le  Mulcion  de  Lesueur. 
Elle  a  été  recueillie  par  ce  zélé  naturaliste  dans  les  mers 
de  l'Amérique  septentrionale.  Feu  Olivier  avait  trouvé 
dans  la  pinne-marine  un  crustacé  très  analogue  au  pre- 
mier coup  d'œil,  mais  dont  les  individus  étaient  telle- 
ment déformés,  qu'il  ne  m'a  pas  été  possible  d'en  étudier 
les  caractères. 

(1)  Mysis  Fabricii ,  Leach  ;  Eucyclop.  mcthod. ,  atl.  d Tiisl.  natur. , 
cccxxxvi ,  8,  9;  Cancer  oculalus ,  Olh.  Fab.,  Faun.  {jroenl. ,  fîg.  1. 
Voyez  Desmar. ,  Consid. ,  pag.  241,  242,. 

(2)  Cryptopus  Defrancii ,  Latr.  ,  de  la  Méditerranée. 


CRUSTACÉS    STOMAPODES    EN    GÉNÉRAL.  lOl 

Les  nébalies,  que  nous  avions  d'abord  placés  dans  cette 
section,  n'ayant  point  d'appendices  natatoires  sous  les  der- 
niers segments  de  leur  corps,  et  leurs  pieds  étant  assez  sem- 
blables à  ceux  des  cyclopes,  passeront,  avec  lescondylures, 
dans  l'ordre  des  brancliiopodes ,  dont  ils  feront  l'ouverture. 
Les  nébalies,  par  leurs  yeux  très  saillants,  et  qui  semblent 
être  pédicules,  et  par  quelques  autres  caractères,  paraissent, 
avec  les  zoés,  lier  les  schizopodes  avec  les  brancliiopodes. 


LE  SECOND  ORDRE  DES  CRUSTACÉS, 

Les    STOMAPODES    (  Stomapoda.  ),  vulgairement 

Mantes  de  mer. 

Ont  leurs  branchies  à  découvert  et  adhérentes  aux 
cinq  paires  d'appendices  situés  sous  l'abdomen  (  la 
queue);  que  cette  partie  nous  a  offerts  dans  les  dé- 
capodes ,  et  qui  ici ,  comme  dans  la  plupart  des 
macroures,  servent  à  la  natation  ou  sont  des  pieds- 
nageoires.  Leur  test  est  divisé  en  deux  parties, 
dont  l'antérieure  porte  les  yeux  et  les  antennes  in- 
termédiaires ,  ou  bien  compose  la  tête  ,  sans  porter 
les  pieds-mâchoires.  Ces  organes,  ainsi  que  les  quatre 
pieds  antérieurs,  sont  souvent  rapprochés  de  la  bou- 
che ,  sur  deux  lignes  convergentes  inférieurement  ? 
et  de  là  la  dénomination  de  stomapodes,  donnée  à  cet 
ordre.  Le  cœur,  à  en  juger  par  les  squilles ,  genre 
le  plus  remarquable  de  cet  ordre^,  et  le  seul  où  l'on 
ait  encore  étudié  ,  est  alongé  et  semblable  à  un  gros 
vaisseau.  Il  s'étend  tout  le  long  du  dos,  repose  sur  le 
foie  et  le  canal  intestinal ,    et  se  termine  postérieu- 


102         DES  CRUSTACÉS  STOM  APODES 

renient  et  près  de  l'anus  en  pointe.  Ses  parois  sont 
minées,  transparentes  et  presque  membraneuses. 
Son  extrémité  antérieure,    immédiatement  placée 
derrière  l'estomac,  donne  naissance  à  trois  artères 
principales,  dont  la  médiane  (  l'ophthaimique  ) ,  je- 
tant des  deux  côtés  plusieurs  rameaux,  se  porte  plus 
spécialement  aux  jeux  et  aux  antennes  mitoyennes; 
et  dont  les  deux  latérales  (  les  antennaires)  passent 
sur  les  côtés  de  l'estomac  ,  et  vont  se  perdre  dans  les 
muscles  de  la  bouche  et  des  antennes  extérieures. 
La  face  supérieure  du  cœur  ne  produit  aucune  artère; 
mais  ou  en  voit  sortir  de  ses  deux  côtés  un  grand 
nombre,  et  dont  chaque  paire,  à  ce  qu'il  nous  a 
paru,  correspond  à  chaque  segment  du  corps,  à  com- 
mencer aux  pieds-mâchoires,  soit  que  ces  segments 
soient  extérieurs,   soit  qu'ils  soient   cachés  par  le 
test,  et  même  très  petits ,   comme  le  sont  les  anté- 
rieurs. Au  niveau  des  cinq  premiers   anneaux   de 
l'abdomen,  ou  de  ceux  portant  les  appendices  nata- 
toires et  les  branchies,  cette  face  supérieure  du  cœur 
reçoit,  près  de  la  ligne  médiane,  cincj  paires  de  vais- 
seaux (  une  paire  par  chaque  segments  )   venant  de 
ces  derniers  organes,  et  qui,  suivant  MM.  Audouin 
et  Miine  Edwards,  sont  les  analogues  des  canaux 
branchio-cardiaques  des  décapodes.    Un  canal  cen- 
tral (i  ) ,  situé  au-dessous  du  foie  et  de  l'intestin  ,  re- 


(1)  Voyez  les  généralités  des  macroures.  On  n'a  point  observé  dans 
les  crustacés  des  ordres  suivants,  ce  vaisseau  ni  les  sinus  veineux,-  mais  le 
cœur  conserve  la  même  forme  alongc'e  ,  et  présente  aussi  les  mêmes  artères 


lia    C.'GNUr.  A.L.  105 

eoit  le  sang  veineux,  qui  afflue  de  toutes  les  parties 
du  corps.  Au  niveau  de  chaque  segment  portant  les 
pieds-nageoires  et  les  branchies ,  il  jette  de  chaque 
côté  un  rameau  latéral,  se  rendant  à  la  branchie 
située  à  la  base  du  pied-nageoire  correspondant. 
Les  parois  de  ces  conduits  ont  paru  aux  mêmes 
observateurs  lisses  et  continues,  mais  formées  plutôt 
par  une  couche  de  tissu  lamellaire  celluîeux  ac- 
colé aux  muscles  voisins,  que  par  une  membrane 
propre  ;  il  leur  a  semblé  que  ces  conduits  commu- 
niquaient entre  eux  vers  le  bord  latéral  des  an- 
neaux :  mais  ils  n'osent  l'assurer.  Les  vaisseaux 
afférents  ou  internes  des  branchies,  qui,  dans  ces 
squilles,  forment  des  houppes  en  panaches,  se  con- 
tinuent avec  les  canaux  branchio-cardiaques  y  ne 
sont  plus  logés  dans  des  cellules ,  passent  entre  des 
muscles,  contournent  obliquement  la  partie  laté- 
rale de  l'abdomen ,  gagnent  le  bord  antérieur  de 
l'anneau  précédent,  et  vont  se  terminera  la  face 
supérieure  du  cœur,  près  de  la  ligne  médiane  ,  en 
chevauchant  légèrement  l'u-n  sur  l'autre.  Le  cordon 
médullaire  n'offre  ,  outre  le  cerveau ,  que  dix  gan- 
glions, donM'antérieur  fournit  les  nerfs  des  parties 
de  la  bouche;  les  trois  suivants  ,  ceux  des  six  pieds 
natatoires,  et  les  six  derniers,  ceux  de  la  queue. 
Ainsi  les  quatre  derniers  pieds-mâchoires  ,  quoique 

antérieures.  Ses  côtés  donnent  encore  naissance  à  cTautres  artères  corres- 
pondantes aux  articulations  du  corps.  Voyez ,  outre  le  mémoire  précité  , 
les  Lpçons  d'Anatoaiie  comparée  de  M.  Curicr. 


104  I>ES    CRUSTACÉS    STOMAPODES 

représentant  les  quatre  pieds  antérieurs  des  déca- 
podes, font  néanmoins  partie  des  organes  de  la  mas- 
tication. L'estomac  des  mêmes  crustacés  (sqnilles) 
est  petit,  et  n'offre  que  quelques  très  petites  dents  (1) 
vers  le  pylore.  Il  est  suivi  d'un  intestin  grêle  et  droit, 
qui  règne  dans  toute  la  longueur  de  l'abdomen,  ac- 
compagné à  droite  et  à  gauche  de  lobes  glanduleux, 
paraissant  tenir  lieu  de  foie.  Un  appendice  en  forme 
de  rameau,  adhérent  à  la  base  interne  de  la  dernière 
paire  de  pieds,  paraît  caractériser  lesindividusmâles. 
Les  téguments  des  stomapodes  sont  minces,  et 
même  presque  membraneux  ou  diaphanes  dans  plu- 
sieurs. Le  test,  ou  carapace,  est  tantôt  formé  de  deux 
boucliers ,  dont  l'antérieur  répond  à  la  tête  et  l'autre 
au  thorax,  tantôt  d'une  seule  pièce,  mais  libre 
par  derrière,  laissant  ordinairement  à  découvert 
les  segments  thoraciques,  portant  les  trois  der- 
nières paires  de  pieds  ,  et  ayant  en  devant  une 
articulation,  servant  de  base  aux  veux  et  aux  an- 
termes  intermédiaires;  ces  derniers  organes  sont 
toujours  étendus  et  terminés  par  deux  ou  trois  filets. 
Les  yeux  sont  toujours  rapprochés.  La  composition 
de  ia  bouche  est  essentiellement  la  même  que  celle 
des  décapodes  ;  mais  les  palpes  des  mandibules  ,  au 
lieu  d'être  couchés  sur  elles,  sont  toujours  relevés. 
Les  pieds-mâchoires  sont  dépourvus  de  l'appendice 
en  forme  de  fouet,  qu'ils  nous  offrent  dans  les  dé- 

(i)  Elles  forment  deux  range'es  de  stries  transverses  et  parallèles. 


EN    GÉNÉRAL.  1C)5 

capodes.  Ils  ont  la  forme  de  serres  ou  de  petits 
pieds  ;  et  dans  plusieurs  au  moins  (  les  squilles  ) , 
leur  base  extérieure ,  ainsi  que  celle  des  deux  pieds 
antérieurs  proprement  dits ,  offre  un  corps  vésicu* 
laire  ;  ceux  de  la  seconde  paire ,  dans  les  mêmes 
stomapodes,  sont  beaucoup  plus  grands  que  les 
autres  et  que  les  pieds  mêmes;  aussi  les  a-t-on  con- 
sidérés comme  de  véritables  pieds,  et  en  a-t-on 
compté  quatorze  (i).  Les  quatre  pattes  antérieures 
ont  aussi  la  forme  de  serres,  mais  terminées  ainsi  que 
les  pieds-mâchoires,  en  griffe,  ou  par  un  crochet 
qui  se  replie  du  côté  de  la  tête,  sur  la  tranche  infé- 
rieure et  antérieure  de  l'article  précédent  ou  de  la 
main. Mais  dans  quelques  autres,  tels  que  les  phyl- 
losomes  (2),  tous  ces  organes  sont  filiformes  et  sans 
pince.  Quelques-uns  d'entre  eux  au  moins^  ainsi  que 
les  six  derniers  et  pareillement  simples  des  stoma- 
podes pourvus  de  serres,  ont  un  appendice  ou  rameau 
latéral.  Les  sept  derniers  segments  du  corps,  renfer- 
mant une  bonne  partie  du  cœur,  et  servant  d'at- 
tache aux  organes  respiratoires,  ne  peuvent  plus, 
sous  ce  rapport,  être  assimilés  à  cette  portion  du  corps 
qu'on  nomme  queue  dans  les  décapodes;  c'est  un 
abdomen  proprement  dit.    Son  avant  dernier  seg- 

(1)  Les  secondes  mâchoires  des  mêmes  stomapodes  n'ont  plus  aussi  la 
forme  de  celles  des  décapodes.  Elles  ont  la  figure  d'un  triangle  alonfré  et 
divise  en  quatre  articles  par  des  lignes  transverses.  Les  mandibules  sont 
bifurquées  et  très  dentées, 

(2)  Dans  tous  ceux  où  les  quatre  pieds  antérieurs  sont  en  forme  de 
serre,  les  six  derniers  sont  natatoires. 


1(>6  CRUSTACÉS    SÏOMAPODES. 

inenta,  de  chaque  côté,  une  nageoire  composée 
de  même  que  celle  cle  la  queue  des  macroures, 
mais  souvent  armée  ainsi  que  le  dernier  segment, 
ou  la  pièce  intermédiaire,  d'épines  ou  de  dents. 
Tous  les  stomapodes  sont  marins ,  habitent  de  pré- 
férence les  contrées  situées  entre  les  tropiques,  et 
ne  remontent  point  au-delà  des  zones  tempérées. 
Quoique  nous  ayons  vu  un  très  grand  nombre  d'in- 
dividus, nous  n'en  avons  jamais  rencontré  un  seul 
portant  des  œufs.  Leurs  habitudes  nous  sont  tota- 
lement inconnues;  seulement,  il  est  hors  de  doute 
que  ceux  qui  sont  munis  de  serres  ,  s'en  servent  pour 
saisir  leur  proie,  à  la  manière  de  ces  orthoptères, 
appelés  en  Provence  prégadious  ou  mantes  (1). 
C'est  à  raison  d'une  telle  conformité,  que  ces  sto- 
mapodes ont  reçu  la  dénomination  de  mantes  de 
mer  :  ce  sont  les  cragones  et  cr  angine  s  des  Grecs. 
Au  témoignage  de  M.  Risso,  ils  se  tiennent  à  de 
grandes  profondeurs,  sur  les  fonds  sablonneux  et 
fangeux,  ets'accouplent  aupri,ntemps.  Mais  d'autres 
slomapodes,  ceux  de  notre  seconde  famille,  moins 
favorisés  quant  aux  appendices  natatoires  ,  avant 
d'ailleurs  le  corps  très  aplati  et  beaucoup  plus 
étendu  en  surface,  vivent  habituellement  à  la  sur- 
face des  eaux,  et  s'y  meuvent  très  lentement. 


(i)  Quelques  autres  orthoptères  analogues,  tels  que  les  phyliics ,  res- 
semblent à  des  feuilles.  Les  phyllosoines ,  crustacés  du  même  ordre , 
nous  offriront  les  mêmes  rapports. 


FAMILLE    DES    UNICUIK ASSES.  10J 

Nous  diviserons  les  stomapodes  en  deux  familles. 
Dans  la  première,  celle 

Des  UNICUIRASSÉS.  (  Unipeltata.  ) 

Le  test  ne  forme  qu'un  seul  bouclier,  en  forme 
de  quadrilatère  alongé,  ordinairement  élargi  et 
libre  par  derrière,  recouvrant  la  tête,  à  l'exception 
des  yeux  et  des  antennes,  portés  sur  une  articula- 
tion commune  et  antérieure ,  et  les  premiers  seg- 
ments au  moins  du  thorax.  Son  extrémité  anté- 
rieure se  termine  en  pointe  ou  est  précédée  d'une 
petite  plaque,  finissant  de  même.  Tous  les  pieds- 
mâchoires,  dont  les  seconds  fort  grands,  et  les 
quatre  pieds  antérieurs  sont  très  rapprochés  de  la 
bouche,  sur  deux  lignes  convergentes  inférieure- 
ment ,  en  forme  de  serres,  avec  un  seul  doigt  ou 
crochet  mobile  et  replié.  Si  l'on  en  excepte  les  se- 
conds pieds ,  tous  ces  organes  ont  extérieurement , 
à  leur  naissance  ,  une  petite  vessie  pédiculée.  Les 
autres  pieds  ,  au  nombre  de  six ,  et  dont  le  troisième 
article  porte  latéralement  et  à  sa  base  un  appendice , 
sont  linéaires,  terminés  par  une  brosse,  et  simple- 
ment natatoires.  Les  antennes  latérales  ont  une 
écaille  à  leur  base  ,  et  la  tige  des  intermédiaires  est 
formée  de  trois  filets.  Le  corps  est  étroit  et  alongé, 
les  pédicules  oculaires  sont  toujours  courts. 
Cette  famille  se  compose  d'un  seul  genre,  celui 

De  Squille  (  Squilla.  Fab.  ), 

Que  nous  partagerons  ainsi  : 


10S  CRUSTACÉS    STOMAPODES. 

Dans  les  uns ,  le  bouclier  crustacé  est  précédé  d'une  petite 
plaque  plus  ou  moins  triangulaire ,  située  au-dessus  de  l'ar- 
ticulation portant  les  antennes  mitoyennes  et  les  yeux,  ne 
recouvre  que  la  portion  antérieure  du  thorax  et  ne  se  replie 
point  en-dessous  latéralement.  L'article  servant  de  pédon- 
cule aux  antennes  mitoyennes,  ainsi  qu'aux  pédicules  ocu- 
laires, et  les  côtés  extérieurs  du  bout  de  l'abdomen,  sont  à 
découvert. 

Tantôt  le  corps  est  presque  demi  cylindrique  avec  le  der- 
nier segment,  arrondi,  denté  ou  épineux  au  bord  posté- 
rieur* les  appendices  latéraux  des  six  derniers  pieds  sont  en 
forme  de  stvlet. 

Les  Squilles  propres.  (Squilla.  Latr.  ) 

Ont,  tout  le  long  du  côté  interne  de  l'avant-dernier  article 
des  deux  grandes  serres,  «ne  rainure  très  étroite ,  dsntelée 
sur  l'un  de  ses  bords ,  épineuse  sur  l'autre,  et  l'article  sui- 
vant, ou  la  griffe,  en  forme  defaulx  et  le  plus  souvent  denté. 
La. Squillem athte (Cancer mantis, Lin.)  Herbst.,  XXXIII, 
i  ;  Encyclop.  méth.,  atl.  d'hist.  nat. ,  CCCXXIV;  Desmar., 
Consid.,  XLI ,  i  est  longue  d'environ  sept  pouces.  Ses 
grandes  serres  ont  à  leur  base  trois  épines  mobiles,  et  leurs 
griffes  ont  six  dents  alongées  et  très  acérées,  dont  la  termi- 
nale plus  forte.  Les  segments  du  corps,  le  dernier  excepté, 
ont  six  arêtes  longitudinales,  terminées  pour  la  plupart  en 
une  pointe  aiguë  •  le  dernier  est  élevé  dans  son  milieu  en 
une  forte  carène,  ponctué,  terminé  postérieurement  par 
un  double  rang  de  dentelures  et  quatre  pointes  très  fortes, 
dont  les  dents  du  milieu  plus  rapprochées;  chacun  de  ses 
bords  latéraux  a  deux  divisions  rebordées  ou  plus  épaisses, 
et  dont  la  dernière  finissant  en  pointe.  Le  pédoncule  des 
nageoires  latérales  se  prolonge  en-dessous  et  se  termine 
par  deux  dents  très  fortes.  Elle  est  commune  dans  la  Mé- 
diterranée. La  S  quille  de  Desmar  ets  (Risso,  Crust.,  II,  8.), 
que  l'on  y  trouve  aussi  y  n'a  que  deux  pouces  et  demi  de 
long. 'Ses  griffes  ont  cinq  dents;  le  test  et  le  milieu  des 
segments  de  l'abdomen,  les  derniers  exceptés,  sont  unis  (i). 


(i)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  l'article  Squillc  et  les  planche* 


FAMILLE    DES  UNICUIRaSSÉS.  10() 

Les   GONODACTYLES.    (  GONODACTYLUS.    Latl'.  ) 

La  rainure  de  l'avant-dernier  article  des  grandes  serres  est 
élargie  à  son  extrémité,  et  n'offre  ni  dentelures  ni  épines. 
La  griffe  est  ventrue  ou  en  forme  de  nœud  vers  sa  base,  et 
se  termine  ensuite  en  une  pointe  comprimée,  droite  ou  peu 
courbe.  Toutes  les  espèces  sont  exotiques  (i). 

Tantôt  le  corps  est  très  étroit  et  déprimé,  avec  le  dernier 
segment  presque  carré,  entier,  sans  dentelures  ni  épines. 
L'appendice  latéral  de  ses  six  derniers  pieds  est  en  forme  de 
palette,  presque orbiculaire  et  un  peu  rebordée-  les  antennes 
et  les  pieds  sont  plus  courts  que  dans  les  précédents;  l'avant- 
dernier  article  des  grandes  serres  est  garni  au  bord  interne 
de  cils  très  nombreux  en  forme  de  petites  épines;  la  griffe 
est  en  faulx. 

Les  Coronis.  (Coronis.  Latr.) 

On  n'en  connaît  qu'une  seule  espèce  (?,). 

Les  autres  stomapodes  de  cette  famille  ont  le  test  comme 
membraneux,  diaphane,  recouvrant  tout  le  thorax,  replié 
latéralement  en  dessous,  prolongé  antérieurement  en  ma- 
nière d'épée  ou  d'épine,  et  s'avançant  au-dessus  du  support 
des  antennes  mitoyennes  et  des  yeux.  Ce  support  est  suscep- 
tible de  se  courber  en  dessous  et  d'être  renfermé  dans  l'étui 
formé  par  la  courbure  du  bouclier.  Les  nageoires  postérieures 
se  cachent  sous  le  dernier  segment. 

Ces  crustacés,  très  petits,  mous,  sont  propres  à  l'Océan 
atlantique  et  aux  mers  des  Indes  orientales.  Les  griffes  des 
grandes  serres  n'ont  point  de  dents;  le  second  article  des 
pédicules  oculaires  est  beaucoup  plus  gros  que  le  premier, 
en  forme  de  cône  renversé;  les  yeux  proprement  dits  sont 


de  l'Encyclopédie  métliod.  ;  Desmar. ,  Consid.  sur  Ja  classe  des  crust. 
Il  a  donné ,  pi.  xlii  ,  une  figure  détaillée  de  la  squille  queue-rude. 

(i)  Srjuilla  scjllarus,  Fab.  ;  Rumph.  ,  Mus.  in,  F.;  — Squilla  chi- 
ragra,  Fab.;  Desmar.,  Consid.,  xliii.  Consultez  l'article  Squille  de 
l'Encyclopédie  méthodique. 

(2)  Fojrez  l'article  Squille  de  l'Encyclop.  méthod.  Squilla  eusebia? 
Risso. 


J  tO  CKUSTACGS    STOMÀPODES. 

gros,  presque  globuleux;  l'appendice  des  pieds  en  nageoire 
ressemble  à  celui  des  squiiles  et  des  gonodactyles.  Dans 

Les  Erichthes,  (Erichthus,  Latr.;  —  Smerdis,  Leach) , 

Le  premier  article  des  pédicules  oculaires  est  beaucoup 
plus  court  que  le  second;  le  milieu  des  bords  latéraux  du 
bouclier  est  fortement  dilaté  en  manière  d'angle  ,  et  leur 
extrémité  postérieure  offre  deux  dents  (i).  Dans 

Les  A  limes  ,  (Àlima.  Leach) , 

Le  premier  article  des  pédicules  oculaires  est  beaucoup 
plus  long  que  le  suivant,  grêle  et  cylindrique;  le  corps  est 
plus  étroit  et  plus  alongé  que  dans  les  éricbthes;  les  bords 
latéraux  du  bouclier  sont  presque  droits  ou  peu  dilatés;  son 
milieu  est  caréné  longitudinalement;  chacun  de  ses  angles 
forme  une  épine,  dont  les  deux  postérieures  plus  fortes  (2). 

La  seconde  famille,   celle 

Des  BICUIRASSÉS  (Bipeltata.), 

* 

A  le  test  divisé  en  deux  boucliers^  dont  l'anté- 
rieur très  grand,  plus  ou  moins  ovale,  forme  la  iête  , 
et  dont  le  second,  répondant  au  thorax,  trans- 
versal et  anguleux  dans  son  pourtour,  porte  les 
pieds-mâchoires  et  les  pieds  ordinaires.  Ces  pieds,  à 
l'exception  au  plus  des  deux  postérieurs,  et  les  deux 
derniers  pieds-mâchoires  ,  sont  grêles ,  filiformes , 
et  pour  la  plupart  très  longs  et  accompagnés  d'un 
appendice  latéral,  cilié;  les  quatre  autres  pieds- 
mâchoires  sont  très  petits  et  coniques.   La  base  des 

(1)  Erichtus   vitreus ,  Latr.  Voy .  l'article  S  quille  ,  la  planche  cccliv 
de  l'ail.  (Trust,  natur.  de  l'Encyclop.   meïhod. ,  et  Desmar.,  Consid.  . 

^.LIV  ,2,3. 

(2)  Aluna  hyalina,  Latr.,  Encyclop.   me'thod.  ,   arlicle  S q  utile ,    et 
ibid.  ail.  d  lmt,  natur. ,  cccliv,  8:  Desmar. ,  Consid.  ,  xliv  ,  1. 


FAMILLE    DES    BICLilUASSÉS.  Ui 

antennes  latérales  n'offre  point  d'écaillé;  les  mi- 
toyennes sont  terminées  par  deux  filets.  Les  pédi- 
cules oculaires  sont  longs.  Le  corps  est  très  aplati, 
membraneux,  transparent,  avec  l'abdomen  petit, 
et  sans  épines  à  la  nageoire  postérieure. 

Cette  famille  ne  comprend  qu'un  seul  genre,  celui 

De  Phyllosome  (Phyllosoma,  Leach.), 

Dont  toutes  les  espèces  sont  de  l'Océan  atlantique  et 
des  mers  orientales  (i). 


DES  MAL  ACOSTR  ACES 

A  YEUX  SESSILES  ET   IMMOBILES. 

Les  branchipes  seront  désormais  les  seuls  crus- 
tacés qui  nous  offriront  des  jeux  portés  sur  des  pé- 
dicules; mais  outre  que  ces  pédicules  ne  sont  point 
articulés,  ni  logés  dans  des  cavités  spéciales,  ces 
crustacés  n'ont  point  de  carapace,  et  s'éloignent 
encore  des  précédents  par  plusieurs  autres  carac- 
tères. Tous  les  maiacostracésr  de  cette  division  sont 
pareillement  dépourvus  de  carapace  ;  leur  corps,  de- 
puis la  tête  ,  se  compose  d'une  suite  d'articulations, 

(i)  Voyez  l'article  Phrllosorne  de  l'Encyclopédie  méthodique  et  de 
la  seconde  édition  du  nouv.  Dict.  d'hist.  natur.  Consultez  aussi  l'ouvrage 
de  M.  Besmarest  sur  les  crustacés ,  et  la  partie  zoologique  de  Ja  Relation 
du  voyage  du  capitaine  Freycinet.  Considérés  sous  Je  rapport  du  système 
nerveux  ,  les  phyl'osomes  semblent  être  intermédiaires  entre  les  crustacés 
précédents  et  les  suivants.  Voy.  le  Mémoire  précité  de  MM.  Audouin  et 
Milne  Edwards. 


112        DES    MALACOSTRACÉS    A    YEUX    SESSILES. 

dont  ordinairement  les  sept  premières  ont  cha- 
cune une  paire  cle  pieds,  et  dont  les  suivantes  et 
denières ,  au  nombre  de  sept  au  plus ,  forment  une 
sorte  de  queue,  terminée  par  des  nageoires  ou  des 
appendices  en  forme  de  stylets.  La  tête  nous  offre 
quatre  antennes,  dont  les  deux  mitoyennes  sont 
supérieures ,  deux  yeux,  et  une  bouche  composée  de 
deux  mandibules  ,  d'une  langue,  de  deux  paires  de 
mâchoires,  et  d'une  sorte  de  lèvre  formée  par  deux 
pieds -mâchoires  correspondants  aux  deux  supé- 
rieures des  décapodes;  ainsi  que  dans  les  stoma- 
podeSj  il  n'existe  plus  de  flagre.  Les  quatre  der- 
niers pieds-mâchoires  sont  transformés  en  pattes, 
tantôt  simples,  tantôt  terminés  en  pince,  mais  pres- 
que toujours  à  un  seul  doigt  ou  crochet. 

Suivant  les   observations    de  MM.    Audouin    et 
Milne  Edwards,    les  deux  cordons  ganglionnaires 
de  la  moelle  épinière  seroient  parfaitement  symé- 
triques   et   distincts   dans   toute  leur  longueur  ;  et 
d'après  des  observations  de  M.  le  baron  Cuvier, 
les  cloportes  ne  s'en  éloigneraient  qu'en  ce  que  ces 
cordons  ne  présenteraient  pas  dans  tous  les    seg- 
ments du  corps  la  même  uniformité  ,  et  qu'ils  au- 
raient quelques  ganglions  de  moins  (voy.,  ci-après, 
l'article  cloporte  ).  Ainsi,  d'après  eux,  le  système 
nerveux  de  ces  crustacés  serait  le  plus  simple  de 
tous.  Dans  les  cymothoés  et  les  idolées,  les  deux 
chaînes  de  ganglions  ne  seraient   plus  distinctes  ; 
ceux  qui  viennent  immédiatement  à  la   suite  des 


EN    GÉNÉRAL.  1  l3 


deux  céphaliques  formeraie  nt  autan  t  de  petites  masses 
circulaires,  situées  sur  la  ligne  médiane  du  corps  ; 
mais  les  cordons  de  communication  qui  servent  à 
les  unir  entre  eux  pour  former  une  chaîne  con- 
tinue, resteraient  isolés  et  accolés  l'un  à  l'autre. 
Il  semblerait ,  d'après  ces  faits ,  que  ces  derniers 
crustacés  seraient,  sous  ce  point  de  vue ,  plus  élevés 
dans  l'échelle  animale  ,  que  les  précédents;  mais 
d'autres  considérations  nous  paraissent  éloigner  for- 
tement les  talitres  des  cloportes,  et  placer  dans  un 
rang  intermédiaire  les  cjmothoés  et  les  idotées. 

Les  organes  sexuels  sont  situés  inférieurement  vers 
la  naissance  de  la  queue.  Les  deux  premiers  appen- 
dices dont  elle  est  garnie  en  dessous,  et  qui  sont  les 
analogues  de  ceux  que  cette  partie  nous  a  offerts  dans 
les  crustacés  (précédents,  mais  plus  diversifiés  ici , 
et  portant  toujours,  à  ce  qu'il  paraît,  les  branchies, 
différent  ,  sous  ces  rapports,  selon  les  sexes.  L'ac- 
couplement se  fait  à  la  manière  de  celui  des  in- 
sectes, le  mâle  étant  placé  sur  le  dos  de  la  fe- 
melle ;  celle  -  ci  porte  les  œufs  sous  la  poitrine  ; 
entre  des  écailles,  formant  une  sorte  de  poche. 
Ils  s'y  développent ,  et  les  petits  restent  attachés  aux 
pieds  ou  à  d'autres  parties  du  corps  de  leur  mère  , 
jusqu'à  ce  qu'ils  aient  assez  de  force  pour  nager  et 
se  suffire  à  eux-mêmes.  Tous  ces  crustacés  sont 
petits ,  et  vivent,  pour  la  plupart,  soit  sur  les  rivages 
de  la  mer,  soit  dans  les  eaux  douces.  Quelques-uns 
sont  terrestres;  on  en  connaît  de  parasites. 

tome  îv.  8 


Il4  CRUSTACÉS 

Ces  animaux  se  partagent  en  trois  ordres  :  ceux 
dont  les  mandibules' sont  munies  d'un  palpe  pa- 
raissent se  lier  naturellement  avec  les  crustacés 
précédents ,  tels  sont  les  ampbipodes  ;  ceux  où  ces 
organes  en  sont  dépourvus  composeront  les  deux 
ordres  suivants,  les  laemodipodes  et  les  isopodes. 
Les  cyames,  genre  du  second,  étant  parasites, 
nous  conduiront  naturellement  aux  bopyres  et 
aux  cymotboés  ,  par  lesquels  nous  commençons 
les  isopodes. 


LE   TROISIÈME  ORDRE  DES  CRUSTACÉS, 

Les  AMPHIPODES.  (Amphtpoda.  )  . 

Sont  les  seuls  malacostracés  à  yeux  sessiles  et 
immobiles  ,  dont  les  mandibules  soient ,  ainsi  que 
celles  des  crustacés  précédents,  munies  d'un  palpe; 
les  seuls  encore  dont  les  appendices  sous-caudaux , 
toujours  très  apparents,  re&emblent,  par  leur  forme 
étroite  et  alongée ,  leurs  articulations  et  leurs  bifur- 
cations ou  antres  découpures,  ainsi  que  par  les  poils 
ou  les  cils  dont  ils  sont  garnis,  à  de  fausses  pattes 
ou  à  des  pieds  nageoires.  Dans  les  malacostracés  des 
ordres  suivants,  ces  appendices  ont  la  forme  de  la- 
mes ou  d'écaillés;  ces  cils  ou  ces  poils  paraissent 
constituer  ici  les  branchies.  Beaucoup  offrent ,  ainsi 
que  les  stomapodes  et  les  laemodipodes,  des  bourses 


AMPHIPODES.  Il5 

vésiculaires,  placées  soit  entre  les  pattes ,  soit  à  leur 
base  extérieure,  dont  on  ignore  l'usage. 

La  première  paire  cle  pieds  ;  ou  celle  qui  cor- 
respond aux  seconds  pieds-mâchoires ,  est  toujours 
annexée  à  un  segment  propre ,  le  premier  après  la 
tête.  Les  antennes,  dont  le  nombre, à  uneseule  excep- 
tion près  (  les  phronimes  )  est  de  quatre  ,  sont  avan- 
cées ,  s'amincissent  graduellement  pour  se  terminer 
en  pointe ,  et  se  composent,  comme  dans  les  crus- 
tacés précédents,  d'un  pédoncule,  et  d'une  tige 
unique,  ou  accompagnée  au  plus  d'un  petit  rameau 
latéral,  et  le  plus  souvent  pluriarticulée.  Le  corps 
est  ordinairement  comprimé  et  courbé  en  dessous 
postérieurement.  Les  appendices  du  bout  de  la 
queue  ressemblent  le  plus  souvent  à  de  petits  stylets 
articulés.  La  plupart  de  ces  crustacés  nagent  et 
sautent  avec  facilité,  et  toujours  de  côté.  Quel- 
ques-uns se  trouvent  dans  les  ruisseaux  et  les  fon- 
taines, et  souvent  réunis  par  couples,  composés 
des  deux  sexes;  mais  le  plus  grand  nombre  habite 
les  eaux  salées.  Ces  crustacés  sont  d'une  couleur 
uniforme,  tirant  sur  le  rougeâtre  ou  le  verdâtre. 
Ils  pourraient  être  compris  dans  un  seul  genre, 
celui 

Des  Crevettes.  (  Gammarus.  Fab.  ) 

Que  l'on  peut  partager  d'abord ,  d'après  la  forme  et 
le  nombre  des  pieds  ,  en  trois  sections. 

i°  Ceux  qui  ont  quatorze  pieds,    tous  terminés  par  un 
crochet,  ou  en  pointe  et  au  nombre  de  quatorze. 

8* 


Il6  CRUSTACÉS 

i°  Ceux  dont  le  nombre  des  pieds  est  encore  de  quatorze, 
mais  où  ces  organes,  ou  les  quatre  derniers  au  moins,  sont 
mutiques  et  simplement  natatoires. 

3°  Ceux  qui  n'ont  que  dix  pieds  apparents. 

La  première  section  se  partagera  en  deux. 

Les  uns  (UroptÈres,  Uroptera.  Latr.)  ont  la  tête  généra- 
lement grosse,  les  antennes  souvent  courtes  et  simplement 
au  nombre  de  deux  dans  quelques-uns,  et  le  corps  mou;  tous 
les  pieds,  la  cinquième  paire  au  plus  exceptée,  simples;  les 
antérieurs  courts  ou  petits,  et  la  queue,  soit  accompagnée 
au  bout  de  nageoires  latérales,  soit  terminée  par  des  appen- 
dices ou  pointes  élargis  et  bidentés  ou  fourchus  à  leur  extré- 
mité postérieure.  Ils  vivent  dans  le  corps  de  divers  acalèphes, 
ou  méduses  de  Linnaeus,  et  de  quelques  autres  zoophytes. 

Ici,  comme  dans 

Les  Phronimes  (Phronima.  Latr.  ), 

Il  n'y  a  que  deux  antennes  (très  courtes  et  biarticulées); 
la  cinquième  paire  de  pieds  est  la  plus  grande  de  toutes,  et 
terminée  en  pince  didactyîe;  les  appendices  du  bout  de  la 
queue  sont  au  nombre  de  six,  et  en  forme  de  stylets,  alongés, 
fourchus  ou  bidentés  à  leur  extrémité;  Ton  voit  six  sacs  vé- 
siculeux  entre  les  dernières  pattes.  Il  paraît  qu'il  en  existe 
plusieurs  espèces,  mais  qu'on  n'a  point  décrites  d'une  ma- 
nière comparative  et  rigoureuse.  Celle  qui  a  servi  de  type 
est 

Le  Phronime  sédentaire  (  Cancer  sedentarius ,  Forsk. , 
Faun.  arab.,  p.  g5;  Latr.,  Gêner,  crust.  et  insect,  I,  n  , 
2,  3.  )  se  trouve  dans  la  Méditerranée,  et  se  loge  dans  un 
corps  membraneux ,  transparent,  en  forme  de  tonneau, 
paraissant  provenir  du  corps  d'une  espèce  de  beroë. 

Le  Phronime  sentinelle  de  M.  Risso  (Crust.  ,  II,  3.  )  vit 

dans  l'intérieur  des  méduses,  formant  les  genres  équorée 

et  géronie  de  Péron  et  de  Lesueur.  Une  autre  espèce,  selon 

M.  Leach,  a  été  observée  sur  les  côtes  de  la  Zélande. 

Là,  les  antennes  sont  au  nombre  de  quatre;  tous  les  pieds 

sont  simples;   la  queue  a  ,  de  chaque  côté  de  son  extrémité, 

une  nageoire  lamelleuse  ou  foliacée,   dont  les  lames  sont 

acuminées  ou  unidentées  aubout. 


AMPH1P0DES.  II7 

Les  Hypéries.  (Hyperia.  Latr.  ) 

Dont  le  corps  est  plus  épais  en  devant;  dont  la  tête  est 
occupée,  en  majeure  partie  ,  par  des  yeux  oblongs  et  un  peu 
échancrés  au  bord  interne;  dont  deux  des  antennes  sont 
aussi  longues  au  moins  que  la  moitié  du  corps ,  et  terminées 
par  une  tige  sétacée,  longue  et  composée  de  plusieurs  pe- 
tits articles  (1).  * 

Les  Phrosines.  (Phrosine.  Risso.) 

Semblables,  pour  la  forme  du  corps  et  celle  de  la  tête, 
aux  hypéries,  mais  dont  les  antennes  sont  au  plus  de  la 
longueur  de  cette  partie,  de  peu  d'articles  en  forme  de  stylet, 
ou  terminées  par  une  tige  en  cône  alongé  (1). 

Les  Dactylocères.  (Dactylocera.  Latr.) 

Dont  le  corps  n'est  point  épaissi  en  devant;  dont  la  tête 
est  de  grosseur  moyenne,  déprimée,  presque  carrée,  avec 
les  yeux  petits;  et  dont  les  quatre  antennes,  fort  courtes  et 
de  peu  d'articles ,  ainsi  que  dans  les  phrosines  ,  sont  de  for- 
mes diverses  :  les  inférieures  étant  menues,  en  forme  de 
stylet,  et  les  supérieures  étant  terminées  par  une  petite  lame 
concave  au  côlé  interne,  et  représentent  une  cuiller  ou  une 
pince  (3). 

Les  autres  (Crevettines;  Gummarinœ.  Lat.  )  ont  toujours 
quatre  antennes  ;  le  corps  revêtu  de  téguments  coriaces, 
élastiques  ,  généralement  comprimé  et  arqué  ;  l'extrémité 
postérieure  de  la  queue  est  dépourvue  de  nageoires;  ses 
appendices    sont    en,    forme    de-  stylets    cylindriques    ou 


(1)  Cancer  monoculoides ,  Montag.  ,  Trans.,  linn.  Soc,  XI,  n,  3; 
—  Hypérie  de  Le sueur ,  Latr.,  Encyelop.  rnéthod.  ,  atl.  d'hist.  nat.  , 
cccxxviii,  17,  18;  Desmar. ,  Consid.,  pag.  2  58. 

(2)  Phrosina  macropthabna  ,  Risso,  Journ.  de  phys.  ,  octob.  1822  ; 
Desmar.  ,  ibid.  ,  p.  259;  Cancer  galba,  Montag,  Trans.  linn.  ,  Soc. 
XI,  11,  2. 

(3)  Phrosina  semilunata  ,  Risso  ,  ibid. ,•  Desmar. ,  ibid.  La  tige  des  an- 
tennes inférieures  présente  deux  ou  trois  articles  ,  au  lieu  que ,  dans  les 
phrosines ,  elle  est  inarticulée.  Ici  encore  les  articles  des  pédoncules  des 
mêmes  antennes  sont  plus  courts. 


1  l8  CRUSTACÉS 

coniques.  Deux  au  moins  de  leurs  quatre  pieds  antérieurs 
sont  le  plus  souvent  terminés  en  pince. 

Les  bourses  vésiculaires ,  dans  ceux  où.  on  les  a  observées 
(les  crevettes.  Lat.  ),  sont  situées  à  la  base  extérieure  des 
pieds  ,  à  commencer  à  la  seconde  paire,  et  accompagnées 
<''une  petite  lam^.  Les  écailles  pectorales  renfermant  les 
œufs,  sont  au  nombre  de  six. 

Tantôt  les  quatre  antfennes  ,  quoique  de  proportions  dif- 
férentes dans  plusieurs,  ont  essentiellement  la  même  forme 
et  les  mêmes  usages  ;  les  inférieures  ne  ressemblent  point  à 
des  pieds  et  n'en  font  point  les  fonctions. 

Un  sous-genre,  que  nous  avons  établi  sous  la  dénomi- 
nation 

D'ÏONE    (ÏONE.  ), 

Mais  uniquement  d'après  une  figure  de  Montagu  {Oniscus 
tlwracicus ,  Trans. ,  linn.  Soc,  IX  ,  ni ,  3  ,  4.)  ?  nous  présente 
des  caractères  très  particuliers  et  qui  l'éloiguent  de  tous  les 
autres  du  même  ordre.  Le  corps  se  compose  d'environ  quinze 
articles,  mais  que  l'on  ne  distingue  que  par  des  incisions 
latérales  ,  en  forme  de  dents.  Les  quatre  antennes  sont  très 
courtes  5  les  externes  ,  plus  longues  que  les  deux  autres, 
sont  seules  visibles,  lorsque  l'animal  est  vu  sur  le  dos.  Les 
deux  premiers  segments  du  corps  sont  pourvus  chacun,  dans 
la. femelle,  de  deux  cirrhes  alongés,  charnus,  aplatis,  sem- 
blables à  des  rames.  Les  pattes  sont  très  courtes,  cachées 
sous  le  corps  et  crochues.  Les  six  derniers  segments  sont 
munis  d'appendices  latéraux  ,  charnus,  alongés  9  fascicules, 
simples  dans  le  mâle,  en  rameaux  dans  l'autre  sexe.  On  voit 
aussi,  à  l'extrémité  postérieure  du  corps,  six  autres  appen- 
dices simples  ,  recourbés  ,  et  dont  deux  plus  grands  que  les" 
autres.  Les  valves  abdominales  sont  très  grandes,  recouvrent 
toute  la  partie  inférieure  du  corps,  et  forment  une  espèce 
de  réceptacle  pour  les  œufs.  Ce  crustacé  se  tient  caché  sous 
le  test  àe\& callianasse  souterraine ,  ety  forme  sur  l'un  de  ses 
côtés  une  tumeur.  Montagu  a  conservé  en  vie,  pendant  plu- 
sieurs jours,  ce  crustacé,  qu'il  avait  retiré  de  sa  demeure. 
Les  femelles  sont  toujours  accompagnées  de  leurs  mâles ,  qui 
se  fixent  solidement  sur  leurs  appendices  abdominaux,  à 


AMPHIPODES.  ÎIQ 

l'aide  de  leurs  pinces.  Ce  cruslacé  est  raie ,  et  se  rapproche, 
à  Tégard  de  ses  habitudes,  des  bopyres.  (  Voyez  les  Annales 
des  sciences  naturelles  ,  décembre  1826  7  XLIX,  10,  le  mâle; 
11,  la  femelle.  ) 

Tous  les  amphipodes  suivants  ont  les  segments  du  corps 
parfaitement  distincts  dans  toute  leur  étendue,  et  aucun 
d'eux  et  dans  aucun  sexe  n'offre  ces  longs  arrhes,  en  forme 
de  rames  ,  que  Ton  voit  aux  deux  premiers  des  iones. 

Dans  ceux-ci,  la  griffe  ou  le  doigt  mobile,  lorsqu'il  existe 
des  pieds  terminés  en  pince,  n'est  formée  que  d'un  seul  ar- 
ticle. 

Parmi  ces  derniers,  il  en  est  dont  les  antennes  supérieures 
sont  beaucoup  plus  courtes  que  les  inférieures  et  même  que- 
leur  pédoncule;  la  tige  de  celles-ci  est  composée  d'un  grand 
nombre  d'articles. 

Les  Orchesties.  (Orchestia.  Leach.  ) 

Ont  les  seconds  pieds  terminés  ,  dans  les  mâles  ,  par  une 
grande  pince  ,  avec  la  griffe  ou  le  doigt  mobile  long,  un |peu 
courbe;  et  par  deux  doigts  dans  les  femelles.  Le  troisième 
article  des  antennes  inférieures  est  au  plus  de  la  longueur  de 
celles  des  deux  précédents  réunis  (1). 

Les  Talitres.  (  Talitrus.  Lat.  ) 

N'ont  aucun  pied  en  forme  de  serre. 

Le  troisième  article  des  antennes  inférieures  est  plus  long 
que  les  deux  précédents  réunis  ;  ces  antennes  sont  grandes, 
épineuses  (2). 

Dans  les  suivants,  les  antennes  supérieures  ne  sont  jamais 
beaucoup  plus  courtes  que  les  inférieures. 

Quelques-uns,  ayant  d'ailleurs  leurs  antennes  alongées, 
sétacées,  et  terminées  par  une  tige  pluriarticulée  et  sans 
serres  remarquables,  se  rapprochent  des  précédents, en  ce  que 


(1)  Oniscus  gamarellus ,  Pall.  ,  Spicil.  zool.  ,  fasc.  IX  ,  iv  ,  8; 
Cancer  gammarus  liltoreus ,  Montag.  ;  Desmar.  ,  Consid.  ,  pag.  261  , 
xlv  ,  3. 

(2)  Oniscus  iocusta,  Pall.  ,  Spicil_,  zool. ,  fasc,  IX,  iv ,  7  ;•  Cancer 
gammarus  saltator ,  Montag.  ;  Desm.  ,  Consid. ,  xlv,  5. 


120  CRUSTACES 

les  antennes  supérieures  sont  un  peu  plus  courtes  que  les 
inférieures,  et  s'éloignent  encore  des  suivants  par  la  forme 
de  leur  tête,  rétrécie  par  devant,  en  manière  de  museau. 
Tels  sont 

Les  Atyles  (Atylus.  Leach.  )   (i), 

Tous  ceux  qui  succèdent  ont  les  antennes  supérieures 
aussi  longues  ou  plus  longues  que  les  inférieures,  et  leur 
tête  n'avance  point  en  manière  de  museau. 

Ici,  comme  dans  les  cinq  genres  suivants  du  docteur/ 
Leach,  le  pédoncule  des  antennes  est  formé  de  trois  arti- 
cles (2). 

Quelques-uns  offrent,  dans  leurs  antennes  supérieures, 
un  caractère  unique  dans  cet  ordre  ;  l'extrémité  interne  du 
troisième  article  de  leur  pédoncule  porte  unpetit  filet  articulé. 
11  distingue 

Les  Crevettes  ou  Chevrettes.  (  Gammarus.  Lat.  ) 

Les  quatre  pieds  antérieurs  sont  en  forme  de  petites  serres, 
avec  la  griffe  ou  le  doigt  mobile  se  repliant  en  dessous. 

L'espèce  la  plusconnue,  et  d'après  laquelle  cette  coupe  a 

été  établie,  est  la  Crevette  des  ruisseaux  {  Cancer  pulex  , 

Lin.  ),  Squilla  pulex ,  Deg.,  Insect.,  VII,  xxxin,  1,2. 

Les  autres  espèces  sont  marines  (3). 

Les  antennes  des  suivants  sont,  ainsi  que  dans  tous  les  au- 
tres amphipodes,  simples  ou  sans  appendices. 

Les  Mélites.  (Melita.  Leach.) 

Ont  les  seconds  pieds  terminés  ,  dans  les  mâles  ,  par  une 
pince  grande,  comprimée,  avec  la  griffe  repliée  sous  sa  face 


(1)  Atylus  carinatus  x  Leach,  Zool.  mise,  lxix;  Desmar. ,  Consid.  , 
pag.  262  ,  xlv  ,  4  '  Gammarus  carinatus ,  Fab.  •  —  G.  nugax  ?  ejusd.  ; 
Phipps  ,  Yoy.  au  Pol.  bor. ,  xn ,  2  ? 

(2)  Le  troisième  article  du  pédoncule  peut  devenir  très  petit ,  et  s'assi- 
miler ainsi  aux  suivants  ,  ou  ceux  de  la  tige  ;  ce  pe'doncule  ,  comme  dans 
les  déxamines ,  ne  paraît  alors  composé  cpie  de  deux  articles.  La  tige, 
dans  la  me'thode  du  docteur  Leacli ,  est  censée  former  un  autre  article  , 
mais  composé. 

(3)  Voyez  Desmar. ,  Consid. ,  pag.  265-267. 


AMPHIPODES.  121 

interne.  Les  antennes  sont  presque  d'égale  longueur.  L'extré- 
mité postérieure  du  corps  offre,  de  chaque  côté,  une  petite 
lame  foliacée  (i). 

Les  IVLera.  (IVLera.  Leach.) 

Dont  les  seconds  pieds  sont  pareillement  terminés  dans 
les  mâles  en  une  grande  pince  comprimée,  mais  dont  la 
griffe  se  replie  sur  sa  tranche  inférieure  et  n'est  point  ca- 
chée. Les  antennes  supérieures  sont  plus  longues  que  les 
inférieures,  et  l'extrémité  postérieure  du  corps  ne  présente 
point  de  lames  en  feuillet  (2). 

Les  Ampithoes.  (Ampithoe.  Leach.) 

Où.  les  quatre  pieds  antérieurs  sont  à  peu  près  identiques 
dans  les  deux  sexes,  et  dont  l'avant-dernier  article  ou  la  main 
est  ovoïde  (3). 

Les  Pheruses.  (Pherusa.  Leach.) 

Qui  ne  diffèrent  des  ampithoes  qu'en  ce  que  les  mains  des 
serres  sont  filiformes  (4). 

Là ,  le  pédoncule  des  antennes  n'est  composé  que  de  deux 
articles  (  le  troisième  se  confondant  par  sa  petitesse  avec 
ceux  de  la  tige,  ou  formant  celui  de  sa  base)  ;  les  supérieu- 
res sont  plus  longues  que  les  inférieures.  Tous  les  pieds  sont 
simples  ou  sans  pinces.  Tels  sont 

Les  Déxamines.  (  Dexamine.  Leach.  )  (5) 

Dans  ceux-là  la  griffe  ou  le  doigt  mobile  des  deux  pinces 
est  biarticuîée. 

Les  antennes  sont  d'égale  longueur. 

(i)  Cancer palmatus,  Montag.,  Trans.linn.  Soc,  VII,  p. 69;  Encyclop. 
méthod.  ,  atl.  d'hist  natur. ,  cccxxxvi ,  3i  ;  Desmar. ,  Consid. ,  xlv  ,  7. 

(2)  Cancer  gammarus  grosimanus ,  Montag.,  Trans.  Soc.  linn. ,  IX, 
IV,  5  ;  Desmar. ,  Consid. ,  pag.  264. 

(3)  Cancer  rubricatus ,  Montag.,  Trans.  linn.  Soc,  IX,  pag.  99.  ; 
Encyclop.  méthod.,  atl.  d'hist.  natur.,  cccxxxvi ,  33 ;  Desmar.,  Consid., 
xlv,  9;  —  Oniscus  cancellus ,  Pall.  ,  Spicil.  zool. ,  iasc  IX,  ni,  18  - 
Gammarus  cancellus ,  Fab. 

(4)  Pherusafucicola  ,  Leach;  Trans.  linn.  Soc,  XI,  p.  36o;  Desmar., 
Consid. ,  p.  2I8. 

(5)  Cancer  gammarus  spinosus  ,  Montag. ,  Trans.  Soc.  linn. ,  XI  y 
pag.  3  ;  Desmar. ,  Consid. ,  xlv  ,  6. 


122  CRUSTACÉS 

Les  Leucothoes.  (  Leucothoe.  Leach.  ) 

Qui  ont  les  antennes  courtes,  avec  le  pédoncule  de  deux 
articles  ;  les  quatre  pieds  antérieurs  terminés  fortement  en 
pince;  les  griffes  des  deux  antérieurs  Inarticulées  ;  celles  de 
la  seconde  paire  d'un  seul  article  et  longues,  (i) 

Les  Cerapes.  (Ceraptjs.  Say.) 

Dont  les  antennes  sont  grandes  ,  avec  le  pédoncule  de 
trois  (les  supérieures  )  ou  quatre  (  les  inférieures  )  articles  •> 
dont  les  deux  pieds  antérieurs  sont  petits  ,  avec  une  griffe 
d'un  seul  article,  et  dont  les  deux  suivants  se  terminent 
par  une  grande  main  triangulaire,  unie,  dentée,  avec  la 
griffe  biarticulée. 

Le  Cérape  tubulaire  (  Cerapus  tubularis,  Thom.  Say, 
Jour,  of  the  Acad.  of  nat.  scienc.  of  Philad. ,  I,  îv,  7-1 1  '> 
Desm.,  Censid.,  XL\T,  2.  )  vit  dans  un  petit  tube  cylindri- 
que et  se  rapproche,  à  cet  égard,  du  sous-genre  suivant. 
On  le  trouve,  en  grande  quantité,  près  de  Egg-Harbourg , 
sur  les  côtes  maritimes  des  Etats-Unis,  parmi  les  sertulai- 
res ,  dont  il  paraît  se  nourrir. 

Tantôt  enfin  les  antennes  inférieures,  beaucoup  plus 
grandes  que  les  supérieures  ,  et  dont  la  tige  est  com- 
posée au  plus  de  quatre  articles,  ont  la  forme  de  pieds  , 
et  paraissent  servir,  du  moins  quelquefois,  d'organes  de 
préhension. 
Ici  les  seconds  pieds  sont  terminéspar  une  grande  pince. 

Les  Podoceres.  (  Podocerus.  Leach.  ) 
A  yeux  saillants  (2). 

Les  Jasses.  (  Jassa.  Leach.  ) 

A  yeux  non  saillants  (3). 

Là  aucun  des  pieds  n'est  terminé  par  une  grande  pince. 

(1)  Cancer  arliculo sus  ,  Montag. ,    Trans.  Hnn.   Soc.  ,  VII,  6;  Des- 
mar. ,  Consid. ,  pag.  263  ,  xlv  ,  5. 

(2)  Podocerus  variegalus ,  Leach,  Trans.   linn.  Soc.  ,  XI,  pag.  36 1  ?- 
Desmar. ,  Consid. ,  pag.  269. 

(3)  Jassa  pulchella ,   Leach,  ibià. ,  pag.    36 1  ;  Desmar.  ,  Consicîer.  , 
pag.  269. 


AMPHIPODES.  123 

Les  Corophies.  (  Corophium.  Lat.  ) 

La  Corophie  longues-cornes  (  Cancer  grossipes ,  Lin.  ); 
Gammarus  longicornis,Fab.'  Oniscus  volutator,  Pall.,  Spicil. 
zool. ,  fasc. ,  IX  ,  iv  ,  9;  Desm. ,  Corisid.  XLVI ,  1 7  appelée 
pernys  sur  les  côtes  de  La  Rochelle,  vit  dans  des  trous 
qu'elle  se  pratique  dans  la  vase,  couverte  en  grande  partie 
de  parcs  en  bois,  nommés  bouchots ,  par  les  habitants.  L'a- 
nimal ne  commence  à  paraître  qu'au  commencement  de  mai. 
Il  fait  une  guerre  continuelle  aux  néréides,  aux  amphinomes, 
aux  arénicoles  et  à  d'autres  annelides  marins  qui  font  leur 
séjour  dans  les  mêmes  lieux.  Il  n'est  rien  de  plus  curieux 
que  de  voir,  à  la  marée  montante  ,  des  myriades  de  ces  crus- 
tacés, s'agiter  en  tout  sens,  battre  la  vase  de  leurs  grands 
bras,  et  la  délayer,  pour  tâcher  d'y  découvrir  leur  proie. 
Ont- ils  trouvé  l'un  de  ces  annelides,  souvent  dix  et  vingt 
fois  plus  gros  qu'eux,  ils  se  réunissent  pour  l'attaquer  et  le 
dévorer.  Ils  ne  cessent  leur  carnage  que  lorsqu'ils  ont 
aplani  et  fouillé  toutes  les  vases.  Ils  se  jettent  même  sur  les 
mollusques,  les  poissons  et  les  cadavres  restés  à  sec.  Ils  mon- 
tent aux  clavons  renfermant  les  moules  ,  et  sur  elles.  Les 
boucholeurs  prétendent  même  qu'ils  coupent  les  soies  qui  y 
retiennent  ces  coquillages,  afin  de  les  faire  tomber  dans  la 
vase  et  pouvoir  ensuite  les  dévorer.  Ils  paraissent  se  multi- 
plier pendant  toute  la  belle  saison,  puisqu'on  trouve  à  di- 
verses époques  des  femelles  portant  leurs  œufs.  Les  oiseaux 
de  rivage  et  plusieurs  poissons  les  dévorent  à  leur  tour. 
Nous  sommes  redevables  de  ces  intéressantes  observations  à 
M.  d'Orbigny  père,  conservateur  du  Musée  de  La  Rochelle 
et  correspondant  de  celui  d'histoire  naturelle  de  Paris  (  Voy. 
l'article  Podocère  de  l'Encyclop.  méthod.  ). 

La  seconde  section  (  Heteropes,  Heteropa.  Lat.  )  est  com- 
posée de  ceux  qui  ont  quatorze  pieds,  dont  les  quatre  der. 
ni  ers  au  moins  nautiques  au  bout  et  uniquement  propres  à 
la  natation,  comprend  deux  sous-genres  (1). 

■  ■     ■     ■     ■  ....-■  ■  .,  m.  ■  ,  .        -       ■      —  1   -—  —  —        .  ■    ■    -  -■ 

(ï)  Cette  section  et  la  suivante  forment,  dans  la  première  édition  de 
cet  ouvrage,  la  seconde  des  isopodes,  celle  des  phytibranches .  Mais- 
outre  que  nous  avons  aperçu,  dans  quelques-uns  de  ces  crustace's,  des 
palpes  mandibulaires  ,  la  forme  des  appendices  sous-caudaux  nous  a  para 


1 24  CRUSTACÉS 

Les  Pterygocères.  (Pterygocera,  Lat.  ) 

Qui  ont  le  thorax  partagé  eu  plusieurs  segments  5  quatre 
antennes  garnies  de  soies  ou  de  poils,  formant  des  panaches; 
tous  les  pieds  natatoires,  el  dont  les  derniers  grands  et 
pinnés(i);  et  des  appendices  cylindriques  ,  articulés  ,  à 
l'extrémité  postérieure  du  corps. 

Les  Apseudes.  (Apseudes.  Leach.  — Eupheus.  Risso.) 

Qui  ont  aussi  le  thorax  divisé  en  plusieurs  segments,  mais 
dont  les  deux  pieds  antérieurs  sont  terminés  en  une  pince 
didactyîe;  dont  lesdeux  su  Vants  sont  élargis  en  une  massue, 
terminée  en  pointe  e*  aentelée  sur  les  bords;  dont  les  six 
suivants  sont  grêles  et  onguiculés  au  bout;  dont  les  quatre 
derniers  sont  natatoires.  Les  antennes  sont  simples.  Le  corps 
est  étroit,  alongé,  avec  deux  longs  appendices,  en  forme  de 
soie,  à  son  extrémité  postérieure  (2). 

La  troisième  et  dernière  section  (  Decempedes  ,  Decem- 
pedes. Latr.  )  se  compose  d'amphipodes  n'offrant  que  six 
pieds  distincts. 

Les  Typhis.  (ïyphis.  Risso.  ) 

N'ont  que  deux  antennes  très  petites.  La  tête  est  grosse , 
avec  les  yeux  point  saillants.  Chaque  paire  de  pieds  est  an- 
nexée à  un  segment  propre;  les  quatre  antérieurs  sont  ter- 
minés en  pince  didactyle.  De  chaque  côté  du  thorax  sont 
deux  lames  mobiles,  formant  des  sortes  de  battants  ou  de 
valves,  qui,  réunies,  et  l'animal  repliant  ses  pieds  et  sa  queue 
en  dessous,  ferment  inférieurement  le  corps,  et  lui  donnent 

les  rapprocher  beaucoup  plus  desamphipodes  que  des  isopodes.  Au  surplus, 
ainsi  que  nous  l'observons  plus  bas,  ces  animaux,  dont  nous  n'avons  vu 
qu'un  petit  nombre,  n'ont  pas  encore  cte'  bien  e'tudies. 

(1)  D'après  la  figure  de  Slabber  (Oniscus  arenarius,  Encylop.  me'tliod., 
atl.  d'hist.  natur. ,  cccxxx,  3  ,  4-)»  ^e  nombre  des  pieds  ne  serait  que  de 
huit;  mais  je  présume  ,  par  analogie,  qu'il  est  de  quatorze;  au  surplus, 
si  la  figure  est  exacte,  ce  genre  appartiendrait  à  la  section  suivante. 

(2)  Eupheus  ligioides,  Risso,  Crust. ,  IÏI ,  87;  Desmar. ,  Consid.  , 
3s85  ;  — Apseudes  talpa,  Leach;  Cancer  gam/narus  talpa,  Montag. , 
Trans.  linn.  Soc,  IX,  îv  ,  6.  ;  Desmar. ,  Consid.  ,  xi/vi  ,  9.  Voy\  aussi 
le  gammarus  heleroclitus  de  Viviani,  Phosphor.  maris,  II,  u,  12. 


AMPHIPODES.  125 

la  forme  d'un  sphéroïde.  L'extrémité  postérieure  de  la  queue 
est  dépourvue  d'appendices  (i). 

Les  Ancees.  (ànceus.  Risso.  —  Gnathia.  Leach.) 

Qui  ont  aussi  le  thorax  divisé  en  autant  de  segments  que 
de  paires  de  pieds,  mais  où  tous  ces  organes  sont  simples  et 
monodactyles.  Us  ont  d'ailleurs  quatre  antennes  (  sétacées). 
La  tête  est  forte,  carrée,  avec  deux  grandes  saillies  en  forme 
de  mandibules.  L'extrémité  de  la  queue  a  des  appendices 
foliacés,  en  forme  de  nageoires  (2). 

Les  Pranizes.  (Praniza.  Leach.  ) 

Ont  quatre  antennes  sétacées,  ainsi  que  les  ancées  ;  mais 
leur  thorax  ,  vu  en  dessus,  ne  présente  que  trois  segments  , 
dont  les  deux  premiers,  très  courts  ,  transversaux,  portant 
chacun  une  paire  de  pieds,  et  dont  le  troisième  ,  beaucoup 
plus  grand,  longitudinal ,  portant  les  autres.  Tous  les  pieds 
sont  simples.  La  tête  est  triangulaire,  pointue  en  devant, 
avec  les  yeux  saillants.  L'extrémité  postérieure  du  corps 
offre  aussi,  de  chaque  côté,  une  nageoire  (3). 

A  ce  même  ordre  des  amphipodes  paraissent  appartenir 
divers  autres  genres  de  MM.Savigny,  Rafinesque  et  Say  (4), 
mais  dont  les  caractères  n'ont  pas  été  donnés  ou  suffisam- 
ment développés.  Ceux  même  de  quelques-uns  des  sous- 
genres  que  je  viens  de  citer  sollicitent  un  nouvel  examen. 

M.  Milne  Edwards  a  recueilli  sur  plusieurs  de  ces  crusta- 
cés, des  observations  précieuses  et  détaillées,  qui  contribue- 
ront certainement  à  éclaircir  ce  sujet. 


(1)  Typhis  ovoïdes,  Risso  ,  Crust.  ,11,  9-  Desmar.  ,  Consid.  ,  pag. 
281  ,  xlvi,  5. 

'  (2)  Anceus forficularis  ,  Risso,  Crust.  ,  II,  10  ;  Desmar.  ,  Consid.  , 
xlvi,  6;  —  Anceus  maxillaris  ,•  Cancer  maxillaris ,  Montag.  ,  Trans. 
linn.  Soc,  VII,  vi,  2;  Desmar.,  ibid. ,  xlvi,  7. 

(3)  Oniscus  cœruleatuf,  Montag. ,  Trans.  linn.  Soc. ,  XI,  iv,  2  ;  En- 
cyclop.  métliod.  ,  ail.  d'hist.  nat.,  cccxxix,  28,  et  cccxxix,  24,  20; 
Desmar. ,  Consid. ,  xlvi  ,  8. 

(4)  Je  ne  puis  encore  rien  dire  du  G.  ergine  de  M.  Risso  :  il  semble , 
par  le  nombre  des  pieds  ,  appartenir  à  la  dernière  section  des  amphy- 
podes ,  et  par  la  manière  dont  ils  se  terminent  et  le  nombre  des  segments 
du  corps ,  se  ranger  avec  les  isopodes. 


2(>  CRUSTACÉS 


LE  QUATRIÈME  ORDRE  DES  CRUSTACÉS , 

Les  LJMODIPODES.  (  L^emodifoda.) 

Sont,  parmi  les  malacostracés  à  yeux  sessiles ,  les 
seuls  dont  l'extrémité  postérieure  du  corps  n'offre 
point  de  branchies  distinctes;  qui  n'aient  presque 
pas  de  queue  }  les  deux  dernières  pattes  étant  in- 
sérées à  ce  bout,  ou  le  segment  leur  servant  d'at- 
tache n'étant  suivi  que  d'un  à  deux  autres  articles 
très  petits.  Ils  sont  encore  les  seuls  où  les  deux 
pieds  antérieurs,  et  qui  répondent  aux  seconds 
pieds-mâchoires ,  fassent  partie  de  la  tête. 

Ils  ont  tous  quatre  antennes  sétacées  et  portées 
sur  un  pédoncule  de  trois  articles,  des  mandibules 
sans  palpes  ,  un  corps  vésiculaire  à  la  base  de  quatre 

paires  de  pieds  au  moins ,  à  commencer  à  la  seconde 
ou  à  la  troisième  paire,  y  compris  ceux  de  la  tête.  Le 
corps,  le  plus  souvent  filiforme  ou  linéaire,  est  com- 
posé, en  comptant  la  tête,  de  huit  à  neuf  articles^ 
avec  quelques  petits  appendices ,  en  forme  de  tuber- 
cules, à  son  extrémité  postérieure  et  inférieure.  Les 
pieds  sont  terminés  par  un  fort  crochet.  Les  quatre 
antérieurs,  dont  lesseconds  plus  grands,  sont  toujours 
terminés  en  pince  monodactyle  ou  en  griffe.  Dans 
plusieurs,  les  quatre  suivants  sont  raccourcis,  moins 
articulés,  sans  crochet  au  bout,  ou  rudimentaires, 
et  nullement  propres  aux  usages  ordinaires. 

Les  femelles  portent  leurs  œufs  sous  les  second 


L^EMODIPODES.  l'IJ 

et  troisième  segments  du  corps,   dans   une   poche 
formée  d'écaillés  rapprochées. 

Ces  crustacés  sont  tous  marins  ;  M.  Savigni  les 
considère  comme  avoisinant  les  pjcnogonides,  et 
faisant  avec  eux  le  passage  des  crustacés  aux  arach- 
nides. Dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage , 
ils  formaient  la  première  section  de  l'ordre  des  iso- 
podes,  celle  des  cislibranches. 

On  pourrait  n'en  former  qu'un  seul  genre,  auquel  , 
par  droit  d'ancienneté,  on  conserverait  le  nom 

De  Cyame.  (Cyajmus.  Latr.  ) 

Les  uns  (  Filiformes  ,  Filiformia ,  Latr.  )  ont  le  corps  long 
et  très  grêle  ou  linéaire,  avec  les  segments  longitudinaux  ; 
les  pieds  pareillement  alongés  et  déliés  ,  et  la  tige  des  an- 
tennes composée  de  plusieurs  petits  articles. 

lisse  tiennent  parmi  les  plantes  marines,  marchent  à  la 
manière  des  chenilles  arpenteuses ,  tournent  quelquefois 
avec  rapidité  sur  eux-mêmes,  ou  redressent  leur  corps  en 
faisant  vibrer  leurs  antennes.  Us  courbent,  en  nageant,  les 
extrémités  de  leur  corps. 

Les  Leptomeres.  (Leptomera.  Latr.  —  Proto.  Leach.  ) 

Ont  quatorze  pieds  (les  deux  annexés  à  la  tête  compris) 
complets  et  dans  une  série  continue. 

Ici,  comme  dans  nos  Leptomeres  propres  (  Gammarus  pe- 
datus ,  Mull.  ,  Zool.  dan.  ,  Cl  i ,  i  ) ,  tous  les  pieds,  à  l'ex- 
ception des  deux  antérieurs,  ont  un  corps  vésiculaire  à  leur 
base.  Là,  comme  dans  les  Protons  de  M.  Leach  (  Cancer  pé- 
dants ,  Montag.,  Trans.  linn.  Soc,  lï ,  6;  Encyclop.  méth., 
atl.  d'hist.  natur.,  CCCXXXVI,  38."),  ces  appendices  ne  sont 
propres  qu'aux  seconds  pieds  et  aux  quatre  suivants  (i). 

(i)  Rapportez  encore  aux  leptomeres  la  squilla  ventricosa  de  Mùller, 
Zool.  dan.,  lvi  ,  i-3  ;  Herbst.,  xxxvi ,  n  :  —  le  Cancer  llnearis  de  Lin- 
nseus  est  peut-être  conge'nère.  Il  lui  donne  six  pieds,  mais  sans  compter 
la  tête. 


32 8  CRUSTACÉS 

Les  Naupre'dies.  (Naupredia.  Latr.  ) 

N'ont  que  dix  pieds,  tous  dans  une  série  continue  )  les 
seconds  et  les  deux  paires  suivantes  ont  à  leur  base  un  corps 
vésiculaire  (i). 

Les  Chevrolles.  (Caprella.  Lamck.  ) 

ÏS'ont  pareillement  que  dix  pieds .  mais  dans  une  série  in- 
terrompue, à  commencer  inclusivement  au  second  segment, 
la  tête  non  comprise;  ce  segment  et  le  suivant  offrent  cha- 
cun deux  corps  vésiculaires  et  sont  totalement  dépourvus 
de  pattes  (i). 

Les  autres  (Ovales,  Ovalia.  Latr.)  laemodipodes  ont  le 
corps  ovale,  avec  les  segments  transversaux.  La  tige  des  an- 
tennes paraît  être  inarticulée.  Les  pieds  sont  courts  ou  peu 
alongés;  ceux  des  second  et  troisième  segments  sont  impar- 
faits et  terminés  par  un  long  article  cylindrique  et  sans  cro- 
chets; ils  ont,  à  leur  base,  un  corps  vésiculaire  alongé.  Ces 
laemodipodes  forment  le  sous-genre 

Des  Cyames  proprement  dits.  (  Cyamus.  Latr.  —  Larunda. 

Leach. ) 

J'en  ai  vu  trois  espèces  ,  qui  vivent  toutes  sur  des  cé- 
tacés, et  dont  la  plus  connue,  le  Cyame  de  la  baleine 
(  Oniscus  cetij  Lin.  ;  Pall.,  Spicil.  zool.,  fasc.  IX,  iv,  i4  ; 
Squille  de  la  baleine ,  Degéer.  ,  Ins. ,  Vil,  6,  vi  ;  Pycno- 
gonum  ceti ,  Fab.  ;  Savig. ,  Mém.  sur  les  anim.  sans  vert.  , 

(i)  Sous-genre  établi  sur  une  espèce  de  nos  côtes,  qui  me  paraît  ine'dite. 

(2)  La  squilla  lobata  de  Mûller,  Zool.  dan.  lvi,  4-6";  son  Gamma- 
rus  quadrilobatus ,  ibid. ,  cxiv,  12;  V Oniscus  scolopendroides  dePalIas, 
Spicil.  zoool. ,  fasc.  IX  ,  iv  ,  i5  ,  sont  des  chevroles;  mais  leur  distinc- 
tion spécifique  n'est  point  rigoureusement  caractérisée.  Nous  avions 
rapporté  à  la  première  le  cancer  linedris  de  Linnœus  ,  ce  qui  (  -voyez  la 
note  précédente  )  nous  paraît  aujourd'hui  douteux.  Son  cancer  filifor- 
mis  est  probablement  une  chevrplle;  le  Cancer  phasma  de  Montagu , 
Trans.  linn.  Soc,  VII,  vi,  2  ,  est  congénère.  La  figure  qu'il  en  a  donnée 
a  été  reproduite  dans  l'atl.  d'hist.  natur.  de  l'Encyclop.  métbod.  , 
pi.  cccxxxvt,  3.7.  Voyez,  pour  cet  ordre  et  ses  genres,  la  seconde  édition 
du  nouv.  Dict.  d'hist.  natur. ,  et  l'ouvrage  de  M.  Desmar.  ,  sur  les 
crustacés. 


CRUSTACÉS  ISOPODES.  129 

fasc.  I,  v,  1.  )  se  trouve  aussi  suc  le  maquereau  :  les  pê- 
cheurs l'ont  désignée  sous  le  nom.  de  Pou  de  baleine.  Une 
autre  espèce,  très  analogue,  a  été  rapportée  par  feu  Dela- 
lande  de  son  voyage  au  cap  de  Bonne-Espérance.  La  troi- 
sième ,  beaucoup  plus  petite,  se  trouve  sur  des  cétacés  des 
mers  des  Indes  orientales. 


LE  CINQUIÈME  ORDRE  DES  CRUSTACÉS , 

Les  Isopodes.  (Isopoda.  —  Polygonata ,  Fab. ,  îe  genre 
Monoculus  retranché.  )  (1) 

Se  rapprochent  des  lcemodipodes  par  l'absence 
de  palpes  aux  mandibules,,  mais  ils  s'en  éloignent 
sous  plusieurs  rapports;    les  deux  pieds  antérieurs 

(1)  MM.  Victor  Audouin  et  Milne  Edwards  nous  ont  donné  (Annales 
des  sciences  nat.,  août  1827,  p.  379-381),  des  observations  intéressantes 
sur  la  circulation  des  isopodes,  et  notamment  les  ligies.  Le  cœur  a  la  forme 
d'un  long  vaisseau,  étendu  au-dessus  de  la  face  dorsale  de  l'intestin.  Son 
extrémité  antérieure  donne  naissance  à  trois  artères ,  les  mêmes  que 
celles  des  décapodes.  On  voit  aussi  des  brandies  latérales  se  dirigeant  du 
cœur  vers  les  pattes.  Au  niveau  des  deux  premières  articulations  de  l'ab- 
domen (la  queue),  cet  organe  reçoit,  à  droite  et  à  gauche ,  de  petits 
canaux  (  vaisseaux  branchio-cardiaques  ) ,  qui  semblent  venir  des  bran- 
chies. D'après  leurs  expériences  sur  les  ligies  ,  il  paraîtrait  que  le  sys- 
tème veineux  est  moins  complet  que  dans  les  décapodes  macroures  ;  que 
le  sang ,  chassé  du  cœur  dans  diverses  parties  du  corps ,  passe  dans  des 
lacunes  que  les  organes  laisseraient  entre  eux  à  la  face  inférieure  du  corps, 
et  qui  communiqueraient  librement  avec  les  vaisseaux  afférents  des  bran- 
chies. Le  sang ,  après  avoir  traversé  l'appareil  respiratoire  ,  reviendrait 
au  cœur,  en  traversant  les  vaisseaux  branchio-cardiaques.  Cette  disposi- 
tion établirait  le  passage  du  système  circulatoire  des  crustacés  décapodes 
à  celui  de  certains  crustacés  branchiopodes.  Selon  M.  Cuvier,  les  deux 
cordons  anomaux  composant  la  partie  moyenne  du  système  nerveux  des 
cloportes  (et  probablement  des  autres  isopodes  et  même  des  amphipodes), 
ne  sont  pas  entièremeut  rapprochés,  et  on  les  distingue  bien  dans  toute 
leur  étendue.  Il  y  a  neuf  ganglions  sans  compter  le  cerveau  ;  mais  les 
deux  premiers  et  les  deux  derniers  sont  si  rapprochés  ,  qu'on  pourrait  les 

TOME    IV.  9 


l3o  CRUSTACÉS 

ne  sont  point  annexés  à  la  tête  ,  et  dépendent,  ainsi 
que  les  suivants,  d'un  segment  propre.  Ils  sont  tou- 
joursau  nombre  de  quatorze^  onguiculés,  et  sans  ap- 
pendice vésiculeux  à  leur  base.  Le  dessous  delà  queue 
est  garni  d'appendices  très  apparents,  sous  la  forme  de 
feuillets  ou  de  bourses  vésiculaires,  et  dont  les  deux 
premiers  ou  les  extérieurs  recouvrent   ordinaire- 
ment, totalement  ou  en  grande  partie,  les  autres. 
Le  corps  est  générament  aplati ,  ou  plus  large  qu'é- 
pais. La  bouche  se  compose  des  mêmes  pièces  que  dans 
les  crustacés  précédents  (  voyez  les  généralités  des 
malacostracés)  ;  mais  ici  celles  qui  répondent  auxdeux 
pieds-mâchoires  supérieurs  des  décapodes,  présentent 
encore  plus  que  dans  les  derniers  l'apparence  d'une 
lèvre  inférieure ,  terminée  par  deux  palpes.  Deux 
des  antennes  ,  les  mitoyennes,  s'oblitèrent  presque 
dans  les  derniers  crustacés  de  cet  ordre  ,    qui  sont 
tous  terrestres,  et  diffèrent  encore  des  autres  par 
leurs  organes  respiratoires.  Les  organes  sexuels  mas- 
culins s'annoncent  le  plus  souvent  par  la  présence 
d'appendices  linéaires  ou   filiformes,   et  quelque- 
fois de  crochets  placés  à  l'origine  interne  des  pre- 

réduire  à  sept.  Le  second  et  les  six  suivants  fonrnissent  des  nerfs  aux 
sept  paires  de  pattes;  les  quatre  antérieures ,  quoique  analogues,  par 
l'ordre  de  succession  des  parties,  aux  quatre  derniers  pieds-mâchoires  des 
décapodes ,  sont  re'ellement  des  pieds  proprement  dits.  Les  segment* 
qui  viennent  immédiatement  après  ,  ou  ceux  qui  forment  la  queue,  re- 
çoivent leurs  nerfs  du  dernier  ganglion  ;  ces  segments  peuvent  être  con- 
sidérés comme  de  simples  divisions  d'un  segment  unique  ,  représenté  par 
ce  ganglion  ;  aussi  voyons-nous  que  le  nombre  de  ces  segments  posté- 
rieurs varie. 


isopodes.  iti 

mières  lames  sous-caudales.  Les  femelles  portent 
leurs  œufs  sous  la  poitrine^  soit  entre  des  écailles, 
soit  dans  une  poche  ou  sac  membraneux  qu'elles 
ouvrent,  afin  de  livrer  passage  aux  petits ,  qui  nais- 
sent avec  la  forme  et  les  parties  propres  à  leur  es- 
pèce, et  ne  font  que  changer  de  peau  en  grandis- 
sant. Le  plus  grand  nombre  vit  dans  les  eaux.  Ceux 
qui  sont  terrestres  ont  encore  besoin,  ainsi  que  les 
autres  crustacés  vivant  aussi  hors  de  l'eau ,  d'une 
certaine  humidité  atmosphérique,  pour  pouvoir 
respirer  et  conserver  leurs  branchies  dans  un  état 
propice  à  cette  fonction. 

Cet  ordre ,  dans  Linnseus ,  embrasse  le  genre 

Des  Cloportes.  (Oniscus.  ) 

Que  nous  partagerons  en  six  sections. 

La  première  (Epicarides,  Epicarides ,  Latr.  )  se  compose 
d'isopodes  parasites,  sans  yeux  ni  antennes,  dont  le  corps 
est  très  plat ,  très  petit,  et  oblong  dans  les  mâles  ;  beaucoup 
plus  grand  dans  les  femelles  ,  en  forme  d'ovale  rétréci  et  un 
peu  courbé  postérieurement,  creux  en  dessous  ,  avec  un  re- 
bord thoracique,  divisé  de  chaque  côté  en  cinq  lobes  mem- 
braneux j  les  pieds  sont  situés  sur  ce  rebord,  très  petits,  re- 
coquillés,  et  ne  peuvent  servir  à  la  marche  ni  à  la  natation. 
Le  dessous  de  la  queue  est  garni  de  cinq  paires  de  petits 
feuillets  ciliés,  imbriqués ?  répondant  à  autant  de  segments, 
et  disposés  sur  deux  rangées  longitudinales  j  mais  l'extré* 
mité  postérieure  est  dépourvue  d'appendices.  La  bouche 
ne  présente  distinctement  que  deux  feuillets  membraneux, 
appliqués  sur  un  autre  de  même  consistance,  en  forme  de 
grand  quadrilatère.  La  concavité  inférieure,  formant  une 
sorte  de  corbeille  plate,  est  remplie  par  les  œufs.  Près  de 
leur  issue  se  trouve  constamment  l'individu  que  Ton  pré- 
sume être  ie  mâie.  Son  extrême  petitesse  semble  interdire 

9* 


IÔ2  CRUSTACÉS 

c 

toute  possibilité  de  copulation.  Suivant  M.  Desmarest,  il  est 
pourvu  de  deux  yeux;  son  corps  est  droit  et  presque  linéaire. 

Ces  crustacés  ne  forment  qu^un  seul  sous-genre,  celui 
Des  Bopyres.  (  Bopyrus,  Latr.  ) 

L'espèce  la  plus  commune  est  le  Bopyre  des  chevrettes 
(Bopyrus  crangoruniy  Latr.,  Gêner,  cru  s  t.  et  insecî.,  I,  ii4j 
Monoculus  crangorum  7  Fab.;  Fouger.  de  Bondar.,  Mém. 
de  l'Acad.  roy.  des  scienc.  ,  1772 ,  pi.  1 ;  Desmar. ,  Cons.  , 
XL1X  ,  8 — 13  ),  vit  sur  les  palémons  squille  et  porte- 
scie.  Placée  immédiatement  sur  les  branchies  et  au-dessous 
du  test,  elle  produit  sur  Fun  de  ses  côtés  une  grosseur  en 
forme  de  loupe.  Les  pêcheurs  de  la  Manche  croient  que  ce 
sont  des  individus  très  jeunes  de  plies  ou  de  soles. 

M.  Risso  en  a  décrit  une  autre  espèce  (  B.  des  palémons), 
et  sous  la  femelle  de  laquelle  il  a  observé  huit  à  neuf  cents 
petits  vivants  (1). 

La  seconde  section  (CymothoadÈs  ,  Cymotlioada  ,  Latr.) 
comprend  des  isopodes  à  quatre  antennes  très  apparentes, 
sétacées  et  presque  toujours  terminées  par  une  tige  pluriar- 
ticulée  ;  ayant  des  yeux,  une  bouche  composée  comme  d'or- 
dinaire (voyez  les  généralités  des  malacostracés  à  yeux  sessiles); 
des  branchies  vésiculeuses ,  disposées  longitudinalement  par 
paires;  la  queue  formée  de  quatre  à  six  segments,  avec  une 
nageoire  de  chaque  côté;  près  du  bout,  et  les  pieds  anté- 
rieurs le  plus  souvent  terminés  par  un  fort  onglet  ou  cro- 
chet. Ces  crustacés  sont  tous  parasites. 

Tantôt  les  yeux  sont  portés  sur  des  tubercules,  au  sommet 
de  la  tête;  la  queue  n'est  composée  que  de  quatre  segments. 

Les  Séroles.  (Serolis.  Leach.) 

Dont  on  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  (Cymothoa  para- 
doxa ,  Fab.  ).  Les  antennes  sont  placées  sur  deux  lignes ,  et 
terminées  par  une  tige  pluriarticulée.Sous  les  trois  premiers 
segments  de  la  queue,  entre  les  appendices  ordinaires,  il  y 
en  a  trois  autres  transverses  et  terminés  postérieurement  en 

—  ' -  1  II  ._     h  ^-Mll_ 

(1)  Voyez,  sur  ce  sous-genre,  l'ouvrage  de  M.  Desmares  t,  qui  l'a  décrit 
très  complètement. 


ISGPODES.  l55 

pointe  {Voyez,  pour  d'autres  détails,  Desmar.-,  Gonsid. 
sur  la  classe  des  crust.,  pag.  292-294). 

Tantôt  les  yeux  sont  latéraux  et  point  portés  sur  des  tu- 
bercules. La  queue  est  composée  de  cinq  à  six  segments. 

Ici  les  yeux  ne  sont  point  composés  d'yeux  lisses,  rappro- 
chés et  en  forme  de  petits  grains;  les  antennes  sont  sur  deux 
lignes  et  de  sept  articles  au  moins;  les  six  pieds  antérieurs 
sont  communément  terminés  par  un  fort  onglet. 

Dans  les  uns,  et  dont  la  queue  est  toujours  de  six  seg- 
ments ?  la  longueur  des  antennes  inférieures  ne  surpasse 
jamais  la  moitié  de  celle  du  corps. 

Nous  commencerons  par  ceux  dont  les  mandibules,  comme 
de  coutume,  ne  sont  point  outrés  peu  saillantes.  Ici  viennent 

Les  Cymothoés.  (Cymothoa.  Fab,) 

Dont  les  antennes  sont  presque  d'égale  longueur,  les 
yeux  peu  apparents,  avec  le  dernier  segment  de  la  queue  en 
carré  transversal,  et  les  deux  pièces  terminant  les  nageoires 
latérales,  linéaires  et  égales,  en  forme  de  stylet  (1). 

Les  Ichthyophiles.  (  Ichtdyoi>hilus.  Latr.  —  Nerocila , 

Livoneca.  Leach.  ) 

Ayant  aussi  les  antennes  d'égale  longueur  et  les  yeux  peu 
visibles,  mais  dont  le  dernier  segment  du  corps  est  presque 
triangulaire,  avec  les  deux  pièces  terminant  les  nageoires 
latérales,  en  forme  de  feuillets  ou  de  lames  (dont  l'extérieure 
plus  grande  dans  les  Nérociles ,  et  de  la  grandeur  de  l'autre 
dans  les  Livonèces)  (2). 

Dans  les  quatre  sous-genres  suivants,  les  antennes  supé- 
rieures sont  manifestement  plus  courtes  que  les  supérieures. 

Plusieurs  ont,  ainsi  que  les  cymothoés  ,  tous  les  pieds  ter- 
minés par  un  onglet  fort  et  très  arqué;  les  huit  derniers  ne 
sont  point  épineux;  les  yeux  sont  toujours  écartés  et  con- 
vexes. Ils  forment  trois  genres  dans  la  méthode  de  M.  Leach, 

(1)  Çymoilioa  œslru/n,  Fab.;  Desmar. ,  Consid. ,  xlvi,  6,  7; — C.  im- 
bricata,  Fab.  Voyez,  pour  les  autres  espèces  ,  Desmar.  ,  ibid. 

(2)  Voyez  le  même  ouvrage  de  M.  Desmarest,  pag.  307  ,  genres  né- 
rocile  et  livonèce ,  et  diverses  espèces  de  cimothoés  de  M.  Rissso,  pag.  3 10 
et3ii. 


l54-  CRUSTACÉS 

mais  que  l'on  peut  réunir  en  un  seul  sous-genre ,  sous  la  dé- 
nomination commune  de  l'un  d'eux,  celui 

De  Canolire.  (Canolira.  Leach. — e]usd.  A  nilocra.  Olencira.) 

Les  olencires  (i)  ont  les  lames  de  leurs  nageoires  étroites 
et  armées  de  piquants.  Dans  les  anilocres  (2) ,  la  lame  exté- 
rieure de  ces  nageoires  est  plus  longue  que  l'intérieure; 
c'est  l'inverse  dans  les  canolires  (3).  Ici,  en  outre,  les  yeux 
sont  peu  granulés,  tandis  qu'ils  le  sont  très  sensiblement 
dans  le  précédent. 

Dans  les  trois  sous-genres  suivants,  les  second,  troisième 
et  quatrième  pieds  sont  seuls  terminés  par  un  onglet  forte- 
ment courbé,  et  les  huit  derniers  sont  épineux.  Les  yeux 
sont  ordinairement  peu  convexes,  grands,  etconvergent  anté- 
rieurement. 

Les  AEga.  (  AEga.  Leach.  ) 

Ont  les  deux  premiers  articles  de  leurs  antennes  supé- 
rieures très  larges  et  comprimés.,  tandis  que  dans  les  deux 
sous-genres  qui  succèdent,  ces  articles  sont  presque  cylin- 
driques (4). 

Les  rocinÈles.  (Rocinela.  Leach.  ) 

Diffèrent  des  aega,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire  ,  par 
la  forme  des  deux  premiers  articles  de  leurs  antennes  supé- 
rieures ,  et  s'en  rapprochent  d'ailleurs  par  leurs  yeux  grands 
et  rapprochés  antérieurement  (5). 

Les  Conilires.  (Conilira.  Leach.  ) 

Ressemblent,  aux  rocinelles  par  leurs  antennes  ;  mais  les 
yeux  sont  petits,  écartés,  et  les  bords  des  segments  sont 
presque  droits  et  non  en  forme  de  faulx  et  proéminents  (6). 

Le  dernier  sous-genre,  parmi  ceux  de  cette  section  dont 


(1)  Desmar.  ,  Consid. ,  pag.  3o6. 

(2)  —  Ibid. ,  Item. ,  anilocre  du  Cap  ,  xlviii  ,  1 . 

(3)  —  Ibid. ,  pag.  3o5. 

(4)  —  Ibid.  ,  pag.  3o4,  œga  entaillée ,  xi/vn  ,  4  »  $• 

(5)  —  Ibid. ,  item. 

(6)  —  Ibid.  y  item. 


\ 


ISOPODES.  .  l35 

les  antennes  sont  sur  deux  lignes.,,  dont  la  queue  est  de  six 
segments,  et  dont  les  antennes  inférieures  <ont  toujours 
courtes,  se  distingue  de  tous  les  précédents  par  ses  mandi- 
bules fortes  et  saillantes.  C'est  celui 

De  Synodus.  (Synodus.  Latr.) 

Etabli  sur  une  seule  espèce  (  Voyez  cet  article  dans  YEn- 
cyclop.  méth.  ). 

Dans  ceux  qui  suivent,  la  queue  n'est  le  plus  souvent 
composée  que  de  cinq  segments.  La  longueur  des  antennes, 
inférieures  surpasse  la  moitié  de  celle  du  corps. 

Les  Cirolanes.  (Cirolana.  Leach.) 
Ont  six  segments  à  la  queue  (i). 

Les  Nélocires.  (  Nelocira.  Leach.  ) 
ÏN'en  ont  que  cinq.  La  cornée  des  yeux  est  lisse  (i). 

Les  Eurydiges.  (Eurydice.  Leach.  ) 

Semblables  aux  nélocires  par  le  nombre  des  segments 
caudaux,  s'en  éloignent  sous  le  rapport  de  leurs  yeux  gra- 
nuleux (3). 

Ce  sous-genre  nous  conduit  à  ceux  où  ces  organes  sont 
formés  de  petits  grains  ou  d'yeux  lisses  rapprochés,  qui  ont 
d'ailleurs  les  quatre  antennes  insérées  sur  une  même  ligne 
horizontale,  de  quatre  articles  au  plus,  et  tous  les  pieds  am- 
bulatoires. La  queue  est  composée  de  six  segments,  dont 
le  dernier  grand  et  suborbiculaire.  Tels  sont 

Les  Limnories.  (  Limnoria.  Leach.  ) 

La  seule  espèce  vivante  connue ,  la  Limnorie  tèrébrante 
(  Limnoria  te  rebrans ,  Leach ,  Édimb.,  Encyclop.,  Vil,  pag. 
433;  Desm.,  Consid.,  pag.  3 12) ,  quoique  n'ayant  guère  plus 
de  deux  lignes  de  long,  est  néanmoins,  par  ses  habitudes 
et  sa  multiplication,  très  nuisible.  Elle  perce  le  bois  des 
vaisseaux  en  divers  sens,  avec  une  promptitude  alarmante. 


(1)  Desmar. ,  Consid. ,  p.  3o3. 

(2)  —  lbid. .  pag.  3o2  ;  nélocire  de  Swainson  ,  xlviu  , 

(3)  —  lbid, ,  item. 


7 


l36  CRUSTACÉS 

Elle  se  roule  en  boule,  lorsqu'on  la  saisit.  On  la  trouve  dans 
diverses  parties  de  l'Océan  britannique. 

Le  professeur  Germar  a  envoyé  à  M.  le  comte  Dejean  la 
ligure  et  îa  description  d'un  petit  crustacé  fossile,  qui  nous 
a  paru  se  rapporter  à  ce  sous-genre  (i). 

La  troisième  section  (  Spheromides ,  Sphœromides ,  Lat.  ) 
nous  offre  quatre  antennes  très  distinctes,  sétacées  ou  coni- 
ques, et,  un  seul  sous-genre  excepté  {anthure),  toujours  ter- 
minées par  une  tige  divisée  en  plusieurs  petits  articles,  et 
courtes  )  les  inférieures,  toujours  plus  longues ,  sont  insé- 
rées sous  le  dessous  du  premier  article  des  supérieures,  qui 
est  épais  et  large.  La  bouche  est  composée  comme  de  cou- 
tume. Les  branchies  sont  vésiculeuses  ou  molles  ,  à  nu,  et 
disposées  longitudinalement  par  paires.  La  queue  ne  pré- 
sente que  deux  segments  complets  et  mobiles,  mais  ayant 
souvent  sur  le  premier  des  lignes  imprimées  et  transverses  ,. 
indiquant  les  vestiges  des  autres  segments  ;  de  chaque 
côté  de  son  extrémité  postérieure  est  une  nageoire  terminée 
par  deux  feuillets  ,  dont  l'inférieur  est  seul  mobile  ,  et 
dont  le  supérieur  (*2)  est  formé  par  un  prolongement  in- 
terne du  support  commun.  Les  appendices  branchiaux  sont 
recourbés  intérieurement  ;  le  côté  interne  des  premiers  est 
accompagné,  dans  les  mâles,  d'une  petite  pièce  linéaire 
et  alongée.  La  partie  antérieure  de  la  tête  située  au-dessous 
des  antennes  est  triangulaire  ou  en   forme  de  cœur   ren- 


versé. 


Les  uns  ont  le  corps  ovale  ou  obiong,  prenant  ordinaire- 
ment ,  dans  la  contraction  la  forme  d'une  boule }  les  anten- 
nes terminées  par  un  article  pluriarticulé,  et  les  inférieures 
au  moins  sensiblement  plus  longues  que  la  tête.  Les  nageoi- 
res latérales  et  postérieures  sont  formées  d'un  pédoncule  et 
de  deux  lames,  composant  avec  le  dernier  segment  une  na- 
geoire commune  en  éventail. 


(i)  Uoniscus  prcegustator ,  figuré  dans  Parkinson  ,  et  trouve  dans  des 
roches  cariées,  avoisine  cette  espèce  ,  ou  paraît  du  moins  appartenir  à  la 
même  section.  i 

(2)  ïl  se  replie  sur  le  bord  postérieur  du  dernier  segment ,  et  dans  plu- 
sieurs, tels  que  les  zuzares,    les  ne'sces,  de  M.  Leacli  ,  en  manière  de 


rinlre. 


1S0P0DES.  l5j 

Dans  ceux-ci,  les  lignes  imprimées  et  transverses  du  seg- 
ment antérieur  de  la  queue,  toujours  plus  court  que  le  sui- 
vant ou  dernier,  n'atteignent  pas  les  bords  latéraux.  Le  pre- 
mier article  des  antennes  supérieures  est  en  forme  de  pa- 
lette triangulaire. 

La  tête,  vue  en-dessus,  forme  un  carré  transversal.  Les 
feuillets  des  nageoires  sont  très  aplatis  ,  et  la  pièce  inter- 
médiaire ou  le  dernier  segment  est  élargi  et  arrondi  latéra- 
lement. 

Les  Zuzares.  (  Zuzara.  Leach.  ) 

Où  les  feuillets  des  nageoires  sont  très  grands,  et  dont  le 
supérieur,  plus  court,  s'écarte  de  l'autre,  pour  former  une 
bordure  ou  cintre  au  dernier  segment  (i). 

Les  Sphéromes.  (Sph;eroma.    Lat.  ) 

Où  les  feuillets  sont  de  grandeur  moyenne,  égaux  et  ap- 
pliqués l'un  sur  l'autre  (2). 

Dans  ceux-là ,  les  lignes  imprimées  ou  sutures  transverses 
du  segment  antérieur  de  la  queue  atteignent  ses  bords  la- 
téraux et  le  coupent.  Le  premier  article  des  antennes  supé- 
rieures forme  une  palette  alongée,  carrée  ou  linéaire. 

Les  feuillets  des  nageoires  sont  ordinairement  plus  étroits 
et  plus  épais  que  dans  les  précédents;  l'extérieur  emboîte 
quelquefois  (  cymodocées)  l'autre;  celui-ci  est  prismatique; 
leur  point  de  réunion  présente  l'apparence  d'un  nœud  ou 
d'un  article. 

Tantôt  le  sixième  segment  du  corps  est  sensiblement  plus 
long  dans  toute  sa  largeur  que  les  précédents  et  le  suivant. 

L'un  des  deux  feuillets  des  nageoires  est  seul  saillant. 

Les  Nese'es.  (NjESà.   — Campecopea.  Leach.)  (3). 

Tantôt  le  sixième  segment  du  corps  est  de  la  longueur  des 
précédents  et  du  suivant. 

(1)  Desmar.  ,  Consid. ,  pag.  298. 

(2)  — Ibid. }  pag.  299-302.  Sphérome  denté,  [xlvii ,  3;^ —  Oniscus 
serratus ,  Fab. 

(3)  Desmar. ,  Consid.  ;  nesée  bidentc'c ,  xlvii  ,  2;  —  Campecopée  velue  7 
ibid. ,  item  ,  1. 


l58  CRUSTACÉS 

Les  Cilicées.  (Cilic^a.  Leach.  ) 

Où  l'un  des  feuillets  des  nageoires  est  seul  saillant ,  l'au- 
tre s'adossant  contre  le  bord  postérieur  du  dernier  seg- 
ment (i). 

Les  Cymodocees.  (Cymodocea.  Leach.), 

Où  les  deux  feuillets  des  nageoires  sont  saillants  et  pa- 
reillement dirigés  en  arrière  ;  dont  le  sixième  segment 
n'est  point  prolongé  postérieurement  ,  et  dont  l'extré- 
mité du  dernier  offre  une  petite  lame,  dans  une  échau- 
crure  (2). 

Les  Dyn  amènes.  (  Dyn  amené.  Leach.  ) 

Semblables  aux  cymodocees  par  la  saillie  et  la  direction 
des  feuillets  des  nageoires,  mais  où  le  sixième  segment  se 
prolonge  en  arrière,  et  où  le  dernier  n'offre  qu'une  simple 
fente,  sans  lame  (3). 

Les  autres  ,  tels  que 

Les  Anthures  (Anthura.  Leach.  ), 

Ont  le  corps  vermiforme  et  les  antennes  à  peine  aussi  lon- 
gues que  la  tête,  de  quatre  articles.  Les  feuillets  des  na- 
geoires postérieures  forment,  par  leur  disposition  et  leur 
rapprochement ,  une  sorte  de  capsule. 

Les  pieds  antérieurs  sont  terminés  par  une  pince  mono- 
dactyle (4). 

Dans  la  quatrième  section  (Idoteïdes,  Idoteides,  Leach.), 
les  antennes  sont  aussi  au  nombre  de  quatre,  mais  sur  une 
même  ligne  horizontale  et  transverse  ;  les  latérales  se  termi- 
nent par  une  tige  finissant  en  pointe,  s'amincissant  graduel- 
lement et  pluriarticulée  ;  les  intermédiaires  sont  courtes, 
filiformes  ou  un  peu  plus  grosses  vers  le  bout,  de  quatre 

(1)  Desm.  ,  Consid. ,  Cilicée  de  Latreille  ,  xlviii,  3. 

(2)  Desmar,  ibid. ,  item  ,  xlviii  ,  4- 

(3)  Desmar. ,  ibid.  ,  pag.  297.- 

(4)  Desmar.,  ibid. ,  anthure  grêle,  xlvt,  i3;  Oniscus  gracilis  , 
Montag.  ,  Trans.  linn.  Soc,  IX,  v,  6j  —  Gammarus  hetevoclitus , 
Vivian.  ,  Phosph.  maris.  ,  11,  n,  12. 


ISOPODES.  i5q 

articles ,  dont  aucun  n'est  divisé.  La  composition  de  la  bou- 
che est  la  même  que  dans  les  sections  précédentes.  Les  bran- 
chies sont  en  forme  de  vessies  (  blanches  dans  la  plupart  ) , 
susceptibles  de  se  gonfler ,  de  servir  à  la  natation  ,  et  recou- 
vertes par  deux  lames  ou  valvules  du  dernier  segment,  ad- 
hérentes latéralement  à  ses  bords ,  longitudinales,  biarticu- 
lées,  et  s'ouvrant  au  milieu ,  par  une  ligne  droite,  comme 
deux  battants  de  porte.  La  queue  est  formée  de  trois  seg- 
ments ,  dont  le  dernier  beaucoup  plus  grand,  sans  appendi- 
ces au  bout,  ni  nageoires  latérales.  Ces  crustacés  sont  tous 
marins. 

Les  Idotées.  (Idotea.  Fab.) 

Ont  tous  les  pieds  fortement  onguiculés,  identiques;  le 
corps  ovale  ou  simplement  oblong,  et  les  antennes  latérales 
plus  courtes  que  la  moitié  du  corps  (i). 

Les  Sténosomes.  (Stenosoma.  Leach.  ) 

N'en  diffèrent  que  par  la  forme  linéaire  du  corps  et  la 
longueur  des  antennes,  surpassant  la  moitié  de  celle  du 
corps  (2). 

Les  x\rctures.  (  Arcturus.  Lat.  ) 

Sont  très  remarquables  par  la  forme  des  seconds  et  troi- 
sième pieds  ,  qui  se  dirigent  en  avant ,  et  se  terminent 
par  un  long  article  barbu  ,  et  mutique  ou  faiblement  ongui- 
culé; les  deux  antérieurs  sont  appliqués  sur  la  bouche  et 
onguiculés;  les  six  derniers  sont  forts,  ambulatoires ,  re- 
jetés en  arrière  et  bidentés  à  leur  extrémité.  Sous  le  rap- 
port de  là-longueur  des  antennes  et  de  la  forme  du  corps, 
ils  se  rapprochent  des  sténosomes. 

Je  n'ai  vu  quJune  seule  espèce  (  Arcturus  tuberculatus  ) 

(1)  Oniscus  entomon,  Lin.;  Souilla  entomon  ,  Deg. ,  Insect.,  VII, 
xxxn,  1,2; — Idotea  tricuspidata,  Latr.  ;  Desm.  ,  Consid. ,  xlvi,  11. 
Voyez ,  pour  les  autres  espèces ,  cet  ouvrage  et  l'article  Idotée  du  nouv. 
Dict.  d'hist.  natur. ,  2e  édit. 

(2)  Stenosoma  lineare ,  Leach  ;  Desmar.  ,  ibid.,  hem,  xlvi,  12;  — 
Stenosoma  hecticum,  ibid.;  Idotea  viridissima  ,  Risso,  Crust. ,  III ,  8. 
Voyez,  pour  les  autres  espèces  ,  l'ouvrage  de  M.  Desmarest. 


l4<>  CRUSTACÉS 

et  qui  a  été  rapportée  des  mers  du  Nord,  dans  l'une  de3 
dernières  expéditions  anglaises  au  pôle  arctique. 
La  cinquième  section  (  Asellotes  ,  Asellota,  Lat.  )  nous 
présente  des  isopodes  à  quatre  antennes  très  apparentes, 
disposées  sur  deux  lignes,  sétacées,  terminées  par  une  tige 
pluriarticulée;  deux  mandibules,  quatre  mâchoires,  recou- 
vertes à  l'ordinaire  par  une  espèce  de  lèvre  formée  par  les 
premiers  pieds-mâchoires  5  des  branchies  vésiculeuses ,  dis- 
posées par  paires,  recouvertes  par  deux  feuillets  longitudi- 
naux et  biarticulés,  mais  libres;  une  queue  formée  d'un 
seul  segment,  sans  nageoires  latérales,  mais  avec  deux  sty- 
lets bifides  ou  deux  appendices  très  courts  ,  en  forme  de  tu- 
bercules ,  au  milieu  de  son  bord  postérieur.  D'autres  appen- 
dices en  forme  de  lames,  situées  à  sa  base  inférieure,  plus 
nombreux  dans  les  mâles  ,  distinguent  les  sexes. 

Les  Aselles.  (  Asellus.  Geoff.  ) 

Ont  deux  stylets  bifides  à  l'extrémité  postérieure  du  corps, 
les  yeux  écartés,  les  antennes  supérieures  de  la  longueur  au 
moins  du  pédoncule  des  inférieures,  et  les  crochets  du  bout 
des  pieds  entiers. 

La  seule  espèce  connue  de  ce  sous-genre ,  1! } Asellc  d'eau 
douce  (Geoff.,  Ins.,  îï,  xxn,  2;  Squille  as elle ,  Deg. ,  In- 
sect.  ,  YII,  xxi ,  1  ;  Desm. ,  Consid. ,  xlix,  1  ,  2;  Idotea 
aquatica,  Fab.),  est  très  abondante  dans  les  eaux  douces 
et  stagnantes ,  ainsi  que  dans  les  mares  des  environs  de  Pa- 
ris. Elle  marche  lentement,  à  moins  qu'elle  ne  soit  ef- 
frayée. Au  printemps,  elle  sort  de  la  vase  où  elle  a  passé 
Tliiver.  Le  mâle,  beaucoup  plus  gros  que  la  femelle, 
porte  celle-ci  une  huitaine  de  jours,  en  la  retenant  avec 
les  pattes  de  la  quatrième  paire.  Lorsqu'il  l'abandonne  , 
elle  est  chargée  d'un  grand  nombre  d'œufs ,  renfer- 
més dans  un  sac  membraneux,  placé  sous  la  poitrine  ,  et 
s'ouvrant  par  une  fente  longitudinale,  à  la  naissance  des 

petits. 

Les  Oniscodes.  (Ojviscoda.  Lat.) 

Ou  les  j  an  ires  (1)  de  M.  Leach,  diffèrent  des  aselles  par  le 

(1)  Nom  employé  par  M,  Risso  pour  un  genre  de  la  même  classe,  et 
qu'il  m'a  fallu  dès  lors  remplacer  ici  par  un  autre. 


ISOPODES.  l4l 

rapprochement  de  leurs  yeux,  leurs  antennes  supérieures 
plus  courtes  que  le  pédoncule  des  inférieures,  et  par  les  cro- 
chets des  tarses,  qui  sont  bifides. 

La  seule  espèce  connue  (  Janira  maculosa  ,  Leach.  ; 
Desm.,  Consid.,  pag.  3i5.)  a  été  trouvée  sur  les  côtes  d'An- 
gleterre, parmi  les  varecs  et  les  ulves. 

Les  «Lera.  (  «Lera.  Leach.  ) 

N'ont  à  la  place  des  stylets  du  bout  de  la  queue,  que  deux 
tubercules. 

On  n'en  a  aussi  décrit  qu'une  seule  espèce  {Jœra  albifrons, 
Leach  ;  Desm.,  Consid.,  pag.  3i6),  .et  qui  est  très  com- 
mune sur  les  côtes  d'Angleterre  ,  sous  les  pierres  et  au 
milieu  des  varecs. 

Enfin  ,  les  isopodes  de  la  sixième  et  dernière  section  (Clo- 
portides  ,  Oniscides ,  Lat.  )  ont  bien  quatre  antennes,  mais 
dont  les  deux  intermédiaires  très  petites,  peu  apparentes  et 
de  deux  articles  au  plus  )  les  latérales  sont  sétacées.  La  queue 
est  composée  de  six  segments,  avec  deux  ou  quatre  appen- 
dices, en  forme  de  stylets ,  au  bord  postérieur  du  dernier 
et  sans  nageoires  latérales.  Les  uns  sont  aquatiques  et  les 
autres  terrestres.  Dans  ceux-ci,  les  premiers  feuillets  du 
dessous  de  la  queue  offrent  une  rangée  de  petits  trous,  où 
l'air  pénètre  et  se  porte  aux  organes  de  la  respiration ,  qui  y 
sont  renfermés. 

Les  uns  ont  le  sixième  article  de  leurs  antennes  ou  leur 
tige  composé,  de  manière  qu'en  comptant  les  petites  articu. 
lations  de  cette  partie,  le  nombre  total  de  tous  les  articles  est 
au  moins  de  neuf.  Ces  isopodes  sent  marins  et  forment  deux 
sous-genres. 

Les  Tylos.  (Tylos.  Lat.) 

Paraissent  avoir  la  faculté  de  se  rouler  en  boule.  Le  der- 
nier segment  du  corps  est  demi  circulaire  et  remplit  exacte- 
ment l'échancrure  formée  par  le  précédent;  les  appendices 
postérieurs  sont  très  petits  et  entièrement  inférieurs.' Les 
antennes  n'ont  que  neuf  articles,  dont  les  quatre  derniers 
composant  la  tige.  De  chaque  côté  est  un  tubercule  enfoncé, 
•  représentant  chacun  l'une  des  antennes  intermédiaires;  l'es- 
pace intermédiaire  est  élevé. 


1 42  CRUSTACÉS 

Les  branchies  sont  vésiculeuses,  imbriquées,  et  recou- 
vertes par  des  lames  (i). 

Les  Ligies.  (  Ligïa.  Fab.  ) 

Ont  la  tige  des  antennes  latérales  composée  d'un  grand 
nombre  de  petits  articles  et  deux  stylets  très  saillants ,  par- 
tagés au  bout  en  deux  branches,  à  l'extrémité  postérieure 
du  corps. 

La  Ligie  océanique  (  Oniscus  oceanicus ,  Linn.  ),  Desm.  , 
Consid.,  XLIX,  3,  4  >  est  longue  d'environ  un  pouce,  grise, 
avec  deux  grandes  taches  jaunâtres  sur  le  dos.  Les  anten- 
nes latérales  sont  de  moitié  plus  courtes  que  le  corps  ,  et 
leur  tige  est  divisée  en  treize  articles.  Les  stylets  sont  de 
la  longueur  de  la  queue.  Elle  est  très  commune  sur  nos 
côtes  maritimes  ,  où  on  la  voit  grimper  sur  les  rochers  ou 
sur  les  parapets  des  constructions  maritimes.  Lorsqu'on 
cherche  à  la  prendre  ,  elle  replie  promptement  ses  pattes 
et  se  laisse,  tomber. 

Dans  la  Ligie  italique  (Ligia  italica  y  Fab.  ) ,  les  anten- 
nes latérales  sont  presque  de  la  longueur  du  corps,  avec 
la  tige  ou  la  sixième  articulation  divisée  en  dix -sept  pe- 
tits articles.  Les  stylets  sont  beaucoup  plus  longs  que  la 
queue. 

La  Ligie  des  mousses  (  Oniscus  Jiypnorum ,  Fab.  j  Cuv. , 

Journ.  d'hist.  natui .  ,  II ,  xxvi,  3,  4>  $}  Oniscus  agi  lis  , 

Panz. ,  faun.,  1ns.   germ.,  fasc,  IX,  xxiv).  Les  antennes 

latérales  sont  plus  courtes  que  la  moitié  du  corps,  et  leur 

tige  n'a  que  dix  petits  articles.  Le  pédoncule  des  stylets 

postérieurs  a ,  au  côté  interne  ,  une  dent  et  une  soie. 

Dans  les  autres  ,  et  tous  terrestres,  les  antennes  latérales 

n'offrent  au  plus  que  huit  articles,  dont  les  proportions,  vers 

l'extrémité,  diminuent  graduellement,  ou  sans  qu'aucun 

d'eux  paraisse  être  divisé  ou  composé. 

Ici  les  appendices  ou  stylets  postérieurs  s'avancent  au  delà 
du  dernier  segment.  Le  corps  ne  se  contracte  point  ou  que 
très  imparfaitement  en  boule. 

(i)  Tylos  arniatlillo  ,  Latr.  ,  figure  sur  les  planches  d'hist.  natur.  du 
grand  ouvrage  sur  l'Egypte  ;  de  la  Mecîiterrane'e. 


1S0P0DES.  iA5 

Los  Phîloscies.  (  Philoscia.  Lat.  ) 

Ont  les  antennes  latérales  divisées  en  huit  articles  et  dé- 
couvertes à  leur  base.  Les  quatre  appendices  postérieurs  sont 
presque  égaux. 

On  ne  les  trouve  que  dans  les  lieux  très  humides  (i). 

Les  Cloportes  propres.   (Oniscus.  Lin.) 

Ont  aussi  huit  articles  aux  antennes  latérales ,  mais  leur 
base  est  recouverte,  et  les  deux  appendices  extrérieurs  du 
bout  de  la  queue  sont  beaucoup  plus  grands  que  les  deux 
internes.  Ces  crustacés  et  ceux  des  deux  sous -genres  sui- 
vants sont  appelés  vulgairement  clous-a-porte ,  et  par  abré- 
viation cloporte ,  porcelets  de  Saint- Antoine,  Ils  fréquen- 
tent les  lieux  retirés  et  sombres  ,  comme  les  caves,  les  cel- 
liers ,  les  fentes  des  murs,  des  châssis,  et  se  trouvent  aussi 
sous  les  pierres  et  les  vieilles  poutres.  Ils  se  nourrissent 
de  matières  végétales  et  animales  corrompues  ,  et  ne  sortent 
guère  de  leurs  retraites  que  dans  les  temps  pluvieux  ou  hu- 
mides. Ils  marchent  lentement,  à  moins  que  quelque  dan- 
ger ne  les  menace.  Les  œufs  sont  renfermés  dans  une  poche 
pectorale.  Les  petits  ont  à  leur  naissance  un  segment  thora- 
cique  de  moins,  et  n'ont ,  par  conséquent ,  que  douze  pattes. 
On  a  généralement  renoncé  à  l'usage  médical  qu'on  en  fai- 
sait anciennement  (2). 

Les  Porcellions.  (  Porcellio.  Lat.) 

Se  distinguent  des  cloportes  par  le  nombre  des  articles 
des  antennes  latérales ,  qui  n'est  que  de  sept.  Ces  isopodes 
leur  ressemblent  d'ailleurs  par  les  autres  caractères  (3). 

(1)  Oniscus  sylveslris  ,  Fab.  ;  Oniscus  muscorum  ,  Cuv.  ,  Journ. 
d'hist.  natur.  ,  II,  xxvi,  6,8;  Coqueb. ,  Illust.  icon.  insect.  ,  dec.  I, 

VI,    12. 

(2)  Oniscus  murarius ,  Fab.  5  Cuv. ,  Journ.  d'hist.  natur. ,  II,xxvi, 
11  ,  i3;  le  Cloporte  ordinaire ,  Geoff.  ,  Insect.,  II,  xxn,  1  ;  Clo- 
porte aselle,  Deg.  Insect.  ,  VII,  xxxv ,  3;  Besmarest  ,  Consider.  , 
xlix,  5. 

(3)  Oniscus  asellus,  Cuv. ,  ibid.  ;  Panz. ,  Faun.  Ins  Germ. ,  IX  ,  xxi  ; 
Cloporte  ordinaire ,  var.  C ,  Geoff.  ;  —  Porcelio  lœvis  ,  Latr.  ;  Cloporte 
ordinaire ,  var.  B,  Geoff. 


l44  CRUSTACÉS    ISOFODES. 

Là,  comme  dans 

Les  Armadilles  (  Armadillo.  Lat.  ) , 

Les  appendices  postérieurs  du  corps  ne  font  point  de  sail- 
lies; le  dernier  segnrent  est  triangulaire;  une  petite  lame, 
en  forme  de  triangle  renversé,  ou  plus  large  et  tronquée  au 
bout,  formée  par  le  dernier  article  des  appendices  latéraux, 
remplit,  de  chaque  côté,  le  vuide  compris  entre  le  segment 
et  le  précédent.  Les  antennes  latérales  n'ont  que  sept  arti- 
cles. Les  écailles  supérieures  sous-caudales  ont  une  rangée 
de  petits  trous  (i). 

(i)  Oniscus  armadillo  ,  Lin.;  Cuv. ,  ibid,  i/f,  i5;  Oniscus  cine- 
reus ,  Panz,  ibid.,  fasc.  LXII ,  xxn;  —  Oniscus  varie  gatus  ,  Vill. , 
Entom.  IV,  si,  16;  A rmadi lie  pustule,  Desm.  ,  Consid. ,  xlxix,6; 
—  Armaddle  des  boutiques,  Dumér.,  Dict.  des  se.  natur. ,  III,  pag.  117, 
espèce  venant  d'Italie,  et  employée  anciennement  par  les  apothicaires. 


DES    EINTOMOSTKACÉS  ï/\6 


DEUXIÈME  DIVISION  GÉNÉRALE. 


DES   ENTOMOSÏRACÉS. 
(  Entomostraca.  Miïll.  ) 

Sous  cette  dénomination  formée  du  grec  et  si- 
gnifiant insectes  a  coquille  }  Othon  Frédéric  Miiller 
comprend  le   genre   morwculus  de  Linnseus ,   au- 
quel il  faut  adjoindre  quelques-unes  de  ses  lernées. 
Ses  recherches  sur  ces  animaux,    dont  l'étude  est 
d'autant  plus  difficile  qu'ils  sont  pour  la  plupart 
microscopiques,  et  celles  de  Schaeffer  et  de  Jurine 
père  ont  excité  l'admiration ,   et  mérité  la   recon- 
naissance de  tous  les  naturalistes.  D'autres  travaux, 
mais  partiels,  tels  que  ceux  de  Ramdohr,  Straus, 
Herman  fils  ,    Jurine  fils  ,    Adolphe   Brongniart, 
Victor  Audouin  et  Milne  Edwards,    ont  étendu 
ces    connaissances ,   sous  les   rapports   surtout  de 
3'anatomie  ;  mais,  à  cet  égard-,  M.  Straus,  quoique 
devancé ,  ainsi  que   Jurine  père  ,    pour    plusieurs 
faits  importants  d'organisation  par  Ramdohr,  dont 
ils  ne  paraissent  pas  avoir  connu  le  mémoire   sur 
les  monocles,  publié  en  i8o5,  les  a  tous  surpassés. 
Fabricius  s'est  borné  à  adopter  le  genre  limulus  de 
Miiller,    qu'il  a  placé  dans  sa  classe   des  kleista- 
gnathes  ou    notre  famille  des   brachy tires,   ordre 
des  décapodes.  Tous  les  autres  entomostracés  sont 

.    TOME   IV.  10 


l/|fi  1)125    ENTOMOSTRACÉS 

réunis,  comme  dans  Linnceus,  en  un  seul  genre, 
celui  de  monoculus ,  qu'il  met  dans  sa  classe  des 
polygonates  ou  nos  isopodes. 

Ces  animaux  sont    tous  aquatiques    et  habitent 
pour  la   plupart    les   eaux  douces.   Leurs   pieds, 
dont  le  nombre  varie,  et  va  dans  quelques-uns  jus- 
qu'au delà  de  cent,  ne  sont  ordinairement  propres 
qu'à  la   natation  ,     et  tantôt   ramifiés  ou   divisés , 
tantôt  garnis  de  pinnules  ou  composés  d'articles  la- 
mellaires. Leur  cerveau  n'est  formé  que  d'un  ou  deux 
globules.  Le  cœur  a  toujours  la  forme  d'un  long 
vaisseau.  Leurs  branchies,    composées  de  poils  ou 
de  soies,  soit   isolés,  soit   réunis,   en  manière  de 
barbes ,     de    peigne  ,    d'aigrettes ,    font    partie  de 
ces  pieds  ou  d'un  certain  nombre   d'entre  eux  ,  et 
quelquefois  des  mandibules  et  des  mâchoires  supé- 
rieures (  voyez  cypj'is  )  ;   de  là  l'origine  du  mot  de 
branchiopodes  }  que  nous  avons  donné   à  ces  ani- 
maux, dont   nous  n'avions   d'abord    formé   qu'un 
seul  ordre.  Ils  ont  presque  tous  un  test  d'une  à  deux 
pièces,  très  mince  et  le  plus  souvent  presque  mem- 
braneux et  presque  diaphane ,  ou  du  moins  un  grand 
segment  thoracique  antérieur,  souvent  confondu  avec 
la  tête  et  paraissant  remplacer  le  test.  Lestéguments 
sont  généralement  plutôt  cornés  que  calcaires  ;  ce 
qui  rapproche  ces  animaux  des  insectes  et  des  arach- 
nides. Dans  ceux  qui  sont  pourvus  de  mâchoires 
ordinaires,  les  inférieures  ou  extérieures  sont  ton- 
jours  découvertes  ,  tons  les  pieds-mâchoires  faisant 


EN    GÉNÉRAL.  \l\"] 

l'office  de  pieds  proprement  dits  ?  et  aucun  d'eux 
n'étant  appliqué  sur  la  bouche.  Les  secondes  mâ- 
choires^ celles  des  phjllopodes  au  plus  exceptées, 
ressemblent  même  à  ces  derniers  organes  ;  Jurine 
les  a  quelquefois  désignées  sous  le  nom  de  mains. 

Ces   caractères    distinguent     les    entomostracés 
broyeurs  ,  des  malacostracés  :  les  autres  entomos- 
tracés, ceux  qui  composent  notre  ordre  des  pœcilo- 
podes ,  ne  peuvent  être  confondus  avec  les  malacos- 
tracés, parce  qu'ils  sont  dépourvus  d'organes  propres 
à  la  mastication  ;  ou  parce  que  les  parties  qui  pa- 
raissent servir  de  mâchoires  ne  sont  point  rassem- 
blées antérieurement  et  précédées  d'un  labre,  comme 
dans  les  crustacés  précédents  et  les  insectes  broyeurs, 
mais  simplement  formées  par  les  hanches  des  or- 
ganes locomotiles  et  garnies  ;  à  cet  effet,  de  petites 
épines.    Les  paecilopodes    représentent  dans  cette 
classe,  ceux  que  dans  celle  des  insectes  l'on  distingue 
sous  le  nom  de  suceurs.  Ils  sont  presque  tous  para- 
sites, et  semblent  conduire  par  nuances  auxlernées  ; 
mais  la  présence  des  yeux,  la  propriété  de  changer  de 
peau  ,  ou  même  d'éprouver  une  sorte  de  métamor- 
phose (1),  la  faculté  de  pouvoir  se  transporter  d'un 

(1)  Les  petits  des  daphnies  et  de  quelques  autres  sous-genres  voisins  , 
ceux  probablement  encore  des  cypris ,  des  cythére'es,  ne  diffèrent  point 
ou  presque  pas,  à  la  grandeur  près,  de  leurs  parents,  à  leur  sortie  de 
l'œuf;  mais  ceux  des  cyclopes,  des  phyllopodes  ,  des  argules,  éprouvent, 
dans  leur  jeune  âge ,  des  changements  notables,  soit  quanta  la  forme 
du  corps,  soit  quant  au  nombre  des  pattes.  Ces  organes  subissent  même 
dans  quelques-uns,  comme  les  argules,  des  transformations  qui  modi- 
fient leurs  usages. 

10* 


ï$8  DES    ENTOMOSTRACES    E\T    GENERAL. 

lieu  à  l'autre  ,  à  la  faveur  des  pieds,  nous  paraissent 
établir  une  ligne  de  démarcation  positive  entre  ces 
derniers  animaux  et  les    précédents.    Nous   avons 
consulté,  à  l'égard  de  ces  transformations  ,    divers 
naturalistes  instruits,  et  qui  ont  eu  occasion  d'ob- 
server fréquemment  des  lernées,  et  aucun  d'eux 
ne  les  a  vues  changer  de  peau.  Les  antennes  des  ento- 
mostracés,  dont  la  l'orme  et  le  nombre  varient  beau- 
coup, servent  dans  plusieurs  à  la  natation.  Les  jeux 
sont  très  rarement  portés  sur  un  pédicule ,  et  dans  ce 
cas,  ce  pédicule  n'est  qu'un  prolongement  latéral  de 
la  tête,  et  jamais  articulé  à  sa  base  ;  souvent  ils  sont 
très  rapprochés  et  même  n'en  composent  qu'un  seul. 
Les  organes  de  la  génération  sont  situés  à  l'origine  de 
laqueue;  c'est  à  tort  qu'on  avoit  considéré  les  antennes 
de  quelques  mâles  comme  leur  siège.  Celte  queue  (î) 
n'est  jamais  terminée  par  une  nageoire  en  éventail , 
et  n'offre  point  ces  fausses  pattes ,  que  nous  avons 
observées  dans  les  malacostracées.  Les  œufs  sont  ras- 
semblés sous  le  dos ,  ou  extérieurs,  et  sous  une  enve- 
loppe commune,  ayant  la  forme  d'une  ou  de  deux 
petites  grappes  situées  à  la  base  de  la  queue  ;  il  paraît 
qu'ils  peuvent  se  conserver  long-temps  dans  un  état 
dedessication,  sans  perdre  pour  celaleurs propriétés. 
Ce  n'est  au  plus  qu'après  la  troisième  mue,  que  ces 
animaux  deviennent  adultes  et  capables  de  se  multi- 
plier. On  a  constaté,   à  l'égard  de  quelques  -uns, 

(i)  Si  Ton  en  excepte  les  phyllopes,  les  derniers  pieds  sont  ihoruciqucs 
ou  des  pieds-mâchoires  (  Cypris  ). 


CRUSTACÉS    BIlANCHIOPODES.  l^g 

qu'une  seule  copulation  peut  féconder  plusieurs  gé- 
nérations successives. 

»  '   -'"  - 1 ■' 

LE  PREMIER  ORDRE  DES  ENTOMOSTRACÉS , 

OU  LE  SIXIEME  DE  LA  CLASSE  DES  CRUSTACES, 

Celui  des  BRANCHIOPODES.  (Branchiopoda.  ) 

A  pour  caractères  :  bouche  composée  d'un  labre, 
de  deux  mandibules,  d'une  languette^  d'une  ou  de 
deux  paires  de  mâchoires;  branchies,  ouïes  premiè- 
res, lorsqu'ils  y  en  a  plusieurs,  toujours  antérieures. 

Ces  crustacés  sont  toujours  vagabonds  ,  généra- 
lement recouverts  par  un  test  en  forme  de  bouclier 
ou  de  coquille  bivalve  ,  et  munis  de  quatre  ou  deux 
antennes.  Leurs  pieds,  quelques-uns  exceptés,  sont 
uniquement  natatoires.  Leur  nombre  varie;  il  n'est 
que  de  six  dans"  quelques-uns,  de  vingt  à  qua- 
rante-deux, ou  de  plus  de  cent,  dans  d'autres. 
Beaucoup  n'offrent  qu'un  seul  œil. 

Ces  crustacés,  étant  pour  la  plupart,  comme 
nous  l'avons  dit,  presque  microscopiques ,  on  sent 
que  l'application  de  l'un  des  caractères  dont  nous 
avons  fait  usage  ,  celui  de  la  présence  ou  de 
l'absence  des  palpes  mandibulaires^  présenterait 
maintenant  des  difficultés  presque  insurmonta- 
bles (i).  La  forme  et  le  nombre  des  pattes,    celui 

(1)  Nous  mettrons  cependant  en  tête  tous  les  branchiopodes  dont  les 
mandibules  sont  munies  de  palpes  ;  ils  composeront  les  deux  premièî  - 
divisions  des  Iophyropes. 


10O  CRUSTACÉS    BRA^CHIOPODES. 

des  jeux  ,  le  test ,  les  antennes ,  nous  fourniront  des 
signalements  plus  faciles  et  à  la  portée  de  tout  le 
monde. 

L'ordre  des  branchiopodes  ne  composait ,  dans  la  mé- 
thode de  De  Géer,  de  Fabricius,  et  dans  celle  de  Lin- 
nœus  ,  moins  une  seule  espèce  (  M.  polyphemus),  que  le 
genre 

Des  Monocles  (Monoculus.  Lin.  )  ,  (1) 

Que  nous  partagerons  en  deux  sections  principales. 

La  première,  celle  des  Lophyropes  (Lophyropa.),  se  dis- 
tingue par  le  nombre  des  pieds  ,  qui  ne  s'élève  jamais  au- 
delà  de  dix;  leurs  articles  sont  d'ailleurs  plus  ou  moins  cy- 
lindriques ou  coniques  et  jamais  entièrement  lamelliformes 
ou  foliacés  j  leurs  branchies  sont  peu  nombreuses  ,  et  la 
plupart  n'ont  qu'un  seul  œil.  Plusieurs,  en  outre,  ont  des 
mandibules  munies  d'un  palpe  (2);  les  antennes  sont  pres- 
que toujours  au  nombre  de  quatre  7  et  servent  à  la  locomo- 
tion. 

Dans  la  seconde  section ,  celle  des  Phyllopes  (  Phyllopa.  ), 
le  nombre  des  pieds  est  au  moins  de  vingt,  et  dans  quel- 
ques-uns beaucoup  plus  considérable;  leurs  articles,  ou  du 
moins  les  derniers,  sont  aplatis,  en  forme  de  feuillets  ciliés. 
Leurs  mandibules  n'offrent  jamais  de  palpes.  Ils  ont  tous 
deux  yeux  (  situés,  dans  quelques-uns  ,  à  l'extrémité  de  deux 
pédicules  mobiles  )  ;  leurs  antennes,  dont  lo  nombre  dans 
plusieurs  n'est  que  de  deux,  sont  généralement  petites  et 
point  propres  à  la  natation. 

Nous  partagerons  les  lophyropes  en  trois  groupes  prin- 
cipaux, très  naturels,  et  dont  les  deux  premiers  se  rappro- 
chent des  crustacés  des  trois  premiers  ordres,  à  raison  de 

(1)  Et  de  plus ,  celui  de  binocle ,  dans  celle  de  Geoffroi. 

(2)  M,  Straus  paraît  attribuer  exclusivement  ce  caractère  aux  cypris  et 
aux  cythérees,  composant  son  ordre  des  oslrapodes;  mais  il  re'sulte  des 
observations  de  Jurine  père  et  de  M.  Ramdohr,  qu'il  est  encore  propre 
aux  cyclopes. 


SECTION  DES    LOPHYROPES.  l5l 

leurs  mandibules ,  portant  chacune  un  palpe,  et   de   quel- 
ques autres  caractères . 

i°  Ceux  (Carcinoïdes,  Carcinoida.  Lat.)  dont  le  test,  plus 
ou  moins  ovoïde  ou  ovalaire,  n'est  point  plié  en  deux  en 
manière  de  coquille  bivalve,  et  laisse  à  découvert  la  partie 
inférieure  du  corps.  Ils  n'ont  jamais  d'antennes  en  forme  de 
bras  ramifiés.  Leurs  pieds  sont  au  nombre  de  dix  et  plus  ou 
moins,  cylindriques  ou  sétacés.  Les  femelles,  dont  on  a  ob- 
servé la  gestation,  portent  leurs  œufs  dans  deux  espèces  de 
sacs  extérieurs,  situés  à  la  base  de  leur  queue.  Quelques-uns 
offrent  deux  yeux. 

2°  Ceux  (  Ostracodes  ,  Oslrctcoda ,  Latr.  ;  Ostrapoda  y 
Straus.  )  dont  le  test  est  formé  de  deux  pièces  "ou  valves  re- 
présentant celles  de  la  coquille  d'une  moule,  réunies  par 
une  charnière  et  renfermant  dans  l'inaction  le  corps.  Ils  n'ont 
que  six  (i)  pieds,  et  dont  aucun  ne  se  termine  en  manière 
de  nageoire  digitée  et  accompagnée  de  lame  branchiale.  Leurs 
antennes  sont]  simples,  filiformes  ou  sétacées.  Ils  n'ont  ja- 
mais qu'un  œil.  Leurs  mandibules  et  leurs  mâchoires  supé- 
rieures sont  munies  d'une  lame  branchiale.  Les  œufs  sont  si- 
tués sous  le  dos. 

3°  Les  derniers  (Cladoceres,  Cladocera ,  Latr.;  Daphni- 
des .  Straus.  )  n'ont  aussi  qu'un  seul  œil  et  le  test  plié  en 
deux,  mais  sans  charnière  (Jurine),  terminé  postérieure- 
ment en  pointe,  et  laissent  la  tête,  qui  est  recouverte  d'une 
espèce  de  bouclier  en  manière  de  bec,  à  nu.  Us  ont  deux  an- 
antennes  ,  ordinairement  très  grandes,  en  forme  de  bras, 
divisées  en  deux  ou  trois  branches,  à  la  suite  du  pédoncule, 
garnies  de  filets,  toujours  saillantes  et  servant  de  rames. 
Leurs  pieds ,  au  nombre  de  dix  (a) ,  se  terminent  par  une  na- 


(i)  La  première  paire  de  pieds,  suivant  M.  Straus;  mais  quoique  ces 
parties  en  remplissent  les  fonctions,  en  servant  de  rames  ,  je  les  consi- 
dère ae'anmoins  comme  les  analogues  des  antennes  latérales  des  crus- 
tace's  supérieurs  et  des  deux  supérieures  des  cyclopes ,  qui ,  ici  encore  , 
concourent,  avec  les  pieds,  à  la  locomotion. 

(a)  Muller  en  donne  huit  aux  eylhére'es;  mais  on  peut  supposer,  par 
analogie  ,  qu'il  y  a  erreur  ou  me'prise. 


1D2  CRUSTACÉS   15RANCHJOPODES. 

geoire  comme  digitée  ou  pectinée,  et  accompagnée,  à  l'ex- 
ception des  deux  premiers ,  d'une  lame  branchiale  (i). 

Leurs  œufs  sont  pareillement  situés  sous  le  dos  ;  leur 
corps  se  termine  toujours  postérieurement  en  manière  de 
queue  ,  avec  deux  soies  ou  filets  au  bout.  L'extrémité  anté- 
rieure du  corps  tantôt  se  prolonge  en  manière  de  bec,  tantôt 
forme  une  approche  de  tète  presque  entièrement  occupée 

par  un  gros  œil. 

La  première  division  des  branchiopodes  lophyropes  (celle 

des  careinoïdes)  peut  se    subdiviser  en     deux,   d'après  le 
nombre  des  yeux.  Les  uns  en  ont  deux. 

Ici  le  test  recouvre  entièrement  le  thorax;  les  yeux  sont 
grands  et  très  distincts;  les  antennes  intermédiaires  sont  ter- 
minées par  deux  filets ,. 

Les  Zoes.  (Zoea.  Bosc.  ) 
Ont  les  yeux  très  gros,  globuleux,  entièrement  décou- 
verts ,  et  des  saillies  en  forme  de  cornes  sur  le  thorax. 

La  Zoé  pélagique  {Zoe  pelagica  ,  Bosc,  Hist.  nat.  des 
crust. ,  II,  xv,  3,  4*  )  a  Ie  corps  demi  transparent,  quatre 
antennes  insérées  au-dessous  des  yeux,  et  dont  les  exté- 
rieures coudées  et  bifides;  une  sorte  de  long  bec  sur  le 
devant  du  thorax,  entre  les  yeux,  et  une  élévation  poin- 
tue ,  longue  ,  rejetée  en  arrière  sur  son  dos.  Les  pieds  sont 
très  courts,  à  peine  visibles,  à  l'exception  des  deux  der- 
niers, qui  sont  alongés  ou  terminés  en  nageoire.  La  queue 
est  de  la  longueur  du  thorax,  courbée,  de  cinq  articles, 
dont  le  dernier  grand,  en  croissant,  épineux.  Ce  crustacé 
a  été  trouvé  par  M.  Bosc  dans  l'Océan  atlantique. 

Le  Monoculus  taurus  de  Slabber  (  Microsc,  V)  et  le  Can- 
cer  germanus  de  Linnœus  paraissent  avoir  des  rapports  avec 
lui  (2). 

(1)  Ce  caractère  s'applique  particulièrement  aux  daphnies,  sous-genre 
le  plus  nombreux  de  cette  division ,  et  par  analogie  ,  aux  polyphèmes  et 
aux  lyncc'es.  » 

(2)  Voyez  l'Hist.  nat.  des  crust.  et  des  insectes  de  Lalreille ,  et  l'ou- 
vrage de  M.  Desmarets  sur  ces  premiers  animaux.  On  n'a  pas  encore 
décrit  d'une  manière  complète,  ou  du  moins  satisfaisante,  ce  genre,  et 
nous  n'avons  pu  nous  en  procurer  un  seul  individu. 


SECTION    DES  LOPHYROPES.  I0^> 

Les  Nébalies.  (Nebalia.  Leach.) 

Ont  les  yeux  triangulaires,  aplatis,  en  partie  recouverts 
par  une  écaille  triangulaire  et  voûtée. 

Les  pieds  sont  fourchus,  et  les  appendices  du  bout  de  la 
queue  sont  en  forme  de  soies  (1). 

Là,  le  thorax  ou  le  test,  vu  en  dessus ,  est  divisé  en  cinq 
segments,  dont  le  premier,  beaucoup  plus  grand,  porte  les 
antennes,  les  yeux  et  les  pieds-mâchoires*  dont  le  second  et 
le  troisième  ont  chacun  unepaire  de  pieds;  dont  le  quatrième 
porte  les  deux  paires  suivantes,  et  le  cinquième,  la  dernière. 
Les  yeux  sont  petits  et  point  saillants;  toutes  les  antennes  se 
terminent  par  un  filet  simple. 

Les  CoNDYLURES.  (CONDYLURA.  Latl'.  ) 

Les  antennes  inférieures  sont  plus  longues.  Les  côtés  an- 
térieurs du  premier  segment  sont  prolongés  en  pointe,  et 
forment  deux  écailles  rapprochées  en  manière  de  bec.  Les 
pieds  se  terminent  en  pointe  soyeuse;  quelques-uns  des  in- 
termédiaires ont,  comme  dans  les  schizopodes,  un  appendice 
extérieur,  près  de  leur  base;  la  queue  est  étroite,  de  sept 
anneaux,  dont  le  dernier,  alongé,  conique,  s'avance  entre 
les  deux  appendices  latéraux,  qui  sont  grêles,  en  forme  de 
stylets,  de  deux  articles,  dont  le  dernier  soyeux  (2). 

Nota.  Le  genre  Nicothoë  de  MM.  Audouin  et  Milne  Ed- 
wards, dans  la  supposition  qu'il  ait  des  mandibules  et  des 
mâchoires,  appartiendrait  à  cette  section;  mais  comme  le 
crustacé  d'après  lequel  il  a  été  établi  est  parasite,  et  que 
j'ai  cru  y  apercevoir  les  vestiges  d'un  suçoir,  je  l'ai  placé  dans 
l'ordre   des  pcecilopodes.  Je  remarque   néanmoins  que  les 

(1)  Nebalia  Jlerbstiï,  Leach  ,  Zool.  miscell.  ,  xlv  ;  Desmar. ,  Consid. , 
xl  ,  5;  Ramd, ,  monoc.  ,1,8? 

La  nélalie  ventrue  de  M.  Risso  (Journ.  de  phys. ,  octobre  ,  1822)  con- 
stitue probablement,  dans  la  section  des  schizopodes,  un  sous-genre 
propre.  Dans  le  cyclops  exiliens  de  Viviani,  le  tborax  est  divise'  en  plu- 
sieurs segments,  ce  qui  l'exclut  des  nébalies.  Il  forme  aussi  un  nouveau 
sous-genre  inlerme'diaire  entre  le  précèdent  et  le  suivant. 

(2)  Condylure  de  Dorbigny,  Lat, ,  sur  les  côtes  maritimes  de  La 
Flochclle. 


l54-  CRUSTACÉS  BRANCHIOPODES. 

pattes,  à  l'exception  des  antérieures,  ressemblent  beaucoup 
à  celles  des  cyclopes  ;  et  que  les  femelles  portent  aussi  leurs 
œufs  dans  deux  sacs  situés  à  la  base  de  la  queue,  de  même 
que  celles  des  derniers. 

Le  second  de  ces  naturalistes  vient  de  publier,  dans  le 
tome  XIIIe  des  Annales  des  Sciences  naturelles,  de  nouvelles 
recherches  sur  les  nébalies  et  les  caractères  de  trois  autres 
genres  nouveaux  de  crustacés.  ÎSotre  travail  sur  les  animaux 
de  cette  classe  étant  terminé  au  moment  où  le  mémoire  de 
M.  Milne  Edwards  a  été  communiqué  à  l'Académie,  et 
n'ayant  pas  alors  le  temps  de  revenir  sur  cet  objet,  nous 
avons  renvoyé  l'exposition  de  ces  genres,  ainsi  que  de  ceux 
établis  dans  la  famille  des  aranéides  par  M.  Savigny  ,  et  de 
quelques  autres  introduits  récemment  par  M.  le  comte  Dejean, 
dans  celle  des  coléoptères  carnassiers,  au  supplément  de  cet. 
ouvrage.  Nous  y  donnerons  aussi  les  caractères  de  quelques 
autres  coupes  génériques,  établies  par  MM.  Guérin ,  Lepel- 
tier  deSaint-Fargeau  etServille.  Je  n'aurais  pu  les  intercaller 
dans  mon  travail  sans  précipiter  un  examen,  qui  doit  être 
d'autant  plus  réfléchi ,  que  l'on  multiplie  plus  facilement  les 
groupes  génériques. 

Les  autres  lophyropes  de  notre  première  division,  et  dont 
le  thorax,  ainsi  que  dans  les  condylures,  est  divisé  en  plu- 
sieurs segments,  et  dont  le  premier  beaucoup  plus  grand, 
ne  présentent  plus  qu'un  seul  œil ,  situé  au  milieu  du  front , 
entre  les  antennes  supérieures.  Tels  sont 

Les  Cyclopes  (Cyclops.  Mull.  ), 

Si  bien  observés  par  Jurine  père  et  M.  Ramdohr.  Leur 
corps  est  plus  ou  moins  ovalaire,  mollet  ou  gélatineux  ,  et 
se  partage  en  deux  portions,  l'une  antérieure,  composée  de 
la  tête  et  du  thorax ,  et  l'autre  postérieure  ,  ou  la  queue.  Le 
segment  précédant  immédiatement  les  organes  sexuels,  et 
qui,  dans  les  femelles,  porte  deux  appendices  en  forme  de 
petites  pattes  (  supports  ,fulcra,  Jurine.  ) ,  peut  être  consi- 
déré comme  le  premier  de  la  queue,  qui  n'est  pas  toujours 
bien  nettement  ou  brusquement  distinguée  du  thorax.  Elle 
est  formée  de  six  serments  ou  articles;  le  second  porte  en 
dessous ,  dans  les  mâles,  deux  appendices  articulés,  tantôt 


SECTION    DES   LOPHYROPES.  1  55 

simples,  tantôt  ayant  au  côté  interne  une  petite  division  ou 
branche,  de  formes  variées,  et  constituant  en  tout  ou  en 
partie  les  organes  de  la  génération.  La  vulve  est  située,  dans 
l'autre  sexe,  sur  le  même  article.  Le  dernier  se  termine  par, 
deux  pointes  ou  stylets,  formant  une  fourche,  et  plus  ou 
moins  garnie  de  soies  ou  de  filets  penniformes.  L'autre  por- 
tion du  corps,  ou  l'antérieure,  est  divisée  en  quatre  segments, 
dont  le  premier,  beaucoup  plus  grand,  compose  la  tête  et  une 
portion  du  thorax,  qui  sont  ainsi  recouverts  par  une  écaille 
commune.  Il  porte  l'œil  ,  quatre  antennes,  deux  mandibules 
(mandibules  internes,  Jurine)  munies  d'un  palpe  simple  ou 
divvsé  en  deux  branches  articulées, deux  mâchoires  (mandi- 
bules externes,  ou  lèvre  avec  des  barbillons  ,  Jurine.)  (i)  et 
quatre  pieds  divisés  chacun  en  deux  tiges  cylindriques,  gar- 
nies de  poils  ou  defiletsbarbusjlapaire  antérieure,  représen- 
tant les  secondes  mâchoires,  diffère  un  peu  des  suivantes  $ 
elle  est  comparée  à  des  espèces  de  mains  par  Jurine.  Chacun 
des  trois  segments  suivants  sert  d'attache  à  une  paire  de  pieds, 
conformés  ainsi  que  les  deux  derniers  des  précédents.  Deux 
des  antennes,  supérieures  aux  autres,  sont  plus  longues,  séta- 
cées,  simples  et  composées  d'un  grand  nombre  de  petits  arti- 
cles; elles  facilitent,  par  leur  action,  les  mouvements  du 
corps  et  font  presque  l'office  des  pieds.  Les  inférieures  (an- 
tennules,  Jur.)  sont  filiformes,  n'offrent  le  plus  souvent  que 
quatre  articles,  et  sont  tantôt  simples,  tantôt  fourchues  $ 
elles  font,  par  leurs  mouvements"  rapides,  tourbillonner 
l'eau.  Dans  les  mâles,  les  supérieures  ou  l'une  d'elles  seule- 
ment (C.  Castor.)  offrent  des  étranglements  et  un  renflement, 
suivi  d'un  article  à  charnière.  Au  moyen  de  ces  organes  ou 
de  l'un  d'eux,  ils  saisissent  soit  les  dernières  pattes,  soit  le 
bout  de  la  queue  de  leurs  femelles,  dans  leurs  préludes  amou- 
reux, et  les  retiennentmalgré  elles  dans  des  situations  appro- 
priées à  la  manière  dont  ils  se  fixent.  Elles  emportent  leurs 
mâles,  lorsqu'elles  ne  veulent  pas  d'abord  se  prêter  à  leurs 

(i)  D'après  l'ordre  successif  des  parties  de  la  bouche,  qui  a  lieu  dans 
les  crustacés  décapodes  ,  la  pièce  situe'e  immédiatement,  au-dessous  des 
mandibules  est  la  languette;  mais  les  dentelures  des  pièces  dont  il  s'agit 
ici  indiquent  des  organes  maxillaires.  La  languette  a  pu  échapper  aux  re- 
gards de  cet  observateur. 


l56  CRUSTACÉS   BRA1VCHIOPODES. 

désirs.  La  copulation  s'opère  comme  dans  les  crustacés  pré- 
cédents et  par  des  actes  prompts  et  réitérés;  Jurine  en  a  vu 
trois  dans  l'espace  d'un  quart-d'heure.  On  avait  cru  jusqu'à 
lui  que  les  organes  copulateurs  des  mâles  étaient  placés  aux 
antennes  supérieures,  et  cette  erreur  paraissait  d'autant  mieux 
fondée  ,  que  les  aranéides  présentent  des  faits  analogues.  De 
chaque  côté  de  la  queue  des  femelles,  est  un  sac  ovale,  rempli 
d'œufs  (ovaire  externe,  Jurine),  adhérant  par  un  pédicule 
très  délié  au  second  segment,  près  de  sa  jonction  avec  la 
troisième,  et  où  l'on  voit  aussi  l'orifice  du  canal  déférent  de 
ces  œufs.  La  pellicule  formant  ces  sacs  ,  n'est  qu'une  conti- 
nuation de  celle  de  l'ovaire  interne.  Le  nombre  des  œufs 
qu'ils  contiennent  augmente  avec  l'âge;  d'abord  bruns  ou 
obscurs,  ils  prennent  ensuite  une  teinte  rougeâtre,  et  de- 
viennent presque  transparents  ,  lorsque  les  petits  sont  prêts 
d'éclore,  mais  sans  grossir.  Isolés  ou  détachés,  du  moins  jus- 
eju'à  une  certaine  époque  ,  le  germe  périt.  Une  seule  fécon- 
dation ,  mais  indispensable,  peut  suffire  aux  générations 
successives.  La  même  femelle  peut  faire  jusqu'à  dix  pontes 
dans  l'espace  de  trois  mois.  En  n'en  comptant  que  huit ,  et 
en  supposant  chacune  d'elles  de  quarante  petits,  la  somme 
totale  des  naissances  s'élèverait  à  près  de  quatre  milliards  et 
demie.  La  durée  du  séjour  des  fœtus  dans  les  ovaires  varie 
de  deux  à  dix  jours  ,  ce  qui  dépend  de  la  température  des 
saisons  et  de  diverses  autres  circonstances.  Les  sacs  ovifères 
présentent  quelquefois  des  corps  alongés ,  glandiformes  , 
plus  ou  moins  nombreux,  et  qui  paraissent  vêtre  des  réunions 
d'animalcules  infusoires. 

A  leur  naissance ,  les  petits  n'ont  que  quatre  pattes,  et  leur 
corps  est  arrondi  et  sans  queue.  Mùiler  avait  formé  avec  ces 
jeunes  individus  son  genre  amymone  (amymone).  Quelque 
temps  après  (quinze  jours,  de  février  en  mars),  ils  acquièrent 
une  autre  paire  de  pieds  :  c'est  le  genre  nauplie  (nauplius) 
du  même;  après  la  première  mue  ,  ils  ont  la  forme  et 
toutes  les  parties  qui  caractérisent  l'état  adulte,  mais  sous 
des  proportions  plus  exiguës;  leurs  antennes  et  leurs  pattes 
sont  proportionnellement  plus  courtes.  Au  bout  de  deux 
autres  mues  ,  ils  sont  propres  à  la  génération.  La  plupart  de 
ces  entomostracés  nagent  sur  le  dos,  s'élancent  avec  vivacité,. 


SECTION  DES  LOPHYROPES.  1S7 

et  peuvent  se  porter  aussi-bien  en  arrière  qu'en  avant.  A 
défaut  de  matières  animales,  ils  attaquent  les  substances  vé- 
gétales; mais  le  fluide  dans  lequel  ils  vivent  habituellement 
ne  passe  point  dans  leur  estomac.  Le  canal  alimentaire  s'é- 
tend d'une  extrémité  du  corps  à  l'autre.  Le  cœur,  dans  le 
cyclope  Castor,  est  immédiatement  situé  sous  le  second 
et  le  troisième  segment  du  corps,  et  ovalaire;  chacune  de  ses 
extrémités  donne  naissance  à  un  vaisseau,  dont  l'un  va  à  la 
tête  et  l'autre  à  la  queue.  Immédiatement  au-dessous  de  lui 
est  un  autre  organe  analogue,  mais  en  forme  de  poire,  pro- 
duisant aussi,  à  chaque  bout,  un  vaisseau  représentant 
peut-être  les  canaux  branehio-cardiaques  dont  nous  avons 
parlé  en  traitant  de  la  circulation  des  crustacés  décapodes.  11 
résulterait  de  plusieurs  expériences  de  Jurine,  sur  descyclo- 
pes  alternativement  asphyxiés  et  rappelés  à  la  vie,  que  dans 
cette  sorte  de  résurrection,  l'extrémité  du  canal  intestinal  et 
les  supports  donnent  les  premiers  signes  de  vie,  et  que  l'ir- 
ritabilité du  coeur  est  moins  énergique;  celle  des  antennes, 
et  plus  spécialement  de  celles  des  mâles,  des  palpes  et  des 
pattes  ensuite,  est  inférieure.  Lorsqu'on  coupe  une  portion 
d'antenne  ,  il  ne  s'y  fait  aucun  changement;  la  réintégration 
s'effectue  sous  la  peau,  puisque  cet  organe  reparaît  dans 
toute  son  intégrité  à  la  mue  suivante.  Le  cyclope  staphylin 
forme,  à  raison  de  ses  antennes  plus  courtes,  et  dont  les  su- 
périeures ont  beaucoup  moins  d'articles  que  les  mêmes  des 
autres  cyclopes ,  tandis  que  les  inférieures  en  offrent,  au 
contraire,  davantage;  à  raison  encore  de  son  corps,  qui  s'a- 
mincit graduellement  vers  son  extrémité  postérieure,  de 
manière  qu'il  semble  n'avoir  point  de  queue,  du  moins 
brusquement  formée,  et  que  son  dessous  est  armé,  dans  la 
femelle,  d'une  sorte  de  corne  arquée  en  arrière,  une  division 
particulière.  Le  cyclope  castor  et  quelques  autres,  dont  les 
antennes  inférieures  et  les  palpes  mandibulaires  sont  divi- 
sés ,  au-delà  de  leur  base,  en  deux  branches,  peuvent  aussi 
composer  un  autre  groupe.  Celui  que  M.  Leach  désigne  sous 
le  nom  générique  de  Calane  (  Calanus  )  pourrait ,  en  effet , 
former  un  sous-genre  propre,  s'il  était  vrai  que  l'animai 
dont  il  est  le  type  n'eût  point  d'antennes  inférieures;  mais 


l58  CRUSTACÉS  BRANCHIOPODES. 

s'en  est-il  assuré  par  lui-même,  ou  n'en  parîe-t-il  que  d'après 

Muller  ?  c'est  ce  que  j'ignore. 

Le  Cyclope  quadricorne  {Monoculus  quadricornis  ,  Lin.")  • 
Mull.,  Entom.,  XVM,  i -i4  5  Jurine,  Monoc,  I,  II,  111. 
a  toutes  les  antennes  simples  ou  sans  divisions.  Les  infé- 
rieures ont  quatre  articles,  et  leur  longueur  n'égale  guère 
que  le  tiers  des  supérieures.  Le  corps  proprement  dit  est 
assez  renflé  et  presque  ovoïde  5  la  queue  est  étroite  et  de 
six  segments.  La  couleur  varie  beaucoup;  les  uns  sont 
rougeâtres ,  les  autres  blanchâtres  ou  verdâtres.  La  lon- 
gueur totale  est  de  deux  lignes.  Cette  espèce  est  très 
commune  (1). 

La  seconde  division  générale  des  brancliiopodes  lophyro- 
pes,  celle  où  le  test  est  formé  de  deux  valves,  réunies  par 
une  charnière  (  nos  Ostracodes  ou  l'ordre  des  ostrapodes 
de  M.  Straus),  se  compose  de  deux  sous -genres,  dont  le 
premier,  celui  de  cythérée ,  nous  paraît  ,  depuis  les  belles 
recherches  de  ce  savant  sur  le  second,  celui  de  cypris  ,  sol- 
liciter ,  pour  que  ses  caractères  ne  soient  plus  équivoques  , 
une  étude  plus  approfondie  que  celle  qu'en  a  faite  Muller, 
notre  unique  garant  à  cet  égard.  Suivant  lui , 

Les  Cytherées  (Cythere.  Mull. —  Çytherina.  Lam.  ) 

Auraient  huit  pieds  (2)  simples  et  finissant  en  pointe;  et 
deux  antennes,  pareillement  simples,  sétacées ,  composées 
de  cinq  à  six  articles  ,  avec  des  poils  épais. 

On  les  trouve  dans  les  eaux  salées  et  saumâtres  des  bords 
de  la  mer  ,  parmi  les  varecs  et  les  conferves  (3). 


(t)  Desmar. ,  Consid. ,  pag.  364-  V°Ytz->  pour  les  autres  espèces  ,  le 
même  ouvrage ,  pag.  36i-j64,  liv  ;  Muller,  Entom. ,  G.  cyclops;  Ju- 
rine,  Hist.  des  monoc. ,  pag.  1-84 >  première  famille  des  monocles  à  co- 
quille univalve;  Ramd,  monoc. ,  I,  II,  III. 

(2)  Il  est  probable  qu'il  n'y  en  a  que  six.  Voyez,  ci-après  ,  l'article 
cypris  ,  note  (1). 

(3)  Si  ces  entomostraces  sont  uniquement  marins ,  il  est  naturel  que 
Jnrine  et  d'autres  observateurs ,  dont  les  recherches  ,  à  raison  des  lieux 


SECTION   DES   LOPHYROPES.  1  5g 

Les  Cypris.  (Cypris.  Miill.) 

N'ont  que  six  pieds  (i)  7  et  leurs  deux  antennes  sont  ter- 
minées par  un  faisceau  de  soie,  en  manière  de  pinceau. 

Le  test  ou  la  coquille  forme  un  corps  ovalaire,  comprimé 
latéralement,  arqué  et  bombé  sur  le  dos  ,  ou  du  côté  de  la 
charnière,  presque  droit  et  un  peu  échancré,  en  manière 
de  rein,  au  côté  opposé.  En  avant  de  la  charnière  ,  dans  la 
ligne  médiane ,  l'œil  forme  un  gros  point  noirâtre  et  rond. 
Les  antennes,  immédiatement  insérées  au-dessous  ,  sont  pi  us 
courtes  que  le  corps  ,  sétacées ,  composées  de  sept  à  huit 
articles,  dont  les  derniers  plus  courts  ,  et  terminées  par  un 
faisceau  de  douze  à  quinze  soies  ,  servant  de  nageoires.  La 
bouche  est  composée  d'un  labre  caréné  ;  de  deux  grandes 
mandibules  dentées,  portant  chacune  un  palpe  divisé  en  trois 
articles  et  au  premier  desquels  adhère  une  petite  lame  bran- 
chiale offrant  cinq  digitations  (2)  ,  et  de  deux  paires  de  mâ- 
choires }  les  deux  supérieures  ,  beaucoup  plus  grandes,  ogt 
au  bord  interne  quatre  appendices  mobiles  et  soyeux  ,  et  au 
côté  extérieur  une  grande  lame  branchialepectinée  à  son  bord 
antérieur;  Jes  secondes  sont  composées  de  deux  articles, 
avec  un  palpe  (3)  court,  presque  conique,  inarticulé,  soyeux 
au  bout,  ainsi  que  l'extrémité  de  ces  mâchoires.  Une  sorte  de 
sternum  comprimé  fait  l'office  de  lèvre  inférieure  (4).  Les 

de  leur  résidence ,  ne  pouvaient  avoir  pour  objet  que  des  entomostrace's 
d'eau  douce  ,  n'aient  point  parlé  des  cylhe'rées. 

Voyez  Mùller ,  Entom. ,  genre  cythere,  et  Desmar.  ,  Consid.  ,  pag. 
387,388,  lv,  8. 

(1)  Quatre  suivant  M.  Ilamdohr  ,  huit  suivant  M.  Jurine  ;  le  pre- 
mier considérant  les  deux  derniers  comme  des  appendices  du  sexe  mas- 
culin, et  le  second  prenant  les  palpes  des  mandibules  et  la  lame  branchiale 
de  chaque  mâchoire  supérieure  (les  deux  premiers  pieds  de  sa  seconde  divi- 
sion du  corps  ,  ceux  qu'il  dit  n'être  composés  que  d'un  seul  article ,  et  ter- 
minés en  cuilier  dentelée)  pour  autant  de  pieds.  Celui-ci  ne  compte  pas 
non  plus,  danscenombre,  ceux  que  le  précédent  présume  être  des  organes 
sexuels  ;  il  les  regarde  (pag.  161-166)  comme  des  filets  de  cinq  articles, 
sortant  latéralement  de  la  poche  de  la  matrice,  et  dont  il  ignore  l'usage. 

(2)  Lèvre  intérieure,  Ramdohr. 

(3)  Fourchu  dans  les  cypris  strigata  ,  du  même. 
(4) Lèvre  extérieure,  du  même. 


l6o  CRUSTACÉS'   BflANCHIOPODES. 

pieds  sont  divisés  en  cinq  articles ,  dont  le  troisième  re- 
présentant la  cuisse  et  le  dernier  le  tarse.  Les  deux  anté- 
rieurs sont  insérées  au-dessous  des  antennes,  beaucoup  pins 
forts  que  les  autres,  dirigés  en  avant,  avec  des  soies  roides, 
ou  de  longs  crochets,  rassemblés  en  un  faisceau,  à  l'extré- 
mité des  deux  derniers  articles.  Les  quatre  pieds  suivants 
en  sont  dépourvus.  Les  seconds,  siLués  au  milieu  du  des- 
sous du  corps,  sont  d'abord  rejetés  en  arrière,  arqués,  et  ter- 
minés par  un  long  et  fort  crochet,  se  portant  en  avant.  Les 
deux  derniers  ne  se  montrant  jamais  au  dehors  ,  se  relèvent 
et  s'appliquent  sur  les  côtés  postérieurs  du  corps ,  pour  sou- 
tenir les  ovaires,  et  se  terminent  par  deux  très  petits  cro- 
chets (i).  Le  corps  n'offre  aucune  articulation  distincte  ,  et 
se  termine  postérieurement  en  une  espèce  de  queue ,  molle, 
repliée  en-dessous,  avec  deux  filets  coniques  ou  sétacés , 
garnis  de  trois  soies  ou  crochets  au  bout,  se  dirigeant  en 
arrière  et  sortant  du  test.  Les  ovaires  forment  deux  gros 
vaisseaux,  simples  et  coniques,  en  cul-de  sac  à  leur  origine, 
situés  ,  sur  les  côtés  postérieurs  du  corps,  au-dessous  du 
test,  et  s'ouvrent ,  l'un  à  côté  de  l'autre,  à  la  partie  anté- 
rieure de  l'abdomen,  où  le  canal  formé  par  la  qmeue  établit 
entre  eux  une  communication.  Les  œufs  sont  sphériques. 
Les  pontes  et  les  mues  de  ces  crustacés  ne  sont  pas  moins 
nombreuses  que  celle  des  cyclopes  et  autres  entomostracés, 
et  leur  manière  de  vivre  est  la  même.  Ledermuller  dit  en 
avoir  vu  d'accouplés.  Cependant  aucun  des  naturalistes  mo- 
dernes qui  les  ont  le  plus  observés  n'a  pu  découvrir  posi- 
tivement leurs  organes  sexuels,  ni  être  témoin  de  leurs  réu- 
nions. M.  Strausa  vu,  au-dessous  de  l'origine  des  mandibu- 
les, l'insertion  d'un  gros  vaisseau  conique,  rempli  d'une 
substance  gélatineuse  ,  paraissant  communiquer  avec  l'œso- 
phage par  un  canal  étroit,  qu'il  soupçonne  être  un  testicule 
ou  une  glande  salivaire.  Les  individus  soumis  à  cette  obser- 
vation ayant  des  ovaires,  les  cypris  seraient,  dans  la  pre- 
mière de  ces  suppositions,  hermaphrodites.  Mais   cela   est 


(i)  Dans  la  figure  de  Ramdohr,  ces  pieds  n'ont  que  trois  articles,  et  le 
dernier  est  un  peu  dilate'  et  échâncre  au  bout,  avec  un  crochet  au  milieu 
de  cette  e'chan^rure. 


SECTION    DES    LOPHYROJPES.  l6l 

d'autant  plus  douteux,  qu'il  remarque  lui-même  que  les 
mâles  pourraient  bien  n'exister  qu'à  une  certaine  époque  de 
l'année,  et  que  le  vaisseau  dont  il  parle,  communiquant 
avec  l'œsophage,  paraît  avoir  plus  de  rapports  avec  les  fonc 
tions  digestives  qu'avec  la  génération  (r). 

Suivant  J urine,  les  antennes  sont  de  véritables  nageoires, 
dont  ces  animaux  développent  et  réunissent  à  volonté  les 
filets,  selon  le  degré  de  rapidité  qu'ils  veulent  donnera 
leur  progression  ;  tantôt  ils  n'en  font  paraître  qu'un  seul,  et 
d'autres  fois  ils  les  éparpillent  tous  ensemble.  Nous  pensons 
aussi  que  ces  filets  et  ceux  des  deuxpattes  antérieures  peuvent 
tout  aussi  bien  concourirà  la  respiration  que  ces  lames  des 
mandibules  et  des  deux  mâchoires  supérieures,  que  M.  Straus 
distingue  par  l'épithète  de  branchiales.  Les  dernières  où 
celles  de  ces  mâchoires  me  paraissent  être  un  véritable  palpe, 
mais  très  dilaté ,  et  les  deux  autres  un  appendice  des  palpes 
mandibulaires.  (  Voyez  Jurine,  Hist.  des  mon.,  VI,  3.  ) 

D'après  le  naturaliste  genevois  précité,  ces  animaux, 
lorsqu'ils  nagent,  meuvent  avec  autant  de  rapidité  que  les 
antennes,  leurs  deux  pattes  antérieures,  mais  lentement, 
quand  ils  marchent  sur  la  surface  des  herbes  marécageuses. 
Ces  pattes,  conjointement  avec  les  deux,  terminées  par  un 
long  crochet  ou  les  pénultièmes,  supportent  alors  le  corps. 
11  suppose  que  celles  qui  ,  selon  lui  ,  forment  la  seconde 
paire  ,  sont  destinées  à  établir  un  courant  aqueux  et  à  le  di- 
riger vers  la  bouche  :  ce  qui  assimilerait  leurs  fonctions  à 
celles  des  antennes  inférieures,  qu'il  nomme  antennules. 
Les  deux  filets  composant  la  queue  se  réunissent  et  semblent 
n'en  former  qu'un  seul,  lorsqu'ils  sortent  du  test;  ilg  ser- 
vent, à  ce  qu'il  présume,  à  nettoyer  son  intérieur.  La  fe- 
melle dépose  ses  œufs  en  masse ,  en  les  fixant,  au  moyen 
d'un  gluten  ,  sur  les  plantes  ou  sur  la  boue.  Cramponnée 
alors,  à  l'aide  des  seconds  pieds,  et  de  manière  à  ne  pas 
craindre  les  secousses  de  l'eau,  elle  emploie  environ  douze 
heures  dans  cette  opération,  qui,  dans  les  plus  grandes 
espèces  ,  fournit  jusqu'à  vingt-quatre  œufs.  Il  a  recueilli  de 

■  .ii  M  ...  . 

(i)  Voyez  le  canal  alimentaire  de  la  daphnia pulex ,  figure'  par  Jurine, 
X,  7  ,  et  Ramdohr,  Monoc  ,  tab.  v,  1 1  ,  d  ,  d  et  x. 

TOME   IV.  Il 


y 


l62  CHUSTACÉS   BR  A  NCHIQPODES. 

ces  paquets  d'ceufs,  à  leur  sortie,  et  après  les  avoir  isolés, 
il  en  a  vu  éclore  des  petits,  et  il  a  obtenu  une  autre  généra- 
tion sans  l'intervention  des  mâles.  Une  femelle  qui  avaitfait 
sa  ponte  le  12  avril,  a,  jusqu'au  18  mai  suivant  inclusive- 
ment ,  changé  six  fois  de  peau.  Le  27  du  même  mois ,  elle  a 
fait  une  seconde  ponte,  et  deux  joursaprès,  ou  le  29,  une 
troisième,  il  en  conclut  que  le  nombre  des  mues  de  l'en- 
fance est  en  rapport  avec  le  développement  graduel  de  l'in- 
dividu; que  ce  développement  ne  peut  se  manifester  que 
par  la  séparation  générale  d'une  enveloppe  devenue  trop 
petite  pour  loger  l'animal ,  et  que  celui-ci  a  pour  limite  une 
grandeur  déterminée  qu'il  lui  faut  atteindre  (1). 

Les lopliyi  opes  de  notre  troisième  division  (nosCLADOCÈBES 
ou  les  daphnides  de  M.  Straus),  composent,  dans  l'histoire 
desmonoclesde  Jurine  sa  seconde  famille.  La  forme  de  deux 
de  leurs  antennes  ,  qui  ressemblent  à  deux  bras  ramifiés  et 
servant  de  rames  ,  la  faculté  qu'ils  ont  de  sauter  ,  ont  valu  à 
Tune  des  espèces  des  plus  communes,  la  dénomination  de 
puce  aquatique  arborescente. 

Le  premier  de  ces  naturalistes,  qui  nous  a  donné  une 
excellente  monographie  des  daphnies,  sous -genre  de  cette 
division,  en  a  établi  deux  nouveaux,  l'un  sous  la  dénomi- 
nation de  Latone  (Latotia),  ayant  pour  caractère  d'avoir 
les  antennes  en  forme  de  rames,  divisées  en  trois  branches, 
d'un  seul  article  (2)  ;  et  l'autre,  celui  de  Sida  (Sida),  se 
rapprochant  des  sous-genres  connus  de  la  même  division  à 
l'égard  des  mêmes  antennes  ,  divisées  seulement  en  deux 
branches,  mais  dont  l'une  n'a  que  deux  articles,  et  l'autre 
trois'(3).  Suivant  lui,  les  daphnies  se  distingueraient  des  pré- 
cédents et  des  lyncées,  en  ce  que  l'une  des  deux  branches 

(1)  Voyez  Mùller,  Entom. ,  genre  cypris;  Jurine,  Hist.  des  monoc.  , 
seconde  divis.  ,  nioro  à  coquille  bivalve,  pag.  159-179,  xvn-xix  ;  Ratnd.  , 
Mon.,  iv;  Straus,  Mém.  du  mus.  cl'hist.  nat.,  vu,  ij  Desmar.,  Cousid., 
pag.  38o-386  ,  lv,  1-7.  M.  Desmarest  (  Crast.  fossil. ,  xi,  8)  en  a  figure' 
une  espèce  fossile,  qu'il  nomme  cypris  jève,  Irouve'e  en  grande  abon- 
dance près  de  la  montagne  de  Gergovie  ,  département  du  Puy-de-Dôme, 
et  à  la  balme  d1  Allier,  entre  Yichy-Les-Bains  et  Cussac. 

(2)  D aphnia  seiifera  ,  Mùller,  Entom. 

(3)  Daphnia  cristallinu ,  ejusd. ,  ibid. 


SECTION    DES    LOPHMOPES.  l()5 

des  rames  se  composerait  de  trois  articles  et  l'autre  de  qua- 
tre. Cependant,  selon  Jurine  (Hist.  des  mon.,  pag.  92), 
chaque  branche  serait  compose'e  de  trois  articulations;  mais 
il  paraît  qu'il  n'a  p,as  tenu  compte  du  premier,  à  la  vérité 
très  court,  de  la  branche  postérieure  (1).  Le  dernier  ,  dans 
tous  ces  lophyropes,  est  terminé  par  trois  filets,  et  chacun 
des  précédents  en  jette  un  autre  ;  ces  filets  sont  simples  ou 
barbus.  11  existe  aussi  deux  autres  antennes,  mais  très  cour- 
tes, surtout  dans  les  femelles,  situées  à  l'extrémité  anté- 
rieure et  inférieure  de  la  tête,  et  qui  n'ont  un  seul  article, 
avec  une  ou  deux  soies  au  bout. 

Les  Polyphèmes.  (Polyphemus.  Mûll.  ) 

Ont,  de  même  que  les  daphnies  et  les  lyncées,  leurs  an- 
tennes en  forme  de  rames,  divisées  en  deux  branches;  mais 
chacune  d'elles  est  composée  de  cinq  articles.  Déplus,  leur 
tête,  très  distincte  et  arrondie,  portée  sur  une  espèce  de 
cou,  est  presque  entièrement  occupée  par  un  grand  œil. 
Leurs  pattes  sont  entièrement  à  découvert. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  espèce,  le  poly- 

phème  des  étangs  (2). 

Selon  Jurine,  les  pattes  ne  ressemblent  en  rien  aux  mo- 
nocles de  cette  division.  Elles  se  composent  d'une  cuisse, 
d'une  jambe  ,  d'un  tarse  de  deux  articles  ,  et  de  l'extrémité 
duquel  sortent,  celui*  de  la  dernière  paire  excepté,  quel- 
ques petits  filets.  De  l'extrémité  antérieure  de  la  tête  sail- 
lent deux  petites  antennes  ,  d'un  seui  article,  terminé  par 
deux  filets.  La  coquille  est  tellement  transparente,  qu'on 
peut  distinguer  tous  les  viscères!  La  matrice,  lorsqu'elle 
est  pleine  d'œufs,  occupe  la  majeure  partie  de  son  intérieur. 
Leur  nombre,  dans  les  fortes  pontes,  n'excède  pas  celui 
de  dix»  Lorsqu'on  suit  le  développement  graduel  des 
fœtus,   on   est  frappé  de  la  prompte,  apparition  de   l'œil, 

(1)  M.  Ramdolu  Ta  rendu  dans  les  figures  11  et  vu,  lab.  v,  de  ces 
antennes. 

(p.)  Monoculus  pediculus ,  Lin  ;  Deg.  ,  Insect. ,  VII,  xxvm,  6-1 3; 
Polyphemus  oculus ,  Mûller  ,  entoin.  xx,  1  -5  ;  Cephaloculus  stagne- 
zuaz,  Lam.  ;   Jurin. ,   Monoc. ,  xv?  i-3  ;  Desmar.,  Consid. ,   liv,  i,  2. 

11* 


l64         CRUSTACÉS  BRANCHTOPODES. 

coniparativement  à  celle  des  autres  parties  du  corps.  Il  est 
d'abord  verdâtre  et  ne  passe  qu'insensiblement  au  noir  foncé. 
L'abdomen  ,  après  s'être  contourné  sur  lui-même,  de  der- 
rière en  avant  ,  se  replie  subitement  en  arrière  pour  former 
une  longue  queue,  grêle ,  pointue,  de  laquelle  sortent  deux 
longs  filets  articulés.  L'animal  nage  toujours  sur  le  dos  et 
le  plus  souvent  horizontalement ,  communiquant  à  ses  bras 
ou  rames,  et  à  ses  pattes  des  mouvements  vifs  et  répétés  ;  il 
exécute,  avec  beaucoup  de  prestesse  et  d'agilité,  toutes  sortes 
d'évolutions.  11  est  sujet, dans  sajeunesse  et  après  sespremiè- 
resmues,  àlamaladiedela  selle  {vqy.  ci-après);  mais  cette  selle 
a  toujours  une  figure  déterminée,  et  ne  renferme  jamais  les 
deux  boulesovales  qu'elle  présente  dans  les  daphnies.  Réduit 
en  captivité  ,  ce  crustacé  ne  vit  pas  long-temps,  et  les  petits  ne 
peuvent  s'élever,  du  moins  Jurine  n'a-t-il  pu  les  conserver 
après  les  premières  mues,  ni  observer  la  suite  de  leurs  géné- 
rations. Il  n'a  reconnu  de  mâles  dans  aucun  des  individus 
qu'il  a  gardés.' À  la  vérité,  il  n'a  pu  s'en  procurer  qu'une 
petite  quantité,  cette  espèce  étant  rare  dans  les  environs 
de  Genève  j  mais  il  paraît  qu'elle  est  très  commune  dans  les 
marais  et  les  étangs  du  Nord  ,  et  qu'elle  y  forme  des  attrou- 
pements considérables. 

Les  Daphnies.  (Daphnia.  Mùll.) 

Ont  leurs  rames  toujours  découvertes  jusqu'à  leur  base  ou 
l'origine  de  leur  pédondule,  aussi  longues  ou  presque  aussi 
longues  que  le  corps,  divisées  en  deux  branches,  dont  la 
postérieure  de  quatre  articles,  avec  le  premier  très  court"*, 
et  l'autre  ou  l'antérieur  de  trois;  leur  œil  est  petit  ou  en 
forme  ne  point,  et  si  l'on  en  excepte  quelques  espèces,  l'on 
ne  voit  point,  comme  dans  les  lyncées,  en  avant  de  lui  , 
une  petite  tache  noire,  en  forme  de  point,  que  Millier  avait 
prise  pour  un  second  œil  (i). 

Quoique  l'organisation  de  ces  crustacés  semble,  par  l'ex- 


(i)  C'est  aussi  le  sentiment  de  Ramdolir ,  Monoc. ,  pi.  v,  fig.  n  et 
m ,  6  ;  et  comme  il  Ta  découvert  dans  la  daphnia  sima  ,  il  serait  possible 
que  ce  caractère  fût  commun,  quoique  peu  sensible  dans  diverses  espèces, 
à  ce  sous-genre  et  aux  lyncées.  Schœi'fer  avait  déjà  observé  celte  tache. 


SECTION    DES   LOPHYROPES.  l65 

tréme  petitesse  de  ces  animaux,  devoir  se  soustraire  aux  re- 
gards de  l'observateur,  il  n'en  est  guère  cependant  de  mieux 
connue.  Sans  parler  de  ceux  qui  se  sont  spécialement  occu- 
pés de  recherches  microscopiques,  quatre  naturalistes  des 
plus  profonds,  Schaeffer,  Ramdohr,  Straus ,  Jurine  père, 
mais  surtout  le  troisième  ,  ont  étudié  ces  animaux  avec  l'at- 
tention la  plus  scrupuleuse.  Si  quelques  détails  d'organisa- 
tion ont  échappé  au  dernier,  les  recherches  de  MM.  Ramdohr 
et  Straus  y  suppléent  ;  Jurine,  d'ailleurs,  complète  les  obser- 
vations de  ceux-ci  sous  le  rapport  des  habitudes,  qu'il  a  long- 
temps suivies  et  très  bien  observées.  La  bouche  est  située  en 
dessous,  à  la  base  dubecj  nous  considérons,  avec  M.  Ramdohr, 
comme  un  chaperon  de  forme  alongée,  la  portion  inférieure 
de  la  tête,  queM.  Straus  appelle  labre,  et  nous  appliquerons 
cette  dernière  dénomination  à  la  partie  qu'il  nomme  lobule 
postérieur  du  labre.  Immédiatement  au-dessous  sont  deux 
mandibules  (mâchoires  intérieures,  Ramd.)  très  fortes, 
sans  palpes,  dirigées  verticalement  et  appliquées  sur  deux 
mâchoires  (i)  horizontales,  terminées  par  trois  épines  ro- 
bustes, cornées,  en  forme  de  crochets  recourbés.  Viennent 
ensuite  dix  pattes,  ayant  toutes  le  second  article  vésiculeux; 
les  huit  premières  se  terminent  par  une  expansion  en  forme 
de  nageoire,  garnie  sur  ses  bords  de  soies  ou  de  filets  barbus, 
disposés  en  manière  de  couronne  ou  de  peigne;  les  deux  anté- 
rieures paraissent  plus  spécialement  propres  à  la  préhension: 
aussi  M.  Ramdohr  les  prend-il  pour  des  palpes  doubles  (l'ex- 
terne et  l'interne)  :  ce  sont  les  mêmes  pièces  que  Jurine  ap- 
pelle ailleurs  (cyclopes)  des  mains.  Dans  les  figures  qu'ils 
en  ont  données  ,  les  soies  terminales  paraissent  être 
barbues  :  nous  ne  voyons  pas  dès  lors  pourquoi  ces  appen- 
dices ne  pourraient  pas  servir  à  la  respiration,  propriété  (2) 


(1)  Les  mâchoires  extérieures,  dans  la  nomenclature  de  M.  Ramdohr. 
Jurine  n'ayant  pas  détaché  ces  parties  des  précédentes,  a  suppose'  que 
celles  -  ci  étaient  accompagnées  d'une  espèce  de  souspape  et  d'un  palpe. 
Hist.  des  monoc.  ,  IX  ,  fig.  13-17. 

{2)  Suivant  M.  Straus,  les  cypris  et  les  cythérées  ne  sont  point  de 
véritables  branchiopodes ,  attendu  que  leurs  pattes  n'ont  point  de  bran- 
chies ;  mais ,  comme  nous  l'avons  déjà  observé ,  les  soies  ou  poils  des 


l66  CRUSTACÉS  BRANCHrOPODES. 

que  M.  Stvaus  n'accorde  qu'aux  suivantes  ,  parce  que  celles- 
ci  ont  de  plus  au  côté  interne  une  lame  qui  ,  à  l'exception 
des  deux  dernières,  est  bordée  d'une  rangée  de  soies,  en 
manière  de  peigne,  et  pareillement  barbue,  à  en  juger  d'a- 
près les  figures  de  Jurine  et  M.  Ramdohr.  Les  deux  dernières 
pattes  ont  une  structure  un  peu  différente,  et  M.  Ramdohr 
les  distingue  sous  le  nom  de  serres.  L'abdomen  ,  ou  le  corps 
proprement  dit,  est  divisé  en  huit  segments,  parfaitement 
libre  entre  ses  valves,  grêle  ,  alongé,  recourbé  en-dessous  à 
son  extrémité,  et  terminé  par  deux  petits  crochets  dirigés 
en  arrière.  Le  sixième  segment  présente  en-dessus  une  rangée 
de  quatre  mamelons,  formant  des  dentelures,  et  le  quatrième 
une  sorte  de  queue  (i).  Les  ovaires  sont  placés  le  long  des 
côtés,  entre  ce  segment  et  le  premier,  et  s'ouvrent  séparé- 
ment près  du  dos,  dans  une  cavité  (matrice,  Jurine)  située 
entre  la  coquille  et  le  corps,  où  les  œufs  restent  quelque 
temps  après  îa  ponte.  * 

Millier  a  donné  le  nom  d'ephippium  ou  de  selle  à  une 
grande  tache  obscure  et  rectangulaire  qui,  à  certaines  épo- 
ques de  l'année  et  surtout  en  été  ,  se  montre,  après  la  mue 
des  femelles,  à  la  partie  supérieure  des  valves  de  la  coquille, 
et  que  Jurine  attribue  à  une  maladie.  Selon  M.  Straus ,  cet 
ephippium  présente  deux  ampoules  ovalaires  ,  transpa- 
rentes,  placées  l'une  au-devant  de  l'autre,  et  formant  avec 
celles  du  côté  opposé  deux  petites  capsules  ovales,  s'ouvrant 
comme  une  capsule  bivalve.  Il  se  partage,  ainsi  que  les  valves 
dont  il  fait  partie,  en  deux  moitiés  latérales,  réunies  par 
une  suture  le  longdeleur  bord  supérieurs;  son  intérieur  en 
offre  un  autre  semblable,  mais  plus  petit,  à  bords  libres , 
si  ce  n'est  le  supérieur,  qui  tientaux  valves,  et  dont  lesdeux 
moitiés  jouant  en  charnière  l'une  sur  l'autre,  présentent 
les  mêmes  ampoules  que  les  battants  extérieurs.  Chaque 
capsule  renferme  un  œuf  à  coque  cornée  et  verdâtre  ,  sem- 

deux  antérieures  et  celles  des  antennes  ,  pourraient,  tout  aussi  bien  que 
celles  des  palpes  et  des  premières  mâchoires ,  remplir  les  fonctions 
branchiales. 

(i)  Nous  omettons  d'autres  de'Lails  d'organisation,  parce  que  les  uns 
ne  peuvent  être  saisis  qu'au  moyen  de  figures  ,  et  que  les  autres  paraissent 
être  communs  à  la  plupart  des  branchiopodes. 


SECTION    DES    LOPHYROP13S.  167 

Llable,  du  reste,  aux  œufs  ordinaires,  mais  demeurant 
plus  long-temps  à  se  développer  et  devant  passer  l'hiver 
sous  cette  forme.  A  l'époque  de  la  mue,  l'éphippium,  ainsi 
que  ses  œufs,  est  abandonné  avec  la  dépouille  dont  il  fait 
partie  :  elle  sert  d'abri  à  ces  œufs  pendant  le  froid.  La  cha- 
Jeur  du  printemps  les  fait  éclore,  et  il  en  sort  des  petits  abso- 
lument semblables  à  ceux  que  donnent  les  œufs  ordinaires. 
Schasffer  a  dit  qu'ils  peuvent  rester  fort  longtemps  dans 
l'état  de  dessiccation  sans  que  le  germe  soitaltéré;  mais  aucun 
de  ceux  que  M.  Straus  a  conservés  dans  cet  état  n'est  éclos. 
lissont  absolument  libres,  ou  sans  adhérer  les  uns  aux  autres, 
dans  les  cavités  qui  leur  sont  propres.  Selon  Jurine,  ils  peu- 
vent, en  été,  éclore  au  bout  de  deux  ou  trois  jours.  Sous  le 
climat  de  Paris ,  où  M.  Straus  les  a  observés  à  toutes  les 
époques  de  l'année  ,  il  faut  au  moins  cent  heures.  Le 
fœtus,  vingt  heures  après  la  ponte,  n'offre  qu'une  masse 
arrondie  et  informe,  sur  laquelle  on  remarque,  quand  on 
l'examine  de  près,  les  rudiments  obtus  des  bras,  en  forme 
de  moignons  très  courts  et  imparfaits,  collés  contre  le  corps  ; 
la  tête  ni  l'œil  ne  sont  visibles  ;  le  corps,  vert  ou  rougeâtre, 
et  ponctué  de  blanc  comme  les  œufs  ,  ne  fait  encore  aucun 
mouvement.  Ce  n'est  qu'à  la  quatre-vingt-dixième  heure  , 
et  lorsque  l'œil  a  paru,  que  les  bras  et  les  valves  se  sont 
alongés,  que  le  fœtus  commence  à  se  mouvoir-  À  la  centième 
heure,  il  est  déjà  très  actif;  enfin  à  la  cent  dixième  ,  il  ne 
diffère  du  petit  venant  de  naître,  qu'en  ce  que  les  soies  des 
rames  sont  encore  collées  contre  leur  tige,  et  que  la  queue 
des  valves  est  fléchie  en  dessous  et  reçue  entre  les  bords 
inférieurs  de  ces  pièces.  Vers  la"  fin  du  cinquième  jour  ,  la 
queue,  qui  termine  les  valves  dans  le  jeune  âge,  et  les  soies 
des  bras,  se  débandent  comme  un  ressort,  et  les  pattes  com- 
mencent alors  seulement  à  s'agiter..  Les  petits  étant  en  état 
de  paraître  au  jour,  la  mère  abaisse  aussitôt  son  abdomen  , 
et  ils  s'élancent  au  dehors.  Des  œufs  nouvellement  pondus 
et  placés  4ans  un  bocal ,  où  M.  Straus  les  a  suivis,  se  sont 
développés  de  la  même  manière.  Jurine  nous  a  aussi  donné, 
sur  les  changements  progressifs  des  fœtus  des  daphnies,  des 
observations  analogues,  mais  faites  en  hiver;  et  comme  les 
petits  ne  sont  écios  que  le  dixième  jour,  il  a  eu  l'avantage 


l68  CRUSTACÉS    BRAWCHIOPODES. 

de  pouvoir  mieux  saisir  et  préciser  ces  développements.  Le 
premier  jour,  l'œuf  présente  une  bulle  centrale,  entourée 
d'autres  plus  petites,  avec  des  molécules  colorées  dans  les 
intervalles.  Ces  molécules  et  ces  bulles  paraissent  destinées 
à  former,  en  s'agglomérant  ,  en  se  rapprochant  du  centre  et 
finissant  par  disparaître,  les  organes.  Le  sixième  jour,  la 
forme  du  fœtus  commence  à  se  prononcer  ;  le  septième,  l'on 
distingue  la  tête  et  les  pattes  ;  le  huitième ,  l'œil  paraît  ainsi 
que  l'intestin;  le  suivant,  l'on  commence  à  distinguer  le 
réseau  de  cet  œil;  les  bulles  ont  presque  entièrement  disparu,, 
à  l'exception  de  la  centrale,  qui  occupe  le  canal  alimentaire, 
sous  le  cœur;  le  dixième,  le  développement  du  fœtus  est 
terminé,  le  petit  sort  de  la  matrice,  et  reste  un  moment 
immobile. 

Les  mâles,  du  moins  dans  les  espèces  observées  par 
M.  Straus,  sont  très  distincts  des  femelles.  La  tête  est  pro- 
portionnellement plus  courte  ;  le  bec  est  moins  saillant  ;  les 
valves  sont  moins  larges  et  moins  gibbeuses  supérieurement 
et  baillantes  en  devant ,  de  sorte  qu'elles  présentent  en  cette 
place  une  large  ouverture  presque  circulaire.  Les  antennes 
sont  beaucoup  plus  grandes,  offrent  l'apparence  de  deux  cor- 
nes dirigées  en  dessous,  et  que  Millier  a  considérées  comme 
les  organes  sexuels  de  ce  sexe.  M.  Straus  n'a  pu  découvrir  ces 
parties  sexuelles;  mais  il  a  remarqué  que  l'onglet  terminant 
le  dernier  article  des  deux  pattes  antérieures  (les  secondes, 
en  supposant  que  les  rames  soient  les  premières)  est  beau- 
coup plus  grand  que  dans  la  femelle,  qu'il  a  la  forme  d'un 
très  grand  crochet  ,  «fortement  recourbé  en  dehors,  et  que  la 
soie  du  troisième  article  est  également  beaucoup  plus  lon- 
gue; ces  crochets  lui  servent  à  saisir  la  femelle.  Les  mame- 
lons du  sixième  segment  de  l'abdomen  sont  beaucoup  moins 
sensibles  et  sous  la  forme  de  tubercules,  dans  le  premier  âge. 
Aux  antennes  inférieures  près,  plus  longues  dans  les  mâles, 
les  deux  sexes  se  ressemblent  presque,  et  les  deux  valves  de 
leur  coquille  se  terminent,  dans  l'un  et  l'autre,  par  un  stylet 
dentelé  en  dessous  ,  arqué  vers  le  bas  et  d'une  longueur  éga- 
lant presque  celle  des  valves.  À  chaque  mue,  ce  stylet  se  rac- 
courcit, de  sorte  qu'il  ne  forme  plus,  dans  les  adultes, 
qu'une  simple  pointe  obtuse. 


SECTION    DES    LOPHYUOPES.  469 

Les  mâles  sont  très  ardents  à  la  poursuite  de  leurs  femel- 
les et  souvent  du  même  individu. 

Un  seul  accouplement  féconde  la  femelle  pour  plusieurs 
générations  successives  et  jusqu'à  six  au  moins,  ainsi  que 
l'a  constaté  Jurine.  M.  Straus  remarquant  que  les  orifices 
des  ovaires  sont  placés  très  profondément  sous  les  valves,  et 
que  dès  lors  aucune  partie  du  corps  du  mâle  ne  pourrait  y 
atteindre,  soupçonne  qu'il  n'existe  point  chez  lui  d'organe 
copulateur,  et  qu'il  se  borne  à  lancer  la  liqueur  fécondante 
sous  les  valves  de  la  femelle,  d'où  elle  s'introduit  dans  les 
•ovaires;  mais  l'analogie  semble  repousser  une  telle  conjec- 
ture (1).  Jurine  a  vu  leur  accouplement,  qui  dure  au  plus 
de  huit  à  dix  minutes.  Le  mâle,  placé  d'abord  sur  le  dos  de 
la  femelle,  la  saisit  avec  les  longs  filets  de  ses  pattes  anté- 
rieures; se  portant  ensuite  vers  le  bord  inférieur  de  la  co- 
quille de  celle-ci ,  et  approchant  la  sienne  de  son  ouverture, 
il  y  introduit  ces  filets ,  ainsi  que  les  crochets  ou  harpons 
de  ces  pattes.  Il  rapproche  ensuite  sa  queue  de  celle  de  sa 
compagne,  qui  d'abord  se  refuse  à  ses  désirs,  court  avec 
une  grande  vitesse,  le  transportant  avec  elle,  mais  qui  finit 
par  céder.  De  petits  corps,  en  forme  de  grains  colorés  en 
vert,  en  rose  ou  en  brun  ,  selon  les  saisons,  composant  les 
ovaires,  remontent  graduellement  dans  la  matrice  et  y  de- 
viennent des  œufs.  Jurine  observe  que  les  mâles  de  la  (  D. 
puce)  sont  en  petit  nombre,  comparativement  à  celui  des 
femelles;  qu'au  printemps  et  en  été,  on  n'en  trouve  que 
difficilement ,  tandis  qu'ils  sont  moins  rares  en  automne. 

Environ  huit  jours  après  leur  naissance,  les  jeunes  daph- 
nies changent  pour  la  première  fois  de  peau  ,  et  continuent 
ensuite  la  même  opération  ,  tous  les  cinq  à  six  jours,  selon 
le  plus  ou  moins  d'élévation  de  la  température;  non  seule- 
ment le  corps  et  les  valves  ,  mais  encore  les  branchies  et  les 
soies  des  rames  se  dépouillent  de  leur  épidémie.  Ce  n'est 
qu'à  la  troisième  mue  que  ces  crustacés  commencent  à  pro- 
duire. Leur  ponte  n'est  d'abord  que  d'un  seul  œuf,  puis  de 
deux  ou  trois,  et  augmente  progressivement,  et  va  même 
jusqu'à  cinquante-huit  dans   une  espèce  (  D.  magna).  Un 


(1)  Voy,  Jurine,  Hist.  des  mon. ,  pag.  106  et  suiv. 


I70  CRUSTACÉS    BHANCHIOPODES. 

jour  après  Ja  ponte,  la  femelle  change  de  peau,  ei  l'on 
trouve  dans  les  téguments  qu'elle  abandonne,  les  coques 
des  œufs  de  sa  dernière  ponte.  Un  moment  après,  elle  en 
fait  une  nouvelle.  Les  jeunes  d'une  même  portée,  sont 
presque  toujours  du  même  sexe,  et  il  est  assez  rare  de  trou- 
ver dans  une  portée  de  femelles  deux  ou  trois  mâles,  et  vice 
versa.  Mais  sur  cinq  à  six  portées  des  mois  d'été,  il  s'en 
trouve  au  plus  une  de  mâles.  On  rencontre  souvent  des  in- 
dividus dont  les  téguments  sont  d'un  blanc  laiteux  ,  opaque 
et  épaissi ,  sans  que  pour,  cela  ils  en  paraissent  affectés  ; 
au  renouvellement  de  leur  test,  on  n'aperçoit  sur  lui  que 
de  légères  traces  de  cette  altération,  et  qui  se  manifestent 
par  des  rugosités» 

Ces  crustacés  cessent  de  se  reproduire  et  de  muer  aux  ap^ 
proches  de  l'hiver,  et  finissent  par  périr  avant  le  commeu- 
cementdes  gelées.  Les  œufs  contenus  dans  les  ephippiums,  et 
qui  avaient  été  pondus  pendant  l'été,  éclosent  dès  les  pre- 
mières chaleurs  du  printemps  suivant  ;  bientôt  les  mares 
sont  de  nouveau  peuplées  d'une  infinité  de  daphnies.  Plu- 
sieurs naturalistes  ont  attribué  la  couleur  sanguine  que  ces 
eaux  prennent  quelquefois,  à  la  présence  de  myriades  de  la 
D.  puce  ;  mais  M.  Straus  dit  n'avoir  jamais  observé  ce  fait, 
et  que  cette  espèce  est  en  tout  temps  peu  colorée.  Le  matin 
et  le  soir,  et  même  pendant  le  jour,  lorsque  le  ciei  est  cou- 
vert, les  daphnies  se  tiennent  habituellement  à  leur  surface. 
Mais  dans  les  grandes  chaleurs,  et  lorsque  le  soleil  donne 
avec  ardeur  sur  les  mares  ou  eaux  stagnantes  qu'elles  habi- 
tent, elles  s'enfoncent  dans  l'eau,  et  se  tiennent  à  six  ou 
huit  pieds  de  profondeur  ou  davantage  ;  souvent  on  n'en 
voit  pas  une  seule  à  la  surface.  Elles  nagent  par  petits  bonds, 
plus  ou  moins  étendus  ,  suivant  que  leurs  rames  sont  plus 
ou  moins  longues  ,  et  que  le  bouclier  recouvrant  le  devant 
de  leur  corps  déborde  plus  ou  moins  ,  la  grandeur  de  cette 
saillie  pouvant  gêner  leurs  mouvements.  Au  témoignage  de 
M.  Straus,  leur  nourriture  consiste  exclusivement  en  petites 
parcelles  de  substances  végétales,  que  ces  animaux  trouvent 
au  fond  de  l'eau,  et  très  souvent  en  conferves.  Ils  o*nt  con- 
stamment refusé  les  substances  animales  qu'il  leur  a  offertes. 
Il  leur  a  souvent  vu  avaler  leurs  propres  excréments,  en- 


SECTION    DES    LOPHYROPES.  1  7  1 

traînés  par  îe  courant  d'eau  que  produit  l'action  de  leurs 
pattes,  et  qui  porte  leur  aliment  ordinaire  vers  leur  bou- 
che. Les  crochets  qui  terminent  l'extrémité  de  leur  queue 
leur  servent  à  nettoyer  leurs  branchies. 

La  Daphnie  puce,  la  plus  commune  de  toutes  {Monoculus 
puteXy  Lin.)-  Pulex  aquaticus  arborescens  ,  Swamm.,  Bib. 
nat. ,  xxxi  ;  le  Perroquet  d'eau  ,  Geoff.  ,  Hist.  ins.  ,  11  , 
pag.  455;  Scbaeff.,  Die  Griin.,  ai  m.,  Polyp. ,  1 755,  I,  1-8; 
Straus. ,  Mera.  du  Mus.  d'hist.  ,  V  ,  xxix,  1 — 10  ;  Jurin., 
Mon.,  vni — xi,  a,  selon  M.  Straus  ,  le  bec  grand',  convexe; 
les  soies  des  rames  plumeuses  ;  le  premier  mamelon  du 
sixième  segment  en  languette;  les  valves  dentelées  au  bord 
inférieur,  terminées  par  une  queue  courte,  obtuse  dans  les 
femelles.  Ce  dernier  caractère  la  distingue  d'une  autre 
espèceavec  laquelle  on  l'a  confondue  ,  la  D.  longue  épine 
(  D.  longispina ,  Str. ,  Deg.  insect,  VII,  xxvn,  1  —  4)«  La 
femelle  est  longue  de  quatre  millimètres  (1). 
Le  dernier  sous-genre  des  lophyropes  est  celui  de 

Lyncee  (  Lynceus.  Mùil.  —  Chilodorus.  Leach.  ), 

Qui  ne  se  distingue  guère  du  précédent  que  par  ses  rames, 
évidemment  plus  courtes  que  la  coquille,  et  dont  la  por- 
tion inférieure  ne  fait  point  ou  presque  pas  de  saillie.  Selon 
M.  Straus,  les  articulations  de  leurs  branches  seraient  plus 
nombreuses  que  dans  les  sous-genres  précédents.  Tous  ont 
au-devant  de  leur  œil  une  petite  tache  qui  a  l'apparence 
d'un  autre  œil.  Le  bec  est  proportionnellement  plus  pro- 
longé que  celui  des  daphnies  ,  courbé  et  pointu  (2). 

La  seconde  section  des  branchiopodes,  celle  des  Phyllo- 
pes  (Phytlopa) ,  est  distinguée,  ainsi  que  nous  l'aVons  dit, 
de  la  première,  à  raison  du  nombre  des  pieds,  qui  est  au 
moins  de  vingt  (3)  et  de  la  forme  lamellaire  ou  foliacée  de 

(1)  Voyez ,  pour  les  autres  espèces ,  le  Mémoire  précité  de  M.  Straus  ; 
Mùller  ,  Entom.,    et  Juriue,  Hist.  des  monocles,   seconde  famille „  pag 
1 85-58,  et  pag.  181-200.  Voyez  aussi,' pour  les  D.  sima  et  longispina , 
Ramd. ,  Monoc. ,  v-vn, 

(a)  Voyez  Millier  ,   Entom.,   G.  lynceus;  Juriiie,  Monoc. ,  pag.  i5i- 
i58,  et  Desmar.  ,  Consid.  ,  375-878. 

(3)  Ces  animaux  représentent,  dans  la  classe  des  crustacés  ,  les  myria- 
podes de  celle  des  insectes. 


172  CIIUSTACÉS    BRANCHIOPODES. 

leurs  articles.  Les  yeux  sont  toujours  au  nombre  de 'deux, 
et  quelquefois  pédicules:  plusieurs  encore  ont  un  œil  lisse. 

Ces  crustacés  se  distribuent  dans  deux  grouppes  princi- 
paux. 

Les  uns  (Ceratophthalmes,  Ceratophtlialma  ,  Lat.)  ont  dix 
paires  de  pattes  au  moins  et  vingt-deux  au  plus,  sans  corps vé- 
siculaire  à  leur  base,  et  dont  les  antérieures,  jamais  beaucoup 
plus  longues  que  les  autres,  ni  ramifiées.  Leur  corps  est  ren- 
fermé dans  un  test  en  forme  de  coquille  bivalve,  ounu,  avec 
les  divisions  thoraciques  portant  chacune  une  paire  de  pattes 
à  découvert.  Les  yeux  sont  tantôt  sessiles,  petits  et  très  rap- 
prochés; tantôt,  et  le  plus  souvent,  situés  à  l'extrémité  de 
deux  pédicules  mobiles.  Les  œufs  sont  intérieurs,  ou  exté- 
rieurs et  renfermés  dans  une  capsule  de  la  base  de  la  queue. 

Ici  les  yeux  sont  sessiles,  immobiles,  et  le  corps  est  ren- 
fermé dans  un  test  ovale,  ayant  la  forme  d'une  coquille 
bivalve  ;  les  ovaires  sont  toujours  intérieurs.  Tels  sont 

Les    LiMNADIES.    (LlMNADIA.    Adolp.    Bl'ODg.  )(l) 

Qui  se  lient  tellement  avec  les  précédents  que  la  seule  espèce 
connue  avait  été  placée  parmi  les  daphnies  par  Hermann  fils. 
Le  test  est  bivalve,  ovale,  et  renferme  le  corps,  qui  est  alongé, 
linéaire  et  infléchi  en  avant.  A  la  tête,  se  confondant  pres- 
que avec  lui ,  sont:  i°  deux  yeux  placés  transversalement  et  . 
très  rapprochés;  i°  quatre  antennes ,  dont  deux  beaucoup 
plus  grandes,  composées  chacune  d'un  pédoncule  de  huit 
articles,  et  de  deux  branches  ou  filets,  sétacées,  divisées  en 
huit  articles,  et  un  peu  soyeuses,  et  dont  les  deux  autres  et 
intermédiaires,  petites,  simples,  élargies  à  leur  extrémité; 
3°  la  bouche,  située  au-dessous,  consistant  en  deux  mandi- 
bules renflées,  arquées  et  tronquées  à  leur  extrémité  infé- 
rieure, eten  deux  mâchoires  foliacées.  Ces  parties  forment, 
réunies,  une  sorte  de  bec  inférieur.  Le  corps  proprement 
dit  est  divisé  en    vingt-trois  segments,  portant  chacun,  à 

(1)  Dans  mon  ouvrage  sur  les  familles  naturelles  du  règne  animal,  ce 
sous-genre  compose,  avec  celui  dapus,  ma  famille  des  aspidiphores  ; 
il  se  rapproche  de  celui-ei  par  le  nombre  des  pattes,  et  des  daphnies  par 
le  test. 


SECTION    DES  PHYLLOPES.  I70 

l'exception   du  dernier  ,  une   paire  de  pattes  branchiales. 
Toutes  ces  pattes  sont  semblables  ,  très  comprimées,  bifides, 
avec  la  division  extérieure  simple  ,  ciliée  au  bord  extérieur, 
et  l'autre  quadriarticulée  et  fortement  ciliée  au  bord  interne. 
Les  douze  premières  paires  sont  de  même  longueur  et  plus 
grandes  que  les  au  très;  la  longueur  de  celles-ci  diminue  pro- 
gressivement. La  onzième  paire  et  les  deux  suivantes  ont  à 
leur  base  un   fiiet  mince,  remontant  dans  la  cavité  qui   est 
entre  le  dos  et  le  test,  et  sert  de  support  aux  œufs.  Le  der- 
nier segment  ou  la  queue  se  termine  par  deux  filets.  Les 
ovaires  sont  intérieurs  et  situés  sur  les  côtés  du  canal  intes- 
tinal ,  depuis  la  base  de  la  première  paire  de  pieds  jusqu'à 
la  dix-huitième  ,  et  leur  issue  paraît  être  située  à  la  racine 
de  quelques-uns  d'entre-eux.  Les  œufs,  après  la  ponte,  oc- 
cupent la  cavité  dorsale,  dont  nous  avons  parlé,  et  y  sont 
attachés  au  moyen  de  petits  filets,   adhérant  eux -même  à 
ceux  de6  supports.   Ils  sont  d'abord   ronds  et  transparents  ; 
ils  prennent  ensuite  une  teinte  jaunâtre  ,  qui   s'obscurcit 
après  au  centre,  et  leur  figure  devient  irrégulière  et  angu- 
laire. 

Tous  les  individus  observés  par  \I.  Adolphe  Brongniart, 
en  étaient  pourvus.  Les  mâles ,  supposé  qu'il  en  existe,  ne 
paraissent  pas  à  la  même  époque  que  les  femelles  ,  c'est-à- 
dire  au  mois  de  juin  ,  et  sont  inconnus. 

La  Limnadie  d'Hermann  {Limnadia  Hermani ,  Adol. 
Brong.  ,  Mém.  du  mus.  d'hist.  natur.  ,  VI,  xm  ;  Daphnia 
gigas ,  Herm.,  Mém.  apterol ,  V.  )  a  été  trouvée  en  grand 
nombre  dans  les  petites^mares  de  la  forêt  de  Fontainebleau. 
.    Là,  chaque  œil  est  situé  à  l'extrémité  d'un  pédicule  ,  formé 
par  le  prolongement  latéral  et  en  forme  de  c%rne  de  chaque 
côté  de  la  tête.  Le  corps  est  nu,  sans  test,  etannelédans  toute 
sa  longueur.  Les  femelles  portent  leurs  œufs  dans  une  cap- 
sule alongée  située  vers  la  base  de  la  queue,  dans  ceux  où. 
il  se  termine  ainsi,  ou  à  l'extrémité  postérieure  du  corps  et 
du  thorax,  dans  ceux  où  il  n'y  a  point  de  queue. 
Ceux-ci  ont  une  queue. 

Les  Artemies.   (  Artemia.  Leach.  ) 

Dont  les  yeux  sont  portés  sur  de  très  courts  pédicules 5 


J  *j[\.  CKUSTA.CÉS    BRANCHIOPODES. 

dout.la  tête  se  confond  avec  un  thorax  ovale,  portant  dix 
paires  de  patte?,  et  terminé  par  une  queue  longue  et  pointue. 
Leurs  antennes  sont  courtes  et  subulées. 

\J  Artémie  saline  (  Cancer  salinus.  Lin.),  Montag.j  Trans. 
soc.  linn. ,  XI ,  xiv,  8-io;'Gammarus  salinus,  Fab.;  Desm., 
Consid. ,  pag.  3q3,  est  un  très  petit  crustacé  ,  que  l'on 
trouve  communément  dans  les  marais  salants  de  Lyming- 
ton;  en  Angleterre,  lorsque  l'évaporation  des  eaux  est 
très  avancée,  mais  sur  lequel  nous  n'avons  encore  que 
des  renseignements  très  imparfaits. 

Les  Branchipes.  (Branchipus.  Lat. — Chirocephalus.  Bénédict 

Prévost.  Jurin.  ) 

Ont  les  yeux  portés  sur  des  pédicules  très  saillants,  le 
corps  étroit,  alongé  et  comprimé  5  la  tête  distincte  du  tronc, 
diversement  appendicée  selon  les  sexes,  avec  deux  saillies 
en  forme  de  cornes  entre  les  yeux  ;  onze  paires  de  pattes  , 
et  la  queue  terminée  par  deux  feuillets  plus  ou  moins  alon- 
gés  et  bordés  de  cils. 

Quoique  Schœffer  et  Bénédict  Prévost  (1)  aient  donné 
des  monographies  très  détaillées  sur  deux  espèces  de  ce 
genre  ,  ces  travaux  néanmoins  sont  encore  imparfaits, 
quanta  la  connaissance  approfondie  et  comparative  de  l'or- 
ganisation buocale  et  de  quelques  autres  parties  de  la  tête. 
Considérés  dans  les  deux  sexes,  ces  animaux  nous  pré- 
sentent les  généralités  suivantes  :  le  corps  est  presque 
filiforme,  composé  d'une  tête  distincte  du  tronc  par  une 
espèce  de  cou  •  d'un  tronc  011  Uiorax  creux:  en  dessous 
dans  sa  longueur  ,  divisé ,  du  moins  en  dessus  ,  le  cou  non 
compris,  en  offze  segments,  portant  chacun  une  paire  de 
pattes  branchiales,  très  comprimées,  généralement  com- 
posées de  trois  articles  lamellaires,  avec  les  bords  garnis 
d'une  frange  de  poils  ou  filets  barbus;  et  d'une  queue alon- 
gée,  allant  en  pointe,  de  neuf  segments,  terminée  par  deux 
feuillets  plus  ou  moins  alongés,  bordé  de  cils.  Le  dessous 

(1)  Mémoire  sur  !e  cliirocc'pliale  ,  imprime'  à  la  suite  de  l'Histoire  des 
monocles  de  feu  Louis  Juriue ,  et  qui  avait  déjà  paru  dans  le  Journal  de 
physique. 


SECTION    DES    PIIYLLOPES.  1  j5 

de  son  second  segment  présente  les  organes  sexuels  mas- 
culins, et  dans  la  femelle  un  sac  alongé  ,  contenant  les 
œufs  qu'elle  est  près  de  pondre.  La  tête  offre,  i°  deux  yeux 
à  réseau  écartés  ,  situés  à  l'extrémité  de  deux  pédoncules 
flexibles,  formés  par  des  prolongements  latéraux  de  la  tête  ; 
2°  deux  antennes  au  moins  ,  frontales  ,  guères  plus  longues 
que  la  tête  ,  menues  ,  filiformes  ,  composées  de  très  petits 
articles^  3°  deux  saillies,  au-dessous  d'elles,  tantôt  en  forme 
de  cornes  et  d'un  seul  article,  tantôt  digitifoimes  (  le  pre- 
mier doigt  des  mains,  Bénéd.  Prévost  ) ,  de  deux  articles  ; 
4°  une  bouche  inférieure,  composée  de  deux  sortes  de 
mandibules  dentées,  sans  palpes,  et  de  quelques  autres 
pièces.  '  Nous  présumons  que  ces  saillies  en  forme  de 
cornes  ne  sont  qu'un  appendice  ou  division  ,  mais  plus 
grand,  et  autrement  conformé  dans  les  mâles,  des  an- 
tennes frontales  ;  les  deux  autres  antennes  peuvent  man- 
quer ou  s'oblitérer  dans  les  femelles  ,  et  former  dans 
l'autre  sexe  de  l'une  de  ces  espèces  (  Chirocéphale  dia- 
phane, Prévost  )  ces  singuliers  tentacules,  appendices  et 
dentés,  en  forme  de  trompe  mollasse,  pouvant  se  rouler 
en  spirale  ,  que  Bénédict  Prévost  désigne  sous  le  nom  de 
doigts  des  mains.  Il  est  probable  que  la  bouche  a  ainsi  que 
dans  les  apus  ,  deux  paires  de  mâchoires,  une  languette  et 
un  labre,  mais  dont  les  formes  et  les  situations  respectives 
n'ont  pas  encore  été  bien  reconnues.  11  me  paraît  hors  de 
doute  qne  cette  pièce ,  en  forme  de  bec  ,  dont  parle  Schif- 
fer, et  que  M.  Prévôt  appelle  soupape,  ne  soit  le  labre; 
que  les  quatre  corps  ou  mamelons  placés  sur  les  côtés  et 
mentionnés  par  le  premier  ne  soient  les  mandibules  et  les 
deux  mâchoires  supériei  res  ;  et  que  les  pièces,  considé- 
rées par  le  second  comme  des  barbillons  ne  soient  aussi 
maxillaires.  Les  deux  panières  pattes  ,  qui,  suivant  Schaef- 
fer,  ne  sont  composées  que  de  deux  articles,  et  dont  le 
dernier  allant  en  pointe,  représenteraient  les  deux  premiers 
pieds-mâchoires  des  crustacés  décapodes  ,  et  les  deux  gran- 
des pattes  antenniformes  des  apus.  {Voyez  la  ire  partie  des 
Mémoires'sur  les  animaux  sans  vertèbres,  de  M.  Savigny.) 
Les  principaux  organes  sexuels  masculins,  ou  du  moins 
ceux  que  l'on  regarde  comme   tels  ,    consistent    en   deux 


176         CRUSTACÉS  BRANCHIOPODES. 

corps  conoïdcs,  Inarticulés  et  ne  sortant  que  par  la  pres- 
sion (  Schaeffer  ),  situés  sur  le  dessous  du  second  anneau  , 
et  auquel  aboutissent- des  vaisseaux,  partant  du  premier. 
M.  Prévost  présume  que  les  deux  vulves  delà  femelle  sont 
à  l'extrémité  de  la  queue,  mais  ne  donnent  point  issue  aux 
œufs.  Cette  issue  (deux  ouvertures,  selon  Schaeffer)  est 
au  second  anneau,  et  communique  intérieurement  avec  le 
sac  renfermant  les  œufs  et  servant  de  matrice  extérieure. 
Mais  nous  ne  connaissons  aucun  crustacé  dont  les  organes 
sexuels  féminins  soient  placés  à  l'extrémité  postérieure  du 
corps,  et  dès  lors   cette  opinion,  nous  paraît  peu  fondée.  ; 

Les  observations  de  Schaeffer  sur  les  poils  des  pattes  de 
ces  crustacés  nous  montrent  qu'ils  sont  autant  de  canaux 
aériens ,  et  la  surface  même  des  pattes  dont  elles  se  compo- 
sent ,  paraît  absorber  une  portion  de  l'air,  qui  s'y  attache 
sous  la  forme  de  petites  bulles. 

Le  Chirocéphale  diaphane  de  Bénédict  Prévost ,   et  qui 
nous  semble  avoir  les  plus  grands  rapports  avec- notre  bran- 
chip  e  des  marais,  si  toutefoismême  il  en  diffère,  a  en  sortant 
de  l'œuf,  le  corps  partagé   en   deux  masses  à-peu-près 
égales,  et  presque  globuleuses.  La  première  offre  un  œil 
lisse,  deux  antennes  courtes,   deux  très  grandes  rames 
ciliées  au  bout,  et  deux  pattes  assez  courtes,  grêles,  de 
cinq  articles.  A  la  suite  delà  première  mue,  les  deux  yeux 
composés  paraissent  ,   le   corps  's'est  alongé  postérieure- 
ment, et  se  termine  en   une  queue  conique,  articulée  , 
avec  deux  filets  au  bout.  Les  mues  suivantes  développent 
graduellement  les  pattes,   et  les  rames  s'évanouissent.  La 
soupape,  qui    dans  le  jeune  âge  s'étend  jusque   sur  le 
ventre  et  le  recouvre,  diminue  aussi  à  proportion. 
Les  branchipes  se  trouvent,   et  ordinairement  en  grande 
abondance  ,  dans  les  petites  mares  d'eau  douce  et  trouble , 
et  souvent  dans  celles  qui  se  forment  à  la  suite  des  grandes 
pluies ,  mais  particulièrement ,   à  ce  qu'il  paraît,  au  prin- 
temps ,  et  en  automne.  Les  premiers  frimats  les  font  périr. 
Ils  nagent  avec  la  plus  grande  facilité  sur  le  dos,  et  leurs 
pattes,  incapables   de  leur  servir  à  la  marche,  présentent 
alors    un   mouvement  ondulatoire  très  agréable  à  voir.  Ce 
mouvement  établit  un  courant  d'eau  entre  elles,  et  qui  sui- 


► 


SECTION     DES    PHYLLOIMÎS.  j-j 

.'vant  le  canal  do  la  poitrine  ,  porte  à  ia  bouche  les  petits  cor- 
puscules dont  l'animal  se  nourrit  ;  mais  lorsqu'il  veut 
avancer  ,  il  frappe  vivement  l'eau  de  droite  et  de  gauche  avec 
sa  queue,  ce  qui  le  fait  aller  comme  par  bonds  et  par  sauts. 
Retiré  de  ce  liquide,  il  remue  pendant  quelque  temps  sa 
queue  ,  et  se  recouibecirculairement.  Privé  d'un  degré  suf- 
fisant d'humidité,  il  ne  fait  plus  aucun  mouvement. 

Au  rapport  de  Bénédict  Prévost,  Je  mâle  de  l'espèce  qui 
est  l'objet  de  son  mémoire  ,  voulant  s'accoupler,  nage  au- 
dc-sous  de  sa  femelle  ,  la  saisit  au  cou  avec  les  appendices 
en  forme  de  cornes  de  sa  tête  ,  et  s'y  tient  fixé,  jusqu'à  ce 
que  celle-ci  recourbe  l'extrémité  postérieure  de  sa  queue , 
afin  de  rapprocher  les  deux  valves  des  organes  copnlateàrs  ; 
cet  accouplement  ressemble  ainsi  à  celui  des  libellules.  Les 
œufs  sont  jaunâtres  ,  d'abord  sphériques  ,  ensuite  anguleux, 
avec  la  coque  épaisse  et  dure  ,  ce  qui  favorise  leur  conser- 
vation. Il  paraît  même  que  la  dessiccation  ,  à  moins  qu'elle 
ne  soit  trop  forte  ,  n'altère  point  le  germe  ,  et  que  les  petits 
éclosent  lorsqu'il  vient  à  tomber  une  quantité  de  pluie  suffi- 
sante. M.  Desmarest  a  souvent  observé  des  branchipes  dans 
de  petites  flaques  d'eau  pluviale,  sur  les  sommités  des  grès 
de  Fontainebleau.  Les  femelîesdeschirocéphalesfont  plu  sieurs 
pontes  distinctes,  à  la  suite  d'un  seul  accouplement,  cha- 
cune en  plusieurs  reprises,  et  qui  durent  ensemble  quel- 
ques heures  et  jusqu'à  un  jour  entier.  Chaque  ponte  est  de 
cent  à  quatre  cents  œufs;  ils  sont  lancés  au  dehors  avec 
beaucoup  de  vitesse,  par  jets  de  dix  ou  douze,  et  avec 
assez  de  force  pour  pouvoir  s'enfoncer  un  peu  dans  la 
vase. 

Bénédict  Prévost  a  observé  que  le  chirocéphale  diaphane 
était  sujet  £  quelques  maladies,  dont  il  donne  la  descrip- 
tion. Cette  espèce,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  nous 
semble  peu  ou  point  différer  de  notre  branchipe  des 
marais  (i).  Les  deux  cornes  situées  au-dessous  des  antennes 

(i)  Cancer  paludosus,  MulL,  Zool.  dan. ,  xlviii,  i-8;  Kcrbst.,  xxxv, 
â  -  5  ;  Chirocephalus  diaphanus  ?  Rened.  Vvq.v.  ,  Journ.  de  phys. , 
messidor  an  n  ;  Jurin.  ,  Monoc.  xx-xxn.  V  oyez  Desinar. ,  Consid. ,  lvi, 
9.-5.  Cette  dernière  espèce  a  été'  décrite  dans  le  Manuel  du  naturaliste  de 
Duclieme  ,  sous  le  nom  de  marteau  d'eau  douce. 

£<JME    iV.  Î.2 


I7<S  CRUSTACÉS  BRÀKCHTOPODES. 

supérieures  sont  composées  dans  l'un  et  l'autre  sexe  de  deux 
articles,  mais  dont  le  dernier  grand,  et  arqué  dans  le  mâle, 
très  court  et  conique  dans  l'autre  sexe.  Dans  le  branchipe 
stagnai  (i),  les  cornes  ne  présentent  qu'un  article,  et  celles 
du  maie  ressemblent  parleur  forme,  leur  direction  et  leurs 
dents  ,  aux  mandibules  des  mâles  de  notre  lucane  cerf- 
volant. 

Ceux-là  n'ont  point  de  queue;  leur  corps  se  termine  pres- 
aue  immédiatement  à  la  suite  du  thorax  et  des  dernières 

L 

pattes.  Tels  sont 

Les   Eulimenes.    (Eulimene.  Latr.  ) 

Leur  corps  est  presque  linéaire ,  et  offre  quatre  antennes 
courtes  ,  presque  filiformes  ,  dont  deux  plus  petites  , 
presque  semblables  à  des  palpes  placées  à  l'extrémité  anté- 
rieure de  la  tête;  une  tête  transverse,  avec  deux  yeux  portés 
sur  des  pédoncules  assez  grands  et  cylindriques  ;  onze  paires 
de  pattes  branchiales  dont  les  trois  premiers  articles  et  Je 
dernier  plus  petits,  allant  en  pointe;  et  immédiatement  après 
elles  une  pièce  terminale  ,  presque  demi-globuleuse,  rem- 
plaçant la  queue,  et  de  laquelle  sort  un  filet  alongé  qui  est 
peut-être  un  oviducte.  J'ai  observé  vers  le  milieu  de  la  cin- 
quième paire  de  pattes  et  des  quatre  suivantes  un  corps  glo- 
buleux, analogue  peut-être  aux  vésicules  que  présentent  ces 
organes  dans -le  sous-genre  suivant ,  celui  d'apus. 

La  seule  espèce  connue  (  YEulimène  blanchâtre  ,  Latr., 
Règne  animal,  par  M.  Cuv.,  III ,  pag.  68;  Nouv.  Dict. 
d'hist.  «nat,.,  X,  pag.  333;  Desmar.,  Consid.  pag  353, 
354)  est  très  petite,  blanchâtre  ,  avec  les  yeux  et  l'extré- 
mité postérieure  du  corps  noirâtres.  On  la  trouve  dans  la 
rivière  de  Nice. 

Les  autres  et  derniers  phyllopcs  (  Aspidiphores  ,  Aspidi- 
phora,  Latr.  ),  ont  une  soixantaine  de  paires  de  pattes,  toutes 
munies  extérieurement,  près  de  leur  base,  d'une  grosse  vési- 
cule ovalaire  (i) ,  et  dont  les  deux   antérieures,  beaucoup 

(  ï)  Branchiopoâa  stagnalis ,  Latr.  ,  Hist.  des  crust.  et  des  ins.  ,  IV  , 
pag.  297  ;  Cancer  stagnalis  ,  Linn.  ;  Gammarus  stagnalis  ,  Fab.  ;  A  pus 
piscifonnis,  Schaeft.;  Gammarus  stagnalis,  Herbst. ,  xxx,  3- 10. 

(2)  Analogues  peut-être  aux  ve'sicules  formant  le  second  article  des 
pattes  des  daphnies. 


SECTION     DES    PHÏLLOPES.  îjCj 

plus  grandes  et  rameuses  ,  ressemblent  à  des  antennes;  un 
grand  test  recouvrant  lamajeure  portion  du  dessus  du  corps, 
presque  entièrement  libre,  clypéiforme,  écliancré  posté- 
rieurement,  portant  antérieurement  sur  un  espace  circon- 
scrit, trois  yeux,  simples,  sessiles  ,  dont  les  deux  antérieurs 
plus  grands  et  lui-iulés  ;  et  deux  capsules  bivalves,  renfer- 
mant les  œufs,  et  annexées  à  la  onzième  paire  de  pattes.  Ces 
caractères  signalent 

Les  Apus.  (  Apus.  Scop.  ) 

Qui  font  partie  du  genre  binocle  de  Geoffroy  et  de  celui 
de  limule  de  Muller. 

Leur  corps,  en  y  comprenant  le  test,  est  ovalaire,  plus 
large  et  arrondi  par  devant,  et  rétréci  postérieurement,  en 
manière  dequeue;  mais,  abstraction  faite  du  test  ou  misa  nu, 
il  est  d'abord  presque  cylindrique,  convexe  en  dessus,  con- 
cave et  divisé  longitudinalement  par  un  sillon  en  dessous, 
et  se  termine  ensuite  en  un  cône  alongé.  Il  se  compose  d'une 
trentaine  d'anneaux,  diminuant  beaucoup  de  grandeurvers 
l'extrémité  postérieure,  et  qui ,  à  l'exception  de^s  sept  à  huit 
derniers  ,  portent  les  pattes.  Les  dix  premiers  sont  membra- 
neux, mous  ,  sans  épines;  offrent  de  chaque  côté  une  petite 
éminence  en  forme  de  bouton  ,  et  n'ont  chacun  qu'une  paire 
de  pieds.  Les  autres  sont  plus  solides  ou  cornés,  avec  une 
rangée  de  petites  épines  au  bord  postérieur;  le  dernier  est 
plus  grand  que  les  précédents,  presque  carré,  déprimé, 
anguleux,  et  terminé  par  deux  filets  ou  soies  articulées.  Dans 
quelques  espèces  composant  le  genre  Lepidure  (Lepidurus) 
du  docteur  Leach ,  on  voit  dans  leur  entre-deux  une  lame 
cornée,  aplatie  et  elliptique.  Si  le  nombre  des  pattes  est 
d'environ  cent-vingt,  il  faut  que  les  derniers  anneaux,  à 
partir  du  onzième  ou  douzième,  en  portent  plus  d'une  paire, 
ce  qui,  sous  ce  rapport,  rapprdche  ces  crustacés  des  myria- 
podes. Le  test,  parfaitement  libre  depuis  son  attache  anté- 
rieure, recouvre  une  grande  partie  du  corps  et  garantit  ainsi 
les  premiers  segments,  qui,  comme  nous  l'avons  observé, 
sont  d'une  consistance  plus  molle  que  les  suivants.  Il  con- 
siste en  une  grande  écaille  cornée,  très  mince,  presque  dia- 
phane, représentant  les  téguments  supérieurs  de  la  tête  et 

12* 


l8o         CRUSTACÉS  BRàNCHIOPODES. 

du  thorax  réunis,  et  formant  un  grand  bouclier  ovale , 
convexe,  entaillé  en  manière  d'angle  et  denteléà  son  extré- 
mité postérieure.  ïl  est  divisé,  à  sa  face  supérieure,  par  une 
ligne  transverse  et  formant  deux  arcs  réunis,  en  deux  aires, 
dont  l'antérieure,  presque  semi-lunaire,  répond  à  la  tête  et 
l'autre  au  thorax.  La  première  offre ,  au  milieu  ,  trois  yeux 
simples  ou  sans  facettes  sensibles,  très  rapprochés,  dont 
les  deux  antérieurs  plus  grands  ,  presque  en  forme  de  rein, 
et  dont  le  postérieur  beaucoup  plus  petit  et  ovale.  Une  du- 
plicature  de  la  portion  antérieure  du  test  forme  en  dessous 
une  sorte  ds  bouclier  frontal ,  aplati ,  en  demi-lune  ,  servant 
de  base  au  labre.  L'aire  postérieure ,  celle  qui  répond  au 
thorax ,  est  carénée  au  milieu  de  sa  longueur.  Ce  test  n'est 
fixe  que  par  son  extrémité  antérieure,  de  sorte  qu'à  partir 
de  ce  point,  on  peut  découvrir  tout  le  dos  de  l'animal.  Les 
côtés  de  cette  écaille,  vus  en  dessous  et  à  la  lumière,  pré- 
sentent chacun  une  grande  tache,  formée  d'un  grand  nombre 
de  lignes  dessinant  des  ovales  concentriques  ,.et  qui  parais- 
sent être  des  tubes  remplis  d'une  liqueur  rouge.  Immédiate- 
ment au  dessous  du  bouclier  ou  disque  frontal ,  sont  situées 
les  antennes* et  la  bouche.  Les  antennes  sont  au  nombre  de 
deux,  insérées  de  chaque  côté  des  mandibules,  très  courtes, 
filiformes  et  de  deux  articles  presque  égaux.  La  bouche  est 
composée  d'un  labre  carré  et  avancé-  de  deux  mandibules 
fortes,  cornées ,  ventrues  inférieurement,  comprimées  et 
dentelées  à  leur  extrémité,  sans  palpes  ;  d'une  grande  lan- 
guette, profondément  écliancréej  et  de  deux  paires  de  mâ- 
choires, en  forme  de  feuillets  7  appliquées  l'une  sur  l'autre, 
dont  les  supérieures,  épineuses  et  ciliées  au  bord  interne, 
et  dont  les  inférieures,  presque  membraneuses,  semblables 
à  de  petites  fausses  pattes;  elles  se  terminent  par  un  article 
grêle,  alongé,  etse  prolongent  extérieurement,  àleur  base,  en 
une  espèce  d'oreillette,  porlant  un  appendice  d'un  seul  ar- 
ticle et  cilié  t  que  Fou  peut  considérer  comme  une  sorte  de 
palpe.  La  languette  offre  ,  suivant  M.  Savigny  (Mém.  sur  les 
anim.  sans  vertèb.  ,  Ire  part.,  i.  fasc.  ) ,  un  canal  cilié  qui 
conduit  droit  à  l'œsophage.  Les  pattes,  dont  le  nombre 
est  d'environ  cent  vingt,  diminuent  insensiblement  de 
grandeur,   à  partir  de  la  seconde  paire;   elles  sont  toutes 


SECTION    DES    PUALLOPES.  l8l 

très  comprimées,  foliacées,  et  se  composent  de  trois  articles, 
non  compris  les  deux  longs  filets  du  bout  des  deux  anté- 
rieures et  les  deux  feuillets  terminant  les  suivantes,  pièces 
que  l'on  peut  regarder  comme  formant,  réunies  ,  un  qua- 
trième article^en  pince  ou  à  deux  doigts  prolongés  et  con- 
vertis en  espèces  de  filets  a nten informes.  Sur  le  côté  posté- 
rieur du  premier  article,  est  insérée  une  grande  membrane 
branchiale,  triangulaire,  et  !e  suivant  ou  le  second  porte 
aussi,  sur  le  même  côté,  un  sac  ovalaire,  vésiculeux  et 
rouge.  Le  bord  opposé  de  ces  pattes  offre  quatre  feuillets 
triangulaires  et  ciliés,  dont  le  supérieur  est  très  rapproché 
des  doigts  de  la  pince,  et  paraît  en  former  un  troisième  sur 
les  secondes  pattes  et  les  suivantes,  jusqu'à  la  dixième  paire. 
A  fur  et  à  mesure  que  la  grandeur  de  ces  organes  diminue , 
les  feuillets  se  rapprochent,  les  uns  des  autres,  la  pince  est 
moins  prononcée  et  moins  aiguë,  et  le  premier  doigts'élargit 
aux  dépens  de  la  longueur  et  s'arrondit.  Les  deux  anté- 
rieures ,  beaucoup  plus  grandes,  en  forme  de  rames,  ressem- 
blent à  des  antennes  ramifiées,  et  ont  été  considérées  comme 
telles  par  quelques  auteurs  (i):  elles  offrent  quatre  filets  sé- 
tacés,  composés  d'un  grand  nombre  d'articles,  et  dont  les 
deux  du  bout,  l'un  surtout,  bien  plus  long  que  les  deux 
autres  ,  qui  sont  situés  au  côté  interne  ou  l'antérieur.  Il 
est  évident  que  les  deux  de  l'extrémité  sont  les  analogues 
des  deux  doigts  de  la  pince,  et  que  les  autres  représentent 
aussi  deu^s.  des  feuillets  latéraux  ;  on  pourra  s'en  convaincre 
en  comparant  ces  pattes  avec  leurs  analogues  et  les  deux 
ou  trois  suivantes  des  jeunes  individus.  Après  leur  sixième 
ou  septième  mue,  celles-ci  ressemblent  beaucoup  aux 
deux  antérieures  ,  et  les  antennes  même  y  sont  pro- 
portionnellement plus  longues  que  dans  l'état  adulte  et 
terminées  par  des  soies  ou  des  poils.  La  onzième  paire  est 
très  remarquable  {i).  Le  premier  article  présente,  derrière 

(1)  Elles  paraissent  aussi  représenter  les  d$ux premiers  pieds-mâchoires. 

(2)  Scliaeffer  les  distingue  sous  la  de'nomination  de  pieds  à  matrice.  Les 
neuf  paires  précédentes  sont,  pour  lui,  des  pieds  en  pince;  ceux  de 
la  première,  des  pieds  en  rames,  ou  des  pieds  proprement  dits;  enfin , 
ceux  qui  viennent  après  les  pieds  à  matrice  ,  ou  la  douzième  paire  et  les 
suivantes,  des  pieds  branchiaux.  Les  sacs  vésiculaires  s'alongcnt „ct  se 
rappetissent  aussi  graduellement;  leur  usage  est  inconnu. 


|$3  CRUSTACÉS  BRANCHIOPODES. 

la  vésicule,  deux  valves  circulaires,  appliquées  Tune  sur 
l'autre,  formées  par  deux  feuillets  et  renfermant  lesœufs,  qui 
ressemblent  à  de  petits  grains  d'un  rouge  très  vif.  Tous  les 
individus  qu'on  a  étudiés  jusqu'à  ce  jour  ayant  tous  été 
trouvés  munis  de  pattes  semblables,  on  a  soupçonné  qu'ils 
se  fécondaient  eux-mêmes,  et  qu'il  n'y  avait  point  de  mâles. 
Ces  crustacés  habitent  les  fossés  ,  les  mares  ,  les  eaux 
dormantes,  et  presque  toujours  en  sociétés  inombrables. 
Enlevés,  ainsi  rassemblés,  pardes  vents  très  violents  ,  on  en  a 
vu  tomber  sous  la  forme  de  pluie.  Ils  paraissent  plus  com- 
munément au  printemps  et  au  commencement  de  l'été. 
Leur  nourriture  consiste  principalement  en  têtards.  Ils  na- 
gent très  bien  sur  le  dos  ,  et  lorsqu'ils  s'enfoncent  dans 
la  vase ,  ils  tiennent  leur  queue  élevée.  Ils  n'offrent  en 
naissant  qu'un  seul  œil,  que  quatre  pattes,  en  forme  de 
bras  ou  de  rames,  ayant  des  aigrettes  de  poils,  et  dont  les 
secondes  plus  grandes.  Leur  corps  it'apoint  de  queue  et  leur 
test  ne  forme  qu'une  plaque,  recouvrant  la  moitié  anté- 
rieure du  corps.  Leurs  autres  organes  se  développent  peu 
à  peu  ,  par  suite  des  mues  successives.  M.  Valenciennes , 
employé  au  muséum  d'histoire  naturelle,  a  remarqué  que 
ces  animaux  étaient  souvent  dévorés  par  l'oiseau  connu 
vulgairement  sous  le  nom  de  Lavandière. 

Les  espèces  connues  étant  très  peu  nombreuses,  il  n'est 
point  nécessaire  de  former,  comme  l'a  fait  M.  Leach, 
avec  celles  qui  ont  une  lame  entre  les  filets  de  la  queue 
un  genre  propre  (  Lépidure  ,  Lepidurus))  telle  est  Y  A  pus 
prolongé {Monoculus  apus, Lin.;  Schœff. ,  Monoc,  VI;  Li- 
mule  serricaude,  Herm.  fils.;  Desmar.  ,  Consid.  LU.,  2). 
La  carène  du  bouclier  se  termine  postérieurement  en  une 
petite  épine,  que.l'on  ne  voit  point  dans  la  suivante, 
Y Apus  canciforme  (le  Binocle  à  queue  en  filet,  Geoff. 
Insect.,  XXI,  4;  limulus  palustris ,  Mùil.;  Schaeff. ,  Monoc, 
I — Y.  ;  l'apus  vert,  Bosc.  ;  Desmar.  ,  ibid,  Ll,  1.  );  celle-ci 
n'a  point  d'ailleurs  de  lame  entre  les  filets  de  la  queue; 
elle  est  le  type  du  genre  apus  ,  proprement  dit  ,  du  doc- 
teur Leach.  Il  en  a  figuré  (  Edimb.  Encyclop. ,  Suppl., 
I.  XX)    une  autre  espèce  {Apus  Montagui  ). 


CRUSTACÉS    PjECILOPODES.  1  83 

££  SECOND  ORDRE  DES  ENTOMOSTRACÉS, 

OU  LE  SEPTIÈME  ET  DERNIER  DE  LA  CLASSE  DES  CRUSTACES  , 

Celui  des  P^ECXLOPODES.   (P^ecilopoda.  ) 

Se  distingue  des  précédents  par  la  diversité  de 
raies  de  leurs  pattes,  dont  les  antérieures,  en 
nombre  indéterminé  ,  sont  ambulatoires  ou  propres 
à  la  préhension  ,  et  dont  les  autres  ,  lamelliformes 
oupinnées,  sont  branchiales  et  natatoires.  Mais  c*est 
surtout  par  l'absence  de  mandibules  et  de  mâchoires 
ordinaires,  qu'ils  s'éloignent  de  tous  les  autres  crus- 
tacés ;  tantôt  ces  parties  sont  remplacées  par  les 
hanches  hérissées  de  petites  épines  des  six  pre- 
mières paires  de  pieds  ;  tantôt  les  organes  de  la 
manducation  consistent ,  soit  en  un  siphon  extérieur, 
en  forme  de  bec  inarticulé,  soit  en  quelques  autres 
instruments  propres  à  la  succion,  mais  cachés  ou 
peu  distincts. 

Leur  corps  est  presque  toujours  recouvert ,  en  to- 
talité, ou  en  grande  partie  par  un  test  en  forme  de 
bouclier  ,  d'une  seule  pièce  dans  la  plupart ,  de  deux 
dans  quelques-uns^  et  offrant  toujours  deux  yeux 
lorsqu'ils  sont  distincts.  Deux  de  leurs  antennes 
(  chélicèresy  Latr.  )sont,  dans  plusieurs,  en- forme  de 
pince  et  en  font  les  fonctions.  Le  nombre  de  leurs 


lS4  CRUSTACÉS  P.KCILOPODES. 

piecls  est  de  douze  dans  le  plus  grand  nombre  (i)^ 
et  de  dix  ou  de  vingt  -  deux  dans  presque  tous  les 
autres.  Ils  vivent,  pour  la  plupart,  sur  des  animaux 
aquatiques,  et  plus  communément  sur  des  poissons. 

Nous  partagerons  cet  ordre  en  deux  familles  (a), 

La  première,  celle 

Des  XYPHOSURES  (  Xyphosuba.  ), 

Est  distinguée  de  la  suivante  par  plusieurs  ca- 
ractères :  il  n'y  a  point  de  siphon  ;  les  hanches  des 
six  premières  paires  de  pattes  sont  hérissées  de 
petites  épines  ,  et  font  l'office  de  mâchoires;  Je 
nombre  djs  pattes  est  de  vingt-deux  ;  les  dix  pre- 
mières, à  l'exception  des  deux  antérieures  des  mâles, 
sont  terminées  en  pince  à  deux  doigts,  et  insérées  , 
ainsi  que  lesdeux  suivantes,  sous  un  grand  bouclier 
semi-lunaire  ;  celles-ci  portent  les  organes  sexuels , 
et  ont  la  forme  de  grands  feuillets ,  de  même  que  les 
dix  suivantes ,  qui  sont  branchiales  et  annexées  au 
dessous  d'unsecond  test,  terminé  par  un  stylet  très 
dur,  en  forme  d'épée,  et  mobile.  Ces  animaux,  en 
outre,  sont   erranls.  Ils  composent  le  genre 

Des  Lïmules.  (Limulus.  Fab.) 

Dont  les  espèces  ont  reçu  dans  le  commerce  le  nom  de 
crabe  des  Moluques.^o.  corps  suborbiculaire  ,   un  peu 

(i)  Quatorze  ,  dans  plusieurs,  seion  M.  Leach  ;  mais  celles  qu'il  con- 
sidère alors  comme  les  deux  premières  me  paraissent  être  deux  antennes 
inférieures.  Les  argules,  qui,  sous  le  rapport  de  la  locomotion  ,  semblent 
être  des  pi  us  .favorises,  n'ont  que  douze  pattes. 

(2^  Elles  forment  deux  ordres  dans  mon  ouvrage  sur  ies  familles  natu- 
relles du  règne  animal. 


FAMILLE    DES    XYPHOSUKES.  l86 

alongé  et  rétréci  postérieurement,  est  divisé  en  deux  par- 
ties, recouvert  par  un  test  solide  de  deux  pièces,  une  pour 
chaque  division ,  très  creux  en  dessous ,  offrant  en  dessus 
deuxsillons  longitudinaux,  un  de  chaque  côté,  et  aumilieu 
du  dos  une  carène.  La  première  pièce  du  test,  ou  celle  qui 
recouvre  le  devant  du  corps,  est  beaucoup  plus  grande  que 
l'autre,  forme  un  grand  bouclier  semi-lunaire ,  rebordé  , 
portant  en  dessus  deux  yeux  ovales  ,  à  facettes  très 
nombreuses,  en  forme  de  petits  grains,  situés,  un  de 
chaque  côté,  sur  le  côté  extérieur  d'une  carène  longitu- 
dinale ,  et  à  l'extrémité  antérieure  de  celle  du  milieu 
et  commune  aux  deux  pièces  du  test,  deux  petits  yeux 
lisses  (1)  rapprochés  ;  ces  carènes  sont  armées  de  quel- 
ques dents  ou  tubercules  aigus.  La  dupiicature  de  ce 
test  forme  en  dessous,  à  son  extrémité  antérieure,  un 
rebord  plan ,  très  arqué  et  terminé  inférieurement  par 
un  double  arc ,  avancé  en  manière  de  dent  au  centre  de 
réunion.  Immédiatement  au-dessous  de  cette  saillie  , 
dans  la  concavité  du  bouclier,  est  un  petit  labre  renflé  , 
caréné  au  milieu,  terminé  en  pointe,  etau-dessus  duquel 
sont  insérées  deux  petites  antennes,  en  forme  de  petites 
serres  didactyles  et  coudées  au  milieu  de  leur  longueur, 
à  la  jonction  du  premier  article  et  du  suivant  ou  de  la 
pince  proprement  dite.  Immédiatement  au-dessous  sont 
insérées  et  rapprochées  par  paires ,  sur  deux  lignes , 
douze  pattes,  dont  les  dix  premières,  les  deux  ou  qua- 
tre antérieures  des  mâles  seules  exceptées,  terminées  en 
pince  didactyle,  et  dont  l'article  radical  est  avancé  in- 
térieurement en  manière  de  lobe,  hérissé  de  petites  épi-^ 
nés,  et  fait  l'office  de  mâchoire.  La  grandeur  de  ces  pattes 
augmente  progressivement  ;  si  l'on  en  excepte  celles  de 
la  cinquième  paire,  elles  sont  composées  de  six  articles, 
en  y  comprenant  le  doigt  mobile  de  la  pince.  Celles-ci 
ont  un  article  de  plus ,  et  diffèrent  en  outre  des  précé- 

(  i)  Un  de  chaque  coie  de  la  tient  terminant  eelie  carène. 


l86  CRUSTACÉS    P^ECILOPODES. 

dentés  en  ce  qu'elles  ont  extérieurement  à  leur  base  un 
appendice  arqué  et  rejeté  en  arrière,  de  deux  articles, 
dont  le  dernier  comprimé  et  obtus;  que  leur  cinquième 
article  est  terminé,  au  côté  interne,  par  cinq  petits 
feuillets  mobiles;  cornés,  étroits,  alougés,  pointus  et 
mobiles ,  et  de  plus  en  ce  que  les  d'eux  doigts  de  la  pince 
sont  mobiles  ou  articulés  à  leur  base.  Les  deux  pièces 
situées  dans  l'entre-deux  de  ces  pattes,  que  M.  Savigny 
considère  comme  une  languette,  ne  me  paraissent  être 
que  deux  lobes  maxillaires  de  ces  organes,  mais  dé- 
tachés ou  libres.  Le  pharynx  occupe  l'intervalle  compris 
entre  toutes  ces  pattes.  Les  mâles  sont  distingués  des 
femelles  par  la  forme  des  pinces  qui  terminent  les  deux 
on  quatre  antérieures  :  elles  sont  renflées  et  dépourvues 
de  doigt  mobile.  Les  deux  dernières  pattes  de  ce  bou- 
clier sont  réunies  et  sous  la  forme  d'un  grand  feuillet 
membraneux,  presque  demi-circulaire,  portant  les  or- 
ganes sexuels  à  sa  face  postérieure,  et  offrant  au  milieu 
d'une  échancrure  du  bord  postérieur  deux  petites  divi- 
*sions  triangulaires  ,  alongées  et  pointues  ,  qui  paraissent 
représenter  les  doigts  internes  des  pinces;  des  sutures 
indiquent  les  autres  articulations.  La  seconde  pièce  du 
test,  articulée  avec  la  précédente  au  milieu  de  son  échan- 
crure postérieure  et  remplissant  le  vide  qu'elle  forme , 
est  presque  en  forme  de  triangle ,  tronqué  et  échancré 
angulairement  à  son  extrémité  postérieure.  Ses  bords 
latéraux  sont  alternativement  échancrés  et  dentés,  et 
les  échanrrures ,  à  partir  de  la  seconde  ,  offrent  chacune, 
dans  leur  milieu,  une  épine  alongée  et  mobile;  il  y  en 
a  six  de  chaque  côté.  Dans  la  concavité  inférieure  sont 
renfermées  et  disposées  par  paires  ,  sur  deux  séries  lon- 
gitudinales ,  dix  pieds-nageoires  presque  semblables  , 
pour  la  forme  ,  aux  deux  dernières  pattes ,  mais  unis 
simplement  à  leur  base  ,  appliqués  les  unes  sur  lesautres, 
et  portantà  leur  face  postérieure  les  branchies,  qui  pa- 
raissent composées  de  fibres  très  nombreuses  et  très  ser- 


FAMILLE    DL:S    XYPHOSURES.  187 

rées ,  disposées  sur  un  seul  plan ,  les  unes  contre  les  autres. 
L'anus  est  si  tué  a  la  racine  inférieure  du  stylet,  terminant 
le  corps.  D'après  une  observation  qui  nous  a  été  com- 
muniquée par  M.   Straus,  l'intérieur  du  premier  bou- 
clier ne  présente  ,  outre  le  cerveau,  qu'un  seul  ganglion, 
le  sous-œsophagien  (1).  Les  deux  cordons  nerveux  se 
prolongent  ensuite  dans  l'intérieur  du  second  bouclier, 
n'y  forment,  à  l'origine  des  pattes  branchiales ,  que  de 
faibles  ganglions ,   qui  jettent  des  rameaux  sur  ces  or- 
ganes.  Suivant  M.   Cuvier,  le  cœur,   comme  dans  les 
stomapodes,  est  un  gros  vaisseau  garni   en  dedans  de 
colonnes  charnues 3  régnant  le  long  du  dos,  et  donnant 
des  branches  des  deux  côtés.  Un  œsophage  ridé,  remon- 
tant en  avant,  conduit  dans  un  gésier  très  charnu,  garni 
intérieurement   d'un  velouté    cartilagineux  ,   tout  hé- 
rissé de  tubercules,  et  suivi  d'un  intestin  large  et  droit. 
Le  foie  verse  la  bile  dans  l'intestin  par  deux  canaux  de 
chaque  côté.  Une  grande  partie  du  test  est  remplie  par 
l'ovaire  dans  la  femelle  ,  par  les  testicules  dans  le  mâle. 
Ces  crustacés  atteignent  quelquefois  deux  pieds  de 
longueur;   ils  habitent  les  mers  des  pays  chauds  et  s'y 
tiennent  le  plus  souvent  sur  leurs  rivages.  Il  me  paraît 
qu'ils  sont  propres  aux  Indes  orientales  et  aux  côtes  de 
l'Amérique.  Ici  on  désigne  l'espèce  qu'on  y  trouve  (Li- 
mule  cjclope)  sous  la  dénomination  de  poisson  casse- 
role ,  parce  qu'elle  en  a,  en  quelque  sorte  la  forme,  et 
qu'en  enlevant  les  pattes,  son  test  peut  servir  à  puiser 
l'eau.  Au  témoignage  de  M.   Leconte,    naturaliste  des 
plus  instruits,  et  qui  a  si  fort  contribué  par  ses  recher- 
ches et  ses   découvertes  aux  progrès  de  l'entomologie, 
on  la  donne  à  manger  aux  porcs.  Les  sauvages  emploient 
le  stylet  de  leur  queue  à  faire  des  flèches  ;  on  en  redoute 

(  1  )  Les  deux  pieds  antérieurs  pourraient  représenter  les  mandibules  des  dé- 
capodes; les  quatre  suivants,  leurs  mâchoires,  etlessixderniers,  leurs  pieds- 
mâchoires  ;  ceux  du  second  bouclier  répondraient  aux  pieds  thoraciques. 


lS8  CRUSTACÉS    PyECILOPODES. 

la  pointe.  On  mange  leurs  œufs  à  la  Chine,  Lorsque  ces 
animaux  marchent,  on  ne  voit  point  leurs  pieds.  On  en 
trouve  de  fossiles  dans  certaines  couches  d'une  ancien- 
neté moyenne  (i). 

Les  uns  ont  les  quatre  pieds  antérieurs  terminés,  du 
moins  dans  l'un  des  sexes,  par  un  seul  doigt. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de  cette  division  y 

et  que  j'ai  vu  figurée  sur  des  vélins  chinois,  c'est  le  limule 

hétéro  dactyle ,   servant  de  type  au  genre  tachjpleus  du 

docteur    Léach  (2). 

Dans  les  autres,  les  deux  serres  antérieures  au  plus  ,  sont 
seules  monodactyles.  Tous  les  pieds  ambulatoires  son  t  di- 
dactyles,  au  moins  dans  les  femelles. 

Cette  division  se  compose  de  plusieurs  espèces,  mais  qui,. 
vu  le  peu  d'attention  qu'on  a   donnée  à  la  forme  détaillée 
de  leurs  parties ,   aux  différences  de  sexe  et  d'âge,  des  lo- 
calités qui  leur  sont  propres  ,  n'ont  pas  encore  été  caracté- 
risées d'une  manière  rigoureuse  et  comparative.  C'est  ainsi , 
par  exemple,  que  le  liuiuie  que  l'on  trouve  communément 
en  Amérique ,  vu  dans  son  jeune  âge,  est  blanchâtre  ou  de 
couleur   blonde  ,    avec  six    dents   fortes   tout    le   long  de 
l'arête  du  milieu  supérieur  du  test,  et   deux  autres  égale- 
ment  fortes    et    pointues,    sur   chaque    arête   latérale    du 
bouclier  ou  de  la  première  pièce  du  test;   tandis  que  dans 
les  individus    les    plus    âgés,    et  qui  ont  quelquefois  plus 
d'un  pied  et  demi    de  long,  la   couleur  est  d'un  bru  11  très 
foncé,   ou  presque  noirâtre,    et  que  les  dents,  particuliè- 
lément   celles   du  milieu,   s'oblitèrent  presque.  Ici  encore 
les  bords  latéraux  de  la  seconde  pièce  du  test  ont  de  fines 
dentelures,  qui  sont    nulles  ou  peu  sensibles  dans  les  pre- 
miers.   On    rapportera    aux    jeunes    individus     le    limule 


(1)  Knorr. ,  Momim.  du  déluge,  T  ,  pi.  xiv;  Desraar. ,  Crust.  fossil. , 
XI,  6,  7.  H  semblerait,  d'après  ces  figures,  que  les  e'pines  latérales  de 
la  seconde  pièce  du  test  ne  forment  que  des  dents  plus  petites",  au  lieu 
d'épines  ,  s'articulaut  par  leur  base  ;  mais  ces  articulations  ont  peut-être- 
disparu. 

(1)  Ce  limule  est  probablement  le  kabulogani  ou  unkia  des  Japomiais ., 
et  représentant,  sur  leur  zodiaque  primitif,  la  constellation  du  Cancer, 


FAMILLE     DES    SIPHOKOSTOMES.  1  Sq 

cyclops  de  Fabricius  et  le  1.  de  sowerby  de  Leach  (  Zool. 
mise.  LXXIV)*   son  limule  à  £roz.s  dents  et  le   limule  hlanc 
de  M.  Boscjet  aux  seconds  individus,  ouïes  plus  grands,  mon 
limule  des  Moluques  (monoculus  polyphemus  ,  Lin.;  cl  us., 
exot.  ,  liv.  6,  cap.  14  ,  pag.  128;  Rumph.,  mus.,  XU,  a.  b.), 
que  j'avais    d'abord    distingué    spécifiquement  ,    dans    la 
croyaneeque  ces  grands  individus  habitaient  exclusivement 
ces  îies.  Dans  les  uns  et  les  autres,   ou  à  tout  âge  .  la  queue- 
est  un  peu  plus   courte  que  le  corps  ,   triangulaire  ,   fine- 
ment dentelée  à  l'arête   supérieure,    sans   sillon  prononcé 
en  dessous.  Nous  désignerons  cette  espèce  sous  le  nom  de 
limule polyplième.  Ces  derniers  caractères  la   distingueront 
de  quelques  autres  ,  décrites  par  moi  et  M.  Leacli.  (  Voyez  la 
seconde  édition  du*  nouveau  dict.  d'hist.    naturelle;    Des- 
marets ,  Cousid. ,  pag.  344  —  358.  ) 

La  seconde  famille  ,  celle 
Des  SIPHONOSTOMES  (  Siphonostoma.  ). 

■ 

Ne  nous  offre  aucune  espèce  quelconque  de  mâ- 
choires. Un  suçoir  ou  siphon,  tantôt  extérieur  et 
sous  la  forme  d'un  bec  (1)  aigu  ,  inarticulé  ,  tantôt 
caché  ou  peu  distinct,  tient  lieu  de  bouche.  Le 
nombre  des  pattes  ne  s'élève  jamais  au-delà  de 
quatorze.  Le  test  est  très  mince,  et  d'une  seule 
pièce.  Ces  entomostracés  sont  tous  parasites. 

Nous  partagerons  cette  famille  en  deux  tribus. 

La  première, celledesGALiGiDES  (  Caligîde s, Latr .), 


(1)  La  composition  de  ce  bec  n'est  pas  encore  bien  connue.  Il  est  évi- 
dent, d'après  la  figure  qu'a  donnée  Juriue  fils  de  Targuie  foliacé ,  qu'il 
renferme  un  suçoir;  mais  en  est-il  ainsi  de  celui  des  autres ,  et  quel  est  le 
nombre  de  ses  pièces  ?  C'est  ce  qu'on  ignore.  Je  présume  cependant  que 
ce  siphon  se  compose  du  labre,  des  mandibules  et  de  la  languette,  qui 
forme  la  gaîne  du  suçoir.  Dans  l'entomostracé  précédent,  les  quatre 
pieds  antérieurs ,  et  dont  la  forme  est  très  différente  de  celle  des  sui- 
vants ,  correspondraient  aux  quatre  mâchoires  des  décapodes. 


ICjO  CRUSTACÉS    P.ECILOPODES. 

est  caractérisée  parla  présence  d'un  test,  en  forme 
de  bouclier  ovale  ou  semi-lunaire:  par  le  nombre 
des  pieds  visibles ,  qui  est  toujours  de  douze  (  ou  de 
quatorze,  si,  avec  M.  Leach,  on  prend  pour  tels  ceux 
qui  sont  pour  moi  deux  antennes  inférieures  )  ;  par 

la  forme  et  la  grandeur  de  ceux  des  dix  dernières 
paires,  qui  sont,  tantôt  multifides  ,  pinnés  ou  ter- 
minés en  nageoire,  et  très  propres,  à  toutes  les 
époques  et  dans  l'état  adulte,  à  la  natation;  tantôt  en 
forme  de  feuillets ,  ou  larges  et  membraneux.  Les 
côtés  du  thorax  ne  présentent  jamais  d'expansions 
en  forme  d'ailes,  rejetées  en  arrière  y  et  renferment 
postérieurement  le  corps.  f 

Ici  le  corps,  offrant  en  dessus  plusieurs  segments, 
estalongé  et  se  rétrécit  postérieurement,  pour  se  ter- 
miner en  manière  de  queue,  avec  deux  filets  ou  deux 
autres  appendices  saillants,  au  bout;  cette  extrémité 
n'est  point  recouverte  par  une  division  des  téguments 
supérieurs,  en  forme  d'une  grande  écaille  arrondie, 
et  fortement  éch ancrée  au  bord  postérieur.  Le  test 
occupe  la  moitié  au  moins  de  la  longueur  du  corps. 
Cette  subdivisioncomprendra  deux  genres  de  Millier. 

Le  premier ,   celui 

D'Argule  (Argulus.  Miïll.), 

Avait  d'abord  été  désigné  par  nous  sous  le  nom  d'o- 
zoles  et  décrit  d'une  manière  incomplète.  Jurine  fils  a , 
depuis,  observé  l'espèce  qui  lui  sert  de  type,  avec  l'at- 
tention la  plus  scrupuleuse  ,   l'a  suivie   dans   tous    ses 


FAMILLE    DES    SIPHONOSTOMES.  igi 

âges,  et  nous  en  a  donné  une  mon ogi'aphie  qui  ne  laisse 
rien  à  désirer.  Il  a  restitué  à  ce  genre  le  nom  que  Mill- 
ier lui  avait  primitivement  imposé. 

Les  argules  ont  un  bouclier  ovale ,  échancré  posté- 
rieurement ,  recouvrant  le  corps,  à  l'exception  de  l'ex- 
trémité postérieure  de  l'abdomen  ,  portant  sur  un  espace 
mitoyen  ,  triangulaire  ,  et  distingué  sou^  le  nom  de  cha- 
peron ,  deux  yeux,  quatre  antennes  très  petites,  pres- 
que cylindriques,  placées  en  avant,  dont  les  supérieu- 
res, plus  courtes  et  de  trois  articles ,  ont  à  leur  base  un 
crochet  fort,  édenté  et  recourbé  ;  et  dont  les  inférieu- 
res, de  quatre  articles,  avec  une  petite  dent  au  premier. 
Le  siphon  est  dirigé  en  avant.  Les  pieds  sont  au  nombre 
de  douze.  Les  deux  premiers  se  terminent  par  un  em- 
pâtement annelé  transversalement  ,  élargi  circulaire- 
ment  au  bout,  strié  et  dentelé  sur  ses  bords,  offrant  à 
l'intérieur  une  sorte  de  rosette  formée  par  les  muscles, 
et  paraissant  agir  à  la  manière  d'une  ventouse  ou  d'un 
suçoir.  Ceux  de  la  paire  suivante  sont  propres  à  la  pré- 
hension, aVec  les  cuisses  grosses ,  épineuses  ,  et  les  tarses 
composés  de  trois  articles,  dont  le  dernier,  muni  de 
deux  crochets.  Les  autres  pieds  se  terminent  par  une 
nageoire,  formée  de  deux  doigts  ou  pinnules  alongés  , 
garnis  sur  leurs  bords  de  filets  barbus  ;  les  deux  pre- 
miers de  ceux-ci,  ou  ceux  de  la  troisième  paire,  en  y 
comprenant  les  quatre  précédents ,  ont  un  doigt  de  plus, 
mais  recourbé.  Les  deux  derniers  sont  annexés  à  cette 
portion  du  corps  qui  fait  postérieurement  saillie  hors 
du  test  ou  la  queue.  Les  femelles  n'ont  qu'un  seul  ovi- 
ducte  et  recouvert  par  deux  petites  pattes,  situées  en 
arrière  de  ces  deux  palettes.  L'organe  considéré  comme 
le  pénis  du  mâle  est  placé  à  l'extrémité  interne  du  pre- 
mier article  des  mêmes  pattes  ,  près  de  l'origine  des  deux 
doigts.  Sur  le  même  article  des  deux  pattes  précédentes, 
et  eu  regard  avec  ces  organes  copulateurs,  est  une  vési- 
cule  présumée    séminale.    L'abdomen  ,    en  considérant 


192  CKUSTACÉS    P^ECILOPODKS. 

comme  tel ,  cette  partie  du  corps,  qui  s'étend  en  arrière, 
depuis  les  pattes  ambulatoires ,  le  bec  et  un  tubercule 
renfermant  le  cœur,  est  entièrement  libre,  depuis  sa 
naissance,  sans  articulations  distinctes,  et  se  termine 
immédiatement  après  les  deux  dernières  pattes ,  par  une 
sorte  de  queue  ,  en  forme  de  lame  ,  arrondie ,  profondé- 
ment échancrée  ou  bilobée,  et  sans  poils  au  bout  :  c'est 
une  sorte  de  nageoire.  La  transparence  du  corps  permet 
de  distinguer  le  cœur.  Il  est  situé  derrière  la  base  du 
siphon ,  logé  dans  un  tubercule  solide ,  demi  transpa- 
rent et  formé  d'un  seul  ventricule.  Le  sang,  composé 
de  petits  globules  diaphanes,  se  dirige  en  avant,  sous  la 
forme  d'une  colonne,,  qui  se  divise  bientôt  en  quatre  ra- 
meaux, dont  deux  vont  directement  vers  les  yeux,  et 
deux  autres  vers  les  antennes  ;  ceux-ci,  réfléchis  ensuite 
en  arrière  et  réunis  aux  premiers  ,  forment  de  cha^- 
que  côté  une  seule  colonne  qui  descend  vers  la  ven- 
touse,  en  contourne  la  base  et  disparaît.  Un  peu  au- 
dessous  des  deux  pattes  suivantes,  l'on  distingue,  de 
chaque  côté ,  une  autre  colonne  sanguine ,  qui  se  re- 
courbe en  dehors,  s'étend  ensuite  près  des  bords  du 
test,  et,  arrivée  près  des  deux  avant-dernières  pattes, 
se  replie  en  avant  et  cesse  d'être  visible.  Une  autre  co^- 
lonne,  et  où  le  sang,  ainsi  que  dans  la  précédente  ,  va 
de  devant  en  arrière,  parcourt  longitudinalement  le  mi- 
lieu de  la  queue;  elle  se  réunit  postérieurement  à  deux 
autres  courants  que  l'on  observe  sur  les  bords  de  cette 
queue ,  mais  allant  en  sens  contraire  ou  paraissant  ra- 
mener le  sang  au  cœur.  Jurine  fils  a  évité  d'employer 
le  mot  ^vaisseau  ,  parce  que  le  sang  chassé  dans  la 
partie  antérieure  paraît  s'y  répandre  et  s'y  disséminer , 
de  manière  à  faire  croire  que  les  globules  du  sang  son! 
dispersés  dans  le  parenchyme  de  ces  parties,  plutôt  que 
d'être  contenus  dans  des  vaisseaux  particuliers.  Mais  . 
d'après  ce  que  nous  avons  dit  à  l'égard  de  la  circulation 
des  décapodes,   on  voit  qu'ici   le  sang  se  distribue  d'à- 


YAMIELE    DES    SIPHONOSTOMLS.  J  (j5 

bord  de  la  même  manière  ,  et  les  courants  ou  colonnes, 
dont  nous  venons  de  parler ,  semblent  indiquer  l'exis- 
tence de  vaisseaux  propres.  Aussi  cet  habile  observateur 
convient-il  après,  que  la  circulation  ne  se  fait  point  par- 
tout d'une  manière  aussi  diffuse  que  dans  la  partie  an- 
térieure du  test  ,  où  cependant  elle  paraît,  selon  nous, 
s'effectuer  comme  dans  les  décapodes.  Le  cerveau,  placé 
derrière  les  yeux  ,  lui  a  paru  divisé  en  trois  lobes  égaux  , 
un  antérieur  et  deux  latéraux.  La  partie  antérieure  de 
l'estomac   donne  naissance  à  deux  grands   appendices  , 
divisés  chacun  en  deux  branches,  qui  se  ramifient  dans 
les  ailes  du  test.  Les  matières  alimentaires  et  de  couleur 
bistrée    qu'ils   contiennent    rendent   ces    ramifications 
sensibles.  Le  caecum  est  pourvu,  vers  son  origine,,  de 
deux  apendices  vermiformes. 

Les  mâles  sont  très  ardents  en  amour,  ce  qui  leur  fait  sou- 
vent prendre  un  sexe  pour  l'autre ,  ouïes  fait  adresser  à  des 
femelles  pleines  ou  mortes.  Us  sont  placés,  dans  l'accou- 
plement, sur  leur  dos,  auquel  ils  se  cramponnent  au  moyen, 
de  leurs  pieds  à  ventouse ,  et  ils  restent  dans  cet  état  plu- 
sieurs heures.  La  durée  de  la  gestation  est  de  treize  à  dix- 
neuf  jours.  Les  œufs  sont  unis  ,  ovales,  et  d'un  blanc  de 
lait.  Us  sontfîxés,  avec  un  gluten,  sur  les  pierres  ou  autres 
corps  durs,  soit  en  ligne  droite,  soit  sur  deux  rangs  ,  au 
nombre  d'un  h  quatre  cents;  étant  pressés  les  uns  contre 
les  autres,  leur  forme  en  devient  presque  hexagonale. 

"Vingt-cinq  jours  après  la  ponte,  et  après  avoir  d'a- 
bord pris  une  teinte  jaunâtre  et  opaque,  on  commence 
à  y  distinguer  les  yeux  et  quelques  parties  de  l'embryon. 
Au  bout  ensuite  d'environ  dix  jours  ,  ou  vers  le  trente- 
cinquième  après  la  ponte,  la  coquille  se  fend  longitudi- 
nalement,  et  le  petit  ou  têtard  vient  au  monde.  Il  n'a 
guère  alors  que  trois  huitièmes  de  ligne  de  long.  Sa 
forme,  en  général ,  ressemble  à  celle  qu'il  aura  dans 
Tétat  adulte,  mais  ses  organes  locomotiîes  présentent 
des  différences   essentielles.  Millier  l'a   décrit   dans  cet 

TOME    IV.  l5 


I(j4  CRUSTACÉS    T^ECiLOPODES. 

état ,  sous  le   nom  (Vargulus  charon.    Quatre  rames  ou 
longs  bras  .  dont  deux  placés  au-devant  des  yeux  et  les 
deux  autres   derrière,  terminées   chacune  par   un  pin- 
ceau   de  soies  flexibles  et  pennées,   que  l'animal  meut 
simultanément  et  au  moyen  desquelles  il    nage  facile- 
ment et  par*  saccades  ,  sortent  de   l'extrémité  antérieure 
du  test;  elles  ne  représentent  point  les  antennes,  puisque 
l'on  voit  .aussi    ces  derniers  organes.  Les  pieds  à  ven- 
touse sont  remplacés   par   deux  fortes    pattes  ,   coudées 
près  de  leur  extrémité  et  terminées  par  un  fort  crochet, 
avec  lequel  ce  crustacé  peut  se  cramponner  sur  les  pois- 
sons. D'autres  pattes,  propres  à  l'état  adulte,  celles  delà 
seconde  et  de  la  troisième  paire  ,  ou  les  deux  ambulatoires 
et  les  deux  premières  des  natatoires,  sont  les  seules  qui 
soient  développées  et  libres;  les  suivantes  sont  comme 
emmaillotées  et  appliquées  sur  l'abdomen.  Le  cœur,  la 
trompe  et  les  ramifications  des  appendices  de  l'estomac 
sont  distincts.  La  première  mue,  qui  s'opère  au  moyen 
d'une  rupture  de  la  face  inférieure,  ayant  eu  lieu,  les 
rames  ont  disparu  ,  et  toutes  les  pattes  natatoires  se  mon- 
trent.  Trois  jours  après    arrive    la    seconde   mue,   qui 
ne  produit  aucun  changement  important  Mais  à  la  troi- 
sième, qui.  s'opère  deux  jours  après,  l'on  commence  à 
apercevoir,  vers  le  milieu  des  deux  pattes  antérieures, 
le  commencement  de  la  formation  des  ventouses.  A  la 
quatrième  mue,  qui  a  également  lieu,  au  bout  de  deux 
jours,  ces  mêmes  pattes  sont  enfin  transformées  en  pattes 
à  ventouse  ,   en  conservant   néanmoins   le  crochet   ter- 
minal.  Au  bout  de  six  jours,  nouveau  changement  de 
peau,  et  apparition  des  organes  générateurs  de  l'un  et 
l'autre  sexe;  mais  il  faut  encore  une  mue,  retardée  de 
six  jours,  pour  que  ces  animaux  puissent  se  reunir  et  se 
multiplier.  Ainsi ,  la  durée  de  leur  état  d'enfance  ou  de 
leurs  métamorphoses  est  de  vingt -cinq  jours.  Ils  n'ont 
cependant  encore  atteint  que  la  moitié  de  leur  grandeur. 
D'autres  mues,  et  qui  se  font  tou§  les  six  ou  sept  jours, 


FAMILLE    DES    SIPHOTNOSTOMES.  I  C)5 

sont  pour  cela  nécessaires.  Jurine  s'est  assuré  que  les 
femelles  ne  pouvaient  devenir  mères  sans  l'interven- 
tion des* mâles.  Celles  qu'il  avait  isolées  ont  péri  d'une 
maladie  s 'annonçant  par  l'apparition  de  plusieurs  glo- 
bules bruns,  disposés  en  demi -cercle  vers  la  partie  posté- 
rieure du  chaperon ,  et  qui  se  forment ,  à  ce  qu'il  paraît , 
dans  le  parenchyme,  puisque  les  mues  ne  les  détruisent 
point. 

La  seule  espèce  connue  de  ce  genre  ,  Y  A  rgule  foliacée 
(Jurine  fils,  Ann.  du  Mus,  d'hist. ,  nat.  VII,  xxvi  ;  Mo- 
noculus  Jbliaceus  ,  Linn.;  argulus  delphinus  et  argulus 
charon  ,  Miill.  ,  Entom.  •  argulus  delphinus  ,  Herm.,  fils, 
Mém.  apter.,  V,  3,  VI,  n  ;  monoculus  gyrini ,  Cuv.,  Tabl. 
élem»  de  l'hist.  nat.  des  anim.  ,  pag.  4^4  J  ozolus  gastc- 
rostei  ,  Lat.  ,  Hist.  nat.  des  crust.  et  des  ins.  f  IV,  xxix  , 
1-7  ;  Desmar.  Consid.  L.  ,  1  ;  pou  du  gastéroste,  Baker, 
Microsc.  ,  II,  xxiv,  ),  se  fixe  sur  le  dessous  du  corps  des 
têtards  des  grenouilles,  des  épinoches  ou  gasterostes  et 
suce  leur  sang.  Son  corps  est  aplati,  d'un  vert  jaunâtre 
clair,  et  long,  d'environ  deux  lignes  et  demi.  Hermann 
fils,  qui  avait  très  bien  décrit  ce  crustacé  dans  son  état 
parfait,  et  qui  cite  un  manuscrit  de  Léonard  Baidaneur , 
pêcheur  de  Strasbourg,  portant  la  date  de  1666,  où  le 
même  animal  est  figuré,  dit  qu'on  ne  le  rencontre  guè- 
res,  dans  les  environs  de  cette  ville  ,  que  sur  les  truites,  et 
qu'il  leur  donne  souvent  la  mort,  surtout  à  celles  des 
viviers;  on  le  trouve  aussi  sur  les  perches  ,  les  brochets 
et  les  carpes.  Il  ne  l'a  jamais  rencontré  sur  les  ouïes.  Ainsi 
que  les  gyrins,  ce  crustacé  se  tourne  sur  lui-même  eu 
manière  de  girouette.  Il  dit  que  son  corps  est  divisé  eu 
cinq  anneaux,  mais  peu  distincts  sur  îe  dos. 

Les  Caliges.  (Galigus.  Miill.) 

N'ont  point  de  pattes  à  ventouse;  celles  des  paires 
antérieures  sont  onguiculées;  les  autres  sont  divisées  en 
un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  pinnules ,  ou 
en  forme  de  feuillets  membraneux.  Le  test  laisse  à 
découvert  une  bonne  partie  du  corps  ,  qui  se  termine 

i3* 


ig6  CRUSTACÉS    P.ECILOPODES. 

postérieurement ,  dans  la  plupart ,  par  deux  longs 
filets,  et  dans  les  autres  par  des  appendices  en  forme 
de  nageoire  ou  de  stylet  (1). 

Le  nom  de  poux  de  poissons  3  sous  lequel  on  les  dési- 
gne collectivement,  nous  annonce  que  leurs  habitudes 
sont  les  mêmes  que  celles  des  argules  et  des  autres  sipho- 
nostomes.  Plusieurs  naturalistes  ont  considéré  les  filets 
tubulaires  de  l'extrémité  postérieure  de  leur  corps 
comme  des  ovaires  ;  j'ai  quelquefois  trouvé  des  œufs 
au-dessous  des  pieus  postérieurs  et  branchiaux ,  mais 
jamais  dans  ces  tubes.  On  ne  voit  d'ailleurs  d'oviductes 
extérieurs,  ainsi  prolongés,  que  dans  les  femelles,  qui  doi- 
vent pondre  leurs  œufs  dans  des  trous  ou  cavités  pro- 
fondes; or  les  femelles  des  caliges  ne  sont  point  dans  ce 
cas.  Millier  et  d'autres  zoologistes  ont  remarqué  que  ces 
crustacés  redressent  et  agitent  ces  appendices.  Nous 
pensons  avec  Jurine  fils ,  et  telle  est  aussi  l'opinion 
de  son  père,  qu'ils  servent  à  la  respiration,  de  même 
que  les  filets  du  bout  de  l'abdomen  des  apus  (2). 

Les  uns,  dont  tous  les  pieds  sont  libres  et  annexés,  à 
l'exception  des  deux  derniers,  à  la  partie  antérieure  du 
corps  (céphalothorax,  Latr.),  recouverte  par  le  bouclier;  où 
quelques-uns  au  moins  des  pieds  postérieurs  sont  garnis 
de  filets  nombreux  et  pennacés;  où.  le  siphon  n'est  point ap- 

(1)  Leur  entre-deux  offre  aussi  souvent  quelques  autres  appendices , 
mais  petits  ou  beaucoup  moins  saillants. 

(2)  On  trouve  dans  le  tome  troisième  (p.  343)  des  Annales  générales 
des  sciences  physiques  ,  imprime'es  à  Bruxelles  ,  un  extrait  des  observa- 
tions de  M.  le  docteur  Surriray ,  sur  le  foetus  d'une  espèce  de  calige,  qu'il 
croit  être  Yelongatus,  et  qui  est  très  commune  sur  l'opercule  de  l'or- 
phie (esox  beloné).  Ce  naturaliste  nous  apprend  qu'ayant  froissé  les  deux 
filets  de  la  queue  de  ce  crustace',  il  en  lit  sortir  beaucoup  d'oeufs  transpa- 
rents et  membraneux ,  renfermant  chacun  un  fœtus  vivant,  très  différent 
de  sa  mère  ,  et  dont  il  donne  la  description.  De  ces  observations  ,  l'on 
pourrait  déduire  que  ces  filets  sont  des  espèces  d'oviductes  extérieurs. 
Mais  n'y  a-t-il  pas  eu  ici  quelque  méprise  ?  car  j'ai  étudié  avec  beaucoup 
d'attention  ces  mêmes  organes  sur  plusieurs  individus,  conservés,  à  îa 
vérité  ,  dans  de  la  liqueur,  et  je  n'y  ai  jamais  découvert  aucun  corps. 


FAMILLE    DES    SIPIlCraOSTOM.ES.  J  Ç)J 

parent,  ont  l'abdomen  nu  en   dessus  et  terminé  par  deux 
longs  filets  ou  par  deux  stylets;  ils  composent  le  sous  genre. 

Des  Caliges  proprement  dits.  (Caligus. —  Caligus ,  risculus. 

Leach.)  (i) 

Dans  tous  les  autres  ,  le  dessus  de  l'abdomen  est  imbri- 
qué ?  ou  cette  partie  du  corps  est  renfermée  comme  dans 
une  espèce  d'étui,  formé  par  les  dernières  pattes  qui  res- 
semblent à  des  membranes  et  se  replient  en  dessus. 

Parmi  ces  derniers,  il  en  est  dont  les  antennes  ne  sont 
jamais  avancées  en  manière  de  petites  serres,  dont  tous  les 
pieds  sont  libres,  et  dont  les  derniers  n'enveloppent  point 
le  corps  en  manière  d'étui  membraneux.  Ils  forment  les 
sous-genres  suivants. 

Les  Pte'rygopodes.  (Pterygopoda.  Latr.  —  Nogaus  ?  Leach.) 

Qui  ont  l'extrémité  postérieure  du  corps  terminée  par 
deux  espèces  de  nageoires  ;  des  pieds  pinnés  ou  digités  sur 
le  dessous  du  post-abdomen  ,  ou  de  la  seconde  division 
du  corps  non  recouverte  par  le  bouclier,  et  un  bec  dis- 
tinct (2). 

Les  Pandares.   (Pandarus.    Leach.) 

Qui  ont  deux  filets  à  l'extrémité  postérieure  du  corps; 
les  pattes  delà  première  et  de  la  cinquième  paire  onguiculées 
et  les  autres  digitées.  mais  dont  le  siphon  n'est  point  appa- 
rent (3). 

Les  Dinemoures.  (  Dinemoura.    Latr.  ) 

Ayant  aus.si  deux  longs  filets  ^  l'anus ,   mais  dont  le  si- 

(1)  Caligus  piscinus ,  Lat.  ;  Caligus  curtus ,  Mull.  ,  Entomost. ,  xxi, 
3,2;  Monoculus  piscinus  ,  Linn,  ; — Caligus  Mulleri  ,  Leach.  ;  Desmar., 
Consid.  ,  l,  4;  sur  la  morue.  "Voniscus  lutosus  de  Slabbér  (Ençyclop. 
ine'thod  ,  atl.  cTliist.  natur. ,  cccxxx  ,7,8,)  paraît ,  à  raison  des  appen- 
dices eu  nageoires  de  la  queue,  devoir  former  un  sous-genre  propre.  Le 
binocle  à  queue  en  plumet  de  Geoffroy  pourrait  y  être  place'. 

(2)  Une  seule  espèce  vivante  ,  trouve'e  sur  le  requin.  Voyez  le  genre 
nogaus,  Desmar.,  Consid.  ,  pag.  34o. 

(3)  Pandarus  bicôlor,  Leach  j  Desmar. ,  L,  5  5  —  Pandarus  Boscii, 
Leach,  Encycl.  brit.  ,  suppl.I,  xx.  Voyez ,  pour  d'autres  espèces y 
Desmar. ,  ibid. ,  pag.  33q 


1C)8  CRUSTACÉS    P^CILOPODES. 

phon  est  apparent.  Leurs  deux  pattes  antérieures  sont  on- 
guiculées ;  les  deux  suivantes  se  terminent  par  deux  longs 
doigts  •  les  autres  sont  en  forme  de  feuillets  membraneux  (1). 
Le  dernier  sous-genre  de  cette  sous-division  ,  celui 

d'AisTiiosoME  (  Anthosoma.  Leach.  ) , 

Se  rapproche  du  précédent,  quanta  l'existence  d'un  siphon, 
et  quant  aux  deux  filets  du  bout  de  la  queue  ;  mais  il  s'en 
éloigne,  ain  si  que  de  ceux  qui  le  précèdent  ,  à  raison  de  deux 
de  ses  antennes _,  portées  en  avant,  en  forme  de  petites  ser- 
res monodactyles  ,  et  des  six  dernières  pattes  qui  sont  mem- 
braneuses, réunies  inférieurement,  repliées  latéralement  sur 
le  post-abdomen  _,  pour  l'envelopper,  en  manière  d'étui  $ 
celles  de  la  première  et  de  la  troisième  paire  sont  onguiculés  ; 
les  secondes  se  terminent  par  deux  doigts  courts  et  obtus  (2). 

Là  le  corps  est  ovale  ,  sans  appendices  saillants  ,  en 
manière  de  queue,  composée  de  filets  ou  d'appendices  en 
forme  de  nageoires,  à  son  extrémité  postérieure. Une  por- 
tion cle  téguments  supérieurs  forme  d'abord  et  par  devant 
un  bouclier,  ne  recouvrant  pas  sa  moitié  antérieure  , 
plus  étroit  qu'elle  ,  arrondi  etéchancré  antérieurement, 
élargi  et  comme  bilobé  à  l'autre  bout:  puis  viennent 
successivement  trois  autres  pièces  ou  écailles  arrondies  et 
échancrées  postérieurement,  dont  la  seconde,  la  plus 
petite  de  toutes,  est  presque  en  forme  de  cœur  renversé, 
et  dont  la  dernièreet  la  plus  grande  est  voûtée. Les  quatre 
pieds  postérieurs  sont  en  forme  de  lames  et  réunies  par 
paires  ;  celles  de  la  première  et  de  la  troisième  sont 
onguiculées  ;  les  secondes  ont  leur  extrémité  bifide. 
Le  siphon  est  apparent.  Les  œufs  sont  recouverts  par 
deux  grandes  pièces  ovales  ,  contiguè's  ,  coriaces  ,  placées 
sous  l'abdomen  et  le  surpassant  en  longueur.  Tels  sont 
les  caractères  du  genSre 


(1)  Caligus producius ,  Mùll.,  Entom.  xxsu  ,  3,  t\',  Monoculus  sahno- 
neûs ,  Fab. 

(•2)  Anthosoma  Smithif,  Leach  ;  Desra. ,  Consid.  ,  l,  3;;  Caligus  im- 
bricatUs  ,  Kisso. 


FAMILLE    DES    STPHONOSTOMES.  199 

DesCécrops.  (Cecrops.  Leach.  ) 

Dont  on  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  ,  qu'on  a 
trouvée  fixée  aux  branchies  du  thon  et  du  turbot ,  le 
Cécrops  de  Latreille.  .(Leach  ,  Encyclop.  brit.  ,  Supp.  1, 
pi.  xx;  i,3,  mâle;  2,  4  femelle  ;  5  >  antennes  grossies  ; 
Desmar.  ,  Consid.  ,  L ,  2.) 

La  seconde  tribu  ,  celle  des  Lern^eiformes  (  Ler- 
nœijormes .  Lat.),  se  compose  d'en tomos tracés  encore  plus 
rapprochés  que  les  précédents  ,  par  leurs  formes  exté- 
rieures, des  lernées.  Le  nombre  des  pattes  discernables 
n'est  que  dix  (1) ,  et  ces  organes  sont,  pour  la  plupart , 
fort  courts  et  point  ou  peu  propres  à  la  natation.  Tantôt 
le  corps  est  presque  vermiforme  ,  cylindracé,  avec  le 
segment  antérieur  simplement  un  peu  plus  large,  et 
muni  de  deux  pinces  didactyles,  avancées;  tantôt,  à 
raison  de  deux  expansions  latérales  en  forme  de  lobes 
ou  d'ailes  ,  rejetées  en  arrière  du  thorax  ,  et  de  deu.Y 
ovaires  postérieurs  ,  il  forme  une  petite  niasse  quadri 
lobée.  Cette  tribu  se  compose  de  deux  genres.  Le  pre- 
mier ,  celui 

De  Dichelestion  (  Dichelestium.  Herni.  fils), 

Nous  présente  un  corps  étroit  et  alongé  ,  un  peu  dilaté 
en  devant,  composé  de  sept  segments,  dont  l'antérieur 
(le  corselet,  Hermann)  plus  large ,  rhomboïdal ,  formé 
de  la  tête  et  d'une  portion  du  thorax  réunies.  Il  porte 
i°  quatre  antennes  courtes,  dont  les  latérales  filiformes, 
de  sept  articles,  et  dont  les  intermédiaires,  avancées 
en  manière  de  petits  bras  ,  de  quatre  articles,  avec  le 
dernier  en  forme  de  pince  didaclyle  ;  i°  un  siphon 
inférieur  >  membraneux  ettubulaire;  3°  trois  sortes  de 

(1)  Il  y  en  a  probablement  deux  de  plus ,  comme  dans  les  sous-genres 
pre'cédents  ;  mais  elles  sont  ou  très  peu  distincts  ,  ou  sous  une  forme  par- 
ticulière ,  qui  les  fait  méconnaître. 


200  C KU STAGES   P^CILOPODES. 

palpes  difformes  (deux pieds  multifides?)  de  chaque  c6tér 
situés  sur  une  eminen.ee  ;   3°  quatre  pattes  propres  à  la 
préhension ,  dont  les  deux  premières  formées  d'une  cuisse 
et  d'une  jambe,  et  terminées  pardivers  crochets  inégaux  et 
dentelés  7  et  dont  les  secondes  consistant  en  une  cuisse 
renflée  ,  terminée  par  un  fort  onglet.  Les  second  et  troi- 
sième segments  sont  presque  lunules,  et  portent  chacun 
une  paire  de    pieds  formés  d'un  article  ,  terminé    par 
deux  sortes  de  doigts  ,  dentelés  au  bout.  Au  quatrième 
segment    est   attachée   une   autre   paire   de    pattes,   la 
cinquième  et  dernière,  mais  sous  la  forme  de  simples 
vésicules  ovales,   divergentes  et  immobiles,  et  qu'Her- 
ma nn  présume  être  plutôt  des  ovaires  que  des  pattes.  Ce 
segment ,   ainsi  que  le  suivant,   sont  presque  carrés.  Le 
sixième  est  beaucoup  plus  longetcyîindrique. Le  septième 
et  dernier  est  trois  fois  plus  court ,  presque  orbiculaire  , 
aplati  et  terminé  par  deux  petites  vésicules.  Les  yeux 
ne  sont  point  distincts. 

Le  Dichélestion  de  l'esturgeon  (  Dichelestium  sturionis  7 
Hermann ,  fils,  Mém.  apterol. ,  pag.  124Î ,  v.  7,  85  Desmar. 
Consid.  L.  ,  y.  )  a  environ  sept  lignes  de  long  7  sur  une  de 
large.  Le  second  segment,  prolongé  de  chaque  côté  en 
une  papille  obtuse  ,  et  les  quatre  suivants  sont  rouges 
au  milieu  et  d'un  jaune  blanchâtre  latéralement.  Les 
pattes  ne  paraissent  point  lorsqu'on  voit  l'animal  en  des- 
sus. Il  s'insinue  profondement  dans  la  peau  et  recouvre 
les  arcs  osseux  des  branchies,  mais  sans  se  placer,  à  ce  qu'il 
paraît  7  sur  leurs  peignes.  Hermann  en  a  recueilli  jusqu'à 
douze  sur  un  seul  poisson.  Deux  ou  trois  de  ce  nom- 
bre7des  mâles  peut-être,  étaient  d'un  tiers  plus  courts  que 
les  autres  et  avaient  le  corps  courbé;  l'un  de  ces  douze 
individus  vécut  trois  jours.  Ces  crustacés  se  tournent 
beaucoup  et  avec  vivacité.  Ils  s'accrochent  très  fortement 
au  moyen  de  leurs  pinces  frontales. 


FAMI1LLE    DES    SIPHONOSTOMF.S.  20 1 

Les  Nicothoés.  (Nicothoe.  Aud.  et  Miln.  Edw.  ) 

Terminent  la  classe  des  crustacés,  et  s'en  distinguent 
par  leur  forme  hétéroclite.  Ils  n'offrent,  à  la  vue  simple, 
qu'un  corps  formé  de  deux  lobes  réunis  en  manière  de 
fer  à  cheval,  en  renfermant  deux  autres;  mais  observés 
au  microscope  ,  l'on  découvre  que  les  deux  grands  lobes 
sont  de  grandes  expansions  latérales  du  thorax,  en  forme 
d'ailes ,  presque  ovales  et  rejetées   en  arrière  ;   que    les 
deux  autres    lobes    sont  des  ovaires    extérieurs  ou  des 
grappes  d'œufs ,  analogues  à  ceux  des  cyclopes  femelles, 
insérés,  un  de  chaque  côté,  au  moyen  d'un  court  pédicule, 
à  la  base  de  l'abdomen  ;  et  que  le  corps  de  l'animal  se  com- 
pose des  parties  suivantes  :  i°  une  tête  distincte  ,  portant 
deux  yeux  écartés,   deux  antennes  latérales,    courtes, 
sétacées ,  de  onze  articles,  ayant  chacun  un  poil  au  côté 
interne,  avec  la  bouche  formée  d'une  ouverture  circu- 
laire,    faisant   l'office  de  ventouse,  et  accompagnée,  de 
chaque  côté  ,  d'appendices  maxilliformes  (  pieds  anté- 
rieurs); 2°  un  thorax  de  quatre  segments,  ayant  en  dessous 
cinq  paires  de  pieds,  dont  les  deux  antérieurs  terminés 
par  un  fort  crochet,  bidenté  au  côté  interne,  et  dont 
les  huit  autres,  composés  d'un  grand  article,  terminé 
par  deux  tiges   presque  cylindriques  ,   presque  égales , 
garnies  de  soies  et    de    trois    articles    chaque;    3°    un 
abdomen  ,  allant  en  pointe,  de  cinq  anneaux,  dont  le 
premier,  plus  grand,    donnant  naissance   aux  sacs  ovi- 
fères,  et  dont  le  dernier  terminé  par  deux  longs  poils. 
Les  expansions  latérales  ne  paraissent  être  qu'un  déve- 
loppement excessif  du  quatrième  et  dernier  anneau  du 
thorax.  On  aperçoit,  dans  leur  intérieur,  deux  espèces 
de  boyaux,  partant  de  la  ligne   moyenne   du  corps,  et 
que  l'on  peut   considérer  comme  deux  cœcums  ou  di- 
visions du  canal  intestinal,  qui  auraient  fait  hernie.  Ils 
sont  doués  de  mouvements  péristaltiques  très  pronon- 


202  CRUSTACÉS    P^ECILOPODES. 

ces.  Nous  avons  vu,  en  parlant  des  arguées,  que  leur 
estomac  offrait  aussi  deux  cœcums,  qui  se  rauii fiaient 
dans  l'intérieur  des  ailes  de  leur  test,  et  peut-être  les 
expansions  tlioraciques  des  nicothoés  sont- elles  aussi 
deux  lobes  analogues  (i). 

Nous  devons  la  connaissance  de  la  seule  espèce ,  com- 
posant le  genre 

La  Nicothoé  du  homard  (  Nicothoé  astaci.  Annal,  des 
se.  nat.  ;  déc.  18126  ,  XLIX,  i,  9)à  MM.  Victor  Audouin 
et  Milne  Ed.wards  ;  elle  est  longue  d'une  demi-ligne  sur 
près  de  trois  lignes  de  largeur  ,  y  compris  les  prolonge- 
ments tlioraciques.  Elle  est  de  couleur  rosée,  plus  tendre 
sur  les  sacs  ovifères  ,  avec  les  expansions  jaunâtres.  Elle 
adhère  intimement  aux  branchies  du  homard, et  s'enfonce 
profondément  entre  les  filaments  de  ces  organes.  On  la 
trouve  en  petit  nombre  et  simplement  sur  quelques  indivi- 
dus. Tous  les  Nicothoés  observés  par  ces  deux  naturalistes 
étaient  pourvus  d'ovaires  ;  il  est  probable  que  ces  crustacés 
peuvent  nager,  avant  que  de  se  fixer,  et  que  leurs  lobes 
tlioraciques  aient  acquis  leur  développement  ordinaire; 
de  même  qu'à  l'égard  du  corps  des  ixodes,  il  pourrait  être 
le  produit  de  la  surabondance  des  sucs  nutritifs. 


DES  TR1L0BITES.  (Trilobites.  ) 

Dans  le  voisinage  des  limules  et  des  autres  entomos- 
tracés  pourvus  d'un  grand  nombre  de  pieds,  se  rangent, 
dans  l'opinion  de  l'un  de  mes  confrères  à  l'Académie 
royale  des  sciences ,  M.  Alexandre  Brongniart,  et  de  divers 
autres  naturalistes  ,  ces  singuliers  animaux  fossiles ,  con- 
fondus d'abord  sous  la  dénomination  générale  à'ento- 
molithe  paradoxal  ,  "désignés  aujourd'hui  sous  celle 
de  trilobites  ,  et  dont  il  a  donné  une  excellente 
monographie,  enrichie  de  très  bonnes  figures  lithogra- 
pliiées  (  2  ).  Il  faut,    dans    cette   hypothèse,   admettre 


(i)  On  pourrait  dès  lors  placer  ce  genre  près  du  pre'cedent. 

(2)    i\T.   Eudes  Deslongoliamps ,  professeur   à   l'université  de  Cacn , 


CRUSTACÉS    TRILOBITES.  20J 

comme  un  fait  positif ,  ou  du  moins  très  probable  , 
l'existence  d'organes  locomotiles  ,  quoique  ,  malgré 
toutes  les  recherches,  on  n'ait  pu  en  découvrir  de  ves- 
tiges (1).  Supposant,  au  contraire,  que  ces  animaux  en 
étaient  dépourvus  ,  j'ai  pensé  qu'ils  venaient  plus  natu- 
rellement près  des  oscabrions  ,  ou  plutôt  qu'ils  for- 
maient la  souche  primitive  des  animaux  articulés,  se 
liant  d'une  part  avec  ces  derniers  mollusques,  et  d'au- 
tre part  avec  les  crustacés  ci-dessus  ,  et  même  avec  les 
gloméris  (2) ,  dont  quelques  trilobites  ,  tels  que  les  caly- 
mènes  ,  paraissent   se  rapprocher,   ainsi  que  des  osca- 

M.  le  comte  de  Rasoumowski,  M.  Dalman  et  quelques  autres  savants,  ont 
publié  depuis  de  nouvelles  observations  sur  ces  fossiles.  M.  Victor  Au- 
douin  ,  embrassant  avec  ardeur  l'opinion  de  M.  Brongniart,  a  combaïtu  , 
dans  un  Me'moire  particulier,  celle  que  j'avais  émise  à  cet  égard,  et 
d'après  laquelle  je  les  rapprochais  des  oscabrions.  Le  plus  essentiel  de  la 
difficulté  était  de  constater  l'existence  des  pattes,  et  c'est  ce  qu'il  n'a 
point  fait.  Quant  à  l'application  de  sa  ibéorie  du  thorax  des  insectes  aux 
trilobites  ,  elle  me  paraît  d'autant  plus  douteuse  que,  suivant  ma  manière 
de  voir,  les  premiers  anneaux  de  l'abdomen  des  insectes  représentent 
seuls  le  thorax  des  crustacés  décapodes. 

(1)  M.  Otftlines  (Oryctology^  croit  cependant  en  avoir  aperçu ,  et 
soupçonne  qu'ils  sont  onguiculés.  T^oyez  aussi  V entomostracite  granuleux, 
Brong. »  Trilobites,  m  ,  6. 

(2)  Première  édition  de  cet  ouvrage ,  tom.  III,  pag.  i5o  et  1 5i .  Aucun 
branchiopode  connu  ne  se  contracte  en  manière  de  boule.  Ce  caractère 
n'est  propre  ,  dans  la  classe  des  crustaeés ,  qu'aux  typhis ,  aux  sphéromes, 
aux   tylfcs  ,   aux  armadilles;    et  parmi  les  insectes  aptères,  qu'aux  glo- 
méris ,  genre  qui  est  à  la  tête  de  cette  classa  ,  et  qui  laisse  entre  lui  et  ]es 
derniers  crustacés  un  vide  considérable.  Les  calymènes  se  rapprochent 
évidemment,  à  l'égard  de  cette  contractibilité  ,  de  ces  derniers  insectes  , 
des  typhis  et  des  sphéromes;  mais  il  ne  paraît  pas  que  l'extrémité  posté- 
rieure de  leur  corps  soit  pourvue  d'appendices  natatoires  latéraux,  carac- 
tère négatif  qui  les  éloignerait  des  sphéromes  ,  mais  les  rapprocherait  des 
armadilles,   et  Surtout  des  tyîos ,   dont  le  dessus  des  segments  thoraci- 
ques  est   divisé  en    trois.   L'examen  d'un  individu  bien    conservé  m'a 
convaincu  qu'ils  avaient ,  de  même  que  les  limules  ,  des  yeux  adossés  à 
deux  élévations,  et  dont  la  cornée  était  granuleuse  ou  à  facettes.  Sous  le 
rapport  de  la  non  existence  (^antennes  supérieures,  ces  mêmes  trilobites 
auraient  encore  une  nouvelle  affinité  avec  les  limules. 


20-4  CRUSTACÉS    TRILOBITES. 

brions ,  en  ce  qu'ils  pouvaient  prendre  aussi ,  en  se  con- 
tractant, la  forme  d'un  sphéroïde.  Depuis  la  publica- 
tion du  travail  de  M.  Brongniart,  quelques  naturalistes 
n'ont  point  partagé  son  sentiment T  et  ont,  en  tout  ou 
on  partie ,  adopté  le  mien  ;  d'autres  hésitent  encore. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ces  animaux  paraissent  avoir  été  anéan- 
tis par  les  antiques  révolutions  de  notre  planète. 

Si  l'on  en  excepte  un  genre  hétéromorphe,  celui  d'a- 
gnoste,  les  trilohites  ont,  de  même  que  les  limules  ,  un 
grand  segment  antérieur,  en  forme  de  bouclier.,  pres- 
que demi  circulaire  ou  lunule,  et  suivi  d'environ  douze 
à  vingt-deux  segments  (1),  tous,  hormis  le  dernier, 
transversaux  ,  et  divisés  par  deux  sillons  longitudinaux 
en  trois  rangées  de  parties  ou  de  lobes,  et  de  là  l'origine 
de  la  dénomination  de  trilobites  (2).  Ce  sont  pour  quel- 
ques savants,  des  cntomostracites . 

Le  genre  Agnoste  (Agnostus,  Brong.)  est  le  seul 
dont  le  corps  soit  demi   circulaire  ou  réniforme.  Dans 


(1)  Il  semblerait  que  dans  divers  trilobiles,  et  particulièrement  dans 
les  asaphes  ,  le  corps  se  compose,  non  compris  le  bouclier,  d'une  douzaine 
de  segmenls  bien  cle'tache's  sur  les  côte's,  et  d'un  autre  formant  le  post- 
abdomen ou  une  queue,  triangulaire  ou  semi-lunaire,  n'offrant  que  des  di- 
visions superficielles,  etqui  ne  coupent  pas  ses  bords. Dans  les  paradoxides, 
au  contraire  ,  les  lobes  late'raux  se  terminent  par  des  prolongements  aigus 
bien  prononces ,  et  on  en  compte  bien  vingt-deux.  Une  espèce  de  trilo- 
bile,  dont  M.  le  comte  de  Rasoumowsky  a  fait  mention  dans  son*Me'moire 
sur  les  fossiles  (Annal,  des  scienc.  nat.  ,  juin  1826,  pi.  xxvm,  n),  et 
qu'il  présume  devoir  constituer  un  nouveau  genre  ,  est ,  sous  ce  rapport, 
1res  remarquable.  Ses  lobes  latéraux  forment  des  sortes  de  lanières  très 
longues  et  allant  en  pointe.  Les  pattes  des  nymphes  des  cousins  sont  en 
forme  de  lames  alongées,  aplaties  ,  sans  articulations,  termine'es  par  des 
nlets ,  et  repliées  sur  les  côte's.  Elles  sont  dans  un  état  rudimentaire,  et 
peuvent  être  analogues  aux  divisions  latérales  de  cette  espèce  de  trilo- 
bit-e  ,  voisine  des  paradoxides. 

(a.  Les  squilles,  divers  crustacés  amphipodes  etisopodes,  ont  aussi 
plusieurs  de  leu-rs  segments  diviaés  en  trois  par  deux  lignes  enfoncées  et 
longitudinales;  mais  ces  lignes  sont  pi  us 'rapprochées  des  bords,  et  ne 
forment  pas  de  profonds  sillons. 


CRUSTACES    TRIL0B1TES.  2o5 


tous  les  autres  genres,  il  est  ovale  ou  elliptique ,  et  offre 
les  caractères  généraux  que  nous  venons  d'énoncer. 

Les  Calymènes  (Calymene,  Brong.  )  se  distinguent 
de  tous  les  autres  trilobites,  par  la  faculté  de  pouvoir 
contracter  le  corps  en  fcoule  ,  et  de  la  même  manière  que 
les  sphéromes ,  les  armadilles  ,  les  gloméris,  c'est-à-dire 
en  rapprochant,  en  dessous,  les  deux  extrémités  de  leur 
corps.  Le  bouclier,  aussi  large  ou  plus  large  que  long, 
présente,  ainsi  que  dans  les  asaplies  et  les  ogygies,  deux 
éminences  oculifo raies.  Les  segments  ne  débordent  pas 
latéralement  le  corps,  sont  réunis  jusqu'au  bout,  et 
le  corps  se  termine  postérieurement  en  une  sorte  de 
queue  triangulaire  et  alongée. 

Dans  les  AsAphes  (  Asaphus,  Brong.  ),  les  tubercules 
oculiformes  semblent  présenter  une  paupière  ou  sont 
granuleux;  l'espèce  de  queue  qui  termine  postérieu- 
rement le  corps  est  moins  alongée  que  daas  les  caly- 
mènes ,  et  soit  presque  demi  circulaire,  soit  en  forme  de 
triangle  court  (  1  ). 

Le  bouclier  des  Ogygies  (  Ogygia  ,  Brong.  )  est 
plus  long  que  large,  avec  les  angles  postérieurs  prolon- 
gés en  manière  d'épine.  Les  éminences  oculiformes 
n'offrent  ni  paupière  ni  granulation.  Le  corps  est  el- 
liptique. 

Ces  éminences,  ayant  l'apparence  d'yeux,  n'existent 
point  ou  ne  se  montrent  point  dans  le  genre  Paradoxide 
(  Paradoxides  ,  Brong.).  Les  segments,  ou  du  moins  la 
plupart  d'entre  eux,  débordent  latéralement  le  corps  ,  et 
sont  libres  à  leur  extrémité  latérale. 

Tels  sont  les  caractères  des  cinq  genres  établis  par 
M.  Alexandre  Brongniart,  et  que  l'on  pourrait  distri- 
buer en  trois  groupes  principaux  :  les  rèniformes^  le  G. 


(i)  Dans  Yasaphe  de  Brongniart,  décrit  et  figuré  par  M.  Eudes  Des- 
longcliamps,  les  angles  postérieurs  du  bouclier,  au  lieu  de  se  diriger  en 
airière  ,  comme  dans  les  autres  epèces  ,  sont  recourbés. 


206  LES    ARACHNIDES 

agnoste  )  ,  les  contractiles  (  le  G.  ealymène  )  et  les  éten- 
dus (  les  G.  asaphe  ,  ogygie  et  paradoxide  ). 

Nous  renverrons ,  quant  à  la  connaissance  des  espèces 
et  de  leurs  gisseménts,  au  beau  travail  de  ce  célèbre  na- 
turaliste ,  qui }  à  l'égard  des  crustacés  fossiles  propre- 
ment dits  ou  bien  reconnus  pour  tels  ,  s'est  associé  l'un 
de  ses  premiers  élèves  et  correspondant  de  l'Académie 
des  sciences,  M.  Anselme -Gaétan  Desmarest,  souvent 
cité  par  nous,  tant  pour  cette  partie  que  pour  son 
ouvrage  sur  les  crustacés  vivants.  D'autres  savants  ont 
proposé  à  l'égard  rdes  trilobites  quelques  autres  coupes 
génériques  ;  mais  devant  me  borner  aux  considérations 
les  plus  générales  ,  je  m'arrête  à  celles  que  nous  présente 
le  meilleur  ouvrage  que  nous  ayons  encore  sur  ces  singu- 
liers fossiles. 


DEUXIEME  CLASSE  DES  ANIMAUX  ARTICULÉS 


ET  POURVUS     DE     PIEDS    ARTICULES. 


LES  ARAGHiNIDES.  (arachnides.  ) 

Sont,  ainsi  que  les  crustacés,  dépourvues  d'ailes, 
et  ne  sont  point  pareillement  sujettes  à  changer  de 
forme  ,  ou  n'éprouvent  pas  de  métamorphoses,  mais 
de  simples  mues.  Elles  ont  aussi  leurs  organes  sexuels 
éloignés  de  l'extrémité  postérieure  du  corps,  et  si- 
tués ,  à  l'exception  de  ceux  de  plusieurs  mâles ,  à 
la  hase  du  ventre;  mais  elles  diffèrent  de  ces  ani- 
maux, ainsi  que  des  insectes ,  en  plusieurs  points. 
De  même  que  dans  ceux-ci,  leur  corps  offre  à  sa  sur- 
face des  ouvertures  ou  fentes  tranverses,  nommées 


EN    GENERAL.  '>OJ 

stigmates  (i),  destinées  à  l'entrée  del'air,  mais  en 
très  petit  nombre  (huit  au  plus }  plus  communé- 
ment deux  ) ,  et  uniquement  situées  à  la  partie  in- 
férieure de  l'abdomen.  La  respiration  d'ailleurs 
s'opère,  soit  au  moyen  de  branchies  aériennes,  ou 
faisant  l'office  de  poumons ,  renfermées  dans  des 
poches  dont  ces  ouvertures  forment  l'entrée,  soit 
au  moyen  de  trachées  (2)  rayonnées.  Les  organes 
de  la  vision  ne  consistent  qu'en  de  simples  petits 
yeux  lisses  ,  groupés  de  diverses  manières  ,  lors- 
qu'ils sont  nombreux.  La  tête  ,  ordinairement  con- 
fondue avec  le  thorax,  ne  présente  à  la  place  des 
antennes,  que  deux  pièces  articulées,  en  forme  de 
petites  serres  didactyles  ou  monodactyles  ,  qu'on  a 
mal  à  propos  comparées  aux  mandibules  des  in- 
sectes et  désignées  de  même,  se  mouvant  en  sens 
contraire  de  celles-ci,  ou  de  haut  en  bas  ,  coopérant 
néanmoins  à  la  manducation  ,'  et  remplacées  dans 
les  arachnides  dont  la  bouche  est  en  forme  de  si- 
phon ou  de  suçoir,  par  deux  lames  pointues,  ser- 
vant de  lancettes  (3).  Une  sorte  de  lèvre  (labium , 
Fab.  )  ou  plutôt  de  languette,  produite  par  un  pro- 

(1)  Désignation  vague  et  impropre  ,  et  que  l'on  pourrait  remplacer 
par  celle  de  pneumostome,  bouché  à  air,  ou  celle  de  soupirail,  spin/cuiui/i. 

(2)  Voyez,  pour  ces  organes  respiratoires,  les  ge'ue'ralite's  de  ia  classe 
des  insectes. 

(3)  Des  chelicères  ou  antenne-pinces  :  c'est  ce  qui  re'sulte  évidemment 
de  leur  comparaison  avec  les  antennes  interme'diaires  des  divers  crustace's, 
et  notamment  de  ceux-  de  Tordre  des  pœcilopodes.  Il  n'estdonc  pas  rigou- 
reusement vrai  que  les  arachnides  n'aient  point  d'antennes,  caractère 
négatif  qu'on  leur  avait  jusqu'à  nous  exclusivement  attribue'. 


2o8  ARACHNIDES 

longement  pectoral,  deux  mâchoires  formées  par 
l'article  radical  du  premier  article  de  deux  petits 
pieds  ou  palpes  (i),  ou  par  un  appendice  ou  lobe 
de  ce  même  article,  une  pièce  cachée  sous  les  man- 
dibules, appelée  langue  sternale  par  M.  Savigny 
(  description  et  figure  du  Flialangium  copticum)  , 
et  qui  se  compose  d'une  saillie  en  forme  de  bec,  pro- 
duit de  la  réunion  d'un  très  petit  épistome  ou  chape- 
ron ,  terminé  par  un  labre  très  petit,  triangulaire,  et 
d'une  carène  longitudinale,  inférieure,  ordinaire- 
ment très  velue  ;  voilà  ce  qui,  avec  les  piècesappelées 
mandibules,  constitue  généralement,  à  quelques 
modification  près ,  la  bouche  de  la  plupart  des  arach- 
nides. Le   pharynx  (  2  )  est   placé  au-devant  d'une 


(i)  Ils  ne  diffèrent  des  pieds  proprement  dits  que  par  leurs  tarses, 
composés  d'un  seul  article,  et  ordinairement  termine's  par  un  petit  cro- 
chet :  ils  ressemblant,  en  un  mot,  aux  pattes  ordinaires  des  crustace's. 
J^oyez,  ci-après,  les  généralités  du  premier  ordre.  Ces  mâchoires  et  ces 
palpes  paraissent    correspondre   aux  mandibules  palpigères  des   déca- 
podes, et  aux  deux  pied;  antérieurs  deslimules.  Dans  les  faucheurs  oxxpha- 
lanqium ,   les  quatre  pieds  suivants  ont,  à  leur  origine,   un  appendice 
maxillaire,  de  sorte  que  ces  quatre  appendices  sont  les  analogues  des 
quatre  mâchoires  des  animaux  précédents.  Dans  une  Monographie  des 
espèces  de  ce  genre,  propres  à  la  France,  et  publiée  long-temps  avant  les 
Mémoires  de  M.  Savigny  sur  les  animaux  sans  vertèbres,  j'avais  décrit  ces 
parties.  D'après  ces  observations  et  les  précédentes ,  il  est  facile  de  rame- 
ner la  composition  de  ces  animaux  au  même  type  général  qui  caractérise 
tous  les  animaux  articulés,  à  pieds  articulés.  Les  arachnides  ne  sont  donc 
pas  des  sortes  de  crustacés  sans  tète,  ainsi  que  l'avait  dit  ce  savant,  si 
exact  etsi  admirable  d'ailleurs  dans  ses  observations  anatomiques,  et  dont 
il  a  été    pour  le  malheur  des  sciences  naturelles ,  une  déplorable  victime. 
(ï)  Je  n'ai  jamais  vu,  ainsi  que  M.  Straus  ,  qu'une  ouverture  ,  quoique 
M.   Savigny  en  admette   deux  5  je  pense  que  c'est  l'effet  d'une  illusion 
optique,  provenant  de  ce  qu'il  n'a  aperçu  que  les  extrémités  latérales  de 
la  fente  ,  son  milieu  se  trouvant  caché  par  la  langue  ,  dont  la  face  anté- 
rieure est  c[  aissie  dans  sa  partie  moyenne. 


EE    GÉNÉRAL.  2  OC) 

saillie    sternale,  qu'on   a   considérée   comme   une 
lèvre,  mais  qui,    d'après  sa  situation  immédiate  en 
arrière   du  pharynx    et  l'absence  de   palpes  ,    est 
plutôt  une  languette.  Les  pieds  ,  ainsi  que  ceux  des 
insectes  ,    sont  communément  terminés   par  deux 
crochets,  et  même  quelquefois  par  un  de  plus,    et 
tous  annexés  au  thorax  (ou  plutôt  céphalothorax) , 
qui ,  un  petit  nombre  excepté  ,  n'est  formé  que  d'un 
seul  article ,    et  très  souvent  intimement  uni  à  l'ab- 
domen.   Cette  dernière  partie  du  corps  est  molle 
ou  peu  défendue  dans  la  plupart. 

Envisagées  sous  le  rapport  du  système  nerveux  , 
les  arachnides  s'éloignent  notablement  des  crus- 
tacés et  des  insectes;  car  si  l'on  en  excepte  les 
scorpions  ,  qui,  à  raison  des  nœuds  ou  articles  for- 
mant leur  queue  ,  ont  quelques  ganglions  de  plus  , 
Le  nombre  de  ces  renflements  des  deux  cordons 
nerveux  est  de  trois  au  plus;  et  même  dans  ces 
derniers  animaux  n'est-il ,  tout  compris  ,  que  de 
sept. 

La  plupart  desarachnides  se  nourrissent  d'insectes, 
qu'elles  saisissent  vivants,  ou  sur  lesquels  ils  se  fixent, 
et  dont  ils  sucent  les  humeurs.  D'autres  vivent  en 
parasites  ,  sur  des  animaux  vertébrés.  Il  en  est 
cependant  que  l'on  ne  trouve  que  dans  la  farine  , 
sur  le  fromage,  et  même  sur  divers  végétaux.  Celles 
qui  se  tiennent  sur  d'autres  animaux  s'y  multiplient 
souvent  en  grand  nombre.  Dans  quelques  espèces, 
deux  de  leurs  pattes  ne  se  développent  qu'avec  un, 

TOMf:    IV.  l/f 


2  10  ARACHNIDES 

changement  de  peau,  et  en  général,  ce  n'est  qu'a- 
près la  quatrième  ou  cinquième  mue  au  plus  ,  que 
les  animaux  de  cette  classe  deviennent  propres  à  la 
génération  (1). 


DIVISION 

DES  ARACHNIDES  EN  DEUX  ORDRES. 


Les  unes  ont  des  sacs  pulmonaires  (2),  un  cœur 
avec  des  vaisseaux  bien  distincts  ,  et  six  à  huit  jeux 
lisses.  Elles  composeront  le  premier  ordre  ,  celui 
des  Arachnides  pulmonaires. 

Les  autres  respirent  par  des  trachées,  et  ne  pré- 
sentent point  d'organes  de  circulation  ,  ou  ,  s'ils  en 
ont ,  cette  circulation  n'est  point  complète.  Les 
trachées  se  partagent  près  de  leur  naissance  ,  en 
divers  rameaux,  et  ne  forment  pas,  comme  clans  les 
insectes,  deux  troncs,  s'étendant  parallèlement  dans 
toute  la  longueur  du  corps,  et  recevant  l'air  de  ses 


(t)  Nous  avons  vu,  d'après  les  observations  recueillies  sur  les  argules 
par  Jurine  fils,  qu'ils  n'acquièrent  cette  facilite'  qu'après  la  sixième  mue.  Ce 
fait  s'applique  aussi  aux  insectes  lépidoptères,  et  probab'ement  à  d'autres 
insectes  changeant  plusieurs  fois  de  peau  ;  car  les  chenilles  muent  ordi- 
nairement quatre  fois  avant  de  passer  à  l'état  de  chrysalide  ,  qui  est  une 
cinquième  mue.  L'insecte  ne  devient  parfait  qu'au  bout  d'une  autre  :  voilà 
donc  six  mues. 

(0)  Sacs  renfermant  des  branchies  aériennes  ou  faisant  l'office  de  pou- 
mons ,  et  que  j'ai  distinguées  de  ces  derniers  organes  par  la  de'nomination 
de  y  neumo- branchies. 


) 

PULMONAIRES.  211 

diverses  parties,,  par  des  ouvertures  (ou  stigmates) 
nombreuses.  Ici  on  n'en  voit  bien  distinctement  que 
deux  au  plus ,  et  situées  près  de  la  base  de  l'abdo- 
men (1).  Le  nombre  des  yeux  lisses  est  de  quatre 
au  plus.  Ces  arachnides  formeront  notre  deuxième 
et  dernier  ordre  ,  celui  des  Arachnides  Tra- 
chéennes. 


LE  PREMIER  ORDRE  DES  ARACHNIDES, 

Les  PULMONAIRES.  (Pulmonarle.—  Unogata.  Fab.) 

Nous  présente  ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  un 
système  de  circulation  bien  prononcé  et  des  sacs 
pulmonaires,  toujours  placés  sous  le  ventre,  s'annon- 
cant  à  l'extérieur  par  des  ouvertures  ou  fentes 
transverses  (stigmates)  ,  tantôt  au  nombre  de  buit , 
quatre  de  chaque  côté ,  tantôt  au  nombre  de  quatre 
ou  de  deux.  Le  nombre  des  yeux  lisses  est  de  six 
à  huit  (2),  tandis  que  dans  l'ordre  suivant,  il  n'y  en  a 


(i)Les  pycnogonides  n'offrent  aucun  stigmate,  et  sembleraient,  sous 
ce  rapport,  se  rapprocher  des  derniers  crustace's,  tels  que  les  dichéles- 
tions,  les  ce'crops  et  autres  entomostrace's  suceurs.  M.  Savigny  leur  trouve 
plus  d'affinité  avec  les  lcemodipodes ,  dont  cependant  ils  s'éloignent 
beaucoup,  tant  par  l'organisation  buccale  que  par  les  yeux  et  les  pattes. 
Nous  pensons  néanmoins  que ,  par  l'ensemble  de  leurs  caractères ,  ils 
appartiennent  plutôt  à  la  classe  des  arachnides,  et  qu'ils  avoisinent  sur- 
tout  les  phalangiwn ,  avec  lesquels  divers  auteurs  les  ont  rangés.  Nous 
croyons  aussi  qu'ils  pourraient  respirer  par  la  surface  de  leur  peau. 
Il  faut,  au  surplus,  attendre  que  l'anatomie  nous  ait  éclairés  à  cet  égard. 

(2)  Les  tessarops  de  M.  Rafiuesque  n'auraient  que  quatre  yeux  ;  mais 
je  présume  qu'il  n'a  point  aperçu  les  latéraux.  Vof.  le  sous-genre  érèse, 

i4* 


2  !  2  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

tout  au  plus  que  quatre  ,  le  plus  souvent  que  deux , 
quelquefois  même  très  peu  apparents  ou  nuls. 
L'organe  respiratoire  est  formé  cle  petites  lames.  Le 
cœur  est  un  gros  vaisseau  qui  règne  le  long  du  dos 
et  donne  des  branches  de  chaque  côté  et  en  avant  (1). 
Les  pieds  sont  constamment  au  nombre  de  huit.  Leur 
tête  est  toujours  confondue  avec  le  thorax,  et  offre 
à  son  extrémité  antérieure  et  supérieure  deux  pinces 
(  mandibules  des  auteurs  ,  chelicères  ou  antenne- 
pinces  de  Latreiile  ) ,  terminées  par  deux  doigts  , 
dont  l'un  mobile  ;  ou  par  un  seul  en  forme  de  cro- 
chet ou  de  griffe ,  et  toujours  mobile  (2).  La  bouche 
se  compose  d'un  labre  (  V^ojez  les  généralités  de 
la  classe) ,  de  deux  palpes ,  simulant  quelquefois  des 
bras  ou  de  serres  de  deux  ou  quatre  mâchoires,  for- 
mées, lorsqu'il  n'y  en  a  que  deux  ,  par  l'article  ra- 
dical de  ces  palpes,  et  de  plus  lorsqu'il  yen  a  quatre, 
par  le  même  article  de  la  première  paire  de  pieds,  et 
d'une  languette  d'une  ou  de  deux  pièces  (5) .  En  pre- 

(1)  Suivant  M.  Marcel  de  Serres  (Mémoire  sur  le  vaisseau  dorsal  des 
nsectes),  le  sang  ,  dans  les  aranéïdes  et  les  scorpions,  se  porterait  d'abord 
aux  organes  respiratoires,  et  de  là,  par  des  vaisseaux  particuliers,  aux 
diverses  parties  du  corps.  Mais,  à  en  juger  d'après  les  rapports  qu'ont  ces 
animaux  avec  les  crustacés  ,  cette  circulation  paraît  devoir  s'effectuer  en 
sens  contraire.  P  oyez  le  Mémoire  de  M.  Tréviranus  sur  l'anatomie  des 
araignées  et  des  scorpions. 

(2)  Ces  pièces  sont  formées  d'un  premier  article  très  grand  et  ventru  , 
dont  un  des  angles  supérieurs,  lorsque  la  pince  est  didactjle,  forme  le 
doigt  fixe  ,  et  d'un  second  article,  celui  qui  forme  le  doigt  opposé  et  mo- 
bile ,  ou  le  croche*,  lorsqu'il  n'y  a  qu'un  doigt.  Dans  ce  dernier  cas, 
comme  relativement  à  divers  crustacés  ,  j'emploierai  le  mot  de  griffe. 

(3)  Celle  des  scorpions  paraît  se  composer  de  quatre  pièces  , 
en  forme    de  triangle    alongé    et  pointu ,  et   dirigées    en   avant  ;   mais 


PAPILLE    DES    PILEUSES.  2  l  3 

nant  pour  base  la  diminution  progressive  du  nombre 
des  sacs  pulmonaires  et  des  stigmates ,  les  scorpions, 
où  il  est  de  huit,  tandis  que  les  autres  arachnides  n'en 
offrent  que  quatre  ou  deux,  devraient  former  le  pre- 
mier genre  de  cette  classe,  et  dès  lors  notre  famille  des 
pédipalpes,  à  laquelle  il  appartient,  devrait  précéder 
celle  des  fileuses  (  i) .  Mais  ces  dernières  arachnides  s'i- 
solent en  quelque  sorte,  à  raison  des  organes  sexuels 
masculins,  delà  griffe  ou  crochet  de  leurs  serres  fron- 
tales, de  leur  abdomen  pédicule  et  de  ses  filières, 
et  de  leurs  habitudes  ;  les  scorpions  d'ailleurs  parais- 
sent former  une  transition  naturelle  des  arachnides 
pulmonaires ,  à  la  famille  des  faux-scorpions,,  la  pre- 
mière de  l'ordre  suivant.  Nous  commencerons  donc, 
ainsi  que  nous  l'avions  fait,  par  les  arachnides  fileuses. 
La  première  famille  des  Arachnides  pulmonaires, 
celle 

Des  FILEUSES  ou  ARANÉÏDES  ,  (  Araneides.  ) 

Se  compose  dngenrexles  A  raigrées  (4 ranea,  Lin.). 
Elles  ont  des  palpes  en  forme  de  petits  pieds  ,  sans 

les  deux  latérales  sont  évidemment  formées  par  le  premier  article  des 
deux  pieds  antérieurs,  et  peuvent  être  considérées  comme  deux  mâchoires, 
analogues  aux  deux  premières.  On  voit,  par  les  mygales,  les  scorpions,  etc. , 
que  les  palpes  sont  divisés  en  six  articles,  dont  le  radical,  dans  les 
autres  aranéïdes,  se  dilate  intérieurement  et  en  avant,  pour  former  le 
lobe  maxiliiforme.  Ce  lobe  mdme,  dans  quelques  espèces,  s'articule 
à  sa  base,  et  devient  ainsi  un  appendice  maxillaire  de  ce  même  ar- 
ticle. Si  on  fait  abstraction  de  cet  article ,  le  palpe  n'en  offre  que  cinq, 
et  tel  est  le  mode  de  supputation  le  plus  général.  Dans  les  scorpions , 
le  doigt  mobile  des  pinces  forme,  ainsi  que  dans  les  serres  des  crustacés., 
le  sixième  article. 

(1)  Dans  mon  ouvrage  sur  les  familles  naturelles  du  règne  animal.,  je 


2l4  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

pince  au  bout ,  terminés  au  plus  dans  les  femelles , 
par  un  petit  crochet,  et  dont  le  dernier  article  ren- 
ferme ou  porte  dans  les  mâles  divers  appendices  plus 
ou  moins  compliqués,  servant  à  la  génération  (i). 
Leurs   serres  frontales  (  mandibules  des  auteurs  ) 
sont  terminées  par  un  crochet  mobile  replié   in- 
férieurement ,  ayant  en  dessous  ,  près  de  son  extré- 
mité, toujours  très  pointue  ,  une  petite  fente,  pour  la 
sortie  d'un  venin  renfermé  dans  une  glande  de  l'ar- 
ticle précédent.  Les  mâchoires  ne  sont  jamais  qu'au 
nombre  de  deux.  La  languette  est  d'une  seule  pièce ^ 
toujours  extérieure  et  située  entre  les  mâchoires , 
soit  plus  ou  moins  carrée,  soit  triangulaire  ou  semi- 
circulaire.  Le  thorax  (2)  ayant  ordinairement  une 
impression  en  forme  de  V ,  indiquant  l'espace  occupé 
par  la  tête  ,  est  d'un  seul  article ,  auquel  esl  suspendu 
en  arrière  ,  au  moyen  d'un  pédicule  court,  un  ab- 
domen mobile  et  ordinairement  mou;  il  est  muni  dans 
tous,  au-dessous  de  l'anus ,  de  quatre  à  six  mamelons, 

commence  par  les  pe'dipalpes.  Mon  ami,  M.Léon  Dufour,  pense  aussi 
que  les  scorpions  doivent  être  mis  en  tête. 

(1)  D'après  toutes  les  observations  qu'on  a  recueillies  sur  le  mode 
d'accouplement  des  arane'ïdes  ,  je  suis  toujours  porte'  à  croire  que  ces  ap- 
pendices sont  les  organes  de  la  copulation.  J'ai  vainement  cherché  à  dé- 
couvrir, sur  la  base  du  ventre  d'une  grande  mygale  mâle  conservée  dans 
de  la  liqueur,  quelques  orgaues  particuliers.  Il  ne  faut  pas  toujours  juger 
d'après  l'analogie  :  c'est  ainsi  que  les  organes  sexuels  des  femelles  des 
(jloméris,  des  jules  et  autres  chilognates,  sont  situés  près  de  la  bouche  , 
lait  dont  on  ne  trouve  pas  un  second  exemple. 

hi)  L'expression  de  céphalo-thorax  serait  plus  rigoureuse  et  plus  juste  ; 
mais  n'étant  pas  usitée,  je  n'ai  pas  cru  devoir  m'en  servir.  Je  n'em- 
ploierai pas  non  plus  celle  de  corselet,  quoique  généralement  admise  , 
parce  que  ,  dans  son  application  aux  coléoptères,  aux  orthoptères ,  etc. , 
fiÏÏe  ne  convient  qu'au  prothorax  ou  au  premier  segment  thoracique 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2l5 

charnus  au  bout,  cylindriques  ou  coniques,  articulés, 
très  rapprochés  les  uns  des  autres  et  percés  à  leur 
extrémité  d'une  infinité  de  petits  trous  (i),  pour  le 
passage  des  fils  soyeux  d'une  extrême  ténuité^  par- 
tant des  réservoirs  intérieurs.  Les  pieds,  déformes 
identiques,  mais  de  grandeurs  variées  y  sont  compo- 
sés de  sept  articles ,  dont  les  deux  premiers  forment 
les  hanches,  le  suivant  la  cuisse  ,  le  quatrième  (2)  et 
le  cinquième  la  jambe,  et  les  deux  autres  le  tarse:  le 
dernier  est  terminé  par  deux  crochets  ordinairement 
dentelés  en  peigne  ,  et  dans  plusieurs  par  un  de  plus  , 
mais  plus  petit  et  sans  dentelures.  Le  canal  intestinal 
est  droit  ;  il  a  d'abord  un  premier  estomac ,  composé 
de  plusieurs  sacs;  puis,  vers  le  milieu  de  l'abdomen , 
une  seconde  dilatation  stomacale  ,  entourée  de 
soie.  Suivant  les  observations  de  M.  Léon  Du  four 
(Annal,  des  scienc.  pliysiq.,  tom.  6),  il  occupe  la 
majeure  partie  de  la  capacité  abdominale  ,  et  se 
trouve  immédiatement  enveloppé  par  la  peau.  Il 
est  d'une  consistance  pulpeuse  ,  formée  de  petits 
grains  (5) ,  dont  les  conduits  excréteurs  particuliers 
se  réunissent  en  plusieurs  canaux  hépatiques,  versant 


(1)  Ces  trous  sont  sur  le  dernier  article,  qui  est  souvent  rentré.  Si  ou 
?e  presse  fortement,  on  en  fait  sortir,  du  moins  dans  plusieurs  espèces,  de 
très  petites  papilles  percées  au  bout,  et  qui  sont  les  filières  propres. 
Quelques  naturalistes  pensent  que  les  deux  petits  mamelons  situés  au 
milieu  des  quatre  extérieurs  ne  fournissent  point  de  soie. 

(2)  Cet  article,  ou  le  premier  de  la  jambe,  est  une  espèce  de  rotule. 

(3)  Le  foie  des  scorpions  se  compose  de  lobules  pyramidaux  et  fasci" 
euiés ,  ce  qui  semble  annoncer  une  organisation  plu*  avancée. 


2l6  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

clans  le  tube  alimentaire  le  produit  de  la  sécrétion; 
Au  milieu  de  sa  face  supérieure  est  une  ligne  en- 
foncée, où  se  loge  le  cœur  ,  et  qui  divise  cet  organe 
en  deux  lobes  égaux.  Sa  forme  varie  comme  celle 
de  l'abdomen,  suivant  les  espèces  ;  ainsi  son  contour 
est  festonné  dans  l'épeïre  soyeuse.  Dans  ce  sous-genre 
ainsi  que  dans  la  lycose-tarentule  ,  sa  surface  est 
recouverte  d'un  enduit  d'un  blanc  de  chaux ,  fen- 
dillé en  aréoles  ,  qui  s'aperçoivent  même  aisé- 
ment ,  à  travers  la  peau  glabre  de  plusieurs  espè- 
ces ;  on  les  voit  obéir  au  mouvement  de  sislole 
et  de  diastole  du  cœur.  Les  individus  des  deux  sexes 
lancent  souvent  par  l'anus  une  liqueur  excrémen- 
tielle, composée  d'une  partie  d'un  blanc  laiteux  et 
d'une  autre  noire  comme  de  l'encre. 

Le  système  nerveux  se  compose  d'un  double  cor- 
don ,  occupant  la  ligne  médiane  du  corps ,  et  de 
ganglions  qui  distribuent  des  nerfs  aux  divers  orga- 
nes. M.  Dufour  n'a  pu  déterminer  le  nombre  et  les 
dispositions  de  ces  ganglions;  mais,  d'après  la  figure 
qu'à  donnée  de  ce  système  Treviranus  (  Veber 
deninnern ,  bau  des  arachniden,  tab.  5,  fig.  45.  ), 
le  nombre  des  ganglions  ne  serait  que  de  deux. 
Les  observations  de  celui-ci  suppléeront  encore  à 
celles  de  M.  Dufour  ,  relativement  à  l'organe  de 
circulation  qui,  suivant  lui  ne  paraît  consister  qu'en 
un  simple  vaisseau  dorsal ,  ainsi  que  par  rapport 
aux  testicules  et  aux  vaisseaux  spermaliques,  sur  les- 
quels il  n'a  aucune  donnée. 


FAMILLE    DES    FIL  EUS  «S.  21  7 

La  région  dorsale  de  l'abdomen  offre  dans  plu- 
sieurs aranéides ,  notamment  dans  celles  qui  sont 
glabres  ou  peu  velues  ,  des  points  enfoncés  ou  om- 
bilics ,  dont  le  nombre  et  la  disposition  varient. 
M.  Dufour  a  reconnu  que  ces  petites  dépressions  or- 
biculaires  étaient  déterminées  par  l'attache  des 
muscles  filiformes  qui  traversent  le  foie ,  et  qu'il  a 
aussi  observés  dans  les  scorpions. 

Les  cavités  pulmonaires  ,  au  nombre  d'une  ou  de 
deux  paires ,  s'annoncent  à  l'extérieur  par  autant  de 
taches  jaunâtres  ou  blanchâtres  ,  placées  près  de  la 
base  du  ventre,  immédiatement  après  le  segment, 
qui,  au  moyen  d'un  filet  charnu,  unit  l'abdomen  avec 
le  thorax.  Chaque  bourse  pulmonaire  est  formée  par 
la  superposition  d'un  grand  nombre  de  feuillets 
triangulaires  ,  blancs  ,  extrêmement  minces  ,  qui 
deviennent  confluents  autour  des  stigmates  ,  dont  le 
nombre  est  le  même  que  celui  des  sacs  pulmonai^ 
res.  Lorsqu'il  y  en  a  quatre  ,  une  sorte  de  pli  ou 
vestige  d'anneau  ,  existant  même  dans  ceuxoùiin'y 
en  a  que  deux,  et  placé  immédiatement  après  eux, 
forme  une  ligne  qui  sépare  les  deux  paires. 

Les  aranéides  femelles  ont  deux  ovaires  bien  dis- 
tincts ,  logés  dans  une  espèce  de  capsule  formée  par 
le  foie.  N'étant  point  fécondés,  ils  paraissent  corn-* 
posés  d'un  tissu  spongieux,  comme  floconneux,  et 
constitué  par  l'agglomération  de  corpuscules  ar- 
rondis, à  peine  sensibles  ,  qui  sont  les  germes  des 
œ.ufs.  A  mesure  que  la  fécondation  fait  des  progrès,  la 


21 8  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

grappe  formée  par  ces  œufs  (  1)  devient  moins  serrée, 
et  on  voit  qu'ils  sont  insérés  latéralement  sur  plu- 
sieurs canaux.  Leur  grande  analogie  avec  les  ovaires 
du  scorpion  fait  présumer  au  même  observateur 
qu'ils  forment  des  mailles  aboutissant  à  deux  oviduc- 
tes  distincts ,,  qui  débouchent  dans  une  même  vulve. 
La  configuration  de  celle-ci  varie  beaucoup  ;  tantôt 
c'est  une  fente  longitudinale  bilabiée,  comme  dans 
la  micrommate  argelasienne,  tantôt  elle  est  abritée 
par  un  opercule  prolongé  et  terminé  en  manière 
de  queue  ,  comme  dans  l'épéïre-diadème ,  ou  bien 
elle  se  présente  sous  la  forme  d'un  tubercule. 

A  l'égard  des  jeux  lisses  ,  il  remarque  qu'ils  bril- 
lent dans  l'obscurité  comme  ceux  des  chats  ,  et  que 
les  aranéïdes  ont  vraisemblablement  la  faculté  de 
voir  de  jour  et  de  nuit. 

L'abdomen  des  aranéïdes  se  putréfie  et  s'altère 
tellement  après  la  mort ,  que  ses  couleurs  et  même 
sa  forme  sont  méconnaissables.  M  Du  four  est  par- 
venu ,  au  moyen  d'une  dessication  très  prompte  ,  et 
dont  il  indique  le  procédé  ,  à  remédier  ,  autant  que 
possible,  à  cet  inconvénient. 

Selon  Réaumur ,  la  soie  subit  une  première  éla- 
boration dans  deux  petits  réservoirs  ayant  la  fi- 
gure d'une  larme  de  verre  ,  placés  obliquement , 
un  de  chaque  côté ,  à  la  base  de  six  autres  réser- 
voirs ,  en   forme  d'intestins ,  situés  les  uns  à  côté 


(i)  Voyez  sur  leur  développement  et  celui  du  fœtus  le  beau  travail  dp 

M.  Hétol.l. 


FAMILLE    DtS    F  ILE  USES.  21Q 

des  antres ,  recoudés  six  ou  sept  fois ,    partant  un 
peu  au-dessous  de  l'origine  du  ventre,    et  venant 

aboutir  aux  mamelons  par  un  filet  très  mince.  C'est 
dans  ces  derniers  vaisseaux  que  la  soie  acquiert  plus 
de  consistance  et  les  autres  qualités  qui  lui  sont 
propres  ;  ils  communiquent  aux  précédents  par  des 
branches ,  formant  un  grand  nombre  de  coudes  et 
ensuite  divers  lacis  (i).  Au  sortir  des  mamelons ,  les 
fils  de  soie  sont  gluants  ;  il  leur  faut  un  certain 
degré  de  dessiccation  ou  d'évaporation  d'humidité, 
pour  pouvoir  être  employés.  Mais  il  paraît  que 
lorsque  la  température  est  propice  ,  un  instant 
suffit,  puisque  ces  animaux  s'en  servent  tout  aussitôt 
qu'ils  s'échappent  de  leurs  filières.  Ces  flocons  blancs 
et  soyeux  que  l'on  voit  voltiger  au  printemps  et  en 
automne,  les  jours  où  il  y  a  eu  du  brouillard,  et 
qu'on  nomme  vulgairement  jils  de  la  Vierge ,  sont 
certainement  produits ,  ainsi  que  nous  nous  en  som- 
mes assurés  en  suivant  leur  point  de  départ ,  par 
diverses  jeunes  aranéïdes,  et  notamment  des  épéires 
et  des  thomises  ;  ce  sont  principalement  les  grands 
fils  qui  doivent  servir  d'attache  aux  rayons  de  la 
toile ,  ou  ceux  qui  en  composent  la  chaîne  ,  et  qui 
devenant  plus  pesants  à  raison  de  l'humidité,  s'af- 
faissent, se  rapprochent  les  uns  des  autres,  et  fi- 
nissent par  se  former  en  pelotons;  on  les  voit  sou- 
vent se  réunir  près  de  la  toile  commencée  par 
l'animal ,  et  où  il  se  tient.  Il  est  d'ailleurs  probable 
que  beaucoup    de    ces   aranéïdes   n'ayant  pas  en- 

f  i)  Voyez,  sur  \c  même  sujet ,  Tréviranns. 


220  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

eore  une  provision  assez  abondante  de  soie,  se  bor- 
nent à  en  jeter  au  loin  de  simples  fils.   C'est,  à  ce 
qu'il  me  paraît ,   à  de  jeunes  Ijcoses  qu'il  faut  at- 
tribuer ceux  que   l'on  voit  en  grande  abondance, 
croisant  les  sillons  des  terres  labourées,   lorsqu'ils 
réfléchissent  Ja  lumière  du  soleil.   Analysés  chimi- 
quement, ces  fils  delà  vierge  offrent  précisément  les 
mêmes  caractères  que  la  soie  des  araignées;  ils  ne  se 
forment  donc  point  dans  l'atmosphère,    ainsi    que 
l'a  conjecturé  ,  faute  d'observations  propres  ou  ex 
visu,  un  savant  dont  l'autorité  est  d'un  si  grand  poids, 
M.  le  chevalier  de  Lamarck.    On  est  parvenu  à  fa- 
briquer avec  cette  soie  des  bas  et  des  gants;  mais 
ces  essais  n'étant  point  susceptibles  d'une  application 
en  grand,  et  étant  sujets  à  beaucoup  de  difficultés, 
sont  plus  curieux  qu'utiles.   Getle  matière  est  bien 
plus  importante  pour  les  aranéïdes.  C'est  avec  elle 
que  les  espèces  sédentaires ,   ou  n'allant  point  à  la 
chasse  de  leur  proie,  ourdissent  ces  toiles  (1)  d'un 
tissu  plus  ou  moins  serré }  dont  les  formes  et  posi- 
tions varient  selon  les  habitudes  propres  à  chacune 
d'elles,  et  qui  sont  autant  de  pièges  où  les  insectes 
dont  elles  se  nourrissent,  se  prennent  ou  s'embar- 
rassent. À  peine  s'y  trouvent-ils  arrêtés,  au  moyen 
des  crochets  de  leurs  tarses,  que  l'aranéïde,  tantôt 
placée  au  centre  de  son  réseau  ou  au   fond  de  sa 

(  i  )  Celles  de  quelques  arane'ïdes  exotiques  sont  si  fortes ,  qu'elles  ar- 
rêtent de  petits  oiseaux,  et  opposent  même  à  Thomme  une  certaine 
résistance. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  22  1 

toile  ,  tantôt  dans  une  habitation  particulière  située 
auprès  et  dans  l'un  de  ses  angles,  accourt  ,  s'ap- 
proche de  l'insecte  ,  fait  tous  ses  efforts  pour  le 
piquer  avec  son  dard  meurtrier,  et  distiller  dans 
sa  plaie  un  poison  qui  agit  très  promptement  ; 
lorsqu'il  oppose  une  trop  forte  résistance ,  ou  qu'il 
serait  dangereux  pour  elle  de  lutter  avec  lui,  elle  se 
retire  un  instant  afin  d'attendre  qu'il  ait  perdu  de 
ses  forces  ou  qu'il  soit  plus  enlacé  ;  ou  bien,  si  elle 
n'a  rien  à  craindre  ,  elle  s'empresse  de  le  garrotter 
en  dévidant  autour  de  son  corps  des  fils  de  soie,  qui 
l'enveloppent  quelquefois  entièrement  et  forment 
une  couche  ,  le  dérobant  à  nos  regards. 

lister  avait  dit  que  des  araignées  éjaculent  et 
lancent  leurs  fils  ,  delà  même  façon  que  les  porcs- 
épics  lancent  leurs  piquants,  avec  cette  différence 
qu'ici  ces  armes,  suivant  une  opinion  populaire,  se 
détacheraientdu  corps,  tandis  que  dans  les  araignées» 
ces  fils,  quoique  poussés  au  loin  ,  y  restent  attachés. 
Ce  fait  a  été  jugé  impossible.  Nous  avons  ce- 
pendant vu  des  fils  sortir  des  mamelons  de  quelques 
thomises, se  diriger  en  ligne  droite,  et  former  comme 
des  rayons  mobiles,  lorsque  l'animal  se  mouvait  cir- 
culairement.  Un  autre  emnloi  de  la  soie,  et  commun 
à  toutes  les  aranéïdes  femelles^  a  pour  objet  la  cons- 
truction des  coques  destinées  à  renfermer  leurs  œufs. 
La  contexture  et  la  forme  de  ces  coques  est  di- 
versement modifiée  selon  les  habitudes* des  races. 
Elles  sont  généralement  sphéroïdes;  quelques-unes 


22  2  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

ont  la  forme  d'un  bonnet  ou  celle  d'une  tymbale  ;  on 
en  connaît  qui  sont  portées  sur  un  pédicule  ,   ou  qui 
se  terminent  en  massue.   Des  matières  étrangères, 
comme  de  la  terre,    des  feuilles,  les  recouvrent 
quelquefois ,  du  moins  partiellement;  un  tissuplus  fin , 
ou  une  sorte  de  bourre  ou  de  duvet ,  enveloppe  sou- 
vent les  œufs  à  l'intérieur.  Us  y  sont  libres  ou  ag- 
glutinés, et  plus  ou  moins  nombreux.  Ces  animaux 
étant   très  voraces,   les  mâles,    pour    éviter  toute 
surprise,    et  n'être  pas  victimes  d'un  désir  préma- 
turé ,  ne  s'approchent  de  leurs  femelles ,  à  l'époque 
des  amours,    qu'avec  une  extrême  méfiance  et  la 
plus  grande  circonspection.   Ils  tâtonnent  souvent 
long-temps  avant  que  celles-ci  se  prêtent  à  leurs 
caresses  ;    lorsqu'elles  s'y  déterminent ,    ils  appli- 
quent alternativement ,  avec  une  grande    prompti- 
tude, l'extrémité  de  leurs  palpes,  sur  le  dessous  du 
ventre  delà  femelle,  font  sortir,  à  chaque  contact,  et 
comme  par  une  espèce  de  ressort ^  l'organe  fécon- 
dateur, contenu  dans  le  bouton  formé  par  le  dernier 
article  de  ces  palpes,    et  l'introduisent  dans  une 
fente  située  sous  le  ventre,  près  de  sa  base,  entre  les 
ouvertures  propres  à  la  respiration;  après  quelques 
courts  instants  de  repos,  le  même  acte  se  renou- 
velle plusieurs  fois.  Voilà  l'accouplement  d'un  petit 
nombre  d'espèces  et  de  la  division  des  orbitèles. 
On  ne  lira  pas  sans  éprouver  un  vif  intérêt,  ce  qu'a 
écrit  sur  ce   sujet  le  savant  qui  a  le  plus  approfondi 
l'histoire  de  ces  animaux,  le  célèbre  M.  Walcke- 


FAMILLE    DES   FILETJSES.  2  2$ 

\  naer,  membre  de  l'académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres,  et  dont  je  m'honore  d'être  un  an- 
cien ami.  L'appareil  de  la  génération  des  mâles  , 
ou  du  moins  présumé  tel ,  est  ordinairement  très 
compliqué  et  très  varié,  formé  des  pièces  écail- 
leuses,  plus  ou  moins  crochues  et  irrégulières,  et 
d'un  corps  blanc ,  charnu ,  sur  lequel  on  aperçoit 
quelquefois  des  vaisseaux  d'une  apparence  sanguine, 
et  que  l'on  regarde  comme  l'organe  fécondateur 
proprement  dit  ;  mais  dans  les  arachnides  à  quatre 
sacs  pulmonaires ,  et  dans  quelques  autres  de  la 
division  de  celles  qui  n'en  ont  que  deux,  le  der- 
nier article  des  palpes  des  mêmes  individus  n'offre 
qu'une  seule  pièce  cornée,  en  forme  de  crochet  ou  de 
cnre-oreille,  sans  la  moindre  ouverture  distincte. 
Quoique  Millier  et  d'autres  aient  eu  tort,  relati- 
vement à  quelques  entomostracés ,  de  placer  les 
organes  sexuelsmasculinssurdeuxde  leurs  antennes, 
il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  parties  considérées 
comme  analogues  dans  les  aranéïdes  ,  sont  très  diffé- 
rentes decellesquel'onohserve-aux  antennes  de  ces 
crustacés,  et  que  l'on  ne  conçoit  pas  quelle  pour- 
rait être  leurdestination,sion  leur  refuse  celle-ci(T). 
D'après  les  expériences  d'Audebert ,  qui  nous  a 
donné  une  histoire  des  singes ,  di^ne  des  talents  de  ce 
grand  peintre,  il  est  prouvé  qu'une  seule  fécondation 
peutsuffireà  plusieurs  générations  successives;  mais, 
comme  dans  tous  les  insectes  et  au  ires  classes  analo- 

(i)  Elles  seraient  au  moins  des  organes  excitateurs. 


224  AllACHKIDES    PULMONAIRES. 

gués  ,  les  œufs  sont  stériles  si  les  deux  sexes  ne  se 
sont  pas  réunis.  L'accouplement,  dans  nos  climats, 
a  lieu  depuis  la  fin  de  l'été  jusqu'à  la  fin  de  septem- 
bre. Les  œufs  pondus  les  premiers  éclosent  souvent 
avant  la  fin  de  l'automne  ;  les  autres  passent  l'hiver. 
On  a  remarqué  que  les  femelles  de  quelques  espèces 
de  lycoses  ou  d 'araignées-loups  déchirent  la  coque 
des  œufs ,  lorsque  les  petits  doivent  venir  au  monde. 
Les  nouveau  -  nés  grimpent  sur  le  dos  de  leur  mère 
et  s'y  tiennent  pendant  quelque  temps.  D'autres 
aranéïdes  femelles  portentleurscocons  sous  le  ventre, 
ou  veillent  à  leur  conservation  ,  en  se  fixant  auprès 
d'eux.  Les  deux  pattes  postérieures  ne  se  dévelop- 
pent ,  dans  quelques  petits,  que  quelque  jours  après 
leur  naissance.  11  en  est  qui ,  à  la  même  époque , 
sont  rassemblés  pendant  quelque  temps  en  société 
et  paraissent  filer  en  commun.  Leurs  couleurs  alors 
sont  souvent  plus  uniformes,  et  le  naturaliste  qui 
aurait  peu  d'expérience  pourrait  multiplier  mal  à 
propos  les  espèces.  L'un  de  nos  collaborateurs  pour 
l'Encyclopédie  méthodique  ,  M.  ÀmédéeLepelletier 
de  Saint-Fargeau  ,  a  observé  que  ces  animaux  jouis- 
saient y  ainsi  que  les  crustacés  ,  de  la  faculté  de  ré- 
générer les  membres  perdus. 

J'ai  constaté  qu'une  seule  piqûre  d'aranéïde  de 
moyenne  taille  fait  périr  notre  mouche  domestique 
dans  l'espace  de  quelques  minutes.  Il  est  encore  cer- 
tain que  la  morsure  de  ces  grandes  aranéïdes  de  l'A- 
mérique méridionale,  qui  y  sont  connues  sous  le  nonv 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  22  5 


d'araignées    crabes  et  que  nous  rangeons  dans  le 
genremygale,donnelamort  à  de  petits  animauxver- 
tébrés,tels  que  de  petitsoiseaux,  comme  des  colibris, 
des  pigeons,  et  peut  produire  dans  l'homme  un  accès 
violent  de  fièvre;  la  piqûre  même  de  quelques  espèces 
de  nos  climats  méridionaux  a  été  quelquefois  mor- 
telle.  L'on    peut    donc  ,   sans    adopter    toutes    les 
Tables  que  Baglivi  et  d'autres  ont  débitées  sur  le 
compte  de  la  tarentule,  se  méfier,  surtout  dans  les 
pays  chauds,,  de  la  piqûre  des  aranéïdes  et  particu- 
lièrement des  grosses  espèces.  Diverses  espèces  d'in- 
sectes du  genre  Sphex  de  Linnaeus    saisissent    des 
aranéïdes ,  les  percent  de  leur  aiguillon  et  les  trans- 
portent dans  les  trous  où  elles  déposent  leurs  œufs  , 
afin  qu'elles  servent  de  pâture  à  leurs  petits.  La  plu- 
part de  ces  animaux  périssent  à  Farrière-saison  , 
mais  il  en  est  qui  vivent  plusieurs  années ,  et  de  ce 
nombres  ont  les  mygales,  les  1  vcoses  et  probablement 
plusieurs  autres.  Quoique  Pline  dise  que  les phalan- 
gium  sont  inconnus  en  Italie ,  nous  présumons  néan- 
moins que  ces  dernières  aranéïdes  et  d'autres  grandes 
espèces  ne  faisant  point  de  toile  ,   de  même  encore 
que  les  galéodes  ou  soipuges,  sont  les  animaux  que 
l'on  désignait  collectivement  de  la  sorte  ,  et  dont 
l'on  distinguait  plusieurs  espèces.  Telle  était   aussi 
l'opinion  de  Mouffet  qui  a  figuré  (Theatr.  insect. , 
p.    219)  comme   une  espèce    de  phalangîum    une 
lycose  ou  une  mygale  de  l'île  de  Candie. 

Lister,  qui  a,  le  premier,  ïe   mieux  observé  les 

TOME    IV.  i5 


2  26  ÀRAGNHIDES    PULMONAIRES. 

araneïdes  dont  il  était  à  portée  de  suivre  les  habi- 
tudes, celles  de  la  Grande-Bretagne ,  a  jeté  les  bases 
d'une  distribution  naturelle  ,  et  dont  celles  qu'on  a 
publiées  depuis  ne  sont  pour  la  plupart  que  des  mo- 
difications. La  connaissance  plus  récente  de  quel- 
ques espèces  particulières  aux  pays  chauds,  telles 
que  l'araignée  maçonne,  décrite  par  l'abbé  Sauvages, 
et  de  quelques  autres  analogues  ,  l'emploi  des  or- 
ganes de  la  manducation  ,  introduit  dans  la  méthode 
par  Fabricius,  une  étude  plus  précise  de  la  disposi- 
tion générale  des  yeux  et  de  leurs  grandeurs  respec- 
tives ,     celle  encore  des  longueurs    relatives    des 
pattes,  ont  contribué  à  étendre  cette  classification. 
M.  Walckenaer  est  entré  à  cet  égard  dans  les  plus 
petits  détails  ,  et  il  serait  difficile  de  découvrir  une 
espèce  qui  ne  trouvât  sa  place  dans  quelqu'une  des 
coupes  qu'il  a  établies.  Il  existait  cependant  un  ca- 
ractère  dont  on  n'avait  point  généralisé  l'applica- 
tion ,  la  présence  ou  l'absence  du  troisième  crochet 
du  bout  des  tarses.  M.  Savignynous  aprésenté,  surce 
point  de  vue,  une  nouvelle  méthode,  mais  dont  je  ne 
connais  qu'un    simple  aperçu.   {Voyez    "Walck.  , 
Faune  franc.,  note  terminant  le  genre  Atte.  )  (1) 
M.  Léon  Dufour,qui  a  publié  d'excellents  mé- 

(i)  Nous  n'avons  eu  connaissance  des  observations  de  M.  Savigny  sur 
les  araneïdes  faisant  partie  de  l'explication  des  planches  d'histoire  natu- 
relle du  grand  ouvrage  sur  l'Egypte,  que  long-temps  après  la  rédaction 
de  notre  article  relatif  aux  mêmes  animaux.  Ne  pouvant  interrompre  la 
continuation  de  notre  travail ,  et  revenir  sans  cesse  sur  ce  que  nous  avons 
déjà  rédige ,  nous  exposerons  succinctement  la  distribution  méthodique 
des  araneïdes  propose'e  par  M.  Savigny ,  dans  un  sapple'mcnt. 


FAMILLE    DES    EILEUSES.  2  2^ 

moires  sur  l'anatomie  des  insectes^   qui  a  fait  une 
étude  spéciale  de  ceux  du  royaume  de  Valence  , 
où  il  en  a  découvert  plusieurs  espèces  nouvelles , 
et  auquel  la  botanique  n'est  pas  moins  redevable  , 
a  donné   une  attention    particulière    aux  organes 
respiratoires  des  aranéïdes,  et  c'est  d'après  lui  que 
nous  les  partagerons  en  celles  qui  ont  quatre  sacs 
pulmonaires ,  (  et  à  l'extérieur  quatre  stigmates , 
deux  de  chaque  côté  et  très  rapprochés) ,  et  en  celles 
qui  n'en  ont  que  deux  (  i  ) .  Les  premières,  qui  embras- 
sent l'ordre  des  aranéïdes  théraphoses  de  M.  Valc- 
kenaer,  et  quelques  autres  genres  de  celui  qu'il 
désigne  collectivement  sous  la  dénomination  d'arai- 
gnée ,    n'en    composent   d'après  notre    méthode , 
qu'un  seul,  celui 

De  Mygale.  (Mygale.  ) 

Leursyeuxsont  toujours  si  tués  à  l'extrémité  antérieure 
du  thorax  et  ordinairement  très  rapprochés.  Leurs  chéli- 
cères  et  leurs  pieds  sont  robustes.  Les  organes  copulateurs 
des  mâles  sont  toujours  saillants  et  souvent  très  sim- 
ples. La  plupart  n'ont  que  quatre  filières,  dont  les  deux 
latérales  ou  extérieures ,  et  situées  un  peu  au-dessus  des 
deux  autres  ,  plus  longues ,  de  trois  articles,  sans  compter 
l'élévation  formant  leur  pédoncule.  Elles  se  fabriquent 
des  tubes  soyeux  ,  leur  servant  d'habitation ,  et  qu'elles 
cachent  ,  soit  dans  des  terriers  qu'elles  ont  creusés  ,  soit 
sous  des  pierres,  desécorces  d'arbres  ou  entre  des  feuilles. 

Les  théraphoses  de  M.  Walckenaer  formeront  une  pre- 


(i)  Section  des  araigne'es  territèles  de  la  première  e'dition  de  cet  ouvrage. 

i5* 


2  2-3  ARACHNIDES    PULMONAIUES. 

mière  division  ayant  pour  caractères  :  quatre  (i)  filières, 
dont  les  deux  intermédiaires  et  in  férieures  ordinairemen  t  très 
courtes  et  dont  les  deux  extérieures  très  saillantes.  Crochets 
des  chélicères  repliés  en  dessous,  le  long  de  leur  carène  ou 
tranche  inférieure,*  et  non  en  dedans  ou  sur  leur  face  in- 
terne. Huit  veux  dans  tous  (  le  plus  souvent  groupés  sur 
une  petite  éminence,  trois  de  chaque  côté,  formant,  réu- 
nis, un  triangle  renversé  ,  et  dont  les  deux  supérieurs  rap- 
prochés; les  deux  autres  disposés  transversalement  au  milieu 
des  précédents  ). 

La  quatrième  paire  de  pieds,  et  ensuite  la  première, 
sont  les  plus  longues,  la  troisième  est  la  plus  courte. 

Ici  les  palpes  sont  insérés  à  l'extrémité  supérieure  des 
mâchoires,  de  sorte  qu'ils  paraissent  être  composés  de  six  ar- 
ticles, dont  le  premier,  étroit  et  alongé,  avec  l'angle  interne 
de  l'extrémité  supérieure  saillant,  fait  l'office  de  mâchoire. 
La  languette  est  toujours  petite  et  presque  carrée.  Le  dernier 
article  des  palpes  des  mâles  est  court ,  en  forme  de  bouton,  et 
portant  à  son  extrémité  les  organes  sexuels.  Les  deux  jambes 
antérieures  des  mêmes  individus  ont  une  forte  épine  ou  ergot 
à  leur  extrémité  inférieure.  Tels  sont  les  caractères 

Des  Mygales  proprement  dites.  (Mygale.  Walck.  ) 

Les  unes  n'offrent  point  à  l'extrémité  supérieure  de  leurs 
chélicères,  immédiatement  au-dessus  de  l'insertion  delà  griffe 
ou  crochet  qui  les  termine  ,  une  série  transverse  d'épines 
ou  de  pointes  cornées  et  mobiles  ?  disposées  en  manière  de 
râteau.  Les  poils  qui  garnissent  le  dessous  de  leurs  tarses 
forment  une  brosse  épaisse  et  assez  large,  débordante  , 
et  cachant  ordinairement  les  crochets.  Les  organes  sexuels 
masculins  consistent  en  une  seule  pièce  écailleuse  et 
terminée  en  une  pointe  entière  ,  ou  sans  échancrure  ni  di- 
vision •  tantôt  elle  a  presque  la  forme  d'un  cure-oreille 
(M.  de  le  Blond,  Latr.  );  tantôt,  et  c'est  le  plus  souven*, 
elle  ressemble  à  une  larme  batavique,  ou  globuleuse  infé- 


(i)  J'ai  aperçu,  dans  les  atypes,  des  vestiges  de  deux  autres  mame- 
lons, ceux  qui,  dans  les  arane'ïdes  de  la  division  suivante,  sont  place's 
entre  les  quatre  extérieurs  et  très  visibles  ;  mais  comme  ici  ils  sont  très 
peu  apparents  ,  je  n'ai  pas  cru  devoir  en  tenir  compte. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2  2Q 

rieu renient,  elle  se  rétrécit   ensuite,  pour  se   terminer  en 
pointe  et  former  une  espèce  de  crochet  arqué. 

Cette  division  se  compose  des  espèces  les  plus  grandes 
de  la  famille,  et  dont  quelques-unes,  dans  l'état  de  repos  , 
occupent  un  espace  circulaire  de  six  à  sept  pouces  de  dia- 
mètre ,  et  saisissent  quelquefois  des  colibris  et  des  oi- 
seaux-mouches. Elles  établissent  leur  domicile  dans  les 
gerçures  des  -arbres,  sous  leur  écorce  ,  dans  les  interstices 
des  pierres  ou  des  rochers,  ou  sur  les  surfaces  des  feuilles 
de  divers  végétaux.  La  cellule  de  la  Mygale  aviculaire  a  la 
forme  d'un  tube,  rétréci  en  pointe  à  son  extrémité  posté- 
rieure. Elle  se  compose  d'une  toile  blanche,  d'un  tissu 
serré,  très  fin  ,  demi  transparent  et  semblable  en  apparence 
à  de  la  mousseline.  M.  Goudot  m'en  a  donné  une  qui, 
développée,  avait  environ  deux  décimètres  de  long,  sur 
près  de  six  centimètres  de  large,  mesurée  dans  son  plus 
grand  diamètre  transversal.  Le  cocon  de  la  même  espèce 
avait  la  forme  et  la  grandeur  d'une  grosse  noix.  Son  enve- 
loppe, composée  d'une  soie,  de  la  même  nature  que  celle 
de  son  habitation  ,  était  formée  de  trois  couches.  Il  paraît 
que  les  petits  y  écloscnt  et  y  subissent  leur  première  mue. 
Ce  naturaliste  m'a  dit  en  avoir  retiré  d'un  seul  une  cen- 
taine. (  Voyez  mon  Mémoire  sur  les  habitudes  de  l'araignée 
aviculaire,  dans  le  recueil  de  ceux  du  muséum  d'hist.  nat., 
îom  vin  ,  pag.  456.  ) 

Cette  mygale  (  Aranea  avicularia  ,  Lin.  ;  Kléem.  ,  in- 
sect.  XI  et  XII,  maie.  )  est  longue  d'environ  un  pouce  et 
demi,  noirâtre,  très  velue,  avec  l'extrémité  des  palpes, 
des  pieds  et  les  poils  inférieurs  "de  la  bouche  rougeâtres. 
L'organe  génital  des  mâles  est  creux  à  sa  base,  et  finit  en 
pointe  a  longée  et  très  aiguë'. 

L'Amérique  méridionale  et  les  Antilles  fournissent  d'au- 
tres espèces,  qui  y  sont  connues  des  colons  français,  sous 
le nom  cl'  araignées-crabes .  Leurs,  morsures  passent  pour  être 
très  dangereuses.  Lesgrandes  Indes  enontaussi  une  espèce 
très  grande  ( M.  fasciata;  Seba,  Mus.,  I,  lxix,  i  ;  Walck., 
Hist.  desaran.,  IV,  i,  fem.  ).  On  reçoit  aussi  du  cap  de 
Bonne-Espérance  une  espèce  presque  aussi  grande  que 
Taviculaire.  Une  autre  de  la  même  division  ,  la  M.  valen- 


23o  ARACHNIDES    PULMON A.IKES. 

cienne  (  Valentina  ),  a  été  trouvée  dans  les  lieux  arides  et 
déserts  de  Moxenta  ,  en  Espagne  ,  par  M.  Dufour,  qui  Ta 
décrite  et  figurée  dans  le  cinquième  volume  des  Annales 
des  sciences  physiques,  publiées  à  Bruxelles.  M.  Walcke- 
naeren  a  fait  connaître  une  autre  de  cette  péninsule  (M.  cal- 
peiana)  qui  a  deux  éminences  au-dessus  des  organes  respi- 
ratoires. Ces  deux  espèces  forment  un  petit  groupe  parti- 
culier, ayant  pour  caractère,  crochets  des  tarses  saillants 
ou  à  découvert  (i). 

Dans  les  mygales  suivantes  (2) ,  l'extrémité  supérieure  du 
premier  articledesantenne-pinces  présente  une  séried'épines 
articulées  et  mobiles  à  leur  base ,  d'après  les  observations 
de  M.  Dufour,  et  formant  une  sorte  de  râteau. 

Les  tarses  sont  moins  velus  en  dessous  que  dans  la  di- 
vision précédente  ,  et  leurs  crochets  sont  toujours  dé- 
couverts. Les  mâles  d'une  espèce  ,  les  seuls  que  j'aie  vus , 
ont  leurs  organes  copulateurs  moins  simples  que  ceux  des 
espèces  précédentes.  La  pièce  écailleuse  et  principale  ren- 
ferme dans  une  cavité  inférieure  un  corps  particulier  ,  se- 
mi-globuleux, etse  terminant  en  une  pointe  ,  bifide  (3). 

Ces  espèces  se  creusent ,  dans  les  lieux  secs  et  montueux, 
situés  au  midi ,  des  contrées  méridionales  de  l'Europe  et  de 
quelques  autres  pays,  des  galeries  souterraines  ,  en  forme  de 
boyau,  ayant  souvent  deux  pieds  de  profondeur,  et  telle- 
ment fléchies  ,  selon  M.  Dufour,  qu'on  en  perd  souvent  la 
trace.  Elles  construisent  à  leur  entrée,  avec  de  la  terre  et  de 
la  soie,  un  opercule  mobile,  fixé  par  une  charnière,  et  qui, 
à  raison  de  sa  forme,  parfaitement  adaptée  à  l'ouverture, 
de  son  inclinaison,  de  son  poids  naturel  et  de  la  situation 
supérieure  de  la  charnière,  ferme  de  lui-même  et  d'une 
manière  très  juste,  l'entrée  de  l'habitation,  et  forme  ainsi 

(1)  Voyez ,  pour  ces  espèces  et  les  suivantes,  ainsi  que  pour  les  autres 
genres  de  cette  famille,  les  articles  correspondants  de  la  seconde  e'dition 
du  nouveau  Dictionnaire  d'histoire  naturelle,  que  nous  avons  traite's  avec 
étendue. 

(2)  Le  G.  Cteiyize  ,  Cteniza ,  Latr. ,  Fam.  natur.  du  règne  animal. 

(3)  M.  Dufour  me  contredit  à  cet  égard.  J'ai  de  nouveau  vérifié  le  fait, 
et  je  me  suis  convaincu  que  je  ne  m'étais  pas  trompé.  Peut-être  que  les 
individus  qu'il  a  examinés  n'offraient  point  ce  caractère. 


FAMILLE    DES    PILEUSES.  20  h 

une  trape,  que  Ton  a  de  la  peine  à  distinguer  du  teriain 
environnant.  Sa  face  intérieure  est  revêtue  d'une  couche 
soyeuse,  à  laquelle  l'animal  s'accroche,  pour  attirer  à  lui 
cette  porte  et  empêcher  qu'on  ne  l'ouvre.  Si  elle  est  un  peu 
béante,  on  est  sur  qu'il  est  dans  sa  retraite.  Mis  à  découvert 
par  une  scission ,  pratiquée  dans  le  conduit,  en  avant  de 
son  issue,  il  reste  stupéfait  et  se  laisse  prendre  sans  résis- 
tance. Un  tube  soyeux,  ou  le  nid  proprement  dit,  revêt  l'in- 
térieur de  la  galerie.  Le  savant  précité  est  d'avis  que  les 
mâles  n'en  creusent  point.  Outre  qu'il  ne  les  a  jamais  rencon- 
trés que  sous  des  pierres  ,  ils  lui  paraissent  moins  favorisés 
sous  le  rapport  des  organes  propres  à  ces  travaux.  (  Voyez 
son  beau  Mémoire  ,  ayant  pour  titre,  Observations  sur  quel- 
ques arachnides  quadripulmonaires.  )  Sans  prononcer  à  cet 
égard ,  nous  présumons  avec  lui  que  notre  Mygale  cardeuse 
(  Mygale  carminans ,  Nouv.  dict.  d'hist.  nat.,  2e  édit.,  article 
Mygale.  )  n'est  que  le  mâle  de  l'espèce  suivante;  cependant 
M.  Walckenaer  en  doute. 

La  Mygale  maçonne  (  M.  cœmentaria ,  Latr.  ;  Araignée 
maçonne  ,  Sauvag.,  Hist.  de  l'Acad.  des  scienc.  ,  17^8, 
pag.  26  ;  Araignée  mineuse  ,  Dorthès  ,  Transact.  lin.  ,  Soc. 
II,  17,  8;  Walck.,  Hist.  des  aran.,  fasc,  III,  xjFaun.  franc., 
arach.,  II,  4;Dufour,  Annal,  dessc.phys.,  V,  lxxiii,  5.) 
femelle  est  longue  d'environ  huit  lignes,  d'un  roussâtre 
tirant  sur  le  brun  et  plus  ou  moins  foncé,  avec  les  bords 
du  corselet  plus  pâles.  Leschélicèressont  noirâtres,  et  ont 
chacune  en  dessus,  près  de  l'articulation  du  crochet,  cinq 
pointes,  dont  lanterne  plus  courte.  L'abdomen  est  gris 
de  souris  ,  avec  des  mouchetures  plus  foncées.  Le  premier 
article  de  tous  les  tarses  est  garni  de  petites  épines  )  les 
crochets  du  dernier  ont  un  ergot  à  leur  base,  et  une 
double  rangée  de  dents  aiguës.  Les  filières  sont  peu 
saillantes.  Suivant  M.  Dufour  (Annal,  des  se.  phys.,  V, 
lxxiii,  4-)?  le  mâle  présumé,  dont  j'ai  fait  une  espèce, 
sous  le  nom  de  M.  cardeuse,  diffère  de  l'individu  précé- 
dent par  ses  pattes  plus  longues,  parles  crochets  des  tarses 
dont  les  dents  sont  une  fois  plus  nombreuses,  mais  dé- 
pourvues d'ergots  ,  et  par  ses  filières  plus  courtes.  Mais 
un   caractère  plus  apparent  est    la  forte  épine  terminant 


202  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

en  dessous  les  deux  jambes  antérieures.  Cette  mvgale  se 
trouve  dans  les  départements  méridionaux  de  la  France  , 
situés  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  ,  en  Espagne  ,  etc. 
\jxM.pionnièrc(M.fodiens,  Walck.,  Faun.  franc.,  arach., 
H ,  1,2;  M.  Sauvagesii ,  Dufour.,  Ànn.  des  se.  phys.  ,  V  7 
lxxiii,  3  j  Aranea  Sauvagesii ,  lloss.)  femelle,  est  un  peu 
plus  grande  que  celle  de  l'espèce  précédente,  d'un  brun 
roussâtre  clair  et  sans  taches.  Les  filières  extérieures  sont 
longues.  Les  quatre  tarses  antérieurs  sont  seuls  garnis  de 
petites  épines  j  tous  ont  un  ergot  au  bout  ,  et  leurs  cro- 
chets n'offient  qu'une  dent,  située  à  leur  base.  Les  chéli- 
cères  sont  plus  fortes  et  plus  inclinées  que  celles  de  la  M. 
maçonne;  les  pointes  du  râteau  sont  un  peu  plus  nom- 
breuses; la  première  articulation  offre,  en-dessous  ,  deux 
rangées  de  dents.  Le  mâle  est  inconnu.  Cette  espèce  se 
trouve  en  Toscane  et  en  Corse.  Le  Muséum  d'histoire  na- 
turelle possède  un  petit  bloc  de  terre,  où  l'on  voit  quatre 
de  ses  nids,  disposés  en  un  quadrilatère  régulier. 

M.  Lefèvre,  si  zélé  pour  les  progrès  de  l'entomologie,  et 
qui  a  fait  tant  de  sacrifices  pour  cette  science ,  a  rapporté 
de  ia  Sicile  une  nouvelle  espèce  de  mygale  ,  dont  le  corps 
est  entièrement  d'un  brun  noirâtre.  Le  mâle  n'offre  point 
à  l'extrémité  des  jambes  antérieures  cette  forte  épine  qui 
paraît  généralement  propre  aux  individus  du  même  sexe 
des  autres  mygales. 

On  trouve  àla  Jamaïque  une  autre  espèce  {M.  nidalans), 

représentée,   ainsi    que   son   nid,   par   Brown  ,    dans  son 

Histoire  naturelle  de  la  Jamaïque,  pi.  xliv  ,  3. 

Là,  les  palpes  sont  insérées  sur  une  dilatation  inférieure 

du  côté  externe  des  mâchoires,  et  n'ont  que  cinq  articles.  La 

languette,  d'abord  très  petite  (  atype  ),  s'alonge  et  s'avance 

ensuite  entre  les  mâchoires,  et  ce  caractère  devient  général. 

Le  dernier  article  des  palpes  des  deux  sexes  est  alongé  et 

aminci  en    pointe  vers  le  bout.   Les  mâles  n'ont  point  de 

fort  ergota  l'extrémité  de  leurs  deux,  jambes  antérieures. 

.Les  Atypes.  (\typus.   Latr.    —  Oletcra.   Walck.) 
Ont    une  très  petite    languette,   presque  recouverte    par 


FAMILLE    DES   PILEUSES.  2,53 


la  portion  interne  de  la  base  des  mâchoires  ,  et  les  yeux  très 

rapprochés  et  groupés  sur  un  tubercule. 

L'Atype  de  Sulzer  (Atypus  Sulzeri,  Latr.,  Gêner,  crust. 
et  insect.,  I,  v,2,  mâle; Dufour,  Ann. des  scienc.  physiq.,  V, 
Lxxni  ,  6  'y  Aranea  picea  f  Sulz;  Oletère  atype  ,  Walck.  , 
Faun.  franc.,  arachn.,  II,  3.)  a  le  corps  entièrement  noi- 
râtre et  long  d'environ  huit  lignes.  Le  thorax  est  presque 
carré,  déprimé  postérieurement,  renflé,  élargi  et  large- 
ment tronqué  par  devant,  ce  qui  lui  donne  une  forme 
très  différente  de  celle  qu'offre  cette  partie  du  corps  dans 
les  mygales.  Les  chélicères  sont  très  fortes,  et  leur  griffe  a 
en-dessous,  près  de  la  base,  une  petite  éminence  en  forme 
de  dent.  Le  dernier  article  des  palpes  du  mâle  est  pointu 
au  bout.  L'organe  génital  donne  inférieurement  naissance 
à  une  petite  pièce  demi  transparente,  en  forme  d'écaillé, 
élargie  et  inégalement  bidentée  au  bout  ,  avec  une  petite 
soie  ou  cirrhe,  à  l'une  de  ses  extrémités.  Cette  espèce  se 
creuse  ,  dans  les  terrains  en  pente  et  couverts  de  gazon  , 
un  boyau  cylindrique,  long  de  sept  à  huit  pouces,  d'a- 
bord cylindrique ,  incliné  ensuite,  où  elle  se  file  un  tuyau 
de  soie  blanche,  de  la  même  forme  et  des  mêmes  dimen- 
sions. Le  cocon  est  fixé  avec  de  la  soie  et  par  les  deux  ( , 
bouts  ,  au  fond  de  ce  tuvau.  On  la  trouve  aux  environs 
de  Paiis,  de  Bordeaux,  et  M.  de  Basoches  a  observé  près 
de  Séez  une  variété  qui  est  constamment  d'un  brun  clair. 
M.  Milbert,  correspondant  du. Muséum  d'histoire  natu- 
relle, a  découvert  aux  environs  de  Philadelphie  une  autre 
espèce  {Atypus  rufipes)  toute  noire,  avec  les  pattes  fauves. 

Les  Eriodons.  (  Eriodon.  Latr.  —  Missulena.  Walck.  ) 

Diffèrent  des  atypes  par  leur  languette  alongée,  étroite  } 
«'avançant  entre  les  mâchoires,  et  par  leurs  yeux  disséminés 
sur  le. devant  du  thorax. 

La  seule  espèce  connue  (  Eriodon  occatorius  ,  Latr.  ; 
Missulena  occatoria,  Walck., Tabl.  des  araii.,  pi.  ÏI,  n,  i'i.  ) 
est  longue  d'un  pouce,  noirâtre,  et  propre  à  la  Nouvelle- 
Hollande,  d'où  elle  a  été apportée  par  Pérou  et  M.  Lesueui  (i). 


(i)  Dans  un  premier  Mémoire  de  M.  Dalman  sur  les  insectes  renfcrmc's 


2o4  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

Notre  seconde  et  dernière  division  générale  des  aranéïdes 
quadripulmonaires  ou  mygales,  nous  présente  des  caractè- 
res communs  aux  ériodons ,  comme  d'avoir  la  languette  pro- 
longée entre  les  mâchoirses  ,  les  palpes  composés  de    cinq 
articles;  mais  les  griffes  des  cbélicères  sont  repliées  sur  leur 
face  interne,  leurs  filières  sont  au  nombre  de  six,  leur  pre- 
mière paire  de  pattes  ,  et  non  la  quatrième ,  est  la  plus  lon- 
gue de    toutes;  la    troisième   est  toujours,  d'ailleurs,    la 
plus  courte.  Quelques-unes  de  ces  arachnides  n'ont  que  six 
yeux.  Le  nombre  des  sacs  pulmonaires  ne  permet  point  d'é- 
loigner les  sous-genres  de  cette  division  des  précédents,  et 
comme  ils  nous  conduisent  aux  drasses,  aux  clothos ,  aux 
ségestries,    sous  -  genres  n'offrant  que  deux  sacs  pulmonai- 
res ,  l'ordre  naturel  ne  nous  permet  point  de  passer  des  my- 
gales aux  lycoses  et  autres  aranéïdes  chasseuses  ou  vagabon- 
des. Les  mygales  sont  de  véritables  araignées  tapissières,  et 
c'est  en  effet  dans  cette  division  qu'on  avait  anciennement 
placé  l'araignée  aviculaire  de  Linnaeus. 

Cette  seconde  division  comprend   les  deux  sous-genres 
suivants. 

Les  DysdÈres.  (Dysdera.  Latr.  ) 

Qui  n'ont  que  six  yeux  et  disposés  en  fer  en  cheval  ,  avec 
l'ouvertuie  en  devant;  dont  les  cbélicères  sont  très  fortes 
et  avancées  /et  dont  les  mâchoires  sont  droites,  et  dilatées 
à  l'insertion  des  palpes  (i). 

Les  Filistates.  (  Filistata.  Latr.  ) 

Qui  ont  huit  yeux,  groupés  sur  une  petite  élévation  à 


dans  le  succin,  ce  célèbre  naturaliste  mentionne  (pag.  25)  une  araignée 
qui  lui  paraît  devoir  former  un  nouveau  genre  (chalinura).  Les  yeux  sont 
portés  sur  un  tubercule  antérieur  très  élevé  ,  et  quatre  d'entre  eux  ,  dont 
les  deux  antérieurs  sont  très  grands  et  rapprochés,  occupent  le  centre. 
Les  filières  extérieures  soht  fort  alongées.  Il  semblerait,  d'après  ces  ca- 
ractères ,  que  cette' aranéide  avoisinerait  les  mygales  ou  quelques  autre 
genre  analogue. 

(1)  Dysdera  erythrina,  Latr.;  Walck ,  Tab.  des  arau. ,  V,|49»  °*°  ; 
Dufour,  Ann.  des  scienc.  phys.,  V,  lxxiii,  7  ;  Aranea  rufipes ,  Fab.  ;  — 
Dysdera  paivula ,  Dufour,  ibid. 


FAMILLE  DES    FILEUSES.  235 

l'extrémité  antérieure  du  thorax;  les  chélicères  petites,  et 
les  mâchoires  arquées  au  côté  extérieur  et  environnant  la 
languette  en  manière  de  cintre  (i). 

Nous  passons  maintenant  aux  aranéïdes  n'ayant  qu'une 
paire  de  sacs  pulmonaires  et  de  stigmates.  Toutes  nous 
offrent  des  palpes  à  cinq  articles ,  insérés  sur  le  côté  exté- 
rieur des  mâchoires  ,  près  de  leur  base ,  et  le  plus  souvent 
dans  un  sinus;  une  languette  avancée  entre  elles,  soit 
presque  carrée ,  soit  triangulaire  ou  semi-circulaire,  et  six 
mamelons  oufilièresàl'anus.Le  dernier  article  des  palpes 
des  mâles  est  plus  ou  moins  ovoïde  ,  et  renferme  le  plus 
souvent  ,  dans  uue  excavation,  un  organe  copulateur 
compliqué  et  très  varié;  rarement  (ségestrie)  est-il  à  nu. 

A  l'exception  d'un  petit  nombre  d'espèces,  rentrant 
dans  le  genre  mygale ,  elles  composent  celui 

D'Araignée.  (  Aranea  )  de  Linnœus,  ou  à'Jraneus  de 

quelques  auteurs. 

Une  première  division  comprendra  les  Araignées  séden- 
taires. Elles  font  des  toiles,  ou  jettent  au  moins  des  fils  , 
pour  surprendre  leur  proie,  et  se  tiennent  habituellement 
dans  ces  pièges  ou  tout  auprès  ,  ainsi  que  près  de  leurs 
œufs.  Leur  yeux  sont  rapprochés  sur  la  largeur  du  front, 
tantôt  au  nombre  de  huit,  dont  quatre  ou  deux  au  milieu, 
et  deux  ou  trois  de  chaque  côté,'  tantôt  au  nombre  de  six. 

Les  unes,  qui,  dans  leur  marche,  se  portent  toujours  en 
avant,  et  que  nous  nommerons, -pour  cela,  Rectigrades, 
ourdissent  des  toiles  et  sont  toujours  stationnaires;  leurs 
pieds  sont  élevés  dans  le  repos  ;  tantôt  les  deux  premiers 
et  les  deux  derniers,  tantôt  ceux  des  deux  paires  antérieu- 
res, ou  les  quatrièmes  et  les  troisièmes,  sont  les  plus  longs. 
Les  yeux  ne  forment  point  par  leur  disposition  générale  un 
segment  de  cercle  ou  un  croissant. 


(i)  Filistata  bicolor,  Latr.  ;  Walck.,  Faun.  franc.,  arachn. ,  VI,  i-3. 
On  trouve  à  la  Guadeloupe  une  espèce  de  moyenne  taille ,  dont  le  mâle 
a  les  pattes  longues  et  grêles ,  les  palpes  courbes  ,  avec  les  organes  sexuels 
situés  à  l'extrémité  du  dernier  article ,  et  termine's  par  un  crochet  grêle 
et  arqué  en  manière  de  faucille. 


2^ft  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

On  peut  les  diviser  en  trois  sections  :  la  première,  celle 
des  Ïubiteles  ou  Tapissières  ,  a  les  filières  cylindriques  , 
rapprochées  en  un  faisceau  dirigé  en  arrière  ;  les  pieds  ro- 
bustes,  et  dont  les  deux  premiers  ou  les  deux  derniers  et 
vice  versa,  plus  longs  dans  les  unes  ,  et  dont  les  huit  presque 
égaux  dans  les  autres. 

Nous  commencerons  par  deux  sous-genres  qui  ,  sous  le 
rapport  des  mâchoires ,  formant  un  cintre  autour  de  la  lan- 
guette; se  rapprochent  des  fllistates  et  s'éloignent  des  sui- 
vants. Les  yeux  sont  toujours  au  nombre  de  huit,  disposés 
quatre  par  quatre  sur  deux  lignes  trausverses.  Le  premier, 
celui 

De  Clotho.    (  Clotho    Walck.  —  Urociea.     Dufour.  ) 

Est  des  plus  singuliers.  Ses  chélicères  sont  fort  petites,  peu 
susceptibles  de  s'écarter,  ce  qui  rapproche  ce  sous-genre 
du  dernier  ,  et  sans  dentelures  ;  les  crochets  sont  très 
petits;  par  la  forme  courte  du  corps  et  ses  longues  pat- 
tes, il  a  l'aspect  des  araignées-crabes  ou.  thomises.  Les 
longueurs  relatives  de  ces  organes  diffèrent  peu  ;  la  qua- 
trième paire  et  la  précédente  ensuite  sont  seulement  un 
peu  plus  longues  que  les  quatre  premières;  les  tarses  seuls 
sont  garnis  de  piquants.  Les  veux  sont  plus  éloignés  du 
bord  antérieur  du  thorax  que  dans  le  sous-genre  suivant, 
rapprochés  et  disposés  de  la  même  manière  que  dans  le 
genre  mygale  de  M.  Walckenaer;  trois  de  chaque  côté  for- 
ment un  triangle,  renversé,  ou  dont  l'impair  est  infé- 
rieur; les  deux  autres  forment  une  ;Iigne  transverse,  dans 
l'espace  compris  entre  les  deux  triangles.  Les  mâchoires  et 
la  languette  sont  proportionnellement  plus  petites  que 
celles  du  même  sous-genre  ;  les  mâchoires  ont  au  côté  ex- 
térieur une  courte  saillie  ou  faible  dilatation  ,  servant  d'in- 
sertion aux  palpes  ,  et  se  terminent  en  pointe  ;  la  lan- 
guette est  triangulaire  et  non  presque  ovale  ,  comme  celle 
des  d  rases.  Les  deux  filières  supérieurs,  ou  les  plus  la- 
térales, sont  longues;  mais  ce  qui,  d'après  M.  Dufour, 
caractérise  parti  cul  1ère  nient  ses  uroctées  ou  nos  clothos, 
c'est  qu'à  la  place  des  deux  filières  intermédiaires,  l'on  voit 


FAMILLE    DES    EJLEUSES.  20J 

deux  valves  pecti  ni  formes,  s'ouvrant  et  se  fermant  à  la  vo- 
lonté de  l'animal  (i). 

On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce  (  uroctea  5 — 
maculata 7  Dufour  ,  Annal,  des  scienc.  phys. ,  V,  lxxvi  , 
i  ;  Clotho  Durandiiy  Latr.).  Son  corps  est  long  de  cinq  li- 
gnes ,  d'un  brun  marron  ,  avec  l'abdomen  noir  ,  ayant  en 
dessus  cinq  petites  taches  rondes,  jaunâtres,  dont  quatre 
disposées  transversalement  par  paires,  et  dont  la  dernière 
ou  l'impaire  postérieure;  les  pattes  sont  velues.  On  voit  par 
les  planches  du  grand  ouvrage  sur  l'Egypte,  que  M.  Savi- 
gny  l'avait  trouvée  dans  ce  pays,  et  qu'il  se  proposait  d'eu 
former  une  nouvellecoupe  générique.  M.  le  comte  Dejean 
l'a  rapportée  de  la  Dalmatie,  et  M.  le  chevalier  de  Schrei- 
bers ,  directeur  du  cabinet  impérial  de  Vienne,  m'en  a  en- 
vové  des  individus  recueillis  dans  les  mêmes  lieux.  M.  Du- 

J 

four  l'a  aussi  trouvée  dans  les  montagnes  de  Narbonne  , 
dans  les  Pyrénées,  et  dans  les  rochers  delà  Catalogne.  On 
lui  doit,  outre  la  connaissance  des  caractères  extérieurs  de 
cette  aranéide,  des  observations  curieuses  sur  ses  habitu- 
des. «  Elle  établit,  nous  dit-il,  à  la  surface  inférieure  des 
grosses  pierres  ou  dans  les  fentes  desrochers  unecoqueeu 
forme  de  calotte  ou  de  patelle,  d'un  bon  pouce  de  diamètre. 
Son  contourprésente  sept  à  huit  échancrures,  dont  les  an- 
gles seuls  sont  fixés  sur  lapierre,au  moyen  de  faisceaux  de 
fils,  tandis  que  les  bords  sont  libres.  Cettesingulière  tente 
est  d'une  admirable  texture.  L'extérieur  ressemble  à  un 
taffetas  des  plus  fins,  formé,  suivant  l'âge  de  l'ouvrière, 
d'un  plusou  moins  grand  nombrede doublures.  Ainsi  lors 
quel'uroctée,  encore  jeune,  commence  à  établir  sa  retraite, 
elle  ne  fabrique  que  deux  toiles  entre  lesquelles  elle  se 
tient  à  l'abri.  Par  la  suite,  et  je  crois,  à  chaque  mue,  elle 

(i)  J'ai  vu  ,  dans  un  individu  bien  conservé,  six  filières  ,  dont  les  cieu?: 
supérieures  beaucoup  plus  longues,  terminées  par  un  article  alongé  en 
forme  de  lame  elliptique  ,  et  quatre  autres  petites,  les  inférieures  surtout  , 
disposées  en  carré.  L'anus,  placé  sous  un  petit  avancement,  en  l'orme 
de  chaperon  et  membraneux,  offrait,  de  chaque  côté,  un  pinceau  de  poils 
rélractiles.  Ces  pinceaux  sont  les  pièces  que  M.  Dufour  nomme  valves 
pectiniforraes ,  et  distinctes  des  deux  filières  intermédiaires,  oui  sont  ca- 
cnees  par  les  deux  inférieures. 


2ô8  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

ajoute  un  certain  nombre  de  doublures.  Enfin,  lorsque 
l'époquemarquéepourlareproduction  arrive,  elle  tisse  un 
appartement  tout  exprès,  plus  duveté,  plus  moelleux  ,  où 
doivent  être  renfermés  et  les  sacsdes  œufs  et  les  petits  ré- 
cemment éclos.  Quoique  la  calotte  extérieure  ou  le  pavil- 
lon soit,  à  dessein  sans  doute,  plus  ou  moins  sali  par  des 
corps  étrangers  qui  servent  à  en  masquer  la  présence,  ^ap- 
partement de  l'industrieuse  fabricante  est  toujours  d'une 
propreté  recherchée.  Les  poches  ou  sachets  qui  renferment 
les  œufs,  sont  au  nombre  de  quatre,  de  cinq  ou  même  de 
six  ,  pour  chaque  habitation  ,  qui  n'est  cependant  qu'une 
seulehabitation;  ces  poches  ont  une  forme  lenticulaire,  et 
ont  plus  de  quatrelignes  de  diamètre.  Elles  sont  d'un  taf- 
fetas blanc  comme  la  neigeet fournies  intérieurement  d'un 
édredon  des  plus  fins.  Ce  n'est  que  vers  la  fin  de  décembre 
ou  au  mois  dejanvier  que  la  ponte  des  œufs  a  lieu.  Il  fallait 
prémunir  la  progéniture  contre  la  rigueur  de  la  saison  et 
les  incursions  ennemies.  Tout  a  été  prévu  :  le  réceptacle 
de  ce  précieuxdépôt  est  séparé  de  la  toile,  immédiatement 
appliquée  sur  la  pierre  par  un  duvet  moelleux,  et  de  la  ca- 
lotte extérieure  par  lesdivers  étages  dont  j'ai  parlé.  Parmi 
les   échancrures  qui  bordent   le  pavillon  ,  les  unes  sont 
tout-à-fait  closes   parla  continuité  de  l'étoffe,  les  autres 
ont  leurs  bords  simplement  superposés  ,  de  manière  que 
l'urontée  soulevant   ceux-ci  ,  peut  à  son  gré  sortir  de  sa 
tente  et  y  rentrer.  Lorsqu'elle  quitte  son  domicile  pour 
aller  à  !a  chasse,  elle  a  peu  à  redouter  sa  violation,  car 
elle  seule  a  le  secret  des  échancrures  impénétrables  ,  et  la 
clef  de  celles  où  l'on  peut  s'introduire.  Lorsque  les  petits 
sont  en  état  de  se  passer  dessoins  maternels  ,  ils  prennent 
leur  essor  et  vont   établir  ailleurs  leurs  logements  parti- 
culiers ,  tandis  que  la  mère  vient  mourir  dans  son  pavil- 
lon. Ainsi   ce  dernier  est  en    même  temps   le  berceau  et 
le   tombeau   de  l'uroctée.  » 

Les  Drasses.  (Drassus.  Walck.  ) 

Diffèrent  des  clothos  par  plusieurs  caractères.  Leurs  chéli- 
cères  sont  robustes,  saillantes  et  dentelées  en  dessous;  leurs 
mâchoires  sont  tronquées  obliquement  à  leurextrémité,  et  la 
languette  forme  un  ovale  tronqué  inférieurernent  ou   un 


FAMILLE    DES    PILEUSES.  25q 

triangle  curviligne  alongé;  les  yeux  sont  plus  rapprochés 
du  bord  antérieur  du  thorax,  et  la  ligne  formée  par  les  quatre 
postérieurs  est  plus  longue  que  l'antérieure  ou  la  déborde 
sur  les  côtés.  Les  proportions  des  filières  extérieures  diffè- 
rent peu,  et  l'on  ne  voit  point  entre  elles  ces  deux  valvecS 
pectiniformes  qui  sont  propres  aux  clothos.  Enfin  ,  les 
quatrièmes  pieds  et  ensuite  les  'deux  premiers  sont  très 
manifestement  plus  longs  que  les  autres.  Les  jambes  et  le 
premier  article  des  tarses  sont  armés  de  piquants. 

Ces  aranéïdes  se  tiennent  sous  les  pierres  ,  dans  les  fentes 
des  murs,  l'intérieur  des  feuilles,  et  s'y  fabriquent  des  cel- 
lules d'une  soie  très  blanche.  Les  cocons  de  quelques-unes 
sont  orbiculaires,  aplatis  et  composés  de  deux  valves  appli- 
quées l'une  sur  l'autre.  M.  Walckenaer  distribue  les  drasses 
en  trois  familles,  d'après  la  direction  et  le  rapprochement 
des  lignes  formées  par  les  yeux,  et  le  plus  ou  moins  de  dila- 
tation du  milieu  des  mâchoires. 

L'espèce  qu'il  nomme  vert  (viridissimus,  Hist.  des  aran., 
fasc.  iv  ,  g.  ) ,   et  qui  compose  seule  sa  troisième  division  , 
construit  sur  la  surface  des  feuilles  une  toile  fine,  blanche  et 
transparente,  sous  laquelle  elle  s'établit.  L'un  des  côtés  des 
feuilles  du  poirierm'a  quelquefois  offert  une  toile  sembla- 
ble, mais  anguleuse  sur  ses  bords.,  en  forme  détente  ,  ainsi 
que  celle  que  font  les  clothos,  et  sous  laquelle  était  le 
cocon.  Elle  est,  je  présume,  l'ouvrage  de  cette  espèce  de 
cirasse  ,  et  nous  montre  l'analogie  de  ce  sous-genre  avec  le 
précédent.  M.  Léon  Dufour  nous  a  donné  dans  les  Annales 
des  sciences  physiques  (Drassus  segestriformis,  VI,  xcv,  i.) 
une  description  très  complète  d'une  espèce  de  drasse  qu'il 
a  trouvée  sous  les  pierres,  dans  les  hautes  montagnes  des 
Pyrénées,  et  jamais  au-dessous  de  la  zone  alpine.  C'est  une 
des  plus  grandes  de  ce  sous-genre  ,  et  qui  me  paraît  avoir 
de  grands  rapports  avec  celle  que  j'ai  nommée  melanogas- 
ter,  et  que  je  crois  être  le  drasse  lucij'uge  de  M.  Walcke- 
naer (Schceff. ,  Icon. ,  CI,  7.  ). 

L'une  des  plus  jolies  espèces,  et  que  l'on  trouve  assez 
communément  aux  environs  de  Paris,  courant  à  terre, 
est  le  drasse  reluisant  (D.  relucens.).  Elle  est  petite ,  pres- 
que cvlindrique,  avec  le   thorax  fauve,   recouvert  d'un 


24-0  ARACHNIDES    PULMONAI  RE  S. 

duvet  soyeux  et  pourpré;  l'abdomen  mélangé  de  bleu , 
de  rouge  et  de  vert ,  avec  des  reflets  métalliques  et 
deux  lignes  iransverses  d'un  jaune  d'or,  dont  l'antérieure 
arquée.  On  y  voit  aussi  quelquefois  quatre  points  do- 
rés (i). 

Dans  les  autres  araignées  tubitèles,  les  mâchoires  ne  for- 
ment point  une  espèce  de  cintre  renfermant  la  languette; 
leur  côté  extérieur  est  dilaté  inférieurement  7  au-dessous  de 
3'origine  des  palpes. 

Quelques-unes  n'ont  que  six  yeux,  dont  quatre  antérieurs, 
formant  une  ligne  transverse,  elles  deux  autres  postérieurs, 
situés,  un  de  chaque  côté,  derrière  les  deux  latéraux  de  la 
ligne  précédente.  Tel  est  le  caractère  essentiel 

Des  Segestbtes.  (Segestria,  Latr.  ) 

Leur  languette  est  presque  carrée  et  alongée.  La  première 
paire  de  pattes  et  ensuite  la  seconde  sont  les  plus  longues; 
la  troisième  est  la  plus  courte.  Ces  aranéides  se  filent,  dans 
les  fentes  des  vieux  murs,  des  tubes  soyeux,  cylindriques, 
alongés,  où  elles  se  tiennent,  ayant  leurs  premières  paires  de 
pattes  dirigées  en  avant;  des  fils  divergents  bordent  exté- 
rieurement l'entrée  de  l'habitation  et  forment  une  petite 
toile  propre  à  arrêter  les  insectes.  L'organe  génital  de  la  se- 
gestrie  perfide  {aranea  jlorentina ,  Ross.,  Faun.  etrusc. , 
XIX,  3.),  espèce  assez  grande,  n  oire,  à  chélicères  vertes,  et  qui 
n'est  pas  rare  en  France,  est  en  forme  de  larme  ou  ovoïdo- 
conique,  très  aigu  au  bout,  entièrement  saillant  et 
rouge  (2). 

Les  autres  tubitèles  ont  huit  yeux.  On  peut,  à  raison  de 
la  différence  du  milieu  d'habitation  ,  les  partager  en  terres- 
tres et  en  aquatiques.  Quoique  M.  Walckenaer  ait  fait  de 
celles-ci  sa  dernière  famille  des  aranéïdes,  celle  des  noyades, 
elles  ont  tant  de  rapport  avec  les  autres  tubitèles  que  , 
nonobstant  cette  disparité  d'habitudes,  il  faut  les  placer  avec 
elles.  Dans  celles  qui  sont  terrestres,  la  languette  est  presque 

(1)  Voyez,  quant  aux  autres  espèces,  la  Faune  parisienne  de  M.  Walc- 
kenaer,  et  son  tableau  des  arane'ïdes. 

(2)  Ajoute»  la  ségestrie  senoculec ,  Waîrk.,  TTisL  des  aran.  ,  V,  vu; 
aranea  senocuiita ',  Lin. ,  Dfeg. 


famille  des  fileuses.  2 4  1 

carrée  ou  très  peu  rétrécie  ,  très  obtuse  ou  tronquée  au  som- 
met; Jes  mâchoires  sont  droites  ou  presque  droites  et  plus 
ou  moins  dilatées  vers  leur  extrémité;  les  deux  yeux  de 
chaque  extrémité  latérale  du  groupe  oculaire  sont  générale- 
ment assez  écartés  l'un  de  l'autre,  ou  du  moins  ne  sont  point 
géminés  et  portés  sur  une  petite  éminence  particulière  , 
comme  ceux  des  tubitèles  aquatiques. 

'uLes  Clubiones.  (Cltjbiona.  Latr.) 

Ne  se  distinguent  guère  du  sous-geare  suivant  qu'en  ce 
que  les  longueurs  des  filières  extérieures  sont  peu  diffé- 
rentes, et*que  la  ligne  formée  par  les  quatre  yeux  antérieurs 
est  droite  ou  presque  droite.  Elles  font  des  tubes  soyeux 
leur  servant  d'habitation  et  qu'elles  placent  soit  sous  des 
pierres,  dans  des  fentes  des  murs,  soit  entre  les  feuilles.  Les 
cocons  sont  globuleux  (1). 

Les  Araignées  propres.  (  Àranea.  ) 

Que  nous  avions  d'abord  désignées  sous  le  nom  générique 
de  tégénaire  {tegenaria)  7  conservé  par  M.  Walckenaer,  et 
auxquelles  nous  réunissons  ses  agélènes  (agelena)  et  ses 
nysses  (nyssus) ,  ont  leurs  deux  filières  supérieures  notable- 
ment plus  îonguesque  les  autres, et  leurs  quatre  yeux  anté- 
rieurs disposés  en  une  ligne  arquée  en  arrière  ou  formant 
une  courbe. 

Elles  construisent  dans  l'intérieur  de  nos  habitations, 
aux  angles  des  murs ,  sur  les  plantes,  les  haies  et  souvent 
sur  les  bords  des  chemins,  soit  dans  la  terre,  soit  sous  des 
pierres,  une  toile  grande,  à  peu  près  horizontale,  et  à  la 
partie  supérieure  de  laquelle  est  un  tube  où  elles  se  tiennent 
sans  faire  de  mouvement  ('2). 

(1)  Aranep.  hoiosericea ,  Lia.;  De  G.  ,  Fab. ,  Walck. ,  Hist,  des  aran., 
ÎV  ,  m  ,  fem.  ;  — Aranea  atrox,  De  G.  ;  List.  ,  Aran.  ,  lit.  xxi  ,21; 
Albin  ,  Aran. ,  x  ,  48  et  xvn,  82.  Koyez  aussi  le  tableau  des  aran.  et  la 
Faune  parisienne  de  M.  Walckenaer. 

(2)  Aranea  do mestica  ,>Lin. ,  De  G.  ,  Fab.  ;  Clerck.  ,  Aran.  suec.  , 
pi.  11,  tab.  ix ;  — Tegeneria  civilis ,  Walck. ,  Hist.  des  aran. ,  V,  v; 
— Aranea  laby  rinlkica ,  Lin.  ,  Fab.;  Clerck  ,  Aran.  ssiec. ,  pi.  n, 
l\\h.  vin.  Foyezle  tableau  des  aran.  de  M.  Wïflckenaer. 

TOME   IV.  rf> 


2/j2  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

Viennent  maintenant  les  nayades  de  M.  Walckenaer ,  ou 
nos  tubitèles  aquatiques  ,  et  qui  composent  le  genre 

D'Argyronète.  (  Argyroneta.  Latr.) 

Les  mâchoires  sont  inclinées  sur  la  languette ,  dont  la 
forme  est  triangulaire.  Les  deux  yeux  de  chaque  extrémité 
latérale  du  groupe  oculaire  sont  très  rapprochés  l'un  de 
l'autre  eî  placés  sur  une  éminence  spéciale  j  les  quatre  autres 
forment  un  quadrilatère. 

V  Argyronète  aquatique  {Aranea  aquatica,  Lin.,  Geoff. , 
De  G.),  est  d'un  brun  noirâtre,  avec  l'abdomen  plus  foncé, 
Soyeux,  et  ayant  sur  le  dos  quatre  points  enfoncés. 

Elle  vit  dans  nos  eaux  dormantes,  y  nage,  l'abdomen 
renfermé  dans  une  bulle  d'air,  et  s'y  forme,  pour  retraite, 
une  coque  ovale  ,  remplie  d'air  ,  tapissée  de  soie,  de  la- 
quelle partent  des  fils,  dirigés  en  tout  sens  et  attachés 
aux  plantes  des  environs.  Elle  y  guette  sa  proie,  y  place 
son  cocon,  qu'elle  garde  assiduement,  et  s'y  renferme 
pour  passer  l'hiver. 

Le  seconde  section  des  araignées  sédentaires  et  recti gra- 
des,  celle  des InequitÈles,  ou  les  Araignées  filandiÈres  ,  a 
les  filières  extérieures  presque  coniques,  faisant  peu  de  sail- 
lie, convergentes,  disposées  en  rosette,  et  les  pieds  très 
grêles.  Leurs  mâchoires  sont  inclinées  sur  la  lèvre  et  se  rétré- 
cissent, ou  du  moins  nes'élargissent  pas  sensiblement, à  leur 
extrémité  supérieure. 

La  plupart  ont  la  première  paire  de  pieds,  et  ensuite  la 
quatrième  plus  longues.  Leur  abdomen  est  plus  volumi- 
neux, plus  mou,  et  plus  coloré  que  dans  les  tribus  précé- 
dentes. Elles  font  des  toiles,  à  réseau  irrégulier  ,  composées 
de  fils  qui  se  croisent  en  tout  sens  et  sur  plusieurs  plans. 
Elles  garottent  leur  proie,  veillent  avec  soin  à  la  conserva- 
tion de  leurs  œufs,  et  ne  les  abandonnent  point  qu'ils  ne 
soient  éclos.  Elles  vivent  peu  de  temps. 

Les  unes  out  la  première  paire  de  pieds  el  ensuite  la  qua- 
trième plus  longues.  Telles  "sont 

Les  Scytodes.  (Scytodes.  Latr.) 

Qui  n'ont   que  six  veux,  et   disposés   par   paires.  Selon 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2^5 

M.  Dufour,  les  crochets  des  tarses  sont  insérés  sur  un  arti- 
cle supplémentaire. 

On  en  connaît  deux  espèces,  dont  Tune,  la  thoraci- 
que  (i),  habite  l'intérieur  de  nos  appartements,  et  dont 
l'autre,  la  hlonde  (  Annal,  des  scienc.  phys.,  V,  lxxvi,  5.), 
a  été  trouvée ,  par  ce  naturaliste,  sous  des  débris  calcaires, 
dans  les  montagnes  du  royaume  de  Valence.  Elle  se  fabri- 
que un  tube,  assez  informe,  d'une  toile  mince,  d'un  blanc 
laiteux,  à  peu  près  comme  la  dysdère  erythrine. 

Les  Théridions.  (Ïheridion.  Walck.  ) 

Dont  les  yeux  sont  au  nombre  de  huit,  et  disposés  ainsi  : 
quatre  au  milieu  en  carré  ,  dont  les  deux  antérieurs  pla- 
cés sur  une  petite  éminence,  et  deux  de  chaque  côté  ,  situés 
aussi  sur  une  élévation  commune.  Le  corselet  est  en  forme 
de  cœur  renversé  ou  presque  triangulaire.  Ce  sous-genre  est 
très  nombreux  (2). 

Le   Théridion  malmignatte  (  Aranea  i3-guttata  ,  Fab.  ; 
Ross.,  Faun.  etrusc,  Il ,  ix,  10.)  Yeux  latéraux  écartés  en 
tre  eux;  corps  noir,  avec  treize  petites  taches  rondes,  d'un 
rouge  de  sang,  sur  l'abdomen.  —  Toscane,  îledeCJorse. 

On  croit  que  sa  morsure  est  très  venimeuse,  et  même 
mortelle  (3). 

UA.  mac  tans  de  Fabricius,  autre  espèce  de  théridion, 
mais  de  l'Amérique  méridionale,  y  inspire  les  mêmes 
craintes.  Il  semble  que  ces  préventions  ont  leur  source 
dans  la  couleur  noire,  coupée  par  des  taches  sanguines,  de 
ces  animaux. 


(i")  Scytodes  thoracica,  Latr. ,  Gêner,  crust.  et  insect.  ,  I,  v,4i 
Walck. ,  Hist.  des  arau. ,  I,  x  et  II ,  suppl. 

(2)  Voyez  le  Tableau  et  l'Histoire  des  aranéïdes  de  M.  Walckenaer, 
les  Annales  des  sciences  naturelles  et  celles  des  sciences  physiques.  Il 
faut  rapporter  à  ce  genre  les  araignées  bipunctata  ,  redimita  de  Linnaeus, 
Y 'aranea  albo-macidata  de  De  Géer  ,  etc. 

(3)  Cette  espèce  est  le  type  du  genre  latrodecte  de  M.  Walckenaer  , 
qu'il  distingue  de  celui  de  théridion  d'après  les  différences  des  longueurs 
respectives  des  pieds  ;  mais  il  ni 'a  paru  qu'il  y  avait  erreur  à  cet  égard. 

Son  théridion  bienfaisant  (benignuiri) ,  Hist.  des  aran. ,  fasc.  V ,  yiri 
dont  il  a  étudié  avec  beaucoup  de  soin  les  habitudes  ,  s'établit  entre  les 
grappes  de  raisin ,  et  les  garantit  de  l'attaque  de  plusieurs  insectes. 

l6* 


2/|4  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

Les  Épisines.  (Episinus.  Walck.  ) 

Ont  aussi  huit  yeux,  mais  rapprochés  sur  une  élévation 
commune,  et  le  corselet  étroit,  presque  cylindrique  (i). 

Les  autres  InéquitÈles  ont  la  première  paire  de  pieds  et  la 
seconde  ensuite,  plus  longues.  Tels  sont 

Les  Pholcus.  (Pholcus.  Wajck.  ) 

Dont  les  yeux,  au  nombre  de  huit,  sont  placés  sur  im 
tubercule ,  et  divisés  en  trois  groupes  :  un  de  chaque  côté  , 
formé  de  trois  yeux,  disposés  en  triangle,  et  le  troisième  au 
milieu  ,  un  peu  antérieur,  composé  de  deux  autres  yeux,  et 
sur  une  ligne  transverse. 

Le  Pholcus  phalangiste  {Araignée  domestique,  ci  lon- 
gues pattes,  GeoF.  ),  Ph.  Phalangioides.,  Walck.,  Hist.  des 
aran. ,  fasc.  5  ,  tab.  x.  Corps  long,  étroit,  d'un  jaunâtre 
très  pâle  ou  livide,  pubescent  ;  abdomen  presque  cvlin- 
drique,  très  mou,  et  marqué  en  dessus  de  taches  noirâ- 
tres; pattes  très  longues  ,  très  fines ,  avec  un  anneau  hlan- 
châtre  à  l'extrémité  des  cuisses  et  des  jambes. 

Commun  dans  les  maisons,  où  il  file  aux  angles  des 
murs  une  toile  composée  de  fils  lâches  et  peu  adhérents 
entre  eux.  La  femelle  agglutine  ses  œufs  en  un  corps  rond  , 
nu ,  qu'elle  porte  entre  ses  mandibules. 

M.  Dufour  en  a  trouvé  une  seconde  espèce,  le  Pholque 
à  queue  (Annal,  des  scienc.  physiq.,  V,  lxxvi,  2.),  dans 
les  fentes  des  rochers,  à  Moxente,  royaume  de  Valence. 
Son  abdomen  se  termine  en  une  saillie  conique  et  for- 
mant ainsi  une  sorte  de  queue,  comme  celui  de  l'épeïre 
conique.  De  même  que  les  précédentes,  elle  balance  son 
corps  et  ses  pattes.  Les  palpes  du  mâle  ont  l'organe  génital 
très  compliqué. 

La  troisième  section  des  Araignées  sédentaires  rectigra- 
des  ,  celle  des  OrbitÈles  ,  ou  les  Araignées  tendeuses  de  plu- 
sieurs, a  les  filières  extérieures  pr-esque  coniques,  peu  sail- 
lantes ,  convergentes  et  disposées  en  rosette,  et  les  pieds 

(1)    Episinus  truncatus ,  Latr. ,  Gêner,   crust.  et  insect.  ,  tom.  IV, 
pag.  371.  Italie,  environs  de  Paris. 


FAMILLE    DES    llLEUSES.  2^h 

grêles  comme  la  précédente,  mais  en  diffère  par  les  mâ- 
choires ,  qui  sont  droites  et  sensiblement  plus  larges  à  leur 
extrémité. 

La  première  paire  de  pieds  ,  et  la  seconde  ensuite,  sont 
toujours  les  plus  longues.  Les  yeux  sont  au  nombre  de  huit, 
et  disposés  ainsi  :  quatre  au  milieu,  formant  un  quadrilatère, 
et  deux  de  chaque  côté. 

Elle  se  rapprochent  des  Inéqiiitèles  par  la  grandeur,  la 
mollesse,  la  variété  des  couleurs  de  l'abdomen  ,  et  par  la 
courte  durée  de  leur  vie  )  mais  elles  font  des  toiles  en  réseau 
régulier,  composé  de  cercles  concentriques  croisés  par  des 
rayons  droits,  se  rendant  du  centre,  où.  elles  se  tiennent 
presque  toujours,  et  dans  une  situation  renversée,  à  la  cir- 
conférence. Quelques-unes  se  cachent  dans  une  cavité  ou 
dans  une  loge  qu'elles  se  sont  construite  près  des  bords  de 
la  toile,  qui  est  tantôt  horizontale,  tantôt  perpendiculaire. 
Leurs  œufs  sont  agglutinés,  très  nombreux,  et  renfermés 
dans  un  cocon  volumineux. 

On  se  sert  pour  les  divisions  du  micromètre,  des  fils  qui 
soutiennent  la  toile,  et  qui  peuvent  s'alonger  d'envirou  un 
cinquième  de  leur  longueur.  Cette  observation  nous  a  été 
communiquée  par  M.  Arrago. 

Les  Linyphies.  (  Linyphia.  Lati\  ) 

Bien  caractérisées  parla  disposition  de  leurs  yeux  :  quatre 
au  milieu,  formant  un  trapèze  dont  le  côté  postérieur  plus 
large ,  et  occupé  par  deux  yeux  beaucoup  plus  gros  et  plus 
écartés  ;  et  les  quatre  autres  groupés  par  paires  ,  une  de  cha- 
que côté,  et  dans  une  direction  oblfque.  Leurs  mâchoires  ne 
s'élargissent  qu'à  leur  extrémité  supérieure. 

Elles  construisent  sur  les  buissons,  les  genêts,  une  toile 
horizontale,  mince,  peu  serrée ,  et  tendent  au-dessus,  sur 
plusieurs  points,  ou  dJune  manière  irrégulière  ,  d'autre  fils. 
Cette  toile  est  aiusi  un  mélange  de  celles  des  inéquitèles  et 
des  orbitèles.  L'animal  se  tient  à  la  partie  inférieure  et  dajis 
une  situation  renversée  (r). 

(j)  Linyphia  triangularis ,  Walck.,  Hist.  des  aran.  ,  V,  ix  ,  fem.  ; 
Arunea  resupina  sih'eslris ,  De  Geer;  jlranea  montana  ,  Lin.  ;  Clercîi  , 
aran.  ,  Suce.  ,  pi.  ni,  1a]>.  *i:  —  Aranea  resupma  do  mes  lie  a ,  De  G. 


2/f(5  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

Les  Ulobores.  (  Uloborus.  Latr.  ) 

Ont  les  quatre  yeux  postérieurs  placés,  à  intervalles  égaux, 
sur  une  ligne  droite  ,  et  les  deux  latéraux  de  la  première  li- 
gne plus  rapprochés  du  bord  antérieur  du  corselet  que  les 
deux  compris  entre  eux  ,  de  sorte  que  cette  ligne  est  arquée 
en  arrière.  Leurs  mâchoires,  ainsi  que  celles  des  épeïres , 
commencent  à  s'élargir  un  peu  au-dessus  de  leur  base,  et  se 
terminent  en  forme  de  palette  ou  de  spatule.  Les  tarses  des 
trois  dernières  paires  de  pattes  se  terminent  par  un  seul  on- 
glet. Le  premier  article  des  deux  postérieurs  a  une  rangée  de 
petits  crins. 

Ces  fileuses  ,  ainsi  que  les  espèces  du  sous-genre  suivant ? 
ont  le  corps  alongé  et  presque  cylindriqu  e.  Placées  au  centre 
de  leur  toile  ,  elles  portent  en  avant  et  en  ligne  droite  les 
quatre  pieds  antérieurs  ,  et  dirigent  les  deux  derniers  dans 
un  sens  opposé;  ceux  de  la  troisième  paire  sont  étendus  la- 
téralement. 

Ces  arachnides  font  des  toiles  semblables  à  celles  des  au- 
tres orbitèles,  mais  plus  lâches  et  horizontales.  Elles  em- 
maillotent, en  moins  de  trois  minutes,  le  corps  d'un  petit 
coléoptère  qui  s'est  pris  dans  leur  filet.  Leur  cocon  est 
étroit,  alongé,  anguleux  sur  ses  bords,  et  suspendu  verti- 
calement ,  par  un  de  ses  bouts,  à  un  réseau.  L'autre  extré- 
mité est  comme  fourchue,  ou  terminée  par  deux  angles  pro- 
longés ,  dont  l'un  plus  court  et  obtus;  chaque  côté  a  deux 
angles  aigus. 

Je  suis  redevable  de  ces  observations  intéressantes  à  mon 
ami  M.  Léon  Dufour. 

■ 

L' Ulobore  de  TValckenaeriJJl.  TValckenaerius ,  Latr.)  (  i  ), 
long  de  près  de  cinq  lignes,  d'un  jaunâtre  roussâtre,  cou- 
vert d'un  duvet  soyeux,  formant  sur  le  dessus  de  l'abdo- 
men deux  séries  de  petits  faisceaux;  des  anneaux  plus 
pâles  aux  pieds,  —  Des  bois  des  environs  de  Bordeaux ?  et 
clans  d'autres  départements  méridionaux. 


(i)  Latr. ,  Geuer.  crust.  et  iusect. ,  1 ,  109;  voyez  aussi  l'article  Ulo- 
bore de  la  seconde édit.  du  Nouv.  Dict.  d'hist.  natur. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2^7 

Les  Tétragnathes.  (Tetragnatha.  Lati'.  ) 

Dont  les  yeux  sont  situés,  quatre  par  quatre ,  sur  deux 
lignes  presque  parallèles  ?  et  séparés  par  des  intervalles  pres- 
que égaux  j  et  qui  ont  les  mâchoires  longues ,  étroites,  élar- 
gies seulement  à  leur  extrémité  supérieure.  Leurs  chéli- 
cères  sont  aussi  fort  longues,  surtout  dans  les  mâles. 

Leur  toile  est  verticale  (i). 

Les  Epeïres.  (Epeira.  Walck.  ) 

Qui  ont  les  deux  yeux  de  chaque  côté  rapprochés  par 
paires  et  presque  contigus,  et  les  quatre  autres  formant  au 
milieu  un  quadrilatère.  Leurs  mâchoires  se  dilatent  dès  leur 
base  ,  et  forment  une  palette  arrondie. 

Ueipeïve  cucurbitine  est  la  seule  connue  dontlatoilesoitho- 
1  izontale;  celle  desautresest  verticale  ou  quelquefois  inclinée. 

Les  unes  s'y  placent  au  centre,  le  corps  renversé  ou  la 
tète  en  bus;  les  autres  se  font  auprès  une  demeure 7  soit 
cintrée  de  toutes  parts ,  tantôt  en  forme  de  tube  soyeux, 
tantôt  composée  de  feuilles  rapprochées  et  liées  par  des  fils, 
soit  ouverte  parle  haut  et  imitant  une  coupe  ou  un  nid  d'oi- 
seau. La  toile  de  quelques  espèces  exotiques  est  composée 
de  fils  si  forts,  qu'elle  arrête  de  petits  oiseaux,  et  embarrasse 
même  l'homme  qui  s'y  trouve  engagé. 

Leur  cocon  est  le  plus  souvent  globuleux  ,  mais  celui  de 
quelques  espèces  a  la  figure  d'un  ovoïde  tronqué  ou  d'un 
cône  très  court. 

Les  naturels  de  la  Nouvelle-Hollande  (Voyage  à  la  recher- 
che de  La  Peyrouse,  pag.  a3g)  et  ceux  de  quelques  îles  de 
la  mer  du  Sud,  mangent,  au* défaut  d'autre  aliment ,  une 
espèce  d'épéire,  très  voisine  de  Yaranea  esuriens  de  Fabricius. 

M.Walckenaer  mentionne,  dans  son  Tableau  desaranéïdes, 
soixante -quatre  espèces  d'epéïres  ,  et  généralement  remar- 
quables par  la  variété  de  leurs  couleurs,  de  leurs  formes  et 


(i)  Tetragnatha  extensa ,  Walck  ,  Hist.  des  aran. ,  "V ,  vi;  aranea  ej:~ 
tensa  ,  Lin .  ,  Fab.  ,  De  G.  ;  —  Aranea  virescens  ?  Fab.  ;  —  Aranea  maxil- 
losa  ?  ejusd.  Voyez  le  Tableau  des  Arane'ïdes  de  M.' Walckenaer. 


2<4B  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

de  leurs  habitudes.  Il  les  a  distribuées  en  diverses  petites  fa- 
milles très  naturelles  ,  et  dont  nous  avons  cherché,  à  l'article 
Epeïre  de  la  seconde  édition  du  Nouveau  Dictionnaire  d'his- 
toire naturelle,  à  simplifier  l'étude.  Quelques  considérations 
importantes,  telles  que  celles  des  organes  sexuels,  ont  été 
négligées  ou  n'ont  pas  été  assez  suivies  ;  c'est  ainsi  ,  par 
exemple,  que  l 'epeïre  diadème  femelle  et  d'autres  offrent  à 
la  partie  qui  caractérise  leur  sexe,  un  appendice  fort  singu- 
lier, qui  nous  rappelle  le  tablier  des  femmes  des  Hottentots- 
Ces  espèces  doivent  former  une  division  particulière.  On 
pourrait  probablement  en  établir  d'autres,  non  moins  natu- 
relles ,  en  poursuivant  cet  examen. 

Nous  nous  bornerons  à  citer  quelques  espèces  principales, 
en  commençant  par  les  indigènes. 

L' Epeïre  diadème  {Aranea  diadema  ,  Lin. .,  Fab.)  lices., 
Insect.  ,  1Y  ,  xxxv — xl.  Grande  ,  roussâtre,  veloutée.  Ab- 
domen très  volumineux  dans  les  femelles,  surtout  lors- 
qu'elles sont  sur  le  point  de  faire  leur  ponte;  d'un  brun 
foncé  ou  d'un  roux  jaunâtre,  avec  un  tubercule  gros  et 
arrondi,  de  chaque  côté  du  dos,  près  de  sa  base,  et  une 
triple  croix  formée  de  petites  taches  ou  de  points  blancs; 
palpes  et  pieds  tachetés  de  noir. 

Très  commune  en  Europe ,  en  automne.  Les  œufs  éclo- 
sent  au  printemps  de  l'année  suivante. 

U Epeïre  scalaire  (  Aranea  scalaris,  Fab.  ;  Panz.  Faun. . 
IV,  xxiv.)  à  le  corselet  roussâtre,  le  dessus  de  l'abdomen 
ordinairement  blanc,  avec  une  tache  noire,  en  forme  de 
triangle  renversé,  oblongue  et  dentée.  Elle  fait  sa  toile  sur 
le  bord  des  étangs  ,  des  ruisseaux,  etc. 

U  Epeïre  à  cicatrices (  Aranea  cicatricosa  ,  De  G.  ;  A. 

impressa,  Fab.)  ,*  dont  l'ab'domen   est  aplati,  d'un  brun 

grisâtre  on  d'un  jaunâtre  obscur,  avec  une  bande  noire, 

•  festonnée  et  bordée  de  gris  ,  le  long  du  milieu  du  dos  ,  et 

huit  à  dix  gros  points  enfoncés ,  situés  sur  deux  lignes. 

Elle  file  sa  toile  contre  les  murailles  ou  d'autres  corps, 
et  se  tient  cachée  dans  un  nid  de  soie  blanche,  qu'elle  se 
forme  sous  quelque  partie  saillante  ou  dans  quelque  cavité, 
à  proximité  de  sa  toile. 

Elle  ne  travaille -et  ne  prend  de  nourriture  que  dans  la 


FAMILLE    DES    FILETJSES.  2/J9 

nuit  j  ou  lorsque  la  lumière  du  jour  est  faible.  Elle  se  re- 
tire sous  les  vieilles  écorces  des  arbres  ou  des  pieux. 

U Epeïre  soyeuse  (Sericea  ,Walck.,iïist.desaran.,lII,  n.) 
est  couverte  en  dessus  d'un  duvet  soyeux  argenté  ;  son  ab- 
domen est  aplati ,  sans  taches  et  festonné  sur  ses  bords.  On 
la  trouve  dans  le  midi  de  l'Europe  et  au  Sénégal. 

L' Epeïre  brune  (  Fusca ,  Walck.  ,  Hist.  des  aran.,  II,  i, 
fem.  )  est  très  commune  dans  les  caves  de  la  ville  d'Angers. 
Son  cocon  est  blanc,  presque  globuleux,  fixé  par  un  pé- 
dicule, et  composé  de  fils  très  fins  et  doux  au  toucher, 
comme  de  la  laine. 

Celui  de  Y  Epeïre  fasciée(Fasciata7  Walck.  ,  Hist.  des  aran., 
III,  i,fem.  )  est  long  d'environ  un  pouce,  ressemble  à  un 
petit  ballon,  de  couleur  grise,  avec  des  raies  longitudinales 
noires  ,  et  dont  une  des  extrémités  est  tronquée  et  fermée 
par  un  opercule  plat  et  soyeux.  L'intérieur  offre  un  duvet 
très  fin  ,  qui  enveloppe  les  œufs.  Cette  espèce  s'établit  sur 
les  bords  des  ruisseaux,  et  y  fiïe  une  toile  verticale,  peu 
régulière,  au  centre  de  laquelle  elle  se  tient.  Elle  est  très 
commune  au  midi  de  la  France.  Son  corselet  est  couvert 
d'un  duvet  soyeux  et  argenté  5  son  abdomen  est  d'un  beau 
jaune,  entrecoupé,  par  intervalles,  de  lignes  transverses, 
noires  ou  d'un  brun  noirâtre,  arquées  et  un  peu  ondées. 

M.  Léon  Dufour  nous  a  donné,  dans  les  Annales  des 
Sciences  physiques  (tom.  VI,  pi.  XCY,  5  )  ,  une  descrip- 
tion détaillée  de  cette  espèce,  de  ses  habitudes,  et  nous  a, 
le  premier  ,  fait  connaître  son  mâle.  11  en  a  représenté 
iJorgane  sexuel.  La  verge  est  en  forme  de  crin  tortillé. 

U Epeïre  cucurbitine.  {Aranea  cucurbitina  ,  Lin.  :}  A. 
senoculata,  Fabr.)  Walck. ,  Hist.  des  arau.,  III,  m.  Petite; 
abdomen  ovoïde  ,  d'un  jaune  citron  ,  avec  des  pointa 
noirs;  unetache  rousse  à  l'anus.  Elle  file,  entre  les  tiges  et 
les  feuilles  des  plantes,  une  toile  horizontale  peu  étendue. 

L' Epeïre  conique  {Aranea  conica  ,  De  G.,  Pàlî.)  Walkc, 
Hist.  nat.  des  aran.,  III,  m.  Remarquable  par  son  abdo- 
men bossu  en  devant  et  terminé  en  forme  de  cône,  avec 
l'anus  placé  au  centre  d'une  élévation. 

Elle  suspend  à  un  fii  l'insecte  qu'elle  a  sucé. 


2 DO  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

On  peut  placer  à  la  suite  de  cette  espèce  celle  que 
M.  Dufour  nomme  Epeïre  de  V opuntia  (Annal,  des  scienc. 
phys. ,  V,  lxix  ,  3),  parce  qu'elle  se  tient  constamment 
au  milieu  des  feuilles  de  l'agave  et  de  l'opuntia,  et  y  éta- 
blit ses  filets  au  moyen  d'un  réseau  à  fils  lâches  et  irrégu- 
lièrement entrelaces.  Elle  est  noire,  avec  des  poils  blancs 
et  couchés,  formant  des  apparences  d'écaillés.  Son  abdo- 
men a  de  chaque  côté  deux  tubercules  pyramidaux,  et  se 
termine  postérieurement  par  deux  autres,  mais  obtus  et 
séparés  par  une  large  échancrure.  La  face  postérieure  de 
chacun  de  ces  tubercules  pyramidaux  offre  une  tache  d'un 
beau  blanc  de  neige  nacré;  ces  taches  se  lient  entre  elles  et 
avec  une  ou  deux  autres  qui  leur  sont  postérieures,  par 
des  ligues  blanches  en  zig-zag.  Ces  tubercules  n'existent 
point  dans  les  individus  qui  viennent  de  naître.  Les 
cocons  sont  ovales  ,  blanchâtres  et  formés  de  deux  tuni- 
ques, dont  l'intérieure  est  une  espèce  de  bourre  envelop- 
pant les  œufs.  On  trouve  souvent  sept,  huit  et  même  dix 
de  ces  cocons  à  la  file  l'un  de  l'autre.  Cette  espèce  habite 
la  Catalogne  et  le  royaume  de  Valence. 

Parmi  les  espèces  exotiques,  il  y  en  a  de  très  remar- 
quables. Les  unes  ont  l'abdomen  revêtu  d'une  peau  très 
ferme,  avec  des  pointes  ou  des  épines  cornées  (i).  D'autres 
ont  des  faisceaux  de  poils  aux  pieds  (<i). 
Nous  passerons  maintenant  à  des  araignées  sédentaires, 
ainsi  que  les  précédentes,  mais  qui  peuvent  marcher  de  côté, 
à  reculons  et   eu   avant,  en  un  mot  en  tous  sens.  C'est  la 
section  des  araignées  latérigrades.  Les  quatre  pieds  anté- 


(i)  Les  araignées  militaris  ,  spinosa  ,  cancriformis ,  hexacantha  ,  tetra- 
canilia ,  geminala  ,  fornicata  de  Fabricius.  M.  Vauthier,  Tun  de  nos 
meilleurs  peintres  d'histoire  naturelle  ,  a  de'crit  et  figuré  ,  dans  les  An- 
nales des  sciences  naturelles  (tom.  I ,  pag.  261) ,  une  espèce  de  cette  divi- 
sion [curvicauda), très  remarquable  par  son  abdomen  élargi  postérieurement 
et  terminé  par  deux  longues  épines  arquées  :  elle  est  de  Java.  Ces  espèces 
épineuses  pourraient  former  un  sous-genre  propre. 

(2)  Les  araignées  pilipes,  clavipes ,  etc.,  de  Fabricius.  M.  Leacli  forme 
avec  son  A.  maculata  le  genre  nephisa.  Voyez  le  Tableau  et  l'Histoire 
des  arauéides  de  M.  Walckenaer. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2D  L 

rieurs  sont  toujours  plus  longs  que  les  autres 5  tantôt  la  se- 
conde paire  surpasse  la  première,  tantôt  l'une  et  l'autre  sont 
presque  égales;  l'animal  les  étend,  dans  toute  leur  longueur, 
sur  le  plan  de  position. 

Les  chélicères  sont  ordinairement  petites,  et  leur  cro- 
chet est  replié  transversalement ,  comme  dans  les  quatre 
tribus  précédentes.  Leurs  yeux  sont  toujours  au  nombre  de 
huit ,  souvent  très  inégaux,  et  forment,  par  leur  réunion, 
un  segment  de  cercle  ou  un  croissant;  les  deux  latéraux 
postérieurs  sont  plus  reculés  en  arrière  ,  ou  plus  rapprochés 
des  bords  latéraux  du  corselet  que  les  autres.  Les  mâchoires 
sont,  dans  le  grand  nombre,  inclinées  sur  la  lèvre.  Le  corps 
est  d'ordinaire  aplati,  à  forme  de  crabe,  avec  l'abdomen 
grand,  arrondi  et  triangulaire. 

Ces  arachnides  se  tiennent  tranquilles,  les  pieds  étendus, 
sur  les  Végétaux.  Elles  ne  font  point  de  toile ,  et  jettent  sim- 
plement quelques  fils  solitaires  ,  afin  d'arrêter  leur  proie. 
Leur  cocon  est  orbiculaire  et  aplati.  Elles  se  cachent  entre 
des  feuilles,  dont  elles  rapprochent  les  bords,  et  le  gardent 
assidûment  jusqu'à  la  naissance  des  petits. 

Les  Micrommates.   (  Micrommata.  Latr.  —  Sparassus. 

Walck.  ) 

Qui  ont  les  mâchoires  droites,  parallèles  et  arrondies  au 
bord,  et  les  yeux  disposés  quatre  par  quatre,  sur  deux  lignes 
transverses,  dont  la  postérieure  plus  longue,  arquée  en  ar- 
rière. Les  seconds  pieds  et  les  premiers  ensuite  sont  les  plus 
longs  de  tous.  La  languette  est  demi  circulaire  (1). 

On  trouve  communément  dans  les  bois  des  environs  de 
Paris  : 

La  Mlcrommate  smaragdine  (  Aranea  smaragdula,  Fab.; 
A.  viridissima,  De  G.)  Clerck. ,  Àran.  Suec,  pi.  6, 
tab.  iv,  qui  est  de  grandeur  moyenne,  d'un  vert  de  gra- 
men,  avec  les  côtés  bordés  d'un  jaune  clair,  et  l'abdomen 

(1)  M.  Walckenaer  place  ce  genre  dans  la  série  de  ceux  qui  sont  com- 
posés d'espèces  à  la  fois  vagabondes  et  sédentaires  ,  tels  que  les  attes ,  ou 
nos  saltiques  ,  les  thomises,  les  philodromes ,  les  drasses ,  les  clubiones  , 
et  qui  n'ont  que  deux  crochets  aux  tarses. 


252  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

d'un  jaune  verdâtre,  coupé  sur  Je  milieu  du  dos  par  une 
ligne  verte. 

Elle  lie  trois  à  quatre  feuilles  en  un  paquet  triangu- 
laire ,  en  tapisse  l'intérieur  d'une  soie  épaisse,  et  place  au 
milieu  son  cocon  ,  qui  est  rond  ,  blanc  ,  et  laisse  apercevoir 
les  œufs.  Ces  œufs  ne  sont  point  agglutinés. 

Le  Micrommate  argelas  (Dufour,  Ann.  des  Scienc.  phys., 
VI,  pag.  -jo6,  XCV,  i  y  Walck.  ,  Hist.,des  aran. ,  IV,  il), 
dont  la  dénomination  rappelle  aux  naturalistes  l'un  de 
nos  savants  les  plus  zélés,  que  j'ai  signalé  à  leur  estime 
comme  mon  sauveur  dans  la  tourmente  révolutionnaire, 
est  l'une  de  nos  plus  grandes  espèces,  et  dont  M.  Dufour  a 
complété  la  description  que  j'en  avais  donnée,  et  observé 
les  habitudes.  Son  corps  est  long  de  sept  à  huit  lign.es,  d'un 
blond  cendré,  garni  de  duvet,  et  plus  ou  moins  mou- 
cheté de  noir.  Le  dessus  de  l'abdomen  offre,  depuis  son 
milieu  jusqu'au  bout,  une  bande  formée  d'une  suite  de 
petites  taches,  en  forme  de  hache  ,  de  cette  dernière  cou- 
leur. On  voit  sous  le  ventre  une  bande  longitudinale,  pa- 
reillement noire,  mais  grise  dans  son  milieu.  Les  pieds 
sont  annelés  de  noir.  Cette  espèce  avait  été  découverte, 
aux  environs  de  Bordeaux,  par  le  naturaliste  auquel  je 
l'ai  dédiée.  M.  Dufour  l'a  depuis  trouvée  dans  les  mon- 
tagnes les  plus  arides  du  royaume  de  Valence.  Elle  court 
avec  vélocité,  les  pattes  étendues  latéralement;  ses  pe- 
lottes  onguiculaires  lui  donnent  la  facilité  de  s'accrocher 
sur  les  surfaces  les  plus  lisses  et  dans  toute  position.  Elle 
établit  à  fa  face  inférieure  des  fragments  de  rochers,  une 
coque  qui  a  beaucoup  d'analogie,  par  sa  contexture, 
avec  celle  du  clotho  de  Durand.  Elle  s'y  retire  pour  se 
mettre  à  l'abri  des  mauvais  temps,  échapper  à  ses  enne- 
mis et  faire  sa  ponte.  C'est  une  tente  ovale,  de  près  de 
deux  pouces  de  diamètre,  appliquée  sur  les  pierres,  à 
peu  près  comme  les  patelles  marines.  Elle  se  compose 
d'une  enveloppe  extérieure,  d'un  taffetas  jaunâtre,  fin 
comme  de  la  pelure  d'ognon  ,  mais  résistant,  et  d'un 
fourreau  intérieur  plus  souple,  plus  moelleux  et  ouvert 
aux  deux  bouts.  C'est  par  des  ouvertures,  munies  de  sou- 
papes ,  que  l'animal  sort.  Le  cocon  est  globuleux,  placé 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  255 

au-dessous  de  sa  demeure,  de  manière  qu'il  peut  le  cou- 
ver, et  renferme  environ  une  soixantaine  d'œufs. 

Le  même  naturaliste  a  décrit  et  figuré  une  autre  espèce, 
le  M.  a  tarses  spongieux  (  Ann.  des  scienc.  phys.  ,  V  , 
LXix,ti  ),  qu'il  a  trouvée  sur  un  arbre,  dans  un  jardin  de 
Barcelone.  Mais  je  présume,  d'api  es  ses  habitudes,  et 
quelques  caractères  descriptifs  ,  que  cette  aranéïde  appar- 
tient au  genre  philodrome  de  M.  Walckenaer  (i). 

Les  Senelopes.  (  Senelops.  Duf.  ) 

Font  le  passage  du  sous-genre  précédent  au  suivant.  Les 
mâchoires  sont  droites  ou  très  peu  inclinées,  sans  sinus  la- 
téral,  et  vont  en  pointe,  étant  tronquées  obliquement  au 
côté  interne.  La  languette  est-demi  circulaire,  comme  celle 
des  micrommates.  Mais  les  yeux  ont  une  autredisposition.Ou 
en  voit  six  en  devant,  formant  une  ligne  transverse  j  les 
deux  autres  sont  postérieurs  et  situés  ,  un  de  chaque  côté, 
derrière  chaque  extrême  de  la  ligne  précédente.  Les  pattes 
sont  longues;  les  seconds  et  ensuite  ceux  des  deux  paires 
suivantes  surpassent  les  deux  premiers  en  longueur. 

L'espèce  servant  de  type,  le  Senelops  omalosome(Dn^ouv1 
Ann.  des  scienc.  phys.  ,  V,  lxix  ,  40?  a  été  trouvée  par 
M.  Dufour  dans  le  royaume  de  Valence,  mais  elle  y  est 
fort  rare.  Son  corps  est  long  d'environ  quatre  lignes,  très 
aplati,  d'un  roussâtre  gris,  avec  des  mouchetures  cen- 
drées, et  des  anneaux  noirs  aux  pattes.  L'abdomen  semble 
présenter  postérieurement  des  vestiges  d'anneaux,  for- 
mant latéralement  des  apparences  de  dents.  Elle  habite  les 
rochers,  et  fuit  avec  la  rapidité  d'un  trait.  On  la  trouve 
aussi  en  Syrie  (  Collection  de  M.  Labillardière  )  et  eu 
Egypte.  Le  Sénégal,  le  cap  de  Bonne-Espérance  et  l'île  de 
Fiance  en  fournissent  d'autres  espèces. 

-  * 

(i  )  Voyez,  pour  d'autres  espèces,  le  tableau  des  arane'ïdes  de  M.  Walc- 
kenaer, et  son  Hist.  des  aranéides,  fasc.  IV,  Sparassus  roseus,  X,  mâle  ;  — 
ibidî ,  fasc.  II  ,  vm  ,  mâle.  Je  crois  qu'il  faut  rapporter  à  ce  sous-genre 
Varanea  venatoria  de  Linnoeus  (Sloan,  Hist.  nat.  de  la  Jam. ,  ccxxv 
1,2;  Nhamdiu ,  2  ?  Pison)  ;  et  une  autre  espèce  lies  Grandes-Indes  ,  très 
analogue  à  la  précédente  ,  que  Ton  voit  figurée  sur  des  dessins  et  des 
tapisseries  venant  de  la  Chine. 


2  54  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

Les  Philodromes.  (Philodromus.  Walck.  )  (i). 

Diffèrent  des  deux  sous-genres  précédents  par  leurs  ma* 
choires  inclinées  sur  la  languette  ;  cette  partie  est  en  outre 
plus  haute  que  large.  Les  yeux,  presque  égaux  entre  eux, 
forment  toujours  un  croissant  ou  un  demi-cercle.  Les  laté- 
raux ne  sont  jamais  portés  sur  des  tubercules  ou  sur  des 
éminences.  Les  chélicères  sont  alongées  et  cylindriques.  Les 
quatre  ou  les  deux  derniers  pieds  ne  diffèrent  pas  notable* 
ment  en  longueur  des  précédents. 

Suivant  M.  Walckenaer,  ces  aranéides  courent  avec  rapi- 
dité, les  pattes  étendues  .latéralement,  épient  leur  proie, 
tendent  des  filets  solitaires  pour  la  retenir,  se  cachent  dans 
des  fentes  ou  dans  des  feuilles,  qu'elles  raprochent  pour  faire 
leur  ponte. 

Les  unes  ont  le  corps  aplati,  large,  l'abdomen  court, 
élargi  postérieurement  et  les  quatre  pattes  intermédiaires 
plus  alongées.  Telle  est  le  Philodrome  tigré  (  thomise  ti- 
grée, Latr.  ;  Araneus  margaritarius ,  Clerck.  ,  VI,  iiij 
Schœff. ,  Icon. ,  lxxi,  8;  Frisch.,  Ins.,  10  ,  centur.,  II, 
xiv  ;  Aranea  levipes ,  Lin.  ?  ).  Cette  espèce  est  longue  de 
trois  lignes.  Ses  deux  yeux  intermédiaires  antérieurs  et 
les  quatres  latéraux  sont  situés  sur  un  espace  un  peu  plus 
élevé,  et  les  latéraux,  selon  le  même  naturaliste,  sont  un 
peu  plus  gros  ou  du  moins  plus  apparents.  Le  thorax  est 
très  large,  aplati,  d'un  fauve  rougeâtre,  brun  latérale- 
ment et  postérieurement,  et  blanc  par  devant.  L'abdo.men, 
qui  semble  former  un  pentagone,  est  tigré  ,  à  raison  des 
poils  roux,  bruns  et  blancs  dont  il  est  revêtu.  Il  est  bordé  de 
brun  sur  les  côtés,  et  a  ,  au  milieu  du  dos,  quatre  ou  six 
points  enfoncés.  Le  ventre  est  blanchâtre.  Les  pattes  sont 
longues  ,  fines  ,  rougeâtres,  avec  des  taches  brunes. 

Cette  espèce  est  très  commune  sur  les  arbres  ,  les  cloi- 
sons de  bois,  les  murailles  ,  etc.  ,  et  s'y  tient  les  pattes 
étendues  et  comme  collées.  Dès  qu'on  la  touche,  elle  s'en- 
fuit avec  une  extrême  rapidité,  ou.  se  laisse  tomber  en 
dévidant  un  fil  qui  la  soutient.  Son  cocon  est  d'un  beau 


(i)  Ce  sous-genre  formait,   dans  la  première  édition  de  cet  ouvrage 
notre  première  division  des  Thomises. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2  55 

blanc  et  renferme  environ  cent  œufs   qui  sont  jaunes  et 
libres.  Elle   le  place  dans  les  fentes  des  arbres  ou  des  po- 
teaux exposés  au  nord,  et  le  garde  assidûment. 
Les  autres  philodromes ,  qui ,  dans  la  méthode  de  M.  Walc- 
kenaer ,  forment  plusieurs  petits  groupes,  ont  le  corps  et 
quelquefois  les  chélicères  proportionnellement  plus  longs. 
L'abdomen  est  tantôt  pyriforme  ou  ovoïde,  tantôt  cylindri- 
que. La  seconde  paire  de  pattes,  et  ensuite  la  première  ou  la 
quatrième  sont  les  plus  longues, 

Nous  citerons  le  Philodrome  rhombij'ère  (Faim,  franc.  , 
arauéide,  vi,  8,  mâle).  Son  corps  est  long  de  trois  lignes 
et  demie,  roussâtre;  les  seconds  pieds  et  les  deux  derniers 
ensuite  sont  les  plus  longs;  le  thorax  est  brun  sur  les 
côtés;  l'abdomen  est  ovoïde  et  offre  en-dessus  une  tache 
noire  ou  brune,  en  losange,  et  bordée  de  blanc. 

Le  Philodrome  oblong(  Walck.,  ibid.y  tab.  ead.,  fig.  9  ), 
appartient  à  la  même  division,  sous  le  rapport  des  propor- 
tions relatives  des  pattes  et  de  la  disposition  des  yeux; 
mais  l'abdomen  est  plus  long,  presque  cylindrique  ou  en 
cône  alongé,  avec  trois  raies  longitudinales  et  des  points 
bruns,  sur  un  fond  jaunâtre,  qui  est  aussi  la  couleur  du 
thorax.  Cette  partie  offre,  dans  son  milieu,  deux  raies 
brunes,  formant  un  V  alongé. 

Ces  deux  espèces  se  trouvent  aux  environs  de  Paris. 
Voyez  ,  quant  aux  autres,  la  Faune  française,  d'où  nous 
avons  extrait  les  descriptions  précédentes. 

Les  Thomises.  (Thomisus.  Walck.) 

Diffèrent  desphilodromes  par  leurs  chélicères,  proportion- 
nellement plus  petites  et  cunéiformes,  et  par  leurs  quatre 
pieds  postérieurs,  très  sensiblement  ou  même  subitement 
plus  courts  que  les  précédents.  Les  yeux  latéraux  sont  sou- 
vent situés  sur  des  éminences  ,  tandis  que  ceux  des  philo- 
dromes sont  constamment  sessiles.  Ici  encore  les  deux  laté- 
raux postérieurs  sont  plus  rejetés  en  arrière  que  les  deux 
intermédiaires  de  la  même  ligne,  tandis  que  dans  les  tho- 
mises ces  quatre  yeux  sont  à  peu  près  de  niveau. 

Les  espèces  de  ce  sous-genre  sont  cellesqu'on  a  plus  particu- 
lièrement désignéessous  le  nom  d' A raignées  crabes  .Les  mâles 


2  56  ARACHNIDES     PULMONAIRES. 

sont  souvent  très  différents  ,  par  les  couleurs,  des  femelles  , 
et  beaucoup  plus  petits. 

Les  unes,  toutes  exotiques(i)  ont  les  yeux  disposés, quatre 
par  quatre  ,  sur  deux  lignes  transverses  ,  presque  parallèles, 
et  dont  la  postérieure  plus  longue. 

Dans  les  autres,  qui  forment  le  plus  grand  nombre,  l'en- 
semble de  ces  yeux  représente  un  croissant,  dont  la  con- 
vexité est  antérieure  et  en  dehors. 

Le  Thomise  arrondi  (  Aranea  globosa  ,  Fab.  )  Aranea  ir- 
regularis ,  Panz. ,  Faun. ,  Insect.  Germ.  ,  fasc.  n^  i  tab.  xx, 
fem.  ;  Walck.  Faun.,  franc.  ,  aranéid.  ,vi ,  4-  Long  de  près 
de  trois  lignes ,  noir  ,  avec  l'abdomen  globuleux,  rouge 
ou  jaunâtre  tout  autour  du  dos.  * 

Le  Thomise  à  crête.  {Cristatus  ;  Clerck.,  Aran .  suec,  pi .  6, 
tab.  vi. Taille  du  précédent;  corps  d'un  roussâtre  gris,  quel- 
quefois brun,  parsemé  de  poils  ,  avec  de  petites  épines  aux 
pieds;  yeux  latéraux  plus  gros,  et  portés  sur  un  tuber- 
cule; une  raie  transverse  ,  jaunâtre  ,  sur  le  devant  du  cor- 
selet; deux  autres  formant  un  V,  de  la  même  couleur  , 
sur  son  dos;  abdomen  arrondi,  avec  une  bande  jaunâtre, 
ayant  de  chaque  côté  trois  divisions,  en  forme  de  dents  , 
sur  le  milieu  de  son  dos.  Cette  espèce  est  commune,  et 
se  trouve  souvent  à  terre. 

Le  Thomise  citron  {Aranea  citrea.7De  G.;Schceff.,  Icon. 
Insect.,  tab.  xix,  i3.  D'un  jaunâtre  citron  ,  avec  l'abdo- 
men grand,  plus  large  en  arrière,  et  ayant  souvent,  sur 
le  dos,  deux  raies  ou  deux  taches  rouges,  ou  couleur  de 
souci.  Sur  les  fleurs  (a). 

LJn  sous-genre,  établi  par  M.  Walckenaer  ,  sous  le  nom 
de  Stohene  (Storena) ,  mais  qui  n'est  encore  connu  qu'im- 
parfaitement, paraît  devoir  terminer  cette  section  et  con- 
duire aux  onyopes,  qui  tiennent  autant  des  araignées-crabes 

(i)  Thomisus  Lamarck  ,  Latr.  ,  espèce  voisine  de  Y  aranea  nobills  de 
Fab.  \  • —  T.  cancei idus ,  Walck.,  ejusd.  ■  —  T.  leucosia  {aranea  régla  ? 
Fab.  )  j  —  T.  plagusius  ;  —  T.  pinnotheres. 

(es)  'Ployez  le  tableau  des  aranéides  de  M.  Walckenaer. ,  la  Faune  fran- 
çaise ,  les  Annales  des  sciences  physiques,  pour  des  espèces  d'Espagne 
décrites  par  M.  Dulbur;  et  l'article  Thomise  dn  Nouv.  Dict.  d'bist.  nat., 

édition. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  267 

que  des  araignées -loups.  Les  storènes  ont  les  mâchoires 
inclinées  sur  la  languette,qui  estpresque  aussi  longuequJelle, 
et  en  forme  de  triangle  alongé;  les  chélicères  coniques;  les 
deux  pieds  antérieurs  et  ensuite  les  seconds  les  plus  longs 
de  tous  ;  les  deux  suivants  surpassent  les  derniers.  Les  yeux 
sont  disposés  sur  trois  lignes  transveres  ,  1  ,  4  ?  2  j  les  deux 
postérieurs  forment  avec  les  deux  intermédiaires  de  la  se- 
conde ligne,  un  petit  carré,  et  les  deux  antérieurs  sont  écartés 
(  Voyez  leTabl.  des  aran.  de  M.  Walck.,  IX,  85,  86.  ). 

D'autres  araignées,  dont  les  yeux,  toujours  au  nombre 
de  huit,  s'étendent  plus  dans  le  sens  delà  longueur  du  cor- 
selet que  dans  celui  de  sa  largeur,  ou  du  moins  presque 
autant  dans  l'un  que  dans  l'autre,  et  qui  forment,  par  leur 
réunion  ,  soit  un  triangle  curviligne  ou  un  ovale  ,  tronqués, 
soit  un  quadrilatère,  composent  une  seconde  division  gé- 
nérale ,  les  Araignées  vagabondes  ,  que  je  nomme  ainsi  par 
opposition  à  celles  de  la  première  division  ou  des  se'dentaires. 

Deux  ou  quatre  de  ieurs  yeux  sont  souvent  beaucoup 
plus  gros  que  les  autres;  le  thorax  est  grand  et  les  pieds  sont 
robustes;  ceux  de  la  quatrième  paire,  les  deux  premiers, 
ou  ceux  de  la  seconde  paire  ensuite  ,  surpassent  ordinaire- 
ment les  autres  en  longueur. 

Ces  araignées  ne  font  point  de  toiles,  guettent  leur  proie, 
la  saisissent  à  la  course  ou  en  sautant  sur  elle. 

Nous  les  partagerons  en  deux  sections. 
La  première,  celle  des  Citigrades,  se  compose  des  Araignées- 
Loups  de  plusieurs.  Les  yeux  forment,  par  leur  disposition, 
soit  un  triangle  curviligne  ou  un  ovale,  soit  un  quadrila- 
tère ,  mais  dont  le  côté  antérieur  est  beaucoup  plus  étroit 
que  le  thorax,  mesuré  dans  sa  plus  grande  largeur.  Cette 
partie  du  corps  est  ovoïde,  rétrécie  en  devant,  et  en  carène, 
dans  le  milieu  de  sa  longueur.  Les  pieds  ne  sont  générale- 
ment propres  qu'à  la  course.  Les  mâchoires  sont  toujours 
droites  et  arrondies  au  bout. 

La  plupart  des  femelles  se  tiennent  sur  leur  cocon,  ou 
l'emportent  même  avec  elles,  appliqué  contre  la  poitrine 
et  à  la  base  du  ventre,  ou  suspendu  à  l'anus.  Elles  ne  l'aban- 
donnent que  dans  une  extrême  nécessité,  et  retournent  le 
chercher  lorsqu'elles  n'ont  plus  rien  à  craindre.  Elles  veil- 

TOME    IV.  17 


3-5,8  ARACHTSTDES    PULMONAIRES. 

lent  aussi ,  pendant  quelque  temps,  à  la  conservation   de 
leurs  petits. 

Les  Oxyopes.  (  Oxyopes.  Latr.  —  Sphasus.  Walck.  ) 

Qui  ont  les  yeux  rangés  deux  par  deux  ,  sur  quatre  lignes 
transverses,  et  dont  les  deux  extrêmes  plus  courtes;  ils 
dessinent  une  sorte  d'ovale,  tronqué  aux  deux  bouts.  La 
languette  est  alongée ,  plus  étroite  à  sa  base,  dilatée  et  ar- 
rondie vers  le  bout.  La  première  paire  de  pattes  est  la  plus 
longue;  la  quatrième  et  la  seconde  sont  presque  égales;  la 
troisième  est  la  plus  courte  (i). 

Les  Ctènes.  (Ctenus.  "Walck.  ) 

Ont  les  yeux  disposés  sur  trois  lignes  transverses,  s'alon- 
geaut  de  plus  en  plus  (2,  4?  2)>  et  formant  une  sorte  de 
triangle  curviligne,  renversé,  tronqué  en  devant  ou  à  sa 
pointe.  La  languette  est  carrée  et  presque  isométrique;  la 
quatrième  paire  de  pieds  et  la  première  après  sont  les  plus 
longues;  la  troisième  est  la  plus  courte. 

Ce  genre  a  été  établi  sur  une  espèce  d'arachnide  assez 
grande,  qui  se  trouve  à  Cayenne.  Depuis,  on  en  a  découvert 
quelques  autres,  soit  de  la  même  colonie,  soit  du  Brésil, 
mais  toutes  inédites. 

Les  DolomÈdes.  (  Dolomedes.  Latr.  ) 

Dont  les  yeux,  disposés  sur  trois  lignes  transverses,  f\ , 
2,2,  représentent  un  quadrilatère,  un  peu  plus  large  que 
long,  avec  les  deux  derniers  ou  postérieurs  situés  sur  une 
éminence  ;  et  qui  ont  la  seconde  paire  de  pieds  aussi  longue 
ou  plus  longue  que  la  première,  ceux  de  la  quatrième  sont 
plus  longs.  La  languette  est  carrée  et  aussi  large  que  haute, 
ainsi  que  celle  des  ctènes. 

(1)  Sphasus  heterophthalmus ,  Walck.,  Hist.  des  aran.  ,  fasc.  III, 
tab.  vin  ,  fem.  ;  Oxyopes  variegalus,  Latr.  • — Sphasus  italicus ,  Walck., 
ibid.  ,  fasc.  IV ,  tab.  vm,  fera.  ;  Oxyopes  lineatus,  Latr. ,  Gêner,  crust. 
et  ius.  ,  tom,  I ,  v  ,  5,  fem.  Voyez  l'article  Oxyope  de  la  partie  entomo- 
logique  de  l'Encycl.  méthodique ,  le  tableau  des  araneïdes  de  M,  Walc- 
kenaer,  cl  la  Fanne  française. 


FAMILLE    DES    FILEUSES.  2DQ 

Les  uns  ont  les  deux  yeux  latéraux  de  la  ligne  antérieure 
plus  gros  que  les  deux  mitoyens  compris  entre  eux,  et  l'ab- 
domen en  ovale  oblong  et  terminé  en  pointe. 

Les  femelles  se  construisent,  aux  sommités  des  arbres 
chargés  de  feuilles  ,  ou  dans  les  buissons,  un  nid  soyeux, 
en  forme  d'entonnoir  ou  de  cloche ,  y  font  leur  ponte  ,  et 
lorsqu'elles  vont  à  la  chasse,  ou  qu'elles  sont  forcées  d'a- 
bandonner leur  retraite,  elles  emportent  toujours  avec  elles 
leur  cocon,  qui  est  fixé  sur  la  poitrine.  Clerck  dit  avoir  vu 
des  individus  sauter  très  promptement  sur  des  mouches  qui 
volaient  autour  d'eux  (i). 

Les  autres  ont  les  quatre  yeux  de  devant  égaux  ,  et  l'abdo- 
men ovale  et  arrondi  au  bout. 

Ils  habitent  le  bord  des  eaux,  courent  sur  leur  surface  avec 
une  vitesse  surprenante,  y  entrent  même  un  peu  sans  se 
mouiller.  Les  femelles  font ,  entre  les  branches  des  végé- 
taux ,  une  grosse  toile  irrégulière,  dans  laquelle  elles  pla- 
cent leur  cocon.  Elles  le  gardent  jusqu'à  ce  que  les  œufs 
soient  éclos  (2). 

Les  Lycoses.  (Lycosa.  Latr.  ) 

Qui  ont  encore  les  yeux  disposés  en  un  quadrilatère  , 
mais  aussi  long  ou  plus  long  que  large,  et  dont  les  deux  pos- 
térieurs ne  sont  point  portés  sur  une  éminence.  La  première 
paire  de  pieds  est  sensiblement  plus  longue  que  la  seconde, 
mais  plus  courte  que  la  quatrième,  qui  surfasse,  sous  ce 
rapport,  toutes  les  autres.  Les  mâchoires  sont  tronquées 
obliquement  à  leur  extrémité  interne.  La  languette  est  carrée, 
mais  plus  longue  que  large. 

Les  lycoses  se  tiennent  presque  toutes  à  terre,  où.  elles 

(1)  Araneus  mirabilis ,  Clerck.  ,  Aran.  Suec. ,  pi.  v  ,  tab.  10;  Aran. 
rufo-fasciata ,  De  G.  5  A.  obscura ,  Fab.  Voyez  la  Faune  française  (Do- 
lomèdes  sylvains)  et  les  AnnaLes  des  sciences  physiques  [dolomède  spini- 
mane,  Dufour,  V,  lxxvi,  3). 

(2)  Dolomedes  marginatus ,  Walck.  5  Araneus  undatus ,  Clerck,  V  , 
tab.  i  •  DeG.,  Insect.,  YII ,  xvi,  fig.  i3-i5;  Panz,  Faun.  ,  lxxi  ;  22; — ■ 
Dolomedes  fimbriatus  ,  Walck.  5  De  G.,  Insect. ,  VII,  xvi,  9-1 1  5  — 
Araneus  fimbriatus ,  Clerck.,  V,  tab.  ix.  Ces  espèces  composent  la 
division  des  dolomedes  riverains  de  M.  Walckenaer. 

17* 


2()0  ARACHNIDES    PULMONAIRES, 

cornent  très  vite.  Elles  s'y  logent  dans  des  trous,  qu'elles 
trouvent  formés,  ou  qu'elles  ont  creusés ,  en  fortifiant  les 
parois  avec  de  la  soie,  et  les  agrandissent  à  mesure  qu'elles 
croissent.  Quelques-unes  s'établissent  dans  les  cavités  et  les 
fentes  des  murs  ,  y  font  des  tuyaux  de  soie,  qu'elles  recou- 
vrent à  l'extérieur  de  parcelles  de  terre  ou  de  sable.  C'est 
dans  ces  retraites  qu'elles  muent  et  qu'elles  passent  l'hiver, 
après  en  avoir  fermé  ,  à  ce  qu'il  paraît,  l'ouverture.  C'est  là 
aussi  que  les  femelles  font  leur  ponte.  Elles  emportent,  lors- 
qu'elles vont  en  course,  leur  cocon,  qui  est  fixé  par  des  fils 
à  l'anus.  Les  petits  se  cramponnent,  à  leur  sortie  de  l'œuf, 
sur  le  corps  de  leur  mère,  et  y  demeurent  attachés,  jusqu'à 
ce  qu'ils  soient  assez  forts  pour  chercher  eux-mêmes  leur 
nourriture. 

Les  1-ycoses  sont  très  voraces,  et  défendent  courageusement 
la  possession  de  leur  domicile. 

Une  espèce  de  ce  genre,  la  Tarentule ,  ainsi  nommée 
de  la  ville  de  Tarenle,  en  Italie,  aux  environs  de  laquelle 
elle  est  commune,  jouit  d'une  grande  célébrité.  Dans  l'o- 
pinion du  peuple,  son  venin  produit  des  accidents  très 
graves,  suivis  même  souvent  de  la  mort,  ou  le  tarentisme , 
et  qu'on  ne  peut  dissiper  que  par  le  secours  de  la  musi- 
que et  de  la  danse.  Les  personnes  éclairées  et  judicieuses 
pensent  qu'il  est  plus  nécessaire  de  combattre  les  terreurs 
de  l'imagination  que  les  effets  de  ce  venin  ,  et  la  médecine, 
au  surplus  ^  offre  d'autres  moyens  curatifs. 
M.  Chabrier  a  publié  (Soc.  Acad.  de  Lille,  4e  cahier)  des 
observations  curieuses  sur  la  lycose  tarentule  du  midi  de  la 
France. 

Ce  genre' est  très  nombreux  en. espèces,  mais  qu'on  n'a 
pas  encore  bien  caractérisées. 

La  Lycose  tarentule  (  Aranea  tarentula,  Lin.  ,  Fab.) 
Albin. ,  Aran.,  tab.  xxxix  -,  Senguerd.  de  Tarent.  Longue 
d'environ  un  pouce.  Dessous  de  l'abdomen  rouge,  traversé 
dans  son  milieu  par  une  bande  noire. 

La  Tarentule  du  midi  de  la  France  (Lycose  narbonnaise, 
Waîck. ,  Faun.  franc. ,  aran. ,  I,  i — '40  est  1m  peu  moins 
grande,  avec  le  dessous  de  son  abdomen  très  noir,  bordé 
de  rouge  tout  autour. 


FAMILLE    DES    FILETJSES,*  261 

On  trouve  aux  environs  de  Paris  une  espèce  analogue, 
la  Lycose  ouvrière  (  Fabrilis ,  Clerck.  ,  Aran.  Suec. ,  pi.  4, 
tab.  11  ;  Walck. ,  Faun.  franc.  ,  aran.  II,  5.  ) 

La  Lycose  a  sac  (  Aranea  saccata ,  Lin.  ;  Araneus  amen 
tatus ,  Clerck. ,  IV ,  tab.  vin  ;  Lister ,  tit.  25 ,  fig.  -i5  ).  Pe- 
tite, noirâtre:  carène  du  corselet  d'un  roussâtre  obscur, 
avec  une  ligne  cendrée;  un  petit  faisceau  de  poils  gris,  à 
la  base  supérieure  de  l'abdomen  ;  pieds  d'un  roux  livide, 
entrecoupé  de  taches  noirâtres  ;  cocon  aplati  et  verdâtre. 
—  Très  commune  aux  environs  de  Paris  (1). 
Nous  terminerons  cette  section  par  le  sous-genre, 

De  Myrmécie  (Myrmecia.   Latr.  )  , 

Qui  semble  conduire  à  la  suivante,  et  dont  nous  avons 
exposé  les  caractères  dans  les  Annales. des  Sciences  natu 
relies  (tom.  III ,  pag.  27).  Les  yeux  forment  un  trapèze  court 
et  large  ;  il  y  en  a  quatre  en  devant,  sur  une  ligne  transverse; 
deux  autres,  plus  intérieurs  que  les  deux  extrêmes  précé- 
dents, composent  une  seconde  ligne  transverse;  les  deux 
derniers  sont  en  arrière  des  deux  précédents.  Les  chélicères 
sont  fortes.  Les  mâchoires  sont  arrondies  et  très  velues  au 
bout.  La  languette  est  presque  carrée,  un  peu  plus  longue  que 
large.  Les  pieds  sont  longs,  presque  filiformes;  ceux  de  la 
quatrième  paire  et  de  la  première  sont  les  plus  lot  g  s  de  tous. 
Le  thorax  semble  être  partagé  en  trois  parties,  dont* l'anté- 
rieure, beaucoup  plus  grande,  est  carrée,  et  dont  les  deux 
autres  en  forme  de  nœuds  ou  de  bosses.  L'abdomen  est  beau- 
coup plus  court  que  le  thorax,  et  recouvert,  depuis  sa  nais- 
sance jusque  vers  son  milieu,  d'un  épiderme  solide. 

La  Myrmécie Jauve ,  sur  laquelle  j'ai  établi  ce  genre,  se 

trouve  au  Brésil  ;  mais  il  paraît  qu'il  en  existe  d'autres 

espèces  dans  la  Géorgie  américaine. 

La  seconde  section  des  Araignées  vagabondes  ,  celle  des 
Saltigrades,  désignées  par  d'autres  sous  le  nom  d'Araignées 

(1)  Voyez ^pour  les  autres  espèces,  le  Tableau  et  l'Histoire  des  ara- 
ne'ïdes  de  M.  Walckenaer ,  et  la  partie  des  arane'ïdes  du  même,  dans  la 
Faune  française.  Consultez  encore  l'article  Lycose  de  la  seconde  e'dkion 
du  Nouv.  Dict.  d'hist.  natur. 


2Ô2  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

phalanges 7  a  les  yeux  disposés  en  un  grand  quadrilatère  ,  et 
dont  le  côté  antérieur  ,  ou  la  ligne  formée  par  les  premiers  , 
s'étend  dans  toute  la  largeur  du  corselet;  cette  partie  du 
corps  est  presque  carrée  ou  en  demi-ovoïde,  plane  ou  peu 
bombée  en  dessus ,  aussi  large  en  devant  que  dans  le  reste 
de  son  étendue ,  et  tombe  brusquement  sur  les  côtés.  Les 
pieds  sont  propres  à  la  course  et  au  saut. 

Les  cuisses  des  deux  pieds  de  devant  sont  ordinairement 
remarquables  par  leur  grandeur. 

L'araignée  a  chevrons  blancs  de  Geoffroy,  espèce  de 
saltique,  très  commune  en  été,  sur  les  murs  ou  sur  les 
vitres  exposés  au  soleil,  marche  comme  par  saccades,  s'ar- 
rête tout  court  après  avoir  fait  quelques  pas,  et  se  hausse 
sur  les  pieds  antérieurs.  Vient-elle  à  découvrir  une  mou- 
che, un  cousin  surtout,  elle  s'en  approche  tout  doucement, 
jusqu'à  une  distance  qu'elle  puisse  franchir  d'un  trait,  et 
s'élance  tout  d'un  coup  sur  l'animal  qu'elle  épiait.  Elle  ne 
craint  pas  de  sauter  perpendiculairement  au  mur,  parce 
qu'elle  s'y  trouve  toujours  attachée  par  le  moyen  d'un  fil 
de  soie,  et  qu'elle  le  dévide  à  mesure  qu'elle  avance.  Il 
lui  sert  encore  à  se  suspendre  en  l'air,  à  remonter  au 
point  d'où  elle  était  descendue ,  ou  à  se  laisser  transporter 
par  le  vent  d'un  lieu  à  l'autre.  Ces  habitudes  conviennent, 
en  général ,  aux  espèces  de  cette  division. 

Plusieurs  se  construisent,  entre  des  feuilles,  sous  des 
pierres,  etc.,  des  nids  de  soie,  en  forme  de  sacs  ovales  et 
ouverts  aux  deux  bouts.  Ces  arachnides  s'y  retirent  pour 
se  reposer,  changer  de  mue,  et  se  garantir  des  intempéries 
des  saisons.  Si  quelque  danger  les  menace,  elles  en  sortent 
aussitôt  et  s'enfuient  avec  agilité. 

Des  femelles  se  font,  avec  la  même  matière,  une  espèce 
de  tente  j  qui  devient  le  berceau  de  leur  postérité  ,  et  où 
les  petits  vivent,  pendant  quelque  temps,  en  commun 
avec  leur  mère. 

Quelques  espèces  ,  semblables  à  des  fourmis,  élèvent 
leurs  pieds  antérieurs,  et  les  font  vibrer  très  rapidement. 
Les  mâles  se  livrent  quelquefois  des  combats  très  singu- 
liers par  leurs  manœuvres,  mais  qui  n'ont  aucune  issue 
funeste. 


FAMILLE    DES    F1LEUSIÏS.  263 

Un  sous-genre,  établi  par  M.  Rafinesque,  celui 

De  Tessarops  (Tessarops.  ), 

Nous  paraît  se  rapprocher  beaucoup  du  suivant,  à  raison 
de  la  plupart  de  ses  caractères  et  de  ses  habitudes,  mais  s'en 
éloigner  beaucoup,  s'il  n'y  a  pas  d'erreur,  sous  le  rapport 
du  nombre  des  yeux,  qui  ne  serait  que  de  quatre.  (  Voy.  les 
Annales  générales  des  Sciences  physiques,  tom.  VIII ,  p.  8&.  ) 

Un  autre  sous-genre,  qui  ne  nous  est  pareillement  connu 
que  par  sa  description,  est  celui 

De  Palpimane  (Palfimanus.  ), 

Publié  par  M.  Dufour,  dans  les  Annales  des  Sciences  phy- 
siques (V,  lxix,  5),  et  qui  lui  paraît  intermédiaire  entre 
les  érèses  et  les  saltiques.  La  disposition  des  yeux  est  à  peu 
près  la  même  que  dans  le  premier  de  ces  deux  sous-genres. 
La  languette  est  pareillement  triangulaire  et  pointue  ,  et  les 
mâchoires  sont  encore  dilatées  et  arrondies  au  bout;  mais, 
suivant  ce  naturaliste  ,  elles  seraient  inclinées  et  non  droites 
comme  celles  des  érèses.  L'article  terminal  des  tarses  anté- 
rieurs serait  inséré  latéralement  et  dépourvu  de  crochets. 
Il  n'en  décrit  qu'une  espèce  {Palpimane  bossu).  Elle  ne 

saute  point,  marche  avec  assez  de  lenteur,  et  se  trouve 

sous  les  pierres ,  dans  le  royaume  de  Valence;  mais  elle  y 

est  très  rare. 

M.  Lefèvre  a  rapporté  de  Sicile  une  nouvelle  espèce 

d'aranéïde ,  qui  me  paraît  être  de  ce  genre. 

Dans  les  deux  sous-genres  suivants,  le  nombre  des  yeux 
est  toujours  de  huit,  et  les  mâchoires  sont  droites. 

Les  Erèses.  (Eresus.  Walck.) 

Qui  ont  près  du  milieu  de  l'extrémité  antérieure  du  corse- 
let, quatre  yeux  rapprochés  en  un  petit  trapèze,  et  les  quatre 
autres  sur  ses  côtés,  et  formant  aussi  un  autre  quadrilatère  , 
mais  beaucoup  plus  grand.  Leur  languette  est  triangulaire 
et  pointue.  Leurs  tarses  sont  terminés  par  trois  crochets  (i). 

(i)  Eresus  cinnaberinus ,  Walck;  Aranea  quatuor- gultata  ,  Ross., 
Faun.  etrusc. ,  tom.  II,  i,  8,  9;  Coqueb. ,  Illust. ,  icon.  Insect., 
decas.   III  ,  xxvn,    125  —  Aranea  nigra,  Peiag.,   Spécial,    insect.  Ca- 


264  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

Les  Saltiques.  (  Salticus.  Latr.  —  Attus.  Walck.) 

Qui  ont  quatre  yeux,  dont  les  deux  intermédiaires  plus 
gros ,  en  avant  du  corselet,  sur  une  ligne  transverse,  et  les 
autres  près  des  bords  latéraux,  deux  de  chaque  côté  ;  ils  for- 
ment ainsi  un  grand  carré  ouvert  postérieurement,  ou  une 
parabole.  La  languette  est  très  obtuse  ou  tronquée  au  som- 
met. Les  tarses  n'offrent,  à  leur  extrémité,  que  deux  cro- 
chets. 

Plusieurs  mâles  ont  de  très  grandes  chélicères. 

Les  uns  ont  le  corselet  épais  et  en  talus,  très  incliné  à  sa 

base. 

Le  Saltique  de  Sloane.  {Aranea  sanguinolenta ,  Lin.) 
Noir  ,  une  ligne  blanche  formée  par  un  duvet ,  de  chaque 
coté  du  corselet  ;  abdomen  d'un  rouge  cinabre,  avec  une 
tache  alongée ,  noire,  au  milieu  du  dos.  —  Midi  de  la 
France,  sur  les  pierres  (i). 

Les  autres  ont  le  corselet  très  aplati ,  et  presque  insensi- 
blement en  pente  ,  à  sa  base. 

Tantôt  leur  corps  est  simplement  ovale,  garni  de  poils  ou 
de  duvet  épais,  avec  les  pieds  courts  et  robustes. 

Le  Saltique  chevronné  {Aranea  scenica ,  Lin.;  Y  Arai- 
gnée a  chevrons  ,  Geoff.  )  Araignée  a  bandes  blanches, 
De  G.,  Insect.,  Vil,  xvn,8,g.  Long  d'environ  deux  lignes 
et  demie  ;  dessus  noir  ,  avec  les  bords  du  corselet  et  trois 
lignes  en  forme  de  chevrons  sur  le  dessus  de  l'abdomen, 
blancs.  —  Très  commune  (a). 

lab.  M.  Dufour  a  décrit,  dans  les  Annales  des  sciences  physiques ,  deux 
espèces  d'Espagne ,  Fune  ,  Yérèse  acanthophile  (VI ,  xcv  ,  3  ,  4)  est  mon 
érèse  rayé  du  nouy.  Dict.  dlnst.  natur.  ;  Fautre ,  Vérèse  impérial  (  V  , 
lxix,  2)  a  de  grands  rapports  avec  V aranea  nigra  de  Pe'tagua  ,  cite'e  ci- 
dessus.  Ces  deux  espèces  sont  repre'sente'es  dans  la  Faune  française, 
aran. ,  pi.  iv  ,  3,  4  5  5.  Voyez  aussi  j  même  planche,  fîg.  7,  Vérèse 
cinabre. 

(1)  Cette  division  comprend  les  attes  suivants  de  M.  Walckenaer  : 
bicolor ,  chalybeiuSj  niger,  cupreus,  inuscorwn ,  Y  aranea  grossipes  de 
De  Geer. 

(2)  Ajoutez  attus  tàrdigradus  t  Walclc ,  Hist.  des  aran.,  V,  iv,  fem. 
Yo*ez  son  tableaa  des  arane'ides. 


\ 


FAMILLE    DES    PEDiP  ALPES.  265 

Tantôt  leur  corps  est  étroit,  alongé  ,  presque  cylindrique 
et  ras;  les  pieds  sont  longs  et  grêles. 

LeSaltiqueJburmi(Formicarius.)AraneaJbrmicaria,I)e  G . 
Insect.,  tom.  Vil,  xvm,  i,.  aj  atte fourmi,  Walck.,  Faun. 
Franc.,  aran  ,  Y,  i-3.  Roux;  devant  du  corselet  noir  ;  des 
bandes  noires  et  deux  taches  blanches  sur  l'abdomen  (i). 

La  seconde  famille  des  Arachnides  pulmonaires, 

celle 

Des  PÉDIPALPES  (Pédipalpi.)  , 

Nous  offre  des  palpes  très  grands ,  en  forme  de 
bras  avancés ,  terminés  en  pince  ou  en  griffe  ;  des 
chélicères  ou  antenne-pinces  à  deux  doigts ,  dont 
l'un  mobile  ;  un  abdomen  composé  de  segments 
très  distincts,  sans  filières  au  bout,  et  les  organes 
sexuels  situés  à  la  base  du  ventre.  Tout  le  corps 
est  revêtu  d'un  derme  assez  solide  ;  le  thorax  est 
d'une  seule  pièce ,  et  présente,  près  des  angles 
antérieurs,  trois  ou  deux  yeux  lisses,  rapprochés 
ou  groupés  ;  et  près  du  milieu  de  son  extrémité 
antérieure ,  ou  postérieurement ,  mais  dans  la  ligne 
médiane ,  deux  autres  yeux  lisses,  pareillement  rap- 
prochés. Le  nombre  des  sacs  pulmonaires  est  de 
quatre  ou  de  huit. 

Les  uns^  qui  forment  le  genre 

Tarentule  (Tarantula.  Fabric.  ), 

Ont  l'abdomen  attaché  au  thorax  par  un  pédicule  ou 
par  une  portion  de  leur  diamètre  transversal,  sans  la- 

(0  Voyez,  pour  toutes  les  autres  espèces  de  ce  sous-genre-,  la  partie 
des  arane'ïdes  de  la  Faune  française.  M.  Walckenaer,  auteur. de'cette 
partie,  mentionne,  clans  son  tableau  des  arane'ïdes,  une  espèce  reni'erme'c 
dans  du  succin. 


266  AHACH1NIDES    PULMONAIRES. 

mes  en  forme  de  peigne  à  sa  base  inférieure,  ni  d'ai- 
guillon à  son  extrémité.  Leurs  stigmates,  au  nombre  de 
quatre,  sont  situés  près  de  l'origine  du  ventre,  et  recou- 
verts d'une  plaque.  Leurs  antenne-pinces  (  mandibules 
des  auteurs)  sont  en  griffe,  ou  terminées  simplement 
par  un  crochet  mobile.  Leur  languette  est  alongée,  très 
étroite,  en  forme  de  dard  et  cachée.  Ils  n'ont  que  deux 
mâchoires,  et  formées  par  le  premier  article  de  leurs 
palpes. 

Ils  ont  tous  huit  yeux ,  dont  trois  ,  de  chaque  côté , 
près  des  angles  antérieurs,  disposés  en  triangle;  et  deux 
près  du  milieu,  au  bord  antérieur  et  portés  sur  un  tuber- 
cule commun  ou  sur  une  petite  éminence  ,  un  de  chaque 
côté.  Les  palpes  sont  épineux.  Les  tarses  des  deux  pieds 
antérieurs  diffèrent  des  autres;  ils  sont  composés  de 
beaucoup  d'articles ,  en  forme  de  filou  de  soie;  et  sans 
onglet  au  bout. 

Ces  arachnides  n'habitent  que  les  pays  très  chauds  de 
l'Asie  et  de  l'Amérique.  Leurs  habitudes  nous  sont 
inconnues.  On  en  fait  aujourd'hui  deux  genres. 

Les  Phrynes.  (  Phrynus.  Oliv.  ) 

Qui  ont  des  palpes  terminés  en  griffe,  le  corps  très  aplati, 
le  thorax  large,  presque  en  forme  de  croissant;  l'abdomen 
sans  queue,  et  les  deux  tarses  antérieurs  très  longs  ,  très  me- 
nus, semblables  à  des  antennes  en  forme  de  soie  (i). 

Les  Tuelyphones.  (  Thelyphonus.  Latr.  ) 

Se  distinguent  des  phrynes  par  leurs  palpes  plus  courts  , 
plus  gros,  terminés  en  pince  ou  par  deux  doigts  réunis;  par 
leur  corps  long,  avec  le  thorax  ovale  ,  et  le  bout  de  l'abdo- 
men muni  d'une  soie  articulée,  formant  une  queue;  leurs 

(i)  Phalangium  reniforme ,  Lin.;  Pall. ,  Spicil.  zool.,  fasc.  IX,  m, 
5,6;  Herbst.,  Monog.  phal. ,  nij  Indes  orientales,  îles  Séclielles ; 
Herbst. ,  ibid  ,  iv  ,  i  ,  Amérique  méridionale;  —  Tarent ula  reniformis, 
Fab.  ;  Pall. ,  Spicil.  zool.  ,  9  ,  m  ,  3  ,  4  ;  Herbst. ,  ibid  ,  v  ,  1  ;  ejusd. , 
ïv,  2  ,  var.  ?  Antilles. 


FAMILLE    DES    PGDIPALPES.  267 

deux  tarses  antérieurs  sout  courts  ,  d'une  même  venue  ,  et  a 
articulations  peu  nombreuses  (1). 

Les  autres  ont  l'abdomen  intimement  uni  au 
thorax  par  toute  sa  largeur ,  offrant  à  sa  base  in- 
férieure deux  lames  mobiles  en  forme  de  peigne , 
et  terminé  par  une  queue  noueuse ,  armée  d'un  ai- 
guillon à  son  extrémité  ;  leurs  stigmates  sont  au 
nombre  de  huit,  découverts  et  disposés  quatre  par 
quatre,  de  chaque  côté  ,  delà  longueur  du  ventre; 
leurs  antenne-pinces  sont  terminées  par  deux  doigts, 
dont  l'extérieur  mobile.  Ils  forment  le  genre 

Des  Scorpions.  (Scorpio.  Lin.  Fab.) 

Qui  ont  le  corps  long  et  terminé  brusquement  par 
une  queue  longue,  grêle  ,  composée  de  six  nœuds,  dont 
le  dernier  finit  en  pointe  arquée  et  très  aiguë,  ou  en 
un  dard ,  sous  l'extrémité  duquel  sont  deux  petits  trous^ 
servant  d'issue  à  une  liqueur  venimeuse,  contenue  dans 
un  réservoir  intérieur.  Leur  thorax,  en  forme  de  carré 
long  et  ordinairement  marqué  ,  dans  son  milieu ,  d'un 
sillon  longitudinal,  a  de  chaque  côté,  près  de  son 
extrémité  antérieure ,  trois  ou  deux  yeux  lisses  ,  for- 
mant une  ligne  courbe  ,  et  vers  le  milieu  du  dos  deux 
autres  yeux  lisses  rapprochés.  Les  palpes  sont  très 
grands,  avec  une  serre  au  bout,  en  forme  de  main; 
leur  premier  article  forme  une  mâchoire  concave  et 
arrondie.     A    l'origine    de    chacun    des    quatre    pieds 


(1)  Phalangium  caudalum,  Linn.;  Paîl. ,  Spicil.  zool.  fasc.  IX,  ni  , 
1 ,  2 ,  de  Java.  L'Amérique  méridionale  fournit  une  autre  espèce ,  décrite 
et  figurée  dans  le  Journal  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  (  1777)  ; 
les  habitants  de  la  Martinique  l'appellent  le  vinaigrier.  Une  troisième  es- 
pèce, plus  petite  que  les  précédentes  ,  et  dont  les  pattes  sont  fauves  ,  ha- 
bile la  presqu'île  en-deçà  du  Gange. 


268  ARACHNIDES    PULMONAIRES. 

antérieurs ,  est  un  appendice  triangulaire ,  et  ces  pièces 
forment,    par  leur  rapprochement,  l'apparence   d'une 
lèvre  à   quatre  divisions  ,  mais  dont  les  deux  latérales 
peuvent  être  considérées  comme  des  sortes  de  mâchoires, 
et  dont  les  deux  autres  forment  la  languette.  L'abdomen 
est   composé    de    douze    anneaux  ,    ceux  de  la    queue 
compris;  le  premier  est  divisé  en  deux   parties,    dont 
l'antérieure  porte    les   organes  sexuels,    et    l'autre    les 
deux  peignes.  Ces  appendices  sont  composés  d'une  pièce 
principale  ,  étroite,  alongée,  articulée,  mobile  à  sa  base, 
et  garnie ,  le  long  de  son  côté  inférieur ,  d'une  suite  de 
petites  lames,  réunies  avec  elle  par  une  articulation, 
étroites  ,  alongées  ,   creuses  intérieurement ,  parallèles, 
et  imitant  des  dents  de  peigne;  leur  nombre  est  plus 
ou  moins  considérable ,  selon  les  espèces  ;  il  varie  quel- 
quefois d'une  certaine  quantité,  et  peut-être  avec  l'âge, 
dans  la   même.  On  n'a  pas  encore  déterminé,  par  des 
expériences  positives ,  quel  est  l'usage  de  ces  appendices. 
Les  quatre  anneaux  suivants  ont  chacun  une  paire  de 
sacs  pulmonaires  et  de  stigmates.  Immédiatement  après 
le  sixième,  l'abdomen  se  rétrécit  brusquement,  et  les 
six  autres  anneaux,   sous  la  forme  de  nœuds,  composent 
la  queue.  Tous  les  tarses  sont  semblables,  de  trois  arti- 
cles ,  avec  deux  crochets  au  bout  du  dernier.  Les  quatre 
derniers  pieds  ont  une  base  commune  ,  et  le  premier 
article  de  leurs  hanches  est  soudé  ;  les  deux  derniers 
sont  même  adossés,  en  partie,  à  l'abdomen. 

Les  deux  cordons  nerveux,  partant  du  cerveau,  se 
réunissent  par  intervalles,  et  forment  sept  ganglions, 
dont  les  derniers  appartiennent  à  la  queue.  Dans  toutes 
les  autres  arachnides ,  le  nombre  des  ganglions  est  de 
trois  au  plus. 

Les  huit  stigmates  donnent  dans  autant  de  bourses 
blanches ,  renfermant  chacune  un  grand  nombre  de 
petites  lames  très  déliées ,  entre  lesquelles  il  est  probable 
que  l'air  se  filtre.  Un  vaisseau  musculeux  règne  le  long 


FAMILLE    DES    PÉDIDALPES.  26() 

du  dos ,  et  communique  avec  chaque  bourse  par  deux 
vaisseaux  (i)  ;  d'autres  branches  en  partent  pour  toutes 
les  parties.  Le  canal  intestinal  est  droit  et  grêle.  Le  foie 
se  compose  de  quatre  paires  de  grappes  glanduleuses,  qui 
versent  leur  liqueur  dans  quatre  points  de  l'intestin. 
Le  mâle  a  deux  verges  sortant  près  des  peignes  ,  et  la 
femelle  deux  vulves.  Ces  dernières  donnent  dans  une 
matrice  composée  de  plusieurs  canaux  qui  communi- 
quent les  uns  avec  les  autres ,  et  que  l'on  trouve  au 
temps  du  part,  remplis  de  petits  vivants:  les  testicules 
sont  aussi  formés  de  quelques  vaisseaux  anamostosés  en- 
semble (2). 

Ces  arachnides  habitent  les  pays  chauds  des  deux 
hémisphères,  vivent  à  terre,  se  cachent  sous  les  pierres 
ou  d'autres  corps  ,  le  plus  souvent  dans  les  masures  ou 
dans  les  lieux  sombres  et  frais ,  et  même  dans  l'in- 
térieur des  maisons.  Ils  courent  vite,  en  recourbant 
leur  queue  en  forme  d'arc  sur  le  dos.  Ils  la  dirigent  en 
tout  sens ,  et  s'en  servent  comme  d'une  arme  offensive 
et  défensive.  Ils  saississent  avec  leurs  serres  les  cloportes 
et  les  différents  insectes  ,  tels  que  des  carabes,  des  cha- 
rançons ,  des  orthoptères  ,  etc.  ,  dont  ils  se  nourrissent, 
les  piquent  avec  l'aiguillon  de  leur  queue  ,  en  la  portant 
en  avant,  et  font  ensuite  passer  leur  proie  entre  leurs 
chélicères  et  leurs  mâchoires.  Ils  sont  friands  des  œufs 
daranéïdes  et  de  ceux  d'insectes. 

La  piqûre  du  Scorpion  d'Europe  n'est  pas ,  à  ce  qu'il 
paraît,  ordinairement  dangereuse.  Celle  du  scorpion  de 
Souvignargues ,  de  Maupertuis,  ou  de  l'espèce  que  j'ai 
nommée  roussdtre  (Occitanus) ,  et  qui  est  plus  forte  que 
la  précédente,  produit,  d'après  les  expériences  que  le 


(1)  Voyez  nos  remarques  pre'ce'dentes  sur  la  circulation  des  arach- 
nides pulmonaires. 

(2)  Consultez ,  sur  Fanatomie  des  scorpions ,  TYeviranus ,   Marcel  de 
Serres  et  Léon  Dufour  (Journ.  de  physique  ,  juin  1817). 


2yO  ARACII1NIDES    PULMONAIRES. 

docteur  Maccary  a  eu  le  courage  de  faire  sur  lui-même, 
des  accidents  plus  graves  et  plus  alarmants;  le  venin  pa- 
raît être  d'autant  plus  actif  que  le  scorpion  est  plus  âgé. 
On  emploie  ,  pour  en  arrêter  les  effets,  l'alkali  volatil, 
soit  extérieurement ,  soit  à  l'intérieur. 

Quelques  naturalistes  ont  avancé  que  nos  espèces  indi- 
gènes produisent  deux  générations  par  an.  Celle  qui  me 
semble  la  mieux  constatée  a  lieu  au  mois  d'août.  La 
femelle,  dans  l'accouplement,  est  renversée  sur  le  dos. 
Suivant  M.  Maccary,  elle  change  de  peau  avant  de  mettre 
bas  ses  petits.  Le  mâle  en  fait  autant  à  la  même  époque. 

La  femelle  fait  ses  petits  à  diverses  reprises.  Elle  les 
porte  sur  son  dos  pendant  les  premiers  jours,  ne  sort 
pas  alors  de  sa  retraite,  et  veille  à  leur  conservation 
l'espace  d'environ  un  mois ,  époque  à  laquelle  ils  sont 
assez  forts  pour  s'établir  ailleurs  et  pourvoir  à  leur  sub- 
sistance. Ce  n'est  guère  qu'au  bout  de  deux  ans  qu'ils 
sont  en  état  d'engendrer. 

Les  uns  ont   huit  yeux,  et  forment  le  genre  Builius  de 
M.  Leach. 

Le  Scorpion  d' Afrique  (Afer.,  Lin.,  Fab.).  Rœs.,  insect., 
3  ,  lxv.  —  Herbst. ,  monog. ,  scorp. ,  i.  Long  de  cinq  à  six 
pouces,  d'un  brun  noirâtre,  avec  les  serres  grandes,  en 
cœur,  très  chagrinées  et  un  peu  velues.  Bord  antérieur 
du  corselet  fortement  échancré.  Treize  dents  à  chaque 
peigne. — Des  Indes  orientales,  deCeylan,  etc. 

Le  Scorpion  roussâtre  (  Occitanus  ,  Amor.  );  Tunetanus, 
Herbst.,  monog.,  scorp.,  111,  3;  Buthus  occitanus,  Leach. , 
Zoolog.  Miscell.  cxlïii.  Jaunâtre  ou  roussâtre  ;  queue 
un  peu  plus  longue  que  le  corps  ,  avec  des  lignes  élevées 
et  finement  crénelées.  Vingt-huit  dents  et  au-delà ( 52-65  , 
Maccary.)  à  chaque  peigne.  —  Midi  de  l'Europe,  Barbarie, 
et  très  commun  en  Espagne. 

Les  autres  n'ont  que  six  yeux,  et  composent  le  genre  Scor- 
pion, proprement  dit,  du  même  naturaliste. 

Le  Scorpion  dJ Europe (Europœus,  Lin.,  Fab.).  Herbst., 
Monog.  scorp.,  1IÏ,  i,  i.  D'un  brun  plus  ou  moins  fonce, 


ARACHNIDES    TRACHÉENNES.  2JI 

avec  les  pieds  et  le  dernier  article  de  la  queue  d'un  brun 
plus  clair  ou  jaunâtre  ;  serres  en  forme  de  cœur  et  angu- 
leuses; neuf  dents  à  chaque  peigne. — Les  départements  les 
plus  méridionaux  et  orientaux  de  la  France. 


LE  SECOND  ORDRE  DES  ARACHNIDES, 

Les  TRACHÉENNES.  (Trachearle.  ) 

Différent  du  précédent  par  des  organes  respira- 
toires, consistant  en  des  trachées  (i)  rajonnées  ou 

n— — — w — — i^— — ^— — ^— . — ■—■  ■  ■    i  ■        -.—  —ii  -  ■  .1  ,,.- ■    ■  i      m 

(i)  Les  trachées   sont  des  vaisseaux  qui  reçoivent  et  distribuent  le 
fluide  aérien  dans  tout  l'intérieur  du  corps,  et  supple'ent  ainsi  au  défaut 
de  circulation.   Elles  sont  de  deux  sortes.  Les  lubulaires  ou  élastiques 
sont  formées  de  trois  membranes  ,  dont  l'intermédiaire,  composée  d'un 
filet   cartilagineux,  élastique,  roulé  en  spirale,  et  dont  les  deux  autres 
celluleuses.  Les  trachées  vésiculaires  ne  sont  formées  que  de  deux  mem- 
branes et  de  cette  sorte.   Ce  sont  des  espèces   de  poches    pneumatiques  , 
susceptibles  de  se  gonfler  et  de  s'abaisser.  Les  insectes  aquatiques  et  plu- 
sieurs autres  aériens  en  sont  dépourvus.  Elles  communiquent  entre  elles  par 
des  trachées  tubulaires.  Dans  plusieurs  orthoptères,  où  elles  sont  bien  déve- 
loppées, des  arcs  cartilagineux,  formés  par  des  appendices  des  demi-anneaux 
inférieurs  de  l'abdomen  ,  servent  d'attaches  aux  muscles  qui  les  retiennent. 
Les  trachées  sont  divisées  en  deux  troncs  principaux  ,  s'étendant  longitu- 
dinalement,  un  de  chaque  côté  ,  et  recevant  l'air  au  moyen  d'ouvertures 
latérales  appelées  stigmates,  et  jetant  ensuite  des  branches  et  des  rameaux 
nombreux  qui  répandent  ce  fluide.  Mais  dans  plusieurs  insectes ,  il  existe 
aussi  deux  autres  troncs  plus  ou  moins  longs ,  situés  entre  les  deux  précé- 
dents et  communiquant  avec  eux.   M.  Marcel  de  Serres  les  distingue  par 
la  dénomination  de  pulmonaires  :  les  deux  ordinaires  sont  pour  lui  des 
trachées  artérielles.  Il  distingue  aussi  deux  sortes  de  stigmates  :  les  uns, 
simples ,  ou  les  stigmates  ordinaires ,  consistent  en  deux  lèvres  membra- 
neuses, ayant  des  fibres  ou  stries  transverses,  s'ouvrant  au  moyen  d'une 
simple  contraction;  les  autres  stigmates,  ceux  qu'il  nomme  trémaères , 
sont  formés  d'une  ou  de  deux  pièces,  mais  leplus  souvent  de  deux,  cornées, 
mobiles,  s'ouvrant   ou  se  fermant  comme  des  volets.  De  Geer  (Descript. 
du  criquet  de  passage)  les  compare  à  des  paupières.  Ils  sont  propres  à 
certains  orthoptères ,    et  leur  position  indique  que  ce  sont  les  stigmates 
du  mésothorax.  M.  Léon  Dufour  (A un.  des  se.  natur.,  mai  1826)  a  donné 


2j2  ARACHNIDES    TRACHÉENNES. 

ramifiées ,  et  ne  recevant  l'air  que  par  deux  ou- 
vertures ou  stigmates  ;  par  l'absence  d'organe  cir- 
culatoire (1),  et  à  l'égard  du  nombre  des  jeux  qui 
n'est  que  de  deux  à  quatre  (2).  Faute  d'observa- 
tions an  atomiques  assez  générales ,  les  limites  de 
cet  ordre  ne  sont  pas  encore  rigoureusement  tra- 
cées. Quelques-unes  mêmes  de  ces  arachnides,  telles 
que  les  pjcnogonides ,  n'offrent  aucun  stigmate, 
et  leur  mode  de  respirer  est  inconnu. 

Les  arachnides  trachéennes  se  partagent  très  na- 
turellement en  celles  qui  sont  pourvues  d'antenne- 
pinces  terminées  par  deux  doigts,  dont  l'un  mo- 
de très  bonnes  figures  de  ces  diverses  sortes  de  stigmates ,  mais  sans  em- 
ployer les  désignations  du  naturaliste  précédent.  Il  paraîtrait,  diaprés  sa 
description  des  stigmates  abdominaux,  que  ceux-ci  ont  les  caractères  des 
trémaères,  tandis  que  ceux  qu'il  de'crit  ensuite  comme  différents ,  sont 
les  stigmates  ordinaires.  Nous  croyons,  au  surplus,  que  ces  dissemblances 
ne  tiennent  qu'à  de  simples  modifications  des  lèvres.  Re'aumur  (Mem.,  I, 
iv,  16)  a  figure'  un  stigmate  de  cette  dernière  sorte  ,  mais  dont  les  lèvres 
ont  un  rebord  intérieur,  qui  doit ,  selon  toute  apparence  ,  être  corné. 
Supposons  qu'elles  soient  presque  entièrement  de  cette  consistance,  nous 
aurons  alors  cette  espèce  de  stigmate  que  M.  Serres  nomme  trémaère. 
Quelques  larves  aquatiques  ont  des  appareils  respiratoires  particuliers  et 
dont  nous  parlerons  en  traitant  de  ces  insectes. 

(1)  La  présence  des  trachées  exclut  toute  circulation  complète,  c'est- 
à-dire  la  distribution  du  sang  aux  diverses  parties  ,  et  son  retour  des  or- 
ganes de  la  respiration  au  cœur.  Ainsi,  quoique  l'on  ait  récemment 
découvert  des  vaisseaux  dans  quelques  insectes  (phasmes) ,  quoique  leur 
existence  soit  possible  dans  diverses  arachnides  trachéennes,  ces  animaux 
ne  rentrent  pas  moins,  sous  ce  rapport,  dans  le  système  général.  M.  Mar- 
cel de  Serres  a  observé  que  le  tube  intestinal  des  phalangium  ou  fau- 
cheurs jette  un  très  grand  nombre  de  cœcums  ou  d'appendices  vermi- 
formes  ,  qui  semblent  avoir  de  l'analogie  avec  les  vaisseaux  hépatiques , 
et  que  les  trachées  rampent  et  se  ramifient  à  l'infini  sur  ces  cœcums. 

(2)  Suivant  Mûller,  Y  hydrachne  usnbrata  a  six  yeux;  mais  n'est-ce  pas 
une  erreur  d'optique  ou  une  méprise  ? 


FAMILLE    DES    FAUX    SCORPIONS.  2^3 

bile,  ou  bien  par  un  seul,  pareillement  mobile, 
en  forme  de  griffe  on  de  crochet  ;  et  en  celles  où 
ces  organes  sont  remplacés  par  de  simples  lames 
ou  lancettes,  et  qui,  avec  la  languette,  consti- 
tuent un  suçoir.  Mais  la  plupart  de  ces  animaux 
étant  fort  petits,  cet  examen  entraîne  de  grandes 
difficultés,  et  l'on  sent  que  de  tels  caractères  ne 
doivent  être  employés  que  lorsqu'on  ne  peut  faire 
autrement. 

La  première  famille  des  Arachnides  trachéen= 
nés  ,  celle 

Des  FAUX  SCORPIONS  (Pseudo  Scorpiones.  ), 

A  le  thorax  artieulé,  avec  le  segment  antérieur 
beaucoup  plus  spacieux,  en  forme  de  corselet;  un 
abdomen  très  distinct  et  annelé ,  des  palpes  très 
grands ,  en  forme  de  pieds  ou  de  serres  ;  huit 
pieds  dans  les  deux  sexes,  avec  deux  crochets 
égaux  au  bout  des  tarses,  les  deux  antérieurs  au 
plus  exceptés;  deux  antenne-pinces  ou  chélicères 
apparentes,  terminées  par  deux  doigts,  et  deux 
mâchoires  formées  par  le  premier  article  des 
palpes.  Ils  sont,  tous  terrestres  et  ont  le  corps 
ovale  ou  oblo ng  ;  cette  famille  ne  comprend  que 
deux  genres. 

Les  Galéodes.   (Galeodes.  Oliv.  —  Solpuga.  Licht. 

Fab.  ) 

Ont  deux   antenne-pinces  très  grandes ,  à  doigts  ver- 
ticaux, fortement  dentés,  l'un  supérieur,  fixe  et  sou- 
TOME   IV.  18 


2j/\.  ARACHNIDES    TRACHÉENNES. 

vent  muni ,  à  sa  base,  d'un  appendice  (1)  grêle  ,  alongé, 
terminé  en  pointe ,  et  l'autre  mobile  ;  les  palpes  grands, 
avancés  ,  en  forme  de  pieds  ou  d'antennes  ,  terminés  par 
un  article  court ,  en  forme  de  bouton  ,  vésiculeux  et  sans 
crocliet  au  bout;  les  deux  pieds  antérieurs  d'une  figure 
presque  semblable,  pareillement  mutiques,  mais  plus 
petits;  les  autres  terminés  par  un  tarse ,  dont  le  dernier 
article,  muni  au  bout  de  deux  petites  pelotes  et  de  deux, 
longs  doigts,  avec  un  crocliet  à  leur  extrémité;  cinq 
écailles  en  forme  de  demi-entonnoir  et  pédicellées,  sur 
chaque  pied  postérieur  ,  disposées  en  une  rangée  le  long 
de  leurs  premiers  articles  ;  et  deux  yeux  très  rapprochés 
sur  une  éminence  antérieure  du  premier  segment  tliora- 
cique  ,  qui  représente  une  grande  tête,  portant ,  outre 
les  parties  de  là  bouche  les  deux  pieds  antérieurs. 

Leur  corps  est  oblong,  généralement  mou  et  hérissé 
de  longs  poils.  Le  dernier  article»  des  palpes,  ou  leur 
bouton,  renferme  ,  suivant  M.  Dufour,  un  organe  parti- 
culier, en  forme  de  disque  ou  de  cupule,  d'un  blanc 
nacré,  et  qui  ne  se  présente  en  dehors  que  lorsque  l'a- 
nimal est  irrité.  Les  deux  pieds  antérieurs  peuvent  être 
considérés  comme  de  seconds  palpes.  Le  labre  a  la  forme 
d'un  petit  bec  très  comprimé,  recourbé,  pointu  et  velu 
au  bout.  La  languette  est  petite  ,  en  forme  de  carène  , 
et  se  termine  par  deux  soies  barbues,  divergentes,  pos- 
tées chacune  sur  un  petit  article.  Les  autres  paires  de 
pieds  sont  annexées  à  autant  de  segments.  J'ai  aperçu 
un  grand  stigmate ,  de  chaque  côté  du  corps  ,  entre  les 
premiers  et  les  seconds  pieds,  ainsi  qu'une  fente  à  la 
base  du  ventre.  L'abdomen  est  ovalaire  et  composé  de 
neuf  anneaux.  [Voyez ,  pour  d'autres  particularités,  la 
description  d'une  espèce  découverte  en  Espagne  par 
M.  Dufour,  et  décrite  et  figurée  par  lui  dans  les  An- 
nales des  sciences  physiques,  tom.  Y,  pi.  lxix,  5.  ) 

(i)  Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  exclusivement  propre  à  Fun  tics  sexes. 


FAMILLE    DES    FAUX-SCORPIONS.  2y5 

On  soupçonne  que  les  anciens  ont  désigné  ces  arach- 
nides sous  les  noms  de  phalan glum ,  solifuga,  tetra- 
gnaiha ,  etc.  M.  Poè*  en  a  découvert  une  espèce  dans  les 
environs  de  la  Havane  ;  mais  les  autres  sont  propres  aux 
pays  chauds  et  sablonneux  de  l'ancien  continent. 
Ces  animaux  courent  avec  une  extrême  vitesse,  re- 
dressent leur  tête,  semblent  vouloir  se  défendre,  lors- 
qu'on les  surprend,  et  sont  réputés  venimeux  (i). 

Les  Pinces.  (  Chelifer.  GeofT.  —  Oblsium.  Ilig.  )  , 

Ont  les  palpes  alongés,  en  forme  de  bras,  avec  une 
pince  en  forme  de  main  et  didactyle  au  bout  ;  tous  les 
pieds  égaux,  terminés  par  deux  crochets,  et  les  yeux 
placés  sur  les  côtés  du  thorax. 

Ces  animaux  ressemblent  à  de  petits  scorpions  privés 
de  queue.  Leur  corps  est  aplati,  avec  le  thorax  presque 
carré,  et  ayant  de  chaque  côté  un  ou  deux  yeux. 

Ils  courent  vite ,  et  souvent  à  reculons  ou  de  côté , 
comme  les  crabes.  Rœsel  a  vu  une  femelle  pondre  ses 
œufs  et  les  rassembler  en  tas.  Hermann  père  dit  que 
ces  individus  les  portent  réunis  en  une  pelotte  sous  leur 
ventre.  Il  croit  même,  d'après  une  autre  observation, 
que  ces  arachnides  peuvent  filer. 

Son  fils  {Menu  aplérol.  )  divise  ce  genre  en  deux  sections. 
Les  uns  (Chelifer,  Leach.)  ont  le  premier  segment  du  tronc, 
ou  du  thorax,  partagé  en  deux  par  une  ligne  imprimée  et 
transversale;  les  tarses  d'un  seul  article;  une  espèce  de  stvlet 
au  bout  du  doigt  mobile  des  chélicèies  ,  et  les  poils  du 
corps  en  forme  de  spatule. 

La  Pince  crabe {Phalangiurn  cancroides ,  Lin.;  Scornio 

cancroides ,Fab.)  ï\ces.,  Ins.,  III,  supp.  lxiv,  vulgairè- 


(])  Solpulga  futalis ,  lab.  ;  Herbst. ,  Monog. ,  soîp.  I,  i7  du  Bengale: 
—  S.  chtlico/'nis,  Fab.  ;  Herbst. ,  ihid.  ,  II ,  i; — Phalangium  araneoides, 
Pall. ,  Spicil.  zool.  ,  fasc.  IX,  m  ,  7  ,  8  ,  9.  Voyez,  en  outre,  la  Mono- 
graphie de  ce  genre  publie'e  par  Herbst. ,  et  les  Voyages  de  Palîas  et 
d'Olivier. 

18* 


276  ARACHNIDES  TRACHÉENNES. 

ment  Scorpion  des  livres  ,  se  trouve  dans  les  herbiers  ?  les 

vieux  livres  ;  etc.;  où.  elle  se  nourrit  des  petits  insectes  qui 

les  rongent. 

Une  a u  tire  (Scorp/o  cimicoides,  Fab .)Herm  v  Mém .  aptér . , 

Vlï7  g;  habite  sous  les  écorces  d'arbres,  lespierres;  etc. 

D'autres  (Obisium ,  Leach.)  ont  le  thorax  sans  division, 
les  chélicères  sans  stylet,  les  poils  du  corps  en  forme  de 
soies  (1).  Mais  le  nombre  des  yeux  nous  fournit  un  caractère 
plus  important.  Il  est  de  quatre  dans  les  Obisies  et  de  deux 
dans  les  Pinces  proprement  dites  (2). 

La  seconde  famille  des  àrachjnides  trachéen- 
nes; celle 

Des  PYCNOGON1DES.  (Pycnogonides.  ) 

A  le  tronc  composé  de  quatre  segments,  occu- 
pant presque  toute  la  longueur  du  corps  ,  terminé  à 
chaque  extrémité  par  un  article  tubulaire,  dent 
l'antérieur  plus  grand,  tantôt  simple,  tantôt  ac- 
compagné d'antenne-pinces  et  de  palpes  ,  ou  d'une 
seule  sorte  de  ces  organes,  constitue  la  bouche  (3). 
Les  deux  sexes  ont  huit  pieds  propres  à  la  course; 
mais  les  femelles  offrent,  en  outre,  deux  fausses 
pattes,  situées  près  des  deux  antérieurs,  et  servant 
uniquement  à  porter  les  œufs. 

(1)  Herrn.  ,  Mém.  aptér. ,  v,  6  ;  vi,  \(\. 

(2)  J^oyez  la  Monographie  des  scorpionides  du  docteur  Leach  ,  dans 
le  troisième  volume  de  son  Zoological  miscellany,  tab.  \^\  et  142  ;  et  un 
Mémoire  sur  les  insectes  du  Copal,  par  M.  Daiinan,  où  il  en  décrit  et 
figure  une  espèce  sous  le  nom  à  eucarpus  ,  et  où  il  présente  des  observa- 
lions  sur  d'autres  espèces. 

(3)  Le  siphon  d'une  grande  espèce  du  sous-genre  phoxichile,  apportée 
du  cap  de  Bonne-Espérance  par  feu  Delalande,  m'a  offert  des  sutures 
longitudinales ,  de  manière  qu'il  me  parait  composé  du  labre,  de  la  lan- 
guetic  et  de  deux  mâchoires,  le  tout  sondé  ensemble.  Les  palpes  sont 
dès  lors  ceux  de  ces  mâchoires. 


FAMILLE     DES    PYCNOGONIDES.  v  277 

Les  Pjcnogonides  sont  des  animaux  marins  (1), 
ayant  de  l'analogie,  soit  avec  les  Cj aines  et  les 
Chevrolles y  soit  avec  les  arachnides  du  genre  Pha- 
langiuniy  ou  les  Faucheurs,  auxquels  Linnaeus  les  a 
réunis.  Leur  corps  est  ordinairement  linéaire ,  avec 
les  pieds  très  longs  ,  de  huit  à  neuf  articles ,  et  ter- 
minés par  deux  crochets  inégaux,  paraissant  n'en 
former  qu'un  seul,  et  dont  le  plus  petit  est  fendu. 
Le  premier  article  du  corps,  et  qui  tient  lieu  de 
tète  et  de  bouche,  forme  un  tube  avancé,  presque 
cylindrique  ou  en  cône  tronqué  ,  ayant  à  son  extré- 
mité une  ouverture  triangulaire  ou  en  trèfle.  11 
porte  à  sa  base  les  antenne-pinces  et  les  palpes. 
Les  antenne  -  pinces  sont  cylindriques  ou  linéai- 
res ,  simplement  prenantes ,  composées  de  deux 
pièces,  dont  la  dernière  en  pince,  avec  le  doigt 
inférieur,  ou  celui  qui  est  immobile,  quelquefois 
plus  court.  Les  palpes  sont  en  forme  de  fil,  de  cinq 
ou-neuf  articles,  avec  un  crochet  au  bout.  Chaque 
segment  suivant,  à  l'exception  du  dernier,  sert 
d'attache  à  une    paire  de  -pieds  (2)  ;  mais  le  pre- 


(1)  Suivant  M.  Savigny,  ils  font  le  passage  des  arachnides  aux  crus- 
tacés. Nous  ne  les  plaçons  ici  qu'avec  doute. 

(2)  M.  Milne -Edwards ,  qui  a  observé  ces  animaux  sur  le  vivant, 
m'a  dit  avoir  vu  dans  l'intérieur  de  ces  organes  des  expansions  laté- 
rales du  canal  intestinal,  ou  des  cœcums.  J'en  avais  effectivement  aperçu 
les  traces,  sous  la  forme  de  vaisseaux  noirâtres,  dans  divers  nympLons. 
Cette  observation  me  porterait  à  croire  que  ces  animaux  respirent  par  la 
peau,  caractère  d'après  lequel  ilsiiourraient  former  un  ordre  particulier, 
et  peut-être  intermédiaire  entre  les  arachnides  et  les  insectes  apières  de 
l'ordre  des  parasites. 


278  ARACHNIDES    TRACHÉENNES. 

mier,  on  celui  avec  lequel  s'articule  la  bouche , 
a  sur  le  dos  un  tubercule  portant^  de  chaque  côté, 
deux  jeux  lisses,  et  en  dessous,  dans  les  femelles 
seulement,  deux  autres  petits  pieds,  repliés  sur 
eux-mêmes ,  et  portant  les  œufs  qui  sont  rassemblés 
tout  autour  d'eux,  en  une  ou  deux  pelottes.  Le 
dernier  segment  est  petit ,  cylindrique ,  et  percé 
d'un  petit  trou  à  son  extrémité.  On  ne  découvre 
aucuns  vestiges  de  stigmates. 

Ces  animaux  se  trouvent  parmi  les  plantes  ma- 
rines, quelquefois  sous  les  pierres,  près  des  rivages, 
et  quelquefois  aussi  sur  des  cétacés. 

Les  Pycnogonons.  (Pycnogonum.   Brun.  Miïll.  Fab.) 

Sont  dépourvus  d'antenne-pinces  et  de  palpes,  et  la 
longueur  de  leurs  pieds  ne  surpasse  guère  celle  du  corps, 
qui  est  proportionnellement  plus  court  et  plus  épais  que 
dans  les  genres  suivants.  Ils  vivent  sur  des  cétacés  (1). 

Les  Phoxtchiles.  (Phoxichilus.  Latr.  ) 

N'offrent  point  de  palpes,  de  même  que  les  précé- 
dents, mais  ont  des  pieds  fort  longs  et  deux  antenne- 
pinces  (2). 

Les  Nymphons.  (Nymphon.  Fab.  ) 

Ressemblent  aux  Phoxiclules  par  la  forme  très  étroite 

(ijMùll.,  Zool.  dan.,  cxix,  10-12,  femelle.  Trouve'  sur  nos  côtes  par 
MM.  Surirey  et  d'Qrbigny. 

(2)  Rapportez  à  ce  genre  le  pycnogonum  spinipes  cTOthon  Fabricius , 
sa  variété'  du  P.  grossipes,  sans  antennes  ;  les  phalangium  aculeatum,  spi- 
noswn  de  Montagus  (Lin.  Trans.  ),  le  nymphon  ftmoralum  des  Actes 
de  la  Soc.  cThist.  natur.  de  Copenhague  (179.7)  ;  le  nymphon  hirtwn 
de  Fabricius,  qui  peut-être  ne  diffère  pas  des  phalangium  spinipes ,  spi- 
nosum  ,  cite's  plus  haut. 


FAMILLE     DES     HOLÈTRES.  2jÇf- 

et  oblongue  de  leur  corps ,  la  longueur  de  leurs  pieds , 
et  la  présence  des  an  tenue -pinces;  mais  ont,  en  outre  , 
deux  palpes  (1'). 

La  troisième  famille  des  Arachnides  trachéen- 
nes ,  celle 

Des  HOLÈTRES.   (  Holetra.  Hermann.) 

A  le  thorax  et  l'abdomen  réunis  en  une  masse , 
sous  un  épiderme  commun  :  le  thorax  est  tout  au 
plus  divisé  en  deux,  par  un  étranglement,  et  l'ab- 
domen présente  seulement  dans  quelques-uns  des 
apparences  d'anneaux,  formés  par  des  plis  de  l 'é- 
piderme. 

L'extrémité  antérieure  de  leur  corps  est  souvent 
avancée  en  forme  de  museau  ou  de  bec  ;  la  plupart 
ont  huit  pieds  et  les  autres  six  (2). 

Cette  famille  ce  compose  de  deux  tribus. 

La  première  tribu  des  Arachnides  Holètres  , 
celle  des  Phalangiens  (  Phalangàa,  Latr.  )  , 
a    des    antenne-pinces    très    apparentes  ,    soit    en 

(1)  Pycnogorum  grosszpes  *  Olh.  Fab,.;  Mùll.,  Zool.  don.,  cxix,  5-g  , 
fem,;  à  comparer  avec  les  njmphons  gracile  et  femoratum  du  docteur 
Leach.  (Zool.  miscell. ,  xix  ,  1,2).  Son  genre  ammothea  (A.  carolinen- 
sis ,  ibid. ,  xiti)  diffère  de  celui  des  iiymphons  par  les  antenne- pinces 
beaucoup  plus  courtes  que  la  bouche,  leur  première  pièce ,  ou  celle  de 
la  racine,  étant  fort  petite.  Les  palpes  ont  neuf  articles,  tandis  que 
ceux  des  nymphons  n'en  offrent  que  cinq.  Dans  ce  genre  ,  ainsi  que  ceux 
de  phoxichile  et  de  pycnogonon ,  le  second  article  des  tarses  est  fort 
court.  Le  tubercule  portant  les  yeux  est  quelquefois  place'  sur  une  saillie 
qui  s^vance  au-dessus  de  la  base  de  l'article  antérieur,  ou  la  bouche. 

(2)  Le  trombidium  longipes  d'Herman  fils,  Me'm.  aptér. ,  pi.  1,8,  est 
représenté  avec  dix  pieds,  dont  les  deux  premiers  très  longs.  Il  ne  lui 
en  donne  crue  huit  dans  le  îexte 


280  ARACHNIDES     TRACHÉENNES. 

saillie  au-devant  du  tronc ,  soit  inférieures  ,  et  tou- 
jours terminées  en  une  pince  didactyle,  précédée 
d'un  à  deux  articles. 

Ils  ont  deux  palpes  en  forme  de  fil ,   de  cinq  ar- 
ticles s  dont  le  dernier  terminé  par  un  pelit  onglet  ; 
deux  yeux  distincts  ,  deux  mâchoires  formées  par 
le  prolongement  de  l'article  radical  des  palpes,   et 
souvent  quatre  de  plus  (i)  ,    et  qui   ne  sont  aussi 
qu'une  dilatation  de  la  hanche  des  deux  premières 
paires   de  pieds;    le  corps  ovale   ou  arrondi,    re- 
couvert,   du  moins  sur  le  tronc,    d'une  peau  plus 
solide  ;  des  apparences  d'anneaux   ou   des  plis  sur 
l'abdomen.  Les  pieds,  toujours  au  nombre  de  huit^ 
sont  longs  et  divisés  distinctement  à  la  manière  de 
ceux  des  insectes  (2).  Plusieurs  au  moins  (faucheurs), 
ont  à  l'origine   des   deux  pieds    postérieurs,   deux 
stigmates,    un  de  chaque  côté,    mais   cachés   par 
leurs  hanches. 


\ 


(0  Dans  la  supposition  que  les  deux  mâchoires  supérieures  représen- 
tent, avec  leurs  palpes,  les  mandibules  des  crustacés  décapodes ,  ies 
quatre  autres  représenteront  aussi  les  quatre  mâchoires  des  mêmes  crus- 
tacés, et  les  deux  mâchoires,  ainsi  que  la  lèvre  inférieure  des  insectes 
broyeurs.  M.  Marcel  de  Serres  nous  apprend  que  le  ganglion  venant  im- 
médiatement après  le  cerveau ,  est  en  face  de  la  troisième  paire  de 
pattes  ,  qui ,  d'après  ces  rapprochements,  serait  l'analogue  de  la  première 
des  insectes  ;  or  c'est  là  aussi  qu'est  placé  ,  dans  ceux-ci,  le  même  gan- 
glion. Voyez  l'ordre  des  myriapodes. 

(2)  Hanches  ,  cuisses,  jambes  et  tarses  de  même  que  dans  les  familles 
précédentes.  Mais  les  pieds  des  autres  arachnides  trachéennes  sont  coin- 
posés  d'articles  courts,  dont  les  proportions  relatives  ne  diffèrent  que 
graduellement,  de  sorte  que  ces  distinctions  de  parties  sont  moins  ap- 
préciables. 


FAMILLE    DES   HOLÈTRES.  28  L 

La  plupart  vivent  à  terre,  sur  les  plantes,  au 
bas  des  arbres,  et  sont  très  agiles;  d'autres  se  ca- 
chent sous  la  pierre ,  dans  la  mousse.  Leurs  organes 
sexuels  sont  placés  sous  la  bouche  et  intérieurs. 

Les  Faucheurs.  (Phalangium.  Lin.  Fab.) 

Qui  ont  les  antenne  -  pinces  saillantes  ;  beaucoup  plus 
courtes  que  le  corps,  et  les  yeux  portés  sur  un  tubercule 
commun. 

Leurs  pieds  sont  très  longs,  fort  menus;  et  détachés  du 
corps,  ils  donnent,  pendant  quelques  instants,  des  signes 
d'irritabilité.  Les  deux  sexes  sont  placés  vis-à-»vis  l'un  de 
l'autre  dans  la  copulation  ,  qui  a  lieu  vers  la  fin  de  l'été. 
L'organe  générateur  du  mâle  a  la  forme  d'un  dard, 
terminé  en  demi-flèche.  La  femelle  a  un  oviducte  mem- 
braneux, en  forme  de  iil,  flexible  et  aiinclé.  Les  tra- 
chées sont  tubulaires. 

Le  Faucheur  des  murailles  (Cornulum ,  Lin.,  mâle; 
Opilio  y  cjusd. ,  femelle.)  Herbst.,  Monog.  phal.,  1 ,  3,  mâle; 
ibicl.  1,  femelle.  Corps  ovale,  roussâtre  ou  cendré  en  des- 
sus, blanc  en  dessous;  palpes  longs;  deux  rangées  de 
petites  épines  sur  le  tubercule  portant  les  yeux,  et  des 
piquants  sur  les  cuisses.  Antenne-pinces  cornues  dans  le 
mâle;  une  bande  noirâtre,  avec  ses  bords  festonnés,  sur  le 
dos,  dans  la  femelle  (1). 

Un  célèbre  entomologiste  anglais,  M.  Kirby,  a  forme  , 
sous  le  nom  de  Gonolepte  (Gonoleptes.),  un  genre  propre  sui- 
des espècesqui  ont  les  palpes  épineux,  avec  les  deux  derniers 
articles  presque  de  la  même  grandeur,  subovalaires  ,  et 
un  fort  onglet  terminal  ;  et  dont  les  banches  des  deux 
pieds  postérieurs  sont  fort  grandes,  soudées  et  forment  une 
plaque  sous  le    corps.  Ces  pieds  sont  éloignés  des  autres 


(1)  Consultez  les  Monographies  de  ce  genre  publiées  par  Lalreille  (à  la 
suite  de  FHisîoirc  des  fou/mis),  Herbst  et  Hermann  fils  (Me'm.  aptérologi). 


J 


282  ARACHNIDES   TRACHÉENNES. 

et  rejetés  en  arrière  (1).  Dans  les  Faucheurs  proprement 
dits,  les  palpes  sont  filiformes,  sans  épines  ,  terminés  par 
un  article  beaucoup  plus  long  que  le  précédent  ,  avec  un 
petit  crochet  au  bout.  Tous  les  pieds  sont  rapprochés  ,  à 
à  hanches  semblables  et  contiguès  à  leur  naissance.  Telles 
sont  toutes  nos  espèces  indigènes. 

Les  SiRONS.  (SiRO.  Latr.  ) 

A  les  antenne  -  pinces  saillantes  ,  presque  aussi  lon- 
gues que  le  corps  ,  les  yeux  écartés  et  portés  chacun  sur 
un  tubercule  isolé  ou  sans  support  (2). 

Les  Macrochèles.  (  Macrocheles.  Latr.) 

Ont  aussi  les  antenne  -  pinces  tressaillantes  et  fort 
longues  ;  mais  leurs  yeux  sont  nuls  ou  sessiles.  Les  deux 
pieds  antérieurs  sont  fort  longs  et  an  te  uniformes;  le 
dessus  du  corps  forme  une  plaque  ou  écaille  sans  anneaux 
distincts. 

Je  rapporte  à  ce  genre  les  Acarus  marginatus  et  testa- 
dinarius  d'Herman  fils  (Mémoire  aptérol.  3  pag.  76  , 
pi.  vi,  fig.  6 ,  et  pag.  80  ,  pi.  IX,  fig.   1.  ). 

Les  Trogules.-  (Trogtjltjs.  Latr.) 

Dont  l'extrémité  antérieure  du  corps  s'avance  en  forme 
de  chaperon  ,  et  reçoit  dans  une  cavité  inférieure  les 
antennè-pinces  et  les  autres  parties  de  sa  bouche. 

Leur  corps  est  très  aplati  et  recouvert  d'une  peau 
très  ferme.  Sous  les  pierres  (3). 


(1)  Gonoleptes  horridus ,  Trans.  Lia.  Soc.  XII,  xxn,    16  ;    espèce 
du  Brésil. 

(2)  Slro  rubens ,  Latr. ,  Gêner,  crust.  et  insect. ,  I ,  vi  ,  2  ;  —  Acarus 
crassipes ,   Herm. ,  Me'tn.  apte'r.  ,   ni,  6  et  ix  ,  Q.  N. 

(3)  Trogulus  nepœfortnis ,  Lat. ,  Gêner.  ,  crust.  et  iasoct.  ,1,  "vi ,  i  ; 
Phalan^ium  tricurinalum ,  Lin.  ;  Midi  rie  la  France  ,  Espagne. 


FAMILLE    DES    HOLÈTRES.  283 

La  seconde  tribu  des  Arachnides  Holètres, 
celle  des  Acarides  (Acarides),  a  tantôt  des  antenne- 
pinces  ,  mais  simplement  composées  d'une  seule 
pince  ,  soit  didactjie ,  soit  en  griffe  ,  et  cachée  dans 
une  lèvre  sternale  :  tantôt  un  suçoir ,  formé  de  lames 
en  lancette  et  réunies,  ou  n'a  même  pour  bouche 
qu'une  cavité,  sans  autres  pièces  apparentes. 

Cette  tribu  est  formée  du  genre 

Des  Mites.  (Acarus.  L.) 

La  plupart  de  ces  animaux  sont  très  petits  ou  presque 
microscopiques.  Ils  sont  dispersés  partout.  Les  uns  sont 
errants,  et  parmi  eux  on  en  rencontre  sous  les  pierres, 
les  feuilles,  les  éeorces  des  arbres,  dans  la  terre,  les 
eaux,  ou  bien  sur  les  provisions  de  bouche,  comme  la 
farine,  la  viande  desséchée,  le  vieux  fromage  sec,  sur 
les  substances  animales  en  putréfaction;  d'autres  vivent, 
en  parasites,  sur  la  peau  ou  dans  la  chair  de  divers  ani- 
maux, et  les  affaiblissent  souvent  beaucoup  par  leur 
excessive  multiplication.  On  attribue  même  à  quelques 
espèces  l'origine  de  certaines  maladies ,  et  particulière- 
ment de  la  gale.  Il  paraît  résulter  des  expériences  du  doc- 
teur Galet ,  que  les  mites  de  la  gale  humaine,  mises  sur 
le  corps  d'une  personne  saine,  lui  inoculent  le  virus  de 
cette  maladie.  On  trouve  aussi  diverses  sortes  de  mites 
sur  des  insectes ,  et  plusieurs  coléoptères  vivant  de  sub- 
stances cadavéreuses  ou  excrémentielles,  en  sont  quel- 
quefois tout  couverts.  On  en  a  observé  jusque  dans  le 
cerveau  et  les  yeux  de  l'homme. 

Les  mites  sont  ovipares  et  pullulent  beaucoup.  Plu- 
sieurs ne  naissent  qu'avec  six  pieds ,  et  les  deux  autres  se 
développent  peu  de  temps  après.  Leurs  tarses  se  termi- 


284         ARACHNIDES  TRACHÉENNES. 

netit  de  manières  diverses  et  appropriées  à  leurs  habi- 
tudes. 

Les  unes  (  les  A  ci  rides  propres,  Acarides,  Latr.)  ont  huit 
pieds,  uniquement  propres  à  la  course,  et  des  antenne-pinces, 

Les  Trombidions.   (  Trombidium.  Fab.  ) 

Qui  ont  des  antenne-  pinces  en  griffe  ou  terminées  par  un 
crochet  mobile  ;  des  palpes  saillants,  pointus  au  bout,  avec 
un  appendice  mobile  ou  une  espèce  de  doigt  sous  le?  extré- 
mité; deux  yeux,  situés  chacun  au  bout  d'un  petit  pédicule 
fixe  ,  et  le  corps  divisé  en  deux  parties,  dont  la  première  ou 
l'antérieure  très  petite,  et  porte,  outre  les  yeux  et  la  bou- 
che, les  deux  première  paires  de  pieds. 

Le  Trombidion  satiné  (  T.  holosericeum ,  Fab.  )  Herm. , 
Mém.  aptér.  ,  pi.  !,  2 ,  et  îi,  i  ,  très  commun,  au  prin- 
temps ,  dans  les  jardins;  d'un  rouge  couleur  de  sang  ,  ab- 
domen presque  carré,  rétréci  postérieurement,  avec  us.e 
échancrure;  dos  chargé  de  papilles  velues  à  leur  base,  et 
.    globuleuses  à  leur  extrémité. 

On  trouve  aux  Indes  orientales  une  autre  espèce  trois  à 
quatre  fois  plus  grande,  et  qui  donne  une  teinture  rouge  : 
c'est  le  T.  colorant  (  T,  tinclorium ,  Fab.  )Rerm.,  Mém. 
apt.  I,  i,  (i). 

Les  Erythrées.  (Erythr^us.  Latr.  ) 

Qui  ont  les  antenne-pinces  et  les  palpes  des  Trombidions, 
mais  dont  les  yeux  ne  sont  point  portés  sur  de  pédicule,  et 
dont  le  corps  n'est  pas  divisé  (2). 

Les  Gamases.  (Gamasus.  Lat.  Fabr.) 

Dont  les  antennp-piii-ces  sont  didactvles,  et  qui  ont  des 
palpes  saillants  ou  tiès  distincts,  et  en  forme  de  fil. 

(1)  T '.  fuliginosum  ,  Herm.,  Mé'ra.  apt.  ,  t,  3; — T.  bicôlor,  ibid.  ,  11, 
2  ;  —  T.  assimile  ,  ibid. ,  3  ;  —  T.  curtipes  ,  ibid.  ,  4  ?'  —  T.  tngonum  , 

ibid.  ,  5  ;  —  1\  trimaculatwn ,  ibid. ,  6. 

(2)  Eryikrœus    phalangioidfes  ,    Luîr.  •    Trombidium    phalangioidcs , 
TTcrm.  ,  ibid.,  1  ,sio; —  Trombidiun%  quiscfuiliarum  ,  ibid.  ,9; —  T.  pa- 
rietinum,   ibid.,    1  2  :  —  T.   pus  Muni .   ibid  ,    11 ,   4; —  T.  mureru.// 
ibid. ,  5. 


FAMILLE    DES    HOLËTilES.  285 

Les  uns  ont  le  dessus  du  corps  revêtu  ,  en  tout  ou  en  par- 
tie, d'une  peau  écailleuse  (i). 

Les  autres  ont  le  corps  entièrement  mou.  Quelques  espè- 
ces de  cette  division  vivent  sur  différents  oiseaux  et  quadru- 
pèdes. On  en  connaît,  tels  surtout  que  YAcarus  telarius  de 
Linnœ.^o,  ou  le  Gamase  tisserand ,  qui  forment  sur  les  feuil- 
les de  plusieurs  végétaux,  particulièrement  sur  celles  du 
tilleul  ,  des  toiles  très  fines,  et  leur  nuisent  beaucoup.  Cette 
espèce  est  rougeâtre,  avec  une  tache  noirâtre  de  chaque  côté 
de  l'abdomen. 

Les  Cheyletes.  (Cheyletus.  Lat.) 

Qui  ont  aussi  des  antenne-  pinces  didactyles  ,  mais  dont 
les  palpes  sont  e'pais  ,  en  forme  de  bras  et  terminés  en 
faulx  (2). 

Les  Oribates.   (  Oribata.  Latr.  —  Notaspis.  Herm.  ) 

Dontlesantenne-pinces  sont  encore  didactyies,  mais  dont 
les  palpes  sont  très  courts  ou  cachés;  qui  ont  le  corps  recou- 
vert d'une  peau  ferme,  coriace  ou  écailleuse,  eu  forme  de 
bouclier  ou  dJécusson ,  et  les  pieds  longs  ou  de  grandeur 
moyenne. 

Le  devant  du  corps  est  avancé  en  forme  de  museau.  On 
voit  souvent  une  apparence  de  corselet.  Le  bout  du  tarse 
est  terminé  par  un  seul  crochet  dans  les  uns,  par  deux  ou 
trois  dans  les  autres,  sans  pelotte  vésiculeuse. 

Ils  se  trouvent  sur  les  pierres,  les  arbres,  dans  la  mousse, 
et  marchent  lentement  (3). 


(1)  Gamasus  marginatus  ,  Latr.;  Acarus  marginatus  ,  Herm., 
Mém.  apt.  ,  Vi,  6,  trouvé  sur  le  corps  calleux  du  cerveau  d'un  homme; 
—  Trotnbidium  longipes ,  Herm.  ,  ibid.  ,  1,  8;  —  Acarus  cohoptralo- 
rum,  Fab.  ;  De  Geer,  Me'ra.  inseet. ,  VII  ,  vi,  5;  —  Acarus  hirùtidinis , 
Herm.,  ibid.,i,  i3;  — A.  vespertilionis  ,  ibid.,  i4;  —  Trombidiuni 
bipuslulatum ,  ibid.  ,11,  ioj  —  T.  socium  ,  ibîd. ,  11,  i3; — T.  tiliarium, 
ibid.  ,12;  —  T.  lelarium,  ibid.  ,  i5  :  ces  trois  espèces  vivent  en  société' 
sur  les  feuilles,  les  recouvrent  de  fils  soyeux  et  très  fins  ;  —  T.  celer, 
ibid. ,  i4, — Acarus  gallince ,  De  Geer,  Inseet. ,  VII,  vi,  i3. 

(2)  Acarus  eruditus ,  Schrank  ,  Enum.,  Inseet.  ,  Aust. ,  n»  io58,  tab. 
n  ,  1  ;  e'^nsd. ,  peciculus  musculi,  ibid.,  n°  1024,  1,  5. 

(3)  Voyez  Hermann ,  Mëm.  aptér. ,  genre  notaspe  ,•  et  Olivier,  Encycl. 
méthod. ,  inseet. ,  article  Oribate. 


286  ARACHNIDES    TRACHÉENNES. 

Les  Uropodes.  (  Uropoda.  Lat.  ) 

Qui  ont ,  à  ce  que  l'analogie  nous  fait  présumer  ,  des  ché- 
licères  en  pince  ;  dont  Jes  palpes  ne  sont  point  apparents 
ou  saillants;  dont  le  corps  est  encore  recouvert  d'une  peau 
écailleuse,  mais  qui  ont  des  pieds  très  courts  ,  et  un  fil  à  l'a- 
nus, au  moyen  duquel  ils  se  fixent  sur  le  corps  de  quelques 
insectes  coléoptères,  et  se  suspendent  en  l'air  (i). 

Les  Acarus.  (  Acarus.  Fab.  Latr. — Sarcoptes.  Latr.  ) 

Ayant,  ainsi  que  les  précédents,  deux  antenne-pinces 
didactyles ,  des  palpes  très  courts  ou  cachés,  mais  dont  le 
corps  est  très  mou  ou  sans  croûte  écailleuse. 

Les  tarses  ont,  à  leur  extrémité,  une  peiotte  vésiculeuse. 
Plusieurs  espèces  se  nourrissent  de  nos  substances  alimen- 
taires. D'autres  se  trouvent  dans  les  ulcères  de  la  gale  de 
l'homme,  de  celles  du  cheval,  du  chien,  du  chat  (2). 

D'autres  Mites  (  les  Tiques,  Riciniœ ,  Latr.  )  ont  aussi  huit 
pieds  et  uniquement  propres  à  la  course,  mais  sont  dépour- 
vus d'antenne-pinces  proprement  dites;  ces  organes  sont 
remplacés  par  deux  lames  en  lancettes,  formant,  avec  la  lan- 
guette, un  suçoir. 

Tantôt  elles  ont  des  yeux  distincts  ,  des  palpes  saillants  , 
filiformes  et  libres;  un  suçoir  composé  de  pièces  membra- 
neuses et  sans  dentelures,  et  le  corps  très  mou.  Elles  sont 
vagabondes. 

Les  Bdelles.  (Bdella.  Lat.  Fab  —  Scirus.  Henri.  ) 

Qui  ont  les  palpes  alongés,  coudés,  avec  des  soies  ou  des 
poils  au  bout;  quatre  yeux  et  les  pieds  postérieurs  plus  longs. 
Leur  suçoir  est  avancé  en  forme  de  bec  conique  ou  en  alêne. 


(1)  Acarus  vegelans ,  DeGéer,  Insect. ,  VII,  vu,  i5.V 'acarus  spini 
tarsus  d'Hermann,  Mém.  apt.,  vi,  5  ,   forme  peut  être  un  genre  inter- 
médiaire entre  celui-ci  et  le  précédent. 

(2)  Acarus  domesticus,  ~Dz  G.  ,  ïold. ,  v,  i~4  5  —  Acarus  siro ,  Fab.  ; 

jl%  scabiei,  ibid. ,  12,   i3  :  voyez  la  Dissertation  en  torme  de  thèse 

du  docteur  Galet;  —  A.  farinas , ibid.  ,  i5  ;  —  A.  avicularmn  ,  ibid.  • 
V1"  g  ;  —  A.  passerinus  ,  ibid. ,  12  ,  remarquable  par  la  grandeur  de  sa 
troisième  paire  de  pieds  ;  —  A.  dimidiatus ,  Herm.  ,  Mém.  apt.  vi,  4; 
—  Trombidium  expalpe,  ibid. ,  1 1  ,  8. 


FAMILLE    DES    HOLÈTRES.  2  87 

Elles  se  trouvent  sous  les  pierres  ,  les  écorces  d'arbres,  ou 

dans  la  mousse. 

La  Bdelle  rouge  {Acarus  longicornis ,  Lin.  5  La  Pince 
rouge  ,  Geoff.  )  Scirus  vulgaris ,  Herm. ,  Merci,  apt. ,  III ,  9  ; 
IX  ,  S.  Longue  à  peine  d'une  demi-ligne  ,  d'un  rouge  écar- 
late,  avec  les  pieds  plus  pâles.  Suçoir  en  forme  de  bec 
alougé  et  pointu.  Palpes  à  quatre  articles,  dont  le  premier 
et  le  dernier  plus  longs j  celui-ci  un  peu  plus  court,  et 
terminé  par  deux  soies.  —  Commune  aux  environs  de 
Paris  '7  sous  les  pierres  (1). 

Les  Smarides.  (Smaridia.  Latr. ) 

Se  distinguent  des  bdelles  par  les  palpes,  qui  ne  sont 
guère  plus  longs  que  le  suçoir  ,  droits  et  sans  soies  au  bout; 
par  leurs  yeux  au  nombre  de  deux,  et  en  ce  que  les  deux 
pieds  antérieurs  sont  plus  longs  que  les  autres  (2). 

Tantôt  cesmitesà  buit  pieds  et  sans  anlenne-pinces  n'ont 
point  d'yeux  perceptibles  ;  leurs  palpes  sont,  soit  antérieurs 
et  avancés,  mais  en  forme  de  valvules  élargies  ou  dilatées 
vers  le  bout,  servant  de  gaîne  au  suçoir,  soit  inférieurs;  les 
pièces  du  suçoir  sont  cornées,  très  dures  et  dentées;  le  corps 
est  revêtu  d'une  peau  coriace,  ou  a,  du  moins  en  avant,  une 
plaque  écailleuse. 

Ces  tiques  sont  parasites,  se  gorgent  du  sang  de  plusieurs 
animaux  vertébrés  ,  et  d'abord  très  aplaties,  acquièrent,  par 
la  succion  ,  un  très  grand  volume  et  une  forme  vésiculaive. 
Elles  sont  rondes  ou  ovales. 

Les  Ixodes.    (  Ixodes.  Lat.  Fab.  —  Cynorœsthes.  Herm.  ) 

Dont  les  palpes  engaînent  le  suçoir  et  forment  avec  lui 
un  bec  avancé,  court,  tronqué  et  un  peu  dilaté  au  bout. 
Les  ixodes  fréquentent  les  bois  fourrés  ,  s'accrochent  aux 


(1)  Scirus  longirostris ,  Herm.  ,  Mém.  apt.  ,  vi,  25  —  S.  lalirostris , 
ibid. ,  11 ,  m}  —  S.  setiroUris , ibid. ,  m  ,  12  ;  ix,  T. 

(2)  Acarus  sanibuci,  Schrank ,  et  peut-être  les  trombidions  suivants 
d'Kerman  ;  Miniatum  ,1,7;  —  PapiLlosum  ,  11 ,  65  —  Scjuammatwn  , 
ibid.  ,  7.  Le  second  est  même  très  voisin  de  l'espèce  qui  sert  de  type 
au  genre. 


288         ARACHNIDES  TRACHÉENNES. 

végétaux  peu  élevés,  par  les  deux  pieds  antérieurs ,  et  tien- 
nent les  autres  étendus.  Lis  s'attachent  aux  chiens,  aux 
bœufs  ,  aux  chevaux  ,  à  d'autres  quadrupèdes ,  et  même  aux 
tortues,  engagent  tellement  leur  suçoir  dans  leur  chair, 
qu'on  ne  peut  les  en  détacher  qu'avec  force  et  en  enlevant 
la  portion  de  chair  qui  lui  adhère.  Ils  pondent  une  quantité 
prodigieuse  d'œufs,  et  par  la  bouche,  suivant  M.  Chabrier. 
Leur  multiplication  sur  un  bœuf,  un  cheval ,  est  quelque- 
fois si  grande,  que  ces  animaux  en  périssent  d'épuisement. 
Leurs  tarses  sont  terminés  par  deux  crochets  insérés  sur  une 
palette,  ou  réunis  à  leur  base  sur  un  pédicule  commun. 

il  paraît  que  les  anciens  désignaient  ces  arachnides  sous 
le  nom  de  Ricin.  Les  piqueurs  appellent  Louvctte  l'espèce 
qui  se  fixe  sur  le  chien  ,  ou  la  suivante. 

\J ixode  ricin  {Acarus  ricinuSj\An.)  Acarus  reduvius 
De  G. ,  Insect.  ,  VII,  vi  ,  i  ,  i;  d'un  rouge  de  sang  foncé  , 
avec  la  plaque  écailleuse  antérieure  pius  foncée  )  côtés 
du  corps  rebordés,  un  peu  poilus;  palpes  engainant  le 
suçoir. 

VIxode  réticulé  (Reticulatus  3  Latr. ,  Fab.),  Acarus 
reduvius,  Schrank,  Enum.  insect.  ,  Aust.,  n°  io43  ,  m, 
i  ,  a;  Cynurhœstes piclus ,  Hermann;  cendré,  avec  de  pe- 
tites taches  et  de  petites  lignes  annulaires  d'un  brun  rou- 
peâtre  ;  bords  de  l'abdomen  striés  ;  palpes  presque  ovales. 
11  s'attache  aux  bœufs  ,  et  a,  lorsqu'il  est  tuméfié,  cinq 
à  six  lignes  de  longueur. 

L'étude  des  espèces  de  ce  genre  n'a  pas  été  suffisamment 
approfondie  (i). 

Les  Argas.  (  Argas,  Latr.  —  R.hynchoprion.  Herm.  ) 

Diffèrent  des  Ixodes  par  la  situation  inférieure  de  leur 
bouche  et  par  leurs  palpes  qui  n'en  gainent  pas  le  suçoir, 
ont  une  forme  conique  et  sont  composés  de  quatre  articles, 
et  non  de  trois,  comme  dans  le  genre  précédent. 


(i)  Acarus  œgfpiius,  Lin.  :  Herm.  ,  Mém.  apt.  ,    iv,  9;  L.  5  iv,    i3  ; 

Acarus  rhinocerolis ,  De  G.,  JjQsect. ,  VII,  xxxvm,  5,6;  — Acarus 

américanuSjiÀn.; — A.  nigua,  De  G. ,  iUd. ,  xxxvn,  9,  i3.  Voyez 
le  penre  ixocks  de  Fabricius  ,  et  le  travail  ge'ne'rai  du  docteur  Leach  sur 
les  insectes  aptères  de  Linnaîus  (Trans.  linn.  Soc. ,  tom.  XT). 


FAMILLE    DES    HOLÈTRES.  28() 

UArgas  bordé '( Ixodes  rejlexus ,  Fab.  )  Lat.  ,  Gen.  ciust. 
et  insect. ,  I,  vi,  3  ,  Herm.  ,  Mém.  apt.  ,  IV  ,  io;  n  ;  d'un 
jaunâtre  pâle,  avec  des  lignes  couleur  de  sang  foncé,  ou 
obscures  et  anastomosées.  —  Sur  les  pigeons,  dont  il  suce 
le  sang. 

Une  autre  espèce  ,  YArgas  de  Perse  {Malleh  de  Mianeli), 
décrite  par  des  voyageurs  sous  le  nom  de  punaise  veni- 
meuse de  Miana ,  a  été  ,  ainsi  que  d'autres  ixodes,  l'objet 
d'une  notice  très  curieuse,  publiée  par  M.  Gotthef  Fis- 
cher de  Waldheim. 

D'autres  Mites (  les  Hydrachnelles,  Hydrachnellœ ,  Lat.) 
ont  encore  huit  pieds,  mais  ciliés  et  propres  à  la  natation. 

Elles  forment  le  genre  Hydrachna  de  Mùller  (i),  ou  celui 
à'Athax  de  Fabricius,  et  vivent  uniquement  dans  l'eau.  Leur 
corps  est  généralement  ovale  ou  presque  globuleux  et  très 
mou.  Celui  de  quelques  mâles  se  rétrécit  postérieurement, 
d'une  manière  cylindrique  ou  en  forme  de  queue  ;  leurs  par- 
ties génitales  sont  placées  à  son  extrémité;  la  femelle  les  a 
sous  le  ventre.  Le  nombre  des  yeux  varie  de  deux  à  quatre, 
et  va  même  jusqu'à  six,  suivant  Millier. 

La  bouche  des  espèces  que  j'ai  pu  étudier  m'a  offert  les 
trois  modifications  suivantes,  et  qui  ont  servi  de  base  à  trois 
coupes  génériques  ,  mais  auxquelles  il  est  presque  im- 
possible de  rapporter  toutes  les  espèces  d'hydrachnes  de 
Millier,  ce  naturaliste  ne  les  ayant  pas  décrites  avec  assez 
de  détails. 

Les  Eylaïs.  (  Eylais.  Latr.  ) 

Qui  ont  des  antenne-pinces  terminées  par  un  crochet  mo- 
bile (2). 

Les  Hydrachnes.  (  Hydrachna.  Latr.  ) 

Dont  la  bouche  est  composée  de  lames  formant  un  suçoir 
avancé,  et  dont  les  palpes  ont,  sous  leur  extrémité,  un  ap- 
pendice mobile  (3). 


(1)  Hydrarachna ,  Herm. 

(2)  Atax  extendens,  Fab.  ;  Mùll. ,  ix ,  4- 

(3)  A.  geographicus ,  Fab.  ;  Mùll.  ,  vin,  3-5 
A.  globator,  Fab.  ,  Mùll.  ;  ix ,  1 . 

TOME    IV.  IQ 


290  ARACHNIDES    TRACHÉENNES. 

Les  LlMNOCHARES.  (LlMNOCHARES.  Latr.) 

Semblables  aux  Hydrachnes  par  la  bouche  en  suçoir,  mais 
dont  les  palpes  sont  simples  (1). 

D'autres  Mites  (  les  Microphthires,  Microphthira ,  Latr.  ) 
enfin  s'éloignent  de  toutes  les  autres  arachnides  par  le  nom- 
bre des  pieds,  qui  n'est  que  de  six. 

Elles  sont  toutes  parasites. 

Les  Caris.  (  Caris.  Lat.  ) 

Qui  ont  un  suçoir  et  des  palpes  apparents,  le  corps  ar- 
rondi, très  plat  et  revêtu  d'une  peau  écailleuse  (2). 

Les  Leptes.  (  Leptus.  Latr.  ) 

Avant  aussi  un  suçoir  et  des  palpes  apparents,  mais  dont 

le  corps  est  très  mou  et  ovoïde. 

Le  Lepte  automnal  (  Autumnalis) ,  Acarus  autumnalis , 
Shaw.,  Mise.  zool.  ,  tom.  II,  pi.  xlii  ,  espèce  très  com- 
mune en  automne  sur  les  graminées  et  d'autres  plantes. 
Elle  grimpe ,  s'insinue  dans  la  peau  ,  à  la  racine  des  poils, 
et  occasione  des  démangeaisons  aussi  insupportables 
que  celles  produites  par  la  gale.  On  le  connaît  sous  le  nom 
de  Rouget.  Il  est  en  effet  de  cette  couleur  et  très  petit. 
Les  autres  espèces  se  trouvent  sur  différents  insectes,  et 

rentrent  dans  la  division  des   Trombides  hexapodes  d'Her- 

mann  (3). 

Les  àclysies.  (A-clysia.  Aud.  ) 

Dont  le  corps  a  la  forme  d'une  cornemuse ,  avec  un  si- 
phon ,  sans  palpes  distincts,  situé  au-dessous  de  son  extré- 


(\\  Acarus  aquaticus  ,  Lin.  $  —  Acarus  aqualicus  holosericeus  , 
De  G. ,  Inseot.  ,  VII,  ix  ,  i5,  20;  — ■  Trombidiwn  acjua'icwn  ,  Herm., 
Mém.  apt. ,  I,  11. 

(aj  Caris  vespertilionis ,  Latr.,  Gêner,  crust.  et  insect. ,  I,  161. 

(3)  Trombidiwn  inseclorum  ,  Herm. ,  Mém.  apt.  1 ,  16  ;De  G. ,  insect , 
VII,  vu  ,  5;  — T.  latirostre ,  Herm.  ,  ibid.  ,  i5;  —  T.  comutuni ,  ibid., 
Iï,  it  •  — T.  aphidis  ,  ibid.  5  De  G. ,  Insect. ,  Vil ,  vu ,  1 4  ;  —  T.  Ubellulœ, 
Herm.  ,  ibid.  ;  De  G.  ,  ibid.  ,  vu,  9;  — T.  culicis,  Herm.  ,  ibid  ;  De  G. , 
ibid. ,  vu ,  1  2  ;  T.  lapidum  ,  Herm.  ,  ibid. ,  vu,  7. 


INSECTES    EN    GÉNÉRAL.  2Q1 

mité  antérieure,    qui    est  rétrécie  ,  courbée  et  obtuse;  les 

pieds  sont  très  petits. 

Les  aclysies  vivent  sur  le  corps  des  dytiques.  On  n'en 
avait  d'abord  découvertqu'nne  seule  espèce  {A. du  dytique, 
Mém.  de  la  Soc.  d'hist.  natur.  de  Paris,  tom.  i  ,  pag.  98, 
pi.  v,  fig.  i)y  celle  d'après  laquelle  M.  Victor  Audouin  a 
établi  ce  sous-genre.  Mais  M.  le  comte  de  Manheiren  ,  na- 
turaliste de  Russie,  qui  a  déjà  bien  mérité  de  la  science 
par  ses  essais  entomologiques  et  par  son  empressement  à 
seconder  les  efforts  de  ceux  qui  s'y  livrent,  en  a  décou- 
vert, à  ce  qu'il  paraît,  une  autre  espèce. 

Les  Atomes.  (  Atoma.   Latr.  ) 

N'ont  ni  suçoir  ni  palpes  visibles  ;  leur  bouche  ne  consiste 
qu'en  une  petite  ouverture  située  sur  la  poitrine.  Leur  corps 
est  ovale,  mou;  avec  les  pieds  très  courts (1). 

Les  OcypÈtes.  (  Ocypete.  ) 

De  M.  Leach  appartiennent  à  cette  tribu  par  le  nombre 
des  pieds,  mais  ont,  suivant  lui,  des  mandibules  (2). 


TROISIÈME  CLASSE  DES  ANIMAUX  ARTICULÉS 


ET  POURVUS    DE    PIEDS    ARTICULES. 


LES  INSECTES.  (Insecta.) 

Ont  des  pieds  articulés,  un  vaisseau  dorsal,  te- 
nant lieu  de  vestige  de  cœur,  mais  sans  aucune 
branche  pour  la  circulation  (3)  ;  respirent  par  deux 

(1)  Acarus  parasiticus ,  De  G.,  VII.  ,  vu,  7;  Trombidium  parasiti- 
cum ,  Hermann. 

(2)  Ocypete  rubra ,  Leach,  Trans.  lin.  Soc.  ,  tom.  XI,  396.  Sur  les 
iipulaires. 

(3)  Les  anatomistes  sont  très  partagés  à  l'égard  de  la  nature   de  cet 

'9* 


2Q2  DES    INSECTES 

trachées  principales  ,  s'étendant  ,  parallèlement 
l'une  à  l'au Ire ,  dans  toute  la  longueur  du  corps, 
ayant  par  intervalles  des  centres  d'où  partent 
beaucoup    de    rameaux ,    et  qui  répondent   à  des 

organes  :  plusieurs  y  voient  un  véritable  cœur;  d'autres,  et  telle  est  l'opi- 
nion de  M.  Cuvier  ,  et  qui  nous  paraît  avoir  été  pleinement  confirmée  par 
les  belles   recherches  de  M.  Marcel  de  Serres  (Mémoire  sur  le  vaisseau 
dorsal  des  insectes ,  inséré  dans  le  Recueil  des  Mémoires  du  Muséum 
dlrist.  natur.),  lui  refusent  cette  qualité.  Suivant  ce  dernier,  il  sécréte- 
rait la  graisse  ,  qui  serait  ensuite  élaborée  dans  le  tissu  adipeux  qui  l'en- 
veloppe.. Lyonet  dit  qu'il  renferme  une  substance  gommeuse  de  couleur 
orangée.    Quelques  observations   très  récentes  paraissent  établir  l'exis- 
tence  de   quelques   petils  vaisseaux  5   mais,    outre  que  cette  circulation 
serait  très  partielle ,  les  insectes  différeraient  toujours  beaucoup  sous  ce 
rapport  des  crustacés ,  en  ce   que  le  sang  ne  reviendrait  point  au  cœur. 
M.   Straus,   en  rendant  compte   (Bulletin  univers,  de  M.  le  baron  de 
Férussac)  d'un  Mémoire  de  M.  Hérold  sur  ce  sujet ,  nous  a  fait  connaître 
l'opinion  qu'il  s'est  formée  à  cet  égard  ,  d'après   ses   recherches  anato- 
miques    sur  le  hanneton.    «   Le  vaisseau   dorsal,  dit-il,  est  le  véritable 
cœur  des  insectes,  étant,  comme  chez  les  animaux  supérieurs,  l'organe 
locomoteur  du  sang  ,  qui7  au  lieu  d'être  contenu  dans  des  vaisseaux,  est 
répandu  dans  la  cavité  générale  du  corps.  Ce  cœur  occupe  toute  la  lon- 
gueur du  dos  de  l'abdomen ,  et  se  termine  antérieurement  par  une  artère 
unique ,  non  ramifiée,  qui  transporte  le  sang  dans  la  tète,  où  elle  l'épan- 
ché ,  et  d'où  il  revient  dans  l'abdomen ,  par  l'effet  même  de  son  accumu- 
lation dans  la  tête  ,  pour  rentrer  de  nouveau  dans  le  cœur  ;  et  c'est  à  quoi 
se  réduit  toute  la  circulation  sanguine  chez  les  insectes,  qui  n'ont  ainsi 
qu'une  seule  artère  sans  branches,  et  point  de  veines.  Les  ailes  du  cœur 
ne  sont  pas  musculeuses,  comme  le  prétend  Hérold  ;  ce  sont  de  simples 
ligaments  fibreux  qui  maintiennent  le  vaisseau  dorsal  en  place.  Le  cœur, 
c'est-à-dire  la  partie  abdominale  du  vaisseau ,  est  divisé  intérieurement 
en  huit   chambres  (jnelolontha  vulgaris)  ,   séparées  les  unes  des   autres 
par  deux  valvules  convergentes,   qui  permettent  au  sang  de  se  porter 
d'arrière  en  avant  d'une  chambre  dans  l'autre,  jusque  dans  l'artère  qui  le 
conduit  dans  la  tête,   mais  qui  s'opposent  à  son  mouvement  rétrograde. 
Chaque  chambre  porte  latéralement,  à  sa  partie  antérieure  ,  deux  ouver- 
tures en  forme  de  fentes  transversales  ,  qui  Communiquent  a'vec  la  cavité 
abdominale,   et  par  lesquelles  le  sang  contenu  dans  cette  dernière  peut 
entrer  daus  le  cœur.  Chacune  de  ces  ouvertures  est  munie  intérieurement 
d'une  petite  valvule  en  forme  de  demi-cercle  ,  qui  s'applique  sur  elle 


EN    GÉNÉRAL.  2()3 

ouvertures  extérieures  ou  des  stigmates  (1)  pour 
l'entrée  de  l'air.  Ils  ont  tous  deux  antennes  et 
une  tête  distincte.  Le  système  nerveux  de  Ja 
plupart    des    insectes    (    les    hexapodes    )  ,      est 

lors  du  mouvement  de  systole.  D'après  cette  courte  description,  on  con- 
çoit que ,  lorsque  la  chambre  postérieure  vient  à  se  dilater ,  le  sang  con- 
tenu dans  la  cavité  abdominale  y  pénètre  par  les  deux  ouvertures  dont 
nous  venons   de  parler ,  et  que  nous  nommons  auriculo-ventriculaires . 
Quand  la  chambre  se  contracte,  le  sang  qu'elle  contient  ne  pouvant  pas 
retourner  dans  la  cavité  abdominale  ,  pousse  la  valvule  interventricu- 
laire,   passe  dans  la  seconde  chambre,  qui  se  dilate  pour  le  recevoir,  et 
qui  reçoit  en  même  temps  une  certaine  quantité  de  sang  par  les  propres 
ouvertures   auriculo-ventriculaires.  Lors  du  mouvement  de  systole  de 
cette  seconde  chambre,  le  sang  passe  de  même  dans  la  troisième,  qui  en 
reçoit  également  par  les  ouvertures  latérales,  et  c'est  ainsi  que  le  sang 
est  poussé  d'une  chambre  dans  l'autre  jusque  dans  l'artère.  Ce  sont  ces 
contractions  successives  des  chambres  du  coeur  qu'on  aperçoit  au  travers 
de  la  peau  des  chenilles.  »  Le  cœur  des  crustacés  décapodes ,  des  souilles  , 
des  limules,  des  araignées,  etc. ,  offre  aussi,  d'après  ce  que  m'a  assuré  ce 
profond  observateur,  des  valvules  semblables.  IL  est  renfermé  dans  une 
espèce  de  sac  ou  péricarde,  qui ,  suivant  lui,  tient  lieu  d'oreillette.  Ces 
divisions  ou  chambres  du  vaisseau  dorsal  sont  ce  que  Lyonet  nomme 
ailes,  et  il  a  pareillement  vu  le  vaisseau  dorsal  se  prolonger  jusqu'à  la  tête, 
et  s'y  terminer  de  la  même  manière  ;  mais  il  n'a  point  aperçu  les  ouver- 
tures^ les  valvules  dont  parle  M.  Straus.  La  définition  du  vaisseaudorsal 
donnée  par  ce  naturaliste,   quelle  que  soit   la  composition  intérieure  de 
cet  organe,  prouve  évidemment  que  ce  n'est  point  un  véritable  cœur. 
Ces  observations,   d'ailleurs  ,  ne  nous  apprennent  point  quelle  est  la  na- 
ture de  ce  liquide,  ni  comment  il  se  répand  dans  les  autres  parties  du 
corps  pour  opérer  leur  nutrition.  Toujours  est-il  certain,  d'après  les  obser- 
vations de  Lyonet,  que  toutes  les  parties  du  corps  communiquent  avec  le 
corps  graisseux  au  moyen  de  fibrilles.  Les  trachées  jettent  des  rameaux 
qui  s'étendent  jusque    dans   les   extrémités   des  divers   appendices   du 
corps.  L'action  de  l'air  peut  déterminer  l'ascension  des  sucs  nutritifs  dans 
'es  interstices ,  formant  des  sortes  de  tubes  capillaires. 

(i)  Le  nombre  des  segments  du  corps  des  myriapodes  étant  indéter- 
miné ,  celui  de  leurs  stigmates  l'est  aussi ,  et  va  souvent  au-delà  de  vingt» 
Dans  les  insectes  hexapodes,  il  est  souvent  de  dix-huit,  neuf  de  chaque 
côté.  Cette  évaluation,  néanmoins,  est  plutôt  fondée  sur  l'animal  en,  état 
de  iarve  que  dans  son  état  parfait.  Les  chenilles ,  les  larves  de  coléoptères 


20)4  DES    INSECTES 

généralement  composé  d'un  cerveau  formé  de  deux 
ganglions-opposés,  réunis  par  leurs  bases,  donnant 
huit  paires  de  nerfs  et  deux  nerfs  solitaires,  et  de 
douze  ganglions  (1)  ,  tous  inférieurs.  Les  deux  pre- 
miers sont  situés  près  de  la  jonction  de  la  lête  avec 
le  thorax ,  et  contiguslongitudinalement;  l'antérieur 
donne  des  nerfs  à  la  lèvre  inférieure  et  aux  parties 

et  celles  d'un  grand  nombre  de  divers  autres  insectes,  ont  une  paire  de 
stigmates  sur  le  premier  segment,  ou  celui  qui  porte  la  première  paire  de 
pieds;   le  second  et  le  troisième  en  sont  de'pourvus,  parce  que,  je  pré- 
sume, le  développement  des  ailes  qui  a  lieu  dans  ces  anneaux,  rend  ici 
inutile  la  pre'sence  d'ouvertures  respiratoires.  Le  quatrième  anneau  et  les 
sept  suivants  en  offrent  chacun  une  paire  ;  mais  dans  les  cole'optères  en 
■    état  parfait,  outre  les  deux  stigmates  antérieurs,  cachés  dans  la  cavité 
du  prothorax  ou  corselet,  et  qu'on  n'avait  pas  aperçus,  on  en  voit  deux 
autres  ,  situés  entre  l'origine  des  élytres  et  celle  des  ailes;  ce  sont  ceux  du 
mésothorax.   Il  n'y  eu  a  point  au  métathorax  ,  à  moins  qu'on  ne  consi- 
dère les  deux  du  premier  segment  abdominal  comme  supplémentaires  du 
thorax,    en    se  fondant  sur    ce   qui   a    lieu   dans    les    hyménoptères   à 
abdomen    pédicule  et    les   diptères,    où  ces   deux    stigmates,   avec    le 
demi-segment  dont  ils  dépendent,  font  partie  du  thorax.  Ainsi,  en  gé- 
néral,  tous  les  insectes  hexapodes  ont  huit  paires  de  stigmates  à  l'abdo- 
men ,  mais  dont  les  deux  dernières  souvent  oblitérées.  Dans  les  criquets, 
les  truxales,  les  libellules ,  les  côtés  du  mésolhorax  offreat  chacun  un 
stigmate,   ceux  que  M.   Marcel  de  Serres  nomme  trémaères.  Dans  ces 
derniers  insectes,  ainsi  que  dans  les  autres  à  ailes  nues  ou  sans  élytres, 
les  deux  premiers  stigmates  thoraciques  sont  placés  en  dessus ,  entre  le 
prothorax  et  le  mésothorax.  Les  libellules  exceptées,  le  thorax  proprement 
dit  ne  présente  plus  ensuite  de  stigmates  distincts  ;.je  dis  le  thorax  pro- 
prement dit,   parce  que,  comme  nous  l'avons  remarqué  plus  haut,  les 
deux  premiers  de  l'abdomen  sont  reportés  ,  dans  plusieurs,  à  l'extrémité 
postérieure  du  thorax.  Le  métathorax  des  pentatomes  ,  des   scutellères, 
offre  inférieurement  une  paire  de  stigmates.  Dans  les  spectres  aptères , 
le  second  segment  ou  mésothorax  en  est  dépourvu;   mais  le  segment  sui- 
vant ou  le  métathorax  en  a   deux  paires ,  Fune  antérieure ,  et  qui   étant 
située  près  de  l'articulation  de  ce  segment  avec  le  précédent,  peut  être 
censée  appartenir  à  celui-ci ,  et  l'autre  plus  petite  et  placée  très  près  de 
celle  du  premier  segment  abdominal. 

(i^  Divers poléoptères  lamellicornes ,  en  état  parfait ,  font  exception. 


EN  GÉNÉRAL.  2g5 

adjacentes  ;   le  second    et  les    deux  suivants  sont 
propres  à  chacun  des  trois  premiers  segments  ou 
ceux  qui  dans  les  insectes  hexapodes,  composent 
le  thorax  ;  les  autres  ganglions  appartiennent  à  l'ab- 
domen ,  de  manière  que  le  dernier  ou   le  douzième 
correspond  à  son  septième  anneau,   suivi  immédia- 
tement de  ceux  qui  composent  les  organes  sexuels  ; 
chacun  de  ces  ganglions  donne  des  nerfs  aux  parties 
de  leurs  segments  respectifs.  Les  deux  derniers,  très 
rapprochés,  en  donnent  aussi  aux  derniers  anneaux 
du  corps.  La  région  frontale  offre  trois  ganglions 
particuliers,  désignés  par  Lyonet   sous    le  nom  de 
frontaux  y  et  dont  le  premier  produit  postérieure- 
ment  un  gros  nerf  ayant  des  renflements  ,   le  plus 
long  de  tous,  et  qu'il  nomme  récurrent.  Le  premier 
ganglion  ordinaire  ou  le  sous-œsophagien  pousse , 
selon  lui,  quatre  paires  de  nerfs,,  et  les  suivants  deux 
paires  chacun;  de  sorte  qu'en  y  comptant  les  huit 
paires  du  cerveau  ,  les  dix  brides  épinières  que  l'on 
peut  considérer  comme  autant  de  paires  de  nerfs  , 
on  en  a,  en  tout,   quarante-cinq  paires,   indépen- 
damment des  deux  nerfs  solitaires ,  ou  douze  à  qua- 
torze de  plus  que  n'en  offre  le  corps  humain.  Les 
deux  cordons  nerveux,  qui  forment  par  leur  réu- 
nion les  ganglions ,   sont  tabulaires  et  composés  de 
deux  tuniques,  dont  l'extérieure  offre  des  trachées; 
une  substance  médullaire  remplit. le  canal  central. 
Le  bel  ouvrage  de  M.  Hérold ,   sur  l'anatornie  de 
la  chenille  du  grand  papillon  du  chou,  étudiée  dans 


296  INSECTES 

sa  croissance  progressive  et  jusqu'à  sa  transforma- 
tion en  chrysalide ,  nous  montre  que  le  système  ner- 
veux et  celui  des  organes  digestifs  éprouvent  des 
changements    notables;    que  les  cordons  nerveux 
sont  dans  l'origine  plus  longs  et  plus  écartés,  obser- 
vation qui  favorise  l'opinion  de  l'un  des  plus  grands 
zootomistes  de  notre  époque ,  le  docteur  Serres  , 
sur  l'origine  et  le  développement  du  système  ner- 
veux. Nous  avons  exposé  dans  les  généralités  com- 
munes aux  trois  classes  des   animaux  articulés   et 
pourvus  de  pieds  articulés,   les  divers  sentiments 
des  physiologistes  sur  le  siège  des  sens   de  l'ouïe 
et  de  l'odorat.  Nous  nous  bornerons  à  ajouter  qu'à 
l'égard  du  premier^  les  petits  ganglions  nerveux  , 
situés  sur  le  front ;  dont  nous  avons  parlé,  semblent 
confirmer  l'opinion  de   ceux  qui,  tels  que  Scarpa, 
placent  ce  sens  près  de  la  naissance  des  antennes. 
Quelques  lépidoptères  m'ont  offert  deux  petits  trous 
situés  près  des  yeux,  et  qui  sont  peut-être  des  con- 
duits auditifs.    Si,   dans   plusieurs    insectes,     no- 
tamment ceux  qui  ont  les  antennes  filiformes,   ou 
sétacées  et  longues  ,  ces  organes  servent  au  tact,  il 
nous  paraît  difficile  de  rendre  raison  du  développe- 
ment extraordinaire  qu'ils  acquièrent  dans  certaines 
familles,  et  plus  particulièrement  dans  les  mâles, 
si  l'on  n'admet  point  qu'ils  sont  alors  le  siège  de 
l'odorat.  Peut-être  aussi  que,  relativement  au  goût, 
les  palpes  jouent ,  dans  quelques  cas  ,  comme  lors- 
qu'ils sont  très  dilatés  à  leur  extrémité ,  le  principal 


EN    GÉNÉRAL.  297 

rôle  ;  la  languette  encore  peut  n'être  pas  étrangère 
à  cette  fonction. 

Un  appareil  préparateur  ou  buccal ,  le  canal  in- 
testinal ,  les  vaisseaux  biliaires ,  nommés  aussi  hé- 
patiques,  ceux  qu'on  appelle  saliv  aires  y    mais  qui 
sont  moins  généraux ,  ces  vaisseaux  libres  ou  flot- 
tants qui  ont   reçu  la  dénomination    d'excrémen- 
tiels,  l'épiploon  ou  le  corps  graisseux,  et  proba- 
blement encore  le  vaisseau  dorsal ,  telles   sont  les 
considérations  qu'embrasse  le  système  digestif.  Il  est 
singulièrement  modifié  selon  la  diversrté  des  aliments, 
ou  forme  un  grand  nombre  de  types  particuliers, 
dont  nous  ferons  l'exposition  ,  en  traitant  des  famil- 
les. Nous  dirons  seulement  un  mot  del'appareilbuc- 
cal,  et  des  divisions  principales  du  canal  intestinal , 
en  commençant  par  celui-ci.  Dans  ceux,  tels  que  les 
coléoptères  carnassiers ,  où  il  est  le  plus  composé  , 
on  y  distingue  le  pharynx,    l'œsophage,    le  jabot, 
le  gésier,  l'estomac  ou  ventricule  chylifique  ,  et  des 
intestins  que  l'on  divise  en  intestins  grêles,  en  gros 
intestin  ou  cœcum  ,  et  en  rectum.  Dans  les  insectes 
où  la  langue  proprement  dite  est  appliquée  sur  la 
face  antérieure  ou  interne  de  la  lèvre,   ou  n'est  pas 
dégagée  ,  le  pharynx  est  situé  sur  cette  même  face  : 
c'est  ce  qui  a  généralement  lieu(i).    Nous  ajoute- 
rons encore  qu'à  l'égard  des  vaisseaux  biliaires  ,  un 
naturaliste  qui  nous  avait  donné  le  premier  de  bonnes 

..  ,  —  ■■■■        — 

(1)  Voyez  ce  que  nous  avons  dit  -  dans  les  ge'ne'ralite's  des  trois  classes , 
à  l'occasion  de  la  languette 


298  DES      INSECTES 

observations  sur  les  organes  respiratoires  des  my- 
gales, M.  Gaëde  ,  professeur  d'Histoire  naturelle  à 
Liège,  ne  considère  point  ces  vaisseaux  comme 
sécréteurs,  ainsi  qu'on  le  pense  communément  ; 
mais  cette  opinion  ne  paraît  pas  suffisamment  mo- 
tivée, et  les  observations  de  M.  Léon  Dufour  (1), 
semblent  même  la  détruire. 

Des  insectes,  en  petit  nombre  et  toujours  sans  ailes, 
tels  que  les  Myriapodes  ou  les  Mille-pieds y  se  rap- 
prochent de  plusieurs  crustacés ,  soit  par  la  quantité 
des  anneaux  du  corps  et  de  leurs  pieds  ,  soit  par 
quelques  traits  d'analogie  dans  la  conformation 
des  parties  de  la  bouche  ;  mais  tous  les  autres  n'ont 
constamment  que  six  pieds,  et  leur  corps,  dont  le 
nombre  des  segments  ne  surpasse  jamais  celui  de 
douze ,  est  toujours  partagé  en  trois  portions  prin- 
cipales, X^tête,  le  tronc  elX abdomen.  Parmi  ces 
derniers ,  quelques-uns  n'ont  point  d'ailes ,  con- 
servent toute  leur  vie  la  forme  qu'ils  avaient  en 
naissant,  et  ne  font  que  croître  et  changer  de 
peau  (2).  Ils  ont,  à  cet  égard,  des  rapports  avec 
les  animaux  des  classes  précédentes.  Les  antres  in- 


(1)  Ce  dernier  naturaliste,  que  j'aurai  souvent  occasion  de  citer,  a 
exposé  avec  le  plus  grand  de'tail  tout  ce  qui  a  rapport  au  système  diges- 
tif des  insectes,  dans  une  suite  de  beaux  Me'moires  ,  qui  ont  contribué  à 
enrichir  les  Annales  des  sciences  naturelles.  M.  Victor  Audouin  en  a  offert 
un  résumé  très  bien  fait,  à  son  article  Insectes,  du  Dictionnaire  classique 
d'histoire  naturelle. 

(2)  Ce  sont  ceux  que  je  nomme  homotènes  (semblable  jusqu'à  la  fin)  , 
ou  les  ameiobolia  de  M.  Leach. 


EN    GÉNÉRAL.  2Cjg 

sectes  à  six  pieds  ont  presque  tous  des  ailes  ;  mais 
ces  derniers  organes,  et  souvent  même  les  pieds, 
ne  paraissent  pas  d'abord ,  et  ne  se  développent 
qu'à  la  suite  de  changements  plus  ou  moins  remar- 
quables, nommés  métamorphoses }  et  que  nous  fe- 
rons bientôt  connaître. 

La  tête  (1)  porte  les  antennes y  les  jeux  et  la  bou- 
che. La  composition  et  la  forme  des  antennes  varient 
beaucoup  plus  que  dans  les  crustacés,  et  sont  sou- 
vent plus  développées  ou  plus  longues  dans  les  mâles 
que  dans  les  femelles. 

Les  jeux  sont  composés  ou  lisses  :  les  premiers, 
d'après  les  recherches  de  M.  le  baron  Cuvier,  Marcel, 
de  Serres  et  autres,  sont  formés  :  i°  d'une  cornée, 
divisée  en  une  multitude  de  petites  facettes,  d'au- 
tant plus  convexe  que  l'insecte  est  plus  carnassier, 
enduite  à  sa  face  interne  d'une  substance  peu  li- 
quide, opaque,  diversement  colorée,  mais  ordi- 
nairement noire,  ou  d'un  violet  sombre;  2°  d'une 
choroïde,  fixée  dans  son  contour  et  par  ses  bords, 
à  la  cornée,  recouverte  d'un  vernis  noir,  offrant 
une  multitude  de  vaisseaux  aériens  ,  provenant  de 
troncs  assez  gros  de  trachées  situées  dans  la  tête,  et 
dont  les  rameaux  forment  autour  de  l'œil  une  tra- 


(i)  Sa  surface  est  divise'e  en  plusieurs  petites  régions  ou  aires ,  qu'on 
nomme  chaperon  (  nez,  Kirby,  ),  la  face,  le  front,  le  vertex  ou  sommet? 
les  joues.  La  de'nomiuation  de  chaperon  étant  e'quivoque,  je  l'ai  rem- 
placée par  celle  iïepistome  ou  sur-bouche.  Cette  partie  sert  d'insertion 
au  labre  ou  lèvre  supérieure.. 


300  DES    INSECTES 

chée  circulaire  :  elle  manque  ainsi  que  la  choroïde, 
dans  divers  insectes  lncifuges  ;  3°  de  nerfs  qui  nais- 
sent d'un  gros  tronc,  partant  immédiatement  du 
cerveau ,  s'épanouissant  ensuite  en  forme  de  cône 
renversé ,  et  dont  la  base  est  du  côté  de  la  cornée , 
et  dont  les  rayons  ou  filets  traversant  la  choroïde  et 
l'enduit  de  la  cor-née ,  aboutissent  chacun  à  l'une 
de  ses  facettes;  il  n'y  a  ni  cristallin,  ni  humeur 
vitrée. 

Plusieurs  ont^  outre  les  yeux  composés,  des  yeux 
lisses,  ou  dont  la  cornée  est  tout  unie.  Ils  sont 
ordinairement  au  nombre  de  trois,  et  disposés  en 
triangle  sur  le  sommet  de  la  tête.  Dans  la  plupart 
des  insectes  aptères  et  des  larves  de  ceux  qui 
sont  ailés,  ils  remplacent  les  précédents,  et  sont 
souvent  réunis  en  groupe  ;  à  en  juger  par  ceux  des 
arachnides,  ils  devraient  être  propres  à  la  vi- 
sion. 

La  bouche  des  insectes  à  six  pieds  est ,  en  gé- 
néral, composée  de  six  pièces  principales,  dont 
quatre  latérales ,  disposées  par  paires ,  et  se  mou- 
vant transversalement;  les  deux  autres  ,  opposées 
l'une  à  l'autre,  dans  un  sens  contraire  à  celui  des 
précédentes ,  remplissent  les  vides  compris  entre 
elles  :  l'une  est  située  au-dessus  de  la  paire  supé- 
rieure, et  l'autre  au-dessous  de  l'inférieure.  Dans 
les  insectes  broyeurs  ou  qui  se  nourrissent  de  ma- 
tières solides ,  les  quatre  pièces  latérales  font  l'office 
de  mâchoires,    et  les  deux  autres  sont  considérées 


ES    GÉNÉRAL.  5()l 

comme  des  lèvres  ;  mais  comme  nous  l'avons  déjà 
observé  ,  les  deux  mâchoires  supérieures  ont  été 
distinguées  par  la  dénomination  particulière  de 
mandibules  j  les  deux  autres  ont  seules  conservé  celle 
de  mâchoires  ;  elles  ont  d'ailleurs  un  ou  deux  filets 
articulés,  qu'on  appelle  palpes  ou  aniennules ,  ca- 
ractère que  n'offrent  jamais,  dans  cette  classe,  les 
mandibules.  Leur  extrémité  se  termine  souvent  par 
deux  divisions  ou  lobes,  dont  l'extérieure  est  nom- 
mée, dans  l'ordre  des  orthoptères  ,  galète.  Nous 
avons  encore  dit  qu'on  était  convenu  d'appeler 
labre  la  lèvre  supérieure.  L'autre  ,  ou  la  lèvre  pro- 
prement dite,  est  formée  de  deux  parties;  l'une 
plus  solide  et  inférieure  est  le  menton;  la  supé- 
rieure ,  et  qui  porte  le  plus  souvent  deux  palpes,  est 
la  languette  (1).  \ 

Dans  les  insectes  suceurs,   ou  ceux  qui  ne  pren- 


(i)  Voyez  ce  que  nous  avons  dit  à  cet  égard  dans  les  généralités  qui 
précèdent  l'exposition  particulière  de  chaque  classe.  La  lèvre  inférieure 
ne  nous  paraît  être  qu'une  modification  des  secondes  mâchoires  des  crus- 
tacés décapodes,  combinée  avec  leur  languette.  Les  changements  qu'é- 
prouvent  graduellement  ces  parties  clans  les  crustacés  ,  les  arachnides  et 
myriapodes,] nous  donnent  lieu  de  le  présumer.  Dans  cette  hypothèse, 
les  six  pieds  thoraciques  seraient  les  analogues  des  pieds-mâchoires ,  et 
cela  a  déjà  été  reconnu  par  rapport  aux  crustacés  du  genre  apus.  Dès  lors 
les  cinq  premiers  segments  de  l'abdomen  des  insectes  hexapodes  repré- 
senteraient ceux  qui,  dans  les  crustacés  décapodes,  portent  les  pieds 
proprement  dits,  ou  bien  les  troisièmes  et  les  quatre  suivants  des  crustacés 
amphipodes  et  isopodes.  Tous  les  travaux  qu'on  a  publiés  sur  le  thorax 
des  insectes ,  quoique  très  utiles  et  très  recommandables  d'ailleurs ,  subi- 
ront nécessairement  des  changements  essentiels ,  lorsqu'on  comparera 
cette  partie  du  corps  dans  les  trois  classes  des  animaux  articulés  et  à  pieds 
articulés.  La  nomenclature  est  loin  d'être  fixée  à  cet  égard. 


002  DES     INSECTES 

rient  que  des  aliments  fluides ,  ces  divers  organes 
de  la  manducation  se  présentent  sous  deux  sortes 
de  modifications  générales  :  dans  la  première  ,  les 
mandibules  et  les  mâchoires  sont  remplacées  par 
de  petites  lames  en  forme  de  soies  ou  de  lancettes , 
composant ,  par  leur  réunion  ,  une  sorte  de  suçoir  , 
qui  est  reçu  dans  une  gaine  tenant  lieu  de  lèvre , 
soit  cylindrique  ou  conique  et  articulée  en  forme 
de  bec  (  le  rostre  )  -,  soit  membraneuse  ou  charnue', 
inarticulée  et  terminée  par  deux  lèvres  (  la  trompe  ). 
Le  labre  est  triangulaire  ,  voûté,  et  recouvre  la  base 
du  suçoir.  Dans  la  seconde  sorte  d'organisation , 
le  labre  el  les  mandibules  sont  presque  oblitérés  ou 
extrêmement  petits:  la  lèvre  n'est  plus  un  corps 
libre  et  ne  se  distingue  que  parla  présence  de  deux 
palpes,  dont  elle  est  le  support;  les  mâchoires  ont 
acquis  une  longueur  extraordinaire  ,  sont  trans- 
formées en  deux  filets  tubuleux,  qui,  se  réunissant 
parleurs  bords,  forment  une  espèce  de  trompe, 
se  roulant  en  spirale,  et  qu'on  nomme  langue, 
mais  que ,  pour  éviter  tout  équivoque ,  il  serait  pré- 
férable d'appeler  spiritrompe  (spirignathd)\  son  in- 
térieur présente  trois  canaux,  dont  celui  du  milieu 
est  le  conduit  des  sucs  nutritifs.  A  la  base  de  chacun 
de  ces  filets  est  un  palpe ,  ordinairement  très  petit, 
et  peu  apparent. 

Les  myriapodes  ou  mille-pieds  sont  les  seuls  dont 
la  bouche  offre  un  autre  type  d'organisation,  que 
j'exposerai  en  traitant  de  ces  insectes. 


1 
EN    GÊNÉ  UAL.  5o.") 


Le  tronc  (1)  des  insectes  ,  ou  cette  portion  inter- 
médiaire de  leurs  corps  portant  les  pieds  ,  est  gé- 
néralement désigné  sous  le  nom  latin  de  thorax , 
qu'on  a  rendu  dans  notre  langue  par  celui  de  cor- 
selet. Il  est  composé  de  trois  segments,  qu'on  n'avait 
pas  d'abord  bien  distingués,  et  dont  les  proportions 
relatives  varient.  Tantôt  ^  comme  dans  les  coléop- 
tères ,  l'antérieur  beaucoup  plus  grand ,  séparé 
du  suivant  par  une  articulation  ,  mobile  et  seul 
découvert,  paraît  au  premier  coup  d'œil  com- 
poser à  lui  seul  le  tronc ,  et  porte  le  nom  de 
thotax  ou  corselet j  tantôt,  comme  dans  les  hymé- 
noptères, les  lépidoptères,  etc.,  beaucoup  plus 
court  que  le  suivant,  il  a  la  (orme  d'un  collier 
ou  d'un  rebord,  et  il  constitue  avec  les  deux  autres 
un  corps  commun  ,  tenant  à  l'abdomen  par  un 
pédicule,  ou  intimement  uni  avec  lui,  dans  toute 
sa  largeur  postérieure ,  et  qu'on  appelle  encore 
thorax.  Ces  distinctions  établies  à  cet  égard  ,  étaient 


(i)  Cette  dénomination  est  ici  synonyme  de  celle  de  thorax.  Je  pense 
qu'afin  d'éviter  tout  embarras ,  il  ne  faudrait  appliquer  la  première  qu'aux 
insectes  aptères  de  Linnaeus ,  ayant  plus  de  six  pieds ,  et  où  ces  organes 
seraient  portés  sur  des  segments  propres,  c'est-à-dire  où  la  tète  serait 
distincte  du  tronc.  A  l'égard  des  crustacés  où  ces  parties  du  corps  se 
confondent,  le  thorax  prendrait  le.  nom  de  thor acide  (thoracida),  et  celui 
de  céphalothorax  (céphalothorax) ,  quant  aux  arachnides  ,  animaux  pré- 
sentant le  même  caractère ,  mais  où  le  tronc  ou  thorax  est  plus  simple  et 
muni  d'appendices  moins  nombreux.  Les  entomostracés  se  rapprochent 
même,  sous  ce  rapport ,  de  ces  derniers  animaux  ;  mais  comme  ils  appar- 
tiennent à  une  autre  classe ,  l'on  conserverait  encore  pour  eux  l'expres- 
sion de  thoracide;  celle  de  thorax  serait  exclusivement  réservée  aux  in- 
sectes hexapodes. 


OC>4  DES    INSECTES 

insuffisantes  et  souvent  ambiguës ,  attendu  qu'elles 
ne  reposaient  point  sur  une  division  ternaire  ,  que 
j'ai  nettement  annoncée  dans  la  première  édition 
de  cet  ouvrage ,  comme  un  caractère  propre  aux 
insectes  hexapodes.  M.  Kirby  ayant  déjà  employé 
la  dénomination  de  métathorax,  pour  distinguer 
V  arrière -thorax  [\) ,  celles  de  prothorax  et  de  meso- 
thorax ,  la  division  ternaire  une  fois  établie,  se  pré- 
sentaient naturellement  à  la  pensée,  et  c'est  le  cé- 
lèbre professeur  Nitzsch,  qui  en  a  le  premier  fait 
usage.    Quelques   naturalistes    ont   depuis    nommé 


(i)  Ce  segment  ne  doit  pas  être  restreint,  dans  les  hyménoptères,  à 
cette  division  supérieure,  très  courte  et  transverse  du  thorax,  sur  les 
côtes  de  laquelle  sont  insérées  les  secondes  ailes.  Il  est  encore  formé  de 
cette  portion  thoracique  qui  s'étend  en  arrière  jusque  l'origine  de  l'ab- 
domen, et  c'est  ce  que  prouve  e'videmment  la  position  des  deux  derniers 
stigmates  du  tronc  ,  puisqu'ils  sont  place's  sur  les  côte's  de  cette  extré- 
mite' ,  derrière  les  ailes ,  et  au-dessus  des  deux  dernières  pattes.  Je  pense 
même  que  cette  observation  doit  s'appliquer  à  tous  les  insectes  aile's.  Leur 
métathorax  sera  divisé,  du  moins  supérieurement,  en  deux  parties  ou 
demi-segments  ,  l'une  portant ,  dans  les  tétraptères  ,  les  secondes  ailes  et 
sans  stigmates ,  et  l'autre  en  étant  pourvue  ;  celle-ci  tantôt  paraît  dépendre 
de  l'abdomen,  comme  dans  presque  tous  les  insectes,  à  l'exception  des 
hyménoptères  à  abdomen  pédicule,  les  rhipiptères  et  les  diptères  ;  tantôt 
elle  est  incorporée  avec  le  tronc  ou  le  thorax ,  et  le  ferme  postérieurement , 
comme  dans  ces  derniers  insectes  :  c'est  pour  cela  que  j'ai  nommé  cette 
seconde  division  du  métathorax  segment  mc'diaire.  Ainsi ,  tous  les  seg- 
ments du  thorax  auront  chacun  une  paire  de  stigmates,  mais  dont  ceux 
du  mésothorax  peu  sensibles  ,  ou  oblitérés,  dans  les  hyménoptères  et  les 
diptères  ;  et  dont  les  deux  postérieurs  ou  métathoraciques  sont  situés 
sur  le  segment  qui  vient  immédiatement  après  celui  qui  porte  les  secondes 
ailes.  Dans  les  orthoptères ,  les  hyménoptères ,  les  lépidoptères  et 
les  diptères ,  les  deux  antérieurs  ou  prothoraciques  sont  placés  entre 
le  prothorax  et  le  mésothorax.  L'abdomen  sera  composé  de  neuf  seg- 
ments complets,  dont  les  trois  derniers  composant  les  organes  de  la 
génération. 


EN    GÉNÉRAL.  3o5 

collier,  collare ,  le  prothorax  ou  le  segment  anté- 
rieur, celui  qui  porte  les  deux  premiers  pieds. 
Voulant  conserver  la  dénomination  de  corselet,  mais 
en  restreindre  l'application  dans  de  justes  limites, 
nous  nous  en  servirons  dans  tous  les  cas  où  ce  seg- 
ment surpasse  de  beaucoup  les  autres  en  grandeur,  et 
où  ceux-ci  sont  réunis  avec  l'abdomen  et  semblent  en 
faire  partie  intégrante  ;  c'est  ce  qui  est  propre  aux  co- 
léoptères ,  aux  orthoptères  et  à  plusieurs  hémiptères. 
Lorsque  le  prothorax  étant  court,  formera  avec  les 
suivants  une  masse  commune  et  à  découvert,  le 
trono,  composé  destrois  segments  réunis,  conservera 
la  dénomination  de  thorax.  Nous  continuerons  en- 
core d'appeler  poitrine  la  surface  inférieure  du 
tronc  ,  en  la  divisant  suivant  les  segments,  en  trois 
aires  ,  l'avant-poitrine ,  la  médi-poitrine  et  l' arrière- 
poitrine.  La  ligne  médiane  sera  aussi  le  sternum , 
que  nous  partagerons  encore  en  trois  :  l'avant-ster- 
num,  le  médi-sternum  et  l'arrière  sternum. 

Les  téguments  des'  segments  thoraciques,  ainsi 
que  ceux  des  segments  abdominaux  ,  sont  généra- 
lement divisés  en  deux  anneaux  ou  demi-anneaux, 
l'un  dorsal  ou  supérieur,  l'autre  inférieur,  et  réunis 
latéralement  au  moyen  d  une  membrane  molle  et 
flexible  ,  qui  n'est,  au  surplus,  qu'une  portion  des 
mêmes  téguments,  mais  moins  solide  dans  beau- 
coup d'insectes^  notamment  les  coléoptères.  L'on 
voit  à  la  jonction  de  ces  anneaux  un  petit  espace 

plus  ferme,  ou  delà  consistance  de  ceux-ci ,    et 
tomi;   IV.  20 


3oG  DES  INSECTES 

portant  chacun  un  stigmate,  de  sorte  que  les  côtés 
de  l'abdomen  présentent  une  série  longitudinale 
de  petites  pièces,  ou  que  chaque  segment  est  comme 
partagé  en  quatre.  D'autres  pièces  ,  pareillement 
cornées ,  occupent  les  côtés  inférieurs  du  méso- 
thorax et  du  métathorax,  et  immédiatement  au- 
dessous  de  l'origine  des  élytres  et  des  ailes ,  qui 
sont  appuyées  elles-mêmes  sur  une  autre  pièce 
disposée  longiludinalement.  Les  relations  de  ces 
parties,  la  grandeur  et  la  l'orme  du  premier  article 
des  hanches ,  la  manière  dont  elles  s'articulent  avec 
le  demi-anneau  dont  elles  dépendent ,  l'étendue  et 
la  direction  de  ce  demi-anneau  variant ,  le  thorax 
considéré  sous  ce  point  de  vue ,  présente  une  combi- 
naison de  caractères,  qui  est  très  avantageuse  pour 
la  méthode.  Quelques  naturalistes  ,  notamment 
Knoch,  en  avaient  déjà  fait  usage  ,  mais  sans  aucun 
principe  fixe,  et  avec  des  dénominations  arbitraires. 
Il  aurait  fallu  }  au  préalable,  étudier  soigneusement 
la  composition  du  thorax ,  et  la  suivre  comparati- 
vement dans  tous  les  ordres  de  la  classe  des  in- 
sectes. Feu  Lâchât ,  d'après  mon  invitation  ,  avait 
commencé  un  tel  travail.  Son  ami  ,  M.  Victor 
Àudouin  ,  a  poursuivi  ces  recherches ,  et  a  pré- 
senté à  l'Académie  des  sciences ,  un  Mémoire  sur 
ce  sujet,  qui  a  obtenu  ses  suffrages.  Mais  il  ne  nous 
est  encore  connu  que  par  l'esquisse  générale  qu'en  a 
donnée  M.  le  baron  Cuvier  ,  dans  son  Rapport  (1)  , 

(1)  It1  exposé  des  parties  du  thorax  et  une  nomenclature  fixe  cre'e'e  pour 


EN    GÉNÉRAL.  Tyoj 

et  par  l'extrait  qu'en  a  présenté  l'auteur  à  l'article 
insecte*  ,  du  Dictionnaire  classique  d'histoire  na- 
turelle. Pour  adopter  cette  nomenclature,  et  en 
faire  une  application  générale,  nous  attendrons 
que  son  travail  et  les  figures  qui  doivent  l'ac- 
compagner aient  vu  le  jour;  dans  la  "pratique  , 
d'ailleurs,  les  dénominations  déjà  introduites  peu- 
vent suffire.  Un  autre  travail  se  rattachant  au  même 


elles  ,  dit  M.  le  baron  Cuvier  dans  son  Rapport,  devaient  naturellement 
se  placer  en  tête  de  l'ouvrage.  Le  tronc  de  l'insecte  se  'laisse  toujours 
diviser  en  trois  anneaux,  dont  chacun  porte  une  paire  de  pattes,  et  aue 
M.  Audouin  nomme ,  d'après  leur  position  ,  le  prothorax  ,  le  mésothorax 
et  le  métathorax.  Outre  ces  pattes  ,  le  me'sothorax  porte  la  première 
paire  d'ailes,  et  le  métathorax  la  seconde.  Chacun  de  ces  trois  segments 
est  compose  de  quatre  parties  :  une  inférieure  ,  deux  latérales  (formant  à 
elles  trois  la  poitrine) ,  et  une  supérieure,  qui  forme  le  dos;  l'inférieure 
prend  le  nom  de  sternum-  la  partie  latérale  ou  lejlanc  se  divise  en  trois 
pièces  principales ,  une  qui  tient  au  sternum  et  se  nomme  c'pisternum , 
l'autre,  placée  en  arrière  de  celle-ci,  et  à  laquelle  la  hanche  s'articule, 
est  nommée  ëpimère.  On  nomme  trochantln ,  par  opposition  à  trochan- 
ter  ,  une  petite  pièce  mobile,  jusqu'ici  inconnue,  qui  sert  à  l'union  de 
Tépimère  et  delà  hanche.  La  troisième  pièce  du  flanc  ,  qui,  dans  le 
mésothorax  et  le  m&athorax,  esfplacée  en  avant  de  l'épisternum  et  sous 
l'aile,  est  appelée  hjpopthère.  Quelquefois  il  y  a  encore  autour  du  stig- 
mate une  petite  pièce  cornée  qui  se  nomme  périlrème.  La  partie  supérieure 
de  chaque  segment,  que  l'auteur  nomme  tergum,  se  divise  en  quatre 
pièces  nommées ,  d'après  leur  position  dans  chaque  anneau ,  prœscutum , 
scutum  ,  postsculdlum.  La  première  est  souvent,  et  la  quatrième  presque 
toujours,  cachée  dans  l'intérieur.  Les  naturalistes  n'ont  guère  distingue 
qne  le  sculellum  du  mésothorax ,  qui  est  souvent  remarquable  par  sa 
grandeur  et  sa  configuration,  mais  on  retrouve  son  analogue  dans  les  troi* 
segments.  Ainsi,  le  tronc  des  insectes  peut  se  subdiviser  en  trente-trois 
pièces  principales ,  et,  si  l'on  compte  les  hypoptères ,  le  nombre  de  ces 
pièces  peut  aller  à  quarante-trois,  plus  ou  moins  visibles  à  l'intérieur. 
Une  partie  de  ces  pièces  donne,  en  outre,  au  dedans,  diverses  productions 
qui  méritent  aussi  des  noms,  à  cause  de  leur  importance  et  de  leurs  usages  ; 
ainsi,  de  la  partie  postérieure  du  sternum  de  chaque  segment,  s'éiève  en 
dedans  une  apophyse  verticale,  quelquefois  figurée  en  Y,  et  que  M.  Au 


2  0* 


5oS  DES    I1N  SECTES 

sujet,  et  que  la  justice  ainsi  que  l'amitié  nous 
commandent  de  signaler  aux  naturalistes,  est  celui 
de  M.  Ghabrier,  ancien  officier  supérieur  d'artil- 
lerie, sur  le  vol  des  insectes.  Il  fait  partie  des  Mé- 
moires du  Muséum  d'histoire  naturelle,  mais  se 
vend  aussi  séparément.  Les  figures  sont  exécutées 
sur  une  très  grande  échelle ,  ainsi  que  celles  d'un 
Mémoire  de  Jurine  père,  sur  les  ailes  des  hymé- 
noptères, ouvrage  d'une  admirable  patience,  de 
même  que  le  précédent* 

douiu  nomme  entothorax.  Elle  fournit  des  attaches  aux  muscles  ,  et  pro- 
tège le  cordon  médullaire;  son  analogue  se  montre  dans  la  tête  ,  et  quel- 
quefois dans  les  premiers  anneaux  de  l'abdomen.  D'autres  proéminences 
intérieures  résultent  du  prolongement  des  pièces  externes  voisines  soude'es 
ensemble. M.  Audouin  les  nomme  apodèmes.  Les  unes  donnent  attacheaux 
muscles  ,  d'autres  aux  ailes  ;  enfin ,  il  y  a  encore  de  petites  pièces  mobiles , 
soit  à  l'intérieur  entre  les  muscles,  soit  à  la  base  des  ailes,  que  l'auteur 
nomme  épidèmts.  Nous  avons  dit  que  l'on  retrouve  toujours  les  pièces 
principales  ou  leurs  vestiges  ;  mais  il  s'en  faut  bien  qu'elles  se  laissent 
toujours  séparer.  Plusieurs  d'entre  elles  sont  même  toujours  unies  dans 
certains  genres  ou  dans  certains  ordres ,  et  ne  se  distinguent  que  par  des 
traces  de  sutures.  »  M.  Audouin  a  depuis  changé,  dans  son  article  In- 
sectes du  Dictionnaire  classique  des  sciences  naturelles,  la  dénomination 
d'hypoptères  en  celle  de  paraptère.  Celle  d'enthorax  changera  aussi  dans 
quelques  circonstances,  et  s'appellera  entocéphale  (relativement  à  la 
tète  ),  et  entogastre  (  par  rapport  à  l'abdomen  ).  Il  remarque  que  la  tête 
des  insectes  est  composée  de  plusieurs  segments.  Nous  avons  aussi  observé 
que  le  bec  de  la  cigale,  représentant  la  lèvre  inférieure,  ne  tient  pas  à  la 
tête,  mais  à  la  membrane  qui  l'unit  avec  le  thorax.  Aussi  les  deux  cor- 
dons médullaires  forment-ils,  sous  la  bouche,  deux  ganglions  contigus. 
D'après  ces  motifs ,  considérons-nous  le  premier  segment  du  corps  des 
scolopendres,  celui  qui  porte  les  deux  crochets,  comme  une  division  de  la 
tète  analogue.  Il  paraît  que  Knoch  avait  distingué  les  épimères  sous 
les  dénominations  de  se a pu lœ  et  de  parapleurœ;  l'arrière-poitrine,  par 
celle  d?  acetabulum ,  tandis  que  la  medi-poitrine  est  le  peristœthium.  Le 
premier  article  des  quatre  hanches  postérieures  forme,  dans  la  plupart 
des  coléoptères,  une  lame  transverse,  s'emboîtant  dans  les  flancs,  et 
c'est ,  à  ce  qu'il  me  semble  ,  la  pièce  qu'il  nomme  mœrium. 


EN    GÉNÉRAL.  5l)g 

Les  insectes  ayant  toutes  sortes  de  séjours,  ont 
aussi  toutes  sortes  d'organes  du  mouvement ,  des 
ailes  et  des  pieds ,  lesquels  servent  ,'  dans  plusieurs , 
de  nageoires. 

Les  ailes  sont  des  pièces  membraneuses,  sèches, 
élastiques,  ordinairement  transparentes  et  attachées 
sur  les  côtés  du  dos  du  thorax  :  les  premières,  lors- 
qu'il y  en  a  quatre  ou  qu'elles  sont  uniques,  sur 
ceux  de  son  second  segment ,  et  les  secondes  sur 
ceux  du  suivant  ou  du  métathorax.  Elles  sont  com- 
posées de  deux  membranes  appliquées  l'une  sur 
l'autre  et  parcourues  en  divers  sens  par  des  ner- 
vures plus  ou  moins  nombreuses,  qui  sont  autant 
de  tubes  trachéens,  et  formant  tantôt  un  réseau, 
tantôt  de  simples  veines.  Un  célèbre  naturaliste  , 
Jurine  père,  a  tiré,  pour  la  méthode  ^  un  parti 
avantageux  de  la  disposition  et  du  croisement  de  ces 
nervures(i).  Les  demoiselles,  les  abeilles,  les  guêpes, 
les  papillons>  etc.,  ont  quatre  ailes;  maiscelles  des  pa- 
pillons sont  couvertes  de  petites  écailles,  qui,  au  pre- 
mier coup  d'œil,  ressemblent  àde  la  poussière ,  et  leur 
donnent  les  couleurs  dont  elles  sont  ornées.  On  les  en- 
lève aisément  avec  le  doigt ,  et  la  portion  de  l'aile  qui 
les  aperdues  est  transparente.  On  voit  au  microscope  y 
que  ces  écailles,  de  figures  très  variées,  ysontimplan^- 
tées,  par  le  moyen  d'un  pédicule ,  et  disposées  gra- 
duellementetparséries,ainsiquedestuilessur  untoit. 

(i)  Voyez  les  généralités  des  hyme'noptères. 


5jlo  des  insectes 

Au  devant  des  ailes-supérieures  de  ces  insectes,  sont 
deux  espèces  d'épaulettes  (ptéry godes) ,  qui  se  pro- 
longent en  arrière,  le  long  d'une  partie  du  dos  9  sur 
lequel  elles  s'appliquent.  Dans  certains  insectes,  les 
ailes  restent  droites,  ou  se  replient  sur  elles-mêmes. 
Dans  d'autres ,  elles  sont  doublées  ou  plisséeslongi- 
tudinalement  en  éventail.  Tantôt  elles  sont  horizon- 
tales, tantôt  elles  sont  inclinées  ou  en  toit  ;  dans  plu- 
sieurs, elles  se  croisent  sur  le  dos,  ailleurs  elles  sont 
écartées  (1).  Les  insectes  à  deux  ailes  ,  de  l'ordre 
des  diptères,  ont  au-dessous  d'elles  deux  petits  filets 
mobiles,  terminés  en  massue,  et  qui,  selon  L'opinion 
la  plus  commune  (2),  semblent  remplacer  les  deux 
ailesqui  manquent.  On  les  nomme  balanciers, D'autres 
insectes  à  deux  ailes ,  et*  des  plus  extraordinaires  , 
ont  aussi  deux  balanciers,  mais  situés  à  l'extrémité 
antérieure  du  thorax,  et  que  nous  nommerons,  pour 
les   distinguer  des   autres  ,    des  prébalanciers*  Au- 
dessus  des  balanciers  est  un  petite  écaille  membra- 
neuse,   formée  de  deux  pièces  réunies  par  l'un  des 
bords  ,  et  semblables  à  deux  battants  de  coquille 


(1)  L'insecte  est  supposé  en  repos.  La  rapidité'  des  vibrations  de  ces 
organes  nous  parait  être  l'une  des  principales  causes  du  bourdonnement 
de  divers  animaux  de  cette  classe.  Les  explicalions  que  Ton  en  a  données 
ne  sont  pas  encore  satisfaisantes. 

(2)  Appendices,  selon  moi ,  des  trachées  du  premier  segment  abdomi- 
nal et  correspondants  à  cet  espace,  percé  d'un  petit  trou,  adjacent  au  côté 
antérieur  d'une  ouverture,  avec  un  diaphragme  membraneux  et  intérieur, 
que  l'on  voit,  de  chaque  côté,  au  même  segment,  dans  plusieurs  criquets 
ou  acrydiums.  (  Voyez  mon  Mémoire  sur  les  appendices  articulés  des 
insectes,  dans  le  Recueil  des  Mémoires  du  Muséum  d'hist.  natur.) 


EN    GÉNÉRAL.  3l 1 

bivalve  ;  c'est  V aileron  ou  le  cueilleron.  Quelques 
coléoptères  aquatiques  en  offrent  aussi  au-dessous 
de  leurs  élytres,  et  insérés  à  leur  base. 

Beaucoup  d'insectes,  tels  que  les  hannetons,  les 
cantharides,  etc.  ,  ont,  au  lieu  des  deux  ailes  supé- 
rieures ou  antérieures,  deux  espèces  d'écaillés  plus 
ou  moins  épaisses  et  plus  ou  moins  solides,  opaques, 

qui  s'ouvrent  et  se  ferment,  et  sous  lesquelles  les 
ailes  se  replient  transversalement  dans  le  repos.  Ces 

espèces  d'étuis  ont  reçu  le  nom  &  élytres  (i).  Les 
insectes  qui  en  sont  munis  sont  appelés  coléoptères , 
ou  insectes  à  étuis.  Ces  pièces  ne  leur  manquent 
jamais;  mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  des  ailes. 
Dans  d'autres  insectes,  l'extrémité  de  ces  écailles 
est  tout-à-fait  membraneuse ,  comme  les  ailes  ;  on 
les  nomme  des  demi-étuis  ou  hémélytres. 

L'écusson  est  une  pièce  ordinairement  triangu- 
laire, située  sur  le  dos  du  mésothorax,  entre  les 
attaches  des  élytres  ou  des  ailes.  Elle  est  quelquefois 
très  grande,  et  recouvre  alors  la  plus  grande  partie 
du  dessus  de  l'abdomen.  Divers  hyménoptères  of- 
frent en  arrière  d'elle,  sur  le  métathorax,  un  petit 
espace  qu'on  nomme  arrière-écusson  ou  faux-écus 
son. 

Les  pieds  sont  composés  d'une  hanche  de  deux 
articles,  d'une  cuisse,  d'une  jambe  d'un  seul  arti- 


(ï)  Voyez,  pour  leur  composition  cliymique,  un  Mémoire  précité  de 
M.  Odier  ,  inséré  dans  le  recueil  des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire 
natur/de  Paris,  et  l'article  Insectes  dudit  Dict.  classique  d'hist.  nat. 


5l2  DES    INSECTES 

cle,  et  d'un  doigt,  qu'on  nomme  habituellement 
tarse x  et  qui  est  divisé  en  plusieurs  phalanges.  Le 
nombre  de  ses  articulations  varie  de  trois  à  cinq , 
ce  qui  dépend  beaucoup   des  changements   qu'é- 
prouvent ,  dans  leurs  proportions ,  la  première  et 
l'avant-  dernière.  Quoique  leur  supputation  puisse 
quelquefois  embarrasser,  et  que  cette  série  numé- 
rique ne  soit  pas  toujours  en  rapport  avec  l'ordre 
naturel,  elle  fournit  néanmoins  un  bon  caractère 
pour  la  distinction  des  genres  :  la  dernière  articu- 
lation est  ordinairement  terminée  par  deux  crochets. 
La  forme  des  tarses  est  sujette  à  quelques  modifi- 
cations,  suivant  les  habitudes  des  insectes.  Ceux 
des  espèces  aquatiques  sont  ordinairement  aplatis, 
très  ciliés  et  en  forme  de  rames  (1). 

L'abdomen ,  qui  forme  la  troisième  et  dernière 
partie  du  corps  ,  se  confond  avec  le  corselet  dans  les 
myriapodes  ;  mais  il  en  est  distinct  dans  tous  les 
autres  insectes,  ou  ceux  qui.  n'ont  que  six  pieds.  Il 
renferme  les  viscères ,  les  organes  sexuels,  et  pré- 
sente neuf  à  dix  segments,  mais  dont  quelques-uns 
sont  souvent  cachés  ou  très  rapetisses.  Les  parties  de 
la  générationsontsituéesà  son  extrémité  postérieure, 
et  sortent  par  l'anus.  Les  ïules  et  les  libellules  font 
seuls  exception.  Les  derniers  anneaux  de  l'abdomen 


(i)  M.  Kirby ,  dans  sa  Monographie  des  abeilles  d'Angleterre,  désigne 
les  deux  tarses  antérieurs  sous  le  nom  de  main.  Le  premier  article  est  la 
paume  (jjalma).  Conjointement  avec  M.  Spence  ,  il  a  publie  des  e'ie'raems 
d'entomologie,  très  détaillés  et  des  plus  complets. 


EN    GÉNÉRAL.  01 3 

forment  ,  dans  plusieurs  femelles  ,  un  oviducte 
(oviscapte y  Mareel  de  Serres)  rétractile  ou  toujours 
saillant,  plus  ou  moins  compliqué,  et  leur  servant 
de  tarière.  Il  esl  remplacé  par  un  aiguillon  dans 
les  femelles  de  beaucoup  d'hyménoptères.  Des  cro- 
chets ou  des  pinces  accompagnent  presque  toujours 
l'organe  fécondateur  du  mâle  (1).  Les  deux  sexes 
ne  se  réunissent  ordinairement  qu'une  seule  fois,  et 
cet  accouplement  suffit  même,  dans  quelques  genres, 
pour  la  fécondation  de  plusieurs  générations  succes- 
sives. Le  mâle  se  place  sur  le  dos  de  sa  femelle ,  et 
leur  jonction  dure  quelque  temps.  Celle-ci  ne  tarde 
pas  à  faire  sa  ponte  (2) ,  et  dépose  ses  œufs  de  la  ma- 
nière la  plus  favorable  à  leur  conservation,  #e  sorte 
que  les  petits  venant  à  éclore ,  trouvent  à  leur  portée 
les  aliments  convenables.  Souvent  même  elle  les  ap- 
provisionne. Ces  soins  maternels  excitent  fréquem- 


(1)  Les  organes  générateurs  mâles  se  composent  d'un  appareil  prépara- 
teur de  la  semence  et  de  pièces  propres  à  la  copulation.  L'appareil  prépa- 
rateur  est  forme'  de  testicules  ,  de  canaux  déférents  et  de  vésicules  sémi- 
nales. L'organe  copulateur  nous  présentcle  pénis  et  une  armure  constituée 
par  des  pièces  environnantes,  de  diverses  formes.,  faisant  l'office  de 
pinces  ,  et  avçc  lesquelles  ces  individus  saisissent  l'extrémité  posté- 
rieure du  corps  de  la  femelle.  L'organe  générateur  de  ces  derniers  indi- 
vidus a  pour  éléments  l'ovaire,  le  réceptacleou  calice,  formé  par  sa  base, 
et  1  oviducte.  (Consultez,  pour  plus  amples  détails,  les  Mémoires  de 
M.  Dufour,  faisant  partie  des  Annales  des  sciences  naturelles,  et  une  Dis- 
sertation latine  de  M.  Hegetschweiler,  Zurich,  1820.) 

(2)  M.  Audouin  suppose  qu'à  l'égard  d'un  grand  nombre  d'insectes  , 
les  œufs  sont  fécondés,  à  leur  passage,  dans  une  poche  située  près  de 
l'anus;  mais  cette  opinion  a  besoin  d'être  confirmée  par  des  expériences  5 
et  l'un  des  naturalistes,  qui  a  le  plus  étudié  l'anatomie  de  ces  animaux  , 
M.  Léon  Dufour  ,  ne  la  partage  point 


3  1  4  DES    INSECTES 

ment  notre  surprise  y  et  nous  dévoilent  plus  particu- 
lièrement l'instinct  des  insectes.  Dansdes  sociétés  très 
nombreuses  de  plusieurs  de  ces  animaux ,  tels  que  les 
fourmis,  les  termes,  les  guêpes,  les  abeilles,  etc., 
les  individus  composant  la  majeure  partie  de  la  po- 
pulation, et  qui ,  par  leurs  travaux  et  leur  vigilance, 
maintiennent  ces  sociétés ,  ont  été  considérés  comme 
des  individus  neutres  ou  sans  sexe.  On  les  a  aussi 
désignés  sous  les  noms  à'ouvriei%s  et  de  mulets.  Il  est 
reconnu  aujourd'hui  que  ce  sont  des  femelles  dont 
les  organes  sexuels  ou  les  ovaires  n'ont  pas  reçu 
parfaite  élaboration,  et  qui  peuvent  devenir  fécon- 
des, si  une  amélioration  dans  leur  nourriture  déve- 
loppe/à  une  certaine  époque  de  leur  jeune  âge, 


ces  mêmes  organes. 


Les  œufs  éclosent  quelquefois  dans  le  ventre  de 
la  mère;  elle  est  alors  vivipare.  Le  nombre  des  gé- 
nérations annuelles  d'une  espèce  dépend  delà  durée 
de  chacune  d'elles.  Le  plus  souvent  il  n'y  en  a 
qu'une  ou  deux  par  année.  Une  espèce ,  toutes 
choses  égales,  est  d'autant  plus  commune,  que  les 
générations  se  Succèdent  avec  plus  de  rapidité,  et 
que  la  femelle  est  plus  féconde. 

Uu  papillon  femelle ,  après  s'être  accouplé,  pond 
des  œufs,  desquels  il  naît,  non  pas  des  papillons y 
mais  des  animaux  à  corps  très  alongé ,  partagé  en 
anneaux,  à  tête  pourvue  de  mâchoires  et  de  plu- 
sieurs petits  yeux,  ayant  des  pieds  très  courts  ,  dont 
six  écailleuxet  pointus,  placés  en  avant,  et  d'au- 


EN    GÉNÉRAL.  3  LO 


1res  en  nombre  variable ,  membraneux  ,   attachés 
aux  derniers  anneaux.  Ces  animaux ,  connus  sous 
le  nom  de  chenilles  ,  vivent  un  certain  temps  dans 
cet  état,  et  changent  plusieurs  fois  de  peau.  Enfin 
il  arrive  une  époque  où ,  de  cette  peau  de  chenille , 
sort  un  être  tout  différent,  de  forme  oblongue ,  sans 
membres  distincts ,  et  qui  cesse  bientôt  de  se  mou- 
voir ,  pour  rester  long-temps  avec  l'apparence  de 
mort  et  de  dessèchement,  sous  le  nom  de  chrysalide. 
En  y  regardant  de  très  près ,  on  voit  en  relief,  sur  la 
surface  extérieure  de  cette  chrysalide,  des  linéaments 
qui  représentent  toutes  les  parties  du  papillon,  mais 
dans  des  proportions  différentes  de  celles  que  ces 
parties  auront  un  jour.  Après  un  temps  plus  ou  moins 
long ,  la  peau  de  la  chrysalide  se  fend  ,  et  le  papillon 
en   sort   humide ,   mou  ,    avec  des  ailes    flasques 
et  courtes  ;  mais  en  peu  d'instants  il  se  dessèche  ,  ses 
ailes  croissent,  se  raffermissent,  et  il  est  en  état  de 
voler.  Il  a  six  longs  pieds,  desantènnes*  une  trompe 
en  spirale,  des  yeux  composés;  en  un  mot,  il  ne 
ressemble  en  rien  à  la  chenille  dont  il  est  sorti ,  car 
on  a  vérifié  que  les  changements  d'état  ne  sont  autre 
chose  que  des  développements  successifs  des  parties 
contenues  les  unes  dans  les  autres. 

Voilà  ce  qu'on  appelle  les  métamorphoses  des  in- 
sectes. Leur  premier  état  se  nomme  larvejle  second, 
nymphe j  le  dernier,  état  parfait.  Ce  n'est  que  dans 
celui-ci  qu'ils  sont  en  état  de  produire. 

Tous  les  insectes  ne  passent  point  par  ces  trois 


3l6  DES    INSECTES 

* 

états.  Ceux  qui  n'ont  point  d'ailes  sortent  de  l'œuf 
avec  la  forme  qu'ils  doivent  toujours  garder  (1)  : 
on  les  appelle  insectes  sans  métamorphose.  Parmi 
ceux  qui  ont  des  ailes,  un  grand  nombre  ne  subit 
d'autre  changement  que  de  les  recevoir  :  on  les 
nomme  insectes  à  demi-métamorphose.  Leur  larve 
ressemble  à  l'insecte  parfait,  à  l'exception  seule- 
ment des  ailes,  qui  lui  manquent  tout-à-fait.  La 
nymphe  ne  diffère  de  la  larve  que  par  des  moignons 
ou  rudiments  d'ailes,  qui  se  développent  à  sa  der- 
nière mue  pour  mettre  l'insecte  dans  son  état  parfait . 
Telles  sont  les  punaises ,  les  sauterelles ,  etc.  Enfin  , 
le  reste  des  insectes  pourvus  d'ailes,  nommés  à  mé- 
tamorphose complète  j  est  d'abord  une  larve  de  la 
forme  d'une  chenille  ou  d'un  ver,  devient  ensuite 
une  nymphe  immobile^  mais  présentant  toutes  les 
parties  de  l'insecte  parfait,  contractées  et  comme 
emmaillottées. 

Ces  parties  sont  libres,  quoique  très  rapprochées 
et  appliquées  contre  le  corps,  dans  les  nymphes  des 
coléoptères ,  des  nevroptères ,  des  hyménoptè- 
res ?  etc.;  mais  elles  ne  le  sont  pas  dans  celles  des 
lépidoptères,  de  beaucoup  d'insectes  à  deux  ailes. 
Une  peau  élastique  ou  d'une  consistance  assez  ferme 
semoule  sur  le  corps  et  ses  parties  extérieures,  ou 
lui  forme  une  sorte  d'étui. 

Celle  des  nymphes  ou  chrysalides  des  lépidop- 

(i)  La  Puce,  les  femelles  des  Mutilles  ,  les  Fourmis  ouvrières ,  et  quel- 
ques autres  insectes  ,  mais  en  petit  nombre ,  exceptes. 


ETS    GliHÉRAL.  3lJ 

tères,  ne  consistant  qu'en  une  simple  pellicule,  ap- 
pliquée sur  les  organes  extérieurs,  suivant  tous 
leurs  contours,  et  formant,  pour  chacun  d'eux, 
autant  de  moules  spéciaux  ,  comme  l'enveloppe 
d'une  momie ,  permet  de  les  reconnaître  et  de  les 
distinguer  (1);  mais  celle  des  mouches,  des  syrphes, 
formée  de  la  peau  desséchée  de  la  larve,  n'a  que 
l'apparence  d'une  coque  en  forme  d'œuf.  C'est  une 
espèce  de  capsule  ou  d'étui ,  où  l'animal  est  ren- 
fermé (2). 

Beaucoup  de  larves,  avant  de  passer  à  l'état  de 
nymphe,  sepréparent,  avec  de  la  soie  qu'elles  tirent 
de  leur  intérieur,  et  au  moyen  des  filières  de  leur 
lèvre,  ou  avec  d'autres  matériaux  qu'elles  réunis- 
sent^ une  coque  où  elles  se  renferment.  L'insecte 
parfait  sort  de  la  nymphe  par  une  fente  ou  une 
scission  qui  se  fait  sur  le  dos  du  corselet.  Dans  les 
nymphes  des  mouches ,  une  de  ses  extrémités  se  dé- 
tache ,  en  forme  de  calotte ,  pour  le  passage  de  l'in- 
secte. 

Les  larves  et  les  nymphes  des  insectes  à  demi- 
métamorphose  ne  diffèrent  de  ces  mêmes  insectes 
en  état  parfait,  qu'à  raison  des  ailes.  Les  autres 
organes  extérieurs  sont  identiques.  Mais  dans  la 
métamorphose  complète,  la  forme  du  corps  des 
larves  n'a  point  de  rapport  constant  avec  celle  qu'au- 
ront ces  insectes  dans  leur  dernier  état.  11  est  ordi- 

(1)  Pupa  oblecia  ,  Lin. 

(2)  Pupa  coarctatay  ejusd. 


3l8  DES    INSECTES 

nairement  plus  alongé  ;  la  tête  est  souvent  très  dif- 
férente, tant  par  sa  consistance  que  par  sa  figure, 
n'a  que  des  rudiments  d'antennes  ou  en  manque 
absolument,  et  n'offre  jamais  d'yeux  composés. 

Les  organes  de  la  manducation  sont  encore  très 
disparates,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  en  comparant 
la  bouche  d'une  chenille  avec  celle  d'un  papillon , 
la  bouche  de  la  larve  d'une  mouche  avec  celle  de 
l'insecte  entièrement  développé. 

Plusieurs  de  ces  larves  n'ont  point  de  pieds  ; 
d'autres  ,  telles  que  les  chenilles ,  en  ont  beaucoup  , 
mais  qui,  à  l'exception  des  six  premiers,  sont  tous 
membraneux  et  n'ont  point  d'ongles  au  bout.  Quel- 
ques insectes ,  tels  que  les  éphémères ,  nous  présen- 
tent, dans  leur  métamorphose  ,  une  exception  sin- 
gulière. Parvenus  à  l'état  parfait ,  ils  se  dépouillent 
encore  une  fois  de  leurs  ailes. 

Les  insectes  qui  composent  nos  trois  premiers 
ordres  conservent  toute  leur  vie  la  forme  qu'ils  ont 
en  naissant.  Les  myriapodes,  néanmoins,  nous  mon- 
trent une  ébauche  de  métamorphose.  Ils  n'ont  d'a- 
bord que  six  pieds ,  ou  en  sont  même,  suivant 
M.  Savi,  tout-à-fait  privés;  les  autres,  ainsi  que 
les  segments  dont  ils  dépendent ,  se  développent 
avec  l'âge. 

Il  est  bien  peu  de  substances  végétales  qui  soient 
à  l'abri  de  la  voracité  des  insectes;  et  comme  celles 
qui  sont  nécessaires  ou  utiles  à  nos  besoins  ne  sont 
pas  plus  épargnées  que  les  autres,  ils  nous  causent 


EN    GÉNÉRAL.  3lQ 

de  grands  dommages  ,  surtout  dans  les  années 
favorables  à  leur  multiplication.  Leur  destruction 
dépend  beaucoup  de  la  connaissance  de  leurs  habi- 
tudes et  de  notre  vigilance.  Il  en  est  d'omnivores, 
et  tels  sont  les  termes,  les  fourmis,  etc.,  dont  les 
ravages  ne  sont  que  trop  connus.  Plusieurs  de  ceux 
qui  sont  carnassiers ,  et  les  espèces  qui  se  nourrissent 
de  matières  soit  cadavéreuses,  soit  excrémentielles, 
sont  un  bienfait  de  l'auteur  de  la  nature ,  et  com- 
pensent un  peu  les  pertes  et  les  incommodités  que 
les  autres  nous  font  éprouver.  Quelques-uns  sont 
employés  dans  la  médecine,  dans  les  arts  et  dans 
l'économie  domestique. 

Ils  ont  aussi  beaucoup  d'ennemis  :  les  poissons 
détruisent  une  grande  quantité  d'espèces  aquati- 
ques; beaucoup  d'oiseaux,  de  chauves-souris,  de 
lézards,  etc.,  nous  délivrent  d'une  partie  de  celles 
qui  font  leur  séjour  sur  terre  ou  dans  les  airs.  La 
plupart  des  insectes  essaient  de  se  soustraire,  par 
la  fuite  ou  par  le  vol,  aux  dangers  qui  menacent 
leur  existence;  mais  il  en  est  qui  emploient,  à  cette 
fin  ,  des  ruses  particulières  ou  des  armes  naturelles. 

Parvenus  à  leur  dernière  transformation  ,  ou 
jouissant  de  toutes  leurs  facultés ,  ils  se  hâtent  de 
propager  leur  race ,  et  ce  but  étant  rempli ,  ils 
cessent  bientôt  d'exister.  Aussi ,  dans  nos  climats , 
chacune  des  trois  belles  saisons  de  l'année  nous 
offre-t-elle  plusieurs  espèces  qui  lui  sont  propres. 
Il  paraît  cependant  que  les  femelles  et  les  individus 


320  DES  INSECTES 

neutres  de  celles  qui  vivent  en  société ,  ont  une  car- 
rière plus  longue.  Plusieurs  individus,  nés  en  au- 
tomne, se  dérobent  aux  rigueurs  de  l'hiver,  et  repa- 
raissent au  printemps  de  Tannée  suivante. 

Ainsi  que  les  végétaux ,  les  espèces  sont  soumises 
à  des  circonscriptions  géographiques.  Celles ,  par 
exemple,  du  Nouveau-Monde,  à  l'exception  d'un 
petit  nombre  et  toutes  boréales  ,  lui  sont  essentielle- 
ment propres;  il  offre  aussi  plusieurs  genres  parti- 
culiers. L'ancien  continent  en  possède  à  son  tour 
qui  sont  inconnus  dans  l'autre.  Les  insectes  du  midi 
de  l'Europe ,  de  l'Afrique  septentrionale  et  des  con- 
trées occidentales  et  méridionales  de  l'Asie  ont  de 
grands  rapports  entre  eux.  Il  en  est  de  même  de 
ceux  des  Moluques  et  des  îles  plus  orientales,  celles 
de  la  mer  du  Sud  comprises.  Plusieurs  espèces  du 
nord  se  retrouvent  dans  les  montagnes  des  pays 
méridionaux.  Celles  d'Afrique  diffèrent  beaucoup 
de  celles  des  contrées  opposées  de  l'Amérique.  Les 
insectes  de  l'Asie  méridionale  ,  à  partir  de  l'Indus  ou 
du  Sind,  et  en  allant  à  l'est,  jusqu'aux  confins  de  la 
Chine,  ont  de  grands  traits  de  ressemblance.  Les 
régions  intertropicales,  couvertes  de  très  grandes 
forêts  et  très  arrosées,  sont  les  plus  riches  en  in- 
sectes; et,  sous  ce  rapport,  le  Brésil  et  la  Guyane 
sont  le  plus  favorisés. 

Toutes  les  méthodes  générales  relatives  aux  in- 
sectes se  réduisent  essentiellement  à  trois.  Swam- 
merdam  a  pris  pour  base  les  métamorphoses  ;  Lin- 


EN    GÉNÉRAL  02  1 

iiceus  s?est  fondé  sur  la  présence  et  l'absence  des 
ailes,  leur  nombre,  leur  consistance,  leur  superpo- 
sition, la  nature  de  leur  surface,  et  sur  l'existence  ou 
l'absence  d'un  aiguillon  ;  Fabricius  n'a  employé  que  ' 
les  parties  de  la  bouche.  Les  crustacés  et  les  arach- 
nides ,  dans  toutes  ces  distributions,  font  partie  des 
insectes,  et  ils  en  sont  même  les  derniers  dans  celle 
de  Linnœus,  qu'on  a  généralement  adoptée.  Brisson 
cependant  les  en  avait  distraits,  et  sa  classe  des  crus- 
tacés, qu'il  place  avant  celle  des  insectes,  renferme 
tous  ceux  de  ces  animaux  qui  ont  plus  de  six  pieds, 
c'est-à-dire  Ses  crustacés  et  les  arachnides  de  M.  de 
Lamarck,  ou  les  insectes  apiropodes  de  M.  Savigny. 
Quoique  cet  ordre  fût  plus  naturel  que  celui  de 
I.innaeus,  il  n'avait  pas  été  suivi,  et  ce  n'est  que 
dans  ces  derniers  temps  que  les  observations  ana- 
tomiques  et  l'exactitude  rigoureuse  des  applications 
qu'on  en  a  faites,  nous  ont  ramenés  à  la  méthode 
naturelle  (i). 

Je  partage  cette  classe  en  douze  ordres,  dont  les 
trois  premiers ,  composés  d'insectes  privés  d'ailes  , 
ne  changeant  point  essentiellement  de  formes  et 
d'habitudes,  sujets  seulement,  soit  à  de  simples 
mues,  soit  à  une  ébauche  de  métamorphose,  qui 
accroît  le  nombre  des  pieds  et  des  anneaux  du  corps, 

(i)  Cuvier,   Tabl.  élém.  de  l'Hist.  nat;  desanim.,  et  Leçons  d'anat 
comparée  ;  Lamark  ,  Système  des  anim.  sans  vertèbres  ;  Latreille,  Pre'cis 
des  caract.  géne'r.  de«  insectes,  et  gêner,  crust.  et  insectorurn.  Consultez, 
pour    plus   de    de'tails,    l'excellente    introduction   à   TLiitomolopie  de 
MM.  Kirby  et  Spence,  déjà  citée,  p.  3 12, 

TOME    IV.  21 


022  DES    IJNSECTES 

répondent  à  l'ordre  des  arachnides  antennistes  de 
M.  de  Lamarck.  L'organe  de  la  vision  n'est  ordi- 
nairement ,  dans  ces  animaux ,  qu'un  assemblage 
plus  ou  moins  considérable  d'yeux  lisses  ,  sous  la 
forme  de  petits  grains.  Les  ordres  suivants  compo- 
sent la  classe  des  insectes  du  même  naturaliste.  Par 
ses  rapports  naturels  ,  celui  des  suceurs  ,  qui  ne 
comprend  que  le  genre  puce ,  semble  devoir  ter- 
miner la  classe.  Mais  comme  je  mets  en  tête  les 
insectes  qui  n'ont  point  d'ailes,  cet  ordre ^  pour  la 
régularité  de  la  méthode ,  doit  succéder  immédia- 
tement à  celui  des  parasites. 

Quelques  naturalistes  anglais  ont  établi ,  d'après 
la  considération  des  ailes ,  de  nouveaux  ordres  ; 
mais  je  ne  vois  pas  la  nécessité  de  les  admettre,  à 
l'exception  cependant  de  celui  des  strésisptères , 
dont  la  dénomination  me  paraît  vicieuse  (i),  et  que 
j'appellerai  rhipiptères  (2). 

Le  premier  ordre  ,  les  Myriapodes  ,  a  plus 
de  six  pieds  (  24  et  .au-delà  ),  disposés  dans  toute 
la  longueur  du  corps,  sur  une  suite  d'anneaux, 
qui  en  portent  chacun  une  ou  deux  paires,  et 
dont  la  première ,  et  même  dans  plusieurs  la  se- 
conde ,  semblent  faire  partie  de  la  bouche.  Ils  sont 
aptères  (3). 


(1)  Ailes  torses.  Les  parties  que  Ton  prend  pour  des  èlytres  n'en  sont 
pas.  Voyez  cet  ordre. 

(2)  Ailes  en  éventail. 

(3)  Privés  d'ailes  et  d'écusson. 


\ 


EN    GÉNÉRAL.  32^ 

Le  second  ordre,  IcsThysaisoures,  a  six  pieds  , 
et  l'abdomen  garni  sur  les  cotés  de  pièces  mo- 
biles, en  forme  de  fausses  pattes,  ou  terminé  par 
des  appendices  propres  pour  le  saut. 

Le  troisième  ordre,  les  Parasites,  a  six  pieds, 
manque  d'ailes,  n'offre  pour  organes  de  la  vue, 
que  des  jeux  lisses  ;  leur  bouche  est ,  en  grande 
partie,  intérieure,  et  ne  consiste  que  dans  un  museau 
renfermant  un  suçoir  rétractile  ,  ou  dans  une  fente 
située  entre  deux  lèvres,  avec  deux  mandibules  en 
crochet 

Le  quatrième  ordre,  les  Suceurs,  a  six  pieds, 
manque  d'ailes  (i)  ;  leur  bouche  est  composée  d'un 
suçoir  renfermé  dans  une  gaine  cylindrique,  de 
deux  pièces  articulées. 

Le  cinquième  ordre,  les  Coléoptères,  asix  pieds, 
quatre  ailes ,  dont  les  deux  supérieures  en  forme  d'é- 
tuis; des  mandibules  et  des  mâchoires  pour  la  mas- 
tication; les  ailes  inférieures  pliées  simplement  en 
travers ,  et  les  étuis  crustacés  (toujours  horizontaux). 
Ils  subissent  une  métamorphose  complète. 

Le  sixième  ordre ^  les  Orthoptères  (2),    a  six 


(1)  Ils  subissent  des  métamorphoses,  et  acquièrent  des  organes  loco- 
motiles  ,  qu'ils  n'avaient  pas  à  leur  naissance.  Ce  caractère  est  commun 
aux  ordres  suivants  ,  mais  dans  ceux-ci  la  me'tamorphose  développe  une 
autre  sorte  d'organes  locomotiles,  les  ailes. 

(2)  De  Ge'er  avait  e'tabli  cet  ordre  et  lui  avait  donne'  le  nom  de  cler 
maptères ,  qu'Olivier  a  change'  mal  à  propos  en  celui  d'orthoptères.  Nou". 
conservons  cependant  ce  dernier,  parce  que  les  naturalistes  français  l'ont 
ge'ne'ralement  adopte'. 

21* 


/ 


024  DES    INSECTES 

pieds;  quatre  ailes,  dont  les  deux  supérieures  en 
forme  d'étuis;  des  mandibules  et  des  mâchoires 
pour  la  mastication  (  recouvertes  à  leur  extrémité 
par  une  galète  )  ;  les  ailes  inférieures,  pliées  en  deux 
sens ,  ou  simplement  dans  leur  longueur ,  et  les  étuis 
ordinairement  coriaces,  le  plus  souvent  croisés  au 
bord  interne  ;  ils  ne  subissent  que  des  demi-méta- 
morphoses. 

Le  septième  ordre ,  les  Hémiptères,  a  six  pieds; 
quatre  ailes,  dont  les  deux  supérieures  en  forme 
d'étuis  crustacés,  avec  l'extrémité  membraneuse  , 
ou  semblables  aux  inférieures  ,  mais  plus  grandes 
et  plus  fortes  ;  les  mandibules  et  les  mâchoires  rem- 
placées par  des  soies  formant  un  suçoir ,  renfermé 
dans  une  gaine  d'une  seule  pièce,  articulée,  cylin- 
drique ou  conique,   en  forme  de  bec. 

Le  huitième  ordre  ,  les  Névroptères,  a  six  pieds  ; 
quatre  ailes  membraneuses  et  nues  ;  des  mandibules 
et  des  mâchoires  pour  la  mastication  ;  leurs  ailes 
sont  finement  réticulées,  et  les  inférieures  sont  or- 
dinairement de  la  grandeur  des  supérieures ,  ou  plus 
étendues  dans  un  de  leurs  diamètres. 

■ 

Le  neuvième  ordre,  les  Hyménoptères,  a  six 
pieds  ;  quatre  ailes  membraneuses  et  nues  ;  des  man- 
dibules et  des  mâchoires  pour  la  mastication  ;  les 
ailes  inférieures  plus  petites  que  les  supérieures; 
l'abdomen  des  femelles  presque  toujours  terminé 
par  une  tarière  ou  par  un  aiguillon. 

Le  dixième  ordre  ,  les  Lépidoptères,  a  six  pieds  ; 


EN    GÉNÉRAL.  32  5 

quatre  ailes  membraneuses,  couvertes  de  petites 
écailles  colorées,  semblables  à  une  poussière  ;  une 
pièce  cornée,  en  forme  d'épaulette ,  rejetée  en  ar- 
rière, insérée  au-devant  de  chaque  aile  supérieure; 
les  mâchoires  remplacées  par  deux  filets  tabulaires, 
réunis  et  composant  une  espèce  de  langue  roulée 
en  spirale  sur  elle-même(i). 

Le  onzième  ordre ^  les  Rhipiptères  ,  a  six  pieds; 
deux  ailes  membraneuses  et  plissées  en  éventail  ; 
deux  corps  crustacés,  mobiles,  en  forme  de  petits 
élytres,  situés  à  l'extrémité  antérieure  du  thorax  (2); 
et  pour  organes  de  la  manducation ,  simples  mâ- 
choires, en  forme  de  soies,   avec  deux  palpes. 

Le  douzième  ordre  ,  les  Diptères,  a  six  pieds; 
deux  ailes  membraneuses,  étendues,  accompagnées, 
dans  presque  tous,  de  deux  corps  mobiles ,  en  forme 
de  balanciers,  situés  en  arrière  d'elles;  et  pour 
organes  de  la  manducation  ,  un  suçoir  d'un  nombre 
variable  de  soies,  renfermé  dans  une  gaine  inarti- 
culée ,  le  plus  souvent  sous  la  forme  d'une  trompe  , 
terminée  par  deux  lèvres.    - 

(x)  Spiritrompe.  Voyez  les  ge'ne'ralités  de  la  classe.  Le  thorax  des  Lé- 
pidoptères a  plus  d'analogie  avec  celui  des  NéVroptères  qu'avec  celui  des 
Hynie'noptères  ,  le  segment   que  j'ai  nomme'  me'diaire  paraissant  faire 
partie  de  l'abdomen ,  tandis  que  ,  dans  ceux-ci  et  les  Diptères  ,  il  est  in 
corpore'  avec  le  thorax. 

(2)  Forme's ,  à  ce  que  nous  présumons,  par  des  pièces  analogues  aux 
epaulettes  ou  pte'/ygodes  des  lépidoptères. 


0  26  INSECTES    MYRIAPODES. 

ft 

LE  PREMIER  ORDRE  DES  INSECTES, 

Les  MYRIAPODES.  (Myriapoda.  —  Mitosata.  Fab.) 

Nommés  vulgairement  mille-pieds  }  sont  les  seuls 
animaux  de  cette  classe  qui  aient  plus  de  six  pieds 
dans  leur  état  parfait ,  et  dont  l'abdomen  ne  soit 
pas  distinct  du  tronc.  Leur  corps,  dépourvu  d'ailes, 
est  composé  d'une  suite  ordinairement  considérable 
d'anneaux,. le  plus  souvent  égaux,  et  portant  géné- 
ralement chacun,  à  l'exception  des  premiers,  deux 
paires  de  pieds,  le  plus  souvent  terminés  par  un  seul 
crochet,  soit  que  ces  anneaux  soient  indivis,  soit 
qu'ils  soient  partagés  en  deux  demi  -  segments } 
a yant  chacun  une  paire  de  ces  organes ,  et  dont 
l'un  seulement  offre  deux  stigmates  (i).  - 

Les  myriapodes  ressemblent,  pour  la  plupart,  à 
de  petits  serpents  ou  à  des  néréides,  ayant  des  pieds 
très  rapprochés  les  uns  des  autres ,  dans  toute  la 
longueur  du  corps.  La  forme  de  ces  organes  s'é- 
tend même  jusqu'aux  parties  de  la  bouche.  Les 
mandibules  sont  Inarticulées  et  immédiatement 
suivies  d'une  pièce  en  forme  de  lèvre ,  quadrifide  , 

(i)  Les  anneaux  du  corps  des  insectes  ont  ge'ne'ralement  deux  stig- 
mates. Si  l'on  considère  sous  ce  point  de  vue  les  anneaux  du  corps  des 
scolopendres,  notamment  des  grandes  espèces,  celles  qui  ont  vingt-une 
paires  de  pattes  ,  l'on  verra  qu'ils  sont  alternativement  pourvus  ou  privés 
de  deux  stigmates ,  et  qu'ainsi ,  comparativement  à  ces  derniers  animaux, 
ce  ne  sont  re'ellement  que  des  demi-anneaux.  Dès  lors  chaque  segment 
complet  a  deux  paires  de  pattes  ,  mais  dont  une  surnuméraire,  puisque, 
dans  les  autres  insectes,  les  anneaux  munis  de  pattes  n'en  ont  que  deux. 


insectes  myriapodes.  5^7 

à  divisions  articulées  ou  semblables  à  de  petits  pieds, 
et  qui  par  sa  situation  correspond  à  la  languette  des 
crustacés  ;  viennent  ensuite  deux  paires  de  petits 
pieds,  dont  les  seconds  en  forme  de  grands  crochets 
dans  plusieurs ,  paraissent  remplacer  les  quatre 
mâchoires  de  ces  derniers^  ou  bien  les  deux  ainsi 
que  la  lèvre  inférieure  des  insectes  :  ce  sont  des 
sorles  de  pieds  buccaux.  Les  antennes ,  au  nombre 
de  deux,  sont  courtes,  un  peu  plus  grosses  vers  le 
bout  ou  presque  filiformes,  de  sept  articles  dans 
les  uns,  d'un  grand  nombre  dans  les  autres  et  sé- 
tacées.  Leurs  veux  sont  ordinairement  formés  d'une 
réunion  d'yeux  lisses ,  et  si  dans  les  autres ,  ils  offrent 
une  cornée  à  facettes ,  ces  lentilles  sont  néanmoins 
proportionnellement  plus  grandes,  plus  rondes  et 
plus  distinctes  que  celles  des  yeux  des  insectes.  Les 
stigmates  sont  souvent  très  petits,  et  leur  quantité, 
à  raison  de  celle  des  anneaux,  est  ordinairement 
plus  considérable  que  dans  ces  derniers,  où  elle  n'est 
au  plus  que  de  dix-huit  ou  vingt.  Le  nombre  de  ces 
anneaux  et  celui  des  pieds  augmente  avec  l'âge, 
caractère  qui  distingue  encore  les  myriapodes  des 
insectes,  ceux-ci  naissant  toujours  avec  le  nombre  de 
segments  qui  leur  est  propre,  et  toutes  leurs  pattes  à 
crochets,  ou  proprement  dites,  se  développant  à  la 
fois,  soit  à  la  même  époque  ,  soit  lorsqu'ils  passent  à 
l'état  de  nymphe.  M.  Savi,  fils,  professeur  de  minéra- 
logie à  Pise,  qui  a  fait  une  étude  particulière  desïules; 
a  observé  qu'ils  sont  privés ,  à  la  sortie  de  l'œuf,  de 


328  INSECTES   MYRIAPODES, 

ces  organes  :  ces  animaux  éprouvent  donc  une  vé- 
ritable métamorphose.  Dans  les  uns,  les  organes 
sexuels  masculins  sont  toujours  placés  immédiate- 
ment après  la  septième  paire  de  pattes,  sur  le 
sixième  ou  septième  segment  du  corps ,  et  ceux  de 
la  femelle  près  de  l'origine  des  seconds  pieds  ;  dans 
les-  autres  ,  ces  deux  sortes  d'organes  sont  situées  , 
comme  d'ordinaire,  à  l'extrémité  postérieure  du 
corps. La  position  des  partiesmasculines  des  premiers^ 
comparée  avec  celle  qu'elles  ont  dans  les  crustacés 
et  les  arachnides ,  semblerait  indiquer  la  séparation 
du  tronc  et  de  l'abdomen  ;  à  l'égard  des  autres 
myriapodes  ,  où  les  organes  sexuels  sont  posté- 
rieurs, l'on  remarque  qu'il  s'opère  dans  une  portion 
analogue  du  corps  de  certaines  espèces  {scolopendra 
morsitans  );un  inversion  dans  Fordre  successif  des 
stigmates ,  ce  qui  paraîtrait  annoncer  la  même  dis- 
tinction. 

Les  myriapodes  vivent  et  croissent  plus  long- 
temps que  les  autres  insectes ,  et  suivant  M.  Savi, 
il  faut  au  moins  deux  ans  à  quelques-uns  (  les  ïules  ), 
pour  que  les  organes  génitaux  deviennent  apparents. 

De  cet  ensemble  de  faits  ,  l'on  peut  conclure  que 
ces  animaux  se  rapprochent  d'une  part  des  crus- 
tacés et  des  arachnides,  et  de  l'autre  des  insectes; 
mais  sous  la  considération  de  la  présence ,  de  la 
forme  et  de  la  direction  des  trachées,  ils  appar- 
tiennent à  la  classe  des  derniers. 

Nous  les  partagerons  en  deux  familles,  parfaite* 


FAMILLE    DES    CHIL0G1N ATHES.  ^29 

nient  distinctes ,  tant  à  raison  de  leur  organisation  , 
que  de  leurs  habitudes ,  et  composant  dans  Linngeus, 
deux  coupes  génériques. 

La  première  famille  des  Myriapodes,  celle 

Des  CHILOGNATHES  (  Chiloghatha.  Latr.  ) ,  ou  le 
genre  des  IULES  (ïulus)  de  Linnaeus , 

À  le  corps  généralement  crustacé  et  souvent 
cylindrique  ;  les  antennes ,  un  peu  plus  grosses 
vers  le  bout  ou  presque  d'égale  grosseur,  et  com- 
posées de  sept  articles  ;  deux  mandibules  épaisses , 
sans  palpes,  très  distinctement  divisées  en  deux 
portions  par  une  articulation  médiane,  avec  des 
dents  imbriquées  et  implantées  dans  une  concavité 
de  son  extrémité  supérieure;  une  espèce  de  lèvre 
(  languette  )  (1)  ,  située  immédiatement  au-dessous 
d'elles,  les  recouvrant,  crustacée,  plane,  divisée  à 
sa  surface  extérieure  par  des  sutures  longitudinales 
et  des  échancrures,  en  quatre  aires  principales, 
tuberculées  au  bord  supérieur^  et  dont  les  deux  in- 
termédiaires plus  étroites  et  plus  courtes,  situées  à 
l'extrémité  supérieure  d'une  autre  aire,  leur  servant 

de  base  commune;  les  pieds  très  courts  et  toujours 
terminés  par  un  seul  crochet  ;  quatre  pieds  situés 

immédiatement  au-dessous  de  la  pièce  précédente  ? 

de  la  l'orme  des  suivants,  mais  plus  rapprochés  à 


(1)  Lèvre  inférieure  composée  des  deux  paires  de  mâchoire»  des  crus- 
tacés, selon  M,  Savigny. 


33o  INSECTES    MYRIAPODES. 

leur  base,  avec  l'article  radical  proportionnellement 
plus  long  ;  et  la  pi  upart  des  autres ,  attachés  par  dou- 
ble paire,  à  un  seul  anneau.  Les  organes  génitaux 
masculins  sont  situés  immédiatement  après  la  sep- 
tième paire  de  pieds ,  et  ceux  de  l'autre  sexe  derrière 
les  seconds.  Les  stigmates  sont  placés  alternative- 
ment ,  en  dehors  de  l'origine  de  chaque  paire  de 
pieds,  et  très  petits. 

Les  chilognathes  marchent  très  lentement  ou  se 
glissent ,  pour  ainsi  dire ,  sur  le  plan  de  position,  et  se 
roulent  en  spirale  ou  en  boule.  Le  premier  segment 
du  corps ,  et  dans  quelques-uns  le  suivant ,  est  plus 
grand,  et  présente  la  forme  d'un  corselet  ou  d'un 
petit  bouclier.  Ce  n'est  guère  qu'au  quatrième  dans 
les  uns,  qu'au  cinquième  ou  au  sixième  dans  les 
autres,  que  la  duplicature  des  paires  de  pieds  com- 
mence ;    les  deux  ou    quatre  premiers  pieds  sont 
même  entièrement  libres  jusqu'à  leur  naissance,  ou 
ils  n'adhèrent  à  leurs  segments  respectifs,   que  par 
une  ligne  médiane  ou  sternale.  Les  deux  ou  trois 
derniers  anneaux  sont  apodes-  On  voit  de  chaque 
côté  du  corps  une  série  de  pores ,  qu'on  avait  pris 
pour  des  stigmates  ,  mais  qui,,  d'après  M.  Savi,  sont 
simplement  destinés  à  la  sortie  d'une  liqueur  acide 
et  d'une  odeur  désagréable ,  qui  paraît  servir  à  la 
défense  de  ces  animaux;    les  ouvertures  propres  à 
la  respiration  ,  et  dont  on  lui  doit  la  découverte ,  sont 
placées  sur  la  pièce  sternale  de  chaque  segment ,  et 
communiquentintérieureinent  avec  une  double  série 


FAMILLE    DES    CHILOGNATHES.  35l 

de  poches  pneumatiques,  disposées  en  chapelet,, 
tout  le  long  du  corps,  et  d'où  partent  des  branches 
trachéennes  qui  vont  se  répandre  sur  les  autres  or- 
ganes. Suivant  une  observation  de  M.  Straus,  les 
poches  ou  trachées  vésiculeuses  ne  sont  point  liées 
les  unes  aux  autres ,  ainsi  que  de  coutume,  par  une 
trachée  principale. 

Aux  environs  de  Pise,  où  M.  Savi  a  recueilli  les 
observations  précitées  ^  les  amours  de  l'iule  commun 
commencent  vers  la  fin  de  décembre  et  finissent 
vers  la  mi-mai.  Les  organe»  copulateurs  du  mâle 
sont  placés  clans  cette  espèce  sous  le  sixième  segment , 
mais  ils  ne  se  montrent  sous  cette  forme  que  lors- 
que l'individu  est  parvenu  environ  au  tiers  de  sa 
taille  ordinaire  ;  jusqu'alors  cette  place  est  occupée 
par  une  paire  de  paltes ,  la  quinzième  ,  et  qui  existe 
toujours  dans  les  femelles;  ici 2  l'orifice  des  parties 
sexuelles  est  placé  entre  le  premier  et  deuxième 
segment.  Des  gloméris  et  des  iules  femelles  m'ont 
offert  par  derrière  la  naissance  de  la  seconde  paire 
de  paltes,  deux  petits  mamelons  convexes  qui  pa- 
raissent caractériser  ce  sexe  ;  celui  des  mâles  con- 
siste aussi  en  deux  mamelons,  mais  terminés  chacun 
par  un  crochet  écailleux  et  contourné.  Dansl'accou- 
plement,  ces  insectes  redressent  et  appliquent  l'une 
contre  l'autre,  face  à  face,  les  extrémités  antérieures 
de  leurs  corps,  et  s'entrelacent  inférieurement.  Le 
corps  des  individus  venant  de  naître  est  en  forme 
de  rein,  parfaitement  uni  et  sans  appendices.  Dix- 


552  IÎNSECTES    MYRIAPODES. 

huit  iours  après ,  il  subissent   une  première  mue  ., 
et  ils  prennent  seulement  alors  la  forme  des  adultes  ; 
mais  ils  n'ont  encore  que  vingt-deux  segments ,  et 
le  nombre  total  de  leurs  paltes    est    de    vingt-six 
paires.    M.    Savi   paraît  contredire    l'assertion    de 
De  Géer  y  qui  dit  n'en  avoir  compté  que  trois  paires  • 
et  que  huit  anneaux  dans  les  jeunes  individus;  mais 
est-il  bien  certain  que  la   mue  dont   parle  M.  Savi 
soit  réellement  la  première  ,  et  ne  doit-on  pas,  au 
contraire,  présumer  que  ces  jeunes    individus    ne 
passent  pas  subitement   d'un    état  où   ils   n'offrent 
aucun    appendice  locomotile,    à    celui   où   ils   en 
montrent  jusqu'à  vingt-six  paires,  ou  qu'en  un  mot 
d'autres  changements   de  peau  ,  mais   qui  ont   pu 
échapper  à  M.  Savi,  ont  eu  lieu  et  ont  développé 
successivement  ce  nombre  de  pattes?  Les  observa- 
tions du  Réaumur  suédois  ne  confirment-elles  pas 
ces  transitions  graduelles?  Quoiqu'il  en  soit ,  selon 
M.  Savi ,    les  dix-huit  premières  paires   de   pattes 
servent  seules  à  la  locomotion;   à  la  seconde  mue, 
l'animal  en  offre  trente-six  paires  et  à  la  troisième 
quarante-trois;  le  corps  alors  se  compose  de  trente 
segments.     Enfin,     dans   l'état  adulte,     le    mâle 
en  a  trente-neuf  et   la   femelle   soixante-quatre  ; 
deux  ans  après ,  ils  muent   encore ,    et   c'est  alors 
seulement  qu'apparaissent  les  organes  de  la  gêné- 
ration.  Depuis  là  naissance,  qui  a  lieu  en  mars,  jus- 
qu'en novembre,   époque  où  M.   Savi    a    cessé  ses 
observations  ,  ces  changements  de  peau  se  renou- 


FAMILLE  DES  CHILOGNATHES.        353 

vellent  à  peu  près  de  mois  en  mois.  On  découvre 
dans  la  dépouille  jusqu'à  la  membrane  qui  tapisse 
intérieurement  le  canal  alimentaire  et  les  trachées. 
Les  organes  de  la  bouche  sont  les  seules  parties  que 
M.  Savi  n'a  pu  retrouver  (1). 

Ces  insectes  se  nourrissent  de  substances  soit  vé- 
gétales  ,  soit  animales,  mais  mortes  et  décomposées, 
et  pondent  dans  la  terre  un  grand  nombre  d'oeufs. 

Ils  ne  forment  dans  Linnœus ,  qu'un  genre. 

Les  Iules.  (Iulus.  L.  ) 

Que  nous  divisons  comme  il  suit  : 

Les  uns  ont  le  corps  crustacé,  sans  appendices  au  bout, 
et  les  antennes  renflées  vers  leur  sommet. 

Les  Glomébis.  (Glomeris.  Latr.  ) 

Semblables  à  des  cloportes,  ovales,  et  se  roulant  en 
boule. 

Leur  corps,  convexe  en  dessus  et  concave  en  dessous,  a, 
le  long  de  chacun  de  ses  côtés  inférieurs,  une  rangée  de 
petites  écailles,  analogues  aux  divisions  latérales  des  trilo- 
bites.  Il  n'est  composé,  la  tête  non  comprise  ,  que  de  douze 
segments  ou  tablettes,  dont  le  premier,  plus  étroit,  forme 
une  sorte  de  collier  en  demi-cercle  transversal  ,  et  dont  le 
suivant  et  le  dernier  les  plus  grands  de  tous;  celui-ci  est 
voûté  et  arrondi  au  bout.  Le  nombre  des  pattes  est  de  trente- 
quatre  dans  les  femelles,  et  de  trente-deux  dans  les  mâles, 
ses  organes  sexuels  remplaçant  la  paire  qui  manque.  Ces  aui- 


(i)  Voyez  le  Bulletin  général  et  universel  de  M.  le  baron  de  Férussac, 
décembre  i8îî3.  Les  observations  de  M.  Savi ,  dont  ce  journal  offre  un 
extrait,  sont  consignées  dans  le  mémoire  suivant  :  Osservazioni  per  ser- 
vi re  alla  storia  di  una  specie  di  julus  communissima ,  Bologna  ,  1817. 
Le  même  savant  en  a  publié  un  autre,  en  18 19,  sur  le  Julus  fœtidissimus. 


334  INSECTES    MYRIAPODES. 

maux  sont  terrestres  et  vivent  sous  les  pierres  dans  les  ter- 
rains montueux  (i). 

Les  Iules  propres.  (Ïulus.  Lin.) 

Qui  ont  le  corps  cylindrique  et  fort  long,  se  roulant  en 
spirale,  et  sans  saillie  en  forme  d'arête  ou  de  bord  tranchant 
sur  les  côtés  des  anneaux. 

Les  plus  grandes  espèces  vivent  à  terre,  particulière- 
ment dans  les  lieux  sablonneux ,  les  bois  ,  et  répandent 
une  odeur  désagréable.  Les  plus  petites  se  nourrissent  de 
fruits,  de  racines  ou  de  feuilles  de  plantes  potagères.  On 
en  trouve  quelques  autres  sous  les  écorces  d'arbres,  dans 
la  mousse,  etc. 

Ulule  très-grand  (I.  maximus  ,  Lin.)Marcg.,  Bras., 
p.  255.  Propre  à  l'Amérique  méridionale,  a  jusqu'à  sept 
pouces  de  long. 

Ulule  des  sables  (  /.  sabulosus  ,  Lin.  )  Schœff. ,  Elem. , 
entom,  lxxiii.  — /.  fasciatus ,  De  G.,  Insect.,  VU,  xxxvi , 
9,  io  ;  Leacli. ,  Zool.  ,  miscell.  ,  cxxxni  ;  long  d'environ 
seize  lignes,  d'un  brun  noirâtre,  avec  deux  lignes  rous- 
sâtres  le  long  du  dos;  cinquante- quatre  segments,  dont 
l'avant -dernier  terminé  par  une  pointe  forte,  velue  et 
cornée  au  bout.  —  En  Europe. 

Ulule  terrestre  (I.  terres tris.  Lin.  )  Geoff.  ,  insect.,  lï,  xxn, 
5;  d'un  quart  plus  petit,  cendré  bleuâtre,  entrecoupé  de 
jaunâtre  clair;  quarante -deux  à  quarante-  sept  segments. 
—  Avec  le  précédent  (2). 

Les    POLYDÈMES.    (  POLYDESMUS.    Lat.  ) 

Semblables  aux  'iules  par  la  forme  linéaire  de  leur  corps  et 
l'habitude  de  se  rouler  en  spirale,   mais  dont  les  segments 

(1)  Iulus  ovalis,  Lia.  ;  Gronov.,  Zooph.,  pi.  xvn,  4>  5  ;  —  Oniscus 
zonatus ,  Panz. ,  Faun. ,  Insect.  germ. ,  IX,  xxm  ;  Glomeris  marginata, 
Leach  ,  Zool.  miscell. ,  cxxxii; — Oniscus  pustulatus,  Fab.  ;  Panz.,  ibid.  , 

XXII. 

(2)  Voyez  les  deux  Mémoires  pre'cite's  de  M.  Savi,  et  le  Zoolog.  miscel  ; 
de  M.  Leacli,  tom.  III,  à  l'égard  de  ces  deux  espèces  et  de  quelques 
autres  d'Angleterre.  Ajoutez  lulus  indus,  Lin.;  De  G.,  VII,  xliii  ,  7; 
Séb. ,  Mus.  II ,  xxiv  ,  4  >  5;  —  Se'b, ,  Mus.  I,  lxxxi,  5  ;  —  Schrœt.,  Ab- 
handl. ,  I ,  in,  7. 


FAMILLE    DES    CHILOPODES.  335 

sont  comprimés  sur  les  côtés  inférieurs,  avec  une  saillie  en 
forme  de  rebord  ou  d'arête  au-dessus. 

On  les  trouve  sur  les  pierres,  et  !e  plus  souvent  dans  les 
lieux  humides  (i). 

Les  espèces  qui  ont  des  yeux  apparents  forment  le  genre 
Craspedosome  de  M.  Leach  (a). 

Les  autres  ont  le  corps  membraneux,  très  mou,  et  terminé 
par  des  pinceaux  de  petites  écailles.  Leurs  antennes  sont  de 
la  même  grosseur.  Tels  sont 

Les  Pollyxènes.  (  Pollyxenus.  Latr.  ) 

Qui  ne  comprennent  encore  qu'une  seule  espèce,  rangée 
avec  les  Scolopendres  (Se.  lagura.  L.  )par  Linnaeus,  Geoffroy 
et  Fabricius. 

C'estle  Iule  à  queue  en  pinceau  deDeGeer,  Insect.,  VII, 
xxxvi,  i ,  2,  3;  Zool.  miscell.  ,  cxxxv,  B.  Cet  insecte  est 
très  petit,  oblong,  avec  des  aigrettes  de  petites  écailles 
sur  les  côtés,  et  un  pinceau  blanc  à  l'extrémité  postérieure 
du  corps.  Il  a  douze  paires  de  pieds,  placées  sur  autant  de 
demi-anneaux. 

Il  se  tient  dans  les  fentes  des  murs  et   sous  les  vieilles 
écorces. 

La  seconde  famille  de  Myriapodes  , 

Les  CHILOPODES  (  Chilopoda  .  Lat.  )  ,  ou  le  genre 
des  Scolopendres  (Scolopendra)  de  hinnssus ,  etc. 

Ont  les  antennes  plus  grêles  vers  leur  extrémité,  de 
quatorze  articles  et  au-delà;  une  bouche  composée 
de  deux  mandibules,  munies  d'un  petit  appendice 
en  forme  de  palpe ,  offrant  dans  leur  milieu  l'ap- 
parence d'une  soudure ,    et  terminées  en  manière 


(i)  Les  Iules  complanatus  (Zool.  miscel.,  cxxxv,  A)  depressus,  stigma, 
tridentatus  de  Fabricius;  Ses  Scolopendres  ?  dorsalis,  clypeala. 

(n)  Les  espèces,  inconnues  avant  M.  Leach,  paraissent  propres  à  la 
Grande-Bretagne.  Voyez  la  planche  cxxxiv  de  son  Zoological  miscel- 
lany  ,  tom.  TH, 


356  INSIXTES    MYRIAPODES. 

de  cuilleron  dentelé  sur  ses  bords;  d'une  lèvre  (i) 
quadrifide ,  dont  les  deux  divisions  latérales  plus 
grandes,  annelées  transversalement,  semblables 
aux  pattes  membraneuses  des  ehenilles  ;  de  deux 
palpes  ou  petits  pieds  réunis  à  leur  base,  ongui- 
culés au  bout;  et  d'une  seconde  lèvre  (2)  formée 
par  une  seconde  paire  de  pieds  dilatés  et  joints  à  leur 
naissance,  et  terminés  par  un  Fort  crochet,  mo- 
bile et  percé  sous  son  extrémité  d'un  trou,  pour  la 
sortie  d'une  liqueur  vénéneuse. 

Le  corps  est  déprimé  et  membraneux.  Chacun 
de  ses  anneaux  est  recouvert  d'une  plaque  coriace 
ou  cartilagineuse. ,  et  ne  porte y  le  plus  souvent, 
qu'une  paire  de  pieds  (5)  ;    la  dernière  est  ordinai- 

(1)  Pièce  analogue  à  la  lèvre  inférieure  des  Chilognates  ,  représentant , 
selon  moi,  la  langue  des  crustacés,  mais  pouvant  aussi  faire  l'office  de 
mâchoires  5  c'est  ce  que  M.  Savigny  nomme  première  lèvre  auxiliaire. 

(2)  Seconde  lèvre  auxiliaire  du  même.  Elle  n'est  point  annexe'e  avec 
la  tête  ,  mais  avec  l'extre'mité  antérieure  du  premier  demi-segment.  Les 
deux  pieds  à  crochets  forment,  par  la  réunion  et  la  dilatation  de  leur 
premier  article ,  une  plaque  en  form^de  menton  et  de  lèvre.  Le  même 
demi-segment  porte  les  deux  premiers  pieds  ordinaires.  Dans  les  Scolo- 
pendres propres  de  M.  Leach ,  les  deux  premiers  stigmates  sont  situes 
sur  le  troisième  demi-segment,  abstraction  faite  du  premier;  le  second  et 
le  suivant  composeront  le  premier  anneau  complet ,  et  alors  les  deux  pre- 
miers stigmates  se  trouveront  placés  ,  comme  dans  les  autres  insectes  , 
sur  un  espace  correspondant  au  prothorax.  Cette  seconde  lèvre  auxiliaire 
pourra  ainsi  représenter  la  lèvre  inférieure  des  insectes  hexapodes  broyeurs. 
Mais  ici  le  pharynx  est  situé  en  avant  de  cette  lèvre,  au  lieu  que,  dans 
les  .myriapodes  ,  il  est  placé  au-devant  de  la  première  lèvre  auxiliaire. 
C'est  d'après  ces  rapports  et  plusieurs  autres ,  fournis  par  les  entomos- 
tracés  et  les  arachnides,  que  je  considère  les  pieds  des  insectes  hexapodes 
comme  les  analogues  des  six  pieds-mâchoires  des  crustacés  décapodes. 

(3)  Us  ne  sont,  dans  ce  cas  ,  que  des  demi-anneaux.  Voyez  les  géné- 
ralités de  l'ordre. 


FAMILLE    DES    CHILOPODES.  337 

ment  rejetée  en  arrière,  et  s'alonge  en  forme  de 
queue.  Les  organes  de  la  respiration  sont  composés 
en  totalité  ou  en  partie  de  trachées  tabulaires. 

Ces  animaux  courent  très  vite,  sont  carnassiers, 
fuient  la  lumière,  et  se  cachent  sous  les  pierres, 
les  vieilles  poutres,  les  écorces  des  arbres,  dans  la 
terre ,  le  fumier ,  etc.  Les  habitants  des  pays  chauds 
les  redoutent  beaucoup,  les  espèces  qu'on  y  trouve 
étant  fort  grandes,  et  leur  venin  pouvant  être  plus 
actif.  La  scolopendre  mordante  est  désignée  aux 
Antilles  par  l'épilhète  de  malfaisante.  On  en  connaît 
qui  ont  une  propriété  phosphorique. 

Les  organes  sexuels  sont  intérieurs  et  situés  à 
l'extrémité  postérieur  du  corps,  comme  dans  la 
plupart  des  insectes  suivants.  Les$stigmates  sont  plus 
sensibles  que  dans  la  famille  précédente ,  et  latéraux 
ou  dorsaux. 

Cette  famille,  qui,  dans  la  méthode  de  M.  Leach, 
forme  son  ordre  des  Syngnathes y  peut,  d'après  ces 
derniers  caractères  ,  la  nature  des  organes  respira- 
toires et  les  pieds  ,  se  diviser-  ainsi  : 

Les  unes  n'ont  que  quinze  paires  de  pattes  (ij,  et  leur  corps 
vu  en  dessus  présente  moins  de  segments  qu'en  dessous. 

Les  ScutigÈres.  (Scutigeba.  Lam. —  Cermatia.   Ilig.  ) 

Qui  ont  le  corps  recouvert  de  huit  plaques  en  forme  d'é~ 
cussons,  sous  chacune  desquelles  M.  Marcel  de  Serres  a  ob- 
servé deux  poches  pneumatiques  ou   trachées  vésiculaires, 


(i)  Le  docteur  Leach  compte  deux  paires  de  plus,  parce  qu'il  comprend 
dans  ce  nombre,  les  palpes  et  les  pieds  en  forme  de  crochets  de  la  tête, 

TOME     IV.  22 


338  INSECTES    MYRIAPODES. 

recevant  l'air,  et  communiquant  avec  des  trachées  tubu- 
Jaires  latérales  et  inférieures.  Le  dessous  du  corps  est  di- 
visé en  quinze  demi-anneaux,  portant  chacun  une  paire  de 
pieds  terminés  par  un  tarse  fort  long  ,  grêle  et  très  articulé  ; 
les  dernières  paires  sont  plus  alongées  ;  les  yeux  sont  grands 
et  à  facettes. 

Elles  ont  des  antennes  grêles  et  assez  longues;  les  deux 
palpes  saillants  et  garnis  de  petites  épines.  Le  corps  est  plus 
court  que  dans  les  autres  genres  de  la  même  famille,  avec 
les  articles  des  pieds  proportionnellement  plus  longs. 

Les  scutigères  ,  qui,  d'après  ces  caractères,  font  le  passage 
de  la  famille  précédente  à  celle-ci,  sont  fort  agiles, et  perdent 
souvent  une  partie  de  leurs  pieds  lorsqu'on  les  saisit. 

L'espèce  de  notre  pays  (i)  se  cache  entre  les  poutres  ou 

les  solives  des  charpentes  des  maisons. 

Les  Lithobies.   (  Lithobius.  Leach.  ) 

Qui  ont  les  stigmates  latéraux,  le  corps  divisé ,  tant  en 
dessus  qu'en  dessous,  en  un  pareil  nombre  de  segments  , 
portant  chacun  une  paire  de  pieds,  et  les  plaques  supérieu- 
res alternativement  plus  longues  et  plus  courtes,  en  recou- 
vrement, jusque  près  de  l'extrémité  postérieure. 

Le Lithohie  fourchu  (  Scolopendra  forficata,  Lin.)  Fabr., 
De  G.  ;  Geoff. ,  Hist.  des  insect.  ,  II,  xxn,  3;  Panz.,  Faun., 
insect.Germ.L.  ,  xm;  Leach. ,  Zool.,  miscell.,  cxxxvn(a). 

Les  autres  ont  au  moins  vingt- une  paires  de  pattes  et 
les  segments  sont,  tant  en  dessus  qu'en  dessous,  de  gran- 
deur égale  et  en  même  quantité. 

Les  Scolopendres  propres.  (Scolopendra.  Lin.) 

Celles  qui  à  partir  des  deux  pieds  venant  immédiatement 
après  les  deux  crochets  formant  la  lèvre  extérieure,  n'eu  of- 

(i)  La  Scolopendre  à  -vingt-huit  pattts  de  Geoffroy,  qui  paraît  différer 
de  la  S.  coleoptrala  de  Panzer,  Faun.  insect.  Germ. ,  L.  ,  xi;,  et  de  celle 
deLinnaensj  —  Iulus  araneoides  ,  Pall.;  Spicil.  Zoo!.,  IX,  îv,  16;  — 
Scolopendra  lo?igicornis  ,  Fab.  ;  de.  Tranquebar.  Voyez  aussi  Leach  , 
Zool.  miscel,  Cermatia  livida ,  cxxxvi ,  et  le  i  4e  volume  des  Transactions 
Jinne'ennes. 

(a)  L.  variegatus ,  lœvïlabrum ,  Leach,  Trans.  linn.  Soc,  XI.  Voyez 
aussi  le  troisième  volume  de  son  Zoological  miscellany. 


INSECTES    THYSANOURES.  33p, 

fient  que  vingt-une  paires, et  dont  les  antennes  ont  dix-sept 
articles  composant  les  genres  Scolopendre  et  Crytops  de 
M.  Leach.  Les  yeux  sont  distincts,  au  nombre  de  huit,  quatre 
de  chaque  côté,  dans  le  premier  et  celui  qui  comprend  les 
pjius  grandes  espèces  $  ils  sont  nuls  ou  très  peu  visibles  dans 
le  second. 

Les  départements  les  plus  méridionaux  de  la  France  et 
d'autres  contrées  du  sud  de  l'Europe  nous  offrent  une  es- 
pèce {Scolopendra  cingulata ,  Latr.;  Se.  morsitans ,  Yill. , 
entom.,  tom.  IV,  xi,  17,  18.)  presque  aussi  grande  quelque- 
fois que  l'espèce  ordinaire  des  Antilles,  mais  ayant  le  corps 
plus  aplati  (1).  - 

Les  crytops  ont  leurs  antennes  plus  grenues  que  les 
scolopendres  et  les  deux  pieds  postérieurs  plus  grêles.  Le 
docteur  Leach  en  mentionne  deux  espèces  trouvées  dans 
les  enviions  de  Londres  (2). 

Dans  les  Scolopendres  composant  le  genre  Géophile 
(  Geophilus  )  du  même,  le  nombre  dés  pieds  est  au-dessus 
de  quarante-deux  et  souvent  très  considérable.  Les  anten- 
nes n^ont  que  quatorze  articles  et  leur  extrémité  est  moins 
amincie;  le  corps  est  proportionnellement  plus  étroit  et 
plus  long.  Les  yeux  sont  peu  distincts.  Quelques  espèces  . 
sont  électriques  (3). 


LE  SECOND  ORDRE  DES  INSECTES, 

Les  THYSANOURES  (Thysanoura.), 

Comprend  des  insectes  aptères ,  portés  seulement 
sur  six  pieds,   sans  métamorphose,    et  ayant    de 


(i)  Scolopendra  morsitans,  Lin.;  De  Ge'er ,  Insect. ,  VII,  xliii,  1. 
Voyez,  pour  d'autres  espèces,  le  troisième  vol.  du  Zoolog.  miscellany  du 
docteur  Leach;  la  Scolopendra  gigantea  de  Linnaeus  (Brown. ,  Jam. ,  xlii,  4j, 
et  d'autres  grandes  espèces,  mais  incomple'tement  de'crites. 

(2)  Crytops  hortensis,  Zool.  misc.,cxxxix;  ejusd.,  ib.  ;  Crytops  S avigniL 

(3)  S.  electrica,  Lin.  ;  Frifch.  ,  Insect.  ,  XI,  vin,  1;  — S.  occiden- 
talis  ,   Lin.;  List.  fan. ,   vi  ;  — S.  phosphorea ,   Lin.   Tombée  du  ciel 


22* 


OZ+O  INSECTES    THYSANOUKES. 

plus ,  soit  sur  les  côtés ,  soit  à  l'extrémité  de  l'al>- 
clomen  ,   des  organes  particuliers  de  mouvement, 

La  famille  première  des  Thysanoures,  celle 

i 
Des  Lépismènes  (LEPisMENiE.  Lat.  ), 

A  les  antennes  en  forme  de  soies,  et  divisées,  dès 
leur  naissance,  en  un  grand  nombre  de  petits  ar- 
ticles; des  palpes  très  distincts  et  saillants  à  la  bou- 
che; l'abdomen  muni  de  chaque  côté,  en  dessous, 
d'une  rangée  d'appendices  mobiles,  en  forme  de 
Fausses  pattes  ^  et  terminé  par  des  soies  articulées, 
dont  trois  plus  remarquables;  et  le  corps  toujours 
garni  de  petites  écailles  luisantes. 

Elle  ne  comprend  qu'un  genre  de  Linnaeus., 

Les  Lépismes.  (Lepisma.  L.) 

Leur  corps  est  alongé  et  couvert  de  petites  écailles, 
souvent  argentées  et  brillantes,  ce  qui  a  fait  comparer 
l'espèce  la  plus  commune  à  un  petit  poisson.  Les  an- 
tennes sont  en  forme  de  soies,  et  ordinairement  fort  lon- 
gues. La  bouche  est  composée  d'un  labre,  de  deux  man- 
dibules presque  membraneuses,  de  deux  mâchoires  à 
deux  divisions  ,  avec  un  palpe  de  cinq  à  six  articles,  et 
d'une  lèvre  à  quatre  découpures  et  portant  deux  palpes 
à  quatre  articulations.  Le  thorax  est  de  trois  pièces. 
L'abdomen  ,  qui  se  rétrécit  peu  à  peu  vers  son  extrémité 
postérieure,  a,  le  long  de  chaque  côté  du  ventre,  une 
rangée  de  petits  appendices  portés  sur  un  court  article, 


sur  an  vaisseau  ,  à  100  milles  du  continent.  Trayez  le  tome  troisième  du 
Zool.  misceîlan.  de  M.  Leach.  Geophilus  marili/nus ,  cxr, ,  i  ,  2;  —  G. 
làrùncorniS)  Tab.  ead.  ,  3-6,  et.  quelques  autres  espèces. 


FAMILLE     DES    LÉP1SMÈNES.  54 1 

et  terminés  en  pointes  soyeuses;  ies  derniers  sont  plus 
longs;  de  l'anus  sort  une  espèce  de  stylet  écailleux, 
comprimé  et  de  deux  pièces;  viennent  ensuite  les  trois 
soies  articulées  ,  qui  se  prolongent  au-delà  du  corps. 
Les  pieds  sont  courts,  et  ont  souvent  des  hanches  très 
grandes  ,  fortement  comprimées  et  en  forme  d'écaillés. 

Plusieurs  espèces  se  cachent  dans  les  fentes  des  châssis 
qui  restent  fermés  ,  ou  qu'on  n'ouvre  que  rarement,  sous 
des  planches  un  peu  humides,  dans  les  armoires.  D'autres 
vivent  retirées  sous  les  pierres. 

Ces  insectes  courent  très  vite;  quelques-uns  sautent 
par  le  moyen  des  filets  de  leur  queue. 

On  en  fait  deux  sous-genres. 

Les  Machiles.  (Machilis.  Latr.  —  Petrobius.  Leach.  ) 

Dont  les  yeux  sont  très  composés,  presque  contigus,  et 
occupent  la  majeure  partie  de  la  tête;  qui  ont  le  corps  con- 
vexe et  arqué  en  dessus  ,  et  l'abdomen  terminé  par  des  petits 
filets  propres  pour  le  saut,  et  dont  celui  du  milieu,  placé  au- 
dessus  des  deux  autres ,  est  beaucoup  plus  long. 

Les  palpes  maxillaires  sont  très  grands  et  en  forme  de  pe- 
tits pieds.  Le  thorax  est  étranglé,  avec  son  premier  segment 
plus  petit  que  le  second  et  en  voûte. 

Ces  insectes  sautent  très  bien  et  fréquentent  les  lieux 
pierreux  et  couverts.  Toutes  les  espèces  connues  sont  d'Eu- 
rope (i). 

Les  Lépismès.  QLepisma.  Lin.  —  Forbicina.  Geoff.  Leach.  ) 

Qui  ont  les  yeux  très  petits,  fort  écartés,  composés  d'un 
petit  nombre  de  grains  ;  le  corps  aplati ,  et  terminé  par  trois 
fiiets  de  la  même  longueur  ,  insérés  sur  la  même  ligne  ,  et  ne 
servant  pointa  sauter. 

(i)  Lepisma  polypoda ,  Lin.;  L  saccharina ,  Vill  ,  Entom.  , 
Lin.,  IV,  xi,  i;  Roera. ,  Gêner.,  insect. ,  xxix,  i  5  Forbicine  cylin- 
drique, Geoi'f.  ;  —  Lepisma  thezeana  ,  Fab.  ;  —  Petrobius  marilunus  , 
Leach,  Zoolog.  miscellan,  ,  cxlv. 


5^2  INSECTES    THYSANOTJRES. 

Leurs  hanches  sont  très  grandes.  La  plupart  des  espèces  se 
trouvent  dans  l'intérieur  des  maisons. 

Le  Lépisme  du  sucre  (  L.  saccharina ,  Lin.  ),  —  la  Forbi- 
cineplate.,  Geoff.  ,Insect.,  II,  xx,  3j  Schœff.,  Elem.  en- 
tom.,  lxxv  ;  long  de  quatre  lignes,  d'une  couleur  argentée 
et  un  peu  plombée,  sans  taches,  est,  dit-on,  originaire  de 
l'Amérique1,  et  devenu  commun  dans  nos  maisons. 

On  trouve  souvent  avec  lui  et  dans  les  mêmes  lieux 
le  Lépisme  rubanné  {vittata  ,  Fab.),  qui  a  le  corps  cendré , 
pointillé  de  noirâtre,  avec  quatre  raies  de  cette  dernière 
couleur  le  long  du  dos  de  l'abdomen.  Il  y  en  a  d'autres  es- 
pèces sous  les  pierres. 

La  seconde  famille  des  Thysanoures,  celle 

Des  PODURELLES  (  PoDURELLiE.  Lat.  ), 

Dont  les  antennes  sont  de  quatre  pièces,  dont 
la  bouche  n'offre  point  de  palpes  distincts  et  sail- 
lants, et  qui  a  l'abdomen  terminé  par  une  queue 
fourchue,  appliquée,  dans  l'inaction,  sous  le  ventre, 
et  servant  à  sauter ,  ne  forme  aussi  dans  Linnaeus 
qu'un  genre. 

Des  PODURES.  (PODURA.   L.  ) 

Ces  insectes  sont  très  petits,  fort  mous,  alongés,  avec 
la  tête  ovale  et  deux  yeux  formés  chacun  de  huit  petits 
grains.  Leurs  pieds  n'ont  que  quatre  articles  distincts. 
La  queue  est  molle  ,  flexible  et  composée  d'une  pièce  in- 
férieure ,  mobile  à  sa  base ,  à  l'extrémité  de  laquelle  s'ar- 
ticulent deux  tiges,  susceptibles  de  se  rapprocher,  de 
s'écarter  ou  de  se  croiser  ,  et  qui  sont  les  dents  de  la 
fourche.  Ces  insectes  peuvent  redresser  leur  queue  ,  la 
pousser  avec  force  contre  le  plan  de  position  ,  comme 
s'ils  débandaient  un  ressort,  et  s'élever  ainsi  en  l'air, 
et  sauter,  de  même  que  les  puces,  mais  à  une  hauteur 


IW  SECTES    PARASITES.  343 

moindre.  Ils  retombent  ordinairement  sur  le  dos  ,  la 
queue  étendue  en  arrière.  Le  milieu  de  leur  ventre 
offre  une  partie  relevée  ,  ovale  et  divisée  par  une  fente. 
Les  uns  se  tiennent  sur  les  arbres,  les  plantes,  sous 
les  écorces  ou  sous  les  pierres  ;  d'autres ,  à  la  surface 
des  eaux  dormantes ,  quelquefois  sur  la  neige  même,  au 
temps  du  dégel.  Plusieurs  se  réunissent  en  sociétés  nom- 
breuses ,  sur  la  terre ,  les  chemins  sablonneux  ,  et  res- 
semblent de  loin  à  un  petit  tas  de  poudre  à  canon.  La 
multiplication  de  quelques  espèces  paraît  se  faire  en 
hiver. 

Les  Podures  proprement  dites.  (  Podura.  Latr.  ) 

Ont  les  antennes  de  la  même  grosseur  et  sans  anneaux  ou 
petits  articles  a  la  dernière  pièce.  Leur  corps  est  presque  li- 
néaire ou  cylindrique,  avec  le  tronc  distinctementarticulé,  et 
l'abdomen  étroit  et  oblong  (i). 

Les  Smynthures.  (  Smynthurtjs.  Latr.  ) 

Ont  les  antennes  plus  grêles  vers  leur  extrémité,  et  termi- 
nées par  une  pièce  annelée  ou  composée  de  petits  articles.  Le 
tronc  et  l'abdomen  sont  réunis  en  une  masse  globuleuse  on 
ovalaire(2); 


LE  TROISIÈME  ORDRE  DES  INSECTES , 

* 

Les  PARASITES  (Parasita.  Lat. — Anoplura.  Leach.), 

Ainsi  nommés  de   leurs   habitudes   (  voyez  pins 
bas  )  ,  n'ont  que  six  pieds ,  et  sont  aptères  de  même 

(i)  Podura.  arborea,  Lin.;  DeGe'er,  Insect. ,  VII  ,  n  ,  1-7;  — P. 
nivalis  ,  Lin.  ;  De  G.  ibid. ,  8-10  5  —  P.  aqualica  ,  Lin.  ;  De  G.,  ibid. , 
!  !  in  •  —  p,  plumbea  ,  Lin.  ;  De  G.  ,  ibid  ,  ni  ,  i~4  ;  —  P.  ambulans , 
Lin.;  De  G.,  ibid. ,  5-6  ; — P.  acjuatica  grisea  ,  De  G.,  ibid. ,  11 ,  18,  21. 

Les  Podures  vaga  ,  villosa,  cincta  ,  annulata ,  fusilla ,  Ugnorwn , 
jimetaria ,  de  Fabricius. 

(2)  Podura  atra ,  Lin.;  De  Géer,  ibid.,  m,  7-14  ?  les  Podures  vi- 
ridis ,  polypoda  ,  minuta  ,  signata  ,  de  Fab. 


544  INSECTES    PARASITES. 

que  les  thysanoures  ;  mais  leur  abdomen  n'a  point 
d'appendices  articulés  et  mobiles.  Ils  n'ont,  pour 
organes  de  la  vue  ,  que  quatre  ou  deux  petits  yeux 
lisses;  leur  bouche  est  en  grande  partie  intérieure, 
et  présente  au  dehors  soit  un  jnuseau  ou  un  ma- 
melon avancé  renfermant  un  suçoir  rétractile ,  soit 
deux  lèvres  membraneuses  et  rapprochées ,  avec 
deux  mandibules  en  crochets.  Ils  ne  forment  dans 
Linnaeus  que  le  genre  des 

Poux.  (Pediculus.  L.) 

Leur  corps  est  aplati ,  presque  transparent ,  divisé  en 
douze  ou  onze  segments  distincts ,  dont  trois  pour  le 
tronc ,  portant  chacun  une  paire  de  pieds.  Le  premier  de 
ces  segments  forment  souvent  une  espèce  de  corselet. 
Les  stigmates  sont  très  distincts.  Les  antennes  sont 
courtes,  de  la  même  grosseur,  composées  de  cinq  arti- 
cles et  souvent  insérées  dans  une  échancrure.  Chaque 
côté  de  la  tête  offre  un  ou  deux  petits  yeux  lisses.  Les 
pieds  sont  courts  et  terminés  par  un  ongle  très  fort  ou 
par  deux  crochets,  dirigés  l'un  vers  l'autre.  Ces  animaux 
s'accrochent  ainsi  facilement ,  soit  aux  poils  des  qua- 
drupèdes, soit  aux  plumes  des  oiseaux,  dont  ils  sucent 
le  sang,  et  sur  le  corps  desquels  ils  passent  leur  vie  et  se 
multiplient.  Ils  attachent  leurs  œufs  à  ces  appendices 
cutanés.  Leurs  générations  sont  nombreuses  et  se  succè- 
dent très  rapidement.  Quelques  causes  particulières,  et 
qui  nous  sont  incounues,  les  favorisent  d'une  manière 
extraordinaire,  et  c'est  ce  qui  a  lieu,  par  rapport  au 
pou  de  l'homme ,  dans  la  maladie  pédicuîaire  ou  phti- 
riase ,  et  même  dans  notre  enfance.  Ces  insectes  vivent 
constamment  sur  les  mêmes  quadrupèdes  et  sur  les  mê- 
mes oiseaux  ,  ou  du  moins  sur  des  animaux  de  ces  classes 


INSECTES    PARASITES.  3^5 

qui  ont  des  caractères  et  des  habitudes  analogues.  Un 
oiseau  en  nourrit  souvent  de  deux  sortes.  Leur  démar- 
che est,  en  général ,  assez  lente. 

Les  uns  (  Pediculea,  Leach  ),  tels  que 

Les  Poux  proprement  dits  (Pediculus.  Deg.  ), 

Ont  pour  bouche  un  mamelon  très  petit,  tubulaire  ,  situé 
à  l'extrémité  antérieure  de  la  tète,  en  forme  de  museau,  et 
renfermant,  dans  l'inaction  ,  un  suçoir.  Leurs  tarses  sont 
composés  d'un  article  dont  la  grosseur  égale  presque  celle  de 
la  jambe  ,  terminé  par  un  ongle  très  fort,  se  repliant  sur  une 
saillie,  en  forme  de  dent  de  la  jambe,  et  faisant  avec  cette 
pointe  l'office  de  pince.  Ceux  que  j'ai  observé  ne  m'ont  offert 
que  deuxyeux  lisses,  un  de  chaque  côté. 

L'homme  en  nourrit  de  trois  sortes  ;  leurs  œufs  sont  connus 
sous  le  nom  de  lentes. 

Dans  les  deux  espèces  suivantes,  le  thorax  est  bien  di- 
stinct de  l'abdomen  ,  de  sa  largeur  et  de  longueur  moyenne. 
Elles  forment  le  genre  pediculus,  proprement  dit,  du  docteur 
Leach  (i). 

Le  Pou  humain  du  corps  {  P.  humanus  corporis,  De  G. , 
Insect.,  VII,  i,  7).  D'un  blanc  sale,  sans  taches,  avec  les 
découpures  de  l'abdomen  moins  saillantes  que  dans  la  sui- 
vante.Elle  vient  uniquement  sur  le  corps  de  l'homme,  et 
pullule  d'une  manière  effrayante  dans  la  maladie  pédicu- 
laire. 

Le  Pou  humain  de  la  télé.  (  P.  humanus  capitis.  De  G., 
Insect.,  VU,  i,G.)  Cendré  ,  avec  les  espaces  où  sont  situés 
les  stigmates  bruns  ou  noirâtres*  lobes  ou  découpures  de 
l'abdomen  arrondis.  —  Sur  la  tète  de  l'homme,  et  particu- 
lièrement des  enfants. 

Les  mâles  de  cette  espèce  et  de  la  précédente  ont,  à 
l'extrémité  postérieure  de  leur  abdomen  ,  nue  petite  pièce 
écailleuse  et  conique,  en  forme  d'aiguillon,  probablement 
l'organe  sexuel. 
Les  Hottentots,  les  Nègres,  différents  singes,  mangent  les 


(r)  Zoolog.  misceilan.,  III. 


3^6  INSECTES    PARASITES. 

poux,  ou  sont phtirophages .  Oviédo  prétend  avoir  observé  que 
cette  vermine  abandonne,  à  la  hauteur  des  Tropiques,  les 
nautoniers  espagnols  qui  vont  aux  ïndes,  et  qu'elle  les  re- 
prend au  même  point ,  lorsqu'ils  reviennent  en  Europe.  On 
dit  encore  que  dans  l'Inde,  quelque  sale  que  l'on  soit ,  l'on 
n'en  a  jamais  qu'à  la  tête. 

il  fut  un  temps  où.  la  médecine  employait  le  pou  de 
l'homme  pour  les  suppressions  d'urine  ,  en  l'introduisant 
dans  le  canal  de  l'urètre. 

Le  docteur  Leach  forme  un  genre  propre,  phthirus ,  avec 
le  Pou  du  pubis  (  P.  pubis ,  Lin.  ),  Red.  ,  Exp.  ,  xix,  i  ; 
qui  a  le  corps  arrondi  et  large,  le  thorax  très  court ,  se 
confondant  presque  avec  l'abdomen  ,  et  les  quatre  pieds 
postérieurs  très  forts.  On  le  désigne  vulgairement  sous  le 
nom  de  Morpion.  Il  s'attache  aux  poils  des  parties  sexuelles 
et  des  sourcils.  Sa  piqûre  est  très^orte. 
Consultez  ,  pour  ces  espèces  vivant  sur  l'homme,  le  beau 
traité  des  maladies  de  la  peau  du  docteur  Alibert,  médecin 
du  roi. 

Redi  a  figuré,  mais  grossièrement,  plusieurs  autres  espè- 
ces, qui  se  trouvent  sur  divers  quadrupèdes.  Celle  qui  vit 
sur  le  porc  a  le  thorax  très  étroit,  avec  l'abdomen  fort  large. 
Elle  est  le  type  du  genre  Hœmatopinus  de  M.  Leach  (i),  le 
pou  du  bu/le  ,  figuré  par  DeGéer  (  Insect.,  VII,  i,  12),  présente 
des  caractères  plus  importants. 

Les  autres  {Nirmidea,  Leach),  tels  que 

Les  Ricins  (Ricinus.  De  G. } —  Nirmus,  Herm.  Leach.  ), 

Ont  la  bouche  inférieure  ,  et  composée  à  l'extérieur  de 
deux  lèvres  et  de  deux  mandibules  en  crochet.  Leurs  tarses 
sont  très  distincts,  articulés  et  terminés  par  deux  crochets 


égaux. 


A  l'exception  d'une  seule  espèce,  celle  du  chien  ,  toutes 
les  autres  se  trouvent  exclusivement  sur  les  oiseaux.  Leur 


(1)  Zoolog.  miscellan, ,  cxlvi  ;  P.  suis,  Panz. ,  Faun.  insect.  Germ.  , 


LI ,  xvi. 


Le  Pou  du  cerf,  Panz ,  ibid. ,  xv,  appartient  au  genre  Mélophage ,  de 
l'ordre  des  Diptères. 


INSECTES    PARASITES.  5/4J 

tête  est  [ordinairement  grande,  tantôt  triangulaire  ,  tantôt 
en  demi-cercle  ou  en  croissant,  et  a  souvent  des  saillies 
angulaires.  Elle  diffère  quelquefois  dans  les  deux  sexes  ,  de 
même  que  les  antennes.  J'ai  aperçu,  dans  plusieurs,  deux 
yeux  lisses  rapprochés  de  chaque  côté  de  la  tête.  Suivant 
des  observations  que  m'a  communiquées  M.  Savigny,  ces 
insectes  ont  des  mâchoires  avec  un  palpe  très  petit  sur  cha- 
cune d'elles ,  et  cachées  par  la  lèvre  inférieure,  qui  a  aussi 
deux  organes  de  la  même  sorte.  Ils  ont  encore  une  espèce  de 
langue.  » 

M.  Lecierc  de  Laval  m'a  dit  avoir  vu  ,  dans  leur  estomac  , 
des  parcelles  de  plumes  d'oiseaux,  et  croit  que  c'est  leur 
seule  nourriture.  De  Géer  assure  cependant  avoir  trouvé 
l'estomac  du  ricin  du  pinçon  rempli  de  sang,  dont  il  venait 
de  se  gorger.  L'on  sait  aussi  que  ces  insectes  ne  peuvent  vi- 
vre long-temps  sur  les  oiseaux  morts.  On  les  voit  alors  se 
promeneravec  inquiétude  surleursplumes,  particulièrement 
sur  celles  de  la  tête  et  des  environs  du  bec. 

Ilédi  en  a  aussi  représenté  un  grand  nombre  d'espèces. 

Les  unes  ont  la  bouche  située  près  de  l'extrémité  anté- 
rieure de  la  tête.  Les  antennes  sont  insérées  à  côté,  loin  des 
yeux  ,  et  très  petites  (i). 

Dans  les  autres,  la  bouche  est  presque  centrale;  les  an- 
tenues  sont  placées  très  près  des  yeux,  et  leur  longueur 
égale  presque  la  moitié  de  celle  de  la  tête  (2). 

Un  célèbre  naturaliste  allemand,  le  docteur  Nitzsch  ,  pro- 
fesseur à  Halle,  a  fait  une  étude  très  approfondie  de  l'organi- 
sation tant  intérieure  qu'extérieure  de  ces  animaux,  ainsi 
que  l'atteste  son  Mémoire  sur  les  insectes  épizoïques  ,  inséré 
dans  le  Magazin  entomologique  de  M.  Germar.  Le  genre 
— — — — — — — — — . .,  ,  ,   .  t 

(i)  Pediculus  sternes  Jiirundinis ,  Lin.  *  De  G. ,  Insect.  ,  VIT ,  iv  ,  12; 
—  Pediculus  corvi  coracis ,  Lin.  ;  De  G.  ,  ibid.  ,  n;  —  Ricin  us  frin- 
gillce  ,  De  G.,  ibid.,  5,6,  7; — Pediculus  tinnunculi ,  Panz.,  ibid.,  xvn. 

(2)  Ricinus  gallinœ ,  De  G. ,  ibid. ,  1 5  :  sur  la  poule ,  les  perdrix  et  les 
faisans;  —  R.  emberizœ  ,  De  G.  ,  ibid.  ,9;  —  R.  mergi,  De  G. ,  ibid.  , , 
i3  ,  1 4  7  — •  R'  eanù ,  De  G.  ,  ibid. ,  16  ;  —  Pediculus  pawonis  ,  Panz.  , 
ibid.,  xix  ;  Latr. ,  Hist.  nat.  des  Fourni. ,  389,  xn,  5.  Voyez  encore 
Panzer,  ibid. ,  pi.  xx-xxiv.  Son  Pediculus  ardeœ ,  xvm  ,  paraît  être  le 
même  que  le  Ricin  du  plongeon  de  De  G,  ,  iv,  1 3. 


54S  INSECTES    PAhASITES. 

pediculus  proprement    dit  ,  ou  celui   dont  les  espèces  sont 
munies  d'un  suçoir,  est  rangé  ,  par  lui ,  avec  les  hémiptères 
épizoïques.  Les  ricins  de  De  Géer  et  d'autres  ,  ou  les  nirmos 
d'Ile rmann  fils  ,  c'est-à-dire  les  espèces  pourvues  de  mandi- 
bules,  de   mâchoires,  sont  rapportés  à  l'ordre  des  orthop- 
tères ,  et  désignés  collectivement    par    la  dénomination   de 
mallophagcs. Devis,  genres  de  cette  division  se  rapprochent  des 
précédents  ,  en  ce  que  ces-animaux  vivent  aussi  sur  des  mam- 
mifères, tels  sont  ceux  de  Trichodecte  (  Tnchodectes)  et  de 
Gyrope  [Gyropus).  Dans  le  premier,  les  palpes  maxillaires 
.sont  nuls  ou  indistincts,  et  les  antennes  sont  filiformes   et 
de  trois  articles.  Les  espèces  se  trouvent  sur  le  chien  ,  le  blai- 
reau, la  belette,   la  fouine,  etc.  Dans  le  second,  les  palpes 
maxillaires  sont  apparents,  les  antennes   sont  plus  grosses 
vers  le   bout  et  de  quatre  articles.   Ses   mandibules    n'ont 
point  de  dents,  les  palpes  labiaux   sont  nuls   et  les  quatre 
tarses  postérieurs  n'ont  qu'un  seul  crochet  au  bout.  Ces  der- 
niers caractères  le  distinguent  d'un  autre  genre  ayant  aussi 
des  palpes  maxillaires  visibles  ,  des  antennes  de  quatre  arti- 
cles et  plus  grosses  vers  le  bout,  et  la  bouche  antérieure, 
celui  de  Liothee  {Liotheum).  Ici  les  mandibules  sont  biden- 
tées;  les  palpes  labiaux  sont    distincts,    et  tous  les    tarses 
sont  terminés  par  deux  crochets.   Les  espèces    se   trouvent 
sur  divers    oiseaux,   au    lieu  que   les    gyropes  vivent   sur 
les    quadrupèdes    nommés    vulgairement    Cochons  d'inde. 
Un    quatrième    et    dernier    genre,    dont   les  espèces    sont 
exclusivement  propres  aux  oiseaux,  est   celui    de   Philop- 
tere  (  Philopterus).    Les  antennes  ont    cinq  articles ,    dont 
le  troisième  offre  souvent,  dans  les  mâles  ,.  un   rameau, 
formant   avec   le  premier     une     pinee  ;  ces    organes    sont 
filiformes.    Les    palpes    maxillaires    sont    invisibles.     Les 
tarses  ont  deux  crochets  à  leur  extrémité,  mais  non  diver- 
gents ,  comme  le  sont  ceux  des  liothées.  ïci,  d'ailleurs,  les 
mâles  ont  six  testicules ,  trois  de  chaque  côté  ,  et  leurs  quatre 
vaisseaux  biliaires  sont  épaissis  vers  le  milieu  de  leur  lon- 
gueur.  Ceux  des  trichodectes  et  des  philoptères   n'offrent 
point  ce  renflement,  et  leurs  testicules  ne  sont  qu'au  nom- 
bre de  quatre,  deux  de  chaque  côté.  Dans  ces  deux  genres, 
encore,  il  y  a  dix  ovaires,  cinq   de   chaque  côté}  dans  les 


INSECTES    SUCEURS.  549 

liothées  femelles,  où  ce  savant  a  pu  les  observer,  il  n'en  a 
vu  que  six,  trois  de  chaque  côté.  11  n'a  point  de  connais- 
sance positive  sur  le  nombre  de  ceux  des  gvropes  femelles 
et  de  celui  des  testicules  de  l'autre  sexe. Dans  tous  ces  genres, 
le  thorax  est  biparti,  c'est-à-dire  que  le  prothorax  et  le  méso- 
thorax  composent  le  tronc  apparent,  et  que  sa  troisième  di- 
vision ou  le  métathorax  se  réunil  et  se  confond  avec  l'abdo- 
men. M.  Kirby  avait  le  premier,  à  ce  que  je  crois,  désigné  ainsi 
ce  segment  ;  mais  M.  Nitzsch  me  paraît  avoir  aussi   employé, 
le  premier  les  deux  autres  dénominations   (voyez  les  généra- 
lités de  la  classe  des  insectes).  Les  limites  de  cet  ouvrage  nous 
interdisent  l'exposition  des  sous-genres  qu'il  a  établis.  Nous 
remarquerons  seulement  que  celui  qu'il  nomme  Goniodes,  le 
quatrième  du  genr*e  philoptère,  est  uniquement  propre  aux 
gallinacés.  Bans  le  recueil  de   mémoires  qui   termine  notre 
histoire  des   fourmis,  nous  avons  décrit  avec  détail  une  es- 
pèce de  ricin  (  Philoptère  ). 

M.  Léon  Dufour  a  formé  avec  le  pou  de  la  mélitte  de 
M.  Kirby,  déjà  très  bien  observé  par  De  Géer  ,  qui  le  prend 
pour  la  larve  du  méloë  proscarabée  ,  ainsi  que  par  ce  cé- 
lèbre entomologiste  anglais,  un  nouveau  genre  (  Trion- 
gulin  dest  andrenettes)  ,  dont  il  a  publié  et  représenté  \q?> 
caractères  dans  le  tome  treizième  (g,  ïi.  )  des  Annales  des 
sciences  naturelles.  Si  cet  insecte  n'était  point  la  larve  de  ce 
méloë,  ainsi  que  le  pense  M.  Kirby,  nul  doute  qu'il  ne 
formât,  dans  l'ordre  des  parasites,  un  sous-genre  propre; 
mais,  d'après  les  recherches  de  MM.  Lepeletier  et  Servi  le  , 
le  sentiment  de  De  Géer  est  confirmé. 


s 


LE  QUATRIÈME  ORDRE  DES  INSECTES, 
Les  SUCEURS(SucTORiA.De  G.; — SiphonapteraJLsiiY.'). 

Qui  composent;  le  dernier  clés  insectes  aptères  , 
ont  pour  bouche  un  suçoir  de  trois  (1)  pièces,  ren- 
fermées entre  deux  lames  articulées,  forrrjant,  réu- 

(i)  Rœsei  n'en  représente  que   deux;  mais  MM.  Kirby  et  Straus   en 


35o  INSECTES    SUCEURS. 

nies,  une  trompe  ou  un  bec,  soit  cylindrique,  soit 
conique,  et  dont  la  base  est  recouverte  par  deux 
écailles .  Ces  caractères  distinguent  exclusivement  cet 
ordre  de  tous  les  autres  ,  et  même  de  celui  des  hé- 
miptères, dont  il  se  rapproche  le  plus  sous  ces  rap- 
ports ,  et  dans  lequel  Fabricius  a  placé  ces  insectes. 
Les  suceurs  subissent  en  outre  de  véritables  méta- 
morphoses, analogues  à  celles  de  plusieurs  insectes 
à  deux  ailes  ^  comme  les  tipulaires. 

Cet  ordre  n'est  composé  que  d'un  seul  genre, 

celui 

Des  Puces.  (Pulex.  L.  ) 

Leur  corps  est  ovale,  comprimé,  revêtu  d'une  peau 
assez  ferme  ,  et  divisé  en  douze  segments  ,  dont  trois 
composent  le  tronc,  qui  est  court,  et  les  autres  l'abdo- 
men. La  tête  est  petite,  très  comprimée,  arrondie  en 
dessus,  tronquée  et  ciliée  en  devant;  elle  a,  de  chaque 
côté,  un  œil  petit  et  arrondi,  derrière  lequel  est  une 
fossette  où  l'on  découvre  un  petit  corps  mobile,  garni 
de  petites  épines.  Au  bord  antérieur,,  près  de  l'origine 
du  bec ,  sont  insérées  les  pièces  que  l'on  prend  pour  les 
antennes,  qui  sont  à  peine  de  la  longueur  de  la  tête  et 
composées  de  quatre  articles  presque  cylindriques.  La 
gaine  ou  bec  est  divisée  en  trois  articles.  L'abdomen  est 
fort  grand  ,  et  chacun  de  ses  anneaux  est  divisé  en  deux 
ou  formé  de  deux  lames,  l'une  supérieure  et  l'autre  in- 
férieure. Les  pieds  sont  forts,  particulièrement  les  der- 
niers, propres  pour  le  saut,  épineux,  avec  les  hanches 
et  les  cuisses  grandes,  et  les  tarses  composés  de  cinq  ar- 


ont  observe  une  de  plus.  Suivant  celui-ci,  les  deux  écailles,  recouvrant 
la  base  du  bec,  sont  des  palpes. 


INSECTES    SUCEURS.  35 1 

ticles ,  dont  le  dernier  se  termine  par  deux  crochets 
alongés  ;  les  deux  pieds  antérieurs  sont  presque  insérés 
sous  la  tête  ,  et  le  bec  se  trouve  dans  leur  entre-deux. 

Le  mâle  est  placé,  dans  l'accouplement,  sous  sa  fe- 
melle ,  de  manière  que  leurs  têtes  sont  eu  regard.  La  fe- 
melle pond  une  douzaine  d'œufs ,  blancs  et  un  peu  vis- 
queux ;  il  en  sort  de  petites  larves  sans  pieds  ,  très  alon- 
gées  ,  semblables  à  de  petits  vers,  très  vives,  se  roulant 
en  cercle  ou  en  spirale,  serpentant  dans  leur  marche; 
d'abord  blanches  et  ensuite  rongeàtres.  Leur  corps  est 
composé  d'une  tête  écailleuse,  sans  yeux,  portant  deux 
très  petites  antennes  ,  et  de  treize  segments  ,  ayant  de 
petites  touffes  de  poils  ,  avec  deux  espèces  de  crochets 
au  bout  du  dernier.  Leur  bouche  offre  quelques  pe- 
tites pièces  mobiles,  dont  ces  larves  font  usage  pour  se 
pousser  en  avant.  Après  avoir  demeuré  une  douzaine  de 
jours  sous  cette  forme,  les  larves  se  renferment  dans 
une  petite  coque  soyeuse,  où  elles  deviennent  nymphes  , 
et  dont  elles  sortent  en  état  parfait  au  bout  d'un  espace 
de  temps  de  la  même  durée. 

Chacun  connaît  la  Puce  commune  (  Pulex  irritans,  L.), 
Rœs.,  Ins.,  II,  n  ,  tv  ,  qui  se  nourrit  du  sang  de  l'homme  , 
du  chien,  du  chat;  sa  larve  habite  parmi  les  ordures,  sous 
les  ongles  des  hommes  malpropres  ,  dans  les  nids  des 
oiseaux,  surtout  des  pigeons,  s'attachant  au  cou  de  leurs 
petits,  et  les  suçant  au  point  de  devenir  toute  rouge. 

La  Puce  pénétrante  (PuLpenetrans,  L.),  Catesb.,  Carol., 
îïï,  x,  3(i),  forme  probablement  un  genre  particulier.  Son 
bec  est  de  la  longueur  du  corps.  Elle  est  connue  en  Amé- 
rique sous  le  nom  de  Chique.  Elle  s'introduit  sous  les 
ongles  des  pieds  et  sous  la  peau  du  talon  ,  et  y  acquiert 
bientôt  le  volume  d'un  petit  poids  par  le  prompt  accrois- 


(i)  M.  Duniéril  a  donné  une  excellente  figure  de  cet  animal ,  dans 
son  ouvrage  intitule  :  Considérations  générales  sur  la  classe  des  insectes; 
et  dans  le  Dictionnaire  des  sciences  naturelles. 


552  INSECTES    COLÉOPTÈUES. 

sèment  des  œufs  qu'elle  porte  dans  un  sac  membraneux 
sous  le  ventre. 

La  famille  nombreuse  à  laquelle  elle  donne  naissance 
occasione,  par  son  séjour  dans  la  plaie,  un  ulcère  malin 
difficile  à  détruire,  et  quelquefois  mortel.  On  est  peu  ex- 
posé à  cette  incommodité  fâcheuse  si  on  a  soin  de  se  laver 
souvent,  et  surtout  si  l'on  se  frotte  les  pieds  avec  des 
feuilles  de  tabac  broyées,  avec  le  roucou  et  d'autres  plantes 
acres  et  a  m  ères.  Les  Nègres  savent  extraire  avec  adresse 
l'animal  de  la  partie  du  corps  où  il  s'est  établi. 
Divers  quadrupèdes  et  oiseaux  nourrissent  des  puces  qui 
paraissent  différer  spécifiquement  des  deux  précédentes. 


LE  CINQUIÈME  ORDRE  DES  INSECTES, 
LesCOLÉOPTÈRES(Coleopterà;~~  Eleutherata.Fàb.), 

Ont  quatre  ailes,  dont  les  deux  supérieures  crusta- 
cées,  en  forme  d'écaillés,  horizontales,  et  se  joignant 
au  bord  interne  par  une  ligne  droite;  des  mandibules 
et  des  mâchoires;  et  les  ailes  inférieures  pliées  seu- 
lement en  travers ,  et  recouvertes  par  les  deux  autres, 
qui  leur  forment  des  sortes  d'étuis  ,  et  que  l'on  dé- 
signe sous  ce  nom  ou  par  celui  d'élytre  (t). 

Ils  sont,  de  tous  les  insectes,  les  plus  nombreux 
et  les  mieux  connus.  Les  formes  singulières ,  les 
couleurs  brillantes  ou  agréables  que  présentent  plu- 
sieurs de  leurs  espèces,  le  volume  de  leur  corps  , 
la  consistance  plus  solide  de  leurs  téguments,  qui 
rend  leur  conservation  plus  facile  ,    les   avantages 

(i)  Voyez,  pour  les  caractères  anatomiques  des  insectes  de  cet  ordre  , 
les  Annales  des  sciences  naturelles  ,  tome  VIII ,  pag.  36,  où  M.  Dufonr 
en  présente  un  résume'. 


INSECTES    COLÉOPTÈRES.  355 

nombreux  que  l'étude  retire  de  la  variété  de  formes 
de  leurs  organes  extérieurs,  etc. ,  leur  ont  mérité 
l'attention  particulière  des  naturalistes. 

Leur  tête  offre  deux  antennes  de  formes  variées , 
et  dont  le  nombre  des  articles  est  presque  toujours 
de  onze  ;  deux  yeux  à  facettes,  point  d'y  eux  lisses  (  i); 
et  une  bouche  composée  d'un  labre,  de  deux  man- 
dibules, le  plus  souvent  de  consistance  écailleuse , 
de  deux  mâchoires,  portant  chacune  un  ou  deux 
palpes^  et  d'une  lèvre  formée  de  deux  pièces,  le 
menton  et  la  languette,  et  accompagnée  de  deux 
palpes ,  ordinairement  insérés  sur  cette  dernière 
pièce.  Ceux  des  mâchoires,  ou  leurs  extérieurs, 
lorsqu'elles  en  portent  deux,  n'ont  jamais  au-delà 
de  quatre  articles  ;  ceux  de  la  lèvre  n'en  ont 
ordinairement  que  trois. 

Le  segment  antérieur  du  tronc,  ou  celui  qui  est 
au-devant  des  ailes ,  et  qu'on  nomme  habituellement 
le  corselet y  porte  la  première  paire  de  pieds,  et 
surpasse  de  beaucoup,  en  étendue,  les  deux  autres 
segments  (2).  Ceux-ci  s'unissent  étroitement  avec 
la  base  de  l'abdomen ,  et  leur  partie  inférieure,  ou 
la  poitrine,  sert  d'attache  aux  deux  autres  paires  de 


(i)  On  a  aperçu  dans  quelques  brachélytres  Jeux  petits  points  jau- 
nâtres, que  l'on  a  pris  pour  des  yeux  lisses,  mais,  à  ce  que  je  pense, 
sans  examen  approfondi,  d'autant  plus  que  les  forficules,  genre  d'or- 
thoptères le  plus  voisin  des  coléoptères,  n'en  offrent  point. 

(2)  La  membrane  intérieure  offre,  de  chaque  côte,  par  derrière,  un 
stigmate,  caractère  qu'on  n'avait  pas  encore,  à  ce  que  je  crois,  remar- 
qué, mais  dont  l'exislence  était  présuuiabîe. 

TOME    IV.  <s5 


554  INSECTES    GOLÉOPTÈUES. 

pieds  (1).  Le  second,  sur  lequel  est  placé  l'écusson, 
se  rétrécit  en  devant,  et  forme  un  court  pédicule 
qui  s'emboîte  dans  la  cavité  intérieure  du  premier, 
et  lui  sert  de  pivot  dans  ses  mouvements. 

Les  élytres  et  les  ailes  prennent  naissance  sur  les 
bords  latéraux  et  supérieurs  de  l'arrière-tronc.  Les 
élytres  sont  crustacées  ,  et,  dans  le  repos,  s'appli- 
quent l'une  contre  l'autre,  par  nue  ligne  droite ,  le 
long"  de  leur  bord  interne  ,  ou  à  la  suture,  et  tou- 
jours dans  une  position  horizontale.  Presque  toujours 
elles  cachent  les  ailes,  qui  sont  larges  et  pliées  trans- 
versalement. Plusieurs  espèces  sont  aptères,    mais 
les  élytres  existent  toujours.  L'abdomen  est  sessile 
ou  uni  au  tronc  par  sa  plus  grande  largeur.    Il  est 
composé,    à  l'extérieur,  de   six  à  sept  anneaux, 
membraneux  en  dessus,  ou  d'une  consistance  moins 
solide  qu'en  dessous.    Le  nombre   des  articles  des 
tarses  varie  depuis  trois  (2)  jusqu'à  cinq. 

Le3  coléoptères  subissent  une  métamorphose  com- 
plète. La  larve  ressemble  à  un  ver,  ayant  une  tête 
écailleuse ,  une  bouche  analogue ,  par  le  nombre 
et  les  fonctions  de  ses  parties ,  à  celle  de  l'insecte 
parfait,  et  ordinairement  six  pieds.  Quelques  es- 
pèces, en  petit  nombre,  en  sont  dépourvues,  ou 
n'ont  que  de  simples  mamelons. 

(ï)  Le  mésotliorax  est  toujours  court  et  e'troit,  et  le  métathorax,  sou- 
vent spacieux,  est  sillonné  longitudinaleznent  dans  son  milieu. 

(2)  A  en  juger  par  analogie  ,  les  coléoptères  dits  monomères  ont  proba- 
blement trois  articles  aux  tarses,  mais  dont  les  deux  premiers  échappent 
à  la  vue  :  cette  section  et  celle  de3  dimères  ont  été  supprimées. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  555 

La  nymphe  est  inactive,  et  ne  prend  pas  de 
nourriture.  L'habitation,  la  manière  de  vivre  et  les 
autres  habitudes  de  ces  insectes,  soit  dans  leur  pre- 
mier âge,  soit  dans  le  dernier ,  varient  beaucoup. 

Je  divise  cet  ordre  en  quatre  sections,  d'après  le 
nombre  des  articles  des  tarses. 

La  première  comprend  les  Pentamères  ,  ou  ceux 
dont  tous  les  tarses  ont  cinq  articles,  et  se  compose 
de  six  familles,  dont  les  deux  premières  distinguées 
des  autres  par  l'existence  d'un  appareil  excrémentiel 
double  (1). 

La  première  famille  des  Coléoptères  Penta- 
aières, 

Les  CARNASSIERS  Cuv.  (CARNIVORA.  —  Adêphages. 

Clairv.  )   (2). 

A  deux  palpes  à  chaque  mâchoire  ,  ou  six  en  tout. 
Les  antennes  sont  presque  toujours  en  forme  de  fil 
ou  de  soie,  et  simples. 

Les  mâchoires  se  terminent  par  une  pièce  écail- 
îeuse  ,  en  griffe,  ou  crochue, -et  le  côté  intérieur  est 
garni  de  cils  ou  de  pelites  épines.  La  languette  est 
enchâssée  dans  une  échancrure  du  menton.  Les  deux 
pieds  antérieurs  sont  insérés  sur  les  côtés  d'un  ster- 

(1)  D'après  M.  Dufour,  îes  boucliers  ou  Sifoha,  genre  de  la  quatrième 
famille  ,  en  offrent  aussi  un ,  mais  unique  ,  ou  sur  un  seul  côte'. 

(2)  Cette  famille,  Tune  des  plus  considérables  des  coléoptères ,  déjà 
illustrée,  quant  à  la  méthode,  par  îes  travaux  de  MM.  Weber,  Clairviileet 
Bonelli,  sortira  enfin  du  calios,  sous  le  rapport  des  espèces ,  si  M.  le  comte 
Dejean  continue  leSpeciesdes  coléoptères  de  sa  collection,  dont  il  a  publie 
deux  volumes  ,  ouvrage  remarquable  par  l'exactitude  des  descriptions. 

2  3* 


356  INSECTES  COLÉOPTÈRES. 

num  comprimé  et  portés  sur  une  grande  rotule  ;  les 
deux  postérieurs  ont  un  fort  trochanter  à  leur  nais- 
sance; leur  premier  article  est  grand,  paraît  se 
confondre  avec  l'arrière-poitrine ,  et  a  la  forme  d'un 
triangle  curviligne ,  avec  le  côté  extérieur  excavé. 

Ces  insectes  font  la  chasse  aux  autres,  et  les  dé- 
vorent. Plusieurs  n'ont  point  d'ailes  sous  leurs  ély- 
tres.  Les  tarses  antérieurs  de  la  plupart  des  mâles 
sont  dilatés  ou  élargis. 

Les  larves  sont  aussi  très  carnassières.  Elles  ont , 
en  général,  le  corps  cylindrique ,  alongé,  et  com- 
posé de  douze  anneaux  ;  la  tête ,  qui  n'est  pas  com- 
prise dans  ce  nombre ,  est  grande ,  écailleuse ,  ar- 
mée de  deux  fortes  mandibules  recourbées  à  leur 
pointe,  et  offre  deux  antennes  courtes  et  coniques, 
deux  mâchoires  divisées  en  deux  branches ,  dont 
l'une  est  formée  par  un  palpe ,  une  languette 
portant  deux  palpes  plus  courts  que  les  précédents, 
et  six  petits  yeux  lisses  de  chaque  côté.  Le  pre- 
mier anneau  est  recouvert  d'une  plaque  écailleuse  ; 
les  autres  sont  mous  ou  peu  fermes.  Les  trois  pre- 
miers portent  chacun  une  paire  de  pieds ,  dont  l'ex- 
trémité se  courbe  en  avant. 

Ces  larves  diffèrent  selon  les  genres.  Celles  des  ci- 
cindèles  et  de  l'ariste  bucéphale  ont  le  dessus  de  la 
tête  très  enfoncé  dans  son  milieu  ,  en  forme  de  cor- 
beille, tandis  que  sa  partie  inférieure  est  bombée. 
Elles  ont,  de  chaque  côté,  deux  petits  yeux  lisses 
beaucoup  plus  gros ,  et  semblables  à  ceux  des  ly- 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  35j 

coses  ou  des  araignées-loups.  La  plaque  supérieure 
du  premier  segment  est  grande  }  et  en  bouclier  de- 
mi-circulaire. Le  huitième  anneau  a  sur  le  dos 
deux  mamelons  à  crochets  ;  le  dernier  n'a  point 
d'appendices  remarquables. 

Dans  les  autres  larves  de  cette   famille  qui  nous 
sont  connues ,  à  l'exception  de  celle  des  omophrons, 
la  tête  est  moins  forte  et  plus  égale.  Les  jeux  lisses 
sont  très  petits  et  semblables.   La  pièce  écailleuse 
du  premier  anneau  est  carrée,  et  ne  déborde  point 
le  corps.  Le  huitième  n'a  point  de  mamelons^  et 
le  dernier  est  terminé  par    deux   appendices    co- 
niques ,    outre   un  tube  membraneux  formé  par  le 
prolongement  de  la  partie  du  corps  où  est  l'anus. 
Ces  appendices  sont  cornés  et  dentés  dans,  les  larves 
des  calosomes  et  des  carabes.  Ils  sont  charnus,  ar- 
ticulés et  plus  longs  dans  celles  des  harpales  et  des 
licines.  Le  corps  des  avant- dernières  est  un  peu  plus 
court,  avec  la  tête  un  peu  plus  grosse.  La  forme  des 
mandibules  des  unes  et  des  autres  se  rapproche  de 
celle  qu'elles  ont  dans  l'insecte  parfait.  La  larve  de 
l'omophron  bordé,  d'après  les  observations  de  M.  Des- 
marest ,   a  une  forme  conique  ?   une    tête  grande , 
avec  deux  très  fortes  mandibules,    et   n'offre  que 
deux  yeux  ;  l'extrémité  postérieure  du  corps ,  qui 
se  rétrécit  peu  à  peu,  se  termine  par  un  appendice 
de  quatre  articles.  Je  n'en  ai  compté  que  deux  à 
ceux  des  larves  des  licines  et  des  harpales. 

Cette   famille  a   toujours  un    premier    estomac 


558  11NSECTES    COLÉOPTÈRES. 

court  et  charnu  ;  un  second  alongé,  comme  velu 
à  l'extérieur  à  cause  des  nombreux  petits  vaisseaux 
dont  il  est  garni,  un  intestin  court  et  grêle.  Les 
vaisseaux  hépatiques,  au  nombre  de  quatre,  s'in- 
sèrent près  du  pylore. 

Il  y  en  a  de  terrestres  et  d'aquatiques. 

Les  terrestres  ont  des  pieds  uniquement  propres 
à  la  course,  et  dont  les  quatre  postérieurs  sont  in- 
sérés à  égales  distances,  les  mandibules  entièrement 
découvertes,  la  pièce  terminant  les  mâchoires,  droite 
inférieurement,  et  seulement  courbée  à  son  extré- 
mité, et,  le  plus  souvent,  le  corps  oblong,  avec 
les  jeux  saillants.  Toutes  leurs  trachées  sont  tabu- 
laires ou  élastiques.  Leur  intestin  se  termine  par 
un  cloaque. élargi,  muni  de  deux  petits  sacs  qui  sé- 
parent une  humeur  acre  (i). 

(i)  M.  Léon  Du  four  a  présenté ,  dans  les  Annales  des  sciences  natu- 
relles (VIII,  p.  36),  le  résumé  suivant  des  caractères  anatomiques  des 
insectes  de  cette  division  :    . 

a  Les  Carabiques  sont  chasseurs  et  carnassiers.  La  longueur  de  leur 
tube  digestif  ne.  surpasse  pas  plus  de  deux  fois  celle  de  leur  corps.  L'œso- 
phage est  court;  il  est  suivi  d'un  jrVz&oZ  musculo-membraneux  bien  déve- 
loppé, très  dilatable;  puis  vient  un  gésier  ovale  ou  arrondi ,  à  parois  cel- 
luleuses  et  élastiques,  armé  intérieurement  de  pièces  cornées  mobiles  , 
propres  à  la  trituration,  et  muni  d'une  valvule  k  ses  deux  orifices.  Le 
ventricule  ckyljfique  ^  qui  lui  succède  ,  est  d'une  texture  molle  et  expan- 
sible, constamment  hérissé  de  papilles  plus  ou  moins  prononcées,  et 
rétréci  en  arrière.  L' intestin  grêle  est  assez  court.  Le  coeewn  a  la  forme  du 
jabot.  Le  rectum  est  court  dans  les  deux  sexes.  Les  vaisseaux  hépatiques 
ne  sont  qu'au  nombre  de  deux,  en  arc  diversement  reployé,  et  s'im- 
plantent, par  quatre  insertions  isolées,  autour  de  la  terminaison  du  ven- 
tricule chylifîque.  Les  testicules  sont  formés  chacun  parles  circonvolu- 
tions agglomérées  d'un  seul  vaisseau  spermatique  ,  tantôt  presqu'à  nu  , 
tantôt  revêtues  d'une  couche  adipeuse,  d'une  sorte  de  tunique  vaginale, 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  ODQ 

Ils  se  divisent  en  deux  tribus. 
La  première,  celle  des  Cicindélètes  (  Cicinde- 
letœ,  La  t.  ),  comprend  le  genre 

Des  Cicindèles.  (Cicindela.  L.  ) 

Qui  a,  au  bout  des  mâchoires,  un  onglet  qui  s'arti- 
cule ,  par  sa  base  ,  avec  elles. 

Leur  tête  est  forte  ,^  avec  de  gros  yeux,  des  mandi- 
bules très  avancées  et  très  dentées,  et  la  languette  fort 
courte,  cachée  derrière  le  menton.  Leurs  palpes  labiaux 
sont  composés  distinctement  de  quatre  articles;  ils  sont 
généralement  velus,  ainsi  que  les  maxillaires.  La  plupart 
des  espèces  sont  exotiques. 

Les  unes  ont  une  dent  au  milieu  de  l'échancrure  du  men 
ton  •  les  palpes  labiaux  écartés  à  leur  naissance,  avec  le  pi'e-" 
mier  article  presque  cylindrique,  sans  prolongement  angu- 
laire à  son  extrémité*   et  les  palpes  maxillaires  extérieurs 
manifestement  avancés  au-delà  du  labre. 

Ici  les  tarses  sont  semblables  et  à  articles  cylindriques  dans 
les  deux  sexes;  l'abdomen  est  large  ,  presque  en  forme  de 
cœur,  et  entièrement  embrassé  par  des  élytres  soudées,  et 
dont,  le  bord  extérieur  forme  une  carène. 

Les  canaux  déférents  son«  souvent  repliés  en  épididynie.  Les  vésicules 
séminales,  au  nombre  de  deux  seulement,  sont  filiformes.  Le  conduit 
éjaculateur  est  court,  la  verge  grère  et  alôngee,  V armure  copulalrice 
plus  ou  moins  compliquée.  Les  ovaires  n'ont  que  sept  à  douze  gaines 
ovigères  àchacun,  multiloculaires,  re'unies  en  un  faisceau  conoïde.  L'ow- 
ducte  est  court,  ha  glande  sébacée,  compose'e  d'un  vaisseau  sécréteur, 
tantôt  filiforme,  tantôt  renflé  à  son  extrémité,  et  d'un  réservoir.  La  vulve 
s'acccompagnc  de  deux  crochets  rélraetiles.  Les  œufs  sont  ovales-oblongs. 
L'existence  d'un  appareil  de  sécrétion  exe  ré/ne  ntilie  lie  est  un  des  traits 
analomiques  les  plus  saillants  de  tous  les  Carabiques.  Il  consiste  en  une 
ou  plusieurs  grappes  (*uùïcules  secrétaires  dont  la  forme  varie  selon  les 
genres  ,  en  un  long  canal  efférent,  en  une  vessie  ou  réservoir  contractile  , 
en  un  conduit  excréteur  dont  le  mode  d'excrétion  varie,  et  en  un  liquide 
excrété  qui  a  des  qualités  ammoniacales.  \1  organe  respiratoire  a  des  stig- 
mates ou  boutons  bivalves,  et  des  trachées  toutes  tubulair'es.  Le  système 
nerveux  ne  diffère  pas  de  celui  des  Coléoptères  en  général  ». 


5Go  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Manticores.  (Manticora.  Fab.) 

Les  deux  seules  espèces  (i)  connues  habitent  exclusive- 
ment la  Cafreriej  ce  sont  les  plus  grandes  du  genre.  L'une 
d'elles  (Manticorapailida,Yah.)  est  rapportée,  avec  doute, 
par  M.  Williams  Mac-Leay,  à  un  nouveau  genre,  qu'il 
nomme  Platychile  (  Platychile)  ,  et  qui  ne  nous  paraît 
guère  différer  des  manticores  qu'en  ce  que  les  élytres  ne 
sont  point  soudées  (2). 

Là  les  trois  premiers  articles  des  deux  tarses  antérieurs 
sont  sensiblement  plus  dilatés  ou  plus  larges  dans  les  mâles 
que  dans  les  femelles. 

Tantôt  le  corps  est  simplement  ovale  ou  oblong,  avec  le 
corselet  presque  carré,  sub-isométrique,  ou  plus  large  que 
long,  et  point  globuleux,  ni  en  forme  de  nœud.  Le  troi- 
sième article  des  tarses  antérieurs  des  mâles  ne  s'avance 
point  intérieurement,  et  le  suivant  est  inséré  à  son  ex- 
trémité. 1 

Parmi  celles-ci,  les  espèces  dont  les  palpes  labiaux  sont 
sensiblement  plus  longs  que  les  maxillaires  externes  ,  avec  le 
pénultième  article  plus  long  que  le  dernier,  forment  deux 
sous-genres. 

Les  Megacephales.  (Megacephala.  Lat.  ) 

Qui  ont  le  labre  très  court,  transversal,  et  le  premier  ar- 
ticle des  palpes  labiaux  beaucoup  plus  long  que  le  suivant, 
et  saillant  au-delà  du  menton  (3). 

Les  Oxycheiles.  (Oxycheila.  Dej.  ) 

Dont  le  labre  est  en  forme  de  triangle  alongé  ,  et  dont  le 
premier  article  des  palpes  labiaux  n'est  pas  beaucoup  plus 

(1)  Manticora  maxillosa,  Fab.  ;  Oliv.  ,  col.  III,  37,  1,  2;  Hist.  nat. 
des  cole'opt.  d'Eur. ,  I  ,  1 ,  ij  —  Manticora  pallida  ,  Fab. 

(2)  Annulosa  javanica  ,  I,  pag.  9. 

(3)  Cicindcla  megalocephala  ,  Fab.  ;  Oliv. ,  II ,  33,  1 1,  12  ;  C.  caro- 
lina  f  Oliv.  ,  ibid. ,  xi ,  22  5  —  Magacephala  euphralica ,  Hist.  natur. 
des  cole'opt.  d'Eur. ,  I,  1 ,  2.  Voyez,  pour  les  autres  espèces  ,  le  Species 
général  des  cole'opt.  de  M.  le  comte  Dejean,  tom.  I,  paç.  6  et  suiv. 


FAMILLE    DES    CAKN  ASStERS.  36 1 

long  que  le  suivant,  et  ne  dépasse  point  i'éckancrure  du 
menton  (i). 

Dans  les  espèces  suivantes ,  les  palpes  labiaux  sont  tout  au 
plus  de  la  longueur  des  maxillaires  externes,  avec  le  dernier 
article  plus  long  que  le  précédent.  Elles  composent  aussi 
deux  sous-genres. 

Les  Eufrosopes.  (  Euprosoptjs.  Lat.,  Dej.) 

Où  le  troisième  article  des  palpes  labiaux  est  plus  épais 
que  le  dernier,  et  dont  les  trois  premiers  articles  des  tarses 
antérieurs  des  mâles  sont  peu  alongés,  aplatis  ,  carénés  en 
dessous,  et  également  ciliés  des  deux  côtés.  Les  yeux  sont 
très  gros,  ces  insectes  se  tiennent  sur  les  arbres  (2). 

Les  CicindÈles  propres.   (  Cicindela.  Lat.  ) 

Ne  s'éloignant  guère  des  euprosopes  qu'en  ce  que  le  troi- 
sième article  des  palpes  labiaux  n'est  pas  notablement  plus 
épais  que  le  suivant  j  et  par  leurs  tarses  antérieurs,  dont  les 
trois  premiers  articles  sont,  dans  les  mâles,  fort  alongés, 
plus  fortement  ciliés  au  côté  interne  qu'à  l'opposé,  et  sans 
carène  en  dessous. 

Leur  corps  est  ordinairement  d'un  vert  plus  ou  moins 
foncé,  mélangé  de  couleurs  métalliques  et  brillantes,  avec 
des  taches  blanches  sur  les  étuis.  Elles  fréquentent  les  lieux 
secs,  exposés  au  soleil,  courent  très  vite,  s'envolent  dès 
qu'on  les  approche,  et  prennent  terre  à  peu  de  distance.  Si 
on  continue  de  les  inquiéter,  elles  ont  recours  aux  mêmes 
moyens. 

Les  larves  de  deux  espèces  indigènes  ,  les  seules  qu'on  ait 
observées  ,  se  creusent  dans  la  terre  un  trou  cylindrique 
assez  profond,  en  employant  leurs  mandibules  et  leurs  pieds. 
Pour  le  déblayer,  elles  chargent  le  dessus  de  leur  tête  des 
molécules  de  terre  qu'elles  ont  détachées,     se  retournent , 

(1)  Cicindela  tristis ,  Fab.  ;  Oliv. ,  Colëopt. ,  II,  33,  in,  35;  Oxy- 
cheila  tristis ,  Dej.  ,  Species  gêner,  des  cole'opt. ,  I,  pag.  16;  - —  Cicindela 
bipustulata,  Latr.  5  Voyag.  de  MM.  Humb.  et  Eonpl.-  Observ.  d'anat.  et 
de  zool. ,  n°  i3,  xvi,  1,  2. 

(3)  Cicindela  (\-notata ,  Hist.  uatur.  des  cole'opt.  d'Eur. ,  I,  1,6; 
lîuprosopus  ^-notatus ,  Dej. ,  Spec.  ge'ne'r.  des  cole'opt.,  I,  pag.  i5i. 


562    _  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

grimpent   peu  à  peu,  se  reposent   par    intervalles,  en   se 
cramponnant  aux  parois  intérieures  de  leur  habitation,  à 
l'aide  des  deux  mamelons  de  leur  dos,  et  arrivées  à  l'orifice 
du  trou  ,  rejettent   leur    fardeau.  Dans  le  moment  qu'elles 
sont  en  embuscade,  la  plaque  de  leur  tête  ferme  exactement 
et  au  niveau  du  sol  l'entrée  de  leur  cellule.  Elles  saisissent 
leur  proie  avec  leurs  mandibules  ,  s'élancent  même  sur  elle , 
et  la  précipitent  au  fond  du  trou,  en  inclinant  brusquement 
et  par  un  mouvement  de  bascule,  leur  tête.  Elles  y  descen- 
dent aussi  très  promptement  ,  au  moindre  danger.  Si  elles 
se  trouvent  trop  à  l'étroit  ou  que  la  nature  du  terrain  ne 
leur  soit  point  favorable,  elles  se  font  un  nouveau  domi- 
cile. Leur  voracité  s'étend  jusqu'aux  autres  larves  de  leur 
propre  espèce  qui  se  sont  établies  dans  les  mêmes  lieux. 
Elles  bouchent  l'ouverture  de  leur  demeure,   lorsqu'elles 
doivent  changer  de  peau  ou  se  métamorphoser  en   nymphe. 
Une  partie  de  ces  observations  m'a  été  communiquée  par  feu 
M.  Miger ,  qui  a  étudié  avec  beaucoup  de  soin  un  grand 
nombre  de  larves  de  coléoptères,  et  en  a  découvert  plusieurs 
qui  avaient  échappé  aux  recherches  des  naturalistes.   . 

La  C.  champêtre  (  C.  campestris  ,  Lin.  ) ,  Panz. ,  Faun.  , 
Insect.,  Germ.,  LXXXV  ,  m.  Longue  d'environ  six  lignes  , 
d'un  vert-pré  en  dessus,  avec  le  labre  blanc,  faiblement 
unidenté  au  milieu.  Cinq  points  blancs  sur  chaque élytre. 
Très  commune  en  Europe,  au  printemps. 
La  C.  hybride  (  C.  hyhrida.  Lin.  )  ,  Panz.,  ibid.,  iv ,  qui 
a  sur  chaque  élytre  deux  taches  en  croissant  et  une  bande 
blanche;  une  de  ces  taches  située  à  la  base  extérieure  et 
l'autre  au  bout  ;  suture  cuivreuse. — Dans  les  sablonnières, 
ne  se  mêlant  point  avec  la  précédente  (i). 

Une  autre  espèce  de  notre  pays,  la  Cicindèle  germani- 
que {Ciciiidela  germanica ,  Lin.  ),  et  quelques  autres,  ont 
une  forme  plus  étroite  et  plus  alongée,  et  semblent  for- 


(i)  Aj.  Ciclndela  sylualicay  Lin.-  Clairv.  ,  Entom.  helv.  ,  II,  xxiv,  A; 
—  C.  sinuata  ,  Fab.  :  Clairv. ,  ibid.  ,  B  %h  ;  —  C.  germanica ,  Lin.  •  Panz, 
Faun.  insect.  Germ.  ,  VI,  v.  Voyez  aussi,  pour  ces  espèces  et  les  autres 
d'Europe,  l'IIist.  natur.  des  coie'opt.  d'Eur.  par  MM.  Larreille  et  le  goïMc 
Dejean,  iasc.  I,  pag.  37  et  suiv  ;  et  tant  pour  les  racines  que  p'ouV  un 
grand  nombre  d'exotiques  ,  le  Species  gêner,  de  ce  dernier  savant. 


\ 

FAMILLE     DES    CARNASSIERS.  363 

mer  une  coupe  particulière.  Elle  ne  s'envole  pas ,  ainsi 
*  que  les  précédentes ,  dès  qu'on  veut  la  saisir ,  mais  s'é- 
chappe, en  courant  très  vite.  M.  Gotth.  Fischer,  dans  son 
Entomog.  de  la  Russie ,  en  a  placé  une  espèce  du  Brésil 
dans  le  sous-genre  thérate  (  T.  marginatus  ). 

Toutes  ces  espèces  ont  des  ailes*  mais  on  en  connaît  d'ap- 
tères, dont  l'abdomen  est  d'ailleurs  plus  étroit  et  ovalaire, 
et  dans  lesquelles  la  dent  de  l'échaucrure  du  menton  est 
très  petite,  à  peine  sensible.  Telle  est  celle  que  nous  avons 
représentée  dans  notre  Hist.  natur.  des  coléopt.  d'Europe 
(I,  i,  5.  ),  sous  le  nom  de  Coarctata.  M.  le  comte  Dejean 
(Spec.  gén.  des  Col.,  Il,  p.  434)  a  formé  avec  elles  un  nou- 
veau genre,  celui  de  Dromica. 

Tantôt  le  corps  est  long  et  étroit,  avec  le  corselet  alongé, 
en  forme  de  nœud  ,  rétréci  en  devant.  Le  troisième  article 
des  deux  tarses  antérieurs  des  mâles  est  en  forme  de  palette 
et  avancé  intérieurement  j  le  suivant  est  inséré  extérieure- 
ment près  de  sa  base. 

Les  Cténostomes.  (Ctenostoma.  Kliïg. —  Caris ,  Fisch.) 

Ce  sous-genre  paraît  être  jusqu'ici  particulier  aux  con- 
trées intra-tropicales  de  l'Amérique  méridionale.  La  tête  est 
grosse,  avec  les  antennes  presque  aussi  longues  que  le  corps 
et  presque  sétacées  ;  les  palpes  extérieurs  très  saillants  et 
terminés  par  un  article  plus  gros  ,  en  forme  de  poire  alon- 
pée;  le  pénultième  article  des  maxillaires  externes  plus  court 
Que  le  suivant  ;  les  deux  premiers  des  labiaux  fort  courts  , 
et  le  lobe  terminal  des  mâchoires  sans  onglet  sensible  au 
bout.  L'abdomen  est  ovalaire,  étranglé  à  sa  base  et  pédi- 
cule. Les  pattes  sont  longues  et  déliées. 

Les  cténostomes  se  rapprochent,  sous  le  rapport  de  la  gran- 
deur des  palpes,  des  mégacéphales  et  à  d'autres  égards  des 
tricondyles  et  des  thérates  (i). 


( i)    Voyez  V Entomologice  brasilianœ  spécimen  de  M.  Klug  ;  le  Species 
vénérai  des  coléopt.  d'Eur.  de  M.  le  comte  Dejean,  tom.  ï,  pag.  i52  et 
suiv- ,  et  le  Suppl.  du  tom.  II  ;  THist.  natur.  des  coléopt.  d'Eur. ,  Fasc.  I? 
pag.  35  ;  l'Entomographiede  la  Russie ,  de  M.  Gotthelf  Fischer,  to  m.  I  ; 
Gêner,  insect  ,  pag.  98. 


364  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  autres  n'ont  point  de  dent  au  milieu  de  l'échancrure 
du  menton.  Les  palpes  labiaux  sont  contigus  à  leur  nais- 
sance, avec  leur  premier  article  obconique  ou  en  forme  de 
pyramide  renversée  ,  et  dilaté  ou  prolongé  intérieurement ,  à 
son  extrémité,  en  manière  d'angle  ou  de  dent;  les  maxillai- 
res extérieures  ne  dépassent  guère  le  labre. Ces  espèces  ont  été 
réparties  dans  trois  sous-genres. 

Les  The'rates.   (Therates.  Latr.  —  Eurychile  ,  Bonelli.) 

Semblables,  pour  la  forme  générale,  aux  cicindèles  pro- 
pres ,  mais  qui  s'en  distinguent,  ainsi  que  de  tous  les  sous- 
genres  analogues,  par  leurs  palpes  maxillaires  internes  très 
petits,  et  d'une  forme  aciculaire.  Les  tarses  sont  semblables 
dans  les  deux  sexes,  avec  Je  pénultième  article  en  forme 
de  cceur^  sans  échancrure,  et  simplement  creusé  en-dessus 
pour  lJinsertion  du  dernier. 

Ces  insectes  sont  exclusivement  propres  aux  ries  les  plus 
orientales  de  l'Asie,  comme  Java,  celles  de  la  Sonde,  et  celles 
qui  sont  au  nord  de  la  Nouvelle^IIollande  (i). 

Dans  les  deux  sous-genres  suivants  ,  et  tous  propres  aux 
Indes  orientales  ou  aux  îles  plus  reculées  vers  l'est,  le  corps 
est  étroit  et  alongé,  avec  le  corselet  presque  cylindrique  ou 
en  forme  de  nœud.  Le  troisième  ou  le  quatrième  article  des 
tarses  est  prolongé  intérieurement  en  manière  de  lobe. 

Les  Colliures.  (Collîuris.  Latr.  — Collyris  ,  Fab.  ) 

Ils  sont  ailés.  Les  antennes  sont  plus  grosses  vers  le  bout. 
Le  dernier  article  des  palpes  labiaux  est  presque  en  forme  de 
hache,  et  le  précédent  souvent  courbe.  Le  corselet  est  pres- 
que cylindrique,  rétréci  et  étranglé  en  devant,  avec  le  bord 
antérieur  évasé.  L'abdomen  ,  qui  est  aussi  presque  cylindri- 
que ,  s'élargit  et  s'agrandit  postérieurement.  Les  tarses  sont 
semblables  dans  les  deux  sexes,  avec  le  pénultième  article 
prolongé  obliquement,  au  côté  interne,  aussi  grand  que  le 

(i)  Voyez  Latr.  etDej.,  Hist.  natur.  des  coléopt.  d'Eur.  ,  fasc.I, 
pag.  63  \  le  Spec.  ge'ne'r.  des  coléopt.  de  M.  le  comte  Dejean,  tom.  I  , 
pag.  57 ,  et  le  Supplém.  du  tom.  II,  et  surtout  le  Me'moire  de  M.  Bonelli 
sur  ce  genre. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  365 

précédent,  et  celui-ci  en  forme  de  triangle  renversé,  avec 
les  angles  aigus  (i). 

Les  Triconuyles.  (Tricondyla.  Lat.) 

Ici  les  ailes  manquent,  les  antennes  sont  filiformes,  et  l'a- 
vant-dernier  article  des  palpes  labiaux  est  le  plus  long  et  le 
plus  épais  de  tous.  Le  corselet  est  en  forme  de  nœud  ,  sub- 
ovoïde, étranglé,  tronqué  et  rebordé  aux  deux  bouts.  L'ab- 
domen est  ovalaire,  oblong,  rétréci  vers  sa  base  ,  et  un  peu 
gibbeux  postérieurement.  Les  trois  premiers  articles  des 
tarses  antérieures  sont  dilatés  dans  les  mâles;  le  troisième 
est  prolongé  obliquement,  au  côté  interne,  en  manière  de 
lobe;  le  suivant  est  presque  semblable,  mais  beaucoup  plus 
petit  et  moins  prolongé  (2). 

La  seconde  tribu ,  celle  des  Carabiques  (  Cam- 
bial ,  Lat.),  comprend  le  genre 

Carabe.  (  Car  abus.  L.  ) 

Qui  a  les  mâchoires  terminées  simplement  en  pointe 
ou  en  crochet,  sans  articulation  à  son  extrémité. 

Leur  tête  est  ordinairement  plus  étroite  que  le  cor- 
selet, ou  tout  au  plus  de  sa  largeur;  leurs  mandibules, 
à  l'exception  de  celles  d'un  petit  nombre,  n'ont  point, 
ou  que  très  peu  de  dentelures  ;  la  languette  est  ordi- 
nairement saillante ,  et  les  palpes  labiaux  n'offrent  que 
trois  articles  libres  (3).  Beaucoup  sont  privés  d'ailes  et 
n'ont  que  des  élytres.  Ils  répandent  souvent  une  odeur 
fétide ,  et  lancent  par  l'anus  une  liqueur  acre  et  caus- 
ai) Voyez  les  mêmes  ouvrages  que  ci-dessus.  L'espèce  que  j'ai  de'crite 
et  Apurée  sous  le  nom  de  longicollis  est  distincte  de  celle  que  Fabricius 
désigneainsi;  c'est  le  Colliuris  emarginata  de  M.  Dejean,  Spec.  génér.,1, 
pag.  i65, 

(2)  Item. 

(3)  Dans  les  Cicindèles,  l'article  radical  est  dégage',  et  c'est  pour  cela 
que  les  palpes  ont  quatre  articles;  mais  ici  il  est  entièrement  adhérent,et 
ne  forme  qu'un  support ,  dont  on  ne  tient  pas  compte. 


366  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

tique.  Geoffroy  a  présumé  que  les  anciens  les  avaient  dé- 
signés sous  le  nom  de  Buprestes ,  insectes  qu'ils  regar- 
daient comme  un  poison  très  dangereux,  particulière - 
ment  pour  Tes  bœufs  (i). 

Les  carabes  se  cachent  dans  la  terre ,  sous  les  pierres, 
les  écorces  des  arbres,  et  sont,  pour  la  plupart,  très 
agiles.  Leurs  larves  ont  les  mêmes  habitudes.  Cette  tribu 
est  très  nombreuse,  et  d'une  étude  difficile. 

Nous  composerons  une  première  division  générale  avec 
ceux  dont  les  palpes  extérieurs  ne  sont  point  terminés  en 
manière  d'alêne;  leur  dernier  article  n'est  point  réuni  avec 
le  précédent  pour  former  un  corps  soit  ovalaireet  très  pointu 
au  bout,  soit  conoïde,  avec  une  pointe  grêle  et  aciculaire  au 
bout. 

Ces  carabes  peuvent  se  subdiviser  en  ceux  dont  les  deux 
jambes  antérieures  ont  au  côté  interne  une  forte  échancrure 
séparant  les  deux  épines,  qui,  d'ordinaire,  sont  placées 
l'une  près  de  l'autre  ,  à  l'extrémité  de  ce  côté;  et  en  ceux  où 
les  jambes  n'ont  point  d'échancrure,  ou  ne  présentent  qu'un 
canal  oblique,  linéaire,  n'avançant  point  sur  le  côté  anté- 
rieur de  ces  jambes. 

Nous  partagerons  cette  subdivision  en  plusieurs  sections. 

i°  Les  Etuis-tronqués  (Truncatipenncs) ,  ainsi  nommés  à 
raison  de  leurs  ély  très  presque  toujours  tronquées  à  leur  extré- 
mité postérieure.  La  tête  et  le  corselet  sont  plus  étroits  que 
l'abdomen.  La  languette  est  le  plus  souvent  ovale  ou  carrée, 
et  rarement  accompagnée  ,  sur  les  côtés  ,  de  divisions  (  para- 
phasses )  saillantes. 

Les  unes  ont  les  crochets  des  tarses  simples  ou  sans  den- 
telures, disposées  en  manière  de  peigne. 

Nous  commencerons  par  ceux  dont  la  tête  n'est  point  ré- 
trécie  brusquement  à  son  extrémité  postérieure,  et  ne  tient 
point  au  corselet  par  une  sorte  de  cou  formé  brusquement , 
ou  par  une  espèce  de  rotule.  Le  corselet  est  toujours  en  forme 
de  cœur  tronqué.  Les  palpes  extérieurs  ne  sont  jamais  ter- 
minés par  .mi  article  beaucoup  plus  gros  et  en  forme  de  ha- 

1 ■ ■ 

(s)  forez  le  genre  Me'loe. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  56j 

che.  Les  deux  tarses  antérieurs  des  mâles  ne  sont  point  ou 
que  très  peu  dilatés  ;  le  pénultième  article  de  ces  tarses  et 
des  autres,  n'est  jamais  profondément  bilobé. 

Les  trois  sous-genres  suivants  ont  un  caractère  négatif 
commun  ,  celui  d'être  privés  d'ailes. 

Les  JVnthies.  (-Anthia.  Web.,:.Fab.) 

Ont  une  languette  cornée ,  ovale,  et  s'avançant  entre  les 
palpes,  jusque  près  de  leur  extrémité. 

Le  labre  est  souvent  grand  et  denté  ou  anguleux. 

Leurs  palpes  extérieurs  sont  filiformes,  avec  le  dernier 
article  presque  cylindrique  ou  en  cône  renversé  et  alongé. 
L'échancrure  du  menton  n'offre  point  de  dent.  L'abdomen 
est  ovalaire,  le  plus  souvent  convexe,  et  les  élytres  sont 
presque  entières  ou  peu  tronquées. 

Ces  insectes,  ainsi  que  ceux  du  sous-genre  suivant,  ont  le 
corps  noir ,  tacbeté  de  blanc,  couleur  formée  par  un  duvet , 
et  habitent  les  déserts  ou  des  lieux  semblables  de  l'Afri- 
que (i)  et  de  quelques  parties  de  l'Asie.  Les  anthies,  d'après 
une  observation  de  feu  Leschenault  de  Latour,  jettent,  par 
l'anus,  lorsqu'on  les  inquiète,  une  liqueur  caustique.  Les 
espèces  sont  généralement  grandes,  et  dans  les  mâles  de 
quelques-unes,  le  thorax  se  dilate  plus  ou  moins  en  arrière 
et  se  termine  par  deux  lobes  (2).  r, 

Les  Graphipteres.  (  Graphipterus.  Lat.  —  Anthia ,  Fab.  ) 

Qu'on  avait  confondu  avec  les  précédents,  mais  qui  en 
diffèrent  par  leur  languette  entièrement  membraneuse  ,  à 
l'exception  du  milieu  ;  par  leurs  -antennes  comprimées  et 
dont  le  troisième  article  est  beaucoup  plus  long  que  les  au- 
tres. Leur  abdomen  est  d'ailleurs  toujours  aplati ,  orbicu- 

(1)  Quoiqu'on  ait  trouve  dans  la  partie  méridionale  de  l'Espagne  et  de 
l'Italie  plusieurs  insectes  du  nord  de  l'Afrique  ,  on  n'y  a  pas  encore  dé- 
couvert une  seule  espèce  d'anthie  ni  de  grapliiptère. 

(2)  Troyez  le  second  fascicule  de  l'Histoire  naturelle  des  cole'optère> 
d'Europe;  le  premier  volume  du  Species  de  M.  le  comte  Dejeau  ;  l'excel- 
lent ouvrage  de  M.  Schœnherr  sur  la  Synonymie  des  insectes,  et  la  partie 
zoologique  du  Voyage  de  M.  Cailliaud  ,  où  j'ai  décrit  et  figure'  les  in- 
sectes recueillis  par  lui  en  Afrique. 


368  INSECTES   COLÉOPTÈRES. 

laire,  et  Tune  des  deux  épines  terminant  les  jambes  posté- 
rieures est  beaucoup  plus  grande  que  l'autre,  et  en  forme  de 
lame. 

Les  espèces  de  ce  sous-genre  sont  exclusivement  propres 
à  l'Afrique,  et  plus  petites  que  les  précédents  (i). 

Les  Aptines  (  £ptinus.  Bon.  —  Braclu'ws,  Web.,  Fab.  ) 

Ont  le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  un  peu  plus 
gros,  celui  des  labiaux  surtout,  et  une  dent  au  milieu  de 
l'échancrure  du  menton.  Leur  languette  ressemble  d'ailleurs 
à  celle  des  graphiptères ,  mais  les  divisions  latérales  ou  pa- 
raglosses  forment  une  petite  saillie  pointue.  Mais  ce  qui  les 
distingue  plus  particulièrement,  ainsi  que  le  sous -genre 
suivant,  est  qnp  leur  abdomen  ovale  et  assez  épais,  ren- 
ferme des  organes  sécrétant  une  liqueur  caustique,  sortant 
avec  explosion  par  l'anus  ,  se  vaporisant  aussitôt ,  et  d'une 
odeur  pénétrante.  Cette  liqueur,  lorsqu'on  tient  l'animal 
entre  les  doigts,  produit  sur  la  peau  une  tache  analogue  à 
celle  qu'y  ferait  de  l'acide  nitrique,  et  même,  si  l'espèce  est 
assez  grande,  une  brûlure,  avec  juleur.  M.  Léon  Dufour 
nous  a  fait  connaître  (2)  le&  organes  qui  la  sécrètent. 

Ces  insectes  se  trouvent,  et  souvent  rassemblés  en  société, 
du  moins  au  printemps,  sous  les  pierres.  Ils  font  usage  de 
ce  nmyen  de  défense  pour  épouvanter  leurs  ennemis, et  peu- 
vent réitérer  l'explosion  un  assez  grand  nombre  de  fois.  Les 
plus  grandes  espèces  se  trouvent  entre  les  tropiques  et  dans 
les  autres  pays  chauds,  jusqu'aux  limites  de  la  zone  tem- 
pérée. 

Nous  citerons  ,  i°  VAptine  tirailleur  (  Brachinus  clisplo- 
sor,  Duf.;  Aptinus  balista  ,  Dej.,  Hist.  natur.  des  coléopt. 
d'Eur.,  II,  vin,  1  ).  Il  est  long  de  cinq  à  huit  lignes,  noir, 
avec  le  corselet  fauve  et  les  élytres  sillonnées.  Dans  la  Na- 
varre, diverses  contrées  de  l'Espagne  et  en  Portugal. 

(1)  Koyez  le  second  fascicule  deFHist.  nat.  des  coléopt.  d'Eur. ,  et  le 
premier  volume  du  Species  de  M.  le  comte  Dejean  ;  YAniliia  exclamatio- 
nis  de  Fabricius  est  un  Graphiptère  figuré  daus  le  Dict.  d'hist.  nat. , 
tom.  X  ,  E,  2  ,  7  ,  sous  le  nom  de  trllinée. 

(2)  Mém.  sur  le  Brachine  tirailleur,  Ami.  du  Mus.  d'hist.  natur  ,  XVII, 
70,  v,  et  les  Annales  des  sciences  naturelles,  VI,  p.  32o. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  36Q 

i°VAptine  des  Pyrénées  (Aptinus  pyrenœus,  Dej. .,  Hist. 
natur.  des  coléopt.  d'Eur ,  Il  ,  vin  ,  3.  Il  est  long  de  trois 
à  quatre  lignes  ,  d'un  noir  foncé ,  avec  les  antennes  et  les 
palpes  fauves,et  les  pattes  d'un  jaune roussâtre.Les  élytres 
sont  sillonnées.  Il  a  été  découvert  dans  le  département  des 
Pyrénées-Orientales  par  M.  le  comte  Dejean  (1.) 

Les  Brachines.  (Brachinus.  Web.  Fab.) 

Ne  diffèrent  guère  des  aptines  qu'en  ce  qu'ils  sont  pour- 
vus d'ailes,  et  que  l'échancrure  du  menton  n'offre  point  de 
dent. 

Les  uns  ,  et  généralement  plus  grands,  et  pour  la  plupart 
exotiques,  ont  les  élvtres  très  distinctement  sillonnées  ou  à 
côtes,  et  de  ce  nombre  est  une  espèce  communie  aux  Antilles 
et  à  Cayenne, 

Le  Brachine  aplati  (  Brachinus  complanatus ?  Fab.  ;  Ca- 
rabus  planus,  Oliv.,  III,  vi,  63).  Son  corps  est  long  de  six 
à  huit  lignes,  d'uu  jaune roussâtre,  avecles  élytres  noires, 
et  offrant  un  point  humerai ,  une  bande  sinuée ,  traver- 
sant leur  milieu,  et  une  tache  à  leur  extrémité,  de  la  cou- 
leur du  corps ;  c'est  aussi  celle  de  leur  bord  extérieur.  Les 
angles  postérieurs  du  corselet  se  prolongent  en  pointe. 
Les  autres  brachines  ont  les  élytres  unies  ou  légèrement 
sillonnées.  *• 

On  trouve  communément  aux  environs  de  Paris  les  espè- 
ces suivantes  : 

Le  Brachine  pétard  (Brachinus  crepitans  ,  Fab.;  Hist. 
natur.  des  coléop.  d'Eur.,  II, vin,  6;  Panz.,  Faun.,  insect. 
germ. ,  XX  ,  5  ).  Sa  longueur  moyenne  est  de  quatre  li- 
gnes. 11  est  fauve,  avec  les  élytres  tantôt  d'un  bleu  foncé, 
tantôt  d'un  vert  bleuâtre,  faiblement  sillonnées,  et  les 
antennes  fauves;  mais  ayant  le  troisième  et  le  quatrième 
article  noirâtres.  La  poitrine,  à  l'exception  de  son  milieu, 
et  l'abdomen,  sont  de  cette  couleur.  On  avait  confondu 
avec  cette  espèce  celle  que  M.  Duftschmid  a  nommée  ex- 
plodens(W\$t.  natur.  des  coléop.  d'Eur.,  Il,  vin,  7),  et  qui 
—————  ^ 

(iï  Voyez  le  second  fascicule  de  l'Hist.  naiur.  des  coleopt.  d'Eur. ,  et 
le  pi*emier  volume  du  Species  de  M.  le  comte  Dejean. 

TOME    IV.  24 


7>J0  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 


est  aussi  très  commune.' Elle  est  de  moitié  plus  petite, 
avec  les  élytres  bleues  et  presque  lisses.  Celle  que  M.  Bo- 
nelli  a  distinguée  sous  le  nom  de  glabratus  n'en  diffère 
que  par  le  défaut  de  taches  aux  antennes. 

Le  Brachine  pistolet  {'Brachinus  sclopeta,  Fab.  ;  Hist. 
natur.  des  coléop.  d'Eur.,  II ,  ix  7  3)  ressemble  tout-à-fait 
à  la  dernière  ,  mais  s'en  distingue  ,  ainsi  que  des  précé- 
dentes, par  la  suture  des  élytres, qui  est  d'un  rouge  fauve, 
depuis  la  base  jusqu'au  milieu.  Le  corps  est  aussi  propor- 
tionnellement plus  large  et  de  la  même, couleur,  tant  en 
dessus  qu'en  dessous. 

Une  autre  espèce,  le  Brachine  bombarde  (Brachinus 
bombarda ,  llig.j  Hist.  nat.  des  coléopt.  d'Eur.,  II ,  ix  ,  2  ), 
tient  le  milieu  entre  la  dernière  et  la  première.  Les  ély- 
tres ont  autour  de  l"ecusson  une  tache  fauve,  mais  qui 
ne  se  prolonge  pas  le  long  de  la  suture. 

Le. département  de  l'Hérault  nous  offre  deux  autres  jo- 
lies espèces,  l'une  (exhalans)  ayant  les  élytres  d'un  bleu 
obscur,  avec  quatre  points  jaunâtres  ,  et  l'autre  (causticus) 
toute  fauve,  avec  une  bande  le  long  de  la  suture  et  une 
tache  postérieure  noirâtre  (1). 

Nous  ^yions  d'abord  (Hist.  nat.  des  coléopt.  d'Eur.)  placé 
le  genre  Catascopus  de  M.  Kirby  après  les  brachines.  Nous 
pensons,  d'après  un  nouvel  examen,  qu'il  appartient  plu- 
tôt à  la  section  des  simplicimanes.  L'extrémité  postérieure 
des  élytres  offre  bien  une  échancrure  profonde,  mais  elle  se 
termine  en  pointe,  du  côté  de  la  suture,  et  n'est  point  tron- 
quée. Plusieurs  espèces  de  cette  division  présentant  aussi 
le  même  sinus,  quoique  cependant  moins  profond  et  moins 
aigu. 

Entre  les  brachines  et  les  catascopes,  M.  le  comte  Dejean 
(  Spec,  I,  p.  226)  place  le  genre  Corsyra  de  M.  Steven  ,  qui 
a  pour  type  le  Cymindis  j'usida  de  l'Entomographie  de  la 
llussie  par  M.  Fischer  (  1,  xn,  3  ).  11  diffère  de  ce  dernier  par 
ses  tarses,  dont  les  crochets  sont  simples.  Le  corps  est  d'ail- 
leurs aplati,  comme  dans  le  précédent  et  autres  sous-genres 
voisins,  court ,  assez  large,  avec  les  palpes  filiformes,  le  men- 

(1)  Voyez  les  ouvrages  cites  aux  sous-genres  pvece'dents. 


FAMILLE     DES    C  VRiN  ASSIERS.  7)J  1 

ton  unidenté,  le  labretransversal ,  le  corselet  plus  large  que 
la  tête  et  presque  demi  orbicuîaire. 

On  n'en  connaît  qu'une  seule  espèce. 

Les  autres  Carabiques  de  la  même  division  ,  et  dont  les 
chrochets  sont  pareillement  simples ,  s'éloignent  des  précé- 
dents par  la  forme  de  leur  tête,  qui  est  resserrée  brusque- 
ment dès  sa  naissance,  et  présente  l'apparence  d'un  cou  ou 
d'une  rotule. 

Viendront  d'abord  ceux  dont  les  tarses  sont  presque  iden- 
tiques dans  les  deux  sexes,  subcylindriques  ou  linéaires, 
et  dont  le  pénultième  article  au  plus  est  profondément 
écliancré  ou  bilobé. 

Tantôt  les  pa!pes  extérieurs  sont  filiformes  ou  peu 
renflés  au  bout,  avec  le  dernier  article  presque  ovalaire; 
la  tête  a  la  même  forme  ;  et  se  rétrécit  graduellement  en 
arrière  des  yeux.  Le  premier  article  des  antennes  est  tou- 
jours court  ou  peu  alongé.  Le  corselet  est  toujours  étroit  et 
alongé.  Le  corps  est  assez  épais.  L'échancrure  du  menton 
offre  une  dent  dans  son  milieu.  La  languette  est  presque 
carrée,  avec  les  paraglosses  saillantes  et  allant  en  pointe. 

Les  Casnonies.  (Casnonia.  Latr.  -?  — Ophionœa.  Klug.) 

Dont  le  corselet  a  presque  la  forme  d'un  cône  tronqué 
ou  d'un  cylindre  rétréci  antérieurement  (i). 

Les  Leptotracheles.  (  Leptotrachelus.  Latr.  ) 

Où  cette  partie  du  corps  est  à  peu  près  cylindrique,  sans 
rétrécissement  sensible  en  devant  ;  où  les  élytres  ne  sont 
point  tronquées,  et  dont  les  tarses  ont  leur  pénultième  article 
bilobé  {i). 


(i)  Consultez  FEntomol.  brasil.  de  M.  Klûg;  le  Species  ge'ne'ral  de 
M.  le  comte  Dejean ,  tom  I,  pag.  170  ;  l'Hist.  nat.  des  cole'opt.  d'Eur.  , 
fasc.  II,  vu  ,  6.  L'espèce  qui  est  fîgure'e  (cyanocephala)  forme,  à  raison 
du  pénultième  article  des  tarses  ,  une  division  particulière.  Elle  se  trouve 
au  Bengale.  Toutes  les  autres  ,  et  dont  la  principale  est  Yaltelabus  pen- 
sylvanicus  de  Linnœus  ,  sont  américaines,  et  ont  tous  les  articles  des 
tarses  entiers. 

(2)  Odocantha  dorsales ,  Fab. 

24* 


672  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

4*  Les  Odacanthes.  (  Odacantha.  Payk.,  Fab.  ) 

Semblables,  quant  au  corselet ,  mais  à  élytres  tronquées  et 
à  articles  des  tarses  entiers. 

L'espace  servant  de  type  au  genre,  YOdacanthe  méla- 
nure  {Odacantha  melanura,  Fab.  ;  Clairv.  ,  Entoni.  Helv. 
II.  v.:  HisU  nat.  des  coléopt.  d'Eur.,  II,  x.  6)',  est  longue 
de  trois  lignes,  d'un  bleu  verdâtre,  avec  les  élytres,  leur 
extrémité  excepté  ,    d'un  jaune  roussâtre.    La   base   des 
antennes,  la  poitrine  et  la  majeure  partie  des  pattes  sont 
aussi  de  cette  couleur.  Le  bout  des  élytres  est  d'un  bleu 
noirâtre.  Cette  espèce  fréquente  les  lieux  aquatiques,  et 
habite  plus  particulièrement  les  départements  du  nord  de 
la  France  ,  l'Allemagne  et  la  Suède  (1). 
Tantôt  les  palpes  extérieurs  sont  terminés  par  un  article 
plus  gros,  en  forme  de  cône  renversé  ou  triangulaire;  la  tête, 
immédiatement  après  les  yeux  ,  est  brusquement  rétrécie, 
et  d'une  forme  triangulaire  ou  de  celle  d'un  cœur. 

Les  uns,  dont  le  corps  est  aplati,  et  que  Fabricius  a  placés 
avec  ses  galérites ,  ont  tous  les  articles  des  tarses  entiers, 
le  corselet  en  forme  de  cœur,  tronqué  postérieurement,  et 
les  mandibules  ainsi  que  les  mâchoires  de  longueur  ordi- 
naire ou  peu  saillantes. 

Le  premier  article  des  antennes  est  en  cône  renversé  et 
alongé.La  languette  est  carrée,  et  ses  divisions  latérales  sont, 
leplus  souvent  aussi  longuesqu'elle.On  aperçoit  une  dent  au 
milieu  de  l'échancrure  du  menton.  Ces  carabiques,  dont  les 
espèces  indigènes  se  trouvent  sous  les  pierres,  les  écorces 
d'arbres,  et  leplus  souvent  près  des  eaux,  forment  les  trois 
sous-genres  suivants  : 

•  Les  Zuphies.  (Zuphium.  Latr.  ) 

Qui  ont  le  premier  article  des  antennes  aussi  long  au 
moins  que  la  tête,  et  les  palpes  maxillaires  extérieures  fort 
alongés  (a) 


(1)  \2  Odacantha  trip us tulata  de  Fab.  est  une  espèce  de  notoxe. 

(2)  Galerita  olens ,  Fab.;  Clairv.,   Entom.Hely. ,  II,  xvn,  A,  a, 
Hist.  nat.  des  cole'opt.  d'Eur. ,  fasc.  TT,  x  ,  3. 


FAMILLE    DÉS    CARNASSIERS.  07.) 

Les  POLISTIQUES.   (POLISTICHUS.  Bon.  ) 

Où,  comme  dans  le  sous-genre  suivant,  le  premier  article 
des  antennes  est  plus  court  que  la  tète,  et  où.  les  palpes  maxil- 
laires sont  de  longueur  ordinaire;  mais  dont  les  second,  troi- 
sième et  quatrième  articles  des  tarses,  ceux  des  deux  anté- 
rieures surtout,  sont  courts ,  presque  orbiculaires,  et  dont 
la  languette  terminée  supérieurement  par  un  bord  droit, 
a  ses  divisions  latérales  saillantes,  en  forme  d'oreillettes 
arquées,  étroites  et  pointues  (1). 

Les  Helluq.  (Helluo.  Bon.) 

Qui  ne  se  distinguent  guère  du  sous-genre  précédent  que 
par  leur  languette  entièrement  cornée  ,  arrondie  au  bout 
supérieur,  et  sans  divisions  distinctes.  Les  espèces  sont  toutes 
exotiques  (2"). 

Les  autres,  et  qui,  avec  ceux  qui  suivent  immédiatement, 
paraissent  se  rapprocher  beaucoup  des  brachines  (3),  ont  le 
pénultième  article  de  tous  les  tarses  profondément  bilobé; 
les  mandibules  et  les  mâchoires  longues,  étroites  et  avancées; 
le  corps  assez  épais ,  avec  la  tête  en  forme  de  triangle  étroitet 
alongé  ,  et  le  corselet  presque  cylindrique,  un  peu  rétréci 
postérieurement. 

Le  premier  article  des  antennes  est  fort  long  et  rétréci  à 

(1)  Galerilafasciolala.,Fab.;  Clair v. ,  ibid.  ,  B  ,  b;Hist.  natur.  des 
colëopt.  d'Eur.  ,  ibid.,  4  ;  —  Polisticus  discoideus ,  ibid.  ,  5.  Voyez  le 
Species  gêner,  de  M.  le  comte  Dejean ,  I;  pag.  194. 

(2)  Helluo  coslaius ,  Hist.  nat.  des  coleopt.  d'Eur. ,  fasc.  Il,  vi,  5,  — 
Galeriia  hirta ,  Fab.    Voyez  le  Species  génér.  de  M.  le  comte  Dejean 
I ,  pag.  283. 

Un  lielluo  ine'dit  du  Brésil  me  paraît  devoir  former  un  nouveau  sous- 
genre,à  raison  de  ses  palpes  filiformes,  et  dont  le  dernier  article  est  cylin- 
drique. 

(3)  Les  Dryptes  ont  aussi  des  rapports  avec  les  Cychrus,  et  paraissent 
lier  les  Cicindelètes  avec  la  section  des  Carabiques  grandipalpes.  Plu- 
sieurs sections  de  cette  famille  semblent  se  rattacher  ,  comme  autant  de 
rameaux,  aux  Cicindèles.  La  plupart  des  autres  familles  d'insectes  sont 
dans  le  même  cas,  ou  forment  des  troncs  ramifiés.  En  un  mot,  des 
se'ries  continues  n'existens  pas  dans  la  nature. 


3j4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

sa  base.  Le  menton  est  presque  en  forme  de  croissant,  sans 
dent  au  milieu  de  l'échancrure.  La  languette  est  saillante  , 
étroite,  presque  linéaire  ,  et  terminée  par  trois  épines,  et 
accompagnée  de  deux  petites  paraglosses.  Le  dessous  des 
tarses  est  garni  de  duvet.  Tels  sont  les  caractères 

Des  Dryptes.  (Drypta.  Latr. ,  Fab.  ) 

Toutes  les  espèces  connues  sont  de  l'ancien  continent  ou 
delà  Nouvelle-Hollande.  On  en  trouve  deux  en  Europe, 
et  toujours  à  terre.  La  plus  commune  et  la  Drypte  échan- 
crée  {Drypta  emarginata  ,  Fab.  j  Clairv.,  Entom.  Helv., 
ïï  ,  xvn  •  Histoire  naturelle  des  coléoptères  d'Europe  , 
fasc.  II,  x;  i  );  elle  est  longue  d'environ  quatre  lignes,  d'un 
beau  bleu  azuré,  avec  la  bouche,  les  antennes  et  les  pattes 
fauves.  L'extrémité  du  premier  article  des  antennes  et  le 
milieu  du  troisième  sont  noirâtres.  Les  élytres  ont  des 
stries  pointillées;  elle  est  plus  commune  dans  le  midi 
de  la  France  qu'au  nord.  M.  Blondel  fils  l'a  trouvée  ce- 
pendant en  abondance  dans  une  localité  des  environs 
de  Versailles  (i). 

Succèdent  maintenant  des  carabiques  très  analogues  aux 
précédents  par  leurs  caractères  divisionnaires  ,  mais  qui  s'en 
éloignent  par  la  forme  des  tarses.  Les  quatre  premiers  arti- 
cles, ou  du  moins  ceux  des  tarses  antérieurs  des  mâles, 
sont  très  dilatés  et  bifides  ;  le  pénultième  de  tous  est  dans 
les  deux  sexes  constamment  échancré  ou  dilaté.  Les  palpes 
extérieurs  et  le  premier  article  des  antennes  sont  toujours 
longs. 

Les  Trichognathes.  (  Trichognatha.  Latr.) 

Ont  le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  en  formedecône 
renversé  et  alongé  ,  etune  saillie  triangulaire  et  velue  au  côté 
extérieur  des  mâchoires.  Les  palpes  sont  fort  longs.  Le  labre 
offre  deux  crenelures  et  trois  dents  obtuses.  Le  sommet  de 
la  languette  est  armé  de  trois  épines.  Les  quatre  tarses  posté- 

(0  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  l'Hast,  natur.  des  coléopt.  d'Eur., 
fasc  II ,  x  ,  2  ,  et  le  Species  ge'ne'r.   de  M.   le  comte  Dejean,  tom.   I, 

pu1:.    182. 


w*        f 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  OJO 

rieurs  ne  sont  point  dilatés ,  du  moins  dans  les  femelles. 
L'insecte  (marginipennis)  servant  de  type  a  été  apporté  du 
Brésil ,  par  le  célèbre  botaniste  M.  de  Saint-Hilaire. 

Les  Galerites.  (Galerita.  Fab.) 

Qui  diffèrent  des  sous-genres  précédents  par  leurs  palpes 
extérieurs  ,  dont  le  dernier  article  est  triangulaire,  ou  en 
forme  de  hache  ,  et  par  leurs  mâchoires  non  dilatées  au  côté 
extérieur. 

Les  deux  tarses  antérieurs  des  mâles  §out  élargis  ;  les 
échancrures  des  quatre  premiers  articles  sont  aiguës  ,  et 
leurs  divisions  internes  sont  plus  grandes  et  plus  prolongées 
que  les  extérieures.  La  languette  est  tridentée  au  sommet  et 
ses  paraglosses  sont  très  distinctes.  L'échancrure  du  menton 
est  unideutée. 

Quelques  espèces  [Galerita  occidentalis ,  Dej.;  —  G.  afri- 
cana  y  ejusd.),  forment  par  leur  tête  ovalaire  ,  leur  cor- 
selet plus  alongé  et  plus  étroit,  une  division  particulière. 
La  plupart  sont  américaines  (1). 

Les  Cordistes.  (  Cordistes.   Latr.  —  Calophœna.  Klùg.  — 

Odocantha.  Fab.  ) 

Ont  les  palpes  extérieurs  filiformes  et  terminés  par  un  ar- 
ticle ovalaire  et  pointu. 

Les  quatre  premiers  articles  de  tous  les  tarses  sont  dilatés. 
Le  premier  est  en  forme  de  cône  renversé  et  alongé  ;  les 
lobes  des  deux  suivants  sont  égaux,  étroits  et  pointus  ;  le 
quatrième  est  en  forme  de  cœur  ou  de  triangle  renversé, 
sans  échancrurej  sa  face  supérieure  est  excavée,  pour  l'in- 
sertion du  suivant.  La  tête  est  presque  ovalaire  (2). 

Nous  terminons  cette  section  par  ceux  dont  les  crochets 
des  tarses  sont  dentelés  en  dessous,   en  manière  de  peigne, 

(1)  Voyez  le  second  fascicule  de  l'Hist.  natur.  des  coléopt,  d'Eur. ,  et 
le  premier  volume  du  Spec.  ge'ne'r.  de  M.  le  comte  Dejean. 

(2)  Voyez  le  second  fascicule  de  l'Hist.  natur.  des  cole'opt.  d'Eur.  •  le 
premier  volume  du  Spec.  ge'ne'r.  de  M.  le  comte  Dejean,  et  principale- 
ment l'Entom.  brasil.,  spécimen  de  M.  le  doct.  Klûg.  Toutes  les  espèces 
de'crites  sont  de  FAme'rique  méridionale. 


376  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

et  nous  commencerons  par  ceux  dont  la  tête  ovalaire  ou 
ovoïde  est  séparée  du  corselet  par  un  étranglement  brusque, 
très  prononcé,  formant  une  sorte  de  nœud  ou  de  rotule.  Le 
pénultième  article  de  leur  tarse  est  toujours  divisé  jusqu'à 
sa  base  en  deux  lobes ,  les  précédents  sont  larges,  en  forme 
de  cœur  ou  de  triangle  renversé.  Le  premier  article  des  an- 
tennes est  peu  alongé.  Toutes  les  espèces  connues  sont  du 
nouveau  continent. 

Les  Ctenodactyles.  (Ctenodactyla.  Dej.) 

Leurspalpes  extérieurs  sont  filiformes,  avecle  dernier  article, 
ovalaire.  Le  corps  est  peualongé  aplati,  avec  le  corselet  presque 
en  forme  de  cœur  alongé  et  tronqué  postérieurement  (1). 

Les  Agrès.  (Agra.  Fab.  ) 

Les  palpes  maxillaires  extérieurs  sont  filiformes  ,  et  les  la- 
biaux se  terminent  par  un  article  plus  grand  ,  sécuriforme 
ou  triangulaire.  Le  corps  est  long,  étroit,  avec  le  corselet 
en  forme  de  cône  alongé  ,  rétréci  en  devant. 

Le  menton  est  suborbiculaire,  avec  une  dent  au  milieu  de 
Féchancrure.  La  languette  est  presque  cylindrique,  sans  pa- 
raglosses  bien  distinctes  (2). 

Maintenant  la  tête  n'est  point  distincte  du  corselet  par  un 
étranglement  très  brusque  ,  en  forme  de  nœud  ou  de 
rotule  (3).  Les  articles  des  tarses  sont  entiers  dans  plusieurs, 
et  les  premiers  sont  rarement  dilatés.  Le  corps  est  toujours 
aplati.  Les  paraglosses  ne  sont  jamais  saillantes,  et  forment 
simplement  une  marge  membraneuse,  arrondie  ou  obtuse 
au  bout. 

Ici  le  corselet  est  isométrique  ou  plus  long  que  large  ,  en 


(1)  Ctenodactyla  Chevrolatii,  Dej. ,  Spec,  I,  pag.  227  j  de  Cayenne. 

(2)  Voyez  l'excellente  Monographie  de  ce  genre  publie'e  par  le  doc~ 
leur  Klûg  ;  le  second  fasc.  de  FHist.  nat.  des  coîéopt.  d'Eur. ,  et  le  pre- 
mier tome  du  Spec.  gene'r.  de  M.  le  comte  Dejean.  Toutes  les  espèces 
sont  de  FAméVique  intra tropicale. 

(3)  Un  peu  rétrécie  postérieurement  dans  les  De'metrias  et  les  Dro- 
mies,  mais  point  fixe'e  au  corselet  par  une  rotule.  ' 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  OJJ 

forme  de  coeur,  tronqué  postérieurement.  Lecorps  est  alongé. 
Tels  sont  : 

Les  Cymindis.  (Cymindîs.  Latr. — Cymindis,  anomœus.  Fisch. 
—  Tarus.  Clairv.  —  Carabus.  Fab.  ) 

Qui  ont  les  palpes  maxillaires  extérieurs  filiformes  ou 
guère  plus*  gros  à  leur  extrémité,  avec  le  dernier  article 
presque  cylindrique  ;  et  le  même  des  labiaux  plus  grand, 
presque  en  forme  de  hache  ou  de  triangle  renversé,  dans  les 
mâles  au  moins;  dont  la  tête  n'est  point  rétrécie  postérieu- 
rement, et  dont  tous  les  articles  des  tarses  sont  entiers  et 
presque  cylindriques  (1). 

Les  Calleïdes.  (  Calleid a  .  Dej .  ) 

Entièrement  semblables  aux  cymindis,  aux  tarses  près,  le 
pénultième  article  étant  bifide,  et  les  précédents  triangu- 
laires. Ce  sous-genre  est  propre  à  l'Amérique  (2) 

Les   Démétrias.  (Démétrias.  Bon.) 

1 

Analogues  aux  calléidespar  les  tarses,  mais  ayant  la  tête 
ovalaire,  rétrécie  postérieurement,  et  tous  les  palpes  exté- 
rieurs presque  filiformes,  avec  le  dernier  article  presque 
ovoïde  ou  subcylindrique. 

Ce  sous-genre,  ainsi  que  le  suivant,  se  compose  de  très 
petites  espèces,  fréquentant,  pour  la  plupart,  les  lieux  aqua- 
tiques ou  humides  et  couverts,  et  presque  toutes  européen- 
nes (3). 

Les  Dromies.  (  Dromias.  Bon.) 

Généralement  aptères,  à  articles  des  tarses  entiers,  d'ail- 
leurs semblables  aux  démétrias  (4). 

Là  ,  le  corselet  est  sensiblement  plus  large  que  long  ,  en 
forme  de  segment  de  cercle  ou  de  cœur,  largement  et  trans- 
versalement tronqué  postérieurement. 


(1)  Voyez  les  second  et  troisième  fascicules  de  l'Histoire  natur.  des 
cole'opt.  d'Eur. ,  et  le  premier  vol.  du  Spec.  ge'ne'r.  de  M.  le  comte  Dej. 

(2)  Les  mêmes  ouvrages  que  ci-dessus. 

(3)  Item. 

(4)  Item. 


O78  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Il  en  est  où  le  milieu  du  bord  postérieur  du  corselet  se 
prolonge  et  arrière.  Telles  sont  : 

Les  Lebies  (Lebia.  Latr.  — Lebia,  lamprias.  Bon.  ) 

Les  palpes  extérieurs  se  terminent  par  un  article  un  peu 
plus  grand,  presque  cylindrique  ou  ovalaire  et  tronqué  au 
bout.  Les  quatre  premiers  articles  des  tarses  sont  presque 
triangulaires,  et  le  quatrième  est  plus  ou  moins  bifide  ou 
bilobé. 

Ces  insectes  sont  agréablement  colorés.  Une  espèce  des 
plus  communes  en  Europe ,  est  la  Lébie  téte-bleue  (Carabus 
cyanocephalus ,  Lin.  ,  Fab.  -7  le  Bupreste  bleu  à  corselet 
rouge y  Geoff.  ;  Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ. ,  LXXV  ,  5  ; 
Ilist.  natur.  des  coléopt.  d'Eur.,  fasc.  III,  xn,  7).  Son 
corps  a  de  deux  lignes  et  demie  à  trois  lignes  et  demie  de 
long.  11  est  bleu  ou  vert  et  très  luisant  en  dessus,  avec  le 
premier  article  des  antennes,  le  corselet  et  les  pattes,  d'un 
rouge  fauve;  l'extrémité  des  cuisses  noire,  et  les  élytres 
pointiîlées  ,  marquées  de  stries  légères  et  ponctuées. 

Une  autre  espèce  de  nos  environs  est  la  Lébie  hémor- 
rhoïdale  (  Carabus  hœmorrhoidalis  ,  Fab.;  Ilist.  natur.  des 
coléopt.  d'Eur.,  fasc.  111 ,  xm  ,8),  qui  n'a  guère  plus  de 
deux  lignes  de  long,  dont  le  corps  est  fauve,  avec  les  élytres 
noires  ,  et  terminées  par  une  tache  d'un  fauve  jaunâtre  } 
elles  ont  des  stries  peu  enfoncées,  ponctuées,  et  deux 
points  enfoncés  plus*  distincts,  près  de  la  troisième,  en 
commençant  par  la  suture  (1). 

Dans  les  suivants,  le  corselet  se  termine  postérieurement 
par  une  ligue  droite  ,  sans  avancement  au  milieu. 

Les  Plochiones.  (Plochionus.  Dej.) 

Qui  ont  les  antennes  presque  grenues,  le  dernier  article 
des  palpes  labiaux  grand  ,  presque  sécuriforme,  les  quatre 
premiers  des  tarses  courts,  eu  forme  de  cœur  renversé,  et 
dont  le  quatrième  est  bilobé  (•>>>). 


(1)  Les  mêmes  ouvrages  que  ci-devant, 
(a)  Item. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  3jÇ) 

Les  Orthogonies.  (  Orthogonius.  Dej.  ) 

Ayant  des  tarses  conformes  de  même,  mais  à  antennes 
filiformes  et  à  palpes  extérieurs  termines  par  un  article  pres- 
que cylindrique  (i). 

Les  Coptoderes.   (  Coptodera.  Dej.  ) 

Ayant  les  palpes  des  orthogonies,  les  antennes  plus  ou 
moins  grenues,  les  trois  premiers  articles  des  tarses  anté- 
rieurs courts,  larges,  les  mêmes  des  quatre  tarses  postérieurs 
étroits,  presque  filiformes,  et  le  pénultième  de  tous  bifide, 
mais  non  divisé  en  deux  lobes.  Toutes  les  espèces  mention- 
nées par  M.  le  comte  Dcjean  (Spec.  1,  pag.  273  )  sont  étran- 
gères et  pour  la  plupart  américaines. 

2°  La  seconde  section  ,  celle  des  Bipartis  {Bipartiti.  — Sca- 
ritides.  Dej.),  que  l'on  pourrait,  sous  les  rapport  des  habitudes, 
appeler  aussi  celle  des  fouisseurs,  est  formée  de  carabiques  à 
ély  très  entières  ou  légèrement  si  nuées  à  leur  extrémité  posté- 
rieure; ayant  des  antennes  souvent  grenues  et  coudées,  la  tête 
large,  le  corselet  grand,  ordinairement  en  forme  de  coupe, 
ou  presque  demi  orbiculaire ,   séparé  de  l'abdomen  par  un 
intervalle,  ce  qui   fait  paraître  celui-ci  pédicule;  les  pieds 
généralement  peu  alongés,  avec  les  tarses  le  plus  souvent 
dourts,  semblables  ou  peu  différents  dans  les  deux  sexes, 
sans  brosse  en  dessous  et  simplement  garnis  de  poils  ou  de 
cils  ordinaires.    Les  deux  jambes   antérieures    sont  dentées 
extérieurement,  comme  palmées  ou  digitées,  dans  plusieurs, 
et  les  mandibules  sont  souvent  fortes  et  dentées.  L'cchancrure 
du  menton  offre  une   dent.  Ils  se  tiennent  tous  à  terre  ,  se 
cachent  soit  dans  des  trous  qu'ils  y  creusent,  soit  sous  des 
pierres,  et  souvent  ne  quittent  leur  retraite  que  pendant  la 
nuit;   leur  couleur  est  généralement   d'un    noir    uniforme. 
La  larve  du  Ditomebucéphale,  la  seule  que  l'on  ait  observée, 
a  la  forme  et   la  manière  de  vivre  de  celles  des  Cicindèles. 
Ces  insectes  habitent  plus  particulièrement  les  pays  chauds. 
Trois  sous-genres,  et  par  lesquels  nous   débuterons,  for- 
ment, à  raison  de  leurs  palpes  labiaux  terminés  par  un  ar- 

(1)  Dej.,  Spec.  ,  T,  p.  279,  espèces  toutes  exotiques;  près  de  ce  sous- 
genre  doit  peut -être  venir  celui  (Tf/exagoma  de  M.  Kirby  (Lin., 
Trans.,  XIV). 


58o  INSECTES   COLÉOPTÈRES. 

ticle  plus  grand  ,  en  forme  de  hache  ou  triangulaire,  un 
groupe  particulier;  le  dernier  de  ces  sous- genres  nous 
conduit  aux  scarites,  tandis  que  le  premier,  qui  ,  à  l'égard 
de  l'absence  d'échancrure  au  côté  interne  des  deux  jambes 
antérieures  ,  fait  exception  ,  semble  se  lier  avec  les  premiers 
sous-genres  de  la  famille.  Us  ont  tous  des  mandibules  fortes 
et  dentées.  Les  palpes  maxillaires  extérieurs  se  terminent 
par  un  article  un  peu  plus  gros;  le  corselet  est  en  forme 
de  coupe,  ou  de  cœur  tronqué;  l'abdomen  est  pédicule. 

Deux  de  ces  sous-genres  forment  dans  ce  groupe  une  sub- 
division spéciale.  Leurs  jambes  antérieures  ne  sont  point 
palmées.  Leurs  antennes  se  composent  d'articles  presque 
cylindriques  ou  en  forme  de  cône  renversé.  Le  menton  re- 
couvre presque  tout  le  dessous  de  la  tête  jusqu'au  labre,  et 
souvent  n'offre  point  de  suture  transverse  à  sa  base.  Le  corps 
est  très  aplati,  et  dépourvu  d'ailes  dans  plusieurs.  Ils  sont 
tous  de  l'ancien  continent  ou  de  la  Nouvelle -Hollande. 

Les  Encélades.  (Enceladus.  Bon.) 

Leurs  jambes  antérieures  n'ont  point  d'échancrure  au  côté 
interne.  Le  premier  article  de  leurs  antenn.es  est  peu  alongé 
et  presque  cylindrique;  le  troisième  est  plus  court  que  le 
second.  Le  milieu  du  bord  supérieur  de  la  languette  est 
avancé  en  manière  d'angle  ou  de  dent.  Le  corselet  est  pres- 
que en  forme  de  cœur,  largement  tronqué,  avec  les  angles 
postérieurs  un  peu  dilatés  et  pointus.  Le  labre  est  échancré 
ou  presque  bilobé. 

La  seule  espèce  décrite,  VEncelade  géant  (  Enceladus* 

gigas,  Bon.,  Mém.  de  l'acad.  des  scien.  de  Turin  ),  est  de 

la  côte  d'Àngole. 

Les  Siagones.  (Siagona.  Latr. — Cucujus  j  galerita.  Fab.  ) 

Ont  une  échancrure  bien  prononcée  au  côté  interne  des 
deux  jambes  antérieures;  le  premier  article  des  antennes 
alongé,  en  cône  renversé,  et  le  second  plus  court  que  le  troi- 
sième; le  sommet  de  languette  droit  ,  sans  avancement;  le 
corselet  presque  en  forme  de  coupe,  presque  aussi  long  que 

large  et  sans  saillies  postérieures  ,  et  le  labre  dentelé. 

Les  unes  ont  l'abdomen  ovale  et  sont  aptères  (i).  Dans  les 


(i)  Siagona  rufipès ,  Latr.,  Gêner,  trust,   et  insect.  ,  I ,  vu,  9  ;  Cu- 
m  jus  ru/ipes,  Fab.;  —  Siagona  fuscipcs  ,  Dej. ,  Spec. ,  T,  p.  35q. 


FAMILLE    D!ÎS    CARNASSIERS.  58 1 

autres  il  est  ovale,  tronqué  à  sa  base,  et  ces  espèces  sont 
ailées.  M.  Lefèvre'en  a  découvert  une  nouvelle  en  Sicile. 
Toutes  les  autres,  tant  de  cette  division  que  de  la  précé- 
dente, habitent  l'Afrique  septentrionale  ou  les  Indes  orien- 
tales (i). 

Le  troisième  sous-genre,  par  ses  antennes  moniliformes, 
les  dents  du  côté  extérieur  de  ses  deux  premières  jambes, 
les  proportions  ordinaires  du  menton,  la  forme  générale  du 
corps,  se  rapproche  évidemment  des  scarites. 

Les  Carenums.  (Carenum.  Bon.) 

Les  mâchoires  sont  droites  ,  sans  crochet  terminal.  La 
languette  est  arrondie  à  son  sommet.  Le  dernier  article  des 
palpes  maxillaires  extérieurs  est  renflé  et  une  fois  plus  long 
que  le  précédent. 

La  seule  espèce  connue  (  Scarites  cyaneus  ,  Fab.  )  habite 

la  Nouvelle-Hollande. 

Aucun  des  autres  carabiques  de  cette  section  n'offre  de  pal- 
pes labiaux  terminés  par  un  article  plus  grand  et  sécuriforme; 
le  dernier  est  en  forme  de  cône  renversé  et  alongé  ,  ou  pres- 
que cylindrique  et  aminci  à  sa  base;  le  même  des  maxil- 
laires extérieurs  est  aussi  presque  cylindrique;  tous  ces  pal- 
pes sont  à  peu  près  de  la  même  grosseur  partout ,  ou  quel- 
quefois amincis  à  leur  extrémité. 

Une  première  subdivision  très  naturelle,  et  qui  comprend 
les  scaritesde  Fabricius,  moins  l'espèce  précédente,  se  com- 
posera des  carabiques  bipartis,  dont  les  deux  jambes  anté- 
rieures sont  palmées,  ou  du  moins  digitées  au  bout,  c'est- 
à-dire  terminées  extérieurement  par  une  longue  pointe,  en 
forme  d'épine,  opposée  à  un  éperon  interne  très  fort.  Leurs 
antennes  sont  grenues ,  avec  le  second  article  aussi  long  et 
souvent  même  plus  long  que  le  suivant.  Les  mandibules, 
celles  d'un  petit  nombre  excepté  ,  sont  robustes  ,  avancées, 
anguleuses  ou  dentées  au  côté  interne.  Le  labre  est  très  court, 
transversal  et  crustacé.  La  languette  est  le  plus  souvent  en- 


(i)  Les  Siagones  atrata,  depressa  (  Galerita  depressa  ,  Fa'O  ,  Feins 
{Galerila  flejus  y  Fab.),    Schupelii,    De].,   ibid.  •  —  Scarites  lœvigalus 
Herbst. ,  col.  clxxv,  6. 


582  IJS SECTES    COLÉOPTÈUES. 

tièrement  cornée,  hérissée  de  poils  ou  de  cils  ,  largement 
échancrée  ou  évasée  au  sommet  j  avec  les  angles  latéraux 
avancés. 

Les  uns  ont  les  mandibules  très  fortes,  avancées  et  ordi- 
nairement dentées;  le  labre  crustacé,  très  denté  au  bord 
antérieur;  la  languette  courte,  point  saillante  au-delà  du 
menton,  entièrement  cornée  ou  crustacée,  hérissée  de  poils, 
évasée  au  bord  supérieur.  Leurs  jambes  antérieures  sont 
toujours  palmées. 

Les  espèces  sont  généralement  grandes. 

L'un  de  ces  sous-genres,  celui 

De  Pasimaque.  (Pasimachus.  Bon.) 

Se  rapproche  du  dernier  relativement  aux  mâchoires,  qui 
sont  droites  et  sans  crochet  terminal. 

Les  antennes  sont  d'égale  grosseur.  Le  corps  est  très  aplati, 
ovale,  avec  le  corselet  en  forme  de  cœur,  largement  tron- 
qué en  arrière,  presque  aussi  large  à  son  bord  postérieur 
qu'en  devant  et  que  la  base  des  élytres  ;  ce  bord  est  presque 
droit  et  simplement  un  peu  concave  dans  son  milieu.  Ce 
sous-genre  est  propre  à  l'Amérique  (i). 

Selon  M.  le  comte  Dejean  (  Spec,  II,  pag.  471  )  ?  après  les 
pasymaques  doit  venir  le  genre  qu'il  a  formé  sous  la  déno- 
mination de  Se  aptère  (  Scapterm  )  et  sur  une  espèce  des 
Indes  orientales  qui  lui  a  été  communiquée  par  l'un  de  nos 
plus  zélés  entomologistes,  M.  Guérin  ,  auquel  elle  est  dé- 
diée. J'ignore  si  les  mâchoires  ressemblent  à  celles  du  sous- 
genre  précédent,  mais  le  corps  a  des  proportions  différentes; 
il  est  alongé  et  cylindrique.  Les  antennes  sont  proportion- 
nellement plus  courtes  que  d'ordinaire  ;  le  second  article 
est  carré ,  un  peu  plus  gros  que  les  autres,  qui  sont  courts , 
presque  carrés,  et  vont  en  grossissant. 

Les  suivants  ont  les  mâchoires  arquées   et  crochues  au 


(\\  Rapportez  à  ce  sous-genre  les  Scarites  depressus  et  marginatus  de 
Fabricius  et  d'Olivier.  Voyez  le  premier  volume  du  Species  de  M.  le 
comte  Dejean ,  pag.  4©5  ;  les  Observations  entomologiques  de  M.  Bonelli, 
et  Fouvrage  de  Palisot  de  Beauvois  sur  les  insectes  recueillis  par  lui  en 
Ame'rique  et  en  Afrique. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  385 

bout.  Les  antennes  grossissent  insensiblement  vers  le  bout. 
Le  corselet  est  toujours  séparé  postérieurement  de  la  base 
des  élytres  par  un  vide  ou  par  un  angle  rentrant  ,  bien  pro- 
noncé. 

Ici  les  palpes  extérieurs  sont  terminés  par  un  article  pres- 
que cylindrique,  point  rétréci  en  pointe  ,  au  bout. 

Les  AcanthoscÈles.  (  Acanthoscelis.  Lat.  ) 

Sont  remarquables  par  leurs  quatre  jambes  postérieures, 
qui  sont  en  forme  de  palette  alongée,  arquées ,  planes  et 
un  peu  concaves  à  leur  face  interne,  convexes  ,  chargées  de 
petits  grains  et  de  petites  épines  sur  la  face  opposée,  avec  la 
tranche  supérieure  dentée,  et  les  dents  postérieures  grandes 
et  comprimées  ;  le  trochanter  des  deux  cuisses  postérieures 
est  fort  grand. 

Le  corps  est  court,  large,  convexe  en  dessus  ,  avec  le  cor- 
selet transversal  ,  arrondi  latéralement,  sinué  au  bord  posté- 
rieur; les  éperons  des  jambes  antérieures  fort  longs  et  les  au- 
tres presque  en  forme  de  lames. 

La  seule  espèce  connue  (  Scarites  ruficornis ,  Fab.  )  ha- 
bite le  Cap  de  Bonne-Espérance. 

Les  Scarites.  (Scarites.  Fab.) 

Ont  les  quatre  jambes  postérieures  étroites,  généralement 
unies,  n'offrant  de  petites  épines  que  sur  leurs  arêtes;  les 
intermédiaires  ont  au  plus  sur  le  côté  extérieur  une  ou  deux 
dents;  le  trochanter  des  cuisses  postérieures  est  beaucoup 
plus  petit  qu'elles.  Les  mandibules  sont  en  forme  de  triangle 
alongé,  et  fortement  dentées  à  leur  base.  Les  second  et  troi- 
sième articles  des  antennes  sont  en  forme  de  cône  renversé, 
presque  de  la  même  épaisseur,  et  les  suivants  sont  grenus. 
Les  uns  ont  deux  dents  au  côté  extérieur  des  jambes  inter- 
médiaires. 

Les  Scarites  pyracmon  {Scarites  pyracmon ,  Bonelli  ; 
Dej.,  Spec.  I,  p.  367  ;  Scarites  gigas,  Oliv.,  col.  III,  n°  30; 
1.  1  ;Clairv.,Entom.,Helv.  II,  ix.  a).  Il  est  long  d'environ  un 
pouce,  sans  ailes,  aplati,  d'un  noir  luisant,  avec  les  élytres 
un  peu  élargies  postérieurement ,  marquées  de  stries  très 
fines,  légèrement  ponctuées,  et  dont  la  troisième  offrant 


584  ÏJNSECTES    COLÉOPTÈRES. 

près  de  l'extrémité  deux  points  enfoncés  plus  distincts» 
La  tête ,  selon  M.  Dejean  ,  est  beaucoup  plus  grande  dans 
le  mâle  que  dans  la  femelle;  elle  a  deux  impressions  et  de 
petites  rides  sur  le  front.  Le  corselet  a  postérieure- 
ment une  dent  de  chaque  côté.  On  en  compte  trois  aux 
jambes  antérieures.  Il  se  trouve  sur  les  bords  de  la  Médi- 
terranée; dans  le  midi  de  la  France,  et  la  partie  orientale 
de  l'Espagne.  M.  Lefebvre  de  Cerisy ,  officier  distingué  de 
marine  et  très  bon  entomologiste  ,  a  publié  quelques 
observations  sur  ses  habitudes. 

Le  Scarite  terricole.  [Scaritcs  terricola ,  Bonelli.;  Dej., 
Spec.  I,  p.  398.  )  Son  corps  est  ailé,  long  de  huit  à  neuf 
lignes,  et  noir.  Les  jambes  antérieures  ont  trois  fortes 
dents,  suivies  de  trois  autres  très  petites  ;  le  côté  exté- 
rieur des  deux  jambes  suivantes  n'en  offre  qu'une.  Les 
élytres  sont  alongées ,  striées  et  un  peu  rugueuses  ,  etdont 
deux  points  enfoncés  près  de  la  troisième  strie,  11  se 
trouve  avec  le  précédent. 

Le  Scarite  des  sables  (Scarites  sahulosus ,  Oliv.,  col.  III, 
36,  1,  8jClairv.,  Entom.  Helv.,11,  ix,  6.;Scarites lœvigatus, 
Fab.,  Dej.  ),  ressemble  beaucoup  au  précédent,  mais  il  est 
tin  peu  plus  petit,  plus  déprimé,  sans  ailes,  avec  les  élytres 
faiblement  striées.  Les  jambes  antérieures  n'ont  que  deux 
dentelures,  après  les  trois  dents  ordinaires.  Il  habite  encore 
les  mêmes  localités  que  le  premier,  et  se  trouve  aussi  en 
Sicile,  d'où  il  a  été  apporté  par  M.  Lefèvre. 

LeS  OxYGNATHES.  (  OxYGNATHTJS.  Dej.) 

Semblables  essentiellement,  quant  aux  antennes  et  aux 
palpes,  aux  scarites ,  mais  ayant,  ainsi  que  les  deux  sous- 
genres  suivants,  des  mandibules  longues,  étroites,  sans 
dents,  se  croisant  fortement  en  manière  de  pince  ;  et  le 
corps  étroit,  alongé  et  cylindrique.  Les  antennes  sont  plus 
courtes  que  la  tête  et  les  mandibules  réunies.  Le  labre  est 
peu  distinct.  Le  corselet  est  presque  carré. 

L'espèce  servant  de  type  (Scarites  elongatus ,  Wiedem.; 

Oxygnatluts  elongatus,   Dej.,  Spec.  ^11,  p.  4740  est  des 

Indes  orientales. 

Là,  les  quatre  palpes  extérieurs,  ou  les  labiaux  au  moins, 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  586 

se  terminent  par  un  article  en  forme  de  fuseau  et  finissant 
en  pointe.  Le  corps  est  alongé  et  cylindrique,  et  les  mandi- 
bules sont  longues,  étroites,  sans  dents  notables,  ainsi  que 
celles  des  oxygnathes. 

Les  Oxystomes.  (  Oxystomus.  Latr.  ) 

Dont  les  palpes  labiaux,  presque  aussi  longs  que  les 
maxillaires  externes,  sont  recourbés,  avec  le  premier  article 
saillant,  cylindrique ,  le  suivant  peu  alongé  et  le  dernier,  en 
fuseau  ,  long  et  très  pointu  au  bout;  les  antennes  sont  par- 
faitement moniliformes,  à  partir  du  milieu  de  leur  lon- 
gueur ,  avec  le  premier  article  aussi  long'que  les  trois  sui- 
vants réunis  (i). 

Les  Gamptodontes.  (  Camptodontus.  Dej.  ) 

Où  les  palpes  labiaux  sont  sensiblement  plus  courts  que 
les  maxillaires  externes,  non  recourbés,  et  terminés,  ainsi 
qu'eux  ,  par  un  article  en  fuseau  ,  et  dont  les  antennes  sont 
composées  en  majeure  partie  d'articles  en  forme  de  cône 
renversé;  la  longueur  du  premier  ne  surpasse  guère  celle 
des  deux  suivants.pris  ensemble  (2). 

Les  autres,  et  dont  les  jambes  antérieures  ne  sont  point 
dentées  extérieurement, mais  simplement  diuactyles  au  bout, 
ont  des  mandibules  courtes  ,  peu  avancées  au-delà  du  labre; 
le  labre  coriace,  entier;  la  languette  saillante  au-delà  de  Té- 
chancrure  du  menton  ,  glabre  ou  peu  velue  ,  avec  des  para- 
glosses  séparées ,  saillantes  et  membraneuses;  les  palpes  ex- 
térieurs sont  terminés  par  un  article  ovalaire,  acuminé  au 
bout. 

Ces  carabiques  sont  petits,  fréquentent  les  lieux  humides, 
et  ne  sont  pas  étrangers  aux  régions  septentrionales. 

Les  Clivines.  (Clivina.  Lat.  ) 

Ont  trois  fortes  dents  au  côté  extérieur  des  deux  jambes 
antérieures  et  une  à  celui  des  deux  suivantes  (3). 


(1)  Oxystomus  cylindricus ,  Dej.  ,  Spec. ,  I ,  p.  4lo>  du  Brésil. 

(2)  Camptodontus  cayennensis ,  ibid. ,  II,  pag.  477- 

(3)  Tenebriofossor,  Lin.;  Scarites  arenarius,  Fab.  ;  Clairv.  ,  Enlora. 
Helv. ,  II,  vin,  A,  a,  espèces;  les  Clivines  de  M.  Dej  ean  (Spec.  I, 
pag.  4n),  1-7. 

TOME    IV.  25 


ÔSG  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Dyschiries.  (Dyschirius.  Bon. —  Clivina,  Dej.  ) 

Qui  n'ont  au  plus  que  des  dentelures  ou  de  petites  épi  nés 
très  peu  distinctes,  au  côté  externe  des  deux  jambes  anté- 
rieures, et  où.  ce  côté  se  prolonge  ordinairement  à  son  extré- 
mité en  une  longue  pointe,  en  forme  d'épine  ou  de  doigt, 
et  opposée  à  un  autre  doigt  constitué  par  un  fort  éperon  du 
côté  interne.  Le  dernier  article  des  palpes  labiaux  est  pro- 
portionnellement plus  gros  que  le  même  des  divines,  et 
presque  en  massue  sécuriforme.  Le  corselet  est  ordinaire- 
ment globuleux  (i). 

Notre  seconde  et  dernière  subdivision  des  bipartis  com- 
prendra ceux  dont  les  jambes  antérieures  ne  sont  ni  dentées 
extérieurement  ni  bidigittées  au  bout,  et  dont  le  second 
article  des  antennes  est  sensiblement  plus  court  que  le  sui- 
vant. Ils  se  rapprochent  beaucoup,  quant  aux  organes  de  la 
manducation  des  deux  derniers  sous-genres,  et  ils  avaient 
été  confondus  par  quelques  auteurs  avec  les  scarites ,  dont 
ils  ont,  en  effet,  le  port  et  les  habitudes. 

Les  uns  ont  lecorps  étroit,  alongé,presqueparallélipipède, 
avec  le  corselet  presque  carré  ;  les  antennes  en  tout  ou  en 
partie  grenues  ;  le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  pres- 
que cylindrique  ,  et  le  même  des  labiaux  presque  en  forme 
de  cône  renversé  ou  de  hache:  Ils  sont  tous  exotiques. 

Les  Morions.  (Morio.  Lat.  ) 

Ont  des  antennes  d'égale  grosseur  partout,  le  labre  pro- 
fondément échancré  ,  les  palpes  extérieurs  filiformes,  les 
cuisses  ovales  et  les  jambes  triangulaires  (2). 

Dans 

Les  Ozènes.  (  Oz/ena.  Oliv.  ) 

Les  antennes  sont  plus  grosses  ou  renflées  à  leur  extré- 
mité, le  labre  est   entier,  les  palpes   labiaux   se  terminent 


(1)  divines,  nos  8-2 1  ,  de  M.  le  comte  Dejean  ;  mais  la  huitième  ,  ou 
Yarctica  ,  semble  offrir  les  caractères  des  Ce'phalotes. 

(2)  Harpalus  monilicornis  ,  Latr. ,  Gêner,  crust.  et  insect.  ,  I,  p.  206; 
Morio  monilicornis,  Dej.,  Spec.  I,  p.  43o;  Scarit.  Georgiœ ,  Palis,  de 
Beauv.  ,  VII ,  xv,  5  ;  —  Morio  brasiliensis ,  Dej ,  ibid.  ;  —  Morio 
orientalis,  ejusd.  ,  ibid. 


F  YMTLLE    DES    CARNASSIERS.  087 

par  un  article  plus  large,  presque  en  forme  de  hache  ou  de 
triangle  '?  les  cuisses  et  les  jambes  sont  étroites  et  alon- 
gées  (1). 

Les  autres  ont  le  corps  ovale  ou  oblong,  avec  le  corselet  soit 
presque  en  forme  de  coupe  ou  de  cœur,  soit  presque  orbi- 
culaire;  les  antennes  filiformes,  composées  d'articles,  pour 
la  plupart  presque  cylindriques,  surtout  les  derniers  (les 
autres  plus  amincis  à  leur  base,  presque  en  forme  de  cône 
renversé  ),  et  le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  presque 
ovalaire  ou  en  fuseau.  Le  labre  est  échancré. 

Ceux-ci  sont  propies  aux  pays  chauds  et  sablonneux  des 
contrées  occidentales  de  l'ancien  continent. 

Les  Ditomes.  (Ditomus.  Bon.  —  Carabus ,  Calosomay 

Scaurus,  Fab.  ) 

Dont  les  palpes  sont  plus  courts  que  la  tête  ;  dont  le  cor- 
selet est  en  forme  de  coupe  ou  de  cœur,  et  dont  les  tarses 
sont  courts. 

Quelques  espèces ,  celles  auxquelles  M.  Ziégler  restitue 
la  dénomination  générique  de  ditomus  ,  ont  le  corps  plus 
alongé,  de  la  même  largeur ,  avec  la  tête  séparée  de  chaque 
côté  du  corselet  par  un  angle  rentrant,  et  ordinairement 
armée,  dans  les  mâles,  d'une  ou  de  deux  cornes  (?.). 

Les  autres  ,  ou  celles  qui  composent  le  genre  Aristus ,  du 
même,  ont  le  corps  plus  court ,  plus  large  eu  devant,  avec 
la  tête  presque  continue  avec  le  corselet,  s'y  enfonçant  jus- 
qu'aux yeux  ;  ses  angles  antérieurs  sont  pointus  (3). 

"  — ■ — ~ — — « 

(1)  Ozœna  clentipes  ,  Oliv. ,  Encyclop.  method.;  —  Ozœna  Rogerii , 
Dej  ,  Spec. ,  p.  434  '-,  —  Ozœna  brunnea ,  ejusd. ,  ibid.  5  —  Ozœna  Grl- 
luenalii,  ejusd.  ,  ibid. 

(2)  Dej.,  Spec.  ,  I,  pag.  4^9,  première  division  des  Ditomes.  Le  Va- 
rabus  calfdonlus  de  Fabricius,  d'après  une  e'tiquette  mise  par  lui  sous 
un  individu  provenant  de  la  collection  de  M.  Desfontaines,  forme  une 
espèce  1res  distincte  du  Ditomus  calydonius  de  M.  le  comte  Dcjern.  Le 
mâle  a  les  mandibules  fourchues  ou  comme  parlâmes  en  deux  cornes  ;  la 
corne  du  milieu  se  termine  en  pointe,  ou  plutôt  en  1er  de  lance.  Le  Ca~ 
losoina  longlcornis  de.  Fabricius  est  probablement  la  femelle  de  cette 
espèce  ou  d'une  autre  très  voisine. 

(3)  Seconde  division  des  Ditomes  de  M.  ie  comte  Dcjean,  ibid.,  p.  44  {> 

2D 


58S  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Apotomes.  (  Apotomus.  Hoffra.  —  Scarites,  Ross.) 

Dont  les  palpes  antérieurs  sont  fort  longs,  dont  le  cor- 
selet est  oibiculaire  ,  et  dont  les  tarses  sont  filiformes  et 
alongés.  Les  paipes  îrfaxiilaires  extérieurs  sont  beaucoup 
plus  longs  que  la  tête,  et  terminés  par  un  article  ovoïdo- 
evlindrique;  le  même  des  labiaux  est  en  forme  de  fuseau 
aîongé-.  Je  n'ai  pas  aperçu  de  dent  dans  l'écliancrure  du 
menton  (i). 

3°  Notre  troisième  section  des  carabiques  ,  celle  des  Qua- 
drumanes (Quadrimani —  Harpaliens) ,  Dej.  (2),  renferme 
ceux  qui,  semblables  d'ailleurs  aux  derniers  par  leurs  élytres 
terminées  postérieurement  en  pointe,  ont,  dans  les  mâles, 
les  quatre  tarses  antérieurs  dilatés;  les  trois  ou  quatre  pre- 
miers articles  sont  en  forme  de  cœur  renversé  ou  triangu- 
laires, et  presque  tous  terminés  par  des  angles  aigus  ;  leur 
dessous  est  ordinairement  (les  ophones  exceptés)  garni- de 
deux  rangées  de  papilles  ou  d'écaillés,  avec  un  vide  li- 
néaire, intermédiaire. 

Le  corps  est  toujours  ailé  ,  généralement  ovalaire  et  arqué 
en  dessus  ou  convexe,  avec  le  corselet  plus  large  que  long, 
ou  tout  au  plus  presque  isométrique  ,  carré  ou  trapézoïdal. 
La  tête  n'est  jamais  brusquement  rétrécie  postérieurement. 
Les  antennes  sont  de  la  même  grosseur  partout,  ou  un  peu 
et  insensiblement  épaissies  vers  le  bout.  Les  mandibules  ne 
sont  jamais  très  fortes.  Le?  palpes  extérieurs  sont  terminés 
par  un  article  plus  long  que  le  précédent,  ovalaire  ou  en 
fuseau.  La  dent  de  i'échanciure  du  menton  est  toujours  en- 
tière, et  manque  dans  quelques-uns  (3).  Les  pieds  sont  ro- 
bustes, avec  les  jambes  épineuses  et  les  crochets  des  tarses 

(i)  Scarites  rufus ,  Oliv.  ,  col.  III,  36,  n,  i3  ,  a ,  b  ;  Rossi,  Faim. 
etrusc,  I ,  iv,  3  ;  apotomus  rufus ,  Dej.  ,  Spec. ,  I ,  pag.  45o  ;  —  ejusd., 
apotomus  testaceus  ,  ibid. ,  pag.  45 1. 

(2)  Cette  dénomination  est  en  harmonie  avec  celle  des  deux  sections 
suivantes  ,  et  fondée  sur  un  caractère  exclusif;  elle  me  semble  donc  pré- 
férable à  celle  (Thar/jalici,  employée  par  M.  Bonelli. 

(3)  La  languette,  ainsi  que  dans  les  deux  sections  suivantes,  est  tou- 
jours notablement  saillante ,  obtuse  ou  tronquée  au  bout,  et  accompagnée 
de  deux  paragîosses  distinctes,  membraneuses ,  en  forme  dWeillettes. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  0S9 

simples.  Les  tarses  intermédiaires,  dans  les  femelles  mêmes, 
sont  courts,  et,  à  la  dilatation  près,  conformés  à  peuprès  ainsi 
que  les  précédents.  Ces  cara biques  se  plaisent  dans  les  lieux 
sablonneux  et  exposés  au  soleil. 

Cette  section  se  compose  du  genre  harpale  ,  tel  qne  M.  Bo- 
nelli  l'a  restreint  dans  le  tableau  présentant  la  distribution 
générale  des  carabiques.  De  nouvelles  coupes  en  ont  encore 
depuis  diminué  l'étendue.  Elles  sont  subordonnées  aux  trois 
divisions  suivantes. 

La  première  aura  pour  caractères:  échancrure  du  menton 
nnidentée  (i),  labre  échancré,  tête  et  extrémité  antérieure 
du  corselet  aussi  larges  ou  plus  larges  que  l'abdomen  (2). 
Elle  comprend  trois  sous-genres. 

Les  Acinopes.  (Acinopus.  Ziégl.,  Dej.) 

A  antennes  filiformes 7  composées  d'articles  courts,  mais 
cylindracés,  et  à  corselet  rétréci  insensiblement  de  devant 
en  arrière,  avecles angles  postérieurs  très  obtus  ou  arrondis. 
Le  labre  est  fortement  échancré  ;  les  mandibules  n'ont  point 
de  dents;  celle  du  milieu  de  l'écliancrure  du  mçnton  est 
îargementtronquée  (3). 

Les  Daptes.  (Daptus.  Fiscli.  —  Acinopus.  Dej.) 

A  antennes,  à  commencer  au  cinquième  article,  monili- 
formes;  à  corselet  rétréci  brusquement  vers  ses  angles  posté- 
rieurs ,  qui  se  terminent  en  pointe.  L'une  des  mandibules 
est  avancée  et  très  pointue.  Les  quatre  jambes  antérieu- 
res, surtout  celles  des  maies  ?  sont  très  garnies  Je  petites 
épines  (4)» 

(1)  Si  les  Cyclosomes  (  Voy\  la  pag.  3q4-  )  ont  les  quatre  tarses  an- 
térieurs dilatés  ,  ils  formeront  une  quatrième  division  ,  à  raison  des  deux 
dents  de  re'cîiancrure  du  menton. 

(2)  Tête  forte  ,  paraglosses  assez  larges ,  comparativement  à  la  lan- 
guette propre,  et  arrondies  au  bout;  second  article  des  antennes  un  peu 
plus  court  que  le  suivant;  tarses  iuterme'diaires  des  mâles  un  peu  moins 
dilatés  que  les  antérieurs. 

(3)  Iiarpalus  megacephalus  ,  Latr.  ,  Gêner,  crust.  et  insect.,  J,  p.  206  ; 
Carabus megacephalus ,  Fab.;  Ross.,  Faun.  etrusc,  Append.,  tab.  III,  H; 
Acinopus  megacephalus 9  Dej    ,  Cotai. 

(4)  Acinopus  maculipennis ,  Dej.  ;  Daptus^p ictus,  Fisch". ,  Entoin.  de 


ÔqO  INSECTES    CARNASSIERS. 

Près  des  daptes  paraît  devoir  venir  le  genre  Pangus  de 
M.  Megerle,  mentionné  par  M.  le  comte  Dejean  dans  le  ca- 
talogue de  sa  collection  de  coléoptères. 

D'après  l'étude  de  l'une  (  Pensylvanicm)  des  deux  espèces 
que  celui-ci  y  rapporte,  je  n'ai  pu  découvrir  les  caractères 
qui  distinguent  cette  coupe  de  la  précédente. 

La  seconde  division  se  compose   d'harpales,  ayant  aussi 

l'échancrure  du  menton  unidentée,  mais  dont  le  corps,  plus 

ou  moins  ovalaire  ou  ovoïde,  est  plus  étroit  en  devant ,  et 

dont  le  labre  est  entier  ou  simplement  un  peu  concave.  Ce 

sont  : 

Les  Harpales  propres.   (Harpalus.  Dej.  ) 

Une  espèce  des  plus  communes  dans  toute  l'Europe  est 
YHarpale  bronzé  {Carabus  œneus ,  Fab.  ;  Panz.  ,  Faun. 
insect.  Germ.,  LXXV  ,  3,4-);  son  corps  est  long  d'en- 
viron quatre  lignes  ,  d'un  noir  luisant,  avec  les  antennes 
et  les  pattes  fauves;  le  dessus  du  corselet  et  des  élytres  le 
plus  souvent  vert  ou  cuivreux  et  brillant ,  quelquefois 
d'un  noir  bleuâtre.  Le  corselet  est  transversal  ,  rétréci  pos- 
térieurement ',  finement  rebordé  sur  les  côtés  et  au  bord 
postérieur,  avec  un  enfoncemen'  pointillé  de  chaque  côté, 
près  des  angles  postérieurs.  Les  élytres  sont  striées,  ont 
une  incision  près  de  leur  bout,  et  de  petits  points  enfoncés 
dans  les  intervalles  des  stries  extérieurs.  On  lui  a  aussi 
donné  le  nom  de  protée  ,  à  raison  des  changements  nom- 
breux de  ses  couleurs  (i). 

.L'absence  de  toute  dent  sensible  dans  l'échancrure  du 
menton  ,  distingue  les  carabiques  de  la  troisième  et  de  la 
dernière  division  de  cette  section  ,   et  qui  ?  par  la  forme  du 


ta  Russie  ,  II ,  xxvi ,  2  ,  xlvi  ,  2  ;  —  D.  vlltatus ,  ejusd. ,  ibid. ,  7  ,  var.  ? 
Oitoma  vittiger,  Germ.  ;  —  D.  chloroticus ,  ejusd. ,  ibid. 

(1)  Voyez  ,  pour  les  espèces,  le  Catalogue  de  la  collection  de  M.  le 
comte  Dejean,  genre  Harpalus ,  pag.  i4,  et,  quant  à  leur  synonymie  , 
Schœnherr,  Synonymia  insectorum  ,  et  la  Faune  d'Autriche  de  M.  Duft- 
schmid.  Fabiicius  n'en  a  décrit  qu'un  petit  nombre,  et  parmi  lesquels 
nous  citerons  celles  qu'il  nomme  :  caliginosus,  ruficonris ,  binotatus , 
tard  us,  héros,  analis  ,  flavilabris  ,  etc.  Los  Carabus  signatus  ,  hirlpes 
de  Panzer  font  aussi  partie  de  ce  sous-genre.  . 


FAMILLE    DES    C  AKi\  ASSIEii  S.  3(^1 

corps  et  le  labre  ,  ressemblent  d'ailleurs  à  ceux  de  la  division 
précédente. 

Les  Ophones.  (Ophonus.  Zié.Ml.,  Dej.  ) 

Dont  les  mâles  ont  les  quatre  tarses  antérieurs  fortement 
dilatés  ou  sensiblement  plus  larges  et  généralement  garnis 
en-dessous  de  poils  nombreux  et  serrés  f  formant  une  brosse 
continue;  le  pénultième  article  n'est  point  bilobé.  Le  der- 
nier des  palpes  extérieurs  est  tronqué  ou  très  obtus. 

Le  dessus  du  corps  est  très  finement  pointillé.  Le  corselet 
est  le  plus  souvent  en  forme  de  cœur  ,  tronqué  postérieure- 
ment (i). 

Les  Sténolophes.  (Stenolophus.  Ziég.,  Dej.) 

Qui  ne  différent  des  ophones  qus  parla  forme  de  l'avaut- 
dernier  article  des  quatre  tarses  antérieurs,  du  moins  dans 
les  mâles,  et  même  des  postérieurs,  dans  quelques-uns;  il  est 
divisé  jusqu'à  sa  base  en  deux  lobes  (2). 

Les  Acupalpes.  (  Acupalpus.  Lat.  —  Stenolophus ,  Dej.  ) 

Dont  les  quatre  tarses  antérieurs  des  mâles  diffèrent  peu 
des  postérieurs  ,  avec  les  articles  intermédiaires  arrondis, 
presque  grenus  et  velus  ;  et  dont  les  palpes  extérieurs  se  ter- 
minent par  un  article  pointu  au  bout. 

Ces  carabiques  sont  très  petits  et  semblent  se  lier  avec  le 
tréchus  (3).  1 

4°  La  quatrième  section  ,  celle  desSiMPiaciMANES  (Simplici- 
mani),  se  rapproche  de  la  précédente,  quant  à  la  manière  dont 
se  terminent  les  élytres;  mais  les  deux  tarses  antérieurs  sont 
seuls  dilatés  dans  les  mâles,  sans  former  néanmoins  de  pa- 
lette carrée  ou  orbiculaire;  tantôt  les  trois  premiers  articles 
sont  notablement  plus  larges ,  et  le  suivant  alors  est  tou- 


(0  Voyez  le  Catalogue  de  M.  le  comte  Dejean  ,  pag.  i3. 

(2)  Stenolophus  vaporariorwn  ,  Dej.,  ïbld.  ,•  Carabus  vaporariorwn  , 
Lin.;  Panz,  Faun.  insect.  Germ. ,  XVI,  7;  Harpalus  saponarius ,  Du- 
i'our.  Du  Sénégal. 

(3)  Les  Stenolophes  du  Catalogue  de  M.  Dejean  ,  à  l'exception  du  pré- 
cédent. Nous  citerons  ,  entre  autres  ,  le  Carabus  meridianus  de  Linnaeus 
et  de  Fabricius,  et  là  C.  vespertinus  à<>  Panzer,  XXXVII,  21, 


692  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

jours  beaucoup  plus  petit  que  le  précédent;  tantôt  celui-ci 
et  les  deux  précédents  sont  plus  larges,  presque  égaux,  en 
forme  de  cœur  renversé  ou  triangulaires  :  les  premiers  arti- 
cles des  quatre  tarses  suivants  sont  plus  grêles  et  plus  alon- 
gés,  presque  cylindriques  ou  en  forme  de  cône  alongé  et 
renversé. 

Les  uns  ont  les  crochets  des  tarses  simples  ou  sans  dente- 
lures. 

Ici  le  troisième  article  des  antennes  est,  au  plus,  une  fois 
plus  long  que  le  précédent.  Les  pieds  sont  généralement 
robustes  ,  avec  les  cuisses  épaisses,  plus  ou  moins  ovalaires; 
le  corselet,  mesuré  dans  son  plus  grand  diamètre  transver- 
sal ,  est  aussi  large  que  les  élytres. 

Tantôt  les  mandibules  sont  évidemment  plus  courtes  que 
la  tête,  et  ne  dépassent  le  labre  que  de  la  moitié  au  plus  de 
leur  longueur. 

Nous  commencerons  par  ceux  dont  tous  les  palpes  exté- 
rieurs sont  filiformes. 

Les  Zabres.  (Zabrus.  Clairv.  Bon.  —  Pelor.  Bon.) 

Se  distinguent  des  suivants  par  le  dernier  article  de  leurs 
palpes  maxillaires,  qui  est  sensiblement  plus  court  que  le 
précédent ,  et  par  les  deux  épines  qui  terminent  les  deux 
jambes  antérieures  (1). 

Les  Pogones.  (  Pogonus.  Zieg. ,  Dej.) 

Qui,  dans  Tordre  naturel,  nous  paraissent  très  rapprochés 
des  amara  de  M.  Bonelîi  ,  s'éloignent  des  autres  carabiques 
de  cette  division  par  le  mode  de  dilatation  propre  aux  deux 
tarses  antérieurs  des  mâles;  les  deux  premiers  articles,  et 
dont  le  radical  plus  grand  ,  sont  seuls  dilatés;  les  deux  sui- 
vants sont  petits  et  égaux.  Leur  corps  est  généralement  plus 
oblong  que  celui  des  àmara.  Ces  insectes  paraissent  d'ail- 

(  1)  Carabus  gibbus ,  Fab.  ;  Zabrus  gibbus  y  Clairv.,  Entom.  Helv.,  II , 
Ki.  Voyez,  pour  les  autres  espèces  ,  le  Catal.  delà  coll.  de  M.  le  comte 
Deîean  ,   et  le  troisième  vol.   de  son  Species.  Les  espèces  aptères,  telles 
(jue  le  Blaps  spinipes  de  Fabricius  (Panz. ,  Faim,  insect.    Germ. ,  xcvi 
a  ),  forment  ie  genre  Pelor. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  ôg^ 

leurs  habiter  presque  exclusivement  les  bords  de  la  mer  ou 
les  bords  des  étangs  salés  (1). 

Ce  n'est  guère  encore  que  par  un  caractère  analogue  que 
Ton  peut  distinguer  de  ces  derniers 

Les  TétragonodÈres.  (  Tetragowoderus.  Dej.  ) 

Les  tarses  antérieurs  des  mâles  sont  proportionnellement 
moins  dilatés  que  dans  les  suivants ,  leurs  premiers  articles 
étant  plus  étroits  et  plus  alongés,  et  plutôt  en  forme  de  cône 
renversé  qu'en  forme  de  cœur.  Ces  insectes  sont  propres  à 
l'Amérique  méridionale  (2). 

Les  Féronies.  (  Feronia.  Lat.  ) 

Où.  les  tarses  antérieurs  des  mâles  ons  leurs  trois  premiers 
articles  fortement  dilatés,  en  forme  de  cœur  renversé,  et 
dont  le  second  et  le  troisième  plutôt  transversaux  que  lon- 
gitudinaux. 

Ce  sous-genre  comprendra  un  grand  nombre  de  coupes 
génériques,  indiquées  dans  le  catalogue  de  la  collection  de 
M.  le  comte  Dejean,  tels  que  les  suivantes  :  Amara ,  Poeci- 
lus  ,  Argutor,  Omaseus ,  Platysma ,  Pteroslichus ,  Abax ,  Ste- 
ropus ,  Perçus  ,  Molops ,  Cophosus.  Ce  savant  entomologiste 
a  reconnu  depuis  (  troisième  volume  de  son  Species)  (3)  l'im- 
possibilité de  les  signaler,  et,  à  l'exception  du  premier,  qu'il 
conserve  encore  ,  il  réunit  les  autres'dans  une  grande  coupe 
générique,  qu'il  nomme  avec  moi,  Féronîe.  Mais  quant  aux 
amara  même,  vainement  ai-je  cherché,  dans  les  antennes, 
les  parties  de  la  bouche  ,  des  caractères  qui  les  distinguas- 
sent nettement  des  autres  genres.  Celui  que  l'on  tire  de  la 
dent  du  milieu  de  i'échancrure  du  menton  ,  sans  parler  de 
son  peu  d'importance,  est  très  équivoque;  cette  dent,  dans 
tous  ces  carabiques,  m'a  paru  avoir  au  bout  une  échan- 


(1)  Voyez  le  Catal.  de  M.  le  comte  Dejean.  M.  Germar  en  a  repré- 
sente, dans  sa  Faune  des  insectes  d'Europe,  deux  espèces  :  Pogonus  halo-, 
philus  ,  X  ,.  1  ;  Harpalus  luridipennis ,  VII ,  2  ,  voisine  du  Pogonus 
pallidipennis. du  premier. 

(2)  Harpalus  circumfusus  de  M.  Germar,  Insect.,  Species nov.,  I,  26? 

(3)  Actuellement  sous  presse    et  dont  il  m'a   communiqué  quelques 
passages. 


5cj4  INSECTES    COLÉOrTÈRES. 

crure  ,  mais  un  peu  plus  distincte  ou  plus  profonde  dans 
les  uns  que  dans  les  autres.  Les  antennes  de  plusieurs  sont 
un  peu  grenues  ou  composées  d'articles  relativement  plus 
courts  et  plus  arrondis  au  sommet;  mais  on  ne  peut  assi- 
gner d'une  manière  rigoureuse  les  limites  de  cette  distinc- 
tion. J'en  dis  autant  de  la  concavité  du  bord  antérieur  du 
labre  et  de  la  forme  du  corselet. 

Les  félonies  peuvent  former  trois  divisions  :  i°  les  espè- 
ces ,  généralement  ailées,  dont  le  corps,  plus  ou  moins 
ovale,  est  un  peu  convexe  ou  arqué  en  dessus  ,  avec  les  an- 
tennes plus  filiformes,  la  tête  proportionnellement  plus 
étroite  et  les  mandibules  un  peu  moins  saillantes.  Par  leurs 
habitudes ,  ces  espèces  se  rapprochent  des  zabres  et  des  har- 
pales.  Tels  sont  les  àmares(  Amara){\),  dont  le  corselet  est 
transversal  ;  les  Poeciles  (  Pœcilus  ) ,  où  il  est  presque  aussi 
long  que  large ,  et  dont  les  antennes  ,  assez  courtes,  ont  le 
troisième  article  comprimé  et  anguleux;  et  les  Argutors 
{Argulor),  semblables  aux  pœciies,  mais  à  antennes  propor- 
tionnellement plus  Iongues;etdont  le  troisième  article  n'est 
point  anguleux. 

i°  Les  espèces  généralement  ailées,  mais  dont  le  corps 
est  droit  ,  plan  ou  horizontal ,  en  dessus  ,  avec  la  tête  pres- 
que aussi  large  que  lui.  Elles  fréquentent  les  lieux  frais  ou 
humides.  Tel  est  le  ge/ire  Platysme  {Platysma)  de  M.  Bo- 
ne  li,  auquel  nous  réunissons  celui  d'omaseus,  de  MM.  Zié- 
gler   et  Dejean  ,   et  celui  de  eatadromus  ,   de  M.  Mac  Leay 

fils   (a). 

(i)  Des  espèces  plus  raccourcies,  dont  le  corselet  s^largit  de  devant  en 
arrière,  forment  le  genre  Leirus  de  quelques  auteurs.  Le  Scolytus  flexuo- 
sus  de  Fabricius  semblerait  se  rapporter  a  cette  division;  mais,  suivant 
M.  le  comte  Dejean,  les  quatre  tarses  ante'rieurs  sont  dilate's  :  il  m'a 
paru  qu'ils  Fe'taient  plus  en  dehors  qu^n  dedans.  Cet  insecte  peut  former 
un  sous-genre  propre  (Cyclosomus).  J^oyez,  quant  aux  pre'çe'dents ,  le 
troisième  volume  du  Species  de  ce  naturaliste. 

(2)  Celles  dont  le  corps  est  très'  aplati,  avec  le  corselet  notablement 
rétréci  postérieurement,  en  forme  de  cœur  tronqué,  formeront  une 
première  division  ,  tel  est  le  C ar abus  picim anus  de  M.  Duftschmid,  ou  le 
C.  inonticola  de  quelques  autres;  M.  le  comte  Dejean  le  place  avec  les 
PtcrosiicJius y  quelques  espèces  du  Brésil  y  entreront  aussi.  M.  Germai* 


FAMILLE- DES    CAtUNASSIEllS.  5g5 

3°  La  troisième  division  des  féronies  se  composera  d'espè- 
ces analogues  à  celles  de  la  précédente  par  l'ensemble  de 
leurs  caractères,  mais  qui  en  diffèrent  par  l'absence  des  ailes. 

Parmi  ces  espèces,  les  unes,  et  les  plus  nombreuses,  et 
dont  le  corselet  n'est  pas  toujours  en  forme  de  cœur  tronqué, 
ont  à  la  base  des  élytres  un  pli  ou  rebord  transversal,  bien 
marqué,  continu,  s'étendant  jusqu'à  la  suture. x 

Tantôt  le  corselet  est  presque  carré  ou  en  cœur  tronqué , 
avec  les  angles  postérieurs  aigus. 

Celles  dont  le  corps  est  en  carré  long  ou  cylindrique  avec 
le  corselet  presque  carré,  guère  plus  étroit  postérieurement 
qu'en  devant,  forment  le  genre  Cophose  {Cophosus)  de 
MM.  Ziégler  et  Dejean.  il  a  été  établi  sur  une  espèce  (  Cylin- 
dricus)  d'Autriche  (i). 

Celles  dont  le  corps  est  généralement  ovale,  déprimé,  ou 
peu  convexe  en  dessus,  avec  le  corselet  grand,  presque  carré 
et  subisométrique,  toujours  fortement  rebordé  latéralement, 
aussi  large  ou  presque  aussi  large  à  son  bord  postérieur  que 
la  base  des  élytres,  composent  le  genre  Àbax  (  Abax  )  de 
M.  Bonelli. 

(Insect.    nov.    spec,  I  ,  pag.  21)   en  a  décrit  une  sous  le  nom  de  Mo- 
lops  Corinthius. 

Ceux  dont  le  corps  est  presque  parallélipipède,  avec  le  corselet  presque 
carre',  point  ou  peu  rétréci  en  arrière  ,  formeront  une  seconde  division. 
De  ce  nombre  sont  le  Platjsma  nigra  de  MM.  Bonelli  et  Dejean,  les 
Otnaseus  du  dernier  (Catal.  ,  pag.  12),  et  le  Carabus  tenebrioides  d'Oli- 
vier ,  type  du  sous-genre  Cataclromus  de  M.  Mac  Leay  fils  (Annul.  jav.  , 
I ,  pag.  18  ,  1,  v)  ,  qui  ne  diffère  de  celui  d1 Omaseus  que  par  la  dent  du 
menton ,  qui  est  beaucoup  plus  grande  et  entière.  Ses  élytres  ont  à  leur 
extrémité  un  grand  sinus  ,  ou  plutôt  une  échancrure.  C'est  une  des  plus 
grandes  espèces  de  cette  famille. 

Les  Harpales ,  nigrita ,  anthracinus  et  alerrimus  de  M.  Gyllenhall  y 
sont  des  omaseus.  Le  dernier  a  les  angles  postérieurs  du  corselet  obtus , 
ce  qui  le  distingue  de  tous  les  autres.  On  place  dans  le  même  sous-genre 
le  Carabus  leucopthalmus  de  Fabricius,  ou  le  Melanarlus  d'Iliger,  mais, 
il  est  aptère. 

(1)  Nous  y  joindrons  Y  Omaseus  melanarlus  de  M.  le  comte  Dejean  , 
ainsi  qu'une  autre  espèce  d'Allemagne ,  intermédiaire  entre  les  précé- 
dentes elle  Cophosus  cylindricus ,  et  qui  est,  je  crois,  Y  Omaseus  elon- 
gaLis  de  M.  Ziégler. 


396  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

L'Allemagne  en  fournit  plusieurs  espèces.  Celle  qu'on  t 
nommée  metallicus  et  le  molops  striolatus  de  M.  le  comte 
Dejean  ,  qui  ont  les  antennes  composées  d'articles  plus 
courts  ,  ou  qui  sont  presque  grenues  ,  ont  paru  devoir 
former  un  nouveau  genre,  celui  de  cheporus  (1). 

Ou  trouve  souvent  dans  les  parties  froides  ou  humides  des 
forêts  de  nos  environs.  VAbax  petites-stries  {Carabus  slriola, 
Fab.;  Carabus  depressus ,  Qliv.,  col.  III,  35,  IV,  4G-)  (2)- 

Tantôt,  le  corselet  toujours  terminé  postérieurement  par 
deux  angles  bien  prononcés  ou  aigus  ,  est  sensiblement  ré- 
tréci par  derrière.  Sa  coupe  se  rapproche  plus  ou  moins  de 
celle  d'un  cœur  tronqué. 

Parmi  ces  espèces,  plusieurs  ont  le  corps  déprimé  ou  plan 
en  dessus,  et  les  antennes  composées  d'articles  assez  alongés, 
plutôt  obeoniques  que  turbines.  M.  Bonelli  les  dislingue  gé- 
néralement sous  le    nom  de   Pterostiche   (  Pterostichus.  ) 

Elles  habitent  plus  particulièrement  les  hautes  montagnes 
de  l'Europe  et  le  Caucase. 

Les  environs  de  Paris  n'en  fournissent  qu'une  seule 
{Carabus  oblongo-punctatus ,  Fab.  5  Panz. ,  Faun.  insect. 
Germ.,  LXX1II,  2.  )  (3) 

D'autres,  dont  lesautennes  sont  presque  grenues,  ont  le  des- 
susdu  corps  assez  convexe,  et  proportioncllement  plus  large, 
avec  l'abdomen  plus  court.  C'est  le  genre  Molops  (  Molops  ) 
de  M.  Bonelli ,  qui  conduit  évidemment  à  d'autres  férouies 
très  analogues  ,  mais  dont  le  corselet  est  arrondi  aux  angles 
postérieurs,  et  dont  l'abdomen  est  ovalaire,  l'angle  exté- 
rieur de  la  base  des  élytres  étant  obtus  ou  point  saillant. 
Le  corps  et  lesautennes  sont,  en  général,  proportioneliemeut 
plus  longs.  Ces  dernières  espèces  ont  été  détachées  des  pté- 


(1)  Les  Platysmes ,  décrits  et  figurés  par  M. «Fischer  (Entomol.  de  la 
Russie,  II ,  xix  ,  4  et  5) ,  sont  probablement  des  abax  analogues. 

(2)  Voyez,  pour  les  autres   espèces,  le  Catalogue  de  M.    le  comte 
Dejean,  et  la  Faune  d'Autriche  de  M.  Duftschmid. 

(3)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  le  Catalogue  de  M  le  comte  Dejean, 
et  le  bel  ouvrage  de  M,  Fischer  sur  les  insectes  de  la  Russie  (II ,  p.  1  23  , 
xix  ,  fig.  1  ;  xxxvii  ,  8,  9).  Je  pense  avec  lui  que  le  G.  myosodus  de 
M.  Mégerlc  ne  diffère  pas  essentiellement  de  celui  de  Pterostichus. 


FAMILLE    DES    CAR1N  ASSIERS.  ÔQ7 

rostiches  pour  former  un  nouveau  genre,  celui  de  Sterope 
(Steropus,  Meg.  )  (1). 

Nous  terminerons  enfin  ce  sous- genre  par  des  espèces  gé- 
néralement assez  grandes /dont  le  corselet  a  presque  toujours 
la  forme  d'un  cœur  tronqué  ,  et  dont  la  base  des  élytres 
n'a  point  de  pli  transversal,  ou  ne  présente  au  plus  qu'un 
espace  lisse,  s'effaçant,  et  sans  bord  postérieur  bien  terminé. 
Tel  est  le  caractère  qui  me  paraît  le  mieux  signaler  le  genre 
Perçus  (Perçus)  de  M.  Bonelli.  Ni  la  longeur  relative  des 
deux  derniers  articles  des  palpes-maxillaires,  ni  l'inégalité 
des  proportions  des  mandibules,  ni  quelques  légèies  diffé- 
rences sexuelles  prises  des  derniers  anneaux  de  l'abdomen  , 
ne  le  distinguent  nettement  des  autres  sous-genres.  Ces  es- 
pèces habitent  exclusivement  l'Espagne  ,  l'Italie  et  les 
grandes  îles  de  la  Méditerrannée.  Quelques-unes  sont  aplaties 
en  dessus  (2). 

Les  Myas  (  Myas.  ) 

De  M.  Ziégler,  ressemblent  aux  félonies,  avec  lesquelles 
on  a  formé  le  genre  cheporus'7  mais  leur  corselet  est  plus 
dilaté  latéralement,  rétréci  près  des  angles  postérieurs,  et 
offre  immédiatement  avant  eux  une  petite  échancrure. 
Les  palpes  labiaux  se  terminent  par  un  article  évidemment 
plus  épais,  presque  triangulaire.  On  en  connaît  deux  espèces, 


(1)  Voyez,  tant  pour  celui-ci  que  pour  le  pre'ce'dent,  le  Catalogue  de 
M.  le  comte  Dejean  et  M.  Germar  (Iiisect.  spec.  nov. ,  I,  p.  26  et 
suiv.).  Quelques  espèces  ,  telles  que  le  Molops  terricola  [Scarites  piceus  , 
Panz  ,  Faun.  insect.  Germ. ,  XI ,  2  )  ;  le  l\lolops  clalus  (Scarites  gagates, 
ejusd.,  XI,  ])•  le  Steropus  hottentola  (Scarites  hottenlotus,  Oliv.,  col.  III  , 
36,  11  ,  19^,,  avaient  e'te'  range's  avec  les  Scarites.  Le  Carabus  madidus 
de  Fabricius  (Faun.,  insect,  Cur.,  V,  2),  espèce  assez  eomramune  dans 
quelques  départements  méridionaux,  est  un  sterope.  M.  le  comte  Dejean 
forme  un  nouveau  genre  avec  le  St.  liottentot,  à  raison  de  ses  pieds  ante'- 
rieurs  ,  dont  les  jambes  s'ont  arquées,  et  de  quelques  autres  caractères. 

(2)  Carabus  Pafkulii ,  Ross. ,  Faun.  etrusc.  ,  mant.  1,  tab.  V  ,  i".  C  , 
—  Perçus  ebenus  ,  Charp.  Hor.  Entom.  ,  V,  I.  Voyez  aussi  les  Annales 
des  sciences  naturelles ,  et  celles  des  sciences  physiques  par  MM.  Bory 
de  Saint-Vincent,  Drapiez  et  Yan-Mons.  Je  rapporte  au  même  sous-genre 
VAbax  corsicus  de  M.  le  comte  Dejean. 


3g8  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Tune  de  Hongrie  (  Chalybœus),  et  l'autre  de  l'Amérique  sep- 
septentrionale  ,  où  elle  a  été  découverte  par  M.  Leconte  (i). 
Tantôt  les  mandibules  sont  aussi  longues  que  la  tête,  et 
s'avancent  fortement  au-delà  du  chaperon.  Le  corps  est  tou- 
jours oblong,  avec  le  corselet  en  forme  de  cœur  alongé.  Les 
uns  ressemblent  à  des  scarites,  et  les  autres  à  des  lébies. 

Les  Cephalotes.  (  Ce'phalotes.  Bon.  —  Broscus.  Panz.) 

Ont  des  antennes  dont  la  longueur  égale  au  plus  la  moitié 
de  celle  du  corps,  composées  d'articles  courts,  et  dont  le 
premier  plus  court  que  les  deux  suivants  pris  ensembles  ; 
la  mandibule  droite  fortement  unidentée  au  côté  interne, 
et  le  labre  entier  (a). 

4 

Les  Stomis.  (Stomis.  Clairv.  ) 

Où  les  antennes  sont  plus  longues  que  la  moitié  du  corps, 
composées  d'articles  alongés,  et  dont  le  premier  plus  long 
que  les  deux  suivants  réunis;  dont  la  mandibule  droite 
offre  près  du  milieu  de  son  côté  interne  une  forte  entaille, 
et  dont  le  labre  est  échancré  (3). 

Le  sous-genre  suivant,  celui 

De  Catascope  (  Catascopus.  Kirb.  ), 

Se  distingue  des  deux  précédents ,  dont  il  se  rapproche 
d'ailleurs  par  la  longueur  relative  du  troisième  article  des 
antennes,  en  ce  que  le  corps  est  aplati,  proportionnelle- 
ment plus  large,  avec  le  corselet  plus  court,  les  élytres 
fortement  échancrées  latéralement  à  leur  extrémité  posté- 
rieure, et  que  le  labre  est  alongé.  Les  yeux  sont  grands  et 


(i)  Quelques  autres  espèces ,  analogues  par  la  forme  des  palpes  labiaux, 
mais  à  mandibules  plus  fortes  ,  cloui  la  dent  mitoyenne  du  menton  est 
beaucoup  plus  grande  ,  et  propres  aux  Indes  orientales  ,  forment  le  genre 
Trigonotoma  de  M.  Dejean,  dont  les  caractères  sont  expose's  dans  le  troi- 
sième volume  de  son  Species.  Ici  encore  .paraît  devoir  se  placer  le  genre 
Pseudomorpha  de  M.  Kirby  (Lin.,  Trans  ,  XIV  >  98). 

(2)  Carabus cephalotes ,  Fab.  ;  Panz.,  Fauii.  insect.  Germ. ,  lxxxiij,  i; 
Ind.  entom. ,  p.  62. 

(3)  Stomis pwnicatus ,  Clairv. ,  Entom.  helv. ,  Il ,  vi. 


FAMILLE   DES    CARNASSIERS.  O99 

saillants.  Ces  insectes  ont  des  couleurs  brillantes,  et  ressem- 
blent, au  premier  aspect,  àdescicindèles  ou  à  des  élapbres  (1). 

Là,  la  longueur  du  troisième  article  des  antennes  est 
triple,  ou  peu  s'en  faut,  de  celle  du  précèdent.  Ces  organes 
ainsi  que  les  pieds  sont  généralement  grêles. 

Dans  ceux-ci ,  les  quatre  premiers  articles  des  tarses  anté- 
rieurs des  mâles  sont  larges,  et  le  pénultième  est  bilobé. 

Les  Colpodes.  (  Colpodes.  Macl.) 

Ce  sous-genre,  établi  par  M.  Mac  Leay  fils  (<\nnul.  javan.;  1, 
p.  17  ,  t.  1  ,  fig.  3  )  ,  paraît  avoir  de  grands  rapports  avec  le 
précédent  et  les  suivants.  Suivant  lui  ?  le  labre  est  en  carré 
transversal  et  entier.  L'échancrure  du  menton  est  «impie  ou 
sans  dent.  La  tête  est   preque  de  la  longueur  du  corselet. 

(1)  Ce  sous-genre  a  été  établi  par  M.  Kirby  sur  une  espèce  de  cara- 
bique  (  Calascopus  Hardwickii,  Trans.  lin.  soc.,  XIV,   m,    1;   Hist. 
nat.   des  coléopt.  d'Eur. ,  II ,  vit  ,  8)  des  Indes  orientales ,  ayant  la  tète 
et  le  corselet  verts,  les  élytres  d'un  bleu  verdàtre,  avec  des  stries  ponc- 
tuées, et  le  dessous  du  corps  presque  noirâtre.  M.  Mac  Leay  fils  (Annul. 
javan. ,   I,  p.   i4)  place  les  Catascopes  clans  sa  famille  des  Harpalides , 
immédiatement  après  les  Chlamies ,  et  y  rapporte  le  Carabe  élégant  de 
Fabricius  ,  rangé  avec  les  Elaplires  par  M.  Weber.  Il  les  distingue  d'un 
autre  sous-genre  très  voisin,  qu'il  établit  sous  la  dénomination  de  Peri- 
calus ,   par  ses   antennes,  dont  le  second  et  le  troisième  articles'sont 
presque  de  longueur  égale,  tandis  qu'ici  le  troisième  est  plus  long;  par 
les  mandibules ,  qui  sont  courtes ,  épaisses  et  courbées ,  au  lieu   d'être 
avancées   et  presque  parallèles;   a  raison  encore   des  palpes,  qui  sont 
courts,  épais,  avec  le  dernier  article  ovoïde  ,  presque  tronqué,  tandis  que 
ceux  des  Péricales  sont  grêles  etcylindrique.s  ;  enfin  parce  qu'ici  la  tête 
est  plus  large  que  le  corselet ,  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  les  Catascopes.  Les 
yeux  ,  en  outre,  sont  très  saillants  et  globuleux  dans  les  Péricales,  ce  qui 
leur  donne  quelque  ressemblance  avec  les  Élapbres  et  les  Cicindèles.  Il 
n'en  décrit  qu'une  espèce  (Pericalus  cicindeloides ,  1,2);  mais  nous  igno- 
rons encore  quelles  sont  les  différences  sexuelles ,  surtout  relativement 
aux  tarses.   La  forme  de  la  languette  des  Catoscopes  et  celle  de  leurs 
jambes  les  éloignent  des  Elapbres  et  des  Tacbys.  Ces  insectes  se  rappro- 
chent beaucoup  plus  des  Chlœnies,  'des  Anchomènes,  des  Spliodres,   etc. 
Plusieurs  Carabiques  simplicimanes  ont  l'extrémité  de  leurs  élytres  for- 
tement sinuée  au  bout ,  et  se  distinguant  à  peine ,   sous  ce  rapport,  des 
Tronca  t  ipennes. 


4.00  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Celui-ci  est  presque  eu  forme  de  cône  tronqué,  éch ancré  en 
devant ,  avec  les  côtés  arrondis  et  un  peu  rebordés.  Les 
élytres  sont  un  peu  échancrées.  Les  lobes  du  pénultième 
article  des  tarses  antérieurs  du  mâle  sont  plus  grands.  Le 
corps  est  un  peu  convexe.  11  ne  cite  qu'une  seule  espèce 
(Brunneus  ). 

Dans  ceux-là,  tous  les  articles  des  tarses  des  deux  sexes 
sont  entiers. 

Les  Mormolyces.  (  Mormolyce.  Hegemb.  ) 

Le  corps  est  très  aplati  ,  foliacé,  et  beaucoup  plus  étroit 
dans  sa  moitié  antérieure.  La  tète  est  fort  longue,  très 
étroite,  presque  cylindrique.  Le  corselet  est  ovalaire  et 
tronqué  aux  deux  bouts.  Les  élytres  sont  très  dilatées  et 
arquées  extérieurement,  avec  une  échancrure  profonde 
au  côté  interne,  près  de  leur  extrémité. 

La  seule  espèce  connue  {Phyllodes)  a  été  l'objet  d'une 

monographie  particulière  publiée  par  M.  Hagembach  ,  et 

se  trouve  à  Java. 

Les    Sphodres.    (  Sphodrus.  Clairv.    Bon.   —  Lœmosthenus . 

Bon.    —   Carabus.    Lin. 

Ont  le  corps  déprimé,  mais  non  foliacé,  avec  la  tête  ovoïde, 
le  corselet  en  forme  de  cœur  et  les  élytres  sans  dilatation 
extérieure  ni  échancrure  interne. 

Plusieurs  de  ces  insectes  se  tiennent  dans  les  caves  (i). 

Les  derniers  simplicimanes  se  distinguent  de  tous  les 
autres  par  les  dentelures  intérieures  des  crochets  du  bout  de 
leurs  tarses. 

Les  uns  ont  tous  leurs  palpes  extérieurs  filiformes,  et  le 
corselet  soit  en  forme  de  cœur  rétréci  et  tronqué  postérieu- 
rement, soit  en  trapèze  et  s'éiargissant  de  devant  en  arrière. 

Les  Cte'jnipes.   (  Ctenipus.  Latr.  —  Lœmosthenus ,  Bon.  ) 

Dont  le  corps  est  droit,  alongé  ,  avec'le  corselet  en  forme 

-  i  _r 

(i)  Carabus  leucoplhalnius ,  Lin.;  Carabus planus  ,  Fab.;  Panz.,  Faim. 
insect.  Germ.  ,  XI  ,  4-  Dans  le  Sphodrus  terricola  {'Carabus  terricola, 
Payk;  Oliv.  Col.  III,  XXXV  ,  u  ,  124) ,  les  crochets  des  tarses  offrent 
quelques  petites  dentelures  ,  comme  dans  le  sous-genre  suivant. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  ^0  1 

de  cœur,  rétréci  et  tronqué  postérieurement.  Le  troisième 
article  des  antennes  est  alongé  (i)» 

Les  Calathes.  (  Calathus.  Bon.  ) 

Dont  le  corps  est  ovale,  arqué  en  dessus,  avec  le  corselet 
carré  ou  trapézoïde,  plus  large  postérieurement  (2). 

Les  autres  ont  les  palpes  labiaux  terminés  en  massue,  en 
l'orme  de  toupie  ou  de  cône  renversé,  et  le  corselet  presque 
orbiculaire. 

Les  Taphries.  (Tavhria.  QonelM. -Synuchus.  Gyllenli.  ) 

L'échancrure  du  menton  est  bidentée,  ainsi  que  dans  le 
sous-genre  précédent  (3). 

5°  La  section  cinquième,  celle  des  Patellimanes.  (Patelli- 
mani) ,  n'est  distinguée  de  la  précédente  que  par  la  manière 
dont  se  dilatent  dans  les  mâles  les  deux  tarses  antérieurs; 
les  premiers  articles  (  ordinairement  les  trois  premiers,  le 
quatrième  en  sus  ou  les  deux  premiers  seulement  dans  d'au- 
tres), tantôt  carrés,  tantôt  en  partie  de  cette  forme,  et  les 
autres  en  forme  de  cœur  ou  de  triangle  renversé,  niais  tou* 
jours  arrondis  à  leur  extrémité,  et  point  terminés  comme 
dans  les  sections  précédentes,  par  des  angles  aigus,  forment 
une  palette  orbiculaire  ou  un  carré  long ,  dont  le  dessous  est 
le  plus  souvent  garni  de  brosses  ou  de  papilles  serrées,  sans 
vide  au  milieu. 

Les  pieds  sont  ordinairement  grêles  et  alongés.  Le  corselet 
est  souvent  plus  étroit  dans  toute  sa  longueur  que  l'abdo- 

(1)  Les  S nhoâr es  janlhinus ,  complanalus  ,  et  plusieurs  autres  de  M.  le 
comte  Dejeari ,  qui  se  distinguent  des  vrais  Sphodres  par  le  raccourcisse- 
ment du  troisième  article  des  antennes  et  les  dentelures  des  crochets  des 
tarses.  Ces  deux  sous- genres  se  confondent  presque  insensiblement. 
M.  Fischer  a  figure'  plusieurs  espèces  de  l'un  et  de  l'autre,  sous  la  déno- 
mination géne'rique  de  Sphodre ,  dans  le  second  volume  de  son  Entomo- 
graphie  de  la  Puissie. 

(2)  Carabusmelanocephalus,  Fab.  ;  Panz.,  Faun.  insect.  Germ.,  XXX, 
19;  —  C.  cisteloides,  ibid. ,  Xï ,  12  ;  —  C.  fuscus\  Fab.  ;  — ■  C.fri- 
gidus ,  ejusd.  Voyez  le  Catal.  de  la  coll.  de  M.  le  comte  Dejean,  et 
M.  Germar.  Insect.  Spec.  nov.  ,  I,  pag.  i3. 

(3)  Carabus  vivaiti ,  Tlig   ;  Panz.  ,  ibid.  ,  XXXVÏI,  19. 

TOME     IV,  26 


/|02  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

men.  Ils  fréquentent,  pour  la  plupart,  les  bords  des  rivières 
ou  les  les  lieux  aquatiques. 

Nous  partagerons  les  patellimanes  en  ceux  dont  la  tête  se 
rétrécit  insensiblement  par  derrière  ou  à  sa  base,  et  en  ceux 
où  le  rétrécissement  se  forme  brusquement  derrière  les 
yeux,  de  manière  que  la  tête  semble  être  portée  sur  une 
espèce  de  cou  ou  de  pédicule. 

Les  premiers  peuvent  aussi  se  subdiviser  en  deux. 

Les  uns,  dont  les  mandibules  se  terminent  toujours  eu 
pointe,  et  dont  la  palette  des  tarses  est  toujours  étroite,  alon- 
gée ,  et  formée  par  les  trois  premiers  articles,  dont  le  second 
et  le  troisième  carrés  ont  le  labre  entier  ou  sans  échancrure 
notable,  et  une  ou  deux  dents  dans  l'échancrure  du  menton  ; 
l'extrémité  antérieure  delà  tête  n'est  point  rebordée. 

Ici  le  dessous  de  la  palette  des  tarses  offre,  comme  dansles 
précédents  ,  deux  séries  longitudinales  de  papilles  ou  de 
poils,  avec  un  vide  intermédiaire,  et  non  une  brosse  serrée 
•et  continue.  Les  palpes  extérieurs  sont  toujours  filiformes  et 
terminés  par  un  article  presque  cylindrique  ou  cylindrico- 
o  val  aire. 

Tantôt  le  corps  est  très  aplati. 

Les  DoLiQUEs  (Dolichus.  Bon.) 
Qui  se  rapprochent  des  derniers  sous-genres  et  s'éloignent 
de  tous  les  suivants,  par  les  crochets  de  leurs  tarses  dentelés 
en  dess'ous.  Leur  corselet  est  en  forme  de  cœur  tronqué  (i). 

Les  Platynes.  (  Platynus.  Bon.  ) 

Semblables  ,  quant  à  la  forme  du  corselet ,  mais  à  crochets 
des  tarses  simples. , 

Les  ailes  manquent  ou  sont  imparfaites  dans  quelques- 
uns  (2). 

Les  Agones.  (  àgonum.  Bon.  ) 

Où  le  corselet  est  presque  orbiculaire  (3). 

(1)  Carabus  fiavicornh ,  Fab.  ;  Preysl. ,  Bohem.  insect.  ,  I,iii,6,  et 
quelques  autres  espèces  du  cap  de  Bonne-Esperance. 

(2)  Platynus  cornplanatus ,  Bon.  •  —  Carabus  angusticollis ,  Fab.  ; 
Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ.  ,  LXXIH ,  9  ;  —  Platynus  blandus  ,  Germ. 
insect. ,  Spec.  nov. ,  I ,  p.  1 2  ;  —  Carabus  scrobiculatus ,  Fab.  ;  —  Har- 
palus  livens ,  Gyll. 

(3)  Harpalus  vihtus ,  Gyll.  ;  Panz.  ,    ibid.  ,    XXXVII,    18  5  —  Ca- 


FAMILLE    DES    CARTN ASSIERS.  4<>3 

Tantôt  le  corps  est  d'une  épaisseur  ordinaire  Le  corselet 
toujours  en  forme  de  cœur  tronqué. 

Les  AnchomÈnes.  (  ànchomenus.  Bon.  )  (i) 

Là  le  dessous  de  la  palette  des  tarses  est  garnie  d'une  brosse 
serrée  et  continue.  Les  palpes  extérieurs  et  surtout  les  la- 
biaux sont,  dans  plusieurs,  terminés  par  un  article  plus  épais 
ou  plus  large,  en  forme  de  triangle  renversé. 

Nous  commencerons  par  ceux  où,  ils  sont  filiformes. 

Les  Callistes.  (  Callistus.  Bon.  ) 

Ont  la  dent  de  l'écbancrure  du  menton  entière,  les  palpes 
extérieurs  terminés  par  un  article  ovalaire  et  pointu  au 
bout,  et  le  corselet  en  forme  de  cœur  tronqué  (2). 

Les  Oodes.   (Oodes.  Bon.) 

Ressemblent  aux  callistes  quant  à  la  dent  de  l'échancrure 
du  menton  ,  mais  ont  le  dernier  article  des  palpes  maxillaires 
extérieurs  cylindrique  ,  et  le  même  des  labiauxen  ovale  tron- 
qué. Le  corselet  est  trapézoïdal,  plus  étroit  en  devant,  et  de 
la  largeur  de  la  base  de  l'abdomen  à  son  bord  postérieur  (3). 

Les  Chl.enies.  (Chl^enius.  Bon.) 

Où  la  dent  de  l'échancrure  du  menton  est  bifide  ;  qui  ont 
les  palpes  maxillaires  extérieurs  terminés  par  un  article  pres- 
que cylindrique,  un  peu  aminci  à  sa  base,  et  le  dernier  des 
labiaux  en  forme  de  cône  renversé  etalongé. 


rabus  marginatus,  Fab.;  Panz.  ,  ibid.,  XXX,  i4;  —  G.  6-punc'tatus,  Fab.; 
Panz.,  ibid.,  XXX  ,  i3  et  XXXVIII,  17?  —  C.  parum-punclatus,  Fab.  ; 
Panz.  ,  ibid.  ,  XCII ,  (\  ;  —  C.  ^-punclatus ,  Fab.  ;  Oliv. ,  col.  III,  35, 
xin,  1 58.  Voyez  le  Calai,  de  M.  le  comte  Dejean.  L'^.  rotundatwn 
et  quelques  autres  forment,  pour  lui,  un  nouveau  genre. 

(1)  Carabus  prasinus ,  Fab.  ;  Panz. ,  ibid. ,  XVI ,  6  ;  —  Carabus  al- 
bipes,  Fab.  ;  Panz.,  ibid. ,  LXXIII ,  7;  —  C.  oblongus,  Fab.  ;  Panz., 
ibid. ,  XXXIV,  3. 

(2)  Carabus  lunatus ,  Fab.  ;  Panz.,  Faun.  insect.  Germ ,  XVI,  5; 
Dej.,  Spec. ,  II,  p.  296. 

(3)  C,  helopioides ,  Fab.  ;  Panz. ,  ibid.  ,  XXX,  1 1.  Forez  le  second 
volume  du  Spccies  de  M.  le  comte  Dejean,  pkft]  37/1- 

26* 


4o4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Le  Carabe  savonnier  d'Olivier  (col.  III,  36,  m,  26), 
dont  on  se  sert  au  Sénégal,  en  guise  de  savon  ,  est  de  ce 
sous-genre  (1). 

Dans  les  suivants  les  palpes  extérieurs  sont  terminés  par 
un  article  plus  large,  comprimé  ,  en  forme  de  triangle  ren- 
versé ou  de  hache  ,  et  plus  dilaté  dans  les  mâles  La  dent  de 
Téchanci  ure  du  menton  est  toujours  hifide. 

Les  Épomis.   (  Epomis.  Bonelli.  ) 

Auxquels  nous  réunirons  les  Dinodes  (Dinodes)  y  dont  le 
dernier  article  des  palpes  est  un  peu  plus  dilaté  (2). 

Le  genre  Lissauchenus,  de  M.  Mac-Leay  fils  (Annul.  javan. 
I,i,    1  )  me  paraît  peu  différer  du  précédent. 

Les  autres  ont  le  plus  souvent  les  mandibules  très  ob- 
tuses ,  ou  comme  tronquées  et  fourchues  ou  bidentées  à  leur 
extrémité.  Leur  labre  est  distinctement  échancré  ou  bilobé, 
et  la  portion  antérieure  delà  tête,  qui  lui  donne  naissance, 
est  rebordée  et  souvent  concave.  L'échancrure  du  menton 
n'offre  point  de  dent.  La  palette  des  tarses  de  plusieurs  est 
large  ,  presque  orbiculaire. 

Ceux-ci  ont  les  mandibules  terminées  en  pointe,  sans 
échancrure  ni  dent  au  dessous  d'elle. 

La  palette  des  tarses  des  mâles  est  formée  par  les  trois  pre- 
miers articles. 

Les  Rembes.  (Rembus.  Latr.  ) 
Le  labre  est  bilobé.  Les  palpes  maxillaires  extérieurs  sont 


(1)  C.  cinclus,  Fab.  ;  Herbst. ,  Archiv. ,  XXIX  ,  7  ;  —  C.festivus, 
Fab.;  Panz.,  ibid.,  XXX,  i5;  —  C.  spoliatus,  Fab.;  Panz, ,  ibid.  , 
XXXI,  6  ;  —  Chlœnius  velutinus ,  Dej.  ;  Carabus  cinclus,  Oliv.,  col.  III , 
35,  m,  28;  —  C.  holosericeus ,  Fab. j  Panz.,  ibid.,  XI,  9,  a;  —  C. 
nigricornis  ,  Fab.  5  Panz.  ,  ibid.,  XI,  9,  b  ,  c.  ;  —  C.  agrorum,  Oliv.  , 
ibid.  ,  XII,  1 44  '■>  ~~  £•  ^sulcatus,  Payk.  ,  et  plusieurs  autres  espèces 
exotiques  de  Fabricius,  telles  que  les  suivantes  :  tenuicollis ,  oculalus , 
posticus ,  micans  ,  quadricolor,  stigina ,  artimon  ,  carniftx  ,  etc.  Voyez 
le  second  vol.  du  Spec.  Je  M.  Dejean  ,  pag.  297  et  suiv. 

(2)  Dinodes  ru/ipes ,     Bon.  5   Dej.,   Spec,    II,    pag.   3^2;   Carabus 
azureus  ,   Duft.  ;    Chalœnius   azureus ,    Sturm. ,  V,cxxvn;  —  Epomis 
circumscriptus,  Dej.,  Spec. ,  II,  p.  369;    Carabus  cinctus ,  Ross.  ,   Faun 
etrnsc.  ,  I ,  îv  ,  9  ;  —  Carabus  crœsus ,  Fab. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  /±o5 

filiformes,  et  le  dernier  article  des  labiaux  est  un  peu  renflé, 
en  forme  de  cône  renversé  et  aîongé. 

La  tête  est  étroite,  relativement  à  la  largeur  du  corps.  Les 
antennes  et  les  palpes  sont  grêles  (i). 

Les  Diceles.  (  Dic^lus.  Bon.) 

Le  labre  est  simplement  échancré,  avec  une  ligne  imprimée 
et  longitudinale  au  milieu.  Le  dernier  article  des  palpes 
extérieurs  est  plus  grand  et  presque  en  forme  de  hache. 

Le  corps  est  presque  parailélipipède,  avec  la  tête  presque 
aussi  large  que  le  corselet,  et  les  élytres  fortement  striées  et 
souvent  carénées  latéralement.  Les  mandibules  sont  arquées 
inférieu rement,  au  bord  interne,  et  comme  tronquées  ensuite 
et  terminées  en  pointe.  Les  espèces  connues  sont  américai- 
nes (2). 

Ceux-là  on  des  mandibules  très  obtuses  ,  écliancrées  à  leur 
extrémité,  ou  unidentées  en  dessous. 

Les  Licines.  (Licinus.  Latr.) 

Ont  le  dernier  articles  des  palpes  extérieurs  plus  grand  , 
presque  en  forme  de  hache.  La  palette  des  tarse^des  mâles  est 
large,  suborbiculaire  etformée  par  les  deux  premiers  articles, 
dont  le  basilaire  fort  grand  (3). 

Les  Badister.  (  Badister.  Clairv.  Amblychus.  Gyllenh.  ) 

Où.  le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  est  ovalaire  ; 
celui  des  labiaux  est  simplement  un  peu  plus  gros  (terminé 
souvent  en  pointe  aiguë).  La  palette  des  tarses  est  en  carré 
long  et  formée  par  les  trois  premiers  articles  (4). 

fi)  lie mb us  poli tus  ,  Dej  ;  Carabus  polilus  ,  Fab.  ;  Herbst. ,  Archiv.  , 
XXIX  ,  2  ;  — H.  impressus,  Dej.  ;  Carabus  impressus  ,  Fab. 

(2)  "Voyez  le  Spec.  gen.  des  col.  de  M.  le  comte  Dejean.,  II  ,  a83. 

(3)  Carabus  agricole/ ,  Oliv.,  col.  III,  35,  V,  53; — C.  silphoîdes9Fab.'} 
Sturm.  III,  lxxiv  ,  a  ;  — C.  cmarginalus  ,  Oliv. ,  ibid. ,  XIII ,  i5o  ;   Ca- 
rabus cassideus  ,  Fab.  ;  —  C.  depressus  ,  Pajk.;   Sturm. ,  ibid.  ,  LXXIV, 
o  ,  O  ;  —  C.  H of finalise ggd ,  Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ. ,  LXXXIX,  5. 
Voyez  le  Speçies  de  M.  le  comte  Dejean,  II,  pag.  392-401 

(4)  Carabus  bipustulatus ,  Fab  ;  Ciairv.  ,  Eutom.  Helv.  ,  II,  xiri;  — 
■C.  pellalus ,  Ilig.  -  Panz.  ,  ibid.,  XXXVII,  20.  Voyez  le  second  volume 
du  Spec.  de  M.  le  comte  Dejean ,  pag.  f\o5-^i  r. 


4o6  INSECTES    COLÉOPTÈUES. 

Les  derniers  patellimanes,  ou  ceux  qui  composent  leur  se- 
conde division  générale,  ont  leur  tête  rétrécit  brusquement 
derrière  les  yeux ,  ei  comme  distinguée  du  corselet  par  une 
espèce  de  cou  ou  de  pédicule.  Elle  est  souvent  petite  ,  avec 
les  yeux  saillants.  Dans  plusieurs,  la  languette  est  courte  et 
s'avance  peu  au-delà  de  l'échancrure  du  menton. 

Ici  cette  échancrure  n'a  point  de  dent;  les  mandibules 
sont  fortes,  et  le  labre  est  fortement  échancré  et  presque 
bilobé.  Tels  sont 

Les  Pelécies.   (  Pelecium.   Kirby.) 

Le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  est  en  forme  de 
hache.  La  languette  est  courte.  Le  corps  est  oblong  ,  plus 
étroit  en  devant.  Les  quatre  premiers  articles  des  tarses  an- 
térieurs des  mâles  sont  en  forme  de  triangle  renversé  ,  gar- 
nis de  brosse  en-dessous  ,  et  le  quatrième  est  bifide. 

Les  espèces  de  ce  sous-genre  et  du  suivant  sont  propres 

à  l'Amérique  méridionale  (i). 

Là,  l'échancrure  du  menton  offre  une  dent;  les  mandibu- 
les sont  généralement  petites  et  moyennes  dans  les  autres. 
Le  labre  est  entier  ou  faiblement  échancré. 

Quelques-uns  se  rapprochent  des  péiécies  à  l'égard  des 
palpes  extérieurs  ,  terminés  aussi  par  un  article  plus  grand, 
en  forme  de  hache  ou  de  triangle  renversé.  Leur  tète  est 
toujours  petite,  et  le  corselet  est  orbiculaire  ou  trapézoïde. 

Les  Cynthies.  (Cyjsthia.  Lat.  —  Aupar.  Microceplialus.) 

Dans  les  mâles  desquels  les  premiers  articles  des  tarses 
antérieurs  sont  en  forme  de  triangle  renversé  et  composent 
la  palette;  ils  sont  garnis  de  brosse  en-dessous ,  et  le  qua- 
trième est  bifide. 

La  tête  et  les  mandibules  sont  proportionnellement  plus 
fortes  que  dans  le  sous-genre  suivant.  Les  palpes  extérieurs 
sont  moins  alongés,  mais  plus  comprimés  au  bout.  Le  corps 
est  ovale  ,  avec  le  corselet  trapézoïdal,  plus  large  postérieu- 
rement ,  plan  ,    rebordé  ,  sillonné  lôngitudinalement  (2). 


(;)  Pelecium  cyanijjes  ,  FLirb. ,  Transacl.  linn.  soc.  ,    XII ,  xxi,  1 . 
•/)  Sous-genre  établi  sur  des  espèces  du  Brésil.  ayant,ainsi  que  lcsdicles, 
if  povt  des  Ahax  de  M.  Eom  lli. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  4°7 

Les  Panagées.   (  Panag^us.  Lat*  ) 

Dont  la  palette  des  tarses,  propre  aux  mâles  ,  n'est  formée 
que  par  les  deux  premiers  articles- 
La  tête  est  très  petite,  comparativement  au  corps,  avec, 
les  yeux  globuleux.  Les  mandibules,  les  mâchoires  et  la  lan- 
guette sont  aussi  très  petites.  Le  corselet  est  le  plus  souvent 
suborbiculaire  (i). 

Dans  les  sous-genres  suivants,  et  qui  terminent  cette  sec- 
tion ,  les  palpes  extérieurs  sont  filiformes  ;  le  dernier  article 
des  maxillaires  est  presque  cylindrique  et  le  même  des  la- 
biaux est  presque  ovalaire  ou  presque  en  cône  renversé  et 
alongé.  Le  premier  sous-genre,  celui 

De  Loricère.  (Loricera.  Lat.  ) 

Est  très  remarquable.  Ses  antennes  sont  sétacées  ,  cour- 
bes, avec  le  second  article  et  les  quatre  suivants  plus  courts 
que  les  derniers  et  garnis  de  faisceaux  de  poils.  Les  mandi_ 
bules  sont  petites.  Les  mâchoires  sont  barbues  extérieure- 
ment. Le  labre  est  arrondi  en  devant.  Les  palpes  labiaux 
sont  plus  longs  que  les  maxillaires.  Les  yeux  sont  très  sail- 
lants. Le  corselet  est  presque  orbiculaire  ou  en  forme  de 
cœur,  largement  tronqué  et  arrondi  aux  angles  posté- 
rieurs. Les  trois  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  sont 
dilatés  dans  les  mâles  (2). 

Les  Patrobes.  (  Patrobus.  Meg.  ) 

Ont  des  antennes  filiformes,  droites,  sans  faisceaux,  de 
poils,  avec  le  quatrième  article  et  les  suivants  égaux  ,  pres- 
que cylindriques;  les  mandibules  de  grandeur  ordinaire;  le 
labre  en  carré  transversal ,  avec  le  bord  antérieur  droit.  La 


(1)  Carabus  crux-major,  Fab.  ;  Clairv.  ,  Enlom.  Helv. ,  II,  xv  ;  — 
Garabus  notulatus  ,  Fab.  ;  —  Çy'chrus  reflexus  ,  Fab.  5  Oliv. ,  col  III , 
35 ,  vit  ,  77  5  —  Garabus  angulalus  ,  Fab.  5  Oliv. ,  ibid.  ,  vu ,  76  ;  —  Pa- 
nagc'e  à  quatre  taches ,  Cuv.  ,Reg.  anirn.,  IV,  xiv,  1.  Voyez  l'article 
Panagée  de  FEncyclop.  mélhod. ,  et  le  second  volume  du  Species  de 
M.  le  comte  Dejean  ,  pag.  283  et  suiv. 

(a)  Loricera  œnea,  Latr.  ;   Carabus  pUicornis ,  Fab.;  Panz. ,  Faun. 
'usect.  Germ. ,  XI ,  10  ;  Oliv.  ;  col.  III ,  35,  xi,  119:  Dej.  ,  Spec.  ,  II , 
pag.  393. 


4-OS  IJNSECTIÎS    COLÉOPTÈRES. 

longueur  des  palpes  labiaux  n'excède  pas  celle  des  maxil- 
laires. Le  corselet  est  en  forme  de  cœur  tronqué  ,  avec  les 
angles  postérieurs  aigus.  Les  deux  premiers  articles  des 
tarses  antérieurs  sont  seuls  dilatés  dans  les  maies.  Les  yeux 
sont  moins  saillants  et  le  cou  est  moins  étroit  que  dans  le 
sous-genre  précédent  (i). 

Nous  passerons  maintenant  aux  carabiques  dont  les  jam- 
bes antérieures  n'ont  point  d'échancrure  au  côté  interne ,  ou 
qui  en  offrent  une,  mais  commençant  très  près  de  l'ex- 
trémité de  ces  jambes,  ou  ne  s'avançant  point  sur  leur 
face  antérieure  et  ne  formant  qu'un  canal  oblique  et  linéaire. 
La  languette  est  souvent  très  courte,  terminée  en  pointe  au 
milieu  de  son  sommet ,  et  accompagnée  de  paraglosses  allant 
aussi  en  pointe.  Les  mandibules  sont  robustes.  Le  dernier 
article  des  palpes  extérieurs  est  ordinairement  plus  grand, 
comprimé  en  forme  de  triangle  renversé  ou  de  hache  dans 
les  uns,  presque  en  forme  de  cuiller  dans  les  autres  (2). 
Les  yeux  sont  saillants.  Les  élytres  sont  entières  ou  simple- 
ment sinuées  à  leur  extrémité  postérieure.  L'abdomen  est 
ordinairement  volumineux  ,  comparativement  aux  autres 
parties  du  corps.  Ces  carabiques  sont,  pour  la  plupart,  de 
grande  taille,  ornés  de  couleurs  métalliques  brillantes,  cou- 
rent très  vite  et  sont  très  carnassiers.  Ils  composeront  une 
section  particulière,  la  sixième  du  genre  ,  et  que  nous  nom- 
merons Grandipalpes  (  Grandipalpi)  (3). 

Une  première  division  aura  pour  caractères  :  corps  tou- 
jours épais,  sans  ailes;  labre  toujours  bilobé;  dernier  arti- 
cle des  palpes  extérieurs  toujours  très  grand  ;  échancrure  du 
menton  sans  dent  ;  côté  interne  des  mandibules  entière- 
ment ou  presque  entièrement  dentelé  dans  sa  longueur. 

Ici  les  mandibules  sont  arquées,  fortement  dentées  dans 
toute  leur  longueur,  et  l'extrémité  latérale  et  extérieure  des 


m)  Carabus  ri'fîpes,  Fab.  ;  C.  excauatus ,  Vny\ .  ;  Panz.,  ibid.,  XXXIV 
a.  M.  le  comte  Dejcan  ,  dans  le  Catalogue  de  sa  collection  ,  en  mentionne 
deux  autres  espèces,  l'une  du  Portugal  et  l'autre  de  l'Amer,  sepleat. 

(2)  Il  est  souvent  plus  dilaté  dans  les  mâles  ;  cela  est  surtout  très  sen- 
sible dans  les  Procèrus. 

(3)  Dénomination  plus  caracte'risiique  que  celle  d'abdominaux,  qiff 
nous  lui  avions  donnée  auparavant. 


FAMILLE   DES    CARNASSIERS.  4*X) 

deux  premières  jambes  est  prolongée  eu  une  pointe.  Le  der- 
nier article  de  leurs  palpes  extérieurs  est  en  demi-ovale  , 
longitudinal,  avec  le  côté  interne  arqué  ;  les  palpes  maxil- 
laires internes  sont  droits,  avec  le  dernier  article  beaucoup 
plus  grand  que  le  premier  et  presque  ovoïde.  L'échancrure 
du  menton   est  peu  profonde.  Tels  sont  les  caractères 

Des  Pambores.   (  Pamborus.  Latr.  ) 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  espèce,  le  Pam- 
bore  alternant (Cuv.,  Règ.  anim.,  V,xiv,  a;  Dej.,  Spec.,II, 
p.  18,  19),  et  qui  a  été  apportée  de  la  Nouvelle-Hollande 
par  Peron  et  M.  Lesueur. 

Là    les  mandibules    sont    droites  ,    simplement    arquées 
ou 'crochues  et  dilatées  à  leur  extrémité.  Les  deux  jambes 
antérieures  ne  se  prolongent  point  en  manière  d'épine  à  leur 
extrémité  latérale.  Le  dernier  article  des  palpes  extérieurs 
est  beaucoup  plus  large  que  les  précédents,  concave  en  des- 
sus, presque  en  forme  de  cuiller.  Le  menton'est  profondes 
ment  échancré,  proportionnellement  plus  alongé  que  dans 
les  sous-genres  suivants,  épaissi  sur  les  côtés  dans  la  plupart, 
et      comme    divisé    longitudinalement    en     trois     espaces. 
Les  élytres  sont  soudées,  carénées  latéralement,  et  embras- 
sent une  partie  des  côlés  de  l'abdomen.  Ces  carabiques  com- 
posent le  genre  Cychrus  de  Pvkull   et  de  Fabricius,  mais 
qu'on  a  modifié  depuis,  de  la  manière  suivante  : 

Ceux  dont  les  tarses  so:it  semblables  dans  les  deux  sexes, 
dont  le  corselet  est  eu  foyue  de  cœur  tronqué,  plus  étroit 
postérieurement,  ou  presque  oihiculaire ,  et  point  relevé 
sur  les  côtés,  avec  les  angles  postérieurs  nuls  ou  arrondis, 
ont  seuls  conservé  la  dénomination  générique 

De  Cycrrus.  (  Cychrus.  Latr.,Dej.  )  (1) 

Ceux  où  les  maies  ont  les  trois  premiers  articles  des  tarses 
antérieurs  dilatés,  mais  faiblement  et    sous  forme  de  pa- 

■  » 

(1)  Cychrus  ro stratus ,  Fab.  ;  Panz. ,  Faim,  inscct.  Germ.  ,  LXXIV, 
6;  Clairv.,  Entom.  Helv. ,  II,  xix,  A;  —  C.  attenualus ,  Fab.  ;  Panz.  , 
ibid. ,  II,  3;  Clafrv. ,  ibid. ,  xix,  B;  —  C.  italiens ,  Bonel. ,  Observ. 
entom.  (Mém.  de  l'Acad.  de  Turin).  Voyez ,  pour  les  autres  espèces, 
Spec.  de  M.  le  comte  Dejean,  II,  pag.  l\  et  suiv. 


4lO  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Jette,,  et  dont  le  corselet  est  en  trapèze,  large,  échancrë 
aux  deux  bouts,  relevé  sur  les  côtés  avec  les  angles  posté- 
rieurs aigus  et  recourbés,  composent  une  autre  coupe  géné- 
rique, celle 

Des  Scaphinotes.  (Scaphinotus.  Latr.,   Dej.)  (i). 

D'autres  espèces  enfin,  ayant  le  port  des  cychrus,  mais 
dont  les  tarses  antérieurs  ont,  dans  les  mâles,  les  deux 
premiers  articles  très  dilatés  et  formant  avec  le  suivant, 
qui  i'est  moins,  et  dont  la  figure  est  celle  d'un  cœur,  une 
palette,  sont  pour  M.  le  comte  Dejean 

Des  SPHiERODERES.    (  SpH^ERODERUS.  )  (2). 

Les  espèces  de  ces  deux  derniers  sous -genres  sont  par- 
ticulières à  l'Amérique. 

La  seconde  division  de  cette  section  nous  offrira  des  cara- 
biques  ayant  aussi  comme  les  précédents  le  corps  épais,  le 
plus  souvent  privé  d'ailes,  mais  dont  le  menton  est  muni, 
au  milieu  de  son  échancrure,  d'une  dent  entière  ou  bifide, 
et  dont  les  mandibules  sont,  au  plus,  armées  d'une  ou  de 
deux  dents  et  situées  à  leur  base. 

Le  corselet  est  toujours  en  forme  de  cœur  tronqué.  L'ab- 
domen est  le  plus  souvent  ovalaire. 

Les  uns,  dont  le  labre  est  quelquefois  entier,  ont  tous  les 
tarses  identiques  dans  les  deux  sexes. 

Les  Tefflus.  (Tefflus.  Leach.  ) 

Sont  les  seuls  de  cette  division  dont  le  labre  soit  entier  ou 
sans  échancrure. 

Le  Tejjlus  de  Megerle  (  Carabus  Megerlei,  Fab.  j  Voet., 
col.  II,  xxxix,  49)?  a  Pr^s  de  deux  pouces  de  long,  et 
habite  la  côte  de  Guinée  et  l'extrémité  orientale  du  Séné- 
gal. Il  est  tout  noir,  avec  le  corselet  ridé,  et  les  élvtres 
divisées  par  des  côtes  longitudinales  et  ayant  dans  leurs 
sillons  des,  points  élevés,  Le  dernier  article  des  palpes 
extérieurs  est  très  grand,   en  forme  de  hache  alongée, 

(1)  Cychrus  elevatus ,  Fab.  ;  Knoch  ,  Beytr.  ,  I,  vin",  12  ;  Dej.  ,  Spec»,. 
II,  pag.  17. 

(2)  Dej. ,  Spec. ,  ÎI ,  pag.  \(\  etsuiv. 


FAMILLE    DES    CaRIVASSIERS.  ^11 

avec  le  côté  interne  curviligne.  La  dent  de  l'échancruredu 
menton  est  petite.  Le  troisième  article  des  antennes  est 
trois  fois  au  moins  plus  long  que  le  second. 

Les  Procerus.  (  Procerus.  Meg.  ) 

Ont  le  labre  bilobé.  Toutes  les  espèces  connues  sont 
pareillement  de  grande  taille,  soit  entièrement  noires ,  soit 
de  cette  couleur  en  dessous,  et  bleues  ou  verdâtres  en 
dessus,  avec  les  élytres  très  chagrinées.  Elles  habitent  géné- 
ralement les  montagnes  des  contrées  orientales  et  méridio- 
nales de  l'Europe,  et  celles  du  Caucase  et  du  Liban  (i). 

Les  autres,  et  dont  le  labre  est  toujours  divisé  en  deux  ou 
trois  lobes,  ont  les  tarses  antérieurs  très  sensiblement  dila- 
tés dans  les  mâles. 

Ceux-ci  n'ont  jamais  d'ailes.  Leurs  mandibules  sont  lisses, 
et  l'on  remarque  à  leur  base  ,  ou  à  l'une  d'elles  au  moins  , 
une  ou  deux  dents.  Le  corselet  est  en  forme  de  cœur  tronqué, 
subisométrique  ou  plus  long  que  large.  L'abdomen  est  ova- 
iaire. 

Les  Procrustes.  (Procrustes.  lion.) 

Dont  le  labre  est  trilobé,  et  dont  la  dent  de  l'échancure 
du  menton  est  bifide  (2). 

Les  Carabes.  (Carabus.  Lin.  Fab.—  Tachypus.  Web.) 

Où  le  labre  est  simplement  échancré  ou  bilobé,  et  dont 
la  dent  de  l'échancrure  du  menton  est  entière. 

M.  le  comte  Dejean  en  a  décrit  cent  vingt  quatre  espèces, 
qu'il  a  distribuées  dans  seize  divisions.  Les  treize  premiè- 
res comprennent  celles    dont  les  élytres   sont  convexes  ou 


(1)  Carabus  scabrosus  ,  Fab.  ;  C.  gigas ,  Creutz.  ,  Entom.,  I,  11,  i3; — 
C.  scabrosus,   Oliv.,  col.  ITI,   35,   vu,  83,   décrit    et    figuré  depuis 

0 

longtemps  par  Mouffet ,  Ins.  thealh.  ,  i5cj;  —  P.  tauricus  ,  Dej. ,  Spec. , 
II,  i!\;  Carabus  scabrosus,  Fisch.,  Enlom.  de  la  Russie,  I,  n,  1,  b, 

c\f  f; Procerus  caucasicus,    Dej.,   ibid.  ,  p.  25;  Carabus   scabrosus , 

Fisch.  ,  ibid. ,  c.  ,  e.  M.    Labillardière  a   trouve',   dans   le  Liban,    une 
autre    espèce  ,    mais  inédite. 

(2)  Carabus  coriaceus,  Fab.;  Panz.,  Faun.  insect.  Germ.,  LXXXI,  1. 
Voyez  le  second  volume  du  Species  de  M.  le  comte  Dejean,  pag,  26 
et  suiv. 


hl'J,  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

bombées  ,  et  les  trois  dernières  ,  celles  où  elles  sont 
planes ,  et  dont  M.  Fischer  forme  deux  genres,  plectes  et 
cechenus  (i) ,  fondés  sur  les  proportions  relatives  de  la  tête 
et  du  corselet.  La  considération  de  la  surface  des  élytres 
fournit  les  autres  caractères  secondaires  de  ces  divisions  ,  et 
telle  a  été  la  méthode  de  MM.  Clairville  et  Bonelli.  La  ma- 
jeure partie  de  ces  espèces  habite  l'Europe  ,  le  Caucase  ,  la 
Sibérie ,  l'Asie  mineure,  la  Syrie  et  le  nord  de  l'Afrique, 
jusqu'au  trentième  degré  environ  de  latitude  nord.  On  en 
trouve  aussi  quelques-unes  aux  deux  extrémités  de  l'Amé- 
rique ,  et  il  est  probable  que'  les  montagnes  des  contrées  in- 
termédiaires en  possèdent  aussi  quelques-autres. 

Parmi  les  espèces  à  corps  convexe  et  oblong  ,  l'une  des 
plus  communes  est  le  C.  doré  {  C.  auratus ,  Lin.),  Panz., 
Faun.  insect.  Germ.,  LXXXI,  4,  qu'on  nomme  vulgai- 
rement le  Jardinier.  Long  de  près  d'un  pouce,  d'un  vert 
doré  en  dessus,  noir  en  dessous,  avec  les  premiers  articles 
des  antennes  et  les  pieds  fauves;  élytres  silonnées,  uni- 
dentées  au  bord  extérieur,  près  de  leur  extrémité  ,  surtout 
dans  la  femelle,  avec  trois   côtes  unies  sur  chaque. 

Ce  carabe  disparaît  au  midi  de  l'Europe,  ou  ne  s'y 
trouve  plus  que  dans  les  montagnes  {%). 


(i)  Carabus  hispanus ,  Fab.  ;  Germ.  Faun.  insect.  Europ. ,  VIII ,  2; 
—  C  cyaneus ,  Fab.  ;  Panz. ,  Faun.  insect.  Germ.,  LXXXI,  2;  —  C. 
Creutzeri,  Fab.  5  Panz.  ,  ibld. ,  CIX  ,  1  ;  —  C.  depressus  ,  Bonel.  ;  —  C. 
ossedcus ,  Dej.;  Plectes  ossetlcus ,  Fiscli.  ,  Enlom.  de  la  Russie,  II, 
xxxm,  3  ; — C.  Fabricii,  Panz. ,  ibld. ,  CIX,  6; — C.  irregularis,  Fab.  ; 
Panz.  .  ibid.  ,  V,  4  ;  —  C.  pyrenœus ,  Dufour.  —  Les  deux  dernières  ren- 
trent dans  le  genre  Cechenus  de  M.  Fischer.  Leur  tète  est  proportionnel- 
lement plus  large  que  celles  des  espèces  précédentes  ou  des  Plectes  de 
M.  Fischer. 

(2)  Ajoutez  C.  auro-nitens,  Fab.  ;  Panz.  .  ibid.  ,  IV  ,  7  ; —  C.  nitens, 
Fab.  ;  Panz.  ,  ibid.,  LXXXV,  2  ;  —  C.  cœlatus  ,  F.  ;  Panz.  ,  ibid.  , 
LXXXVII,  3  ; — C.  purpurascens,  F.  ;  Panz. ,  ibid.  ,  IV,  5  ,  —  C.catena- 
lus  ,  F  ;  Panz.,  ibid.,  LXXXVII,  !\\—C.  cutenulalus,  F.  ;  Panz.,  ibid  • 
IV,  6  ;—  C.  affinis,  Panz. ,  ibid.,  CIX  ,  3  ;  —  C.  Scheidleri,  F.  ;  Panz. ,. 
ibid.  ,  LXVI ,  2  ;  —  C.  monilis,  F.  ;  Panz. ,  ibid,. ,  CVIII ,  1  ;  —  C.  con- 
silus ,  Panz. ,  ibid. ,  3  ;  — C.  cancellatus,  F.  ;  Panz. ,  ibid.,  LXXXV,  1  ; 
—  C.  arvensis  ,  F.  ;  Panz. ,  ibid. ,  LXXIV ,  3  ,  LXXXI ,  3  ;  —  C.  mor-. 


FAMILLE    DES    CARN  ASSTEUS.  ^l5 

Ceux-là  sont  le  plus  souvent  ailés.  Leurs  mandibules  sont 
striées  transversalement,  sans  dents  sensibles  au  côté  in- 
terne. Le  corselet  est  transversal  ,  également  dilaté  et  ar- 
rondi latéralement  ,  sans  prolongements  aux  angles  posté- 
rieurs. L'abdomen  est  presque  carré.  Leurs  palpes  exté- 
rieurs sont  moins  dilatés  à  leur  extrémité.  Les  mâchoires  se 
courbent  brusquement  à  leur  extrémité.  Le  second  article 
des  antennes  est  court  et  le  troisième  alongé.  Les  quatre 
jambes  postérieures  sont  arquées  dans  plusieurs  mâles. 

Les  Calosomes.  (Calosoma.   Web.  Fab:   Calosoma,  CalUs* 

thenes ,  Fischer.) 

Ce  sous-genre  est  beaucoup  moins  nombreux  que  le  pré- 
cédent ,  mais  ses  espèces  s'étendent  depuis  le  nord  jusqu'à 
l'équateur. 

Le  C.  sycophante  (  Caràbus  sycophantha,  Lin.) ,  Clairv., 
Entom.  Helvet.,  II,  xxi,  A. 

Long  de  huit  à  dix  lignes,  d'un  noir  violet,  avec  les 
élytres  d'un  veit  doré  ou  cuivreux  très  brillant ,  très  fine- 
ment striées, et  ayant  chacune  trois  lignes  de  petits  points 
enfoncés  et  distants.' 

Sa  larve  vit  dans  le  nid  des  chenilles  processionnaires, 
dont  elle  se  nourrit.  Elle  en  mange  plusieurs  dans  la  même 
journée  ;  d'autres  larves  de  son  espèce,  encore  jeunes  et 
petites ,  l'attaquent  et  la  dévoient ,  lorsqu'à  force  de  s'être 
repue,  elle  a  perdu  son  activité. Elles  sont  noires,  et  on 
les  trouve  quelquefois  courant  à  terre  ou  sur  les  arbres,  et 
sur  le  chêne  particulièrement  (i). 

billosus,Y.  ;  Panz.  ,  ibid.  ,  LXXXI  ,5;  —  C.  granulatus  ,  F.  ;  Panz., 
ibid.  ,65  —  C.  violace.us,  F.  ;  Panz.  ,  ibid.  ,  IV,  4}  —  C  marginalisa 
F.;  Panz.,  ibid. ,  XXXIX,  7;  —  C.  glabraius ,  F.  5  Panz. ,  ibid.  , 
LXX1V,  4  '■>  —  C.  convexus ,  F.  ;  Panz.  ,  ibid. ,  5  5  —  C  horiensis;  F.  ; 
Panz.  ,  ibid.,  V,  i  ; — C.  nodulosus  ,  F.  ;  Panz. ,  ibid.  ,  LXXXI V  ,  4  ;  — 
C.  sylvesiris,  F.  ;  Panz  ,  ibid.  ,  V,  3;  —  C.  gemnzalus ,  F.  ;  Panz.,  ibid. , 
LXXIV  ,  2; —  C.  cœruleus  ,  Panz.,  ibid.  ,  CIX  ,  2;  —  C.  concolor , 
F.;  Panz.;  ibid.,  CVIII,  2;  —  C.  Linnœi ,  Panz.,  ibid.,  CIX,  5;  — 
C.  angustatus  ,  Panz. ,  ibid.  .  [\.  Voyez,  quant  à  la  synonymie  de  ces 
espèces  et  quant  aux  autres  du  même  sous-genre,  le  second  volume  du 
Species  de  M.  le  comte  Dejean  ,  pag.  30-189. 

(1)  Ajoutez  C.  inqnisitor^  Fab.  ;  Panz.,  Faun.  insecr.  Germ.,  LXXXI, 


4l4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

La  troisième  et  dernière  division  des  grandipalpes  nous 
offre  un  ensemble  de  caractères  qui  la  signalent  distincte- 
ment des  précédentes.  La  plupart  ont  des  ailes.  Les  tarses  an- 
térieurs   des  mâles  sont   toujours    dilatés,    le  labre  est  en- 
tier. Les  palpes  extérieurs  sont  simplement  un  peu   dilatés 
ou  un  peu  plus  gros  à  leur  extrémité  ,  avec  Je  dernier  article 
en  forme  de  cône  renversé  et  alongé.  Le  côté   interne  des 
mandibules  ne  présente  point  de  dents   notables;   celle  du 
milieu  de  l'échancrure  du  menton   est  bifide.  Le  milieu  du 
bord  supérieur  de  la  languette  s'élève  en  pointe.  Les  jambes 
antérieures  de  plusieurs  ont  au    côté  interne  une    courte 
échancrure  ou  l'un  des  deux  éperons  inséré  plus   haut  que 
l'autre,  de  sorte  que  ces  carabiques  sont  sous  ce  rapport  am- 
bigus et.  pourraient  venir,  ainsi  que  ceux  de  la  section  sui- 
vante ,  immédiatement  après   les   palellimanes  (i).  Ils  fré- 
quentent généralement    les   lieux   humides  et  aquatiques. 
Quelques-uns  même,  comme  les  omophrons,  paraissent  lier 
cette  tribu  avec  la  suivante  ou  les  carnassiers  aquatiques. 

Les  uns,  dont  le  corps  est  aplati  ,  ou  bombé  et  subor- 
biculaire,  ont  des  yeux  de  grandeur,  ordinaire  ,  les  anten- 
nes linéaires  et  composées  d'articles  généralement  alon^és, 
presque  cylindriques  ,1e  côté  extérieur  des  mâchoires  barbu 
et  les  deux  éperons  internes  des  deux  jambes  antérieures  de 
niveau  à  leur  origine j  ces  jambes  n'ont  qu'un  simple  canal 
longitudinal. 

Tantôt  le  corps  est  ovale-oblong ,  aplati,  avec  le  corse- 
let en  cœur  tronqué,  rétréci  postérieurement.  L'écusson  est 
distinct.  Les  trois  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  des 
mâles  sont  dilatés. 

Les  Pogonophores.  (  Pogonophorus.  Lat.,  Gvllenh.  —  Leis- 
tus  ,  Frcel.,  Clairv.  —  Carabus ,  Fab.  —  Manticora ,  Panz.  ) 

Remarquables  parl'alongement  de  leurs  palpes  extérieurs, 

7; — C.  reliculalum ,  F.  ,  Panz.  ,  ibid.,  9;  —  C.  indagator,  F.;  Clairv., 
Ent.  Helv. ,  TT ,  xxi ,  B  ;  —  C.  scmlator,  F.  ;  Leach ,  Zool.  mise,  xcm; 
—  C.  calidum,  F.  ;  Oliv.  ,  col.  III,  35,  iv ,  45,  et  n,  21.  — Le  C.por- 
culalum  de  Fabricius  est  un  Hélops.  Voyez  le  second  volume  du  Species 
de  M.  le  comte  Dgjean  ,  pag.  190  et  suiv. 

(1)  Les  Pogonophores  sont  très  voisins  des  Loricères. 


I 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  /\l6 

«t  dont  les  labiaux  plus  longs  que  la  têlej  par  leurs  mandi- 
bules, dont  le  côté  externe  forme  un  angle  saillant  et  aplati; 
enfin  par  leur  languette  avancée  et  terminée  par  trois  épines. 
Leur  tête  est  brusquement  rétrécie  derrière  les  yeux,  et  les 
articles  de  leurs  antennes  sont  longs  et  menus.  Toutes  les 
espèces  connues  sont  européennes  (i). 

Les  Nébries.  (Nebria.  Lat.) 

Qui  ne  diffèrent  des  pogonophores  que  par  des  caractères 
négatifs,  ou  en  ce  que  les  palpes  sont  beaucoup  plus 
courts,  que  le  côté  externe  des  mandibules  est  peu  ou  point 
dilaté  et  ne  forme  plus  qu'une  très  petite  oreillette,ne  s  avan- 
çant point  au-delà  de  la  base  des  mâchoires  ;  que  la  languette 
est  courte  ,  et  que  la  tête  n'offre  point  d'étranglement  ou 
de  cou.  Les  antennes  sont  aussi  proportionnellement  plus 
épaisses  et  composées  d'articles  plus  courts  (2). 

Les  Alpées.  (  Alp^sus.  )  de  M.  Bonelli. 

Ne  sont  que  des  nébries  aptères  ,  un  peu  plus  oblongues, 
et  qui  habitent  plus  spécialement  les  hautes  montagnes  (3). 

Tantôt  le  corps,  bombé  ou  convexe  en  dessus,  est  presque 
orbiculaire  avec  le  corselet  fort  court,  transversal,  très  échan- 
créen  devant ,  plus  large  et  lobé  postérieurement.  L'écusson 
n'est  point  apparent.  Le  premier  article  des  deux  tarses  anté- 
rieurs des  mâles  (et  quelquefois  le  même  des  tarses  inter- 
médiaires, comme  dans  l'O.  mélangé)  est  seul  sensiblement 
dilaté. 

•  — 

(1)  Carabus  spinibarbis ,  Fab  ;  Leistus  cœruleus ,  Clairv. ,  Entom. 
Helv.  ,  II,  xxin,  A,  a:— -C.  spinilabris  ,  Fab.  ;  Leistrus  rufescens,  ibicl., 
B,b;  — C.  rufescens,  Fab.;  Carabus  lerininatus ,  Panz  ,  Fann.  insect. 
Germ. ,  "VII,  11.  Voy es,  pour  les  autres  espèces,  le  second  volume  du 
Species  de  M.  le  comte  Dejean,  pag.  212  et  suiv. 

(2)  Nebria  arenaria,  Latr. ,  Ge'ne'r.  crust.  etinsec^,  I  2,  vu  ,  6;  —  Ca- 
rabus brevicollis  ,  Fab.  ;  Panz.  ,  ibid. ,  XI ,  8  ;  Clairv.  ,  ibid.  ,  XXII,  B  ; 
—  C.  subulosus ,  Fab.  ;  Clairv. ,  ibid.  ,  A;  Panz. ,  ibid.  ,  XXXI,  4  i  — 
C.  picicornis ,  Fab.  ;  Panz. ,  ibid.  ,  XCII  ,15  —  C.  psammodes ,  Ross. , 
Faun.  etrusc  ,  mant.  I ,  v ,  M. 

(3)  Le  C.  Helwigii  dePanzer,  ibid.,  LXXXÏX ,  4»  est  un  ^ïpe'e. 
Forez  le  Species  de  M.  le  comte  Dojeari ,  II,  pagi  22  ;  el  suiv. 


4l6  INSECTES    COLI-OPTÈRES. 

Les  Omophrons.  Omopron.  Latr. — Scolytus.  Fab. 

Ce  sous  -  genre  se  compose  (l'un  petit  nombre  d'espèces 
que  l'on  trouve  sur  les  bords  des  eaux,  en  Europe,  dans 
l'Amérique  septentrionale,  en  Egvpte  et  au  cap  de  Bonne- 
Espérance.  M.  Desmarest  a  fait  connaître  la  larve  de  l'espèce 
la  plus  commune.  Sa  forme  se  rapproche  de  celle  des  larves 
de  dytiques.  Les  observations  anatomiques  de  M.  Dufour 
paraissent  confirmer  ces  rapports  (i). 

Les  autres,  dont  le  corps  est  assez  épais,  Ont  de  grands 
yeux  et  très  saillants  ;  des  antennes  grossissant  un  peu  vers 
leur  extrémité,  et  composées  d'articles  courts,  pour  la  plu- 
part en  forme  de  toupie  ou  de  cône  renversé  ;  l'un  des  deux 
éperons  de  l'extrémité  interne  des  deux  jambes  antérieures 
inséré  plus  haut  que  l'autre,  avec  une  entaille  dans  l'entre- 
deux.  Les  quatre  ou  trois  premiers  articles  des  tarses  anté- 
rieurs des  mâles  sont  peu  dilatés  dans  la  plupart.  Les  palpes 
ne  sont  jamais  alongés.  Ces  insectes  sont  riverains  et  tous 
d'Europe  ou  de  Sibérie. 

Tantôt  le  labreest  très  court,  transversal  et  terminé  parune 
ligne  droite.  Le  dernier  article  des  palpes  extérieurs  est  pres- 
que en  forme  de  cône  renversé,  plus  gros  et  tronqué  au 
bout.  Les  mandibules  s'avancent  notablement  au-delà  du 
labre.   Les   tarses  antérieurs   des  mâles   sont  sensiblement 

dilatés. 

• 

Les  Elaphres.  (Elaphrus.  Y&b.-Elap1irus7  Blelhisa,  Pelo- 

phila.  Dej.  ) 

Les  uns,  et  les  plus  grands  (  Bléthises,  Blelhisa,  Bonelli  )> 
ont  le  corselet  plus  large  que  long,  plan  ,  rebordé  latérale- 
ment,presque  carré,un  peu  rétréci  versles  angles  postérieurs.] 

Ici  les  trois  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  sont  for- 
tement dilatés  et  cordiformcs   dans  les  mâles.  Ce  sont  les 

Pélophiles  (  Pelophila  )  de  M.  Dejean  (2). 

- ___ « 

(1)  Voyez  Farticle  omophron  d'Olivier,  Encyclop.  methcxj.;  FEn- 
t.omol.  Helvet. ,  II,  xxvi;  Latr.  ,  Geuer.  crust.  et  insect. ,  I  ,  225, 
vu,  7 ,  et  le  second  vol.  du  Spec.  de  M.  le  comte  Dejean  ,  p.  25^  et  suiv. 

(2)  Carabus  borealis ,  Fab.  ;  Nthria  borealis ,  Gyllenh.  ;  Panz. ,  Faune 
insect.  Germ. ,  LXXV,  8. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  4*7 

Là,  les  quatre  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  des 
mâles  sont  faiblement  dilatés  ;  ce  sont  les  Blethjses  (  ble~ 
thisa  )  d u  même  (  i  ) . 

Les  autres  ont  ie  corselet  aussi  long  au  moins  que  large, 
convexe,  en  forme  de  cœur  tronqué.  Le  corps  est  propor- 
tionnellement plus  convexe  que  dans  les  précédents.  Les 
quatre  premiers  articles  des  tarses  antérieurs  sont  légèrement 
dilatés  dans  les  mâles.  Ceux-ci  composent  exclusivement  son 
genre  Elaprre.    • 

UElaphre  uligineux  (  C.  uliginosus  ,  Fab.  ;  elaphrus 
riparius ,  Oliv. ,  col.,  II  ?  34  ?  I,  i.  A-E.  )  est  long 
d'environ  quatre  lignes,  d'un  bronzé  noirâtre,  très  ponc- 
tué ,  avec  des  impressions  ou  petites  fossettes  sur  le  front 
et  sur  le  corselet,  et  d'autres  à  fond  violet,  élevées  dans 
leur  contour  et  réunies  les  unes  aux  autres,  sur  les  élytres. 
Les  tarses  sont  d'un  noir  bleuâtre  •  mais  les  jambes  sont 
tantôt  de  cette  couleur  tantôt  roussâtres.  Ces  derniers  indi- 
vidus ont  été  considérés  comme  formant  une  espèce  pro- 
pre (  Cupreus),  par  MM.  Megerle  et  le  comte  Dejean.  il  est 
très  rare  aux  environs  de  Paris,  mais  commun  dans  d'au- 
tres parties  de  la  France,  en  Allemagne,  en  Suède,  etc. 

UElaphre  des  rivages  (Cicindela,  riparia ,  Lin.;  Ela- 
phrus riparius,  Fab.;  Clairv. ,  En  loin,  helvet.,  il,  xxv  , 
A.  a.;  elaphrus  y  paludosus ,  Oliv.,  col.  II,  34,  i  >  4;  a  D  ? 
Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ.,  xx ,  i.  ).  D'un  tiers  environ 
plus  petit' que  le  précédent,  très  finement  pointillé  et 
d'un  cuivreux  mat  et  mêlé  de  vert,  en  dessus,  avec  des 
impressions  circulaires,  mameionées  au  centre,  vertes, 
disposées  sur  quatre  lignes,  et  une  tache  cuivreuse,  polie 
et  luisante,  près  la  suture,  sur  chaque  élytre.  Commun 
aux  enviions  de  Paris  (2). 

Tantôt  ie  labre  est  presque  demi-circulaire  et  arrondi  en 
devant;  les  palpes  extérieurs  se  terminent  par  un  article  su- 
bovalaire ,  rétréci  en  pointe  au  bout.  Les  mandibules  s'avan- 
cent peu  au-delà  du  labre.  Les  tarses  sont  identiques  dans 
les  deux  sexes. 

(j)  Car-abus  mullipunctalus ,  Fab.  ;  Panz. ,  ibid.  ,  XI ,  5. 
(2)  Voyez    pour  les  autres  espèces,  le  second  volume  du  Spëcies  de 
M.  le  comte  Dejean  ,  pag.  268  et  suiv. 

TOME    IV.  27 


4  t  S  INSECTES   COLÉOPTÈRES. 

L'extrémité  antérieure  de  la  tête  fornie  un  petit  museau. 
Le  dessins  du  corps  est  plan ,  avec  le  corselet  trapézoïde , 
presque  aussi  large  que  la  tête^  un  peu  rétréci  postérieu- 
rement. 

Les  Notiophiles.    (Notiophilus.  Dumér.  —  Elaphrus.  Fab.  , 

Oliv.  )   (l) 

Notre  seconde  division  générale  de  cette  tribu,  lesSuBULi- 
palpes  {Subulipalpi) ,  est  distinguée  de  la  "précédente  par  la 
forme  des  palpes  extérieurs,  dont  l'avant- dernier  article,  en 
formedccônc  renversé,  se  réunit  avec  le  suivant,  et  compose 
avec  lui  un  corps  commun  ovalaire  ou  en  fuseau  ,  terminé  , 
soit  insensiblement,  soit  subitement  ,  en  pointe  ou  en  ma- 
nière d'alêne.  Les  deux  jambes  antérieures  sont  toujours 
échancrées  au  côté  interne.  Ces  insectes  ressemblent  beau- 
coup aux  derniers,  tant  pour  les  formes  que  pour  la  manière 
de  vivre. 

Les  Bemmdions.  (  Bembidion.  Latr.  —  Bembidium.  Gyllenh., 

Dejean.  ) 

Ont  l'avaut-dernier  article  des  palpes  extérieurs  grand  , 
renflé;  en  forme  de  toupie,  et  le  dernier  beaucoup  plus 
grêle,  très  court,  conique  ou  aciculaire.  Le  premier  article 
des  deux  tarses  antérieurs  est  dilaté  dans  les  mâles. 

MM.  Ziégler  et  Megerle  ont  divisé  ce  sous-genre  en  plu- 
sieurs autres  (2) ,  mais  sans  eu  donner  les  caractères  et  en  se 

(  1)  Cicindela  aquatica  ,  Lin.  ;  Elaphrus  acjuaticus,  Fab.  ;  Panz.,  Faun. 
insect.  Germ. ,  XX,  3; — Elaphrus  biguttatus  ,  Fab.,  et  auquel  M.  le 
comte  Dejean  rapporte  son  C.  semipunctatus,  Consultez  le  Species  de  ce 
dernier,  II ,  p.  276  et  suiv. 

(2)  Ce  sous-genre  peut  se  diviser  ainsi.  Les  uns  ont  le  corselet  moins 
déprime' ,  aussi  long  au  moins  que  large,  beaucoup  plus  e'troit  postérieu- 
rement qu'en  devant,  en  cœur  tronqué,  à  angles  poste'rieurs  très  courts 
ou  peu  prolonges. 

Ceux  où  cette  partie  du  corps  n'offre  aux  angles  poste'rieurs  aucune 
impression  bien  marquée,  et  dont  les  yeux  sont  très  gros  et  font  paraître 
la  tète  un  peu  plus  large  que  le  corselet,  forment  le  G.  tachypus  de 
M.  Merrerle. 

Cetîx  dont  les  yeux,   ainsi  que  dans  (eus  les  suivants ,  ont  moins  de 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  4*9 

fondant  uniquement,  à  ce  qu'il  paraît,  d'après  les  change- 
ments de  formes  du  corselet. 

L'espèce   suivante  est  rangée  par  M.  le  comte  Dejean 
avec  ses  tachypes. 

Le  B.  à  pieds- jaunes  (  Cicindela  flavipes.  Lin.  )  Panz. 
Faun.  insect.  Germ.  XX,  ?,,  très  semblable  à  l'élaphre  des 
rivages,  long  de  deux  lignes  ;  corselet  un  peu  plus  étroit 
que  la  tête,  en  forme  de  cœur  tronqué,  aussi  long  que 
large  5  yeux  gros  ;  dessous  du  corps  d'un  vert-noirâtre  ; 
dessus  bronzé,  marbré  de  rougecuivreux;  deux  gros  points 
enfoncés  près  de  la  suture,  sur  chaque  étui  ;  base  des  an- 
tennes ,  palpes  et  pieds  jaunâtres.  — Très  commun  aux  en- 
virons de  Paris  (i). 

saillie  ,  de  manière  que  le  corselet  n'est  pas  plus  large  que  la  tète,  mais 
offre  d'ailleurs  les  mêmes  caractères,  sont  les  Bembidiums  proprement 
dits  de  M.  le  comte  Dejean. 

Avec  M.  Megerle,  il  range  dans  le  genre.  Lopha  ,  ceux  dont  le  corselet 
ayant  la  même  forme  et  les  mêmes  proportions  ,  offre ,  à  chaque  angle 
poste'rîeur,  une  impression  bien  prononcée ,  de  sorte  que  ces  angles  sont 
bien  reborde's. 

Les  autres  Bembidions  ont  le  corps  plus  aplati,  le  corselet  plus  large 
quelong,  et  proportionnellement  moins  rétréci  postérieurement;  sesangles 
postérieurs  ont  toujours  une  forte  impression  et  une  petite  carène  oblique, 
Des  espèces  dont  le  corselet,  quoique  re'tre'ci  près  des  angles  postérieurs, 
l'est  cependant  moins  que  dans  les  autres,  de  sorte  que  le  bord  poste' - 
rieur  n'est  guère  plus  e'troit  que  l'antérieur  ,  composent  le  genre  JYola- 
phus  du  même  et  de  M.  Megerle. 

Parmi  celles  dont  le  corselet  est  notablement  rétréci  en  arrière,   tantôt 

sa  longueur  est  seulement  un  peu  plus  grande  que  sa  largeur  et  il  est  en 

forme  de  cœur  tronque  ;  tels  sont  les  Pe/yphus  de  ces  savants.  Tantôt, 

beaucoup  plus  court  proportionnellement ,  sa  forme  se  rapproche  de  celle 

d'une  coupe  ou  d'un  cœur  très  évasé;  dans  quelques-uns  même ,  il  est 

arrondi  aux  angles  postérieurs.   Ces  espèces  constituent,  pour  eux,   le 

p-enre  Leja.  Les  Tachypes  ,  à  raison  de  la  saillie  extraordinaire  de  leurs 

yeux,  de  leurs  autres  rapports  avec  les  Elaphres,  sont  assez  distincts; 

mais  il  n'en  est  pas  ainsi  des  autres  genres  :  il  est  impossible  deles  signaler 

par  des  caractères  rigoureux.  Ceux  que  l'on  pourrait  tirer  des  longueurs 

respectives  et  comparées  des  second  et  troisième  articles  des  antennes 

m'ont  encore  paru  incertains.  Voyez  le  Catal.  de  la  coll.  des  coléopt.  de 

M.  Dejean. 

(0  Ajoutez  Cctrabus  tricolor,  Fab.  ; — ejusd.  ,  C.  modesius , — cursor, 

„     * 

27 


420  IIS' SECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Trechus.  (Trechus.  Clairv.  ) 

Qui  ont  le  dernier  article  de  leurs  palpes  extérieurs  aussi 
long  ou  plus  long  que  le  précédent,  de  sa  grosseur  à  son 
origine  ,  de  sorte  que  ces  deux  articles  forment  réunis  un 
corps  en  fuseau  (i). 

Les  Coléoptères  pentamères  carnassiers  aquatiques 
forment  une  troisième  tribu,  celle  des  Hydrocatï- 
thares  (  Hydrocanthari  ,  Lat.  )  ou  des  Nageurs. 

Elle  a  des  pieds  propres  à  la  natation  ;  les  quatre 
derniers  sont  comprimés,  ciliés  ou  en  forme  de  lame, 
et  les  deux  derniers  sont  éloignés  des  autres;  les 
mandibules  sont  presque  entièrement  recouvertes; 

—  bi-guttatus ,  —  quatuor- guttatus ,  -—  gutlula  ;  —  C.  minutus ,  Panz. , 
Faun.  insect.  Germ. ,  XXXVIII ,  10;  —  C  pygmœus,  F.  ;  Panz. ,  ibid. , 
1 1  ;  —  C.  articulalus ,  Panz. ,  ibid.  ,  XXX  ,21;  —  Cicindela  quadri- 
maculata  ,  Lin.;  Carabus  p niche llus ,  Panz.,  ibid.,  XXXVIII ,  8  ; 
XL,  5  ;  — C.  doris  ,  Panz. ,  ibid. ,  9;  —  Elaphrus  rupeslris ,  Fab.  ;  Panz. , 
ibid. ,  XL ,  6  ;  —  C.  decorus,  Panz.  ,  ibid.  ,  LXXIII,  4  j  —  C.  uslulatus, 
Lin.  ;  Panz.,  ibid. ,  XL ,  ^,  9;  —  C.  bi-punclatus,  Lin.  j  Oliv.,  col.  III  , 
35,  xiv,  i63;   —  Elaplirus  rufcollis ,    Panz.,  ibid.,  XXXVIII,    21  ; 

—  Eluphrus  impressus ,  F.  5  Panz.,  ibid.,  XL,  8;  — ■  Elaphrus  palu- 
dosus  ,  ibid. ,  XX  ,4» 

(1)  Trechus  rubens ,  Clairv.  ,  Entom.  helv. ,  II,  11 ,  B  ,  b.  Le  Carabus 
meridianus  ,  qu'il  représente  même  planche,  A,  a,  est  un  sténolophe.  — 
Carabus  micros,  Panz.,  Faun.  insect.  Germ.,  XL,  4- —  Le  G.  ma- 
soreUs  de  MM.  Ziégler  et  Dejean  ,  me  parait  avoisiner  celui  cîe  Trechus. 
L'espèce  sur  laquelle  il  est  l'onde  est  très  voisine  de  V Harpalus  collaris 
de  M.  Gyllenhall.  Les  palpes  maxillaires  se  terminent ,  ainsi  que  ceux  des 
Trechus,  en  manière  de  fuseau  ;  seulement  Pavant  dernier  article  est 
beaucoup  plus  court  que  le  suivant.  Les  tarses  aute'rieurs  sont  légèrement 
dilate's  dans  les  mâles.  Cet  insecte  semble  lier  les  Trechus  avec  diverses 
petites  espèces  de  sténolophes  de  M.  Dejean. 

Ses  Blemus  (Ulemus)  des  mêmes  naturalistes  sont  des  espèces  de 
Trechus  plus  étroits  et  plus  alongés ,  à  corselet  subisométrique,  en  forme 
de  triangle  renversé  et  tronqué,  et  à  mandibules  notablement  plus  grandes 
et  prolongées  au-deià  du  labre.  On  les  trouve  sous  des  pierres,  sur  nos 
côtes  maritimes  ou  dans  la  mer  même, 


FAMILLE     DES    CARNASSIERS.  l\2  I 

le  corps  est  tor,  jours  ovale,  avec  les  yeux  peu  saillants 
et  le  corselet  beaucoup  plus  large  que  long.    Le 
crochet  qui  termine  les  mâchoires  est  arqué  dès  sa 
base  ;  ceux  du  bout  des  tarses  sont  souvent  inégaux. 
Ces  insectes  composent   les  genres  Djtiscus  et 
Gjrinus  de  Geoffroy.  Ils  passent  le  premier  et  le 
dernier  état  de  leur  vie  dans  les  eaux    douces  et 
tranquilles  des  lacs ,  des  marais,  des  étangs,  etc. 
Ils  nagent  très  bien  et  se  rendent  de  temps  en  temps 
à  la  surface  pour   respirer.    Ils  y  remontent  aisé- 
ment en  tenant  leurs  pieds  en  repos  et  se  laissant 
flotter.  Leur  corps  étant  renversé,  ils  élèvent  un 
peu  leur  derrière  hors  de  l'eau ,  soulèvent  l'extré- 
mité de  leurs  étuis  ou  inclinent  le  bout  de  leur  ab- 
domen ,  afin  que   l'air  s'insinue  dans  les  stigmates 
qu'ils  recouvrent ,    et  de  là  dans  les  trachées.    Ils 
sont  très  v  or  aces  et  se  nourrissent    des  petits  ani- 
maux qui  font,  comme  eux,  leur  séjour   habituel 
dans  cet  élément.  Ils  ne  s'en  éloignent  que  pendant 
la  nuit  ou  à  son  approche.  Lorsqu'on  les  retire  de 
l'eau,    ils  répandenl    une  odeur  des   plus  nauséa- 
bondes. La  lumière  les  attire  quelquefois  dans  l'in- 
térieur des  maisons. 

Leurs  larves  ont  le  corps  long  et  étroit  ,  com- 
posé de  douze  anneaux ,  dont  le  premier  plus  grand, 
avec  la  tête  forte  et  offrant  deux  mandibules  puis- 
santes ,  courbées  en  arc  et  percées  près  de  leur 
pointe  ,  de  petites  antennes ,  des  palpes  ,  et  de 
chaque  côté  six  yeux  lisses  rapprochés.  Elles  oui 


4--  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

six  pieds  assez  longs,  souvent  frangés  de  poils  ,  et 
terminés  par  deux  petits  ongles.  Elles  sont  agiles  , 
carnassières,  et  respirent  soit  par  l'anus,  soit  par 
des  espèces  de  nageoires,  imitant  des  branchies. 
Elles  sortent  de  l'eau  pour  se  métamorphoser  en 
nymphes» 

Cette  tribu  se  compose  de  deux  genres  principaux. 

Les  Dytisques.  (Dytiscus.  GeofT.  ) 

Qui   ont  des  antennes  en  filets  plus   longues  que  la 
tète,  deux  yeux,  les  pieds  antérieurs  plus  courts  que 
les  suivants,  et  les  derniers  terminés  le  plus  souvent  par 
un   tarse   comprimé  ,   allant  en   pointe  (i).   Ils  nagent 
avec  beaucoup   de  vitesse,  à  l'aide  de  leurs  pieds  garnis 
de  franges  de  longs  poils ,  et  particulièrement  des  deux 
derniers.  Ils  s'élancent  sur  les  autres  insectes  ,  les  vers 
aquatiques,  etc.  Dans  la  plupart  des  mâles,  les  quatre 
tarses  antérieurs  ont  leurs  trois  premiers  articles  élargis 
et  spongieux  en  dessous;  ceux  de  la  première  paire  sont 
surtout  très  remarquables  dans  les  grandes  espèces;  ces 
trois  articles  y  forment  une  grande  palette,  dont  la  sur- 
face inférieure  est  couverte  de  petits  corps,  les  uns  en 
papilles,  les  autres  plus  grands,  en  forme  de  godets  ou 
de  suçoirs,  etc.  Quelques  femelles  se  distinguent  de  leurs 
mâles  par  les  étuis  sillonnés.  Les  larves  ont  le  corps  com- 
posé de  onze  à  douze  anneaux  et  recouverts  d'une  plaque 
écailleuse  ;  elles  sont  longues  ,  ventrues  au  milieu  ,  plus 


(i)  Selon  M.  Léon  Dufour  ,  leur  jabot  se  termine  en  arrière  par  un 
bourrelet  annulaire ,  caractère  qu'on  n'observe  pas  dans  la  tribu  précé- 
dente. Leur  ccecum  forme  une  vessie  natatoire.  Leur  poitrine  renferme 
une  ou  deux  utricules  pneumatiques  ,  tandis  que  les  trachées  des  autres 
jarties  sont  tubulaires.  Le  tissu  adipeux  splanclinique  a  les  caractères 
d'un  véritable  épiploon  ou  d'un  mésentère.  Leurs  stigmates  diffèrent  aussi 
de  ceux  des  carnassiers  terrestres. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  /}  2   > 

grêles  aux  deux  extrémités  ,  particulièrement  eu  arrière  , 
où  les  derniers  anneaux  forment  un  cène  alongé,  garni  sur 
les  côtés  d'une  frange  de  poils  flottants  ,  avec  lesquels  l'a 
aimai  pousse  l'eau  et  fait  avancer  son  corps,  qui  èè\ 
terminé  ordinairement  par  deux  iilets  coniques  ,  bàrbiiN 
et  mobiles.  Dans  l'entre-deux  sont  deux  petits  corps  cy- 
lindriques, percés  d'un  trou  à  leur  extrémité  ,  et  qui 
sont  des  conduits  aériens,  auxquels  aboutissent  les  deux 
trachées;  on  distingue  cependant  sur  les  côtés  de  l'ab- 
domen des  stigmates.  La  tête  est  grande,  ovale,  alta 
chée  au  corselet  par  un  cou  ,  avec  des  mandibules  très 
arquées,  et  sous  l'extrémité  desquelles  De  Géer  a  aperçu 
une  fente  longitudinale;  de  sorte  qu'à  cet  égard  ces  or 
ganes  ressemblent  aux  mandibules  des  larves  de  four- 
mis-lions ,  et  servent  de  suçoirs;  la  bouche  offre  néan- 
moins des  mâchoires  et  une  lèvre  avec  des  palpes.  Les 
(rois  premiers  anneaux  portent  chacun  une  paire  de 
pattes  assez  longues  ,  dont  la  jambe  et  le  tarse  sont  bordée 
de  poils,  qui  sont  encore  utiles  à.  la  natation .  Le  pre- 
mier anneau  est  plus  grand  ou  plus  long,  et  défendu 
en  dessous,  aussi -bien  qu'en  dessus,  par  une  plaque 
ecailleuse. 

Ces  larves  se  suspendent  à  la  surface  de  l'eau  au  moyen 
des  deux  appendices  latéraux  du  bout  de  leur  queue  ,  et 
qu'elles  tiennent  à  sec.  Lorsqu'elles  veulent  changer  su- 
bitement de  place,  elles  donnent  a  leur  corps  un  mou- 
vement prompt  et  vermiculaire  ,  et  battent  l'eau  avec 
leur  queue.  Elles  se  nourrissent  plus  particulicremen  ; 
des  larves  de  libellules,  de  cellesdes  cousins  et  des  sti- 
pules, et  d'aselles.  Lorsque  le  temps  de  leur  transfor- 
mation est  venu,  elles  quittent  i'eau,  gagnent  le  rivage 
et  s'enfoncent  dans  la  terre;  mais  il  faut  qu'elle  soi^ 
toujours  mouillée  ou  très  humide.  Elles  s'y  pratiquent 
une  cavité  ovale  et  s'y  renferment. 

Suivant  Rœsel,  les  œufs  du  ds  t isqiié bordé ecl osent  dix 
à  douze  jours  après  In  ponte.  Au  bout  df  ire. a  cinq, 


4 2^  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

la  larve  a  déjà  quatre  à  cinq  lignes  de  long,  et  mue 
pour  la  première  fois.  Le  second  changement  de  peau  a 
lieu  au  bout  d'un  intervalle  de  même  durée,  et  ranimai 
est  une  fois  plus  grand.  La  longueur  de  deux  pouces  est 
le  terme  de  son  accroissement.  En  été,  on  en  a  vu  se 
changer  en  nymphe  au  bout  de  quinze  jours ,  et  en  in- 
secte parfait  quinze  ou  vingt  jours  après.  Outre  le  cloaque 
des  insectes  de  cette  famille,  lesdytisquesontunccecum 
assez  long,  qui  s'aperçoit  dès  l'état  de  larve. 

Ce  grand  genre  se  subdivise  comme  il  suit  : 
Les  uns  ont  les  antennes  composées  de  onze  articles  dis- 
tincts, les  palpes  extérieurs  filiformes  ou  un  peu  plus  gros 
vers  leur  extrémité,  et  la  base  de  leurs  pieds  postérieurs, 
ainsi  que  celle  des  autres  découverte. 

Tantôt  l'épaisseur  des  antennes  diminue  graduellement 
depuis  leur  origine  jusqu'à  leur  extrémité;  le  dernier  article 
des  palpes  labiaux  est  simplement  obtus  à  son  extrémité, 
sans  échancrure.  Tels  sont 

Les  Dytisques  proprement  dits.  (Dytiscus.) 

Dont  tous  les  tarses  ont  cinq  articles  très  distincts -,  et 
dont  les  deux  antérieurs  ont,  dans  les  mâles,  les  trois  pre- 
miers articles  très  larges,  et  formant  ensemble  une  palette, 
soit  ovale  et  transverse,  soit  orbiculaire. 

Le  D.  très  large  {D.  latissimus ,  Lin.  )?  Panz. ,  Faun. 
insect.  Germ.,  LXXXV1,  i ,  long  de  près  d'un  pouce  et 
demi ,  et  très  distinct  parla  dilatation  comprimée  et  tran- 
chante de  la  marge  extérieure  des  étuis,  dont  le  rebord  est 
jaunâtre;  corselet  bordé  tout  autour  de  la  même  couleur; 
étuis  sillonnés  et  à  côtes  dans  la  femelle.  Dans  le  départe- 
ment des  Vosges,  au  nord  de  l'Europe  et  en  Allemagne. 
Le  D.  bordé  (D.  marginalis  7  Lin.),  Panz.  ,  ibid. ,  3, 
d'un  quart  environ  plus  petit,  ayant  aussi  une  bordure 
jaunâtre  tout  autour  du  corselet,  et  une  ligne  de  la-même 
couleur  sur  le  bord  extérieur  et  non  dilaté  des  étuis;  ceux 
de  la  femelle  sillonnés  depuis  leur  base  jusqu'aux  deux 
tiers  environ  de  leur  longueur. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  ^25 

Fabricius  dit  que  ,  renversé  sur  le  dos  ,  il  se  rétablit,  eu 
sautant,  dans  sa  position  ordinaire. 

Esper  conservait  depuis  trois  ans  et  demi ,  dans  un 
grand  bocal  de  verre,  un  dytisque  bordé  et  toujours  bien 
portant.  Il  lui  donnait  chaque  semaine,  et  quelquefois 
plus  souvent ,  gros  comme  une  noisette,  du  bœuf  cru,  sur 
lequel  il  se  jetait  avec  avidité,  et  dont  il  suçait  le  sang  de 
la  manière  la  plus  complète.  Il  peut  jeûner  au  moins 
quatre  semaines.  Il  tue  l'hydrophile  brun  ,  quoiqu'une 
fois  plus  grand  que  lui ,  en  le  perçant  entre  la  tête  et  le 
corselet,  la  seule  partie  du  corps  qui  est  sans  défense. 
Suivant  Esper,  il  est  sensible  aux  changements  de  l'at- 
mosphère ,  et  les  indique  par  la  hauteur  à  laquelle  il  se 
tient  dans  le  bocal. 

Le  D.  de  Rœsel  (  D.  Rœselii,  Fab.  ) ,  Rœs. ,  Insect. ,  II, 
Aquat.  ,  class.  I ,  n  ,  plus  étroit  ou  plus  ovale ,  et  plus  dé- 
primé que  les  précédents;  bord  extérieur  du  corselet  et 
des  étuis  jaunâtre;  ces  étuis  très  finement  striés  dans  la 
femelle.  Aux  environs  de  Paris  et  en  Allemagne. 

Le  D.  à  antennes  en  scie  (  D.  serricornis,  Payk. ,  Nov. 
act.  Acad.  scient.  Stockh.  ,  XX,  i  ,  3.)  très  singulier  par 
la  forme  anomale  des  antennes  du  mâle,  dont  les  quatre 
derniers  articles  forment  une  masse  comprimée  et  dentée 
en  scie(i). 


(i)  Le  docteur  Leach  a  fonde  sur  ce  caractère  son  genre  Agabtjs  (Zool. 
miscell.  III,  pag.  69  et  72).  Quelqueslégères  différences  dans  la  forme 
et  les  proportions  relatives  des  articles  des  palpes  maxillaires  exte'rieurs 
Vont  aussi  de'terminé  à  en  établir  quelques  autres,  telles  que  ceux  d'Hr- 
DATtcus  (D.  Ilybneri,  transversales,  stagnalis ,  /^-vdlalus);  d'Acitius 
[D.  sulcatus) ,  et  de  Trogus  (Z).  latérales).  Le  dernier  seul  pourrait  être 
conserve' ,  à  raison  de  quelques  autres  caractères.  Les  pieds  poste'rieurs 
ont  les  jambes  courtes  ,  très  larges,  et  leurs  tarses  ne  sont  termines  que 
par  un  seul  crochet.  Aux  espèces  décrites  ci-dessus ,  ajoutez  D.  sulcatus, 
Fab.;  Clairv. ,  Entom.  helv.,  II ,  xx  ; — D.  costalis,  Oliv.  ,  col.  III,  l\o, 
1,  7  ; — D.  punctatus ,  ibid.,  1,  6,  b,  et  1,  e; — D.  aciculatus ,  ibid.,  111, 
3o; — D.  lœvigalus  ,  ibid. ,  23; — D.  trip  une  talus ,  ibid.,  24; — Ruficollis , 
ibid. ,  11 ,  20  ;  —  D.  viltatus ,  ibid. ,  i ,  5 5  —  D.  griseus ,  ibid»  11 ,  12  ; — 
D.  sûclicus ,  ibid,  n  ,  11;  —  D.  circumjlcxus ,  F. 


h  ±'6  INSECTES    COLÉOPTÈUES. 

Les  Colymbetes.   (Colymbetes.  Clairv.) 

Dont  tous  les  tarses,  ont  aussi  cinq  articles  très  distincts, 
niais  dont  les  quatre  antérieurs  ont ,  dans  les  mâles,  leurs 
trois  premiers  articles  presque  également  dilatés,  et  ne  for- 
mant ensemble  qu'une  petite  palette  en  carré  long  ;  leurs 
antennes  sont  au  moins  de  la  longueur  de  la  tête  et  du  cor- 
selet. Le  corps  est  parfaitement  ovale,  a  plus  de  largeur  que 
de  hauteur*  les  yeux  ne  sont  point  ou  peu  saillants  (i). 

Les  Hygrobies.  (  Hygrobia.  Lat. — Hydrachna.  Fab.;  Clairv, 

—  Pœlobius.  Schœnh.) 

Qui  ont  encore  des  tarses  à  cinq  articles  distincts,  et  dont 
les  quatre  antérieurs  dilatés  presque  également,  à  leur  base, 
dans  les  mâles,  en  une  petite  palette  en  carré  long  priais 
dont  les  antennes  sont  plus  courtes  que  la  tête  et  le  corse- 
let ,  qui  ont  le  corps  ovoïde  ,  très  épais  dans  son  milieu,  et 
les  yeux  saillants  (2). 

(1)  D.  fusais ,  Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ.  ,  LXXXVI ,  5; — D.  cinc 

reus ,  F.  ;  Panz.,  ibid. ,  XXXI  ,  il;  —  D.  zonatus ,   F.  ;   Panz.  ,    ibid.  , 

XXXVIII  ,   3  ;  —  D.   bi-punctalus  ,  F.  ;  Panz.  ;  ibid. ,   XCI ,  6  ;  —  D. 

fenestratus ,  F.;  Panz.  ,  ibid.  ,  XXXVIII,  16;  —  D.  chalconatus ,  F.  ; 

Panz.  ,   ibid.  ,   17  ;  —  D.  ater,   F.  ;  Panz.  ,   ibid  ,  i5;  —  D.  gullatus , 

Payk.  ;   Panz,,    ibid.,   XC ,    1;   —   D.  fulginosus ,    F.;    Panz.,   ibid.  , 

XXXVIII,    i/f;  —  D.   bi-pustulatus ,  F.;  Panz.  ,  ibid.  ,    CI,    2;  —  D. 

slagnalis  ,  F.  ;  Panz.  ,  ibid.  ;  XCI  ,  7  ;  —  D.  transversales  ,  F.  :  Panz.  , 

ibid. ,   LXXXVI,   6;  —  D.  abbreviatus ,   F.  ;  Panz.,  ibid.,  XIV,  1  ;  — 

D.    maculatus ,   F.  ;  Panz.,  ibid.  ,  7; —  D.  agilis ,  F.  ;  Panz.  ,  ibid.,  XC, 

2j  —  D.  adspersus,  F.  ;  Panz.,   ibid. ,  XXXVIII ,    18  ;  —  D.    minutas  , 

F.;   Panz.,  XXVI,    3,  5;  — D.    leander,  Oliv.,  ibid.,  ni,  2.5;  — D. 

varius ,  Oliv.  ,  ibid,  ,11,  17  ; — D.  b'unacutatus  ,  Oliv.  ,  ibid.  ,  18.   Voyez 

Clairville,  Entom.  helv. ,  tom.  II,  genre  Colymbetes. 

Quelques  petites  espèces  n'ayant  point  d'ecusson  distinct,  et  dont  les 
tarses  antérieurs  sont  peu  dilate's  dans  les  mâles  ,  composent  le  genre  La- 
copHiLUs  du  docteur  Leach.  Il  cite  les  suivantes  :  D.  hyalinus ,  Marsh.  ; 
—  D.  ■mterruplus ,  Panz?  —  D.  minutus ,  Lin.  ; —  D.  martnorcus ,  Oîiv. 
Voyez  son  Zool.  miscell.  ,  III ,  pâg.  72. 

(2)  Hydrachna  Hertnanni ,  FaÎD. ,  LaLr.  ,  Gen.  crust.  et  insect.  ;  I  ,  \  ;, 
):   Clairv.  ,  Entom.  helv,   H,  xxViï,  A,  a  ;  —  77.  idgihosa, Cîain 
ibid.  ,  G,  b 

Ces  insectes  el   les  Ha    |         forment,   dans  là  mc'thocte  clc  M    L'è 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  427 

Les  Hydropores.  ( Hydroporus.  Clairv. — Hy phy drus.  Lat., 

Schœnh.  ) 

Dont  les  quatre  tarses  antérieurs,  presque  semblables  et 
spongieux  en  dessous  ,  dans  les  deux  sexes  ,  n'ont  que 
quatre  articles  distincts,  le  quatrième  étant  nul  ou  très  pe- 
tit et  caché  ,  ainsi  qu'une  partie  du  dernier  ,  dans  une  fissure 
profonde  du  troisième. 

Ils  n'ont  point  d'écusson  apparent  (i). 

On  pourrait  en  détacher  quelques  espèces  (2),  dont  le  corps 
est  très  bombé  ou  presque  globuleux,  et  dont  le  dernier  ar- 
ticle des  quatre  tarses  antérieures  est  très  petit  et  peu  sail- 
lant au-delà  du  "précédent  (Hyphydrus.  Latr.  ).  Les  autres 
ont  le  corps  ovale  et  moins  épais  (3). 

Tantôt  les  antennes  sont  un  peu  dilatées  et  plus  larges 
vers  le  milieu  de  leur  longueur  ;  le  dernier  article  des  palpes 
labiaux  a  une  échancrure,  et  paraît  fourchu. 

Les   Notères.   (Noterus.    Clairv.) 

L'écusson  manque  j  les  tarses  ont  cinq  articles  distincts  j 
les  deux  premiers  des  quatre  antérieurs  sont  dilatés  dans 
les  mâles  et  forment  une  palette  alongée.  Le  premier  arti- 
cle des  deux  tarses  antérieurs  est  recouvert  dans  les  mêmes 


(Zool.  miscell. ,  III,  pag.  68) ,  un  groupe  particulier,  ayant  pour  carac- 
tères :  un  e'cusson ,  tous  les  pieds  propres  à  la  marche,  cinq  articles  à  tous 
les  tarses  >  deux  crochets  au  bout  du  dernier 

Les  Hygrobies  ont  les  palpes  extérieurs  un  peu  renfle's  à  leur  extre'- 
mité,    deux  forts  éperons  et  rapproche's  au  bout  des  jambes,  et  leurs 
tarses  antérieurs  susceptibles  de  se  replier  sous  les  jambes,  dont  ils  de'- 
pendent. 

(1)  Les  pre'ce'dcnts ,  à  l'exception  de  quelcpies  petites  espèces  ,  en  ont 
un  très  sensible. 

(2)  LesHydrachnes  :  gibba,  oualis ,  scripta ,  deFabricius;  Hyphydrus 
lyratus ,  Schœnh.,  Synon.  insect.  \  II ,  iv  ,  1. 

(3)  Les  Dytiscus  :  inœqualis  ,  reliculatus  ,  confluens ,  picipes  ,  piclus  , 
tjeminus ,  Rneatus  ,  halensis ,  duodecim-pustulatus  ,  dorsalis ,  sex-puslu- 
lalus  ,  palustris  ,  depressus  ,  liluratus  ,  planus ,  trylhrocephalus  ,  nigritti 
granularis  ,  de  Fabricius.  Koyez Schœnherr.  ,  Synon.  inséct. ,  loin,  t!  , 
genre  Hyphydrus; — Panzer,  Index,  rnloin., gdirt*  Hydroporus; ci  Clairv.. 
Entom.  helv.  ,  ioni.  II.  même  genre. 


4'i8  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

individus  par  un  large  éperon,  en  forme  de  lame.  La  pièce 
pectorale,  qui  porte  les  derniers  pieds,  a,  de  chaque  côté, 
une  rainure  ou  coulisse  profonde  (i). 

Les  autres  n'ont  que  dix  articles  distincts  aux  antennes  j 
leurs  palpes  extérieurs  se  terminent  en  alêne  ou  par  un  ar- 
ticle plus  grêle  et  allant  en  pointe;  la  base  de  leurs  pieds 
postérieurs  est  recouverte  d'une  grande  lame  en  forme 
de  bouclier. 

Le  corps  est  bombé  en  dessous  et  ovoïde,  comme  dans  les 
hygrobies;  mais  ils  n'ont  point  d'éeusson ,  et  tous  leurs 
tarses  sont  filiformes  ,  à  cinq  articles  distincts  et  presque 
cylindriques,  et  ont  à  peu  près  la  même  forme  dans  les  deux 
sexes.  Ce  sont  :  • 

Les  Haliples.  (Halipltjs.   Lat.  —  Hoplitus.  Clairv.  —  Cne- 

midotus.  llig.  )  (2) 

Le  second  genre  ou  celui 

Des  Gyrijns.  (Gyrinus.  L.) 

Comprend  ceux  dont  les  antennes  sont  en  massue, 
plus  courtes  que  la  tête;  les  deux  premiers  pieds  sont 
longs,  avancés  en  forme  de  bras,  et  les  quatre  autres 
très  comprimés  ,  larges  et  en  nageoires.  Les  yeux  sont  au 
nombre  de  quatre. 

Le  corps  est  ovale  et  ordinairement  très  luisant. 
Les  antennes,  insérées  dans  une  cavité,  au  devant  des 
yeux,  ont  le  second  article  prolongé  extérieurement, 
en  forme  d'oreillette,  et  les  articles  suivants  (3)  ,  très 
courts,  fort  serrés  ,  et  se  réunissent  en  une  masse,  pres- 
que en  forme  de  fuseau  et  un  peu  courbe.  La  tête  est 
enfoncée   dans    le   corselet  jusqu'aux    yeux ,    qui    sont 

(1)  Dytiscus  crassicornis  ,  Fab.  ;  Clairv. ,  Entom.  helv.,  II,  xxxn. 

(2)  Les  Dytisques  :  fulvus  ,  impressus ,  obliquas  de  Fabricius.  P  oyez 
Latreille  ,  Gêner,  crust.  et  insect. ,  I,  pag.  234;  Clairv.,  Entom.  lieîv.  , 
tom.  II,  genre  Hoplitus,  XXXI;  Pauz. ,  Ind.  entom.  genus  ,  kl.,  cl 
Schœnherr. ,  Synon.  insect. ,  II,  genre  Cncmidotus. 

(3)  On  n'en  voit  bien  que  sept,  dont  le  premier  et  le  dernier  plus  longs. 


FAMILLE    DES    CARNASSIERS.  ^2g 

grands,  et  partagés  par  un  rebord,  de  manière  qu'il 
en  paraît  deux  en  dessus  et  deux  en  dessous.  Le  labre  est 
arrondi  et  très  cilié  en  devant.  Les  palpes  sont  très  pe- 
tits,  et  l'intérieur  des  maxillaires  manque  ou  avorte  dans 
plusieurs  espèces,  notamment  dans  les  plus  grandes.  Le 
corselet  est  court  et  transversal.  Les  élytres  sont  obtuses 
ou  tronquées  au  bout  postérieur,  et  laissent  à  découvert 
l'anus,  qui  se  termine  en  pointe.  Les  deux  pieds  anté- 
rieurs sont  grêles,  longs,  repliés  en  double  et  presque  à 
angle  droit  avec  le  corps ,  dans  la  contraction  ,  et  termi- 
nés par  un  tarse  fort  court,  très  comprimé,  dont  le 
dessous  est  garni  d'une  brosse  fine  et  serrée  dans  les 
mâles.  Les  quatre  autres  sont  larges,  très  minces,  comme 
membraneux  ,  et  les  articles  des  tarses  forment  de  petits 
feuillets,  disposés  en  falbalas. 

Les  gyrins  sont  en  général  de  taille  petite  ou  moyenne. 
On  les  voit,  depuis  les  premiers  jours  du  printemps  jus- 
qu'à la  fin  de  l'automne,  à  la  surface  des  eauxdorman  tes, 
et  même  Sur  celles  de  la  mer,  souvent  assemblés  en  troupes, 
y  paraître,  par  l'effet  delà  lumière,  comme  des  points 
brillants,  nager  ou  courir  avec  une  extrême  agilité,  y 
faire  des  tours  et  détours  circulaires  ,  obliques  et  dans 
toutes  les  directions,  et  de  là  le  nom  de  puce  aquatique, 
de  tourniquet,  que  des  auteurs  leur  ont  donné.  Quel- 
quefois ils  se  reposent  sans  se  donner  le  moindre  mouve- 
ment; mais  pour  peu  qu'on  les  approche  ,  ils  se  sauvent 
aussitôt  à  la  nage  et  s'enfoncent  dans  l'eau  avec  une 
grande  célérité.  Les  quatre  derniers  pieds  leur  servent 
d'avirons  ,  et  ceux  de  devant  à  saisir  leur  proie  Placés  à 
la  surface  de  l'eau  ,  le  çlessus  de  leur  corps  reste  toujours 
à  sec,  et  lorsqu'ils  plongent,  une  petite  bulle  d'air, 
semblable  à  un  globe  argentin,  reste  attachée  à  leur 
derrière.  Si  on  les  saisit,,  ils  font  suinter  de  leur  corps 
une  liqueur  laiteuse  qui  se  répand  sur  lui,  et  qui  pro- 
duit peut-être  cette  odeur  désagréable  et  pénétrante 
qu'ils  exhalent  alors,  et  qui  se  conserve  long- temps  aux 


4^0  11NSECTI£S    COLÉOPTÈRES. 

doigts.  Ils  s'accouplent  sur  la  surface  de  l'eau.  Quelque- 
fois ils  restent  au  fond  ,  accrochés  aux  plantes  :  c'est 
là  aussi  probablement  qu'ils  se  cachent  pour  passer 
l'hiver  (i).  I 

Le  G.  nageur.  (  G.  natator.  Lin.  )  Panz.  Faun.  Insect. , 
Germ.,  III ,  5  ;  De  Géer ,  Insect.,  IV  ,  xni,  4  ;  !9»  Long  de 
trois  lignes  ,  ovale  ,  très  glabre,  fort  luisant ,  d'un  noir 
bronzé  en  dessus  ,  noir  en  dessous,  avec  les  pattes  fauves. 
Ecusson  triangulaire ,  très  pointu,  un  peu  plus  long 
que  large;  élytres  arrondies  au  bout,  avec  des  petits 
points  enfoncés,  formant  des  lignes  régulières  et  longitu- 
dinales. 

La  femelle  pond  ses  œufs  sur  les  plantes  aquatiques.  Ils 
sont  très  petits,  en  forme  de  petits  cylindres,  et  d'un 
blanc  un  peu  jaunâtre.  La  larve  a  le  corps  long,  effilé  , 
linéaire  ,  composé  de  treize  anneaux  ,  dont  les  trois  pre- 
miers portent  chacun  une  paire  de  pieds.  La  tête  grande  , 
en  ovale  aîongé  et  très  aplatie,  offre  les  mêmes  parties 
que  celles  des  larves  des  dytisques;  mais,  ici  ,1e quatrième 
anneau  et  les  sept  suivants  ont,  de  chaque  côté,  un  filet 
conique,  membraneux  ,  flexible  et  barbu  sur  ses  bords. 
Le  douzième  anneau  en  a  quatre  semblables,  mais  beau- 
coup plus  longs,  et  plus  dirigés  en  arrière.  Deux  trachées 
tiès  fines  parcourent  toute  la  longueur  du  corps,  et  re- 
çoivent de  chaque  filet  un  vaisseau  artérien.  Le  dernier  an- 
neau du  corps  est  très  petit,  et  terminé  par  quatre  cro- 
chets longs  et  parallèles.  Cette  larve  vit  dans  l'eau  ,  et  en 
sortau  commencement  d'août  pour  passera  l'étatde  nym- 
phe. Elle  forme  avec  une  matière  qu'elle  tire  de  son  corps, 
et  semblable  à  du  papier  gris,  une  petite  coque  ovale, 
pointue  aux  deux  bouts,  qu'eile  fixe  aux  feuilles  de  ro- 
seau, et  où  elle  s'enferme. 

Cette  espèce  est  très  commune  en  Europe  (i). 


(i)  M.  Léon  Dufour  a  publie  dans  ies  Annales  des  sciences  naturelles 
(octobre  18^4)  quelques  observations  anatomiques  sur  ces  insectes.  L'in- 
testin prèle  est  remarquable  par  sa  longueur.  Le  ccecum  n'est  point  laté- 
ral comme  celui  des  dytisiques.  Les  organes  génitaux  mâles  diffèrent  de 
ceux  des  autres  carnassiers. 

(2)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Olivier,  col.  III,  n°  f\  t.  et  Schœn- 


FAMILLE    DES    BU ACHÉLYTRES.  ^7)  l 

La  seconde  famille  des  Coléoptères  pentamères, 

Les  BRACHÉLYTRES,  Cuv.  (Microptera,  Graven- 

liorst.) 

N'ont  qu'un  palpe  aux  mâchoires,  ou  quatre  en 
lout  ;  les  antennes,  tantôt  d'égale  épaisseur  ,  tantôt 
un  peu  plus  grosses  vers  le  bout,  sont  ordinairement 
composées  d'articles  en  forme  de  grains  ou  lenticu- 
laires; les  étuis  sont  beaucoup  pkis  courts  que  le 
corps,  qui  est  étroit  et  alongé,  avec  les  hanches 
des  deux  pieds  antérieurs  très  grandes,  et  deux  vé- 
sicules près  de  l'anus,  que  l'animal  fait  sortir  à 
son  gré. 

Ces  coléoptères  composent  le  genre 

Staphylin  (Staphylhnus)  de  Linnaeus. 

On  les  a  considérés  comme  faisant  le  passage  des  co- 
léoptères aux  forficules  ou  perce-oreilles ,  premier  genre 
de  l'ordre  suivant.  Sons  quelques  rapports,  ilsavoisinent 
encore  les  insectes  de  la  famille 'précédente,  et  sous 
plusieurs  autres  les  boucliers,,  les  nécrophores,  genre 
de  la  quatrième.  Ils  ont,  le  plus  souvent,  la  tête 
grande  et  aplatie,  de  fortes  mandibules,  des  antennes 

lierr,  Synon.  insect.  II,  n°  55.  On  trouve  encore  aux  environs  de  Paris  les 
Gyrins  minutus  et  bicolor  deFabricius.  Lefs  espèces  les  plus  grandes,  et 
toutes  exotiques,  n'ont  pas  d'ecusson  sensible,  et  leurs  palpes  ne  sont 
qu'au  nombre  de  quatre. 

M.  Mac  Leay  fils  (Annul.  javan.,  I,  pag.  3o) ,  forme  un  genre  propre  7 
sousle  nom  de  Dineutes  ,  avec  des  espèces  dont  le  labre  n'est  point  cille', 
dont  les  palpes  sont  en  massue  ,  qui  ont  les  pieds  anle'rieurs  de  la  longueur 
du  corps  ,  et  les  antennes  termine'es  un  peu  en  pointe.  Il  ne  mentionne 
qu'une  seule  espèce  ^Politus). 


452  INSECTES   COLÉOPTÈRES. 

courtes,  le  corselet  aussi  large  que  l'abdomen,  les 
étuis  tronqués  à  leur  extrémité,  et  recouvrant  néan- 
moins les  ailes,  qui  conservent  leur  étendue  ordinaire. 
Les  demi-anneaux  du  dessus  de  l'abdomen  sont  aussi 
écailleux  que  les  inférieurs.  Les  vésicules  de  l'anus  con- 
sistent en  deux  pointes  coniques  et  velues  que  l'animal 
fait  sortir  et  rentrer  à  volonté;  il  s'en  échappe  une  va- 
peur subtile ,  et  qui ,  dans  quelques  espèces ,  sent  forte- 
ment Fétber  sulfurique.  M.  Léon  Dufour  [Annales  des 
sciences  natur.  ,  t.  Vin,  pag,  16  )  a  donné  la  description 
de  l'appareil  qui  la  produit.  Le  dernier  segment  de  l'ab- 
domen, celui  où  est  l'anus,  se  prolonge  et  se  termine  en 
pointe. 

Ces  coléoptères,  lorsqu'on  les  touche  ou  qu'ils  courent, 
relèvent  le  bout  de  leur  abdomen  et  lui  donnent  toute 
sorte  d'inflexions.  Ils  s'en  servent  aussi  pour  pousser  leurs 
ailes  sous  les  étuis  et  les  y  faire  rentrer.  Les  deux  pieds 
antérieurs  ont  souvent  les  tarses  larges  et  dilatés  ;  leurs 
hanches  ,  ainsi  que  celles  des  pieds  intermédiaires  ,  sont 
fort  grandes.  Ils  vivent,  pour  la  plupart,  dans  la  terre, 
le  fumier,  les  matières  excrémentielles;  d'autres  se  trou- 
vent  dans  les  champignons,  la  carie  ou  les  plaies  des  ar- 
bres, sous  les  pierres;  quelques-uns  n'habitent  que  les 
lieux  aquatiques.  On  en  connaît  encore ,  mais  de  très 
petits  ,  qui  se  tiennent  sur  les  fleurs.  Tous  sont  voraces, 
marchent  d'une  grande  vitesse,  et  prennent  vol  très 
promptement. 

Leurs  larves  ressemblent  beaucoup  à  l'insecte  parfait; 
elles  ont  la  forme  d'un  cône  alongé,  dont  la  base  ou  la 
partie  la  plus  épaisse  est  occupée  par  la  tête,  qui  est  très 
grande;  le  dernier  anneau  se  prolonge  en  manière  de 
tube ,  et  est  accompagné  de  deux  appendices  coniques  et 
velus.  Ces  larves  se  nourrissent  des  mêmes  matières  que 
l'insecte  dans  son  dernier  état. 

Le  premier  estomac  des  staphylins  est  petit  et  sans 


FAMILLB    DES    BRACHELYTRES.  4^3 

plis;  le  deuxième  très  long  et  très  velu;  l'intestin  est 
très  court  (1). 

Ce  genre  est  considérable.  Nous  le  divisons  en  cinq  sections. 

La  première,  celle  des  F.ïssilabres  {Fissilabra)  ,  a  la 
tête  entièrement  nue  et  séparée  du  corselet,  qui  est  tantôt 
carré  ou  en  demi  ovale,  tantôt  arrondi  ou  en  cœur  tron- 
qué ,  par  un  cou  ou  un  étranglement  visible.  Le  labre  est  pro- 
fondément divisé  en  deux  lobes.  Tels  sont  : 

Les  Oxypores.  (  Oxyporits.  Fab.  ) 

* 
Dont  les  palpes  maxillaires  sont  filiformes,  et  les  labiaux 

terminés  par  un  article  très  grand  et  en  croissant. 

Les  antennes  sont  grosses,  perfoliées  et  comprimées.  Les 
tarses  antérieurs  ne  sont  point  dilatés;  le  dernier  article  et 
le  second  ensuite  sont  les  plus  longs.  Ils  vivent  dans  les 
bolets  et  les  agarics. 

VO  .roux  (Staphyliiius  rufus,  Lin.) ,  Panz.,  Faun.   insect. 

Germ.,  XVI,  19,  long  d'environ  trois  lignes,  fauve,  avec 

la  tête,  la  poitrine,  l'extrémité  et  le  bord  intérieur   des 

étuis,  ainsi  que  l'anus,  noirs(2). 

Les    Astrapees.   (  Astrap^us.  Grav.  ) 

Où  les  quatre  palpes  sont  terminés  par  un  article  plus 
grand  et  presque  triangulaire.  Les  tarses  antérieurs  sont  très 
dilatés;  le  premier  et  les  dernier  articles  sont  le  plus  longs  (3). 

(1)  Selon  M.  Dufour ,  leur  canal  alimentaire  ne  diffère  essentiellement 
de  celui  des  coîe'optères  carnassiers  que  par  l'absence  du  jabot.  Leurs 
vaisseaux  biliaires  sont  inse're's  sur  un  même  point  latéral,  et,  dans  quel- 
ques espèces  au  moins,  offrent,  vers  leur  milieu,  un  nœud  ou  une  vésicule^ 
ce  qu'on  ne  remarque  dans  aucun  insecte  Leur  appareil  ge'ne'rateur  dif- 
fère beaucoup  de  celui  des  coléoptères  carnassiers  (  Voyez  Annal,  des 
se.  nat.  (octobre,  1825). 

(2)  Ajoutez  O.  maxillosus ,  Fab.  ;  Panz.  ,  ibid.  ,  20.  Les  autres  Oxy- 
pores de  Fabricius  appartiennent  à  des  sous-genres  de  notre  quatrième 
section.  Voyez  Olivier,  Encyclop.  me'thod.,  genre  Oxypore,  et  M.  Gra- 
venhorst ,  Coleoptera  mlcroptera. 

(3)  Siaphylinus  ulmi ,  Oliv.  5  Ross.,  Faun.  etrusc.  ,  I,  v  ,  6;  Panz,  , 
ibid. ,  LXXXVIII  ,  4  ;  TjRtr  ?  ^ener.  crust.  et  insect. ,  1 ,  284. 

TOME    IV.  28 


/,34  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Staphylins  propres.  (Staphylinus.  Fab.) 

Qui  ont  tous  les  palpes  filiformes ,  et  les  antennes  insérées 
au-dessus  du  labre  et  des  mandibules,   entre  les  yeux. 

Les  uns,  et  surtout  les  mâles,  ont  les  tarses  antérieurs 
très  dilatés  ,  les  antennes  écartées  à  leur  naissance  ,  et  dont 
le  premier  article  égale  au  plus  en  longueur  le  quart  de  leur 
longueur  totale.  La  tête  est  peu  alongée.  Les  espèces  offrant 
ces  caractères  composent  seules  dans  quelques  méthodes 
le  genre  Staphylin.  On  en  a  même  séparé,  pour  en  former 
un  autre,  leiS".  dilaté  {S.  dilata  tus ,  Fab.,  Germ.,  Fa  un.  insect. 
d'Europe  ,  VI  ,  xiv  ) ,  à  raison  de  ses  antennes  formant  une 
massue  alongée  et  dentée  en  scie.  Selon  les  observations  de 
M.  Chevrolat,  entomologiste  très  zélé,  cet  insecte  se  nourrit 
de  chenilles  ,  qu'ils  va  chercher  sur  les  arbres. 

Le  S.  bourdon  {S.  hirtus ,  Lin.  )  ,  Panz.,  Faun.  insect. 
Germ.,  IV,  19,  long  de  dix  lignes  ,  noir  ,  très  velu  ,  avec 
le  dessus  de  la  tête ,  du  corselet  et  les  derniers  anneaux  de 
l'abdomen  couverts  de  poils  épais  ,  d'un  jaune  doré  et 
lustré;  étuis  d'un  gris  cendré,  avec  la  base  noire;  dessous 
du  corps  d'un  noir  bleuâtre.  — Nord  de  l'Europe,  France 
et  Allemagne. 

Le  Si  odorant  {S.  olens,  Fab.  ),  Panz.,  ibid.,  XXVII,  1, 
long  d'un  pouce,  d'un  noir  mat  ,  avec  la  tête  plus  large 
que  le  corselet ,  et  les  ailes  roussâtres.  Ses  œufs  sont  d'une 
grosseur  très  remarquable. 

Très  commun  aux  environs  de  Paris,  sous  les  pierres. 
heS.à  mâchoires  (S.  maacillosus ,Lin.) ?  Panz.,  ibid.,  2, 
ayant  près  de  huit  lignes  de  longueur,  noir,  luisant; 
tête  plus  large  que  le  corselet;  grande  partie  de  l'abdomen 
et  des  élytres  d'un  gvis  cendré  ,  avec  des  points  et  des 
taches  noires.  — Dans  la  terre  et  le  fumier. 

Le  S.  gris  de  souris  (S.  murinus,  F.),  Panz.,  ibid.,  LXVI, 
16,  long  de  quatre  à  six  lignes;  tête,  corselet  et  étuis  d'un 
bronze  foncé,  luisant,  avec  des  taches  obscures;  écusson 
jaunâtre  ,  marqué  de  deux  taches  très  noires  ;  abdomen 
noir;  majeure  partie  des  antennes  roussâtres.  —  Avec  les 
précédents. 

Le  S.  à  élytres  rouges  (S.  erythropterus  ,  Lin.  ),  Panz.) 


FAMILLE    DES    BHACHÉLYTRES.  4^5 

XXYIU ,  4  7  long  de  six  à  dix  lignes  ,  noir ,  avec  les  étuis  y 
la  base  des  antennes  et  les  pieds  fauves  (i). 
Les  autres,  dont  la  forme  est  linéaire  avec  la  tête,  et  le 
corselet  alougés,  en  forme  de  carré  long,  ont  les  antennes 
rapprochées  à  leur  base,  fortement  coudées  et  grenues; 
leurs  tarses  antérieurs  ordinairement  ne  sont  point  ou 
que  trèspeu  dilatés.  Les  jambes  antérieures  sont  épineuses, 
avec  une  forte  épine  au  bou»t.  Le  labre  est  petit.  Ceux-ci 
composent  le  genre  Xantholin  (Xantholinus)  dequelques 
eutomologistes  (a). 

Les  Pinophiles.  (  Pinophilus.  Grav.  ) 

Qui  ont  aussi  les  palpes  filiformes,  mais  dont  les  antennes 
sont  insérées  au-devant  des  yeux,  en  dehors  du  labre,  et  près 
de  la  base  extérieure  des  mandibules  (3). 

Les  Lathp.obies.  (Lathrobtum.  Grav.  — Pœderus ,  Fab.) 

Dont  les  palpes  sont  terminés  brusquement  par  un  article 
beaucoup  plus  petit  que  le  précédent,  pointu,  souvent.peu, 
distinct.  Les  maxillaires  sont  beaucoup  plus  longs  que  les 
labiaux,  et  l'insertion  des  antennes  est  la  même  que  dans 
le  genre  précédent.  Les  tarses  antérieurs  sont  très  dilatés 
dans  les  deux  sexes.  La  longueur  du  dernier  article  des 
quatre  postérieurs  égale  presque  celle  des  quatre  articles 
précédents  réunis  (4). 


(1)  P  oyez  la  Monographie  de  cette  famille  (Coleopteru  micropterd)  de 
M.  Gravenhorst  ;  Panz. ,  Index  entom. ,  pars  1 ,  pag.  208  et  suiv.  ;  Latr., 
ibid .  I,  285.  Rapportez  à  ce  genre  les  espèces  suivantes  d'Olivier  :  au- 
rais, œneus ,  hœ/norro/udalis  ,  oculalus ,  .erytlirocephalus  ,  similis,  cya  ■ 
neus  ,  pubescens  ,  cupreus ,  slercorarius  ,  brumùpes,  pilosus,  politus,  amœ- 
nus ,  en  outre  des  cinq  dont  nous  donnons  ici  la  description. 

(2)  Les  Staphylins  fulgidus ,  fulmineus  ,  pyropterus  ,  elegans ,  elonga- 
tus    ochraceusi  alternans ,  melanocephalus  de  M.  Gravenïiorst. 

(3)  Pinophilus  latipes ,  Grav.,  Amer,  septent.  ïl  est  re'uni  au  genre 
suivant  dans  son  Mantissa. 

(4)  Voyez  Gravenhorst,  Coleopt.  microp.,  et  Lair. ,  Gêner,  crust. 
et  insect. ,  I,  289.  Le  L.  elongatum  (  S.  elongatus  Lin.  ),  a  été  figure  par 
Panzer,  ibid. ,  IX ,  12;  —  Staphylinus  Unearis  ?  Oliv. ,  col.  III  ,  2 ,  iv  „ 

28* 


'  v 


436  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

La  seconde  section  ,  les  Longipalpes  (  Longipalpi  )  7  qui 
ont  aussi  la  tête  entièrement  découverte,  mais  dont  le 
labre. est  entier,  et  dont  les  palpes  maxillaires  sont  pres- 
que aussi  longs  que  la  tête,  terminés  en  massue,  formée 
par  le  troisième  article ,  avec  le  quatrième  caché  ou  très 
peu  distinct,  et  sous  la  figure  d'une  petite  pointe,  terminant 
cette  massue  lorsqu'il  est  visible  j  le  précédent  est  très  ren- 
flé. Ces  insectes  vivent  sur  lès  bords  des  eaux. 

Les  Pederes.  (  P^ederus.  Fabr.  ) 

Où  les  antennes,  insérées  devant  les  yeux,  sont  filiformes 
ou  grossissent  insensiblement,  et  plus  longues  que  la  tête; 
dont  le  corps  est  long  et  étroit,  avec  les  mandibules  dentées 
au  côté  interne  et  terminées  en  une  pointe  simple. 

Les  uns  (Pederes,  Latr.  )  ont  le  pénultième  article  des 
tarses  bifide  (i). 

Le  P.  des  rivages  (  Staphylinus  riparius ,  Panz.  Faun. 
insect.  Germ.  IX ,  1 1  ),  long  d'environ  trois  lignes,  très 
étroit  et  fort  alongé,  fauve,  avec  la  tête,  la  poitrine, 
Pextrémité  supérieure  de  l'abdomen  et  les  genoux  noirs  j 
élvtres  bleus.  Très  commun  dans  le  sable  humide,  sous 
les  pierres  ,  à  la  racine  des  arbres ,  etc. 
Les  autres  (Stiliques,  Stilicus  ,  Latr.  )  ont  tous  les  arti- 
cles des  tarses  entiers  (2). 


38.    Voyez  aussi  Gyllenh.,  Insect.  Suec.  I,  pars  II,  pag.  363  et  suiv.  , 
et  le  Catal.  de  la  collect.  de  M.  le  comte  Dejean  ,  pag.  2^. 

(1)  M.  Lefèvrea  rapporté  de  Sicile  un  insecte  voisin  des  Pe'dères,  mais 
formant  évidemment  un  nouveau  genre.  Le  quatrième  et  dernier  article 
des  palpes  maxillaires  est  ici  très  distinct,  et  les  termine  en  manière  de 
massue.  Le  dernier  des  antennes  est  plus  grand  que  le  précédent  et 
ovoïdo-conique.  La  tête  tient  au  corselet  par  un  pédicule  alongé  et  de 
niveau,  à  son  origine,  avec  la  tête.  Le  corselet  est  étroit  et  alongé.  Les 
deux  tarses  antérieurs  sont  très  dilatés;  le  premier  article  des  autres  est 
fort  long  ,  et  leur  pénultième  va  a  paru  échancré  ou  bifide.  Je  désignerai 
ce  genre  par  la  dénomination  de  Procirrus ,  et  cette  espèce  sera  consacre'e 
au  zélé  iiaturaliste«(Z,e/e&a/7)  qui  Ta  découverte. 

(2)  Voyez  Latr.,  Gêner,  crust.  et  insect.,  I,  pag.  290  et  suiv.,  et 
Gyllenh.  ,  Insect.  Suce.  I,  pars.  II,  pag.  372. 


FAMILLE    DES    BK ACHÉLYTRES.  4^7 

Les  Ev.esthetes.  (  Ev^esthetus.  Grav.  ) 

Dont  les  antennes  sont  pareillement  insérées  devant  les 
yeux,  mais  guère  plus  longues  que  la  tète  et.  presque  entiè- 
rement moniliformes  ;  le  corps  est  peu  alongé,  avec  la  tête 
aussi  large  que  le  corselet  (i). 

Les  Stenes  (  Stenus.  Latr.  ) 

Où.  les  antennes,  insérées  près  du  bord  interne  des  yeux, 
sont  terminées  par  une  massue  de  trois  articles.  Ils  ont  l'ex- 
trémité des  mandibules  fourchue  et  de  gros  yeux. 

Le  S.   à  deux  points  {Staphylinus   o.-guttatus ,   Lin.), 

Panz.,  Faun.  insect.  Germ.,  XI ,  18  ,  long  de  deux  lignes , 

tout  noir,  avec  un  point  roussâtre  sur  chaque  étui  (2). 

La  troisième  section  ,  celle  des  Denticrures.  (Denticrura), 
diffère  de  la  précédente  par  les  palpes  maxillaires  ,  qui  sont 
beaucoup  plus  courts  que  la  tête,  et  toujours  de  quatre 
articles  distincts  ;  les  jambes  antérieures  au  moins  sont  den- 
tées au  épineuses  au  côté  extérieur.  Les  tarses  qui,  dans  la 
plupart,  se  replient  sur  les  jambes,  ont  le  dernier  article 
aussi  long  ou  plus  long  que  les  précédents  pris  ensemble  j 
le  premier  ou  les  deux  premiers  sont  ordinairement  si  pe- 
tits ou  si  cachés  ,  que  leur  nombre  total  ne  paraît  être  que 
de  deux  ou  de  trois. 

Le  devant  de  la  tête,  et  quelquefois  même  le  corselet, 
est  armé  de  cornes  dans  plusieurs  mâles.  Les  antennes 
sont  insérées  devant  les  yeux. 

Les  uns,  dont  les  palpes  se  terminent  en  manière  d'alêne, 
dont  les  antennes  sont  en  majeure  partie  grenues  et  vont  en 
grossissant,  n'offrent  distinctement  que  trois  articles  aux 
tarses  (3). 

(1)  Evœsthetus  scaber ,  Grav.;  Germ.  Faun.  insect.  Europ.  ,  VII, 
i3;  Gyllenh. ,  Insect  ,  suec.  I,  pars.  II,  pag.  l\Q\.  M.  Blondel  fils,  de 
Versailles,  en  a  découvert  une- nouvelle  espèce  dans  les  environs  de  cette 
ville. 

(2)  Ajoutez  Staphylinus  juno  ,  Payk.  5 — Pœderus  proboseideus ,  Oîiv., 
col.  III  ,44;  '?  5  ï — Staphylinus  c lav ico mis ,  Panz.,  Faun.  insect.  Germ, 
XXVII,  2.  Voyez  Gravenhorst,  Coleopt.  microp.  ,*  Làtr.,  Gêner,  crust. 
et  insect.  /genre  Stenus,  et  Gyll.  ,  ibid. ,  p.  4^3. 

(3)  Si  Ton  en  excepte  les  Tacliines  ,  les  tarses  ante'rieurs  ne  sont  plus 
notablement  dilatés. 


4^8  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  OxytÈles.  (Oxytelus.  Grav.)  (i). 

Les  autres  ont  les  palpes  filiformes  et  quatre  articles  at4 
moins,  bien  apparents,  aux  tarses. 

Les  Osorius.  (  Osorius.  Leacli.  Dej.  ) 

Ont  le  corps  cylindrique,  toutes  les  jambes  élargies  et  den- 
tées; la  tête  aussi  longue  que  large,  le  corselet  presque  en 
forme  de  cœur  rétréci  et  tronqué  postérieurement,  et  les  an- 
tennes, en  majeure  partie,  grenues,  grossissant  insensible- 
ment vers  le  bout,  plus  courtes  que  la  tête  et  le  corselet;  les 
mandibules  beaucoup  plus  courtes  que  la  tête,  très  croisées, 
terminées  en  une  pointe  simple,  et  le  menton  grand  et 
en  forme  de  bouclier. 

On  n'en  connaît  qu'un  petit  nombre  d'espèces,  qu'on  n'a 
pas  encore  décrites,  et  qui  habitent  la  Guiane  française  et 
le  Brésil. 

Les  Zirophores.  (Zyrophorus.  Daim. —  Leptochire.  Germ. 
—  Irenœus.  Leach.  —  Oxytelus.  Oliv.  —  Piestus.  Grav.  ) 

Dont  le  corps  est  déprimé;  dont  les  jambes  antérieures^ 
plus  larges*  que  les  autres,  sont  seules  dentées  extérieure- 
ment; qui  ont  la  tête  transverse,  le  corselet  carré,  lés  an- 
tennes de  la  même  grosseur  partout  ,  aussi  longues  au 
moins  que  la  tête  et  le  corselet,  composées  d'articles  pour 
la  plupart  ovalaires,  ou  cylindriques  et  arrondis  aux  deux 
bouts,  et  les  mandibules  aussi  longues  que  la  tête,  et  dentées 
à  leur  extrémité  (2). 


(1)  Voyez  l'article  Oxttèle  de  l'Encyclop.  méthod.  ;  la  Monographie 
précitée  de  M.  Gravenhorst,  et  Gyllenhall,  Insect.  Suec,  I,  pars,  n , 
pag.  444. 

(2)  Voyez  Dalman ,  Anal,  entom. ,  pag.  ^3  ;  son  Z.  Fronticornis ,  iv  , 
fig.  1,  paraît  être  V Oxytelus.  bicornis  d'Olivier  (  Encyclop.  méthod.). 
Ceiui  qu'il  nomme penicillatus ,  ibid.  ,  fig.  2  ,  paraît  avoir  de  grands  rap- 
ports avec  le  Piesius  sulcatus  de  M.  Gravenhorst..  Le  Lepiochirus  scoria- 
ccus  de  M.  Germar  (Insect.  Spec.  nov. ,  1 ,  1)  est  une  espèce 'très  dis- 
tincte des  précédentes. 


FAMILLE    DES    BKAGHÉLYTKES.  4^0 

Las  Prognathes.  (Prognatha.  Latr.  ,   Blond.  —  Siagona. 

Kirby.  ) 

Qui  ne  diffèrent  guère  des  zirophores  que  par  leurs 
antennes  filiformes,  composées  d'articles  alongés  (i). 

Les  Coprophiles.  (Coprophilits.  Latr. — Omalium.  Grav ., 

Oliv.,  Gyll.  ) 

Où  le  corps  est  encore  aplati ,  mais  dont  toutes  les  jambes 
sont  dentées  ou  épineuses  extérieurement;  dont  les  antennes, 
beaucoup  plus  longues  que  la  tête,  sont  grenues,  grossis- 
sent insensiblement  vers  le  bout;  et  dont  les  mandibules 
arquées  extérieurement,  presque  en  croissant,  ne  .sont 
point  sensiblement  dentées,  et  se  prolongent  peu  à  leur 
extrémité  (2). 

La  quatrième  section ,  celle  des  Aplatis  (  Depressa  ) , 
nous  offre,  ainsi  que  la  précédente,  une  tète  dégagée,  1111 
labre  entier,  des  palpes  maxillaires  courts  et  à  quatre  arti- 
cles distincts;  mais  les  jambes  sont  simples  ou  sans  dents 
ni  épines  au  côté  extérieur  ,  et  les  tarses  ont  manifestement 
cinq  articles. 

Ici  les  palpes  sont  filiformes. 

Les  Omalies.  (Omalium.  Grav.) 

Dont  le  corselet  est  de  la  largeur  des  élytres,  plus  large 
que  la  tête,  presque  en  carré  transversal  (  avec  les  angles 
ou  du  moins  les  antérieurs  arrondis  ),  et  souvent  rebordé 
latéralement,  et  dont  les  antennes  vont  en  grossissant  vers 
leur  extrémité  (3). 

Les  LestÈves.  (  Lesteva.  Latr.  —  Antlwphagus.  Grav.  ) 

Qui  ont  le  corselet  en  forme  de  cœur,  rétréci  et  tronqué 
postérieurement,  presque  isométrique  ,  de  la  largeur  de  la 

(1)  Siagonwn  quadricorne ,  Kirb.  et  Spence,  Introd.  entom.  ,  I,  1,  5  5 
Blondel ,  Annal,  des  se.  natur.  ,  avril  1817  ,  XVÏI ,  i4_17« 

(2)  Omalium  rugosum  ,  Gravenhorst ,.  et  d'autres  espèees  à  élytres 
courtes. 

(3)  Voyez  Gravenhorst,  l'article  Omalie  de  l'Encyclop.  me'thod.,  et 
Gyllenhal ,  ibid. ,  pag.   198. 


44o  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

tête,  plus  étroit  que  les  élytres  et  les  antennes  générale- 
ment iîli formes  et  à"  articles  alongés  (i). 
Là;  les  palpes  se  terminent  en  alêne. 

Les  Micropeples.  (  Micropeplus.  Latr.  ) 

Distingués  par  leurs  antennes  finissant  en  une  massue 
solide  et  se  logeant  dans  des  fossettes  du  corselet  (2). 

Les  Protéines.  (  Proteinus.  Latr.  ) 

Où  les  antennes  grenues,  un  peu  perfoliées  et  plus  grosses 
vers  le  bout,  mais  sous  forme  de  massue  et  toujours  à  dé- 
couvert, sont  insérées  devant  les  yeux;  où.  le  corselet  est 
court,  et  dont  les  élytres  recouvrent  la  majeure  partie  de 
l'abdomen  (3). 

Les  Aléochares.  (Aleochara,  Grav.) 

Où  les  antennes  sont  insérées  entre  les  yeux  ou  près  de 
leur  bord  inférieur,  et  à  nu  ,  à  leur  naissance  ,  avec  les  trois 
premiers  articles  sensiblement  plus  longs  que  les  suivants, 
ceux-ci  pei  foliés  ,  et  le  dernier  alongé  et  conique.  Le  corselet 
est  presque  ovale,  ou  en  carré  arrondi  aux  angles  (4). 

La  cinquième  section,  les  Microcéphales  (Microcephala) , 
ont  la  tête  enfoncée  postérieurement  jusque  près  des  yeux, 

(i)  Voyez  Latr.,  Gêner,  crust.  et  insect. ,  I,  p.  296,  297;  Graven- 
horst  et  Gyllenhall ,  genre  Antliophagus. 

(2)  Voyez  Latr.,  Gêner,  crust.  et  insect. ,  IV,  p.  377  ;  Qmalium  por- 
catum  ,  Gyll.,  Insect.  Suec.  ,  I,  pars  II,  pag.  21 1;  Micropeplus  por- 
catus ,  Cliarp.  horae  entom.,  VIII,  95  —  Gyll.,  ibid. ,  O.  staphy- 
linoidesj  pag.  21 3. 

(3)  Voyez  Laîr.  ,  ibid. ,  I,  pag.  298  ,  et  les  Omalium  ovatum  et  ma- 
cropterum  de  Gravenliorst. 

(4)  Staphylinus  canaliculatus ,  Fab.  ;  Panz. ,  ibid.  ,  XXVII,  i3;  — 
Staphylinus  impressus ,  Oliv. ,  Col.  ,  ibid.  ,  v,  4i;  —  S.  BoL-li,  Lin  ; 
Oliv.  ,  Col. ,  ibid. ,  m  ,  25  ;  —  S.  collaris ,  ejusd.  ,  ibid. ,  u,  i3  ;  —  S. 
minutusj  ejusd.  ,  ibid.  ,  vi ,  53  ;  —  S.  socialis ,  ejusd. ,  ihid.  ,  m  ,  ^5  ,  et 
gëne'raleraent  les  trois  premières  familles  du  genre  .Altochara  de  Graven- 
liorst, Col.  mie,  tom.  II.  Voyez  aussi  Gyllenhall ,  Insect.  Suec.  I,  pars 
II,  pag.  377.  Riais  on  observera  que  ni  cet  auteur,  ni  M.  Gravenliorst , 
n'ont  point  assigne  aux  Ale'ochares  et  aux  Lome'chuses  de  caractères  clairs 
et  rigoureux  5  ces  deux  sons-genres  réclament  un  nouveau  travail. 


FAMILLE    DES    BRACHÉLYTRES.  44 1 

dans  le  corselet;  elle  n'est  point  séparée  par  un  cou,  ni  par 
un  étranglement  visible;  le  corselet  a  la  forme  d'un  trapèze  , 
et  s'élargit  de  devant  en  arrière. 

Ils  ont  le  corps  moins  alongé  que  les  précédents,  et  se 
rapprochant  davantage  de  la  forme  elliptique;  la  tête  beau- 
coup plus  étroite,  rétrécie  et  avancée  en  devant;  les  mandi- 
bules de  grandeur  moyenne,  sans  dentelures,  et  arquées 
simplement  à  la  pointe.  Les  élytres1,  dans  plusieurs,  recou- 
vrent un  peu  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  du  dessus  de 
l'abdomen.  Les  uns  vivent  dans  les  champignons,  sur  les 
fleurs  ,  et  les  autres  dans  les  fientes.  Fabricius  en  a  réuni 
plusieurs  espèces  avec  les  oxypores. 

Les  Lomécruses.  (  Lomechusa  ,  Aleochara.  Grav.  ) 

Qui  n'ont  point  d'épines  aux  jambes,  et  dont  les  antennes, 
depuis  le  quatrième  article,  forment  une  massue  perfoliée 
ou  en  fuseau  alongé,  et  dont  'les  palpes  sont  terminés  en 
alêne;  les  antennes  sont  souvent  plus  courtes  que  la  tête  et 
le  corselet  (i). 

Les  Tachines.  (  Tachinus.  Grav.  ) 

Qui  ont  les  jambes  épineuses  ;  dont  les  antennes  sont 
composées  d'articles  en  cône  renversé  ou  en  poire ,  et 
grossissant  insensiblement  ,  et  dont  les  palpes  sont  fili- 
formes (2). 


(1)  Les  unes  ont  le  corselet  uni  et  non  relevé'  sur  ses  bords;  telles  sont 
les  Alcochares  bipunctata,  lanuginosa ,  nitida  {StaplifUnus  bi-pustu- 
latus,  Lin.  ;  Oliv. ,  Col. ,  III ,  î\i ,  v,  ^!\)\fumata,  nana  de  Gravenhorst, 
ou  ses  familles  m-vi  (Col.  micropt. ,  tom.  2).  Les  autres  ont  les  bords  du 
corselet  relevés  et  forment  son  genre  Lomechusa  •  L.  paradoxa;  Staplif- 
Unus emarginatus  ,  Oliv.  ,  ibid. ,  11 ,  12  ;  —  L.  dentala  ,  Grav.  ;  StaplifU- 
nus slrwnosus  ,  Payk. ,  V. 

(2)  Oxyporus  subterraneus ,  Fab.  ; —  O.  bi-pustulatus ,  ejusd.,  Panz., 
Faun.  insect.  Germ. ,  XVI,  21; — O.  marginellus,  Panz.,  ibid.,  IX,  i3; 
StaplifUnus  fuscipes  ,  ibid. ,  XXVII  ,12;  —  Oxyporus  suluralis  ,  ibid.  , 
XVIII,  20  ; — O.  pygmœus,  ibid.,  27; — O   lunulatus,  ibid.  XXII,  19; 

x5  ; Staphylinus  -atricapillus ,  F.;  —  Oxyporus   merdarius ,   Panz.  , 

ibid.  ,  XXVI ,  18  ; —  StapliyUnus  striatus ,  Oliv. ,  ibid,  ;  v,  47  5  —  S.  lu- 
natus,  Lin.  Voyez  aussi,  tant  pour  ce  sous-genre  que  pour  le  suivant,  la 
seconde  partie  du  premier  volume  des  Insectes  de  Suède  de  M.  Gyllen- 


y 


44 %  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Tachypores.  (Tacryporus.  Grav.  ) 

Semblables  aux  tachines  par  les  jambes  et  les  antennes, 
mais  ayant  des  palpes  termine's  en  manière  d'alêne  (i). 

Le  genre  Callïcerus  de  M.  Gravenhoist  m'est  inconnu. 
Celui  de  Stenosthetus  de  M.  Megerle,  indiqué  dans  le  Cata- 
logue de  la  collection  des  Coléopt.  de  M.  le  comte  Dcjean, 
offre  tous  les  caractères  d'un  véritable  psélaphe,  et  doit  être 
supprimé  ;  telle  est  aussi  maintenant  l'opinion  de  ce  dernier 
naturaliste. 

La  troisième  (2)  famille  des  Coléoptères  Pen- 

tamères  , 

Les  SERRIÇORNES  (Serricornes), 

Ne  nous  offrent,  ainsique  la  famille  précédente  et 
les  suivantes  du  mêmeordre,que  quatre  palpes. Leurs 


hall.  On  y  trouve  d'excellentes  remarques  sur  les  différences  sexuelles  de 
plusieurs  espèces,  et  dont  l'application  pourrait  être  très  utile. 

Les  Tachines  qui,  telles  que  l' Alricopillus ,  ont  le  corselet  presque 
aussi  long  que  large ,  le  museau  avance',  les  quatre  tarses  postérieurs  sen- 
siblement plus  longs  que  leurs  jambes  respectives,  paraissent  devoir  for- 
mer une  coupe  particulière. 

(i)  Oxyporus  niftpes ,  Fab.  ;  Panz.  ,  ibid.,  XXVII,  205  —  O.  mar- 
ginatus  ,  F.;  Panz,  ibid.,  17-  —  O.  chrysomelinus ,  F.;  Panz..  ibid.  , 
IX,  \l\\  —  O.  analis  ,  F. 5  Panz.,  ibid. ,  XXII,  16; — O.  abdominalis,  F. 

(2  Les  Boucliers  ou  Silpha  sont  les  seuls  coléoptères  pentamères  qui 
présentent,  ainsi  que  les  précédents,  un  appareil  excrémentiel,  encore 
n'est-il  point  binaire,  comme  dans  ceux-ci,  et  le  conduit  extérieur  se  dé- 
gorge directement  dans  le  rectum  ,  comme  l'urèthre  des  oiseaux.  Il  paraî- 
trait donc,  d'après  ces  rapports,  que  les  Boucliers  devraient  venir ,  ainsi 
que  d'autres  Clavicornes ,  immédiatement  après  les  Brachélytres.  D'autres 
considérations  m'avaient  conduit  au  même  rapprochement.  [Voyez  la 
Préface  de  mon  ouvrage  intitulé.  Considérations  générales  sur  l'ordre  na- 
turel des  crustacés,  etc.).  Suivant  M.  Léon  Dufour,  qui  m'a  fourni  ces 
observations  anatomiques  ,  les  conduits  hépatiques  des  Buprestides  et  des 
Éntérides,  ou  de  mes  Sternoxes,  ressemblent,  par  leur  nombre,  leur 
longueur  et  leur  mode  d'insertion  ,  à  ceux  des  Carabiques.  Les  Lampyres 
et  les  Mély rides  n'ont  aussi  que  deux  vaisseaux  hépatiques,-  mais  il  y  en 


FAMILLE    DES    SERRICORWES.  44^ 

élytres  recouyeut  l'abdomen  ,  ce  qui  les  distingue 
avec  quelques  autres  caractères  des  brachélytres , 
dont  nous  venons  de  faire  l'exposition.  Les  an- 
tennes, à  quelques  exceptions  près,  sont  de  la 
même  grosseur  partout ,  ou  plus  menues  à  leur 
extrémité,  dentées  ,  soit  en  scie,  soit  en  peigne  ,  ou 
formant  même  l'éventail,  et  plus  développées  sous 
ce  rapport  dans  les  mâles.  Le  pénultième  article  des 
tarses  est  souvent  bilobé  ou  bifide.  Ces  caractères 
se  présentent  très  rarement  dans  la  famille  sui- 
vante ,  celle  des  clavicornes ,  et  à  laquelle  on  arrive 
par  des  transitions  si  nuancées  ,  qu'il  est  très  difficile 
d'assigner  rigoureusement  ses  limites. 

Les  uns,  dont  le  corps  est  toujours  de  consistance 
ferme  et  solide  ,  le  plus  souvent  ovale  ou  elliptique , 
avec  les  pieds  en  partie  contractiles  ,  ont  la  tête 
engagée  verticalement  jusqu'aux  yeux  dans  le  cor- 
selet; et  le  présternum,  ou  la  portion  médiane  de 
cette  dernière  partie  du  corps ,  alongé,  dilaté,  ou 
avancé  en  devant  jusques  sous_la  bouche,  distingué 
ordinairement  de  chaque  côté,  par  une  rainure  où 
s'appliquent  les  antennes  (toujours  courtes),  et 
prolongé  postérieurement  en  une  pointe ,  reçue 
dans  un  enfoncement  de  l'extrémité  antérieure  du 
inésoslernum.  Ces  pieds  antérieurs  sont   éloignés 


a  quatre  dans  les  Te'le'phores,  les  Lycus  et  les  Ptiniores.  Les  Malachies  , 
lés  Drilles  et  les  Vrillettes,  sont,  de  tous  les  insectes  delà  famille  des  Serri- 
corues  dont  il  a  étudie  l'organisation  ,  ceux  où  le  tube  alimentaire  est  le 

plus  lon^. 


444  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

de   l'extrémité   antérieure  du   corselet.  Ces  serri- 
cornes  formeront  une  première  section,    celle  des 

Steknoxes  (  Slernoxi  ). 

D'autres,  ayant  aussi  la  tête  engagée  postérieu- 
rement dans  le  corselet,  ou  du  moins  recouverte 
par  lui  à  sa  base*,  mais  dont  le  présternum  n'est 
point  dilaté  et  avancé  antérieurement  en  manière 
de  mentonnière  ,  ni  ordinairement  (i)  terminé  pos- 
térieurement en  une  pointe  reçue  dans  une  cavité 
du  mésosternum  ;  dont  le  corps  est  le  plus  souvent, 
en  tout  ou  en  partie  ,  de  consistance  molle  ou 
flexible,  composeront  une  seconde  section,  celle 
des  Malacodermes    (  Malacodermi). 

Une  troisième  et  dernière,  celle  des  Lime-bois  , 
(  Xjlotrogi  ) ,  comprendra  des  serricornes  dont 
le  présternum  n'est  point  pareillement  prolongé  à. 
son  extrémité  postérieure  ,  mais  dont  la  tête  est 
entièrement  à  découvert  et  séparée  du  corselet, 
par  un  étranglement  ou  espèce  de  cou. 

Nous  diviserons  les  Sternoxes  en  deux  tribus. 
La  première ,  celle  des  Buprestides  {Buprestides) , 
a  la  saillie    postérieure,  du  présternum  aplatie  et 
point  terminée  en  une  pointe  comprimée  latérale- 
ment, et  simplement  reçue  dans  une  dépression  ou 

(i)  Les  Cébrions  font  exception  et  se  rapprochent,  à  cet  égard,  des 
Taupins  ;  mais  l'extrémité'  inférieure  du  présternum  ne  s'avance  point,  sur 
Je  dessous  de  la  tête.  Les  mandibules  sont  avancées,  arquées  et  simples; 
les  palpes  sont  filiformes;  les  pieds  ne  sont  point  contracliles,  et  les  deux 
antérieurs  sont  peu  éloignés  ,  à  leur  naissance ,  de  l'extrémité  antérieure 
du  corselet,  et  très  rapprochés. 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  445 

dans  une  échancrnrë  du  mésosternum.  Les  man- 
dibules se  terminent  souvent  en  une  pointe  en- 
tière ou  sans  échancrure  ni  fissure.  Les  angles 
postérieurs  du  corselet  ne  sont  point  ou  très  peu 
prolongés.  Le  dernier  article  des  palpes  est  le  plus 
souvent  presque  cylindrique,  guère  plus  gros  que 
les  précédents,  et  globuleux  ou  ovoïde  dans  les 
autres.  La  plupart  de  ceux  des  tarses  sont  commu- 
nément larges  ou  dilatés,  et  garnis  en  dessous  de 
pelottes.  Ces  insectes  ne  sautent  point,  caractère 
qui  les  distinguent  éminemment  de  ceux  de  la  tribu 
suivante  (i)  ;  ils  composent  le  genre 

Bubreste  (  Buprestis)  de  Linnœus. 

La  dénomination  générique  de  Richard  donnée  par 
Geoffroy  à  ces  coléoptères,  nous  annonce  la  beauté  de 
leur  parure.  Plusieurs  espèces  indigènes  et  beaucoup 
d'exotiques,  d'ailleurs  remarquables  par  la  grandeur  de 
leur  taille,  ont  l'éclat  de  l'or  poli  sur  un  fond  d'éme- 
raude;  dans  d'autres,  l'azur  brille  sur  l'or,  où  sont  réu- 
nies plusieurs  autres  couleurs  métalliques.  Leur  corps, 
en  général,  est  ovale,  un  peu  plus  large  et  obtus,  ou 
tronqué  ,  en  devant,  et  rétréci  en  arrière  depuis  la  base 
de  l'abdomen,  qui  occupe  la  plus  grande  partie  de  sa 
longueur.  Les  yeux  sont  ovales,  et  le  corselet  est  court 
et  large.  L'écusson  est  petit  ou  nul.  L'extrémité  des 
élytres  est  plus  ou  moins  dentée  dans  un  grand  nombre. 
Les  pieds  sont  courts. 

(  i)  Les  insectes  de  celte  tribu  diffèrent  encore  de  tous  les  autres  de 
cette  famille  par  leurs  trache'es  vesiculaires,  tandis  qu'elles  sont  tubulain  s 
dans  les  autres  serricornes.  Voyez  les  Observations  anatomiques  de 
M.  Léon  Pu  four. 


446  INSECTES    COLÉOPTÈUES. 

Ils  marchent  lentement,  mais  leur  vol  est  très  agile  , 
lorsque  le  temps  est  chaud  et  sec.  Si  on  veut  les  saisir, 
ils  se  laissent  tomber  à  terre.  Les  femelles  ont  à  l'extré- 
mité postérieure  de  l'abdomen,  une  partie  coriace  ou 
écornée,  en  forme  de  lame  conique,  composée  de  trois 
pièces  (les  derniers  anneaux  )  ,  et  qui  est  probablement 
une  tarière  avec  laquelle  elles  déposent  leurs  œufs  dans  le 
bois  sec,  où  vivent  leurs  larves.  On  rencontre  plusieurs 
des  petites  espèces  sur  les  fleurs  et  les  feuilles;  mais  les 
autres  se  tiennentpourla  plupart  dans  les  forèts.,îescham- 
tiers  :  ils  éclosent  quelquefois  dans  les  maisons,  y  étant 
transportés  en  état  de  larve  ou  de  nymphe,  avec  le  bois. 

Tantôt  les  antennes  sont  tout  au  plus  en  scie.  Les  articles 
intermédiaires  des  tarses  sont  en  forme  de  cœur  renversé  et 
le  pénultième  au  moins  est  bifide.  Les  palpes  sont  filiformes 
ou  légèrement  plus  épais  au  bout.  Les  mâchoires  sont  bi- 
lobées. 

Les  Richards  propres.  (  Buprestis,  Lin .) 

Dont  les  antennes  sont  de  la  même  grosseur  partout,  et 
en  scie,  depuis  le  troisième  ou  quatrième  article. 

Les  uns  n'ont  point  d'écusson. 

Le  R.  à  faisceaux  {B.  fasciculata.  Lin.),  01iv.,Col.  1 1,  3?^ 
IV,  38,  long  d'environ  un  pouce,  ovoïde,  convexe,  très 
ponctué  et  ridé,  d'un  vert  doré  ou  cuivreux,  quelquefois 
obscur,  avec  de  petites  touffes  de  poils  jaunâtres  ou  rou- 
geâtres  ;  étuis  entiers.  —  Au  cap  de  Bonne-Espérance,  et 
quelquefois  en  si  grande  abondance  sur  le  même  arbuste, 
qu'il  semble  tout  chargé  de  fleurs. 

Le  R.  sternicorne  {B.  sternicornis,  Lin.),  Oliv.,  Col.  ibid.y 
vi ,  5»,  a ,  un  peu  plus  grand,  même  forme,  d'un  vert  un  peu 
doré,  très,  brillant;  de  gros  points  enfoncés,  dont  le  fond 
est  garni  d'écaillés  blanchâtres,  sur  les  étuis  :  trois  dents  à 
leur  extrémité;  sternum  postérieur  avancé  en  forme  de 
corne.  —  ïndes  orientales. 

Le  R.  chrysis(B.  chrjsis,  Fab.),  Oliv.,  ibid.y  II,  8,  vi,  52  , 
b,  diffère  du  précédent  par  les  étuis  d'un  brun  marron  et 
sans  taches  blanchâtres. 


FAMILLE    DES    SERKICOH1SES.  44  7 

Le  R.  bande-dorée  (B.  vittata  F.),  Oliv. ,  ibid.,  M,  17, 
long  de  près  d'un  pouce  et  demi ,  plus  étroit  et  plus  alongé 
que  les  précédents,  déprimé,  d'un  vert  bleuâtre;  quatre 
lignes  élevées  et  une  bande  dorée  et  cuivreuse  sur  chaque 
étui ,  dont  le  bout  a  deux  dents.  —  Des  Indes  orientales. 

Le  R.  ocellé  (  B.  ocellata  F.  ),  Oliv.,  ibid.,  I,  3,  presque 
semblable,  pour  la  taille  et  la  forme,  a  sur  chaque  étui  une 
grande  tache  jaune  et  phosphorique ,  située  entre  deux 
autres  de  couleur  d'or  ;  le  bout  de  chaque  étui  est  terminé 
par  trois  dents. 

Les  autres  ont  un  écusson. 

Le  R.  géant  (B.  g/gm  Lin.),  Oliv.,  ibid.,1,  1,  long  de  deux 
pouces;  corselet  cuivreux,  mêlé  de  vert  brillant ,  avec  deux 
grandes  taches  lisses,  couleur  d'acier  bruni  ;  étuis  terminés 
par  deux  pointes,  cuivreuses  dans  leur  milieu,  d'un  vert 
bronzé  sur  leurs  bords,  avec  des  points  enfoncés,  des  lignes 
élevées  et  des  rides.  —  De  Cayenne. 

Nous  citerons  parmi  les  espèces  de  notre  pays, 
Le  jR.  à  fossettes  (  B.  affinis.  F.  ),  B.  clirysostigma ,  Oliv. , 
ibid. y  VI,  54,  bronzé  en  dessus,  cuivreux  et  brillant  en  des- 
sous, dont  les  élytres,  dentelées  en  scie  à  leur  pointe,  ont 
trois  lignes  longitudinales  élevées,  et  deux  impressions  do- 
rées sur  chacune. 

Le  R.vert  (B.  viridis.  Lin.),  Oliv.,  ibid.  XI,  127  ,  long 
d'environ  deux  lignes  et  demie,  à  forme  linéaire,  d'un 
vert  bronzé,  avec  les  étuis  entiers  et  pointillés.  —  Sur 
les  arbres. 

Fabricius  a  détaché  des  richards  propres  ceux  qui  ont  le 
corps  court  ,  plus  large  proportionnellement  et  presque 
triangulaire  ;  le  front  excavé,  le  corselet  transversal  et  lobé 
postérieurement,  et  les  tarses  fort  courts,  avec  les  pelotes 
larges;  les  cinq  derniers  articles  des  antennes  forment  seuls 
des  dents  de  scie;  les  précédents,  à  l'exception  des  deux 
premiers,  sont  petits,  presque  grenus ,  ou  en  cône  renversé; 
les  deux  premiers  sont  beaucoup  plus  gros.  Ces  espèces  com- 
posent le  genre  Ïrachys  (  trachys).  De  ce  nombre  (1)  est 

(1)  Voyez  les  autres  espèces  cite'es  par  Fabricius,  System,  cleut. ,  ÎI , 
ai8,  et,  quant  aux  divisions  à  établir  dans  ce  genre  nombreux ,  l'ou- 
vrage de  M.  Schœnherr  sur  la  synonymie  des  insectes. 


448  IINSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Le  R.  nain  {B.  minuta  Lin.  ),  Oliv.,  ibid.,  II,  i4|,  noir  en 
dessous,  d'un  brun  cuivreux  en  dessus,  avec  le  milieu  du 
front  enfoncé,  le  corselet  sinué  à  son  bord  postérieur,  et 
des  raies  blanchâtres,  ondées,  formées  par  des  poils  et 
transverses,  sur  les  étuis.  — Commun  sur  le  coudrier,  dont 
il  ronge  les  feuilles. 

Les  Aphanistiques.  (  Aphanisticus.  Latr.  ) 

Ont  les  antennes  terminées  en  une  massue  brusque, 
oblongue,  comprimée,  légèrement  en  scie,  formée  par  les 
quatre  derniers  articles.  Le  dernier  des  palpes  est  un  peu 
plus  gros,  presque  ovalaire.  L'entre  -  deux  des  yeux  est 
excavé ,  ainsi  que  dans  les  trachis.  On  en  connaît  deux  ou 
trois  espèces,  toutes  très  petites  et  à  forme  linéaire  (i). 

Tantôt  les  antennes  sont  très  pectinées  (  d'un  seul  côté  ) 
dans  les  mâles,  fortement  en  scie  dans  l'autre  sexe;  les  arti- 
cles des  tarses  sont  presque  cylindriques  et  entiers;  les 
palpes  sont  terminées  par  un  article  beaucoup  plus  gros 
que  les  précédents  et  presque  globuleux.  Les  mâchoires  se 
terminent  par  un  seul  lobe. 

Les  Melasis.  (Mélasis.  Oliv.) 

Leur  corps  est  cylindrique,  et  les  angles  postérieurs  du 
corselet  sont  prolongés  en  une  dent  aiguë,  caractères  qui, 
de  même  que  ceux  pris  des  tarses  et  des  palpes,  annoncent 
que  ces  insectes  font  le  passage  de  cette  tribu  à  la  sui- 
vante (2). 

La  seconde  tribu  ,  celle  des  Elatérides,  ne  diffère 

essentiellement  de  la  précédente  qu'en  ce   que  le 

stylet    postérieur  de  l'avant-sternum ,   terminé  en 

une  pointe  comprimée  latéralement  et   souvent  un 

peu  arquée  et  unidentée,    s'enfonce  à  la  volonté 


(1)  Buprestis  emarginata ,  F.,   Oliv.,  ibid. ,   x,    1)6;   Germ.    Faun. 
insect.  Europ,  III  ,9;  —  ejusd. ,  Buprestris  lineola ,  ibid. ,  10. 

(2)  Melasis  buprestoides ,  Oliv.  ,  II,  3o ,  1 ,   1  ;  —  Melasis  elateroides  , 
Illift. ,  différant  suivant  lui ,  de  Y  dater  buprestoides  de  Linuaeus. 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  44Q 

cle  l'animal,  dans  une  cavité  de  la  poitrine  ,  située 
immédiatement  au-dessus  de  la  naissance  de  la 
seconde  paire  de  pieds,  et  que  ces  insectes,  pla- 
cés sur  le  dos ,  ont  la  faculté  de  sauter  (  voyez  ci- 
après  ).  Ils  ont,  pour  la  plupart,  des  mandi- 
bules échancrées  ou  fendues  à  leur  extrémité,  les 
palpes  terminés  par  un  article  beaucoup  plus  grand 
que  les  précédents,  en  forme  de  triangle  ou  de 
hache,  et  les  articles  des  tarses  entiers.  Celte  tribu 
ne  comprend  que  le  genre 

Taupin  (Elater)  deLinnœus. 

Leur  corps  est  généralement  plus  étroit  et  plus  alongé 
que  celui  des  bupreslides,  et  les  angles  postérieurs  du  cor- 
selet se  prolongent  en  pointe  aiguë  ,  en  forme  d'épine. 

On  les  a  nommés  en  français  scarabées  a  ressort ,  et 
en  latin  notopeda,  elater.   Couchés  sur    le   dos,  et    ne 
pouvant  se  relever^  à  raison  de  la  brièveté  de  leurs  pieds, 
ils  sautent  et  s'élèvent  perpendiculairement  en  l'air  jus- 
qu'à ce  qu*ils  retombent  dans  leur  position  naturelle  ou 
sur  leurs  pieds.  Pour  exécuter  ces  mouvements,  ils  les 
serrent  contre  le  dessous  du  corps  ,  baissent  inférieure- 
ment  la  tête,  et  le  corselet,  qui  est  très  mobile  de  haut 
en  bas ,  puis  ,  rapprochant  cette  dernière  partie  de  l'ar- 
rière-poitrine,   ils  poussent   avec    force   la   pointe    du 
prés  ter  nn  m  contre  le  bord  du  trou  situé  en  avant  du 
mésosternum,  où  elle   s'enfonce   ensuite  brusquement 
et  comme  par  ressort.  Le  corselet  avec  les  pointes  laté- 
rales,  la  tète,  le  dessus  desélytres,  heurtant  avec  force 
contre  le  plan  de  position  ,  surtout  s'il  est  ferme  et  uni, 
concourent  ,  par  leur  élasticité ,  à  faire  élever  le  corps 
er  l'air.  Les  côtés  de  l'avant-sternum  sont  distingués  par 
une  rainure  où  ces  insectes  logent ,  en  partie,  leurs  an- 
TOME   IV.  29 


/f5o  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

ternies,  qui  sont  en  peigne  ou  en  longues  barbes,  dans 
plusieurs  mâles.  Les  femelles  ont  à  l'anus  une  espèce  de 
tarière  alongée ,  avec  deux  pièces  latérales  et  pointues 
au  bout  ,  entre  lesquelles  est  l'oviducte  proprement 
dit. 

Les  taupins  se  tiennent  sur  les  fleurs,  les  plantes,  et 
même  à  terre  ou  sur  le  gazon  ;  ils  baissent  la  tête  en  mar- 
chant, et  quand  on  les  approche,  ils  se  laissent  tomber 
à  terre,  en  appliquant  leurs  pieds  sous  le  dessous  du 
corps. 

De  Géer  a  décrit  la  larve  d'une  espèce  de  ce  genre 
(undulatus).  Elle  est  longue,  presque  cylindrique,  pour- 
vue de  petites  antennes,  de  palpes  ,  de  six  pieds,  a  douze 
anneaux  couverts  d'une  peau  écailleuse ,  dont  celui  de 
l'extrémité  postérieure  forme  uqe  plaque  rebordée  et  an- 
guleuse sur  les  bords  avec  deux  pointes  mousses  et  cour- 
bées en  dedans;  au-dessous  est  un  gros  mamelon  charnu 
et  rétractile,  qui  fait  l'office  de  pied.  Elle  vit  dans  le 
terreau  de  bois  pourri  ;  on  en  trouve  aussi  dans  la  terre. 
Il  paraît  même  que  celle  du  T.  strié  de  Fabricius  ronge 
les  racines  du  blé  ,  et  fait  beaucoup  de  dégât  lorsqu'elle 
se  multiplie. 

L'estomac  des  taupins  est  long,  ridé  en  travers,  quel- 
quefois gonflé  à  la  partie  postérieure  ;  leur  intestin  est 
médiocre. 

On  peut  rapporter  à  deux  divisions  principales  Jes  divers 
sous-genres  qu'on  a  formés  dans  cette  tribu.  Ceux  dont  les 
antennes  peuvent  se  loger  entièrement  dans  des  cavités  in- 
férieures du  corselet  composeront  la  première. 

Tantôt  elles  sont  reçues  ,  de  chaque  côté,  dans  une  rai- 
nure longitudinale  ,  pratiquée  immédiatement^au-dessous 
des  bords  latéraux  du  corselet,  et  toujours  filiformes  et  sim- 
plement en  scie.  Les  articles  des  tarses  sont  toujours  entiers 
et  sans  prolongements,  eu  forme  de  palette,  en  dessous.  Le 
corselet  est  convexe  ou  bombé  ,  du  moins  sur  les  côtés,  et 
se  dilate  vers  les  angles  postérieurs  en  manière  de  lobe, 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  4^>  t. 

allant  en  pointe,  ou  triangulaire.  Ces  insectes  se  rapprochent 
des  buprestides. 

Les  Galba.  (Galba.  Lat.  ) 

Dont  les  mandibules  se  terminent  en  une  pointe  simple; 
dont  les  mâchoires  n'offrent  qu'un  seul  lobe;  dont  le  der- 
nier article  des  palpes  est  globuleux  et  le  corps  presque  cy- 
lindrique (i). 

Les  Eucnémis.   (  Eucnemis.  Arh.  ) 

Où  les  mandibules  sont  bifides  et  les  mâchoires  bilobées  ; 
où.  le  dernier  article  des  palpes  est  presque  en  forme  de  ha- 
che et  le  corps  presque  elliptique  (2). 

Tantôt  les  antennes,  quelquefois  en  massue,  se  logent, 
du  moins  en  partie  ,  soit  dans  les  rainures  longitudinales 
des  bords  latéraux  du  présternum ,  soit  dans  des  fossettes 
situées  sous  les  angles  postérieurs  du  corselet.  Les  tarses  ont 
souvent  des  petites  palettes,  formées  par  le  prolongement 
des  pelottes  inférieures,  ou  le  pénultième  article  est  bifide. 

Quelques-uns,  à  antennes  filiformes,  ont  les  articles  des 
tarses  entiers  et  sans  palettes  en  dessous;  les  deux  pattes  an- 
térieures se  logent,  dans  la  contraction  ,  dans  des  enfonce- 
ments latéraux  du  dessous  du  corselet.  Tels  sont 

Les  Adelocères.  (Adelocera.  Lat.)  (3). 

D'autres,  à  antennes  pareillement  de  la  même  grosseur  par- 
tout ,  ont  les  articles  des  tarses  entiers  ,  mais  avec  les  pelottes 


(1)  J'en  ai  vu  trois  espèces  eL  toutes  du  Brésil.  L'une  a  de  grands  rap- 
ports avec  le  Melasis  tuberculata  de  M.  Dalman  (Anal,  entorn.).  Les  mâ- 
choires se  terminent  par  un  lobe  très  petit  et  pointu. 

(2)  M.  le  comte  de  Mannlierheim  a  publie' une  très  belle  Monographie 
de  ce  sous-genre  ,  dont  on  a  donne'  un  extrait  et  reproduit  les  planches 
dans  le  troisième  volume  des  Annales  des  sciences  naturelles.  J'y  ai 
ajouté  quelques  observations  sur  la  trop  grande  étendue  que  ce  savant  a 
donné  à  ce  sous-genre.  L'espèce  qu'il  nomme  Capucinus  est ,  selon  moi, 
la  seule  qui  doive  y  rester ,  et  telle  fut  d'abord  l'opinion  de  celui  qui 
l'établit. 

(3)  Elater  ovales ,  Germ.  ;  —  Elater  fuscus  ,  Fab. ,  et  quelques  autres 
des  Indes  orientales,  rapportés  par  M.  de  Labillardière. 

29* 


^02  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

inférieures  prolongées  et  avancées  en  manière  de  petites  pa- 
lettes ou  de  lobes.  Leur  tête  est  découverte.  Ce  sont 

Les  Lissomes  (Lissomls.  Daim. —  Lissodes.  Lat. — 
Drapetes.  Meg.  f  Dej.)  (i). 

D'autres  à  antennes  pareillement  filiformes  ,  mais  dont  le 
second  et  troisième  article  plus  grands  que  les  suivants  et 
aplatis,  se  logeant  seuls  dans  les  rainures  sternales;  les  tarses 
sont  semblables  à  ceux  des  lissomes;  la  tête  est  cachée  en 
dessous  et  comme  recouverte  par  un  corselet  demi  circu- 
laire, où.  elle  est  enfoncée.  Tels  sont 

Les  Chelonaires.  (  Chelonàrtum.  Fab.  ) 

Les  antennes,  dans  le  repos,  s'étendent  parallèlement  le 
long  de  la  poitrine;  le  premier  et  le  quatrième  article  sont 
les  plus  petits  de  tous;  les  sept  suivants  sont  de  la  même 
grandeur,  et ,  à  l'exception  du  dernier  qui  est  ovoïde, 
presque  en  forme  de  cône  renversé  et  égaux.  Le  corps  est 
ovoïde,  avec  les  jambes  antérieures  plus  larges  que  les  au- 
tres. Toutes  les  espèces  connues  sont  de  l'Amérique  méri- 
dionale (a). 

Le  dernier  sous-genre  de  cette  première  division  ,  celui 

De  Throsque.  (Throscus.  Lat. —  Trixagus*  Kugel.  , 
Gyllenh.  — Elater.  Lin.) 

Se  distingue  de  tous  ceux  de  cette  tribu  par  ses  antennes 
terminées  en  une  massue  de  trois  articles,  et  logée  dans  une 
cavité  latérale  et  inférieure  du  corselet.  Le  pénultième  arti- 
cle des  tarses  est  bifide.  La  pointe  des  mandibules  est  en- 
tière (3). 

(1)  Daim.,  Epliera.  entom.  ,  1824.  Son  Lissomus  punctulatus  a  de 
grands  rapports  avec  le  Drapetes  castaneus  de  M.  le  comtDajean,  et 
Y  Elater  lœvigatus  de  Fabricius. 

L'Europe  possède  une  espèce  de  ce  sous-genre,  YEl0er  equestris  de 
celui-ci,  figuré  par  Panzer,  Faun.  iusect.  Germ.,  XXXI,  21. 

(2)  Fab.,  Syst.  eleut. ,  I ,  10 1  ;  Lat. ,  Gêner,  crust  insect. ,  I,  vin;  7 
et  II,  44)  '1  Daim.,  Epliem.  entom. ,  1824,  pag.  29. 

(3)  Elater  dermesloides  ,  Lin.;  E.  clavicornis,  Oliv. ,  col  ;  II ,  3i, 
VIII,  85,  a,  b.;  Dermestes  adslrictor,  Fab.;  Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ., 
LXXV ,  i5.  Sa  larye  vit  dans  le  bois  du  chêne. 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  4^5 

Notre  seconde  division  de  cette  tribu  comprendra  tous 
les  élatérides  dont  les  antennes  sont  toujours  à  découvert  ou 
extérieures. 

Nous  en  détacherons  d'abord  ceux  dont  le  dernier  article 
des  palpes,  des  maxillaires  surtout,  est  beaucoup  plus  grand 
que  les  précédents,  presque  en  forme  de  hache.     ' 

Un  seul  sous-genre,  celui 

De  Cerophyte.  (Cerofrytum.  Lat.) 

S'éloigne  des  suivants  par  ses  tarses,  dont  les  quatre  pre- 
miers articles  courts,  en  forme  de  triangle,  et  dont  le  pénul- 
tième article  est  bifide. 

Les  antennes  des  mâles  sont  branchues  au  côté  interne, 
la  base  du  troisième  article  et  dés  suivants  se  prolongeant 
en  un  rameau  élargi  et  arrondi  au  bout;  celles  de  la  femelle 
sont  en  scie  (i). 

Dans  tous  les  autres  sous-genres,  les  articles  des  tarses  sont 
presque  cylindriques  et  entiers. 

Tantôt  la  tête  s'enfonce  jusqu'aux  yeux  dans  le  corselet. 
L'extrémité  antérieure  du  présternum  s'avance  sur  le  dessous 
de  la  tête  et  son  bord  est  arqué. 

Quelques-uns  ont  le  labre  et  les  mandibules  cachés  par 
l'extrémité  antérieure  du  présternum  ,  le  chaperon  ou  épi- 
stome  étant  élargi  et  s'appliquant  sur  cette  partie.  Tels  sont  : 

Les  Cryptostomes.  (  Cryptostoma.  Dej.  —  Elater.  Fab.  ) 

Qui  ont  l'angle  interne  du  sommet  du  troisième  article 
des  antennes  et  des  sept  suivants  se  prolongeant  en  manière 
de  dent  •  les  second  et  quatrième  articles  plus  courts  ,  le  der- 
nier long  et  étroit,  et  un  rameau  droit  et  linéaire  au  côté 
interne  du  troisième,  près  de  son  origine. 

Les  mandibules  sont  unidentées  sous  la  pointe.  Les  mâ- 
choires ne  présentent  qu'un  seul  lobe  ;  elles  sont,  ainsi  que 

(i)  Latr. ,  Gen.  crust.  et  insect. ,  IV,  ?f]B.  Le  Melasis  sphondrloides 
de  Germar,  Faun.  insect.  Europ,  XI,  5,  a  une  grande  affinité  avec  la 
ienielle  de  l'espèce  servant  de  type.  Le  Melasis  picea  de  Palisot  de  Beau- 
vois ,  Insect.  d'Air,  et  d'Amer. ,  VII  ,  i  ,  a  aussi  de  l'analogie  avec  les 
Cérophytes. 


4-5/+  INSECTES.  COLÉOPTÈHES. 

la  languette,  petites  et  membraneuses.  Les  palpes  sont  très 
courts.  Les  tarses  sont  petits ,  menus  et  presque  sétacés. 

La  seule  espèce  connue   {Elater  denticornis,  Fab.)  se 

trouve  à  Cayenne ,  d'où 'elle  a  été  envoyée  au  Muséum 

d'histoire  naturelle  par  M.  Banon. 

Les  Nématodes.  (Nematodes.  Lat.  ) 

Où  les  antennes  ont  le  premier  article  alongé  ,  les  cinq 
suivants  en  cône  renversé  ,  égaux  ,  à  l'exception  du  premier 
d'entre  eux  ou  du  second  ,  qui  est  un  peu  plus  court,  et  les 
cinq  derniers  plus  épais,  presque  perfoliés,  et  celui  du  som- 
met ovoïde. 

Le  corps  est  presque  linéaire  (i). 

Le  labre  elles  mandibules  sont  maintenant  découverts. 

Ici  ,  les  antennes  des  mâles  sont  terminées  en  éventail.  Ce 

sont 

Les  Hémirhipes.  (Hemirhipus.  Lat.) 

Les  espèces  sont  toutes  exotiques  (12). 

Là,  ces  organes,  dans  le  même  sexe,  sont  pectines,  dans 
leur  longueur. 

Les  Cteniceres.  (Ctecjicera.  Lat.)  (3). 

Dans  le  sous-genre  suivant,  ou 

Les  Taupiks  proprement  dits  (Elater), 

Les  antennes  des  mâles  sont  simplement  en  scie  (4). 

Le  T.  cucujo  (E.  noctilucus ,  Lin.),  Oliv.,  col.,  II,  3i, 
11  ,  i47  a,  iong  d'un  peu  plus  d'un  pouce,  d'un  brun 
obscur,  avec  un  duvet  cendré;  une  tache  jaune,  ronde  , 
convexe,  luisante,  de  chaque  côté  du  corselet,  près  de  ses 

(1)  JEunemisfilum,  Manner. 

(2)  Elater flabellicornis ,  Fab.  •  ejusd.  ,  E '.  jasclcularis ,  etc. 

(3)  Ses  Elater  pectinicornis ,  cupreus  ,  hœ malodes  ;  —  T.  double- 
croix,  Cuv.  Regn-.  anim,,  IV,  xiv,  3. 

(4)  L'extrémité  antérieure  de  la  tête  est  tantôt  de  niveau  avec  le  labre 
ou  sur  le  même  plan  horizontal ,  tantôt  plus  élevée  et  terminée  brusque- 
ment; mais  ces  différences,  souvent  inappréciables,  ne  peuvent  servir  à 
établir  des  coupes  génériques,  et  le  genre  que  j'avais  nommé  Ludic 
sollicite  un  nouvel  examen. 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  ^55 

angles  postérieurs;  des  lignes  de  petits  points  enfoncés  sur 
les  étuis.  —  De  l'Amérique  méridionale. 

Ses  taches  répandent  pendant  la  nuit  une  lumière  très 
forte,  et  qui  permet  de  lire  l'écriture  la  plus  fine,  sur- 
tout si  on  réunit  plusieurs  de  ces  insectes  dans  le  môme 
vase.  C'est  à  cette  lueur  que  des  femmes  font  leurs  ouvra- 
ges; elles  le  placent  aussi,  comme  ornement,  dans  leurs 
coiffures,  pour  leurs  promenades  du  soir.  Les  Indiens  les 
attachent  à  leur  chaussure  ,  afin  de  s'éclairer  dans  leurs 
voyages  nocturnes.  Brown  prétend  que  toutes  les  parties 
intérieures  de  l'insecte  sont  lumineuses  ,  et  quJil  peut 
suspendre  à  volonté  sa  propriété  phosphorique  (i).  Nos 
colons  l'appellent  Mouche  lumineuse ,  et  les  Sauvages  Cu- 
cuyos  ,  .Coyouyou  ;  de  là  le  nom  espagnol  Cucujo.  Un  in- 
dividu de  cette  espèce ,  transporté  à  Paris,  dans  du  bois, 
en  état  de  larve  ou  de  nymphe,  s'y  est  métamorphosé,  et 
a  excité,  par  la  lumière  qu'il  jetait,  la  surprise  de  plu- 
sieurs habitants  du  faubourg  Saint-Antoine,  témoins  de 
ce  phénomène  ,  inconnu  pour  eux. 

Le  T.  bronzé (E.  œneus ,  Lin.),  01iv.,Col.,  ibid.,  vin, 
83,  long  de  six  lignes ,  d'un  vert  Bronzé,  luisant,  avec  les 
étuis  striés  et  les  pattes  fauves.  —  En  Allemagne  et  au  nord 
de  l'Europe. 

Le  T.  germanique  (E.  germanus ,  Lin.  )Q\iv.9ibid.r  1 i, 
12,  très  commun  a;.x  environs  de  Paris,  ne  diffère  du 
précédent  que  par  la  couleur  des  pieds,  qui  sont  noirs. 

Le  Taupin  porte-croix  {E.  cruciatus  ^  01  iv. ,  ibid, ,  IV, 
4o),  jolie  espèce  d'Europe,  ayant  le  port  du  T.  bronzé,  mais 
plus  petite,  noire,  aveedeux  bandes  rouges  et  longitudi- 
nales sur  le  corselet,  près  des  bords  latéraux;  les  élytres 
sont  d'un  rouge  jaunâtre,  et  ontpièsdes  angles'antérieurs 
de  leur  base  une  ligne  noire,  et  deux  bandes  de  cette  cou- 
leur formant  une  croix  à  la  suture.  Elle  est  rare  aux  en- 
virons de  Paris- 

LeT1.  marron  {E.  casianeus.  Lin.),Oiiv.  ibid.?  111,25;  v,  5i , 


(i)  M.  de  la  Cordairc,  qui  a  observe  cet  insecte  vivant,  m'a  dit  que  le 
principal  réservoir  cle  la  matière  pliosphorisque  e'tait  situe  inferieurement 
à  Injonction  de  l'abdomen  avec  le  thorax. 


456  INSECTES    COLÉOPTÈKES. 

noir  '7  corselet  couvert  d'un  duvet  roussâtre;  elytres  jaunâ- 
tres ,  avec  l'extrémité  noire;  antennes  du  mâle  en  peigne. 
—  D'Europe. 

Le  T.  corselet  fauve  (  E.ruficollis,  Lin.  ),  Oliv.,  ibid.,  VI, 
61  ,  a,  b,  long  de  trois  lignes ,  d'un  noir  luisant,  avec  la 
moitiépostérieure  du  corselet  rouge.  — Du  nord  de  l'Europe. 
Le  T.  ferrugineux  (E.Jerrugineus.  Lin.),  Oliv.,  ibid.,  \\\, 
35  ,  long  de  dix  lignes  -,  noir  avec  le  corselet ,  à  l'exception 
de  son  bord  postérieur  ,  et  les  étuis  d'un  rouge  de  sang  foncé. 
Sur  le  saule.  C'est  la  plus  grande  espèce  d'Europe  (i). 

Tantôt  la  tête  est  dégagée  postérieurement  ou  ne  s'en- 
fonce pas  jusqu'aux  yeux,  qui  sont  saillants  et  globuleux. 
Les  antennes  sont  insérées  sous  les  bords  d'une  saillie  fron- 
tale, déprimée  et  arquée  en  devant.  Le  corps  est  long  et  étroit, 
ou  presque  linéaire.  Tels  sont 

Les  Campyles.  (  Campyltts.  Fischer.  —  Exophthalmus. 
Latr.  —  Hammionus .  Mùhfeld.  )  (i}* 

Des  élalérides  à  palpes  filiformes,  à  antennes  pectinées, 
depuis  le  quatrième  article,  composeront  un  dernier  sous- 
genre,  celui 

De  Phyllocère.  (  Phyllocerus.  )  (3). 


(i)  Voyez,  pour  les  autres  espèces  ,  Oliv. ,  ibid.  ;  Panz. ,  Faun.  insect. 
Germ. ,  et  son  Ind.  entom.  ;  ainsi  qu'Herbst. ,  Col.  ,  et  M.  Palisot  de 
Beauvois,  Insect.  d'Afr.  et  d'Amer.  Le  genre  Dima  de  M.  Ziégler,  et 
dont  l'espèce  nommée  elateroides  a  e'te'  figurée  par  M.  Charpentier,  dans 
son  ouvrage  intitulé  Horœ  entomolog.  ,  VI,  8,  ne  m'a  offert  aucun  ca- 
ractère qui  le  distingue  nettement  du  précédent. 

(2)  ^bj-ec  Fischer,  Entomog.  de  la  Russie,  tom.  II,  pag.  i53.  Ce  sous- 
genre  comprend  VElater  linearis  de  Linnseus,  dont  son  Mesomelas  n'est 
qu'une  variété;  YE.  borealis  de  Gyllenhail ,  et  son  E.  cinctus. 

(3) M.  le  comte  Dejean  n'ayant  recueilli  qu'un  seul  individu,  je  n'ai 
pu  le  sacrifier,  pour  en  étudier  en  détail  les  caractères.  Deux  insectes  de 
Java  m'ont  offert  un  port  sembla1  le.  Ici  seulement  (et  probablement  des 
femelles)  les  antennes  sont  simplement  en  scie.  Les  mandibules  m'ont 
paru  se  terminer  en  une  pointe  entière  ou  sans  dent.  Le  dernier  article 
des  palpes  est  un  peu  plus  grand,  presque  oblonique.  Supposé  que  les 
mandibules  des  phyllocères  soient  semblables,  ces  espèces  exotiques  se- 


ront congénères. 


FAMILLE  DES  SERRICORNES.         A6j 

Notre  seconde  section  ,  celle  des  Malacoderm.es, 
sera  partagée  en  cinq  tribus. 

La  première ,  les  Cébrioisites  (  Cébrionites  )  , 
ainsi  nommée  du  genre  Cébrion  d'Olivier ,  auquel 
se  rattachent  les  autres,  a  les  mandibules  termi- 
nées en  une  pointe  simple  ou  entière  ,  les  palpes  de 
la  même  grosseur  ou  plus  grêles  à  leur  extrémité , 
le  corps  arrondi  et  bombé  dans  les  uns,  ovale  ou 
oblong,  mais  arqué  en  dessus,  et  incliné  par  de- 
vant, dans  les  autres.  Il  est  le  plus  souvent  mou 
et  flexible,  avec  le  corselet  transversal,  plus  large 
à  sa  base,  et  dont  les  angles  latéraux  sont  aigus  ou 
même  prolongés,  dans  plusieurs,  en  forme  d'é- 
pine. Les  antennes  sont  ordinairement  plus  longues 
que  la  tête  et  le  corselet.  Les  pieds  ne  sont  point 
contractiles. 

Leurs  habitudes  sont  inconnues.  Beaucoup  se 
tiennent  sur  les  plantes  }  dans  les  lieux  aquatiques. 
Ces  insectes  peuvent  être  réunis  un  seul  genre,  celui 

De  Cébrion.  (Cebrio.  Oliv-,  Fab.  ) 

Les  uns,  établissant  une  connexion  de  cette  tribu  avec  ia 
précédente',  dont  la  consistance  est  même  aussi  solide  que 
celle  des  sternoxes  ,  dont  les  pieds  ne  sont  jamais  propres  à 
sauter,  et  dont  le  corps  est  généralement  ovale  oblong,  avec 
les  antennes  soit  flabeliées  ou  pectinées ,  soit  en  scie,  dans 
les  mâles,  les  palpes  filiformes  ou  un  peu  plus  gros  à 
leur'extrémité,  les  angles  postérieurs  du  corselet  prolongés 
en  pointe  aiguë,  nous  offrent  des  mandibules  s'avançant 
au-delà  du  labre,  étroites  et  très  arquées,  ou  en  forme  de 
crochets.  Le  labre  est  ordinairement  très  court ,  échancré 
ou  biiobc. 


458  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Là,  ainsi  que  dans  .les  élatérides,  le  prestern uni  se  ter- 
mine postérieurement  en  une  pointe,  reçue  dans  un  enfon- 
cement du  mesosternum. 

Les  antennes,  longues  dans  les  mâles  de  quelques  espèces, 
sont  composées  de  onze  articles ,  pectinées  ou  en  scie.  Le 
dernier  article  des  palpes  est  presque  cylindrique  ou  en 


cône  renversé. 


Les  Physodactyles.    (  Physodactylus.  Fisch.  ) 

Où  les  trois  articles  intermédiaires  des  tarses  présentent  en 
dessous  une  pelotte  membraneuse  (^sole  ou  semelle) ,  orbi- 
culaire;  dont  les  cuisses  postérieures  sont  renflées,  et  dont 
les  antennes ,  du  moins  dans  l'un  des  sexes  ,  sont  fort 
courtes,  en  scie  et  insensiblement  amincies  vers  le  bout. 

Ce  sous-genre  a  été  établi  par  le  célèbre  auteur  de  l'ento- 
mographie  de  la  Russie,  sur  un  insecte  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale (  P.  Henningii ,  lettre  sur  le  physodactyle  , 
Moscou,  18.24  >  Annales  des  scienc.  nat. ,  décem.  1824, 
XXV1I,B.). 

Les  Cébrions  propres.  (  CrBRio.Oliv.  Fab.  ), 

Dont  tous  les  articles  des  tarses  sont  entiers  et  sans  pe- 
lottes,  et  où  les  cuisses  postérieures  ne  sont  guère  plus 
grosses  que  les  autres. 

Les  espèces  propres  à  l'Europe  paraissent  en  quantité 
après  les  pluies  d'orage.  La  femelle  (1)  de  l'espèce  la  plus 
connue  (  gigas ,  Fab.;  C.  longicornis ,  Oliv.,  col.  II ,  3o  bis.  I , 
1,  a,  b,  c;  Taupin,  l,  1  ,  a,  b,  c.  ),  diffère  singulièrement 
du  mâle;  ses  antennes  ne  sont  guère  plus  longues  que  la 
tête:  leur  premier  article  est  beaucoup  plus    long   que  le; 

(1)  Cebrio  brevicornis ,  Oliv.  ,  col.  II,  3o  bis  ,  ï  ,  2  ,  a,  b,  c;  Têtu- 
brio  dubius,  Rossi ,  Eaun.  etrusc. ,  1 ,  1 ,  2.  Cette  femelle  m'avait  paru  ,  à 
raisou  de  ses  antennes,  devoir  former  un  nouveau  genre ,  quej'avai; 
nomme'  Haminonie.  On  trouve  au  cap  de  Bonne-Espérance  une  espèce 
dont  les  articles  des  antennes  jettent  chacun,  à  la  base  de  leur  côte  in- 
terne, un  rameau  long  et  linéaire,  et  dont  les  palpes  se  terminent  par  un 
article  ovoïde,  et  non  en  forme  de  cône  renverse',  comme  dans  lis 
autres  espèces.  Celle-ci  pourrait  en  être  séparée. 


FAMILLE    DES    SERRICOBXES.  4% 

autres;  le  quatrième  et  les  suivants  composent, réunis,  une 
petite  massue  oblongue  et  presque  perfoliée.  Les  ailes  avor- 
tent en  partie.  Les  pieds  sont  plus  courts,  mais  proportion- 
nellement plus  robustes  que  ceux  des  mâles.  La  larve  vit 
probablement  en  terre.  Le  C.  bicolor  de  Fabricius  (i) 
et  quelques  autres  espèces  d'Amérique  dont  le  corps  est 
alongé  ,  moins  arqué  en  dessus  ou  presque  droit,  avec  les 
antennes  plus  courtes,  ont  paru  au  docteur  Leach  ,  devoir 
composer  une  nouvelle  coupe  générique  {i). 

Ici  le  présternum  ne  se  prolonge  point  notablement  en 
pointe,  et  le  mésosternum  n'offre  point  antérieurement  de 
cavité. 

Tantôt  tous  les  articles  des  tarses  sont  entiers  et  sans  pa- 
lette membraneuse  et  avancée  en  dessous. 

Lçs  Anelastes.  (  Anelastes.  kirby.  ) 

Dont  les  antennes  sont  écartées  à  leur  naissance,  courtes  , 
presque  grenues,  avec  le  dernier  article  (3)  presque  en  crois- 
sant; et  dont  le  même  clés  palpes  est  presque  en  forme 
de  cône  renversé.  M.  Kirby  n'en  mentionne  qu'une  seule 
espèce  (A.  Druril ,  Linn.  Trans.,  XII,  xxi,  2  ). 

Les  Callirhipis.  (Callirhipis.  Lati\  ) 

Dont  les  antennes  sont  très  rapprochées  à  leur  naissance, 
insérées  sur  une  éminence,et  à  partir  du  troisième  article, 
forment  dans  les  mâles  un  graud  éventail.  Le  dernier  des 
palpes  est  ovoïde.  Le  même  des  tarses  est  presque  aussi  long- 
que  les  autres  pris  ensemble  ,  et  présente  entre  ses  crochets 
un  petit  appendice  linéaire  et  soyeux. 

(1)  Palis,  de  Beauv. ,  Insect-.  d'Af'r.  et  d'Am. ,  I,'i ,  2  ,  a  ,  b. 

(2)  Les  Cebrions  fuscus  et  ruficollis  de  Fabricius  ont  Ja  forme  de  l'es- 
pèce qu'il  nomme  Gigas.  M.  Lefèvre  a  rapporté  la  seconde  de  Sicile. 
Le  Cebrio  femoralus  de  M.  Germar  n'appartient  point  au  genre  ane- 
lastes de  M.  Kirby,  ainsi  que  je  l'avais  d'abord  soupçonne. 

(3)  Le  troisième  est  plus  long  que  le  pre'ce'dent  et  le  suivant,  tandis 
que,  dans  les  Cebrions,  cet  article  et  le  second  sont  plus  courts  que  le 
quatrième  et  suivants.  Ces  organes,  de  même  que  ceux  des  Elate'rides  , 
semblent  avoir  douze  articles  ,  le  onzième  e'tant  brusquement  aminci  vers 
le  bout,  et  terminé  en  une  pointe,  ayant- l'apparence  d'un  petit  article 
conique  O'i  triangulaire 


4-6o  INSECTES    COLÉOPTÈRES, 

L'espèce  servant  de  type  (C.  Dejeanii) ,  se  trouve  à  Java 
et  a  été  envoyée  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  par 
M.  Diard  et  feu  M.  Duvaucel.  Les  antennes  n'ont  que 
onze  articles,  et  diffèrent  par  là  de  celles  des  rhipicères  , 
qui  ont  bien  la  même  figure,  mais  dont  les  articles  sont 
beaucoup  plus  nombreux,  dans  les  individus  du  même 
sexe,  ou  les  mâles. 

Tantôt  les  tarses  ont  en  dessous  des  palettes  membraneu- 
ses, ou  leur  pénultième  article  est  profondément  bilobé. 

Dans  les  deux  sous-genres  suivants,  les  quatre  premiers 
articles  des  tarses  offrent  chacun,  en  dessous  ,  deux  lobes 
membraneux  et  avancés;  le  dernier  est  long  et  terminé, 
entre  les  crochets,  par  un  petit  appendice  soyeux.  Les  an- 
tennes des  uns  sont  composées  déplus  de  onze  articles,  et 
disposés  en  éventail  ;  celles  dés  autres  n'en  ont  que  onze, 
en  dent  de  scie,  et  dont  les  quatre  derniers  plus  gros,  for- 
mant une  massue. 

Les  Sandalus.  (  Sandalus.  Knoch.  ) 

Les  antennes,  du  moins  celles  des  femelles  ,  sont  simple- 
ment un  peu  plus  longues  que  la  tête,  composées  de  onze 
articles,  dont  le  troisième  et  suivants,  le  dernier  excepté  , 
en  forme  de  dents  de  scie,  et  dont  les  quatre  derniers  ,  un 
peu  plus  dilatés,  composent  une  massue;  le  terminal  est 
presque  ovoïde,  arrondi  ou  très  obtus  au  bout  (r). 

Les  Rhipicères.  (Rhipicera.  Lat.  Rirb.  —  Ptyocerus. 
Hoffmans.  —  Polytomus.V>n\\\\.  ) 

Les  antennes  forment  dans  les  deux  sexes  un  éventail  ,  et 
sont  composées  d'un  grand  nombre  d'articles  (  20-4.0  ),  mais 
en  moindre  quantité  dans  les  femelles. 

Ce  sous-genre  se  compose  de  cinq  à  six  espèces  ,  dont 
deux  de  la  Nouvelle -Hollande  et  les  autres  d'Améri- 
que (2). 


(1)  Sandalus  petrophya ,  Knog ,  N.   Beyt. ,   I,   p.  i3i,  v,  5;  —  S. 
niger,  ejusd.  ,  ibid. 

(2)  Rhipicera   marginal  a ,  Latr. ,   Cuv.  ,  Kegn.  aDirn.,  III,  p.  ^35  ; 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  4^1 

Les  trois  premiers  articles  des  tarses  des  deux  sous-genres 
suivants  sont  en  forme  de  cœur  renversé,  sans  prolonge- 
ments membraneux  en  dessous  ;  le  quatrième  est  profondé- 
ment bilobé 5  le  dernier,  peu  alongé,  ne  présente  point,  en- 
tre ses  crochets,  d'appendice  saillant  et  soyeux.  Les  antennes 
sont  filiformes  ,  simples  ou  tout  au  plus  pectinées,  et  n'ont 
jamais  au-delà  de  onze  articles. 

Les  Ptilodactyles.  (  Ptilodactyla.  Ilig.  —  Pyro* 

chroctj  De  G.  ) 

Se  distinguent  par  leurs  antennes  demi  pectinées  ou   en 
scie  dans  les  mâles. 

Ce  sous-genre  se  compose  d'espèces  propres  à  l'Améri- 
que (1). 

Les  Dascilles..  (Dascillus.  Lat.  —  Atopa.  Fab.  ) 

N'en  diffèrent  que  par  leurs  antennes  simples  dans  les 
deux  sexes  (2). 

Les  autres  cébrionites  ont  des  mandibules  petites,  peu  ou 
point  saillantes  au-delà  du  Jabre,  le  corps  généralement 
mou,  presque  hémisphérique  ou  ovoïde,  et  les  palpes  ter- 
minées en  pointe.  Les  antennes  sont  simples  ou  faiblement 
dentées.  Dans  plusieurs,  les  pattes  postérieures  servent  à 
sauter. 

Ces  insectes  habitent  les  plantes  des  lieux  aquatiques. 

Ceux-ci  ont  le  pénultième  article  des  tarses  bilobé.  Le  se- 
cond et  le  troisième  des  antennes  sont  plus  courts  que  le 
suivant. 


Kirb. ,  Lin.  trans.  ,  XII,  xxi,  3  mas.  ;  Polylomus  marginatus ,  Daim.  , 
Anal,  entom. ,  p.  22;  —  ejusd.  ,  P.femoratus,  ibid.  ,215  —  ejusd. ,  P. 
myslacinus,  p.  22;  Hispa  mystacina)  Fab.  ;  Drur.  ins. ,  III,  vin,  7. 
J'ai  vu,  dans  la  Collection  de  M.  le  comte  Dejean ,  une  autre  espèce  , 
toute  fauve,  recueillie  dans  l'AinéY.  sept,  par  M.  Leconte. 

(1)  Plylodactyla  elaterina ,  Ilig.  ;  Prrochroa  nitida,   De  G.,  Insect., 
V,  xm,  6-17. 

(2)  Atopa  cervina  ,  Fab.  ;  ejusd.  ,  A.  cinerea  ,  var.  5  Ptinus  testaceo- 
villosus,  De  G. ,  IV,  ix  ,  8  ;  Clstela  cennna  ,  Oliv. ,  col.  III ,  54  ,  1,  2,  a  . 


462  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Elodes.  (  Elodes.  Lat.  —  CypJwn.  Fab.  _,  Dej.) 

Où  les  cuisses  postérieures  diffèrent  peu  en  grosseur  des 
précédentes  (i). 

Les  Scyrtes.  (Scyrtes.  Lat.- — Cyphon.  Fab.) 

Dont  les  pattes  postérieures  ont  les  cuisses  très  grosses, 
et  les  jambes  terminées  par  deux  forts  éperons,  dont  l'un 
très  long,  ce  qui  donne  à  ces  insectes  la  faculté  de  sauter. 

Les  palpes  labiaux  sont  fourchus.  Le  premier  article  des 
tarses  postérieurs  est  aussi  long  que  les  autres  pris  ensem- 
ble (2). 

Ceux-là  ont  tous  les  articles  des  tarses  entiers. 

Les  Nyctées.  (Nycteus.  Lat. —  Hamaxobium,  Ziégl. 
—  Eucynetus.  Schùppel.  ) 

Où  le  troisième  article  des  antennes  est  très  petit  et  beau- 
coup plus  court  que  le  second  et  le  suivant,  et  où.  les  der- 
niers sont  presque  grenus 5  et  dont  les  quatre  pieds  ont  les 
jambes   terminées  par  deux  éperons  très  distincts,  avec  les 
tarses  longs,  plus  grêles  vers  le  bout  (3). 

Les  Eurries.    (Eubria.  Ziég. ,  Dej.) 

Qui  ont  les  antennes  un  peu  dentées  en  scie,  avec  le  se- 
cond article  très  petit,  les  deux  suivants  les  plus  grands  de 
tous,  et  le  dernier  un  peu  échancré  au  bout  et  allant  en 
pointe.  Les  éperons  des  jambes  sont  très  petits  ou  presque 
nuls.  Les  tarses  sont  filiformes  (4). 

Laseconde  tribu  clés  mal acoclermes,  celledesLAM- 
p  y  rides  (Lampy rides),  se  distingue  de  la  précédente, 
parle  renflement  qui  termine  leurs  palpes,  ou  du 
moins  les  maxillaires,  àraison  de  leurs  corps,  toujours 

,•     — — ,,,    ,  —  - .-  ....—,.     ,    1  ,         .. ,,  ■.-.,.  .,  1  1    »  ■■        -.— -.        H. 

1 

(1)  La  première  division  des  Cy plions  de  Fabricius. 

(2)  La  seconde.  F  oyez  le  Catal.  de  la  Coll.  de  M.  le  comte  Dejean. 
(^3)  Eucinetus  liœmorrlioïdalis ,  Germ.  ,  Faim,  insect.  Europ. ,  V,  1  r. 

Voyez  le  Catal.  de  la  collect.  des  Cole'opt.  de  M.  le  comte  Dejean  ,  p.  35. 
(4)  Cyplion palus iris ,  Germ.,  ibid,  ,  IV,  3. 


FAMILLE    DES    SERRICORJNES.  l^ftô 

mou,  droit,  déprimé  ou  peu  convexe j  et  dont  le 
corselet,  tantôt  demi  circulaire,  tantôt  presque 
carré  ou  en  forme  de  trapèze,  s'avance  sur  la  tête, 
qu'il  recouvre  entièrement  ou  en  partie.  Les  man- 
dibules sont  généralement  petites,  terminées  en  une 
pointe  grêle,  arquée  ,  très  aiguë  et  entière  au  bout 
dans  la-  plupart.  Le  pénultième  article  des  tarses 
est  toujours  bilobé  ,  et  les  crochets  du  dernier  ne 
sont  ni  dentés,  ni  appendices. 

Les  femelles  de  quelques-uns  sont  dépourvues 
d'ailes ,  ou  n'ont  que  des  élytres  très  courtes. 

Lorsqu'on  saisit  ces  insectes,  ils  replient  leurs 
antennes  et  leurs  pieds  contre  le  corps ^  et  ne 
font  aucun  mouvement,  comme  s'ils  étoient  morts. 
Plusieurs  recourbent  alors  l'abdomen  en  dessous. 
Ils  comprennent  le  genre 

Des  Lampyres  (Lampyris.  Lin.)  f 

Antennes  très  rapprochées  à  leur  base,  tête  soit  dé- 
couverte et  prolongée  antérieurement  en  manière  de  mu- 
seau, soit  cachée  entièrement  ou  en  majeure  partie  sous  le 
corselet ,  avec  les  yeux  grands  et  globuleux  dans  les  mâles  , 
bouche  petite  ,  tel  est  le  signalement  d'une  première  divi- 
sion de  cette  tribu,  et  que  nous  partagerons  en.  ceux  dont 
aucun  des  sexes  n'est  phosphorescent  et  en  ceux  où  les  fe- 
melles au  moins  jouissent  de  cette  propriété.  Tous  les  indi- 
vidus des  premiers  sont  ailés,  ont  la  tête  découverte,  sou- 
Aeut  rétrécie  et  avancée  par  devant,  ou  sous  la  forme  d'un 
museau ,  et  le  corselet  élargi  postérieurement,  avec  les  angles 
latéraux  pointus.  Les  deux  ou  trois  derniers  anneaux  de 
leur  abdomen  ne  présentent  point  cette  teinte  d'un  jaune 
pâle  ou  blanchâtre ,  qui  affecte  cette  partie  du  corps  dans 
les  lampyres   propres   et  annonce  leur  phosphorence.   Les 


4-64  IJSSBCTES    COLÉOPTÈRES. 

élytres  vont,, dans  plusieurs,  en  s'élargissant,  et  sont  même 
quelquefois  très  dilatées  et  arrondies  postérieurement,  dans 
les  femelles  particulièrement.  Elles  sont  très  ponctuées  et 
souvent  réticulées. 

Les  Lycus.  (  Lycus.  Fab.  Oliv.  — Cantharis.  Lin.) 

Nous  restreindrons  ce  sous  genre  aux  espèces  de  Fabri- 
cius,  dont  le  museau  est  aussi  long  ou  plus  long  que  la  por- 
tion de  la  tête  qui  le  précède,  et  dont  les  antennes  sont  en 
scie.  Les  élytres  sont  le  plus  souvent  dilatées,  soit  latérale- 
ment, soit  à  leur  extrémité  postérieure,  et  les  deux  sexes 
diffèrent  ordinairement  beaucoup  à  cet  égard  ,  particulière- 
ment dans  quelques  espèces  propres  à  l'Afrique  (i"). 

D'autres  espèces  du  même  auteur,  mais  à  museau  très 
court,  et  dont  les  antennes  comprimées,  tantôt  simples  ,  et 
tantôt  en  scie  ou  pectinées,  ont  leur  troisième  article  plus 
long  que  le  précédent,  et  où  les  articles  intermédiaires  des 
tarses  sont  en  forme  de  cœur  renversé  ,  composeront  un 
autre  sous-genre,  celui 

De  Dictyoptere.  (Dictyoptera.  Latr.  ) 

L'on  trouve  dans  quelques  bois  des  environs  de  Paris  , 
sur  les  fleurs  de  millefeuille  et  autres,  et  quelquefois  abon- 
damment, 

Le  Lycus  sanguin  (Lampyris  scmguinea  ,  Lin.,  Panz. , 
Faun.  in  se  et.  Gerrn. ,  XLI,  g  ).  11  est  long  d'environ  trois 
lignes,  noir,  a\Tec  les  côtés  du  corselet  et  les  élytres  d'un 
rouge  de  sang.  Ces  élytres  sont  soyeuses  et  faiblement 
striées.  Sa  larve  vit  sous  les  écorces  du  chêne.  Elle  est 
linéaire,  aplatie,  noire,  avec  le  dernier  anneau  rouge  ,  en 
forme  de  plaque,  ayant  à  son  extrémité  deux  espèces  de 
cornes  cylindriques  ,  comme  anuelces  ou  articulées  et  ar- 
quées en  dedans.  Elle  a  six  petits  pieds. 

Uue  autre  espèce,  mais  plus  petite,  toute  noire,  à  l'ex- 
ception des  élytres  qui  sont  rouges  ,  et.  du  bout  des  anten- 


(i)  Les  Lycus  latissimus ,  rostratus,  proboscideus ,  etc  ,  de  Fabricius. 
Voyez ,  pour  dV.ulres  espèces,  l'appendix  de  la  troisième  partie  du  pre- 
mier tome  de  la  Synonymie  des  insectes  de  M.  Schœnher ,  où  il  en  dé- 
crit, et  figure  plusieurs. 


FAMILLE    DES    SEUIUCGRNES.  4^5 

îies  qui  est  roussâtre  ,  le  Lycus  nain  {Lycus  minutus ,  Fab.j 
Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ.,  XL1,  s  ),  se  trouve  aussi  en 
France,  mais  dans  les  bois  de  sapins  des  montagnes  (i). 

Les  Omalises.  (Om-alisus.  Geoff.  ,  Oliv.  ,  Fab.  ) 

N'ont  point  de  museau  sensible.  Les  articles  de  leurs  an- 
tennes sont  presque  cylindriques  ,  un  peu  amincis  à  leur 
base,  et  le  second  et  le  troisième  sont  beaucoup  plus  courts 
que  les  suivants.  Le  pénultième  des  tarses  est  seul  en  forme 
de  cœur  renversé;  les  autres  sont  alongés  et  cylindriques. 
Les  élvtres  sont  d'une  consistance  assez  solide. 

\JOmalise  suturai  (  O.  suturalis  ,    Fab.j    Oliv.,  col.  II, 
24,  1,,  1)  est  long  d'un   peu   plus  de  deux   ligues,    noir 
avec  les  étuis,  leur  portion  intérieure  ou  la  suture  exceptée 
d'un  rouge  de  sang.  Dans  les  bois  des  environs  de  Paris 
et  particulièrement  dans  la   forêt  de  Saint-Germain  ,  su 
les  chênes,  au  printemps  (2). 

Les  autres  lampyrides  de  notre  première  division  se  dis- 
tinguent des  précédentes,  non-seulement,  en  ce  qu'aucune 
n'offre  de  museau,  que  leur  tête,  presque  entièrement  oc- 
cupée par  les  yeux  dans  les  maies,  est  cachée  totalement  ou 
en  majeure  partie,  sous  un  corselet  demi  circulaireou  carré, 
mais  encore  par  un  caractère  très  remarquable,  soit  com- 
mun aux  deux  sexes,  soit  propre  aux  femelles,  celui  d'être 
phosphorescent  ;  et  de  là  les  noms  de  vers  luisants ,  de  mou- 
ches lumineuses  ,  mouches  à  feu,  donnés  à  ces  insectes. 

Le  corps  de  ces  insectes  est  très  mou,  surtout  l'abdomen  , 
qui  est  comme  plissé.  La  matière  lumineuse  occupe  le  dessous 
des  deux  ou  trois  derniers  anneaux  de  cette  dernière  partie, 
qui  sont  autrement  colorés,  et  ordinairement  jaunâtres  ou 
blanchâtres.  La  lumière  qu'ils  répandent  est  plus  ou  moins 
vive,  d'un  blanc  verdâlre  ou  blanchâtre,  comme  celle  des 
différents  phosphores.  Il  paraît  que  ces  insectes  peuvent,  à 
volonté,  varier  son  action  ;  ce  qui  a  lieu  surtout  lorsqu'on 
les  saisit  ou  qu'on  les  tient  dans  la  main.  Ils  vivent  très  long- 
temps dans  le  vide  et  dans  différents  gaz,  excepté  dans  le  gaz 
acide  nitreux,muriatique  et  sulfureux,  dans  lequel  ils  meu- 

(1)  Les  Lycus  re.ticulalus  ,  bicolor,  serraticornis,  fasclatus,  aurora,  etc. 
(1)  Voyez  l'article  O  m  alise  de  PEncyclop.  me'lhod. 

TOME    IV.  7)0 


/±66  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

rent  en  peu  de  minutes.  Leur  séjour  dans  le  gaz  hydrogène 
le  rend,  du  moins  quelquefois,  détonnant.  Privés,  par  mu- 
tilation, de  cette  partie  lumineuse  du  corps,  ils  continuent 
encore  de  vivre,  et  la  même  partie,  ainsi  détachée,  conserve 
pendant  quelque  temps  sa  propriété  lumineuse,  soit  qu'on 
la  soumette  à  l'action  de  différents  gaz,  soit  dans  le  vide  ou 
à  l'air  libre.  La  phosphorescence  dépend  plutôt  de  lJétat  de 
mollesse  de  la  matière,  que  de  la  vie  de  l'insecte.  On  peut 
la  faire  renaître  en  ramollissant  cette  matière  dans  l'eau. 
Les  lampyres  luisent,  avec  vivacité,  dans  de  l'eau  tiède,  et 
s'éteignent  dans  l'eau  froide:  il  paraît  que  ce  liquide  est 
le  seul  agent  dissolvant  de  la  matière  phosphorique  (i).  Ces 
insectes  sont  nocturnes ;  on  voit  souvent  des  mâles  voler, 
ainsi  que  des  phalènes  ,  autour  des  lumières,  d'où  l'on  peut 
conclure  que  l'éclat  phosphorique  que  jettent  principale- 
ment les  femelles  a  pour  but  d'attirer  les  individus  de  l'autre 
sexe;  et  si  les  larves  et  les  nymphes  de  l'espèce  de  notre  pays 
sont  ,  suivant  de  Géer,  lumineuses,  on  doit  seulement  en 
conclure  que  la  substance  phosphorique  se  développe  dès  le 
premier  âge.  On  a  dit  que  quelques  mâles  n'avaient  pas 
la  même  propriété;  mais  ils  en  jouissent  encore,  quoique 
très  faiblement.  Presque  tous  les  lampyres  des  pays  chauds, 
tant  mâles  que  femelles,  étant  ailés,  et  s'y  trouvant -en 
grande  quantité  ,  offrent  à  leurs  habitants  ,  après  le  coucher 
du  soleil  ,  et  pendant  la  nuit,  un  spectacle  amusant,  une 
illumination  naturelle  ,  par  cette  multitude  de  points  lumi- 
neux, qui,  comme  des  étincelles  ou  de  petites  étoiles,  er- 
rent dans  les  airs.  On  peut  s'éclairer  en  réunissant  plusieurs 
de  ces  insectes. 

Suivant  M.  Dufour  (Annal,  des  se.  natur.,111,  p.  225),  le 
canal  alimentaire  de  la  femelle  de  notre  lampyre  commun 
(splendidula)  est  environ  une  fois  plus  long  que  le  corps. 
Son  œsophage  est  extrêmement  court  et  se  dilate  aussitôt 


(i)  Outre  les  expériences  rapportées  dans  les  Annales  de  chimie,  con- 
sultez les  Annales  générales  des  sciences  physiques,  par  MM.  Bory  de 
Saint-Vincent,  Drapiez  et  Van  Mons,  tom.  VIII ,  pag.  3i,  où  sont  expo- 
sées les  recherches  de  M.  Grotthuss  sur  la  phosphorence  du  Lampyris 
laiica. 


FAMILLE    DES    SERRICORîlES.  [fij 

en  un  jabot  court  et  séparé  du  ventricule  chylifique  par  un 
étranglement  valvulaire.  Cette  dernière  partie  est  fort  lon- 
gue, lisse,  boursouflée  et  cylindrique  jusqu'aux  deux  tiers 
de  sa  longueur,  et  ensuite  intestiniforme.  L'intestin  grêle 
est  fort  court,  flexueux,  et  offre  un  renflement  représentant 
le  ccecum ,  mais  peut-être  inconstant ,  et  qui  se  termine  par 
un  rectum  alongé. , 

Du  genre  Lampyris  de  Linnaeus,  on  en  a  séparé  quelques 
espèces  du  Brésil,  dont  les  mâles  ont  des  antennes  compo- 
sées de  plus  de  onze  articles,  en  forme  de  barbes  déplumes. 
Ces  espèces  forment  le  genre  d'AMYDÈTE  (  Amydetes , 
Ho f fm.,  Germ.  )  (i). 

D'autres  lampyres  ,  et  propres  aussi  à  l'Amérique  méridio- 
nale, n'ayant  que  onze  articles  aux  antennes,  nous  offrent 
des  caractères  particuliers  qui  leur  ont  valu  la  même  dis- 
tinction générique,  celle  de  V  rex  gode  (Phengodes,  Hoffm.). 
Le  troisième  article  de  ces  organes  et  les  suivants  jettent 
chacun,  au  côté  interne,  deux  filets  longs,  ciliés,  parais- 
sant articulés ,  et  roulés  sur  eux-mêmes.  Les  élytres  sont 
rétrécies  brusquement  en  pointe.  Les  ailes  sont  étendues 
dans  toute  leur  longueur,  et  simplement  plissées  longitudi- 
nalement.  Les  palpes  maxillaires  sont  très  saillants  et  pres- 
que filiformes. Le  corselet  est  transversal.  Les  tarses  sont  fili- 
formes, avec  le  pénultièmearticle  fort  court  et  à  peine  bilobé. 
Le  corps  est  étroit  et  alongé,  avec  la  tête  découverte  (2). 

Les  autres  espèces  composent  maintenant  le  genre 

De  Lampyre  proprement  dit  (  Lampyris.  ) 

Qui,  à  raison  delà  forme  des  antennes,  de  la  présence 
ou  de  l'absence  des  élytres,  des  ailes,  etc. ,  est  susceptible 
de  plusieurs  divisions. 

Le  L.  luisant  (  L.  noctihtca ,  Lin.),  Panz.,  Faun.  insect. 
Germ.,  XLÏ  ,  7.  Mâle  long  de  quatre  lignes,  noirâtre;  an- 
tennes simples  ;  corselet  demi  circulaire,  recevant  entière- 
ment la  tête,  avec  deux  taches  transparentes,  en  croissant  ; 
ventre  noir  ;  derniers  anneaux  d'un  jaunâtre  pâle. 


(1)  Lampyris  plwnicornis  ,  Latr.  ,  Voyag.  de  MM.  Hutnb.  el  Bonp],  , 

Zool. ,  XVI,  4ô  —  Amydetes  apicalis ,  Germ.  iusect. ,  Sp.  nov.,  p.  67. 

(a)  ïl%. ,  Ma#. ,  VI ,  p.  342. 


468  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

L.  splcndidulc  (  L.  splendidula  ,  Lin.  )  ,  Panz.,  ibid.,  8, 
très  voisin  du  précédent,  an  peu  plus  grand.  Corselet  jau- 
nâtre, avec  le  disque  noirâtre  et  deux  taches  transparentes 
en  devant;  élytres  noirâtres;  dessous  du  corps  et  pieds 
d'un  jaunâtre  livide;  premiers  anneaux  du  ventre  tantôt 
de  cette  couleur ,  tantôt  plus  obscurs. 

Femelle  privée  d'élytres  et  d'ailes,  noirâtre  en  dessus, 
avec  le  pourtour  du  corselet  et  le  dernier  anneau  jaunâ- 
tres ;  angles  latéraux  du  second  et  du  troisième  anneaux, 
couleur  de  chair;  dessous  du  corps  jaunâtre,  avec  les  trois 
derniers  anneaux  couleur  de  soufre. 

C'est  particulièrement  à  ces  individus  qu'on  a  donné  le 
nom  de  vers  luisants.  On  les  trouve  paroutà  la  campagne, 
et  aux  bords  des  chemins,  dans  les  Haies,  les  prairies,  etc., 
aux  mois  de  juin,  de  juillet  et  d'août.  Ils  pondent  un  grand 
nombre  d'œufs,  qui  sont  gros ,  sphériques  et  d'un  jaune 
citrin  ,  dans  la  terre  ou  sur  les  plantes;  ils  sont  fixés  au 
moyen  d'une  matière  visqueuse  qui  les  enduit. 

La  larve  ressemble  beaucoup  à  la  femelle;  mais  elle  est 
noire,  avec  une  tache  rougeâtre  aux  angles  postérieurs 
des  anneaux;  ses  antennes  et  ses  pieds  sont  plus  courts. 
Elle  marche  fort  lentement,  peut  alonger  ,  raccourcir  ou 
recourber  en  dessous  son  corps.  Elle  est  probablement 
carnassière. 

Le  L.  d'Italie  (L.  italica.  Lin.),Oliv.,  col.  II,  28,  11,  12, 
nommé  parles  habitants  Lucciola.  Corselet  ne  recouvrant 
pas  toute  la  tète,  transversal,  rougeâtre,  ainsi  que  l'écus- 
son ,  la  poitrine,  et  une  partie  des  pieds;  tête,  étuis  et 
abdomen  noirs;  les  deux  derniers  anneaux  du  corps  jau- 
nâtres. Les  deux  sexes  sont  ailés  (1). 

Dans  notre  seconde  division  des  lampyrides  ,  les  antennes 
sont  notablement  écartées  l'une  de  l'autre  à  leur  naissance; 
la  tête  n'est  point  prolongée  ni  rétrécie  antérieurement  en 
forme  de  museau  ,  et  les  yeux  sont  de  grandeur  ordinaire 
dans  les  deux  sexes. 

Les  Driles.  (  Drilus.  Oliv.  —  Ptilinus.  Geoff.,  Fab.  ) 

Les  mâles  sont  allés,  et  le  côté  interne  de  leurs  antennes, 

(1)  Voyez  Fabricius  ,  et  Olivier,  col.  II,  n°  28. 


FAMILLE    DES    SERRlCOHNES.  4% 

à  commencer  au  quatrième  article,  se  prolonge  en  forme  de 
dent  de  peigne.  Celles  de  la  femelle  sont  plus  courtes,  un 
peu  perfoliées  et  légèrement  en  scie.  Dans  l'un  et  l'autre 
sexe  les  palpes  maxillaires  sont  plus  gros  vert  le  bout,  et  se 
terminent  en  pointe.  Le  côté  interne  des  mandibules  offre 
une  dent. 

La  femelle  de  l'espèce  servant  de  tvpe  au  genre  ,  et  dont 
le  mâleestassez  commun  ,  avait  été  inconnue  jusque  dans 
ces  derniers  temps,  ainsi  que  les  métamorphoses  des  deux 
sexes.  Des  observations  faites  à  Genève,  par  M.  le  comte 
Mielzinsky,  sur  la  larve  de  cet  insecte  et  sur  l'individu  fe- 
melle en  état  parfait ,  excitèrent  l'attention  de  deux  natu- 
ralistes français,  qui  avaient  déjà  donné  des  preuves  de  leurs 
talents,  M.  Desmarest,  professeur  à  l'école  vétérinaire  d'Aï- 
fort,  et  M.  Victor  Audouin  •  celui-ci  avait  reçu  de  l'auteur 
de  cette  découverte  des  larves  en  état  vivant.  Elles  avaient 
été  trouvées  dans  l'intérieur  de  la  coquille  dite  livrée,  ou 
l' Hélix  nemoralis  deLinnaeus.  M.  Mielzinsky  les  fit  connaître 
ainsi  que  la  femelle  parvenue  à  sa  dernière  transformation,, 
seule  sorte  d'individus  qu'il  avait  obtenue  en  état  parfait. 
Mais  il  s'était  trompé,  en  considérant  comme  des  nymphes 
des  larves  parvenues  à  leur  dernière  grosseur  ,  et  qui  passent 
l'hiver  dans  l'intérieur  de  ces  coquilles.  Sous  cette  forme  , 
ces  insectes  ont  assez  de  ressemblance  avec  les  larves  de  nos 
lampyres,  mais  les  côtés  de  leur  abdomen  offrent  une  rangée 
de  mamelons  coniques,  et  deux  séries  de  houppes  de  poils, 
placées  sur  d'autres  mamelons  ou  prolongements  dermiques. 
L'extrémité  postérieure  du  corps  est  fourchue,  et  l'anus 
sert  à  l'animal  dans  la  progression.  SI  dévore  ,  et  assez 
promptement,  l'habitant  naturel  de  la  coquille,  et  delà  le 
nom  générique  de  Cochleoctone  (Cochleoctonus),  donné  à 
cet  insecte  par  ce  naturaliste.  M.  Desmarest  présuma  ,  avec 
raison  ,  que  puisque  ces  larves  étaient  assez  communes  aux 
environs  de  Genève,  on  pouvait  aussi  les  rencontrer  aux 
environs  de  Paris.  Aidé  par  ses  élèves,  il  s'en  procura  en 
effet,  un  grand  nombre  d'individus  ,  ce  qui  lui  permit  de 
donner  une  histoire  complète  de  cet  insecte,  et  de  décou- 
vrir que  les  individus  en  état  parfait  décrits  par  M.  Miel- 
zinsky étaient    des    femelles   du  drile  jaunâtre    ou  \a  pa- 


4jO  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

nache  jaune  de  Geoffroy  (  l,i,  2;  Oliv.,  col.  II ,  23  ,  1 , 
1  ),  dont  le  corps  est  long  d'environ  trois  lignes,  noir, 
avec  les  élytres  jaunâtres.  La  femelle  est  presque  trois  fois 
plus  grande,  d'un  jaune  orangé  ou  rougeâtre,  et  ressem- 
ble à  celles  des  lampyres,  mais  sans  être  phosphorescente. 
M.  Audouin  en  a  publié  l'anatomie;  il  a  remarqué  que 
la  vieille  peau  de  la  larve  bouche  exactement  l'entrée  de  la 
coquille,  et  lui  forme  une  sorte  d'opercule.  Tant  que  l'in- 
secte est  en  état  de  larve  ,  s'il  se  retire  au  fond  de  son  habi- 
tation ,  il  s'y  place  de  manière  que  l'extrémité  postérieure 
de  son  corps  en  regarde  l'ouverture  ;  mais  ayant  passé  à 
l'état  de  nymphe  ,  il  s'y  tient  en  sens  contraire.  Cette  obser- 
vation est  due  à  M.  Desmarest  (  Voyez  les  Annales  des  scien- 
ces naturelle,  janvier ,  juillet  et  août  1824?  et  le  Bulletin  des 
la  Soc.  philom.,  avril  de  la  même  année).  M.  Léon  Dufour 
a  publié  aussi  quelques  observations  anatomiques  faites  sur 
le  mâle  de  cette  espèce. 

On  en  trouve  en  Allemagne  une  autre  {Ater,  Dej.) , 
toute  noire  et  à  antennes  moins  pectinées.  Elle  a  été  figu- 
rée, ainsi  qu'une  troisième  (  rujîcollis  ) ,  découverte  par 
M.  le  comte  Dejean  en  Dalmatie  ,  dans  un  Mémoire  de 
M.  Audouin(Annal.  desscienc.  nat.,  août  1824),  qui,  sous 
le  titre  de  Recherches  anatomiques  sur  la  femelle  du  drile 
jaunâtre,  et  sur  le  mâle  de  cette  espèce,  forme  une  mono- 
graphie compîètede  ce  genre,  enrichied'excellentes  figures. 
Tous  les  individus  des  autres  lampyrides  de  cette  se- 
conde division  sont  ailés  ,  et  leurs  palpes  maxillaires  ne 
sont  pas  beaucoup  plus  longs  que  les  labiaux,  ils  embras- 
sent une  grande  partie  du  genre caniharis  de  Linna?us,  ou 
de  celui  de  cicindela  de  Geoffroy. 

Les  Telephores.  (Telephorus.  Schœff. —  Cantharis.  Lin.) 

Où  les  palpes  sont  terminés  par  un  article  en  forme  de 
hache,  et  dont  le  corselet  n'offre  point  d'échancrures  laté- 
rales. Us  sont  carnassiers,  et   courent  sur  les  plantes.   Leur 
estomac  est  long,  ridé  en  travers;  leur  intestin  très  court. 
Le  T.  ardoisé  {Cantharis Jiisca.  Lin.),  01  iv.,  col.  li,  '26  , 
1,1,   long  de  cinq  à  six  ligues  ;    p  utie  postérieure  de 
la  têto  ,  étuis,  poitrine  et  grande  partie  des  pieds  d'un 


FAMILLE   DES    SEUIIICORNES.  Itf  \ 

noir  ardoisé;  les  autres  parties  d'un  rouge  jaunâtre;  une 
tache  noire  sur  le  corselet.  Se  trouve  fréquemment,  en 
Europe,  au  printemps.  Sa  larve  est  presque  cylindrique  , 
alongée,  molle,  d'un  noir  mat  et  velouté,  avec  les  an- 
tennes, les  palpes  et  les  pieds  d'un  roux  jaunâtre.  La  tête 
est  écailleuse,  avec  de  fortes  mandibules.  Sous  le  dou- 
zième et  dernier  anneau  est  un  mamelon,  dont  elle  fait 
usage  en  marchant.  Elle  vit  dans  la  terre  humide  et  se 
nourrit  de  proie. 

On  a  vu  ,  des  années  ,  pendant  l'hiver,  au  milieu  de  la 
neige,  en  Suède,  et  même  dans  des  parties  montagneuses 
de  la  Fiance,  une  étendue  considérable  de  terrain  re- 
couverte d'une  quantité  infinie  de  ces  larves,  ainsi  que 
de  différentes  autres  espèces  d'insectes  vivants.  On  soup- 
çonne, avec  fondement,  qu'ils  avaient  été  enlevés  et 
transportés  par  des  coups  de  vent,  à  la  suite  de  ces  vio- 
lentes tempêtes  qui  déracinent  et  abattent  un  très  grand 
nombre  d'arbres,  particulièrement  de  pins  et  de  sapins. 
Telle  est  l'origine  de  ce  qu'on  a  nommé  pluie  d'insectes. 
Les  espèces  que  l'on  trouve  alors,  et  quelquefois  même 
sur  des  lacs  glacés,  sont  probablement  du  nombre  de  celles 
qui  paraissent  de  bonne  heure. 

Le  T.  livide  (  Cantharis  livida ,  Lin .  ) ,  Oliv. ,  ibid.,  II ,  28. 
Grandeur  et  forme  du  précédent;  corselet  roussâtre,  sans 
tache;  étuis  d'un  jaune  d'ocre,  et  bout  des  cuisses  posté- 
rieures noir.  —  Sur  les  fleurs  (1). 

Les  Silis.  (Silis.  Meg.  ,  Dej.  ,  Charp.) 

Ne  diffèrent  des  téléphores  qu'en  ce  que  leur  corselet  est 
échancré,  de  chaque  côté,  postérieurement,  et  qu'on  y  voit 
en  dessous  (du  moins  dans  le  S.  spinicollis  ) ,  un  petit  ap- 
pendice coriace,  terminé  en  massue,  et  dont  l'extrémité, 
probablement  plus  membraneuse,  forme  dans  les  individus 
desséchés  l'apparence  d'un  article.  M.  Toussaint  de  Char- 
pentier en  a  figuré  une  espèce  (  rubricollis)  dans  ses  Horœ 
entomol.,  p.  194,  195,  vi,  7.  *    , 

(1)  Consultez,  pour  les  autres  espèces  ,  Schccnherr,  Synon.  insect.,  II , 
pag.  60  ,  et  Panzer,  Ind.  entom. ,  pag.  91. 


4j 2  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Malthines.  (Malthinus.  Lat.,  Schœuh.  —  Necyda- 

lis.  Geoff.  ) 

Dont  les  palpes  sont  terminés  par  un  article  ovoïde. 
La  tête  est  amincie  en  arrière;  (es  étuis  sontplus  courts  que 
l'abdomen ,  dans  plusieurs. 

Sur  les  plantes,  et  plus  particulièrement  sur  les  arbres  (i). 

La  troisième  tribu  des  Malacodermes,  IcsMélyri- 
des,  (Melrrides),  offre  des  palpes  le  plus  souvent  fili- 
formes et  -courts;  des  mandibules  échancrées  à  la 
pointe;  un  corps  le  plus  souvent  étroit  et  alongé, 
avec  la  tête  seulement  recouverte  à  sa  base,  par 
un  corselet  plat  ou  peu  convexe,  ordinairement 
carré  ou  en  quadrilatère  alongé  ,  et  les  articles  des 
tarses  entiers;  les  crochets  du  dernier  sont- uni- 
dentés  ou  bordés  d'une  membrane.  Les  antennes 
sont  ordinairement  en  scie,  et  même  pectinées  dans 
les  mâles  de  quelques  espèces. 

La  plupart  sont  très  agiles,  et  se  trouvent  sur  les 
fleurs  et  sur  les  feuilles. 

Cette  tribu ,  qui  n'est  qu'un  démembrement  des 
genres  Cantharis  et  dermestes  de  LinnaBUS,  com- 
posera celui 

De  Melyre.  (Melyris.  Fab.) 

Les  uns  ont  les  palpes  de  la  même  grosseur  partout. 
Ici  l'on  découvre  sous  chaque  angle  antérieur  du  corselet 
et  de  chaque  côté  de  la  base  de  l'abdomen,  une  vésicule  en 

(i)  Latr.,  Gen.  crust.  etinsect. ,  1,  261;  Sehœnh.,  Synon.,  iiisect.,  II, 
p.  -j'i  ;  Panz. ,  Iud.  eiitom. ,  p.  y3.  Les  Te'e'phores  biguttatus  et  mir.imiis 
d'Olivier  sont  de  ce  genre. 


F       "* 


FAMILLE    DES    SERR1C0KJNES.  47 J 

forme  de  corne  ou  de  cocarde,  réiractile,  susceptible  de  se  di- 
later, que  l'animal  fait  sortir  lorsqu'il  est  effrayé,  et  dont  ou 
ignore  l'usage.  Le  corps  est  proportionnellement  plus  court 
quedans  le  sous-genresuivant,  pluslargeetplusdéprimé,avec 
le  corselet  pi  us  large  que  Ion  g.  On  voit  sous  chaque  crochet  du 
bout  des  tarses  un  appendice  membraneux,  en  forme  de  dent. 

LesMalachies.  (Malachius.  Fab.,  Oliv.  —  Cantharis.  Lin.) 

L'un  des  sexes  a  ,  dans  quelques  espèces,  un  appendice  en 
forme  de  crochet,  au  bout  de  chaque  étui,  que  l'individu 
de  l'autre  sexe  saisit  par  derrière,  avec  ses  mandibules,  pour 
l'arrêter  lorsqu'il  fuit  ou  qu'il  court  trop  vite.  Les  premiers 
articles  des  antennes  sont  souvent  dilatés  et  irréguliers  dans 
les  mâles.  Ces  insectes  ont  des  couleurs  agréables. 

Le  M.  bronze  {Cantharis  œnea,  Lin.),  Panz.,  ibid.y\,  1, 

long  de   trois  lignes,    d'un  vert  luisant,  avec  les  étuis 

rouges  au  bord,  et  le  devant  de  la  tête  jaune. 

Le  71/.  à  deux  pustules  (  Cantharis  bipustulata  ,  L.),  Panz., 
ibid.  y  3  ,  un  peu  plus  petit,  d'un  vert  luisant,  avec  le  bout 
des  étuis  rouge  (1). 

Parmi  les  mélyrides  suivants,  à  palpes  filiformes,  et  dont 
le  corselet  et  l'abdomen  sont  dépourvus  de  vésicules  rétrac- 
tiles ,  nous  placerons  d'abord  ceux  dont  les  antennes  sont  de 
la  longueur  au  moins  de  la  tête  et  du  corselet;  dont  le  corps 
est  généralement  étroit,  alongé  et  quelquefois  linéaire,  et 
dont  les  crochets  des  tarses  sont  ordinairement,  ainsi  que 
ceux  des  malachies,  bordés  inférieurement  par  un  appen- 
dice membraneux. 

Les  Dasytes.  (  Dasytes.  Payk.  ,    Fab.  —  Dermestes.  Lin.  ) 

Le  D.  bleuâtre  (  D.  cœruleus,  F.  ),  Panz. ,  Faun.  insect. 
Germ.,  XCYI,  10,  long  de  trois  lignes,  alongé,  vert  ou 
bleuâtre,  luisant  et  velu.  —  Très  commun  aux  environs 
de  Paris ,  sur  les  fleurs ,  dans  les  champs. 
Le  D.  très  noir  (Dermestes  hirtus ,  Lin.  ),  Oi iv.,  col.  II, 
i\  ,  1 1  ,  fi8,  un  peu  plus  grand  ,  moins  oblong  ,  tout  noir  et 

(1)  Voyez  les  mêmes  ouvrages  ,  et  Schœnli.,  Sya.  iusecl. ,  II,  p.  67. 


\ 


4?4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

très  velu.  Une  épine  à  la  base  des  tarses  antérieurs,  beau 

coup  plus  forte  et  très  crochue  dans  l'un  des  sexes.  —  Sur 

les  graminées  (i). 

D'autres  mélyrides  à  crochets  des  tarses  uniden.tés,  ainsi 
que  ceux  des  dasytes,  dont  ils  sont  très  voisins,  et  avec  les- 
quels Olivier  les  confond,  s'en  éloignent  par  des  antennes 
plus  courtes  que  la  tête  et  le  corselet,  et  dont  le  troisième 
article  est  une  fois  au  moins  plus  long  que  le  second.  Leur 
corps  est  moins  alongé,  2Te  consistance  plus  solide,  avec  la 
tête  un  peu  prolongée  et  rétrécie  en  avant,  le  corselet  pres- 
que semi-orbiculaire  et  tronqué  en  devant.  Ils  ont  une  cer- 
taine ressemblance  avec  les  coléoptères  du  genre  silpha  de 
Linnaeus.  Tels  sont 

Les  Zygies.  (  Zygia.  Fab.  ) 

Le  quatrième  article  des  antennes  et  les  suivants  forment 
presque  une  massue  aiongée,  comprimée,  dentée  en  scie,  et 
la  plupart  de  ces  articles  sont  transversaux.  Le  corselet  est 
très  convexe. 

La  Zygie  oblongue  (  Z.  oblonga,  Fab.  )  se  trouve  en  Es- 
pagne et  en  Egypte,  dans  l'intérieur  des  maisons  et  plus 
particulièrement,  à  ce  que  m'a  appris  M.  le  comte  Dejean, 
dans  les  greniers.  Il  paraît  qu'on  la  rencontre  aussi  quel- 
quefois en  France,  dans  le  département  des  Pyrénées- 
Orientales.  On  en  a  découvert  une  autre  espèce  en  Nubie. 

Les  Melyf.es.  (Melyris.  Fab.  ) 

Dont  les  antennes  grossissent  insensiblement,  sans  former 
de  massue,  etdont  les  articles  sont  moins  dilatés  latéralement 
et  presque  isométriques.  Le  corselet  est  moins  convexe  (2). 

Les  autres  et  derniers  mélyrides  ont  les  palpes  maxillaires 
terminés  par  un  article  plus  grand  et  en  forme  de  hache.  Ce 


(1)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Fabricius;  les  Mélyres  d'Olivier, 
n°  6-17;  Panz.  ,  Ind.  enlom. ,  p.  1 43;  La.tr. ,  Gen.  crust  et  Iusect.,  I, 
p.  264;  Germ.  insect.  Spec.  nov.  Le  Brésil  en  fournit  d'assez  grandes, 
et  dont  quelques-unes  forment  une  division  particulière. 

(2)  M.  viridis,  Fab.  5  Oliv.  ,  Col. ,  Il  ,  21,  1 ,  1  ;  —  M.  abdominal/s, 
Fab.;  Oliv.,  ibid.  ,  1 ,  7; —  Opatrum  granulatum,  Fab.;  Coqueb.  , 
ïllust.  icon.  insect.  ,  III,  xxx ,  7. 


FAMILLE    DES    SERRICORNES.  kj5 

caractère,  Ja  brièveté  du  premier  article  des  taises  et  quel- 
ques autres  considérations  semblent  les  rapprocher  des  in- 
sectes de  la  tribu  suivante.  Ce  sont 

Les  Pe'locophores.  (  Pelocophorus.  ) 

De  M.  le  comte  Dejean  ;  qui  les  place  avec  les  coléoptères 
tétramères(i). 

La  quatrième  tribu  des  Malacoclermes ,  celle  des 
C-LAiROXEs(Clerà),  dont  le  nom  nous  rappelle  celui 
de  Clairon,  genre  principal  de  cette  tribu  ,  se  dis- 
tingue par  l'ensemble  des  caractères  suivants.  Deux 
de  leurs  palpes  au  moins  sont  avancés  et  terminés 
en  massue.  Les  mandibules  sont  dentées.  Le  pénul- 
tième article  des  tarses  est  bilobé  ,  et  le  premier  est 

très  court  ou  peu  visible  dans  plusieurs.  Lesantennes 
sont  tantôt  presque  filiformes  et  dentées  en  scie,  et 
tantôt  terminées  en  massue  ,  ou  grossissent  insensi- 
blement vers  le  bout.  Le  corps  est  ordinairement 
presque  cylindrique,  avec  la  tête  et  le  corselet  plus 
étroits  que  l'abdomen,  et  les  jeux  échancrés. 

La  plupart  de  ces  insectes  se  trouvent  sur  les 
fleurs,  les  autres  sur  les  troncs  des  vieux  arbres  ou 
dans  le  bois  sec.  Celles  des  larves  que  l'on  a  ob- 
servées sont  carnassières. 


(i)  Catalogue  de  la  collection  des  Coléoptères  de  M.  Dejean, 
p.  ir5;  IVotoxus  1 ligeri ,  Schœnh.  ,  Synon.  insect. ,  I,  2,  p.  53,  iv, 
7  ,  a.  Je  rapporterai  à  la  même  subdivision  des  Mélyrides  un  sous-genre 
nouveau  que  je  nommerai  Diglobicère  (Diglobicerus).  Les  antennes  n'ont 
que  dix  articles  distincts,  et  dont  les  deux  derniers  sont  plus  gros  et  glo- 
buleux. Il  est  établi  sur  un  insecte  qui  m'a  été  envoyé  par  M.  Lefébure 
de  Cens  y. 


476  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Cette  tribu  comprendra  le  genre 

Des  Clairons.   (Clerus.  Geoff. ) 

Il  y  en  a  dont  les  tarses  vus  sous  leurs  deux  faces,  offrent 
distinctement  cinq  articles.  Leurs  antennes  sont  toujours 
dentées,  en  majeure  partie,  en  manière  de  scie. 

Quelques-uns,  parmi  eux,  ont  des  palpes  maxillaires  fili- 
formes ou  légèrement  plus  gros  vers  le  bout. 

Les  Cylidres.  (  Cylidrus.  Lat.  ) 

Ont  des  mandibules  longues  ,  très  croisées  ,  terminées  en 
une  pointe  simple,  avec  deux  dents  au  côté  interne.  Les 
quatre  premiers  articles  des  antennes  sont  cylindriques  et 
alongés  ',  les  six  suivants  ont  la  figure  de  dents  de  scie,  et  le 
dernier  est  oblong.  Les  palpes  sont  terminés  par  un  article 
alongéj  celui  des  maxillaires  ,  est  cylindrique  et  le  même 
des  labiaux  est  un  peu  plus  gros  et  en  cône  renversé.  Le  pé- 
nultième article  des  tarses  est  formé  de  deux  lobes  distincts. 
La  tête  est  alongée. 

La  seule  espèce  connue  (  Trichodcs  cyaneus ,  Fab.) ,  se 

trouve  à  l'île  de  France. 

Les  Tilles.  (  Tillus.  Oliv. ,  Fab.)  (i) 

Ont  des  mandibules  de  grandeur  moyenne  ,  et  refendues 
ou  bidentées  au  bout;  des  antennes  tantôt  dentées  en  scie, 
depuis  le  quatrième  article  jusqu'au  dixième  inclusivement, 
avec  le  dernier  ovoïde ,  tantôt  terminées  brusquement,  de- 
puis le  sixième,  en  une  massue^ dentée  en  scie.  Le  dernier 
article  des  palpes  labiaux  est  U'ès  grand,  en  forme  de  hache. 
La  tête  est  courte,  arrondie.  Le  troisième  et  le  quatrième 


(i)  Tillus  elongatus  ,  Oliv. ,  col.  II ,  22,1,  1  ;  Chrysomela  elongata  , 
Lin.  •  —  Clerus  unifascialus ,  Fab  ;  Oiiv. ,  ibld.  ,  IV,  76,  11,  21.  Le 
premier  a  les  antennes  en  scie  depuis  le  quatrième  article,  et  le  corselet 
cylindrique.  Dans  le  second,  les  antennes  se  terminent,  à  partir  du 
sixième  article,  eu  une  massue  dentée  en  scie.  Le  corselet  est  rétréci  pos- 
térieurement. Le  dernier  article  des  palpes  maxillaires  est  proportionnel- 
lement plus  long  que  le  même  de  la  premièe  espèce,  et  comprime. 


FAMILLE    DES    SERRJ  CORNES.  l^JJ 

article  des  tarses  sont  dilatés  et  en  forme  de  triangle  ren- 
versé. 

On  trouve  ces  insectes  sur  les  vieux  bois  ou  sur  les  troncs 

dJarbre£. 

Les  autres  insectes  de  cette  tribu,  et  toujours  distinctement 
pentamères,  ont  les  quatre  palpes  terminés  en  massue;  le 
dernier  article  des  labiaux  est  presque  toujours  en  forme  de 
hache. 

Ici  les  quatre  premiers  articles  des  tarses  sont  garnis  en 
dessous  de  pelotles  membraneuses,  avancées,  en  forme  de 
lobes.  Le  corselet  est  alongé,  presque  cylindrique. 

Les  PriocÈres.   (Priocera.   Kirb.) 

Le  corps  est  convexe  ,  avec  le  corselet  resserré  postérieu- 
rement. Le  dernier  article  des  palpes  maxillaires  est  moins 
dilaté  que  ie  même  des  labiaux,  en  forme  de  triangle  ren- 
versé et  oblong.  Le  labre  est  échancré. 

On   n'en  connaît  qu'une  espèce  {Priocera  variegata  , 

Kirb.,  Lin.  Trans.  Xlî,  p.  38q,  3c)o,xxi,  7). 

Les  Axjnes.  (  àxina.   Kirb.  ) 

Le  corps  est  déprimé.  Le  dernier  article  des  quatre  palpes 
est  fort  grand  ,  en  forme  de  hache. 

On  n'en  a  encore  décrit  qu'une  seule  espèce  (  Axina 

analis,  Kirb.,  ibid.,  ftg.  6.  ) ,  et  qui  se  trouve  au  Brésil. 

Là,  le  pénultième  article  des  tarses  est  seul  distinctement 
bilobé.  Le  corselet  est  carré.  Le  corps  est  d'ailleurs  déprimé, 
comme  dans  le  sous-genre  précédent,  et  les  palpes  se  termi- 
nent de  même. 

Les  Eurypes.  (  Eurypus.  Kirb.  ) 

VE.  rougedtre  (Eurypus  rubens,  Kirb.  ,  ihuL,  fig.  5.), 
habite  aussi  le  Brésil.  J'en  ai  vu  une  seconde  espèce,  du 
même  pays,  dans  la  belle  collection  de  M.  de  la  Coadaire. 
Maintenant  les  tarses,  vus  en  dessus,  ne  paraissent  com- 
posés que  de  quatre  articles,  le  premier  des  cinq  ordinaires 
étant  fort  court  et  caché  sous  le  second  (1). 


(1)  Les  insectes  de  cette  subdivision  composent  le  genre  Clairon  pro- 
prement   dit  de  Geoffroy;  M.  Dufour  admets  que  les  tarses  poste'rieurs 


4-7$  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Tantôt  les  antennes  grossissent  insensiblement  ou  se  ter- 
minent graduellement  en  massue  ;  les  articles  intermé- 
diaires, à  partir  du  troisième,  sont  presque  en  forme  de 
cône  renversé  ;  les  deux  à  quatre  avant-derniers  sont  pres- 
que en  forme  de  triangle  renversé,  et  le  dernier  est  ovoïde. 

Les  Thanasimes.  (Thanasimus.  Lat.  —  Clerus.  Fab.) 

Ont  les  palpes  maxillaires  filiformes  et  le  dernier  article 
des  labiaux  grand  ,  en  forme  de  hache  (i). 

Les  Opiles.  (  Ofilo.  Lat. — Notoxus.    Fab.) 

Dont  lesquatre  palpes  sont  termines  par  un  grand  article, 
en  forme  de  hache  (2). 

Tantôt  les  trois  derniers  articles  des  antennes  sont  beau- 
coup plus  larges  que  les  précédents,  et  forment  une  massue 
brusque,  soit  simple  et  en  forme  de  triangle  renversé,  soit 
en  scie. 

Ceux  où.  cette  massue  est  simple  ou  point  dentée  en  scie 
composent  deux  sous-genres. 

Les  Clairons  proprement  dits.  (Clerus.   Geoff. —  Tri- 
1  diodes.  Fab.  ) 

Leurs  palpes  maxillaires  sont  terminés  par  un  article  en 
forme  de  triangle  renversé  et  comprimé  ;  le  dernier  des  la- 
biaux, qui  sont  plus  grands  que  les  précédents,  est  en  forme 
de  baclie.  La  massue  des  antennes  n'est  guère  plus  longue 
que  large,  et  se  compose  d'articles  serrés;  le  troisième  est 
plus  long  que  le  second.  Les  mâchoires  se  terminent  par  un 
lobe  saillant  et  frangé.  Le  corselet  est  déprimé  en  devant. 

Ces  insectes  se  trouvent  sur  les  fleurs;  leurs  larves  dé- 
vorent celles  de  quelques  apiaires. 

Leur  estomac  est  plus  large  en  avant,  sans  rides;  leur  in- 
testin est  court,  avec  deux  renflements  en  arrière.  Suivant 

ont  cinq  articles  ,  maïs  dont  le  premier  est  fort  court  ;  le  même  article 
n'est  que  rudimentaire  aux  tarses  inlerme'diaires ,  et  nul  aux  deux  an- 
te'rieurs. 

(1)  Attelabus  formicarius ,  Lin.  5  Clerus  formicarius  ,  Oliv. ,  col. 
IV,  76 ,  1 ,  1 3  ;  —  Clerus  mulillarius ,  Fab.  ;  Oliv. ,  ibid. ,  1 ,  12. 

(a)  Attelabus  mollis ,  Lin.  ;    Clerus  mollis  ,  Oliv.  ,  ibid.  ,  1  i    10. 


FAMILLE    DES    SEIi  RICOH  NES.  ^79 

M.  Dufour,  leurs  jabot  est  si  court ,  qu'il  est  presque  entière- 
ment caché  dans  la  tête  (i). 

Le  C.  des  Ruches  (  Attelabus  apiarius ,  Lin.*  Trichodes 
apiarius  ,  Fab.  ;  Oliv.  ?  col.  IV  ,  76 ,  1  ,  4  )  •  est  Weu  ,  avec 
les  étuis  ronges.  Ils  sont  traversés  par  trois  bandes  d'un 
bleu  foncé,  dont  la  dernière  occupe  l'extrémité.  La  larve 
dévoie  celle  de  l'abeille  domestique,  et  nuit  beaucoup  aux 
ruches. 

Celle  d'une  autre  espèce  (  Trichodes  alvearius ,  Fab.* 
Oliv.,  ibid.j  I,  5  a,  b;  Reaum. ,  insect,,  VI,  vin,  8-  10  ), 
presque  semblable  à  la  précédente ,  mais  ayant  une  tache 
d'un  noir  bleuâtre  à  l'écusson,  vit  dans  les  nids  des  abeilles 
maçonnes  (  G.  osmie  )  de  Réaumur,  et  se  nourrit  aux 
dépens  de  leur  postérité. 

Les  Néckobies.  (  Necrobia.  Latr.  —  Corynetes.  Fab.  ) 

Ont  les  quatre  palpes  terminés  par  un  article  de  la  même 
grandeur,  en  forme  de  triangle  alongé  et  comprimé •.  les 
second  et  troisième  articles  des  antennes  presque  égaux,  et 
la  massue  terminale  alongée  et  à  articles  lâches.  Le  devaut 
du  corselet  n'offre  point  de  dépression, 

La  Nécrobie  violette  (Necrobia  violacea ,    Oliv.,   col., 
ibid. ,  76  bis  ,  2,  1  ;  Derniestes  violaccus ,  Lin.  )  est  petite, 
d'un  bleu  violet  ou  verdâtre  ,  avec  les  pieds  de  la  même 
couleur.  Ses  étuis  ont  des  points  disposés  en  séries  longi- 
tudinales. Elie  est  très  commune  au   printemps,  dans  les 
maisons.  On  la  trouve  aussi  dans  les  charognes  (2). 
Nous  terminerons  cette  tribu  par  un  sous-genre,  dont  les 
deux   avant-derniers  articles  des  antennes,  plus  ou  moins 
dilatés  au  côté  interne,  en  manière  de  dents,  composent 
avec  le  dernier,  qui  a  une  forme  ovalaire,    une  massue  en 
scie  ou  semi-pectinée.  Les  palpes  sont  terminés  par  un  ar- 


(1)  L'organe  générateur  mâle  est  beaucoup  pï us  complique' que  celui  des 
Me'lyrides,  desLampyrides  ,  et  autres  Malacoderraes.  Le  dernier  anneau 
de  l'abdomen  est  largement  pehàncre.  Ce  sont ,  avec  les  Pellis  de  Fabri- 
cius,  les  seuls  coléoptères  qui  aient  six  vaisseaux  biliaires.  Leur  inser- 
tion est  cœcale. 

(2)  Voyez  Olivier,  genre  Nécrobie,  etScœhnh. ,  Synon.  insect.,  I,  2, 
pag.  5o. 


4$0  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

ticle  plus  grand,  soit  en  forme  de  triangle  aiongé  et  com- 
primé, soit,  en  forme  de  hache.  Tels  sont 

Les  Enoplies.  (  Enoplium  ,  Latv.  —  Tillus  ,  Oliv.,  Fab.  — 

Corynetes ,  Fab.  )  (i). 

La  cinquième  tribu  clés  Malacodermes,  celle  des 
Ptiniores  (Ptiniores),  a  pour  type  le  genre  Pti- 
nus  de    Linnaeus  et  quelques   autres  qui  en    déri- 
vent ,    ou  qui   s'en   rapprochent  le  plus.  Le  corps 
de  ces  insectes  est   de    consistance    assez    solide , 
tantôt  presque    ovoïde    ou   ovalaire  ,    tantôt   pres- 
que cylindrique  ,   mais  généralement  court  et  ar- 
rondi aux  deux  bouts.  La  tête  est  presque   globu- 
leuse ou  orbiculaire,  et  reçue,  en  grande  partie, 
dans  un  corselet  très  cintré  ou  voûté  ,  en  forme  de 
capuchon.  Les  antennes  des  uns  sont  filiformes  ou 
vont  en  s'amincissant  vers  le  bout,   soit  simples, 
soitflabellées,  pectinées  ou  en  scie;  et  celles  des  au  très 
se  terminent   brusquement    par  trois  articles    plus 
grands  et  beaucoup  plus  longs.  Les  mandibules  sont 
courtes,   épaisses  et  dentées  sous  la  pointe.    Les 
palpes  sont  très  courts  et  terminés  par    un    article 
plus  grand ,  presque  ovoïde  ou  en  triangle  renversé. 
Les  jambes  sont  sans  dentelures,  et  les  éperons  de 
leurs  extrémités  sont  très  petits.  Les  couleurs  sont 
toujours  obscures  et  peu  variées.  Tous  ces  insectes 
sont  de  petite  taille.  Lorsqu'on  les  touche,  ils  con- 

(i)  Tillus  serratrtcomis ,  Oliv.,  col.  II,  a '2,  i,  2;  —  T.  ,  ïf^eùeri , 
Fab.; — ejnsd.,  T.  damicornis  ; — Dermestoïdes  ,  Scheff.,  Elem.,  entotn., 
i38;  Carjneies  sanguinicollls ,  Fab.  Voyez  Scliœnh.  ,  Synon.  iasect. , 
I,  2,pag.  46. 


FAMILLE    DES    SERRICORN  ES.  4^1 

1  refont  le  mort,   en  baissant  la  tête,   en  inclinant 
leurs  antennes  et  en  contractant  leurs  pieds;  ils  de- 
meurent quelque  temps  dans  cette  léthargie  appa- 
rente. Leurs  mouvements  sont ,  en  général ,    assez 
lents  ;  les  individus  ailés  prennent  rarement  le  vol 
pour  s'échapper.  Leurs  larves  noussont  très  nuisibles, 
et  ont    une  grande  ressemblance  avec    celles  des 
scarabées.  Leur  corps y   souvent  courbé  en  arc,  est 
mou  ,  blanchâtre,  avec  la  tête  et  les  pieds  bruns  et 
écâilleux.  Leurs  mandibules  sont  fortes.  Elles  secon- 
struiseut ,  avec  les  fragments  des  matières  qu'elles 
ont  rongées, une  coque,  où  elles  se  changent  en  nym- 
phes. D'autres  espèces  établissent  leur  domicile  à  la 
campagne,  dans  le  vieux  bois,  les  pieux  et  sous  les 
pierres  ;  elles  ont  d'ailleurs  les  mêmes  habitudes. 
Tels  sont  les  caractères  généraux  du  genre 

.Des  Ptines.  (Pttnus.  Lin.) 

Les  uns  ont  la  tête  et  le  corselet,  ou  la  moitié  antérieure 
du  corps,  plus  étroits  que  l'abdomen  ,  des  antennes  toujours 
terminées  d'une  manière  uniforme  ,  simples,  ou  très  peu  en 
scie,  et  presque  aussi  longues  au  moins  que  le  corps. 

Les  Ptines  propres  (Ptinus.  Lin.  ,  Fab..  —  Bruchus.  Geoff.) 

Ont  les  antennes  insérées  entre  les  yeux,  qui  sont  saillauls 
ou  convexes.  Leur  corps  est  oblong. 

Ils  se  tiennent,  pour  la  plupart,  dans  l'intérieur  des  mai- 
sons, principalement  dans  les  greniers  et  les  parties  inhabi- 
tées. Leurs  larves  rongeut  les  herbiers  et  les  dépouilles  pré- 
parées et  sèches  d'animaux.  Lesantennes  des  mâles  sont  plus 
longues  que  celles  des  femelles,  et  dans  plusieurs  espèces, 
ces  derniers  individus  sont  dépourvus  d'ailes. 

Le  P.  voleur  {P.  fur. ,  Lin. ,  Fab.  )  P.  latro ,  slriaLus,  F.), 
TOM  E     IV .  5  l 


482  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Oliv.,  col.  II,  17  y  1 , ,  ,i ,  3j  .1 1 ,  g,  var.  du  mâle;  long  d'une 
ligne  et  demie,  d'un  brun  clair;  antennes  de  la  longueur  du 
corps;  corselet  ayant  de  chaque  côté  une  éminence  pointue, 
et  deux  autres  arrondies  et  couvertes  d'un  duvet  jaunâtre, 
dans  l'intervalle;  deux  bandes  transverses,  grisâtres,  for- 
mées par  des  poils,  sur  les  étuis. 

Suivant  de  Géer ,    il  se  nourrit  de  mouches  et  autres  in- 
sectes morts  qu'il  rencontre.  Sa  larve  fait   un  grand  dégât 
dans  les  herbiers  et  les  collections  d'histoire  naturelle. 
L.  P.  impérial  (  P.   imperialis ,  Fab.  ) ,  Oliv.  ,  ibicL  ,1,4? 

remarquable  par  deux  taches  des  étuits  représentant ,   par 

leur  réunion,  la  figure  grossière  d'une  aigle  à  deux  têtes. 

Vit  sur  le  vieux  bois  (1). 

J'ai  trouvé  fréquemment  sur  des  excréments  le  P.  germain 

(  Latr.  ,  Gen.  crust.  et  insect.,  I,  pag.  ^79),  qui  a  beaucoup 

de  rapports  avec  le  P.  voleur  (2). 

Les  Gibbies.  (  Gibbium.  Scop.  —  Ptinus.  Fab.,  Oliv.) 

Où  les  antennes  sont  insérées  au-devant  des  yeux,  qui 
sont  aplatis  et  très  petits;  où  i'écusson  manque  ou  n'est 
point  distinct,  et  dont  le  corps  est  court,  avec  l'abdomen 
très  grand,  renflé,  presque  globuleux  et  demi  transparent. 
Les  antennes  sont  plus  menues  vers  leur  extrémité,  et  les 
étuis  sont  soudés.  Ces  insectes  font  aussi  leur  séjour  dans 
les  herbiers  et  les  collections  (3). 

Les  autres  ont  le  corps  soit  ovale  ou  ovoïde,  soit  presque 
cylindrique;  le  corselet  dé  la   largeur  de  l'abdomen,   du 

(1)  Celte  espèce  nous  paraît  devoir  être  place'e  dans  le  genre  Hfdobîe 
(Hedoùia)  du  Catalogue  de  la  collection  de  M.  le  comte  Dejean.  Il  dif 
ière  de  celui  de  Ptine  par  les  antennes  plus  écartées,  un  peu  en  scie,  et 
surtout  par  les  tarses  ,  qui  sont  courts  et  composes  d'articles  presqu'en 
forme  de  coeur,  larges,  le  dernier  surtout;  les  crochets  de  celui-ci  sont 
même  caclie's.  Dans  lès  Ftincs,  ces  tarses  sont  étroits ,  avec  le  dernier 
article  en  forme  de  cône  renversé.  Les  antennes  sont  rapprochées  à 
leur  base. 

(2)  Voytz, -pour  la  Synonymie  des  espèces  de  ce  genre,  SchœnheiTj 
Synon.  instet.  ,  II,  p.  106. 

(3)  Ptinus    scolias  ,   Fab.  ;  Oliv.,   col.,   ibid.  ,  .1,   »;  Panz.  ,  Faun. 
insect.  Gerin.,  V,  8-  —  P.  sutcatus,  Fab. 


FAMILLE    DES    SERRIGORNES.  4^3 

moins  à  sa  base;  les  antennes  tantôt  uniformes  et  en  scie  ou 
pcctinées,  tantôt  terminées  par  trois  articles  beaucoup  plus 
grands  que  les  précédents;  elles  sont  plus  courtes  que  le 
corps. 

Les  Ptilins.  (  Ptilinus.  Geoff. ,  Oliv.  —  Ptinus.  Lin.  ) 

Dont  les  antennes,  depuis  le  troisième  article,  sont  forte- 
ment pectinées  ou  en  panache  dans  les  mâles ,  et  en  scie 
dans  les  femelles. 

Ces  insectes  vivent  dans  le  bois  sec,  et  le  percent  de  petits 
trous.  C'est  là  aussi  qu'ils  sJaccouplent;  l'un  des  sexes  est  en 
dehors  et  suspendu  en  l'air  (i). 

Les  Xylétines.  (  Xyletinus.  Latr.  —  Ptilinus.  Fab.  ) 

Auxquels  nous  réunissons  les  Ochines  (  Ochina  )  de 
MM.  Ziégler  ei  Dejean,  ont  les  antennes  simplement  en  scie 
dans  les  deux  sexes  (2). 

Les  Dorcatomes.  (Dorcatoma.  Herbst,  Fab.  ) 

Où  les  antennes  finissent  brusquement  par  trois  articles 
plus  grands,  et  dont  les  deux  avant-derniers  en  forme  de 
dents  de  scie;  elles  ne  sont  composées  que  de  neuf  arti- 
cles (3). 

Les  Vrillettes.  (Anobium.  Fab..,  Oliv.  —  Ptinus.  Lin. 

—    Byrrhus.  Geoff.  ) 

Où.  les  antennes  sont  également  terminées  par  trois  arti- 
cles plus  grands  ou  plus  longs,  mais  dont  les  deux  avant- 
derniers  en  cône  renversé  et  alongé,  et  celui  du  bout  ovale 
ou  presque  cylindrique;  elles  ont  onze  articles. 

(1).  Ptilinus  pe.ctinicornis  ,  Fab.;  Oliv.  col.  II,  17  bis ,  1  ,  \-,  —  P. 
pectinatus ,  Fab.  ;  ejusd.  ,  P.  serralus  ,•  P linus  denticornis,  var  ;  Fanz  , 
iBi77.,VI,9;XXXV,  9. 

(2)  Ptilinus  pallens  ,  Germ.  ; — Ptinus  serricornis ,  Fab.  Dans  V  Ochina 
hederœ ,  les  antennes  sont  un  peu  plus  longues  que  celles  des  Xylétines, 
un  peu  moins  en  scie,  avec  les  second  et  troisième  articles  presque  de 
longueur  égale  Jç  n'ai  point  examiné  les  autres  espèces  d'OcHnes  men- 
tionnées par  M.  le  comte  Dejean  dans  son  Catalogue  (p.  4o)- 

(3)  Dorcatoma  dresdensis ,  Herhsl.  7  col.  IV,  xxxix,  8. 

5i* 


484  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Plusieurs  espèces  de  ce  genre  habitent  l'intérieur  de  nos 
maisons,  où.  elles  nous  font  beaucoup  de  tort  dans  leur  pre- 
mier état,  celui  de  larve,  en  rongeant  les  planches,  les  so- 
lives, les  meubles  en  bois,  les  livres,  qu'elles  percent  de 
petits  trous  ronds,  semblables  à  ceux  que  Ton  ferait  avec 
une  vrille  très  fine.  Leurs  excréments  forment  ces  petits  tas 
pulvérulents  de  bois  vermoulu  que  nous  voyons  souvent 
sûr  le  plancher.  D'autres  larves.de  vriliettes  attaquent  la  fa- 
rine, les  pains  à  cacheter  que  Ton  garde  dans  les  tiroirs,  les 
collections  d'oiseaux,  d'insectes,  etc. 

Les  deux  sexes,  pour  s'appeler  dans  le  temps  de  leurs 
amours  et  se  rapprocher  l'un  et  l'autre,  frappent  plusieurs 
fois  de  suite  et  rapidement,  avec  leurs  mandibules  ,  les  boi- 
series où.  ils  sont  placés,  et  se  répondent  mutuellement. 
Telle  est  la  cause  de  ce  bruit,  semblable  à  celui  du  batte- 
ment accéléré  d'une  monlie,  que  nous  entendons  souvent, 
et  que  la  superstition  a  nommé  ['horloge  de  la  mort. 

La  V .  damier  {A.  tesselatum.  Fab.  ),  Oliv.,  col.  li,  16, 
1,1,  longue  de  trois  lignes,  d'un  brun  obscur  et  mat,  avec 
des  taches  jaunâtres,  formées  par  des  poils;  corselet  uni; 
étuis  sans  stries. 

La  V.  opiniâtre  {Ptinuspertinax7\Àn.'7  A.  striatum,  F.), 
Oliv.,  ibid.  ï,  4?  noirâtre;  corselet  ayant,  à  chaque  angle 
postérieur ,  une  tache  jaunâtre,  et  près  du  milieu  de  sa 
base  une  élévation  comprimée,  divisée  en  deux,  en  devant, 
par  une  dépression  ;  étuis  à  stries  ponctuées.  Elle  préfère, 
d'aprèsles  observations  de  de  Géer,  selaisser  brûlera  petit 
feu,  plutôt  que  de  donner  le  moindre  signe  de  vie,  lors- 
qu'on la  tient. 

La  V .  striée  d'Olivier,  ou  VAnobium  pertinaxde  Fabri- 
cius  (Panz.,  ibid.,  LX\I,  5),  ressemble  beaucoup  à  la  pré- 
cédente; mais  elle  est  plus  petite  et  n'a  pas  de  taches 
jaunes  aux  angles  postérieurs  du  corselet.  Elle  est  très 
commune  dans  les  maisons.  M.  Dufour  a  observé  que  des 
appendicesformentautourdeson  pylore  u>  esorteoe fraise. 
La  V*  de  la  farine  (  A.  paniceum,  Fab. ;  A.  rninutum, 
ejusd.),  Oliv.,  ibid.  Il,  g,  est  très- petite,  fauve,  avec 
le  corselet  lisse,  et  les  étuis  triés.  Elle  ronge  les  sub- 
stances  farineuses,   et    ravage   les  collections  d'insectes, 


FAMILLE    DES    SERRICOtlNES.  ,      $85 

lorsqu'on   la  laisse  s'v  multiplier.  Elle  s'établit  aussi  dans 
le  liège  (i). 

La  troisième  et  dernière  seclion  des  Serricornes, 
formant  aussi  une  dernière  tribu ,   eelle  des  Lime- 
rois  (Xylotrogi),  et  se  distinguant,    comme   nous 
l'avons  déjà  dit ,  des  deux  précédentes  à  raison  de  la 
tète  entièrement  dégagée^  se  compose  du  genre 

De  Lyméxylon.  (Lymexylon.  Fab.  ) 

Nous  le  partagerons  ainsi  : 

Les  uns  ont  les  palpes  maxillaires  beaucoup  plus  grands 
que  les  labiaux,  pendants,  en  forme  de  peigne  ou  de  houppe 
dans  les  mâles ,  terminés  par  un  grand  article  ovoïde  dans 
les  femelles.  Les  antennes  sont  courtes  ,  un  peu  élargies 
vers  leur  milieu  et  amincies  vers  le  bout.  Les  tarses  sont  fi- 
liformes, avec  tous  les  articles  entiers  5  les  quatre  postérieurs 
sont  longs  et  très  grêles. 

Ceux  dont  les  élytrcs  sont  très  courtes,  sous  la  forme  d'une 
petite  écaille,  composent  le  genre 

D'àtractocÈre.  (Atractocerus. 'Palis,  de  Beauv.  —  Necyda- 
lis.    Lin.  —  Lymexylon.   Fab.  ) 

Les  antennes  sont  comprimées,  presque  en  fuseau.  Le  cor- 
selet est  carré  et  l'abdomen  déprimé. 

\1  A.  necydaloïde  {A.  necydaloides  ,  Palis,  de  Beauv. , 
Magaz.  encycl.;  Nccydalis  brevicornis  ,  Lin.;  Lymexylon 
abbreviatum ,  Fab.;  /liacrogaster  abbreviatus  ,  Thunb.  )  se 
trouve  en  Guinée,  et  paraît  peu  différer  d'un  autre  espèce 
que  l'on  reçoit  du  Brésil.  Le  Muséum  d'histoire  naturelle 
en  possède  une  seconde  beaucoup  plus  petite,  et  parfaite- 
ment distincte,  renfermée  dans  du  succin.  On  en  trouve 
une  autre  à  Java. 

('eux  où  les  éjyties  sont  de  la  longueur  de  l'abdomen  ou 
puères.  plus  courtes  forment  deux  sous-genres. 


(1)  Voyez  Schœtih.  ,  Synon.    iusect.  ,  î ,  7.  ,  p.  toi  .  Quelques  espèces 
de  Fabricius  se  rapportent  au  genre  Cis. 


/l$6  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Ici  les  antennes    sont   comprimées,  en  scie  et  à  articles 
transversaux;  le  corselet  est  presque  carré.  Tels  sont 

Les  Hylecoetes.  (  Hylecoetus.   Latr.  —  Meloe,  cantharis. 
*  Lin.  —  Lymexylon.  Fab.) 

V  H  dermestoïde  {Meloe.  Marci ,  Lin.,  le  mâle;  Lyme- 
xylon morio  ,  Fab. ,  et  L.  prohoscideum ,  item;  Cantharis 
dermes toides ,  Lin.  ,  la  femelle;  L.  dermestoides ,  Fab., 
item.;  Oliv.,  col.  lï,  ^5;  I,  1,2,  item  ).  La  femelle  eit 
longue  de  six  lignes,  d'un  fauve  pâle,  avec  les  yeux  et  la 
poitrine  noirs.  Le  mâle  est  noir,  avec  les  étuis  tantôt  noi- 
râtres ,  tantôt  roussâtres,  avec  l'extrémité  noire.  — En 
Allemagne,  en  Angleterre  et  au  nord  de  l'Europe. 
Là,  les  antennes  sont  simples,  peu  ou  point  comprimées, 
presque  moniliformes.  Le  corselet  est  presque  cylindrique. 

Les  Lyme'xylons  propres.  (Lymexylon,  Fab.  —  Cantharis* 

Lin.  —  Elateroides.  Schaeff.  ) 

Le  L.  naval  {L.  flavipes ,  Fab.,  mâle;  ejusd.,  L.  navale 9 
fem.;  0\'w.,ihid.  I,  4) ,  de  la  longueur  du  précédent,  mais 
plus  étroit,  d'un  fauve  pâle ,  avec  la  tête,  le  bord  extérieur  et 
le  bout  des  éluis  noirs;  cette  dernière  couleur  domine  un 
peu  plus  daus  le  mâle.  Cet  insecte  est  très  commun  dans 
les  forêts  de  chênes  du  nord  de  l'Europe,  mais  assez  rare 
aux  environs  de  Paris;  sa.  larve  est  fort  longue  et  très 
grêle,  presque  semblable  à  une  filaire.  Elle  s'était,  il  y  a 
quelque  temps,  tellement  multipliée  à  Toulon  ,  dans  les 
chantiers  de  la  marine,  qu'elle  y  avait  causé  de  grands 
ravages  (1). 

Les  autres  ont  les  palpes  fort  courts  et  semblables  daus 
les  deux  sexes  (2).  Les  autennes  sont  toujours  simples  et  de 

■■'-  ■"    — ■■■■■—  - - .■■  ■  ■-  il  ■'        r-T.-   ■■    ■       ■      .  ■  ■  ■■--—..  ..  M     -.   1  1         1  ■  ■     ■■■■■—    — . 

(1)  Le  Lymexylon  proboscideum  d'Olivier,  dont  l'individu  a  servi  de 
type  à  sa  description,  et  qui  fait  maintenant  partie  de  la  collection  de 
M.  le  comte  de  Jousselin ,  à  Versailles ,  doit  former  un  genre  propre. 
Voyez  aussi  le  Lymexylon  flabelllcorne  de  Panzer,  Fawn.  iusect.  Germ., 
XI,  10. 

(2^  Le  dernier  article ,.  celui  des  maxillaires  au  moins ,  esl  un  peu  plus 
gros,  presque  ovoïde. 


FAMILLE    DES  CL  AVIC0R1NES.  fiSf 

la  même  grosseur  partout.  Les  tarses  sont  courts,  et  le  pé- 
nultième artième  article  est  bilobé  dans  quelques-uns. 

Le  corps  est  de  consistance  solide,  avec  Je  dessus  de  la  tête 
inégal  ou  sillonné,  et  le  corselet  presque  carré  ou  suborbi- 
<:ulaiie. 

Les  Cupes.  (Cupes.  Fab.  ) 

Où.  les  antennes  sont  composés  d'articles  presque  cylin- 
driques ,  et  où  le  pénultième  des  tarses  est  bifide. 

Les  mandibules  sont  unidentées  sous  la  pointe.  Les  palpes, 
le»  mâchoires  et  la  languette  sont  découverts.  La  languette 
est  bilobée,  et  le  menton  est  presque  semi-orbiculaire.  On 
en  connaît  deux  espèces,  et  propres  l'une  et  l'autre  à  l'Amé- 
rique septentrionale  (i). 

Les  Rhysodes.  (Rh\ sodés.  Latr,  Daim.  ) 

Dont  les  antennes  sont  grenues  et  dont  tous  les  articles  des 
tarses  sont  entiers. 

Les  mandibules  sont,  à  ce  qu'il  m'a  paru,  rétréci  es  et 
presque  tricuspidées  à  leur  extrémité.  Le  menton  est  corné, 
très  grand  «  en  forme  de  bouclier,  terminé  supérieurement 
par  trois  dcnls  ou  pointes.  Les  palpes  sont  fort  courts. 

"Nonobstant  le  nombre  des  articles  des  tarses,  ce  genre  pa- 
raît se  rapprocher  des  cucujeset  même  de  certains  brentes,  à 
trompe  courte  dans  les  deux  sexes.  Les  habitudes  sont  les 
mêmes  que  celles  des  xylopliages  (2). 

La  quatrième  Famille  des  Coléoptères  Peint  a- 
mères  ,  celle 

Des  CLAVICORNES.  (Clavicornes.  ) 

Ayant,  de  même  que  là  précédente ,  quatre  palpes, 
el  des  étuis  recouvrant  le  dessus  de  l'abdomen  ou  sa 
plus  grande  portion  ,  en  diffère  parsesantennes  pres- 
que toujours  plus  grosses  vers  leur  extrémité,  souvent 

(1  )  Cupes  ctipitata  ,  Fab  ;  Latr.  ,  Gen.  crust.  et  insect. ,  I  ,  vin  ,  2  ; 
Coqueb.  ,  Illust.  icon.  insect. ,  III ,  xxx  ,  1 . 

('a)  fflnsodes  exaratus  ,~Da\m. ,  Anaîect.  enlcni.  ,  pag.  <)3.  M.  Léon 
Dufour  vient  tic  découvrir  celte  espèce  dans  les  Pyrénées. 


/|88  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

même  en  massue  ,  perfoliée  ou  solide  ;  elles  sont 
plus  longues  qu  les  palpes  maxillaires ,  avec  la  base 
nue  ou  à  peine  recouverte.  Les  pieds  ne  sont  point 
propres  à  la  natation  ,  et  les  articles  des  tarses,  ou  du 
moins  ceux  des  postérieurs  sont  ordinairement  en- 
tiers. 

Ils  se  nourrissent,  dans  leur  premier  état,    au 
moins  de  matières  animales. 

Nous  diviserons  cette   famille  en  deux  sections, 
dont  la  première  aura  pour  caractères  communs  : 
antennes  toujours  composées  de  onze  articles,  plus 
longues  que  la  tête ,    ne  formant  point  depuis  la 
troisième,  de  massue  en  fuseau  ou   presque  cylin- 
drique ;  leur  second    article    point  dilaté  en    ma- 
nière d'oreillette.    Dernier  article    des  tarses  ainsi 
que  ses  crochets^  de  longueur  moyenne   ou  petit. 
Ces  clavicornes  vivent  hors   de   l'eau ,  tandis   que 
ceux  de  la  seconde  section  sont  aquatiques  on   ri- 
verains, et  nous  conduisent  ainsi  aux  palpicornes, 
coléoptères   pour  la   plupart   aquatiques,    et   dont 
les  antennes  n'ont  jamais  au-delà  de  neuf  articles. 
La  premier  e section  comprendra  plusieurs  petites 
tribus. 

•  La  première,  celle  des  Palpeurs  (Palpatores), 
nous  paraît  devoir  venir  ,  dans  une  série  naturelle  > 
près  des  psélaphes  et  des  coléoptères  de  la  famille 
les  brachélytres  (1).  Leurs  antennes,    de  la  Ion- 

(])  C'est  ce  qui  nous  parait  résulter  des  organes  de  la  manducalion  e& 
des  habitudes. 


FAMILLE    DES    CLAVICOUNES.  4$9 

gueur  au  moins  de  la  tête  et  du  corselet ,  vont  un 
peu  en  grossissant  vers  le  bout,  ou  sont  presque  fi- 
liformes, avec  les  deux  premiers  articles  plus  longs 
que  les  suivants.  La  tête  est  distinguée  du  corselet 
par  un  étranglement  et  ovoïde.  Les  palpes  maxil- 
laires sont  longs,  avancés,  et  renflés  vers  leur 
extrémité.  L'abdomen  est  grand,  ovalaireou  ovoïde, 
et  embrassé  latéralement  par  les  élytres.  Les  pieds 
sont  alongés,  avec  les  cuisses  en  massue,  et  les  ar- 
ticles des  tarses  entiers. 

Ces  insectes  se  tiennent  à  terre ,  sous  des  pierres 
ou  d'autres  corps.  Quelques-uns  (  les  scydmènes  ) 
fréquentent  les  lieux  humides.  Nous  les  réunirons 
en  un  seul  genre,   celui 

De  Mastige.  (Mastigus.) 

Les  Mastiges,  (  Mastigus.  Hoffm.  —  Ptinus.  Fab.  ) 

Ont  les  antennes  composées  d'articles  ayant  presque  la 
forme  d'un  cône  renversé,  dont  le  premier  fort  long,  et  dont 
les  derniers  guère  plus  gros  que  les  autres.  Les  deux  derniers 
des  palpes  maxillaires  composent  une  massue  ovalaire.  Le 
corselet  est  presque  de  figure  ovoïde.  L'abdomen  est  ova- 
laire (i). 

Les  Scydmènes.  (Scydm.enus.  Latr.,Gill.  —  Pselaphus , 
llig.,  Payk.  —  Anthicus.  Fab.  ) 

Ont  les  antennes  grenues,  sensiblement  renflées  vers  leur 
extrémité,  et  peu  coudées.  Les  palpes  maxillaires  se  termi- 
nent par  un  article  très  petit  et  pointu.  Le  corselet  est  près- 

(i)  Mastigus  palpalis ,  Latr. ,  Gen.  crust.  et  insecL.  ,  1 ,  281;  vin,  5. 
Voyez  Schœnh. ,  Synon.  insect.  ,  I,  11,  p.  59,  et  Klùg,  EntomuL 
monog. ,  pag.  i(33. 


4gO  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

que  globuleux  ,  et  l'abdomen,  presque  ovoïde  ,  est  propor- 
tionnellement plus  court  que  ce! ni  des  mastiges  (i). 

Dans  tous  les  clavicornes  suivants,  la  tête  s'en- 
fonce généralement  dans  le  corselet,  et  les  palpes 
maxillaires  ne  sont  jamais  à  la  fois  aussi  avancés 
et  en  massue  ;  l'ensemble  de  leur  physionomie  pré- 
sente d'ailleurs  d'autres  dissemblances. 

Le  genre  des  escarbots  (Hister)  formera  notre 
seconde  tribu  ,  que  nous  nommerons,  avec  M.  le 
baron  Paykull ,  qui  l'a  si  bien  étudiée ,  Histé- 
ro'ïdes  (  Hisieroicles  ), 

Ici  les  quatre  pieds  postérieurs  sont  plus  écartés 

entre  eux,  à  leur  origine,  que  les  deux  antérieurs, 

caractère  qui  distingue,  lui  seul,  cette  tribu  de 
toutes  les  autres  de  la  même  famille.  Les  pieds  sont 

contractiles  ,  et  le  côté  extérieur  des  jambes  est 
denté  ou  épineux.  Les  antennes  sont  toujours  cou- 
dées et  terminées  en  une  massue  solide,  ou  com- 
posée d'articles  très  serrés.  Le  corps  est  d'une  con- 
sistance très  solide,  le  plus  souvent  carré,  ou  pa- 
rallélipipède,  avec  le  présternum  souvent  dilaté 
en  devant,  et  les  élytres  tronquées.  Les  mandi- 
bules sont  fortes  ,   avancées,   et  souvent  d'inégale 

( i ) Scydmœniis  Ilelwigii ,  Latr.;  Anlhicus  Hehvigii, Fab.  :  JVotoxus  mi- 
nutas, Faun.  insect.  Germ. ,  XXIII,  5; — S.  Goàarti,  Latr.,  I,  vin,  6  ; 
S.  hirlicollis  ?  Gyfl.  ;  — S.  minutas,  ejus.  ;  Anlhicus  minulus ,,  Fab. 
Voyez  Schœnli.,  Synon.  insect.,  I,  u,  p.  57.  M.  Daros ,  garde-du- 
corps  du  roi,  qui  a  un  talent  particulier  pour  découvrir  les  petites  es- 
pèces de  nos  enviions  ,  a  trouve  dans  une  fourmilière  le  S.  clavatus  de 
M.  Gyîienhall.  Ce  fait  et  quelques  autres  me  confirment  dans  l'opinion 
que  ces  insectes  viennent,  avec  les  Pse'ïaphes,  à  la  suite  des  Brachclytres. 


FAMILLE  -D ES    CLAVICOUJNES.  4Çjl 

grandeur.  Les  palpes  sont  presque  filiformes  ou 
légèrement  plus  gros  à  leur  extrémité,  et  terminés 
par  un  article  ovalaire  ou  ovoïde. 

Sous  le  rapport  des  habitudes  et  à  raison  des  den- 
telures de  leurs  jambes  et  de  quelques  autres  carac- 
tères, ces  insectes  semblent  se  rapprocher  des  lamelli- 
cornes coprophages.  Mais,  pard'autres  considérations, 
fondées  sur  l'anatomie  ,♦  ils  viennent  naturellement 
près  des  boucliersous/^Atf  y  telle  est  aussi  l'opinion  de 
M.  Dufour  (Annal,  des  Scienc.  nat.,  octob.  1824). 
Le  canal  digestif  de  l'espèce  qu'il  a  disséquée  {si- 
nuatus)  a  quatre  à  cinq  fois  la  longueur  du  corps. 
L'œsophage  est  très  court;  le  renflement  oblong 
venant  immédiatement  après,  offre  à  travers  ses 
parois  quelques  traits  brunâtres ,  qui  sembleraient 
annoncer  l'existence  de  pièces  intérieures  propres 
à  la  trituration ,  et  s'il  en  était  ainsi ,  ce  renfle- 
ment mériterait  le  nom  de  gésier;  le  ventricule 
ehylifique  est  fort  long;  replié  sur  lui-même,  et 
hérissé  de  papilles  pointues  et  très  saillantes.  Les 
vaisseaux  hépatiques  ont  six  insertions  distinctes  au- 
tour du  ventricule  ehylifique  (  Ibid.  juillet,  1825 ). 
Leur  nombre,  selon  Rarndohr,  ne  serait  que  de  trois , 
et  chacun  d'eux  aurait  ainsi  deux  insertions  :  mais 

une  telle  disposition  de  ces  vaisseaux  est  douteuse. 

i 

Ces  animaux  se  nourrissent  de  matières  cada- 
véreuses ou  stercoraires,  de  substances  végétales 
corrompues,  comme  le  fumier ,  les  vieux  cham- 
pignons ,  etc.  ;  quelques  autres  font  leur  séjour 
sous  les  écorces   des  arbres.    Leur   démarche  est 


/|()2  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

lente  ;  ils  sont  d'un  noir  très  brillant ,  ou  de  couleur 
bronzée.  Celles  de  leurs    arves  qu'on  a  observées 
(inerdarius ,    cadaverinus)  se  nourrissent  des  mêmes 
substances  que    l'insecte   parfait.    Leur   corps    est 
presque    de   forme     linéaire  ;    déprimé ,    presque 
glabre  ,  mou  et  d'un  blanc  jaunâtre,  à  l'exception 
de  la  tête  et  du  premier  segment,   dont  le  derme 
est  écailleux  et  brun  ou  rougeâtre;   il  est  pourvu 
de  six  pattes  courtes ,  et  se  termine  postérieure- 
ment par  deux  appendices  articulés,  et  un  prolon- 
gement anal  et  tubulaire  ;  la  plaque  écailleuse  du 
premier  segment  est   cannelée  longitudinalement. 
Cette  tribu  comprendra  exclusivement ,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  le  genre 

Des  Escarbots.  (Hister.  Lin.  ) 

M.  le  baron  Paykull  s'était  borné  à  en  détacher  quelques 
espèces  à  forme  très  aplatie,  et  dont  il  compose  celui  d'hoio- 
lepte;  mais  le  docteur  Leach  (Zool.  miscell.,  M,  p.  76.) 
en  a  établi  quatre  autres. 

Les  uns  ont  les  jambes  ,  ou  les  antérieures  au  moins  , 
triangulaires,  dentées  extérieurement ,  les  antennes  toujours 
découvertes  et  libres,  le  corps  généralement  carré,  peu  ou 
point  renflé. 

On  peut  les  diviser  en  deux  sous-genres.  Dans  le  premier, 
celui 

D'Hololepte  (  Hololepta.  Payk.  ), 

Le  corps  est  très  aplati  ,  le  présternum  ne  s'avance  point 
sur  la  bouche,  et  les  quatre  jambes  postérieures  n'ont  qu'un 
seul  rang  d'épines;  le  lobe  terminal  des  mâchoires  est  pro- 
longé )  le  menton  est  profondément  échancré,  et  les  pal- 
pes, proportionnellement  plus  avancés  ,  sont  formés  d'arti- 
cles presque  cylindriques. 

Sis  se  tiennent  sous  les  écorces  des  arbres.  L'animal  figuré 


FAMILLE    DES    CLAVICORNES.  #g5 

par  M.  Paykull   comme  la  larve   d'une  espèce  de  ce  sous- 
genre  est  celle  d'uue  espèce  de  syrphe  ou  de  mouche  (i). 

Les  autres  histéroïdes,  dont  le  présternum  s'avance  sur 
la  bouche ,  dont  les  mâchoires  se  terminent  par  un  lobe 
court,  avec  les  palpes  peu  avancés  et  composés  d'articles 
qui,  à  l'exception  du  dernier,  sont  plutôt  en  cône  renversé 
que  cylindriques,  et  dont  le  menton  ,  enfin  ,  est  légèrement 
échancré,  rentreront  dans  le  sous-genre. 

D'Escarbot  proprement  dit.  (  Hister.  ) 

Quelques  espèces  dont  les  quatre  jambes  postérieures 
n'ont,  ainsi  que  les  hololeptes,  qu'une  seule  rangée  de 
petites  épines,  et  vivent  aussi  sous  les  écorces  d'arbres, 
composent  les  genres  Platysome  (  Platysoma  ),  et  Den- 
drophile  (  Dendrophilus)  ,  de  M.  Leach.  Le  premier  (2) 
ne  diffère  du  second  (3)  qu'en  ce  que  le  corps  est  aplati 
en  dessus  ,  et  que  le  corselet  est  plus  court ,  et  rétréci 
en  devant.  Une  espèce  de  la  même  division,  Yescarbot 
a  trompe  (H.  proboscideas ,  Payk.,  Monog.,  VIII,  4)?  a 
une  forme  particulière.  Son  corps  est  long  et  étroit,  avec 
le  corsele?  plus  d'une  demi-fois  plus  long  que  large. 

Les  autres  escarbots  ont  deux  rangées  d'épines  aux 
quatre  jambes  postérieures.  Ce  sont  les  seuls  que  M.  Leach 
laisse  dans  le  genre  hister. 

\JE.  unicolor  (H.    unicolor,  Lin.;  Payk.,  ibid.?  II,    7), 

long  de  quatre  lignes  ,   entièrement  noir,   luisant;   trois 

dentelures  au  côte  extérieur  des  deux  premières  jambes  ; 

deux  stries  de  chaque  côté  d_u  corselet  ,  et  quatre  sur  la 

partie  extérieure  de  chaque  étui,  de  leur  longueur,  et  dont 

la  plus  voisine  du  bord  interrompue.  Très  commun. 

Le  nombre  des  dentelures  des  jambes,  celui  des  stries  du 

corselet  et  des  élytres  ,,  leur  ponctuation  ,  la  forme  du  corps 

ont  fourni  à  M.  Paykull  d'exceilents  caractères,  au  moyen 

desquels  il  a  bien  signalé  les  espèces. 

Une  dernière  division  de  cette  tribu  comprend  des  Juste* 

(1)  Hister.  monog.  ,  pag.  201  et  suiv. 

(•2)   Hister  picipzs ,  Fab.  ;   Payk. ,  ibid.  ,  VIII ,  5  ;  —  H.  flavicornis  , 
•   ejusd. ,  VIII,  6  ;  —  H.  oblongus  ,  ejusd. ,  X ,  3. 
(3)  A.  punctatus,  ejusd. ,  VIT ,  5. 


4.g4  insectes  coléoptères. 

roïdes  très  petits ,  à  corps  épais,  presque  globuleux,  dont  le 
présternum  peu  ou  point  comprimé  latéralement ,  point 
avancé  sur  la  bouche, est  droit  en  devant. Dans  les  uns  (Abrée, 
Abrœus  ?  Leach.  ),  il  se  prolonge  jusqu'aux  angles  antérieurs 
du  corselet,  et  recouvre  entièrement  les  antennes  dans  leur 
contraction  )  il  est  plus  étroit  dans  les  autres  (Onthophile  , 
Oiithophilus ,  ejusd.  );  mais  ici  la  massue  des  antennes  se 
loge  dans  une  cavité  orbiculaire  et  très  distincte,  située 
sous  l'angle  antérieur  du  corselet.  Les  jambes  antérieures 
sont  souvent  étroites  ,  presque  linéaires  et  sans  dents.  Le 
dernier  demi-segment  supérieur  de  l'abdomen  est  courbé 
inférieurement  et  paraît  le  terminer  (i). 

Les  autres  clavicornes  ont  les  pieds  insérés  à 
égale  distance  les  uns  des  autres.  Ceux  de  ces  co- 
léoptères où  ces  organes  ne  sont  point  contractiles  , 
ou  donl  les  tarses,  à  plus  ,  se  replient  contre  la 
jambe  ,  qui  ont  des  mandibules  le  plus  souvent 
saillantes  et  aplaties,  ou  peu  épaisses,  et  dont  le 
présternum  n'est  jamais  dilaté  antérieurement,  com- 
poseront cinq  autres  tribus, 

La  troisième  tribu  de  la  famille  ,  celle  des  Sil- 
phales  (  Silphales  )  ,  offre  cinq  articles  très 
distincts  à  tous  les  tarses,  et  les  mandibules  ter- 
minées en  une  pointe  entière  ,  ou  sans  échancrure 
ni   fissure   (2).  les   anlennes  se  terminent  en   une 


(1)  Le  docteur  Leacb  rapporte,  au  G.  abrœusYH.  globosus,  Payk. , 
VITI  ,  2  :  —  VH.  mini/tus  ,  ejusd, ,  A  Iîl ,  i  ;  et  à  son  genre  Onlhophilus, 
les  escarhots  suivants  :  H,  striatus ,  Payk.,  ibuï. ,  XI,  i  ;  H .  sulcatus  , 
X ,  8  ;  1ÏH.  hispidus  du  même,  XI,  2 ,  paraît  êt^e  congénère.  Le  genre. 
ceulocerus  de  M.  Gevmar  flnsect.  jSpec.  nov.,  I,  p.  85,  i ,  2)  semble  ve- 
nir naturellement  après  les  Hisléroïdes ,  d'après  la  forme  des  antennes , 
des  pattes ,  etc.  ;  mais  les  élylres  recouvrent  l'abdomen,  et  les  mandi- 
bules ne  sont  point  saillantes.  Je  n'ai  vu  aucun  individu  de  ce  genre. 

(2)  Le  côté  interne  cependant  offre  quelquefois  des  dentelures,  et 
telles  sont  celles  des  Sjthérites. 


FAMILLE    DES    CLAVïCORNES.  i|ftp 

massue  le  plus  souvent  perfoliée-,  et  de  quatre  à 
cinq  articles.  Les  mâchoires  ont  dans  la  plupart 
une  dent  cornée  au  côté  interne.  Les  tarses  anté- 
rieures sont  souvent  dilatés  ,  du  moins  dans  les 
mâles.  Les  ély  très  du  plus  grand  nombre  ont  au 
bord  extérieur  une  gouttière,  avec  un  fort  re- 
bord. 

Cette  tribu  se  compose  du  genre 

Des  Boucliers.  (Silpha.  Lin.  — Pehis.  GeofT.) 

ïci  les  antennes  se  terminent  brusquement  en  une  massue 
courte  et  solide,  formée  par  les  quatre  derniers  articles  * 
le  second  est  plus  grand  que  les  suivants.  Le  corps  est 
presque  carré,  avec  les  ély  très  tronquées,  les  jambes  dentées, 
les  tarses  simples, les  mandibules  bidentées  au  côté  interne,et 
le  dernier  article  des  palpes  maxillaires  aussi  long  que  les 
deux  précédents  réunis.  Les  mâchoires  ont  une  dent  cornée 
au  côté  interne.  Ces  insectes  ressemblent  tellement  aux 
escarbots  ,  que  Fabricius  les  a  confondus  avec  eux.  Tels 
sont 

Les  Spherites.  (  Sphjeuites.  Dufst.  —  Sarapus.  Fisch.  —  His- 
ter.  Fab.  —  Nitidula.  GylJ.  )  (i) 

Là*,  les  antennes  se  terminent  en  une  massue  perfoliée. 

Tantôt  le  corps  est  obiong  ,  avec  la  tête  étranglée  posté- 
rieurement, aussi  large  ou  guère  plus  étioitequele  bord 
antérieur  du  corselet  ;  cette, partie  est  en  forme  de  carré  ar- 
rondi aux  angles  ',  les  ély  très  sont  en  carré  longr  brusque- 
ment et  fortement  tronquées  à  leur  extrémité  postérieure. 
Les  cuisses  postérieures,  du  moins  dans  les  maies  ,  sont  or- 
dinairement renflées.  Le  dernier  article  des  palpes  maxillai- 
res est  un  peu  plus  grêle  que  le  précédent,  presque  cyiindri- 


(i)  Dufst  ,  Faim.  aust.  ,  î,  p.  206  •  Hister  glabratus ,  Fab.;  Sturm.  , 
I ,  xx ;  Sarapus,  Fisch. ,  Mena,  delà  Soc.  des  natur,  de  Moscou. 


4()6  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

que  ,  un  peu  aminci  vers  le  bout   et  obtus.  Les  tarses  anté- 
rieurs sont  dilatés  dans  les  mâles. 

Les    Nécrophores.  (  Necropborus.   Fab.  —  Silpha.   Lin.  — 

Dermestes.  Geoff.) 

Les  antennes  ,  guère  plus  longues  que  la  tête ,  sont  ter- 
minées brusquement  en  une  massue  presque  globuleuse, 
de  quatre  articles;  le  premier  est  long  et  le  second  beau- 
coup plus  court  que  le  suivant.  Le  corps  est  presque  parallé- 
lipipède,  avec  le  corselet  plus  large  en  devant,  toutes  les 
jambes  fortes ,  élargies  à  leur  extrémité  et  terminées  par  de 
forts  éperons,  et  les  éiytres  tronquées  à  angle  droit. 

Les  mâchoires  sont  dépourvues  d'onglet  corné.  L'instinct 
qu'ils  ont  d'enfouir  les  cadavres  des  taupes,  des  souris,  et 
autres  petits  quadrupèdes,    les  a  fait  nommer  enterreurs  , 
porte-morts.  Ils'se  glissent  dessous,  creusent  la  terre,  jusqu'à 
ce  que  la  fosse  soit  assez  profonde  pour  contenir  le  corps,  et 
IV  font  entrer  peu  à  peu  ,  en  le  tirant  à  eux  ;  ils  y  déposent 
leurs  œufs  ,  et  leurs  larves  trouvent  ainsi  leur  nourriture. 
Elles  sont  longues,  d'un  blanc   grisâtre,  avec  le  dessus  de 
leurs  anneaux  antérieurs  revêtu  d'une  petite   plaque  écail- 
leuse  d'un  brun  fauve  ,  et  de  petites  pointes  élevées  sur  les 
derniers.  Elles  sont  munies  de  six  pattes  et  de  mandibules 
assez  fortes.  Pour  passer  àd'état  de  nymphes,  elles  s'enfon. 
cent  profondément  dans  la  terre  ,   et  s'y  construisent   une 
loge,  qu'elles  enduisent  d'une    substance  gluante.   Ces  in- 
sectes, ainsi  que  beaucoup  d'autres  qui  vivent  dans  des  matiè- 
res cadavéreuses,  ont  une  forte  odeur  de  musc.  Leurs  habitu- 
des ont,  dans  ces  derniers  temps,  fixé  l'attention  de  ceux  qui 
font  métier  de  la  destruction  des  taupes  ,  et  l'ouvrage  inti- 
tulé l'Art  du   taupier,    nous  offre  à  cet  égard  quelques  faits 
qui  avaient  échappé  à  l'observation  des  naturalistes.  11  faut 
que  ces  insectes  aient  un  odorat   très  fin  ,   puisque  peu   de 
temps  après  qu'une  taupe    a   été  tuée  ,   l'on  ne  tarde  pas  à 
voir  voler  autour   des  nécrophores ,   qu'on   eut  vainement 
cherché  dans  ce  lieu  auparavant. 

Le  canal  digestif  des  nécrophores  et  des  boucliers  est  trois 
fois  au  moins  plus  long  que  le  corps.  L'œsophage  est  très 
court  et  suivi  d'un  gésier  ellipsoïde,  dont  la  tunique  interne 


FAMILLE    DES    CLAVTCORNES.  4-97 

et  un  peu   scarieuse  est  hérissée, .du  moins  dans  plusieurs 
espèces,  de  soies  pointues,  dirigées  en  divers  sens,  mais 
disposées  en  huit  bandes  longitudinales ,  séparées  par  des 
intervalles  lisses.  Le  tube   intestinal  est  fort  long,  surtout 
dans  les  nécrophores  et  les  nécrodes.  La  surface  de  l'intes- 
tin, dans  les  derniers,  ainsi  que  dans  les  boucliers,  est  toute 
couverte  de  points  saillants  et  granuleux.  Il  s'ouvre,  soit 
latéralement,  soit  directement,  dans  un  renflement  lisse  que 
l'on  peut,  selon  M.  Dufour  (Annal,  des  scienc.  nat.,  octob. 
1824  )  comparer  à  un  ccecum.  Il  reçoit  par  côté  une  bourse 
pédicellée,  ovalaire  ou  oblongue  ,  faisant  partie  de  l'appareil 
excrémentiel.  Le  nombre  des  vaisseaux   biliaires  ,  qui  sont 
grêles ,  très  longs,  fort  repliés,  et  ont  chacun  une  insertion 
propre,  autour  de  l'extrémité  du  ventricule  chylifique  (Du- 
four, ibid.,  juillet  i8^5  ) ,  est  de  quatre.  Il  paraît,  d'après  la 
figure  du  canal  digestif  du  necrophorus  vespillo,  donnée  par 
Ramdohr,  que  son  gros  intestin,  au  lieu  d'être  couvert  de  pa- 
pilles granuleuses  ,  aurait  des  rubans  musculeuxy  transver- 
saux ,  formant  des  plis  annulaires. 

Le  N.  fossoyeur  ou  point  de  Hongrie  (  Silpha  vespillo  , 
Lin.  •  Oliv.  ,  col.  II ,  10  ,  1 ,  1  ),  est  long  de  sept  à  neuf  li- 
gnes ,  noir,  avec  les  trois  derniers  articles  des  antennes 
rouges,  et  deux  bandes  orangées,  transverses  et  dentées 
sur  les  étuis  et  les  hanches  des  deux  pieds  postérieurs  ar- 
mées d'une  forte  dent;  leurs  jambes  sont  courbes. 

Le  N.  des  morts  (  N.  mortuorum,Fab.m?  Panz.,  Faun.  inr 
sect.  germ.,  XLÏ,  3  ),  est  plus  petit,  avec  les  antennes  en- 
tièrement noires.  La  seconde  bande  transverse  orangée 
des  élytres  de  l'espèce  précédente,  ne  forme  ici  ordinai- 
rement qu'une  grande  tache  en  croissant. 

On  la  trouve  spécialement  dans  les  bois  et  souvent  dans 
les  champignons.. 

Le  N.  germanique  (  JV,  germanicus ,  Fab.  ;  Oliv.  ,  ibid.  , 
1,  iy  a,  b  ),  a  souvent  plus  d'un  pouce  de  longueur.  Il  est 
tout  noir,  avec  le  bord  extérieur  des-élytres  fauve ,  et  une 
tache  d'un  jaune  ferrugineux  sur  le  front. 

Le  N.  inhumeur  (  humaior,  Fab.;  Oliv.,  ibid.,  1,  2,  c.  ); 
diffère  du  précédent  par  la  couleur  orangée  de  la  massue 
des  antennes.  Il  est  aussi  constamment  plus  petit. 

TOME    IV.  32 


4g8  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

L'Amérique  septentrionale  en  fournit  plusieurs  espè- 
ces,  dont  une  surtout  [grandis  ,  Fab.  )  surpasse  toutes 
les  autres  en  grandeur.  Ce  genre  paraît,  jusqu'ici,  re- 
streint aux  contrées  septentrionales  de  ce  continent  et  de 
l'Europe  (i). 

Les  INécrodes.  (  Necrodes.   Wilk.  —  Silpha.  Lin. ,  Fab.) 

Ont  des  antennes  manifestement  plus  longues  que  la  tête, 
terminées  en  une  massue  alongée,  de  cinq  articles  j  le  se- 
cond est  plus  grand  que  le  troisième.  Le  corps  est  ovale- 
oblong ,  avec  le  corselet  presque  orbiculaire ,  plus  large  dans 
son  milieu  ,  les  jambes  étroites,  alongées,  peu  élargies  au 
bout,  et  terminées  par  deux  éperons  de  grandeur  ordinaire  , 
et  les  étuis  tronqués  obliquement. 

On  trouve  des  espèces  de  ce  sous-genre  en  Europe,  dans 

les  contrées  équatoriales  du  nouveau  monde  ,  aux  Indes 

orientales  et  à  la  Nouvelle-Hollande  (2). 

Tantôt  le  corps,  est  ovalaire  ou  ovoïde,  avec  la  tête  peu  ou 
point  étranglée  postérieurement,  plus  étroite  que  le  corse- 
Jet  3  le  corselet  soit  presque  demi  circulaire  et  tronqué  en 
devant,  soit  trapézoïde  et  plus  large  en  arrière;  les  élytres 
arrondies  où  simplement  échancrées  à  leur  extrémité  posté- 
rieure. Les  pieds  postérieurs  ne  diffèrent  point  ou  peu  sexuel- 
lement. 

Les  mâchoires  sont  armées  intérieurement  d'une  dent  ou 
crochet  écailleux. 

Les  Boucliers  proprement  dits.   (Silpha.  Lin. ,  Fab. 

—  Peltis..  Geoff.  ) 

Dont  le  corps  est  presque  en  forme  de  bouclier,  déprimé 
ou  peu  élevé,  avec  le  corselet  demi  circulaire,  tronqué  ou 
très  obtus  en  devant,  les  élytres  fortement  rebordées  et  creu- 
séesen  goutiète  extérieurement,  les  palpes  filiformes,  et  dont 
le  dernier  article  est  presque  cylindrique  et  terminé  en 
pointe  dans  plusieurs.  La  plupart  vivent  dans  les  charognes 

(1)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Fabricius,  Olivier,  et  Schœnh. , 
I,  11,  p.  117. 

(2)  Silpha  litto  rails ,  Fab.  ;  Oliv.,  col.,  II,  n  ,  1,  8,  a,  b,c;  —  S. 
surinamensis ,  Fab.  ;  Oliv.  ,  ibul.  ,11,  11  ;  —  S.  lachrymosa,  Schreib.  , 
Lin.  Tians.  ,  YI ,  xx  ,  5  ;  —  S.  inclica  ,  Fab.  ,  etc. 


FAMILLE    DES    CLÀVICORISES.  499 

et  diminuent  ainsi  la  quantité  des  miasmes  qu'elles  répan- 
dent. Quelques  autres  grimpent  sur  les  plantes,  et  notam- 
ment les  tiges  de  blé,  où  sont  de  petits  hélix,  pour  en  man- 
ger l'animal.  D'autres  se  tiennent  sur  des  arbres  élevés  et 
dévorent  les  chenilles.  Les  larves  sont  pareillement  agiles, 
vivent  de  la  même  manière  ,  et  souvent  rassemblées  en 
grande  quantité.  Elles  ont  beaucoup  de  ressemblance  avec 
l'insecte  parfait.  Leur  corps  est  aplati ,  composé  de  douze 
segments  dont  les  angles  postérieurs  sont  aigus,  avec  l'ex- 
trémité postérieure  plus  étroite  et  terminé  par  deux  appen- 
dices coniques. 

Dans  la  plupart  des  espèces  ,  les  deux  tarses  antérieurs  des 
mâles  sont  seuls  plus  dilatés  que  les  autres.  Les  antennes 
grossissent  insensiblement  ou  se  terminent  brusquement 
en  une  massue  de  quatre  articles  au  plusj  les  second  et 
troisième  articles  sont  peu  différents  ;  le  dernier  des  maxil- 
laires est  de  la  longueur  au  plus  du  précédent,  et  souvent  un 
peu  plus  court  et  un  peu  plus  menu. 

Les  espèces  où  l'extrémité  des  antennes  est  distinctement 
perfoliée  ou  composée  d'articles,  qui,  à  l'exception  du  dernier, 
sont  transversaux  et  plus  larges  que  longs,  où  cette  massue  est 
brusque,  et  dont  lesélytres  sontéchancréesà  leur  extrémité  , 
dans  les  mâles  au  moins,  forment  le  genre  Thanatophile 
(  lhanatopliilus  )  de  M.  Leach  (i). 

Celles  où  les  élytres  sont  entières ,  mais  qui  ont  d'ailleurs 
des  antennes  semblables,  composent  celui  qu'il  nomme 
Oiceftome  (Oiceploma). 

Le  B.  thoracique  (  S.  thoraçica ,  Lin. ,  Fab.  ;  Oliv. ,  col. 
H,  ii,  i,  3,  a,  b.  ),  dont  le  corps  est  noir,  avec  le  corselet 
rouge  ,  soyeux  ,  et  trois  lignes  élevées,  flexueuses,  dont 
l'extérieure  plus  courte,  formant  une  carène  et  se  termi- 
nant près  d'un  tubercule  transversal,  sur  chaque  élytre. 
Dans  le  mâle,  l'extrémité  postérieure  de  ces  élytres  finit 
en  pointe  à  la  suture.  Cette  espèce  habite  plus  particuliè- 
rement les  bois. 

Une  autre  espèce,   propre  aussi   aux  forêts,  mais  qui 


(i)  Silpha  sinuala,  Fab.;  Oliv.,  ibid.  ,  II,  12;  — S.dispar,  Ilig., 
Gyllenli  ,  etc. 

.12* 


500  INSECTES   COLÉOPTÈRES. 

se  tient  communément  sur  les  jeunes  chênes,  pour  y  vi- 
vre de  chenilles,  est  le  B.  a  quatre  points  (S.  quadripunc- 
tata  ,  Lin.,  Fab.;  Oliv.  ,  ibid. ,  I,  7  ,  a,  b.  ).  Son  corps  est 
noir,  avec  le  limbe  du  corselet  et  les  ély  très  jaunâtres.  Elles 
ont  chacune  deux  points  noirs,  l'un  à  la  base  et  l'autre 
au  milieu  (î). 

Les  boucliers  dont  les  antennes  sont  pareillement  per- 
foliées  à  leur  extrémité,  mais  dont  la  massue  est  formée 
graduellement,  conservent  seuls,  dans  la  méthode  du  même 
naturaliste,  la  dénomination  générique  de  Silpha.  Ces  es- 
pèces se  tiennent  habituellement  dans  les  champs  ,  sur  les 
bords  des  chemins  ,  etc. 

Le  B.  lisse  (  S.  lœvigata ,  Fab.;  Oliv.,  ibid,,  1 ,  1 ,  a,  h  ) , 
qui  est  d'un  noir  luisant,  très  pointillé,  avec  le  corselet 
beaucoup  plus  étroit  en  devant ,  et  les  élytres  sans  lignes 
élevées. 

Le  2?.  obscur  (S.  obscura,Lin.,  Fab.;01iv.,  ibid.,  H,  18  ) , 
d'un  noir  obscur,  avec  le  corselet  tronqué  en  devant ,  les 
élytres  plus  profondément  ponctuées,  et  trois  lignes 
élevées,  mais  peu  saillantes,  courtes,  et  dont  l'intermé- 
diaire plus  longue,  sur  chaque  élytre. 

Le  B.  réticulé  {S.  reticulatay  Lin.;  Panz.,  Faun.  insect. 
Germ. ,  Y  ,  9  ),  d'un  noir  opaque  ,  avec  le  corselet  tron- 
qué en  devant,  trois  lignes  élevées  sur  chaque  élytre, 
dont  l'extérieure  plus  forte,  formant  une  carène  ,  terminée 
par  un  tubercule,  et  des  rides  transverses  dans  les  inter- 
valles (2). 

Dans  quelques-uns,  les  antennes  ne  sont  point  nettement 
perfoliées  à  leur  extrémité,  les  derniers  articles  étant 
presque  globuleux.  Ce  sont  Les  Phosphuges  (  Phosphuga) 
du  même  (3). 

Une  espèce  de  bouclier  d'Allemagne,  et  qui  pourrait 
former  un  sous-genre  propre  {Necrophilus ,  Latr.  ) ,  s'é- 
loigne des  précédentes  par  plusieurs  caractères.  Les  quatre 


(1)  Ajoutez  lS\  rngosn,  Fab.;  Oliv.  ,  II,  ibid.,  17  ; — S.  hiponica ,  Fab, 

(2)  Ajoutez  S.    opaca,   Fab.  ;   Herbst.  ,   col.,  LI  ,    16;  —  S.    tristis, 
litige  etc. 

(3)  S.  atrata  ,  Fab.  ;  ejusâ.  ,  Pcdemonlana ,  var.  ;  Oliv.  ,  ibid  ,  I,  G. 


FAMILLE    DES    CLAVICORtfES.  5oi 

tarses  antérieurs  sont  semblables  et  dilatés  à  leur  base  , 
les  deux  premiers  articles  étant  sensiblement  plus  larges, 
du  moins  dans  les  mâles,  que  les  deux  suivants.  Le  troi- 
sième article  des  antennes  est  plus  long  que  le  précédent, 
et  les  cinq  derniers  forment  brusquement  une  massue 
perfoliée.  Le  dernier  des  maxillaires  est  aussi  long  que 
les  deux  précédents  réunis.  Cette  espèce  est  la  Silpha  sub- 
îerranea  d'Iliger  et  de  divers  autres  entomologistes. 

Les  àgyfxTes.  (  Agyrtes.  Frœh.  —  Mycetophagus.  Fab.) 

Ont  le  corps  assez  épais,  convexe  ou  arqué  en  dessus, 
point  en  forme  de  bouclier,  avec  le  corselet  presque  carré , 
un  peu  plus  large  que  long  et  un  peu  plus  étroit  en  devant, 
la  marge  extérieure  des  élytres  inclinée  et  sans  canal  ,  le 
dernier  article  des  palpes  maxillaires  plus  gros  et  ovoïde  (i). 

Des  clavicornes  qui  nous  paraissent  se  rappro- 
cher par  plusieurs  caractères  et  par  leurs  habitudes 
des  agyrtes ,  mais  dont  les  mandibules  sont  fendues 
ou  bidentées  à  leur  extrémité ,  composeront  une 
quatrième  tribu ,  celle  des  Scaphidites  (  Scaphi- 
dites  ).  Leurs  tarses  ont  cinq  articles  très  distincts 
et  entiers.  Leur  corps  est  ovalaire,  rétréci  aux 
deux  bouts,  arqué  ou  convexe  en  dessus,  épais  au 
milieu  ,  avec  la  tête  basse ,  reçue  postérieurement 
dans  un  corselet  trapézoïde,  point  ou  faiblement 
rebordé,  plus  large  postérieurement.  Les  antennes 
sont  généralement  aussi  longues  au  moins  que  la 
tête  et  le  corselet,  et  terminées  en  une  massue 
alongée  ,  de  cinq  articles.    Le  dernier  article  des 


(i)  Agyrtes  castaneus ,  Gyllenh.,  Insect.  Suec,  I ,  ni,  p.  682;  My- 
cetophagus castaneus ,  Fab.  ;  M.  spinipes^  Panz, ,  Faun.  insect.  Germ  , 
XXIV,  20  Je  soupçonne  que  VA.  subniger  de  M.  Dejean  n'est  que  la 
femelle. 


502  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

palpes  est  conique.  Les  pieds  sont  alongés  et  grêles. 
Si  Ton  en  excepte  quelques  espèces  (les  cholèves), 
les  tarses  sont  presque  identiques  dans  les  deux  sexes. 
Cette  tribu  composera  le  genre 

De  Scaphidie.  (  Scaphidium.) 

Les  Scaphidies  propres.  (  Scaphidium.  OIiv.?  Fab.  — Silpha. 

Lin.  ) 

Les  cinq  derniers  articles  de  leurs  antennes  sont  presque 
globuleux  et  composent  la  massue.  Les  palpes  maxillaires 
sont  peu  saillants  et  se  terminent  graduellement  en  pointe  ■ 
le  pénultième  article  n'étant  guère  plus  épais  que  le  dernier, 
à  leur  jonction.  Le  corps  auneformeriaviculaire,  avec  le  corse- 
let un  peu  rebordé  et  les  étuis  tronqués.  Us  vivent  dans  les 
champignons  On  n'en  connaît  qu'un  petit  nombre  d'espèces, 
dont  l'une  de  Cayenne,  et  les  autres  du  nord  de  l'Europe  (i). 

Les  Cholèves.  (Choleva.  Latr.7  Spence.  — Catops.  Fab.  — 

Peltis.  Geoff.  ) 

Ont  la  massue  de  leurs  antennes  composée  d'articles  ; 
pour  la  plupart,  presque  en  forme  de  toupie,  et  plus  ou 
moins  perfoliée;  les  palpes  maxillaires  très  saillants  et  ter- 
minés brusquement  en  manière  d'alêne  j  le  corps  ovoïde, 
avec  le  corseiet  plan  ,  sans  rebords.  Les  quatre  premiers  ar- 
ticles des  tarses  antérieurs  et  le  premier  des  intermédiaires 
sont  dilatés  dans  les  mâles  de  quelques  espèces  (  Catops 
blapoides ,  Germ.  ). 

Dans  les  Cholèves  proprement  dits  ,  les  antennes  sont  de 
la  longueur  environ  de  la  tête  et  du  corselet  •  leur  huitième 
article  ou  le  second  de  la  massue  ,  est  sensiblement  plus 
court  que  lé  précédent  et  le  suivant ,  et  même  quelquefois 
peu  distinct;  le  dernier  est  semi-ovoïde  et  pointu  (a).  Dans 
es  Myloeques.    (  Myloechus.  Latr.  ,   Oiiv.  —  Catops.  Payk. 

(i)  Oliv. ,  col.  ii,  20. 

(2)  Latr.,  Gêner,  crust.  et  insect.  ,  II ,  pag.  26.  Voyez  la  Monogra- 
phie de  ce  genre  publie'e  par  M.  Spence  ,  dans  les  Transactions  de  la  So- 
ciété linnéenne  de  Londres,  Paylvull  et  Gyllenliall. 


FAMILLE  DES  CLAVICORNES.         5o5 

Gyll.  )  les  antennes  sont  plus  courtes,  le  huitième  article  est 
plus  grand  que  le  précédent  et  presque  égal  au  suivant,  le 
dernier  est  arrondi  et  obtus  au  sommet  (i). 

La  cinquième  tribu,  celle  des  Nitidulaires 
(  Nitidulariœ  )  ,  se  rapproche  de  celle  des  siJ- 
phales,  par  le  corps  en  forme  de  bouclier  et  re- 
bordé ;  mais  les  mandibules  sont  bifides  ou  éc.han- 
crées  à  leur  extrémité  ;  leurs  tarses  semblent 
n'être  composés  que  de  quatre  articles  ,,  le  premier 
et  le  suivant ,  dans  les  uns ,  ne  se  montrant  qu'en 
dessous  et  n'y  formant  qu'une  petite  saillie,  le 
pénultième  dans  les  autres  étant  très  petit  et  sous 
la  forme  d'unnœud,renfermé  entre  les  lobes  du  pré- 
cédent. La  massue  des  antennes  est  toujours  per- 
foliée,  de  trois  ou  deux  articles,  et  ordinaire- 
rement  courte  ou  peu  alongée. 

Les  palpes  sont  courts,  filiformes  ou  un  peu  plus 
gros  à  leur  extrémité.  Les  élytres  sont  courtes  ou 
tronquées  dans  plusieurs.  Les  pieds  sont  peu  alongés, 
avec  les  jambes  souvent  élargies  à  leur  extrémité  , 
et  les  tarses  garnis  de  poils  ou  de  pelotes.  L'habi- 
tation de  ces  insectes  varie  selon  les  espèces;  on  en 
trouve  sur  les  fleurs ^  dans  les  champignons  y  les 
viandes  corrompues  et  sous  les  écorces  d'arbres.  Ils 
forment  le  genre      \ 

Des  NlTJDULES.    (NlTIDULA.) 
Dans  quelques-uns,  la  massue  des  antennes  n'est  que  de 

(i)  Latr. ,  ibid.  ,  p.  3o,  VIII ,  h;  Oliv.  ,  Encvclop.  method.  ,  article 
Mylœque. 


5o4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

deux  articles  ;  et  le  devant  de  la  tête  s'avance  en  manière  de 
chaperon  demi  circulaire  ,  aplati,  recouvrant  les  mandibules 
et  les  autres  parties  de  la  bouche. 

*    Les  Colobiqxjes.   (  Colobicus.  Latr.  ) 

Dans  ce  sous-genre  et  le  suivant,  les  tarses,  à  partir  du 
point  où  ils  sont  mobiles,  semblent  n'avoir  que  quatre  ar- 
ticles, dont  les  trois  premiers,  beaucoup  plus  courts  que  le 
dernier,  entiers  et  simplement  garnis  en  dessous  de  poils 
plus  ou  moins  abondants  ;  ainsi  que  dans  plusieurs  clairons 
d'Olivier,  le  premier  proprement  dit  ne  se  montre  qu'en 
dessous,  et  y  fait  une  petite  saillie;  il  est  aussi  garni  de 
poils.  Les  palpes  des  colobiques  et  ceux  du  sous-genre  sui- 
vant se  terminent  par  un  article  un  peu  plus  gros  que  le 
précédent  (i). 

Daus  les  autres  nitidulaires,  la  massue  des  antennes  est 
de  trois  articles  ,  et  la  tête  ne  s'avance  point  au-dessus  de  la 
bouche. 

Tantôt  le  premier  article  des  tarses,  ainsi  que  dans  les  colo- 
biques,  estfoit  court,  les  trois  suivants  sont  alongés,  entiers, 
égaux  et  simplement  velus  en  dessous ;  les  palpes  sont  plus 
gros  à  leur  extrémité. 

Les  Thvmales.    (  Thymalus.  Latr.   —    Peltis.  Fab.   — 

Silpha.  Lin.  ) 

Dans  les  espèces  dont  le  corps  est  presque  hémisphérique 
(limbatus),  la  massue  des  antennes  est  proportionnelle- 
ment plus  courte,  le  troisième  article  et  les  suivants  sont 
plus  menus  que  le  second;  les  éperons  des  jambes  sont 
extrêmement  petits  (2). 

Tantôt  les  trois  premiers  articles  des  tarses,  du  moins 
ceux  des  mâles,  sont  courts  ,  larges  ,  échancrés  ou  bilobés; 
le  quatrième  est  très  petit ,  peu  ou  point  apparent;  les  palpes 
maxillaires,  au  moins,  sont  filiformes. 

Ici  les  jambes,  ou  du  moins  les  antérieures,  sont  élargies 
à  leur  extrémité,  en  forme  de  triangle  renversé;  le  premier 


(1)  Latr.  ,  Gêner,  erust.  et  insect,  II ,  p.  9  ,  et  I ,  xvi ,  1 
{-x)-Foyez  Fabricius,  GyJieuhall  et  Schœnlicrr. 


FAMILLE     DES    CLAvICOflNES.  5o5 

article  des  antennes  est  ordinairement  plus  grand  que  le 
second;  les  élytrcs  sont  généralement  tronqués  ou  très  ob- 
tus au  bout. 

Dans  les  deux  sous-genres  suivants,  le  troisième  article 
des  antennes  est  sensiblement  plus  long  que  le  suivant;  la 
massue  est  formée  brusquement,  presque  orbiculaire  ou 
presque  ovaîaire. 

Les  Ips.  (Ïps.  F  ah. —Nitidula.  Oliv.,  Latr.  —  Silpha.  Lin.) 

Dont  le  corps  est  toujours  ovale-oblong,  déprimé ,  avec 
l'extrémité  postérieure  de  l'abdomen  découverte;  dont  l'une 
de  leurs  mandibules  (la  gauche)  est  comme  tronquée  et  tri- 
dentée  à  son  extrémité,  et  l'autre  élargie  et  largement  échan- 
crée  ou  concave,  au  même  bout;  et  où  le  lobe  terminal  des 
mâchoires  est  alongé  (i). 

Les  Nitidules  propres.  (  Nitidula.  Fab.  —  Nitidula. 
Strongylus.  Herbst.  —  Silpha.  Lin.  ) 

Où  les  deux  mandibules  se  rétrécissent  vers  le  bout  et  se 
terminent  en  pointe  échancrée  ou  bifide. 

Les  unes  sont  aplaties,  oblongues  ou  ovoïdes;  les  autres 
sont  orbiculaires  et  bombées,  ou  proportionnellement  plus 
convexes  que  les  précédentes.  Aussi  quelques  auteurs  en 
ont-ils  placé  certaines  espèces  dans  des  genres  d'une  forme 
analogue,  mais  très  différents,  tels  que  ceux  des  spheridies 
et  des  Tritomes. 

On  trouve  en  grande  abondance  sur  les  fleurs,  la  N. 
bronzée  (N.  œnœa  ,  Fab.,  ejusd. ,  N.  viridescens  ,  rufipes , 
Var.;  Oliv.,  col.  II,  1 1,  12  ;  Iiï,  20,  a,  b  ;  V,  33,  a,  b  ).  Elle 
est  petite,  ovoïde-oblongue,  d'un  vert  bronzé  brillant, 
très  ponctuée,  avec  les  antennes  noirâtres,  terminées  par 
une  grande  massue  obtuse;  le  corselet  transversal,  légè- 
rement échancré  en  devant ,  rebordé  latéralement,  et  les 
pieds  tantôt  d'un  brun  noirâtre,  tantôt  fauves  (1). 
Maintenant ,  le  second  et  le  troisième. article  des  antennes 

(1)  Quelques  espèces  de  Fabricius  paraissent  devoir  être  rapporte'es  à 
son  genre  Engis. 

(2)  Voyez  Fab. ,  Oliv.  ,  GyUenh. ,  Schoenh.  ;  etc. 


5o6  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

sont  presque  de  la  même  grandeur  f  et  la  massue  est  alongée, 
en  forme  de  cône  renversé  ou  de  poire. 

Les  Cerques.   (Cercus.  Latr.  —  Catheretes.   Herbst.,    Hig. 

—  Dermestes.  Lin.,  Fab.  —  Sphœridium.  Fab.  ,  Gylleii. 

—  Nitidula.  Oliv.) 

Le  corps  est  déprimé,  avec  les  élytres  tronqués.  Les  deux 
premiers  articles  des  antennes  sont  beaucoup  plus  grands 
dans  les  mâles  de  quelques  espèces  que  dans  leurs  femelies, 
et  peut-être  ce  sous-genre  ne  devrait-il  comprendre  que  ces 
espèces;  les  autres  seraient  reportées  dans  le  précédent  (i). 

Là.,  les  jambes  sont  longues,  étroites,  presque  linéaires; 
les  élytres  recouvrent  l'abdomen  et  ne  sont  point  tronquées. 

Le  corps  est  ovale,  avec  le  corselet  trapézoïde;  la  massue 
des  antennes  est  oblongue,  les  deux  premiers  articles  sont 
presque  égaux  et  le  troisième  n'est  guère  plus  long  que  le 
suivant. 

LesBiTURES.(BYTURUS.  Lat.jScbcenh. — Dermestes.  Geoff., 
Fab. ,  Oliv.  —  Ips.  Oliv.)  (2). 

Une  sixième  tribu  ,  celle  des  Engidites  (  Engi- 
dites),  analogue  aux  dernières,  quanta  l'échan- 
crure  de  l'extrémité  des  mandibules,  s'en  distingue 
en  ce  qu'elles  ne  débordent  point  ou  de  très  peu, 
et  simplement  sur  les  cotés,  le  labre.  Le  corps  est 
ovalaire ,  ou  elliptique ,  avec  l'extrémité  antérieure 
de  la  tête  un  peu  avancée  en  pointe  obtuse  ou  tron- 
quée. Les  tarses  ont  cinq  (5)  articles  distincts,  en- 
tiers, et  tout  au  plus  nn  peu  velus  en  dessous;  le 
pénultième  est  simplement  un  peu  plus  court  que  le 

(1)  Voyez  Gyllenh.,  Tnsect.  Suec.  ,   1,  p.  245. 

(2)  Voyez  Scliœnh.  ,  Synon.  insect. ,  I ,  n ,  p.  95. 

(3)  Suivant  des  auteurs,  quelques  Cryptophages ,  ou  du  moins  leurs 
mâles,  sont  he'te'romères. 


FAMILLE    DES    CLAVICORINES.  5oj 

précédent.  Les  antennes  se  terminent  en  une  massue 
perfoliée,  de  trois  articles;  les  élytres  recouvrent  en- 
tièrement l'abdomen  ;  les  palpes  sont  un  peu  plus 
gros  à  leur  extrémité.  Quelques  espèces,  très  petites, 
vivent  dans  l'intérieur  des  maisons,  et  on  les  trouve 
souvent  derrière  les  vitres  des  croisées. 

Ces  clavicornes  seront  réunis  en  un  seul  genre, 

celui 

De  Dancé.  (  Dacise.  ) 

Les  Dacnes  propres.  (  Dacne.  Lat.  — Engis.  Fab.  ;  Dej. 

—  Erotylus.  Oliv.  ) 

Leurs  antennes  se  terminent  brusquement  en  une  massue 
assez  grande,  orbiculaire  ou  ovoïde  ,  comprimée,  composée 
d'articles  serrés,  et  dont  celui  du  milieu  au  moins  beaucoup 
plus  large  que  long;  le  tioisième  article  est  plus  long  que  le 
précédent  et  le  suivant. 

Le  milieu  du  bord  postérieur  du  corselet  est  dilaté  en  ar- 
rière ou  lobé,  et  l'extrémité  supérieure  du  menton  est  avan- 
cée, terminée  en  pointe  tronquée  ou  bidentce  (i). 

Les  Cryptophages.  (Cryptophagus.  Herbst.,  Schœnh. — Der- 
mestes. Lin., Fab. — Ips.  Oliv., Lat. — Anthcrophagus ■.Knoch.) 

Dont  les  antennes  moniliformes ,  avec  le  second  article 
aussi  grand  ou  plus  grand  que  le  précédent,  se  terminent  en 
une  massue  moins  brusque,  plus  étroite  que  dans  les  dacnes, 
et  espacée  (2).  • 

(1)  Ployez  Fabricius,  Syst.  eleut. 

(2)  Voyez  Schœnli. ,  Sj'non.  insect.  ,  I,  11 ,  pag.  96. 

Les  antennes  des  Antherophagus  sont  proportionnellement  plus  grosses, 
compose'es  d'articles  plus  transversaux ,  et  terminées  presque  graduelle- 
ment en  massue;  à  partir  du  second  jusqu'au  huitième  ,  ils  sont  presque 
égaux.  Le  Cryptophagus  silaceus  de  M.  Gyllenhall  a  de  chaque  côte'  du 
dessous  de  la  tète,  une  saiiiie  en  forme  de  dent  ou  de  corne.  Les  Tri- 
phylles  de  MM.  Me'gerle  et  Dejean  ne  diffèrent  des  Cryptophages  que 
par  le  nombre  des  articles  des  tarses. 


5o8  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Nous  passerons  maintenant  à  quelques  tribus  où 
le  présternum  est  souvent  dilaté  antérieurement  en 
manière  de  mentonnière ,,  et  qui  diffèrent  des  pré- 
cédentes par  leurs  pieds  en  tout*ou  en  partie  con- 
tractiles ;  les  tarses  peuvent  être  libres ,  mais  les 
jambesau  moins  se  replient  contre  leurs  cuisses.  Les 
mandibules  sont  courtes,  généralement  épaisses  et 
dentées.  Le  corps  est  ovoïde  ?  épais,  garni  d'écaillés 
ou  de  poils  caduques,  qui  le  colorent  diversement. 
Les  antennes  sont  ordinairement  plus  courtes  que 
la  tête  et  le  corselet ,  et  droites.  La  tête  est  en- 
foncée dans  le  corselet  jusqu'aux  yeux.  Le  cor- 
selet est  peu  ou  point  rebordé,  trapézoïde,  plus 
large  postérieurement  ;  le  milieu  de  son  bord  pos- 
térieur est  souvent  un  peu  prolongé  ou  lobé.  Les 
larves  sont  velues,  et  se  nourrissent  pour  la  plupart, 
de  dépouilles  ou  de  cadavres  d'animaux.  Plusieurs 
d'entre  elles  sont  très  nuisibles  aux  collections  en- 
tomologiques. 

Ceux  donc,  dont  les  pieds  ne  sont  pas  complète- 
ment contractiles,  les  tarses  restant  toujours  libres^ 
avec  les  jambes  étroites  et  alongées  ,  forment  notre 
septième   tribu  .  les  DEUMESTms  (  Dermestini  ),    et 

le  genre 

Des  Dermestes,   (  Dermestes.  ) 

Les  Aspidiphores.  (  Aspidiphorus.  Ziegl.  ,  Dej.) 

Sont  les  seuls  de  cette  tribu  dont  les  antennes  n'offrent 
que  dix  articles  distincts  J  et  dont  les  palpes  très  courts  et 


FAMILLE    DES    CL A.VIC0R1SES,  5oQ 

renflés  inférieurement  vont  ensuite  en  pointe.  Le  corps  est 
orbiculaire  (i). 

Parmi  ceux  dont  les  antennes  ont  onze  articles  distincts, 
et  dont  les  palpes  sont  filiformes  ou  vont  en  grossissant, 
nous  séparerons  d'abord  ceux  dont  les  antennes  ne  sont 
point  reçues  dans  des  fossettes  spéciales  du  dessous  du  cor- 
selet. Le  présternum,  avance  rarement  ('2)  sur  la  bouche. 

Dans  les  uns,  les  antennes  sont  terminées  brusquement  en 
une  massue  perfoliée ,  grande,  formée  par  les  trois  derniers 
articles. 

Les  Dermestes  propres.  (  Dermestes.  Lin.,  Geoff.,  Fab.  ) 

Où  les  antennes  sont  semblables  ou  peu  différentes  dans 
les  deux  sexes  5  la  longueur  du  dernier  article  ne  surpasse 
jamais  notablement  celle  des  précédents. 

Quelques  espèces  font  de  grands  ravages  dans  les  pellete- 
ries, les  cabinets  d'histoire  naturelle;  aussi  de  Géerles  dési- 
gne-t-il  sous  le  nom  de  disséqueurs.  Le  Dermeste  du  lard , 
en  effet,  coupe  et  réduit  en  pièces  les  insectes  des  collec- 
tions où  il  pénètre.  Les  autres  dévorent  les  cadavres. 

Le  Dermeste  du  lard  (D.  lardarius ,  Lin.  ;  Oliv. ,  col. 
H,  9,  \9  1  )  est  noir,  avec  la  base  des  étuis  cendrée  et 
ponctuée  de  noir.  Sa  larve  est  alongée,  diminuant  insen- 
siblement de  grosseur  de  devant  en  arrière,  d'un  brun 
marron  en  dessus,  blanche  en  dessous,  garnie  de  longs 
poils,  avec  deux  espèces  de  cornes  écailleuses,  sur  le  der- 
nier anneau.  Elle  jette  des  excréments  en  forme  de  longs 
filets  (3). 

Les  Me'gatomes.  (  Megatoma.  Herbst,  Lin. ,  Geoff. .,  Fab.  ) 

Ne  diffèrent  des  dermestes  que  par  là  massue  de  leurs  an- 
tennes, qui  est  beaucoup  plus  alongée  dans  les  mâles  que 
dans  les  femelles;  le  dernier  article  est  en  forme  de  triangle 
alongé  ou  lancéolé. 

(1)  ISitidula  oroiculala ,  Gyllenh. 

(2)  Le  Dermestes  undatus  (  Megatpme  )  de  Fabricius  et  les  Limnichus 
font  seuls  exception. 

(3)  Ajoutez  D.  vulpinus  ,  murinus  ,  af/înis  ,  laniarats  ,  lesselatus  ,  tri- 
fàsciatus  de  Grylîenliall  (Io.sect.  Suce.,  ï  ,  p.  i/p  ei  suiv.). 


5  10  INSECTES   COLÉOPTÈRES. 

Le  M.  des  pelleteries  (  Dermes  tes  pellio  ,  Lin.  ;  01  iv.  , 
ibid.y  lï,  ii)  n'a  que  deux  lignes  et  demie  de  long.  Son 
corps  est  noir,  avec  trois  points  blancs  sur  le  corselet,  et 
un  sur  chaque  étui;  ils  sont  formés  par  un  duvet.  La 
larve  est  fort  alongée,  d'un  brun  roussâtre,  luisante, 
garnie  de  poils  roux  et  dont  ceux  de  l'extrémité  posté- 
rieure forment  une  queue.  Elle  marche  en  glissant,  et 
comme  par  secousses,  ce  que  fait  aussi  l'insecte  parfait, 
ainsi  que  les  dermestes  (i). 
Dans  les  autres,  tels  que 

Les  Limnichus  (Limnichus.  Ziég. ,  Dej.), 

Les  antennes  grossissent  insensiblement,  et  se  terminent 
par  un  article  plus  grand  et  ovoïde;  elles  sont  grenues  et  se 
logent  sous  les  angles  antérieurs  du  corselet.  Les  mâchoires 
se  terminent  par  deux  lobes,  dont  l'extérieur  étroit,  en 
forme  de  palpe.  Les  palpes  labiaux  sont  très  petits,  et  le 
dernier  article  des  maxillaires  est  plus  grand  que  les  précé- 
dents, et  ovoïde  (2). 

Dans  tous  les  sous-genres  suivants,  les  antennes,  ou  du 
moins  leur  massue,  se  logent  dans  des  cavités  particulières 
et  latérales  du  dessous  du  corselet.  Le  présternum,  est  tou- 
jours dilaté  ou  avancé  en  devant,  en  manière  de  menton- 
nière. 

ici  la  massue  des  antennes  est  perfoliée  et  non  solide. 

Les  AttagÈnes.  (  Attagenus.  Lat.  —  Megatoma.  Ejusd. 

—  Dermestes.  Fab.  ) 

Où  la  massue  des  antennes  est  fort  grande,  presque  en 
scie,  et  composée  seulement  de  trois  articles,  dont  le  pre- 
mier et  le  dernier  ,  dans  les  mâles  surtout,  plus  grands. 

Le  corps  est  ovoïde  ,  court  i  peu  convexe.  Le  dernier  arti- 
cle des  palpes  maxillaires  est  plus  grand  et  ovoïde (3). 


(1)  Ajoutez  le  Dermestes  megatoma  de  Fàb. ,  dont  son  Macellàrius 
paraît  être  la  femelle  ;  le  D.  emarginalus  de  Gyllenhall  ;  le  D.  urulatus 
de  Fab.  Le  presternum ,  dans  cette  dernière  espèce,  s'avance  sur  Ja 
bouche. 

(2)  Byrrhus  sericeus ,  Duft.  ;  B.  pygmœus ,  Str.rm. 

(3)  Dermestes  serra,  Fab.  ;  Attagenus  serra,  Lat.,  Hist.  nat.  des  crust. 


FAMILLE    DES    CLAVICORNES.  5l  1 

LesTiiOGODERMES.  (Trogoderma.  Latr.,  Dej. —  Anihre- 

nus.  Fab.  ) 

Où  la  massue  des  antennes  est  de  quatre  articles  au  moins. 

Le  corps  est  ovoïde  ,  obiong,  et  les  palpes  sont  filifor- 
mes (i). 

La  massue  des  antennes  est  maintenant  solide  ou  formée 
d'articles  très  serrés.  Le  corps  est  ovoïde,  court,  tout  couvert 
de  petites  écailles  caduques.  Le  corselet  est  lobé  postérieure- 
ment. 

Les  Anthrènes.  (  Anthrenus.  Geoff. ,  Fab.  —  Byrrhus.  Lin.  ) 

Dont  les  antennes,  terminées  en  une  massue  en  forme  de 
cône  renversé  ,  se  logent  dans  des  cavités  courtes  ,  prati- 
quées sous  les  angles  antérieurs  du  corselet. 

Ces  coléoptères  sont  très  petits,  vivent  sur  les  fleurs  en 
état  parfait ,  et  rongent,  sous  la  forme  de  larves,  les  matiè- 
res animales  sèches  et  particulièrement  les  insectes  des  col- 
lections.  Ces  larves  sont  ovales  et  garnies   de   poils,  dont 
plusieurs  sont  dentelés;  ils  y  forment  des  aigrettes,  et  les 
derniers  se  prolongent   en  arrière,  sous  l'apparence  d'une 
queue.  Leur  dernière  dépouille  sert  de  coque  à  la  nymphe. 
UA.  à  bandes  {Byrrhus  verhasci ,  Lin.  ;  Oliv.,   col.  Il  , 
10,  i,  i),  gris  en  dessus,   d'un  jaune  roussâtre  en    des- 
sous, avec  les  angles  postérieurs  du  corselet,  deux  bandes 
transverses  sur  les  étuis  et  une  tache  près  de  leur  extré- 
mité gris  (2). 

Les  Globicornes.  (  Globicornis.  Latr.  ) 

Ou  les  antennes  terminées  en  une  massue  globuleuse,  se 
logent  dans  des  fossettes  prolongées  jusque  près  des  angles 
postérieurs  du  corselet  (3). 

et  des  insect. ,  IX,  p.  244?  ejusd.  ,  Megatoma  serra ,  Gêner,  crus  et  in- 
sect.  ,  I,  vm,  105  Anthrenus  viennensis ,  Herbst.  ,  Col.  VII,  cxv  y 
10,  k. 

\\)  Anthrenus  elongutus,  Fab.;  A.  ruficornis,  Latr.,  Geu.  crust.  et 
insect.,  II ,  p.  5ç)  ; — A.  versicolor,  Creutz.  ,  Ent.  vers.,  1 ,  11  ,  21,  a; — 
Dermestes  subfascialus ,  Gyll. ,  Insect.  Suec.  ,  I,  pag.  i55. 

(2)  Voyez  Oliv. ,  ibid. ,  et  Fahricius,  Syst.  eleut.  ,  I ,  p.  106. 

(3)  Megatoma  rufitarsis ,  Latr.  ,  Gêner,  crust.  et  insect.  ,  II,  p.  35r 
Dermestes  rufitarsis ,  Panz.  ,  Faim,  insect.  Germ.,  xxxv ,  6. 


012  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 


La  huitième  tribu ,  celle  des  Byrrhiens  (  Bir- 
rhil)?  diffère  de  la  précédente  en  ce  que  les  pieds 
sont  parfaitement  contractiles,  les  jambes  pouvant 
se  replier  sur  les  cuisses  et  les  tarses  sur  les  jambes  (  i), 
de  sorte  que  l'animal  semble ,  lorsque  ces  organes 
sont  contractés  et  appliqués  sur  le  dessous  du  corps, 
être  absolument  sans  pattes  et  inanimé.  Les  jambes 
sont  ordinairement  larges  et  comprimées.  Le  corps 
est  court  et  bombé. 

Cette  tribu  se  compte  principalement  du  genre 

Byrrhe  (  Byrrhus  )   de  Linnaeus. 

Les  NOSODENDRES.  (NOSODENDRON.    Latl\  ) 

Qui  s'éloignent  des  autres  byrrhes  par  leur  menton  en- 
tièrement découvert,  très  grand  ,  en  forme  de  bouclier. 
Leurs  antennes  se  terminent  brusquement  en  une  massue 
courte,  perfoliée,  de  trois  articles. 

On  les  trouve  dans  les  plaies  des  arbres ,  de  Tonne  parti- 
culièrement (2). 

Les  Byrrhes  propres.  (Byrrhus.  Lin.  —  Cistela.  Geoff.  ) 

Diffèrent  des  nosodendres  par  leur  menton  de  grandeur 
ordinaire  et  enclavé ,  du  moins  partiellement,  par  le  pré- 
sternum ,  dont  l'extrémité  antérieure  est  dilatée. 

Dans  les  uns  les  antennes  grossissent  insensiblement  ou 
se  terminent  en  une  massue  alongée  ,  formée  de  cinq  à  six 
articles. 

Le  B.  pilule  (  B.  pilula,  Lin.  ;  Oliv. ,  col.  II,  i3  ,  1  ,  1  ) , 

long  de  trois  à  quatre  lignes,    noir  en   dessous,   d'un 

bronzé  noirâtre  ou  couleur  de  suie,  et  soveux  en  dessus  , 

(1)  Dans  les  Anthrènes  ,  toutes  les  jambes  se  replient  sur  le  côte'  pos- 
térieur des  cuisses  ;  mais  dans  les  autres,  les  deux  ante'rieures  se  replient 
du  côte  de  la  tête  ,  et  les  autres  en  arrière. 

(2)  Latr,  ibid.^  II ,  p.  43  ;  Oliv. ,  Encyclop.  méthod.,art.  Nosodendrc, 


FAMILLE  DES  CLAVICOKKES.         5l3 

avec  de  petite  taches  noires,   entrecoupe'es  par  d'autres 
plus  claires,  disposées  en  lignes. 

M.  Waudouer  a  découvert  la  larve  d'une  variété  de  cette 
espèce.  Elle  est  étroite,  alongée,  avec  la  tête  grosse,  la 
plaque  du  premier  segment  grande,  et  les  deux  derniers 
plus  longs  que  les  autres.  Elle  se  lient  sous  la  mousse. 

Une  autre  espèce  {Siriato-piinctatus  ,  Dej.  ),  ayant  des 
antennes  conformées  de  la  même  manière,  forme,  à  raison 
de  ses  tarses,  dont  le  quatrième  article  est  très  petit  et 
caché  entre  les  lobes  du  précédent ,  une  division  particu- 
lière. 

Un  autre  byrrhe,  très  petit  et  hérissé  de  poils  ,  a  des 
antennes  terminées  en  une  massue  de  trois  articles.  Cette 
espèce  forme  le  genre  ïrinode  {Trînodes)  de  MM.  Mé- 
gerlc  et  Dejean  (i). 

D'après  cette  considération ,  on  pourrait  aussi  détacher  des 
byrrhes  quelques  -  autres  espèces  analogues  (a),  dont  la 
massue  antennaire  n'est  composée  que  de  deux  articles,  et 
dont  le  dernier  beaucoup  plus  gros  ,  presque  globuleux. 

Tous  les  byrrhes  se  tiennent  généralement  à  terre,  dans 
les  lieux  sablonneux  (3). 

On  ne  peut  signaler  les  cîavieornes  cle  notre  se- 
conde section  ,  quoique  très  naturelle,  que  par  la 
réunion  cle  plusieurs  caractères;  quelques-uns  de 
ces  insectes  s'éloignent  cle  tous  les  autres  cîavi- 
eornes à  raison  cle  leurs  antennes,  cle  neuf  ou  six 
ariicles  ;  ce  sont  ceux  qui,  à  cet  égard ,  semblent 
le  plus  se  rapprocher  de  la  famille  suivante.  Les 
antennes  des  autres  cîavieornes  cle  la  même  section 


(1)  Anthrenus  hirèus ,  Fab.  ;  Panz. ,  Faim,  insect.  Germ. ,  XI,  16. 

(2)  Byrrhus  erinaceus,  Ziegl.  ;  —  B.  setlger  ,  Ilig. 

(3)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Fabricius  ,  Olivier  ,  Schcenherr, 
Gyllenbalî ,  etc. 

Le  G.  murmidius  de  M.  Leacli  appartient,  suivant  lui,  à  celte  tribu, 
Les  antennes  n'ont  que  dix  articles ,  dont  le  dernier  forme  une  massue 
ovokîo-globuleuse.  Voyez  le  10e  vol.  des  Trans.  linn. ,  p.  4T- 

TOME    IV.  55 


5  I  4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

sont  composées  de  onze  ou  dix  articles;  mais  tantôt 
elles  ne  sont  guère  plus  longues  que  la  tète,  et  for- 
ment dès  le  troisième  article  une  massue  presque 
cylindrique,  ou  en  fuseau,  arquée  et  un  peu  den- 
telée en  scie  ;  tantôt  elles  sont  presque  filiformes, 
de  la  longueur  de  la  tête  et  du  corselet  ;  mais  ici , 
ainsi  que  dans  la  plupart  des  autres  sous-genres 
de  la  même  division  ,  les  tarses  sont  terminés  par 
un  grand  article  ,  avec  deux  fort  crochets  au  bout. 
Ceux  de  quelques-uns  {Hêtérocère P  géorisse  )  n'ont 
que  quatre  articles. 

Le  corps  de  ces  coléoptères  est  généralement 
ovoïde,  avec  la  tête  enfoncée  jusqu'aux  jeux  dans 
un  corselet  trapézoïde,  rebordé  latéralement  et  ter- 
miné postérieurement  par  des  angles  aigus  ,  le  pré- 
sternum dilaté  antérieurement  (i),  et  les  pieds  im- 
parfaitement contractiles.  On  les  trouve  dans  l'eau, 
sousles  pierres,  près  des  rivages,  et  souvent  enfoncés 
dans  la  boue  ;  par  la  construction  et  la  brièveté  de 
leurs  antennes,  quelques-uns  (  Dryops)  ont  de  l'affi- 
nité avec  les  gjrins. 

Je  diviserai  cette  section  en  deux  tribus  (2)  ;  la 


il)  Les  Potamopliiles  exceptés. 

(a)  Ou  pourrait  encore  partager  cette  seelion  de  la  manière  suivante  : 

î.  Antennes  de  onze  articles. 

A.  Antennes  en  massue,  très  courtes. 

a.  Jambes  épineuses  ;  tarses  de  quatre  articles. 

Le  G.  hêtérocère. 
h.  Jambes  simples;  tarses  de  cinq  articles. 

Les  G,  potamophile ,  Dryops. 


FAMILLE    DES    CLAVIC0R1NES.  5  I  5 

première,  celle  des  Acanthopodes  (Acanthopoda), 
est  remarquable  par  leurs  jambes  aplaties,  assez 
larges,  armées  extérieurement  d'épines;  les  tarses 
courts,  de  quatre  articles,  et  dont  les  crochets  de 
grandeur  ordinaire,  et  par  leur  corps  déprimé.-  Le 
préslernum  est  dilaté.  Les  antennes  sont  un  peu 
plus  longues  que  la  tête,  arquées,  de  onze  articles, 
dont  les  six  derniers  forment  une  massue  presque 
cylindrique ,  un  peu  dentée  en  scie  ;  le  second  est 
court  et  sans  dilatation. 

Cette  tribu  se  compose  d'un  seul  genre,  celui 

D'Hétérocère.    (Heterocerus.  Bosc,  Fab.) 

Ces  insectes  se  tiennent  dans  le  sable  ou  dans  la  boue  , 
près  des  bords  des  ruisseaux  ou  des  mares,  et  sortent 
de  leurs  trous  lorsqu'on  les  inquiète  par  la  marche  ou 
le  trépignement  des  pieds.  La  forme  de  leurs  jambes  leur 
permet  de  fouiller  la  terre,  et  de  s'y  cacher;  les  tarses 
peuvent  se  replier  sur  elles.  C'est  là  aussi  que  vit  la 
larve,  que  feu  M.  Miger  a  observée  le  premier. 

UHctêrocère  bordé  [H.  marginatus ,  Fab.;  ejusd.  , 
H,  lœvigatus ,  Panz.  ,  Faun.  insect.  Germ.  ,  XXÏII , 
12)  est  un  petit  insecte  noirâtre,  soyeux,  avec  de 
petites  taches  jaunâtres  ou  roussâtres  ,  dont  le  nombre 
et  la  forme  varient,  disparaissant  même  quelquefois 
sur  les  élytres. 
M.  Gyllenhal  remarque  que  les  tarses  ont  réellement 

B.   Antennes  filiformes  ou  légèrement  plus  grosses  vers  le  bout,  de  îa 
longueur  de  la  tête  et  du  corselet. 

Le  G.  elmis. 
II.  Antennes  de  neuf  ou  six  articles. 

Les  G.  macro njrcfue  ,  ge'orisse, 

00 


5l6  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

cinq  articles ,  mais   dont   le  premier  petit  et  oblique, 

(  Insect.  Suec.  I,  p.  i38.  ) 

La  seconde  tribu  ,  celle  des  Macro  dactyles 
(Macrodactjla),  renferme  des  clavicornes à  jambes 
simples  ,  étroites  ,  à  tarses  longs  ,  tous  composés ,  à 
l'exception  d'un  seul  sous-genre  (géorisse) ,  bien 
distingué  de  tous  les  autres  de  cette  tribu ,  par  ses 
antennes  dç,  neuf  articles,  et  dont  les  trois  derniers 
forment  une  massue  presque  solide ,  de  cinq  ar- 
ticles distincts,  dont  le  dernier  grand ,  avec  deux 
forts  crochets  au  bout.  Le  corps  est  épais  ou  con- 
vexe. Le  corseîet  est  moins  arrondi,  et  se  termine 
le   plus   souvent  de  chaque  côté    par   des  angles 


aigus. 


Cette  tribu  a  pour  type  principal  le  genre 

Dryops   (Dryops)  d'Olivier, 

Ou  celui  de  Parnus  de  Fabricius,  qui  se  divise  de  la 
manière  suivante  : 

i°  Ceux  dont  les  antennes,  jamais  guère  plus  longues  que 
la  tête,  sont  composées  de  dix  à  onze  articles  qui ,  à  partir 
du  troisième  ,  forment  une  massue  presque  cylindrique  ou 
un  oeu  en  fuseau ,  arquée,  et  un  peu  en  scie. 

Les  Potamophîles.  (  Potamophilus.  Germ.  —  Parnus.  Fab.  ) 

Que,  sans  connaître  l'établissement  de  ce  sous-genre,  nous 
avions  nommé  (Regn.  anira.  ,  Iïl?  p.  268)  HydÈre  (  Hy- 
dera  ) ,  ont  leurs  antennes  à  découvert,  ne  se  logeant  point 
dans  des  cavités  particulières  un  peu  plus  longues  que  la 
tète,  avec  le  premier  article  presque  aussi  long  que  les  sui- 
vants pris  ensemble  ,  et  le  second  court  et  globuleux.  Les 
palpes  sont  saillants,   la  bouche  est    entièrement  à  nu,   le 


FAMILLE    DES    CL AVICORJNES.  5lJ 

présternum  ne  s'avançant  point  sur  elle ,  caractère  exclusive- 
ment propre  dans  cette  tribu  à  ce  sous-genre  (i). 

Les  Dryops  proprement  dits.  (Dryops.  Oiiv.  —  Parnus.  Fab.  ) 

Dont  les  antennes  plus  courtes  que  la  tête  sont  reçues 
dans  une  cavité  située  sous  les  yeux,  et  recouvertes,  en 
grande  partie,  par  le  second  article,  qui  est  grand,  dilaté  , 
en  forme  de  palette  presque  triangulaire,  et  fait  une  saillie 
en  manière  d'oreillette  ;  de  là  le  nom  de  Dermes  te  a  oreilles  , 
donné  par  Geoffroy  à  l'espèce  la  plus  commune  (2).  Les 
palpes  ne  sont  point  saillants. 

'i°  Ceux  dont  les  antennes,  composées  de  onze  articles, 
sont  filiformes  où.  à  peine  un  peu  plus  grosses  vers  le  bout, 
et  presque  aussi  longues  au  moins  que  la  tête  et  le  corselet. 

LesELMis.  (Elmis.  Latr.  —  Limnius.  ïlig.) 

On  les  trouve  dans  l'eau  ,  sous  les  pierres,  ou  sur  les 
feuilles  du  nénuphar  (3). 

3°  Ceux  dont  les  antennes,  toujours  fort  courtes,  n'offrent 
que  neuf  ou  six  articles  et  qui  se  terminent  en  une  massue 
presque  solide,  ovale  ou  presque  globuleuse. 

Les  Macronyques.  (  Macronychus.   Miill.,  Germ.  ) 

Ont  cinq  articles  distincts  aux  tarses,  !e  corps  obloug  , 
des  antennes  de  six  articles,  dont  le  dernier  (composé  peut- 
être  de  trois)  formant  une  massue  ovale  ;  elles  sont  suscep- 
tibles de  se  replier  sous  les  yeux  (4). 


(1)  Parnus  acuminalus ,  Fab.  ;  Panz.  ,  Faun.  insect,  Germ.,  VI,  8; 
—  Dryops  picipes  ,  Oliv.  ,  III  ,  4  1 ,  1 ,  2. 

(2)  Latr. ,  Gen.  crust.  et  insert. ,  II ,  55  3  Scbœnh.  ,  Synon.  insect. , 
1 ,  11,  p.  116.  Le  Dryops  de  Dume'ril  présente  quelques  différences  dans 
la  longueur  des  pattes  ,  la  forme  des  antennes  et  du  corselet  r  et  cPàprès 
lesquelles  le  docteur  Leach  a  cru  devoir  former  avec  cette  espèce  un 
genre  propre ,  Dyops.  Les  autres  espèces  rentrent  dans  celui  de  Parnus. 

(3)  Latr. ,  ibid.  ,11,  p.  49  j  Schœn. ,  ibid.  ,1    11,  p.  3 17  ;  Gyllenh.  , 
Insect.  Suce,  I,  p.  55 1. 

(4)  Macronych'us  quadrilubtrculalus  ,  Miill.  ;  Hig. ,  Mag.  ,    Vj  Latr.  , 
Gêner,   crust.  et  insect. ,   II  ,  pag.    58  ;    Partais  obscurus  ,  Fab.  ;   Germ 
insect.  Spec.  nov. ,  I ,  p.  89. 


5i8  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  GioRissES.  (Geobissus.  Latr.r  Gyll.  —  Pimelia,  Fab.) 

Où  les  tarses  ne  paraissent  composés  que  de  quatre  arti- 
cles j  dont  le  corps  est  court ,  renflé,  presque  globuleux  , 
avec  l'abdomen  embrassé  par  lesélytres;  et  dont  les  antennes 
offrent  neuf  articles  ,  et  se  terminent  en  une  massue  ronde , 
formée  par  les  trois  derniers  (i). 

La  cinquième  famille  des  Coléoptères  penta- 
mères  ,  celle 

Des  PALPICORNES  (Palpicornes), 

Nous  offre ,  comme  la  précédente ,  des  antennes 
terminées  en  massue  et  ordinairement  perfoliée , 
mais  de  neuf  articles  au  plus  dans  tous ,  insérées 
sous  les  bords  latéraux  et  avancés  delà  tête,  guère 
plus  longues  qu'elle  et  les  palpes  maxilliaires  ,. 
souvent  même  plus  courtes  que  ces  derniers  or- 
ganes. Le  menton  est  grand  et  en  forme  de  bou- 
clier. 

Le  corps  est  généralement  ovoïde  ,  ou  hémi- 
sphérique,  bombé  ou  voûté.  Les  pieds  sont ,  dans 
plusieurs,  propres  à  la  natation  ,  et  n'ont  alors  que 
quatre  articles  bien  distincts,  ou  cinq,  mais  dont 
le  premier  beaucoup  plus  court  que  le  suivant;  tous 
les  articles  sont  entiers. 

Ceux  dont  les  pieds  sont  propres  à  la  natation  , 
avec  le  premier  article  des  tarses  beaucoup  plus 
court  que  les  suivants,    et  dont  les  mâchoires  sont 


(i)  Pimelia pygmœa y  Fab.;  Georissus pygmœus  ,  Gyll.,  Insect.  Suce, 
I  ,  m,  p.  675;  Trox  dubius ,  Panz.  ,  Faun  insect.  Gerro. ,  LXII,  5. 


FAMILLE    DES    PALPICORKLS.  5lO, 

entièrement  cornées ,  composeront  une  première 
tribu,  celle  des  Hydiiophiliens  (Hydrophiliï), 
qui  embrasse  le  genre 

Des  Hydrophiles  (Hydrophilus)  de  Geoffroy. 

Linnseus  n'en  a  formé  qu'une  division  (  la  première) 
de  son  genre  Djliscus  ;  mais  l'anatomie  de  ces  insectes 
diffère  essentiellement.  Le  canal  digestif  des  hydrophiles 
a  beaucoup  d'analogie,  par  sa  longueur,  surpassant  quatre 
ou  cinq  fois  celle  du  corps,  et  par  sa  contexture,  de 
celui  des  lamellicornes,  et  ne  se  rapproche  de  celui  des 
carnassiers  que  sous  le  rapport  des  vaisseaux  biliaires. 
Ils  n'ont  ni  la  vessie  natatoire  ni  l'appareil  excrémen- 
tiel qui  caractérisent  les  hydrocanthares.  Dans  les  fe- 
melles seulement,  cet  appareil  est  remplacé  par  des  or- 
ganes sécrétant  la  matière  propre  à  former  le  cocon  ren- 
fermant les  œufs,  et  l'anus  présente,  à  cet  effet,  deux 
filières.  Enfin,  les  organes  génitaux  masculins  ont  les 
plus  grands  rapports  avec  ceux  des  coléoptères  de  la  fa- 
mille précédente  (1). 

Les  uns,  dont  le  corps  est  tantôt  ovale/  oblong,  et  dé- 
primé, ou  alongé  et  étroit,  avec  le  corselet  inégal  ou  rabo- 
teux et  rétréci  postérieurement,  les  jambes  grêles,  munies 
de  petits  éperons,  et  les  tarses  filiformes,  peu  ou  faiblement 
ciliés  et  terminés  par  deux  forts  crochets ,  ont  des  antennes 
(toujours  composées  de  neuf  articles)  finissant  en  une  massue 
presque  en  forme  de  cône  renversé,  légèrement  perfoliéeou 
presque  solide,  et  l'extrémité  des  mandibules  entière  ou 
terminée  par  une  seule  dent.  Ces  palpicornes  sont  tous 
très  petits  ,  nagent  peu  ou  mal,  habitent  les  eaux  stagnantes 
et  s'en  éloignent  quelquefois,  pour  se  cacher  dans  la  terre 


(1)  «  La  conformation  et  la  structure  des  organes  génitaux  mâles  des 
palpicornes  justifient  pleinement.  la  place  que  M.  Latreille  leur  a  assignée 
dans  le  cadre  entomologiste,  jj-  (Léon  Dufour,  Annal,  des  se.  nat.  ,  VI  , 
pag.  172). 


520  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

ou  sous  des  pierres.  Ils  composent  la  famille  des  Hélophori- 
dees  (  Helophoridea  )  de  M.  Leach  ,  dénomination  qui  nous 
rappelle  le  genre  Elophorus  de  Fabiïcius. 

Ici  la  longueur  des  palpes  maxillaires  ne  surpasse  pas 
celle  des  antennes  ou  lui  est  même  inférieure.  Le  chaperon 
est  entier  ou  sans  échancmre  notable. 

Tantôt  les  palpes  maxillaires  sont  terminés  par  un  article 
plus  gros  et  ovalaire. 

Les  Elophores.  (Elophorus.  Fab.  —  Silpha.  Lin.  — Dermes- 
tes.  Geoff.  —  Hydrophilus,  De  G .  ) 

Ont  le  corps  ovale  7  le  corselet  transversal ;  et  les  yeux  peu 
élevés  (i). 

Les  Hydrochus.  (Hydrochus.  Germ. — Elophorus.  Fab.) 

Qui  ne  se  distinguent  des  précédents  que  par  leur  forme 
étroite  et  alongée,  leur  corselet  en  carré  long  7  et  la  proémi- 
nence de  leurs  yeux  (2). 

Tantôt  les  palpes  maxillaires  se  terminent  en  manière  d'a- 
îène,  ou  par  un  article  plus  grêle,  court  et  conique. 

Les  Ochthébies.  (Ochthelius.  Leach. y  Germ.  —  Elophorus. 
Fab.  —  Hydrœna.  Ilig.  ;  Latr.  ) 

Le  corselet  est  presque  semi-orbiculaire  (3). 

Là  ,  les  palpes  maxillaires  7  terminés  par  un  article  plus 
grand  que  le  précédent,  en  forme  de  fuseau  et  pointu  au 
bout  y  sont  beaucoup  plus  longs  que  les  antennes  et  la  tête. 
Le  chaperon  est  fortement  échancré.  Ils  ont  d'ailleurs  le  port 
des  Ochthébies. 

Les  HYDR/ENES.^rÏYDRiENA.  Kugel.,  Leach.)  (4) 

Les  autres  Hydrophiliens  ont  le  corps  ovoïde  ou  presque 


(1)  Les  Elophores  deFabricius,  à  l'exception  des  espèces  des  sous-genres 
suivants. 

(2)  Elophorus  elongatus ,  Fab.  ;  —  E.  crenalus ,  ejusd.  ;  —  E.  brei'is, 
Gyllenh.;  Voyez  Germ.  insect.  Spec.  nov.  ,  I ,  pag.  90. 

(3)  E.  pygmœus ,  Fab.  ;  Hydrœna  riparia,  Lalr.  ;  — Hydrœna  mar- 
gipallens,  Lalr.;  Elophorus  marinus ,  GyU.j  Voyez  Germ.,' ibid. ,  p.  90., 

(4)  E.  miniinus ,  Fab.;  Gyll.  ;  Hydrœna  rip  aria  ,  Kugel.;  H.  longi- 
palpis ,  Schœnh.  ;  Germ. ,  Faun.  inecl.  Europ.  ,  VIII,  6  :  Voyez,  pour 
d'autres  espèces ,  Germ.  insect.  Spac.  nov. ,  I,  p.  g3. 


FAMILLE  DES  PALP1C0RNES.         521 

hémisphérique  et  généralement  convexe  ou  bombé  ;  avec  le 
corselet  toujours  beaucoup  plus  large  que  long,  et  uni  ,  les 
jambes  terminées  par  de  forts  éperons,  et  les  tarses  le  plus 
souvent  ciliés.  L'extrémité  de  leurs  mandibules  présente 
deux  dents.  Us  embrassent  la  famille  des  Hydrophtlides  {Hy- 
drophilidea)  du  docteur  Leach ,  ou  le  genre  hydrophile  de 
Fabricius. 

Quelques-uns  n'ont  que  six  articles  aux  antennes,  et  leur 
chaperon  est  échancré.  Tels  sont 

Les  Sperches.  (Spercheus.  Fab.  )  (i) 

Dans  les  suivants,  les  antennes  sont  toujours  composées 
de  huit  ou  neuf  articles  ,  et  le  chaperon  est  entier  ou  légè- 
rement concave  au  bord  antérieur. 

Une  espèce  qui  nous  a  été  communiquée  par  notre  ami 
M.  Leach,  nous  a  présenté  des  caractères  singuliers,  et  qui 
m'ont  déterminé  à  considérer  cet  insecte  comme  le  type  d'un 
nouveau  sous-genre  (2),  celui 

De  Globaire.  (Globaria.) 

Que  je  nommerai  ainsi  parce  que  son  corps  est  presque 
sphérique,  comprimé  latéralement ,  et  qu'il  paraît  suscepti- 
ble de  se  mettre  en  boule,  à  la  manière  des  agathidies.  Ses 
antennes  ne  m'ont  paru  composées  que  de  huit  articles, 
dont  le  cinquième  dilaté  en  manière  d'épine  au  côté  interne, 
le  suivant  en  cône  renversé,  alongé,  le  septième  cylindrique 
et  le  dernier  ou  le  huitième  conique;  ces  derniers  articles 
forment  une  massue  fort  alongée,  presque  cylindrique  et 
terminée  en  pointe.  Les  palpes  maxillaires  sont  un  peu  plus 
courts  que  les  antennes.  Les  yeux  sont  gros  et  saillants.  Le 

(1)  Spercheus  emarginatus ,  Fab.  ;  Panz.  ,  Fauu.  insect.  Gerrn. ,  XCI, 
4  M,  Bourdon  ,  naturaliste  français,  qui  explore  maintenant  les  états 
de  la  république  de  la  Colombie,  a  le  premier  de'couvert  cette  espèce 
aux  environs  de  Paris. 

(•2)  Il  semble  venir  plus  naturellement  près  de  celui  de  Bérose  de 
M.  Leach  ;  mais  ,  à  raison  du  nombre  des  articles  des  antennes  ,  j'ai  cru 
devoir  le  placer  immédiatement  après  les  Sperches.  On  pourrait ,  au  sur- 
plus ,  renverser  cet  ordre ,  en  commençant  par  les  sous-genres  qui  ont 
neuf  articles  aux  antennes,  et  en  terminant  par  ceux  où  elles  en  ont  un  et 
trois  de  moins,  ou  par  les  Globaires  et  les  Sperches. 


52  2  INSECTES    COLÉOPTÈHES. 

corselet  est  presque  semi-lunaire.  Les  élytres  embrassent  en- 
tièrement l'abdomen.  La  poitrine  est  dépourvue  d'épine 
sternale.  Les  quatre  jambes  postérieures  ont  à  leur  extrémité 
un  faisceau  de  soies,  presque  aussi  long  que  le  tarse:  l'é- 
cusson  est  petit,  en  triangle  alongé  et  étroit. 

La  seule  espèce  connue  (  G.  de  Leach)  est  petite  et 
exotique.  Je  la  crois  de  l'Amérique  méridionale. 

Tous  les  autres  hydrophiiiens  ont  neuf  articles  aux  an- 
tennes ,  et  la  massue  est  ovalaire  ou  ovoïde.  Le  corps  n'est 
point  susceptible  de  se  contracter  en  boule. 

Les  espèces  les  plus  grandes  ont  les  deux  articles  inter- 
médiaires de  la  massue  antennaire,  ou  le  septième  et  le 
huitième  ,  en  forme  de  rein  ou  de  croissant  irrégulier  , 
obtus  à  l'un  de  leur  bout ,  prolongés  ,  arqués  et  pointus 
à  l'autre _,  avec  un  vide  ou  écart  notable  entre  eux  •  le  pre 
mier  de  cette  massue  est  cupulaire,  plus  prolongé  au  côté 
antérieur.  Le  milieu  du  sternum  est  relevé  en  carène  ,  et 
terminé  postérieurement  en  une  pointe  plus  ou  moins 
longue  et  très  aiguë.  Les  palpes  maxillaires  sont  plus  longs 
que  les  antennes,  avec  le  dernier  article  plus  court  que 
le  précédent.  Les  tarses ,  surtout  les  derniers  ,  sont  com- 
primés ,  garnis  d'une  frange  de  poils  ou  de  cils  au  côté 
interne,  et  terminés  par  deux  crochets  généralement  pe- 
tits,  inégaux  et  unidentés  inférieurement.  L'écusson  est 
assez  grand. 

Ces  espèces  composeront  le  sous-genre 

D'Hydrophile  proprement    dit  (  Hydrophilus.  Geoff.,  Fan.  , 

Leach.  —  Dytiscus.  Lin.  ) 

Ici  l'épine  sternale  est  fortement  prolongée  en  arrière.  Le 
dernier  article  des  deux  tarses  antérieurs  des  mâles  est  dilaté 
en  manière  de  palette  triangulaire.  L'écusson  est  grand.  Ce 
sont  les  Hy droits  de  M.  Leach  (i). 

Les  larves  ressemblent  à  des  espèces  de  vers,  mous,  à 
forme  conique  et  alongée,  pourvus  de  six  pieds,  avec  la 
tête  assez  grande,  écailïeuse,  plus  convexe  en  dessous  qu'es: 
dessus  et  armées   de  mandibules  fortes  et  crochues.  Elles 

(i)  Zool.  misée!.,  III,  pag.  94. 


FAMILLE    DES    PALPICOUNES.  52Ù 

respirent  par  l'extrémité  postérieure  du.  corps.  Elles  sont 
très  voraces  et  nuisent  beaucoup  aux  étangs  ?  en  dévorant  le 
frai. 

UH.  brun  (  H.  piceus  ,  Fab.  j  Oiiv.,  col.  III,  3g  , 1 ,  i  )  , 
est  long  d'un  pouce  et  demi,  ovale,  d'un  brun  noir,  comme 
poli  ou  enduit  d'un  vernis  ,  avec  la  massue  des  antennes 
en  partie  roussâtre,  et  quelques  stries  peu  marquées  sur  les 
élytres,  dont  l'extrémité  postérieure  est  arrondie  extérieu- 
rement et  prolongée  en  une  petite  dent  à  l'angle  interne. 

Il  nage  et  vole  très  bien  ,  mais  il  marche  mal.  Sa  pointe 
sternale  peut  quelquefois  blesser  ,  lorsqu'on  le  tient  dans 
la  main,  et  qu'on  lui  laisse  la  liberté  de  se  mouvoir. 

L'anus  de  la  femelle  a  deux  filières,  avec  lesquelles  elle 
forme  une  coque  ovoïde,  surmontée  d'une  pointe  en 
forme  de  corne  arquée  et  de  couleur  brune.  Son  tissu  ex- 
térieur est  une  pâte  gommeuse  ,  d'abord  liquide,  se  dur- 
cissant ensuite  et  devenant  impénétrable  à  l'eau.  Les  œufs 
qu'elle  enveloppe  y  sont  disposés  avec  symétrie  et  main- 
tenus par  une  sorte  de  duvet  blanc.  Ces  coques  flottent 
sur  l'eau. 

La  larve  est  déprimée,  noirâtre,  ridée,  avec  la  tête 
d'un  brun  rougeâtre,  lisse,  ronde  et  pouvant  se  renverser 
en  arrrière.  Cette  faculté  lui  donne  le  moyen  de  saisir  les 
petites  coquilles  qui  nagent  à  la  surface  de  l'eau.  Son  dos 
lui  sert  de  point  d'appui,  et  c'est  sur  cette  sorte  de  table 
qu'elle  les  casse  et  dévore  l'animal  qu'elles  renferment. 
Le  corps  de  ces  larves  devient  flasque,  lorsqu'on  les  prend. 
Elles  nagent  avec  facilité,  et  ont,  au-dessous  de  l'anus, 
deux  appendices  charnus,  qui  servent  à  les  maintenir  à  la 
surface  de  l'eau  ,  la  tête  en  bas  ,  lorsqu'elles  y  viennent 
respirer.  Suivant  M.  Miger  ,  qui  nous  a  fourni  ces  obser- 
vations (Annal,  du  Mus.  d'hist.  natur.,  XIV,  441  )>  d'au- 
tres larves  d'hydrophyles  sont  dépourvues  de  ces  appen- 
dices, ne  nagent  point  et  ne  se  suspendent  point  comme 
les  précédentes.  Les  femelles  de  ces  espèces  nagent  diffi- 
cilement, et  portent  leurs  œufs  sous  l'abdomen,  dans  un 
tissu  soyeux;  mais  ces  espèces  appartiennent  aux  derniers 
sous-genres  de  cette  tribu. 
Celui   à' hydrophile  propre  du  docteur  Leach  se  compose 


52Zf  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

des  espèces  dont  les  tarses  sont  identiques  dans  les  deux 
sexes  et  point  dilatés  ,  dont  l'épine  pectorale  se  termine  avec 
l'arrière-sternum,  et  dont  l'écusson  est  proportionnellement 
plus  petit  (i). 

Dans  tous  les  hydrophiliens  suivants  ,  les  deux  articles 
intermédiaires  de  la  massue  des  antennes  sont  parfaitement 
transversaux,  de  forme  régulière,  point  prolongés  en  ma- 
nière de  dent  à  l'un  de  leurs  bouts  ,  et  sans  vide  entre  eux  ; 
le  dernier  est  obtus  ou  arrondi  au  bout.  La  poitrine  n'offre 
ni  carène  ni  épine.  Les  tarses  sont  moins  ou  peu  propres  à 
la  natation  ,  peu  ou  point  ciliés  et  terminés  par  des  crochets 
grands,  égaux  et  simples. 

Ceux  dont  les  palpes  maxillaires  sont  beaucoup  plus  longs 
que  les  antennes,  avec  le  dernier  article  plus  court  que  le 
précédent  et  cylindrique  j  dont  le  corps  est  peu  élevé,  avec 
le  bout  des  élytres  tronqué  ou  très  obtus,  composent  le 
genre 

De  Limnebie  (  Limnebius  )  du  docteur  Leach  (a). 

Ceux  dont  les  palpes  maxillaires  ne  sont  guère  plus  longs 
que  les  antennes,  avec  le  dernier  article  aussi  long  ou  plus 
long  que  le  précédent,  presque  ovalaire  et  dont  le  corps  est 
bombé,  sont  compris  par  le  même  savant  anglais,  dans  deux 
autres  genres.  L'un  ,  celui 

D'Hydrobie  (  Hydrobius  ) 

A  les  yeux  déprimés  ou  peu  convexes.  L' extrémité  anté- 
rieure de  la  tête  n'est  point  rétrécie  brusquement,  et  la  base 
du  corselet  est  de  la  largueur  de  celle  des  élytres  (3). 

Les  Béroses.   (Berosus.) 

Ont,  au  contraire,  des  yeux  très  saillants,  l'extrémité 
antérieure   de  la  tête    brusquement  rétrécie   et  le  corselet 

(i)  Rapportez  aux  Hydroùs  de  M.  Leach  ,  outre  le  piceus  ,  les  espèces 
suivantes  de  Fabricias  :  ater,  olivaceus,  lufïpes,  etc.  Celles  que  celui-ci 
nomme  Caïaboides ,  ellipUciis ,  etc.  ,  sont  des  Hydrophiles  proprement 
dits,  pour  le  naturaliste  anglais. 

(2)  H.  griseus,  truncalellus ,  Fah. 

(3)  Les  H.  scarabœoides ,  melanocephalus ,  orbicularis ,  etc. 


FAMILLE  DES  PALPICORNES.         525 

plus    étroit  à   sa  base,  que  les   élytres.    Le  corps   est  très 
bombé  (i). 

La  seconde  tribu,  les  Sph/eridiotes  (Sphœri- 
diota  ),  est  formée  de  palpicornes  terrestres,  à  tarses 
composés  de  cinq  articles  très  distincts  et  dont  le 
premier  aussi  long"  au  moins  que  le  suivant.  Les 
palpes  maxillaires  sont  un  peu  plus  courts  que  les 
antennes,  avec  le  troisième  article  plus  grand,  renflé, 
en  forme  de  cône  renversé.  Les  lobes  maxillaires 
sont  membraneux. 

Le  corps  est  presque  hémisphérique ,  avec  le  pré- 
sternum prolongé  en  pointe  à  son  extrémité  posté- 
rieure, et  les  jambes  épineuses;  les  antérieures  sont 
palmées  ou  digitées  dans  les  grandes  espèces.  Les 
antennes  sont  toujours  composées  de  neuf  articles, 
ou  simplement  de  huit ,  si  l'on  considère  le  dernier 
comme  un  appendice  du  précédent.  (  J^ojez  les 
taupins  et  plusieurs  autres  genres  de  coléoptères). 

Ces  insectes  sont  petits,  et  habitent  les  bouzes  et 
autres  matières  excrémentielles;  quelques  espèces 
se  tiennent  près  du  bord  des  eaux. 

Ils  composent  le  genre 

Des  Sphéridies  (Spileridium)   de  Fabricius. 

Mais  dont  il  faut  séparer  plusieurs  espèces ,  ce  qu'a- 
vait déjà  fait  Olivier.  Le  docteur  Leach  n'y  conserve 
même  que  celles  dont  les  tarses  antérieurs  sont  dilatés 
dans  les  mâles.  Tel  est 

Le  S.  à  quatre  taches  (Dermestes  scarabœoides ,  Linn.; 

(i)  H.  luridus,  Fab.  . 


526  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Oliv. ,  col.  II >  i5,  1  et  3  ,  II,  il  ).  11  est  d'un  noir  lui- 
sarît ,  lisse ,  avec  l'écusson  alongé ,  les  pieds  très  épineux , 
une  tache  d'un  rouge  de  sang  à  la  base  de  chaque  étui , 
et  leur  extrémité  rougeâtre.  Ces  taches  diminuent  ou 
s'oblitèrent  dans  plusieurs  individus. 

Les  espèces  dont  les  tarses  sont  semblables  dans  les 
deux  sexes  ,  et  dont  la  massue  des  antennes  est  lâche- 
ment imbriquée ,  composent  le  genre  Cercjdion  (i)  de  ce 
savant.  On  pourrait,  d'après  la  considération  de  la  forme 
des  jambes,  de  la  disposition  de  leurs  épines  ou  de  leurs 
dentelures  ,  diviser  les  sphéridies  en  plusieurs  autres 
coupes  qui  faciliteraient  l'étude  des  espèces  ,  et  dont  le 
nombre  paraît  avoir  été  trop  multiplié  (2). 

La  sixième  et  dernière  famille  des  coléoptères 
Pentamères,  celle 

.   Des  LAMELLICORNES  (Lamellicornes), 

Nous  offre  des  antennes  insérées  dans  une  fossette 
profonde,  sous  les  bords  latéraux  delà  tête,  tou- 
jours courtes ,  de  neuf  ou  dix  articles  le  plus  sou  - 
vent,  et  terminée  dans  tous  en  une  massue,  ordi- 
nairement composée  des  trois  derniers  ,  qui  sont 
en  forme  de  lames,  tantôt  disposées  en  éventail, 
ou  à  la  manière  des  feuillets  d'un  livre,  s'ouvrant 
ou  se  fermant  de  même ,  quelquefois  contournées 
et  s'emboîtant  concentriquement,  le  premier  ou 
l'inférieur  de  cette   massue  ayant   alors  la  forme 

(1)  Les  Sphéridies ,  unipunclatwn  ,  melanocephalum  ,  etc.;  Zool.  mîs- 
<  ell.  ,  III ,  pag.  95. 

(2)  Voyez,  pour  les  autres  espèces,  Olivier,  Schœflherr ,  Gyllenhal, 
Dejean ,  etc. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  627 

d'un  demi-entonnoir,  et  recevant  les  autres ,  tantôt 
disposées  perpendiculairement  à  l'axe  et  formant 
une  sorte  de  peigne. 

Le  corps  est  généralement  ovoïde  ou  ovalaire  et 
épais.  Le  côté  extérieur  des  deux  jambes  antérieures 
est  denté,  et  les  articles  des  tarses ,  à  l'exception  de 
quelques  mâles  ,  sont  entiers  et  sans  brosses  ni  pe- 
lotte  en  dessous.  L'extrémité  antérieure  de  la  tête 
s'avance  ou  se  dilate  le  plus  souvent  en  manière  de 
chaperon.  Le  menton  est  ordinairement  grand  , 
recouvre  la  languette,  ou  est  incorporé  avec  elle  et 
porte  les  palpes.  Les  mandibules  de  plusieurs  sont 
membraneuses,  caractère  qu'on  n'observe  dans  au- 
cun autre  coléoptère.  Souvent  les  mâles  différent 
des  femelles ,  soit  par  des  élévations  en  forme  de 
cornes  ou  de  tubercules  du  corselet  ou  de  la  tête , 
soit  par  la  grandeur  de  leurs  mandibules. 

Cette  famille  est  très  considérable,  et  l'une  des 
plus  belles  des  insectes  de  cet  ordre ,  sous  le  rapport 
de  la  grandeur  du  corps,  de  la  variété  de  formes 
du  corselet  et  de  la  têle,  considérés  dans  les  deux 
sexes,  et  souvent  aussi,  quant  aux  espèces,  vivant 
en  état  parfait,  de  substances  végétales;  par  l'éclat 
des  couleurs  métalliques  dont  il  est  orné.  Mais  la 
plupart  des  autres  espèces,  se  nourrissant  de  végé- 
taux décomposés.,  tels  que  le  fumier,  le  tan ,  ou 
de  matières  excrémentielles,  sont  communément 
d'une  teinte  noire  ou  brune  et  uniforme.  Quelques 
copropbages  cependant  ne  le  cèdent  point,   à  cet 


528  1JNSECTES    COLÉOPTÈRES. 

égard  aux  précédents.    Tous  ont  des  ailes  et  la 
démarche  lourde. 

Les  larves  ont  le  corps  long^  presque  demi  cy- 
lindrique, mou,  souvent  ridé,  blanchâtre,  divisé 
en  douze  anneaux ,  avec  la  tête  écailleuse ,  armée 
de  fortes  mandibules,  et  six  pieds  écailleux.  Chaque 
côté  du  corps  a  neuf  stigmates;  son  extrémité  pos- 
térieur est  plus  épaisse,  arrondie  et  presque  tou- 
jours courbée  en  dessous,  en  sorte  que  ces  larves, 
ayant  le  dos  convexe  ou  arqué,  ne  peuvent  s'é- 
tendre en  ligne  droite ,  marchent  mal  sur  un  plan 
uni  y  et  tombent  à  chaque  instant  à  la  renverse  ou 
sur  le  côté.  On  peut  se  Faire  une  idée  de  leur  forme 
par  celle  de  la  larve  si  connue  des  jardiniers  ,  sous  le 
nom  &e  ver  blanc,  celle  du  hanneton  ordinaire.  Quel- 
ques-unes ne  se  changent  en  nymphe  qu'au  bout 
de  trois  à  quatre  ans  ;  elles  se  forment  dans  leur 
séjour,  avec  de  la  terre  ou  les  débris  des  matières 
qu'elles  ont  rongées ,  une  coque  ovoïde  ou  en  forme 
de  boule  alongée ,  dont  les  partie3  sont  liées  avec 
une  substance  glutineuse  ,  qu'elles  font  sortir  du 
corps.  Elles  ont  pour  aliments  les  bo.uzes,  le  fu- 
mier, le  terreau,  le  tan,  les  racines  des  végétaux, 
souvent  même  de  ceux  qui  sont  nécessaires  à  nos 
besoins ,  d'où  résultent  pour  le  cultivateur  des 
pertes  considérables.  Les  trachées  de  ces  larves 
sont  élastiques,  tandis  que  celles  de  l'insecte  parfait 
sont  tubulaires.  Le  système  nerveux,  considéré 
dans  ces  deux  âges ,  présente  aussi  des  différences 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  52Cj 

remarquables.  Les  ganglions  sont  moins  nombreux 
et  plus  rapprochés  dans  l'insecte  parvenu  à  sa  der- 
nière transformation  ,  et  les  deux  postérieurs  jettent 
un  grand  nombre  de  filets  disposés  en  rayons. 
D'après  les  observations  de  M.  Marcel  de  Serres 
sur  les  yeux  des  insectes,  ceux  de  la  plupart  des 
lamellicornes  offrent  des  caractères  particuliers, 
et  qui  rapprochent  leur  organisation  de  celle  des 
yeux  des  ténébrionites,  des  blattes  et  autres  in- 
sectes  lucifuges. 

Le  tube  alimentaire  est  généralement  fort  louer, 
surtout  dans  les  coprophages,  contourné  sur  lui- 
même  ,  et  le  ventricule  chylifique  est  hérissé  de 
papilles  ,  que  M.  Du  four  a  reconnu  être  des  bourses 
destinées  au  séjour  du  liquide  alimentaire.  Les  vais- 
seaux biliaires  ressemblent,  par  leur  nombre  et 
leur  mode  d'implantation  ,  à  ceux  des  coléoptères 
carnassiers,  mais  ils  sont  beaucoup  plus  longs  et 
plus  déliés. 

Nous  partagerons  cette  famille  en  deux  tribus  (1). 

La  première ,  celle  des  Scarabéïdes  (  Scara- 
bœides)  ,  nous  offre  des  antennes  terminées  en 
massue  feuilletée  et  plicatile  dans  la  plupart ,  com- 
posée, dans  les  autres  ,  d'articles  emboîtés  ,  soit  en 
forme  de  cône  renversé,    soit  presque  globuleux, 

(1)  L'anatomie  est,  selon  M.  Dufour,  si  différente,  que  ces  deux  tribus 
devraient  constituer  deux  familles.  Les  sections  seraient  alors  des  tribus  , 
et  formeraient  quelques-unes  de  leurs  divisions  ,  autant  de  genres  princi- 
paux (Bousier,  ÂphoàiA  ,  Géotrupe,  Scarabée  ,  Rutèle,  Hanneton  ,  Gla- 
phjre  ,  Cétoine,  pour  la  première  tribu  J; 

TOME    IV.  J*4 


55o  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  mandibules  sont  identiques  ou  presque  sem- 
blables dans  les  deux  sexes;  mais  la  tête  et  le  cor- 
selet des  individus  mâles  offrent  souvent  des  saillies 
ou  des  (ormes  particulières;  quelquefois  aussi  leurs 
antennes  sont  plus  développées. 
Celte  tribu  répond  au  genre 

Des  Scarabfes.   (  Scarab^eus.  Lin.) 

Le  tube  alimentaire  est  généralement  beaucoup  plus 
long  que  celui  des  lamellicornes  de  la  tribu  suivante  ou 
des  îucanides ,  et  l'œsophage  est  proportionnellement 
beaucoup  plus  court.  Le  tissu  adipeux  oul'épiploonestgé- 
néralement  presque  nul,  tandis  qu'ici  il  est  bien  plus  pro- 
noncé. Mais  c'est  surtout  par  l'appareil  génital  masculin 
que  les  scarabéïdes  se  distinguent, non-seulement  de  ces 
derniers  ,  mais  encore  de  tous  les  autres  penlamères. 
Leurs  testicules,  d'après  les  observations  de  M.  Dufour , 
consistent  en  capsules  spermatiques  (des  houppes  selon 
M.  Cuvier  )  assez  grosses,  bien  distinctes,  pédicellées,  et 
dont  le  nombre  varie  selon  les  genres. 

Les  larves  (  Cuv. ,  Règne  anim.  )  ont  un  estomac  cylin- 
drique entouré  de  trois  rangées  de  petits  cœcums,  un 
intestin  grêle  très  court,  un  colon  extrêmement  gros, 
boursouflé,  et  un  rectum  médiocre. 

Nous  diviserons  ce  genre  en  plusieurs  petites  sections  , 
établies  sur  la  considération  des  organes  masticateurs,  des 
antennes,  des  habitudes,  coupes  dont  la  distinction  a  été 
confirmée  par  les  recherches  anatomiques  du  savant  pré- 
cité. 

Les  Covropkagks  (Coprophagi  ),  ou  les  scarabéïdes  de  notre 
première  section,  ont  des  antennes  ordinairement  composées 
de  neuf  articles  et  de  huit  dans  les  autres  ,  et  dont  les  trois 
derniers  forment  la  massue.  Le  labre  et  les  mandibules  sont 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  55 1 

membraneux  et  cachés.  Le  lobe  terminant  les  mâchoires 
est  aussi  de  cette  consistance,  large  et  arqué  au  bord  supé- 
rieur et  courbé  en-dedans.  Le  dernier  article  des  palpes 
maxillaires  est  toujours  le  plus  grand  de  tous  ,  presque  ova- 
laire  ou  presque  cylindrique ;  mais  le  même  des  labiaux  est 
presque  toujours  plus  grêle  que  les  précédents,  ou  très  petit. 
Derrière  chacun  de  ces  derniers  palpes  est  une  saillie  mem- 
braneuse, en  forme  de  languette.  Le  menton  est  échancré. 
Le  sternum  n'offre  aucune  proéminence  particulière,  et  les 
crochets  des  tarses  sont  toujours  simples.  Les  tarses  anté- 
rieurs manquent  souvent  dans  plusieurs,  soit  par  naissance, 
soit  parce  qu'ils  sont  caduques. 

Le  tube  alimentaire  est  toujours  fort  long,  et  cette  lon- 
gueur est  même  quelquefois  (copris  lunaris)  dix  à  douze 
fois  plus  considérable  que  celle  du  corps.  Le  ventricule  cKy- 
lifique,  en  occupantla  majeure  partie,  est  hérissé  de  papilles 
conoïdes  ou  en  forme  de  clous,  très  replié  sur  lui-même  et 
maintenu  dans  cet  état  d'agglomération  par  de  nombreuses 
brides  trachéennes.  L'intestin  est  filiforme  et  terminé  par  un 
renflement.  Les  testicules  des  coprophages  disséqués  par 
M.  Dufour,  lui  ont  paru  composés  de  six  capsules  sper- 
matiques,  orbiculaires,  un  peu  déprimées,  ordinairement 
réunies,  par  des  trachées,  en  un  paquet,  portées  cha- 
cune sur  un  pédicule  tubuleux,  assez  long,  et  qui  aboutit 
à  un  canal  déférent  de  peu  de  longueur.  Il  n'y  a  qu'une 
paire  de  vésicules  séminales;  elles  sont  filiformes,  très  lon- 
gues et  fort  repliées. 

Cette  première  section  répoird  à  la  troisième  division  du 
genre  scarabée  d'Olivier,  ou  à  celui  de  Bousier  {copris)7  mais 
en  y  ajoutant  quelques  scarabées  (aphodies)  de  ce  natura- 
liste. 

Les  uns  ont  les  deux  pieds  intermédiaires  beaucoup  plus 
écartés  entre  eux  à  leur  naissance  que  les  autres  ;  les  palpes 
labiaux  très  velus,  avec  le  dernier  article  beaucoup  plus 
petit  que  les  autres  ou  même  peu  distinct;  l'écusson  nul  ou 
très  petit  et  l'anus  découvert. 

Des  coprophages  de  cette  division ,  propres  à  l'ancien  con- 
tinent, à  corps  arrondi  ,  ordinairement  déprimé  en-dessus 
ou  peu  bombé,  semblable  ou  peu  différent  et  sans  cornes, 


t>02  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

dans  les  deux  sexes;  dont  les  antennes  de  neuf  articles  se 
terminent  en  massue  feuilletée;  sans  écusson,  ni  hiatus  sutu- 
rai indiquant  sa  place;  dont  les  quatre  jambes  postérieures, 
ordinairement  garnies,  ainsi  que  les  tarses,  de  franges  de 
poils  ou  de  cils,  sont  grêles,  alongées,  point  ou  peu  dila- 
tées à  leur  extrémité,  tronquées  obliquement  et  terminées 
par  un  seul  éperon,  robuste  et  en  forme  d  épine  ou  de  pointe, 
dont  le  chaperon  enfin  est  plus  ou  moins  lobé  ou  denté,  for- 
ment le  genre 

D'Ateucrus   (  ÀTEUcaus  ),  de  M.  Weber  et  de  Fabricius. 

Mais  restreint  depuis auxespèces  dontlesélytres  ont  lcbord 
extérieur  droit  ou  sans  échancrure  ni  sinus  ,  près  de  leur 
base,  et  mettant  à  découvert  la  portion  correspondante  des 
bords  supérieurs  de  l'abdomen.  Les  jambes  et  les  tarses  des 
quatre  derniers  pieds  sont  garnis  de  longs  poils;  les  quatre 
premiers  articles  des  tarses  sont  généralement  plus  longs  que 
dans  les  autres;  le  premier  des  labiaux  est  presque  cylin- 
drique ou  en  cône  renversé  ;  le  chaperon  est  le  plus  souvent 
divisé  en  trois  lobes  ou  festons  ,  et  son  contour  présente  six 
dents. 

Ces  insectes  ,  que  M.  Mac  Leay  fils,  dans  un  livre  plein  de 
recherches  et  d'aperçus  ingénieux,  intitulé  Horœ  entomo- 
log.  (i  vol.  ,  iie  part.',  p.  i34)7  désigne  sous  le  nom  géné- 
rique de  scarabée  y  comme  étant  celui  qu'ils  reçurent  pri- 
mitivement des  latins  (i) ,  et  dont  il  a  donné,  dans  le  même 
ouvrage  (  part.  2e,  p.  497  )?  une  excellente  monographie  , 
enferment  leurs  œufs  dans  des  boules  de  fiente,  et  même 
d'excréments  humains,  semblables  à  de  grandes  pilules, 
ce  qui  leur  a  fait  donner  par  quelques  auteurs  le  nom  de 
piluîaires.  lis  les  font  rouler  avec  leurs  pieds  de  derrière 
et  souvent  de  compagnie  ,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  trouvé  des 
trous  propres  à  les  recevoir,  ou  des  lieux  où  ils  puissent  les 
enfouir. 

Deux  espèces  d'ateuchus  faisaient  partie  du  culte  reli- 
gieux des  auciens  Egyptiens  et  de  leur  écriture  hiéroglv- 
phique.  Tous  leurs  monuments  nous  en  retracent,  et  sous 

(1)  Les  heliocaulharos  des  (irecs. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  555 

diverses  positions,  et  souvent  sous  des  dimensions  gigan- 
tesques, leur  effigie.  Ou  les  représentait  aussi  séparément, 
en  employant  même  les  substances  les  plus  précieuses, 
tomme  l'or }  on  en  formait  des  cachets,  des  amulettes,  que 
l'on  suspendait  au  cou  ,  et  que  l'on  ensevelissait  avec  les 
momies.  On  a  trouvé  l'insecte  lui-même  renfermé  dans 
quelques-uns  de  leurs  cercueils  (i). 

Le  Scarabée  sacré deLinnseus,  ou  Y  Ateuchus  sacré  [OUv. , 
col.  I,  3,  vm  ;  59),  que  Ton  trouve,  non-seulement  dans 
toute  l'Egypte,  mais  dans  les  contrées  méridionales  de  la 
Fiance,  en  Espagne,  en  Italie,  et  en  général  au  sud  de  l'Eu 
rope ,  avait  été  regardé  jusqu'ici  comme  l'objet  de  cette 
superstition  -7  mais  une  autre  espèce,  découverte  dans  le 
Seunâri  par  M.  Caillaud  de  Nantes,  paraît,  à  raison  de 
ses  couleurs  plus  brillantes ,  du  pays  où  on  la  trouve, 
et  qui  fut  le  premier  séjour  des  Egyptiens,  avoir  d'abord 
fixé  leur  attention.  Celle-ci,  que  j'ai  nommée  V  Ateuchus  des 
Egyptiens  (  Voyage  à  Méroé,  au  fleuve  Blanc,  IV,  p.  'iyi , 
Atl.  d'hist.  nat.  et  d'antiq.,  H,  lviii  ,  10),  est  verte  ,  avec 
une  teinte  dorée,  tandis  que  la  première  est  noire.  Le 
chaperon  a  de  part  et  d'autre  six  dentelures,  mais  ici"  le 
vertex  a  deux  petites  éminences  ou  tubercules  ,  au  lieu 
que  celle  de  l'autre  ou  de  i'A.  des  Egyptiens  n'offre 
qu'une  faible  éminence  alongée,  lisse  et  très  luisante.  Le 
corselet,  à  l'exception  du  milieu  du  dos,  est  entièrement 
ponctué,  et  même  chagriné  latéralement,  avec  les  bordas 
dentelés.  Les  intervalles  des  stries  des  élytres  sont,  eu 
outre,  finement  chagrinés  ,  et  offrent  des  points  enfoncés, 
assez  nombreux  et  assez  larges.  Le  côté  interne  des  deux 
jambes  antérieures  présente  une  série  de  petites  dents. 
Dans  notre  Ateuchus  sacré ,  ce  même  côté  a  ordinairement 
deux  dents  assez  fortes. 

Des  ateuchus  (  S.  œsculapius  ,  Oliv.,  et  une  autre  es- 
pèce ,  Hippocrates)  dont  le  corselet  et  l'abdomen  sont 
plus  courts,  plus  arrondis  et  plus  convexes ;  dont  le  pre- 
mier article  des   palpes  labiaux  est  aussi  plus   court  et- 

(0  ^°yez  mon  Mémoire  relatif  aux  insectes  peints  et  sculptés  sur  les 
monuments  antiques  de  l'Egypte,  et  les  ouvrages  de  M-  de  Champol- 
lion  le  jeune. 


554  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

plus  large,  eu  forme  de  triangle  renversé,  composent  le 
genre  Pachysoma  de  M.  Kirby  (i). 

Les  ateuchus  dont  les  élytres  ont  au  côté  extérieur,  près 
de  leur  base,  une  forte  écbancrure,  sont  maintenant 

Des  Gymnopleijres.  (Gymnopleurus.  Ilig.) 

Les  quatre  jambes  postérieures  sont  ordinairement  sim- 
plement ciliées  ou  munies  de  petites  épines,  et  le  dernier 
article  de  leurs  tarses  est  aussi  long  ou  plusjong  que  les  pré- 
cédents pris  ensemble.  Le  premier  des  labiaux  est  dilaté  au 
côté  interne,  presque  triangulaire.  Le  corselet  a  de  cbaque 
côté  une  fossette  (2). 

D'autres  copropbages  très  analogues  aux  précédents,  et 
rangés  au?si  avec  les  ateucbus  par  Fabricius,  s'en  distin- 
guent par  leurs  jambes  intermédiaires,  dont  l'extrémité, 
ainsi  que  celle  des  deux  dernières,  souvent  dilatée  ou  en 
massue,  offre  deux  éperons  ou  épines.  Le  chaperon  n'a,  dans 
plusieurs  ,  que  quatre  ou  deux  dents.  Le  premier  article  des 
palpes  labiaux  est  toujours  plus  grand  que  le  suivant ,  et  di- 
laté au  côté  interne.  Le  troisième  et  dernier  article  est 
distinct.  Viendront  d'abord 

Les  Sisyphes.  (Sisyphus.  Latr.) 

Qui  diffèrent  des  autres  copropbages  par  leur  antennes 
n'ayant  que  huit  articles  ,  et  à  raison  de  la  forme  triangu- 
laire de  leur  abdomen.  Les  quatre  derniers  pieds  sont  longs, 
étroits,  avec  les  cuisses  en  massue.  Le  corps  est  court  et  épais. 
L'écusson  manque  (3). 

(i)  Outre  les  Ateucbus  précites,  rapportez  au  même  sous-genre  les 
A.  laticollis,  variolosus,  sewipunctalus,  miliaris,  sanclus  ,  etc. ,  de  Fabri- 
cius,  et  quelques  autres.  Voyez  l'ouvrage  pre'cite'  de  M.  Mac  Leay  fils  , 
et  l'Entomographie  de  la  Russie,  où  quelques  espèces  de  ce  sous-genre  et 
des  suivants  sont  parfaitement  figurées. 

(2)  Les  Ateuchus,  sinualus,  pilularius  ,Jiagellatus ,  Leei,  Rœnigii,  cu~ 
preus ,  profanus ,  etc.  ,  de  Fab.  ;  le  Scfulgidus  d'Oliv.,  etc.  Les  Aleu- 
chus de  Fabricius  ,  qui  sont  propres  à  l'Amérique ,  appartiennent  à  d'au- 
tres sous-genres.  M.  Mac  Leay  fils  (Hor.  entom. ,  I,  pars  n  ,  pag.  5 10)  , 
conserve  encore  les  Gymnopleures  avec  les  Ateucbus  ou  ses  Scarabées  *. 
mais  il  en  fait  une  division  dont  il  indique  les  espèces. 

(3)  Ateuchus  Schœfferi,  Fab.  ;  —  Se.  longipes ,  Oliv.  ,  et  quelques  au- 
ves  espèces  inédites  du  cap  de  Bonne-Espérance, 


FAMILLE    DES    L  AMELL1C0UJN  ES.  />."),) 

LeS  ClRCELLÏES.  (ClP.CELLIUM.   Latl*.) 

Dont  le  corps  est  hémisphérique,  bombé,  avec  l'abdomen 
presque  demi  circulaire,  et  les  bords  latéraux  du  corselet 
droits  ou  point  dilatés  dans  leur  milieu,  il  n'y  apoint  d'écus- 
son.  Le  chaperon  offre  quatre  ou  six  dentelures  (1). 

Les  r.opROBiiis.  (Coprobius.  Latr.  ) 

Pareillement  sans  écusson  ,  et  dont  le  corps  est  ovoïde, 
point  ou  peu  bombé,  avec  le  milieu  d^s  bords  latéraux  du 
corselet  dilaté  en  manière  d'angle  mousse  ou  arrondi ,  l'ab- 
domen presque  carré,  et  le  chaperon  bi  denté.  Ces  insectes  sont 
plus  particulièrement  propres  au  nouveau   continent  (i). 

Les  espèces  dont  les  quatre  jambes  postérieures  sont  pro- 
portionnellement plus  courtes  ,  dilatées  ou  élargies  notable- 
ment à  leur  extrémité,  avec  les  premiers  articles  des  tarses 
plus  larges,  composent  le  genre  Choeridie  (Chœridium)  de 
MM.  Lepeietier  de  Saint-Fargeau  et  Serville  (Encyclop.  mé- 
thofl.).  Nous  réunirons  encore  aux  copropbiles  celui  qu'ils 
nomment  Hyboma  (ibid.). 

Un  autre  sous-genre,  voisin  des  précédents,  dont  les 
espèces  sont  aussi  américaines;  celui  qu'ils  appellent  /Es- 
c/jrote5,maisqueM.  Dalman  avait  publié  (Ephém.  Entom., 
1824)  avant  eux  sous  une  autre  dénomination. 

Celle    d'ElJRYSTERNE.   (EURYSTERNUS.) 

Diffère  des  précédents  par  la  présence  d'un  écusson.  Le 
corps  est  d'ailleurs  ovale-  oblong,  plan  en  dessus,  avec  les 
côtés  postérieurs  du  corselet  coupés  brusquement  et  d'une 
manière  oblique.  Les  hanches  intermédiaires  sont  dirigées 
dans  le  sens  de  la  longueur  du  corps,  et  parallèlement  à  ses 
côtés. 

Dans  tous  les  coprophages  suivants,  les  quatre  jambes 
postérieures  sont  toujours  dilatées  à  leur  extrémité  et  presque 
en  forme  de  triangle  aiongé;  les  intermédiaires  se  terminent 


(1)  Les  Attucluis  Bacchus,  HoUandlœ ,  de  Fab. 

(2)  Les   A.   volve ns  ,  violaceus ,   Iriangulatïs ,  6-ptinctalus  ,  etc.de 

i  abrieius. 


536  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

d'ailleurs  ,  comme  dans  les  derniers,  par  deux  fortes  épines 
ou  éperons;  mais  la  tête,  ou  le  corselet,  ou  l'un  et  l'autre 
offrent,  dans  les  mâles,  des  cornes  ou  des  éminences  qui  les 
distinguent  de  l'autre  sexe.  Dans  plusieurs,  les  trois  derniers 
articles  des  antennes,  en  forme  de  demi-godets,  ou  semi- 
cupulaires,  s'emboîtent  ou  s'empilent  concentriquement.  Ces 
insectes  serapportentaux  genres  OnilisetCopris  de  Fabricius. 
Deux  sous-genres  à  massue  antennaire  feuilletée  nous  pré- 
sentent un  caractère  qui  leur  est,  dans  cette  section  ,  ex- 
clusivement propre  :  le  troisième  article  des  palpes  labiaux 
est  peu  ou  point  distinct,  et  le  précédent  est  plus  grand  que 
le  premier. 

(Les  Om  ocelles.  (  Oniticellus.  Ziég.,  Dej.) 

Ont  lecorps  obîong,  déprimé,  avec  le  corselet  grand,  pres- 
que ovale  et  presque  aussi  long  que  large,  toujours  uni. 
L'écusson  est  distinct.  De  simples  lignes  élevées  ou  des  tuber- 
cules de  la  tête  distinguent  les  mâles  des  femelles  (i). 

Les  Onthophages.  (  Onthophagus.  Lat.  —  Copris.  Fab.  ) 

N'offrent  point  d'écusson.  Leur  corps  est  court,  avec  le 
corselet  assez  épais,  plus  large  que  long,  soit  presque  semi- 
orbiculaire,  soit  presque  orbiculaire,  mais  fortement  échan- 
cré  ou  tronqué  en 'devant.  La  tête,  et  souvent  aussi  le  cor- 
selet, est  cornue  dans  les  mâles. 

L'O,  taureau  (S.  taurus.  Lin.;  Oiiv.,  col.  1.  3.,  vin,  63  ), 
petit ,  noir;  deux  cornes  arquées  en  demi  -  cercle  sur  la 
tête  du  mâle;  deux  lignes  élevées  et  transverses  sur  celle 
de  la  femelle.  —  Dans  les  bouses  de  vache. 

L'O.  nuchicorne  (S.  nuchicornis ,  Lin.  ;  Panz. ,  Faun. 
insect.  Germ.  I,"i,  etXL!X,8),  petit,  noir,  avec  les 
étuis  gris  et  parsemés  de  petites  taches  noires;  une  éléva- 
tion comprimée  et  en  forme  de  lame,  et  terminée  en  une 
pointe  presque  droite  sur  le  derrière  de  la  tête  du  mâle; 
deux  lignes  élevées  et  transverses  sur  celle  de  la  femelle  ; 
un  tubercule  à  la  partie  antérieure  de  son  corselet.  Avec 
le  précédent. 

(i)  Dej.  ,  Catal.,  p.  53. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  557 

L'Afrique  et  les  Indes  orientales  eu  offrent  plusieurs 
autres  espèces,  dont  quelques-unes  très  brillantes,  mais 
toutes  de  petite  taiile  (i). 

Deux  autres  sous-genres  offrant  un  écusson  ou  un  hiatus 
suturai,  indiquant  sa  place,  dont  les  pieds  antérieurs  sont 
souvent  dépourvus  de  tarses  et  souvent  encore  plus  longs, 
grêles  et  arqués  dans  les  mâles,  sont  distingués  de  tous  les 
autres  coprophages  par  la  forme  de  la  massue  de  leurs  an- 
tennes; son  premier  article,  ou  le  septième  de  tous,  est  en 
forme  de  demi-cornet,  emboîte  le  suivant,  dont  une  por- 
tion au  moins  est  cachée. et  a  la  figure  d'un  fer  à  cheval  ;  le 
troisième,  ou  le  dernier,  est  en  forme  de  cupule  renversée. 
Le  corselet  est  grand,  et  offre  ordinairement,  près  du  milieu 
du  bord  postérieur,  deux  petites  fossettes. 

Les  Onitis.  (Onitis.  Fab.) 

Où  le  second  article  des  palpes  labiaux  est  le  plus  grand  de 
tous,  et  où  l'écusson  ,  quoique  très  petit  et  enfoncé,  est  ce- 
pendant visible. 

Les  pieds  antérieurs  sont  généralement  plus  longs,  plus 
grêles  et  arqués  dans  les  mâles.  Leurs  tarses  manquent  le 
plus  souvent.  Le  corselet,  un  petit  nombre  excepté  ,  est  sans 
cornes  (2). 

Les  Phanees.  (Phanjeus.  Mac  L. —  Lonchophorus.  Germ. 
—  Scarabœus.  Lin .  —  Copris>  onitis.  Fab.  ) 

Où  le  premier  article  des  palpes  labiaux  est  le  plus  grand 
de  tous  et  dilaté  au  côté  interne.  Un  simple  vide  suturai 
indique  la  place  de  l'écusson.  Lés  mâles  diffèrent  beaucoup 
de  leurs  femelles  par  les  proéminences,  en  forme  de  cornes, 
de  la  tête  et  du  corselet  ;  mais  les  longueurs  respectives  des 
pattes  sont  identiques. 

Plusieurs  grandes  et  belles  espèces  de  bousiers  ou  co- 

pris  de  Fabricius,  propres  au  nouveau  continent  et  plus 

particulièrement  à  ses  contrées  équinoxiales,  composent  ce 

sous-genre  (3). 

(1)  Dej. ,  ibid.  Voyez  Latr. ,  Gêner,  crust.  et  insect.  ,  II ,  p.  83. 

(2)  Consultez  l'article  Onitis  de  V Encyclopédie  méthodique. 

(3)  Ibid.,  article  Phanéc ,  et  surtout  l'ouvrage  de  M.  Mac  Leay  fils, 


538  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Bousiers  proprement  dits.  (Copris.  Geoff.,  bab. — 

Scarabœus.  Lin.) 

Ne  comprennent  plus  maintenant  que  ceux  dont  les  an- 
tennes se  terminent  par  une  massue  à  trois  feuillets ;  dont 
les  quatre  jambes  postérieures  sont  fortement  dilatées  et 
tronquées  à  leur  extrémité;  qui  n'ont  ni  écusson,  ni  vide 
à  sa  place;  dont  le  corps  est  toujours  épais  ,  et  diffère,  en 
dessus,  se'on  les  sexes;  et  qui  ont  les  palpes  labiaux  com- 
posés de  trois  articles  distincts,  dont  le  premier  plus  grand, 
presque  cylindrique,  point  dilaté  du  côté  interne. 

Les  plus  grandes  espèces  habitent  les  contrées  de  l'A- 
frique et  des  Indes  orientales,  situées  entre  les  tropiques 
ou  dans  leur  voisinage. 

On  trouve  très  communément  en  Europe  le  B.  lunaire 
(S.  lunaris 7  Lin.  ;  Oliv.  ,  ibid.y  v  ,  36  ) ,  qui  est  long  de 
huit  lignes,  noir,  très  luisant,  avec  la  tête  échancrée  au 
bord  antérieur,  portant  une  corne  élevée,  plus  longue  et 
pointue  dans  le  mâle,  courte  et  tronquée  dans  la  femelle 
{S.  emarginatus ,  Oliv.,  ibid,'\u\,  64  )•  Le  corselet  est 
tronqué  en  devant,  avec  une  corne  de  chaque  côté.  Les 
étuis  sont  profondément  striés  (i). 

Ainsi  queles  lamellicornesdes  sections  suivantes  ,  les  der- 
niers coprophages  ont  tous  les  pieds  insérés  à  égale  dis- 
tance les  uns  des  autres,  et  un  écusson  très  distinct.  Les 
palpes  labiaux  sont  glabres  ou  peu  velus ,  avec  le  troisième 
et  dernier  article  plus  grand  ou  plus  long  au  moins  qine  les 
précédents.  Les  élytres  enveloppent  entièrement  le  pourtour 
de  l'abdomen  ,  ou  lui  forment  une  voûte,  caractère  qui  les 
rapproche  des  scarabéïdes  de  la  section  suivante.  Ces  insec- 
tes ont  d'ailleurs  les  plus  grands  rapports ;  quant  aux  an- 
tennes et  aux  pattes,  avec  ceux  du   sous -genre  précédent; 

intitulé  Hora:  entomolog.  ,  I,  pars  I,  p.  12^.   Il  y  rapporte  les  Scarabées 
suivants  d'Olivier  :  bellicosus,  lancifer,  Jasius,  Mimas,  Belzebut,  festisvus, 
carnifex ,  etc. 

(1)  Les  Copris  :  slnlenor,  Hamadryas,  Midas,  gigas,  bucephaius,  rno- 

lossus,  hispanus  ,  ne/netrinus,  nemestrinus,  sabœus  ,  Jachus,  etc.,   de  Fa- 
bricius;  V Attuclius  Tmolus  de  M.  Fischer  (  Entom.  de  la  Russ.  ,  I ,  vin  , 

1  ,  '2)  est  un  Copris. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  OÔ9 

mais  les  différences  sexuelles  sont  moins  prononcées  ,  et  ne 
consistent  souvent  qu'en  de  simples  petites  éminences,  eu 
forme  de  tubercules.  Tous  ces  coprophages  sont  d'ailleurs 
de  petite  taille.  Plusieurs  espèces  paraissent  dès  les  premiers 
jours  du  printemps.  Ils  composent  deux  sous-genre. 

Les  Aphodi.es.  (Aphodius.  Uig.,  Fab. — Scarabœus.  Lin.  -, 

Geoff.  —  Copris.  01  iv.  ) 

Le  dernier  article  des  palpes  est  cylindrique  5  celui  des 
labiaux  est  un  peu  plus  grêle  que  les  précédents,  ou  du  moins 
pas  plus  gros.  Les  mâchoires  n'ont  point  au  côté  interne 
d'appendice  ou  de  lobe  corné  et  denté.  Le  corps  est  rare- 
ment court,  avec  l'abdomen  très  bombé,  et  lorsqu'il  offre 
ces  caractères ,  le  corselet  n'est  point  sillonné  transversa- 
lement. 

\JA.  du  fumier  (S.  fime  tarins  ,  Lin.;    Panz.,  Faun. 

insect.  Germ.;  XXXI  ,  2  )  ,  long  de  trois  lignes,  noir,  avec 

les  étuis  et  une  tache  de  chaque  côté  du  corselet ,  fauves  ; 

trois  tubercules  sur   la  tête;  des  stries  ponctuées  sur  les 

élytres(i). 

Les  Psammodies.  (  Psammodius.  Gyll.  ) 

Dont  le  dernier  article  des  palpes  est  presque  ovalaire,  et 
le  plus  long  et  le  plus  épais  de  tous,  et  dont  le  lobe  interne 
des  mâchoires  est  corné  et  divisé  en  deux  dents.  Le  corps 
est  court,  avec  le  corselet  sillonné  transversalement  et  l'ab- 
domen renflé  ('2). 

(1)  Voyez  Schœnh. ,  Synon.  insect.,  I,  r,  p.  66  j  Panz.,  Incl. 
entoin  ,  p.  7. 

(-.*)   Je   n'y  rapporte  que  le  Psammodius  sulcicollis  de  M.  GylienhaU 
(Insect,  Suec.  ,  I ,  p.  9).  Les  autres  espèces ,  la  première  exceptée  {voyez 
,'Egialce),  sont  de   vrais  Aphodies.    Voyez  l'Encyclope'die  méthod.  , 
article  Psammodie. 

Le  genre  Euparie  (Euparia)  e'tabli  dans  rEncyclope'die  méthodique  , 
par  MM.  Lepeletier  etServille,  appartient,  sans  aucun  doute,  à  cette 
section;  mais  comme  ils  ne  l'ont  point  signalé  complètement,  et  que  je 
n'ai  point  vu  l'espèce  servant  de  type ,  je  ne  puis  assigner  sa  place.  Selon 
eux,  les  côtes  de  la  tète  sont  dilate's,  et  forment  un  triangle.  Les  angles 
postérieurs  du  corselet  sont  écîuinerés,  et  les  angles  numéraux  des  élytres 


54o  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Ce  sous-genre  nous  conduit  naturellement  au  premier  de 
la  section  suivante,  celle  des  Arénicoles  {Arenicoli).  Ces  sca- 
rabéïdes  sont,  avec  les  apbodies  et  les  psammodies  ,  les 
seuls  dont  les  élytres  recouvrent  entièrement  l'extrémité 
postérieure  de  l'abdomen  ,  de  sorte  que  l'anus  est  caché  ; 
mais  plusieurs  caractères  les  distinguent  de  ceux-ci.  Le  labre 
est  coriace  et  déborde  le  plus  souvent  le  chaperon.  Les  man- 
dibules sont  cornées,  ordinairement  saillantes  et  arquées. 
Le  lobe  terminant  les  mâchoires  est  droit  et  point  courbé 
en  dedans.  Le  troisième  et  dernier  article  des  palpes  labiaux 
est  toujours  très  distinct,  et  presque  aussi  long  au  moins 
que  le  précédent.  Quelques-uns  exceptés  ,  les  antennes  sont 
composées  de  dix  ou  onze  articles. 

Ces  coléoptères  vivent  aussi  de  fiente,  creusent  des  trous 
profonds  dans  la  terre,  volent  plus  spécialement  le  soir,  après 
le  coucher  du  soleil,  et  contrefont  les  morts,  lorsqu'ou  les 
prend  à  la  main.  M.  Léon  Dufour  nous  apprend  que  le 
canal  digestif  des  géotrupes  ,  l'un  des  principaux  sous-genres 
de  cette  section  ,  a  un  peu  moins  d'étendue  que  celui  des 
Copris ,  et  que  le  ventricule  chiiifique  n'offre  aucun  vestige 
de  papilles  (Annal,  des  se.  natur.  y  lil ,  p.  iZ!±). 

Ici  {Geotrupides ,  Mac  L.)  !a  lèvre  est  terminée  par  deux 
lobes  ou  languettes  saillantes;  les  mandibules  sont  générale 
meut  saillantes  et  arquées;  le  labre  est  en  tout  ou  en  partie 
découvert;  les  antennes  sont  composées,  dans  le  plus  grand 
nombre,  de  onze  articles.  Le  corps  est  noir  ou  rougeâtre, 
avec  les  élytres  lisses  ou  simplement  striées.  Les  mâles  ont 
le  plus  souvent  des  saillies  en  forme  de  cornes,  ou  ds( 
fèrent  extérieurement,  par  d'autres  caractères,  des  indivi- 
dus de  l'autre  sexe.  Ces  insectes  se  nourrisent  plus  particu  • 
lièrement  de  matières  excrémentielles. 

Les  uns  ont  neuf  articles  aux  antennes. 

Les  AEgialtes.  (AEgialia.  Latr.  —  Aphodius.  Fab.) 

Ont  le  labre  très  court,  transversal,  à  peine  apparent,  en 

sont  prolongés  eu  avant,  en  manière  de  pointe.  La  seule  espèce  indiquée 
e&lVJE.  marron  (Castane a).  Ces  caractères  et  la  couleur  même  me  font 
soupçonner  que  ce  genre  est  très  voisin  de  celui  d'Euryslerne  de  M.  Dai- 
man  ,  dont  nous  avons  parlé. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  5/|.1 

lier  *  les  mandibules  terminées  en  pointe  bifide;  le  lobe  in- 
terne des  mâchoires  corné  et  bidenté;  le  corps  court,  renflé, 
avec  le  corselet  transversal  et  l'abdomen  gibbeux;  les  quatre 
jambes  postérieures  épaisses  ,  incisées  ,  et  dont  les  deux  der- 
nières terminées  par  deux  éperons  comprimés,  presque 
elliptiques  ou  en  forme  de  spatule;  les  deux  antérieures 
n'ont  pointde  dent  au  côté  interne;  les  cuisses  postérieures 
sont  plus  fortes  (i). 

Les  Chirons.  (Chiron.  Mac  L.  —  Diosomus.   Daim.  —  Sino- 

dendron.  Fab.) 

Se  rapprochent  ,  par  la  massue  des  antennes,  plutôt  semi- 
pectinée  que  feuilletée,  des  lamellicornes  de  la  seconde 
tribu  ,  et  y  ont  en  effet  été  placés  par  M.  Mac  Leay  fils;  mais 
ils  appartiennent,  par  l'ensemble  des  autres  caractères,  à  la 
présente  section.  Leur  labre  est  entièrement  découvert, 
grand  ,  cilié  et  quadridenté.  Leurs  mandibules  sont  robustes, 
en  forme  de  triangle  alongé,  avec  deux  dents  au  côté  in- 
terne. Les  deux  lobes  maxillaires  sont  coriaces  et  inermes. 
Le  corps  est  étroit,  alongé  ,  presque  cylindrique,  avec  le 
corselet  longitudinal ,  séparé  de  l'abdomen  par  un  profond 
étranglement;  l'abdomen  alongé,  et  les  jambes  antérieures 
larges,  digitées,  et  munies,  au  côté  interne,  à  la  suite  de 
l'éperon,  d'une  dent  soyeuse  au  bout.  Les  cuisses  ont  une 
forme  lenticulaire,  et  les  antérieures  sont  plus  grandes. 
L'extrémité  antérieure  de  la  tête  offre  une  rangée  transverse 
de  petits  tubercules  (2). 

D'autres  ont  onze  (3)  articles  aux  antennes. 

(1)  Psammodius  arenarius  ,  GylJ. ,  Insect.  Suec. ,  I ,  pag.  6;  Scara- 
bœus  globosus  ,  Panz. ,  Faun.  insect.  Gerin.  ,  XXXVII,  -i  ;  Aphodius 
arenarius ,  Fab. 

(2)  Sino  'endron  digilatutn  ,  Fab.  5  Chiron  digitalus ,  Mac  L. ,  Hor.  en= 
lorn.  I ,  pars  1,  pag.  107  ;  Diasomus  digitatus ,  Daim.,  Ephem.  entom. , 
I ,  pag.  4. 

(3)  Cette  supputation  est  quelquefois  douteuse,  attendu  qu'il  n'est  pas 
toujours  facile  de  distinguer  l'article  qui  précède  la  massue ,  et  qu'il 
peut,  en  apparence,  se  confondre  avec  le  premier  de  cette  massue.  La 
base  du  second  forme  aussi  une  sorte  de  nœud  ou  de  rotule ,  que  Ton 
peut  prendre  pour  un  article. 


5^2  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Quelques-uns  sont  distingués  de  tous  les  autres  par  la 
massue  en  cône  renversé,  et  composée  d'articles  ou  de  feuil- 
lets contournés  en  manière  d'entonnoir  et  emboîtés  concen- 
triquement ;  et  par  leurs  mandibules  entièrement  dentées  en 
scie  au  côté  interne  ,  offrant  en  dessous  ,  surtout  dans  les 
mâles ,  un  avancement  ou  corne.  Le  corselet  est  très  échan- 
cré  en  devant  ,  dans  ces  individus,  avec  les  angles  antérieurs 
très  prolongés  en  avant.  L'abdomen  est  fort  court ,  presque 
semi-circulaire,  et  les  dernières  pattes  sont  peu  éloignées  de 
son  extrémité. Les  palpes  labiaux  sont  un  peu  plus  longs  que 
les  autres,  avec  le  second  article  alongé  et  les  deux  autres 
presque  d'égale  longueur.  Les  mâchoires  sont  munies  inté- 
rieurement de  poils  et  de  cils  en  forme  de  petites  épines  ; 
leur  lobe  terminal  est  étroit  et  alongé.  Le  menton  est  en 
forme  de  triangle,  tronqué  transversalement  à  son  extrémité. 
Tels  sont 

Les  Léthrus.  (Lethrus.  Scopv  Fab.  ) 

Dont  les  espèces,  en  très  petit  nombre,  sont  propres  à  la 
Hongrie  et  aux  contrées  occidentales  de  la  Russie. 

Le  Léthrus  céphalote  (  Lethrus  cephalotes ,  Fab.;  Fisch., 
Entom.  de  la  Russ.,  1.  p.  i33,  XIII,  i  ) ,  distingué  des  au- 
tres espèces  par  sa  couleur  entièrement  noire,  son  cor- 
selet et  ses  élytres  lisses,  est  ,  suivant  le  célèbre  profes- 
seur Gothelf  Fischer  ,  un  animal  très  nuisible  aux 
endroits  cultivés  ,  parce  qu'il  cherche  de  préférence  les 
gemmes  ou  feuilles  à  peine  apparentes  ,  et  les  coupe  net- 
tement avec  les  pinces  tranchantes  de  ses  mandibules. 
C'est  pourquoi  on  l'appelle  en  Hongrie,  où  il  fait  beau- 
coup de  mal  aux  vignes  ,  coupeur  ,  schneider,  La  poitrine 
avançant  beaucoup  au-dessous  del'abdomen,  et  les  pattes 
dederrière  paraissant  être  insérées  près  de  l'anus,  il  grimpe 
très  bien,  et  fait  son  chemin  de  retour  en  reculant.  Après 
avoir  coupé  le  cœur  d'une  plante,  il  recule  comme  une 
écrevisse,  portant  sa  proie  dans  chaque  trou.  Chaque  trou 
creusé  dans  la  terre  est  occupé  par  paire;  mais  du  temps 
de  l'accouplement,  il  se  montre  souvent  un  mâie  étran- 
ger qui  désire  y  être  admis.  La  se  livre  un  combat  véhé- 
ment,  durant  lequel  la  femelle,  ferme  l'entrée  du  trou 
et  pousse  toujours   le   mâle   du   derrière.  Ce  combat   ne 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  54-5 

cesse  qu'avec  la  mort  ou   la  fuite   du  mâle  étranger.  Ce 

savant  en  décrit  trois  autres  espèces,  inconnues  avant  lui 

(Ibid.,  p.  i36-i4o). 

Tous  les  autres  arénicoles  ont  la  massue  des  antennes 
composée  de  feuillets  de  forme  ordinaire,  et  appliqués  les 
uns  sur  les  autres  dans  un  même  sens ,  ou  comme  ceux  d'un 
livre.  Ils  composent  notre  sous-genre  de  Géotrupe  (Geo- 
irupes  )  ,  ou  celui  de  Scarabée  (  Scarabœus  ),  de  Fabricius,  et 
dont  on  a  détaché  depuis  les  sous-genres  suivants. 

Ceux  dont  la  massue  des  antennes  est  ovale  ou  ovoïde,  et 
dont  tous  les  feuillets  ont,  même  dans  la  contraction  ,  leurs 
tranches  ou  bords  totalement  ou  partiellement  découvertes, 
en  composent  deux. 

Les  Geotrupes  proprement  dits.  (Geotrupes.  Lat.  ) 

Ont  le  labre  en  carré  transversal  _,  entier  ou  simplement 
denté;  les  mandibules  arquées ,  très  comprimées,  dentées  à 
leur  extrémité  et  souvent  sinueuses  au  côté  extérieur;  les 
mâchoires  garnies  d'une  frange  très  épaisse  de  poils;  le  der- 
nier article  de  leurs  palpes  guère  plus  grand  que  le  précé- 
dent, mais  le  même  des  labiaux  plus  grand  ;  le  menton  pro- 
fondément échancré;  les  jambes  antérieures  alongées,  avec 
un  grand  nombre  de  dents  au  côté  extérieur,  et  un  seul  épe- 
ron ou  épine  à  leur  extrémité  interne;  et  le  chaperon  en 
forme  de  lozange. 

Tantôt  les  mâles  ont  le  corselet  armé  de  cornes.  Ce  sont 
les  ceratophyus  de  M.  Fischer,  ou  les  armidens  de  M.  Zié- 
gîer. 

Le  G.  phalangiste  (S.  typhœus ,  Lin.;  Oliv.,  col.  1,3, 
vu,  52  ),  noir;  trois  cornes  avancées,  en  forme  de  pointes, 
et  dont  l'intermédiaire  pins  courte,  au-devant  du  corse- 
let du  mâle.  Etuis  striés.  Dans  les  lieux  sablonneux  et 
élevés. 

Le  G.  momus  (  S.  mpmus ,  Fab.  ),  découvert  en  Espa- 
gne par  M.  le  comte  Dejean  ,  diffère  du  précédent  par  ses 
élvtres  lisses,  et  lui  ressemble  pour  le  reste. 

Le  G.  dispar  mâle  (  Ceratophyus  dispar,  Fisch.,  Entom. 
de  laRuss.,  il,  xvin),  espèce  que  l'on  trouve  en  Italie  et 
en  Russie,  a  une  corne  sur  la  tête  et  sur  le  corselet. 


544  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Tantôt  les  deux  sexes   sont  dépourvus  de  cornes.  Ce  sont 

les  géotrupes  propres. 

Le  G.  stercoraire  (Scarabœus  stercorarius ,  Lin.  ;  01  iv.  , 
ib.y  V,3o,),  d'un  noir  luisant  ou  d'un  vert  foncé  en  dessus, 
violet  ou  d'un  vert  doré  en  dessous;  un  tubercule  sur  le 
vertex  ;  des  raies pointillées  surles  élytres  ,  les  intervalles 
lisses;  deux  dentelures  à  la  base  des  cuisses  postérieures. 
Le  G.  printanier  {  S .  vernalis,  Lin.;  Oliv.,  ibid.,  iv,  fi3), 
plus  court  que  le  précédent,  se  rapprochant  de  la  Forme 
hémisphérique,  d'un  noir  violet  ou  bleu,  avec  les  anten- 
nes noires  et  les  élvtres  lisses. 

•1 

Les  Ochodées.  (Ochod^us.  Meg. —  Melolontha.  Fab.) 

Ont  le  labre  fortement  échancré  et  presque  en  forme  de 
cœur  tronqué  postérieurement;  les  mandibules  en  forme 
de  triangle  alongé,  et  dont  l'une,  terminée  en  une  pointe 
simple,  avec  une  entaille  en  dessous,  et  l'autre  par  deux 
dents  obtuses;  le  lobe  extérieur  des  mâchoires  bordé  de  pe- 
tites épines  ou  de  gros  cils,  crochus  au  bout,  avec  deux  pe- 
tites dents  cornées  et  égales,  internes  ;  l'autre  lobe,  ou  l'in- 
terne, formé  d'un  pinceau  de  soies  et  rétréci  en  pointe;  le 
dernier  article  de  leurs  palpes  beaucoup  plus  long  que  le 
précédent,  cylindrique;  le  second  des  palpes  labiaux  plus 
grand  que  les  aunes,  et  le  suivant  ou  dernier  en  ovoïde 
tronqué.  Les  jambes  antérieures  n'ont  que  deux  dents  au 
côté  extérieur,  et  l'extrémité  du  côté  opposé  ou  l'interne  a 
deux  épines,  dont  l'inférieure  plus  petite.  Le  corps  est  pro- 
portionnellement moins  élevé  que  celui  des  autres  géotru- 
pes et  sans  cornes  (1). 

Les  géotrupes  où  la  massue  des  antennes  est  grande,  or- 
biculaire  ou  presque  globuleuse,  et  dont  le  premier  et  le 
dernier  feuillet  enveloppent  entièrement,  dans  la  contrac- 
tion, l'intermédiaire  ou  le  dixième,  ou  lui  formant  une 
sorte  de  boîte,  composant  trois  autres  sous-genres. 

Celui  d'ÀTHYREE.  (\THYREUS.MaC  L.) 

Se    rapproche     des    coprophages     par    ses    pattes    intér- 


êt)  Mclolontlut  chrj  somelina ,   Fab.;  Panz.,  Faun.    insect.   Genn. 
XXXTV,2. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  545 

médianes    plus    écartées    à   leur    naissance    que    les    au- 
tres (r). 

Les  Eléphastomes.  (Elephastomus.  Mac  L.  ) 

Sont  remarquables  par  leur  chaperon  dilaté  de  chaque 
côté  et  prolongé  ,  en  devant,  dans  leur  milieu,  en  une  lame 
presque  carrée,  plus  épaisse  et  fourchue  au  bout*  en  outre, 
par  la  longueur  de  leurs  palpes  maxillaires,  qui  est  presque 
triple  de  celle  des  labiaux.  Le  menton  est  profondément 
éch ancré,  et  les  deux  mandibules  sont  dentées  à  leur  extré- 
mité (2). 

Les  BolbocÈres.  (Bolboceras.  Kirb. —  Odontceus.  Ziégl. 

—  Scarabœus.  Lin.  ,  Fab.)  ^ 

Où,  comme  dans  les  ochodées,  dont  ils  se  rapprochent 
beaucoup,  l'une  des  mandibules  est  simple  et  l'autre  bi- 
dentée  au  bout  ;  où  les  palpes  maxillaires  ne  sont  guère 
plus  longs  que  les  labiaux,  et  dont  le  menton  n'offre  point 
d'échancrure. 

Nous  en  avons  une  espèce  en  France,  celle  qu'on  a 
nommée  Mobillcorne  (S.  mobilicornis  ,  Fab.  ;  Panz.,  Faun. 
insect.;  Germ.,  XII,  2),  elle  est  petite,  noire  en  dessus, 
fauve  en  dessous,  avec  une  corne  très  longue,  linéaire  , 
un  peu  recourbée  et  mobile,  sur  la  tête;  le  corselet  pro- 
fondément ponctué,  canal iculé  au  milieu,  et  muni  anté- 
rieurement de  quatre  tubercules.  Les  ély très  ont  des  stries 
pointiilées.  Son  corps  est  quelquefois  entièrement  fauve 
(  S.  testaceus  ,  Fab.  ). 

L'un  des  fils  du  célèbre  voyageur  et  ornithologiste  Le  Vail- 
lant a  remarqué  que  les  grenouilles  et  les  crapauds  étaient 
très  friands  de  cet  insecte,  et  il  s'en  est  procuré  un  grand 
nombre  d'individus  en  éventrant  ces  reptiles  (3). 

Notre  première  division  des  scarabéïdes  arénicoles  se 
terminera  par  ceux  dont  les  antennes,  ainsi  que  dans  iaplu- 


(1)  Horae  entomol.  ,  I  ,  1 ,  p.  1  23. 

(2)  Ibid.,  p.  I2i ;  Scarabœus  proboscideus,  Schreib. ,  Trans.  lin.  Soc, 
VI,  p.  189. 

(3)  Bolboceras  Australaslœ ,  Kirb. ,  Trans.  linn.  Soc. ,  XIÏ,  xxm  ,  5  , 
—  les  Scarabées  quaâridëks ,  cyclops  ,  lazarus,  de  Fabricius. 

TOME     ÏY.  55 


546  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

part  des  autres  scarabéïdes  venant  après  ,   ont   dix  articles 
aux  antennes. 

Le  dernier  article  de  leurs  palpes  est  alongé.  Les  lobes 
maxillaires  sont  membraneux.  Le  labre  est  moins  saillant 
que  dans  les  précédents  ou  peu  avancé.  Les  mandibules  ne 
sont  point  ou  que  très  peu  dentées.  Le  chaperon  est  court, 
soit  arqué  et  arrondi,  soit  avancé  en  manière  d'angle.  Ces 
insectes  sont  tous  très  petits,  avec  le  corselet  sans  cornes. 

Les  Hybosores.  (Hybosorus.  MacL.  —  Scarabœus ,  geotrupes. 

Fab.  ) 

Le  premier  article  de  leurs  antennes  est  en  forme  de  cône 
renversé  et  alongé ,  et  l'article  intermédiaire  delà  massue 
est  enveloppé  entièrement  par  les  deux  autres,  ainsi  que 
dans  les  derniers  sous-genres.  Les  jambes  sont  étroites  et 
alongées.  Le  chaperon  est  arrondi  par  devant  (i).     • 

Les  AcanthocÈres.  (  Acanthocerus.   Mac  L.') 

Les  antennes  ont  leur  premier  article  fort  grand,  dilaté 
supérieurement,  en  forme  de  lame  ,  et  les  bords  du  feuillet 
intermédiaire  de  la  massue,  lorsqu'elle  est  pliée,  décou- 
verts. Les  jambes,  surtout  les  quatre  dernières  ,  sont  lamel- 
liformes et  recouvrent  les  tarses,  repliés  sur  elles  dans  la 
contraction  des  pieds.  Le  chaperon  va  en  pointe  ou  se  ter- 
mine par  un  angle.  Le  corselet  est  presque  semi-lunaire  (2). 

Là,  ou  dans  notre  seconde  division  des  arénicoles  (  Trogt- 
des ,  Mac  L.) ,  les  antennes,  guères  plus  longues  que  la  tête, 
sont  toujours  composées  de  dix  articles,  dont  le  premier 
grand  et  très  velu.  La  languette  est  entièrement  cachée  par 
le  menton.  Le  labre  et  les  mandibules  sont  peu  découverts; 
ces  dernières  parties  sont  épaisses.  Les  palpes  sont  courts. 
Le  menton  est  très  velu.  Les  mâchoires  sont  armées  de  dents 
au  côté  interne.  Le  corps,  cendré  ou  couleur  de  terre,  est 


(1)  Mac  L. ,  Horae  entom. ,  ï  ,  1  ,  p.  120  ;  Geotrupes  arator,  Fab. 

(a)  Mac  L. ,  ibid.  ,  pag,  i36  ;  A.  œneus,  espèce  dont  je  dois  la  com- 
munication à  Tun  de  nos  plus  habiles  ingénieurs  constructeurs  de  la  ma- 
rine ,  M.  Lefebure  de  Cerisy,  et  non  moins  instruit  en  Entomologie. 
M.  Mac  Leay  rapporte  au  même  genre  le  Trox._spinicornis  de  Fab. 


FAMÏLLE    DES    LAMELLlCOilNES.  6/j7 

très  raboteux  ou  tuberculeux  en  dessus.  La  tête  est  inclinée, 
se  termine  par  un  angle  ou  va  en  pointe.  Le  corselet  est 
court,  transversal,  sans  rebords  latéraux,  sinueux  posté- 
rieurement ,  avec  les  angles  antérieurs  avancés.  L'abdomen 
est  grand,  bombé,  et  recouvert  par  des  élytres  très  dures. 
Les  pieds  antérieurs  sont  avancés,  et  leurs  cuisses  recou- 
vrent le  dessous  de  la  tête.  Ces  insectes  produisent  une  stri- 
dulation au  moyen  du  frottement  réitéré  et  alternatif  du 
pédicule  du  mésothorax,  contre  les  parois  internes  de  la  ca- 
vité du  corselet. 

Ces  insectes  se  tiennent  dans  la  terre  ou  dans  le  sable,  pa- 
raissent ronger  les  racines  des  végétanx.  Ils  forment  le  genre 

Trox  (Trox.)  de  Fabricius  et  d'Olivier. 

M.  Mac  Leay  fils  en  a  séparé ,  sous  le  nom  générique  de 
Phobere  (Phoberus) ,  ceux  dont  les  côtés  du  corselet  sont 
déprimés  ,  dilatés,  et  bordés  d'épines  et  qui  n'ont  point 
d'ailes.  Le  bord  postérieur  du  corselet  a  ,  de  chaque  côté ,  "une 
forte  échancrure  ,  et  le  chaperon  est  arrondi  par  devant  (i). 

Une  troisième  section,  celle  des  Xylophiles  (Xylophili) , 
comprendra  les  géotrupes  de  Fabricius  et  quelques-unes  de 
ses  cétoines.  Ici  l'écusson  est  toujours  distinct,  et  les  ély- 
tres ne  recouvrent  point  l'extrémité  postérieure  de  l'abdo- 
men. Les  crochets  des  tarses  de  plusieurs  sont  inégaux.  Les 
antennes  ont  toujours  dix  articles,  dont  les  trois  derniers  for- 
ment une  massue  feuilletée,  et  dont  le  feuillet  intermédiaire 

* 

(i)  Trox  horridus ,  Fab.  ;  Mac  L. ,  Horœ  entom.  ,  ï,  1,  p.  137.  Les 
Trox  de  Fabricius  ne  changent  point  de  place.  Voyez  cet  auteur,  Oli- 
vier et  Sehœnher. 

Les  genres  Cryptodus  et  Mœchldlus ,  que  M.  Mac  Leay  met  dans  sa 
famille  des  Trogldœ ,  immédiatement  après  celui  de  Phoberus ,  ont  l'ex- 
trémité poste'rieure  de  l'abdomen  découverte ,  et  neuf  articles  aux  an- 
tennes, caractères  qui  paraissent  les  éloigner  du  Trox.  Je  soupçonne  que 
les  Mœchidies,  à  raison  de  la  forme  et  de  iVchancrure  du  labre,  et  de 
quelques  autres  caractères ,  avoisinent  les  Méiolonthes.  Les  cryptodes  se 
distinguent  de  tous  les  autres  Scarabéïdes  par  leur  menton  ,  qui  recouvre 
presque  entièrement  la  bouche  eu-dessous,  et  même  par  les  palpes  labiaux 
situe's ,  ainsi  que  la  languette ,  derrière  lui.  Ces  deux  genres  ont  été'  éta  • 
nlis  sur  des  inser'es  del'Australasie,  et  que  je  n'ai  point  vus. 

55* 


5/18  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

n 'est  jamais  entièrement  caché  parles  deux  autres  ou  emboîté. 
Le  labre  n'est  point  saillant,  et  son  extrémité  antérieure  au 
plus  est  découverte.  Les  mandibules  sont  entièrement  cor- 
nées et  débordent  latéralement  la  tête.  Les  mâchoires 
sont  cornées  ou  de  consistance  solide,  droite  et  ordinaire- 
ment doutées.  La  languette  est  recouverte  par  un  menton 
de  forme  ovoïde  ou  triangulaire,  rétréci  et  tronqué  à  son 
extrémité,  dont  les  angles  sont  souvent  dilatés.  Tous  les 
pieds  sont  insérés  à  égale  distance  les  uns  des  autres. 

Une  première  division  comprendra  les  géotrupes  deFabri- 
cius.  Les  mâles  diffèrent  de  leurs  femelles  par  des  éminences 
particulières,  sous  la  forme  de  cornes,  de  tubercules,  soit 
de  la  tête  ou  du  corselet,  soit  de  ces  deux  parties  ,  et  quel- 
quefois aussi  par  la  forme  de  la  dernière.  Le  chaperon   est 
petit,   triangulaire,    soit   pointu,    soit  tronqué  ou   bidenté 
au  bout.  Le  labre  est  presque  toujours  entièrement  caché. 
Ici  les  mâchoires  se  terminent  par  un  simple  lobe  coriace, 
crustacé  ,  plus  ou  moins  velu  ,  sans  dents*  là  elles  sont  en- 
tièrement écailleuses,  vont  en  pointe,  et  n'offrent  qu'un 
petit  nombre  de  dents,  accompagnées  de  poils.  Le  menton 
est  ovoïde  ou  en  triangle  tronqué.  La  poitrine  n'offre  point 
de  saillie.  Les  crochets  des  tarses  sont  généralement  égaux. 
L'écusson  est  petit  ou  moyen.  Les  couleurs  tirent  sur  le  noir 
ou  sur  le  brun. 

Tantôt  les  mâchoires  sont  terminées  par  un  lobe  coriace 
ou  crustacé,  sans  dents,  et  simplement  velu  ou  muni  de  cils 
spi  nul  i  formes. 

Les  Oryctes.  (  Oryctes.   II  i  g-  —  Scaràbœus.  Lin.) 

Dont  les  pieds  diffèrent  peu  en  longueur,  et  dont  les 
quatre  jambes  postérieures  sont  épaisses,  fortement  incisées 
ou  échan crées  ,  avec  l'extrémité  très  évasée,  comme  étoilée 
dans  plusieurs. 
,     L'O.  nasicorne  (  S.  nasicomis ,  Lin.  •  Rces. ,  lï ,  vi ,  vu  ), 
long  de  quinze  lignes,  d'un  brun  marron  luisant,  avec  la 
pointe  du  chaperon   tronqué;  une  corne  conique,  plus 
du  moins  longue-,  arquée  en  arrière,  sur  la  tête  )  devant 
du  corselet  coupé  obliquement,  avec   trois  dents  ou  tu- 
bercules à  la  partie  élevée  et  postérieure  de  la  troncature; 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  54o, 

étuis  lisses.  — 11  vit  ,  ainsi  que  sa  larve,  clans  les  couches 
de  tan. 

On  trouve,  dans  le  raidi  de  l'Europe,  une  autre  espèce, 
(  G.  silenus  ,  Fab.-Oîiv.  ,  coi.  i,  3,  vm,  6\>, ,  a — c),  plus 
petite  que  la  précédente,  d'un  brun  marron  plus  clair-  une 
petite  corne,  recourbée  et  pointue,  sur  la  tête  du  mâle; 
une  excavation  profonde  au  milieu  de  son  corselet;  le 
dernier  article  de  ses  deux  tarses  antérieurs  renflé,  avec 
deux  crochets  très  inégaux  ;  élytres  finement  et  vaguement 
pointillées(i). 

Les  Agacéphales.  (  Agacephala*  Manh.  ) 

Dont  les  pieds  antérieurs,  dans  les  mâles  au  moins,  sont 
plus  longs  que  les  suivants,  et  dont  les  quatre  jambes  posté- 
rieures sont  grêles  ou  peu  épaisses,  presque  cylindriques, 
légèrement  dilatées  à  leur  extrémité,  sans  entailles  ou  inci- 
sions latérales  profondes. 

Le  labre  est  entièrement  caché.  Le  lobe  terminant  les  mâ- 
choires est  simplement  velu.  Les  antennes  ont  dix  articles, 
et  c'est  par  erreur  que  dans  l'Encyclop.  méthod.  (art.  Sca- 
rabée ),  on  ne  leur  en  donne  que  neuf. 

J'en  connais  deux  espèces,  et  'l'une  et  l'autre  du  Bré- 
sil (2). 

Tantôt  les  mâchoires,  ordinairement  cornées  ou  écaîlleu 
ses,  sont  plus  ou  moins  dentées. 

Les  Scarabées  proprement  dits.  (Geotrupes.   Fab.  ) 

Ont  le  corps  épais,  convexe,  et  le  côté  extérieur  des  man- 
dibules sinué  ou  denté. 

(1)  Ajoute/  les  Geotrupes  boas,  rhinocéros,  stentor,  etc.,  de  Fa- 
bricius. 

Le  G.  orphnus  de  M.  Mac  Leay  ,  établi  sur  le  G.  bicolor  de  Fah. ,  ne 
diffère  pas  du  préce'dent.  Le  bord  antérieur  du  labre  est  saillant  ou  de- 
couvert.  Les  mâchoires  sont  terminées  par  un  faisceau  de  cils  spinuli- 
iormes,  arqué  extérieurement,  avec  un  lobe  cruslacé,  triangulaire.  La 
massue  des  antennes  est  presque  globuleuse.  Son  genre  Dasygnathus, 
qu'il  place  dans  sa  famille  des  Dynastidés,  nous  est  inconnu;  mais  nous 
soupçonnons  ,  d'après  l'exposition  de  ses  caractères  ,  qu'il  se  rapproche 
des  précédents  et  du  suivant.  Les  mâchoires  ne  sont  point  dentées. 

(2)  Le  G.  jfêgeon  de  Fabricius  est  peut  être  congénère. 


OOO  I1NSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  contrées  équatoriales  des  deax  mondes  en  fournis- 
sent des  espèces  très  remarquables. 

Le  S.  Hercule  (S.  Hercules ,  Lin.  )  •  Oliv.  ,  col.  1,3,  i, 
xxm,  i),  long  de  cinq  pouces,  noir,  avec  les  étuis 
d'un  gris  verdâtre  ,  mouchetés  de  noir;  le  mâle  a  sur 
la  tête  une  corne  recourbée  et  dentée  ,  et  une  autre  lon- 
gue, avancée,  velue  en-dessous,  avec  une  dent,  de  cha- 
que côté,  sur  le  corselet.  —  Amérique  méridionale.  Quel- 
ques voyageurs  l'ont  nommé  Mouche  cornue  (i). 

Le  S.  branchu  (  S.  dichotomus ,  Oliv.,  ibid.,  xvn,  i56  ), 
d'un  brun  marron  -,  une  grande  corne  fourchue  et  à  bran- 
ches divisées  en  deux,  sur  la  tête;  une  autre  plus  petite, 
courbée  et  bifide  à  son  extrémité,  sur  le  corselet.  Mâle. — 
Indes  orientales. 

Le  S.  longs-bras  (S.  longimanus .  Lin.  )  ;  Oliv.  ,  ibid.  r 
iv,  27  ,  d'un  brun  fauve,  sans  cornes  ni  tubercules  sur  la 
tête  et  le  corselet.  Les  deux  pieds  antérieurs  de  moitié 
pins  longs  que  le  corps,  et  arqués.  — Indes  orientales. 

La  France  ne.  nous  offre  qu'une  seule  espèce  de  ce  sous, 
genre,  îe  S*,  ponctué  (  Oliv. ,  ibid»  ,  VIII ,  70  )  j  son  corps 
est  noir,  ponctué,  sans  élévation  en  forme  de  corne,  dans 
aucun  sexe.  Le  chaperon  est  tronqué  en  devant,  avec  les 
angles  de  la  troncature  un  peu  relevés  ,  en  manière  de 
dents.  Le  milieu  de  la  tête  offre  deux  tubercules  rappro- 
chés {'!). 

Les  Phileures.  (Phileurus.  Lat. —  Geotrupes.  Fab.) 

Ne  diffèrent  des  scarabées  que  par  leurs  mandibules  plus 
étroites,  sans  sinus  ni  dents  au  côté  externe,  et  par  leur 
corps  déprimé, et  dontîe  corselet  est  dilaté  et  arrondi  sur  les  ' 

côtés  (3). 

• 

(ï)  Cette  espèce  estlelype  du  genre  Dynasies  de  M.  Kirby.  Le  S.  Ac~ 
îteon  en  forme  un  autre  ,  celui  de  Megasoma.  Voyez  le  i4e  volume  des 
Transactions  linnéennes. 

(2)  Les  Ge'otrupes  deFabricius,  à  l'exception  des  espèces  pre'citées ,. 
formant  le  G.  cryetes ,  et  de  celles  du  genre  suivant. 

(3)  G.  dydimus ,  valgus  ,  (lèpres  s  us ,  de  Fab.  Quelques  espèces  ine'- 
«iliies  du  Brésil  et  de  Cayenne  ,  ayant  quelque  analogie  avec  les  Sinoden- 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  55  l 

Notre  seconde  division  offre  des  scarabé'ides  très  voisins 
des  précédents,  à  quelques  égards,  mais  très  rapprochés 
aussi  de  divers  hannetons  et  particulièrement  des  cétoines, 
dont  ils  ont  le  port  extérieur,  mais  dont  l'organisation  buc- 
caleest  différente;  c'est  même  avecellesque  Fabricius  etOIi- 
vier  ont  placé  la  plupart  de  ces  insectes.  Leur  corps  est  gé- 
néralement plus  court,  plus  arrondi,  plus  lisse  que  celui 
des  scarabées,  et  orné  de  couleurs  brillantes.  La  tête  et  le 
corselet  sont  identiques  et  sans  éminences  particulières  dans 
les  deux  sexes.  Le  bord  antérieur  du  labre  est  presque  tou- 
jours découvert  ou  apparent.  Les  mâchoires  sont  entière- 
ment écailleuses  ,  comme  tronquées  au  bout,  avec  cinq  à 
six  fortes  dents  au  côté  interne.  Le  menton  est  proportion- 
nellement plus  court  et  plus  large  que  celui  des  mêmes  co- 
léoptères, et  moins  rétréci  supérieurement.  Le  mésosler- 
num  se  prolonge  souvent  en  manière  de  corne  ou  de  pointe 
mousse  entre  les  secondes  pattes  et  au-delà.  L'écussou  est 
ordinairement  grand.  Les  crochets  des  tarses  sont  commu 
nément  inégaux.  Un  petit  nombre  excepté,  ces  xylophiles 
sont  particuliers  aux  contrées  équatoriales  du  nouveau  con- 
tinent. 

Ici  ,  de  même  que  dans  tous  les  scarabé'ides  précédents  , 
l'on  ne  voit  point  entre  les  angles  postérieurs  du  corselet  et 
les  extérieurs  de  la  base  des  élytres  de  pièce  axillaire  (i), 
remplissant  le  vide  compris  entre  ces  parties. 

Exposons  d'abord  les  sous-genres  où  le  milieu  de  la  poi- 
trine ne  présente  aucun  prolongement,  en  manière  de  pointe  , 
ou  de  corne. 

Les  Héxodons.  (  Iîexodon.  Oliv.,  Fab.  ) 
Leur  corps  est  presque  orbiculaire  ,  plan     en    dessous  , 

drons,  ont  le  corps  plus  épais,  et  lient  les  Phileures  avec  nos  Scarabées 
ou  les  Géotr upes  de  Fabricius  ,  genre  dont  l'étude  n'a  pas  été  assez  appro- 
fondie ,  sous  le  rapport  de  l'organisation  buccale. 

())  Pièce  latérale  du  mésosternum,  plus  grande  et  plus  épaisse  que 
d'ordinaire,  et  cpii  répond  peut-être  à  cette  petite  écaille  arrondie,  nom- 
mée Tégule  par  quelques  auteurs,  que  l'on  voit  à  l'origine  des  ailes  supé- 
rieures des  Hyménoptères.  Voyez,  à  cet  égard,  le  Mémoire  de  M.  Au- 
douin  sur  le  thorax  des  insectes. 


552  INSECTES    COLÉOPTEUES. 

avec  la  tête  carrée,  reçue  dans  une  échancrure  profonde  du 
corselet,  le  bord  exte'rieur  des  élytres  dilaté,  et  précédé 
d'une  gouttière,  les  pieds  grêles,  et  les  crochets  des  tarses 
très  petits,  égaux. 

Le  labre  n'est  point  apparent.  La  massue  des  antennes  est 
petite.  Les  mâchoires  sont  fortement  dentées  (i). 

Les   Cyclocephales.  (  Cyclocephala.    Latr.  —  Chalepus. 
Mac  L.  — Melolontha.  Fab.) 

Ont  le  corps  ovoïde ,  avec  la  tête  dégagée  ,  les  élytres  fai- 
blement rebordées,  sans  dilatation  ni  gouttière  latérales  ,  et 
les  tarses  antérieurs  terminés  par  un  article  en  massue  ,  à 
crochets  inégaux,  l'un  et  l'autre  bifides. 

Le  bord  antérieur  du  labre  est  apparent.  Les  mandibules 
sont  étroites,  sans  échancrure  ou  sinus  notable  au  côté  exté- 
rieur, et  peu  débordantes  (2). 

Dans  les  sous-genres  suivants  ,  le  sternum  s'avance  en 
pointe  conique,  plus  ou  moins  longue,  pointue  ou  arron- 
die au  bout ,  entre  les  secondes  pattes. 

Le  bord  antérieur  du  labre  est  toujours  apparent.  Les  man- 
dibules sont  ordinairement  crénelées  ou  dentées  au  côlé 
extérieur.  Les  crochets  des  tarses  sont  inégaux. 

Les  Chrysophores3  (Chrysophora.  Dej.) 

Dont  les  mâles  ont  les  pieds  postérieurs  très  grands ,  avec 
les  cuisses  grosses,  les  jambes  arquées  et  terminées  à  l'angle 
interne  en  une  pointe  très  forte  (3). 

(1)  Voyez  Olivier  et  Latr. ,  Gêner,  crust.,  II,  p.  106. 

(2)  Les  Me'lolonthes  geminata  ,  barbata  ,  castanea  ,  signala  ,  ferru- 
gïnea  ,  melanocephala ,  pallens ,  etc.  ,  de  Fabricius.  Dans  les  premières, 
les  mandibules  sont  fortes,  arquées  et  crochues  au  bout.  Celles  des  M.  si- 
gnala ,  melanocephala ,  etc  ,  sont  plus  petites ,  droites ,  tronque'es  ou 
obtuses  au  bout  Les  sommités  des  mâchoires  et  du  menton  sont ,  en 
outre,  garnies  de  poils.  On  pourrait,  d'après  cela,  former  avec  ces  es- 
pèces et  leurs  analogues,  un  sous-genre  propre.  Tous  ces  insectes  sont  de 
l'Amérique  méridionale. 

(3)  Melolontha  chrysochlora ,  Latr.;  Voy.  de  MM.  Humb.  et  Bonpl.  , 
II,  xv,  1,  fem.1,  2  mâle;  —  Scarabœus  macropus ,  Shaw.,  Nat.  mis.  ,, 
CCCLXXX,  iv. 


FAMILLE    DES  LAMELLICORNES.  555 

Les  Rutèles.  (  Rutela.  Latr.  —  Rutela,  pelidnota.  Mac  L., 
Rirb.  —  Oplognathus.  Rirb.,  Mac  L.  ) 

Dont  les  pattes  ne  diffèrent  point  notablement  sous  le 
rapport  des  proportions,  dans  les  deux  sexes  ;  dont  le  men- 
ton est  presque  isométrique;  où  l'écusson  est  petit  ou  de 
grandeur  moyenne,  et  où  la  pointe  sternale  est  courte,  n'at- 
teignant pas  l'origne  des  deux  pieds  antérieurs.  Le  corps  est 
ovoïde  ou  ovalaire  (i). 

Les  Macraspis.  (Mac  lASPis.Mae  L. —  Cetonia.  Fab.) 

Qui  diffèrent  des  rutèles,  sous  le  rapport  des  proportions 
du  menton  ,  qui  est  sensiblement  plus  long  que  large;  de  la 
forme  courte  et  arrondie  du  corps  ;  de  la  longueur  de  l'écus- 
son, égalantau  moins  le  tiers  de  celle  desélytres,  etdecellede 
la  pointe  sternale,  dont  l'extrémité  atteint  ou  dépasse  la  nais- 
sance des  deux  pieds  antérieurs.  Les  mandibules  sont  pres- 
que triangulaires,  avec  l'extrémité  pointue  et  échancrée.  Les 
mâchoires  ont  plusieurs  dents.  Le  menton  est  en  forme  de 
carré  alongé,  légèrement  rétréci  près  de  son  extrémité  supé- 
rieure, et  sans  cils  à  son  bord  supérieur.  L'un  des  crochets 
des  tarses  ou  des  quatre  antérieurs  au  moins  est  bifide,  et 
l'autre  entier  (2). 

Les  Chasmodies.  (Chasmodia.  MacL.) 

Semblables  aux  macraspidespar  la  forme  générale  du  corps, 
les  proportions  de  l'écusson  et  de  la  pointe  sternale,  mais 
dont  les  mandibules,  plus  étroites,  ont  l'extrémité  obtuse  et 
entière;  où  les  mâchoires  n'on.t  que  deux  dents,  avec  un 
pinceau  de  cils;  et  dont  le  menton  est  en  forme  d'ovoïde 
alongé  ,  notablement  rétréci  vers  son  extrémité  supérieure, 
avec  son  bord  garni  de  cils.  Tous  les  crochets  des  tarses  sont 
en  outre  entiers  (3). 

(1)  Voyez  le  Catal  de  la  coll.  de  M.  le  comle  Dejean;  M.  Mac  Leay 
fils  ,  Horae  entomol.,  I,  pars  J,  et  l'article  Rutèle  de  l'Encyclop.  metliod» 
Les  caractères  des  G.  pelidnota  et  oplognathus  ne  me  paraissent  point 
suffisamment  tranchés. 

(2)  Item ,  ibid. 

(3)  Voyez  l'article  Rutèle  de  TEncyclop.  method. ,  et  l'ouvrage  pré- 
rite de  M.  Mac  Lcay  fils. 


55/|.  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Là,  une  pièce  axillaire  (  la  même  que  celle  que  l'on  voit 
à  la  même  place  dans  les  cétoines  ou  celle  que  M.  Audouin 
nomme  épimère)  remplit  le  vide  compris  entre  les  angles 
postérieurs  du  corselet,  et  les  extérieurs  de  la  base  des 
élytres. 

Les  Ométis.  (  Ométis.  Latr.  )  (i). 

Le  genre  melolontha  de  Fabricius  composera  nos  qua- 
trième et  cinquième  sections. 

La  quatrième,  celle  des  Phyllophages  [phyllophagi) ,  est 
formée  de  scarabéïdes  très  rapprochés  de  ceux  des  derniers 
sous-genres;  mais  les  mandibules  sont  recouvertes  en  dessus 
par  le  chaperon,  et  cachées  en  dessous  par  les  mâchoires;  leur 
côté  extérieur  est  seul  à  découvert,  sans  déborder  néanmoins; 
elles  n'offrent  point  extérieurement  les  si  nus  ou  les  dentelures 
que  Ton  y  observe  dans  les  rutèles  etautressous-genres  analo- 
gues. La  tranche  antérieure  du  labre  est  à  découvert,  et  tantôt 
sous  la  figure  d'un  triangle  renversé  et  large,  et  tantôt  et  le 
plus  souventsous  la  forme  d'une  laine  transverse,  échancrée 
dans  son  milieu.  Le  nombre  des  articles  des  antennes  n'est 
point  constant  ,  et  varie  de  huit  à  dix;  il  en  est  de  même  de 
ceux  de  la  massue,  et  dans  plusieurs,  les  deux  sexes  dif- 
fèrent beaucoup  à  cet  égard.  La  languette  est  entièrement 
recouverte  par  le  menton,  ou  incorporée  avec  sa  face  anté- 
rieure, et  les  élytres  se  joignent  entièrement  tout  le  long 
de  la  suture,  caractères  qui  distinguent  ces  insectes  de  ceux 
de  la  cinquième  section. 

La  famille  des  anoplognathidesdeM.  Mac  Leav,  etquelques 
autres  sous-genres,  très  voisins  de  quelques-uns  de  ceux 
de  la  section  précédente,  composeront  notre  première  divi- 
sion. Le  chaperon  est  épaissi  antérieurement,  et  forme  avec 
le  labre  ou  seul ,  une  facette  verticale,  en  triangle  renversé, 
et  dont  la  pointe  s'appuie  sur  le  menton.  Cette  dernière 
pièce  est  tantôt  presque  ovoïde,  très  velue,  avec  l'extrémité 


(i)  Rutela  cetonioides ,  Encyclop.  nie'thod.  ;  —  Rutela  cerata,  Gerra.  ; 
■ — Anisoplia  hislrio  ?  Dej. ,  mais  antennes  de  neuf  articles. 

Ce  sous-^enre  semble  lier  ces  insectes  et  les  précédents  avec  les 
Cétoines. 


FAMILLE   DES    LAMELLICORNES.  555 

soit  arrondie,  soit  tronquée  et  sans  échancrure;  tantôt  en 
carré  transversal,  avec  le  milieu  du  bord  supérieur  prolongé 
en  manière  de  dent  simple ,  ou.échancré.  Les  mâchoires  des 
uns  se  terminent  par  un  lobe  coriace  ou  membraneux,  très 
velu ,  sans  dents  ,  ou  n'en  ayant  que  de  très  petites,  et  situées 
près  du  milieu  du  bord  interne  j  celles  des  autres  sont  en- 
tièrement cornées  ,  ressemblent  à  des  mandibules,  soit  tron- 
quées ou  obtuses  et  entières  au  bout,  soit  terminées  par 
deux  ou  trois  dents. 

Ceux  dont  le  menton  est  presque  ovoïde  et  très  velu,  et 
dont  les  mâchoires  se  terminent  par  un  lobe  triangulaire,  pa- 
reillement velu  ,  sans  dents  ou  n'en  ayant  que  de  très  petites, 
et  situées  près  du  milieu  de  son  bord  interne,  forment  deux 
sous-genres  (i). 

Les  Pachypes  (  Pachypus.  Dej.  —  Geotrupes  ,  Melolontha. 

Fab.  ) 

Les  antennes  des  mâles  n'ont  que  huit  articles,  dont  les 
cinq  derniers  composent  la  massue.  Les  mandibules  sont  en 
forme  de  feuillets  très  minces,  triangulaires,  alougés,  et  en- 
tièrement cachés,  ainsi  que  le  labre.  Le  lobe  terminal  des 
mâchoires  est  très  petit,  à  peine  distinct,  sans  dents.  Le  men- 
ton est  très  proéminent,  avancé  et  arrondi  au  sommet.  Le 
dernier  article  des  palpes  est  le  plus  long  de  tous,  presque 
cylindrique. 

Le  corps  est  épais,  avec  le  chaperon  demi  circulaire,  creusé 
en  dessus  en  manière  de  corbeille,  et  distingué  postérieure- 
ment du  vertex  par  une  carène  transverse.  Le  corselet  des 
mâles  est  excavé  et  armé  en  devant  d'une  corne )  les  quatre 
jambes  postérieures  sont  fortes,  incisées  profondément  en 
travers,  avec  leur  extrémité  évasée  et  couronnée  d'une 
rangée  de  petites  épines  ;  les  éperons  sont  grands.  Les  tarses 
sont  longs,  grêles,  velus,  et  terminés  par  deux  crochets 
petits,  égaux  et  simples. 

Aux  antennes  et  à  la  forme  du  chaperon  près,  ce  sous- 
genre  se  rapproche  beaucoup  plus  des  oryctès  que  des  han- 
netons (2). 

(1)  Le  sternum  n'offre  aucune  saillie. 

(2)  Geotrupes  excavatus ,  Fab.  ,  mâle;  Melolontha  cornula ,  Oliv.  , 


55f)  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Amblyteres.  (  Amblyteres.  Mac  L.  ) 

Ont  dix  articles  aux  antennes,  dont  les  trois  derniers 
composent  la  massue.  Le  labre  est  découvert  et  lobé.  Les 
mandibules  sont  fortes  et  écaiileuses.  Le  lobe  maxillaire  est 
de  grandeur  moyenne  et  armé  de  dents  cornées  au  côté  in- 
terne. Le  milieu  de  l'extrémité  supérieure  du  menton  est  un 
peu  prolongé,  tronqué  ,  avec  les  angles  arrondis  et  portant 
les  palpes  ;  leur  dernier  article  est  ovoïde,  le  même  des  mâ- 
choires est  fort  alongé  et  presque  cylindrique.  L'écusson  est 
grand  (i). 

Dans  les  autres  sous-genres  de  la  même  division ,  le  men- 
ton est  en  carré  transversal,  avec  le  milieu  du  bord  supé- 
rieur avancé  en  manière  de  dent,  entier  ou  échancré.  Les 
mâchoires  sont  entièrement  cornées,  ressemblent  à  des  man- 
dibules, terminées  par  une  forte  dent,  penchée,  alongée, 
soit  entière  et  très  obtuse  au  bout ,  soit  divisée  à  sou  extré- 
mité en  deux  oti  trois  pointes.  Les  mandibules  sont  tou- 
jours écaille  uses  et  robustes.  Le  labre  est  à  découvert. 

Les  uns,  et  propres  à  TAustralasie,  ont  une  pointe  steï- 
nale,  et  les  crochets  des  tarses  entiers  et  inégaux.  Tels  sont 

Les  Anoplognathes.  (  Anoplognathus.  Repsimus.  Leach.  ) 

Les  antennes  sont  composées  de  dix  articles,  et  l'extrémité 
des  mâchoires  est  tronquée  ou  obtuse  et  entière.  Ces  in- 
sectes sont  généralement  assez  grands  et  ornés  de  belles 
couleurs  (2). 

cal.  I,  5,  vu,  7  4 1  a»  b,  mâle  ;  Scarabœus  candidœ  ,  Petag. ,  Iusect. 
Calab. ,  I,  6;  a,  b,  mâle;  var.  noire,  observée  aussi  en  Corse  par 
M.  Peyraudeau  et  ensuite  en  Sicile  par  M.  Lefèvre  ;  —  M.  atriplicis , 
Fab.  ,  femelle  d'une  autre  espèce. 

(i)  Mac  L. ,  Horse  entom. ,  I,  pars  I ,  p.  142.  Ce  savant  ne  parle  point 
des  crochets  des  tarses ,  ni  des  différences  sexuelles.  D'après  la  description 
de  l'espèce  servant  de  type ,  le  corselet  n'aurait  point  de  cornes  ;  les 
jambes  antérieures  ont  trois  dents  au  côté  extérieur  ;  on  n'en  voit  que 
deux  aux  mêmes  des  Pacliypes. 

(2)  J^oyez  Mac  Leay  fils ,  Horœ  eiitomol.  ,   I,   pars  I  ,   p.    i43,  et  le 
12e  vol.  des  Trans.  de  la  Soc.  linn.  ,  p.  401  et  4<>5. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  557 

Les  autres,  et  propres  aux  pays  chauds  des  deux  conti- 
nents, n'ont  point  de  saillie  sternalej  les  crochets  des  tarses, 
ou  l'un  d'eux,  sont  bifides  ;  leurs  mâchoires  se  terminent 
souvent  par  deux  ou  trois  dents. 

Tantôt  les  antennes  ont  dix  articles,  et  l'extrémité  supé- 
rieure des  mâchoires  est  entière  ou  tout  au  plus  échancrée 
ou  bidentée. 

Les  Leucothyrees.  (  Leucothyreus.  Mac  L.  ) 

Où  l'un  des  crochets  tarsiers  est  entier  et  l'autre  bifide. 

Les  tarses,  ou  du  moins  les  antérieurs,  sont  garnis  de 
brosses  en  dessous  j  ceux-ci  sont  dilatés  dans  les  mâles.  Le 
dessous  de  leur  tète  est  plus  velu  que  dans  l'autre  sexe  (i). 

Les  Âpogomes.  (Apogonia,  Kirb. ,  Mac  L.  ) 

Où  tous  les  crochets  des  tarses  sont  bifides  (2). 
Tantôt  les  antennes  n'ont  que  neuf  articles,  et  l'extrémité 
des  mâchoires  offre  trois  dents. 

Les  Geniates.  (  Geniates.  Kirb.  ) 

L'extrémité  des  mandibules  est  échancrée.  Le  menton  des 
mâles  offre  en  dessous  une  espèce  de  brosse  circulaire,  for- 
mée de  poils  très  serrés,  plane  ou  comme  coupée  en  ma- 
nière de  vergette.  Les  quatre  premiers  articles  de  leurs 
tarses  antérieurs  sont  dilatés  et  garnis  de  brosses  en  dessous. 
L'un  des  crochets  de  tous  les  tarses  est  entier,  et  l'autre 
bifide.  L'antérieur  des  deux  premiers  est  accompagné  à  sa 
base,  d'une  lame  cornée,  échancrée  inférieu.rement,  arrondie 
au  bout,  formant  une  espèce  d'ergot  (3). 

(t)  Mac  L.  ,  Hor.  entom. ,  I  ,  pars  I ,  p.  i45; — Melolontha  sulcicollisy 
Germ.  inscct.  Spes  nov. ,  p.  124. 

(2)  Kirb. ,  Trans.  linn.  Soc.  ,  XII ,  p.  4°i;  —  A.  gemellala ,  ejusd. , 

ibid.  XXI ,  9. 

(3)  Kirb.,  ibid.,  p.  4OIî  —  Géniales  barbatus,  ibid. ,  xxxi ,  S.  Les 
Méiolonthes  obscura  ,  lânata  de  Fabricius  ,  l'espèce  nommée  nigrifons 
par  M.  Stevens  ,  et  décrite  dans  la  Synon.  des  insect  de  M.  Schœnh. 
(1,3,  app.  1 1  5) ,  et  probablement  d'autres  espèces  ,  paraissent  devoir 
former  un  sous-genre  propre,  voisin  de  celui  de  Géniale  ,  mais  à  tarses 
non  dilatés. 


558  INSECTES    COLKOPTÈRES. 

Une  seconde  division  des  xylophiles,  et  qui  comprendra 
la  famille  des  mélolonthides  de  M.  Mac  Leay  fils,  nous  offre 
les  caractères  suivants  :  le  labre  est  en  forme  de  feuillet 
transversal,  et  le  plus  souvent  fortement  échancré  en  des- 
sous, dans  son  milieu  7  de  sorte  que  vu  en.  devant ,  il  a  pres- 
que la  figure  d'un  cœur  renversé  et  à  demi  tronqué.  Le 
menton  est  aussi  long  ou  plus  long  que  large  ,  un  peu  rétréci 
avant  le  sommet,  soit  presque  carré,  soit  presque  en  forme 
de  cœur;  son  bord  supérieur  est  droit,  ou  plus  ou  moins 
échancré  ou  concave  dans  son  milieu,  mais  sans  dilatation 
en  forme  de  dent.  Les  mâchoires  sont  ordinairement  écail- 
leuses  et  armées  de  plusieurs  (  5  à  6  communément  )  dents. 

On  peut  partager  cette  division  en  deux  coupes,  dont 
l'une  embrassera  le  G.  melolontha  de  Fabricius  ,  tel  qu'I- 
liger  et  moi  l'avions  restreint;  et  l'autre,  celui  à'hoplia  de 
ce  dernier.  La  première  de  ces  subdivisions  pourrait  con- 
server le  nom  de  mélolonthides ,  et  l'autre  recevoir  celui 
û'hoplides. 

Nous  signalerons  ainsi  la  première.  Nombre  des  feuillets 
complets  de  la  massue  de  plus  de  trois  dans  plusieurs.  Corps 
ordinairement  épais.  Mandibules  fortes,  entièrement  ou  en 
majeure  partie  cornées,  n'offrant  au  plus,  qu'un  appendice 
membraneux  et  velu,  situé  dans  la  concavité  ou  l'échan- 
crure  du  côté  interne;  l'extrémité  supérieure  fortement 
tronquée,  avec  deux  ou  trois  dents  ou  saillies  angulaires. 
Tous  les  tarses  terminés  par  deux  crochets  ;  le  premier  article 
des  deux  antérieurs  point  prolongé  inférieurement  en  un 
appendice  crochu.  Labre  ordinairement  apparent.  Dents 
maxillaires  robustes. 

Les  espèces  de  melolonthes  de  Fabricius  qui  formeront  le 
sous-genre 

De.  Hanneton  proprement  dit  (Melolontha.  Fab.) 

Ont  les  antennes  de  dix  articles,  dont  les  cinq  ou  sept  der- 
niers ,  dans  les  maies,  et  les  six  ou  quatre  derniers  dans  les 
femelles,  composent  la  massue.  Lelabreest  épaiset fortement 
échancré  en  dessous.  Tous  les  crochets  des  tarses  sont  égaux, 
terminés  en  une  pointe  entière  et  simplement  unide:jtés 
à  leur  base.  L'extrémité  postérieure  de  l'abdomen  finit  Je 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  55q 

plus  souvent  en  pointe  ou  en  un  stylet  ,  du  moins  dans  les 
mâles. 

.  Parmi  les  espèces  où  la  massue  antennaire  est  de  sept 
feuillets  dans  les  mâles  et  de  six  dans  l'autre  sexe,  nous  ci- 
terons: 

Le  H.  foulon  (Scarabœus  fullo ,  Lin.  ;  Oliv.  7  col.  1,5, 
m,  28  ) ,  long  d'environ  un  pouce  et  demi,  brun  ou  noi- 
râtre, avec  trois  lignes  sur  le  corselet,  deux  taches  ovoï- 
des à  l'écusson,fet  beaucoup  d'autres,  irrégulières,  sur  les 
élytres,  blanches.  La  massue  des  antennes  du  mâle  est  très 
grande. 

On  le  trouve  sur  les  côtes  maritimes,  dans  les  dunes. 
Le  H.  ordinaire  (S.  melolontha ,  Lin.;  Oliv.,  ibid.,  1,  1, 
a — d.)  (1),  noir,  velu,  avec  les  antennes,  le  bord  anté- 
rieur du  chaperon,  les  élytres  et  la  majeure  partie  des 
pieds  ,  d'un  bai  rougeâtre.  Corselet  un  peu  dilaté  et  inar- 
qué d'une  impression  ,  vers  le  milieu  de  ses  bords  laté- 
raux, tantôt  noir,  tantôt  rouge.  Quatre  lignes  élevées  sur 
les  élytres,  dont  le  bord  extérieur  est  de  la  couleur  du 
fond.  Des  taches  triangulaires  blanches  sur  les  côtés  de 
lJabdomen.  Stylet  anal  rétréci  insensiblement  en  pointe. 

Le  H.de  Y Hippocastanum  {M.  Hippocastani ,Fab.;  Oliv., 
ibid.,  I,  3,  a,  b,  c),  qu'on  avait  d'abord  confondu  avec  le 
précédent,  est  un  peu  plus  petit,  plus  court ,  plus  con- 
vexe, avec  les  élytres  bordées  de  noir,  le  stylet  anal  pro- 
portionnellement plus  court  et  resserré  avant  l'extrémité, 
qui  paraît  ainsi  plus  largcet  obtuse. 

Le  tube  alimentaire  du  hanneton  commun  est,  suivant 
M.  Dufour  (Annal,  des  se.  natur. ,  III,  p.  '234),  moins  étendu 
que  celui  des  bousiers,  mais  à  parois  plus  robustes.  Le  ven- 
tricule chylifique  est  tout-à-fait  dépourvu  de  papilles ,  et 


(]")  Au  moment  où  nous  livrions  cet  ouvrage  à  l'impression,  celui  de 
M.  Straus  sur  Fanatomie  de  cet  insecte  e'tait  offert  à  l'Académie  royale 
des  sciences  ,  qui  l'avait  fait  exécuter  à  ses  frais.  Nous  regrettons  vivement 
de  n'avoir  pas  eu  le  temps  de  mettre  à  profil  ce  beau  travail.  Déjà  M.  Léon 
Dufour  nous  avait  fait  connaître  tout  ce  qui  est  relatif  au  système  digestif 
et  aux  organes  de  la  génération.  M.  Cliabrier  avait  aussi  décrit  et  figuré 
avec  une  grande  exactitude  les  muscles  des  ailes  et  le  thorax.  M.  Straus 
a  rempli  parfaitement  les  autres  lacunes. 


56o  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

offre  à  sa  surface  des  franges  élégantes  formées  par  des 
vaisseaux  hépatiques.  L'intestin  grêle  est  suivi  d'une  espèce 
de  colon  ,  ayant  des  valvules  intérieures,  sous  la  forme  de 
petites  poches  triangulaires,  imbriquées,  disposées  sur  six 
séries  longitudinales,  séparées  par  autant  de  cordons  mus- 
culeux.Ce  savant  a  souvent  trouvé  ces  poches  remplies  d'une 
pulpe  végétale  verte.  Les  vaisseaux  biliaires  sont  d'une  struc- 
ture très  délicate  ,  forment  des  replis  très  multipliés  et  plu- 
sieurs  d'entre  eux  ont,  à  gauche  et  à  droite  ,  de  petits  bar- 
billons en  manière  de  frange.  L'armure  copulatrice  du  mâle 
est  fort  grosse  ,  très  dure  ,  terminée  par  deux  crochets  ro- 
bustes,  et  présente  ,  vers  son  tiers  postérieur ,  une  articula- 
tion favorable  à  ses  mouvements.  Chaque  testicule  est  une 
agglomération  de  six  capsules  spermaliques,  orbicuîaires , 
comme  ombiliquées  et  munies  chacune  d'un  conduit  pro- 
pre, tubuleux,  de  manière  qu'elles  ressemblent  à  ces  feuilles 
désignées  parles  botanistes  sous  la  désignation  de  peltées  on 
ombiliquées. 

Cet  insecte  paraît  ,  certaines  années,  en  si  grande  abon- 
dance, qu'il  dépouille,  en  peu  de  temps,  de  feuilles,  de 
grandes  étendues  de  bois.  La  larve  n'est  pas  moins  nuisible 
aux  plantes  de  nos  jardins.  Elle  est  vulgairement  nommée 
ver  blanc. 

Une  quatrième  espèce,  le  H.  cotonneux  (  M.  villosa , 
Oliv.,  ibid.  ,  1,4),  se  distingue  des  précédentes  par  la 
massue  des  antennes,  qui  est  de  cinq  feuillets  dans  les 
mâles  et  de  quatre  dans  les  femelles.  Le  corps  est  d'un  brun 
plus  ou  moins  foncé  .  quelquefois  rougeâtre  en-  dessus  , 
avec  trois  lignes  grises,  formées  par  un  duvet,  sur  le  cor- 
selet ;  l'écusson  et  Je  dessous  du  corps  sont  garnis  d'un 
duvet  semblable,  et  formant  des  taches  sur  les  côtés  de 
l'abdomen  (i). 

Désormais  la  massue  antennaire  ne  nous  présentera,  dans 
les  deux  sexes,  que  trois  feuillets. 

(0  Ajoutez  M.  hololeuca  ,  Fiscli. ,  Entom.  de  la  Russ. ,  II ,  xxvin ,  3  ; 
—  ejusd. ,  M.  Anktted,  4  ;  —  M\  pilosa ,  Fab.  ;  Fisch.],  ibid. ,  9  .  — M. 
occidentalis ,  Fab.,  etc.  Forez  Sclicenli.  ,  Synon.  insect.  ,  I,  3, 
p .  162  = 


VAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  56 1 

Les  Rhisotrogues.  (  Rhisotrogus.  Lat.  ) 

Ressemblent  parfaitement  aux  hannetons  ,  quant  à  la 
Forme  générale  du  corps  ,  celle  du  labre  et  des  tarses j  mais 
leurs  antennes,  de  neuf  ou  dix  articles,  n'ont  que  trois 
feuillets  à  la  massue  (i). 

Les  Céraspis.  (Ceraspis.  Lepel.,  Serv.) 

Ont  au  milieu  du  bord  postérieur  du  corselet  deux  petites 
incisions  longitudinales,  et  l'espace  compris  forme  une 
dent,  dont  l'extrémité  est  reçue  dans  une  échancrure  cor- 
respondante de  l'écusson.  Les  antennes  ont  dix  articles. 
Tous  les  crochets  des  tarses,  à  l'exception  des  antérieurs, 
sont  inégaux  )  le  plus  fort  des  intermédiaires  est  entier  dans 
le  mâle;  les  autres  et  les  six  dans  la  femelle  sont  bifides.  Le 
corps  est  recouvert  ou  parsemé  de  petites  écailles. 

On  n'en  connaît  que  peu  d'espèces  et  toutes  du  Bré- 
sil (2). 

Les  Aréodes.  (àreodes.  Leach  ,  Mac  L.  ) 

Ont  dix  articles  aux  antennes,  le  sternum  cornu,  et  tous 
les  crochets  des  tarses  égaux  dans  les  individus  présumés 
femelles  (  Lepel.  et  Serv.  ),  et  inégaux  dans  les  maies  ;  le  plus 
gros  des  deux  antérieurs  de  ceux-ci  est  bifide,  et  tous  les  au- 
tres sont  entiers. 

Ces  insectes  ont  des  couleurs  brillantes  (3). 

Tous  les  phyllophages  précédents,  quelques-uns  exceptés, 
nous  ont  présenté  des  antennes  cle  dix  articles.  Dans  tous  les 

(1)  Comme  il  n'est  pas  toujours  facile  de  bien  distinguer  le  nombre  des 
articles  qui  précèdent  immédiatement  la  massue  des  antennes  ,  je  re'unis 
le  genre  que  j'avais  nommé  Amphimalle,  et  où  ces  organes  n'ont  que  neuf 
articles,  à  celui  de  Rhisotrogue.  Les  M*  solstitialis ,  pini,  serrata ,  feruida , 
aira.  œquinoxialis ,  rujicornis ,  etc.,  de  Fabricius.  L/  troisième  article 
paraît  se  de'composer. 

(2)  Le  Ceraspis  pruinosa  de  MM.  Lepel.  et  Serv.  (Encycl  me'thod.  ) 
est  le  M.  bivulnerata  de  M.  Germar.  Le  M.  varie  gala  de  celui-ci  me  pa- 
rait être  aussi  un  Céraspis. 

(3)  Mac  L. ,  Hor.  entom. ,  I ,  pars  I,  p.  t58. 

TOME    IV.  36 


562  IKSECTES    COLÉOPTÈRES. 

suivants  et  de  la  même  division,  ou  celle   des  melolonthi- 
des,  nous  n'en  compterons  plus  que  neuf. 

!ci  tous  les  crochets  des  tarses  sont  égaux;  l'un  des  deux 
antérieures  au  plus  est  quelquefois  plus  gros. 

Les  Dasyus.  (Dasyus.  Lepel.  et  Serv.  ) 

Où  les  crochets  des  deux  tarses  antérieurs,  du  moins  dans 
les  mâles  ,  sont  bifides  ,  et  les  autres  entiers  (i). 

Les  Seriques.  (Serica.  Mac  L. —  Omalopia.  Bej.) 

Qui  ont  tous  les  crochets  des  tarses  bifides,  le  corps 
ovoïde,  bombé  (  soyeux  et  souvent  avec  un  reflet  chan- 
geant ) ,  avec  le  corselet  beaucoup  plus  large  que  long  (2). 

LeS  DlPHUCEPHALES.  (  DlPHUCEPHALA.  Dej.) 

Ont  aussi  tous  ies  crochets  des  tarses  bifides;  mais  le  corps 
est  étroit,  alongé,  avec  le  corselet  presque  carré.  Les  pre- 
miers articles  des  quatre  (mâle)  ou  deux  (  femelles)^  tarses 
antérieurs  sont  courts  et  garnis  en -dessous  de  brosses;  ces 
mômes  articles  sont  dilatés  ou  plus  larges  aux  quatre  pre- 
miers tarses  des  mâles.  Le  chaperon  est  fortement  et  àngu- 
Jairement  échancré. 

Ces  insectes  sont  propres  à  TAustralasie  (3). 

Les  Macrodactyles.   (Macrodactylus.  Latr.  ) 

Ressemblent  aux  diphucéphaîes,  quant  aux  crochets  des 
tarses  et  à  Falongement  du  corps;  mais  ici  le  corselet  est 
plus  long ,  presque  hexagonal  ,  et  tous  les  articles  des  tarses 
sont  semblables  dans  les  deux  sexes,  alongés  et  simplement 
velus.  Ces  insectes sontparticuliersau  nouveau continent(4)- 

Là  ,  les  crochets  des  tarses  intermédiaires  sont  seuls  iné- 
gaux. 

(1 J  Encyclop.  mëthod. ,  article  Scarabéïdes. 

(2)  Mac  L.,  Hor.  entom.  ,  I ,  pars  I ,  p.  \[±Q>.  Les  M.  brunnea ,  varia- 
bilis ,  ruricola ,  ete. ,  de  Fabricius.  M.  Mac  Leay  dit  que  les  antennes 
ont  dix  articles,  mais  je  n'en  aï  compte'  que  neuf.  La  longueur  et  la  forme 
de  ceux  des  tarses  varie. 

(3)  Metoloniha  colas pidoides ,  Scliœnh.  ,  Synon.  insect.  ,  I,  3app., 
pag.   101 .  Voyez  le  Catal.  de  la  coll.  de  M.  le  comte  Dejean,  p.  58. 

(4)  M.  subspinosa  ,  Fab.  ,  et  plusieurs  autres  espèces  ine'diies. 


FAMILLE    TES    LAMELLICORNES,  563 

Les  Plectris.  (  Plectris.  Lepel.  etServ.) 

Le  plus  gros  de  ces  crochets  et  les  deux  des  autres  tarses 
sont  bifides;  le  premier  article  des  tarses  postérieurs  est  fort 
long  (i).  ■  . 

Dans  les  autres,  tous  les  crochets  des  tarses  sont  inégaux; 
ceux  des  deux  postérieurs  au  moins  sont  toujours  entiers; 
l'un  au  moins  des  deux  ou  quatre  tarses  antérieurs  des  ma- 
ies et  quelquefois  des  femelles  ,  est  bifide. 

Les  Popilies.  (Popilia.  Leach.  ) 

Où  le  sternum  s'avance,  entre  les  premières  pattes,  en 
manière  de  lame  comprimée  et  tronquée  ou  très  obtuse  (2). 

Les  Euchlores.  (Euchlora.  Mac  L.  —  Anomala.  Meg.,  Dej.) 

N'ayant  point  de  saillie  sternale;  où  l'un  des  crochets  des 
quatre  tarses  antérieurs  est  bifide  dans  les  mâles,  et  où  le 
corps  est  bombé,  avec  le  chaperon  court  et  transversal  (3). 

Les  Anisoflies.  (Anisoplia.  Meg.,  Dej.) 

Pareillement  sans  prolongement  sternal ,  mais  où  l'un  des 
crochets  des  quatre  tarses  antérieurs  est  bifide  dans  les  deux 
sexes,  où  le  dos  est  déprimé,  et  le  chaperon  ordinaire- 
ment rétréci  en  devant  et  relevé  à  son  extrémité  (4). 

Les  Le'pisies.  (  Lepisia.  Lepel.  et  Serv.  ) 

N'offrant  pas  non  plus  de  corne  sternale,  et  distincts  des 
précédents  par  leurs  quatre  tarses  antérieurs  ,  dont  les  deux 
crochets  sont  bifides  (5). 

Les  Hoplides ,  ou  les  phyllophages  de  notre  troisième  et 
dernière  division  ,  ont  les  mandibules  petites,  déprimées  , 


(1)  Encyclop.  méthod.,  article  Scarabéïdes . 

(2)  Trichius  z-punctatus ,  Fab. 

(3)  Les  M.  viridis %  bicolor,  errans,  marginata ,  cyanocephala  ,  viles, 
Julii  FrUchiiy  hnlosericea ,  <mrala ,  etc.,  de  Fab.  Voyez  Mac  L.,  Hcr. 
eiitom.  ,1,  pars  I,  p.  i4;-  Le  genre  Mhnela  de  M.  Kirby  me  paraît  se 
rapprocher  beaucoup  de  celui  d'Euchlore;  mais  n'en  ayant  vu  aucun  in- 
dividu, je  me  borne  à  cette  simple  indication. 

(4)  Les  M.  horticola ,  Jîoricola ,  aivicola ,  fruticola,  agricola,  Li^ 
neata,  etc.  ,  de  Fab. 

(5)  Encyclop.  méthod.  ,  article  Scarabéïdes. 


*7  O-k 


564  INSECTES    COLJÈOFTÈRES. 

comme  'divisées  longitudinalement  en  deux  parties,  dont 
l'interne  membraneuse  et  l'autre  cornée  ;  l'extrémité  supé- 
rieure n'offre  point  de  dentelures  sensibles.  Le  labre  est  ca- 
ché ou  peu  apparent  (i).  Les  mâchoires  n'ont  souvent  que 
de  petites  dentelures.  Le  corps  est  court,  déprimé,  large, 
avec  les  éiytres  rétrécies  postérieurement,  au  côté  extérieur. 
Les  deux  derniers  tarses  n'ont  ordinairement  qu'un  seul 
crochet)  dans  ceux  où  tous  en  ont  deux  {Dicranie) ,  le  pre- 
mier articie  dès  tarses  antérieurs  est  prolongé  inférieure- 
ment,  et,  offre  au  côté  interne  ,  une  forte  dent  crochue. 

M.  Léon  Dufour  remarque  que  le  canal  digestif  des  ho- 
plies  est  beaucoup  moins  long  que  celui  des  hannetons  ,  et 
qu'il  se  rapproche  davantage  de  celui  des  cétoines.  Le  ven- 
tricule chylifique  est  lisse  et  flexueux.  L'intestin  grêle  est 
moins  court  que  dans  les  hannetons,  et  présente  souvent  à 
son  origine  un  renflement  ovoïde.  11  est  suivi  d'un  gros  in- 
testin alongé,  dépourvu  d'anfractuosités  valvuleuses.  Le 
rectum  en  est  distinct  par  un  bourrelet  et  bien  marqué. 
Les  organes  de  la  génération  ne  diffèrent  presque  pas  de 
ceux  du  hanneton. 

Les  Dicranies.  (Dicrania.  Lepel.  et  Serv.  ) 

Ont  deux  crochets,  tous  égaux  et  bifides,  à  tous  les  tarses, 
et  dont  les  deux  antérieurs  ont  leur  premier  article  pro- 
longé inférieurement  en  une  dent  crochu.  Le  corps  est  très 
lisse,  sans  écailles,  avec  l'écusson  assez  grand,  deux  fortes 
épines  à  l'extrémité  des  quatre  jambes  postérieures  ;  le  bout 
inférieur  des  deux  dernières  jambes  est  dilaté.  Ces  insectes 
habitent  le  Brésil  (a). 

Les  Hoplies.  (Hoplia.  liig.  ) 

Ont  un  seul  crochet  aux  deux  tarses  postérieurs  ;  les  deux 
des  autres  sont  inégaux  et  bifides.  L'extrémité  des  quatre 
dernières  jambes  est  couronnée  par  de  petites  épines,  et  dont 
aucune  n'est  manifestement  plus  longue  que  les  autres.  Le 

(0  Daus  les  derniers  sous-genres  précédents,  cette  pièce,  vue  en  de- 
vant ,  n'offre  non  plus  qu'une  tranche  linéaire,  transverse,  entière,  ou 
légèreineut  échancrée  d.'ms  son  milieu. 

^a)  Eneyclop.  métliod. ,  article  ScarabéïJts. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  565 

corps  est  généralement  garni  d'écaillés.  Le  chaperon  est  pres- 
que carré  ou  presque  semi-circulaire.  Les  cuisses  des  deux 
pieds  postérieurs  sont  médiocrement  renflées,  et  leurs  jambes 
sont  longues,  droites,  sans  dent  crochue  à  leur  extrémité. 
On  trouve  très  communément  dans  le  midi  de  la  France, 
près  des  bords  des  ruisseaux  ou  des  rivières,  la  plus  belle 
espèce  connue  de  ce  sous-genre,    Y  H.   violette  (H.  for- 
mosa  ,  Slig.  •   Melolontha  farinosa  ,  Fab.  \  Oliv.,  col.  1,5, 
11  ,  i4  ,  a  ,  c.  ).  Ses  antetines  ont  neuf  articles.   Tout  son 
corps  est  recouvert  d'écaillés  brillantes,  argentées,  dont 
Jes  supérieures  ont  un  reflet  d'un  bleu  violet,  et  dont  les 
inférieures  sont  un  peu  verdâtres  ou  dorées. 

Les  antennes  de  quelques  autres  ont  dix  articles  (i). 

Les  Monocheles.  (  Monocheles.  llig.  ) 

Ne  diffèrent  des  hoplies  que  par  leur  chaperon  ,  qui  est 
en  forme  de  triangle  tronqué  à  son  extrémité  antérieure,  et 
par  les  deux  pieds  postérieurs,  dont  le  s  cuisses  sont  très  grosses, 
et  dont  les  jambes  sont  courtes,  avec  une  forte  dent  crochue 
à  leur  extrémité  (i). 

Des  scarabéïdes,  très  voisins  des  derniers  de  la  section 
précédente,  et  qu'on  avait  d'abord  réunis  avec  eux  dans 
le  genre  mélolonthe,  mais  dont  les  paraglosses  ou  les  deux 
divisions  de  la  languette  font  saillie  au-delà  de  l'extrémité 
supérieure  du  menton  ,  et  dont  les  élytres  sont  béantes  ou. 
un  peu  écartées  du  côté  de  la  suture ,  à  leur  extrémité  pos- 
térieure, ce  bout  étant  rétréci  en  pointe  ou  arrondi,  com- 
posant une  cinquième  section.,  celle  des  Anthobies  (  an- 
thobii.  ) 

Les  antennes  out  neuf  à  dix  articles,  dont  les  trois  der- 
niers forment  seuls  la  massue  dans  les  deux  sexes.  Le  lobe 
terminant  les  mâchoires  est  souvent  presque  membraneux, 
soyeux,  en  forme  de  pinceau,  coriace,  et  dentelé  au  bord 
interne  dans  les  autres.  Le  labre  et  les  mandibules  sont  plus 
ou  moins  solides  selon  que  ces  parties  sont  à  nu  ou  cachées. 
Ces  insectes  vivent  sur  les  fleurs  ou  sur  les  feuilles. 


(i)  Voyez  Lalr. ,  Gêner,  crust.  et  inseel. ,  II ,  p,  1 15. 
(a)  Encyclop.  meïlioJ.  ,  article  Scaraùéïdes.  ' 


566  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  uns  ont  les  mandibules  et  le  labre  saillants,  et  deux 
crochets  entiers  et  égaux  à  tous  les  tarses. 

Les  antennes  ont  dix  articles  ;  les  palpes  maxillaires  sont 
un  peu  plus  gros  vers  le  bout ,  avec  le  dernier  article  court 
ou  peu  alongé  et  tronqué  ;  les  mandibules  sont  cornées. 

Quelques-uns  de  ces  insectes  habitent  le  nord  de  l'Afri- 
que et  d'autres  contrées  situées  sur  la  Méditerannée;  la 
plupart  des  autres  fréquentent  les  pays  élevés  de  l'Asie  occi- 
dentale. 

Dans  ceux-ci ,  le  premier  article  de  la  massue  des  antennes 
est  concave ,  et  emboîte  les  autres. 

Les  Glaphyres.  (  Glaphyrus.  Latr.  ) 

Ont  le  bord  interne  des  mandibules  dentelé  et  un  an- 
gle aigu  à  l'autre  bord;  la  massue  des  antennes  presque 
ovoïde;  les  téguments  fermes  et  les  cuisses  postérieures  ren- 
flées. Les  palpes  maxillaires  sont  notablement  plus  grands 
que  les  labiaux,  avec  le  dernier  article  plus  long  que  le 
précédent.  Le  lobe  interne  des  mâchoires  est  en  forme  de 
dent  ;  l'extérieur  ou  le  terminal  est  coriace.  Le  corselet  est 
oblong.  Les  pieds  postérieurs  sont  grands  (i). 

Les  Amphîcomes.  (  Amphicoma.  Latr.  ) 

• 

Ont  des  mandibules  arrondies  et  arquées  au  côté  exté- 
rieur, sans  dentelures  au  bord  interne;  la  massue  des  an- 
tennes globuleuse,  l'abdomen  mou,  et  tous  les  pieds  de 
grandeur  ordinaire. 

Le  chaperon  est  très  rebordé.  Les  jambes  antérieures  ont 
trois  dents  au  côté  extérieur.  Les  quatre  premiers  articles  de 
leurs  tarses  sont  fortement  ciliés  dans  les  mâles. 

Dans  ce  sous-genre  et  le  suivant,  les  mâchoires  se  termi- 
nent par  un  lobé  membraneux,  étroit,  alongé,  en  forme  de 
lanière.  Leurs  palpes  ne  sont  guère  pi  us  longs  que  les  labiaux, 
et  la  longueur  de  leur  dernier  article  ne  surpasse  guère 
celle  du  précédent  (2). 


(1)  Latr. ,  Gêner,  crust.  et  insect, ,  II,  pag.  117. 

(i)    Voyez  Latr.,  Gêner,  crust  et  insect . ,  II ,  pag.  118;  G.  amphi- 
coma ,  l,e  division. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  56j 

Dans  ceux  là,  tels  que 

Les  Ajnthipnes.   (  Anthspna.  Escholtz.  ) 

La  massue  des  antennes  est  formée  de  feuillets  libres  et 
ovale. 

Le  chaperon  n'est  point  rebordé  en  devant;  la  portion 
médiane  de  la  tête  forme  avec  lui  une  plaque  en  carré  long, 
rebordée  latéralement  et  postérieurement.  Les  jambes  anté- 
rieures ont  deux  dents  au  côté  extérieur.  Les  quatre  pre- 
miers articles  des  tarses  sont  dilatés  et  en  forme  de  dents, 
dans  les  mâles.  Ces  insectes  ressemblent  d'ailleurs  aux 
amphicomes  (i). 

Les  autres  ont  le  labre  et  les  mandibules  recouverts  ou 
point  saillants ,  et  quelques-uns  au  moins  des  crochets  de 
leurs  tarses  sont  bifides.  Le  menton  est   alongé  et  velu. 

Tantôt  tous  les  tarses  ont  deux  crochets.  Les  antennes 
n'ont  jamais  que  neuf  articles.  Le  chaperon  est  ordinaire- 
ment transversal.  Les  palpes  sont  peu  aiongés,  avec  le  der- 
nier article  ovalaire. 

Ici  les  pieds  postérieurs  diffèrent  peu  des  autres. 

Les  Chasmopteres.(Chasmopterus.  Dej.  — Melolonllia.  lllig.) 

Ont  tous  les  crochets  des  tarses  bifides  ;  le  lobe  terminal 
des  mâchoires  étroit,  alongé,  avec  deux  dents  écartées  au 
bord  interne  ;  le  corps  presque  ovalaire,  avec  le  corselet 
arrondi,  et  les  élytres  d'égale  largeur  partout  (2). 

Les  Chasmés.  (  Chasme,  LepeL  et  Serv.  ) 

Ne  paraissent  différer  des  chasmoptères  que  par  les  cro- 
chets des  deux  tarses  postérieurs,  dont  le  plus  gros  est  seul 
bifide  (3). 

Là,  les  pieds  postérieurs  ont,  du  moins  dans  les  mâles, 
les  cuisses  très  grosses,  dentées,  les  jambes  épaisses  et  ter- 
minées par  un  fort  crochet. 

(1)  Amphicoma  abdominalis ,  Latr.,  Gen.  crust.  et  insect.,  II,  p.  1 19- 
M.  alpin  a ,  Oliv. ,  col.  I,  5  ,  x ,  112. 

(2)  Voyez  Dej. ,  Catal.  de  sa  coll.  des  Coîe'opt  ,  p.  60. 

(3)  Encyclop.  méthod. ,  art.  Scarabéïdes. 


568  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Dichèles.  (Dicheles.  Lepel.  etServ.  —  Melolontha. 

Fab.,01iv.) 

Le  corps  est  court ,  peu  velu  ,  avec  les  élytres  rétrécies  vers 
leur  extrémité,  en  triangle  alongé.  Les  pieds  postérieurs 
sont  en  partie  contractiles.  Tous  les  crochets  des  tarses  sont 
égaux  et  bifides.  Le  lobe  terminal  des  mâchoires  est  dentelé 
le  long  du  bord  interne  ,  comme  dans  les  hoplies ,  dont  ce 
sous-genre  se  rapproche  beaucoup  (i). 

Tantôt  les  deux  tarses  postérieurs  n'ont  qu'un  seul  cro- 
chet (  ceux  des  autres  sont  inégaux  et  bifides  ). 

Quelques-uns  n'ont,  comme  les  précédents,  que  neuf  arti- 
cles aux  antennes. 

Les  Le'pitrix.  (  Lepitrix.  Lepel.  et  Serv.  —  Trichius ,  Me- 

lolontha.  Fab.  ) 

Le  corps  est  court,  avec  le  corselet  plus  étroit  que  l'âbdo- 
meu  ,  presque  carré ,  un  peu  rétréci  postérieurement  ;  l'ab- 
domen large,  et  les  pattes  postérieures  grandes.  Le  dernier 
article  des  palpes  maxillaires  est  beaucoup  plus  long  que 
dans  les  sous-genres  précédents.  Le  lobe  terminal  des  mâ- 
choires est  très  petit,  en  forme  de  triangle  court  (2). 

Les  autres  ont  dix  articles  aux  antennes. 

Le  corps  est  court,  très  velu,  avec  le  chaperon  en  forme 
de  triangle  alonejé,  tronqué  ou  très  obtus  au  bout:  les  palpes 
saillants,  terminés  par  un  article  long  et  cylindrique,  le 
lobe  maxillaire  long,  étroit,  saillant  à  son  extrémité,  sans 
dents;  l'abdomen  grand,  et  les  pieds  postérieurs  longs. 

Les  Pachyctnemes.  (  Pachycnemus.   Lepel.  et  Serv. —  Me.- 

lolontha ,   Trichius.  Fab.) 

Ont  les  éiytres  rétrécies  vers  leur  extrémité,  les  cuisses  et 
les  jambes  des  deux  pieds  postérieurs  renflées;  celles-ci  pres- 
que en  massue  ,  avec  l'un  des  deux  éperons  du  bout  beau- 
coup plus  fort  que  l'autre. 

Les  Anisonyx.  (  Anisonyx.  Lat. —  Melolontha.  Fab.) 

Dont  les  élytres  forment  un  carré  long,  arrondi  posté- 


(1)  Encyclop.  méthod. ,  art.  Scarabéïdes. 
(2}  Ibid. ,  Uem» 


FAMILLE    DES    LAMELLiCOtUNES.  56g 

rieurement;  où  les  jambes  postérieures  sont  presque  cylin- 
driques, ou  en  forme  de  cônealongé,  avec  les  deux  éperons 
du  bout  de  grandeur  égale. 

La  sixième  et  dernière  section  des  scarabéïdes ,  celle  des 
Melitophiles  {Melitophili) ,  se  compose  d'insectes  dont  le 
corps  est  déprimé,  le  plus  souvent  ovale,  brillant,  sans 
cornes,  avec  le  corselet  trapéziforme  ou  presque  orbiculaire; 
une  pièce  axillaire  occupe ;  dans  le  plus  grand  nombre,  l'es- 
pace compris  entre  les  angles  postérieurs  et  l'extérieur  de  la 
base  des  élvtres.  L'anus  est  découvert.  Le  sternum  est  sou- 
vent  prolongé  en  manière  de  pointe  ou  de  corne  avancée. 
Les  crochets  des  tarses  sont  égaux  et  simples.  Les  antennes 
ont  dix  articles,  dont  les  trois  derniers  formeut  une  massue, 
toujours  feuilletée.  Le  labre  et  les  mandibules  sont  cachés , 
en  forme  de  lames  aplaties,  entièrement  ou  presque  entière- 
ment membraneuses,  Les  mâchoires  se  terminent  par  un  lobe 
soyeux,  en  forme  de  pinceau,  sans  dents  cornées.  Le  men- 
ton est  ordinairement  ovoïde,  tronqué  supérieurement,  ou 
presque  carré,  avec  le  milieu  du  bord  supérieur  plus  ou 
moins  concave  ou  échancré.  La  languette  n'est  point  sail- 
lante. 

Des  observations  anatomiques  faites  sur  plusieurs  de  ces 
insectes  par  M.  Léon   Dufour  ,   l'on  "peut  conclure    qu'ils 
sont,  de  tous  les  scarabéïdes,  ceux  où  le  tube  alimentaire  est 
le  plus  court.  Le  ventricule   chylifique  a,  communément, 
sa  tunique  externe  couverte  de  fort  petites  papilles  superfi- 
cielles, en  forme  de  points  saillants.  Le  renflement  qui   ter- 
mine l'intestin  grêle  n'est  point  caverneux,  comme  celui  des 
hannetons.  L'armure  copulatrice  des  maies  diffère  aussi   de 
celle   de    ces  derniers.   Les  capsuies  spermatiques  sont  au 
nombre  de  dix  ou  de  douze  par  chaque  testicule.  Leurs  con- 
duits propres  ne  conflueni  pas  tous  ensemble  en  un  même 
point,  pour  la  formation   du  canal    déférent,  mais    ils  s'a- 
bouchent entre  eux  de  drverses   manières.  Le  nombre  des 
vésicules  séminales  est  d'une   ou   trois  paires.  Le   conduit 
éjaculateur  se  contourne  et  se  renfle  beaucoup,  avant  de  pé- 
nétrer dans  l'appareil  copuiateur(  Voyez  Annal,  des  scieuc. 
natur.,  tom.  ÏU,  p.  235,  et  IV,  p.  178.) 

Les  larves  vivent  dans  le  vieux  bois  pourri.  On  trouve 


5jO  INSECTES    GOLÉOPTÈiiESe 

l'insecte  parfait  sur  les  fleurs  ,  et  souvent  aussi  sur  les  troncs 
d'arbres  d'où  il  suinte  une  liqueur  qu'ils  sucent, 

Cette  section  est  susceptible  de  se  partager  en  trois  divi- 
sions principales  qui  correspondent  ,  la  première  ,  au  genre 
trichius  de  Fabricius;  la  seconde,  à  celui  de  goliath  de  M.  de 
Lamarck  ;  et  la  troisième  ,  à  celui  de  cetonia  du  premier, 
mais  réduit  et  simplifié  par  le  retranchement  du  second 
genre  ,  ainsi  que  des  rulèles  et  autres  coupes  analogues. 

Les  méiitophiles  des  deux  premières  divisions  n'ont  point 
de  saiilie  sternale  bien  prononcée;  la  pièce  latérale  du  mé- 
sosternum que  nous  avons  désignée  par  l'épitliète  d'axil- 
laire  (épinière  d'Audouin)  ne  se  montre  point  générale- 
ment en  dessus,  ou  n'occupe  qu'une  portion  de  l'espace 
compris  entre  les  angles  postérieurs  du  corselet  et  la  base 
extérieure  des  élytres.  Le  corselet  ne  s'élargit  point  de  de- 
vant en  arrière,  ainsi  que  dans  les  cétoines.  Le  côté  exté- 
rieurdes  élytres  n'est  point  brusquement  rétréci  ou  unisinué, 
un  peu  au-dessous  des  angles  huméraux,  comme  dans  ces 
derniers  insectes.  Mais  un  caractère  qui  nous  paraît  plus 
rigoureux,  c'est  qu'ici  les  palpes  labiaux  sont  insérés  dans 
des  fossettes  latérales  de  la  face  antérieure  du  menton  ,  de 
sorte  qu'ils  sont  entièrement  à  découvert ,  et  que  les  côtés 
de  ce  menton  les  débordent  même  à  leur  naissance  et  les 
protègent  par  derrière.  Dans  les  deux  premières  divisions, 
ces  palpes  sont  insérés  sous  les  bords  latéraux  du  menton  ou 
dans  les  bords  mêmes,  de  manière  que  les  premiers  articles 
ne  paraissent  point,  vus  par  devant. 

Les  uns  (trichides)  ont  le  menton  soit  presque  isométri- 
que, soit  plus  long  que  large,  et  laissant  à  découvert  les 
mâchoires.  Ce  sont  : 

Les  Trichies    (Trichius.  )  de  Fabricius. 

La  T.  noble  {Scarabœus  nobilis.  Lin.;  Oliv.,  col.  1, 
6,  in,  10),  longue  d'euviron  un  demi-pouce,  d'un  vert 
doré  en  dessus,  cuivreuse,  avec  des  poils  d'un  gris  jau- 
nâtre ,  en  dessous;  sur  les  fleurs  ombellifères. 

La  T.  rayée  {S.  fasciatus,  Lin.  ;  Oliv.,  ibid.7  ix?  8^  ),  un 
peu  pi  us  petite,  noire,  avec  des  poils  épais,  jaunes;  étuis  de 
cette  dernière  couleur,   avec   trois  bandes  noires,  trans- 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  5jl 

verses,    interrompues    à   la  suture.    Très  commune,   au 
printemps,  sur  les  fleurs. 

La  T.  ermite  (S.  eremiia,  Lin.;  Oliv.  ,  ibid.,  m,  17  ), 
grande,  d'un  noir  brun  ;  bords  de  la  tête  relevés;  trois  sil- 
lons sur  le  corselet.  Sur  le  tronc  des  vieux  arbres,  dans 
l'intérieur  desquels  vit  la  larve. 

La  femelle  de  la  T.  hemiptère  (  S.  hemipterus ,  Lin.  ; 
Oliv.,  ibid.y  iX,  83 ,  xi ,  io3  ),  et  celles  de  quelques 
autres  espèces  de  l'Amérique  septentrionale  sont  remar- 
quables paï-  la  tarière  cornée,  en  forme  de  dard,  de  l'ex- 
trémité postérieure  de  leur  abdomen ,  et  leur  servant  à 
introduire  leurs  œufs. 

Ces  espèces  se  tiennent  communément  à  terre  ,  où.  elles 
marchent  très  lentement.  Le  dernier  article  de  leurs  pal- 
pes maxillaires  est  proportionnellement  plus  court  et  plus 
épais  que  celui  des  autres  trichfe's:  il  m'a  paru  que  le  pre- 
mier des  tarses  postérieurs  excédait  beaucoup  plus  en 
longueur  le  suivant,  tandis  que,  dans  les  autres  trichies, 
il  n'est  guère  plus  long  (1). 

La  seconde  division  (  Goliathides  )  se  distingue  de  la 
précédente,  sous  le  rapport  du  menton,  qui  est  beaucoup 
plus  grand,  large,  et  recouvre  les  mâchoires. 

Ici  le  menton  est  concave  dans  son  milieu,  ayant  la  figure 
d'un  cœur  élargi ,  ou  d'un  carré  transversal.  L'extrémité 
antérieure  du  chaperon  n'est  ni  dentée  ni  cornue.  Le  cor- 
selet est  en  forme  de  cœur  tronqué  aux  deux  bouts  et  ré- 
tréci brusquement  en  arrière,  ou  bien  en  forme  de  carré 
transversal,  arrondi  latéralement. 

Le  premier  article  des  antennes  est  fort  grand,  triangu- 
laire, ou  en  cône  renversé.  Les  palpes  sont  courts;  Je  der- 
nier article  des  maxillaires  est  alongé.  Le  côté  extérieur  des 
deux  premières  jambes  offre  deux  dents. 

Les  Platygenies.  (  Platygenia.  Mac  L.  ) 

Leurs  corps  est  très  aplati,  avec  le  corselet  presque  en 
forme  de  cœur ,  largement  tronqué  aux  deux  bouts;  les  mâ- 
choires terminées  par  un  faisceau  de  poils,  et  dont  le  lobe 


(1)  t'oyez  Schœrih.  ,  Synou.  iusect. ,  I,  111 ,  p.  ^9. 


672  IIS' SECTES    COL ÉOPT ÈiiES. 

interne  est  triangulaire,  échancré  au  bout;  le  dernier  article 
de  leurs  palpes  ovoïdo-  cylindrique;  le  menton  presque  carré, 
échancré  au  milieu  du  bord  supérieur  et  un  peu  sur  les  côtés; 
et  les  jambes  postérieures  très  velues  au  côté  interne  (1). 

Les  Cremastocheiles.   (  Cremastocheilus.  Knoch.  ) 

Dont  le  corselet  est  presque  en  forme  de  carré  transversal  ; 
dont  les  mâchoires  sont  terminées  par  une  forte  dent,  cro- 
chue ou  en  faulx,  avec  des  soies  ou  petites  épines,  à  la  place 
du  lobe  interne;  qui  ont  le  dernier  article  des  palpes  fort 
long  et  cylindrique;  et  le  menton  en  forme  de  cœur  élargi  , 
ou  de  triangle  renversé  et  arrondi  aux  angles  supérieurs, 
sans  échancrure  sensible  (ri). 

Là  ,  le  menton  est  en  forme  de  cœur  très  évasé  ,  sans  con- 
cavité discoïdale  ;  échancré  ou  sinué  au  bord  supérieur. 
L'extrémité  antérieure  du  chaperon  des  mâles  se  divise  en 
deux  lobes,  en  forme  de  cornes  tronquées  ou  obtuses.  Le  cor- 
selet est  presque  orbiculaire. 

Les  Goliath.  (Goliath.  Lam.,  Kirb.  —  Cetonia.  Fab.,  Oliv.) 

Sous-genre  qui  se  compose,  d'après  M.  Delamarck  ,  de 
grandes  et  belles  espèces,  les  unes  d'Afrique  et  des  Indes 
orientales,  les  autres  de  l'Amérique  équatoriale.  MM.  Lë- 
peletier  et  de  Seiville,  (  Eucyciop.  métliod.  ,  article  scara- 
béïdes),  en  ont  séparé  celles-ci,  sous  !e  nom  de  générique 
d'ÎNCA  (  Inca  ).  La  pièce  axillaire  n'est  point   proéminente 


(1)  Mac  L.,Hor.  entom.,  T,  pars  I,  p.  i5i;  Trichius  barbalus,  Schœnb. 
Synon.  insect.,  I,  m  ,  App.  38. 

(2)  Latr. ,  Gêner,  crust.  et  insect.  ,  p.  121.  M.  Dupont,  naturaliste  de 
son  altesse  le  duc  d'Orléans,  et  dont  la  collection  en  insectes  coléoptères 
est,  après  celle  de  M.  le  comte  Dejean,  la  plus  riche  de  celles  de  Paris, 
a  reçu  de  Lamana  (Guiane  française)  un  insecte  offrant  tou.s  les  carac- 
tères essentiels  des  Cre'mastoclieiles,  mais  où  les  pièces  axi  laires  sont  plus 
apparentes,  l'animai  étant  vu  par  dessus.  Les  jambes  antérieures  sont 
arquées,   et  ont  au  côté  interne  une  forte  saillie  en  forme  de  dent.  Tous 
les  tarses  sont  courts  ,  gros,  cylindriques  ,  et  terminés  par  deux  crochets 
très  longs.  Le  chaperon  est  relevé  à  son  extrémité  antér'eure,  en  manière 
de  lame  presque  carrée.  L'extrémité  postérieure  de  la  tète  offre  une  éléva- 
tion divisée  en  deux'denls  ou  tubercules.  Cet  insecte  est  long  d'un  pouce,, 
noir,  avec  une  tache  rouge  sur  le  dessus  de  chaque  éîytre. 

La  Cetonia  vlongala  d'Olivier  parait  être  un  crémastocheilc. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  5j5 

Les  deux  pieds  antérieurs  ont  les  cuisses  munies  d'une  dent, 
et  une  échancrure  à  leur  base  interne.  Le  bord  supérieur  du 
menton  est  fortement  échancré  dans  son  milieu;  cette  pièce y 
dans  les  goliaths  proprement  dits  ,  offre  quatre  lobes  ou 
dents,  deux  supérieurs  et  les  deux  autres  latéraux.  Les  palpes 
labiaux  sont  insérés  sur  ses  bords,  dans  les  échancrures  de 
ces  derniers  lobes.  Toutes  les  espèces  que  nous  connaissions 
étaient  de  grande  taille;  mais  M.  Yerreaux  fils  ,  neveu  et 
compagnon  de  voyage  de  feu  Delalande,  et  qui  est  retourné 
au  cap  de  Bonne-Espérance,  vient  d'envoyer  une  espèce 
qui  n'est  pas  plus  grande  que  Ja  C.  gagates ,  à  laquelle  elle 
ressemble  d'ailleurs  par  les  couleurs,  et  qui  offre  tous  les 
caractères  des  Goliath.  Le  C.  géotrupine  de  M.  Schœnlierr  est 
peut-être  aussi  congénère.  Le  corselet  des  Goliath  est  moins 
rond  et  plus  rétréci  en  devant  que  celui  des  Inca.  Les  cuis- 
ses antérieures  ne  sont  point  dentées,  et  leurs  jambes  n'ont 
point  d'échanciure  au  côté  interne  (t). 

Dans  la  troisième  division  des  mélitophiles,  division  ré- 
pondant à  la  famille  des  Cétoniides  (  cetoniidœ  )  de  M.  Mac 
Leay  fils,  le  sternum  se  prolonge  plus  ou  moins  en  pointe 
obtuse  ,  entre  les  secondes  pattes  ;  la  pièce  axillaire  se 
montre  toujours  en  dessus ?  et  occupe  tout  le  vide  séparant 
les  angles  postérieurs  du  corselet  de  la  base  des  élytres;  le 
corselet  s'élargit  ordinairement  de  devant  en  arrière,  et  a 
3a  forme  d'un  triangle  tronqué  antérieurement  ou  à  sa 
pointe  (2).  Le  menton  n'est  jamais  transversal;  son  bord 
supérieur  est  plus  ou  moins  échancré  au  milieu.  Le  lobe 

(1)  Voyez  FEncyclop.  métliod. ,  article  Scarabéïdes ,•  THist.  des  ani- 
maux sans  vertèbres  de  M.  Delamarck;  les  Observ.  entom.  de  M.  We- 
ber,  et  le  i2e  volume  des  Traûsact.  linn.  ,  pag.  4°7>  ou  M.  Kirby  de'crit 
deux  espèces.  On  trouve  dans  l'île  de  Java  un  insecte  que  Ton  prendrait, 
au  premier  coup  d'œil ,  pour  un  Goliath  ,  et  que  MM.  Lepeîetier  et  Ser- 
ville  ont  considéré  comme  tel;  mais  il  a  tous  les  caractères  essentiels  des 
Cétoines  ;  seulement  le  corselet  est  plus  arrondi  et  re'tre'ci  postérieurement. 
Le  mâle  a  une  corne  fourchue  sur  la  tète. 

(2)  Presque  orbiculairedans  quelques-uns  (  C.  cruenta  ,  Fab.  ;  C.  ven- 
cosa  ,    Schoenh,  etc.). 

M.  Chevrotât,  possesseur  d'un  très  belle  collection  de  coléoptères,  et 
dont  plusieurs  provenant  de  celle  de  feu  Olivier,  m'a  montre  une  espèce 


5j4  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

terminal  des  mâchoires  est  soyeux,  ou  en  forme  depinceau.  Le 
corps  est  presque  ovoïde ,  déprimé. 
Cette  division  comprend  le  genre 

Des  Cétoines  (  Cetonia  ,  de  Fabricius.  ) 
Moins  les  espèces  appartenant  au  sous-genre  précédent, 
et  à  celui  de  rutèle  (Gêner,  crust.,  et  insect.  ). 

Les  unes  ontle  corselet  prolongé  postérieurement  en  forme 
d'angle,  de  manière  que  l'écusson  disparaît  tout-à-fait. Elles 
forment  le  genre  Gymnetis  (  Gymnetis  )  de  M.  Mac  Leay  fils, 
(Ilor.entomol,  I,  pars.,  i,  p.  i5'i).  Le  nouveau  continent  eu 
produit  plusieurs  espèces.  L'île  de  Java  et  d'autres  contrées 
orientales  de  l'Asie  en  offrent  d'autres,  où  le  corselet  est 
pareillement  prolongé,  mais  où  l'écusson,  quoique  très  petit, 
est  encore  visible  (i).  Le  menton  est  plus  profondément 
échancré  en  manière  d'angle,  et  le  dernier  article  de  palpes 
labiaux  est  proportionnellement  plus  long.  Le  chaperon  est 
plus  ou  moins  bifide.  D'autres  espèces  des  Indes  orientales 
ou  de  la  Nouvelle-Hollande,  où  cette  pièce  est  encore  bifide, 
ou  armée  de  deux  cornes  dans  les  mâles,  dont  le  corps  est 
proportionnellement  plus  étroit  et  plus  alongé,  avec  l'abdo- 
men se  rétrécissant  notablement  de  devant  en  arrière,  presque 
triangulaire  même,  et  la  massue  des  antennes  est  fortalongée, 
composent  le  genre  macronota  de  M.  "Wiedemann.  Mais 
toutes  ces  coupes  n'acquerront  de  la  solidité  que  lorsqu'on 
aura  fait  un  étude  particulière  des  nombreuses  espèces  du 
genre  Cetonia  de  Fabricius. 

Celles  d'Europe  sont  pourvues    d'un  écusson  de  grandeur 
ordinaire.  Telles  sont  : 

La  C.  dorée  (  Scarabœus  auratus ,  Lin. ;  Oliv. ,  col.,  \  , 
6,1,  i),  longue  de  neuf  lignes,  d'un  vert  doré  brillant, 
en  dessus  ,  d'un  rouge  cuivreux  en  dessous,  avec  des  ta- 
ches blanches  sur  les  élylres.  —  Commune  sur  les  fleurs, 
et  souvent  sur  celles  du  rosier  et  du  sureau. 

trouvée  dans  Vile  de  Cuba  par  M.  Poe,  ayant  le  pondes  Triclues,  mais 
avec  les  pièces  axillaires  et  le  prolongement  slernal  des  Ce'toines.  Quelques 
espèces  de  ce  dernier  genre  (C.  cornuta,  Fab.)  ontle  corselet  muni  d  une 
petite  corne,  et  ressemblent,  ati  premier  coup  d'oeil,  à  des  Scarabées. 
(i)  C.  chine  n  sis ,  Fab.;  ejusd , ,  C.  regiar,  les  C.  plana,  irnperialis  de 
Schœnhrr. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  575 

La  C.  fastueuse  (  C.Jastuosa  ,  Fab.;  Panz.,  Faun.  insect. 
Gérai.,  XLI,  16  ),  plus  grande  que  la  précédente,  d'un 
vert  doré  uniforme,  sans  taches,  avec  les  tarses  bleuâtres. 
—  Midi  de  la  France. 

La  C.  drap  mortuaire  (S.  sticlicus ,  Lin.;  Panz.,  ïbid. , 
I,  4)?  longue  de  cinq  lignes,  noire,  un  peu  velue,  avec 
des  points  blancs;  ceux  du  ventre  disposés  sur  deux  ou 
trois  lignes,  selon  le  sexe.  —  Très  commun  sur  les  char- 
dons (i). 

La  seconde  tribu  des  lamellicornes  ,  les  Lu- 
canides  (  Lucanides  )  ,  ainsi  , nommés  du  genre 
Lucanus  de  Linngeus,  ont  la  massue  des  antennes 
composée  de  feuillets  ou  de  dents  disposés  per- 
pendiculairement  à  Taxe  ,  en  manière  de  peigne. 
Ces  organes  sont  toujours  de  dix  articles  ,  dont  le 
premier  ordinairement  beaucoup  plus  long.  Les 
mandibules  sont  toujours  cornées,  le  plus  souvent 
saillantes  et  plus  grandes,  et  même  très  différentes 
dans  les  mâles.  Les  mâchoires  de  la  plupart  se  ter- 
minent par  un  lobe  étroit,  alongé  et  soyeux;  celles 
des  autres  sont  entièrement  cornées  et  dentées.  La 
languette  du  plus  orand  nombre  est  formée  de  deux 
petits  pinceaux  soyeux,  plus  ou  moins  saillants, 
au-delà  d'un  menton  presque  semi-circulaire  ou 
carré.  Les  pieds  antérieurs  sont  le  plus  souvent 
alongés,  avec  les  jambes  dentelées,  tout  le  long 
de  leur  côté  extérieur.  Les  tarses  se  terminent  par 
deux  crochets  égaux,  simples,  avec   un   petit   ap- 

(1)  Voyez  la  Ire  division  des  Cëloiaes  d'Olivier;  Latr.,  Gêner,  crust.  ei 
insect.,  I ,  m,  p.  1  26.  ;  Sehœn.  ,  Synon.,  I ,  uï,  p.  1  1  2  ;  et  le  i4e  vo- 
lume des  Trans.  linn.,  à  l'égard  dos  genres  genuchus  ,  schizorhinael  sna- 
thocera,  établis  aux  de'pcns  de  celui  des  Cétoines. 

\ 


O76  IESEGTES    COLÉOPTÈRES. 

pendice  terminé  par  deux  soies,  dans  l'entre-deux. 
Les  élytres  recouvrent  tout  le  dessus  de  l'abdomen. 

Nous  la  partagerons  en  deux  sections,  qui  ré- 
pondent aux  genres  Lucane  et  Passale  d'Olivier, 

Des  antennes  fortement  coudées  ,  glabres  ou  peu 
velues;  un  labre  très  petit  ou  confondu  avec  le 
chaperon  ;  des  mâchoires  terminés  par  un  lobe  mem- 
braneux ou  coriace,  très  soyeux,  en  forme  de 
pinceau,  sans  dents,  ou  n'en  offrant  qu'une  au 
plus  ;  une  languette  ,  soit  entièrement  cachée  ou 
incorporée  avec  le  menton ,  soit  divisée  en  deux 
lobes  étroits ,  alongés ,  soyeux ,  plus  ou  moins 
saillants  au-delà  du  menton ,  signalent  la  première  ; 
l'écusson,  en  outre,   est  situé  entre  les  élytres. 

Cette  première  section  formera  le  genre 

Des  Lucanes.  (Lucanus.  ) 

Nous  ferons  une  première  division  avec  ceux  dont  la 
massue  des  antennes  n'est  composée  que  de  trois  à  quatre 
articles  ou  feuillets. 

Nous  la  commencerons  par  des  insectes  presque  entière- 
ment semblables  ,  aux  antennes  près,  aux  orvctès,  sous- 
genre  de  latiibu  précédente.  Les  mandibules  sont  cachées  , 
sans  dents,  et  semblables  dans  les  deux  sexes.  Le  menton  est 
presque  triangulaire,  cache  entièrement  la  languette,  ainsi 
que  la  base  des  mâchoires.  Le  corps  est  épais  et  convexe  eu 
dessus,  presque  cylindrique  et  arrondi  postérieurement.  Le 
corselet  est  tronqué  et  excavé  en  devant.  La  tête  des  mâles 
est  munie  d'une  corne. 

Les  SlNODENDRES.  (  SlNODENDRON.  Fab.  ) 

La  massue  des  antennes  est  formée  par  les  trois  derniers 
articles  (1). 

(1)  Scarabœus  cylindricus  ,  Lin.  :  Oliv.,  col.  1,3,  ix,88.  C'est  la  seule 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  $JJ 

Ceux  dont  lecorps  est  épais,  convexe,  ovoïde,  avec! es  man- 
dibules en  pi  n  ce  coirlpri  niée  ets'éle  vaut  verticalement,,  dan  s  les 
mâles;  la  tète  beaucoup  plus  étroite  que  le  corselet,  mesuré 
dans  sa  plus  grande  largeur;  et  les  jambes,  ou  du  moins  les 
deux  antérieures,  larges,  en  forme  de  triangle  renversé, 
forment  deux  sous-genres. 

Les  AEsales.  (AEsalus.  Fab.) 

Où.  les  mandibules  ,  même  dans  les  maies  ,  sont  plus  cour- 
tes que  la  tête,  et  se  terminent  supérieurement  en  manière 
de  corne;  où.  le  menton  cache  les  mâchoires;  dont  la  lan- 
guette est  très  petite;  dont  le  corps  est  court ,  bombé,  avec 
la  tète  presque  entièrement  reçue  dans  l'écliancrure  du  cor- 
selet,  les  jambes  comprimées ,  triangulaires,  et  le  sternum 
simple  ou  sans  saillie  (i). 

Les  Lamprimes.  (  Lamprima.  Latr.  ) 

Où  lecorps  est  plus  alongé,  avec  les  mandibules  beaucoup 
plus  longues  que  la  tête,  dans  les  mâles,  en  forme  de  lames 
verticales  ,  anguleuses, très  dentées  et  velues  intérieurement; 
les  mâchoires  découvertesjusqu'à  leurbase;  la  languettebien 
distiucte;le  labre  aï  ongé;  les  deux  jambes  antérieures  élargi  es, 
et  offrant,  dans  les  mâles,  une  palette  (éperon)  en  forme  de 
triangle  renversé  ,  et.   une  pointe  sternale  ('.>.). 

Deux  autres  sous-genres  ,  établis  par  M.  Mac  Leay  fils,  se 
rapprochant  des  Iamprim.es,  à  raison  de  leur  mésosternum 
prolongé  et  avancé  ,  moins  cependant  que  dans  les  précé- 
dents, de  leur  tête  notablement  plus  étroite  que  le  corse- 
let, et  de  leurs  mandibules  garrries  de  duvetau  côté  interne  ; 
mais  leur  corps  est  aplati  ou  peu  élevé,  surtout  dans  les 
femelles.  Le  labre  est  caché.  Les  jambes  antérieures  sont 
étroites  et  sans  palette.  Les  palpes  et  les  îobes  de  la  languette 
sont  pins  alo.ïgés. 


espèce  connue  5  les  autres  Synodendres  de  Fab.  appartiennent  à  d'autres 
genres. 

(1)  JEsalus  scarabœoiiies ,  Fab.;  Panz.  ,Faun.  insect.  Gerrn. ,  XXVI, 
i5,  16. 

(2)  Latr.  ,  Gêner,  crust.  et  insect. ,  II ,  p.  i32;  Lethrus  œneus ,  Fab.; 
Schreib. ,  Traus.  linn.  Soc,  VI ,  1.  —  Voyez  aussi,  quant  à  cette  espèce 
et  autres ,  Mac  L.  ,  TTor.  entom.  ,  I ,  pars  I ,  pag.  go 

TOME   IV.  J7 


578  INSECTES    COLÉOPTÈRES. 

Les  Ryssonotes.  (Ryssonottjs.  MacL.) 

Dont  Jes  mandibules  des  mâ!es  forment ,  comme  dans  les 
lamprimes,  des  pinces  comprimées  verticalement  ,  angu- 
leuses et  dentées  (1). 

Les  Pholidotes.  (Pholidotus.  Mac  L. — Chalcimon.  Daim. — 

Lamprima.  Schœnh.  ) 

Où  les  mandibules  ,  dans  le  même  sexe,  sont  fort  longues, 
étroites,  arquées ,  terminées  en  crocbet  courbé  intérieure- 
ment, et  dentelées  en  scie  au  côté  interne. 

La  massue  des  antennes,  formée  par  les  trois  derniers  articles, 
est  moins  pectinée  que  dans  les  autres,  et  presque  perfoliée. 
Le  menton  recouvre  les  mâchoires  (2). 

Dans  les  suivants,  le  mésosternum  ne  fait  point  de  saillie. 

-La  tête  est  aussi  large  ou  même  plus  large  (  divers  mâles) 

que  le  corselet.  Les  mandibules  sont  glabres,  ou  du  moins 

sans   duvet  épais,  au  côté  interne.   Le  corps   est   toujours 

aplati. 

Ici  les  yeux  ne  sont  point  coupés  transversalement  par  les 
bords  de  la  tête,  les  mâchoires  se  terminent  par  un  lobe  très 
grêle,  en  forme  de  pinceau,  et  sans  dents  cornées. 

Les  Lucanes  propres.  (  Lxtcanus.  Lin.) 

Le  canal  digestif  est  bien  moins  alongé  que  celui  des  sca- 
rabéïdes,  mais  l'œsophage  est  beaucoup  plus  long.  Les  orga- 
nes mâles  de  la  génération  diffèrent  aussi  beaucoup  de  ceux 
des  précédents  ,  les  testicules  étant  formés  par  les  circonvo- 
lutions d'un  vaisseau  spermatique,  et  non  par  une  agglomé- 
ration de  capsules  de  cette  nature.  Le  tissu  adipeux,  pres- 
que nul  dans  les  scarabéïdes,  est  ici  abondant  et  disposé  en 
grappes  ,  qui  convergent  à  la  ligne  médiane. 

L'on  présume  que  la  larve  de  notre  grand  lucane,  qui  vit 
dans  l'intérieur  des  chênes  et  y  passe  quelques  années,  avant 

(1)  Lucanus  nebulosus ,  Kirb.  ,  Trans.  Ihm.  Soc,  XIÏ ,  xxi,  12; 
Mac  L.  ,  Hor.  entom.  ,  I,  pars  î ,  p.  98. 

(2)  Lamprima  Humbohlli ,  ScViœnh.  ;  Chalcimon  Humboldli ,  Daim.  , 
Epliem.  entom.,  I,  p.  3;  Pholidotus  lepidosus ,  MacL.,  Hor.  entom.  , 
I ,  pars  I ,  p.  97  ,  le  mâle  ;  ejusd. ,  Cassignetus  geotrupoùles ,  la  femelle. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  679 

de  subir  sa  dernière  transformation,  est  le  cossus  des  Ro- 
mains, ou  cet  animal,  ayant  la  forme  d'un  ver,  qu'ils  re- 
gardaient comme  un  mets  délicat. 

Le  L.  cerf-volant  {L.  ce/vus  ,  Lin}  Oliv.,  col.  1 ,  1,  1  j 
Rces.,  insect. ,  II  ;  Scarab. ,  I ,  iv  ,  v.  ) ,  mâle  long  de  deux 
pouces,  plus  grand  que  la  femelle,  noir,  avec  les  élytres 
bruns  j  tête  plus  large  que  le  corps  ;  mandibules  très 
grandes  ,  arquées,  avec  trois  dents  très  fortes  ,  dont  deux 
au  bout,  divergentes,  et  l'autre  au  côté  interne,  qui  en  ont 
aussi  de  petites.  Les  femelles,  désignées  sous  le  nom  de 
biches,  ont  la  tête  pi  us  étroite  et  les  mandibules  beaucoup 
plus  petites.  Cet  insecte  vole  le  soir,  au  solstice  d'été.  Sa 
grandeur  et  ses  mandibules  varient.  C'est  à  l'une  de  ces 
variétés  qu'il  faut  rapporter  le  lucane  chèvre  d'Olivier,  ou 
le  L.  chevreuil  de  Fabricius.  Le  lucane  désigné  ainsi  par 
Linnaeus  est  une  espèce  de  l'Amérique  septentrionale  et 
bien  distincte  de  la  précédente 

Le  L.  vert  (L.  caraboides.  Lin.;  Oliv.,  col.,  ibid.,  II,  2.), 
long  de  cinq  lignes,  d'un  brun  verdâtre,  avec  les  mandi- 
bules en  croissant  et  dont  la  longueur  ne  surpasse  point , 
même  dans  les  mâles  _,  celle  de  la  tête  (1). 
Là  les  yeux  sont  divisés  transversalement  et  intégralement 
par  les  bords  de  la  tête.  Les  mâchoires  se  terminent  par  un 
lobe  plus  court  et  moins  étroit  que  dans  les  précédents,  et 
offrent  souvent  une  dent  cornée  au  bord  interne. 

Les  Platycères.  (  Platyceuus.  Lat.  ) 

Les  palpes ,  les  lobes  maxillaires  et  la  languette ,  sont  pro- 
portionnellement plus  courts  que  dans  le  sous-genre  précé- 
dent. Le  menton  forme  un  carré  transversal,  tandis  que 
dans  les  précédents  il  est  souvent  en  demi-cercle.  Il  cache, 
de  part  d'autre,  la  base  des  mâchoires.  Les  mandibules  sont 
généralement  courtes  (2). 


(1)  Aux  Lucanes ,  je  re'unis  les  Ceruchus  et  les  Platycerus  de  M.   Mac 
Leay.  Les  proportions  des  mandibules ,  des  palpes,  des  lobes  maxillaires 
de  la  languette  et  la  massue  des  antennes  ,  ne  peuvent  fournir  de  carac- 
tères constants  et  rigoureux. 

(a)  Le  Lucanus  parallelipedus  deFab.,  espèce  formant  avec  une  autre 


37' 


58o  UN  SECTES    COLOÉPTÈRES. 

Les  autres  lucanides  ont  la  massue  des  antennes  composée 
des  sept  derniers  articles. 

Les  SvndÈses.  (Syndesus.  Mac  L.  —  Sinodendrom  Fab.  ) 

Le  corselet  offre  antérieurement  une  petite  corne,  et  de 
même  que  celui  de  la  plupart  des  passales  ,  un  sillon  dans 
son  milieu.  Sa  séparation  d'avec  l'abdomen  est  aussi  plus 
prononcée  que  dans  les  lucanes.  Les  deux  pieds  postérieurs 
sont  plus  reculés  en  arrière.  Les  autennes  sont  moins  cou- 
dées (i). 

Les  lucanides  de  notre  seconde  section  ont  des 
antennes  simplement  arquées  ou  peu  coudées  et 
velues;  un  labre  toujours  découvert,  crustacé , 
transversal  ;  des  mandibules  fortes  et  très  dentées, 
mais  sans  disproportions  sexuelles  très  remar- 
quables; des  mâchoires  entièrement  cornées,  avec 
deux  fortes  dents  au  moins;  une  languette  pareille- 
ment cornée  ou  très  dure  ,  située  dans  une  échan- 
crure  supérieure  du  menton  et  terminée  par  trois 
pointes  ;  l'abdomen  porté  sur  un  pédicule,  offrant 
en  dessus  l'écusson ,  et  séparé  du  corselet  par  un 
étranglement  ou  un  intervalle  notable.  Ces  insectes 
composent  le  genre 

Des  Passales.  (Passalus.  Fab.) 

Que  M.  Mac  Leay  restreint  aux  espèces  dont  la  massue  des 
antennes  n'est  que  de  trois  articles  ,  dont  le  labre  forme  un 
carré  transversal  ,  et  dont  les   mâchoires    ont  trois  fortes 


le  G.  Do/cus  de  M.  Mac  Leay.  Je  réunis  encore  auxPlalycères  les  IVi'gi- 
(Uus ,  les  JEgus  el  les  Figulus  de  ce  savant  entomologiste. 

(i)  Synodendron  cornututn ,  Fab.  ;  Donov.  ,  Jnsect.  oi.  New.  Holi.  , 
tab.  i,  4î  syndesus  cornutus,  Mac  L.,  hor.  ontom.,  I ,  pars  I ,  p.  104. 


FAMILLE    DES    LAMELLICORNES.  58 1 

dents  aubout,  et  deux  au  côté  interne,  à  la  place  du  lobe  in- 
térieur. 

Les  espèces  où.  la  massue  est  de  cinq  articles,  où.  le  labre 
est  très  court  et  dont  les  mâchoires  n'ont  que  deux  dents, 
l'une  terminaleet  l'autre  interne,  forment  son  genre  Paxille 
(  Paxillus). 

Enfin  il  réunit  aux  précédents,  dans  sa  famille  des  passa- 
lides,  le  G.  chiron,  que  nous  savons  placé  dans  la  tribu  de 
coprophages(i). 

Ces  insectes  sont  étrangers  à  l'Europe,  et,  à  ce  qu'il  paraît,  à 
l'Afrique.  C'est  dans  Jes  contrées  orientales  de  l'Asie,  et  par- 
ticulièrement en  Amérique,  qu'on  les  trouve.  Mademoiselle 
de  Mérian  dit  que  la  larve  de  l'espèce  qu'elle  représente  se 
nourrit  de  racines  de  patates.  L'insecte  parfait  n'est  pas  rare 
dans  les  sucreries  (i). 

(i)  Hor.  eniora. ,  I,  pars  I,  pag.  io5  et  suiv. 

(2)  Voyez  Fabricius  ,  Syst.  elenlb. ,  II ,  p.  255  ;  Web. ,  Observ.  en- 
tom.  ;  Palis,  de  Beauv. ,  insect.  d'Air,  et  d'Amer.  ;  Latr. ,  Gêner,  crust. 
et  insect,  II,  p.  i36;  et  Schœnh.  ,  Synon.  insect.,  I,  111,  p.  33 1  ,  et 
Append. ,  p.  143,  i44- 


CORRECTIONS    ET    ADDITIONS.  583 


:  suis^sr..  .m.. 


CORRECTIONS  ET  ADDITIONS. 

P.  20,  ligne  huitième  de  la  note.  Dans  le  passage  que  je 
cite,  ou  peut  conserver  les  mots  ventricule  gauche;  il  fut 
seulement  lire  :  «  l'organe  appelé  cœur  représente,  par  ses 
fonctions,  un   ventricule  gauche». 

P.  3o,  ligne  huitième.  Pinnipèdes.  Afin  que  l'on  distinguât 
plus  facilement  les  sections  et  les  tribus,  j'ai,  à  commencer 
aux  arachnides  ,  employé;  pour  leurs  dénominations  latines 
ou  formées  du  grec,  des  caractères  italiques. 

P.  63.  Seconde  note.  Le  genre  Eurypode  est  décrit  et  figuré 
avec  détail  dans  le  tome  XVIe  des  Mémoires  du  Muséum 
d'histoire  naturelle  ;  il  se  rapproche  de  celui  d' Inachus  ;  mais 
les  pédicules  oculaires  sont  toujours  saillants  ;  le  post-abdo- 
men est  composéde  sept  segments,  entièrement  séparés,  dans 
les  deux  sexes,  et  l'avant-dernier  article  des  pieds  ou  le  mé- 
tatarse est  dilaté  et  comprimé  inférieurement. 

P.  79.  Ligne  cinquième.  Lisez  notre  seconde  section.  Cette 
erreur  numérique  affecte  les  sections  suivantes  des  mêmes 
décapodes  macroures;  lisez  i  troisième,  quatrième  et  cin- 
quième, au  lieu  de  quatrième,  cinquième  et  sixième. 

P.  117,  près  des  Hypéries,  doit  être  placé  un  autre  genre 
de  crustacés,  celui  de  Themisto,  établi  par  le  même  natura- 
liste, et  décrit  ainsi  que  figuré,  avec  le  même  soin,  dans  le 
tome  IVe  des  Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de 
Paris.  Comme  dans  les  Hypéries  ,  les  yeux  sont  très  grands  et 
occupent  la  majeure  partie  de  la  tête;  deux  des  antennes,  les. 
inférieures,  toutes  terminées  par  une  tige  multiarticulée  et 
allant  en  pointe,  sont  manifestement  plus  longues  que  les 
deux  autres.  La  pièce  qu'il  nomme  lèvre  inférieure  est  la 
languette;  celles  qui  lui  paraissent  former  la  troisième 
paire  de  mâchoires,  sont  la  première  des  pieds-mâchoires,  et 
qui ,  de  même  que  dans  les  amphipodes  et  les  isopodes  fer- 
ment la  bouche  inférieurement  sous  la  forme  d'une  lèvre*  Jes 
quatre  autres  pieds-mâchoires  sont  très  courts,  dirigés  eu 
avant,  appliqués  sur  la  bouche ,  de  sorte  qu'ils  semblent  en 


584  CORRECTIONS    ET    ADDITIONS. 

faire  partie,  et  qu'eu  ne  !es  comptant  pas,  ou  qu'en  ne  con- 
sidérant que  comme  <?es  pieds  les  organes  locomotiles,  sui- 
vants et  beaucoup  plus  apparents,  cet  animal  ,  de  même  que 
Jeshypéries  etlesphrosines,  ne  paraît  avoir,  au  premier  cotâp 
d'œil,  que  dix  pieds  au  lieu  de  quatorze.  La  troisième  paire 
•de  pieds-mâchoires  est  terminée  par  une  petite  pince  didac- 
tyle.  La  même  paire  des  pieds  proprement  dits  est  beaucoup 
plus  longue  que  les  autres;  son  avant-dernier  article  est 
fort  long,  et  armé  d'un  rang  de  petites  épines,  formant  une 
sorte  de  peigne.  On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  espèce. 
P.  i?4>  ligne  septième.  Les  Apseudes.  Le  genre  rhoe  {rhœa), 
de  M.  Milne  Edwards  (Annales  des  sciences  naturelles,  XIII, 
292,  xiii  ,  A),  diffère  du  précédent  par  les  antennes  supé- 
rieures qui  sont  plus  grosses,  plus  longues  et  bifides. 

P.  i53.  Les  INebaliés.  Une  nouvelle  espèce  de  ce  genre, 
la  N.  de  Geoffroy •  Saint- Hiiaire  (ibid.,  xv  ,  1) ,  a  été  décrite 
par  M.  Milne  Edwards  d'une  manière  très  détaillée.  Le 
test  se  termine  antérieurement  par  un  rostre  articulé  à  sa 
base,  ou  mobile,  et  pointu;  les  yeux  sont  pédoncules;  les 
antennes  supérieures  sont  insérées  au- dessous  d'eux  ,  et 
le  second  article  de  leur  pédoncule  porte  une  lame;  la  bou- 
che est  entourée  de  trois  paires  d'appendices  ,  qui  nous  pa- 
raissent répondre,  dans  leur  ordre  progressif,  aux  man- 
dibules palpigèi  es,  et  aux  quatre  mâchoires  de  crustacés 
décapodes  ;  au-dessous  sont  cinq  paires  de  lames  foliacées  et 
ciliées,  qui  paraissent  être  branchiales,  et  plus  bas  quatre 
paires  de  pieds  bifides  et  propres  à  la  natation  ;  l'abdomen 
est  composé  de  sept  anneaux,  dont  les  premiers  supportent 
deux  petits  filaments  rudimentaives,  et  dont  le  dernier  est 
terminé  par  deux  styles  alongés  et  garnis  de  longs  poils. 
Comme  il  est  infiniment  probable  qu'il  existe,  ainsi  que  d'or- 
dinaire, une  paire  de  pieds  de  plus  ,  les  deux  appendices  in- 
férieurs et  branchiaux,  dont  il  est  parlé  plus  haut,  pour- 
raient bien  représenter  cette  paire  de  pieds.  Dans  les  autres 
appendices  nous  verrions  des  pieds-mâchoires,  et  les  pièces 
de  la  languette;  il  faudrait  dès  lors  reporteries  nébalies  dans 
la  dernière  section  des  décapodes  macroures. 

(  T^ojez  pour  la  suite  le  volume  suivant.  ) 

FIN    DU    QUATRIEME    VOLUME. 


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