-/%-
t- xA^ "'*■■
% ' '
*^j^ XM-
« .. :k-
< <.
"Mw
L-^'
^TTit^-'^
^-V
V , ■
LE
E ANIMAL
DISTRIBUÉ
D'APRÈS SON ORGANISATION ,
POUR SERVIR r>E BASE A l'hISTOIPiE NATURELLE DES ANI-
MAUX ET d'introduction A l'aNATOMIE COMPARÉE.
Par m. le Cii^\ CUVIER,
Conseiller d'État ordinaire, Secrétaire perpétuel de rAcadémie des
Sciences de l'Institut Royal , Membre des Académies et Sociétés
Royales des Sciences de Londres , de Berlin , de Pélersboiirg , de
Stockholm, d'Edimbourg, de Copenhague, de GœLtiugue, de Turin>
de Bavière , des Pays-Bas, etc. ^ etc.
■4
Avec Figures , dessinées d'après nature,
TOalE I,
CONTENANT
L'l>rrRODUCTÎON, LES MAMMIFÈRES ET LES OLSEAÙX,
À PARIS
Chez DETERVILLE , Libraire , rue lîantefeuilîe , n", S.
PE L IMPRIMERIE D E A. BEL IN.
1817.
^^■v^•'vv v^. v\ vx-vx 'vx^/^-w -vs -vv-vx vx v^-v-wx vx v\ V\ wvn -vN'X.x vx w vx vx. xx xx-vx.
PRÉFACE.
iyi'ETANT Youé par goùt^ dés ma première jeu-
nesse, àrefudede rauatoiriie coiriparée, c'est-à-dire
des lois de rorgauisatioii des animaux et des inodi-
fîccitîoiis que cefîe organisation éprouve dans les di-
verses espèces ^ et ayant depuis près de trente ans
consacré à cette science tous les momens dont mes
devoirs m'ont permis de disposer, j'ai eu pour but
constant de mes travaux, de la ramener à des règles
générales , et à des propositions qui en continssent
Texpression la plus simple. Mes premiers essais me
firent bientôt apercevoir que je n'y parviendrais
qu'autant xjue les animaux dont j'aurais à faire con-
naître la structure , seraient distribués conformément
à cette structure même , en sorte que l'on pût em-
brasser sous un seul nom , de classe 5 d'ordre, de
genre, etc. toutes les espèces qui auraient entre elles,
dans leur conformation tant intérieure qu'exiérieure,
des rapports plus généraux ou plus particuliers. Or
c'est ce que la plupart des naturalistes de cette époque
n'avaient point cherclié à faire , et ce que bien peu
d'entre eux auraient pu faire quand ils l'eusseiîl:
voulu , puisqu'une distribution pareille supposait
déjà une connaissance assez étendue des structures
dont elle devait être en quelque sorte la représen-
ta iion.
VJ PREFx\CE.
li est vrai que Daubenton et Camper avaient
fourni des faits; que Pallas avait indiqué des vues:
mais les idées de ces savans hommes n'avaient point
encore exercé sur leurs contemporains Tinfluence
qu'elles méritaient dWoir. Le seul catalogue général
des animaux que Ton possédât alors et que Ton ait
encore aujourd'liui, le S3^sième de Linnœus^ venait
d'être défiguré par un éditeur malheureux qui ne
s'était pas même donné le soin d'approfondir les
principes de cet ingénieux méthodiste^ et qui partout
où il avait rencontré quelque désordre , avait semblé
faire des efforts pour le rendre plus inextricable.
Il est vrai encore qu'il existait sur des classes
particulières, des travaux très-étendus, qui avaient
fait connaître un grand nombre d'espèces nou-
velles; mais leurs auteurs n'avaient guère considéré
que les rapports extérieurs de ces espèces, et per-
sonne ne s'était occupé de coordonner les classes
et les ordres d'après Fensemble de la structure;
les caractères de plusieurs classes restaient faux ou
incomplets, même dans des ouvrages anaîomiques
justement célèbres; une partie des ordres étaient
arbitraires; dans presque aucune de ces divisions,
les genres n'étaient rapprochés conformément à la
nature.
Je dus donc , et cette obligation me prit un temps
considérable , je dus faire marcher de front fanato-
mia et la zoologie , les dissections et le classement ;
chercher dans mes premières remarques sur l'or-
ganisation, des distributions meilleures; m'en servir
pour arriver à des remarques nouvelles ; employer
PREFACE. Vl|
encore ces remarques à perfectionner les distribu-
tions; faire sortir enfin de cette fécondation mu-
iuelle des deux sciences Fune par Tautre , un sys-
tème zoologiqae propre à servir d'introducteur et
de guide dans le champ de Tanatomie , et un corps^
de doctrine anatomique propre à servir de dévelop-
pement et d'explication au système zoologique.
Les premiers résultats de ce double travail pa-
rurent en 1795 5 dans un mémoire spécial sur une
nouvelle division des animaux à sang blanc. Une
ébauche de leur application aux genres et à leur
division en sous-genres , fit l'objet de mon Tableau
élémentaire des Animaux, imprimé en 1798 , et
j'améliorai ce travail avec le concours de M. Du-
méril ^ dans les tables annexées au premier volume
de mes Leçons d'Anatomie comparée^ en 1800.
Peut-être me serais-je contenté de perfectionner
ces tables , etaurais-je passé immédiatement à la pu-
blication de ma grande anatomie, si dans le cours de
mes recherches, je n'avais été bien souvent frappé
d'un autre vice de la plupart des systèmes géné-
raux ou partiels de zoologie ; je veux dire de la
confusion où le défaut de critique y a laissé un
grand nombre d'espèces, et même plusieurs genres.
Non-seulement les classes et les ordres n'étaient
pas assez conformes à la nature infime des ani-
maux, pour servir commodément de base à mi
traité d'anatomie comparée, mais les genres, quoi-
que d'ordinaire mieux constitués, n'offraient eux-
mêmes, dans leur nomenclature, que des ressources
insuiïîpantes, parce que Jcs espèces n'avaient pas
vil] pi\eface\
été rangées sous cliacun d'eux ^ conformément à
leurs caractères. Ainsi, en plaçant le lamantin sous
le genre des morses, la sirène sous celui des anguilles,
Gmelin avait rendu toute proposition générale re-
lative à l'organisation de ces genres impossible;
tout comme en rapprochant dans la même classe ,
dans le même ordre, et à côté Tmi de l'autre, la
seiche et le polype à bras, il avait rendu impos-
sible de dire rien de général sur la classe et sur
l'ordre qui embrassaient des êtres si disparates.
Je cite là des exemples pris parmi les plus frap-
pans ; mais il en existait une infinité de moins sensi-
bles au premiercoup d'œil , qui n'avaient pas des
inconvéniens moins réels.
Il ne suffisait donc pas d'avoir imaginé de nou-
velles distributions de classes et d'ordres , d'y avoir
placé convenablement les genres ; il fallait en-
core examiner toutes les espèces , afin de savoir si
effectivement elles appartenaient aux genres où on
les avait mises.
Or quand j'en vins là, je trouvai non-seulement
des espèces groupées ou dispersées contre toute
raison, mais je remarquai que plusieurs n'étaient
pas même éttiblies d'une manière positive, ni par
les caractères qu'on leur assignait, ni parles figures
et les descriptions que l'on en alléguait.
Tantôt l'une d'elles, au moyen des synonymes,
en représente sous un seul nom plusieurs , et sou-
vent tellement différentes , qu'elles ne doivent pas
entrer dans le même genre; tantôt une seule est
doublée , triplée , et reparaît successivement dans
rnÉFACE. îx
plusieurs sous- genres 3 dans plusieurs genres, 4^^^"
quefois dans des ordres dilTërens.
Que dire 5 par exemple , du Irichecus manatus de
Gmelin j qui, sous un seul nom spécifique, com-
prend trois espèces et deux genres, deux genres
difTerens presque en tout? Sous quel nom parler
de la véîelle qui y figure deux fois parmi les mé-
duses et une parmi les holothuries ? Comment y
rassembler h s biphores, qui y sont appelées les unes
du nom de dagysa , le plus grand nombre de celui
de saîpa, et dont plusieurs sont rangées parmi les
holothuria?
Ainsi il ne suffisait pas , pour atteindre complète-
ment le but, de revoiries espèces; il aurait f^ilhi
revoir jusqu'à leurs synonymes ; c''est-à-dire qu'il
aurait fallu refaire le système des animaux.
Une telie entreprise, après le prodigieux déve-
loppement que la science a pris depuis quelques
années, eût été inexécutable dans son entier pour
tout homme isole, même en lui supposant la plus
longue vie, et nulle autre occupation; je n'aurais
pas même été en état de préparer la simple esquisse
que je donne aujourd'hui, si j'avais été livré à mes
seuls moyens; mais les ressources de ma position
me parurent pouvoir suppléer à ce qui me man-
quait de temps et de talent. Vivant au milieu de
tant d'habiles naturalistes; puisant dans leurs ou-
vrages à mesure qu'ils paraissaient; usant avec au-
tant de liberté qu'eux des collections rassemblées
par leurs soins; en ayant moi-même formé une très-
coiisidcrablc spécialement appropriée à mou objet ^
% PRÉFACE.
une grande partie de mon travail ne devait consister
que dans Femploi de tant de riches matériaux. II
n'était pas possible qu'il me restât beaucoup à faire,
par exemple, sur des coquilles étudiées par M. de
Lamarck , ni sur des quadrupèdes décrits par M.
GeofTroi. Les nombreux rapports nouveaux saisis par
M. de Lacépède, étaient autant de traits pour mon
tableau des poissons. M. Levaillant , parmi tant de
beaux oiseaux rassemblés de toute part ^ apercevait
des détails d'organisation que j'adaptais aussitôt à
mon plan. Mes propres recherclies employées et
fécondées par d'autres naturalistes ^ produisaient
pour moi des fruits c/u'elles n'eussent pas donnés
tous entre mes seules mains, Ainsi M. de Blainville,
M. Oppel 5 en examinant les préparations anato-
miques que je desfinais à fonder mes divisions des
reptiles^ en tiraient d'^ivance, et peut-être mieux
que je n'aurais pu le faire, des résultats que je ne
fesais encore qu'entrevoir , etc., etc.
Ces réflexions m'encouragèrent , et je me déter-
minai à faire précéder mou Traité d'Anatomie
comparée , d'une espèce de système abrégé des
animaux , où je présenterais leurs divisions et sub-
divisions de tous les degrés, établies parallèlement sur
leur structure intérieure et extérieure; où je don-
nerais l'indication des espèces bien authentiques qui
appartiennent avec certitude à chacune des subdi-
visions 5 et où, pour mettre plus d'intérêt, j'entre-
l'ais dans quelques détails sur celles de ces espèces
que leur abondance dans noire pays, les services
que nous eu lirons, les dommages qu'elles nous
PREFACE. X)
^ Causent, les singularités de leurs mœurs et de leur
, économie^ leurs formes extraordinaires , leur beauté
ou leur grandeur, rendent plus remarquables.
J'ai espéré par là devenir utile aux jeunes natu-
ralistes qui, pour la plupart, se doutent peu de la
confusion et des erreurs de critique dont fourmillent
les ouvrages les plus accrédités, et qui, surtout
dans ]es pays étrangers^ ne s'occupent point assez
de l'étude des vrais rapports de conform^ition des
êtres ; j'ai cru rendre encore un service plus di-
rect aux anatomistes qui ont besoin de connaître
d'avance, sur quelles classes, sur quels ordres ils
doivent porter leurs recherches, lorsqu'ils se propo-
sent d'éclairer par l'anatomie comparée quehjue
problème d'anatomie humaine ou de ph^^siologie ^
mais que leurs occupations ordinaires ne pré-
parent point assez à bien remplir cette condition
essentielle à leur succès.
Cependant, je n'ai pas prétendu étendre égale-
ment cette double vue à/ toutes les classes du règne;
les animaux vertébrés ont dû m'occuper de préfé-
rence comme plus intéressans sous tous les rap-
ports. Parmi les non vertébrés , j'ai dû étudier plus
particulièrement les mollusques nus et les grands
zoophytes ; mais les innombrables variations des
formes extérieures des coquilles et des coraux, les
animaux microscopiques, et les autres familles qui
ne jouent pas dans la nature un rôle très apparent ,
ou dont l'organisation offre peu de prise au scalpel,
ne demandaient pas d'être traitées avec le même
détail. Je pouvais d'ailleurs , pour la partie des
Xlj rKÉFACÏÏ.
coquilles et des coraux, m'en rapporter à l'ou-
vrage que M. de Lamarck publie en ce moment ,
et 011 Ton trouvera tout ce que le plus ardent
désir de savoir peut exiger.
Quant aux- insectes , si intéressans par leurs
formes extérieures , par leur organisation , par
leurs habitudes , par leur influence sur toute
la nature vivante , j'ai eu le bonheur de trou-
ver un secours qui , en rendant mon ouvrage
infiniment plus parfait qu'il n'aurait pu sortir de
ma plume , en a beaucoup accéléré la publica-
tion. Mon confrère et mon ami M. de Latreiile ,
l'homme de TEurope qui a le plus profondément
étudié ces animaux, a bien voulu présenter en un
seul volume , et à peu près dans l'ordre que j'ai
suivi pour les autres parties, le résumé de ses im-
menses recherches , et le tableau abrégé de ces
innombrables genres que les entomologistes ne ces-
sent d'établir.
Au reste, si dans cfuelques endroits j'ai donné moins
d'étendue à l'exposition et des sous-genres et des
espèces, cette inégalité n'a pas eu lieu pour ce qui
concerne les divisions supérieures et les indications
des rapports, que j'ai fondées partout sur des bases
également solides en fesant partout des recherches
également assidues.
J'ai examiné une à une toutes les espèces que
j'ai pu me procurer en nature; j'ai rapproché celles
qui ne différaient l'une de fautre que par la taille,
la couleur ou le nombre de quelques parties peu
imporiantes , et j'en ai fait ce que j'ai nommé un
«C'js-gcnre.
PRÉFACE. XV]
Toutes les fois que je l'ai pu , j'ai disséqué au
moins une espèce de chaque sous-genre ; et si l'on
excepte ceux auxquels le scalpel ne peut pas être
appliqué , il existe dans mon livre très-peu de
groupes de ce degré dont je ne puisse produire au
moins quelque portion considérable des organes.
Après avoir déterminé les noms des espèces que
j'ai observées, et qui avaient été auparavant bien re-
présentées ou bien décrites, j'ai placé dans les
mêmes sous-genres celles que je n'ai point vues ,
mais dont j'ai trouvé dans les auteurs des figures
assez exactes, ou des descriptions assez précises
pour ne laisser aucun doute sur leurs rapports na-
turels; mais j'ai passé sous silence ce grand nombre
d'indications vagues sur lesquelles on s'est trop pressé
selon moi d'établir des espèces , et dont l'adoption
est ce qui a le plus contribué à mettre dans le cata-
logue des êtres , cette confusion qui lui ôte une si
grande partie de son utilité.
J'aurais pu ajouter presque partout des espèces
nouvelles en quantité notable; mais comme je ne
pouvais renvoyer à des figures , il aurait fallu eu
étendre les descriptions au delà de ce que l'espace
me permettait; j'ai donc mieux aimé priver mon
ouvrage de cet ornement, et je n'ai indiqué que
celles qui , par une conformation singulière , don-
nent lieu à des sous- genres nouveaux.
Une fois mes sous-genres établis sur des rapports
certains et composés d'espèces bien constatées , il
ne s'agissait plus que d'en construire ce grand écha-
faudage de genres , de tribus, de familles, d'ordres ,
r f
IS
51V PREFACE. ,
t
de classes et d'embranchemeus qui constitue fen
semble du règne animal.
Ici j'ai marché en partie en montant des divisioi
inférieures aux supérieures par voie de rapproclie-
mens et de comparaisons; en partie aussi en des-
cendant des supérieures aux inférieures par le
principe de la subordination des caractères; compa-
rant soigneusement les résultats des deux méthodes,
les vérifiant Tune par l'autre, et ayant soin d'établir
toujours la correspondance des formes extérieures
et intérieures qui, les unes comme les autres, fout
partie intégrante de l'essence de chaque animal.
Telle a été ma marche toutes les fois qu'il a été
nécessaire et possible d'introduire de nouveaux ar-
rangemens; mais je n'ai pas besoin de dire que dans
plusieurs parties du règne, les résultats auxquels
elle m'aurait conduits, avaient déjà été obtenus à
un degré si satisfesant qu'il ne m'est resté d'autre
peine que celle de suivre les traces de mes prédé-
cesseurs. Néanmoins, dans ces cas mêmes où je ,
n'avais rien à faire de plus qu'eux, j'ai vérifié et
constaté par des observations nouvelles ce qu'ils
avaient reconnu avant moi , et je ne l'ai adopté
qu'après l'avoir soumis à des épreuves sévères.
liC public a pu prendre une idée de ce genre
d'examen dans les mémoires sur l'anatomie des
mollusques qui ont paru dans les Annales du Mu-
séum, et dont je donne en ce moment une coîiec^
tion séparée et augmentée. J'ose l'assurer que j'ai
fait un travail tout aussi étendu sur les animaux
PREFACE. XV
vertébrés, les annélides, les zoophytes et sur beau-
coup d'insectes et de crustacés. Je n'ai pas cru né-
cessaire de le publier avec le même détail ; mais
toutes mes préparations sont exposées au cabinet
d'Anatomie comparée dn Jardin du Roi, et servi-
ront ultérieurement à mon Traité d'Anatomie.
Un autre travail bien considérable , mais dont les
pièces ne peuvent être rendues aussi authentiques ,
c'est Texamen critique des espèces. J'ai vérifié
toutes les figures alléguées par les auteurs, et l'ap-
porté chacune autant que je l'ai pu à sa véritable
espèce, avant de faire choix de celles, que j'ai
indiquées; c'est aussi uniquement d'après cette vé-
rification , et jamais d'après le classement des mé-
thodistes précédens , que j'ai rapporté à mes
sous-genres les espèces qui y appartenaient Voilà
pourquoi l'on doit voir sans éfonnement que tel
genre de Gmelin, est aujourd'hui réparti même
dans des classes et des embranchemens différens ;
que de nombreuses espèces nominales sont réduites
à une seule ; et que des noms vulgaires sont appli-
qués tout autrement qu'auparavant. Il n'est pas un
de ces changemens que je ne sois en état de justifier,
et dont le lecteur ne puisse trouver lui-même la
preuve, s'il veut recourir aux sources que je lui
indique.
Afin d'alléger sa peine, j'ai eu soin de choisir
pour chaque classe un auteur principal , d'ordinaire
le plus riche en bonnes figures originales , et je ne
cite des ouvrages secondaires qu'autaiit que celui-là
XVJ PREFACE.
ne me fonniitrien^ ou qa'il est bon d'établir quelque
comparaison pour mieux constater des synonymes.
Ma matière aurait pu remplir bien des volumes ;
mais je me suis fait un devoir de la resserrer, en
imaginant des moyens abrégés de rédaction. C'est
par des généralités graduées que j'y suis parvenu.
En ne répétant jamais pour une espèce ce que l'on
peut dire pour fôut un sous-genre ^ ni pour un genre
ce que Ton peut dii-e pour tout un ordre, et ainsi
de suite , on arrive à la plus grande économie de
paroles. C'est à quoi j'ai tendu par-dessus tout,
d'autant que c'était là au fond le but principal de
mon ouvrage. On remarquera cependant que ]&
n'ai pas employé beaucoup de termes techniques , et
que j'ai cherché à rendre mes idées sans tout cet
appareil barbare de mots factices qui rebute dans
îes ouvrages de tant de naturalistes modernes; il ne
me semble pas que ce soin m'ait rien fait perdre
en précision ni eu clarté.
Il m'a fallu malheureusement introduire beau-
coup de noms nouveaux , quoique j'aie mis une
grande attention à conserver ceux de mes devan-
ciers; mais les nombreux sous-genres que j'ai éta-
blis 5 exigeaient ces dénominations ; car dans des
choses si variées , la mémoire ne se contente pas
d'indications numériques. Je les ai choisies , soit de
manière à indiquer quelque caractère, soit dans les
dénominations usuelles que j'ai latinisées, soit enfin,
à l'exemple de Linnœus, parmi les noms de la
mythologie , qui sont en général agréables à l'oreillcj
çt que l'on est loin d'avoir épuisés.
PREFACE. V XViJ
Je conseille néanmoins ^ quand on nommera les
espèces 5 de n'employer que le substantif du grand
genre, etle nom trivial. Les noms de sous-genres ne
sont destinés qu'à soulager la mémoire , quand on
voudra indiquer ces subdivisions en particulier.
Autrement, comme les sous-genres, déjà très-
niultipliés , se multiplieront beaucoup plus par la
suite, à force d'avoir de substantifs à retenir con-
tinuellement, on sera exposé à perdre les avantages
de cette nomenclature binaire si heureusement
imaginée par Linnœus.
C'est pour la mieux consacrer que j'ai démembré
le moins qu'il m'a été possible, les grands genres de
cet illustre réformateur de la science. Toutes les fois
que les sous-genres dans lesquels je les divise n'ont
pas dû aller à des familles différentes, je les ai
laissés ensemble sous leur ancien nom générique.
C'était non-seulement un égard que je devais à la
mémoire de Linnaeus , mais- c'était aussi une atten-
tion nécessaire pour conserver la tradition et l'in-
telligence mutuelle des naturalistes des différens
pays.
Pour faciliter encore davantage l'étude de ce
livre, car il est fait pour être étudié pins que pour
être lu , j'y ai fait employer les divers caractères
de l'imprimerie, de manière à correspondre aux
divers degrés de généralité des idées. Tout ce qui
peut se dire des divisions supérieures, jusqu'aux
tribus ou sous-familles inclusivement, est en saint-
augustin ; tout ce qui regarde les genres en cicéro ;
les sous- genres et autres subdivisions en petit-
TOME I. ij '
XVllj PREFACE*
romain; les espèces dont j'ai cru devoir parler eu
particulier 5 sont aussi en petit-romain , mais à lignes
plus cour tes^ ou rentrées d'un quadrat; enfin les notes
placées au bas des pages, contenant l'indication des
espèces moins impor taji tes ^ et les discussions sur la
synonymie ou sur quelques erreurs que je reprends
dans les ouvrages de mes prédécesseurs, sont en petit
texte. Partout les noms des divisions supérieures sont
en grandes majuscules ; ceux des familles , des genres
et des sous-genres, en petites majuscules, corres-
pondantes aux trois caractères employés dans le
texte; ceux des espèces en italiques; le nom latin
est à la suite du nom français, mais entre deux
parenthèses, et Ton a observé des règles à peu près
semblables dans les tables méthodiques qui pré-
cèdent chaque vokime, et qui sont destinées à gui-
der d'abord les commençans. Ainsi l'œil distiiiguera
d'avance l'importance de chaque chose et l'ordre
de chaque idée, et l'imprimeur aura secondé l'au-
teur de tous les artifices que son art peut prêter à
la mnémonique.
Cette habitude que Ton prend nécessairement
en étudiant l'histoire naturelle , de classer dans
son esprit un très -grand nombre d'idées, est l'un
des avantages de cette science dont on a le moins
parlé, et qui deviendra peut-être le principal,
lorsqu'elle aura été généralement introduite dans
l'éducation commane ; on s'exerce par -là dans
cette paiiie de la logique qui se nomme la mé-
thode , à peu près comme on s'exerce par l'étude
de la géométrie dans celle qui se nomme le syllo-
PREFACK. XIX
gîsme, par la raison que Thistoire naturelle est la
science qui exige les méthodes les plus précises,
comme la géométrie celle qui demande les raison-
nemens les plus rigoureux. Or cet art de la mé-
thode , une fois qu'on le possède bien ^ s'applique
avec un avantage iafîni aux études les plus étran-
gères h rhistoire naturelle. Toute discussion qui
suppose nn classement des faits ^ toute recherche
qui exige une distribution de matières ^ se fait
d'après les mêmes lois; et tel jeune homme qui
n'avait cru faire de ceiïe science qu'un objet d'a-
musement, est surpris lui-même , à l'essai, de la
facilité qu'elle lui a procurée pour débrouiller tous
les genres d'affaires.
• Elle n'est pas moins utile dans la solitude. Assez
étendue pour suffire à l'esprit le plus vaste , assez
variée, assez intéressante pour distraire l'ame la
plus agitée, elle console les malheureux, elle calme
les haines. Une fois élevé à la contemplation de
cette harmonie de la Nature irré.sistiblement réglée
par la Providence, que l'on trouve faibles et petits
ces ressorts qu'elle a bien voulu laisser dépendre
du libre arbitre des hommes ! Que l'on s'éionne de
voir tant de beaux génies se consumer si inuti-
lement, pour leur bonheur et pour celui des aufres,
à la recherche de vaines combinaisons dont quel-
ques années suffisent pour faire disparaître jusqu'aux
traces.
Je l'avoue hautement : ces idées n'ont jamais été
étrangères à mes travaux , et si j'ai cherché de tous
mes moyens à propager cette paisible étude, c'est
XX . PREFACE.
que dans mon opinion elle est plus capable qu'au*
cune autre , d'alimenter ce besoin d'occupation qui
a tant contribué aux troubles de notre siècle ; mais
il est tems de revenir à mon objet.
Il me reste à rendre compte des principaux
cbangemens que j'ai faits aux méthodes dernière-
ment reçues, et à témoigner ce que je dois aux
naturalistes dont les ouvrages m'en ont fourni ou
suggéré une partie.
Pour prévenir une critique qui se présentera na-
iurellemenl: à beaucoup de personnes , je dois
remarquer d'abord, que je n'ai eu ni la préten-
tion , ni le désir de classer les êtres de manière
à en former une seule ligne , ou à marquer leur
supériorité réciproque. Je regarde mciuc toute
V tentative de ce genre comme inexécutable ; ainsi
je n'entends pas que les mammifères ou les oi-
seaux, placés les derniers, soient les plus impar-
faits de leur classe ; j'entends encore moins que
le dernier des mammifères soit plus parfait que
le premier des oiseaux, le dernier des mollus-
ques plus parfait que le premier des annélides
ou des zoopliy tes; même en restreignant ce mot
vague de plus parfait , au sens de plus com-
plètement organisé. Je n'ai considéré mes divisions
et subdivisions que comme l'expression graduée de
la ressemblance des êtres qui entrent dans chacune;
et quoique il y en ait où l'on obsei've une sorte de
dégradation et de passage d'une espèce à l'autre,
qui ne peut être niée , il s'en faut de beaucoup
que cette disposition soit générale. L'échelle pré-
PREFACE. XXJ
fendue des êtres n'est qu'une application erronée à
la totalité de la création de ces observations par-
tielles ^ qui n'ont de justesse qu'autant qu'on lesr
restreint dans les limites où elles ont été faites ^ et
cette application , selon moi ^ a nui, à un degré que
l'on aurait peine à imaginer , aux progrès de This-
foire naturelle dans ces derniers tems.
C'est en conformité de cette manière de voir,
que j'ai établi ma division générale en quatre em-
brancliemens , qui a déjà été exposée dans un mé-
moire particulier ; je crois toujours qu'elle exprime
les rapports réels des animaux plus exactement que
l'ancienne division en vertébrés et non vertébrés ^
par la raison que les anima^ux vertébrés se ressem-
l^lent beaucoup plus entre eux que les non verté-
brés, et qu'il était nécessaii-e de rendre cette diffé-
rence dans l'étendue des rapports.
M. Virey, dans un article du nouveau Diction-
naire d'Histoire naturelle, avait déjà saisi une partie
des bases de cette division, et principalement celle
qui repose sur le système nerveux.
Le rapprochement particulier des vertébrés ovi-
pares entre eux , a pris sa source dans les curieuses
observations de M. Geoffroy sur la composition des
têtes osseuses, et dans celles que j'y ai ajoutées re-
lativement au reste du squelette et à la myologie.
Dans la classe des mammifères, j'ai ramené les
solipèdes aux pachydermes; j'ai divisé ceux-ci en
familles d'après de nouvelles vues; j'ai rejeté les
ruminans à la fin des quadrupèdes ; j'ai phicé le la-
X5Îj PREFACE.
nianliii près des cétacés; j'ai distribué un peu aufre-
tiient Tordre des carnassiers; j'ai séparé les ouistitis
de tout le genre des singes ; j'ai indiqué une sorte de
parallélisme des animaux à bourse avec les autres
mammifères digités, le tout d'après mes propres
études anatomiques. Les travaux récens et approfon-
dis de mon ami et collègue M. Geoffroy de Saint-
Hilaire^ ont servi de base à tout ce que je donne
sur les quadrumanes et sur les chauves-souris. Les
recberclies de mon frère ^ M. Frédéric Cuvier , sur
les dents des carnassiers et des rongeurs ^ m'ont été
d'une grande utilité pour les sous-genres de ces
deux ordres. Les genres de feu M. Illiger ne sont
guère que le résultat de ces inêmes recherches et
de celles de quelques naturalistes étrangers; cepen-
dant j'ai adopté ses noms toutes les fois que ses
genres se sont rencontrés avec mes sous -genres.
M. de Lacépède avait aussi saisi et indiqué plu-
sieurs excellentes divisions de ce degré ^ que je me
suis également empressé d'adopter; mais les carac-
tères de tous les degrés et toutes les indications
d'espèces ont été faites d'après nature, soit dans
le cabinet d'Anatoraie, soit dans les galeries du
Muséum.
Il en a été de même des oiseaux; j'ai examiné
avec la pins grande attention plus de quatre mille
individus au Muséum; je les ai rangés d'après mes
vues dans la galerie publique, depuis plus de cinq
ans, et j'en ai tiré tout ce que je dis de cette classe
dans cctic partie de mon ouvrage. Ainsi, les rapports
que mes subdivisions pourraient avoir avec quel-
PREFACE, XXllj
qiies iabîeaiix récents ^ soiît de ma part purement
accidentels.
J'espère que les naturalistes approuveront les
nombreux sous-genres que j'ai cru devoir établir
parmi les oiseaux de proie , les passereaux et
les oiseaux de rivages; ils me paraissent avoir
apporté la plus grande clarté dans des genres au-
paravant fort embrouillés. J'ai marqué aussi exac-
tement que je l'ai pu , la concordance de ces sub-
divisions avec les genres de MM. de Lacépède ,
Meyer, Wolf, Temmink^ Savigny, et j'ai rap-
porté à chacune toutes les espèces dont j'ai pu
avoir une connaissance bien positive. Ce travail
fatigant sera agréable à ceux qui s'occuperont à
Fcivenir d'une véritable histoire des oiseaux. Les
beaux ouvrages d'ornithologie pubUés depuis quel-
ques années, et principalement ceux de M. le Vail-
lant, qui sont remplis de tant d'observations inté-
ressantes, et ceux de M. Vieillot, m'ont été fort
utiles pour désigner avec- précision les espèces
cju'ils représentent.
La division générale de cette classe est restée
telle que je l'avais publiée en 1798, dans mon Ta-
bleau élémentaire (t).
J'ai cru aussi devoir conserver pour les reptiles
(1) Je n'en fais l'observation, que parce qu'un naturaliste estimable
(M. Vieillot) s'est allribué par oubli, clans un ouvrage de cette
année 1816 , la révinion des picœ avec les passeres. Je l'avais faite
dès 1798. Je dois consigner ici le regret de n'avoir pu profiter de son
travail , qui n'a paru que long-temps après que mon premier volume
était déjà achevé d'imprimer.
XXÎV PREFACE.
ia division générale de mon ami M. Brongnîartj
mais j'ai fait de grands travaux anatomiqnes pour
arriver aux subdivisions ultérieures. M. Oppel,
comme je Tai dit ^ a profilé en partie de ces travaux
préparatoires; et toutes les fois qu'en définitif mes
genres se sont accordés avec les siens, j'en ai averti.
L'ouvrage de Daudin, tout médiocre qu'il est, m'a
été utile pour des indications de détail ; mais les di-
visions particulières que j'ai données dans les genres
des monitors et des geckos , sont le produit de mes
propres observations , faites sur un grand nombre
de reptiles nouvellement apportés au Muséum par
Péron et par M. Geoffroy.
Mes travaux sur les poissons me paraissent ce que
}'ai fait de plus considérable toucbant les animaux
vertébrés. Notre Muséum ayant reçu un grand
nombre de poissons, depuis que le célèbre ouvrage
de M. de Lacépède a été publié, j'ai pu ajouter plu-
sieurs subdivisions à celles de ce savant naturaliste ,
combiner autrement plusieurs espèces, et multiplier
les observations anatomiques. J'ai eu aussi àes
moyens de mieux constater les espèces de Com-
merson et de quelques autres voyageurs; et, à cet
égard, je dois beaucoup à une revue qu'a faite
M. Duméiil des dessins de Commerson, et des pois-
sons secs qu'il avait apportés , mais qui n'ont été
recouvrés que depuis peu : ressources auquelles j'ai
joint celles que m'offraient les poissons rapportés
par Péron de l'Océan et de l'Archipel des bides;
ceux que j'ai recueillis dans la Méditerranée, et les
collections faites à la cote de Coromandel par
PREFACE. XXV
feu Sonneraf 5 à l'Isle de France par M. Mathieu ,
danà le Nil et dans la Mer rouge par M. GeofFroi , etc.
J'ai pu ainsi vérifier la plupart des espèces de Blocli,
de Russe! et d'autres, et faire préparer les sque-
lettes et les viscères de presque tous les sous-genres,
en sorte que cette partie offrira, j'espère, beaucoup
de nouveautés aux Ichthyologistes.
Quant à ma division de cette classe, je conviens
qu'elle est peu commode pour l'usage , mais je la
crois au moins plus naturelle qu'aucune des pré-
cédentes; en la publiant, il y a quelque temps,
je ne l'ai donnée que pour ce qu'elle vaut; et si
quelqu'un découvre un principe de division plus
net et aussi conforme à l'organisation, je m'em-
presserai de l'adopter.
Il est connu que tous les travaux qui ont eu lieu
sur la division générale des animaux sans vertèbres ^
ne sont que des moditîcatious de ce que j'ai proposé
en 1795, dans le plus ancien de mes mémoires, et
l'on sait en particulier combien de soins et de
temps j'ai consacré à l'anatomie des mollusques en
général, et principalement à la connaissance des
mollusques nus. La détermination de cette classe ,
ainsi que ses divisions et subdivisions , reposent sur
mes observations; le magnifique ouvrage de M. Poli,
m'avait seul devancé par des descriptions et des
anatomies utiles à mon but, mais des multivaîves et
des bivalves seulement. J'ai vériiié.tous les faits que
cet habile anatomiste m'a fournis^ et je crois avoir
marqué avec plus de justesse les fonctions de
quelques organes. J'ai chei'ché aussi à détei'miner
XXVJ PnEFACE.
les animaux auxquels appartiennent les principales
formes (-es coquilles, et à répartir celles-ci d'après
cette considération ; mais quant anx divisions ulté-
rieures des coquilles dont les animaux se ressem-
blent, je ne m'en suis guères occupé , que pour me
mettre en état d'exposer brièvement celles qu'ont
admises MM. de Lamark et de Montfort; et même
le petit nombre de genres ou de sous -genres qui
me sont propres, dérivent principalement de l'ob-
servation des animaux. Je me suis borné à citer
par voie d'exemple, un certain nombre des espèces
de Martini , de C.hemnitz, de Lister, de Soldani, et
cela uniquement parce que le volume où M. de
Lamark doit traiter de cette partie n'ayant pas en-
core para, j'étais obligé de fixer sur des objets
précis l'attention de mes lecteurs. Mais je n'ai pas
prétendu mettre dans le choix et la détermination
de ces espèces, la même critique que pour celles
des animaux vertébrés et des mollusques nus.
Les belles observations de MM. Savign}^ Lesueur
el Desmare ts sur les ascidies composées , rappro-
chent cette dernière famille de mollusques, de cer-
tains ordres de zoophyte^; c'est un rapport curieux
et une preuve de plus que les animaux ne peuvent
être rangés sur une même ligne.
Je crois avoir retiré les annélides, dont l'établis-
sement m'appartient de fait, quoique je n'aie pas
imaginé leur nom, du mélange oii ils étaient con-
fondus auparavant, parmi les mollusques, les ies-
tacés et les zoophytes, et les avoir rapprochés dans
l'ordre naturel ; leurs genres mêmes n'ont acquis
PnEFACE. XXVlj
tpelcpe clarté que par les détermîiiafîons que j'ea
ai données dans le Dictionnaire des Sciences na-
turelles et ailleurs.
Je ne parlerai point des trois classes contenues
dans le troisième volume; M. Latreille, seul auteur
de cette partie, si l'on excepte quelques détails
d'anatomie que j'ai intercalés dans son texte, d'après
mes observations et celles de M. Ramdolir, expo-
sera dans un avertissement ce que son travail a de
particulier.
Quant aux zoophj^tes qui terminent le règne
animal, je me suis aidé pour les écîiioodermes du
travail récent de M. de Lamarck ; et pour les vers
intestinaux, de l'ouvrage de M. Rudolplii , intitulé
Entozoa; mais j'ai fait moi-même l'anatomie de tous
les genres, dont quelques-uns n'ont encore été dé-
terminés que par moi. Au reste il existe sur l'ana-
tomie des échiiiodermes un travail excellent de
M. Tiedemann , que l'Institut a couronné il y a
quelques années et qui paraîtra bientôt ; il ne lais-
sera rien à désirer sur ces curieux animaux. Les
coraux et les infasoires n'offrant presque point de
prise à l'anatomie , j'en ai traité fort brièvement,
li'ouvrage nouveau de M. de Lamarck suppléera
à ce qui me manque (i).
Je n'ai pu rappeler ici que les auteurs qui m'ont
fourni ou qui ont fait naître en moi des vues géné-
(i) Je reçois à l'instant même Y Histoire des Polypiers coraîUgènes
Jlexihles de M. Lamouronx , qui donnera elle-même un excellent
supplément à M. Lamarct.
Xxviij PREFACE.
raies (i). Il en est beaucoup d'autres auxquels J^ai
dû des faits particuliers, et que j'ai cités avec soin
aux articles où je profite de leurs observations. On
pourra voir leurs noms à toutes les pages de mon
livre. Si j'avais négligé de rendre justice à quel-
qu'un d'entre eux, ce serait un oubli bien invo-
lontaire, et j'en demande excuse d'avance; il n'est
à mes yeux aucune propriété plus sacrée que celle
des conceptions de l'esprit, et l'usage devenu trop
commun parmi les naturalistes, de masquer des
plagiats par des cbangemens de noms, m'a tou-
jours paru un véritable délit.
Je vais maintenant m'occuper sans relâche de la
publication de mon Anatomie comparée ; les maté-
riaux en sont prêts , une grande quantité de pré-
parations et de dessins sont terminés et classés ; et
j'aurai soin de diviser cet ouvrage par parties , dont
chacune fera un tout, en sorte que si mes forces ne
suffisent pas pour exécuter la totalité de mon plan ,
ce que j'aurai donné au public formera cepen-
dant des suites complètes, chacune dans son objet ;
et que les matériaux que j'aurai rassemblés, pour-
ront être employés immédiatement par ceux qui
voudront bien entreprendre la continuation de mes
travaux.
Au Jardin du Roi , ocùohre i8i6.
(l) M. do Blainvillo vient de publier récemment sur toute la
zoologie des lahles, dont j'ai aussi le regret de n'avoir pu proûter,
parce qu'elles ont paru au moment où mon oayrage était presque en-.
tièrcmetit imprimé.
TABLE METHODIQUE
DU PREMIER VOLUME.
Introduction pag. i
De l'Histoire Naturelle et de ses méthodes en
• général Tl?,
Des Etres vivans et de Torganisation en général . 1 2
Division des Etres organisés en animaux et
végétaux 2L
Des formes propres aux élémens organiques du
corps animal , et des combinaisons principales
de ses élémens chimiques 25
Des forces qui agissent dans le corps animal. . . . 5o
Idée sommaire des fonctions et des organes du
corps des animaux, ainsi que des divers degrés
de leur complication ........,.....; 06
Exposé rapide des fonctions intellectuelles des
animaux 47
De la méthode dans son application au règne
animal * 55
Distribution du règne animal en quatre grandes
divisions 67
Animaux vertébrés en général 62
Leur subdivision en quatre grandes classes G7
MAMMIFERES, pag. 70
Leur division en ordres. 76
Î3ÏMANES 81
Homme Ib.
tonformalion particu-
lière de l'homme ... 82.
Développement phy-
sique et moral de
l'homme
Variétés de l'espèce;
f"| f\ f\ <\ F«V
■^ ''' ■» ' '' ' /
XXX
TABLE MET
humaine 94
QUADRUMANES.. 100
Sinj^es 101
Singes proprement
diis 102
Orangs Ib.
Guenons io4
Babouins 107
Magots IL.
Macaqiies 108
CynocépLales.. 109
ManUiils 111
Pongos Ib.
Sapajous 112
Sapajous propre-
ment dits Ib.
Alouattes. .... Ib.
Sapajous ordi-
naires.. . , . . . 1 15
Aièlcs Ib.
Sajous ii4
Sakis 1 15
Ouistitis Ib.
Makis 116
M;ikis proprem.dils. 117
Indris. r i(S
Loris Ib.
Galago Ib.
Tarsiers; 119
CARNASSIERS .... Ib.
Chéiroptères 21
Chauve-souris 122
Roussettes ^110
Boussetifs pro-
prement dites.. Ib.
Cépbaloles 124
Cliauve-souris pro-
ment dites Ib.
Molosses 125
HODIOUE.
Nyctinomes ... « Ib,
Noclilions Ib.
Phyilostomes. . . • 126
Rliinoloplies Ib,
Mégadermes.... 127
■ Nyclères 128
Rliinopomes. . . . Ib.
Taphiens Ib,
Vespertilions. . . . 129
Oreillards i3o
Galeopiîhècjues Ib.
Insectivores i3i
Hérissons i32
Musaraignes Ib,
Desmans j34
Scalopes Ib.
Chrysoclilores. . . i35
Tenrecs 137
Taupes l'àj
Carnivores i38
Plantigrades. ...... 141
Ours Ih.
Ratons i43
Coatis Ib.
Kinkajous i44
Blaireaux Ib.
Gloutons. . . c. . • . . i45
Digitigrades 147
Martes Ib,
Putois.. . . , Ib.
Maries proprement
diles 149
Mouffettes i5o
Loutres i5i
Chiens iSz
Renards 1 54
Civettes i56
Civettes propre-
BU PREMIER
meni diles Ib.
Geneltes Ib.
Mangoustes iSy
Suricales i58
Hyènes Ib.
Cliats. i5g
Amphibies i63
Phoques ......... 164
PliO(jues propre-
ment (lits
Otaries
Morses
Marsupiaux
Didelpliis
Chironectes
Dasyures . ......
Pern mêles
Plialajigers
Phalangers pro-
prement dits. .
Pelanrus
Hypsiprimnus. . . .
Kangnroos. •
Koala
Pliascolomes
RONGEURS
A CLAVICULES
Castors..
Rats
i65
166
167
169
172
Ib.
1-5
176
178
Ib.
179
iSo
182
i84
Ib.
186
189
Ib.
191
Campagnols Ib.
Ondatras 192
Campagnols pro-
prement dits. , Ib.
Ijemmings igô
Ecliimys ig4
Loirs 195
Hydromys 196
Balsproprem. dits. 197
VOLUME XXXJ
Hamsters 1 98
Gerboises 199
Rals-laupes du cap
ou Bailiyergiis* . 201
HéiaillJS 202
Marmottes 2o3
Ecureuili* 204
• PoLttouches, . » . . . 206
Aye- Aye 207
Sans CLAVICULES.. . . 208
Porc-Épics Ib»
Lièvres 209
Lièvres proprem,
dits 210
Lagomys ........ 211
Cabiais , . 212
Cochons d'Inde.. . 2i3
Agoutis 2i4
Pacas. , Ib,
ÉDENTJÉS 2i5
Tardigraçes Ib.
Par^seux ..,,.... Ib.
Megaflieriuin.
Voyez les additions et
corrections, au 4^. vol.
EdentÉs ordinaires 218
Tatous Ib,
Orycteropes 121
Eourriuliers 222
Pangolins 223
MONOTREBIES 224
Echidnés 226
Ornithorin.|ues. . . . Ib.
PACHYDERMES. .. 227
Proboscidiens 228
Eléphans 2^0
XXxij TABLE
ivlaslodontes
Pachydermes ordin.
Hippopotames ....
Cochons
Cochons propre-
ment dits
Phacochœres
Pécaris ,. . .
Anoplotlierium. ..
Rhinocéros
Daman..
Palseotherium
Tapirs
SOLIPEDES
Chevaux
RUMINANS
Sans cornes
Chameaux
Chameaux propre
ment dits
Lamas
Chevrotains
Avec cornes. ®
Cerfs
Girafes
Antilopes
Chèvres
Moutons
Bœufs
CÉTACÉS
Herbivores
Lamantins
Dugongs
Rjlines
Ordinaires
A PETITE TÊTE.
METHODIQUE
232,
233
234
235
ib,
256
238
239
240
241
242
243
Ih.
246
249
Ib.
25o
25 1
Ib.
253
258
269
265
266
269
271
273
Ib.
274
275
Ib.
Dauphins 277
Dauphins propre-
ment dits.. •... . Ib,
Marsouins 279
Delphinaplères. . 280
Hypéroodons Ib.
Narvals .' Ib.
A GROSSE TÊTE.
Cachalots 282
Fhysélères 284
Baleines Ib.
Balénoptères à ven-
tre lisse 286
Balénoptères à ven-
tre plissé 287
Vertébrés ovipares
en général 3 04
OISEAUX 290
OISEAUX DE PROIE. 3o3
Diurnes 3o4
Vautours Ib,
Vautours propre-
ment dits 3o5
Sarcorauiplies. . . . 3o6
Percuoptères 5o7
Griffons SoS
Faucons 809
Faucons propre-
ment dils //;.
Gerfiinls 012
Ignobles 5i5
Aigles Ib.
Aigles propre-
ment dils. .... Jb.
Aigles pécheurs, 5i5
OiTrayes., . . . Ib.
Ealbusards,.. 3 16
Ilarpies Tnj
DU PRE MIE
'Aigles-aulours. ♦ 3i8
Cymimlis Sig
Autours Ih.
Epeiyiers Sai
Milans Ib,
Milans propt. dits. 322
Bondrées Ib.
Buses ,. » 32 0
Buzards 024
■ Messager SaS
KOCTURNES 3^6
Strix 327
Hibous , . . . . Ib.
Chouelles Ssg
Effrayes Ib.
Chal-liuans 53o
Ducs 55 1
Chevêches Ib.
Ch. H aigreltes.. . . Ib.
Scops 553
PASSEREAUX 334
Dentirostres., . . . 336
Piegrièches Ib.
Piegr. propr» dites. Ib.
à Macli. sup. arq.
à M. sup. droite.
à bec renflé,
à huppes.
Vangas 009
Langrayens Ib.
Cassicans 34o
Bécardes Ib.
Choucaris 54 1
Belhyles Ib.
Tangaras 342
Tang. euphones. . . Ib.
Tang. gros becs. . . Ib.
Tang. propr. dits. . Ib
TOME I.
R
VOLUME. xxxiij
Tang. loiiiots 343
, Tang. cardiuals.. . Ib.
Tang. ramphocèles Ib>
Gobe-moucbes. . . . Ib.
Tyrans Ib.
Moucherolles .... 344
Gobe - mouches
proprement dits.. 345
Gymnocéphales. . . 346
Céphaloptères. . . . 347
Colingas Ib.
Colingas ordin.. Ib.
Echen illeurs. . . 348
Jasenrs ôég
Procnias ■ . Ib,
Gymnodères . . . Ib.
Drongos 55o
Merles Ib.
Merles propr. dits. 35i
Grives. .^ 352
Chocards. ....... 355
Loriots 556
Fourmiliers.. .... Ib.
Ciucles.' 558
Philedons., Ib.
Martins 36o
Msenura 36r
Manakins 362
Co(j de roches .... 365
■ Vrais Manakins . Ib..
Becs-fins 7/..
Traquets Ib.
Rubiettes 364
Fàuvetlcs ,,..... 3G5
Accenlor 368
Boilelets 3Ô9
Troglodiles 370
Hochcaueues . , .. 3rt>
A l
m • %
XXXI V TABLE ME
Hochequeues pro-
prement dits.. Ib.
Bergeroneltes . . Syi
Farlouses Ib.
FlSSIROSTRES 372
Hirondelles SyS
Martinets Ib,
Hirondelles propr. 374
Engoulevents SyS
Podarges. (Voy. les
addit. et corr. )
CONIROSTRES Syy
Alouettes Ib.
Alouelles propre-
ment dites Ib.
Calandres. . » SyS
Sirlis • 079
Mésanges 379
Mésanges propre-
ment dites Ib.
Moustaches 38o
Remiz 58 1
Bruants Ib.
Moineaux 383
Tisserins. ....... Ib.
Moineaux propre-
ment dits 385
Pinçons 586
Linottes et Char-
donnerets Ib,
Veuves 388
Gros-becs 089
Pitylus 390
Bouvreuils Ib.
Becs-croisés 391
Dur-becs Ib.
Colious . . . c 392
Glaucopes 393
THODIQUE
Piquebœuf . •.*.... Ih»
Cassiques 898
Cassiques propre-
ment dits. •. . . . 594
Troupiales Ib.
Carouges Ib.
Pitpils 595
Etourneaux Ib,
Sittelles 896
Corbeaux Ib.
Corbeaux propre-
ment dits 397
Pies 398
Geais 599
Cassenoix Ibm
Témia 4oo
Rolliers Ib,
RoUiera proprem.
dits Ib.
Rolles 4oi
Mainates Ib.
Oiseaux de paradis. 4o2
Tenuirostres 4*^5
Huppes 4^6
Craves Ib.
Huppes proprem.
ment dites Ib.
Promerops 407
Epimaques Ib.
Grimpereaux 4^8
Grimpereaux pro-
prement dits. . . . Ib.
Picucules 409
Echelettcs Ib.
Sucriers 4io
Dicées Ib,
Héorotaires 4ii
Souïmangas Ib,
Colibris 4'^
DU PREMIER VOLUME.
XXXV
Colibris propre-
ment dits 4i3
Oiseaux mouches. . 4i4
Syndactyles Ib.
Guêpiers 4^^
Motmots Ih.
Martins-Pêcheurs., ^\G
Ceix 4^7
Todiers Ib.
Calaos 4'^
GRIMPEURS 419
Jacamars ^2.0
Jacamars propre-
ment dits Ih.
Jacamerops Ih.
Pics 4^^
Picoïdes 4^3
Torcols Ib,
Coucous 4H
Vrais Coucous. . . . Ib.
Couas 4^^
Coucals Ib.
Courols 4^6
Indicateurs Ib.
Barbacous Ib.
Malcohas 437
Sc^lhrops Ib.
Barbus Ib.
Barbicans 428
Barbus propres. . . Ib.
Tamatias 429
Gouroucous Ib.
Anis 4^0
Toucans Ib.
Toucans propr.dils. 43i
Aracaris Ib.
Perroquets Ib,
Aras « 432
Perruches Ih.
Cacatoès 433
Perroquets pro-
prement dits. .. . 434
Perroquets à trompe Ib.
Pézopores.. . . ». , . Ib.
Touracos , . , 4^^
Musophages l^dG
GALLINACÉS Ib.
Paons 433
Dindons Ib.
Alectors 4^9
Hoccos Ib.
Pauxi 44o
Guans 44i
Parraquas 442
Hoazin 44^^
Faisans Ib.
Coqs Ib.
Faisans propre-
ment dits.. ! . . . . 444
Houppifères. ..... 445
Lophophores 445
Cryptonyx Ih.
Peintades 44?
Tétras Ib.
Coqs de bruyères. . Ib.
Perdrix 45o
Francolins / .
Cailles 452
Colins Ib.
Tridactyles 453
Turnix Ib,
Syrrhaptes Ib.
Tinamous 454
Pigeons Ib.
Colombigallines,. , 455
XX.WJ TABLE ME
Colombes 456
Colombars., 467
ECHASSIERS 458
Breyipennes 4^9
Autruclies. ........ 460
Casoar 4^^
Fressirostres .... 463
Outardes 4^4
Pkîviers ^65
(lEdicnèmes. . . . . . Ib.
Pluviers propre-
ment dits 466
Vamieaux 4^7
Vanneau-pluviers. Ib,
Vanneaux propre-
ment dits Ib'
Huîlriers, . 4^^
Coure-vile 4^9
Canama Ib.
CULTRIROSTRES. . . . 4?^
Grues 4?^
• Agami. Ib.
Numidiqiies 472
Grues propre^
menh dites Ib.
Coinlans 473
Cau raies ........ Ib.
Savacous i^'j.'l
Hérons 47^
Cigognes 477
Jabirus 47^
Ombrelles 479
Bec-ouverts. ...... Ib.
Taiiiale 4^^"^
Spatules . ^Bt
LONGIROSTRES 4^^^
Ibis £ù.
THODIOUE
Courlis 485
Corlieus Ib,
Falcinelles. ..>;.. . 485
Bécasses . //>•
Bécasses Ib,
Rhyncbées • 487
Barges 483
Maubèclies 489
Alouettes de mer. . 490
Combattans. Ib.
Sanderliugs 491
Plialaropes Ib,
Tournepierres . . . 492
Chevaliers Ib.
Lobipèdes 495
Ec basses Ib.
Avoceltes 49^
Macrodagtyles.. . Ib.
Jacanas 497
Kamiclii.. 409
Raies 5oo
Foulques 5or
Poules d'eau Ib.
Talève 5o3
Foulques propre-
ment dites Ib,
Giaroles 5o3
Flaiiimans 5o4
PALMIPÈDES 5o5
Plongeurs 006
Plongeons 607
Grèbes Ib.
Plongeo/is propre-
meuLdits 5o8
Guilleinots 609
Cépbns 5io
Pingouins. ........ lu.
Maciueux., ...... Oii
DU PREMIER
Pingouins propre-
ment dits 5n
Manchots 5i2
Manchots prop. dit» Ib.
• Gorfous 5i3
Sphénisques Ib>
LONGIPENNES 5l4
Pétrels //,.
Pétrels propr. dils. 5i5
Puffins 5i6
Pelecanoïdes 75,
Prions 617
Albatrosses Ib.
Goélands 5i8
Goélands et Mouet-
t<^S 5lg
Labbes 520
Hirondelles de mer. Ib.
Noddis. . , . / 521
Becs en ciseau 622
TOTIPALMES 522
Pélicans 5^3
VOLUME. XXX vlj
Pélicans propre-
ment dits S-iS
Cormorans 524
Frégaltes 5^5
Fous ib,
Anhinga 526
P.'tille-en-queue. . 527
Labiellirostres.. . Ih.
Canards 528
Cignes ih.
Oies 55o
Bernaches 55j
Canards propres.. 532
Macreuses /5.
Garrots ....... 553
Eiders 534
Millouins Ib,
Souchets ...... 536
Tadornes Ih.
Canards spécia-
lement dils. . . 557
Sarcelles 539
Ilarles,.,,. /|.
'■■■ 1 .MilJ
/x
\
i»«/»;vv*(**%.vfc^ivv»ri.v%(v^vï.v»\*'«»'v»iv\*.vvi.^v*.v»*%t.'%'v\'»»%'*'%v%x«'t*,v't.'»'»/* "Wivta.'^^'wi/vviit.'vt'vv»
kf-i't
LE
RÈGNE ANIMAL,
DISTRIBUÉ
DAPRÈS SON ORGANISATION.
INTRODUCTION.
DE L'HISTOIRE NATURELLE ET DE SES MLTHODES
EN GÉNÉRAL.
Jl EU de personnes se faisant une idée juste de
riiistoiie naturelle , il nous a paru nécessaire
de commencer notre ouvrage, en définissant
bien l'objet que celte science se propose, et en
établissant des limites rigoureuses entre elle et
les sciences qui l'avoisioent.
Dans notre langue et dans la plupart des
autres, le mot nature signifie : tantôt, les pro-
priétés qu'un être tient de naissance, par oppo-
sition a celle qu'il peut devoir à l'art; tantôt,
1 ensemble des êtres qui composent l'univers;
tantôt enfin , les lois qui régissent ces êtres.
Tome j. i
2l IjSTP»ODUCTIO^\
C'est surtout dans ce dernier sens que l'on a
coutume de personnifier la nature et d'employer
par respect son nom pour celui de son auteur.
l^di physique ou science naturelle considère
la nature sous ces trois rapports. Elle est , ou
générale 5 ou particulière. \^^ physique générale
examine, d'une manière abstraite, chacune des
propriétés de ces êtres mobiles et étendus , que
nous appelons les corps. Sa partie, appelée dyna-
mique 5 considère les corps en masse , et fixe
mathématiquement, en partant d'un très-petit
nombre d'expériences , les lois de l'équilibre ,
celles du mouvement et de sa communication ,
elle prend dans ses différentes divisions les
noms de statique , de mécanique , (^ihydrosta-
tique y iï hydrodyna77iique ^d'aérostatique ^elc,
selon la nature des corps dont elle examine les
mouvemens. JJoptique ne s'occupe que des
mouvemens particuliers de la lumière, et les
phénomènes qui n'ont pu encore être détermi-
nés que par l'expérience y deviennent plus
nombreux.
La chimie^ autre partie de la physique géné-
rale , expose les lois selon lesquelles les molé-
cules élémentaires des corps agissent les unes
sur les autres à des distances prochaines , les
combinaisons ou les séparations qui résultent
MÉTHODES. 3
de la tendance générale de ces molécules à
s'unir, et des modifications que les diverses
circonstances, capables de les écarter ou de les
rapprocher, apportent a cette tendance. C'est
une science presque toute expérimentale et qui
n'a pu être réduite au calcul.
La théorie de la chaleur et celle de l'électricité,
selon le côté par lequel on les envisage , appar-
tiennent presque également à la dynamique on
à la chimie,
La méthode qui domine dans toutes les par-
ties de la physique générale , consiste a isoler
les corps , à les réduire à leur plus grande sim-
plicité, à mettre séparément en jeu chacune de
leurs propriétés , soit par la pensée , soit par
l'expérience, à en reconnaître ou en calculer les
effets , enfin a généraliser et à lier ensemble les
lois de ces propriétés pour en former des corps
de doctrine , et s'il était possible pour les rap-
porter toutes à une loi unique , qui serait l'ex-
pression universelle de toutes les autres.
Ijdi physique particulière ou V histoire natu-
relle ( car ces deux termes ont la même signifi-
cation) a pour objet d'appliquer spécialement
aux êtres nombreux et variés qui existent dans la
nature, les lois reconnues par les diverses bran-
ches de la physique générale , afin d'expliquer
4 INTnODUCTIOr<.
les phénomènes que chacun de ces êtres présente.
Dans ce sens étendu elle embrasserait aussi
l'astronomie ; mais cette science suffisamment
éclairée par les seules lumières de la mécanique,
et complètement soumise à ses lois, emploie des
méthodes trop différentes de celles que permet
l'histoire naturelle ordinaire , pour être cultivée
par les mêmes personnes.
On restreint donc cette dernière aux objets
qui n'admettent pas de calculs rigoureux , ni de
mesures précises dans toutes leurs parties ; encore
lui soustrait-on d'ordinaire la météorologie ^
pour la réunir à la physique générale, X histoire
naturelle ne considère donc proprement que
les corps bruts, appelés minéraux, et les diverses
sortes d'êtres vivans , dont il n'est presque au-
cun où l'on ne puisse observer des effets plus ou
moins variés des lois du mouvement et des
attractions chimiques, et de toutes les autres
causes analysées par la physique générale.
L'histoire naturelle devrait , a la rigueur ,
employer les mêmes procédés que les sciences
générales , et elle les emploie réellement toutes
les fois que les objets Cju'elle étudie sont assez
simples pour le lui permettre. Mais il s'en faut
de beaucoup qu'elle le puisse toujours.
En effet;, une différence essentielle entre les
MÉTHODES. 3
sciences générales et l'histoire naturelle, c'est
que dans les premières on n^examine c[ue des
phénomènes dont on règle toutes les circons-
tances pour arriver , par leur analyse , a des
lois générales , et que dans l'autre les phéno-
mènes se passent sous des conditions qui ne
dépendent pas de celui c[uî les étudie et qui
cherche à démêler, dans leur complication , les
effets des lois générales déjà reconnues. Il ne lui
est pas permis de les soustraire successivement
k chaque condition , et de réduire le problème
à ses élémens , comme le fait l'expérimentateur;
mais il faut qu'il le prenne tout entier avec toute ,
ses conditions a la fois , et ne l'analyse que par
la pensée, Que l'on essaie, par exemple, d'isoler
les phénomènes nombreux dont se compose la
vie d'un animal un peu élevé dans l'échelle :
un seul d'entre eux supprimé, la vie entière
s'anéantit.
Ainsi la dynamique est devenue une science
• presque toute de calcul : la chimie est encore
une science toute d'expérience ; l'histoire natu-
relle restera long-temps dans un grand nombre
de ses parties , une science toute d'observation.
Ces trpis épithètes désignent assez bien les
procédés qui dominent dans les trois branches
des sciences naturelles ; mais en établissant
6 INTRODUCTION.
entre eîles des degrés très-différensde certitude^
elies indiquent en même temps le bat auquel
les deux dernières de ces sciences doivent tendre
poîH' s'élever de plus en plus vers la perfection.
Le calcul commande, pour ainsi dire, à la
nature ; il en détermine les phénomènes plus
exactement que l'observation ne peut les faire
connaître ; rexpérience la contraint k se dévoi-
ler ; l'observation Tépie quand elle est rebelle ,
et cherche à la surpendre.
L'histoire naturelle a cependant aussi un
principe rationel qui lui est particulier , et
qu'elle emploie avec avantage en beaucoup
d'occasions ; c'est celui des conditions d exis-
tence^ vulgairement nommé des causes finales^
Comme rien ne peut exister s'il ne réunit les
conditions qui rendent son existence possible ,
les différentes parties de chaque être doivent
être coordonnées de manière à rendre possible
l'être total , non-seulement en lui même , mais
dans ses rapports avec ceux qui l'entourent , et
l'analyse de ces conditions conduit souvent à des
lois g<'néîales tout aussi démontrées que celles
qui dérivent du calcul , ou de l'expérience.
Ce n'est que lorsque loutes les lois de la phy-
sique générale et celles qui résultent des condi-
tions d'existence sont épuisées que l'on est ré-
duit aux simples lois d'observations.
METHODES. "J
Le procédé le plus lëcond pour les obtenir est
celui de la comparaisou. Il consiste h observer
successivement le même corps dans les diffé-
rentes positions oii la nature le place , ou à com-
parer entre eux les différens corps jusqu^à ce
que Ton ait reconnu des rapports constans entre
leurs structures et les phénomènes qu'ils mani-
festent. Ces corps divers sont des espèces d'ex-
périences toutes préparées par la nature , qui
ajoute ou retranche à chacun d'eux différentes
parties , comme nous pourrions désirer de le
faire dans nos laboratoires, et nous montre elle-
même les résultats de ces additions ou de ces
retranchemens.
On parvient ainsi a établir de certaines lois
qui règlent ces rapports, et qui s'emploient
comme celles qui ont été déterminées par les
sciences générales.
La liaison de ces lois d'observation avec les
lois générales , faite , soit directement, soit par le
principe des conditions d'existence , compléterait
le système des sciences naturelles en faisant
sentir dans toutes ses parties Finfluence mutuelle
de tous les êtres : c'est a quoi daivent tendre
les efforts de tous ceux qui cultivent ces
sciences.
Mais toutes les recherches de ce genre sun-
IISTRODUCTIOIV.
posent que Ton a les moyens de distinguer
sûrement et de faire distinguer aux autres les
corps dont on s'occupe; autrement l'on, serait
sans cesse exposé a confondre les êtres innom-
brables que la nature présente. L'histoire na-
turelle doit donc avoir pour base ce c|ue l'on
nomme un système de la nature^ ou un grand
catalogue dans lequel tous les êtres portent des
noms convenus 5 puissent être reconnus par des
caractères distinctifs, et soient distribués en
divisions et subdivisions, elles-mêmes nommées
et caractérisées, oii l'on puisse les chercher.
Pour que chaque être puisse toujours se
reconnaître dans ce catalogue, il faut qu'il
porte son caractère avec lui : on ne peut donc
prendre les caractères dans des propriétés ou
dans des habitudes dont l'exercice soit mo-
mentané, m^ais ils doivent être tirés de la
conformation.
presque aucun être n'a de caractère simple ,
ou ne peut être recoimu seulement par un des
traits de sa conformation ; il faut presque toujours
la réunion de plusieurs de ces traits pour dis-
tinguer un être des êtres voisins cjûi en ont bien
aussi quelques-uns, mais qui ne les ont pas
tous, ou les ont combinés avec d'autres qui
manquent au premier être 5 et, plus les êtres
MÉTHODES. 9
que l'on a a distinguer sont nombreux, plus il
faut accumuler de traits; en sorte que, pour
distinguer de tous les autres un être pris
isolément, il faut faire entrer dans son caractère
sa description complète.
C'est pour éviter cet inconvénient que les
divisions et subdivisions ont été inventées. L'on
compare ensemble seulement un certain nombre
d'êtres voisins, et leurs caractères n'ont besoin
qhe d'exprimer leurs différences qui, par la
supposition même, ne sont cpie la moindre
partie de leur conformation. Une telle réunion
s'appelle un genre.
On retomberait dans le même inconvénient
pour distinguer les genres entre eux , si l'on ne
répétait l'opération en réunissant les genres voi-
sins, pour former un oindre y les ordres voisins,
pour former une classe., etc — On peut en-
core établir des subdivisions intermédiaires.
Cet échafaudage de divisions, dont les su-
périeures contiennent les inférieures, est ce
qu'on appelle une jnélJiode. C'est, à quelques
égards, une sorte de dictionnaire où l'on part
des propriétés des choses pour découvrir leurs
noms, et cjuî est l'inverse des dictionnaires
ordinaires oii l'on part des noms pour apprendre
a connaître les propriétés.
10 IJVTRODUCTION.
Mais, quand la méthode est bonne, elle ne
se borne pas à enseigner les noms. Si les subdi-
yisions n'ont pas été établies arbitrairement,
mais si on les a fait reposer snr les véritables
rapports fondamentaux , sur les ressemblances
essentielles des êtres , la méthode est le plus sur
moyen de réduire les propriétés de ces êtres à
des règles générales, de les exprimer dans les
moindres termes et de les graver aisément dans
la mémoire.
Pour la rendre telle , on emploie une com-
paraison assidue des êtres dirigées par le prin-
cipe de la subordination des caractères y qui
dérive lai-même de celui des conditions d'exis-
tence. Les parties d'un être devant toutes avoir
une convenance mutuelle , il est tels traits de
conformation qui en excluent d'autres; il en est
qui, au contraire, en nécessitent; cjuand on
connaît donc tels ou tels traits dans un être ^
on peut calculer ceux qui coexistent avec ceux-
là , ou ceux qui leur sont incompatibles; les
parties , les propriétés ou les traits de confor-
mation qui ont le plus grand nombre de ces rap-
ports d'incompatibilité ou de coexistence avec
d'autres, on en d'autres termes, qui exercent
sur l'ensemble de l'être, l'influence la plus mar-
quée , sont ce que Ton appelle les caractères^
MÉTHODES. ir
importans , les caractères dominateurs y les
autres sont les caractères subordonnés , et il
y en a ainsi de différens degrés.
Cette influence des caractères se détermine
quelquefois d'une manière rationnelle par la
considération de la nature de l'organe ; quand
cela ne se peut , on emploie la simple observa-
tion , et un moyen sur de reconnaître les
caractères importans , lequel dérive de leur
nature même , c'est qu'ils sont les plus rons-
tans; et que dans une longue série d'êtres
divers , rapprochés d'après leurs degrés de si-
militude , ces caractères sont les derniers qui
varient.
De leur influence et de leur constance ré-
sidte également la règle, qu'ils doivent être
préférés pour distinguer les grandes divisions ;
et qu'a mesure que l'on descend aux subdivi-
sions inférieures , on peut descendre aussi aux
caractères subordonnés et variables.
Il ne peut y avoir qu'une méthode parfaite ,
qui est la méthode naturelle; on nomme ainsi
un arrangement dans lecpiel les êtres du même
genre seraient plus voisins entre eux que de
ceux de tous les autres genres; les genres du
même ordre 5 plus que de ceux de tous les autres
ordres ; et ainsi de suite. Cette méthode est
12 INTRODUCTION.
ritlëal auquel riiistoire naturelle doit tendre ;
car il est évident que si l'on y parvenait, l'on
aurait l'expression exacte et complète de la
nature entière. En effet, chaque être est déter-
miné par ses ressemblances et ses différences
avec d'autres, et tous ces rapports seraient par-
faitement rendus par l'arrangement que nous
venons d'indiquer.
En un mot, la méthode naturelle serait toute
la science , et chaque pas qu'on lui fait fiiire
approche la science de son but.
La vie étant de toutes les propriétés des êtres
la plus importante, et de tous les caractères le
plus élevé , il n'y a rien d'étonnant que l'on
en ait fait dans tous les temps le plus général
des principes de distinction , et que l'on ait
toujours réparti les êtres naturels en deux
immenses divisions , celle des êtres vlçans ^
et celle des êtres bruts.
DES ETRES VIVAlS^S , ET DE L'ORGANISATION EN
GÉNÉRAL.
Si pour nous faire une idée juste de l'es-
sence de la vie nous la considérons dans les
êtres oli ses effets sont les plus simples , nous
ORGANISATION EN GÉNÉRAL. l3
nous apercevrons prornptement qu'elle consiste
dans la faculté cjuont certaines combinaisons
corporelles de durer pendant un temps et sous
une forme déterminée , en attirant sans cesse
dans leur composition une partie des substances
environnantes , et en rendant aux élémens des
portions de leur propre substance.
La vie est donc un tourbillon plus ou moins
rapide , plus ou moins compliqué , dont la
direction est constante , et cjui entraîne tou-
jours des molécules de mêmes sortes, mais oii
les molécules individuelles entrent et d'oii elles
sortent continuellement , de manière que la
forme du corps vivant lui est plus essentielle
que sa matière.
Tant que ce mouvement subsiste, le corps
oîi il s'exerce est vivant ; il vit. Lorsque le
^ mouvement s'arrête sans retour, le corps meurt.
Après la mort, les élémens qui le composent ,
livrés aux affinités chimiques ordinaires , ne
tardent point à se séparer , d'oii résulte plus
ou moins promptement la dissolution du corps
c[ui a été vivant. C'était donc par le mouve-
ment vital que la dissolution était arrêtée, et
que les élémens du corps étaient momenta-
nément réunis.
Tous les corps vivans meurent après un
l4 INTRODUCTION.
temps dont la limite extrême est déterminée
pour chaque espèce , et la mort parait être un
effet nécessaire de la vie , qui , par son action
même , altère insensiblement la structure du
corps où elle s'exerce , de manière à y rendre
sa continuation impossible.
Effectivement, le corps vivant éprouve des
changemens graduels , mais constans, pendant
toute sa durée. Il croit d'abord en dimensions,
suivant des proportions et dans des limites
fixées pour chaque espèce et pour chacune de
ses parties : ensuite il augmente en densité dans
la plupart de ses parties : c'est ce second genre
de changement qui paraît être la cause de la
mort naturelle.
Si l'on examine de plus près les divers corps
vivans, on leur trouve une structure commune
qu'un peu de réflexion fait bientôt juger essen-
tielle k un tourbillon tel que le mouvement vital.
Il fallait, en effet, h. ces corps des parties so-
lides pour en assurer la forme, et des parties
fluides pour y entretenir le mouvement. Leur
tissu est donc composé de réseaux et de mailles,
ou de fibres et de lames solides qui renferment
des liquides dans leurs intervalles; c'est dans les
liquides que le mouvement est le plus continuel
et le plus étendu; les substances étrangères pé-
ORGANISATION EN GÉNÉRAL. l5
nètrent le tîssu intime du corps en s'incorporant
à eux ; ce sont eux qui nourrissent les solides
en y interposant leurs molécules ; ce sont eux
aussi qui détachent des solides les molécules
superflues ; c'est sous la forme liquide ou gazeuse
que les matières qui doivent s'exhaler traversent
les pores du corps vivant; mais ce sont à leur
tour les solides qui contiennent les liquides et
qui leur impriment une partie de leur mouve-
ment par leurs contractions.
Cette action mutuelle des solides et des
liquides , ce passage des molécules des uns aux
autres, nécessitait de grands rapports dxins leur
composition chimique ; et effectivement, les so-
lides des corps organisés sont en grande partie
composés d'élémens susceptibles de devenir
facilement liquides ou gazeux.
Le mouvement des liquides, exigeant aussi
une action continuellement répétée de la part
des solides, et leur en faisant éprouver une,
demandait que les solides eussent à la fois de la
flexibilité et de la dilatabilité; et c'est, en effet,
encore là un caractère presque général des
solides organisés.
Cette structure commune à tous les corps
\ivans, ce tissu aréolaire dont les fibres ou les
lames plus ou moins flexibles interceptent des
l6 Ij\TKODUCTIO^^
liquides plus ou moins abondans, est ce quon
Sip^eWeV organisai ion '^ et, en conséquence de
ce c[ue nous venons de dire, il n'y a que les
corps organisés qui puissent jouir de la vie.
L'organisation résulte, comme on voit, d'un
grand nombre de dispositions qui sont toutes
des conditions de la vie 5 et l'on conçoit que le
mouvement général de la vie doive s'arrêter,
si son effet est d'altérer quelqu'une de ces
conditions, de manière a arrêter seulement l'un
des mouvemens partiels dont il se compose.
Chaque corps organisé, outre les qualités
communes de son tissu, a une forme propre,
non-seulement en général et a l'extérieur, mais
jusque dans le détail de la structure de chacune
de ses parties, et c'est de cette forme, qui
détermine la direction particulière de chacun
des mouvemens partiels qui s'exercent en lui,
que dépend la complication du mouvement
général de la vie, qui constitue son espèce, et
fait de lui ce qu'il est. Chaque partie concourt
à ce mouvement général par une action propre
et en éprouve des effets particuliers, en sorte
que, dans chaque être, la vie est un ensemble
qui résulte de l'action et de la réaction mutuelle
de toutes ses parties.
La vie , en général , suppose donc l'organisa-
ORGANISATION EN GÉNÉRAL. ly
tîon en général , et la vie propre de chaque
être suppose Forganisatîon propre de cet être,
comme la marche d'une horloge suppose l'hor-.
loge ; aussi ne voyons - nous la vie que dans
des êtres tout organisés et faits pour en
jouir; et tous les efforts des physiciens n'ont
pu encore nous montrer la matière s'organi-
sant 5 soit d'elle - même , soit par une cause
extérieure quelconque. En effet , la vie exer-
çant sur les élémens qui font à chaque instant
partie du corps vivant , et sur ceux qu'elle y
attire 5 une action contraire à ce que produi-
raient sans elle les affinités chimiques ordi-
naires, il répugne qu'elle puisse être elle-même
produite par ces alfinités , et l'on ne connaît
cependant dans la nature aucune autre force
capable de réunir des molécules auparavant
séparées.
La naissance des êtres organisés est donc le
plus grand mystère de l'économie organique et
de toute la nature ; jusqu'à présent nous les
voyons se développer, mais jamais se former;
il y a plus : tous ceux a l'origine desquels on
a pu remonter , ont tenu d'abord a un corps
de la même forme cju'eux , mais développé
avant eux ; en un mot, a un parent. Tant que
le petit na point de vie propre, mais participe
TOME ïc 3
iS INTRODUCTION.
à celle de son parent , il s'appelle un germe.
Le lieu ou le germe est attaché , la cause
occasionnelle qui le détache et lui donne une
vie isolée varient, mais cette adhérence primi-
tive à un être semblable est une règle sans
exception. La séparation du germe est ce qu'on
nomme génération.
Tous les êtres organisés produisent leius
semblables; autrement la mort étant une suite
nécessaire de la vie , leurs espèces ne pour-
raient subsister.
Les êtres organisés ont même la faculté de
reproduire dans un degré variable, selon leurs
espèces , certaines de leurs parties quand elles
leur sont enlevées. C'est ce qu'pn nomme le
pouvoir de reproduction.
Le développement des êtres organisés est
plus ou moins prompt et plus ou moins étendu,
selon que les circonstances lui sont plus ou
moins favorables. La chaleur, l'abondance et
l'espèce de la nourriture , d'autres causes encore
y influent, et cette influence peut être générale
sur tout le corps, ou partielle pour certains
organes; de la vient que la ^àmilitude des
descendans avec leurs parens ne peut jamais
être parfaite.
Les dilférences de ce genre, entre les êtres
ORGAIN'ISATION EN GÉNÉRAL. IQ
organisés , sont ce qu'on appelle des variétés*
On n'a aucune preuve que toutes les dif-
férences^ qui distinguent aujourd'hui les êtres,
soient de nature à être ainsi produites par les
circonstances. Tout ce que l'on a pu dire sur
ce sujet est hypothétique; l'expérience paraît
montrer au contraire que, dans Fétat actuel du
globe, les variétés sont renfermées dans des
limites assez étroites , et, aussi loin que nous
pouvons remonter dans l'antiquité , nous voyons
que ces limites étaient les mêmes qu'aujourd'hui.
On est donc obligé d'admettre certaine^
formes, qui se sont perpétuées depuis l'origine
des choses , sans excéder ces limites ; et tous les
êtres appartenans à l'une de ces formes cons-
tituent ce que l'on appelle une espèce. Les
variétés sont des subdivisions accidentelles de
l'espèce.
La génération étant le seul moyen de con-
naître les. limites auxquelles les variétés peuvent
s'étendre, on doit détinir l'espèce, la réunion
des individus descendus l un de r autre ou de
parens communs, et de ceux qui leur res-
semblent autant qiiils se ressemblent entre
eux; mais, quoique cette définition soit rigou-
reuse, on sent que son application k des
Individus déterminés peut êtje fort difficile
20 INTRODUCTION.
quand on n'a pas fait les expériences nécessaires.
En résumé , l'absorption , l'assimilation ,
l'exhalation, le développement, la génération,
sont les fonctions communes a tous les corps
vivans; la naissance et la mort, les termes
universels de leur existence ; un tissu aréolaire,
contractile, contenant dans ses mailles des li-
quides ou des gaz en mouvement , l'essence gé-
nérale de leur structure; des substances presque
toutes susceptibles de se convertir en liquides ou
en gaz, et des combinaisons capables de se
transformer aisément les unes dans les autres,
le fonds de leur composition chimique. Des
formes fixes, et qui se perpétuent par la géné-
ration, distinguent leurs espèces, déterminent la
complication des fonctions secondaires propres
à chacune d'elles, et leur assignent le rôle qu'elles
doivent jouer dans l'ensemble de l'univers. Ces
tbrmes ne se produisent ni ne se changent
elles-mêmes; la vie suppose leur existence; elle
ne peut s'allumer que dans des organisations
toutes préparées; et les méditations les plus
profondes, comme les observations les plus
délicates, n'aboutissent qu'au mystère de la
préexistence des germes.
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX. 21
DIVISION DES ETRES ORGANISÉS EN ANIMAUX ET
EN VÉGÉTAUX.
Les êtres vivans ou organisés ont été subdi^
visés, dès les premiers temps, en êtres animés^
c'est-a-dire 5 sensibles et mobiles, et en êtres
inanimés^ qui ne jouissent ni de l'une ni de
l'autre de ces facultés, et qui sont réduits à la
faculté commune de végéter. Quoique plusieurs
plantes retirent leurs feuilles quand on les
touche, que les racines se dirigent constamment
vers l'humidité, les feuilles vers l'air et vers la
lumière, que quelques parties des végétaux
paraissent même montrer des oscillations aux-
quelles l'on n'aperçoitpoint de cause extérieure,
ces divers mouvemens ressemblent trop peu à
ceux des animaux pour qu'on y trouve des
preuves de perception et de volonté
La spontanéité dans les mouvemens des ani-
maux a exigé des modifications essentielles
même dans leurs organes simplement végé-
tatifs. Leurs racines né pénétrant point la terre,
ils devaient pouvoir placer en eux-mêmes des
provisions d'alimens et en porter le réservoir
avec eux. De là dérive le premier caractère des
Q2 INTRODUCTION.
animaux , ou leur cavité intestinale , d'où leiu'
fluide nourricier pénètre leurs autres parties par
des pores ou par des \ aisseaux , qui sont des
espèces de racines intérieures.
L'organisation de cette cavité et de ses appar-
tenances a du varier selon la nature des ali-
mens, et les opérations qu'ils ont à subir avant
de fournir des sucs propres a être absorbés ;
tandis que l'atmosphère et la terre n'apportent
aux végétaux que des sucs déjà prêts à être
absorbés.
Le corps animal, qui avait à remplir des
fonctions plus nombreuses et plus variées que
la plante , pouvant en conséquence avoir une
organisation beaucoup plus compliquée ^ ses
parties ne pouvant d'ailleurs conserver entre
elles une situation fixe, il n'y avait pas moyen
cjue le mouvement de leurs fluides fut pro-
duit par des causes extérieures, et il devait être
indépendant de la chaleur et de l'atmosphère;
telle est la cause du deuxième caractère des
animaux , ou de leur système circulatoire, qui
est moins essentiel que le digestif, parce qu'il
n'était pas nécessaire dans les annnaux les plus
simples.
Les Jonctions animales exigeaient des sys-
tèmes oigaiiiques dont les végétaux n'avaient
A^^IMAUX HT VÉGÉTxVUX. ^3
pas besoin : celui des muscles pour le mouve-
ment volontaire, et celui des nerfs pour la sensi-
bilité 5 et ces deux systèmes n'agissant , comme
tous les autres , que par des mouvemens et des
transformations de liquides ou de fluides , il
fallait que ceux-ci fussent plus nombreux dans
les animaui 5 et que la composition chimique
du corps animal fut plus compliquée que celle
de la plante ; aussi y entre-t-il une substance de
plus (l'azote), comme élément essentiel, tandis
qu'il ne se joint qu'accidentellement dans les
végétaux aux trois autres élémens généraux de
l'organisation , l'oxygène , l'hydrogène et le
carbone. C'est là le troisième caractère des ani-
maux.
Le sol et l'athmosphère présentent aux végé-
taux pour leur nutrition de l'eau , qui se com-
pose d'oxigène et d'hydrogène , de l'air qui
contient de l'oxigène et de l'azote 5 et de l'acide
f arl)onique qui est une combinaison d'oxygène
et de carbone. Pour tirer de ces alimens leur
composition propre, il fallait qu'ils conservassent
Fhydrogène et le carbone, qu'ils exhalassent
l'oxygène superflu, et qu'ils absorbassent peu ou
point d'azote. Telle est aussi la marche de la vie
végétale, dont la fonction essentielle est l'exha-
^4 INTRODUCTION.
lation de l'oxygène , qui s'exécute à l'aide de la
lumière.
Les cinîmaux ont de plus que les végétaux ,
pour nourriture médiate ou immédiate , le
composé végétal , ou l'hydrogène et le car-
bone , entrent comme parties principales. Il
faut pour les ramener à leur composition pro-
pre , qu'ils se débarrassent du trop d'hydro-
gène, surtout du trop de carbone, et qu'ils
accumulent davantage d'azote , c'est ce qu'ils
font dans la respiration , par le moyen de
l'oxygène de l'atmosphère qui se combine avec
l'hydrogène et le carbone de leur sang , et
s'exhale avec eux sous forme d'ean et d'acide
carbonique. L'azote, de quelque part qu'il pé-
nètre dans leur corps, parait y rester.
Les rapports des végétaux et des animaux
avec l'atmosphère sont donc inverses; les pre-
miers défont de l'eau et de l'acide carbonique ,
et les autres en reproduisent. La respiration
est la fonction essentielle à la constitution du
corps animal ; c'est elle en quelque sorte qui
Tanim alise , et nous verrons aussi que les ani-
maux exercent d'autant plus complètement leurs
fonctions animales , qu'ils jouissent d'une res-
piration plus complète. C'est dans ces diffé-
ANIMAUX ET VÉGÉTAUX. nS
rences de rapports que consiste le quatrième
caractère des animaux.
•> DES FORMES PROPRES AUX ÉLÉMENS ORGANIQUES
^ DU CORPS ANIMAL , ET DES COMBINAISONS PRIN-
^- GIPALES DE SES ÉLÉMENS CHIMIQUES.
Un tissu aréolaire et trois élémens chimiques
sont essentiels à tous les corps vivans; un
quatrième élément Test en particulier aux ani-
maux 5 mais ce tissu se compose de diverses
formes de mailles, et ces élémens s'unissent en
diverses combinaisons.
Il y a trois sortes de matériaux organiques
ou de formes de tissu, la cellulosité , \di Jibre
musculaire et la matière médullaire; et, à
chaque forme , appartient une combinaison
propre d'élémens chimiques ainsi qu'une fonc-
tion particulière.
La cellulosité se compose d'une infinité de
petites lames jetées au hasard et interceptant
de petites cellules qui communiquent toutes
ensemble. C'est une espèce d'épongé qui a la
même forme que le corps entier, et toutes les
autres parties la remplissent ou la traversent.
Sa propriété est de se contracter indéfinimeuS
20 Il^rniODUCTION.
quand les causes qui la tiennent étendue
viennent à cesser : cette force est ce qui retient
le corps dans une forme et dans des limites
déterminées.
La ceîlulosité Serrée forme ces lames plus ou
moins étendues que Ton appelle membranes ;
les membranes contouri^ées en cilindres forment
ces tuyaux plus ou moins ramifiés que l'on
nomme vaisseaux ; les filamens , nommés
fibres^ se résolvent en ceîlulosité ; les os ne sont
que de la ceîlulosité durcie par Taccumulation
de substances terreuses.
La matière générale de la ceîlulosité est cette
combinaison cjui porte le nom de gélatine, et
dont le caractère consiste a se dissoudre dans
Feau bouillante et à se prendre , par le refroi-
dissement, en une gelée tremblante.
La matière médullaire n'a encore pu être
réduite en ses molécules organiques; elle parait
a l'œil comme une sorte de bouillie molle oîi
Ton ne distingue que des globules infiniment
petits \ elle n'est point susceptible de mouvemens
apparens , mais c'est en elle que réside le pouvoir
admirable de transmettre au moi les impressions
des sens extérieurs et de porter aux muscles
les ordres de la volonté. Le cerveau en est
composé en giamîe partie 5 la mocliê épinière
ÉLÉMENS ORGANIQUES. I^J
€t les nerfs, qui se distribiieiit a tontes les par-
ties sensibles, ne sont, quant à leur essence ,
que des faisceaux de ses ramifications.
La Jibre charnue ou musculaire est une
sorte particulière de filamens dont la propriété
distinctive, dans l'état de vie, est de se con-
tracter c]uand ils sont touchés ou frappés par
quelque corps, ou quand ils éprouvent, par
Fintermédiaire du nerf, l'action de la volonté.
Les muscles , organes immédiats du mouve-
ment volontaire, ne sont que des faisceaux de
fibres charnues; toutes les membranes, tous les
vaisseaux qui ont besoin d'exercer ime com-
pression quelconque sont armés de ces fibres ;
elles sont toujours intimement unies à des
filets nerveux; mais celles qui concourent aux
fonctions purement végétatives se contractent
à l'insçu du moi, en sorte c[ue la volonté est
bien un moyen de faire agir les fibres , mais ce
moyen n'est ni général , ni unique.
La fibre charnue a pour base une substance
particulière appeléej^èrm^, qui est indissoluble
dans l'eau bouillante, et dont la nature semble
être de prendre d'elle - même cette forme
filamenteuse.
ï^e fluide nourricier ou le sang, tel qu il
est dans les vaisseaux de la circulation, non-
^8 INTRODUCTION.
seulement peut se résoudre, pour la plus grande
partie, dans les élémens généraux du corps
animal, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et
l'azote; mais il contient déjà la fibrine et la
gélatine presque toutes disposées à se con-
tracter et a prendre les formes de membranes
ou de filamens qui leur sont propres, du moins
suffit-il d'un peu de repos pour quelles s'y
manifestent. Le sang manifeste aussi aisément
une combinaison qui se rencontre dans beau-
coup de solides et de fluides animaux , V albu-
mine dont le caractère est de se coaguler dans
l'eau bouillante , et l'on y trouve presque tous
les élémens qui peuvent entrer dans la compo-
sition du corps de chaque animal , comme la
chaux et le phosphore qui durcissent les os des
animaux vertébrés, le fer qui colore le sang
lui-même et diverses autres parties, la graisse
ou l'huile animale qui se dépose dans la celhi-
losité pour l'assouplir, etc. Tous les liquides et
les solides du corps animal se composent
d'élémens chimiques contenus dans le sang ; et
c'est seulement par quelques élémens de moins
ou par d'autres proportions que chacun d'eux
se distingue, d'oii l'on voit que leur formation
ne dépend que de la soustraction de tout ou
partie d'un ou de plusieurs des élémens du
ÉLÉMENS ORGA.NIQUES. 2g
sang, et dans un petit nombre de cas 5 de
l'addition de quelque élément venu d'ailleurs.
Ces opérations, par lesquelles le fluide nour-
ricier entretient la matière solide ou liquide de
toutes les parties du corps , peuvent prendre en
général le nom de sécrétions. Cependant on
réserve souvent ce nom a la production des
liquides, et on donne plus spécialement celui de
nutrition à la production et au dépôt de la
matière nécessaire a Tentretien des solides.
Chaque organe solide , chaque fluide a la
composition convenable pour le rôle qu'il doit
jouer, et la conserve tant que là santé subsiste,
parce que le sang la renouvelle à mesure qu'elle
s'altère. Le sang, en y fournissant continuelle-
ment , altère lui - même la sienne à chaque
instant; mais il y est ramené par la digestion
qui renouvelle sa matière, par la respiration
qui le délivre du carbone et de l'hydrogène
superflus, par la transpiration et diverses autres
excrétions qui lui enlèvent d'autres principes
surabondans.
Ces transformations perpétuelles de compo-
sition chimique forment une partie non moins
essentielle du tourbillon vital que les mouve-
mens visibles et de translation : ceux-ci n'ont
même poar objet que d'amener les premiers.
3o 1 ]N T K o D u c T 1 0 :?r.
Ï)ES FORCES QUI AGISSENT DANS LE COPtPS
ANIMAL.
La fibre musculaire n'est pas seulement Tor-
gane du mouvement volontaire ; nous venons
de voir qu'elle est encore le plus puissant des
moyens que la nature emploie pour opérer
les mouvemens de translation nécessaire a la
vie végétative. Ainsi les fibres des intestins pro-
duisent le mouvement péristaltique qui fiait
parcourir ce canal aux alimens ; les fibres du
cœur et des artères sont les agens de la circu-
lation, et par elle, de toutes les sécrétions, etc.
La volonté met la fibre en contraction par
l'intermède du nerf; et les fibres involontaires ,
telles que celles que nous venons de citer, sont
aussi toutes animées par des nerfs qui s'y ren-
dent; il est donc probable que ce sont ces nerfs^
qui les font contracter.
Toute contraction, et en général tout chan-
gement de dimension dans la nature, s'opère
par un changement de composition chimique,
ne fut-ce cjue par l'afflux ou la retraite d'un
fluide impondérable , tel que le calorique 5
c'est même ainsi cpe se font les plus violens
FORCES ORGANIQUES. 3l
mouvemens connus sur la terre, les inflamnici-
tions, les détonnations, etc.
Il y a donc grande apparence que c'est par
un fluide impondérable que le nerf agît sur
la fibre, d'autant qu'il est bien démontré qu'il
n'y agit pas mécaniquement.
La matière médullaire de tout le système
nerveux est homogène, et doit pouvoir exercer
partout oîi elle se trouve les fonctions qui
appartiennent à sa nature ; toutes ses ramifi-
cations reçoivent une grande abondance de
vaisseaux sanguins.
Tous les fluides animaux étant tirés du sang
par sécrétion , il n'y a pas a douter que le
fluide nerveux ne soit dans le même cas , ni
que la matière médullaire ne le sécrète.
D'un autre côté, il est certain que la ma-
tière médullaire est le seul conducteur du fluide
nerveux 5 tous les autres élémens organiques
lui servent de cohibants , et l'arrêtent^ comme
le verre arrête l'électricité.
Les causes extérieures qui sont capables de
produire des sensations ou d'occasionner des
contractions dans la fibre, sont toutes des agens
chimiques , capables d'opérer des décomposi-
tions , tels que la lumière , le calorique , les
32 INTRODUCTION.
sels, les vapeurs odorantes, la percussion, la
compression, etc., etc. n^
Il y a donc grande apparence que ces causes
agissent sur le fluide nerveux d'une manière
chimique , et en altèrent sa composition ; cela
est d'autant plus vraisemblable , que leur ac-
tion s'émousse en se continuant , comme si le
fluide nerveux avait besoizi de reprendre sa
composition primitive pour pouvoir être altéré
de nouveau.
Les organes extérieurs des sens sont des
sortes de cribles qui ne laissent parvenir sur
le nerf que l'espèce d'agent qui doit l'affecter
à chaque endroit ; la langue a des papilles spon-
gieuses qui s'imbibent des dissolutions salines;
l'oreille , une pulpe gélatineuse qui est ébran-
lée par les vibrations sonores ; l'œil , des len-
tilles transparentes qui ne sont perméables qu'à
la lumière , etc.
Ce que l'on appelle les irritans ou les agens
qui occasionnent les contractions de la fibre,
exercent probablement cette action en faisant
produire sur la fibre, par le nerf, le même effet
qu'y produit la volonté ; c'est-a-dire en altérant
le fluide nerveux de la manière nécessaire pour
changer les dimensions de la fibre sur laquelle il
influe: mais la volonté n'est pour rien dans leur
FORCES Or.GANIQUES. 33
action ; souvent même le moi , \\e\\ a accune
connaissance. Les muscles séparés clu corps sont
encore susceptibles d'irritation tant c[ue la por-
tion de nerf restée avec eux conserve le pouvoir
d'agir sur eux , et la volonté est évidemment
étrangère a ce phénomène.
Le fluide nerveux s'altère par l'irritation
musculaire aussi-bien que par la sensibilité, et
que par le mouvement volontaire , et a de
même besoin d'être rétabli dans sa compo-
sition.
Les mouvemens de translation nécessaires à
la vie végétative sont déterminés par des irri-
tations : les alimens irritent l'intestin , le sancr
irrite le cœur , etc. Ces mouvemens sont tous
soustraits à la volonté, et en général (tant que
la santé dure ) , à la connaissance du moi ^ les
nerfs Cjui les produisent ont même dans plu-
sieurs parties une distribution différente des
nerfs affectés aux sensations ou soumis k la
volonté, et cette distribution paraît avoir pré-
cisément pour objet de les y soustraire.
Les fonctions nerveuses , c'est-à-dire la sen-
sibilité et l'irritabilité musculaire, sont d'autant
plus fortes dans chaque point , cjue leur agent
y est plus abondant; et comme cet agent, ou
TOME I. . 3
34 IIS T II OD UCT ION.
le fluide nerveux , est produit par une sécrë-
lion 5 il doit être d'autant plus abondant qu'il
y a plus de matière médullaire ou sécrétoire, et
que cette matière reçoit plus de sang.
Dans les animaux qui ont une circulation ,
le sang arrive aux parties par les artères qui le
transportent , au moyen de leur irritabilité et
de celle du cœur. Si ces artères sont irritées, elles
agisseut plus vivement et amènent plus de sang;
le fluide nerveux devient plus abondant et aug-
mente la sensibilité locale ; il augmente à son
tour rirrilabilité des artères , et cette action
mutuelle peut aller fort loin. On Tappelle or^
gasme , et quand elle devient douloureuse et
permanente , inflammation. L'irritation peut
aussi commencer par le nerf quand il éprouve
des sensations vives.
Cette influence mutuelle des nerfs et des
fibres, soit du système intestinal, soit du sys-
tème artériel , est le véritable ressort de la vie
végétative dans les animaux.
Comme chaque sens extérieur n'est perméa-
ble qu'à telle ou telle substance sensible , de
même chaque organe intérieur peut n'être ac-
cessible qu'à tel ou tel agent d'irritation. Ainsi
le mercure irrite les glandes salivaires, les can-
FORCES ORGANIQUES. 35
tharides irritent la vessie , etc Ces ageiis
sont ce que Ton nomme des spécifiques.
Le système nerveux étant homogène et con-
tinu 5 les sensations et irritations locales le fa-
tiguent tout entier; et chaque fonction, portée
trop loin , peut affaiblir les autres. Trop d'ali-
mens empêchent de penser ; des méditations
trop prolongées affaiblissent la digestion, etc.
Une irritation locale excessive peut affaiblir
le corps entier , comme si toutes les forces de
la vie se portaient en un seul point.
Une seconde irritation produite sur un autre
point peut diminuer ou, comme on dit, détour-
ner la première ; tel est l'effet des purgatifs ,
des vessîcatoires , etc.
Tout rapide qu'est notre énoncé , il doit
suffire pour établir la possîbiHté de se ren-
dre compte de tous les phénomènes de la vie
physique , par la seule admission d'un fluide
tel que nous venons de le définir, d'après les
propriétés qu'il présente.
3(3 INTRODUCTION.
IDEE SOMMAIRE DES FONCTIONS ET DES ORGANES
DU CORPS DES ANIMAUX , AINSI QUE DES DIVERS
DEGRÉS DE LEUR COMPLICATION
x\pBÈs ce que nous venons de dire des ëlé-
mens organiques du corps , de ses principes
chimiques et des forces qui agissent en lui, nous
n'avons plus qu'a donner une idée sommaire
des fonctions de détail dont la vie se compose ^
et des organes qui leur sont affectés.
Les fonctions du corps animal se divisent en
deux classes.
Les fonctions animales ou propres aux ani-
maux 5 c'est-à-dire la sensibilité et le mouve-
ment volontaire.
Les fonctions vitales, végétatives, ou com-
munes aux animaux et aux végétaux, c'est-
à<lire la nutrition et la génération.
La sensibilité réside dans le système ner-
veux.
Le sens extérieur le plus général est le tou-
clier \ son siège est à la peau , membrane en-
veloppant; le corps entier, et traversée de toute
part par des nerfs dont les derniers fdets s'épa-
FONCTIONS ORGANIQUES. '5']
nouîssent en papilles k sa surface, et y sont
garantis par l'épidernie , et par cVaiitres tégu-
mens insensibles, tels qne poiis,. écailles, etc.
Le goùt et Fodorat ne sont que des touchers
plus délicats , pour lesquels la peau de la langue
et des narines est particulièrement organisée ;
la première , au moyen de papilles plus bom-
bées et plus spongieuses; la seconde , par son
extrême délicatesse et la multiplication de sa
snrface toujours humide. Nous avons déjà parlé
de l'oeil et de l'oreille en général. L'organe de
la génération est doué d'un sixième sens qui
est dans sa peau intérieure ; celle de l'estomac
et des intestins fait connaître aussi , par des
sensations propres , l'état de ses viscères, il
peut naître enfin dans toutes les parties du corps,
par des accidens ou par des maladies , des sen-
sations plus ou moins douloureuses.
Beaucoup d'animaux manquent d'oreilles et
de narines ; plusieurs d'yeux ; il y en a cpii
sont réduits au toucher , lequel ne manque
amais.
L'action reçue par les organes extérieurs se
propage par les nerfs jusqu'aux masses cen-
trales du système nerveux qui, dans les ani-
maux supérieurs , se composent du cerveau et
de la moelle épinière. Plus l'animal est d'ime
38 INTRODUCTION.
nature élevée, plus le cerveau est volumineux,
plus le pouvoir sensitif y est concentré ; à me-
sure que l'animal est placé plus bas dans l'é-
chelle 5 les masses médullaires se dispersent ;
dans les genres les plus imparfaits, la substance
nerveuse toute entière semble se fondre dans
la substance générale du corps.
^ On nomme tête , la partie du corps qui con-
tient le cerveau et les principaux organes des
sens.
Quand l'animal a reçu une sensation , et
quelle détermine en lui une volonté, c'est en-
core par les nerfs qu'il transmet cette volonté
aux muscles.
Les muscles sont des faisceaux de fibres char-
nues dont les contractions produisent tous les
mouvemens du corps animal. Les extensions
des membres, tous les prolongemens des par-
ties, sont l'effet de contractions musculaires,
aussi-bien c[ue les flexions et les raccourcisse-
mens. Les muscles de chaque animal sont dis-
posés en nombre et en direction pour les mou-
vemens qu'il peut avoir à exécuter ; et quand
ces mouvemens doivent se faire avec quelque
vigueur , les muscles s'insèrent a des parties
dures articulées les unes sur les autres , et qui
peuvent être considérées comme autant de le-
FONCTIONS ORGANIQUES. 3^}
\iers. Ces parties portent le nom d'os dans les
animaux vertèbres , où elles sont intérieures
et formées d'une masse gélatineuse, pénétrée
de molécules de phosphate de chaux. On les
appelle coquilles , croûtes , écailles dans les
mollusques, les crustacés, les insectes, où elles
sont extérieures et composées de substance cal-
caire ou cornée, qui transsude entre la peau
et ré])iderme.
Les fibres charnues s'insèrent aux parties
dures , par le moyen d'autres fibres d'une na-
ture gélatineuse , qui ont l'air d'être la conti-
nuation des premières, et qui forment ce que
l'on appelle des tendons.
Les configurations des faces articulaires des
parties dures limitent leurs mouvemens , cpi
sont encore contenus par des faisceaux ou des
enveloppes attachées aux côtés des articula-
tions , et qu'on appelle des ligamens.
C'est d après les diverses dispositions de ces
appareils osseux et musculaires , et d'après la
forme et la proportion des membres qui en ré-
sultent , que les animaux sont en état d'exé-
cuter les innombrables mouvemens qui entrent
dans la marche , le saut, le vol et la natation.
Les fibres musculaires affectées a la dii[?estioa
et a la circulation ne sont pas soumises à
4 O INTRODUCTION.
volonté; elles reçoivent cependant des nerfs ,
mais 5 comme nous l'avons dit , les principaux
de ceux qui s'y rendent éprouvent des subdi-
visions et des renflemens qui paraissent avoir
pour objet de les soustraire à l'empire du moi.
Ce n'est que dans les passions et les autres
affections fortes de l'àme que l'empire du moi se
fait sentir malgré ces barrières, et presque tou-
jours c'est pour troubler l'ordre de ces fonc-
tions végétatives. Ce n'est aussi que dans l'état
maladif que ces fonctions sont accompagnées
de sensations. Ordinairement la digestion s'o-
père sans que l'animal s'en aperçoive.
Les aîimens , divisés par les mâchoires et
par les dents , ou pompés quand l'animal n'en
prend que de liquides , sont avalés par des
mouvemens musculaires de l'arrière-bouche et
du gosier, et déposés dans les premières parties
du canal alimentaire, ordinairement renflées en
un ou plusieurs estomacs; i!s y sont pénétrés
par des sucs propres à les dissoudre.
Conduits ensuite dans le reste du canal, ils
y reçoivent encore d'autres sucs destinés à
achever leur préparation. Les parois du canal
ont des pores qui tirent de cette masse alimen-
taire la portion convenable pour la nutrition ,
et le résidu inutile est rejeté comme excrément.
FONCTIONS ORGANIQUES. 4^
Le canal dans lequel s'opère ce premier acte
de la nutrition, est une continuation de la peau,
et se compose de lames semblables aux siennes;
les fibres même c|ui l'entourent sont analogues à
celles qui adhèrent a la face interne de la peau,
et cju'on nomme la pannicule charnue 5 il se
fait dans tout l'intérieur du canal une transsu-
dation qui a des rapports avec la transpira-
tion cutanée , et qui deyient plus abondante
cjuand celle-ci est supprimée ; la peau exerce
même une absorption iojt analogue à celle des
intestins,
îl n'y a crue les derniers des animaux oii les
excrémens ressortent par la bouche , et dont
l'intestin ait la forme d'un sac sans issue.
Le nombre de ceux 011 le suc nourricier, ab-
sorbé par les parois de TiiUeslio , se répand im-
médiatement dans toute la spongiositédu corps,
est plus considérable , car toute la classe des
insectes parait aussi y appartenir.
Mais à compter des arachnides et des \ers 5
le suc nourricier circule dans un système de
vaisseaux clos , dont les derniers rameaux seuls
en dispensent les molécules aux parties c[ui
doivent en être entretenues; les vaisseaux cjui
portent ainsi le fluide nourricier aux parties
se nomment artères ; ceux qui le rapportent
4^ INTRODUCTION.
an centre de la circulation se nomment veines^
le tourbillon circulatoire est tantôt simple ,
tantôt double , et même triple ( en comptant
celui de la veine porte ) ; la rapidité de son
mouvement est souvent aidée par les contrac-
tions de certains appareils charnus que l'on
nomme cœurs ^ et qui sont placés à l'un ou
a l'autre des centres de circulation, quelque-
fois à tous les deux.
Dans les animaux vertébrés et a sang rouge ,
le fluide nourricier sort blanc des intestins , et
porte alors le nom de chyle ; il aboutit par des
vaisseaux particuliers , nommés lactés, dans le
système veineux , oii il se mcle avec le sang.
Des vaisseaux semblables aux lactés , et for-
mant avec eux un ensemble appelé système
lymphatique , rapportent aussi dans le sang
veineux le résidu de la nutrition des parties ^
et les produits de Tabsorpiion cutaure.
Pour que le sang soit propre a nourrir les
parties , il faut qu'il éprouve de la part de i'é-
lément ambiant, par la respiration, la modifi-
cation dont nous avons parlé ci-dessus. Dans
les animaux qui ont une circulation, une partie
des vaisseaux est destinée a porttr le sang dans
des organes oii ils le subdivisent sur une grande
surface, pour que l'action de l'élément ambiant
FONCTIONS ORGANIQUES. 4^
soît plus forte. Quand cet élément est de l'air ,
la surface est creuse et se nomme poumon ;
quand c'est de Teau ^ elle est saillante , et s'ap-
pelle hrarichie. Il y a toujours des organes de
mouvement disposés pour amener l'élément
ambiant dans ou sur l'organe respiratoire.
Daiis les animaux qui n'ont pas de circula-
tion 5 l'air se répand dans tous les points du
corps par des vaisseaux élastiques appelés tra-
chées 5 où l'eau agit ^ soit en pénétrant aussi
par des vaisseaux , soit en baignant seulement
la surface de la peau.
Le sang qui a respiré est propre à rétablir la
composition de toutes les parties , et a opérer
ce qu'on appelle la nutrition proprement dite.
C'est une grande merveille que cette facilité
qu'il a de se décomposer dans chaque point de
manière à y laisser précisément l'espèce de mo-
lécules qui y est nécessaire ; mais c'est cette
merveille qui constitue toute la vie végétative.
On ne voit, pour la nutrition des solides, d'au-
tre arrangement qu'une grande subdivision des
dernières branches artérielles ; mais pour la
production des liquides, les appareils sont plus
variés et plus compliqués ; tantôt ces dernières
extrémités des vaisseaux s'épanouissent simple-
ment sur de grandes surfaces d'oii s'exhale le
44 INTRODUCTION.
liquide produit; tantôt c'est dans le fond de pe-
tites cavités 5 d'où ce liquide suinte ; le plus sou-
vent ces extrémités artérielles, avant de se
changer en veines, donnent naissance à des vais-
seaux particuliers qui transportent ce liquide j
et c'est au point d'union des deux genres de
vaisseaux qu'il paraît naître; alors les vaisseaux
sanguins et ces vaisseaux 'à^^iAés propres , for-
ment, par leur entrelacement , des corps nom-
més glandes conglomérées ou sécrétoires.Dans
les animaux qui n'ont pas de circulation, le
fluide nourricier baigne toutes les parties; cha-
cune d'elles y puise les molécules nécessaires à
son entretien ; s'il faut que quelque liquide soit
produit , des vaisseaux propres flottent dans le
fluide nourricier, et y pompent , parleurs pores ,
les élémens nécessaires a la composition de ce
liquide.
C'est ainsi que le sang entretient sans 'cesse
la composition de toutes les parties et y répare
les altérations qui sout la suite continuelle et
nécessaire de leurs fonctions. Les Idées géné-
rales que nous pouvons nous faire de cette opé-
ration, sont assez claires, quoique nous n'ayons
pas de notion distincte et détaillée de ce qui se
passe sur chaque point; et que, faute de connaî-
tre la composition chimiqtie de chaque partie
FONCTIONS ORGANIQUES. 4^
avec assez de précision , nous ne puissions nous
rendre un compte exact des transformations né-
cessaires pour la produire.
Outre les glandes qui séparent du sang les
liquides qui doivent jouer quelque rôle dans
l'économie intérieure, il en est qui en séparent
des liquides destinés à être rejetés au dehors ,
soit simplement comme matières superflues ,
telles que V urine qui est produite par les reins ^
soit pour quelcjue utilité de l'animal, comme
l'encre des sèches, la pourpre de divers autres
mollusques, etc. . .
Quant à la génération, il y a une opération
ou un phénomène encore bien autrement diffi-
cile à concevoir que les sécrétions, c'est la
production du germe. Nous avons vu même
qu'on doit la regarder a peu près comme in-
compréhensible; mais, une fois l'existence du
germe admise , il n'y a point sur la génération
de difficulté particulière. Tant qu'il adhère à sa
mère, il est nourri comme s'il était un de ses
organes; et une fois qu'il s'en détache , il a lui-
même sa vie propre cjui est au fond semblable
à celle de l'adulte.
Le germe, Fembrion , le fétus, le petit nou-
veau-né ne sont cependant jamais parfaitement
de la même forme que l'adulte , et leur différence
46 INTRODUCTION.
est quelquefois assez grande pour que leur
assimilation ait mérité le nom de métamorphose.
Ainsi 5 personne ne devinerait, s'il ne l'avait
observé ou appris, qu'une chenille dût devenir
mi papillon.
Tous les êtres vivansse métamorphosent plus
ou moins dans le cours de leur accroissement,
c'est-k-dire , qu'ils perdent certaines parties et
en développent qui étaient auparavant moins
considérables. Les antennes, les ailes, toutes
les parties du papillon étaient enfermées sous
la peau de chenille; cette peau disparait avec
des mâchoires, des pieds et d'autres organes
qui ne restent pas au papillon. Les pieds de la
grenouille sont renfermés dans la peau du
têtard, et le têtard, pour devenir grenouille ,
perd sa queue, sa bouche et ses branchies.
L'enfant même, en naissant, perd son placenta
et ses enveloppes; a un certain âge, il perd
presque son tymus, et il gagne petit à petit des
cheveux , des dents et de la barbe ; les rapports
de grandeur de ses organes changent, et son
corps augmente à proportion plus que sa tête,
sa tête plus que son oreille interne, etc.
Le lieu où les germes se montrent, l'assem-
blage de ces germes se nomme Voçaire; le
canal , par où les germes une fois détachés se
FONCTIONS ORGANIQUES. 4?
rendent au dehors, Yoçjcluctiis ; la cavité où
ils sont obligés, dans plusieurs espèces, de
séjourner un temps plus ou moins long avant de
naître , la matrice ou Vutériis ; l'orifice extérieur
par lequel ils sortent, la vuUe. Quand il y a des
sexes, le sexe mâle est celui qui féconde ; le sexe
femelle celui dans lequel les germes paraissent.
La li 'uenr fécondante se nomme sperme ; les
glîuides qu! la séparent du sang, testicules'^ et,
quand il laut qu'elle soit introduite dans le
corps de la femelle, l'organe qui l'y porte
s'appelle verge-
EXPOSE RAPIDE DES FONCTIONS INTELLEC-
TUELLES DES ANIMAUX.
L'impression des ol)jets extérieurs sur le
MOI , la production d'une sensation , d'une
image, est un mystère impénétrable pour notre
esprit, et le matérialisme une hypothèse d'au-
tant plus hasardée que la philosophie ne peut
donner aucune preuve directe de l'existence
effective de la matière. Mais le naturaliste doit
examiner quelles paraissent être les conditions
matérielles de la sensation; il doit suivre les
opérations ultérieures de l'esprit, reconnaître
48 INTRODUCTION.
jusqu'à quel point elles s'élèvent clans chaque
être, et s'assurer s'il n'y a pas encore pour elles
des conditions de perfection dépendantes de
l'organisation de chaque espèce ou de l'état
momentané du corps de chaque individu.
Pour que le moi perçoive, il faut cju'il y ait
une communication nerveuse non interrompue
entre le sens extérieur et les masses centrales
du système médullaire. Ce n'est donc que la
modification éprouvée par ces masses que le
moi perçoit; aussi peut-il y avoir des sensations
très-réelles sans que l'organe extérieur soit
affecté, et qui naissent, soit dans le trajet
nerveux^ soit dans la masse centrale même : ce
sont les rêves et les visions, ou certaines sen-
sations accidentelles.
Par masses centrales, nous entendons une
partie du système nerveux d'autant plus cir-
conscrite que l'animal est plus parfait. Dans
l'homme , c'est exclusivement une portion res-
treinte du cerveau; mais dans les reptiles, c'est
déjà le cerveau et la moelle entière de chacune
de leurs parties prise séparément, en sorte que
l'absence de tout le cerveau n'empêche pas de
sentir. L'extension est bien plus grande encore
dans les classes inférieures.
La perception acquise par le moi produit
FONCTIOISS INTELLECTUELLES. 49
Vîmage de la sensation éprouvée. Nous re-
portons hors de nous la cause de la sensation,
et nous nous donnons ainsi Vidée de l'objet qui
l'a produite. Par une loi nécessaire de :notre
intelligence, toutes les idées d'objets matériels
sont dans le temps et dans l'espace.
Les modifications éprouvées par les masses
médullaires y laissent des impressions qui se
reproduisent, et rappellent à l'esprit les images
et les idées : c'est la m^'mo/r^, faculté corporelle
qui varie beaucoup selon l'âge et la santé.
Les idées qui se ressemblent, ou qui ont été
acquises en même temps , se rappellent l'une
l'autre : c'est X association des idées. L'ordre ,
l'étendue et la promptitude de cette association
constituent la perfection de la mémoire.
Chaque objet se présente à la mémoire avec
toutes ses qualités ou avec toutes les idées
accessoires.
Uintelligence a le pouvoir de séparer ces
idées accessoires des objets, et de réunir celles
qui se retrouvent les mêmes dans plusieurs
objets, sous une idée générale, dont l'objet
n'existe réellement nulle part et ne se présente
non plus nullement isolé : c'est Y abstraction.
Toute sensation étant plus ou moins agréable
ou désagréable, lexpérience et des essais répétés
T03IE I. 4 .
5o INTRODUCTION.
moatreat promptement les mouvemens qu'il
faut faire pour se procurer les unes et éviter
les autres, et l'intelligence s'abstrait, a cet
égard , des règles générales pour diriger la
volonté.
Une sensation agréable pouvant avoir des
suites qui ne le sont pas , et réciproquement
les sensations subséquentes s'associent à l'idée
de la sensation primitive, et modifient a son
égard les règles abstraites par l'intelligence :
c'est la prudence.
De l'application des règles aux idées géné-
rales, résultent des espèces de formules qui
s'adaptent ensuite aisément aux cas particuliers :
c'est le raisonnement.
Un vif souvenir des sensationis primitives et
associées, et des impressions de plaisir et de
peine qui s'y rattachent : c'est V imagination.
Un être privilégié , l'homme , a la faculté
d'associer ses idées générales à des images par-
ticulières et plus ou moins arbitraires, aisées à
graver dans la mémoire, et qui lui servent à
rappeler les idées générales qu'elles représentent.
Ces images associées sont ce qu'on appelle des
signes ; leur ensemble est le langage. Quand
le langage se compose d'images relatives au sens
<le l'ouïe ou de sons^ on le nomme la parole.
FONCTIONS INTELLECTUELLES. 5l
Quand ce sont des images relatives au sens de
la vue, on les nomme hyéroglyphes. Uécritm^e
est une suite d'images relatives au sens de la
vue nar lesquelles nous représentons les sons
élémentaires, et, en les combinant , toutes les
images relatives au sens de l'ouïe dont se com-
pose la parole ; elle n'est donc qu'une repré-
sentation médiate des idées.
Cette faculié de représenter les idées gé-
nérales par des signes ou images particulières
qu'on leur associe, aide à en retenir distinctement
dans la mémoire, et a s'en rappeler sans con-
fusion , une quantité immense, et fournit au
raisonnement et à l'imagination d'innombrables
matériaux, et aux individus des moyens de
communication qui font participer toute l'espèce
à l'expérience de chacun d'eux ;, en sorte que les
connaissances peuvent s'élever indéfiniment par
la suite des siècles : elle est le caractère distinctif
de l'intelligence humaine.
Les animaux les plus parfaits sont infiniment
au-dessous de l'homme pour les facultés intel-
lectuelles, et il est cependant certain que leur
intelligence exécute des opérations du même
genre. Ils se meuvent en conséquence des sen-
sations qu'ils reçoivent; ils sont susceptibles
d'affections durables ; ils acquièrent parl'expé-
52 INTRODUCTION.
rience une certaine connaissance des choses^
d'après laquelle ils se conduisent, indépendam-
ment de la peine et du plaisir actuels, et par la
seule prévoyance des suites. En domesticité,
ils sentent leur subordination, savent que l'être
qui les punit est libre de ne le pas faire,
prennent devant lui Fair suppliant quand ils
se sentent coupables ou qu'ils le voient fâché.
Ils se perfectionnent ou se corrompent dans la
société de l'homme 5 ils sont susceptibles d'ému-
lation et de jalousie; ils ont entre eux un
langage naturel qui n'est, a la vérité, que
l'expression de leurs sensations du moment;
mais l'homme leur apprend k entendre un lan-
gage beaucoup plus compliqué par lequel il
leur fait connaître ses volontés et les détermine
à les exécuter.
En un mot, on aperçoit dans les animaux
supérieiu^s un certain degré de raisonnement
avec tous ses effets bons et mauvais, et qui
parait être a peu près le même que celui des
enfans lorsqu'ils n'ont pas encore appris à parler.
A mesure qu'on descend à des animaux plus
éloignés de Fliomme, ces facultés s'affaiblissent;
et, dans les dernières classes, elles finissent par
se réduire à des signes, encore quelquefois équi-
voques 5 de sensibilité,, c'est-à-dire, à quelques
FONCTIONS INTELLECTUELLES. 53
mouvemens peu énergiques pour échapper à la
douleur. Les degrés entre ces deux extrêmes
sont infinis.
Mais il existe dans un grand nombre d'ani-
maux une faculté différente de l'intelligence;
c'est celle qu'on nomme instinct. Elle leur fait
produire de certaines actions nécessaires a la
conservation de l'espèce, mais souvent tout à
fait étrangères aux besoins apparens des indi-
vidus, souvent aussi très-compliquées, et qui,
pour être attribuées a l'intelligence, suppo-
^ seraient une prévoj^ance et des connaissances
infiniment supérieures k celles qu'on peut ad-
mettre dans les espèces qui les exécutent. Ces
actions, produites par l'instinct, ne sont point
•non plus l'effet de l'imitation, car les individus
qui les pratiquent ne les^ont souvent jamais vu
faire à d'autres; elles ne sont point en proportion
avec l'intelligence ordinaire , mais deviennent
plus singulières, plus savantes, plus désinté-
ressées, k mesure que les animaux appartiennent
a des classes moins élevées, et, dans tout le
reste, plus stupides. Elles sont si bien la pro-
priété de l'espèce , que tous les individus les
exercent de la même manière sans y rien
perfectionner.
Ainsi les abeilles ouvrières construisent^ de-
54 INTRODUCTION.
puis le commencement du monde, des ëdiiices
très-ingénieux , calcules d'après la plus haute
géométrie , et destinés à loger et a nourrir une
postérité qui n'est pas même la leur. Les abeilles
et les guépe^ solitaires forment aussi des nids
très-compliqués pour y déposer leurs oeufs. Il
sort de cet œuf un ver qui n'a jamais vu sa
mère, qui ne connaît point ia structure de la pri-
son où il est enfermé, et qui, une fois méta-
morphosé , en construit cependant une parfaite- '
ment semblable pour son propre œuf.
On ne peut se faire d'idée claire de l'instinct,
qu'en admettant que ces animaux ont dans leur
sensorium des images ou sensations innées et
constantes, quiîes déterminent a agir comme les
sensations ordinaires et accidentelles détermi-
nent communément. C'est une sorte de rêve ou
de vision qui les poursuit toujours et dans tout
ce qui a rapport à leur instincî;; on peut les
regarder comme des espèces de somnambules.
L'instinct a été accordé aux animaux comme
supplément de Finteîîigence 5 et pour concourir
avec elle, et avec la force et ia fécondité, au
juste degré de conservation de chaque espèce.
L'instinct n'a aucune marque visible dans la
conformation de l'animal ; mais l'intelligence ,
autant qu'on a pu l'observer, est dans une pro-
FONCTIONS INTELLECTUELLES. 55
portion constante avec la grandeur relative du
cerveau, et surtout de ses hémisphères.
DE LA MÉTHODE DANS SON APPLICATION AU
RÉGNE ANIMAL.
D'après ce que nous avons dît sur les mé-
thodes en général, il s'agît de savoir quels sont
dans les animaux les caractères les plus influens
dont il faudra foire les bases de leurs premières
divisions. Il est clair que ce doivent être ceux
qui se tirent des fonctions animales; c'est-à-dire,
des sensations et du mouvement, car non-seu-
lement ils font de l'être un animal , mais ils
établissent en quelque sorte le degré de son ani-
malité.
L'observation confirme ce raisonnement , en
montrant que leurs degrés de développement et
de complication concordent avec ceux des or-
ganes des fonctions végétatives.
Le cœur et les organes de la circulation son t une
espèce de centre pour les fonctions végétatives ,
comme le cerveau et le tronc du système ner-
veux pour les ibnciions animales. Or , nous
voyons ces deux systèmes se dégrader et dispa-
raître Tun avec l'autre. Dans les derniers de*
56 INTRODUCTION.
animaux , lorsqu'il n'y a plus de nerfs visibles*,
il n'y a plus de fibres distinctes , el les organes
de la digestion sont simplement creusés dans la
niasse homogène du corps. Le système vascu-
laire disparaît même avant le système nerveux
dans les insectes ^ mais, en général, la dispersion
des masses médullaires répond a celle des agens
musculaires , une moelle épinière sur laquelle
des nœuds ou ganglions représentent autant de
cerveaux , correspond a un corps divisé en an-
neaux nombreux et porté sur des paires de
membres réparties sur sa longueur , etc.
Cette correspondance des formes générales ,
qui résultent de l'arrangement des organes mo-
teurs, de la distribution des masses nerveuses ,
et de l'énergie du système circulatoire, doit
donc servir de base aux premières coupures k
faire dans le règne animal.
Nous examinerons ensuite , dans chacune de
ces coupures, quels caractères doivent succéder
immédiatement à ceux-îa et donner lieu aux
premières subdivisions.
DIVISÎON DES ANIMAUX. 5j
DISTRIBUTION GÉNt RALE DU RÈGNE ANIMAL
EN QUATRE GRANDES DIVISIONS.
Si l'on considère le règne animal d'après les
principes que nous venons de poser , en se dé-
barrassant des préjugés établis sur les divisions
anciennement admises, en n'ayant égard qu'à
l'organisation et à la nature des animaux , et
non pas a leur grandeur , a leur utilité , au
plus ou moins de connaissance que nous en
avons , ni a toutes les autres circonstances ac-
cessoires, on trouvera qu'il existe c[uatre formes
principales, cpiatre plans généraux, si l'on peut
s'exprimer ainsi, d'après lesquels tous les ani-
maux semblent avoir été modelés , et dont les
divisions ultérieures, de, quelque titre que les
naturalistes les aient décorées , ne sont que des
modifications assez légères , fondées sur le déve-
loppement ou l'addition de quelques parties,
qui ne changent rien a l'essence du plan.
Dans la première de ces formes, qid est celle
de l'homme et des animaux qui lui ressemblent
le plus, le cerveau et le tronc principal du sys-
tème nerveux sont renfermés dans une enve-
loppe osseuse , qui se compose du crâne et des
vertèbresp aux côtés de cette colonne mitoyenne
58 INTRODUCTION.
s'attachent les côtes et les os des membres qui
forment la charpente du corps ; les muscles
recouvrent en général les os qu'ils font agir, et
les viscères sont renfermés dans la te te et dans
le tronc.
Nous appelerons les animaux de cette forme
les ANIMAUX vEKTÉBPvÉs. {jlniniaUa veriehrata^
Ils ont tous le sang rouge , un cœur muscu-
laire ; une bouche a deux mâchoires horizon-
tales; des organes distincts de la vue, de l'ouïe,
de l'odorat et du goiU, placés dans les cavités de
la face ; jamais p!us de quatre membres ; des
sexes toujours séparés , et une distribution k
peu près la même des masses médullaires et des
principales branches du sytème nerveux.
En examinant de plus près chacune des par-
ties de ce grand système, on y trouve toujours
quelque analogie , même dans les espèces les
plus éloignées l'une de l'autre, et Ton peut sui-
vre les dégradations d'un même plan , depuis
Thomme jusqu'au dernier des poissons.
Dans la deuxième forme, il n'y a point de
squelette ; les muscles sont attachés seulement
à la peau, qui forme une enveloppe molle, con«
tractile en divers sens , dans laquelle s'engen-
drent, en beaucoup d'espèces, des plaques pier-
reuses , appelées coquilles , dont la position et
DIVISION DES ANIMAUX. 5g
la production sont analogues a celle du corps
muqueux ; le système nerveux est avec les vis-
cères dans cette enveloppe générale, et se com-
pose de plusieurs masses éparses, réunies par des
filets nerveux 5 dont les principales , placées sur
l'œsophage , portent le nom de cerveau. Des
quatre sens propres , on ne dis lingue plus que
les organes de celui du goût et de celui de la
vue^ encore ces derniers manquent-ils souvent.
Une seule famille montre des organes de l'ouïe.
Du reste il y a toujours un système complet de
circulation, et des organes particuliers pour la
respiration. Ceux de la digestion et des sécré-
tions sont à peu près aussi compliqués que dans
les animaux vertébrés.
Nous appeîerons ces animaux de la seconde
forme. Animaux mollusques. {Animalia mol-
liisca, )
Quoique le plan général de leur organisa-
lion ne soit pas aussi uniforme , c|uant à la
configuration extérieure des parties , que celui
des animaux vertébrés, il y a toujours entre ces
parties une ressemblance au moins du même
degré dans la structure et dans les fonctions.
La troisième forme est celle qu'on observe
dans les insectes , les vers , etc. Leur système
nerveux consiste en deux longs cordons régnans
60 INTRODUCTION.
le long du ventre , renflés d'espace en espace en
nœuds ou ganglions. Le premier de ces nœuds ,
placé sur l'œsophage, et nommé cerveau, n'est
guère plus grand que les autres. L'enveloppe de
leur tronc est divisée par des plis transverses en
un certain nombre d'anneaux , dont les tégu-
mens sont tantôt durs, tantôt mous, mais où les
mu^scles sont toujours attachés à l'intérieur. Le
tronc porte souvent à ses côtés des membres
articulés ; mais souvent aussi il en est dé-
pourvu.
Nous donnerons à ces animaux le nom d' Ani-
maux ARTICULÉS. ( Animalia articulata. )
C'est parmi eux que s'observe le passage de
la circulation dans des vaisseaux fermés , à la
nutrition par imbibition, et le passage corres-
pondant de la respiration dans les organes cir-
conscrits , k celle qui se fait par des trachées
ou vaisseaux aériens répandus dans tout le
corps. Les organes du goût et de la vue sont
les plus distincts chez eux : une seule famille
en montre pour l'ouïe. Leurs mâchoires ^ quand
lis en ont, soilt toujours latérales.
Enfin la quatrième forme, qui embrasse tous
les animaux connus sous le nom de ZoophyteSy
peut aussi porter le nom d' Animaiix rayonnes.
( Animalia radiata^ )
DIVISION DES a:nimaux. 6ï
Dans tous les précédens, les organes du mouve-
ment et des sens étaient disposés symétrique-
ment aux deux côtés d'un axe. Dans ceux-ci ,
ils le sont circulairement autour d'un centre.
Ils approchent de riiomogénéité des plantes; on
ne leur voit ni système nerveux bien distinct ,
ni organes de sens particuliers : à peine aper-
çoit-on dans quelques-uns des vestiges de cir-
culation ; leurs organes respiratoires sont pres-
que toujours à la surlace de leur corps *, le
plus grand nombre n'a qu'un sac sans issue ,
pour tout intestin , et les dernières familles ne
présentent qu'une sorte de pulpe homogène ,
mobile et sensible (i).
(i) IS"". B. Avant moi, les naturalistes divisaient tous les animaux non
verle'brés en deux classes, les insectes et les vers. J'ai commence à atta-
quer cette manière de voir, et pre'senté une autre division, dans un mé-
moire lu à la société d'Histoire naturelle de Paris , le 21 floréal an III, ou
le 10 mai lygS , et imprimé dans la Décade philosophique , où je marque
les caractères et les limites des mollusques , des crustacés , des insectes , des
vers , des échinodermes et des zoophytes. J'ai distingué les vers à sang
rouge ou annelides , dans un mémoire lu à l'Institut le 1 1 nivôse an X , ou le
3i décembre 1801. J'ai ensuite réparti ces diverses classes en trois embran-
chemens comparables chacun à celui des animaux vertébrés , dans un mé-
moire lu à l'Institut en juillet 1812, imprimé dans les annales du mus.
d'Hist. nat. , tome XIX.
62
PREMIÈRE GRANDE DIVISION
DU RÈGNE ANIMAL.
LES ANIMAUX VERTÉBRÉS.
LeuPv corps et leurs membres étant soute-
nus par une charpente composée de pièces
liées et mobiles les unes sur les autres , ils
ont plus de précision et de vigueur dans leurs
mouvemens ^ la solidité de ce support leur
permet d'atteindre une grande taille , et c'est
parmi eux que se trouvent les plus grands des
animaux.
Leur système nerveux plus concentré ^ ses
parties centrales plus volumineuses , donnent
a leurs sentimens plus d'énergie et plus de
durée , d'où résulte une intelligence supérieure
et plus de perfectibilité.
Leur corps se compose toujours de la tète ,
du tronc et des membres.
La tête est formée du crâne qui renferme le
cerveau 5 et de la face, qui se compose des deux
mâchoires et des réceptacles des organes des sens.
Leur tronc est soutenu par l'épine du dos ,
et les cotes.
L'épine est composée de vertèbres mobiles
ANIMAUX VERTÉBRÉS. 63
les unes sur les autres, dont la première porte
la tête, et qui ont toutes une partie annulaire
et forment ensemble un canal , où se loge ce
faisceau commun du système nerveux , qu'on
appelle moelle de Fèpine.
Le plus souvent l'épine se prolonge en une
queue, en dépassant les membres postérieurs.
Les côles sont des demi-cerceaux qui garan-
tissent les côtés de la cavité du tronc ; le plus
souvent elles s'articulent par une extrémité aux
vertèbres, et par -devant au sternum : elles
sont quelquefois à peine visibles.
Il n'y a jamais plus de deux paires de mem-
bres ; mais elles manquent cjuelquefois Tune
ou l'autre , ou toutes les deux , et prennent des
formes relatives aux mouvemens qu'elles doi-
vent exécuter. Les membres antérieurs peuvent
être faits en mains , en pieds , en ailes ou en
nageoires ; les postérieurs , en pieds ou en na-
geoires.
Le sang est toujours rouge et parait avoir
une composition propre a entretenir cette éner-
gie de sentiment et cette vigueur de muscles,
mais dans des degrés divers et qui correspon-
dent à la quantité de respiration, ce cfui motive
la subdivision des animaux vertébrés en cjuatre
classes.
64 ANIMAUX \ERï£BRÉS.
Les sens extérieurs sont toujours deux yeux ,
deux oreilles, deux narines, les tégumens de
la langue, et ceux de la totalité du corps.
Les nerfs se rendent a la moelle par les trous
des vertèbres, ou par ceux du crâne; ils pa-
raissent s'unir tous en un double faisceau cpi
forme cette moelle , et qui , après avoir croisé
ses filamens , s'épanouit pour former en se ren-
flant les divers tubercules dont le cerveau se
compose , et pour se terminer dans les deux
voûtes médullaires appelées hémisphères, dont
le volume correspond a l'étendue de l'intel-
ligence.
Il y a toujours deux mâchoires j le principal
mouvement est dans l'inférieure , qui s'élève ou
s'abaisse ; la supérieure est quelquefois entière-
ment fixe 5 l'une et l'autre sont presque toujours
armées de dents , excroissances d'one nature
particulière, assez semblable à celle des os pour
la composition chimique , mais qui croissent
par couches et par transsudation ; une classe
entière , cependant (celle des oiseaux), a les
mâchoires revêtues de cornes , et le génie des
tortues, dans la classe des reptiles, est dans le
même cas.
Le canal intestinal va de la bouche a l'anus ,
éprouvant divers renflemens et rétrécissemens,
EN GÉNÉRAL. 65
ayant des appendices, et recevant des liqueurs
dissolvantes , dont les unes , qui se versent
dans la bouche , sont appelées salive ; les au-
tres 5 c[ui n'entrent que dans les intestins vP^^'-
tent divers noms : les deux principales sont le
suc de la glande nommée le pancréas, et la bile
qui est produite par une autre glande fort con-
sidérable appelée le toie.
Pendant que les alimens digérés parcourent
le canal alimentaire , leur partie propre à la
nutrition , et qui se nomme le chyle , est ab-
sorbée par des vaisseaux particuliers, nommés
lactés , et portée dans les veines; le résidu de
la nutrition des parties est aussi reporté dans
les veines par des vaisseaux analogues aux lac-
tés , et formant avec eux un même système ,
nommé système des vaisseaux lymphatiques.
Les veines reportent au cœur le sang cjui a
servi à nourrir les parties , et que le chyle et
la lymphe viennent de renouveler ; mais ce
sang est obligé de passer en tout ou en partie
dans l'organe de la respiration , pour y repren-
dre sa nature artérielle , avant d'être reportéaux
parties par les artères. Dans les trois premières
classes , cet organe de respiration est un pou-
mon, c'est-à-dire, un assemblage de cellules oii
l'air pénètre. Dans les poissons seulement , ce
TOME I. 5
66 Al>ÎIMiaJX VERTÉBRÉS.
sont des branchies ou des séries de lames entre
lesquelles Feau passe.
Dans tous les animaux vertébrés , le sang
qui fournit au foie les matériaux de la bile, est
du sang veineux qui a circulé dans les intes-
tins, et qui 5 après s'être rassemblé dans un
tronc Siipipelé veine porte ^ se subdivise de nou-
veau au foie.
Tous ces animaux ont aussi une sécrétion
particulière , qui est celle de Yurine , et qui se
fait dans deux grosses glandes attachées aux
côtés de l'épine du dos , et appelées reins : la
Kqueur que ces glandes produisent , séjourne
le plus souvent dans un réservoir appelé la
vessie.
Les sexes sont séparés ; la femelle a toujours
un ou deux ovaires 5 d'où les œufs se détachent
au moment de la conception.
Le mâle les féconde par la liqueur séminale;
mais le mode de cette fécondation varie beau-
coup.
Dans la plupart des genres des trois pre-
mières classes , elle exige une intromission de
la liqueur 5 dans quelques reptiles , et dans la
plupart des poissons , elle se fait c[uand les
oeufs sont déjà pondus.
LEUR DIVISION. 6^
SUBDIVISION DES ANIMAUX VERTÉBRÉS^
EN q;UATRE CLASSES.
On vient de voir à quel point les animaux
vertébrés se ressemblent entre eux ; ils offrent
cependant quatre grandes subdivisions ou clas-
ses, caractérisées par l'espèce ou la force de
leurs mouvemens , qui dépendent eux-mêmes
de la quantité de leur respiration , attendu que
c'est de la respiration que les fibres musculaires
tirent l'énergie de leur irritabilité.
La quantité de respiration dépend de deux
facteurs ; le premier est la quantité relative
du sang qui se. présente dans l'organe respira-
toire dans un instant donné ; le second , la
quantité relative d'oxigène qui entre dans la
composition du fluide ambiant.
La quantité du sang qui respire dépend de
la disposition des organes de la respiration et
de ceux de la circulation.
Les organes de la circulation peuvent être
doubles, de sorte que tout le sang qui arrive
des parties par les veines , est obligé d'aller cir-
culer dans l'organe respiratoire avant de retour-*
ner aux parties par les artères j ou bien ils peu-
vent être simples , de sorte qu'une portion seu-
68 ANIMAUX VERTÉBRÉS.
lement du sang qui revient du corps est obligée
de passer par l'organe respiratoire , mais que le
reste retourne au corps sans être allé respirer.
Ce dernier cas est celui des reptiles. Leur
quantité de respiration et toutes les qualités
qui en dépendent varient selon la proportion
du sang qui se rend dans le poumon à chaque
pulsation.
Les poissons ont une circulation double,
mais leur organe respiratoire est formé pour
respirer par l'intermède de l'eau; et leur sang
n'y éprouve d'action que de la part de la
portion d'oxigène dissoute ou mêlée dans cette
eau 5 en sorte que leur quantité de respiration
est peut-être moindre encore que celle des
reptiles.
Dans les mammifères , lacirculation est double
et la respiration aérienne est simple, c'est-à-
dire, qu'elle ne se fait que dans le poumon
seulement; leur quantité de respiration est
donc supérieure à celle des reptiles à cause de
la forme de leur organe circulatoire, et a celle
des poissons a cause delà nature de leur élément
ambiant.
Mais la quantité de respiration des oiseaux
est encore supérieure à celle des quadrupèdes,
parce que non-seulement lis ont une circulation
LEUR DIVISION. 69
double et une respiration aérienne , mais encore
parce qu'ils respirent par beaucoup d'autres
cavités que le poumon , l'air pénétrant par tout
leur corps, et baignant les rameaux de l'aorte,
ou artère du corps, aussi-bien que ceux de
l'artère pulmonaire.
De là résultent les quatre sortes de mou*
vemens auxquelles les quatre classes d'animaux
vertébrés sont plus particulièrement destinées j
Les quadrupèdes, oii la quantité de respiration
est modérée , sont généralement faits pour mar-
cher et courir en développant de la force ; les
oiseaux , oîi elle est plus grande , ont la légèreté
et la vigueur de muscles nécessaires pour le
vol; ks reptiles, oii elle est plus faible, sont
condamnés à ramper, et plusieurs d'entre eux
passent une partie de leur vie dans une sorte
de torpeur; les poissons enfin ont besoin, pour
exécuter leurs mouvemens, d'être soutenus dans
un liquide spécifiquement presque aussi pesant
qu'eux.
Touteslescîrconstancesd'organisation propres
à chacune de ces quatre classes , et nommément
celles qui concernent le mouvement et les
sensations extérieures , sont en rapport néces-
saire avec ces caractères essentiels.
Cependant, la classe des mammifères a des
^O MAMMIFÈRES.
caractères particuliers dans leur génération
vivipare, dans la manière dont leur fœtus se
nourrit dans la matrice, au moyen du placenta
et dans les mammelles qui allaitent leurs petits.
Au contraire, les autres classes sont ovipares,
et, si on les oppose en commun a la première,
on leur trouve des ressemblances qui annoncent
pour elles un plan spécial d'organisation dans le
grand plan général de tous les vertébrés.
PREMIÈRE CLASSE DES ANIMAUX VERTÉBRÉS,
LES MAMMIFERES.
Les mammifères doivent être placés à la
tète du règne animal , non-seulement parce que
c'est la classe à lacjuelle nous appartenons nous-
mêmes, mais encore parce que c'est celle de
toutes qui jouit des facultés les plus multipliées,
des sensations les plus délicates , des mouvemens
les plus variés, et où l'ensemble de toutes les
propriétés parait combiné pour produire une
intelligence plus parfaite, plus fécoude en
ressources, moins esclave de l'instinct et plus
susceptible de perfectionnement.
Comme leur quantité de respiration est mo«
dérée,ils sont en général disposés pour marcher
EN GÉNÉRAL. 'J l
sur la terre , mais pour y marclier avec force
et d'une manière continue. En conséquence,
toutes les articulations de leur squelette ont des
formes très-prëcises qui déterminent leurs mou-
vemens avec rigueur.
Quelques-uns cependant peuvent s'élever en
Tair au moyen de membres prolongés et de
membranes étendues; d'autres ont les membres
tellement raccourcis qu'ils ne se meuvent aisé-
ment que dans l'eau , mais ils ne perdent pa^^
pour cela ks caractères généraux de la classe.
Ils ont tous la mâchoire supérieure fixée au
crâne, l'inférieure composée de deux pièces
seulement, articulée par un condyle saillant a un
temporal fixe, le cou de sept, et une seide
espèce de neuf vertèbres; les côtes antérieures
attachées en avant a un sternum formé d'un
certain nombre de pièces à la file; leur extré-
mité de devant commence par une omoplate
non articulée, mais seulement suspendue dans
les chairs , s'appuyant souvent sur le sternum
par un os intermédiaire nommé clavicule. Cette
extrémité se continue par un bras, un avant-bras
et une main formée elle-même de deux rangées
d'osselets appelées poignet ou carpe, d'une
rangée d'os nommée métacarpe, et de doigts
composés chacun de deux ou trois os nommés
phalanges.
72 MAMMIFÈRES.
Si l'on excepte les cétacés, ils ont tous la
première partie de Textrémité postérieure fixée
à Tépine et formant une ceinture ou un bassin
qui dans la jeunesse se divise en trois paires d'os,
l'iléon qui tient à l'épine, le pubis qui forme la
ceinture antérieure, et l'ischion qui forme la
postérieure. Au point de réunion de ces trois
os est la fosse oii s'articule la cuisse , qui porte
elle-même la jambe, formée de deux os , le tibia
et le péroné; cette extrémité est terminée par
le pied , lequel se compose de parties analogues
à celles de la main; savoir, d'un tarse, d'un
métatarse et de doigts.
La tête des mammifères s'articule toujours
par deux condyles sur leur atlas ou première
vertèbre.
Leur cerveau se compose toujours de deux
hémisphères réunis par une lame médullaire
dite corps calleux , renfermant deux ventricules ,
et enveloppant les quatre paires de tubercules
appelées corps cannelés , couches optiques ,
nates et testes. Entre les couches optiques est
un troisième ventricule qui communique avec
le quatrième situé sous le cervelet; les jambes
de leur cervelet forment toujours sous la moelle
allongée une proéminence transverse appelée
pont de varole.
EN GÉNÉRAL. 73
Leur œil, toujours logé dans son orbite,
préserve par deux paupières et un vestige de
troisième, a son cristallin fixé par le procès-
ciliaire et sa sclérotique simplement celluleuse.
Dans leur oreille, on trouve toujours une
cavité nommée caisse, fermée en dehors par
une membrane nommée tympan , avec quatre
osselets appelés marteau, lenticulaire, enclume
et étrier ; un vestibule sur l'entrée duquel
appuie l'étrier et qui communique avec trois
canaux semi-circulaires; enfin, un limaçon qui
donne par une de ses rampes dans la caisse , par
l'autre dans le vestibule.
Leur crâne se subdivise comme en trois cein-
tures formées : l'antérieure, par les deux fron-
taux et l'étlimoïde ; l'intermédiaire , par les
pariétaux et le sphénoïde,; la postérieure , par
l'occipital ; entre l'occipital , les pariétaux et
le sphénoïde, sont intercalés les temporaux,
dont une partie appartient proprement à la
lace.
Dans le fœtus, l'occipital se divise en quatre
parties : le corps du sphénoïde en deux , et
trois de ses paires d'ailes sont séparées; le tem-
poral en trois , dont l'une sert à compléter le
crâne , l'autre à renfermer le labyrinthe de
l'oreille , la troisième a former les parois de la
'j4 MAMMIFÈRES.
caisse, etc. Ces parties d'os s'unissent plus ou
moins promptement selon les espèces , et les
os eux - mêmes finissent par s'unir dans les
adultes.
Leur face est formée essentiellement par les
deux maxillaires , entre lesquels passe le canal
des narines, et qui ont en avant les deux in-
termaxillaires 5 en arrière les deux palatins ^
entre eux descend la lame impaire de Tëth-
moïde 5 nommée vomer ; sur les entrées du
canal nazal sont les os propices du nez; à ses pa-
rois externes adhèrent les cornets inférieurs, les
cornets supérieurs qui occupent sa partie su-
périeure et postérieure , appartiennent a Téth-
moïde. Le jugal unit de chaque côté Tos maxil-
laire au temporal, et souvent au frontal; enfin,
le lacrymal occupe l'angle interne de l'orbite,
et quelquefois une f>artie de la joue.
Leur langue est toujours cliarnue et attachée
à un os appelé hyoïde , suspendu au crâne par
des ligamens.
Leurs poumons, au nombre de deux , com-
posés d'une infinité de cellules , sont toujours
renfermés sans adhérence dans une cavité for-
mée par les côtes et le diaphragme, et tapissée
par la plèvre ; leur organe de la voix toujours
a rextrémité supérieure de là trachée artère 5
EN GÉNÉRA.L. ^5
lin prolongement charnu ^ nommé voile du pa-
lais , établit une communication directe entre
leur larynx et leurs arrières-narines.
Leur séjour a la surface de la terre les expo-
sant moins aux alternatives du froid et du
chaud, leur corps n'a que l'espèce moyenne de
tégument, le poil , qui même est généralement
rare dan3 ceux des pays chauds»
Les cétacés qui vivent entièrement dans l'eau,
sont les seuls qui en manquent absolument.
Leur canal intestinal est suspendu a un re-
pli du péritoine , nommé mésentère, qui con-
tient de nombreUvSes glandes conglobées pour
les vaisseaux lactés ^ une autre production du
péritoine, nommée épiploon, pend au-devant
et au-dessous dès intestins.
L'urine retenue pendant quelque temps dans
une vessie, sort, dans les deux sexes, à un
très-petit nombre d'exceptions près , par les
orifices de la génération.
Celle-ci dans tous les mammifères est essen-
tiellement vivipare; c'est-à-dire que le fœtus,
immédiatement après la conception , descend
dans la matrice , enfermé dans ses enveloppes ,
dont la plus extérieure, nommée chorion , se
iixe aux parois de cet organe par un ou plur
sieurs plexus de vaisseaux ^ a'pçdés placentas ,
76 MAMMIFÈRES.
qui établissent entre lui et sa mère une cpm-
munîcation, d'où il tire sa nourriture, et pro-
bablement aussi son oxygénation. Cependant ,
les fœtus de mammifères ont au moins dans les
premiers temps de la grossesse une vésicule
analogue à celle qui contient le jaune dans les
ovipares; et recevant de même des vaisseaux
du mésentère. Ils ont aussi une autre vessie ,
qui communique avec celle de l'urine, et qu'on
a nommée allantoïde.
La conception exige toujours un accouple-
ment effectif 5 011 le sperme du mâle soit lancé
dans la matrice de la femelle.
Les petits se nourrissent pendant quelque
temps 5 après leur naissance , d'une liqueur par-
ticulière a cette classe ( le lait ) , laquelle est
produite par les mammelles , dès l'instdnt du
part 5 et pour aussi long-temps que les petits
en ont besoin. Ce sont les mammelles qui ont
valu a cette classe son nom de mammifères , at-
tendu que lui étant exclusivement propres, elles
la distinguent mieux qu'aucun autre caractère
extérieur.
Dm'sion de la classe des marrmiifères en
ordres.
Les caractères variables qui établissent les
DIVISION EN ORDKES. 77
diversités essentielles des mammifères entre
eux 5 sont pris des organes du toucher , d'oîi
dépend leur plus ou moins d'habileté ou d'a-
dresse, et des organes de la manducation qui
déterminent la nature de leurs alimens , et
entraînent après eux, non -seulement tout ce
qui a rapport à la fonction digestive, mais en-
core une foule d'autres différences relatives ,
même a l'intelligence.
La perfection des organes du toucher s'es-
time d'après le nombre et la mobilité des doigts,
et d'après la manière plus ou moins profonde
dont leur extrémité est enveloppée dans l'ongle
ou dans le sabot.
Un sabot qui enveloppe tout-a-fait la partie
du doigt qui touche à terre , y émousse le tact,
et rend le pied incapable de saisir.
L'extrême opposé est quand un ongle formé
d'une seule lame ne couvre qu'une des faces
du bout du doigt , et laisse à l'autre face toute
sa délicatesse.
Le régime se juge par les dents mâchelières^
k la forme desquelles répond toujours l'articu-
Jation des mâchoires.
Pour couper de la chair , il faut des mâ-
rhelières tranchantes comme une scie, et des
y 8 MAMMIFÈRES.
mâchoires serrées comme des ciseaux , qui aè
puissent que s'ouvrir ou se fermer.
Pour broyer des grains ou des racines , il
faut des mâclielières à couronne plate , et des
mâchoires qui puissent se mouvoir horizonta-
lement; il faut encore, pour que la couronne
de ces dents soit toujours inégale comme une
meule , que sa substance soit formée de par-
ties inégalement dures, et dont les unes s'usent
plus vite que les autres.
Les animaux a sabot sont tous de nécessité
herbivores ou k couronnes des mâchelières
plates , parce que leurs pieds ne leur permet-
traient pas de saisir une proie vivante.
Les animaux à doigts onguiculés étaient sus-
ceptibles de plus de variétés ; il y en a de tous
les régimes ; et outre la forme des mâchelières ,
ils diffèrent encore beaucoup entre eux par la
mobilité et la délicatesse des doigts. On a sur-
tout saisi a cet égard un caractère qui influe
prodigieusement sur l'adresse et multiplie leurs
moyens d'industrie ; c'est la faculté d'opposer
le pouce aux autres doigts, pour saisir les plus
petites choses , ce qui constitue la main pro-
prement dite; faculté qui est portée à son plus
haut degré de perfection dans l'homnxe, où l'ex-
DIVISION EN OLDKES. 'JQ
trémité antérieure toute entière est libre et peut
être employée k la préhension.
Ces diverses combinaisons qui déterminent ri-
goureusement la nature des divers mammifères ,
ont donné lieu à distinguer les ordres suivans :
Parmi les onguiculés , le premier, qui est en
même temps privilégié sous tous les autres
rapports , l homme , a des mains aux extré-
mités antérieures seulement; ses extrémités
postérieures le soutienneut dans une situation
verticale.
L'ordre le plus voisin de l'homme, celui des
^uadrum^anes ^ a des mains aux quatre extré-
mités.
Un autre ordre , celui des carnassiers ,
n'a point de pouce libre et opposable aux extré-
mités antérieures.
Ces trois ordres ont d'ailleurs chacun les
trois sortes de dents, savoir : des mâchelières,
des canines et des incisives.
Un quatrième, celui des rongeurs^ dont les
doigts diffèrent peu de ceux des carnassiers ,
manque de canines et porte en avant des
incisives disposées pour une sorte toute particu-
lière de manducation.
Viennent ensuite des animaux dont les doigts
sont déjà fort gênés ; fort enfoncés daii§ de
8o MAMMIFÈRES.
grands ongles, le plus souvent croclius , et qui
ont encore cette imperfection de manquer d'in-
cisives. Quelques-uns manquent même de ca-
nines, et d'autres n'ont point de dents du tout. ^
Nous les comprenons tous sous le nom d'édentés.
Cette distribution des animaux onguiculés
serait parfaite et formerait une chaîne très-ré-
gulière , si la Nouvelle-Hollande ne nous avait
pas fourni récemment une petite chaîne colla-
térale, composée des animaux à bourse, dont
tous les genres se tiennent entre eux par l'en-
semble de l'organisation , et dont cependant les
uns répondent aux carnassiers ; les autres aux
rongeurs ; les troisièmes aux édentés , par les
dents et par la nature du régime.
Les animaux à sabots , moins nombreux , ont
aussi moins d'irrégularité.
Les ruminans composent un ordre très-dis-
linct , par ses pieds fourchus, sa mâchoire supé-
rieure sans vraies incisives , et ses quatre es-
tomacs.
Tous les autres quadrupèdes à sabots se
laissent réunir en un seul ordre que j'appellerai
pachydermes ou jumenta , excepté V éléphant
qui pourrait faire un ordre a part, et qui se lie
par quelques rapports éloignés avec l'ordre des
rongeurs.
I
DIVISION ExN ORDllES. 8l
Enfin viennent les mammifères , qui n'ont
point du tout d'extrémités postérieures , et dont
la forme de poisson et la vie aquatique pour-
raient engager à faire une classe particulière,
si tout le reste de leur économie n'était pas la
même que dans la classe où nous les laissons. Ce
sont les poissons à sang cliaud des anciens ou
les cétacés qui, réunissant à la force des autres
mammifères l'avantage d'être soutenus par
l'élément aqueux , comptent parmi eux les plus
gigantesques de tous les animaux.
PREMIER ORDRE DES MAMMiEÉRES.
1
LES BIMANES OU L'HOMME.
L'homme ne forme cju'un genre, et ce genre
est unlcpie dans son ordre. Comme son histoire
nous intéresse plus directement et doit former
l'objet de comparaison auquel nous rapporterons
celle des autres animaux, nous la traiterons
avec plus de détail.
Nous exposerons rapidement ce que l'homme
offre de particulier dans chacun de ses systèmes
organiques, parmi tout ce qu'il a de commua
a^ec les autres mammifères*, nous examinerons
les avantages que ces particularités lui donnent
ÏOME I. 6
82 MAMMIFÈRES.
sur les autres espèces; nous ferons connaître ses
principales races et leurs caractères distinctifs;
enfin, nous incliquerons Tordre naturel du
développement de ses facultés , soit indivi-
duelles p soit sociales.
Conformation particulière de Vhoînme,
Le pied de Thomme est très-différent de celui des
singes : ii est large; la jambe porte verticalement sur
lui; le talon est renflé en dessous; ses doigts sont
courts et ne peuvent presque se ployer; le pouce , plus
long, plus gros que les autres , est placé sur la même
ligne ^ ne leur est point opposable; ce pied est donc
propre à supporter le corps ^ mais il ne peut servir, ni
à saisir , ni à grimper , et comme de leur côté les mains
ne servent point à la marche , l'homme est le seul
animal vraiment bimane et bipède.
Le corps entier de Thomme est disposé pour la
station verticale. Ses pieds, comme nous venons de le
voir, lui fournissent une base plus large que ceux
d'aucun mammifère ; les muscles qui retiennent le
pied et la cuisse dans fétat d'extension sont plus
vigoureux , d'où résulte la saillie du mollet et de la
fesse ; les fléchisseurs de la jambe s'attachent plus
haut^ ce qui permet au genou une extension com-
plète, et laisse mieux paraître le mollet ; le bassin est
plus large, ce qui écarte les cuisses et les pieds, et
<lonne au tronc une forme pyramidale favorable à
Téquilibre : les cois des o^ de$ cuissç§ forment, avej:
f
l'homme» 83
le corps de l'os, un angle qui augmente encore Técar-
tement des pieds et élargit la base du corps; enfin la
léte , dans cette situation verticale , est en équilibre
sur le tronc , parce que son articulation est alors sous
le milieu de sa masse.
Quand l'homme le voudrait, il ne pourrait mar-
cher commodément à quatre ; son pied de derrière
court et presque inflexible, et sa cuisse trop longue^
ramèneraient son genou contre terre; ses épaules écar-
tées et ses bras jetés trop loin de la ligne moyenne,
soutiendraient mal le devant de son corps ; le muscle
grand dentelé qui , dans les quadrupèdes , suspend le
tronc entre les omoplates comme une sangle, est plus
petit dans Thomme que dans aucun d'entre eux 3 la
tête est ])lus pesante à cause de la graîideur du cer-
veau et de la petitesse des sinus ou cavités des os , et
cependant les moyens de la soutenir sont plus faibles,
car l'homme n'a ni ligament cervical, ni disposition
des vertèbres propre à les empêcher de se fléchir en
avant ; il pourrait donc tout au plus maintenir sa tête
dans la ligne de l'épine , et alors ses yeux et sa bouche
seraient dirigés contre terre; il ne verrait pas devant
lui ; la position de ces organes est au contraire par-
faite, en supposant qu'il marche debout.
Les artères qui vont à son cerveau ne se subdi-
visant point, comme dans beaucoup de quadrupèdes,
et le sang nécessaire pour un organe si volumineux ,
s'y portant avec trop d'affluence , de fréquentes apo*-
plexies seraient la suite de la position horizontale.
L'homme doit donc se soutenir sur ses pieds seu-
lement, îl conserve la liberté entière de ses mains
84 M ArvîrjiFÈr, Es.
pour les arts, et ses organes des sens sont situés le
plus favorablement pour l'observation.
Ces mains, qui tirent déjà tant d'avantages de
leur liberté , n'en ont pas moins dans leur structure.
Leur pouce, plus long à proportion que dans les
singes, donne plus de facilité pour la préhension des
petits objets; tous les doigts, excepté l'annulaire , ont
des mouvemens séparés, ce qui n'est pas dans les
autres animaux, pas même dans les singes. Les ongles
ne garnissant qu'un des côtés du bout du doigt ,
prêtent un appui au tact sans rien ôter à sa délicatesse.
Les bras qui portent ces mains ont une attache
solide par leur large omoplate et leur forte cla-
vicule, etc.
L'homme, si favorisé du coté de l'adresse, ne Test
point du côté de la force. Sa vitesse à la course est
beaucoup moindre que celle des animaux de sa taille;
n'ayant ni mâchoires avancées, ni canines saillantes,
ni ongles crochus , il est sans armes offensives; et, son
corps n'ayant pas même de poils à sa partie supé-
rieure ni sur les côtés, il est absolimient sans armes
défensives; enfui, c'est de tous les animaux celui qui
est le plus long-temps à prendre les forces nécessaires
pour se subvenir à lui-même.
Mais cette faiblesse a été pour lui un avantage de
plus , en le contraignant de recourir à ses moyens
intérieurs, et surtout à cette intelligence qui lui a été
accordée à un si haut degré.
Aucun quadrupède n'approche de lui pour \'d
grandeur et les replis des hémisphères du cerveau j,
c'est-à-dire, de la partie de cet organe qui sert d'ins-
l' HO 31 ME. 85
trument principal aux opérations intellectuelles; la
partie postérieure du même organe s'étend en arrière
de façon à recouvrir le cervelet ; la forme même de
son crâne annonce cette grandeur du cerveau ^ comme
la petitesse de sa face montre combien la parliedu
système nerveux, affectée aux sens externes, est peu
prédominante.
Cependant ces sensations extérieures, toutes d'une
force médiocre dans Fiiomme, y sont aussi toutes
délicates et bien balancées.
^Q.^ deux yeux sont dirigés en avant; il ne voit
point de deux côtés à la fois comme beaucoup de
quadrupèdes , ce qui met plus d'unité dans les
résultats de sa vue et fixe davantage son attention
sur les sensations de ce genre. Le globe et l'iris de
son œil sont l'un et l'autre peu variables, ce qui
restreint factivité de sa vue à une distance et à uu
degré de lumière déterminés; la conque de son
oreille peu mobile et peu étendue n'augmente pas
l'intensité des sons, et cependant, c'est de tous les
animaux celui qui distingue le mieux les intonations;
ses narines, plus compliquées que celles des singes,
le sont moins que celles de tons les autres genres^ et
cependant il parait le seul dont l'odorat soit assez
délicat pour être affecté par les mauvaises odeurs.
La délicatesse de l'odorat doit influer sur celle du
goût, et Ihomme doit d'ailleurs avoir de l'avantage, à
cet égard, au moins sur les animaux dont la langue
est revêtue d'écaillés ; enfin , la finesse de son toucher
résulte, et de celle de ses tégumens, et de l'absence
de toutes parties insensibles, aussi-bien que d^ la.
86 MAMMIFÈRES,
forme de sa main mieux faite qu'aucune autre pour
s'adapter à toutes les petites inégalités des surfaces.
L'homme a une prééminence particulière dans les
organes de sa voix; il peut seul articuler des sons; la
forme de sa houclie et la grande mobilité de ses lèvres
en sont probablement les causes; il en résulte pour
lui un mojen de communication bien précieux , car
des sons variés sont, de tous les signes que Ton
pourrait employer commodément pour la transmis-
sion des idées, ceux que Ton peut faire percevoir
le plus loin et dans plus de directions à la fois.
11 semble que jusqu'à la position du cœur et des
gros vaisseaux soient relatives à la station verticale ;
le cœur est posé obliquement sur le diaphragme et
sa pointe répond à gauche, ce qui occasionne une
distribution de l'aorte différente de celle de la plupart
des quadrupèdes.
L'homme parait fait pour se nourrir principalement
de fruits, de racines et d'autres parties succulentes
des végétaux. Ses mains lui donnent la facilité de les
cueillir; ses mâchoires courtes et de force médiocre
d'un côté , ses canines égales aux autres dents , et
ses m.olaires tuberculeuses de l'autre, ne lui permet-
traient guère ni de paître de Fherbe , ni de dévorer de
la chair, s'il ne préparait ces alimens par la cuisson ;
mais une fois qu'il a possédé le feu , et que ses arts
l'ont aidé à saisir ou à tuer de loin les animaux^
tous les êtres vivans ont pu servir à sa nourriture,
ce qui lui a donné les moyens de multiplier infiniment
son espèce.
Ses orcnncs de la di^estion sont conformes à ceux
l'homme. 87
de la maslicalion ; son estomac est simple , son cai^I
intestinal de longueur médiocre, ses gros intestins
bien marqués, son coecum court et gros, augmenté
d'un appendice grêle, son foie divisé seulement en
deux lobes et un lobule ; son épiploon pend au-devant
des intestins jusque dans le bassin.
Pour compléter Tidée abrégée de la structure
anatomique de l homme, nécessaire pour cette in-
troduction, nous ajouterons qu'il a trente -deux
vertèbres, dont sept cervicales, douze dorsales, cinq
lombaires , cinq sacrées, et trois coccygiennes. De ses
côtes, sept paires s'unissent au sternum par des
allonges cartilagineuses et se nomment vraies cotes ;
les cinq paires suivantes sont nommées fausses côtes.
Son crâne a huit os; savoir, un occipito-basilaire,
deux temporaux, deux pariétaux, un frontal, -un
ethmoïde et un sphénoïdal. Les os de sa face sont
au nombre de quatorze ; deux maxillaires , deux
jugaux^ dont chacun se joint au maxillaire du même
côté par ime espèce d'anse nommée arcade zygoma-
tique , deux naseaux , deux palatins en arrière du
palais, un vomer entre les narines, deux cornets du
nez dans les narines, deux lachrymaux aux côtés
internes des orbites et Tos unique de la mâchoire
inférieure. Chaque mâchoire a seize dents, quatre
incisives tranchantes au milieu, deux canines pointues
aux coins , et dix molaires a couronne tuberculeuse j,
cinq de chaque côté : ce sont en tout trente-deux
dents. Son omoplate a au bout de son épine ou
arrête saillante une tubérosité , dite acromion^ â
laquelle s'attache la clavicule et, au-dessus de son
88 MAMMIFÈRES.
articulation ^ une pointe , nommée bec coracoïde, pour
rattache de quelques muscles. Le radius tourne com-
plètement sur le cubitus à cause de la manière dont
il s articule avec Thumerus. Le carpe a huit os ,
quatre par chaque rangée; le tarse en a sept; ceux
du reste de la main et du pied se comptent aisément
d'après le nombre des doigts.
L'homme jouissant^ au moyen de son industrie,
d'une nourriture uniforme, est en tout temps disposé
aux plaisirs de l'amour sans y être jamais entraîné
avec fureur; son organe mâle n'est point soutenu
par un axe osseux ; le prépuce ne le retient pas
attaché à labdomen, mais il pend au-devant du
pubis : des veines grosses et multipliées , qui reportent
aisément dans la masse de la circulation le sang des
testicules, paraissent contribuer à cette modération de
désirs.
La matrice de la femme est une cavité simple et
ovale ; ses mammelles , au nombre de deux seule-
ment, sont situées sur la poitrine, et répondent à
la facilité qu'elle a de soutenir son enfant sur ses
bras.
J)évelopvemeiit physique et moral de l'homme.
La portée ordinaire n'est que d'un petit; sur cinq
cents accouchemens, il n'y en a qu'un de deux en-
fans ; il est beaucoup plus rare encore d'en voir de
plus nombreux. La durée de la gestation est de neuf
mois. Un fœtus d'un mois a ordinairement un pouce
de haut; à deux mois, il a deux pouces et un quart;
à trois mois, cinq pouces; à cinq mois, six ou sept
l'homme. 89
pouces; à sept mois, onze pouces ; à huit mois, qua-
torze pouces ; à neuf mois , dix-huit pouces. Ceux
qui naissent à moins de sept mois ne vivent point
pour la plupart. Les dents de lait commencent à
pousser quelques mois après la naissance. Il y en a
vingt à deux ans qui tombent successivement vers
la septième année, pour être remplacées par d'autres.
Des douze arrières-molaires qui ne doivent pas tom-
ber, il y en a quatre qui paraissent à quatre ans et
denii^ quatre à neuf ans ; les quatre dernières ne pa-
raissent quelquefois qu'à la vingtième année.
Le fœtus croît davantage à mesure qu'il approche
de la naissance. L'enfant, au contraire, croit toujours
de moins en moins. Il a à sa naissance plus du
quart de sa hauteur : il en atteint moitié à deux ans
et demi; les trois-quarts à neuf ou dix ans. Ce n'est
guère qu'à dix-huit ans qu'il cesse de croître. L'h.ommc
surpasse rarement six pieds , et il ne reste guère au-
dessous de cinq. La femme a ordinairement c[uel-=
ques pouces de moins.
La puberté se manifeste par des signes extérieurs,
de dix ou douze ans dans les filles , de douze à
seize dans les garçons. Elle commence plus tôt dans
les pays chauds. L'un et l'autre sexe produisent ra-
rement avant fépoque de cette manifestation.
A peine le corps a-t-il atteint le terme de son
accroissement en hauteur, qu'il commence à épais-
sir ; la graisse s'accumule dans le tissu cellulaire.
Les diiférens vaisseaux s'obstruent graduellement ;
les solides se roidissent ; et après une vie plus ou
moin s longue , plus ou moins agitée , plus ou moin*
go MAM3IIFÈRES.
douloureuse , arrivent la vieillesse , la caducité , îa
décrépitude et la mort. Les hommes qui passent
cent ans sont des exceptions rares; îa plupart pé-
rissent long-temps avant ce terme , ou de maladies ,
ou d'accidens , ou même simplement de vieillesse.
L'enfant a besoin des secours de sa mère bien
plus long-temps que de son lait, d'où résulte pour
lui une éducation intellectuelle en même temps que
physique , et entre tous deux un attachement dura-
ble. Le nombre égal des individus des deux sexes,
la difficulté de nourrir plus d'une femme quand les
richesses ne suppléent pas à îa force , montrent que
îa monogamie est la liaison naturelle à notre espèce;
et comme dans toutes celles où ce genre d'union
existe, le père prend part à l'éducation du petit. La
longueur de cette éducation lui permet d'avoir d autres
enfans dans l'intervalle, d'où résulte la perpétuité natu-
relle de l'union conjugale ; comme de la longue fai-
blesse des enfans résulte la subordination de famille ^
et par suite tout l'ordre de la société , attendu que
les jeunes gens qui forment les familles nouvelles, con-
servent avec leurs parens les rapports dont ils ont
eu si long-temps la douce habitude. Cette disposition
à se seconder mutuellement multiplie à l'infini les
avantages que donnaient déjà à l'homme isolé, son
adresse et son intelligence ; elle l'a aidé à dompter
ou à repousser les autres animaux, et à se préserver
partout des intempéries du climat , et c'est ainsi
qu'il est parvenu à couvrir la face de îa terre.
Du reste, Fhomme ne parait avoir rien qui ressemble
à de Finstinct, aucune industrie constante et produite
L HOMME. gi
par des images innées ; toutes ses connaissances
sont le résultat de ses sensations , ou de celles de
ses devanciers. Transmises par la parole , fécondées
par la méditation , appliquées à ses besoins et à ses
jouissances , elles lui ont donné tous ses arts. La
parole et Técriture ^ en conservant les connaissances
acquises, sont pour Fespèce la source d'un perfec-
tionnement indéfini. C'est ainsi qu'elle s'est fait des
idées 5 et qu'elle a tiré parti de la nature entière.
11 y a cependant des degrés très-différens dans le
développement de Fliomme.
Les premières hordes , réduites à vivre de chasse ,
de pèche, ou de fruits sauvages, obligées de donner
tout leur temps à la recherche de leur subsistance ,
ne pouvant beaucoup multiplier parce qu'elles au-
raient détruit le gibier , faisaient peu de progrès ;
leurs arts se bornaient à construire des huttes et des
canots ; à se couvrir de peaux , et à se fabriquer des
flèches et des filets ; elles n'observaient guère que les
astres qui les guidaient dans leurs courses, et quel-
ques objets naturels dont les propriétés leur ren-
daient des services ; elles ne s'associèrent que le
chien , parce qu'il avait un penchant naturel pour
le même genre de vie. Lorsque Ton fut parvenu k
dompter des animaux herbivores , on trouva dans la
possession de nombreux troupeaux une subsistance
toujours assurée, et quelque loisir, que l'on employa
à étendre les connaissances; on mit quelque indus-
trie dans la fabrication des demeures et des véte-
mens ; on connut la propriété et par conséquent les
échanges, la richesse et l'inégalité des conditions.
9^ ma:vI3IIfères.
sources d'une émulation no])^ le passions viles ;
mais une vie errante pon ciulivci ;ie nouveaux pâ-
turages, et suivre le courci Jes saic>onSj retint encore
dans des bornes assez elroites.
L'homme n'est parvenu réellement à multiplier
son esjjèce à un haut degré, et à porter très -loin
ses connaissances et ses arts, que depuis Tinvention
de Fagriculture et la division du sol en propriétés
héréditaires ; au moyen de Tagriculture , le travail
manuel d'une partie seulement des .membres de la
société nourrit tous les autres , et leur permet de se
livrer aux occupations moins nécessaires, en même
temps que Tespoir d'acquérir par l'industrie une exis-
tence douce pour soi et pour sa postérité, a donné
à l'émulation vm nouveau mobile. La découverte des
valeurs représentatives a porté cette émulation au
plus haut degré , en facihtant les échanges , en ren-
dant les fortunes à la fois plus indépendantes et
susceptibles de plus d'accroissement ; mais par une
suite nécessaire , elle a porté aussi au plus haut
degré les vices de la mollesse et les fureurs de l'am-
bition.
Dans tous les degrés de développement de la so-
ciété , la propension naturelle à tout réduire à âes
idées générales, et à chercher des causes à tous les
phénomènes, a produit des hommes méditatifs, qui
ont ajouté des idées nouvelles à la masse de celles
que Ton possédait ; et tant que les lumières n'ont
pas été communes^ ils ont presque tous cherché à
se faire de leur supériorité un moyen de domination
en exagérant leur mérite aux yeux des autres , et
l'homme, g3
en déguisant la faiblesse de leurs connaissances par
la propagation d'idées superstitieuses.
Un mal plus irrémédiable est Fabus de la force ;
aujourd'hui que Thomme seul peut nuire à l'homnie,
il est aussi la seule espèce qui soit continuellement
en guerre avec elle-même. Les sauvages se disputent
leurs forets , les nomades leurs pâturages , ils font
aussi souvent qu'ils le peuvent des irruptions chez
les agi'iculteurs pour s'emparer sans peine des résul-
tats de longs travaux. Les peuples civilisés eux-
mêmes, loin d'être satisfaits de leurs jouissances,
combattent pour les prérogatives de l'orgueil ou pour
le monopole du commerce. De là, la nécessité des
gouvernemens pour diriger les guerres nationales, et
pour réprimer ou réduire à des formes réglées les
querelles particulières.
Des circonstances plus ou moins favorables ont re-
tenu l'état social à certains degrés^ ou ont avancé son
développement.
Les climats glacés du nord des deux -continens ^
les impénétrables forêts de l'Amérique , ne sont en-
core habités que par des sauvages chasseurs ou pê-
cheurs.
Les immenses plaines sablonneuses ou salées du
centre de TAsie et de l'Afrique, sont couvertes de
peuples pasteurs et de troupeaux innombrables ; ces
hordes , à demi-civilisées , se rassemblent chaque fois
qu'un chef enthousiaste les appelle, et fondent sur
les pays civilisés qui les entourent, pour s y établir
et sV amollir , jusqu'à ce que d'autres pasteurs vien-
nent les y subjuguer : c'est la véritable cause du des-
gi MA.MMIFÈRES.
potisme qui a écrasé dans tous les temps riiidustrîe
née dans les beaux climats de la Perse , de l'Inde et
la Chine.
Des climats doux, des sols naturellement arrosés,
et riches en végétaux , sont les véritables berceaux de
Vagriculture et de la civih'sation ; et quand leur posi-
sition les met à l'abri des irruptions des Barbares ,
tous les genres de lumières s'y excitent mutuellement :
telles furent les premières en Europe, la Grèce et
l'Italie; telle est aujourd'hui presque toute cette heu-
reuse partie du monde.
Il y a cependant aussi des causes intrinsèques qui
paraissent arrêter les progrès de certaines races j
même au milieu des circonstances les plus favorables*
J^anétés de V espèce humaine.
Quoique l'espèce humaine paraisse unique, puis-
que 4:ous les individus peuvent se mêler indistincte-^
ment, et produire des individus féconds, on y re-
marque de certaines conformations héréditaires qui
constituent ce qu'on nomme des races.
Trois d'entre elles surtout paraissent éminemment
distinctes : la blanche, ou caucasujue j la jaune, ou
mongoUcjiœ^ la nègre , ou éthiopùjue,
La caucasique, à laquelle nous appartenons, se
distingue par la beauté de l'ovale que forme sa têtfe ;
et c'est elle qui a donné naissance aux peuples les
* plus civilisés , à ceux qui ont le plus généralement
dominé les autres : elle varie par le teint et par la
couleur des cheveux.
lia mongolique se reconnaît à s^s pommettes sail-
l'homme. g5
lanteSj à son visage plat, à ses yeux étroits et obli-
ques, à ses cheveux droits et noirs , à sa barbe grêle ,
à son teint olivâtre. Elle a formé de grands empires
à la Cbine et au Japon , et elle a quelquefois étendu
ses conquêtes en-deça du grand désert; mais sa civi-
lisalion est toujours restée stationnaire.
La race nègre est confinée au midi de l'Atlas ; son
teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne com-
primé, et son nez écrasé; son museau saillant et ses
grosses lèvres, la rapprochent manifestement des sin-
ges : les peuplades qui la composent sont toujours
restées barbares.
On a appelé caucasique la race dont nous descen-
dons , parce que les traditions et la filiation des peu-
ples , semblent la faire remonter jusqu'à ce groupe
de montagnes situé entre la mer Caspienne et la mer
Noire, d'où elle s'est répandue comme en rayonnant.
Les peuples du Caucase même , les Circassiens et les
Géorgiens, passent encore aujourd'hui pour les plus
beaux de la terre. On peut distinguer les principales
])ranches dé cette race par l'analogie des langues. Le
rameau araméen ou de Syrie , s'est dirigé au jaiidi ; il
a produit les AssyHens , les Chaldéens, les Arabes
toujours indomptés^ et qui, après Mahomet, ont
pensé devenir maîtres (\\\ monde ; les Phéniciens, les
Juifs, les Abyssins, colonies des Arabes : il est très-
probable que les Egyptiens lui appartenaient. C'est
dans ce rameau, toujours enclin au mysticisme,
que sont nées les religions les plus répandues. Les
sciences et les lettres y ont fleuri quelquefois , mais
toujours avec des formes bizarres, un style figuré.
y6 M A M M I F È R E s.
Le rameau indien , germain et pclasgique , est
beaucoup plus étendu , et s'est divisé bien plus an-
ciennement; cependant, l'on reconnaît les affinités
les plus multipliées entre ses quatre langues princi-
pales : le sanscrit , langue aujourd'hui sacrée des In-
dous, mère de toutes les langues de llndostan ; lan-
cienne langue des Pelages, mère commune du grec ,
du latin, de beaucoup de langues éteintes^ et de toutes
nos langues du midi de l'Europe; le gothique ou tu-
desque , d'où sont dérivées les langues du nord et du
nord-ouest , telles que l'allemand , le hollandais , l'an-
glais , le danois , le suédois et leurs dialectes ; enfin _,
la langue appelée esclavonne , et d'où descendent
celles du nord-est , le russe , le polonais ^ le bohé-
mien et le vende.
C'est ce grand et respectable rameau de la race
caucasique , qui a porté le plus loin la philosophie,
les sciences et les arts, et qui en est depuis trente
siècles le dépositaire.
11 avait été précédé en Europe par les Celtes , dont
les peuplades venues par le nord , et autrefois très-
étendues, sont maintenant confinées vers les pointes
les plus occidentales , et par les Cantabres passés
d'Afrique en Espagne , et aujourd'hui presque fon-
du3 parmi les nombreuses nations dont la postérité
s'est mêlée dans cette presqu'île.
liCS anciens Perses ont la même origine que les
Indiens ;, et leurs descendans portent encore à présent
les plus grandes marques de rapports avec nos peuples
d'Europe.
Le rameau scjthe et tartare , dirigé d'abord vers le
L^ HO MME, 97
nota et le nord-est, toujours vagabond dans les im-
menses plaines de ces contrées, n'en est revenu que
pour dévaster les établissemcns plus heureux de ses
frères; les Scjtbes , qui firent si anciennement des
irruptions dans !a haute Asie ; les Parthes , qui y
détruisirent la domination grecque et romaine ; les
Turcs, qui y renversèrent celle des Arabes , et sub-
juguèrent en Europe les malheureux restes de la
nation grecque , étaient des essaims de ce rameau ;
les Finlandais , les Hongrois , en sont des peuplades
en quelque sorte égarées parmi les nations escla-
vonnes et tudesques. Le nord et l'est de la mer Cas-
pienne , leur patrie originaire , nourrissent encore des
peuples qui ont la même origine et parlent des lan-
gues semblables; mais ils y sont entremêlés d'une
infinité d'autres petites nations d'origines et de lan-
gues diverses. Les peuples tartares sont restés plus
intacts dans tout cet espace d'où ils ont si long-
temps menacé la Russie , et où ils ont eniin été sub-
jugués par elle , depuis les bouches du Danube jus-
qu'au delà de l'Irtisch. Cependant les Mongoles , dans
leurs conquêtes, y ont mêlé leur sang, et l'on en
voit surtout beaucoup de traces chez les petits
Tartares*
C'est à l'orient de ce rameau tartare de la race
caucasique que commence la race mongolique ^
qui domine ensuite jusqu'à TOcéan oriental. Ses
branches , encore nomades , les Calmouques , les
Kalkas, parcourent le grand désert. Trois fois leurs
ancêtres, sous Attila, sous Gengis et sous Tamer-
' TOM. I . f
q8 m a m m i F ê r e s.
lan , ont porté au loin la terreur de leur nom. Les
Chinois en sont une branche la plus anciennement
civilisée , non-seulement de cette race , mais de tous
les peuples connus. Une troisième branche ( les Man-
tchoux) ;, ont conquis récemment la Chine , et la gou-
vernent encore. Les Japonais et les Coréens , et presque
toutes les hordes qui s'étendent au nord-est de la Sibérie,
sous la domination desRusses, y appartiennent aussi en
très-grande partie. Si Ton en excepte quelques lettrés
Chinois , toute la race mongolique est adonnée aux
différentes sectes du culte de Fo.
L'origine de cette grande race paraît être dans les
monts Altaï j comme celle de la nôtre dans le Cau-
case ; mais il n'est pas possible de suivre aussi-bien
la filiation de ses différentes branches. L'histoire de
tous ces peuples nomades est aussi fugitive que leurs
établissemens; et celle des Chinois, concentrée dans
leur empire , ne donne que des notions courtes et
peu suivies des peuples qui les avoisinent. Les affi-
nités de leurs langues sont aussi trop peu connues
pour diriger dans ce labyrinthe.
Les langues du nord de la péninsule au delà du
Gange ont, aussi-bien que celle du Thibet, quel-
ques rapports avec la langue chinoise, au moins par
leur nature monosyllabique, et les peuples qui les
parlent ne sont pas sans ressemblance avec les au-
tres Mongoles pour les traits; mais le midi de cette-
péninsule est habité par les Malais , peuple beau-
coup plus beau , dont la race et la langue se sont
répandues sur les côtes de toutes les îles de lar-
chipel indien , et ont occupé presque toutes celles
L*HOMME. 99
de la mer du Sud : dans les plus grandes des pre-
mières , surtout dans les lieux les plus sauvages ,
haLltent d'autres liomines à cheveux crépus , à teint
Tioir^ à visage de nègre, tous extrêmement barbares.
Les plus comms portent le nom de Papous : on peut
le généraliser.
Ni ces Malais , ni ces Papous, ne se laissent aisé-
ment rapporter à l'une des trois grandes races ; mais
les premiers peuvent- ils être nettement distingués
de leurs voisins des deux côtés, les Indous cauca-
siques et les Chinois mongoliques? Nous avouons
que nous ne leur trouvons pas encore de caractères
suffisans pour cela. Les Papous sont-ils des nègres
anciennement égarés sur la mer des Indes? On n'en
a pas encore de figures ni de descriptions assez nettes
pour répondre à cette question.
Les habilans du nord des deux contlnens, les Sa-
nioyèdeSjles Lapons, les Esquimaux, vieniien!;, selon
quelques-uns, de la race mongole ; selon d'autres , ils
ne sont que des rejetons dégénérés du rameau scythe
et tartare de la race caucasique.
Les Américains eux - mêmes n'oui pu encore
être ramenés clairement ni à l'une ni à l'autre de
nos races de l'ancien continent, et cependant ils
n'ont pas non plus de caractère à la fois précis et
constant qui puisse en faire une race particulière.
Leur teint rouge de cuivre n'en est pas un suf-
fisant; leurs cheveux généralement noirs, et leur
barbe rare , les feraient rapporter aux Mongoles , si
leurs traits bien prononcés, et leur nez assez saillant^
ne s'y opposaient; leurs langues sont aussi innom-:-
1
100 MAMM TFfcnES.
brables que leurs peuplades, et l'on n'a pu encore
y saisir d'analogie ni entre elles , ni avec colles de.
^'ancien monde.
DEUXIÈME ORDRE DES MAMMIFERES.
LES QUADRUMANES.
Outre les détails anatomiques propres k
l'homme , et exposés a son article, cette famille
diffère de notre espèce par le caractère très-
sensible , que ses pieds de derrière ont les
pouces libres et opposables aux autres doigts ,
et que les doigts des pieds sont longs et flexibles
comme ceux de la main; aussi toutes les espèces
grimpent-elles aux arbres avec facilité , tandis
qu'elles ne se tiennent et ne marchent debout
qu'avec peine , leur pied ne se posant alors que
sur le tran'chant extérieur , et leur bassin étroit
ne favorisant point Téquilibre. Elles ont toutes
des intestins assez semblables aux nôtres , les
yeux dirigés en avant, les mammelles sur la poi-
trine , la verge pendante , le cerveau à trois
lobes de chaque côté , dont le postérieur recou-
vre le cervelet , la fosse temporale , séparée de
l'orbite par une cloison osseuse ; mais pour le
reste elles s'éloignent de notre forme par degrés,
en prenant un museau de plus en plus alongé ^
I
QUADRUMANES. lOI
une queue, une marche plus exclusivement
quadrupède ; néanmoins , la liberté de leurs
avant - bras et la complication de leurs mains
leur permettent à toutes beaucoup d'actions et
de gestes semblables à ceux de l'homme.
On les divise depuis long -temps en deux
genres , les singes et les makis , cjui sont deve-
nus , par la multiplication des formes secon-
daires, deux petites familles ,e*t entre lesquels il
faut placer un troisième genre , celui des ouis-
titis 5 qui ne se rapporte bien ni à Tim ni a
Fautre.
Les Singes. (Simia. Linn,)
Sont tous les quadrumanes qui ont à chaque mâ-
choire quatre dents incisives droites, et à tous l'es
doigts des ongles plats ; deux caractères qui les rap-
prochent de rhomme plus que les genres suivans;
leurs molaires n'ont aussi, comme les nôtres, que
des tubercules mousses, et ils vivent essentiellement
de fruits ; mais leurs canines , dépassant les autres
dents, leur fournissent une arme qui nous manque^
et exigent un vide dans la mâchoire opposée, pour
sy loger quand la bouche se ferme.
On peut les diviser en deux principaux sous-
genres, qui se subdivisent eux-mêmes en des grou-
pes nombreux.
iî^^
\<t-
102 MAMMIFÈRES.
Les Singes proprement dils, ou de ranclen conliopat,
îls ont le même nombre de mâclieliëres que l'homme ,
mais diffèrent d'ailleurs entre eux par des caractères qui ont
fourni les subdivisions suivantes :
Les Orangs (i) ( Simia Erxl. Pithecus. GeoCTr. Vuîg,
Hommes Saunages ),
A museau très-peu proéminent, ( angle facial de G5'') sans
aucune queue : ce sont les seuls singes dont l'os hyoïde , le
foie»et le cœcura ressemblent à ceux de l'homme. Les uns
ont les bras assez longs pour atteindre à terre quand ils sont
debout.
UOran^-Outang; ( Simia satfrus. L. ) (2)
Kaul de trois à quatre pieds : le corps couvert de gros
poils roux • le front égalant en hauteur la raoîlié du reste
du visage , la face bleuâlre ; point d'abajoues ni de cal-
losités : les pouces de derrière très-courts. Ce singe cé-
lèbre est de tous les animaux celui qui ressemble le plus
à riiomme par la forme de sa têle et le volume de son
cerveau. Son histoire a été fort altérée par le mélange que
l'on en a fait avec celle des autres grands singes, et sur-
tout du Chimpansé. Après l'avoir soumise à une critique
sévère , on trouve qu'il n'habite que les contrées les pbis
orientales j comme Malaca , la Cocbinchine, et surtout la
(;) Oranf; est un mot malais , signifiant être raisonnable , et qui s'ap-
plique à l'homiue , ù roiaR^'-OMlang et f. VtUiyhant. Outarîg vent àke
sauvage ou f? -5 bois. C'est pourquoi les voyageurs traduisent orang-
çuUnig par homme des bois.
{•>.) La seule bonne figure Je Toran^-outanî; e^^î celle o'e T'osmaev ,h\ie
d'après un individu qui a vécu à (a Haye. Celle de BuJJ'on , Supl. Vîï ,
pi. 1 , pèche ■> tous égards : relie a'Allamand { "Rufr. d'îlcll. XV, pK xl'
est un peu lîieillcurc ^ elle a été copiée dans Schreber , yX. n R. Ccile de
Camper , coptc?^ ib. ,p1. ii C. ne manque pas d'exactitude ; mais on voi
trop qu'elle est faite d'après un cadavre. Bontius , Méd. ind. n'en donne
qu'une tout-à-fait imaginaire, quoique Llnneus en ait fait le type de sou
Jrogk'dytc. (Ainœn.ac. Vî,p!.î, 5 i-j
QUADRUMANES. I o3
cramle île c!e Bornéo, d'où on l'a fait venir par Java en
Europe, mais très-rarement-, que c'est un animal assez
doux , qui s'apprivoise et s'attache aisément ; qui , par sa
conformation , parvient à imiter un grand nombre de nos
actions ; mais dont l'intelligence ne paraît pas s'élever à
beaucoup près autant qu'on l'a dit , ni même surpasser
l)eaucoup celle du cbien. Camper a découvert et bien décrit
deux sacs membraneux qui communiquent avec les ven-»
tricules de la glotte de cet animal , et qui assourdissent
sa voix ; mais il a eu tort de croire que les ongles man-
quent toujours à ses pouces de derrière.
Le Gibbon noir. ( Simia Lar. ) Buff. XIV. ir.
Couvert de grossiers et longs poils noirs 5 le tour du visage
et les mains cendrées ; presque point de front, et le crâne
fuyant en arrière; de petites callosités sur les fesses. Des.
Indes orientales (1).
Le Gibbon cendré , Vomvou. [Simia Lmcisca. Sc\\.)Mo-
loch. Audeb. Fam. I. Sect. II , pi. 11.
Semblable au précédent j mais couvert d'une laine douce
et cendrée. Le visage noir. Commun à Java et aux Molu-
ques , où il se lient dans les roseaux et grimpe sur les plus
bautes tiges de bandjou, s^y balançant avec ses longs bras.
Dans les autres Orangs, les bras ne descendent que jus-
qu'aux genoux ; ils n'ont point de front, et leur crâne fuit
lînmédialement derrière la crête des sourcils.
(ï) Le petit gibbon, décrit par Danbenton , ne se trouvant plus ; il est
diificile de dire si c'est une espèce ou tme variët(!. Les gibbons en général
ont été peu remarqués par les voyageurs , et on connaît mal les limites des.
pays où ils vivent.
he féfé de la cbine de iVe?/Ao/ paraît un ttre fal-uleux ,• on lui faÎÊ-
man^er des hommes.
Le goIoJdx du Bengale , grand comme un liomme , flg. par Dcvisuje ^.
Trans. phi!. LIX, pi. ni , n'est pas bien authen'fcfue, et ne peut dailleu^s
être le gibbon , dont il n'a pas les longs bras.
Ï04 MA3Î3Î1FÈRES.
Le Chimvansé, (Simla Troglodites ^ I.) (i)
Couvert de poils noirs , ou bruns, rares en avant. Si l'on
s'en fiait aux rapports des voyageurs , il approcherait de la
taille de l'iiomme , ou la surpasserait ; mais on n'en a vu
encore en Europe aucune partie qui indiquât cette gran-
deur. Il habite en Guinée et au Congo j vit en troupes j se
construit des huttes de feuillages , sait s'armer de pierres
et de bâtons, et les emploie à repousser loin de sa demeure
les hommes et les éléphants ; poursuit les négresses et les
etilève quelquefois dans les bois , etc. Les naturalistes l'ont
presque tous confondu avec V Orang-Oiitang. En domesti-
cité, il est assez docile pour être dressé à marcher, à s'as-
seoir et à manger à notre manière.
Tous les singes de notre ancien continent qui vont suivre,
ont le foie divisé en plusieurs lobes ; le cœcum gros , court
et sans appendice • l'os hyoïde en forme de bouclier.
Les Guenons. Vulg. Singes à Queue. ( Cercopitiiecus
Erxl. : en partie. )
A museaiî médiocrement proéminent ( de 60^) des aba-
joues : une queue; les fesses calleuses; la dernière molaire
d'en bas a quatre tubercules comme les autres. Leurs espèces
très nombreuses , de grandeurs et de couleurs très- variées ,
rempliss:nt l'Afrique et les Indes, vivent en troupes, et font
de grands dégâts- dans les jardins et les champs cuitivés. Elles
^'apprivoisent encore assez aisément.
(1) C'e^t le quQJwi morou ou le satyre d'angola de Tulpius, qui en donne
une mauvaise ligure. (Obs. med. p. 271.) Le /^yw^ec, beaucoup mieux repré-
senté par Tyson. ( Anat. of a Py^niy, p!. i , ) et copie' par Schieher., pi. i B.
Scotin en avait donné une autre figure passable copiée Atnœn. iicad. PI
pi. l , f. 3 , et Schieb. i C. Ua individu qui ft vécu chez Biiffon , et que
3'on conserve au muséum , est représenté, quoique assez mal , Hist. nat,
XIY, I, où il est nommé Jocko. Le même individu est beaucoup mieux
dans Lecat ( Traité du mouvement musc. , ;;/. 1 jjf;g. 1 , ) sous le nom de
Quinipesé ; c'est aussi !ui que donne Audsvsrt , uiuh d'après rempailla
seulement. II ie nomme pcn^c\
QU ADÎiUMÂNES. Io5
VEntelle. (Simia enteîlus. Dufrcsiie. ) Audeb. Fam.
JV. Sect. II , pi. II.
Blanc jaunâtre ', les sourcils et les cj[uatre mains noires.
C'est une des grandes espèces, et de celles qui ont la queue
la plus longue.
Le Patas. (Simia rithra. Gm. ) 13uff. XIV, xxv^ xxvi.
Fauve roux assez vif en dessus, blanchâtre en dessous j
un bandeau noir sur les yeux, quelquefois surmonté de
blanc j du Sénégal.
J,e Miingabej- à collier. (Simia œthiops.lj.) Buff. XIV, xxxTir,
Brun de chocolat en dessus , blanchâtre en dessous et
sur la nuque ; calotte d'un roux vif, paupières blanches.
Buffon le dit de Madagascar : Hasselquist d'Abyssinie;
eu effet , Sonnerat affirme qu'il n'y a point de singes à
Madagascar.
Le Mangabej- sans collier. ( Simia fidiginosa. Geoff. )
BalF. XIV , xxxTT.
Brun de chocolat, unifonne en dessus, fauve pâ'e en
dessous , les paupières blanches, Buffon le dit de Mada-
gascar , et le croit une variété du précédent.
Le Maure. (Simia maura. L. ) I/adulte Edw. 3ii. Le
jeune Sclneb. XXÎl.
Tout noir, fauve dans la jeunesse. M. Léchenaud Fa
pris plusieurs fois à Java.
Le Callitriche. (Simia sahœa, L.) Buff. XIV, xxxvir.
Verdâtre en dessus, blanchâtre en dessous, face noire,
joues blanchâtres et touffues, bout de la queue jaune. Du
Sénégal.
Le Malbrouc. Buff. (Simiafauniis.Gm.)!^^^. XIV,xxix. Simia
cjnosuros scopol. Schr. Var. du caliitriche. Audeb. (i)
Verdâtre en dessus, cendré sur les membres, face couleur
(î) Le ccrcop. harhalus de Clusius , que Linn. cite ccmrue exemple de
^ujauiius j c.stpiutôl V.U ciiundcr^u nu\ui nuilhivuct
loO M a:mmifêpies.
de cbalr , point de jaune à la qncup, lui banJeau Waiic et
v.n noir sur les sourcils. BufTon le dit du Bengale. Son
ialapoin (jdI. xl) ne nous paraît qu'un jeune malbiouc.
La Mone. ( Simia mona et S. monaclia. Schr. ) BulT,
XIV, XXXVI.
Corps hrun, membres noirs, poitrine, intérieur des bras
et lourde la tcte blancliâtres ^ bandeau noir sur le front,
une taclie blancbe de cliaque coté de la queue.
JaQRoIowai. (Simiadiana.h.) Exquima TVIargr. (i) Audeb.
1V° Fam. sect. II, pi. vi, et BufF. Supp. VU, xx.
INoirâtre pointillé de blanc en dessus, blanc en dessous,
la croupe d'un roux pourpré, la face noire entourée de
blanc et une petite barbe blanchâtre au menton.
Le Moustac, {Simia cep/ius. L. ) Buff. XiV , xxxiv.
Cendré bruilâtre , une touffe jaune au devant de cKaque
oreille , une bande bleu clair, en forme de chevron renversé ,
sur la lèvre supérieure.
XJ.'/scagne. [Simia pelaurisîa. Gm. } Audeb. IV* Fam.
sect. ÎI, pi. XIII.
Brun olivâtre en dessus, gris en dessous, visage bleu,
nezidanc , touffe blanche devant chaque oreille, moustache
noire.
Le Hocheur. [Simia nictiians. Gm. Audeb. ib.XIV.
Noir brun pointillé de blanc , le nez seul blanc au milieu
(Vnw visage noir, le tour des lèvres et des yeux roussatre.
Ces cinq dernières espèces, toutes petites, joliment variées
en couleur, et d'un naturel très-doux, sont communes en
Gainée.
U y a une rjrande g\ienon qui se fait remarquer par la
forme extraordinaire de son nez, c'est
■■ (\) La figure , jointp à la clescription de Texquima dans Margrave, est
cciîe dune ouarine," et celin de l'pxquima rst à la descrip'ion de Vouarine
on pf(ir;^in. C.rVe. transpo^^iiion .1 cansc depuis bcaucoi'p d'erreurs de s}T^o-
nvaiie.
QUADRUMANES. IO7
Le Nasique ou Kahaii, [Simia nasicii. Sclir. ) Buff.
Supp. VII, XI et XII.
Fauve, teint de roux, le nez excessivement long, en
forme de spatule écliancrée. Elle vit à Bornéo en jurandes
troupes, qui s'assemblent rtiatln et soir sur les branches des
grands arl)res aux bords des rivières : kahau est son cri. On
la dit aussi de la Cochincbine.
Une autre guenon , également assez grande , se distingue
en ce qu'elle n'a point de callosités aux fesses (1) ; c'est
Le Doue. ( Simia nemœits. L. ) Bu 3*. XIV , xli.
Le plus agréablement peint de tous les singes; corps et
])ras gris, collier roux et noir, touffes jaunes de chaque
côté de la télé, bandeau noir sur le front, cuisses, mains
et pieds noirs, jambes rousses, grande tache triangulaire
sur le croupion et queue blanches. Il habite aussi à la
Cochincbine. Doue ou dok signifie singe dans ce pajs-là.
Les Babouins. ( Paimo. Erxl.;
Ont des abajoues et des caliosités co;^irnn les giionons ;
mais leur museau est plus saillant, et leur dernière màelieliète
d'cîi bas a un tubercule impair de plus. Ils varient pour la
longueur de la queue et pour celle du museau. La plupart
sont plus ou moins féroces; et tous ont un sac qui commu-
îîique avec le larynx sous le cartilage tjroïde , et qui se
remplit d'air quand ils crient. î'^ous les divisons comme il suit :
Les Magots.
Ont le museau gros et médiocrenlèntlong; un pellt tubercule
leur tient lieu de queue.
(1) Je ne rcpondrais pas que les calîositc'-i du doue du muséum , le seul
.qu'on ait vu en Europe , n'aient disparu lors de fempaillage. Je doute donc
hcancOMp que le genre uislopys^a d^ïliger soit fondé. Pennant indique aussi
certaines guenons sans ponces, S. polycon^os et S.^/e/TM^///ea,dont îliger
a fait le genre coluhus , mais qui ne sont peut-être pas assez authen-
tiques.
o8
MAMMIFERES.
Le Magot (i). (Simia sjlvama; , pilhecits et inuiis. L.
Gm. et Schr. ) BufF XIV, vu, viii.
^ Couvert tout entier d'un poil gris brun-clair; c'est de
tous les singes celui qui supporte le plus aiséiuent notre
climat. Il est originaire de Barbarie , d'où on l'apporte
souvent en Europe. Il produit quelquefois chez nous, et s'est
même naturalisé dans les parties les moins accessibles du
rocher de Gibraltar.
Les Macaques (2)
Se distinguent des magots par une queue plus ou moius
longue , et des cynocéphales, parce que leurs narines sont
obliques à la face supérieure du museau.
Le Macaque à crinière. (Sim, silenus et leonina. L. et Gm.) '
Ouanderou de BufF. Audeb. IP Fam. sect. I, pl. m.
Noir; une crinière cendrée et une barbe blanchâtre lui
entourent la tète. Il paraît qu'il y a des individus blancs
en tout ou en partie, et d'autres de diverses teintes de brua
et de fauve. De Ceylaa.
Le Bonnet chinois et la Guenon couronnée de BufF.
( Simia sinica. Gm. ) BulF. XIV, xxx.
Brun fauve assez vif dessus, blanc dessous j la face couleur
(i) Le pithèque décrit par Buff. , Suppicni. VII , n'élait qu'un jeune ma-
got. Son petit cynocéphale , ib. , et les grands et petits cynocéphales sans
queue, de Prosper-AJpin , ne sont pas antre chose.
Tïl'ài)KO(T ^^^ le ïiom grec du singe en général, et cekti dont Galien a
donné l'analomie n'est autre chose qu'un magot , quoique Camper ait pensé
que c'était l'orang-outang, parce qu'il avait mal entendu ce que Galien dit
de son larynx. M. de Blainviile s'est aperçu de cette méprise , et je l'ai cons-
tatée en corapaxant tout ce que Galien dit de ranaioraie du singe avec
ces deux espèces.
(2)Macaco, macaque, est le nom générique des singes à la côte de Guinée
et parmi les nègres transportés aux colonies. Margrave en indique une es-
pèce, dont il dit qu'elle a nares elatas bijidas ; et ces mots vagues, em-
ployés uniquement d'après lui , sont restes dans le caractère que ion appli-
que au niaciique de Cullon , quciqu'cu i/y vtie lien de ici.
Q tr A D K U M A K E S. 1 OQ
âe cliaîr, les poils du sommet de la tête disposés en rayons
et formant une sorte de chapeau. Du Bengale , de Ceylan.
I/Ais^relte. (Simia aj^gula.h.) BufF, XIV, xxi.
Gris olivâtre dessus , plus pale ou jaunâtre des ous; un
bouquet de poils plus long au sommet de la tête. D'Afrique.
Le Macaque de Buff. ( si^nia cj-nomol^os et cynoce-
phalus. L. Buff. X1"V , xx.
Yerdatre en dessus, jaunâtre ou blancliatre en dessous.
De Guinée et de l'intérieur de l'Afrique, d'où on l'importe
quelquefois en Egypte.
Deux espèces de macaques se distinguent par une queue
assez courte et grêle.
Le Maimon. (Simia nemesirina, L. et si>nia platypigos.
Sclircb. ) Audeb. M*'. Fam. sect. I, pi. u (i).
Brun foncé dessus ; une bande noire commençant sur la
tête et s'affaiblissant le long du dos; jaunâtre autour de la
lête et aux membres; queue grêle pendant jusqu'à moitié
des cuisses seulement.
Le Rhésus. Audeb. Patas à queue courte, ib. pi. iy,
et BulT. Supp. XIV , pi. xïv ; le premier maimon repré-
senté par Buff. XIV, pi. xix (2}.
Grisâtre; teint de fauve à la tête et au croupion, quel-
quefois sur tout le dos (5).
Les Cynocéphales (CY^'ocEPITAL.us. G.)
Ont un museau qui est allongé et comme tronqué au I)out ,
où sont percées les narines, ce qui le fait ressembler à celai
(1) La seule bonne figure est celle d'Audebert. Celle de Buffon appar-
tient plutôt au rhésus.
(2^' Les deux individus qui ont servi à Audebert sont an muséum. Je les
ai examinés ; ils ne font qu'une espèco.
(3) Le macaque à queue courte de Bnff. , SnppL VIT , pi. XIII ( Sim.
crythrœa , Schr.) me paraît un vrai macaque ( cynomvigos) , dont la queue
était coupée. Audeberi J'a confondu à tort avec son rhésus . qni est le patas
4 queue courte de Buffon.
liO MAMMIFÈRES.
u'un chien plus que ceux des autres singes j leur queue varie
en longueur.
Le P avion. BufF. [Simia spJijnx. L.)
D'un jaune verdâtre tirant plus ou moins sur le brun ;
le visage noir, la queue longue (i). On en voit de plusieurs
grandeurs qui ne diffèrent probablement que par Tàge.
Adulte, il effraie par sa férocité et sa lubricité bj utale. De
Guinée.
Le Papion noir. { Simia porcaria. Bodd. Ursina. Penn.
Sphj'ngiola. Herni. La guenon à face allongée. Penn. , et
Bufi". Supp. Vil, pi. sv. Singe norr de Vaillant.) (2)
D'un noir glacé de jaunâtre ou de vrrdâlre, surtout au
front, du reste semblable au précédent pour la forme et
pour les mœurs. Du Cap.
Le Tartarin de Belon , ou Papion à perruque. {Simia ha-
madrj-as. Linn. Papion à face de chien. Penn. Sinu^e
de Moco, Buff. Supp. \'IÎ, x (5).
D'un cendié un peu bleuâtre; les poils ducamail et surtout
ceux des côtés de la télé très-louiis: le visa«;e couleur de
chair. Ce grand singe est aussi l'un des plus lubriques et
des plus horriblement féroces. Il vit en Arabie.
L Papion à queue courte. {Sim» silvestris. Scbreb. Papion
des bois. Penr. Sim. Lucophœa. Fred. Cuvier, Ann. du
Mus. d'hist. natur. )
Gris jaunâtre clair; le visage noir, la queue très-courle et
irrs-menue.
(1) Ceux à qui on la représente courte couuiie les papions de EulTon ,
XIV, pi. XI u ef XIV , etc. , Fuyaient coupcie. La meilleure figure a été
donnée par M. Bron^niard (choix de JNlcui. d'hist. nat.) , niais sous le
nom impropre de sim. cynocephalus, E41e est copiée dans Schrebcr ,
pi. xiii B.
(oi) Toutes ces espèces factices ne tiennent qu'au plus ou moins boa état
CCS individus , ou à leur âge.
(3) Copié dans Schreber, mais mal enluminé. Voyez aussi Belon , Por-
traits d'ois. , fol. 101 , vers. Gesner 8G2.
QUADRUMANES. III
Les Maki)Rili.s
Sont de tous les singes ceux qui ont le museau le plus
long (de 5o°) ; leur queue est très-courte j Ils sont aussi ivl^-
brutaux et très-féroces. On n'en connaît qu'une espèce.
Le Mandrill y Boggo , Choral. Buff. XIV, xvi , xvii, et
Supp. y\\, IX. {Slmia maimvn.et mormon, Linu. )
Gris brun, olivâtre en dessus^ une petite barbe jaune
citron au menton, les joues bleues et sillonnées. Les malts
adultes prennent un nez rouge surtout au bout où il devient
écarlate; et c'est mal à propos qu'on en a fait une espèce
particulière (i). Les parties génitales et le tour de l'anus ont
la même couleur. Les fesses sont d'une belle teinte violette.
On ne peut se figurer un animal plus extraordinaire et plus
hideux. Il atteint presque la taille de l'homme. Les nègres
de Guinée le redoutent beaucoup. On a mêlé plusieurs
traits de son histoire à celle duchimpanséj et par suite à
celle de l'orang-outang.
Les Pongos (2)
Ont les longs bras et l'absence de queue des orang-
outangs, avec les abajoues des guenons et babouins , et une
forme de tête toute particulière ; le front en est trcs-recuîé ,
le crâne petit et comprimé ; la face de forme p^^ramidale , à
cause de l'élévation des branches montantes de la mâchoire
inférieure, qui indique dans les organes de la voix quelque
disposition analogue à celle qui a été observée dans les alouat-
(i) Nous avons vu nous-mêmes , ainsi que M. Geoffroy , deux ou trois
mandrills ou S. viaimon se changer en choras ou S. mornion , dans la
iuéuagerie du musëtun. Le bouquet de poil qu'on ajoute comme caractère
du mormon est souvent aussi dans le maimon.
(a) Ce nom , corrompu de celui de boggo , qvie l'on donne en Afrique au
chimpansé ou au mandrill , a éic appliqué , par Buffon , ;\ une grande
espèce d'orang-outang, qui n'était qu'un produit imaginaire de ses com-
binaisons; Wurmb l'a transporté à cet animal-ci , qu'il a décrit le premier ,
et dont Buffon n'avait nulle idée. Mém. de la soc. d^ Batavia , tome îl ,
page 245.
IÎÎ2 MAMMIFÈRES.
tes. On sait déjà qu'ils ont unepoclie membraneuse atliiérente
au larynx, comme les babouins.
On n'en connaît encore qu'une espèce, qui estle plus j:;rand
de tous les singes , et l'un des animaux les plus redoutables.
Elle est brune , à face et à mains noirâtres, et habite à Bor-
néo. Plusieurs des traits de son histoire ont sans doute aussi
été mêlés à celle de l'orang-outang, d'autant que la longueur
de ses bras , celle des apophyses épineuses de ses vertèbres
cervicales, la lubérosité de son calcaneum peuvent lui faci-
liter la station verticale, malgré l'allongement de son mu-
seau , et que sa taille est à peu près celle de l'homme. Son
squelette est représenté , Audeb. , pi. ii , f. S.
Les Sapajous ou Singes d'Amérique
Ont quatre mâchelières de plus que les autres, trente-six
dents en tout , la queue longue , point d'abajoues , les fesses
velues et sans callosités , les narines percées aux côtés du nez ,
et non en dessous. Tous les grands quadrumanes du nouveau
continent appartiennent à cette division 5 leurs gros intestins
sont moins boursoufHés , et leur cœcum plus long et plus grêle
que dans les précédens.
Les uns ont la queue prenante ; c'est-à-dire , que son extré-
mité peut s'entortiller avec assez de force autour des corps
pour les saisir comme une main. Ils retiennent plus particu-
lièrement le nom de Sai»ajoi s. ( Cebus erxleben. )
A leur tète peuvent se mettre les Alouattes ( Mycetes. lh*g.),
qui se distinguent par une tète pyramidale, dont la mâchoire
supérieure descend beaucoup plus bas que le crâne , attendu
que l'inférieure a ses branches montantes très-hautes , pour
loger un tambour osseux , formé par un renflement vésicu-
laire de l'os hyoïde, qui communique avec leur larynx, et
donne à leur voix un volume énorme et un son effroyable.
Delà leur nom de Singes hurleurs. La partie prenante de leur
queue e&t nue %X calleuse en dessous.
OTTÀBÏITTMANES. I l3
X^Aloiiatte ordinaire ( Simia senicidus ) , vulg. Hurleur
roux. Bu£f. , Su{>. , YÏI, XXV.
Des bois de la Guyanne , où elle vit en troupes ; de la taillô
d'un fort renard j d'un roux-maron vif.
JJOuarine, ( Sim, Beelzehut. L. ) (i) , vulg. Hurleur brun ^
Caraj^a de d'Azzara, Guariba de Margr.
Commune au Brésil , au Paraguai ; le mâle est noir des-
sus , roux dessous , la femelle brunâtre (2).
Les Sapajous ordinaires. Ont la tête très-plate , le museau
peu proéminent. ( Angle fac. de 60**. )
11 en est quelques-uns dont les pouces de devant sont ca-
chés sous la peau, et la partie prenante de la queue nue en
dessous. M. Geoffroy en fait un genre sous le nom d'AxÈLEs (3).
La première espèce , le chaniek ( ateles pentadactylus ,
Geoff. ) y diffère encore des autres , parce qu'elle a le pouce
un peu saillant, quoique d'une phalange seulement, et sans
ongle , et que sa mâchoire inférieure est presque aussi haute
que celles des alouattes ; aussi a-t-elle un os hyoïde a&sez
semblable au leur : tout son pelage est noir.
Le Coaïta. ( siinia paniscus. L. ) Buff. , XV, i.
Couvert tout entier d'un poil noir, comme le chamek,
mais absolument sans pouce visible.
Le Coaïta à face bordée. {Aleles margijiatus. GeolT.)
Ann. mus. Xlil , pi. x.
Noir , un bord de poils blancs autour de la face.
Le Coaïta à ^ventre hlanc. (Simia Beelzehut. Briss.) Geoff,
Ann. mus. VU , pi. xvi.
Noir en dessus, blanc en dessous ; le tour des yeux cou-
leur de chair.
Le Coaïtafaui^e {Ateles arachnoïdes. Geoff.) An. mus.
XIII , pi. IX.
Fauve ou roux.
(i) Le beizëhut de Brisson est un coaïta.
{1) Ajoutez les espèces ou variét<?s indiquées par M, Geoffroy , Ann. du
mus. XIX, 107-108.
(3) Ann. du muséum , Vit , ^60 et suiv.
TOME I. 8
Îi4 MAMMIFÈRES.
Tous ces animaux viennent de la Guyanne et du Brésil ;
leurs pieds de devant sont très-longs, très-grêles, et toute
leur démarche singulièrement lente (i).
Les autres sapajous ( Cebcjs, Geoff. ) ont les pouces distincts
€t la queue toute velue , quoique prenante.
Le Sajou. ( Simia apella. L. ) et le Saï ( sùnia capucina.
L. ) BulF. , XV , IV, V et VllI, ix(2).
L'un et l'autre de différens bruns \ le premier a le tour
du visage noirâtre , l'autre l'a blanchâtre ; mais toutes les
nuances du reste de leur corps varient entre le brun-noir
et le fauve, quelquefois même le blanchâtre. La région des
épaules et de la poitrine est cependant d'ordinaire plus
pâle , et la calotte et les mains sont plus foncées*
lie Sajou, cornu, {Siiniafatuellus. Gm. ) Buff. Sup. VII,
XXIX.
î^e se distingue que par une petite crête de poils de cha-
que côté du front.
Tous ces animaux viennent de l'Amérique méridionale ;
leur naturel est doux, leurs mouvemens vifs et légers : on
les apprivoise aisément. Leur petit cri llûté leur a fait don-
ner le nom Ae^in^es pleureurs.
Dans quelques - uns ( les Gallitrtx, Geoff. ) , la queue
cesse presque d'être prenante. Tel est
Le Saïmiri. ( Simia sciiirea, ) Buff. XV, x.
Grand comme un écureuil , d'un gris jaunâtre ^ les avant-
bras , les jambes et les quatre mains d'un jaune fauve j le
bout du museau tout noir (5).
(i) Ils ont avec l'homme quelques ressemblances assez remarquables
dans les muscles. Seuls, parmi les animaux , ils ont le biceps de la cuiss»
fait comme le nôtre.
il) Les sajous et les saïs varient si fort du brun au jaunâtre et au blan»-
châtre , qu'on serait tenté de multiplier leurs espèces si l'on n'avait les va-
riétés intermédiaires. Tels sont les sim. trépida , syricnta , lugubrls , Jla^
^la , L. et Schreb. ainsi que que quelques-uns de ceux que distingue
M. Geoffroj^ Ann. du mus. XIX, m et 112.
(5) Ajoutez quelques espèces ou variétés indiquées , Geoff. , Ann. mus.
XîX, ii3^ ii4
.-I
Q UADli UM ANES. Il5
Ceux qui n'ont pas la queue prenante s'appellent Sakis.
Leur queue est génénilement touffue , ce qui les fait nommer
aussi singes à queue de renard : ce sont les Pithecia. de Des-
mare ts et d'Iliger (i).
Le Farke, ( Siniia pithecia» L. ) BuïF. XY , xir.
Noirâtre ; le tour du visage blanchâtre.
Le Saki noir, ( Si- nia saianas. Hofmansegg. ) Humb. ,
Obs. zool. y L. XXVII.
Tout noir.
Le Saki a ventre roux ou Singe de nuit. ( Pithecia ruû
ventris. GeofF. ) Buff. , Sup. , YII , xxxi.
Brun , à ventre roux.
Il V en a cependant aussi dont la queue est grêle.
Tous sont de la Guyane ou du Brésil.
Les Ouistitis. (Hapale, lliger. ArctopitheciiSy
Gcoff. )
Petit genre j semblable aux sakis,etquialong-lemps
été confondu avec eux dans le grand genre des singes ;
ils ont en effet , comme les singes d'Amérique en gé-
néral, la tête ronde, le visage -plat, les narines laté-
rales, les fesses velues, point d'abajoues, et, comme
les sakis en particulier , la queue non prenante; mais
ils n'ont que vingt mâchelières, comme les singes de
l'ancien continent ; tous leurs ongles sont comprimés
et pointus, excepté ceux des pouces de derrière, et
I • ■ ■ ■ ■ ■ ■ — ■ Il
(i) Ils portent dans Buffon , en commun avec les ouistitis , le nom de
sagouins ( calliihrix erxl. ) Ce nom de sagouin ou çagui appartient eu
effet , au Brésil , à tous les petits quadrumanes à queue non prenante.
iV. B. M. Geoff. Ann. mus. XIX, ii2-ii3 , donne en commun ù ses
t;alliihrix , aux aotus et aux pithecia, le nom de géopithèque.
M. de Humboldt a donné , Obs. zool. I , la figure d'un quadrumane très-
singulier, qu'il nomme singe de nuit ( aoLus. Iliger) ,• mais je ne puis le
placer faute d'avoir vu son cràue et ses dents.
Il6 MAMMIFÈRES.
leurs pouces de devant s'écartent si peu des autres
doigts, qu'on ne leur donne qu'en hésitant le nom de
quadrumanes. Ce sont tous de petits animaux de
forme agréable, et qui s'apprivoisent aisément.
UOuistiti ordinaire. ( sim. jacchus. L. )Titi, au Paraguay,
, Buff.,XV; XIV.
A queue assez touffue , colorée par anneaux de brun et
de blancliâtre , à corps gris-brun , deux grandes toufl'es de
poils blancs devantles oreilles. De presque toute l'Amérique
méridionale.
Le Pinche. {simiaœdipus. L.), BufF, XV; xvii.
Gris, de longs poils blancs sur la tête, pendans derrière
les oreilles ; la queue grêle et rousse. Des bords de la rivière
des Amazones.
Le Tamarin. {Simia midas. L.) , BuiF. , XV, xiii.
!Noir , les quatre mains jaunâtres. De la Guyanne.
Le Tamarin nègre^ {Midas ursulus, GeoiT. ) Buff. , Sup.
VII, XXXII.
Tout noir.
Le Marikina, ( Simia rosalia, L. ) , vulg. singe lion ,
BufF., XIV, XVI.
Blanchâtre , la tête entourée d'une crinière fauve , la
queue brune au bout. De Surinam.
Le Mico. ( Sim. argentata. L. ) Buff. , XV , xviii.
Gris-blanc argenté, quelquefois tout blanc; la queue brune.
De la rivière des Amazones (i).
Les Makis. ( Lemur. L. )
Comprennent, selon Linnœus, tous les quadru-
manes qui ont à l'une ou à l'autre mâchoire , les
incisives en nombre différent de quatre^ ou du moins
(i) Ajoutez les espèces ou vaiiélés indiquées. Geoff, Ann. mus. XIX ,
119, 120,. 121 , 122.
QUADRUMANES. ' - II7
autrement dirigées que clans les singes. Ce carac-
tère négatif ne pouvait manquer d'embrasser des
êtres assez différens , et ne réunissait même pas tous
ceux qui doivent aller ensemble. M. Geoffroy a établi
dans ce genre plusieurs divisions mieux caractérisées^
dont nous adoptons les suivantes :
Lks Makis PRoPBEMfiMT hits.
Six inférieures en bas, comprimées et couchées en avant j
quatre en haut , droites , dont les intermédiaires sont écartées
l'une de l'autre ; de longues canines; des molaires de singes ;
vuie longue queue ; un ongle pointu , à l'index de derrière seu-
lement j tous les autres plats. Ce sont des animaux trcs-agiles,
que l'on a nommés singes à museau de renard , à cause de leur
tète pointue. Ils vivent de fruits. Les espèces en sont nom-
breuses , et n'habitent que dans l'ile de Madagascar , où elles
paraissent remplacer les singes, qui n'y existent pas. Elles ne
diffèrent guère entre elles que par les couleurs.
Le Mococo. ( Lemur catta, L. ) , Buff. XIIÎ, xxii.
Gris-cendré , à queue annelée de noir et de blanc.
Le Fari. ( Lemur macaco. L. ) , BufF. XllI j xxvii.
Varié par grandes taches de noir et de blanc.
Le Maki rou^e. ( Lemur ruber. Péron. )
Roux-maron vif, la tête , les quatre mains, la queue et
le ventre noirs , une tache blanche sur la nuque , une toulFa
rousse à cliaque oreille.
Le Mongous ( Lemur mongos. L. ) , BulF. XIlî, xxvi.
Tout brun, le visage et les mains noires , et d'autres es-^
pèces voisines ou variétés , telles que :
Le Mongoux à front blanc. [Lemur alhifrons. Geoff. );
Audeb. y Makis. , pi. m.
Brun, le front blanc , etc. (1 ).
I "■"■■« ' . ■
(1) Yojez pour les autres ; Geoff. Anu. du mus. XIX, iGo et siiiv:
I I 8 MAMMIFÈRES.
Les Indeis. ( Lichanotus. Illig. )
Les dents comme dans les précédens, excepté qu'il nV en a
que quatre en bas -, les ongles de même ; point de queue.
On n'en connoît qu'une espèce sans queue , de trois pieds
de haut, noire, à face grise, à derrière Liane {Lemur
indri)j Sounerat j li^ ^oy- ? P^* i-xxsvi , que les ha-
bitans de Madagascar apprivoisent et dressent comme un
chien pour la chasse (i).
Les Loris, vulg. Singes paresseux. (Stenops, Illig.)
Les dents et les ongles des makis , seulement des pointes
plus aiguës aux machellères ; le museau court d'un doguin ) le
corps grêle j point de queue.
Ils se nourrissent d'insectes, quelquefois de petits oiseaux
ou quadrupèdes , et sont d'une lenteur excessive à la marche;
leur genre de vie est nocturne. M. Carlisle leur a trouvé , à la
base des artères des membres , la même division en petits ra-
meaux que dans les vrais paresseux.
On en connaît deux espèces^ l'une et l'autre des Indes
orientales.
Le Loris paresseux ou le Paresseux du Bengale. [Lemur
tardigradus. L. ) , Buff. , Sup. YH, xxxvi.
Gris-fauve, une raie brune le long du dos. Il lui manque
quelquefois deux incisives en haut.
Le Loris grêle. ( Lemur gracilis. ) , BulT. , XIII, xxx, et mieux ,
Seb. , I , xLvii. ^
Gris-fauve , sans raie dorsale , un peu plus petit que le
précédent , à nez plus relevé par une saillie des intcr-
maxillaires.
Les GiiiAGo , GeoIF. (Otoltcnus. Illig. )
Ont les ongles , les dents et le régime insectivore des précé-
dens j des tarses alongées, qui donnent à leurs pieds de der-
1.1.1 • — —
(i) Uindn à longue queue ou niani à bourre ( Lemus laniger. Cm, )
Sonnerai , 2^ Voy. pi. lxxxyiï . a besoin d'êlre revu.
QU ADRU3Î A^^ ES. I T^
rîere une dimension disproportionnée ; une longue queue
touffue , de larges oreilles membraneuses , et de grands yeux
qui annoncent une vie nocturne.
On en connaît plusieurs espèces , toutes d^Afrique (i). Il
paraît que Ton doit y rapporter aussi un animal de ce pays-là
{ Leinur polto ^ Gm.), Bosraan. Voy. en Guin. p. 262, n''4 ,
auquel on attribue une lenteur comparable à celle des loris.
et des paresseux.
Les Tarsiers. ( Tarsius. )
Ont les tarses alongés ( t tous les autres détails de la forme
des précédens ; mais l'iuiervalle entre leurs molaires et leurs
incisives est rempli par plusieurs canines plus courtes : les in-
cisives sont au nombre de quatre en liant et de deux seulement
en bas. Ce sont aussi des animaux nocturnes, et qui vivent
d'insectes. Ils viennent des Moluques. ( Lemur spectriim. PalL),
Buff. Xlîl ; IX (2).
LE TROISIÈME ORDRE DES MAMMIFÈRES,
LES CARNASSIERS,
Forment une réunion considérable et variée
de quadrupèdes ongniculés , qui possèdent ^
comme l'homme et les- quadrumanes , les trois
(i) Le grand galago de la taille d'un lapin ( Gaîago crassicaudatii ^
Geoff. ) — Le moyen , de la taille d'un rat ( Galago stnegalensis , id. )
Schreb. XXXVUI , Bb. Audeb. Gai. pi. i. — he petit , encore un peu
moindre , Brown , ill. 44* — Comparez aussi le galago de Deinidof , Fischer.
Mém. des nat. de "Moscou , I , pi. i»
(2) Comparez le Tarsius Juscoinanus. Fi«cher. Anat. des Makis , pi. m
JY.B' Les voyageurs devront i-ecliercher quelques animaux dessinés par
Commerson , et que M. Geoffroy a fait graver , Ann. mus. XIX , X , sou=-
e nom de cheîrogalciis. Ces ligures semblciît annoncer un nouveau genre
«a sous- genre de quadrumanes.
Ï20 MAMMIFÈRES.
sortes de dents. Ils vivent tous de matières ani-
males, et d'autant plus exclusivement , que leurs
mâchelières sont plus tranchantes. Ceux qui les
ont en tout ou en partie tuberculeuses , pren-
nent aussi plus ou moins de substances végé-
tales 5 et ceux qui les ont hérissées de pointes
coniques se nourrissent principalement d'in-
* sectes. L'articulation de leur mâchoire infé-
rieure 5 dirigée en travers , et serrée comme un
gond , ne lui permet aucun mouvement hori-
zontal : elle ne peut que se fermer et s'ouvrir.
Leur cerveau, encore assez sillonné, n'a point
de troisième lobe, et ne recouvre point le cerve-
let, non plus que dans les familles suivantes; leur
orbite n'est point séparé de leur fosse temporale
dans le squelette : leur crâne est rétréci et leurs
JL
arcades zygomatiques écartées et relevées pour
donner plus de volume et plus de force aux
muscles de leurs mâchoires. Le sens qui domine
chez eux est celui de l'odorat , et leur mem-
brane pituitaire est généralement étendue sur
des lames osseuses très-multipliées. Leur avant-
bras peut encore tourner , quoiqu'avec moins
de facilité que dans les quadrumanes , et ils
n'ont jamais aux pieds de devant de pouces op-
posables aux antres doigts. Leurs intestins sont
moins vokunineux • à cause de la nature sub-
CARNASSIERS. I2Î
stantielle de leurs alimens , et pour éviter la
putréfaction que la chair éprouverait en séjour-
nant trop long-temps dans un canal prolongé.
Du reste , leurs formes et les détails de leur
organisation varient beaucoup et entraînent des
variétés analogues dans leurs habitudes , au point
qu'il est impossible de ranger leurs genres sur
une même ligne , et que Ton est obligé d'en
former plusieurs familles qui se lient diverse-
ment entre elles par des rapports multipliés.
LA PREMIERE FAMILLE DES CARNASSIERS,
LES CHÉIROPTÈRES
Ont encore quelques affinités avec les qua-
drumanes 5 par leur verge pendante et par leurs
mamelles placées sur la poitrine. Leur caractère
distinctif consiste dans un repli de la peau éten-
du entre leurs quatre pieds et leurs doigts ,
lequel les soutient dans l'air , et permet même
de voler à ceiii qui ont les mains assez déve-
loppées pour cela. Cette disposition exigeait de
{or les clavicules et de larges omoplates pour
que l'épaule eût la solidité requise ; mais elle
était incompatible avec la rotation de l'avant-
bras ^ qui aurait affaibli la force du choc nércs-
saire au vol. Ces animaux ont lous quatre
122 ' M A M M I F È B E S.
grandes canines , mais le nombre de leurs inci-
sives varie On n'en a fait long-temps que deux
genres d'après i'ëtencine de leuis organes du vol ^
mois le premier des deux exige plusieurs subdi-
visions.
Les Chauve-Souris. ( Vespertilio.. Lin. )
Ont les bras , les avant-bras et les doigts excessi-
vement allongés , et formaiit , avec la membrane qui
en remplit les intervalles , de véritables ailes ^ aussi
étendues que celles des oiseaux. Aussi les cliauve-
souris volent-elles trës-liaut et très-rapidement. Leurs
muscles pectoraux ont une épaisseur proportionnée
aux mouvemens qu'ils doivent exécuter, et le ster-
num a dans son milieu une arête pour leur donner
attache , comme celui Ses oiseaux. Le pouce est
court, et armé d'un ongle crochu, qui sert à ces ani-
maux à se suspendre et à ramper. Leurs pieds de
derrière sont faibles, divisés en cinq doigts égaux,
et tous armés d'ongles. Il n'y a point de cœcum à
leurs intestins. Leurs yeux sont excessivement pe-
tits, mais leurs oreilles sont souvent très-grandes, et
forment avec leurs ailes une énorme surface mem-
braneuse , presque nue , et tellement sensible , que
les chauve- souris se dirigent dans tous les recoins
de leur labyrinthe , même après qu'on leur a arraché
les yeiix , probablement par la seule diversité des im-
pressions de lair. Ce sont des animaux nocturnes
qui, dans nos climats, passent l'hiver en léthargie,
ils se suspendent pendant le jour dans des lieux
CARNASSIERS. 123
obscurs. Leur pori '' 're est de deux petiis^
qu'ils tiennent cio .j.,j.iiiçp ..,.3 mamelles, et
dont la grosseur est considérable à proportion de celle
de leur mère.
Ce genre est très-nombreux, et présente beaucoup
de subdivisions.
Il faut d'abord en séparer
Les Roussettes. (Pteropus. Briss. )
Qui ont des incisives tranclianles à chaque mâchoire et des
machelières à couronne plate (i); aussi vivent- elles en grande
partie de fruits; elles savent cependant très-bien poursuivre
les oiseaux et les petits quadrupèdes. Ce sont les plus grandes
chauve-souris, et on mange leur chair. Elles habitent dans les
Indes-Orientales.
Leur membrane est échancrée profondément entre leurs
jambes; elles n'ont point ou presque point de queue; leur
doigt index, de moitié plus court que le médius, porte une
troisième plialange et nn petit ongle qui manque dans les
autres chauve-souris; mais les doigts suivans n'ont chacun
que deux phalanges ; leur nez est simple, leur oreille petite,
sans oreillon, et leur langue hérissée de piquans recourbés en
arrière; leur estomac est un sac très-allongé et inégalement
renflé.
I. E.OUSSETTES sans queue, à quatre incisives à chaque
mâchoire.^
ha. Roussette noire. {Pter.^dulis. Geoff. )
D'un brun noirâtre, plus foncé en dessous; près de quatre
pieds d'envergure. Des îles de la Sonde, cWis Moluques,
où elle se tieni dans les cavernes. Sa chair est très-délicate.
La Roussette d'Edwards. [Ptcr. Edwardsii. GeolT. )
Edw. io8.
Fauve, à dos brun foncé. De iMada^ascar.
(i) Les machelières ont proprement deux saillies longitudinales cl pa-
ralUies , séparées par un sillon , et qui s'usent par la détrition.
I'î4 MAMMIFÈRES.
La Roussette de Buffon. {Pler.vulgaric, Geoff.), Buff. X, xiv.
Brune, la face et les côtés du dos fauves. Drs iles de
France et de Bourbon, où elle habite sur les arbres daos
les forêts.
La Roussette à collier, Rougette de Bujfjfon, {Pter. rubri-
collis. GeofF.) j Buff. X, 3.VII.
Gris-brun, le cou rouge. Des mêmes îles où elle vit dans
les arbres creux.
2. Roussettes ai^ec une petite queue, à quatre incisives à
chaque mâchoire.
Ce sont toutes des espèces décrites pour la preniièi^ fois
par M. Geoffroy, Une d'elles , laineuse et grise ( Pter.
yEgy^ptiacus.jj vit en Egypte dans les souterrains ; une autre,
roussâtre, à queue un peu plus longue et à demi engagée
dans la membrane (Pter. amplexicaudus.) Geoff. Ann. mus.
t. XV, pi. TV, vient de Tarcliipel des Indes, etc. (i)
3. D'après les indications de 2A. Geoffroy, nous détachons
encore des roussettes les céphalotes, qui ont les mêmes
mâchelières, mais où l'index, court et pourvu de ses trois
phalanges comme celui des précédentes, manque cepen-
dant d'ongle. Les membranes de leurs ailes, au lieu de se
joindre aux ilancs, se réunissent l'une à l'autre sur le milieu
du dos auquel elles adhèrent par une cloison verticale et
longitudinale. Elles n'ont souvent que àevi\ incisives.
La Céphalote de Pero|t [ Cephaîotes Peronii. Geoff.) Geoff.
Ann. ou mus. , XV, pi. iv.
Brune ou rousse. De Timor.
l'ne fois les roussettes retranchées, il reste les. vraie»^
riiAuvE-souKis , qui sont toutes insectivores, et ont toutes des-
mâchelières héi-issées de pointes coni(jues. Leur index n'a
■ I» 1 1 I II-, I
(i) Ajoutez pterovits griscus , Geoff. Ann. mus.., tome XV, pi. vi. —
ftcrrp. slramineu^. Seb, 1 , LVII , i - 2. — Fier, margiiuUus ,. Gcof£».
îoc. cic. pi. V. — Pt'T, uiiniinus. iJ..
CARNA.SSIERS. I^S
3<imais d-ongle et, un seul sous-genre excepté, leur membrane
s'étend toujours entre les deux jambes.
On doit les diviser en deux principales tribus. La première
a au doigt médius de l'aile trois plialanges ossifiées, mais les
autres doigts et l'index lui-même n'en ont que deux.
A cette tribu, qui est toute étrangère, appartiennent trois
sous-genres.
Les Molosses. (Molosses. GeofF. Djsopes, Iliger.)
A museau simple , à oreilles larges et courtes, naissant près
de l'angle des lèvres , et s' unissant l'une à l'autre sur le
museau, l'oreillon court et noo enveloppé par la conque. On
ne leur compte que deux incisives à cbaque mâchoire ; leur
queue occupe toute la longueur de la membrane interfémorale,
et s''étend le plus souvent au delà. Toutes les espèces viennent
d'Amérique et sont plus ou moins brunes (i).
Les Nyctinomes. (GeofiF.)
Ont quatre incisives en bas, la lèvre supérieure haute et
fort écbancréej d'ailleurs ils ressemblent aux molosses (2).
Les Stéivodermes. (GeoiF, )
A museau simple, à membrane interfémorale écbancrée
jusqu'au coccjx-, ils manquent de queue, et on leur compte
deux incisives en haut et quatre en' bas.
Les Noctilions. (Noctilio. Linn. Ed. XII.)
A museau court renflé, fendu, garni de verrues et de
sillons bizarres, à oreilles séparées; ils ont quatre incisives en
haut et deux en bas; leur queue est courte et libre au-dessus
de leur membrane interfémorale.
(1) Elles étaient confondions par Gmel. sous le nom commun de vespert,
nioîossus ; mais M. Geoffroy en distingue déjà neuf espèces , dont Buffon
n'a que trois ; moloss. îongicaudauis. Buff. X, xix , 2. — Moloss. fus-
civenter , id.. Ibid. i. — 'El moloss. guyanensii y id. Supp. VII, lxxv.
On trouvera la description des autres , Ann. du mus. Vî , i5o.
(2) Le nyctinomjc d'Egypte , Gooffr. Eg. mammif. 2, îi. — J^^espevt.
«cçlaôulosHS , Herm. Obs. acol. p. 19. — Vesp. plicalus. Buchanan.
126 MAMMIFÈRES.
On n'en connaît qu'une espèce d'Amérique, cïe couleur
fauve pâle uniforme. ( Vesp. leporinus. Gm. Schreb. l,x.
Les Phyllostomes. [Phj'llostoma. Cuv. et Geoff. )
Dont le nombre régulier des incisives est de quatre à
cliaque mâclioire , mais où ime partie de celles d'en bas
tombent souvent, rejelées par l'accroissement des canines, et
qui se disdnguent en outre par la membrane en forme de
feuille relevée en travers sur le bout de leur nez. Le tragus
de leur oreille représente une petite feuille plus ou moins
dentelée. Leur langue, qui peut s'allonger beaucoup, se
termine par des papilles qui paraissent disposées pour former
un organe de succion, et leurs lèvres ont aussi des tubercules
arrangés symétriquement. Ce sont encore tous des animaux
d'Amérique, qui courent à terre mieux que les autres cbauve-
souris 5 et qui ont l'habitude de sucer le sang des animaux.
I, Phyllostomes sans queue.
[ Le Fampire. ( V. spectrum. L.) Andira-guaçu de Brasiliens.
Seb. Lviii. Geoff. Ann. mus. XV, xii , 4.
A feuille ovale creusée en entonnoir; brun roux, grand
comme une pie. De l'Amérique méridionale. On l'a accusé
de faire périr les hommes et les animaux en les suçant \ mais
il se borne à faire de très -petites plaies qui peuvent
quelquefois être envenimées par le climat (i).
2L Phyllostomes à queue engagée dans la membrane
interjémorale,
{ Le Fer de lance. {F, hastatus, L.) Buff. XIII, xxxtiî.
Feuille du nez en forme de fer de lance ; à bords
entiers (2).
(1) Aioutèz: La lunette. {Ve'^p.pcrspiciUatus, L.) Buff. Sup. VII, i-xxiv.
Et les trois espèces données d'après Aizara , par M. Geoff. Ann. du
mus. , XV, i8i -182.
(2) Ajoutez : Vesp, soricimus. Pall. «pic. 200I. fasc. III , pi. IH, IV ,
eop. Sc!;reb. XLVII.
CARNASSIERS, l'I'J
3. PiiYLLosTOMES à queue libre au-dessus de la membrane.
Lie Fer crénelé. [Ph. crenulatum. Geoff. Ann. du mus,
XV , pi. X. )
Feuille du nez en forme de fer de lance dentelé au \
bord (i).
La deuxième grande tribu n'a à l'index qu'une phalange
©ssifiée et les autres doigts en ont chacun deux.
On divise aussi cette tribu en plusieurs sous-genres.
Les mégadermes. (Geoff. Ann. du mus. XV. )
Qui ont sur le nez une feuille plus compliquée que celle
àes p/ij'llostomes f l'oreiilon grand, le plus souvent fourchu ,
les conques des oreilles très-amples et se soudant l'une à
l'autre sur le sommet de la tête , la langue et les lèvres lisses ,
la membrane interfémorale entière et sans queue. Ils ont
quatre incisives en bas; on ne leur en a pas encore trouvé
en haut, et il paraît que leur os intermaxîllaire reste car-
tilagineux.
lis sont tous de l'ancien continent, soil d'Afrique , comme
la Feuille. ( Meg.frons. Geoff.) A feuille du nez ovale
presque aussi grande que la tête -, du Sénégal ou de
l'archipel des Indes, comme le spasme de Ternate. [Fes-
pert. spasma. L. Seb. I, lvi.) — La lyre. Geoff. Ann.
mus. XV, pi. XTi. — Le trèjle de Java. Id, ib. , etc.
On les distingue entre eux par la figure de leurs feuilles
comme les phyllostomes.
Les Rhinolophes , ( RniNOLOPHirs Geoff. et Cuv. ) vulgaire-
ment Fers-à-cheval. ^
Qui ont le nez garni de membranes et de crêtes fort com-
pliquées, couchées sur le chanfrein , et présentant en gros
la ligure d'un fer à cheval ; leur queue est longue et placée
dans la membrane interfémorale> Ils ont quatre incisives en
(i) Ajoutez : PkyUost. elongalum, Geoff. Ann. mus. XV, ik.
JlS MAMMIFÈRES.
Las et deux Irès-pelites en haut dans un os intermaxll]aire
cartilagineux.
Il y en a deux espèces très-communes en France et
découvertes par Daubenton.
Le grand Fer à cheval ^ ( Fesp. ferrum equinum. L. ) BufT.
o\i Rhmolopiie hifer , GeoîF. Ann. mus. XX, pi. v, et le ^
petit, ( Vesp. hipposideros. Bechst. ) BufF. YIII , xvii , 2
et XX. GeoiT, îoc. cit.
Qui liaLilent les carrières, s'y tenant isolés, suspendus
par les pieds, et s'enveloppant de leurs ailes de mnnière à ne
laisser voir aucune autre partie de leur corps (i).
LesNyctères. ( Nycteris. Cuv. et Geoff. )
Dont le chanfrein est creusé d'une fossette marquée même
sur le crâne et dont les narines sont entourées d'un cercle de
lames saillantes. Ils ont quatre incisives en haut sans intervalle
et six en bas; leurs oreilles sont grandes, non réunies, et
leur queue est comprise dans la membrane interfémorale.
Ce sont des espèces d'Afrique. Daubenton en a décrit une
(lev. hispidus. Linn. ) j M. Geoffroy en a trouvé d'autres en
Egypte (2).
Les Plhynopomes. (Geoff. )
Ont une fossette moins marquée, les narines au bout du
museau et une petite lame au-dessus j leurs oreilles sont
réunies, et leur queue dépasse de beaucoup la membrane.
On en connaît un d'Egypte, où il se tient surtout dans les
pyramides (5).
Les Taphtens. (Thaphozous. Geoff.)
Ont autsi une fossette au chanfrein : mais leurs narines n'ont
point de lames relevées, et on ne leur compte que deux
(i) Ajoutezles quatre autres espèces représentées. Geoff. Ann. mus. , XX,
pi. V , dont une est le vesp. speoris. Schn.
(2) Nyctcre de la Thébauïe , 29. Mammif. , \ , 1 , 3.
(5) Rhinopome JMicropJiflh, Geoff. FespecUlio Micro PhyJlus. Stlir.
CÂflî^ASSÎERS. iig
mcîsWes en haut et quatre en bas; leurs oreilles sont écartées
et leur queue libre au-dessus de la membrane. M. Geoffroy en
a découvert une espèce dans les catacombes d'Egypte (.).
Les Chauve-souris communes ou Vespek tilions.
( Vespertilio. Cuv. et Geoff. )
Qui ont le museau sans feuilles ni autres marques distinc-
tives, les oreilles séparées, quatre incisives en haut, dont les
deux moyennes écartées , et six. en bas à tranchant un peu
dentelé : leur queue est comprise dans la membrane. Ce sous-
genre est le plus nombreux de tous ; on en trouve des espèces
dans toutes les parties du monde. Nous en comptons six ou sept
en France; la première est connue depuis long-temps.
La Chauve-souris ordinaire. {Fesp. murinus. Lin.)
Buff. YÏIl,xvi.
Grise, à oreilles oblongues de la longueur de la tête.
. Les autres espèces n'ont été découvertes que par Dau-
benton , telles sont :
La Sérotine, ( V. serotinus. L. ) Buff. YIII , xviii, 2.
Fauve, à ailes et oreilles noirâtres, la conque de celles-ci
triangulaire, plus courte que la tête , l'oreillon pointu.
On la trouve sous les toits des églises et autres édifices
peu fréquentés.
ha. Nodule. [V. noctula. L. ) BuIF. VIII, xvin, i.
Brune, à oreilles triangulaires, p luscourtes que la tête,
l'oreillon arrondi.
Un peu plus petite que la précédente. On la trouve dans
les creux des vieux arbres, etc.
La Pipistrelle» ( V. pipistrellus. Gm. ) Buff. VIII, xix , i.
La plus petite de ce pays-ci; brune, à oreilles trian-
gulaires, l'oreillon aussi (2).
(1) Le Taphien filet. "Eg. mammif. , I , i , i. — Le taphieu perioié ^
ib. III , L. — Ajoutez le Vesp. lepiurus.
{1) Voyez pour les autres espèces de vespertilions le mémoire de
M. Geoff. , Ann. du mus. , YIII , p. 187.
TOME I. 9
l3o MAMMIFÈRES.
M. Geoffroy sépare encore des vesperlilions
Les Oreillards. (Plecotus. GeoiT.)
Dont les oreilles, plus grandes que la léle^ sont unies l'une
à l'autre sur le crâne, comme dans les megadermes , les
ililnopomes, elc.
L'espèce vulgaire {Vesp, auritus. L. ) Buff. VIII,
3.V1I, I. est plus commune encore ici que la chauve-souris;
ses oreilles égalent presque son corps. Elle habite les
maisons, les cuisines, elc. Nous en avons une autre décou-
verte par Daubenton, la harbaslelle. {VeF'p, barhastellus,
Gm. ) Buff. VIII, XIX, '1. Brune, à oreilles Lien moins
grandes.
Les GalégpithèqueSj ( Galeopithecus , Pall.) , vuîg.
Cliats volaiis.
Diffèrent génériquement des chauve-souris , parce
que les doigts de leurs mains, tous garnis d'ongles
Iranchans , ne sont pas plus allongés que ceux des
pieds 3 en sorte que la membrane qui en occupe les
intervalles et s'étend jusqu'aux côtés de la queue ,
ne peut guère remplir que les fonctions de paracLute.
Leurs canines sont dentelées et courtes comme leurs
molaires. En haut sont deux incisives aussi dente-
lées, très-écartées l'une de l'autre; en bas six, fen-
dues en lanières étroites comme des peignes, struc-
ture tout-à-fait particulière à ce genre. Ces animaux
vivent vSur les arbres dans Tarchipel des Indes, et y
poursuivent les insectes, et peut-être les oiseaux : à
en juger par la détrition que leurs dents éprouvent
avec l'âge , ils doivent aussi se nourrir de fruits. \\s
ont un grand cœcum.
On n'en connaît distinctement qu'une espèce , à pelage
gris-roux en dessus ^ roussalrc en dessous, variée cl ravc^e
CARNASSIERS. l3l
Je difîerens gris dans la jeunesse. C'est le Lemur -volans»
Lin., Audeb. , Gaîaeop. , pi. i et n. Elle liabite aux Mo-
luques ; aux îles de la Sonde, etc....
Tous les autres carnassiers ont les mamelles
situées sous le ventre.
LES INSECTIVORES
Qui informent la deuxième famille ,
Ont 5 comme les chéiroptères , des mâchelières
hérissées de pointes coniques , et une \ie noc-
turne ou souterraine : ils se nourrissent princi-
palement d'insectes , et dans les pays froids
beaucoup d'entre eux passent l'hiver en léthar-
gie, lis n'ont pas , comme les chauve-souris , de
membranes latérales , et ne manquent cepen-
dant jamais de clavicules ; leurs pieds sont
courts et leurs mouvemens faibles ; leurs mam-
melles placées sous le ventre, et leur verge
dans lui fourreau ; aucun n'a de cœcum , et tous
appuient la plante entière du pied sur la terre
en marchant.
Il y en a deux petites tribus distinguées par
la position et la proportion relatives de leurs
incisives et de leurs canines.
La première a deux longues incisives en
avant , suivies d'autres incisives et de canines
toutes plus courtes même que les molaires. Ce
genre de dentition, dont les tarsiers ^ parmi les
î 32 M A M M i F È il E S .
quadrumanes, nous ont déjà donné un exemple ,
rapproche un peu ces animaux des rongeurs.
Les HÉRISSONS ,( Erinaceus j Lin. )
Ont le corps couvert de piquans au lieu de poils.
La peau de leur dos est garnie de muscles tels
que l'animal , en fléchissant la tête et les pattes
vers le ventre , peiît s'y renfermer comme dans une
bourse , et présenter de toutes parts ses piquans à
Fennemi. Leur queue est très-courte , et tous leurs
pieds ont cinq doigts. Leurs deux incisives mitoven-
nes supérieures sont écartées et cylindriques.
JjQ Hérisson ordinaire. (Erinaceus europœus.) Buff. VJIJ, vi.
A oreilles courtes, assez commun dans les bois et dans
les haies j passe l'hiver dans son terrier, et en ressort au
printemps avec des vésicules séminales d'une ampleur et
d'une complication incroyables. Aux insectes qui font son
régime ordinaire, il mêle les fruits qui lui usent à un cer-
tain âge les pointes de ses dents. On se servait autrefois de
sa peau pour serancer le chanvre.
Le Hérisson à longues oreilles. ( Erinaceus auritus. )
Schreb. CLXIII.
Plus petit que le vulgaire, à oreilles grandes comme les
deux tiers de la tête; d'ailleurs semblable au nôtre par la
forme et par les moeurs : il habite depuis le nord de la mer
Caspienne jusqu'en Egypte (i).
Les Musaraignes , ( Sorex, Lin. )
Sont des animaux généralement beaucoup plus
petits que les hérissons , et couverls de simples
(l) Pallas a remarqué, comme un fait intéressant, que les hérissons
mangent des centaines de caniliaridessansen souffrir , tandis qu'une seule
cause des lournaens horribles aux chiens et aux chats.
C AI\?> ASSI ERS. l33
poils au lieu de piquans. Sur chaque flanc on leur
trouve , sous le poil ordinaire , une petite bande de
soies roides et serrées, entre lesquelles suinte une
humeur odorante, produite par une glande particu-
lière (r). Leurs deux incisives supérieures mitoyennes,
sont crochues et dentées à la base. Elles se tiennent
dans des trous qu'elles creusent en terre , ne sortent
guère que vers le soir, et vivent de vers et d'insectes.
On nen a long- temps remarqué en France qu'une
espèce.
La Musaraig7ie commune ou Musette. { Sor. araneus ,
Lin. )Buir., ViH.x, I.
Grise, à queue carrée, aussi longue que le corps: elle est as-
sez népandue à la campagne dans les prés, etc. On l'a accusée
de causer une maladie aux chevaux par sa morsure ; mais
cette imputation est fausse , et lient peut-être à ce que les
chats tuent bien la musaraigne, mais refusent de la manger
à cause de son odeur.
Daubenton en a fait connaître une autre.
La Musaraigne d'eau, {Sorexfodiens,Gïn.) BuIF. "VIII, xi.
Noire dessus, blanche desscTus , à queue carrée, longue
comme le corps : sou oreille peut se fermer presque her-
métiquement quand elle plonge , au moyen de trois valvules
qui répondent à l'hélix, au tragus et à l'antitragus , et les
cils roides qui bordent ses pieds , lui donnent de îa facilité
pournager j aussi fréquente-t-eîle de préférence les bords des
ruisseaux.
Herman , M. Gaîl et M» GeoiFroy en ont ajouté encore
quelques-unes (2).
I I - - I . ■ I ■ I I H-a-L-i- _i -^ I — I MiMi -i ■ - Il ■ I Bi-r I ■ - — ^
(i) "Voyez Geoff. Méra. du mus. , tome I , p. 299.
(-2) Sorex tetragonurus lierm. Schreb. CLTX. B. — S. constrictits,
Id. ib. C. «t Geoff. anu. mus. XVIÎ , ni , r. — S. reniifcr , Geoff. ib. Il ,
I. — Çi.leucoàon. herra. Schreb. CLIX. D.
Voyez aussi pour les espèces clrangères,- Geoff. ib. p. îjictsuiy,
et Méœ. du £uu?, . tome ï , pi. XV, f, î.
o /
104 MAMMIFÈRES.
Les Desmans ^ ( Mygale , Cuv. )
Diffèrent des musaraignes par deux très - petites
dents placées entre les deux grandes incisives d'en
bas , et parce que leurs deux incisives supérieures
sont en triangle et applaties ; leur museau s'allonge
en une petite trompe très-flexible, et qu'ils agitent
sans cesse ; leur queue longue , écailleuse et applatie
sur les côtés , et leurs pieds à cinq doigts , tous réunis
par des membranes , en font des animaux aquatiques.
Ils ont l'œil très-petit, et point d'oreilles extérieures.
Le Desman de Russie ^ vulg. Rat musqué de Russie.
( Sorex moschatus , Lin. ) BujQT. X^ i.
Presque aussi grand qu'un hérisson, d'un gris-cendré ,
fort commun le long des rivières et des lacs de la Russie
méridionale. Il s'j nourrit de vers , de larves d'insectes ,
et surtout de sangsues , qu'il retire aisément de la vase
avec son museau mobile y son terrier , creusé dans la berge ,
commence sous l'eau , et s'élève de manière que le fond
reste au-dessus du niveau dans les plus grandes eaux. Cet
animal ne vient point à sec volontairement-, mais on en
prend beaucoup dans les filets à poissons. Son odeur mus-
quée vient d'une pommade sécrétée dans de petits folli-
cules qu'il a sous la queue. Elle se communique même à la
chair des brochets qui mangent des desmans.
On trouve dans les ruisseaux des Pyrénées une petite es-
pèce de ce genre , que M. Geoffroi a fait connaître. Ann, du
Mus. , lom. XVll 5 pi. IV , f. I .
Les Scalopes. (Scalops, Cuv.)
Joignent aux dents des desmans , et au museau
simplement pointu des musaraignes, des mains larges
et armées d'ongles forts , en un mot propres à creuser
CAPtN ASSIERS, l35
la terre , et eiilièrement semblables à celles des taupes*
Aussi ont-ils le même genre de -vie.
La seule espèce connue ,
Lie Scalope du Canada. ( Sorex aquailcus , Lin.) Sclireb. ,
CLVIIÏ.
Paraît habiter dans une très-grande partie de l'Amérique
septentrionale , le long des rivières.
Les CmiYSocHLORES (Chrysochloris, Lacep. )
Ont encore , comme les deux genres précédens ,
deux incisives en haut et quatre en bas; mais leur
museau est court, large et relevé , et leurs pieds de
devant ont seulement trois ongles , dont Fextérieur
très-sros et les autres allant en diminuant : ceux de
derrière en ont cinq. Ce sont aussi des animaux
souterrains, dont l'avant-bras est soutenu, pour creu-
ser, par un troisième os placé sous le cubitus.
La Chrysochlore du Cap , vulg. ïaupe dorée. ( Talpa asia-
f/frt, Lin.) Sclireb. , CLVII^ et mieux, Brown. , IILXLY.
Un peu moindre que nos taupes , sans queue apparente ;
le seul quadrupède connu qui présente quelques nuances de
ces beaux reflets métalliques dont brillent tant d'oiseaux ,
de poissons et d'insectes. Son poil est d^un vert c]iange«nt
on couleur de cuivre ou de bronze ; ses oreilles n'ont au-
cune conque, et l'an ne peut apercevoir ses yeux (i).
La seconde tribu des insectivores a quatre
(i) La taupe rouge d'Amérique de SéLa , I , pi. xxxii , f . i , ( talpa
iiibra L. ) est irès-prohablement du genre de la clirysoclore j mais le tiican
de Fernandes ; ap. XXIV, que l'on confond avec elle , paraît plutôt un
rat-taupe , h. cause de ses deux longues dents à chaque mâchoire et de son
régime vége'taL C'est probablement aussi à cette première tribu de« insecti-
vores qu'appartient \a. taupe à longue queue, penn, arct. zool. n° 68 j
mais on hq connaît pas assez sa dentition pour la placer.
ï66 MAMMIFÈRES.
grandes canines écartées 5 entre lesquelles sont de
petites incisives, ce qui est la disposition la plus
ordinaire aux quadrumanes et aux carnassiers.
On y retrouve des formes et des habitudes
analogues à celles de la tribu précédente. Ainsi
Les Tenrecs, Cuv. (CENTENES^lligor.)
Ont le corps couvert d'épines comme celui des
hérissons ; mais , outre la grande différence de leurs
dents, il manque aux tenrecs la faculté de se rouler
aussi complètement en boule : ils n'ont pas de queue;
leur museau est très-pointu. On en trouve à Mada-
gascar trois espèces j dont la première a été natura-
lisée à rile-de-France. Ce sont des animaux noc-
turnes , qui passent trois mois de Tannée en léthargie ,
quoique habitans de la zone torride. Bruguière assure
mémeque c'est pendant les plus grandes chaleurs qu'ils
dorment.
Le Tenrec. {Erinaceus ecaudaius , Lin.) Buff. , Xïl , lvi.
Couvert de piquans roides , à incisives échancrées , au
nombre de quatre seulement en bas. C'est le plus grand des
trois : il surpasse notre hérisson.
Le l'endrac. ( Erinaceus setosus , Lin. ) Buff. XII , lvii.
A piquans plus flexibles , plus semblables à des soies ; à six
incisives écliancréesà chaque mâchoires.
Le Tenrec rayé (i), {Erinaceus semispinosus. )
Couvert de soies et de piquans mêlés, rayé de jaune et
(i) Buff. Suppl. m, pi. xxxvTi , l'a pris , mal a propos, pour un
jeune tenrec. Soniierat , voy. à h Chine , II , p. î/\6, en ciccrit mal les.
deuts«
CARNASSIERS. iSy
Je noir; ses incisives au nombre de six, et ses canines, sont
toutes grêles et crochues : il est à peine de la taille d'une
jLaupe.
Les Taupes. ( Talpa , Lin. )
Sont connues de tout le monde par leur vie sou-
terraine, et par leur forme éminemment appropriée
à ce genre de vie.
Un bras très - court , attaché par une longue omo-
plate, soutenu par une clavicule vigoureuse, muni
de muscles énormes, porte une main extrêmement
large , dont la paume est toujours tournée en dehors
ou en arrière : cette main est tranchante à son bord
inférieur ; on y distingue à peine les doigts ; mais les
ongles qui les terminent sont longs , forts , plats et
tranchans. Tel est l'instrument que la taupe emploie
pour déchirer la terre et pour la pousser en arrière.
Son sternum a , comme celui des oiseaux et des
cbauve-souris , une arête qui donne aux muscles
pectoraux la grandeur nécessaire à leurs fonctions.
Pour percer la terre et la soulever , la taupe se sert
de sa tête allongée , pointue , dont le museau est
armé au bout d'un osselet particulier , et dont les
muscles cervicaux sont extrêmement vigoureux. Le
ligrament cervical s'ossifie même entièrement. Le
train de derrière est faible , et l'animal , sur la terre ,
se meut aussi péniblement qu'il le fait avec vitesse
dessous. Il a l'ouïe très-fine et le tympan très-large ,
quoique l'oreille externe lui manque; mais son œil
rsl si petit, et tellement caché par le poil, qu'on en
a nié long-temps l'existence. Ses mâchoires sont
iaibles, et sa nourriture çouf^isle en insectes^ en vers
l38 MAMMIFÈRES.
et en quelques racines tendres. On lui compte six
incisives en haut ^ huit en bas.
Noire Taupe commune, (Talpa europœa ^ Lin.) Bufî^
YIIÏ, XII.
A museau pointu , à poil fin et noir : on en trouye
quelques individus blancs , fauves et pies. C'est un animcd
très-incommode par les dégâts qu'il fait dans les terrains
cultivés.
La Taupe à museau étoile du Canada. ( Talpa cris-
tata, — Sorex cristatus , Lin. ) (ij.
A les deux narines entourées de petites pointes cartilagi-
neuses et mobiles , qui représentent une sorte d'étoile quand
eltes s'écartent en rayonnant. Elle est moindre que notre
taupe , noirâtre , et a la queue moitié plus courte que le
corps et un peu velue.
LES CARNIVORES
Formeront une troisième famille de carnassiers.
Quoique l'épithète de carnassiers convienne
à tous les onguiculés a trois sortes de dents non
quadrumanes, puisque tous se nourrissent plus
ou moins de matières animales , cependant il en
est beaucoup, et spécialement les deux familles
précédentes, que leur faiblesse et les tubercules
coniques de leur mâchelières réduisent presque
à vivre d'insectes. C'est dans la famille actuelle
(t) Nous nous sommes assurés , par l'inspection de ses dents , que c'est
une vraie taupe et non pas un sorex. C'est le condylura d'Iliger , mais l?s
caractères , pris de la figure de La Faille et de Buff. , suppl. VI , xxxv^?, .
en sont faux.
CARNASSIERS. iSg
que Tappétit sanguinaire se joint à la force né-
cessaire pour y subvenir. Elle a toujours quatre
grosses et longues canines écartées , entre les-
quelles sont six insives à chaque mâchoire, dont
la seconde des inférieures a toujours sa racine
un peu plus rentrée que les autres. Ses molaires
sont toujours , ou entièrement tranchantes ,
ou mêlées seulement de parties a tubercules
mousses , et jamais hérissées de pointes co-
niques.
Ces animaux sont d'autant plus exclusive-
ment carnivores que leurs dents sont plus com-
plètement tranchantes , et l'on peut presque
calculer la proportion de leur régime d'après
l'étendue de la surface tuberculeuse de leurs
dents comparée à la partie tranchante. Les
ours c]ui peuvent entièrement se nourrir de
végétaux j ont presque toutes leurs dents tuber-
culeuses.
Les molaires antérieures sont les plus tran-
chantes ^ ensuite vient une molaire plus grosse
que les autres, qui a d'ordinaire un talon plus ou
moins large tuberculeux , et derrière elle on
trouve une ou deux petites dents entièrement
plates. Aussi , c'est avec ces petites dents du
fond de la bouche queles chiens mâchent l'herbe
qaiis avalent quelrpiefois. Nous appellerons ,
1 lO ' MAMMIFÈRES.
avec M. Frédéric Cuvier , cette grosse molaire
d'en haut , et celle qui lui répond en bas , car-
nassières , les antérieures pointues , fausses
molaires , et les postérieures mousses , tuber-
culeuses.
On conçoit facilement que les genres qui ont
moins de molaires , et dont les mâchoires sont
plus courtes , sont ceux qui ont le plus de force
poiu^ mordre.
C'est d'après ces différences que les genres
peuvent s'établir le plus sûrement.
Il faut cependant y joindre la considération
du pied de derrière.
Plusieurs genres appuient, comme tous ceux
des deux familles précédentes , la plante en-
tière du pied sur la terre , lorsqu'ils marchent
ou qu'ils se tiennent de bout , et l'on s'en
aperçoit aisément par l'absence de poils sous
toute cette partie.
D'autres en plus grand nombre ne marchent
que sur le bout des doigts en relevant tout le
tarse. Leur course est plus rapide , et a cette
première différence s'en joignent beaucoup
d'autres dans les habitudes et même dans la
conformation intérieure. Les uns et les autres
n'ont pour toute clavicule qu'un rudiment
osseux suspendu dans les chairs.
C Â li N A s s I E K $. 1 4 I
LES PLANTIGRADES.
Forment cette première tribu , qui marche
sur la plante entière , ce qui leur donne plus de
facilité pour se dresser sur leurs pieds de der-
rière. Ils participent à la lenteur, a la vie noc-
turne des insectivores , et mancpent , comme
eux 5 de cœcum : la plupart de ceux des pays
froids passent Fhiver en léthargie. Ils ont tous
cinq doigts a tous les pieds.
Les Ours, (Ursus. Lin.)
Ont trois grosses molaires de fchaque coté (i), dans
chaque mâchoire , entièrement tuberculeuses; aussi,
malgré leur extrême force , ne mangent-ils guère de
chair que par nécessité. C'est la pénultième d'en haut
qui représente la carnassière; la dernière, qui re-
présente une tuberculeuse , est la plus grande de
toutes ; 'en avant des trois , est encore une molaire
pointue , et dans l'intervalle entre elle et la canine ,
une ou deux très-petites dents simples espacées, et
qui tombent souvent sans inconvénient.
Ce sont de grands animauxà corps trapu, à. mem-
bres épais, à queue très-courte : le cartilage de leur
nez est prolongé et mobile. Ils se creusent des antres
ou se construisent des cabanes où ils passent l'hiver
dans ime somnolence plus ou moins profonde , et
(i) iV. B. Nous ne répéterons plus ces mots de chaque coté , etc. . . il
est entendu que nous ne parlerons plus que des molaires d'un côté , celles
tU- l'anire étftal le» Uièmcs.
l421 MAMMIFÈRES.
sans prendre d'alimens. C'est dans cette retraite qiîê
la femelle met Jjas.
Les espèces ne se distinguent pas aisément par
des caractères sensibles. On compte :
JJOurs brun d^ Europe. ( Ursus arctos j Lin.), BulF. ,
YIII , XXXI.
A front convexe , à pelage brun , plus ou moins laineux ;
on en voit de presque jaunes, d'autres d'un brun lisse à re-
flet, presque argentés :. la hauteur relative de leurs jambes
varie également , et le tout sans rapport constant avec l'âge
ou le sexe. La livrée du premier âge est un collier blan-
châtre. Cet animal habite dans les hautes montagnes et
dans les grandes forêls de toute l'Europe et d'un grande
partie de l'Asie j il s'accouple en juin, met bas en janvier ;
niche quelquefois très-haut dans des arbres j sa chair est
bonne à manger quand il est jeune : on estime ses pâtes à
tout âge.
On croit pouvoir en distinguer Vours noir d* Europe : ceux
qu'on nous a donnés pour tels, avaient le front plat et le
pelage laineux et noirâtre-, Vours des Indes , h. pelage noi-
râtre, avec une tache blanche sur la poitrine j etc....
Une espèce plus certainement différente ) est
UOurs noir d'Amérique, ( Ursus yimericanus , Gm.
Cuv. , Ménag. du Mus. , in-8'* , II, p. ij3.
A front plat, pelage noir et lisse , à museau fauve. Nous
lui avons toujours trouvé les petites dents derrière la canine
plus nombreuses qu'aux ours d'Europe : il a quelquefois
un tache fauve au-dessus de chaque céil, et du blanc ou du
fauve à la gorge ou à la poitrine. On en a vu des individus
entièrement fauves. Il vit ordinairement de fruits sauvages ,
dévaste souvent les champs, et se rend à la côte , pour y
pécher, quand le poisson est abondant. Il n'attaque guère
les quadrupèdes que faute d'alimens. On estime sa chair.
On dit qu'il y a encore en Amérique un ours gris plus
grand que le noir , mais qui n'a pas été décrit avec soin.
CARNASSIERS. ll\3
UOurs blanc de lamer glaciale. ( Ursus maritimus. Lin.)
Cuv. , Ménag. du Mus., in-S" , p. 68.
Est encore une espèce bien distincte par sa tête allongée
et applalie , et par son pelage Liane et lisse. Il poursuit les
phoques et autres animaux marins. Des récils exagérés de
de sa voracité Pont rendu fort célèbre.
Les Ratons (Procyon. Storr. )
Ont trois arrière-molaires tii])erciileuses , el trois
petites molaires pointues en avant , formant, une sé^
rie conlirme jusq^aux canines. Leur queue est lon-
gue 3 mais tout le reste de leur extérieur représente
en petit celui de Tours. Ils n'appuient la plantq entière
du pied que lorsqu'ils sont arrêtés y et relèvent le
talon quand ils marchent.
Le Raton on Raccoon des Anglo-Américains, Mapach des
Mexicains. ( Ursiis lotor , Lin. ) BufF., YI1I_, xi.111.
Gris-brun, le museau blanc, un trait brun en travers des
yeux, la queue annelée de brun et de blanc ; animal de la
taille d'un blaireau, assez facile à apprivoiser, qui ne
mange rien sans l'avoir plongé dans l'eau. Il vient de l'Amé-
rique septentrionale, se nourrit d'oeufs, cUasse aux oi-
seaux, etc....
Le Raton crabier, ( Ursus cajicrivorus. ) BufF. , sup. YI ,
XXXII.
Cendré-brun clair uniforme -, les anneaux de la queue
moins marqués. De l'Amérique méridionale. -
Les Coatis (Nasua^ Storr. )
Joignent aux dents, à la queue ^ à la vie nocturne
et à la marclie traînante des ratons , un nez sing^u-
lièrement allongé et mobile. Leurs pieds sont à demi-
palmés , et cependant ils grimpent aux arbres • leurs
ongles allongés leur servent à fouir. Ils viennent des
l44 MAMMIFÈRES.
parties chaudes de rAmérique , et se nourrisserit a
peu près comme nos martes.
Le Coati roux, {^riverra nasua ^ Lin.) Buff. "VIII, xlviii.
Fauve-roussâtre , le museau et des anneaux à la queue
bruns.
Le Coati brun. [Viverra narica , Lin.) Buff. VIII , XLvnr.
Brun , des taches hlanches à l'œil et au museau.
On ne peut guère placer qu'ici le genre singulier
des KiNKAJOus ou Potto,Cuv. (^Cercoleptes ^ Iliger),
qui joint à la marche plantigrade, une queue longue et
prenante comme celle des sapajous , un museau
court, une langue grêle et extensible; deux mâche-
lières pointues en avant, et trois tuberculeuses en
arrière.
On n'en connaît qu'une espèce ( viverra caudipoluula ,
Gm. ) Buff. 7 sup. m , L , des parties chaudes de l'Amérique
et de quelques-unes des grandes Antilles , où elle se nomme
poto ; grande comme vme fouine^ à poil laineux, d'un gris
ou brun jaunâtre -, nocturne, d'un naturel assez doux, et
pouvant vivre de fruitS; de miel , de lait , de sang, etc.*.
Les Blaireaux ( Mêles, Storr.)
Que Linnaeus plaçait, comme les ratons, dans le
genre des ours , ont une très-petite dent derrière la
canine, puis deux molaires pointues, suivies en haut
d'une que l'on commence à reconnaître pour carnas--
sière au vestige de tranchant qui se montre sur son
côté externe ; derrière elle en est une tuberculeuse
carrée , la plus grande de toutes j en bas , la pénul-
tième commence aussi à montrer de la ressemblance
avec les carnassières inférieures ; mais comme elle a
à son bord interne deux tubercules aussi élevés que
\
CARNASSIERS. 1^5
son tranchant , elle joue le rôle de tuberculeuse : la
dernière est très-petite.
Ce sont d^s animaux à marche rampante et à vie
nocturne comme tous les précédens , dont la queue
est courte, les doigts très-engagés dans la peau, et
qui se distinguent en outre éminemment par une
poche située sous la queue, et d'où suinte une hu-
meur grasse et fétide. Leurs ongles de devant très*
allongés , les rendent habiles à fouir la terre.
"Le Blaireau d'' Europe. (Ursus mêles , Lin.) BufiT. , VU, vir.
Grisâtre dessus, noir dessous, uue bande noirâtre d«
eliaque côté de la télé.
Les Gloutons ( Gulo , Storr. )
" Avaient aussi été placés dans le genre des ours,
parLinnaeus; mais ils se rapprochent davantage des
martes par leurs dénis, aussi-bien que par tout leur
naturel , et ne tiennent plus aux ours que par leur
marche plantigrade. Ils ont trois fausses molaires en
haut et quatre en bas, en avant de la carnassière, et
une petite tuberculeuse derrière elle, dont la supé-
rieure est plus large que longue. Leur carnassière su-
périeure n'a qu'un petit tubercule. Ce sont des ani-
maux à queue médiocre, avec un pli dessous au lieu
de poche , et d'ailleurs assez semblables aux blaireaux
pour le port.
L'espèce la plus célèbre est le glouton du nord, rossomak
des Russes {Ursus Gulo, Lin.) Buff. ^ sup. lîl , xlviii
Grand comme notre blaireau, ordinairement d'un beau
poil marron foncé, avec un disque plus brun sur le dos,
mais quelquefois de teintes plus pâles. Il babite les pays les
plus glacés du nord, passe pour très-cruel , cliasse la nuit ,
T03ÎE I. lO
i 46 iVÎ A M 31 I F È P, E S.
De s'assoupit point' pentîanl l'hiver , se rend maître des plus
grands r.iiiniaiix , en sautant sur eux de dessus un ar-
bre. Sa voracité a été lidiculeraent exagérée par quelques
auteurs.
Le Foyerenne du nord de V^meritjue. {Ursiisluscus y
Lin. ) Edw. , Cin.
Ke paraît pas en différer par des caractères constans. H a
des teintes en général plus pâles.
Les pays chauds produisent quelques espèces qui ne peu-
vent être rangées qu'auprès des gloutons , n'en différant que
par une fausse molaire de noins à chaque mâclioire , et par
une longue queue. Telles sont celles que les Espagnols d'A-
mérique nomment furets ( /iMro/i5; ^ et qui, ayant en effet
les dents de nos putois et de nos furets , ont aussi le même
genre de vie ; mais elles s'en distinguent par leur marche
» plantigrade.
Le Grison {^Flverra vittata , Lin.) Buff. , sup , VIII;,
xxiii et XXV.
Noir , le dessus de la tête et du cou gris ^ une bande
blanche allant du front aux épaules.
Le Taira. (Mustela Barbara. Lin.) Buff., sup. , YII,lx.
Brun , le dessus de la tête gris^ une large tache blanche
sous la gorge.
Ces deux animaux s'étendent dans toutes les parties chau-
des de l'Amérique, et répandent une odeur de musc. Leurs
pieds sont un peu palmés, et il paraît qu'on les a pris quel-
quefois pour des loutres (i).
C'est probablement encore à la suite des gloutons et des
grisons qu'il faudra placer le ratel {vwerra mellivora etviv,
capensis)^ animal de la taille du blaireau, gris dessus, noir
(1) On juge par la descripliou que Margrave donne de son carùjueiheîu
<Jout Buffon a appliqué le nom à sa saricoyicnne , vol. Xllï, p. 3i«) ,
^u*il a entendu parler du taira.
C A K^^ ASSIEDS. " 147
tlessous , avec une ligne blaiiclie entre ces <^eux couleurs ,
qui habile au cap de Bonne-Espérance, et creuse la terre
avec ses longues griffes de devant pour découvrir les rayons
de miel qu'y déposent les abeilles sauvages. On ne le con-
naît que par une descriplion incomplète de Sparrinajin.
LES DIGITIGRADES
Forment la seconde tribu des carnivores,
celle c[ui marche sur le bout des doigts.
Il y en a une première subdivision c[ui n'ont
qu'une tuberculeuse en arrière de la carnassicre
d'en liaut^ ce sont les animaux que l'on a nom-
més vermifbrmes, à cause de la longueur de
leur corps et de la brièveté de leurs pieds , cjui
leur permet de passer par les plus petiles ouver-
tures. Ils manquent de cœcum comme tous
les précédens , mais ne tombent point l'hiver
en léthargie. Quoique petits et faibles , ils sont
très-cruels , et vivent surtout de sang. Linnaeus
n'en faisait c[u'un genre , celui des
Martes. ( Mustela , Lin.)
Que nous diviserons en quatre sous-genres.
Les Putois. (Putorius. Cuv. )
Sont les plus sanguinaires de tous; leur carnassière d'en
bas n'a point de tubercule intérieur; leur tuberculeuse d'en
îiaut est plus large que longue; ils n'ont que deux fausses
molaires en haut et trois en bas. On les reconnaît à l'extérieur
à leur museau un peu plus court et plus gros que celui des
'uarles. Ils répandent tous une odeur infecte.
l48 ° MAM^IIiÈRES.
Le putois commun, {Mustela putorius. L. )Buff. ^ Vll^xsiir,
Brun, à flancs jaunâtres avec des taclies Llanches à la
tète, est la terreur des poulaillers et des garennes.
'Le Furet, [Mustelafuro. L.) Buff. ,\1I, xxv^xxvi.
Jaunâtre avec des yeux roses, n'est peut-être qu^nie
Tariété du putois. On ne le trouve en France que domestique^,
et on l'y emploie pour poursuivre les lapins dans leurs
terriers. Il nous vient d'Espagne et de Barbarie.
lue Putois de Pologne on perouasca. {Mustela sarmatica.)
Pall. , Spic. Zool.^XlV, IV, ijSchreb., CXXXil.
Brun tacheté partout de jaune et de blanc. Sa peau
s'emploie en fourrures à cause de sa jolie bigarrure. II
habite toute la Russie méridionale , l'Asie mineure et les
côtes de la mer Caspienne.
C'est aussi aux putois que se rapportent deux petites
espèces de nos climats.
La Belette. {Mustela vulgaris. L. ) Buff. , VII, xxix, i.
Toute d'un roux uniforme , et
1/ Hermine. { Mustela erminea, L. ) Buff. , VII j xxix, 2 j
XXXI, I.
Qui est rousse en été, blanche en hiver, avec le bout
de la queue noir en tout temps. Sa peau d'hiver est une
des fourrures les plus connues.
Il est probable qu'il faut j rapporter encore
Le Putois de Sibérie, {Musîela Sihirica, Pall.) Spic.
Zool., XIV, IV, 2.
Tout d'un fauve clair uniforme, et
Le Mink y norek , noerz ou putois des rii^ières du nord. { Mus^
tela lutreola.VaW.) Spic. Zool. , XIV, 111, i.LesMém.
de Stockh., lySg , pi. xi.
Qui fréquente le bord des eaux, dans le nord et l'orient
de l'Europe, depuis la mer Glaciale jusqu'à la Mer-Noire ,
s'y nourrit de grenouille* et d'écrevissesj et a l^s pieds «u
Carnassiers. ï49
pru palmés entre les hases des doigts, mais que se/S dents e-t
sa queue ronde rapprochent des putois plus que des loutres.
Il est brun , à mâchoire blanchâtre j son odeur n'esX que
musquée et sa fourrure est fort belle*
Le Putois du Cap. ( Zorille de BufF. Fwerra zotilla. Gm. )
BufF.,Xin,XLT.
Rayé irrégulièrement de blanc et de noir, que l'on a
confondu avec les mouffettes au point de lui transporter le
nom de zorillo ( renardeau ) que les Espagnols ont appliqué
à ces animaux fétides d'Amérique, n'a de commun avec
elles que ses ongles propres à fouir. Ils indiquent un genre
de vie souterrain qui pourrait engager à distinguer cette
espèce des autres putois.
Les Martes proprement dites. ( Mustela. Guv.)
DilTërent des putois par une fausse molaire de plus en haut
et en bas et par un petit tubercule intérieur à leur carnassière
d'en bas, deux caractères qui diminuent un peu la cruauté
de leur nature.
L'Europe en a deux espèces très-voisines -,
La Marte commune. ( Mustla martes. L. ) Buff. , VIÎ , sxir.
Brune avec une tache jaune sous la gorge, habile les bois.
La Fouine. {Mustela foina. L.) Bufl'., \II, xvjir.
Brune avec tout le dessous de la gorge et du col blan-
châtre, fréquente les maisons. L'une et l'autre font beaucoup
de dégât. ^ o
On en connaît une espèce de Sibérie,
La Marte zihelline. {^Mustela zibellina.) Palî. , Spic.
Zooî. , XIV, III , 2 ; Schreb. , CXXXVÏ. -
Si célèbre par sa riche fourrure ; elle est brune avec
quelques taches de blanchâtre à la tête, et se distingue des
précédentes parce qu'elle a du poil jusque sous les doigts 3
aussi habite-t-elle les montaf^nes les plus glacées. Sa chasse ,
au milieu de l'hiver, dans des neiges aliVeuse», est l'une dts
plus pénibles que l'on connaisse. C'est la recherclie des
I30 MAMMIFÈRES.
zi])elines qui a fait découvrir les contrées orientales de la
Sibérie.
L^Amérique septentrionale produit aussi plusieurs martes
que les voyageurs et les naturalistes ont indiquées sous les
noms njal déierminés Ae pékan ^ vison ^ mink , foiitereau , etc.
L'espèce à laquelle nous appliquerons le nom de vison
(mitstela vison) est toute brune avec la petite pointe du
menton blanche : c'est une fourrure brillante. On la trouve
au Canada et dans les Etats-Unis (i).
Celle que nous nommerons pékan , et qui vient des mêmes
pays, a la léte^ le cou, les épaules et le dessus du dos mêlés
de gris et de brun; le nez, la croupe, la queue et les
membres noirâtres (2).
Toutes deux ont du poil sous les doigts.
Les Moufffttes. (IMephitis. Cuv.)
Ont, comme les putois, .deux fiiusses molaires en baut et
trois en bas ; mais leur tuberculeuse supérieure est très-
grande et aussi longue que large , et leur carnassière inférieure
a deux tubercules à son côté interne, ce qui les l'approche des
blaireaux comme les putois se rapprochent des grisons et des
gloutons. Les mouffettes ont d'ailleurs, comme les blaireaux,
les ongles de devant longs et propres à fouir; la ressemblance
va mètue jusqu'à la distribution des couleurs Dans cette
famille remarquable par la puanteur, les mouffettes se font
remarquer par une puanteur })lus excessive que celle des autres
espèces. *
Les mouffettes sont généralement rayées de blanc sur un
fond noirj mais elles paraissent varier dans les mêmes
espèces par le nombre des raies, et on ne les a pas suffi-
(1) C'est le must. vison Gra. , mais elle n'a pas les pieds palmés comme
le dit Gmel. Daubenton , en do'crivant son vison , a oublié la tache blanche
du bout de la mùclioire inférieure.
(a) C'est le pékan de Daubenton ^ m. canadensis , Gra. , mais il n'y a
pas toujours du bhnc sous la gorge.
C A.y. N ASS lEBS. Î5ï
samment distinguées entre elles (i;. Toutes celles qui
\iennent d'Aniérique oui une ([ueue longue et touffue ;
mais -M. Lécbenaud en .1 dernièrement rapporté une de
Java qui n'a point de queue du tout. ♦
Les Loutres. ( Lutra. Slorr. )
Ont trois fausses molaires en haut et en bas, un fort talonr
à la carnassière supérieure, un tubercule au côté interne de
l'inférieure et une grande tuberculeuse presque aussi longue
que large en haut -, leur tète est comprimée et leur langue
demi-rudcr Elles se distinguent d'ailleurs de tous les sous-
genres précédens par leurs pieds palmés et par leur queue
applatie horizontalement, deux caractères qui en font des
animaux aquatiques : elles se nourrissent de poisson.
La Loutre commune. {Mustela lutra, L.) Buff , Vif , xi.
Brune dessus, blanchâtre dessous. Des rivières d'Europe»
La Loutre d' Amérique. ( Mustela lutra Brasilienis, Gm.)
Toute brune on fauvo, à gorge blanche ou jaunâtre,
un peu plus grande que la nôtre. Des rivières des deux
Amériques.
La Loutre de mer. {Mustela lulris. L.) Schreb.^CXXVIIL
Deux fois plus grande que la nôtre ; à corps très-allongé,
à queue trois fois moindre que le corps , à pieds de derrière
très-courts. Son pelage noirâtre, d'un vif éclat de velours
est la plus précieuse de toutes les fourrures ; il y a souvent
du blanchâtre à la tête. Les Anglais et les Ilusses vont
chercher cet animal dans tout le nord de la mer Pacifique
pour vendre sa peau à la Chine et au Japon.
La deuxième subdivision des digitigrades a
deux tuberculeuses plates derrière la carnas-
sière supérieure^jCjui elle-même a un talon assez
(1) Voyez à ce sujet ce que nous avons dit dans no.-* lech* r che*; sur I«5
03 fossiles , tome IV, art. des carnassiers fossiles. ,
l5'l MAMMIFÈRES.
large. Ils sont carnassiers , mais sans montrer
l^eaucoup de courage à proportion de leurs
forces ; et vivent souvent de charognes. Ils ont
tous un petit cœcum.
Les Chiens. (CANis,Lin.)
Ont trois fausses molaires en haut, quatre en bas ,
et deux tuberculeuses derrière l'une et l'autre carnas-
sière : la première supérieure de ces tuberculeuses
est fort grande. Leur carnassière supérieure n'a qu'un
petit tubercule en dedans ; mais l'inférieure a sa pointe
postérieure tout-à-fait tuberculeuse. Leur langue est
douce ; leurs pieds de devant ont cinq doigts , et ceux
de derrière quatre.
Le Chien domestique. ( Canis familiaris. L. )
Se dislingue par sa qneue recourbée et varie d'ailleurs à
l'infini pour la taille, la forme, la couleur et la qualité du
poil. C'est la conquête la plus complète , la plus singulière
et la plus utile que l'homme ait faite j toute l'espèce est
devenue notre propriété ; chaque individu est tout entier à
son maître, prend ses mœurs , connaît et défend son bien ,
loi reste attaché jusqu'à sa mort } et tout cela ne vient ni
i\i\ besoin, ni de la contrainte, mais uniquement de la
reconnaissance et d'une véritable amitié. La vitesse, la force
et l'odorat du chien en ont fait pour l'homme un aHié
puissant contre les autres animaux, et étaient peut-être né-
cessaires à l'établissement de la société. Il est le seul animal
qui ait suivi l'homme par toute la terre.
Quelques naturalistes pensent que le chien est un loup,
d'autres que c'est \\\\ chacal apprivoisé : les chiens redevenus
sauvages dans des îles désertes, ne ressemblent cependant ni
à l'un ni à l'autre. Les chiens sauvages et ceux des pcMiples
peu civilises ; tels que les habilans de la nouvelle Hollande,
CARNASSIERS. 1 53
<5Ht les oreilles droites, ce qui a fait croire que les races
-européennes les plus voisines du premier type sont notre
'cliien de berger, notre cliien loup; mais la comparaison
des crânes en rapproche davantage le matin et le danois,
iiprès lesquels viennent le chien courant, le braque et le
basset, qui ne diffèrent entre eux que par la taille et les
proportions des membres. Le lés^rier est plus élancé et a
des sinus frontaux plus petits et un odorat plus faible.
Le chien de berger et le chien loup reprennent le» oreilles
droites des chiens sauvages, mais avec plus de développe-
ment dans le cerveau, qui va croissant encore, ainsi que
l'intelligence, dans le barbet et dans Vépagneul. Le dogue j
d'un autre coté, se fait remarquer par le raccourcissement
et la vigueur des mâchoires. Les petits chiens d'apparle-
mens, doguins ^ èpagneuls , bichons , etc, sont les produits
les plus dégénérés , et les marques les plus fortes de la puis-
sance que l'homme exerce sur la nature (i).
Le chien naît les jeux fermés ; ils les ouvre le dixième
ou le douzième jour ; ses dents commencent à changer le
quatrième mois ; il a terminé sa croissance à deux ans. La
femelle porte soixante-trois jours et fait de six à douze
petits. Le chien est vieux à quinze ans et n'en passe guères
vingt. Chacun connaît sa vigilance , sou aboiement , son
mode singulier d'accouplement, et l'éducation variée dont
il est susceptible.
Le Loup. ( Canis lupus. L. ) Buff. , VIÏ , i.
Grande espèce a queue droite , à pelage gris-fauve , avec
une raie noire sur les jambes de devant des adultes , est
l'animal carnassier le plus nuisible de nos contrées. On le
trouve depuis l'Egjpte jusqu'en Laponie , et il paraît être
passé en Amérique. Vers le nord, son pelage devient blanc
en hiver. Il attaque tous nos animaux , et ne montre cepen-
(a; Voyez Frédéric Cuvier , Ann. mus. XVÎIÎ , p. 555 et suiv.
l54 MAMMIFÈRES,
dont pas un courage proportionné à ses forces. Il se repaît
souvent de charognes. Ses habitudes et son développement
j>hjsique ont beaucoup de rapports avec ceux du chien.
Le Loup noir. ( Canis Ijcaon. L.) BulF. , IX ^ xli.
Habite aussi en Europe, et se trouve même en France,
mais très-rarement (i)- Son pelage est d'un noir profond et
uniforme. Oo îe dît plus féroce que le loup commun.
XiC Loup rouge. { Canis Mexicnnus , Lin. ) Agoura-
Gouazcu d'Azz.
D'un beau roux-canelîe , une courte crinière noire tout
le long de l'épine j des marais de toutes les parties chaudes
et tenjpérées de F Amérique.
Le C/uîcalou Loup doré [Canis aureus, L.) Schreb. , XCIV.
Un peu moindre que les trois précédens , gris -brun,
les cui.sses et les jambes fauve-clair, du roux à l'oreille ; ha-
lute en troupes une grande partie de l'Asie et de l'Afrique ,
depuisl'lndeetles environs delà mer Caspienne jusqu'en Gui-
née. C'est un animal voracequi chasse à la manière du chien,
et paraît lui ressembler plus qu'aucune autre espèce sauvage
parla conformation et par la facilité à s*am>iMvoiser.
Les Renards peuvent être, distingués des loups et des
chiens par une queue plus longue et plus touffue , par un
museau plus pointu, par des pupilles nocturnes et par des
incisives supérieures moins échancrée : ils répandent une
odeur fétide , se rrcuseiit des terriers, et n'attaquent que
des animaux faibles. Ce sous-genre est plus nombreux que
îe précédent. *
Le Renard ordinaire. (Canis vulpes , Lin.) Bull'. , Vil , vi.
Plus ou nxïins roux , le bout de la queue blanc , est ré-
pandu depuis la Suède jusqu'en Egypte ; ceux du nord ont
seulement le poil plus brillant. On n'observe point de dif-
(i) Nous en avons vu quatre individus pris ou tués en France. Il ne-
faut pas le confondre avec le renard noiv, dont Graelin mêle les synonymes-
avec les siens.
C AR?< ASSi ÉRS. îSj
férf-iice constante entre ceux de l'ancien continent et ceux
(lu norci de l'Amérique. Le Renard charbonnier ( Canis
alojwx ) , Schreb. , XCI , qui a le bout de la queue noir ,
et se trouve dans les niémes p;i>s que le commua et le Re-
nard croisé ( id. , XGl , A. ) , qui vient du nord , et se dis-
tini^ue seulement par du noirâtre le long de l'épine et sur
les épaules ; ne sont peut-être que des variétés du renard
commun ; mais les espèces suivantes sont bien distinctes.
Le Corsac ou petit Renard jaune. { Canis corsac. Gm.)
BuiT. Sup., m , xvT j sous le nom à^Adive.
D'un gris-jaunàtre pâle, quelques ondes noirâtres sur la
base de la queue , le bout de la quoue noir , la mâchoire
blanche. Commun dans les A^astes landes du milieu de l'A-
sie, depuis le \olga jusqu'aux Indes, a les mœurs du re~
. ïiard , ne boit jamais.
Le Renard tricolor d'Amérique. ( Canis cinereo nr-
genteus, ) Schreb. XCM. A.
Cendré dessus , blanc dessous, une bande roux-canelle le
long des flancs ; de toutes les parties chaudes et tempérées
des deux Amériques.
Le Renard argenté ou Renard noir {i),
Koir, à bouts de poils blancs , excepté aux oreilles, sur
les épaules et à la queue , où il est d'un noir pur. Le boni
de la queue est tout blanc. De l'Amérique septentrionale.
C'est une des plus belles fourures, et des plus chères.
Le Renard bleu ou. Isatis. {Canis Z^/^o/?«5.) Schreb. XCI IL
Cendré foncé , le dessous des doigts garni de poils , sou-
vent blanc en hiver j du nord de la Sibérie j aussi très-
eslimé pour la fourrure.
Le Renard du Cap. {Canismesomelas) (2). Schreb. XCV.
Fauve sur les flancs, le milieu du dos noir ^ mêlé de blanc,
et finissant en pointe en arrière , etc.... (5).
(i) Gmel. Ta confondu avec le loup noir , sous le nom de caids ly-caon.
(2) Gmel. l'a confondu avec i'adive de Buffon, qui est une espèce fac-
tice , et ne diffère point du chacal.
(5) hefennek de Bruce que GmcL a ncmmé canis cerdo et liigt-r me-
l5u MAMMIFÈRES.
Les Civettes. ( Viverra. )
Ont trois fausses molaires en haut , quatre en bas ;,
dont les antérieures tombent quelquefois; deux tu-
berculeuses assez grandes en haut , une seule en bas ^
et deux tubercules saillans au côté interne de leur
carnassière inférieure en avant , le reste de cette dent
étant plus ou moins tuberculeux. Leur langue est
hérissée de papilles aiguës et rudes; leurs ongles se
redressent à demi dans la marche , et près de leur
anus est une poche plus ou moins profonde , oi^i des
glandes particulières font suinter une matière onc-
tueuse et souvent odorante.
Elles se divisent en quatre sous-genres :
Les Civettes proprement dites. ( Viveera, Cuv. )
t
Où la poche profonde, située entre l'anus et l'organe de
la génération, et divisée en deux sacs, se remplit d'une pom-
made abondante , d'une forte odeur musquée.
La Civette, [Fiverra civetla, Lin.)ljuir. , IX; xxxiv.
Grise ; à taches brunes ou noirâtres, la queue brune,
moindre que le corps ^ tout le long du dos et de la queue
une crinière susceptible de se relever. Des parties les plus
chaudes de l'Afrique.
Le Zibet/i. {^Fiverra zihetha , Lin.) BufF. , IX, sxxi.
Gris, nuancé de brun, à queue longue, annelée de
noir.
Les Gekettes. (Geketta, Cuv.)
Oi^i la poche se réduit à un enfoncement léger formé par
la saillie des glandes, et presque sans excrétion sensible,
quoiqu'il y ait une odeur très-manifeste.
CALOTis est trop peu connu pour pouvoir être classé. C'est on petit anJ-inaî
d'Afrique, dont les oreilles égalent presque le corps en grandeur, et qui
griinpe aux aibres .; mais on n'en a dccrii ni les d<::nt." iii les doigts.
CATtN ASSÎERS. I Jj
La Gencite commune. { Viverra geiietta , Lin. ) Biiff. ,
IX j XXXVI.
Grise , à petites taches rondes et noires , à queue annelée
de noir ; grande comme une marte , et encore plus exilée ]
paraît habiter depuis la France méridionale jusqu'au cap de
Bonne-Espérance (i).
La Fossane de Madagascar. {Fiv. fossa.) BufF. , XIII , xx.
A fauve ce que la genette a noir, et presque point d'an-
ueaux à la queue.
Les Mangoustes, Cuv. (Herpestes , Iliger. )
Où la poche est volumineuse , simple , et a l'anus percé dans
ïa profondeur.
La Mangouste d^Egjpte , si célèbre sous le nom à^Ichneu-
mon. ( Plverra ichneumon , Lin.) BulT. , sup. , III , xxvr.
Grise ^ à queue longue terminée par un flocon noir , plus
grande que noschats, rfliléc comme nos martes. Ellecherche
surtout les œufs de crocodiles , mais se nourrit aussi de toutes
sortes de petits animaux 5 élevée dans les maisons, elle donne
la chasse aux souris, aux reptiles, etc.... Les Européens du
Caire la nomment rat de Pharaon ; les gens du pays nems^
Ce qu'en ont dit les anciens, qu'elle se jette dans le corps
des crocodiles, pour les mettre à mort , est fabuleux,
La Mangouste des Indes ( Viverra mungos , Lin. ) , Buff.
XIII, XIX, et celle du Cap ( Kw. Cafra, Gm. ) Schreb.
c:^vi,B.
Ont toutes deux la queue pointue et le pelage gris ou
brun , mais uniforme dans celle-ci , et rayé en travers de
noirâtre dans la première , qui a en outre les mâchoires
teintes de fauve.
(1) La civette de Malaca de Sonnerat , la genette du Cap de Buff. , le
chat du Cap de Forster , le chat bisaani de Vosmaer , dont Ginelin a t'ait
autant dVspèces , ne paraisseot que des genettes communes. Il faut rappor-
ter à celte subdivision le putoii rayé de l'Inde. Buff. suppl. VII, ivii.
( Viv^fnsciata , Gm. )
a
l58 MAMMIFÈRES.
La raangouslp. des Indes est célèbre par ses comhnts avec
les serpens les plus dangereux , et par le renom d'avoir fait
connaître la vertu de Vophiorhiza jnonf^os contre leur
ïiiorsure.
Les Surtcates. ( Ryz.dna. Iliger. )
Oui ressemblent d'ailleurs aux mangoustes, et en ont jus-
(ju'aux teintes et aux rayures transverses du poil, mais qui se
distinguent d'elles et de tous les carnivores dont on a parlé jus-
qu'ici , parce qu'ils n'ont que quatrç doigts à tous les pieds.
Leurs poches donnent dans l'anus même.
On n'en connaît qu'une espèce , originaire d'Afrique
{Fiverra tetradactj-la , Gm. ), Buff., XiJi, viii, un peu
moindre que la mangouste des Indes (i).
La dernière subdivision des digitigrades u
point de petites dents du tout derrière la gross
molaire d'en bas. Elle contient les animaux
les plus cruels , les plus carnassiers de la classe.
Il y en a deux genres.
Les Hyènes. (HyjEna. Storr. )
Qui ont trois fausses molaires en haut et quatre en
bas , toutes coniques, mousses , et singulièrement
grosses : leur carnassière supérieure a un petit tu-
bercule en dedans et en avant ; mais l'inférieure n'en
a point , et ne présente que deux fortes pointes tran-
chantes : cette armure vigoureuse leur permet de
briser les os des plus fortes proies. Leur langue est
rude ; tous leurs pieds ont quatre doigts comme ceux
des suricates , et sous leur anus est une pocbe pro-
fonde et glanduleuse. Ce sont des animaux noc-
* ' ' ■ ' "■!■ — — ^— ■ I I .11.,- Il ■ I I ■«
(i) Le zénik de Sonnerat , deuxième voy. , pi. 92 , ne paraît diltérer du
susicatc que parce qu'il est grossièrement dessine.
CARNASSIERS. I Sq
furnes j voraces , vivant surtout de cadavres , et en
cliercliant jusque dans les tonibeaux , et sur lesquels
on a une infinité de traditions superstitieuses.
On en connaît deux espèces :
IJtIjène rayée, [Canishrœna, Lia.) Btiff. , sup. , ÏIÏ , xlvi.
Grise, rayée irrégulièrement en travers de brun ou de
noirâtre ; une crinière tout le long de la nuque et du dos ,
qu'elle relève dans les momens de colère. Elle liabite depuis
les Indes jusqu'en Abyssinie et au Sénégal.
JJHjène tachetée (Canis crocuta, Lin.) Scbreb. , XCYI, B.
Grise, taclietée de noir, du midi de l'Afrique» C'est le
loup-tigre du Gap.
Les Chats. (Felïs, Lin.)
Sont, de tous les carnassiers, les plus fortement
armés. Leur museau court et rond, leurs mâchoires
courtes, et surtout leurs ongles rétractiles, qui, se re-
dressant vers le ciel , et se cachant entre les doigts
dans l'état de repos , par l'effet de îigamens élasti-
ques , ne perdent jamais leur pointe ni leur tranchant,
en font des animaux très-redoutables , surtout les
grandes espèces. Us ont deux fausses molaires en
haut et deux en bas ; leur carnassière supérieure a
trois lobes et un talon mousse en dedans, Finférieure
àewiL lobes pointus et tranchans , sans aucun talon ;
enfin , ils n'ont qu'une très-petite tuberculeuse supé-
rieure, sans rien qui lui corresponde en bas. Les espèces
de ce genre sont très-nombreuses et très-variées en
grandeur et en couleur, quoique toutes semblables
pour la forme. On ne peut les subdiviser que d'après
les caractères Ires-peu importans de la taille et de la
grandeur du poil.
l6o MAMMIFÈHES,
A la tête du genre se présente :
Le Lion. ( Felis leo ^ Lin. ) BnfF. , VIÎI , r , li.
Dislingué par sa couleur fauve uniforme , le flocon Je-
poil du bout de sa queue , et la crinière qui revêt la léte , le
cou et les épaules du mâle. C'est le plus fort et le plus cou-
rageux des animaux de proie. Autrefois répandu dans les
trois parties de l'ancien monde , il paraît aujourd'hui pres-
que confiné dans l'Afrique et quelques parties voisines de
l'Asie. Le lion a la tête plus carrée que les espèces sui-
vantes.
Les tigres sont de grandes espèces à poil ras ; le plu&
souvent marqué de taches vives.
Le Tigre rojal. ( Felis tigris. ) BulT. , YIII ^ IX.
Aussi grand que le lion , plus allongé , à tête plus ronde ,
d'un fauve vif en dessus , d'un blanc pur en dessous , rayé
irrégulièrement en travers de noir; le plus cruel des qua-
drupèdes, et le plus terrible fléau des Indes orientales ; sa
force et la rapidité de sa course sont telles^que dans les mar-
ches d'armées, il lui est arrivé quelquefois d'enlever un
cavalier de dessus sa monture , et de l'entraîner dans le fond
du bois sans pouvoir être atteint.
"Lq Jaguar ou Tigre d'Amérique. La grande Panthère des
fourreurs. [Felis onca , Lin. ) ^ Azzara. Voy. pi. ix.
Presque aussi grand que le tigre d'Orient y et presque
aussi dangereux ; fauve vif en dessus , marqué le long de.^
flancs de quatre rangées de taclies noires en forme d'yeux,
c'est-à-dire d'anneaux plus ou moins complets avec un point
noir au milieu ; blanc dessous , rayé en travers de noir. Il y
en a des individus noirs , dont les taches d'un noir plus
profond ne se voient qu'à une certaine exposition.
La Panthère. [Felis pardus , Lin.) Le Pardalis des an^-
ciens. Cuv. ^ Ménag. du Mus. , i;z-8° I^ p. 212.
Fauve dessus, blanc dessous, avec six ou sept rangées de
taches noires en forme de roses , c'est-à-dire formées de
CABNASSIEBS. l6l
Tassemblage de cin(j ou six petites taches simples sur chaque
flanc.
Le Léopard. {Felis leopardus j Lin. )
SerahL'il)le à la panthère ^ mais avec dix rangées de taches
plus petites.
Ces deux espèces sont d'Afrique et plus petites que le
jaguar. Les voyageurs et les fourreurs les désignent in-
distinctement sous les noms de Ivopard , panthère, tigre
d'Afrique, etc. (i) .
Le Guépard ou Tigre chasseur des Indes. {Feh's
jiihata. L. ) Schreh., CV.
Fauve clair, à taches petites, noires, simples, également
semées ; le poil de la nuque un peu plus long j psus petit et
à jambes plus hautes que la panthère. On le dresse, aux
Indes , pour la chasse , comme les chiens j la panthère s'y
emploie aussi dans quelques contrées.
Le Coitgiiar y Puma, ou yrétenda Lio?i d^ Amérique,
( Felis discolor. L. ) BufF. , YHI, xix.
Roux, avec de petites taches d'un roux un peu'plus foncé
qui se distinguent difficilement. De toute l'Amérique, où il
dévaste les basses-courS; etc.
Le Mêlas ou Panthère noire. ( Felis mêlas. Peron.)
Noir, a taches simples d'un noir plus profond. Des Indes^
orientales.
(i) Buffon a méconnu le jaguar , qu'il a pris pour la panthère de rancierr
continent, et il n'a pas bien distingué la panihère et le léopard j c'est
pourqtioi on ne peut citer positivement ses pi, xi , xii , xiri et xiv du-
imitième volume.
TOME I. ÏI
l62 MAMMIFÈRES.
Ij'Ocelot. ( Felis paradalis. L. ) Buff. , XUI ,
pi. XXXV, XXXVI (l).
Plus bas sur jambes que les précédens, gris , de grandes
taches fauves bordées de noir formant des bandes obliques
sur les flancs. De toute l'Amérique.
Parmi les espèces inférieures, on doit distinguer les lynx,
qui se font remarquer aux pinceaux de poils dont leurs
oreilles sont ornées.
Le Ljjîx commun ou Loup ce/v/er des fourreurs. ( Felis
Ijnx. L. ) Buff., Vin, XXI.
Fauve roussâtre le plus souvent tacheté de noirâtre , la
queue très-courte. De tout l'ancien continent : il se trouvait
autrefois en France, et il n'y a pas très-long-temps que les
derniers ont disparu d'Allemagne.
Le Ljnx du Canada, ( Felis canadensis. Geoff. ) Buff. ,
Supp. III, XLIV.
Gris blanchâtre avec quelques taches, brun pâle, paraît
former une espèce distincte.
Le Chat eervier des fourreurs. {Felis ruja, Gùld. )
Schreb., CIX, B.
Fauve roussâtre, moucheté de brunâtre, des ondes brunes
sur les cuisses, un peu plus petit que le lynx. Des Llals-
Unis.
Le Lj'îix de marais, Ly^nx boité ^ etc. {Felis cha.u^
Gû!d. ) Schreb., CX. Bruce., "voj. pi. xxx.
Gris brun jaunâtre, le derrière des quatre jambes
noirâtre, habite les marais du Caucase, de la Perse, de
l'Kgvpte, de l'Abyssinie, chasse aux oiseaux d'eau , etc.
(t'ï N. E. Selon d'Azzai» , les deux prétendus jaguars de Bufr. VIll , |l \
x.\iii^ et suppl. lîï , xxxix, ne seraient que des ocelot» mal repré-
seniés^ nia'jS c-lio assertion est-doutcusc.
3
CARNASSIERS. l6
Le Caracal. (Felis caracal. L. ) Buff. , IX, xxiv. et
Supp. III, XLV.
Roux vineux presque uniforme. De Peise et de
Turquie , etc. . . . c'est le vrai lynx des anciens.
Les espèces inférieures, dont les oreilles n'ont pas de
pinceaux de poils, ressemijlent plus ou moins à notre chat
domestique, telles sont
Le Serval. [Felis serval. L. ) BulF., XMI, xxxv.
Grand comme un Ijnx, jaunâtre, à taclies irrégulières
noires.
Le Jaguarondi, {Felis jaguarondi.) Azzara, vq}\ pi. x.
Allongé et tout entier d^un brun noirâtre. Tous deux
vivent dans les forêts de l'Amérique méridionale.
liC Chat ordinaire. ( Felis catiis. L.) BufF. , VI, i et suiv.
Est originaire de nos forets d'Europe. Dons son état
sauvage, ilest gris brun avec des ondes transverses plus
foncées , le dessous pâle , le dedans des cuisses et des
quatre pales jaunâtre , trois bandes sur la queue et son
tiers inférieur noirâtre. En domesticité, il varie, comme
chacun sait, en couleurs, en longueur cl en linesse de poil,
mais infiniment moins que le chien; aussi esl-il beaucoup
moins soumis et moins attaché.
LES AMPHIBIES
Formeront la troisième et dernière des pe^
tites tribus , dans lesquelles nous divisons les
carnivores ; lenrs pieds sont si courts , et telle-
ment enveloppés dans la peau , qu ils ne peu-
vent 5 sur terre , leur servir qu à ramper ; mais
comme les intervalles des doigts y sont remplis
1 64 M A 31 :.1 1 F È R E s.
par des membranes , ce sont des rames excel-
lentes •, aussi ces animaux passent-ils la plus
grande partie de leur vie dans la mer , et ne
viennent à terre que pour se reposer au soleil ,
et allaiter leurs petits. Leur corps allongé , leur
ëpine très-mobile , et pourvue de muscles qui la
fléchissent avec force , leur bassin étroit , leur
poil ras et serré contre la peau, se réunissent
pour en faire de bons nageurs , et tous les dé-
tails de leur anatomie confirment ces premiers
aperçus.
On ncïi a encore distingué que deux genres,
les phoques et les morses.
Les Phoques. (Piïoca. Z.)
Ont quatre ou six incisives en haut ^ quatre en bas,
des canines pointues et des mâcbelières au nombre
de vingt , vingt-deux ou vingt-quatre , toutes tran-
clianles ou coniques , sans aucune partie tubercu-
leuses ; cinq doigts à tous les pieds , dont ceux
de devant vont en décroissant du pouce au petit
doigt, tandis qu'aux pieds de derrière, le pouce et
le petit doigt sont les plus longs , et les intermé-
diaires les plus courts. Les pieds de devant sont en-
veloppés dans la peau du corps jusqu'au poignet,
ceux de derrière presque jusqu'au talon. Entre ceux-
ci est une courte queue. La tête des phoques res-
semble à celle d'un chien , et ils en ont aussi Tin-
telligence et le regard doux et expressif. On les ap-
CARNASSIERS. lG:>
prîvoise aisément, et ils s'attachent bientôt à ceux
qui les nourrissent. Leur langue est lisse , et éclian-
crée au bout; leur estomac simple, leur cœcuni
court , leur canal long et assez égal. Ces anim.aux
vivent de poisson ; ils mangent toujours dans l'eau ^
et peuvent fermer leurs narines quand ils plongent ;,
au moyen d'une espèce de valvule. Comme ils plon-
gent assez long- temps , on a cru que le trou de botal
restait ouvert chez eux comme dans les fœtus ; mais
il n'en est rien : il y a cependant un grand sinus vei-
neux dans leur foie, qui doit les aider à plonger,
en leur rendant la respiration moins nécessaire au
mouvement du sang. Leur sang est très-abondant et
très-noir.
Les Phoques proprement dits, ou sans oreilles
extérievires.
Ont des incisives pointues dont les externes cVen haut plus
lonj^ues que les autres, des molaires tranchantes et à plusieurs
pointes ; tous leurs doigts jouissent d'un certain mouvement et
sont terminés par des ongles pointus placés sur le bord de la
membrane qui les unit.
Le Phoque commun. {Phoca intiiîina.lj.) Bufi'. ^XIlî^
XLv et Supp. YI, XLvi.
Long de trois à cinq pieds, d'un gris jaunâtre plus ou
moins onde ou tacheté de brun selon l'âge. Il devient
blanchâtre dans sa vieillesse. Commun sur nos cotes, il se
trouve assez loin dans le nord. On assure même que c'est
cette espèce qui habite la mer Caspienne et les grands lacs
d'eau douce de la Russie et de la Sibérie , mais il ne paraît
pas que cettte assertion soit fondée sur une comparaison
exacte.
l66 MAMMIFÈKES.
Le Phoque à croissant. {Phoca groenlnndica. ) Egede.
Groënl fîg. A, pag. 62.
Gris jaunâtre, laclielé de bran dans sa jeunesse, marqué
ensuite d'une écharpe brune et oblique sur cbaque flanc,
long de cinq pieds. De la mer Glaciale.
lu^e Phoque à ventre blanc , Moine. ( Ph. monachus. Gni. )
Buff. , Supp. VI, pi. XIII (i).
Long de dix à douze pieds, brun noirâtre, à yentre
blanc. De la Méditerranée , et plus particulièrement de
l'Adriatique.
Le Phoque à trompe^ {Ph. leonina. L. ) Lion marin d'Anson ,
Loup marin de Pernetty, Eléphant marin des Anglais et de
Peron, etc. . . . Peron, doj-, 1. xxxii.
Long de vingt à vingt-cinq pieds, brun, le museau du
mâle teriîiiné par une trompe ridée qui se renlle dans la
colère. Il est commun dans les parages méridionaux de la
mer Priclfique^ à la Terre-de-Feu, à la nouvelle Zélande ,
au Clnli , etc On le poursuit à cause de l'buile abondante
qu'il fournit.
Ij^ Phoque à capuchon, {Phoca cristata. Gva.. Phoca
leonina. Fabric. ) Egede. Groenl. , pi. vi.
Long de buit pieds , une sorte de capucbon mobile
adhérant au sommet de la tète, et dont il se recouvre les
veux et le museau quand il est menacé. De la mer Glaciale.
Les Phoques à oreilles exlcrieures. ( Otaries. Peron. )
Mériteraient de faire un genre ri part, parce qu'outre les
oreilics e:slérieures saillantes , ils ont les quatre incisives
supérieures mitoyennes à double tranchant (forme qu'on n'a
(1) C'est le même individu qu'a décrit lîermann , soc. des nat. de Beil.
IV", XII , ;iiii 5 sous îc nom de monachus.
CARNASSIERS. 167
s
encore remarquée dans aucun animal), les externes simples
et plus petites, les quatre inférieures fourcliues, toutes les
ïnolaircs simplement coniques, les doigts des nageoires an-
térieures presque immobiles , la membrane des pîeds de
derrière se prolongeant en une lanière au delà de chaque
doigt , tous les ongles plats et menus -, leur poil est moins ras
que celui des précédens.
Le Phoque à crinière , (^Phocajuhata. Gm. ) lion marinàù
Steller, de Pernetty, etc.. Bulf. , Supp. Yll, xlviii.
Long de quinze à vingt pieds et plus-, fauve, le cou du
mAle revêtu de pods plus épais et plus crépus que le reste
du corps. On le trouverait dans toute la mer Pacifique, si,
comme il le paraît, ceux du détroit de Magellan ne diiïerent
pas de ceux des ilcs Alcu tiennes,
IJ Ours marin. ( Pkoca ursina. Gm.) BuIF. , Supp. \II , xï.vji.
Long de huit pieds, sans crinière, variant du brun au
blanchâtre. Du nord de la mer Pacifique. On trouve dans
celte mer des phoques qui ne diffèrent guères de l'ours
marin que par la taille et la couleur, tel est le petit phoque
noir de Buffon , ( phoca pusilla. ) Buff. ^ XIII , 3^111 , le phoque
jaune de Shaw. , etc.
Les Morses ( Triciiechu.s. L. ) (i)
Ressemblent aux phoques par les mem])res et par
la forme générale du corps , mais en clifïèrent beau-
coup par la tcte et par les dents. Leur niâclioire infé-
rieure manque d'incisives et de canines ^ et prend eu
avant une forme comprimée pour se ])Iacer entre
deux énormes canfnes ou défenses qui sortent de la
Tnâcliolre supérieure , et se dirigent vers le bas ,
ayant quelquefois jusqu'à deux pieds de long sur une
(i) Trichechus dolfi^ (poil) , nom imaginé par Artedi pour le lamantin.
ïG8 MAMMIFÈRES.
épaisseur proportionnée. L'énormité des alvéoles né-
cessaires pour loger de semblables canines , relève
tonf. le devant de la mâchoire supérieure en forme de
gros mufle renflé , et les narines se trouvent presque
regarder le ciel et non terminer le museau. Les mo-
laires ont toutes la figure de cylindres courts et tron-
qués obliquement. On en compte quatre de chaque
côlé en haut et en bas ; mais à un certain âge il en
tombe deux des supérieures. Entre ]es deux canines
sont de plus deux incisives semblables aux molaires,
et que la plupart des auteurs n'ont pas reconnues
pour des incisives , quoiqu'elles soient implantées
dasis Fos intermaxillaire, et entre elles en sont en-
core, dans les jeunes individus , deux petites et
pointues.
L'estomac et les intestins des morses sont à peu
près les mêmes que ceux des phoques. Ils paraît qu'ils
se nourrissent de fucus aussi-bien que de substances
animales.
On n'en distingue encore qu'une espèce (i) appelée
Vache marine, Cheval marin j Be'ta h la grande dentj etc,
[Trichechus rosmarus. Linu. ) BulT., XIîI, liv, et mieux
Cook, III^'. voj.
Elle liabiie toutes les parties de la mer Glaciale, surpasse
en grosseur les plus forts taureaux, atteint jusqu'à vingt
pieds de longueur et est recouverte d'un poil jaunâtre et
ras. On la recherche pour son huile et pour ses défenses,
(i) Cependant M. Shaw soupçonne qu'il pourrait y en avoir deux , dis-
tin§uces par des défenses plus ou moins grosses , plus ou moins conver-
gentes.
MARSUPIAUX. 169
dont l'ivoire, quoique grenu, peut s'employer clans les
arts. On fait aussi, de la peau, d'excellentes soupentes de
carrosses (i).
LES MARSUPIAUX OU ANIMAUX A BOURSE,
Que nous rangeons à la fin des carnassiers ,
comme une quatrième famille de ce grand or-
dre , pourraient presque former un ordre a
part 5 tant ils offrent de singularités dans leur
économie.
La première de toutes est la production pré-
maturée de leurs petits , qui naissent dans un
état de développement a peine comparable a
celui auquel des fœtus ordinaires parviennent
quelques jours après la conception ; incapables
de mouvement , montrant à peine des germes
de membres et d'autres organes extérieurs ,
ces petits s'attachent aux mamelles de leur
mère , et y restent fixés Jusqu'à ce qu'ils se
soient développés au degré auquel les animaux
naissent ordinairement. Presque toujours la
peau de l'abdomen est disposée en forme de
poche au tour de ces mamelles , et ces petits,
si imparfaits y sont préservés, comme dans une
seconde mati ice ^ et même , long-temps après
qu'ils ont commencé à marcher, ils y reviennent
(i) C'est fort mal à propos que l'on a réuni , avant nous , aux morses,
les lamantins et les dugongs, animaux beaucoup plus voisins des cétacés.
lyO MAMMIFÈRES.
quand ils craignent quelque danger. Deux os
particuliers , attachés au pubis , et interposés dans
les muscles de l'abdomen , donnent appui a la
poch'e 5 et se trouvent cependant aussi dans les
maies et dans les espèces où le repli qui forme
la poche est a peine sensible.
La matrice des animaux de cette famille n'est
point ouverte par un seul orifice dans le fond
du vagin ; mais elle communique avec ce canal
par deux tubes latéraux en forme d'anse. Il pa-
rait que la naissance prématurée des petits tient
a celte organisation singulière. Les mâles ont le
scrotum pendant en avant de la verge , au con-
traire des autres quadrupèdes.
Une autre particularité des marsupiaux, c'est
que malgré une ressemblance générale de leurs
espèces entre elles , tellement frappante , que
l'on n'en a fait long-temps qu'un seul genre ,
elles diffèrent si fort par les dents, par les orga-
nes de la digestion et par les pieds , que si l'on
s'en tenait rigoureusement a ces caractères, il
faudrait les répartir entre divers ordres 5 ils nous
font passer par nuances insensibles des carnas-
siers aux rongeurs , et même , si l'on n'avait
égard qu'aux os propres de la bourse , et que l'on
regardât comme des marsupiaux tous les ani-
maux qui les possèdent , il s'en trouvergiit qu'il
MARSUPIAUX. * 171
faudrait placer avec les ëdentes ; nous les y
laisserons en effet sous le nom de monoirèmes.
On dirait , en un mot , que les marsupiaux
forment une classe distincte , parallèle à celle
des cjuadrupèdes ordinaires et divisible en or-
dres semblables , en sorte que si on plaçait ces
deux classes sur deux colonnes , les sarigues ,
dasyures et peramèles seraient, vis-à-vis des car-
nassiers insectivores a longues canines, tels que
les tenrecs et les taupes ; les plialangers et kail-
guroos-rats', vis-à-vis des hérissons et des mu-
saraignes. Les kanguroos proprement dits ne se
laisseraient guèi-e comparera rien, niais îespbas-
colomes devraient aller vis-a-vis des rongeurs. ^
Linnaeus rangeait toutes les espèces qu'il con-
naissait sous son genre didelpJiis , mot qui
signifie double matrice. La poche en est à cjuel-
ques égards une seconde.
La première subdivision des marsupiaux a
de longues canines et de petites incisives aux
deux mâchoires , des arrières-molaires hérissées
de pomtes, et en général tQus les caractères des
dents des carnassiers insectivores ; aussi s'en
l'approche t-elle entièrement par le régime.
Le pouce des pieds de derrière est opposable,
ce cpii a fait aussi nommer ces animaux pécU-
mânes y il manque d'ongle j les deux premiers
sous-genres ont les quatre autres doigts distincts.
l'J'2 MAMMIFERES.
Les Sarigues (i). (Didelphis» L, )
Ont dix incisives en haut , dont les mitoyennes
sont un peu plus longues , et huit en bas ; trois ma-
chclières antérieures comprimées , et quatre arrières-
mâchelières hérissées , dunt les supérieures triangu-
laires;, les inférieures oblongues ; en tout cinquante
dents , nombre le plus grand que l'on ait encore ob-
servé parmi les quadrupèdes. Leur langue est héris-
sée, et leur queue prenante et en partie nue ; leiu-
pouce de derrière est long et bien séparé des autres
doigts. Leur bouche très - fendue, et leurs grandes
oreilles nues leur donnent une physionomie parti-
culière. Ce sont des animaux fétides et uocturnes^,
dont la marche est lente : ils nichent sur les arbres ,
et y poursuivent les oiseaux , les insectes y etc.... ^
sans dédaigner les fruits; leur estomac est simple et
petit , leur cœcum médiocre et sans boursouflures.
Dans certaines espèces y les femelles ont une poclie pro-
fonde où sont leurs mamelles , et oii elles peuvent renfermer
leurs petits.
Le Snrigue à oreilles bicolores ^ Opossum des Anglo- Amé-
ricains. [Did. virgiiiiana.) Pcnn. Illst. quadr., 3o2 (2).
Presque grand comme un chat, à pelage mêlé de blanc
et de noirâtre, des soies blanches, les oreilles mi-parties de
(\) Carigueia est leur nom l>rasilifn selon Margrave , d'où l'on a fait
sarîguoi , cerigon , sarigue. On les nomme .'tiicoiiré au Paraguay , luani-
cou dans les îles , opossum aux États-Unis, ihlaqualzin au Mexique.
{7.) C'est le sarigue des Illinois et le sarigue à longs poils. Buff. , suppL
VII, [)!. xxxiii et xxxiv.
MARSUPIAUX. 1-^3
ïîoîr et tle Liane, la tête presque toute Llanclie; liabite
toute l'Amérique, vient la nuit, tlans les lieux haî^ités,
attaquer les poules, manger leurs œufs, etc. Ses petits,
quelquefois au nombre de seize, ne pèsent qu'un grain en
naissant. Quoique aveugles et presque informes, ils trouvent
la mamelle par instinct, et y adhèrent jusqu'à ce qu'ils
aient atteint la grosseur d'une souris, ce qui ne leur arrive
qu'au cinquantième jour, époque où ils ouvrent les yeux.
Ils ne cessent de retourner à la poche que quand ils ont
la taille du rat. La gestation dans l'utérus n'est que de vingt-
six jours (i).
Le Crabier on grand Sarigue de Ca/enne , du Brésil^ etc. (Did,
jnarsupialis et did. cancriwora. L.) BuiF. , Supp. III, liv.
De la grandeur du précédent, jaunâtre mêlé de brunâtre,
à soies brunes, une ligne brune sur le chanfrein II se tient
dans les marécages des bords de la mer, où il vit surtout
de crabes (2). ,
Le Quatre-œil ou moyen Sarigue de Cdfenne. ( Did,
opossum L. ) Buff., X, xlv, xlvi.
Châtain ou fauve dessus, blanchâtre dessous, une tache
jaune-pâle au-dessus de chaque ceilj plus grand qu'un
grand rat.
D'autres espèces n'ont point de poches, mais seulement un
repli de chaque côté du ventre qui en est le vestige. Elles
ont coutume de porter leurs petits sur le dos, les queues
entortillées autour de celle de la mère.
(1) Voyez la lettre de M. Bartoii à M. Roume sur la gestation du sarigue.
(2) C'est le prétendu grand philandre oriental de Séba , dont Linné a
fait son did. marsupialis. Buffon , qui en a décrit le mâle dans son supplé-
ment III, pi. 54, a cru, à tort, que la femelle manquait de poche, ce
qui a fait établir , mal à propos, une deuxième espèce did. cancrivora ,
Gm. , carcinophaga bodd. j à Cayenne on nomme le crabier pian ou
puant.
1^4 MAMMIFÈRES.
Le CayopolUn (i). (^Did. caj-opollin , did. phllander
et did. dorsigera. L. ) Buff., X, lv.
Gris fauve, le lour des yeux et une hanJe sur le nca
Ijruns, la queue taclietée de noirâtre j grand comme un
surmulot.
La Marmose (2;. {Did. miirina.) Bufl. , X, lu, lut.
Gris fauve, un trait brun au milieu duquel est l'oeil; la
queue non taclietée. Moindre qu'un rat.
I^e Touan. (Did. hrachjura. ) BulT. , Supp. Yïl, lxt.
Le dos noirâtre ; les flancs d'un roux vif, le ventre bianc,
la queue plus courte que le corps. Moindre qu'un rat.
Ces trois espèces sont de l'Amérique méridionale.
Enfin, on en connaît une qui a les pieds palme's et
doit être aquatique , on ne sait si elle a une poche ;
c'est le
Chironhctes. ïllig. (5j (Dideîph, palmata. GeoiF. La petite
Loutre de la Guianiie. BuiF. , Supp. III , xxii. Luira
memina. Bodd. )
Elle est brune dessus, avec trois bandes transverses grises
interrompues dans leur milieu , et blanche dessons; plus
grande qu'un surmulot.
(1) CayopolUn , nom d'une espèce de ce genre qui habite les montagnes
du Mexique ^ on l'a applique un peu arbitrairement à cette espèce-ci.
(2) Marmose , nom adopté par Buffon d'après une faute d'impression de
la traduction française de Scba , qui , dans le texte , assure qu'on l'appelle
viarinotls au Erésil. 11 est seulement vrai que les Hollandais , du temps d'e
Margrave , l'appelaient tai ( e bois , et les Brésiliens taïbi ; rat < 'e hois est
âusei son nom chez les français de Caycnne ; et Scba aura traduit bosch-
ratt" par marmotte.
(5) Chironectes nageant avec des mains. v
MARSUPIAUX. 1^5
Les Dasyures. (Dasyurus. Geoff. ) (i).
Ont deux incisives et quatre mâchelières de moins
à chaque mâchoire que les sarigues ; ainsi il ne leur
reste que quarante-deux dents , et leur queue , revêtue
partout de longs poils , n'est pas prenante. Leur pouce
de derrière est beaucoup plus court , et semblable à
un tubercule. Ils vivent à la nouvelle Hollande d'in-
sectes, de cadavres , et pénètrent dans les maisons,
où leur voracité est très-incommode , etc. Leur
gueule est moins fendue, leur museau moins pointu,
et leurs oreilles velues , plus courtes que dans les
sarigues. Ils ne grimpent point aux arbres.
Le Dasj'ure à tête de chien. (Did. cjnocepjiala.)
Harris., Soc. Lin., IX, xix.
Grand comme un chien (trois pieds et demi de long sans
la queue qui en a près de deux), à queue comprimée, à
pelage gris.
Le Dasjure hérissé. ( Did. ursina. id. ib. ) ,
A longs poils noirs grossiers-, avec quelques taches
blanches irrégulièrement placées (2). Il habite avec Je
précédent le nord de la terre de Diemen.
Le Dasjure à longue queue. [Vas. macrouriis. GeoiF.,
Peron, i;(y". pi. xxxiir. )
Grand comme une marie, à queue longue comme le.
corps', k pelage brun tacheté de blanc sur le corps et sur la
queue.
(i) Dasyurus , queue veluç , ociCvç et «fOf. Voy. les Méin. de M. Geoff.
ann. tluMus. lil , p. 355 , et XV , p. 3or.
(•2) jM Harris lui donne huit incisives en haut, dix en bas ^ la queue
léyèreiTKnt prenante et nue en dessous. Il fera peui-êuc un nouveau sous-
geme quand on le connaîtra mieux.
1^6 MA]\îMIFÈFvES.
Le Dasj'ure de 3Iaugé,
Olivâtre , tacheté de blanc , sans taclies à la qiieue ^ un
peu moindre que le précédent.
•Le Dasyiire de TTliiie. [Did, viverrina, Sliaw. , Gen.,
zool. CXL ) Whlte, Bot. b. , App. 286.
Noir tacheté de blanc , sans taches à la queue , d'un tiers
moindre que le premier.
Le Tapoa-Tafa. White, Bot., b. , app. 281.
Grisâtre uniforme.
Le Dasyure à pinceau, {Did. penicillata. Shaw.)
Gen. ^ Zool. , 1. Il, pi. cxiii.
Gris^ la queue revêtue de soies noires et rudes.
Le Dasyure nain.
Moindre qu'un rat, cendré roussâtre, le pouce plus long,
les dents plus égales et plus contiguës qu'aux précédens.
Du sud de la terre de Diemen.
Les Péramèles (i). (Perameles. Geoff. ) Thjlaciso
11%.
Ont le pouce de derrière court comme les dasyures ,
et les deux doigts qui le suivent réunis par la peau jus-
qu'aux ongles ; le pouce et le petit doigt de leurs
pieds de devant ont la forme de simples tubercules •
leurs incisives supérieures sont au nombre de dix,
dont les externes pointues et écartées , les infé-
(i) Pera-meles de mêles, Llaireau et péra , bourse. Leur figure a en petit
quelque chose du blaireau. "Voy. le Mcm. de M. Geoff. , ann. du Mus. .
tome IV. Thylacisàç ^[hctKOç, bourse
MARSUPIAUX. inn
y /
rîeures de six seulement ; mais leurs molaires sont les
mêmes que dans les sarigues : on leur compte donc
quarante-huit dents. Leur queue est velue et non pre-
nante : ils vivent aussi dans FAustralasie. Leurs
grands ongles , presque droits^ annoncent qu'ils creu-
sent la terre , et leurs pieds de derrière assez longs ^
que leur course peut être rapide.
Le Péramèle à museau pointu. {Perameles nasutus.
G. ) Ann. du Mus. ^ lY.
A museau Irès-allougé , à oreilles pointues , à pelage
brun-grisâtre. Il ressemble, aii premier coup-d'ceil, à un
tenree.
La seconde subdivision des marsupiaux porte
à la mâchoire inférieure deux longues et larges
incisives pointues et tranchantes par leur bord,
couchées en avant, et auxquelles il en répond
six a la mâchoire supérieure. Leurs canines su-
périeures sont encore longues et pointues; mais
ils n'ont pour canines inférieures que des dents
si petites , qu elles sont souvent cachées par la
gencive ; le dernier sous-genre n'en a même
quelquefois point du tout en bas.
Leur régime est en grande partie frugivore ;
aussi leurs intestins , et surtout leur cœcum ,
sont-ils plus longs que dans les sarigues ; ils ont
tous le pouce grand , tellement séparé des
autres doigts qu'il a l'air dirigé eu arrière , pres-
TOME I, - Ï2
178 MAMMIFÈRES.
que comme celui des oiseaux. Il est sans ongles,
et les deux doigts qui le suivent sont réunis par
la peau jusqu'à la dernière phalange. Cette dis-
position a valu à ces animaux le nom de
Phalangers. (^Phalangista. Cuv. )
Les Phalangers (1) proprement dits. {Balantia, lUig.)
N'ont pas la peau des flancs étendue ; ils ont à cLaque
mâchoire de chaque côté quatre arrière - molaires présentant
chacune quatre pointes sur deux rangs , en avant une grosse
conique comprimée, et, entre celle-ci et la canine supérieure,
deux petites et pointues , auxquelles répondent les très-petites
d'en bas dont nous avons parlé : leur queue esttoujours prenante.
Les uns l'ont en grande partie écalUeuse. Ils vivent dans
les Moluques sur les arbres, où ils cherchent des insectes
et des fruits. Quand ils voient un homme , ils se suspendent
par la queue , et l'on parvient en les fixant à les faire tomber
de lassitude. Ils répandent une mauvaise odeur, et cependant
on mange leur chair.
On en connaît de blanchâtres, de gris tacheté de
noirâtre , de roux avec une raie brune le long de l'épine
(qui paraissent les plus communs), de bruns avec le
croupion blanc j mais on n'a pas encore suffisamment dé-
(i) Le nom de phaîanger a été donné par Buffon à la seule espèce con-
nue de son temps à cause de la réunion de deux doigts du pied. Celui de
philander n^est pas, comme on 1.; croirait, dérivé du grec , mais du mot pé-
landor , qui, en malais, signifie lapin, et fjue les habiians d'Amboine
donnent à une espèce de kanguroo. Séba et Brisson l'ont appliqué indis-
tinctement à tons les animaux à bourse. Les phalangers s'appellent , dans
les Molnques, couscous ou coussous. Les premiers voyageurs ne les ayant
pas suffisamment distingués des sarigues , avaient donné lieu de croire
que ce dernier genre était commun aux deux contiuens. Balantia , de
(icLXkvlloV « bourse.
MARSUPIAUX. I^g
terminé les limites de leurs espèces. La dénomination de
didelphis orieîitalis y Linn. , les embrasse toutes. (Buff., XIII,
X, XI. )
Dans d'autres^ qui jusqu'à présent ne se sont trouvés qu'a
îa nouvelle Hollande ^ la queue est velue jusqu'au bout.
Le Phalanger renard. ( Did. lemurina et vulpina. Sliaw. )
Bruno de Yiq. d'Az., Wbile; voy. 278.
Grand comme un fort cîiat ou même comme un raton ,
gris-brun, plus pâle dessous , à queue en grande partie
noire.
Le Phalanger de Cook. ( Cook , dern. Voy. , pi. viii . )
Moindre qu'un cliat, gris-roussâtre , blanc dessous, roux
aux flancs, un intervalle blanc vers le bout de la queue.
Les Phalangers volans. ( Petaurus. Sbaw.) ( PhalaTigistUi
Iliger. )
Ont la peau des flancs plus ou moins étendue entre les jam-
bes, comme les polatoucbes parmi Jes rongeurs, ce qui leur
permet de se soutenir en l'air quelques instans , et de faire des
sauts plus étendus. Ils ne se trouvent aussi qu'à la nouvelle
Hollande.
Quelques-unes de leurs espèces ont encore des canines in-
férieures, mais très - petites. Leurs canines supérieures et
leurs trois premières molaires , tant en haut qu'en bas, sont
très-pointues ; leurs arrière -molaires ont chacune quatre
pointes.
Le Phalager volant riaiii, ( Did. pfgmcea. Shaw. , Gen zool. ,
pi. cxiv. )
De la couleur et presque de la taille d'une souris ; les
poils de la queue disposés liès-régidièrement des deux côtés
comme les barbes d'une plume.
D'autres manquent de canines inférieures , et les supérieures
l8o MAMMIFÈRES.
sont très-petites. Leurs quatre arrière -molaires présentent
aussi quatre pointes ^ mais un peu courbées en croissant, ce
qui est à peu près la forme de celles des ruminans. En avant ,
il y en a deux en haut et une en bas moins compliquées : cette
structure les rend plus frugivores encore que tous les pré-
cédens.
Le grand Phalanger volant. {Did. petaurus. Sbaw. , Gen.
zool. ; pi. cxii. White. Yoy. 288. )
Ressemble au taguan et au galéopithèque par la taille j
sa fourrure est douce et bien fournie , et sa queue longue
et aplatie. Il y en a de diverses nuances de brun ) d'autres
sont variés ; et d'autres blanchâtres.
Le Phalanger volant à longue queue. {Did. macroura. , ib.)
Brun foncé dessus , blanc dessous, grand comme un sur-
mulot , à queue grêle , une fois et demie longue comme le
corps.
Notre troisième subdivision a les incisives^
les canines supérieures , les deux doigts réunis
aux pieds de derrière comme la seconde ; mais
elle manque de pouces postérieurs et de canine^
inférieures. Elle ne comprend qu'un seul genre.
Les Kanguroos-Rats. (^HjpsjprjTiiniis. IHg. )
Les derniers animaux de cette famille qui con-
servent quelque chose des caractères généraux
des carnassiers. Leurs dents sont à peu près les
mêmes que dans les pbaiangers ^ et ils ont encore
(i) Vr\,<Ti7r^V[J.y))Ç\ÛQyi de la partie posidrieure*
MARSUPIAUX. l8l
en haut une canine pointue. Les deux incisives mi-
toyennes supérieures sont plus longues que les au-
tres , et poijitues ; en bas , ils en ont seulement deux
couchées en avant. Us ont en avant une molaire
longue , tranchante et dentelée , suivie de quatre
autres hérissées de quatre tubercules mousses. Ce qui
distingue éminemment ces animaux , ce sont leurs
jambes de derrière , beaucoup plus grandes à j)ro-
portion que celles de devant , dont les pieds man-
quent de pouces, et ont les deux premiers doigts
réunis jusqu'à Tongle , en sorte qu'on croit d'abord
n'y voir que trois doigts , dont l'interne aurait deux
ongles. Us marchent souvent sur deux pieds, et s'ai-
dent alors de leur longue et forte queue pour se
soutenir. Ils ont donc la forme et les habitudes des
kanguroos, dont ils ne diffèrent que par leur canine
à la mâchoire supérieure. Leur régime est frugi-
vore , et leur estomac grand , divisé en deux po-
ches , et muni de plusieurs boursouflures ; mais
leur cœcum est médiocre et arrondi.
On n'en connaît qu'une espèce , de la taille d'un petit
lapin , et d'un gris de souris , que l'on a appelée Kanguroo-
Rat ( Macropus minor, Sliaw. ) Elle Tient de la nouvelle
Hollande , oii les habitans la nomment Potoroo. White ,
Bot. B. , 286.
La quatrième subdivision ne diffère de la
troisième que parce qu'elle n'a point de canines
du tout. Ce sont
182 MAMMIFÈRES.
Les Kanguroos. ( Macropus. Shaw. ) HalmaturuSp
Iliger, (i)
Lesquels présentent tous les caractères que nous
venons d'assigner au genre précédent, excepté que
cette canine supérieure leur manque , el que leurs
incisives mitoyennes ne dépassent pas les autres.
L'inégalité de leurs jambes est encore plus forte ;
en sorte qu'ils ne marchent à quatre qu'avec peine
et lenteur , mais sautent avec beaucoup de vigueur
sur leurs pieds de derrière, dont le gros ongle du
milieu^ presque en forme de sabot, leur sert aussi
de défense ; car en se tenant sur une jambe et sur
leur énorme queue , ils peuvent donner avec le pied
libre des coups assez violens. Ce sont au reste des
animaux très-doux , et qui vivent d'herbe. Aussi
leurs mâchelières ne présentent-elles que des col-
lines transverses. On leur en compte cinq partout,
dont les antérieures tombent avec l'âge ; ce qui fait
que les vieux n'en ont plus que trois. Leur estomac
est formé de deux longues poches divisées en bour-
souflures comme un colon. Leur cœcum est aussi
grand et boursouflé ; leur radius permet à leur avant-
bras une rotation complète.
La verge de ces deux genres n'est pas fourchue ;
mais leurs organes femelles sont les mêmes que dans
les autres animaux à bourse.
(î) Tlaîrtw.turus fquewe propre à saulcr
MARSUPIAUX. *l83
"Le Kanguroo géant. {Macropus major. Sharw.Didelphis
gigantea. Gra» ) Schreb. j CLïH.
A quelquefois six pieds de liauteur; c'est le plus grand
animal de la rsouvelle-HoUande : il fut découvert par Cook
en 1779 j et il propage aujourd'hui en Europe. On dit que
sa chair ressemble à celle du cerf. Les petits , qui n'on
qu'un pouce en naissant , se retirent encore dans la poche
de leur mère à un âge où ils sont en état de paître , ce qu'ils
font en sortant leur museau de la poche pendant que leur
mère paît elle-même. Ces animaux vivent en troupes , con-
duits par les vieux mâles. Ils font des sauts énormes. Il pa-
raît que l'on a confondu jusqu'à présent sous ce nom plu-
sieurs espèces de la Nouvelle-Hollande et des terres envi-
ronnantes , dont le pelage^ plus ou moins gris , ne varie que
par des nuances légères (i).
On a découvert tout nouvellement
Le Kanguroo élégant. ( Mac. elegans. ) Peron. Voy. I , xxvii.
De la taille d'un gros lièvre , gris-blanc , rayé en travers
de brun. De l'île Saint-Pierre.
On en connaissait beaucoup ,plus anciennement une
espèce :
Le Kanguroo df Aroé. ( Didelphis brunii, Gm. ) Schreb. ,
CLIII j nommé Pelandor Aroé ou Lapin d^Aroé^âr les Ma-
lais d'Amboine.
Mais les naturalistes européens n'avaient point fait une
attention suffisante aux descriptions que Valentin et le Bruyn
en avaient données. 11 est plus grand qu'un lièvre, brun des-
(t) M. Geoffroy distingue ; Le hanguroo enfumé, dont le gris est
plus foncé. Le hanguro à moustaches , qui a du blanchâtre au-devanî
de la lèvre supérieure. Le hanguroo à cou roux , un peu moindre que
les autres, à nuque teinte de roux.
l84 MAMMIFÈRES.
sus, et fauve dessous, et se trouve aux îles d'Aroé près
.Banda, et dans celle de Solor.
La cinquième subdivision a à la mâchoire
inférieure deux longues incisives sans canines ;
k la supérieure deux longues incisives au milieu,
quelques petites sur les côtés , et deux petites
canines , elle ne comprend qu'un genre.
Les Koala.
A corps trapu , à jambes courtes , sans aucune
queue 3 ses doigs de devant , au nombre de cinq , se
partagent en deux groupes pour saisir ; le pouce et
rindex d'un côté, \es trois autres du côté opposé. Le
pouce manque au pied de derrière , qui a ses deux
premiers doigts réunis comme dans les précédens.
On n'en connaît qu'un espèce , à poil cendré, qui passe
une partie de sa vie sur les arbres , et l'autre dans des ta-
nières qu'elle creuse à leur pied. La mère porte long-temps
son petit sur le dos.
Enfin 5 notre sixième division des marsupiaux
ou les
Phascolomes. ( Phascolomys. Geoff. ) (1)
Sont de véritables rongeurs par les dents et par
les intestins ; ils ne conservent de rapports avec la
classe des carnassiers que Farticulation de leur mâ-
choire inférieure ; et dans un système rigoureux , il
serait nécessaire de les ranger avec les rongeurs;
(1) Phas colomys , rat muni d'une poche de (^cf^iTKCùMV , et de ^Vf ?
( mus.)
MARSUPIAUX. l85
nous les y aurions même placés , si nous n'avions
été conduits à eux par une série non interrompue
des diJelpbes aux phalangers , de ceux-ci aux kan-
guroos , et des kanguroos aux phascolomes ; enfin ,
si les organes de la génération n'étaient point par-
• faitement semblables à ceux de toute la famille des
animaux à bourse.
Ce sont des animaux lourds, à grosse tête plate,
à jambes courtes, à corps comme écrasé, sans queue,
qui portent cinq ongles aux pieds de devant, et
quatre, avec un petit tubercule au lieu de pouce /à
ceux de derrière, tous très-longs et propres à creuser.
Leur démarche est d'une lenteur excessive. Ils ont
à chaque mâchoire deux longues incisives presque
pareilles à celles des rongeurs, et leurs mâchelières
ont chacune deux collines transverses.
Ils vivent d'herbe , et ont un estomac en forme de
poire et un cœcum gros et court , muni , comme
celui de l'homme et de l'orang-outang, d'un appen-
dice vermiforme. Leur verge- est fourchue comme
dans les sarigues.
On n'en connaît qu'une espèce de la taille d'un blaireau,-
à poil bien fourni, d'un brun plus ou moins jaunâtrej elle
vit à l'île Klng, au sud de la Nouvelle-Hollande, dans des
terriers, et se multiplierait aisément chez nous ; on dit que
sa chair est excellente j c'est
Le Didelphis ursina de Sliaw j les naturels l'appellent
JVombat {i). (Peron. Voyage, pi. xxviii.)
^<^*»
(i) M. Bass a décrit un animal extérieurement le même que le phasco-
lome, et auquel il donne aussi le nom de IVombat , mais qui aurait six
ncisives, deux canines et seize molaires à chaque mâchoire. S'il n'y a pas
l86 MAMMIFÈRES.
LE QUATRIÈME ORDRE DES MAMMIFÈRES.
LES RONGEURS.
Nous venons de voir dans les plialangers des
canines si petites , qu'on peut les considérer
comme nulles^ aussi la nourriture des animaux
de ce genre est-elle prise en grande partie du
règne végétal ; leurs intestins sont longs et leur
cœcum ample j et les kangiiroos ^ qui n'ont pas
de canines du tout , ne vivent absolument que
d'herbes.
On pourrait commencer par les phasco-
lomes la série des animaux dont nous allons
parler, et qui ont une mastication encore moins
parfaite.
Deux grandes incisives à chaque mâchoire ,
séparées des molaires par un espace vide , ne
peuvent guère saisir une proie vivante , ni dé-
chirer de la chair; elles ne peuvent pas même
couper les alimens , mais elles servent a les
eu quelque combinaison erronée de deux, descriptions différentes, ce !
serait uu sous-genre de plus à placer près des péramèles. M. Iliger l'a déjà
établi sous le nom à''amh]otis , A^cL(j.(6?^co(riç abortus. Voy. les Mém. de
Pétersb. i8o5 h t8c6 ; p. 44'i > ^'^ 1^ Buîlefin des se. , n° 7-?. , an XI.
RONGEURS. 187
limer , à les réduire , par un travail continu ,
en molécules déliées , en un mot, à les ronger ^
de là le nom de rongeurs que l'on donne
aux animaux de cet ordre -, c'est ainsi qu'ils
attaquent avec succès les matières les plus
dures , et se nourrissent souvent de bois et
d'écorce. Pour mieux remplir cet objet , ces in-
cisives n'ont d'émail qu'en avant , en sorte que
leur bord postérieur s'usant davantage que l'an-
térieur 5 elles sont toujours naturellement tail-
lées en biseau ; leur forme prismatique fait
qu'elles croissent de la racine a mesure qu'elles
s'usent du tranchant , et cette disposition à
croître est si forte , que si l'une d'elles se perd
ou se casse ^ celle qui lui était opposée n'ayant
plus rien qui la comminue, se développe au
point de devenir monstrueuse. La mâchoire in-
férieure s'articule par un condyle longitudinal ,
de manière à n'avoir de mouvement horizontal
que d'arrière en avant et vice versa , comme il
convenait pour l'action de ronger ; aussi les
molaires ont-elles des couronnes plates dont
les éminences d'émail sont toujours transver-
sales pour être en opposition au mouvement
horizontal de la mâchoire, et mieux servir à la
trituration.
Les genres 011 ces éminences sont de simples
l88 MAMMIFÈRES.
lignes 5 et oii la couronne est bien plane 5 sont
plus exclusivement frugivores ; ceux dont les
dents ont leurs eminences divisées en tubercules
mousses sont omnivores; enfin, le petit nombre
de ceux qni ont des pointes attaquent plus vo-
lontiers les autres animaux et se rapprochent un
peu des carnassiers.
La forme du corps des rongeurs est en gé-
néral telle que leur train de derrière surpasse
celui de devant , en sorte qu'ils sautent plutôt
qu'ils ne marchent ; cette disposition est même
dans quelques sous-genres aussi excessive que
dans les kanguroos.
Les intestins des rongeurs sont fort longs ;
leur estomac simple , ou peu divisé , et leur
cœcum souvent très-volumineux , plus même
que l'estomac. Cependant le sous-genre des loirs
manque de cet intestin.
Dans toute cette classe , le cerveau est pres-
que lisse et sans circonvolutions ; les orbites
ne sont point séparées des fosses temporales qui
ont peu de profondeur ; les yeux se dirigent
tout-a-fait de côté ; les arcades zygomatiques ^
minces et courbées en en bas , annoncent la
faiblesse des mâchoires ; les avant-bras ne peu-
vent presque plus tourner et leurs deux os sont
souvent l'éunis; en lua mot^ l'infériorité de ces
RONGEURS. 189
animaux se montre dans la plupart des détails
de leur organisation.
Cependant 5 les genres les plus nombreux qui
ont de plus fortes clavicules , jouissent encore
d'une certaine adresse , et se servent de leurs
pieds de devant pour porter les alimens a leur
bouche. Nous en ferons notre première division.
Le genre le plus remarquable de cette division est
celui des
Castors. (Castor. L.)
Que Ton distingue de tous les autres rongeurs
par leur queue aplatie horizontalement , de forme
presque ovale et couverte d'écaillés. Ils ont cinq doigts
à tous les pieds : ceux de derrière sont réunis par des
membranes, et il y a un ongle double et oblique à
celui qui suit le pouce. Leurs mâchelières, au nombre
de quatre partout et à couronne plate, ont l'air d'être
faites d'un ruban osseux replié sur lui-même, en
sorte qu'on voit une échancrure au bout interne et
trois à l'externe dans les supérieures et l'inverse dans
les inférieures.
Les castors sont dassez grands animaux dont
la vie est toute aquatique ; leurs pieds et leur queue
les aident également bien à nager. Comme ils vivent
principalement d'écorces et autres matières dures,
leurs incisives sont très - vigoureuses et repoussent
fortement de la racine à mesure qu'elles s^usent en
avant; aussi s'en servent -ils pour couper toutes
sortes d'arbres.
IQO MAMMIFÈRES.
De grosses poches glanduleuses, qui aboutissent à
leur prépuce, produisent une pommade d'une odeur
forte employée en médecine sous le nom decastoreuf?i.
Dans les deux sexes, les organes de la génération
aboutissent à l'extrémité du rectum, en sorte qu'il
n'y a qu'une seule ouverture extérieure.
Le Castor du Canada. ( Castor Jîher. ) BufF. , VIII, xxxvi.
Surpasse le blaireau par sa taille ; c'est de tous les qua-
drupèdes celui qui met le plus d'industrie à la fabrication
de sa demeure, à laquelle il travaille en société dans les
lieux les plus solitaires du nord de l'Amérique.
Les castors cboisissent des eaux assez profondes pour ne
pas geler jusqu'au fond, et, tant qu'ils peuvent, des eaux
courantes, parce qu'en coupant le bois au-dessus, îe cou-
rant l'amène où ils veulent. Ils soutiennent l'eau à une
égale bauteur paj:* une digue de toutes sortes de branches
mêlées de pierres et de limon, qu'ils renforcent tous les
ans, et qui finit par germer et se changer en une véritable
baie. Les huttes particulières servent à deux ou trois
familles et ont deux étages : le supérieur à sec pour les
animaux, l'inférieur sous l'eau pour les provisions d'écorces.
Il n'y a que celui-ci d'ouvert, et la porte donne sous l'eau
sans communication avec la terre. Ces huttes sont faites
de branches entrelacées et oarnies de limon. Les castors
ont d'ailleurs plusieurs terriers le long du rivage, où ils se
réfugient quand on attaque leurs huttes. Leurs hàtimens
ne leur servent que l'hiver j l'été ils s'éparpillent et vivent
chacun pour soi.
On apprivoise aisément le castor, et on l'accoutune
d vivre de matières animales.
Le castor du Canada est d'un brun-roussâtre uniforme y
sa fourrure est, comme on sait, très-rceherchée pour le
RONGEURS. igi
feutrage. Il y en a de blonds, de noirs et quelquefois de
blancs.
Nous n'avons pu encore constater, malgré des compa-
raisons scrupuleuses, si les castors ou bièvres qui vivent
dans des terriers le long du Rhône, du Danube, du Weser
et d'autres rivières, sont différens par l'espèce de celui
d'Amérique , ou si le voisinage des hommes est ce qui les
empêche de bâtir.
Linnœus etPallas semblent avoir réuni en un seul
bloc , sous le nom de
Rats. (Mus. L.)
Tous les rongeurs pourvus de clavicules qui n ont
pu être dislingués par quelque marque extérieure
très-sensible, d'où il résulte qu'on ne peut leur assi-
gner de caractère commun , si ce n^est tout au plus
celui des incisives inférieures pointues qu'indique le
premier de ces naturalistes ; encore faut-il, pour qu'il
soit juste, séparer, comme nous le faisons^ les rats-
taupes et les hélamys ou pédètes. Les autres rats
se laissent très-bien subdiviser, parles mâchelières,
en plusieurs sous-genres qui peuvent être répartis en
trois petits groupes.
1° Ceux qui ont les molaires prismatiques ou à couronne
plate et traversées dans toute leur hauteur par les lames
d'émail, structure que nous retrouverons dans les câblais, les
lièvres, et que nous observerons jusque dans les éléphans^
INous leur appliquons le nom générique de
Campagnols. Cuv. { .Irvicola. )
Attendu que tous ceux que l'on connaît ont trois mâ-
chelières partout , formées chacune de cinq ou six , et
jgT. 3IAMMIFÈRES.
quelquefois huit prismes triangulaires placés alternatiyemeat
sur deux lignes.
Une première subdivision comprend
Les Ondatras. (Fiber. Cuv. )
Ou campagnols à pieds palmés, à longue queue com-
primée et écailleuse, dont on ne connaît bien qu'une espèce.
I
U Ondatra ou Rat musqué du Canada. ( Castor zibeticus.
Lin. 3IUS zibeticus. Gm. ) Buff. ^ X , i.
Grand comme un lapin, d'un gris-roussâtre : ils construi-
sent en hiver, sur la glace, une hutte de terre , où iL habi-
tent plusieurs , allant par un trou chercher au fond les ra-
cines d'acorus qui servent à les nourrir. Quand la gelée
ferme leurs trous , ils sont réduits à se manger les uns les
autres. Cette habitude de bâtir, est ce qui a fait rapporter
l'ondatra au genre du castor par quelques auteurs.
La seconde subdivision est celle des ^
Campagnols ordinaires. ( Arvicola.. Lacep. Hypudœus.
Iliger. )
Qui ont la queue velue , et à peu près de la longueur du
corps.
heRat d'eau, [Mus amphibius.) Buff. YII, xliii.
Un peu plus grand qu'un rat commun , d'uu gris-bruu
foncé , la queue de la longueur du corps ; habile au bord
des eaux , et creuse dans les terrains marécageux pour
chercher des racines ; mais il nage et plonge mal (i).
Le Campagnol ou petit Rat des champs. {31us arvalis. Lin.)
Buff., YlI,xLvii.
Grand comme une souris, cendré-roussâlre, la queue un
peu moindre que le corps. Il habite des trous qu'il creuse
(i) lue mus tcrrestris , Lin. \e schermauss d'Hermann , nommé mal
à propos scherman,^2o: Btiff.Suppl, VII , ixx , ne sont que dçs rats d'eau.
RONGEURS. . 19.3
dans les cliamps , et où il ramasse du grain pour l'hiver :
quelquefois il se multiplie excessivement et cause de grands
dégâts.
Le Campagnol de prés. ( Mus œconomus. Pall. } Glires. ,
XIY, A. Sclireb. , Cuv.
Un peu plus foncé et à queue un peu plus courte : il ha-
33ite une petite chambre en forme de four, creusée sous le
gazon-, d'où plusieurs canaux étroits et branchus le condui-
sent en diverses directions -, d'autres canaux communiquent
avec une seconde cavité où il amasse des provisions. De
toute la Sibérie. On croit l'avoir trouvé en Suisse et dans
le midi de la France (i).
La troisième subdivision sera celle des
Lemmings. Cuv. ( Georychus. lliger. ) (2)
Qui ont la queue et les oreilles très-courtes , et les doigts
de devant particulièrement propres à creuser.
Les deux premières espèces ont cinq ongles bien distincts
aux pieds de devant, comme les rats-taupes et les lièvres-
sauteurs.
Le Lemmi?ig. {Mus lemmus. lân. ) Pall. , Glir. , XII, A.,
B. , Schreb. , cxcxv.
Espèce du nord , de la taille d'un rat, à pelage varié de
jaune et de noir, très-célèbre par les migrations qu'elle fait
de temps en temps, sans époques fixes et en tri upes innom-
brables. On dit qu'ils marchent alors en ligne droite sans
que rivière, montagne ni aucun autre obstacle les arrête,
et qu'ils dévastent tout sur leur passage. Leur habitation
ordinaire paraît être sur les bords de la mer glaciale.
■■■■■■ ■■■■ -»■■ .— ■ f ^. mm -.. ■■ ■ ^ ■ ■ >■ I ■ mu I 1^ -■ ■ - Il ■ - ■■■ - - ■■ — 11^
(1) Ici vienaent encore probablement les 31. saxatilis , alliarius , rutilas ,
greg.iUs et socialis. (Pall. Gllr. ) Mais les M. lagunis ei torquatus sont
plutôt des lemmings. •
(2) Tsei>^V')(^oç , fouissant la terre.
TOME I. l3
I()4 MAMMIFÈRES.
Le Zocor. ( Iffus aspalax. Gm. ) Pail. y Glir. , X ^ SclireL» ^
cev.
Gris-roussâtre , les trois ongles mitoyens de devant longs ^
arqués, comprimés et tranclians pour couper la terre et les
racines ; les membres courts , la queue presque nulle , les
yeux excessivement petits. DeSibérie, où il vit toujours sous
terre comme les taupes et les rats-taupes , et se nourrit prin-
cipalement de bulbes de divers liliacés(i).
La troisième espèce , comme tous les autres animaux
compris sous le grand genre des rats, n'a qu'un rudiment
depouce au s pieds de devant. C'est
Le Lemming de la baie d'Hudson. ( Mus Hudsoniiis. Gm. )
Sclireb. , cxcvi.
D'un cendré clair de perle , sans queue ni oreilles ex-
ternes : les deux doigts du milieu, aux pieds de devant du
mâle", ont l'air d'avoir les ongles doubles , parce que la
peau du bout du doigt est calleuse, et fait une saillie sous
celle de l'ongle ; conformation qui ne s'est encore rencontrée
que dans cet animal. Il est grand comme un rat, et vit sous
terre au nord de l'Amérique.
?," Les rats dont les mâcbelières se divisent dès leur base en
racines, mais dont la couronne plate oflPre encore des lignes
transverses saillantes et creuses ; aussi très-frugivores : on
en reconnaît deux sous-genres.
JjeS EcHIMYS. (ECHIMYS. Gcoff. ) LONCHERES. IligCF. (2)
Ont quatre mâcbelières partout , présentant en bas cbacuiie 1
quatre lames transverses, réunies deux à deux par un bout ;
en liant trois seulement , dont deux réunies. Ce sont des ani-
maux d'Amérique qui , avec une forme à peu près la même
que celle de nos rats, ont le plus souvent des poils aplatis,
(i) Le Mus talpinus , P#1I. , appartient très-vraisemblablemeiit à cette
subdivision plutôt qu'aux spaJax , mais nous ne l'avons pas pu examiner.
(2) Echirnys , rat épineux j lonçhères , porle-Iauce.
RaNGEURS. iq5
élargis , roifles et terminés en pointe ^ en un mot de vrais pi-
quans plats comme des lames d'épées.
VEchinijs à queue dorée. Lérot à queue dorée, àe BuITon.
{Iljsirix chrjsuros. Schreb. ) BufF. , Sup.VII, lxxu.
Presque grand comme un lapin , brun-marron , à ventre
blanc , une crête de poils allongés , et une, bande longitu-
dinale blanche sur la itête ; queue longue ;, noire , sa
moitié postérieure jaune. De la Guiane.
iJEchinvys roux, ( Ptat épineux de d'Azzara.) Voy. pi. xiir.
Grand comme un rat, gris-roussâtre , queue moindre que
le corps. De Cayenne , du Paraguay : il se creuse de longs
boyaux souterrains.
Les Loirs. ( Myoxus. Gmel. )
Ont aussi quatre mâchelicres , partout divisées par des
bandes transverses ; mais leur poil est doux et leur queue ve-
lue et même toufiPue. Ils vivent sur les arbres, se nourrissent
de fruits 7 et passent dans nos climats l'hiver dans un sommeil
léthargique. Dans ce nombreux ordre des rongeurs, c'estle seul
genre qui manque de cœcum. Nous en possédons trois espèces
en France.
Le Loir, ( Mus glis. Lia. ) (i). BuiT. ^ YIII, xxiv.
Grand comme un rat, gris-brun cendré dessus , blanchâtre
dessous, du brun plus foncé autour de l'œil, de fortes
moustaches, la queue bien fournie sur toute sa longueur,
et presque disposée comme celle d'un écureuil. Des forêts
du midi de l'Europe. C'est probablement ce rat que les
anciens engraissaient , et dont ils faisaient leurs délices.
(ï) Le M. (Jryas de quelques auteurs , Schreb. CCXXV. B. , ne nous pa^
raît point différer du loir. Myoxus , rat à museau pointu.
igij ' MAMMIFÈRES.
Le Lèrot. ( IT. nitela. Gm.) BufF. ^Ill , xxy.
Un peu moindre que le précédent, gris-brun dessus, blan-
châtre dessous , du noir autour de l'œil , qui règne en s'élar-
gissant jusqu|à l'épaule; la queue touffue seulement au bout ^
noire, avec l'extrémité blanche.
/
Le Miiscardin. ( Mus avellanarius. Lin. ) Bufl. , YIIÎ , xxvi.
De la taille d'une souris, roux-cannelle dessus, blan-
châtre dessous , les poils de la queue aussi un peu disposés
en barbe de plumes.
5** Les rats dont les mâchelières , plus ou moins tubercu-
leuses , n'offrent pas aussi nettement des sillons transverses.
Ils sont plus omnivores que les autres. Leurs sous-genres sont jfl
plus nombreux.
Les Kydromys. (Geoff. , An. du Mus. , tom. YI , pag. 86
et suivantes. )
Se distinguent d'abord de tous les autres rats par leurs pieds
de derrière , palmés aux deux tiers ; leurs molaires ont aussi
un caractère particulier , en ce que leur couronne , oblique-
anent quadrangulaire , est creusée dans son milieu comme une
cuiller. Ils sont aquatiques.
On en a envoyé de la Guiane des individus à ventre
blanc , et d'autres à ventre fauve , qui ont tous le dessus
brun-foncé , la queue longue , noire à la base , et blanche
dans sa moitié postérieure. Ils sont quelquefois doubles du
surmulot. ( Hj^droiiiys leucogaster et H. Chrj^sogaster.
Geoff. )
On croit aussi pouvoir rapporter à ce genre un animal
de l'Amérique septentrionale, dont la peau vient par mil-
liers en Europe pour l'usage des chapeliers, et dont les ca-
ractères n'ont pu cependant encore être examinés par les
anatORiisles. C'est le '
Quoitija de d'Azzara. {Mus coypus. MoWn. eiOmel. )
Qui vit dans des terriers ; aux bords des rivières , dans unt
RONGEURS. 197
grande partie cîe l'Amérique méridionale ; npproclie du
cabiai par la taille , et lui ressemble par la couleur du poil ,
mais s'en dislingue par la finesse de ce poil , et surtout du
duvet de sa base, par sa longue queue y le nombre de ses
doigts^ etc....
Les Rats proprement dits. ( Mus. Cuv. )
*Ont partout trois molaires à tubercules mousses , dont l'an-
térieure est la plus grande ; leur queue est longue et écail-
leuse. Ces espèces sont fort nuisibles par leur fécondité et la
voracité avec laquelle elles rongent et dévorent des substances .
de toute nature. Il y en a trois qui sont devenues irès-commu-
nes dans les maisons ; savoir :
La Souris. ( Mus musculiis. Lin.) Bufî*. ; YIl, xsxix.
Connue de tous les temps et de tout le monde,
lié Rat ordinaire. ( Mus rattus. Lin. ) Buff. Ylf , xxxvr.
^ Dont les anciens n'ont point parlé , et qui paraît avoir
pénétré en Europe dans le moyen âge. 11 est plus que double
de la souris dans toutes ses dimensions. Son pelage est
noirâtre.
"Le Surmulot. [Mus decumanus. Pall.) Buff., VIII, xxvii.
Qui n'est arrivé en Europe que dans le dix-buitiëme
siècle, et qui est aujourd'hui plus commun que le rat à
Paris et dans quelques autres grandes villes. Plus grand
d'un quart que le rat, il en diffère encore par son poil
brun-roussâtre et par sa queue à proportion plus longue.
Ces deux grandes espèces paraissent originaires d'orient;
nos vaisseaux les ont transportées partout aussi-bien que la
souris.
La Tartarie orientale et la Chine ont un rat égal au
surmulot, à queue un peu plus courte, à mâchoires plus
fortes, d'une teinte blonde, (c'est le if/, caraco. Pallas.)
Giir., XXIII; Schreb., CLXXVIL
ïgS MAMMIFÈRES.
11 y en a un autre aux Indes encore d'un quart plus fort
que le surmulot, brun-roussâlre , un peu plus pâle à la
tête, (le rat perchai de BufF. , Supp. YII, lxix.)
On a moins observé les espèces de la taille de la souris.
La Souris du Caire. ( M. Caliirinus. Geoff. , Descr. de l'Eg.
mammif.)a des piquans au lieu de poils sur le dos j Arislote
l'avait déjà remarqué.
Nous ne connaissons en France qu'une espèce qui vive
loin des maisons ; c'est le mulot {M. sjlvaticus,) Buff. ^ YJI,
XLi, lequel ne surpasse guère la souris et s'en dislingue
par son pelage roux. Il dévaste les bois et les cbamps (i).
Les Hamst'ers. (Cricetus. Cuv.)
Ont les mêmes dents que les rats, mais leur queue est
courte et velue ^ et les deux côtés de leur bouche sont creusés ,
comme dans certains singes, en sacs ou en abajoues, qui leur
servent à transporter les grains qu'ils recueillent dans leur
demeure souterraine.
Le Hamster commun , 3Iarmotte a" Allemagne ^ etc. {M.
cricetus. L.) BuiGT.^ XIII, xiv.
Est plus grand que le rat, gris-roussâtre dessus, noir aux
flancs et dessous, avec trois taches blanchâtres de chaque
côtéj ses quatre pieds sont blancs, ain^i qu'une tache sous
la gorge et une sous la poitrine : il y en a des individus
tout noirs. Cet animal , si agréablement varié en couleur , est
un des plus nuisibles qui existent à cause de la quantité de
grains qu'il ramasse, et dont il remplit son trou, qui a
quelquefois jusqu'à sept pieds de profondeur. Il est commun
(i) AceUe division appartiennent probablement il-/, agrarius , ni. mi-
nulus , }?i. soricinus , tu. vagus , m. beUiUnus , m. purnilio , m. striatus ,
m. baiharus de Pal! . On ne peut encore Lien classer , ni le 772. pilo-
rides , ni aucun des rats indiqués plutôt que décrits par Molina , parce
qu'ils ne sont pas assez bien connus.
C'est encoreici que devra venir l'énorme espèce du mus giganteus. Lin,
Trans. Yïï , xxviii.
nONGEURS. ^99
clans toutes les contrées sablonneuses qui's'étencîent depuis
le nord de l'Allemagne jusqu'en Sibérie.
Ce dernier pays produit beaucoup de petites espèces dé
hamsters que M. Pallas a fait connaître (i).
Une des espèces les plus extraordinaires , si elle était com-
plètement authentique , serait le mus hiirs irais , de Shaw ,
originairedu Canada , cendré , dont les poches, quand elles
sont remplies, sortiraient des deux côtés de la bouche et
surpasseraient la tête en grosseur. On lui donne cinq ongles
devant , dont les trois du milieu très-longs et propres à fouir ,
et quatre derrière ; sa queue est courte et sa taille approche
de celle du surmulot.
Les Gerboises. (Dipus. Gmcl. )
Ont les mcmes dents que les rats, une longue queue touffue
au bout, une tête large, de grands yeux saillans, et surtout
des extrémités postérieures d'une longueur démesurée en
comparaison de celles de devant 5 ce qui les a fait nommer
rats à deux pieds par les anciens. En efl'et , elles ne vont guère
que par grands sauts sur leur|§ pieds de derrière. Leurs pieds
de devant ont cinq doigts; dans ceux de derrière, le méta-
tarse des trois doigts du milieu n'est formé que d'un seul os,
comme ce qu'on appelle le tarse des oiseaux; il y a en outre,
dans certaines espèces, de petits doigts latéraux {?-). Elles
vivent dans des terriers et tombent en une léthargie profonde
pendant l'hiver.
(1) M. accedula , arenarius , phœus , songarus , fuiuncuhis. Pall. Glir.
et Schreb.
(2) Le nnis longlpes de Lin. , ou meridianus de Pall. , paraît devoir' for-
mer un nouveau sous-genre. Le twnaricinus s'y joindra probablement, si
ce n'est pas un loir : nous n'avons vu ni l'un ni l'autre. Il est vraisembla-
ble qu'il faudra y rapporter le m, gerbillus d'Olivier , le îji. canadensis de
Pennant et de bliaw ^ et le dipus indiens. Linn. Trans. Vill , vu. Ce *
.sont les gerbiUas de Desmarels , et les mtriones d'Iiliger.
^00 MAMMIFÈRES.
Le Gerhoa [M. sagitta.) BulF. , Supp A'I, xxxix et xl.
A trois doigts seulement, grande comuie un rat, d'un
fauTe-clalr dessus, blanche dessous, le flocon de la queue
noir, le bout blanc. Depuis la Barbarie jusqu'au nord de la
mer Caspienne.
J/Alactaga. {M.jacuJus. ) Pall. , Glir._, XX, Scbreb.^
CCXX\I1I.
A deux petits doigts latéraux (ï), les oreilles plus longues
que la précédente, mais à peu près les mêmes couleurs.
M. Pallas en a observé de trois grandeurs différentes, depuis
celle du lapin jusqu'à celle du rat : ce sont peut-être autant
d'espèces. On trouve l'une ou l'autre depuis lai Syrie jusqu'à
l'Océan oriental et jusqu'au nord de l'Inde.
Nous nous voyons obligés de séparer des rats et
d'établir tout-à-fait comme genres les trois genres
suivans :
Les Rats-Taufes. (Spalax. Giildensledt. ) (2)
m
Ont les mêmes mâchelières que les rats, les hamsters
et les gerboises, mais leurs incisives sont trop grandes
pour être recouvertes par les lèvres; Textrémité des
inférieures est en coin, c'est-à-dire, à tranchant
transverse rectiligne et non en pointe; tous leurs
pieds ont cinq doigts courts et cinq ongles plats et
menus; leur queue est très-courte ou nulle, aussi-
bien que leur oreille extérieure. Ils vivent sous terre,
y creusent comme les taupes quoiqu'avec des înslru-
inens bien moins puissans , élevant la terre comme
(1) C'est par une erreur de Sam. Gmelin que Buffon a cte' induit à don-
ner à Talactaga quatre doigts aux pieds de derrière ; il en a cinq.
(2) Aspaîax , spalax y noms grecs de la taupe.
r.ONGEURS. ^Oî
elles , mais se nourrissant seulement de racines ;
aussi leur œil est-il excessivement petit.
Le Zemni, Slepez, ou Rat^Taupe aveugle. [^I. t/phlus.
L.) Pall., Glir., YIII, Schreb. , CCVI.
JN'a même point du tout d'œil visible au dehors ; mais
quand on enlève sa peau, on trouve un très -petit poiqS
noir qui paraît organisé comme un œil, sans pouvoir
servir à la vision puisque la peau passe dessus sans
s'ouvrir ni s'amincir , et sans j avoir moins de poils
qu'autre part. Cet animal singulier a d'ailleurs un air
tout-à-fait informe par sa grosse tête anguleuse sur les côtés^
par ses pieds courts et parce qu'il n'a aucune queue. A peu
près de la taille de notre rat , d'un cendré tirant sur le roux,
il bah ite tout l'orient de l'Europe et les parties voisines de
l'Asie jusqu'en Perse. U se pourrait , comme le ditM. Olivier ,
qu'il eût donné aux anciens l'idée de faire la taupe lout-à-falt
aveugle.
Les Rats-Taupes du Cap. (Orycteré. Fr. Cuv.
Bathyergus. lilig») (ï)
Avec la forme, les pieds et les incisives tronquées
des précédens, ont quatre mâchelières partout et
les postérieures profondément échancrées au côté
externe; leur œil est, quoique petit, à découvert,
et ils ont une courte queue. On en connaît deux
espèces.
Le Rat- Taupe des Du7ies. {Mus maritimus. L.) Bulï". ^
Supp. VI , xxxviir.
D'un gris blanchâtre , presque de la taille d'un lapin, éÀ
Le petit Rat-Taupe du Cap, ( M, Capensis, ) BufF. ,
Supp. XI, xxxvr.
Brun, une tacîie autour de l'œil, une autour de l'oreille^
(i) Bathyergus , qui travaille dans la piofondcur. Oryclcre ^ fonceur.
'202 MAMMIFÈRES.
une au vertex et le bout du museau blanc; grand comms
un cochon d'Inde.
Tous deux sont communs dans les environs du Cap de
Bonne-Espérance^ et j creusent tellement la terre, qu'il est
dangereux d'y courir à cheval (i).
Les HelA3iys, Fred. Cuv, vulgairement lièvres-
sauteurs, (Pedetes. îllig. )(2)
Que l'on a placés jusqu'ici avec les gerboises, leur
ressemblent en effet par leur tête large, leurs gros
yeux, leur» longue queue, et surtout par la petitesse
de leur train de devant et la grandeur de celui de
derrière, quoique la disproportion en soit beaucoup
moindre que dans les vraies gerboises. Les caractères
particuliers des hélamys sont quatre mâchelières par-
tout composées chacune de deux lames, cinq doigts
aux pieds de devant armés d'ongles très - longs et
pointus, et quatre à leurs grands pieds de derrière,
tous distincts, même par les os du métatarse, et
terminés par des ongles larges et presque semblables
rr des sabots. Ce nombre de doigls est l'inverse de
celui qui est le plus général parmi les rats. Leurs
incisives inférieures sont tronquées et non pointues
comme celles des vraies gerboises et de tous les autres
animaux compris sous le genre des rats, les seuls
rats- taupes exceptés.
On n'en connaît qu'une espèce du Cap de Bonne-
«
(i) M. lUiger sépare le M. Capensls du Bathyergus , ou m, maritimus ,
pour le mettre avec le m. Hudsonius , et Vaspalax ou ses Georychus.
Mais la coiilormation du mus Capensis est absolument la même que celle
du m. maritimns, ainsi que nous nous en sommes assure's,
{lyjlelamys f rat-sauteur. Pedetes , sauteur.
RONGEURS. 203
Espérance, grande comme un lapin, fauve -clair, à queue
îouiFue , noire au bout ( mus cafer, Pall. Dipus cafer. Gm.)
BuET. , Supp. Yl , XLi.
Grnelin avait déjà séparé du genre des rats
Les Marmottes, ( Akctomys. Gm. ) (i)
Qui ont avec les incisives inférieures pointues des
autres animaux compris dans ce grand genre , cinq
mâchelières de chaque côté en haut et quatre en bas
toutes hérissées de pointes; aussi quelques espèces
se déterminent-elles aisément à manger de la chair
et prennent-elles des insectes aussi-bien que de l'herbe.
Ce sont des animaux à jambes courtes, à queue
velue médiocre ou courte, à tête large et aplatie,
qui passent l'hiver en léthargie dans des trous profonds
dont ils ferment l'entrée par un amas de foin. Ils
vivent en société et s'apprivoisent aisément. On en
connaît trois espèces dans l'ancien continent :
La Marmotte des Alpes. ( M. Alpinus. L. ) BufF. , YIII,
XXVIII.
Grande comme un lapin , à queue courte , à pelage gris-
jaunâtre, avec des teintes cendrées vers la tète. Elle vit
dans les hautes montagnes immédiatement au-dessous des
neiges perpétuelles.
La Marmotte de Pologne ou Bobac. {M. hobac. L. )
j^Pall., Glir. , V, Sclireb. , GGIX.
Grande comme la précédente, gris-jaunatre , avec des
teintes rousses vers la tête. Habite les montagnes peu élevées
et les collines depuis la Pologne jusqu'au Kamt^chalka
creuse souvent dans les terrains les plus durs.
^ _ 4^:^
(i) ArcLo-mys , rat-ours.
/
204 MAMMIFÈRES.
Le Souslik ou Zizel, (M. ciiillus. L.) Buff., Supp., IIÎ,
XXXI.
Joli petit animal gris-brun^ onde ou taclieté de Liane par
gouttelettes, qui se trouve depuis la Bolième jusqu'en Sibérie.
Il a un goût particulier pour la cbair, et n'épargne pas même
sa propre espèce.
L'Amérique en a aussi quelques espèces (i).
Les Ecureuils. (Sciurus. L. )
Que Ton a toujours regardés comme un genre à
part;, se font reconnaître par leurs incisives infé-
rieures très - comprimées , et par leur queue lon-
gue , garnie de poils longs et épars , dirigés sur les
côtés comme des barbes de plumes. Ils ont quatre
doigts devant et cinq derrière. Quelquefois le pouce
de devant se marque par un tubercule. On leur
compte partout quatre mâchelières tuberculeuses , et
une très-petite en avant y en haut y qui tombe de
bonne heure. Ce sont des animaux légers , vivant sur
les arbres , y nichant , se nourrissant de fruits , dont
la tête est large , et les yeux saillans et vifs.
On en compte beaucoup d'es[)èces dans les deux
continens.
U Ecureuil commun. {Sciurus vilîgaris.) Buff., VII, xxxn.
D'un roux vif, les oreilles terminées par un bouquet de
poils ; ceux du nord deviennent d'un beau cendré-bleuâtre
en biver , et donnent alors la fourrure appelée /?^f//-gns :
il y en a aussi des variétés brunes et noires.
(i) Arct. mouax. Buff. Supplément III , :xxvni. — A. empêtra.
Sêhrcb. CCX.
RONGEURS. 205
Les espèces d'Amérique n'ont pas de pinceaux aux oreil-
les. Tels sont ^^
JJEcureuil gris de Caroline, ( Sciuriis cinereus. Lin. )
Petit-Gris de Buff. , X , xxv.
Plus grand que le nôtre , cendré , à ventre Liane.
\J Ecureuil à masque , du même pays. ( Se. capistratus.
Bosc. ) Se. cinereus, SchreL. ccxiii , B.
Cendré , à tête noire , museau , oreilles et ventre Lianes.
L'un et l'autre varient par plus de Lrun ou de noir, et de-
Tiennent quelquefois tout noirs (i).
La plupart des espèces de l'ancien continent sont auasî
destituées de ces pinceaux. L'une des plus Lelles est
Le grand Ecureuil des Indes, ( Se. maximus et maerou-
rus (2). Gm. ) Buff., Sup. , VII, lxxii.
Presque aussi grand qu'un chat, noir dessus, à flancs efe
sommet de la tête d'un Leau marron vif j la tête, tout le
dessous du corps et le dedans des memLres jaune pâle ; une
Lande marron derrière la joue. Il LaLite sur les palmiers,
et se plaît surtout au suc laiteux des noix de coco.
Il y a aussi dans les pays cLauds quelques écureuils re-
ïnarquaLles par les Landes longitudinales dont leur pelage
egt varié. Tels sont
Le Barharesque. ( Se. getulus. L. ) Buff. , X, xxvii.
Dont les Landes s'étendent jusque sur la queue.
Le Palmiste. ( ^s^. palmarum. L. ) Buff. X , xxvi.
Il est proLaLle qu'il faudra distinguer des écureuils certaines
espèces qui ont des aLajoues comme les Lamsters, et qui pas-
(1) Le Se. vulpinus y le caroîinensis et le niger n'en paraissent que
des variétés.
(2) Il sufllt de comparer les figures de Pennant et de Sonnerai pour
juger qu'elles représentent le même aaima!.
20G MAMMIFÈRES.
sent leur vie dans des trous souterrains V Tamias lUîqer. )
Tel est âl^^
le suisse, (^c. striaîus. Lin. ) BufF. , X , xxviii.
Qui se trouve dans tout le nord de l'Asie et de l'Améri-
que , surtout dans les forêts de pins. Sa queue est moins
fournie que dans l'écureuil d'Europe , ses oreilles rases , et
son pelage brun avec cinq raies noires et deux blanchâtres.
U Ecureuil de la haied'Eudson. {Se. Hadsonius.) Sclireb.
ccxiv.
A pelage brun-roux, avec une seule raie noire sur chaque
flanc y en paraît très-voisin.
On devra probablement distinguer encore les giierlinguets ,
espèces de l'Amérique méridionale , à longue queue, presque
ronde , à scrotum énorme et pendant. BufF. , Sup. ^ VII , lxv ,
I-XVl (i).
On a déjà séparé
Les POLATOUCHES. ( pTEROMYS. CuV. )
Auxquels la peau de leurs flancs , s'étendant entre les jambes
de devant et celles de derrière , donne la faculté de se soutenir
en l'air quelques instans, et de faire de très-grands sauts. Leurs
pieds ont de longs appendices osseux qui soutiennent une par-
tie de celte membrane latérale.
Il y en a une espèce en Pologne , en Russie et en Sibérie.
( Sciurus volans. ) Scbreb. , ccxxtii.
Gris-cendré dessus, blanche dessous ;, grande comme uiY
rat , la queue de la moitié de la longueur du corps seule-
ment : elle vit solitaire dans les forets.
Une du nord de l'Amérique.
(i) Nous avons U'ouvé cepeudaut aux tamia et aux guerllnguets les
mêmes molaires qu'aux écureuils et qu'aux polatouches.
RONGEURS. 207
( Se. volticcella. ) BulF. , X, xxi.
Gris-roussâtre dessus, hlanclie dessous , moindre que la
précédente, à queue seulement d'un quart moindre que le
corps : elle vit en troupes dans les prairies tempérées de l'A-
mérique septentrionale.
Une dans l'arcliipel des Indes, presque grande comme
un cliat -, le mâle d'un beau marron vif dessus , roux dessous j
la femelle brune dessus , blancliâtre dessous. C'est le
( Se. petaurista. ) Ta^uan, Duff. , Sup. ^ IIî , xxi , et YIÎ ,
X.XVTI.
Mais ce même archipel en produit aussi une petite.
( Se. satina, )
Brun foncé dessus, blanc dessous, qui se dislingue sur-
tout des autres petites espèces, parce que sa membrane forme,
ainsi que dans le taguan , un angle saillant très-aigu der-
rière le poignet.
Enfin M. GeofFroi a aussi séparé avec raison de ce genre
Les Aye-Aye. Geoff. (Cheiromys. Cuv. ) (i)
Dont les incisives inférieures encore beaucoup plus compri-
mées, et surtout plus étendues d'avant en arrière que dans
les écureuils , ressemblent à des socs de charrue j leurs pieds
ont tous cinq doigts , dont quatre de ceux de devant sont
excessivement allongés, et, dans ce nombre , le médius est
beaucoup plus grêle que les autres ; dans les pieds de derrière ,
le pouce est opposable aux autres doigts ; en sorte qu'ils sont à
cet égard ^ parmi les rongeurs , ce que sont les sarigues parmi
les carnassiers
On ne connaît qu'une es^jèce d'aje-aye découverte à Ma-
dagascar par Sonnera t.
. (Sciurus Madagascariensis.) Gm. , BulF. , Sup , YII , lxviii.
Grande comme un lièvre , d'un brun mêlé de jaune , à
queue longue et épaisse, garnie de gros crins noirs, à grandes
(ï) Pteromys f rAt Rilé. Chçiromys : rat à main.
208 MAMMIFÈRES.
oreilles nues. C'est un animal nocturne , dont les mouve^
mens sont pénibles , et qui vit claus un terrier. Il se sert de
son doigt grêle pour porter les alimens à sa bouche.
La seconde division des rongeurs , com-
prend les genres qui n'ont que des rudimens
de clavicules. Le plus facile à distinguer est
celui des
PoPtC-Epics. (Hystrîx. Lin.)
Qui se font reconnaître au premier coup-d'œil par
les piquans roides et aigus dont ils sont armés comme
les hérissons parmi les carnassiers. Ce sont des ani-
maux à quatre mâclielières partout , cylindriques ,
marquées sur leur couronne de quatre ou cinq em-
preintes enfoncées. Leur langue est hérissée d'écaillés
épineuses. On leur compte quatre doigts devant et
cinq derrière , armés de gros ongles. Ils vivent dans
des terriers ^ et ont beaucoup des habitudes des la-
pins. Leur voix grognante j jointe à leur museau
gros et tronqué , sont ce qui les a fait comparer au
porc,
l^e Porc-Epic commun o\x a crinière. [Hjst, cristata.h.)
Buff. ;, XII; LI , i-ii.
Plus grand qu'un lièvre , ijdes épines très-longues et très-
fortes sur lô dos j une crinière de longues soies sur la tête
et sur la nuque j la queue courte , terminée par des tuyaux
ouverts , portés sur des pédicules , et qui sonnent beaucoup
quand l'animal les secoue. D'Ilalie , de Grèce, (3e Barbarie,
même des Inde-s orientales
RONGEURS. 20g
X'G Porc-Epic à queue prenante. ( Flist. prehensiiis'h.) Cuendu.
Mai g. , Hoilzllaquatzin , Herm. (i).
A queue longue et prenante y dépourvue d'épines dans sa
îiioitié postérieure -, les épines courtes partout. Des parties
chaudes de l'Amérique , où il se tient souvent sur les arbres.
Le Porc-Epic à queue en pinceau. { Flist. Jasciculata. L.)
A queue longue , terminée par un faisceau d'épines ap-
platies comme des lanières de parcliemin • les épines du
corps aplaties comme des lames d'épéej». Des Indes , au delà
du Gange (2).
Le Porc-Epic velu. (Hist. âorsata. L. ) Urson de BuiFon ,
XII , l.Y.
A queue médiocre, les épines eu grande partie cacîiées
dans le poil. Du nord de l'Amérique.
Les Lièvres. ( Lepus. Lin. )
Ont aussi un caractère très-dislinclif , en ce que
leurs incisives supérieures sont doubles, c'est-à-dire
que chacune d'elles en a par derrière une autre plus
petite. Leurs molaires , au nombre de cinq partout^
sont formées chacune de deux lames verticales sou-
dées ensemble, et il s'en trouve en haut une sixième
simple et très-petite. Il ont cinq doigts devant, qua-
tre derrière , un énorme cœcum cinq à six fois plus
(1) Ce mot veut dire en inexicain sarigue épineux, parce qu'il a !a
queue prenante du sarigue. C'est le coemlou à longue queue. Buiï.
Suppl. VII , pi. Lxxvrii.
(3) C'est le porc-éplc de Malaca. Ruff. Suppl. VII , lxxvii. UhysLrlx
macroura. Seb. I , pi. lu et Schreb. CLXX, doit lui ressembler beaucoup.
Seulement on représente les laaières de sa queue cowrae formées de plu-
sieurs renflemens qui resseiîîblcnt à autant de grains de riz.
TOM. I, l4
a I O M A 31 1^1 1 F È R E s.
grand que Festomac , et garni en dedans d'une lame
spirale qui en parcourt la longueur. L'intérieur de
leur bouche et le dessous de leurs pieds sont garnis
de poils comme le reste de leur corps.
Les LiÈvJiES proprement dits. ( Lepus. Cuv. )
Ont des oreilles longues, une queue courte, les pîeds de
derrière bien plus longs, des clavicules imparfaites, l'espace
sous orbitaire percé en réseau dans le squelette.
Les espèces en sont assez nombreuses, et si semblables en-
tre elles , qu'il est difficile de les caractériser.
Le Lièi^re commun^ (Lepus iimidiis. L.) Buff. , Yll , xxxviii.
D'un gris-jaunâtre, les oreilles plus longues que la télé
d'un dixième, cendrées en arrière, noires à la pointe, a
queue de la longueur de la cuisse , blancbe , avec une ligne
noire en dessus.
Tout le monde connaît cet animal, dont la cbair noire est
agréable et le poil utile. 11 vit isolé , ne se terre point, cou-
clie à plate terre, se fait cbasser en arpentant la plaine par
de grands circuits, et n'a pu encore être réduit en do-
mesticité.
Le Lièvre variable. {Lepus variabilis, Pall.) Schreb. ccxxxv, B.
Un peu plus grand que le commun , à oreilles et queug^
un peu plus courtes; celle-ci toute blancbe en tout temps y
le reste du pelage gris en été et blanc en biver. Cet ani-
mal , qui se trouve au nord et sur les hautes montagnes d»
midi de l'Europe , a les mœurs du lièvre commun , mais sa
chair est insipide.
Le Lapin. ( Lepus cuniculus, L.) BuiF. , YI , l.
Moindre que le lièvre, les oreilles un peu plus courtes
que la tête, et la queue moindre que la cuisse ; pelage gri»-
jnunâtre , du roux à la nuque , gorge et ventre blancbâtres,
oi-eillcs grises sans noir , du brun sur la queue.
RONGEURS. 211
Cet animal , originaire d'Espagne , est aujourd'hui ré-
pandu dans toute l'Europe. Il vit en troupes dans des ter-
riers, oii il se réfugie aussitôt qu'il est poursuivi. Sa chair ,
blanche et agréable , diffère beaucoup de celle du lièvre.
En domesticité , le lapin multiplie infiniment , et prend de*
couleurs et des poils très-variés.
Les pays étrangers fournissent plusieurs espèces que Von
ne distingue de notre lapin qu'en y mettant beaucoup d'at-
tention. Telles sont
Le Lapin de Sibérie. ( Lepus tolaï. Gm.) Schreb. ccxxxiv.
Qui tient une sorte de milieu entre le lièvre et le lapin
pour les proportions , et surpasse quelquefois le premier par
sa taille. Sans faire des terriers , il se réfugie dans les fentes
des rochers ou autres cavités.
•
Le Lapin d* Amérique, ( Lepus Americanus et Brasilien-
sis. Gm. ) Lepus nanus. Schreb. , ccxxxiv y B.
De la taille et presque de la couleur du nôtre , à pieds
roussâtres , sans noir ni aux oreilles ni à la queue j niche
dans les troncs d'arbres , et remonte souvent dans leur creux
jusqu'à leurs branches. Sa chair est insipide et molle.
D'autres ont avec notre lièvre une ressemblance tout
aussi marquée. Tel est
Le Lièvre d'Afrique. (^Lepus Capensis. Gm.) Geoff. ^quadr.
d'Egypte.
A oreilles plus longues que la tête d'un cinquième ^ pres-
que de la taille et de la couleur de notre lièvre ; à pieds
roussâtres un peu plus longs.
11 paraît se trouver d'une extrémité de l'Afrique à l'au-
tre j du moins celui d'Egypte n« diffère-t-il pas de celui
du Cap.
Les Laoomys. Cuv. ( Laoomys. ) ( i )
Ont les oreilles médiocres, les jambes peu différentes entr«
(i) Lagcmys , rat-lièvre.
212 MAMMIFÈRES.
elles j le trou sous-oibitaire simple , des clavicules presque
parfaites, et manquent de queue : ils font entendre souvent une
voix fort aiguë. On n'en a encore trouvé qu'en Sibérie , et c'est
Pallas qui les a fait connaître. (Glir. , pag. i et suiv. )
Le Lagomj'S nain. [Lepus pusillus.) Pall. j Glir. , I, Sclireb. ,
CCXXXVII.
Gris-brun j grand comme un rat d'eau ; vit dans de petits
terriers, en des contrées fertiles , de fruits et de bourgeons.
Le Lagonrys gris. ( Lepus ogotonna. ) Pall. ^ Glir. , III ,
Sclireb., ccxxxix. ^
Gris très-pâle , a pieds jaunâtres, un peu plus grand que
le précédent; niclie dans des tas de pierres, des fentes de
rochers , etc...., où il amasse du foin pour l'hiver.
Le Lagomj'-s pica: { Lepus Alpinus. ) Pall. , Glir. ; II ,
Sclireb. , ccxxxviii.
Grand comme un cochon d'Inde , roux-jaunâtre ; habite
les sommets les plus élevés des montagnes, où il passe l'été à
choisir et à sécher les herbes dont il fait sa provision d'hiver.
Ses tas de foin, quelquefois hauts de six ou sept pieds, sont
vme ressource précieuse pour les chevaux des chasseurs de
zibelines.
Après les deux genres des porcs-épics et des liè-
vres , il en vient que Linnœus et Pallas réunissaient
sousle nom deCAviA, mais auxquels il est impossible
de trouver d'autre caractère commun et positif que
celui de leurs clavicules imparfaites , quoique les
espèces qui les composent ne manquent pas d'ana-
logie entre elles pour rha])itude du corps et pour
les mœurs. Elles sont toutes du nouveau continent.
Les Cabiais. ( Hydrochoerus. Erxleben. )
Ont quatre doigts devant et trois derrière , tous
RONGEURS. 2l3
armés d'ongles larges et réunis par des membranes ;
quatre mâchelières partout , dont les postérieures
plus longues , composées de nombreuses lames sim-
ples et parallèles; les antérieures de lames fourchues
vers le bord externe dans 'les supérieures , vers Tin-
terne dans les inférieures.
On n'en connaît qu'une espèce.
Capfhara de Marg. Capij-goua de d'Azz. Cawia capibara
de Lin. Cahiai de BufF. , XII , xlix.
Grande comme un coclion de Siam, à museau très-épais^
à jambes courtes , à poil grossier, brun jaunâtre , sans
queue : elle habite en troupes dans les rivières de la Guiane
et des Amazones. C'est un bon gibier, et le plus grand
des rongeurs. Le castor seul en approche pour la taille.
Les Cobayes , vulgairement Cochons d'Inde.
( Anoema. Fred. ^ Cuv. ) ( Cavia. lUig. )
Représentent les cabiais en petit; mais leurs doigts
sont séparés ^ et leurs molaires n'ont chacune qu'une
lame simple et une fourchue en dehors dans les su-
périeures, en dedans dans les inférieures.
On n'en connaît qu'une espèce , BufT. , YIII^ i, très-
multipliée aujourd'hui en Europe , oii on en élève dans les
maisons , parce qu'on croit que son odeur chasse les rats.
Elle y varie en couleur comme tous les animaux domestiques.
11 y a lieu de penser qu'elle vient d'un animal d'Amérique
nommé aperea , de même taille et de même forme y mais
à pelage entièrement gris-roussâtre. On le trouve dans îe&
bois au Brésil et au Paraguay.
2l/^ MAMMIFÈRES.
Les Agoutis. Cuv, ( Ciiloromys. Fred. Cuv.
Dasyprocta. Illig. )
Ont quatre doigts devant, trois derrière, quatre
mâchelières partout presque égales, à couronne plate
irrégulièrement sillonnée, à contour arrondi, échancré
au bord interne dans les supérieures, à Texterne dans
les inférieures. Ils ressemblentypar leur naturel et par
leur chair ^ à nos lièvres et à nos lapins, qu'ils repré-
sentent en quelque sorte aux Antilles et dans les
parties chaudes de TAmérique.
JJ Abouti ordinaire. [Cavia acuti. L.) Buff. , Vllî, t.
A queue réduite à un simple tubercule, à poil brun , fauve
sur la croupe dans le mâle, grand comme un lièvre.
IJAcouchi. {Cavia acuchi» Gm. ) BufF., Supp. IIÏ,xxxvi.
A queue de six ou sept vertèbres, poil brun dessus, fauve
dessous , grand comme un lapin.
Les Pacas. (Coelogenus. Fred. Cuv.)(i)
Ont, avec des dents assez semblables à celles àes
agoutis, un très-petit doigt de plus qu'eux au bord
interne du pied de devant et un de chaque coté,
également très-petit, au pied de derrière, ce qui leur
fait cinq doigts partout. On remarque en outre une
cavité creusée dans leur joue et qui s'enfonce sous un
rebord formé par une arcade zjgomatique très-large
et très-saillante.
On dit que leur chair est fort bonne.
Il y en a une espèce ou variété fauve et une brnne toutes
deux tachetées de blanc. ( Cavia paca. L.) Buff. , X, xliii,
Supp. III , XXXV.
^111, Il ■■■_--■■ • I rail ■ - • -^— — ^^ ■ ■ ■ -^
(i) Anœma , sans ïoxcQ\chloroniys , rat-jaune; dasyprocta , fesse velue j
cœlogenus , joue creuse j /ij(//v cnocnis , cochon d'eau.
r^
ii:>
CINQUIÈME ORDRE DES MAMMII ÈRES.
LES ÉDENTÉS
Ou quadrupèdes sans incisives , formeront
notre dernier ordre d'animaux onguiculés.
Quoique réunis par un caractère négatif seule-
ment 5 ils ne laissent pas que d'avoir entre eux
quelques rapports positifs , notamment de gros
ongles qui embrassent l'extrémité des doigts et
se rapprochent plus ou moins de la nature des
sabots ; de plus une certaine lenteur , un dé-
faut d agilité 5 occasionné par des dispositions
de leurs membres faciles à apercevoir ; mais ces
ï'apports laissent encore des lacunes assez mar-
([uées pour que Tordre doive se diviser en trois
tiibus.
Les Tardigrades
Formeront la première. Ils ont la face courte.
Leur nom vient de leur excessive lenteur, suite
d'une structure vraiment hétéroclite, oii la na-
ture semble avoir voulu s'amuser à produire
quelque chose d'imparfait et de grotesque. Le
seul genre encore existant ou
Les Paresseux. (Bradypus. L.)
Ont des molaires cjliudiiques et des canines algues.
2l6 MAMMIFÈRES.
plus longues que ces molaires, deux mamelles siîf
la poitrine et des doigts réunis ensemble par la peau,
et ne se marquant au-deliors que par d'énormes
ongles comprimés et crochus, toujours fléchis vers le
dedans de la main ou la plante du pied. Leurs pieds
de derrière sont articulés obliquement sur la jambe
et n'appuient que par le bord externe \ les phalanges
de leurs doigts sont articulées par des gynglymes serrés,
et les premières se soudent à un certain âge aux os
du métacarpe ou du métatarse : ceux-ci finissent par
se souder ensemble faute d'usage. A cette incommo-
dité dans l'organisation des extrémités, s'en joint
une non moins grande dans leurs proportions. Leurs
bras et leurs avant-bras sont beaucoup plus longs que
leurs cuisses et leurs jambes , en sorte que , quand ils
marchent, ils sont obligés de se traîner sur leurs
coudes ; leur bassin est si large et leurs cuisses telle-
ment dirigées sur le côté, qu'ils ne peuvent rapprocher
les genoux. Leur démarche est l'effet naturel d'une
structure aussi disproportionnée (i). Ils se tiennent
sur les arbres et n'en quittent un qu'après l'avoir
dépouillé de ses feuilles, tant il leur est pénible d'en
gagner un autre ; on assure même qu'ils se laissent
tomber de leur branche pour s'éviter le travail d'en
(i) M. Carlisle a observé que les artères des membres commencent par
se diviser en une infinité de ramuscnles , qui se réunissent ensuite en ua
tronc d'où partent les branches ordinaires. Celte structure se rencontrant aussi
dans les loris, dont la démarche n'est guère moins paresseuse , il serait
possible qu'elle exerçât quelque influence sur la lenteur des mouvemens.
Au reste , les loris , l'orang-outang , le coaita, tous animaux très-lents, se
font tous remarquer par la longueur de leurs bras.
ÉDENTÉS. 217
descendre. Ils ne font qu'un petit qu'ils portent sur
le dos.
Les viscères de ces animaux ne sont pas moins
singuliers que le reste de leur conformation. Leur
estomac est divisé en quatre sacs assez analogues
aux quatre estomacs des ruminans , mais sans feuillets
^ ni autres parties saillantes à Fintérieur , tandis que leur
canal intestinal est court et sans cœcum.
TJy^ï. {Bradypus tridactjlus, L. ) BuIF. , XIII,
V et VI.
Est l'espèce où la lenteur et les détails d'organisation qui
la produisent sont portés au plus haut degré. Il a trois
doigts ou plutôt trois ongles à chaque pied; le pouce et le
petit doigt réduits à de petits rudimens cachés sous la peau
et soudés au métatarse et au métacarpe; la clavicule, aussi
réduite à un rudiment, est soudée à l'acromion. Les bras
ont le double de longueur de ses jambes; le poil de sa tête^
de son dos et de ses membres est long, gros et sans ressort^
presque comme de l'herbe fanée, ce qui lui donne un air
hideux. Sa couleur est grise, souvent tachetée sur le dos de
brun et de blanc : plusieurs individus portent entre les
épaules une taché d'un fauve vif que traverse une ligne
longitudinale noire. On ignore s'ils forment espèce. Sa taille
est celle d'un chat, et il porte une très-courte queue. C'est
le seul mammifère connu jusqu'à ce jour qui ait neuf
vertèbres cervicales.
UUnaii. (Bradj-pûs didacijlus. Lw) Buff.^ XîII, i.
Qui n'a que deux ongles aux pieds de devant et point de
queue du tout, est un peu moins malheureusement or-
ganisé que l'aï. Ses bras sont moins longs, ses clavicules
complètes ; il ne se soude pas un si grand nombre d'os à
ses pieds ni à ses mains; son museau est plus allongé, etc.
9.1 (S MAMM IF ÈRE S.
Il est de moitié plus grand que Taï et d'un gris-bru»
uniforme qui prend quelquefois une teinle roussâtre.
Ces deux animaux sont originaires des parties chaudes
de l'Amérique. Ils seraient probablement détruits depuis
long-temps par les nombreux carnassiers de ce pays, s'ils
n'avaient quelque défense dans leurs ongles (i).
M. Shaw, Gen. zooL, a décrit, sous le nom de hradypus
ursinus (Pbochilus. IHiger), un animal originaire des Indes,
conduit vivant en Angleterre , de la taille et à peu près de
la forme d'un ours , à cinq doigts armés d'ongles à tous
les pieds, sans incisives, avec des canines et des molaires;
mais celles-ci sont inégales entre elles, ce qui paraît déjà
indiquer une différence générique d'avec les paresseux.
Il est très-intéressant d'avoir une anatomie de ce singulier
animal (2).
La deuxième tribu comprend
Les Edentés ordinaires
A museau pointu. Les uns ont encore des
mâchelières. Il y en a deux genres ,
Les Tatous. (Dasypus. L.) (3)
Sont très-remarquables parmi tous les mammifères^
par le test écailleux et dur , composé de compartimens
(1) Il est singulier que le par. didactyle ii*aitpas été connu avant Se'ba ,
et qu'on se soit obstiné long-temps d'après cet ignorant collecteur , à le dire
cie Cejlan. Erxleben l'a soutenu d'Afrique , parce qu'il prenait pour lui
le poto de Bosmann , qui est un galago. (Voyez ce dernier genre. ) II est
de fait que l'unau ne vient que de TAmérique méridionale.
(a) M. Buchaaan , Voy. dans le Mysore , tome II, p. 198, assure que
c'est un véritable ours > et qu'il se nourrit de fourmis blanches , de fruits
de sorgho , etc.
(3) Tatou est leur nom brasilien. On les nomme aussi (j/uirquincho. Les
Espagnols les appellent <i;7nadi7/o , à cause de leur armure, les Portugais
encuberto par la même raison. Dasyfus (pieds velus) était un des noms du
îi^vreoudu lapîti chez les Grecs.
ÉDENTÉS. ^^^9
semblables à cîe petits pavés, qui recouvre leur tête,
leur corps et souvent leur queue. Cette substance
forme un bouclier sur le front, un second très-grand
et très-convexe sur les épaules , un troisième semblable
au précédent sur la croupe , et entre ces deux derniers,
plusieurs bandes parallèles et mobiles qui donnent au
corps la faculté de se plo}'er. La queue est tantôt
garnie d'anneaux successifs , tantôt seulement^ comme
les jambes, de divers tubercules. Ces animaux ont de
grandes oreilles, de grands ongles, dont tantôt
quatre, tantôt cinq devant, et toujours cinq derrière,
le museau assez pointu , des mâchelières cylin-
driques séparées les unes des autres , au nombre de
sept ou huit partout, sans émail dans l'intérieur, la
langue lisse, peu extensible, quelques poils épars
entre leurs écailles ou sur les parties de la peau qui
n'ont point de test. Ils se creusent des terriers, et
vivent en partie de végétaux , en partie d'insectes et
de cadavres; leur estomac est simple et le cœcum
leur manque. Ils sont tous originaires des parties
chaudes ou au moins tempérées de l'Amérique.
On distingue à peu près les espèces par le nombre
de leurs bandes intermédiaires combiné avec la forme
des compartiraens ; cependant les bandes sont sujettes
^ varier d'une ou deux selon les individus.
Le Tatou à trois bandes , Tatou apura, Marg. , Apar»
BuiF. , Mataco ^ Kzz. (Dasjpus iricinctiis, L.) Sclireb.,
LXXï , A.
A trois bandes intermédiaires, à queue très-courte, à
comparl'mens régulièrement tuberculeux, cinq doigts par-
tout. Il jout de la facullé de se rouler eu renfermant sa
220 MAMMIFÈRES.
tête et ses pieds entre ses boucliers et formant ainsi une
toule complète. Du Brésil, du Paraguay. Cestun de ceus
qu'on trouve le plus loin au sud. îl reste dans des dimensions
médiocres.
Le Tatou à six bandes. Encouhert et Cirquinson , Buff. (i)
(Das.sexcinctus et oclodecimcinctus. L.) Buff., X, xlii et
Supp. III , LVII.
A six ou sept bandes, à compartlmens lisses ^ grands et
anguleux, à queue médiocre annelée seulement à sa base,
cinq doigts partout, le bouclier postérieur dentelé en scie,
les parties non écaille uses garnies de poils plus longs et plus
fournis qu'aux autres espèces.
Le Tatou à neuf bandes j Tatou peba j Margr. , Tatou noir
d'Azz. , Cachicame, Buff. ( Das, novemcinctus , das,
octocinctus et das, septemcinctus. L. ) Buff., X, xxxvir,
III, LVIII.
A neuf bandes intermédiaires, la queue longue et annelée
sur presque toute sa longueur, lescompartimens des boucliers
petits et arrondis , quatre doigts seulement devant , le test
généralement noirâtre. C'est le plus commun à laGuiane,
au Brésil. 11 a quelquefois huit bandes, rarement sept ou
.?<
sjxj son corps a jusqu a qumze pouces et sa queue autant.
Le Tatou à douze bandes, Cabassou, Buff., Tatouay
d'Azz. ( Das. unicinctus. L. ) Buff., X, xl.
' A douze bandes intermédiaires, la queue longue et
tuberculeuse, les compartimens des bandes et des boucliers
carrés plus larges que longs, cinq doigts partout, dont
(i) Le tatou péba ou encouberto de Margrave est le novetncinctus. Le
tatou à tète de belette de Grew , cirquinson de Buff. , das. oclodecimcinc-
tus. L. l'est aussi ; mais Grew a considéré comme mobiles les rangées du
lest de la croupe. Même en les comptant il n'y en aurait en tout que seize ,
€t sa figure n'en montre pas davantage.
ÊDENTÊS. 221
quatre de ceux de devant ont des ongles énormes tranchans
à leur bord externe. Il devient fort grand.
Le Tatou géant, Geoff., grand Tatou i^Kzz., {Dasjpus
gigas. Cuv.) deuxième Cabassou de Buff. , X> xlv.
A douze ou treize bandes intermédiaires , la queue longue
et couverte d'écaillés tuilées, les compartimens carrés plus
larges que longs. C'est le plus grand des tatous ; il a
quelquefois plus de trois pieds sans la queue.
Les Orcytéropes. (Orycteropus. Geoff.) (i)
Ont été long-temps confondus avec les fourmiliers ,
parce qu'ils usent^e la même nourriture, ont la même
forme de tête, et que leur langue est aussi un peu
extensible 3 mais ils s'en distinguent parce qu'ils ont
des dents mâchelières et que leurs ongles sont plats,
propres à fouir et non pas tranchans. La structure de
leurs dents est différente de celle de tous les autres
quadrupèdes; ce sont des cylindres solides traversés,
comme des joncs à cannes , selon leur longueur, d'une
infinité de petits canaux; leur estomac est simple,
musculeux vers le pj'lore,leur'cœcum petit et obtus.
On n'en connaît qu'une espèce.
UOryctérojje du Cap. {Mj-rmecophaga Capensis. Pall.)
Buff.^ Supp. Yl, XXXI.
Que les Hollandais de cette colonie nomment cochon de
terre. C'est un animal de la taille du blaireau , bas sur
jambes, à poil ras, gris -brunâtre, à queue plus courte que
le corps, également rase; il a quatre doigts devant, cinq
derrière. Il liabite dans des trous qu'il creuse avec une
extrême facilité. On mange sa chair.
Les autres édentës ordinaires n'ont point
^»»^-^— ~ ■ I I I »— »-»— .^— .^i— - I 111^— — — W»— P»^— I II I .»
(i) Orycteropus , qui a les pieds propres à fouir.
222 MAMMIFÈRES.
de màchelîères, et par conséquent aucune sorte
de dents ; il y en a aussi deux genres.
Les Fourmiliers. (Myrmecophaga. L. )
Sont des animaux velus, à long museau terminé
par une petite bouche sans aucune dent, d'où sort
une langue filiforme, qui peut s'allonger beaucoup,
et qu'ils font pénétrer clans les fourmilières et les nids
des termites, où elle relient ces insectes par le moyen
de la salive visqueuse dont elle est enduite ; leurs ongles
de devant forts et trancbans , qui varient en nombre
selon les espèces , leur servent à déchirer les nids de
termites et leur fournissent une assez bonne défense.
Dans l'état de repos , ces ongles restent toujours à
demi-ployés en dedans , répondant à une callosité du
poignet ; aussi l'animal ne pose-t-il le pied que sur
le côté. L'estomac des fourmiliers est simple et
musculeux vers le pylore, leur canal médiocre et
sans cœcum (i).
Ils vivent tous dans les parties chaudes et tempérées
du Nouveau -Monde, et ne font qu'un petit qu'ils ont
rhabitude de porter sur le dos.
Le Tamanoir. {Mjrmecopha^a jubata.) BufF., X,
XXIX, et Supp. III, Lv.
Long de plus de quatre pieds, à quatre ongles devant,
cinq derrière , à queue garnie de longs poils dirigés verti-
calement dessus et dessous, à pelage gris-brun, avec une
(i) Daubenton a fait connaître dans le F. didactyle deux très-petiis ap~
pendices qui peuvent, à la rigueur, être pris pour des caecums. Je me
fcuis assuré qu^ils n'exiâtent point dans le tamandua.
ÉDENTÉS. 223
bande oblique noire bordée de blanc sur cbaque épaule ;
c'est le plus grand des fourmiliers. On assure qu'il se défend
même contre le jaguar. 11 babile les lieux bas, ne grimpe
point aux arbres, marche lentement.
Le Tamandua. (Mj-rmecophaga tamandiia. Cuv. Mfrrn.
tetradractjla et tridactyla, L.) Schreb., LXYI.
A forme et pieds du précédent, mais de plus de moitié
moindre ; sa queue à poil ras, prenante et nue au bout, lui sert
à se suspendre aux branches des arbres. Il y en a de gris-
jaunâtres , avec une bande oblique sur l'épaule , sensible
seulement par le reflet , de fauves à bande noire , de fauves
à bande, croupe et ventre noirs ^ enfin , d'entièrement noi-
râtres. On ne sait pas encore si ces différences tiennent aux
espèces.
Le Fourmilier à deux doigts. ( Mj-rm. didactfla. Lin, )
Buff. X,xxx.
Grand comme un rat , à poil laineux , fauve , une ligne
rousse le long du dos , queue prenante et nue au bout , deux
ongles seulement devant , dont un très-grand , quatre der-
rière (i).
Les Pangolins (2). ( MANis.'Lin.) vulgairement
Fourmiliers écaillcux*
Manquent de dents , ont la langue très-extensible,
et vivent de fourmis et de termites , comme les four-
(i) Le myrmecophaga tridactyla , L. Séba, pi. F. n'est qu'un taman-
dua mal représente. Le m. striata , Shaw. Buff. Suppl. III, pi. ivi , est un
coati dëfigurë par l'empailleur.
(a) Pangoeling j dans la langue de Java , signifie , selon Séba, un ani-
mal qui se roule en boule. On le nomme au Bengale badjarkita ou reptile
de pierre j on l'appelle aussi carpe de terre. De» matelol» hollandais Ta-
liaient nommé diable de Formose , etc.
2^4 MAMMIFÈRES.
miliers proprement dits ; mais leur corps ^ leurs
membres et leur queue sont revêtus de grosses écailles
tranchantes y disposées comme des tuiles , et qu'ils
relèvent en se mettant en boule quand ils veulent se
défendre de quelque ennemi. Tous leurs pieds ont
cinq doigts. Leur estomac est légèrement divisé dans
le milieu : ils manquent de cœcum. On n'en trouve
que dans l'ancien continent.
Le Pangolin a queue courte. ( M. pentadactjla. Lin.
M. hraclijura. Erxl.) BufF.^ X, xxxiv.
Long de trois ou quatre pieds , à queue moindre que le
corps. Des Indes orientales. C'est le Phattagen d'Llien ,
lib. XVI , cap. YI.
Le Pangolin à longue queue. PJiatagin de Buff. ( M.telra-
dacljla j Lin. M. macroura , Erxl. ) Buft". , X, xxxiv.
Long de deux à trois pieds , à queue du double plus lon-
gue que le corps , les écailles armées de pointes. Du Sé-
négal, de Guinée j etc. (i),
La troisième tribu des édentés comprend
les animaux que M. Geoffroy désigne sous le
nom de Monotrèmes , parce qu'ils n'ont qu'une
ouverture extérieure pour la semence ^ l'urine
et les autres excrémens. Leurs organes de la
génération présentent des anomalies extraordi-
naires ; quoiqu'ils n'aient point de poche sous
le ventre , ils portent sur leur pubis les mêmes
os surnuméraires que les carnassiers marsu-
(i) Nous avons constalc la patiie dn pangolin à longue qucttc par le rap-
port de M. Adanson et d'aunes voyageurs.
ÉDENTÉSé 229
pîaiix ; les canaux déférens se rendent dans
rurètre,quî s'ouvre dans le cloaque à la base de
la verge , et celle-ci n'est point percée , n'est pas
même creusée d'un sillon pour conduire la se-
mence. Ils n'ont pour toute matrice que deux
canaux ou trompes qui s'ouvrent séparément
dans Turètre , lequel donne dans le cloaque.
Comme enfin il a été impossible jusqu'à pré-
sent de leur découvrir des mamelles , on eu-
est à savoir si ces animaux sont vivipares ou
ovipares. Ils ne présentent pas moins de singu-
larités dans leur squelette, surtout à cause d'une
sorte de clavicule commune aux deux épaules ,
placée avant la clavicule ordinaire et analogue à
la fourchette des oiseaux. Enfin , outre leurs cinq
ongles à tous les pieds , les mâles portent à
ceux de derrière un ergot particulier attaché
sur l'astragale, et comparable à celui de cer-
tains galinacés. Ces animaux n'ont pas de
conque externe à l'oreille et leurs yeux sont
fort petits.
Les monotrèmes ne se trouvent qu'à la Nou-
velle-Hollande 5 oîi ils n'ont été découverts cjue
depuis que les Anglais s'y sont établis. On éa
connait deux genres.
TOME I î >
2 26 MA m M I F È Px E s.
Les Echidnés. (Echidna. Cuv. Tachyglossus.
Illig. ) autrement Fourmiliers épineux.
Leur museau allongé , terminé par une petite bou-
che, contient une langue extensible comme celle des
fourmiliers et des pangolins. Aussi vivent-ils de fourmis
comme ces deux genres. Ils n'onl point de dents; mais
leur palais est garni de plusieurs rangées de petites épi-
nes dirigées en arrière. Leurs pieds courts ont cliacun
cinq ongles très4ongs , très -robustes et propres à
creuser, et tout le dessus de leur corps est couvert
d'épines comme celui du hérisson. Il parait qu'au
moment du danger , ils jouissent également de la
faculté de se rouler en boule. Leur queue est très-
courte; leur estomac est ample, et presque globu-
leux , et leur cœcum médiocre; leur verge se termine
par quatre tubercules.
On en connaît deux espèces.
ïJEchidné épineux. {Echidna histrix. ) { Ornithorhjnchus
histrix. Home. Myrinecophaga aculeata. Sliaw.
Tout couvert de grosses épines.
UEchidné soyeux. ( Echidna setosa, ) ( Ornit/tor. setO"
sus. Ho aie. )
Couvert de poils, parmi lesquels les épines sont à demi-
cactiées.
Les Ornithorinques. ( Ornithorhynchus.
Blumenbach. Platypus. Shaw. )
Leur museau allongé , et en même temps singuliè-
rement élargi et aplati , offre la plus grande ressem-
blance extérieure avec le bec d'un canard , d'autant | )lus
que ses bords sont garnis de même de petites lames
ÉD ENTES. l'in
transverses. 11 n'y a de dents que dans le fond de la
bouclie , au nombre de deux partout, sans racines ,
à couronnes plates , et composées, comme celles de
Torictérope , de petits tubes verticaux. Les pieds de
devant ont une membrane qui non-seulement réunit
les doigts, mais dépasse beaucoup les ongles 3 dans
ceux de derrière , la membrane se termine à la racine
des ongles , deux caractères qui , avec la queue
aplatie, font des ornithorinques des animaux aqua-
tiques. Leur langue est en quelque sorte double ,
une dans le bec , hérissée de villosités, et une autre
sur la base de la première, plus épaisse , et portant
en avant deux petites pointes charnues. L'estomac,
est petit, oblong, et a le pylore près du cardia. Le
cœcum est petit : on voit dans l'intestin beaucoup
de lames saillantes et parallèles. La verge n'a que
deux tubercules. Les ornithorinques luibitent les ri^
vièrcs et les marais de la Nouvelle-Hollande , près
du port Jackson.
On n'en connaît que deux espèces-, l'une à poil rous-
sâtre , menu et lisse. ( Ornithohjndus paradoxus. Bluin. )
L'autre à poilhruo-noiràtre, aplati etciêpu. Peut-être
ne sont - ce que des variétés d'âge. Yoy. de Pérou , I ^
pi. xxxiv.
SIXIÈME ORDKE DES MAMMIFÈRES.
LES PACHYDERMES,
Les édentés terminent la série des animaux
ODgnIculés 5 et nous venons çle voir qu'il en est
228 Mammifères.
quelques-uns dont les ongles sont si grands et
enveloppent tellement rextrémité des doigts ,
qu'ils se rapprochent jusqu'à un certain point
des animaux à sabots. Cependant ils ont encore
la faculté de ployer ces doigts autour des divers
objets et de saisir avec plus ou moins de force.
L'absence entière de cette faculté caractérise les
animaux à sabots; se servant de leurs pieds uni-
quement comme de soutiens , ils n'ont jamais
de clavicules ] leurs avant-bras restent conti-
nuellement dans l'état de pronation , et ils sont
réduits a paître les végétaux ; leurs formes
comme leur genre de vie offrent beaucoup
moins de variétés que celles des onguiculés ; et
Ton ne peut guère y établir que deux ordres ,
ceux qui ruminent et ceux qui ne ruminent
point; mais ces derniers, que nous désignons en
commun sous le nom de pachydermes ^ didmet-
tent quelque subdivision en familles.
La première sera celle des Pachydermes à
trompe et à défenses^ ou Proboscidiens (i).
Qui ont cinq doigts a tous les pieds, bien
complets dans le squelette , mais tellement
encroûtés dans la peau calleuse qui entoure le
( I ) Les probosc idiens ont divers rapports avec certains rongeurs j i *' leur»
grandes incisives i 2° leurs mâcfielières formées souvent de lames parallèles^
5" la forme de plusieurs de Ipurs os , etc.
PACHYDERBÎES. 2 2g
pîed 5 qu'ils n'apparaissent au dehors que par
les ongles attachés sur le bord de cette espèce
de sabot. Les canines et les incisives proprement
dites leur manquent , mais dans leurs os inci-
sifs sont implantées deux défenses qui sortent
de la bouche et prennent souvent un accroisse-
ment énorme. La grandeur nécessaire aux al-
véoles de ces défenses rend la mâchoire supé-
rieure si haute et raccourcit tellement les os du
nez, que les narines se trouvent dans le squelette
vers le haut de la face ; mais elles se prolongent
dans l'animal vivant en une trompe cylindrique,
composée de plusieurs milliers de petits muscles
diversement entrelacés , mobiles en tout sens ,
douée d'un sentiment exquis , et terminée par
un appendice en forme de doigt. Cette trompe
donne à l'éléphant presque eiutant d'adresse que
la perfection de la main peut en donner au
singe. Il s'en sert pour saisir tout ce qu'il veut
porter a sa bouche et pour pomper sa boisson ,
qu'il lance ensuite dans son gosier, en y recour-
bant cet admirable organe , et il supplée ainsi à
un long cou, qui n'aurait pu porter cette grosse
tête et ses lourdes défenses. Au reste, les parois
du crâne contiennent de grands vides qui ren-
dent la tête plus légère ; la mâchoire inférieure
n'a point d'incisives du tout ; les intestins sont
2 3o MAMMIFÈRES.
très-volumineux , Testomac simple , le coecuni
énorme , les mamelles , au nombre de deux
seulement , placées sous la poitrine. Le petit
tette avec la bouche et non avec la trompe. On
ne connaît dans la nature vivante qu'un genre
de proboscidiens , qui est celui des
r
Eléphans. ( Elephas. L. )
Lequel comprend les plus grands des niammilëres
terrestres. Le service étonnant qu'ils tirent de leur
trompe , à la fois instrument agile et vigoureux ,
organe du tact et de l'odorat , contraste avec leur as-
pect grossier et leurs lourdes proportions ; et comme
il se joint à une physionomie assez imposante , il a
coniribué a faire exagérer fintelligence de ces ani-
maux. Après les avoir étudiés long-temps , nous n'a-
vons pas trouvé qu'elle approchât de celle du chien
ni de plusieurs autres carnassiers. D'un naturel d'ail-
leurs assez doux, les eléphans vivent en troupes sous
la conduite des vieux mâles. Ils ne se nourrissent
que de végétaux.
Leur caractère distînctif consiste en des mâche-
lières dont le corps se compose d'un certain nombre
de lames verticales , formées chacune de substance
osseuse , enveloppées d'émail , et liées ensemble par
une troisième substance appelée corticale , sembla-
bles en un mot à celles que nous avons vues dans
les cabiais et dans plusieurs autres rongeurs. Ces mâ-
chelièressesucc(Vient,non pas verticalement, conïme
lîds mâchelicres de remplacement succèdent à nos
PACHYDERMES. 2'yl
mâclielières de lait, m ùs d'arrière en avant, de fa-
çon qu'à mesure qu'une dent s'use , elle est en même
temps poussée en avant par colle qui vient apris; en
sorte que l'ëlépliant a tantôt une , tantôt deux nta-
clielièrts de c^aqjie côté , quatre ou huit en tout,
selon leri époques. Les premières de ces dents ont
peu de iatnes , et celles qui leur succèdent en ont
toujours davantage. On ditque certains eléphans clian-
gent airisi jusqu'à huit fois de mâclielières. lis ne chan-
g<MU qii'mîe luis de défenses.
Les él« p'ians d'aujourd'hui , revêtus d'une peau rude, et
prescjue sans poils, n'liabil(;nt qoe la zone torride de l'ancieu
continent , et l'on n'y en a encore reconnu que deux espèces.
JJ Eléphant dcS Indes. ( Elephas Indiens. Cuv.)BuIF ,Xr,.
I, et Sup. m, Lix.
Atêteohlont^uoh front concave,à couronne des mâclielières
présentant des rubans trans\ erses ondoyans, qui sontlescon-
pesdcslanu'squi leseoniposent , usées par la trituration. Cette
espèce a lès oreilles plus petites, et porte quatre ongles aux
pîe(^s de derrière. Elie liabite depnis l'Indus jusqu'à la mer
oritn'a'e el dans les f];randes îles au midi de l'onde. On en
prrnd de temps iuiniiniorial des individus pour les dresser
et les faire servir de bêles de trait et de somme ; mais on n'a
pu encore les propager en domesticité, quoique ce qu'on
a dit de sa pi étendue pudeur et de sa répugnance à s'accou-
pler devant témoins soit dénué de fondement. Les femelles
n'ont que de très-courtes défenses, et beaucoup de mâles
leur ressemblent à cet égard.
U Eléphant d'Afrique, ( Elephas Africanus. Cuv. ) Po-
rault , Mém. pour l'Hist. des An.
A tête ronde , à front convexe , à grandes oreilles , à mâ-
cbelières présentant des losanges sur leur couronne. 11 pa-«
^32 MAMBIIFÈnES,
raît n'avoir que trois ongles aux pieds de derrière. C'est l'es-
pèce qui habite depuis le Sénégal jusqu'au Cap. On ne sait
si elle remonte aussi sur toute la côte orientale d'Afrique,
ou si elle y est remplacée par la précédente. Les femelles ont
des défenses aussi grandes que les mâles , et celte arme est
en général plus volumineuse que dans l'espèce des Indes.
On ne dompte pas aujourd'hui l'éléphant d'Afrique ; mais il
paraît que les Carthaginois en tiraient les mêmes usages que
les Indiens tirent du leur.
On trouve sous terre ^ dans presque toutes les parties des
deux conlinens , les os d'une e-pèce d'éléphant voisine de
celle des Indes , mais dont les niâchelières avaient des ru-
bans plus élroits et plus droits, où les alvéoles des défenses
étaient beaucoup plus longs à proportion, et la mâchoire
inférieure plus obtuse. Un individu récemment tiré des
glaces , sur les côles de Sibérie , par M. Adams , paraît avoir
été couvert d'un poil épais et de deux natures j en sorte quil
serait possible que cette espèce eût vécu dans des climats
froids. Elle a depuis long-temps disparu du globe. ( Voyez
Cuvier, Recherches sur les Ossemens, foss. , tom. II. )
Le deuxième genre des proboscidiens ou
Les Mastodontes. (Mastodon. Cuv. )
A été détruit tout entier , et n a laissé aucune es-
pèce vivante. Il avait les pieds, les défenses , la trompe
et beaucoup d'autres détails de conformation com-
muns avec les éléplians ; mais il en différait par les
mâcbelières , dont la couronne hérissée , au sortir de
la gencive ^ de grosses pointes coniques , offroit à
mesure de sa détrition des disques plus ou moins
larges, qui représentaient les coupes de cespointes(i).
(i) Cette cenformation cotniuune avix mastodontes , aux hippopotames^
aux cochous , etc. , a fait croire mal à propos que les premiers étaient cav-
lîivores.
PACHYDERMES. ^33
Ces clents , qui se succédaient d'arrière en avant ,
comme celles de Téléphant , présentaient aussi d'au-
tant plus de paires de pointes qu'elles étaient d'un
animal plus âgé.
Le grand Mastodonte. ( Mastodon giganteum. Cuv. )
Loc. cit.
Où les coupes des pointes étaient en losange, est l'espèce
la plus célèbre. Il égalait l'éléphant , mais avec des propor-
tions encore plus lourdes» On en trouve des restes, mer-
veilleusement bien conservés et en grande abondance dans
presque toutes les parties de l'Amérique septentrionale. Ils
sont infiniment plus rares dans l'ancien continent.
Le Mastodonte à dents étroites. ( Mastodon angustidens.
Cuv. Soc. cit.)
Dont les mâclielières , plus étroites que celles du précé-
dent offrent , par la détrilion , des disques en forme de
treflb s . qui les ont fait confondre par quelques auteurs avec
des mâclielières d'hippopotames, était d'un tiers moindre
que le grand mastodonte, et bien plus bas sur jambes. On
en trouve les dépouilles dans presque toute l'Europe et dans
la plus i^rande partie de l'Amérique méridionale. Dans quel-
ques endroits ses dents , teintes par le fer, deviennent, en
les chauffant , d'un assez beau bleu , et donnent ce qu'on
appelé des turquoises occidentales (i).
Notre seconde famille sera celle des Pachy-
dermes ORDINAIRES cjiû oïît quatre , ou trois , ou
deux doigts à leurs pieds.
Ceux oîi les doigts sont en nombre pair, ont
le pied en quelque sorte fourchu , et se rappro-
(i) On en a encore découvert quelques espèces moins répandues. Voyez
Cuvier , loc. cit.
^34 MAMMIFÈRES.
c-ient, a plusieurs égards, des raminans parle
squelette , et mêiue par la complication de Tes-
tomac. Ou n'eu fait communément que deux
genres.
Les Hippopotames. (Kippopotamus. L.)
Qui oiU à tous les pieds quatre doigts j)resqn'égaux
terminés par de petits sabots, six mâdielières par-
tout, do^ît 1rs trois antérieures coniques, les trois
post Tieures hérissées de âvux paires <le pointes qui
prennent par la detrition la forme de trèfles, quatre
incisives à chaque mâchoire , don' les superieurea
courtes, cou iques et recourbées, les inférieures longues,
cjlin(hi(|Mes, poiî^Ji.es et couchées en avant, une
canine cie chaque côte tant en liant qu'en bas, la
supérieure droite, finferieure très £[rosse, recourbée,
toutes deux s'usant lune contre Tautre.
Ces animaux ont le corps très-massif, dénué de
poils, les jambes très-courtes, le ventre traîiiant
presqu'à terre , la tête énorme, terminée par un large
museau renflé qui enferme Tappareil de leurs grosses
dents antérieures, la queue courte, les jeux et les
oreilles petits. Leur estomac est divisé en plusieurs
poches. Ils vivent dans les rivières de racines et d'autres
substances végétales, et montrent beaucouj) de férocité
et de stLq)iilité.
On n'en connaît qu'une espèce aujourd'hui limitée aux
rivières du midi de l'Afrique. Elle venait autrefois par le
Nil jus(|u'au midi de l'ir^gypte ; mais il y along-lemps qu'elle
a disparu de celte contrée (i).
(i) Les os fossiles tle l'hippopolame sonl iiès-communs en Toscane ^ et
PACHYDERMES. ^35
Les CociroNs. (Sus. L.)
Qui ont à tous leurs pieds deux doigts mitoyens
grands et armés de forts sabots, et deux extérieurs
beaucoup plus courts et ne touchant presque pas à
terre ; des incisives en nombre variable , mais dont
les inférieures sont toujours couchées en avant, des
canines sortant de la bouche et se recourbant l'une et
l'autre vers le haut, le museau terminé par un bou-
toir tronqué propre à fouiller la terre , l'estomac peu
divisé.
Les cochons proprement dits ont vingt-quatre ou vingt-
huit mâciielières, dont les postérieures à couronne tuber-
culeuse, les antérieures plus ou moins comprimées, et six
incisives à chaque mâchoire.
Le Sanglier. (Sus scropha») BufF., V, xiv et xvit.
Qui est la soudie de nos codions domestiques et de leurs
variélés, a les défenses prismatiques recourbées en dehors
et un peu vers le haut, le corps trapu, les oreilles droites,
le poil hérissé, noir, ses petits, nommés marassins, sont
rayés de blanc et de noir. Il tai,t grand tort aux champs
voisins des forêts en fouillant pour y chercher les racines.
Le cochon domestique varie en grandeur, en hauteur
de jambes, en direction d'oreiilcs et en couleur, tantôt
blanc, tantôt noir, tantôt rouge , tantôt varié. Chacun sait
combien il est utile par la facilité avec laquelle on le
nourrit, par le goût agréable de sa chair, par la propriété
qu'elle a de se conserver long- temps au moyen du sel;
enim, par sa fécondité , qui surpasse beaucoup celle des
autres animaux de sa taille, la truie produisant quclqu*jfois
jusqu'à quatorze petits. Elle porte quatre mois, et deux fois
l'on n'a pu encore découvrir s'ils viennent de l'espèce vivante , ou de quel-
que espèce perdue ; mais on a trouve' en France des os d'une très-petite
espèce d'Jiippopoiaïue aujourd'hui perdue. Voyez Cuvier, loc cit.
236 MAMMIFÈRES.
par an. Le cochon grandit jusqu'à cinq ou six ans, peut
produire dès l'âge d'un an et en peut vivre vingt. Quoique
d'un naturel assez brut, les sangliers et les codions sont
des animaux sociaux, qui savent se défendre contre les
loups en se mettant en cercle et présentant le houtoir de
toute part. Voraces et criards, ils n'épargnent pas même
leurs propres petits. Cette espèce est répandue sur toute la
terre, et il n'y a que les Juifs et les Mahométans qui
refusent de s'en nourrir.
Le Sanglier à masque. (S. laivatus. Fr. Cuv. ) Sus ^fri-
canus, Sclir., CCCXXVIÎ. Sanglier de Madagascar. Daub.,
MDCGCLXXXV. Samuel Daniels, Afric. Scenery. ,
pi. XXI.
A les défenses du nôtre, mais de chaque côté de son
Tnuseau, près de la défense, est un gros tubercule presque |
semblable à ime mamelle de femme soutenu par une
proéminence osseuse, et qui donne à l'animal une figure
très-singulière. 11 habite à Madagascar et dans le midi
de l'Afrique.
\aQ Bahiroussa ou Cochon-Cerf. [S. babirussa.) BufF.,
Supp. III, XII.
Plus haut et plus léger de jambes que les autres, a des*'
défenses longues et grêles redressées verticalement et dont
les supérieures se recourbent en arrière en spirale. Il habite
dans quelques îles de l'archipel des Indes.
On peut séparer des cochons
Les Phaco-Ckceres. (Fred. Cuv. ) (i)
Qui ont les mâchelières composées de cylindres joints
ensemble par un cortical à peu près comme le sont les
lames transverses de celles de l'éléphant, et se poussant aussi
d'avant en arrière. Leur crâne est singulièrement large ,
leurs défenses arrondies, dirigées de côté et en haut, d'une
grandeur elFrayanle, et, sur chacune de leurs joues, pend
(i; Phaco choerits ; cochon portant une vernie.
PACHYDERMES. 23j
tin gros lobe charnu qui achève de rendre leur figure
hideuse. Ils n'ont que deux incisives en haut et sis en bas.
Les individus apportes du Cap-Vert (5. Africanus. Gra. )
ont ces incisives en général bien complètes ; ceux qui
viennent du Cap de Bonne-Espérance ( 5. éthiopiens. Gm. )
ne les montrent presque jamais, seulement on en retrouve
quelquefois des vestiges sous la gencive j peut-être cette
différence tient-elle à l'âge qui avait usé ces dénis dans les
derniers, peut-être indique-t-elle une différence d'espèce,
d'autant que les têtes du Cap sont aussi un peu plus larges
et plus courtes. ( Buff. , Supp. III, xi. )
On doit encore moins laisser dans le genre des cochons.
Les Pécahis (Dicotyles. Cuv. ) (i)
Qui ont bien à peu près les mâchelières et les incisives
des cochons proprement dits, mais dont les canines, dirigées
comme celles des animaux ordinaires, ne sortent pas de
la bouche, et qui manquent de doigt externe à leurs pieds
de derrière. Ils n'ont pas de queue, et sur leurs lombes est
une ouverture glanduleuse d'où sort une humeur fétide.
Les os du métatarse et du métacarpe de leurs deux grands
doigts sont soudés en une espèee de canon , comme dans les
ruminans, avec lesquels leur estomac, divisé en plusieurs
poches, leur donne aussi un rapport très-direct. Une chose
singulière , c'est que l'on trouve souvent leur aorte très-
renflée , mais sans que le lieu du renflement soit fixe , comme
s'ils étaient sujets à une sorte d'anévrisme.
On n'en connaît que deux espèces, l'une et l'autre de
l'Amérique méridionale , qui n'ont été distinguées que par
M. d'Azzara ) Linné les confond sous le nom de sus tajassu.
Le Pécari à collier ou Pâtira. ( Die. torquatus. Cuv. )
Buff., X, III et IV.
A poil annelé de gris et de brun , à collier blanchâtre
allant obliquement de l'angle de la mâchoire inférieure sur
l'épaule ; moitié moindre que notre sanglier.
(i) DicoijrU ;J^o\xh\Q noratril 5 à cause de l'ouverture de son dos.
/
238
M A M M I F E R E S.
Le Ta-gnicati^ Taitetou j TajassoUy etc. (Die, lahia-
tiis. Cuv. )
Plus grand , brun , à lèvres blanches.
Ici peut être placé un genre aujourd'hui inconnu
dans la nature vivante, que nous avons découvert et
nommé
Anoplotheuium. (Cuv.)
Il montre les rapports les plus singuliers entre les
diverses tribus des pachydermes, et se rattache, à
quelques ég:irds, à Tordre des ruminans. Six incisives
à chaque mâchoire, quatre canines presque semblables
aux incisives et ne les dépassant pas, et vingt-huit
molaires forment une série continue sans interralle
vide, ce qu'on ne voit que dans 1 homme. Les seize
molaires postérieures sont semblables à celles des
rhinocéros, des damans et des palœothériums, c'est-à-
dire, carrées en haut, et en double ou triple croissant
en bas. Leurs pieds^ terminés par deux grands doigts
comme dans les ruminans, ont ceci de différent,
que les os du métatarse et du métacarpe restent
toujours séparés sans se souder jamais en caiion. La
composition de leur tarse est la même que dans le
chameau.
Les ossemens de ce genre n'ont été trouvés jusqu'à ce
jour que dans les carrières à plâtre des environs de Paris.
IN'ous y en avons déjà reconnu cint| espèces ; une grande
comme un petit âne, avec la forme basse et la longue
queue de !a loutre {^^. commiuif Cuv. ) ) ses pieds de devant
portaient au bord interne un petit doigt accessoire; une delà
taille et du port léger de la j^azelle {A. médium.)., une de
la taille et à peu près des proportions du lièvre j avec deuK
P A C H YD E II M E S. 2 3g
petits doigts accessoires aux côtés des pieds de derrière^ elc,
{^oj. Cuv. Rec!i. sur les Oss. foss.^ loin. III.)
Les pachydermes ordinaires qui n'ont pas le
pied fourchu, comprennent d'abord troisgenres,
très - semblables entre eux pour les mâche-
lières, en ayant de chaque coté sept supérieures
à couronne carrée j avec divers linéamens sail-
lans 5 et sept inférieures à couronne en double
croissant, la dernière de tontes en croissant
triple 5 mais leurs incisives diffèrent.
Les Rhinocéros. (Rhinocéros. L.)
Varient même entre eux à cet égard. Ce sont de
grands animaux dont chaque pied est divisé en trois
doigts et dont les os du nez, très-épais et réunis en
une sorte de voûte, portent une corne solide adhérente
à la peau et de substance fihreuse et cornée, comme
si elle était composée de poils agglutinés. Leur naturel
est stupide et féroce; ils , aiment les lieux humides,
vivent d'herbes et de branches d'arbres, ont l'eslomac
simple, les intestins fort longs, le cœcum lort
grand.
Le Rhinocéros des Indes. {Rh. Indiens. Cuv.) Buff. ^ XI, vu.
A, outre ses vlngt-liuît mâchelières , deux fortes clenls
incisives à chaque mâchoire, deux autres petites entre les
inférieures et deux plus petites eucore en dehors des su-
périeures, il n'a qu'une corne, et sa peau est remarquable
par des plis profonds qu'elle forme en arrière et en travers
des épaules, en avant et en travers àes cuisses. Il habite
aux Indes orientales, surtout au delà du Gange.
ii^O MAMMIFÈRES.
Le Rhinocéros de Sumatra. ( Rh. Siimatrensis. Cuy. ) Bell.^
Trans. phil. 1795.
Avec les mêmes quatre grandes incisives que le précédent,
ti'a presque point de plis à la peau, et porte une seconde
corne derrière la corne ordinaire.
Le Rhinocéros d'Afrique. {Rh, Jfricanus. Cuv.) BulF. ,
Supp. VI, VI.
Porte deux cornes comme le précédent, et n'a point de
plis à la peau ni aucune dent incisive , Ils molaires occupant
presque toute la longueur de sa mâchoire.
On a trouvé sous terre , en Sibérie et en dilF rens en-
droits d'Allemagne , les ôs d'un rliinocéros à deux cornes j
dont le crâne, beaucoup plus allongé que ceux des rhinocé-
ros viv;uis, se distinguait encore par une cloison verticale
osseuse qui soutenait les os du nez. C'est une espèce per-
due ; et un cadavre presque entier, que l'on a retiré de lai
glace sur h s bords du Vilhoui en S bérie , a montré qu'ellei
était couverte d'un poil assez épais. Eile pouvait donc vi-
vre au nord comme l'éléphant fossile.
On a déterré plus nouvellement, en Toscane et en Lom-
bardie , d'autres os de rhinocéros qui paraissent s'être beau-
coup plus rapprochés de celui d'Afrique. ( Voyez Cuvier ^
Recherches sur les Os foss. , tom. II, et tom. I'''', art. Cor-
rections et Additions. )
Les Damans. (Hyrax. Hermann. )
Ont été placés long- temps parmi les rongeurs , à
cause de leur très-petite taille; mais , en les examinant
bien , on trouve qu'à la corne près l ce sont en quel-
que sorte des rhinocéros en miniature ^ du moins ils
ont exactement les mêmes molaires ; mais leur mâ-
choire supérieure a deux fortes incisives recourbées,
et dans la jeunesse , deux très-petites canines ; Tin-
PACHYDERMES. 2^1
fërleure a quatre incisives sans canines. On compte
quatre doigts à leurs pieds de devant et trois à ceux
de derrière , tous avec des espèces de très-petiîs sa-
bots minces et arrondis , excepté le doigt interne de
derrière , qui est armé d'un ongle crochu et oblique.
Ces animaux ont le museau et les oreilles courtes ,
sont couverts de poils, et ne portent qu'un tubercule
au lieu de queue. Leur estomac est divisé en deux
poches ; outre un gros cœcum , et plusieurs dilata-
lions au colon . il y ^ vers le milieu de celui-ci deux
appendices analogues aux deux cœcums des oi-
seaux.
On en connaît une espèce , grande comme un lapin , de
couleur grisâtre , assez commune dans les rocliers de toute
l'Afrique , où elle devient souvent la proie des oiseaux de
rapine, etquiparaît aussi habiter quelques parties de l'Asie;
du moins ne trouvons-nous pas de différence certaine entre
Vhjrax Capensis et le Syriacus, ( Buff. , Sup. VI , xi.ii et
XLiii , et VII , Lxxix. ) (i).
Les PAL/EOTHEFauM. Cuv.
Sont encore un genre perdu. Avec les mêmes mâ-
chelières que les deux précédens , six incisives et
deux canines à chaque mâchoire comme les tapirs , et
trois doigts visibles à chaque pied , ils portaient^ aussi
comme les tapirs , une courte trompe charnue , pour
les muscles de laquelle les os du nez étaient rac-
courcis , et laissaient en dessous d'eux une forte échan-
(i) Je doute beaucoup de l'authenticité' de Vhyrax Tluâsonius. Schrebi
CGXL , c. Il n'a été vu que dans nu caLinet.
TOME I. l6
^4^ /^lAMMIFÈRES.
crure. Nous avons découvert les ossemens de ce
genre pêle-mêle avec ceux de rauoploîlierium dans
les carrières à plâtre des environs de Paris , et il en
existe dans plusieurs autres lieux de France.
On en connaît déjà onze ou douze espèces. A Paris seule-
ment , nous en trouvons cinq , dont une de la taille du che-
val, deux de celle du tapir, deux de celle d'un petit mouton j
près d'Orléans , il s*en trouve des os d'une espèce qui éga-
lait à peu près le rhinocéros. Ces animaux paraissent avoir
fréquenté les bords des lacs et des marais -, car les pierres
qui recèlent leurs os contiennent aussi des coquilles d'eau
douce. ( Yoy. Cuv., Rech. sur les Os foss. , tom. III. )
A ces trois genres doit succéder celui des
Tapirs. (Tapir. Lin.)
Dont les vingt-sept molaires présentent toutes ^
avant la trituration , deux collines transverses et rec-
tilignes; en avant sont, à chaque mâchoire , six in-
cisives et deux canines , séparées des molaires par
un espace vide. Le nez est en forme de petite trompe
charnue j les pieds de devant ont quatre doigts , ceux
de derrière trois.
On n'en connaît qu'une espèce ,
( Tapir Americ anus. Lin.) Buff. , Sup. , YI, i.
Grande comme un âne , à peau brune , presque nue ,
à queue médiocre , à cou charnu , formant comme une
crête sur la nuque. Elle est commune dans les lieux humides
et le long des rivières des contrées chaudes de l'Amérique
méridionale. On mange sa chair. Les petits sont tachetés de
blanc comme les faons.
La troisième famille des pachydermes , ou
animaux a sabots non ruminans , comprendra
PACHYDERMES. 243
LES SOLIPÈDES.
Ou quadrupèdes qui n'ont qu'un doigt appa-
rent et un seul sabot k chaque pied , quoiqu'ils
portent sous la peau, de chaque côté de leur
métacarpe et de leur métatarse , des stylets qui
représentent deux doigts latéraux.
On n'en connaît qu'un seul genre , qui est celui des
Chevaux. (Equus. Lin.)
Il porte à chaque mâchoire six incisives , qui , dans la
jeunesse , ont leur couronne creusée d'une fossette , et
partoutsixmolairesàcouronnecarrée,rnarquéeparles
lames d'émail qui s'y enfoncent , de quatre croissans , et
dans les supérieures , d'un petit disque au bord in-
terne. Les mâles ont de plus deux petites canines à
la mâchoire supérieure , et quelquefois à toutes les
deux , qui manquent presque toujours aux femel-
les. Entre ces canines et la première molaire , est
l'espace vide qui répond à l'angle des lèvres _, où l'on
place le mors, et au moyen duquel seul, l'homme est
parvenu à dompter ces vigoureux quadrupèdes. Leur
estomac est simple et médiocre; mais leurs intestins
sont très-longs et leur cœcum énorme. Les mamelles
sont entre les cuisses.
Le Cheval. {Equus caballus. Lin. ) Buff. , IV, i.
Noble compagnon de l'homme a la chasse, à la guerre et
dans les travaux de l'agriculture , des arts et du commerce ,
est le plus important et le mieux soigné des animaux que
nous^ avons soumis. Il paraît qu'il n'existe à l'état sauvage
que dans les lieux où on a laissé en liberté des chevaux au-
■I
^44 MAMMIFÈRES.
paravant tlomesliques , comme en Tartarie et en Amérique;
ils j vivent en troupes, conduites et défendues chacune
par un vieux mâle. Les jeunes mâles , chassés aussitôt qu'ils
sont adultes, suivent ces troupes de loin jusqu'à ce qu'ils
puissent attirer de jeunes jumens.-En esclavage , le poulain
tette six à sept mois ; on sépare les sexes à deux ans ; oa
commence à les attacher et à les panser à trois ans ; ce
n'est qu'à quatre qu'on les monte , et qu'ils peuvent engen-
drer sans se nuire. La jument porte onze mois.
L'âse du cheval se connaît surtout aux incisives. Celles
de lait commencent à pousser quinze jours après la nais-
sance -, à deux ans et demi , les mitoyennes sont rempla-
cées y à trois et demi , les deux suivantes ; à quatre et demi ,
les deux extrêmes y appelées les coins. Toutes ces dents , à
couronne d'ahord creuse , perdent petit à petit cet enfon-
cement par la détrition. A sept ans et demi ou huit ans,
tous les creux sont effacés, et le cheval ne marque plus.
Les canines inférieures viennent à trois ans et demi , les
supérieures à quatre ; elles restent pointues jusqu'à six , à
dix elles commencent à se déchausser.
La durée de la vie du cheval ne passe guère trente ans.
Tout le monde sait à quel point cet animal v^arie par la
couleur et par la taille. Ses principales races ont même des
différences sensibles dans les formes de la tête , dans les pro-
portions y et se caractérisent chacune de préférence pour les
divers emplois.
Les plus sveltes , les plus rapides , sont les chevaux arabes,
qui ont aidé à perfectionner la ra^e espagnole , et contribué
avec celle-ci à former la race anglaise : les plus gros et les
plus forts , viennent des côtes de la mer du Nord ^ les plus
petits, dunord de la Suède et de la Corse. Les chevaux sau-
vages ont la tête grosse , le poil crépu, et des proportions
peu agréables.
Le Dziggetai. ( Equus hemionus. Pall.) Schreb.
Est une espèce qui , pour les proportions , tient le milieu
PACHYDERMES. ^45
entre lecîieval et l'âne (c'est probablement le mulet sauvage
lies anciens ) , et qui vit en troupes dans les déserts sablon-
neux du centre de l'Asie. Il est isabelle , à crinière et à ligne
dorsale noires j sa queue se termine par une houppe noire.
UAne ( Equus asinus. Lin. ) Buff. , IV, xi.
Se reconnaît à ses longues oreilles , à la houppe du bout de
«a queue, à la croix noire qu'il a sur les épaules , et qui est le
premier indice des bandes qui distinguent les deux espèces
suivantes. Originaire des grands déserts de l'intérieur de
l'Asie ,il s'y trouve encore , à l'état sauvage , eu troupes in-
nombrables, qui se portent du nord au midi selon les saisons.
Aussi vient-il mal dans les pays trop septentrionaux. Chacun
coonaît sa patience, sa sobriété , son tempérament robuste,
et les services qu'il rend aux pauvres campagnards.
Sa voix rauque (appelée braire) , tient à deux petites ca-
vités particulières du fond de son larjnx.
Le Zèbre, {Equus zébra. Lin.) Buflf. ^ XII; i.
Presque de la forme de l'âne , rayé partout transversale-
ment de blanc et de noir avec une parfaite régularité. 11
est originaire de toute la partie méridionale de l'Afrique.
iSous avons vu un zèbre femelle produire successivement
avec l'âne et avec le cheval.
Le Coiiagga, ( Equus quaccha. Gm. ) BulF. , Sup. , VII , vu.
Ressemble plus au cheval que le zèbre , mais vient du
même pays. Son poil, sxir le cou et sur les épaules, est
brun , rayé en travers de blanchâtre ; sa croupe est gris-
roussâtre, sa queue et ses jambes blanchâtres- Son n©m ex-
prime sa voix, qui ressemble à l'aboiement d'un chien.
246
MAMMIFERES,
LE SEPTIÈME ORDRE DES MAMMIFÈRES,
OU LES RUMINANS. (pecora. L.)
Est peut-être le plus naturel et le mieux dé-
terminé de la classe , car ces animaux ont l'air
d'être presque tous construits sur le même mo-
dèle, et les chameaux seuls présentent quelques
petites exceptions aux caractères communs.
Le premier de ces caractères est de n'avoir
d'incisives qu'à la mâchoire inférieure, presque
toujours au nombre de huit. Elles sont rempla-
cées en haut par un bourrelet calleux. Entre les
incisives et les molaires est un espace vide , oîi
se trouvent , seulement dans quelques genres ,
une ou deux canines. Les molaires , presque
toujours au nombre de six partout , ont leur
couronne marquée de deux doubles croissans ,
dont la convexité est tournée en dedans dans les
supérieures , en dehors dans les inférieures.
Les quatre pieds sont terminés par deux
doigts et par deux sabots, c[ui se regardent par
une face aplatie , en sorte qu'ils ont l'air d'un
sabot unique, qui aurait été fendu ; d'où vient ,
à ces animaux , le nom de pieds fourchus , de
bifurques , etc.
RUMINANS. 247
Derrière le sabot sont quelquefois deux pe-
tits ergots, seuls vestiges de doigts latéraux.
Les deux os du métacarpe et du métatarse sont
réunis en un seul ^ qui porte le nom de canon.
Le nom de ruminans indique la propriété
singulière de ces animaux , de mâcher une se-
conde fois les alimens , qu'ils ramènent dans la
bouche après une première déglutition , pro-
priété qui tient a la structure de leurs estomacs.
Ils en ont toujours quatre , dont les trois pre-
miers sont disposés de façon que les alimens
peuvent entrer a volonté dans Fun des trois ,
parce que l'oesophage aboutit au point de com-
munication.
Le premier et le plus grand se nomme la
panse ; il reçoit en abondance les herbes gros-
sièrement concassées par une première mastica-
tion ; elles se rendent de là dans le second,
appelé bonnet , dont les parois ont des lames
semblables a des rayons d'abeilles. Cet estomac,
fort petit et globuleux , saisit l'herbe , l'imbibe
et la comprime en petites pelotes , qui remon-
tent ensuite successivement à la bouche pour y
être remâchées. L'animal se tient en repos pour
cette opération , qui dure jusqu'à ce que toute
l'herbe , avalée d'abord dans la panse , l'ait
subie. Les alimens, ainsi remâchés^ descendenl.
^48 MAMMIFÈRES.
dîreclement dans le troisième estomac nommé
feuillet 5 parce que ses parois ont des lames Ion- '
gitudinales semblables aux feuillets d'un livre,
et de là dans le quatrième ou caillette , dont
les parois n'ont que des rides , et qui est le vèri-
rable organe de la digestion , analogue a l'esto-^
mac simple des animaux ordinaires. Pendant
que les ruminans tettent et ne vivent que de
lait 5 la caillette est le plus grand de leurs esto-
macs. La panse se ne développe et ne prend
son énorme volume qu'à mesure qu'elle reçoit
de l'herbe. Le canal intestinal des ruminans
est fort long 5 mais peu boursouflé dans les
gros intestins. Leur cœcum est de même , long
et assez lisse. La graisse des ruminans durcit
plus en refroidissant que celle des autres qua-
drupèdes, et devient même cassante. On lui
donne le nom de suif» Leurs mamelles sont
placées entre leurs cuisses.
Les ruminans sont, de tous les animaux,
ceux dont l'homme tire le plus de parti. Il
peut manger de tous , et c'est même d'eux qu'il
tire presque toute la chair dont il se nourrit.
Plusieurs lui servent de bêtes de somme ; d'au-
tres lui sont utiles pour leur lait, leur suif,
leur cuir 5 leurs cornes et d'autres productions^
nUMINANS. ^49
Les deux premiers genres n'ont point de cornes.
Les Chameaux. (Camelus. L. )
Se rapprochent un peu plus que les autres de l'ordre
précédent. Ils ont non-seulement toujours des canines
aux deux mâchoires , mais encore deux dents pointues^
implantées dans l'osincisif; les incisives inférieures au
nombre de six^ et les molaires de vingt ou de dix-huit
seulement, attributs qu'ils possèdent seuls parmi les
ruminans, ainsi que d'avoir le scaphoïde et le cuboïde
du tarse séparés. Au lieu de ce grand sabot aplati
au côté interne qui enveloppe toute la partie inférieure
de chaque doigt et détermine la figure du pied
fourchu ordinaire, ils nen ont qu'un petit, adhérent
seulement à la dernière phalange et de forme symé-
trique comme les sabots des pachydermes. Leur lèvre
renflée et fendue, leur long cou, leurs orbites saillans,
la faiblesse de leur croupe , la proportion désagréable
de leurs jambes et de leurs pieds, en font des êtres en
quelque sorte difformes; mais leur extrême sobriété,
et la faculté qu'ils ont de se passer plusieurs jours de
boire , les rendent de première utilité.
Cette faculté tient probablement à de grands amas
de cellules qui garnissent les côtés de leur panse, et
dans lesquelles il se retient ou se produit continuelle-
ment de l'eau. Les autres ruminans n'en ont point de
semblables.
Les chameaux urinent en arrière , mais leur verge
change de direction pour l'accouplement, qui se fait
avec beaucoup de peine, et pendant lequel la femelle
5 5o MAMMIFÈRES.
reste couchée. Au temps clu rut, il suinte de leur tête
un humeur fétide. L
Les Chameaux proprement dts.
Ont les deux doigts réunis en dessous, jusque près delà
pointe y par une semelle commune et le dos chargé de loupes
de graisse. Ce sont de grands animaux de lancien monde dont
on connaît deux espèces, Icutes }cc>cleux complètement réduite»^
à l'état domestique (f).
Le Chameau à deux bosses. {Camelus bacîrianus. L.)
BuIF., XI, xxu.
Originaire du centre de l'Asie , et qui descend beaucoup
moins vers le midi que
Le Chameau à une seule bosse. ( Camelus dromedariur,
L. ) Buir., XI, IX.
Qui s'est répandu d'Arabie dans tout le nord de l'Afrique
et dans une grande partie de la Syrie , de la Perse, etc.
Le premier est le seul qu'on emploie en Turqueslan, au
Thibet, etc.-, on en conduit jusque près du lac Baïcal.
Le second est assez connu par sa nécessité pour traverser le
désert et comme seul moyen de liaison des pays qui y
confinent.
Le chameau à deux bosses va mieux daas les terrains
humides; il est plus grand et plus fort que l'autre. Dans
le temps de la mue, il se dépouille enlièrement de son
poil. C'est le chameau à une seule bosse qui porte le plus
loin la sobriété. Le dromadaire en est proprement une va-
riété plus légère et plus propre à la course.
La chair et le lait des chameaux servent à la nourriture^
(i) Pallas rapporte , sur la foi des Buchares et des Tartares , qu'il y a
des chameaux sauvai:;es daus 1rs ddsert» du milieu de l'Asie 5 mais il faut
remarquer que les Calmouques, par principe de religion, donnent la.
ii!)eité à toutes FOi'tes d'animaux.
RUMINANS. !l5l
et leur poîl au vêtement des peuples qui les possèdent. Tous
deux deviennent presque inutiles dans les terrains pierreux.
Les Lamas. (Auchenia, Illiger. )
Ont les deux doigts séparés et manquent de loupes. On
n'en connaît aussi que deux espèces bien distinctes , l'une et
l'autre du Nouveau-Monde, et beaucoup plus petites que les
deux précédentes.
Le Lama ou, dans l'état sauvage, Guanaco. (Camelus
llacma, L. ) BulF. , Supp. YI, xxvii.
Grand comme un cerf, à pelage grossier et châtain, qui
varie de couleur en domesticité. C'était la seule bête de
somme du Pérou quand on en lit la conquête ; il porte cent
cinquante livres, mais ne fait que de petites journées.
La Figogns ou Paco. ( Camelus Ficunna, L. ) Buff. ,
Supp. VI ^ XXVIII.
Grande comme une brebis, couverte d'une laine fauve,
d'une finesse et d'une douceur admirables, qui donne des
étoffes précieuses ; elle pend en longues soies sOus la
poitrine.
Les Ciîevrotains. ( Moschus. L. )
Beaucoilp moins anomaux que les chameaux, ne
diffèrent des ruminans ordinaires que par Tabsence
des cornes, par une longue canine, de chaque côté
I de la mâchoire supérieure, qui sort de la bouche
dans les mâles, et enfin parce qu'ils ont encore dans
leur squelette un péroné grêle qui n'existe pas même
dans les chameaux. Ce sont des animaux charmans
par leur élégance et leur légèreté.
Le Musc, {Moschus moschiferus, L.) Buff. , Supp. VI ,
XXIX.
Est l'espèce la plus célèbre. Grande comme un cbevreuil,
presque sans queue ) elle est toute couverte d'un poil si gros
252 ' MAMMIFÈRES.
et si cassant, qu'on pourrait presque lui donner le nom
d'épines ; mais ce qui la fait surtout remarquer, c'est la
poche située en avant du prépuce du mâle, et qui se remplit
de celle substance odorante si connue en médecine et en
parfumerie sous le nom de musc.
Celte espèce parait propre à cette région âpre et pleine
de rochers, d'où descentlenl la plupart des fleuves de l^Asle,
et qui s'étend entre la Sibérie , la Chine et le Tliibet. Sa
vie est nocturne et solitaire , et sa timidité extrême. C'est au
Thibet et au Tunquin qu'elle donne le meilleur musc;
dans le nord, cette substance n'a presque pas d'odeur.
Les autres chevrotains n'ont point de bourse à musc.
Ils vivent tous dans les pays chauds de l'ancien Con-
tinent (i) ; ce sont les plus petits et les plus élégans de tous
les rurainans (2),
Tout le reste des rumînans a , au moins
dans le sexe inâle , deux cornes ^ c'est-a-dîre ,
deux proéminences plus ou moins longues des
os frontaux , qui ne se trouvent dans aucune
autre famille d'animaux.
Dans les uns ces proéminences sont revêtues
d'un étui , de substance élastique 5 compo-
sée comme de poils agglutinés ^ qui croit par
couches , et pendant toute la vie; on donne en
particulier le nom de corne à la substance de
cet étui 5 et lui-même porte celui de corne
(1) Le moschus Americanus , établi d'après Séba , n'est qu'un jeune ow
une femelle d'un des cerfs de la Guiane.
(1) Moschus pYgtnœus , Buff. XH, xlii.
Moschus memina , Schreb. ccxliii.
Moschus Javaiiicus , BuiY. supp. VI, xxx*
RUMINANS, 253
creuse. La proéminence qu'il enveloppe croît
comme lui pendant toute la vie et ne tombe ja-
mais. Telles sont les cornes des bœufs j des
moutons , des chèçres et des antilopes.
Dans d'autres , les proéminences ne sont en-
veloppées cjue d'une peau velue , qui se conti-
nue avec celle de la tête , et qui ne se détruit
point 5 ces proéminences ne tombent pas non
plus ; la seule girafe en a de telles.
Enfin 5 dans le genre des cerfs , les proémi-
nences couvertes pendant un temps d'une peau
velue comme celle du reste de la tête ;> ont a leur
base un anneau de tubercules osseux , qui, eu
grossissant , compriment et oblitèrent les vais-
seaux nourrissiers de cette peau. Elle se dessè-
che et est enlevée ; la proéminence osseuse mise
à nu 5 se sépare au bout de quelque temps du
crâne auquel elle tenait ; elle tombe , et l'ani-
mal demeure sans armes. Mais il lui en repousse
bientôt de nouvelles , d'ordinaire plus grandes
que les précédentes, et destinées à subir les
mêmes révolutions. Ces cornes , purement os-
seuses, et sujettes à des changemens périodi-
ques 5 portent le nom de bois.
Les Cerfs. (Cervus.) ^
Sont donc tous les ruminans dont la tête est armée
de boisj mais^ si l'on excepte l'espèce du rhenne^
254 MAMMIFÈRES.
les lemelles en sont toujours dépourvues. La substance
de ce bois, quand il a acquis tout son développement,
est un os très-dense sans pores ni sinus; sa figure
varie beaucoup selon les espèces, et même, dans
chaque espèce , selon Tâge. Les cerfs sont des
animaux très-rapides à la course, vivant généralement
dans les forets, d*herbes, de feuilles, de bourgeons
d'arbres, etc. ^
On distingue d'abord les espèces à bois aplati en tout
ou en partie ; savoir :
UJElan, {C. alces. L. ) Elk ou Elend dans le nord de
l'Europe, Moose-Deer des Anglo-Américains, Orignal
^ des Canadiens. BuiF. , Supp. VII, lxxx.
Grand comme un cheval et quelquefois davantage, â
jambes élevées, à museau cartilagineux et renflé ; une espèce
de goitre ou de pendeloque diversement configurée sous la
gorge j le poil toujours très-roide , et d'un cendré plus ou
moins foncé. Le bois du mâle, d'abord eu dague, ensuite
divisé en lanières, prend, à l'âge de cinq ans, la forme
d'une lame triangulaire , dentelée au bord externe et portée
sur un pédicule. Il croît avec l'âge jusqu'à peser cinquante
ou soixante livres, et à avoir quatorze andouillers ou dente-
lures à chaque corne. L'élan habite en petites troupes les
forêts marécageuses du nord des deux conlinens ) sa peau est
précieuse pour les ouvrages de chamoiserie.
Jj^Ehenne, ( C. Tarandus.) Buff. , Supp. III, xvjii, his.
Grand comme un cerf, mais à jambes plus courtes et plus
grosses; les deux sexes ont des bois divisés en plusieurs
branches, d'abord grêles et pointues, et qui finissent avec
l'âge par se terminer en palmes élargies et dentelées ; son
poil, brun en été, devient presque blanc en hiver. Le
rhenne n'habite que lescontrées glaciales des deux Continens.
C'est l'animal si célèbre par le service qu'en lirenl les
BUMINANS. 255
Lapons, qui en ont de nombreux troupeaux, les conduisent
l'été dans les montagnes de leur pays , les ramènent l'hiver
dans les plaines , en font leurs bètes de somme et de trait,
mangent leur chair , leur lait , se vêtissent de leur peau , etc.
Le Daim. ( C, Dama. L. ) Buflf. , YI, xxvii etxxviii.
Moindre que notre cerf, en hiver d'un brun-noirâtre , en
été fauve tacheté de blanc , les fesses en tout temps blanches,
bordées de chaque côté d'une raie noire , la queue plus
longue qu'au cerf, noire en dessus, blanche eu dessous-
Le bois du mâle est rond à sa base avec un andouiller pointu ,
aplati et dentelé en dehors dans le reste de la longueur j
passé un certain âge, il rapetisse et se divise irrégulièrement
en plusieurs lanières. Cette espèce , qui est le plaiiceros et non
le dama des anciens, est commune dans tous les pays d'Eu-
rope j il s'en trouve quelquefois une variété noire sans taches.
Les espèces à bois ronds sont plus nombreuses; celles de^
pays tempérés changent aussi plus ou moins de couleur en
hiver.
Le Cerf commun, {Cervus elaphus,) Buff., YI,
IX, X, XII.
A pelage en été fauve-brun , avec une ligne noirâtre , et
de chaque côté une rangée de petites taches fauve-pâle le
long de l'épine ; en hiver, d'un gris-brun uniforme; la croupe
et la queue en tout temps fauve-pâle. Il est naturel des forets
de toute l'Europe et de l'Asie tempe'rée. Le bois du mâle est
rond et vient la seconde année ; d'abord en forme de dagues ,
il prend ensuite plus de branches ou d'andouillers à mesure
qu'il avance en âge, et se couronne d'une espèce d'empau-
mure de plusieurs petites pointes. Le très-vieux cerf noircit,
et les poils de son col s'allongent et se hérissent, et c'est alors
\ ce qu'Aristote nomme /2i/7pe7a/7/?<?.Le bois tombe au printemps,
en commençant par les vieux; il revient pendcint l'été, et
les cerfs vivent séparés tout ce temps-là. Alors commence
le rut, qui dure trois semaines, et pendant lequel les mâies
sont comme furieux ; mâles çt femelles se réunissent eu
2b6 MAMMIFÈRES.
grandes troupes pour passer l'hiver. La Liclie porte îiuït
mois et met bas eu mai ; le faon est fauve tacheté de blanc.
La chasse du cerf^, qui passe, comme on sait, pour le plus
noble des exercices, est devenue l'objet d'un art qui a sa
théorie , et une terminologie étendue où les choses les plus
connues s'expriment par des termes bizarres, ou détournés
de leur acception ortlinaire.
Le Cerf du Canada , ( C, Canadensis. Gm. C. Strojigyloceros-
Schreb., CXLYI, A, CXLMI, F, G. ) Elk ou Élan des
Anglo- Américains.
Plus grand que le nôtre , de la même couleur , à bois
également ronds , mais plus développés et qui ne prennent
jamais d'empaumures, pourrait bien n'être qu'une variété
de cerf commun. Il habite toutes les parties tempérées de
l'Amérique septentrionale.
Le Cerf de la Louisiane ou de Virginie , ( (7. Virginia-
nus. Gm. ) Daim des Anglo - Américains , Mazame du
Mexique (.i).
Moindre que le nôtre , plus svelte, à museau plus pointu,
d'un fauve -- clair en été, d'un gris-roussâtre en hiver,
dessous de la gorge et de la queue blanc en tout temps,
le tiers inférieur de la queue noir et le bout blanc. Le bois
du mâle, rond, lisse et blanchâtre, s'écarte en dehors pour
revenir en arc de cercle en dedans et en avant ; il n'a jamais
que trois andouillers.
Les espèces des pays chauds ne changent pas de couleur.
Le Cerf de VInde ou Jlxis ( Cervus Axis. Lin. ) Buff., XI,
XXXVIII , XXXIX.
En tout temps fauve , tacheté de blanc pur ; le dessous de
la gorge et celui de la queue blancs j queue fauve , bordée
de blanc en dessus j des bois ronds , devenant très-grands
(i) Le cariacou , Daub. XII , xnv , est sa femelle.
RUMINA NS. 257
avec l'âge , mais ne portant jamais qu'un nndouiller vers la
base , et la pointe fourchue. Originaire du Eengale , mais se
propageant très-bien dans nos pays.
Les espèces à petits bois portent le nom de chevreuils.
Le Chevreuil d'Europe. ( Cer^'. capreolus. Lin. ) Buîï*. , VI ,
XXXII , XXXIII.
Gris-fauve , à fesses blanches , sans larmiers, presque sans
queue; les bois du mâle courts, droits, fourchus à l'extré-
mité, avec unandouiller en avant de la tige. Il y en a des
individus d'un roux très-vif et d'autres noirâtres. Cette es-
pèce vit par couples dans les forêts élevées de l'Europe tem-
pérée , perd son bois à la lin de l'automne , le refait pendant
l'hiver , entre en rut en novembre , et porte cinq mois et
demi. Sa chair est beaucoup plus estimée que celle du cerf.
On n'en a pas en Russie.
Le Chevreuil de Tartarie. ( Cervus pygar^us. Pall. )
Schreb., ccliii.
Semblable aa nôtre , mais à bo!S plus hérissés à leur
base, à poils plus longs; presque de la taille d'un daim;
habite les campagnes élevées au delà du Volga.
Le Chevreuil des Indes, ( Cerv. muntjac. Gm. ) BufF. ,
Sup. VII , XXVI.
Plus petit que le notre, avec une queue, des larmiers ,
de petites canines comme le cerf, et des bois profondément
fourchus , très-courts , mais portés sur de longues proémi-
nences de l'os frontal, entre lesquelles est une peau plissée,
élastique et onctueuse. Il vit en petites troupes à Ceylan et à
Java. Ses poils , blancs à la base , bruns à la pointe , lui don-
nent une teinte grisâtre.
L'Amérique produit aussi différentes espèces de che-
vreuils , mais qui ont été jusqu'à présent assez mal caracté-
risées. Comme elles sont toutes des narties chaudes de ce
pays, elles ne changent pas de couleur , et n'ont pas d'épo-
ques fixes pour le renouvellement de leur bois.
TOME I. 17
258 MAMMIFÈRES.
Les unes ont le hois arqué, et portant jusqu'à cinq an-
douillers selon l'âge, d'autres l'ont toujours en forme de
dagues (i).
La Girafe. ( Camelopardalis. L. ) Buff. ,
Sup. , Vil , LXXXI.
A pour caractère , dans les deux sexes, des cornes
coniques , toujours recouvertes par une peau velue ,
et qui ne tombent jamais. C'est d'ailleurs un animal
des plus remarquables par la longueur de son cou ,
la hauteur disproportionnée de ses jambes de de-
vant , et par un tubercule osseux qu'il a sur le chan-
frein.
On n'en connaît qu'une espèce , ( Camelopardalis girafe,
L. ) confinée dans les déserts de l'Afrique , à pelage ras, gris ,
tout parsemé de taches irrégulières fauves , avec une petite
crinière, grise et fauve, qui règne depuis les oreilles jusqu'à
la croupe. C'est le plus élevé de tous les animaux , car sa
tête atteint à dix-huit pieds de hauteur. 11 est d'ailleurs d'un
naturel doux, et se nourrit de feuilles d'arbres. Les Romains
ont eu des girafes vivantes à leurs jeux.
(i) lue chevreuil d' Ainéricjue , BuiT. VI , pi. xxxvii , a les bois gros ,
courts, arqués , portant cinqandouillers irès-luberculeux vers leur base. Si
c'est , connue il le i>AXà\i ,\e £^ouazou poucou de Dazzara , il serait de la taille
de notre cerf, de couleur roussùtre , avec le dessus de la queue et le bout
des pieds noirs, et recliereherait les lieux humides. C'est son bois que
Pennant représente sous le nom de cervus Mexicanus. Le gouazou pita de
Dazzara que nous avons au Muséum , est plus petit qu'un chevreuil , d'un
roux marron vif , avec du blanc au botit de la mâchoire inférieure. Nous
avons encore vu deux têtes h dagues simples , d'un fauve-gris , l'une de la
taille d'un daim, l'autre de celle d'un chevreuil. Celle-ci porte le nom de.
eariacou ù Cayeuae.
huminâns, 2^9
Les Ruminans a cornes creuses.
Sont plus nombreux que les autres, et l'on a
été obligé de les diviser en genres d'après des
caractères assez peu importans, tirés de la forme
de leurs cornes, et des proportions de leurs di-
verses parties.
M. Geoffroy y a joint avec avantage ceux que
donne la substance de la proéminence frontale
ou du noyau osseux de la corne.
Les Antilopes. (Antilope. ) (i).
Ont la substance de leur noyau osseux solide et
sans pores ni sinus , comme le bois des cerfs. Elles
ressemblent d'ailleurs aux cerfs par les larmiers , par
la légèreté de leur taille et par la vitesse de leur
course. C'est un genre très-nombreux , qu'on a été
obligé de subdiviser principalement d'après la forme
des cornes.
a. Cornes annelées , à double ou triple courbure , pointes
en avant , ou en dedans, ou en haut.
La Gazelle. {^Ant. dorcas. Lin. ) BufF. , Xïî ^ xxiii,
A cornes rondes , grosses , noires ; la taiile et la forme élé-
gantes du clievreuil ; fauve-clair dessus ^ blanc dessous ,
une bande brune le long de cliaque flanc , un bouquet de
poils à chaque genou , une poche profonde à chaque aine.
(i) Ce nom n"'est pas ancien 5 il est corrompu d'antholopos , que l'on
trouve dans Eustathius , auteilr du temps de Constantin. La gazelle com-
mune a été bien décrite par Élien sous le nom de dorças , qui est propre-
ment celui du chevreuil» Gazd est arabe.
200 MAMMIFÈRES.
Elle vit dans tout le nord de l'Afrique y en troupes innom-
brables y qui se mettent en rond quand on les attaque , et
présentent les cornes de toute part. C'est la pâture ordinaire
du lion et de la panthère. La douceur de son regard fournit
des images nombreuses à la poésie galante des Arabes.
La Corinne. {^Ant.corinna. Gm. ) BuiF.XlI, xxvn.
N'en diffère que par des cornes beaucoup plus grêles.
Ce n'est peut-être qu'une variété.
Le Kevel. ( Ant, kevella. Gm. ) Buff. , XH , xxvi.
Est encore à peu près semblable ; mais ses cornes sont
comprimées à leur base , et ont des anneaux plus nom-
breux. On ne prétend le distinguer lui-même de Vahu d«
Kœmpfer , ou tsejyrain des Persans et des Turcs ( y^nt. suh-
gutturosa, Gm.) , que parce qu'on a remarqué à celle-ci un«
légère saillie sous la gorge.
Le Dseren des Mongoles, Iloang-j^ang. , ou Chèvre jaune
des Chinois. ( Ant. guiturosa. Pall.) Scbreb. , cclxxv.
Présente encore à peu près les mêmes distributions de
couleurs et les mêmes cornes que la gazelle proprement dite j
mais sa taille approche de celle du daim, et le mâle a une
forte protubérance produite par son larynx, et une poche
assez grande sous le ventre. La femelle n'a pas de cornes.
Cette espèce vit en troupes dans les plaines arides du milieu
de l'Asie , et ne peut souffrir l'eau ni les forêts.
Le Springbock ou Gazelle à bourse. ( Ant. euchore.
Forster. ) Buff. , Sup. , YI , pi. xxi.
Remplit de ses troupes le midi de l'Afrique. Plus grande
que la gazelle , mais de même forme et de même couleur ,
elle se distingue par un repli de la peau de la croupe , garni
de poils blancs , qui s'ouvre et s'élargit à chaque saut qu'elle
fait.
RUMINANS. 261
Le Saïga. ( AnL Saïga. Pall.) Colus de Strabon. Schreb. ,
CCLXXVI.
Qui habile la Hongrie et le midi de la Pologne et de la
E-iîssie, a encore les cornes comme la gazelle , mais jaunâ-
tres et transparentes. Il est grand comme un daim. Son pe-
lage, fauve en été, devient d'un gris-blanchâtre en hiver;
son museau cartilagineux , gros , bombé , à narines Irès-
ouvertes , le force de paître en rétrogradant. 11 se réunit
quelquefois en troupes de plus de dix mille.
U Antilope des Indes, {Ant, cen^icapra.VàW.) Buff., Sup.,
YI, XVIII et XIX.
Encore Irès-semblable à la gazelle ; mais ses cornes sont
courbées trois fois. On en fait aux Indes des armes offen-
sives, en les unissant deux à deux , les pointes opposées. La
femelle n'en porte pas (i).
b. Cornes annelées , à double courbure, mais en sens con-
traire des précédentes , et la pointe en arrière.
Le Bubale des anciens ( Ant. bubalis. Lin. ) , vulg.
Fâche de Barbarie. Buff. , Sup. VI, xiv.
A proportions plus lourdes que les autres espèces , à tête
longue et grosse, de la taille dû cerf, à pelage fauve, ex-
cepté le bout de la queue , qui est terminé par un flocon
noir. Commune en Barbarie.
Le Caama j ( Ant. caama. Cuv. ) , vulg. Cerf du Cap
chez les Hollandais. BufF. , Sup., VI, pi. xv.
Semblable à la précédente , mais à courbures des cornes
plus anguleuses ; le tour de leur base , une bande sur le bas
(i) A cette subdivision appartiennent encore Vant, pourpre (ant. py-
garga ) Schr. CCLXXIII, et le coba ( ant. Senegalensis) dont on ne con-
naît que les cornes. Buff. XII, pi. xxxii , 2 , à moins qu'il ne soit le
même que le Paîlah de Samuel Daniels , Afric. Scener. pi. ix , cas où il
ressemblerait beaucoup à la gazelle , mais serait plus grand.
202 MAMMIFÈRES.
du clianfrein, une ligne sur le cou, une bande longltodinaîe
sur chaque jambe et le bout de la queue noires. Commune
au Cap.
c. Cornes annelées, droites ou peu courbées.
JJOrjx ( ^nt. Orjx. Pall. ) , mal à propos nommé Pasan
par Buffon, Sup., VI, pi. xvii. Chamois du Cap des
Hollandais.
Grand comme un cerf; à cornes grêles^, longues de deux
ou trois pieds , droites , pointues , rondes, annelées oblique-
quement au tiers inférieur , plus petites dans la. femelle ; à
poil cendré ; à tête blanche bariolée de noir ; une bande
noire sur l'épine et une à chaque flanc j une tache marron
foncé sur l'épaule et une sur les cuisses ) la queue longue et
noirâtre , et le poil de l'épîne dirigé vers la nuque. Cet ani-
mal singulier est l'oryx d'Elien , et c'est sur quelque indi-
vidu qui aura perdu une corne, que l'on se sera fait l'idée
de la licorne , si fameuse par les discussions qu'elle a oc-^
casionnées. On le trouve au nord du Cap et dans l'intérieur
de l'Afrique. Ses sabots , plus longs qu'aux autres es-
pèces, lui donnent la facilité de grimper sur les rochers ,
et il fréquente en effet de préférence les contrées monta-
gneuses (i).
d' Cornes annelées , à courbure simple , la pointe en arrière»
JJuéntilope bleue {Ant. leucophœa. Gm. ), vulg. Chèvre
bleue , nommée mal à propos Tseiran , Buff. , Supplem.
YI , pi. XX.
Un peu plus grande que le cerf, d'un cendré-bleuâtre.
(i) "Vant. leucoryx , Schr. CCLVI. B, et Vant. gazeUa ne paraissent
que des var. de Voryx , mais le klip-springer ( ont. orcotragus ) Buffon ,
Supp. VI , pi. XXII ,• la gritnme ( ant. grimmia ) id. ib. III , pi. xiv , et
le guevey{ant, pygtnea ) ont des cornes courtes , si peiv courbées , qu'on
pourrait les rapporter à cette section. Le duiher ou chèvrç plongeante du
Cap , qu'AlIamand avait confondu avec la grinune ,'ei Vourebi {ant. $ço^
paria , Schr. CCLVI) paraissent en être très-ijéisins.
RUMINAN5. 263
lescornes grandes dans les deux sexes , uniformément cour-
bées , et à plus de vingt anneaux.
JJjdntiîope chevaline, {jint, Equina. Geoff. )
Grande comme un cheval, gris-roussâlre, tête brune,
une tache blanche devant chaque œil, une crinière sur le
cou , etc.
e. Cornes annelées, à courbure simple , la pointe en avant.
luQNan^uer^Ant dama. Lin. ) , probablement le Dama de
Pline. BuiF. , XII, pi. xxxiv.
Grand comme un chevreuil , fauve , le cou , le dessous du
corps et le derrière blancs. Du Sénégal (i).
f. Cornes à arête spirale.
Le Canna. {Jlnt.oreas.VdW..") Elan du Cap des Hollandais,
nommé mal à propos Coudons par Buff. , Supp. VI,
pi. XII.
Grand comme les plus forts chevaux, de grosses cornes
coniques droites entourées d'une arête spirale, pelage
grisâti'e , une petite crinière le long de l'épine , une espèce
de fanon sous le cou, la queue terminée par un flocon. Il
vit en troupes dans les montagnes au nord du Cap (2).
Le Coudons, ( Ant, strepsiceros. Pall.) nommé mal à propos
Condoma par Buff., Supp. VI, pi. xiii.
Grand comme un cerf, gris-brun rayé en travers de
blanc, de grandes cornes au mâle seulement, lisses , à
(1) A cette subdivision appartiennent encore le nagor (ant. redwica. ) ,
Buff. XII , pi. XLVi ,' le rict-reehock ou ani^ de roseaux ( mit. eleotragus ,
Schr. CCLXVI , ant. arimdinacea. Shaw. ) Buff. Supp. VI , pi. xxiir et
XXIV. Cette espèce est probablement la même que le koh (anL.hob) dont on
n'a que les cornes. Buff. XII , pi. xxxii , f. i. Le griesbock , le steenboch
«t le beekhock de Forster (Buff. supp. VI, p. 186) doivent y appar-
tenir également.
{2) Près du canna doivent être placés le guib. {ant. scripta ). Buff. Xlï
pi. XLj le boscli'bock ( ant. sy4vatica) , Bi\ff. Supp. VI , xxv.
nG^ 3IAMMIFÈRES.
triple courbure, avec une seule arête longitudinale légère-
ment spirale ; une petite barbe sous le menton j une crinière
le long de l'épine; vit isolé au nord du Cap.
g. Cornes lisses.
Le JV/lgau. {Anl. picta et trago-cameîus,) BuflP. ,
Supp. YI, pi. X et XI.
Grand comme un cerf et plus ; les cornes courtes re-
courbées eu avant ; une barbe sous le milieu du cou ; le pelage
grisâtre ; des anneaux noirs et blancs aux pieds. La femelle
n*a point de cornes. Cette espèce est des Indes.
Le Chamois. ( Ant, rupicapra, L. ) Buff., XII , pi. xvi ,
Ysard dans les Pyrénées.
Le seul ruminant de l'occident de l'Europe que l'on
puisse comparer aux antilopes, a cependant des caractères
particuliers; ses cornes droites ont leurs pointes subitement
courbées en arrière comme un hameçon ; derrière chaque
oreille, sous la peau, est un sac qui ne s'ouvre en dehors
que par un petit trou. La taille du chamois est celle d'une
grande chèvre; il a le pelage brun-foncé avec une bande
noire descendant de l'œil vers le museau.
Il court avec la plus grande agilité parmi les rocbers
escarpés, et se lient en petites troupes dans la région
moyenne des très-hautes montagnes.
Le Gnou ou JViou. {^Ant, gnu. Gm.) Buff., Supp. VI,
pi. VIII et IX.
Diffère encore plus que le chamois des antilopes ordinaires
et semble même, au premier coup d'oeil, un monstre
composé de parties de différens animaux. Il a le corps et la
croupe d'un petit cbeval; couvert de poils bruns; la queue
garnie de longs poils blancs comme celle du cheval, et sur
le cou une belle crinière redressée, blanche à sa base , noire
au bout des poils. Ses cornes, rapprochées et élargies à leur
base comme celles du buffle du Cap, descendent en dehors
RUMINANS. 265
€t remontent par leur pointe ; son mufle est large ; applatl
et entouré d'un cercle de poils saillans; sous sa gorge et sous
son fanon court une seconde crinière noire *, ses pieds ont
toute la légèreté de ceux du cerf. Les deux sexes ont des
cornes.
Cet animal vit dans les montagnes au nord du Cap, ou il
paraît assez rare, et cependant les anciens en ont eu quelcjue
connaissance (i).
Les trois genres restans ont le noyau osseux
de leurs cornes occupé en grande partie par
des cellules qui communiquent avec les sinus
frontaux. La direction de leurs cornes a donné
les motifs de leurs divisions.
,?.;■
Les Chèvres. (Capra. L.)
Ont les cornes dirigées en haut et en arrière; leur
menton est généralement garni d'une longue barbe
et leur chanfrein concave.
UjEgagre ou Chèure sauvage. ( Capra œgagrus.
Gm.) Cuv., Ménag. du Mus., in-8°, II, 177.
Qui paraît la souche de toutes les variétés de nos chèvres
domestiques, se distingue par ses cornes tranchantes en
ayant, très-grandes dans le mâle, courtes et quelquefois
nulles dans la femelle ; ce qui arrive aussi dans les deux
espèces de bouquetins. Elle habite en troupes sur les mon-
tagnes de Perse , où elle est connue sous le nom de paseng ,
et peut-être sur celles de plusieurs autres pays^ même dans
les Alpes. Le hézoard oriental est une concrétion que l'on
trouve dans ses intestins.
(i) C'est probablement lui qui a donné lieu h leur catohlepas. Voyex
Pline , lib. VIII , c. xxxii ; et iEIien , lib. VII , c. V.
266 MAMMIFÈRES.
Les boucs et les clièvres cloraesliques (capra hircus)
varient à l'infini pour la taille , pour la couleur, la longueur,
et la finesse du poil ; pour la grandeur, et même le nombre
des cornes. Les cbèvres d'Angora, en Cappadoce, ont le poil
le plus doux et le plus sojeux. Les clièvres de Guinée , dites
mambrines, et de Juida sont très-petites et ont les cornes
couchées en arrière. Tous ces animaux sont robustes,
capricieux , vagabonds , tiennent de leur origine monta-
gnarde, aiment les lieux secs et sauvages, et se nourrissent
d'herbes grossières ou de pousses d'arbustes. Ils sont très-
nuisibles aux forêts. On ne mange guère que le chevreau -,
mais le lait de chèvre est utile dans plusieurs maladies. La
chèvre peut porter à sept mois ; sa gestation en dure cinq ^
elle fait d'ordinaire deux petits. Le bouc engendre à un
an ; un seul suffit à plus de cent chèvres j il est vieux à cinq
ou six ans.
Le Bouquetin. [Capra ibex. L.) Buff. , XII, pi. xiii.
A de grandes cornes carrées en avant et marquées de
nœuds saillans et transverses. Il habite les sommets les plus
élevés des hautes chaînes de montagnes dans tout l'ancien
continent.
Le Bouquetin du Caucase. (Capra Caucàsica.) Guldenst.
Act, petrop. , 1779, II, pi. xvi, xvii.
Se distingue par de grandes cornes triangulaires , obtuses
mais non carrées en avant , noueuses comrçe celles du
précédent. Les deux espèces se mêlent avec la chèvrs
domestique (i).
^ Les Mou-jons. (Ovis. L. )
Ont les cornes , dirigées en arrière et revenant
plus ou moins en avant, en spirale; leur chanfrein est
(1) Ajoutez : le bouquetin à crinière d'Afrique, Taraitze , Sîim. ?
Daniels , Afric. Scenerys, pi. xxiv.
RU MIN ANS. 267
généralement convexe, et ils manquent de barbe.
Ils méritaient si peu d'être séparés génériquement
des chèvres, qu'ils produisent avec elles des métis
féconds.
Il y a, comme dans le genre du bouc, plusieurs
races ou espèces sauvages assez voisines.
UArgall de Sibérie. ( Osf. ammon, L. ) Pall. ,
SpiC; XI, I.
Dont le mâle a de très-grosses cornes à base triangulaire
arrondies aux angles, aplaties en avant , striées en travers,
et la femelle des cornes comprimées et en forme de faux ;
son poil d'été est ras, gris-fauve; celui d'hiver épais , dur,
gris-roussâtre, avec du blanc ou du blanchâtre au museau,
à la gorge et sous le ventre. 11 y a en tout temps, comme au
cerf, une espace jaunâtre autour de la queue qui est fort
courte. Cet animal habite les montagnes de toute l'Asie, et
devient grand comme un daim.
Le Moujlon ou Mufionc de Sardaigne , Muffbli de
Corse. JBuff. , XI, pi. xxix.
Ne paraît en différer que parce qu'il ne devient pas aussi
grand, et que sa femelle n'a des cornes que rarement et
fort petites. On dit qu'il se trouve aussi en Crète. 11 y en a
des variétés noires en tout ou en partie, et d'autres plus ou
moins blanches.
Il est à croire que
Le Mouflon d^ Amérique, ( Oc. moniana. ) Geoff. , Ann.
Mu5-,IÎ, pi. Lx. Schreb., CCXIY, D.
Est de l'espèce del'argaliquiapupasserla mer sur la glace.
Ses cornes sont très-grosses et forment mieux la spirale que
dans l'argaji ordinaire'.
nSS Mammifères.
Le Mouflon d^ Afrique. ( Ov, iragelaphus. Cuv. ) Pen.,
n^ XII, Shaw.; pi. ccii^ 2.
A poil roussâtre doux, avec une longue crinière pendante
sous le cou et une autre à chaque poignet ; la queue courte-,
paraît être une espèce distincte. Elle habite les contrées
rocailleuses de toute la Barbarie , et M. Geoffroy l'a observée
en Egypte.
C'est du mouflon ou de l'argali que l'on croit pouvoir
dériver les races innombrables de nos bêtes à laine, animaux
qui, après le chien, sont soumis à plus de variétés.
Nous en avons en Europe à laine commune, de taille
grande ou petite, à cornes grandes, petites, manquant
dans les femelles ou dans les deux sexes, etc. Les variétés
les plus intéressantes sont celle d'Espagne , à laine fine et
crépue, à grandes cornes spirales dans le mâle, qui com-
mence à se répandre dans toute l'Europe j et celle d'An-
gleterre, à laine fine et longue.
La variété la plus répandue dans la Russie méridio-
nale a la queue très -longue. Celles des Indes et de
Guinée, qui ont aussi la queue longue, se distinguent par
leurs jambes élevées , leur chanfrein très-convexe , leurs
oreilles pendantes, et parce qu'elles n'ont pas de cornes et
ne sont couvertes que d'un poil ras.
Le nord de l'Europe et de l'Asie a presque partout des
petits moutons à queue fort courte.
La race de Perse, de Tartarie et de Chine a la queue
entièrement transformée en un double globe de graisse ;
celle de Syrie et de Barbarie l'a, à la vérité, longue, mais
aussi chargée d^une grosse masse de graisse. Dans toutes
deux, les oreilles sont pendantes, les cornes grosses aux
béliers , médiocres aux moutons et aux brebis , et la laine
mêlée de poils.
Le mouton est partout précieux par sa chair, par son
suif, par son lait, par sa peau, par son poil et par son
BUMINANS. 269
fumîer; ses troupeaux bien emplo;)és portent la fertilité
partout.
L'agneau se sevré à deux mois, se châtre à six, change
ses dents de lait entre un et trois ans. La brebis peut porter
à un an ; et produit jusqu'à dix ou douze; sa gestation est
de cinq moisj elle met bas deux petits. Le bélier, pubère
" à dix-huit mois, suffit à trente brebis : on l'engraisse vers
huit ans.
Les Boeufs. (Bos. L.)
Ont les cornes dirigées de côté et revenant vers le
haut ou en avant, en forme de croissans; ce sont
d'ailleurs de grands animaux à mufle large, à taille
trapue, à jambes robustes.
Le Bœuf ordinaire. {Bos taurus. I^. ) BuJDT., IV, xiv.
A pour caractère spécifique un front plat, plus long que
large , et des cornes rondes placées aux deux extrémités
de la ligne saillante qui sépare le front de l'occiput. Dans les
crânes fossiles qui paraissent avoir appartenu à cette espèce
dans l'état sauvage, ces cornes se recourbent en avant et
vers le bas; mais dans les innombrables variétés domestiques^
elles ont des directions et des grandeurs fort différentes,
quelquefois même elles manquent tout-à-fait. Les races
ordinaires de la zone torride ont toutes une loupe de graisse
sur les épaules, et il y en a dans le nombre qui ne sont
guère plus grandes que le cochon. Tout le monde connaît
l'utilité de ces animaux pour le labourage , et celle de leur
chair, de leur suif, de leur cuir et de leur lait; leur corne
même s'emploie dans les arts.
La vache porte neuf mois et peut produire à dix-huit; le
taureau à deux ans. On doit couper le bœuf à dix-huit mois
ou deux ans et l'engraisser à dix.
tj Aurochs àes Allemands, Zubr. des Polonais. ÇBosurus
de Gm. ) l/rus ou Bison des anciens. Gesn. , clvii.
Passe d'ordinaire , mais k tort , pour la souche sauvage de
270 MAMMIFÈRES.
nos bêtes à cornes. Il s'en distingue par son front bombé, plu ^
large que haut ^ par l'attache de ses cornes au-dessous de la
crête occipitale^ par la hauteur de ses jambes, par une
paire de côtes de plus, par une sorte de laine crépue qui cou-^
vre la tète et le cou du mâle , et lui forme une barbe courte
sous la gorge , par sa voix grognante. C'est un animal farou-
che , réfugié aujourd'hui dans les grandes forêts maréca-
geuses de laLithuanie , desKrapacsetdu Caucase , mais qui
vivait autrefois dans toute l'Europe tempérée. C'est le plus
grand des quadrupèdes après le rhinocéros.
Le Bison d^ Amérique , Buff'alo des Anglo - Américains*
{Bos bison. Lin. Bas Americanus. Gm. ) Buff. , Sup-
pîém. III, V.
N'a pas encore été suffisamment comparé avec l'aurochs ;
ses jambes et sa queue paraissent plus courtes , les poils de
sa tête et de sa barbe plus longs , etc. Il habite dans toutes
les parties tempérées de l'Amérique septentrionale.
Le Buffle. {^Bos bubaluSi Lin. ) BulF. XI, xxv.
Originaire de l'Inde , et amené en Egypte ;, en Grèce, en
Italie pendant le moyen âge, mais inconnu des anciens, a
le front bombé , plus long que large , les cornes dirigées de
côté, et marquées en avant d'une arête longitudinale sail-
lante. C'est un animal difficile à dompter , mais d'une grande
vigueur , et qui aime les lieux marécageux et les plantes
grossières dont on ne pourrait nourrir le bœuf. Son lait
est bon , son cuir très-fort , mais sa chair peu estimée.
11 y en a aux Indes une race dont les cornes ont jusqu'à
dix pieds d'envergure : on l'appelle arrii dans Tlndostan,
C'est le bos arni de Shaw.
Le Yack. ( Bos grunniens. Pall.) Buffie à queue de chenal ,
Fâche grognante de Tartarie y etc. Schreb. , ccxcix ,
A. B.
Est ime espèce de petite taille , dont la queue est entière-
ment garnie de longs poils comme celle du cheval , et qui
RUMÎNANS. ( !^7I
a aussi une longue crinière sur le dos : sa tète paraît res-
sembler à celle du buffle ; maison n'a pas suffisamment dé-
crit ses cornes. Cet animal y dont JElien a déjà fait mention^
est originaire des montagnes du Thibet. C'est avec sa queue
qu'on a fait d'abord ces étendards qui sont encore en usage
parmi les Turcs pour distinguer les officiers supérieurs.
Le Buffle du Cap. ( Bos Cajf'er. Sparm.) Scbreb. , ceci.
A les cornes très-grandes , dirigées de côté en en bas j re-
montant de la pointe , aplaties , et tellement larges à leur
base, qu'elles lui couvrent presque tout le front, ne lais-
sant entre elles qu'un espace triangulaire dont la pointe est
en haut. C'est un très-grand animal , d'un naturel eicessi-
vement féroce, qui habite les bois de la Cafrerie.
Le Bœuf musqué cfjimérique. {Bos moschatus. Gm. )
Schreb., cccii. La Tète. Buff. , Sup.VI, m.
A les cornes rapprochées et dirigées comme le précédent,
mais se rencontrant sur le front par une ligne droite ( la
femelle les a pl-us petites et écartées ) ; il ^st bas sur jambes,
couvert d'un poil touiFu qui pend jusqu'à terre. Sa queue est
extrêmement courte. Il répand avec plus de force l'odeur
musquée commune à tout ce genre : on ne le voit que dans
les parties les plus froides de l'Amérique septentrionale ;
mais il paraît que son crâne et ses os ont quelquefois été
portés par les glaces jusqu'en Sibérie. Les esquimaux se font
des bonnets avec sa queue , dont le poil;, retombant sur leur
visage , les garantit des mousquites.
HUITIEME ORDRE DES MAMMIFERES.
' LES CÉTACÉS
Sont les mammifères sans pieds de derrière^
leur tronc se conlinue avec une queue épaisse
272 MAMMIFÈRES.
que termine une nageoire cartilagineuse hori-
zontale 5 et leur tête se joint au tronc par un
cou si court et si gros qu'on n'y aperçoit aucun
rétrécissement , et composé de vertèbres cervi-
cales très-minces et en partie soudées entre elles.
Enfin, leurs extrémités antérieures ont les os
7 .^
racconrcis , aplatis et enveloppés dans une
membrane tendineuse qui les réduit a de véri-
tables nageoires. C'est presque en tout la forme
extérieure des poissons , excepté que ceux-ci
ont la nageoire de la queue verticale. Aussi les
cétacés se tiennent-ils constamment dans les
eaux ; mais comme ils respirent par des pou-
mons , ils soift obligés de revenir souvent à la
surface pour y prendre de l'air. Leur sang
chaud 5 leurs oreilles ouvertes à l'extérieur ,
quoique par des trous fort petits , leur généra-
tion vivipare , les mamelles au moyen des-
quelles ils allaitent leurs petits ^ et tous les dé-
tails de leur anatomie les distinguent d'ailleurs
suffisamment des poissons.
Leur cerveau est grand et ses hémisphères
bien développés : le rocher, ou cette partie du
crâne qui contient l'oreille interne , est séparée
du reste de la tête, et n'y adhère que par des
ligamens. Ils n'ont jamais d'oreille externe ni
de poils sur le corps.
CÉTACÉS. 2^3
La forme de leur queue les oblige à la fléchir
de haut en bas pour leur mouvement progr^'s-
sif, et les aide beaucoup pour s'élever dans^
i'ean.
Aux genres que Ton a compté jusqu'à nou^i
parmi les cétacés , nous en ajoutons que Ton
confondait autrefois dans le genre des morses.
Ils forment notre première famille , ou
Les Cétacés herbivores.
Leurs dents sont a couronne plate , ce qui
détermine leur genre de vie , lequel les engage
souvent à sortir de Teau pour venir ramper et
paître sur la rive ; ils ont deux mamelles sur
la poitrine et des poils aux moustaches , deux
circonstances qui de loin , quand ils font sortir
verticalement leur partie antérieure hors de
l'eau, ont pu leur faire trouver quelque ressem-
blance avec des femmes ou des hommes, et ont
probablement donné lieu aux fables des tritons
et des sirènes. Quoique dans le crâne les narines
osseuses s'ouvrent vers le haut , elles ne sont
percées dans la peau qu'au bout du museau.
Les Lamantins, ou plutôt Manates. (Manatus.
Cuv. )
Ont le corps obloiig , terminé par une nageoire
ovale allongée ; les mâcheliëies, au nombre de huit
partout , à couronne carrée ^ marquée de deux col-
TOME I. iH
274 ^^ A M M I F Ê R E S.
liaes transverses ; point d'incisives ni de canines dans
l'âge adulte; rliais dans les très-jeunes, on trouve
deux fort petites dents pointues dans les os inter-
maxillaires , lesquelles disparaissent prompternent.
On voit des vestiges d'ongles sur les bords de leurs
nageoires , dont ils se servent encore avec assez d'a-
dresse pour ramper et pour porter leurs petits ; ce
qui a fait comparer ces organes à des mains , et a
valu à ces animaux le nom de manates , d'où l'on a
fiiit par corruption celui de lamantins. Leur estomac
est divisé en plusieurs poches , leur cœcum se
partage en deux branches , et ils ont un colon
lioursouflé ; tous caractères d'herbivores.
On les nomme aussi, à cause de leur genre de
vie, hœufy vache marine , et à cause de leurs ma-
melles , femme marine , etc. ( Trichechus manatus.
Lin. ) Buff., XJII, Lvii.
On les trouve vers l'emLouchure des rivières , dans les
parties les plus chaudes de la mer Atlantique , et il paraît
que ceux des rivières d'Amérique diflerent spécifiquement
de ceux d'Afrique. Ils parviennei,it à quinze pieds etplugde
longueur. Leur chair se mange.
Les Dugongs. Lacep. (Halicore. ïHig») (i)
Ont le.*î mâchelières comme composées chacune
de deux cônes réunis par le côté ; les dents implan-
tées dans leur os incisif , se conservent et croissent
au point de devenir de vraies défenses pointues ,
mais qui restent en grande partie couvertes par des
lèvres charnues et hérissées de moustaches. Le corps
■ ■ " ■'■' » I I ■!■ Il ■ .M^l ■■> Il ■■ ■ I ■ ■ I ■ ^. .^
(i) Naiioore j fille de m^«
CÉTACÉS. 2'jb
65t allongé , et la queue terminée par une nageoire
en forme de croissant.
On n'en connaît qu'une espèce, qui habite la mer des
Indes , et que plusieurs voyageurs ont confondue avec le
lamantin.
On l'a aussi nommée sirène y vache marine , etc. (Re-
nard, Poiss. des Indes, pi. xxxiv, f. i8o. )
Les Stellères. Cuv. (Rytina. Illig. ) (i)
Paraissent n'avoir de chaque côté qu'une seule ma-
chelière composée , à couronne plate et hérissée de
lames d'émail. Leurs nageoires n'ont pas même ces
petits ongles qu'on observe sur les lamantins. Selon
Steller , qui les a décrits le premier , leur estomac se-
rait aussi beaucoup plus simple (2).
On n'en connaît qu'une espèce ^ qui se tient dans la partie
septentrionale de la mer Pacifique.
La deuxième famille , où
LES CÉTACÉS ORDINAIRES.
Se distinguent de,s précédens par l'appareil
singulier qui leur a valu le nom commun de
souffleurs. C'est qu'engloutissant ;, avec leur
proie , dans leur gueule très-fendue , de grands
volumes d'eau , il leur fallait une voie pour s'en
débarrasser ; elle passe dans les narines au
moyen d'une disposition particulière du voile
— r-rwMjM ■!_! - 1 1 - I ~ ■ - . - - - -^ I
(1) Rytina ,xxAé.
(2) Nov. comm. pelrop» 11^ 294 et suiv. On n'en a pas deGgnre,
>
276 MAMMIFÈRES.
du palais , et s'amasse dans un sac placé a Tori-
fice extérieur de la cavité du nez, d'où elle est
chassée avec violence par la compression de
muscles puissans , au travers d'une ouverture
fort étroite percée au-dessus de la tête. C'est
ainsi qu'ils produisent ces jets d'eau qui les
font remarquer de loin par les navigateurs.
Leurs narines , sans cesse trav^ersées par des
flots d'eau salée , ne pouvaient être tapissées
d\ine membrane assez délicate pour percevoir
les odeurs : aussi n'y ont-ils aucune de ces lames
saillantes des autres animaux ; le neri ollactif
est extrêmement petit , et s'ils jouissent du sens
de l'odorat , il doit être fort oblitéré. Leur la-
rynx, en (orme de pyramide , pénètre dans les
arrière-narines , pour recevoir l'air et le con-
duire aux poumons sans que l'animal ait besoin
de sortir sa tête et sa gueule liors de l'eau ; il n'y
a point de lames saillantes dans leur glotte , et
leur voix doit se réduire à de simples mugisse-
mens.Ils n'ont plus aucun vestige de poils, mais
tout leur corps est couvert d'une peau lisse sous
laquelle est ce lard épais et abondant en huile ,
principal objet pour lequel on les recherche.
Leurs mamelles sont près de l'anus , et ils
ne peuvent rien saisir avec leurs nageoires.
Leur estomac a cinq et quelquefois jusqu'à
CÉTACÉS» 277
sept poches distinctes ; au lien d^niie seule rate
ils en ont plusieurs petites et globuleuses ; ceux
qui ont des dents les ont toutes coniques et
semblables entre elles ; ils ne màclient point leur
nourriture , mais Tavalent rapidement.
Deux petits os suspendus dans les chairs près
de Tanus , sont les seuls vestiges d'extrémités
postérieures qui leur restent.
Plusieurs ont sur le dos une nageoire verti-
cale de substance tendineuse , mais non sou-
tenue par des os. Leurs yeux aplatis en avant
ont une sclérotique épaisse et solide ; leur lan-
gue n'a que des tégumens lisses et mous.
On pourrait encore les subdiviser en deux
petites tribus : ceux dont la tête est en propor-
tion ordinaire avec le corps , et ceux qui Font
démesurément grande ; hi première comprend
les dauohins et les narvals.
Les Dauphins. ( Delphinus. L, )
Ont des dents aux deux mâchoires j toutes sim-
ples et presque toujours coniques. Ce sont les plus
carnassiers , et , proportion gardée , les plus cruels
de Tordre. Ils n'ont pas de cœcum.
Les Tiwjvui^&pi^oprcmeîït dils. (Delphinus. Cuv. )
Ont la gueule formant en avant de la lé Le une espèce cfe
bec plus îTiince que le rcsle.
!2r]S MAMMIFÈRES.
Le Dauphin ordinaire. ( Delphinus delphis, L. ) Lacep. ,
Cet., pi. XIII, f. 1.
A bec déprimé , et armé de chaque coté de la mâclioire
de quarante-deux à quarante-sept dents grêles, arquées et
pointues; noir dessus, blanc dessous; long de liuil à dix
pieds. Cet animal , répandu en grandes troupes dans toutes
les mers, et célèbre par la vélocité de son mouvement, qui
le fait s'élancer quelquefois sur le tillac des navires , paraît
réellement avoir été le dauphin des anciens. Toute l'organi-^
satioii de son cerveau annonce qu'il ne doit pas être dé-
pourvu de la docilité qu'ils lui attribuaient (i).
Le Dauphin à bec mince, (Delph. rostratus. Shaw. )
A tête plus bombée et à bec plus comprimé , plt*s
grêle, avec seulement vingt-une, vingt-deux ou vingt-trois
dents coniques de chaque côté et à chaque mâchoire ; ses
teintes sont plus pales , ce qui lui a valu le nom de dauphin
blanc. On le dit des mers d'Amérique (?.).
Le grand Dauphin ( Delphinus tursio. Bonnalerre. ) j
vulg. le Soudeur. Lacep. , xv , f . 2.
A bec court, large , déprimé; de vingt - une à vingt-trois
dents partout , coniques , et souvent émoussées. Il y en a des
individus de plus de quinze pieds de longueur , et il paraît
qu'il s'en trouve dans la Méditerranée comme dans l'O-
céan (3).
Nous doutons qu'il soit le même que le nesarnak ou delph.
iursio de Fabricius. *
■ » ■
(i) J'ai plusieurs têtes de daupîiin qui ont constamment trente-sept dents
partout , et qui appartiennent probablement à une espèce particulière.
(•2) On n'a encore grave que sa tête et grossièrement. Duhamel , Pêches
part. II, sect. X, pi. X j f. 4-
(3) La haleine ou capidolio , de Belon , et Vorca , du même ameur , qui
pourrait bien être celui des anciens , appartiennent aussi à la division des
dauphins à bec , et surpassent les espèces ci-dessus par la taille ; mais leurs
caractères ne sont pas suffisamment détermine's. Le dauphin/ères de Bon'
naterre se rapporte probablement à l'un des deux.
CÉTACÉS. 2^9
Les Matîsouins. (Phocoena. Cut. )
N'ont point de bec , mais le museavi court et uniformément
"boniLé.
Le Marsouin commun , Porpess des Anglais. ( DeîpJi. pho- •
cœna.h.) (il. Lâcep.. xiii , f. 2.
A dents comprimées, Irancliantes, de fi^ire arrondie,
au nomlire de vingt-deux à vingt-cinq de chaque côté à
chaque mâchoire -, noirâtre dessus , blanc dessous. C'est îe
plus petit des cétacés, et il n'atteint que quatre à cinq pieds
de longueur. Il est fort commun dans toutes nos mers, où
il se lient en grandes troupes.
UEpaulard des Saintongeois , Buts kopf et Schwerdt
JiscJi des Hollandais et des Allemands , Grampus des
Anglais (2). {Delph, orca et Delph. gladiaU>r.) Lacep. ,
XV, I , et moins bien, v, 5.
A dents grosses , coniques, un peu crochues , au nombre
de onze partout, les postérieares aplaties transversale-
ment ; le corps noir dessus , blanc dessous 3 une tache blan-
châtre sur l'oeil , en forme de croissant ; la nageoire dor-
sale élevée et pointue.
C'est le plus grand des dauphins ; qui a souvent de vingt
à vingt-cinq pi^^ls , et l'ennemi le plus cruel de la baleine.
Ils l'attaquent en troupe , la harcèlent jusqu'à ce qu'elle ou-
vre la gueule , et alors lui dévorent la langue (5).
, (i) Marsouin est corrompu de Tallemand nxeersehwein , cochon de
^ mer. Porpess , du latin perçus piscis.
(9.) Grampus est corrompu du français grand poisson. Butts kopf , ou
plutôt boots kopf , feigniiïe que sa tète est faite comme une chaloupe.
^chwcvdt-Jisch , poisson à sabre , h cause de sa nageoire dorsale.
(5) L'ëpaulard ventru de Bonnaterre, Lacep. XV, 3, n'est fondé que
sur une figure de Hunier , faite probablement d'après un animal enflé ,
parce qu'il commençait à se gâter, et que Hunter lui-même regardait comme
répatilard. Ajoutes le d, globiceps , Cuv. Ann. Mus.]
280 MAMMIFÈRES.
hts Delphtnaptèrês. ( Lacep. )
Différent des marsouins seulement en ce qu'ils n'ont pas de
nageoire dorsale.
Le Jjûl'iga ou Epaulard blanc , Huitfisck des Danois.
( Delph. Leucas^ Gm. Delph. albicanSy Fabr. )
* A neuf dents partout , grosses et émoussées an bout , à
peau d'un blanc-jaunàtre ; grand comme l'épaulard. De
tonte la mer Glaciale, d'où il remonte assez avant dans les
rivières (i).
IjEs JiYPERooDo^s. (Lacep. ) (2)
Ont le corps et le ninseau à peu près conformés comme les
daupliins])r(>prementdilsj mais ils n'ont que deux petites dents
en avant de la niàclioire iiiférieure , qui ne paraissent pas tou-
jours au dehors; leur palais est hérissé de petits luberLules.
On n'en connaît qu'une espèce , qui atteint de vingt à
vingt-cinq pieds de longueur, et peut-être davantage: elle
s'est pêchée dans la Manche et dans la mer du !Nord y et
a souvent été nommée baleine à bec (3;.
Les Narvals. ( Monodon. L.)
N'ont aucunes dents proprement dites, mais seu-
lement de longues défenses droites et pointues, im-
(î) RonJclct représente , sous le nom àe peis-muîar et de seneàette , un
cëtact^ trè?-sein>.lal>le an béluga , mais ne dit pas qu'il soit blanc. II lui
applique aussi le nom italien de capidolio. Ce serait un delphinaptëie de
plus , si sa figure u'ëtait pas faite d imagination j mais je Je crains d'au-
tant plus , que ce nom de mular appartient proprement au cachalot. Au
reste , c'est aussi le béluga qui a donne lieu à établir un petit cachalot
blanc , patcp qu'il perd prompt<mient ses dents supérieures. Vo}'ez sa tête ,
Voyage de Pâli. , atl. , pi. lxxix.
(9-) Hyperodoou , dents dans le palais.
(5) Cet animal, deciit par Baussard, Journ. dePhys. , mars 1789 (Delph.
eâeniulus , Scbreb. ) awpiel Bonnatcrre a transporte le nom de bitts-kopf ■,
ivn appartient à i'cpaulard , ^'jLïdi\\.\<iiakmç c\\\e\e dauphin à deux dent f
CÉTACÉS. aSî
plantées dans Tos intermaxillaire , et dirigées dans
le sens de Taxe du corps : la forme de leur corps et
celle de leu tête , ressemblent d'ailleurs beaucoup a
celles des marsouins.
On n'en connaît bien qu'une espèce.
Monodon monoceros. Lin. (Lacep. , ÎV. , 3.)
Dont la défense , sillonnée en spirale , quelquefois longue
de dix pieds, a été long- temps appelée corne de licorne,
li'animal a bien le germe de deux défenses; mais il est très-
rare qu'elles croissent toutes les deux également. D'ordi-
naire , il ne se développe que celle du côté gauche , et l'au-
tre demeure cachée pendant toute la vie dans l'alvéole
droit (i). Selon les descriptions qu'on en donne, le narval
n'aurait guère que le double de la longueur de sa défense,
sa peau serait marbrée de brun en de blanchâtre , sa bouche
petite j son évent sur le haut de la téîe , et il n'aurait point
de nageoire dorsale , mais seulement une arête saillante sur
toute la longueur de l'épine. On volt quelques défenses de
narvals tout à-fait lisses (2}.
de Hunter3''^'^ssarJ parle même expressément de ses deux dents. C'est
aussi le halcena rostrata de Klein , de Chcmnitz; Besch. der berl. ges.
IV , p. iS5. De Pennaid ; hrit. 2.00I. n" V , de PonLoppidan, norv. II ,
J20 ^ le hr tile-head de D;«ie , etc. Cheranitz a trouvé une des deux dents.
(i) Kous avons retrouvé dans plusieurs crânes cette petite défense et
constaté ce qu'en avait dit Anderson. Elle ne se développe point , parce
que sa cavité intérieure est trop promplenifnt remplie par la matière de
l'ivoire , et que son noyau gélatineux se trouve ainsi oblitéré.
{'i) Le monodon spiirius de Fabricius, ou anarnah du Groenland {ancy-
ZoJo//. lîliger ) qui n'a que deux petites dents courbes à la mâchoire supé-
rieure et une nageoire dorssle ,ne doit pas beaucoup s'éloigner de Thyper-
oodon. Val , wale , dans toutes les Jangues dérivées du tndesque , signifie
baleine et s'emploie souvent en général pour tons les cétacés; nar, en islan-
dais, signide cadavre \ ou prétend q^rie ce genre s'en nouriit. "•
282 MAMMIFÈRES.
Les autres cétacés ont la tête sî grosse , qu'elle
fait à elle seule le tiers ou la moitié de la
longueur du corps ; mais le crâne ni le cerveau
ne participent point à cette disproportion , qui
est due toute entière a un énorme développe-
ment des os de la face.
Les Cachalots. (Physeter. L. ) (1)
Sont des cétacés à tête très - volumineuse , exces-
sivement renflée, surtout en avant, dont la mâchoire
supérieure ne porte point de fanons et manque de
dents, ou n'en a que de petites et peu saillantes, mais
dont l'inférieure, étroite , allongée, et répondant à un
sillon de la supérieure, est armée de chaque côté
d une rangée de dents cylindriques ou coniques qui
entrent dans des cavités con^espondantes de la mâ-
choire supérieure quand la bouche se ferme. La
partie supérieure de leur énorme tête ne consiste
presque qu'en grandes cavités reconvcrtes et séparées
par des carûlages, et remplies d'une huile qui se
fige en refroidissant, et que l'on connaît, dans le com-
merce^ sous le nom bizarre de sperma-ceû : subî>tance
qui fait le principal profit de leur pêche, leur corps
n'étant pas garni de beaucoup de lard ; mais ces
cavités sont très-différentes du véritable crâne^ lequel
est assez petit, placé sous leur partie postérieure,
et contient le cerveau comme à l'ordinaire. Il paraît
(t) Physeter, 5\issi-hicn quephysalus, èigni^e Sviif/leifi'' Cachalot^esi^c
nom employé par les Basques.
CÉTACÉS. 283
que des canaux remplis de ce sperma-ceti , autrement
nommé blanc de baleine ou adipocire , se distribuent
dans plusieurs parties du corps en communiquant
avec les cavités qui remplissent la masse de la tête;
ils s'entrelacent même dans le lard ordinaire qui règne
sous toute la peau.
La substance odorante si connue sous le nom
d'ambre gris, paraît être une concrétion qui se forme
dans les intestins des cachalots, surtout lors de certains
états maladifs, et, à ce qu'il parait, principalement
dans leur cœcum.
Les espèces de cachalots ne sont rien moins que Lien
tléterminées. Celle qui paraît la plus commune , qui est le
cachalol macrocépJiale de Shaw et de Bonnaterre (Lacép.,
X) (i), n'a qu'une éminence calleuse au lieu de nageoire
dorsale. Sa mâchoire inférieure a de chaque côté vingt à
vingt- trois dents ^ et il y en a de petites coniques cachées
sous les gencives de la supérieure ; son évent est unique et
non double comme celui de la plupart des autres cétacés;
il n'est pas non plus symétrique , mais se dirige vers le côté
gauche, et se termine de ce côté sur le devant du museau,
dont la figure est comme tronquée (2), à quoi l'on ajoute
que l'œil gauche est de beaucoup plus petit que l'autre, et
que les pêcheurs cherchent à attaquer l'animal de ce côté.
Cette espèce est répandue dans beaucoup de mers , si c'est
elle qui fournit, comme on le dit, tout le sperma-ceti et
l'ambre gris du commerce, car on tire ces substances du
nord et du midi. On a pris de ces cachalots sans nageoire
dorsale jusque dans la mer Adriatique (5).
(î) Ce n'est pas le macrocéphale de Linné.
{•>.) Nous avons Vérifié sur deux crânes ce défaut de symétrie de l'évcnt
annoncé par Dudlcy , par Anderson et par Swediauer , ce qui nous porte
â croire à Tinégalité des yeux dont parle Egède.
(3) Nous ne voyons aucune différence réelle entre ce cachalot dont on a
284 MAMMIFÈRES.
Les Physétèkes, (Lacép. )
Sont des cachalots avec une nageoire dorsale. On ne les
dislingue entre eux en deux espèces , niicrops et tursio , ou
miilar , que d'après le caractère équivoque de dents arquées
ou droites , aiguës ou obtuses (1).
On trouve de ces pliysétères dans la Méditerranée aussi-
bien que dans la mer Glaciale; ces derniers passent pour les
ennemis les plus cruels des phoques.
Les Baleines (Bal^ena. L. )
Egalent les cachalots pour la taille et pour la
graudeur proportionnelle de la tête, quoique celle-ci
ne soit pas si renflée en avant ; mais elles n'ont aucunes
dents. Leur mâchoire supérieure, en forme de carène
ou de toit renversé, a ses deux côtés garnis de lames
de bonnes figures et plusieurs parties du squelette , et celui de Roherson
(Trans. phil. vol. LX ) dont Bonnaterre a fait une espèce sous le nom de
tnmipo , qui aux Berraudes s'applique à un cachalot sans déterminatioii
plus précise.
Quant au petit cachalot, P. catodon de Linn., on ne cite, outre la
taille , d'autre différence qne des dents plus aiguës , ce qui peut tenir à
l'âge.
Le physeter macrocephalus de Linné , cach. cylindrique àe Bonna-
terre {genre physale de Lacep. ) aurait un bon caractère dans la position
reculée de son évent j mais il ne repose que sur une mauvaise figure d'An-
dcrson.
Ijolbicans de Brisson , huïdfish d'Egède et d'Anderson , dont Gmelia
a fait une variété du niacrocéphale , n'est que le dauphin béluga, dont les
dents supérieures tombent de bonne heure comme nous nous en sommes
assurés.
(1) On n'en connaît un peu positivement qu'un diaprés une mauvaise
figure de Bayer ( Act. nat. cur. lîl , pi. i. ) faite sur un animal échoué
à Nice. C'est très-vagiiejnent qu'on lui a appliqué le nom de viular ; le
mular de INieremberg est bien un cachalot , mais rien ne prouve qtie ce
soit plutôt une espèce qu'une autre.
CÉTACÉS. 285
transvei ses minces et serrées , a ppelées fanons , formées
d'une espèce de corne fibreuse, effilées à leur bord,
qui servent à retenir les petits animaux dont ces
énormes cétacés se nourrissent. Leur mâchoire
inférieure, soutenue par deux branches osseuses
arquées en dehors et vers le haut, sans aucune
armure, loge une langue charnue fort épaisse, et
enveloppe, quand la bouche se ferme , toute la partie
interne de la mâchoire supérieure et les lames
cornées dont elle est revêtue.
Ces organes ne permettent pas aux baleines de se
nourrir d'animaux aussi grands que leur taille le ferait
croire. Elles vivent de poissons et plus encore de vers,
de mollusques et de zoophytes, et Ton dit qu'elles
en prennent principalement de très-petits qui s'em-
barrassent dans les filamens de leurs fanons. Elles ont
un cœcum court.
La Baleine franche, {Bal. mysticetus (i). L. ) Lacép.J,
Cet., I, fig. I.
Le plus grand des animaux connus, a son énorme lêle
obtuse en avant , presque aussi haute que longue , et ne
s
(i) Le (pahctivet d'Aristote et d'vElien ,qui ëtaît l'ennemi des dauphins , v
paraît avoir élé an grand cétacé armé de dents; Aristoie n'a connu de vraie
baleine que son mysticetus qui , avait ( dit-il) des soies dans la bouche au
lieu de dents 5 c'est probablement la baleine à gorge ridëe de la Méditer-
ranée. On doit croire cependant que Juvénal entend la baleine fianchs
dans ce vers :
Quanta delphinis halcena Iritannica major /
Mais les Latins en gcndral ont appliqué le nom de baleine d'une manière
vague à tous les grands cétacés , comme les peuples du Nord font encore
du nom de whale on wall et de ses dérivésj remarque essentielle pour
ceux qui lisent leurs écrits.
286 Mammifères.
porte point de nageoire sur le dos-, c'est elle que son larcf,
épais souvent de plusieurs pieds, et donnant une immense
quantité d'huile, fait poursuivre chaque année par des
flottes entières. Assez hardie autrefois pour se faire prendre
dtins nos mers, elle s'est retirée petit à petit jusque dans le
fond du nord;, oîi le nombre en diminue chaque jour. Outre
son huile, elle fournit encore au commerce ces fanons
noirâtres et flexibles, longs de huit ou dix pieds, connus
sous le nom de côtes de baleines , ou simplement de baleines ;
chaque individu en a huit ou neuf cents de chaque côté du
palais. On dit que ce monstrueux cétacé ne se nourrit
que de très-petits mollusques qui fourmillent, il est vrai,
dans les mers qu'il habite. La baleine atteint quatre-vingts
ou cent pieds de longueur et autant de circonférence; Sa
gueule a vingt pieds d'ouverture, et son petit a autant de
longueur au moment de sa naissance; un seul individu
donne cent vingt tonneaux d'huile; des coquillages s'at-
tachent sur sa peau et s'j multiplient comme sur un rocher j
il y en a même, de la famille desbalanus, qui pénètrent dans
son épaisseur ; ses excrémens sont d'un beau rouge qui teint
assez bien la toile.
Le Nord-Caper, (BaL glacialis. Klein.) Lacép.
pi. II et m.
Aus^i long, mais plus mince, et à museau plus pointa
que la baleine, a beaucoup moins de lard et est plus agile
et plus difficile à prendre; aussi ne se livre-t-on à sa pèche
que quand celle de la baleine n'a pas réussi. Il est commun
sur les côtes de Norvège et près du Cap-Nord, d'où il a tiré
son nom. Il dévore beaucoup de poissons.
D'autres espèces (les balémoptères. Lacép.) ont une na-
geoire sur le dos; elles se subdivisent encore selon qu'elles
ont le ventre lisse ou ridé.
Les Balénoptères à ventre lisse.
Sont très-voisines des baleines proprement dites. On n'eA
çonn<aît bien qu'une nommée
CÉTACÉS. 287
Le Gihhar par les Basques. {Balœnaphj salas. h,)Finnfisch
des Hollandais et des Hambourgeols (copié d'après
Martens dans Anderson , Bonnaterre et ailleurs. ) Lacép. ,
I, fig. 11.
Aussi longue, mais Lien plus grêle que la baleine francli^ ;
très-commune dans l^s mêmes parages, mais évitée des
pêcheurs, parce qu'elle donne peu de lard et qu'elle est
très-féroce, difficile à prendre, et même dangereuse pour
les petites embarcations à cause de la violence de ses
moiivemens quand elle est attaquée.
Les BALiNOPTÈREs à ventre plisse'.
Ont la peau du dessous de la gorge et de la poitrine plissée
longitudinalement par des rides très-profondes et susceptible
en conséquence, d'une grande dilatation dont l'usage, dans
leur économie, n'est pas encore bien connu.
On n'en a aussi déterminé nettement qu'une espèce ,
La Jubarte des Basques. ( BaL hoops. L. ) Lacép. , I, f. 3.
— , IV, f. I et 2. — , V, f. I, et \III,i et2.
Qui, dit-on, approche également de la longueur de la
bdleiue franche , mais qui a tous les inconvéniens du
gibbar (i).
On a pris de ces baleines à gorge plissée dans la Mé-
diterranée aussi-bien que dans l'Océan. ^
(1) On ne donne à l'espèce à laqviçlle on a rapporté aôsez vaguement les
noms de ror-qual et de bal. musculus , d'autre caractère intelligible , que
d'être plus petite qne la jubarte : il en est de même de la balena rostrala
de Hunter, de Fabricius et de Bonnaterre, fort différente de celle de Pen-
sant et de Pontoppidan , qui est I'hïperoodon.
La bal. gibbossa et la gibbosa B. , on nodcsa de Bonaaterre seraient
mieux déterminées; mais on ne les connaît que d'après Dudley (Trans,
phil. 387 ) , et U n'est pas sûr qwe ce ne fussiot pas des individus altérés.
288 VERTÉBRÉS OVIPARES
LES VERTEBRES OVIPARES EN GENERAL.
Quoique les trois classes de vertébrés ovi-
pares diffèrent beaucoup entre elles par la
quantité de respiration et par tout ce qui s'y
rapporte , savoir , la force du mouvement et
l'énergie des sens, elles montrent plusieurs
caractères communs, lorsqu'on les oppose aux
mammifères ou vertébrés vivipares.
Leur cerveau n'a que des hémisphères très-
minces qui ne sont pas réunis par un corps
calleux; les tubercules nates prennent un grand
développement, sont creusés d'un ventricule
et non recouverts par les hémisphères, mais
visibles au-dessous ou aux côtés du cerveau;
les jambes du cervelet ne forment point cette
protubérance nommée pont de varole\ leurs
natines sont moins compliquées; leur oreille n'a
point tant d osselets, et en manque entièrement
dans plusieurs ; le limaçon , quand il existe, est
beaucoup plus simple, etc. Leur mâchoire in-
férieure, toujours composée de pièces assez
nombreuses, s'attache par une facette concave
sur une portion saillante qui appartient à l'os
temporal , mais qui est séparée du rocher; leurs
EN GÉNÉRAL. 2b()
OS du crâne sont plus subdivisés ou le de-
meurent plus long-temps, quoiqu'ils occupent
les mêmes places relatives et remplissent les
mêmes fonctions j ainsi le frontal est de cinq ou
six pièces , etc Les orbites ne sont séparés
que par une lame osseuse du sphénoïde , ou par
une membrane. Quand ces animaux ont des
extrémités antérieures , outre la clavicule qui
s'unit souvent à celle de l'autre côté et prend
alors le nom de fourchette, l'omoplate s'appuie
encore sur le sternum par une apopliyse cora-
coïde très-prolongée et élargie. Le larynx est
îdIus simple et manque d'épiglotte ; les poumons
ne sont pas séparés de l'abdomen par un dia-
phragme complet, etc. Mais, pour faire saisir
tous ces rapports, nous devrions entrer dans
des détails anatorniques qui n^ peuvent convenir
à cette première partielle notre ouvrage. Qu'il
suffise d'avoir fait remarquer ici l'analogie des
ovipares entre eux, plus grande, quant au plan
sur lequel ils sont construits, que celle d'aucun
d'eux avec les mammifères.
La génération ovipare consiste essentielle-
ment en ce que le petit ne se fixe point par un
placenta aux parois de l'utérus ou de l'ovi-
ductus, mais qu'il en reste séparé par la plus
extérieure de ses enveloppes. Sa nourriture est
TBME I. I()
290 OISEAUX.
préparée d'avance et renfermée dans un sac qui
tient à son canal intestinal ; c'est ce qu'on nomme
le vitellus ou le jaune de l'œuf, dont le petit
est en quelque sorte un appendice d'abord
imperceptible qui se nourrit et augmente en
absorbant la liqueur ciu jaune. Les ovipares,
qui respirent par des poumons, ont de plus
dans l'œuf une membrane très-riche en vais-
seaux, qui parait servira la respiration ^ elle tient
à la vesfce, et représente l'allantoïde des mam-
mifères. On ne la trouve pas dans les poissons,
ni dans les batraciens qui, dans leur premier
Age, respirent, comme les poissons, par des
branchies.
Beaucoup d'ovipares a sang froid ne mettent
leurs petits au jour qu'après qu'ils se sont
développés et débarrassés de leur coquille ou
des autres membranes qui les séparaient de
leur mère; c'est ce cju'on nomme àç; faux
vivipares.
• ■■ -■ ■ — ■ — -- ■ — ■ - 1.1
LA DEUXIÈME CLASSE DES VERTÉBRÉS
LES OISEAUX
Sont des vertébrés ovipares à circulation et
respiration -doubles , 01 gauisés pour le vol.
Leurs poumons non divisés, fixés contre les
EN GÉNÉRAL. 29 1
eôtes, sont enveloppés d'une membrane percée
de grands trous, et qui laisse passer l'air dans
plusieurs cavités de la poitrine, du bas-ventre,
des aisselles, et même de l'intérieur des os,
en sorte que le fluide extérieur baigne non-seu-
lement la surface des vaisseaux pulmonaires,
mais encore celle d'une infinité de vaisseaux
du reste du corps. Ainsi les oiseaux respirent ,
à certains égards, par les rameaux de leur aorte
comme par ceux de leur artère pulmonaire, et
l'énergie de leur irritabilité est en proportion
de leur quantité de respiration (i). Tout leur
corps est disposé pour tirer parti de celte
énergie.
Leurs extrémités antérieures, destinées a les
soutenir dans le vol , ne pouvoient servir ni à.
la station, ni a la préhension; ils sont donc
bipèdes, et prennent les objets à terre avec la
bouche ; ainsi leur corps devait être penché en
avant de leurs pieds ; les cuisses se portent donc
en avant, et les doigts s'allongent pour lui
former une base suffisante. Le bassin est très-
étendu en longueur pour fournir des attaches
aux muscles qui supportent le tronc sur les
cuisses; il existe même une suite de muscles
i— ' -o— I,.— — — — ■— ■■■■■— ■■!■ --— I ■■ I ■■■■,., ■■■■i«ip I ■■■ ., ,, , , _.,..^ ■ — »— ■ ■ ' -■ i ' ■■■■■ wiF»». mm
(i) DeuK moineaux francs consomment autant d'air pur qu'an cochon
di'inde. La\'oisler , Mémoire^ de Chimie. I, 119.
2^1, OISÉAU.\^
allant du bassia aux doigts , et passant sur le
genou et le talon, de manière que le simple
poids de Foiseau fléchit les doigts; c'est ainsi
qu'ils peuvent dormir perchés sur un pied. Les
ischions, et surtout les pubis, se prolongent en
arrière, et s'écartent pour laisser la place néces-
saire au développement des œufs.
Le cou et le bec s'allongent pour pouvoir
atteindre a terre ; mais le premier a la mobilité
nécessaire pour se reployer en arrière dans la
station tranquille. Il a donc beaucoup de ver-
tèbres. Au contraire, le tronc qui sert d'appui
aux ailes a dû être peu mobile; le sternum
•
surtout, auquel s'attachent les muscles qui
abaissent l'aile pour choquer l'air dans le vol ,
est d'une très-grande étendue , et augmente
encore sa surface par une lame saillante dans
son milieu. Il est formé de cinq pièces : une
moyenne dont cette lame saillante fait partie,
deux latérales antéiieures pour l'attache des
côtes , et deux latérales postérieures pour
l'extension de sa surface. Le plus ou moins
d'ossification de ces dernières dénote le plus ou
moins de vigueur des oiseaux pour le vol.
La fourchette produite par la réunion des
deux clavicules et les deux vigoureux arcs-
boutans formés par les apophyses coracoïdes
EN GÉNÉRAL. 2g3
écartent les épaules ; l'aile soutenue parriiumé-
riis 5 parl'avant-bras et par la main qui est allon-
gée , et montre un doigt et les vestiges de deux
autres , porte sur toute sa longueur une rangée
de pennes élastiques qui étendent beaucoup la
surface qui choque l'air. Les pennes adhérentes ,
à la main se nomment primaires ^ et il y en a
toujours dix; celles cpi tiennent à l'avant-bras
s'appellent secondaires : leur nombre varie;
des plumes moins fortes , attachées a l'humérus,
s'appellent scapulaires ; l'os qui représente le
pouce porte encore quelques pennes nommées
bâtardes.
La queue osseuse est très -courte , mais elle
porte aussi une rangée de fortes pennes qui,
en s'étalant, contribuent à soutenir l'oiseau;
leur nombre est ordinairement de douze, quel-
quefois de quatorze; dans les gallinacés, il va
jusqu'à dix-huit.
Les pieds ont un fémur , un tibia et un
péronné qui tiennent au fémur par une articu-
lation a ressort dont l'extension vse maintient
sans effort de la part des mnsclcs. Le tarse et
le métatarse y sont représentés par un seul os
terminé vers le bas en trois poulies.
Il y a le plus souvent trois doigts en avant,
et le pouce en arrière ; celui-ci manque (juel-
294 OISEAUX
quefols. Il est dirigé en a\aiit dans les mar-
tinets. Dans les grimpeurs ^ au contraire, le
doigt externe et le pouce sont dirigés en arrière.
Le nombre des articulations croit à chaque
doigt, en commençant par le pouce qui en a
deux, et en finissant par le doigt externe qui en
a cinq.
En général, Toiseau est couvert de plumes,
espèce de tégumens la plus propre a le garantir
des rapides variations de température auxquelles
ses mouvemensTexposent. Les cavités aériennes
qui occupent rintérieur de son corps, et même
c|ui tiennent dans les os la place de la moelle ,
augmentent sa légèreté spécifique. La portion
sternale des côtes est ossifiée , comme la verté-
brale, pour donner plus de force a la dilatation
de la poitrine.
L'oeil des oiseaux est disposé de manière a
distinguer également bien les objets de loin et
de près; une membrane vasculeuse et plissée,
cjiii se rend du fond du globe au bord du
cristallin, y contribue probablement en dé-
plaçant cette lentille. La face antérieure du
globe est d'ailleurs renforcée par un cercle de
pièces osseuses; et, outre les deux paupières
ordinaires, il y en a toujours une troisième
placée a raogle inîcrne , et qui , au moyen d'un
EN GÉNÉRAL. 2gj
appareil musculaire remarquable, peut couvrir
le devant de l'œil comme un rideau. La cornée
est très-convexe, mais le cristallin est plat, et
le vitré petit.
L'oreille des oiseaux n'a qu'un osselet entre^
le tympan et la fenêtre ovale; leur limaçon est
un cône k peine arqué ; mais leurs canaux sémî-
circulaires sont grands et logés dans une partie
du crâne , où ils sont environnés de toutes parts
de cavités aériennes qui communiquent avec la
caisse. Les oiseaux de nuit ont seuls une grande
conclue extérieure, qui cependant ne foit point
de saillie comme celle des quadrupèdes; cette
ouverture estgénéralement recouverte déplumes
a barbes plus effilées que les autres.
L'organe de l'odorat, caché dans la base du
bec , n'a d'ordinaire que des cornets cartila-
gineux, au nombre de trois, qui varient en
complication ; il esttrès-sensibic , quoi qu'il n'ait
pas de sinus creusés dans l'épaisseur du crâne.
La largeur des ouvertures osseuses des narines
détermine la forme du bec; et les cartilages,
les membranes, les plumes, et autres tégumens
qui rétrécissent ces ouvertures , influent sur la
force de Fodorat et sur l'espèce de la nourriture.
La langue a peu de substance musculaire, et
est soutenue par une production de l'os hyoïde.
^^90 OISEAUX
elle est peu délicate dans la plupart des oiseaux.
Les plumes ainsi que les pennes , qui n'en
diffèrent que par la grandeur , sont composées
d'une tige creuse à sa base, et de barbes qui en
portent elles-mêmes de plus petites ; leur tissu,
leur éclat , leur force , leur forme générale
varient à l'infini. Le toucher doit être faible
dans toutes les parties c]ui en sont garnies; et,
comme le bec est presque toujours corné et
peu sensible, et que les doigts sont revêtus
d'écaillés en dessus et d'une peau caiicuse en
dessous, ce sens doit être peu efficace dans les
oiseaux.
Les plumes tombent deux fois par an. Dans
certaines espèces, le plumage d'hiver diffère de
celui d'été ; dans le plus grand nombre , la
iémelle diffère du mâle par des couleurs moins
vives, et alors les petits des deux sexes res-
semblent à la femelle. Lorscjue les adultes
inùles et femelles sont de même couleur, les
petits ont une livrée qui leur est propre.
Le cerveau des oiseaux a les mêmes caractères
généraux que celuides autres vertébrés-ovipares j
mais il se distingue par une grandeur proportion-
nelle très-considérable, qui surpasse même sou-
vent celle de cet organe dans les mammifères.
C'est piiacipaicment des tubercules analogues
ÏN GÉNÉB AL. 297
aux cannelés que dépend ce volume , et non pas
des hémisplières qui sont très-minces et sans
circonvolutions. Le cervelet est assez grand,
presque sans lobes latéraux, et presque unic|ue-
ment ibrnic par le processus vermiforme.
La trachée des oiseaux a ses anneaux entiers;
à sa bifurcation est une glotte le plus souvent
pourvue de muscles propres, et nommée larynx
inférieur; c'est là que se forme la voix des
oiseaux; l'énorme volume d'air contenu dans
les sacs aériens contribue à la force de cette
-v^oix 5 et la trachée, par ses diverses formes et
par ses mouvemens, à ses moditlcations. Le
larynx supérieur, fort simple, y entre pour peu
de chose.
La face ou le bec supérieur des oiseaux,
formée principalement de leurs in tei maxillaires ,
se prolonge en arrière en deux arcades, dont
l'interne se compose des os palatins, et l'externe
des maxillaires et des jugaux, et qui s'appuient
l'un et l'autre sur un os tympanique mobile,
vulgairement dit os carré '^ en dessus, cette même
face est articulée ou unie au crâne par des lames
élastiques : ce mode d'union lui laisse toujours
quelque mobilité.
La corne qui revêt les deux mandibules tient
lieu de dents et est quelquefois héiissée de
298 OISEAUX
manière k en représenter; sa forme, ainsi que
celle des mandibules qui la soutiennent ^ varie
a l'infini selon le genre de nourriture que
chaque espèce prend.
La digestion des oiseaux est en proportion
avec l'activité de leur vie et la force de leur
respiration. L'estomac est composé de trois
parties : le jabot qui est un renflement de
l'œsophage, le ventricule succenturié , estomac
membraneux, garni, dans l'épaisseur de ses
parois, d'une multitude de glandes dont l'hu-
meur imbibe les alimens; enfin, le gésier armé
de deux muscles vigoureux qu'unissent deux
tendons rayonnes et tapissé en dedans d'une
veloutée catilagineuse. Les alimens s'y broyent
d^autant plus aisément, que les oiseaux ont soin
d'avaler de petites pierres pour augmenter la
force de la trituration.
Dans la plupart des espèces qui ne vivent
que de chair ou de poisson , les muscles et le
velouté du gésier sont réduits à une extrême
faiblesse , et il n'a l'air de faire cju'un seul sac
avec le ventricule succenturié.
La dilatation du jabot manque aussi quel-
quefois.
.Le foie verse la bile dans l'intestin par deux
conduits qui alternent avec les deux ou trois
EN GÉNÉRAL. 29g
par lesquels passe la liqueur pancréatique. Le
pancréas des oiseaux est considérable, mais
leur rate est petite; ils manquent d'épiploon,
dont les usages sont en partie remplis par les
cloisons des cavités aériennes 5 deux appendices
aveugles sont placées vers l'origine du rectum
et a peu de distance de l'anus; elles sont plus
ou moins longues , selon le régime de l'oiseau.
Les hérons n'en ont qu'une courte; d'autres
genres, comme les pics, en manquent tout-à-fait.
Le cloaque est une poche oîi aboutissent le
rectum , les uretères et les canaux spermatiques,
ou , dans les femelles , l'ovidnctus ; elle est
ouverte au dehors par l'anus. Dans la règle, les
oiseaux n'urinent point, mais leur urine se mêle
aux excrémens solides. Les autruches ont seules
le cloaque assez dilaté pour que l'urine s'y
accumule.
Dans la plupart des genres, l'accouplement
se fait par la seule juxtaposition des anus; les
autruches et plusieurs palmipèdes ont cependant
une verge creusée d'un sillon par où la semence
est conduite. Les testicules sont situés à l'in-
térieur au-dessus des reins et près du poumon ;
il n'y a qu'un ovaire et un oviductus.
L'œuf détaché de l'ovaire, où l'on n'y aperçoit
que le jauiie^ s'imbibe dans le haut de l'ovi-
300 OISEAUX
ductus de cette liqueur extérieure nommée le
blanc 5 et se garnit de sa coque dans le bas
du même canal. L'incubation y développe le
petit, à moins que la chaleur du climat ne
suffise comme pour les autruches. Ce petit a
sur le bout du bec une pointe cornée qui lui
sert à fendre l'œuf et qui tombe peu de jours
après la naissance.
Chacun connaît l'industrie variée que les
oiseaux mettent à la construction de leurs nids,
et le soin tendre qu'ils prennent de leurs œufs
et de leurs petits : c'est la principale partie de
leur instinct. Du reste , leur passage rapide dans
les différentes régions de Fair , et l'action vive et
continue de cet élément sur eux , leur donnent
des moyens de pressentir les variations de
l'atmosphère dont nous n'avons nulle idée , et
qui leur ont fait attribuer , dès les plus anciens
temps , par la superstition , le pouvoir d'an-
noncer l'avenir. Ils ne manquent d'ailleurs ni de
mémoire , ni même d'imagination , car ils
rêvent ; et tout le monde sait avec quelle
laciiité ils s'apprivoisent, se laissent dresser a
différens services , et retiennent les airs et les
paroles.
DIVISfON DE I.A CLASSE DES OISEAUX EN ORDRES.
. De toutes les classes d'animaux , celle des
EN GÉNÉRAL. 3oi
oiseaux est la plus marquée , celle dont les es-
pèces se ressemblent le plus , et qui est séparée
de toutesles autres par un plus grand intervalle ;
et c'est en même temps ce qui rend sa subdivi-
sion plus difficile.
Leur distribution se fonde, comme celle des
mammifères , sur les organes de la maudu-
cation ou le bec, et sur ceux de la préhension ,
c'est-à-dire, encore le bec et surtout les
pieds.
On est frappé d'abord des pieds palmés p
c'est-à-dire, dont les doigts sont unis par des
membranes et c[ui distinguent tous les oiseaux
nageurs, La position de ces pieds en arrière ,
la longueur du sternum, le cou souvent plus
long que les jambes pour atteindre dans la
profondeur, le plumage serré, poli, imper-
méable à l'eau , s'accordent avec les pieds pour
faire des palmipèdes de bons navigateurs.
Dans d'autres oiseaux c[ui ont aussi le plus
souvent quelque petite palmure aux pieds , au
moins entre les doiats externes. Von observe
des tarses élevés, des jambes dénuées déplumes
vers le bas, une taille élancée; en un mot,
tontes les dispositions propres à marcher à gué
le long des eatix , pour y chercher leur nourri-
tiiie. Tel est en effet le régime du plus grand
3ô2 OISEAUX
nombre; et, quoiqu'il en \'ive quelques-uns
dans les terrains secs , on les nomme oiseaux
de rivage ou échassiers
Parmi les oiseaux vraiment terrestres, les
gallinacés ont, comme notre coq domestique,
le port lourd , le vol court , le bec médiocre, à
mandibule supérieure voûtée, les narines en
partie recouvertes par une > écaille molle et
renflée, et presque toujours les doigts dentelés
au bord, et de courtes membranes entre les
bases de ceux de devant. Ils vivent princi-
palement de grains.
Les oiseaux de proie ont le bec crochu,
à pointe aiguë et recourbée vers le bas, et les
narines percées dans une membrane cpi revêt
toute la base de ce bec; leurs pieds sont armés
d'ongles vigoureux. Ils vivent de chair , et
poursuivent les autres oiseaux ; aussi ont-ils
pour la plupart le Yol puissant. Le plus grand
nombre a encore une petite palmure entre les
doigts externes.
Les passereaux comprennent beaucoup plus
d'espèces que toutes les autres familles; mais
leur organisation offre tant d'analogie que Ton
ne peut les séparer, quoiqu'ils varient beau-
coup pour la taille et pour la force. Leurs
deux doigts externes sont unis par leur
EN GÉNÉRAL. 3o3
base et quelquefois par une partie de leur
longueur.
Enfin, Ton a donné le nom de grimpeurs
aux oiseaux dont le doigt externe se porte
en arrière comme le pouce , parce qu'en effet
le plus grand nombre emploie une conformation
si favorable à la position verticale pour grimper
le long des troncs des arbres (i).
Chacun de ces ordres se subdivise en familles
et en genres, principalement d'après la confor-
mation du bec.
LE PREMIER ORDRE DES OISEAUX,
LES OISEAUX DE PROIE (Accipithes. Lin.)
Se reconnaissent à leur bec et a leurs ongles
crochus 5 armes puissantes au moyen desquelles
ils poursuivent les autres oiseaux, et même les
quadrupèdes faibles et les reptiles. Ils sont parmi
les oiseaux ce que sont les carnassiers parmi les
(juadrupèdes. Les muscles de leurs cuisses et
de leurs jambes indiquent la force de leurs
serres ; leurs tarses sont rarement allongés 5 ils
(i) Dès mon premier tableau élémentaire j'ai dû supprimer Tordre de*
picœ deLinnaeuSj qui n'a aucua caractère déterminé. M. Illiger a adopté
«elle suppression.
004 OISEAUX
ont tous quatre doigts 5 l'ongle du pouce et
celui du doigt interne sont les plus forts.
Ils forment deux familles, les diurnes et les
noclurnes.
Les DlUR^ES ont les yeux dirigés sur les
côtés ^ une membrane, appelée c/r^, couvrant
la base du bec 5 dans laquelle sont percées les
narines; trois doigts/devant, un derrière sans
plumes, les deux externes presque toujours
réunis à leur base par. une courte membrane,
le plumage serré ; les pennes fortes ., le vol
puissant^ leur estomac est presqu'entièrement
membraneux, leurs intestins peu étendus, leur
cœcum très-court, leur sternum large et com-
plètement ossifié pour donner aux muscles de
Faile des attaches plus étendues, et leur four-
chette demi-circukire et très-écartée pour mieux
résister dans les abaissemens violens de Thu-
mérus qu'un \ol rapide exige.
Linnœus n'en faisait que deux genres, qui
sont deux divisions naturelles, les vautours et
les faucons.
Les Yautours. (Vultur. Lin.)
- Ont les veux à fleur de tête , les tarses réticulés ,
c'est-à-dire , couverts de petites écailles \ le bec al-
longé , recourbé seulement au bout , et une partie
DE PROIE. 3o5
plus OU moins considérable de la tête , ou même du
cou ;, dénuée de plumes. La force de leurs serres ne
répond pas à leur grandeur , et ils se servent plutôt
de leur bec. Leurs ailes sont si longues^ qu'en mar-
chant ils les tiennent à demi-étendues. Ce sont des
oiseaux lâches , qui se nourrissent de charognes plus
souvent que de proie vivante ; quand ils ont mangé ,
leur jabot forme une grosse saillie au-dessus de leur
fourchette , il coule de leurs narines une humeur fé-
tide , et ils sont presque réduits à une sorte de stu-
pidité.
Les Vautours proprement dits , ont le bec gros et fort ,
les narines en travers sur sa base , la tête et le cou sans plu-
mes, et un collier de longues plumes au bas du cou. On n'en
a encore vu que dans l'ancien continent.
"hç. Vautour fauve. {F, ful^fus , Gmel. Vultur trencalos y
Bechstein. Le Percnopière , Buff. , enl. ^iS , et le
grand Vautour , id. , Hist des Ois. , I , in-4° , pi. v (i}.
Le Vautour j Albin , III, i. Le Chassefiente , Vail. , Afr.
Le Vautour des Indes j Lath. et Sonnerat, etc. )
D'un gris ou brun tirant sur le fauve , le duvet de la tête
et du cou cendré , le collier blanc , quelquefois mêlé de
brun ; les pennes des ailes et de la queue brunes, le bec et
les pieds plombés. C'est l'espèce la plus répandue ; elle se
trouve sur les montagnes de tout l'ancien continent. Son corps
égale et surpasse celui du ciene.
Le Vautour brun. (V.cinereus et V. monachus , Gm. ) enL
425 V. d'Arabie , Edw, 290. Le Chincou de la Chine ^
(1) W. B. L'histoire du grand vautour est celle de l'espèce suivante
mais la figure appartieot à celle-ci.
TOME I. . no
3o6 OISEAUX
Vall. , Afr. Arriaii de la Pevrouse. Fautour noir . cen-
àré y etc.
D'un bruii-nolrâtre ; le collier remonlaiit obliquement jus-*
que vers l'occiput , quia lui-même une touffe de plumes; les
pieds eL la membrane de la base du bec d'un violet bleuâtre ;
non moins répandu que le précédent , et encore plus grand:
il attaque assez souvent des animaux vivans.
IJOricoii. {F. auricidaris. Daud. ) Yall, , Afr., pi. ix ;
probab. le Vautour de Pondichéry y Sonnerat , it. Il,
pi. cv. Daudin y Ann. du Mus. , H , pi. xx.
lS[oiratre;,une crête cliarnue longitudinale de chaque côté
du cou , au-dessous de l'oreille. De l'Afrique et des Indes
orientales (i). ;
L'Amérique produit des vautours remarquables par les ca-
roncules qui surmontent la membrane de la base de leur bec j
celui-ci est gros comme dans les précédens , mais les narine»
sont ovales et longitudinales. Ce sont les Saiîcoramphus de
Duméril.
Le Roi des Vautours. ( Vult. papa. Lin. ) Enl, 4-^-
Grand comme une oie , noirâtre dans le premier âge ,
puis varié de noir et de fauve, enfin à manteau fauve et à
pennes et collier noirs. Les parties nues de sa tète et de son
cou sont teintes de couleurs vives y et sa caroncule est den-
telée comme une crête de coq. 11 se tient dans les plaines et
autres parties chaudes de l'Amérique méridionale.
Le Condor ou gra?id Vautour des Andes. ( P^ult. s^rj-phus.
Lin. } Humb. , Obs. zool. , pi. viti.
Noirâtre, une tache sur l'aile et le colher blancs; outre
sa caroncule supérieure , qui est grande et sans dentelures,
(i) Le vautour à aigrette ou des lièvres ( T'. cristatus. Gm. ) n'esl
connu que sur une mauvaise ligure de Gcsuer , faite probablemeni d'après
quelque espace d'aigle. Le V. iarhavus est le mêaie que le Iccnuner-geyet
i'alco harôalus.)
BE PROIÈ^ 307
îe mAle en a une sous le bec comme un coq , la femelle man-
que de toutes les deux. Dans le premier âge, cet oiseau est
brun-fauve et sans collier. C'est l'espèce si fameuse par
l'exagération avec laquelle on parlait de sa taille ; mais M. dé
HumboUU la réduit à celle de notre lœmm(^r-gej-er , dont
Je condor a aussi les mœurs. Il babite les plus bautes mon-
tagnes de la Cordillière des Andes , dans l'Amérique méri-
dionale.
Les Percnopteres (t). Cuy. (Gypaetos. Becbslein. Neo-
PHRON. Savignj. Cathartes. lUiger. )
Ont le bec grêle, long, renflé au-dessus de sa courbure ,
les narines ovales, longitudinales, et la tête seulement , mais
non le cou, dénuée de plumes. Ce sont des oi§eaux de taille
médiocre , et qui n'approclient point, pour la force , des vau-
tours proprement dits ; aussi sont-ils encore plus acbarnés sur
les cbarôgnes et sur toutes les espèces d'immondices, qui les
attirent de très-loin : ils ne dédaignent pas même les ex-
crémens.
Le Percnoptère d'Egypte, ( Vult. jiercnopterus , P'ult.
leucocephalus et Vult. fuscus. Gmel. ) Enl. 427 et
429. Fuit, de Gingi, Sonn. et Daud. Origourap.
Yaiî. , Afr. Rachamah de Bruce; Poule de Pharaon , en
Egypte.
Grand comme un coroeau , le mâle adulte blanc, à pennes
des ailes noires ; le jeune et la femelle bruns Cet oiseau se
répand dans tout l'ancien continent, et est surtout fort
commuii dans les pays cbauds , qu'il purifie de cadavres. Il
suit en grandes troupes les caravanes dans le désert , pour
dévorer tout ce qui meurt. Les anciens Égyptiens le respec-
toient à cause des services qu'il rend au pays, et encore au-
jourd'hui on ne lui fait aucun mal; il y a même des dévol'î
(i) Percnoptère , ailes noires. Nom de l'espèce d'Egypte <^li'*7 ici
«neiefls.
3o8 OISEAUX
musulmans qui lèguent de quoi en entretenir un certaits
nombre.
V^ura ou Urubu. ( Fuit. aura. Lin. ) enl. 187.
Grand comme le précédent , le bec un peu plus court , le
corps entier noirâtre j commun dans toutes les parties chau-
des et tempérées de l'Amérique , où il rend les mêmes ser-
vices que le percnoplère dans l'ancien continent.
Les Griffons. (Gypaetos. Storr. Phène. Savig.)
Rangés par Gmelin dans le genre y^/co, se rap-
prochent davantage des vautours par leurs mœurs et
leur conformation ; ils en ont les yeux à fleur de léte ,
les serres proportionnellement faibles > les ailes à
demi-écartëes dans le temps du repos, le jabot sail-
lant au bas du cou quand il est plein ; mais leur tête
est entièrement couverte de plumes : leurs caractères
dislinctifs consistent en un bec très-fort , droit, cro-
chu au bout, renflé sur le crochet; en des narines
recouvertes par des soies roides , dirigées en avant ,
et en un pinceau de pareilles soies sous le bec ; leurs
tarses sont très-courts et emplumés jusqu'aux doigts,
leurs ailes très-longues ; la troisième penne est la plus
longue de toutes.
Le Lœmmer gejer ( en fronçais Vautour des agneaux. )
{Vult.harharus et falco harhatus. Gmel. ) Edw. 106.
JVisser. Bruce. Gjpa'ète des Alpes. Daud. y II, pi. x.
Le plus grand des oiseaux de proie de l'ancien monde,
dont il habite , mais en petit nombre, toutes les hautes chaî-
nes de montagnes ; il niche dans les rochers escarpés ; at-
taque les agneaux, les chèvres, les chamois, et même, à
ce qu'on dit , les hommes endormis ; on prétend qu'il lui
est arrivé d'enlever des eufans : il ne rebue cependant
DE PROIE. 309
point la chair morte. Long de près de quatre pieds , il a
jusqu'à neuf et dix pieds d'envergure. Son manteau est
noirâtre , avec une ligne blanche sur le milieu de chaque
plume -, son cou et tout le dessus de son corps d'un fauve
clair et brillant *, une bande noire entoure sa tête. Il y en a
des individus dont le cou et la poitrine sont d'un brun plu«
ou moins foncé : il parait que ce sont les jeunes.
Les Faucons. (Fàlco. Lin.)
Formen t la deuxième et ^ de beaucoup , la plus nom-
breuse division des oiseaux de proie diurnes. Ils ont la
tête et le cou revêtus de plumes ; leurs sourcils for-
ment une saillie qui fait paraître l'œil enfoncé , et
donne à leur physionomie un caractère tout différent
de celle des vautours : la plupart se nourrissent de
proie vivante ; mais ils diffèrent beaucoup entre eux
par le coui^age qu'ils mettent à la poursuivre. Leur
premier plumage est souvent autrement coloré que
celui des adultes , et ils ne prennent ce dernier que
dans leur troisième ou quatrième année ; ce qui en a
fait beaucoup multiplier les espèces par les natura-
listes. La femelle est généralement d'un tiers plus
grande que le mâle^ que l'on désigi|e,à cause de cela,
sous le nom de tiercelet.
On doit subdiviser d'abord ce genre en deux grandes
«actions.
Les Faucons proprement dits ( Falco , Bechstein ) ,
vulgairement Oiseaux de proie nobles y
Forment la première. Ils sont les plus courageux , propor-
tion gardée avec leup taille , qualité qui tient à la force de
leurs armes et de leurs ailes ; en effet leur bec , courbe dès sa
base, a une dent aiguë à chaque côté de sa pointe , et c'est la
3lO ^ OISEAUX
seconde penne de leurs ailes qui est la plus longue, la pre-a
ïiïière étant d'ailleurs presque aussi longue qu'elle, ce qui
rend l'aile entière plus longue et plus pointue. 11 résulte en-
core de là des habitudes particulières : la longueur des pennes
de leurs ailes affaiblit son effort vertical , et rend leur vol ,
dans un air tranquille, très-oblique en avant j ce qui les con-
traint , quand ils veulent s'élever directement , de voler contre
le vent. Ce sont les oiseaux les plus dociles, et dont on tire le
plus de parti dans l'art de la fauconnerie , en leur apprenant
à poursuivre le gibier et à revenir quand on les appelle. Ils
pnt tous les ailes autant et plus longues que la queue.
Le Faucon ordinaire. ( Falco communis. Gm. ) (i).
Grand comme une poule, se reconnaît toujours à une sorte
fde taclie triangulaire noire qu'il a sur la joue j du reste, il
varie pour les couleurs à peu près comme il suit ; le jeune
a le dessus brun et les plumes bordées de rovissâtre, le des-
sous blancbâtre, avec des tacbes ovales longitudinales bru-
nes. A mesure qu'il vieillit , les tacbes du ventre et des cuis-
ses tendent à devenir des lignes transverses noirâtres ^ et le
blanc augmente à la gorge et au bas du cou j le plumage
fin dos devient en même temps plus uniforme et d'un brun
rayé en travers de cendré noirâtre ; la queue est en dessus
brune , avec des paires de tacbes roussàlr s, et en dessous
"; avec des bandes pâles qui diminuent de largeur avec l'âge j
les pieds et la cire du bec sont tantôt bleus et tantôt jau-
nâtres.
(i) Il faut bien se garder cepend.'înt d'y l'apporter les prétendues variétés
du falco communis entassées par Graelin ; ainsi la var. ci frisch 74 est une
buscj eT id. 75, est une buse patvie ^ g id. 80, l'oiseau Saint-Martin-
S id. 76 une buse un peu plus pâle que l'ordinaire j K aldrov. une espèce
très-distincte , etc.
En revanche , les /a/co islandus ^ harharus et peregrinus , pourraient
bien n'être tous que le faucon ordinaire en différens états de mue.
DE PROIE. 3ll
On peut suivre ces différences, eal. , 47^ ^^ jeune; 42i
la vieille femelle 3 45o, le vieux mâle (i).
Ceux qu'on appelle Faucons pèlerins ^ enl. , 4^'9 {Falco
stellaris ^ F. peregrinus j Gm, } , paraissent des jeunes un peu
plus noirs que les autres.
C'est l'espèce célèbre qui a donné son nom à cette sorte
de cbassc où l'on se sert des oiseaux de proie. Elle habite
tout le nord du globe , et y niche dans les rochers les plus
escarpés. Son vol est si rapide , qu^il n'est presque aucun
lieu de la terre oii elle ne parvienne. Elle fond sur sa proie
verlicalement comme si elle tombait des nues. On emploie
le mâle contre les pies et autres oiseaux plus petits , et la
femelle contre les faisans et même les lièvres.
!Notre Europe produit encore cinq espèces inférieures
pour la taille ; savoir :
Le Hobereau. ( Falco suhbiiteo. Lin.) enl. , 452.
Brun dessus , blanchâtre , tacheté en long de brun des-
sous ; les cuisses et le bas du ventre roux, un trait brun sur
la joue.
Le Hobereau gris. (Falco rufipes ^ Beseke. F. vespertinus ^
Gm.) Enl., /^5i.
Brun dessus , cendré foncé dessous , les cuisses et le bas du
ventre roux. La femelle a la tête rousse, et tout le dessus
barré de cendré et de noir.
IJEme'rillon. ( Falco œsalon. Lin. ) Enl. , 468.
Brun dessus, blanchâtre dessous , tacheté en long de
brun , même aux cuisses ; le plus petit de nos oiseaux de
proie. Le Rochier (Falco lithofalco, Lin.), enl. , 447,
cendré dessus, blanc-roussâtre , tacheté en long de brun
(i) Frisch ne donne qu'un jeune faucon , pi. ixxxiii. Edwards donne
la vieille femelle, pi. 5. Le Jeune , pi. 4.
3l2 OISEAUX
pâle dessous ; n'en est que le vieux mâle (i). Il niclie dans
les rocliers.
Jja Cresserelle, {Falco tinnimcidus. Lin.) Enl. , 4^^ et
471.
Rousse, tachetée de noir en dessus , hlanclie , tachetée en
long de brun pâle dessous , la tête et la queue du mâle cen-
drées , tiie son nom de son cri aigre, niche dans les vieilles
tours, les masures [1],
Les Gekfaui^ts. (HiErofalco. Cuv. ) (5).
Ont les pennes de l'aile comme dans les autres oiseaux no-
bles, dout ils montrent aussi toutes les inclinations; mais leur
bec n'a qu'un feston comme celui des ignobles ; leur queue ,
longue et étalée, dépasse notablement leurs ailes, quoique
celles-ci soient elles-mêmes très -longues ; leurs tarses courts et
réticulés, sont garnis de plumes au tiers supérieur. On n'en
connaît bien qu'une espèce.
Le Gerfault. ( Falco candicans , F. cinereus et F. sacer.
Gm.) BufF. , enl. 210, 4^69462, et Hist. des Ois. , I ,
pi. XIV. Edw. , 55.
Plus grand d'un quart que le faucon , est le plus estimé
de tous les oiseaux de fauconnerie. On le tire principale-
(i) Je dois celte observation à M. Bonnelli.
(2) Ajoutez en espèces étrangères. 1° voisines de la cresserelle F. spar--
t^erius , en). 4^5 , et deux ou trois espèces, dont les ailes , semblables
d'ailleurs à celles des oiseaux nobles pour la proportion relative des
plumes , sont plus courtes que la queue. — Le chicfuera. Vaillant , xxx.
(F. chiquera. Sh.) — Le montagnard, id. xxxv. ( F. capensis. Sh.)
a° Voisines du hobereau. F. cœrulescens. Edw. io8. — F. auranliacus.
— F. hideritatiis Lath. qui se distingue par une double dent à son bec.
3° Voisines du vrai faucon. Le f. hvppé {falcfrontalis. Daud./". ga^
lericulatus. Sh.) Vail. Af. sS.Lef. àca/of^e/zo/re, id. 29. (Y.tibialis.Sh.)
(3) Hierax , hiero-falco , faucon sacré , sacre , tous noms tenant à
l'ancienne vcnëratiun des Egyptiens pour certains oiseaux de proie. Gev"
Jaull est corrompu à^hiero-faho.
DE PROIE. 3l3
ment cln n©rd j son plumage ordinaire est brun dessus ^ avec
une bordure de points plus pâles à chaque plume , et des
lignes iransverses sur les couvertures et les pennes ; blan-
châtre dessous , avec des taches brunes longues , qui , avec
l'âge 5 se changent sur les cuisses en lignes transverses ; enfin
la queue rayée de brun et de grisâtre ; mais il varie telle-
ment par le plus ou moins de brun ou de blanc , qu'il y en
a de tout blancs sur le corps, et oii il ne reste de brun
qu'une tache sur le milieu de chaque penne du manteau;
les pieds et la membrane du bec sont tantôt jaunes, tantôt
bleus (i).
La seconde section du grand ^enrefalco est celle des
Oiseaux de proie appelés ignobles,
Parce qu'on ne peut les employer aisément en fauconnerie ;
tribu bien plus nombreuse que celle des nobles , et qu'il est
nécessaire encore de beaucoup subdiviser. La plus longue
penne de leurs ailes est presque toujours la quatrième , et la
première est très-courte , ce qui fait le même effet que si leur
aile avait été tronquée obliquement par le bout, d'où résulte
un vol plus faible , toutes choses égales d'ailleurs ', leur
bec est aussi moins bien armé , parce qu'il n'a point de dent
latérale près de sa pointe, mais seulement un léger feston
dans le milieu de sa longueur.
Les Atgxes. ( Aqutla. Briss. )
Qui en forment la première famille, ont un bec très-fort ,
droit à sa base, et courbé seulement vers sa pointe. C'est
parmi eux que se trouvent les plus grandes espèces du genre,
et les plus puissans de tous les oiseaux de proie.
Les Aigles proprement dits. Cuv.
Ont le tarse emplumé jusqu'à la racine des doigts : ils vivent
{\) La huse cendrée , Edw. 53. ( Falco cinereus. Gm.) et le s aère ,
Buff. I , XIV, ( Falco saccr. Gm,) ne diffèrent en rien de certaine états du
§erfault. Je ne vois pas non plus que les pieds jaunes doivent faire distinr
guer comme espèce le f. Islmdkus , ainsi que la fait Bechsteia.
3l4 OISEAUX
dans les montagnes , et poursuivent les oiseaux et les qiiaJru»
pèdes ; leurs ailes sont aussi longues que la queue, leur vol
aussi élevé que rapide , et leur courage surpasse celui de tous
les autres oiseaux.
VJigle commun. {Falcofuhus, F. melanaëtos , F. niger ,
F. mogilnik.Qm. ) (i). Enl. , 4og.
Plus ou moins brun, l'occiput fauve , la moitié supérieure
de la que ue blanche , et le reste noir. C'est l'espèce la plus
répandue dans toutes les contrées montagneuses.
\J éigie roj'aî. ( Falco chrjsaëlos,) Enl. , 4^<^*
3Ne diffère du précédent que par sa queue noirâtre, mar-^
quéc de baudes irrégulières cendrées. Cependant c'est sur
lui qu'on s'est plu à reporter les récits exagérés que fai-
saient les anciens de la force, du courage et de la magnani-
mité de leur aigle doré ou royal (2).
Le petit uéigle ou Aigle tacheté. ( Falco nœvius et Falco
maculatiis. Gni, )
D'un tiers plus petit que les deux autres , brun , queue
noire à bout blanchâtre \ des taches fauve-pâle , formant
une bande sur les petites couvertures , une au bout des
grandes , qui remonte sur les scapulaires , et une au bout des
pennessecondaires. Le haut de l'aile est chargé de gouttelettes
(i) Quelque bizarre que puisse pnraître cette rauhiplication d'espèces,
elle est cependant très-vraie. L'espèce réelle est bien représentée enl. 4<"'9 >
c''ei>t f aie . Juhiis . Dans certains étals de mue , on voit dans son plumage le
blanc de la base des plumes. C'est alors/, fidviis canadensis , Ed^v. \.
luef. mogilnik nov. comm. petr. XV, pi. xi , ne diflère pas d'une autre
manière. Quant au/", tnelanaëtos , il n'est fondé que sur de vagues indi-
cations des anciens , et l'on ne cite que la uième pi. enl. /\0^. Enfin le
f. niger ou aigle à dos noir de Brown, n'est qu'une légère difiérence d'îige.
(a) il y a même ces naturalistes qui croient que Taigle ro^al n'esi qu'un
jeune de l'aigle commun j mais on en élève un , depuis plusieurs années , à
la ménagerie , qui conserve toujours sa queue baxrée de noir et de gris.
DE PROIE. 3l5
fauves; le dessous du corps est plus pâîe'que le dos , et les tar-
ses plus grêles et moins fournis qu'aux grands aigles.
Cette espèce est commune dans les Apennins et autres
montagnes du midi de TEurope , mais se montre plus ra-
rement dans le nord : elle n'attaque que des animaux très-
faibles. On i'a irouvée assez docile pour l'employer en fau-
connerie ; mais on dit qu'elle se laisse chasser et vaincre par
l'épervier.
La nouvelle Hollande produit des aigles de même forme ,
à la queue près, qui est étagée (i).
Les A:gles pêcheurs. Cuv. ( Hali.î:tus. Savigny).
Ont les mêmes ailes que les précédens , mais les tarses re-
vêtus de plumes seulement à leur moitié supérieure , et à
(demi écussonnés sur le reste. Ils se tiennent au bord des ri-
vières et de la mer, et vivent en grande partie de poisson.
l^e P/g argue et VOrfraje. {^Falco ossifragus , F. al'
bicilla et F. alblcauâus. Gm. )
Ne forment qu'une espèce qui , dans ses premières an-
nées , a le bec noir , la queue noirâtre , tachclée de blan-
châtre, et le plumage brunâtre , avec une flamme brun-foncé
sur le milieu de la plume (cnl., 112 et 4i5), et qui, avec
l'âge , devient d'un giis-brun uniforme , plus pâle à la tête
et au cou , avec une queue toute blanche et un bec jaune-
pâle ( Frisch , lxx. ) ii). En tout temps elle attaque prin-
cipalement l<^s poissons. Ou la trouve dans tout le nord
du globe.
JJ Aigle à tête blanche, ( Falco leucocephaliis.) Enl. ; 4^ '•
Brun-foncé uniforme, à tête et queue blanches, à bec
(i) Joignez , aux trois aigles d'Europe , le griffard, Vaill. Afr. I. ( F.
armiger , Sh.)
(2) On a Vérifié plus d'une fois ce changement à la ménagerie du Mu-
>■ Scum. Quant au petit pygargue , f. albicmuhis . ce n'est que le raàle du
grand f. aWlciUa.
"^16 OISEAUX
jaunâtre , presque aussi grand que nos aigles communs , vit
dans l'Amérique septentrionale, et y poursuit sans cesse le
poisson. Il paraît qu'il en vient quelquefois dans le nord de
l'Europe Dans sa jeunesse il a le corps et la tête brun-
cendré. On ne doit cependant pas le confondre avec le vieux
pygargue h tête Llanchâtre (i).
Les Baleusards. ( Pandion. Savigny. )
Ont le bec et les pieds des aigles pêclieurs j mais leurs ongles
sont ronds en dessous , tandis que dans les autres oiseaux de
proie ; ils sont creusés en gouttière ; leurs tarses sont réticulés,
et c'est la seconde plume de leurs ailes qui est la plus longue.
On n'en connaît qu'une espèce , répandue au bord des eaux
douces de presque tout le globe , avec peu de variations dans
le plumage ; c'est
Le Balbusard. ( Falco haliœtus. Lin. ) Enl. , 4^4 ; et
mieux: Catesby, II.
D'un tiers plus petit que l'orfraye, blanc, à manteau
brun , une bande brune descendant de l'angle du bec vers
le dos , des taclies brunes sur la tête et la nuque , quelques-
unes à la poitrine j la cire elles pieds tantôt jaunes, tantôt
bleus.
L'Amérique produit des aigles pêcbeurs à longues ailes
comme les précédens, où une partie plus ou moins considérable
des côtés de la tête , et quelquefois de la gorge , est dénuée de
plumes. On leur donne le nom commun de caracara (2).
Le Caracara ordinaire. ( Falco brasiliensis j Gm.)
Grand comme un balbusard , rayé en travers de blanc et
de noir , des plumes effilées, blancbes à -la gorge, une calotte
•*«. .. . .-
(?) Ici doivent se placer le falco pondicerianus , enl. 4 16. — Le blagre ,
Yaill. Afr. 5. {Falc. hlagnis , Sh. ) qui est probablement le /. huco-
gasler. — Le vocifer , Vaili. Afr. 4< (F. vocifer, Sh.) — Le caffre p
Vaill. Afr. 6. ( F. vulturiims , Sh.)
{1) Aïzara. Voy. IIÏ , p. 5o et suiv.
DE PROIE. 3l7
noire , un peu prolongée en huppe ; les couvertures des
ailes , les cuisses et le bout de la queue noirâtres. C'est l'oi-
seau de proie le plus nombreux au Paraguay et au Bré-
sil (i).
Tue petit Aigle àgorge nue. {Falco aquilinus.) Enl., 4^7'
Noir y le ventre et les couvertures inférieures de la queue
blancs , la gorge nue et rouge.
Les Harpies ou Aigles pêcheurs à ailes courtes ( Har-
pj'ia , Cuv. ), sont aussi des aigles d'Amérique , qui ont les
tarses très-gros , Irès-fortS; réticulés, et à moitié emplumés,
comme les aigles pêcheurs proprement dits , dont ils ne diffè-
rent que par la brièveté de leurs ailes ; leur bec et leurs on-
gles sont même plus forts que dans aucune autre tribu.
La grande Harpie d^ Amérique, Aigle destructeur de
Daudin, grand aigle de la Guiane de Mauduit ( pro-
bablement le Falco harpjia et le F. cristatus ylÀn.)
F. harpyia et imperialis , Sh. ) (2)
Est un des oiseaux qui ont les serres et le bec les plus ter-
ribles -, sa taille est supérieure à celle de l'aigle commun ;
son plumage est cendré à la tête et au cou , brun-noirâtre
au manteau et aux côtés de la poitrine , blanchâtre au-des-
sous, et rayé de brun sur les cuisses : des plumes allongées
lui forment une huppe noire sur le derrière de la tête.
On le dit si fort , qu'il a quelquefois fendu le crâne à des
hommes à coups de bec : les paresseux font sa nourriture
ordinaire , et il n'est pas rare qu'il enlève des faons.
(1) C'est bien le caracara de Margrave, mais sa description ne le feraiJ
pas reconnaître. Oa en trouve une meilleure dans Azzara. Notre carac-
tère est pris de la nature. Le y. c/temvay Jacq. beyt. , p. 1 5 , n° 11, pour-
rait bien n'en être qu'une variété d'âge.
(2) C'est incontestablement Tyzguaulzli de Fernandès j mais cet auteur
exagère beaucoup sa taille en le comparant à un mouton. C'est aussi
h v. cristaius dç Jacq. , e| p«r conséquent Içfmlç, jacquini de GmeL
3l8 OISEAUX
Les Aigles-autoues. (Morpiinus. Cuv. ) (i)*'
Ont , comme les précécîens , les ailes plus courtes que la
queue-, mais leurs tarses élevés et grêles, et leurs doigts fai-
Lles , obligent de les en distinguer.
Il y eu a qui ont les tarses élevés , nus et écuisonnés.
V Aigle -autour huppé de la Gui ve. (F. Guiannensis.
Daud. ) Peut Aigle de la Guiane. Maud. , Encycl.
B.essemble singulièrement, pour les couleurs et pour la
liuppe, au grand aigle pécheur du ménu^ pays-, mais il est
moindre pour la taille , et ses tarses élèves , nus et écus-
sonnés , l'en distinguent suffisamment-, son manteau est noi-
râtre , quelquefois varié de grisfoncé ; son ventre blanc ,
avec des ondes fauves plus ou moins marquées, sa tête et
son cou, tantôt gris, tantôt blancs ; et sa huppe occipitale,
longue et noirâtre.
UUrubitinga. ( Falco uruhiiinga. Lin. )
îîoir , sans huppe , avec le croupion et la base de la queue
blancs. Ce bel oiseau chasse sur les lieux inondés (2).
D'autres ont les tarses élevés et emplumés sur toute leur
longueur.
1J Aigle-autour noir huppé d'Afrique. [Huppart. Vail. Afr.
I,ii. Bruce, Abjss., ^Vi^-Ry.u. Falco oc cipitalis. Daud.)
Grand comme un corbeau , noir, une longue huppe pen-
dante de l'occiput j les tarses , le bord de l'aile et des bandes
sous la queue blanchâtres. Il habite toute la largeur de
l'Afrique.
(1) Blorphims , nom grec d'une espèce intltîtcrminée d'oiseaux de
proie.
(a) Ici vient prol->a]>lement falc. noifcs zedandiœ ^ Lalh. Syn. If
p]. TV.
DE PROIE. 3ig
X^Jis^te 'autour varié ou Urulaurana (i). Autour huppé ,
Vail. y Afr. , I , xxvt. Aigle moyen de la Guiane ,
Maud. , Encycl. Epervier patu d'Azzar. Falco ornatus ,
Daud. F. superbus et coronatus , Sli. )
Calotte et huppes noires , côtés du cou d'un roux-vif,
manteau noir varié de gris , onde de blanc ; dessous blanc ,
rayé de noir aux Uancs, aux cuisses et aux tarses; queue
noire , avec quatre Landes grises. C'est un bel oiseau de
l'Amérique méridionale, qui varie du noir et blanc au brun-
foncé (2).
Il y a enfin en Amérique des oiseaux à bec comme tous les
précédens , à tarses très-courts , réticulés , à demi couverts de
plumes par devant , à ailes plus courtes que la queue , et dont
le caractère le plus distinclif consiste en narines presque fer-
mées, semblables à une fente. On peut en faire une petite
tribu sous le nom de Cymindis, Cuv. (5). Tel est
Le petit Autour de Cuyenne, Buff. ( Falco Cayennensis»
Cm.) Enl. , 475»
A encore pour caractère propre une petite dent à l'en-
droit où le bec se courbe. L'adulte est blanc , à manteau
noir-bleuâtre , à tête cendrée , avec quatre bandes blanches
sur la queue ; le jeune a le manteau varié de brun et de
roux , et la tète blanche , avec quelques taches noires.
Les Autours. Cuv- (Astur , Bechstein.DoîDALiON, Savigny.)
Qui forment la seconde division des ignobles , ont, comme
(1) C'est bien sûrement Vurutaurana de Margrave- mais cet auteur
le dit grand comme un aigle , ce qui est un tiers au moins de trop.
{1) Ajoutez ici le hlanchard , Vaill. Afr. 3. (F. albescens , Sh.) —
U ai^\e moucheté {aq. niaculosa. ) Vieill. Amer. 3 bis.
(3) Cytniiidis , nom grec d'une espèce indéterminée d'oiseaux de
proie. *
iV. B. h'aîgle de Gottwgue ( f. glaucopis, Menem bejtr. lî , pi. vu. )
««l une buse commune. Vaille blanc ( F. albus , Sh. John white. Yoy. )
est un autour.
320 OISEAUX
les trois dernières tribus des aigles , les ailes plus courtes que
la queue; mais leur bec se courbe dès sa base, comme dans
tous ceux qui vont suivre.
On appelle plus particulièrement autours ceux qui ont les
tarses écussonnés et un peu courts.
JJ Autour ordinaire. {Falco palumbarius y enl., 4 18 et 4ôi ,
et le jeune, F. gallinarius, enl., 4^5, et Friscli, ,
l.XXII.) (i).
La seule espèce de ce pays-ci, est brun dessus, à sourcils
blancliâtres , blanc dessous , rayé en travers de brun dans
l'adulte ; moucbeté en long dans le premier âge; cinq bandes
plus brunes sur la queue. 11 égale le gerfault pour la taille ,
mais non pour le courage , fondant toujours obliquement
sur sa proie. On s'en sert cependant en fauconnerie pour des
gibiers faibles. Il est commun dans toutes nos collines et
montagnes basses.
Parmi les autours étrangers , on peut remarquer celui de
la Nouvelle-Hollande ( Falco novœ Hollandiœ ) , Jonbwbite
35g.
Qui est souvent tout entier d'un blanc de neige ; mais il
paraît que c'est une variété d'un oiseau du même pays ,
cen Jré dessus , blanc dessous , avec des vestiges d'ondes
grises.
On peut encore rapprocber des autours quelques oiseaux
d'Amérique à ailes courtes et à tarses courts, mais réticulés.
V Autour rieur ou à calotte blanche. ( Falço cacJiinnans ,
Lin. Nacagua d'Azz. )
Nommé d'après son cri ; blanc , le manteau et une bande
qui part du tour de l'œil et s'unit sur la nuque à la cor-
respondante , bruns; la queue à bandes brunes et blan-
-- _« ^ .
(i) Probablement aussi f. gyrjalco , f. ^entilis , Gm. , tant les oiseaux
de proie sont mal déterminés dans les ouvrages les plus modernes.
EN GÉNÉRAL. 021,
rîies. Des marécages de l'Amérique mérlcllonale , où il vit
de reptiles et de poissons (i).
On réserve le nom d'EpERViER ( Niius , Cuv. ) à ceux qui
ont les tarses écussonnés et plus élevés.
Notre Epervier commun [FalcQ nisus ^ Lin.); enî. , 412
et 4*J7 ,
A les mêmes couleurs que l'autour , mais ses jambes sont
plus hautes , et sa tallîe d'un tiers moindre. Cependant oa
l'emploie en fauconnerie. Le jeune a les taches de dessous
en flèches ou en larmes long'tîidinales et rousses , et les
plumes de son manteau sont aussi bordées de roux.
11 y a des espèces étrangères encore plus petites (2}.
Mais il y en a aussi de beaucoup plus grandes. Ainsi
UEperi^ier chanteur ( Faucon chanteur ^ Yail, , Afr. ^xxyii,
Falco musicus j Daud. ),
Est grand comme l'autour , cendré dessus , blanc rave
ide brun dessous et au croupion. On le trouve en Afrique,
«»ii il chasse aux perdrix , aux lièvres , et niche sur des ar-
bres. C'est la seule espèce connue d'oiseaux de proie qui chante
agréablement (5).
Les Milans. ( Milvus. Bechsteîn. )
Ont des tarses courts , des doigts et ongles faibles , qui ,
îoinls à un bec également peu proportionné à leur taille , en
font les espèces les plus lâches de tout le genre ; mais ils se
distinguent par leurs ailes excessivement longues et par leur
queue fourchue , qui leur donnent le vol le plus rapide et îc
plus facile.
Les uns ont les tarses très-courts , réticulés , et à demi rs-
(i) Ici vient le f. nielanops , Lalh.
{1) Comme le gahar , Vaill. Afr. 33. ( F. gahar , Sh.) Le minule , id.
34, ( F. miiiullus , 3h. )
(3) Autres éperviers e'trangers. La buse mixte couleur île plomb , Azz.
a** 67. Le /a/c. viagnirostris ^ enl. 460» — - Le/, «olumbarius Caiesb. 5
TOTtîE 1 . 2 1
322 OISEAUX
•vêtus de plumes par le Laui , comme la dernière petite tribu
des aigles. (Elanus, Savigny. ; Tels sont
Le Blac yYâil.j Afr. xxxvi et xxxvk.
Grand comme un épervier , à plumage doux et soyeux ,
à queue peu fourchue, cendré dessus, blanc dessous , les
petites couvertures des ailes noirâties : le jeune est brun
varié de fauve. Cet oiseau est commun depuis l'Egypte jus-
qu'au Cap. Il ne chasse guère qu'aux insectes.
Le Milan de la Caroline. {Falcofurcatus. Lin. ) Catesb., iv.
Blanc , les ailes et la queue noires , les deux pennes ex-
térieures de celle-ci très-longues ; plus grand que le précé-
dent. Il attaque aussi les reptiles.
Les Milans proprement dits ,
Ont les tarses écussonnés et plus forts.
Notre Milan commun, {Falco inilvus , Lin. ) Enl. , 4^2.
, Fauve, les pennes des ailes noires , la queue rousse ; ce-
lui de tous nos oiseaux qui se soutient en Pair le plus long-
temps et le plus tranquillement. 11 n'attaque guère que des
reptiles (i).
Les Bo?jdrées. ( Pernis. Cuv. ) (2).
Ont j avec un bec faible de milan , un caractère très-parti-
culier, en ce que l'intervalle entre l'oeil et le bec , qui , dans
tout le reste du genre /iïZco , est nu, et garni seulement de
quelques poils , se trouve chez elles couvert de plumes bien
serrées et coupées en écailles ; leurs tarses sont à demi emplu-
més vers le haut , et réticulés : elles ont du reste la queue
(i) Ajoutez le parasite , Vaill. Afr. 22 , ou le milan noir , enl. 472 ^ c'est
lejalc. ater , lefalc. œgyptius , etiefalc.Jorskahlil Gniel. lefahpara-
siticus , Lath. et Shaw.
N. I*. hefalc. austriacus Cm. est le jeune du milan commun.
(2) Pernis ou pernès , dénomination d'une sorte d'oiseaux <\c proie,
selua Arislotc.
V I^ïî PU OIE. 32.3
égale, les ailes longues^ le bec courbé dès sa base, comme
tous ceux qui vont suivre. Nous n'en possédons qu'une espèce.
La Bondrée commune, ( Falco apivorus. ) Enl., 420.
Un peu moindre que la buse , brune dessus , difFérem-
menl ondée de brun et de blaiicbâtre dessous, selon les in-
dividus : la tête du mâle est cendrée à un certain âiie. Crt
oiseau cbasse aux insectes , surtout aux guêpes et aux
abeilles.
Il en existe quelques autres dans les pays étrangers.
La Bondrée huppée de Java.
Toute brune , à tête cendrée comme la nôtre , mais à
queue noire , avec une bande blancbâlre sur le milieu j une
huppe brune à l'occiput. Elle a été rapportée de Java par
M. Leschenaut.
Les Buses. (Buteo. Becbstein. )
Ont les ailes longues, la queue égale , le bec courbé dès sa
base, l'intervalle entre lui et les yeux sans plumes, les pieds
forts.
Il j en a qui ont les tarses emplumés jusqu'aux doigts. Elles
se distinguent des aigles par leur bec courbé dès la base , des
autours ou aigles-autours à tarses empennés , par leurs ailes
longues. Nous en possédons une.
La Buse patue. [Falco pennatus. ) Frisch, lxxv (i).
A^aillant , Afr. , xviii.
Yariée assez irrégulièrement de bruri plus ou moins clair
et de blanc plus ou moins jaunâtre, est r.n des oiseaux les
(i) Cette buse est quatre fois dans Gmelin, sans y être jamais à sa
place. C'est \e fcdco lagopus , hrit zool. ap. t. I5 \e falco communis ^
leucephalus , Frisch. yS ; le falco pennatus , Briss. ap. pi. ij le falco
S ancti-J ohannis , arct. zool. , pi. ix. — Les^a/c. coinmunis fuscus , f. varier
galus, f. alùidus ,i. versicolor , Gm. ne sont que différens états de la buse
ordinaire.
324 OISEAUX
plus répandus ; on l'a trouvée presque partout , et on fa
presque toujours regardée comme variété de quelque autre
oiseau.
Mais le plus grand nombre des buses a les tarses nus et
écussonnés. Nous n'avons ici que
La Buse commune. ( Falco buteo. ) Enl. ^ 4^9*
^ Brune , plus ou moins ondée de blanc au ventre et à la
gorge , est l'oiseau de proie le plus abondant et le plusnui-i
sible de nos contrées. Elle demeure toute l'année dans nos
forêts j tombe sur sa proie du liant d'un arbre ou d'une
buiie,et détruit beaucoup de gibier.
Mais on peut remarquer parmi les buses étrangères,
Le Bâcha. Vail. , Afr. , pl.xv.
Grand comme la notre , brun , à petites taches rondes et
blanches sur les côtés de la poitrine et sur le ventre; une
huppe noire et blanche, une large bande blanche sur le mi-
lieu de la queue. C'est un oiseau d'Afrique très-cruel , qui
fait sa principale proie des damans (i).
Les Busards. ( Circcs. Bechstein. )
Diffèrent des buses par leurs tarses plus élevés , et par une
espèce de collier , que les bouts des plumes qui couvrent leurs
oreilles forment de chaque côté de leur cou.
INous en avons deux espèces dans ce pays-ci , que les va-
riations de leur plumage out fait multiplier par les nomen-
clateurs»
La Souhuse ( Falco pj^gargus ) y enL , 44^ ^^ 4^0 ;
Brune dessus, fauve tachetée en long de brun dessous ; le
croupion blanc. U Oiseau Saint-Martin (Falco cjaneus et
(i) Autres buses cirangères : le r(U-noir, Vaill. Atr. i6. ( F. jackal ,
Dau<i. et Sh.) — Le tachanl , id. 19. (F. tachan'us , Sh.) — Le buscray,
id. 20. (F. husavcîlus , Sh. ) — Le biisoa , iJ. 21. ( F. buson , Sh. ) — Le
tachiio , id. 24* 0- ' tachiro , Sh. ) — La buse des savannes noyées , Az».
53. — Le viilaa cresserelle , Vieill. Amc^r. 10 bis.
DE PROIK. 3^5
T. alhicans ) (i) , enl. 45o, cendré , a pennes des ailes noi-
res , ne parait être que la vieille soubusp mâle.
La Harpaje. ( Falco rufus. ) Enl., 470.
Brunâtre et rousse ^ la queue et les pennes primaires de
l'aile cendrées. Le Busard. ( Falco œruginosas. ) Eal. , 424*
Brun, avec du fauve-clair à la tête et à la poitrine, n'est
que le même oiseau à l'âge d'un an. Cette espèce se tient de
préférence à portée des eaux , pour y donner la chasse aux
reptiles (2).
Enfin le
Messager ou SEcrvfxAiRE ( Serpentarius, Cuv. , Gypo-
GERANUS^ Illig. ),
Est un oiseau de proie d'Afrique , qui a les tarses au moins
du double plus longs que les précédens, ce qui l'a fait ran-
ger par plusieurs naturalistes avec les échassiers ; mais ses
jambes, entièrement couvertes de plumes , son bec crochu
(i) C'est aussi le falco commwiis E aîbus Frisch. , pi. lxxx. l^&falc.
montanus B, et le f aie, gris pus , Gin. , et même son falc. Lohemicus.
(2) Espèces étrangères. — Falco hudsonius , Edw. 107 , qui n'est peut-
être qu'une variété du pygargus. — Falco uUginosus , id. '-igi. — Uacoli,
Vaill. Afr. 3r. (F. acoU , Sh. ) — he tchoug , id. 01, et Sonnerai ,
II , 182. (F. melanoleucos. ) — N. B. Le grenouillard , Vaill. Afr. 23.
( F. raniuonis , Sh. ) n'est que la soubuse , ainsi que le busard-roux ,
Vieill. Araér. , pi. ix.
JY. B. J'ai été obligé de passer sous silence plusieurs espèces intéres-
santes d'oiseaux de proie diurnes , parce que je n'ai point eu de figures ù
eu indiquer , et que les descriptions de cette famille sont presque tou-
jours trop vagues pour donner luie synonymie certaine. Aussi est-ce celle
où les espèces sont le plus embrouillées et le plus gratuitement multi-
pliées. Cette famille offrirait aux artistes un sujet beaucoup plus neuf que
les oiseaux à couleurs brillantes qu'ils reproduisent tant de fois. J'ai été
aussi empêché de classer plusieurs des espèces de MM. Vaillant et Vieillot,
faute d'avoir pu les observer par moi-même.
320 ^ OISEAUX
et fendu ^ ses sourcils saillans , et tous les détails de son
anatomie , le placent dans l'ordre actuel. Sou tarse est
écussonné , ses doigts courts à proportion , le tour de son
œil dénué de plumes- il porte une longue huppe roide à
l'occiput, et les deux pennes mitoyennes de sa queue dépas-
sent beaucoup les autres. Il liabite les lieux arides et dé-
couverts des environs du Cap, où il poursuit les reptiles à
la course ; aussi a-t-il les ongles usés à force de marcher.
Sa grande force est dans le pied. ( C'est le Falco serpenta-
7'ius. Gui. ) Enl. , 721 .
Les Oiseaux de proie nocturnes.
Ont la tête grosse; de très-grands yeux diri-
geas en avant , entoures d'un cercle de plumes
effilées 5 dont les antérieures recouvrent la cire
du bec 5 et les postérieures l'ouverture de
l'oreille. Leur énorme pupille laisse entrer tant
de rayons qu'ils sont éblouis par le plein jour.
Leur crâne épais^ mais d'une substance légère,
a de grandes cavités qui communiquent avec
l'oreille et renforcent probablement le sens de
l'ouïe ; mais l'appareil relatif au vol n'a pas une
grande force ; leur fourchette est peu^résislante ;
leurs plumes à barbes douces, finement duve tées,
ne font aucun bruit en volant. Le doigt externe
de leur pied se dirige à volonté en avant ou en
arrière. Ces oiseaux volent surtout pendant le
crépuscule et le clair de lune. De Jour , quand
i's sont attaqués , ou frappés de quelque objet
DE PROIE. 327
nouveau , sans s'envoler ils se redressent, pren-
nent des postures bizarres et font des gestes
ridicules.
Leur gésier est assez musculeux , quoique
leur proie soit toute animale , consistant en
souris 5 petits oiseaux , insectes ; mais il est
précédé d'un grand jabot , les cœcums sont
longs 5 et élargis à leur fond , etc. Les petits
oiseaux ont contre ceux-.ci une antipatliie natu-
relle 5 et se réunissent de toute part pour les
assaillir , ce qui fait qu'on les emploie pour
attirer les oiseaux aux pièges , on n'en a fait
^ qu'un genre.
Il (Strix. Lin. )
Que l'on peut diviser d'après leurs aigrettes , îa'
^; grandeur de leurs oreilies , l'étendue du cercle de plu--
mes qui entoure leurs yeux , et quelques autres ca-
ractères.
Les espèces qui ont autour des yeux un grand disque bien
complet de plumes effilées , entouré lui-même d'un cercle ou
collerette de plumes écailleuses , et entre-deux une grande
ouverture d'oreille , sont plus éloignées pour la forme et pour
les moeurs des oiseaux de proie diurnes , que celles où l'oreille
est petite , ovale , et recouverte par des plumes effilées qui ne
viennent que de dessous l'oeil. On voit des traces de ces diffi3-
rences jusque dans le squelette.
Parmi ces premières espèces , nous nommerons
HiEOus ( O rus , Cuv. ) ,
Celles qui ont sur le front deux aigrettes de plumes qu'elles^
relèvent à volonté ; dont la conque de l'oreille ^'étend eu demi-
3^8 OISEAUX
cercle depuis le bec jusque vers le sommet de la léle , et es^l
garnie en avant d'un opercule membraneux. Leurs pieds sont
garnis de plumes jusqu'aux ongles. Telles sont en Europe
Le grand Hibou à huppes courtes ( i ) . ( Str, ascalaphus,
Savigny, Eg.) Brit. zool. , tab. B., m.
D'un quart plus grand que le commun , comme lui fauvç
tacheté de brun^ et vermiculé sur les ailes et le dos, mais
le ventre rayé en travers de lignes étroites, et des aigrettes
très-courtes. D'Afrique.
Le Hibou commun ou mojten Duc. Buff. {Sir. dus. L. )
Friscli, LXXXXIX3 Brit. zool., tab., B, iv, f. i.
Fauve , avec des taches longitudinales brunes sur le corps
et dessous; vermiculé de brun sur ies ailes et le dos, des
aigrettes longues comme la moitié de U tète, huit ou neuf
bandes sur la queue (2).
La Chouette ou le moj-en Duc , à huppes courtes. {Str. ulula,
et str. brachyotos. Gm.) Enl., 438j Frisch, C) Brit.
zool., lab., B^ IV, f. 2,
Presque semblable au précédent pour les couleurs, le dos
non réticulé, iijais des lignes étroites sur le ventre , et quatre
ou cinq bandes brunes sur la queue. Les huppes ne se
trouvent que dans le mâle j elles sont si petites , et il les
relève si rarement, qu'elles n'ont presque jamais été remar-
quées, et qu'on l'a toujours laissé parmi les espèces sans
huppes , ou qu'on en a fait deux espèces.
Parmi les hibous étrangers, on peut remarquer
(i) lien paraît quelquefois en Europe 5 témoin celui qtie représente la
Zoologie britannique , et dont la figure a tant embarrassé les naturah'stes.
{1) Le duc mexicain , Daud. ( str, mexicana et americana , Gm. ) ne
diffère de nvjtre i.ibou commun que par des tacbes plus noires , moins
lavées.
DE PROIE. 829
3Le grand Hibou cV Amérique, (Str, biiho magellanîcus et
str. virgîîiiann. Gra.)Enl., 585 ^Edw., 70 j Daud,,II, xiii.
Jaciirr/tu de Marg., Nacurulu de d'Azz.
Presque de la laiile de notre grand duc , rayé en travers
de brua en dessous, brun piqueté de noir en dessus. Il est
répandu d'une extrémité à l'autre du nouveau continent,
oii il se tient dans les bois
Il y en a une espèce fort semblable , mais d'un quart plus
petite au Cap de Bonne-Espérance.
On pourrait réserver le nom de
Chouettes. (Ulula. Cuv.)
Pour les espèces qui ont le bec et l'oreille des liibous, mais
non leurs aigrettes Nous n'en possédons point de telles ici ;
mais il y en a dans le nord des deux continens , par exemple ;
La grande Clioikeile grise de Suède. ( Str. liiturata de
Ptetzius. )
Presque de la taille de notre grand duc ; mélangée de
gris et de brun dessus, blanchâtre , à taches longitudinales
gris-brunes dessous Elle habite les montagnes du nord de
la Suéde.
La Chouette du Canada. (Str. nehulosa. Gm.)
Un peu moindre que la précédente; le cou et la poitrine
barrés en travers de brun et de blanchâtre, dos brun
^ taches blanchâtres, ventre blanchâtre à mèches brunes.
Les Effrayes. (Stkix. Savigny. )
Ont l'oreille aussi grande que les hibous et pourvue d'un oper-
cule qui l'est encore plus que celui de ces derniers-, mais leur
bec allongé ne se courbe que vers le bout, tandis que, dans tous
les autres sous-genres, il est arqué dès la pointe. Elles manquent
d'aigrettes; leurs tarses sont emplumés, mais elles n'ont que
des poils à leurs doigts. Le masque formé par les plumes
effilées, qui entourent leurs yeux, a plus d'étendue, et leur
33o OISEAUX
donne une physionomie plus extraordinaire encore qu'aux
autres espèces.
L'espèce commune en France, (Str.Jlammea.h.) Enl. ,
440 ; Frisch , lxxxxvii , paraît répandue sur lout le
globe. Son dos est nué de fauve et de ceindre ou de brun,
joliment piqueté de points blancs enfermés chacun entre
deux points noirs, et son ven re tantôt blanc, tantôt
fauve, avec ou sans mouchetures brunes. Elle niche dans
les tours, les clochers; et c'est elle que le peuple regarde
plus spécialement comme un oiseau de mauvais augure.
Li'S Ghats-Huans. (Syrnium. Savigny.)
Ont le disque de plumes efiBlées, et la collerette comme les
précédens -, mais leur conque se réduit à une cavité ovale
qui n'occupe pas moitié de la hauteur du crâne ; ils n'ont
point d'aigrettes , et leurs pieds sont emplumés jusqu'aux
ongles.
Le Chat-Huant de ce pays-ci, (Str. aluco et stridula. L. )
Hulotte^ Chouette des bois , efc. Enl. , 44^ ? 4^7 j Frisch,
LXXXXIV, LXXXXV, LXXXXVI.
Est un peu plus grand que le hibou commun, couvert
partout de taches longitudinales brunes, déchirées sur les
côtés en dentelures transverses; il a des taches blanches aux
scapulaires et vers le bord antérieur de l'aile. Le fond du
plumage est grisâtre dans le mâle, ronssâtre dans la femelle;
ce qui les avait fait long -temps considérer comme deux
espèces (i). Ces oiseaux nicbent dans les bois, ou pondent
souvent dans des nids étrangers, et se tiennent dans de vieux
troncs d'arbres.
(i) Les str. syhcslris , nifa , noctua , aWa de scopoli et le str. solo-
niensis que Gmelin a intercalés clans son système , sont tropindctcnnincs
pour être considérés corame autre chose que des variétés , probablement
du chat- huant.
DE PROIE. 33 l
ISous réservons le nom de
Ducs. ( BuBO. Cuv. )
Aux espèces qui, avec la conque aussi petite et le disque
de plumes moins marqué que les chats -liuans , pos-
sèdent des aigrettes. Celui qu'on connaît a de gros pieds
emplumés jusqu'aux ongles 3 c'est
Le grand Duc des naturalistes. {Str. buho,) Enl.,
434 ; Frisch.^ lxsxxiii.
Le plus grand des oiseaux de nuit, fauve , avec une mëclie
et des pointillures latérales brunes sur chaque plume j le
brun est plus abondant dessus, le fauve desaous, les aigrettes
presque toutes noires (i).
Les Chouettes a aigrettes. (Vaill. Afr. xltii.)
Ne sont que des ducs dont les aigrettes, plus écartées et
placées plus en arrière , ne se relèvent que difficilement
au-df ssus de la ligne horizontale. On n'en connaît qu'une de
la Guiane^ à plumage roux ou brun finement rayé de noirâtre ,
les aigrettes blanches à leur bord interne, et quelques larmes
d'un beau blanc sur l'aiie.
Les Chevècfîes. ( Noctua. Savigny. )
IN'ont ni aigrettes, ni conque de l'oreille évasée et enfoncée ;
l'ouverture en est ovale, h peine plus grande que dans les
autres oiseaux; le disque de plumes effilées est moins grand et
moins complet encore que dans les ducs.
Quelques-unes se font remarquer par une lotigue queue
etagée ; elles ont les doigts très-emplumés ; on les nomme
CHOUETTES ÉPEEviERs. ( SuRNTA. Duuicr. ) Il paraît qu'il en
existe, dans tout le nord, quelques espèces ou variétés très-
(i) On ne peut admettre le str. scaiidlaca , L. qui ne repose que sm
une figure laissée par Riidbek , et faite probablen;ent d'après un variété
du grand dac.
332 OISEAUX
voisines et assez mal distinguées sous les noms de sir. futierea ,
hudsonia j iiralensis ^ accipitrina j etc.
L'espèce la mieux connue ( enl. , 47^) ^^ Sibérie,
hrun-noiràtre dessus, avec des taclies blanches en froutte-
lettes sur sa tête, en barres tranversales sur les scapulaires,
rayée transversalement de blanc et de brun en dessous, avec
dix lignes Iransverses blanches sur la queue; chasse plus
le jour que la nuit. Mais Vaillant en a fait connaître une
autre d'Afrique (son choucou, \\^ xxxviii) toute blanche en.
dessous, à quatorze ou quinze lignes sur la queue, et, selon
lui, plus nocturne encore que les autres chouettes.
D'autres ont la qneue courte et les doigts emplumés. La plus
grande, et en même temps le plus grand oiseau de nuit sans
aigrettes, est
Le Harfang. (Str, nyctea. L. ) Enl., 458.
Qui égale presque le grand duc pour la taille. Son plumage
blanc de neige est marqué de taches transversales brunes qui
disparaissent à mesure que l'animal vieillit. Il habite le nord
des deux continens , niche sur des rochers élevés, chasse aux
lièvres, aux coqs de bruyère, aux lagopèdes, etc. (i)
Il y en a, dans le reste de l'Europe ^ des espèces beaucoup
plus petites, telles que
La Chevêche commune ouperîée. {Str. passerina eiteîigmalmi,
Gm. Str. pj^gmœa. Bechst.) Enl. , 459» La Chevechette*
Vaill. Afr., xlvi.
A peine plus grande qu'un merle, brun foncé, à gorge
blanche, des taches blanches et rondes sur les ailes et
la poitrine, quatre lignes blanches sur la queue. Il y
en a plusieurs espèces très - voisines en Amérique , aux
Indes, etc.
(j) La chouette hJanche, Vaill. Afr. /\5 , n'est qu'un vieux haifang
Les c'ifi'ereuces aik'gutes clans les proportions tiennent à rempaillage.
. BE PROIE. 333
ta Chevêche rousse. {Stn passerina. Meyer. et Wolf.)
A teintes plus rousses , soit sur le brun , soit sur le blanc ^
iin demi - collier blancliâtre sur le cou ^ des tacbes trian-
gulaires rousses sur les côtés de la queue, les doigts seule-
ment velus. Elle est encore plus petite que la précédente^
et ressemble presque tout-à-fait pour la tête a un épervier (i).
D'autres enfin ont la queue courte et les doigts nus.
Cayenne en fournit plusieurs belles espèces , et notamment
les trois suivantes :
La Chevêche fauve, {Str. cajennensis. Gm. )Enl.^
442.
Irrégulièrement et finement rayée en travers de brun sur
nu fond fauve.
La Chevêche noire ou HuhuL (Vaill. Afr. , xli. )
Puayée de blanc sur un fond noir, quatre lignes blancbes
sur la queue. Elle fuit si peu la lumière qu'on l'appelle
«bouette de jour. La taille de ces deux espèces est celle de
notre cbouette commune.
lia Chevêche à collier, (<Sfr. ior^aa^^. Daud.) Vaillant,
Afr., XLii.
Brune dessus , blancliâtre dessous , le tour des yeux et un
ruban bruns sur la poitrine, la gorge et les sourcils blancs.
Elle surpasse le cbat-buant en grandeur ; c'est le nacurutu
sans aigrettes de d'Azzara.
11 y en a même en Amérique qui ont les tarses nus aussi-
bien que les doigts, telle est la chevêche nudipede. {Str.
nudipes. Daud. ) Vieill. Amer., xvi.
Enfin les Scops. (Scops. Savigny, )
Ont, avec les oreilles à fleur de tête, les disques imparfaits
(1) L'histoire des pelils chevrches d'Europe n'est pas encore çissezéclair-
cie j chacun ayant pris la plus petite qu'il connaissaii pour le str. passerina ,
il en est résulté uae grande confusion dans les synonymes.
334 • OISEA.UX
et l 'S doigts nus des précédentes, des aigrettes analogues a
celles des ducs et des hibous.
Il y en a un dans ce poys-ci (Str. scops.) Enl., 4^^»
à peine grand comme un merle, à plumage cendré, plus ou
moins nué de fauve, joliment varié de petites mèches lon-
gitudinalesnoires, étroites, et de lignes transversales vcrnii-
culées grises, avec une suite de taches hianchâtres aux
scapulaires, et six ou huit plumes à chaque aigrette j c'est un
joli petit oiseau (i).
LE DEUXIÈME ORDRE DES OISEAUX,
OU LES PASSEREAUX,
Est le plus nombreux de toute la classe.
Son caractère semble d'abord purement néga-
tif, car il embrasse tous les oiseaux qui ne sont
ni nageurs , ni échassiers , ni grimpeurs, ni ra-
paces 5 ni gallinacés. Cependant, en les compa-
rant, on saisit bientôt entre eux une grande
ressemblance de structure , et surtout des
passages tellement insensibles d'un genre à
l'autre ^ qu'il est difficile d'y établir des sub-
divisions.
Ils n'ont , ni la violence des oiseaux de
proie, ni le régime déterminé des gallinacés ou
(i) Nous ne voyons pas de différence entre le str. zorca de Cetii , le
sLr. carnioUca de Scopoli , le sir. pulchclla de Pallas et le scops ] ces auteurs
auront cru leurs oiseaux distincts parce que Liaueus ne donnait qu'une
plume aux aigrettes du sien.
PASSEREAUX. 335
des oiseaux d'eau ; les Insectes , les fruits , les
grains, fournissent à leur nourriture; les grains
d'autant plus exclusivement, que leur bec est
plus gros ; les insectes , qu iLest plus grêle. Ceux
qui l'ont fort poursuivent même les petits
oiseaux (i).
Leur estomac est en forme de gésier muscu-
leux \ ils ont généralement deux très - petits
cœcums 5 c'est parmi eux qu'on trouve les oi-
seaux chanteurs et les larynx inférieurs les plus
compliqués.
La longueur proportionnelle de leurs ailes et
l'étendue de leur vol , sont aussi variables que
leur genre de vie.
Leur sternum n'a d'ordinaire qu'une échan-
crure de chaque côté à son bord inférieur. Ce-
pendant, il en a deux dans les roUiers, les mar-
tins pêcheurs , les guêpiers , et en manque tout-
a-fait dans les martinets , les colibris.
Nous faisons notre premier partage d'après
les pieds , ensuite nous avons recours au bec.
La première et la plus nomb^^euse division
comprend les genres ou le doigt externe est
(i) Malgré tous mes efforts, il m'a été impossible de trouver, ni à
r.-xlérieur , ni à l'intérieur, aucun caractère propre à séparer des passe-
ioaux ceux des genres compris parmi les picoe de Litmaeus qui ne sont
j^as grimpeurs.
336 OISEAUX
réuni à l'interne, seulement par une ou par
deux phalanges.
La première famille de cette division est
celles des
DENT ï ROSTRES
Dont le bec est échancré aux côtés de la
pointe. C'est dans cette famille que se trouvent
le plus grand nombre des oiseaux insectivores ;
cependan t, presque tous mangent aussi des bayes
et autres fruits tendres.
Les genres se déterminent par la forme géné-
rale du bec ; fort , et comprimé dans les pies-
griècbes et dans les merles ; déprimé dans les
gobe-mouclies ; rond et gros dans les tangaras ;
grêle et pointu dans les becs-fins.
Les Pies-Grièciies. (Lanius. Lin.)
Ont le bec conique ou comprimé y plus ou moins
crochu au bout.
Les Pies-Giîièches proprement dites ^
L'ont triangulaire à la base , comprimé par les côtés-
Les unes ont l'arête supérieure arquée ; celles où sa pointe
est forte et bien crocliue , ont un courage et une cruauté qui les
ont fait associer aux oiseaux de proie par beaucoup de natura-
listes. Elles poursuivent en effet les petits oiseaux , et se dé-
fendent avec succès contre les gros, attaquent même ceux-ci
quand il s'agit de les éloigner de leur nid.
Les pies-griècbes vivent en famille ^ volent inégalement et
pricipilamment , en jetant des cris aigus j nichent avec pro-
PASSEREAUX. 33*7
prêté sur des arbres, pondent cinq ou six œufs, et prejiinent
Beaucoup de soin de leurs petits.
Nous avons ici quatre espèces de cette subdivision.
La Piegrièche commune, ( Lanius excithitor<, Lin.)
Enl. , 445.
Grande comme une grive , cendrée dessus , blanche des-
sous ; ailes, queue et une bande autour de l'oeil noirs ; du
blanc aux scapulaires , à la base des pennes de l'aile et au
bord externe des latérales de la queue. Elle reste toute
l'année en France.
La petite Piegrièche , dite d'Italie, ( Lan, excuhitor
minor. Gni. ) Enl. , 02, i.
tJn peu moindre que la précédente , ailes et queue sem-
blables; cendré dessus , roussâtre au ventre, les bandes
noires des yeux réunies sur le front en un large bandeau.
C'est ime espèce très-distincte. Elle apprend fort bien à
imiter le chant des autres oiseaux.
La Piegrièche rousse, ( Lan. coUurio rufus et Lan. po-
meranus. Gm. ) Enl. ,9,2. Lan. rulilus. Lath. L. Rufî-
collis, Sh.
Le bandeau, les ailes et la queue de la précédente , la
taille encore un peu moindre, le dessus de la tête et du cou
roux-vif ,1e dos noir , le ventre et le croupion blancs. Ell«
imite aussi très-aisément le chant des oiseaux qui vivent
autour d'elle.
•
UEcorcheur. (Lan. collurio. Gm. ) Enl., 5r.^
Encore un peu plus petit , le dessus de la tête et du crou-
pion cendrés , dos et ailes fauves , dessous blancliâtre , un
bandeau noir sur l'oeil , les pennes des ailes noires , bordées
de fauve ; celles de la queue noires , les latérales blanches à
la base. Il imite naturellement et sur-le-champ la voix des
TOME I. 22
338 OISEAUX
espèces qui cliantent le mieux. Trop folble pour attaquer
des oiseaux, il détruit une grande quantilé d'insectes, qu'il
enfile (à ce que l'on dit) aux épines des buissons , pour les
retrouver au besoin.
Les trois dernières espèces nous quittent pendant l'hiver.
Les pays étrangers en ont aussi plusieurs. Les becs se ra-
petissent et aiFuiblissent leurs pointes par degrés , selon les
espèces^ au point qu'il est impossible d'établir une limite
entre ce sous-genre et les merles (i).
D'autres piegrièclies ont l'arête supérieure droite dans sa
longueur, et crochue seulement au bout. Elles sont toutes
étraiigères , et leur forme passe par degrés insensibles à celle
des fauvettes et des autres becs-fins (2).
(i) Les espèces à bec plus foit sont , par exemple : la piegr. du Cap ■,
dite fiscal. ( Lan. coUaris. Gm.) Enl., 4/7 > 1 ,' Vail. Afr. , pi. Gt. 62. —
Le boubou. Vaillant , 68. — Le brubru. Vail. 71. ( Lan. Capensis. Sh. )
— Le blanchot. Vail. 285. — hiL pet. piegr. de Madag. (Lan. mada-
eascaricnsis, Gm. ) Enl. 299. — La petite pi^gr. bleue. ( Lmh, bico-
lor. Gm. ) Enl. 208. — Lia. piegr. delà Louisiane. {Tj. j4niericanus. )
Enl. 397. — Le sourciroux. Vail. 76 , 2. — Le tangara verdefoux de
Buff. ( l^anagra guianensis . Gra.) — "Le tangara mordoré ( Tanagra atri-
capilla.) Enl. 809 ,2. — La piegr. à tête noire , des îles de Saodwicli.
— Ijun. vielanocephalus. Gm. ) Lath. Svn. L i65.
Parmi les espèces plus rapprochées des merles , on peut mettre Vohwa.
Vail. 75 et 76. I. ( Zfl.v. olivaceus. Sh. -— Le gonolec ( Lan. barharus.
Gm. ) Enl. 56. Vail. 169. — Le lan. gutturalis , Daud. Ann. mus. III.
144 ? ph i5 5 ou la piegr. perrin. Vail. 286. — Le merle à plastron noir,
( Turdus zeilonus. Gm.) Enl. 272 , ou \e Bacbakiri. Vail. 67. {Lan. bacba-
hiri. Sh. ) — Le Turdus crassiroslris. Gm. Lath. Syn. II , 34, qui est
le même que le ta?iagra capensis. Sparm. caris, pi. 45 , et plusieurs autres
aussi équivoques.
(2) La tchagra.X iiil. 70. ( Lan. collurio meîanoceph. Gm.) Enl. 479» i?
01297, 1. — La piegr. à huppe rousse d'Amérique {Lan. canu-
densis. Gm. ) Enl. 79 , 2. — Le fourmilier huppé. BuiTon. ( Turdus
cirrhaLus. Gm. ) — Le tachet. Vaillant, 77. — La piegr. rnriie , du
Cayenne. {Lan, doUalus.) Enl. ^.97, 2.
PASSEREAUX. 33g
Quelques-unes de ces pîegrlèches à bec droit l'ont très-
fort, et leur mandibule inférieure très-renflée (i).
13'autres ( les Vanga, Buff. )j l'ont grand y très-corapriraé
partout , sa pointe très crochue , et celle de la mandibule in-
férieure recourbée en dessus [2):
D'autres enfin , à bec droit et grêle j se font remarquer par
des huppes de plumes redressées (3).
Autour de ces piegrièches proprement dites , viennent se
grouper quelques sous-genres étrangers qui en diffèrent plus
eu moins , et que nous allons indiquer.
Les Lanorayen ou Piegrièches Hirondelles. ( Oct;ë*-
TERUS (4). CuV.)
Ont le bec conique^ arrondi de toute part, sans arête, à
peine un peu arqué vers le bout^ à pointe très-Iine , légère-
ment échancrée de chaque côté , les pieds un peu courts , et
les ailes autant et plus longues que la queue ; ce qui leur donné
le même vol qu'à nos hirondelles : mais ils y joignent le
courage des piegrièches , et ne craignent pas même d'atta-
quer le corbeau (5).
La picgr. rousse de Madag. ( Lan. rufus. Gm. ) Enl. 298.
J'y place aussi l'oiseau si balotté par les naturalistes , merle de Minda-
nao , die Buff. ^ Enl. 627. Turdus mindanensis. Lath. et Gm. , le même
que leur gracuîa saularis , petite pie des Indes , ou dialbird. Albin. lïî ,
17 et 18. Edw. 181. Vail. Afr. 109 (Sturnus solaris. Daud. ) — et même
le terat boulan ( Turd. orientalis. ) Enl. 276 , II, pourrait en être rap-
proché,
(i) Toutes les piegrièches â bec droit renflé sont nouvelles.
(2) Le vanga , Enl. 208. (Lan. curuirostris. Gm.) et des esp. nouv,
(3) Le geojjroy: Vail. Afr. 80 et 81 ( /vû/z» plwnatus. Sh. ) et le
manicup. Butf. enl. 707 ( Pipra albifrons. Gm. ) qui n'a de commun ,
o
avec les pipra, qu'une réunion des deux doigts externes, un peu plus pro-
longée qu'à l'ordinaire.
(4) Ocypterus , ou oxipienis (ailes rapides , ailes pointues) nom grçc
d'un oiseau inconnu , très-applicable à ceux-ci.
(5) Sonnerat, i*^*" Voy. p, 5b.
340 OISEAUX
Les espèces en sont assez nombreuses sur les côtes et dans
les îles de la mer des Indes, où elles volent continuellement
et rapidement à la poursuite des insectes (i).
Les Cassicans. Buff. ( Barita. Cuv. ) (2).
Ont un grand bec conique droit, rond à sa base , entamant
les plumes du front par une écbancrure circulaire ; arrondi au
dos, comprimé par les côtés, à pointe crocbue et échancrée
latéralement.
Ce sont de gros oiseaux de la Nouvelle-Guinée et de la
Nouvelle-Hollande , que les naturalistes ont dispersés ar-
bitrairement dans plusieurs genres. Le plus beau a même
été mis dans les oiseaux de Paradis. ( Paradisœa viridis ,
Gm. ) Enl. , 6.^4. Tout son corps est d'un noir brillant
d'acier bruni , à plume du cou et de la poitrine comme
gaufrées. Il vient de la nouvelle Guinée , comme les vrais
oiseaux de Paradis.
Les autres sont variés de blanc et de noir, et vivent à la
Nouvelle-Hollande ou dans les îles environnantes. On leur
attribue des babitudes très-bruyantes , une voix criarde. Ils
poursuivent les petits oiseaux (3).
Les Bécardes. BufF. ( Psaris (4). Cuv. )
Ont le bec conique , très-gros , et rond à sa base , mais n'é-
(1) Ici viennent lan, leucorhynchos. Gm. Enl. 9 , I , le même que
Lan. dominicanus, Sonnerai I.Voj. pi. iS. — Lanius vindis.Eni. Sa , I
et plusieurs espèces nouvelles rapportées par Peron.
('/.) Barita , nom grec d'un oiseau inconnu.
(3) Nous rapportons ici le cassican, Buf. Enl. 628. (Coracias varia. Gm,
gracula varia. S\\.) , — lejlûteur- (Coracias Libicen. Latl^ deuxième Sup-
plément, Gracula tibicen. Sh. ); — le réveilleur ; ( Corvus graculinus. J.
Whytc. Coracias strepera , Lath. ind. Orn. Gracula strepera. Shaw.
Réveilleur de Vile IVorfolh. Daud. gr. calybé. Vail. Ois de Par. 67 ), et
mne espèce nouvelle, à queue ëtage'e.
(4) Psaris y nom grec d'un oiseau inconntî.
PASSEREAUX. 3!^1
chancrant point le front j sa pointe est légèrement comprimée
€t crochue.
On n'en connaît qu'une esjîëce d'Amérique , cendrée , à
tête, ailes et queue noires.
( Lanius cûjanus. Gm. ) Enl. , 5o4 et 577.
Ses mœurs sont celles de nos piegrièches (i).
Les Choucaris. BiifF. (Graucalus (?.). Cuv. )
Ont le bec moins comprimé que les piegrièclies •, son arête
supérieure est aiguë , arquée également dans toute sa longueur ^
sa commissure aussi un peu arquée ; des plumes , qui couvrent
quelquefois leurs narines, les ont fait rapporter aux corbeaux ;
mais réchancrure de leur bec les en éloigne.
Ils viennent , comme les cassicans ^ des paities les plus re-
culées de la mer des Indes (5).
Les Bétbyles (4). (Bethylus. Guy. )
A bec gros, court, bombé de toute part , légèrement com-
primé vers le bout.
On n'en connaît qu'un , dont les formes et les couleurs re-
présentent en petit notre pie commune (5).
i
(1) Buffon a étendu mal à propos ce nom de bécarde à un tyran
(.Lan. sulJïiraLus ) , et à une piegrièche très-voisine des merles. ( Lan,
barbarus).
(-i) Graucalus , nom grec d'un oiseau cendré ; trois choucaris sur
quatre sont de cette couleur.
(3) Corvus papuensis. Gm. enl. 65o. — Cowua iiovœ Guineoe. Enl. 629.
— Une espèce grise , à camail noir , rallier à masque noir. Vail. Ois. de
Par. , etc. 86. — Une autre toute d'un violet brillant d'acier bruni , la fe-
melle verdàtre.
(4) Bethylus , nom grec d'un oiseau inconnu.
(5) C'est la pie piegrièche. Vail. Afr. 60. Lanius leverianus . Sh. Lanifti
picalus. Lalh. M. Illiger en fait un tangara.
34^ OISEAUX
Les Tangaras. (Tanagra. Lin.)
A bec fort , conique , triangulaire à sa base, lë-?
gèrement arqué à son arête , échancré vers le bout ; à
ailes et vol courts ; ressemblant à nos moineaux par
leurs habitudes , et recherchant les grains aussi-bien
que les baies et les insectes. La plupait se font re-
marquer dans les collections par les couleurs les plus
vives. Nous les subdivisons comme il suit (i) :
Les Takgaras euphones ou Bouvreuils.
A Lee court , et présentant , lorsqu'il est vu verticale-
ment , un élargissement à cliaque côté de sa base : leur queuy
est plus courte à proportion (2).
Les Tangaras gros begs.
A hec conique, gros , bombé , aussi large que liaut , le dos
de la mandibule supérieure arrondi (5).
Les Tangaras proprement dits.
A bec conique , plus court que la tète, aussi large que liant ^
à mandibule supérieure arquée , un peu aiguë (4).
(i) Voyez, sur tout ce genre et sur le suivant, l'ouvrage de M. Des-
marets et de mademoiselle Pauline de Courcelles.
(2) Tanagra vîolacea , enl. ii4 > i j 2. — Tanagra Cayennensis , ib»
3. — Pipra musica , enl. 809, 1.
(3) Tanagra magna , enl. 2o5. — Tanagra atra , enl. 714 > 2. — Co-
jacias Cayennensis , enl. 616.
(4) Tan. ialao, enl. 127, 2. —Tricolor, enl. 33. — Mexicana , enl. 290 ,
2, et i55 , I. — Gyrola , enl. i33 , 2. — Cayana , enl. 201 , 2, et 290 , i*
— Pcruviana episcopus , enl. 178. — Archiepiscopus- Desm. — Varia
Desra. (3IotaciUa vclia. L.) enl. 6G9, 3. — Punctata et siaca , enl. i53. L.
Les tanagra guîaris , enl. i55 , 2 j elpileata , 720 , 2 , approchent de^
becs-fins par leur bec plus grêle. Tan. nigricoïlis , 720 , i, est un vrai bec
fin j une sorte de figuier à bec un peu gros.
PASSEREAUX, 343
Les Takgaras loriots.
A. bec conique , arqué, aigu , échancré au bout (i).
Les Tangaras cardwals.
A bec conique , un peu bombé , une denl saillante obtuse
sur le coté (2).
Enfin , LES Takgaras ramphocèles.
A bec conique, dont la mandibule inférieure a ses branches
renflées en arrière (3).
Les Gobe-Mouches, ( Muscicapa. Lin. )
Ont le bec déprimé horizontalement , garni de
poils à sa base , et sa pointe plus ou moins crochue
et écliancrée. Leurs mœurs sont en général les
mêmes que celles des piegrièches ; et , suivant leur
grandeur , ils vivent de petits oiseaux ou d'insectes.
Les plus faibles passent insensiblement à la forme
des becs-fins. Nous les divisons comme il suit :
Les Tyrans. (Tyrannus. Cuv. )
A bec droit , long, très-fort; l'arête supérieure droite,
mousse ; la pointe subitement crochue. Ce sont des oiseaux
d'Amérique , de la taille de nos piegrièches y aussi braves
qu'elles. Ils défendent leurs petits , même contre les aigles ; et
savent éloigner de leur nid tous les oiseaux de proie. Les plus
(1) Tanagra crlstata , enl. 7 , a , et 3oi , 2. — ISigeninia , enl. 179 *
a , et 7 1 1. — Oliuacea.
(2) Tanagra Mississipensis , enl. 'j/\'i. — T. rubra , i56, i.
/ (3) Tanagra jacapa , enl. ici8. — T. Brasilia , enl. 127 , i.
iV. B. Le tanagra atricapilla , enl. 809 , 2 , et le guyanncnsis son des
picgricches.
344 OISEAUX.
grandes espèces prennent de petits oiseaux ^ et ne dédaignent
pas toujours les cadavres (i).
LfcS MoUCHEROI.ES. (MuSCiP£TA. CuV. )
A hec long , très-déprimé, deux fois plus large que haut ,
même à sa base ; l'arête très-obtuse , et cependant vive ; les
bords un peu en courbe ovale ; la pointe et l'écliancrure faibles ;
de longues soies ou moustaches à la base du bec.
Leur faiblesse ne leur permet de prendre que des insectes.
Ils sont tous étrangers, et plusieurs sont ornés de longues plu-
mes à la queue ou de belles huppes sur la tête , ou au moins
de couleurs vives à leur plumage. Le plus grand nombre vient
d'Afrique ou des Indes (?.)♦
(i) T. Le bentaveo ou ijran à bec en cuiller, du Bre'sil , enl. 212.
( Laniits pitangua , Gni. )
3. Le tyran à ventre jaune ( lan, sulfuraceus , Gm. ) enl. 29G , Je
même que le garlu , ou geai à ventre jaune , de Cajenne. ( Corvus fiavus »
Gra. ) enl. 349.
3. Le tyran h ventre blanc ( lan. tyrannus , Gm. ) enl. SSy et 676.
4» Le tyran à queue rousse ( muscic. auâax , Gm. ) enl. 453 > 2.
5. Le petit tyran ( muscic. ferox. Gm. ) enl. Syi , i.
6. Le tyran à queue fourchue de Cayenne {muscic Lyrannus , Gm.)
«ni. 571 , a.
7. Le tyran à q. f. du Mexique ( muscic. forjlcata , Gm. ) enl,
677 , etc. Qui conque comparera ces oiseaux , verra qu'il n'y avait aucune
raison de les disperser dans deux genres.
(2) Le moucheroUe à huppe transverse , ou roi des gohe-mouches ,
Buff. ( todus regius , Gra. ) enl. 289. — Le moucheroUe de paradis
( muscic. paradisi et todus paradisiacus ,Gm. ) eul. 264. — JV. B. Ce
sont des femelles ; la queue des mâles est beaucoup pins longue. —
Le petit moucheroUe de paradis ou schet de Madagascar ( muscic.
mutata. ) Deux oiseaux que Buffon décrit aussi ailleurs sous le nom de
vardiole ou pie de paradis , et une multitude d'autres espèces , comme
Muscic. horbonica , enl. 673 ,1. — Muscic. cristata , enî. 673 , 2 , e^
Ichltrec , Vaill. Air. III. 142, i. Muscic. cœrulea , cnl. k&'ô , i. — Todus
leucoccphalus , Pall. Sp. VI , pi. III, f. 2. — Musc, melanoptera, enl.
PASSEREAUX. 345
Quelques espèces voisines des moucherolles se font remar-
quer par un bec encore plus élargi et déprimé qu'aux pré-
cédens (i).
D'autres , qui ont aussi le bec large et déprimé , se distin-
guent par des jambes hautes et une queue courte. On n'en
connaît que deux ou trois, tous d'Amérique, et qui se nour-
rissent de fourmis ; ce qui les avait fait réunir à la petite tribu
de merles que l'on nomme fourmilliers (2).
Les Gobe-Mouches proprement dits. (MusciCArA.Cuv.)
Ont les moustaches plus courtes et le bec plus étroit que
les moucherolles. Il est cependant encore déprimé, à vive
arête en dessus, à bords droits, à pointe un peu crochue.
Deux espèces de ce sous -genre habitent notre pays
pendant l'été; elles vivent assez tristement sur les arbres
élevés. La plus commune
( Muscicapa gr isola. Gm. ) Enl. , 5^5 , i .
Est grise dessus, blanchâtre dessous, avec quelques mou-
chetures grisâtres sur la poitrine. Dans quelques pajs, on
en tient dans les appartemens pour y détruire les mouches.
L'autre {Musc, airicapilla. Gm.) Enl, ib., 2 et 3.
Est trcs-remarquable par les changemens de plumage
du mâle. Semblable à sa femelle en hiver, c'est-à-dire,
567, f. 3. — Muscic. barhaia , enl. 85o , i. — Musc, coronata , enl.
675 , 1. — Musc, ruticilla , enl. 566 , 2. Motacilla cristcita , enl. Sgi , i"
— Le mantelc , Vaill. IV, i5i , 1. — Le molenar , id. 160 , 1,2. — Le
g. m. a lunettes , id. 102 , i , etc.
(i) Tels sont musc, auiantia , enl. 83i ,1. — Tocîus macrorhynchos ,
Lath. Syn. I , pi. xxx , et surtout todus p/atyrhrnchos , Pall. Spic. VI ,
pi. III. C. On voit que plusieurs moucherolles ont été placés parmi le
todiers. Quoique Pallas en ait donne' l'exemple , Tëchancrure du bec et la
séparation du doigt externe s'y opposent.
(2) Ici viennent turdus auritus , Gm. enl. 822 , le même que pipra leu-
colis ; mais qui n'est ni un merle ni un manakin. — Et pipra ncevia , enl,
82a, f. 2.
346 OISEAUX
gris avec une bande blanche sur l'aile ; il prend dans la
saist)n des amours une distribution agréable de blanc et de
noir purs; une calotte, le dos^ les ailes ^ la queue noirs; le
front, le collier, tout le dessons du corps, une bande sur
l'aile et le bord extérieur de la queue blancs. Il nicbe dans
des troncs d'arbres (i).
Le bec de ces oiseaux, devenant de plus en plus grêle , ûn[\
par les rapprocher beaucoup des figuiers (2).
Quelques espèces, où l'arête est un peu plus relevée et se
courbe en arc vers la pointe, conduisent aux formes des
traquets (5).
Divers genres ou sous-genres d'oiseaux tiennent d'assez près
à certains chaînons de la série des gobe-mouches.
Ainsi les Gymnocépiiales. GeofF. , ou Tjrans-Chaiives.
Ont à peu près le bec des tyrans; seulement l'arête en est
un peu plus arquée , et une grande partie de leur face est
dénuée de plumes. On n'en connaît qu'une espèce de
(1) Les anciens ont bien connu cet oiseau sous les noms de sycalis et de
ficedula dans &on plumage ordinaire , et sous celui àeinelancorhynchos et
(Vatricapilla dans son beau plumage; mais comme le nom de hequt-jigucy
qui répond à ficeduhi , s^applique dans le Midi et en Italie à diverses fau-
vettes etfarlouses , les nalviralistes ont réuni les attributs de ces oiseaux
sur un certain étnt de ce gobe-mouche , et en ont formé Fespèce imagi-
naire présentée sous ce nom de hec-J'igue , dans Buffon et dans ceux qui
Font suivi,
(2) jVous rapportons encore aux gobe-raouclies proprement dits , le
gillit (Musc, hicolor.) Enl. 675, I. — Le pririt. Vail. 161. Enl. ^Qj ,
I et 2 ( Musc. senegaJensis. Gra. ) — Uazuroux. Vail. i58, II.
(3) Tels sont Voranor , Vaillant , IV , i55 ^ et plusieurs espèces voisines ,
assez semblables pour la distribution des couleurs ai\ iniiscic. niUciUa ,
mais différentes pour le bec , parmi lesquelles doit probablement se placer
le turdiis speciosus , Lath. — Le gobetn. étoile , Vaill. IV, i5y , 'z. — Le
iiiuscic. midiicotoy , Cm. Lalh. Svn. II, l, est tellement intermédiaire
entre les gobe-mouches el le rossignol de muraille j qu'on hésite à lui fixer
sa pla'.c.
PASSEREAUX. 347
Gayenne, grande comme une corneille, et de couleur de tabac
id'Espagne (i). o
Les Céphalopteres. (GeofT.)
Ont au contraire la base du bec garnie de plumes relevées
qui, s'épanouissant à leur partie supérieure, produisent un
large panache en forme de parasol. On n'en connaît aussi
qu'une espèce d'Amérique, de la taille du geai, noire, et à
qui ses plumes du bas de la poitrine forment une sorte de
fanon pendant. ( Cephalopterus ornatus. GeofF. ) Ann. du
Mus., XIII, pi. XV.
Les Cotingas. ( Ampelîs. L. )
Ont le bec déprimé des gobe-mouches en géné-
ral , mais un peu plus court à proportion , assez
large et légèrement arqué.
Ceux oîi il est plus fort et plus pointu ont encore un régime
très- insectivore : on les nomme piauhau , d'après leur cri. Ils
sont d'Amérique , et volent en troupes dans les bois à la
poursuite des insectes (2).
Les Cotingas ordinaires.
Dont le bec est un peu plus faible, oiitre les insectes,
reclierclient encore les baies et les fruits tendres. Ils se
tiennent dans les lieux buniides en Amérique, et se font
remarquer par l'éclat du pourpre et de l'azur qui colorent
(i) C'est le choucas chaînée , Buff. , enl. Sai. ( Coiviis cahus , Gm.)
Uciscau mon père , des nègres de Cayenne. VailL Ois. d'Amer, et des
Indes , pi. XLix.
(2) Ici viennent le piauhau ordinaire , noir à gorge pourpre {Muscic.
ntbricoUis , Gm. ) enl. 38 1 , et le grand piauhau entièrement pourpre
( Cotinga rouge, Vaill., Ois. de l'AtV. et des Ind^s , pi. xxv et xxvi,
Coracias jnilitaris ^ Sliaw. ) Le cotinga gris (aiup. clnerea) ,
enl, G99 , se rapproche aussi des piauhaus plus que de» coliag^i
ordinaires.
348 OISEAUX
le plumage des mâles dans le temps des amours. Le resté
de Tannée, les deux sexes <ii*ont que des teintes grises ou
brunes.
TuOuette. {Ampelis carnifex. L. ) Ënl.^ SyS.
A la calotte, le croupion et le ventre écarlate , le reste
mordoré; sa quatrième penne de l'aile est rétrécie, rac-
courcie et comme racornie.
Le Pompadour, {Ampelis pompadora. L. ) Enl.,279.
Est d'un beau pourpre-clair , avec les pennes des ailes
blanches; ses grandes couvertures ont les barbes roides et
disposées sur deux plans en angle aigu , comme un toit.
Le Cordon bleu, ( Ampelis cotinga. L. ) Enl. , 186
et 188.
Est du plus bel outremer, avec la poitrine violette sou-
vent traversée d'un large ruban bleu , et marquée de
taches aurores (i).
M. le Vaillant le sépare avec raison des cotingas
Les Échekilleurs. (Ceblepyris (2). Cuv. )
Dont le caractère singulier consiste dans les tiges un peu
prolongées, roidcsjet piquantes des plumes de leur croupion.
Ils vivent en Afrique et aux I«des des chenilles , qu'ils re-
cueillent sur les arbres les plus élevés, et n'ont rien de l'éclat
des vrais cotingas. Leur queue, un peu fourchue dans le
milieu, est élagée sur les côtés (5).
(i) Ajoutez encore am-p. Cayana, Enl. 624. — A. inaynana, Enl. 2-29.
— L'amp. tersa et le variegata sont des variétés du cayana. U'ampel eu-
prea merrem ic. av. i . 2 , en paraît une du carnifex.
(7.) IVom grec dW oiseau inconnu.
(5) Tels sont hmuscicapa cana. Gm. Enl. 54i ,ou l'échenilleur cendré
de Vaillant, Afr. pi. clxii j son échcnilleitr jaune , pi. Clxiii j et son
éche-nilleur noir y clxiv.
:?AssEREA.ux. 349
Où peut en séparer aussi
Les Jaseurs. (Bombycivoca. Temmink. )
Qui ont un autre singulier caractère à leurs pennes secon-
daires des ailes , dont le bout de la tige s'élargit en un disque
ovale, lisse et rouge.
L'Europe en possède un, dit, sans que l'on sache trop
pourquoi ,
Jaseur de Bohème. {Ampelis garrulus. L. ) Enl., 261.
Un peu plus grand qu'un moineau, à tète huppée, à
plumage d'un gris-vineux, la gorge noire, la queue noire
bordée de jaune au bout, l'aile noire variée de blanc. Cet
oiseau arrive par troupes dans nos contrées à des intervalles
très-longs et sans régularité ; ce qui l'a fait regarder long-
temps comme de mauvais augure. Il est stupide, se laisse
aisément prendre et élever, mange beaucoup et de tout.
On croit qu'il niche dans le fond du nord.
MM. de Hofmansegg et llliger le séparent avec encore plus
de raison des cotingas
Les Procnias. Hofm.
Dont le hec , plus faible et plus déprimé, est fendu jusque
sous l'œil. Ils vivent en Amérique, et se nourrissent d'insectes*
Une espèce
{Hirundo viridis. Temmink.) se distingue par sa gorge
nue^ l'autre
{ Ampelis cariinculata. Gm. ) Enlnm., !^795, par une
longue caroncule molle qu'elle porte sur la base du bec.
Toutes deux sont blanches dans l'état parfait, verdâtres le
reste du temps, et nous viennent de l'Amérique méridionale.
Enfin, l'on doit placer immédiatement k la suite àe^
cotingas
Les Gymnodères. (Geoff. )
Dont le bec est seulement un peu plus fort, mais dont le
col est en partie nu et la tête couverte de plumes veloutées.
L'espèce connue est aussi d'Amérique méridionale, en grande
35o OISEAUX
partie frugivore, de la taille d'un pigeon, noire, a aiîe.^'
bleuâtres; c'est le gracula niidicollis. Sh., le cornus nuduS
et le gracula fetida. Gm. , enl. 609 (1).
Les Drongos (Edolius. Cuv.)
Tiennent encore à la grande série des gobe-moù-
ches ; leur bec est aussi déprimé et échancré au bout^
son arête supérieure est vive j mais ce qui les dislin-
gue , c'est que les deux mandibules sont légèrement
arquées dans toute leur longueur; leurs narines sont
couvertes de plumes y et ils ont, en outre , de longs
poils qui leur forment des moustaches.
Les espèces en sont assez nombreuses dans les pays qui
bordent la mer des Indes. Généralement teintes en noir
et à queue foui chue, elles vivent d'insectes; quelques-unes
ont, dit-on, un ramage comparable à celui du rossignol (2],
Les Merles. (Turdus. Lin. )
Ont le bec comprimé et arqué ; mais sa pointe ne
fait pas de crochet j, et ses échancrures ne produisent
(1) L'espèce de Vaillant, Ois. de l'Amer, et des Indes , pi. xlv et XLvr^
<îst peut-être différente.
{'2.) Espèces. Lanius for/7calus. Gm. Enl. 189. Vail. Afr. iv. 16^.
Lanius Malaharicus. Sliavr. Vail. iv. lyS. Sonnerat , Voy. aux Indes
et à la Chine , pi. xcvii , qui est aussi le cuculus paradiseus. Briss. iv /
pi. XIV, A. I.
Lanius ccerulescens. Gm, Edw. pi. xui. Vail. Afr. iv. 172,
Coivus bah'cassiw^. Gm. Enl. Go5.
L,e drongoloji. Yail. iv. 171.
Le drongo bronzé, id. 176.
Et plusieurs espèces nouvelles.
Je n'ai pas vu les auiies drongos de Vailiant, nî son hec de fer. '^Lan.
sùperbus. S\i.) (si'AnACjF.s. î!li§er. ^, qui doit snssi être voisin de cette
famille. Je soupçonne <me le corvus fioUentoltus.'Ev]. 9,26, doit Fêlre
égalf^ment.
PASSÈBEAUX. 35l
|>a8 de dentelures aussi i'ortes que dans les piegriè-
ches ; cependant, comme nous l'avons dit j, il j a des
passages graduels de Fun à l'autre genre.
Le régime des merles est plus frugivore ; ils vivent
assez généralement de baies : leurs habitudes sont
solitaires.
Oii réserve plus particulièrement le nom de merle aux
espèces «dont les couleurs sont uniformes ou distribuées par
grandes masses. La plus répandue est
Le Merle commun. ( Turdus meruta, L. )
Le mâle (Enl. , 9.) est tout noir avec le bec jaune; la
femelle (Enl., 555) brune dessus, brun - roussâtre dessous,
taclietée de brun sur la poitrine : oiseau défiant , qui cepen-
dant s'apprivoise aisément, et apprend à bien clianter et
même à parler. Il reste cbez nous toute l'année.
Une espèce voisine, mais qui n'est que de passage ^ et qui
suit de préférence les montagnes, est
Le Merle à plastron hlanc. ( Turdus torquatus. L. ) Enl.,
168 et 182.
Dont les plumes noires sont en partie bordées de blan-
châtre et la poitrine marquée 'd'un plastron de même
couleur.
Nous voyons aussi quelquefois dans nos provinces méri-
dionales ,
Le Blerle à queue blanche. {^Turdus leucurus. ) Lath.,
Syn. j 11 , pi. XXXVIII.
Plus petit, noir, le croupion et la queue (le bout excepté)
blanC3.
Les hautes montagnes du midi de l'Europe nourrissent
deux espèces, le merle de roche ( 2\ saxatilis.) Enl., 562,
et le merle bleu {T. cj-anus.) Enl., '2.5 o , dont le merU
solitaire ( T. solilarius. ) ne diifère point ( i).
f i) Obiïervalion de •M. Bonnclli.
35^ OISEAUX
Le premier, qui vient plus souvent dans le nonl, est le
mieux connu j il niclie dans les rochers escarpés, les vieilles
ruines ; chante bien. Le mâle a la tête et le cou cendré-
bleu, le dos brun, le croupion blanc, le dessous et la queue
orange (i).
On donne le nom de grives aux espèces à plumage grîvelé ;
c'est-à-dire , marqué de petites taches noires ou brunes. Nous
en avons quatre eu Europe, toutes brunes sur le dos et à
poitrine grivelée; oiseaux chanteurs, vivant d'insectgs et de
baies, voyageant en grandes troupes, et dont la chair est uii
manger agréable.
La Drenne. ( Turdus viscivorus. ) Enl. , 4^9 J
Frisch, sxv.
Est la plus grande; le dessous de ses ailes est blanc, elle
aime beaucoup le fruit de gui, et contribue à ressemer cette
plante parasite.
La Lilorne. ( Turdus pilaris. ) Frisch, xxvi.
Qui se distingue de la drenne surtout par le cendré du
dessus de sa tête et de son cou.
La Grille proprcràent dite. {Turd. musicus.) Ènl. , 4o6 ;
Fr., XXVII.
Où le dessous des ailes est jaune-, c'est celle qui chante
le mieux et dont on mange le plus.
(i) On pourrait croire, avec M. Shaw, que c'est pour Tavoir confondu
avec le geai de Sibérie , que Linnœus lui a attribué des habitudes de har-
pie , et l'a nommé tantôt connus , tantôt lanius iiifausius.
On peut rapprocher du merle de roche , le rocar. Vaillant , Afr. loi
et I02. — U'espionneur , id. io3.
Les espèces étrangères , voisines de nos merles solitaires par leur plu-
mage maillé , sont turâ. manillensis. Enl. 636 ; probablement le même
que lurdus violaceus, Sonnerat, deuxième Voyage, pL cvïii. — Tard.
eremita. EnL SSg.
PASSEREAUX, 353
Et le Maum. (Turd. iliacus.) Enl., 5i; Friscli., xxyiiï.
La plus petite , et dont le dessous des ailes et les flanc
sont roux (i).
Les oiseaux étrangers du genre des merles sont très^
nombreux Nous ne citerons que
Le Moqueur. ( Turdus pofyglottus, L. ) Catesb. , xxvii.
Espèce de l'Amérique septentrionale, cendrée dessus,
plus pâle dessous, avec une bande blanclie à l'aile. Elle est
célèbre par son étonnante facilité à imiter sur-le-cbamp
le ramage des autres oiseaux, et même toutes les voix qu'elle
entend (2).
(i) Ajoutez en espèces étrangères de grives, Turd. rufus. Epl/645,
Catesb. 28. — Turd. viigratorius. Enl. 556. Catesb. 29. — T. Guya~
nensis. Enl. 398. i. — T. minor. Edw. 296. — Le grivej'on. Vaillant ,
Afr. 98. ( Turdus olii^aceus ).
JN". B. Turd. aurocapillus. Lath. Enl. 398 , 2. ( Motac. anrocap. 1. )
est un vrai bec-fin à placer avec les fauvettes. — Turdus calliope ( Lath.
Syn. Supplément , fig. du titre ) doit aller avec les rouge-gorges. — Turd,
Cayanus , Enl. 5i5 , est une femelle de colinga.
(2) Le petit moqueur. {T. orpheus.) Edw. 78. — Le moqueur de
Saint-Domingue ( T. Dominicus.) , Enl. 558, i , en sont très voisins.
Parmi les nombreux merles étrangers , nous citerons ici turd. morio.
Enl. igg. — T. erythropterus. Enl. 354- — T. hucogaster. Enl. 648. i.
Le merle roux à collier noir, enl. ii3, — T. chrysogaster. Enl. 221
et 358. — T. plumbeus. Enl. 56o. — T. ourovang, Enl. 557 ? 2- — T:
Indicus. Enl. 564 , i. — T. Senegalensis. Enl. 563 ,2. T. Mada-
gascariensis, Enl. 557 , i. — T. atrica[>illus . Enl. 392, — T.jnacrourus.
Lath. Syn. IIL pi. 39. Vaill. Afr. 114. —T. hispaniolcnsis. Enl. 273 i,
et 558 , 2. — T. palmnium, enl. 55g , i. — T. pectoralis , enl. 644 > ^- —
T. cinnamomeus , enl. 56o, 2. — T. .u/tfrons, enl. 644 j i j trois espècefi
mal à propos rapportées par Buffon aux fourmiliers.
Je crois aussi avoir reconnu le gracula athis dans un vrai merle , vert
dessus, à ventre fauve, à pieds roux-brun.
T. mauritianus , enl. 648 , 2 , se distingue par les plumes de sa tête
étroites et pointues comme au merle rose et à Vétourneau d'Europe. Il ne
paraît pas différer du T. cantor. Sonner. P' Voy. lxxiii.
Le Jîàteur , Vaill. 1 1 2 , se distingue ù sa queue Ion gue ; à barb es effilée
TOME I. 2 3
354 01 s r: AUX
Quelques-uns de ces oiseaux paraissent tenir aux pic-
grièclies pour les moeurs sans que la forme ùe leur bee
puisse les faire distinguer (i).
On ne peut pas distinguer davantage j)ar des caractères
sensibles certains merles d'Afrique, qui vivent en troupes
nombreuses et bruyantes comme les étourueaux, et pour-
suivent les insectes, ou font de grands dégâts dans les
jardins (les stournes de Daudin ou les pâtres de Tcm-
mink. ) L'un d'eux s'égare assez souvent en Europe j
c'est le
Merle couleur de rose. [T. roseus.) Enl., 25 J.
D'un noir brillant, le dos, le croupion, les scapulaires
et la poitrine d'un rose paie, les plumes de la tête étroites
€t allongées en liuppe. H rend service aux pays chauds eu
y détruisant les sauterelles.
D'autres se font remarquer par les teintes éclatantes de
leur plumage couleur d'acier bruni (2) , et l'un de ceux-là
(i) Nous avons déjà parlé à l'article des piegrièches de quelques espèces
rangées d'ordinaire parmi les merles , comme le tard, zeilonus , enl. 272.
Il paraît que l'on pourrait en rapprocher encore le turd. cafer , enl. 563 ,
Vaill. 107 , qui diffère très-peu , même pour les couleurs , du Innius joco-
sus , enl. 5o8. Ces deux espèces entraîneraient aussi le T. capensis , enl.
317 ,VaiIl. io5, et le T. perspicillatus , enl. 604.
D'un autre côté , il serait difficile d'éloigner du zeilonus le liausse-col
noir , Vaill. Afr. iio , et la cravate noire , id. ii5.
Les merles à bec grêle approchent beaucoup des traquets 5 tels sont le
/a/j/rédic , Vaill. Afr. m. — l^e grivetin ,\à. 118. — Le cow-^'or , id. 119.
— Turdus trichas , enl. 709 , 2. — Mais le térat boulan ( Lurd. orientalis),
enl. 273 , 2 , les ramène aux piegrièches à bec'droit. — Les plus petits de
ces merles ont même été regardés comme des fauvettes par plusieurs na-
turalistes. Tels sont Motacilla suhjîava , enl. 584 > « > ^c même que le
citririy Vaill. Afr. 127. — Mot. macroura, enl. 752, 2.
(2) Turdus awatus , enl. 540 {nabirop , Vaill. Afr. 89.) — Turdus
nitens, exil. 56i. (Couigniop , Vaill. 90.)
Ici viennent encore le turd. morio , enl. 199 , Vaill. Afr. 85 ( Corvu?
iiifipennis, Sh. ) et probablement l'éclatant , Vaill. 85 , et le choucador *
id. 86. ( Corvus splendidus , Sh. )
PASSEREAUX. 355
par sa queue étafijée et d'un tiers plus longue que le corps (i).
Il faut évidemment leur réunir le merle de la Nouvelle-
Guinée y à queue trois fois plus longue que le corps, à
double liuppe sur la tête , dont ou a fait un oiseau de paradis
(Paradisœa gidaris. Lalli. et Shaw. P.r. nigra. Gni. Vaill.,
Ois. de Par. , 20 et 2 1 ; Vieill. , Ois, de Par. , pi. vrri. ) , mais
seulement à cause de la singularité et de l'incomparable
magnificence de son plumage.
Les Chocards ( Pyrrho-Corax. Cuv. )
Ont le bec comprimé , arqué et échancré des mer-
les ; mais leurs narines sont couvertes de plumes
comme celles des corbeaux , auxquels on a coutume
de les réunir.
Nous en avons un :
Le Chocard des ^îpes, ( Corvus pjrrhocorax. L. )
Enl. , 55 1.
Tout noir, le bec jaune, les pieds d'abord bruns, puis
jaunes, et dans l'adulte rouges, qui niche dans les fentes
des rochers des plus hautes montagnes, d'où il descend
l'hiver, en grandes troupes, dans les vallées. 11 vit de
fruits , d'insectes , de limaçons , et ne dédaigne pas les
charognes.
Il s'en trouve aux Indes un autre.
Le Sicrîn, ( Vaill. Afr. , pi. lxxxii.)
Distingué par trois tiges sans barbes aussi longues que le
corps , qu'il porte de chaque côté parmi les plumes qui
couvrent son oreille.
Je ne trouve non plus aucun caractère suffisant
pour éloigner des merles /
(2) Turdus œneus ,Qv\> 220. ( Vert doré , Yaill. 87. )
356 OISEAUX
Les vrais Loriots (Oriolus, Lin.)
Dont le bec , semblable à celui des merles, est
seulement un peu plus fort , et dont les pieds
sont un peu plus courts à proportion. Linneeus et ses
successeurs les ont réunis jusqu'à présent aux cassi-
que s y à qui ils ne ressemblent que p'ar les couleurs-
"Le Loriot d" Europe. (Oriolus galbula,!^. ,Gm.) Enl., 26.
Merle d^or^ Merle jaune des Allemands^ etc.
Un peu plus grand que le merle. Le mâle est d'un beau
jaune, les ailes, la queue et une tache entre l'œil et le bec
noirs; le bout de la queue jaune j dans la femelle, le jaune
est remplacé par de l'olivâtre^ et le noir par du brun. Cet
oiseau suspend aux branches un nid artislement fait y mange
des cerises et d'autres fruits, et au printemps des insectes j
voyage à deux ou trois (1).
Buffon a séparé avec raison des merles
Les Fourmiliers. ( Myothera. Illig. )
Que Ton reconnaît à leurs jambes hautes et à leur
queue courte. Ils vivent d'msectes , et principalement
de fourmis. On en trouve dans les deux continens.
Cependant les espèces de l'ancien se font remarquer par
les couleurs vives de leur plumage. Ce sont les brèves de
Buffon {Cori'usbrachjurus fEol, , 267 et 268, Edw.; 324) (2),
(1) Les autres vrais loriots sont : Voriolus chinensis , enl. 570. — Le mela-
nocephaîus , enl. 79, ou loriot rieur , Vaill. Afr. a63. — Le loriot d'or>
Vaill. 260. — Le coudougnan , id. :i6i.
(2) ZV. B. La brève des Philippines , enl. 89 , n'est que celle à''Angole,
Edw. 324 > i^ qui on avait mis une tête de merle , Yaill. , Ois. dt Par.
I. 106.
PASSEREAUX. 357
et son Azurin, ( Turdus cyanurus, Lath. et Gmel. Corvus
cj-anurus. Sliaw.) Enl. , 355 (i).
Les espèces du nouveau continent, bien plus nombreuses,
ont des teintes plus brunes, et varient pour la force du bec et
la longueur proportionnelle de la queue. Elles vivent sur les
énormes fourmilières des bois et des déserts de cette partie du
monde; leurs femelles sont plus grosses que les mâles. Ces
oiseaux volent peu, et ont des voix sonores, extraordinaires
même dans quelques espèces.
Parmi celles à bec fort et arqué , on remarque
Le Roi des fourmiliers. ( Turdus rex. Gm. Corvus gral-
larius, Sliaw. ) Enl., 702.
Le plus grand, le plus élevé sur jambes de tous, et celui
qui a la queue la plus courte; on le prendrait même au
premier coup d'oeil pour un écliassier; sa taille est celle
d'une caille, et son plumage gris est agréablement bigarré.
Il vit plus isolé que les autres (2).
Les espèces à bec plus droit, mais encore assez fort, se rap-
prochent des piegrièches de même bec (5),
D'autres ont le bec grêle et aiguisé, ce qui, aussi-bien
que leur queue striée, les rapproche de notre troglodyte (4),
On doit aussi séparer des merles
(i) Li'azwin n'est point de Cayenne , comme le ditBuffon , mais des
Indes orientales,
(a) Ajoutez le grand bejfroi ( turdus tinnîens ) , enl. 706 , i.
(3) Telles sont le tetema {turdus colma , B.) enl. 821. — Le paîicour
( turdus formicivorus ) , enl. 700 , i . — Le petit beffroi ( turdus lineatus)
enl. 823 , I.
(4) Tels sont le hanibla ( turd. hamhla ) , enl. 703. — h'arada ( turdu
eantans) , enl. 706. a.
Mais on est obligé de renvoyer aux merles plusieurs espèces que Buffoa
' avait placées parmi les fourmiliers à cause de quelques rapports de cou-
leurs , nommément le carilîonneur (T. tintitmahulatus) , enl. 700, 2. —
358 OISEAU^
Les Cingles ( Cinclus , Bechst. ) , viilg. Merles
d'eau.
Dont le bec est comprimé, droit, à mandibules
également hautes , presque linéaires, s'aiguisanl vers
la pointe , et la supérieure à peine arquée.
Kous n'en avons qu'un {Sturniis cinclus. L. (2) Turdus
cinclus, Latli.) Enl., g4<^*
A jambes un peu élevées, à queue assez cotirte , ce qui le
rapproclie des fourmiliers. Il est brun, à gorge et poitrine
blanclies; et a l'habitude singulière de descendre tout
entier dans l'eau sans nager, mais en marchant sur le fondj
pour y chercher les petits animaux dont il se nourrit.
L'Afrique et les pays qui bordent la mer des îndes
nourrissent un genre d'oiseaux voisins des merles ,
que je nommerai
Phîledon (5).
Leur bec est comprimé , légèrement arqué dans
toute sa longueur, écbancré au bout* leurs narines
grandes , couvertes par une écaille cartilagineuse ^ et
leur langue terminée par ur\ pinceau de poils.
Le merle à crauole (T. cinnamomeus) , enl. 060, 2 5 — ceux de la pi. enl.
644> * et ?•? Ti'il i^S*^ j contre tonte apparence, varie'lés dn palicour. C'est
aussi des merles que doit se rapprocher le tanypus. Oppel. Mcm. de l'Ac.
de Bavière pour 1811 et 11S12, pi. viii , qui n'en diftcre que par des
jambes un peu plus liauter-.
(2) C'est encore moins un ciourneau qu'un merle.
(3) Commcrson avait eu le projet de nommer ainsi le polochion ( /«e-
rops iiioluccsnsis , Gm. ', qui est de ce genre. Voj. rjuTon , llist. des
Ois. \I. in-4®j p? 477«
PASSEREAUX. 35g
Les espèces pour la plupart remarquables par quelque
singularité de conformation ont été Ijullollées dans toutes
sortes de genres par les auteurs.
Il en est qui ont des proéminences sur le bec (')j d'autres
ont à sa base des pendeloques cliarnues (2).
Quelques-unes ont au moins des portions de peau dénuées
de plumes sur les joues (5).
Même, dans celles qui n'ont aucune partie nue, on
observe encore quelquefois des dispositions singulières dans le
plumage (4).
(i) Le corbi calao , Vaillant, Ois. d'Aniér. et des Indes, pî. xxiv^
( merops corniculutus , Lath. et Siiaw. ) et une espèce voisine , dont le
tubercule , plu:-, grand , se dirige en arrière vers le front ( mer. monachus,
Lath. ? ) Ces deux oiseaux, de la Nouvelle-Hollande, ne sont ni des calaos,
ni des guêpiers j car ils n^ont pas les doigts externes plus réunis que les
passereaux les plus ordinaires.
{1) Toi vient l 'oiseau de la Nouvelle-Hollande , nommé par Daudin ,
Ornith. n , pi. XVI , pie à pendeloc/ues , ou connus paraâoxus ^ le même
que le merops carunculaius de Phillip , de Latham et de Shaw.; mais qui
n'a pas les pieds d'un merops , et dont le bec est échancré , la langue en
pinceau et les narines sans plume?. Le sturnus caruncuJatiis, Lath. ei Gm.
ou gracula carunciilata. Daud. et Shaw. (Laih.Syn. m, pî. xxxvi )
et le cerllùa carunculaia. Lath. et Gra. (^Yieill. Ois. dor. 11 , pi. lxix. )
me paraissent y appartenir également. Ce dernier chante , dit-on , à mer-
veille , et habite les îles des Amis.
(3) Le goulin , ou merle chauue dts Philippines {gracula calua) EnL
•200. — Le merops phrygiiis. Shaw, Gen. Zool. viii. pi. xx. — Le go~
rMc/f. Yieill. Ois. dor. 11 pi. lxxxviii , (C goruck. Sh.) — heJuscaWiii^
id. ib. pi. LXï ( C. lunata.) — Le gracuîé , id. ib. pi. lxxxvii ( 6'. grn~
cuUfia. ) — Le polochion. Buft'. (mcivps moluccensis. Gm. ), et quel-
ques espèces nouvelles appartiennent à cette division.
IV. B. M. Vieillot a singulièrement mêlé les espèces de ce genre avec
le s grimpereaux , comme MM.. Latham et Shav?" , avec les guêpiers.
(4) Nommément dans le merops JSovœ-Iîollandiœ. Gtïi. et Brown ,
II!. IX, ou merle à cravate frisée. Vailî. Afr. , on niercps circimiatiis.-
Lath. et Shaw. Gen. Zoo!, viii. pi. xxii.
Les espèce-; de ce genre qui n'ont point de ces sortes de singularités^
360 , OISEAUX
Les Martins. ( Gracula. Cuv. )
Sont encore un genre voisin des merles, habitant
de l'Afrique et des pays qui bordent la mer des Indes.
Leur bec est comprimé, très-peu arqué, légèrement
échancré ; sa commissure forme un angle comme
dans les étourneaux. Presque toujours les plumes de
leur tête sont étroites , et il y a un espace nu autour
de leur œil. Ils ont aussi les mœurs des étourneaux ,
et volent comme eux, en grandes troupes, à la pour-
suite des insectes.
Une de leurs espèces [Paradiscea tristis. Gin. Gracula,
tristis. Lalh. et Sliaw. Gracula grj^lliç^ora. Daud.)
Enl., 219.
Est devenue célèbre par les services qu'elle a rendus à
l'IIe-de-France en y détruisant les sauterelles. Elle mange
d'ailleurs de tout, niche dans les palmiers, se laisse aisément
apprivoiser et dresser. Elle est de la taille d'un merle,
Lrune, à tète noirâtre, une tache vers le fouet de l'aile,
le bas ventre et le bout des pennes latérales de la queue
blancs (i).
sont les certhia xantotus. Sh. Vieill. Ois. tlor. II , pi. 84- — C. Novce-
Hollandiœ , ib. pi. Sy et 71. — C. australasiana , ib. 55. — C. nieU
livora, ib. 86. — C. auriculata, ib. 84. — C cœrulea, ib. 83. — C. Seni-
culus , ib. 5o. Je crois même que le cap noir, Vieill. pi. 60. (certhia cucul^
lata , Sh.) doit y appartenir , malgré la longueur de son bec. — Merops
niger, Gm. , ou f as ciculatus. Lath. , ou gracula nohilis, Merrcm. Bejtr.
Fasc. I , pi. II , en est encore plus probablement. Dans aucun cas ce ne peut
être un guêpier. Je place encore parmi ces philedon le verdin de la Co-
chin4:hine , Enl. 643 , qui est le deuxième Lurdus Malaharicus , n° iiS
de Gmel (car le premier, n° 5i , est un martin ) , et le certh. cocinci-
nica. Sh. Vieill. 77 et 78.
(i) II est difficile de comprendre comment Linnœus en avait fait un
oijeau de paradis. A ce genre apparlienneut encore le gracula crislaLeUa
PASSEREAUX. ' 36l
Les Lyres (M^enura. Sh.)
Que leur grandeur a fait rapporter par quelques-
uns aux gallinacés, appartiennent évidemment à Tor-
dre des passereaux , par leurs pieds à doigts séparés
( excepté la première articulation de lexterne et du
Enl. 5o7, et Edw. 19, qui est à peine une variété de l'ordinaire. — Le
porte-lambeaux. Vaill. Afr. pi. gS et g4, qui est le gr. caruncuîata,
Gm. ou le gr. larvata. Shaw , ou le sturnus galUnactus. Daud. — Le
turd. pagodarum. Vaill. Afr. gS. Le premier malabaricus , \e gb^ginia-
nus , le martin gris de fer. Vaill. Afr. gS , i ^ etle sturnus s ericeus. Gm.,
y appartiennent également , ainsi que quelques espèces nouvelles. J'y
rapporte aussi , par conjecture , le turd. ochrocephalus. Lath. ( sturn.
ceylanicus. Gm. ) Brown. 111. xxii.
N. B. On ne peut comprendre quel type Linnœus et ses successeurs
se sont fait de leur genre gracula. Linnœus le forma d'abord , dans sa
dixième édition , de sept espèces très-disparates , savoir :
I Reiigiosa , le mainate , que je place près des rolliers.
a Feliàa , que je soupçonne le même que le coînud , c'est-à-dire
Toisin des cotingas.
3 Barita et 4 <]uiscuJa , qui sont des cassiques.
5 Cristatella , qui est un martin.
6 Sauîaris , ou plutôt solaris , qui est une piegrièche à bec droit , cl le
même oiseau que T. niindanensis , enl. 627 , i.
Enfin 7 Atthis , qui est im merle.
Dans la douzième édition , il ajouta le gouUn (Gracula calva), et mit le
martin ordinaire parmi les oiseaux de paradis.
Gmelin , d'après Pallas , y ajouta un carouge ( gr. longirostra ). * Il y
plaça aussi le martin porte-îambeanx (grac. caruncuîata), tout en laissant
le martin commun dans les oiseaux de paradis • enfin il y mit le picucule
{grac. cayennensis), qui est un grimpereau. M. Latham y a transporté le
martin {grac. Iristis), le col nu {grac. nuda) , et un de mes philedons
grac. icterops)**. Daudiu a mis , à la suite du martin , les espèces qui lui
* Je ne connais point le s;racula sturnina de Pallas.
** Je ne connais pas non plus les g^mc. cj-anotis, melanocephala, et viridis
de M. Lathnm j mais je les soupçonne d'appartenir aussi à mes philedons.
362 OISEAUX
moyen), par leur bec triangulaire à sa base, allongé,
un peu comprimé et échancré vers sa pointe ; les na-
rines membraneuses y sont grandes , et en partie re-
couvertes de plumes comme dans les geais. On les
distingue à la grande queue du mâle, très-remar-
quable par les trois sortes de plumes qui la compo-
sent 3 savoir, les douze ordinaires très-longues, à barbes
effilées et très-écartées; deux de plusau milieu , garnies
d'un côté seulement de barbes serrées , et deux exté-
rieures courbées en S , ou comme les branches d'une
lyre, dont les barbes internes, grandes et serrées,
représentent un large ruban , et les externes, très-
courtes , ne s'élargissent que vers le bout. La femelle
n'a que douze pennes de structure ordinaire.
CeUe espèce singulière (A/cpm/r.a. Sha^v.) Yieill. ,Ois. de
Farad., pi. xiv, xv ^ habite les cantons rocailleux de la
Nouvelle-Holiande; sa taille est un peu moindre que celle
du faisan.
Les Manakins. (Pipra. Lin.)
Sont un petit genre d'Amérique , à bec comprimé ,
plus haut que large , échancré , à fosses nasales gran-
des, à queue courte : ils se lieraient à quelques égards
aux fourmiliers , si leurs pieds n'étaient pas courts ^
et s'ils ne se distinguaient d'ailleurs de tous les autres
dentirostres par leurs ûqu^ doigts extérieurs réunis
ressemblent en effet , et dont Gmelin avaitlaissé deux parmi les turdiis [tnrd^
pagodarum et Ma^ahuncas). Eniîn jM. Sl)aw n compléta la bizarrerie de ce
genre, en y plnçimt encore trois cassicans ( ses gr. slrepera , varia et tihi-
ce//); et tn leur ajoniaul le lalapiot , qui C3t un grimpereau, ou urc
sittelle ( m'ac. picoides ). Il est certain que des genres ainsi composes
peuvent excuser , sinon justifier ,i'i.iuineur des cnaemis des méthodes..
PASSEREAUX. 363
êur près de moitié de leur longueur. D'autre part,
leur bec court et leurs proportions générales , les ont
fait long-temps regarder comme assez semblables à
nos mésanges. On doit mettre à leur tête, et dans un
groupe séparé,
Les Coqs dk roche. (P».upicola.)
Qui sont grands et portent sur la tête une double crête
verticale de plumes disposées en éventail. Les mâles adultes
des deux espèces connues sont du plus bel orangé, et les jeunes
d'un brun-obscur.
Ces oiseaux vivent de fruits , grattent la terre comme des
poules, et font leur nid avec du bois sec dans les cavernes
profondes des rochers. La femelle pond deux œufs (i).
Les vrais Manakiîvjs. (Pipra. Cuv. )
Sont petits et se font presque tous remarquer par des couleurs
vives (2). Ils habitent en petites troupes dans lesforêts humides.
Les Becs-fins. ( Motacilla. L.)
Forment une famille excessivement nombreuse,
reconnaissable à son bec droit , menu , semblable à
un poinçon. Quand il est un peu déprimé à sa base ,
il se rapproche de celui des gobe-mouches ; quand
il est comprimé et que sa pointe se recourbe un peu ,
il conduit aux piegriéclies à hec droit.
On a essayé de les diviser comme il suit :
Les Traque rs. (Saxicola. Becljst.)
Ont le bec un peu déprimé et un peu large à sa base , ce qui
les lie surtout à la dernière petite tribu des gobe- mouches.
(i) Plprn rupicola, enl. oc;. et 7/17. — Pipra peruuiana. Lath. enl. 745.
(2) Pipra pareola, enl. 687,2, et 5o5 , 2. — Sup-rba. Pallas, 5p. 5.
pi. in. F. 1. — Erytrhocephala , en!. 34 , i. — Aurela , 34 , 3 , et 007. ,
'■• — Screna 'b'i.L\ , 2. — GuUuruus , S'zzj ^ i. — LiucoccipiUa , 5/j . 2. —
Manacus , 5o2, i , et 5o5 ^ i.
0
364 OISEAUX
Ce sont des oiseaus vifs, assez hauts sur jambes. Les espëcesl
Je ce pays-ci niclient à terre ou sous terre, ne mangent
que des insectes.
Nous en possédons trois :
Le Traquet. ( Motacil. rubicola. Lin. ) Enl. 678 , i.
Petit oiseau hrun, à poitrine rousse , à gorge noire, avec
du blanc au côté du cou, sur l'aile et au croupion. Il vol-
tige sans cesse sur les buissons, les ronces, et avec un petit
cri semblable au tictac d'un moulin, d'où lui vient son nom.
Le Tarier. ( Mot, ruhelra. ) Enl. , ib., 2.
Ressemble beaucoup au traquet ; mais son noir , au lieu
d'être sous la gorge , est sur la joue. Il est un peu plus grand,
et se tient plus à terre.
Le Motleux o\x cul blanc. [Mot. œnanthe.) Enl., 554*
Le croupion et la moitié des plumes latérales de la queue
blancs. Le mâle a le dessus cendré , le dessous blanc-rous-
sâtre, l'aile et une bande sur l'œil noires. Dans la femelle ,
tout le dessus est brunâtre et le dessous roussàtre. Cet oiseau
se tient dans les champs qu'on laboure , pour prendre les
vers que le sillon met à nu (i).
Les Rubiettes (2). ( Sylvia. Wolf et Meyer. Ficedula.
Bechst. )
Ont le bec seulement un peu plus étroit à la base que les
précédens. Ce sont des oiseaux solitaires , qui nichent géné-
(i) Ajoutez aux traquets , viot. caprata , enl. 235. — Mot.fuUcata , enl.
i85 ,1. — Mot.philippends , ib. 2. Le pâtre, Vaill. Afr. p. 180.
Et au cul blanc , mot. leucothoa , enl. 583 , -a. — L'imitateur , VailL
Afr. 181. id. — Le familier, id. i85. — Le montagnard , id. 184. — Le
fourmilier, 186. — Mot. leuconwla , Falc. Voy. III, xxx.
Le mot. cyanea , Gm. Lath. Syn. II , pi. lui , a le bec des traquets
et n'en diffère que par sa longue queue.
(1) Rublelte , nom du rouge-gorge dans qucîques-uncs de nos pro-
vinces.
PASSEREAUX. 365
ralement clans des trous , et vivent d'insectes , de vers et de
hayes.
Nous en avons ici quatre espèces :
Le Rouge-gorge. ( Mot. ruheculaj L. ) Enl. 56i , i.
Gris-brun dessus , gorge et poitrine rousses, ventre blanc;
niche près de terre dans les bois, est curieux et familier.
Il en reste quelques-uns en hiver , qui , pendant les grands
froids , se réfugient dans les habitations , et s'y apprivoisent
très-vite.^
La Gorge bleue. ( Mot. suecica. L. ) Enl. , 36i , 2.
Brun dessus , gorge bleue , poitrine rousse , ventre blanc ^
plus rare que le précédent, niche aux bords des bois, des
marais.
La Gorge noire ou Rossignol de muraille. ( Mot. phœni"
c«rM5. L.) Enl. , 55i , i.
Brun dessus, gorge noire, poitrine, croupion et pennes
latérales de la queue roux ; niche dans les vieux murs , et
fait entendre un chant doux , qui a quelque chose des mo-
dulations du rossignol.
Le rouge queue. ( Mot. erithacus , titys , gibraltariensis ^
atrata. Gm. ) Edw. j 29.
Diffère du précédent , surtout parce que sa poitrine est
noire comme sa gorge. H est beaucoup plus rare (1).
Les Fauvettes. (GuRRucA.Bechst. )
Ont le bec droit, grêle partout, un peu comprimé en avant j
l'arête supérieure se courbe un peu vers la pointe^
Le plus célèbre oiseau de ce sous-genre est
(1) Ajoutez: Le rouge gorge à dos bleu {mot. siaîis) , eul, 390.—
mot. Calliope, Lath. Syn. Supp. frontisp.
y
366 OISEA.UX
Le Rossignol. ( 3lGt. luscinia. Lin. ) Enl. , 61 5 , 2,
Brun-roiî^sâlre dessus, gris-blancbâtredessous , la queue
un peu plus rousse. Chacun connaît le chantre de la nuil ,
et les sons mélodieux et variés dont il charme les forêts.
Il niche sur les arbres^ et ne chante que jusqu'à ce que ses
petits soient éclos. Le soin de leur nouriiture occupe alors
le mâle comme la femelle.
La partie orientale de l'Europe produit une race un
un peu plus grande . à poitrine légèrement variée de re-
flets grisâtres. ( Mot. philomela. Bechst. )
Les autres espèces portent en commun le nom de fau-
vettes : elles ont presque toutes un ramage agréable , de la
gaieté dans leurs habitudes , volètent continuellement à la
poursuite des insectes^ nichent dans des buissons et, pour
le plus grand nombre , au bord des eaux , dans les joncs , etc.
Je place en tête une espèce assez grande pour avoir élé
presque toujours mise dans le genre des grives (i).
C'est la Rousserolle , Rossignol de rwière , etc. ( Titrdus
arundinaceus. Lin. ) Enl. , 5i5.
Brun-roussâtre dessus , jaunâtre dessous, gorge blanche ,
un trait pâle sur l'œil , un peu moindre que le mauvis , à
bec presque aussi arqué.
Elle niche parmi les joncs, et ne mange guère que des
insectes aquatiques.
La petite Rousserolle ou EJfarvatte, ( Mot. ariindinacea.
Gmel. )
Semblable à la précédente pour les mœurs et les cou-
leurs , mais d'un tiers moindre.
La Fauvette de roseaux. ( Mot. salicaria. Gm. ) Enl. 58 1 , 1.
Encore plus petite que l'effarvalte, à bec plus court à pro-
(i) Il y a , dans les pays étrangers, des fauvettes interme'diaires entre
îa grande et la petite rou^^serole, et entre celle-ci et !a fauvette de roseaux
i
I
PASSEREAUX. . 36l
portion , gris-olivâtre dessus, jaune trës-palc dessous^ un
Irait jaunâtre entre l'oeil et le bec.
La Fauvette tachetée. ( Mot. nœt'ia. ) Albi», lïl, 'îQ. No-
seman y il , pî. 55.
Habite aussi les roseaux. C'est la plus petite des aquati-
ques , fauve , tachetée de noirâtre dessus , blanchâtre ,
teinte de fauve dessous , tachetée de gris sur la poitrine.
Une variété non tachetée sur la poitrine a été nommée
3Ioî. schœnohœniis.
Parmi les espèces plus attachées aux terrains secs, on
distingue d'abord ,
La Fauvette à tête noire. {Mot. atricapilla. Lin. ) Enl. ,
58o y I et 2.
Brune dessus , blanchâtre dessous , une calotte noire dans
le mâle, rousse dans la femelle.
La Fauvette proprement dite. {Mot. orphea. Tem. ) EnL ,
L'une des plus grandes, brun-cendré dessus, blanchâ-
tre dessous, du blanc au fouet de l'aile , la penne externe de
la queue aux deux tiers blanche , la suivante marquée d'une
tache au bout, les autres d'un liseré.
La Fauvette grise, { Mot. silvia. Lin. ) Gotrs^e blanche des
Anglais. Brit. , zool , pi. 5 , n" 4.
Plus petite et plus grise que la précédente , le bec plus
menu , mais les taches blanches disposées de même.
en sorte qu'on ne peut , selon moi , séparer la rousserolle des fauvettes ,
bien que favoue qu'il résulte de là un passage presque insensible entre les
merles et les becs-fins^ tout comme il y eu a un entre les becs-fins et les
piegrièches à bec droit , entre les merles et les piegrièches à bec arqué. Tous
ces genres se tiennent étroitement.
368 OISEAUX
La Fauvette hahillarde, ( Mot. curriica. Lin. ) Enl. Syo
3 , ?. Noseman , II , pi. gy.
Dessus gris-fcrun roussâtre , dessous blanc , le blanc de là
queue comme aux deux précédentes , les pennes et les cou-
vertures des ailes bordées de roux.
La Passeriîiette ou Faui^ette bretonne. (Mot.passerina»}
Lath., Syn., Sup., pi. cxiii. Noseman, II, pi. 72.
Gris-brun cendré uniforme ; dessous blanchâtre.
La Fauvette épervière. ( Mot. nisoria. Beclist. )
Un peu plus grande que la passerinette , de même cou-
leur , seulement quelques ondes grisâtres sur les flancs , et
quelques taches sous la base de la queue (i).
Bechstein sépare des autres fauvettes
Son ACCENTOR ,
Qui est la Fauvette des Mpes , Buff. ( Mot. Mpina ) , Enl. ,
668,
Parce que son bec grêle , mais plus exactement conique que
celui des autres becs-fins , a ses bords un peu rentrés.
C'est un oiseau cendré , à gorge blanche , pointillée
de noir, avec deux rangées de taches blanche sur l'aile , et
du roux-vif aux flancs. Use tient dans les pâturages des hautes
Alpes, où il chasse aux insectes, et d'où il descend en hi-
ver dans les villages pour y trouver quelques grains.
Je crois observer le même bec à notre Fauvette dliiver y
Traîne-Buisson , etc, {Mot. modularis , Lin. ) , enl. , 61 5 , i .
La seule espèce qui nous reste en hiver , et qui égayé un
peu cette saison par son agréable ramage. Elle est en des-
sus d'un fauve tacheté de noir , et cendrée - ardoisée des-
sous. L'été elle va dans le nord et dans les bois des mon-
tagnes j l'hiver, elle se contente aussi de grains à défaut d'in-
sectes.
(i) N. B. Les descriptions des fauvettes sont sî v.ngues et leurs figures si
mauvaises , qu''il e«t presque impossible d"'en déterminer les espèces. Cha-
que auteur les dispose autrement. Ainsi Ton peut compter sur nos descrip-
tions , mais non pas absolument sur notre synonymie.
PASSEREAUX. SGQ
Oa pourrait aussi distini^uer quelques hecs-fins étrangers
à bec irès-gréle comprimé presque comme aux merles, à
queue longue et étagée, que l'on a laissés jusqu'ici pnrmi
les fauvettes (i). Quelques-ums de leurs espèces construisent
des nids de coton ou d'autres lilamens disposés avec beau-
coup d'art.
Les RoiTEi.ETs ou Figuiers. (Pcegulus. Cuv.)
Ont le bec grêle parfaitement en cône très-aigu, et même,
quand on le regarde d'en baut ^ ses côtés paraissent un
peu concaves. Ce sont de petits oiseaux qui se tiennent sur
les arbres et y poursuivent les moucberons. Nous en avons
trois ici ,
Le Roitelet, ( Mot, résidus. L. ) Enl. , 65t ^ 3.
Le plus petit de nos oiseaux d'Europe, olivâtre dessus,
blanc jaunâtre dessous, tête noire marquée d'une belle
tacbe jaune-d'or, dont les plumes peuvent se relever. Il fait
sur les arbres un nid en boule dont l'ouverture est sur le
côté , se suspend aux brandies dans tous les sens comme les
mésanges, se rapprocbe des babitations en liiver.
Le Pouillot. (Motac. troc};jdus. L. ) Enl., ib., i.
Un peu plus grand que le roitelet, de la même couleur,
mais sans couronne; de mêmes moeurs, mais d'un plus joli
ramage, et s'éloigna nt en biver.
Le ^rand Pouilloi. ( Dîotac. hjpolaïs.) Becbst. Ifl , xxiv.
Encore un peu plus grand, à ventre plus argenté.
Les figuiers étrangers sont fort nombreux el souvent
revêtus de couleurs agréables (i).
(i) Motacilla wacroitra f Gm. enl. ySa , i. — Mot, suhfiava, Gm.
enl. 584 > I > probablement le même que le citrln , A'adl. Afr. 137. — Le
double sourcil , id. 128. — Le capolier , id. lag , i3o.
(2) Tels sont le tcheric , Vaill. III, i3i. — Le cou jaune {mot, pen-
silis) , enl. 686 , 5. — he //g. lâcheté du Canada ( mot. œstiva) , enl. 58»
TOME I . ^4
370 OISEAUX
Les TiiOGLODiTEs. ( Troglodiies. Cuv. ;
Ne diffèrent des figuiers que par un bec encore un peu pltis
grêle et légèrement arqué.
Nous n'en ayons qu'un,
Le Troglodyte d'Europe (Mot, troglodytes, Ij.) EnK,
65 1 , 2 , nommé en plusieurs lieux Roitelet.
Brun strié en travers de noirâtre , avec du blanchâtre à
la gorge et au bord de l'aile , la queue assez courte et relevée.
11 niclie contre terre, et chante agréablement jusque dans
le plus fort de l'hiver (i).
Les Hochequeue. (Motacilla. Bechst.)
Joignent à un bec encore plus grêle que celui des fauvettes
une queue longue qu'ils élèvent et abaissent sans cesse, des
jambes élevées, et surtout des plumes scapulaires assez longues
pour couvrir le bout de l'aile repliée, ce qui leur donne uq
rapport avec la plupart des échassiers.
Les Hochequeue proprement dits ou Lavandières.
( MoTACIELA. Cuv. ) .
Ont encore l'ongle du pouce courbé comme les autres
becs-tins. Elles vivent au bord des eaux.
Celle de notre pa}S {Mot. alha et cinerea. L. ) Enl., 652.
Est cendrée dessus, blanche dessous, avec une calotte à
l'occiput , et la gorge et la poitrine noires.
2. — lue /ig. à gorge jaune ( mot. ludoviciana ) enl. ySi , 2. — hejftg. à
poitrine jaune {mot. inystacea) y enl. 709, 2, Edw. 257, 2. — he/ig.
cendré de Canada ( mot. Canadensis) , enl. 685 , 2. — he/îg. de Vile de
France {mot. mauriciana ) , enl. 706 , i. — Le plastron noir y Vaill. III,
123, etc. Ceux qui ont le bec un peu large à sa base tiennent de près
aux gobe-mouches ili bec étroit.
(i) Les troglodites étrangers, se lient d'une part aux fourmiliers, de
i'auire aux grimpereaux.
i
PASSEREAUX. 3^t
Les Bergeronnettes. ( Budytes. Cuv. ) (i)
Ont, avec les autres caractères des lavandières, l'ongle du
t>ouce allongé el peu arqué , ce qui les rapproche des far-
louses et des alouettes. Llles se tlenaent dans les pâlu*
rages, et poursuivent lès insectes parmi les troupeaux.
La plus commune ^ la t>erg;eronhette de Printems, [Mot,
jlava,) Enl , 67/^, 2.
Est cendrée dessus, olive au dos, jaune dessous, un
sourcil et les deux tiers des pennes latérales de la queue
blancs (2) .
Les Farlousês. (Anthus. Beclist. )
Ont été long-temps réunies aux alouettes, à cause de l'ongle
long de leur pouce; mais leur bec grêle et échancré les
rapproche des autres becs- fins. En même temps, leurs pennes
et couvertures secondaires, aussi courtes qu'à l'ordinaire, ne
les laissent pas confondre avec les bergeronnettes.
Les unes, dont l'ongle est encore assez arqué, se perchent
volontiers.
"Le Pipi, (Glanda trivialis et fninor Cm. Anthus àrhoreus»
Bechst. ) Enl., 660, 1 (5).
Brun-olivatre dessus, grisâtre dessous, tacheté de noirâtre
à la poitrine, deux bandes transversales pâles sur l'aile.
D'autres ont tout-à-fait au pouce un ongle d*alouette j elles
se tiennent plus souvent à terre.
ludi Farlou<e ou. Alouette de pré. ( Alauda pratensis. Gm.
Anthus pratensis. Bechst.) Enl.^ 661, 2 (4).
Brun - olivâtre dessus, blanchâtre dessous, des tache*
(i) Budytes, nom de la bergeronnelte , parce qw'on la voit parmi ie«
bœufs.
(2) Ajoutez la berg. jaune ( 'not. hoarula , L. ; Edw. 25g.
(3) Sous le faux nom de farlouse.
(4) Nommé mal à propos alouette pipi.
3^2 ' OISEAUX
brunes à la poitrine et aux flancs, un sourcil bîancliâtre, les
Lords des pennes externes de la queue hlancs.
Elle se lient dans les prairies liumides ou inondées, niche
dans les joncs, les touffes de gazon. Elle engraisse sin-
gulièrement en automne en mangeant du raisin, et se
recherche alors, dans plusieurs de nos provinces , sous les
noms de bequeji^ue et de 'vinette (i):
Les farlouses nous conduit^aient directement
aux alouettes , mais nous sommes obligés de
traiter auparavant d'une petite famille qui se
lie a celle-ci par les gobe-mouches ; c'est celle
des FISSI ROSTRES,
Famille peu nombreuse., mais très-dislincte
de toutes les autres par son bec court, large, aplati
horizontalement , légèrement crochu , sans
échancrure , et fendu très-profondément ; en
sorte que Touverture de leur bouche est très-
large , et qu'ils engloutissent aisément les in-
sectes qu'ils poursuivent au vol.
C'est a la tribu des gobe-mouches qu'ils tien-
nent de plus près, et spécialement aux procnias,
dont le bec ne diffère presque du leur que par
son échancrure.
Leur régime, absolument insectivore, en fait
(i) Ajoutez la rousseline {sLr\ù\. campestris) , enl. 65r , î. Parmi les far-
louses étrangères placez Valauda capensis , enl. 5o4,2. — L'a/, rufa, ib.
758, 2. — Une autre nifa , ib. 7.58 , i. — Probablement le rubrur
Edw. -297.
PASSEREAUX. SyS
éminemment des oiseaux voyageurs qui nous
({uittent en hiver.
Ces oiseaux se divisent en diurnes et noc-
turnes 5 a rinstar des oiseaux de proie.
Les Hirondelles. (Hiruivdo. L. )
Comprennent les espèces diurnes toutes remar-
auables par leur plumage serré, la longueur extrême
Je leurs ailes et la rapidité de leur vol.
Parmi elles, on distingue
Les ^ÎÀRTI^ETS. (Apis. Cuv. Cypselus. Illiger.)
De tous les oiseaux, ceux qui ont les plus longues ailes à
proportion et qui volent avec le plus de force j leur queue est
fourchue; leurs pieds, très - courts , ont ce caractère fort
particulier, que le pouce y est dirigé eu avant presque comme
les autres doigts, et que les doigts moyen et externe n'ont
chacun que trois phalanges comme l'interne.
La brièveté de leur humérus, la largeur de ses apophyses,
leur fourchette ovale, leur sternum, sans échancrure vers le
bas indiquent, même dans le squelette, à quel point ces
oiseaux sont disposés pour un vol vigoureux; mais la brièveté
de leurs pieds, Jointe à la longueur de leurs ailes, fait que,
lorsqu'ils sont à terre , ils ne peuvent prendre leur élan ; aussi
passent-ils pour ainsi dire leur vie en l'air, poursuivant en
troupes et à grands cris les insectes dans les plus hautes
régions. Ils nichent dans des trous de murs et de rochers, et
grimpent avec rapidité le long des surfaces les plus lisses.
L'espèce commune {^Flirundo apiis. L. ) Enl., 542, 1.
Fsl noire, à g'^^'ge blanche.
L'espèce des hautes montagnes (I/irundo mclha. L.}
Edw., 27 ; Yaiîl. Afr., 245.
374 OISEAUX
Est plus granclc , Brune dessus , Waiiclie dessous, avec u»
collier brun sous le cou (i).
Les Hirondelles proprement dites. (Hirxjndo. Cuv.)
Ont les doigts des pieds et le sternum disposés comme dans
le grand nombre des passereaux.
Quelques-unes ont les pieds revêtus de plumes jusqu'aux
ongles; leur pouce montre encore un peu de disposition à se
tourner en avant j leur queue est fourchue et de grandeur
médiocre.
UHirojidelle de fenêtre. {Hirundo urhica. L.) Enl., 542, 2.
Noire dessus, blanche dessous et au croupion. Tout le
monde connaît les nids solides qu'elle construit en terre
aux angles des fenêtres, sous les rebords des toits, etc. . . (2)
D'autres ont les doigts nus, la queue fourchue à four-
ches souvent très-longues.
\/ Hirondelle de cheminée. {Hirundo rustica, L. )
Enl. , 545, I.
Noire dessus, le front, les sourcils, la gorge roux, le
reste du dessous blanc j son nom vient de l'habitation qu'elle
choisit d'ordinaire. 1
U Hirondelle de rivage. {Hirundo riparia, L. ) Enl. , 543 , 2.
Brune dessus et à la poitrine, la gorge et le dessous blancs.
Elle pond dans des trous le long des eaux. 11 paraît constant
qu'elle s'engourdit pendant l'hiver, et même qu'elle passe
cet état au fond de l'eau des marais (5).
(1) Ajoutez hlr.sinensis. — Le martinet à croupe blanche , Vaill. Afr,
a44 j 1 ? — ^c martinet vélocifère , id. ib. ^44 > ^^
(2} Ajoutez hirundo Cayennensis , enl. 726 , 2. — Hir. ludoviciana ,
Nob. enl. 723, I , et Catesb. i , 5i. — Hir. montana (la même que ru-
pe tiis.
(3) Ici viennent : flir. rufa, enl. 72 'f , 1. — Hir. fasciata , enl. 724» 2.
— Hir. violacea , enl. 723. — Hir. chalyhœa , enl. 545, 2. -^ Hir. Se-
PASSEREA-UX. 3'] J
heA pays étrangers ont quelques hirondelles à queue presque
Carrée (i), et d'autres dont la queue carï?ée et courte a ses
pennes terminées en. pointe (2}.
Oji doit remarquer parmi les liirondelles étrangères
La Salangane. {Ilir^ esculenta. L. )
Très -petite espèce de l'archipel des Indes, à queue
fourchue, brune dessus, blanchâtre dessous et au bout de
la queue , célèbre par ses nids de substance gélatineuse
blanchâtre , disposée par couches , qu'elle fait, à ce que Fou
croit, avec le frai de certains poissons, ou avec quelque
écume qu'elle recueille à la surface de la mer. Les vertus
restaurantes attribuées à ces nids en ont fait un article im-
portant de commerce à la Chine. On les apprête comme
des champignons.
Les Engoulevents. (Caprimulgus. L.) (5)
Ont ce même plumage léger, mou et nuancé de gris
et de brun qui caractérise les oiseaux de nuit; leurs
yeux sont grands, leur bec, encore plus fendu qu'aux
hirondelles, garni de fortes moustaches , etpouvant en-
gloutir les plus gros insectes qu'il retient au moyen d'une
negaîensis , enl. 3io. — Hir. Capensis,enl, yaS , 2. — Hir. Indien , Lath.
jSyn. II , pi. LVI. — Hir. Panayana , Sonn. 1®^ Voy. pi. 76. — Hir.
subis , Edw. 120. — Hir. ainhrosiaca. Briss, II , pi. 45, fig. /\. — ///**•
tapera , ib. fig. 3. — Hir. nigra , id. pi. 4^ , fig. 3 — Hir. daurica. —
Uhir. à front roux, Vaitl. Afr. ^45 , a. — Uhir. de marais , id. ib. 246,
2. — XJ'kir. huppée , id. ib. ^47.
(1) Uir Doniinicensis , enl. 545, i. — Hir. torquata , enl. 723, i. —
Hir, leucoptera , enl. 546 , i . — Hir. Francien , enl. 544 5 ^* — H^'"* Borho-
nica. — Hir. Anierieana. — Uhir. fauve , Vaill. Afr. 24^» ^*
(2) Hir. Aeuta, enl. 544 > i» -"• Hir. peîasgin, enl.„726, i et 2.
(5) Caprimulgus , têle-chèvre , cegotheins ,TioYas tirés de l'idée bizarre ,
répandue parmi le peuple, qu'ils têtenî les chèvres et même les vaches.
3^6 OISEAUX
salive gluante; sur la base sont les narines en forme
de pelils tubes; leurs ailes sont longues^ leur queue
carrée^ leurs pieds courts à tarses emplumés^ à doigts
réuins à leur base par une courte membrane; le
pouce liii-nieme s'unit ainsi au doigt interne et peut
se diriger en avant ; longle du milieu est souvent
dentelé à son bord interne, et le doigt externe, par
une conformation rare parmi les oiseaux, n'a que
qîiatre phalanges. Les engoulevents vivent isolés, ne
voient que pendant le crépuscule ou dans les belles
nuits, poursuivent les plialènes et autres insectes
nocturnes , déposent à terre et sans art un petit
nombre d'œufs;rair qui s'engouffre, quand ils volent,
dans leur large bec y produit un bourdonnement
particulier.
Nous n'en avons en Europe qu'une espèce
( Caprimuîgus Europœus. L. ) Enl., içp.
Grande comme une grive ^ d'un gris-brun ondulé et mou-
cheté de brUn-noirâtre , une bande blanchâtre allant du
bec à la nuque. Elle niche dans les bruyères, pond deux
œufs seulement.
L'Amérique produit plusieurs de ces oiseaux, dont un
aussi grand (ju'un hibou ( Capriiu. grandis. ) Enl. , ^25 (i).
L'Afrique en a aussi quelqitcs-uns dont la queue fourchue
est \xn indice de plus de leurs ï'apporls avec les hiroTRÎelles ;
leur ongle du milieu n'est pas dentelé (2).
(1) Ajoutez : Capr. f^ir^hii'anus ,'Eâyv . 63, fjui me paraît au moirïf très-
voisin du Guyancnsis i eal. 733. — Capr. CarolinenSis , Catesb. 8'
espèce foï* voisiue de la nôtre. — C .Jamaicensis , Lath. Syn. II , pt. 5j.
— C. ru/us , enl. joo. — C. semitorqiiatus , enl. 734. — C*. Cayeiviensis ,
enl. 760. — C. (ICI! tus , enl. 'jSi.
l^o.] Copr. furcùLus , Cuv. Vaill. Ah. 47- — ^- pccloralis ^ fd. ib, 49-
PASSEREAUX. 3^7
Une espèce également d'Afrique, mais à queue ronde,
psL fort remarquable par une plume deux fois plus longue
que le corps, qui naît près du poignet de chaque aile, et n'a
de barbes que vers son extrémité ( Cap. longiperuiis.) Shaw. ,
■ Natur. , Miscell., ?.65.
La troisième famille des passereaux ou les
C O N I R O s T Fi E s 5
Comprend les genres à bee fort, plus ou
raoins conique et sans écliancrure ; ils \ivent
d'autant plus exclusivement de grains, que leur
bec est plus fort et plus épais.
On distingue d'abord parmi eux le genre des
Alouettes. (Alaoda. L.)
Par Fongle de leur pouce qui est tout droit, fort
et bien plus long que les autres ( i); ce sont des oiseaux
granivores, pulvérateurs, qui se tiennent et nichent
à terre.
Le plus grand nombre a le bec 'droit médiocrement gros
et pointu.
V/ Alouette des champs. ( Al, an^ensis. ) Enl. , 368 , i .
Est connue de tout le monde par son vol perpendiculaire
qu'elle exécute en chantant avec force et variété, et par
l'abondance avec laquelle on la preod pour nos tables.
Plumage brun dessus, blancliâlre dessous , tacheté partout
de brun plus foncé, les deux pennes externes de la queue
brunes en dehors.
(i) Ce caractère est plus on moins inarqué clans lés bergeronneUes , Jes
alouettes, les aotnus , dont nous avons à^\h parlé, et dans les bruants de
peige dont nous parlerons plus bas.
378 OISEAUX
Le Cochcvis ou Alouette huppée. [Alaiida crtstata. )
Enl., 5o5 , I.
A peu près de même taille et de même plumage , Ie&
plumes de la tête pouvant se relerer en huppe, moins .
commune que la précédente , se rapproche des villages , des
taillis.
U Alouette des lois, Cuj'elier, Lulu. {Al. arborea , AL
nemorosa. ) Enl. , 5o5 , 2.
Porte aussi une petite huppe , mais moins marquée , est
plus petite , et se distingue en outre par un trait blanchâtre
autour de la tête; se plaît surtout dans les Lruyères de
l'intérieur des bois (i).
D'autres ont le bec si gros qu'on pourrait , sous ce rapport ,
les rapprocher des moineaux,
Telle est
La Calandre, {AL calandra.) Enl., 363; 2.
La plus grande espèce d'Europe, brune dessus, blan-
châtre dessous, une grande tache noirâtre sur la poitrine
du mâle. Du midi de l'Europe et des déserts de l'Asie (2).
Mais surtout
U Alouette de Tartarie. {Al. Tatarica et mutabilis et tana-
gra Sihirica, Gm. ) Sparm. , Mus. Caris. , pi. xix.
Dont le plumage d'adulte est noir, onde en dessus de
grisâtre. Elle s'égare quelquefois en Europe (5).
(i) Ajoutez en espèces européennes la girole {al. Italien. ) — La co-
quillade {al. undata) , enl. 662. — La ceinture noire, ou al. de neige ,
de montagne , etc. ( al. alpestris et sibirica ) , enl. 65o , 2. — En espèces
étrangères, la bateleuse, Vaill. Afr. 194. — Le dos roux , id. 197. — La
calotte rousse , id. 198.
iV. B. L'a/, magna { Catesb. I , 33 ) n'est que le sturnus luihvi-
ci anus.
(•2) \ci\ien\.Y alouette gros bec. Vaill. Afr. 193.
(3) Ije fringilla Lapponica , Gm. ou calcarata, Pall. Voy. trad. fr.
III, pi. I , fig. I. Grand viontain , Buff. doit venir à celte subdivision j
probablement aussi le traçai , Vaill. Afr. pi. 191.
PASSEREAUX. 879
D'autres l'ont allongé, un peu comprimé et arqué, ce qui
les rattache aux huppes et aux promerops -,
Tel est
Le Sirli. {AU Af ricana, Gm.) Enl., 712.
Oiseau assez commun dans les plaines sahlonneuses d'une
extrémité à l'autre de l'Afrique j son plumage s'éloigne peu
de celui de notre alouette commune.
Les MÉSANGES. (Parus. L.)
Ont le bec menu, court, conique, droit, garni de
petits poils à sa base et les narines cachées dans les
plumes. Ce sont de petits oiseaux très- vifs, voletant
et grimpant sans cesse sur les branches, s'y suspendant
en toute sorte de sens^ déchirant les graines dont ils
se nourissent, mangeant aussi beaucoup d'insectes, et
n'épargnant pas même les petits oiseaux quand ils
les trouvent malades et peuvent les achever. Ils ont
l'habitude de ramasser des provisions de graines,
nichent dans les trous des vieux arbres, et pondent
plus d'œufs qu'aucun des autres passereaux.
Nous avons en France six mésanges proprement dits.
La Charbonnière, {Parus major .L. ) Enl., 3, i.
Olivâtre dessus, jaune dessous , la tête noire ainsi qu'une
bande longitudinale sur la poitrine; un triangle blanc sur
chaque joue; l'une des plus communes dans les taillis, les
jardins.
La petite Charbonnière. ( Parus ater. Ij. ) Frisch. I ,
pi. XTII, 2.
Plus petite que la précédente, a du cendré an lieu
d'olivâtre , et du blanchâtre au lieu de jaune. Elle habite de
préférence les grands bois de sapin.
38o OISEAUX
La Nonnette. [Parus palustrîs. L.) Enl. , 5, 5.
Cendrée dessus^blanchâtre dessous, une calotte noire.
La Mésange bleue. [Parus cœruleus.) Enl., 5, 2.
Olivâtre dessus , 'jaunâtre dessous, le sommet de la télé
d'un beau bleu , la joue blanclie encadrée de noir , le front
blanc; joli petit oiseau assez commun dans les taillis.
La Mésange huppée. [Parus cristalus. ) Enl. , 5o2 , 2.
Brunâtre dessus, l>lancbâtre dessous, la gorge et le tour
de la joue noirs, une petite buppe madlée de noir et de
blanc.
La Mésange h longue queue. ( Parus caudatus,)^.!!^. 5o2, 5.
Noire dessus , les couvertures des ailes brunes , le dessus de
la tète et tout le dessous blanc, la queue plus longue que le
corps. Elle fait son nid sur les brancbes des arbrisseaux et le
recouvre par-dessus(i).
Les Moustaches.
Différent des mésanges proprement dites , par la mandi-
bule supérieure de leur bec , dont le bout se recourbe un peu
i>ur l'autre.
(i) Joignez parus bicolor (Catesb. i , Sy. ) — P. cyanus (Nov. comm.
Petrop. XIV , pi. i3 , (ig. i , et 23 , fig. 2. ) et P. sohiensis , ( Spann.
M. Caris, pi. 25) qui paraissent à Bcchstein , les deux sexes d'une même
espèce. — P. atricapillus ( Briss. III , pi. 29 , fig. i.) P. sihîricus ,(enl.
708 , fig. 5 ) , tip, palusiris , B. ( enl. 5o2 , i ) , qui sont trois variéte's ou
espèces très-voisines.
Les parus niaJabaviciis , ( Sonner. 1^ Voy. pi. 110, i ) , et cnccineus ,
( Sparm. Mus. Caris. 48 , 49) > sont des iraquets ou des gobe-mouclics '
voisins del'ora/zor, Vaill. du mot. ruticilîa , L. du turdus speciosus , Lath.
On peut remarquer que toutes les fois que les caractères d'un oiseau ne
sont pas bien tranchés , les auteurs l'ont bailolté de genre en genre.
PASSEREAUX. 38 1
Nous n'en avons qu'une^
La Moustache. ( Parus blannicus. ) Eal. 0)i<S , i et ?.
Fauve, le mâle à léte cendrée, avec une bande noire qui
entoure l'œil et se termine en pointe en arrière. Cel oiseau
niche dans les joncs les plus épais. On en trouve datià tout
l'ancien continent , quoique rarement.
LesRemjz.
Ont le bec plus grêle et plus pointu que les mésanges or-
dinaires : ils meltent généralement plus d'art dans la coas-
U'uction de leur nid. Nous n'en possédons aussi qu'un,
Le Remiz. ( Parus pendulinus.) Eul. 618 , 5.
Cendré , ailes et queue brunes ; un bandeau noir au front ,
se prolongeant jusque derrière les yeux dans le mâle. Ce
petit oiseau, habitant du midi et de l'orient de l'Europe,
est fameux par le joli nid , en forme de bourse , tissu de du-
vet de saule, de peuplier, et garni en dedans de plumes ,
qu'ilsuspend aux rameaux flexibles desarbresaquatiques (i).
Les Bruants. ( EimbefiIza. Lin. )
Ont un caractère extrêmement distinct ùans leur
bec conique , court , droit , àowi la mandibule supé-
rieure ;, plus étroite et rentrant dans l'inférieure, a
au palais un tubercule saillant et dur. Ce sont des
oiseaux granivores qui ont peu de prévoyance , et
donnent dans tous les pièges qu'on leur tend.
Le Bruant commun. [Emberiza citrinella. Lin. ) Enl. 5o, i.
A dos fauve , tacheté de noir ; à tête et tout le dessous du
corps jaune, les deux pennes externes tle la queue à bord
(i) Parus Warbonensis (enl. 708 , 1 ) paraît la femelle du pendulinus^
ajoutez le parus Capensis (Sonner. 2* Voy. pi. 112) dont le nid , fait
«le coton et en forme de bouteille , porte sur le bord du goulot une e-;pèce
d'auget pour poser le mâle.
382 OÎSEAtJX
interne blanc. Nîcîie dans les haies ; se rapproclie en Irou^
pes innombrables des habitations en hiver , avec les moi-»
iieaux, les pinçons, etc. , quand la neige couvre la terre*
Le Bruant fou. ( Emh» cia. Lin. ) Enl. 5o , 2.
En diffère parce qu'il a le dessous gris-roussâlre , les côlésJ
de la tête blanchâtres, entourés de ligues noires en triangle.
Des contrées montagneuses, (i)
Le Bruant des haies. {^Emb. cirlus. Lin. ) Enl. 653.
A la gorge noire , les côtés de la tête jaunes. Niche dans
les taillis au bord des champs (2).
Le Bruant de roseaux» {Emb, schœniclus. Lin.) Enl. 247 , 2,
A sur la tête une calotte noire, et des taches de même
couleur sur la poitrine. Niche aux pieds des buissons , le
long des eaux , etc. (3)«
Le Bruant de neige* {Embé nivalis, ) Enl. 5i i.
A une large bande longitudinale blanche sur l'aile. Il ha-
bite les pajs du nord , et devient presque tout blanc eu
hiver {l\)*
La plus grande espèce de ce pays-ci est
Le Proyer. ( Emb. miliaria, ) Enl. 253.
Gris-brun , tacheté partout de brun-foncé. Il niche dans
l'herbe , le blé.
La plus célèbre, par la saveur de sa chair, est
U Ortolan. ( Emb. hortulana. ) Enl. 247 , i.
A dos brun-olivâtre, à gorge jaunâtre, les deux plumas
(i) h'einb. lotharingica , enl. 5i i , i , n'en diffère pas.
(2) On y rapporte aussi ïetnb. pa<;seriiia.
(3) M. Wolf troit devoir y joindie VLinb. chlorocephala et Vemb,
JBadensis.
(4) Uemèeriza monlana et ïemb. musteUna ne sont que diff«;rens étals
du bruant de neige.
PASSEREAUX. 363
externes de la queue blanclies en dedans. Niche dans les
feaies; est commun et très-gras en automne (i).
Les Moineaux. (Fringilla. Lin. )
Ont le bec conique , et plus ou moins gros à sa
base ; mais sa commissure n'est point anguleuse. Ils
vivent généralement de grains , et sont pour la plu-
part voraces et nuisibles.
Nous les subdivisons comme il suit :
Les Tisserins. ( Ploceus. Cuv. ) (2).
A bec assez grand pour les avoir fait en partie classer parmi
les cassiques ; mais sa commissure droite les en distingue. Ils
ont de plus la mandiijule supérieure légèrement bombée.
On en trouve dans les deux continens. La plupart de ceux
de l'ancien font leur nid avec beaucoup d'art , en entrelaçant
des brins d'herbes^ ce qui les a fait nommer tisserins.
Tel est le Toucnam-Courvi des Pliilippines. ( Loxia Phi"
lippina. Lin. ) Enl. i55.
Jaune tacheté de brun , à gorge noire. Son nid , sus-
pendu , est en forme de boule , avec un caaal vertical ^ et
(i) Uemb. vielbensis , Sparm. Mus. Caris, i , 21 , n'est qu'un jeune
ortolan j après tous ces doubles emplois , il faut encore éloigner de ce
genre Vemb . hrumalis, qui est le même oiseau qnefring. citrinella, enl.
658 , 2. — E, rubra , le même qnefrlngill. eryihrocephala , enl, 665, 1,2.
— Toutes les veuves , comme je dirai ci-dessous. — Enib. quadricolor ,
enl. loi ,2. — Emb. cyanopis , Briss. III, pi. viii, fig. 4« — Emb. ces-
rulea , id. ib. XIV » 2, le même que cyanella , Sparm. Caris. II , 4"^ j 4^ y
qui sont trois loxia. — Emb. quelea , enl. 226 , i . — Emb. capensîs , enl.
i58 et 664. — Emb. Borbonica , eul. 32i , 2. — Emb. Brasiliensis , ib. i ,
qui sont quatre moineaux. — Emb. cîris , enl. i58 , qui est une linotte. —
Enfin emb. oryzwora , enl. 388, qui a le bec des linottes , safis compter
les espèces que je n'ai pu examiner.
(2} nXoKSVf . tisserand.
384 OISEAUX
ouvert en dessous, qui communique par le côté dans la
cavité où sont les petits (i).
Quelques-uns rapprochentleurs nids en grande quantité ,
pour en former une seule masse à plusieurs compartimens.
Tel est le Bépuhlicain. ( Loxia socla. Lalli. )
Paterson-Voy. pi. ig.
D'un hrun-olivâlre , jaunâtre en dessous , à tèie et pennes
brunes ou noirâtres.
Parmi ceux du nouveau continent, on peut remarquer
l^e Mangeur de riz , petit Choucus de Surinam ^ de la Ja^
indique j Cassique noir , etc. [Oriolus niger , Or. oryzi-
i'orus , Corvus Surinaniensis. Gm. ) Enl. 554- Brown.
' lliustr. , X.
Qui dévaste en troupes innombrables les cbamps de plu-
sieurs des parties chaudes de l'Amérique. Il est d'un noir
changeant en magnifiques reflets de toutes les teintes de
l'acier bruni (i).
" ■- ' ■ ' ■ ' ■ ■ I ■■■ ■ - — ■— - . ■ , - ■ • — ' . . , 111^
(i; Ajoutez le capmore , Buff. ( Oriolus lextor , Gm. ) , enl. 875 et 576.
— Fringllla eiylhr<>cephala , enl. 665. — Le piéienciu iafgara de ma-
limbe, Daucl. An. Mus. ï , p. 148 , pi. x. — • Le haglafecht. ( Lox. Abys-
sinica. ) — Le néîicQUivi {lox. pensiUs) , Sonn. , 2^ Voy. pi. loo;
(n) Les lîciTienciateurs n'ont pu encore mettre eu ordre les oiseaux noirs
d'Amérique , plus ou moins voisins <les i-assiques , parce que les descrip-
tions que les vo\,igeurs en ont^doijnées sont insuifisautes.
iVous croyons devoir indiquer ici les principaux, avec ce qu'il y a de
plus clair dans leur synonymie.
1" Le cassique noir à inanttJet , indiqué ci-dessous aux cassiques.
^** L'oiseau ci-dessus ,. bien dessiné, mais peint, sans reflets, enl. 534,
et cité son^ nrlol. niger..Uoriolus Ludovicianus , enl. Q/^G, n'en est qu'une
variété albine. C'est évidemment \c corvus Surinaniensis , Erown , 11/.
pi. X. Le peiit choucas de la Jamaïque : Sloaue Jam. II, 209, pi. 'i.t'ty ,
I , cité par Pennant sous gracula bairiLa , et sous quiscala , est encore
cet oiseau. D'un autre côté, il est impossible de douter que Latham ne
Tait eu sous les yeux , quand il a décrit son oriolus oriziuorus.
3" Le vrai carouge noir , changeant en violei , à bec un peu court,
mais bien droit, donné pour un tangara, enl. 710, et dont on a fait le
PASSEREAUX. 38S
Les Moineaux proprement dits. ( Pyrgita (i). Guv. )
Ont le bec un peu plus court que les précédens, coni-
que , et seulement un peu bombé vers la pointe.
Le Moineau domestique, ( Fring. domestica. ) Enl. 6, i.
î^iclie dans les trous des murs, infeste les lieux babités
par son audace et sa voracité. Brun taclielé de noirâtre des-
sus, gris dessous, une bande blancbâtre sur l'aile, calotte
du mâle rousse sur les côtés, sa gorge noire.
Le Friquet ou Moineau de bois. (Fring, montana. ) Enl.
267 ,1.
Se tient plus éloigné des babitations. 11 a deux bandes
Llancbes sur l'aile, une calotte rousse, et le côté de la tête
blanc , avec une taclie noire (2).
tanagia honariensis , mais cette figure représente réellement le petit
troupiale noir. ( Oriolus minor. ) On donne , mal à propos , à cette
espèce , pour femelle , l'oiseau enl. 606, fig. 2 , qui est tout différent.
4" Un vrai troupiale d'un noir profond avec des reflets violets , à hec
aigu un peu arqué , et qui creuse le dessus de sa queue en bateau. C'est le
boat-tailed grakle de Penn.et de Latham , que ces deux auteurs regardent
comme synonyme de gracula barrita; et cependant c'est certainement l'oi-
seau de Catcsb. pi. 12, dont Linné a fait son gracula quiscala , mais
Catesby en a mal rendu le hec.
5** Un oiseau noir à reflets violets et verts , à queue un peu étagée , à
bec de troupiale , mais plus arqué vers le bout,
(i) Pj rgita , nom grec du moineau domestique.
(a) Le hanibouvrcux f Buff. ( loxia Hamburgia , Gm. ) n'est que le
friquet défiguré par Albin , Ois. III , pi. 2^.
On doit joindre aux moineaux ordinaires , les oiseaux éparpillés comme
il suit par les naturalistes. Fringiîla arcuata , enl. 23o , iig. i , où il estbe.iu-
coup trop rouge j ses vraies teintes sont celles des moineaux. — Eniberiza
Capensisa y enl. 386 , 2 et f , enl. 664 , 2. — Tanagra silens , enl. 74^. —
fringiîla elegans , enl. 2o5 , i. — Emberiza ciris , enl. iSg. — Loxia ovyx
enl. 6,2. — Loxia Dominicana , enl. 55 , 2 , et l'autre espèce, enl. io3
— FringiUa cristata , enl. i8ï. — I^oxiaCapensis. Celui-ci commence 4
se rapprocher un peu des gros becs.
TOME I. 2 5
386 OISEAUX
Les PiNçojNs. ( Fiumoilla. Cliv. )
Ont le Lee un peu moins arqué que les moineaux , un petl
plus fort et plus long que les linottes. Leurs mœurs sont plus
traies, leur cliant plus varie que clans les moineaux.
Nous en avons trois espèces.
Le Pinçon ordinaire. (Fring. cœlehs. ) Enl. 54 , i.
Dessus brun , dessous roux-vineux dans le mâle, grisâtre
dans la femelle j deux bandes blanches sur l'aile y du blanc
aux côlés de la queue. Mange de toutes sortes de grains , et
niche sur toutes sortes d'arbres. C'est un des oiseaux qui
égaient le plus les campagnes.
Le Pinçon de montagne. { Fring. montifringiîla, ) Enl. 54 , 2.
Noir-malllé de fauve dessus , poitrine fauve, le dessous de
l'aile d'un beau citron. Cet oiseau , qui varie beaucoup , niche
dans les forêis les plus épaisses, et ne vient dans les plaines
qu'en hiver.
L(? Pinçon de neige on Niverolle. ( Fring, nii>alis. ) Briss.
III , XV , I.
lîrun-maillé de plus clair dessus , blanc dessous , tête cen-
drée, les couverlures des ailes, et presque toutes les pennes
• secondaires blanches. Il niche dans les rochers des hautes
Alpes , d'où il descend, seulement dans le fort de l'hiver ,
aux montagnes inférieures.
Les Linottes et Chardonnerets. (Cabduelts. Cuv. )
Ont le bec exactement conique , sans être bombé en aucun
point. lis vivent de grains. On a nommé particulièrement
CHAjiDO^NLiiETS ccux qui out Ic bcc un peu plus long et aigu.
Le ChardoTineret ordinaire. [ Fring. cardiielis. Lin. } enl. 4»
L'un de nos plus jolis oiseaux d'Europe , brun dessus^
blanchâlre dessous, le masque d'un beau rouge , une belle
PASSEREAUX. SSy
taclie jaune sur l'aile, elc. C'est aussi l'un des oiseaux les
plus clocileS; qui apprend bien à clianter et à faire toutes
sortes de tours. Il tire son nom de la graine de cbardon ,
d'éryngium , etc. y qu'il reclierche de préférence (i).
Les Linottes \ Linarïa ^ Bechsl ) , ont aussi le bec exac-
tement conique^ mais plus court et plus obtus que les cliar-
donnerets. Elles vivent aussi de graines de plantes , surtout de
lin et de clianvre j et se laissent aisément tenir en cage.
Nous avons ici deux espèces Ijrunes avec quelques teintes
rouges y et nommées plus particulièrement linottes. Les
jeunes et les femelles varient pour la quantité du rouge , ou
en manquent tout-à-fait, La première a encore le bec presque
aussi pointu que le cbardonneret. C'est
Le Siserin ou petite Linotte, ( Fr. Linaria. Lin. ) Enl.
485 , 2. '
Brun tacbeté de noirâtre dessus , deux bandes blancbes
en travers sur l'aile, la gorge noire, le dessus de la tête
rouge ainsi que la poitrine du mâle adulte , quelquefois
même le croupion.
La grande Linotte. ( Fring, cannahina. Lin. ) Enl. 4^5^ i.
Dos brun-fauve y pennes de l'aile et de la queue noires ,
bordées de blanc ; dessous blancbâtre , du beau rouge sur
la tête et à la poitrine du vieux mâle. Niclie souvent ici
dans les vignes ; ailleurs, dans les taillis et les buissons (2).
D'autres espèces plus ou moins vcrdâtres portent les noms
de SERINS ou TARINS.
(1) Ajoutez : Fi\ psilLacea , Lnth. Syn. II , p. 48. — Fr. meîba , Edw.
iiS et yj-z. — Fr. coccinea , Vieill. Ois. ch. pi. 3r.
(-2) Les vaiiétés que le plumage des linottes subit solon l'îige ou le
sexe , en ont fait multiplier les espèces ^ il ne paraît pas du moins que
l'on ait encore de bons caractères pour distinguer yr. Jlavirostris , de Jr.
linaria , ni fi'ing. inontiuni , linota et argentoratensis de cannahina.
On doit aussi 1 approcher des linolics Jh/îammea, L Bechst. Allem. IIÏ
pL xxxiii , 2.
388 OISEAUX
Le Tarin coînmun, ( Fring, spiniis.) Enl. 4^*^ ? ^•
A aussi le bec plus volsiu du chardonneret , et ressemble
même, en beaucoup de points, au siserin. Il est olivâtre
dessus, jaune dessous, une calotte , l'aile et la queue noi-
res; deux bandes jaunes sur 1 aile. Il ne niche que sur les
plus hauts sommets des sapins.
Le Venturon, [Fring. citrinella. Lin. ) Enl. 658 , 2.
Olivâtre dessus , jaunâtre dessous , le derrière de la tcte
et du cou cendrés.
Le Cini. ( Fring. serinus. Lin. ) Enl. 658 , i .
Olivâtre dessus, jaunâtre dessous; tacheté de brun , une
bande jaune sur l^aile. Deux oiseaux des montagnes du
midi de l'Europe , à peu près de la taille du tarin.
Le Serin des Canaries, {Fring, Canaria. Lia. )Enl. 20'>. , i.
Est plus grand , et sa facilité à multiplier en esclavage ,
ainsi que l'agrément de son chant , l'ont répandu partout ,
et l'ont fait varier en couleur au point qu'il est difficile de
lui en assigner une primitive. Il se mêle avec la plupart
des autres espèces de ce genre , et produit souvent avec
elles des mulets féconds (i).
Les Vluves. ( Vidua. Cuv. )
Sont des oiseaux d'Afrique et des Indes , à bec de linotte ;,
q'.ielquefois un peu plus renflé à sa base , qui se distinguent
(i} Parmi les oiseaux étrangers qui ne peuvent se distinguer des linottes
par aucun caractère ge'nërique , nous mettons , J'rlngilla lepiJa, — Fr.
tristis . enl. ao2 , i. — Fr. nîLens , enl. 291. — Fr. Senegaîla. — Fr.
oinandava , enl. ii5 , 2 et 3. — Fr. granatina , eni. 109 , 3. — F. Ben-
gahis. — Fr. yJngc/ensis , enl. 1 15 , i. On en trouvera encore plusieurs
espèces dans l'ouvrage de M. Vieillot , intitulé : Oiseaux chanteurs de la
Zone-Torridc. Le prétendu einheriza oryzivora^exà. 388, a aussi le même
Lcc f mais Ici penues de sa queue roides et aiguës le distinguent.
I
PASSEREAUX. . 38g
parce que quelques unes des couvertures supérieures rie leur
queue sont excessivement allongées dans les maies (i).
11 y a un passage graduel (2) et sans intervalle assignable
des linottes aux
Gros becs. (Coccothraustfs. Cuv. )
Dont le bec exactement conique , ne se distingue que par
son excessive grosseur.
Le Gros bec commun, ( Loxia coccothraustes. Lin, ) Enl.
r)9 et 100.
Est un de ceux qui mérilenl le mieux ce nom. Son
énorme bec cM jaunâtre ; il a le dos et une calotte bruns ,
(i) On ne sait pourquoi Linnaetis et Gmciin les ont associés aux bruans,
SDUS les noms de einberlza regia { enl. 8 , i. ) — Emb. serena ( ib. 2. )
— .• Evib. paradisea ( enl. 194* ) — Emb. panayeasis ( enl. 647. ) — Emb.
longicauda ( enl. 635.) Si on ne laisse pas ^les veuves avec les linottes ,
on ne peut les placer qu'avec les gros becs.
y. B. Uemb. principalis (Edw. 270) et Veiub. vidua (Aldrow.
Omit. II, 565) me paraissent le même oiseau en ditférens états de
plumage. Uetnb. psittacea , Seb. i , pi. 66 , lig. 5 , n'est pas bien authen-
tique. Uangoîtnsis , Salern. Orn. 2775 la veu\^G chrysoplère , Vieilî.
Ois. ch. pi. 41 j Pt le lox. macroura , enl. i83, i , qui n'en diffère peut-
cire pas , ne sont point des veuves , mais des gros becs ordinaires.
(2) Ce passage se fait pour les espèces que j'ai pu examiner, à peu
près dans l'ordre suivant, le bec grossissant toujours : Loxia (juadrlcolor y
( ember. L. ) loi , 2= — L. sanguinirostris , enl. i83,2. — L. niolucca , enl.
i5g , 2. — L. puncLulatcaiy ib. 1. — L. vuija , enl. 109 , 1. — L. striuLa ,
enl. i55 , 1. — L. Alalacca , enl. iSg ,3. — L. astviUl, enl. 107 , 2. —
L. orfzivora , enl. i52 , i. — L. Brasiîiana , enl. 3og ,1. — L. Ludovi-
ci'ana , enl. i55 , 1. — L. peLronia {/ring, petronia , L, ) enl. 225. — L.
chloris, enl. 267 , 2. — L.fasclala , Brown. 111. xxvii. — L. Madogasca-
rlensis , enl. i54 ,3. — L. cœrulea. — L. cardinalis , enl. 37. — L. nie'
lanura. — /-. coccottrausUs , enl. 99 et 100. On intercalera aise'meni dans
cette série , même d'après les ligures , les jolies espèces donnces par
M. Vieillot, dans ses Oiseaux chanteurs de la Zone-ïorride.
3go OISEAUX
le reste du plumage grisâtre , la gorge et les pennes des ailes
noires , une bande blanche sur l'aile. Il vit dans les bois
des montagnes , niche sur des hêtres , des arbres à fruit ,
mange toutes sortes de fruits et d'amandes.
Nous en avons encore en Europe deux espèces à bec
moins gros.
Le P erdier. ( Loxia chloris. Lin, ) Enl. 672 ^ 2.
"Verdâtre dessus , jaunâtre dessous, le bord externe de la
queue jaune. Habite dans les taillis, mange toutes sortes de
semences.
La Soulcie. ( Fring, petronia. Lin. ) Enl. 225.
Que l'on a coutume de joindre aux moineaux, dont elle
a les couleurs ; mais outre son gros bec , une ligne blan-
châtre autour de la tète , et une tache jaunâtre sur la poi-
trine, l'en distinguent aisément (i).
On doit distinguer des gros becs quelques espèces étran-
gères : (PiTYLUS, Cuv. )
, A bec aussi gros , un peu comprimé, arqué en dessus,
et qui a quelquefois un angle saillant au milieu du bord de
la mâchoire supérieure (2).
On en a déjà distingué depuis long-temps
Les Bouvreuils (Pyrrhula. )
Dont le bec est arrondi , renflé^ et bombé en tout sens.
Nous en avons un ,
Le Bouvreuil ordinaire. ( Loxia pyrrhula. Lin. ) Enl. i45.
Cendré dessus, rouge dessous , à calotte noire ; la femelle
a du gris-roussâtre au lieu de rouge. Niche sur divers ar-
(i) Il est évident que la soulcie n''est pas moins un gros bec que le
venlier.
(2) Tels sont loxia grossa, enl. i54. — L. Cauadensis , enl. iSs , 2.
— L. erytromelas . Latli. II , pi. 47* — L. PortoncG:isis , Daiid. Orn*
II , pi, '^9,
\
PASSEREAUX. 3gi
feres, dans les taillis , le long des chemins. Son ramage na-
turel est doux ; il s'apprivoise aisément^ et apprend à chan-
ter et à parler. On en connaît une race d'un tiers plus
grande (i).
Les Becs croisés. ( Loxia. Briss. ) (2).
Ont le bec comprimé , et les deux mandibules
tellement courbes, que leurs pointes se croisent tan-
tôt d'un côté , tantôt de l'autre , selon les individus.
Ce bec extraordinaire leur sert à arracher les se-
mences de dessous les écailles des pommes de pin.
L'espèce d'Europe , la seule connue , est IVéqùente par-
tout où il y a de grands bols d'arbres verts.
C estlQ Loxia curvirostra. Lin. Enl. 218.
Le plumage du jeune mâle est roux-vif, à ailes brunes ;
celui de l'adulte et de la femelle , verdâtre en dessus , jau-
nâtre en dessous. On en connaît aussi deux races différentes
pour la taille ^ et même , à ce qu'on dit , pour la voix et la
forme du bec. ( Loxia cun^irostra et Loxia pj'tiopsittacus.
Bechst. )
On ne peut éloigner des bouvreuils ni des becs croisés
Les Durbecs. ( Corythus. Cuv. ) (3)
Dont le bec bombé de toute part, a sa pointe
courbée par dessus la mandibule inférieure.
L'espèce la plus connue ,
(i) Ajoutez : Lox. liaeola , enl. 019, i. — L. minuta , ib. 2. —
L. coUaria , enl. SgD . 3. — L. Sibircca , Faik. Voy. III, xsviir.
(2) Loxia de Xo^oç (courbe) nom iojaginé pour cet oiseau par Conrad
Gesner. Linnaeus Va. généralisé à tous les gros becs.
(3) Corythus , nom grec d'un oiseau inconnu.
3^2 OISEAUX
( Loxia enucïeator. Lin. ) Enl. i55 , i , ou mieux^ Edw. ,
125, 124.
Habile également le nord des deux Continens , et vil de
la même façon que le bec croisé. Elle est rouge ou rou-
geâlre , les plumes des ailes et de la queue noires bordées
de blanc (i).
Les Coiious. (Colius. Gm. ) (2).
Sont encore assez voisins des précëdens. Leur bec
est court, épais , conique , un peu comprimé , et les
deux mandibules en sont arquées sans se dépasser;
les pennes de leur queue sont étagées et très - lon-
gues ; leur pouce, comme dans les martinets, peut
se diriger en avant avec les autres doigts ; leurs plu-
mes , fines et soyeuses , ont généralement des teintes
cendrées. Ce sont des oiseaux d'Afrique ou des In-
des, qui grimpent presque à la manière des perro-
quets , vivent en troupes , rapprochent même leurs
nids en grand nombre sur les mêmes buissons , en-
fin dorment suspendus aux branches , la tête en bas ,
et pressés les uns contre les autres. Ils se nourrissent
de fruits (5).
C'est probablement encore ici qu'il faut placer
(i) On doit probablement meUre dans les durbecs le lox. psiltacea ^
Laih. S^n. II , pi. 4'^- — Loxia Jîamcn go , ( Sparm. Mus. Garl. , pi. 17.)
ne me paraît qu'une variété albine de Vtmicleator.
(2) Y^oKoiQÇ , nom grec d'une petite espèce de corneille.
(3) Dans les cinq espèces des auteurs, supprimez le colius panayensis f
qui est le mcinc que le strialns et ïeryihropus - qui est le même que le
çapensis yy^àW. Afi. VJ, p. 3S»
PASSEREAUX. SgS
Les. Glaucopes( Glaucopis, Forster ; Call.eas,
Bechst. )
Dont le bec assez gros , médiocrement long , à
mandibule supérieure bombée, est garni sous sa base
d une caroncule charnue.
On n'en connaît qu'une espèce.
GL cinerea. Lat}i , Sjn. I , pi. xiv.
Entièrement noirâtre , grande comme une pie , à queue
étagée. Elle vit , à la Nouvelle-Hollande , d'insectes et de
bayes ; se perche peu. Sa chair est excellente.
Les Pique Boeufs. (Buphaga. Briss. )
Petit genre dont le bec , de longueur médio-
cre , d'abord cylindrique , se renfle aux deux mandi-
bules avant son extrémité y qui se termine en pointe
assez mousse. Il leur sert à comprimer la peau des
bœufs pour en faire sortir les larves d'oestres qui s'y
logent^ et dont ces oiseaux font leur nourriture.
On n'en connaît qu'une espèce d'Afrique , brunâtre , à
queue médiocre , étagée , de la taille d'une grive. ( Buphaga
u^f ricana.) Enl. 295. Vail. j Afr. y pi. 97.
Les Cassiques. (Cassicus. Cuv. )
Ont un grand bec exactement conique , gros à la
base, singulièrement aiguisé en pointe ; de petites na-
rines rondes percées sur ses côtés : la commissure des
mandibules en ligne brisée , ou formant un angle
comme aux étourneaux. Ce sont des oiseaux d'Amé-
rique , de mœurs assez semblables a celles de nos
étourneaux, vivant comme eux en troupes, cons-
/
394 OISEAUX
liuisant souvent leurs nids près les uns des autres, et
y mettant quelquefois beaucoup d'artifice. Ils vivent
d'insectes et de grains, et leurs troupes nombreuses
font de grands ravages dans les champs cultivés.
Leur chair est mauvaise.
Nous les subdivisons comme il suit :
Les Cassiques proprement dits. ( Cassicus. )
Où la base du bec remonte sur le front , et y entame les
plumes par une large échancruie demi-circulaire. C'est parmi
eux que se trouvent les plus grandes espèces (i).
Les Troupiales. ( Icterus. )
Dont le bec n'entame les plumes du front que par une
^ écliancrure aiguë , mais est arqué sur sa longueur (2).
Les Cakouges. ( Xantiiornus. )
Ne diffèrent des troupiales que par leur bec tout-à-fait
droit (3).
(i) Oriolus cristatus ce , eni. 344- — y > ^^S. — Hemorrhous , 482. —
Persicus, 184. ( N.B. qu'il n'est po»nt de Perse , mais d'Amérique comme
es nutres ) et une espèce d'un noir à reflets métalliques dont les plu-
mes du cou peuvent se soulever , et former une espèce de mantelet. C'est
le grand troupiale , d'Azz. Voy. III, p. 167.
(2) Oriolus varias, enl. G07 , i. — Or. Cayanus , 555, 2. — Or.
Capensis ,eTi\. 607 , 2. {JY.B.ll est de la Louisiane et non du Cap.) — Or.
Chrysocephalus , Merr. Beytr. I , pi. m. — Or. Dominicensis, enl, 5 , i . —
Et une espèce noire à reflets , dont la queue prend toutes sortes de formes ,
parla direction de ses plumes latérales , tantoî dans le même plan que les
autres , et tantôt redressées et faisant comme im bateau. C'est, à ce qu'il
paraît , à la fois , le gracula quiscida , Lin. Catesb. pi. xii , et le gracula
barita, Lalh. I , pi. xvtii , ou pie de la Jamaïque: on la trouve dans toutes
les Antilles, à la Caroline , etc.
(3) Oriolus icterus , enl. 552. — Oriolus minor et Lanagra honarien-
sis , enl. 710. Ce sont le même oiseau. — Le carouge à léte grise , enl. 606 ,
ï , très- différent du précédent. — Oriolus Guya/iensis , 556. — Oriolus
PASSEREAUX. ogS
Les PiT-PiTs. BuCF. (Dacnis. Cuv. )
Représentent en petit les caroages par leur bec conique et
aigu. Ils les lient avec les figuiers (i).
Les Etourneaux. (Sturnus. Lin. )
Ne diffèrent des carouges que par leur bec dé-
primé y surtout vers sa pointe.
U Etourneau commun. (^Sturnus vulgaris. Lin.) Eal. jS.
Noir, avec des reflets violets et verts , tacheté partout de
Wanc ou de fauve. Le jeune mâle est gris-brun.
Cetoiseau, très-nombreux dans tout l'ancien Continent, se
nourrit de toutes sortes d'insectes , et rend service aux bes-
tiaux en les en débarrassant. Il vole en troupes nombreuses
et serrées , se laisse aisément apprivoiser, et apprend à chan-
ter et même à parler. Il^^nous quitte en hiver. Sa chair est
désagréable (2). V
phœniceus , 402. — Oriolus Americanus , ^36 , 3. — Orioh/s leucopterus ,
Lath. Syn. I, frontisp. < — OrloJus bonana , 535 , i. — Oriolus Caya-
nensis , ib. 2. — Or. icterocephalus , 343. — Or. Mexicanus. 555. — Or.
Xanthornus , 5 , i. — Or. Baltimore , 5o6, i. — Or. spurius , ib. 2. —
Or' jnalancholicus , /\'^.
(i) Blotacllla Cciyana , Gm. enl. 6G9.
(2) Ajoutez. Sturnus capensis , enl. 280, dont st. contra , Albin lil,
ai, ne diffère probablement pas, mais qui est des Indes et non du Cap.
— St. jnilitaris , enl. ii3. — St. Ludovicianus , enl. 256^ le même que
ValauJa magna , Gm. Catesb. i , 53.
JY. B. Le st. cinclus forme ci-dessus un genre voisin des merles 5 le
sX. sericeus , Brown. 111. 21 , est plutôt un marlin ^ le st. coUaris est la
même chose que la fauvette des Alpes {accentor). Le 5f . carunculatus
doit , je pense, aller avec les philédons.
Les espèces d'Osbec , d'Hernandes , etc. , sont peu authentiques^ quani;
5 celles de Pallas , il est fâcheux que l'on n'en ait pas de ii§ure. Les
stournes de Daudin doivent retourner avec les merles ou avec les philé-
dons , et ses quiscales en partie aux martins , en partie aux cassiques. En
générai Daudin avait achevé d'embrouiller ce genre déjà iort mal irailé
par se? prédécesscwrs.
3q6 oiseaux
Les SiTTELLES ou TORCHEPOTS. ( SiTTA. Liii.)
Ont un bec droit , prismatique , pointu , avec le-
quel ils entament l'écorce , comme les pics, pour en
retirer les vers; mais leur langue ne s'allonge point ,
et quoiqu'ils grimpent dans tous les sens aux arbres ,
ils n'ont qu'un doigt en arrière , à la vérité très-fort.
Leur queue ne sert point à les soutenir , comme
celle des pics et des vrais grimpereaux.
Le Torchepot commun. ( Sitta Europea. Lin. ) Enl. 62^; !•
Cendré-bleuâtre en dessus , roussâtre en dessous.
Nous ne voyons aucun caractère suffisant
pour distinguer nettement des conirostres ^ les ^
genres de la famille des corbeaux , qui ont
tous la même structure intérieure 5 les mêmes
organes externes , et ne se distinguent que par
une taille généralement plus grande qui leur
permet quelquefois de poursuivre de petits
oiseaux ; leur bec fort est le plus sotivent
comprimé par les côtés.
Ces genres sont au nombre de trois, les cor-
beaux 5 les oiseaux de paradis et les roUiers.
Les Corbeaux. (Corvus. Lin.)
A bec fort, plus ou moins aplati par les cô-
tés y et dont les narines sont recouvertes par des
plumes roides dirigées en avant. Ce sont des oi-
seaux subtils , dont l'odorat est très-fin , et cjui ont
généralement l'habitude de prendre ^ de cacher même
PASSEREAUX. 897
des choses qui leur sont inutiles, comme des pièces
de monnoie , etc.
On nomme plus spécialement corbeaux ou corkeil,les , les
grandes espèces dont le bec est plus fort proportion gardée,
et a l'arête de sa mandibule supérieure plus arquée. Leur
queue est ronde ou carrée.
Le Corbe^au. {Corvus corax. Lin. ) Vaill., Afr, , pi. 5i (i\ '
Est le plus grand oiseau de la classe des passereaux qui
habite en Lurope. Sa taille égale celle du coq. Son plumage
est tout noir, sa queue arrondie ^ le dos de sa mandibule
supérieure arqué en avant. 11 vit plus retiré que les autres
espèces , vole bien et haut , sent les cadavres d'une lieue ; se
nourrit d'ailleurs de toutes sortes do fruits et de petits aui-
maux, enlève même des oiseaux de basse-cour ; niche isolé-
ment sur des arbres élevés ou des rochers escarpés , se laisse
aisément apprivoiser , apprend même assez bien à parler.
Son vol est élevé et facile. Il paraît qu'on le trouve dans
toutes les parties du monde.
La Corneille. ( Connus corone. Lin. ) Enl. 495.
D'un quart plus petite que le corbeau , à queue plus car-
rée j à bec moins arqué eu dessus.
Le Freux. ( Con'us frugilegus. Lin. ) Enl. 484-
Encore un peu plus petit , et à bec plus droit ; plus pointu
que la corneille. Excepte dans la première jeunesse , le tour
de la base du bec est dépouillé de ses plumes , probable-
ment parce que l'oiseau fouille souvent dajos la terre pour
y chercher sa uourriture.
Ces deux espèces vivent en grandes troupes , se rassem-
blent même pour nicher j elles dévorent autant de grains
(i) JX. B. Eul. 49^ î paraît sinipîcmenî vine corneille ^ et 485 un jeune
h eux.
3g8 OISEAUX
que d'insectes. On les trouve dans toute l'Europe ; niais
elles ne restent en hiver que dans les cantons les moius
froids.
La Corneille mantelée. ( Connus cornix. Lin. ) Enl. yG.
Cendrée, la télé , les ailes et la queue noires. Elle est
moins frugivore, fréquente les bords de la mer, y vit de
coquillages, etc.
Le Choucas , petite Corneille de clochers» ( Corvus mone-
dula. Lin. ) Enl. 525.
Plus petite encore d'un quart que les précédens, à peu
près de la taille d'un pigeon , d'un noir moins profond ^
qui tire même au cendré autour du cou et sous le ventre ,
quelquefois aussi tout noir ; niche dans les clochers , les
vieilles tours , vit en troupes j a du reste le régime des cor-
neilles , et vole souvent avec elles. Les oiseaux de proie n'ont
pas d'ennemi plus vigilant (i).
Les Pies. (PjcA. Cuv. )
Moindres que les corneilles , ont aussi la mandibule supé-
rieure plus arquée que l'autre , et la queue longue et étagée.
La Pie d'Europe. ( Corvus pica. Lin. ) Enl. 488.
Est un bel oiseau , d'un noir soyeux , à reflets pourpres ,
bleus et dorés ; à ventre blanc, et une grande tache de même
couleur sur l'œil. Son perpétuel babillage l'a rendue cé-
lèbre. Elle se tient de préférence dans les lieux habités , et
s'y nourrit de toutes espèces de matières , y attaque même
les petits oiseaux de basse-cour (9.).
(1) JV. Ji. Le choucas termine la tribu des vrais corbeaux, parce que
sa mandibule supérieure nVst guère plus sensiblement arque'e que l'infé-
rieure. Ajoutez , ù celte tribu , le corvus Jainàicensis , ou corneille à
duvet blanc. — Le corviis Dauricus , enl. 627 , le même q^escapulaius
Daud. Vaill. 55. — \j albicollis , Lath. Vaill. 5o.
(2) Ajoutez le con>. Senegalensis , enl. 538. — C vcntralis , Sb. Vaill.
Afr. 55. — C. erythrorhynchos , enl. 6*221 , et mieux Vaill. Afr- Sy. — C
Cayanus , en!. Sy^. — C. Pcruvianus , en). 625. — C. cyaneus , Pall.
Vaii!. Afr. 5^ , 9.. — C. ntfns , Vaill. Afr. Sg.
PASSEREAUX. SqQ
Les Geais. ( Garrulus. Cuv. )
Oui les deux mandibules peu allongées, et finissant par une
courbure subite et presque égale ; quand leur queue est éta-
gée , elle s'allonge peu , et les plumes de leur front, lâches
et effilées , se redressent plus ou moins dans la colère.
Le Geai cf Europe, ( Corvus ^landarius. Lin.) Enl. 481.
Est un bel oiseau, d'un gris-vineux, à moustaches et à
pennes noires, remarquable surtout par une grande tache
d'un bleu éclatant, rayé de bleu foncé, que forme une par-
tie des couvertures de l'aile. Le gland fait sa nourriture
principale (i).
Les Casse-Noix. ( Caryocatactes. Cuv. )
Ont les deux mandibules également pointues , droites et
sans courbures.
Il n'y en a qu'un de connu.
Le Casse-Noix ordinaire. {Corvus caryocatactes. Lin.)
Enl. 5o.
Brun, tacheté de blanc sur tout le corps. Il niche dans
des trous d'arbres , dans les bois épais des montagnes ^
grimpe aux arbres, en perce l'écorce comme les pics, dé-
vore toutes sortes de fruits, d'insectes et de petits oiseaux ,
et vient quelquefois en grandes troupes dans les plaines ,
mais sans régularité (2). ^
(i) Ajoutez : Corvus cristatus , enl. 529. — Connis sLellerl , VaiiJ. Ois,
de par. et c. 1 , 44* — Corv. Sihiricus , enl. 608. — Corv. Canadensis , enl .
53u , et une variété , Vaill. 48» — Corv. auritus , Vaill. 4^. — Cotv. gale-
riculatus , INob. Vaill. i^i.
{•i) N. B. Le corvus HoLLenloitus , enl. a-iG , nous paraît voisin des tyrans
- — C.balicassius , enl. 6o3, est un drongo. - — C. calvus , enl. 52i , un gvm-
nocëphale. — C. novœguineœ , enl. 629, et a. pajmensis , enl. 65o, îles
«houcaris. — C Speciosus de Sh. , est le rolUer de la Chine , enl, ()2o. — .
C/iaviventris , enl. 249, est un tyran.— C. Mexicanus , est probabie-
400 OISEAUX
LrsTEMiA.Vail.
Ont, avec le port et la queue des pies , un Lee élevé , dont
la base est garnie de plumes veloutées comme dans les oiseaux
de paradis.
On n'en connaît qu'un , d'un vert Lronzé , d'Afrique.
Yaill. , Afr. , 56.
Les Rolliers. ( Coracias. Lin.)
Ont le bec fort, comprimé vers le bout , dont la
pointe est un peu crochue ; les narines oblongues ,
placées au bord des plumes ^ et non recouvertes par
elles fies pieds courts et forts. Ce sont des oiseaux
de l'ancien continent , assez semblables aux geais
par leurs mœurs et par les plumes lâches de leur
front; peints de couleurs vives, mais rarement har-
monieuses.
Les Rolliers proprement dits.
Ont le bec droit , et partout plus haut que large.
Nous en avons un en Europe.
Le Rollier commun. ( Coracias garruîa. Lin. ) Enl. 4^6.
Vert d'aigue-niarinC;, à dos et scapulaires fauves j du bleu
pur au fouet de l'aile y a peu près de la taille du geai. Oi-
seau fort sauvage , quoique assez social avec ses semblables,
ment vm cassique ou un tiherin , et C. argyropJilalmus Brown III. lo ,
en est t ertainement un. — C. rufipennis , enl. 199, est un merle,
le même que twd. morio. — C cyanurus , enl. 355. C. brachyurus , enl.
aSy et Ci58, vi C. graUarius , enl, 702 , de Shaw , sont des brèves et des
fourmiliers ; C. caruncniatus , Daud. , un pliilcdon.
Nous avons rapproché des merles le C.pynhocorax , enl. 53i , et des
huppes le C. gracutus , enl. 255. INous pensons que le C. ereniila n'existe
point : enfin le C ca>77>a?w.y , Aldrow. I, 788, est un gucpier , dont la
description a été nilli'e par Dulcrtre ; pour rendre un objet dont il sesou-
\enait. mal.
PASSEREAUX. 4^*
qui niche dans les creux d'arLres des bois , et nous quitte
en hiver 11 vit de grains, de fruits, d'insectes , de petites
grenouilles.
Quelques roUiers étrangers ont, comme le nôtre , la queue
carrée (i) ; cependant les pennes extérieures de celles du
nôtre s'allongent un peu dans le mâle , premier indioe de
leur grand allongement dans plusieurs espèces (2).
Les Rolles. ( Colaris. Cuv. )
Diffèrent des rollîers par leur bec plus court , plus arqué ,
et surtout élargi à la base au point d'j être moins haut que
large (5).
Les Mainates. ( Eulabes. Cuv.)
Ont à peu près le bec des 1 oiles -, mais leur tête est dénuée de
plumes en certains endroits , où se trouvent a leurs places des
proéminences charnues ; des plumes veloutées s'avancent jus-
«Ju'au bord des narines comme dans les oiseaux de paradis.
La seule espèce que nous connaissions dans ce sous genre.
(i) Coracias Benghalensis , enl. 285 . évid. le même qviîndica Edw.,
3^6 , et que la fig. d'Albin , i , 17 , citée sous caudata. — Coracias Nob.
Viridis Vailf. , Ois. de par., 1 , 3i.
(2) Coracias .Abyssinicaj enl. 626 et sa variété G. SenegaJa enî.
326. Edw. 527. Caudata n'eu est qu'un individu défiguré par l'addition de
la têie du benghalensis (Yaill. loc. cit. p. io5 ). — Cor. cyanogaster, ISob-,
Vaill. loc. cit pi. 26.
IV. B. Cor. Cajjra oCf Shaw cite Edw. 3?.o , ne serait qu'un merle ,
( Lurd, nitens). — C, Sinensi' enl. 620, s'écarte u genre psr p!usioar.>
caractères. — ^M, Shaw. croit que C. viridis Lath, est un snartln-p cheur. — -
C. strepera et C varia Lath. sont des cassican?. — C. mititar s et C. scutaLa
Shaw, des piauhau. — C. M- xicaiia. Seb. i , pi. 64 , f. 5 , est le geai du
Canada. — C. Cayana , enl, 616 , un tangara.
(3) Coracias orientalisenl. 619. — Cor. âladag.iscaricnsis . enl. 5oi.
— Cor. y(fra Lath. , Yaill. , loc. cit. pi. 35. Colaris est le nom grec d'un
oiseau inconnu.
TOME I. 26
/4O2 OISEAUX
Le Mainate de Java. [ Gracula reîigiosa. Lin. ) Enl. 268. (1).
Est de la taiile d'un merle , d'un beau noir , à bec et ca-
roncules de la tête jaunes, une tache blanche sur la base
des premières pennes de l'aile ; mange également des fruits
et de la viande. On dit que c'est , de tous les oiseaux , celui
qui imite le mieux le langage de l'homme.
Les Oiseaux de Paradis. (Paradis^a. Lin.)
Ont j comme les corbeaux^ le bec droit, com»-
priraé , fort , sans écliancrure , et les narines cou-
vertes ; mais l'influence du climat qu'ils habitent ,
et qui s'étend sur des oiseaux de plusieurs autres
genres , a donné aux plumes qui couvrent ces na-
rines , un tissu de velours , et souvent un éclat
métallique , en même temps qu elle a singulièrement
développé les plumes de plusieurs parties du corps.
Ces oiseaux sont originaires de la Nouvelle-Guinée et
des îles voisines. On ne peut guère les obtenir que
des naturels fort barbares de ces contrées, qui les
préparent pour faire des panaches , et leur arrachent
les pieds et les ailes , en sorte que Ton a cru pen-
dant quelque temps en Europe que la première es-
pèce manquait réellement de ces membres , et vi-
vait toujours dans fair , soutenue par les longues
plumes de ses flancs. Cependant ,• quelques voya-
geurs s'étant procurés des individus complets de cer-
taines espèces , on sait aujourd'hui que leurs pieds
(1) Ce nom de religicsa ne lui a été donne qu'à cause d'un trait par-
ticulier rapporté par Bontius , Med. ind. or. p. 67, et étranger à ses
mœurs naturelles. Cependant , faute d'autre , j'en ai fait le nora générique
en le traduisant en grec.
PASSEREAUX. 4^3
et leurs ailes leur indiquent la place que nous leur
assignons. On dit qu ils vivent de fruits, et recher-
chent surtout les aromates.
Les uns ont les plumes des flancs effilées et singulièrement
allongées en panaches plus longs que le corps , qui donnent
une telle prise au vent, que ces oiseaux en sont fort souvent
emportés malgré eux ; et les deux premiers ont de plus deux
iilets ébarbés adhérens au croupion , et se prolongeant autant
et plus que les plumes des flancs,
U Oiseau de Paradis émeraude , le plus anciennement cé-
lèbre, i Paradisœa apoda. Lin. ) Enl. '254- Yaill. , Ois.
de Par. , pi. i. Vieill., Ois. de Par., pi. i. j
Grand comme une grive, marron, le dessus de la tête et
du cou jaunes , le tour du bec et de la gorge vert d'éme-
raude. C'est le mâle de cette espèce qui porte ces longs fais-
ceaux de plumes jaunâtres dont les femmes font des pana-
ches. Il y en a une race un peu moindre.
U Oiseau de Paradis rouge. (Parad. ruhra.) Yaill. ,
pi. 6. Yieill., pi. 5.
A ses faisceaux des flancs d'un beau rouge , et ses filets
plus larges , concaves d'un côté.
U Oiseau de Paradis à douze filets. {Parad. alha. ) Blu-
menb. , Abb. j 96. Yaill. , pi. 16 et 17, Yieill. , pi. i5.
A les longs faisceaux des flancs blancs, et douze longs
fdels, mais qui ne tiennent pas an croupion , et ne sont que
les tiges prolongées de quelques-unes des plumes des flancs.
Son corps est ordinairement d'un noir-violet , avec une bor-
dure d'un vert d'émeraude aux plumes du bas de la poi-
trine. Mais il paraît qu'il en existe aussi des variétés à corps
tout blanc. Son bec est plus long et plus pointu que dans
les autres espèces , et un peu arqué ; ce qui le rapproche
des épimaques. Les pennes primaires de ses ailes sont cour-
4o4 OISEAUX
tes, et beaucoup moins nombreuses qu'aux oiseaux or-
dinaires.
Dans d'autres oiseaux de paradis , on trouye encore les fi-
lets; mais les plumes des Ûancs , quoique un peu allongées ^
ne dépassenlpas la queue.
Le Manucode (i). ( Paradisœa regia. ) Enl. 496. Yaill. , 7.
Vieill.,5.
Grand comme un moineau , marron-pourpré , à rentre
blanc , une bande en irarers de la poitrine , l'extrémité des
plumes des flancs et les barbes qui élargissent le bout des
deux longs filets , vert d'émeraude.
"Le Magnifique, (Par. jjiagnifica.) Sonnerai, 98. Enl. G5r.
Vaill. , 9. Vieill. , 4«
Marron dessus, Yen dessous et aux flancs ; les pennes des
- ailes jaunes , un faisceau de plumes couleur de paille de cha-
que côté du cou , un autre de plus jaunes vis-à-vis le pli de
l'aile.
D'autres ont encore des plumes eflllées mais courtes aux
flancs , et manquent de filets au croupion.
Le Sifilet. ( Par, aurea , Gm. Sexsetacea , Shaw. ) Son-
nerat, pi. 97. Enl. G55. Yaill. , 12. Yieill. 6.
Grand comme un merle , noir, un plastron vert-doré sur
la gorge, trois des plumes de chaque oreille prolongées en
longs filets, que termine un petit disque de barbes vert-doré.
D'autres «nfin n'ont ni filets , ni plumes des flancs pro-
longées»
Dans le Superbe ( Par. superba ) , Sonnerat, 96 , enl. 652,
Yaill., 1 4, Yieill., 7,
Les plumes des scapulaires sont cependant prolongé esen
une espèce de mantelet qui peut recouvrir les ailes , et
(i^ Manucodewata signille , dit-on , aux Moluques , oiseau de Diea.
C'est uu litre commua à tous les oiseaux de paradis.
PASSEREAUX. 4^-^
celles (îc la poitrine en une sorte de cotte d'armes pendante
€t fourcliue. Tout son plumage est noir , excepté sa cotte
pectorale , d'un verd brillant d'acier bruni.
Le seul Orangé (^Par, aurea , Sh. , oriolus aureus, Gm.)?
Edw. ii2,VaiU. , i8,"Vieill., ii,
îî'a aucun développement extraordinaire de plumage , et
ne se fait reconnaître qu'au velouté des plumes qui couvrent
ses narines. Le mâle est de l'orangé le plus vif , la gorge et
les pennes primaires des ailes noires ; la femelle a du brun
au lieu d'orangé (i).
La quatrième famille des passereaux , ou
celle des
Ténui]\ostbes ,
Comprend le reste des oiseaux de la pre-
mière division ; ceux dont le bec est grêle ,
allongé , et plus ou moins arqué dans sa to-
talité 5 sans échancrure. On n'en a fait que
trois genres; les huppes, les grimpereaux et les
colibris.. Ce dernier est facile à reconnaître; il
n'en est pas de même des deux autres qui ont
à peu près le même bec et les mêmes pieds , et
que l'on ne peut di:3linguer qu'au moyen de
subdivisions.
(i) Je renvoie aux merles le paradisœa gularis , Lath. ^ nigra ,>
Gui. , Vaill. 20 et 21 ; Vieill. , 8 et 9, et le leucopteruy Lath.. — Je
renvoie aux cassicans , le par. chalyhœa , enl. 633, Sonn. 97 , Vaill.
u3 , Vicitl. 10. — Le CLirhata Aldrov, 8j4 , est trop mutilé pour qu'où
puisse le caractériser , et Icfitrcata , Lath. , paraît un individu imparfait
du superba.
4oG OISEAUX
Parmi les Huppes (Upupa, Lin.),
Nous placerons d'abord
Les Graves ( Fregilus , Guy. ) y
Dont les narines sont recouvertes par des plumes dirigées
en avant ; ce qui les a fait réunir, par plusieurs auteurs , aux
corbeaux , à qui ils ressemblent à quelques égards par les
mœurs : leur bec est un peu plus long que la tête.
Le Grave d'Eiiro-pe. ( Corvus graculus. Lin. ) Enl, 255.
Est de la taille d'une corneille , noir , à bec et à pieds
rouges j ses ailes atteignent ou dépassent le bout de sa queue.
11 nicbe dans 1rs fentes des plus bautes Alpes et des Pyré-
nées , mais est rare partout. Les fruits et les insectes servent
également à sa nourriture (i).
Les Huppes proprement dits. ( Upupa. )
Ont sur la tète un ornement formé d'une double rangée de
longues plumes qui se redressent au gré de l'oiseau (2).
Nous en avons une en Europe ,
Upupa epops , Lin. , enl. 52 ,
D'un roux-vineux, les ailes et la queue noires , deux ban-
des blancbes en travers sur les couvertures, et quatre sur les
pennes de l'aile. Elle cliercbe les insectes dans la terre liu-
(1) On ne sait quelle combinaison de l'histoire de ce crave avec des
figures défectueuses, peut- être de quelques courlis, a donné naissance
à Tespèce imaginaire du cnwe huppé ou sonneur [coivus eremita. L. )
prétendu oiseau de Suisse que personne n'a vu depuis Gesnrr. Mais le
corv. afjînis , Laih. paraît un vrai crave, et nous en avons une espèce
toute noire de la Nouvelle-Hollande.
(i) Ce nom de huppe , formé d'après le cri de la huppe commune, est
devenu , en français , le nom de l'ornement qu'elle porte sur la tête ,
dans quelque oiseau qu'on le retrouve.
PASSEREAUX. 4^7
micle , pond dans des trous d'arbres ou de murailles j et
nous quitte en hiver (i).
La Huppe du Cap. ( Upiipa Capensis. ) Enl. 697.
Se lie plus particulièrement aux craves, parce que les
plumes antérieures de sa huppe , courtes et fixes , se diri-
gent en avant et couvrent les narines.
Les Promerops. Briss.
K'ont point de huppe sur la télé , et portent une très-longue
queue ; leur langlie , extensible et fourchue , leur permet
de vivre du suc des fleurs , comme les souïmangas et les
colibris (2).
Les EpiMAQUEfi (3). (Epimachus. Cuv. )
Ont , avec le bec des huppes et des promerops , des plumes
écailleuses ou veloutées, qui leur recouvrent une partie des
narines ^ comme dans les oiseaux de paradis ; aussi viennent-
ils du même pays, et brillent-ils de même par l'éclat de leur
plumage. Leurs plumes des flancs sont aussi plus ou moins
prolongées dans les mâles. On n*en a , dans les collections
(i) Ajoutez la huppe d'Afrique , upupa niinor , Yieill, , promerops,
planche 2.
(2) On ne connait bien que Vupupa protnerops , ou nierops cafer , enl.
637 , qui est le sucrier du protea , Vaill. Afr. 169. — M. Vaili. croit que
Vup.fusca^ Gm. onpapuensis , Lath. , enl. 638 , est la femelle de Vépinia-
€jue à paretnens frisés , enl. ôSg. — Uup. paradisœa , Seb. I , pi. xxx , 8 ,
n'est que le muscicapa paradisi , dont le bec a été mal dessiné. — "Uup. au-
ranlia , Seb. I , ixvi , 3, est, selon toute apparence , un cassique. — Le
mexicana , Seb. T , xlv , 5 , n'est du moins pas du Mexique , comme le
prétend Seba , en lui appliquant un passage de Nieremberg , Lib. X ,
G. 44 j où il n'est question que d'un canard. — Le promer. coeruUus
Shaw. Promerops bleu , Yieill. Upupa indiça, Laih. paraît bien appar-
tenir ici , mais on ne connaît ni ses pieds , ni sa langue , non plus que
ceux des épimaques.
(3) Epimachus , nom grec d'un très-bel oiseau des Indes , d'espèce in-
déterminée.
4û8 OISEAUX
européennes , que deux espèces , dont on ne connaît pas
mcaie les pieds , parce que les naturels de la Nouvelle-Guinée
Jes aj } ai^iient à tous les oiseaux qu'ils préparent.
UEpimacjue à paremens frisés. { Upupa magna, Gm. Up»
Superha Latli.) Enl. 63g,
Koir, à queue étagée trois fois plus longue que le corps;
les plumes des flancs allongées, relevées, frisées, brillantes
à leur bord, d'un bleu d'acier bruni, qui éclate aussi sur
la tète et au ventre.
I/Epimaque Proméfil,
D'un noir de velours, à queue médiocre un peu four^
cliue, la tête et la poitrine éclatantes du plus beau bleu
d'acier bruni; les plumes des flancs allongées ; efïilées,
noires.
Ici commencent les oiseaux auxquels on a donné
]e nom de Grimpereaux; (Certhia. L. ) leur peti-
tesse semble avoir tracé la limite, aux yeux de la
plupart des méthodistes,
Kous y distinguons d'abord
Les vrais Grïm^eheaux. (Certhia. Cuv.)
Ainsi nommésde l'iiabilude qu'ils ont de grimper aux arbres
coDime les pics, en se servant de leur queue comme d'un arc-
boutant , ils se reconnaissent aux pennes de la queue usées et
finis, ant en pointe roide comme celles des pics.
Wous en avons un,
Le Grimp. d'Europe ( Certh, Famiîiaris) enl. 68 1. 1. (i).
Petit oiseau d'un plumage blanchâtre , tacheté de brun
en dessus, teint de roux au croupion et sur la queue. Il
(t'i Âjo'itez : C ciniiammnea f YieiW, 62. — Blotociîla spinicauda ,
Lalli. S\ii. II, i'I. 52 , ?
PASSE 11 EAUX. 4^9
mcîie dans les creux des arbres et grimpe avec rapidité
elierchant des insectes et des larves dans les fentes des
éeorees, sous les mousses, etc.
L'Amérique produit quelques vrais grimpei'-eaux d'une
assez grande taille que l'on a nommés.
PicucuLES (Dendrocolaptes. Herm. ) (i) Grimpars Vaill.
Leur queue est la même, mais leur bec est beaucoup plus
fort, et plus large transversalement. (2).
Il en est même un qui , par son bec tout droit et compri-
mé , se rapproche des sittelles ; on pourrait le considérer
<;omme une sittelle à queue usée. (5).
Les EcHELETTES (4) OU Grimpcrcaux de muraille
(TicHODROMA. Illiger. )
N'ont pas la queue usée , quoiqu'ils grimpent le long des murs
•et des rochers , comme les grimpereaux ordinaires sur les
arbres ; mais ils se cramponnent par leurs très-grands ongles.
Leur bec est triangulaire et déprimé à sa base, très- long
el très-gréle.
On n'en connaît qu'un qui vit dans le midi de l'Europe.
[Cerlhia Muraria.h.) enl. 372. C'est un joli oiseau d'un cendré
clair, avec du rouge vif aux couvertures et aux bords d'une
partie des pennes des ailes. La gorge du mâle est noire (5).
(i) Dendrocoliptes , nom grec du pic.
(■2) he picucuîe , Buff. (gracula Cayennensis , Gm. grac. scanclens ,
Lath. et Sh. ) «ni. 621. Il en existe encore quelques espèces^ entre
autres une à bec plus de deux fois plus long que la tête, arqué seulement
au bout. ( Le nasican , Vaill. pronier. , etc. pi. a4' )
(3) Le talapioty Buff. ( oriolus picus , Gm. et Lath. gracula picoiâes ,
S'a.) enl. 6o5.
(4) Echelette^ nom du grimpereau de muraille dans quelques-unes de
jjos provinces. ^
(5) Certh, fusca , Lath., Vieill. 65, me paraît devoir appartenir à ce
.éoiis-genre.
y
4lO OISEAUX
Les Sucriers (Nectaeinia. Illiger. )
Dont la queue non usée montre qu'ils ne grimpent point,
mais dont le bec , de longueur médiocre , arqué , pointu et com-
primé, ressemble à celui des grimpereaux. Ils sont tous étran-
gers.
On donne plus particulièrement le nom de Guitguits à
certaines petites espèces dont les mâles ont des couleurs
vives (i).
On ne peut cependant en séparer des espèces plus grandes
et moins belles , comme
Le Fournier. [Merops Rufus. Gm. ) enl. ySg.
Oiseau de l'Amérique méridionale, grand comme une
rousseroUe, roussâtre dessus, blanchâtre dessous j qui cons-
truit en terre sur les arbustes un nid couvert par-dessus
comme un four (2).
Les Dicées. (Dicjsum. Cuv. ) (5).
Ne grimpent pas non plus, et n'ont pas la queue usée;
(1) Certhia cyanea , enl. 83 , "2 , Vieill. 4^ > 4"^ > 4^- — Cœmlea, Edw.
Il, Vieill. 44 > 4^> 4^" Deux espèces d'Amérique auxquelles il faudra
probablement ajouter quelques espèces d'Orient^ la plupart ronges^
comme C. sanguinea , Vieill. 66. — C. cardinaUs , id. 54 > 58. C. hor-
bonica , enl. 68r , 2.
N. B. C. armillata , Sparm. 36. — C. Cayana, GSv-, *, etc. ne sont
que des varie'tés du cyanea ou du cœrulea.
ip.) Ajoutez : Certhia Jla\feola , Edw. 12-2 , 362 , Vieill. 5t. — C. varia ,
( mot. varia i L. ) Edw. 3o, 2, Vieill. 74. — C. semitorquata ,
Vieill. 56. — Le promerops olivâtre , Vieill. Huppes et Prom. pi. 5.
( Mer. oUvaceus , Sh. ) — Je soupçonne que c'est aussi la place des C.
virens , Vieill. Sy et 58 , et sannio , id. 64, que je n'ai pas vus , mais qui
se distinguent par leur queae fourchue.
(5) DiCiEUM , nom d'un très-petit oiseau des Indes selon ^lien. A ce
sous-genre appartiennent certh. erythronotos, Vieill. II , 35. Le C. cruen-
tata , Edw. 81 , en est probablement une variété d'âge. — C. rubra ^
Vieill. pi. 54. — C. erythropygia , Laih. 2* Snpp. — C. tœniata , Sonn.
II* Voy. pi. 107 , fi g. 3. — C. cantillans , id. ib. 2.
PASSEREAUX. 4^1
îeur bec aigu, arqué, pas plus long que la tête, est déprimé
et élargi à sa base.
Ils viennent des Indes-Orientales, sont fort pelils, et por-
tent généralement de l'écarlate dans leur plumage.
Les HoÉROTAiRES. Vieillot.
IN'ont pas la queue usée, et leur bec est extrêmement allongé,
et courbé presque en demi-cercle. Ils viennent des îles de la
mer du Sud.
L'un d'eux (Certhia Festiaria. Sh.) Vieill. Ois. dorés,
II, pi. 52.
Est couvert de plumes écarlates j qui servent aux liabi-
tans des îles de Sandwich à fabriquer les beaux manteaux
de celte couleur qu'ils ont en si grande estime, (i).
Les Soei-MANGAS. (Cinnybis. Cuv. ) (2).
N'ont pas non plus la queue 'usée-, leur bec long et très-r
grêle a le bord de ses deux mandibules finement dentelé en
scie ; leur langue , susceptible de s'allonger hors du bec , se ter-
mine en fourche; ce sont de petits oiseaux dont les mâles
brillent au temps des amours de couleurs métalliques et ap-
prochant de l'éclat des colibris, qu'ils représentent à cet égard
dans l'ancien monde, se trouvant principalement en Afrique.
Ils vivent sur les fleurs dont ils pompent le suc; leur naturel
est gai et leur chant agréable. Leur beauté en a fait apporter
beaucoup dans nos cabinets ; mais le plumage des femelles
et celui des mâles pendant la mauvaise saison étant tout
différent de leur plumage brillant, on a peine à bien ca-
ractériser les espèces.
(ï) Ajoutez : Cerlh. obscura , Vieill. pi. 53. — C. pac'ifica , id. pi. G3 ;
mais les autres héorotaires de ce naturaliste appartiennent ù des g<^nifs
tout difftîrens , surtout aux philédons , aux dice'eSa etc.
(3) Cinnjrris , nom grec d^xa très-petit oiseau inconnu. Sou j-m;in g»
signifie , dit-on, mange sucre dans un jargon de Madagascar,
4l3 OISEAUX
Le plus grand nombre a la queue égale, (i)
Dans quelques-uns les deux pennes du milieu sont plus
allongées dans le mâle. (2)
Les Colibris. (Trochilus. L.)
Ces petits oiseaux si célèbres parTéclat métallique de
leur plumage et surtout par les plaques aussi brillantes
que des pierres précieuses que forment à leur gorge
ou sur leur tête des plumes écailleuses d'une structure
particulière, ont un bec long et grêle, renfermant une
langue qui s'allonge presque comme celle des pics, et
5e divise en deux filets que l'oiseau emploie à sucer le
(1) Certh. splendida , Sh. Vieill. 82. — C. afra , Edw. 54?. — C. sU"
perha, Vieill. 22. — C. lotenia , enl. 676 , 2 et 3 , Vieill. 34- — Ame-
tysLina , Vieill, 5, 6. — Chalyhœa , enl. ^4^ j 5, Vieill. 10, i3, 18,
24, 34, 80. — Omnicolor, Seb. I, 69, 5.— CM;?rea , Vieill. 23. —
Pupurata , Edw. 265, Vieill. 11. — Cyanocephala , Vieill. 7. — Zei^
lonica , enl. 576 , 4 > Vieill. 29, 3o. — Dubi'a, Vieill. 81. — - Senegalen^
siSf Vieill. 8. — Sperata , enl. 246, 1,2, Vieill. 16 , -52. — Madagas-
cariensis , Vieill. 18. — Lepida , Sparrm. 35. — Currucarla. enl. 576, 5 ,
Vieill. 3i. — Ruhrofuscay Vieill. 27. — Fuliginosa, Vieill. 20. —
Mdculata , Vieill. 21. — Rectirostris , Vieill. y5. — V^enusta, Vieill.
79. -■ — Giitturalis y enl. 578 , 3. — Oiseaux dont quelques - uns ne sont
probablement que des variétés les uns des autre?,
(1) Certhiafamosa , L. enl. 83 , i. — C. pulchella, enl. 670 ,1. — C
vioJacea , enl. 670 ,2. — Le sucrier cardinal , Vaill. Afr. 291. — Le
sucrier figuier , id. 293 , f. 2.
N. B. Après toutes ces distinctions , il faut encore éloigner du grand
genre certhia, les C.lunata, Vieill. 61. — C Novœ-HoUandiœ ,Z . V\''hite
IVew. S. W. pi. 16 et 65 , Vieill. 57 et 71. — C. australasiana , Vieill.
55. — C caruncuiata , Vieill. 69, 70. — C. auriculata, Vieill. 85. — C.
cocincinica f' enl. 6/^'5 , Vieill. 77 , 78. — C.spiza , enl. 57S, 2 , Edw. 25.
— C. senicuîus , Vieill. 5o. — C. gracuUna, Vieil!. 87. — C. goruch ,
Vieill. 88. — C. cœruîea y Vieill. 83. — C. xanthotis , Vieill. 84. —
C, iiiellivora , Vieill. 86 , qui sont tous des philedoks par leur bec dchau-
crc el leur langue en pinceau.
ï»AâSEREAXJX. 4^3
nectar des fleurs. Cependant ils vivent aussi d'insectes.
Leurs très-petits pieds, leur large queue, leurs ailes
excessivement longues et étroites à cause du raccour-
cissement rapide de leurs pennes; leurs humérus
courts, leur sternum sans échancrure, constituent un
système de vol fort semblable à celui des martinets;
aussi les colibris se balancent-ils en l'air presqu'aussi
aisément que certaines mouches. C'est ainsi qu'ils
bourdonnent autour des plantes ou des arbustes en
fleurs , et ils volent plus rapidement à proportion
qu'aucun autre oiseau, ils vivent isolés , défendent
leurs nids avec courage , et se battent entre eux avec
acharnement.
On réserve le nom de Colibris. (Trochilus. Lac. ) à ceux
qui ont le bec arqué ; quelques-uns se distinguent par le pro-
longement des pennes intermédiaires de leur queue.
Nous n'en citerons qu'un des plus grands et des plus
beaux.
Le Colibri Topaze. {Troch. peîla.) enl. 699.
Marron-pourpré ; tête noire ; gorge du jaune le plus bril-
lant de topaze changeant en vert, encadré de noir. (1)
D'autres ont les pennes latérales de leur queue très-
allongées j (2) plusieurs ont la queue médiocrement four-
chue. (5) Le plus grand nombre l'a ronde ou carrée. (4)
On donne le nom d'OisEAux mouches ( Orthoiihykchus.
Lacép. )
(1) Ajoutez : Tr. superciliosus , enl. 600 , 3 , Yieill. 17, ï8, 19.
(2) TV. forficatus , Edw. 33 , Vieill. 3o. — Polftlwius , Edw. 34 ,
.YieiU. 67.
(5) Tr. elegans , "Vieill. 14.
(4) Voyez eu général , pour les colibris et les oiseaux mouches , l'ou-
vrage d'Audebcrt et Vieillot, et la Zool. gën. de Shaw,
4l4 OISEAUX
A ceux dont le bec est droit*, parmi ceux-là il en est à tétc
huppée, (i)
D'autres ont même des huppes ou plumes prolongées aux
côtés de la tête. (2)
D'autres ont les tiges de leurs premières pennes des ailes
singulièrement élargies (3j , et parmi ceux qui n^ont point
d'ornemens on peut encore distinguer les espèces à queue
fourchue (4), parmi lesquels il en est dont les pennes laté-
rales très-prolongées sont élargies au bout. (5).
Enfin, l'on doit encore remarquer , au moins à cause de
son excessive petitesse.
Jje plus petit des Oiseaux Mouches. [Troch. Minimus.)
enl. 276. I. Edw. lob. Yieill. 64.
D'un gris violet et de la grosseur d'une abeille.
La seconde et la plus petite division des pas-
sereaux 5 comprend ceux oii le doigt externe ,
presque aussi long que celui du milieu, lui est
uni jusqu'à l'avant- dernière articulation.
Nous n'en faisons qu'une seule famille.
Les Syîn^dactyles.
Divisés depuis long-temps en cinq génies
que nous conservons.
(i) Tr. cnstatus,Edvf. 07 , enl. 227, i , Vieill. 47 , 48.— Tr. pileatus
{ punie eus , Gm.) Vieill. 63.
(3) Tr. ornatus , enl. 640, 3 , Vieil!. 49 > ^O'
(3) Tr. latipennii , enl. 672 , 2 , Vieill. 11.
(4) Tr. inellivorus , enl. 640, Edw. 35, Vieill. i5 , 24- — Tr. sma-
ragdo saphirinus , Vieill. 56 , /\o. — Tr. colubris , Edw. 38, Catesb.
65, Vieill. 3i , 32 , 33. — Tr. uimigeanus , Vieill. 37 , 38.
(5) Tr. pJaturus, Vieill. 5a.
1
PASSEREAUX. 4^^
Les Guêpiers, (Merops. L. )
A pieds courts; à bec triangulaire à sa base^ allongé,
légèrement arqué, terminé en pointe aiguè : ils volent
comme les hirondelles à la poursuite des insectes, et
surtout des abeilles, des guêpes, des frelons^ etc.
11 y en a une espèce dans le midi de l'Europe.
Le Guêpier commun. ( Merops apiaster,) ]EnI. 938.
Bel oiseau à dos fauve, le front et le venire bleu d'aigue-
marine, la gorge jaune entourée de noir , qui niclie dans des
trous qu'il creuse le long des berges.
Les deux pennes mitoyennes àe sa queue sont un peu
allongées, premier indice d'un prolongement beaucoup plus
grand dans la plupart des espèces étrangères (i).
Plusieurs espèces ont cependant la queue à-peu-près
carrée (2).
Les guêpiers paraissent manquer à l'Amérique où
ils sont représentés à quelques égards par
Les Motmots. (Prionites. îlliger.)
Qui en ont les pieds et le port, mais en diffèrent
(i) Tels sont : Mer. viriâls , enl. 740. — O malus , Laili. — » vS'z/yr'er-
hus , Wat. Mise. 78. — Senegalensis , enl. 3i4 ? et badius , iSi. — Su-
perciliosus , sSg.
(2) Merops Philippinus , enl. 5/. — Cayennensis j 4^4* ( -^^* B. Qu'il
n'est pas de Cajenne. ) — ISuhicus , 649. — Erytropterus , 3iS. — Ma-
limbicus y Sh. ou hicolor , Daud. Ann. du Mus. I, lxii.
N.B. Le merops congener , Aldr. 1 , 876 , n^est pas bien authentique. —
Le cafer y Gm. est Vupupa promerops. — Le Brasiliensis, Seb. I,
Lxvi , I , est probablement quelque troupiale. — Les mer. monachus ,
corniculatus , phrygius , cincinnatus , cucullatus , cyanops , garulus ,
fasciculatus , carunculatus , de Lath. , nous paraissent des philédons , et
nous nous en sommes même assurés pour presque tous. — heM.cinereus,
Seb. I , XXXI, 10 , est un soui-manga à longue queue
4l6 OISEAtJX.
par un bec plus fort, dont les bords sont crénelés axi%
deux mandibules et par une langue barbelée comme
une plume à la manière de celle des toucans. Ce sont
de beaux oiseaux à taille de pie, à plumage de la télé
lâche comme aux geais, à longue queue étagée, dont
les deux pennes du milieu s'ébarbent dans Fadulte sur
un petit espace non loin du bout. Ils volent mal, vi-
vent solitaires, nichent dans des trous, se nourrissent
d'insectes et poursuivent mêhie les petits oiseaux (i).
Les Martin s-Pec heurs. ( Alcedo. L.)
Ont les pieds plus courts que les guêpiers, le bec
bien plus long ; droit , anp^uleux, pointu; la langue et
la queue très-courtes. Ils vivent de petits poissons,
qu'ils prennent en se précipitant dans l'eau du haut
de quelques branches où iis se tenaient perchés pour
guetter leur proie. Leur estomac est un sac membre
neux. Ils nichent comme les guêpiers dans des trous
du rivage. On en trouve dans les deux Continens.
L'espèce d'Europe. (Alcedo ispida.) Enl. 77,
Grande comme un moineau , est en-dessus d'un verdâtre
onde de noirâtre j une large bande du plus beau bleu d'ai-
gue-marine règne le long de son dos 5 le dessous et un ruban
de chaque côté du cou sont roussâtres.
Les espèces étrangères ont pf esque toutes comme la notre
(i) Le motniof. à tête bleue , ou le houtou de la Gui an e j gUira ffiay^
mimbi au Brésil , selon Margrave, (ramphastos momota , Gœ. ) enl. 5jo ,
"Vaill. Ois. de Par. etc. I , pi. Sy et 58. — Le moCinot à tête rousse , on
du Pérou , lutu du Paraguay, Dazz. n° 52. Motinot domber , Vaill,
loc. cit. pi. 39.
Motmot est le nom du premier, au Mexique, selon Fcrnandea.
P lion lies , de Tf^im , Scie.
PASSEIIEA.UX. 4^7
wn plumage lisse et varié de diverses teintes de Lieu et de
vert.
On peut les distinguer entre elles selon leurs becs, tantôt
simplement droits et pointus comme à la commune , (i)
tantôt à mandibule inférieure renflée. ( •)
Il en est cependant quelques unes à la Nouvelle- Hollande et
dan les terres voisine-^, a mandibule crocliue au bout. [3j Leur
plumage grisâtre et non lissé annonce qu'elles nefréque-itent
pas les eaux-, en efftt , elles vivent d'insectes^ ce qui leur a fait
donner le nom de martins'-chasseurs.
Les Ceyx. Lacép.
Sont des martins-pêcheurs à bec ordinaire, mais
où le doigt interne n'existe point au dehors. On en a
deux espèces des Indes (4).
Les ToDiERS, (Tonus L.)
Sont de petits oiseaux d'Amérique, assez sem-
blables aux martins-pécheurs pour la forme générale
et qui en ont aussi les pieds et le bec alongé, mais oii
ce bec est aplati horizontalement, obtus à son extré-
(ï) Aie. (afra , Sh. ) maxima , enl. 679. — Alcyon, jiS et 593. —
Torquata , 284. — Rudis , 62 et 716. — Bicolor, Sgr». — Americaua
591. — Benghalensis , Edw. 11. — Cœi-uleocephala , eol. 356, 2. — Cris-
tata, ySG , i. — M adagasc ariens Is j 778, i. — Purpurea ,778, a. •—
Superciolosa , 766 , i et 2.
(2) Aie- Capensis, 690. — AtricapiUa ^ 673. — Smi^nensis , 232 et
8g4. — Dea, 116. — Chlorocepha'a , 783 , 3. — Coronianda , Sonn.
318. — Leucocephala , ( J avanie a , Sh.) 757. — Senegalensis , 694 et
556. — Cancrophaga , Sh. 334.
IV. B. Dans plusieurs des figures enluminées le bec n'est pas assez
renflé.
(5) Alcedo fusca , (gigantea , Sh. ) 663.
(4) Alcedo tr'idactyla , Pall. et Gm. Pall. Spic. VI , pi. lî , f. 2 , Sonn.
pi. XXXII. — Alcedo triùrachys , Sh. natural. mise. XVI ? pi. 681.
TOME I. 27
4l8 OISEAUX PASSEREAUX.
mité, le tarse plus élevé et la queue moins courte. Ils
vivent de mouches et nichent à terre, (i)
Nous terminons l'histoire de cet ordre par le plus
extraordinaire de ses genres ,
Les Calaos. (Buceros. L.)
Grands oiseaux d'Afrique et des Indes que leur
énorme bec dentelé surmonté de proéminences quel-
quefois aussi grandes que lui^ ou au moins fortement
renflé en dessus, rend si remarquables et lie avec les
toucans, tandis que leur port et leurs habitudes les
rapprochent des corbeaux, et que leurs pieds sont
ceux des mérops et des martins-pêcheurs. La formiê^
des excroissances de leur bec varie beaucoup avec
l'âge; Tinlérieur en est généralement celluleux. Leur
langue est petite, au fond de la gorge; ils prennent
toute sorte de nourriture, chassent aux souris, aux
petits oiseaux, aux reptiles et ne dédaignent pas même
les cadavres. (2)
(1) Toâus viridis , enl. 585, i et a. — T, cinereus ^ ib. 3, Edw. 5162»
— T. macidatus , Desniarets. — T. grisaus , id. — T. sylvia , id.
Oa a placé mal à propos , dans le genre des todiers , de vrais mouche-^
rollcs à bec échancré et à doigt extérieur libre , tels que les todus regius j
enl. 289. — Paradisœus , ib. 234- — Leucocephalus , Pall. Spic. VI »
III, a , et les deux tLA-TYBHiNQUES de Desmarets , qui sont les Lod. rosira'
tus et nasutus de Shaw. \ ou tod. plcUyrhynchos et macrorliynchos ,
Gmel.
(2). Calaos a ïroéminences. Bue. rhinocéros , enl. 934, Vaill. calaos.
1 et 2. JB. Jfricanus , Yaill. pi. xtii , f . 2 , pourrait n'en être qu'une
variété d'âge. — ISiger^ Yaill. i3. — Monoceros , Sh. ( Maîaharicus
J^ath.) enl. SyS, Vaill. 9, 10, 11 , 12. — Ginglanus , Sonn. 2® Voj.
pL 100 , Vaill. i5. — Albirostris , Vaill. 14. — Bicornis , id. 7, 8. —
Cav^us , id. 3,, 4, 5 , 6. ~ 5. hydrocorax, eal« a83, en sçrait le jeune*
> iK »
419
LE TROISIEME ORDRE DES OISEAUX,
OU LES GRIMPEURS,
Sont les oiseaux dont le doigt externe se di-
rige en arrière comme le pouce , d'où il résulte
pour eux un appui plus solide 5 que quelques
genres mettent à profit pour se cramponner au
tronc des arbres et y grimper. On leur a donné 5
en conséquence, le nom commun de Grimpeurs,
quoique pris k la rigueur , il ne convienne pas a
tous 5 et que plusieurs oiseaux grimpent vérita-
blement sans appartenir à cet ordre par la dis-
position de leurs doigts.
Les oiseaux de l'ordre des grimpeurs nichent
d'ordinaire dans les trous des vieux arbres ;
leur vol est médiocre ; leur nourriture , comme
celle des passereaux , consiste en insectes ou en
fruits 5 selon que leur bec est plus ou moins
! — Violaceus , id. 19. — Ahysslnicus , enl. 77g , Vaill. Afr. 23o , ii3i. —
j Undulalus , Vaill. cal. 20, 01. — Panayensis , en!. 780 , 781 , Vaill.
I cal. 16, 17, i8j Manillensis , enl. 891, serait le jeuxie. — Fasciatus ,
j Vaill. Afr. ti53.
' Calaos sa^s proéminences. /?. Jai^anicus , Vaill. cal. 22 , Afr. sSg. —
JVasulus , en). 260, Vaill. Afr. 239. — ISasica , nob. ib. 206, 237. —
Coronatus , enl. 890 , Vaill. Afr. 234 > ^^5. — Bengalensis , Vaill. cal. 23.
-ZV. B' M. Vaillant pense que l'oiseau nomme B. galcatus , dont on ne
connaît que la tête , enl. 933 , est un oiseau aquatique , et noa pas ua,
ealao.
4^0 OISEAUX
robuste; quelques-uns, comme les pics, ont
des moyens particuliers pour l'obtenir.
Le sternum de la plupart des genres a deux
ëchancrures en arrière; mais dans les perroquets
il n a cju'un trou , et souvent il est absolument
plein.
Les Jacamars. ( Galbula. Briss. )
Tiepnent de très-près aux martins-pécheurs , par
leur bec allongé , aigu , dont Taréte supérieure est
vive, et par leurs pieds courts , dont les doigts anté-
rieurs sont en grande partie réunis; cependant, ce ne
sont pas les mêmes doigts que dans les martins-pé-
cheurs ; de plus , le plumage des jacamars est moins
lisse y et toujours d'un éclat métallique. Ils se tien-
nent isolés dans les bois humides , sur les branches
basses , vivent d'insectes , et nichent.
Les espèces d'Amérique ont, le bec plus long et absolu-
ment droit (i).
Mais il y en a dans l'archipel des Indes, dont le bec plus
court , plus gros, et un peu arqué , les rapproche des guê-
piers. Leurs doigts antérieurs sont plus séparés. Ce sont les
lACAMERGPS dc LcvaiUant (2). Ce naturaliste en donne même
un dont le bec n'aurait point d'arête en dessus (5).
(i) Alcedo paradisœa {galbula paradisœa ^ Lath.) enl. 271. — Alcedo
scdbula , L. Galb. virldis , Lath. enl. 238. — Galb. rujicauda, nob.
Vaiil. Ois. de par. , etc. II , pi. 5o. — Galb. aïbirostris , Lath. Vaill. pi.
5i , Vieill. Ois. dores , I , pi. 4 ? p- ^.
(2) Alcedo grandis , Cm. Galbula grandis y Lath. Vaill. L. cit. pi. 54.
(3) Le grand jacamar , Vaill. L. cit. pi. 53.
Jacaniacirl est le nom de ces oiseaux au Brésil , selon Margrave. Gal-
hu'a paraît avoir indiqué le loriot chez, les Latins. C'est Maring qui a
transfère ce nom aux jacamars.
GRIMPEURS. ^ 4^ï
Les Pics. (Picus. Lin.) (i).
Sont des oiseaux bien caractérisés par lenr bec
long , droit , anguleux , comprimé en coin à son ex->
trémité , et propre à feadre l'écorce des arbres ; par
leur langue grêle , armée vers le bout d'épines re-
courbées en arrière y qui , poussée par les longues
cornes élastiques de Tos hyoïde , peut sorlir très-
avant hors du bec , et par leur queue , composée de
dix pennes (2) à tiges roicles et élastiques , qui les
soutiennent en arc-boutant lorsqu'ils grimpent le long
des arbres. Ce sont les oiseaux grimpeurs par excel-
lence : ils se portent dans toutes les directions sur
l'écorce des arbres , qu'ils frappent de leur bec , et
dans les fentes et les trous, de laquelle ils enfoncent
leur longue langue pour y prendre des larves d'in-
sectes, dont ils se nourrissent. Leur langue^ outre
son armure, est encore imbibée d'un suc visqueux
fourni par de grosses glandes salivaires : elle est re-
tirée en dedans par deux muscles roulés comme des
rubans autour de la trachée; dans cet état de ré-
traction y les cornes de l'os hyoïde remontent , sous
la peau et autour de la tête , jusque vers la base su-
périeure du bec , et la gaîne de la langue est plissée
sur elle-même dans le fond du gosier. Leur estomac
est presque membraneux : ils manquent de cœcums ;
(i) Pieus , nom de ces oiseaux en latin. Il leur venait, disait-on , d'un
roi du Latium.
(a) Il y en a proprement douze 5 mais les latérales , très-petites , n'ont pas
été comptées.
4^2 OISEAUX
cependant ils mangent aussi des fruits. Ils niclient
dans des trous d'arbres,
Nous en avons cinq ou six espèces en Europe.
Le grand Pic noir, ( Picus martius, L. ) Enl. 5g6.
Presque de la taille d'une corneille , tout noir j un beau
rouge forme une caloUe dans le mâle , et seulement une ta-
che à l'occiput dans la femelle.
Le Pic vert» {Picus viridis.) Enl. Syi.
Grand comme une tourterelle , vert dessus y blanchâtre
dessous j la calotte rouge, le croupion jaune j l'un de nos
plus beaux oiseaux.
Plusieurs regardent comme une espèce distincte le picus
canus j Gm. ( Edw. , 65 j ^ a teinte plus cendrée , à bec plus
menu , et portant une moustache noire. -
JJEpeiche ou grand Pic varié. ( Picus major. ) Enl. 196 ,
le mâle j SgS , la femelle ,
De la taille d'une grive , varié dessus de noir et dé blanc ,
dessous blanc , la région de l'anus rouge, ainsi qu'une tache
à l'occiput du mâle.
Le moj'en Epeiche, ( Picus médius. ) Enl. 61 1.
Un peu moindre ; a du rouge sur toute la calotte dans le
mâle , sur le front dans la femelle.
Ije petit Epeiche. (Picus minor.) Enl. 598.
Grand comme une alouette , varié de noir et de blanc en
dessus, blanc-grisâtre dessous, du rouge sur la tête du
mâle seulement. Il va aussi par terre à la recherche des
fourmis.
Les pics étrangers sont fort nombreux , et se ressemblent
beaucoup entre eux , même pour certaines distributions de
couleurs , par exemple pour le rouge de la tète.
On peut faire un sous-genre des \
GRIMPEURS. 4^3
PicoÏDES, Lacép.,
Qui manquent du doigt externe , et n'en ont en consé-
quence que deux devant et un derrière ; d'ailleurs semblables
en tout aux pics ordinaires.
Nous en avons un dans le nord et l'orient de l'Europe ,
( Picus tridactjlus) , Edw. , 1 14 ;
Intermédiaire pour la taille entre le grand et le petit
cpeicbe , noir tacheté de blanc dessus , blanc dessous j la
caloUe du mâle orangée ; celle de la femelle blanche.
On peut également faire un sous-genre des espèces que leur
bec , légèrement arqué , commence à rapprocher des cou-
cous (i).
L'une d'elles ne cherche sa nourriture qu'en marchant à
terre , quoiqu'elle ait la même queue qne les autres (2j,
Les Torgols. ( Yunx. Lin. ) (3).
Ont la langue ailongeable comme les pics , et par
le même mécanisme , mais sans épines ; d'ailleurs ,
leur bec droit et pointu est à peu près rond et sans
angles ; leur queue n'a que des pennes de forme or-
dinaire. Ils vivent à peu près comme les pics , ex-
cepté qu'ils grimpent peu.
Nous en avons un en Europe.
( Yunx iorquilla j Lin. ) , enl. 698 ,
De la taille d'une alouette , brun en dessus , et joliment
vermiculé de petites ondes noirâtres et de mèches longitu-
dinales fauves et noires; blanchâtre , rayé en travers de noi-
râtre en dessous.
(i) Telles que le picus auratus (cuculus auratus de la X* e'dit.) eul.695.
■ — Le picus cafer , Lath.
(a) Le pic-laboureur {picus arator , Nob.) Vaill. Afr. pi. 255 et 256.
Nous ne retranchons d'ailleurs du genre des pics , que le picus minutus^
Lath. Yunx minutissinius , Gm. (enl. 7S6 , 1 ) , qui est en effet un torcol.
(3) Yuwx est le nom grec de cet obeau. Torquilia , son nom latin.
424 OISEAUX
Son nom Tient de la singulière habitude qu'il a , quan^
on le surprend , de tordre son cou et sa tête en difFcrens
sens (i).
Les Coucous. ( Cucur.us. Lin. ) (2).
Ont le bec médiocre, assez fendu, comprimé^ et
légèrement arqué ; la queue assez longue. Ils \ivent
d'insectes, et sont voyageurs. Nous subdivisons ce
nombreux genre comme il suit :
Les vrais Coucous.
Ont le bec de force médioCi.e , les tarses courts, la queue
de dix pennes. lîs sont céièbres par la singulière habitude
de pondre leurs œufs dans les nids d'autres oiseaux insec-
tivores : les pr.rens étrangers, souvent d'espèces plus petites,
prennent soin du jerne coucou coranie de leuis propres pe-
tits , Uiême lorsque son introduciiou a été prtxedée , comme
il arrive souvent, de la destruction de leurs ceufs. La cause
de ce plicnomène , unique tJans l'histoire des oiseaux, est en-»
core inconnue. Hérissant l'a attribué à la position du gésier,
qui est en CiTat plus en arrière dans l'abdomen , et moins ga-
ranti par le sternum que dans les autres oiseaux. Les cœcuins
de ces coucous sont assez longs , et leur larynx inférieur n'a
qu'un muscle propre.
JNous n'avons en Europe qu'in seul coucou.
( Cuculus canonts , Lin. , enl. 8 1 1 ,
D'un gris cendré , à ventre blanc , rave en travers de
noir , la queue tachetée de blanc sur les côtés , le jeune a du
roux au lieu de gris.
Mais ]es pays chauds des deux continens en produisent
plusieurs autres (3).
* \ ■ ' ' " ■
(i) Ajoutez: Twix nii/aUis.sinia , enl. 78b, i.
(?J is.û,\x.u^ ; cuculus , coucou, expriment le cri de l'espèce d'Europe.
(3) Cuculus Cnpensis , Vaill. Air. pi. 200. qui n'est probablement qu'une
yaricl^ du commun. — Solitarius , 'Noh. Vaill. 206. — RadiaLus , Sonn.
GRIMPEURS. 4^5
Il y en a surtout en Afrique quelques jolies espèces d'un
vert plus ou moins doré ; leur bec est un peu plus déprimé
qu'au coucou ordinaire (i).
D'autres espèces , la p'upart d'un plumage tacheté , ont
le bec plus haut verticalement (2).
Les CouASjVaill.,
!Ne diffèrent des coucous que par des tarses élevés (5). Ils
Jiîchenl dans des creux d'arbres , et ne pondent pas dans des
nids étrangers ; cela est vrai du moins pour les espèces dont on
connaît la propagation.
On peut en séparer une espèce d'Amérique à bec long ,
courbé seulement au bout (4).
M. Levaillant a déjà séparé , avec raison ^ des autres
coucous y
Les Coucals (5) ( Centropus , tlHg. ) ,
Espèces d'Afrique et des Indes, qui ont l'ongle du pouce
long , droit et pointu comme les alouettes. Ceux que l'on
I*^^ Voy. pi. 79. — Claniosus , Nob. Vaill. 204 , 2o5. — Edolius , Nob.
Vaill. 'ioy, 208. ( N. B. Cuc. serratus , Sparm. Mus. Caris. 3 , en est le
xnàle^ nielanolcucos , enl. 272, la femelle. ) — Coromandus , enl. 274 , 2 ,
et une var. Vaill. 2i3. — Americanus , enl. 816. — Glandarius , Edw.
57. — Flauus y enl. 8i4-
(i) Cuc. auratus , enl. 667, Vaill. 210. — Clasii , Vaill. fiio. — Luci-
dus, Lath. Syn. I, pi. a3.
(2) Cuc. punctuatus , enl. 771, et scolopaceus , 586 , peut être même
encore rnaculalus , 764 , ne paraissent que des variétés. — Honoratus ,
enl. 294 j Vaill. 216. — Taitensis, Sparm. Mus, Cails. 32. — Minâanen-
sis , enl. 277.
(3) Cuc. Madagascariensis , enl. Si 5. — Cristatus , enl. 689, Vaill,
217. — Cceruleus , enl. 295 , 2, Vaill. 218. — lYœvius , enl. 812. — Caya-
nus , enl. 211. — Scniculus , enl. 8 1 3.
i
(4) Cuculus vetula , enl. 772.
(5) CoucAL, mot composé de coucou et d'alouette.
426 OISEA.UX
o connaît appartiennent à l'ancien monde. Ils nichent aussi dans
des creux d'arbres (i).
On doit distinguer également, avec ce naturaliste,
Les Courols (2) ou Vouroudrious de Madagascar,
Dont le bec gros , pointu , droit , comprimé , à peine un pea
arqué au bout de sa mandibule supérieure , a ses narines
percées obliquement au milieu de chaque côté. Leur queue
a douze pennes. Ils nichent comme les précédens , se tien-
nent dans les bois. On les dit principalement frugivores (3).
Les ÏMDiCATEUKs , Vaill. ,
Sont deux autres espèces d'Afrique , célèbres parce que , se
nourrissant de miel , elles servent de guides aux habitans pour
découvrir les nids d'abeilles sauvages , qu'elles cherchent
elles-mêmes en criant. Leur bec est court ^ haut, presque
conique comme celui du moineau. Leur queue a douze pen-
nes , et est à la fois un peu étagée et un peu fourchue. Leur
peau , singulièrement dure , les garantit des coups d'aiguil-
lon \ mais les abeilles, qu'ils tourmentent sans cesse _, les at-
taquent aux yeux , et eri tuent quelquefois (4).
Les Barbacous , Vaill. ,
Ont le bec conique , allongé , peu comprimé , légèrement
arqué au bout, et garni a sa base de plumes effilées ou poils
roides, qui leur donnent un rapport avec les barbus (5).
(i) Cuculus JEgypdus et Senegalensls , enl. 332, Vaill. 219. — Phi-
Uppensis , Nob. cnl. 884. — Aigrorufus , Nob. Yaill. 220. — Toîu , enl.
295 , Vaill. 219. — Beughalensis y Brown. III. XIII. — Rufinus , Nob.
Vaill. 221. — jEthiops , Nob. Vaill. 222. — Gigas , Nob. Vaill. 223.
(2) Courol de coucou et de rollier.
(3) Cucalus afer y enl. 387 ^ le mâle , dont le bec est mal rendu , et 585
la femelle , où il est mieux , Vaill. 226, 227.
(4) Cuculus indicator , Vaill. Afr. 241. — Minor , Nob. id. 242.
(5) Cuculus [tranquillus , enl. 5i2. — Cuculus tenebrosus , enl. 5o5.
JJarbacou , composé de barbu et de coucou.
iV. B. Il f»ut encore observer que le cuc^ parndhceus ; Briss. IV , pi*
GRIMPEURS. 4^7
Les Malcohas. Vaill.
'> j»i
Ont un bec très-gros , rond à sa base , arqué vers
le bout , et un large espace nu autour des yeux.
L'un d'eux a des narines rondes vers la base du
bec (i ) ; l'autre les a étroites près du bord (2). Ces oi-
seaux^ naturels de Cejîan , vivent, dit-on , principa-
lement de fruits.
Les Scythrops. Lath.
i
Ont un bec encore plus long, plus gros que les
malcolias, creusé de chaque côté de deux sillons
longitudinaux peu profonds ; le tour de leurs yeux est
nu, leurs narines rondes. Leur bec les rapproche
des toucans, mais leur langue non ciliée, les en sé-
pare. On n'en connaît qu'une espèce de la Nouvelle-
Hollande, de la taille de la coniieille, blanchâtre à
manteau gris. (5)
Les BARBUg. (Bucco. Lin.) (4).
Ont un gros bec conique renflé aux côtés de sa
base et garni de cinq faisceaux de barbes roides , diri-
gées en avant, un derrière chaque narine, un de
XIV , A. I , n'est que le drongo de paradis ( lanius I^Inlabaricus) et que
le eue. siiiensis , id. ib. A. 2 , n'est que la pie bleue (coivus erythro^
rynehos) j ces deux remarques sont de M. le Vaillant , le naturaliste qui
a le mieux éclairci Thistoire des coucous.
(i) Le raaieoha roui^erdin, Y aiW. Afr. '^iS,
(1) Le malcoha , id. 224. Cuc. pyrroee phalus. Forsier.
(3) Scythrops Novœ-Hollandiœ , haih.Scyth. Australasice , Sh. Pliill.
i65 , et John Wliv te j deux mauv. fig.
(4) Bucco , nom donné à ce genre par Brisson , à cause du renfieincnt
de sa mandibule ù la base , de bucca {joue).
4^8 OISEAUX
chaque côté de la base de la mâchoire inférieure; et le
cinquième sous la symphyse. Leurs ailes sont courtes^
leurs proportions assez lourdes ainsi que leur vol. Ils
vivent d'insectes et attaquent les petits oiseaux; ce-
pendant ils mangent aussi des fruits. Ils nichetit ddns
des trous d'arbres."
On peut les diviser en trois sous-genres y
Les Barbicans. Buff. (Pogonias. îlliger.)
Ont deux fortes écliancrures de chaque côté du bec supé-
rieur, dont l'arête est mousse et arquée ; et l'inférieur sillonnée
en travers en dessous: leurs barbes sont très-fortes. On les
trouve en Afrique et aux Indes. Ils mangent plus de fruits que
les autres espèces (i).
Les Barbus proprement dits.
A bec simplement conique, légèrement comprimé, l'arête
mousse , un peu relevée au milieu. Il y en a dans les deux
Continens, dont plusieurs peints de couleurs vives. Ils vont par
paires dans la saison de l'amour, et en petite*î troupes le reste de
l'année. (2)
(i) Bucco fluhiui , Gm. {pogonias ninjor^ Wob. enl. 602 , Vaill. Ois.
de par. II , pi. 19. — Pogonias rninor , Nob. Vaill. Loc. cit. pi. A.
Barbicans, parce qu'ils tiennent des barbus et des toucans. Pogonias de
'TTcoyav f barbe.
(a) Bucco grandis , enl. 871. — Viridis , enl. 870. — Flavifrons , IVob.
Vaill. L. cit. 55. — Cyanops , Nob. id. ib. 21. — Lathami, Lath. Syn.I ,
pi. 22. — Philippensis , enl. 356. — Ruhricapillus , Brown , 111. XIV. —
Jiubri collis y IVob. Vaill. 35 , si toutefois ce ne sont pas trois variétés. —
Torquatus , W. Vaill. Sy. — Roseus , N. Vaill. 53. — Niger, enl. 688 , i.
^ — Maynanensis , Lath. Elegans , Gm. enl. 688. — Barhiculus , N. Vaill.
56. — Parvus , Mas. Vaill. 32 , fem. enl. 746 , 2. — Erythronotos , Nob.
Vaill. 57. — Zeyianicus , Brown , III. XV. — Cayanensis , enl. 206. —
Peruvianus , Nob. Vaill. 27. — Nigrolhorax , N. Vaill. 28, qui pour-
raient bien encore être trois variétés. — Fuscits , Vaill. 43*
GRIMPEURS. 4^9
Les Tamatias.
Dottt le bec un peu plus allongé et plus comprimé^ a l'extré-
mité de sa mandibule supérieure recourbée en dessous. Leur
tête grosse, leur queue courte , leur grand bec, leur donnent
un air stupide. Tous ceux qu'on coniiait sont d'Amérique, et
ne vivent que d'insectes. Leur naturel est triste et solitaire, (i)
Les CouROucous. (Trogon. L.)
Ont avec les faisceaux de poils des barbus, le bec
court, plus large que haut, courbé dès sa hase, son
arête supérieure arquée , mousse , et ses bords dente-
lés. Leurs petits pieds garnis de plumes jusque près
des doigts, leur queue longue et large, leur plumage
fin, léger et fourni, leur donnent un autre port, 11 y
a le plus souvent quelque partie de leur plumage qui
brille d'un éclat métallique; le reste est plus ou moins
vivement coloré. Ils nichent dans des trous d'arbres^
se nourrissent d'insectes, se tiennent solitaires e^
tranquilles sur les branches basses, dans Tépaisseur
des bois humides et ne volent que le matin et le soir.
Il s'en trouve dans les deux Continens. (2)
(i) Bucco Jiiacrorhynchos , enl.GSg. — Melanoleucos , enl. 688 ,. 2.—
Collaris , enl. SgS. — Tamatia, enl. 746 , 2. ( Nob. TamaLla niaculata.)
TamatiA , nom de l'un de ces oiseaux au Brésil , selon Margrave. On les
noirwne chacurus au Paraguay, selon d'Azzara.
(^) En Amérique : Trogon curucui, enl. i^Si, — Viridis , enl. igS. —
Violaceus , Nov. comm. petr. XI, pi. 16 , f. 8. — StrigilaLus , enl. 765.
— Rufus , enl. 766. — En Asie , trogon fasciaius , ind. Zool. pi. 5. — En
Afrique , trogon narina , Vaill. Afr. 228 , 229.
Il est permis de douter que le trogon inaculaLus , Brown^ 111. Xllt ,
soit un vrai couroucou.
CouRoucou , est l'expression de leur cri , et leur nom au Brésil j celui de
tH'ogon leur a été donné par Mœhring.
43o OISEAUX
- Les Anis. (Crotophaga. L. ) (i).
Se reconnaissent à leur bec gros, comprimé, arqué^
sans dentelures, élevé et surmonté d'une crête verti-
cale et tranchante.
On en connaît deux espèces , l'une et l'autre des
cantons chauds et humides d'Amérique, à tarses
forts et élevés à queue longue et arrondie, à plumage
noir. CrotopJiaga major ei Crotophaga ani. enl. 102
fig. I cl 2.
Ces oiseaux vivent d'insectes et de grains; voient
en troupe, pondent et couvent même plusieurs paires
ensemble dans un nid placé sur des branches et d'une
largeur proportionnée au nombre de couples qui le
construisent. Ils s'apprivoisent aisément^ et appren-
nent même à parler mais leur chair est de mauvaise
odeur
Les Toucans. (Ramphastos. L.) (2)
Se reconnaîtraient parmi tous les oiseaux à leur
énorme bec, presque aussi gros et aussi long que leur
corps, léger et celluleux intérieurement, arqué vers
le bout, irrégulièrement dentelé aux bords, et à leur
langue longue, étroite et garnie de chaque côté de
barbes comme une plume. On ne les trouve que dans
(i) Ani y anno , nom de ces oiseaux à la Guiane j au Brésil. Crotopha.-
GUS a ^té imagine par Erown , (Hist. IN'at. Jam. ) parce que dans cette
île l'ani vole sur le bétail pour y prendre les taons et les tiques. Kfo Icov
musca canin a.
(2) Toucan de leur nom brasilien tucà. Ramphastos , nom imaginé par
Linnseus , et tiré de ?a.(j.(ùOç , bec, à cause de l'énormité de cette partie.
GRIMPEURS. 43l
tes parties chaudes de l'Amérique où ils vivent en petites
troupes, se nourrissent de fruits et d'insectes et pen-
dant la saison de la ponte, dévorent les œufs et les
petits oiseaux nouvellement éclos. La structure de
leur bec les oblige d'avaler leur nourriture sans la mâ-
cher; quand ils font saisie, ils la jettent en l'air pour
l'avaler plus commodément. Leurs pieds sont courts;
leurs ailes peu étendues 5 leur queue assez longue. Ils
nichent dans des trous d'arbres.
Les Toucans proprement dits.
Ont le bec plus gros que la tête ; ils sont généralement
noirs, avec des couleurs vives sur la gorge, la poitrine et le
croupion. On employait même autrefois ces parties de leur
plumage pour en faire des espèces de broderies (i).
Les Aracari. Buff. (Pteroglossus. lUiger. )
Ont le bec moins gros que la tête et revêtu d'une corne
plus solide j leur taille est moindre et le fond de leur plumage
ordinairement vert avec du rouge ou du jaune sur la gorge et
la poitrine. (9.)
Les Perroquets. (Psittacus. L.)
Ont le bec gros, dur, solide, arrondi de toute
part, entouré à sa base d'une membrane où sont per-
cées les narines ; la langue épaisse, charnue et arron-
die; deux circonstances qui leur donnent la plus
•■ ■■ ■ — ^M^^— — ■— ^-^^^M— ^-. I > ■ I I ■ Ml ■ IM..I ■■■ ■■ . ■!■■ Il . ■ .M.. ■■ I ■■!■■■ M^IM ■■!»,» i II ^a !■■ I ■■■ Il ■■IM^
(i) Rcunphastos ioco , enl. 82. — Tucanus , Edw. 329. — Piscworus ,
Edw. 64. — Maximus , !Nob. Vaill. Touc. pi. 6. — PectoraVs , Sh. enl.
369 et 307. — Aldroi>ancil f Sh. Alb. II , 25. — Eiythrorhynchos , Sh.
»nl. 262.
(2) Ramph. viridis , enl. 727 , 728. — Aracari 3 eal. \Ç)Q. — Plpenyo*-
rus-, enl. 5'j'j, , 739. ^
432 OISEAUX
grande facilité à imiter la voix humaine. Leur larynx
inférieur assez compliqué et garni de chaque côté de
trois muscles propres, contribue encore à cette facilité.
Leurs mâchoires vigoureuses sont mises en action par
des muscles plus nombreux qu'aux autres oiseaux.
Ils ont de très-longs intestins et manquent de cœ-
cums. Leur nourriture consiste en fruits de toute
espèce. Ils grimpent aux branches en s'aidant de leur
bec et de leurs pieds , nichent dans des trous d'ar-
bres , ont une voix naturelle dure et criarde , et sont
presque tous peints des plus vives couleurs. Aussi
n'en trouve-t-on guère que dans la Zone-Torride;
mais il y en a dans les deux Continens, bien entendu
que les espèces sont différentes dans chacun des
deux ; chaque grande lie a même ses espèces , les
ailes courtes de ces oiseaux ne leur permettant pas
de traverser de grands espaces de mer. Les perroquets
sont donc très-nombreux : on les subdivise par les
formes de leurs queues et quelques autres caractères.
Parmi ceux à longue queue étagée, on distingue d^abord.
Les Ajias.
Dont les joues sont dénuées de plumes ; ce sont des espèces
d'Amérique, la plupart forts grandes, et d'un plumage très-
brillant, qui en fait beaucoup apporter vivans en Europe.
Les autres à longue queue, portent le nom commun de
Perruches.
M. Le Vaillant les divise en :
Perruches - Aras.
Qui ont le tour de l'œil nu 3 elles viennent d'Amérique;
comme les aras.
i
En Perruches à queue enjlèche.
Où les deux pennes du milieu dépassent beaucoup lea
autres.
En Perruches à queue élargie vers le bout.
Et en Perruches ordinaires
A queue étngée à peu près également.
Telle est spécialement l'espèce la premiëre connue en
Europe, où elle fut apportée par Alexandre [Pattacusi
Alexandri. L. ) enl. 64^ , d'un beau vert-, portant sur la
nuque un collier rouge et sous la gorge une tache noire (i).
Parmi les perroquets à queue courte et égaje on distingue ;
Les Cacatoès.
Qui portent une liuppe formée de plumes longues et étroites,
tangées sur deux lignes, se couchant ou se redressant au gré
de l'animal. Ils vivent dans les parties les, plus reculées des
Indes j le plumage du plus grand nombre est blanc j ce sont
les espèces les plus dociles; elles fréquentent de préférence les
terrains marécageux.
Quelques espèces découvertes depuis peu à la Nouvelle-
Hollande, ont des huppes plus simples, moins mobiies et com-
posées de plumes larges et de longueur médiocre. Elles vivent
surtout de racines (2).
D'autres ont pour toute huppe, quelques plumes pendantes
et garnies seulement vers le bout de barbes effdées, qui leut
forment comme des huppes.
Mais le plus grand nombre n'a sur la tète aucun ornement ;
(i) Voyez pour l'éniimëratîon dès aras et des perruches , Shaw, Gen.Zoo!.
VIII , part. 1 , et pour les figures bien coloriées du plus grand nombre ,
outre les planches enluminées de Buff. , l'Histoire Naturelle des perroquet»
de M. Le Vaillant.
(a) Ps. Jjajiksii f Lath. Syn. Supp. p. 63^ pi. cix , et plusieurs
«spbces voisines.
TOME I ; 2B
434 OISEAUX
Vespèce la plus connue par sa facilité à apprendre à parler,
est le
Perroquet gris ^ ou Jaco, {Psitt. Erjthacus.) enl. 3^1 1.
Tout cendré , à queue ronge. Il vient d'Afrique.
Les espèces à plumage vert sont les plus nombreuses.
On donne le nom d'Amazones à celles dont le fouet de l'aile
est coloré de rouge ou de jaune , elles viennent d'Amérique.
On appelle loris les espèces dont le fond du plumage est
rouge. 11 ne s'en est trouvé qu'aux Indes orientales.
Mais toutes ces différences de couleur ne peuvent autoriser
des dislinclions génériques.
Il n'y a guère que les
Perroquets a trompe. Vaill.
Qui offrent de bous caractères pour élre détachés des
autres.
Leur queue courte et carrée, leur huppe, composée de
plumes longues et étroites, les font ressembler aux cacatoès.
Ils ont les joues nues comme les aras ; mais leur bec supé-
rieur énorme , l'inférieur très-court , ne pouvant se fermer en-
tièrement , leur langue cylindrique, terminée par un petit
gland corné , fendu au bout , et susceptible d'être fort prolon-
gée hors de la bouche , leurs jambes nues un peu au-dessus du
talon , enfin leurs tarses courts et plats , sur lesquels ils s'ap-
puient souvent en marchant , les distinguent de tous les per-
roquets. On n'en connaît que deux, originaires des Indes
orientales (1).
Peut être pourrait-on faire aussi un sous-genre des
Perruches imcvamees ( Pezoporus, Hlig. ), Vaill. perr. I. 52.
Dont le bec est plus faible, les tarses plus élevés et les on-
(1) Psittacus atcrrinms , Gm. ( Ps. gigas , Lalh. ) Edw. 3i6 , ou Tara
noir h trompe , Vaill. perr. I , pi. i-x et i3. — U ara gris à trompe j id.
ih. pi. Il, peut n'être qu'une varit'l^'.
Grimpeurs. 4^5
gîes plus droits qu'aux autres perroquets. Elles marchent à
terre , et cherclient leur nourriture dans les herbes.
On n'en connaît qu'une de la Nouvelle-Hollande.
On place communément parmi les grim-
peurs deux oiseaux d'Afrique très-voisins l'un
de l'autre , qui me paraissent bien plus ana-
logues aux gallinacés et nommément au genre
des lioccos. -
Ils ont les ailes et la queue des hoccos , et se
tiennent , comme eux , sur les arbres 5 leur bec
est court et la mandibule supérieure bombée ;
leurs pieds ont une courte membrane entre les
doigts de devant , mais il est vrai que le doigt
externe se dirige souvent en arrière comme ce-
lui des chouettes. Leurs narines sont aussi sim-
plement percées dans la corne du bec, les bords
des mandibules sont dentelées , et le sternum
(au moins celui du touraco) n'a pas ces grandes
échancrures ordinaires dans les gallinacés.
Ces oiseaux , dont on a fait deux genres ,
sont
Les Touracos , ( Corythaix , Illig. ) ,
Dont le bec ne remonte pas sur le front , et dont
la tête est garnie d'une huppe qui peut se redresser.
L'espèce la pluscommune(6'wcM/M.i7?er5^,Lin.), enl.6oi ,
Hahite aux envu'ons du Cap, e^t d'un beau vert, avec
436 OISEAUX
une partie des pennes des ailes cramoisie. Elle niche dans
des trous d'arbres , et se nourrit de fruits.
Une autre espèce , d'un gris-brun , à ventre blanchâtre ,
à mèches brunes , paraît le phasianus aj rie anus de La-
tham (i).
Les Musophages. ( Musophaga. Iserl. )
Ainsi nommés, parce qu'ils vivent surtout du fruit
du bananier , ont pour caractère la base du bec for-
mant un disque qui recouvre une partie du front.
L'espèce connue (Musophaga violacea j Lath. , Touraco
violet , Yaill. , Promerops j etc. , pi. i8;
A le tour des yeux nu et rouge, le plumage violet , l'oc-
ciput et les grandes pennes de l'aile cramoisi : un trait blanc
passe sous le nu du tour de l'oeil. Elle habite en Guinée el
au Sénégal.
LE QUATRIÈME ORDRE DES OISEAUX
OU LES GALLINACÉS.
Ainsi nommés de leur affinité avec le coq
domestique, ont généralement comme lui , les
doigts antérieurs réunis à leur base par une
courte membrane , et dentelés le long de leur
bord 5 le bec supérieur voûté , les narines per-
cées dans un large espace membraneux de la
(i) Ajoutez le touraco géant , Vaill. promçr. et gn^p. p!. iq.
GALLINACÉS. 4^7
base da bec , recouvertes par une écaille car-
tilagineuse 5 le port lourd , les ailes courtes , le
sternum osseux 5 diminué par deux échancrures
si larges et si profondes, qu elles occupent pres-
que tous ses côtés, sa crête tronquée obliquement
en avant , en sorte que la pointe aiguë de la
fourchette ne s'y joint que par un ligament ;
toutes circonstances qui , en affaiblissant beau-
coup leurs muscles pectoraux, rendent leur vol
difficile. Leur queue a le plus souvent quatorze
et quelquefois jusqu'à dix-huit pennes , mais il
faut encore ici excepter les alectors.Leur larynx
inférieur est très-simple; aussi n'en est-il aucun
qui chante agréablement : ils ont un jabot très-
large et un gésier fort vigoureux. Si l'on excepte
les alectors, ils pondent et couvent leurs œufs a
terre sur quelques brins de paille ou d'herbe
grossièrement étalés. Chaque mâle a ordinaire-
ment plusieurs femelles, et ne se mêle point du
nid ni du soin des petits, qui sont généralement
nombreux , et qui , le plus souvent , sont en
état de courir au sortir de l'œuf.
Cette famille très- naturelle , remarquable
pour nous avoir donné la plupart de nos
oiseaux de basse-cour , et pour nous fournir
beaucoup d'excellent gibier , n'a pu être divi-
sée en genres que sur des caractères peu im-
438 OISEAUX
portails y tirés de quelques appendices de la
tête.
Les Paons. (Pavo. Lin.)
Ainsi nommés d'après leur cri , ont pour caractère
les couvertures de la queue du mâle plus allongées
que les pennes, et pouvant se relever pour faire la
roue. Chacun sait combien sont éclatantes les barbes
lâches et soyeuses de ces plumes , et les taches en
forme d'yeux qui en peignent Textrémité dans
Notre Paon domestique {Pavo cristaliis y Lin. ), enl.
455 el 454,
Espèce où laléte est encore ornée d'une aigrette de plumes
redressées et élargies au })out. Ce superbe oiseau , origi-
naire du nord de l'Inde , a été apporté en Europe par
Alexandre.
Une autre espèce ,VÈperonnier ou Chinquis ( Pavo hical-
caratus et Thibetanus , Gm. ) , enl. 492 et 49^ ,
N'a sur la tête qu'une courte huppe serrée •, les tarses du
mâle sont armés chacun de deux ergots j ses couvertures de
- la queue , moins allongées, portent de doubles taches , et
celles des scapulaires des taches simples , toutes en forme de
miroir. ]\1. Temmink en fait un genre sous le nom de po-
LYPLECTRUM (l). (
Les Dindons. (Meleagris. Lin. ) (2) ,
Ont la tête et le haut du cou revêtus d\uie peau
sans plumes toute mamelonnée , sous la gorge un
(i) lue paon du Japon ou spicifère ( P. mulicus. L. ), fonde unique-
ment sur une peinture envoyée du Japon dans le seizième siècle ( Aldrov.
av. II _, 33 , 54. ) , n'est rien moins qu'authentique. Le véritable paon sau-
vage du Japon diffère peu du nôtre par les couleurs et point par l'aigrette.
{1) Meleagris e«>t le nom grec do la peininde, appliqué mal à propos
au dindon par Linnaeus.
ôallinAcés. 4^9
appendice qui pend le long du cou , et sur le front ,
un autre appendice conique qui , dans le mâle ,
s'enfle et se prolonge dans les momens de passion ,
au point de pendre par-dessus la pointe du bec : du
bas du cou du mâle adulte pend un pinceau de poils
roides ; les couvertures de sa queue , quoique plus
courtes et plus roides que dans le paon , se relèvent
de même pour faire la roue. Les mâles ont des épe-
rons faibles.
On n'eu connaît qu^une espèce ( Meleagris gallopavo ,
Lin. ) , enl. 97 ,
Apportée d'Amérique , et répandue maintenant par toute
l'Europe à cause de la bonté de sa cliair , de sa grandeur
et de la facilité de sa multiplication. Les dindons sauvages
de Virginie , sont d'un brun-verdâtre glacé de cuivré.
Les Alectors (Merrem. ) (i) ?
Sont de grands gallinacés d'Amérique assez ana-
logues aux dindons , à queue de douze pennes ,
grandes, roides, large et arrondie, dont aucun n'a
d'éperons. Plusieurs d'entre eux ont des dispositions
singulières dans la trachée-artère. Il vivent^ dans les
bois, de bourgeons, de fruits, y nichent sur les ar-
bres , se perchent , et sont très-sociables et disposés
à la domesticité. Gmelin et Latham les ont divisés
en Hoccos et enJAcous, mais d'après des caractères
peu déterminés. INous les subdivisons comme il suit :
Les Hoccos proprement dits, Buff. , Mitoiix du Brésil , etc.
( Crax , Lin. ) j
Ont le bec fort , et sa base entourée d'une peau, quelque-
(1) Alector est le nom grec du coq.
440 OISEAUX
fois d'une couleur tîtc , où sont percées les narines j sur leur
tête est une huppe de plumes redressées, longues, étroites ^
recoquillées au bout.
Ils ont la taille du dindon , et montent comme lui sur les
arbres. L'on en élève volontiers en Amérique, et il nous en
vient de ce pays des individus si diversement colorés , qu'on
hésite à en caractériser les espèces.
Les plus communs, ou Mitou-Poranga , Margr. ( Crax
alecior , Lin. ) , Buff. , Ois. II , pi. xiii ,
Sont noirs, à bas-ventre blanc , à cire du bec jaune. Leur
trachée ne fait qu'un léger repli avant d'entrer dans la
poitrine.
Quelques-uns ( Crax globîcera, Lin. ) , enl. 86 , Edw, ,
295 , I ,
Ont sur la base du bec un tubercule globuleux , plus oia
inoins gros. Parmi les uns et les autres , il en est qui ont
le corps diversement rayé de blanc ou de fauve ( Albin. H,i
52.) (i). Quelquefois tout le dessous est fauve (2).
Ceux dn Pçrou ( Crax ruhra , Lin.) , enl. 125,
Sont d'un marron vif , et ont la tête et le cou diverse-^
ment variés de blanc et de noir.
Les Pauxi. ( Ourax. Cuv.) (3).
Ont le bec plus court et plus gros , et la membrane de sa
Jjase , ainsi que la plus grande partie de leur tête, recouvertes
de plumes courtes et serrées comme du velours.
(1) Celle-ci paraît le vëritable hoazin du Mexique de Fernandès.
(3) Telle est la femelle décrite par d'Azzara. Voj. IV, p. 169. Il pa-
yait aussi , d'après d'autres voyageurs , que les femelles sont fauves.
(3) Pauxi est le nom sous lequel le désigne Fernandès* Ourax , nom
iiîhènien du coq de Bruyère.
GALLINACÉS. 44^
L*€spëce la plus commune, dite Pierre , ou plulôt Oiseau
à pierre ( Crax^pauxi , Lin. ) , enl. 78 ,
Porté sur la base du bec un tubercule ovnle presque
aussi gros que sa tête, d'une couleur bleu-clair, et d'une
dureté pierreuse. Cet oiseau est noir , et a le bas du ventre
et le bout de la queue blancs. Il pond à terre» On ne con-
naît pas au juste son pays natal. C'est , de toutes les espèces
connues , celle dont la Iracbée est la plus longue. Eile des-
cend deliors, le long du côté droit jusque derrière le ster-
num , se recourbe vers le côté gauche , et revient sur ses
pas pour rentrer dans la poitrine par la fourchette. Tous ses
anneaux sont comprimés.
Il y eu a une autre espèce sans tubercule , à ventre et
bout de la queue marron ( le vrai mitu de Margrave) (i).
^ Les GuANS ou Jacous. (Pénélopl. Merrem.) (2).
Ont le bec plus grêle que les hoccos , et le tour des yeux
nu , ainsi que le dessous de la gorge, qui est le plus souvent
susceptible de se renfler.
On en connaît aussi plusieurs variétés de couleurs entre
lesquelles il est dijSicile d'établir des limites spécifiques ;
ceux surtout qui ont une huppe , sont tantôt de différens
bruns ou bronzés ( PeneLjacupema , Merr. ,11, xi ), quel-
quefois tachetés à la poitrine ( Pénélope cristata , Lin. ) ,
Edw. i5^ tantôt noirs, avec les mêmes taches , et plus ou
moins de blanc à la huppe et aux couvertures de l'aile ( Pen.
(i) Le chacamel, Buff. (Crax vociferans) fonde sur une indication
vague de Fernandès , au. chap. xii , n'a rien d'assez authentique. Sonnini
croit raème que ce pourrait être le Jalco vuUurinus. Le caracara d%
Buff. et de Dutertre , est V agami. ( Psophia. )
{1) GouÀN et Yacou sont les noms de ces oiseaux h la Guiane et au
Brésil. Celui de Pénélope qui leur a été imposé par Merrem , désignait ,
chez les grecs , une espèce de canard qui ^ disait on , avait sauvé des
eaux, la femme d'Llysse dans son enfance.
44^ O I s E A UX
leucolophos y Merr. ;, lî, xii , et Fen, ciimanensis j Gm. ) ^
Jacq. Beytr. , pi. lO, Bajon, Cay. ,pl. 5. Il y en â d'inter-
médiaires entre ces deux extrêmes ( Pen. pipile) , Jacq.
Beytr. , pi. xi.
I-a trachée-artère , au moins dans les premières , descend
sous la peau jusque bien loin en arrière du bord postérieur
du slernum . remonte alors et revieot pour se recourber en-
core et remonter vers la fourcbelle, par où elle va y comme
à l'ordinaire , gagner les poumons.
Une espèce presque sans huppe [Pen. marail) , enl. 538,
Noirverdatre, à ventre fauve, paraît bien distincte. Sa
trachée, dans les deux sexes, fait une petite anse sur le
haut du sternum avant d'entrer dans la poitrine.
Les Parraquas. ( Ortalida. Merrem. )
]\e diffèrent des jacous que parce qu'ils n'ont presque pas
de nu à la gorge et autour des yeux.
On n'en connaît qu'un , brun-bronzé dessus ;, gris-blan-
châtre dessous , roux sur la tête. ( Catraca , Buff. ; Phasia-
nus motmot ^ Gm., et Plias. parraqua , Lath.) , enl. i4^> (O*
Bajon, Cay., pi. i.
La voix de cet oiseau est très-forte, et articule son nom.
La trachée du mâle descend sous la peau jusque vers l'ab-
^ domen , et remonte ensuite pour entrer dans la poitrine (2).
(i) N. B. La figure des pi. enl. est mîTnvaise , en ce qu'elle reprësente
la queue pointue.
(2) jy. H. J'ignoi'e encore où l'on doii placer le napaul ou faisan cornu
( Fer. salyta , Gra.) ( 3Ieleogris satjrus , Lalli. ) Etiw. 116; oiseau des
Incîts , dont le mâle porte deux cornes cliarnues derrière les jeux. Sous
fa gorjie est un grand sac lâche et nu , sufceptible de beaucoup de gonfle-
ment. Ses tarses ont des éperons dans les deux sexes 5 sa queue est ronde
et de vingt pennes, son plumage pourpre, taclieté de pelilcs larmes
blanches.
GALLINACÉS. 44^
On associe d'ordinaire à tous ces oiseaux.
L'HoAZiN. Buff. (i). Sasa de la Gniane, Sonnlni.
(Opisthocomus. Hofmansec. )
Oiseau d'Amérique qui a le même port, dont le bec
est court et gros autant à proportion qu'aux pauxîs ; dont
îa tête porte une huppe de longues plumes très-étroites et
effilées, mais qui se distingue de tous les gallinacés précé-
dens, parce que l'on n'aperçoit aucune membrane entre
les bases de ses doigts. C'est lePhasianiis cristatus. L. Enl.
357 -, brun-verdâtre , varié de blanc dessus , fauve devant
le cou et au bout de la queue , marron sous le ventre. On le
trouve à la Guiane^ perché le long des lieux inondés, 011 il
vit des feuilles et des graines d'une espèce d'arum. Sa chair
a une forte odeur de castoreum, et ne s'emploie que comme
appât pour certains poissons. /
Le grand genre i\es
Faisans. (Piiasianus. L.)
A pour caractère, les joues en partie dénuées de
plumes, et garnies d'une peau rouge.
On y distingue d'abord ,
Les Coqs. (Gallus. )
Dont la tête est de plus surmontée d'une crête charnue et
verticale, et dont le bec inférieur est garni de chaque côté de
barbillons charnus; les pennes de leur queue au nombre de
quatorze, se redressent sur deux plans verticaux adossés l'un à
l'autre : les couvertures de celles du mâle se prolongent en.
arc sur la queue proprement dite.
L'espèce si répandue dans nos basses-cours ,
(1) Le nom cPhoazîn'a été appliqué sans preuve , à cet oiseau'^ par Buff. ,
d'après une indication de Fernandès. Mex. 620 , ch. x.
444 OISEAUX
Le Coq et la Poule ordinaires. {Phasianus Gallus.Jj.)
Enl. j 1 et 49-
Y varie à l'infini pour les couleurs j sa grosseur y est très-
diverse; il est des races où la crêle est remplacée par une
touffe de plumes redressées^ quelques-uns ont des plumes
sur le îarse et même sur les doigts ; d'autres ont la crête , les
barbillons et le périoste de tout le squelette noirs ; certaines
races monstrueuses ont pendant plusieurs générations cinq
et même six doigts.
On connaît aujourd'hui plusieurs espèces de coqs sau-
vages y Sonnerat a décrit la première ; 2* Voy. Atl. 1 17, 1 18,
{Gallus Sonneraiii Temrn.) fort remarquable par les plumes
du col du mâle dont les tiges s'élargissent vers le bas en trois
disques successifs de matière cornée- La crête du mâle est
dentelée. Elle se trouve dans les montagnes des Gates de
rindoslan.
M. Leclienaud vient d'en rapporter deux autres de Java ;
Uune[Gall, hankiva Temxn.) qui a la crêle dentelée comme
îa précédente et ne porte sur le cou que de longues plumes
tombantes du plus beau roux-doré, me paraît ressembler le
plus à nos coqs domestiques j l'autre ( Plias, 'varias. Shaw.
Nat. Mise. 553. ) Noire , à cou vert-cuivré , maillé de noir, a
la crête sans dentelures et sous la gorge un petit fanon sans
barbillons latéraux.
Les Faisans proprement dits.
Ont la queuG longue, étagée, et ses pennes ployées chacune
en deux plans et se recouvrant comme des toits.
Le plus commun {Phasianus ColcJiicus. L. ) Enl.,
' 121 et 122.
A été dit-on apporté des bords du Phase par les Argo-
nautes, et on le nourrit aujourd'hui dans toute l'Europe
tempérée, où il exige cependant beaucoup de soin. Le mâle
a la tête et. le cou vert-foncé avec deux petites touffes à
l'occiput et le reste du plumage fauve-doré maillé de vert,
GALLINA^CÉS. „ 445
îa femelle est brunâtre maillée et variée de brun plus foncé.
La Chine nous a envoyé dans des temps plus modernes
trois autres races ou espèces qui font avec le paon l'orneme nt
de nos ménageries , savoir :
Les Faisans à collier.
Qui ne diffèrent guère du commun que par une tache
d'un blanc éclatant de chaque côté du col.
Les Faisans d'argent, {Fh. Nycthemerus. L. ) Enl. 120.
Blancs, avec des lignes noirâtres très-fines sur chaque
plume et le ventre tout noir. Enfin :
Les Faisans dorés {Ph. pictus^ L.) Enl., 217.
Si remarquables par leur beau plumage ; leur ventre est
rouge de feu ; une belle huppe couleur d'or pend de leur
tête; leur cou est revêtu d'une collerette orangée maillée de
noir; le haut du dos est vert; le bas et le croupion jaunes;
les ailes rousses avec une belle tache bleue; la queue très-
longue, brune tachetée de gris, etc.. Il me paraît que la
description du Phénix donnée par Pline ( Lib. X^ cap. 2.) a été
faite sur ce bel oiseau.
Les femelles de tous ces faisans ont la queue plus courte
que les mâles et le plumage diversement varié de différens
gris ou bruns.
Une des espèces d'oiseau les plus singulières
r Est V Argus ou Luen, [Phasianus Argus. L.)
Grand faisan du midi de l'Asie, à tête presque nue, dont
le mâle a la queue très-longue et surtout les pennes secon-
daires des ailes excessivement allongées et élargies, couvertes
sur toute leur longueur de taches en formes d'yeux, qui,
lorsqu'elles sont étalées , donnent à l'oiseau un aspect tout-
à-fait extraordinaire. (C'est le genre Ar&us Tem. )
Les HouppiFÈRES. Tem.
Ont avec les joues nues communes à tout ce genre la queue
verticale et les couvertures arquées propres aux coqS; dgs
446 ' ^ OISEAUX
plumes qui peuvent se redresser et former sur leur léle une
aigrette analogue à celle du paon. Le bord inférieur saillant
de la peau nue des joues lient lieu de barbillons. Il y a de forts
éperons aux tarses.
On n'en connaît encore qu'un ^ des îles de la Sonde,
grand comme un coq^ noir, à croupion fauve, les deux
couvertures supérieures de la queue jaunâtres ou blan-
châtres, les flancs tachetés de blanc ou de fauve. ( Phasianus
IgîiiWs j Sh. Nat.Misc. 52 1.)
Les LoPHOpnoREs. Tem.
Ont comme les précédens, les joues nues et la télé surmon-
tée d'une aigrette analogue à celle du paon; mais leur queue
est plane comme dans les oiseaux ordinaires. Leur tarse a de
forts éperons.
On n'en connaît aussi qu'un des montagnes de l'Indostan ,
grand comme une dinde , noir, l'aigrette et les plumes du
dos diversement changeantes en couleur d'or, de cuivre, en
vert et en bleu métallique , les pennes de la queue rousses.
;^ ;C'est le Phasianus impeyanus. Lath. Syn. Supp. pi, 114?
Nommé d'après lady Impey , qui l'a fait connaître.
Les Cryptonyx. Tem.
Ont seulement le tour de l'œil nu, la queue médiocre et
plane, les tarses sans éperons; mais ce qui leur fait un carac-
tère bien particulier, c'est que leur pouce n'a point d'ongle.
On n'en connaît bien qu'une espèce dont le mâle porte
une longue huppe de plumes eflilées rousses, et des longs
brins sans barbe redressés à chaque sourcil.
C'est le Rouloul de Malaca. Sonnerat IP Voyage pi. lOO.
( Columha cristata. Gm. et Lalli. Phasianus cristatus.
Sparm, Mus. Caris. ÏII. 64).
La femelle, qui n'a qu'un vestige de huppe , est le Tetrao
"viridis. Lath. Syn. II. pi. 67 (i).
(i) Le columha cristata, B. Gm. Lath. Syn. II , pi. 58 , paraît très-
voisin , mais la figure lui donne un grand ongle au pouce.
GALLINACÉS. 447
LesPeINTADES. (l)(NuMIDA. L.)
Otït la tête nue; des barbillons charnus au bas des
joues, la queue courte, et le crâne le plus souvent
surmonté d'une crête calleuse. Leurs pieds n'ont pas
d'éperons; leur queue courte et pendante, les plumes
fournies de leur croupion donaent à leur corps une
forme bombée.
L'espèce commune {Numida meleagris. L. ) Enï. io8.
Originaire d'Afrique, a le plumage ardoisé, couvert par-
tout de taches rondes et Manches. C'est un oiseau que son
naturel criard et querelleur rend fort incommode dans les
basses-cours, quoique sa chair soit excellente. Dans l'état
sauvage, elle vit en très-grandes troupes et se tient de pré-
férence près des marécages.
On en nourrit aussi une race dont la tête est surmontée
d'une crête de plumes, et une autre où elle est armée d'un
casque conique. (JVum. cristata et Numida mitrata.) PalL
Spic. IV. pi. II etp 1. III, fig. I.
Les Tétras. (Tetrao. L.)
Sont encore un grand genre dont le caractère con-
siste en une bande nue et le plus souvent rouge 5
tenant la place du sourcil.
On les divise en sous- genres comme il suit :
Les Coqs de Bruyère. (Lagopus Briss. Tetrao Lath.)
Dont les jambes sont couvertes déplumes et sans éperons.
Les uns, qui retiennent plus particulièrement ce nom , ont
la queue ronde ou fourchue , les doigts nus.
(1) Les anciens grecs nommaient les peintatles méléagrides, et suppo-
saient qu'elles e'iaient le produit de la ra^étamorphose des sœurs de Mé-
lëagre. On regardait les taches de leur plumage comme des traces de
larmes. Les Romains les nommaient poules d'Afrique , de Numidie , etc.
Les modernes ne les ont retrovxvées qu'en Guinëe.
448 OISEAUX
Nous en avons deux grandes espèces.'
Le grand Coq de bruyère. ( Tetrao Urogaîlus.) Enl. 73 et 'j^i'
Le pins grand des gallinacés ; supérieur au dindon pour
la taille , à plumage ardoisé, rajé finement en travers de
noirâtre ; la femelle fauve, à lignes transversales brunes ou
noirâtres. Il se tient dans les grands bois des hautes mon-
tagnes, niche dans les bruyères ou les nouveaux taillis, et se
nourrit de bourgeons , de baies. Sa chair est excellente 5 su.
trachée-artère fait deux courbures avant de descendre
dans le poumon.
Le Coq de Bruyère à queue fourchue, ( Tetrao tetrix.) Coq .
de Bouleau. Enl. 172 et 175.
Le mâle est plus ou moins noir, avec du blanc aux cou-
vertures des ailes et sous la queue dont les deux fourches
s'écartent en dehors. La femelle fauve , raj ée en travers de
noirâtre et de blanchâtre. Leur taille est celle du coq et ào
la poule. On le trouve aussi dans les bois des montagnes.
Il paraît qu'il en existe , dans le nord de l'Europe, une
espèce intermédiaire. ( Tetrao intermedius. ) Langsdorf.
Mem. de Petcrsb. tomeIII.pl. xiv. Sparm. Caris, pi. xv.
Un peu plus grande que la précédente^ à queue moins
fourchue, à poitrine tachetée de blanc : des lieux maréca-
geux de Courlande, d'ingrie, etc.. (i)
Nous avons de plus dans les bois de toutes nos contrées
tempérées
La Gelinotte j Poule des Coudriers. {Tetrao bonasia. Z. )
(2) Enl. 474 et 475.
Qui ne dépasse qu'un peu la perdrix ; agréablement variée
de brun , de blanc , de gris et de roux ; une large bande noire
(i) Il paraît que c'est à la fois le tétras à plumage variable , et le tétras
à queue pleine de Buffon.
{n) Bonasia. ou Bonasa , nom de la gelinotte dans Albert le Grand n
d'autres auteurs du moven Pge.
GALLINACÉS. 449
près du bout de la queue j la gorge des mâles noire j sa tèle
un peu huppée (i).
L'Amérique produit quelques espèces voisines des coqs
de bruyère et gelinottes d'Europe , telles que
Le Coq de hrujère à fraise. ( Tetrao ciipido , umhellus
et to^atus.Gm.) Enl. 104. Edw. 248 et Catesb. Supp.
PI. I.
Dont les plumes du cou se relèvent de chaque côté en un
petit mantelet, et
La Gelinotte noire d^ Amérique. ( Tetrao canademis
et cannée. L. ) Enl. i5i et 102. Edw. 1 18 et 71.
D'un brun plus ou moins noir, le bout de la queue roux.
On donne particulièrement le nom de Lagopèdes ou
perdrix de neige aux espèces à queue ronde ou carrée dont
les doigts sont garnis de plumes comme la jambe. Les plus
répandus deviennent tous blancs en hiver.
Le Lagopède ordinaire , Perdrix des Pj-réne'es.
( Tetrao Lagopus. ) (2) Enl. 1 29 et 494-
A son plumage d'été fauve marqué de petites lignes noires.
De toutes les hautes montagnes, oii lise tient l'hiver dans
des trous qu'il se creuse sous la neige.
Le Lagopède de la baie de Hudson. ( Tetrao albus. Gm.)
Edw. 72.
Est plus grand et a son plumage d'été plus roux.
(i) UaUagasàe Buffon , attagen d'Aidrov. Orniih. II, p. y 5. Gelinott&
huppée , Briss. ne me paraît , après de longues recherches , faites même
en Italie , qu'une gelinotte jeune ou femelle. C'est le même oiseau que
l'individu peint par Frisch , pi. 112. Le tetrao canus , Gm. (Sparm. Mus.
Caris, p. 16. ) n'est qdîme variété albine de la gelinotte. Je ne crois pas
non plus à l'autlienticité du tetr. nemesianus ni du tetr. betuUnus de Sco-
poli. Ce ne sont que des femelles ou des jeunes tetr. tetrix , oit des geli-
nottes défigurées.
(■'.) Lagopus ( pie de lièvre , pie velu ) est le nom ancien de cet oiseau.
TOME l, ?9
45o OISEAUX
Cependant il existe en Ecosse un Lagopède qui ne change
point de couleur en liiver j c'est
La Poule de marais , Grous ^ etc. ( Tetrao scoticus, Lath. )
Brit. Zool. pi. M. 5.
Varié de fauve , de brun et de noir en dessus, roux foncé
rayé de noirâtre au-dessous, à jambes cendrées, à doigts
peu velus.
On pourrait séparer sous le nom de
Gang A ou d'ATXAoEN (i). (Pterocles. Tem, )
Les espèces à queue pointue, à doigts nus. Elles ont seu-
lement le tour des yeux nu j mais non de couleur rouge :
leur pouce est très-petit.
Le Ganga ou Gelinotte des Pj^rénées. {Tetrao alchata,
L. ) EnL io5 et io6 (2).
De la taille d'une perdrix, à plumage écaillé de fauve et
de brun ; les deux pennes du milieu de la queue très-allon-
gées en pointe , la gorge du mâle noire. On le trouve dans
le midi de la France et tout autour de la Méditerranée (5;.
Les Perdrix. (Perdix. Briss. )
Ont les tarses nus comme les doigts.
Parmi elles, Les Frakcoi,i>'s. Tem.
Se distinguent par leur bec plus long, plus fort, par leur
queue plus développée, par leurs éperons plus forts.
(i) Auagen , nom grec d'un oiseau pesant, un peu plus grand qu'une
perdrix , à plumage de bécasse , désignait probablement la gelinotte.
(a) Ganga est son nom catalan, alchata, ou plutôt chaia , son nom
arabe. -0
(3) Ajoutez tetrao fasianeîlus d'Amer, mérid. Edw. 118. — Tetr. Se-
negalus , enl. i3o. — Tetr. arenarius , Pall, iwv. coin, pelrop. xix, pi. vrii ,
4ont la perdix Ar* agonie a , Lath. paraît, au moins ttès-vwsioe, — 2'etr,
n<iniaqua*
GALLINACÉS. 4-^1
L^Europe méridionale en possède un (tetrao FrancoUnus,
L. )(i)Enl. 147, i48.
A pieds rouges -, le cou et le ventre du mâle noir avec des
taches rondes et blanches j un collier d'un roux vif (2).
Quelques francolins étrangers se font remarqvier par un
double éperon (5) , ou par la peau nue de leur gorge (4). H
y en a qui réunissent ces deux caractères (5) j d'autres man-
quent tout à fait d'éperons (6).
Les Perdrix ordinaires.
Ont le bec un peu moins fort; leurs mâles ont des éperons
courts ou de simples tubercules ; les femelles en manquent.
Tout le monde connaît
La Perdrix grise. ( Tetrao cinereus, L. ) Ênl, 27.
A bec et pieds cendrés, à tête fauve, à plumage varié de
différens gris-, une tache marron sur la poitrine du mâle. Ce
gibier fécond , qui fait les délices de nos tables , niche et vit
au milieu de nos champs,
La Perdrix rouge. {^Tetrao ritfur^ L.) Enl. î5o.
A bec et pieds rouges, brune dessus, a flancs maillés de
roux et de cendré, à gorge blanche encadrée de noir, se
tient plus volontiers sur les collin^es et les endroits élevés. Sa
chair est plus blanche et plus sèche.
Nos provinces méridionales produisent encore
(i) FrancoUno , nom qui désigne la défense faite de tuer l'oiseau qui
îe porte , s'applique , en Italie, à plusieurs espèces réputées bons gibiers ,
telles que la gelinotte et cet oiseau-ci.
(a) Ajoutez ici les ielrao ponticcrianus. Sonn. ÎP Voy. 11. i65. —
Perlatui. Briss. pi. xxvin. A. Kg. i ; le mcme que MaJagascarlensis.
Sonn. II , 166 , pi. 97.
(3) Tetrao bicalcaratus. L. enl iSy. — Spadiceuj. Sonn. 11 , i6(j. — ^
Zeilonensls , Ind. Zool. pi. xiv.
(4) Tetrao rubricoUis , enl. 180.
(5) Tetrao nudicoUls.
(6) Tçlrao javaniciis. Brown. III. xyii, (tnauv. fîg. )
452 X OISEAUX
La Bartavelle ou Perdrix grecque. {^Pcrdix grœca> Brîss.
Perdix saxalilis. Meyer. ) Enl. 201.
Qui ne diffère de la perdrix rouge que par une grande
taille et un plumage plus cendré. Elle se tient le long des
. grandes cliaînes (i).
Les Cailles. (Coïurnix. )
Sont plus petites que les perdrix, à bec plus menu, à queue
plus courte , sans sourcil rouge , sans éperon.
Tout le monde connaît
La Caille commune. (^Tetrao cotumix.ïj.) Enl. 170.
Ados Lrun onde de noir, une raie pointue blanclie sur
chaque plume ^ à gorge brune j à sourcil blanchâtre j de nos
champs';, célèbre par ses migrations; cet oiseau si lourd
trouve alors moyen de traverser la Méditerranée (2).
Les CoLI^s ou Perdrix et» Cailles d'Amérique.
Ont le bec plus gros, plus court , plus bombé ; la queue un
peu plus développée (5). Ils se perchent sur les buissons et même
(i) Ajoutez la perdrix rouge de Barbarie, espèce bien disiijicte,
[Tetr. petrosus. Gm.)iEdw. 70. — La perdrix de nionlagne , Uetrao mon-
tanus) enl. i56, n'est, selon M. Bonnelli, qu'une variété de la perdrix
grise.
(3) Ajoutez, IdL petite caille de la Chine (tetr. Chinensis. L. ) , enî. 126.
F. 2, dont le tetr. manillensis. Cm. Sonn. Y^ Voy. pi. 24, est la fe-
melle. — Le tetr. Coromandelicus , Sonn. 11 , 172. — T. strùitus , Sonn.
II , pi. 98 , fort différent de celui de Lath. Syn. 1 1 > pi. lxvi. — La
perdrix de gingi ( tetr. gingicus. ) Sonn. 11 , p. 167 , me paraît aussi ap-
partenir à ce sous-genre.
(3) Parmi les espèces de la taille de la perdrix , on peut remarquer le
tocro , ou perdrix de la Guiane. Buff. {tetr. Guyaiie?isis. Gm.) qui
n'est point un tinamou , comme le dit Gm. , et parmi celles de la taille
de la caille :
Tctrao Mexicanus , enl. 149 et frisch. 11 , !e même que Marylandus.
Albin ï , XXVIII.
Tetrao falclandicus , enl. 222.
Tetvao cristatiis , cul. 126. F. i.
N
GALLINACÉS. 4^3
quand on les poursuit sur les arbres j plusieurs voyagent comme
nos cailles.
L'on ne «joeut s'empêcher de séparer de tout le
genre tétras.
Les Tridactyles. Lacép. (Hemipodius. TeniA
Qui manquent de pouce et dont le bec comprimé,
forme une petite saillie sous la mandibule inférieure.
On ne pourra les bien classer que lorsqu'on connaîtra
leur anatomie. Ils vivent en polygamie dans les con-
trées sablonneuses.
Les uns , les Turnix. Bonnat. (ORTYGis.Illiger. )
Ont encore tout le port des caiilesj leurs doigts sont bien
séparés j usqu'à leur base et sans petites membranes ( i ) ,
D'autres :
Les Syruhaptes. Illiiier.
S'éloignent même tellement du type général des gallinacés
que l'on est tenté de douter s'ils doivent entrer dans cet ordre.
Leurs tarses courts sont garnis de plumes^ ainsi que leurs
doigts, qui sont très-courts et réunis sur une partie de leur
longueur j et leurs ailes sont extrêmement longues et pointues.
On n'en connaît qu'une espèce , des déserts du centre de
l'Asie. {^Tetrao paradoxus^ l*all. Yoy. trad. fr. in-8° lom. III.
pi. I. pag. i8. )
On est également obligé de séparer des tétras,
(i) Tels sont: Telrao nigricollis , enl. 171. — Tetr. ^ndalusicus ,
Lath. Syn. II, part. 1 , fîg. du titre. — Tetr. Luzoniensis , Sonn. ]-'
, Voy. pi, a3, et quelques espèces nouvelles. Le tetr. suscitator , ou
réveil -.matin de Java est aussi du nombre. Voyez Bonlius , me'd. ind.
P- 65..
454 OISEAUX
Les TiNAMOus. (TiNAMus. Lalli. Crypturus,
Illiger.) Ynambus de cFAzzara.
Genre d'Amérique trës-remarquable par un cou
mince ^ assez allongé, (quoique leurs tarses soient
courts ) revêtu de plumes, dont le bout des barbes
est effilé et un peu crépu, ce qui donne à cette por-
tion du plumage une apparence particulière; par un
bec long, grêle, à bout mousse, un peu voûté avec
un petit sillon de chaque côté et à narines percées
dans le milieu de chaque côté et s'enfonçant oblique-
ment en arrière. Leurs ailes sont courtes et leur queue
presque nulle. Leur pouce réduit à un petit ergot ne
peut toucher la terre. It j a un peu de nu autour de
l'œil.
Ces oiseaux se perchent sur les branches basses ; ils
vivent de fruits et d'insectes ; leur chair est très-bonne.
Leur taille va selon les espèces de celle du faisan à
celle de la caille (i).
Les Pigeons. (Columba. L.)
Peuvent être considérés comme établissant un léger
passage des gallinacés aux passereaux. Comme les
premiers ils ont le bec voûté , les narines percées
dans un large espace membraneux et couvertes d'une
écaille cartilagineuse qui forme même un renflement
à la base du bee; le sternum osseux, profondément
» I- I I . I M . . I ■ I «
(i) Tetn major , Gta. ou tinannis Brasiliensis , Lath. fort mal reprë-
sente , enl. 4?^) » et beaucoup mieux Hist. des Ois. IV , in-4° pi. xxiv. —
Tetr.cînereus. -i— Tetr. variegatus , enl. 828. — Tetr. Sovi, enl. 8^9.
Cfs deux dernières figures sont bonnes.
GALLINACÉS. 1^55
et doublement échancré, quoique dans une disposi-
tion un peu différente, le jabot extrêmement dilaté,
le larynx inférieur muni d'un seul muscle propre.
Mais leurs doigts n'ont d'autres membranes entre
leurs bases que celles qui résultent de la continuation
des rebords. Leur queue a douze pennes. Ils volent
assez bien. Ils vivent constamment en monogamie;
nichent sur les arbres, ou dans des creux de rochers,
et ne pondent qu'un petit nombre d'œufs, ordinaire-
ment deux. Il est vrai qu'ils répètent les pontes. Le
mâle couve comme la femelle. Ils nourrissent leurs
petits en leur dégorgeant des graines macérées
dans leur jabot. On n'en fait qu'un genre que l'on a
essayé de subdiviser en trois sous-genres d'après leur
bec plus ou moins fort, et les proportions de leurs
pieds.
Les Columbi-Gallines. Yaill.
Se rapprochent encore plus que les autres sous-genres des
gallinacés ordinaires, par leurs tarses plus élevés et leur habi-
tude de vivre en troupes , cliercliant leur nourriture sur la
terre, sans se percher. Leur bec est grêle et flexible.
Une espèce tient même aux gallinacés par les parties nues
et les caroncules qui distinguent sa tête (i).
Une autre y tient au moins par sa grandeur, à peu près
égale à celle du dindon ; c'est le pigeon couronné de l'archi-
pel des Indes , Goura. Tem. Colornbihocco. Vaill. (Columba
coronata. Cm. ) Enl. 1 18. Tout entier d'un bleu d'ardoise ,
avec du marron et du blanc à l'aile \ la tête ornée d'une
huppe verticale de longues plumes effilées. On l'élève dans
les basses-cours, à Java etc.. Mais il n'a pas encore voulu
propager en Europe.
(i) Columba carunculata , Tem. pi. 11. CclomLi galline , Vaill. 27?.
456 OISEAUX
Une troisième y tient encore par les plumes longues et
pendantes qui ornent son cou comme celui du coq. C'est le
pigeon de Nincomhar (^Col, nicoharica , Lin.)^ enl. 491,
du vert doré le plus brillant , la queue blanche. On le trouve
dans plusieurs parties de Tlnde (1).
Les Colombes ou Pigeoiss ordinaires. Vaill.
Ont les pieds plus courls que les précédens, mais le bec
grêle et flexible comme le leur.
Nous en possédons ici quatre espèces sauvages.
"Le Ramier. (Col. palumbùs.'Lm.) Enl. 5iG.
Est la plus grande. Il habite dans les forets , surtout dans
celles d'arbres verls j est d'un cendré plus ou moins bleuâ-
tre, la poitrine d'un roux-vineux, et se dislingue à des ta-
ches blanches sur les côtés du cou et à l'aile.
Le Colomhin oxxpetit Ramier. { Col. œnas. Lin. ) Frisch, , iJg.
Gris d'ardoise . poitrine vineuse , les côtés du cou d^un
vert changeant j un peu moindre que le précédent , mais du
m.ême genre de vie.
Le Risel ou Pigeon de roche ( Col. livia. Briss.) Enl. 5 10.
Gris d'ardoise, le tour du cou vert changeant, une dou-
ble bande noire sur l'aile , le croupion blanc.
De celte espèce viennent nos pigeons de colombier, et,
à ce qu'il paraît , la plus grande partie de nos innombrables
races domestiques , dans la production desquelles le mé-
lange de quelques espèces voisines pourrait aussi avoir
influé.
(i) Espèces rangées dans ce sous-genre :
Cohimha cyanocephaîa , enl. 174. — Col. nioiiLana. EJw. 119. —
Col. M artinica , enl. 141 , 162. — Col. passerina , enl. ^4^ > ^ > Catesb.
26. — Col. minuta , enl. •i.\5 ,1. — Col. Hcttcnt tta , Tem. Vaill. 283 ,
«?t leis autres décrites et rcprésenle'es dans fouvrage de M. Tcmmink et de
ît'Iadaîne Knip.
GALLINACÉS. 4^7
La Tourterelle. ( CaL turlur. Lin. ) Enl. 094.
A manteau fauve taclielé cle brun , à cou bleuâtre , avec
une taclie de chaque côté , maillée de noir elde blanc. C'est
notre plus petite espèce sauvage. Elle vit dans les bois
comme le ramier.
Nous élevons en volière , pour l'amusement ,
La Tourterelle à collier ou Rieuse ( Col. risoria. Lin. ) ,
enl. 244 ,
Qui paraît originaire d'Afrique ; blonde, plus pâle des-
sous 5 un collier noir sur la nuque (i).
Les espèces de cette division sont nombreuses , et peuvent
encore se subdiviser selon que leurs tarses sont ou non re-
vêtus de plumes, et d'après le nu qui se trouve autour des
yeux de quelques-unes.
On peut même , si l'on veut, séparer des autres quelques
espèces à queue pointue (2).
Mais la meilleure des divisions que l'on a faites parmi les
pigeons, c'est celle
Des CoLOMUARS, Vail. ( Yinago, Cuv. ) (5),
Qui se reconnaissent à leur bec plus gros, de substance so-
lide j et comprimé par les côtés ; leurs tarses sont courts , leurs
pieds laiges et bien bordés. Ils vivent tous de fruits , et dans
les grands bois. On n'en connait que quelques espèces, toutes
de la Zone-Torride de l'ancien continent (4).
(1) Pour les nombreuses colombes des pays étrangers , voyez , outre les
planches enluminées , Edwards , Albin , Frisch et Catesby , le bel
ouvrage que nous venons de citer , où elles sont presque toutes réunies.
(3) Ccl. migratoria, enl. 176. — Col. Carolinensis , ih. lyS, — Col.
Dorninzcensis , ib. 487. — Col. Capensis , ib. i4o , etc.
(3) Vinago , nom Jatin du biset ou du petit ramier.
(4) Col. Ahyssinica , ou Walia de Bruce, Yailî, 276, 277. — Coh
(tustrah's , enl. m. — CoL aromatica , enl. i65. — Col. vernans , e«l. i33 ;,
«t deux ou trois autres que l'on peut voir dans l'ouvrage ci'é.
/l58 oiseaux
LE CINQUIÈME ORDRE DES OISEAUX,
OU LES ÉCHASSIERS,
autrement Oiseaux de rivage. (Grall^e. Lin.)
Tirent leur nom de leurs habitudes et de la
conformation qui les occasionne. On les recon-
naît a la nudité du bas de leurs jambes , et le
plus souvent à la hauteur de leurs tarses , deux
circonstances qui leur permettent d'entrer dans
l'eau jusqu'à une certaine profondeur , sans se
mouiller les plumes , d'y marcher a gué et d'y
pêcher au moyen de leur cou et de leur bec ,
dont la longueur est toujours proportionnée à
celle des jambes. Ceux qui ont le bec fort ,
vivent de poissons ou de reptiles ; ceux qui
l'ont faible , de vers et d'insectes. Très - peu se
contentent en partie de graines ou d'herbages 5 et
ceux-là seulement vivent éloignés des eaux. Le
plus souvent le doigt extérieur est uni par sa
base à celui du milieu , au moyen d'une courte
membrane ; quelquefois il y a deux membranes
semblables , d'autrefois elles manquent entiè-
rement, et les doigts sont tout à fait séparés. Il
arrive aussi , mais rarement , qu'ils sont bor-
dés tout du long ou palmés jusqu'au bout j
ÉCHASSIERS. t^Sg
le pouce enfin manque à plusieurs genres ,
toutes circonstances c[ui influent sur leur genre
de vie plus ou moins aquatique. Presque tous
ces oiseaux , si Ton excepte les autruches ^ ont
les ailes longues et volent bien. Ils étendent
leurs jambes en arrière lorsqu'ils volent , au
contraire des autres qui les reploient sous le
ventre.
Nous établissons, dans cet ordre , cinq prin-
cipales familles et quelques genres isolés.
Cependant
La famille dis Brevipennes ,
Quoique semblable , en général , aux autres
échassîers , en diffère beaucoup en un points la
brièveté de ses ailco qui lui ôte la faculté de vo-
ler; son bec et son régime Jui donnent d'ailleurs
des rapports nombreux avec les gallinacés.
Il paraît que les forces musculaires , dont la
nature dispose , auraient été insuffisantes pour
mouvoir des ailes aussi étendues que la masse
de ces oiseaux les aurait exigées pour se soute-
nir en l'air y leur sternum est en simple bouclier,
et manque de cette arête qu'on observe dans
tous les autres oiseaux; leurs muscles pectoraux
sont fort minces ; mais leurs extrémités posté-
rieures ont repris en force ce que leurs ailes ont
460 OISEAUX
perdu. Les muscles de leurs cuisses et surtout
de leurs jambes , ont une épaisseur énorme.
Aucun d'eux n'a de pouce (i). On en fait
deux genres.
Les Autruches. ( Struthio. Lin. )
Dont les ailes ^ revêtues de plumes lâches et flexi-
bles , sont encoi'e assez longues pour accélérer leur
course. Chacun connaît Félégance de ces plumes à
tiges minces , dont les barbes , quoique garnies de
barbules , ne s'accrochent point ensemble comme
celles de la plupart des oiseaux. Le bec des autru-
ches est déprimé horizontalement, de longueur mé-
diocre , mousse au bout; leur langue courte et ar-
rondie comme un croissant ; leur œil grand , et les
paupières garnies de cils; leurs jambes et leurs tarses
très-élevées. Elles ont un énorme jabot , un ventricule
considérable entre le jabot et le gésier _, des intestins
volumineux , de longs cœcums , et un vaste cloaque
où l'urine s'accumule comme dans une vessie ; aussi
sont-elles les seuls oiseaux qui urinent. Leur verge
est très-grande , et se montre souvent au dehors.
(i) Ainsi que Daubenton et Vicq-d'Az}' r , j\ii été trompé par de mau-
vais squelettes, lorsque j'ai dit que tous les doigts des autruches et des
casoars avaient t'galement quatre phalanges. Ayant depuis disséqué toutes
ces espèces , j'ai trouvé leurs nombres de phalanges comme il suit, en
commençant par le doigt interne :
Autruche , 4 ? 5.
Nandou Pt Casoar ,5,4,5.
Ce qui rcvicut aux nombres communs des oiseaux.
ÉCHASSIERS. 4^1
On n'en connaît que deux espèces , dont on pourrait fîûre
deux genres.
\J Autruche de V ancien Continent. ( Struthio Camelus.
Lia. ) Eul. 457.
Ses pieds n'ont que deux doigts, dont l'externe, plus
court de moitié qne l'autre , manque d'ongle. Cet oiseau cé-
lèbre dès la plus liante antiquité , et très-nombreux dans les
déserts sablonneux de toute l'Afrique , atteint à six et huit
pieds de liauteur. Il vit en grandes troupes, pond des œufs
de près de trois livres de poids , que ( dans les pays les plus
chauds) il se borne à exposer dans le sable à la chaleur du
soleil, mais qu'il couve en deçà et au delà des tropiques j et
qu'il soigne et défend partout avec courage.
L'autruche vit d'herbages et de graines, et son goût est si
obtus , qu'elle avale indifféremment des cailloux , des mor-
ceaux de fer et de cuivre , etc. Lorsqu'on la poursuit, elle
sait lancer des pierres en arrière avec beaucoup de vigueur.
Aucun animal ne peut l'atteindre à la course.
Ia' Autruche d'Amérique , Nandou , Churi , etc. ( Struthio
rhea. Lin. (i). Hammer. An. Mus. XII, xxxix.
De près de moitié plus petite , à plumes moins fournies ,
d'un gris uniforme , se distingue surtout par ses pieds à trois
doigts, tous munis d'ongles. Son plumage est grisâtre, plus
brun sur le dos : une ligne noirâtre descend le long de la
nuque du mâle. Elle n'est pas moins abondante dans le sud
de l'Amérique méridionale que l'autruche en Afrique. Ou
n'emploie ses plumes que pour faire des balais. Prise jeune ,
elle s'apprivoise aisément. On dit que plusieurs femelles pon-
dent dans le même nid, ou plutôt dans la même fossette ,
des oeufs jaunâtres qu'un mâle couve. On ne la mange que
dans sa jeunesse.
(i) Brisson et Buffonlui ont appliqué mal à propos , d'après Barrère , le
lîom de touyou , ou plutôt de touioulou, qui appartient au jabiru. G'sst le
genre rhea de Brisson. Les portugais du Brésil lui ont transféré le nom
«l'émeu , qui appartiçut propreraeiU a» casoiir.
402 OISEAtJX
Les Casoaks. (Casuarius. Briss.)
Ont les ailes encore plus courtes que les autru-
ches , totalement inutiles pour la course ; leurs pieds
ont trois doigts , tous garnis d ongles ; leurs plumes
ont des barbes si peu garnies- de barbules , que de
loin elles ressemblent à du poil ou à des crins
tombans. •.
On en connaît également deux espèces , dont chacune
pourrait faire un genre.
Le Casoar à casque ou Emeu (i). ( Struthio casuarius. Lin. )
enl. 5i3, et mieux Friscli. io5.
A Idcc comprimé latéralement , à tête surmontée d'une
proéminence osseuse ^ recouverte de substance cornée ; la
peau de la Icte et du haut du cou nue , teinte en Lieu cé-
leste et en couleur de feu_, avec des caroncules pendantes
de la nature de celles du dindon j l'aile a quelques tiges
roides , sans barbes y qui servent à l'oiseau d'armes pour le
combat j l'ongle du doigt interne est de beaucoup plus
grand. C'est le plus grand des oiseaux, après l'autruche ,
dont il diffère assez par l'analomie ; car il a les intestins
courts , le cœcum petit -, il manque d'estomac intermédiaire
entre le jabot et le gésier , et son cloaque n'excède pas ce-
lai des autres oiseaux en proportion^ Il mange des fruits ,
des œufs, mais point de grain. 11 pond des œufs verts en
petit nombre, qu'il abandonne, comme l'autruche, à la
chaleur naturelle. Il habite différentes îles de l'archipel des
Indes,
Le Casoar de la Nouvelle- Hollande. ( Casuarius novœ
Hollandiœ. Lalh. ) Voy. de Péron , Atl. , prem.
part. , pi. xxxvi.
A bec déprimé, sans casque sur la tète, du nu scule-
(i) Cassuwaris , nova de cet oiseau en mal ai. Selon Clusius , cnic ou
énicu sciait so» »oin pa» ticuliçr à Banda.
ÉGHASSIERS. 4^3
ment autour de l'oreille , le plumage brun , plus fourni ,
les plumes plus barbues; point de caroncules j ni d'éperons
à l'aile ; les ongles des doigts h peu près égaux. Sa cbair
ressemble à celle du boeuf. Il est plus rapide à la course
que le meilleur lévrier. Ses petits sont rayés de brun et de
blanc (i).
La famille des Pressirostres
Comprend des genres à hautes jambes, sans
pouce 5 ou dont le pouce est trop court pour
toucher la terre ; à bec médiocre , assez fort
pour la percer et y chercher des vers j aussi les
espèces qui l'ont le plus faible parcourent-elles
les prairies et les terres fraîchement labourées ,
(i) JV. B. Je ne puis placer dans ce tableau des espèces aussi mal con-
nues , ou même aussi peu authentiques que celles qui composent le genre
didus.
La première ou le dronte ( didus ineptus ) n'est connue que par une des-
cription faite par les premiers navigateurs hollandais et conservée par
Clusius , Exot. p. 99 , et par un tableau à l'huile , de la même époque,
copié par Edwards , pi. 294 j car la description d'Herbert est puérile, et
toutes les autres sont copiées de Clusius et d'Edwards. Il paraît que l'espèce
entière a disparu , et l'on n'en possède plus aujourd'hui qu'un pied con-
servé au Muséum britannique , ( Shaw. Nat. Miscell. pi. 1^5. ) et une tête
en assez mauvais état au Muséum Asmoléen d'Oxford, (id. ib. pi. 166. )
Le bec ne paraît pas sans quelque rapport avec celui des pingouiBS, et le
ftied ressemblerait assez â celui des manchots , s'il était palmé.
La deuxième espèce ou le solitaire ( didus solitarius ) ne repose que sur
le témoignage de Léguât , voy. I , p. 98 , homme qui a défiguré les ani-
maux les plus connus , tels que l'hippopotame et le lamantin.
Enfin la troisième ou l'oiseau de Nazare ( didus Nazarenus ) n'est
connu que par François Cauche , qui le regarde comme le même que Iç
dronte, et ne lui donne cependant que trois doigts, tandis que tous les
autres en donnent quatre au dronle.
personne n'a pu revoir de cçs oiseaux depuis ces voyageur^,
464 OISEAUX
pour y recueillir cette nourriture. Celles qui
l'ont plus foî't 5 mangent en même temps des
grains ;, des herbes , etc.
Les Outardes. ( Otis^ Lin. )
Ont , avec le port massif des gallinacés , un cou
et des pieds assez longs , un bec médiocre, à man-
dibule supérieure légèrement arquée et voûtée, et
qui , aussi-bien queues très-petites palmures entre
les bases de leurs doigts , rappelle encore les galli-
nacés ; mais la nudité du bas de leurs jambes , toute
leur anatomie , et jusqu'au goût de leur chair , les
placent parmi les écliassiers ; et comme elles n'ont
point de pouce , leurs plus petites espèces se rap-
prochent infiniment des pluviers. Leur tarse est ré-
ticulé , leurs ailes courtes; elles volent peu, ne se
servent le plus souvent de leurs ailes , comriie les
autruches y que pour accélérer leur course , et vi-
vent également de grains , dlierbes , de vers et
d'insectes.
La grande OutarJe, ( Otis tarda. Lin.) Enl. 245.
A le plumage , sur le dos , d'un fauve-vif, traversé d'une
multitude de traits noirs, et sur tout le reste grisâtre. Le mâle,
qui est le plus gros oiseau d'Europe , a les plumes des oreilies
allongées , et formant des deux côtés des espèces de grandes
moustaches. Cletle espèce , l'un de nos meilleurs gibiers ,
fréquente les pays de grandes plaines , et niclie dans les
blés, sur la terre.
La petite Outarde ou Caiinepelière. ( Otis tetrax. Lin. )
Enl. 25 et 10.
Plus de moitié moindre que l'autre, et beaucoup moins ré-
panduCj est brune, piquetée de noir dessus , blr.ncîiâlre
ÉCHASSIERS. 465
tâessous. Le mâle a le cou noir , avec deux colliers blancs.
La plupart des espèces étrangères ont le bec plus grêle
que les nôtres. Parmi elles ou peut remarquer
Le Houbara ( Otis Houhara , Gm. ) , Desfontaines, Acad.
des Se. 1787 , pi. X.
D'Afrique et d'Arabie , à cause du mantelet de plumes
allongées qui orne les deux côtés de son cou (i).
Les Pluviers. ( Charadrius. Lin. ) (2).
Manquent aussi de pouce , et ont un bec médio-
cre , comprimé , renflé au bout. On peut les subdi-
viser en d eux sous-genres ; savoir :
Les Œdicmèmes ( Œdîcnemus. Cuv. ) (3).
Qui ont le bout du bec renflé en dessous comme en dessus ,
et la fosse des narines étendue seulement sur la moitié de sa
longueur. Ce sont des espèces plus grandes ; qui vivent cîe
préférence dans les terres sèclies et pierreuses , y prenant des
limaçons , des insectes , etc. Elles ont des rapports a^ec les
petites espèces d'outardes. Leurs pieds sont réticulés.
JJOEdicnème ordinaire , vulg. Courlis de terre, ( Chara-
drius œdicnemus. Lia. ) Lnl. 91 5.
Grand comme une bécasse ^ gris-fauve , avec une flamme
brune sur le milieu de cbaque plume , ventre blanc , un
trait brun sous l'oeil.
(i) Je laisse parmi les outardes toutes les espèces de Latham , telles que
Vqfra , Laih. Sjn. 1 1. pi. 79. — Le htnghalensis , Edw. 25o. — Uarabs^
id. 12 j mais j'en retire Vœdicnemus , qui commence le genre suivant , à
cause de son bec comprime et renflé au bout. Il paraît cependant qvie
quelqu'une des espèces que je n'ai pas vues a aussi ce caractère 3 alors
elle devrait accompagner l'œdicnemus,
(2) Charadrius , nom grec d'un oiseau nocturne et aquatique^ vient de
yjtçdS'^A fente de berge. Gaza le traduit par hiaticula.
(3) jEdicnemus (jambe çnjl^ç ) ^ jjom forgtf par Bglon , pour le courli»
<ie terre.
TOME I. 30
466 OISEAUX
Les Pluviers proprement dits. ( Charadiiiius. )
Dont le hec , renflé seulement en dessus , a les deux tiers
de sa longueur occupés de chaque coté par la fosse nazale ,
ce qui le rend plus faible. Us vivent en troupes nombreuses ,
fréquentent les fonds humides , y frappent la terre de leur
pied pour mettre en mouvement les vers dont ils se nour-
rissent.
Les espèces de notre pays n'j sont que de passage , en
automne et au printemps : il en reste près de la mer jus-
qu'aux fortes gelées. Leur chair est excellente. Files for-
ment, avec diverses espèces étrangères , un etrl])u à jambes
réticulées y dont les plus remarquables sont
Le Pluvier doré. ( Char, pluvialis» Lin. ) Enl. 904.
Noirâtre , pointillé de jaune sur les bords des plumes , à
ventre blanc. C'est le plus commun. Le nord en produit
un qui ne diffère presque que par sa gorge noire. ( Char,
apricarius, ) Tj(\w. , 140. Quelques-uns disent que c'est îe
jeune.
Le Giiignard. ( Char, morinellus. Lin. ) Enl. 832.
Gris ou noirâtre , à plumes bordées de gris-fauve, un trait
blanc sur l'œil , poitrine et haut du ventre d'un roux vif,
Las-ventre blanc.
Le Pluvier à collier. ( Char, hialicula. Lin. ) Enl. 920^ 921.
Gris dessus, blanc dessous, un collier noir au bas du
cou, très-large en devant j la tête variée de noir et de
blanc. On en trouve en ce pays-ci deux ou trois races ou
espèces différentes pour la taille et pour la distribution des
couleurs de la tête. Cette distribution de couleurs se répète,
à peu de chcse près , sur plusieurs espèces étrangères (i).
Beaucoup de pluviers étrangers ont les jambes écusson-
nées ; ils forment une petite division , dont la plupart des
espèces portent des épines aux ailes ou des lambeaux cliar"
(1) Char,V':clfcrus f enl. 286.
ÉCHASSIERS. 467
irns à la tête j quelques-unes réunissetit ces deux carac-
tères (1).
Les Vanneaux. ( Tringa. Lin. ) (2).
Ont le même bec que les pluviers, et ne s'en dis-
tinguent que par la présence d'un pouce , mais si
pet i qu'il ne peut toucher terre ;
Encore la première tribu ; les \a nne aux-Pluviers ( Squ ata-
ROLA.Cuv.) , l'ont-ils à peine perceptible. On la distingue par son
bec renflé en dessous , et dont la fosse nazale est courte comme
aux œdicnèmes. Ses pieds sont réticulés j ceux du pajs ont
tous la queue rayée de blanc et de noirâtre. Ils ne forment ,
dit-on , qu'une espèce , que ses variations de plumage ont fait
multiplier. Elle va de compagnie avec les pluviers.
Le Fanneau gris. ( Tringa squatarola. ) Enl. 854.
Grisâtre en dessus, blancliâtre , avec des taches grisâtres
en dessous; est le jeune avant la mue. Le Vanneau varié
[Tringa varia) , enl. 9:25, blanc, tacheté de grisâtre,
manteau noirâtre , pointillé de blanc , comprend les deux
sexes dans leur plumage d'hiver. Le Fanneau suisse ( Tringa,
helvetica ) , enl. 853 , tacheté de blanc et de noirâtre en
dessus, noir en dessous depuis la gorge jusqu'aux cuisses,
est le mâle dans son plumage de noce.
Les Vanneaux proprement dits ,
Ont le pouce un peu plus marqué , les tarses écussonnés ,
au moins en partie , et la fosse nazale allant aux deux tiers du
(1) Espèces non armées : Char, coronatus , enl. 800. — Char. plui>ianus,
enl. 918. — Espèces armées : Char, spinosus , enl. 80 r. — Char. Caya-
nus y enl. 835. — Espèces à lambeaux : Char, pileaLus j enl. 834. —-
Char, bilohus , enl. 880.
Le char, cristatus , Edw. 4? 1 paraît le même que le spinosus.
(-2) Tringa , ou plutôt trpiga , nom grec d'un oiseau de la taille dé la
grive qui fréquente les bords des eaux , et remue la queue. Arist. Il
paraît que c'est Linneeus qui en a fait cette application.
468 OISEAUX
hec. Leur industrie est la même que celle des pluTÎers pour
attraper les vers.
L'espèce d'Europe ( Tringa vanellus, Lin. ), enl. 240,
Est un joli oiseau , grand comme un pigeon , d'un noir
bronzé , avec une huppe longue et déliée. Il arrive au prin-
temps , vit dans les champs et les prés , y niche , et part en
automne. Ses œufs passent pour délicieux.
11 y a aussi dans les pays chauds des espèces de vanneaux
dont l'aile est armée d'un ou de deux ergots , et d'autres
qui portent à la base du hec des caroncules ou lambeaux
charnus : leurs tarses sont écussonnéa. Ce sont des oiseaux
importuns parleurs crisj au moindre bruit qu'ils entendent,
et qui se défendent avec courage contre les oiseaux de proie*
Ils vivent dans les champs (1),
Les Huitriers. ( Hjematopus. Lin. )
Ont le bec un peu plus long que les pluviers et
les vanneaux , droit, pointu et comprimé en coin ,
et assez fort pour leur permettre d'ouvrir de force
ies coquillages bivalves afin d'en prendre les animaux^
Cependant ils fouillent aussi la terre pour y chercher
des vers. La fosse nazale, très-creuse^ n'occupe que
moitié de la longueur du bec, et les narines y sont
percées au milieu comme une petite fente. Leurs
jambes sont de hauteur médiocre , leurs tarses ré-
ticulés , et leurs pieds divisés seulement en trois
doigts. °
M^pi.— .l^i^ÉMi— .MM— 1.1 ——.1—— 1— — i— —— .M «Il I ■ III. I II II
(1) Ce sont les neuf premières espèces de Parra, de Gmel. , enl. 662,
807 , S35 , 856 , etc. . . mais leurs mœurs, leurs jambes , leur bec , leur
forme , la distribution même de leurs couleurs ressemblent aux vanneaux
et auxpluviers 5 il n'y avait nulle raison de les placer avecleg j acaoas , qui
ont d'autre» caraclcrc« picsque §ur tous lespoiots.
ÉCHASSIERS. 4^9
U espèce d'Europe. {^Hœmalopus Ostralegus. L. )EnI. 929.
Se nomme aussi Pie de mer , à cause de son plumage
noir, à ventre, gorge, base de l'aile et de la queue d'un
beau blanc. C'est un oiseau de la taille du canard à bec et
pieds rouges.
On en trouve à la Nouvelle-Hollande une espèce qui n'a
point de blanc sous la gorge, et au Cap une à plumage tout
noir.
,On ne peut guère s'empêcher de placer près des
pluviers et des huitriers.
Les Coure- VITE. (CuRSORius. Lac. TACHYDEOMrs.Ill.)
Dont le bec plus grêle est également conique , ar-
qué, sans sillon et médiocrement fendu; leurs ailes
sont plus courtes, et leurs jambes plus hautes se ter-
minent par trois doigts sans palmure et sans pouce.
On en a trouvé quelquefois en France et en Angleterre
des individus fauve-clair, à ventre blanchâtre {Charadrius
Gallicus. Gm. Enl. 79^) et on en a rapporté des Indes de
gris bruns , à poitrine rousse. {Cli. Coromandelicus, Enl. 892.)
Les uns et les autres ont derrière l'œil un trait blanc et un
trait noir j leur nom vient de la rapidité de leur course. On
ne connaît d'ailleurs rien de leurs mœurs.
Autant que l'on en peut juger par Textcrieur, c'est
encore ici que Ton peut le mieux placer.
Les Cariama. Briss. (Microdactylus. Geoff.
DiCHOLOFHus. ïlliger.) (i)
Qui ont le bec plus long , plus crochu et fendu
jusque sous Fœil, ce qui leur donne quelque chose
(i) 3îicrodactylas , doigts courts. DUhoîophus , cjêle sui deux rangs,
Hœmatopus , pieds couleur de sang.
470 OISEAUX
de la pliysionomie et du naturel des oiseaux de proie
et les rapproche un peu des hérons. Leurs jambes
ëcussonnées ei très-hautes se terminent par des doigts
extrêmement courts, un peu palmés à leur base, et
par un pouce qui ne peut atteindre la terre.
On n'en connaît qu'une seule espèce de l'Amérique niéri-
clionale {Microd. cristatus. Geoff. Palamedea cristata, Gm.
Saria d'Azz.) Ann.duMus. d'Hist. nat.XIII, pi. 26, qui sur-
passe le héron pour la taille et se nourrit de lézards et d'in-
sectes qu'elle poursuit dans les lieux élevés et sur les lisières
des forêts. Son plumage est gris fauve, onde de brunj des
plumes effilées placées sur la base du bec y forment une
Luppe légère qui revient en avant. Elle vole mal et rare-
ment j sa voix forte ressemble à celle d'un jeune dindon.
Comme sa chair est estimée, on l'a rendue, domestique ea
divers endroits.
La famille des Cultêirostres.
Se reconnaît à son bec gros, long et fort,
]e plus souvent même tranchant et pointu ,
et se compose presque en entier d'oiseaux réti-
nis par Linnaeus sous son genre ardea. Un
grand nombre de ses espèces a la trachée di-
versement repliée dans le sexe mâle ; leurs
cœcums sont courts , et même les hérons pro-
prement dits n'en ont qu'un.
Nous la subdivisons en trois tribus ; celles
des grues , des hérons propres et des ci-
gognes.
La première tribu ne forme qu'un grand
îîenre.
ÉCHA.SSIERS. 47^
Les Grues. (Grus. Cuv. )
Ont le bec droit ^ peu fendu- la fosse membraneuse
des narines qui est large et concave , occupe près de
moitié de salongueur. Leurs jambes sont écussonnées;
leurs doigts médiocres, les externes peu palmes et le
pouce touchant à peine à terre. Elles ont presque
toutes une partie plus ou moins considérable de la
tête et du cou dénuée de plumes. Leurs habitudes
sont plus terrestres et leur nourriture plus végétale
que celle des genres suivans. Aussi-ont elles un gé-
sier musculeux et des cœcums assez longs. Leur
larynx inférieur n'a qu'un muscle de chaque côté. On
peut laisser selon nous en tête de ce genre comme Fa
lait Pallas (i)
Les Agamis. (Psophia. L. )
Qui ont le Ijec plus court que les autres espèces , la tête et
le cou revêtus seulement d'un duvet, et le tour de l'œil nu.
Ils vivent dans les bois, de grains et de fruits.
On n'en connaît qu'une espèce, de l'Amérique méridio-
nale, Voiseau trompelle. ( Psopliia crepitans, L. ) Enl. 169,
ainsi nommé de la faculté de faire entendre un son sourd
et profond qui semible d'abord venir de l'anus. Klle est
grande comme un chapon, à plumage noirâtre, avec des
reflets d'un violet brillant sur la poitrine, et le manteau cen-
dré nué de fauve vers le haut. Cet oiseau est reconnaissant;
il s'attache comme un chien et se laisse , dit-on , apprivoiser
au point de conduire les autres oiseaux de basse-cour. H
vole mal, mais court très vîle. Il niche à terre au pied des
arbres. Sa chair est agréable (2).
(0 Spiul.Zool.lV. 3.
(2) On le nomme agami à Cajxnne , selon Barrère , caracara , aux
ÂniiUes, selon Dutertre. Comme le nom à^oissau trompçUe se donae-
47^ OISEAUX
Quelques autres grues étrangères , qui ont le Lec plus court
que les nôtres, doivent être mises en suite.
UOiseau royal ou Grue couronnée. {Ardecij)avonia. L. )
Enl. 265.
D'une taille très svelte, de quatre pieds de haut, cendré,
à ventre noir, à croupion fauve, à ailes blanches ; ses joues
nues sont colorées de hlanc et de rose vif et son occiput est
couronné d'une gerbe de plumes effilées, jaunes, qu'il étale
à volonté. Ce bel oiseau, dont la voix ressemble au son écla-
tant d'une trompette, nous vient de la côte occidentale
d'Afrique, où il est souvent élevé dans les cases et s'y nour-
rit de grains. Dans l'état sauvage, il fréquente les lieux
inondés et j prend de petits poissons. C'est fort gratuitement
que l'on a cru y retrouver la grue des Baléares de Pline.
La Demoiselle de JVumidie, {^Ardea virgo. L. ) Enl. n^i.
Semblable au précédent pour la forme et presque pour
la taille, cendrée, à cou noir, avec deux belles aigrettes
blanchâtres formées par le prolongement des plumes effilées
qui couvrent l'oreille. On n'a point de renseignement au-
thentique sur sa patrie. Celles qu'on a vues en esclavage se
fesaient remarquer par des gestes et des mouvements affectés
et bizarres (1).
Les Grues ordinaires ont le bec autant et plus long que la
tète.
aussi , en Afrique , à un calao ^ Terrain (descrip. de Surin.) transporte
^ ridiculement i\ Vagami le caractère de deux becs l'un sur l'autre. On a
confondu long-temps l'agami avec le macucagua de Margrave , qui est
nn Linamou. Psophia, nom forgé par Barrère de -io/pseà faire du bruit.
(1) Les anatomistes de Pacadémie avaient appliqué à cet oiseau, à
cause de ses gestes , les noms de scops , d^otus et d^asio , par lesquels les
iinciens désignaient le moyen duc. Buffon qui avait bien réfuté cette
cireur à l'article des ducs , l'adopte , par oubli , dans celui de la de-
moiselle.
ÉCHASSIERS. 473
La Grue commune. {Ardea griis. L.) Eul. 76g.
Haute de quatre pieds et plus, cendrée, à gorge noire, à
sommet de la tétc nu et rouge, à croupion orné de longues
plumes redressées et crépues, en partie noires, est célèbre
de tous les temps par les migrations qu'elle fait chaque au-
tomne du nord au midi, et chaque printemps en sens con-
traire, en troupes aussi nombreuses que bien ordonnées.
Elle mange du grain dans les champs, mais elle préfère les
insectes et les vers que lui fournissent les contrées maréca-
geuses. Les anciens ont beaucoup parlé de ces oiseaux parce-
que leur chemin principal paraît être par la Grèce et l'Asie
Mineure, (i)
On ne peut placer qu'entre les grues et les hérons.
Le Courlan ou Courliri. {^Ard. Scolopacea, Gra. ) Enl. 845.
Dont le bec plus grêle et un peu plus fendu que celui des
grues se renfle vers le dernier tiers de sa longueur, et dont
les doigts, tous assez longs, n'ont aucune palmure. Il a les
mœurs et la taille des hérons et le plumage brun avec des
pinceaux blancs sur le cou.
Et Le Caurale. (Eurypyga. 111.) vulg. petit Paon de$
roses ou Oiseau du Soleil, ( Ard. Helias, L.) Enl. 702.
Dont le bec plus grêle que celui des grues, mais muni
d'une fosse nazale semblable , est fendu jusque sous les yeux
comme aux hérons, mais sans avoir de peau nue à sa base.
C'est un oiseau de la taille d'une perdrix , à qui son cou long
et mince , sa queue large et étalée et ses jambes peu élevées
donnent un air tout différent de celui des autres oiseaux de
\
(1) A ce genre appartiennent encore la gr. du Canada ( ard. Canu"
densis , Edw. i33. ) — La grue à collier , enL 865 , et la grue des Indes
Edw. 45, ( ard. Antigone.) — h^grue blanche , enl. 889 ( ard. Amerîcana)
et la grue géant , Pall. It. 1 1 , n" 5o , t. I, ( ard. giganlea ) qui ne nous
paraît différer en rien de la blancliej enfin la grue caroncules (ar. carun-
culata) qui nesl point ua liéroD, comme l'a ciu Gmclin.
474 OISEAUX
rivage. Son pîumnge, nuance par bandes et par lignes de
}3rim, de fauve, de roux, de gris et de noir, rappelle les plus
beaux papillons de nuit. On le trouve le long des rivières de
la Guiane.
La seconde tribu est plus carnassière et se
reconnaît à son bec plus fort , k ses doigts plus
grands j on peut mettre en tête
Les Savacous. (Cancroma. Lin.)
Qui se rapprocheraient entièrement des hérons par
la force de leur bec, et le genre de nourriture qui en
résulte, sans la forme extraordinaire de ce même bec;
on trouvera cependant en dernière analyse que ce
n'est qu'un bec de héron ou de butor très-écrasé. Il
est en effet très-large de droite à gauche et comme
formé de deux cuillers appliquées Tune contre Tautre
par leur côlé concave. Ses mandibules sont fortes et
tranchantes^ et la supérieure a une dent aiguë à chaque
côté de sa pointe ; les narines , percées vers sa base , se
prolongent en deux sillons parallèles qui régnent
jusque vers sa pointe. Les pieds ont quatre doigts
tous longs, et presque point de membranes; aussi ces
oiseaux se tiennent-ils sur les arbres aux bords des
rivières, d'où ils se précipitent sur les poissons, qui font
leur nourriture ordinaire. Leur démarche est d'ail-
leurs triste et leur attitude enfoncée comme celle des
hérons.
\J Espèce connue j ( Otmcroma cochlearia. L.) Enl. 38 et SG^.
Est grande comme une poule, blancliâlre, à dos gris ou
brun , à ventre roux, à front blanc, suivi d'une calotte noire
qui se change en une longue huppe dans le mâle adulte 5
ECHASSIERS. 4?^
elle liahite les parties chaudes et humides de l'Amérique
méridionale.
Viennent ensuite
Les Hérons. (Ardea. Cuv.)
Qui ont le bec fendu jusque sous les yeux; une
petite fosse nazale prolongée en un sillon jusque
très-près de la pointe; ils se font remarquer de plus
par un tranchant dentelé au bord interne de l'ongle
du doigt du milieu. Leurs jambes sont ccussonnées;
leurs doigts et leur pouce assez longs , leur palmure
externe notable, et leurs yeux places dans une peau
nue qui s'étend jusqu'au bec. Leur estomac est un
très-grand sac peu musculeux et ils n'ont qu'un cœ-
cum très-petit. Ce sont des oiseaux tristes qui nichent
et se perchent aux bords des rivières où ils détruisent
beaucoup de poissons. Leur fiente brûle les arbres. Il
y en a dans les deux continens des espèces très-nom»
breuses qui ne peuvent guère se subdiviser que par
quelques détails de plumage.
Les hérons vrais ont le cou très grêle, garni vers le bas dô
longues plumes pendantes.
Le Héron commun, ( Ardea major et Ard. cinerea. L. )
• Enl. 755 et 787.
Cendré bleuâtre, une huppe noire à l'occiput ; le devant
du cou blanc parsemé de larmes noires *, grand oiseau très
nuisible à nos rivières; célèbre autrefois par le plaisir que
prenaient les grands à le faire chasser par le faucon.
Kous avons aussi un héron gris et roux ou pourpré. {Ard,
pMr/7«rert.) Enl. 788. (i)
(1) Selon M. Meyer , les ard, purpurea , purpurata , ntja^ G m. Afd-
catia f Lalh. ne sont que des variclés du héron pourpre.
47^ OISEAU]? '
On a donné aux plus petits hérons à pieds plus courts le noia
de Crahiers.
Le plus commun en France dans les contrées monta-
gneuses, est
Le Blongios. ^Ard, minuta et Danuhialis. Gm. ) Enl. 525.
Fauve , à calotte, dos et pennes noires j il n'est guère plu*
grand qu'un râle et se tient près des étangs.
On voit aussi quelquefois Le crahier de Mahon* {Ard^
amata. Gm. ) Enl. 548 et 910. (i)
Fauve, à ailes Llancliâtres, à très-longue liuppe.
Les Aigrettes sont des hérons dont les plumes du Las du
dos sont à une certaine époque singulièrement longues et effi-
lées, ets'employent pour l'usage qu'indique le nom donné à ces
oiseaux.
Les deux plus belles espèces sont :
Ija petite Aigrette* {Ardea Garzetta.) Enl. goi.
Moitié moindre que le héron , toute blanche et dont les
plumes effilées ne dépassent pas la queue.
Et La grande Aigrette, {A, Egretta et A. Alha. ) Enl.
925 et 886.
Toute blanche aussi , mais plus grande , et dont les plumes
effilées dépassent la queue de beaucoup.
On trouve ces deux espèces en Europe, quoique la
deuxième ait été appele'e Aigrette d'Amérique*
Les Butors ont les plumes du cou lâches et écartées, ce qui
le fait paraître plus gros, lis sont d'ordinaire tachetés ou rayés*
Le Butor d'Europe. (Ard. Stellaris.) Enl. 789.
Fauve-doré, tacheté et pointillé de noirâtre, à bec et pieds
(1) D'après les recherches exactes de Meyer , les ardea castanea , Gm.
©u ralloïdes , Scopol. — A. squaiotta. — A. viarsigUi. — A. pumda ,
et même A. erylhropui , et A. malaccensis , Gm. oe sout que des variclés
61* des ûges différeas du crabier de Mahoa,
ÉCHASSIERS. 477
Verdàtres, se tient dans les roseaux d'où il fait entendre une
voix terrible, qui lui a valu son nom Bos-taiirus.
Les BihoreauX ont avec le port des butors^ quelques
plumes grêles et roides implantées dans l'occiput de l'adulte.
Nous n'en avons qu'un dans ce pays-ci.
Le Bihoreau cV Europe, {Ard. Njcticoràx. L.) (i) Enl.
758.
Le mâle est blanc , à calotte et dos noirs • les jeunes , enl.
769^ griS; à manteau brun, à calotte noirâtre.
La troisième tribu, outre un bec plus gros,
plus lisse que la seconde , a des palmures
presque égales et assez fortes entre les bases de
ses doigts.
Les Cigognes. (Ciconia.Cuv.)
Ont un bec gros, médiocrement fendu, sans fosse
ni sillon , où les narines sont percées vers le dos près
de la base, et dont le fonds est occupé par une langue
extrêmement courte. Leurs jambes sont réticulées et
leurs doigts extérieurs assez fortement palmés à leur
base, surtout les externes. Les mandibules légères et
larges de leur bec, en frappant l'une contre l'autre,
produisent un claquement, presque le seul bruit que
ces oiseaux fassent entendre. Leur gésier est peu mus-
culeux; leurs cœcums si petits qu'on les aperçoit à
peine; leur larynx inférieur n'a point de muscle
propre ; leurs bronches sont plus longues et composées
d'anneaux plus entiers qu'à l'ordinaire.
(i) Scion M. Meyer , dont nous suivons encorici les résultats , Vard.
^risea , Vard. maculata et ïurd* b^clUi ,^ Gai. se rapporlent i diffûeci
iiats du bihoreaut
478 OISEAUX
Nous en avons deux espèces en France.
La Cigogne blanche. {Ardea ciconia. L.) Enl. B)Çt(j*
Blanche; à pennes des ailes noires, àhec et pieds rou sjes
grand oiseau pour lequel le peuple a un respect particu-
lier fondé sans doute sur ce qu'il détruit les serpents et autres
hêtes nuisibles. Elle fait son nid de préférence sur les tours,
les sommets des clochers , et y revient tous les printemps
après avoir été passer l'hiver dans les diverses contrées de
l'Afrique et y avoir niché une autre fois.
La Cigogne noire. {Ardea nigra.h,) Enl. 599.
Noirâtre , à reflets pourpres , à ventre blanc , fréquente
les marécages écartés, et niche dans les forêts.
Parmi les espèces étrangères, on peut faire remarquer
La Cigogne à sac. ( Ard. duhia. Gm. Ard. algala. La th. )
Encjcl. Méth. pi. d'Orn. 54, fîg. i.
Blanche , à manteau d'un noir-bronzé. C'est la plus grande
espèce du genre. Sa tête et son cou n'ont qu'un duvet gris ;
sous le milieu du cou pend uu appendice comme un gros
saucisson ; son bec jaunâtre , encore plus gros à proportion
que dans les autres espèces , lui sert même à prendre des pe-
tits oiseaux au vol. Elle vient de la côte occidentale d'Afrique ,
où elle vit en troupes près des embouchures des fleuves (i).
Les Jabirus. (MYCTEraA. Lin.) (2).
Que Linnaeus a séparés des ardea , sont très-voi-
sins des cigognes, beaucoup plus même que celles-ci
(1) A ce genre appartient encore le magari ou cigogne d'Amérique ,
{A. magari) qui diffère peu de notre cig. blanche , si ce n'est par son bec
cendré.
(2) Touyouyou , à Cayenne j aiaiai , au Paraguay j collier rouge , etc.
Barrère l'a confondu 3LyecVautruehe d'Amérique , ce qui a fait transporter
à cette autruche le nom de Louyouyou ou de touyou , par Brisson et par
Buffon.
Mycteria , nom dérivé , par Linnaeus, dç y.VKTïi^ , nez, trompe, à
cause de son grand bec.
ÉCHASSIERS. 479
des hérons proprement dits ; Touverture médiocre de
leur bec , leurs narines^ l'enveloppe réticulée de leurs
tarses , et leurs palmures considérables , sont les
mêmes qu aux cigognes ; aussi ont-ils le même genre
de vie.
Leur unique caractère est un bec légèrement re-
courbé v«'rs le haut.
L'espèce la plus connue [Mycteria Americana , Lin.) ,
eul. 817 ,
Est très-grande , blanche, à lête et cou sans plumes ;, re-
vêtus d'une peau noire , rouge vers le bas ; l'occiput seule-
ment a quelques plumes blanches ; le bec et les pieds noirs.
Elle vit dans l'Amérique méridionale , au bord des étangs
et des marais , où elle poursuit les reptiles et les poissons.
Les Ombrettes (Scopus. Briss.) (1).
Ne se distinguent des cigognes que par un bec
comprimé , dont Taréte tranchante se renfle vers la
base, et dont les narines se prolongent en un sillon
qui court parallèlement à Taréte jusqu'au bout, qui
est un peu crochu.
On n'en connaît qu*une espèce {Se. umhretta) , enl. 796,
Grande comme une corneille , de couleur de terre d'om-
bre, et dont le mâle a l'occiput huppé. On la trouve au
Sénégal.
Les Becs ouverts. (Hians. Lacep. Anastomus.
llliger. )
N'ont, pour être séparés des cigognes, qu'un ca-
ractère à peu près de la force de celui des jabirus. Les
(i) Scopus vient de Ikoti^oç , scnlineîlç.
48o OISEAUX
deux mandibules de leur bec ne se Joignent que par
la base et par la pointe , laissant dans le milieu de
leurs bords un intervalle vide ; encore ce vide parait-
il en partie l'effet de la détrition , car on y voit les
fibres de la substance cornée du bec qui paraissent
avoir été usées.
Ce sont des oiseaux des Indes orientales, dont l'un est
Llancliâtre ( Ardea pondiceriana y Gm. ) , enl. g52, et l'au-
tre gris-brun {Ardea coromandeliana) ^ Sonnerat, it. Il,
219, Tous deux ont les pennes des ailes et de la queue noi-
res. Peut-être le dernier n'est-il que le jeune âge.
Les Tantales. ( Tantalus. L. )
Ont des pieds , des narines et un bec de cigogne ;
mais le dos du bec est arrondi , et la pointe recour-
bée vers le bas , et légèrement échancrée de chaque
côté : une portion de leur tête , et quelquefois de
leur cou , est dénuée de plumes.
Le Tantale d'Amérique. {Tantalus loculaior. Lin.) Enl. 868.
Est grand comme une cigogne, mais plus grêle ; blanc ,
a pennes des ailes et de la queue noires , à bec et pieds noi-
râtres, ainsi que la peau nue de la tête et du cou. Il vit dans
les deux Amériques, arrivant dans chaque pays à la saison
des pluies, et fréquentant les eaux vaseuses , où il reclicr-
clie surtout les anguilles. Sa démarche est lente et son ua-
turel stupidc.
Le Tantale d'Afrique. {^Tantalus ibis. Lin.) Enl. ^Sg.
Blanc , légèrement nuancé de pourpre sur les ailes , a bec
jaune, à peau du visage nue et rouge, a été long- temps
regardé par les naturalistes comme l'oiseau si révéré des
anciens Egyptiens sous le nom tVlbis ; mais des recherches
réceutes ont prouvé que l'ibis csl uuc espèce beaucoup plu*
ILCHASSIERS. 481
petite , dont nous parlerons plus bas. Ce tantale ne se
trouve pas même communément en Egypte 3 c'est tUi Séné-
gal qu'on nous l'apporte.
Le Tantale de Cej-lan, ( Tantaîus leucocephalus. ) Encyc.
métli., Omit., pi. 66 j fig. i.
Le plus grand de tous , et celui qui a le plus gros bec. Ce
bec et la peau de la face sont jaunes, le plumage blanc ,
avec une ceinture sur la poitrine et les pennes noires, de
longues plumes roses sur le croupion , qu'il perd pendant
la saison des pluies.
Les Spatules ou Pallettes. (Platalea. Lin.)
Se rapprochent des cigognes par toute leur struc-
ture; mais leur bec , dont elles ont tiré leur nom , est
long, plat, large partout, s'élargissant et s'aplalis-
sant, surtout au bout, en un disque arrondi comme
celui d'une spatule; deux sillons légers partent de
la base ^ s'étendent jusqu'au bout, sans rester exac-
tement parallèles aux bords. Les narines sont ovales,
et percées à peu de distance de Forii^ine de chaque
sillon ; leur petite langue , leurs jambes réticulées ,
leurs palmures assez considérables , leurs deux très-
petits cœcums , leur gésier peu musculeux , leur la-
rynx inférieur dépourvu de muscles propres , sont
les mêmes que dans les cigognes; mais lelargissement
de leur bec lui ôte toute sa force , et ne le rend pro--
pre q-u'à fouiller dans la vase , ou à pécher de petits
poissons et des insectes d'eau.
(i"! Platalea ou plateâ , noms latius, pris quelquefois comme syno-
nymes de pelecanus.
TOME I. 3x
482 OISEAUX
La Spcttuîe blanche huppée. {Platalea leuco'rodia. Gm. )
Enl. 4o5.
Toute de cette couleur , avec une petite huppe à l'occî-
put , est répandue dans tout l'ancien Continent , y niche sur
les arhres élevés.
La Spatule blanche sans huppe. ( Platalea nivea. Cuv. )
Buff. , Hist. des Ois. , tom. Yll, pi. 24.
Outre l'absence de la huppe , elle se distingue de la pré-
cédente par un bord noir aux pennes des ailes. Elle habite
d'ailleurs les mêmes pays.
La Spatule rose. (^Platalea aiaia. Enl. i65. )
A le visage nu , et des teintes rose-vif de diverses nuances
sur le plumage 7 qui deviennent plus intenses avec Tâge.
Elle est propre à l'Amérique méridionale.
La famille des Longirostbes.
Se compose d'une foule d'oiseaux de rivage ,
dont le plus grand nombre formait le genre
scolopax de Linnœus , et dont les autres avaient
été confondus dans le genre tringa , en partie
contre le caractère que ce genre portait , d'un
pouce trop court pour toucher la terre. Enfin ,
il en est un petit nombre qui avaient été placés
avec les pluviers , à cause du défaut absolu de
pouce. Tons ces oiseaux ont à peu près les mêmes
formes , les mêmes habitudes , e t souvent presque
les mêmes distributions de couleurs, ce qui les
rend très-difficiles à distinguer entre eux. Ils se
,1
ÉCHASSIERS. 483
caractérisent en général par leur bec grêle ,
long et faible , qui ne leur permet guère que de
fouiller clans la vase pour y chercher les vers et
les petits insectes , et les différentes nuances ,
dans la forme de ce bec , servent à les subdivi-
ser en genres et en sous-genres.
Dans les principes de Linnœus, il aurait du réunir
tous ces oiseaux sous son grand genre^
BÉCASSE. (SCOLOPAX.)
Que nous diviserons comme il suit, d'après le^
nuances de forme des becs.
Les Ibis. ( Ibis. Cuv. )
Que nous séparons des tantales de Gmelin, parce que leur
Lee, arqué comme celui des tantales, est cependant beaucoup
plus faible ^ sans écliancrure à sa pointe, et que les narines,
percées vers le dos de sa base , se prolongent chacune en uu
sillon qui règ^ne jusqu'au bout. Ce bec est d'ailleurs assez épais,
presque carré à sa base , et il y a toujours quelque partie de la
tête , ou même du cou, dénuée de plumes. Les doigts externes
sont notablement palmés à la base , et le pouce assez long pour
bien appuver à terre.
Il y en a qui ont les jambes courtes et réticulées j ce sont
les plus robustes, et ceux qui ont le plus gros bec.
•
Ulbis sacré ( Ibis religiosa. Nob. AbGU-Hannès.lèrwce ,
It. , pi. 35. Tantaliis œthiopicus. Latli. ) Cuv. Re- -
clierclies sur les Ossemens fossiies , tom. I.
Est l'espèce la plus célèbre. On élevait cet oiseau dans
les temples de l'ancienne Egypte , avec des respects qui te-
484 OISEAUX
naieiit du cuite ; et on l'embaumait après sa mort , k ce
que disent les uns , parce qu'il dévorait des serpens qui
auraient pu devenir très-dangereux pour le pays ; selon
d'autres , parce qu'il y avait quelque rapport entre son
plumage et quelqu'une des phases de la lune j enfin ^ d'a-
près quelques-mis , parce que son apparition annonçait la
crue du ï^il (i). On a cru long-temps que cet ibis des Egyp-
tiens était le tantale d'Afrique; on sait aujourd'hui que
c'est un oiseau du genre que nous traitons , grand comme
une poule, à plumage blanc , à bec et pieds noirs ; les bouts
des pennes des ailes , et les plumes effilées du bas du dos ,
sont de la même couleur , ainsi que toute la partie nue
de la tête et du cou : cette partie est recouverte , dans la
jeunesse , au moins à sa face supérieure , de petites plumes
noires.
Les anciens, etBélon, parlent aussi d'un ibis noir, que
les naturalistes modernes ne connaissent pas bien (2).
D'autres ibis ont les jambes écussonnées j leur bec est
ajssez généralement plus grêle.
JJI Ois rouge. {Scol. ruhra. Lin. Tantalus ruher. Gm. )
Enl. 80 et 81.
Est un oiseau de toutes les parties chaudes de l'Amérique ,
remarquable par sa belle couleur rouge-vif, avec les bouts
des pennes des ailes noires. Ses petits, couverts d'abord
d'un duvet noirâtre, deviennent cendrés, puis blanchâtres
quand ils commencent à voler : ce n'est qu'à deux ans que
le rouge paraît , et ii prend ensuite plus d'éclat avec l'âge.
Cette espèce ne voyage point, et vit en troupes dans les
lieux marécageux voisins des embouchures des fleuves. On
la prive aisément.
(1) Savigny , Mém. sur i'ibis.
{'i) Tous les tantales de Gmel. et de Lalh., excepté Içs trois que j'ai
kissés dans le genre tantalus 1 sont pour uioi des ibis.
\
ÉCHASSIERS. 485
Vibis vert , vulg. Courlis vert. (ScoL Falcinellus. Lîn. )
Enl. 819.
A corps pourpré, à manteau vert. C'est un bel oiseait
tlu midi tie l'Europe. Peut-être est-ce lui que les anciens
appelaient ibis noir.
Les Courlis. ( Numenius. Cuv. )
Ont le bec arqué comme les ibis, mais plus grêle, rond
sur toute sa longueur , dont le sillon des narines n'occupe
qu'une très-petite partie : le bout du bec supérieur dépasse
l'inférieur , et saille un peu au devant de lui vers le bas.
Le Courlis d'Europe. ( Scol. arcuata. L. ) Enl. 818.
Grand comme un cbapon , brun , et le bord de toutes
les plumes blaucliâtres ; le croupion blanc , la queue rajée
de blanc et de brun. C'est un gibier de goût médiocre ,
commun le long des côtes, et de passage dans l'intérieur^
Son nom vient de son cri (i).
On avait réuni aux courlis, à cause de la courbure sem-
blable de leur bec, deux sous genres qu'il en faut séparer à
cause de sa forme.
Les Corlieux. (Pn^opus. Cuv.) (2).
Dont le bec se déprime vers Te bout , et conserve les sillons
des narines sur presque toute sa longueur. Ou pourrait les
appeler des maubëcbes à bec long et arqué.
Le Corlieu d^Europe , vulg. petit Courlis, ( ScoLPhœ-
opus. Lin. ) Enl. 842,
De moitié moindre que le courlis, mais presque du même
plumage.
' (i) Celui de numenius dérive de néomenie, nouvelle lune , à cause de
îa figure de croissant qu'a son bec.
{1) Phœopus ( pied cendré ) , nom composé par Gesner.
486 OISEAUX
Et Les Falcinelles. ( FalciivÈllus. Cut. )
Dont le bec est déprimé ^ et conserve ses sillons comme ce-
lui des corlieux, mais qui n'ont aucun pouce. Ce sont en quel-
que sorte des sanderlings à bec arqué.
On n'en connaît qu'une espèce , qui est de ce pays-ci
( Scol. pj'gînea , Lin. ), encore àpeu près du même plumage
que le courlis et le corlieu , mais à peine de la taille
d'une alouette.
Les Bécasses proprement dites. ( Scolopax. Cuv. ) (i).
Ont le bec droit, le sillon des narines régnant jusqu'assez
près du bout , qui se renfle un peu en dehors pour dépasser
la mandibule inférieure et sur le milieu duquel il y a un sillon
simple. Ce bout est mou et très-sensible ; en se desséchant après
la mort , il prend une surface poinlillée. Un caractère parti-
culier à ces oiseaux , est d'avoir la tête comprimée, et de gros
yeux placés fort en arrière , ce qui leur donne un air singuliè-
rement stupide y qu'ils ne démentent point par leurs mœurs.
La Bécasse. ( Scol, rusticoîa, L.) Enl. 885.
/ Tout le monde connaît son plumage varié en dessus de
taches et de bandes grises , rousses et noires, en dessous ,
gris, à lignes transverses noirâtres. Son caractère distinctif
consiste en quatre larges bandes transverses noires , qui
se succèdent sur le derrière de la tête, La bécasse ha-
bite pendant l'été sur les hautes montagnes , et descend
dans nos bois au mois d'octobre. Elle va seule ou par pai-
res, surtout dans les temps sombres j recherche les vers et
les insectes dans le terreau. Il en reste peu dans les plaines
pendant l'été.
La Bécassine. {Scolopax Gaîlinago. L.) Enl. 885.
Plus petite et à bec plus long que la bécasse, se dislingue
(\) Scolopax nom grec de Kl bccasse defl"XoAo4 (pieu), à cause de son bec
droit et pointa.
'\':'
ÉCHASSIERS. 487
par deux larges Landes longîiudmales noirâtres sur la tête,
par un cou moucheté de hrun et de fauve, par un manteau
noirâtre avec deux bandes longitudinales fauves, par des ailes
Lrunes ondées de gris, par un ventre blanchâtre onde de
brunâtre aux flancs, etc.
Elle se tient dans les marais, aux bords des ruisseaux , des
fontaines ; s'élève à perte de vue , en faisant entendre de très-
loin une voix perçante de chèvre.
La double Bécassine. {ScoL Major. Gm.) Frisch. 228.
Se distingue de la précédente par une taille d'un tiers su-
périeure et parce que ses ondes grises ou fauves de dessus
sont plus petites et les brunes de dessous plus grandes et
plus nombreuses.
La petite Bécassine. [Scol. GalUnula.Çym..)'^\\\. 884.
De près de moitié moindre que la bécassine commune,
n'a qu'une bande noire sur la têtej le fond de son man-
teau a des reflets vert bronzés. Un demi collier gris occupe
sa nuque, et ses flancs sont mouchetés de brun comme sa
poitrine. Elle reste dans nos marais presque toute l'année.
Tous ces oiseaux sont excellens à manger et assez com-
muns dans nos marchés en hiver. Il y en a dans les marais
de l'Amérique chaude une espèce fort voisine de notre bé-
cassine. {Scol paludosa.) Enl. 896 (i).
On doit distinguer des bécasses.
Les Rhynchées. (E.hyncii(ba. Cuv. )
Oiseaux d'Afrique et des Indes , dont les deux mandibules,
à peu près égales, s'arquent légèrement à leur bout, et où
les sillons des narines régnent jusqu'à l'extrémité du bec su-
périeur qui n'a point de sillon impair. Au port des bécas-
sines, ils joignent des couleurs plus vives et se font surtout
(i) La brunetiede Buffon , Scol, pusitta , dunlin des anglais , n'est que
raloueite de mer à collier.
488 OISEAUX.
remarquer par des taches œillées sur leurs pennes des aiîes
et de la queue.
On en connaît trois ou quatre espèces que Gmelin réunît
comme des varittes sous le nom de Scol. Capensis* Enl. 270,
881 , 922 (i).
Les Barges. (Ltmosa. Beclist. )
Ont le bec droit, quelquefois même légèrement arqué vers
le haut, et encore plus long que les bécasses. Le sillon des
narines règne jusque tout près de l'extrémité qui est un peu
déprimée et mousse , sans sillon impair , ni pointillure. Leur
taille est beaucoup plus élancée et leurs jambes plus élevées
que celles des bécasses j elles fréquentent les marais salés et
les bords de la mer,
La Barge ahoyeuse ou à queue rayée. {Scol. Leucophœa,
Lalb. et Lapponica, Gra.) Le jeune, Brit. Zool. pi. xiii.
Briss. V. pi. XXIV. F. 2. Et l'adulte en plumage d'été.
Enl. 900 (2).
En liiver gris-brun, foncé, à plumes bordées de blan-
châtre poitrine gris-brun-, dessous blanchâtre, croupion
blanc rayé de brun , etc. En été rousse, à dos brun, la queue
toujours rayée de blanchâtre et de noirâtre.
La Barge à queue noire. ( Scol. JEgocephala et Beîgica,
Gm. ) Le plum. d'hiver , enl. 874- Celui d'été , ib, 916.
En hiver gris-cendré, plus brun sur le dos, ventre blanc,
tête , cou et poitrine roux, manteau brun tacheté de roux,
dessous rayé de bandes brunes rousses et blanches, queue
toujours noire , liseréè de blanc au bout.
(1) Le chevalier vert, Briss. et Buff. ( raîlus Bengalensis , Gm. ) Albin
ÏII , 90 , est encore de ce genfe , et ne pariiît même pas diffe'rer de l'espèce
ou variété de Madagascar, enl. 922. N. B. Il n'y a que celte dernière plan-
che qui représente bien le bec propre à ce petit sous-genre.
(2) Gmelin a fait de cet oiseau jeune une variété de l'espèce suivante
et cite la figure de Brisson, sous 5Co/. ^/o/f/j, qui est un chevalier. L'adulte
est son scol. Laponica.
ÉCHÂ.SSÏERS. 4^9
Ces deux oiseaux ont le double de hauteur de la hécasse.
Le dernier couvre en été les plaines de la Nord-HoUaude.
Son cri est très-aigre, comme celui d'une chèvre.
Les Maubèches. (Calidrts. Cuv.) (i).
Ont le bec déprimé au bout, elle sillon nazal très-long,
comme les barges, mais ce bec n'est généralement pas plus
long que la tête-, leurs doigts, légèrement bordés, n'ont point
de palmure entre leurs bases, et leur pouce est à peine assez
long pour toucher à terre; leurs jambes, médiocrement hautes
et leur taille raccourcie, leur donnent un port plus lourd
qu'aux barges. Elles sont aussi beaucoup plus petites.
La grande Mauhèche grise ^ Sandpiper et Canut, des
Anglais. ( Tringa grisea et Tr, Canutus. Gm.) Le plum.
d'hiver , enl. 566. Edw. 276.
Cendrée d<^ssus, blanche dessous, tachetée de noirâtre de-
vant le cou et la poitrine, à croupion et queue blancs rayés
de noirâtre. Presque delà taille d'une bécassine.
La petite Mauhèche grise. ( Tringa arenaria. ) Canut.
Brit. Zool. pi. C. 2.
Cendrée dessus , blanche dessous , à poitrine nuagée de
gris. De moitié moindre que la précédente (2).
Il j a en Amérique de petites maubèches dont les pieds sont
à demi palmés par devant.
Nous en avons vu une espèce encore plus petite que la
précédente et presque des mêmes couleurs.
(i) Calidrts, oiseau cendre et tacheté, fre'quentant les rivières et les
bois. Arist. Brisson l'applique à l'une des espèces de ce genre.
(2) La mauhèche {tringa calidris , Briss. V, xx , f. i.) est la même
chose que le chevalier varié , enl. 3oo, qui est un combattant. La mau-
hèche de l'Hist. nat. VU, pi. 3i , est la mauhèche grise. Ainsi , cette
espèce estima^jinaire. La mauhèche tachetée {tr. noevia, enl. 365. ) paraît
n'être que la mauhèche rousse ( tr. Islamlica ) en mue ; et l'une et l'autre
sont regardées , par M. Tcmmink , comme le premier âge de la mauhèche
grise.
4gO OISEAUX
Les Alouettes de mer. ( Pelidna. Cut. )
Ne sont que de petites maubëches à bec un peu plus long qug
la tête et dont les pieds n'ont ni bordures ni palmures. Elles
ressemblent aux alouettes par la taille et par les couleurs et
volent en troupes le long des bords de la mer, <^ elles for-
ment un bon gibier. Elles déposent leurs œufs sur le sable.
12 Alouette de mer ordinaire . (Tringa cinclus, L. ) Enl. 85i y
et Scol. suharcuata. Gm.
Brun-noirâtre en dessus, chaque penne bordée de fauve ^
blanchâtre en dessous j le devant du cou moucheté de brun.
En été tout le devant et le dessous du corps, prend une cou-
leur rousse diversement variée.
L* Alouette de mer à collier j Dunliii des Anglais, Brunette
de BuîF. ( Tringa cinclus. B. Tringa Alpina et Scolopax
piisilla, Gmel. Eul. 852.)
Est encore un peu moindre que la précédente et s'en dis-
tingue par une ceinture de taches noirâtres serrées sur la
poitrine. Pendant le temps de la ponte et de l'incubation le
ventre est d'un noir profond.
Les Comeattans. (Machetes. Cuv. ) (i).
Sont de vraies maubëches par le port et par le bec j seule-
ment la palmure entre leurs doigts extérieurs est à peu près
aussi considérable que dans les chevaliers, les barges , etc.
On n'en connaît qu'une espèce Tringa pugnax. Lin. Enl.
5o5.5o5. Un peu plus petite qu'une bécassine, célèbre par les
combats furieux que les mâles selivrentau printemps pour la
possession des femelles. A cette époque leur tête se couvre
en partie de papilles rouges, leur cou se garnit d'une cri-
nière épaisse de plumes , si diversement arrangées et colorées,
et saillantes en des sens si bizarres, que jamais on ne trouve
deux individus semblables; et même avant et après cette
{i) Mctyjfihç y pugnator. néA/tT^'bç , fuscus.
ÉCHASSIERS. 49^
■époque, il y a tant de variété clans le plumage des combat-
tans, que les naturalistes eu ont formé plusieurs espèces
imaginaires (i). Ils ont toujours les pieds jaunâtres, ce qui;,
avec leur bec et leur demi-palmure externe , peut aider à les
reconnaître. Cet oiseau commun dans tout le nord de l'Eu-
rope, vient aussi sur nos côtes, surtout au printemps , mais
il n'y niclie pas.
Les Sanderlings. ( Arenaria. Beclistein. Calidris. III.)
Ressemblent en tout aux maubëches, excepté en ce seul
point qu'ils manquent tout-à-fait de pouce comme les pluviers.
L'Espèce â^Europe. ( Charadrius calidris et rubidus, Om. )
Briss. V. pi. XX. Cg. 2.
Est si semblable à la petite maubëclie grise, parla forme,
la taille et les couleurs, qu'on Ta plusieurs fois confondue avec
elle (2). Ses mœurs sont les mêmes.
Les Phalaropes. (Phalaropus. Briss. )
Sont de petits oiseaux dont le bec encore plus aplati que
celui des maubèclies, a d'ailleurs les mêmes proportions et les
mêmes sillons; et dont les pieds ont leurs doigts bordés de très-
larges membranes comme ceux des foulques.
(i) Le chei'ah'er varié , Buff. esp. IV, Briss. V, pi. xvii , 2. (Trin^a
littorea, Lin. Tringa ochropus , B. litLorea , Gni. ) Le chevalier propre-
ment dit , Buff. esp. II, Briss. V , pi. xvii , fig. i , cité par Gmel, sous
scol. calidris j la mauheclie proprement dite , Briss. V , pi. xx , fîg. i.
( Tringa calidris , Gm. ) L'oiseau de Frisch. pi. 208 , ne sont que des
combattans en divers e'tats de plumage , et Ton pourrait en représenter en-
core beaucoup d'autres variétés.
Selon M. Meyer , le tringa grenouicensis , Lalh., est aussi un jeune
combattant.
(2) Cela est arrivé notamment à Brisson , qui donne ensemble la figure
d'un oiseau et la description de l'autre. Plusieurs anglais qui donnent
quatre doigts à leur sanderling, n'entendent que la maubèche j mais Wil-
lugby décrit bien notre oiseau.
49^ OISEAUX
Le Phaîarope gris. ( Tringa lobata.) Edw. 5o8 (i)»
Est cendré dessus et blancliâtre dessous avec deux bandes
Lîanclies sur l'aile j son bec est fort large pour cette famille :
l'adulte est
Le Phaîarope rouge, {Phalaropus rufus. Beclist. et Meyer.
Tringa Fullcaria. L.) Edw. 14^ (2).
Brun dessus, roussâtre dessous; le croupion blancbâlre;
du blanc à l'aile. Cet oiseau est rare eu Europe.
Les Tourne- Pierres. ( Strepsilas. ill. )
Ont les jambes basses, le bec court, et les doigts sans au-
cune palmure comme les vraies maubècbes, mais ce bec est
conique, pointu, sans dépression, compression ni renflement
et la fosse nazale n'en passe pas la moitié. Le pouce toucbe
très-peu à terre. Leur bec un peu plus fort et plus roide à
proportion qu'aux précédens, leur aide à retourner les pierres
pour cberclier des vers dessous.
Il y en a une espèce à manteau varié de noir et de roux,
à tête et ventre blanc, à poitrail et joues noires, répandue
dans tout l'ancien Coutinent {Tringa interpres. L. Enl. 856. )
et une autre variée de gris et de brun de l'Amérique méri-
dionale. (Enl. 54o et 857. ) (5).
Les Ciietaliers. (Totanus. Cuv.) (4).
Ont un bec grêle , rond , pointu , ferme , dont le sillon des
narines ne passe pas la moitié de la longueur, et dont la man-
(i) M. Meyer confond mal h propos cet oiseau, Edw. 5oB, avec le trwga
hyperhorea , et le tr. fusca , qui ont des becs de clievalier , et dont nous
faisons des lobipèdes.
(2) Graelin a fait une autre confusion en citant cet oiseau comme une
variété sous Vhypcrbovea.
(3) Le chevalier varié , enl. 3oo , que M. Meyer rapporte au tourne-
pierre, n'est qu'un combattant.
(4) Totano , nom véuilie» d'une barge ou d'un chevalier.
ÈCHASSIEBS. 493
dibiile supérieure s'arque un peu vers le bout. Leur taille est
légère et leurs jambes élevées ; leur pouce touche très-peu à
terre 5 leur palmure externe est bien marquée.
Le Chevalier a gros bec ou Grand Chevalier aux pieds
verts. {Scol.Gloltis, L.) Albin. H. 69. Âldrov. Ornith. Uï.
5':i5. Brit. Zool. pi. C , i?
Aussi grand qu'une barge, à bec gros et fort, cendré brun
dessus et aux côtés , blanc dessous, à croupion blanc à queue
rayée de gris et de blanc, à pieds verts. C'est le plus grand
de nos chevaliers d'Europe.
Le Chevalier noir. {Barge brune. Buff. Enl. 8y5. Scol.
Fusca, L. Frisch. 256. ) (i).
Svelte comme une barge, brun noirâtre dessus, ardoisé
dessous, à plumes liserées ou piquetées au bord de blan-
châtre; croupion blanc, queue blanche rayée de gris et de
blanc, deux caractères qui se retrouvent plus ou moins dans
tous nos chevaliers j pieds jaunâtres.
Le petit Chevalier aux pieds verts. (Scol, Totanus, L. }
Enl. 876(2).
Gris brun dessus, à plumes piquetées de blanc aux bords,
moucheté de brun aux côtés, blanc dessous, à pieds verts j
l'ongle du pouce usé.
Le grand Chevalier aux pieds rouges. (Scol, Calidris L. )
Enl. 827?
Brun dessus, à plumes marquées aux bords de points
noirâtres et de points blancs , devant du cou et dessous
(1) Selon M. Meyer, les scol. curonica et cantabrlgiensis , et le trin^a
atra, Gm. , doivent se rapporter à cet oiseau. Les deux premiers sont des
ieunes.
(2) Cité mal à propos coianie la barge aboyeuse , ou le scqL cegO"
ccphalUf B.
494 OISEAUX
du corps Liane, quelques taches grises aux côtés, pîecl^
et Lase du bec couleur de minium.
"he petit Chevalier aux pieds rouges ou Gambette. {Tringa
Gambetta,) Enl. 845.
Brun dessus, avec des taclies noires et quelque peu
(le Llanclies aux bords des plumes , blanc dessous avec
mouchetures brunes , surtout au cou et à la poitrine ,
pieds comme dans le précédent \ taille d'un quart moindre.
Le Bécasseau ou Cul Blanc de rivière» ( Tringa Ochro^
pus, L.) Enl. 845.
Noirâtre bronzé dessus , le bord des plumes piqueté de
blanchâtre , blanc dessous , moucheté de gris au devant
du cou et aux côtés, les bandes noires de la queue larges
et en petit nombre , les pieds verdâtres ; encore plus petit
que la gambette. C'sst uq bon gibier , commun aux bords
de nos ruisseaux, quoiqu'il y vive assez solitaire.
La Guignette. ( Tringa hj-poleucos. L. ) Enl. 85o.
Le plus petit de nos chevaliers ; de la taille de l'alouette
de mer ; brun verdâtre bronzé dessus , avec des traits
tranverses fauves et noirs sur l'aile, devant et dessous
blancs , le croupion et les pennes moyennes de la queue
de la couleur du dos, les lat/^rales seules rayées de blanc
et de noir com.me aux autres chevaliers. La guignette vit
comme le bécasseau, et dans les mêmes lieux.
Parmi les chevaliers étrangers , il faut surtout remar-
quer l'espèce à gros bec et à pieds demi-palmés de l'Amé-
rique septentrionale {scolopax semipalmata , L. ) Encycî.
méth., pi. d'orn. : pi. lxxt, fig. i , presque aussi grande
que notre première espèce , à bec plus court et plus gros ,
à plumage gris brun dessus , blanchâtre dessous , mou-
cheté de brunâtre au cou et à la poitrine , à doigts bien
bordés , à palmures presque égales et considérables (i).
(i) Ce genre des chevalier», mêlé par Buffon de plusieurs variclés de
ÉCHASSIERS. 49^
Les Lobipèdes. (Lobipes. Cuv. )
Que nous croyons devoir séparer des phalaropes , dont ils
ont les pieds , s'en distinguent par leur bec ; qui est celui
d'un chevalier -, tel est
Le Lohipède à hausse-col ( Tringa hjperhorea ) , enl. "jGG ,
dont Tringa fusca y Edw. 4^ ; ^st probablement la
femelle ou le jeune.
Ce petit oiseau gris dessus, blanc dessous, teinté de
roux aux scapulaires , a autour de sa gorge blanche un
large hausse-col roux.
#
Les Echasses. (Himantopus (i), Briss. Macrotarsus,
Lac. )
Ont le bec rond , grêle et pointu , plus encore que les
chevaliers ; le sillon des narines n'en occupe que moitié.
Ce qui les distingue et leur a donné leur nom , ce sont
leurs jambes excessivement grêles et hautes , réticulées et
destituées de pouces, dont les os sont si faibles, qu'ils ren-
dent leur marche pénible.
combaUans a été dispersé par Linnœus dans ses deux genres scolopax et
tringa , sans aucun motif. Buffon en a mis deux espèces parmi les barges \
cette confusion n'est pas encore entièrement débrouillée, parce que je n'aî
pas pu observer toutes les espèces étrangères. Il est aisé de voir cependant
qu'après mes déterminations, je n'ai pas dû conserver le genre actites
d'iUiger.
On doit encore remarquer que les descriptions les plus exactes ne peu-
vent faire distinguer sûrement les espèces tant que l'on n^aura pas séparé
d'après les formes de becs indiqués ci-dessus , mes chevaliers de mes mau-
bèches et de mes barges. C'est ce qui m'a empêché de donner la synony-
mie de Bechslein et de Meyer.
(i) Himantopus, pied en forme de cordon, ( à cause de leur faiblesse )
«"esi le Bom dé cet piseau dan5 jpiiine.
496 OISEAUX
On n'en connaît en Europe qu'une espèce , blanche , à
calotte et manteau noirs, à longs pieds rouges ( charadrius
himantopus j L. , enl. 8j8)j elle est assez rare et ses mœurs
sont peu connues.
On ne peut guère placer qu'ici
Les Avocettes. ( Recurvirostra , L.)
Quoique leurs pieds palmés à peu près jusqu'au
bout des doigts , puissent presque les faire consi-
dérer comme des oiseaux nageurs : mais leurs tarses
élevés, leurs jambes à moitié nues, leur bec long,
grêle , pointu , lisse et élastique , et le genre de vie
qui résultent de cette conformation, tendent éga-
lement à les rapprocher des bécasses. Ce qui les
caractérise et les distingue même de tous les oiseaux ,
c'est la forte courbure de leur bec vers le haut.
Leurs jambes sont réticulées et leur pouce beaucoup
trop court pour toucher à terre.
L'espèce du pays {recurvirostra ai^ocetta , enl. 555) est
blanche , avec une calotte et trois bandes à l'aile noires ,
et des pieds plombés j c'est un joli oiseau, d'une taille
élancée, qui fréquente les bords de la mer en hiver«.
L'espèce d'Amérique ( r. Amerîcana ) en diffère par un
capuchon roux ; il y en a sur les côtes de la mer des
Indes une troisième toute blanche , a ailes toutes noires ,
à pieds rouges ( r. orientalis^lSoh. )
La famille des Macrodactyles.
A les doigts des pieds fort longs et propres
à marcher sur les herbes des marais , ou même
à nager , surtout dans les espèces nombreuses
qui les ont bordés. Cependant il n'y a pas
ÉCHÂSSÏEtlS. 497
de membrane entre les bases de leurs doigts,
pas même entre celles des externes. Le bec plus
ou moins comprimé par les côtés , s'allonge ou
se raccourcit selon les genres , sans arriver ja-
mais a la minceur ni à la feiblesse de celui de
la famille précédente. Le corps de ces oiseaux
est aussi singulièrement aplati , conformation
déterminée par Tétroitesse du sternum; leurs «
ailes sont médiocres ou courtes , et leur vol
faible. Ils ont tous un pouce assez long.
On peut les diviser en deux tribus , selon
que leurs ailes sont armées ou non*
Les Jacanas , Briss. (Parra^ Lin.) (i).
Se distinguent beaucoup des autres échassicrs par
des pieds à quatre doigts très-longs, séparés jusqu'à
leur racine , et dont les ongles , surtout celui du
pouce, sont aussi très-longs et très-pointus , ce qui
les a fait nommer vulgairement chirurgiens. Leur
bec est assez semblable à celui des vamieaux par
sa longueur médiocre et le léger renflement de sou
bout, et leur aile est armée d'un éperon. Ce sor^t
des oiseaux criards et querelleurs, qui vivent dans
les marais des pays chauds, y marchant aisément
(i) Jacana ou Jahana, est proprement au Brésil le nom des poules
d'eau. On y nomme les Chirurgiens Aquapeazos , parce qu'ils marchent
sur les herbes aquatiques nommées Aquaye ( d'Azz. ). Peut-être est-ce par
une faute de copiste que l'un d'eux est nommé Agitapecaca dans Mar-
grave.
Parra est le nom laûn d'un, oiseau inconnu.
TOME I. 32
4g8 OISEAUX
sur les herbes , au moyen de leurs longs doigts.
L'i^méiique en nourrit quelques espèces qui ont sur la
base du bec une membrane nue ^ couchée et recouvrant une
partie du front.
Le Jacana commun {Parra Jacana^ L. ) enl. 322.
Noir , à manteau roux , les premières pennes des ailes
verîes, des barbillons charnus sous le bec. C'est le plus
commun dans toutes les parties chaudes de l'Amérique.
Il a des aiguillons très-aigus (i).
Il y en a cependant aussi quelques-unes qui manquent
de cet ornement.
Le Jacana bronzé- ( Parra œnea. )
A corps noir, changeant en bleu et en violet, à man-
- teau verd bronzé, à croupion et queue roux sanguins,
à pennes antérieures de l'aile vertes ; une tache blanche
derrière l'ceil. Du Brésil. Ses aiguillons sont mousses et
petits.
On en a découvert en Orient qui manquent également de
cette membrane j et qui se font d'ailleurs remarquer par des
singularités dans les proportions de leurs pennes.
Le /. à longue queue» {Parra Chinensis») Encycl. méth.,
orn., pi. 6i , f. I.
Brun à télé , gorge , devant du cou et couverture des
ailes blancs , le derrière du cou garni de plumes soyeuses
jaune doré, un petit appendice pédicule au bout de quel-
ques-unes des pennes des ailes ^ quatre des pennes de la queue
noires et plus longues que le corps. Le Chirurgien de Luc on y
(i) Le J. varié { P. variabilis ) enl. 846 , n'est que le jeune îige du com-
mun. Le P. li/asih'cnsis et le P. nigra n'existent que sur rautorité un
peu équivoque de Margrave. Le P. vindis qui ne repose aussi que sur la
Description de Margrave , me paraît , par cette Description même , êlre une
talève. Le P. Af ricana de Latli. diffère à peine. Pour le P, Chavaria
voyez ci-dessous Particle du lifiniichi.
ÉCiïASSIERS. 499
de Sonnerai (Parra Luzoniensis) n'est que son jeune âge :
outre quelques différences de couleur , il n'a pas encore de
longue queue.
Les Kàmichi. ( Palamedea , L. ^
Représentent , à beaucoup d'égards , les jacanas ^
mais en Irès-grand^ par les deux forts ergots qu'ils
portent à chaque aile, par leurs longs doigts sans
palmures et par leurs ongles forts , surtout celui
du pouce, qui est long et droit comme aux alouettes;
mais leur bec , peu fendu , est peu comprimé , non
renflé, et sa mandibule supérieure légèrement arquée.
Leurs jambes sont réticulées.
On n'en connaît bien qu'une espèce ( palamedea cor-
nuta , L.), enl. 45i, anhima au Brésil, caniouche k
Cayenne^ etc., plus grande que l'oie, noirâtre, avec une
tache rousse à l'épaule, et dont le sommet de la télé porie
lin ornement singulier ) une longue tige cornée mince
et mobile. Cet oiseau se tient dans les lieux inondés de
l'Amérique méridionale , et fait entendre de loin les cclats
d'une voix très-forte. Il vit par paires avec beaucoup de
fidélité. On a dit qu'il chassait aux reptiles ; mais quoique
son estomac soit peu musculeux , il ne se nourrit guère
que d'herbes et de graines aquatiques (i).
Le Chaïa du Paraguai , d'Azz. (Chauna, Illiger.) Parra
chavaria , L.
Paraît au moins fort voisin du palamedea ; sans corne
sur le-vertex : son occiput esl orné d'un cercle de plumes
relevées , et sa tête et le haut de son cou ne sont revêtus
que de duvet. Le reste de son plumage est plombé et noi-
jWi' I " ' '< " ' '■' I II ^ ■un iri i.i II mi. ■: M I .......
(i)Bajon . Mt'nî. sur Cayenne 5ÏI. a84.
bOO OISEAUX
râlre. ïl mange surlout des lierbes aquatiques^ et les Indiens
de Carlliagène en élèvent quelques individus dans leurs
troupeaux d'oies et de poides , parce qu'on le dit fort cou-
rageux et capable de repousser même le vautour. Un
phénomène singulier, c'est que sa peau, même celle de
ses jambes, est enflée par l'air interposé entre elle et la
cliair et craque sous le doigt (i).
Dans la tribu dont les ailes ne sont point ar-
mées ^Linnœus comprend, sous le genre jfulica:,
ceux dont le bec se prolonge en une sorte d'é-
cusson qui recouvre le front ; et sous le genre
rallus 5 ceux qui n'ont point cette particu-
larité.
Les Râles. (Pvallus, L. )
Qui d'ailleurs se ressemblent beaucoup entre eux,
présentent àe.s becs de proportions très-différentes.
Parmi les espèces qui l'ont plus long (Rallus, Bechst. )
on compte ^
Le Raie cfeau d'Europe. {Rallus aquaiicus , L. ) Enl. 749.
Brun-fauve, tacheté de noirâlre dessus, cendré bleuâtre
dessous, à flancs rajés de noir et de blanc _, commun
sur nos ruisseaux et nos étangs, oi^i il nage assez bien
et court légèrement sur les feuilles des herbes aquatiques,
se nourrissant de petites crevettes ; sa chair sent le
marais (2),
(1) Je n'ai point vu cet oiseau^ il paraît cepeudant qu'il a une demi-
palmure entre le doigt externe et celui du milieu , ce qui l'éloignerait du
kamiclii.
(•2) Joignez, aux raies d'eau les rallus Kirginiamis, Edw. Q79. — longi-
rosLris , enl. 849' — varie^^aLus , cnl. 775. — Philipyensis , enl. 77^. —
ÉcHAssiERs. Soi
D'autres espèces (Grex, Bechstein) ont le bec plus court.
On y range
Le Raie de genêts , vuîg. Rni des cailles. {Ralhis creXj L.)
Enl. 750.
Brnn-fauve, tacheté de noirâtre dessus, grisâtre dessous,
à flancs rayés de noirâtre , à ailes rousses. Il vit et niclie
dans les champs , y courant dans l'herhe avec beaucoup
de vitesse. Son nom latin crex est l'expression de son cri.
On l'a appelé roi des cailles, parce qu'il arrive et part
avec elles , et vit solitaire dans les mêmes terrains , ce
qui a fait croire qu'il les conduisait. Il se nourrit de
graines aussi-bien que d'insectes et de vermisseaux.
La RIarouette ou petit Raie tacheté. ( Rallus Porzana. L. )
Enl. 761.
Brun-foncé, piqueté de blanc, à flancs rayés de blan-
châtre ; se tient près des étangs , fait avec du jonc un
nid en forme de nacelle qu'elle attache à quehjue lige
de roseau ; nage et plonge fort bien, et ne quitte notre
pays que dans le fort de l'hiver ([).
Le genre Fulica. L.
Peut se subdiviser comme il suit , d'après la
forme de son bec et les garnitures de ses pieds.
Les Poules d'eau. ( Gallinula , Briss. et Lath. )
Ont le bec à peu près comme le raie de terre, dont elles
torquatus ; — strlaUis ; \efuUca Cayennensis , qui est un vrai raie, enl.
352 ,et même le rallus fucus , enl. 776, quoique cekû-ci commence à avoir
un bec phis court. Il paraît qu'on doit y joindre aussi le rallus Carohnus,
Edw. i44 > q"' ^^ diffère du nôtre que par sa gorge noire.
(1) Parmi les raies à bec court peuvent se ranger les rallus phœnîcurus
dont Buffon fait sans sujet une poule d'eau ;, enl. 896. — Cayaiiensis , enl.
753 et 368. — minutus , enl. 847. — Janiaiceiisis , Edw. 278.
Le rallus Bcn^aUnsls est une rhjnchée. Je ue coauais pas les autres.
502 OISEAUX
se disliiiguent par la plaque du front, et par des doigts fort
longs et munis d'une bordure très-étroite.
La Poule d'eau commune. {Fulica cJiloropus, L.) Enl. 877.
Brun-foncé dessus, gris d'ardoise dessous, avec du Liane
aux cuisses, le long du milieu du bas-ventre et au bord
extérieur de l'aile. Les jeunes {Fulica fusca ^ Gm.), pou-
lette d'eau , BuiF. , sont plus claires et ont la plaque fron-
tale plus grande.
La Poule d'eau tachetée ou Grinetie {Fulica nœ\>ia)*
B.essemble au raie de terre, même par sa teinte brun-
fauve , tachetée de noirâtre , l'aile et le dessous ont des
stries transvers€s brun-noirâtre sur un fond fauve.
Les Talèves ou Poules stTLTA^■ES. (Porphyrio, Briss.)
Qui ont le bec plus liant relativement à sa longueur; les
doigts très-longs, presque sans bordure sensible, et la plaque
frontale considérable , tantôt arrondie , tantôt carrée dans
le haut. Ils se tiennent sur un pied en portant de l'autre
les alimens au bec. Leurs couleurs sont généralement de
belles nuances de violet , de bleu et d'aiguë -marine.
Telle est
La Poule sultane ordinaire. {Fulica porphj-rio , L.)
Enl. 810.
Bel oiseau d'Afrique naturalisé aujourd'hui dans plu-
sieurs îles et côtes de la Méditerranée. Sa beauté pourrait
faire l'ornement de nos parcs (i).
Enfin, les Foulques proprement dites ou Morelles ,
(FuL-icA, Brisson. )
Qui joignent à un bec court et à une plaque frontale
(1) hesi fulica maculata , Jlavipcs el/istulanf, ne reposent originairement
que sur de mauvaises ligures donne'es par Gesner , d'aniès les dessins qui
Ini avaient été envoyés. Mulalç:^ fulica ïi/artiiicensis t*. flm'iroUris sont
de vraies talcves.
ÉCHASSIERS. 5o3
consîtîérable des doigts fort élargis par une "bordure fes-
tonnée , qui en font d'excellens nageurs ; aussi passent-elles
toute leur vie sur les marais et les étangs. Leur plumage
lustré ne s'accommode pas moins que leur conformation à ce
genre de demeure, et ces oiseaux établissent une liaison
marquée entre l'ordre des oiseaux de rivage et celui des
palmipèdes.
Nous n'en avons qu'un.
ha. Foulque ou Morelle tV Europe. {Fulica atra^ F, aterriniaj
et F, œthiops , Gm. ) Enl. 197.
De couleur foncée d'ardoise à plaque du front, et bord
des ailes de couleur blancbe : commune partout où il y
' a des étangs.
Nous terminerons ce tableau des échassîers
par deux genres qu'il est difficile d'associer à
d autres , et que l'on peut considérer comme
formant séparément de petites familles.
Les Giaroles ou Perdrix de mer. ( Gla-
REOLA ^ Gni.)
Leur bec est court, conique, arqué tout entier,
assez fendu et ressemblant à celui d'un gallinacé.
Leurs ailes excessivement longues et pointues, leur
queue souvent fourchue , rappellent le vol de Tbi-
rondelle (i) ou des palmipèdes de haute-mer ; leurs
jambes sont de hauteur médiocre, leur tarse écus-
sonné , leurs doigts externes un peu palmés et leur
pouce touche la terre. Elles volent en troupes et
(i) Linnœus (Edit. XII) avait même rangé l'espèce comin^Jifte .dans ic^,
genre liiiundo; sous le nom d'hir. Pratinçoh. '^''^- ^
5o4 OISEAUX
€11 ciiaot aux Lords des eaux. Les vers et les in-
sectes aquatiques font leur nourriture.
Uespèce d'Europe. ( Glareola yiustriaca , Gm. ) Enl. 882.
Est brune dessus , ]>lanclie dessous et au croupion ; sa
gorge est entourée d'un cercle noir ; la hase de son bec
et ses pieds sont rougeâtres. Il paraît qu'on la trouve dans
tout le nord de l'ancien Monde (i).
Les Flâ3IMANTS. (PnOENICOPTERUS. L.)
Forment le plus singulier de ces genres et l'un des
plus extraordinaires parmi tous les oiseaux ; leurs
jambes, d'une hauteur excessive, ont les trois doigts
de devant palmes jusqu'au bout, et celui de derrière
extrêmement court 3 leur cou, non moins grêle ni
moins long que leurs jambes, et leur petite tête, por-
tent un bec dont la mandibule inférieure est un ovale
ployé longitudinalement en canal demi-cylindrique,
tandis que la supérieure oblongue et plate est plojée
en travers dans son milieu pour joindre l'autre exac-
lemenl. La fosse membraneuse des narines occupe
presque totit le côté de la partie qui est derrière le
pli transversal, et les narines elles-mêmes sont une
fente longitudinale du bas de la fosse. Les bords des
deux mandibules sont garnis de petites lames trans-
versales très-fines, ce qui, joint à lépaisseur charnue
de la langue, donne à ces oiseaux quelque rapport avec
les canards. On pourrait même placer les flammants
parmi les palmipèdes, sansla hauteur de leurs tarses et
la nudité du bas de leurs jambes. Ils vivent de coquil-
(i) Glareola nœviu . Gu). n'a rien cl'aLUlicnliqnc.
ÉCHASSIERS. 5o5
lages^d'insGcles, d'œufs de poissons qu'ils pèchent au
moyen de leur long cou, et en retournant leur tète
pour employer avec avantage le crochet de leur bec
supérieur. Ils font dans les marais un nid de terre élevé
où ils se mettent à cheval pour couver leurs œufs ,
parce c{ue leurs longues jambes les empêchent de s'y
prendre autrement.
L'espèce commune. (Phœnicoptcrus ruber.) Enl. 68.
Cales])y, 75.
Paraît répandue surtout !e globe au dessous de 4o à 4^
degrés; haute de trois et quatre pieds, cendré blancîiâtre la
première année , elle prend du rose vif aux ailes la seconde ;
et devient pour toujours, la troisième, d'une couleur de feu
clair. Les pennes des ailes sont noires j le bec jaune et noir
au bout, les pieds ])ruiis.
On voit des troupes nombreuses de ces oiseaux sur nos
cotes méridionales^ elles remontent quelquefois jusque vers
le Rbin.
LE SIXIÈME ORDRE DES OISEAUX OU
LES PALMIPÈDES.
Leurs pîeds faits pour la natation , c'est-a-
clire implantés à l'arrière du corps , portés sur
(les tarses courts et comprimés, et palmés entre
les claigts, les caractérisent. Leur plumage serré,
lustré 5 imbibé d'un suc huileux , garni près de
la peau d'un du\et épais , les garantit contre
l'eau, sur laquelle ils vivent. Ce sont aussi les
seuls oiseaux où le cou dépasse et c[uek|uefois
5o6 OISEAUX
de beaucoup la longueur des pieds, parce qu'en
nageant à la surface ils ont souvent à chercher
dan^ la profondeur. Leur sternum est très-
long , garantissant bien la plus grande partie de
leurs viscères ; et n'ayant de chaque côté
qu'une échancruré ou un trou ovale garni de
membranes. Ils ont généralement le gésier
musculeux , les cœcums longs et le larynx in-
férieur simple 5 mais renflé dans une famille en
capsules cartilagineuses.
Cet ordre se laisse assez nettement diviser
en quatre familles.
Nous le commencerons par celle
des Plongeurs ou Brachyptères.
Dont une partie a quelques rapports exté-
rieurs avec celle des poules d'eau ; les jambes
implantées plus en arrière que dans tous les
autres oiseaux , leur rendent la marche pénible
et les obligent à se tenir a terre dans une posi-
tion verticale. Comme d'ailleurs la plupart sont
mauvais voiliers , que plusieurs ne peuvent
même point voler du tout , à cause de l'ex-
cessive brièveté de leurs ailes , on peut les re-
garder comme prescpie exclusivement attachés
h la surface des eaux; aussi leur plumage est-il
des plus serres; souvent même offre-t-il une sui^-
PALMIPÈDES. 007
face lîsseet laiéclatargenté.lis nagent sous l'eau
en s'aidanC de leurs ailes , presque comme de
nageoires. Leur gésier est assez musculeux ,
leurs cœcums médiocres ; ils ont uii muscle
propre de chacjue côté à leur larynx inférieur.
Parmi ces oiseaux le genre des
Plongeons. (CoLYMBus. L.) (i).
N'a pour caractère particulier qu'un bec lisse, droit,
comprimé, pointu, et des narines linéaires ; mais la
différence de ses pieds l'a fait subdiviser.
Les Grèbes. Brlss. (Podiceps. Lath. Colymbus. Briss.
et llliger. )
Ont au lieu de vraies palmures les doigts élargis comme
clans les poules cl'eau et les antérieurs réunis seulement à leur
hase par des membranes. L'ongle du milieu est aplati ; le
tarse fortement comprimé, l'éclat métallique de leur plumage
l'a souvent fait employer comme fourrure. Leur tibia j ainsi qne
celui du sous-genre suivant^ se prolonge vers le liaut en une
pointe qui donne des insertions plus efficaces aux extenseurs
de la jambe.
Ces oiseaux vivent sur les lacs et les étangs ^ et niclient dans
les joncs. Il paraît qu'ils portent dans certaines circonstances
leurs petits sous leurs ailes. Leur taille et leur plumage clian-
gent tellement avec l'âge, que les naturalistes eu ont trop
multiplié les espèces. M. Meyer réduit celles d'Europe à
quatre.
Le Grèbe huppe'. ( Col. cristatus. Gm. Enl. 4oo et 944*
Col. uriiiator. Gm» Enl. 94 ï*
Grand comme un canard, bran-noir dessus, blanc d'ar-
(i) Colymbus. Nom grec de ces oiseaux.
5o8 OISEAUX
gent dessous, une bande Manclie sur l'aile ; avec l'âge il
prend une double liuppe noire, et les adulles ont de plus
une large collerette rousse bordée de noir au haut du col.
Le Grèbe cornu. ( CoL cornutus. Enl. 4o4. 2. Col. ohs-
ciirus. Enl. 942. et CoL caspicus. Gm. )
Semblable au précédent pour la forme , mais la collerette
de l'adulte noire 5 ses liuppes et le devant de son col roux.
Sa taille est d'ailleurs bien moindre.
Le Grèbe à joues grises. ( Col. suhcrislaius j parotis et
ruhricollis. Enl. 94?.)
A aussi le devant du cou roux, mais les buppes de l'adulte
sont petites et noires, et sa collerette très-courte et grise. Sa
taille le place entre les deux précédens.
Le petit Grèbe ou Caitagneux. ( Col, minor. Gm. ) Enl. QoS.
Grand comme une caille, n'a jamais de crête ni collerette,
son plumage est brun, plus ou moins nuancé de roux,
excepté à la poitrine et au ventre, 011 il est gris argenté. Les
jeunes ont la gorge blancbe.
Les Plo^geoas proprement dits. (Mep.gus. Briss. (i)
CoLYMBus. Latb. EuDYTEs. Illiger. )
Ont avec toutes les formes des grèbes, les pieds des palmi-
pèdes ordinaires; c'est-à-dire, les doigts antérieurs unis jus-
qu'au bout par des membranes et terminés par des ongles
pointus. Ce sont des oiseaux du nord, Cjui niclient rarement
cbez nous et nous arrivent en biver. Alors nous voyons quel-
quefois sur nos cotes
Le grand Plongeon. ( Col. glacialis. Enl. 9j2. Col. arc-
ticus. Edw. 14^^ et Col, immer. Gm. Enl. 9i4.)
Dont l'adulte long de deux pieds et demi, a la tête et le
cou noirs clianceant en vert avec un collier blanebâtre; le
(i) Mergus (plongeur) , nom latin d'un oiseau de mer diriîcile à déter-
miner- Linnacus d'après Gesner , Ta appliqué au harle. Eudytes nom com-
posé par M. Illiger, a le même sens en grec.
PA.LMIPÈDES. Sog
tlos briin-noirâlre piqueté de blanchâtre ^ et le dessousbîanc.
Les jeunes j qui viennent plus souvent sur nos eaux douces^
varient diversement pour le plus ou moins de noir du cou
et le gris ou le brun du dos, ce qui^ joint à leur moindre
taille y a fait multiplier les espèces.
Le petit Plongeon. {Col septentrlonalis. Eul. 3o8 et Col.
Stellaius. Gm. Enl. 992.)
Le mâle adulte est brun dessus^ blanc dessous, la face
et les côtés du cou cendré; le devant du cou roux. La
femelle et les jeunes sont bruns piquetés de blanc dessus,
tout blancs dessous.
Les GuiLLEMOTs. (Ukia. Briss. et 111. (i).)
Ont avec la forme générale du bec des précédens, des
plumes jusqu'à la narine, et une écliancrure de la pointe
qui est un peu arquée. Mais leur principale distinction est de
manquer de pouce. Leurs ailes, beaucoup plus courtes encore
que dans les plongeons , suffisent à peine pour les faire voleter.
Ils vivent de poissons, de crabes, se tiennent dans les rochers
escarpés et y pondent.
L'espèce connue dite Grand Guillemot, {Colj'mhustroile»
L. ) Enl. 900.
Est de la taille d'un canard , la tête et le cou bruns, le
dos et les ailes noirâtres, le ventre blanc, une ligne blanche
sur l'aile, formée par les bouts des pennes secondaires.
Elle habite dans le fond du nord ; niche cependant sur
les côtes rocailleuses d'Angleterre et d'Ecosse, et nous
vient dans les grands hivers.
On pourrait encore séparer des guillemets
(1) Uria, nom grec ou plutôt latîn d'un oiseau aquatique qui paraît avoir
été un plongeon ou un grèbe. Guillemot , nom anglais de noire ciseau ,
doit indiquer sa stupidité.
5 1 0 OISEAUX
Les Cephus (vulg. Colombes du Groeland.) (i).
Dont le bec est plus court, à clos plus arqué, et sans
échancrure. La sympliise de leur mandibule inférieure est
extrêmement courle. Leurs ailes sont plus fortes et les mem-
branes de leurs pieds assez écbancrées.
L'espèce la plus connue, dite Petit Guillemot ou Pigeon
de Groenland» ( Cofymbus minor et Grjlle. Gm. ) Enl.
^ 917-
De la taille d'un bon pigeon , est noire dessus , blanclie
dessous, avec un trait blanc sur l'aile comme au guillemot.
Son bec est noir et ses pieds rouges. Il y en a des indi-
vidus diversement tacbelés. ( C. Marmoratus. Penn. arct.
Zool. II, pi. 22, 2. et Friscli. Supp. B. i85.); d'autres avec
les couvertures de l'aile blancbe. [C, Grj-lle. Alb. 11. 80) et
même de blancs. ( Col. Lacteolus. Pall. ) (2), Elle liabile
toutes les côles du nord; niche sous terre. Nous la voyons
aussi quelquefois en hiver.
Le genre des
Pingouins. (Alca. Lin. )
Se reconnaît à son bec très-comprimé , élevé vertica-
lement, tranchant par le dos, ordinairement sillonné
en travers , à ses pieds entièrement palmés et man-
(ï) Cephus, nom d\m oiseau de mer souvent meniionné par les Gre.j- , r^
qui paraît avoir été quelque espèce de pétrel ou de mouette. Il a été appliqué
par Mœring et ensuite par Pallas aux plongeons et aux guillemots.
(a) Edvv. 5o , que l'on rapporte au petit guillemot ou cephus me paraît
avoir le bec bien plus long. J'en dis autant des oiseaux figurés par Penn.
Brit. Zool. n. pi. 83. i. Ce sont des gnillemots proprement dits. — Au
contraire, Valca aile , Peunt. Brit. Zool. 11. pi. 82 , i , Alb. i. 85, appar-
tiennent aux cephus. — Edw^. 91. qu'on lui associe ne paraît même qu'une
variété du coîymhus gry'lle. il me semLle en être de mètne de Briss. \I.
pi. 8. f. a. que Ton cite sous «/ca /j/ca.
PALMIPÈDES. 5ll
quant de pouces comme ceux des guillemols. Tous
ces oiseaux habitent les mers du Nord.
H peuvent encore être subdivisés en deux sous-genres.
Les Macareux. (Fratercula. Briss. Mormon. 111.)
Dont le bec plus court que la tête est autant et plus élevé
à sa base qu'il n'est long, ce qui lui donne une forme très-
extraordinaire ; une peau plissée en garnit ordinairement la
base. Leurs narines placées près du bord, ne sont que des
fentes étroites. Leurs petites ailes peuvent encore les soutenir
un instant j ils vivent sur la mer comme les guillemots et ni-
chent sur les rochers.
Le Macareux le plus commun. '{ Alca arciica, L, et
Lahradoria. Gm. ) Enl. 275.
De la taille d'un pigeon, a la calotte et le manteau noir
et tout le dessous blanc. Il nicbe quelquefois sur les côtes
escarpées de l'Angleterre et abonde sur les nôtres en bi-
ver (1).
Les Pingouins proprement dits. (Alca. Cuv. ) (2).
Ont le bec plus allongé et en fwme de lame de couteau ; les
plumes en garnissent la base jusqu'aux narines; leurs ailes
sont décidément trop petites pour les soutenir et ils ne volent
point du tout.
Nous voyons quelquefois sur nos côtes en hiver
(1) Ajoutez les alca cristalella. — A. tetracula. — A. pslttacula. —
A. cirrhata , toutes espèces du nord de la mer Pacifique. Pallas.
Spic. V.
(2) Alca , alk , auk ,nom du pingouin aux îles de Feroe, et dans le nord
de l'Ecosse. Celui de pingouin , donné d'abord aux manchots du Sud ,
par les Hollandais , indique leur graisse huileuse. Voyez Clusius, Exot.
ïoi. C'est Buffon qui a transféré exclusivement ce nom aux algues du
Kord.
5i2 OISEAUX
Le Pingouin commim, {Alca torda et j)ica. Gm.) EtA.
ioo5, 1004.
Noir dessus^ blanc dessous; une ligne blanche sur l'aile
et une ou deux sur le bec. Le maie a de pjus la gcrge noire
et un trait blanc de l'œil au bec. La taille de cet oiseau est
à peu près de celle du canard.
Le grand Pingouin. {Alca impennis. L. ) Enl. 55^.
Approche de celle de l'oie ; ses couleurs sont à peu près
celles du précédent; mais son bec est tout noir, marqué de
huit ou dix sillons et il a une tache blanche ovale entre le
bec et l'œil; ses ailes sont plus petites à proportion que
dans aucune espèce de ce genre. On dit qu'il ne pond qu'un
grand œuf ^ tacheté de pourpre.
Le genre des Manchots. (Aptenodytes. Forst.)
Est encore moins volatile que les pingouins; ses pe-
tites ailes ne sont garnies que de vestiges de plumes,
au premier coup d'oeil presque semblables à des
écailles; leurs pieds plus en arrière que dans aucun
autre oiseau j ne les soutiennent qu'en s'appuyant sur
le tarse, qui est élargi comme la plante du pied d'un
quadrupède et dans l'intérieur duquel on trouve trois
os soudés ensemble parleurs extrémités. Ils ont d'ail-
leurs un petit pouce dirigé en dedans, et leurs trois
doigts antérieurs sont unis par une membrane entière.
On n'en trouve que dans les mers Antarctiques où
ils ne viennent à terre que pour nicher. Us ne vont à
leurs nids qu'en se traînant péniblement sur le ventre.
Leur bec peut les faire diviser en trois sous-genres.
Les Manchots proprement dits. (ApTENODYxrs.Cuv.)
L'ont grêle, long, pointu; la mandibule supérieure un
peu arquée vers le bout; couverte de plumes jusqu'au tiers de
PALMIPÈDES.. 5l3
sa longueur ou est la narine et d'où part un sillon qui s'étend
jusqu'au bout.
Le grand Manchot. ( ^pt. patagonica, Gm. ) Enl. gyS.
Est de la taille d'une oie , ardoisé dessus , blanc dessous ,
à masque noir, entouré d'une cravatte citron. Il babite en
très-grandes troupes aux environs du détroit de Magellan et
jusqu'à la Nouvelle-Guinée. Sa cbair, quoique noire, est
mangeable.
Les Gorfous. ( Catarrhactes. Briss.) (i).
Ont le bec fort, peu comprimé, pointu, à dos arrondi, la
pointe un peu arquée ; le sillon qui part de la narine se ter-
mine oblique ment au tiers inférieur du bord.
Le Gorfou sauteur. ( y^pt. chrysocoma. Gm. ) Enl. 984»
Est grand comme un fort canard , noir dessus , blanc
dessous, et porte une buppe blancbe ou jaune de cbaque
côlé de l'occiput. On le trouve aux environs des îles ?da-
louines et de la Nouvelle-Hollande. Il saute quelquefois au-
dessus de l'eau en nageant, et fait ses œufs dans un trou
sur la terre (2).
Les Sphénisques. (Spheniscus. Briss.) (5).
Ont le bec comprimé, droit , irrégulièrement sillonné à sa
base , le bout de la mandibule supérieure crocbu , celui de
l'inférieure tronqué , les narines au milieu, et découvertes.
(i) Gorfou, corrompu de goirfugel, nom du grand pingouin aux îles
de Féroc. Voyez Clusius , Exot. 567. Catarrhactes est le nom grec d'un
oiseau très-différent , qui volait très-bien , et qui se précipite de haut sur
sa proie. C'était probablement une espèce de mouette.
(1) Ajoutez yipt. catarrhactes , Edw. 49- — Apt. papua , Sonnerat.
P'" Voj. pi. II 5. — jipt. torquala , ib. pi. 114. — -^^pt- minor. Latham,
Syn. I II , pi. io3.
(3) Spheniscus, nom donné , par Moehring^ aux macareux, et par
Brisson, aux manchots j de Sîfm' (coi;i )%
ïOME I. 33
5l4 OISEAUX
Le Sphénisque du Cap. ( Apt, demersa. Gm. ) Enl. 382
et ioo5.
V
^ Noir dessus , blanc dessous , le bec brun , arec une bande
blanche au milieu : le mâle a de plus un sourcil blanc, la
gorge noire , et une ligne noire dessinée sur la poitrine , et
se continuant le long de chaque flanc. Il habite surtout
aux environs du Cap , ou il niche dans les rochers (i).
La famille des Longipennes ou Grands
VOILIERS.
Comprend les oiseaux de haute mer, qui,
au moyen de leur vol étendu , se sont répandus
partout, et que les navigateurs observent dans
toutes les plages. On les reconnaît a leur pouce
libre ou nul , à leurs très-longues ailes et à
leur bec sans dentelures , mais crochu au bout
dans les premiers genres , et simplement pointu
dans les autres. Leur larynx inférieur n'a qu un
muscle propre de chaque côté ; leur gésier est
musculeux et leurs cœcums courts.
Les PÉTRELS. (Procellaria. Lin.)
Ont le bec crochu par le bout, et dont Fextrémité
semble faite dîme pièce articulée au resle; leurfi na-
rines sont réunies en un tube couché sur le dos de
la mandibule supérieure ; leurs pieds n'ont , au lieu
de pouce, qu'un ongle implanté dans le talon. Ce
sont, de tous les palmipèdes, ceux qui se tiennent
(ji) Aptenod, lorquata ne paraît pas Icaucoup diffcrer à^apt. demersa.
PALMIPÈDES. 5l5
le plus constamment éloignés des terres ; aussi ,
quand une tempête approche , sont-ils souvent obli-
gés de chercher un refuge sur les écueils et sur les
vaisseaux ; ce qui leur a valu le nom d'oiseau de
tempête. Celui de pétrel ( petit Pierre ) leur vient
de l'habitude de marcher sur Teau en s'aidant de leurs
ailes. Ils font leurs nids dans les trous des rochers ,
et lancent sur ceux qui les attaquent un suc huileux
dont il parait qu'ils ont toujours l'estomac rempli.
Le plus grand nombre des espèces habite les mers
du côté du pôle antarctique.
Ou nomme plus particulièrement Pétrels , ceux dont la
mandibule inférieure est tronquée.
La plus grande espèce , Pétrel géant , Quebranta huessos
ou Briseur d'os ( Procell. gigantea , Gm. ) , Lath. ,
Syn. III, pi. 100,
N'habite que les mers australes , et surpasse l'oie en gran-
ideur. Son plumage est noirâtre dessus et blanchâtre des-
sous.
On trouve dans les mêmes mers
he Damier j Pétrel du Cap, Pintado j etc. {Proc. Ca-
pensis. ). Enl. 964.
De la taille d'un petit canard , tacheté en dessus de noir
et de blanc, blanc en dessous. Les navigateurs eu parlent
souvent.
' Nous voyons quelquefois sur nos côtes
Le Pétrel gris-blanc, ( Proc. glacialis, ) Enl. 69.
Blanc , à manteau cendré , à bec et pieds jaunes , de la
taille d'un gros canard. Il niche sur les côtes escarpées des
îles britanniques et de tout le nord.
Mais l'espèce la plus connue sur toutes les mers , et plu»
particMlièreaient uoîomf^e
5l6 OISEAUX
U Oiseau de Tempe'te ( Proc. pelagica) , Bnss. , YI,
XIII y I (i).
IN'est guère plus grande qu'vine alouette , haute sur jam-
bes, toute brune, hors le croupion > qui est blanc. Quand
elle cherche uu abri sur les vaisseaux , c'est un signe d'ou-
ragan.
Nous séparons , avec Brisson j sous le nom de
PUFFINS ( PUFFINUS ) (2) ,
Ceux où le bout de la mandibule inférieure se recourbe vers
le bas avec celui de la supérieure , et oii les narines , quoique
tubuleuses, s'ouvrent y non point par un orifice commun,
mais par deux trous distincts. Leur bec est plus allongé à pro-
portion.
Le Puffin cendré. ( Proc. piiffinus. Gm. ) Enl. 962.
Est cendré dessus , blanchâtre dessous , et a les ailes et
la queue noirâtres : sa taille est celle d'un pigeon. Il niche,
comme le pétrel gris-blanc, dans les rochers de l'Angle-
terre, de l'Ecosse et des îles voisines (3).
On juge par les descriptions incomplètes de Forster , qu'il
doit y avoir , parmi les nombreux oiseaux des mers An-
tarctiques , indistinctement appelés pétrels, deux groupes
qui peuvent faire des genres particuliers.
Les Pélécats'oÏdes, Lacép. (Halodroma , llîig. )
Qui , avec le bec et les formes des pétrels ou des puffins ,
auraient la gorge dilatable comme les cormorans , et manque-
raient tout-à-fait de pouce comme les albatrosses ( ProceZ/«77rt
urinatrix , Gm. ), et
(î) La fig. enl. 99"^ , est une espèce voisine, des mers du Sud.
(ji) Puffin , nom du macareux , sur les côtes d'Ecosse.
(3) Ajoutez procell. ohscura. — Et proc. paci/lca , qui n'est peut-être
pas différent du procelL œquinoctialis. Edw. 89,
PALMIPÈDES. 5l7
Les Prions . Lacép. (Pachyptila , lllig. )
Qui , semblables d'ailleurs aux pétrels , auraient les narines
séparées comme les puffins, le bec élargi à sa base, et ses
bords garnis extérieurement de lames comme les canards.
( Les Pétrels bleus , procell. "vittata et cœrulea y Gm. ) (i).
Les Albatrosses. ( Diomedea. Lin. )
Sont les plus massifs de tous les oiseaux d'eau.
Leur bec , grand , fort et tranchant , a des sutures
marquées , et se termine par un groc croc qui y
semble articulé ; leurs narines sont en forme de rou-
leaux y courts y couchés sur les côtés du bec ; leurs
pieds n'ont point de pouce , ni même ce petit ongle
qu'on remarque dans les pétrels. Ils habitent tous
les mers Australes , vivent de frai de poisson^ de mol*
lusques , etc.
L'espèce la plus connue des navigateurs ( Diomedea exu^
lans y Lin. ) , enl. 25/ ,
Est nommée par eux mouton du Cap, à cause de sa gran-
deur y de son plumage blanc à ailes noires y et parce qu'elle
est surtout abondante au delà du tropique du Capricorne.
Les Anglais l'appellent aussi vaisseau de guerre , etc. C'est
un grand ennemi des poissons volans. Elle fait un nid de
(i) Peut-être sera-t-il à propos de distinguer aussi , lorsqu'on les con-
noîtra mieux , les espèces à queue fourchue ( Proc. frei^atta ) Rochef.
Antill. pi. iS-x. — Proc.furcata. — Proc. marina. — Proc.fuliginosa,
(2) Diomedea , noms anciens de certains oiseaux habftans de l'île de
Dioraède , près de Tarente, et que l'on disait accueillir les Grecs, et se
jetter sur les Barbares. Quant au mot albatros , je vois que les premiers
navigateurs portugais ont appelé les fous, et d'autres oiseaux de mer ,
a'catros y ou olcaLras. Dampierre a appliqué ce nom au genre actuel j
Grew Ta changé en alhltros ^ et Edw. en albatros.
Ol8 OISEAUX
terre élevé , et y pond des œufs nomBrcux et bons à maîfs-^
ger. On dit sa voix aussi forte que celle de l'âne.
On a observé divers albalrosses plus ou moins bruns ou
noirâtres; mais on n'a pu encore constater jusqu'à quel
point ils forment des variétés ou des espèces distinctes (i).
Les Goélands, Mauves , Mouettes. (Larus. L. ) (2).
Ont le bec comprimé , allongé , pointu , sa man-
dibule supérieure arquée vers le bout, l'inférieure
formant en dessous un angle saillant. Leurs narines,
placées vers le milieu , sont longues y étroites et per-
cées à jour ; leur queue est pleine , leurs jambes as-
sez élevées, leur pouce court. Ce sont des oiseaux
lâches et voraces , qui fourmillent sur les rivages de
la mer , se nourrissant de toute espèce de poissons ,
de chair de cadavres , etc. Ils nichent dans le sable
ou les fentes des rochers , et ne font que peu d'œufs»
Lorsqu'ils s'avancent dans les terres , c'est un signe
de mauvais temps. 11 s'en trouve plusieurs espèces
sur nos côtes ; et, comme leur plumage varie beau-
coup avec l'âge, on les a encore multipliées.
Buffon nomme
Goélands
Les grandes espèces qui surpassent la taille àxx canard.
L'un des plus grands est
(i) Tels senties diom. spadicea, enl. 963. — D. chlororliy^nckos ,
L.ith. Syn. ÎII. pi. 94. — DtfuUginosa.
(a) Larus , nom grec de ces oiseaux; gavia en latin , d'où gabian en
provençal 5 en fiançais , on les nomme viauves ou vioueUes de leur nom
allemand moewe., goéland , employé pour la première fois par Feuillée ,
a'esi qu'une torvijp'iwn de leur nom anglais guU , gidl-sni.
PALMIPÈDES. 5l9
Le Goéland à manteau noir {Larus marinus et nœvius ,
Gm. ) , enl. 990 et 266,
Qui , d'abord laclieté de blanc et de gris , devient en-
suite tout blanc , à manteau noir 5 le bec jaune , avec une
tache rouge en dessous ; les pieds rougeâtres.
Le Goéland à manteau gris ( Larus glaucus et Lar. ar-
gentatus , Gm. ) , enl. 255 y
Ne lui cède guère : il n'en diffère que par son manteau
cendré-clair. Le jeune est aussi tacheté.
Les MArvEs ou Mouettes sont les espèces plus petites.
La Mouette à pieds bleus. {Larus cjanorlijnchus , Mejer, )
Enl. 977.
Est , dans son dernier âge , d'un beau blanc , à manteau
cendré-clair ; les premières pennes de l'aile en partie noi-
res , avec des taches blanches au bout j son bec et ses pieds
de couleur plombée. Elle vit beaucoup de coquilles. Elle
devient quelquefois toute blanche. {Larus eburneus.Gm.)
Enl.
ha Mouette à pieds rouges, {Larus canuSy Lar ridibundus;
Lar.hjbernus'y Lar. atricilla , et Lar. erythropus.Qva. )
Enh 994.
Est à peu près semblable à la précédente , excepté qu'elle
a, dans son premier âge, le bout de la queue noir, et du
noir et du brun sur l'aile : la tête de l'adulte devient brune
ou noire au printemps , et reste ainsi tout l'été (enl. 970) ;
son bec et ses pieds sont plus ou moins rouges. On l'a
nommée, d'après son cri ^ mouette rieuse.
La Mouette à trois doigts. { Larus tridactUus , et Lar»
rissa. G m. )
Encore fort semblable aux précédentes , se distingue par
un pouce très-court et injparfait. Jeune , elle est plus ou
moins tachetée de brun ou de noir (enl. SS-j ),
520 OISEAUX
On a distingué avec raison des goélands et mouettes ordi-
naires j
Les Stercoraires , Briss, ( Labres , BufF. (i) , Lestris j
Illiger ) ,
Où les narines membraneuses , plus grandes que dans les
autres , reportent l'orifice des narines plus près de la pointe et
du bord du bec : leur queue est pointue. Ils poursuivent avec
acharnement les petites mouettes pour leur enlever ce qu'elles
mangent , et même , à ce que quelques-uns disent ; pour dé-
vorer leur fiente. De là leur nom.
Le Lahhe à longue queue. {Larus parasiticus. Gm. )
Enl. 762.
Est brun-foncé, à gorge noire et cou blanchâtre ; les deux
pennes du milieu de la queue excèdent les autres du dou-
ble. Il est très-rare ici.
Le Lahbe à courte queue. { Larus crepidatus , Gm. )
Enl. 991 , ou mieux Edw. i49«
Nous vient un plus peu souvent. Son plumage est brun-
noirâtre , onde de brun -fauve ) la base des premières
pennes de l'aile blanchâtre.
Ces deux espèces vivent surtout dans le nord, comme en
général tous les goélands et mouettes , dont on ne voit
même pas qu'il se soit trouvé aucun dans les parages an-
tarctiques oii les pétrels sont si communs.
Les Hirondelles de mer. (Sterna, L. ) (2).
Tirent leur nom de leurs ailes excessivement
longues et pointues , de leur queue fourchue ^ de
leurs pieds courts qui leur donnent un port et un
(i) Lah ou lahhe f nom de ces oiseaux parmi les pêcheurs suédois.
• (2) Sterna est leur nom anglais, stem ou ler/i , latinisé par Turner , et
admis par Gesner.
PALMIPÈDES. S^I
vol analogues à ceux des hirondelles. Leur bec est
pointu, comprimé, droit, sans courbure ni saillie;
leurs narines vers la base, oblongues et percées de
part en part ; les membranes qui unissent leurs
doigts fort échancrées ; aussi nagent-elles peu. Elles
volent en tout sens et avec rapidité sur les mers,
jetant de grands cris et enlevant habilement de la
surface des eaux les mollusques et petits poissons
dont elles se nourrissent. Elles s'avancent aussi danâ
rintérieur sur les lacs et les rivières.
La plus commune au printemps ,
La grande Hirondelle de mer. ( Sterna hirundo , L. )
Enl. 987.
Est dans son état adulte blanclie , à manteau cendré-
clair , cylotte noire, hec et pieds rouges^ longue d'un pied.
Son envergure en a au moins deux.
La petite Hirondelle de mer. ( Sterna minuta L. ) Enl. 996.
En diffère par sa taille moindre d'un tiers et par son
front blanc.
U Hirondelle de mer noire. { St. nigra ^ St. Jîssipes , et
St. nœvia. ) Enl. 358 et 924.
A la queue moins profondément fourchue. Jeune elle
ressemble assez à la précédente , excepté que. son man-
teau est tacheté de noir. Adulte , elle est presque toute
d'un cendré-noirâtre (i).
On pourrait distinguer des autres hirondelles de mer
Les NoDDis.
Dont la queue n'est pas fourchue et égale presque les
(i) Ajoutez stem. Ca^pia, Gm. Sparrni. Cari. lxii. — St. canUaca ,
siriata et af ricana , Gm. Albin. II. lxxxviii. — Si. leucp'era. Tem.
5^2 - OISEAUX
ailes. Ils ont aussi sons leur bec une légère saillie, premier
incliee de celle des mauves. On n'en connaît qu'un.
Le Noddi noir, oiseau fou , etc. (Sterna stolida ^ L. )
Enl. 997.
Brun - noirâtre , le dessus de la tête blanchâtre , cé-
lèbre parmi les navigateurs par l'étourderie avec laquelle
il vient se jeter sur les vaisseaux (i).
Les Coupeurs -d'eau ou Becs -en -ciseaux.
( Rhynchops ^ L. )
Ressemblent aux hirondelles de mer par leurs
petits pieds, leurs longues ailes et leur queue four-
chue ; mais se distinguent de tous les oiseaux par
leur bec extraordinaire , dont la mandibule supé-
rieure est plus courte que Taulre , et où toutes
deux sont aplaties en lames simples , dont les bords
se répondent sans s'embrasser. Ils ne peuvent se
nourrir que de ce qu'ils relèvent de la surface de
Teau , en volant avec leur mandibule inférieure.
On n'en connaît qu'une espèce.
( Rhjnc/wps nigra , L. ) Enl. SSy.
' Blanche, à calotte et manteau noirs, avec une bande
blanche sur l'aile et les pennes externes de la queue
blanches en dehors. Son bec et ses pieds sont rouges,
et il égale à peine un pigeon. Il habite les mers des
Antilles.
La famille des Totipalmes.
A cela de remarquable , que leur pouce
est réuni avec les autres doigts dans une seule
(1) Le SI. philippensis ( Sonner. , I" Voy. pi. &5 ) , ne paraît pas différer
ûu slolida. — Le st.fuscaùa, Lath. Briss. vi. pi. xxr. i, paraît aussi de
c€ soiis-geme.
PALMIPÈDES. 52.3
membrane , et malgré cette organisation qui
fait de leurs pieds des rames plus parfaites 5
presque seuls parmi les palmipèdes , ils se per-
chent sur les arbres. Tous sont bons voiliers et
ont les pieds courts. Linnœus en faisait trois
genres , dont le premier a du être subdivise'.
Les Pélicans. (Pelecanus, L. )
Comprenaient tous ceux où se trouve à la base
du bec quelque espace dénué de plumes. Leurs na-
rines sont des fentes dont l'ouverture est à peine
sensible. La peau de leur gorge est plus ou moins
extensible , et leur langue fort petite. Leur gésier
aminci forme , avec leurs autres estomacs , un grand
sac. Ils n'ont que de médiocres ou petits cœcums.
Les PÉLICANS proprement dits. ( Onocrotalus , Briss. ^
Pelecanus , Illiger. )
Ont le bec très-remarquable par sa grande longueur, sa
forme droite , large et aplatie ïiorizontalement , par le cro-
chet qui le termine , enfin par sa mandibule inférieure ,
dont les branches flexibles soutiennent une membrane nue
et dilatable en un sac assez volumineux. Deux sillons régnent
sur la longueur, et les narines y sont cachées. Le tour des
yeux nu comme la gorge. La queue ronde. ^
Le Pélican ordinaire. {Pelec, onocrotalus , L. ) Enl. 87»
Grand comme un cygne, entièrement d*un blanc légè-
rement teint de couleur de chair , le crochet du bec rouge
comme une cerise , est plus ou moins répandu dans toul
(1) Pelecanus et onocrotalus sont deux noms grecs latinisés de cet
oiseau.
524 OISEAUX
l'ancien monde ; niclie dans les marais ; ne vit que de
poissons vivans. Il porte, dit-on, des provisions et de l'eau
dans le sac de sa gorge. On n'a point assez déterminé les
variations d'âge de cet oiseau , pour que l'énuméralion des
espèces de son genre soit assurée (i).
Les Cormorans (2). (Phalacrocorax, Briss. , Carbo,
Meyer^ ^ Halieus , Illiger. )
Ont le Lee allongé, comprimé, le Lout de la mandibule
supérieure crochu et celui de l'inférieure tronquée ; la langue
fort petite , la peau de la gorge moins dilatable ; les narines
comme une petite ligne qui ne semble pas percée. Le second
doigt a l'angle du milieu dentelé en scie.
Les Cormorans proprement dits ont la queue ronde de
quatorze pennes. Nous en possédons un
Le Cormoran. {Pelecanus carho , L. ) Enl. 927^.
D'un brun-noir, onde de noir-foncé sur le dos et mêlé
de blanc vers le bout du bec et le devant du cou • qua-
torze pennes à la queue -, le tour de gorge et les joues
blancs dans le mâle, dont l'occiput est aussi huppé. De
la taille de l'oie. Il niche dans les trous des rochers ou
sur les arbres \ fait trois ou quatre œufs.
(1) Je ne vois point de différence entre notre pélican et le pelec. roseus
Sonn. P*" Voy. pi. 54. Quant au pelec. manillensis , id. 53. Sonnerat dit
lui-même qu'il le croit le jeune âge du roseus. Je ne vois pas non plus de
différence entre \efuscus , Edw. gS, et celui de la pi. enl. 965, que
l'on cite sous roseus ^ mais qui est bien plutôt semblable au jnaniUensis.
— Le philippensis , Briss. vi. pi. 56, est le même individu qui a servi de
modèle à celte p). enl. 966 , et l'un et l'autre sont de jeunes onocroLalus.
^ Celui de la pi. gSy , cité aussi son?> Juscus , paraît réellement une
espèce.
(2) Cormoran , corruption de corbeau marin , à cause de sa couleur
noire. C'est en effet, le corbeau aquatique d'Aristote. Phalacrocorax
( corbeau chauve ), nom grec de cet oiseau indique par Pline, mais non
employé par Aristote. Celui de carbo ne lui est donné que par Albert ,
peut-être d'après son nom allemand schavh. 1
I>ÀLMIPÈDES. 52b
Le petit Cormoran. (P. Icc. gracuîiis et africanus, Gm. )
Sparm. mus. Caris. III. lxi, et le jeune. Enl. 974.
Un peu plus petit, d'un noir plus profond et plusLronzé;
point de blanc devant le cou; les plumes au dos plus
pointues : est plus rare que le commun (i;.
Les Fkégattes.
Différent des cormorans par une fjueue fourchue, des pieds
courts, dont les membranes sont profondément écliancrées ,
une excessive envergure , et un bec dont les deux mandi-
bules sont courbées au bout.
Leurs ailes sont si puissantes, qu'elles volent à des dis-
tances immenses de toute terre, principalement entre les
tropiques , fondant sur les poissons volans , frappant les fous
pour les contraindre à dégorger leur proie.
On n'en connaît bien qu'une
{Pelecanus aquilus , L. ) Enl. (jGi.
A plumage noir , plus ou moins varié de blanc sous
la gorge et le cou, à bec rouge. Son envergure a quel-
quefois dix et douze pieds (2).
Les Fous ou Boubies. (Sula, Briss. , Dysporus, Hlig.) (3).
Ont le bec droit légèrement comprimé, pointu, sa pointe
un peu arquée ; ses bords denticulés en scie , a dents diri-
(i) Pel. cristatus , Olafs. Voy. en Isl. trad. Fr. pi. 44 ? dont peî. punc-
tatus , Lalh.; nœvîus , Gm. Sjn. Av. III. pi. 104 , et Sparm. Mus, Caris.
pi. 10, ne sont peut-être que des variétés d'âge, me paraît bien voisin
du graculus.
Ajoutezpe/ec. pygmœus , Pall.App.pl. 1.
(2) On a un peu gratuitement élevé au rang d'espèces les pelec. iniaor,
Edw. Sog- et leiicocephalus , Buff. Ois. vin. pi. 3o , peut-être même le
pelec, pahnerstoni , Latfi.
(5) Sula est le nom du fou de Bassan , aux îles de Ferroë , selon Koyer,
Ciusius , Exot. 36.
Bouhie est leur nom anglais booby ; fou , slupi^Jç.
520 OISEAUX
gées en arrière. Les narines se prolongeant en une lîgn«
qui va jusqu'auprès de la pointe ; la gorge nue, ainsi que
le tour des yeux et peu extensible ; l'ongle du doigt du
milieu dentelée en scie ; les ailes bien moindres que les
frégatteS; et la queue un peu en coin On les a nommés
fous à cause de la stupidité avec laquelle ils se laissent atta-
quer par les hommes et les oiseaux, surtout par les frégattes,
qui les frappent pour les contraindre à leur abandonner les
poissons qu'ils ont péchés.
Le plus commun est
Le Tou de bassan. { Peîecanus bassanus ^ L. ) Enî. 2y8.
Blanc 5 les premières pennes des ailes et les pieds noirs ;
le bec verdâtre ; presque égal à l'oie. Son nom vient d'une
petite île du golfe d'Edimbourg où il multiplie beaucoup,
quoiqu'il ne ponde qu'un œuf par couvée. Il en vient
assez souvent sur nos côtes en hiver. Le jeune est brun
tacheté de blanc (Enl. 986.) Les autres espèces de fous
ne sont pas encore suffisamment déterminées.
Les Anhinga. (Plotus,L. ) (1).
Sur un corps et des pieds à peu près de cormoran ,
portent un long cou, une petite tête et un bec droit,
grêle et pointu, à bords denticulés ; les yeux et le nu
de la face sont d'ailleurs comme dans les pélécanus ,
dont les anhinga ont aussi les habitudes , nichant
comme eux sur les arbres.
On en connaît quelques espèces ou variétés des pays
chauds des deux Continens. Ils n'excèdent pas la grosseur,
du canard , mais leur cou est plus long (2).'
(i) Anhinga, nom de ces oiseaux chez lesTopinambous , selon Margrave
pîotus ou plaulus en latin signifie pied-plat. Klein l'a employé pour
une de ses familles de palmipèdes. Linnœus l'a apliqué aux anhinga.
(«2) Plotus nichviogastcr p enl. 959. — Enl. 107. — Latham , Syu
VI, pi. s6.
PALMIPÈDES. 527
Les Paille en queue. (Phaeton^ L.) Vulgai-
rement, Oiseaux du Tropicjue,
Se reconnaissent à deux pennes étroites et très-
longues qu'ils portent à la queue, et qui de loin
ressemblent à une paille. Leur tête n'a rien de nu.
Leur bec est droit, pointu, denticulé, et médiocre-
ment fort; leurs pieds courts et leurs ailes longues;
aussi volent-ils très-loin sur les hautes mers , et
comme ils ne quittent la Zone-Torride que rarement,
leur apparition fait reconnaître aux navigateurs le
voisinage du Tropique, A terre , où ils ne vont
guère que pour nicher , ils se perchent sur les
arbres.
On n'en connaît que quelques espèces ou variétés à
plumage Liane, plus ou moins varié de noirâtre, et qui
ne passent point la taille d'un pigeon (i).
La famille des Lamellirosïres
A le bec épais , revêtu d'une peau molle
plutôt que d'une véritable corne ; ses bords
garnis de lames ou de petites dents ; la
langue large et charnue , dentelée sur ses
bords. Leurs ailes sont de longueur médiocre.
Ils vivent plus sur les eaux douces que sur la
mer. Dans le plus grand nombre la trachée-
artère du mâle est renflée près de sa bifur-
cation en capsules de diverses formes. Leur
«"''■''■'■'■■• ' ' ' I ...i»
(2) Phaëton œihsreus f enl. SGf) et 998. — Phœiiicimis , enl. 979,
5^8 OISEAUX
gésier est grand , très-musculeux^ leurs cœcums
longs.
Le grand genre des Canards. ( Anas , Lin.)
Comprend les palmipèdes dont le bec grand et
large a ses bords garnis d'une rangée de lames sail-
lantes , minces , placées transversalement , qui pa-
raissent destinées à laisser écouler Teau quand Foi-
seau a saisi sa proie. On les divise en trois sous-
genres , dont les limites ne sont cependant pas trop
précises.
Les Cygnes. ( Cy&nus , Meyer. )
Ont le bec aussi large en avant qu'en arrière , plus haut
que large à sa base ; les narines à peu près au milieu de
sa longueur j le cou fort allongé. Ce sont les plus grands
oiseaux de ce genre. Ils vivent principalement des graines
et des racines des plantes aquatiques. Aussi leurs intestins,
et surtout leurs cœcums , sont-ils très-longs. Leur trachée
n'a point de renflement.
Nous en avons deux espèces en Europe.
Le QygJie à hec rouge. {Anas olor ^ Gm. ) Enl. 9i5.
A bec rouge bordé de noir , chargé sur sa base d'une
protubérance arrondie j le plumage d'un blanc de neige.
• Les jeunes ont le bec plombé et le plumage gris. C'est
cette espèce qui, devenue domestique, fait l'ornement
de nos bassins et de nos canaux. La douceur de ses mou-
vemens, l'élégance de ses formes, la blancheur éclatante
de son plumage , l'ont rendu l'emblème de la beauté et
de l'innocence. Il vit également de poissons et de végé-
taux j vole très-haut et très- vite , et nage avec rapidité,
prenant le vent avec ses ailes , qui lui servent d'ailleurs
d'une arme puissante pour frapper ceux qui raltaqueul.
PALMIPÈDES. 52Q
ïl niclie sur les étangs , dans les joncs , et fait six ou
huit œufs gris-verdâtres.
Le Ci^ne à bec noir. ( Anas cy^nus ^ Gm.) Edw. i5o.
Le bec noir, à base jaune, le corps blanc, teinta de
gris jaunâtre, et tout gris dans les jeunes. Celte espèce
fort semblable à la précédente pour l'extérieur, s'en distinr
gue parfaitement à l'intérieur par sa trachée artère qui se
recourbe et pénètre en grande partie dans une cavité de
la quille du sternum ; particularité commune aux deux
sexes , qui n'a point lieu dans le cigne domestique. On
nomme encore celui-ci , mais mal à propos , Cigne sau-
vage et Cigne chanteur. Le chant du cigne à sa mort n'est
qu'une fable.
Le Cigne noir. {Anas plutonia y Sh. an. atrata , Lath.)
Katur. mise. pi. io8.
Découvert depuis peu à la Nouvelle Hollande j de la
taille àvL cigne commun, mais d'un port moins élégant;
il est tout noir, excepté les pennes primaires qui sont
blanches, et le bec et une peau nue de sa base qui
sont rouges (i).
On ne peut guère séparer des cignes certaines espèces,
à la vérité moins élégantes , mais qui ont le même bec.
Plusieurs d'entre elles ont un tubercule sur la base. La
plus connue est nommée vulgairement
l/Oie de Guinée. '{Anas cjgnoïdes , L. ) Enl. 547»
iNous relevons dans nos basses cours, où elle produit
aisément avec nos oies. D'un gris-blanchâtre, à manteau
gris-brun 5 le mâle se reconnaît au fanon emplumé qui pend
sous son bec et au gros tubercule qui surmonte sa base.
Une autre espèce beaucoup plus rare , nommée par ses
premiers descripteurs
(i) Uoie à cravatte {an, Canadensis ; L.) , enl. 346 ^ me paraît aussi
im vrai cigne.
TOME I, 34
53o OISEAUX
L'Oit? de Gambie {Anas GamhensiSj L. ) Lath. syn. 111 ^
p. 2j pi. Ï02.
Se fait remarquer par sa taille, par ses liantes jambes,
par le tubercule qu'elle porte sur le front , et par les
deux gros éperons dont le fouet de son aile est armé. Sou
plumage est d'un noir-pourpré. La gorge , le devant et
le dessous du corps et l'aile sont blancs (i).
Les Oies, ( Anser , Briss. )
Oui le bec médiocre ou court , plus étroit en avant qu'eu
arrière , et plus haut que large à sa base -, leurs jambes
plus élevées qu'aux canards , et plus rapprochées du milieu
du corps , leur facilitent la marche. Plusieurs vivent d'herbes
et de graines. Elles n'ont aucun renflement au bas de la
trachée , laquelle daûs les espèces connues ne forme non
plus aucun repli.
Les Oies proprement dites,
Ont le bec aussi long que la tête; les bouts des lamelles
en garnissent le bord , et y paraissent comme des dents
pointues.
JJOie ordinaire, {An. anser y L. )
Qui a pris toute sorte de couleurs dans nos basses cours _,
vient d'une espèce sauvage, grise à manteau brun, onde
de gris , à bec orange , noir à sa base et au bout ( Ans.
cinereus , Meyer. ) Enl. 985. Mais il existe une autre
espèce fort voisine qui arrive en automne , et se reconnaît
à ses ailes plus longues que la queue et à quelques taches
blanches au front ; son bec est tout orangé. ( Ans. segetum ,
Meyer. )Albin. II , 90.
Nous voyons aussi assez souvent en hyver
I ■ - — — — ■ -^ -
(i) Buffon a confondu ceUe oie avec une variété de l'oie d'Egypte y
cnl. 982. La figure de Latharn est défectueuse, en ce qu'elle ne muiitre
qu'un éperon , et que le casque n''j est point snillant.
Jci \ieni encore Voie bronzée {an. mclanolos), enl. gBy,
PALMIPÈDES. 53l
UOie rieuse. {Anas alhifrons , Gm. ) Èdw. i55.
Grise à ventre noir , à front blanc.
Le nord des deux continens en produit une troisième
espèce.
JJOie de Jieige. {An. hjyerborea , Gm.)
Blanclie , à bec et pieds rouges , à pennes des ailes noires
au bout ; qui s'égare aussi quelquefois lors des grands oura-
gans d'hiver dans nos pays tempérés.
Les Bernaches (i).
Se distinguent des oies ordinaires par un bec plus court ,
plus menu , dont les bords ne laissent point paraître au-deliors
les extrémités des lamelles.
Le nord de l'Europe nous envoie en hiver l'espèce si
célèbre par la fable qui la faisait naître sur les arbres comme
un fruit (anas er/thropus , Gm. , an s. leucopsis , Bechst.)
Enl. 855.
Son manteau est cendré , son cou noir , son front , ses
joues , sa gorge et son ventre blancs ; le bec noir j les
pieds gris.
Le Gravant (2). {An. hernicla ^ Gm.) Enl. Z^i.
Est du même pays. Sa tête , son cou, les pennes de
ses ailes sont noirs \ son manteau gris-brun j une tache
de chaque côté du haut du cou et le dessous de la queue
blancs ) le bec noir ; les pieds bruns.
La Bernache armée , Oie d^ Afrique , du Cap,d^Es;j'ptej etc.
{An. jE^j'ptîacaj Gm. ) Enl. Syg, 982, 983.
Remarquable par l'éclat de ses couleurs et par le petit
éperon de ses ailes , appartient aussi à ce sous-genre j on peut
l'élever en domesticité , mais elle a toujours du penchant
à s'enfuir.
(i) Barnacle , nom éco?,sais de ïanser leucopsis , ou bernache propre-
pnl dite : klake, en celte langue , signifie une oie. ^
(2) Gravant , corruption de grauent ( canard gris ).
y
532 OISEAUX
C'est le Chenalopex ou VOie renard^ révéré des anciens
Egyptiens à cause de sou attachement pour ses petits (i).
Les Canards proprement dits. (Anas, Meyer. )
Ont le bec moins haut que large à sa hase, et autant ou
plus large à son extrémité que vers la tète. Les narines
plus rapprochées de son dos et de sa hase ; leurs jamhes
plus courtes et plus en arrière leur rendent la marclie
moins facile qu'aux oies et aux cignes ; ils ont aussi le cou
moins long j leur trachée se renfle à sa hifurcation en cap-
sules cartilagineuses j dont la gauche est généralement la
plus grande.
Les espèces de la première division , on celles dont le pouce
est bordé d'une membrane , ont la tête plus grosse , le cou plus
court , les pieds plus en arrière , les ailes plus petites , la queue
plus roide , les tarses plus comprimés , les doigts plus longs ,
les palmures plus entières. Elles marchent plus mal, vivent plus
exclusivement de poissons et d'insectes , et plongent plus
souvent.
Parmi elles on peut distinguer
Les Macreuses ;,
A la largeur et au renflement de leur hec.
La Macreuse (2). ( Anas nigra. Lin. ) Enl. 972»
Toute noire, grisâtre dans sa jeunesse , le hec très-large ,
garni sur sa base d'une protubérance. Elle vit en grandes
troupes, le long de nos côtes, principalement de moules.
(i) Geoffroy-Saint-Hiliiire , dans la ménagerie du Museuin d'histoire
naturelle, iirt. oie d'Egypte.
Ajoutez Van. Magelîanica , eul. 1006. — An. antarctioa , qui en
est fort voisin, Mus. Caris. 67. — An. îeucoptera , Brown. 111. l\0. —
Anas rit/icoîis et torquaia , Paîl. Spicil. vi. pi. iv. , qui , dit-on , vient
aussi jusqu'en Allemagne. — An. Coromandelica , enl. 949 ; gSo. —
An. Madagfiscariensis , enl. 770.
(ci) Le nom de macreuse vient pei.U-^fre de 00 que cet cisean passe pour
un mander iuni|^ie.
PALMIPÈDES. 533
La double Macreuse. {Anas fiisca. Lin.) EùL 956.
En diffère par une taille plas forte , par une taclie hlanclie
sur l'aile j et par un trait blanc sous l'œil. Sa trachée a dans
son milieu un renflement circulaire aplati verticalement.
La Macreuse à large bec, ( Anas perspicillata. Lin. )
Enl. 995.
A du Lîanc à l'occiput et derrière le cou , et la peau nue
et jaune de la base de son bec entoure aussi ses yeux.
La Nouvelle-Hollande en fournit une espèce maillée , re-
tuarquable par un grand fanon cliarnu qui lui pend sous
le bec. ( Aîi. lobata. ) Nat. mise. YIH , pi. 255 (i).
On peut encore séparer
Les Garrots ,
Dont le bec est court et plus étroit en avant ; et à leur tête ,
on peut mettre les espèces dont la queue a ses pennes du mi-
lieu plus longues j ce qui la rend pointue.
Telles sont '
Le Canard de Terre-Neuve ( An. glacialis y Lin. J,
enl, 1008 j le jeune mâle ( An. hjemalis ) , enl. 999.
Blanc, une tache fauve sur la joue et le côté du cou -, la
poitrine, le dos^ la queue , un partie de l'aile noires. C'est,
de tous nos canards, celui qui a le bec le plus court. Sa
trachée , ossifiée vers le bas , a d'un côté comme cinq vitres
carrées, simplement membraneuses, au dessous desquelles
elle se renfle en une apsule cosseuse.
Le Canard Arlequin ( Anas histrionica, Lin. ) , enl. 798,
et la femelle ( Anas minuta ) , 799.
Cendré , le mâle bizarrement bigarré de blanc j le sourcil
et les flancs roux.
(i) Ajoutez Vanas mersa et leiicoccpliala. Voy. de Pall. iracî. ù\ lï ,
pi. 5 et 6.
534 OISEAUX
L'un et l'autre nous vient en hiver ^ mais à des intervalles
éloignés.
Les Garrots ordinaires ontia queue ronde ou carrée.
Le Garrot {An. clangula , Lin.) , enl. 802; le jeune {An.
glaiicion y Lin. ) (i)*
Blanc; la tête , le dos , la queue noirs; une petite taclie
en avant de l'œil et deux bandes à l'aile blanches ; le bec
noirâtre. La femelle, cendrée , à tète brune. Il vient par
troupes du nord en hiver, et niche quelquefois sur nos
étangs. Sa trachée , dans son milieu , a une grosse dilata-
tion, dont les arceaux conservent de la mobilité. Elle s'évase
singulièrement vers sa bifurcation (2).
Les Eideks
Ont le bec plus allongé que les garots, remontant plus haut
sur le front où il est échancré par un angle de plumes , mais
de même plus étroit en avant.
UEider. {An, •niollissima,) Enl. 208, 209 (les adultes
des deux sexes) Qt an. speclahilis ^Y^àw. i54. Sparm."
mus. Caris. 09 (le jeune mâle de trois ans.)
Est célèbre par le duvet précieux qu'il fournit et que l'on
nomme édredon.
Après ces distinctions il reste
Les MfLLouiNs.
Dont le bec large et plat n'offre d'ailleurs aucune marque
notable. IMous en possédons plusieurs dans notre |)ays dont
il paraît que les trachées se terminent toutes par des ren-
llemens à peu près semblables , formant à gauche une capsule
(1) Glaucion , nom grec d'un canard, ainsi appelé à cause de la cou-
leur de ses yeux.
(2) Ajoutez an, aîheola , enl. 948 , le même qu an. bucephala , Calesb*
I, 95.
PALMIPÈDES. 535
en partie membraneuse, soutenue par un caclre et clés rami-
fications osseuses.
Le Miîlouin commun, ( An.ferina, L. et an. rufa, Gm.)
Enl. 8o3.
Cendré , finement strié de noirâtre , la tète et le haut
du cou roux ; le bas du cou et la poitrine bruns ; le bec
plombé clair, Niclie quelquefois dans les joncs de nos '
étangs. Sa trachée à peu près d'égal diamètre.
Le Miîlouin huppé. ( uén, rufina , L. ) Enl. 928.
Noir , le dos brun ^ du blanc aux flancs et à l'aile , la tête
rousse, à plumes du sommet relevées en huppe ; le bec
rouge. Celte espèce habile les bords de la mer Caspienne ,
et est quelquefois portée par les vents jusqu'ici. Sa trachée
a deux renflemens successifs outre la capsule de la
bifurcation.
Le Millouinan. [An. marila, L. ) Enl. 1002. La femelle.
^ ( An. frœnata.)Miis. Caris. 58.
Cendré , strié de noir , la tête et le cou noir changeant
en vert, le croupion et la queue noires, le ventre et des
taches à l'aile blancs, le bea plombé j nous vient en hiver
du fond de la Sibérie par petites troupes. Sa trachée, très-
grosse d'abord , se rétrécit ensuite.
Le petit Miîlouin. [An. Njroca, Gm. -, la femelle. An.
Africanaj Gm.) Enl. 1000.
Brun , la tête et le cou roux , une tache blanche à
l'aile, le ventre blanchâtre; un collier brun au bas du
cou du mâle. Niclie dans le nord de l'Allemagne j nous
arrive rarement. Sa trachée est ventrue au milieu.
Le Morillon. [An. Fuligala , L. ) Enl. ïooi ; le jeune,
enl. 1007. '^^' Scandiaca.
Noir ; les plumes de l'occiput prolongées en huppe ; le
ventre et une tache à l'aile blancs ; le bec plombé, U nous
536 OISEAUX
vient assez regulièi'ement du nord tous les hivers (1).
Les Canards de la deuxième division , dont le pouce n'est
point bordé d'une membrane, ont la tête plus mince , les pieds
moins larges , le cou plus long , le bec plus égal , le corps
moins épais ; ils marchent mieux ; recherchent les plantes
aquatiques et leurs graines, autant que les poissons et autres
animaux. Il paraît que les renflemens de leurs trachées sont
de substance homogène, osseuse et cartilagineuse.
On peut aussi établir parmi eux quelques subdivisions et
d'abord
Les Souchets
Sont très-remarquables par le bec long dont la mandibule
supérieure ; ployée parfaitement en demi-cvlindre, est élargie
au bout. Les lamelles en sont si longues et si minces , qu'elles
ressemblent plutùt à des cils. Ces oiseaux vivent des vermis-
seaux qu'ils recueillent dans la vase au bord des ruisseaux.
Le Soucliet commun. ( An. clypeata , L.) Enl. 971 , 972.
Est un très-beau canard à tète et cou verts, poitrine
blanche, ventre roux, dos brun, ailes variées de blanc-
cendré;, de vert et de brun, etc., qui nous vient au prin-
temps. Sa chair est excellente. Le renflement du bas de sa
trachée est peu considérable.
Il s'en trouve à la Nouvelle Hollande une espèce (an.
fasciata ,) Sh. natur. miscell. xvii , pi. 697 , où les bords
du bec supérieur se prolongent de chaque coté en un ap-
pendice membraneux.
Les Tadornes.
Ont le bec très-aplati vers le bout ^ relevé en bosse sail-
lante à sa base.
(i) Ajoutez en espèces étrangères: an. spirwsa , enl. 967, 968. — an.
slclkii , Pall. Spic. YI, pi. 5.
PALMIPÈDES. S3'J
Le Tadorne commun (i). (^n. Tadorna, L.) Enï. 53.
Est le plus viyement peint de tous les canards : blanc
à tête verte , une ceinture canelle autour de la poitrine ,
l'aile variée de noir, de blanc, de roux et de vert. Com-
mun sur les rives de la mer du nord et de la Baltique ,
où il nicbe dans les dunes , souvent dans les trous aban-
tlonnés par les lapins. Sa bifurcation se renfle en deux
capsules osseuses peu différentes.
D'autres de ces canards de la deuxième division ont des
parties nues à la tête, et souvent aussi une bosse sur la base
du bec.
Le Canard musqué. {An. moschata , L. ) Enl. 989 , vul-
gairement et mal à propos, Canard de Barbarie.
Originaire d'Amérique, où on le trouve encore sauvage,
et où il se percbe sur les arbres , est maintenant fort mul-
tiplié dans nos basses cours à cause de sa grandeur. Il se
mêle aisément au canard ordinaire. Sa capsule est très-
grande , circulaire , aplatie verticalement _, et toute du
côté gauclie.
Quelques-uns ont la queue pointue.
Le Filet. {An. acuta , L. ) Enl. 954.
Le dessus et les flancs cendrés , rayés flnement de noir ,
le dessous blanc ; la tête tannée , etc. -, la capsule de sa
trachée est petite.
Dans d'autres, le mâle porte au moins quelques plumes re-
levées sur la queue.
Le Canard ordinaire. {An. hoschas ^ L. (2). Enl. JJ^,J77-
Pi-cconnaissable à ses pieds aurores, à son bec jaune,
au beau vert cliangeant de la tête , et du croupion
(i) Tadorne , nom de cet oiseau dans Bélon. Buffon , d'après Turner , l'a
cru, mais ù tort , le chenalopex , ou vulpanser des anciens. Voyei ci-des-
sus à 1 oie d'Égj'pte.
(1) Bûo^ojj-, nom groc de la sarcelle.
538 OISEAUX
du mâle, etc. Dans nos basses -cours il varie en cou-
leur comme tous nos animaux domestiques. Le sauvage,
commun dans nos marais ^ niche dans les joncs, les vieux
troncs des saules , quelquefois sur des arbres. Sa trachée
se termine vers le bas par une grande capsule osseuse.
Une variété singulière est Le Canard à bec courbe,
i^An. adunca , L.)
Il y en a dont la tête est huppée et le bec un peu plus
étroit en avant, et qui, venus de l'étranger, s'élèvent dans
presque toutes nos ménageries} tels que
Le Canard de la Chine. ( An, galericuïata , L. ) Enl.
8o5 et 806.
Dont le mâle a de plus des plumes de l'aile élargies et
relevées verticalement, et
Le Canard de la Caroline, {An. sponsa , L.) Enl. 980
et g8i.
Leurs capsules sont de grandeur médiocre et arrondies.
D'autres espèces, également étrangères, ont avec le bec
des canards des jambes plus hautes mêmes que celles des
oies; elles se perchent et nichent sur des arbres (i).
Enfin, parmi ceux qui n'ont aucune marque notable,
nous possédons, surtout en hiver,
Le Chipeau ou Ridenne. ( An. strepera^ L. ) Enl. gSS.
Maillé et finement rayé de noirâtre, l'aile rousse, avec
une tache verte et une blanche. La capsule de sa trachée
est petite.
Le Sifjleur. {An. Penelops , h.) Enl. 825 (2).
Finement rayé de noirâtre , la poitrine de couleur vi-
(i) An. arhorea , enl. 804. — An. autumnalis , 826. — An. viJuata ,
enl. 808.
(2) Penelops, nom grec d'un canard à lêie rousse. (Le siffleur ou lé
millouin. )
PALMIPÈDES. 539
neuse, la tête rousse , le front pâle, du blanc, du vert et
noir à l'aile ; la capsule de sa trachée est arrondie ^ mé-
diocre et fort osseuse (i).
Et diverses petites espèces que l'on désigne sous le nom
commun de Sarcelles,
La Sarcelle ordinaire, {An. querquedula , L. ) £nl. 946;
et le vieux mâle ( an. circia).
Maillée de noir sur un fond gris , un trait blanc autour
et à la suite de l'oeil , etc. Commune sur les étangs , les
mares, etc. Sa capsule est un évasement osseux en forme
de poire.
La petite Sarcelle. {An. crecca , L. ) Enl. 947.
Rayée finement de noirâtre , tête rousse , une bande
verte à la suite de l'oeil , bordée de deux lignes blan-
ches, etc. La capsule est comme un pois (2).
Le genre des Harles. (Mergus^ L.)
, Comprend les espèces dont le bec plus mince,
plus cylindrique que celui des canards, a chaque
mandibule armée tout le long de ses bords de petites
dents pointues comme celles d'une scie , et dirigées
en arrière ; le bout de la mandibule supérieure est
crochu. Leur port et même leur plumage sont à
peu près ceux des canards proprement dits ; mais
leur gésier est moins musculeux, leurs intestins et
leurs cœcums plus courts.
(i) Ajoutez : An. cana et casarca, Brown. 111. ^i, 42. — An. pcacilorhyn-'
cha , Indian. Zool. pi. XIV. — Liejensen {an. Atnericana) enl. gSS. — Le
marec ( an. hahaniensis ) Catesb. gS.
(2) Aj. An. discors , enl. 966 et 4<j3. — An. manillensis, Sonn. 1*^ Voy,
pi. 55.
Sarcelle ou Cercelle vient de querquedula , qui lui-même est imité du
eri de l'oiseau.
54o OISEAUX
Le renflement du larynx inférieur 'des mâles est
énorme et en partie membraneux. Ils vivent sur les
lacs et les étangs, où ils détruisent beaucoup de
poissons.
Il nous eu vient en hiver en France trois espèces ^ que
leurs variations de plumage ont fait multiplier à quelques
naturalistes. On dit qu'elles nichent dans le nord entre les
rochers ou parmi les joncs ^ et font beaucoup d'oeufs.
Le Harle vulgaire. (Merg. mergaiiser , L. ) Enl. 9.51.
De la taille d'un canard, à bec et pieds rouges. Le
vieux mâle a la tête d'un vert foncé, les plumes du som-
met y forment en se relevant une espèce de toupet } le
manteau noirâtre , avec une tache blanclie sur l'aile ; le
cou et le dessous blancs légèrement teints de rose. Les
jeunes et les femelles {Merg, castor. Enl. 953) sont gris
à tête rousse.
Le Harle Huppé, (Merg, serrator.) Enl. 207.
A bec et pieds rouges^ le corps diversement varié de
noir, de blanc et de brun, la tête d'un vert noir, une
huppe pendante à l'occiput. Les jeunes et les femelles
( Harles noirs , H. à manteau noir) ont la tête brune.
La Piette y nonnette y petit harle. {M. Albellus.) Enl. 449.
A bec et pieds bleus, blanc diversement varié de noir
sur le manteau ; une tache noire à l'œil , et une à l'occiput.
Les jeunes mâles et les femelles {merg. minutus , niiisle^
linus y etc. , enl. 45o) sont gris à tête rousse (1).
(i) Parmi les haiIes étrangers, il n'y a guère de bien constaté que les
m. cucuUatus de la Caroline , enl. gSS et 936.
Vl^ DU TOME PREMIER.
;■?>
>-r^
V**
.'jm^j
^f-
-«Cf ■ 1ç
*>-*»