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Full text of "Le règne animal distribué d'après son organisation, pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux et d'introduction à l'anatomie comparée"

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LE 


E  ANIMAL 


DISTRIBUÉ 

D'APRÈS  SON  ORGANISATION , 

POUR    SERVIR    r>E    BASE    A    l'hISTOIPiE    NATURELLE    DES    ANI- 
MAUX ET    d'introduction    A   l'aNATOMIE    COMPARÉE. 

Par  m.  le  Cii^\  CUVIER, 

Conseiller  d'État  ordinaire,  Secrétaire  perpétuel  de  rAcadémie  des 
Sciences  de  l'Institut  Royal ,  Membre  des  Académies  et  Sociétés 
Royales  des  Sciences  de  Londres  ,  de  Berlin  ,  de  Pélersboiirg ,  de 
Stockholm,  d'Edimbourg,  de  Copenhague,  de  GœLtiugue,  de  Turin> 
de  Bavière  ,  des  Pays-Bas,  etc.  ^  etc. 

■4 

Avec  Figures ,  dessinées  d'après  nature, 

TOalE   I, 


CONTENANT 

L'l>rrRODUCTÎON,  LES  MAMMIFÈRES  ET  LES  OLSEAÙX, 


À    PARIS 


Chez  DETERVILLE  ,  Libraire  ,  rue  lîantefeuilîe ,  n",  S. 


PE   L  IMPRIMERIE    D  E    A.    BEL  IN. 
1817. 


^^■v^•'vv  v^.  v\  vx-vx  'vx^/^-w  -vs  -vv-vx  vx  v^-v-wx  vx  v\  V\  wvn  -vN'X.x  vx  w  vx  vx.  xx  xx-vx. 


PRÉFACE. 


iyi'ETANT  Youé  par  goùt^  dés  ma  première  jeu- 
nesse, àrefudede  rauatoiriie  coiriparée,  c'est-à-dire 
des  lois  de  rorgauisatioii  des  animaux  et  des  inodi- 
fîccitîoiis  que  cefîe  organisation  éprouve  dans  les  di- 
verses espèces  ^  et  ayant  depuis  près  de  trente  ans 
consacré  à  cette  science  tous  les  momens  dont  mes 
devoirs  m'ont  permis  de  disposer,  j'ai  eu  pour  but 
constant  de  mes  travaux,  de  la  ramener  à  des  règles 
générales ,  et  à  des  propositions  qui  en  continssent 
Texpression  la  plus  simple.  Mes  premiers  essais  me 
firent  bientôt  apercevoir  que  je  n'y  parviendrais 
qu'autant  xjue  les  animaux  dont  j'aurais  à  faire  con- 
naître la  structure ,  seraient  distribués  conformément 
à  cette  structure  même  ,  en  sorte  que  l'on  pût  em- 
brasser sous  un  seul  nom ,  de  classe  5    d'ordre,  de 
genre,  etc.  toutes  les  espèces  qui  auraient  entre  elles, 
dans  leur  conformation  tant  intérieure  qu'exiérieure, 
des  rapports  plus  généraux  ou  plus  particuliers.  Or 
c'est  ce  que  la  plupart  des  naturalistes  de  cette  époque 
n'avaient  point  cherclié  à  faire  ,  et  ce  que  bien  peu 
d'entre  eux   auraient   pu  faire  quand  ils  l'eusseiîl: 
voulu  ,  puisqu'une  distribution    pareille  supposait 
déjà  une  connaissance  assez  étendue  des  structures 
dont  elle  devait  être  en  quelque  sorte  la  représen- 
ta iion. 


VJ  PREFx\CE. 

li  est  vrai  que  Daubenton  et  Camper  avaient 
fourni  des  faits;  que  Pallas  avait  indiqué  des  vues: 
mais  les  idées  de  ces  savans  hommes  n'avaient  point 
encore  exercé  sur  leurs  contemporains  Tinfluence 
qu'elles  méritaient  dWoir.  Le  seul  catalogue  général 
des  animaux  que  Ton  possédât  alors  et  que  Ton  ait 
encore  aujourd'liui,  le  S3^sième  de  Linnœus^  venait 
d'être  défiguré  par  un  éditeur  malheureux  qui  ne 
s'était  pas  même  donné  le  soin  d'approfondir  les 
principes  de  cet  ingénieux  méthodiste^  et  qui  partout 
où  il  avait  rencontré  quelque  désordre ,  avait  semblé 
faire  des  efforts  pour  le  rendre  plus  inextricable. 

Il  est  vrai  encore  qu'il  existait  sur  des  classes 
particulières,  des  travaux  très-étendus,  qui  avaient 
fait  connaître  un  grand  nombre  d'espèces  nou- 
velles; mais  leurs  auteurs  n'avaient  guère  considéré 
que  les  rapports  extérieurs  de  ces  espèces,  et  per- 
sonne ne  s'était  occupé  de  coordonner  les  classes 
et  les  ordres  d'après  Fensemble  de  la  structure; 
les  caractères  de  plusieurs  classes  restaient  faux  ou 
incomplets,  même  dans  des  ouvrages  anaîomiques 
justement  célèbres;  une  partie  des  ordres  étaient 
arbitraires;  dans  presque  aucune  de  ces  divisions, 
les  genres  n'étaient  rapprochés  conformément  à  la 
nature. 

Je  dus  donc ,  et  cette  obligation  me  prit  un  temps 
considérable  ,  je  dus  faire  marcher  de  front  fanato- 
mia  et  la  zoologie  ,  les  dissections  et  le  classement  ; 
chercher  dans  mes  premières  remarques  sur  l'or- 
ganisation, des  distributions  meilleures;  m'en  servir 
pour  arriver  à  des  remarques  nouvelles  ;  employer 


PREFACE.  Vl| 

encore  ces  remarques  à  perfectionner  les  distribu- 
tions; faire  sortir  enfin  de  cette  fécondation  mu- 
iuelle  des  deux  sciences  Fune  par  Tautre ,  un  sys- 
tème zoologiqae  propre  à  servir  d'introducteur  et 
de  guide  dans  le  champ  de  Tanatomie  ,  et  un  corps^ 
de  doctrine  anatomique  propre  à  servir  de  dévelop- 
pement et  d'explication  au  système  zoologique. 

Les  premiers  résultats  de  ce  double  travail  pa- 
rurent en  1795  5  dans  un  mémoire  spécial  sur  une 
nouvelle  division  des  animaux  à  sang  blanc.   Une 
ébauche  de  leur  application  aux  genres  et  à  leur 
division  en  sous-genres ,  fit  l'objet  de  mon  Tableau 
élémentaire  des   Animaux,   imprimé  en  1798 ,  et 
j'améliorai  ce  travail  avec  le  concours  de  M.  Du- 
méril  ^  dans  les  tables  annexées  au  premier  volume 
de  mes  Leçons  d'Anatomie  comparée^  en   1800. 
Peut-être  me  serais-je  contenté  de  perfectionner 
ces  tables ,  etaurais-je  passé  immédiatement  à  la  pu- 
blication de  ma  grande  anatomie,  si  dans  le  cours  de 
mes  recherches,  je  n'avais  été  bien  souvent  frappé 
d'un  autre  vice  de  la  plupart  des  systèmes  géné- 
raux ou  partiels  de  zoologie  ;  je  veux  dire  de  la 
confusion   où  le  défaut  de  critique  y   a  laissé  un 
grand  nombre  d'espèces,  et  même  plusieurs  genres. 
Non-seulement  les  classes  et  les  ordres  n'étaient 
pas   assez   conformes  à  la  nature  infime   des  ani- 
maux, pour  servir  commodément  de  base  à  mi 
traité  d'anatomie  comparée,  mais  les  genres,  quoi- 
que d'ordinaire  mieux  constitués,  n'offraient  eux- 
mêmes,  dans  leur  nomenclature,  que  des  ressources 
insuiïîpantes,  parce  que  Jcs  espèces  n'avaient  pas 


vil]  pi\eface\ 

été  rangées  sous  cliacun  d'eux  ^  conformément  à 
leurs  caractères.  Ainsi,  en  plaçant  le  lamantin  sous 
le  genre  des  morses,  la  sirène  sous  celui  des  anguilles, 
Gmelin  avait  rendu  toute  proposition  générale  re- 
lative à  l'organisation  de  ces  genres  impossible; 
tout  comme  en  rapprochant  dans  la  même  classe  , 
dans  le  même  ordre,  et  à  côté  Tmi  de  l'autre,  la 
seiche  et  le  polype  à  bras,  il  avait  rendu  impos- 
sible de  dire  rien  de  général  sur  la  classe  et  sur 
l'ordre  qui  embrassaient  des  êtres  si  disparates. 

Je  cite  là  des  exemples  pris  parmi  les  plus  frap- 
pans  ;  mais  il  en  existait  une  infinité  de  moins  sensi- 
bles au  premiercoup  d'œil ,  qui  n'avaient  pas  des 
inconvéniens  moins  réels. 

Il  ne  suffisait  donc  pas  d'avoir  imaginé  de  nou- 
velles distributions  de  classes  et  d'ordres ,  d'y  avoir 
placé  convenablement  les  genres  ;  il  fallait  en- 
core examiner  toutes  les  espèces ,  afin  de  savoir  si 
effectivement  elles  appartenaient  aux  genres  où  on 
les  avait  mises. 

Or  quand  j'en  vins  là,  je  trouvai  non-seulement 
des  espèces  groupées  ou  dispersées  contre  toute 
raison,  mais  je  remarquai  que  plusieurs  n'étaient 
pas  même  éttiblies  d'une  manière  positive,  ni  par 
les  caractères  qu'on  leur  assignait,  ni  parles  figures 
et  les  descriptions  que  l'on  en  alléguait. 

Tantôt  l'une  d'elles,  au  moyen  des  synonymes, 
en  représente  sous  un  seul  nom  plusieurs ,  et  sou- 
vent tellement  différentes ,  qu'elles  ne  doivent  pas 
entrer  dans  le  même  genre;  tantôt  une  seule  est 
doublée ,  triplée ,  et  reparaît  successivement  dans 


rnÉFACE.  îx 


plusieurs  sous- genres 3  dans  plusieurs  genres,  4^^^" 
quefois  dans  des  ordres  dilTërens. 

Que  dire  5  par  exemple ,  du  Irichecus  manatus  de 
Gmelin  j  qui,  sous  un  seul  nom  spécifique,  com- 
prend trois  espèces  et  deux  genres,  deux  genres 
difTerens  presque  en  tout?  Sous  quel  nom  parler 
de  la  véîelle  qui  y  figure  deux  fois  parmi  les  mé- 
duses et  une  parmi  les  holothuries  ?  Comment  y 
rassembler  h  s  biphores,  qui  y  sont  appelées  les  unes 
du  nom  de  dagysa ,  le  plus  grand  nombre  de  celui 
de  saîpa,  et  dont  plusieurs  sont  rangées  parmi  les 
holothuria? 

Ainsi  il  ne  suffisait  pas ,  pour  atteindre  complète- 
ment le  but,  de  revoiries  espèces;  il  aurait  f^ilhi 
revoir  jusqu'à  leurs  synonymes  ;  c''est-à-dire  qu'il 
aurait  fallu  refaire  le  système  des  animaux. 

Une  telie  entreprise,  après  le  prodigieux  déve- 
loppement que  la  science  a  pris  depuis  quelques 
années,  eût  été  inexécutable  dans  son  entier  pour 
tout  homme  isole,  même  en  lui  supposant  la  plus 
longue  vie,  et  nulle  autre  occupation;  je  n'aurais 
pas  même  été  en  état  de  préparer  la  simple  esquisse 
que  je  donne  aujourd'hui,  si  j'avais  été  livré  à  mes 
seuls  moyens;  mais  les  ressources  de  ma  position 
me  parurent  pouvoir  suppléer  à  ce  qui  me  man- 
quait de  temps  et  de  talent.  Vivant  au  milieu  de 
tant  d'habiles  naturalistes;  puisant  dans  leurs  ou- 
vrages à  mesure  qu'ils  paraissaient;  usant  avec  au- 
tant de  liberté  qu'eux  des  collections  rassemblées 
par  leurs  soins;  en  ayant  moi-même  formé  une  très- 
coiisidcrablc  spécialement  appropriée  à  mou  objet ^ 


%  PRÉFACE. 


une  grande  partie  de  mon  travail  ne  devait  consister 
que  dans  Femploi  de  tant  de  riches  matériaux.  II 
n'était  pas  possible  qu'il  me  restât  beaucoup  à  faire, 
par  exemple,  sur  des  coquilles  étudiées  par  M.  de 
Lamarck ,  ni  sur  des  quadrupèdes  décrits  par  M. 
GeofTroi.  Les  nombreux  rapports  nouveaux  saisis  par 
M.  de  Lacépède,  étaient  autant  de  traits  pour  mon 
tableau  des  poissons.  M.  Levaillant ,  parmi  tant  de 
beaux  oiseaux  rassemblés  de  toute  part  ^  apercevait 
des  détails  d'organisation  que  j'adaptais  aussitôt  à 
mon  plan.  Mes  propres  recherclies  employées  et 
fécondées  par  d'autres  naturalistes  ^  produisaient 
pour  moi  des  fruits  c/u'elles  n'eussent  pas  donnés 
tous  entre  mes  seules  mains,  Ainsi  M.  de  Blainville, 
M.  Oppel  5  en  examinant  les  préparations  anato- 
miques  que  je  desfinais  à  fonder  mes  divisions  des 
reptiles^  en  tiraient  d'^ivance,  et  peut-être  mieux 
que  je  n'aurais  pu  le  faire,  des  résultats  que  je  ne 
fesais  encore  qu'entrevoir ,  etc.,  etc. 

Ces  réflexions  m'encouragèrent ,  et  je  me  déter- 
minai à  faire  précéder  mou  Traité  d'Anatomie 
comparée ,  d'une  espèce  de  système  abrégé  des 
animaux ,  où  je  présenterais  leurs  divisions  et  sub- 
divisions de  tous  les  degrés,  établies  parallèlement  sur 
leur  structure  intérieure  et  extérieure;  où  je  don- 
nerais l'indication  des  espèces  bien  authentiques  qui 
appartiennent  avec  certitude  à  chacune  des  subdi- 
visions 5  et  où,  pour  mettre  plus  d'intérêt,  j'entre- 
l'ais  dans  quelques  détails  sur  celles  de  ces  espèces 
que  leur  abondance  dans  noire  pays,  les  services 
que  nous  eu  lirons,  les  dommages  qu'elles  nous 


PREFACE.  X) 

^  Causent,  les  singularités  de  leurs  mœurs  et  de  leur 
,  économie^  leurs  formes  extraordinaires ,  leur  beauté 
ou  leur  grandeur,  rendent  plus  remarquables. 

J'ai  espéré  par  là  devenir  utile  aux  jeunes  natu- 
ralistes qui,  pour  la  plupart,  se  doutent  peu  de  la 
confusion  et  des  erreurs  de  critique  dont  fourmillent 
les  ouvrages  les  plus  accrédités,  et  qui,  surtout 
dans  ]es  pays  étrangers^  ne  s'occupent  point  assez 
de  l'étude  des  vrais  rapports  de  conform^ition  des 
êtres  ;  j'ai  cru  rendre  encore  un  service  plus  di- 
rect aux  anatomistes  qui  ont  besoin  de  connaître 
d'avance,  sur  quelles  classes,  sur  quels  ordres  ils 
doivent  porter  leurs  recherches,  lorsqu'ils  se  propo- 
sent d'éclairer  par  l'anatomie  comparée  quehjue 
problème  d'anatomie  humaine  ou  de  ph^^siologie  ^ 
mais  que  leurs  occupations  ordinaires  ne  pré- 
parent point  assez  à  bien  remplir  cette  condition 
essentielle  à  leur  succès. 

Cependant,  je  n'ai  pas  prétendu  étendre  égale- 
ment cette  double  vue  à/ toutes  les  classes  du  règne; 
les  animaux  vertébrés  ont  dû  m'occuper  de  préfé- 
rence comme  plus  intéressans  sous  tous  les  rap- 
ports. Parmi  les  non  vertébrés ,  j'ai  dû  étudier  plus 
particulièrement  les  mollusques  nus  et  les  grands 
zoophytes  ;  mais  les  innombrables  variations  des 
formes  extérieures  des  coquilles  et  des  coraux,  les 
animaux  microscopiques,  et  les  autres  familles  qui 
ne  jouent  pas  dans  la  nature  un  rôle  très  apparent , 
ou  dont  l'organisation  offre  peu  de  prise  au  scalpel, 
ne  demandaient  pas  d'être  traitées  avec  le  même 
détail.  Je  pouvais   d'ailleurs  ,  pour    la   partie  des 


Xlj  rKÉFACÏÏ. 

coquilles  et  des  coraux,  m'en  rapporter  à  l'ou- 
vrage  que  M.  de  Lamarck  publie  en  ce  moment , 
et  011  Ton  trouvera  tout  ce  que  le  plus  ardent 
désir  de  savoir  peut  exiger. 

Quant  aux-  insectes ,  si  intéressans  par  leurs 
formes  extérieures  ,  par  leur  organisation ,  par 
leurs  habitudes  ,  par  leur  influence  sur  toute 
la  nature  vivante ,  j'ai  eu  le  bonheur  de  trou- 
ver un  secours  qui ,  en  rendant  mon  ouvrage 
infiniment  plus  parfait  qu'il  n'aurait  pu  sortir  de 
ma  plume ,  en  a  beaucoup  accéléré  la  publica- 
tion. Mon  confrère  et  mon  ami  M.  de  Latreiile , 
l'homme  de  TEurope  qui  a  le  plus  profondément 
étudié  ces  animaux,  a  bien  voulu  présenter  en  un 
seul  volume  ,  et  à  peu  près  dans  l'ordre  que  j'ai 
suivi  pour  les  autres  parties,  le  résumé  de  ses  im- 
menses recherches ,  et  le  tableau  abrégé  de  ces 
innombrables  genres  que  les  entomologistes  ne  ces- 
sent d'établir. 

Au  reste,  si  dans  cfuelques  endroits  j'ai  donné  moins 
d'étendue  à  l'exposition  et  des  sous-genres  et  des 
espèces,  cette  inégalité  n'a  pas  eu  lieu  pour  ce  qui 
concerne  les  divisions  supérieures  et  les  indications 
des  rapports,  que  j'ai  fondées  partout  sur  des  bases 
également  solides  en  fesant  partout  des  recherches 
également  assidues. 

J'ai  examiné  une  à  une  toutes  les  espèces  que 
j'ai  pu  me  procurer  en  nature;  j'ai  rapproché  celles 
qui  ne  différaient  l'une  de  fautre  que  par  la  taille, 
la  couleur  ou  le  nombre  de  quelques  parties  peu 
imporiantes ,  et  j'en  ai  fait  ce  que  j'ai  nommé  un 


«C'js-gcnre. 


PRÉFACE.  XV] 

Toutes  les  fois  que  je  l'ai  pu ,  j'ai  disséqué  au 
moins  une  espèce  de  chaque  sous-genre  ;  et  si  l'on 
excepte  ceux  auxquels  le  scalpel  ne  peut  pas  être 
appliqué ,  il  existe  dans  mon  livre  très-peu  de 
groupes  de  ce  degré  dont  je  ne  puisse  produire  au 
moins  quelque  portion  considérable  des  organes. 

Après  avoir  déterminé  les  noms  des  espèces  que 
j'ai  observées,  et  qui  avaient  été  auparavant  bien  re- 
présentées ou  bien  décrites,  j'ai  placé  dans  les 
mêmes  sous-genres  celles  que  je  n'ai  point  vues , 
mais  dont  j'ai  trouvé  dans  les  auteurs  des  figures 
assez  exactes,  ou  des  descriptions  assez  précises 
pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  leurs  rapports  na- 
turels; mais  j'ai  passé  sous  silence  ce  grand  nombre 
d'indications  vagues  sur  lesquelles  on  s'est  trop  pressé 
selon  moi  d'établir  des  espèces ,  et  dont  l'adoption 
est  ce  qui  a  le  plus  contribué  à  mettre  dans  le  cata- 
logue des  êtres ,  cette  confusion  qui  lui  ôte  une  si 
grande  partie  de  son  utilité. 

J'aurais  pu  ajouter  presque  partout  des  espèces 
nouvelles  en  quantité  notable;  mais  comme  je  ne 
pouvais  renvoyer  à  des  figures ,  il  aurait  fallu  eu 
étendre  les  descriptions  au  delà  de  ce  que  l'espace 
me  permettait;  j'ai  donc  mieux  aimé  priver  mon 
ouvrage  de  cet  ornement,  et  je  n'ai  indiqué  que 
celles  qui ,  par  une  conformation  singulière  ,  don- 
nent lieu  à  des  sous- genres  nouveaux. 

Une  fois  mes  sous-genres  établis  sur  des  rapports 
certains  et  composés  d'espèces  bien  constatées  ,  il 
ne  s'agissait  plus  que  d'en  construire  ce  grand  écha- 
faudage de  genres ,  de  tribus,  de  familles,  d'ordres  , 


r  f 


IS 


51V  PREFACE.  , 

t 

de  classes  et  d'embranchemeus  qui  constitue  fen 
semble  du  règne  animal. 

Ici  j'ai  marché  en  partie  en  montant  des  divisioi 
inférieures  aux  supérieures  par  voie  de  rapproclie- 
mens  et  de  comparaisons;  en  partie  aussi  en  des- 
cendant des  supérieures  aux  inférieures  par  le 
principe  de  la  subordination  des  caractères;  compa- 
rant soigneusement  les  résultats  des  deux  méthodes, 
les  vérifiant  Tune  par  l'autre,  et  ayant  soin  d'établir 
toujours  la  correspondance  des  formes  extérieures 
et  intérieures  qui,  les  unes  comme  les  autres,  fout 
partie  intégrante  de  l'essence  de  chaque  animal. 

Telle  a  été  ma  marche  toutes  les  fois  qu'il  a  été 
nécessaire  et  possible  d'introduire  de  nouveaux  ar- 
rangemens;  mais  je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  dans 
plusieurs  parties  du  règne,  les  résultats  auxquels 
elle  m'aurait  conduits,  avaient  déjà  été  obtenus  à 
un  degré  si  satisfesant  qu'il  ne  m'est  resté  d'autre 
peine  que  celle  de  suivre  les  traces  de  mes  prédé- 
cesseurs. Néanmoins,  dans  ces  cas  mêmes  où  je  , 
n'avais  rien  à  faire  de  plus  qu'eux,  j'ai  vérifié  et 
constaté  par  des  observations  nouvelles  ce  qu'ils 
avaient  reconnu  avant  moi ,  et  je  ne  l'ai  adopté 
qu'après  l'avoir  soumis  à  des  épreuves  sévères. 

liC  public  a  pu  prendre  une  idée  de  ce  genre 
d'examen  dans  les  mémoires  sur  l'anatomie  des 
mollusques  qui  ont  paru  dans  les  Annales  du  Mu- 
séum, et  dont  je  donne  en  ce  moment  une  coîiec^ 
tion  séparée  et  augmentée.  J'ose  l'assurer  que  j'ai 
fait  un  travail  tout  aussi  étendu  sur  les  animaux 


PREFACE.  XV 

vertébrés,  les  annélides,  les  zoophytes  et  sur  beau- 
coup  d'insectes  et  de  crustacés.  Je  n'ai  pas  cru  né- 
cessaire de  le  publier  avec  le  même  détail  ;  mais 
toutes  mes  préparations  sont  exposées  au  cabinet 
d'Anatomie  comparée  dn  Jardin  du  Roi,  et  servi- 
ront ultérieurement  à  mon  Traité  d'Anatomie. 

Un  autre  travail  bien  considérable ,  mais  dont  les 
pièces  ne  peuvent  être  rendues  aussi  authentiques , 
c'est  Texamen    critique   des   espèces.  J'ai  vérifié 
toutes  les  figures  alléguées  par  les  auteurs,  et  l'ap- 
porté chacune  autant  que  je  l'ai  pu  à  sa  véritable 
espèce,  avant    de  faire   choix  de  celles,  que  j'ai 
indiquées;  c'est  aussi  uniquement  d'après  cette  vé- 
rification ,  et  jamais  d'après  le  classement  des  mé- 
thodistes   précédens  ,    que    j'ai    rapporté    à    mes 
sous-genres  les  espèces  qui  y  appartenaient  Voilà 
pourquoi  l'on  doit  voir  sans  éfonnement  que  tel 
genre   de   Gmelin,  est  aujourd'hui  réparti  même 
dans  des  classes  et  des  embranchemens  différens  ; 
que  de  nombreuses  espèces  nominales  sont  réduites 
à  une  seule  ;  et  que  des  noms  vulgaires  sont  appli- 
qués tout  autrement  qu'auparavant.  Il  n'est  pas  un 
de  ces  changemens  que  je  ne  sois  en  état  de  justifier, 
et  dont  le  lecteur  ne  puisse  trouver  lui-même  la 
preuve,  s'il  veut  recourir  aux  sources  que  je  lui 
indique. 

Afin  d'alléger  sa  peine,  j'ai  eu  soin  de  choisir 
pour  chaque  classe  un  auteur  principal ,  d'ordinaire 
le  plus  riche  en  bonnes  figures  originales ,  et  je  ne 
cite  des  ouvrages  secondaires  qu'autaiit  que  celui-là 


XVJ  PREFACE. 

ne  me  fonniitrien^  ou  qa'il  est  bon  d'établir  quelque 

comparaison  pour  mieux  constater  des  synonymes. 

Ma  matière  aurait  pu  remplir  bien  des  volumes  ; 

mais  je  me  suis  fait  un  devoir  de  la  resserrer,  en 

imaginant  des  moyens  abrégés  de  rédaction.  C'est 

par  des  généralités  graduées  que  j'y  suis  parvenu. 

En  ne  répétant  jamais  pour  une  espèce  ce  que  l'on 

peut  dire  pour  fôut  un  sous-genre  ^  ni  pour  un  genre 

ce  que  Ton  peut  dii-e  pour  tout  un  ordre,  et  ainsi 

de  suite ,  on  arrive  à  la  plus  grande  économie  de 

paroles.   C'est  à    quoi  j'ai  tendu  par-dessus  tout, 

d'autant  que  c'était  là  au  fond  le  but  principal  de 

mon    ouvrage.  On  remarquera  cependant  que  ]& 

n'ai  pas  employé  beaucoup  de  termes  techniques ,  et 

que  j'ai  cherché  à  rendre  mes  idées  sans  tout  cet 

appareil  barbare  de  mots  factices  qui  rebute  dans 

îes  ouvrages  de  tant  de  naturalistes  modernes;  il  ne 

me  semble  pas  que  ce  soin  m'ait  rien  fait  perdre 

en  précision  ni  eu  clarté. 

Il  m'a  fallu  malheureusement  introduire  beau- 
coup de  noms  nouveaux ,  quoique  j'aie  mis  une 
grande  attention  à  conserver  ceux  de  mes  devan- 
ciers; mais  les  nombreux  sous-genres  que  j'ai  éta- 
blis 5  exigeaient  ces  dénominations  ;  car  dans  des 
choses  si  variées  ,  la  mémoire  ne  se  contente  pas 
d'indications  numériques.  Je  les  ai  choisies  ,  soit  de 
manière  à  indiquer  quelque  caractère,  soit  dans  les 
dénominations  usuelles  que  j'ai  latinisées,  soit  enfin, 
à  l'exemple  de  Linnœus,  parmi  les  noms  de  la 
mythologie ,  qui  sont  en  général  agréables  à  l'oreillcj 
çt  que  l'on  est  loin  d'avoir  épuisés. 


PREFACE.  V         XViJ 

Je  conseille  néanmoins  ^  quand  on  nommera  les 
espèces  5  de  n'employer  que  le  substantif  du  grand 
genre,  etle  nom  trivial.  Les  noms  de  sous-genres  ne 
sont  destinés  qu'à  soulager  la  mémoire ,  quand  on 
voudra  indiquer  ces  subdivisions  en  particulier. 
Autrement,  comme  les  sous-genres,  déjà  très- 
niultipliés  ,  se  multiplieront  beaucoup  plus  par  la 
suite,  à  force  d'avoir  de  substantifs  à  retenir  con- 
tinuellement, on  sera  exposé  à  perdre  les  avantages 
de  cette  nomenclature  binaire  si  heureusement 
imaginée  par  Linnœus. 

C'est  pour  la  mieux  consacrer  que  j'ai  démembré 
le  moins  qu'il  m'a  été  possible,  les  grands  genres  de 
cet  illustre  réformateur  de  la  science.  Toutes  les  fois 
que  les  sous-genres  dans  lesquels  je  les  divise  n'ont 
pas  dû  aller  à  des  familles  différentes,  je  les  ai 
laissés  ensemble  sous  leur  ancien  nom  générique. 
C'était  non-seulement  un  égard  que  je  devais  à  la 
mémoire  de  Linnaeus ,  mais-  c'était  aussi  une  atten- 
tion nécessaire  pour  conserver  la  tradition  et  l'in- 
telligence mutuelle  des  naturalistes  des  différens 
pays. 

Pour  faciliter  encore  davantage  l'étude  de  ce 
livre,  car  il  est  fait  pour  être  étudié  pins  que  pour 
être  lu ,  j'y  ai  fait  employer  les  divers  caractères 
de  l'imprimerie,  de  manière  à  correspondre  aux 
divers  degrés  de  généralité  des  idées.  Tout  ce  qui 
peut  se  dire  des  divisions  supérieures,  jusqu'aux 
tribus  ou  sous-familles  inclusivement,  est  en  saint- 
augustin  ;  tout  ce  qui  regarde  les  genres  en  cicéro  ; 
les  sous- genres  et  autres  subdivisions  en  petit- 
TOME    I.  ij    ' 


XVllj  PREFACE* 

romain;  les  espèces  dont  j'ai  cru  devoir  parler  eu 
particulier  5  sont  aussi  en  petit-romain  ,  mais  à  lignes 
plus  cour tes^  ou  rentrées  d'un  quadrat;  enfin  les  notes 
placées  au  bas  des  pages,  contenant  l'indication  des 
espèces  moins  impor taji tes  ^  et  les  discussions  sur  la 
synonymie  ou  sur  quelques  erreurs  que  je  reprends 
dans  les  ouvrages  de  mes  prédécesseurs,  sont  en  petit 
texte.  Partout  les  noms  des  divisions  supérieures  sont 
en  grandes  majuscules  ;  ceux  des  familles ,  des  genres 
et  des  sous-genres,  en  petites  majuscules,  corres- 
pondantes aux  trois  caractères  employés  dans  le 
texte;  ceux  des  espèces  en  italiques;  le  nom  latin 
est  à  la  suite  du  nom  français,  mais  entre  deux 
parenthèses,  et  Ton  a  observé  des  règles  à  peu  près 
semblables  dans  les  tables  méthodiques  qui  pré- 
cèdent chaque  vokime,  et  qui  sont  destinées  à  gui- 
der d'abord  les  commençans.  Ainsi  l'œil  distiiiguera 
d'avance  l'importance  de  chaque  chose  et  l'ordre 
de  chaque  idée,  et  l'imprimeur  aura  secondé  l'au- 
teur de  tous  les  artifices  que  son  art  peut  prêter  à 
la  mnémonique. 

Cette  habitude  que  Ton  prend  nécessairement 
en  étudiant  l'histoire  naturelle ,  de  classer  dans 
son  esprit  un  très -grand  nombre  d'idées,  est  l'un 
des  avantages  de  cette  science  dont  on  a  le  moins 
parlé,  et  qui  deviendra  peut-être  le  principal, 
lorsqu'elle  aura  été  généralement  introduite  dans 
l'éducation  commane  ;  on  s'exerce  par -là  dans 
cette  paiiie  de  la  logique  qui  se  nomme  la  mé- 
thode ,  à  peu  près  comme  on  s'exerce  par  l'étude 
de  la  géométrie  dans  celle  qui  se  nomme  le  syllo- 


PREFACK.  XIX 

gîsme,  par  la  raison  que  Thistoire  naturelle  est  la 
science  qui  exige  les  méthodes  les  plus  précises, 
comme  la  géométrie  celle  qui  demande  les  raison- 
nemens  les  plus  rigoureux.  Or  cet  art  de  la  mé- 
thode ,  une  fois  qu'on  le  possède  bien  ^  s'applique 
avec  un  avantage  iafîni  aux  études  les  plus  étran- 
gères h  rhistoire  naturelle.  Toute  discussion  qui 
suppose  nn  classement  des  faits  ^  toute  recherche 
qui  exige  une  distribution  de  matières  ^  se  fait 
d'après  les  mêmes  lois;  et  tel  jeune  homme  qui 
n'avait  cru  faire  de  ceiïe  science  qu'un  objet  d'a- 
musement, est  surpris  lui-même  ,  à  l'essai,  de  la 
facilité  qu'elle  lui  a  procurée  pour  débrouiller  tous 
les  genres  d'affaires. 

•  Elle  n'est  pas  moins  utile  dans  la  solitude.  Assez 
étendue  pour  suffire  à  l'esprit  le  plus  vaste ,  assez 
variée,  assez  intéressante  pour  distraire  l'ame  la 
plus  agitée,  elle  console  les  malheureux,  elle  calme 
les  haines.  Une  fois  élevé  à  la  contemplation  de 
cette  harmonie  de  la  Nature  irré.sistiblement  réglée 
par  la  Providence,  que  l'on  trouve  faibles  et  petits 
ces  ressorts  qu'elle  a  bien  voulu  laisser  dépendre 
du  libre  arbitre  des  hommes  !  Que  l'on  s'éionne  de 
voir  tant  de  beaux  génies  se  consumer  si  inuti- 
lement, pour  leur  bonheur  et  pour  celui  des  aufres, 
à  la  recherche  de  vaines  combinaisons  dont  quel- 
ques années  suffisent  pour  faire  disparaître  jusqu'aux 
traces. 

Je  l'avoue  hautement  :  ces  idées  n'ont  jamais  été 
étrangères  à  mes  travaux ,  et  si  j'ai  cherché  de  tous 
mes  moyens  à  propager  cette  paisible  étude,  c'est 


XX  .       PREFACE. 

que  dans  mon  opinion  elle  est  plus  capable  qu'au* 
cune  autre ,  d'alimenter  ce  besoin  d'occupation  qui 
a  tant  contribué  aux  troubles  de  notre  siècle  ;  mais 
il  est  tems  de  revenir  à  mon  objet. 

Il  me  reste  à  rendre  compte  des  principaux 
cbangemens  que  j'ai  faits  aux  méthodes  dernière- 
ment reçues,  et  à  témoigner  ce  que  je  dois  aux 
naturalistes  dont  les  ouvrages  m'en  ont  fourni  ou 
suggéré  une  partie. 

Pour  prévenir  une  critique  qui  se  présentera  na- 
iurellemenl:    à    beaucoup   de   personnes ,    je    dois 
remarquer  d'abord,    que  je  n'ai  eu  ni  la  préten- 
tion ,  ni  le  désir  de    classer  les  êtres  de  manière 
à  en  former  une  seule  ligne  ,  ou  à  marquer  leur 
supériorité    réciproque.   Je  regarde    mciuc    toute 
V    tentative  de    ce  genre  comme  inexécutable  ;  ainsi 
je  n'entends  pas  que  les    mammifères   ou   les   oi- 
seaux, placés  les  derniers,  soient  les  plus  impar- 
faits de  leur  classe  ;  j'entends    encore  moins  que 
le   dernier  des  mammifères  soit  plus   parfait  que 
le  premier    des  oiseaux,    le   dernier    des  mollus- 
ques   plus  parfait  que  le    premier  des    annélides 
ou  des  zoopliy tes;  même  en  restreignant  ce  mot 
vague    de   plus    parfait ,  au    sens    de   plus    com- 
plètement organisé.  Je  n'ai  considéré  mes  divisions 
et  subdivisions  que  comme  l'expression  graduée  de 
la  ressemblance  des  êtres  qui  entrent  dans  chacune; 
et  quoique  il  y  en  ait  où  l'on  obsei've  une  sorte  de 
dégradation  et  de  passage   d'une  espèce  à  l'autre, 
qui  ne  peut  être  niée  ,  il  s'en  faut  de  beaucoup 
que  cette  disposition  soit  générale.  L'échelle  pré- 


PREFACE.  XXJ 

fendue  des  êtres  n'est  qu'une  application  erronée  à 
la  totalité  de  la  création  de  ces  observations  par- 
tielles ^  qui  n'ont  de  justesse  qu'autant  qu'on  lesr 
restreint  dans  les  limites  où  elles  ont  été  faites  ^  et 
cette  application ,  selon  moi  ^  a  nui,  à  un  degré  que 
l'on  aurait  peine  à  imaginer ,  aux  progrès  de  This- 
foire  naturelle  dans  ces  derniers  tems. 

C'est  en  conformité  de  cette  manière  de  voir, 
que  j'ai  établi  ma  division  générale  en  quatre  em- 
brancliemens ,  qui  a  déjà  été  exposée  dans  un  mé- 
moire particulier  ;  je  crois  toujours  qu'elle  exprime 
les  rapports  réels  des  animaux  plus  exactement  que 
l'ancienne  division  en  vertébrés  et  non  vertébrés  ^ 
par  la  raison  que  les  anima^ux  vertébrés  se  ressem- 
l^lent  beaucoup  plus  entre  eux  que  les  non  verté- 
brés,  et  qu'il  était  nécessaii-e  de  rendre  cette  diffé- 
rence dans  l'étendue  des  rapports. 

M.  Virey,  dans  un  article  du  nouveau  Diction- 
naire d'Histoire  naturelle,  avait  déjà  saisi  une  partie 
des  bases  de  cette  division,  et  principalement  celle 
qui  repose  sur  le  système  nerveux. 

Le  rapprochement  particulier  des  vertébrés  ovi- 
pares entre  eux ,  a  pris  sa  source  dans  les  curieuses 
observations  de  M.  Geoffroy  sur  la  composition  des 
têtes  osseuses,  et  dans  celles  que  j'y  ai  ajoutées  re- 
lativement au  reste  du  squelette  et  à  la  myologie. 

Dans  la  classe  des  mammifères,  j'ai  ramené  les 
solipèdes  aux  pachydermes;  j'ai  divisé  ceux-ci  en 
familles  d'après  de  nouvelles  vues;  j'ai  rejeté  les 
ruminans  à  la  fin  des  quadrupèdes  ;  j'ai  phicé  le  la- 


X5Îj  PREFACE. 

nianliii  près  des  cétacés;  j'ai  distribué  un  peu  aufre- 
tiient  Tordre  des  carnassiers;  j'ai  séparé  les  ouistitis 
de  tout  le  genre  des  singes  ;  j'ai  indiqué  une  sorte  de 
parallélisme  des  animaux  à  bourse  avec  les  autres 
mammifères  digités,  le  tout  d'après  mes  propres 
études  anatomiques.  Les  travaux  récens  et  approfon- 
dis de  mon  ami  et  collègue  M.  Geoffroy  de  Saint- 
Hilaire^  ont  servi  de  base  à  tout  ce  que  je  donne 
sur  les  quadrumanes  et  sur  les  chauves-souris.  Les 
recberclies  de  mon  frère  ^  M.  Frédéric  Cuvier ,  sur 
les  dents  des  carnassiers  et  des  rongeurs  ^  m'ont  été 
d'une  grande  utilité  pour  les  sous-genres  de  ces 
deux  ordres.  Les  genres  de  feu  M.  Illiger  ne  sont 
guère  que  le  résultat  de  ces  inêmes  recherches  et 
de  celles  de  quelques  naturalistes  étrangers;  cepen- 
dant j'ai  adopté  ses  noms  toutes  les  fois  que  ses 
genres  se  sont  rencontrés  avec  mes  sous -genres. 
M.  de  Lacépède  avait  aussi  saisi  et  indiqué  plu- 
sieurs excellentes  divisions  de  ce  degré ^  que  je  me 
suis  également  empressé  d'adopter;  mais  les  carac- 
tères de  tous  les  degrés  et  toutes  les  indications 
d'espèces  ont  été  faites  d'après  nature,  soit  dans 
le  cabinet  d'Anatoraie,  soit  dans  les  galeries  du 
Muséum. 

Il  en  a  été  de  même  des  oiseaux;  j'ai  examiné 
avec  la  pins  grande  attention  plus  de  quatre  mille 
individus  au  Muséum;  je  les  ai  rangés  d'après  mes 
vues  dans  la  galerie  publique,  depuis  plus  de  cinq 
ans,  et  j'en  ai  tiré  tout  ce  que  je  dis  de  cette  classe 
dans  cctic  partie  de  mon  ouvrage.  Ainsi,  les  rapports 
que  mes  subdivisions  pourraient  avoir  avec  quel- 


PREFACE,  XXllj 

qiies  iabîeaiix  récents  ^  soiît  de  ma  part  purement 
accidentels. 

J'espère  que  les  naturalistes  approuveront  les 
nombreux  sous-genres  que  j'ai  cru  devoir  établir 
parmi  les  oiseaux  de  proie ,  les  passereaux  et 
les  oiseaux  de  rivages;  ils  me  paraissent  avoir 
apporté  la  plus  grande  clarté  dans  des  genres  au- 
paravant fort  embrouillés.  J'ai  marqué  aussi  exac- 
tement que  je  l'ai  pu  ,  la  concordance  de  ces  sub- 
divisions avec  les  genres  de  MM.  de  Lacépède  , 
Meyer,  Wolf,  Temmink^  Savigny,  et  j'ai  rap- 
porté à  chacune  toutes  les  espèces  dont  j'ai  pu 
avoir  une  connaissance  bien  positive.  Ce  travail 
fatigant  sera  agréable  à  ceux  qui  s'occuperont  à 
Fcivenir  d'une  véritable  histoire  des  oiseaux.  Les 
beaux  ouvrages  d'ornithologie  pubUés  depuis  quel- 
ques  années,  et  principalement  ceux  de  M.  le  Vail- 
lant,  qui  sont  remplis  de  tant  d'observations  inté- 
ressantes, et  ceux  de  M.  Vieillot,  m'ont  été  fort 
utiles  pour  désigner  avec-  précision  les  espèces 
cju'ils  représentent. 

La  division  générale  de  cette  classe  est  restée 
telle  que  je  l'avais  publiée  en  1798,  dans  mon  Ta- 
bleau élémentaire  (t). 

J'ai  cru  aussi  devoir  conserver  pour  les  reptiles 


(1)  Je  n'en  fais  l'observation,  que  parce  qu'un  naturaliste  estimable 
(M.  Vieillot)  s'est  allribué  par  oubli,  clans  un  ouvrage  de  cette 
année  1816  ,  la  révinion  des  picœ  avec  les  passeres.  Je  l'avais  faite 
dès  1798.  Je  dois  consigner  ici  le  regret  de  n'avoir  pu  profiter  de  son 
travail  ,  qui  n'a  paru  que  long-temps  après  que  mon  premier  volume 
était  déjà  achevé  d'imprimer. 


XXÎV  PREFACE. 

ia  division  générale  de  mon  ami  M.  Brongnîartj 
mais  j'ai  fait  de  grands  travaux  anatomiqnes  pour 
arriver  aux  subdivisions  ultérieures.  M.  Oppel, 
comme  je  Tai  dit  ^  a  profilé  en  partie  de  ces  travaux 
préparatoires;  et  toutes  les  fois  qu'en  définitif  mes 
genres  se  sont  accordés  avec  les  siens,  j'en  ai  averti. 
L'ouvrage  de  Daudin,  tout  médiocre  qu'il  est,  m'a 
été  utile  pour  des  indications  de  détail  ;  mais  les  di- 
visions particulières  que  j'ai  données  dans  les  genres 
des  monitors  et  des  geckos ,  sont  le  produit  de  mes 
propres  observations ,  faites  sur  un  grand  nombre 
de  reptiles  nouvellement  apportés  au  Muséum  par 
Péron  et  par  M.  Geoffroy. 

Mes  travaux  sur  les  poissons  me  paraissent  ce  que 
}'ai  fait  de  plus  considérable  toucbant  les  animaux 
vertébrés.  Notre  Muséum  ayant  reçu  un  grand 
nombre  de  poissons,  depuis  que  le  célèbre  ouvrage 
de  M.  de  Lacépède  a  été  publié,  j'ai  pu  ajouter  plu- 
sieurs subdivisions  à  celles  de  ce  savant  naturaliste  , 
combiner  autrement  plusieurs  espèces,  et  multiplier 
les  observations  anatomiques.  J'ai  eu  aussi  àes 
moyens  de  mieux  constater  les  espèces  de  Com- 
merson  et  de  quelques  autres  voyageurs;  et,  à  cet 
égard,  je  dois  beaucoup  à  une  revue  qu'a  faite 
M.  Duméiil  des  dessins  de  Commerson,  et  des  pois- 
sons secs  qu'il  avait  apportés ,  mais  qui  n'ont  été 
recouvrés  que  depuis  peu  :  ressources  auquelles  j'ai 
joint  celles  que  m'offraient  les  poissons  rapportés 
par  Péron  de  l'Océan  et  de  l'Archipel  des  bides; 
ceux  que  j'ai  recueillis  dans  la  Méditerranée,  et  les 
collections   faites  à    la  cote  de   Coromandel  par 


PREFACE.  XXV 

feu  Sonneraf  5  à  l'Isle  de  France  par  M.  Mathieu  , 
danà  le  Nil  et  dans  la  Mer  rouge  par  M.  GeofFroi ,  etc. 
J'ai  pu  ainsi  vérifier  la  plupart  des  espèces  de  Blocli, 
de  Russe!  et  d'autres,  et  faire  préparer  les  sque- 
lettes et  les  viscères  de  presque  tous  les  sous-genres, 
en  sorte  que  cette  partie  offrira,  j'espère,  beaucoup 
de  nouveautés  aux  Ichthyologistes. 

Quant  à  ma  division  de  cette  classe,  je  conviens 
qu'elle  est  peu  commode  pour  l'usage ,  mais  je  la 
crois  au  moins  plus  naturelle  qu'aucune  des  pré- 
cédentes; en  la  publiant,  il  y  a  quelque  temps, 
je  ne  l'ai  donnée  que  pour  ce  qu'elle  vaut;  et  si 
quelqu'un  découvre  un  principe  de  division  plus 
net  et  aussi  conforme  à  l'organisation,  je  m'em- 
presserai de  l'adopter. 

Il  est  connu  que  tous  les  travaux  qui  ont  eu  lieu 
sur  la  division  générale  des  animaux  sans  vertèbres ^ 
ne  sont  que  des  moditîcatious  de  ce  que  j'ai  proposé 
en  1795,  dans  le  plus  ancien  de  mes  mémoires,  et 
l'on  sait  en  particulier  combien  de  soins  et  de 
temps  j'ai  consacré  à  l'anatomie  des  mollusques  en 
général,  et  principalement  à  la  connaissance  des 
mollusques  nus.  La  détermination  de  cette  classe , 
ainsi  que  ses  divisions  et  subdivisions  ,  reposent  sur 
mes  observations;  le  magnifique  ouvrage  de  M.  Poli, 
m'avait  seul  devancé  par  des  descriptions  et  des 
anatomies  utiles  à  mon  but,  mais  des  multivaîves  et 
des  bivalves  seulement.  J'ai  vériiié.tous  les  faits  que 
cet  habile  anatomiste  m'a  fournis^  et  je  crois  avoir 
marqué  avec  plus  de  justesse  les  fonctions  de 
quelques  organes.  J'ai  chei'ché  aussi  à  détei'miner 


XXVJ  PnEFACE. 

les  animaux  auxquels  appartiennent  les  principales 
formes  (-es  coquilles,  et  à  répartir  celles-ci  d'après 
cette  considération  ;  mais  quant  anx  divisions  ulté- 
rieures des  coquilles  dont  les  animaux  se  ressem- 
blent, je  ne  m'en  suis  guères  occupé  ,  que  pour  me 
mettre  en  état  d'exposer  brièvement  celles  qu'ont 
admises  MM.  de  Lamark  et  de  Montfort;  et  même 
le  petit  nombre  de  genres  ou  de  sous -genres  qui 
me  sont  propres,  dérivent  principalement  de  l'ob- 
servation des  animaux.  Je  me  suis  borné  à  citer 
par  voie  d'exemple,  un  certain  nombre  des  espèces 
de  Martini ,  de  C.hemnitz,  de  Lister,  de  Soldani,  et 
cela  uniquement  parce  que  le  volume  où  M.  de 
Lamark  doit  traiter  de  cette  partie  n'ayant  pas  en- 
core para,  j'étais  obligé  de  fixer  sur  des  objets 
précis  l'attention  de  mes  lecteurs.  Mais  je  n'ai  pas 
prétendu  mettre  dans  le  choix  et  la  détermination 
de  ces  espèces,  la  même  critique  que  pour  celles 
des  animaux  vertébrés  et  des  mollusques  nus. 

Les  belles  observations  de  MM.  Savign}^  Lesueur 
el  Desmare ts  sur  les  ascidies  composées ,  rappro- 
chent cette  dernière  famille  de  mollusques,  de  cer- 
tains ordres  de  zoophyte^;  c'est  un  rapport  curieux 
et  une  preuve  de  plus  que  les  animaux  ne  peuvent 
être  rangés  sur  une  même  ligne. 

Je  crois  avoir  retiré  les  annélides,  dont  l'établis- 
sement m'appartient  de  fait,  quoique  je  n'aie  pas 
imaginé  leur  nom,  du  mélange  oii  ils  étaient  con- 
fondus auparavant,  parmi  les  mollusques,  les  ies- 
tacés  et  les  zoophytes,  et  les  avoir  rapprochés  dans 
l'ordre  naturel  ;  leurs  genres  mêmes  n'ont  acquis 


PnEFACE.  XXVlj 

tpelcpe  clarté  que  par  les  détermîiiafîons  que  j'ea 
ai  données  dans  le  Dictionnaire  des  Sciences  na- 
turelles et  ailleurs. 

Je  ne  parlerai  point  des  trois  classes  contenues 
dans  le  troisième  volume;  M.  Latreille,  seul  auteur 
de  cette  partie,  si  l'on  excepte  quelques  détails 
d'anatomie  que  j'ai  intercalés  dans  son  texte,  d'après 
mes  observations  et  celles  de  M.  Ramdolir,  expo- 
sera dans  un  avertissement  ce  que  son  travail  a  de 
particulier. 

Quant  aux  zoophj^tes  qui  terminent  le  règne 
animal,  je  me  suis  aidé  pour  les  écîiioodermes  du 
travail  récent  de  M.  de  Lamarck  ;  et  pour  les  vers 
intestinaux,  de  l'ouvrage  de  M.  Rudolplii ,  intitulé 
Entozoa;  mais  j'ai  fait  moi-même  l'anatomie  de  tous 
les  genres,  dont  quelques-uns  n'ont  encore  été  dé- 
terminés que  par  moi.  Au  reste  il  existe  sur  l'ana- 
tomie des  échiiiodermes  un  travail  excellent  de 
M.  Tiedemann ,  que  l'Institut  a  couronné  il  y  a 
quelques  années  et  qui  paraîtra  bientôt  ;  il  ne  lais- 
sera rien  à  désirer  sur  ces  curieux  animaux.  Les 
coraux  et  les  infasoires  n'offrant  presque  point  de 
prise  à  l'anatomie ,  j'en  ai  traité  fort  brièvement, 
li'ouvrage  nouveau  de  M.  de  Lamarck  suppléera 
à  ce  qui  me  manque  (i). 

Je  n'ai  pu  rappeler  ici  que  les  auteurs  qui  m'ont 
fourni  ou  qui  ont  fait  naître  en  moi  des  vues  géné- 


(i)  Je  reçois  à  l'instant  même  Y  Histoire  des  Polypiers  coraîUgènes 
Jlexihles  de  M.  Lamouronx  ,  qui  donnera  elle-même  un  excellent 
supplément  à  M.    Lamarct. 


Xxviij  PREFACE. 

raies  (i).  Il  en  est  beaucoup  d'autres  auxquels  J^ai 
dû  des  faits  particuliers,  et  que  j'ai  cités  avec  soin 
aux  articles  où  je  profite  de  leurs  observations.  On 
pourra  voir  leurs  noms  à  toutes  les  pages  de  mon 
livre.  Si  j'avais  négligé  de  rendre  justice  à  quel- 
qu'un d'entre  eux,  ce  serait  un  oubli  bien  invo- 
lontaire, et  j'en  demande  excuse  d'avance;  il  n'est 
à  mes  yeux  aucune  propriété  plus  sacrée  que  celle 
des  conceptions  de  l'esprit,  et  l'usage  devenu  trop 
commun  parmi  les  naturalistes,  de  masquer  des 
plagiats  par  des  cbangemens  de  noms,  m'a  tou- 
jours paru  un  véritable  délit. 

Je  vais  maintenant  m'occuper  sans  relâche  de  la 
publication  de  mon  Anatomie  comparée  ;  les  maté- 
riaux en  sont  prêts ,  une  grande  quantité  de  pré- 
parations et  de  dessins  sont  terminés  et  classés  ;  et 
j'aurai  soin  de  diviser  cet  ouvrage  par  parties ,  dont 
chacune  fera  un  tout,  en  sorte  que  si  mes  forces  ne 
suffisent  pas  pour  exécuter  la  totalité  de  mon  plan , 
ce  que  j'aurai  donné  au  public  formera  cepen- 
dant des  suites  complètes,  chacune  dans  son  objet  ; 
et  que  les  matériaux  que  j'aurai  rassemblés,  pour- 
ront être  employés  immédiatement  par  ceux  qui 
voudront  bien  entreprendre  la  continuation  de  mes 
travaux. 

Au  Jardin  du  Roi  ,  ocùohre  i8i6. 


(l)  M.  do  Blainvillo  vient  de  publier  récemment  sur  toute  la 
zoologie  des  lahles,  dont  j'ai  aussi  le  regret  de  n'avoir  pu  proûter, 
parce  qu'elles  ont  paru  au  moment  où  mon  oayrage  était  presque  en-. 
tièrcmetit  imprimé. 


TABLE    METHODIQUE 

DU  PREMIER  VOLUME. 


Introduction pag.   i 

De  l'Histoire  Naturelle  et  de  ses  méthodes  en 

•    général Tl?, 

Des  Etres  vivans  et  de  Torganisation  en  général .    1 2 
Division   des    Etres  organisés    en   animaux    et 

végétaux 2L 

Des  formes  propres  aux  élémens  organiques  du 

corps  animal ,  et  des  combinaisons  principales 

de  ses  élémens  chimiques 25 

Des  forces  qui  agissent  dans  le  corps  animal. . . .   5o 
Idée  sommaire  des  fonctions  et  des  organes  du 

corps  des  animaux,  ainsi  que  des  divers  degrés 

de  leur  complication  ........,.....; 06 

Exposé  rapide  des  fonctions  intellectuelles  des 

animaux 47 

De  la  méthode  dans  son  application  au  règne 

animal * 55 

Distribution  du  règne  animal  en  quatre  grandes 

divisions 67 

Animaux  vertébrés  en  général 62 

Leur  subdivision  en  quatre  grandes  classes G7 


MAMMIFERES,  pag.  70 

Leur  division  en  ordres.    76 

Î3ÏMANES 81 

Homme Ib. 

tonformalion  particu- 


lière de  l'homme  ...    82. 
Développement    phy- 
sique    et    moral    de 
l'homme 

Variétés   de    l'espèce; 


f"|        f\       f\  <\       F«V 

■^       '''    ■»         '  ''        '      / 


XXX 


TABLE    MET 


humaine 94 

QUADRUMANES..  100 
Sinj^es 101 

Singes    proprement 
diis 102 

Orangs Ib. 

Guenons io4 

Babouins 107 

Magots IL. 

Macaqiies 108 

CynocépLales..    109 

ManUiils 111 

Pongos Ib. 

Sapajous 112 

Sapajous    propre- 
ment dits Ib. 

Alouattes. ....  Ib. 
Sapajous    ordi- 
naires.. . , . .  .  1 15 

Aièlcs Ib. 

Sajous ii4 

Sakis 1 15 

Ouistitis Ib. 

Makis 116 

M;ikis  proprem.dils.  117 

Indris. r  i(S 

Loris Ib. 

Galago Ib. 

Tarsiers; 119 

CARNASSIERS  ....  Ib. 

Chéiroptères 21 

Chauve-souris 122 

Roussettes ^110 

Boussetifs       pro- 
prement dites..    Ib. 

Cépbaloles 124 

Cliauve-souris    pro- 

ment  dites Ib. 

Molosses 125 


HODIOUE. 

Nyctinomes ...  «     Ib, 

Noclilions Ib. 

Phyilostomes. . .  •    126 

Rliinoloplies Ib, 

Mégadermes....    127 

■     Nyclères 128 

Rliinopomes.  .  . .     Ib. 

Taphiens Ib, 

Vespertilions. . .  .    129 

Oreillards i3o 

Galeopiîhècjues Ib. 

Insectivores i3i 

Hérissons i32 

Musaraignes Ib, 

Desmans j34 

Scalopes Ib. 

Chrysoclilores.  .  .    i35 

Tenrecs 137 

Taupes l'àj 

Carnivores i38 

Plantigrades.  ......  141 

Ours Ih. 

Ratons i43 

Coatis Ib. 

Kinkajous i44 

Blaireaux Ib. 

Gloutons.  . .  c. .  • . .    i45 

Digitigrades 147 

Martes Ib, 

Putois..  . . , Ib. 

Maries    proprement 

diles 149 

Mouffettes i5o 

Loutres i5i 

Chiens iSz 

Renards 1 54 

Civettes i56 

Civettes       propre- 


BU    PREMIER 

meni  diles Ib. 

Geneltes Ib. 

Mangoustes iSy 

Suricales i58 

Hyènes Ib. 

Cliats. i5g 

Amphibies i63 

Phoques  .........  164 

PliO(jues       propre- 
ment (lits 

Otaries 

Morses 

Marsupiaux 

Didelpliis 

Chironectes 

Dasyures  .  ...... 

Pern  mêles 

Plialajigers 

Phalangers  pro- 
prement dits. . 

Pelanrus 

Hypsiprimnus. . . . 

Kangnroos.  • 

Koala 

Pliascolomes 

RONGEURS 

A    CLAVICULES 

Castors.. 

Rats 


i65 

166 

167 

169 

172 

Ib. 

1-5 

176 

178 

Ib. 
179 
iSo 
182 

i84 
Ib. 

186 
189 

Ib. 

191 

Campagnols Ib. 

Ondatras 192 

Campagnols    pro- 
prement dits. ,    Ib. 

Ijemmings igô 

Ecliimys ig4 

Loirs 195 

Hydromys 196 

Balsproprem.  dits.  197 


VOLUME  XXXJ 

Hamsters 1 98 

Gerboises 199 

Rals-laupes  du  cap 
ou  Bailiyergiis* .    201 

HéiaillJS 202 

Marmottes 2o3 

Ecureuili* 204 

•  PoLttouches, .  » .  . .    206 
Aye- Aye 207 

Sans  CLAVICULES.. . .  208 

Porc-Épics Ib» 

Lièvres 209 

Lièvres     proprem, 

dits 210 

Lagomys  ........    211 

Cabiais , .  212 

Cochons  d'Inde..  .    2i3 

Agoutis 2i4 

Pacas.  , Ib, 

ÉDENTJÉS 2i5 

Tardigraçes Ib. 

Par^seux  ..,,....   Ib. 

Megaflieriuin. 
Voyez  les  additions  et 
corrections, au  4^.  vol. 

EdentÉs  ordinaires  218 

Tatous Ib, 

Orycteropes 121 

Eourriuliers 222 

Pangolins 223 

MONOTREBIES 224 

Echidnés 226 

Ornithorin.|ues. . . .   Ib. 

PACHYDERMES.  ..  227 

Proboscidiens 228 

Eléphans 2^0 


XXxij  TABLE 

ivlaslodontes 

Pachydermes  ordin. 
Hippopotames  .... 

Cochons 

Cochons      propre- 
ment dits 

Phacochœres 

Pécaris ,. . . 

Anoplotlierium.  .. 

Rhinocéros 

Daman.. 

Palseotherium 

Tapirs 

SOLIPEDES  

Chevaux 

RUMINANS 

Sans  cornes 

Chameaux 

Chameaux    propre 

ment  dits 

Lamas 

Chevrotains 

Avec  cornes.  ® 

Cerfs 

Girafes 

Antilopes 

Chèvres 

Moutons 

Bœufs 

CÉTACÉS 

Herbivores 

Lamantins 

Dugongs 

Rjlines 

Ordinaires 

A  PETITE  TÊTE. 


METHODIQUE 


232, 

233 

234 

235 

ib, 
256 

238 
239 
240 

241 
242 
243 

Ih. 
246 
249 

Ib. 

25o 

25  1 

Ib. 

253 
258 
269 
265 
266 
269 

271 

273 

Ib. 

274 

275 

Ib. 


Dauphins 277 

Dauphins    propre- 
ment dits..  •... .     Ib, 

Marsouins 279 

Delphinaplères. .   280 

Hypéroodons Ib. 

Narvals .' Ib. 

A  GROSSE  TÊTE. 

Cachalots 282 

Fhysélères 284 

Baleines Ib. 

Balénoptères  à  ven- 
tre lisse 286 

Balénoptères  à  ven- 
tre plissé 287 

Vertébrés  ovipares 
en  général 3  04 

OISEAUX 290 

OISEAUX  DE  PROIE.  3o3 

Diurnes 3o4 

Vautours Ib, 

Vautours    propre- 
ment dits 3o5 

Sarcorauiplies.  . .  .    3o6 

Percuoptères 5o7 

Griffons SoS 

Faucons 809 

Faucons       propre- 
ment dils //;. 

Gerfiinls 012 

Ignobles 5i5 

Aigles Ib. 

Aigles      propre- 
ment dils.  ....    Jb. 
Aigles  pécheurs,  5i5 
OiTrayes.,  . . .    Ib. 
Ealbusards,..    3 16 
Ilarpies Tnj 


DU    PRE MIE 

'Aigles-aulours.  ♦  3i8 

Cymimlis Sig 

Autours Ih. 

Epeiyiers Sai 

Milans Ib, 

Milans  propt.  dits.  322 

Bondrées Ib. 

Buses  ,.  » 32  0 

Buzards 024 

■  Messager SaS 

KOCTURNES 3^6 

Strix 327 

Hibous , . .  . .  Ib. 

Chouelles Ssg 

Effrayes Ib. 

Chal-liuans 53o 

Ducs 55 1 

Chevêches Ib. 

Ch.  H  aigreltes.. . .  Ib. 

Scops 553 

PASSEREAUX 334 

Dentirostres.,  . . .  336 

Piegrièches Ib. 

Piegr.  propr» dites.    Ib. 
à  Macli.  sup.  arq. 
à  M.  sup.  droite. 
à  bec  renflé, 
à  huppes. 

Vangas 009 

Langrayens Ib. 

Cassicans 34o 

Bécardes Ib. 

Choucaris 54 1 

Belhyles Ib. 

Tangaras 342 

Tang.  euphones. .  .  Ib. 
Tang.  gros  becs. . .  Ib. 
Tang.  propr.  dits. .    Ib 

TOME    I. 


R 


VOLUME.  xxxiij 

Tang.  loiiiots 343 

,     Tang.  cardiuals..  .    Ib. 
Tang.  ramphocèles  Ib> 

Gobe-moucbes.  . . .   Ib. 

Tyrans Ib. 

Moucherolles  ....    344 
Gobe    -  mouches 

proprement  dits..  345 
Gymnocéphales. . .  346 
Céphaloptères.  . .  .    347 

Colingas Ib. 

Colingas  ordin..    Ib. 
Echen illeurs. . .   348 

Jasenrs ôég 

Procnias ■  .    Ib, 

Gymnodères  . . .    Ib. 
Drongos 55o 

Merles Ib. 

Merles  propr.  dits.  35i 

Grives.  .^ 352 

Chocards. .......  355 

Loriots 556 

Fourmiliers.. ....  Ib. 

Ciucles.' 558 

Philedons., Ib. 

Martins 36o 

Msenura 36r 

Manakins 362 

Co(j  de  roches  ....    365 
■  Vrais    Manakins  .     Ib.. 

Becs-fins 7/.. 

Traquets Ib. 

Rubiettes 364 

Fàuvetlcs  ,,.....  3G5 

Accenlor 368 

Boilelets 3Ô9 

Troglodiles 370 

Hochcaueues  . ,  ..  3rt> 

A  l 

m  •  % 


XXXI V  TABLE    ME 

Hochequeues  pro- 
prement dits..    Ib. 
Bergeroneltes  . .   Syi 

Farlouses Ib. 

FlSSIROSTRES 372 

Hirondelles SyS 

Martinets Ib, 

Hirondelles  propr.  374 
Engoulevents SyS 

Podarges.  (Voy.  les 
addit.  et  corr.  ) 

CONIROSTRES Syy 

Alouettes Ib. 

Alouelles    propre- 
ment dites Ib. 

Calandres. .  » SyS 

Sirlis •   079 

Mésanges 379 

Mésanges     propre- 
ment dites Ib. 

Moustaches 38o 

Remiz 58 1 

Bruants Ib. 

Moineaux 383 

Tisserins. .......  Ib. 

Moineaux    propre- 
ment dits 385 

Pinçons 586 

Linottes    et  Char- 
donnerets   Ib, 

Veuves 388 

Gros-becs 089 

Pitylus 390 

Bouvreuils Ib. 

Becs-croisés 391 

Dur-becs Ib. 

Colious  .  . .  c 392 

Glaucopes 393 


THODIQUE 

Piquebœuf .  •.*....  Ih» 

Cassiques 898 

Cassiques    propre- 
ment dits.  •. . . .   594 

Troupiales Ib. 

Carouges Ib. 

Pitpils 595 

Etourneaux Ib, 

Sittelles 896 

Corbeaux Ib. 

Corbeaux    propre- 
ment dits 397 

Pies 398 

Geais 599 

Cassenoix Ibm 

Témia 4oo 

Rolliers Ib, 

RoUiera   proprem. 

dits Ib. 

Rolles 4oi 

Mainates Ib. 

Oiseaux  de  paradis.  4o2 
Tenuirostres 4*^5 

Huppes 4^6 

Craves Ib. 

Huppes    proprem. 
ment  dites Ib. 

Promerops 407 

Epimaques Ib. 

Grimpereaux 4^8 

Grimpereaux    pro- 
prement dits.  .  .  .     Ib. 

Picucules 409 

Echelettcs Ib. 

Sucriers 4io 

Dicées Ib, 

Héorotaires 4ii 

Souïmangas Ib, 

Colibris 4'^ 


DU    PREMIER    VOLUME. 


XXXV 


Colibris    propre- 
ment dits 4i3 

Oiseaux  mouches. .   4i4 

Syndactyles Ib. 

Guêpiers 4^^ 

Motmots Ih. 

Martins-Pêcheurs.,  ^\G 

Ceix 4^7 

Todiers Ib. 

Calaos 4'^ 

GRIMPEURS 419 

Jacamars ^2.0 

Jacamars  propre- 
ment dits Ih. 

Jacamerops Ih. 

Pics 4^^ 

Picoïdes 4^3 

Torcols Ib, 

Coucous 4H 

Vrais  Coucous. . .  .    Ib. 

Couas 4^^ 

Coucals Ib. 

Courols 4^6 

Indicateurs Ib. 

Barbacous Ib. 

Malcohas 437 

Sc^lhrops Ib. 

Barbus Ib. 

Barbicans 428 

Barbus  propres.  . .     Ib. 
Tamatias 429 

Gouroucous Ib. 

Anis 4^0 

Toucans Ib. 

Toucans  propr.dils.  43i 
Aracaris Ib. 

Perroquets Ib, 


Aras « 432 

Perruches Ih. 

Cacatoès 433 

Perroquets     pro- 
prement dits. .. .  434 
Perroquets  à  trompe  Ib. 
Pézopores.. . .  ». , .  Ib. 

Touracos , . ,  4^^ 

Musophages l^dG 

GALLINACÉS Ib. 

Paons 433 

Dindons Ib. 

Alectors 4^9 

Hoccos Ib. 

Pauxi 44o 

Guans 44i 

Parraquas 442 

Hoazin 44^^ 

Faisans Ib. 

Coqs Ib. 

Faisans      propre- 
ment dits..  !  . .  .  .   444 
Houppifères. .....    445 

Lophophores 445 

Cryptonyx Ih. 

Peintades 44? 

Tétras Ib. 

Coqs  de  bruyères.  .    Ib. 

Perdrix 45o 

Francolins /   . 

Cailles 452 

Colins Ib. 

Tridactyles 453 

Turnix Ib, 

Syrrhaptes Ib. 

Tinamous 454 

Pigeons Ib. 

Colombigallines,.  ,   455 


XX.WJ  TABLE    ME 

Colombes 456 

Colombars., 467 

ECHASSIERS 458 

Breyipennes 4^9 

Autruclies. ........  460 

Casoar 4^^ 

Fressirostres  ....  463 

Outardes 4^4 

Pkîviers ^65 

(lEdicnèmes. . .  . .  .    Ib. 

Pluviers  propre- 
ment dits 466 

Vamieaux 4^7 

Vanneau-pluviers.    Ib, 
Vanneaux   propre- 
ment dits Ib' 

Huîlriers, . 4^^ 

Coure-vile 4^9 

Canama Ib. 

CULTRIROSTRES.  .  .  .   4?^ 

Grues 4?^ 

•    Agami. Ib. 

Numidiqiies 472 

Grues       propre^ 
menh  dites Ib. 

Coinlans 473 

Cau raies  ........     Ib. 

Savacous i^'j.'l 

Hérons 47^ 

Cigognes 477 

Jabirus 47^ 

Ombrelles 479 

Bec-ouverts.  ......   Ib. 

Taiiiale 4^^"^ 

Spatules .  ^Bt 

LONGIROSTRES 4^^^ 

Ibis £ù. 


THODIOUE 

Courlis 485 

Corlieus Ib, 

Falcinelles.  ..>;.. .   485 

Bécasses  . //>• 

Bécasses Ib, 

Rhyncbées •  487 

Barges 483 

Maubèclies 489 

Alouettes  de  mer. .   490 

Combattans. Ib. 

Sanderliugs 491 

Plialaropes Ib, 

Tournepierres  . . .    492 

Chevaliers Ib. 

Lobipèdes 495 

Ec basses Ib. 

Avoceltes 49^ 

Macrodagtyles..  .  Ib. 

Jacanas 497 

Kamiclii.. 409 

Raies 5oo 

Foulques 5or 

Poules  d'eau Ib. 

Talève 5o3 

Foulques     propre- 
ment dites Ib, 

Giaroles 5o3 

Flaiiimans 5o4 

PALMIPÈDES 5o5 

Plongeurs 006 

Plongeons 607 

Grèbes Ib. 

Plongeo/is   propre- 

meuLdits 5o8 

Guilleinots 609 

Cépbns 5io 

Pingouins. ........    lu. 

Maciueux., ......   Oii 


DU    PREMIER 

Pingouins    propre- 
ment dits 5n 

Manchots 5i2 

Manchots  prop.  dit»  Ib. 

•    Gorfous 5i3 

Sphénisques Ib> 

LONGIPENNES 5l4 

Pétrels //,. 

Pétrels  propr.  dils.  5i5 

Puffins 5i6 

Pelecanoïdes 75, 

Prions 617 

Albatrosses Ib. 

Goélands 5i8 

Goélands  et  Mouet- 

t<^S 5lg 

Labbes 520 

Hirondelles  de  mer.  Ib. 
Noddis. .  , .  / 521 

Becs  en  ciseau 622 

TOTIPALMES 522 

Pélicans 5^3 


VOLUME.  XXX  vlj 

Pélicans    propre- 
ment dits S-iS 

Cormorans 524 

Frégaltes 5^5 

Fous ib, 

Anhinga 526 

P.'tille-en-queue.  .    527 
Labiellirostres..  .  Ih. 

Canards 528 

Cignes ih. 

Oies 55o 

Bernaches 55j 

Canards  propres..   532 

Macreuses /5. 

Garrots  .......  553 

Eiders 534 

Millouins Ib, 

Souchets  ......   536 

Tadornes Ih. 

Canards  spécia- 
lement dils. . .    557 

Sarcelles 539 

Ilarles,.,,. /|. 


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kf-i't 
LE 


RÈGNE  ANIMAL, 

DISTRIBUÉ 

DAPRÈS    SON  ORGANISATION. 


INTRODUCTION. 


DE  L'HISTOIRE  NATURELLE  ET  DE  SES  MLTHODES 

EN  GÉNÉRAL. 

Jl  EU  de  personnes  se  faisant  une  idée  juste  de 
riiistoiie  naturelle  ,  il  nous  a  paru  nécessaire 
de  commencer  notre  ouvrage,  en  définissant 
bien  l'objet  que  celte  science  se  propose,  et  en 
établissant  des  limites  rigoureuses  entre  elle  et 
les  sciences  qui  l'avoisioent. 

Dans  notre  langue  et  dans  la  plupart  des 
autres,  le  mot  nature  signifie  :  tantôt,  les  pro- 
priétés qu'un  être  tient  de  naissance,  par  oppo- 
sition a  celle  qu'il  peut  devoir  à  l'art;  tantôt, 
1  ensemble  des  êtres  qui  composent  l'univers; 
tantôt  enfin  ,  les  lois  qui  régissent  ces  êtres. 
Tome  j.  i 


2l  IjSTP»ODUCTIO^\ 

C'est  surtout  dans  ce  dernier  sens  que  l'on  a 
coutume  de  personnifier  la  nature  et  d'employer 
par  respect  son  nom  pour  celui  de  son  auteur. 

l^di  physique  ou  science  naturelle  considère 
la  nature  sous  ces  trois  rapports.  Elle  est ,  ou 
générale  5  ou  particulière.  \^^  physique  générale 
examine,  d'une  manière  abstraite,  chacune  des 
propriétés  de  ces  êtres  mobiles  et  étendus  ,  que 
nous  appelons  les  corps.  Sa  partie,  appelée  dyna- 
mique 5  considère  les  corps  en  masse  ,  et  fixe 
mathématiquement,  en  partant  d'un  très-petit 
nombre  d'expériences  ,  les  lois  de  l'équilibre , 
celles  du  mouvement  et  de  sa  communication , 
elle  prend  dans  ses  différentes  divisions  les 
noms  de  statique ,  de  mécanique  ,  (^ihydrosta- 
tique  y  iï  hydrodyna77iique  ^d'aérostatique  ^elc, 
selon  la  nature  des  corps  dont  elle  examine  les 
mouvemens.  JJoptique  ne  s'occupe  que  des 
mouvemens  particuliers  de  la  lumière,  et  les 
phénomènes  qui  n'ont  pu  encore  être  détermi- 
nés que  par  l'expérience  y  deviennent  plus 
nombreux. 

La  chimie^  autre  partie  de  la  physique  géné- 
rale ,  expose  les  lois  selon  lesquelles  les  molé- 
cules élémentaires  des  corps  agissent  les  unes 
sur  les  autres  à  des  distances  prochaines  ,  les 
combinaisons  ou  les  séparations  qui  résultent 


MÉTHODES.  3 

de  la  tendance  générale  de  ces  molécules  à 
s'unir,  et  des  modifications  que  les  diverses 
circonstances,  capables  de  les  écarter  ou  de  les 
rapprocher,  apportent  a  cette  tendance.  C'est 
une  science  presque  toute  expérimentale  et  qui 
n'a  pu  être  réduite   au  calcul. 

La  théorie  de  la  chaleur  et  celle  de  l'électricité, 
selon  le  côté  par  lequel  on  les  envisage  ,  appar- 
tiennent presque  également  à  la  dynamique  on 
à  la  chimie, 

La  méthode  qui  domine  dans  toutes  les  par- 
ties de  la  physique  générale  ,  consiste  a  isoler 
les  corps  ,  à  les  réduire  à  leur  plus  grande  sim- 
plicité, à  mettre  séparément  en  jeu  chacune  de 
leurs  propriétés ,  soit  par  la  pensée ,  soit  par 
l'expérience,  à  en  reconnaître  ou  en  calculer  les 
effets  ,  enfin  a  généraliser  et  à  lier  ensemble  les 
lois  de  ces  propriétés  pour  en  former  des  corps 
de  doctrine  ,  et  s'il  était  possible  pour  les  rap- 
porter toutes  à  une  loi  unique  ,  qui  serait  l'ex- 
pression universelle  de  toutes  les  autres. 

Ijdi  physique  particulière  ou  V histoire  natu- 
relle (  car  ces  deux  termes  ont  la  même  signifi- 
cation) a  pour  objet  d'appliquer  spécialement 
aux  êtres  nombreux  et  variés  qui  existent  dans  la 
nature,  les  lois  reconnues  par  les  diverses  bran- 
ches de  la  physique  générale  ,  afin  d'expliquer 


4  INTnODUCTIOr<. 

les  phénomènes  que  chacun  de  ces  êtres  présente. 

Dans  ce  sens  étendu  elle  embrasserait  aussi 
l'astronomie  ;  mais  cette  science  suffisamment 
éclairée  par  les  seules  lumières  de  la  mécanique, 
et  complètement  soumise  à  ses  lois,  emploie  des 
méthodes  trop  différentes  de  celles  que  permet 
l'histoire  naturelle  ordinaire ,  pour  être  cultivée 
par  les  mêmes  personnes. 

On  restreint  donc  cette  dernière  aux  objets 
qui  n'admettent  pas  de  calculs  rigoureux ,  ni  de 
mesures  précises  dans  toutes  leurs  parties  ;  encore 
lui  soustrait-on  d'ordinaire  la  météorologie  ^ 
pour  la  réunir  à  la  physique  générale,  X histoire 
naturelle  ne  considère  donc  proprement  que 
les  corps  bruts,  appelés  minéraux,  et  les  diverses 
sortes  d'êtres  vivans ,  dont  il  n'est  presque  au- 
cun où  l'on  ne  puisse  observer  des  effets  plus  ou 
moins  variés  des  lois  du  mouvement  et  des 
attractions  chimiques,  et  de  toutes  les  autres 
causes  analysées  par  la  physique  générale. 

L'histoire  naturelle  devrait ,  a  la  rigueur , 
employer  les  mêmes  procédés  que  les  sciences 
générales ,  et  elle  les  emploie  réellement  toutes 
les  fois  que  les  objets  Cju'elle  étudie  sont  assez 
simples  pour  le  lui  permettre.  Mais  il  s'en  faut 
de  beaucoup  qu'elle  le  puisse  toujours. 

En  effet;,  une  différence  essentielle  entre  les 


MÉTHODES.  3 

sciences  générales  et  l'histoire  naturelle,  c'est 
que  dans  les  premières  on  n^examine  c[ue  des 
phénomènes  dont  on  règle  toutes  les  circons- 
tances pour  arriver ,  par  leur  analyse ,  a  des 
lois  générales ,  et  que  dans  l'autre  les  phéno- 
mènes se  passent  sous  des  conditions  qui  ne 
dépendent  pas  de  celui  c[uî  les  étudie  et  qui 
cherche  à  démêler,  dans  leur  complication ,  les 
effets  des  lois  générales  déjà  reconnues.  Il  ne  lui 
est  pas  permis  de  les  soustraire  successivement 
k  chaque  condition  ,  et  de  réduire  le  problème 
à  ses  élémens ,  comme  le  fait  l'expérimentateur; 
mais  il  faut  qu'il  le  prenne  tout  entier  avec  toute  , 
ses  conditions  a  la  fois  ,  et  ne  l'analyse  que  par 
la  pensée,  Que  l'on  essaie,  par  exemple,  d'isoler 
les  phénomènes  nombreux  dont  se  compose  la 
vie  d'un  animal  un  peu  élevé  dans  l'échelle  : 
un  seul  d'entre  eux  supprimé,  la  vie  entière 
s'anéantit. 

Ainsi  la  dynamique  est  devenue  une  science 
•  presque  toute  de  calcul  :  la  chimie  est  encore 
une  science  toute  d'expérience  ;  l'histoire  natu- 
relle restera  long-temps  dans  un  grand  nombre 
de  ses  parties  ,  une  science  toute  d'observation. 
Ces  trpis  épithètes  désignent  assez  bien  les 
procédés  qui  dominent  dans  les  trois  branches 
des  sciences   naturelles  ;   mais   en  établissant 


6  INTRODUCTION. 

entre  eîles  des  degrés  très-différensde  certitude^ 
elies  indiquent  en  même  temps  le  bat  auquel 
les  deux  dernières  de  ces  sciences  doivent  tendre 
poîH'  s'élever  de  plus  en  plus  vers  la  perfection. 

Le  calcul  commande,  pour  ainsi  dire,  à  la 
nature  ;  il  en  détermine  les  phénomènes  plus 
exactement  que  l'observation  ne  peut  les  faire 
connaître  ;  rexpérience  la  contraint  k  se  dévoi- 
ler ;  l'observation  Tépie  quand  elle  est  rebelle  , 
et  cherche  à  la  surpendre. 

L'histoire  naturelle  a  cependant  aussi  un 
principe  rationel  qui  lui  est  particulier  ,  et 
qu'elle  emploie  avec  avantage  en  beaucoup 
d'occasions  ;  c'est  celui  des  conditions  d  exis- 
tence^ vulgairement  nommé  des  causes  finales^ 
Comme  rien  ne  peut  exister  s'il  ne  réunit  les 
conditions  qui  rendent  son  existence  possible  , 
les  différentes  parties  de  chaque  être  doivent 
être  coordonnées  de  manière  à  rendre  possible 
l'être  total ,  non-seulement  en  lui  même ,  mais 
dans  ses  rapports  avec  ceux  qui  l'entourent ,  et 
l'analyse  de  ces  conditions  conduit  souvent  à  des 
lois  g<'néîales  tout  aussi  démontrées  que  celles 
qui  dérivent  du  calcul ,  ou  de  l'expérience. 

Ce  n'est  que  lorsque  loutes  les  lois  de  la  phy- 
sique générale  et  celles  qui  résultent  des  condi- 
tions d'existence  sont  épuisées  que  l'on  est  ré- 
duit aux  simples  lois  d'observations. 


METHODES.  "J 

Le  procédé  le  plus  lëcond  pour  les  obtenir  est 
celui  de  la  comparaisou.  Il  consiste  h  observer 
successivement  le  même  corps  dans  les  diffé- 
rentes positions  oii  la  nature  le  place ,  ou  à  com- 
parer entre  eux  les  différens  corps  jusqu^à  ce 
que  Ton  ait  reconnu  des  rapports  constans  entre 
leurs  structures  et  les  phénomènes  qu'ils  mani- 
festent. Ces  corps  divers  sont  des  espèces  d'ex- 
périences toutes  préparées  par  la  nature  ,  qui 
ajoute  ou  retranche  à  chacun  d'eux  différentes 
parties ,  comme  nous  pourrions  désirer  de  le 
faire  dans  nos  laboratoires,  et  nous  montre  elle- 
même  les  résultats  de  ces  additions  ou  de  ces 
retranchemens. 

On  parvient  ainsi  a  établir  de  certaines  lois 
qui  règlent  ces  rapports,  et  qui  s'emploient 
comme  celles  qui  ont  été  déterminées  par  les 
sciences  générales. 

La  liaison  de  ces  lois  d'observation  avec  les 
lois  générales ,  faite ,  soit  directement,  soit  par  le 
principe  des  conditions  d'existence ,  compléterait 
le  système  des  sciences  naturelles  en  faisant 
sentir  dans  toutes  ses  parties  Finfluence  mutuelle 
de  tous  les  êtres  :  c'est  a  quoi  daivent  tendre 
les  efforts  de  tous  ceux  qui  cultivent  ces 
sciences. 

Mais  toutes  les  recherches  de  ce  genre  sun- 


IISTRODUCTIOIV. 

posent  que  Ton  a  les  moyens  de  distinguer 
sûrement  et  de  faire  distinguer  aux  autres  les 
corps  dont  on  s'occupe;  autrement  l'on,  serait 
sans  cesse  exposé  a  confondre  les  êtres  innom- 
brables que  la  nature  présente.  L'histoire  na- 
turelle doit  donc  avoir  pour  base  ce  c|ue  l'on 
nomme  un  système  de  la  nature^  ou  un  grand 
catalogue  dans  lequel  tous  les  êtres  portent  des 
noms  convenus  5  puissent  être  reconnus  par  des 
caractères  distinctifs,  et  soient  distribués  en 
divisions  et  subdivisions,  elles-mêmes  nommées 
et  caractérisées,  oii  l'on  puisse  les  chercher. 

Pour  que  chaque  être  puisse  toujours  se 
reconnaître  dans  ce  catalogue,  il  faut  qu'il 
porte  son  caractère  avec  lui  :  on  ne  peut  donc 
prendre  les  caractères  dans  des  propriétés  ou 
dans  des  habitudes  dont  l'exercice  soit  mo- 
mentané, m^ais  ils  doivent  être  tirés  de  la 
conformation. 

presque  aucun  être  n'a  de  caractère  simple , 
ou  ne  peut  être  recoimu  seulement  par  un  des 
traits  de  sa  conformation  ;  il  faut  presque  toujours 
la  réunion  de  plusieurs  de  ces  traits  pour  dis- 
tinguer un  être  des  êtres  voisins  cjûi  en  ont  bien 
aussi  quelques-uns,  mais  qui  ne  les  ont  pas 
tous,  ou  les  ont  combinés  avec  d'autres  qui 
manquent  au  premier  être  5  et,  plus  les  êtres 


MÉTHODES.  9 

que  l'on  a  a  distinguer  sont  nombreux,  plus  il 
faut  accumuler  de  traits;  en  sorte  que,  pour 
distinguer  de  tous  les  autres  un  être  pris 
isolément,  il  faut  faire  entrer  dans  son  caractère 
sa  description  complète. 

C'est  pour  éviter  cet  inconvénient  que  les 
divisions  et  subdivisions  ont  été  inventées.  L'on 
compare  ensemble  seulement  un  certain  nombre 
d'êtres  voisins,  et  leurs  caractères  n'ont  besoin 
qhe  d'exprimer  leurs  différences  qui,  par  la 
supposition  même,  ne  sont  cpie  la  moindre 
partie  de  leur  conformation.  Une  telle  réunion 
s'appelle  un  genre. 

On  retomberait  dans  le  même  inconvénient 
pour  distinguer  les  genres  entre  eux  ,  si  l'on  ne 
répétait  l'opération  en  réunissant  les  genres  voi- 
sins, pour  former  un  oindre  y  les  ordres  voisins, 
pour  former  une  classe.,  etc —  On  peut  en- 
core établir  des  subdivisions  intermédiaires. 

Cet  échafaudage  de  divisions,  dont  les  su- 
périeures contiennent  les  inférieures,  est  ce 
qu'on  appelle  une  jnélJiode.  C'est,  à  quelques 
égards,  une  sorte  de  dictionnaire  où  l'on  part 
des  propriétés  des  choses  pour  découvrir  leurs 
noms,  et  cjuî  est  l'inverse  des  dictionnaires 
ordinaires  oii  l'on  part  des  noms  pour  apprendre 
a  connaître  les  propriétés. 


10  IJVTRODUCTION. 

Mais,  quand  la  méthode  est  bonne,  elle  ne 
se  borne  pas  à  enseigner  les  noms.  Si  les  subdi- 
yisions  n'ont  pas  été  établies  arbitrairement, 
mais  si  on  les  a  fait  reposer  snr  les  véritables 
rapports  fondamentaux  ,  sur  les  ressemblances 
essentielles  des  êtres ,  la  méthode  est  le  plus  sur 
moyen  de  réduire  les  propriétés  de  ces  êtres  à 
des  règles  générales,  de  les  exprimer  dans  les 
moindres  termes  et  de  les  graver  aisément  dans 
la  mémoire. 

Pour  la  rendre  telle  ,  on  emploie  une  com- 
paraison assidue  des  êtres  dirigées  par  le  prin- 
cipe de  la  subordination  des  caractères  y  qui 
dérive  lai-même  de  celui  des  conditions  d'exis- 
tence. Les  parties  d'un  être  devant  toutes  avoir 
une  convenance  mutuelle  ,  il  est  tels  traits  de 
conformation  qui  en  excluent  d'autres;  il  en  est 
qui,  au  contraire,  en  nécessitent;  cjuand  on 
connaît  donc  tels  ou  tels  traits  dans  un  être  ^ 
on  peut  calculer  ceux  qui  coexistent  avec  ceux- 
là  ,  ou  ceux  qui  leur  sont  incompatibles;  les 
parties ,  les  propriétés  ou  les  traits  de  confor- 
mation qui  ont  le  plus  grand  nombre  de  ces  rap- 
ports d'incompatibilité  ou  de  coexistence  avec 
d'autres,  on  en  d'autres  termes,  qui  exercent 
sur  l'ensemble  de  l'être,  l'influence  la  plus  mar- 
quée ,  sont  ce  que  Ton  appelle  les  caractères^ 


MÉTHODES.  ir 

importans ,  les  caractères  dominateurs  y  les 
autres  sont  les  caractères  subordonnés ,  et  il 
y  en  a  ainsi  de  différens  degrés. 

Cette  influence  des  caractères  se  détermine 
quelquefois  d'une  manière  rationnelle  par  la 
considération  de  la  nature  de  l'organe  ;  quand 
cela  ne  se  peut ,  on  emploie  la  simple  observa- 
tion ,  et  un  moyen  sur  de  reconnaître  les 
caractères  importans  ,  lequel  dérive  de  leur 
nature  même  ,  c'est  qu'ils  sont  les  plus  rons- 
tans;  et  que  dans  une  longue  série  d'êtres 
divers ,  rapprochés  d'après  leurs  degrés  de  si- 
militude ,  ces  caractères  sont  les  derniers  qui 
varient. 

De  leur  influence  et  de  leur  constance  ré- 
sidte  également  la  règle,  qu'ils  doivent  être 
préférés  pour  distinguer  les  grandes  divisions  ; 
et  qu'a  mesure  que  l'on  descend  aux  subdivi- 
sions inférieures  ,  on  peut  descendre  aussi  aux 
caractères  subordonnés  et  variables. 

Il  ne  peut  y  avoir  qu'une  méthode  parfaite  , 
qui  est  la  méthode  naturelle;  on  nomme  ainsi 
un  arrangement  dans  lecpiel  les  êtres  du  même 
genre  seraient  plus  voisins  entre  eux  que  de 
ceux  de  tous  les  autres  genres;  les  genres  du 
même  ordre 5  plus  que  de  ceux  de  tous  les  autres 
ordres  ;  et  ainsi  de  suite.  Cette  méthode  est 


12  INTRODUCTION. 

ritlëal  auquel  riiistoire  naturelle  doit  tendre  ; 
car  il  est  évident  que  si  l'on  y  parvenait,  l'on 
aurait  l'expression  exacte  et  complète  de  la 
nature  entière.  En  effet,  chaque  être  est  déter- 
miné par  ses  ressemblances  et  ses  différences 
avec  d'autres,  et  tous  ces  rapports  seraient  par- 
faitement rendus  par  l'arrangement  que  nous 
venons  d'indiquer. 

En  un  mot,  la  méthode  naturelle  serait  toute 
la  science  ,  et  chaque  pas  qu'on  lui  fait  fiiire 
approche  la  science  de  son  but. 

La  vie  étant  de  toutes  les  propriétés  des  êtres 
la  plus  importante,  et  de  tous  les  caractères  le 
plus  élevé  ,  il  n'y  a  rien  d'étonnant  que  l'on 
en  ait  fait  dans  tous  les  temps  le  plus  général 
des  principes  de  distinction  ,  et  que  l'on  ait 
toujours  réparti  les  êtres  naturels  en  deux 
immenses  divisions  ,  celle  des  êtres  vlçans  ^ 
et  celle  des  êtres  bruts. 


DES  ETRES  VIVAlS^S  ,  ET  DE  L'ORGANISATION  EN 

GÉNÉRAL. 

Si  pour  nous  faire  une  idée  juste  de  l'es- 
sence de  la  vie  nous  la  considérons  dans  les 
êtres  oli  ses  effets  sont  les  plus  simples  ,  nous 


ORGANISATION    EN    GÉNÉRAL.  l3 

nous  apercevrons  prornptement  qu'elle  consiste 
dans  la  faculté  cjuont  certaines  combinaisons 
corporelles  de  durer  pendant  un  temps  et  sous 
une  forme  déterminée  ,  en  attirant  sans  cesse 
dans  leur  composition  une  partie  des  substances 
environnantes  ,  et  en  rendant  aux  élémens  des 
portions  de  leur  propre  substance. 

La  vie  est  donc  un  tourbillon  plus  ou  moins 
rapide ,  plus  ou  moins  compliqué  ,  dont  la 
direction  est  constante ,  et  cjui  entraîne  tou- 
jours des  molécules  de  mêmes  sortes,  mais  oii 
les  molécules  individuelles  entrent  et  d'oii  elles 
sortent  continuellement ,  de  manière  que  la 
forme  du  corps  vivant  lui  est  plus  essentielle 
que  sa  matière. 

Tant  que  ce  mouvement  subsiste,  le  corps 
oîi  il  s'exerce  est  vivant  ;  il  vit.  Lorsque  le 
^  mouvement  s'arrête  sans  retour,  le  corps  meurt. 
Après  la  mort,  les  élémens  qui  le  composent , 
livrés  aux  affinités  chimiques  ordinaires ,  ne 
tardent  point  à  se  séparer ,  d'oii  résulte  plus 
ou  moins  promptement  la  dissolution  du  corps 
c[ui  a  été  vivant.  C'était  donc  par  le  mouve- 
ment vital  que  la  dissolution  était  arrêtée,  et 
que  les  élémens  du  corps  étaient  momenta- 
nément réunis. 

Tous  les  corps  vivans   meurent   après  un 


l4  INTRODUCTION. 

temps  dont  la  limite  extrême  est  déterminée 
pour  chaque  espèce ,  et  la  mort  parait  être  un 
effet  nécessaire  de  la  vie  ,  qui ,  par  son  action 
même ,  altère  insensiblement  la  structure  du 
corps  où  elle  s'exerce  ,  de  manière  à  y  rendre 
sa  continuation  impossible. 

Effectivement,  le  corps  vivant  éprouve  des 
changemens  graduels  ,  mais  constans,  pendant 
toute  sa  durée.  Il  croit  d'abord  en  dimensions, 
suivant  des  proportions  et  dans  des  limites 
fixées  pour  chaque  espèce  et  pour  chacune  de 
ses  parties  :  ensuite  il  augmente  en  densité  dans 
la  plupart  de  ses  parties  :  c'est  ce  second  genre 
de  changement  qui  paraît  être  la  cause  de  la 
mort  naturelle. 

Si  l'on  examine  de  plus  près  les  divers  corps 
vivans,  on  leur  trouve  une  structure  commune 
qu'un  peu  de  réflexion  fait  bientôt  juger  essen- 
tielle k  un  tourbillon  tel  que  le  mouvement  vital. 

Il  fallait,  en  effet,  h.  ces  corps  des  parties  so- 
lides pour  en  assurer  la  forme,  et  des  parties 
fluides  pour  y  entretenir  le  mouvement.  Leur 
tissu  est  donc  composé  de  réseaux  et  de  mailles, 
ou  de  fibres  et  de  lames  solides  qui  renferment 
des  liquides  dans  leurs  intervalles;  c'est  dans  les 
liquides  que  le  mouvement  est  le  plus  continuel 
et  le  plus  étendu;  les  substances  étrangères  pé- 


ORGANISATION    EN    GÉNÉRAL.  l5 

nètrent  le  tîssu  intime  du  corps  en  s'incorporant 
à  eux  ;  ce  sont  eux  qui  nourrissent  les  solides 
en  y  interposant  leurs  molécules  ;  ce  sont  eux 
aussi  qui  détachent  des  solides  les  molécules 
superflues  ;  c'est  sous  la  forme  liquide  ou  gazeuse 
que  les  matières  qui  doivent  s'exhaler  traversent 
les  pores  du  corps  vivant;  mais  ce  sont  à  leur 
tour  les  solides  qui  contiennent  les  liquides  et 
qui  leur  impriment  une  partie  de  leur  mouve- 
ment par  leurs  contractions. 

Cette  action  mutuelle  des  solides  et  des 
liquides  ,  ce  passage  des  molécules  des  uns  aux 
autres,  nécessitait  de  grands  rapports  dxins  leur 
composition  chimique  ;  et  effectivement,  les  so- 
lides des  corps  organisés  sont  en  grande  partie 
composés  d'élémens  susceptibles  de  devenir 
facilement  liquides  ou  gazeux. 

Le  mouvement  des  liquides,  exigeant  aussi 
une  action  continuellement  répétée  de  la  part 
des  solides,  et  leur  en  faisant  éprouver  une, 
demandait  que  les  solides  eussent  à  la  fois  de  la 
flexibilité  et  de  la  dilatabilité;  et  c'est,  en  effet, 
encore  là  un  caractère  presque  général  des 
solides  organisés. 

Cette  structure  commune  à  tous  les  corps 
\ivans,  ce  tissu  aréolaire  dont  les  fibres  ou  les 
lames  plus  ou  moins  flexibles  interceptent  des 


l6  Ij\TKODUCTIO^^ 

liquides  plus  ou  moins  abondans,  est  ce  quon 
Sip^eWeV  organisai  ion '^  et,  en  conséquence  de 
ce  c[ue  nous  venons  de  dire,  il  n'y  a  que  les 
corps  organisés  qui  puissent  jouir  de  la  vie. 

L'organisation  résulte,  comme  on  voit,  d'un 
grand  nombre  de  dispositions  qui  sont  toutes 
des  conditions  de  la  vie  5  et  l'on  conçoit  que  le 
mouvement  général  de  la  vie  doive  s'arrêter, 
si  son  effet  est  d'altérer  quelqu'une  de  ces 
conditions,  de  manière  a  arrêter  seulement  l'un 
des  mouvemens  partiels  dont  il  se  compose. 

Chaque  corps  organisé,  outre  les  qualités 

communes  de  son  tissu,  a  une  forme  propre, 

non-seulement  en  général  et  a  l'extérieur,  mais 

jusque  dans  le  détail  de  la  structure  de  chacune 

de  ses   parties,  et  c'est  de   cette   forme,  qui 

détermine  la  direction  particulière  de  chacun 

des  mouvemens  partiels  qui  s'exercent  en  lui, 

que  dépend  la   complication   du  mouvement 

général  de  la  vie,  qui  constitue  son  espèce,  et 

fait  de  lui  ce  qu'il  est.  Chaque  partie  concourt 

à  ce  mouvement  général  par  une  action  propre 

et  en  éprouve  des  effets  particuliers,  en  sorte 

que,  dans  chaque  être,  la  vie  est  un  ensemble 

qui  résulte  de  l'action  et  de  la  réaction  mutuelle 

de  toutes  ses  parties. 

La  vie ,  en  général ,  suppose  donc  l'organisa- 


ORGANISATION   EN    GÉNÉRAL.  ly 

tîon  en  général ,  et  la  vie  propre  de  chaque 
être  suppose  Forganisatîon  propre  de  cet  être, 
comme  la  marche  d'une  horloge  suppose  l'hor-. 
loge  ;  aussi  ne  voyons  -  nous  la  vie  que  dans 
des  êtres  tout  organisés  et  faits  pour  en 
jouir;  et  tous  les  efforts  des  physiciens  n'ont 
pu  encore  nous  montrer  la  matière  s'organi- 
sant  5  soit  d'elle  -  même  ,  soit  par  une  cause 
extérieure  quelconque.  En  effet ,  la  vie  exer- 
çant sur  les  élémens  qui  font  à  chaque  instant 
partie  du  corps  vivant ,  et  sur  ceux  qu'elle  y 
attire  5  une  action  contraire  à  ce  que  produi- 
raient sans  elle  les  affinités  chimiques  ordi- 
naires, il  répugne  qu'elle  puisse  être  elle-même 
produite  par  ces  alfinités  ,  et  l'on  ne  connaît 
cependant  dans  la  nature  aucune  autre  force 
capable  de  réunir  des  molécules  auparavant 
séparées. 

La  naissance  des  êtres  organisés  est  donc  le 
plus  grand  mystère  de  l'économie  organique  et 
de  toute  la  nature  ;  jusqu'à  présent  nous  les 
voyons  se  développer,  mais  jamais  se  former; 
il  y  a  plus  :  tous  ceux  a  l'origine  desquels  on 
a  pu  remonter ,  ont  tenu  d'abord  a  un  corps 
de  la  même  forme  cju'eux ,  mais  développé 
avant  eux  ;  en  un  mot,  a  un  parent.  Tant  que 
le  petit  na  point  de  vie  propre,  mais  participe 

TOME     ïc  3 


iS  INTRODUCTION. 

à  celle  de  son  parent ,  il  s'appelle  un  germe. 

Le  lieu  ou  le  germe  est  attaché ,  la  cause 
occasionnelle  qui  le  détache  et  lui  donne  une 
vie  isolée  varient,  mais  cette  adhérence  primi- 
tive à  un  être  semblable  est  une  règle  sans 
exception.  La  séparation  du  germe  est  ce  qu'on 
nomme  génération. 

Tous  les  êtres  organisés  produisent  leius 
semblables;  autrement  la  mort  étant  une  suite 
nécessaire  de  la  vie  ,  leurs  espèces  ne  pour- 
raient subsister. 

Les  êtres  organisés  ont  même  la  faculté  de 
reproduire  dans  un  degré  variable,  selon  leurs 
espèces  ,  certaines  de  leurs  parties  quand  elles 
leur  sont  enlevées.  C'est  ce  qu'pn  nomme  le 
pouvoir  de  reproduction. 

Le  développement  des  êtres  organisés  est 
plus  ou  moins  prompt  et  plus  ou  moins  étendu, 
selon  que  les  circonstances  lui  sont  plus  ou 
moins  favorables.  La  chaleur,  l'abondance  et 
l'espèce  de  la  nourriture ,  d'autres  causes  encore 
y  influent,  et  cette  influence  peut  être  générale 
sur  tout  le  corps,  ou  partielle  pour  certains 
organes;  de  la  vient  que  la  ^àmilitude  des 
descendans  avec  leurs  parens  ne  peut  jamais 
être  parfaite. 

Les  dilférences  de  ce  genre,  entre  les  êtres 


ORGAIN'ISATION    EN    GÉNÉRAL.  IQ 

organisés ,  sont  ce  qu'on  appelle  des  variétés* 
On  n'a  aucune  preuve  que  toutes  les  dif- 
férences^ qui  distinguent  aujourd'hui  les  êtres, 
soient  de  nature  à  être  ainsi  produites  par  les 
circonstances.  Tout  ce  que  l'on  a  pu  dire  sur 
ce  sujet  est  hypothétique;  l'expérience  paraît 
montrer  au  contraire  que,  dans  Fétat  actuel  du 
globe,  les  variétés  sont  renfermées  dans  des 
limites  assez  étroites ,  et,  aussi  loin  que  nous 
pouvons  remonter  dans  l'antiquité ,  nous  voyons 
que  ces  limites  étaient  les  mêmes  qu'aujourd'hui. 
On   est   donc    obligé  d'admettre    certaine^ 
formes,  qui  se  sont  perpétuées  depuis  l'origine 
des  choses ,  sans  excéder  ces  limites  ;  et  tous  les 
êtres  appartenans  à  l'une  de  ces  formes  cons- 
tituent ce  que  l'on  appelle  une  espèce.  Les 
variétés  sont  des  subdivisions  accidentelles  de 
l'espèce. 

La  génération  étant  le  seul  moyen  de  con- 
naître les.  limites  auxquelles  les  variétés  peuvent 
s'étendre,  on  doit  détinir  l'espèce,  la  réunion 
des  individus  descendus  l  un  de  r autre  ou  de 
parens  communs,  et  de  ceux  qui  leur  res- 
semblent autant  qiiils  se  ressemblent  entre 
eux;  mais,  quoique  cette  définition  soit  rigou- 
reuse, on  sent  que  son  application  k  des 
Individus   déterminés  peut   êtje   fort   difficile 


20  INTRODUCTION. 

quand  on  n'a  pas  fait  les  expériences  nécessaires. 
En  résumé  ,  l'absorption  ,  l'assimilation  , 
l'exhalation,  le  développement,  la  génération, 
sont  les  fonctions  communes  a  tous  les  corps 
vivans;  la  naissance  et  la  mort,  les  termes 
universels  de  leur  existence  ;  un  tissu  aréolaire, 
contractile,  contenant  dans  ses  mailles  des  li- 
quides ou  des  gaz  en  mouvement ,  l'essence  gé- 
nérale de  leur  structure;  des  substances  presque 
toutes  susceptibles  de  se  convertir  en  liquides  ou 
en  gaz,  et  des  combinaisons  capables  de  se 
transformer  aisément  les  unes  dans  les  autres, 
le  fonds  de  leur  composition  chimique.  Des 
formes  fixes,  et  qui  se  perpétuent  par  la  géné- 
ration, distinguent  leurs  espèces,  déterminent  la 
complication  des  fonctions  secondaires  propres 
à  chacune  d'elles,  et  leur  assignent  le  rôle  qu'elles 
doivent  jouer  dans  l'ensemble  de  l'univers.  Ces 
tbrmes  ne  se  produisent  ni  ne  se  changent 
elles-mêmes;  la  vie  suppose  leur  existence;  elle 
ne  peut  s'allumer  que  dans  des  organisations 
toutes  préparées;  et  les  méditations  les  plus 
profondes,  comme  les  observations  les  plus 
délicates,  n'aboutissent  qu'au  mystère  de  la 
préexistence  des  germes. 


ANIMAUX    ET    VÉGÉTAUX.  21 


DIVISION  DES  ETRES  ORGANISÉS  EN  ANIMAUX  ET 

EN  VÉGÉTAUX. 

Les  êtres  vivans  ou  organisés  ont  été  subdi^ 
visés,  dès  les  premiers  temps,  en  êtres  animés^ 
c'est-a-dire 5  sensibles  et  mobiles,  et  en  êtres 
inanimés^  qui  ne  jouissent  ni  de  l'une  ni  de 
l'autre  de  ces  facultés,  et  qui  sont  réduits  à  la 
faculté  commune  de  végéter.  Quoique  plusieurs 
plantes  retirent  leurs  feuilles  quand  on  les 
touche,  que  les  racines  se  dirigent  constamment 
vers  l'humidité,  les  feuilles  vers  l'air  et  vers  la 
lumière,  que  quelques  parties  des  végétaux 
paraissent  même  montrer  des  oscillations  aux- 
quelles l'on  n'aperçoitpoint  de  cause  extérieure, 
ces  divers  mouvemens  ressemblent  trop  peu  à 
ceux  des  animaux  pour  qu'on  y  trouve  des 
preuves  de  perception  et  de  volonté 

La  spontanéité  dans  les  mouvemens  des  ani- 
maux a  exigé  des  modifications  essentielles 
même  dans  leurs  organes  simplement  végé- 
tatifs. Leurs  racines  né  pénétrant  point  la  terre, 
ils  devaient  pouvoir  placer  en  eux-mêmes  des 
provisions  d'alimens  et  en  porter  le  réservoir 
avec  eux.  De  là  dérive  le  premier  caractère  des 


Q2  INTRODUCTION. 

animaux  ,  ou  leur  cavité  intestinale  ,  d'où  leiu' 
fluide  nourricier  pénètre  leurs  autres  parties  par 
des  pores  ou  par  des  \  aisseaux ,  qui  sont  des 
espèces  de  racines  intérieures. 

L'organisation  de  cette  cavité  et  de  ses  appar- 
tenances a  du  varier  selon  la  nature  des  ali- 
mens,  et  les  opérations  qu'ils  ont  à  subir  avant 
de  fournir  des  sucs  propres  a  être  absorbés  ; 
tandis  que  l'atmosphère  et  la  terre  n'apportent 
aux  végétaux  que  des  sucs  déjà  prêts  à  être 
absorbés. 

Le  corps  animal,  qui  avait  à  remplir  des 
fonctions  plus  nombreuses  et  plus  variées  que 
la  plante  ,  pouvant  en  conséquence  avoir  une 
organisation  beaucoup  plus  compliquée  ^  ses 
parties  ne  pouvant  d'ailleurs  conserver  entre 
elles  une  situation  fixe,  il  n'y  avait  pas  moyen 
cjue  le  mouvement  de  leurs  fluides  fut  pro- 
duit par  des  causes  extérieures,  et  il  devait  être 
indépendant  de  la  chaleur  et  de  l'atmosphère; 
telle  est  la  cause  du  deuxième  caractère  des 
animaux ,  ou  de  leur  système  circulatoire,  qui 
est  moins  essentiel  que  le  digestif,  parce  qu'il 
n'était  pas  nécessaire  dans  les  annnaux  les  plus 
simples. 

Les  Jonctions  animales  exigeaient  des  sys- 
tèmes oigaiiiques  dont  les  végétaux  n'avaient 


A^^IMAUX    HT    VÉGÉTxVUX.  ^3 

pas  besoin  :  celui  des  muscles  pour  le  mouve- 
ment volontaire,  et  celui  des  nerfs  pour  la  sensi- 
bilité 5  et  ces  deux  systèmes  n'agissant ,  comme 
tous  les  autres ,  que  par  des  mouvemens  et  des 
transformations  de  liquides  ou  de  fluides  ,  il 
fallait  que  ceux-ci  fussent  plus  nombreux  dans 
les  animaui  5  et  que  la  composition  chimique 
du  corps  animal  fut  plus  compliquée  que  celle 
de  la  plante  ;  aussi  y  entre-t-il  une  substance  de 
plus  (l'azote),  comme  élément  essentiel,  tandis 
qu'il  ne  se  joint  qu'accidentellement  dans  les 
végétaux  aux  trois  autres  élémens  généraux  de 
l'organisation  ,  l'oxygène  ,  l'hydrogène  et  le 
carbone.  C'est  là  le  troisième  caractère  des  ani- 
maux. 

Le  sol  et  l'athmosphère  présentent  aux  végé- 
taux pour  leur  nutrition  de  l'eau  ,  qui  se  com- 
pose d'oxigène  et  d'hydrogène  ,  de  l'air  qui 
contient  de  l'oxigène  et  de  l'azote 5  et  de  l'acide 
f  arl)onique  qui  est  une  combinaison  d'oxygène 
et  de  carbone.  Pour  tirer  de  ces  alimens  leur 
composition  propre,  il  fallait  qu'ils  conservassent 
Fhydrogène  et  le  carbone,   qu'ils  exhalassent 
l'oxygène  superflu,  et  qu'ils  absorbassent  peu  ou 
point  d'azote.  Telle  est  aussi  la  marche  de  la  vie 
végétale,  dont  la  fonction  essentielle  est  l'exha- 


^4  INTRODUCTION. 

lation  de  l'oxygène ,  qui  s'exécute  à  l'aide  de  la 
lumière. 

Les  cinîmaux  ont  de  plus  que  les  végétaux  , 
pour  nourriture  médiate  ou  immédiate  ,  le 
composé  végétal  ,  ou  l'hydrogène  et  le  car- 
bone ,  entrent  comme  parties  principales.  Il 
faut  pour  les  ramener  à  leur  composition  pro- 
pre ,  qu'ils  se  débarrassent  du  trop  d'hydro- 
gène,  surtout  du  trop  de  carbone,  et  qu'ils 
accumulent  davantage  d'azote  ,  c'est  ce  qu'ils 
font  dans  la  respiration  ,  par  le  moyen  de 
l'oxygène  de  l'atmosphère  qui  se  combine  avec 
l'hydrogène  et  le  carbone  de  leur  sang  ,  et 
s'exhale  avec  eux  sous  forme  d'ean  et  d'acide 
carbonique.  L'azote,  de  quelque  part  qu'il  pé- 
nètre dans  leur  corps,  parait  y  rester. 

Les  rapports  des  végétaux  et  des  animaux 
avec  l'atmosphère  sont  donc  inverses;  les  pre- 
miers défont  de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique , 
et  les  autres  en  reproduisent.  La  respiration 
est  la  fonction  essentielle  à  la  constitution  du 
corps  animal  ;  c'est  elle  en  quelque  sorte  qui 
Tanim alise  ,  et  nous  verrons  aussi  que  les  ani- 
maux exercent  d'autant  plus  complètement  leurs 
fonctions  animales ,  qu'ils  jouissent  d'une  res- 
piration plus  complète.   C'est  dans   ces  diffé- 


ANIMAUX    ET    VÉGÉTAUX.  nS 

rences  de  rapports  que  consiste  le  quatrième 
caractère  des  animaux. 


•>  DES  FORMES  PROPRES  AUX  ÉLÉMENS  ORGANIQUES 
^  DU  CORPS  ANIMAL ,  ET  DES  COMBINAISONS  PRIN- 
^-       GIPALES  DE  SES  ÉLÉMENS  CHIMIQUES. 

Un  tissu  aréolaire  et  trois  élémens  chimiques 
sont  essentiels  à  tous  les  corps  vivans;  un 
quatrième  élément  Test  en  particulier  aux  ani- 
maux 5  mais  ce  tissu  se  compose  de  diverses 
formes  de  mailles,  et  ces  élémens  s'unissent  en 
diverses  combinaisons. 

Il  y  a  trois  sortes  de  matériaux  organiques 
ou  de  formes  de  tissu,  la  cellulosité ,  \di  Jibre 
musculaire  et  la  matière  médullaire;  et,  à 
chaque  forme ,  appartient  une  combinaison 
propre  d'élémens  chimiques  ainsi  qu'une  fonc- 
tion particulière. 

La  cellulosité  se  compose  d'une  infinité  de 
petites  lames  jetées  au  hasard  et  interceptant 
de  petites  cellules  qui  communiquent  toutes 
ensemble.  C'est  une  espèce  d'épongé  qui  a  la 
même  forme  que  le  corps  entier,  et  toutes  les 
autres  parties  la  remplissent  ou  la  traversent. 
Sa  propriété  est  de  se  contracter  indéfinimeuS 


20  Il^rniODUCTION. 

quand  les  causes  qui  la  tiennent  étendue 
viennent  à  cesser  :  cette  force  est  ce  qui  retient 
le  corps  dans  une  forme  et  dans  des  limites 
déterminées. 

La  ceîlulosité  Serrée  forme  ces  lames  plus  ou 
moins  étendues  que  Ton  appelle  membranes  ; 
les  membranes  contouri^ées  en  cilindres  forment 
ces  tuyaux  plus  ou  moins  ramifiés  que  l'on 
nomme  vaisseaux  ;  les  filamens ,  nommés 
fibres^  se  résolvent  en  ceîlulosité  ;  les  os  ne  sont 
que  de  la  ceîlulosité  durcie  par  Taccumulation 
de  substances  terreuses. 

La  matière  générale  de  la  ceîlulosité  est  cette 
combinaison  cjui  porte  le  nom  de  gélatine,  et 
dont  le  caractère  consiste  a  se  dissoudre  dans 
Feau  bouillante  et  à  se  prendre ,  par  le  refroi- 
dissement, en  une  gelée  tremblante. 

La  matière  médullaire  n'a  encore  pu  être 
réduite  en  ses  molécules  organiques;  elle  parait 
a  l'œil  comme  une  sorte  de  bouillie  molle  oîi 
Ton  ne  distingue  que  des  globules  infiniment 
petits  \  elle  n'est  point  susceptible  de  mouvemens 
apparens ,  mais  c'est  en  elle  que  réside  le  pouvoir 
admirable  de  transmettre  au  moi  les  impressions 
des  sens  extérieurs  et  de  porter  aux  muscles 
les  ordres  de  la  volonté.  Le  cerveau  en  est 
composé    en  giamîe  partie  5  la  mocliê  épinière 


ÉLÉMENS    ORGANIQUES.  I^J 

€t  les  nerfs,  qui  se  distribiieiit  a  tontes  les  par- 
ties sensibles,  ne  sont,  quant  à  leur  essence , 
que  des  faisceaux  de  ses  ramifications. 

La  Jibre  charnue  ou  musculaire  est  une 
sorte  particulière  de  filamens  dont  la  propriété 
distinctive,  dans  l'état  de  vie,  est  de  se  con- 
tracter c]uand  ils  sont  touchés  ou  frappés  par 
quelque  corps,  ou  quand  ils  éprouvent,  par 
Fintermédiaire  du  nerf,  l'action  de  la  volonté. 

Les  muscles ,  organes  immédiats  du  mouve- 
ment volontaire,  ne  sont  que  des  faisceaux  de 
fibres  charnues;  toutes  les  membranes,  tous  les 
vaisseaux  qui  ont  besoin  d'exercer  ime  com- 
pression quelconque  sont  armés  de  ces  fibres  ; 
elles  sont  toujours  intimement  unies  à  des 
filets  nerveux;  mais  celles  qui  concourent  aux 
fonctions  purement  végétatives  se  contractent 
à  l'insçu  du  moi,  en  sorte  c[ue  la  volonté  est 
bien  un  moyen  de  faire  agir  les  fibres ,  mais  ce 
moyen  n'est  ni  général ,  ni  unique. 

La  fibre  charnue  a  pour  base  une  substance 
particulière  appeléej^èrm^,  qui  est  indissoluble 
dans  l'eau  bouillante,  et  dont  la  nature  semble 
être  de  prendre  d'elle  -  même  cette  forme 
filamenteuse. 

ï^e  fluide  nourricier  ou  le  sang,  tel  qu  il 
est  dans  les  vaisseaux  de  la  circulation,  non- 


^8  INTRODUCTION. 

seulement  peut  se  résoudre,  pour  la  plus  grande 
partie,  dans  les  élémens  généraux  du  corps 
animal,  le  carbone,  l'hydrogène,  l'oxygène  et 
l'azote;  mais  il  contient  déjà  la  fibrine  et  la 
gélatine  presque  toutes  disposées  à  se  con- 
tracter et  a  prendre  les  formes  de  membranes 
ou  de  filamens  qui  leur  sont  propres,  du  moins 
suffit-il  d'un  peu  de  repos  pour  quelles  s'y 
manifestent.  Le  sang  manifeste  aussi  aisément 
une  combinaison  qui  se  rencontre  dans  beau- 
coup de  solides  et  de  fluides  animaux  ,  V albu- 
mine dont  le  caractère  est  de  se  coaguler  dans 
l'eau  bouillante  ,  et  l'on  y  trouve  presque  tous 
les  élémens  qui  peuvent  entrer  dans  la  compo- 
sition du  corps  de  chaque  animal ,  comme  la 
chaux  et  le  phosphore  qui  durcissent  les  os  des 
animaux  vertébrés,  le  fer  qui  colore  le  sang 
lui-même  et  diverses  autres  parties,  la  graisse 
ou  l'huile  animale  qui  se  dépose  dans  la  celhi- 
losité  pour  l'assouplir,  etc.  Tous  les  liquides  et 
les  solides  du  corps  animal  se  composent 
d'élémens  chimiques  contenus  dans  le  sang  ;  et 
c'est  seulement  par  quelques  élémens  de  moins 
ou  par  d'autres  proportions  que  chacun  d'eux 
se  distingue,  d'oii  l'on  voit  que  leur  formation 
ne  dépend  que  de  la  soustraction  de  tout  ou 
partie  d'un  ou  de  plusieurs  des  élémens  du 


ÉLÉMENS    ORGA.NIQUES.  2g 

sang,  et  dans   un  petit  nombre  de  cas 5  de 
l'addition  de  quelque  élément  venu  d'ailleurs. 

Ces  opérations,  par  lesquelles  le  fluide  nour- 
ricier entretient  la  matière  solide  ou  liquide  de 
toutes  les  parties  du  corps ,  peuvent  prendre  en 
général  le  nom  de  sécrétions.  Cependant  on 
réserve  souvent  ce  nom  a  la  production  des 
liquides,  et  on  donne  plus  spécialement  celui  de 
nutrition  à  la  production  et  au  dépôt  de  la 
matière  nécessaire  a  Tentretien  des  solides. 

Chaque  organe  solide  ,  chaque  fluide  a  la 
composition  convenable  pour  le  rôle  qu'il  doit 
jouer,  et  la  conserve  tant  que  là  santé  subsiste, 
parce  que  le  sang  la  renouvelle  à  mesure  qu'elle 
s'altère.  Le  sang,  en  y  fournissant  continuelle- 
ment ,  altère  lui  -  même  la  sienne  à  chaque 
instant;  mais  il  y  est  ramené  par  la  digestion 
qui  renouvelle  sa  matière,  par  la  respiration 
qui  le  délivre  du  carbone  et  de  l'hydrogène 
superflus,  par  la  transpiration  et  diverses  autres 
excrétions  qui  lui  enlèvent  d'autres  principes 
surabondans. 

Ces  transformations  perpétuelles  de  compo- 
sition chimique  forment  une  partie  non  moins 
essentielle  du  tourbillon  vital  que  les  mouve- 
mens  visibles  et  de  translation  :  ceux-ci  n'ont 
même  poar  objet  que  d'amener  les  premiers. 


3o  1  ]N  T  K  o  D  u  c  T 1 0  :?r. 


Ï)ES  FORCES  QUI  AGISSENT  DANS  LE  COPtPS 

ANIMAL. 

La  fibre  musculaire  n'est  pas  seulement  Tor- 
gane  du  mouvement  volontaire  ;  nous  venons 
de  voir  qu'elle  est  encore  le  plus  puissant  des 
moyens  que  la  nature  emploie  pour  opérer 
les  mouvemens  de  translation  nécessaire  a  la 
vie  végétative.  Ainsi  les  fibres  des  intestins  pro- 
duisent le  mouvement  péristaltique  qui  fiait 
parcourir  ce  canal  aux  alimens  ;  les  fibres  du 
cœur  et  des  artères  sont  les  agens  de  la  circu- 
lation, et  par  elle,  de  toutes  les  sécrétions,  etc. 

La  volonté  met  la  fibre  en  contraction  par 
l'intermède  du  nerf;  et  les  fibres  involontaires , 
telles  que  celles  que  nous  venons  de  citer,  sont 
aussi  toutes  animées  par  des  nerfs  qui  s'y  ren- 
dent; il  est  donc  probable  que  ce  sont  ces  nerfs^ 
qui  les  font  contracter. 

Toute  contraction,  et  en  général  tout  chan- 
gement de  dimension  dans  la  nature,  s'opère 
par  un  changement  de  composition  chimique, 
ne  fut-ce  cjue  par  l'afflux  ou  la  retraite  d'un 
fluide  impondérable  ,  tel  que  le  calorique  5 
c'est  même  ainsi  cpe  se  font  les  plus  violens 


FORCES    ORGANIQUES.  3l 

mouvemens  connus  sur  la  terre,  les  inflamnici- 
tions,  les  détonnations,  etc. 

Il  y  a  donc  grande  apparence  que  c'est  par 
un  fluide  impondérable  que  le  nerf  agît  sur 
la  fibre,  d'autant  qu'il  est  bien  démontré  qu'il 
n'y  agit  pas  mécaniquement. 

La  matière  médullaire  de  tout  le  système 
nerveux  est  homogène,  et  doit  pouvoir  exercer 
partout  oîi  elle  se  trouve  les  fonctions  qui 
appartiennent  à  sa  nature  ;  toutes  ses  ramifi- 
cations reçoivent  une  grande  abondance  de 
vaisseaux  sanguins. 

Tous  les  fluides  animaux  étant  tirés  du  sang 
par  sécrétion  ,  il  n'y  a  pas  a  douter  que  le 
fluide  nerveux  ne  soit  dans  le  même  cas  ,  ni 
que  la  matière  médullaire  ne  le  sécrète. 

D'un  autre  côté,  il  est  certain  que  la  ma- 
tière médullaire  est  le  seul  conducteur  du  fluide 
nerveux  5  tous  les  autres  élémens  organiques 
lui  servent  de  cohibants  ,  et  l'arrêtent^  comme 
le  verre  arrête  l'électricité. 

Les  causes  extérieures  qui  sont  capables  de 
produire  des  sensations  ou  d'occasionner  des 
contractions  dans  la  fibre,  sont  toutes  des  agens 
chimiques  ,  capables  d'opérer  des  décomposi- 
tions ,  tels  que  la  lumière  ,  le  calorique  ,  les 


32  INTRODUCTION. 

sels,  les  vapeurs  odorantes,  la  percussion,  la 
compression,  etc.,  etc.  n^ 

Il  y  a  donc  grande  apparence  que  ces  causes 
agissent  sur  le  fluide  nerveux  d'une  manière 
chimique ,  et  en  altèrent  sa  composition  ;  cela 
est  d'autant  plus  vraisemblable  ,  que  leur  ac- 
tion s'émousse  en  se  continuant  ,  comme  si  le 
fluide  nerveux  avait  besoizi  de  reprendre  sa 
composition  primitive  pour  pouvoir  être  altéré 
de  nouveau. 

Les  organes  extérieurs  des  sens  sont  des 
sortes  de  cribles  qui  ne  laissent  parvenir  sur 
le  nerf  que  l'espèce  d'agent  qui  doit  l'affecter 
à  chaque  endroit  ;  la  langue  a  des  papilles  spon- 
gieuses  qui  s'imbibent  des  dissolutions  salines; 
l'oreille  ,  une  pulpe  gélatineuse  qui  est  ébran- 
lée par  les  vibrations  sonores  ;  l'œil ,  des  len- 
tilles transparentes  qui  ne  sont  perméables  qu'à 
la  lumière  ,  etc. 

Ce  que  l'on  appelle  les  irritans  ou  les  agens 
qui  occasionnent  les  contractions  de  la  fibre, 
exercent  probablement  cette  action  en  faisant 
produire  sur  la  fibre,  par  le  nerf,  le  même  effet 
qu'y  produit  la  volonté  ;  c'est-a-dire  en  altérant 
le  fluide  nerveux  de  la  manière  nécessaire  pour 
changer  les  dimensions  de  la  fibre  sur  laquelle  il 
influe:  mais  la  volonté  n'est  pour  rien  dans  leur 


FORCES     Or.GANIQUES.  33 

action  ;  souvent  même  le  moi ,  \\e\\  a  accune 
connaissance.  Les  muscles  séparés  clu  corps  sont 
encore  susceptibles  d'irritation  tant  c[ue  la  por- 
tion de  nerf  restée  avec  eux  conserve  le  pouvoir 
d'agir  sur  eux  ,  et  la  volonté  est  évidemment 
étrangère  a  ce  phénomène. 

Le  fluide  nerveux  s'altère  par  l'irritation 
musculaire  aussi-bien  que  par  la  sensibilité,  et 
que  par  le  mouvement  volontaire  ,  et  a  de 
même  besoin  d'être  rétabli  dans  sa  compo- 
sition. 

Les  mouvemens  de  translation  nécessaires  à 
la  vie  végétative  sont  déterminés  par  des  irri- 
tations :  les  alimens  irritent  l'intestin ,  le  sancr 
irrite  le  cœur ,  etc.  Ces  mouvemens  sont  tous 
soustraits  à  la  volonté,  et  en  général  (tant  que 
la  santé  dure  ) ,  à  la  connaissance  du  moi  ^  les 
nerfs  Cjui  les  produisent  ont  même  dans  plu- 
sieurs parties  une  distribution  différente  des 
nerfs  affectés  aux  sensations  ou  soumis  k  la 
volonté,  et  cette  distribution  paraît  avoir  pré- 
cisément pour  objet  de  les  y  soustraire. 

Les  fonctions  nerveuses  ,  c'est-à-dire  la  sen- 
sibilité et  l'irritabilité  musculaire,  sont  d'autant 
plus  fortes  dans  chaque  point ,  cjue  leur  agent 
y  est  plus  abondant;  et  comme  cet  agent,  ou 

TOME    I.  .  3 


34  IIS  T  II  OD  UCT  ION. 

le  fluide  nerveux ,  est  produit  par  une  sécrë- 
lion  5  il  doit  être  d'autant  plus  abondant  qu'il 
y  a  plus  de  matière  médullaire  ou  sécrétoire,  et 
que  cette  matière  reçoit  plus  de  sang. 

Dans  les  animaux  qui  ont  une  circulation  , 
le  sang  arrive  aux  parties  par  les  artères  qui  le 
transportent ,  au  moyen  de  leur  irritabilité  et 
de  celle  du  cœur.  Si  ces  artères  sont  irritées,  elles 
agisseut  plus  vivement  et  amènent  plus  de  sang; 
le  fluide  nerveux  devient  plus  abondant  et  aug- 
mente la  sensibilité  locale  ;  il  augmente  à  son 
tour  rirrilabilité  des  artères  ,  et  cette  action 
mutuelle  peut  aller  fort  loin.  On  Tappelle  or^ 
gasme ,  et  quand  elle  devient  douloureuse  et 
permanente ,  inflammation.  L'irritation  peut 
aussi  commencer  par  le  nerf  quand  il  éprouve 
des  sensations  vives. 

Cette  influence  mutuelle  des  nerfs  et  des 
fibres,  soit  du  système  intestinal,  soit  du  sys- 
tème artériel ,  est  le  véritable  ressort  de  la  vie 
végétative  dans  les  animaux. 

Comme  chaque  sens  extérieur  n'est  perméa- 
ble qu'à  telle  ou  telle  substance  sensible  ,  de 
même  chaque  organe  intérieur  peut  n'être  ac- 
cessible qu'à  tel  ou  tel  agent  d'irritation.  Ainsi 
le  mercure  irrite  les  glandes  salivaires,  les  can- 


FORCES    ORGANIQUES.  35 

tharides  irritent  la  vessie  ,  etc Ces  ageiis 

sont  ce  que  Ton  nomme  des  spécifiques. 

Le  système  nerveux  étant  homogène  et  con- 
tinu 5  les  sensations  et  irritations  locales  le  fa- 
tiguent tout  entier;  et  chaque  fonction,  portée 
trop  loin  ,  peut  affaiblir  les  autres.  Trop  d'ali- 
mens  empêchent  de  penser  ;  des  méditations 
trop  prolongées  affaiblissent  la  digestion,  etc. 

Une  irritation  locale  excessive  peut  affaiblir 
le  corps  entier ,  comme  si  toutes  les  forces  de 
la  vie  se  portaient  en  un  seul  point. 

Une  seconde  irritation  produite  sur  un  autre 
point  peut  diminuer  ou,  comme  on  dit,  détour- 
ner la  première  ;  tel  est  l'effet  des  purgatifs , 
des  vessîcatoires ,  etc. 

Tout  rapide  qu'est  notre  énoncé  ,  il  doit 
suffire  pour  établir  la  possîbiHté  de  se  ren- 
dre compte  de  tous  les  phénomènes  de  la  vie 
physique  ,  par  la  seule  admission  d'un  fluide 
tel  que  nous  venons  de  le  définir,  d'après  les 
propriétés  qu'il  présente. 


3(3  INTRODUCTION. 


IDEE  SOMMAIRE  DES  FONCTIONS  ET  DES  ORGANES 
DU  CORPS  DES  ANIMAUX  ,  AINSI  QUE  DES  DIVERS 
DEGRÉS  DE  LEUR  COMPLICATION 

x\pBÈs  ce  que  nous  venons  de  dire  des  ëlé- 
mens  organiques  du  corps  ,  de  ses  principes 
chimiques  et  des  forces  qui  agissent  en  lui,  nous 
n'avons  plus  qu'a  donner  une  idée  sommaire 
des  fonctions  de  détail  dont  la  vie  se  compose  ^ 
et  des  organes  qui  leur  sont  affectés. 

Les  fonctions  du  corps  animal  se  divisent  en 
deux  classes. 

Les  fonctions  animales  ou  propres  aux  ani- 
maux 5  c'est-à-dire  la  sensibilité  et  le  mouve- 
ment volontaire. 

Les  fonctions  vitales,  végétatives,  ou  com- 
munes aux  animaux  et  aux  végétaux,  c'est- 
à<lire  la  nutrition  et  la  génération. 

La  sensibilité  réside  dans  le  système  ner- 
veux. 

Le  sens  extérieur  le  plus  général  est  le  tou- 
clier  \  son  siège  est  à  la  peau ,  membrane  en- 
veloppant; le  corps  entier,  et  traversée  de  toute 
part  par  des  nerfs  dont  les  derniers  fdets  s'épa- 


FONCTIONS    ORGANIQUES.  '5'] 

nouîssent  en  papilles  k  sa  surface,  et  y  sont 
garantis  par  l'épidernie  ,  et  par  cVaiitres  tégu- 
mens  insensibles,  tels  qne  poiis,.  écailles,  etc. 
Le  goùt  et  Fodorat  ne  sont  que  des  touchers 
plus  délicats ,  pour  lesquels  la  peau  de  la  langue 
et  des  narines  est  particulièrement  organisée  ; 
la  première  ,  au  moyen  de  papilles  plus  bom- 
bées et  plus  spongieuses;  la  seconde  ,  par  son 
extrême  délicatesse  et  la  multiplication  de  sa 
snrface  toujours  humide.  Nous  avons  déjà  parlé 
de  l'oeil  et  de  l'oreille  en  général.  L'organe  de 
la  génération  est  doué  d'un  sixième  sens  qui 
est  dans  sa  peau  intérieure  ;  celle  de  l'estomac 
et  des  intestins  fait  connaître  aussi ,  par  des 
sensations  propres ,  l'état  de  ses  viscères,  il 
peut  naître  enfin  dans  toutes  les  parties  du  corps, 
par  des  accidens  ou  par  des  maladies ,  des  sen- 
sations plus  ou  moins  douloureuses. 

Beaucoup  d'animaux  manquent  d'oreilles  et 
de  narines  ;    plusieurs  d'yeux  ;  il  y  en  a  cpii 
sont   réduits   au  toucher  ,  lequel  ne   manque 
amais. 

L'action  reçue  par  les  organes  extérieurs  se 
propage  par  les  nerfs  jusqu'aux  masses  cen- 
trales du  système  nerveux  qui,  dans  les  ani- 
maux supérieurs ,  se  composent  du  cerveau  et 
de  la  moelle  épinière.  Plus  l'animal  est  d'ime 


38  INTRODUCTION. 

nature  élevée,  plus  le  cerveau  est  volumineux, 
plus  le  pouvoir  sensitif  y  est  concentré  ;  à  me- 
sure que  l'animal  est  placé  plus  bas  dans  l'é- 
chelle 5  les  masses  médullaires  se  dispersent  ; 
dans  les  genres  les  plus  imparfaits,  la  substance 
nerveuse  toute  entière  semble  se  fondre  dans 
la  substance  générale  du  corps. 
^  On  nomme  tête ,  la  partie  du  corps  qui  con- 
tient le  cerveau  et  les  principaux  organes  des 
sens. 

Quand  l'animal  a  reçu  une  sensation  ,  et 
quelle  détermine  en  lui  une  volonté,  c'est  en- 
core par  les  nerfs  qu'il  transmet  cette  volonté 
aux  muscles. 

Les  muscles  sont  des  faisceaux  de  fibres  char- 
nues dont  les  contractions  produisent  tous  les 
mouvemens  du  corps  animal.  Les  extensions 
des  membres,  tous  les  prolongemens  des  par- 
ties, sont  l'effet  de  contractions  musculaires, 
aussi-bien  c[ue  les  flexions  et  les  raccourcisse- 
mens.  Les  muscles  de  chaque  animal  sont  dis- 
posés en  nombre  et  en  direction  pour  les  mou- 
vemens qu'il  peut  avoir  à  exécuter  ;  et  quand 
ces  mouvemens  doivent  se  faire  avec  quelque 
vigueur ,  les  muscles  s'insèrent  a  des  parties 
dures  articulées  les  unes  sur  les  autres  ,  et  qui 
peuvent  être  considérées  comme  autant  de  le- 


FONCTIONS    ORGANIQUES.  3^} 

\iers.  Ces  parties  portent  le  nom  d'os  dans  les 
animaux  vertèbres  ,  où  elles  sont  intérieures 
et  formées  d'une  masse  gélatineuse,  pénétrée 
de  molécules  de  phosphate  de  chaux.  On  les 
appelle  coquilles  ,  croûtes  ,  écailles  dans  les 
mollusques,  les  crustacés,  les  insectes,  où  elles 
sont  extérieures  et  composées  de  substance  cal- 
caire ou  cornée,  qui  transsude  entre  la  peau 
et  ré])iderme. 

Les  fibres  charnues  s'insèrent  aux  parties 
dures  ,  par  le  moyen  d'autres  fibres  d'une  na- 
ture gélatineuse  ,  qui  ont  l'air  d'être  la  conti- 
nuation des  premières,  et  qui  forment  ce  que 
l'on  appelle  des  tendons. 

Les  configurations  des  faces  articulaires  des 
parties  dures  limitent  leurs  mouvemens  ,  cpi 
sont  encore  contenus  par  des  faisceaux  ou  des 
enveloppes  attachées  aux  côtés  des  articula- 
tions ,  et  qu'on  appelle  des  ligamens. 

C'est  d  après  les  diverses  dispositions  de  ces 
appareils  osseux  et  musculaires  ,  et  d'après  la 
forme  et  la  proportion  des  membres  qui  en  ré- 
sultent ,  que  les  animaux  sont  en  état  d'exé- 
cuter les  innombrables  mouvemens  qui  entrent 
dans  la  marche  ,  le  saut,  le  vol  et  la  natation. 

Les  fibres  musculaires  affectées  a  la  dii[?estioa 
et  a  la  circulation  ne  sont  pas  soumises  à 


4  O  INTRODUCTION. 

volonté;  elles  reçoivent  cependant  des  nerfs , 
mais  5  comme  nous  l'avons  dit ,  les  principaux 
de  ceux  qui  s'y  rendent  éprouvent  des  subdi- 
visions et  des  renflemens  qui  paraissent  avoir 
pour  objet  de  les  soustraire  à  l'empire  du  moi. 
Ce  n'est  que  dans  les  passions  et  les  autres 
affections  fortes  de  l'àme  que  l'empire  du  moi  se 
fait  sentir  malgré  ces  barrières,  et  presque  tou- 
jours c'est  pour  troubler  l'ordre  de  ces  fonc- 
tions végétatives.  Ce  n'est  aussi  que  dans  l'état 
maladif  que  ces  fonctions  sont  accompagnées 
de  sensations.  Ordinairement  la  digestion  s'o- 
père sans  que  l'animal  s'en  aperçoive. 

Les  aîimens  ,  divisés  par  les  mâchoires  et 
par  les  dents ,  ou  pompés  quand  l'animal  n'en 
prend  que  de  liquides  ,  sont  avalés  par  des 
mouvemens  musculaires  de  l'arrière-bouche  et 
du  gosier,  et  déposés  dans  les  premières  parties 
du  canal  alimentaire,  ordinairement  renflées  en 
un  ou  plusieurs  estomacs;  i!s  y  sont  pénétrés 
par  des  sucs  propres  à  les  dissoudre. 

Conduits  ensuite  dans  le  reste  du  canal,  ils 
y  reçoivent  encore  d'autres  sucs  destinés  à 
achever  leur  préparation.  Les  parois  du  canal 
ont  des  pores  qui  tirent  de  cette  masse  alimen- 
taire la  portion  convenable  pour  la  nutrition  , 
et  le  résidu  inutile  est  rejeté  comme  excrément. 


FONCTIONS    ORGANIQUES.  4^ 

Le  canal  dans  lequel  s'opère  ce  premier  acte 
de  la  nutrition, est  une  continuation  de  la  peau, 
et  se  compose  de  lames  semblables  aux  siennes; 
les  fibres  même  c|ui  l'entourent  sont  analogues  à 
celles  qui  adhèrent  a  la  face  interne  de  la  peau, 
et  cju'on  nomme  la  pannicule  charnue  5  il  se 
fait  dans  tout  l'intérieur  du  canal  une  transsu- 
dation qui  a  des  rapports  avec  la  transpira- 
tion cutanée  ,  et  qui  deyient  plus  abondante 
cjuand  celle-ci  est  supprimée  ;  la  peau  exerce 
même  une  absorption  iojt  analogue  à  celle  des 
intestins, 

îl  n'y  a  crue  les  derniers  des  animaux  oii  les 
excrémens  ressortent  par  la  bouche  ,  et  dont 
l'intestin  ait  la  forme  d'un  sac  sans  issue. 

Le  nombre  de  ceux  011  le  suc  nourricier,  ab- 
sorbé par  les  parois  de  TiiUeslio  ,  se  répand  im- 
médiatement dans  toute  la  spongiositédu  corps, 
est  plus  considérable  ,  car  toute  la  classe  des 
insectes  parait  aussi  y  appartenir. 

Mais  à  compter  des  arachnides  et  des  \ers  5 
le  suc  nourricier  circule  dans  un  système  de 
vaisseaux  clos  ,  dont  les  derniers  rameaux  seuls 
en  dispensent  les  molécules  aux  parties  c[ui 
doivent  en  être  entretenues;  les  vaisseaux  cjui 
portent  ainsi  le  fluide  nourricier  aux  parties 
se  nomment  artères  ;  ceux  qui  le  rapportent 


4^  INTRODUCTION. 

an  centre  de  la  circulation  se  nomment  veines^ 
le  tourbillon  circulatoire  est  tantôt  simple  , 
tantôt  double  ,  et  même  triple  (  en  comptant 
celui  de  la  veine  porte  )  ;  la  rapidité  de  son 
mouvement  est  souvent  aidée  par  les  contrac- 
tions de  certains  appareils  charnus  que  l'on 
nomme  cœurs  ^  et  qui  sont  placés  à  l'un  ou 
a  l'autre  des  centres  de  circulation,  quelque- 
fois à  tous  les  deux. 

Dans  les  animaux  vertébrés  et  a  sang  rouge  , 
le  fluide  nourricier  sort  blanc  des  intestins  ,  et 
porte  alors  le  nom  de  chyle  ;  il  aboutit  par  des 
vaisseaux  particuliers  ,  nommés  lactés,  dans  le 
système  veineux ,  oii  il  se  mcle  avec  le  sang. 
Des  vaisseaux  semblables  aux  lactés  ,  et  for- 
mant avec  eux  un  ensemble  appelé  système 
lymphatique  ,  rapportent  aussi  dans  le  sang 
veineux  le  résidu  de  la  nutrition  des  parties  ^ 
et  les  produits  de  Tabsorpiion  cutaure. 

Pour  que  le  sang  soit  propre  a  nourrir  les 
parties  ,  il  faut  qu'il  éprouve  de  la  part  de  i'é- 
lément  ambiant,  par  la  respiration,  la  modifi- 
cation dont  nous  avons  parlé  ci-dessus.  Dans 
les  animaux  qui  ont  une  circulation,  une  partie 
des  vaisseaux  est  destinée  a  porttr  le  sang  dans 
des  organes  oii  ils  le  subdivisent  sur  une  grande 
surface,  pour  que  l'action  de  l'élément  ambiant 


FONCTIONS    ORGANIQUES.  4^ 

soît  plus  forte.  Quand  cet  élément  est  de  l'air  , 
la  surface  est  creuse  et  se  nomme  poumon  ; 
quand  c'est  de  Teau  ^  elle  est  saillante  ,  et  s'ap- 
pelle hrarichie.  Il  y  a  toujours  des  organes  de 
mouvement  disposés  pour  amener  l'élément 
ambiant  dans  ou  sur  l'organe  respiratoire. 

Daiis  les  animaux  qui  n'ont  pas  de  circula- 
tion 5  l'air  se  répand  dans  tous  les  points  du 
corps  par  des  vaisseaux  élastiques  appelés  tra- 
chées 5  où  l'eau  agit  ^  soit  en  pénétrant  aussi 
par  des  vaisseaux  ,  soit  en  baignant  seulement 
la  surface  de  la  peau. 

Le  sang  qui  a  respiré  est  propre  à  rétablir  la 
composition  de  toutes  les  parties  ,  et  a  opérer 
ce  qu'on  appelle  la  nutrition  proprement  dite. 
C'est  une  grande  merveille  que  cette  facilité 
qu'il  a  de  se  décomposer  dans  chaque  point  de 
manière  à  y  laisser  précisément  l'espèce  de  mo- 
lécules qui  y  est  nécessaire  ;  mais  c'est  cette 
merveille  qui  constitue  toute  la  vie  végétative. 
On  ne  voit,  pour  la  nutrition  des  solides,  d'au- 
tre arrangement  qu'une  grande  subdivision  des 
dernières  branches  artérielles  ;  mais  pour  la 
production  des  liquides,  les  appareils  sont  plus 
variés  et  plus  compliqués  ;  tantôt  ces  dernières 
extrémités  des  vaisseaux  s'épanouissent  simple- 
ment sur  de  grandes  surfaces  d'oii  s'exhale  le 


44  INTRODUCTION. 

liquide  produit;  tantôt  c'est  dans  le  fond  de  pe- 
tites cavités  5  d'où  ce  liquide  suinte  ;  le  plus  sou- 
vent ces  extrémités  artérielles,  avant  de  se 
changer  en  veines,  donnent  naissance  à  des  vais- 
seaux particuliers  qui  transportent  ce  liquide j 
et  c'est  au  point  d'union  des  deux  genres  de 
vaisseaux  qu'il  paraît  naître;  alors  les  vaisseaux 
sanguins  et  ces  vaisseaux  'à^^iAés  propres  ,  for- 
ment, par  leur  entrelacement ,  des  corps  nom- 
més glandes  conglomérées  ou  sécrétoires.Dans 
les  animaux  qui  n'ont  pas  de  circulation,  le 
fluide  nourricier  baigne  toutes  les  parties;  cha- 
cune d'elles  y  puise  les  molécules  nécessaires  à 
son  entretien  ;  s'il  faut  que  quelque  liquide  soit 
produit ,  des  vaisseaux  propres  flottent  dans  le 
fluide  nourricier,  et  y  pompent ,  parleurs  pores , 
les  élémens  nécessaires  a  la  composition  de  ce 
liquide. 

C'est  ainsi  que  le  sang  entretient  sans  'cesse 
la  composition  de  toutes  les  parties  et  y  répare 
les  altérations  qui  sout  la  suite  continuelle  et 
nécessaire  de  leurs  fonctions.  Les  Idées  géné- 
rales que  nous  pouvons  nous  faire  de  cette  opé- 
ration, sont  assez  claires,  quoique  nous  n'ayons 
pas  de  notion  distincte  et  détaillée  de  ce  qui  se 
passe  sur  chaque  point;  et  que,  faute  de  connaî- 
tre la  composition  chimiqtie  de  chaque  partie 


FONCTIONS    ORGANIQUES.  4^ 

avec  assez  de  précision ,  nous  ne  puissions  nous 
rendre  un  compte  exact  des  transformations  né- 
cessaires pour  la  produire. 

Outre  les  glandes  qui  séparent  du  sang  les 
liquides  qui  doivent  jouer  quelque  rôle  dans 
l'économie  intérieure,  il  en  est  qui  en  séparent 
des  liquides  destinés  à  être  rejetés  au  dehors , 
soit  simplement  comme  matières  superflues  , 
telles  que  V urine  qui  est  produite  par  les  reins ^ 
soit  pour  quelcjue  utilité  de  l'animal,  comme 
l'encre  des  sèches,  la  pourpre  de  divers  autres 
mollusques,  etc. . . 

Quant  à  la  génération,  il  y  a  une  opération 
ou  un  phénomène  encore  bien  autrement  diffi- 
cile à  concevoir  que  les  sécrétions,  c'est  la 
production  du  germe.  Nous  avons  vu  même 
qu'on  doit  la  regarder  a  peu  près  comme  in- 
compréhensible; mais,  une  fois  l'existence  du 
germe  admise  ,  il  n'y  a  point  sur  la  génération 
de  difficulté  particulière.  Tant  qu'il  adhère  à  sa 
mère,  il  est  nourri  comme  s'il  était  un  de  ses 
organes;  et  une  fois  qu'il  s'en  détache  ,  il  a  lui- 
même  sa  vie  propre  cjui  est  au  fond  semblable 
à  celle  de  l'adulte. 

Le  germe,  Fembrion  ,  le  fétus,  le  petit  nou- 
veau-né ne  sont  cependant  jamais  parfaitement 
de  la  même  forme  que  l'adulte ,  et  leur  différence 


46  INTRODUCTION. 

est  quelquefois  assez  grande  pour  que  leur 
assimilation  ait  mérité  le  nom  de  métamorphose. 
Ainsi 5  personne  ne  devinerait,  s'il  ne  l'avait 
observé  ou  appris,  qu'une  chenille  dût  devenir 
mi  papillon. 

Tous  les  êtres  vivansse  métamorphosent  plus 
ou  moins  dans  le  cours  de  leur  accroissement, 
c'est-k-dire ,  qu'ils  perdent  certaines  parties  et 
en  développent  qui  étaient  auparavant  moins 
considérables.  Les  antennes,  les  ailes,  toutes 
les  parties  du  papillon  étaient  enfermées  sous 
la  peau  de  chenille;  cette  peau  disparait  avec 
des  mâchoires,  des  pieds  et  d'autres  organes 
qui  ne  restent  pas  au  papillon.  Les  pieds  de  la 
grenouille  sont  renfermés  dans  la  peau  du 
têtard,  et  le  têtard,  pour  devenir  grenouille  , 
perd  sa  queue,  sa  bouche  et  ses  branchies. 
L'enfant  même,  en  naissant,  perd  son  placenta 
et  ses  enveloppes;  a  un  certain  âge,  il  perd 
presque  son  tymus,  et  il  gagne  petit  à  petit  des 
cheveux ,  des  dents  et  de  la  barbe  ;  les  rapports 
de  grandeur  de  ses  organes  changent,  et  son 
corps  augmente  à  proportion  plus  que  sa  tête, 
sa  tête  plus  que  son  oreille  interne,  etc. 

Le  lieu  où  les  germes  se  montrent,  l'assem- 
blage de  ces  germes  se  nomme  Voçaire;  le 
canal ,  par  où  les  germes  une  fois  détachés  se 


FONCTIONS    ORGANIQUES.  4? 

rendent  au  dehors,  Yoçjcluctiis ;  la  cavité  où 
ils  sont  obligés,  dans  plusieurs  espèces,  de 
séjourner  un  temps  plus  ou  moins  long  avant  de 
naître ,  la  matrice  ou  Vutériis  ;  l'orifice  extérieur 
par  lequel  ils  sortent,  la  vuUe.  Quand  il  y  a  des 
sexes,  le  sexe  mâle  est  celui  qui  féconde  ;  le  sexe 
femelle  celui  dans  lequel  les  germes  paraissent. 
La  li  'uenr  fécondante  se  nomme  sperme  ;  les 
glîuides  qu!  la  séparent  du  sang,  testicules'^  et, 
quand  il  laut  qu'elle  soit  introduite  dans  le 
corps  de  la  femelle,  l'organe  qui  l'y  porte 
s'appelle  verge- 


EXPOSE  RAPIDE  DES  FONCTIONS  INTELLEC- 
TUELLES DES  ANIMAUX. 

L'impression  des  ol)jets  extérieurs  sur  le 
MOI ,  la  production  d'une  sensation ,  d'une 
image,  est  un  mystère  impénétrable  pour  notre 
esprit,  et  le  matérialisme  une  hypothèse  d'au- 
tant plus  hasardée  que  la  philosophie  ne  peut 
donner  aucune  preuve  directe  de  l'existence 
effective  de  la  matière.  Mais  le  naturaliste  doit 
examiner  quelles  paraissent  être  les  conditions 
matérielles  de  la  sensation;  il  doit  suivre  les 
opérations  ultérieures  de  l'esprit,  reconnaître 


48  INTRODUCTION. 

jusqu'à  quel  point  elles  s'élèvent  clans  chaque 
être,  et  s'assurer  s'il  n'y  a  pas  encore  pour  elles 
des  conditions  de  perfection  dépendantes  de 
l'organisation  de  chaque  espèce  ou  de  l'état 
momentané  du  corps  de  chaque  individu. 

Pour  que  le  moi  perçoive,  il  faut  cju'il  y  ait 
une  communication  nerveuse  non  interrompue 
entre  le  sens  extérieur  et  les  masses  centrales 
du  système  médullaire.  Ce  n'est  donc  que  la 
modification  éprouvée  par  ces  masses  que  le 
moi  perçoit;  aussi  peut-il  y  avoir  des  sensations 
très-réelles  sans  que  l'organe  extérieur  soit 
affecté,  et  qui  naissent,  soit  dans  le  trajet 
nerveux^  soit  dans  la  masse  centrale  même  :  ce 
sont  les  rêves  et  les  visions,  ou  certaines  sen- 
sations accidentelles. 

Par  masses  centrales,  nous  entendons  une 
partie  du  système  nerveux  d'autant  plus  cir- 
conscrite que  l'animal  est  plus  parfait.  Dans 
l'homme  ,  c'est  exclusivement  une  portion  res- 
treinte du  cerveau;  mais  dans  les  reptiles,  c'est 
déjà  le  cerveau  et  la  moelle  entière  de  chacune 
de  leurs  parties  prise  séparément,  en  sorte  que 
l'absence  de  tout  le  cerveau  n'empêche  pas  de 
sentir.  L'extension  est  bien  plus  grande  encore 
dans  les  classes  inférieures. 

La  perception  acquise  par  le  moi  produit 


FONCTIOISS    INTELLECTUELLES.  49 

Vîmage  de  la  sensation  éprouvée.  Nous  re- 
portons hors  de  nous  la  cause  de  la  sensation, 
et  nous  nous  donnons  ainsi  Vidée  de  l'objet  qui 
l'a  produite.  Par  une  loi  nécessaire  de  :notre 
intelligence,  toutes  les  idées  d'objets  matériels 
sont  dans  le  temps  et  dans  l'espace. 

Les  modifications  éprouvées  par  les  masses 
médullaires  y  laissent  des  impressions  qui  se 
reproduisent,  et  rappellent  à  l'esprit  les  images 
et  les  idées  :  c'est  la  m^'mo/r^,  faculté  corporelle 
qui  varie  beaucoup  selon  l'âge  et  la  santé. 

Les  idées  qui  se  ressemblent,  ou  qui  ont  été 
acquises  en  même  temps  ,  se  rappellent  l'une 
l'autre  :  c'est  X association  des  idées.  L'ordre , 
l'étendue  et  la  promptitude  de  cette  association 
constituent  la  perfection  de  la  mémoire. 

Chaque  objet  se  présente  à  la  mémoire  avec 
toutes  ses  qualités  ou  avec  toutes  les  idées 
accessoires. 

Uintelligence  a  le  pouvoir  de  séparer  ces 
idées  accessoires  des  objets,  et  de  réunir  celles 
qui  se  retrouvent  les  mêmes  dans  plusieurs 
objets,  sous  une  idée  générale,  dont  l'objet 
n'existe  réellement  nulle  part  et  ne  se  présente 
non  plus  nullement  isolé  :  c'est  Y  abstraction. 

Toute  sensation  étant  plus  ou  moins  agréable 
ou  désagréable,  lexpérience  et  des  essais  répétés 

T03IE    I.  4  . 


5o  INTRODUCTION. 

moatreat  promptement  les  mouvemens  qu'il 
faut  faire  pour  se  procurer  les  unes  et  éviter 
les  autres,  et  l'intelligence  s'abstrait,  a  cet 
égard ,  des  règles  générales  pour  diriger  la 
volonté. 

Une  sensation  agréable  pouvant  avoir  des 
suites  qui  ne  le  sont  pas ,  et  réciproquement 
les  sensations  subséquentes  s'associent  à  l'idée 
de  la  sensation  primitive,  et  modifient  a  son 
égard  les  règles  abstraites  par  l'intelligence  : 
c'est  la  prudence. 

De  l'application  des  règles  aux  idées  géné- 
rales, résultent  des  espèces  de  formules  qui 
s'adaptent  ensuite  aisément  aux  cas  particuliers  : 
c'est  le  raisonnement. 

Un  vif  souvenir  des  sensationis  primitives  et 
associées,  et  des  impressions  de  plaisir  et  de 
peine  qui  s'y  rattachent  :  c'est  V imagination. 

Un  être  privilégié ,  l'homme  ,  a  la  faculté 
d'associer  ses  idées  générales  à  des  images  par- 
ticulières et  plus  ou  moins  arbitraires,  aisées  à 
graver  dans  la  mémoire,  et  qui  lui  servent  à 
rappeler  les  idées  générales  qu'elles  représentent. 
Ces  images  associées  sont  ce  qu'on  appelle  des 
signes  ;  leur  ensemble  est  le  langage.  Quand 
le  langage  se  compose  d'images  relatives  au  sens 
<le  l'ouïe  ou  de  sons^  on  le  nomme  la  parole. 


FONCTIONS    INTELLECTUELLES.  5l 

Quand  ce  sont  des  images  relatives  au  sens  de 
la  vue,  on  les  nomme  hyéroglyphes.  Uécritm^e 
est  une  suite  d'images  relatives  au  sens  de  la 
vue  nar  lesquelles  nous  représentons  les  sons 
élémentaires,  et,  en  les  combinant ,  toutes  les 
images  relatives  au  sens  de  l'ouïe  dont  se  com- 
pose la  parole  ;  elle  n'est  donc  qu'une  repré- 
sentation médiate  des  idées. 

Cette  faculié  de  représenter  les  idées  gé- 
nérales par  des  signes  ou  images  particulières 
qu'on  leur  associe,  aide  à  en  retenir  distinctement 
dans  la  mémoire,  et  a  s'en  rappeler  sans  con- 
fusion ,  une  quantité  immense,  et  fournit  au 
raisonnement  et  à  l'imagination  d'innombrables 
matériaux,  et  aux  individus  des  moyens  de 
communication  qui  font  participer  toute  l'espèce 
à  l'expérience  de  chacun  d'eux  ;,  en  sorte  que  les 
connaissances  peuvent  s'élever  indéfiniment  par 
la  suite  des  siècles  :  elle  est  le  caractère  distinctif 
de  l'intelligence  humaine. 

Les  animaux  les  plus  parfaits  sont  infiniment 
au-dessous  de  l'homme  pour  les  facultés  intel- 
lectuelles, et  il  est  cependant  certain  que  leur 
intelligence  exécute  des  opérations  du  même 
genre.  Ils  se  meuvent  en  conséquence  des  sen- 
sations qu'ils  reçoivent;  ils  sont  susceptibles 
d'affections  durables  ;  ils  acquièrent  parl'expé- 


52  INTRODUCTION. 

rience  une  certaine  connaissance  des  choses^ 
d'après  laquelle  ils  se  conduisent,  indépendam- 
ment de  la  peine  et  du  plaisir  actuels,  et  par  la 
seule  prévoyance  des  suites.  En  domesticité, 
ils  sentent  leur  subordination,  savent  que  l'être 
qui  les  punit  est  libre  de  ne  le  pas  faire, 
prennent  devant  lui  Fair  suppliant  quand  ils 
se  sentent  coupables  ou  qu'ils  le  voient  fâché. 
Ils  se  perfectionnent  ou  se  corrompent  dans  la 
société  de  l'homme 5  ils  sont  susceptibles  d'ému- 
lation et  de  jalousie;  ils  ont  entre  eux  un 
langage  naturel  qui  n'est,  a  la  vérité,  que 
l'expression  de  leurs  sensations  du  moment; 
mais  l'homme  leur  apprend  k  entendre  un  lan- 
gage beaucoup  plus  compliqué  par  lequel  il 
leur  fait  connaître  ses  volontés  et  les  détermine 
à  les  exécuter. 

En  un  mot,  on  aperçoit  dans  les  animaux 
supérieiu^s  un  certain  degré  de  raisonnement 
avec  tous  ses  effets  bons  et  mauvais,  et  qui 
parait  être  a  peu  près  le  même  que  celui  des 
enfans  lorsqu'ils  n'ont  pas  encore  appris  à  parler. 
A  mesure  qu'on  descend  à  des  animaux  plus 
éloignés  de  Fliomme,  ces  facultés  s'affaiblissent; 
et,  dans  les  dernières  classes,  elles  finissent  par 
se  réduire  à  des  signes,  encore  quelquefois  équi- 
voques 5  de  sensibilité,,  c'est-à-dire,  à  quelques 


FONCTIONS    INTELLECTUELLES.  53 

mouvemens  peu  énergiques  pour  échapper  à  la 
douleur.  Les  degrés  entre  ces  deux  extrêmes 
sont  infinis. 

Mais  il  existe  dans  un  grand  nombre  d'ani- 
maux une  faculté  différente  de  l'intelligence; 
c'est  celle  qu'on  nomme  instinct.  Elle  leur  fait 
produire  de  certaines  actions  nécessaires  a  la 
conservation  de  l'espèce,  mais  souvent  tout  à 
fait  étrangères  aux  besoins  apparens  des  indi- 
vidus, souvent  aussi  très-compliquées,  et  qui, 
pour  être  attribuées  a  l'intelligence,  suppo- 
^  seraient  une  prévoj^ance  et  des  connaissances 
infiniment  supérieures  k  celles  qu'on  peut  ad- 
mettre dans  les  espèces  qui  les  exécutent.  Ces 
actions,  produites  par  l'instinct,  ne  sont  point 
•non  plus  l'effet  de  l'imitation,  car  les  individus 
qui  les  pratiquent  ne  les^ont  souvent  jamais  vu 
faire  à  d'autres;  elles  ne  sont  point  en  proportion 
avec  l'intelligence  ordinaire ,  mais  deviennent 
plus  singulières,  plus  savantes,  plus  désinté- 
ressées, k  mesure  que  les  animaux  appartiennent 
a  des  classes  moins  élevées,  et,  dans  tout  le 
reste,  plus  stupides.  Elles  sont  si  bien  la  pro- 
priété de  l'espèce  ,  que  tous  les  individus  les 
exercent  de  la  même  manière  sans  y  rien 
perfectionner. 

Ainsi  les  abeilles  ouvrières  construisent^  de- 


54  INTRODUCTION. 

puis  le  commencement  du  monde,  des  ëdiiices 
très-ingénieux ,  calcules  d'après  la  plus  haute 
géométrie  ,  et  destinés  à  loger  et  a  nourrir  une 
postérité  qui  n'est  pas  même  la  leur.  Les  abeilles 
et  les  guépe^  solitaires  forment  aussi  des  nids 
très-compliqués  pour  y  déposer  leurs  oeufs.  Il 
sort  de  cet  œuf  un  ver  qui  n'a  jamais  vu  sa 
mère,  qui  ne  connaît  point  ia  structure  de  la  pri- 
son où  il  est  enfermé,  et  qui,  une  fois  méta- 
morphosé ,  en  construit  cependant  une  parfaite-  ' 
ment  semblable  pour  son  propre  œuf. 

On  ne  peut  se  faire  d'idée  claire  de  l'instinct, 
qu'en  admettant  que  ces  animaux  ont  dans  leur 
sensorium  des  images  ou  sensations  innées  et 
constantes,  quiîes  déterminent  a  agir  comme  les 
sensations  ordinaires  et  accidentelles  détermi- 
nent communément.  C'est  une  sorte  de  rêve  ou 
de  vision  qui  les  poursuit  toujours  et  dans  tout 
ce  qui  a  rapport  à  leur  instincî;;  on  peut  les 
regarder  comme  des  espèces  de  somnambules. 

L'instinct  a  été  accordé  aux  animaux  comme 
supplément  de  Finteîîigence  5  et  pour  concourir 
avec  elle,  et  avec  la  force  et  ia  fécondité,  au 
juste  degré  de  conservation  de  chaque  espèce. 

L'instinct  n'a  aucune  marque  visible  dans  la 
conformation  de  l'animal  ;  mais  l'intelligence  , 
autant  qu'on  a  pu  l'observer,  est  dans  une  pro- 


FONCTIONS    INTELLECTUELLES.  55 

portion  constante  avec  la  grandeur  relative  du 
cerveau,  et  surtout  de  ses  hémisphères. 


DE  LA  MÉTHODE  DANS  SON  APPLICATION  AU 

RÉGNE  ANIMAL. 

D'après  ce  que  nous  avons  dît  sur  les  mé- 
thodes en  général,  il  s'agît  de  savoir  quels  sont 
dans  les  animaux  les  caractères  les  plus  influens 
dont  il  faudra  foire  les  bases  de  leurs  premières 
divisions.  Il  est  clair  que  ce  doivent  être  ceux 
qui  se  tirent  des  fonctions  animales;  c'est-à-dire, 
des  sensations  et  du  mouvement,  car  non-seu- 
lement ils  font  de  l'être  un  animal ,  mais  ils 
établissent  en  quelque  sorte  le  degré  de  son  ani- 
malité. 

L'observation  confirme  ce  raisonnement ,  en 
montrant  que  leurs  degrés  de  développement  et 
de  complication  concordent  avec  ceux  des  or- 
ganes des  fonctions  végétatives. 

Le  cœur  et  les  organes  de  la  circulation  son  t  une 
espèce  de  centre  pour  les  fonctions  végétatives  , 
comme  le  cerveau  et  le  tronc  du  système  ner- 
veux pour  les  ibnciions  animales.  Or ,  nous 
voyons  ces  deux  systèmes  se  dégrader  et  dispa- 
raître Tun  avec  l'autre.  Dans  les  derniers  de* 


56  INTRODUCTION. 

animaux  ,  lorsqu'il  n'y  a  plus  de  nerfs  visibles*, 
il  n'y  a  plus  de  fibres  distinctes  ,  el  les  organes 
de  la  digestion  sont  simplement  creusés  dans  la 
niasse  homogène  du  corps.  Le  système  vascu- 
laire  disparaît  même  avant  le  système  nerveux 
dans  les  insectes  ^  mais,  en  général,  la  dispersion 
des  masses  médullaires  répond  a  celle  des  agens 
musculaires  ,  une  moelle  épinière  sur  laquelle 
des  nœuds  ou  ganglions  représentent  autant  de 
cerveaux  ,  correspond  a  un  corps  divisé  en  an- 
neaux nombreux  et  porté  sur  des  paires  de 
membres  réparties  sur  sa  longueur ,  etc. 

Cette  correspondance  des  formes  générales  , 
qui  résultent  de  l'arrangement  des  organes  mo- 
teurs, de  la  distribution  des  masses  nerveuses , 
et  de  l'énergie  du  système  circulatoire,  doit 
donc  servir  de  base  aux  premières  coupures  k 
faire  dans  le  règne  animal. 

Nous  examinerons  ensuite ,  dans  chacune  de 
ces  coupures,  quels  caractères  doivent  succéder 
immédiatement  à  ceux-îa  et  donner  lieu  aux 
premières  subdivisions. 


DIVISÎON    DES    ANIMAUX.  5j 


DISTRIBUTION  GÉNt  RALE  DU  RÈGNE  ANIMAL 
EN  QUATRE  GRANDES  DIVISIONS. 

Si  l'on  considère  le  règne  animal  d'après  les 
principes  que  nous  venons  de  poser  ,  en  se  dé- 
barrassant des  préjugés  établis  sur  les  divisions 
anciennement  admises,  en  n'ayant  égard  qu'à 
l'organisation  et  à  la  nature  des  animaux ,  et 
non  pas  a  leur  grandeur ,  a  leur  utilité ,  au 
plus  ou  moins  de  connaissance  que  nous  en 
avons  ,  ni  a  toutes  les  autres  circonstances  ac- 
cessoires, on  trouvera  qu'il  existe  c[uatre  formes 
principales,  cpiatre  plans  généraux,  si  l'on  peut 
s'exprimer  ainsi,  d'après  lesquels  tous  les  ani- 
maux semblent  avoir  été  modelés  ,  et  dont  les 
divisions  ultérieures,  de, quelque  titre  que  les 
naturalistes  les  aient  décorées  ,  ne  sont  que  des 
modifications  assez  légères ,  fondées  sur  le  déve- 
loppement ou  l'addition  de  quelques  parties, 
qui  ne  changent  rien  a  l'essence  du  plan. 

Dans  la  première  de  ces  formes,  qid  est  celle 
de  l'homme  et  des  animaux  qui  lui  ressemblent 
le  plus,  le  cerveau  et  le  tronc  principal  du  sys- 
tème nerveux  sont  renfermés  dans  une  enve- 
loppe osseuse ,  qui  se  compose  du  crâne  et  des 
vertèbresp  aux  côtés  de  cette  colonne  mitoyenne 


58  INTRODUCTION. 

s'attachent  les  côtes  et  les  os  des  membres  qui 
forment  la  charpente  du  corps  ;  les  muscles 
recouvrent  en  général  les  os  qu'ils  font  agir,  et 
les  viscères  sont  renfermés  dans  la  te  te  et  dans 
le  tronc. 

Nous  appelerons  les  animaux  de  cette  forme 
les  ANIMAUX  vEKTÉBPvÉs.  {jlniniaUa  veriehrata^ 

Ils  ont  tous  le  sang  rouge  ,  un  cœur  muscu- 
laire ;  une  bouche  a  deux  mâchoires  horizon- 
tales; des  organes  distincts  de  la  vue,  de  l'ouïe, 
de  l'odorat  et  du  goiU,  placés  dans  les  cavités  de 
la  face  ;  jamais  p!us  de  quatre  membres  ;  des 
sexes  toujours  séparés  ,  et  une  distribution  k 
peu  près  la  même  des  masses  médullaires  et  des 
principales  branches  du  sytème  nerveux. 

En  examinant  de  plus  près  chacune  des  par- 
ties de  ce  grand  système,  on  y  trouve  toujours 
quelque  analogie  ,  même  dans  les  espèces  les 
plus  éloignées  l'une  de  l'autre,  et  Ton  peut  sui- 
vre les  dégradations  d'un  même  plan  ,  depuis 
Thomme  jusqu'au  dernier  des  poissons. 

Dans  la  deuxième  forme,  il  n'y  a  point  de 
squelette  ;  les  muscles  sont  attachés  seulement 
à  la  peau,  qui  forme  une  enveloppe  molle,  con« 
tractile  en  divers  sens  ,  dans  laquelle  s'engen- 
drent, en  beaucoup  d'espèces,  des  plaques  pier- 
reuses ,  appelées  coquilles  ,  dont  la  position  et 


DIVISION    DES    ANIMAUX.  5g 

la  production  sont  analogues  a  celle  du  corps 
muqueux  ;  le  système  nerveux  est  avec  les  vis- 
cères dans  cette  enveloppe  générale,  et  se  com- 
pose de  plusieurs  masses  éparses,  réunies  par  des 
filets  nerveux  5  dont  les  principales  ,  placées  sur 
l'œsophage  ,  portent  le  nom  de  cerveau.  Des 
quatre  sens  propres  ,  on  ne  dis  lingue  plus  que 
les  organes  de  celui  du  goût  et  de  celui  de  la 
vue^  encore  ces  derniers  manquent-ils  souvent. 
Une  seule  famille  montre  des  organes  de  l'ouïe. 
Du  reste  il  y  a  toujours  un  système  complet  de 
circulation,  et  des  organes  particuliers  pour  la 
respiration.  Ceux  de  la  digestion  et  des  sécré- 
tions sont  à  peu  près  aussi  compliqués  que  dans 
les  animaux  vertébrés. 

Nous  appeîerons  ces  animaux  de  la  seconde 
forme.  Animaux  mollusques.  {Animalia  mol- 
liisca,  ) 

Quoique  le  plan  général  de  leur  organisa- 
lion  ne  soit  pas  aussi  uniforme  ,  c|uant  à  la 
configuration  extérieure  des  parties ,  que  celui 
des  animaux  vertébrés,  il  y  a  toujours  entre  ces 
parties  une  ressemblance  au  moins  du  même 
degré  dans  la  structure  et  dans  les  fonctions. 

La  troisième  forme  est  celle  qu'on  observe 
dans  les  insectes ,  les  vers  ,  etc.  Leur  système 
nerveux  consiste  en  deux  longs  cordons  régnans 


60  INTRODUCTION. 

le  long  du  ventre ,  renflés  d'espace  en  espace  en 
nœuds  ou  ganglions.  Le  premier  de  ces  nœuds  , 
placé  sur  l'œsophage,  et  nommé  cerveau,  n'est 
guère  plus  grand  que  les  autres.  L'enveloppe  de 
leur  tronc  est  divisée  par  des  plis  transverses  en 
un  certain  nombre  d'anneaux  ,  dont  les  tégu- 
mens  sont  tantôt  durs,  tantôt  mous,  mais  où  les 
mu^scles  sont  toujours  attachés  à  l'intérieur.  Le 
tronc  porte  souvent  à  ses  côtés  des  membres 
articulés  ;  mais  souvent  aussi  il  en  est  dé- 
pourvu. 

Nous  donnerons  à  ces  animaux  le  nom  d' Ani- 
maux ARTICULÉS.  (  Animalia  articulata.  ) 

C'est  parmi  eux  que  s'observe  le  passage  de 
la  circulation  dans  des  vaisseaux  fermés ,  à  la 
nutrition  par  imbibition,  et  le  passage  corres- 
pondant de  la  respiration  dans  les  organes  cir- 
conscrits ,  k  celle  qui  se  fait  par  des  trachées 
ou  vaisseaux  aériens  répandus  dans  tout  le 
corps.  Les  organes  du  goût  et  de  la  vue  sont 
les  plus  distincts  chez  eux  :  une  seule  famille 
en  montre  pour  l'ouïe.  Leurs  mâchoires ^  quand 
lis  en  ont,  soilt  toujours  latérales. 

Enfin  la  quatrième  forme,  qui  embrasse  tous 
les  animaux  connus  sous  le  nom  de  ZoophyteSy 
peut  aussi  porter  le  nom  d' Animaiix  rayonnes. 
(  Animalia  radiata^  ) 


DIVISION  DES  a:nimaux.  6ï 

Dans  tous  les  précédens,  les  organes  du  mouve- 
ment  et  des  sens  étaient  disposés  symétrique- 
ment aux  deux  côtés  d'un  axe.  Dans  ceux-ci , 
ils  le  sont  circulairement  autour  d'un  centre. 
Ils  approchent  de  riiomogénéité  des  plantes;  on 
ne  leur  voit  ni  système  nerveux  bien  distinct  , 
ni  organes  de  sens  particuliers  :  à  peine  aper- 
çoit-on dans  quelques-uns  des  vestiges  de  cir- 
culation ;  leurs  organes  respiratoires  sont  pres- 
que toujours  à  la  surlace  de  leur  corps  *,  le 
plus  grand  nombre  n'a  qu'un  sac  sans  issue , 
pour  tout  intestin ,  et  les  dernières  familles  ne 
présentent  qu'une  sorte  de  pulpe  homogène  , 
mobile  et  sensible  (i). 


(i)  IS"".  B.  Avant  moi,  les  naturalistes  divisaient  tous  les  animaux  non 
verle'brés  en  deux  classes,  les  insectes  et  les  vers.  J'ai  commence  à  atta- 
quer cette  manière  de  voir,  et  pre'senté  une  autre  division,  dans  un  mé- 
moire lu  à  la  société  d'Histoire  naturelle  de  Paris  ,  le  21  floréal  an  III,  ou 
le  10  mai  lygS  ,  et  imprimé  dans  la  Décade  philosophique  ,  où  je  marque 
les  caractères  et  les  limites  des  mollusques ,  des  crustacés ,  des  insectes  ,  des 
vers  ,  des  échinodermes  et  des  zoophytes.  J'ai  distingué  les  vers  à  sang 
rouge  ou  annelides ,  dans  un  mémoire  lu  à  l'Institut  le  1 1  nivôse  an  X ,  ou  le 
3i  décembre  1801.  J'ai  ensuite  réparti  ces  diverses  classes  en  trois  embran- 
chemens  comparables  chacun  à  celui  des  animaux  vertébrés  ,  dans  un  mé- 
moire lu  à  l'Institut  en  juillet  1812,  imprimé  dans  les  annales  du  mus. 
d'Hist.  nat. ,  tome  XIX. 


62 


PREMIÈRE  GRANDE  DIVISION 
DU  RÈGNE  ANIMAL. 


LES  ANIMAUX  VERTÉBRÉS. 

LeuPv  corps  et  leurs  membres  étant  soute- 
nus par  une  charpente  composée  de  pièces 
liées  et  mobiles  les  unes  sur  les  autres  ,  ils 
ont  plus  de  précision  et  de  vigueur  dans  leurs 
mouvemens  ^  la  solidité  de  ce  support  leur 
permet  d'atteindre  une  grande  taille  ,  et  c'est 
parmi  eux  que  se  trouvent  les  plus  grands  des 
animaux. 

Leur  système  nerveux  plus  concentré  ^  ses 
parties  centrales  plus  volumineuses  ,  donnent 
a  leurs  sentimens  plus  d'énergie  et  plus  de 
durée  ,  d'où  résulte  une  intelligence  supérieure 
et  plus  de  perfectibilité. 

Leur  corps  se  compose  toujours  de  la  tète , 
du  tronc  et  des  membres. 

La  tête  est  formée  du  crâne  qui  renferme  le 
cerveau 5  et  de  la  face,  qui  se  compose  des  deux 
mâchoires  et  des  réceptacles  des  organes  des  sens. 

Leur  tronc  est  soutenu  par  l'épine  du  dos , 
et  les  cotes. 

L'épine  est  composée  de  vertèbres  mobiles 


ANIMAUX    VERTÉBRÉS.  63 

les  unes  sur  les  autres,  dont  la  première  porte 
la  tête,  et  qui  ont  toutes  une  partie  annulaire 
et  forment  ensemble  un  canal ,  où  se  loge  ce 
faisceau  commun  du  système  nerveux ,  qu'on 
appelle  moelle  de  Fèpine. 

Le  plus  souvent  l'épine  se  prolonge  en  une 
queue,  en  dépassant  les  membres  postérieurs. 

Les  côles  sont  des  demi-cerceaux  qui  garan- 
tissent les  côtés  de  la  cavité  du  tronc  ;  le  plus 
souvent  elles  s'articulent  par  une  extrémité  aux 
vertèbres,  et  par -devant  au  sternum  :  elles 
sont  quelquefois  à  peine  visibles. 

Il  n'y  a  jamais  plus  de  deux  paires  de  mem- 
bres ;  mais  elles  manquent  cjuelquefois  Tune 
ou  l'autre ,  ou  toutes  les  deux ,  et  prennent  des 
formes  relatives  aux  mouvemens  qu'elles  doi- 
vent exécuter.  Les  membres  antérieurs  peuvent 
être  faits  en  mains  ,  en  pieds  ,  en  ailes  ou  en 
nageoires  ;  les  postérieurs ,  en  pieds  ou  en  na- 
geoires. 

Le  sang  est  toujours  rouge  et  parait  avoir 
une  composition  propre  a  entretenir  cette  éner- 
gie de  sentiment  et  cette  vigueur  de  muscles, 
mais  dans  des  degrés  divers  et  qui  correspon- 
dent à  la  quantité  de  respiration,  ce  cfui  motive 
la  subdivision  des  animaux  vertébrés  en  cjuatre 
classes. 


64  ANIMAUX    \ERï£BRÉS. 

Les  sens  extérieurs  sont  toujours  deux  yeux , 
deux  oreilles,  deux  narines,  les  tégumens  de 
la  langue,  et  ceux  de  la  totalité  du  corps. 

Les  nerfs  se  rendent  a  la  moelle  par  les  trous 
des  vertèbres,  ou  par  ceux  du  crâne;  ils  pa- 
raissent s'unir  tous  en  un  double  faisceau  cpi 
forme  cette  moelle  ,  et  qui ,  après  avoir  croisé 
ses  filamens ,  s'épanouit  pour  former  en  se  ren- 
flant les  divers  tubercules  dont  le  cerveau  se 
compose  ,  et  pour  se  terminer  dans  les  deux 
voûtes  médullaires  appelées  hémisphères,  dont 
le  volume  correspond  a  l'étendue  de  l'intel- 
ligence. 

Il  y  a  toujours  deux  mâchoires  j  le  principal 
mouvement  est  dans  l'inférieure ,  qui  s'élève  ou 
s'abaisse  ;  la  supérieure  est  quelquefois  entière- 
ment fixe 5  l'une  et  l'autre  sont  presque  toujours 
armées  de  dents  ,  excroissances  d'one  nature 
particulière,  assez  semblable  à  celle  des  os  pour 
la  composition  chimique ,  mais  qui  croissent 
par  couches  et  par  transsudation  ;  une  classe 
entière  ,  cependant  (celle  des  oiseaux),  a  les 
mâchoires  revêtues  de  cornes  ,  et  le  génie  des 
tortues,  dans  la  classe  des  reptiles,  est  dans  le 
même  cas. 

Le  canal  intestinal  va  de  la  bouche  a  l'anus  , 
éprouvant  divers  renflemens  et  rétrécissemens, 


EN    GÉNÉRAL.  65 

ayant  des  appendices,  et  recevant  des  liqueurs 
dissolvantes  ,  dont  les  unes  ,  qui  se  versent 
dans  la  bouche  ,  sont  appelées  salive  ;  les  au- 
tres 5  c[ui  n'entrent  que  dans  les  intestins  vP^^'- 
tent  divers  noms  :  les  deux  principales  sont  le 
suc  de  la  glande  nommée  le  pancréas,  et  la  bile 
qui  est  produite  par  une  autre  glande  fort  con- 
sidérable appelée  le  toie. 

Pendant  que  les  alimens  digérés  parcourent 
le  canal  alimentaire  ,  leur  partie  propre  à  la 
nutrition  ,  et  qui  se  nomme  le  chyle  ,  est  ab- 
sorbée par  des  vaisseaux  particuliers,  nommés 
lactés  ,  et  portée  dans  les  veines;  le  résidu  de 
la  nutrition  des  parties  est  aussi  reporté  dans 
les  veines  par  des  vaisseaux  analogues  aux  lac- 
tés ,  et  formant  avec  eux  un  même  système  , 
nommé  système  des  vaisseaux  lymphatiques. 

Les  veines  reportent  au  cœur  le  sang  cjui  a 
servi  à  nourrir  les  parties  ,  et  que  le  chyle  et 
la  lymphe  viennent  de  renouveler  ;  mais  ce 
sang  est  obligé  de  passer  en  tout  ou  en  partie 
dans  l'organe  de  la  respiration  ,  pour  y  repren- 
dre sa  nature  artérielle ,  avant  d'être  reportéaux 
parties  par  les  artères.  Dans  les  trois  premières 
classes ,  cet  organe  de  respiration  est  un  pou- 
mon, c'est-à-dire,  un  assemblage  de  cellules oii 
l'air  pénètre.  Dans  les  poissons  seulement ,  ce 
TOME    I.  5 


66  Al>ÎIMiaJX    VERTÉBRÉS. 

sont  des  branchies  ou  des  séries  de  lames  entre 
lesquelles  Feau  passe. 

Dans  tous  les  animaux  vertébrés ,  le  sang 
qui  fournit  au  foie  les  matériaux  de  la  bile,  est 
du  sang  veineux  qui  a  circulé  dans  les  intes- 
tins, et  qui  5  après  s'être  rassemblé  dans  un 
tronc  Siipipelé  veine  porte  ^  se  subdivise  de  nou- 
veau au  foie. 

Tous  ces  animaux  ont  aussi  une  sécrétion 
particulière ,  qui  est  celle  de  Yurine ,  et  qui  se 
fait  dans  deux  grosses  glandes  attachées  aux 
côtés  de  l'épine  du  dos ,  et  appelées  reins  :  la 
Kqueur  que  ces  glandes  produisent ,  séjourne 
le  plus  souvent  dans  un  réservoir  appelé  la 
vessie. 

Les  sexes  sont  séparés  ;  la  femelle  a  toujours 
un  ou  deux  ovaires  5  d'où  les  œufs  se  détachent 
au  moment  de  la  conception. 

Le  mâle  les  féconde  par  la  liqueur  séminale; 
mais  le  mode  de  cette  fécondation  varie  beau- 
coup. 

Dans  la  plupart  des  genres  des  trois  pre- 
mières classes ,  elle  exige  une  intromission  de 
la  liqueur  5  dans  quelques  reptiles  ,  et  dans  la 
plupart  des  poissons  ,  elle  se  fait  c[uand  les 
oeufs  sont  déjà  pondus. 


LEUR    DIVISION.  6^ 


SUBDIVISION  DES  ANIMAUX  VERTÉBRÉS^ 
EN  q;UATRE  CLASSES. 

On  vient  de  voir  à  quel  point  les  animaux 
vertébrés  se  ressemblent  entre  eux  ;  ils  offrent 
cependant  quatre  grandes  subdivisions  ou  clas- 
ses, caractérisées  par  l'espèce  ou  la  force  de 
leurs  mouvemens  ,  qui  dépendent  eux-mêmes 
de  la  quantité  de  leur  respiration  ,  attendu  que 
c'est  de  la  respiration  que  les  fibres  musculaires 
tirent  l'énergie  de  leur  irritabilité. 

La  quantité  de  respiration  dépend  de  deux 
facteurs  ;  le  premier  est  la  quantité  relative 
du  sang  qui  se.  présente  dans  l'organe  respira- 
toire dans  un  instant  donné  ;  le  second ,  la 
quantité  relative  d'oxigène  qui  entre  dans  la 
composition  du  fluide  ambiant. 

La  quantité  du  sang  qui  respire  dépend  de 
la  disposition  des  organes  de  la  respiration  et 
de  ceux  de  la  circulation. 

Les  organes  de  la  circulation  peuvent  être 
doubles,  de  sorte  que  tout  le  sang  qui  arrive 
des  parties  par  les  veines ,  est  obligé  d'aller  cir- 
culer dans  l'organe  respiratoire  avant  de  retour-* 
ner  aux  parties  par  les  artères  j  ou  bien  ils  peu- 
vent être  simples  ,  de  sorte  qu'une  portion  seu- 


68  ANIMAUX   VERTÉBRÉS. 

lement  du  sang  qui  revient  du  corps  est  obligée 
de  passer  par  l'organe  respiratoire ,  mais  que  le 
reste  retourne  au  corps  sans  être  allé  respirer. 

Ce  dernier  cas  est  celui  des  reptiles.  Leur 
quantité  de  respiration  et  toutes  les  qualités 
qui  en  dépendent  varient  selon  la  proportion 
du  sang  qui  se  rend  dans  le  poumon  à  chaque 
pulsation. 

Les  poissons  ont  une  circulation  double, 
mais  leur  organe  respiratoire  est  formé  pour 
respirer  par  l'intermède  de  l'eau;  et  leur  sang 
n'y  éprouve  d'action  que  de  la  part  de  la 
portion  d'oxigène  dissoute  ou  mêlée  dans  cette 
eau  5  en  sorte  que  leur  quantité  de  respiration 
est  peut-être  moindre  encore  que  celle  des 
reptiles. 

Dans  les  mammifères ,  lacirculation  est  double 
et  la  respiration  aérienne  est  simple,  c'est-à- 
dire,  qu'elle  ne  se  fait  que  dans  le  poumon 
seulement;  leur  quantité  de  respiration  est 
donc  supérieure  à  celle  des  reptiles  à  cause  de 
la  forme  de  leur  organe  circulatoire,  et  a  celle 
des  poissons  a  cause  delà  nature  de  leur  élément 
ambiant. 

Mais  la  quantité  de  respiration  des  oiseaux 
est  encore  supérieure  à  celle  des  quadrupèdes, 
parce  que  non-seulement  lis  ont  une  circulation 


LEUR    DIVISION.  69 

double  et  une  respiration  aérienne ,  mais  encore 
parce  qu'ils  respirent  par  beaucoup  d'autres 
cavités  que  le  poumon ,  l'air  pénétrant  par  tout 
leur  corps,  et  baignant  les  rameaux  de  l'aorte, 
ou  artère  du  corps,  aussi-bien  que  ceux  de 
l'artère  pulmonaire. 

De  là  résultent  les  quatre  sortes  de  mou* 
vemens  auxquelles  les  quatre  classes  d'animaux 
vertébrés  sont  plus  particulièrement  destinées  j 
Les  quadrupèdes,  oii  la  quantité  de  respiration 
est  modérée ,  sont  généralement  faits  pour  mar- 
cher et  courir  en  développant  de  la  force  ;  les 
oiseaux ,  oîi  elle  est  plus  grande ,  ont  la  légèreté 
et  la  vigueur  de  muscles  nécessaires  pour  le 
vol;  ks  reptiles,  oii  elle  est  plus  faible,  sont 
condamnés  à  ramper,  et  plusieurs  d'entre  eux 
passent  une  partie  de  leur  vie  dans  une  sorte 
de  torpeur;  les  poissons  enfin  ont  besoin,  pour 
exécuter  leurs  mouvemens,  d'être  soutenus  dans 
un  liquide  spécifiquement  presque  aussi  pesant 
qu'eux. 

Touteslescîrconstancesd'organisation  propres 
à  chacune  de  ces  quatre  classes ,  et  nommément 
celles  qui  concernent  le  mouvement  et  les 
sensations  extérieures ,  sont  en  rapport  néces- 
saire avec  ces  caractères  essentiels. 

Cependant,  la  classe  des  mammifères  a  des 


^O  MAMMIFÈRES. 

caractères  particuliers  dans  leur  génération 
vivipare,  dans  la  manière  dont  leur  fœtus  se 
nourrit  dans  la  matrice,  au  moyen  du  placenta 
et  dans  les  mammelles  qui  allaitent  leurs  petits. 
Au  contraire,  les  autres  classes  sont  ovipares, 
et,  si  on  les  oppose  en  commun  a  la  première, 
on  leur  trouve  des  ressemblances  qui  annoncent 
pour  elles  un  plan  spécial  d'organisation  dans  le 
grand  plan  général  de  tous  les  vertébrés. 

PREMIÈRE  CLASSE  DES  ANIMAUX  VERTÉBRÉS, 


LES  MAMMIFERES. 

Les  mammifères  doivent  être  placés  à  la 
tète  du  règne  animal ,  non-seulement  parce  que 
c'est  la  classe  à  lacjuelle  nous  appartenons  nous- 
mêmes,  mais  encore  parce  que  c'est  celle  de 
toutes  qui  jouit  des  facultés  les  plus  multipliées, 
des  sensations  les  plus  délicates ,  des  mouvemens 
les  plus  variés,  et  où  l'ensemble  de  toutes  les 
propriétés  parait  combiné  pour  produire  une 
intelligence  plus  parfaite,  plus  fécoude  en 
ressources,  moins  esclave  de  l'instinct  et  plus 
susceptible  de  perfectionnement. 

Comme  leur  quantité  de  respiration  est  mo« 
dérée,ils  sont  en  général  disposés  pour  marcher 


EN    GÉNÉRAL.  'J  l 

sur  la  terre ,  mais  pour  y  marclier  avec  force 
et  d'une  manière  continue.  En  conséquence, 
toutes  les  articulations  de  leur  squelette  ont  des 
formes  très-prëcises  qui  déterminent  leurs  mou- 
vemens  avec  rigueur. 

Quelques-uns  cependant  peuvent  s'élever  en 
Tair  au  moyen  de  membres  prolongés  et  de 
membranes  étendues;  d'autres  ont  les  membres 
tellement  raccourcis  qu'ils  ne  se  meuvent  aisé- 
ment que  dans  l'eau ,  mais  ils  ne  perdent  pa^^ 
pour  cela  ks  caractères  généraux  de  la  classe. 

Ils  ont  tous  la  mâchoire  supérieure  fixée  au 
crâne,  l'inférieure  composée  de  deux  pièces 
seulement,  articulée  par  un  condyle  saillant  a  un 
temporal  fixe,  le  cou  de  sept,  et  une  seide 
espèce  de  neuf  vertèbres;  les  côtes  antérieures 
attachées  en  avant  a  un  sternum  formé  d'un 
certain  nombre  de  pièces  à  la  file;  leur  extré- 
mité de  devant  commence  par  une  omoplate 
non  articulée,  mais  seulement  suspendue  dans 
les  chairs ,  s'appuyant  souvent  sur  le  sternum 
par  un  os  intermédiaire  nommé  clavicule.  Cette 
extrémité  se  continue  par  un  bras,  un  avant-bras 
et  une  main  formée  elle-même  de  deux  rangées 
d'osselets  appelées  poignet  ou  carpe,  d'une 
rangée  d'os  nommée  métacarpe,  et  de  doigts 
composés  chacun  de  deux  ou  trois  os  nommés 
phalanges. 


72  MAMMIFÈRES. 

Si  l'on  excepte  les  cétacés,  ils  ont  tous  la 
première  partie  de  Textrémité  postérieure  fixée 
à  Tépine  et  formant  une  ceinture  ou  un  bassin 
qui  dans  la  jeunesse  se  divise  en  trois  paires  d'os, 
l'iléon  qui  tient  à  l'épine,  le  pubis  qui  forme  la 
ceinture  antérieure,  et  l'ischion  qui  forme  la 
postérieure.  Au  point  de  réunion  de  ces  trois 
os  est  la  fosse  oii  s'articule  la  cuisse ,  qui  porte 
elle-même  la  jambe,  formée  de  deux  os ,  le  tibia 
et  le  péroné;  cette  extrémité  est  terminée  par 
le  pied ,  lequel  se  compose  de  parties  analogues 
à  celles  de  la  main;  savoir,  d'un  tarse,  d'un 
métatarse  et  de  doigts. 

La  tête  des  mammifères  s'articule  toujours 
par  deux  condyles  sur  leur  atlas  ou  première 
vertèbre. 

Leur  cerveau  se  compose  toujours  de  deux 
hémisphères  réunis  par  une  lame  médullaire 
dite  corps  calleux ,  renfermant  deux  ventricules , 
et  enveloppant  les  quatre  paires  de  tubercules 
appelées  corps  cannelés ,  couches  optiques  , 
nates  et  testes.  Entre  les  couches  optiques  est 
un  troisième  ventricule  qui  communique  avec 
le  quatrième  situé  sous  le  cervelet;  les  jambes 
de  leur  cervelet  forment  toujours  sous  la  moelle 
allongée  une  proéminence  transverse  appelée 
pont  de  varole. 


EN    GÉNÉRAL.  73 

Leur  œil,  toujours  logé  dans  son  orbite, 
préserve  par  deux  paupières  et  un  vestige  de 
troisième,  a  son  cristallin  fixé  par  le  procès- 
ciliaire  et  sa  sclérotique  simplement  celluleuse. 

Dans  leur  oreille,  on  trouve  toujours  une 
cavité  nommée  caisse,  fermée  en  dehors  par 
une  membrane  nommée  tympan ,  avec  quatre 
osselets  appelés  marteau,  lenticulaire,  enclume 
et  étrier  ;  un  vestibule  sur  l'entrée  duquel 
appuie  l'étrier  et  qui  communique  avec  trois 
canaux  semi-circulaires;  enfin,  un  limaçon  qui 
donne  par  une  de  ses  rampes  dans  la  caisse ,  par 
l'autre  dans  le  vestibule. 

Leur  crâne  se  subdivise  comme  en  trois  cein- 
tures formées  :  l'antérieure,  par  les  deux  fron- 
taux et  l'étlimoïde  ;  l'intermédiaire  ,  par  les 
pariétaux  et  le  sphénoïde,;  la  postérieure  ,  par 
l'occipital  ;  entre  l'occipital ,  les  pariétaux  et 
le  sphénoïde,  sont  intercalés  les  temporaux, 
dont  une  partie  appartient  proprement  à  la 
lace. 

Dans  le  fœtus,  l'occipital  se  divise  en  quatre 
parties  :  le  corps  du  sphénoïde  en  deux  ,  et 
trois  de  ses  paires  d'ailes  sont  séparées;  le  tem- 
poral en  trois  ,  dont  l'une  sert  à  compléter  le 
crâne  ,  l'autre  à  renfermer  le  labyrinthe  de 
l'oreille  ,  la  troisième  a  former  les  parois  de  la 


'j4  MAMMIFÈRES. 

caisse,  etc.  Ces  parties  d'os  s'unissent  plus  ou 
moins  promptement  selon  les  espèces  ,  et  les 
os  eux  -  mêmes  finissent  par  s'unir  dans  les 
adultes. 

Leur  face  est  formée  essentiellement  par  les 
deux  maxillaires  ,  entre  lesquels  passe  le  canal 
des  narines,  et  qui  ont  en  avant  les  deux  in- 
termaxillaires 5  en  arrière  les  deux  palatins  ^ 
entre  eux  descend  la  lame  impaire  de  Tëth- 
moïde  5  nommée  vomer  ;  sur  les  entrées  du 
canal  nazal  sont  les  os  propices  du  nez;  à  ses  pa- 
rois externes  adhèrent  les  cornets  inférieurs,  les 
cornets  supérieurs  qui  occupent  sa  partie  su- 
périeure et  postérieure  ,  appartiennent  a  Téth- 
moïde.  Le  jugal  unit  de  chaque  côté  Tos  maxil- 
laire au  temporal,  et  souvent  au  frontal;  enfin, 
le  lacrymal  occupe  l'angle  interne  de  l'orbite, 
et  quelquefois  une  f>artie  de  la  joue. 

Leur  langue  est  toujours  cliarnue  et  attachée 
à  un  os  appelé  hyoïde  ,  suspendu  au  crâne  par 
des  ligamens. 

Leurs  poumons,  au  nombre  de  deux ,  com- 
posés d'une  infinité  de  cellules  ,  sont  toujours 
renfermés  sans  adhérence  dans  une  cavité  for- 
mée par  les  côtes  et  le  diaphragme,  et  tapissée 
par  la  plèvre  ;  leur  organe  de  la  voix  toujours 
a  rextrémité  supérieure  de  là  trachée  artère  5 


EN    GÉNÉRA.L.  ^5 

lin  prolongement  charnu  ^  nommé  voile  du  pa- 
lais ,  établit  une  communication  directe  entre 
leur  larynx  et  leurs  arrières-narines. 

Leur  séjour  a  la  surface  de  la  terre  les  expo- 
sant moins  aux  alternatives  du  froid  et  du 
chaud,  leur  corps  n'a  que  l'espèce  moyenne  de 
tégument,  le  poil ,  qui  même  est  généralement 
rare  dan3  ceux  des  pays  chauds» 

Les  cétacés  qui  vivent  entièrement  dans  l'eau, 
sont  les  seuls  qui  en  manquent  absolument. 

Leur  canal  intestinal  est  suspendu  a  un  re- 
pli du  péritoine  ,  nommé  mésentère,  qui  con- 
tient de  nombreUvSes  glandes  conglobées  pour 
les  vaisseaux  lactés  ^  une  autre  production  du 
péritoine,  nommée  épiploon,  pend  au-devant 
et  au-dessous  dès  intestins. 

L'urine  retenue  pendant  quelque  temps  dans 
une  vessie,  sort,  dans  les  deux  sexes,  à  un 
très-petit  nombre  d'exceptions  près  ,  par  les 
orifices  de  la  génération. 

Celle-ci  dans  tous  les  mammifères  est  essen- 
tiellement vivipare;  c'est-à-dire  que  le  fœtus, 
immédiatement  après  la  conception ,  descend 
dans  la  matrice  ,  enfermé  dans  ses  enveloppes , 
dont  la  plus  extérieure,  nommée  chorion ,  se 
iixe  aux  parois  de  cet  organe  par  un  ou  plur 
sieurs  plexus  de  vaisseaux  ^  a'pçdés  placentas , 


76  MAMMIFÈRES. 

qui  établissent  entre  lui  et  sa  mère  une  cpm- 
munîcation,  d'où  il  tire  sa  nourriture,  et  pro- 
bablement aussi  son  oxygénation.  Cependant , 
les  fœtus  de  mammifères  ont  au  moins  dans  les 
premiers  temps  de  la  grossesse  une  vésicule 
analogue  à  celle  qui  contient  le  jaune  dans  les 
ovipares;  et  recevant  de  même  des  vaisseaux 
du  mésentère.  Ils  ont  aussi  une  autre  vessie , 
qui  communique  avec  celle  de  l'urine,  et  qu'on 
a  nommée  allantoïde. 

La  conception  exige  toujours  un  accouple- 
ment effectif  5  011  le  sperme  du  mâle  soit  lancé 
dans  la  matrice  de  la  femelle. 

Les  petits  se  nourrissent  pendant  quelque 
temps  5  après  leur  naissance ,  d'une  liqueur  par- 
ticulière a  cette  classe  (  le  lait  )  ,  laquelle  est 
produite  par  les  mammelles  ,  dès  l'instdnt  du 
part  5  et  pour  aussi  long-temps  que  les  petits 
en  ont  besoin.  Ce  sont  les  mammelles  qui  ont 
valu  a  cette  classe  son  nom  de  mammifères  ,  at- 
tendu que  lui  étant  exclusivement  propres,  elles 
la  distinguent  mieux  qu'aucun  autre  caractère 
extérieur. 

Dm'sion  de  la  classe  des  marrmiifères  en 

ordres. 

Les  caractères  variables  qui  établissent  les 


DIVISION    EN    ORDKES.  77 

diversités  essentielles  des  mammifères  entre 
eux  5  sont  pris  des  organes  du  toucher ,  d'oîi 
dépend  leur  plus  ou  moins  d'habileté  ou  d'a- 
dresse, et  des  organes  de  la  manducation  qui 
déterminent  la  nature  de  leurs  alimens  ,  et 
entraînent  après  eux,  non -seulement  tout  ce 
qui  a  rapport  à  la  fonction  digestive,  mais  en- 
core une  foule  d'autres  différences  relatives , 
même  a  l'intelligence. 

La  perfection  des  organes  du  toucher  s'es- 
time d'après  le  nombre  et  la  mobilité  des  doigts, 
et  d'après  la  manière  plus  ou  moins  profonde 
dont  leur  extrémité  est  enveloppée  dans  l'ongle 
ou  dans  le  sabot. 

Un  sabot  qui  enveloppe  tout-a-fait  la  partie 
du  doigt  qui  touche  à  terre ,  y  émousse  le  tact, 
et  rend  le  pied  incapable  de  saisir. 

L'extrême  opposé  est  quand  un  ongle  formé 
d'une  seule  lame  ne  couvre  qu'une  des  faces 
du  bout  du  doigt ,  et  laisse  à  l'autre  face  toute 
sa  délicatesse. 

Le  régime  se  juge  par  les  dents  mâchelières^ 
k  la  forme  desquelles  répond  toujours  l'articu- 
Jation  des  mâchoires. 

Pour  couper  de  la  chair ,  il  faut  des  mâ- 
rhelières  tranchantes  comme  une  scie,  et  des 


y  8  MAMMIFÈRES. 

mâchoires  serrées  comme  des  ciseaux ,  qui  aè 
puissent  que  s'ouvrir  ou  se  fermer. 

Pour  broyer  des  grains  ou  des  racines  ,  il 
faut  des  mâclielières  à  couronne  plate  ,  et  des 
mâchoires  qui  puissent  se  mouvoir  horizonta- 
lement; il  faut  encore,  pour  que  la  couronne 
de  ces  dents  soit  toujours  inégale  comme  une 
meule ,  que  sa  substance  soit  formée  de  par- 
ties inégalement  dures,  et  dont  les  unes  s'usent 
plus  vite  que  les  autres. 

Les  animaux  a  sabot  sont  tous  de  nécessité 
herbivores  ou  k  couronnes  des  mâchelières 
plates  ,  parce  que  leurs  pieds  ne  leur  permet- 
traient pas  de  saisir  une  proie  vivante. 

Les  animaux  à  doigts  onguiculés  étaient  sus- 
ceptibles de  plus  de  variétés  ;  il  y  en  a  de  tous 
les  régimes  ;  et  outre  la  forme  des  mâchelières , 
ils  diffèrent  encore  beaucoup  entre  eux  par  la 
mobilité  et  la  délicatesse  des  doigts.  On  a  sur- 
tout saisi  a  cet  égard  un  caractère  qui  influe 
prodigieusement  sur  l'adresse  et  multiplie  leurs 
moyens  d'industrie  ;  c'est  la  faculté  d'opposer 
le  pouce  aux  autres  doigts,  pour  saisir  les  plus 
petites  choses  ,  ce  qui  constitue  la  main  pro- 
prement dite;  faculté  qui  est  portée  à  son  plus 
haut  degré  de  perfection  dans  l'homnxe,  où  l'ex- 


DIVISION    EN    OLDKES.  'JQ 

trémité  antérieure  toute  entière  est  libre  et  peut 
être  employée  k  la  préhension. 

Ces  diverses  combinaisons  qui  déterminent  ri- 
goureusement la  nature  des  divers  mammifères , 
ont  donné  lieu  à  distinguer  les  ordres  suivans  : 
Parmi  les  onguiculés  ,  le  premier,  qui  est  en 
même  temps  privilégié  sous  tous  les  autres 
rapports ,  l  homme  ,  a  des  mains  aux  extré- 
mités antérieures  seulement;  ses  extrémités 
postérieures  le  soutienneut  dans  une  situation 
verticale. 

L'ordre  le  plus  voisin  de  l'homme,  celui  des 
^uadrum^anes  ^  a  des  mains  aux  quatre  extré- 
mités. 

Un  autre  ordre ,  celui  des  carnassiers , 
n'a  point  de  pouce  libre  et  opposable  aux  extré- 
mités antérieures. 

Ces  trois  ordres  ont  d'ailleurs  chacun  les 
trois  sortes  de  dents,  savoir  :  des  mâchelières, 
des  canines  et  des  incisives. 

Un  quatrième,  celui  des  rongeurs^  dont  les 
doigts  diffèrent  peu  de  ceux  des  carnassiers  , 
manque  de  canines  et  porte  en  avant  des 
incisives  disposées  pour  une  sorte  toute  particu- 
lière de  manducation. 

Viennent  ensuite  des  animaux  dont  les  doigts 
sont  déjà  fort  gênés  ;   fort  enfoncés  daii§  de 


8o  MAMMIFÈRES. 

grands  ongles,  le  plus  souvent  croclius  ,  et  qui 
ont  encore  cette  imperfection  de  manquer  d'in- 
cisives. Quelques-uns  manquent  même  de  ca- 
nines, et  d'autres  n'ont  point  de  dents  du  tout.        ^ 
Nous  les  comprenons  tous  sous  le  nom  d'édentés. 

Cette  distribution  des  animaux  onguiculés 
serait  parfaite  et  formerait  une  chaîne  très-ré- 
gulière ,  si  la  Nouvelle-Hollande  ne  nous  avait 
pas  fourni  récemment  une  petite  chaîne  colla- 
térale, composée  des  animaux  à  bourse,  dont 
tous  les  genres  se  tiennent  entre  eux  par  l'en- 
semble de  l'organisation ,  et  dont  cependant  les 
uns  répondent  aux  carnassiers  ;  les  autres  aux 
rongeurs  ;  les  troisièmes  aux  édentés ,  par  les 
dents  et  par  la  nature  du  régime. 

Les  animaux  à  sabots ,  moins  nombreux ,  ont 
aussi  moins  d'irrégularité. 

Les  ruminans  composent  un  ordre  très-dis- 
linct ,  par  ses  pieds  fourchus,  sa  mâchoire  supé- 
rieure sans  vraies  incisives ,  et  ses  quatre  es- 
tomacs. 

Tous  les  autres  quadrupèdes  à  sabots  se 
laissent  réunir  en  un  seul  ordre  que  j'appellerai 
pachydermes  ou  jumenta ,  excepté  V éléphant 
qui  pourrait  faire  un  ordre  a  part,  et  qui  se  lie 
par  quelques  rapports  éloignés  avec  l'ordre  des 


rongeurs. 


I 


DIVISION    ExN    ORDllES.  8l 


Enfin  viennent  les  mammifères  ,  qui  n'ont 
point  du  tout  d'extrémités  postérieures ,  et  dont 
la  forme  de  poisson  et  la  vie  aquatique  pour- 
raient engager  à  faire  une  classe  particulière, 
si  tout  le  reste  de  leur  économie  n'était  pas  la 
même  que  dans  la  classe  où  nous  les  laissons.  Ce 
sont  les  poissons  à  sang  cliaud  des  anciens  ou 
les  cétacés  qui,  réunissant  à  la  force  des  autres 
mammifères  l'avantage  d'être  soutenus  par 
l'élément  aqueux ,  comptent  parmi  eux  les  plus 
gigantesques  de  tous  les  animaux. 

PREMIER   ORDRE    DES   MAMMiEÉRES. 


1 


LES  BIMANES  OU  L'HOMME. 

L'homme  ne  forme  cju'un  genre,  et  ce  genre 
est  unlcpie  dans  son  ordre.  Comme  son  histoire 
nous  intéresse  plus  directement  et  doit  former 
l'objet  de  comparaison  auquel  nous  rapporterons 
celle  des  autres  animaux,  nous  la  traiterons 
avec  plus  de  détail. 

Nous  exposerons  rapidement  ce  que  l'homme 
offre  de  particulier  dans  chacun  de  ses  systèmes 
organiques,  parmi  tout  ce  qu'il  a  de  commua 
a^ec  les  autres  mammifères*,  nous  examinerons 
les  avantages  que  ces  particularités  lui  donnent 

ÏOME     I.  6 


82  MAMMIFÈRES. 

sur  les  autres  espèces;  nous  ferons  connaître  ses 
principales  races  et  leurs  caractères  distinctifs; 
enfin,  nous  incliquerons  Tordre  naturel  du 
développement  de  ses  facultés  ,  soit  indivi- 
duelles p  soit  sociales. 

Conformation  particulière  de  Vhoînme, 

Le  pied  de  Thomme  est  très-différent  de  celui  des 
singes  :  ii  est  large;  la  jambe  porte  verticalement  sur 
lui;  le  talon  est  renflé  en  dessous;  ses  doigts  sont 
courts  et  ne  peuvent  presque  se  ployer;  le  pouce ,  plus 
long,  plus  gros  que  les  autres ,  est  placé  sur  la  même 
ligne ^  ne  leur  est  point  opposable;  ce  pied  est  donc 
propre  à  supporter  le  corps ^  mais  il  ne  peut  servir,  ni 
à  saisir ,  ni  à  grimper ,  et  comme  de  leur  côté  les  mains 
ne  servent  point  à  la  marche  ,  l'homme  est  le  seul 
animal  vraiment  bimane  et  bipède. 

Le  corps  entier  de  Thomme  est  disposé  pour  la 
station  verticale.  Ses  pieds,  comme  nous  venons  de  le 
voir,  lui  fournissent  une  base  plus  large  que  ceux 
d'aucun  mammifère  ;  les  muscles  qui  retiennent  le 
pied  et  la  cuisse  dans  fétat  d'extension  sont  plus 
vigoureux ,  d'où  résulte  la  saillie  du  mollet  et  de  la 
fesse  ;  les  fléchisseurs  de  la  jambe  s'attachent  plus 
haut^  ce  qui  permet  au  genou  une  extension  com- 
plète, et  laisse  mieux  paraître  le  mollet  ;  le  bassin  est 
plus  large,  ce  qui  écarte  les  cuisses  et  les  pieds,  et 
<lonne  au  tronc  une  forme  pyramidale  favorable  à 
Téquilibre  :  les  cois  des  o^  de$  cuissç§  forment,  avej: 


f 


l'homme»  83 

le  corps  de  l'os,  un  angle  qui  augmente  encore  Técar- 
tement  des  pieds  et  élargit  la  base  du  corps;  enfin  la 
léte ,  dans  cette  situation  verticale ,  est  en  équilibre 
sur  le  tronc  ,  parce  que  son  articulation  est  alors  sous 
le  milieu  de  sa  masse. 

Quand  l'homme  le  voudrait,  il  ne  pourrait  mar- 
cher commodément  à  quatre  ;   son  pied  de  derrière 
court  et  presque  inflexible,  et  sa  cuisse  trop  longue^ 
ramèneraient  son  genou  contre  terre;  ses  épaules  écar- 
tées et  ses  bras  jetés  trop  loin  de  la  ligne  moyenne, 
soutiendraient  mal  le  devant  de  son  corps  ;  le  muscle 
grand  dentelé  qui ,  dans  les  quadrupèdes  ,  suspend  le 
tronc  entre  les  omoplates  comme  une  sangle,  est  plus 
petit  dans  Thomme  que  dans  aucun  d'entre  eux  3  la 
tête  est  ])lus  pesante  à  cause  de  la  graîideur  du  cer- 
veau et  de  la  petitesse  des  sinus  ou  cavités  des  os ,  et 
cependant  les  moyens  de  la  soutenir  sont  plus  faibles, 
car  l'homme  n'a  ni  ligament  cervical,  ni  disposition 
des  vertèbres  propre  à  les  empêcher  de  se  fléchir  en 
avant  ;  il  pourrait  donc  tout  au  plus  maintenir  sa  tête 
dans  la  ligne  de  l'épine ,  et  alors  ses  yeux  et  sa  bouche 
seraient  dirigés  contre  terre;  il  ne  verrait  pas  devant 
lui  ;  la  position  de  ces  organes  est  au  contraire  par- 
faite,  en  supposant  qu'il  marche  debout. 

Les  artères  qui  vont  à  son  cerveau  ne  se  subdi- 
visant point,  comme  dans  beaucoup  de  quadrupèdes, 
et  le  sang  nécessaire  pour  un  organe  si  volumineux , 
s'y  portant  avec  trop  d'affluence ,  de  fréquentes  apo*- 
plexies  seraient  la  suite  de  la  position  horizontale. 

L'homme  doit  donc  se  soutenir  sur  ses  pieds  seu- 
lement, îl  conserve  la  liberté  entière  de  ses  mains 


84  M  ArvîrjiFÈr,  Es. 

pour  les  arts,  et  ses  organes  des  sens  sont  situés  le 

plus  favorablement  pour  l'observation. 

Ces  mains,  qui  tirent  déjà  tant  d'avantages  de 
leur  liberté ,  n'en  ont  pas  moins  dans  leur  structure. 
Leur  pouce,  plus  long  à  proportion  que  dans  les 
singes,  donne  plus  de  facilité  pour  la  préhension  des 
petits  objets;  tous  les  doigts,  excepté  l'annulaire ,  ont 
des  mouvemens  séparés,  ce  qui  n'est  pas  dans  les 
autres  animaux,  pas  même  dans  les  singes.  Les  ongles 
ne  garnissant  qu'un  des  côtés  du  bout  du  doigt , 
prêtent  un  appui  au  tact  sans  rien  ôter  à  sa  délicatesse. 
Les  bras  qui  portent  ces  mains  ont  une  attache 
solide  par  leur  large  omoplate  et  leur  forte  cla- 
vicule, etc. 

L'homme,  si  favorisé  du  coté  de  l'adresse,  ne  Test 
point  du  côté  de  la  force.  Sa  vitesse  à  la  course  est 
beaucoup  moindre  que  celle  des  animaux  de  sa  taille; 
n'ayant  ni  mâchoires  avancées,  ni  canines  saillantes, 
ni  ongles  crochus ,  il  est  sans  armes  offensives;  et,  son 
corps  n'ayant  pas  même  de  poils  à  sa  partie  supé- 
rieure ni  sur  les  côtés,  il  est  absolimient  sans  armes 
défensives;  enfui,  c'est  de  tous  les  animaux  celui  qui 
est  le  plus  long-temps  à  prendre  les  forces  nécessaires 
pour  se  subvenir  à  lui-même. 

Mais  cette  faiblesse  a  été  pour  lui  un  avantage  de 
plus ,  en  le  contraignant  de  recourir  à  ses  moyens 
intérieurs,  et  surtout  à  cette  intelligence  qui  lui  a  été 
accordée  à  un  si  haut  degré. 

Aucun  quadrupède  n'approche  de  lui  pour  \'d 
grandeur  et  les  replis  des  hémisphères  du  cerveau j, 
c'est-à-dire,  de  la  partie  de  cet  organe  qui  sert  d'ins- 


l' HO  31  ME.  85 

trument  principal  aux  opérations  intellectuelles;  la 
partie  postérieure  du  même  organe  s'étend  en  arrière 
de  façon  à  recouvrir  le  cervelet  ;  la  forme  même  de 
son  crâne  annonce  cette  grandeur  du  cerveau  ^  comme 
la  petitesse  de  sa  face  montre  combien  la  parliedu 
système  nerveux,  affectée  aux  sens  externes,  est  peu 
prédominante. 

Cependant  ces  sensations  extérieures,  toutes  d'une 
force  médiocre  dans  Fiiomme,  y  sont  aussi  toutes 
délicates  et  bien  balancées. 

^Q.^  deux  yeux  sont  dirigés  en   avant;  il  ne  voit 
point  de  deux  côtés  à  la  fois  comme  beaucoup  de 
quadrupèdes  ,    ce    qui    met    plus   d'unité    dans    les 
résultats  de  sa  vue  et  fixe  davantage  son  attention 
sur  les  sensations  de  ce  genre.  Le  globe  et  l'iris  de 
son  œil  sont  l'un   et  l'autre  peu  variables,  ce   qui 
restreint  factivité  de  sa  vue  à  une  distance  et  à  uu 
degré    de   lumière    déterminés;    la   conque   de    son 
oreille  peu  mobile  et  peu  étendue  n'augmente  pas 
l'intensité  des  sons,  et  cependant,  c'est  de  tous  les 
animaux  celui  qui  distingue  le  mieux  les  intonations; 
ses  narines,  plus  compliquées  que  celles  des  singes, 
le  sont  moins  que  celles  de  tons  les  autres  genres^  et 
cependant  il  parait  le  seul  dont  l'odorat  soit  assez 
délicat  pour  être  affecté  par  les  mauvaises  odeurs. 
La  délicatesse  de  l'odorat  doit  influer  sur  celle  du 
goût,  et  Ihomme  doit  d'ailleurs  avoir  de  l'avantage,  à 
cet  égard,  au  moins  sur  les  animaux  dont  la  langue 
est  revêtue  d'écaillés  ;  enfin ,  la  finesse  de  son  toucher 
résulte,  et  de  celle  de  ses  tégumens,  et  de  l'absence 
de  toutes  parties  insensibles,  aussi-bien  que  d^  la. 


86  MAMMIFÈRES, 

forme  de  sa  main  mieux  faite  qu'aucune  autre  pour 
s'adapter  à  toutes  les  petites  inégalités  des  surfaces. 

L'homme  a  une  prééminence  particulière  dans  les 
organes  de  sa  voix;  il  peut  seul  articuler  des  sons;  la 
forme  de  sa  houclie  et  la  grande  mobilité  de  ses  lèvres 
en  sont  probablement  les  causes;  il  en  résulte  pour 
lui  un  mojen  de  communication  bien  précieux ,  car 
des  sons  variés  sont,  de  tous  les  signes  que  Ton 
pourrait  employer  commodément  pour  la  transmis- 
sion des  idées,  ceux  que  Ton  peut  faire  percevoir 
le  plus  loin  et  dans  plus  de  directions  à  la  fois. 

11  semble  que  jusqu'à  la  position  du  cœur  et  des 
gros  vaisseaux  soient  relatives  à  la  station  verticale  ; 
le  cœur  est  posé  obliquement  sur  le  diaphragme  et 
sa  pointe  répond  à  gauche,  ce  qui  occasionne  une 
distribution  de  l'aorte  différente  de  celle  de  la  plupart 
des  quadrupèdes. 

L'homme  parait  fait  pour  se  nourrir  principalement 
de  fruits,  de  racines  et  d'autres  parties  succulentes 
des  végétaux.  Ses  mains  lui  donnent  la  facilité  de  les 
cueillir;  ses  mâchoires  courtes  et  de  force  médiocre 
d'un  côté ,  ses  canines  égales  aux  autres  dents ,  et 
ses  m.olaires  tuberculeuses  de  l'autre,  ne  lui  permet- 
traient guère  ni  de  paître  de  Fherbe ,  ni  de  dévorer  de 
la  chair,  s'il  ne  préparait  ces  alimens  par  la  cuisson  ; 
mais  une  fois  qu'il  a  possédé  le  feu ,  et  que  ses  arts 
l'ont  aidé  à  saisir  ou  à   tuer  de  loin  les  animaux^ 
tous  les  êtres  vivans  ont  pu  servir  à  sa  nourriture, 
ce  qui  lui  a  donné  les  moyens  de  multiplier  infiniment 
son  espèce. 

Ses  orcnncs  de  la  di^estion  sont  conformes  à  ceux 


l'homme.  87 

de  la  maslicalion  ;  son  estomac  est  simple ,  son  cai^I 
intestinal  de  longueur  médiocre,  ses  gros  intestins 
bien  marqués,  son  coecum  court  et  gros,  augmenté 
d'un  appendice  grêle,  son  foie  divisé  seulement  en 
deux  lobes  et  un  lobule  ;  son  épiploon  pend  au-devant 
des  intestins  jusque  dans  le  bassin. 

Pour  compléter  Tidée  abrégée  de  la  structure 
anatomique  de  l homme,  nécessaire  pour  cette  in- 
troduction, nous  ajouterons  qu'il  a  trente -deux 
vertèbres,  dont  sept  cervicales,  douze  dorsales,  cinq 
lombaires ,  cinq  sacrées,  et  trois  coccygiennes.  De  ses 
côtes,  sept  paires  s'unissent  au  sternum  par  des 
allonges  cartilagineuses  et  se  nomment  vraies  cotes  ; 
les  cinq  paires  suivantes  sont  nommées  fausses  côtes. 
Son  crâne  a  huit  os;  savoir,  un  occipito-basilaire, 
deux  temporaux,  deux  pariétaux,  un  frontal,  -un 
ethmoïde  et  un  sphénoïdal.  Les  os  de  sa  face  sont 
au  nombre  de  quatorze  ;  deux  maxillaires ,  deux 
jugaux^  dont  chacun  se  joint  au  maxillaire  du  même 
côté  par  ime  espèce  d'anse  nommée  arcade  zygoma- 
tique ,  deux  naseaux  ,  deux  palatins  en  arrière  du 
palais,  un  vomer  entre  les  narines,  deux  cornets  du 
nez  dans  les  narines,  deux  lachrymaux  aux  côtés 
internes  des  orbites  et  Tos  unique  de  la  mâchoire 
inférieure.  Chaque  mâchoire  a  seize  dents,  quatre 
incisives  tranchantes  au  milieu,  deux  canines  pointues 
aux  coins  ,  et  dix  molaires  a  couronne  tuberculeuse  j, 
cinq  de  chaque  côté  :  ce  sont  en  tout  trente-deux 
dents.  Son  omoplate  a  au  bout  de  son  épine  ou 
arrête  saillante  une  tubérosité ,  dite  acromion^  â 
laquelle  s'attache  la  clavicule  et,  au-dessus  de  son 


88  MAMMIFÈRES. 

articulation  ^  une  pointe ,  nommée  bec  coracoïde,  pour 
rattache  de  quelques  muscles.  Le  radius  tourne  com- 
plètement sur  le  cubitus  à  cause  de  la  manière  dont 
il  s  articule  avec  Thumerus.  Le  carpe  a  huit  os , 
quatre  par  chaque  rangée;  le  tarse  en  a  sept;  ceux 
du  reste  de  la  main  et  du  pied  se  comptent  aisément 
d'après  le  nombre  des  doigts. 

L'homme  jouissant^  au  moyen  de  son  industrie, 
d'une  nourriture  uniforme,  est  en  tout  temps  disposé 
aux  plaisirs  de  l'amour  sans  y  être  jamais  entraîné 
avec  fureur;  son  organe  mâle  n'est  point  soutenu 
par  un   axe   osseux  ;  le    prépuce   ne  le  retient  pas 
attaché   à   labdomen,  mais  il  pend  au-devant  du 
pubis  :  des  veines  grosses  et  multipliées ,  qui  reportent 
aisément  dans  la  masse  de  la  circulation  le  sang  des 
testicules,  paraissent  contribuer  à  cette  modération  de 
désirs. 

La  matrice  de  la  femme  est  une  cavité  simple  et 
ovale  ;  ses  mammelles ,  au  nombre  de  deux  seule- 
ment, sont  situées  sur  la  poitrine,  et  répondent  à 
la  facilité  qu'elle  a  de  soutenir  son  enfant  sur  ses 
bras. 

J)évelopvemeiit  physique  et  moral  de  l'homme. 

La  portée  ordinaire  n'est  que  d'un  petit;  sur  cinq 
cents  accouchemens,  il  n'y  en  a  qu'un  de  deux  en- 
fans  ;  il  est  beaucoup  plus  rare  encore  d'en  voir  de 
plus  nombreux.  La  durée  de  la  gestation  est  de  neuf 
mois.  Un  fœtus  d'un  mois  a  ordinairement  un  pouce 
de  haut;  à  deux  mois,  il  a  deux  pouces  et  un  quart; 
à  trois  mois,  cinq  pouces;  à  cinq  mois,  six  ou  sept 


l'homme.  89 

pouces;  à  sept  mois,  onze  pouces  ;  à  huit  mois,  qua- 
torze pouces  ;  à  neuf  mois ,  dix-huit  pouces.  Ceux 
qui  naissent  à  moins  de  sept  mois  ne  vivent  point 
pour  la  plupart.  Les  dents  de  lait  commencent  à 
pousser  quelques  mois  après  la  naissance.  Il  y  en  a 
vingt  à  deux  ans  qui  tombent  successivement  vers 
la  septième  année,  pour  être  remplacées  par  d'autres. 
Des  douze  arrières-molaires  qui  ne  doivent  pas  tom- 
ber, il  y  en  a  quatre  qui  paraissent  à  quatre  ans  et 
denii^  quatre  à  neuf  ans  ;  les  quatre  dernières  ne  pa- 
raissent quelquefois  qu'à  la  vingtième  année. 

Le  fœtus  croît  davantage  à  mesure  qu'il  approche 
de  la  naissance.  L'enfant,  au  contraire,  croit  toujours 
de  moins  en  moins.  Il  a  à  sa  naissance  plus  du 
quart  de  sa  hauteur  :  il  en  atteint  moitié  à  deux  ans 
et  demi;  les  trois-quarts  à  neuf  ou  dix  ans.  Ce  n'est 
guère  qu'à  dix-huit  ans  qu'il  cesse  de  croître.  L'h.ommc 
surpasse  rarement  six  pieds ,  et  il  ne  reste  guère  au- 
dessous  de  cinq.  La  femme  a  ordinairement  c[uel-= 
ques  pouces  de  moins. 

La  puberté  se  manifeste  par  des  signes  extérieurs, 
de  dix  ou  douze  ans  dans  les  filles  ,  de  douze  à 
seize  dans  les  garçons.  Elle  commence  plus  tôt  dans 
les  pays  chauds.  L'un  et  l'autre  sexe  produisent  ra- 
rement avant  fépoque  de  cette  manifestation. 

A  peine  le  corps  a-t-il  atteint  le  terme  de  son 
accroissement  en  hauteur,  qu'il  commence  à  épais- 
sir ;  la  graisse  s'accumule  dans  le  tissu  cellulaire. 
Les  diiférens  vaisseaux  s'obstruent  graduellement  ; 
les  solides  se  roidissent  ;  et  après  une  vie  plus  ou 
moin  s  longue  ,  plus  ou  moins  agitée  ,  plus  ou  moin* 


go  MAM3IIFÈRES. 

douloureuse  ,  arrivent  la  vieillesse  ,  la  caducité  ,  îa 
décrépitude  et  la  mort.  Les  hommes  qui  passent 
cent  ans  sont  des  exceptions  rares;  îa  plupart  pé- 
rissent long-temps  avant  ce  terme  ,  ou  de  maladies  , 
ou  d'accidens ,  ou  même  simplement  de  vieillesse. 

L'enfant  a  besoin  des  secours  de  sa  mère  bien 
plus  long-temps  que  de  son  lait,  d'où  résulte  pour 
lui  une  éducation  intellectuelle  en  même  temps  que 
physique ,  et  entre  tous  deux  un  attachement  dura- 
ble. Le  nombre  égal  des  individus  des  deux  sexes, 
la  difficulté  de  nourrir  plus  d'une  femme  quand  les 
richesses  ne  suppléent  pas  à  îa  force ,  montrent  que 
îa  monogamie  est  la  liaison  naturelle  à  notre  espèce; 
et  comme  dans  toutes  celles  où  ce  genre  d'union 
existe,  le  père  prend  part  à  l'éducation  du  petit.  La 
longueur  de  cette  éducation  lui  permet  d'avoir  d  autres 
enfans  dans  l'intervalle,  d'où  résulte  la  perpétuité  natu- 
relle de  l'union  conjugale  ;  comme  de  la  longue  fai- 
blesse des  enfans  résulte  la  subordination  de  famille ^ 
et  par  suite  tout  l'ordre  de  la  société ,  attendu  que 
les  jeunes  gens  qui  forment  les  familles  nouvelles, con- 
servent avec  leurs  parens  les  rapports  dont  ils  ont 
eu  si  long-temps  la  douce  habitude.  Cette  disposition 
à  se  seconder  mutuellement  multiplie  à  l'infini  les 
avantages  que  donnaient  déjà  à  l'homme  isolé,  son 
adresse  et  son  intelligence  ;  elle  l'a  aidé  à  dompter 
ou  à  repousser  les  autres  animaux,  et  à  se  préserver 
partout  des  intempéries  du  climat  ,  et  c'est  ainsi 
qu'il  est  parvenu  à  couvrir  la  face  de  îa  terre. 

Du  reste,  Fhomme ne  parait  avoir  rien  qui  ressemble 
à  de  Finstinct,  aucune  industrie  constante  et  produite 


L   HOMME.  gi 

par  des  images  innées  ;  toutes  ses  connaissances 
sont  le  résultat  de  ses  sensations ,  ou  de  celles  de 
ses  devanciers.  Transmises  par  la  parole  ,  fécondées 
par  la  méditation ,  appliquées  à  ses  besoins  et  à  ses 
jouissances  ,  elles  lui  ont  donné  tous  ses  arts.  La 
parole  et  Técriture  ^  en  conservant  les  connaissances 
acquises,  sont  pour  Fespèce  la  source  d'un  perfec- 
tionnement indéfini.  C'est  ainsi  qu'elle  s'est  fait  des 
idées  5  et  qu'elle  a  tiré  parti  de  la  nature  entière. 

11  y  a  cependant  des  degrés  très-différens  dans  le 
développement  de  Fliomme. 

Les  premières  hordes  ,  réduites  à  vivre  de  chasse  , 
de  pèche,  ou  de  fruits  sauvages,  obligées  de  donner 
tout  leur  temps  à  la  recherche  de  leur  subsistance , 
ne  pouvant  beaucoup  multiplier  parce  qu'elles  au- 
raient détruit  le  gibier ,  faisaient  peu  de  progrès  ; 
leurs  arts  se  bornaient  à  construire  des  huttes  et  des 
canots  ;  à  se  couvrir  de  peaux ,  et  à  se  fabriquer  des 
flèches  et  des  filets  ;  elles  n'observaient  guère  que  les 
astres  qui  les  guidaient  dans  leurs  courses,  et  quel- 
ques objets  naturels  dont  les   propriétés  leur   ren- 
daient  des   services  ;   elles    ne   s'associèrent   que  le 
chien ,   parce  qu'il  avait  un  penchant  naturel  pour 
le  même  genre  de  vie.  Lorsque  Ton  fut  parvenu  k 
dompter  des  animaux  herbivores ,  on  trouva  dans  la 
possession  de  nombreux  troupeaux  une  subsistance 
toujours  assurée,  et  quelque  loisir,  que  l'on  employa 
à  étendre  les  connaissances;  on  mit  quelque  indus- 
trie dans  la  fabrication  des  demeures  et  des  véte- 
mens  ;  on  connut  la  propriété  et  par  conséquent  les 
échanges,  la  richesse  et  l'inégalité  des  conditions. 


9^  ma:vI3IIfères. 

sources  d'une  émulation  no])^  le  passions  viles  ; 

mais  une  vie  errante  pon  ciulivci  ;ie  nouveaux  pâ- 
turages, et  suivre  le  courci  Jes  saic>onSj  retint  encore 
dans  des  bornes  assez  elroites. 

L'homme  n'est  parvenu  réellement  à  multiplier 
son  esjjèce  à  un  haut  degré,  et  à  porter  très -loin 
ses  connaissances  et  ses  arts,  que  depuis  Tinvention 
de  Fagriculture  et  la  division  du  sol  en  propriétés 
héréditaires  ;  au  moyen  de  Tagriculture  ,  le  travail 
manuel  d'une  partie  seulement  des  .membres  de  la 
société  nourrit  tous  les  autres ,  et  leur  permet  de  se 
livrer  aux  occupations  moins  nécessaires,  en  même 
temps  que  Tespoir  d'acquérir  par  l'industrie  une  exis- 
tence douce  pour  soi  et  pour  sa  postérité,  a  donné 
à  l'émulation  vm  nouveau  mobile.  La  découverte  des 
valeurs  représentatives  a  porté  cette  émulation  au 
plus  haut  degré  ,  en  facihtant  les  échanges ,  en  ren- 
dant les  fortunes  à  la  fois  plus  indépendantes  et 
susceptibles  de  plus  d'accroissement  ;  mais  par  une 
suite  nécessaire ,  elle  a  porté  aussi  au  plus  haut 
degré  les  vices  de  la  mollesse  et  les  fureurs  de  l'am- 
bition. 

Dans  tous  les  degrés  de  développement  de  la  so- 
ciété ,  la  propension  naturelle  à  tout  réduire  à  âes 
idées  générales,  et  à  chercher  des  causes  à  tous  les 
phénomènes,  a  produit  des  hommes  méditatifs,  qui 
ont  ajouté  des  idées  nouvelles  à  la  masse  de  celles 
que  Ton  possédait  ;  et  tant  que  les  lumières  n'ont 
pas  été  communes^  ils  ont  presque  tous  cherché  à 
se  faire  de  leur  supériorité  un  moyen  de  domination 
en  exagérant  leur  mérite  aux  yeux  des  autres  ,  et 


l'homme,  g3 

en  déguisant  la  faiblesse  de  leurs  connaissances  par 
la  propagation  d'idées  superstitieuses. 

Un  mal  plus  irrémédiable  est  Fabus  de  la  force  ; 
aujourd'hui  que  Thomme  seul  peut  nuire  à  l'homnie, 
il  est  aussi  la  seule  espèce  qui  soit  continuellement 
en  guerre  avec  elle-même.  Les  sauvages  se  disputent 
leurs  forets ,  les  nomades  leurs  pâturages ,  ils  font 
aussi  souvent  qu'ils  le  peuvent  des  irruptions  chez 
les  agi'iculteurs  pour  s'emparer  sans  peine  des  résul- 
tats de  longs  travaux.  Les  peuples  civilisés  eux- 
mêmes,  loin  d'être  satisfaits  de  leurs  jouissances, 
combattent  pour  les  prérogatives  de  l'orgueil  ou  pour 
le  monopole  du  commerce.  De  là,  la  nécessité  des 
gouvernemens  pour  diriger  les  guerres  nationales,  et 
pour  réprimer  ou  réduire  à  des  formes  réglées  les 
querelles  particulières. 

Des  circonstances  plus  ou  moins  favorables  ont  re- 
tenu l'état  social  à  certains  degrés^  ou  ont  avancé  son 
développement. 

Les  climats  glacés  du  nord  des  deux  -continens  ^ 
les  impénétrables  forêts  de  l'Amérique ,  ne  sont  en- 
core habités  que  par  des  sauvages  chasseurs  ou  pê- 
cheurs. 

Les  immenses  plaines  sablonneuses  ou  salées  du 
centre  de  TAsie  et  de  l'Afrique,  sont  couvertes  de 
peuples  pasteurs  et  de  troupeaux  innombrables  ;  ces 
hordes ,  à  demi-civilisées  ,  se  rassemblent  chaque  fois 
qu'un  chef  enthousiaste  les  appelle,  et  fondent  sur 
les  pays  civilisés  qui  les  entourent,  pour  s  y  établir 
et  sV  amollir  ,  jusqu'à  ce  que  d'autres  pasteurs  vien- 
nent les  y  subjuguer  :  c'est  la  véritable  cause  du  des- 


gi  MA.MMIFÈRES. 

potisme  qui  a  écrasé  dans  tous  les  temps  riiidustrîe 
née  dans  les  beaux  climats  de  la  Perse  ,  de  l'Inde  et 
la  Chine. 

Des  climats  doux,  des  sols  naturellement  arrosés, 
et  riches  en  végétaux  ,  sont  les  véritables  berceaux  de 
Vagriculture  et  de  la  civih'sation  ;  et  quand  leur  posi- 
sition  les  met  à  l'abri  des  irruptions  des  Barbares , 
tous  les  genres  de  lumières  s'y  excitent  mutuellement  : 
telles  furent  les  premières  en  Europe,  la  Grèce  et 
l'Italie;  telle  est  aujourd'hui  presque  toute  cette  heu- 
reuse partie  du  monde. 

Il  y  a  cependant  aussi  des  causes  intrinsèques  qui 
paraissent  arrêter  les  progrès  de  certaines  races  j 
même  au  milieu  des  circonstances  les  plus  favorables* 

J^anétés  de  V espèce  humaine. 

Quoique  l'espèce  humaine  paraisse  unique,  puis- 
que 4:ous  les  individus  peuvent  se  mêler  indistincte-^ 
ment,  et  produire  des  individus  féconds,  on  y  re- 
marque de  certaines  conformations  héréditaires  qui 
constituent  ce  qu'on  nomme  des  races. 

Trois  d'entre  elles  surtout  paraissent  éminemment 
distinctes  :  la  blanche,  ou  caucasujue  j  la  jaune,  ou 
mongoUcjiœ^  la  nègre  ,  ou  éthiopùjue, 

La  caucasique,  à  laquelle  nous  appartenons,  se 
distingue  par  la  beauté  de  l'ovale  que  forme  sa  têtfe  ; 
et  c'est  elle  qui  a  donné  naissance  aux  peuples  les 
*  plus  civilisés ,  à  ceux  qui  ont  le  plus  généralement 
dominé  les  autres  :  elle  varie  par  le  teint  et  par  la 
couleur  des  cheveux. 

lia  mongolique  se  reconnaît  à  s^s  pommettes  sail- 


l'homme.  g5 

lanteSj  à  son  visage  plat,  à  ses  yeux  étroits  et  obli- 
ques, à  ses  cheveux  droits  et  noirs  ,  à  sa  barbe  grêle  , 
à  son  teint  olivâtre.  Elle  a  formé  de  grands  empires 
à  la  Cbine  et  au  Japon ,  et  elle  a  quelquefois  étendu 
ses  conquêtes  en-deça  du  grand  désert;  mais  sa  civi- 
lisalion  est  toujours  restée  stationnaire. 

La  race  nègre  est  confinée  au  midi  de  l'Atlas  ;  son 
teint  est  noir,  ses  cheveux  crépus,  son  crâne  com- 
primé, et  son  nez  écrasé;  son  museau  saillant  et  ses 
grosses  lèvres,  la  rapprochent  manifestement  des  sin- 
ges :  les  peuplades  qui  la  composent  sont  toujours 
restées  barbares. 

On  a  appelé  caucasique  la  race  dont  nous  descen- 
dons ,  parce  que  les  traditions  et  la  filiation  des  peu- 
ples ,  semblent  la  faire  remonter  jusqu'à  ce  groupe 
de  montagnes  situé  entre  la  mer  Caspienne  et  la  mer 
Noire,  d'où  elle  s'est  répandue  comme  en  rayonnant. 
Les  peuples  du  Caucase  même  ,  les  Circassiens  et  les 
Géorgiens,  passent  encore  aujourd'hui  pour  les  plus 
beaux  de  la  terre.  On  peut  distinguer  les  principales 
])ranches  dé  cette  race  par  l'analogie  des  langues.  Le 
rameau  araméen  ou  de  Syrie  ,  s'est  dirigé  au  jaiidi  ;  il 
a  produit  les  AssyHens  ,  les  Chaldéens,  les  Arabes 
toujours  indomptés^  et  qui,  après  Mahomet,  ont 
pensé  devenir  maîtres  (\\\  monde  ;  les  Phéniciens,  les 
Juifs,  les  Abyssins,  colonies  des  Arabes  :  il  est  très- 
probable  que  les  Egyptiens  lui  appartenaient.  C'est 
dans  ce  rameau,  toujours  enclin  au  mysticisme, 
que  sont  nées  les  religions  les  plus  répandues.  Les 
sciences  et  les  lettres  y  ont  fleuri  quelquefois  ,  mais 
toujours  avec  des  formes  bizarres,  un  style  figuré. 


y6  M  A  M  M  I  F  È  R  E  s. 

Le  rameau  indien  ,  germain  et  pclasgique ,  est 
beaucoup  plus  étendu ,  et  s'est  divisé  bien  plus  an- 
ciennement; cependant,  l'on  reconnaît  les  affinités 
les  plus  multipliées  entre  ses  quatre  langues  princi- 
pales :  le  sanscrit ,  langue  aujourd'hui  sacrée  des  In- 
dous,  mère  de  toutes  les  langues  de  llndostan  ;  lan- 
cienne  langue  des  Pelages,  mère  commune  du  grec , 
du  latin,  de  beaucoup  de  langues  éteintes^  et  de  toutes 
nos  langues  du  midi  de  l'Europe;  le  gothique  ou  tu- 
desque ,  d'où  sont  dérivées  les  langues  du  nord  et  du 
nord-ouest ,  telles  que  l'allemand  ,  le  hollandais ,  l'an- 
glais ,  le  danois  ,  le  suédois  et  leurs  dialectes  ;  enfin  _, 
la  langue  appelée  esclavonne  ,  et  d'où  descendent 
celles  du  nord-est  ,  le  russe ,  le  polonais  ^  le  bohé- 
mien et  le  vende. 

C'est  ce  grand  et  respectable  rameau  de  la  race 
caucasique ,  qui  a  porté  le  plus  loin  la  philosophie, 
les  sciences  et  les  arts,  et  qui  en  est  depuis  trente 
siècles  le  dépositaire. 

11  avait  été  précédé  en  Europe  par  les  Celtes ,  dont 
les  peuplades  venues  par  le  nord ,  et  autrefois  très- 
étendues,  sont  maintenant  confinées  vers  les  pointes 
les  plus  occidentales  ,  et  par  les  Cantabres  passés 
d'Afrique  en  Espagne ,  et  aujourd'hui  presque  fon- 
du3  parmi  les  nombreuses  nations  dont  la  postérité 
s'est  mêlée  dans  cette  presqu'île. 

liCS  anciens  Perses  ont  la  même  origine  que  les 
Indiens  ;,  et  leurs  descendans  portent  encore  à  présent 
les  plus  grandes  marques  de  rapports  avec  nos  peuples 
d'Europe. 

Le  rameau  scjthe  et  tartare ,  dirigé  d'abord  vers  le 


L^  HO  MME,  97 

nota  et  le  nord-est,  toujours  vagabond  dans  les  im- 
menses plaines  de  ces  contrées,  n'en  est  revenu  que 
pour  dévaster  les  établissemcns  plus  heureux  de  ses 
frères;  les  Scjtbes  ,  qui  firent  si  anciennement  des 
irruptions  dans  !a  haute   Asie  ;  les  Parthes  ,  qui  y 
détruisirent  la  domination  grecque  et  romaine  ;  les 
Turcs,  qui  y  renversèrent  celle  des  Arabes  ,  et  sub- 
juguèrent en  Europe  les  malheureux  restes  de  la 
nation  grecque ,  étaient  des  essaims  de  ce  rameau  ; 
les  Finlandais  ,  les  Hongrois  ,  en  sont  des  peuplades 
en   quelque  sorte   égarées  parmi  les  nations  escla- 
vonnes  et  tudesques.  Le  nord  et  l'est  de  la  mer  Cas- 
pienne ,  leur  patrie  originaire ,  nourrissent  encore  des 
peuples  qui  ont  la  même  origine  et  parlent  des  lan- 
gues semblables;  mais  ils  y  sont  entremêlés  d'une 
infinité  d'autres  petites  nations  d'origines  et  de  lan- 
gues diverses.  Les  peuples  tartares  sont  restés  plus 
intacts  dans    tout  cet  espace    d'où   ils  ont  si  long- 
temps menacé  la  Russie  ,  et  où  ils  ont  eniin  été  sub- 
jugués par  elle ,  depuis  les  bouches  du  Danube  jus- 
qu'au delà  de  l'Irtisch.  Cependant  les  Mongoles ,  dans 
leurs  conquêtes,  y  ont  mêlé  leur  sang,  et  l'on  en 
voit   surtout   beaucoup    de    traces   chez    les   petits 
Tartares* 

C'est  à  l'orient  de  ce  rameau  tartare  de  la  race 
caucasique  que  commence  la  race  mongolique  ^ 
qui  domine  ensuite  jusqu'à  TOcéan  oriental.  Ses 
branches ,  encore  nomades  ,  les  Calmouques ,  les 
Kalkas,  parcourent  le  grand  désert.  Trois  fois  leurs 
ancêtres,  sous  Attila,  sous  Gengis  et  sous  Tamer- 
'  TOM.    I .  f 


q8  m  a  m  m  i  F  ê  r  e  s. 

lan ,  ont  porté  au  loin  la  terreur  de  leur  nom.  Les 
Chinois  en  sont  une  branche  la  plus  anciennement 
civilisée ,  non-seulement  de  cette  race  ,  mais  de  tous 
les  peuples  connus.  Une  troisième  branche  (  les  Man- 
tchoux)  ;,  ont  conquis  récemment  la  Chine  ,  et  la  gou- 
vernent encore.  Les  Japonais  et  les  Coréens ,  et  presque 
toutes  les  hordes  qui  s'étendent  au  nord-est  de  la  Sibérie, 
sous  la  domination  desRusses, y  appartiennent  aussi  en 
très-grande  partie.  Si  Ton  en  excepte  quelques  lettrés 
Chinois  ,  toute  la  race  mongolique  est  adonnée  aux 
différentes  sectes  du  culte  de  Fo. 

L'origine  de  cette  grande  race  paraît  être  dans  les 
monts  Altaï  j  comme  celle  de  la  nôtre  dans  le  Cau- 
case ;  mais  il  n'est  pas  possible  de  suivre  aussi-bien 
la  filiation  de  ses  différentes  branches.  L'histoire  de 
tous  ces  peuples  nomades  est  aussi  fugitive  que  leurs 
établissemens;  et  celle  des  Chinois,  concentrée  dans 
leur  empire ,  ne  donne  que  des  notions  courtes  et 
peu  suivies  des  peuples  qui  les  avoisinent.  Les  affi- 
nités de  leurs  langues  sont  aussi  trop  peu  connues 
pour  diriger  dans  ce  labyrinthe. 

Les  langues  du  nord  de  la  péninsule  au  delà  du 
Gange  ont,  aussi-bien  que  celle  du  Thibet,  quel- 
ques rapports  avec  la  langue  chinoise,  au  moins  par 
leur  nature  monosyllabique,  et  les  peuples  qui  les 
parlent  ne  sont  pas  sans  ressemblance  avec  les  au- 
tres Mongoles  pour  les  traits;  mais  le  midi  de  cette- 
péninsule  est  habité  par  les  Malais ,  peuple  beau- 
coup plus  beau  ,  dont  la  race  et  la  langue  se  sont 
répandues  sur  les  côtes  de  toutes  les  îles  de  lar- 
chipel  indien  ,  et  ont  occupé  presque  toutes  celles 


L*HOMME.  99 

de  la  mer  du  Sud  :  dans  les  plus  grandes  des  pre- 
mières ,  surtout  dans  les  lieux  les  plus  sauvages , 
haLltent  d'autres  liomines  à  cheveux  crépus ,  à  teint 
Tioir^  à  visage  de  nègre,  tous  extrêmement  barbares. 
Les  plus  comms  portent  le  nom  de  Papous  :  on  peut 
le  généraliser. 

Ni  ces  Malais ,  ni  ces  Papous,  ne  se  laissent  aisé- 
ment rapporter  à  l'une  des  trois  grandes  races  ;  mais 
les  premiers  peuvent- ils  être  nettement  distingués 
de  leurs  voisins  des  deux  côtés,  les  Indous  cauca- 
siques  et  les  Chinois  mongoliques?  Nous  avouons 
que  nous  ne  leur  trouvons  pas  encore  de  caractères 
suffisans  pour  cela.  Les  Papous  sont-ils  des  nègres 
anciennement  égarés  sur  la  mer  des  Indes?  On  n'en 
a  pas  encore  de  figures  ni  de  descriptions  assez  nettes 
pour  répondre  à   cette   question. 

Les  habilans  du  nord  des  deux  contlnens,  les  Sa- 
nioyèdeSjles  Lapons,  les  Esquimaux,  vieniien!;,  selon 
quelques-uns,  de  la  race  mongole  ;  selon  d'autres  ,  ils 
ne  sont  que  des  rejetons  dégénérés  du  rameau  scythe 
et  tartare  de  la  race  caucasique. 

Les   Américains   eux  -  mêmes    n'oui    pu    encore 
être  ramenés  clairement  ni  à  l'une  ni   à   l'autre    de 
nos    races  de  l'ancien  continent,  et    cependant    ils 
n'ont  pas  non  plus  de  caractère  à  la  fois   précis   et 
constant  qui   puisse  en  faire  une  race  particulière. 
Leur  teint  rouge  de  cuivre   n'en   est  pas    un   suf- 
fisant; leurs    cheveux    généralement    noirs,   et  leur 
barbe  rare ,  les  feraient  rapporter  aux  Mongoles ,  si 
leurs  traits  bien  prononcés,  et  leur  nez  assez  saillant^ 
ne  s'y  opposaient;  leurs  langues  sont  aussi  innom-:- 


1 


100  MAMM  TFfcnES. 

brables  que  leurs  peuplades,  et  l'on  n'a  pu  encore 
y  saisir  d'analogie  ni  entre  elles ,  ni  avec  colles  de. 
^'ancien  monde. 


DEUXIÈME  ORDRE  DES  MAMMIFERES. 

LES  QUADRUMANES. 

Outre  les  détails   anatomiques    propres   k 
l'homme  ,  et  exposés  a  son  article,  cette  famille 
diffère  de  notre  espèce  par  le  caractère  très- 
sensible  ,   que   ses   pieds  de   derrière   ont   les 
pouces  libres  et  opposables  aux  autres  doigts , 
et  que  les  doigts  des  pieds  sont  longs  et  flexibles 
comme  ceux  de  la  main;  aussi  toutes  les  espèces 
grimpent-elles  aux  arbres  avec  facilité  ,   tandis 
qu'elles  ne  se  tiennent  et  ne  marchent  debout 
qu'avec  peine  ,  leur  pied  ne  se  posant  alors  que 
sur  le  tran'chant  extérieur  ,  et  leur  bassin  étroit 
ne  favorisant  point  Téquilibre.  Elles  ont  toutes 
des  intestins  assez  semblables  aux  nôtres ,  les 
yeux  dirigés  en  avant,  les  mammelles  sur  la  poi- 
trine ,  la  verge  pendante ,  le  cerveau  à  trois 
lobes  de  chaque  côté  ,  dont  le  postérieur  recou- 
vre le  cervelet ,  la  fosse  temporale  ,  séparée  de 
l'orbite  par  une  cloison  osseuse  ;  mais  pour  le 
reste  elles  s'éloignent  de  notre  forme  par  degrés, 
en  prenant  un  museau  de  plus  en  plus  alongé  ^ 


I 


QUADRUMANES.  lOI 

une  queue,  une  marche  plus  exclusivement 
quadrupède  ;  néanmoins  ,  la  liberté  de  leurs 
avant  -  bras  et  la  complication  de  leurs  mains 
leur  permettent  à  toutes  beaucoup  d'actions  et 
de  gestes  semblables  à  ceux  de  l'homme. 

On  les  divise  depuis  long -temps  en  deux 
genres  ,  les  singes  et  les  makis ,  cjui  sont  deve- 
nus ,  par  la  multiplication  des  formes  secon- 
daires, deux  petites  familles  ,e*t  entre  lesquels  il 
faut  placer  un  troisième  genre  ,  celui  des  ouis- 
titis 5  qui  ne  se  rapporte  bien  ni  à  Tim  ni  a 
Fautre. 

Les  Singes.   (Simia.  Linn,) 

Sont  tous  les  quadrumanes  qui  ont  à  chaque  mâ- 
choire quatre  dents  incisives  droites,  et  à  tous  l'es 
doigts  des  ongles  plats  ;  deux  caractères  qui  les  rap- 
prochent de  rhomme  plus  que  les  genres  suivans; 
leurs  molaires  n'ont  aussi,  comme  les  nôtres,  que 
des  tubercules  mousses,  et  ils  vivent  essentiellement 
de  fruits  ;  mais  leurs  canines ,  dépassant  les  autres 
dents,  leur  fournissent  une  arme  qui  nous  manque^ 
et  exigent  un  vide  dans  la  mâchoire  opposée,  pour 
sy  loger  quand  la  bouche  se  ferme. 

On  peut  les  diviser  en  deux  principaux  sous- 
genres,  qui  se  subdivisent  eux-mêmes  en  des  grou- 
pes nombreux. 


iî^^ 


\<t- 


102  MAMMIFÈRES. 

Les  Singes  proprement  dils,   ou  de  ranclen  conliopat, 

îls  ont  le  même  nombre  de  mâclieliëres  que  l'homme  , 
mais  diffèrent  d'ailleurs  entre  eux  par  des  caractères  qui  ont 
fourni  les  subdivisions  suivantes  : 

Les  Orangs  (i)  (  Simia  Erxl.  Pithecus.  GeoCTr.  Vuîg, 

Hommes  Saunages  ), 

A  museau  très-peu  proéminent,  (  angle  facial  de  G5'')  sans 
aucune  queue  :  ce  sont  les  seuls  singes  dont  l'os  hyoïde  ,  le 
foie»et  le  cœcura  ressemblent  à  ceux  de  l'homme.  Les  uns 
ont  les  bras  assez  longs  pour  atteindre  à  terre  quand  ils  sont 
debout. 

UOran^-Outang;  (  Simia  satfrus.  L.  )  (2) 

Kaul  de  trois  à  quatre  pieds  :  le  corps  couvert  de  gros 
poils  roux  •  le  front  égalant  en  hauteur  la  raoîlié  du  reste 
du  visage  ,  la  face  bleuâlre  ;  point  d'abajoues  ni  de  cal- 
losités :  les  pouces  de  derrière  très-courts.  Ce  singe  cé- 
lèbre est  de  tous  les  animaux  celui  qui  ressemble  le  plus 
à  riiomme  par  la  forme  de  sa  têle  et  le  volume  de  son 
cerveau.  Son  histoire  a  été  fort  altérée  par  le  mélange  que 
l'on  en  a  fait  avec  celle  des  autres  grands  singes,  et  sur- 
tout du  Chimpansé.  Après  l'avoir  soumise  à  une  critique 
sévère  ,  on  trouve  qu'il  n'habite  que  les  contrées  les  pbis 
orientales  j  comme  Malaca  ,  la  Cocbinchine,  et  surtout  la 


(;)  Oranf;  est  un  mot  malais  ,  signifiant  être  raisonnable  ,  et  qui  s'ap- 
plique à  l'homiue  ,  ù  roiaR^'-OMlang  et  f.  VtUiyhant.  Outarîg  vent  àke 
sauvage  ou  f? -5  bois.  C'est  pourquoi  les  voyageurs  traduisent  orang- 
çuUnig  par  homme  des  bois. 

{•>.)  La  seule  bonne  figure  Je  Toran^-outanî;  e^^î  celle  o'e  T'osmaev  ,h\ie 
d'après  un  individu  qui  a  vécu  à  (a  Haye.  Celle  de  BuJJ'on  ,  Supl.  Vîï  , 
pi.  1  ,  pèche  ■>  tous  égards  :  relie  a'Allamand  { "Rufr.  d'îlcll.  XV,  pK  xl' 
est  un  peu  lîieillcurc  ^  elle  a  été  copiée  dans  Schreber  ,  yX.  n  R.  Ccile  de 
Camper ,  coptc?^  ib.  ,p1.  ii  C.  ne  manque  pas  d'exactitude  ;  mais  on  voi 
trop  qu'elle  est  faite  d'après  un  cadavre.  Bontius ,  Méd.  ind.  n'en  donne 
qu'une  tout-à-fait  imaginaire,  quoique  Llnneus  en  ait  fait  le  type  de  sou 
Jrogk'dytc.  (Ainœn.ac.  Vî,p!.î,  5  i-j 


QUADRUMANES.  I  o3 

cramle  île  c!e  Bornéo,  d'où  on  l'a  fait  venir  par  Java  en 
Europe,  mais  très-rarement-,  que  c'est  un  animal  assez 
doux  ,  qui  s'apprivoise  et  s'attache  aisément  ;  qui ,  par  sa 
conformation ,  parvient  à  imiter  un  grand  nombre  de  nos 
actions  ;  mais  dont  l'intelligence  ne  paraît  pas  s'élever  à 
beaucoup  près  autant  qu'on  l'a  dit ,  ni  même  surpasser 
l)eaucoup  celle  du  cbien.  Camper  a  découvert  et  bien  décrit 
deux  sacs  membraneux  qui  communiquent  avec  les  ven-» 
tricules  de  la  glotte  de  cet  animal ,  et  qui  assourdissent 
sa  voix  ;  mais  il  a  eu  tort  de  croire  que  les  ongles  man- 
quent toujours  à  ses  pouces  de  derrière. 

Le  Gibbon  noir.  (  Simia  Lar.  )  Buff.  XIV.  ir. 

Couvert  de  grossiers  et  longs  poils  noirs  5  le  tour  du  visage 
et  les  mains  cendrées  ;  presque  point  de  front,  et  le  crâne 
fuyant  en  arrière;  de  petites  callosités  sur  les  fesses.  Des. 
Indes  orientales  (1). 

Le  Gibbon  cendré ,  Vomvou.  [Simia  Lmcisca.  Sc\\.)Mo- 
loch.  Audeb.  Fam.  I.  Sect.  II  ,  pi.  11. 

Semblable  au  précédent  j  mais  couvert  d'une  laine  douce 
et  cendrée.  Le  visage  noir.  Commun  à  Java  et  aux  Molu- 
ques  ,  où  il  se  lient  dans  les  roseaux  et  grimpe  sur  les  plus 
bautes  tiges  de  bandjou,  s^y  balançant  avec  ses  longs  bras. 
Dans  les  autres  Orangs,  les  bras  ne  descendent  que  jus- 
qu'aux genoux  ;  ils  n'ont  point  de  front,  et  leur  crâne  fuit 
lînmédialement  derrière  la  crête  des  sourcils. 


(ï)  Le  petit  gibbon,  décrit  par  Danbenton  ,  ne  se  trouvant  plus  ;  il  est 
diificile  de  dire  si  c'est  une  espèce  ou  tme  variët(!.  Les  gibbons  en  général 
ont  été  peu  remarqués  par  les  voyageurs  ,  et  on  connaît  mal  les  limites  des. 
pays  où  ils  vivent. 

he  féfé  de  la  cbine  de  iVe?/Ao/ paraît  un  ttre  fal-uleux  ,•  on  lui  faÎÊ- 
man^er  des    hommes. 

Le  goIoJdx  du  Bengale  ,  grand  comme  un  liomme  ,  flg.  par  Dcvisuje  ^. 
Trans.  phi!.  LIX,  pi.  ni ,  n'est  pas  bien  authen'fcfue,  et  ne  peut  dailleu^s 
être  le  gibbon  ,  dont  il  n'a  pas  les  longs  bras. 


Ï04  MA3Î3Î1FÈRES. 

Le  Chimvansé,  (Simla  Troglodites  ^  I.)  (i) 

Couvert  de  poils  noirs  ,  ou  bruns,  rares  en  avant.  Si  l'on 
s'en  fiait  aux  rapports  des  voyageurs  ,  il  approcherait  de  la 
taille  de  l'iiomme ,  ou  la  surpasserait  ;  mais  on  n'en  a  vu 
encore  en  Europe  aucune  partie  qui  indiquât  cette  gran- 
deur. Il  habite  en  Guinée  et  au  Congo  j  vit  en  troupes  j  se 
construit  des  huttes  de  feuillages  ,  sait  s'armer  de  pierres 
et  de  bâtons,  et  les  emploie  à  repousser  loin  de  sa  demeure 
les  hommes  et  les  éléphants  ;  poursuit  les  négresses  et  les 
etilève  quelquefois  dans  les  bois  ,  etc.  Les  naturalistes  l'ont 
presque  tous  confondu  avec  V  Orang-Oiitang.  En  domesti- 
cité, il  est  assez  docile  pour  être  dressé  à  marcher,  à  s'as- 
seoir et  à  manger  à  notre  manière. 

Tous  les  singes  de  notre  ancien  continent  qui  vont  suivre, 
ont  le  foie  divisé  en  plusieurs  lobes  ;  le  cœcum  gros  ,  court 
et  sans  appendice  •   l'os  hyoïde  en  forme  de  bouclier. 

Les  Guenons.  Vulg.  Singes  à  Queue.  (  Cercopitiiecus 

Erxl.  :  en  partie.  ) 

A  museaiî  médiocrement  proéminent  (  de  60^)  des  aba- 
joues :  une  queue;  les  fesses  calleuses;  la  dernière  molaire 
d'en  bas  a  quatre  tubercules  comme  les  autres.  Leurs  espèces 
très  nombreuses ,  de  grandeurs  et  de  couleurs  très- variées  , 
rempliss:nt  l'Afrique  et  les  Indes,  vivent  en  troupes,  et  font 
de  grands  dégâts- dans  les  jardins  et  les  champs  cuitivés.  Elles 
^'apprivoisent  encore  assez  aisément. 

(1)  C'e^t  le  quQJwi  morou  ou  le  satyre  d'angola  de  Tulpius,  qui  en  donne 
une  mauvaise  ligure.  (Obs.  med.  p.  271.)  Le /^yw^ec,  beaucoup  mieux  repré- 
senté par  Tyson.  (  Anat.  of  a  Py^niy,  p!.  i ,  )  et  copie'  par  Schieher.,  pi.  i  B. 
Scotin  en  avait  donné  une  autre  figure  passable  copiée  Atnœn.  iicad.  PI 
pi.  l ,  f.  3  ,  et  Schieb.  i  C.  Ua  individu  qui  ft  vécu  chez  Biiffon  ,  et  que 
3'on  conserve  au  muséum  ,  est  représenté,  quoique  assez  mal ,  Hist.  nat, 
XIY,  I,  où  il  est  nommé  Jocko.  Le  même  individu  est  beaucoup  mieux 
dans  Lecat  (  Traité  du  mouvement  musc. ,  ;;/.  1  jjf;g.  1 ,  )  sous  le  nom  de 
Quinipesé ;  c'est  aussi  !ui  que  donne  Audsvsrt ,  uiuh  d'après  rempailla 
seulement.  II  ie  nomme  pcn^c\ 


QU  ADÎiUMÂNES.  Io5 

VEntelle.  (Simia  enteîlus.  Dufrcsiie.  )  Audeb.  Fam. 
JV.  Sect.  II ,  pi.  II. 

Blanc  jaunâtre  ',  les  sourcils  et  les  cj[uatre  mains  noires. 
C'est  une  des  grandes  espèces,  et  de  celles  qui  ont  la  queue 
la  plus  longue. 
Le  Patas.  (Simia  rithra.  Gm.  )  13uff.  XIV,  xxv^  xxvi. 

Fauve  roux  assez  vif  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous j 
un  bandeau  noir  sur  les  yeux,  quelquefois  surmonté  de 
blanc  j  du  Sénégal. 

J,e  Miingabej-  à  collier.  (Simia  œthiops.lj.)  Buff.  XIV,  xxxTir, 

Brun  de  chocolat  en  dessus ,  blanchâtre  en  dessous  et 
sur  la  nuque  ;  calotte  d'un  roux  vif,  paupières  blanches. 

Buffon  le  dit  de  Madagascar  :  Hasselquist  d'Abyssinie; 
eu  effet ,  Sonnerat  affirme  qu'il  n'y  a  point  de  singes  à 
Madagascar. 

Le  Mangabej-  sans  collier.   (  Simia  fidiginosa.   Geoff.  ) 

BalF.  XIV  ,   xxxTT. 

Brun  de  chocolat,  unifonne  en  dessus,  fauve  pâ'e  en 
dessous ,  les  paupières  blanches,  Buffon  le  dit  de  Mada- 
gascar ,  et  le  croit  une  variété  du  précédent. 

Le  Maure.  (Simia  maura.  L.  )  I/adulte  Edw.  3ii.  Le 

jeune  Sclneb.  XXÎl. 
Tout  noir,    fauve  dans  la  jeunesse.  M.   Léchenaud  Fa 
pris  plusieurs  fois  à  Java. 
Le  Callitriche.  (Simia  sahœa,  L.)  Buff.  XIV,  xxxvir. 
Verdâtre  en  dessus,  blanchâtre  en  dessous,  face  noire, 
joues  blanchâtres  et  touffues,  bout  de  la  queue  jaune.  Du 
Sénégal. 

Le Malbrouc. Buff.  (Simiafauniis.Gm.)!^^^.  XIV,xxix.  Simia 
cjnosuros  scopol.  Schr.  Var.  du  caliitriche.  Audeb.  (i) 

Verdâtre  en  dessus,  cendré  sur  les  membres,  face  couleur 


(î)  Le  ccrcop.  harhalus  de  Clusius  ,  que  Linn.  cite  ccmrue  exemple  de 
^ujauiius  j  c.stpiutôl  V.U  ciiundcr^u  nu\ui  nuilhivuct 


loO  M  a:mmifêpies. 


de  cbalr ,  point  de  jaune  à  la  qncup,  lui  banJeau  Waiic  et 
v.n  noir  sur  les  sourcils.  BufTon  le  dit  du  Bengale.  Son 
ialapoin  (jdI.  xl)  ne  nous  paraît  qu'un  jeune  malbiouc. 

La  Mone.  (  Simia  mona  et  S.  monaclia.  Schr.  )  BulT, 

XIV,  XXXVI. 

Corps  hrun,  membres  noirs,  poitrine,  intérieur  des  bras 
et  lourde  la  tcte  blancliâtres ^  bandeau  noir  sur  le  front, 
une  taclie  blancbe  de  cliaque  coté  de  la  queue. 

JaQRoIowai.  (Simiadiana.h.)  Exquima TVIargr.  (i)  Audeb. 
1V°  Fam.  sect.  II,  pi.  vi,   et  BufF.  Supp.  VU,  xx. 

INoirâtre  pointillé  de  blanc  en  dessus,  blanc  en  dessous, 
la  croupe  d'un  roux  pourpré,  la  face  noire  entourée  de 
blanc  et  une  petite  barbe  blanchâtre  au  menton. 

Le  Moustac,  {Simia  cep/ius.  L.  )  Buff.  XiV ,  xxxiv. 

Cendré  bruilâtre ,  une  touffe  jaune  au  devant  de  cKaque 
oreille ,  une  bande  bleu  clair,  en  forme  de  chevron  renversé , 
sur  la  lèvre  supérieure. 

XJ.'/scagne.  [Simia  pelaurisîa.  Gm.  }  Audeb.  IV*  Fam. 

sect.  ÎI,  pi.  XIII. 
Brun  olivâtre  en  dessus,  gris  en  dessous,   visage  bleu, 
nezidanc  ,  touffe  blanche  devant  chaque  oreille,  moustache 
noire. 

Le  Hocheur.  [Simia  nictiians.  Gm.     Audeb.  ib.XIV. 
Noir  brun  pointillé  de  blanc ,  le  nez  seul  blanc  au  milieu 
(Vnw  visage  noir,  le  tour  des  lèvres  et  des  yeux  roussatre. 

Ces  cinq  dernières  espèces,  toutes  petites,  joliment  variées 
en  couleur,  et  d'un  naturel  très-doux,  sont  communes  en 
Gainée. 

U  y  a  une  rjrande  g\ienon  qui  se  fait  remarquer  par  la 
forme  extraordinaire  de  son  nez,  c'est 

■■  (\)  La  figure  ,  jointp  à  la  clescription  de  Texquima  dans  Margrave,  est 
cciîe  dune  ouarine,"  et  celin  de  l'pxquima  rst  à  la  descrip'ion  de  Vouarine 
on  pf(ir;^in.  C.rVe.  transpo^^iiion  .1  cansc  depuis  bcaucoi'p  d'erreurs  de  s}T^o- 
nvaiie. 


QUADRUMANES.  IO7 

Le  Nasique  ou  Kahaii,   [Simia  nasicii.  Sclir.  )  Buff. 
Supp.  VII,  XI  et  XII. 

Fauve,  teint  de  roux,   le  nez   excessivement  long,   en 

forme   de  spatule  écliancrée.  Elle  vit  à  Bornéo  en  jurandes 

troupes,  qui  s'assemblent  rtiatln  et  soir  sur  les  branches  des 

grands  arl)res  aux  bords  des  rivières  :  kahau  est  son  cri.  On 

la  dit  aussi  de  la  Cochincbine. 

Une  autre  guenon  ,  également  assez  grande  ,  se  distingue 
en  ce  qu'elle  n'a  point  de  callosités  aux  fesses  (1)  ;  c'est 

Le  Doue.  (  Simia  nemœits.  L.  )  Bu 3*.  XIV  ,  xli. 

Le  plus  agréablement  peint  de  tous  les  singes;  corps  et 
])ras  gris,  collier  roux  et  noir,  touffes  jaunes  de  chaque 
côté  de  la  télé,  bandeau  noir  sur  le  front,  cuisses,  mains 
et  pieds  noirs,  jambes  rousses,  grande  tache  triangulaire 
sur  le  croupion  et  queue  blanches.  Il  habite  aussi  à  la 
Cochincbine.  Doue  ou  dok  signifie  singe  dans  ce  pajs-là. 

Les  Babouins.  (  Paimo.  Erxl.; 

Ont  des  abajoues  et  des  caliosités  co;^irnn  les  giionons  ; 
mais  leur  museau  est  plus  saillant,  et  leur  dernière  màelieliète 
d'cîi  bas  a  un  tubercule  impair  de  plus.  Ils  varient  pour  la 
longueur  de  la  queue  et  pour  celle  du  museau.  La  plupart 
sont  plus  ou  moins  féroces;  et  tous  ont  un  sac  qui  commu- 
îîique  avec  le  larynx  sous  le  cartilage  tjroïde  ,  et  qui  se 
remplit  d'air  quand  ils  crient.  î'^ous  les  divisons  comme  il  suit  : 

Les  Magots. 

Ont  le  museau  gros  et  médiocrenlèntlong;  un  pellt  tubercule 
leur  tient  lieu  de  queue. 


(1)  Je  ne  rcpondrais  pas  que  les  calîositc'-i  du  doue  du  muséum  ,  le  seul 
.qu'on  ait  vu  en  Europe  ,  n'aient  disparu  lors  de  fempaillage.  Je  doute  donc 
hcancOMp  que  le  genre  uislopys^a  d^ïliger  soit  fondé.  Pennant  indique  aussi 
certaines  guenons  sans  ponces,  S.  polycon^os  et  S.^/e/TM^///ea,dont  îliger 
a  fait  le  genre  coluhus  ,  mais  qui  ne  sont  peut-être  pas  assez  authen- 
tiques. 


o8 


MAMMIFERES. 


Le  Magot  (i).  (Simia  sjlvama; ,  pilhecits  et  inuiis.  L. 
Gm.  et  Schr.  )  BufF  XIV,  vu,  viii. 

^  Couvert  tout  entier  d'un  poil  gris  brun-clair;  c'est  de 
tous  les  singes  celui  qui  supporte  le  plus  aiséiuent  notre 
climat.  Il  est  originaire  de  Barbarie  ,  d'où  on  l'apporte 
souvent  en  Europe.  Il  produit  quelquefois  chez  nous,  et  s'est 
même  naturalisé  dans  les  parties  les  moins  accessibles  du 
rocher  de  Gibraltar. 

Les  Macaques  (2) 

Se  distinguent  des  magots  par  une  queue  plus  ou  moius 
longue  ,  et  des  cynocéphales,  parce  que  leurs  narines  sont 
obliques  à  la  face  supérieure  du  museau. 

Le  Macaque  à  crinière.  (Sim,  silenus  et  leonina.  L.  et  Gm.)    ' 
Ouanderou  de  BufF.  Audeb.  IP  Fam.  sect.  I,  pl.  m. 

Noir;  une  crinière  cendrée  et  une  barbe  blanchâtre  lui 
entourent  la  tète.  Il  paraît  qu'il  y  a  des  individus  blancs 
en  tout  ou  en  partie,  et  d'autres  de  diverses  teintes  de  brua 
et  de  fauve.  De  Ceylaa. 

Le  Bonnet  chinois  et  la  Guenon  couronnée  de  BufF. 
(  Simia  sinica.  Gm.  )  BulF.  XIV,  xxx. 

Brun  fauve  assez  vif  dessus,  blanc  dessous  j  la  face  couleur 

(i)  Le  pithèque  décrit  par  Buff. ,  Suppicni.  VII ,  n'élait  qu'un  jeune  ma- 
got. Son  petit  cynocéphale ,  ib. ,  et  les  grands  et  petits  cynocéphales  sans 
queue,  de  Prosper-AJpin  ,  ne  sont  pas  antre  chose. 

Tïl'ài)KO(T  ^^^  le  ïiom  grec  du  singe  en  général,  et  cekti  dont  Galien  a 
donné  l'analomie  n'est  autre  chose  qu'un  magot ,  quoique  Camper  ait  pensé 
que  c'était  l'orang-outang,  parce  qu'il  avait  mal  entendu  ce  que  Galien  dit 
de  son  larynx.  M.  de  Blainviile  s'est  aperçu  de  cette  méprise ,  et  je  l'ai  cons- 
tatée en  corapaxant  tout  ce  que  Galien  dit  de  ranaioraie  du  singe  avec 
ces  deux  espèces. 

(2)Macaco,  macaque,  est  le  nom  générique  des  singes  à  la  côte  de  Guinée 
et  parmi  les  nègres  transportés  aux  colonies.  Margrave  en  indique  une  es- 
pèce, dont  il  dit  qu'elle  a  nares  elatas  bijidas  ;  et  ces  mots  vagues,  em- 
ployés uniquement  d'après  lui ,  sont  restes  dans  le  caractère  que  ion  appli- 
que au  niaciique  de  Cullon  ,  quciqu'cu  i/y  vtie  lien  de  ici. 


Q  tr  A  D  K  U  M  A  K  E  S.  1  OQ 

âe  cliaîr,  les  poils  du  sommet  de  la  tête  disposés  en  rayons 
et  formant  une  sorte  de  chapeau.  Du  Bengale ,  de  Ceylan. 

I/Ais^relte.  (Simia  aj^gula.h.)  BufF,  XIV,  xxi. 

Gris  olivâtre  dessus ,  plus  pale  ou  jaunâtre  des  ous;  un 
bouquet  de  poils  plus  long  au  sommet  de  la  tête.  D'Afrique. 

Le  Macaque  de  Buff.   (  si^nia  cj-nomol^os  et  cynoce- 
phalus.  L.  Buff.  X1"V ,  xx. 

Yerdatre  en  dessus,  jaunâtre  ou  blancliatre  en  dessous. 
De  Guinée  et  de  l'intérieur  de  l'Afrique,  d'où  on  l'importe 
quelquefois  en  Egypte. 

Deux  espèces  de  macaques  se  distinguent  par  une  queue 
assez  courte  et  grêle. 

Le  Maimon.  (Simia  nemesirina,  L.  et  si>nia  platypigos. 
Sclircb.  )  Audeb.  M*'.  Fam.  sect.  I,  pi.  u  (i). 

Brun  foncé  dessus  ;  une  bande  noire  commençant  sur  la 
tête  et  s'affaiblissant  le  long  du  dos;  jaunâtre  autour  de  la 
lête  et  aux  membres;  queue  grêle  pendant  jusqu'à  moitié 
des  cuisses  seulement. 

Le  Rhésus.  Audeb.  Patas  à  queue  courte,  ib.  pi.  iy, 
et  BulT.  Supp.  XIV ,  pi.  xïv  ;  le  premier  maimon  repré- 
senté par  Buff.  XIV,  pi.  xix  (2}. 

Grisâtre;  teint  de  fauve  à  la  tête  et  au  croupion,  quel- 
quefois sur  tout  le  dos  (5). 

Les  Cynocéphales  (CY^'ocEPITAL.us.  G.) 

Ont  un  museau  qui  est  allongé  et  comme  tronqué  au  I)out , 
où  sont  percées  les  narines,  ce  qui  le  fait  ressembler  à  celai 

(1)  La  seule  bonne  figure  est  celle  d'Audebert.  Celle  de  Buffon  appar- 
tient plutôt  au  rhésus. 

(2^'  Les  deux  individus  qui  ont  servi  à  Audebert  sont  an  muséum.  Je  les 
ai  examinés  ;  ils  ne  font  qu'une  espèco. 

(3)  Le  macaque  à  queue  courte  de  Bnff. ,  SnppL  VIT  ,  pi.  XIII  (  Sim. 
crythrœa  ,  Schr.)  me  paraît  un  vrai  macaque  (  cynomvigos)  ,  dont  la  queue 
était  coupée.  Audeberi  J'a  confondu  à  tort  avec  son  rhésus  .  qni  est  le  patas 
4  queue  courte  de  Buffon. 


liO  MAMMIFÈRES. 

u'un  chien  plus  que  ceux  des  autres  singes  j  leur  queue  varie 
en  longueur. 

Le  P avion.  BufF.  [Simia  spJijnx.  L.) 

D'un  jaune  verdâtre  tirant  plus  ou  moins  sur  le  brun  ; 
le  visage  noir,  la  queue  longue  (i).  On  en  voit  de  plusieurs 
grandeurs  qui  ne  diffèrent  probablement  que  par  Tàge. 
Adulte,  il  effraie  par  sa  férocité  et  sa  lubricité  bj  utale.  De 
Guinée. 

Le  Papion  noir.  {  Simia  porcaria.  Bodd.  Ursina.  Penn. 
Sphj'ngiola.  Herni.  La  guenon  à  face  allongée.  Penn. ,  et 
Bufi".  Supp.  Vil,  pi.  sv.  Singe  norr  de  Vaillant.)  (2) 

D'un  noir  glacé  de  jaunâtre  ou  de  vrrdâlre,  surtout  au 
front,  du  reste  semblable  au  précédent  pour  la  forme  et 
pour  les  mœurs.  Du  Cap. 

Le  Tartarin  de  Belon ,  ou  Papion  à  perruque.  {Simia  ha- 
madrj-as.  Linn.  Papion  à  face  de  chien.  Penn.  Sinu^e 
de  Moco,  Buff.  Supp.  \'IÎ,  x  (5). 

D'un  cendié  un  peu  bleuâtre;  les  poils ducamail  et  surtout 
ceux  des  côtés  de  la  télé  très-louiis:  le  visa«;e  couleur  de 
chair.  Ce  grand  singe  est  aussi  l'un  des  plus  lubriques  et 
des  plus  horriblement  féroces.  Il  vit  en  Arabie. 

L  Papion  à  queue  courte.  {Sim»  silvestris.  Scbreb.  Papion 
des  bois.  Penr.  Sim.  Lucophœa.  Fred.  Cuvier,  Ann.  du 
Mus.  d'hist.  natur.  ) 

Gris  jaunâtre  clair;  le  visage  noir,  la  queue  très-courle  et 
irrs-menue. 

(1)  Ceux  à  qui  on  la  représente  courte  couuiie  les  papions  de  EulTon  , 
XIV,  pi.  XI u  ef  XIV  ,  etc.  ,  Fuyaient  coupcie.  La  meilleure  figure  a  été 
donnée  par  M.  Bron^niard  (choix  de  JNlcui.  d'hist.  nat.)  ,  niais  sous  le 
nom  impropre  de  sim.  cynocephalus,  E41e  est  copiée  dans  Schrebcr  , 
pi.  xiii  B. 

(oi)  Toutes  ces  espèces  factices  ne  tiennent  qu'au  plus  ou  moins  boa  état 
CCS  individus  ,  ou  à  leur  âge. 

(3)  Copié  dans  Schreber,  mais  mal  enluminé.  Voyez  aussi  Belon  ,  Por- 
traits d'ois. ,  fol.  101  ,  vers.  Gesner  8G2. 


QUADRUMANES.  III 

Les  Maki)Rili.s 

Sont  de  tous  les  singes  ceux  qui  ont  le  museau  le  plus 
long  (de  5o°)  ;  leur  queue  est  très-courte  j  Ils  sont  aussi  ivl^- 
brutaux  et  très-féroces.  On  n'en  connaît  qu'une  espèce. 

Le  Mandrill  y  Boggo ,  Choral.  Buff.  XIV,  xvi ,  xvii,  et 
Supp.  y\\,  IX.  {Slmia  maimvn.et  mormon,  Linu.  ) 

Gris  brun,  olivâtre  en  dessus^  une  petite  barbe  jaune 
citron  au  menton,  les  joues  bleues  et  sillonnées.  Les  malts 
adultes  prennent  un  nez  rouge  surtout  au  bout  où  il  devient 
écarlate;  et  c'est  mal  à  propos  qu'on  en  a  fait  une  espèce 
particulière  (i).  Les  parties  génitales  et  le  tour  de  l'anus  ont 
la  même  couleur.  Les  fesses  sont  d'une  belle  teinte  violette. 
On  ne  peut  se  figurer  un  animal  plus  extraordinaire  et  plus 
hideux.  Il  atteint  presque  la  taille  de  l'homme.  Les  nègres 
de  Guinée  le  redoutent  beaucoup.  On  a  mêlé  plusieurs 
traits  de  son  histoire  à  celle  duchimpanséj  et  par  suite  à 
celle  de  l'orang-outang. 

Les  Pongos  (2) 

Ont  les  longs  bras  et  l'absence  de  queue  des  orang- 
outangs,  avec  les  abajoues  des  guenons  et  babouins  ,  et  une 
forme  de  tête  toute  particulière  ;  le  front  en  est  trcs-recuîé , 
le  crâne  petit  et  comprimé  ;  la  face  de  forme  p^^ramidale  ,  à 
cause  de  l'élévation  des  branches  montantes  de  la  mâchoire 
inférieure,  qui  indique  dans  les  organes  de  la  voix  quelque 
disposition  analogue  à  celle  qui  a  été  observée  dans  les  alouat- 

(i)  Nous  avons  vu  nous-mêmes  ,  ainsi  que  M.  Geoffroy  ,  deux  ou  trois 
mandrills  ou  S.  viaimon  se  changer  en  choras  ou  S.  mornion ,  dans  la 
iuéuagerie  du  musëtun.  Le  bouquet  de  poil  qu'on  ajoute  comme  caractère 
du  mormon  est  souvent  aussi  dans  le  maimon. 

(a)  Ce  nom  ,  corrompu  de  celui  de  boggo  ,  qvie  l'on  donne  en  Afrique  au 
chimpansé  ou  au  mandrill  ,  a  éic  appliqué  ,  par  Buffon  ,  ;\  une  grande 
espèce  d'orang-outang,  qui  n'était  qu'un  produit  imaginaire  de  ses  com- 
binaisons; Wurmb  l'a  transporté  à  cet  animal-ci ,  qu'il  a  décrit  le  premier  , 
et  dont  Buffon  n'avait  nulle  idée.  Mém.  de  la  soc.  d^  Batavia  ,  tome  îl , 
page  245. 


IÎÎ2  MAMMIFÈRES. 

tes.  On  sait  déjà  qu'ils  ont  unepoclie  membraneuse  atliiérente 

au  larynx,  comme  les  babouins. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  espèce,  qui  estle  plus  j:;rand 
de  tous  les  singes  ,  et  l'un  des  animaux  les  plus  redoutables. 
Elle  est  brune  ,  à  face  et  à  mains  noirâtres,  et  habite  à  Bor- 
néo. Plusieurs  des  traits  de  son  histoire  ont  sans  doute  aussi 
été  mêlés  à  celle  de  l'orang-outang,  d'autant  que  la  longueur 
de  ses  bras ,  celle  des  apophyses  épineuses  de  ses  vertèbres 
cervicales,  la  lubérosité  de  son  calcaneum  peuvent  lui  faci- 
liter la  station  verticale,  malgré  l'allongement  de  son  mu- 
seau ,  et  que  sa  taille  est  à  peu  près  celle  de  l'homme.  Son 
squelette  est  représenté ,  Audeb. ,  pi.  ii ,  f.  S. 

Les  Sapajous  ou  Singes  d'Amérique 

Ont  quatre  mâchelières  de  plus  que  les  autres,  trente-six 
dents  en  tout ,  la  queue  longue  ,  point  d'abajoues  ,  les  fesses 
velues  et  sans  callosités  ,  les  narines  percées  aux  côtés  du  nez  , 
et  non  en  dessous.  Tous  les  grands  quadrumanes  du  nouveau 
continent  appartiennent  à  cette  division  5  leurs  gros  intestins 

sont  moins  boursoufHés ,  et  leur  cœcum  plus  long  et  plus  grêle 

que  dans  les  précédens. 

Les  uns  ont  la  queue  prenante  ;  c'est-à-dire  ,  que  son  extré- 
mité peut  s'entortiller  avec  assez  de  force  autour  des  corps 
pour  les  saisir  comme  une  main.  Ils  retiennent  plus  particu- 
lièrement le  nom  de  Sai»ajoi  s.  (  Cebus  erxleben.  ) 

A  leur  tète  peuvent  se  mettre  les  Alouattes  (  Mycetes.  lh*g.), 
qui  se  distinguent  par  une  tète  pyramidale,  dont  la  mâchoire 
supérieure  descend  beaucoup  plus  bas  que  le  crâne  ,  attendu 
que  l'inférieure  a  ses  branches  montantes  très-hautes  ,  pour 
loger  un  tambour  osseux  ,  formé  par  un  renflement  vésicu- 
laire  de  l'os  hyoïde,  qui  communique  avec  leur  larynx,  et 
donne  à  leur  voix  un  volume  énorme  et  un  son  effroyable. 
Delà  leur  nom  de  Singes  hurleurs.  La  partie  prenante  de  leur 
queue  e&t  nue  %X  calleuse  en  dessous. 


OTTÀBÏITTMANES.  I  l3 

X^Aloiiatte  ordinaire  (  Simia  senicidus  )  ,  vulg.  Hurleur 
roux.  Bu£f. ,  Su{>. ,  YÏI,  XXV. 
Des  bois  de  la  Guyanne ,  où  elle  vit  en  troupes  ;  de  la  taillô 
d'un  fort  renard  j  d'un  roux-maron  vif. 
JJOuarine,  (  Sim,  Beelzehut.  L.  )  (i) ,  vulg.  Hurleur  brun  ^ 
Caraj^a  de  d'Azzara,  Guariba  de  Margr. 
Commune  au  Brésil ,  au  Paraguai  ;  le  mâle  est  noir  des- 
sus ,  roux  dessous  ,  la  femelle  brunâtre  (2). 
Les  Sapajous  ordinaires.  Ont  la  tête  très-plate  ,  le  museau 
peu  proéminent.  (  Angle  fac.  de  60**.  ) 

11  en  est  quelques-uns  dont  les  pouces  de  devant  sont  ca- 
chés sous  la  peau,  et  la  partie  prenante  de  la  queue  nue  en 
dessous.  M.  Geoffroy  en  fait  un  genre  sous  le  nom  d'AxÈLEs  (3). 
La  première  espèce  ,  le  chaniek  (  ateles  pentadactylus , 
Geoff.  )  y  diffère  encore  des  autres  ,  parce  qu'elle  a  le  pouce 
un  peu  saillant,  quoique  d'une  phalange  seulement,  et  sans 
ongle  ,  et  que  sa  mâchoire  inférieure  est  presque  aussi  haute 
que  celles  des  alouattes  ;  aussi  a-t-elle  un  os  hyoïde  a&sez 
semblable  au  leur  :  tout  son  pelage  est  noir. 

Le  Coaïta.  (  siinia  paniscus.  L.  )  Buff. ,  XV,  i. 
Couvert  tout  entier  d'un  poil  noir,  comme  le  chamek, 
mais  absolument  sans  pouce  visible. 
Le  Coaïta  à  face  bordée.  {Aleles  margijiatus.   GeolT.) 

Ann.  mus.  Xlil ,  pi.  x. 
Noir ,  un  bord  de  poils  blancs  autour  de  la  face. 
Le  Coaïta  à  ^ventre  hlanc.  (Simia  Beelzehut.  Briss.)  Geoff, 

Ann.  mus.  VU  ,  pi.  xvi. 
Noir  en  dessus,  blanc  en  dessous  ;  le  tour  des  yeux  cou- 
leur de  chair. 
Le  Coaïtafaui^e  {Ateles  arachnoïdes.  Geoff.)  An.  mus. 

XIII ,  pi.  IX. 
Fauve  ou  roux. 

(i)  Le  beizëhut  de  Brisson  est  un  coaïta. 

{1)  Ajoutez  les  espèces  ou  variét<?s  indiquées  par  M,  Geoffroy  ,  Ann.  du 
mus.  XIX,   107-108. 

(3)  Ann.  du  muséum  ,  Vit ,  ^60  et  suiv. 

TOME    I.  8 


Îi4  MAMMIFÈRES. 

Tous  ces  animaux  viennent  de  la  Guyanne  et  du  Brésil  ; 
leurs  pieds  de  devant  sont  très-longs,  très-grêles,  et  toute 
leur  démarche  singulièrement  lente  (i). 
Les  autres  sapajous  (  Cebcjs,  Geoff.  )  ont  les  pouces  distincts 
€t  la  queue  toute  velue  ,  quoique  prenante. 

Le  Sajou.  (  Simia  apella.  L.  )   et  le  Saï  (  sùnia  capucina. 
L.  )  BulF. ,  XV  ,  IV,  V  et  VllI,  ix(2). 
L'un  et  l'autre  de  différens  bruns  \  le  premier  a  le  tour 
du  visage  noirâtre  ,  l'autre  l'a  blanchâtre  ;  mais  toutes  les 
nuances  du  reste  de  leur  corps  varient  entre  le  brun-noir 
et  le  fauve,  quelquefois  même  le  blanchâtre.  La  région  des 
épaules  et   de  la  poitrine  est  cependant  d'ordinaire  plus 
pâle  ,  et  la  calotte  et  les  mains  sont  plus  foncées* 
lie  Sajou,  cornu,  {Siiniafatuellus.  Gm.  )  Buff.  Sup.  VII, 

XXIX. 

î^e  se  distingue  que  par  une  petite  crête  de  poils  de  cha- 
que côté  du  front. 

Tous  ces  animaux  viennent  de  l'Amérique  méridionale  ; 
leur  naturel  est  doux,  leurs  mouvemens  vifs  et  légers  :  on 
les  apprivoise  aisément.  Leur  petit  cri  llûté  leur  a  fait  don- 
ner le  nom  Ae^in^es  pleureurs. 

Dans  quelques  -  uns  (  les  Gallitrtx,  Geoff.  ) ,  la  queue 
cesse  presque  d'être  prenante.  Tel  est 

Le  Saïmiri.  (  Simia  sciiirea,  )  Buff.  XV,  x. 

Grand  comme  un  écureuil ,  d'un  gris  jaunâtre  ^  les  avant- 
bras  ,  les  jambes  et  les  quatre  mains  d'un  jaune  fauve  j  le 
bout  du  museau  tout  noir  (5). 

(i)  Ils  ont  avec  l'homme  quelques  ressemblances  assez  remarquables 
dans  les  muscles.  Seuls,  parmi  les  animaux  ,  ils  ont  le  biceps  de  la  cuiss» 
fait  comme  le  nôtre. 

il)  Les  sajous  et  les  saïs  varient  si  fort  du  brun  au  jaunâtre  et  au  blan»- 
châtre  ,  qu'on  serait  tenté  de  multiplier  leurs  espèces  si  l'on  n'avait  les  va- 
riétés intermédiaires.  Tels  sont  les  sim.  trépida  ,  syricnta  ,  lugubrls  ,  Jla^ 
^la ,    L.  et  Schreb.   ainsi    que  que  quelques-uns  de  ceux  que  distingue 
M.  Geoffroj^  Ann.  du  mus.  XIX,  m  et  112. 

(5)  Ajoutez  quelques  espèces  ou  variétés  indiquées  ,  Geoff. ,  Ann.  mus. 
XîX,  ii3^  ii4 


.-I 


Q  UADli  UM  ANES.  Il5 

Ceux  qui  n'ont  pas  la  queue  prenante  s'appellent  Sakis. 
Leur  queue  est  génénilement  touffue  ,  ce  qui  les  fait  nommer 
aussi  singes  à  queue  de  renard  :  ce  sont  les  Pithecia.  de  Des- 
mare ts  et  d'Iliger  (i). 

Le  Farke,  (  Siniia  pithecia»  L.  )  BuïF.  XY ,  xir. 
Noirâtre  ;  le  tour  du  visage  blanchâtre. 

Le  Saki  noir,  (   Si- nia  saianas.  Hofmansegg.  )  Humb.  , 

Obs.  zool.  y  L.  XXVII. 
Tout  noir. 

Le  Saki  a  ventre  roux  ou  Singe  de  nuit.  (  Pithecia  ruû 

ventris.  GeofF.  )  Buff. ,   Sup.  ,  YII ,  xxxi. 

Brun  ,  à  ventre  roux. 

Il  V  en  a  cependant  aussi  dont  la  queue  est  grêle. 

Tous  sont  de  la  Guyane  ou  du  Brésil. 

Les  Ouistitis.  (Hapale,  lliger.  ArctopitheciiSy 

Gcoff.  ) 
Petit  genre  j  semblable  aux  sakis,etquialong-lemps 
été  confondu  avec  eux  dans  le  grand  genre  des  singes  ; 
ils  ont  en  effet ,  comme  les  singes  d'Amérique  en  gé- 
néral,  la  tête  ronde,  le  visage -plat,  les  narines  laté- 
rales, les  fesses  velues,  point  d'abajoues,  et,  comme 
les  sakis  en  particulier  ,  la  queue  non  prenante;  mais 
ils  n'ont  que  vingt  mâchelières,  comme  les  singes  de 
l'ancien  continent  ;  tous  leurs  ongles  sont  comprimés 

et  pointus,  excepté  ceux  des  pouces  de  derrière,  et 

I  •  ■ ■  ■        ■  ■  ■  —  ■  Il 

(i)  Ils  portent  dans  Buffon  ,  en  commun  avec  les  ouistitis  ,  le  nom  de 
sagouins  (  calliihrix  erxl.  )  Ce  nom  de  sagouin  ou  çagui  appartient  eu 
effet ,  au  Brésil ,  à  tous  les  petits  quadrumanes  à  queue  non  prenante. 

iV.  B.  M.  Geoff.  Ann.  mus.  XIX,  ii2-ii3  ,  donne  en  commun  ù  ses 
t;alliihrix  ,  aux  aotus  et  aux  pithecia,  le  nom  de  géopithèque. 

M.  de  Humboldt  a  donné  ,  Obs.  zool.  I ,  la  figure  d'un  quadrumane  très- 
singulier,  qu'il  nomme  singe  de  nuit  (  aoLus.  Iliger)  ,•  mais  je  ne  puis  le 
placer  faute  d'avoir  vu  son  cràue  et  ses  dents. 


Il6  MAMMIFÈRES. 

leurs  pouces  de  devant  s'écartent  si  peu  des  autres 
doigts,  qu'on  ne  leur  donne  qu'en  hésitant  le  nom  de 
quadrumanes.  Ce  sont  tous  de  petits  animaux  de 
forme  agréable,  et  qui  s'apprivoisent  aisément. 

UOuistiti  ordinaire.  (  sim.  jacchus.  L.  )Titi,  au  Paraguay, 

,  Buff.,XV;  XIV. 

A  queue  assez  touffue  ,  colorée  par  anneaux  de  brun  et 
de  blancliâtre ,  à  corps  gris-brun  ,  deux  grandes  toufl'es  de 
poils  blancs  devantles  oreilles.  De  presque  toute  l'Amérique 
méridionale. 

Le  Pinche.  {simiaœdipus.  L.),  BufF,  XV;  xvii. 

Gris,  de  longs  poils  blancs  sur  la  tête,  pendans  derrière 
les  oreilles  ;  la  queue  grêle  et  rousse.  Des  bords  de  la  rivière 
des  Amazones. 

Le  Tamarin.  {Simia  midas.  L.)  ,  BuiF. ,  XV,  xiii. 

!Noir  ,  les  quatre  mains  jaunâtres.  De  la  Guyanne. 

Le  Tamarin  nègre^  {Midas  ursulus,  GeoiT.  )  Buff. ,  Sup. 

VII,  XXXII. 
Tout  noir. 

Le  Marikina,  (  Simia  rosalia,  L.  ) ,   vulg.  singe  lion , 

BufF.,  XIV,  XVI. 

Blanchâtre ,  la  tête  entourée  d'une  crinière  fauve ,  la 
queue  brune  au  bout.  De  Surinam. 

Le  Mico.  (  Sim.  argentata.  L.  )  Buff. ,  XV ,  xviii. 

Gris-blanc  argenté,  quelquefois  tout  blanc;  la  queue  brune. 
De  la  rivière  des  Amazones  (i). 

Les  Makis.   (  Lemur.  L.  ) 

Comprennent,  selon  Linnœus,  tous  les  quadru- 
manes qui  ont  à  l'une  ou  à  l'autre  mâchoire ,  les 
incisives  en  nombre  différent  de  quatre^  ou  du  moins 

(i)  Ajoutez  les  espèces  ou  vaiiélés  indiquées.  Geoff,  Ann.  mus.  XIX  , 
119,   120,. 121  ,  122. 


QUADRUMANES.  '  -      II7 

autrement  dirigées  que  clans  les  singes.  Ce  carac- 
tère négatif  ne  pouvait  manquer  d'embrasser  des 
êtres  assez  différens ,  et  ne  réunissait  même  pas  tous 
ceux  qui  doivent  aller  ensemble.  M.  Geoffroy  a  établi 
dans  ce  genre  plusieurs  divisions  mieux  caractérisées^ 
dont  nous  adoptons  les  suivantes  : 

Lks  Makis  PRoPBEMfiMT  hits. 

Six  inférieures  en  bas,  comprimées  et  couchées  en  avant  j 
quatre  en  haut ,  droites ,  dont  les  intermédiaires  sont  écartées 
l'une  de  l'autre  ;  de  longues  canines;  des  molaires  de  singes  ; 
vuie  longue  queue  ;  un  ongle  pointu  ,  à  l'index  de  derrière  seu- 
lement j  tous  les  autres  plats.  Ce  sont  des  animaux  trcs-agiles, 
que  l'on  a  nommés  singes  à  museau  de  renard ,  à  cause  de  leur 
tète  pointue.  Ils  vivent  de  fruits.  Les  espèces  en  sont  nom- 
breuses ,  et  n'habitent  que  dans  l'ile  de  Madagascar ,  où  elles 
paraissent  remplacer  les  singes,  qui  n'y  existent  pas.  Elles  ne 
diffèrent  guère  entre  elles  que  par  les  couleurs. 

Le  Mococo.  (  Lemur  catta,  L.  ) ,  Buff.  XIIÎ,  xxii. 

Gris-cendré  ,  à  queue  annelée  de  noir  et  de  blanc. 

Le  Fari.  (  Lemur  macaco.  L.  ) ,  BufF.  XllI  j  xxvii. 

Varié  par  grandes  taches  de  noir  et  de  blanc. 

Le  Maki  rou^e.  (  Lemur  ruber.  Péron.  ) 

Roux-maron  vif,  la  tête  ,  les  quatre  mains,  la  queue  et 
le  ventre  noirs ,  une  tache  blanche  sur  la  nuque ,  une  toulFa 
rousse  à  cliaque  oreille. 

Le  Mongous  (  Lemur  mongos.  L.  )  ,  BulF.  XIlî,  xxvi. 

Tout  brun,  le  visage  et  les  mains  noires ,  et  d'autres  es-^ 
pèces  voisines  ou  variétés ,  telles  que  : 

Le  Mongoux  à  front  blanc.  [Lemur  alhifrons.  Geoff.  ); 
Audeb.  y  Makis. ,  pi.  m. 

Brun,  le  front  blanc  ,  etc.  (1  ). 

I   "■"■■«    '  .       ■ 

(1)  Yojez  pour  les  autres  ;  Geoff.  Anu.  du  mus.  XIX,  iGo  et  siiiv: 


I  I  8  MAMMIFÈRES. 

Les  Indeis.  (  Lichanotus.  Illig.  ) 

Les  dents  comme  dans  les  précédens,  excepté  qu'il  nV  en  a 
que  quatre  en  bas  -,  les  ongles  de  même  ;  point  de  queue. 

On  n'en  connoît  qu'une  espèce  sans  queue  ,  de  trois  pieds 
de  haut,  noire,  à  face  grise,  à  derrière  Liane  {Lemur 
indri)j  Sounerat  j  li^  ^oy-  ?  P^*  i-xxsvi ,  que  les  ha- 
bitans  de  Madagascar  apprivoisent  et  dressent  comme  un 
chien  pour  la  chasse  (i). 

Les  Loris,  vulg.  Singes  paresseux.  (Stenops,  Illig.) 

Les  dents  et  les  ongles  des  makis ,  seulement  des  pointes 
plus  aiguës  aux  machellères  ;  le  museau  court  d'un  doguin  )  le 
corps  grêle  j  point  de  queue. 

Ils  se  nourrissent  d'insectes,  quelquefois  de  petits  oiseaux 
ou  quadrupèdes  ,  et  sont  d'une  lenteur  excessive  à  la  marche; 
leur  genre  de  vie  est  nocturne.  M.  Carlisle  leur  a  trouvé  ,  à  la 
base  des  artères  des  membres  ,  la  même  division  en  petits  ra- 
meaux que  dans  les  vrais  paresseux. 

On  en  connaît  deux  espèces^  l'une  et  l'autre  des  Indes 
orientales. 

Le  Loris  paresseux  ou  le  Paresseux  du  Bengale.  [Lemur 
tardigradus.  L.  ) ,  Buff. ,  Sup.  YH,  xxxvi. 

Gris-fauve,  une  raie  brune  le  long  du  dos.  Il  lui  manque 
quelquefois  deux  incisives  en  haut. 

Le  Loris  grêle.  (  Lemur  gracilis.  ) ,  BulT. ,  XIII,  xxx,  et  mieux  , 

Seb. ,  I ,  xLvii.  ^ 

Gris-fauve ,  sans  raie  dorsale  ,  un  peu  plus  petit  que  le 
précédent ,  à  nez  plus  relevé  par  une  saillie  des  intcr- 
maxillaires. 

Les  GiiiAGo  ,  GeoIF.  (Otoltcnus.  Illig.  ) 

Ont  les  ongles  ,  les  dents  et  le  régime  insectivore  des  précé- 
dens j  des  tarses  alongées,  qui  donnent  à  leurs  pieds  de  der- 

1.1.1  • — — 

(i)  Uindn  à  longue  queue  ou  niani  à  bourre  (  Lemus  laniger.  Cm,  ) 
Sonnerai ,   2^  Voy.  pi.  lxxxyiï  .  a  besoin  d'êlre  revu. 


QU  ADRU3Î  A^^  ES.  I  T^ 

rîere  une  dimension  disproportionnée  ;  une  longue  queue 
touffue  ,  de  larges  oreilles  membraneuses  ,  et  de  grands  yeux 
qui  annoncent  une  vie  nocturne. 

On  en  connaît  plusieurs  espèces  ,  toutes  d^Afrique  (i).  Il 
paraît  que  Ton  doit  y  rapporter  aussi  un  animal  de  ce  pays-là 
{  Leinur  polto  ^  Gm.),  Bosraan.  Voy.  en  Guin.  p.  262,  n''4  , 
auquel  on  attribue  une  lenteur  comparable  à  celle  des  loris. 

et  des  paresseux. 

Les  Tarsiers.  (  Tarsius.  ) 

Ont  les  tarses  alongés  (  t  tous  les  autres  détails  de  la  forme 
des  précédens  ;  mais  l'iuiervalle  entre  leurs  molaires  et  leurs 
incisives  est  rempli  par  plusieurs  canines  plus  courtes  :  les  in- 
cisives sont  au  nombre  de  quatre  en  liant  et  de  deux  seulement 
en  bas.  Ce  sont  aussi  des  animaux  nocturnes,  et  qui  vivent 
d'insectes.  Ils  viennent  des  Moluques.  (  Lemur  spectriim.  PalL), 
Buff.  Xlîl  ;  IX  (2). 


LE  TROISIÈME  ORDRE  DES  MAMMIFÈRES, 

LES  CARNASSIERS, 

Forment  une  réunion  considérable  et  variée 
de  quadrupèdes  ongniculés  ,  qui  possèdent  ^ 
comme  l'homme  et  les- quadrumanes  ,  les  trois 

(i)  Le  grand    galago  de   la  taille   d'un  lapin   (  Gaîago  crassicaudatii ^ 
Geoff.  )  —  Le  moyen  ,  de  la  taille  d'un  rat  (  Galago  stnegalensis  ,  id.  ) 
Schreb.  XXXVUI ,   Bb.  Audeb.  Gai.  pi.  i.  —  he  petit ,  encore  un  peu 
moindre  ,  Brown ,  ill.  44* —  Comparez  aussi  le  galago  de  Deinidof ,  Fischer. 
Mém.  des  nat.  de  "Moscou  ,  I  ,  pi.  i» 
(2)  Comparez  le  Tarsius  Juscoinanus.  Fi«cher.  Anat.  des  Makis  ,  pi.  m 
JY.B'  Les  voyageurs  devront  i-ecliercher  quelques  animaux  dessinés  par 
Commerson  ,  et  que  M.  Geoffroy  a  fait  graver  ,  Ann.  mus.  XIX  ,  X  ,  sou=- 
e  nom  de  cheîrogalciis.  Ces  ligures  semblciît  annoncer  un  nouveau  genre 
«a  sous- genre  de  quadrumanes. 


Ï20  MAMMIFÈRES. 

sortes  de  dents.  Ils  vivent  tous  de  matières  ani- 
males, et  d'autant  plus  exclusivement ,  que  leurs 
mâchelières  sont  plus  tranchantes.  Ceux  qui  les 
ont  en  tout  ou  en  partie  tuberculeuses  ,  pren- 
nent aussi  plus  ou  moins  de  substances  végé- 
tales 5  et  ceux  qui  les  ont  hérissées  de  pointes 
coniques  se  nourrissent  principalement  d'in- 
*  sectes.  L'articulation  de  leur  mâchoire  infé- 
rieure 5  dirigée  en  travers  ,  et  serrée  comme  un 
gond  ,  ne  lui  permet  aucun  mouvement  hori- 
zontal :  elle  ne  peut  que  se  fermer  et  s'ouvrir. 

Leur  cerveau,  encore  assez  sillonné, n'a  point 
de  troisième  lobe,  et  ne  recouvre  point  le  cerve- 
let, non  plus  que  dans  les  familles  suivantes;  leur 
orbite  n'est  point  séparé  de  leur  fosse  temporale 
dans  le  squelette  :  leur  crâne  est  rétréci  et  leurs 

JL 

arcades  zygomatiques  écartées  et  relevées  pour 
donner  plus  de  volume  et  plus  de  force  aux 
muscles  de  leurs  mâchoires.  Le  sens  qui  domine 
chez  eux  est  celui  de  l'odorat ,  et  leur  mem- 
brane pituitaire  est  généralement  étendue  sur 
des  lames  osseuses  très-multipliées.  Leur  avant- 
bras  peut  encore  tourner  ,  quoiqu'avec  moins 
de  facilité  que  dans  les  quadrumanes  ,  et  ils 
n'ont  jamais  aux  pieds  de  devant  de  pouces  op- 
posables aux  antres  doigts.  Leurs  intestins  sont 
moins  vokunineux  •  à  cause  de  la  nature  sub- 


CARNASSIERS.  I2Î 

stantielle  de  leurs  alimens  ,  et  pour  éviter  la 
putréfaction  que  la  chair  éprouverait  en  séjour- 
nant trop  long-temps  dans  un  canal  prolongé. 

Du  reste  ,  leurs  formes  et  les  détails  de  leur 
organisation  varient  beaucoup  et  entraînent  des 
variétés  analogues  dans  leurs  habitudes ,  au  point 
qu'il  est  impossible  de  ranger  leurs  genres  sur 
une  même  ligne  ,  et  que  Ton  est  obligé  d'en 
former  plusieurs  familles  qui  se  lient  diverse- 
ment entre  elles  par  des  rapports  multipliés. 

LA  PREMIERE  FAMILLE  DES  CARNASSIERS, 

LES  CHÉIROPTÈRES 

Ont  encore  quelques  affinités  avec  les  qua- 
drumanes 5  par  leur  verge  pendante  et  par  leurs 
mamelles  placées  sur  la  poitrine.  Leur  caractère 
distinctif  consiste  dans  un  repli  de  la  peau  éten- 
du entre  leurs  quatre  pieds  et  leurs  doigts  , 
lequel  les  soutient  dans  l'air  ,  et  permet  même 
de  voler  à  ceiii  qui  ont  les  mains  assez  déve- 
loppées pour  cela.  Cette  disposition  exigeait  de 
{or les  clavicules  et  de  larges  omoplates  pour 
que  l'épaule  eût  la  solidité  requise  ;  mais  elle 
était  incompatible  avec  la  rotation  de  l'avant- 
bras  ^  qui  aurait  affaibli  la  force  du  choc  nércs- 
saire   au  vol.    Ces  animaux   ont   lous  quatre 


122  '   M  A  M  M  I  F  È  B  E  S. 

grandes  canines  ,  mais  le  nombre  de  leurs  inci- 
sives varie  On  n'en  a  fait  long-temps  que  deux 
genres  d'après  i'ëtencine  de  leuis  organes  du  vol  ^ 
mois  le  premier  des  deux  exige  plusieurs  subdi- 
visions. 

Les  Chauve-Souris.  (  Vespertilio..  Lin.  ) 

Ont  les  bras  ,  les  avant-bras  et  les  doigts  excessi- 
vement allongés  ,  et  formaiit ,  avec  la  membrane  qui 
en  remplit  les  intervalles ,  de  véritables  ailes  ^  aussi 
étendues  que  celles  des  oiseaux.  Aussi  les  cliauve- 
souris  volent-elles  trës-liaut  et  très-rapidement.  Leurs 
muscles  pectoraux  ont  une  épaisseur  proportionnée 
aux  mouvemens  qu'ils  doivent  exécuter,  et  le  ster- 
num a  dans  son  milieu  une  arête  pour  leur  donner 
attache  ,  comme  celui  Ses  oiseaux.  Le  pouce  est 
court,  et  armé  d'un  ongle  crochu,  qui  sert  à  ces  ani- 
maux à  se  suspendre  et  à  ramper.  Leurs  pieds  de 
derrière  sont  faibles,  divisés  en  cinq  doigts  égaux, 
et  tous  armés  d'ongles.  Il  n'y  a  point  de  cœcum  à 
leurs  intestins.  Leurs  yeux  sont  excessivement  pe- 
tits, mais  leurs  oreilles  sont  souvent  très-grandes,  et 
forment  avec  leurs  ailes  une  énorme  surface  mem- 
braneuse ,  presque  nue  ,  et  tellement  sensible  ,  que 
les  chauve- souris  se  dirigent  dans  tous  les  recoins 
de  leur  labyrinthe ,  même  après  qu'on  leur  a  arraché 
les  yeiix ,  probablement  par  la  seule  diversité  des  im- 
pressions de  lair.  Ce  sont  des  animaux  nocturnes 
qui,  dans  nos  climats,  passent  l'hiver  en  léthargie, 
ils  se  suspendent  pendant   le    jour  dans  des  lieux 


CARNASSIERS.  123 

obscurs.  Leur  pori  ''     're  est  de  deux  petiis^ 

qu'ils    tiennent  cio    .j.,j.iiiçp  ..,.3    mamelles,  et 

dont  la  grosseur  est  considérable  à  proportion  de  celle 
de  leur  mère. 

Ce  genre  est  très-nombreux,  et  présente  beaucoup 
de  subdivisions. 

Il  faut  d'abord  en  séparer 

Les  Roussettes.  (Pteropus.  Briss.  ) 

Qui  ont  des  incisives  tranclianles  à  chaque  mâchoire  et  des 
machelières  à  couronne  plate  (i);  aussi  vivent- elles  en  grande 
partie  de  fruits;  elles  savent  cependant  très-bien  poursuivre 
les  oiseaux  et  les  petits  quadrupèdes.  Ce  sont  les  plus  grandes 
chauve-souris,  et  on  mange  leur  chair.  Elles  habitent  dans  les 
Indes-Orientales. 

Leur  membrane  est  échancrée  profondément  entre  leurs 
jambes;  elles  n'ont  point  ou  presque  point  de  queue;  leur 
doigt  index,  de  moitié  plus  court  que  le  médius,  porte  une 
troisième  plialange  et  nn  petit  ongle  qui  manque  dans  les 
autres  chauve-souris;  mais  les  doigts  suivans  n'ont  chacun 
que  deux  phalanges  ;  leur  nez  est  simple,  leur  oreille  petite, 
sans  oreillon,  et  leur  langue  hérissée  de  piquans  recourbés  en 
arrière;  leur  estomac  est  un  sac  très-allongé  et  inégalement 
renflé. 

I.  E.OUSSETTES  sans    queue,  à   quatre   incisives  à  chaque 

mâchoire.^ 
ha.  Roussette  noire.  {Pter.^dulis.  Geoff.  ) 

D'un  brun  noirâtre,  plus  foncé  en  dessous;  près  de  quatre 
pieds  d'envergure.  Des  îles  de  la  Sonde,  cWis  Moluques, 
où  elle  se  tieni  dans  les  cavernes.  Sa  chair  est  très-délicate. 

La  Roussette  d'Edwards.   [Ptcr.  Edwardsii.  GeolT.  ) 

Edw.  io8. 
Fauve,  à  dos  brun  foncé.  De  iMada^ascar. 

(i)  Les  machelières  ont  proprement  deux  saillies  longitudinales  cl  pa- 
ralUies ,  séparées  par  un  sillon  ,  et  qui  s'usent  par  la  détrition. 


I'î4  MAMMIFÈRES. 

La  Roussette  de  Buffon.  {Pler.vulgaric,  Geoff.),  Buff.  X,  xiv. 

Brune,  la  face  et  les  côtés  du  dos  fauves.  Drs  iles  de 
France  et  de  Bourbon,  où  elle  habite  sur  les  arbres  daos 
les  forêts. 

La  Roussette  à  collier,  Rougette  de  Bujfjfon,  {Pter.  rubri- 
collis.  GeofF.)  j  Buff.  X,  3.VII. 

Gris-brun,  le  cou  rouge.  Des  mêmes  îles  où  elle  vit  dans 
les  arbres  creux. 

2.  Roussettes  ai^ec  une  petite  queue,  à  quatre  incisives  à 

chaque  mâchoire. 

Ce  sont  toutes  des  espèces  décrites  pour  la  preniièi^  fois 
par   M.    Geoffroy,  Une  d'elles ,  laineuse    et    grise    (  Pter. 
yEgy^ptiacus.jj  vit  en  Egypte  dans  les  souterrains  ;  une  autre, 
roussâtre,  à  queue  un  peu  plus  longue  et  à  demi  engagée 
dans  la  membrane  (Pter.  amplexicaudus.)  Geoff.  Ann.  mus. 
t.  XV,  pi.  TV,  vient  de  Tarcliipel  des  Indes,  etc.  (i) 
3.  D'après  les  indications  de  2A.  Geoffroy,  nous  détachons 
encore    des    roussettes   les    céphalotes,  qui  ont  les  mêmes 
mâchelières,  mais  où   l'index,  court  et  pourvu  de  ses  trois 
phalanges   comme    celui    des  précédentes,   manque  cepen- 
dant  d'ongle.   Les  membranes  de  leurs  ailes,    au  lieu  de  se 
joindre   aux  ilancs,  se  réunissent  l'une  à  l'autre  sur  le  milieu 
du  dos  auquel  elles  adhèrent  par   une   cloison   verticale   et 
longitudinale.  Elles  n'ont  souvent  que  àevi\  incisives. 

La  Céphalote  de  Pero|t  [  Cephaîotes  Peronii.  Geoff.)  Geoff. 
Ann.  ou  mus. ,  XV,  pi.  iv. 

Brune  ou  rousse.  De  Timor. 

l'ne  fois  les  roussettes  retranchées,  il  reste  les.  vraie»^ 
riiAuvE-souKis  ,  qui  sont  toutes  insectivores,  et  ont  toutes  des- 
mâchelières  héi-issées  de   pointes  coni(jues.   Leur   index   n'a 

■  I»  1 1    I  II-,  I 

(i)  Ajoutez  pterovits  griscus  ,  Geoff.  Ann.  mus..,  tome  XV,  pi.  vi.  — 
ftcrrp.  slramineu^.  Seb,  1  ,  LVII ,  i  -  2.  —  Fier,  margiiuUus ,.  Gcof£». 
îoc.  cic.  pi.  V.  —  Pt'T,  uiiniinus.  iJ.. 


CARNA.SSIERS.  I^S 

3<imais  d-ongle  et,  un  seul  sous-genre  excepté,  leur  membrane 
s'étend  toujours  entre  les  deux  jambes. 

On  doit  les  diviser  en  deux  principales  tribus.  La  première 
a  au  doigt  médius  de  l'aile  trois  plialanges  ossifiées,  mais  les 
autres  doigts  et  l'index  lui-même  n'en  ont  que  deux. 

A  cette  tribu,  qui  est  toute  étrangère,  appartiennent  trois 
sous-genres. 

Les  Molosses.  (Molosses.  GeofF.  Djsopes,  Iliger.) 

A  museau  simple ,  à  oreilles  larges  et  courtes,  naissant  près 
de  l'angle  des  lèvres  ,  et  s' unissant  l'une  à  l'autre  sur  le 
museau,  l'oreillon  court  et  noo  enveloppé  par  la  conque.  On 
ne  leur  compte  que  deux  incisives  à  cbaque  mâchoire  ;  leur 
queue  occupe  toute  la  longueur  de  la  membrane  interfémorale, 
et  s''étend  le  plus  souvent  au  delà.  Toutes  les  espèces  viennent 
d'Amérique  et  sont  plus  ou  moins  brunes  (i). 

Les  Nyctinomes.  (GeofiF.) 

Ont  quatre  incisives  en  bas,  la  lèvre  supérieure  haute  et 
fort  écbancréej  d'ailleurs  ils  ressemblent  aux  molosses  (2). 

Les  Stéivodermes.  (GeoiF,  ) 

A  museau  simple,  à  membrane  interfémorale  écbancrée 
jusqu'au  coccjx-,  ils  manquent  de  queue,  et  on  leur  compte 
deux  incisives  en  haut  et  quatre  en' bas. 

Les  Noctilions.  (Noctilio.  Linn.  Ed.  XII.) 

A  museau  court  renflé,  fendu,  garni  de  verrues  et  de 
sillons  bizarres,  à  oreilles  séparées;  ils  ont  quatre  incisives  en 
haut  et  deux  en  bas;  leur  queue  est  courte  et  libre  au-dessus 
de  leur  membrane  interfémorale. 


(1)  Elles  étaient  confondions  par  Gmel.  sous  le  nom  commun  de  vespert, 
nioîossus  ;  mais  M.  Geoffroy  en  distingue  déjà  neuf  espèces  ,  dont  Buffon 
n'a  que  trois  ;  moloss.  îongicaudauis.  Buff.  X,  xix ,  2.  —  Moloss.  fus- 
civenter ,  id..  Ibid.  i.  —  'El  moloss.  guyanensii  y  id.  Supp.  VII,  lxxv. 
On  trouvera  la  description  des  autres  ,  Ann.  du  mus.  Vî  ,  i5o. 

(2)  Le  nyctinomjc  d'Egypte  ,  Gooffr.  Eg.  mammif.  2,  îi.  —  J^^espevt. 
«cçlaôulosHS  ,  Herm.  Obs.  acol.  p.  19.  —  Vesp.  plicalus.  Buchanan. 


126  MAMMIFÈRES. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  d'Amérique,  cïe  couleur 
fauve  pâle  uniforme.  (  Vesp.  leporinus.  Gm.    Schreb.  l,x. 

Les  Phyllostomes.  [Phj'llostoma.  Cuv.  et  Geoff.  ) 

Dont  le  nombre  régulier  des  incisives  est  de  quatre  à 
cliaque  mâclioire ,  mais  où  ime  partie  de  celles  d'en  bas 
tombent  souvent,  rejelées  par  l'accroissement  des  canines,  et 
qui  se  disdnguent  en  outre  par  la  membrane  en  forme  de 
feuille  relevée  en  travers  sur  le  bout  de  leur  nez.  Le  tragus 
de  leur  oreille  représente  une  petite  feuille  plus  ou  moins 
dentelée.  Leur  langue,  qui  peut  s'allonger  beaucoup,  se 
termine  par  des  papilles  qui  paraissent  disposées  pour  former 
un  organe  de  succion,  et  leurs  lèvres  ont  aussi  des  tubercules 
arrangés  symétriquement.  Ce  sont  encore  tous  des  animaux 
d'Amérique,  qui  courent  à  terre  mieux  que  les  autres  cbauve- 
souris  5  et  qui  ont  l'habitude  de  sucer  le  sang  des  animaux. 

I,  Phyllostomes  sans  queue. 

[  Le  Fampire.  (  V.  spectrum.  L.)  Andira-guaçu  de  Brasiliens. 
Seb.  Lviii.  Geoff.  Ann.  mus.  XV,  xii ,  4. 

A  feuille  ovale  creusée  en  entonnoir;  brun  roux,  grand 
comme  une  pie.  De  l'Amérique  méridionale.  On  l'a  accusé 
de  faire  périr  les  hommes  et  les  animaux  en  les  suçant  \  mais 
il  se  borne  à  faire  de  très -petites  plaies  qui  peuvent 
quelquefois  être  envenimées  par  le  climat  (i). 

2L  Phyllostomes  à  queue  engagée  dans  la  membrane 

interjémorale, 

{  Le  Fer  de  lance.  {F,  hastatus,  L.)  Buff.  XIII,  xxxtiî. 

Feuille  du  nez  en  forme  de  fer  de  lance  ;  à  bords 
entiers  (2). 


(1)  Aioutèz:  La  lunette.  {Ve'^p.pcrspiciUatus,  L.) Buff. Sup.  VII, i-xxiv. 

Et  les  trois  espèces  données  d'après  Aizara ,  par  M.  Geoff.  Ann.  du 

mus. ,  XV,  i8i  -182. 

(2)  Ajoutez  :   Vesp,  soricimus.  Pall.  «pic.  200I.  fasc.  III ,  pi.  IH,  IV , 
eop.  Sc!;reb.  XLVII. 


CARNASSIERS,  l'I'J 

3.  PiiYLLosTOMES  à  queue  libre  au-dessus  de  la  membrane. 

Lie  Fer  crénelé.  [Ph.   crenulatum.  Geoff.  Ann.  du  mus, 

XV ,  pi.  X.  ) 

Feuille  du  nez   en  forme  de  fer  de  lance  dentelé  au  \ 
bord  (i). 

La  deuxième  grande  tribu  n'a  à  l'index  qu'une  phalange 
©ssifiée  et  les  autres  doigts  en  ont  chacun  deux. 
On  divise  aussi  cette  tribu  en  plusieurs  sous-genres. 

Les  mégadermes.  (Geoff.  Ann.  du  mus.  XV.  ) 

Qui  ont  sur  le  nez  une  feuille  plus  compliquée  que  celle 
àes  p/ij'llostomes  f  l'oreiilon  grand,  le  plus  souvent  fourchu  , 
les  conques  des  oreilles  très-amples  et  se  soudant  l'une  à 
l'autre  sur  le  sommet  de  la  tête ,  la  langue  et  les  lèvres  lisses , 
la  membrane  interfémorale  entière  et  sans  queue.  Ils  ont 
quatre  incisives  en  bas;  on  ne  leur  en  a  pas  encore  trouvé 
en  haut,  et  il  paraît  que  leur  os  intermaxîllaire  reste  car- 
tilagineux. 

lis  sont  tous  de  l'ancien  continent,  soil  d'Afrique  ,  comme 
la  Feuille.  (  Meg.frons.  Geoff.)  A  feuille  du  nez  ovale 
presque  aussi  grande  que  la  tête  -,  du  Sénégal  ou  de 
l'archipel  des  Indes,  comme  le  spasme  de  Ternate.  [Fes- 
pert.  spasma.  L.  Seb.  I,  lvi.)  —  La  lyre.  Geoff.  Ann. 
mus.  XV,  pi.  XTi.  —  Le  trèjle  de  Java.  Id,  ib. ,  etc. 
On  les  distingue  entre  eux  par  la  figure  de  leurs  feuilles 
comme  les  phyllostomes. 

Les  Rhinolophes  ,  (  RniNOLOPHirs  Geoff.  et  Cuv.  )  vulgaire- 
ment Fers-à-cheval.         ^ 

Qui  ont  le  nez  garni  de  membranes  et  de  crêtes  fort  com- 
pliquées, couchées  sur  le  chanfrein ,  et  présentant  en  gros 
la  ligure  d'un  fer  à  cheval  ;  leur  queue  est  longue  et  placée 
dans  la  membrane  interfémorale>  Ils  ont  quatre  incisives  en 

(i)  Ajoutez  :  PkyUost.  elongalum,  Geoff.  Ann.  mus.  XV,  ik. 


JlS  MAMMIFÈRES. 

Las  et  deux  Irès-pelites  en  haut  dans  un  os  intermaxll]aire 

cartilagineux. 

Il  y  en  a  deux  espèces  très-communes  en  France  et 
découvertes  par  Daubenton. 

Le  grand  Fer  à  cheval ^  (  Fesp.  ferrum  equinum.  L.  )  BufT. 
o\i  Rhmolopiie  hifer ,  GeoîF.  Ann.  mus.  XX,  pi.  v,  et  le  ^ 
petit,  (  Vesp.  hipposideros.   Bechst.  )   BufF.  YIII ,  xvii ,  2 
et  XX.  GeoiT,  îoc.  cit. 

Qui  liaLilent  les  carrières,  s'y  tenant  isolés,  suspendus 
par  les  pieds,  et  s'enveloppant  de  leurs  ailes  de  mnnière  à  ne 
laisser  voir  aucune  autre  partie  de  leur  corps  (i). 

LesNyctères.   (  Nycteris.  Cuv.  et  Geoff. ) 

Dont  le  chanfrein  est  creusé  d'une  fossette  marquée  même 
sur  le  crâne  et  dont  les  narines  sont  entourées  d'un  cercle  de 
lames  saillantes.  Ils  ont  quatre  incisives  en  haut  sans  intervalle 
et  six  en  bas;  leurs  oreilles  sont  grandes,  non  réunies,  et 
leur  queue  est  comprise  dans  la  membrane  interfémorale. 
Ce  sont  des  espèces  d'Afrique.  Daubenton  en  a  décrit  une 
(lev.  hispidus.  Linn.  )  j  M.  Geoffroy  en  a  trouvé  d'autres  en 
Egypte  (2). 

Les  Plhynopomes.  (Geoff. ) 

Ont  une  fossette  moins  marquée,  les  narines  au  bout  du 
museau  et  une  petite  lame  au-dessus  j  leurs  oreilles  sont 
réunies,  et  leur  queue  dépasse  de  beaucoup  la  membrane. 
On  en  connaît  un  d'Egypte,  où  il  se  tient  surtout  dans  les 
pyramides  (5). 

Les  Taphtens.  (Thaphozous.  Geoff.) 

Ont  autsi  une  fossette  au  chanfrein  :  mais  leurs  narines  n'ont 
point   de  lames  relevées,    et  on  ne  leur  compte  que  deux 


(i)  Ajoutezles  quatre  autres  espèces  représentées.  Geoff.  Ann.  mus. ,  XX, 
pi.  V  ,  dont  une  est  le  vesp.  speoris.  Schn. 

(2)  Nyctcre  de  la  Thébauïe ,  29.  Mammif.  ,  \  ,  1 ,  3. 

(5)  Rhinopome  JMicropJiflh,  Geoff.  FespecUlio  Micro  PhyJlus.  Stlir. 


CÂflî^ASSÎERS.  iig 

mcîsWes  en  haut  et  quatre  en  bas;  leurs  oreilles  sont  écartées 
et  leur  queue  libre  au-dessus  de  la  membrane.  M.  Geoffroy  en 
a  découvert  une  espèce  dans  les  catacombes  d'Egypte  (.). 

Les  Chauve-souris  communes  ou  Vespek  tilions. 
(  Vespertilio.  Cuv.  et  Geoff.  ) 
Qui  ont  le  museau  sans  feuilles  ni  autres  marques  distinc- 
tives,  les  oreilles  séparées,  quatre  incisives  en  haut,  dont  les 
deux  moyennes  écartées ,  et  six.  en  bas  à  tranchant  un  peu 
dentelé  :  leur  queue  est  comprise  dans  la  membrane.  Ce  sous- 
genre  est  le  plus  nombreux  de  tous  ;  on  en  trouve  des  espèces 
dans  toutes  les  parties  du  monde.  Nous  en  comptons  six  ou  sept 
en  France;  la  première  est  connue  depuis  long-temps. 

La   Chauve-souris  ordinaire.   {Fesp.  murinus.  Lin.) 

Buff.  YÏIl,xvi. 
Grise,  à  oreilles  oblongues  de  la  longueur  de  la  tête. 
.  Les  autres  espèces  n'ont  été  découvertes  que  par  Dau- 
benton  ,  telles  sont  : 

La  Sérotine,  (  V.  serotinus.  L.  )  Buff.  YIII ,  xviii,  2. 

Fauve,  à  ailes  et  oreilles  noirâtres,  la  conque  de  celles-ci 
triangulaire,  plus  courte  que  la  tête ,  l'oreillon  pointu. 

On  la  trouve  sous  les  toits  des  églises  et  autres  édifices 
peu  fréquentés. 

ha.  Nodule.  [V.  noctula.  L.  )  BuIF.  VIII,  xvin,  i. 

Brune,  à  oreilles  triangulaires,  p  luscourtes  que  la  tête, 
l'oreillon  arrondi. 

Un  peu  plus  petite  que  la  précédente.  On  la  trouve  dans 
les  creux  des  vieux  arbres,  etc. 

La  Pipistrelle»  (  V.  pipistrellus.  Gm.  )  Buff.  VIII,  xix ,  i. 

La  plus  petite  de  ce  pays-ci;  brune,  à  oreilles  trian- 
gulaires, l'oreillon  aussi  (2). 

(1)  Le  Taphien  filet.  "Eg.  mammif. ,  I ,  i  ,  i.  —  Le  taphieu  perioié  ^ 
ib.  III ,  L.  —  Ajoutez  le  Vesp.  lepiurus. 

{1)  Voyez  pour    les  autres  espèces  de  vespertilions  le  mémoire  de 
M.  Geoff.  ,  Ann.  du  mus.  ,  YIII ,  p.  187. 

TOME    I.  9 


l3o  MAMMIFÈRES. 

M.  Geoffroy  sépare  encore  des  vesperlilions 

Les  Oreillards.  (Plecotus.  GeoiT.) 

Dont  les  oreilles,  plus  grandes  que  la  léle^  sont  unies  l'une 
à  l'autre  sur  le  crâne,  comme  dans  les  megadermes ,  les 
ililnopomes,  elc. 

L'espèce  vulgaire  {Vesp,  auritus.  L.  )  Buff.  VIII, 
3.V1I,  I.  est  plus  commune  encore  ici  que  la  chauve-souris; 
ses  oreilles  égalent  presque  son  corps.  Elle  habite  les 
maisons,  les  cuisines,  elc.  Nous  en  avons  une  autre  décou- 
verte par  Daubenton,  la  harbaslelle.  {VeF'p,  barhastellus, 
Gm.  )  Buff.  VIII,  XIX,  '1.  Brune,  à  oreilles  Lien  moins 
grandes. 

Les  GalégpithèqueSj  (  Galeopithecus  ,  Pall.) ,  vuîg. 

Cliats  volaiis. 

Diffèrent  génériquement  des  chauve-souris ,  parce 
que  les  doigts  de  leurs  mains,  tous  garnis  d'ongles 
Iranchans  ,  ne  sont  pas  plus  allongés  que  ceux  des 
pieds  3  en  sorte  que  la  membrane  qui  en  occupe  les 
intervalles  et  s'étend  jusqu'aux  côtés  de  la  queue  , 
ne  peut  guère  remplir  que  les  fonctions  de  paracLute. 
Leurs  canines  sont  dentelées  et  courtes  comme  leurs 
molaires.  En  haut  sont  deux  incisives  aussi  dente- 
lées, très-écartées  l'une  de  l'autre;  en  bas  six,  fen- 
dues en  lanières  étroites  comme  des  peignes,  struc- 
ture tout-à-fait  particulière  à  ce  genre.  Ces  animaux 
vivent  vSur  les  arbres  dans  Tarchipel  des  Indes,  et  y 
poursuivent  les  insectes,  et  peut-être  les  oiseaux  :  à 
en  juger  par  la  détrition  que  leurs  dents  éprouvent 
avec  l'âge  ,  ils  doivent  aussi  se  nourrir  de  fruits.  \\s 
ont  un  grand  cœcum. 

On  n'en  connaît  distinctement  qu'une  espèce ,  à  pelage 
gris-roux  en  dessus ^  roussalrc  en  dessous,  variée  cl  ravc^e 


CARNASSIERS.  l3l 

Je  difîerens  gris  dans  la  jeunesse.  C'est  le  Lemur  -volans» 
Lin.,  Audeb. ,  Gaîaeop. ,  pi.  i  et  n.  Elle  liabite  aux  Mo- 
luques  ;  aux  îles  de  la  Sonde,  etc.... 

Tous  les  autres  carnassiers  ont  les  mamelles 
situées  sous  le  ventre. 

LES  INSECTIVORES 
Qui  informent  la  deuxième  famille  , 

Ont  5  comme  les  chéiroptères ,  des  mâchelières 
hérissées  de  pointes  coniques  ,  et  une  \ie  noc- 
turne ou  souterraine  :  ils  se  nourrissent  princi- 
palement d'insectes  ,  et  dans  les  pays  froids 
beaucoup  d'entre  eux  passent  l'hiver  en  léthar- 
gie, lis  n'ont  pas  ,  comme  les  chauve-souris  ,  de 
membranes  latérales  ,  et  ne  manquent  cepen- 
dant jamais  de  clavicules  ;  leurs  pieds  sont 
courts  et  leurs  mouvemens  faibles  ;  leurs  mam- 
melles  placées  sous  le  ventre,  et  leur  verge 
dans  lui  fourreau  ;  aucun  n'a  de  cœcum ,  et  tous 
appuient  la  plante  entière  du  pied  sur  la  terre 
en  marchant. 

Il  y  en  a  deux  petites  tribus  distinguées  par 
la  position  et  la  proportion  relatives  de  leurs 
incisives  et  de  leurs  canines. 

La  première  a  deux  longues  incisives  en 
avant ,  suivies  d'autres  incisives  et  de  canines 
toutes  plus  courtes  même  que  les  molaires.  Ce 
genre  de  dentition,  dont  les  tarsiers ^  parmi  les 


î  32  M  A  M  M  i  F  È  il  E  S . 

quadrumanes,  nous  ont  déjà  donné  un  exemple , 
rapproche  un  peu  ces  animaux  des  rongeurs. 

Les  HÉRISSONS ,(  Erinaceus  j  Lin.  ) 

Ont  le  corps  couvert  de  piquans  au  lieu  de  poils. 

La   peau    de  leur  dos    est  garnie   de   muscles  tels 

que    l'animal  ,    en   fléchissant   la  tête  et  les   pattes 

vers  le  ventre ,  peiît  s'y  renfermer  comme  dans  une 

bourse ,   et  présenter  de  toutes  parts  ses  piquans  à 

Fennemi.  Leur  queue  est  très-courte ,  et  tous  leurs 

pieds  ont  cinq  doigts.  Leurs  deux  incisives  mitoven- 

nes  supérieures  sont  écartées  et  cylindriques. 

JjQ  Hérisson  ordinaire.  (Erinaceus  europœus.)  Buff.  VJIJ,  vi. 

A  oreilles  courtes,  assez  commun  dans  les  bois  et  dans 
les  haies  j  passe  l'hiver  dans  son  terrier,  et  en  ressort  au 
printemps  avec  des  vésicules  séminales  d'une  ampleur  et 
d'une  complication  incroyables.  Aux  insectes  qui  font  son 
régime  ordinaire,  il  mêle  les  fruits  qui  lui  usent  à  un  cer- 
tain âge  les  pointes  de  ses  dents.  On  se  servait  autrefois  de 
sa  peau  pour  serancer  le  chanvre. 

Le  Hérisson  à  longues  oreilles.  (  Erinaceus  auritus.  ) 

Schreb.   CLXIII. 

Plus  petit  que  le  vulgaire,  à  oreilles  grandes  comme  les 
deux  tiers  de  la  tête;  d'ailleurs  semblable  au  nôtre  par  la 
forme  et  par  les  moeurs  :  il  habite  depuis  le  nord  de  la  mer 
Caspienne  jusqu'en  Egypte  (i). 

Les  Musaraignes  ,  (  Sorex,  Lin.  ) 

Sont  des  animaux    généralement  beaucoup  plus 
petits    que   les    hérissons  ,   et   couverls  de  simples 


(l)  Pallas  a  remarqué,  comme  un  fait  intéressant,  que  les  hérissons 
mangent  des  centaines  de  caniliaridessansen  souffrir  ,  tandis  qu'une  seule 
cause  des  lournaens  horribles  aux  chiens  et  aux  chats. 


C  AI\?>  ASSI  ERS.  l33 

poils  au  lieu  de  piquans.  Sur  chaque  flanc  on  leur 
trouve ,  sous  le  poil  ordinaire ,  une  petite  bande  de 
soies  roides  et  serrées,  entre  lesquelles  suinte  une 
humeur  odorante,  produite  par  une  glande  particu- 
lière (r).  Leurs  deux  incisives  supérieures  mitoyennes, 
sont  crochues  et  dentées  à  la  base.  Elles  se  tiennent 
dans  des  trous  qu'elles  creusent  en  terre  ,  ne  sortent 
guère  que  vers  le  soir,  et  vivent  de  vers  et  d'insectes. 
On  nen  a  long- temps  remarqué  en  France  qu'une 
espèce. 

La  Musaraig7ie  commune  ou   Musette.    { Sor.  araneus , 

Lin.  )Buir.,  ViH.x,  I. 

Grise,  à  queue  carrée,  aussi  longue  que  le  corps:  elle  est  as- 
sez népandue  à  la  campagne  dans  les  prés,  etc.  On  l'a  accusée 
de  causer  une  maladie  aux  chevaux  par  sa  morsure  ;  mais 
cette  imputation  est  fausse  ,  et  lient  peut-être  à  ce  que  les 
chats  tuent  bien  la  musaraigne,  mais  refusent  de  la  manger 
à  cause  de  son  odeur. 

Daubenton  en  a  fait  connaître  une  autre. 

La  Musaraigne  d'eau,  {Sorexfodiens,Gïn.)  BuIF.  "VIII,  xi. 

Noire  dessus,  blanche  desscTus  ,  à  queue  carrée,  longue 
comme  le  corps  :  sou  oreille  peut  se  fermer  presque  her- 
métiquement quand  elle  plonge  ,  au  moyen  de  trois  valvules 
qui  répondent  à  l'hélix,  au  tragus  et  à  l'antitragus ,  et  les 
cils  roides  qui  bordent  ses  pieds  ,  lui  donnent  de  îa  facilité 
pournager  j  aussi  fréquente-t-eîle  de  préférence  les  bords  des 
ruisseaux. 

Herman ,  M.  Gaîl  et  M»  GeoiFroy  en  ont  ajouté  encore 
quelques-unes  (2). 

I  I       -  -         I  .  ■    I   ■  I     I   H-a-L-i-    _i  -^  I      —  I     MiMi      -i  ■    -  Il    ■     I    Bi-r  I ■        -  — ^ 

(i)  "Voyez  Geoff.  Méra.  du  mus. ,  tome  I ,  p.  299. 

(-2)  Sorex  tetragonurus  lierm.  Schreb.  CLTX.  B.  — S.  constrictits, 
Id.  ib.  C.  «t  Geoff.  anu.  mus.  XVIÎ  ,  ni ,  r.  — S.  reniifcr ,  Geoff.  ib.  Il , 
I.  —  Çi.leucoàon.  herra.  Schreb.  CLIX.  D. 

Voyez  aussi  pour  les  espèces  clrangères,- Geoff.  ib.  p.  îjictsuiy, 
et  Méœ.  du  £uu?,  .  tome  ï  ,  pi.  XV,  f,  î. 


o  / 


104  MAMMIFÈRES. 

Les  Desmans  ^  (  Mygale  ,  Cuv.  ) 

Diffèrent  des  musaraignes  par  deux  très  -  petites 
dents  placées  entre  les  deux  grandes  incisives  d'en 
bas ,  et  parce  que  leurs  deux  incisives  supérieures 
sont  en  triangle  et  applaties  ;  leur  museau  s'allonge 
en  une  petite  trompe  très-flexible,  et  qu'ils  agitent 
sans  cesse  ;  leur  queue  longue  ,  écailleuse  et  applatie 
sur  les  côtés  ,  et  leurs  pieds  à  cinq  doigts ,  tous  réunis 
par  des  membranes  ,  en  font  des  animaux  aquatiques. 
Ils  ont  l'œil  très-petit,  et  point  d'oreilles  extérieures. 

Le  Desman  de  Russie  ^  vulg.  Rat  musqué  de  Russie. 
(  Sorex  moschatus  ,  Lin.  )  BujQT.  X^  i. 

Presque  aussi  grand  qu'un  hérisson,  d'un  gris-cendré  , 
fort  commun  le  long  des  rivières  et  des  lacs  de  la  Russie 
méridionale.  Il  s'j  nourrit  de  vers ,  de  larves  d'insectes  , 
et  surtout  de  sangsues ,  qu'il  retire  aisément  de  la  vase 
avec  son  museau  mobile  y  son  terrier ,  creusé  dans  la  berge  , 
commence  sous  l'eau  ,  et  s'élève  de  manière  que  le  fond 
reste  au-dessus  du  niveau  dans  les  plus  grandes  eaux.  Cet 
animal  ne  vient  point  à  sec  volontairement-,  mais  on  en 
prend  beaucoup  dans  les  filets  à  poissons.  Son  odeur  mus- 
quée vient  d'une  pommade  sécrétée  dans  de  petits  folli- 
cules qu'il  a  sous  la  queue.  Elle  se  communique  même  à  la 
chair  des  brochets  qui  mangent  des  desmans. 

On  trouve  dans  les  ruisseaux  des  Pyrénées  une  petite  es- 
pèce de  ce  genre  ,  que  M.  Geoffroi  a  fait  connaître.  Ann,  du 
Mus.  ,  lom.  XVll  5  pi.  IV ,  f.  I . 

Les  Scalopes.  (Scalops,  Cuv.) 

Joignent  aux  dents  des  desmans ,  et  au  museau 
simplement  pointu  des  musaraignes,  des  mains  larges 
et  armées  d'ongles  forts ,  en  un  mot  propres  à  creuser 


CAPtN  ASSIERS,  l35 

la  terre  ,  et  eiilièrement  semblables  à  celles  des  taupes* 

Aussi  ont-ils  le  même  genre  de  -vie. 

La  seule  espèce  connue , 

Lie  Scalope  du  Canada.  (  Sorex  aquailcus ,  Lin.)  Sclireb. , 

CLVIIÏ. 

Paraît  habiter  dans  une  très-grande  partie  de  l'Amérique 
septentrionale  ,  le  long  des  rivières. 

Les  CmiYSocHLORES  (Chrysochloris,  Lacep.  ) 

Ont  encore ,  comme  les  deux  genres  précédens , 
deux  incisives  en  haut  et  quatre  en  bas;  mais  leur 
museau  est  court,  large  et  relevé ,  et  leurs  pieds  de 
devant  ont  seulement  trois  ongles  ,  dont  Fextérieur 
très-sros  et  les  autres  allant  en  diminuant  :  ceux  de 
derrière  en  ont  cinq.  Ce  sont  aussi  des  animaux 
souterrains,  dont  l'avant-bras  est  soutenu,  pour  creu- 
ser, par  un  troisième  os  placé  sous  le  cubitus. 

La  Chrysochlore  du  Cap  ,  vulg.  ïaupe  dorée.  (  Talpa  asia- 
f/frt,  Lin.)  Sclireb. ,  CLVII^  et  mieux,  Brown. ,  IILXLY. 

Un  peu  moindre  que  nos  taupes  ,  sans  queue  apparente  ; 
le  seul  quadrupède  connu  qui  présente  quelques  nuances  de 
ces  beaux  reflets  métalliques  dont  brillent  tant  d'oiseaux , 
de  poissons  et  d'insectes.  Son  poil  est  d^un  vert  c]iange«nt 
on  couleur  de  cuivre  ou  de  bronze  ;  ses  oreilles  n'ont  au- 
cune conque,  et  l'an  ne  peut  apercevoir  ses  yeux  (i). 

La  seconde   tribu  des  insectivores  a  quatre 

(i)  La  taupe  rouge  d'Amérique  de  SéLa  ,  I  ,  pi.  xxxii ,  f .  i  ,  (  talpa 
iiibra  L.  )  est  irès-prohablement  du  genre  de  la  clirysoclore  j  mais  le  tiican 
de  Fernandes  ;  ap.  XXIV,  que  l'on  confond  avec  elle  ,  paraît  plutôt  un 
rat-taupe  ,  h.  cause  de  ses  deux  longues  dents  à  chaque  mâchoire  et  de  son 
régime  vége'taL  C'est  probablement  aussi  à  cette  première  tribu  de«  insecti- 
vores qu'appartient  \a.  taupe  à  longue  queue,  penn,  arct.  zool.  n°  68  j 
mais  on  hq  connaît  pas  assez  sa  dentition  pour  la  placer. 


ï66  MAMMIFÈRES. 

grandes  canines  écartées  5  entre  lesquelles  sont  de 
petites  incisives,  ce  qui  est  la  disposition  la  plus 
ordinaire  aux  quadrumanes  et  aux  carnassiers. 

On  y  retrouve  des  formes  et  des  habitudes 
analogues  à  celles  de  la  tribu  précédente.  Ainsi 
Les  Tenrecs,  Cuv.  (CENTENES^lligor.) 

Ont  le  corps  couvert  d'épines  comme  celui  des 
hérissons  ;  mais ,  outre  la  grande  différence  de  leurs 
dents,  il  manque  aux  tenrecs  la  faculté  de  se  rouler 
aussi  complètement  en  boule  :  ils  n'ont  pas  de  queue; 
leur  museau  est  très-pointu.  On  en  trouve  à  Mada- 
gascar trois  espèces  j  dont  la  première  a  été  natura- 
lisée à  rile-de-France.  Ce  sont  des  animaux  noc- 
turnes ,  qui  passent  trois  mois  de  Tannée  en  léthargie  , 
quoique  habitans  de  la  zone  torride.  Bruguière  assure 
mémeque  c'est  pendant  les  plus  grandes  chaleurs  qu'ils 
dorment. 

Le  Tenrec.  {Erinaceus  ecaudaius ,  Lin.)  Buff. ,  Xïl ,  lvi. 

Couvert  de  piquans  roides  ,  à  incisives  échancrées  ,  au 
nombre  de  quatre  seulement  en  bas.  C'est  le  plus  grand  des 
trois  :  il  surpasse  notre  hérisson. 
Le  l'endrac.  (  Erinaceus  setosus ,  Lin.  )  Buff.  XII  ,  lvii. 
A  piquans  plus  flexibles ,  plus  semblables  à  des  soies  ;  à  six 
incisives  écliancréesà  chaque  mâchoires. 

Le   Tenrec  rayé  (i),  {Erinaceus  semispinosus.  ) 
Couvert  de  soies  et  de  piquans  mêlés,  rayé  de  jaune  et 


(i)  Buff.  Suppl.  m,  pi.  xxxvTi  ,  l'a  pris  ,  mal  a  propos,  pour  un 
jeune  tenrec.  Soniierat  ,  voy.  à  h  Chine ,  II ,  p.  î/\6,  en  ciccrit  mal  les. 
deuts« 


CARNASSIERS.  iSy 

Je  noir;  ses  incisives  au  nombre  de  six,  et  ses  canines,  sont 
toutes  grêles  et  crochues  :  il  est  à  peine  de  la  taille  d'une 
jLaupe. 

Les  Taupes.  (  Talpa  ,  Lin.  ) 

Sont  connues  de  tout  le  monde  par  leur  vie  sou- 
terraine, et  par  leur  forme  éminemment  appropriée 
à  ce  genre  de  vie. 

Un  bras  très  -  court ,  attaché  par  une  longue  omo- 
plate, soutenu  par  une  clavicule  vigoureuse,  muni 
de  muscles  énormes,  porte  une  main  extrêmement 
large  ,  dont  la  paume  est  toujours  tournée  en  dehors 
ou  en  arrière  :  cette  main  est  tranchante  à  son  bord 
inférieur  ;  on  y  distingue  à  peine  les  doigts  ;  mais  les 
ongles  qui  les  terminent  sont  longs ,  forts ,  plats  et 
tranchans.  Tel  est  l'instrument  que  la  taupe  emploie 
pour  déchirer  la  terre  et  pour  la  pousser  en  arrière. 
Son  sternum  a ,  comme  celui  des  oiseaux  et  des 
cbauve-souris  ,  une  arête  qui  donne  aux  muscles 
pectoraux  la  grandeur  nécessaire  à  leurs  fonctions. 
Pour  percer  la  terre  et  la  soulever ,  la  taupe  se  sert 
de  sa  tête  allongée  ,  pointue  ,  dont  le  museau  est 
armé  au  bout  d'un  osselet  particulier ,  et  dont  les 
muscles  cervicaux  sont  extrêmement  vigoureux.  Le 
ligrament  cervical  s'ossifie  même  entièrement.  Le 
train  de  derrière  est  faible  ,  et  l'animal ,  sur  la  terre  , 
se  meut  aussi  péniblement  qu'il  le  fait  avec  vitesse 
dessous.  Il  a  l'ouïe  très-fine  et  le  tympan  très-large , 
quoique  l'oreille  externe  lui  manque;  mais  son  œil 
rsl  si  petit,  et  tellement  caché  par  le  poil,  qu'on  en 
a  nié  long-temps  l'existence.  Ses  mâchoires  sont 
iaibles,  et  sa  nourriture  çouf^isle  en  insectes^  en  vers 


l38  MAMMIFÈRES. 

et  en  quelques   racines  tendres.  On  lui  compte  six 
incisives  en  haut  ^  huit  en  bas. 

Noire  Taupe  commune,  (Talpa  europœa ^  Lin.)   Bufî^ 

YIIÏ,  XII. 

A  museau  pointu  ,  à  poil  fin  et  noir  :  on  en  trouye 
quelques  individus  blancs  ,  fauves  et  pies.  C'est  un  animcd 
très-incommode  par  les  dégâts  qu'il  fait  dans  les  terrains 
cultivés. 

La   Taupe  à  museau  étoile  du  Canada.  (  Talpa  cris- 
tata,  —  Sorex  cristatus  ,  Lin.  )  (ij. 

A  les  deux  narines  entourées  de  petites  pointes  cartilagi- 
neuses et  mobiles ,  qui  représentent  une  sorte  d'étoile  quand 
eltes  s'écartent  en  rayonnant.  Elle  est  moindre  que  notre 
taupe ,  noirâtre ,  et  a  la  queue  moitié  plus  courte  que  le 
corps  et  un  peu  velue. 

LES  CARNIVORES 
Formeront  une  troisième  famille  de  carnassiers. 

Quoique  l'épithète  de  carnassiers  convienne 
à  tous  les  onguiculés  a  trois  sortes  de  dents  non 
quadrumanes,  puisque  tous  se  nourrissent  plus 
ou  moins  de  matières  animales ,  cependant  il  en 
est  beaucoup,  et  spécialement  les  deux  familles 
précédentes,  que  leur  faiblesse  et  les  tubercules 
coniques  de  leur  mâchelières  réduisent  presque 
à  vivre  d'insectes.  C'est  dans  la  famille  actuelle 


(t)  Nous  nous  sommes  assurés  ,  par  l'inspection  de  ses  dents  ,  que  c'est 
une  vraie  taupe  et  non  pas  un  sorex.  C'est  le  condylura  d'Iliger  ,  mais  l?s 
caractères  ,  pris  de  la  figure  de  La  Faille  et  de  Buff. ,  suppl.   VI ,  xxxv^?,  . 

en  sont  faux. 


CARNASSIERS.  iSg 

que  Tappétit  sanguinaire  se  joint  à  la  force  né- 
cessaire pour  y  subvenir.  Elle  a  toujours  quatre 
grosses  et  longues  canines  écartées  ,  entre  les- 
quelles sont  six  insives  à  chaque  mâchoire,  dont 
la  seconde  des  inférieures  a  toujours  sa  racine 
un  peu  plus  rentrée  que  les  autres.  Ses  molaires 
sont  toujours  ,  ou  entièrement  tranchantes  , 
ou  mêlées  seulement  de  parties  a  tubercules 
mousses  ,  et  jamais  hérissées  de  pointes  co- 
niques. 

Ces  animaux  sont  d'autant  plus  exclusive- 
ment carnivores  que  leurs  dents  sont  plus  com- 
plètement tranchantes ,  et  l'on  peut  presque 
calculer  la  proportion  de  leur  régime  d'après 
l'étendue  de  la  surface  tuberculeuse  de  leurs 
dents  comparée  à  la  partie  tranchante.  Les 
ours  c]ui  peuvent  entièrement  se  nourrir  de 
végétaux  j  ont  presque  toutes  leurs  dents  tuber- 
culeuses. 

Les  molaires  antérieures  sont  les  plus  tran- 
chantes ^  ensuite  vient  une  molaire  plus  grosse 
que  les  autres,  qui  a  d'ordinaire  un  talon  plus  ou 
moins  large  tuberculeux ,  et  derrière  elle  on 
trouve  une  ou  deux  petites  dents  entièrement 
plates.  Aussi ,  c'est  avec  ces  petites  dents  du 
fond  de  la  bouche  queles  chiens  mâchent  l'herbe 
qaiis  avalent  quelrpiefois.  Nous  appellerons  , 


1  lO  '  MAMMIFÈRES. 

avec  M.  Frédéric  Cuvier  ,  cette  grosse  molaire 
d'en  haut ,  et  celle  qui  lui  répond  en  bas  ,  car- 
nassières ,  les  antérieures  pointues ,  fausses 
molaires  ,  et  les  postérieures  mousses  ,  tuber- 
culeuses. 

On  conçoit  facilement  que  les  genres  qui  ont 
moins  de  molaires  ,  et  dont  les  mâchoires  sont 
plus  courtes  ,  sont  ceux  qui  ont  le  plus  de  force 
poiu^  mordre. 

C'est  d'après  ces  différences  que  les  genres 
peuvent  s'établir  le  plus  sûrement. 

Il  faut  cependant  y  joindre  la  considération 
du  pied  de  derrière. 

Plusieurs  genres  appuient,  comme  tous  ceux 
des  deux  familles  précédentes ,  la  plante  en- 
tière du  pied  sur  la  terre  ,  lorsqu'ils  marchent 
ou  qu'ils  se  tiennent  de  bout ,  et  l'on  s'en 
aperçoit  aisément  par  l'absence  de  poils  sous 
toute  cette  partie. 

D'autres  en  plus  grand  nombre  ne  marchent 
que  sur  le  bout  des  doigts  en  relevant  tout  le 
tarse.  Leur  course  est  plus  rapide  ,  et  a  cette 
première  différence  s'en  joignent  beaucoup 
d'autres  dans  les  habitudes  et  même  dans  la 
conformation  intérieure.  Les  uns  et  les  autres 
n'ont  pour  toute  clavicule  qu'un  rudiment 
osseux  suspendu  dans  les  chairs. 


C  Â  li  N  A  s  s  I  E  K  $.  1  4  I 

LES   PLANTIGRADES. 

Forment  cette  première  tribu  ,  qui  marche 
sur  la  plante  entière  ,  ce  qui  leur  donne  plus  de 
facilité  pour  se  dresser  sur  leurs  pieds  de  der- 
rière. Ils  participent  à  la  lenteur,  a  la  vie  noc- 
turne des  insectivores  ,  et  mancpent ,  comme 
eux  5  de  cœcum  :  la  plupart  de  ceux  des  pays 
froids  passent  Fhiver  en  léthargie.  Ils  ont  tous 
cinq  doigts  a  tous  les  pieds. 

Les  Ours,  (Ursus.  Lin.) 

Ont  trois  grosses  molaires  de  fchaque  coté  (i),  dans 
chaque  mâchoire  ,  entièrement  tuberculeuses;  aussi, 
malgré  leur  extrême  force ,  ne  mangent-ils  guère  de 
chair  que  par  nécessité.  C'est  la  pénultième  d'en  haut 
qui  représente  la  carnassière;  la  dernière,  qui  re- 
présente une  tuberculeuse  ,  est  la  plus  grande  de 
toutes  ;  'en  avant  des  trois ,  est  encore  une  molaire 
pointue ,  et  dans  l'intervalle  entre  elle  et  la  canine , 
une  ou  deux  très-petites  dents  simples  espacées,  et 
qui  tombent  souvent  sans  inconvénient. 

Ce  sont  de  grands  animauxà  corps  trapu,  à. mem- 
bres épais,  à  queue  très-courte  :  le  cartilage  de  leur 
nez  est  prolongé  et  mobile.  Ils  se  creusent  des  antres 
ou  se  construisent  des  cabanes  où  ils  passent  l'hiver 
dans  ime  somnolence  plus  ou  moins  profonde ,  et 

(i)  iV.  B.  Nous  ne  répéterons  plus  ces  mots  de  chaque  coté ,  etc. . .  il 
est  entendu  que  nous  ne  parlerons  plus  que  des  molaires  d'un  côté  ,  celles 
tU-  l'anire  étftal  le»  Uièmcs. 


l421  MAMMIFÈRES. 

sans  prendre  d'alimens.  C'est  dans  cette  retraite  qiîê 

la  femelle  met  Jjas. 

Les   espèces  ne  se  distinguent  pas  aisément  par 

des  caractères  sensibles.  On  compte  : 

JJOurs  brun  d^  Europe.   (  Ursus  arctos  j  Lin.),  BulF. , 

YIII  ,  XXXI. 

A  front  convexe  ,  à  pelage  brun ,  plus  ou  moins  laineux  ; 
on  en  voit  de  presque  jaunes,  d'autres  d'un  brun  lisse  à  re- 
flet, presque  argentés  :. la  hauteur  relative  de  leurs  jambes 
varie  également ,  et  le  tout  sans  rapport  constant  avec  l'âge 
ou  le  sexe.  La  livrée  du  premier  âge  est  un  collier  blan- 
châtre. Cet  animal  habite  dans  les  hautes  montagnes  et 
dans  les  grandes  forêls  de  toute  l'Europe  et  d'un  grande 
partie  de  l'Asie  j  il  s'accouple  en  juin,  met  bas  en  janvier  ; 
niche  quelquefois  très-haut  dans  des  arbres  j  sa  chair  est 
bonne  à  manger  quand  il  est  jeune  :  on  estime  ses  pâtes  à 
tout  âge. 

On  croit  pouvoir  en  distinguer  Vours  noir  d* Europe  :  ceux 
qu'on  nous  a  donnés  pour  tels,  avaient  le  front  plat  et  le 
pelage  laineux  et  noirâtre-,  Vours  des  Indes ,  h.  pelage  noi- 
râtre, avec  une  tache  blanche  sur  la  poitrine  j  etc.... 

Une  espèce  plus  certainement  différente  )  est 

UOurs  noir  d'Amérique,  (  Ursus  yimericanus ,  Gm. 
Cuv. ,  Ménag.  du  Mus. ,  in-8'* ,  II,  p.  ij3. 
A  front  plat,  pelage  noir  et  lisse  ,  à  museau  fauve.  Nous 
lui  avons  toujours  trouvé  les  petites  dents  derrière  la  canine 
plus  nombreuses  qu'aux  ours  d'Europe  :  il  a  quelquefois 
un  tache  fauve  au-dessus  de  chaque  céil,  et  du  blanc  ou  du 
fauve  à  la  gorge  ou  à  la  poitrine.  On  en  a  vu  des  individus 
entièrement  fauves.  Il  vit  ordinairement  de  fruits  sauvages  , 
dévaste  souvent  les  champs,  et  se  rend  à  la  côte  ,  pour  y 
pécher,  quand  le  poisson  est  abondant.  Il  n'attaque  guère 
les  quadrupèdes  que  faute  d'alimens.  On  estime  sa  chair. 

On  dit  qu'il  y  a  encore  en  Amérique  un  ours  gris  plus 
grand  que  le  noir ,  mais  qui  n'a  pas  été  décrit  avec  soin. 


CARNASSIERS.  ll\3 

UOurs  blanc  de  lamer  glaciale.  (  Ursus maritimus.  Lin.) 
Cuv. ,  Ménag.  du  Mus.,  in-S"  ,  p.  68. 

Est  encore  une  espèce  bien  distincte  par  sa  tête  allongée 
et  applalie  ,  et  par  son  pelage  Liane  et  lisse.  Il  poursuit  les 
phoques  et  autres  animaux  marins.  Des  récils  exagérés  de 
de  sa  voracité  Pont  rendu  fort  célèbre. 

Les  Ratons  (Procyon.  Storr.  ) 

Ont  trois  arrière-molaires  tii])erciileuses ,  el  trois 
petites  molaires  pointues  en  avant ,  formant, une  sé^ 
rie  conlirme  jusq^aux  canines.  Leur  queue  est  lon- 
gue 3  mais  tout  le  reste  de  leur  extérieur  représente 
en  petit  celui  de  Tours.  Ils  n'appuient  la  plantq  entière 
du  pied  que  lorsqu'ils  sont  arrêtés  y  et  relèvent  le 
talon  quand  ils  marchent. 

Le  Raton  on  Raccoon  des  Anglo-Américains,  Mapach  des 
Mexicains.  (  Ursiis  lotor ,  Lin.  )  BufF.,  YI1I_,  xi.111. 

Gris-brun,  le  museau  blanc,  un  trait  brun  en  travers  des 
yeux,  la  queue  annelée  de  brun  et  de  blanc  ;  animal  de  la 
taille  d'un  blaireau,  assez  facile  à  apprivoiser,  qui  ne 
mange  rien  sans  l'avoir  plongé  dans  l'eau.  Il  vient  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  se  nourrit  d'oeufs,  cUasse  aux  oi- 
seaux, etc.... 

Le  Raton  crabier,  (  Ursus  cajicrivorus.  )  BufF.  ,  sup.  YI , 

XXXII. 

Cendré-brun  clair  uniforme  -,  les  anneaux  de  la  queue 
moins  marqués.  De  l'Amérique  méridionale.    - 

Les  Coatis  (Nasua^  Storr.  ) 

Joignent  aux  dents,  à  la  queue  ^  à  la  vie  nocturne 
et  à  la  marclie  traînante  des  ratons ,  un  nez  sing^u- 
lièrement  allongé  et  mobile.  Leurs  pieds  sont  à  demi- 
palmés  ,  et  cependant  ils  grimpent  aux  arbres  •  leurs 
ongles  allongés  leur  servent  à  fouir.  Ils  viennent  des 


l44  MAMMIFÈRES. 

parties  chaudes  de  rAmérique ,  et  se  nourrisserit  a 
peu  près  comme  nos  martes. 

Le  Coati  roux,  {^riverra  nasua ^  Lin.) Buff.  "VIII,  xlviii. 

Fauve-roussâtre  ,  le  museau  et  des  anneaux  à  la  queue 
bruns. 

Le  Coati  brun.  [Viverra  narica  ,  Lin.)  Buff.  VIII ,  XLvnr. 

Brun  ,  des  taches  hlanches  à  l'œil  et  au  museau. 

On  ne  peut  guère  placer  qu'ici  le  genre  singulier 

des  KiNKAJOus  ou  Potto,Cuv.  (^Cercoleptes ^  Iliger), 

qui  joint  à  la  marche  plantigrade,  une  queue  longue  et 

prenante  comme  celle   des  sapajous  ,    un  museau 

court,  une  langue  grêle  et  extensible;  deux  mâche- 

lières  pointues  en  avant,  et  trois  tuberculeuses  en 

arrière. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  (  viverra  caudipoluula  , 
Gm.  )  Buff.  7  sup.  m ,  L ,  des  parties  chaudes  de  l'Amérique 
et  de  quelques-unes  des  grandes  Antilles ,  où  elle  se  nomme 
poto  ;  grande  comme  vme  fouine^  à  poil  laineux,  d'un  gris 
ou  brun  jaunâtre  -,  nocturne,  d'un  naturel  assez  doux,  et 
pouvant  vivre  de  fruitS;  de  miel ,  de  lait ,  de  sang,  etc.*. 

Les  Blaireaux  (  Mêles,  Storr.) 

Que  Linnaeus  plaçait,  comme  les  ratons,  dans  le 
genre  des  ours ,  ont  une  très-petite  dent  derrière  la 
canine,  puis  deux  molaires  pointues,  suivies  en  haut 
d'une  que  l'on  commence  à  reconnaître  pour  carnas-- 
sière  au  vestige  de  tranchant  qui  se  montre  sur  son 
côté  externe  ;  derrière  elle  en  est  une  tuberculeuse 
carrée  ,  la  plus  grande  de  toutes  j  en  bas  ,  la  pénul- 
tième commence  aussi  à  montrer  de  la  ressemblance 
avec  les  carnassières  inférieures  ;  mais  comme  elle  a 
à  son  bord  interne  deux  tubercules  aussi  élevés  que 


\ 

CARNASSIERS.  1^5 

son  tranchant ,  elle  joue  le  rôle  de  tuberculeuse  :  la 
dernière  est  très-petite. 

Ce  sont  d^s  animaux  à  marche  rampante  et  à  vie 
nocturne  comme  tous  les  précédens  ,  dont  la  queue 
est  courte,  les  doigts  très-engagés  dans  la  peau,  et 
qui  se  distinguent  en  outre  éminemment  par  une 
poche  située  sous  la  queue,  et  d'où  suinte  une  hu- 
meur grasse  et  fétide.  Leurs  ongles  de  devant  très* 
allongés  ,  les  rendent  habiles  à  fouir  la  terre. 

"Le Blaireau  d'' Europe.  (Ursus  mêles  ,  Lin.)  BufiT. ,  VU,  vir. 

Grisâtre  dessus,  noir  dessous,  uue  bande  noirâtre  d« 
eliaque  côté  de  la  télé. 

Les  Gloutons  (  Gulo  ,  Storr.  ) 

"  Avaient  aussi  été  placés  dans  le  genre  des  ours, 
parLinnaeus;  mais  ils  se  rapprochent  davantage  des 
martes  par  leurs  dénis,  aussi-bien  que  par  tout  leur 
naturel ,  et  ne  tiennent  plus  aux  ours  que  par  leur 
marche  plantigrade.  Ils  ont  trois  fausses  molaires  en 
haut  et  quatre  en  bas,  en  avant  de  la  carnassière,  et 
une  petite  tuberculeuse  derrière  elle,  dont  la  supé- 
rieure est  plus  large  que  longue.  Leur  carnassière  su- 
périeure n'a  qu'un  petit  tubercule.  Ce  sont  des  ani- 
maux à  queue  médiocre,  avec  un  pli  dessous  au  lieu 
de  poche  ,  et  d'ailleurs  assez  semblables  aux  blaireaux 
pour  le  port. 

L'espèce  la  plus  célèbre  est  le  glouton  du  nord,  rossomak 
des  Russes  {Ursus  Gulo,  Lin.)  Buff.  ^  sup.  lîl ,  xlviii 
Grand  comme  notre  blaireau,  ordinairement  d'un  beau 
poil  marron  foncé,  avec  un  disque  plus  brun  sur  le  dos, 
mais  quelquefois  de  teintes  plus  pâles.  Il  babite  les  pays  les 
plus  glacés  du  nord,  passe  pour  très-cruel  ,  cliasse  la  nuit , 

T03ÎE    I.  lO 


i  46  iVÎ  A  M  31  I  F  È  P,  E  S. 

De  s'assoupit  point' pentîanl  l'hiver  ,  se  rend  maître  des  plus 
grands  r.iiiniaiix ,  en  sautant  sur  eux  de  dessus  un  ar- 
bre. Sa  voracité  a  été  lidiculeraent  exagérée  par  quelques 
auteurs. 

Le  Foyerenne  du  nord  de  V^meritjue.  {Ursiisluscus  y 

Lin.  )  Edw. ,  Cin. 

Ke  paraît  pas  en  différer  par  des  caractères  constans.  H  a 
des  teintes  en  général  plus  pâles. 

Les  pays  chauds  produisent  quelques  espèces  qui  ne  peu- 
vent être  rangées  qu'auprès  des  gloutons  ,  n'en  différant  que 
par  une  fausse  molaire  de  noins  à  chaque  mâclioire  ,  et  par 
une  longue  queue.  Telles  sont  celles  que  les  Espagnols  d'A- 
mérique nomment  furets  ( /iMro/i5;  ^  et  qui,  ayant  en  effet 
les  dents  de  nos  putois  et  de  nos  furets  ,  ont  aussi  le  même 
genre  de  vie  ;  mais  elles  s'en  distinguent  par  leur  marche 
»    plantigrade. 

Le  Grison  {^Flverra  vittata ,  Lin.)  Buff. ,  sup  ,  VIII;, 

xxiii  et  XXV. 

Noir  ,  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou  gris  ^  une  bande 
blanche  allant  du  front  aux  épaules. 

Le  Taira.  (Mustela  Barbara.  Lin.)  Buff.,  sup.  ,  YII,lx. 

Brun  ,  le  dessus  de  la  tête  gris^  une  large  tache  blanche 
sous  la  gorge. 

Ces  deux  animaux  s'étendent  dans  toutes  les  parties  chau- 
des de  l'Amérique,  et  répandent  une  odeur  de  musc.  Leurs 
pieds  sont  un  peu  palmés,  et  il  paraît  qu'on  les  a  pris  quel- 
quefois pour  des  loutres  (i). 

C'est  probablement  encore  à  la  suite  des  gloutons  et  des 
grisons  qu'il  faudra  placer  le  ratel  {vwerra  mellivora  etviv, 
capensis)^  animal  de  la  taille  du  blaireau,  gris  dessus,  noir 


(1)  On  juge  par  la  descripliou  que  Margrave  donne  de  son  carùjueiheîu 
<Jout  Buffon  a  appliqué  le  nom  à  sa  saricoyicnne ,  vol.  Xllï,  p.  3i«)  , 
^u*il  a  entendu  parler  du  taira. 


C  A  K^^  ASSIEDS.  "     147 

tlessous  ,  avec  une  ligne  blaiiclie  entre  ces  <^eux  couleurs  , 
qui  habile  au  cap  de  Bonne-Espérance,  et  creuse  la  terre 
avec  ses  longues  griffes  de  devant  pour  découvrir  les  rayons 
de  miel  qu'y  déposent  les  abeilles  sauvages.  On  ne  le  con- 
naît que  par  une  descriplion  incomplète  de  Sparrinajin. 

LES  DIGITIGRADES 

Forment  la  seconde  tribu  des  carnivores, 
celle  c[ui  marche  sur  le  bout  des  doigts. 

Il  y  en  a  une  première  subdivision  c[ui  n'ont 
qu'une  tuberculeuse  en  arrière  de  la  carnassicre 
d'en  liaut^  ce  sont  les  animaux  que  l'on  a  nom- 
més vermifbrmes,  à  cause  de  la  longueur  de 
leur  corps  et  de  la  brièveté  de  leurs  pieds  ,  cjui 
leur  permet  de  passer  par  les  plus  petiles  ouver- 
tures.  Ils  manquent  de  cœcum  comme  tous 
les  précédens ,  mais  ne  tombent  point  l'hiver 
en  léthargie.  Quoique  petits  et  faibles  ,  ils  sont 
très-cruels  ,  et  vivent  surtout  de  sang.  Linnaeus 
n'en  faisait  c[u'un  genre  ,  celui  des 

Martes.  (  Mustela  ,  Lin.) 

Que  nous  diviserons  en  quatre  sous-genres. 
Les  Putois.  (Putorius.  Cuv. ) 

Sont  les  plus  sanguinaires  de  tous;  leur  carnassière  d'en 
bas  n'a  point  de  tubercule  intérieur;  leur  tuberculeuse  d'en 
îiaut  est  plus  large  que  longue;  ils  n'ont  que  deux  fausses 
molaires  en  haut  et  trois  en  bas.  On  les  reconnaît  à  l'extérieur 
à  leur  museau  un  peu  plus  court  et  plus  gros  que  celui  des 
'uarles.  Ils  répandent  tous  une  odeur  infecte. 


l48     °  MAM^IIiÈRES. 

Le  putois  commun,  {Mustela  putorius.  L.  )Buff.  ^  Vll^xsiir, 

Brun,  à  flancs  jaunâtres  avec  des  taclies  Llanches  à  la 
tète,  est  la  terreur  des  poulaillers  et  des  garennes. 

'Le  Furet,  [Mustelafuro.  L.)  Buff.  ,\1I,  xxv^xxvi. 

Jaunâtre  avec  des  yeux  roses,  n'est  peut-être  qu^nie 
Tariété  du  putois.  On  ne  le  trouve  en  France  que  domestique^, 
et  on  l'y  emploie  pour  poursuivre  les  lapins  dans  leurs 
terriers.  Il  nous  vient  d'Espagne  et  de  Barbarie. 

lue  Putois  de  Pologne  on  perouasca.  {Mustela  sarmatica.) 
Pall. ,  Spic.   Zool.^XlV,  IV,  ijSchreb.,  CXXXil. 

Brun  tacheté  partout  de  jaune  et  de  blanc.  Sa  peau 
s'emploie  en  fourrures  à  cause  de  sa  jolie  bigarrure.  II 
habite  toute  la  Russie  méridionale ,  l'Asie  mineure  et  les 
côtes  de  la  mer  Caspienne. 

C'est  aussi  aux  putois  que  se  rapportent  deux  petites 
espèces  de  nos  climats. 

La  Belette.  {Mustela  vulgaris.  L.  )  Buff. ,  VII,  xxix,  i. 

Toute  d'un  roux  uniforme ,  et 

1/ Hermine.  { Mustela  erminea,  L.  )  Buff. ,  VII  j  xxix,  2  j 

XXXI,    I. 

Qui  est  rousse  en  été,  blanche  en  hiver,  avec  le  bout 
de  la  queue  noir  en  tout  temps.  Sa  peau  d'hiver  est  une 
des  fourrures  les  plus  connues. 

Il  est  probable  qu'il  faut  j  rapporter  encore 

Le   Putois  de  Sibérie,  {Musîela  Sihirica,  Pall.)  Spic. 

Zool.,  XIV,  IV,  2. 

Tout  d'un  fauve  clair  uniforme,  et 

Le  Mink  y  norek ,  noerz  ou  putois  des  rii^ières  du  nord.  { Mus^ 
tela  lutreola.VaW.)  Spic.  Zool. ,  XIV,  111,  i.LesMém. 
de  Stockh.,  lySg  ,  pi.  xi. 

Qui  fréquente  le  bord  des  eaux,  dans  le  nord  et  l'orient 
de  l'Europe,  depuis  la  mer  Glaciale  jusqu'à  la  Mer-Noire  , 
s'y  nourrit  de  grenouille*  et  d'écrevissesj  et  a  l^s  pieds  «u 


Carnassiers.  ï49 

pru  palmés  entre  les  hases  des  doigts,  mais  que  se/S  dents  e-t 
sa  queue  ronde  rapprochent  des  putois  plus  que  des  loutres. 
Il  est  brun  ,  à  mâchoire  blanchâtre  j  son  odeur  n'esX  que 
musquée  et  sa  fourrure  est  fort  belle* 

Le  Putois  du  Cap.  (  Zorille  de  BufF.  Fwerra  zotilla.  Gm.  ) 

BufF.,Xin,XLT. 
Rayé  irrégulièrement  de  blanc  et  de  noir,  que  l'on  a 
confondu  avec  les  mouffettes  au  point  de  lui  transporter  le 
nom  de  zorillo  (  renardeau  )  que  les  Espagnols  ont  appliqué 
à  ces  animaux  fétides  d'Amérique,  n'a  de  commun  avec 
elles  que  ses  ongles  propres  à  fouir.  Ils  indiquent  un  genre 
de  vie  souterrain  qui  pourrait  engager  à  distinguer  cette 
espèce  des  autres  putois. 

Les  Martes  proprement  dites.  (  Mustela.  Guv.) 

DilTërent  des  putois  par  une  fausse  molaire  de  plus  en  haut 
et  en  bas  et  par  un  petit  tubercule  intérieur  à  leur  carnassière 
d'en  bas,  deux  caractères  qui  diminuent  un  peu  la  cruauté 
de  leur  nature. 

L'Europe  en  a  deux  espèces  très-voisines  -, 

La  Marte  commune.  (  Mustla  martes.  L.  )  Buff. ,  VIÎ ,  sxir. 

Brune  avec  une  tache  jaune  sous  la  gorge,  habile  les  bois. 

La  Fouine.    {Mustela  foina.  L.)   Bufl'.,  \II,   xvjir. 

Brune  avec  tout  le  dessous  de  la  gorge  et  du  col  blan- 
châtre, fréquente  les  maisons.  L'une  et  l'autre  font  beaucoup 
de  dégât.  ^  o 

On  en  connaît  une  espèce  de  Sibérie, 

La  Marte  zihelline.  {^Mustela  zibellina.)  Palî. ,  Spic. 
Zooî. ,  XIV,  III ,  2  ;  Schreb. ,  CXXXVÏ.      - 

Si  célèbre  par  sa  riche  fourrure  ;  elle  est  brune  avec 
quelques  taches  de  blanchâtre  à  la  tête,  et  se  distingue  des 
précédentes  parce  qu'elle  a  du  poil  jusque  sous  les  doigts  3 
aussi  habite-t-elle  les  montaf^nes  les  plus  glacées.  Sa  chasse  , 
au  milieu  de  l'hiver,  dans  des  neiges  aliVeuse»,  est  l'une  dts 
plus  pénibles  que  l'on  connaisse.   C'est  la   recherclie   des 


I30  MAMMIFÈRES. 

zi])elines  qui  a  fait  découvrir  les  contrées  orientales  de  la 
Sibérie. 

L^Amérique  septentrionale  produit  aussi  plusieurs  martes 
que  les  voyageurs  et  les  naturalistes  ont  indiquées  sous  les 
noms  njal  déierminés  Ae pékan ^  vison  ^  mink ,  foiitereau  ,  etc. 

L'espèce  à  laquelle  nous  appliquerons  le  nom  de  vison 
(mitstela  vison)  est  toute  brune  avec  la  petite  pointe  du 
menton  blanche  :  c'est  une  fourrure  brillante.  On  la  trouve 
au  Canada  et  dans  les  Etats-Unis  (i). 

Celle  que  nous  nommerons  pékan  ,  et  qui  vient  des  mêmes 
pays,  a  la  léte^  le  cou,  les  épaules  et  le  dessus  du  dos  mêlés 
de  gris  et  de  brun;  le  nez,  la  croupe,  la  queue  et  les 
membres  noirâtres  (2). 

Toutes  deux  ont  du  poil  sous  les  doigts. 

Les  Moufffttes.  (IMephitis.  Cuv.) 

Ont,  comme  les  putois, .deux  fiiusses  molaires  en  baut  et 
trois  en  bas  ;  mais  leur  tuberculeuse  supérieure  est  très- 
grande  et  aussi  longue  que  large  ,  et  leur  carnassière  inférieure 
a  deux  tubercules  à  son  côté  interne,  ce  qui  les  l'approche  des 
blaireaux  comme  les  putois  se  rapprochent  des  grisons  et  des 
gloutons.  Les  mouffettes  ont  d'ailleurs,  comme  les  blaireaux, 
les  ongles  de  devant  longs  et  propres  à  fouir;  la  ressemblance 
va  mètue  jusqu'à  la  distribution  des  couleurs  Dans  cette 
famille  remarquable  par  la  puanteur,  les  mouffettes  se  font 
remarquer  par  une  puanteur  })lus  excessive  que  celle  des  autres 
espèces.  * 

Les  mouffettes  sont  généralement  rayées  de  blanc  sur  un 
fond  noirj  mais  elles  paraissent  varier  dans  les  mêmes 
espèces  par  le  nombre  des  raies,  et  on  ne  les  a  pas  suffi- 

(1)  C'est  le  must.  vison  Gra.  ,  mais  elle  n'a  pas  les  pieds  palmés  comme 
le  dit  Gmel.  Daubenton  ,  en  do'crivant  son  vison  ,  a  oublié  la  tache  blanche 
du  bout  de  la  mùclioire  inférieure. 

(a)  C'est  le  pékan  de  Daubenton  ^  m.  canadensis ,  Gra. ,  mais  il  n'y  a 
pas  toujours  du  bhnc  sous  la  gorge. 


C  A.y.  N  ASS  lEBS.  Î5ï 

samment  distinguées  entre  elles  (i;.  Toutes  celles  qui 
\iennent  d'Aniérique  oui  une  ([ueue  longue  et  touffue  ; 
mais  -M.  Lécbenaud  en  .1  dernièrement  rapporté  une  de 
Java  qui  n'a  point  de  queue  du  tout.  ♦ 

Les  Loutres.  (  Lutra.  Slorr.  ) 

Ont  trois  fausses  molaires  en  haut  et  en  bas,  un  fort  talonr 
à  la  carnassière  supérieure,  un  tubercule  au  côté  interne  de 
l'inférieure  et  une  grande  tuberculeuse  presque  aussi  longue 
que  large  en  haut  -,  leur  tète  est  comprimée  et  leur  langue 
demi-rudcr  Elles  se  distinguent  d'ailleurs  de  tous  les  sous- 
genres  précédens  par  leurs  pieds  palmés  et  par  leur  queue 
applatie  horizontalement,  deux  caractères  qui  en  font  des 
animaux  aquatiques  :  elles  se  nourrissent  de  poisson. 

La  Loutre  commune.  {Mustela  lutra,  L.)  Buff  ,  Vif ,  xi. 

Brune  dessus,  blanchâtre  dessous.  Des  rivières  d'Europe» 

La  Loutre  d' Amérique.  (  Mustela  lutra  Brasilienis,  Gm.) 

Toute  brune  on  fauvo,  à  gorge  blanche  ou  jaunâtre, 
un  peu  plus  grande  que  la  nôtre.  Des  rivières  des  deux 
Amériques. 

La  Loutre  de  mer.  {Mustela  lulris.  L.)  Schreb.^CXXVIIL 

Deux  fois  plus  grande  que  la  nôtre  ;  à  corps  très-allongé, 
à  queue  trois  fois  moindre  que  le  corps ,  à  pieds  de  derrière 
très-courts.  Son  pelage  noirâtre,  d'un  vif  éclat  de  velours 
est  la  plus  précieuse  de  toutes  les  fourrures  ;  il  y  a  souvent 
du  blanchâtre  à  la  tête.  Les  Anglais  et  les  Ilusses  vont 
chercher  cet  animal  dans  tout  le  nord  de  la  mer  Pacifique 
pour  vendre  sa  peau  à  la  Chine  et  au  Japon. 

La  deuxième  subdivision  des  digitigrades  a 
deux  tuberculeuses  plates  derrière  la  carnas- 
sière supérieure^jCjui  elle-même  a  un  talon  assez 

(1)  Voyez  à  ce  sujet  ce  que  nous  avons  dit  dans  no.-*  lech*  r  che*;  sur  I«5 
03  fossiles  ,  tome  IV,  art.  des  carnassiers  fossiles.  , 


l5'l  MAMMIFÈRES. 

large.  Ils  sont  carnassiers  ,  mais  sans  montrer 
l^eaucoup  de  courage  à  proportion  de  leurs 
forces  ;  et  vivent  souvent  de  charognes.  Ils  ont 
tous  un  petit  cœcum. 

Les  Chiens.  (CANis,Lin.) 

Ont  trois  fausses  molaires  en  haut,  quatre  en  bas  , 
et  deux  tuberculeuses  derrière  l'une  et  l'autre  carnas- 
sière :  la  première  supérieure  de  ces  tuberculeuses 
est  fort  grande.  Leur  carnassière  supérieure  n'a  qu'un 
petit  tubercule  en  dedans  ;  mais  l'inférieure  a  sa  pointe 
postérieure  tout-à-fait  tuberculeuse.  Leur  langue  est 
douce  ;  leurs  pieds  de  devant  ont  cinq  doigts ,  et  ceux 
de  derrière  quatre. 

Le  Chien  domestique.  (  Canis  familiaris.  L.  ) 

Se  dislingue  par  sa  qneue  recourbée  et  varie  d'ailleurs  à 
l'infini  pour  la  taille,  la  forme,  la  couleur  et  la  qualité  du 
poil.  C'est  la  conquête  la  plus  complète  ,  la  plus  singulière 
et  la  plus  utile  que  l'homme  ait  faite  j  toute  l'espèce  est 
devenue  notre  propriété  ;  chaque  individu  est  tout  entier  à 
son  maître,  prend  ses  mœurs  ,  connaît  et  défend  son  bien  , 
loi  reste  attaché  jusqu'à  sa  mort }  et  tout  cela  ne  vient  ni 
i\i\  besoin,  ni  de  la  contrainte,  mais  uniquement  de  la 
reconnaissance  et  d'une  véritable  amitié.  La  vitesse,  la  force 
et  l'odorat  du  chien  en  ont  fait  pour  l'homme  un  aHié 
puissant  contre  les  autres  animaux,  et  étaient  peut-être  né- 
cessaires à  l'établissement  de  la  société.  Il  est  le  seul  animal 
qui  ait  suivi  l'homme  par  toute  la  terre. 

Quelques  naturalistes  pensent  que  le  chien  est  un  loup, 
d'autres  que  c'est  \\\\  chacal  apprivoisé  :  les  chiens  redevenus 
sauvages  dans  des  îles  désertes,  ne  ressemblent  cependant  ni 
à  l'un  ni  à  l'autre.  Les  chiens  sauvages  et  ceux  des  pcMiples 
peu  civilises  ;  tels  que  les  habilans  de  la  nouvelle  Hollande, 


CARNASSIERS.  1 53 

<5Ht  les  oreilles  droites,  ce  qui  a  fait  croire  que  les  races 
-européennes  les  plus  voisines  du  premier  type  sont  notre 
'cliien  de  berger,  notre  cliien  loup;  mais  la  comparaison 
des  crânes  en  rapproche  davantage  le  matin  et  le  danois, 
iiprès  lesquels  viennent  le  chien  courant,  le  braque  et  le 
basset,  qui  ne  diffèrent  entre  eux  que  par  la  taille  et  les 
proportions  des  membres.  Le  lés^rier  est  plus  élancé  et  a 
des  sinus  frontaux  plus  petits  et  un  odorat  plus  faible. 
Le  chien  de  berger  et  le  chien  loup  reprennent  le»  oreilles 
droites  des  chiens  sauvages,  mais  avec  plus  de  développe- 
ment dans  le  cerveau,  qui  va  croissant  encore,  ainsi  que 
l'intelligence,  dans  le  barbet  et  dans  Vépagneul.  Le  dogue j 
d'un  autre  coté,  se  fait  remarquer  par  le  raccourcissement 
et  la  vigueur  des  mâchoires.  Les  petits  chiens  d'apparle- 
mens,  doguins  ^  èpagneuls , bichons ,  etc,  sont  les  produits 
les  plus  dégénérés ,  et  les  marques  les  plus  fortes  de  la  puis- 
sance que  l'homme  exerce  sur  la  nature  (i). 

Le  chien  naît  les  jeux  fermés  ;  ils  les  ouvre  le  dixième 
ou  le  douzième  jour  ;  ses  dents  commencent  à  changer  le 
quatrième  mois  ;  il  a  terminé  sa  croissance  à  deux  ans.  La 
femelle  porte  soixante-trois  jours  et  fait  de  six  à  douze 
petits.  Le  chien  est  vieux  à  quinze  ans  et  n'en  passe  guères 
vingt.  Chacun  connaît  sa  vigilance ,  sou  aboiement  ,  son 
mode  singulier  d'accouplement,  et  l'éducation  variée  dont 
il  est  susceptible. 

Le  Loup.  (  Canis  lupus.  L.  )  Buff. ,  VIÏ  ,  i. 

Grande  espèce  a  queue  droite ,  à  pelage  gris-fauve  ,  avec 
une  raie  noire  sur  les  jambes  de  devant  des  adultes  ,  est 
l'animal  carnassier  le  plus  nuisible  de  nos  contrées.  On  le 
trouve  depuis  l'Egjpte  jusqu'en  Laponie ,  et  il  paraît  être 
passé  en  Amérique.  Vers  le  nord,  son  pelage  devient  blanc 
en  hiver.  Il  attaque  tous  nos  animaux  ,  et  ne  montre  cepen- 


(a;  Voyez  Frédéric  Cuvier  ,  Ann.  mus.  XVÎIÎ  ,  p.  555  et  suiv. 


l54  MAMMIFÈRES, 

dont  pas  un  courage  proportionné  à  ses  forces.  Il  se  repaît 
souvent  de  charognes.  Ses  habitudes  et  son  développement 
j>hjsique  ont  beaucoup  de  rapports  avec  ceux  du  chien. 

Le  Loup  noir.  (  Canis  Ijcaon.  L.)  BulF. ,  IX ^  xli. 

Habite  aussi  en  Europe,  et  se  trouve  même  en  France, 
mais  très-rarement  (i)-  Son  pelage  est  d'un  noir  profond  et 
uniforme.  Oo  îe  dît  plus  féroce  que  le  loup  commun. 

XiC  Loup  rouge.    {  Canis  Mexicnnus  ,  Lin.  )   Agoura- 

Gouazcu  d'Azz. 

D'un  beau  roux-canelîe ,  une  courte  crinière  noire  tout 
le  long  de  l'épine  j  des  marais  de  toutes  les  parties  chaudes 
et  tenjpérées  de  F  Amérique. 
Le  C/uîcalou  Loup  doré  [Canis  aureus,  L.)  Schreb. ,  XCIV. 

Un  peu  moindre  que  les  trois  précédens ,  gris -brun, 
les  cui.sses  et  les  jambes  fauve-clair,  du  roux  à  l'oreille  ;  ha- 
lute  en  troupes  une  grande  partie  de  l'Asie  et  de  l'Afrique  , 
depuisl'lndeetles  environs  delà  mer  Caspienne  jusqu'en  Gui- 
née. C'est  un  animal  voracequi  chasse  à  la  manière  du  chien, 
et  paraît  lui  ressembler  plus  qu'aucune  autre  espèce  sauvage 
parla  conformation  et  par  la  facilité  à  s*am>iMvoiser. 

Les  Renards  peuvent  être,  distingués  des  loups  et  des 
chiens  par  une  queue  plus  longue  et  plus  touffue  ,  par  un 
museau  plus  pointu,  par  des  pupilles  nocturnes  et  par  des 
incisives  supérieures  moins  échancrée  :  ils  répandent  une 
odeur  fétide ,  se  rrcuseiit  des  terriers,  et  n'attaquent  que 
des  animaux  faibles.  Ce  sous-genre  est  plus  nombreux  que 
îe  précédent.  * 

Le  Renard  ordinaire.  (Canis  vulpes  ,  Lin.)  Bull'. ,  Vil ,  vi. 

Plus  ou  nxïins  roux  ,  le  bout  de  la  queue  blanc  ,  est  ré- 
pandu depuis  la  Suède  jusqu'en  Egypte  ;  ceux  du  nord  ont 
seulement  le  poil  plus  brillant.  On  n'observe  point  de  dif- 

(i)  Nous  en  avons  vu  quatre  individus  pris  ou  tués  en  France.  Il  ne- 
faut  pas  le  confondre  avec  le  renard  noiv,  dont  Graelin  mêle  les  synonymes- 
avec  les  siens. 


C  AR?<  ASSi  ÉRS.  îSj 

férf-iice  constante  entre  ceux  de  l'ancien  continent  et  ceux 
(lu   norci   de    l'Amérique.    Le    Renard  charbonnier  (  Canis 
alojwx  ) ,  Schreb. ,   XCI ,    qui  a  le  bout  de  la  queue  noir  , 
et  se  trouve  dans  les  niémes  p;i>s  que  le  commua  et  le  Re- 
nard croisé  (  id. ,  XGl ,  A.  )  ,  qui  vient  du  nord  ,  et  se  dis- 
tini^ue  seulement  par  du  noirâtre  le  long  de  l'épine  et  sur 
les  épaules  ;  ne  sont  peut-être  que  des  variétés  du  renard 
commun  ;  mais  les  espèces  suivantes  sont  bien  distinctes. 
Le  Corsac  ou  petit  Renard  jaune.   {  Canis  corsac.   Gm.) 
BuiT.  Sup.,  m  ,  xvT  j  sous  le  nom  à^Adive. 
D'un  gris-jaunàtre  pâle,  quelques  ondes  noirâtres  sur  la 
base  de  la  queue  ,  le  bout  de  la  quoue  noir  ,  la  mâchoire 
blanche.  Commun  dans  les  A^astes  landes  du  milieu  de  l'A- 
sie,  depuis  le  \olga  jusqu'aux  Indes,  a  les  mœurs  du  re~ 
.  ïiard  ,  ne  boit  jamais. 

Le  Renard   tricolor  d'Amérique.  (  Canis  cinereo  nr- 
genteus,  )  Schreb.  XCM.  A. 
Cendré  dessus  ,  blanc  dessous,  une  bande  roux-canelle  le 
long  des  flancs  ;  de  toutes  les  parties  chaudes  et  tempérées 
des  deux  Amériques. 

Le  Renard  argenté  ou  Renard  noir  {i), 
Koir,  à  bouts  de  poils  blancs  ,  excepté  aux  oreilles,  sur 
les  épaules  et  à  la  queue  ,  où  il  est  d'un  noir  pur.  Le  boni 
de  la   queue  est  tout  blanc.  De  l'Amérique  septentrionale. 
C'est  une  des  plus  belles  fourures,  et  des  plus  chères. 
Le  Renard  bleu  ou.  Isatis.  {Canis  Z^/^o/?«5.)  Schreb.  XCI  IL 

Cendré  foncé  ,  le  dessous  des  doigts  garni  de  poils ,  sou- 
vent blanc  en   hiver  j  du  nord   de  la  Sibérie  j  aussi  très- 
eslimé  pour  la  fourrure. 
Le  Renard  du  Cap.  {Canismesomelas)  (2).  Schreb.  XCV. 
Fauve  sur  les  flancs,  le  milieu  du  dos  noir  ^  mêlé  de  blanc, 
et  finissant  en  pointe  en  arrière  ,  etc....  (5). 


(i)  Gmel.  Ta  confondu  avec  le  loup  noir  ,  sous  le  nom  de  caids  ly-caon. 
(2)  Gmel.  l'a  confondu  avec  i'adive  de  Buffon,  qui  est  une  espèce  fac- 
tice ,  et  ne  diffère  point  du  chacal. 

(5)  hefennek  de  Bruce  que  GmcL  a  ncmmé  canis  cerdo  et  liigt-r  me- 


l5u  MAMMIFÈRES. 

Les  Civettes.  (  Viverra.  ) 

Ont  trois  fausses  molaires  en  haut ,  quatre  en  bas  ;, 
dont  les  antérieures  tombent  quelquefois;  deux  tu- 
berculeuses assez  grandes  en  haut ,  une  seule  en  bas  ^ 
et  deux  tubercules  saillans  au  côté  interne  de  leur 
carnassière  inférieure  en  avant ,  le  reste  de  cette  dent 
étant  plus  ou  moins  tuberculeux.  Leur  langue  est 
hérissée  de  papilles  aiguës  et  rudes;  leurs  ongles  se 
redressent  à  demi  dans  la  marche ,  et  près  de  leur 
anus  est  une  poche  plus  ou  moins  profonde  ,  oi^i  des 
glandes  particulières  font  suinter  une  matière  onc- 
tueuse et  souvent  odorante. 

Elles  se  divisent  en  quatre  sous-genres  : 

Les  Civettes  proprement  dites.  (  Viveera,  Cuv.  ) 

t 

Où  la  poche  profonde,  située  entre  l'anus  et  l'organe  de 
la  génération,  et  divisée  en  deux  sacs,  se  remplit  d'une  pom- 
made abondante  ,  d'une  forte  odeur  musquée. 

La  Civette,  [Fiverra  civetla,  Lin.)ljuir. ,  IX;  xxxiv. 

Grise  ;  à  taches  brunes  ou  noirâtres,  la  queue  brune, 
moindre  que  le  corps  ^  tout  le  long  du  dos  et  de  la  queue 
une  crinière  susceptible  de  se  relever.  Des  parties  les  plus 
chaudes  de  l'Afrique. 

Le  Zibet/i.  {^Fiverra  zihetha  ,  Lin.)  BufF. ,  IX,  sxxi. 

Gris,  nuancé   de  brun,   à  queue    longue,   annelée  de 

noir. 

Les  Gekettes.  (Geketta,  Cuv.) 

Oi^i  la  poche  se  réduit  à  un  enfoncement  léger  formé  par 

la  saillie   des  glandes,   et  presque   sans  excrétion  sensible, 

quoiqu'il  y  ait  une  odeur  très-manifeste. 

CALOTis  est  trop  peu  connu  pour  pouvoir  être  classé.  C'est  on  petit  anJ-inaî 
d'Afrique,  dont  les  oreilles  égalent  presque  le  corps  en  grandeur,  et  qui 
griinpe  aux  aibres  .;  mais  on  n'en  a  dccrii  ni  les  d<::nt."  iii  les  doigts. 


CATtN  ASSÎERS.  I  Jj 

La  Gencite  commune.  {  Viverra  geiietta  ,  Lin.  )  Biiff. , 

IX  j  XXXVI. 

Grise  ,  à  petites  taches  rondes  et  noires  ,  à  queue  annelée 
de  noir  ;  grande  comme  une  marte  ,  et  encore  plus  exilée  ] 
paraît  habiter  depuis  la  France  méridionale  jusqu'au  cap  de 
Bonne-Espérance  (i). 
La  Fossane  de  Madagascar.  {Fiv.  fossa.)  BufF. ,  XIII ,  xx. 

A  fauve  ce  que  la  genette  a  noir,  et  presque  point  d'an- 
ueaux  à  la  queue. 

Les  Mangoustes,  Cuv.  (Herpestes  ,  Iliger.  ) 

Où  la  poche  est  volumineuse ,  simple ,  et  a  l'anus  percé  dans 
ïa  profondeur. 

La  Mangouste  d^Egjpte ,  si  célèbre  sous  le  nom  à^Ichneu- 
mon.  (  Plverra  ichneumon  ,  Lin.)  BulT.  ,  sup. ,  III ,  xxvr. 

Grise  ^  à  queue  longue  terminée  par  un  flocon  noir  ,  plus 
grande  que  noschats,  rfliléc  comme  nos  martes.  Ellecherche 
surtout  les  œufs  de  crocodiles  ,  mais  se  nourrit  aussi  de  toutes 
sortes  de  petits  animaux  5  élevée  dans  les  maisons,  elle  donne 
la  chasse  aux  souris,  aux  reptiles,  etc....  Les  Européens  du 
Caire  la  nomment  rat  de  Pharaon  ;  les  gens  du  pays  nems^ 
Ce  qu'en  ont  dit  les  anciens,  qu'elle  se  jette  dans  le  corps 
des  crocodiles,  pour  les  mettre  à  mort ,  est  fabuleux, 

La   Mangouste  des  Indes  (  Viverra  mungos ,  Lin.  ) ,    Buff. 
XIII,  XIX,  et  celle  du  Cap  (  Kw.  Cafra,  Gm.  )  Schreb. 

c:^vi,B. 

Ont  toutes  deux  la  queue  pointue  et  le  pelage  gris  ou 
brun ,  mais  uniforme  dans  celle-ci ,  et  rayé  en  travers  de 
noirâtre  dans  la  première ,  qui  a  en  outre  les  mâchoires 
teintes  de  fauve. 


(1)  La  civette  de  Malaca  de  Sonnerat ,  la  genette  du  Cap  de  Buff. ,  le 
chat  du  Cap  de  Forster  ,  le  chat  bisaani  de  Vosmaer ,  dont  Ginelin  a  t'ait 
autant  dVspèces  ,  ne  paraisseot  que  des  genettes  communes.  Il  faut  rappor- 
ter à  celte  subdivision  le  putoii  rayé  de  l'Inde.  Buff.  suppl.  VII,  ivii. 
(  Viv^fnsciata  ,  Gm.  ) 


a 


l58  MAMMIFÈRES. 

La  raangouslp.  des  Indes  est  célèbre  par  ses  comhnts  avec 

les  serpens  les  plus  dangereux  ,  et  par  le  renom  d'avoir  fait 

connaître    la    vertu    de   Vophiorhiza    jnonf^os   contre    leur 

ïiiorsure. 

Les  Surtcates.  (  Ryz.dna.  Iliger.  ) 

Oui  ressemblent  d'ailleurs  aux  mangoustes,  et  en  ont  jus- 
(ju'aux  teintes  et  aux  rayures  transverses  du  poil,  mais  qui  se 
distinguent  d'elles  et  de  tous  les  carnivores  dont  on  a  parlé  jus- 
qu'ici ,  parce  qu'ils  n'ont  que  quatrç  doigts  à  tous  les  pieds. 
Leurs  poches  donnent  dans  l'anus  même. 

On  n'en  connaît    qu'une   espèce  ,    originaire   d'Afrique 

{Fiverra  tetradactj-la ,   Gm.  ),  Buff.,  XiJi,  viii,  un  peu 

moindre  que  la  mangouste  des  Indes  (i). 

La  dernière  subdivision  des  digitigrades  u 

point  de  petites  dents  du  tout  derrière  la  gross 

molaire  d'en  bas.    Elle  contient  les  animaux 

les  plus  cruels  ,  les  plus  carnassiers  de  la  classe. 

Il  y  en  a  deux  genres. 

Les  Hyènes.  (HyjEna.  Storr.  ) 

Qui  ont  trois  fausses  molaires  en  haut  et  quatre  en 
bas  ,  toutes  coniques,  mousses  ,  et  singulièrement 
grosses  :  leur  carnassière  supérieure  a  un  petit  tu- 
bercule en  dedans  et  en  avant  ;  mais  l'inférieure  n'en 
a  point ,  et  ne  présente  que  deux  fortes  pointes  tran- 
chantes :  cette  armure  vigoureuse  leur  permet  de 
briser  les  os  des  plus  fortes  proies.  Leur  langue  est 
rude  ;  tous  leurs  pieds  ont  quatre  doigts  comme  ceux 
des  suricates ,  et  sous  leur  anus  est  une  pocbe  pro- 
fonde  et  glanduleuse.    Ce  sont    des   animaux  noc- 

*        '  '  ■  '  "■!■  — — ^— ■     I  I  .11.,- Il  ■  I         I  ■« 

(i)  Le  zénik  de  Sonnerat ,  deuxième  voy.  ,  pi.  92  ,  ne  paraît  diltérer  du 
susicatc  que  parce  qu'il  est  grossièrement  dessine. 


CARNASSIERS.  I  Sq 

furnes  j  voraces ,  vivant  surtout  de  cadavres ,  et  en 
cliercliant  jusque  dans  les  tonibeaux ,  et  sur  lesquels 
on  a  une  infinité  de  traditions  superstitieuses. 

On  en  connaît  deux  espèces  : 

IJtIjène  rayée,  [Canishrœna,  Lia.)  Btiff. ,  sup. ,  ÏIÏ ,  xlvi. 

Grise,  rayée  irrégulièrement  en  travers  de  brun  ou  de 
noirâtre  ;  une  crinière  tout  le  long  de  la  nuque  et  du  dos  , 
qu'elle  relève  dans  les  momens  de  colère.  Elle  liabite  depuis 
les  Indes  jusqu'en  Abyssinie  et  au  Sénégal. 

JJHjène  tachetée  (Canis  crocuta,  Lin.)  Scbreb. ,  XCYI,  B. 

Grise,  taclietée  de  noir,  du  midi  de  l'Afrique»  C'est  le 
loup-tigre  du  Gap. 

Les  Chats.  (Felïs,  Lin.) 

Sont,  de  tous  les  carnassiers,  les  plus  fortement 
armés.  Leur  museau  court  et  rond,  leurs  mâchoires 
courtes,  et  surtout  leurs  ongles  rétractiles,  qui,  se  re- 
dressant vers  le  ciel ,  et  se  cachant  entre  les  doigts 
dans  l'état  de  repos  ,  par  l'effet  de  îigamens  élasti- 
ques ,  ne  perdent  jamais  leur  pointe  ni  leur  tranchant, 
en  font  des  animaux  très-redoutables  ,  surtout  les 
grandes  espèces.  Us  ont  deux  fausses  molaires  en 
haut  et  deux  en  bas  ;  leur  carnassière  supérieure  a 
trois  lobes  et  un  talon  mousse  en  dedans,  Finférieure 
àewiL  lobes  pointus  et  tranchans ,  sans  aucun  talon  ; 
enfin  ,  ils  n'ont  qu'une  très-petite  tuberculeuse  supé- 
rieure, sans  rien  qui  lui  corresponde  en  bas.  Les  espèces 
de  ce  genre  sont  très-nombreuses  et  très-variées  en 
grandeur  et  en  couleur,  quoique  toutes  semblables 
pour  la  forme.  On  ne  peut  les  subdiviser  que  d'après 
les  caractères  Ires-peu  importans  de  la  taille  et  de  la 
grandeur  du  poil. 


l6o  MAMMIFÈHES, 

A  la  tête  du  genre  se  présente  : 

Le  Lion.  (  Felis  leo  ^  Lin.  )  BnfF. ,  VIÎI ,  r  ,  li. 

Dislingué  par  sa  couleur  fauve  uniforme  ,  le  flocon  Je- 
poil  du  bout  de  sa  queue ,  et  la  crinière  qui  revêt  la  léte  ,  le 
cou  et  les  épaules  du  mâle.  C'est  le  plus  fort  et  le  plus  cou- 
rageux des  animaux  de  proie.  Autrefois  répandu  dans  les 
trois  parties  de  l'ancien  monde  ,  il  paraît  aujourd'hui  pres- 
que confiné  dans  l'Afrique  et  quelques  parties  voisines  de 
l'Asie.  Le  lion  a  la  tête  plus  carrée  que  les  espèces  sui- 
vantes. 

Les  tigres  sont  de  grandes  espèces  à  poil  ras  ;  le  plu& 
souvent  marqué  de  taches  vives. 

Le  Tigre  rojal.  (  Felis  tigris.  )  BulT. ,  YIII  ^  IX. 

Aussi  grand  que  le  lion  ,  plus  allongé  ,  à  tête  plus  ronde , 
d'un  fauve  vif  en  dessus ,  d'un  blanc  pur  en  dessous  ,  rayé 
irrégulièrement  en  travers  de  noir;  le  plus  cruel  des  qua- 
drupèdes, et  le  plus  terrible  fléau  des  Indes  orientales  ;  sa 
force  et  la  rapidité  de  sa  course  sont  telles^que  dans  les  mar- 
ches d'armées,  il  lui  est  arrivé  quelquefois  d'enlever  un 
cavalier  de  dessus  sa  monture  ,  et  de  l'entraîner  dans  le  fond 
du  bois  sans  pouvoir  être  atteint. 

"Lq  Jaguar  ou  Tigre  d'Amérique.  La  grande  Panthère  des 
fourreurs.  [Felis  onca  ,  Lin.  )  ^ Azzara.  Voy.  pi.  ix. 

Presque  aussi  grand  que  le  tigre  d'Orient  y  et  presque 
aussi  dangereux  ;  fauve  vif  en  dessus ,  marqué  le  long  de.^ 
flancs  de  quatre  rangées  de  taclies  noires  en  forme  d'yeux, 
c'est-à-dire  d'anneaux  plus  ou  moins  complets  avec  un  point 
noir  au  milieu  ;  blanc  dessous  ,  rayé  en  travers  de  noir.  Il  y 
en  a  des  individus  noirs  ,  dont  les  taches  d'un  noir  plus 
profond  ne  se  voient  qu'à  une  certaine  exposition. 

La  Panthère.   [Felis  pardus ,  Lin.)  Le  Pardalis  des  an^- 
ciens.  Cuv.  ^  Ménag.  du  Mus. ,  i;z-8°  I^  p.  212. 

Fauve  dessus,  blanc  dessous,  avec  six  ou  sept  rangées  de 
taches  noires  en  forme  de  roses ,  c'est-à-dire  formées  de 


CABNASSIEBS.  l6l 

Tassemblage  de  cin(j  ou  six  petites  taches  simples  sur  chaque 

flanc. 

Le  Léopard.  {Felis  leopardus  j  Lin.  ) 

SerahL'il)le  à  la  panthère  ^  mais  avec  dix  rangées  de  taches 
plus  petites. 

Ces  deux  espèces  sont  d'Afrique  et  plus  petites  que  le 
jaguar.  Les  voyageurs  et  les  fourreurs  les  désignent  in- 
distinctement sous  les  noms  de  Ivopard ,  panthère,  tigre 
d'Afrique,  etc.  (i)      . 

Le    Guépard  ou    Tigre  chasseur  des  Indes.    {Feh's 
jiihata.  L.  )  Schreh.,  CV. 

Fauve  clair,  à  taches  petites,  noires,  simples,  également 
semées  ;  le  poil  de  la  nuque  un  peu  plus  long  j  psus  petit  et 
à  jambes  plus  hautes  que  la  panthère.  On  le  dresse,  aux 
Indes  ,  pour  la  chasse  ,  comme  les  chiens  j  la  panthère  s'y 
emploie  aussi  dans  quelques  contrées. 

Le   Coitgiiar  y  Puma,  ou   yrétenda  Lio?i   d^ Amérique, 
(  Felis  discolor.  L.  )  BufF. ,  YHI,  xix. 

Roux,  avec  de  petites  taches  d'un  roux  un  peu'plus  foncé 
qui  se  distinguent  difficilement.  De  toute  l'Amérique,  où  il 
dévaste  les  basses-courS;  etc. 

Le  Mêlas  ou  Panthère  noire.  (  Felis  mêlas.  Peron.) 

Noir,  a  taches  simples  d'un  noir  plus  profond.  Des  Indes^ 
orientales. 


(i)  Buffon  a  méconnu  le  jaguar  ,  qu'il  a  pris  pour  la  panthère  de  rancierr 
continent,  et  il  n'a  pas  bien  distingué  la  panihère  et  le  léopard  j  c'est 
pourqtioi  on  ne  peut  citer  positivement  ses  pi,  xi ,  xii ,  xiri  et  xiv  du- 
imitième  volume. 

TOME    I.  ÏI 


l62  MAMMIFÈRES. 

Ij'Ocelot.    (  Felis    paradalis.    L.  )    Buff.  ,     XUI  , 

pi.    XXXV,  XXXVI  (l). 

Plus  bas  sur  jambes  que  les  précédens,  gris ,  de  grandes 
taches  fauves  bordées  de  noir  formant  des  bandes  obliques 

sur  les  flancs.  De  toute  l'Amérique. 

Parmi  les  espèces  inférieures,  on  doit  distinguer  les  lynx, 

qui  se  font  remarquer  aux  pinceaux  de  poils   dont  leurs 

oreilles  sont  ornées. 

Le  Ljjîx  commun  ou  Loup  ce/v/er  des  fourreurs.  (  Felis 
Ijnx.  L.  )  Buff.,  Vin,  XXI. 

Fauve  roussâtre  le  plus  souvent  tacheté  de  noirâtre ,  la 
queue  très-courte.  De  tout  l'ancien  continent  :  il  se  trouvait 
autrefois  en  France,  et  il  n'y  a  pas  très-long-temps  que  les 
derniers  ont  disparu  d'Allemagne. 

Le  Ljnx  du  Canada,  (  Felis  canadensis.  Geoff.  )  Buff. , 

Supp.    III,    XLIV. 

Gris  blanchâtre  avec  quelques  taches,  brun  pâle,  paraît 
former  une  espèce  distincte. 

Le  Chat  eervier  des  fourreurs.  {Felis  ruja,  Gùld.  ) 

Schreb.,  CIX,  B. 

Fauve  roussâtre,  moucheté  de  brunâtre,  des  ondes  brunes 
sur  les  cuisses,  un  peu  plus  petit  que  le  lynx.  Des  Llals- 
Unis. 

Le  Lj'îix  de   marais,  Ly^nx  boité ^  etc.  {Felis  cha.u^ 
Gû!d.  ) Schreb.,  CX.  Bruce.,  "voj.  pi.  xxx. 

Gris  brun  jaunâtre,  le  derrière  des  quatre  jambes 
noirâtre,  habite  les  marais  du  Caucase,  de  la  Perse,  de 
l'Kgvpte,  de  l'Abyssinie,  chasse  aux  oiseaux  d'eau  ,  etc. 


(t'ï  N.  E.  Selon  d'Azzai»  ,  les  deux  prétendus  jaguars  de  Bufr.  VIll  ,    |l  \ 
x.\iii^  et  suppl.  lîï  ,    xxxix,  ne    seraient   que  des   ocelot»    mal    repré- 


seniés^  nia'jS  c-lio  assertion  est-doutcusc. 


3 


CARNASSIERS.  l6 

Le  Caracal.  (Felis  caracal.  L.  )  Buff. ,  IX,  xxiv.  et 

Supp.    III,    XLV. 

Roux    vineux    presque    uniforme.     De    Peise    et     de 
Turquie  ,  etc.  . . .  c'est  le  vrai  lynx  des  anciens. 

Les  espèces  inférieures,  dont  les  oreilles  n'ont  pas  de 
pinceaux  de  poils,  ressemijlent  plus  ou  moins  à  notre  chat 
domestique,  telles  sont 

Le  Serval.  [Felis  serval.  L.  )  BulF.,  XMI,  xxxv. 

Grand  comme  un  Ijnx,  jaunâtre,  à  taclies  irrégulières 
noires. 

Le  Jaguarondi,  {Felis jaguarondi.)  Azzara,  vq}\  pi.  x. 

Allongé  et  tout  entier  d^un  brun  noirâtre.  Tous  deux 
vivent  dans  les  forêts  de  l'Amérique  méridionale. 

liC  Chat  ordinaire.  (  Felis  catiis.  L.)  BufF. ,  VI,  i  et  suiv. 

Est  originaire  de  nos  forets  d'Europe.  Dons  son  état 
sauvage,  ilest  gris  brun  avec  des  ondes  transverses  plus 
foncées  ,  le  dessous  pâle ,  le  dedans  des  cuisses  et  des 
quatre  pales  jaunâtre  ,  trois  bandes  sur  la  queue  et  son 
tiers  inférieur  noirâtre.  En  domesticité,  il  varie,  comme 
chacun  sait,  en  couleurs,  en  longueur  cl  en  linesse  de  poil, 
mais  infiniment  moins  que  le  chien;  aussi  esl-il  beaucoup 
moins  soumis  et  moins  attaché. 

LES  AMPHIBIES 

Formeront  la  troisième  et  dernière  des  pe^ 
tites  tribus  ,  dans  lesquelles  nous  divisons  les 
carnivores  ;  lenrs  pieds  sont  si  courts  ,  et  telle- 
ment enveloppés  dans  la  peau  ,  qu  ils  ne  peu- 
vent 5  sur  terre  ,  leur  servir  qu  à  ramper  ;  mais 
comme  les  intervalles  des  doigts  y  sont  remplis 


1  64  M  A  31  :.1 1  F  È  R  E  s. 

par  des  membranes  ,  ce  sont  des  rames  excel- 
lentes •,  aussi  ces  animaux  passent-ils  la  plus 
grande  partie  de  leur  vie  dans  la  mer ,  et  ne 
viennent  à  terre  que  pour  se  reposer  au  soleil , 
et  allaiter  leurs  petits.  Leur  corps  allongé  ,  leur 
ëpine  très-mobile  ,  et  pourvue  de  muscles  qui  la 
fléchissent  avec  force  ,  leur  bassin  étroit ,  leur 
poil  ras  et  serré  contre  la  peau,  se  réunissent 
pour  en  faire  de  bons  nageurs  ,  et  tous  les  dé- 
tails de  leur  anatomie  confirment  ces  premiers 
aperçus. 

On  ncïi  a  encore  distingué  que  deux  genres, 
les  phoques  et  les  morses. 

Les  Phoques.  (Piïoca.  Z.) 

Ont  quatre  ou  six  incisives  en  haut ^  quatre  en  bas, 
des  canines  pointues  et  des  mâcbelières  au  nombre 
de  vingt ,  vingt-deux  ou  vingt-quatre ,  toutes  tran- 
clianles  ou  coniques  ,  sans  aucune  partie  tubercu- 
leuses ;  cinq  doigts  à  tous  les  pieds  ,  dont  ceux 
de  devant  vont  en  décroissant  du  pouce  au  petit 
doigt,  tandis  qu'aux  pieds  de  derrière,  le  pouce  et 
le  petit  doigt  sont  les  plus  longs  ,  et  les  intermé- 
diaires les  plus  courts.  Les  pieds  de  devant  sont  en- 
veloppés dans  la  peau  du  corps  jusqu'au  poignet, 
ceux  de  derrière  presque  jusqu'au  talon.  Entre  ceux- 
ci  est  une  courte  queue.  La  tête  des  phoques  res- 
semble à  celle  d'un  chien  ,  et  ils  en  ont  aussi  Tin- 
telligence  et  le  regard  doux  et  expressif.  On  les  ap- 


CARNASSIERS.  lG:> 

prîvoise  aisément,  et  ils  s'attachent  bientôt  à  ceux 
qui  les  nourrissent.  Leur  langue  est  lisse  ,  et  éclian- 
crée  au  bout;  leur  estomac  simple,  leur  cœcuni 
court ,  leur  canal  long  et  assez  égal.  Ces  anim.aux 
vivent  de  poisson  ;  ils  mangent  toujours  dans  l'eau  ^ 
et  peuvent  fermer  leurs  narines  quand  ils  plongent  ;, 
au  moyen  d'une  espèce  de  valvule.  Comme  ils  plon- 
gent assez  long- temps  ,  on  a  cru  que  le  trou  de  botal 
restait  ouvert  chez  eux  comme  dans  les  fœtus  ;  mais 
il  n'en  est  rien  :  il  y  a  cependant  un  grand  sinus  vei- 
neux dans  leur  foie,  qui  doit  les  aider  à  plonger, 
en  leur  rendant  la  respiration  moins  nécessaire  au 
mouvement  du  sang.  Leur  sang  est  très-abondant  et 
très-noir. 

Les  Phoques    proprement   dits,   ou  sans   oreilles 

extérievires. 

Ont  des  incisives  pointues  dont  les  externes  cVen  haut  plus 
lonj^ues  que  les  autres,  des  molaires  tranchantes  et  à  plusieurs 
pointes  ;  tous  leurs  doigts  jouissent  d'un  certain  mouvement  et 
sont  terminés  par  des  ongles  pointus  placés  sur  le  bord  de  la 
membrane  qui  les  unit. 

Le  Phoque  commun.  {Phoca  intiiîina.lj.)  Bufi'.  ^XIlî^ 
XLv  et  Supp.  YI,  XLvi. 

Long  de  trois  à  cinq  pieds,  d'un  gris  jaunâtre  plus  ou 
moins  onde  ou  tacheté  de  brun  selon  l'âge.  Il  devient 
blanchâtre  dans  sa  vieillesse.  Commun  sur  nos  cotes,  il  se 
trouve  assez  loin  dans  le  nord.  On  assure  même  que  c'est 
cette  espèce  qui  habite  la  mer  Caspienne  et  les  grands  lacs 
d'eau  douce  de  la  Russie  et  de  la  Sibérie ,  mais  il  ne  paraît 
pas  que  cettte  assertion  soit  fondée  sur  une  comparaison 
exacte. 


l66  MAMMIFÈKES. 

Le  Phoque  à  croissant.  {Phoca  groenlnndica.  )  Egede. 
Groënl   fîg.  A,  pag.  62. 

Gris  jaunâtre,  laclielé  de  bran  dans  sa  jeunesse,  marqué 
ensuite  d'une  écharpe  brune  et  oblique  sur  cbaque  flanc, 
long  de  cinq  pieds.  De  la  mer  Glaciale. 

lu^e  Phoque  à  ventre  blanc ,  Moine.  (  Ph.  monachus.  Gni.  ) 
Buff. ,  Supp.  VI,  pi.  XIII  (i). 

Long  de  dix  à  douze  pieds,  brun  noirâtre,  à  yentre 
blanc.  De  la  Méditerranée ,  et  plus  particulièrement  de 
l'Adriatique. 

Le  Phoque  à  trompe^  {Ph.  leonina.  L.  )  Lion  marin  d'Anson , 
Loup  marin  de  Pernetty,  Eléphant  marin  des  Anglais  et  de 
Peron,  etc. . . .  Peron,  doj-,  1.  xxxii. 

Long  de  vingt  à  vingt-cinq  pieds,  brun,  le  museau  du 
mâle  teriîiiné  par  une  trompe  ridée  qui  se  renlle  dans  la 
colère.  Il  est  commun  dans  les  parages  méridionaux  de  la 
mer  Priclfique^  à  la  Terre-de-Feu,  à  la  nouvelle  Zélande  , 

au  Clnli ,  etc On  le  poursuit  à  cause  de  l'buile  abondante 

qu'il  fournit. 

Ij^  Phoque  à  capuchon,  {Phoca  cristata.  Gva..  Phoca 
leonina.  Fabric.  )  Egede.  Groenl. ,  pi.  vi. 

Long  de  buit  pieds ,  une  sorte  de  capucbon  mobile 
adhérant  au  sommet  de  la  tète,  et  dont  il  se  recouvre  les 
veux  et  le  museau  quand  il  est  menacé.  De  la  mer  Glaciale. 

Les  Phoques  à  oreilles  exlcrieures.  (  Otaries.  Peron.  ) 

Mériteraient  de  faire  un  genre  ri  part,  parce  qu'outre  les 
oreilics  e:slérieures  saillantes  ,  ils  ont  les  quatre  incisives 
supérieures  mitoyennes  à  double  tranchant  (forme  qu'on  n'a 


(1)  C'est  le  même  individu  qu'a  décrit  lîermann  ,  soc.  des  nat.  de  Beil. 
IV",  XII ,  ;iiii  5  sous  îc  nom  de  monachus. 


CARNASSIERS.  167 

s 

encore  remarquée  dans  aucun  animal),  les  externes  simples 
et  plus  petites,  les  quatre  inférieures  fourcliues,  toutes  les 
ïnolaircs  simplement  coniques,  les  doigts  des  nageoires  an- 
térieures presque  immobiles ,  la  membrane  des  pîeds  de 
derrière  se  prolongeant  en  une  lanière  au  delà  de  chaque 
doigt ,  tous  les  ongles  plats  et  menus  -,  leur  poil  est  moins  ras 
que  celui  des  précédens. 

Le  Phoque  à  crinière ,  (^Phocajuhata.  Gm.  )  lion  marinàù 
Steller,  de  Pernetty,  etc..  Bulf. ,  Supp.  Yll,  xlviii. 

Long  de  quinze  à  vingt  pieds  et  plus-,  fauve,  le  cou  du 
mAle  revêtu  de  pods  plus  épais  et  plus  crépus  que  le  reste 
du  corps.  On  le  trouverait  dans  toute  la  mer  Pacifique,  si, 
comme  il  le  paraît,  ceux  du  détroit  de  Magellan  ne  diiïerent 
pas  de  ceux  des  ilcs  Alcu tiennes, 

IJ  Ours  marin.  (  Pkoca  ursina.  Gm.)  BuIF. ,  Supp.  \II ,  xï.vji. 

Long  de  huit  pieds,  sans  crinière,  variant  du  brun  au 
blanchâtre.  Du  nord  de  la  mer  Pacifique.  On  trouve  dans 
celte  mer  des  phoques  qui  ne  diffèrent  guères  de  l'ours 
marin  que  par  la  taille  et  la  couleur,  tel  est  le  petit  phoque 
noir  de  Buffon ,  (  phoca  pusilla.  )  Buff.  ^  XIII ,  3^111 ,  le  phoque 
jaune  de  Shaw. ,  etc. 

Les  Morses  (  Triciiechu.s.  L.  )  (i) 

Ressemblent  aux  phoques  par  les  mem])res  et  par 
la  forme  générale  du  corps  ,  mais  en  clifïèrent  beau- 
coup par  la  tcte  et  par  les  dents. Leur  niâclioire  infé- 
rieure manque  d'incisives  et  de  canines  ^  et  prend  eu 
avant  une  forme  comprimée  pour  se  ])Iacer  entre 
deux  énormes  canfnes  ou  défenses  qui  sortent  de  la 
Tnâcliolre  supérieure  ,  et  se  dirigent  vers  le  bas  , 
ayant  quelquefois  jusqu'à  deux  pieds  de  long  sur  une 

(i)  Trichechus  dolfi^  (poil) , nom  imaginé  par  Artedi  pour  le  lamantin. 


ïG8  MAMMIFÈRES. 

épaisseur  proportionnée.  L'énormité  des  alvéoles  né- 
cessaires pour  loger  de  semblables  canines ,  relève 
tonf.  le  devant  de  la  mâchoire  supérieure  en  forme  de 
gros  mufle  renflé  ,  et  les  narines  se  trouvent  presque 
regarder  le  ciel  et  non  terminer  le  museau.  Les  mo- 
laires ont  toutes  la  figure  de  cylindres  courts  et  tron- 
qués obliquement.  On  en  compte  quatre  de  chaque 
côlé  en  haut  et  en  bas  ;  mais  à  un  certain  âge  il  en 
tombe  deux  des  supérieures.  Entre  ]es  deux  canines 
sont  de  plus  deux  incisives  semblables  aux  molaires, 
et  que  la   plupart  des    auteurs  n'ont  pas  reconnues 
pour  des  incisives  ,  quoiqu'elles   soient  implantées 
dasis  Fos  intermaxillaire,  et  entre  elles  en  sont  en- 
core, dans  les  jeunes  individus  ,    deux  petites    et 
pointues. 

L'estomac  et  les  intestins  des  morses  sont  à  peu 
près  les  mêmes  que  ceux  des  phoques.  Ils  paraît  qu'ils 
se  nourrissent  de  fucus  aussi-bien  que  de  substances 
animales. 

On  n'en  distingue  encore  qu'une  espèce  (i)  appelée 

Vache  marine,  Cheval  marin  j  Be'ta  h  la  grande  dentj  etc, 
[Trichechus  rosmarus.  Linu.  )  BulT.,  XIîI,  liv,  et  mieux 
Cook,  III^'.  voj. 

Elle  liabiie  toutes  les  parties  de  la  mer  Glaciale,  surpasse 
en  grosseur  les  plus  forts  taureaux,  atteint  jusqu'à  vingt 
pieds  de  longueur  et  est  recouverte  d'un  poil  jaunâtre  et 
ras.  On  la  recherche  pour  son  huile  et  pour  ses  défenses, 


(i)  Cependant  M.  Shaw  soupçonne  qu'il  pourrait  y  en  avoir  deux  ,  dis- 
tin§uces  par  des  défenses  plus  ou  moins  grosses ,  plus  ou  moins  conver- 
gentes. 


MARSUPIAUX.  169 

dont  l'ivoire,  quoique  grenu,  peut  s'employer  clans  les 
arts.  On  fait  aussi,  de  la  peau,  d'excellentes  soupentes  de 
carrosses  (i). 

LES  MARSUPIAUX  OU  ANIMAUX  A  BOURSE, 

Que  nous  rangeons  à  la  fin  des  carnassiers  , 
comme  une  quatrième  famille  de  ce  grand  or- 
dre ,  pourraient  presque  former  un  ordre  a 
part  5  tant  ils  offrent  de  singularités  dans  leur 
économie. 

La  première  de  toutes  est  la  production  pré- 
maturée de  leurs  petits ,   qui  naissent  dans  un 
état  de  développement  a  peine  comparable  a 
celui  auquel  des  fœtus  ordinaires  parviennent 
quelques  jours  après  la  conception  ;  incapables 
de  mouvement ,  montrant  à  peine  des  germes 
de  membres  et    d'autres   organes   extérieurs , 
ces  petits   s'attachent    aux    mamelles  de    leur 
mère  ,  et  y  restent  fixés  Jusqu'à  ce  qu'ils  se 
soient  développés  au  degré  auquel  les  animaux 
naissent   ordinairement.    Presque  toujours    la 
peau  de  l'abdomen  est  disposée  en  forme  de 
poche  au  tour  de  ces  mamelles ,   et  ces  petits, 
si  imparfaits  y  sont  préservés,  comme  dans  une 
seconde   mati  ice  ^  et  même  ,  long-temps  après 
qu'ils  ont  commencé  à  marcher,  ils  y  reviennent 


(i)  C'est  fort  mal  à  propos  que  l'on  a  réuni  ,  avant  nous  ,  aux  morses, 
les  lamantins  et  les  dugongs,  animaux  beaucoup  plus  voisins  des  cétacés. 


lyO  MAMMIFÈRES. 

quand  ils  craignent  quelque  danger.  Deux  os 
particuliers ,  attachés  au  pubis ,  et  interposés  dans 
les  muscles  de  l'abdomen  ,  donnent  appui  a  la 
poch'e  5  et  se  trouvent  cependant  aussi  dans  les 
maies  et  dans  les  espèces  où  le  repli  qui  forme 
la  poche  est  a  peine  sensible. 

La  matrice  des  animaux  de  cette  famille  n'est 
point  ouverte  par  un  seul  orifice  dans  le  fond 
du  vagin  ;  mais  elle  communique  avec  ce  canal 
par  deux  tubes  latéraux  en  forme  d'anse.  Il  pa- 
rait que  la  naissance  prématurée  des  petits  tient 
a  celte  organisation  singulière.  Les  mâles  ont  le 
scrotum  pendant  en  avant  de  la  verge  ,  au  con- 
traire des  autres  quadrupèdes. 

Une  autre  particularité  des  marsupiaux, c'est 
que  malgré  une  ressemblance  générale  de  leurs 
espèces  entre  elles ,  tellement  frappante  ,  que 
l'on  n'en  a  fait  long-temps  qu'un  seul  genre  , 
elles  diffèrent  si  fort  par  les  dents,  par  les  orga- 
nes de  la  digestion  et  par  les  pieds  ,  que  si  l'on 
s'en  tenait  rigoureusement  a  ces  caractères,   il 
faudrait  les  répartir  entre  divers  ordres 5 ils  nous 
font  passer  par  nuances  insensibles  des  carnas- 
siers aux  rongeurs  ,  et  même  ,   si  l'on  n'avait 
égard  qu'aux  os  propres  de  la  bourse ,  et  que  l'on 
regardât  comme  des  marsupiaux  tous  les  ani- 
maux qui  les  possèdent ,  il  s'en  trouvergiit  qu'il 


MARSUPIAUX.  *  171 

faudrait  placer  avec  les  ëdentes  ;  nous  les  y 
laisserons  en  effet  sous  le  nom  de  monoirèmes. 

On  dirait ,  en  un  mot ,  que  les  marsupiaux 
forment  une  classe  distincte  ,  parallèle  à  celle 
des  cjuadrupèdes  ordinaires  et  divisible  en  or- 
dres semblables  ,  en  sorte  que  si  on  plaçait  ces 
deux  classes  sur  deux  colonnes  ,  les  sarigues  , 
dasyures  et  peramèles  seraient,  vis-à-vis  des  car- 
nassiers insectivores  a  longues  canines,  tels  que 
les  tenrecs  et  les  taupes  ;  les  plialangers  et  kail- 
guroos-rats',  vis-à-vis  des  hérissons  et  des  mu- 
saraignes. Les  kanguroos  proprement  dits  ne  se 
laisseraient  guèi-e  comparera  rien, niais îespbas- 
colomes  devraient  aller  vis-a-vis  des  rongeurs.  ^ 

Linnaeus  rangeait  toutes  les  espèces  qu'il  con- 
naissait sous  son  genre  didelpJiis ,  mot  qui 
signifie  double  matrice.  La  poche  en  est  à  cjuel- 
ques  égards  une  seconde. 

La  première  subdivision  des  marsupiaux  a 
de  longues  canines  et  de  petites  incisives  aux 
deux  mâchoires  ,  des  arrières-molaires  hérissées 
de  pomtes,  et  en  général  tQus  les  caractères  des 
dents  des  carnassiers  insectivores  ;  aussi  s'en 
l'approche  t-elle  entièrement  par  le  régime. 
Le  pouce  des  pieds  de  derrière  est  opposable, 
ce  cpii  a  fait  aussi  nommer  ces  animaux  pécU- 
mânes  y  il  manque  d'ongle  j  les  deux  premiers 
sous-genres  ont  les  quatre  autres  doigts  distincts. 


l'J'2  MAMMIFERES. 

Les  Sarigues  (i).  (Didelphis»  L,  ) 

Ont  dix  incisives  en  haut  ,  dont  les  mitoyennes 
sont  un  peu  plus  longues ,  et  huit  en  bas  ;  trois  ma- 
chclières  antérieures  comprimées  ,  et  quatre  arrières- 
mâchelières  hérissées ,  dunt  les  supérieures  triangu- 
laires;, les  inférieures  oblongues  ;  en  tout  cinquante 
dents  ,  nombre  le  plus  grand  que  l'on  ait  encore  ob- 
servé parmi  les  quadrupèdes.  Leur  langue  est  héris- 
sée,  et  leur  queue  prenante  et  en  partie  nue  ;  leiu- 
pouce  de  derrière  est  long  et  bien  séparé  des  autres 
doigts.  Leur  bouche  très  -  fendue,  et  leurs  grandes 
oreilles  nues  leur  donnent  une  physionomie  parti- 
culière. Ce  sont  des  animaux  fétides  et  uocturnes^, 
dont  la  marche  est  lente  :  ils  nichent  sur  les  arbres , 
et  y  poursuivent  les  oiseaux  ,  les  insectes  y  etc....  ^ 
sans  dédaigner  les  fruits;  leur  estomac  est  simple  et 
petit ,  leur  cœcum  médiocre  et  sans  boursouflures. 

Dans  certaines  espèces  y  les  femelles  ont  une  poclie  pro- 
fonde où  sont  leurs  mamelles  ,  et  oii  elles  peuvent  renfermer 
leurs  petits. 

Le  Snrigue  à  oreilles  bicolores  ^  Opossum  des  Anglo- Amé- 
ricains. [Did.  virgiiiiana.)  Pcnn.  Illst.  quadr.,  3o2  (2). 

Presque  grand  comme  un  chat,  à  pelage  mêlé  de  blanc 
et  de  noirâtre,  des  soies  blanches,  les  oreilles  mi-parties  de 


(\)  Carigueia  est  leur  nom  l>rasilifn  selon  Margrave  ,  d'où  l'on  a  fait 
sarîguoi  ,  cerigon  ,  sarigue.  On  les  nomme  .'tiicoiiré  au  Paraguay  ,  luani- 
cou  dans  les  îles  ,  opossum  aux  États-Unis,  ihlaqualzin  au  Mexique. 

{7.)  C'est  le  sarigue  des  Illinois  et  le  sarigue  à  longs  poils.  Buff. ,  suppL 
VII,  [)!.  xxxiii  et  xxxiv. 


MARSUPIAUX.  1-^3 


ïîoîr  et  tle  Liane,  la  tête  presque  toute  Llanclie;  liabite 
toute  l'Amérique,  vient  la  nuit,  tlans  les  lieux  haî^ités, 
attaquer  les  poules,  manger  leurs  œufs,  etc.  Ses  petits, 
quelquefois  au  nombre  de  seize,  ne  pèsent  qu'un  grain  en 
naissant.  Quoique  aveugles  et  presque  informes,  ils  trouvent 
la  mamelle  par  instinct,  et  y  adhèrent  jusqu'à  ce  qu'ils 
aient  atteint  la  grosseur  d'une  souris,  ce  qui  ne  leur  arrive 
qu'au  cinquantième  jour,  époque  où  ils  ouvrent  les  yeux. 
Ils  ne  cessent  de  retourner  à  la  poche  que  quand  ils  ont 
la  taille  du  rat.  La  gestation  dans  l'utérus  n'est  que  de  vingt- 
six  jours  (i). 

Le  Crabier  on  grand  Sarigue  de  Ca/enne ,  du  Brésil^  etc.  (Did, 
jnarsupialis  et  did.  cancriwora.  L.)  BuiF. ,  Supp.  III,  liv. 

De  la  grandeur  du  précédent,  jaunâtre  mêlé  de  brunâtre, 
à  soies  brunes,  une  ligne  brune  sur  le  chanfrein  II  se  tient 
dans  les  marécages  des  bords  de  la  mer,  où  il  vit  surtout 
de  crabes  (2).  , 

Le  Quatre-œil  ou  moyen  Sarigue  de  Cdfenne.  (  Did, 
opossum  L.  )  Buff.,  X,  xlv,  xlvi. 

Châtain  ou  fauve  dessus,  blanchâtre  dessous,  une  tache 
jaune-pâle  au-dessus  de  chaque  ceilj  plus  grand  qu'un 
grand  rat. 

D'autres  espèces  n'ont  point  de  poches,  mais  seulement  un 
repli  de  chaque  côté  du  ventre  qui  en  est  le  vestige.  Elles 
ont  coutume  de  porter  leurs  petits  sur  le  dos,  les  queues 
entortillées  autour  de  celle  de  la  mère. 


(1)  Voyez  la  lettre  de  M.  Bartoii  à  M.  Roume  sur  la  gestation  du  sarigue. 

(2)  C'est  le  prétendu  grand  philandre  oriental  de  Séba  ,  dont  Linné  a 
fait  son  did.  marsupialis.  Buffon  ,  qui  en  a  décrit  le  mâle  dans  son  supplé- 
ment III,  pi.  54,  a  cru,  à  tort,  que  la  femelle  manquait  de  poche,  ce 
qui  a  fait  établir  ,  mal  à  propos,  une  deuxième  espèce  did.  cancrivora  , 
Gm.  ,  carcinophaga  bodd.  j  à  Cayenne  on  nomme  le  crabier  pian  ou 
puant. 


1^4  MAMMIFÈRES. 

Le   CayopolUn  (i).  (^Did.  caj-opollin ,  did.  phllander 
et  did.  dorsigera.  L.  )  Buff.,  X,  lv. 

Gris  fauve,  le  lour  des  yeux  et  une  hanJe  sur  le  nca 
Ijruns,  la  queue  taclietée  de  noirâtre  j  grand  comme  un 
surmulot. 

La  Marmose  (2;.  {Did.  miirina.)  Bufl. ,  X,  lu,  lut. 

Gris  fauve,  un  trait  brun  au  milieu  duquel  est  l'oeil;  la 
queue  non  taclietée.  Moindre  qu'un  rat. 

I^e  Touan.  (Did.  hrachjura.  )  BulT. ,  Supp.  Yïl,  lxt. 

Le  dos  noirâtre  ;  les  flancs  d'un  roux  vif,  le  ventre  bianc, 
la  queue  plus  courte  que  le  corps.  Moindre  qu'un  rat. 

Ces  trois  espèces  sont  de  l'Amérique  méridionale. 

Enfin,  on  en  connaît  une  qui  a  les  pieds  palme's  et 
doit  être  aquatique ,  on  ne  sait  si  elle  a  une  poche  ; 
c'est  le 

Chironhctes.  ïllig.  (5j  (Dideîph,  palmata.  GeoiF.  La  petite 
Loutre  de  la  Guianiie.  BuiF. ,  Supp.  III ,  xxii.  Luira 
memina.  Bodd.  ) 

Elle  est  brune  dessus,  avec  trois  bandes  transverses  grises 
interrompues  dans  leur  milieu ,  et  blanche  dessons;  plus 
grande  qu'un  surmulot. 


(1)  CayopolUn  ,  nom  d'une  espèce  de  ce  genre  qui  habite  les  montagnes 
du  Mexique  ^  on  l'a  applique  un  peu  arbitrairement  à  cette  espèce-ci. 

(2)  Marmose  ,  nom  adopté  par  Buffon  d'après  une  faute  d'impression  de 
la  traduction  française  de  Scba  ,  qui ,  dans  le  texte  ,  assure  qu'on  l'appelle 
viarinotls  au  Erésil.  11  est  seulement  vrai  que  les  Hollandais  ,  du  temps  d'e 
Margrave  ,  l'appelaient  tai  (  e  bois  ,  et  les  Brésiliens  taïbi  ;  rat  <  'e  hois  est 
âusei  son  nom  chez  les  français  de  Caycnne  ;  et  Scba  aura  traduit  bosch- 
ratt"  par  marmotte. 

(5)  Chironectes  nageant  avec  des  mains.  v 


MARSUPIAUX.  1^5 

Les  Dasyures.  (Dasyurus.  Geoff.  )  (i). 

Ont  deux  incisives  et  quatre  mâchelières  de  moins 
à  chaque  mâchoire  que  les  sarigues  ;  ainsi  il  ne  leur 
reste  que  quarante-deux  dents  ,  et  leur  queue ,  revêtue 
partout  de  longs  poils ,  n'est  pas  prenante.  Leur  pouce 
de  derrière  est  beaucoup  plus  court ,  et  semblable  à 
un  tubercule.  Ils  vivent  à  la  nouvelle  Hollande  d'in- 
sectes, de  cadavres ,  et  pénètrent  dans  les  maisons, 
où  leur  voracité  est  très-incommode ,  etc.  Leur 
gueule  est  moins  fendue,  leur  museau  moins  pointu, 
et  leurs  oreilles  velues ,  plus  courtes  que  dans  les 
sarigues.  Ils  ne  grimpent  point  aux  arbres. 

Le  Dasj'ure  à  tête  de  chien.  (Did.  cjnocepjiala.) 
Harris.,  Soc.  Lin.,  IX,  xix. 

Grand  comme  un  chien  (trois  pieds  et  demi  de  long  sans 
la  queue  qui  en  a  près  de  deux),  à  queue  comprimée,  à 
pelage  gris. 

Le  Dasjure  hérissé.  (  Did.  ursina.  id.  ib.  )    , 

A  longs  poils  noirs  grossiers-,  avec  quelques  taches 
blanches  irrégulièrement  placées  (2).  Il  habite  avec  Je 
précédent  le  nord  de  la  terre  de  Diemen. 

Le  Dasjure  à  longue  queue.  [Vas.  macrouriis.  GeoiF., 
Peron,  i;(y".  pi.  xxxiir.  ) 

Grand  comme  une  marie,  à  queue  longue  comme  le. 
corps',  k  pelage  brun  tacheté  de  blanc  sur  le  corps  et  sur  la 
queue. 

(i)  Dasyurus  ,  queue  veluç  ,  ociCvç  et  «fOf.  Voy.  les  Méin.  de  M.  Geoff. 
ann.  tluMus.  lil ,  p.  355  ,  et  XV  ,  p.  3or. 

(•2)  jM  Harris  lui  donne  huit  incisives  en  haut,  dix  en  bas  ^  la  queue 
léyèreiTKnt  prenante  et  nue  en  dessous.  Il  fera  peui-êuc  un  nouveau  sous- 
geme  quand  on  le  connaîtra  mieux. 


1^6  MA]\îMIFÈFvES. 

Le  Dasj'ure  de  3Iaugé, 

Olivâtre ,  tacheté  de  blanc ,  sans  taclies  à  la  qiieue  ^  un 
peu  moindre  que  le  précédent. 

•Le  Dasyiire  de  TTliiie.  [Did,  viverrina,  Sliaw. ,  Gen., 
zool.  CXL  )  Whlte,  Bot.  b. ,  App.  286. 

Noir  tacheté  de  blanc  ,  sans  taches  à  la  queue  ,  d'un  tiers 
moindre  que  le  premier. 

Le  Tapoa-Tafa.  White,  Bot.,  b. ,  app.  281. 

Grisâtre  uniforme. 

Le  Dasyure  à  pinceau,   {Did.  penicillata.  Shaw.) 
Gen. ^  Zool. ,  1.  Il,  pi.  cxiii. 

Gris^  la  queue  revêtue  de  soies  noires  et  rudes. 

Le  Dasyure  nain. 

Moindre  qu'un  rat,  cendré  roussâtre,  le  pouce  plus  long, 
les  dents  plus  égales  et  plus  contiguës  qu'aux  précédens. 
Du  sud  de  la  terre  de  Diemen. 

Les  Péramèles  (i).  (Perameles.  Geoff.  )  Thjlaciso 

11%. 

Ont  le  pouce  de  derrière  court  comme  les  dasyures  , 
et  les  deux  doigts  qui  le  suivent  réunis  par  la  peau  jus- 
qu'aux ongles  ;  le  pouce  et  le  petit  doigt  de  leurs 
pieds  de  devant  ont  la  forme  de  simples  tubercules  • 
leurs  incisives  supérieures  sont  au  nombre  de  dix, 
dont  les   externes   pointues    et  écartées ,    les   infé- 


(i)  Pera-meles  de  mêles,  Llaireau  et  péra ,  bourse.  Leur  figure  a  en  petit 
quelque  chose  du  blaireau.  "Voy.  le  Mcm.  de  M.  Geoff. ,  ann.  du  Mus.  . 
tome  IV.  Thylacisàç  ^[hctKOç,     bourse 


MARSUPIAUX.  inn 

y  / 

rîeures  de  six  seulement  ;  mais  leurs  molaires  sont  les 
mêmes  que  dans  les  sarigues  :  on  leur  compte  donc 
quarante-huit  dents.  Leur  queue  est  velue  et  non  pre- 
nante :  ils  vivent  aussi  dans  FAustralasie.  Leurs 
grands  ongles ,  presque  droits^  annoncent  qu'ils  creu- 
sent la  terre ,  et  leurs  pieds  de  derrière  assez  longs  ^ 
que  leur  course  peut  être  rapide. 

Le   Péramèle  à  museau  pointu.  {Perameles  nasutus. 
G.  )  Ann.   du  Mus.  ^  lY. 

A  museau  Irès-allougé ,  à  oreilles  pointues ,  à  pelage 
brun-grisâtre.  Il  ressemble,  aii  premier  coup-d'ceil,  à  un 
tenree. 

La  seconde  subdivision  des  marsupiaux  porte 
à  la  mâchoire  inférieure  deux  longues  et  larges 
incisives  pointues  et  tranchantes  par  leur  bord, 
couchées  en  avant,  et  auxquelles  il  en  répond 
six  a  la  mâchoire  supérieure.  Leurs  canines  su- 
périeures sont  encore  longues  et  pointues;  mais 
ils  n'ont  pour  canines  inférieures  que  des  dents 
si  petites  ,  qu  elles  sont  souvent  cachées  par  la 
gencive  ;  le  dernier  sous-genre  n'en  a  même 
quelquefois  point  du  tout  en  bas. 

Leur  régime  est  en  grande  partie  frugivore  ; 
aussi  leurs  intestins  ,  et  surtout  leur  cœcum  , 
sont-ils  plus  longs  que  dans  les  sarigues  ;  ils  ont 
tous  le  pouce  grand  ,  tellement  séparé  des 
autres  doigts  qu'il  a  l'air  dirigé  eu  arrière  ,  pres- 

TOME    I,  -  Ï2 


178  MAMMIFÈRES. 

que  comme  celui  des  oiseaux.  Il  est  sans  ongles, 
et  les  deux  doigts  qui  le  suivent  sont  réunis  par 
la  peau  jusqu'à  la  dernière  phalange.  Cette  dis- 
position a  valu  à  ces  animaux  le  nom  de 

Phalangers.    (^Phalangista.  Cuv.  ) 

Les  Phalangers  (1)  proprement  dits.  {Balantia,  lUig.) 

N'ont  pas  la  peau  des  flancs  étendue  ;  ils  ont  à  cLaque 
mâchoire  de  chaque  côté  quatre  arrière  -  molaires  présentant 
chacune  quatre  pointes  sur  deux  rangs ,  en  avant  une  grosse 
conique  comprimée,  et,  entre  celle-ci  et  la  canine  supérieure, 
deux  petites  et  pointues  ,  auxquelles  répondent  les  très-petites 
d'en  bas  dont  nous  avons  parlé  :  leur  queue  esttoujours  prenante. 

Les  uns  l'ont  en  grande  partie  écalUeuse.  Ils  vivent  dans 
les  Moluques  sur  les  arbres,  où  ils  cherchent  des  insectes 
et  des  fruits.  Quand  ils  voient  un  homme  ,  ils  se  suspendent 
par  la  queue ,  et  l'on  parvient  en  les  fixant  à  les  faire  tomber 
de  lassitude.  Ils  répandent  une  mauvaise  odeur,  et  cependant 
on  mange  leur  chair. 

On  en  connaît  de  blanchâtres,  de  gris  tacheté  de 
noirâtre  ,  de  roux  avec  une  raie  brune  le  long  de  l'épine 
(qui  paraissent  les  plus  communs),  de  bruns  avec  le 
croupion  blanc  j  mais  on  n'a  pas  encore  suffisamment  dé- 


(i)  Le  nom  de  phaîanger  a  été  donné  par  Buffon  à  la  seule  espèce  con- 
nue de  son  temps  à  cause  de  la  réunion  de  deux  doigts  du  pied.  Celui  de 
philander  n^est  pas,  comme  on  1.;  croirait,  dérivé  du  grec  ,  mais  du  mot  pé- 
landor  ,  qui,  en  malais,  signifie  lapin,  et  fjue  les  habiians  d'Amboine 
donnent  à  une  espèce  de  kanguroo.  Séba  et  Brisson  l'ont  appliqué  indis- 
tinctement à  tons  les  animaux  à  bourse.  Les  phalangers  s'appellent  ,  dans 
les  Molnques,  couscous  ou  coussous.  Les  premiers  voyageurs  ne  les  ayant 
pas  suffisamment  distingués  des  sarigues  ,  avaient  donné  lieu  de  croire 
que  ce  dernier  genre  était  commun  aux  deux  contiuens.  Balantia  ,  de 
(icLXkvlloV  «  bourse. 


MARSUPIAUX.  I^g 

terminé  les  limites  de  leurs  espèces.  La  dénomination  de 
didelphis  orieîitalis y  Linn. ,  les  embrasse  toutes.  (Buff.,  XIII, 

X,  XI.  ) 

Dans  d'autres^  qui  jusqu'à  présent  ne  se  sont  trouvés  qu'a 
îa  nouvelle  Hollande  ^  la  queue  est  velue  jusqu'au  bout. 

Le  Phalanger  renard.  (  Did.   lemurina  et  vulpina.  Sliaw.  ) 
Bruno  de  Yiq.  d'Az.,  Wbile;  voy.  278. 

Grand  comme  un  fort  cîiat  ou  même  comme  un  raton , 
gris-brun,  plus  pâle  dessous  ,  à  queue  en  grande  partie 
noire. 

Le  Phalanger  de  Cook.  (  Cook  ,  dern.  Voy. ,  pi.  viii .  ) 

Moindre  qu'un cliat,  gris-roussâtre ,  blanc  dessous,  roux 
aux  flancs,  un  intervalle  blanc  vers  le  bout  de  la  queue. 

Les  Phalangers  volans.  (  Petaurus.  Sbaw.)   (  PhalaTigistUi 

Iliger.  ) 

Ont  la  peau  des  flancs  plus  ou  moins  étendue  entre  les  jam- 
bes, comme  les  polatoucbes  parmi  Jes  rongeurs,  ce  qui  leur 
permet  de  se  soutenir  en  l'air  quelques  instans ,  et  de  faire  des 
sauts  plus  étendus.  Ils  ne  se  trouvent  aussi  qu'à  la  nouvelle 
Hollande. 

Quelques-unes  de  leurs  espèces  ont  encore  des  canines  in- 
férieures, mais  très  -  petites.  Leurs  canines  supérieures  et 
leurs  trois  premières  molaires  ,  tant  en  haut  qu'en  bas,  sont 
très-pointues  ;  leurs  arrière -molaires  ont  chacune  quatre 
pointes. 

Le  Phalager  volant  riaiii,  (  Did.  pfgmcea.  Shaw. ,  Gen  zool. , 

pi.  cxiv.  ) 

De  la  couleur  et  presque  de  la  taille  d'une  souris  ;  les 
poils  de  la  queue  disposés  liès-régidièrement  des  deux  côtés 
comme  les  barbes  d'une  plume. 
D'autres  manquent  de  canines  inférieures ,  et  les  supérieures 


l8o  MAMMIFÈRES. 

sont  très-petites.  Leurs  quatre  arrière -molaires  présentent 
aussi  quatre  pointes ^  mais  un  peu  courbées  en  croissant,  ce 
qui  est  à  peu  près  la  forme  de  celles  des  ruminans.  En  avant , 
il  y  en  a  deux  en  haut  et  une  en  bas  moins  compliquées  :  cette 
structure  les  rend  plus  frugivores  encore  que  tous  les  pré- 
cédens. 

Le  grand  Phalanger  volant.  {Did.  petaurus.  Sbaw. ,  Gen. 
zool.  ;  pi.  cxii.  White.   Yoy.  288.  ) 

Ressemble  au  taguan  et  au  galéopithèque  par  la  taille  j 
sa  fourrure  est  douce  et  bien  fournie  ,  et  sa  queue  longue 
et  aplatie.  Il  y  en  a  de  diverses  nuances  de  brun  )  d'autres 
sont  variés  ;  et  d'autres  blanchâtres. 

Le  Phalanger  volant  à  longue  queue.  {Did.  macroura. ,  ib.) 

Brun  foncé  dessus ,  blanc  dessous,  grand  comme  un  sur- 
mulot ,  à  queue  grêle ,  une  fois  et  demie  longue  comme  le 
corps. 

Notre  troisième  subdivision  a  les  incisives^ 
les  canines  supérieures  ,  les  deux  doigts  réunis 
aux  pieds  de  derrière  comme  la  seconde  ;  mais 
elle  manque  de  pouces  postérieurs  et  de  canine^ 
inférieures.  Elle  ne  comprend  qu'un  seul  genre. 

Les  Kanguroos-Rats.  (^HjpsjprjTiiniis.  IHg.  ) 

Les  derniers  animaux  de  cette  famille  qui  con- 
servent quelque  chose  des  caractères  généraux 
des  carnassiers.  Leurs  dents  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  dans  les  pbaiangers  ^  et  ils  ont  encore 


(i)  Vr\,<Ti7r^V[J.y))Ç\ÛQyi  de  la  partie  posidrieure* 


MARSUPIAUX.  l8l 

en  haut  une  canine  pointue.  Les  deux  incisives  mi- 
toyennes supérieures  sont  plus  longues  que  les  au- 
tres ,  et  poijitues  ;  en  bas ,  ils  en  ont  seulement  deux 
couchées  en  avant.  Us  ont  en  avant  une  molaire 
longue  ,  tranchante  et  dentelée ,  suivie  de  quatre 
autres  hérissées  de  quatre  tubercules  mousses.  Ce  qui 
distingue  éminemment  ces  animaux ,  ce  sont  leurs 
jambes  de  derrière ,  beaucoup  plus  grandes  à  j)ro- 
portion  que  celles  de  devant ,  dont  les  pieds  man- 
quent de  pouces,  et  ont  les  deux  premiers  doigts 
réunis  jusqu'à  Tongle ,  en  sorte  qu'on  croit  d'abord 
n'y  voir  que  trois  doigts ,  dont  l'interne  aurait  deux 
ongles.  Us  marchent  souvent  sur  deux  pieds,  et  s'ai- 
dent alors  de  leur  longue  et  forte  queue  pour  se 
soutenir.  Ils  ont  donc  la  forme  et  les  habitudes  des 
kanguroos,  dont  ils  ne  diffèrent  que  par  leur  canine 
à  la  mâchoire  supérieure.  Leur  régime  est  frugi- 
vore ,  et  leur  estomac  grand ,  divisé  en  deux  po- 
ches ,  et  muni  de  plusieurs  boursouflures  ;  mais 
leur  cœcum  est  médiocre  et  arrondi. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce ,  de  la  taille  d'un  petit 
lapin  ,  et  d'un  gris  de  souris ,  que  l'on  a  appelée  Kanguroo- 
Rat  (  Macropus  minor,  Sliaw.  )  Elle  Tient  de  la  nouvelle 
Hollande  ,  oii  les  habitans  la  nomment  Potoroo.  White  , 
Bot.  B.  ,   286. 

La  quatrième  subdivision  ne  diffère  de  la 
troisième  que  parce  qu'elle  n'a  point  de  canines 
du  tout.  Ce  sont 


182  MAMMIFÈRES. 

Les  Kanguroos.  (  Macropus.  Shaw.  )  HalmaturuSp 

Iliger,   (i) 

Lesquels  présentent  tous  les  caractères  que  nous 
venons  d'assigner  au  genre  précédent,  excepté  que 
cette  canine  supérieure  leur  manque ,  el  que  leurs 
incisives  mitoyennes  ne  dépassent  pas  les  autres. 
L'inégalité  de  leurs  jambes  est  encore  plus  forte  ; 
en  sorte  qu'ils  ne  marchent  à  quatre  qu'avec  peine 
et  lenteur ,  mais  sautent  avec  beaucoup  de  vigueur 
sur  leurs  pieds  de  derrière,  dont  le  gros  ongle  du 
milieu^  presque  en  forme  de  sabot,  leur  sert  aussi 
de  défense  ;  car  en  se  tenant  sur  une  jambe  et  sur 
leur  énorme  queue ,  ils  peuvent  donner  avec  le  pied 
libre  des  coups  assez  violens.  Ce  sont  au  reste  des 
animaux  très-doux  ,  et  qui  vivent  d'herbe.  Aussi 
leurs  mâchelières  ne  présentent-elles  que  des  col- 
lines transverses.  On  leur  en  compte  cinq  partout, 
dont  les  antérieures  tombent  avec  l'âge  ;  ce  qui  fait 
que  les  vieux  n'en  ont  plus  que  trois.  Leur  estomac 
est  formé  de  deux  longues  poches  divisées  en  bour- 
souflures comme  un  colon.  Leur  cœcum  est  aussi 
grand  et  boursouflé  ;  leur  radius  permet  à  leur  avant- 
bras  une  rotation  complète. 

La  verge  de  ces  deux  genres  n'est  pas  fourchue  ; 
mais  leurs  organes  femelles  sont  les  mêmes  que  dans 
les  autres  animaux  à  bourse. 


(î)  Tlaîrtw.turus  fquewe  propre  à  saulcr 


MARSUPIAUX.  *l83 

"Le  Kanguroo  géant.  {Macropus  major.  Sharw.Didelphis 
gigantea.  Gra»  )  Schreb.  j  CLïH. 

A  quelquefois  six  pieds  de  liauteur;  c'est  le  plus  grand 
animal  de  la  rsouvelle-HoUande  :  il  fut  découvert  par  Cook 
en  1779  j  et  il  propage  aujourd'hui  en  Europe.  On  dit  que 
sa  chair  ressemble  à  celle  du  cerf.  Les  petits ,  qui  n'on 
qu'un  pouce  en  naissant ,  se  retirent  encore  dans  la  poche 
de  leur  mère  à  un  âge  où  ils  sont  en  état  de  paître  ,  ce  qu'ils 
font  en  sortant  leur  museau  de  la  poche  pendant  que  leur 
mère  paît  elle-même.  Ces  animaux  vivent  en  troupes  ,  con- 
duits par  les  vieux  mâles.  Ils  font  des  sauts  énormes.  Il  pa- 
raît que  l'on  a  confondu  jusqu'à  présent  sous  ce  nom  plu- 
sieurs espèces  de  la  Nouvelle-Hollande  et  des  terres  envi- 
ronnantes ,  dont  le  pelage^  plus  ou  moins  gris ,  ne  varie  que 
par  des  nuances  légères  (i). 

On  a  découvert  tout  nouvellement 

Le  Kanguroo  élégant.  (  Mac.  elegans.  )  Peron.  Voy.  I ,  xxvii. 

De  la  taille  d'un  gros  lièvre ,  gris-blanc ,  rayé  en  travers 
de  brun.  De  l'île  Saint-Pierre. 

On  en  connaissait  beaucoup  ,plus  anciennement  une 
espèce  : 

Le  Kanguroo  df  Aroé.  (  Didelphis  brunii,  Gm.  )  Schreb.  , 
CLIII  j  nommé  Pelandor  Aroé  ou  Lapin  d^Aroé^âr  les  Ma- 
lais d'Amboine. 

Mais  les  naturalistes  européens  n'avaient  point  fait  une 
attention  suffisante  aux  descriptions  que  Valentin  et  le  Bruyn 
en  avaient  données.  11  est  plus  grand  qu'un  lièvre,  brun  des- 


(t)  M.  Geoffroy  distingue  ;  Le  hanguroo  enfumé,  dont  le  gris  est 
plus  foncé.  Le  hanguro  à  moustaches  ,  qui  a  du  blanchâtre  au-devanî 
de  la  lèvre  supérieure.  Le  hanguroo  à  cou  roux ,  un  peu  moindre  que 
les  autres,  à  nuque  teinte  de  roux. 


l84  MAMMIFÈRES. 

sus,  et  fauve  dessous,  et  se  trouve  aux  îles  d'Aroé  près 
.Banda,  et  dans  celle  de  Solor. 

La  cinquième  subdivision  a  à  la  mâchoire 
inférieure  deux  longues  incisives  sans  canines  ; 
k  la  supérieure  deux  longues  incisives  au  milieu, 
quelques  petites  sur  les  côtés  ,  et  deux  petites 
canines  ,  elle  ne  comprend  qu'un  genre. 

Les  Koala. 

A  corps  trapu  ,  à  jambes  courtes ,  sans  aucune 
queue  3  ses  doigs  de  devant ,  au  nombre  de  cinq ,  se 
partagent  en  deux  groupes  pour  saisir  ;  le  pouce  et 
rindex  d'un  côté,  \es  trois  autres  du  côté  opposé.  Le 
pouce  manque  au  pied  de  derrière ,  qui  a  ses  deux 
premiers  doigts  réunis  comme  dans  les  précédens. 

On  n'en  connaît  qu'un  espèce  ,  à  poil  cendré,  qui  passe 
une  partie  de  sa  vie  sur  les  arbres  ,  et  l'autre  dans  des  ta- 
nières qu'elle  creuse  à  leur  pied.  La  mère  porte  long-temps 
son  petit  sur  le  dos. 

Enfin  5  notre  sixième  division  des  marsupiaux 
ou  les 

Phascolomes.  (  Phascolomys.  Geoff.  )  (1) 

Sont  de  véritables  rongeurs  par  les  dents  et  par 
les  intestins  ;  ils  ne  conservent  de  rapports  avec  la 
classe  des  carnassiers  que  Farticulation  de  leur  mâ- 
choire inférieure  ;  et  dans  un  système  rigoureux ,  il 
serait  nécessaire  de  les  ranger  avec  les  rongeurs; 

(1)  Phas  colomys  ,  rat  muni  d'une  poche  de  (^cf^iTKCùMV  ,  et  de  ^Vf  ? 
(  mus.) 


MARSUPIAUX.  l85 

nous  les  y  aurions  même  placés ,  si  nous  n'avions 
été  conduits  à  eux  par  une  série  non  interrompue 
des  diJelpbes  aux  phalangers ,  de  ceux-ci  aux  kan- 
guroos ,  et  des  kanguroos  aux  phascolomes  ;  enfin , 
si  les  organes  de  la  génération  n'étaient  point  par- 
•  faitement  semblables  à  ceux  de  toute  la  famille  des 
animaux  à  bourse. 

Ce  sont  des  animaux  lourds,  à  grosse  tête  plate, 
à  jambes  courtes,  à  corps  comme  écrasé,  sans  queue, 
qui  portent  cinq  ongles  aux  pieds  de  devant,  et 
quatre,  avec  un  petit  tubercule  au  lieu  de  pouce /à 
ceux  de  derrière,  tous  très-longs  et  propres  à  creuser. 
Leur  démarche  est  d'une  lenteur  excessive.  Ils  ont 
à  chaque  mâchoire  deux  longues  incisives  presque 
pareilles  à  celles  des  rongeurs,  et  leurs  mâchelières 
ont  chacune  deux  collines  transverses. 

Ils  vivent  d'herbe ,  et  ont  un  estomac  en  forme  de 
poire  et  un  cœcum  gros  et  court ,  muni ,  comme 
celui  de  l'homme  et  de  l'orang-outang,  d'un  appen- 
dice vermiforme.  Leur  verge-  est  fourchue  comme 
dans  les  sarigues. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  de  la  taille  d'un  blaireau,- 
à  poil  bien  fourni,  d'un  brun  plus  ou  moins  jaunâtrej  elle 
vit  à  l'île  Klng,  au  sud  de  la  Nouvelle-Hollande,  dans  des 
terriers,  et  se  multiplierait  aisément  chez  nous  ;  on  dit  que 
sa  chair  est  excellente  j  c'est 

Le  Didelphis  ursina  de  Sliaw  j  les  naturels  l'appellent 
JVombat  {i).  (Peron.  Voyage,  pi.  xxviii.) 


^<^*» 


(i)  M.  Bass  a  décrit  un  animal  extérieurement  le  même  que  le  phasco- 

lome,  et  auquel  il  donne  aussi  le  nom  de  IVombat ,  mais  qui  aurait  six 

ncisives,  deux  canines  et  seize  molaires  à  chaque  mâchoire.  S'il  n'y  a  pas 


l86  MAMMIFÈRES. 


LE  QUATRIÈME  ORDRE  DES  MAMMIFÈRES. 


LES  RONGEURS. 

Nous  venons  de  voir  dans  les  plialangers  des 
canines  si  petites  ,  qu'on  peut  les  considérer 
comme  nulles^  aussi  la  nourriture  des  animaux 
de  ce  genre  est-elle  prise  en  grande  partie  du 
règne  végétal  ;  leurs  intestins  sont  longs  et  leur 
cœcum  ample  j  et  les  kangiiroos  ^  qui  n'ont  pas 
de  canines  du  tout ,  ne  vivent  absolument  que 
d'herbes. 

On  pourrait  commencer  par  les  phasco- 
lomes  la  série  des  animaux  dont  nous  allons 
parler,  et  qui  ont  une  mastication  encore  moins 
parfaite. 

Deux  grandes  incisives  à  chaque  mâchoire  , 
séparées  des  molaires  par  un  espace  vide  ,  ne 
peuvent  guère  saisir  une  proie  vivante  ,  ni  dé- 
chirer de  la  chair;  elles  ne  peuvent  pas  même 
couper  les   alimens ,    mais   elles  servent  a  les 


eu    quelque    combinaison   erronée  de   deux,  descriptions   différentes,   ce         ! 
serait  uu  sous-genre  de  plus  à  placer  près  des  péramèles.  M.  Iliger  l'a  déjà 
établi  sous  le  nom   à''amh]otis ,  A^cL(j.(6?^co(riç  abortus.  Voy.  les  Mém.   de 
Pétersb.  i8o5  h  t8c6  ;  p.  44'i  >  ^'^  1^  Buîlefin  des  se.  ,  n°  7-?. ,  an  XI. 


RONGEURS.  187 

limer ,  à  les  réduire  ,  par  un  travail  continu , 
en  molécules  déliées  ,  en  un  mot,  à  les  ronger ^ 
de  là  le  nom  de  rongeurs  que  l'on  donne 
aux  animaux  de  cet  ordre  -,  c'est  ainsi  qu'ils 
attaquent  avec  succès  les  matières  les  plus 
dures ,  et  se  nourrissent  souvent  de  bois  et 
d'écorce.  Pour  mieux  remplir  cet  objet ,  ces  in- 
cisives n'ont  d'émail  qu'en  avant ,  en  sorte  que 
leur  bord  postérieur  s'usant  davantage  que  l'an- 
térieur 5  elles  sont  toujours  naturellement  tail- 
lées en  biseau  ;  leur  forme  prismatique  fait 
qu'elles  croissent  de  la  racine  a  mesure  qu'elles 
s'usent  du  tranchant ,  et  cette  disposition  à 
croître  est  si  forte  ,  que  si  l'une  d'elles  se  perd 
ou  se  casse  ^  celle  qui  lui  était  opposée  n'ayant 
plus  rien  qui  la  comminue,  se  développe  au 
point  de  devenir  monstrueuse.  La  mâchoire  in- 
férieure s'articule  par  un  condyle  longitudinal , 
de  manière  à  n'avoir  de  mouvement  horizontal 
que  d'arrière  en  avant  et  vice  versa  ,  comme  il 
convenait  pour  l'action  de  ronger  ;  aussi  les 
molaires  ont-elles  des  couronnes  plates  dont 
les  éminences  d'émail  sont  toujours  transver- 
sales pour  être  en  opposition  au  mouvement 
horizontal  de  la  mâchoire,  et  mieux  servir  à  la 
trituration. 

Les  genres  011  ces  éminences  sont  de  simples 


l88  MAMMIFÈRES. 

lignes  5  et  oii  la  couronne  est  bien  plane  5  sont 
plus  exclusivement  frugivores  ;  ceux  dont  les 
dents  ont  leurs  eminences  divisées  en  tubercules 
mousses  sont  omnivores; enfin,  le  petit  nombre 
de  ceux  qni  ont  des  pointes  attaquent  plus  vo- 
lontiers les  autres  animaux  et  se  rapprochent  un 
peu  des  carnassiers. 

La  forme  du  corps  des  rongeurs  est  en  gé- 
néral telle  que  leur  train  de  derrière  surpasse 
celui  de  devant ,  en  sorte  qu'ils  sautent  plutôt 
qu'ils  ne  marchent  ;  cette  disposition  est  même 
dans  quelques  sous-genres  aussi  excessive  que 
dans  les  kanguroos. 

Les  intestins  des  rongeurs  sont  fort  longs  ; 
leur  estomac  simple  ,  ou  peu  divisé  ,  et  leur 
cœcum  souvent  très-volumineux ,  plus  même 
que  l'estomac.  Cependant  le  sous-genre  des  loirs 
manque  de  cet  intestin. 

Dans  toute  cette  classe  ,  le  cerveau  est  pres- 
que lisse  et  sans  circonvolutions  ;  les  orbites 
ne  sont  point  séparées  des  fosses  temporales  qui 
ont  peu  de  profondeur  ;  les  yeux  se  dirigent 
tout-a-fait  de  côté  ;  les  arcades  zygomatiques  ^ 
minces  et  courbées  en  en  bas ,  annoncent  la 
faiblesse  des  mâchoires  ;  les  avant-bras  ne  peu- 
vent presque  plus  tourner  et  leurs  deux  os  sont 
souvent  l'éunis;  en  lua  mot^  l'infériorité  de  ces 


RONGEURS.  189 

animaux  se  montre  dans  la  plupart  des  détails 
de  leur  organisation. 

Cependant  5  les  genres  les  plus  nombreux  qui 
ont  de  plus  fortes  clavicules  ,  jouissent  encore 
d'une  certaine  adresse ,  et  se  servent  de  leurs 
pieds  de  devant  pour  porter  les  alimens  a  leur 
bouche.  Nous  en  ferons  notre  première  division. 

Le  genre  le  plus  remarquable  de  cette  division  est 

celui  des 

Castors.  (Castor.  L.) 

Que  Ton  distingue  de  tous  les  autres  rongeurs 
par  leur  queue  aplatie  horizontalement ,  de  forme 
presque  ovale  et  couverte  d'écaillés.  Ils  ont  cinq  doigts 
à  tous  les  pieds  :  ceux  de  derrière  sont  réunis  par  des 
membranes,  et  il  y  a  un  ongle  double  et  oblique  à 
celui  qui  suit  le  pouce.  Leurs  mâchelières,  au  nombre 
de  quatre  partout  et  à  couronne  plate,  ont  l'air  d'être 
faites  d'un  ruban  osseux  replié  sur  lui-même,  en 
sorte  qu'on  voit  une  échancrure  au  bout  interne  et 
trois  à  l'externe  dans  les  supérieures  et  l'inverse  dans 
les  inférieures. 

Les  castors  sont  dassez  grands  animaux  dont 
la  vie  est  toute  aquatique  ;  leurs  pieds  et  leur  queue 
les  aident  également  bien  à  nager.  Comme  ils  vivent 
principalement  d'écorces  et  autres  matières  dures, 
leurs  incisives  sont  très  -  vigoureuses  et  repoussent 
fortement  de  la  racine  à  mesure  qu'elles  s^usent  en 
avant;  aussi  s'en  servent -ils  pour  couper  toutes 
sortes  d'arbres. 


IQO  MAMMIFÈRES. 

De  grosses  poches  glanduleuses,  qui  aboutissent  à 
leur  prépuce,  produisent  une  pommade  d'une  odeur 
forte  employée  en  médecine  sous  le  nom  decastoreuf?i. 
Dans  les  deux  sexes,  les  organes  de  la  génération 
aboutissent  à  l'extrémité  du  rectum,  en  sorte  qu'il 
n'y  a  qu'une  seule  ouverture  extérieure. 

Le  Castor  du  Canada.  (  Castor  Jîher.  )  BufF. ,  VIII,  xxxvi. 

Surpasse  le  blaireau  par  sa  taille  ;  c'est  de  tous  les  qua- 
drupèdes celui  qui  met  le  plus  d'industrie  à  la  fabrication 
de  sa  demeure,  à  laquelle  il  travaille  en  société  dans  les 
lieux  les  plus  solitaires  du  nord  de  l'Amérique. 

Les  castors  cboisissent  des  eaux  assez  profondes  pour  ne 
pas  geler  jusqu'au  fond,  et,  tant  qu'ils  peuvent,  des  eaux 
courantes,  parce  qu'en  coupant  le  bois  au-dessus,  îe  cou- 
rant l'amène  où  ils  veulent.  Ils  soutiennent   l'eau  à  une 
égale  bauteur  paj:*  une  digue  de  toutes  sortes  de  branches 
mêlées  de  pierres  et  de  limon,  qu'ils  renforcent  tous  les 
ans,  et  qui  finit  par  germer  et  se  changer  en  une  véritable 
baie.    Les   huttes   particulières    servent   à   deux   ou    trois 
familles  et  ont  deux  étages  :  le  supérieur  à  sec  pour  les 
animaux,  l'inférieur  sous  l'eau  pour  les  provisions  d'écorces. 
Il  n'y  a  que  celui-ci  d'ouvert,  et  la  porte  donne  sous  l'eau 
sans  communication  avec  la  terre.  Ces  huttes  sont   faites 
de  branches   entrelacées  et  oarnies  de  limon.  Les  castors 
ont  d'ailleurs  plusieurs  terriers  le  long  du  rivage,  où  ils  se 
réfugient  quand  on  attaque  leurs  huttes.   Leurs   hàtimens 
ne  leur  servent  que  l'hiver  j  l'été  ils  s'éparpillent  et  vivent 
chacun  pour  soi. 

On    apprivoise   aisément  le   castor,    et  on    l'accoutune 
d  vivre  de  matières  animales. 

Le  castor  du  Canada  est  d'un  brun-roussâtre  uniforme  y 
sa  fourrure  est,  comme  on  sait,  très-rceherchée  pour  le 


RONGEURS.  igi 

feutrage.  Il  y  en  a  de  blonds,  de  noirs  et  quelquefois  de 

blancs. 

Nous  n'avons  pu  encore  constater,  malgré  des  compa- 
raisons scrupuleuses,  si  les  castors  ou  bièvres  qui  vivent 
dans  des  terriers  le  long  du  Rhône,  du  Danube,  du  Weser 
et  d'autres  rivières,  sont  différens  par  l'espèce  de  celui 
d'Amérique ,  ou  si  le  voisinage  des  hommes  est  ce  qui  les 
empêche  de  bâtir. 

Linnœus  etPallas  semblent  avoir  réuni  en  un  seul 
bloc ,  sous  le  nom  de 

Rats.   (Mus.   L.) 

Tous  les  rongeurs  pourvus  de  clavicules  qui  n  ont 
pu  être  dislingués  par  quelque  marque  extérieure 
très-sensible,  d'où  il  résulte  qu'on  ne  peut  leur  assi- 
gner de  caractère  commun ,  si  ce  n^est  tout  au  plus 
celui  des  incisives  inférieures  pointues  qu'indique  le 
premier  de  ces  naturalistes  ;  encore  faut-il,  pour  qu'il 
soit  juste,  séparer,  comme  nous  le  faisons^  les  rats- 
taupes  et  les  hélamys  ou  pédètes.  Les  autres  rats 
se  laissent  très-bien  subdiviser,  parles  mâchelières, 
en  plusieurs  sous-genres  qui  peuvent  être  répartis  en 
trois  petits  groupes. 

1°  Ceux  qui  ont  les  molaires  prismatiques  ou  à  couronne 
plate  et  traversées  dans  toute  leur  hauteur  par  les  lames 
d'émail,  structure  que  nous  retrouverons  dans  les  câblais,  les 
lièvres,  et  que  nous  observerons  jusque  dans  les  éléphans^ 
INous  leur  appliquons  le  nom  générique  de 

Campagnols.   Cuv.   {  .Irvicola.  ) 

Attendu  que  tous  ceux   que    l'on   connaît  ont  trois   mâ- 
chelières  partout  ,    formées  chacune    de   cinq    ou    six  ,     et 


jgT.  3IAMMIFÈRES. 

quelquefois  huit  prismes  triangulaires  placés  alternatiyemeat 
sur  deux  lignes. 

Une  première  subdivision  comprend 

Les  Ondatras.  (Fiber.  Cuv. ) 

Ou  campagnols  à  pieds  palmés,  à  longue  queue  com- 
primée et  écailleuse,  dont  on  ne  connaît  bien  qu'une  espèce. 

I 
U Ondatra  ou  Rat  musqué  du  Canada.  (  Castor  zibeticus. 

Lin.  3IUS  zibeticus.  Gm.  )  Buff.  ^  X ,  i. 

Grand  comme  un  lapin,  d'un  gris-roussâtre  :  ils  construi- 
sent en  hiver,  sur  la  glace,  une  hutte  de  terre ,  où  iL  habi- 
tent plusieurs  ,  allant  par  un  trou  chercher  au  fond  les  ra- 
cines d'acorus  qui  servent  à  les  nourrir.  Quand  la  gelée 
ferme  leurs  trous ,  ils  sont  réduits  à  se  manger  les  uns  les 
autres.  Cette  habitude  de  bâtir,  est  ce  qui  a  fait  rapporter 
l'ondatra  au  genre  du  castor  par  quelques  auteurs. 

La  seconde  subdivision  est  celle  des  ^ 

Campagnols  ordinaires.   (  Arvicola..  Lacep.  Hypudœus. 

Iliger.  ) 

Qui  ont  la  queue  velue ,  et  à  peu  près  de  la  longueur  du 

corps. 

heRat  d'eau,  [Mus  amphibius.)  Buff.  YII,  xliii. 

Un  peu  plus  grand  qu'un  rat  commun ,  d'uu  gris-bruu 
foncé ,  la  queue  de  la  longueur  du  corps  ;  habile  au  bord 
des  eaux ,  et  creuse  dans  les  terrains  marécageux  pour 
chercher  des  racines  ;  mais  il  nage  et  plonge  mal  (i). 

Le  Campagnol  ou  petit  Rat  des  champs.  {31us  arvalis.  Lin.) 

Buff.,  YlI,xLvii. 

Grand  comme  une  souris,  cendré-roussâlre,  la  queue  un 
peu  moindre  que  le  corps.  Il  habite  des  trous  qu'il  creuse 


(i)  lue  mus  tcrrestris  ,  Lin.  \e  schermauss  d'Hermann ,  nommé  mal 
à  propos  scherman,^2o:  Btiff.Suppl,  VII ,  ixx ,  ne  sont  que  dçs  rats  d'eau. 


RONGEURS.  .        19.3 

dans  les  cliamps ,  et  où  il  ramasse  du  grain  pour  l'hiver  : 
quelquefois  il  se  multiplie  excessivement  et  cause  de  grands 
dégâts. 

Le  Campagnol  de  prés.  (  Mus  œconomus.  Pall. }  Glires. , 

XIY,  A.  Sclireb. ,  Cuv. 

Un  peu  plus  foncé  et  à  queue  un  peu  plus  courte  :  il  ha- 
33ite  une  petite  chambre  en  forme  de  four,  creusée  sous  le 
gazon-,  d'où  plusieurs  canaux  étroits  et  branchus  le  condui- 
sent en  diverses  directions  -,  d'autres  canaux  communiquent 
avec  une  seconde  cavité  où  il  amasse  des  provisions.  De 
toute  la  Sibérie.  On  croit  l'avoir  trouvé  en  Suisse  et  dans 
le  midi  de  la  France  (i). 

La  troisième  subdivision  sera  celle  des 

Lemmings.  Cuv.  (  Georychus.  lliger.  )  (2) 

Qui  ont  la  queue  et  les  oreilles  très-courtes  ,  et  les  doigts 
de  devant  particulièrement  propres  à  creuser. 

Les  deux  premières  espèces  ont  cinq  ongles  bien  distincts 
aux  pieds  de  devant,  comme  les  rats-taupes  et  les  lièvres- 
sauteurs. 

Le  Lemmi?ig.  {Mus  lemmus.  lân.  )  Pall. ,  Glir. ,  XII,  A., 

B. ,  Schreb. ,  cxcxv. 

Espèce  du  nord  ,  de  la  taille  d'un  rat,  à  pelage  varié  de 
jaune  et  de  noir, très-célèbre  par  les  migrations  qu'elle  fait 
de  temps  en  temps,  sans  époques  fixes  et  en  tri  upes  innom- 
brables. On  dit  qu'ils  marchent  alors  en  ligne  droite  sans 
que  rivière,  montagne  ni  aucun  autre  obstacle  les  arrête, 
et  qu'ils  dévastent  tout  sur  leur  passage.  Leur  habitation 
ordinaire  paraît  être  sur  les  bords  de  la  mer  glaciale. 

■■■■■■  ■■■■  -»■■   .—  ■       f  ^.   mm  -..   ■■  ■    ^  ■        ■  >■    I  ■        mu  I  1^    -■       ■     -     Il  ■       - ■■■ -  -    ■■  —  11^ 

(1)  Ici  vienaent  encore  probablement  les  31.  saxatilis  ,  alliarius  ,  rutilas  , 
greg.iUs  et  socialis.  (Pall.  Gllr.  )  Mais  les  M.  lagunis  ei  torquatus  sont 
plutôt  des  lemmings.  • 

(2)  Tsei>^V')(^oç  ,  fouissant  la  terre. 

TOME     I.  l3 


I()4  MAMMIFÈRES. 

Le  Zocor.  (  Iffus  aspalax.  Gm.  )  Pail.  y  Glir. ,  X ^  SclireL»  ^ 

cev. 

Gris-roussâtre  ,  les  trois  ongles  mitoyens  de  devant  longs ^ 
arqués,  comprimés  et  tranclians  pour  couper  la  terre  et  les 
racines  ;  les  membres  courts ,  la  queue  presque  nulle  ,  les 
yeux  excessivement  petits.  DeSibérie,  où  il  vit  toujours  sous 
terre  comme  les  taupes  et  les  rats-taupes  ,  et  se  nourrit  prin- 
cipalement de  bulbes  de  divers  liliacés(i). 

La  troisième  espèce  ,  comme  tous  les  autres  animaux 
compris  sous  le  grand  genre  des  rats,  n'a  qu'un  rudiment 
depouce  au  s  pieds  de  devant.  C'est 

Le  Lemming  de  la  baie  d'Hudson.  (  Mus  Hudsoniiis.  Gm.  ) 

Sclireb. ,  cxcvi. 

D'un  cendré  clair  de  perle ,  sans  queue  ni  oreilles  ex- 
ternes :  les  deux  doigts  du  milieu,  aux  pieds  de  devant  du 
mâle",  ont  l'air  d'avoir  les  ongles  doubles  ,  parce  que  la 
peau  du  bout  du  doigt  est  calleuse,  et  fait  une  saillie  sous 
celle  de  l'ongle  ;  conformation  qui  ne  s'est  encore  rencontrée 
que  dans  cet  animal.  Il  est  grand  comme  un  rat,  et  vit  sous 
terre  au  nord  de  l'Amérique. 

?,"  Les  rats  dont  les  mâcbelières  se  divisent  dès  leur  base  en 
racines,  mais  dont  la  couronne  plate  oflPre  encore  des  lignes 
transverses  saillantes  et  creuses  ;  aussi  très-frugivores  :  on 
en  reconnaît  deux  sous-genres. 

JjeS  EcHIMYS.   (ECHIMYS.  Gcoff.  )  LONCHERES.  IligCF.  (2) 

Ont  quatre  mâcbelières  partout ,  présentant  en  bas  cbacuiie    1 
quatre  lames  transverses,  réunies  deux  à  deux  par  un  bout  ; 
en  liant  trois  seulement ,  dont  deux  réunies.  Ce  sont  des  ani- 
maux d'Amérique  qui ,  avec  une  forme  à  peu  près  la  même 
que  celle  de  nos  rats,  ont  le  plus  souvent  des  poils  aplatis, 

(i)  Le  Mus  talpinus ,  P#1I. ,  appartient  très-vraisemblablemeiit  à  cette 
subdivision  plutôt  qu'aux  spaJax  ,  mais  nous  ne  l'avons  pas  pu  examiner. 
(2)  Echirnys ,  rat  épineux  j  lonçhères  ,  porle-Iauce. 


RaNGEURS.  iq5 

élargis  ,  roifles  et  terminés  en  pointe  ^  en  un  mot  de  vrais  pi- 
quans  plats  comme  des  lames d'épées. 

VEchinijs  à  queue  dorée.  Lérot  à  queue  dorée,  àe  BuITon. 
{Iljsirix  chrjsuros.  Schreb.  )  BufF. ,  Sup.VII,  lxxu. 

Presque  grand  comme  un  lapin  ,  brun-marron  ,  à  ventre 
blanc  ,  une  crête  de  poils  allongés ,  et  une,  bande  longitu- 
dinale blanche  sur  la  itête  ;  queue  longue  ;,  noire  ,  sa 
moitié  postérieure  jaune.  De  la  Guiane. 

iJEchinvys  roux,  (  Ptat  épineux  de  d'Azzara.)  Voy.  pi.  xiir. 

Grand  comme  un  rat,  gris-roussâtre ,  queue  moindre  que 
le  corps.  De  Cayenne  ,  du  Paraguay  :  il  se  creuse  de  longs 
boyaux  souterrains. 

Les  Loirs.  (  Myoxus.  Gmel.  ) 

Ont  aussi  quatre  mâchelicres  ,  partout  divisées  par  des 
bandes  transverses  ;  mais  leur  poil  est  doux  et  leur  queue  ve- 
lue et  même  toufiPue.  Ils  vivent  sur  les  arbres,  se  nourrissent 
de  fruits  7  et  passent  dans  nos  climats  l'hiver  dans  un  sommeil 
léthargique.  Dans  ce  nombreux  ordre  des  rongeurs,  c'estle  seul 
genre  qui  manque  de  cœcum.  Nous  en  possédons  trois  espèces 
en  France. 

Le  Loir,  (  Mus  glis.  Lia.  )  (i).  BuiT.  ^  YIII,  xxiv. 

Grand  comme  un  rat,  gris-brun  cendré  dessus  ,  blanchâtre 
dessous,  du  brun  plus  foncé  autour  de  l'œil,  de  fortes 
moustaches,  la  queue  bien  fournie  sur  toute  sa  longueur, 
et  presque  disposée  comme  celle  d'un  écureuil.  Des  forêts 
du  midi  de  l'Europe.  C'est  probablement  ce  rat  que  les 
anciens  engraissaient ,  et  dont  ils  faisaient  leurs  délices. 


(ï)  Le  M.  (Jryas  de  quelques  auteurs ,  Schreb.  CCXXV.  B. ,  ne  nous  pa^ 
raît  point  différer  du  loir.  Myoxus  ,  rat  à  museau  pointu. 


igij  '    MAMMIFÈRES. 

Le  Lèrot.  (  IT.  nitela.  Gm.)  BufF.  ^Ill ,  xxy. 

Un  peu  moindre  que  le  précédent, gris-brun  dessus,  blan- 
châtre dessous  ,  du  noir  autour  de  l'œil ,  qui  règne  en  s'élar- 
gissant  jusqu|à  l'épaule;  la  queue  touffue  seulement  au  bout  ^ 
noire,  avec  l'extrémité  blanche. 

/ 

Le  Miiscardin.  (  Mus avellanarius.  Lin. )  Bufl. ,  YIIÎ  ,  xxvi. 

De  la  taille  d'une  souris,  roux-cannelle  dessus,  blan- 
châtre dessous ,  les  poils  de  la  queue  aussi  un  peu  disposés 
en  barbe  de  plumes. 

5**  Les  rats  dont  les  mâchelières ,  plus  ou  moins  tubercu- 
leuses ,  n'offrent  pas  aussi  nettement  des  sillons  transverses. 
Ils  sont  plus  omnivores  que  les  autres.  Leurs  sous-genres  sont  jfl 
plus  nombreux. 

Les  Kydromys.  (Geoff. ,  An.  du  Mus. ,  tom.  YI ,  pag.  86 

et  suivantes.  ) 

Se  distinguent  d'abord  de  tous  les  autres  rats  par  leurs  pieds 
de  derrière  ,  palmés  aux  deux  tiers  ;  leurs  molaires  ont  aussi 
un  caractère  particulier ,  en  ce  que  leur  couronne  ,  oblique- 
anent  quadrangulaire  ,  est  creusée  dans  son  milieu  comme  une 
cuiller.  Ils  sont  aquatiques. 

On  en  a  envoyé  de  la  Guiane  des  individus  à  ventre 
blanc ,  et  d'autres  à  ventre  fauve ,  qui  ont  tous  le  dessus 
brun-foncé  ,  la  queue  longue ,  noire  à  la  base  ,  et  blanche 
dans  sa  moitié  postérieure.  Ils  sont  quelquefois  doubles  du 
surmulot.  (  Hj^droiiiys  leucogaster  et  H.  Chrj^sogaster. 
Geoff.  ) 

On  croit  aussi  pouvoir  rapporter  à  ce  genre  un  animal 
de  l'Amérique  septentrionale,  dont  la  peau  vient  par  mil- 
liers en  Europe  pour  l'usage  des  chapeliers,  et  dont  les  ca- 
ractères n'ont  pu  cependant  encore  être  examinés  par  les 
anatORiisles.  C'est  le  ' 

Quoitija  de  d'Azzara.  {Mus  coypus.  MoWn.  eiOmel.  ) 
Qui  vit  dans  des  terriers  ;  aux  bords  des  rivières ,  dans  unt 


RONGEURS.  197 

grande  partie  cîe  l'Amérique  méridionale  ;  npproclie  du 
cabiai  par  la  taille  ,  et  lui  ressemble  par  la  couleur  du  poil  , 
mais  s'en  dislingue  par  la  finesse  de  ce  poil ,  et  surtout  du 
duvet  de  sa  base,  par  sa  longue  queue  y  le  nombre  de  ses 
doigts^  etc.... 

Les  Rats  proprement  dits.  (  Mus.  Cuv.  ) 

*Ont  partout  trois  molaires  à  tubercules  mousses  ,  dont  l'an- 
térieure est  la  plus  grande  ;  leur  queue  est  longue  et  écail- 
leuse.  Ces  espèces  sont  fort  nuisibles  par  leur  fécondité  et  la 
voracité  avec  laquelle  elles  rongent  et  dévorent  des  substances  . 
de  toute  nature.  Il  y  en  a  trois  qui  sont  devenues  irès-commu- 
nes  dans  les  maisons  ;  savoir  : 

La  Souris.  (  Mus  musculiis.  Lin.)  Bufî*.  ;  YIl,  xsxix. 
Connue  de  tous  les  temps  et  de  tout  le  monde, 
lié  Rat  ordinaire.  (  Mus  rattus.  Lin.  )  Buff.  Ylf ,  xxxvr. 

^  Dont  les  anciens  n'ont  point  parlé  ,  et  qui  paraît  avoir 
pénétré  en  Europe  dans  le  moyen  âge.  11  est  plus  que  double 
de  la  souris  dans  toutes  ses  dimensions.  Son  pelage  est 
noirâtre. 

"Le Surmulot.  [Mus  decumanus.  Pall.)  Buff.,  VIII,  xxvii. 

Qui  n'est  arrivé  en  Europe  que  dans  le  dix-buitiëme 
siècle,  et  qui  est  aujourd'hui  plus  commun  que  le  rat  à 
Paris  et  dans  quelques  autres  grandes  villes.  Plus  grand 
d'un  quart  que  le  rat,  il  en  diffère  encore  par  son  poil 
brun-roussâtre  et  par  sa  queue  à  proportion  plus  longue. 

Ces  deux  grandes  espèces  paraissent  originaires  d'orient; 
nos  vaisseaux  les  ont  transportées  partout  aussi-bien  que  la 
souris. 

La  Tartarie  orientale  et  la  Chine  ont  un  rat  égal  au 
surmulot,  à  queue  un  peu  plus  courte,  à  mâchoires  plus 
fortes,  d'une  teinte  blonde,  (c'est  le  if/,  caraco.  Pallas.) 
Giir.,  XXIII;  Schreb.,  CLXXVIL 


ïgS  MAMMIFÈRES. 

11  y  en  a  un  autre  aux  Indes  encore  d'un  quart  plus  fort 
que  le  surmulot,  brun-roussâlre ,  un  peu  plus  pâle  à  la 
tête,   (le  rat  perchai  de  BufF. ,  Supp.  YII,  lxix.) 

On  a  moins  observé  les  espèces  de  la  taille  de  la  souris. 

La  Souris  du  Caire.  (  M.  Caliirinus.  Geoff. ,  Descr.  de  l'Eg. 
mammif.)a  des  piquans  au  lieu  de  poils  sur  le  dos  j  Arislote 
l'avait  déjà  remarqué. 

Nous  ne  connaissons  en  France  qu'une  espèce  qui  vive 
loin  des  maisons  ;  c'est  le  mulot  {M.  sjlvaticus,)  Buff.  ^  YJI, 
XLi,  lequel  ne  surpasse  guère  la  souris  et  s'en  dislingue 
par  son  pelage  roux.  Il  dévaste  les  bois  et  les  cbamps  (i). 

Les  Hamst'ers.   (Cricetus.  Cuv.) 

Ont  les  mêmes  dents  que  les  rats,  mais  leur  queue  est 
courte  et  velue ^  et  les  deux  côtés  de  leur  bouche  sont  creusés , 
comme  dans  certains  singes,  en  sacs  ou  en  abajoues,  qui  leur 
servent  à  transporter  les  grains  qu'ils  recueillent  dans  leur 
demeure  souterraine. 

Le  Hamster  commun ,  3Iarmotte  a" Allemagne ^  etc.  {M. 
cricetus.  L.)  BuiGT.^  XIII,  xiv. 

Est  plus  grand  que  le  rat,  gris-roussâtre  dessus,  noir  aux 
flancs  et  dessous,  avec  trois  taches  blanchâtres  de  chaque 
côtéj  ses  quatre  pieds  sont  blancs,  ain^i  qu'une  tache  sous 
la  gorge  et  une  sous  la  poitrine  :  il  y  en  a  des  individus 
tout  noirs.  Cet  animal ,  si  agréablement  varié  en  couleur ,  est 
un  des  plus  nuisibles  qui  existent  à  cause  de  la  quantité  de 
grains  qu'il  ramasse,  et  dont  il  remplit  son  trou,  qui  a 
quelquefois  jusqu'à  sept  pieds  de  profondeur.  Il  est  commun 

(i)  AceUe  division  appartiennent  probablement  il-/,  agrarius  ,  ni.  mi- 
nulus ,  }?i.  soricinus  ,  tu.  vagus  ,  m.  beUiUnus  ,  m.  purnilio  ,  m.  striatus  , 
m.  baiharus  de  Pal! .  On  ne  peut  encore  Lien  classer ,  ni  le  772.  pilo- 
rides  ,  ni  aucun  des  rats  indiqués  plutôt  que  décrits  par  Molina  ,  parce 
qu'ils  ne  sont  pas  assez  bien  connus. 

C'est  encoreici  que  devra  venir  l'énorme  espèce  du  mus  giganteus.  Lin, 
Trans.  Yïï  ,  xxviii. 


nONGEURS.  ^99 

clans  toutes  les  contrées  sablonneuses  qui's'étencîent  depuis 
le  nord  de  l'Allemagne  jusqu'en  Sibérie. 

Ce  dernier  pays  produit  beaucoup  de  petites  espèces  dé 
hamsters  que  M.  Pallas  a  fait  connaître  (i). 

Une  des  espèces  les  plus  extraordinaires ,  si  elle  était  com- 
plètement authentique  ,  serait  le  mus  hiirs  irais ,  de  Shaw  , 
originairedu  Canada  ,  cendré  ,  dont  les  poches,  quand  elles 
sont  remplies,  sortiraient  des  deux  côtés  de  la  bouche  et 
surpasseraient  la  tête  en  grosseur.  On  lui  donne  cinq  ongles 
devant ,  dont  les  trois  du  milieu  très-longs  et  propres  à  fouir , 
et  quatre  derrière  ;  sa  queue  est  courte  et  sa  taille  approche 
de  celle  du  surmulot. 

Les  Gerboises.  (Dipus.  Gmcl.  ) 

Ont  les  mcmes  dents  que  les  rats,  une  longue  queue  touffue 
au  bout,  une  tête  large,  de  grands  yeux  saillans,  et  surtout 
des  extrémités  postérieures  d'une  longueur  démesurée  en 
comparaison  de  celles  de  devant  5  ce  qui  les  a  fait  nommer 
rats  à  deux  pieds  par  les  anciens.  En  efl'et ,  elles  ne  vont  guère 
que  par  grands  sauts  sur  leur|§  pieds  de  derrière.  Leurs  pieds 
de  devant  ont  cinq  doigts;  dans  ceux  de  derrière,  le  méta- 
tarse des  trois  doigts  du  milieu  n'est  formé  que  d'un  seul  os, 
comme  ce  qu'on  appelle  le  tarse  des  oiseaux;  il  y  a  en  outre, 
dans  certaines  espèces,  de  petits  doigts  latéraux  {?-).  Elles 
vivent  dans  des  terriers  et  tombent  en  une  léthargie  profonde 
pendant  l'hiver. 


(1)  M.  accedula  ,  arenarius  ,  phœus ,  songarus  ,  fuiuncuhis.  Pall.  Glir. 
et  Schreb. 

(2)  Le  nnis  longlpes  de  Lin. ,  ou  meridianus  de  Pall. ,  paraît  devoir' for- 
mer un  nouveau  sous-genre.  Le  twnaricinus  s'y  joindra  probablement,  si 
ce  n'est  pas  un  loir  :  nous  n'avons  vu  ni  l'un  ni  l'autre.  Il  est  vraisembla- 
ble qu'il  faudra  y  rapporter  le  m,  gerbillus  d'Olivier  ,  le  îji.  canadensis  de 
Pennant  et  de  bliaw  ^  et  le  dipus  indiens.  Linn.  Trans.  Vill ,  vu.  Ce  * 
.sont  les  gerbiUas  de  Desmarels  ,  et  les  mtriones  d'Iiliger. 


^00  MAMMIFÈRES. 

Le  Gerhoa  [M.  sagitta.)  BulF. ,  Supp  A'I,  xxxix  et  xl. 

A  trois  doigts  seulement,  grande  comuie  un  rat,  d'un 
fauTe-clalr  dessus,  blanche  dessous,  le  flocon  de  la  queue 
noir,  le  bout  blanc.  Depuis  la  Barbarie  jusqu'au  nord  de  la 
mer  Caspienne. 

J/Alactaga.  {M.jacuJus.  )  Pall. ,  Glir._,  XX,  Scbreb.^ 

CCXX\I1I. 

A  deux  petits  doigts  latéraux  (ï),  les  oreilles  plus  longues 
que  la  précédente,  mais  à  peu  près  les  mêmes  couleurs. 
M.  Pallas  en  a  observé  de  trois  grandeurs  différentes,  depuis 
celle  du  lapin  jusqu'à  celle  du  rat  :  ce  sont  peut-être  autant 
d'espèces.  On  trouve  l'une  ou  l'autre  depuis  lai  Syrie  jusqu'à 
l'Océan  oriental  et  jusqu'au  nord  de  l'Inde. 

Nous  nous  voyons  obligés  de  séparer  des  rats  et 
d'établir  tout-à-fait  comme  genres  les  trois  genres 
suivans  : 

Les  Rats-Taufes.  (Spalax.  Giildensledt.  )  (2) 

m 

Ont  les  mêmes  mâchelières  que  les  rats,  les  hamsters 
et  les  gerboises,  mais  leurs  incisives  sont  trop  grandes 
pour  être  recouvertes  par  les  lèvres;  Textrémité  des 
inférieures  est  en  coin,  c'est-à-dire,  à  tranchant 
transverse  rectiligne  et  non  en  pointe;  tous  leurs 
pieds  ont  cinq  doigts  courts  et  cinq  ongles  plats  et 
menus;  leur  queue  est  très-courte  ou  nulle,  aussi- 
bien  que  leur  oreille  extérieure.  Ils  vivent  sous  terre, 
y  creusent  comme  les  taupes  quoiqu'avec  des  înslru- 
inens  bien  moins  puissans ,  élevant  la  terre  comme 


(1)  C'est  par  une  erreur  de  Sam.  Gmelin  que  Buffon  a  cte'  induit  à  don- 
ner à  Talactaga  quatre  doigts  aux  pieds  de  derrière  ;  il  en  a  cinq. 

(2)  Aspaîax  ,  spalax  y  noms  grecs  de  la  taupe. 


r.ONGEURS.  ^Oî 

elles ,   mais  se   nourrissant  seulement    de   racines  ; 
aussi  leur  œil  est-il  excessivement  petit. 

Le  Zemni,  Slepez,  ou  Rat^Taupe  aveugle.  [^I.  t/phlus. 
L.)  Pall.,  Glir.,  YIII,  Schreb. ,  CCVI. 

JN'a  même  point  du  tout  d'œil  visible  au  dehors  ;  mais 
quand  on  enlève  sa  peau,  on  trouve  un  très -petit  poiqS 
noir  qui  paraît  organisé  comme  un  œil,  sans  pouvoir 
servir  à  la  vision  puisque  la  peau  passe  dessus  sans 
s'ouvrir  ni  s'amincir  ,  et  sans  j  avoir  moins  de  poils 
qu'autre  part.  Cet  animal  singulier  a  d'ailleurs  un  air 
tout-à-fait  informe  par  sa  grosse  tête  anguleuse  sur  les  côtés^ 
par  ses  pieds  courts  et  parce  qu'il  n'a  aucune  queue.  A  peu 
près  de  la  taille  de  notre  rat ,  d'un  cendré  tirant  sur  le  roux, 
il  bah  ite  tout  l'orient  de  l'Europe  et  les  parties  voisines  de 
l'Asie  jusqu'en  Perse.  U  se  pourrait ,  comme  le  ditM.  Olivier  , 
qu'il  eût  donné  aux  anciens  l'idée  de  faire  la  taupe  lout-à-falt 
aveugle. 

Les  Rats-Taupes  du  Cap.   (Orycteré.  Fr.  Cuv. 

Bathyergus.  lilig»)  (ï) 

Avec  la  forme,  les  pieds  et  les  incisives  tronquées 
des  précédens,  ont  quatre  mâchelières  partout  et 
les  postérieures  profondément  échancrées  au  côté 
externe;  leur  œil  est,  quoique  petit,  à  découvert, 
et  ils  ont  une  courte  queue.  On  en  connaît  deux 
espèces. 

Le  Rat- Taupe  des  Du7ies.  {Mus  maritimus.  L.)  Bulï". ^ 

Supp.  VI ,  xxxviir. 

D'un  gris  blanchâtre ,  presque  de  la  taille  d'un  lapin,  éÀ 

Le  petit  Rat-Taupe  du  Cap,  (  M,  Capensis,  )  BufF. , 

Supp.  XI,  xxxvr. 

Brun,  une  tacîie  autour  de  l'œil,  une   autour  de  l'oreille^ 

(i)  Bathyergus  ,  qui  travaille  dans  la  piofondcur.  Oryclcre  ^  fonceur. 


'202  MAMMIFÈRES. 

une  au  vertex  et  le  bout  du  museau  blanc;  grand  comms 
un  cochon  d'Inde. 

Tous  deux  sont  communs  dans  les  environs  du  Cap  de 
Bonne-Espérance^  et  j  creusent  tellement  la  terre,  qu'il  est 
dangereux  d'y  courir  à  cheval  (i). 

Les  HelA3iys,    Fred.    Cuv,    vulgairement    lièvres- 
sauteurs,  (Pedetes.  îllig.  )(2) 

Que  l'on  a  placés  jusqu'ici  avec  les  gerboises,  leur 
ressemblent  en  effet  par  leur  tête  large,  leurs  gros 
yeux,  leur» longue  queue,  et  surtout  par  la  petitesse 
de  leur  train  de  devant  et  la  grandeur  de  celui  de 
derrière,  quoique  la  disproportion  en  soit  beaucoup 
moindre  que  dans  les  vraies  gerboises.  Les  caractères 
particuliers  des  hélamys  sont  quatre  mâchelières  par- 
tout composées  chacune  de  deux  lames,  cinq  doigts 
aux  pieds  de  devant  armés  d'ongles  très  -  longs  et 
pointus,  et  quatre  à  leurs  grands  pieds  de  derrière, 
tous  distincts,  même  par  les  os  du  métatarse,  et 
terminés  par  des  ongles  larges  et  presque  semblables 
rr  des  sabots.  Ce  nombre  de  doigls  est  l'inverse  de 
celui  qui  est  le  plus  général  parmi  les  rats.  Leurs 
incisives  inférieures  sont  tronquées  et  non  pointues 
comme  celles  des  vraies  gerboises  et  de  tous  les  autres 
animaux  compris  sous  le  genre  des  rats,  les  seuls 
rats- taupes  exceptés. 

On    n'en     connaît   qu'une    espèce    du    Cap    de   Bonne- 

« 

(i)  M.  lUiger  sépare  le  M.  Capensls  du  Bathyergus  ,  ou  m,  maritimus  , 
pour  le  mettre  avec  le  m.  Hudsonius  ,  et  Vaspalax  ou  ses  Georychus. 
Mais  la  coiilormation  du  mus  Capensis  est  absolument  la  même  que  celle 
du  m.  maritimns,  ainsi  que  nous  nous  en  sommes  assure's, 

{lyjlelamys  f  rat-sauteur.  Pedetes  ,  sauteur. 


RONGEURS.  203 

Espérance,  grande  comme  un  lapin,  fauve -clair,  à  queue 
îouiFue ,  noire  au  bout  (  mus  cafer,  Pall.  Dipus  cafer.  Gm.) 
BuET.  ,  Supp.  Yl ,  XLi. 

Grnelin  avait  déjà  séparé  du  genre  des  rats 

Les  Marmottes,  (  Akctomys.  Gm.  )  (i) 

Qui  ont  avec  les  incisives  inférieures  pointues  des 
autres  animaux  compris  dans  ce  grand  genre ,  cinq 
mâchelières  de  chaque  côté  en  haut  et  quatre  en  bas 
toutes  hérissées  de  pointes;  aussi  quelques  espèces 
se  déterminent-elles  aisément  à  manger  de  la  chair 
et  prennent-elles  des  insectes  aussi-bien  que  de  l'herbe. 
Ce  sont  des  animaux  à  jambes  courtes,  à  queue 
velue  médiocre  ou  courte,  à  tête  large  et  aplatie, 
qui  passent  l'hiver  en  léthargie  dans  des  trous  profonds 
dont  ils  ferment  l'entrée  par  un  amas  de  foin.  Ils 
vivent  en  société  et  s'apprivoisent  aisément.  On  en 
connaît  trois  espèces  dans  l'ancien  continent  : 

La  Marmotte  des  Alpes.  (  M.  Alpinus.  L.  )  BufF. ,  YIII, 

XXVIII. 

Grande  comme  un  lapin  ,  à  queue  courte  ,  à  pelage  gris- 
jaunâtre,  avec  des  teintes  cendrées  vers  la  tète.  Elle  vit 
dans  les  hautes  montagnes  immédiatement  au-dessous  des 
neiges  perpétuelles. 

La  Marmotte  de  Pologne  ou  Bobac.  {M.  hobac.  L. ) 
j^Pall.,  Glir. ,  V,  Sclireb. ,  GGIX. 

Grande  comme  la  précédente,  gris-jaunatre  ,  avec  des 
teintes  rousses  vers  la  tête.  Habite  les  montagnes  peu  élevées 
et  les  collines  depuis  la  Pologne  jusqu'au  Kamt^chalka 
creuse  souvent  dans  les  terrains  les  plus  durs. 

^ _ 4^:^ 


(i)  ArcLo-mys ,  rat-ours. 


/ 


204  MAMMIFÈRES. 

Le  Souslik  ou  Zizel,  (M.  ciiillus.  L.)  Buff.,  Supp.,  IIÎ, 

XXXI. 

Joli  petit  animal  gris-brun^  onde  ou  taclieté  de  Liane  par 
gouttelettes,  qui  se  trouve  depuis  la  Bolième  jusqu'en  Sibérie. 
Il  a  un  goût  particulier  pour  la  cbair,  et  n'épargne  pas  même 
sa  propre  espèce. 

L'Amérique  en  a  aussi  quelques  espèces  (i). 

Les  Ecureuils.  (Sciurus.  L.  ) 

Que  Ton  a  toujours  regardés  comme  un  genre  à 
part;,  se  font  reconnaître  par  leurs  incisives  infé- 
rieures très  -  comprimées  ,  et  par  leur  queue  lon- 
gue ,  garnie  de  poils  longs  et  épars  ,  dirigés  sur  les 
côtés  comme  des  barbes  de  plumes.  Ils  ont  quatre 
doigts  devant  et  cinq  derrière.  Quelquefois  le  pouce 
de  devant  se  marque  par  un  tubercule.  On  leur 
compte  partout  quatre  mâchelières  tuberculeuses ,  et 
une  très-petite  en  avant  y  en  haut  y  qui  tombe  de 
bonne  heure.  Ce  sont  des  animaux  légers  ,  vivant  sur 
les  arbres ,  y  nichant ,  se  nourrissant  de  fruits ,  dont 
la  tête  est  large  ,  et  les  yeux  saillans  et  vifs. 

On  en  compte  beaucoup  d'es[)èces  dans  les  deux 
continens. 

U Ecureuil  commun.  {Sciurus  vilîgaris.)  Buff.,  VII,  xxxn. 

D'un  roux  vif,  les  oreilles  terminées  par  un  bouquet  de 
poils  ;  ceux  du  nord  deviennent  d'un  beau  cendré-bleuâtre 
en  biver ,  et  donnent  alors  la  fourrure  appelée /?^f//-gns  : 
il  y  en  a  aussi  des  variétés  brunes  et  noires. 


(i)   Arct.   mouax.  Buff.  Supplément    III ,   :xxvni.   —   A.    empêtra. 
Sêhrcb.  CCX. 


RONGEURS.  205 

Les  espèces  d'Amérique  n'ont  pas  de  pinceaux  aux  oreil- 
les. Tels  sont     ^^ 

JJEcureuil  gris  de  Caroline,  (  Sciuriis  cinereus.  Lin.  ) 
Petit-Gris  de  Buff. ,  X ,  xxv. 

Plus  grand  que  le  nôtre  ,  cendré ,  à  ventre  Liane. 

\J Ecureuil  à  masque  ,  du  même  pays.  (  Se.  capistratus. 
Bosc.  )  Se.  cinereus,  SchreL.  ccxiii ,  B. 

Cendré  ,  à  tête  noire  ,  museau  ,  oreilles  et  ventre  Lianes. 
L'un  et  l'autre  varient  par  plus  de  Lrun  ou  de  noir,  et  de- 
Tiennent  quelquefois  tout  noirs  (i). 

La  plupart  des  espèces  de  l'ancien  continent  sont  auasî 
destituées  de  ces  pinceaux.  L'une  des  plus  Lelles  est 

Le  grand  Ecureuil  des  Indes,  (  Se.  maximus  et  maerou- 
rus  (2).  Gm. )  Buff.,  Sup. ,  VII,  lxxii. 

Presque  aussi  grand  qu'un  chat,  noir  dessus,  à  flancs  efe 
sommet  de  la  tête  d'un  Leau  marron  vif  j  la  tête,  tout  le 
dessous  du  corps  et  le  dedans  des  memLres  jaune  pâle  ;  une 
Lande  marron  derrière  la  joue.  Il  LaLite  sur  les  palmiers, 
et  se  plaît  surtout  au  suc  laiteux  des  noix  de  coco. 

Il  y  a  aussi  dans  les  pays  cLauds  quelques  écureuils  re- 
ïnarquaLles  par  les  Landes  longitudinales  dont  leur  pelage 
egt  varié.  Tels  sont 

Le  Barharesque.  (  Se.  getulus.  L.  )  Buff. ,  X,  xxvii. 

Dont  les  Landes  s'étendent  jusque  sur  la  queue. 

Le  Palmiste.  (  ^s^.  palmarum.  L.  )  Buff.  X ,  xxvi. 

Il  est  proLaLle  qu'il  faudra  distinguer  des  écureuils  certaines 
espèces  qui  ont  des  aLajoues  comme  les  Lamsters,  et  qui  pas- 


(1)  Le  Se.  vulpinus  y  le  caroîinensis  et  le  niger  n'en  paraissent  que 
des  variétés. 

(2)  Il  sufllt  de  comparer  les  figures  de  Pennant  et  de  Sonnerai  pour 
juger  qu'elles  représentent  le  même  aaima!. 


20G  MAMMIFÈRES. 

sent  leur  vie  dans  des  trous  souterrains  V  Tamias  lUîqer.  ) 

Tel  est  âl^^ 

le  suisse,  (^c.  striaîus.  Lin.  )  BufF. ,  X ,  xxviii. 

Qui  se  trouve  dans  tout  le  nord  de  l'Asie  et  de  l'Améri- 
que ,  surtout  dans  les  forêts  de  pins.  Sa  queue  est  moins 
fournie  que  dans  l'écureuil  d'Europe  ,  ses  oreilles  rases  ,  et 
son  pelage  brun  avec  cinq  raies  noires  et  deux  blanchâtres. 

U Ecureuil  de  la  haied'Eudson.  {Se.  Hadsonius.)  Sclireb. 

ccxiv. 

A  pelage  brun-roux,  avec  une  seule  raie  noire  sur  chaque 

flanc  y  en  paraît  très-voisin. 

On  devra  probablement  distinguer  encore  les  giierlinguets , 
espèces  de  l'Amérique  méridionale  ,  à  longue  queue,  presque 
ronde  ,  à  scrotum  énorme  et  pendant.  BufF. ,  Sup.  ^  VII ,  lxv  , 
I-XVl  (i). 

On  a  déjà  séparé 

Les  POLATOUCHES.   (  pTEROMYS.  CuV.  ) 

Auxquels  la  peau  de  leurs  flancs ,  s'étendant  entre  les  jambes 
de  devant  et  celles  de  derrière  ,  donne  la  faculté  de  se  soutenir 
en  l'air  quelques  instans,  et  de  faire  de  très-grands  sauts.  Leurs 
pieds  ont  de  longs  appendices  osseux  qui  soutiennent  une  par- 
tie de  celte  membrane  latérale. 

Il  y  en  a  une  espèce  en  Pologne  ,  en  Russie  et  en  Sibérie. 

(  Sciurus  volans.  )  Scbreb. ,  ccxxtii. 

Gris-cendré  dessus,  blanche  dessous  ;,  grande  comme  uiY 
rat ,  la  queue  de  la  moitié  de  la  longueur  du  corps  seule- 
ment :  elle  vit  solitaire  dans  les  forets. 

Une  du  nord  de  l'Amérique. 


(i)  Nous  avons  U'ouvé  cepeudaut  aux  tamia  et  aux  guerllnguets  les 
mêmes  molaires  qu'aux  écureuils  et  qu'aux  polatouches. 


RONGEURS.  207 

(  Se.  volticcella.  )  BulF. ,  X,  xxi. 

Gris-roussâtre  dessus,  hlanclie  dessous ,  moindre  que  la 
précédente,  à  queue  seulement  d'un  quart  moindre  que  le 
corps  :  elle  vit  en  troupes  dans  les  prairies  tempérées  de  l'A- 
mérique septentrionale. 

Une  dans  l'arcliipel  des  Indes,  presque  grande  comme 
un  cliat  -,  le  mâle  d'un  beau  marron  vif  dessus ,  roux  dessous  j 
la  femelle  brune  dessus  ,  blancliâtre  dessous.  C'est  le 

(  Se.  petaurista.  )  Ta^uan,  Duff. ,  Sup.  ^  IIî  ,  xxi ,  et  YIÎ , 

X.XVTI. 

Mais  ce  même  archipel  en  produit  aussi  une  petite. 

(  Se.  satina,  ) 

Brun  foncé  dessus,  blanc  dessous,  qui  se  dislingue  sur- 
tout des  autres  petites  espèces,  parce  que  sa  membrane  forme, 
ainsi  que  dans  le  taguan ,  un  angle  saillant  très-aigu  der- 
rière le  poignet. 

Enfin  M.  GeofFroi  a  aussi  séparé  avec  raison  de  ce  genre 

Les  Aye-Aye.  Geoff.  (Cheiromys.  Cuv.  )  (i) 

Dont  les  incisives  inférieures  encore  beaucoup  plus  compri- 
mées, et  surtout  plus  étendues  d'avant  en  arrière  que  dans 
les  écureuils  ,  ressemblent  à  des  socs  de  charrue  j  leurs  pieds 
ont  tous  cinq  doigts  ,  dont  quatre  de  ceux  de  devant  sont 
excessivement  allongés,  et,  dans  ce  nombre  ,  le  médius  est 
beaucoup  plus  grêle  que  les  autres  ;  dans  les  pieds  de  derrière , 
le  pouce  est  opposable  aux  autres  doigts  ;  en  sorte  qu'ils  sont  à 
cet  égard  ^  parmi  les  rongeurs  ,  ce  que  sont  les  sarigues  parmi 
les  carnassiers 

On  ne  connaît  qu'une  es^jèce  d'aje-aye  découverte  à  Ma- 
dagascar par  Sonnera  t. 

.    (Sciurus  Madagascariensis.)  Gm. ,  BulF. ,  Sup ,  YII ,  lxviii. 

Grande  comme  un  lièvre ,  d'un  brun  mêlé  de  jaune ,  à 
queue  longue  et  épaisse,  garnie  de  gros  crins  noirs,  à  grandes 


(ï)  Pteromys  f  rAt  Rilé.  Chçiromys  :  rat  à  main. 


208  MAMMIFÈRES. 

oreilles  nues.  C'est  un  animal  nocturne ,  dont  les  mouve^ 
mens  sont  pénibles  ,  et  qui  vit  claus  un  terrier.  Il  se  sert  de 
son  doigt  grêle  pour  porter  les  alimens  à  sa  bouche. 

La  seconde  division  des  rongeurs  ,  com- 
prend les  genres  qui  n'ont  que  des  rudimens 
de  clavicules.  Le  plus  facile  à  distinguer  est 
celui  des 

PoPtC-Epics.  (Hystrîx.   Lin.) 

Qui  se  font  reconnaître  au  premier  coup-d'œil  par 
les  piquans  roides  et  aigus  dont  ils  sont  armés  comme 
les  hérissons  parmi  les  carnassiers.  Ce  sont  des  ani- 
maux à  quatre  mâclielières  partout ,  cylindriques , 
marquées  sur  leur  couronne  de  quatre  ou  cinq  em- 
preintes enfoncées.  Leur  langue  est  hérissée  d'écaillés 
épineuses.  On  leur  compte  quatre  doigts  devant  et 
cinq  derrière ,  armés  de  gros  ongles.  Ils  vivent  dans 
des  terriers  ^  et  ont  beaucoup  des  habitudes  des  la- 
pins. Leur  voix  grognante  j  jointe  à  leur  museau 
gros  et  tronqué  ,  sont  ce  qui  les  a  fait  comparer  au 
porc, 

l^e  Porc-Epic  commun  o\x  a  crinière.  [Hjst,  cristata.h.) 

Buff.  ;,  XII;   LI  ,   i-ii. 

Plus  grand  qu'un  lièvre ,  ijdes  épines  très-longues  et  très- 
fortes  sur  lô  dos  j  une  crinière  de  longues  soies  sur  la  tête 
et  sur  la  nuque  j  la  queue  courte ,  terminée  par  des  tuyaux 
ouverts  ,  portés  sur  des  pédicules  ,  et  qui  sonnent  beaucoup 
quand  l'animal  les  secoue.  D'Ilalie  ,  de  Grèce,  (3e  Barbarie, 
même  des  Inde-s  orientales 


RONGEURS.  20g 

X'G  Porc-Epic  à  queue  prenante.  (  Flist.  prehensiiis'h.)  Cuendu. 
Mai  g. ,  Hoilzllaquatzin  ,  Herm.  (i). 

A  queue  longue  et  prenante  y  dépourvue  d'épines  dans  sa 
îiioitié  postérieure  -,  les  épines  courtes  partout.  Des  parties 
chaudes  de  l'Amérique ,  où  il  se  tient  souvent  sur  les  arbres. 

Le  Porc-Epic  à  queue  en  pinceau.  { Flist. Jasciculata.  L.) 

A  queue  longue ,  terminée  par  un  faisceau  d'épines  ap- 
platies  comme  des  lanières  de  parcliemin  •  les  épines  du 
corps  aplaties  comme  des  lames  d'épéej».  Des  Indes ,  au  delà 
du  Gange  (2). 

Le  Porc-Epic  velu.  (Hist.  âorsata.  L.  )  Urson  de  BuiFon  , 

XII  ,  l.Y. 

A  queue  médiocre,  les  épines  eu  grande  partie  cacîiées 
dans  le  poil.  Du  nord  de  l'Amérique. 

Les  Lièvres.  (  Lepus.  Lin.  ) 

Ont  aussi  un  caractère  très-dislinclif ,  en  ce  que 
leurs  incisives  supérieures  sont  doubles,  c'est-à-dire 
que  chacune  d'elles  en  a  par  derrière  une  autre  plus 
petite.  Leurs  molaires ,  au  nombre  de  cinq  partout^ 
sont  formées  chacune  de  deux  lames  verticales  sou- 
dées ensemble,  et  il  s'en  trouve  en  haut  une  sixième 
simple  et  très-petite.  Il  ont  cinq  doigts  devant,  qua- 
tre derrière  ,  un  énorme  cœcum  cinq  à  six  fois  plus 


(1)  Ce  mot  veut  dire  en  inexicain  sarigue  épineux,  parce  qu'il  a  !a 
queue  prenante  du  sarigue.  C'est  le  coemlou  à  longue  queue.  Buiï. 
Suppl.  VII ,  pi.  Lxxvrii. 

(3)  C'est  le  porc-éplc  de  Malaca.  Ruff.  Suppl.  VII ,  lxxvii.  UhysLrlx 
macroura.  Seb.  I ,  pi.  lu  et  Schreb.  CLXX,  doit  lui  ressembler  beaucoup. 
Seulement  on  représente  les  laaières  de  sa  queue  cowrae  formées  de  plu- 
sieurs renflemens  qui  resseiîîblcnt  à  autant  de  grains  de  riz. 

TOM.     I,  l4 


a  I  O  M  A  31 1^1 1  F  È  R  E  s. 

grand  que  Festomac  ,  et  garni  en  dedans  d'une  lame 
spirale  qui  en  parcourt  la  longueur.  L'intérieur  de 
leur  bouche  et  le  dessous  de  leurs  pieds  sont  garnis 
de  poils  comme  le  reste  de  leur  corps. 

Les  LiÈvJiES  proprement  dits.   (  Lepus.  Cuv.  ) 

Ont  des  oreilles  longues,  une  queue  courte,  les  pîeds  de 
derrière  bien  plus  longs,  des  clavicules  imparfaites,  l'espace 
sous  orbitaire  percé  en  réseau  dans  le  squelette. 

Les  espèces  en  sont  assez  nombreuses,  et  si  semblables  en- 
tre elles ,  qu'il  est  difficile  de  les  caractériser. 

Le  Lièi^re  commun^  (Lepus  iimidiis.  L.)  Buff. ,  Yll ,  xxxviii. 

D'un  gris-jaunâtre,  les  oreilles  plus  longues  que  la  télé 
d'un  dixième,  cendrées  en  arrière,  noires  à  la  pointe,  a 
queue  de  la  longueur  de  la  cuisse ,  blancbe  ,  avec  une  ligne 
noire  en  dessus. 

Tout  le  monde  connaît  cet  animal,  dont  la  cbair  noire  est 
agréable  et  le  poil  utile.  11  vit  isolé ,  ne  se  terre  point,  cou- 
clie  à  plate  terre,  se  fait  cbasser  en  arpentant  la  plaine  par 
de  grands  circuits,  et  n'a  pu  encore  être  réduit  en  do- 
mesticité. 

Le  Lièvre  variable.  {Lepus  variabilis,  Pall.)  Schreb.  ccxxxv,  B. 

Un  peu  plus  grand  que  le  commun ,  à  oreilles  et  queug^ 
un  peu  plus  courtes;  celle-ci  toute  blancbe  en  tout  temps  y 
le  reste  du  pelage  gris  en  été  et  blanc  en  biver.  Cet  ani- 
mal ,  qui  se  trouve  au  nord  et  sur  les  hautes  montagnes  d» 
midi  de  l'Europe ,  a  les  mœurs  du  lièvre  commun ,  mais  sa 
chair  est  insipide. 

Le  Lapin.  (  Lepus  cuniculus,  L.)  BuiF. ,  YI ,  l. 

Moindre  que  le  lièvre,  les  oreilles  un  peu  plus  courtes 
que  la  tête,  et  la  queue  moindre  que  la  cuisse  ;  pelage  gri»- 
jnunâtre  ,  du  roux  à  la  nuque  ,  gorge  et  ventre  blancbâtres, 
oi-eillcs  grises  sans  noir ,  du  brun  sur  la  queue. 


RONGEURS.  211 

Cet  animal  ,  originaire  d'Espagne ,  est  aujourd'hui  ré- 
pandu dans  toute  l'Europe.  Il  vit  en  troupes  dans  des  ter- 
riers, oii  il  se  réfugie  aussitôt  qu'il  est  poursuivi.  Sa  chair  , 
blanche  et  agréable  ,  diffère  beaucoup  de  celle  du  lièvre. 
En  domesticité  ,  le  lapin  multiplie  infiniment ,  et  prend  de* 
couleurs  et  des  poils  très-variés. 

Les  pays  étrangers  fournissent  plusieurs  espèces  que  Von 
ne  distingue  de  notre  lapin  qu'en  y  mettant  beaucoup  d'at- 
tention. Telles  sont 


Le  Lapin  de  Sibérie.  (  Lepus  tolaï.  Gm.)  Schreb.  ccxxxiv. 

Qui  tient  une  sorte  de  milieu  entre  le  lièvre  et  le  lapin 
pour  les  proportions  ,  et  surpasse  quelquefois  le  premier  par 
sa  taille.  Sans  faire  des  terriers  ,  il  se  réfugie  dans  les  fentes 

des  rochers  ou  autres  cavités. 

• 

Le  Lapin  d* Amérique,  (  Lepus  Americanus  et  Brasilien- 
sis.  Gm.  )  Lepus  nanus.  Schreb. ,  ccxxxiv  y  B. 

De  la  taille  et  presque  de  la  couleur  du  nôtre  ,  à  pieds 
roussâtres  ,  sans  noir  ni  aux  oreilles  ni  à  la  queue  j  niche 
dans  les  troncs  d'arbres  ,  et  remonte  souvent  dans  leur  creux 
jusqu'à  leurs  branches.  Sa  chair  est  insipide  et  molle. 

D'autres  ont  avec  notre  lièvre  une  ressemblance  tout 
aussi  marquée.  Tel  est 

Le  Lièvre  d'Afrique.  (^Lepus  Capensis.  Gm.)  Geoff.  ^quadr. 

d'Egypte. 

A  oreilles  plus  longues  que  la  tête  d'un  cinquième  ^  pres- 
que de  la  taille  et  de  la  couleur  de  notre  lièvre  ;  à  pieds 
roussâtres  un  peu  plus  longs. 

11  paraît  se  trouver  d'une  extrémité  de  l'Afrique  à  l'au- 
tre j  du  moins  celui  d'Egypte  n«  diffère-t-il  pas  de  celui 

du  Cap. 

Les  Laoomys.  Cuv.  (  Laoomys.  )  (  i  ) 

Ont  les  oreilles  médiocres,  les  jambes  peu  différentes  entr« 


(i)  Lagcmys ,  rat-lièvre. 


212  MAMMIFÈRES. 

elles  j  le  trou  sous-oibitaire  simple ,  des  clavicules  presque 
parfaites,  et  manquent  de  queue  :  ils  font  entendre  souvent  une 
voix  fort  aiguë.  On  n'en  a  encore  trouvé  qu'en  Sibérie  ,  et  c'est 
Pallas  qui  les  a  fait  connaître.  (Glir. ,  pag.  i  et  suiv.  ) 

Le  Lagomj'S  nain.  [Lepus  pusillus.) Pall.  j  Glir. ,  I, Sclireb. , 

CCXXXVII. 

Gris-brun  j  grand  comme  un  rat  d'eau  ;  vit  dans  de  petits 
terriers,  en  des  contrées  fertiles ,  de  fruits  et  de  bourgeons. 

Le  Lagonrys  gris.  (  Lepus  ogotonna.  )  Pall.  ^  Glir. ,  III , 

Sclireb.,  ccxxxix.  ^ 

Gris  très-pâle  ,  a  pieds  jaunâtres,  un  peu  plus  grand  que 
le  précédent;  niclie  dans  des  tas  de  pierres,  des  fentes  de 
rochers  ,  etc....,  où  il  amasse  du  foin  pour  l'hiver. 

Le  Lagomj'-s  pica:  { Lepus  Alpinus.  )  Pall.  ,  Glir.  ;  II , 

Sclireb. ,  ccxxxviii. 

Grand  comme  un  cochon  d'Inde  ,  roux-jaunâtre  ;  habite 
les  sommets  les  plus  élevés  des  montagnes,  où  il  passe  l'été  à 
choisir  et  à  sécher  les  herbes  dont  il  fait  sa  provision  d'hiver. 
Ses  tas  de  foin,  quelquefois  hauts  de  six  ou  sept  pieds,  sont 
vme  ressource  précieuse  pour  les  chevaux  des  chasseurs  de 
zibelines. 

Après  les  deux  genres  des  porcs-épics  et  des  liè- 
vres ,  il  en  vient  que  Linnœus  et  Pallas  réunissaient 
sousle  nom  deCAviA,  mais  auxquels  il  est  impossible 
de  trouver  d'autre  caractère  commun  et  positif  que 
celui  de  leurs  clavicules  imparfaites  ,  quoique  les 
espèces  qui  les  composent  ne  manquent  pas  d'ana- 
logie entre  elles  pour  rha])itude  du  corps  et  pour 
les  mœurs.  Elles  sont  toutes  du  nouveau  continent. 

Les  Cabiais.  (  Hydrochoerus.  Erxleben.  ) 

Ont  quatre  doigts  devant  et  trois  derrière  ,  tous 


RONGEURS.  2l3 

armés  d'ongles  larges  et  réunis  par  des  membranes  ; 
quatre  mâchelières  partout ,  dont  les  postérieures 
plus  longues ,  composées  de  nombreuses  lames  sim- 
ples et  parallèles;  les  antérieures  de  lames  fourchues 
vers  le  bord  externe  dans  'les  supérieures ,  vers  Tin- 
terne  dans  les  inférieures. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce. 

Capfhara  de  Marg.  Capij-goua  de  d'Azz.  Cawia  capibara 
de  Lin.  Cahiai  de  BufF. ,  XII ,  xlix. 

Grande  comme  un  coclion  de  Siam,  à  museau  très-épais^ 
à  jambes  courtes  ,  à  poil  grossier,  brun  jaunâtre  ,  sans 
queue  :  elle  habite  en  troupes  dans  les  rivières  de  la  Guiane 
et  des  Amazones.  C'est  un  bon  gibier,  et  le  plus  grand 
des  rongeurs.  Le  castor  seul  en  approche  pour  la  taille. 

Les  Cobayes  ,  vulgairement  Cochons  d'Inde. 
(  Anoema.  Fred.  ^  Cuv.  )  (  Cavia.  lUig.  ) 

Représentent  les  cabiais  en  petit;  mais  leurs  doigts 
sont  séparés  ^  et  leurs  molaires  n'ont  chacune  qu'une 
lame  simple  et  une  fourchue  en  dehors  dans  les  su- 
périeures, en  dedans  dans  les  inférieures. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  ,  BufT. ,  YIII^  i,  très- 
multipliée  aujourd'hui  en  Europe  ,  oii  on  en  élève  dans  les 
maisons  ,  parce  qu'on  croit  que  son  odeur  chasse  les  rats. 
Elle  y  varie  en  couleur  comme  tous  les  animaux  domestiques. 
11  y  a  lieu  de  penser  qu'elle  vient  d'un  animal  d'Amérique 
nommé  aperea ,  de  même  taille  et  de  même  forme  y  mais 
à  pelage  entièrement  gris-roussâtre.  On  le  trouve  dans  îe& 
bois  au  Brésil  et  au  Paraguay. 


2l/^  MAMMIFÈRES. 

Les    Agoutis.    Cuv,    (  Ciiloromys.    Fred.    Cuv. 

Dasyprocta.  Illig.  ) 
Ont  quatre  doigts  devant,  trois  derrière,  quatre 
mâchelières  partout  presque  égales,  à  couronne  plate 
irrégulièrement  sillonnée,  à  contour  arrondi,  échancré 
au  bord  interne  dans  les  supérieures,  à  Texterne  dans 
les  inférieures.  Ils  ressemblentypar  leur  naturel  et  par 
leur  chair ^  à  nos  lièvres  et  à  nos  lapins,  qu'ils  repré- 
sentent en  quelque  sorte  aux  Antilles  et  dans  les 
parties  chaudes  de  TAmérique. 

JJ Abouti  ordinaire.  [Cavia  acuti.  L.)  Buff. ,  Vllî,  t. 

A  queue  réduite  à  un  simple  tubercule,  à  poil  brun ,  fauve 
sur  la  croupe  dans  le  mâle,  grand  comme  un  lièvre. 

IJAcouchi.  {Cavia  acuchi»  Gm. )  BufF.,  Supp.  IIÏ,xxxvi. 

A  queue  de  six  ou  sept  vertèbres,  poil  brun  dessus,  fauve 
dessous ,  grand  comme  un  lapin. 

Les  Pacas.  (Coelogenus.  Fred.  Cuv.)(i) 

Ont,  avec  des  dents  assez  semblables  à  celles  àes 
agoutis,  un  très-petit  doigt  de  plus  qu'eux  au  bord 
interne  du  pied  de  devant  et  un  de  chaque  coté, 
également  très-petit,  au  pied  de  derrière,  ce  qui  leur 
fait  cinq  doigts  partout.  On  remarque  en  outre  une 
cavité  creusée  dans  leur  joue  et  qui  s'enfonce  sous  un 
rebord  formé  par  une  arcade  zjgomatique  très-large 
et  très-saillante. 

On  dit  que  leur  chair  est  fort  bonne. 

Il  y  en  a  une  espèce  ou  variété  fauve  et  une  brnne  toutes 
deux  tachetées  de  blanc.  (  Cavia  paca.  L.)  Buff. ,  X,  xliii, 

Supp.  III  ,  XXXV. 

^111,  Il  ■■■_--■■  •  I         rail  ■  -  •  -^— — ^^       ■  ■  ■      -^ 

(i)  Anœma  ,  sans  ïoxcQ\chloroniys  ,  rat-jaune;  dasyprocta  ,  fesse  velue j 
cœlogenus ,  joue  creuse  j  /ij(//v  cnocnis ,  cochon  d'eau. 


r^ 

ii:> 


CINQUIÈME  ORDRE  DES  MAMMII  ÈRES. 


LES  ÉDENTÉS 

Ou  quadrupèdes  sans  incisives  ,  formeront 
notre  dernier  ordre  d'animaux  onguiculés. 
Quoique  réunis  par  un  caractère  négatif  seule- 
ment 5  ils  ne  laissent  pas  que  d'avoir  entre  eux 
quelques  rapports  positifs  ,  notamment  de  gros 
ongles  qui  embrassent  l'extrémité  des  doigts  et 
se  rapprochent  plus  ou  moins  de  la  nature  des 
sabots  ;  de  plus  une  certaine  lenteur ,  un  dé- 
faut d  agilité  5  occasionné  par  des  dispositions 
de  leurs  membres  faciles  à  apercevoir  ;  mais  ces 
ï'apports  laissent  encore  des  lacunes  assez  mar- 
([uées  pour  que  Tordre  doive  se  diviser  en  trois 

tiibus. 

Les  Tardigrades 

Formeront  la  première.  Ils  ont  la  face  courte. 
Leur  nom  vient  de  leur  excessive  lenteur,  suite 
d'une  structure  vraiment  hétéroclite,  oii  la  na- 
ture semble  avoir  voulu  s'amuser  à  produire 
quelque  chose  d'imparfait  et  de  grotesque.  Le 
seul  genre  encore  existant  ou 

Les  Paresseux.  (Bradypus.  L.) 

Ont  des  molaires  cjliudiiques  et  des  canines  algues. 


2l6  MAMMIFÈRES. 

plus  longues  que  ces  molaires,  deux  mamelles  siîf 
la  poitrine  et  des  doigts  réunis  ensemble  par  la  peau, 
et  ne  se  marquant  au-deliors  que  par  d'énormes 
ongles  comprimés  et  crochus,  toujours  fléchis  vers  le 
dedans  de  la  main  ou  la  plante  du  pied.  Leurs  pieds 
de  derrière  sont  articulés  obliquement  sur  la  jambe 
et  n'appuient  que  par  le  bord  externe  \  les  phalanges 
de  leurs  doigts  sont  articulées  par  des  gynglymes  serrés, 
et  les  premières  se  soudent  à  un  certain  âge  aux  os 
du  métacarpe  ou  du  métatarse  :  ceux-ci  finissent  par 
se  souder  ensemble  faute  d'usage.  A  cette  incommo- 
dité dans  l'organisation  des  extrémités,  s'en  joint 
une  non  moins  grande  dans  leurs  proportions.  Leurs 
bras  et  leurs  avant-bras  sont  beaucoup  plus  longs  que 
leurs  cuisses  et  leurs  jambes  ,  en  sorte  que ,  quand  ils 
marchent,  ils  sont  obligés  de  se  traîner  sur  leurs 
coudes  ;  leur  bassin  est  si  large  et  leurs  cuisses  telle- 
ment dirigées  sur  le  côté,  qu'ils  ne  peuvent  rapprocher 
les  genoux.  Leur  démarche  est  l'effet  naturel  d'une 
structure  aussi  disproportionnée  (i).  Ils  se  tiennent 
sur  les  arbres  et  n'en  quittent  un  qu'après  l'avoir 
dépouillé  de  ses  feuilles,  tant  il  leur  est  pénible  d'en 
gagner  un  autre  ;  on  assure  même  qu'ils  se  laissent 
tomber  de  leur  branche  pour  s'éviter  le  travail  d'en 


(i)  M.  Carlisle  a  observé  que  les  artères  des  membres  commencent  par 
se  diviser  en  une  infinité  de  ramuscnles ,  qui  se  réunissent  ensuite  en  ua 
tronc  d'où  partent  les  branches  ordinaires.  Celte  structure  se  rencontrant  aussi 
dans  les  loris,  dont  la  démarche  n'est  guère  moins  paresseuse  ,  il  serait 
possible  qu'elle  exerçât  quelque  influence  sur  la  lenteur  des  mouvemens. 
Au  reste  ,  les  loris  ,  l'orang-outang  ,  le  coaita,  tous  animaux  très-lents,  se 
font  tous  remarquer  par  la  longueur  de  leurs  bras. 


ÉDENTÉS.  217 

descendre.  Ils  ne  font  qu'un  petit  qu'ils  portent  sur 
le  dos. 

Les  viscères  de  ces  animaux  ne  sont  pas  moins 
singuliers  que  le  reste  de  leur  conformation.  Leur 
estomac  est  divisé  en  quatre  sacs  assez  analogues 
aux  quatre  estomacs  des  ruminans ,  mais  sans  feuillets 
^  ni  autres  parties  saillantes  à  Fintérieur ,  tandis  que  leur 
canal  intestinal  est  court  et  sans  cœcum. 

TJy^ï.    {Bradypus  tridactjlus,   L.  )   BuIF. ,  XIII, 

V  et  VI. 

Est  l'espèce  où  la  lenteur  et  les  détails  d'organisation  qui 
la  produisent  sont  portés  au  plus  haut  degré.  Il  a  trois 
doigts  ou  plutôt  trois  ongles  à  chaque  pied;  le  pouce  et  le 
petit  doigt  réduits  à  de  petits  rudimens  cachés  sous  la  peau 
et  soudés  au  métatarse  et  au  métacarpe;  la  clavicule,  aussi 
réduite  à  un  rudiment,  est  soudée  à  l'acromion.  Les  bras 
ont  le  double  de  longueur  de  ses  jambes;  le  poil  de  sa  tête^ 
de  son  dos  et  de  ses  membres  est  long,  gros  et  sans  ressort^ 
presque  comme  de  l'herbe  fanée,  ce  qui  lui  donne  un  air 
hideux.  Sa  couleur  est  grise,  souvent  tachetée  sur  le  dos  de 
brun  et  de  blanc  :  plusieurs  individus  portent  entre  les 
épaules  une  taché  d'un  fauve  vif  que  traverse  une  ligne 
longitudinale  noire.  On  ignore  s'ils  forment  espèce.  Sa  taille 
est  celle  d'un  chat,  et  il  porte  une  très-courte  queue.  C'est 
le  seul  mammifère  connu  jusqu'à  ce  jour  qui  ait  neuf 
vertèbres  cervicales. 

UUnaii.  (Bradj-pûs  didacijlus.  Lw)  Buff.^  XîII,  i. 

Qui  n'a  que  deux  ongles  aux  pieds  de  devant  et  point  de 
queue  du  tout,  est  un  peu  moins  malheureusement  or- 
ganisé que  l'aï.  Ses  bras  sont  moins  longs,  ses  clavicules 
complètes  ;  il  ne  se  soude  pas  un  si  grand  nombre  d'os  à 
ses  pieds  ni  à  ses  mains;  son  museau  est  plus  allongé,  etc. 


9.1  (S  MAMM  IF  ÈRE  S. 

Il  est  de  moitié  plus  grand  que  Taï  et  d'un  gris-bru» 
uniforme  qui  prend  quelquefois  une  teinle  roussâtre. 

Ces  deux  animaux  sont  originaires  des  parties  chaudes 
de  l'Amérique.  Ils  seraient  probablement  détruits  depuis 
long-temps  par  les  nombreux  carnassiers  de  ce  pays,  s'ils 
n'avaient  quelque  défense  dans  leurs  ongles  (i). 

M.  Shaw,  Gen.  zooL,  a  décrit,  sous  le  nom  de  hradypus 
ursinus  (Pbochilus.  IHiger),  un  animal  originaire  des  Indes, 
conduit  vivant  en  Angleterre ,  de  la  taille  et  à  peu  près  de 
la  forme  d'un  ours ,  à  cinq  doigts  armés  d'ongles  à  tous 
les  pieds,  sans  incisives,  avec  des  canines  et  des  molaires; 
mais  celles-ci  sont  inégales  entre  elles,  ce  qui  paraît  déjà 
indiquer  une  différence  générique  d'avec  les  paresseux. 
Il  est  très-intéressant  d'avoir  une  anatomie  de  ce  singulier 
animal  (2). 

La  deuxième  tribu  comprend 

Les  Edentés  ordinaires 

A  museau  pointu.  Les  uns  ont  encore  des 

mâchelières.  Il  y  en  a  deux  genres  , 

Les  Tatous.  (Dasypus.  L.)  (3) 

Sont  très-remarquables  parmi  tous  les  mammifères^ 
par  le  test  écailleux  et  dur ,  composé  de  compartimens 

(1)  Il  est  singulier  que  le  par.  didactyle  ii*aitpas  été  connu  avant  Se'ba  , 

et  qu'on  se  soit  obstiné  long-temps  d'après  cet  ignorant  collecteur ,  à  le  dire 

cie  Cejlan.   Erxleben  l'a  soutenu  d'Afrique ,  parce  qu'il  prenait  pour  lui 

le  poto  de  Bosmann  ,  qui  est  un  galago.  (Voyez  ce  dernier  genre.  )  II  est 

de  fait  que  l'unau  ne  vient  que  de  TAmérique  méridionale. 

(a)  M.  Buchaaan  ,  Voy.  dans  le  Mysore  ,  tome  II,  p.  198,  assure  que 
c'est  un  véritable  ours  >  et  qu'il  se  nourrit  de  fourmis  blanches  ,  de  fruits 
de  sorgho ,  etc. 

(3)  Tatou  est  leur  nom  brasilien.  On  les  nomme  aussi  (j/uirquincho.  Les 
Espagnols  les  appellent  <i;7nadi7/o  ,  à  cause  de  leur  armure,  les  Portugais 
encuberto  par  la  même  raison.  Dasyfus  (pieds  velus)  était  un  des  noms  du 
îi^vreoudu  lapîti  chez  les  Grecs. 


ÉDENTÉS.  ^^^9 

semblables  à  cîe  petits  pavés,  qui  recouvre  leur  tête, 
leur  corps  et  souvent  leur  queue.  Cette  substance 
forme  un  bouclier  sur  le  front,  un  second  très-grand 
et  très-convexe  sur  les  épaules ,  un  troisième  semblable 
au  précédent  sur  la  croupe ,  et  entre  ces  deux  derniers, 
plusieurs  bandes  parallèles  et  mobiles  qui  donnent  au 
corps  la  faculté  de  se  plo}'er.  La  queue  est  tantôt 
garnie  d'anneaux  successifs ,  tantôt  seulement^  comme 
les  jambes,  de  divers  tubercules.  Ces  animaux  ont  de 
grandes  oreilles,  de  grands  ongles,  dont  tantôt 
quatre,  tantôt  cinq  devant,  et  toujours  cinq  derrière, 
le  museau  assez  pointu ,  des  mâchelières  cylin- 
driques séparées  les  unes  des  autres ,  au  nombre  de 
sept  ou  huit  partout,  sans  émail  dans  l'intérieur,  la 
langue  lisse,  peu  extensible,  quelques  poils  épars 
entre  leurs  écailles  ou  sur  les  parties  de  la  peau  qui 
n'ont  point  de  test.  Ils  se  creusent  des  terriers,  et 
vivent  en  partie  de  végétaux ,  en  partie  d'insectes  et 
de  cadavres;  leur  estomac  est  simple  et  le  cœcum 
leur  manque.  Ils  sont  tous  originaires  des  parties 
chaudes  ou  au  moins  tempérées  de  l'Amérique. 

On  distingue  à  peu  près  les  espèces  par  le  nombre 
de  leurs  bandes  intermédiaires  combiné  avec  la  forme 
des  compartiraens  ;  cependant  les  bandes  sont  sujettes 
^  varier  d'une  ou  deux  selon  les  individus. 

Le  Tatou  à  trois  bandes  ,  Tatou  apura,  Marg. ,  Apar» 
BuiF. ,  Mataco  ^ Kzz.  (Dasjpus  iricinctiis,  L.)  Sclireb., 
LXXï ,  A. 

A  trois  bandes  intermédiaires,  à  queue  très-courte,  à 
comparl'mens  régulièrement  tuberculeux,  cinq  doigts  par- 
tout. Il  jout  de  la  facullé  de  se  rouler  eu  renfermant  sa 


220  MAMMIFÈRES. 

tête  et  ses  pieds  entre  ses  boucliers  et  formant  ainsi  une 
toule  complète.  Du  Brésil,  du  Paraguay.  Cestun  de  ceus 
qu'on  trouve  le  plus  loin  au  sud.  îl  reste  dans  des  dimensions 
médiocres. 

Le  Tatou  à  six  bandes.  Encouhert  et  Cirquinson ,  Buff.  (i) 
(Das.sexcinctus  et  oclodecimcinctus.  L.)  Buff.,  X,  xlii  et 

Supp.  III  ,  LVII. 

A  six  ou  sept  bandes,  à  compartlmens  lisses  ^  grands  et 
anguleux,  à  queue  médiocre  annelée  seulement  à  sa  base, 
cinq  doigts  partout,  le  bouclier  postérieur  dentelé  en  scie, 
les  parties  non  écaille  uses  garnies  de  poils  plus  longs  et  plus 
fournis  qu'aux  autres  espèces. 

Le  Tatou  à  neuf  bandes  j  Tatou  peba  j  Margr. ,  Tatou  noir 
d'Azz. ,  Cachicame,  Buff.  (  Das,  novemcinctus  ,  das, 
octocinctus  et  das,  septemcinctus.  L.  )  Buff.,   X,  xxxvir, 

III,   LVIII. 

A  neuf  bandes  intermédiaires,  la  queue  longue  et  annelée 
sur  presque  toute  sa  longueur,  lescompartimens  des  boucliers 
petits  et  arrondis  ,  quatre  doigts  seulement  devant ,  le  test 
généralement  noirâtre.  C'est  le  plus  commun  à  laGuiane, 
au  Brésil.  11  a  quelquefois  huit  bandes,  rarement  sept  ou 


.?< 


sjxj  son  corps  a  jusqu  a  qumze  pouces  et  sa  queue  autant. 

Le  Tatou  à  douze  bandes,  Cabassou,  Buff.,  Tatouay 
d'Azz.  (  Das.  unicinctus.  L.  )  Buff.,  X,  xl. 

'  A  douze  bandes  intermédiaires,  la  queue  longue  et 
tuberculeuse,  les  compartimens  des  bandes  et  des  boucliers 
carrés  plus  larges   que   longs,   cinq  doigts  partout,  dont 


(i)  Le  tatou  péba  ou  encouberto  de  Margrave  est  le  novetncinctus.  Le 
tatou  à  tète  de  belette  de  Grew ,  cirquinson  de  Buff.  ,  das.  oclodecimcinc- 
tus. L.  l'est  aussi  ;  mais  Grew  a  considéré  comme  mobiles  les  rangées  du 
lest  de  la  croupe.  Même  en  les  comptant  il  n'y  en  aurait  en  tout  que  seize , 
€t  sa  figure  n'en  montre  pas  davantage. 


ÊDENTÊS.  221 

quatre  de  ceux  de  devant  ont  des  ongles  énormes  tranchans 
à  leur  bord  externe.  Il  devient  fort  grand. 

Le  Tatou  géant,  Geoff.,  grand  Tatou  i^Kzz.,  {Dasjpus 
gigas.  Cuv.)  deuxième  Cabassou  de  Buff. ,  X>  xlv. 

A  douze  ou  treize  bandes  intermédiaires ,  la  queue  longue 
et  couverte  d'écaillés  tuilées,  les  compartimens  carrés  plus 
larges  que  longs.  C'est  le  plus  grand  des  tatous  ;  il  a 
quelquefois  plus  de  trois  pieds  sans  la  queue. 

Les  Orcytéropes.  (Orycteropus.  Geoff.)  (i) 

Ont  été  long-temps  confondus  avec  les  fourmiliers , 
parce  qu'ils  usent^e  la  même  nourriture,  ont  la  même 
forme  de  tête,  et  que  leur  langue  est  aussi  un  peu 
extensible  3  mais  ils  s'en  distinguent  parce  qu'ils  ont 
des  dents  mâchelières  et  que  leurs  ongles  sont  plats, 
propres  à  fouir  et  non  pas  tranchans.  La  structure  de 
leurs  dents  est  différente  de  celle  de  tous  les  autres 
quadrupèdes;  ce  sont  des  cylindres  solides  traversés, 
comme  des  joncs  à  cannes ,  selon  leur  longueur,  d'une 
infinité  de  petits  canaux;  leur  estomac  est  simple, 
musculeux  vers  le  pj'lore,leur'cœcum  petit  et  obtus. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce. 

UOryctérojje  du  Cap.  {Mj-rmecophaga  Capensis. Pall.) 
Buff.^  Supp.  Yl,  XXXI. 

Que  les  Hollandais  de  cette  colonie  nomment  cochon  de 
terre.  C'est  un  animal  de  la  taille  du  blaireau ,  bas  sur 
jambes,  à  poil  ras,  gris -brunâtre,  à  queue  plus  courte  que 
le  corps,  également  rase;  il  a  quatre  doigts  devant,  cinq 
derrière.  Il  liabite  dans  des  trous  qu'il  creuse  avec  une 
extrême  facilité.  On  mange  sa  chair. 

Les   autres   édentës  ordinaires  n'ont  point 

^»»^-^— ~  ■      I  I  I     »— »-»— .^— .^i— -  I  111^— — — W»— P»^— I     II         I      .» 

(i)  Orycteropus  ,  qui  a  les  pieds  propres  à  fouir. 


222  MAMMIFÈRES. 

de  màchelîères,  et  par  conséquent  aucune  sorte 
de  dents  ;  il  y  en  a  aussi  deux  genres. 

Les  Fourmiliers.  (Myrmecophaga.  L.  ) 

Sont  des  animaux  velus,  à  long  museau  terminé 
par  une  petite  bouche  sans  aucune  dent,  d'où  sort 
une  langue  filiforme,  qui  peut  s'allonger  beaucoup, 
et  qu'ils  font  pénétrer  clans  les  fourmilières  et  les  nids 
des  termites,  où  elle  relient  ces  insectes  par  le  moyen 
de  la  salive  visqueuse  dont  elle  est  enduite  ;  leurs  ongles 
de  devant  forts  et  trancbans ,  qui  varient  en  nombre 
selon  les  espèces  ,  leur  servent  à  déchirer  les  nids  de 
termites  et  leur  fournissent  une  assez  bonne  défense. 
Dans  l'état  de  repos  ,  ces  ongles  restent  toujours  à 
demi-ployés  en  dedans ,  répondant  à  une  callosité  du 
poignet  ;  aussi  l'animal  ne  pose-t-il  le  pied  que  sur 
le  côté.  L'estomac  des  fourmiliers  est  simple  et 
musculeux  vers  le  pylore,  leur  canal  médiocre  et 
sans  cœcum  (i). 

Ils  vivent  tous  dans  les  parties  chaudes  et  tempérées 
du  Nouveau -Monde,  et  ne  font  qu'un  petit  qu'ils  ont 
rhabitude  de  porter  sur  le  dos. 

Le  Tamanoir.  {Mjrmecopha^a  jubata.)  BufF.,  X, 
XXIX,  et  Supp.  III,  Lv. 

Long  de  plus  de  quatre  pieds,  à  quatre  ongles  devant, 
cinq  derrière ,  à  queue  garnie  de  longs  poils  dirigés  verti- 
calement dessus  et  dessous,  à  pelage  gris-brun,  avec  une 


(i)  Daubenton  a  fait  connaître  dans  le  F.  didactyle  deux  très-petiis  ap~ 
pendices  qui  peuvent,  à  la  rigueur,  être  pris  pour  des  caecums.  Je  me 
fcuis  assuré  qu^ils  n'exiâtent  point  dans  le  tamandua. 


ÉDENTÉS.  223 

bande  oblique  noire  bordée  de  blanc  sur  cbaque  épaule  ; 
c'est  le  plus  grand  des  fourmiliers.  On  assure  qu'il  se  défend 
même  contre  le  jaguar.  11  babile  les  lieux  bas,  ne  grimpe 
point  aux  arbres,  marche  lentement. 

Le  Tamandua.  (Mj-rmecophaga  tamandiia.  Cuv.  Mfrrn. 
tetradractjla  et  tridactyla,  L.)  Schreb.,  LXYI. 

A  forme  et  pieds  du  précédent,  mais  de  plus  de  moitié 
moindre  ;  sa  queue  à  poil  ras,  prenante  et  nue  au  bout,  lui  sert 
à  se  suspendre  aux  branches  des  arbres.  Il  y  en  a  de  gris- 
jaunâtres  ,  avec  une  bande  oblique  sur  l'épaule ,  sensible 
seulement  par  le  reflet ,  de  fauves  à  bande  noire ,  de  fauves 
à  bande,  croupe  et  ventre  noirs ^  enfin  ,  d'entièrement  noi- 
râtres. On  ne  sait  pas  encore  si  ces  différences  tiennent  aux 
espèces. 

Le  Fourmilier  à  deux  doigts.  (  Mj-rm.  didactfla.  Lin,  ) 

Buff.  X,xxx. 

Grand  comme  un  rat ,  à  poil  laineux ,  fauve  ,  une  ligne 
rousse  le  long  du  dos  ,  queue  prenante  et  nue  au  bout ,  deux 
ongles  seulement  devant ,  dont  un  très-grand ,  quatre  der- 
rière (i). 

Les  Pangolins  (2).  (  MANis.'Lin.)  vulgairement 
Fourmiliers  écaillcux* 

Manquent  de  dents ,  ont  la  langue  très-extensible, 
et  vivent  de  fourmis  et  de  termites  ,  comme  les  four- 


(i)  Le  myrmecophaga  tridactyla  ,  L.  Séba,  pi.  F.  n'est  qu'un  taman- 
dua mal  représente.  Le  m.  striata  ,  Shaw.  Buff.  Suppl.  III,  pi.  ivi ,  est  un 
coati  dëfigurë  par  l'empailleur. 

(a)  Pangoeling j  dans  la  langue  de  Java  ,  signifie  ,  selon  Séba,  un  ani- 
mal qui  se  roule  en  boule.  On  le  nomme  au  Bengale  badjarkita  ou  reptile 
de  pierre  j  on  l'appelle  aussi  carpe  de  terre.  De»  matelol»  hollandais  Ta- 
liaient  nommé  diable  de  Formose  ,  etc. 


2^4  MAMMIFÈRES. 

miliers  proprement  dits  ;  mais  leur  corps  ^  leurs 
membres  et  leur  queue  sont  revêtus  de  grosses  écailles 
tranchantes  y  disposées  comme  des  tuiles  ,  et  qu'ils 
relèvent  en  se  mettant  en  boule  quand  ils  veulent  se 
défendre  de  quelque  ennemi.  Tous  leurs  pieds  ont 
cinq  doigts.  Leur  estomac  est  légèrement  divisé  dans 
le  milieu  :  ils  manquent  de  cœcum.  On  n'en  trouve 
que  dans  l'ancien  continent. 

Le  Pangolin  a  queue  courte.  (  M.  pentadactjla.  Lin. 
M.  hraclijura.  Erxl.)  BufF.^  X,  xxxiv. 

Long  de  trois  ou  quatre  pieds ,  à  queue  moindre  que  le 
corps.  Des  Indes  orientales.  C'est  le  Phattagen  d'Llien  , 
lib.  XVI ,  cap.  YI. 

Le  Pangolin  à  longue  queue.  PJiatagin  de  Buff.  ( M.telra- 
dacljla  j  Lin.  M.  macroura  ,  Erxl.  )  Buft". ,  X,  xxxiv. 

Long  de  deux  à  trois  pieds  ,  à  queue  du  double  plus  lon- 
gue que  le  corps  ,  les  écailles  armées  de  pointes.  Du  Sé- 
négal, de  Guinée  j  etc.  (i), 

La  troisième  tribu  des  édentés  comprend 
les  animaux  que  M.  Geoffroy  désigne  sous  le 
nom  de  Monotrèmes  ,  parce  qu'ils  n'ont  qu'une 
ouverture  extérieure  pour  la  semence  ^  l'urine 
et  les  autres  excrémens.  Leurs  organes  de  la 
génération  présentent  des  anomalies  extraordi- 
naires ;  quoiqu'ils  n'aient  point  de  poche  sous 
le  ventre ,  ils  portent  sur  leur  pubis  les  mêmes 
os  surnuméraires  que   les   carnassiers   marsu- 


(i)  Nous  avons  constalc  la  patiie  dn  pangolin  à  longue  qucttc  par  le  rap- 
port de  M.  Adanson  et  d'aunes  voyageurs. 


ÉDENTÉSé  229 

pîaiix  ;  les  canaux  déférens  se  rendent  dans 
rurètre,quî  s'ouvre  dans  le  cloaque  à  la  base  de 
la  verge ,  et  celle-ci  n'est  point  percée  ,  n'est  pas 
même  creusée  d'un  sillon  pour  conduire  la  se- 
mence. Ils  n'ont  pour  toute  matrice  que  deux 
canaux  ou  trompes  qui  s'ouvrent  séparément 
dans  Turètre  ,  lequel  donne  dans  le  cloaque. 
Comme  enfin  il  a  été  impossible  jusqu'à  pré- 
sent de  leur  découvrir  des  mamelles  ,  on  eu- 
est  à  savoir  si  ces  animaux  sont  vivipares  ou 
ovipares.  Ils  ne  présentent  pas  moins  de  singu- 
larités dans  leur  squelette,  surtout  à  cause  d'une 
sorte  de  clavicule  commune  aux  deux  épaules  , 
placée  avant  la  clavicule  ordinaire  et  analogue  à 
la  fourchette  des  oiseaux.  Enfin ,  outre  leurs  cinq 
ongles  à  tous  les  pieds  ,  les  mâles  portent  à 
ceux  de  derrière  un  ergot  particulier  attaché 
sur  l'astragale,  et  comparable  à  celui  de  cer- 
tains galinacés.  Ces  animaux  n'ont  pas  de 
conque  externe  à  l'oreille  et  leurs  yeux  sont 
fort  petits. 

Les  monotrèmes  ne  se  trouvent  qu'à  la  Nou- 
velle-Hollande 5  oîi  ils  n'ont  été  découverts  cjue 
depuis  que  les  Anglais  s'y  sont  établis.  On  éa 
connait  deux  genres. 


TOME    I  î   > 


2  26  MA  m  M  I  F  È  Px  E  s. 

Les  Echidnés.  (Echidna.  Cuv.  Tachyglossus. 
Illig.  )  autrement  Fourmiliers  épineux. 

Leur  museau  allongé  ,  terminé  par  une  petite  bou- 
che, contient  une  langue  extensible  comme  celle  des 
fourmiliers  et  des  pangolins.  Aussi  vivent-ils  de  fourmis 
comme  ces  deux  genres.  Ils  n'onl  point  de  dents;  mais 
leur  palais  est  garni  de  plusieurs  rangées  de  petites  épi- 
nes dirigées  en  arrière.  Leurs  pieds  courts  ont  cliacun 
cinq  ongles  très4ongs  ,  très -robustes  et  propres  à 
creuser,  et  tout  le  dessus  de  leur  corps  est  couvert 
d'épines  comme  celui  du  hérisson.  Il  parait  qu'au 
moment  du  danger ,  ils  jouissent  également  de  la 
faculté  de  se  rouler  en  boule.  Leur  queue  est  très- 
courte;  leur  estomac  est  ample,  et  presque  globu- 
leux ,  et  leur  cœcum  médiocre;  leur  verge  se  termine 
par  quatre  tubercules. 

On  en  connaît  deux  espèces. 

ïJEchidné  épineux.  {Echidna  histrix.  )  {  Ornithorhjnchus 
histrix.  Home.  Myrinecophaga  aculeata.  Sliaw. 

Tout  couvert  de  grosses  épines. 

UEchidné  soyeux.  (  Echidna  setosa,  )  (  Ornit/tor.  setO" 

sus.  Ho  aie.  ) 

Couvert  de  poils,  parmi  lesquels  les  épines  sont  à  demi- 
cactiées. 

Les  Ornithorinques.   (  Ornithorhynchus. 
Blumenbach.  Platypus.  Shaw.  ) 

Leur  museau  allongé  ,  et  en  même  temps  singuliè- 
rement élargi  et  aplati ,  offre  la  plus  grande  ressem- 
blance extérieure  avec  le  bec  d'un  canard ,  d'autant  |  )lus 
que  ses  bords  sont  garnis  de  même  de  petites  lames 


ÉD  ENTES.  l'in 

transverses.  11  n'y  a  de  dents  que  dans  le  fond  de  la 
bouclie  ,  au  nombre  de  deux  partout,  sans  racines  , 
à  couronnes  plates  ,  et  composées,  comme  celles  de 
Torictérope ,  de  petits  tubes  verticaux.  Les  pieds  de 
devant  ont  une  membrane  qui  non-seulement  réunit 
les  doigts,  mais  dépasse  beaucoup  les  ongles 3  dans 
ceux  de  derrière ,  la  membrane  se  termine  à  la  racine 
des  ongles ,  deux  caractères  qui ,  avec  la  queue 
aplatie,  font  des  ornithorinques  des  animaux  aqua- 
tiques. Leur  langue  est  en  quelque  sorte  double , 
une  dans  le  bec ,  hérissée  de  villosités,  et  une  autre 
sur  la  base  de  la  première,  plus  épaisse  ,  et  portant 
en  avant  deux  petites  pointes  charnues.  L'estomac, 
est  petit,  oblong,  et  a  le  pylore  près  du  cardia.  Le 
cœcum  est  petit  :  on  voit  dans  l'intestin  beaucoup 
de  lames  saillantes  et  parallèles.  La  verge  n'a  que 
deux  tubercules.  Les  ornithorinques  luibitent  les  ri^ 
vièrcs  et  les  marais  de  la  Nouvelle-Hollande  ,  près 
du  port  Jackson. 

On  n'en  connaît  que  deux  espèces-,  l'une  à  poil  rous- 
sâtre  ,  menu  et  lisse.  (  Ornithohjndus  paradoxus.  Bluin.  ) 

L'autre  à  poilhruo-noiràtre,  aplati  etciêpu.  Peut-être 
ne  sont  -  ce  que  des  variétés  d'âge.  Yoy.  de  Pérou  ,  I  ^ 
pi.  xxxiv. 

SIXIÈME  ORDKE  DES  MAMMIFÈRES. 


LES  PACHYDERMES, 

Les  édentés  terminent  la  série  des  animaux 
ODgnIculés  5  et  nous  venons  çle  voir  qu'il  en  est 


228  Mammifères. 

quelques-uns  dont  les  ongles  sont  si  grands  et 
enveloppent  tellement  rextrémité  des  doigts , 
qu'ils  se  rapprochent  jusqu'à  un  certain  point 
des  animaux  à  sabots.  Cependant  ils  ont  encore 
la  faculté  de  ployer  ces  doigts  autour  des  divers 
objets  et  de  saisir  avec  plus  ou  moins  de  force. 
L'absence  entière  de  cette  faculté  caractérise  les 
animaux  à  sabots;  se  servant  de  leurs  pieds  uni- 
quement comme  de  soutiens ,  ils  n'ont  jamais 
de  clavicules  ]  leurs  avant-bras  restent  conti- 
nuellement dans  l'état  de  pronation  ,  et  ils  sont 
réduits  a  paître  les  végétaux  ;  leurs  formes 
comme  leur  genre  de  vie  offrent  beaucoup 
moins  de  variétés  que  celles  des  onguiculés  ;  et 
Ton  ne  peut  guère  y  établir  que  deux  ordres , 
ceux  qui  ruminent  et  ceux  qui  ne  ruminent 
point;  mais  ces  derniers,  que  nous  désignons  en 
commun  sous  le  nom  de  pachydermes  ^  didmet- 
tent  quelque  subdivision  en  familles. 

La  première  sera  celle  des  Pachydermes  à 
trompe  et  à  défenses^  ou  Proboscidiens  (i). 

Qui  ont  cinq  doigts  a  tous  les  pieds,  bien 
complets  dans  le  squelette ,  mais  tellement 
encroûtés  dans  la  peau  calleuse  qui  entoure  le 

(  I  )  Les  probosc  idiens  ont  divers  rapports  avec  certains  rongeurs  j  i  *'  leur» 
grandes  incisives  i  2°  leurs  mâcfielières  formées  souvent  de  lames  parallèles^ 
5"  la  forme  de  plusieurs  de  Ipurs  os  ,  etc. 


PACHYDERBÎES.  2  2g 

pîed  5  qu'ils  n'apparaissent  au  dehors  que  par 
les  ongles  attachés  sur  le  bord  de  cette  espèce 
de  sabot.  Les  canines  et  les  incisives  proprement 
dites  leur  manquent ,    mais  dans  leurs  os  inci- 
sifs sont  implantées  deux  défenses  qui  sortent 
de  la  bouche  et  prennent  souvent  un  accroisse- 
ment énorme.  La  grandeur  nécessaire  aux  al- 
véoles de  ces  défenses  rend  la  mâchoire  supé- 
rieure si  haute  et  raccourcit  tellement  les  os  du 
nez,  que  les  narines  se  trouvent  dans  le  squelette 
vers  le  haut  de  la  face  ;  mais  elles  se  prolongent 
dans  l'animal  vivant  en  une  trompe  cylindrique, 
composée  de  plusieurs  milliers  de  petits  muscles 
diversement  entrelacés ,  mobiles  en  tout  sens  , 
douée  d'un  sentiment  exquis  ,  et  terminée  par 
un  appendice  en  forme  de  doigt.  Cette  trompe 
donne  à  l'éléphant  presque  eiutant  d'adresse  que 
la  perfection  de  la  main  peut  en  donner  au 
singe.  Il  s'en  sert  pour  saisir  tout  ce  qu'il  veut 
porter  a  sa  bouche  et  pour  pomper  sa  boisson  , 
qu'il  lance  ensuite  dans  son  gosier,  en  y  recour- 
bant cet  admirable  organe  ,  et  il  supplée  ainsi  à 
un  long  cou,  qui  n'aurait  pu  porter  cette  grosse 
tête  et  ses  lourdes  défenses.  Au  reste,  les  parois 
du  crâne  contiennent  de  grands  vides  qui  ren- 
dent la  tête  plus  légère  ;  la  mâchoire  inférieure 
n'a  point  d'incisives  du  tout  ;  les  intestins  sont 


2  3o  MAMMIFÈRES. 

très-volumineux  ,  Testomac  simple  ,  le  coecuni 
énorme  ,  les  mamelles  ,  au  nombre  de  deux 
seulement ,  placées  sous  la  poitrine.  Le  petit 
tette  avec  la  bouche  et  non  avec  la  trompe.  On 
ne  connaît  dans  la  nature  vivante  qu'un  genre 
de  proboscidiens  ,   qui  est  celui  des 

r 

Eléphans.  (  Elephas.  L.  ) 

Lequel  comprend  les  plus  grands  des  niammilëres 
terrestres.  Le  service  étonnant  qu'ils  tirent  de  leur 
trompe  ,  à  la  fois  instrument  agile  et  vigoureux  , 
organe  du  tact  et  de  l'odorat ,  contraste  avec  leur  as- 
pect grossier  et  leurs  lourdes  proportions  ;  et  comme 
il  se  joint  à  une  physionomie  assez  imposante  ,  il  a 
coniribué  a  faire  exagérer  fintelligence  de  ces  ani- 
maux. Après  les  avoir  étudiés  long-temps  ,  nous  n'a- 
vons pas  trouvé  qu'elle  approchât  de  celle  du  chien 
ni  de  plusieurs  autres  carnassiers.  D'un  naturel  d'ail- 
leurs assez  doux,  les  eléphans  vivent  en  troupes  sous 
la  conduite  des  vieux  mâles.  Ils  ne  se  nourrissent 
que  de  végétaux. 

Leur  caractère  distînctif  consiste  en  des  mâche- 
lières  dont  le  corps  se  compose  d'un  certain  nombre 
de  lames  verticales  ,  formées  chacune  de  substance 
osseuse ,  enveloppées  d'émail ,  et  liées  ensemble  par 
une  troisième  substance  appelée  corticale ,  sembla- 
bles en  un  mot  à  celles  que  nous  avons  vues  dans 
les  cabiais  et  dans  plusieurs  autres  rongeurs.  Ces  mâ- 
chelièressesucc(Vient,non  pas  verticalement,  conïme 
lîds  mâchelicres  de  remplacement  succèdent  à  nos 


PACHYDERMES.  2'yl 

mâclielières  de  lait,  m  ùs  d'arrière  en  avant,  de  fa- 
çon qu'à  mesure  qu'une  dent  s'use  ,  elle  est  en  même 
temps  poussée  en  avant  par  colle  qui  vient  apris;  en 
sorte  que  l'ëlépliant  a  tantôt  une  ,  tantôt  deux  nta- 
clielièrts  de  c^aqjie  côté  ,  quatre  ou  huit  en  tout, 
selon  leri  époques.  Les  premières  de  ces  dents  ont 
peu  de  iatnes  ,  et  celles  qui  leur  succèdent  en  ont 
toujours  davantage.  On  ditque  certains  eléphans  clian- 
gent  airisi  jusqu'à  huit  fois  de  mâclielières.  lis  ne  chan- 
g<MU  qii'mîe  luis  de  défenses. 

Les  él«  p'ians  d'aujourd'hui  ,  revêtus  d'une  peau  rude,  et 
prescjue  sans  poils,  n'liabil(;nt  qoe  la  zone  torride  de  l'ancieu 
continent ,  et  l'on  n'y  en  a  encore  reconnu  que  deux  espèces. 

JJ Eléphant  dcS  Indes.  (  Elephas  Indiens.  Cuv.)BuIF  ,Xr,. 

I,  et  Sup.  m,  Lix. 

Atêteohlont^uoh  front  concave,à  couronne  des  mâclielières 
présentant  des  rubans  trans\ erses  ondoyans,  qui  sontlescon- 
pesdcslanu'squi  leseoniposent  ,  usées  par  la  trituration.  Cette 
espèce  a  lès  oreilles  plus  petites,  et  porte  quatre  ongles  aux 
pîe(^s  de  derrière.  Elie  liabite  depnis  l'Indus  jusqu'à  la  mer 
oritn'a'e  el  dans  les  f];randes  îles  au  midi  de  l'onde.  On  en 
prrnd  de  temps  iuiniiniorial  des  individus  pour  les  dresser 
et  les  faire  servir  de  bêles  de  trait  et  de  somme  ;  mais  on  n'a 
pu  encore  les  propager  en  domesticité,  quoique  ce  qu'on 
a  dit  de  sa  pi  étendue  pudeur  et  de  sa  répugnance  à  s'accou- 
pler devant  témoins  soit  dénué  de  fondement.  Les  femelles 
n'ont  que  de  très-courtes  défenses,  et  beaucoup  de  mâles 
leur  ressemblent  à  cet  égard. 

U Eléphant  d'Afrique,  (  Elephas  Africanus.  Cuv.  )  Po- 
rault ,  Mém.  pour  l'Hist.  des  An. 

A  tête  ronde  ,  à  front  convexe  ,  à  grandes  oreilles  ,  à  mâ- 
cbelières  présentant  des  losanges  sur  leur  couronne.  11  pa-« 


^32  MAMBIIFÈnES, 

raît  n'avoir  que  trois  ongles  aux  pieds  de  derrière.  C'est  l'es- 
pèce qui  habite  depuis  le  Sénégal  jusqu'au  Cap.  On  ne  sait 
si  elle  remonte  aussi  sur  toute  la  côte  orientale  d'Afrique, 
ou  si  elle  y  est  remplacée  par  la  précédente.  Les  femelles  ont 
des  défenses  aussi  grandes  que  les  mâles  ,  et  celte  arme  est 
en  général  plus  volumineuse  que  dans  l'espèce  des  Indes. 
On  ne  dompte  pas  aujourd'hui  l'éléphant  d'Afrique  ;  mais  il 
paraît  que  les  Carthaginois  en  tiraient  les  mêmes  usages  que 
les  Indiens  tirent  du  leur. 

On  trouve  sous  terre  ^  dans  presque  toutes  les  parties  des 
deux  conlinens  ,  les  os  d'une  e-pèce  d'éléphant  voisine  de 
celle  des  Indes  ,  mais  dont  les  niâchelières  avaient  des  ru- 
bans plus  élroits  et  plus  droits,  où  les  alvéoles  des  défenses 
étaient  beaucoup  plus  longs  à  proportion,  et  la  mâchoire 
inférieure  plus  obtuse.  Un  individu  récemment  tiré  des 
glaces ,  sur  les  côles  de  Sibérie ,  par  M.  Adams ,  paraît  avoir 
été  couvert  d'un  poil  épais  et  de  deux  natures  j  en  sorte  quil 
serait  possible  que  cette  espèce  eût  vécu  dans  des  climats 
froids.  Elle  a  depuis  long-temps  disparu  du  globe.  (  Voyez 
Cuvier,  Recherches  sur  les  Ossemens,  foss. ,  tom.  II.  ) 

Le  deuxième  genre  des  proboscidiens  ou 

Les  Mastodontes.  (Mastodon.  Cuv.  ) 

A  été  détruit  tout  entier ,  et  n  a  laissé  aucune  es- 
pèce vivante.  Il  avait  les  pieds,  les  défenses  ,  la  trompe 
et  beaucoup  d'autres  détails  de  conformation  com- 
muns avec  les  éléplians  ;  mais  il  en  différait  par  les 
mâcbelières  ,  dont  la  couronne  hérissée  ,  au  sortir  de 
la  gencive  ^  de  grosses  pointes  coniques ,  offroit  à 
mesure  de  sa  détrition  des  disques  plus  ou  moins 
larges,  qui  représentaient  les  coupes  de  cespointes(i). 

(i)  Cette  cenformation  cotniuune  avix  mastodontes  ,  aux  hippopotames^ 
aux  cochous  ,  etc.  ,  a  fait  croire  mal  à  propos  que  les  premiers  étaient  cav- 

lîivores. 


PACHYDERMES.  ^33 

Ces  clents ,  qui  se  succédaient  d'arrière  en  avant , 
comme  celles  de  Téléphant ,  présentaient  aussi  d'au- 
tant plus  de  paires  de  pointes  qu'elles  étaient  d'un 
animal  plus  âgé. 

Le  grand  Mastodonte.  (  Mastodon  giganteum.  Cuv.  ) 

Loc.  cit. 

Où  les  coupes  des  pointes  étaient  en  losange,  est  l'espèce 
la  plus  célèbre.  Il  égalait  l'éléphant ,  mais  avec  des  propor- 
tions encore  plus  lourdes»  On  en  trouve  des  restes,  mer- 
veilleusement bien  conservés  et  en  grande  abondance  dans 
presque  toutes  les  parties  de  l'Amérique  septentrionale.  Ils 
sont  infiniment  plus  rares  dans  l'ancien  continent. 

Le  Mastodonte  à  dents  étroites.  (  Mastodon  angustidens. 

Cuv.  Soc.  cit.) 

Dont  les  mâclielières  ,  plus  étroites  que  celles  du  précé- 
dent offrent ,  par  la  détrilion ,  des  disques  en  forme  de 
treflb  s  .  qui  les  ont  fait  confondre  par  quelques  auteurs  avec 
des  mâclielières  d'hippopotames,  était  d'un  tiers  moindre 
que  le  grand  mastodonte,  et  bien  plus  bas  sur  jambes.  On 
en  trouve  les  dépouilles  dans  presque  toute  l'Europe  et  dans 
la  plus  i^rande  partie  de  l'Amérique  méridionale.  Dans  quel- 
ques endroits  ses  dents  ,  teintes  par  le  fer,  deviennent,  en 
les  chauffant ,  d'un  assez  beau  bleu  ,  et  donnent  ce  qu'on 
appelé  des  turquoises  occidentales  (i). 

Notre  seconde  famille  sera  celle  des  Pachy- 
dermes ORDINAIRES  cjiû  oïît  quatre  ,  ou  trois  ,  ou 
deux  doigts  à  leurs  pieds. 

Ceux  oîi  les  doigts  sont  en  nombre  pair,  ont 
le  pied  en  quelque  sorte  fourchu  ,  et  se  rappro- 

(i)  On  en  a  encore  découvert  quelques  espèces  moins  répandues.  Voyez 
Cuvier ,  loc.  cit. 


^34  MAMMIFÈRES. 

c-ient,  a  plusieurs  égards,  des  raminans  parle 
squelette  ,  et  mêiue  par  la  complication  de  Tes- 
tomac.  Ou  n'eu  fait  communément  que  deux 
genres. 

Les  Hippopotames.  (Kippopotamus.  L.) 

Qui  oiU  à  tous  les  pieds  quatre  doigts  j)resqn'égaux 
terminés  par  de  petits  sabots,  six  mâdielières  par- 
tout, do^ît  1rs  trois  antérieures  coniques,  les  trois 
post  Tieures  hérissées  de  âvux  paires  <le  pointes  qui 
prennent  par  la  detrition  la  forme  de  trèfles,  quatre 
incisives  à  chaque  mâchoire  ,  don'  les  superieurea 
courtes,  cou  iques  et  recourbées,  les  inférieures  longues, 
cjlin(hi(|Mes,  poiî^Ji.es  et  couchées  en  avant,  une 
canine  cie  chaque  côte  tant  en  liant  qu'en  bas,  la 
supérieure  droite,  finferieure  très  £[rosse,  recourbée, 
toutes  deux  s'usant  lune  contre  Tautre. 

Ces  animaux  ont  le  corps  très-massif,  dénué  de 

poils,    les    jambes   très-courtes,   le   ventre    traîiiant 

presqu'à  terre  ,  la  tête  énorme,  terminée  par  un  large 

museau  renflé  qui  enferme  Tappareil  de  leurs  grosses 

dents  antérieures,  la  queue  courte,  les  jeux  et  les 

oreilles  petits.  Leur  estomac  est  divisé  en  plusieurs 

poches.  Ils  vivent  dans  les  rivières  de  racines  et  d'autres 

substances  végétales,  et  montrent beaucouj)  de  férocité 

et  de  stLq)iilité. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  aujourd'hui  limitée  aux 
rivières  du  midi  de  l'Afrique.  Elle  venait  autrefois  par  le 
Nil  jus(|u'au  midi  de  l'ir^gypte  ;  mais  il  y  along-lemps  qu'elle 
a  disparu  de  celte  contrée  (i). 

(i)  Les  os  fossiles  tle  l'hippopolame  sonl  iiès-communs  en  Toscane ^  et 


PACHYDERMES.  ^35 

Les  CociroNs.  (Sus.  L.) 

Qui  ont  à  tous  leurs  pieds  deux  doigts  mitoyens 
grands  et  armés  de  forts  sabots,  et  deux  extérieurs 
beaucoup  plus  courts  et  ne  touchant  presque  pas  à 
terre  ;  des  incisives  en  nombre  variable ,  mais  dont 
les  inférieures  sont  toujours  couchées  en  avant,  des 
canines  sortant  de  la  bouche  et  se  recourbant  l'une  et 
l'autre  vers  le  haut,  le  museau  terminé  par  un  bou- 
toir tronqué  propre  à  fouiller  la  terre ,  l'estomac  peu 
divisé. 

Les  cochons  proprement  dits  ont  vingt-quatre  ou  vingt- 
huit  mâciielières,  dont  les  postérieures  à  couronne  tuber- 
culeuse, les  antérieures  plus  ou  moins  comprimées,  et  six 
incisives  à  chaque  mâchoire. 

Le  Sanglier.  (Sus  scropha»)  BufF.,  V,  xiv  et  xvit. 

Qui  est  la  soudie  de  nos  codions  domestiques  et  de  leurs 
variélés,  a  les  défenses  prismatiques  recourbées  en  dehors 
et  un  peu  vers  le  haut,  le  corps  trapu,  les  oreilles  droites, 
le  poil  hérissé,  noir,  ses  petits,  nommés  marassins,  sont 
rayés  de  blanc  et  de  noir.  Il  tai,t  grand  tort  aux  champs 
voisins  des  forêts  en  fouillant  pour  y  chercher  les  racines. 

Le  cochon  domestique  varie  en  grandeur,  en  hauteur 
de  jambes,  en  direction  d'oreiilcs  et  en  couleur,  tantôt 
blanc,  tantôt  noir,  tantôt  rouge  ,  tantôt  varié.  Chacun  sait 
combien  il  est  utile  par  la  facilité  avec  laquelle  on  le 
nourrit,  par  le  goût  agréable  de  sa  chair,  par  la  propriété 
qu'elle  a  de  se  conserver  long- temps  au  moyen  du  sel; 
enim,  par  sa  fécondité  ,  qui  surpasse  beaucoup  celle  des 
autres  animaux  de  sa  taille,  la  truie  produisant  quclqu*jfois 
jusqu'à  quatorze  petits.  Elle  porte  quatre  mois,  et  deux  fois 


l'on  n'a  pu  encore  découvrir  s'ils  viennent  de  l'espèce  vivante  ,  ou  de  quel- 
que espèce  perdue  ;  mais  on  a  trouve'  en  France  des  os  d'une  très-petite 
espèce  d'Jiippopoiaïue  aujourd'hui  perdue.  Voyez  Cuvier,  loc  cit. 


236  MAMMIFÈRES. 

par  an.  Le  cochon  grandit  jusqu'à  cinq  ou  six  ans,  peut 
produire  dès  l'âge  d'un  an  et  en  peut  vivre  vingt.  Quoique 
d'un  naturel  assez  brut,  les  sangliers  et  les  codions  sont 
des  animaux  sociaux,  qui  savent  se  défendre  contre  les 
loups  en  se  mettant  en  cercle  et  présentant  le  houtoir  de 
toute  part.  Voraces  et  criards,  ils  n'épargnent  pas  même 
leurs  propres  petits.  Cette  espèce  est  répandue  sur  toute  la 
terre,  et  il  n'y  a  que  les  Juifs  et  les  Mahométans  qui 
refusent  de  s'en  nourrir. 

Le  Sanglier  à  masque.  (S.  laivatus.  Fr.  Cuv.  )  Sus  ^fri- 
canus,  Sclir.,  CCCXXVIÎ.  Sanglier  de  Madagascar.  Daub., 
MDCGCLXXXV.   Samuel    Daniels,    Afric.    Scenery.  , 

pi.  XXI. 

A  les  défenses  du  nôtre,  mais  de  chaque  côté  de  son 
Tnuseau,  près  de  la  défense,  est  un  gros  tubercule  presque  | 
semblable  à  ime  mamelle  de  femme  soutenu  par  une 
proéminence  osseuse,  et  qui  donne  à  l'animal  une  figure 
très-singulière.  11  habite  à  Madagascar  et  dans  le  midi 
de  l'Afrique. 

\aQ  Bahiroussa  ou  Cochon-Cerf.  [S.  babirussa.)  BufF., 

Supp.  III,  XII. 

Plus  haut  et  plus  léger  de  jambes  que  les  autres,  a  des*' 
défenses  longues  et  grêles  redressées  verticalement  et  dont 
les  supérieures  se  recourbent  en  arrière  en  spirale.  Il  habite 
dans  quelques  îles  de  l'archipel  des  Indes. 

On  peut  séparer  des  cochons 

Les  Phaco-Ckceres.  (Fred.  Cuv.  )  (i) 

Qui  ont  les  mâchelières  composées  de  cylindres  joints 
ensemble  par  un  cortical  à  peu  près  comme  le  sont  les 
lames  transverses  de  celles  de  l'éléphant,  et  se  poussant  aussi 
d'avant  en  arrière.  Leur  crâne  est  singulièrement  large  , 
leurs  défenses  arrondies,  dirigées  de  côté  et  en  haut,  d'une 
grandeur  elFrayanle,  et,  sur  chacune  de  leurs  joues,  pend 


(i;  Phaco  choerits ;  cochon  portant  une  vernie. 


PACHYDERMES.  23j 

tin  gros  lobe   charnu  qui  achève  de  rendre  leur  figure 
hideuse.  Ils  n'ont  que  deux  incisives  en  haut  et  sis  en  bas. 

Les  individus  apportes  du  Cap-Vert  (5.  Africanus.  Gra.  ) 
ont  ces  incisives  en  général  bien  complètes  ;  ceux  qui 
viennent  du  Cap  de  Bonne-Espérance  (  5.  éthiopiens.  Gm.  ) 
ne  les  montrent  presque  jamais,  seulement  on  en  retrouve 
quelquefois  des  vestiges  sous  la  gencive  j  peut-être  cette 
différence  tient-elle  à  l'âge  qui  avait  usé  ces  dénis  dans  les 
derniers,  peut-être  indique-t-elle  une  différence  d'espèce, 
d'autant  que  les  têtes  du  Cap  sont  aussi  un  peu  plus  larges 
et  plus  courtes.  (  Buff. ,  Supp.  III,  xi.  ) 

On  doit  encore  moins  laisser  dans  le  genre  des  cochons. 

Les  Pécahis  (Dicotyles.  Cuv.  )  (i) 

Qui  ont  bien  à  peu  près  les  mâchelières  et  les  incisives 
des  cochons  proprement  dits,  mais  dont  les  canines,  dirigées 
comme  celles  des  animaux  ordinaires,  ne  sortent  pas  de 
la  bouche,  et  qui  manquent  de  doigt  externe  à  leurs  pieds 
de  derrière.  Ils  n'ont  pas  de  queue,  et  sur  leurs  lombes  est 
une  ouverture  glanduleuse  d'où  sort  une  humeur  fétide. 
Les  os  du  métatarse  et  du  métacarpe  de  leurs  deux  grands 
doigts  sont  soudés  en  une  espèee  de  canon ,  comme  dans  les 
ruminans,  avec  lesquels  leur  estomac,  divisé  en  plusieurs 
poches,  leur  donne  aussi  un  rapport  très-direct.  Une  chose 
singulière ,  c'est  que  l'on  trouve  souvent  leur  aorte  très- 
renflée  ,  mais  sans  que  le  lieu  du  renflement  soit  fixe ,  comme 
s'ils  étaient  sujets  à  une  sorte  d'anévrisme. 

On  n'en  connaît  que  deux  espèces,  l'une  et  l'autre  de 
l'Amérique  méridionale ,  qui  n'ont  été  distinguées  que  par 
M.  d'Azzara  )  Linné  les  confond  sous  le  nom  de  sus  tajassu. 

Le  Pécari  à  collier  ou  Pâtira.  (  Die.  torquatus.  Cuv.  ) 

Buff.,  X,  III  et  IV. 

A  poil  annelé  de  gris  et  de  brun ,  à  collier  blanchâtre 
allant  obliquement  de  l'angle  de  la  mâchoire  inférieure  sur 
l'épaule  ;  moitié  moindre  que  notre  sanglier. 

(i)  DicoijrU ;J^o\xh\Q  noratril  5  à  cause  de  l'ouverture  de  son  dos. 


/ 


238 


M  A  M  M  I  F  E  R  E  S. 


Le  Ta-gnicati^  Taitetou j  TajassoUy  etc.  (Die,  lahia- 

tiis.  Cuv.  ) 

Plus  grand ,  brun ,  à  lèvres  blanches. 
Ici  peut  être  placé  un  genre  aujourd'hui  inconnu 
dans  la  nature  vivante,  que  nous  avons  découvert  et 
nommé 

Anoplotheuium.  (Cuv.) 

Il  montre  les  rapports  les  plus  singuliers  entre  les 
diverses  tribus  des  pachydermes,   et  se  rattache,  à 
quelques  ég:irds,  à  Tordre  des  ruminans.  Six  incisives 
à  chaque  mâchoire,  quatre  canines  presque  semblables 
aux  incisives  et  ne  les  dépassant  pas,  et  vingt-huit 
molaires  forment  une  série  continue  sans  interralle 
vide,  ce  qu'on  ne  voit  que  dans  1  homme.  Les  seize 
molaires  postérieures   sont  semblables  à  celles  des 
rhinocéros,  des  damans  et  des  palœothériums,  c'est-à- 
dire,  carrées  en  haut,  et  en  double  ou  triple  croissant 
en  bas.  Leurs  pieds^  terminés  par  deux  grands  doigts 
comme  dans  les  ruminans,  ont  ceci  de  différent, 
que  les  os  du  métatarse   et  du  métacarpe  restent 
toujours  séparés  sans  se  souder  jamais  en  caiion.  La 
composition  de  leur  tarse  est  la  même  que  dans  le 
chameau. 

Les  ossemens  de  ce  genre  n'ont  été  trouvés  jusqu'à  ce 
jour  que  dans  les  carrières  à  plâtre  des  environs  de  Paris. 
IN'ous  y  en  avons  déjà  reconnu  cint|  espèces  ;  une  grande 
comme  un  petit  âne,  avec  la  forme  basse  et  la  longue 
queue  de  !a  loutre  {^^.  commiuif  Cuv.  )  )  ses  pieds  de  devant 
portaient  au  bord  interne  un  petit  doigt  accessoire;  une  delà 
taille  et  du  port  léger  de  la  j^azelle  {A.  médium.).,  une  de 
la  taille  et  à  peu  près  des  proportions  du  lièvre  j  avec  deuK 


P  A  C  H  YD  E  II  M  E  S.  2 3g 

petits  doigts  accessoires  aux  côtés  des  pieds  de  derrière^  elc, 
{^oj.  Cuv.  Rec!i.  sur  les  Oss.  foss.^  loin.  III.) 

Les  pachydermes  ordinaires  qui  n'ont  pas  le 
pied  fourchu,  comprennent  d'abord  troisgenres, 
très  -  semblables  entre  eux  pour  les  mâche- 
lières,  en  ayant  de  chaque  coté  sept  supérieures 
à  couronne  carrée  j  avec  divers  linéamens  sail- 
lans  5  et  sept  inférieures  à  couronne  en  double 
croissant,  la  dernière  de  tontes  en  croissant 
triple  5  mais  leurs  incisives  diffèrent. 

Les  Rhinocéros.  (Rhinocéros.  L.) 

Varient  même  entre  eux  à  cet  égard.  Ce  sont  de 
grands  animaux  dont  chaque  pied  est  divisé  en  trois 
doigts  et  dont  les  os  du  nez,  très-épais  et  réunis  en 
une  sorte  de  voûte,  portent  une  corne  solide  adhérente 
à  la  peau  et  de  substance  fihreuse  et  cornée,  comme 
si  elle  était  composée  de  poils  agglutinés.  Leur  naturel 
est  stupide  et  féroce;  ils  , aiment  les  lieux  humides, 
vivent  d'herbes  et  de  branches  d'arbres,  ont  l'eslomac 
simple,  les  intestins  fort  longs,  le  cœcum  lort 
grand. 

Le  Rhinocéros  des  Indes.  {Rh.  Indiens.  Cuv.)  Buff. ^  XI,  vu. 

A,  outre  ses  vlngt-liuît  mâchelières ,  deux  fortes  clenls 
incisives  à  chaque  mâchoire,  deux  autres  petites  entre  les 
inférieures  et  deux  plus  petites  eucore  en  dehors  des  su- 
périeures, il  n'a  qu'une  corne,  et  sa  peau  est  remarquable 
par  des  plis  profonds  qu'elle  forme  en  arrière  et  en  travers 
des  épaules,  en  avant  et  en  travers  àes  cuisses.  Il  habite 
aux  Indes  orientales,  surtout  au  delà  du  Gange. 


ii^O  MAMMIFÈRES. 

Le  Rhinocéros  de  Sumatra.  (  Rh.  Siimatrensis.  Cuy.  )  Bell.^ 

Trans.  phil.  1795. 

Avec  les  mêmes  quatre  grandes  incisives  que  le  précédent, 
ti'a  presque  point  de  plis  à  la  peau,  et  porte  une  seconde 
corne  derrière  la  corne  ordinaire. 

Le  Rhinocéros  d'Afrique.  {Rh,  Jfricanus.  Cuv.)  BulF. , 

Supp.  VI,  VI. 

Porte  deux  cornes  comme  le  précédent,  et  n'a  point  de 
plis  à  la  peau  ni  aucune  dent  incisive ,  Ils  molaires  occupant 
presque  toute  la  longueur  de  sa  mâchoire. 

On  a  trouvé  sous  terre ,  en  Sibérie  et  en  dilF  rens  en- 
droits d'Allemagne  ,  les  ôs  d'un  rliinocéros  à  deux  cornes  j 
dont  le  crâne,  beaucoup  plus  allongé  que  ceux  des  rhinocé- 
ros viv;uis,  se  distinguait  encore  par  une  cloison  verticale 
osseuse  qui  soutenait  les  os  du  nez.  C'est  une  espèce  per- 
due ;  et  un  cadavre  presque  entier,  que  l'on  a  retiré  de  lai 
glace  sur  h  s  bords  du  Vilhoui  en  S  bérie  ,  a  montré  qu'ellei 
était  couverte  d'un  poil  assez  épais.  Eile  pouvait  donc  vi- 
vre au  nord  comme  l'éléphant  fossile. 

On  a  déterré  plus  nouvellement,  en  Toscane  et  en  Lom- 
bardie ,  d'autres  os  de  rhinocéros  qui  paraissent  s'être  beau- 
coup plus  rapprochés  de  celui  d'Afrique.  (  Voyez  Cuvier  ^ 
Recherches  sur  les  Os  foss. ,  tom.  II,  et  tom.  I'''',  art.  Cor- 
rections et  Additions.  ) 

Les  Damans.  (Hyrax.  Hermann.  ) 

Ont  été  placés  long- temps  parmi  les  rongeurs  ,  à 
cause  de  leur  très-petite  taille;  mais  ,  en  les  examinant 
bien ,  on  trouve  qu'à  la  corne  près  l  ce  sont  en  quel- 
que sorte  des  rhinocéros  en  miniature  ^  du  moins  ils 
ont  exactement  les  mêmes  molaires  ;  mais  leur  mâ- 
choire supérieure  a  deux  fortes  incisives  recourbées, 
et  dans  la  jeunesse ,  deux  très-petites  canines  ;  Tin- 


PACHYDERMES.  2^1 

fërleure  a  quatre  incisives  sans  canines.  On  compte 
quatre  doigts  à  leurs  pieds  de  devant  et  trois  à  ceux 
de  derrière ,  tous  avec  des  espèces  de  très-petiîs  sa- 
bots minces  et  arrondis ,  excepté  le  doigt  interne  de 
derrière ,  qui  est  armé  d'un  ongle  crochu  et  oblique. 
Ces  animaux  ont  le  museau  et  les  oreilles  courtes  , 
sont  couverts  de  poils,  et  ne  portent  qu'un  tubercule 
au  lieu  de  queue.  Leur  estomac  est  divisé  en  deux 
poches  ;  outre  un  gros  cœcum  ,  et  plusieurs  dilata- 
lions  au  colon  .  il  y  ^  vers  le  milieu  de  celui-ci  deux 
appendices  analogues  aux  deux  cœcums  des  oi- 
seaux. 

On  en  connaît  une  espèce  ,  grande  comme  un  lapin  ,  de 
couleur  grisâtre ,  assez  commune  dans  les  rocliers  de  toute 
l'Afrique ,  où  elle  devient  souvent  la  proie  des  oiseaux  de 
rapine,  etquiparaît  aussi  habiter  quelques  parties  de  l'Asie; 
du  moins  ne  trouvons-nous  pas  de  différence  certaine  entre 
Vhjrax  Capensis  et  le  Syriacus,  ( Buff. ,  Sup.  VI ,  xi.ii  et 
XLiii ,  et  VII ,  Lxxix.  )  (i). 

Les  PAL/EOTHEFauM.  Cuv. 

Sont  encore  un  genre  perdu.  Avec  les  mêmes  mâ- 
chelières  que  les  deux  précédens  ,  six  incisives  et 
deux  canines  à  chaque  mâchoire  comme  les  tapirs ,  et 
trois  doigts  visibles  à  chaque  pied  ,  ils  portaient^  aussi 
comme  les  tapirs  ,  une  courte  trompe  charnue  ,  pour 
les  muscles  de  laquelle  les  os  du  nez  étaient  rac- 
courcis ,  et  laissaient  en  dessous  d'eux  une  forte  échan- 


(i)  Je  doute  beaucoup  de  l'authenticité'  de  Vhyrax  Tluâsonius.  Schrebi 
CGXL  ,  c.  Il  n'a  été  vu  que  dans  nu  caLinet. 

TOME    I.  l6 


^4^  /^lAMMIFÈRES. 

crure.  Nous  avons  découvert  les  ossemens  de  ce 
genre  pêle-mêle  avec  ceux  de  rauoploîlierium  dans 
les  carrières  à  plâtre  des  environs  de  Paris  ,  et  il  en 
existe  dans  plusieurs  autres  lieux  de  France. 

On  en  connaît  déjà  onze  ou  douze  espèces.  A  Paris  seule- 
ment ,  nous  en  trouvons  cinq ,  dont  une  de  la  taille  du  che- 
val, deux  de  celle  du  tapir,  deux  de  celle  d'un  petit  mouton  j 
près  d'Orléans ,  il  s*en  trouve  des  os  d'une  espèce  qui  éga- 
lait à  peu  près  le  rhinocéros.  Ces  animaux  paraissent  avoir 
fréquenté  les  bords  des  lacs  et  des  marais  -,  car  les  pierres 
qui  recèlent  leurs  os  contiennent  aussi  des  coquilles  d'eau 
douce.  (  Yoy.  Cuv.,  Rech.  sur  les  Os  foss. ,  tom.  III.  ) 

A  ces  trois  genres  doit  succéder  celui  des 

Tapirs.  (Tapir.  Lin.) 

Dont  les  vingt-sept  molaires  présentent  toutes  ^ 
avant  la  trituration  ,  deux  collines  transverses  et  rec- 
tilignes;  en  avant  sont,  à  chaque  mâchoire ,  six  in- 
cisives et  deux  canines  ,  séparées  des  molaires  par 
un  espace  vide.  Le  nez  est  en  forme  de  petite  trompe 
charnue  j  les  pieds  de  devant  ont  quatre  doigts  ,  ceux 
de  derrière  trois. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  , 

(  Tapir  Americ anus.  Lin.)  Buff. ,  Sup. ,  YI,  i. 

Grande  comme  un  âne ,  à  peau  brune ,  presque  nue  , 
à  queue  médiocre ,  à  cou  charnu  ,  formant  comme  une 
crête  sur  la  nuque.  Elle  est  commune  dans  les  lieux  humides 
et  le  long  des  rivières  des  contrées  chaudes  de  l'Amérique 
méridionale.  On  mange  sa  chair.  Les  petits  sont  tachetés  de 
blanc  comme  les  faons. 

La  troisième  famille  des  pachydermes ,  ou 
animaux  a  sabots  non  ruminans  ,  comprendra 


PACHYDERMES.  243 

LES  SOLIPÈDES. 

Ou  quadrupèdes  qui  n'ont  qu'un  doigt  appa- 
rent et  un  seul  sabot  k  chaque  pied ,  quoiqu'ils 
portent  sous  la  peau,  de  chaque  côté  de  leur 
métacarpe  et  de  leur  métatarse ,  des  stylets  qui 
représentent  deux  doigts  latéraux. 

On  n'en  connaît  qu'un  seul  genre  ,  qui  est  celui  des 

Chevaux.  (Equus.  Lin.) 

Il  porte  à  chaque  mâchoire  six  incisives ,  qui ,  dans  la 
jeunesse  ,  ont  leur  couronne  creusée  d'une  fossette ,  et 
partoutsixmolairesàcouronnecarrée,rnarquéeparles 
lames  d'émail  qui  s'y  enfoncent ,  de  quatre  croissans ,  et 
dans  les  supérieures ,  d'un  petit  disque  au  bord  in- 
terne. Les  mâles  ont  de  plus  deux  petites  canines  à 
la  mâchoire  supérieure ,  et  quelquefois  à  toutes  les 
deux  ,  qui  manquent  presque  toujours  aux  femel- 
les. Entre  ces  canines  et  la  première  molaire  ,  est 
l'espace  vide  qui  répond  à  l'angle  des  lèvres  _,  où  l'on 
place  le  mors,  et  au  moyen  duquel  seul,  l'homme  est 
parvenu  à  dompter  ces  vigoureux  quadrupèdes.  Leur 
estomac  est  simple  et  médiocre;  mais  leurs  intestins 
sont  très-longs  et  leur  cœcum  énorme.  Les  mamelles 
sont  entre  les  cuisses. 

Le  Cheval.  {Equus  caballus.  Lin.  )  Buff. ,  IV,  i. 

Noble  compagnon  de  l'homme  a  la  chasse,  à  la  guerre  et 
dans  les  travaux  de  l'agriculture  ,  des  arts  et  du  commerce  , 
est  le  plus  important  et  le  mieux  soigné  des  animaux  que 
nous^  avons  soumis.  Il  paraît  qu'il  n'existe  à  l'état  sauvage 
que  dans  les  lieux  où  on  a  laissé  en  liberté  des  chevaux  au- 


■I 


^44  MAMMIFÈRES. 

paravant  tlomesliques ,  comme  en  Tartarie  et  en  Amérique; 
ils  j  vivent  en  troupes,  conduites  et  défendues  chacune 
par  un  vieux  mâle.  Les  jeunes  mâles ,  chassés  aussitôt  qu'ils 
sont  adultes,  suivent  ces  troupes  de  loin  jusqu'à  ce  qu'ils 
puissent  attirer  de  jeunes  jumens.-En  esclavage  ,  le  poulain 
tette  six  à  sept  mois  ;  on  sépare  les  sexes  à  deux  ans  ;  oa 
commence  à  les  attacher  et  à  les  panser  à  trois  ans  ;  ce 
n'est  qu'à  quatre  qu'on  les  monte  ,  et  qu'ils  peuvent  engen- 
drer sans  se  nuire.  La  jument  porte  onze  mois. 

L'âse  du  cheval  se  connaît  surtout  aux  incisives.  Celles 
de  lait  commencent  à  pousser  quinze  jours  après  la  nais- 
sance -,  à  deux  ans  et  demi ,  les  mitoyennes  sont  rempla- 
cées y  à  trois  et  demi ,  les  deux  suivantes  ;  à  quatre  et  demi , 
les  deux  extrêmes  y  appelées  les  coins.  Toutes  ces  dents ,  à 
couronne  d'ahord  creuse  ,  perdent  petit  à  petit  cet  enfon- 
cement par  la  détrition.  A  sept  ans  et  demi  ou  huit  ans, 
tous  les  creux  sont  effacés,  et  le  cheval  ne  marque  plus. 

Les  canines  inférieures  viennent  à  trois  ans  et  demi ,  les 
supérieures  à  quatre  ;  elles  restent  pointues  jusqu'à  six  ,  à 
dix  elles  commencent  à  se  déchausser. 

La  durée  de  la  vie  du  cheval  ne  passe  guère  trente  ans. 

Tout  le  monde  sait  à  quel  point  cet  animal  v^arie  par  la 
couleur  et  par  la  taille.  Ses  principales  races  ont  même  des 
différences  sensibles  dans  les  formes  de  la  tête  ,  dans  les  pro- 
portions y  et  se  caractérisent  chacune  de  préférence  pour  les 
divers  emplois. 

Les  plus  sveltes ,  les  plus  rapides ,  sont  les  chevaux  arabes, 
qui  ont  aidé  à  perfectionner  la  ra^e  espagnole ,  et  contribué 
avec  celle-ci  à  former  la  race  anglaise  :  les  plus  gros  et  les 
plus  forts ,  viennent  des  côtes  de  la  mer  du  Nord  ^  les  plus 
petits,  dunord  de  la  Suède  et  de  la  Corse.  Les  chevaux  sau- 
vages ont  la  tête  grosse  ,  le  poil  crépu,  et  des  proportions 
peu  agréables. 

Le  Dziggetai.  (  Equus  hemionus.  Pall.)  Schreb. 

Est  une  espèce  qui ,  pour  les  proportions ,  tient  le  milieu 


PACHYDERMES.  ^45 

entre  lecîieval  et  l'âne  (c'est  probablement  le  mulet  sauvage 
lies  anciens  ) ,  et  qui  vit  en  troupes  dans  les  déserts  sablon- 
neux du  centre  de  l'Asie.  Il  est  isabelle  ,  à  crinière  et  à  ligne 
dorsale  noires  j  sa  queue  se  termine  par  une  houppe  noire. 

UAne  (  Equus  asinus.  Lin.  )  Buff. ,  IV,  xi. 

Se  reconnaît  à  ses  longues  oreilles ,  à  la  houppe  du  bout  de 
«a  queue,  à  la  croix  noire  qu'il  a  sur  les  épaules ,  et  qui  est  le 
premier  indice  des  bandes  qui  distinguent  les  deux  espèces 
suivantes.  Originaire  des  grands  déserts  de  l'intérieur  de 
l'Asie  ,il  s'y  trouve  encore  ,  à  l'état  sauvage  ,  eu  troupes  in- 
nombrables, qui  se  portent  du  nord  au  midi  selon  les  saisons. 
Aussi  vient-il  mal  dans  les  pays  trop  septentrionaux.  Chacun 
coonaît  sa  patience,  sa  sobriété  ,  son  tempérament  robuste, 
et  les  services  qu'il  rend  aux  pauvres  campagnards. 

Sa  voix  rauque  (appelée  braire) ,  tient  à  deux  petites  ca- 
vités particulières  du  fond  de  son  larjnx. 

Le  Zèbre,  {Equus  zébra.  Lin.)  Buflf. ^  XII;  i. 

Presque  de  la  forme  de  l'âne  ,  rayé  partout  transversale- 
ment de  blanc  et  de  noir  avec  une  parfaite  régularité.  11 
est  originaire  de  toute  la  partie  méridionale  de  l'Afrique. 
iSous  avons  vu  un  zèbre  femelle  produire  successivement 
avec  l'âne  et  avec  le  cheval. 

Le  Coiiagga,  (  Equus  quaccha.  Gm.  )  BulF. ,  Sup. ,  VII ,  vu. 

Ressemble  plus  au  cheval  que  le  zèbre ,  mais  vient  du 
même  pays.  Son  poil,  sxir  le  cou  et  sur  les  épaules,  est 
brun  ,  rayé  en  travers  de  blanchâtre  ;  sa  croupe  est  gris- 
roussâtre,  sa  queue  et  ses  jambes  blanchâtres-  Son  n©m  ex- 
prime sa  voix,  qui  ressemble  à  l'aboiement  d'un  chien. 


246 


MAMMIFERES, 


LE  SEPTIÈME  ORDRE  DES  MAMMIFÈRES, 

OU  LES  RUMINANS.  (pecora.  L.) 

Est  peut-être  le  plus  naturel  et  le  mieux  dé- 
terminé de  la  classe  ,  car  ces  animaux  ont  l'air 
d'être  presque  tous  construits  sur  le  même  mo- 
dèle, et  les  chameaux  seuls  présentent  quelques 
petites  exceptions  aux  caractères  communs. 

Le  premier  de  ces  caractères  est  de  n'avoir 
d'incisives  qu'à  la  mâchoire  inférieure,  presque 
toujours  au  nombre  de  huit.  Elles  sont  rempla- 
cées en  haut  par  un  bourrelet  calleux.  Entre  les 
incisives  et  les  molaires  est  un  espace  vide  ,  oîi 
se  trouvent ,  seulement  dans  quelques  genres  , 
une  ou  deux  canines.  Les  molaires  ,  presque 
toujours  au  nombre  de  six  partout ,  ont  leur 
couronne  marquée  de  deux  doubles  croissans  , 
dont  la  convexité  est  tournée  en  dedans  dans  les 
supérieures  ,  en  dehors  dans  les  inférieures. 

Les  quatre  pieds  sont  terminés  par  deux 
doigts  et  par  deux  sabots,  c[ui  se  regardent  par 
une  face  aplatie  ,  en  sorte  qu'ils  ont  l'air  d'un 
sabot  unique,  qui  aurait  été  fendu  ;  d'où  vient , 
à  ces  animaux  ,  le  nom  de  pieds  fourchus  ,  de 
bifurques  ,  etc. 


RUMINANS.  247 

Derrière  le  sabot  sont  quelquefois  deux  pe- 
tits ergots,  seuls  vestiges  de  doigts  latéraux. 
Les  deux  os  du  métacarpe  et  du  métatarse  sont 
réunis  en  un  seul  ^  qui  porte  le  nom  de  canon. 

Le  nom  de  ruminans  indique  la  propriété 
singulière  de  ces  animaux  ,  de  mâcher  une  se- 
conde fois  les  alimens  ,  qu'ils  ramènent  dans  la 
bouche  après  une  première  déglutition ,  pro- 
priété qui  tient  a  la  structure  de  leurs  estomacs. 
Ils  en  ont  toujours  quatre  ,  dont  les  trois  pre- 
miers sont  disposés  de  façon  que  les  alimens 
peuvent  entrer  a  volonté  dans  Fun  des  trois  , 
parce  que  l'oesophage  aboutit  au  point  de  com- 
munication. 

Le  premier  et  le  plus  grand  se  nomme  la 
panse  ;  il  reçoit  en  abondance  les  herbes  gros- 
sièrement concassées  par  une  première  mastica- 
tion ;  elles  se  rendent  de  là  dans  le  second, 
appelé  bonnet ,  dont  les  parois  ont  des  lames 
semblables  a  des  rayons  d'abeilles.  Cet  estomac, 
fort  petit  et  globuleux  ,  saisit  l'herbe  ,  l'imbibe 
et  la  comprime  en  petites  pelotes  ,  qui  remon- 
tent ensuite  successivement  à  la  bouche  pour  y 
être  remâchées.  L'animal  se  tient  en  repos  pour 
cette  opération  ,  qui  dure  jusqu'à  ce  que  toute 
l'herbe ,  avalée  d'abord  dans  la  panse ,  l'ait 
subie.  Les  alimens,  ainsi  remâchés^  descendenl. 


^48  MAMMIFÈRES. 

dîreclement  dans  le  troisième  estomac  nommé 
feuillet  5  parce  que  ses  parois  ont  des  lames  Ion-  ' 
gitudinales  semblables  aux  feuillets  d'un  livre, 
et  de  là  dans  le  quatrième  ou  caillette ,  dont 
les  parois  n'ont  que  des  rides  ,  et  qui  est  le  vèri- 
rable  organe  de  la  digestion  ,  analogue  a  l'esto-^ 
mac  simple  des  animaux  ordinaires.  Pendant 
que  les  ruminans  tettent  et  ne  vivent  que  de 
lait  5  la  caillette  est  le  plus  grand  de  leurs  esto- 
macs. La  panse  se  ne  développe  et  ne  prend 
son  énorme  volume  qu'à  mesure  qu'elle  reçoit 
de  l'herbe.  Le  canal  intestinal   des   ruminans 
est  fort  long  5  mais   peu  boursouflé  dans  les 
gros  intestins.  Leur  cœcum  est  de  même  ,  long 
et  assez  lisse.  La  graisse  des  ruminans  durcit 
plus  en  refroidissant  que  celle  des  autres  qua- 
drupèdes,  et  devient  même  cassante.  On  lui 
donne  le  nom  de  suif»  Leurs  mamelles  sont 
placées   entre    leurs  cuisses. 

Les  ruminans  sont,  de  tous  les  animaux, 
ceux  dont  l'homme  tire  le  plus  de  parti.  Il 
peut  manger  de  tous  ,  et  c'est  même  d'eux  qu'il 
tire  presque  toute  la  chair  dont  il  se  nourrit. 
Plusieurs  lui  servent  de  bêtes  de  somme  ;  d'au- 
tres lui  sont  utiles  pour  leur  lait,  leur  suif, 
leur  cuir  5  leurs  cornes  et  d'autres  productions^ 


nUMINANS.  ^49 

Les  deux  premiers  genres  n'ont  point  de  cornes. 

Les  Chameaux.  (Camelus.  L.  ) 

Se  rapprochent  un  peu  plus  que  les  autres  de  l'ordre 
précédent.  Ils  ont  non-seulement  toujours  des  canines 
aux  deux  mâchoires ,  mais  encore  deux  dents  pointues^ 
implantées  dans  l'osincisif;  les  incisives  inférieures  au 
nombre  de  six^  et  les  molaires  de  vingt  ou  de  dix-huit 
seulement,  attributs  qu'ils  possèdent  seuls  parmi  les 
ruminans,  ainsi  que  d'avoir  le  scaphoïde  et  le  cuboïde 
du  tarse  séparés.  Au  lieu  de  ce  grand  sabot  aplati 
au  côté  interne  qui  enveloppe  toute  la  partie  inférieure 
de   chaque   doigt    et  détermine    la   figure    du    pied 
fourchu  ordinaire,  ils  nen  ont  qu'un  petit,  adhérent 
seulement  à  la  dernière  phalange  et  de  forme  symé- 
trique comme  les  sabots  des  pachydermes.  Leur  lèvre 
renflée  et  fendue,  leur  long  cou,  leurs  orbites  saillans, 
la  faiblesse  de  leur  croupe ,  la  proportion  désagréable 
de  leurs  jambes  et  de  leurs  pieds,  en  font  des  êtres  en 
quelque  sorte  difformes;  mais  leur  extrême  sobriété, 
et  la  faculté  qu'ils  ont  de  se  passer  plusieurs  jours  de 
boire ,  les  rendent  de  première  utilité. 

Cette  faculté  tient  probablement  à  de  grands  amas 
de  cellules  qui  garnissent  les  côtés  de  leur  panse,  et 
dans  lesquelles  il  se  retient  ou  se  produit  continuelle- 
ment de  l'eau.  Les  autres  ruminans  n'en  ont  point  de 
semblables. 

Les  chameaux  urinent  en  arrière ,  mais  leur  verge 
change  de  direction  pour  l'accouplement,  qui  se  fait 
avec  beaucoup  de  peine,  et  pendant  lequel  la  femelle 


5  5o  MAMMIFÈRES. 

reste  couchée.  Au  temps  clu  rut,  il  suinte  de  leur  tête 
un  humeur  fétide.  L 

Les  Chameaux  proprement  dts. 

Ont  les  deux  doigts  réunis  en  dessous,  jusque  près  delà 
pointe  y  par  une  semelle  commune  et  le  dos  chargé  de  loupes 
de  graisse.  Ce  sont  de  grands  animaux  de  lancien  monde  dont 
on  connaît  deux  espèces,  Icutes  }cc>cleux  complètement  réduite»^ 
à  l'état  domestique  (f). 

Le  Chameau  à  deux  bosses.  {Camelus  bacîrianus.  L.) 

BuIF.,  XI,  xxu. 

Originaire  du  centre  de  l'Asie ,  et  qui  descend  beaucoup 
moins  vers  le  midi  que 

Le  Chameau  à  une  seule  bosse.  (  Camelus  dromedariur, 

L.  )  Buir.,  XI,  IX. 

Qui  s'est  répandu  d'Arabie  dans  tout  le  nord  de  l'Afrique 
et  dans  une  grande  partie  de  la  Syrie ,  de  la  Perse,  etc. 

Le  premier  est  le  seul  qu'on  emploie  en  Turqueslan,  au 
Thibet,  etc.-,  on  en  conduit  jusque  près  du  lac  Baïcal. 
Le  second  est  assez  connu  par  sa  nécessité  pour  traverser  le 
désert  et  comme  seul  moyen  de  liaison  des  pays  qui  y 
confinent. 

Le  chameau  à  deux  bosses  va  mieux  daas  les  terrains 
humides;  il  est  plus  grand  et  plus  fort  que  l'autre.  Dans 
le  temps  de  la  mue,  il  se  dépouille  enlièrement  de  son 
poil.  C'est  le  chameau  à  une  seule  bosse  qui  porte  le  plus 
loin  la  sobriété.  Le  dromadaire  en  est  proprement  une  va- 
riété plus  légère  et  plus  propre  à  la  course. 

La  chair  et  le  lait  des  chameaux  servent  à  la  nourriture^ 


(i)  Pallas  rapporte  ,  sur  la  foi  des  Buchares  et  des  Tartares  ,  qu'il  y  a 
des  chameaux  sauvai:;es  daus  1rs  ddsert»  du  milieu  de  l'Asie  5  mais  il  faut 
remarquer  que  les  Calmouques,  par  principe  de  religion,  donnent  la. 
ii!)eité  à  toutes  FOi'tes  d'animaux. 


RUMINANS.  !l5l 

et  leur  poîl  au  vêtement  des  peuples  qui  les  possèdent.  Tous 
deux  deviennent  presque  inutiles  dans  les  terrains  pierreux. 

Les  Lamas.  (Auchenia,  Illiger.  ) 

Ont  les  deux  doigts  séparés  et  manquent  de  loupes.  On 
n'en  connaît  aussi  que  deux  espèces  bien  distinctes  ,  l'une  et 
l'autre  du  Nouveau-Monde,  et  beaucoup  plus  petites  que  les 
deux  précédentes. 

Le  Lama  ou,  dans  l'état  sauvage,  Guanaco.  (Camelus 
llacma,  L.  )  BulF. ,   Supp.  YI,  xxvii. 

Grand  comme  un  cerf,  à  pelage  grossier  et  châtain,  qui 
varie  de  couleur  en  domesticité.  C'était  la  seule  bête  de 
somme  du  Pérou  quand  on  en  lit  la  conquête  ;  il  porte  cent 
cinquante  livres,  mais  ne  fait  que  de  petites  journées. 

La  Figogns  ou  Paco.  (  Camelus  Ficunna,  L.  )  Buff. , 

Supp.  VI  ^  XXVIII. 

Grande  comme  une  brebis,  couverte  d'une  laine  fauve, 
d'une  finesse  et  d'une  douceur  admirables,  qui  donne  des 
étoffes  précieuses  ;  elle  pend  en  longues  soies  sOus  la 
poitrine. 

Les  Ciîevrotains.  (  Moschus.  L.  ) 

Beaucoilp  moins  anomaux  que  les  chameaux,  ne 
diffèrent  des  ruminans  ordinaires  que  par  Tabsence 
des  cornes,  par  une  longue  canine,  de  chaque  côté 
I  de  la  mâchoire  supérieure,  qui  sort  de  la  bouche 
dans  les  mâles,  et  enfin  parce  qu'ils  ont  encore  dans 
leur  squelette  un  péroné  grêle  qui  n'existe  pas  même 
dans  les  chameaux.  Ce  sont  des  animaux  charmans 
par  leur  élégance  et  leur  légèreté. 

Le  Musc,  {Moschus  moschiferus,  L.)  Buff. ,  Supp.  VI , 

XXIX. 

Est  l'espèce  la  plus  célèbre.  Grande  comme  un  cbevreuil, 
presque  sans  queue  )  elle  est  toute  couverte  d'un  poil  si  gros 


252  '     MAMMIFÈRES. 

et  si  cassant,  qu'on  pourrait  presque  lui  donner  le  nom 
d'épines  ;  mais  ce  qui  la  fait  surtout  remarquer,  c'est  la 
poche  située  en  avant  du  prépuce  du  mâle,  et  qui  se  remplit 
de  celle  substance  odorante  si  connue  en  médecine  et  en 
parfumerie  sous  le  nom  de  musc. 

Celte  espèce  parait  propre  à  cette  région  âpre  et  pleine 
de  rochers,  d'où  descentlenl  la  plupart  des  fleuves  de  l^Asle, 
et  qui  s'étend  entre  la  Sibérie  ,  la  Chine  et  le  Tliibet.  Sa 
vie  est  nocturne  et  solitaire ,  et  sa  timidité  extrême.  C'est  au 
Thibet  et  au  Tunquin  qu'elle  donne  le  meilleur  musc; 
dans  le  nord,  cette  substance  n'a  presque  pas  d'odeur. 

Les  autres  chevrotains  n'ont  point  de  bourse  à  musc. 
Ils  vivent  tous  dans  les  pays  chauds  de  l'ancien  Con- 
tinent (i)  ;  ce  sont  les  plus  petits  et  les  plus  élégans  de  tous 
les  rurainans  (2), 

Tout  le  reste  des  rumînans  a ,  au  moins 
dans  le  sexe  inâle  ,  deux  cornes  ^  c'est-a-dîre  , 
deux  proéminences  plus  ou  moins  longues  des 
os  frontaux  ,  qui  ne  se  trouvent  dans  aucune 
autre  famille  d'animaux. 

Dans  les  uns  ces  proéminences  sont  revêtues 
d'un  étui ,  de  substance  élastique  5  compo- 
sée comme  de  poils  agglutinés  ^  qui  croit  par 
couches  ,  et  pendant  toute  la  vie;  on  donne  en 
particulier  le  nom  de  corne  à  la  substance  de 
cet  étui  5  et  lui-même  porte  celui  de  corne 


(1)  Le  moschus  Americanus  ,  établi  d'après  Séba  ,  n'est  qu'un  jeune  ow 
une  femelle  d'un  des  cerfs  de  la  Guiane. 
(1)  Moschus  pYgtnœus  ,  Buff.  XH,  xlii. 
Moschus  memina  ,  Schreb.  ccxliii. 
Moschus  Javaiiicus  ,  BuiY.  supp.  VI,  xxx* 


RUMINANS,  253 

creuse.  La  proéminence  qu'il  enveloppe  croît 
comme  lui  pendant  toute  la  vie  et  ne  tombe  ja- 
mais. Telles  sont  les  cornes  des  bœufs j  des 
moutons  ,  des  chèçres  et  des  antilopes. 

Dans  d'autres  ,  les  proéminences  ne  sont  en- 
veloppées cjue  d'une  peau  velue  ,  qui  se  conti- 
nue avec  celle  de  la  tête  ,  et  qui  ne  se  détruit 
point  5  ces  proéminences  ne  tombent  pas  non 
plus  ;  la  seule  girafe  en  a  de  telles. 

Enfin  5  dans  le  genre  des  cerfs  ,  les  proémi- 
nences couvertes  pendant  un  temps  d'une  peau 
velue  comme  celle  du  reste  de  la  tête  ;>  ont  a  leur 
base  un  anneau  de  tubercules  osseux  ,  qui,  eu 
grossissant ,  compriment  et  oblitèrent  les  vais- 
seaux nourrissiers  de  cette  peau.  Elle  se  dessè- 
che et  est  enlevée  ;  la  proéminence  osseuse  mise 
à  nu  5  se  sépare  au  bout  de  quelque  temps  du 
crâne  auquel  elle  tenait  ;  elle  tombe  ,  et  l'ani- 
mal demeure  sans  armes.  Mais  il  lui  en  repousse 
bientôt  de  nouvelles  ,  d'ordinaire  plus  grandes 
que  les  précédentes,  et  destinées  à  subir  les 
mêmes  révolutions.  Ces  cornes ,  purement  os- 
seuses, et  sujettes  à  des  changemens  périodi- 
ques 5  portent  le  nom  de  bois. 

Les  Cerfs.  (Cervus.)  ^ 

Sont  donc  tous  les  ruminans  dont  la  tête  est  armée 
de  boisj  mais^  si  l'on  excepte  l'espèce  du  rhenne^ 


254  MAMMIFÈRES. 

les  lemelles  en  sont  toujours  dépourvues.  La  substance 

de  ce  bois,  quand  il  a  acquis  tout  son  développement, 

est  un  os  très-dense  sans  pores  ni  sinus;  sa  figure 

varie  beaucoup  selon  les  espèces,  et  même,   dans 

chaque   espèce  ,    selon    Tâge.    Les    cerfs    sont    des 

animaux  très-rapides  à  la  course,  vivant  généralement 

dans  les  forets,  d*herbes,  de  feuilles,  de  bourgeons 

d'arbres,  etc.  ^ 

On  distingue  d'abord  les  espèces  à  bois  aplati  en  tout 
ou  en  partie  ;  savoir  : 

UJElan,   {C.  alces.   L. )  Elk  ou    Elend   dans  le   nord   de 
l'Europe,  Moose-Deer  des  Anglo-Américains,    Orignal 
^         des  Canadiens.  BuiF. ,  Supp.  VII,  lxxx. 

Grand  comme  un  cheval  et  quelquefois  davantage,  â 
jambes  élevées,  à  museau  cartilagineux  et  renflé  ;  une  espèce 
de  goitre  ou  de  pendeloque  diversement  configurée  sous  la 
gorge  j  le  poil  toujours  très-roide  ,  et  d'un  cendré  plus  ou 
moins  foncé.  Le  bois  du  mâle,  d'abord  eu  dague,  ensuite 
divisé  en  lanières,  prend,  à  l'âge  de  cinq  ans,  la  forme 
d'une  lame  triangulaire ,  dentelée  au  bord  externe  et  portée 
sur  un  pédicule.  Il  croît  avec  l'âge  jusqu'à  peser  cinquante 
ou  soixante  livres,  et  à  avoir  quatorze  andouillers  ou  dente- 
lures à  chaque  corne.  L'élan  habite  en  petites  troupes  les 
forêts  marécageuses  du  nord  des  deux  conlinens  )  sa  peau  est 
précieuse  pour  les  ouvrages  de  chamoiserie. 

Jj^Ehenne,  (  C.  Tarandus.)  Buff. ,  Supp.  III,  xvjii,  his. 

Grand  comme  un  cerf,  mais  à  jambes  plus  courtes  et  plus 
grosses;  les  deux  sexes  ont  des  bois  divisés  en  plusieurs 
branches,  d'abord  grêles  et  pointues,  et  qui  finissent  avec 
l'âge  par  se  terminer  en  palmes  élargies  et  dentelées  ;  son 
poil,  brun  en  été,  devient  presque  blanc  en  hiver.  Le 
rhenne  n'habite  que  lescontrées  glaciales  des  deux  Continens. 
C'est  l'animal  si  célèbre  par  le  service  qu'en  lirenl  les 


BUMINANS.  255 

Lapons,  qui  en  ont  de  nombreux  troupeaux,  les  conduisent 
l'été  dans  les  montagnes  de  leur  pays ,  les  ramènent  l'hiver 
dans  les  plaines  ,  en  font  leurs  bètes  de  somme  et  de  trait, 
mangent  leur  chair ,  leur  lait ,  se  vêtissent  de  leur  peau ,  etc. 
Le  Daim.  (  C,  Dama.  L.  )  Buflf. ,  YI,  xxvii  etxxviii. 

Moindre  que  notre  cerf,  en  hiver  d'un  brun-noirâtre ,  en 
été  fauve  tacheté  de  blanc ,  les  fesses  en  tout  temps  blanches, 
bordées  de  chaque  côté  d'une  raie  noire  ,  la  queue  plus 
longue  qu'au  cerf,  noire  en  dessus,  blanche  eu  dessous- 
Le  bois  du  mâle  est  rond  à  sa  base  avec  un  andouiller  pointu , 
aplati  et  dentelé  en  dehors  dans  le  reste  de  la  longueur  j 
passé  un  certain  âge,  il  rapetisse  et  se  divise  irrégulièrement 
en  plusieurs  lanières.  Cette  espèce ,  qui  est  le  plaiiceros  et  non 
le  dama  des  anciens,  est  commune  dans  tous  les  pays  d'Eu- 
rope j  il  s'en  trouve  quelquefois  une  variété  noire  sans  taches. 

Les  espèces  à  bois  ronds  sont  plus  nombreuses;  celles  de^ 
pays  tempérés  changent  aussi  plus  ou  moins  de  couleur  en 
hiver. 

Le    Cerf  commun,    {Cervus    elaphus,)    Buff.,    YI, 


IX,    X,   XII. 


A  pelage  en  été  fauve-brun ,  avec  une  ligne  noirâtre ,  et 
de  chaque  côté  une  rangée  de  petites  taches  fauve-pâle  le 
long  de  l'épine  ;  en  hiver,  d'un  gris-brun  uniforme;  la  croupe 
et  la  queue  en  tout  temps  fauve-pâle.  Il  est  naturel  des  forets 
de  toute  l'Europe  et  de  l'Asie  tempe'rée.  Le  bois  du  mâle  est 
rond  et  vient  la  seconde  année  ;  d'abord  en  forme  de  dagues , 
il  prend  ensuite  plus  de  branches  ou  d'andouillers  à  mesure 
qu'il  avance  en  âge,  et  se  couronne  d'une  espèce  d'empau- 
mure  de  plusieurs  petites  pointes.  Le  très-vieux  cerf  noircit, 
et  les  poils  de  son  col  s'allongent  et  se  hérissent,  et  c'est  alors 
\  ce  qu'Aristote  nomme /2i/7pe7a/7/?<?.Le  bois  tombe  au  printemps, 
en  commençant  par  les  vieux;  il  revient  pendcint  l'été,  et 
les  cerfs  vivent  séparés  tout  ce  temps-là.  Alors  commence 
le  rut,  qui  dure  trois  semaines,  et  pendant  lequel  les  mâies 
sont  comme  furieux  ;  mâles  çt  femelles  se  réunissent  eu 


2b6  MAMMIFÈRES. 

grandes  troupes  pour  passer  l'hiver.  La  Liclie  porte  îiuït 
mois  et  met  bas  eu  mai  ;  le  faon  est  fauve  tacheté  de  blanc. 
La  chasse  du  cerf^,  qui  passe,  comme  on  sait,  pour  le  plus 
noble  des  exercices,  est  devenue  l'objet  d'un  art  qui  a  sa 
théorie ,  et  une  terminologie  étendue  où  les  choses  les  plus 
connues  s'expriment  par  des  termes  bizarres,  ou  détournés 
de  leur  acception  ortlinaire. 

Le  Cerf  du  Canada ,  (  C,  Canadensis.  Gm.  C.  Strojigyloceros- 
Schreb.,  CXLYI,  A,  CXLMI,  F,  G.  )  Elk  ou  Élan  des 
Anglo- Américains. 

Plus  grand  que  le  nôtre ,  de  la  même  couleur ,  à  bois 
également  ronds ,  mais  plus  développés  et  qui  ne  prennent 
jamais  d'empaumures,  pourrait  bien  n'être  qu'une  variété 
de  cerf  commun.  Il  habite  toutes  les  parties  tempérées  de 
l'Amérique  septentrionale. 

Le  Cerf  de  la  Louisiane  ou  de  Virginie ,  (  (7.  Virginia- 
nus.  Gm.  )  Daim  des  Anglo  -  Américains ,  Mazame  du 
Mexique  (.i). 

Moindre  que  le  nôtre ,  plus  svelte,  à  museau  plus  pointu, 
d'un  fauve -- clair  en  été,  d'un  gris-roussâtre  en  hiver, 
dessous  de  la  gorge  et  de  la  queue  blanc  en  tout  temps, 
le  tiers  inférieur  de  la  queue  noir  et  le  bout  blanc.  Le  bois 
du  mâle,  rond,  lisse  et  blanchâtre,  s'écarte  en  dehors  pour 
revenir  en  arc  de  cercle  en  dedans  et  en  avant  ;  il  n'a  jamais 
que  trois  andouillers. 

Les  espèces  des  pays  chauds  ne  changent  pas  de  couleur. 
Le  Cerf  de  VInde  ou  Jlxis  (  Cervus  Axis.  Lin.  )  Buff.,  XI, 

XXXVIII  ,  XXXIX. 

En  tout  temps  fauve  ,  tacheté  de  blanc  pur  ;  le  dessous  de 
la  gorge  et  celui  de  la  queue  blancs  j  queue  fauve ,  bordée 
de  blanc  en  dessus  j  des  bois  ronds ,  devenant  très-grands 

(i)  Le  cariacou  ,  Daub.  XII ,  xnv  ,  est  sa  femelle. 


RUMINA  NS.  257 

avec  l'âge  ,  mais  ne  portant  jamais  qu'un  nndouiller  vers  la 
base  ,  et  la  pointe  fourchue.  Originaire  du  Eengale ,  mais  se 
propageant  très-bien  dans  nos  pays. 

Les  espèces  à  petits  bois  portent  le  nom  de  chevreuils. 

Le  Chevreuil  d'Europe.  (  Cer^'.  capreolus.  Lin.  )  Buîï*. ,  VI , 

XXXII  ,   XXXIII. 

Gris-fauve ,  à  fesses  blanches  ,  sans  larmiers,  presque  sans 
queue;  les  bois  du  mâle  courts,  droits,  fourchus  à  l'extré- 
mité, avec  unandouiller  en  avant  de  la  tige.  Il  y  en  a  des 
individus  d'un  roux  très-vif  et  d'autres  noirâtres.  Cette  es- 
pèce vit  par  couples  dans  les  forêts  élevées  de  l'Europe  tem- 
pérée ,  perd  son  bois  à  la  lin  de  l'automne ,  le  refait  pendant 
l'hiver ,  entre  en  rut  en  novembre ,  et  porte  cinq  mois  et 
demi.  Sa  chair  est  beaucoup  plus  estimée  que  celle  du  cerf. 
On  n'en  a  pas  en  Russie. 

Le   Chevreuil  de  Tartarie.   (  Cervus  pygar^us.  Pall.  ) 

Schreb.,  ccliii. 

Semblable  aa  nôtre  ,  mais  à  bo!S  plus  hérissés  à  leur 
base,  à  poils  plus  longs;  presque  de  la  taille  d'un  daim; 
habite  les  campagnes  élevées  au  delà  du  Volga. 

Le  Chevreuil  des  Indes,  (  Cerv.  muntjac.  Gm.  )  BufF. , 

Sup.  VII ,  XXVI. 

Plus  petit  que  le  notre,  avec  une  queue,  des  larmiers  , 
de  petites  canines  comme  le  cerf,  et  des  bois  profondément 
fourchus  ,  très-courts  ,  mais  portés  sur  de  longues  proémi- 
nences de  l'os  frontal,  entre  lesquelles  est  une  peau  plissée, 
élastique  et  onctueuse.  Il  vit  en  petites  troupes  à  Ceylan  et  à 
Java.  Ses  poils ,  blancs  à  la  base  ,  bruns  à  la  pointe ,  lui  don- 
nent une  teinte  grisâtre. 

L'Amérique  produit  aussi  différentes  espèces  de  che- 
vreuils ,  mais  qui  ont  été  jusqu'à  présent  assez  mal  caracté- 
risées. Comme  elles  sont  toutes  des  narties  chaudes  de  ce 
pays,  elles  ne  changent  pas  de  couleur ,  et  n'ont  pas  d'épo- 
ques fixes  pour  le  renouvellement  de  leur  bois. 

TOME    I.  17 


258  MAMMIFÈRES. 

Les  unes  ont  le  hois  arqué,  et  portant  jusqu'à  cinq  an- 
douillers  selon  l'âge,  d'autres  l'ont  toujours  en  forme  de 
dagues  (i). 

La  Girafe.  (  Camelopardalis.  L.  )  Buff. , 

Sup.  ,  Vil  ,  LXXXI. 

A  pour  caractère  ,  dans  les  deux  sexes,  des  cornes 
coniques ,  toujours  recouvertes  par  une  peau  velue , 
et  qui  ne  tombent  jamais.  C'est  d'ailleurs  un  animal 
des  plus  remarquables  par  la  longueur  de  son  cou , 
la  hauteur  disproportionnée  de  ses  jambes  de  de- 
vant ,  et  par  un  tubercule  osseux  qu'il  a  sur  le  chan- 
frein. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce ,  (  Camelopardalis  girafe, 
L.  )  confinée  dans  les  déserts  de  l'Afrique ,  à  pelage  ras,  gris  , 
tout  parsemé  de  taches  irrégulières  fauves ,  avec  une  petite 
crinière,  grise  et  fauve,  qui  règne  depuis  les  oreilles  jusqu'à 
la  croupe.  C'est  le  plus  élevé  de  tous  les  animaux ,  car  sa 
tête  atteint  à  dix-huit  pieds  de  hauteur.  11  est  d'ailleurs  d'un 
naturel  doux,  et  se  nourrit  de  feuilles  d'arbres.  Les  Romains 
ont  eu  des  girafes  vivantes  à  leurs  jeux. 


(i)  lue  chevreuil  d' Ainéricjue  ,  BuiT.  VI  ,  pi.  xxxvii ,  a  les  bois  gros  , 
courts,  arqués  ,  portant  cinqandouillers  irès-luberculeux  vers  leur  base.  Si 
c'est ,  connue  il  le  i>AXà\i  ,\e  £^ouazou  poucou  de  Dazzara ,  il  serait  de  la  taille 
de  notre  cerf,  de  couleur  roussùtre  ,  avec  le  dessus  de  la  queue  et  le  bout 
des  pieds  noirs,  et  recliereherait  les  lieux  humides.  C'est  son  bois  que 
Pennant  représente  sous  le  nom  de  cervus  Mexicanus.  Le  gouazou  pita  de 
Dazzara  que  nous  avons  au  Muséum ,  est  plus  petit  qu'un  chevreuil  ,  d'un 
roux  marron  vif  ,  avec  du  blanc  au  botit  de  la  mâchoire  inférieure.  Nous 
avons  encore  vu  deux  têtes  h  dagues  simples  ,  d'un  fauve-gris  ,  l'une  de  la 
taille  d'un  daim,  l'autre  de  celle  d'un  chevreuil.  Celle-ci  porte  le  nom  de. 
eariacou  ù  Cayeuae. 


huminâns,  2^9 

Les  Ruminans  a  cornes  creuses. 

Sont  plus  nombreux  que  les  autres,  et  l'on  a 
été  obligé  de  les  diviser  en  genres  d'après  des 
caractères  assez  peu  importans,  tirés  de  la  forme 
de  leurs  cornes,  et  des  proportions  de  leurs  di- 
verses parties. 

M.  Geoffroy  y  a  joint  avec  avantage  ceux  que 
donne  la  substance  de  la  proéminence  frontale 
ou  du  noyau  osseux  de  la  corne. 

Les  Antilopes.  (Antilope.  )  (i). 

Ont  la  substance  de   leur  noyau  osseux   solide  et 

sans  pores  ni  sinus  ,  comme  le  bois  des  cerfs.  Elles 

ressemblent  d'ailleurs  aux  cerfs  par  les  larmiers ,  par 

la  légèreté   de  leur  taille  et  par  la  vitesse   de   leur 

course.  C'est  un  genre  très-nombreux ,   qu'on  a  été 

obligé  de  subdiviser  principalement  d'après  la  forme 

des  cornes. 

a.      Cornes  annelées  ,  à  double  ou  triple  courbure ,  pointes 
en  avant ,  ou  en  dedans,  ou  en  haut. 

La  Gazelle.  {^Ant.  dorcas.  Lin.  )  BufF. ,  Xïî  ^  xxiii, 

A  cornes  rondes ,  grosses  ,  noires  ;  la  taiile  et  la  forme  élé- 
gantes du  clievreuil  ;  fauve-clair  dessus  ^  blanc  dessous  , 
une  bande  brune  le  long  de  cliaque  flanc ,  un  bouquet  de 
poils  à  chaque  genou  ,  une  poche  profonde  à  chaque  aine. 


(i)  Ce  nom  n"'est  pas  ancien  5  il  est  corrompu  d'antholopos  ,  que  l'on 
trouve  dans  Eustathius  ,  auteilr  du  temps  de  Constantin.  La  gazelle  com- 
mune a  été  bien  décrite  par  Élien  sous  le  nom  de  dorças  ,  qui  est  propre- 
ment celui  du  chevreuil»  Gazd  est  arabe. 


200  MAMMIFÈRES. 

Elle  vit  dans  tout  le  nord  de  l'Afrique  y  en  troupes  innom- 
brables y  qui  se  mettent  en  rond  quand  on  les  attaque  ,  et 
présentent  les  cornes  de  toute  part.  C'est  la  pâture  ordinaire 
du  lion  et  de  la  panthère.  La  douceur  de  son  regard  fournit 
des  images  nombreuses  à  la  poésie  galante  des  Arabes. 

La  Corinne.  {^Ant.corinna.  Gm.  )  BuiF.XlI,  xxvn. 

N'en  diffère  que  par  des  cornes  beaucoup  plus  grêles. 
Ce  n'est  peut-être  qu'une  variété. 

Le  Kevel.  (  Ant,  kevella.  Gm.  )  Buff. ,  XH ,  xxvi. 

Est  encore  à  peu  près  semblable  ;  mais  ses  cornes  sont 
comprimées  à  leur  base ,  et  ont  des  anneaux  plus  nom- 
breux. On  ne  prétend  le  distinguer  lui-même  de  Vahu  d« 
Kœmpfer ,  ou  tsejyrain  des  Persans  et  des  Turcs  (  y^nt.  suh- 
gutturosa,  Gm.) ,  que  parce  qu'on  a  remarqué  à  celle-ci  un« 
légère  saillie  sous  la  gorge. 

Le  Dseren  des  Mongoles,  Iloang-j^ang. ,  ou  Chèvre  jaune 
des  Chinois.  (  Ant.  guiturosa.  Pall.)  Scbreb. ,  cclxxv. 

Présente  encore  à  peu  près  les  mêmes  distributions  de 
couleurs  et  les  mêmes  cornes  que  la  gazelle  proprement  dite  j 
mais  sa  taille  approche  de  celle  du  daim,  et  le  mâle  a  une 
forte  protubérance  produite  par  son  larynx,  et  une  poche 
assez  grande  sous  le  ventre.  La  femelle  n'a  pas  de  cornes. 
Cette  espèce  vit  en  troupes  dans  les  plaines  arides  du  milieu 
de  l'Asie  ,  et  ne  peut  souffrir  l'eau  ni  les  forêts. 

Le  Springbock  ou   Gazelle  à  bourse.  (  Ant.  euchore. 
Forster.  )  Buff. ,  Sup. ,  YI ,  pi.  xxi. 

Remplit  de  ses  troupes  le  midi  de  l'Afrique.  Plus  grande 
que  la  gazelle ,  mais  de  même  forme  et  de  même  couleur , 
elle  se  distingue  par  un  repli  de  la  peau  de  la  croupe  ,  garni 
de  poils  blancs ,  qui  s'ouvre  et  s'élargit  à  chaque  saut  qu'elle 
fait. 


RUMINANS.  261 

Le  Saïga.  (  AnL  Saïga.  Pall.)  Colus  de  Strabon.  Schreb. , 

CCLXXVI. 

Qui  habile  la  Hongrie  et  le  midi  de  la  Pologne  et  de  la 
E-iîssie,  a  encore  les  cornes  comme  la  gazelle  ,  mais  jaunâ- 
tres et  transparentes.  Il  est  grand  comme  un  daim.  Son  pe- 
lage, fauve  en  été,  devient  d'un  gris-blanchâtre  en  hiver; 
son  museau  cartilagineux  ,  gros  ,  bombé ,  à  narines  Irès- 
ouvertes  ,  le  force  de  paître  en  rétrogradant.  11  se  réunit 
quelquefois  en  troupes  de  plus  de  dix  mille. 

U Antilope  des  Indes,  {Ant,  cen^icapra.VàW.)  Buff.,  Sup., 

YI,  XVIII  et  XIX. 

Encore  Irès-semblable  à  la  gazelle  ;  mais  ses  cornes  sont 
courbées  trois  fois.  On  en  fait  aux  Indes  des  armes  offen- 
sives, en  les  unissant  deux  à  deux  ,  les  pointes  opposées.  La 
femelle  n'en  porte  pas  (i). 
b.  Cornes  annelées  ,  à  double  courbure,  mais  en  sens  con- 
traire des  précédentes ,  et  la  pointe  en  arrière. 

Le  Bubale  des  anciens  (  Ant.  bubalis.  Lin.  ) ,  vulg. 
Fâche  de  Barbarie.  Buff. ,    Sup.  VI,  xiv. 

A  proportions  plus  lourdes  que  les  autres  espèces ,  à  tête 
longue  et  grosse,  de  la  taille  dû  cerf,  à  pelage  fauve,  ex- 
cepté le  bout  de  la  queue ,  qui  est  terminé  par  un  flocon 
noir.  Commune  en  Barbarie. 

Le  Caama  j  (  Ant.  caama.  Cuv.  ) ,  vulg.  Cerf  du  Cap 
chez  les  Hollandais.  BufF. ,  Sup.,  VI,  pi.  xv. 

Semblable  à  la  précédente  ,  mais  à  courbures  des  cornes 
plus  anguleuses  ;  le  tour  de  leur  base ,  une  bande  sur  le  bas 

(i)  A  cette  subdivision  appartiennent  encore  Vant,  pourpre  (ant.  py- 
garga  )  Schr.  CCLXXIII,  et  le  coba  (  ant.  Senegalensis)  dont  on  ne  con- 
naît que  les  cornes.  Buff.  XII,  pi.  xxxii ,  2  ,  à  moins  qu'il  ne  soit  le 
même  que  le  Paîlah  de  Samuel  Daniels  ,  Afric.  Scener.  pi.  ix ,  cas  où  il 
ressemblerait  beaucoup  à  la  gazelle  ,  mais  serait  plus  grand. 


202  MAMMIFÈRES. 

du  clianfrein,  une  ligne  sur  le  cou,  une  bande  longltodinaîe 
sur  chaque  jambe  et  le  bout  de  la  queue  noires.  Commune 
au  Cap. 

c.      Cornes  annelées,  droites  ou  peu  courbées. 

JJOrjx  (  ^nt.  Orjx.  Pall.  ) ,  mal  à  propos  nommé  Pasan 
par  Buffon,  Sup.,  VI,  pi.  xvii.  Chamois  du  Cap  des 
Hollandais. 

Grand  comme  un  cerf;  à  cornes  grêles^,  longues  de  deux 
ou  trois  pieds ,  droites  ,  pointues ,  rondes,  annelées  oblique- 
quement  au  tiers  inférieur  ,  plus  petites  dans  la. femelle  ;  à 
poil  cendré  ;  à  tête  blanche  bariolée  de  noir  ;  une  bande 
noire  sur  l'épine  et  une  à  chaque  flanc  j  une  tache  marron 
foncé  sur  l'épaule  et  une  sur  les  cuisses  )  la  queue  longue  et 
noirâtre  ,  et  le  poil  de  l'épîne  dirigé  vers  la  nuque.  Cet  ani- 
mal singulier  est  l'oryx  d'Elien ,  et  c'est  sur  quelque  indi- 
vidu qui  aura  perdu  une  corne,  que  l'on  se  sera  fait  l'idée 
de  la  licorne  ,  si  fameuse  par  les  discussions  qu'elle  a  oc-^ 
casionnées.  On  le  trouve  au  nord  du  Cap  et  dans  l'intérieur 
de  l'Afrique.  Ses  sabots  ,  plus  longs  qu'aux  autres  es- 
pèces, lui  donnent  la  facilité  de  grimper  sur  les  rochers  , 
et  il  fréquente  en  effet  de  préférence  les  contrées  monta- 
gneuses (i). 

d'      Cornes  annelées ,  à  courbure  simple ,  la  pointe  en  arrière» 

JJuéntilope  bleue  {Ant.  leucophœa.  Gm.  ),  vulg.  Chèvre 
bleue  ,  nommée  mal  à  propos  Tseiran ,  Buff. ,  Supplem. 
YI  ,  pi.  XX. 

Un  peu  plus  grande  que  le  cerf,  d'un  cendré-bleuâtre. 


(i)  "Vant.  leucoryx  ,  Schr.  CCLVI.  B,  et  Vant.  gazeUa  ne  paraissent 
que  des  var.  de  Voryx  ,  mais  le  klip-springer  (  ont.  orcotragus  )  Buffon  , 
Supp.  VI ,  pi.  XXII  ,•  la  gritnme  (  ant.  grimmia  )  id.  ib.  III ,  pi.  xiv  ,  et 
le  guevey{ant,  pygtnea  )  ont  des  cornes  courtes  ,  si  peiv  courbées  ,  qu'on 
pourrait  les  rapporter  à  cette  section.  Le  duiher  ou  chèvrç  plongeante  du 
Cap ,  qu'AlIamand  avait  confondu  avec  la  grinune  ,'ei  Vourebi  {ant.  $ço^ 
paria  ,  Schr.  CCLVI)  paraissent  en  être  très-ijéisins. 


RUMINAN5.  263 

lescornes  grandes  dans  les  deux  sexes ,  uniformément  cour- 
bées ,  et  à  plus  de  vingt  anneaux. 

JJjdntiîope  chevaline,  {jint,  Equina.  Geoff.  ) 

Grande  comme  un  cheval,   gris-roussâlre,  tête  brune, 
une  tache  blanche  devant  chaque  œil,  une  crinière  sur  le 
cou ,  etc. 
e.      Cornes  annelées,  à  courbure  simple  ,  la  pointe  en  avant. 

luQNan^uer^Ant  dama.  Lin.  ) ,  probablement  le  Dama  de 
Pline.  BuiF. ,  XII,  pi.  xxxiv. 

Grand  comme  un  chevreuil ,  fauve ,  le  cou ,  le  dessous  du 
corps  et  le  derrière  blancs.  Du  Sénégal  (i). 
f.   Cornes  à  arête  spirale. 

Le  Canna.  {Jlnt.oreas.VdW..")  Elan  du  Cap  des  Hollandais, 
nommé   mal  à   propos  Coudons   par    Buff. ,  Supp.   VI, 

pi.  XII. 

Grand  comme  les  plus  forts  chevaux,  de  grosses  cornes 
coniques  droites  entourées  d'une  arête  spirale,  pelage 
grisâti'e ,  une  petite  crinière  le  long  de  l'épine ,  une  espèce 
de  fanon  sous  le  cou,  la  queue  terminée  par  un  flocon.  Il 
vit  en  troupes  dans  les  montagnes  au  nord  du  Cap  (2). 

Le  Coudons,  (  Ant,  strepsiceros.  Pall.)  nommé  mal  à  propos 
Condoma  par  Buff.,  Supp.  VI,  pi.  xiii. 

Grand  comme  un  cerf,  gris-brun  rayé  en  travers  de 
blanc,   de  grandes   cornes  au  mâle  seulement,  lisses ,  à 

(1)  A  cette  subdivision  appartiennent  encore  le  nagor  (ant.  redwica.  ) , 
Buff.  XII ,  pi.  XLVi ,'  le  rict-reehock  ou  ani^  de  roseaux  (  mit.  eleotragus  , 
Schr.  CCLXVI ,  ant.  arimdinacea.  Shaw.  )  Buff.  Supp.  VI ,  pi.  xxiir  et 
XXIV.  Cette  espèce  est  probablement  la  même  que  le  koh  (anL.hob)  dont  on 
n'a  que  les  cornes.  Buff.  XII ,  pi.  xxxii ,  f.  i.  Le  griesbock ,  le  steenboch 
«t  le  beekhock  de  Forster  (Buff.  supp.  VI,  p.  186)  doivent  y  appar- 
tenir également. 

{2)  Près  du  canna  doivent  être  placés  le  guib.  {ant.  scripta  ).  Buff.  Xlï 
pi.  XLj  le  boscli'bock  (  ant.  sy4vatica) ,  Bi\ff.  Supp.  VI ,  xxv. 


nG^  3IAMMIFÈRES. 

triple  courbure,  avec  une  seule  arête  longitudinale  légère- 
ment spirale  ;  une  petite  barbe  sous  le  menton  j  une  crinière 
le  long  de  l'épine;  vit  isolé  au  nord  du  Cap. 

g.     Cornes  lisses. 

Le  JV/lgau.  {Anl.  picta  et    trago-cameîus,)  BuflP. , 
Supp.  YI,  pi.  X  et  XI. 

Grand  comme  un  cerf  et  plus  ;  les  cornes  courtes  re- 
courbées eu  avant  ;  une  barbe  sous  le  milieu  du  cou  ;  le  pelage 
grisâtre  ;  des  anneaux  noirs  et  blancs  aux  pieds.  La  femelle 
n*a  point  de  cornes.  Cette  espèce  est  des  Indes. 

Le  Chamois.  (  Ant,  rupicapra,  L.  )  Buff.,  XII ,  pi.  xvi , 
Ysard  dans  les  Pyrénées. 

Le  seul  ruminant  de  l'occident  de  l'Europe  que  l'on 
puisse  comparer  aux  antilopes,  a  cependant  des  caractères 
particuliers;  ses  cornes  droites  ont  leurs  pointes  subitement 
courbées  en  arrière  comme  un  hameçon  ;  derrière  chaque 
oreille,  sous  la  peau,  est  un  sac  qui  ne  s'ouvre  en  dehors 
que  par  un  petit  trou.  La  taille  du  chamois  est  celle  d'une 
grande  chèvre;  il  a  le  pelage  brun-foncé  avec  une  bande 
noire  descendant  de  l'œil  vers  le  museau. 

Il  court  avec  la  plus  grande  agilité  parmi  les  rocbers 
escarpés,  et  se  lient  en  petites  troupes  dans  la  région 
moyenne  des  très-hautes  montagnes. 

Le  Gnou  ou  JViou.  {^Ant,  gnu.  Gm.)  Buff.,  Supp.  VI, 

pi.  VIII  et  IX. 

Diffère  encore  plus  que  le  chamois  des  antilopes  ordinaires 
et  semble  même,  au  premier  coup  d'oeil,  un  monstre 
composé  de  parties  de  différens  animaux.  Il  a  le  corps  et  la 
croupe  d'un  petit  cbeval;  couvert  de  poils  bruns;  la  queue 
garnie  de  longs  poils  blancs  comme  celle  du  cheval,  et  sur 
le  cou  une  belle  crinière  redressée,  blanche  à  sa  base  ,  noire 
au  bout  des  poils.  Ses  cornes,  rapprochées  et  élargies  à  leur 
base  comme  celles  du  buffle  du  Cap,  descendent  en  dehors 


RUMINANS.  265 

€t  remontent  par  leur  pointe  ;  son  mufle  est  large  ;  applatl 
et  entouré  d'un  cercle  de  poils  saillans;  sous  sa  gorge  et  sous 
son  fanon  court  une  seconde  crinière  noire  *,  ses  pieds  ont 
toute  la  légèreté  de  ceux  du  cerf.  Les  deux  sexes  ont  des 
cornes. 

Cet  animal  vit  dans  les  montagnes  au  nord  du  Cap,  ou  il 
paraît  assez  rare,  et  cependant  les  anciens  en  ont  eu  quelcjue 
connaissance  (i). 

Les  trois  genres  restans  ont  le  noyau  osseux 
de  leurs  cornes  occupé  en  grande  partie  par 
des  cellules  qui  communiquent  avec  les  sinus 
frontaux.  La  direction  de  leurs  cornes  a  donné 
les  motifs  de  leurs  divisions. 


,?.;■ 


Les  Chèvres.  (Capra.  L.) 

Ont  les  cornes  dirigées  en  haut  et  en  arrière;  leur 
menton  est  généralement  garni  d'une  longue  barbe 
et  leur  chanfrein  concave. 

UjEgagre    ou   Chèure    sauvage.   (  Capra    œgagrus. 
Gm.)  Cuv.,  Ménag.  du  Mus.,  in-8°,  II,  177. 

Qui  paraît  la  souche  de  toutes  les  variétés  de  nos  chèvres 
domestiques,  se  distingue  par  ses  cornes  tranchantes  en 
ayant,  très-grandes  dans  le  mâle,  courtes  et  quelquefois 
nulles  dans  la  femelle  ;  ce  qui  arrive  aussi  dans  les  deux 
espèces  de  bouquetins.  Elle  habite  en  troupes  sur  les  mon- 
tagnes de  Perse ,  où  elle  est  connue  sous  le  nom  de  paseng , 
et  peut-être  sur  celles  de  plusieurs  autres  pays^  même  dans 
les  Alpes.  Le  hézoard  oriental  est  une  concrétion  que  l'on 
trouve  dans  ses  intestins. 


(i)  C'est  probablement  lui  qui  a  donné  lieu  h  leur  catohlepas.  Voyex 
Pline  ,  lib.  VIII ,  c.  xxxii  ;  et  iEIien ,  lib.  VII ,  c.  V. 


266  MAMMIFÈRES. 

Les  boucs  et  les  clièvres  cloraesliques  (capra  hircus) 
varient  à  l'infini  pour  la  taille ,  pour  la  couleur,  la  longueur, 
et  la  finesse  du  poil  ;  pour  la  grandeur,  et  même  le  nombre 
des  cornes.  Les  cbèvres  d'Angora,  en  Cappadoce,  ont  le  poil 
le  plus  doux  et  le  plus  sojeux.  Les  clièvres  de  Guinée ,  dites 
mambrines,  et  de  Juida  sont  très-petites  et  ont  les  cornes 
couchées  en  arrière.  Tous  ces  animaux  sont  robustes, 
capricieux ,  vagabonds ,  tiennent  de  leur  origine  monta- 
gnarde, aiment  les  lieux  secs  et  sauvages,  et  se  nourrissent 
d'herbes  grossières  ou  de  pousses  d'arbustes.  Ils  sont  très- 
nuisibles  aux  forêts.  On  ne  mange  guère  que  le  chevreau  -, 
mais  le  lait  de  chèvre  est  utile  dans  plusieurs  maladies.  La 
chèvre  peut  porter  à  sept  mois  ;  sa  gestation  en  dure  cinq  ^ 
elle  fait  d'ordinaire  deux  petits.  Le  bouc  engendre  à  un 
an  ;  un  seul  suffit  à  plus  de  cent  chèvres  j  il  est  vieux  à  cinq 
ou  six  ans. 

Le  Bouquetin.  [Capra  ibex.  L.)  Buff. ,  XII,  pi.  xiii. 

A  de  grandes  cornes  carrées  en  avant  et  marquées  de 
nœuds  saillans  et  transverses.  Il  habite  les  sommets  les  plus 
élevés  des  hautes  chaînes  de  montagnes  dans  tout  l'ancien 
continent. 

Le  Bouquetin  du  Caucase.  (Capra  Caucàsica.)  Guldenst. 
Act,  petrop. ,  1779,  II,  pi.  xvi,  xvii. 

Se  distingue  par  de  grandes  cornes  triangulaires ,  obtuses 
mais  non  carrées  en  avant ,  noueuses  comrçe  celles  du 
précédent.  Les  deux  espèces  se  mêlent  avec  la  chèvrs 
domestique  (i). 

^    Les  Mou-jons.  (Ovis.  L.  ) 

Ont  les  cornes  ,    dirigées  en  arrière  et  revenant 
plus  ou  moins  en  avant,  en  spirale;  leur  chanfrein  est 

(1)  Ajoutez  :   le  bouquetin   à  crinière   d'Afrique,    Taraitze ,  Sîim.  ? 
Daniels  ,  Afric.  Scenerys,  pi.  xxiv. 


RU  MIN  ANS.  267 

généralement  convexe,  et  ils  manquent  de  barbe. 
Ils  méritaient  si  peu  d'être  séparés  génériquement 
des  chèvres,  qu'ils  produisent  avec  elles  des  métis 
féconds. 

Il  y  a,  comme  dans  le  genre  du  bouc,  plusieurs 
races  ou  espèces  sauvages  assez  voisines. 

UArgall   de   Sibérie.    (  Osf.    ammon,   L.  )    Pall. , 

SpiC;  XI,  I. 

Dont  le  mâle  a  de  très-grosses  cornes  à  base  triangulaire 
arrondies  aux  angles,  aplaties  en  avant ,  striées  en  travers, 
et  la  femelle  des  cornes  comprimées  et  en  forme  de  faux  ; 
son  poil  d'été  est  ras,  gris-fauve;  celui  d'hiver  épais ,  dur, 
gris-roussâtre,  avec  du  blanc  ou  du  blanchâtre  au  museau, 
à  la  gorge  et  sous  le  ventre.  11  y  a  en  tout  temps,  comme  au 
cerf,  une  espace  jaunâtre  autour  de  la  queue  qui  est  fort 
courte.  Cet  animal  habite  les  montagnes  de  toute  l'Asie,  et 
devient  grand  comme  un  daim. 

Le  Moujlon  ou  Mufionc  de  Sardaigne ,  Muffbli  de 
Corse.  JBuff. ,  XI,  pi.  xxix. 

Ne  paraît  en  différer  que  parce  qu'il  ne  devient  pas  aussi 
grand,  et  que  sa  femelle  n'a  des  cornes  que  rarement  et 
fort  petites.  On  dit  qu'il  se  trouve  aussi  en  Crète.  11  y  en  a 
des  variétés  noires  en  tout  ou  en  partie,  et  d'autres  plus  ou 
moins  blanches. 

Il  est  à  croire  que 

Le  Mouflon  d^ Amérique,  (  Oc.  moniana.  )  Geoff. ,  Ann. 
Mu5-,IÎ,  pi.  Lx.  Schreb.,  CCXIY,  D. 

Est  de  l'espèce  del'argaliquiapupasserla  mer  sur  la  glace. 
Ses  cornes  sont  très-grosses  et  forment  mieux  la  spirale  que 
dans  l'argaji  ordinaire'. 


nSS  Mammifères. 

Le  Mouflon  d^ Afrique.  (  Ov,  iragelaphus.  Cuv.  )  Pen., 
n^  XII,  Shaw.;  pi.  ccii^  2. 

A  poil  roussâtre  doux,  avec  une  longue  crinière  pendante 
sous  le  cou  et  une  autre  à  chaque  poignet  ;  la  queue  courte-, 
paraît  être  une  espèce  distincte.  Elle  habite  les  contrées 
rocailleuses  de  toute  la  Barbarie ,  et  M.  Geoffroy  l'a  observée 
en  Egypte. 

C'est  du  mouflon  ou  de  l'argali  que  l'on  croit  pouvoir 
dériver  les  races  innombrables  de  nos  bêtes  à  laine,  animaux 
qui,  après  le  chien,  sont  soumis  à  plus  de  variétés. 

Nous  en  avons  en  Europe  à  laine  commune,  de  taille 
grande  ou  petite,  à  cornes  grandes,  petites,  manquant 
dans  les  femelles  ou  dans  les  deux  sexes,  etc.  Les  variétés 
les  plus  intéressantes  sont  celle  d'Espagne ,  à  laine  fine  et 
crépue,  à  grandes  cornes  spirales  dans  le  mâle,  qui  com- 
mence à  se  répandre  dans  toute  l'Europe  j  et  celle  d'An- 
gleterre, à  laine  fine  et  longue. 

La  variété  la  plus  répandue  dans  la  Russie  méridio- 
nale a  la  queue  très -longue.  Celles  des  Indes  et  de 
Guinée,  qui  ont  aussi  la  queue  longue,  se  distinguent  par 
leurs  jambes  élevées ,  leur  chanfrein  très-convexe ,  leurs 
oreilles  pendantes,  et  parce  qu'elles  n'ont  pas  de  cornes  et 
ne  sont  couvertes  que  d'un  poil  ras. 

Le  nord  de  l'Europe  et  de  l'Asie  a  presque  partout  des 
petits  moutons  à  queue  fort  courte. 

La  race  de  Perse,  de  Tartarie  et  de  Chine  a  la  queue 
entièrement  transformée  en  un  double  globe  de  graisse  ; 
celle  de  Syrie  et  de  Barbarie  l'a,  à  la  vérité,  longue,  mais 
aussi  chargée  d^une  grosse  masse  de  graisse.  Dans  toutes 
deux,  les  oreilles  sont  pendantes,  les  cornes  grosses  aux 
béliers ,  médiocres  aux  moutons  et  aux  brebis ,  et  la  laine 
mêlée  de  poils. 

Le  mouton  est  partout  précieux  par  sa  chair,  par  son 
suif,  par  son  lait,  par  sa  peau,  par  son  poil  et  par  son 


BUMINANS.  269 

fumîer;  ses  troupeaux  bien  emplo;)és  portent  la  fertilité 
partout. 

L'agneau  se  sevré  à  deux  mois,  se  châtre  à  six,  change 
ses  dents  de  lait  entre  un  et  trois  ans.  La  brebis  peut  porter 
à  un  an  ;  et  produit  jusqu'à  dix  ou  douze;  sa  gestation  est 
de  cinq  moisj  elle  met  bas  deux  petits.  Le  bélier,  pubère 
"  à  dix-huit  mois,  suffit  à  trente  brebis  :  on  l'engraisse  vers 
huit  ans. 

Les  Boeufs.  (Bos.  L.) 

Ont  les  cornes  dirigées  de  côté  et  revenant  vers  le 
haut  ou  en  avant,  en  forme  de  croissans;  ce  sont 
d'ailleurs  de  grands  animaux  à  mufle  large,  à  taille 
trapue,  à  jambes  robustes. 

Le  Bœuf  ordinaire.  {Bos  taurus.  I^. )  BuJDT.,  IV,  xiv. 

A  pour  caractère  spécifique  un  front  plat,  plus  long  que 
large ,  et  des  cornes  rondes  placées  aux  deux  extrémités 
de  la  ligne  saillante  qui  sépare  le  front  de  l'occiput.  Dans  les 
crânes  fossiles  qui  paraissent  avoir  appartenu  à  cette  espèce 
dans  l'état  sauvage,  ces  cornes  se  recourbent  en  avant  et 
vers  le  bas;  mais  dans  les  innombrables  variétés  domestiques^ 
elles  ont  des  directions  et  des  grandeurs  fort  différentes, 
quelquefois  même  elles  manquent  tout-à-fait.  Les  races 
ordinaires  de  la  zone  torride  ont  toutes  une  loupe  de  graisse 
sur  les  épaules,  et  il  y  en  a  dans  le  nombre  qui  ne  sont 
guère  plus  grandes  que  le  cochon.  Tout  le  monde  connaît 
l'utilité  de  ces  animaux  pour  le  labourage ,  et  celle  de  leur 
chair,  de  leur  suif,  de  leur  cuir  et  de  leur  lait;  leur  corne 
même  s'emploie  dans  les  arts. 

La  vache  porte  neuf  mois  et  peut  produire  à  dix-huit;  le 
taureau  à  deux  ans.  On  doit  couper  le  bœuf  à  dix-huit  mois 
ou  deux  ans  et  l'engraisser  à  dix. 

tj Aurochs  àes  Allemands,  Zubr.  des  Polonais.  ÇBosurus 
de  Gm.  )  l/rus  ou  Bison  des  anciens.  Gesn. ,  clvii. 

Passe  d'ordinaire ,  mais  k  tort ,  pour  la  souche  sauvage  de 


270  MAMMIFÈRES. 

nos  bêtes  à  cornes.  Il  s'en  distingue  par  son  front  bombé,  plu  ^ 
large  que  haut  ^  par  l'attache  de  ses  cornes  au-dessous  de  la 
crête  occipitale^  par  la  hauteur  de  ses  jambes,  par  une 
paire  de  côtes  de  plus,  par  une  sorte  de  laine  crépue  qui  cou-^ 
vre  la  tète  et  le  cou  du  mâle ,  et  lui  forme  une  barbe  courte 
sous  la  gorge  ,  par  sa  voix  grognante.  C'est  un  animal  farou- 
che ,  réfugié  aujourd'hui  dans  les  grandes  forêts  maréca- 
geuses de  laLithuanie ,  desKrapacsetdu  Caucase ,  mais  qui 
vivait  autrefois  dans  toute  l'Europe  tempérée.  C'est  le  plus 
grand  des  quadrupèdes  après  le  rhinocéros. 

Le  Bison  d^ Amérique ,  Buff'alo  des  Anglo  -  Américains* 
{Bos  bison.  Lin.  Bas  Americanus.  Gm.  )  Buff.  ,  Sup- 
pîém.  III,  V. 

N'a  pas  encore  été  suffisamment  comparé  avec  l'aurochs  ; 
ses  jambes  et  sa  queue  paraissent  plus  courtes  ,  les  poils  de 
sa  tête  et  de  sa  barbe  plus  longs ,  etc.  Il  habite  dans  toutes 
les  parties  tempérées  de  l'Amérique  septentrionale. 

Le  Buffle.  {^Bos  bubaluSi  Lin.  )  BulF.  XI,  xxv. 

Originaire  de  l'Inde  ,  et  amené  en  Egypte  ;,  en  Grèce,  en 
Italie  pendant  le  moyen  âge,  mais  inconnu  des  anciens,  a 
le  front  bombé  ,  plus  long  que  large ,  les  cornes  dirigées  de 
côté,  et  marquées  en  avant  d'une  arête  longitudinale  sail- 
lante. C'est  un  animal  difficile  à  dompter ,  mais  d'une  grande 
vigueur ,  et  qui  aime  les  lieux  marécageux  et  les  plantes 
grossières  dont  on  ne  pourrait  nourrir  le  bœuf.  Son  lait 
est  bon ,  son  cuir  très-fort  ,  mais  sa  chair  peu  estimée. 

11  y  en  a  aux  Indes  une  race  dont  les  cornes  ont  jusqu'à 
dix  pieds  d'envergure  :  on  l'appelle  arrii  dans  Tlndostan, 
C'est  le  bos  arni  de  Shaw. 

Le  Yack.  (  Bos  grunniens.  Pall.)  Buffie  à  queue  de  chenal , 
Fâche  grognante  de  Tartarie y  etc.  Schreb. ,  ccxcix  , 
A.  B. 

Est  ime  espèce  de  petite  taille ,  dont  la  queue  est  entière- 
ment garnie  de  longs  poils  comme  celle  du  cheval ,  et  qui 


RUMÎNANS.     (  !^7I 

a  aussi  une  longue  crinière  sur  le  dos  :  sa  tète  paraît  res- 
sembler à  celle  du  buffle  ;  maison  n'a  pas  suffisamment  dé- 
crit ses  cornes.  Cet  animal  y  dont  JElien  a  déjà  fait  mention^ 
est  originaire  des  montagnes  du  Thibet.  C'est  avec  sa  queue 
qu'on  a  fait  d'abord  ces  étendards  qui  sont  encore  en  usage 
parmi  les  Turcs  pour  distinguer  les  officiers  supérieurs. 

Le  Buffle  du  Cap.  (  Bos  Cajf'er.  Sparm.)  Scbreb. ,  ceci. 

A  les  cornes  très-grandes  ,  dirigées  de  côté  en  en  bas  j  re- 
montant de  la  pointe  ,  aplaties ,  et  tellement  larges  à  leur 
base,  qu'elles  lui  couvrent  presque  tout  le  front,  ne  lais- 
sant entre  elles  qu'un  espace  triangulaire  dont  la  pointe  est 
en  haut.  C'est  un  très-grand  animal ,  d'un  naturel  eicessi- 
vement  féroce,  qui  habite  les  bois  de  la  Cafrerie. 

Le  Bœuf  musqué  cfjimérique.  {Bos  moschatus.  Gm.  ) 
Schreb.,  cccii.  La  Tète.  Buff. ,  Sup.VI,  m. 

A  les  cornes  rapprochées  et  dirigées  comme  le  précédent, 
mais  se  rencontrant  sur  le  front  par  une  ligne  droite  (  la 
femelle  les  a  pl-us  petites  et  écartées  )  ;  il  ^st  bas  sur  jambes, 
couvert  d'un  poil  touiFu  qui  pend  jusqu'à  terre.  Sa  queue  est 
extrêmement  courte.  Il  répand  avec  plus  de  force  l'odeur 
musquée  commune  à  tout  ce  genre  :  on  ne  le  voit  que  dans 
les  parties  les  plus  froides  de  l'Amérique  septentrionale  ; 
mais  il  paraît  que  son  crâne  et  ses  os  ont  quelquefois  été 
portés  par  les  glaces  jusqu'en  Sibérie.  Les  esquimaux  se  font 
des  bonnets  avec  sa  queue  ,  dont  le  poil;,  retombant  sur  leur 
visage  ,  les  garantit  des  mousquites. 


HUITIEME  ORDRE  DES  MAMMIFERES. 


'  LES  CÉTACÉS 

Sont  les  mammifères  sans  pieds  de  derrière^ 
leur  tronc  se  conlinue  avec  une  queue  épaisse 


272  MAMMIFÈRES. 

que  termine  une  nageoire  cartilagineuse  hori- 
zontale 5  et  leur  tête  se  joint  au  tronc  par  un 
cou  si  court  et  si  gros  qu'on  n'y  aperçoit  aucun 
rétrécissement ,  et  composé  de  vertèbres  cervi- 
cales très-minces  et  en  partie  soudées  entre  elles. 

Enfin,  leurs  extrémités  antérieures  ont  les  os 

7  .^ 

racconrcis ,  aplatis  et  enveloppés  dans  une 
membrane  tendineuse  qui  les  réduit  a  de  véri- 
tables nageoires.  C'est  presque  en  tout  la  forme 
extérieure  des  poissons  ,  excepté  que  ceux-ci 
ont  la  nageoire  de  la  queue  verticale.  Aussi  les 
cétacés  se  tiennent-ils  constamment  dans  les 
eaux  ;  mais  comme  ils  respirent  par  des  pou- 
mons ,  ils  soift  obligés  de  revenir  souvent  à  la 
surface  pour  y  prendre  de  l'air.  Leur  sang 
chaud  5  leurs  oreilles  ouvertes  à  l'extérieur  , 
quoique  par  des  trous  fort  petits  ,  leur  généra- 
tion vivipare  ,  les  mamelles  au  moyen  des- 
quelles ils  allaitent  leurs  petits  ^  et  tous  les  dé- 
tails de  leur  anatomie  les  distinguent  d'ailleurs 
suffisamment  des  poissons. 

Leur  cerveau  est  grand  et  ses  hémisphères 
bien  développés  :  le  rocher,  ou  cette  partie  du 
crâne  qui  contient  l'oreille  interne  ,  est  séparée 
du  reste  de  la  tête,  et  n'y  adhère  que  par  des 
ligamens.  Ils  n'ont  jamais  d'oreille  externe  ni 
de  poils  sur  le  corps. 


CÉTACÉS.  2^3 

La  forme  de  leur  queue  les  oblige  à  la  fléchir 
de  haut  en  bas  pour  leur  mouvement  progr^'s- 
sif,  et  les  aide  beaucoup  pour  s'élever  dans^ 
i'ean. 

Aux  genres  que  Ton  a  compté  jusqu'à  nou^i 
parmi  les  cétacés  ,  nous  en  ajoutons  que  Ton 
confondait  autrefois  dans  le  genre  des  morses. 
Ils  forment  notre  première  famille  ,  ou 

Les  Cétacés  herbivores. 

Leurs  dents  sont  a  couronne  plate  ,  ce  qui 
détermine  leur  genre  de  vie  ,  lequel  les  engage 
souvent  à  sortir  de  Teau  pour  venir  ramper  et 
paître  sur  la  rive  ;  ils  ont  deux  mamelles  sur 
la  poitrine  et  des  poils  aux  moustaches  ,  deux 
circonstances  qui  de  loin  ,  quand  ils  font  sortir 
verticalement  leur  partie  antérieure  hors  de 
l'eau,  ont  pu  leur  faire  trouver  quelque  ressem- 
blance avec  des  femmes  ou  des  hommes,  et  ont 
probablement  donné  lieu  aux  fables  des  tritons 
et  des  sirènes.  Quoique  dans  le  crâne  les  narines 
osseuses  s'ouvrent  vers  le  haut ,  elles  ne  sont 
percées  dans  la  peau  qu'au  bout  du  museau. 

Les  Lamantins,  ou  plutôt  Manates.  (Manatus. 

Cuv.  ) 

Ont  le  corps  obloiig  ,   terminé  par  une  nageoire 
ovale  allongée  ;  les  mâcheliëies,  au  nombre  de  huit 
partout ,  à  couronne  carrée  ^  marquée  de  deux  col- 
TOME   I.  iH 


274  ^^  A  M  M  I  F  Ê  R  E  S. 

liaes  transverses  ;  point  d'incisives  ni  de  canines  dans 
l'âge  adulte;  rliais  dans  les  très-jeunes,  on  trouve 
deux  fort  petites  dents  pointues  dans  les  os  inter- 
maxillaires ,  lesquelles  disparaissent  prompternent. 
On  voit  des  vestiges  d'ongles  sur  les  bords  de  leurs 
nageoires  ,  dont  ils  se  servent  encore  avec  assez  d'a- 
dresse pour  ramper  et  pour  porter  leurs  petits  ;  ce 
qui  a  fait  comparer  ces  organes  à  des  mains  ,  et  a 
valu  à  ces  animaux  le  nom  de  manates  ,  d'où  l'on  a 
fiiit  par  corruption  celui  de  lamantins.  Leur  estomac 
est  divisé  en  plusieurs  poches ,  leur  cœcum  se 
partage  en  deux  branches ,  et  ils  ont  un  colon 
lioursouflé  ;  tous  caractères  d'herbivores. 

On  les  nomme  aussi,  à  cause  de  leur  genre  de 
vie,  hœufy  vache  marine ,  et  à  cause  de  leurs  ma- 
melles ,  femme  marine ,  etc.  (  Trichechus  manatus. 
Lin.  )  Buff.,  XJII,  Lvii. 

On  les  trouve  vers  l'emLouchure  des  rivières ,  dans  les 
parties  les  plus  chaudes  de  la  mer  Atlantique  ,  et  il  paraît 
que  ceux  des  rivières  d'Amérique  diflerent  spécifiquement 
de  ceux  d'Afrique.  Ils  parviennei,it  à  quinze  pieds  etplugde 
longueur.  Leur  chair  se  mange. 

Les  Dugongs.  Lacep.  (Halicore.  ïHig»)  (i) 

Ont  le.*î  mâchelières  comme  composées  chacune 
de  deux  cônes  réunis  par  le  côté  ;  les  dents  implan- 
tées dans  leur  os  incisif ,  se  conservent  et  croissent 
au  point  de  devenir  de  vraies  défenses  pointues  , 
mais  qui  restent  en  grande  partie  couvertes  par  des 
lèvres  charnues  et  hérissées  de  moustaches.  Le  corps 

■  ■  "  ■'■'  »       I  I  ■!■     Il      ■       .M^l  ■■>  Il        ■■    ■      I    ■     ■         I         ■  ^.    .^ 

(i)  Naiioore  j  fille  de  m^« 


CÉTACÉS.  2'jb 

65t  allongé  ,  et  la  queue  terminée  par  une  nageoire 
en  forme  de  croissant. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce,  qui  habite  la  mer  des 
Indes ,  et  que  plusieurs  voyageurs  ont  confondue  avec  le 
lamantin. 

On  l'a  aussi  nommée  sirène  y  vache  marine ,  etc.  (Re- 
nard, Poiss.  des  Indes,  pi.  xxxiv,  f.  i8o. ) 

Les  Stellères.  Cuv.  (Rytina.  Illig.  )  (i) 

Paraissent  n'avoir  de  chaque  côté  qu'une  seule  ma- 
chelière  composée ,  à  couronne  plate  et  hérissée  de 
lames  d'émail.  Leurs  nageoires  n'ont  pas  même  ces 
petits  ongles  qu'on  observe  sur  les  lamantins.  Selon 
Steller ,  qui  les  a  décrits  le  premier ,  leur  estomac  se- 
rait aussi  beaucoup  plus  simple  (2). 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  ^  qui  se  tient  dans  la  partie 
septentrionale  de  la  mer  Pacifique. 

La  deuxième  famille  ,  où 

LES    CÉTACÉS    ORDINAIRES. 

Se  distinguent  de,s  précédens  par  l'appareil 
singulier  qui  leur  a  valu  le  nom  commun  de 
souffleurs.  C'est  qu'engloutissant  ;,  avec  leur 
proie  ,  dans  leur  gueule  très-fendue  ,  de  grands 
volumes  d'eau  ,  il  leur  fallait  une  voie  pour  s'en 
débarrasser  ;  elle  passe  dans  les  narines  au 
moyen  d'une  disposition  particulière  du  voile 

— r-rwMjM  ■!_!  - 1 1  -     I  ~ ■  -    .      -  -   -     -^  I 

(1)  Rytina  ,xxAé. 

(2)  Nov.   comm.  pelrop»  11^  294  et   suiv.   On  n'en  a  pas  deGgnre, 


> 


276  MAMMIFÈRES. 

du  palais  ,  et  s'amasse  dans  un  sac  placé  a  Tori- 
fice  extérieur  de  la  cavité  du  nez,  d'où  elle  est 
chassée  avec  violence  par  la    compression  de 
muscles  puissans ,  au  travers  d'une  ouverture 
fort  étroite  percée  au-dessus  de  la  tête.  C'est 
ainsi  qu'ils  produisent  ces  jets  d'eau  qui  les 
font   remarquer  de  loin  par  les  navigateurs. 
Leurs  narines ,   sans  cesse  trav^ersées   par  des 
flots  d'eau  salée  ,   ne  pouvaient  être  tapissées 
d\ine  membrane  assez  délicate  pour  percevoir 
les  odeurs  :  aussi  n'y  ont-ils  aucune  de  ces  lames 
saillantes  des  autres  animaux  ;  le  neri  ollactif 
est  extrêmement  petit ,  et  s'ils  jouissent  du  sens 
de  l'odorat ,  il  doit  être  fort  oblitéré.  Leur  la- 
rynx, en  (orme  de  pyramide  ,  pénètre  dans  les 
arrière-narines  ,  pour  recevoir  l'air  et  le  con- 
duire aux  poumons  sans  que  l'animal  ait  besoin 
de  sortir  sa  tête  et  sa  gueule  liors  de  l'eau  ;  il  n'y 
a  point  de  lames  saillantes  dans  leur  glotte  ,  et 
leur  voix  doit  se  réduire  à  de  simples  mugisse- 
mens.Ils  n'ont  plus  aucun  vestige  de  poils, mais 
tout  leur  corps  est  couvert  d'une  peau  lisse  sous 
laquelle  est  ce  lard  épais  et  abondant  en  huile  , 
principal  objet  pour  lequel  on  les  recherche. 

Leurs  mamelles  sont  près  de  l'anus  ,  et  ils 
ne  peuvent  rien  saisir  avec  leurs  nageoires. 

Leur  estomac  a  cinq  et  quelquefois  jusqu'à 


CÉTACÉS»  277 

sept  poches  distinctes  ;  au  lien  d^niie  seule  rate 
ils  en  ont  plusieurs  petites  et  globuleuses  ;  ceux 
qui  ont  des  dents  les  ont  toutes  coniques  et 
semblables  entre  elles  ;  ils  ne  màclient  point  leur 
nourriture  ,   mais  Tavalent  rapidement. 

Deux  petits  os  suspendus  dans  les  chairs  près 
de  Tanus  ,  sont  les  seuls  vestiges  d'extrémités 
postérieures  qui  leur  restent. 

Plusieurs  ont  sur  le  dos  une  nageoire  verti- 
cale de  substance  tendineuse  ,  mais  non  sou- 
tenue par  des  os.  Leurs  yeux  aplatis  en  avant 
ont  une  sclérotique  épaisse  et  solide  ;  leur  lan- 
gue n'a  que  des  tégumens  lisses  et  mous. 

On  pourrait  encore  les  subdiviser  en  deux 
petites  tribus  :  ceux  dont  la  tête  est  en  propor- 
tion ordinaire  avec  le  corps  ,  et  ceux  qui  Font 
démesurément  grande  ;  hi  première  comprend 
les  dauohins  et  les  narvals. 

Les  Dauphins.  (  Delphinus.  L,  ) 

Ont  des  dents  aux  deux  mâchoires  j  toutes  sim- 
ples et  presque  toujours  coniques.  Ce  sont  les  plus 
carnassiers ,  et ,  proportion  gardée  ,  les  plus  cruels 
de  Tordre.  Ils  n'ont  pas  de  cœcum. 

Les  Tiwjvui^&pi^oprcmeîït  dils.  (Delphinus.  Cuv.  ) 

Ont  la  gueule  formant  en  avant  de  la  lé  Le  une  espèce  cfe 
bec  plus  îTiince  que  le  rcsle. 


!2r]S  MAMMIFÈRES. 

Le  Dauphin  ordinaire.  (  Delphinus  delphis,  L.  )  Lacep. , 

Cet.,  pi.  XIII,  f.  1. 

A  bec  déprimé  ,  et  armé  de  chaque  coté  de  la  mâclioire 
de  quarante-deux  à  quarante-sept  dents  grêles,  arquées  et 
pointues;  noir  dessus,  blanc  dessous;  long  de  liuil  à  dix 
pieds.  Cet  animal ,  répandu  en  grandes  troupes  dans  toutes 
les  mers,  et  célèbre  par  la  vélocité  de  son  mouvement,  qui 
le  fait  s'élancer  quelquefois  sur  le  tillac  des  navires  ,  paraît 
réellement  avoir  été  le  dauphin  des  anciens.  Toute  l'organi-^ 
satioii  de  son  cerveau  annonce  qu'il  ne  doit  pas  être  dé- 
pourvu de  la  docilité  qu'ils  lui  attribuaient  (i). 

Le  Dauphin  à  bec  mince,  (Delph.  rostratus.  Shaw.  ) 
A  tête  plus  bombée  et  à  bec  plus  comprimé ,  plt*s 
grêle,  avec  seulement  vingt-une,  vingt-deux  ou  vingt-trois 
dents  coniques  de  chaque  côté  et  à  chaque  mâchoire  ;  ses 
teintes  sont  plus  pales  ,  ce  qui  lui  a  valu  le  nom  de  dauphin 
blanc.  On  le  dit  des  mers  d'Amérique  (?.). 

Le  grand  Dauphin  (  Delphinus  tursio.  Bonnalerre.  )  j 
vulg.  le  Soudeur.  Lacep. ,  xv ,  f .  2. 

A  bec  court,  large  ,  déprimé;  de  vingt  -  une  à  vingt-trois 
dents  partout ,  coniques  ,  et  souvent  émoussées.  Il  y  en  a  des 
individus  de  plus  de  quinze  pieds  de  longueur  ,  et  il  paraît 
qu'il  s'en  trouve  dans  la  Méditerranée  comme  dans  l'O- 
céan (3). 

Nous  doutons  qu'il  soit  le  même  que  le  nesarnak  ou  delph. 

iursio  de  Fabricius.   * 

■  »       ■ 

(i)  J'ai  plusieurs  têtes  de  daupîiin  qui  ont  constamment  trente-sept  dents 
partout ,  et  qui  appartiennent  probablement  à  une  espèce  particulière. 

(•2)  On  n'a  encore  grave  que  sa  tête  et  grossièrement.  Duhamel ,  Pêches 
part.  II,  sect.  X,  pi.  X  j  f.  4- 

(3)  La  haleine  ou  capidolio  ,  de  Belon  ,  et  Vorca  ,  du  même  ameur  ,  qui 
pourrait  bien  être  celui  des  anciens  ,  appartiennent  aussi  à  la  division  des 
dauphins  à  bec  ,  et  surpassent  les  espèces  ci-dessus  par  la  taille  ;  mais  leurs 
caractères  ne  sont  pas  suffisamment  détermine's.  Le  dauphin/ères  de  Bon' 
naterre  se  rapporte  probablement  à  l'un  des  deux. 


CÉTACÉS.  2^9 

Les  Matîsouins.  (Phocoena.  Cut.  ) 

N'ont  point  de  bec  ,  mais  le  museavi  court  et  uniformément 
"boniLé. 

Le  Marsouin  commun ,  Porpess  des  Anglais.  (  DeîpJi.  pho-    • 
cœna.h.)  (il.  Lâcep..  xiii ,  f.  2. 

A  dents  comprimées,  Irancliantes,  de  fi^ire  arrondie, 
au  nomlire  de  vingt-deux  à  vingt-cinq  de  chaque  côté  à 
chaque  mâchoire  -,  noirâtre  dessus ,  blanc  dessous.  C'est  îe 
plus  petit  des  cétacés,  et  il  n'atteint  que  quatre  à  cinq  pieds 
de  longueur.  Il  est  fort  commun  dans  toutes  nos  mers,  où 
il  se  lient  en  grandes  troupes. 

UEpaulard  des    Saintongeois  ,  Buts  kopf  et   Schwerdt 
JiscJi  des  Hollandais  et  des  Allemands ,   Grampus  des 
Anglais  (2).  {Delph,  orca  et  Delph.  gladiaU>r.)  Lacep. , 
XV,  I  ,  et  moins  bien,  v,  5. 

A  dents  grosses  ,  coniques,  un  peu  crochues  ,  au  nombre 
de  onze  partout,  les  postérieares  aplaties  transversale- 
ment ;  le  corps  noir  dessus ,  blanc  dessous  3  une  tache  blan- 
châtre sur  l'oeil ,  en  forme  de  croissant  ;  la  nageoire  dor- 
sale élevée  et  pointue. 

C'est  le  plus  grand  des  dauphins  ;  qui  a  souvent  de  vingt 
à  vingt-cinq  pi^^ls  ,  et  l'ennemi  le  plus  cruel  de  la  baleine. 
Ils  l'attaquent  en  troupe  ,  la  harcèlent  jusqu'à  ce  qu'elle  ou- 
vre la  gueule  ,  et  alors  lui  dévorent  la  langue  (5). 


,    (i)   Marsouin  est  corrompu  de  Tallemand  nxeersehwein  ,  cochon  de 
^     mer.  Porpess  ,  du  latin  perçus  piscis. 

(9.)  Grampus  est  corrompu  du  français  grand  poisson.  Butts  kopf ,  ou 
plutôt  boots  kopf ,  feigniiïe  que  sa  tète  est  faite  comme  une  chaloupe. 
^chwcvdt-Jisch  ,  poisson  à  sabre ,  h  cause  de  sa  nageoire  dorsale. 

(5)  L'ëpaulard  ventru  de  Bonnaterre,  Lacep.  XV,  3,  n'est  fondé  que 
sur  une  figure  de  Hunier ,  faite  probablement  d'après  un  animal  enflé  , 
parce  qu'il  commençait  à  se  gâter,  et  que  Hunter  lui-même  regardait  comme 
répatilard.  Ajoutes  le  d,  globiceps ,  Cuv.  Ann.  Mus.] 


280  MAMMIFÈRES. 

hts  Delphtnaptèrês.  (  Lacep.  ) 

Différent  des  marsouins  seulement  en  ce  qu'ils  n'ont  pas  de 
nageoire  dorsale. 

Le   Jjûl'iga  ou  Epaulard  blanc  ,  Huitfisck  des   Danois. 
(  Delph.  Leucas^  Gm.  Delph.  albicanSy  Fabr.  ) 

*     A  neuf  dents  partout ,  grosses  et  émoussées  an   bout ,  à 

peau   d'un    blanc-jaunàtre  ;   grand  comme   l'épaulard.   De 

tonte  la  mer  Glaciale,  d'où  il  remonte  assez  avant  dans  les 

rivières  (i). 

IjEs  JiYPERooDo^s.  (Lacep.  )  (2) 

Ont  le  corps  et  le  ninseau  à  peu  près  conformés  comme  les 
daupliins])r(>prementdilsj  mais  ils  n'ont  que  deux  petites  dents 
en  avant  de  la  niàclioire  iiiférieure  ,  qui  ne  paraissent  pas  tou- 
jours au  dehors;  leur  palais  est  hérissé  de  petits  luberLules. 
On  n'en  connaît  qu'une  espèce ,   qui  atteint   de   vingt  à 

vingt-cinq  pieds  de  longueur,  et  peut-être  davantage:  elle 

s'est  pêchée  dans  la  Manche  et  dans  la  mer  du  !Nord  y  et 

a  souvent  été  nommée  baleine  à  bec  (3;. 

Les  Narvals.  (  Monodon.   L.) 

N'ont  aucunes  dents  proprement  dites,  mais  seu- 
lement de  longues  défenses  droites  et  pointues,  im- 


(î)  RonJclct  représente  ,  sous  le  nom  àe  peis-muîar  et  de  seneàette  ,  un 
cëtact^  trè?-sein>.lal>le  an  béluga  ,  mais  ne  dit  pas  qu'il  soit  blanc.  II  lui 
applique  aussi  le  nom  italien  de  capidolio.  Ce  serait  un  delphinaptëie  de 
plus  ,  si  sa  figure  u'ëtait  pas  faite  d  imagination  j  mais  je  Je  crains  d'au- 
tant plus  ,  que  ce  nom  de  mular  appartient  proprement  au  cachalot.  Au 
reste  ,  c'est  aussi  le  béluga  qui  a  donne  lieu  à  établir  un  petit  cachalot 
blanc  ,  patcp  qu'il  perd  prompt<mient  ses  dents  supérieures.  Vo}'ez  sa  tête  , 
Voyage  de  Pâli. ,  atl.  ,  pi.  lxxix. 

(9-)  Hyperodoou ,  dents  dans  le  palais. 

(5)  Cet  animal,  deciit  par  Baussard,  Journ.  dePhys.  ,  mars  1789  (Delph. 
eâeniulus ,  Scbreb.  )  awpiel  Bonnatcrre  a  transporte  le  nom  de  bitts-kopf  ■, 
ivn  appartient  à  i'cpaulard  ,  ^'jLïdi\\.\<iiakmç  c\\\e\e  dauphin  à  deux  dent f 


CÉTACÉS.  aSî 

plantées  dans  Tos  intermaxillaire ,  et  dirigées  dans 
le  sens  de  Taxe  du  corps  :  la  forme  de  leur  corps  et 
celle  de  leu  tête ,  ressemblent  d'ailleurs  beaucoup  a 
celles  des  marsouins. 

On  n'en  connaît  bien  qu'une  espèce. 

Monodon  monoceros.  Lin.  (Lacep. ,  ÎV. ,  3.) 

Dont  la  défense  ,  sillonnée  en  spirale  ,  quelquefois  longue 
de  dix  pieds,  a  été  long- temps  appelée  corne  de  licorne, 
li'animal  a  bien  le  germe  de  deux  défenses;  mais  il  est  très- 
rare  qu'elles  croissent  toutes  les  deux  également.  D'ordi- 
naire ,  il  ne  se  développe  que  celle  du  côté  gauche  ,  et  l'au- 
tre demeure  cachée  pendant  toute  la  vie  dans  l'alvéole 
droit  (i).  Selon  les  descriptions  qu'on  en  donne,  le  narval 
n'aurait  guère  que  le  double  de  la  longueur  de  sa  défense, 
sa  peau  serait  marbrée  de  brun  en  de  blanchâtre  ,  sa  bouche 
petite  j  son  évent  sur  le  haut  de  la  téîe  ,  et  il  n'aurait  point 
de  nageoire  dorsale  ,  mais  seulement  une  arête  saillante  sur 
toute  la  longueur  de  l'épine.  On  volt  quelques  défenses  de 
narvals  tout  à-fait  lisses  (2}. 


de  Hunter3''^'^ssarJ  parle  même  expressément  de  ses  deux  dents.  C'est 
aussi  le  halcena  rostrata  de  Klein  ,  de  Chcmnitz;  Besch.  der  berl.  ges. 
IV  ,  p.  iS5.  De  Pennaid  ;  hrit.  2.00I.  n"  V  ,  de  PonLoppidan,  norv.  II , 
J20  ^  le  hr tile-head  de  D;«ie  ,  etc.  Cheranitz  a  trouvé  une  des  deux  dents. 

(i)  Kous  avons  retrouvé  dans  plusieurs  crânes  cette  petite  défense  et 
constaté  ce  qu'en  avait  dit  Anderson.  Elle  ne  se  développe  point ,  parce 
que  sa  cavité  intérieure  est  trop  promplenifnt  remplie  par  la  matière  de 
l'ivoire  ,  et  que  son  noyau  gélatineux  se  trouve  ainsi  oblitéré. 

{'i)  Le  monodon  spiirius  de  Fabricius,  ou  anarnah  du  Groenland  {ancy- 
ZoJo//.  lîliger  )  qui  n'a  que  deux  petites  dents  courbes  à  la  mâchoire  supé- 
rieure et  une  nageoire  dorssle  ,ne  doit  pas  beaucoup  s'éloigner  de  Thyper- 
oodon.  Val ,  wale  ,  dans  toutes  les  Jangues  dérivées  du  tndesque  ,  signifie 
baleine  et  s'emploie  souvent  en  général  pour  tons  les  cétacés;  nar,  en  islan- 
dais, signide  cadavre  \  ou  prétend  q^rie  ce  genre  s'en  nouriit.  "• 


282  MAMMIFÈRES. 

Les  autres  cétacés  ont  la  tête  sî  grosse ,  qu'elle 
fait  à  elle  seule  le  tiers  ou  la  moitié  de  la 
longueur  du  corps  ;  mais  le  crâne  ni  le  cerveau 
ne  participent  point  à  cette  disproportion  ,  qui 
est  due  toute  entière  a  un  énorme  développe- 
ment des  os  de  la  face. 

Les  Cachalots.  (Physeter.  L.  )  (1) 

Sont  des  cétacés  à  tête  très  -  volumineuse ,  exces- 
sivement renflée,  surtout  en  avant,  dont  la  mâchoire 
supérieure  ne  porte  point  de  fanons  et  manque  de 
dents,  ou  n'en  a  que  de  petites  et  peu  saillantes,  mais 
dont  l'inférieure,  étroite ,  allongée,  et  répondant  à  un 
sillon  de  la  supérieure,  est  armée  de  chaque  côté 
d  une  rangée  de  dents  cylindriques  ou  coniques  qui 
entrent  dans  des  cavités  con^espondantes  de  la  mâ- 
choire supérieure  quand  la  bouche  se  ferme.  La 
partie  supérieure  de  leur  énorme  tête  ne  consiste 
presque  qu'en  grandes  cavités  reconvcrtes  et  séparées 
par  des  carûlages,  et  remplies  d'une  huile  qui  se 
fige  en  refroidissant,  et  que  l'on  connaît,  dans  le  com- 
merce^ sous  le  nom  bizarre  de  sperma-ceû  :  subî>tance 
qui  fait  le  principal  profit  de  leur  pêche,  leur  corps 
n'étant  pas  garni  de  beaucoup  de  lard  ;  mais  ces 
cavités  sont  très-différentes  du  véritable  crâne^  lequel 
est  assez  petit,  placé  sous  leur  partie  postérieure, 
et  contient  le  cerveau  comme  à  l'ordinaire.  Il  paraît 


(t)  Physeter,  5\issi-hicn  quephysalus, èigni^e  Sviif/leifi''  Cachalot^esi^c 
nom  employé  par  les  Basques. 


CÉTACÉS.  283 

que  des  canaux  remplis  de  ce  sperma-ceti ,  autrement 
nommé  blanc  de  baleine  ou  adipocire ,  se  distribuent 
dans  plusieurs  parties  du  corps  en  communiquant 
avec  les  cavités  qui  remplissent  la  masse  de  la  tête; 
ils  s'entrelacent  même  dans  le  lard  ordinaire  qui  règne 
sous  toute  la  peau. 

La  substance  odorante  si  connue  sous  le  nom 
d'ambre  gris,  paraît  être  une  concrétion  qui  se  forme 
dans  les  intestins  des  cachalots,  surtout  lors  de  certains 
états  maladifs,  et,  à  ce  qu'il  parait,  principalement 
dans  leur  cœcum. 

Les  espèces  de  cachalots  ne  sont  rien  moins  que  Lien 
tléterminées.  Celle  qui  paraît  la  plus  commune ,  qui  est  le 
cachalol  macrocépJiale  de  Shaw  et  de  Bonnaterre  (Lacép., 
X)  (i),  n'a  qu'une  éminence  calleuse  au  lieu  de  nageoire 
dorsale.  Sa  mâchoire  inférieure  a  de  chaque  côté  vingt  à 
vingt- trois  dents ^  et  il  y  en  a  de  petites  coniques  cachées 
sous  les  gencives  de  la  supérieure  ;  son  évent  est  unique  et 
non  double  comme  celui  de  la  plupart  des  autres  cétacés; 
il  n'est  pas  non  plus  symétrique ,  mais  se  dirige  vers  le  côté 
gauche,  et  se  termine  de  ce  côté  sur  le  devant  du  museau, 
dont  la  figure  est  comme  tronquée  (2),  à  quoi  l'on  ajoute 
que  l'œil  gauche  est  de  beaucoup  plus  petit  que  l'autre,  et 
que  les  pêcheurs  cherchent  à  attaquer  l'animal  de  ce  côté. 
Cette  espèce  est  répandue  dans  beaucoup  de  mers ,  si  c'est 
elle  qui  fournit,  comme  on  le  dit,  tout  le  sperma-ceti  et 
l'ambre  gris  du  commerce,  car  on  tire  ces  substances  du 
nord  et  du  midi.  On  a  pris  de  ces  cachalots  sans  nageoire 
dorsale  jusque  dans  la  mer  Adriatique  (5). 

(î)  Ce  n'est  pas  le  macrocéphale  de  Linné. 

{•>.)  Nous  avons  Vérifié  sur  deux  crânes  ce  défaut  de  symétrie  de  l'évcnt 
annoncé  par  Dudlcy  ,  par  Anderson  et  par  Swediauer ,  ce  qui  nous  porte 
â  croire  à  Tinégalité  des  yeux  dont  parle  Egède. 

(3)  Nous  ne  voyons  aucune  différence  réelle  entre  ce  cachalot  dont  on  a 


284  MAMMIFÈRES. 

Les  Physétèkes,  (Lacép.  ) 

Sont  des  cachalots  avec  une  nageoire  dorsale.  On  ne  les 
dislingue  entre  eux  en  deux  espèces ,  niicrops  et  tursio ,  ou 
miilar ,  que  d'après  le  caractère  équivoque  de  dents  arquées 
ou  droites  ,  aiguës  ou  obtuses  (1). 

On  trouve  de  ces  pliysétères  dans  la  Méditerranée  aussi- 
bien  que  dans  la  mer  Glaciale;  ces  derniers  passent  pour  les 
ennemis  les  plus  cruels  des  phoques. 

Les  Baleines  (Bal^ena.  L.  ) 

Egalent  les  cachalots  pour  la  taille  et  pour  la 
graudeur  proportionnelle  de  la  tête,  quoique  celle-ci 
ne  soit  pas  si  renflée  en  avant  ;  mais  elles  n'ont  aucunes 
dents.  Leur  mâchoire  supérieure,  en  forme  de  carène 
ou  de  toit  renversé,  a  ses  deux  côtés  garnis  de  lames 


de  bonnes  figures  et  plusieurs  parties  du  squelette  ,  et  celui  de  Roherson 
(Trans.  phil.  vol.  LX  )  dont  Bonnaterre  a  fait  une  espèce  sous  le  nom  de 
tnmipo ,  qui  aux  Berraudes  s'applique  à  un  cachalot  sans  déterminatioii 
plus  précise. 

Quant  au  petit  cachalot,  P.  catodon  de  Linn.,  on  ne  cite,  outre  la 
taille  ,  d'autre  différence  qne  des  dents  plus  aiguës  ,  ce  qui  peut  tenir  à 
l'âge. 

Le  physeter  macrocephalus  de  Linné  ,  cach.  cylindrique  àe  Bonna- 
terre {genre  physale  de  Lacep.  )  aurait  un  bon  caractère  dans  la  position 
reculée  de  son  évent  j  mais  il  ne  repose  que  sur  une  mauvaise  figure  d'An- 
dcrson. 

Ijolbicans  de  Brisson  ,  huïdfish  d'Egède  et  d'Anderson  ,  dont  Gmelia 
a  fait  une  variété  du  niacrocéphale  ,  n'est  que  le  dauphin  béluga,  dont  les 
dents  supérieures  tombent  de  bonne  heure  comme  nous  nous  en  sommes 
assurés. 

(1)  On  n'en  connaît  un  peu  positivement  qu'un  diaprés  une  mauvaise 
figure  de  Bayer  (  Act.  nat.  cur.  lîl  ,  pi.  i.  )  faite  sur  un  animal  échoué 
à  Nice.  C'est  très-vagiiejnent  qu'on  lui  a  appliqué  le  nom  de  viular  ;  le 
mular  de  INieremberg  est  bien  un  cachalot ,  mais  rien  ne  prouve  qtie  ce 
soit  plutôt  une  espèce  qu'une  autre. 


CÉTACÉS.  285 

transvei  ses  minces  et  serrées ,  a  ppelées  fanons ,  formées 
d'une  espèce  de  corne  fibreuse,  effilées  à  leur  bord, 
qui  servent  à  retenir  les  petits  animaux  dont  ces 
énormes  cétacés  se  nourrissent.  Leur  mâchoire 
inférieure,  soutenue  par  deux  branches  osseuses 
arquées  en  dehors  et  vers  le  haut,  sans  aucune 
armure,  loge  une  langue  charnue  fort  épaisse,  et 
enveloppe,  quand  la  bouche  se  ferme ,  toute  la  partie 
interne  de  la  mâchoire  supérieure  et  les  lames 
cornées  dont  elle  est  revêtue. 

Ces  organes  ne  permettent  pas  aux  baleines  de  se 
nourrir  d'animaux  aussi  grands  que  leur  taille  le  ferait 
croire.  Elles  vivent  de  poissons  et  plus  encore  de  vers, 
de  mollusques  et  de  zoophytes,  et  Ton  dit  qu'elles 
en  prennent  principalement  de  très-petits  qui  s'em- 
barrassent dans  les  filamens  de  leurs  fanons.  Elles  ont 
un  cœcum  court. 

La  Baleine  franche,  {Bal.  mysticetus  (i).  L.  )  Lacép.J, 

Cet.,  I,  fig.  I. 

Le  plus  grand  des  animaux  connus,  a  son  énorme  lêle 
obtuse  en  avant ,  presque  aussi  haute  que  longue  ,  et  ne 

s 

(i)  Le  (pahctivet  d'Aristote  et  d'vElien  ,qui  ëtaît  l'ennemi  des  dauphins ,  v 

paraît  avoir  élé  an  grand  cétacé  armé  de  dents;  Aristoie  n'a  connu  de  vraie 
baleine  que  son  mysticetus  qui ,  avait  (  dit-il)  des  soies  dans  la  bouche  au 
lieu  de  dents  5  c'est  probablement  la  baleine  à  gorge  ridëe  de  la  Méditer- 
ranée. On  doit  croire  cependant  que  Juvénal  entend  la  baleine  fianchs 
dans  ce  vers  : 

Quanta  delphinis  halcena  Iritannica  major  / 
Mais  les  Latins  en  gcndral  ont  appliqué  le  nom  de  baleine  d'une  manière 
vague  à  tous  les  grands  cétacés  ,  comme  les  peuples  du  Nord  font  encore 
du  nom  de  whale  on  wall  et  de  ses  dérivésj  remarque  essentielle  pour 
ceux  qui  lisent  leurs  écrits. 


286  Mammifères. 

porte  point  de  nageoire  sur  le  dos-,  c'est  elle  que  son  larcf, 
épais  souvent  de  plusieurs  pieds,  et  donnant  une  immense 
quantité  d'huile,  fait  poursuivre  chaque  année  par  des 
flottes  entières.  Assez  hardie  autrefois  pour  se  faire  prendre 
dtins  nos  mers,  elle  s'est  retirée  petit  à  petit  jusque  dans  le 
fond  du  nord;,  oîi  le  nombre  en  diminue  chaque  jour.  Outre 
son  huile,  elle  fournit  encore  au  commerce  ces  fanons 
noirâtres  et  flexibles,  longs  de  huit  ou  dix  pieds,  connus 
sous  le  nom  de  côtes  de  baleines ,  ou  simplement  de  baleines  ; 
chaque  individu  en  a  huit  ou  neuf  cents  de  chaque  côté  du 
palais.  On  dit  que  ce  monstrueux  cétacé  ne  se  nourrit 
que  de  très-petits  mollusques  qui  fourmillent,  il  est  vrai, 
dans  les  mers  qu'il  habite.  La  baleine  atteint  quatre-vingts 
ou  cent  pieds  de  longueur  et  autant  de  circonférence;  Sa 
gueule  a  vingt  pieds  d'ouverture,  et  son  petit  a  autant  de 
longueur  au  moment  de  sa  naissance;  un  seul  individu 
donne  cent  vingt  tonneaux  d'huile;  des  coquillages  s'at- 
tachent sur  sa  peau  et  s'j  multiplient  comme  sur  un  rocher  j 
il  y  en  a  même,  de  la  famille  desbalanus,  qui  pénètrent  dans 
son  épaisseur  ;  ses  excrémens  sont  d'un  beau  rouge  qui  teint 
assez  bien  la  toile. 

Le   Nord-Caper,    (BaL  glacialis.   Klein.)   Lacép. 

pi.  II  et  m. 

Aus^i  long,  mais  plus  mince,  et  à  museau  plus  pointa 
que  la  baleine,  a  beaucoup  moins  de  lard  et  est  plus  agile 
et  plus  difficile  à  prendre;  aussi  ne  se  livre-t-on  à  sa  pèche 
que  quand  celle  de  la  baleine  n'a  pas  réussi.  Il  est  commun 
sur  les  côtes  de  Norvège  et  près  du  Cap-Nord,  d'où  il  a  tiré 
son  nom.  Il  dévore  beaucoup  de  poissons. 
D'autres  espèces  (les  balémoptères.  Lacép.)  ont  une  na- 
geoire sur  le  dos;  elles  se  subdivisent  encore  selon  qu'elles 
ont  le  ventre  lisse  ou  ridé. 

Les  Balénoptères  à  ventre  lisse. 

Sont  très-voisines  des  baleines  proprement  dites.  On  n'eA 
çonn<aît  bien  qu'une  nommée 


CÉTACÉS.  287 

Le  Gihhar  par  les  Basques.  {Balœnaphj salas.  h,)Finnfisch 
des  Hollandais  et  des  Hambourgeols  (copié  d'après 
Martens  dans  Anderson ,  Bonnaterre  et  ailleurs.  )  Lacép. , 
I,  fig.  11. 

Aussi  longue,  mais  Lien  plus  grêle  que  la  baleine  francli^  ; 
très-commune  dans  l^s  mêmes  parages,  mais  évitée  des 
pêcheurs,  parce  qu'elle  donne  peu  de  lard  et  qu'elle  est 
très-féroce,  difficile  à  prendre,  et  même  dangereuse  pour 
les  petites  embarcations  à  cause  de  la  violence  de  ses 
moiivemens  quand  elle  est  attaquée. 

Les  BALiNOPTÈREs  à  ventre  plisse'. 

Ont  la  peau  du  dessous  de  la  gorge  et  de  la  poitrine  plissée 
longitudinalement  par  des  rides  très-profondes  et  susceptible 
en  conséquence,  d'une  grande  dilatation  dont  l'usage,  dans 
leur  économie,  n'est  pas  encore  bien  connu. 

On  n'en  a  aussi  déterminé  nettement  qu'une  espèce , 

La  Jubarte  des  Basques.  (  BaL  hoops.  L.  )  Lacép. ,  I,  f.  3. 
— ,  IV,  f.  I  et  2.  — ,  V,  f.  I,  et  \III,i  et2. 

Qui,  dit-on,  approche  également  de  la  longueur  de  la 
bdleiue  franche  ,  mais  qui  a  tous  les  inconvéniens  du 
gibbar  (i). 

On  a  pris  de  ces  baleines  à  gorge  plissée  dans  la  Mé- 
diterranée aussi-bien  que  dans  l'Océan.  ^ 


(1)  On  ne  donne  à  l'espèce  à  laqviçlle  on  a  rapporté  aôsez  vaguement  les 
noms  de  ror-qual  et  de  bal.  musculus  ,  d'autre  caractère  intelligible  ,  que 
d'être  plus  petite  qne  la  jubarte  :  il  en  est  de  même  de  la  balena  rostrala 
de  Hunter,  de  Fabricius  et  de  Bonnaterre,  fort  différente  de  celle  de  Pen- 
sant et  de  Pontoppidan  ,  qui  est  I'hïperoodon. 

La  bal.  gibbossa  et  la  gibbosa  B.  ,  on  nodcsa  de  Bonaaterre  seraient 
mieux  déterminées;  mais  on  ne  les  connaît  que  d'après  Dudley  (Trans, 
phil.  387  )  ,  et  U  n'est  pas  sûr  qwe  ce  ne  fussiot  pas  des  individus  altérés. 


288  VERTÉBRÉS    OVIPARES 


LES  VERTEBRES  OVIPARES  EN  GENERAL. 


Quoique  les  trois  classes  de  vertébrés  ovi- 
pares diffèrent  beaucoup  entre  elles  par  la 
quantité  de  respiration  et  par  tout  ce  qui  s'y 
rapporte ,  savoir ,  la  force  du  mouvement  et 
l'énergie  des  sens,  elles  montrent  plusieurs 
caractères  communs,  lorsqu'on  les  oppose  aux 
mammifères  ou  vertébrés  vivipares. 

Leur  cerveau  n'a  que  des  hémisphères  très- 
minces  qui  ne  sont  pas  réunis  par  un  corps 
calleux;  les  tubercules  nates  prennent  un  grand 
développement,  sont  creusés  d'un  ventricule 
et  non  recouverts  par  les  hémisphères,  mais 
visibles  au-dessous  ou  aux  côtés  du  cerveau; 
les  jambes  du  cervelet  ne  forment  point  cette 
protubérance  nommée  pont  de  varole\  leurs 
natines  sont  moins  compliquées;  leur  oreille  n'a 
point  tant  d  osselets,  et  en  manque  entièrement 
dans  plusieurs  ;  le  limaçon ,  quand  il  existe,  est 
beaucoup  plus  simple,  etc.  Leur  mâchoire  in- 
férieure, toujours  composée  de  pièces  assez 
nombreuses,  s'attache  par  une  facette  concave 
sur  une  portion  saillante  qui  appartient  à  l'os 
temporal ,  mais  qui  est  séparée  du  rocher;  leurs 


EN    GÉNÉRAL.  2b() 

OS  du  crâne  sont  plus  subdivisés  ou  le  de- 
meurent plus  long-temps,  quoiqu'ils  occupent 
les  mêmes  places  relatives  et  remplissent  les 
mêmes  fonctions  j  ainsi  le  frontal  est  de  cinq  ou 

six  pièces ,  etc Les  orbites  ne  sont  séparés 

que  par  une  lame  osseuse  du  sphénoïde ,  ou  par 
une  membrane.  Quand  ces  animaux  ont  des 
extrémités  antérieures  ,  outre  la  clavicule  qui 
s'unit  souvent  à  celle  de  l'autre  côté  et  prend 
alors  le  nom  de  fourchette,  l'omoplate  s'appuie 
encore  sur  le  sternum  par  une  apopliyse  cora- 
coïde  très-prolongée  et  élargie.  Le  larynx  est 
îdIus  simple  et  manque  d'épiglotte  ;  les  poumons 
ne  sont  pas  séparés  de  l'abdomen  par  un  dia- 
phragme complet,  etc.  Mais,  pour  faire  saisir 
tous  ces  rapports,  nous  devrions  entrer  dans 
des  détails  anatorniques  qui  n^  peuvent  convenir 
à  cette  première  partielle  notre  ouvrage.  Qu'il 
suffise  d'avoir  fait  remarquer  ici  l'analogie  des 
ovipares  entre  eux,  plus  grande,  quant  au  plan 
sur  lequel  ils  sont  construits,  que  celle  d'aucun 
d'eux  avec  les  mammifères. 

La  génération  ovipare  consiste  essentielle- 
ment en  ce  que  le  petit  ne  se  fixe  point  par  un 
placenta  aux  parois  de  l'utérus  ou  de  l'ovi- 
ductus,  mais  qu'il  en  reste  séparé  par  la  plus 
extérieure  de  ses  enveloppes.  Sa  nourriture  est 

TBME    I.  I() 


290  OISEAUX. 

préparée  d'avance  et  renfermée  dans  un  sac  qui 
tient  à  son  canal  intestinal  ;  c'est  ce  qu'on  nomme 
le  vitellus  ou  le  jaune  de  l'œuf,  dont  le  petit 
est  en  quelque  sorte  un  appendice  d'abord 
imperceptible  qui  se  nourrit  et  augmente  en 
absorbant  la  liqueur  ciu  jaune.  Les  ovipares, 
qui  respirent  par  des  poumons,  ont  de  plus 
dans  l'œuf  une  membrane  très-riche  en  vais- 
seaux, qui  parait  servira  la  respiration  ^  elle  tient 
à  la  vesfce,  et  représente  l'allantoïde  des  mam- 
mifères. On  ne  la  trouve  pas  dans  les  poissons, 
ni  dans  les  batraciens  qui,  dans  leur  premier 
Age,  respirent,  comme  les  poissons,  par  des 
branchies. 

Beaucoup  d'ovipares  a  sang  froid  ne  mettent 
leurs  petits  au  jour  qu'après  qu'ils  se  sont 
développés  et  débarrassés  de  leur  coquille  ou 
des  autres  membranes  qui  les  séparaient  de 
leur  mère;  c'est  ce  cju'on  nomme  àç;  faux 
vivipares. 

•  ■■ -■ ■ —  ■  —         --  ■  — ■  -  1.1 

LA  DEUXIÈME  CLASSE  DES  VERTÉBRÉS 


LES  OISEAUX 

Sont  des  vertébrés  ovipares  à  circulation  et 
respiration  -doubles  ,  01  gauisés  pour  le  vol. 
Leurs  poumons  non  divisés,  fixés  contre  les 


EN    GÉNÉRAL.  29 1 

eôtes,  sont  enveloppés  d'une  membrane  percée 
de  grands  trous,  et  qui  laisse  passer  l'air  dans 
plusieurs  cavités  de  la  poitrine,  du  bas-ventre, 
des  aisselles,  et  même   de  l'intérieur  des  os, 
en  sorte  que  le  fluide  extérieur  baigne  non-seu- 
lement la  surface  des  vaisseaux  pulmonaires, 
mais   encore  celle  d'une  infinité  de  vaisseaux 
du  reste  du  corps.  Ainsi  les  oiseaux  respirent , 
à  certains  égards,  par  les  rameaux  de  leur  aorte 
comme  par  ceux  de  leur  artère  pulmonaire,  et 
l'énergie  de  leur  irritabilité  est  en  proportion 
de  leur  quantité  de  respiration  (i).  Tout  leur 
corps   est  disposé    pour    tirer    parti   de   celte 
énergie. 

Leurs  extrémités  antérieures,  destinées  a  les 
soutenir  dans  le  vol ,  ne  pouvoient  servir  ni  à. 
la  station,  ni  a  la  préhension;  ils  sont  donc 
bipèdes,  et  prennent  les  objets  à  terre  avec  la 
bouche  ;  ainsi  leur  corps  devait  être  penché  en 
avant  de  leurs  pieds  ;  les  cuisses  se  portent  donc 
en  avant,  et  les  doigts  s'allongent  pour  lui 
former  une  base  suffisante.  Le  bassin  est  très- 
étendu  en  longueur  pour  fournir  des  attaches 
aux  muscles  qui  supportent  le  tronc  sur  les 
cuisses;  il  existe  même  une  suite  de  muscles 

i— ' -o—   I,.— — —  —  ■—  ■■■■■—      ■■!■  --—  I    ■■       I       ■■■■,.,  ■■■■i«ip       I    ■■■  .,     ,,  ,  ,  _.,..^ ■  —         »— ■  ■    ' -■  i  '  ■■■■■    wiF»».  mm 

(i)   DeuK  moineaux  francs  consomment  autant  d'air  pur  qu'an  cochon 
di'inde.  La\'oisler , Mémoire^  de  Chimie.  I,  119. 


2^1,  OISÉAU.\^ 

allant  du  bassia  aux  doigts ,  et  passant  sur  le 
genou  et  le  talon,  de  manière  que  le  simple 
poids  de  Foiseau  fléchit  les  doigts;  c'est  ainsi 
qu'ils  peuvent  dormir  perchés  sur  un  pied.  Les 
ischions,  et  surtout  les  pubis,  se  prolongent  en 
arrière,  et  s'écartent  pour  laisser  la  place  néces- 
saire au  développement  des  œufs. 

Le  cou  et  le  bec  s'allongent  pour  pouvoir 
atteindre  a  terre  ;  mais  le  premier  a  la  mobilité 
nécessaire  pour  se  reployer  en  arrière  dans  la 
station  tranquille.  Il  a  donc  beaucoup  de  ver- 
tèbres. Au  contraire,  le  tronc  qui  sert  d'appui 
aux  ailes  a  dû  être  peu  mobile;  le  sternum 

• 

surtout,  auquel  s'attachent  les  muscles  qui 
abaissent  l'aile  pour  choquer  l'air  dans  le  vol , 
est  d'une  très-grande  étendue  ,  et  augmente 
encore  sa  surface  par  une  lame  saillante  dans 
son  milieu.  Il  est  formé  de  cinq  pièces  :  une 
moyenne  dont  cette  lame  saillante  fait  partie, 
deux  latérales  antéiieures  pour  l'attache  des 
côtes ,  et  deux  latérales  postérieures  pour 
l'extension  de  sa  surface.  Le  plus  ou  moins 
d'ossification  de  ces  dernières  dénote  le  plus  ou 
moins  de  vigueur  des  oiseaux  pour  le  vol. 

La  fourchette  produite  par  la  réunion  des 
deux  clavicules  et  les  deux  vigoureux  arcs- 
boutans  formés  par  les  apophyses  coracoïdes 


EN    GÉNÉRAL.  2g3 

écartent  les  épaules  ;  l'aile  soutenue  parriiumé- 
riis  5  parl'avant-bras  et  par  la  main  qui  est  allon- 
gée ,  et  montre  un  doigt  et  les  vestiges  de  deux 
autres ,  porte  sur  toute  sa  longueur  une  rangée 
de  pennes  élastiques  qui  étendent  beaucoup  la 
surface  qui  choque  l'air.  Les  pennes  adhérentes  , 
à  la  main  se  nomment  primaires  ^  et  il  y  en  a 
toujours  dix;  celles  cpi  tiennent  à  l'avant-bras 
s'appellent  secondaires  :  leur  nombre  varie; 
des  plumes  moins  fortes ,  attachées  a  l'humérus, 
s'appellent  scapulaires  ;  l'os  qui  représente  le 
pouce  porte  encore  quelques  pennes  nommées 

bâtardes. 

La  queue  osseuse  est  très -courte  ,  mais  elle 
porte  aussi  une  rangée  de  fortes  pennes  qui, 
en  s'étalant,  contribuent  à  soutenir  l'oiseau; 
leur  nombre  est  ordinairement  de  douze,  quel- 
quefois de  quatorze;  dans  les  gallinacés,  il  va 
jusqu'à  dix-huit. 

Les  pieds  ont  un  fémur ,  un  tibia  et  un 
péronné  qui  tiennent  au  fémur  par  une  articu- 
lation a  ressort  dont  l'extension  vse  maintient 
sans  effort  de  la  part  des  mnsclcs.  Le  tarse  et 
le  métatarse  y  sont  représentés  par  un  seul  os 
terminé  vers  le  bas  en  trois  poulies. 

Il  y  a  le  plus  souvent  trois  doigts  en  avant, 
et  le  pouce  en  arrière  ;  celui-ci  manque  (juel- 


294  OISEAUX 

quefols.  Il  est  dirigé  en  a\aiit  dans  les  mar- 
tinets. Dans  les  grimpeurs ^  au  contraire,  le 
doigt  externe  et  le  pouce  sont  dirigés  en  arrière. 
Le  nombre  des  articulations  croit  à  chaque 
doigt,  en  commençant  par  le  pouce  qui  en  a 
deux,  et  en  finissant  par  le  doigt  externe  qui  en 
a  cinq. 

En  général,  Toiseau  est  couvert  de  plumes, 
espèce  de  tégumens  la  plus  propre  a  le  garantir 
des  rapides  variations  de  température  auxquelles 
ses  mouvemensTexposent.  Les  cavités  aériennes 
qui  occupent  rintérieur  de  son  corps,  et  même 
c|ui  tiennent  dans  les  os  la  place  de  la  moelle , 
augmentent  sa  légèreté  spécifique.  La  portion 
sternale  des  côtes  est  ossifiée ,  comme  la  verté- 
brale, pour  donner  plus  de  force  a  la  dilatation 
de  la  poitrine. 

L'oeil  des  oiseaux  est  disposé  de  manière  a 
distinguer  également  bien  les  objets  de  loin  et 
de  près;  une  membrane  vasculeuse  et  plissée, 
cjiii  se  rend  du  fond  du  globe  au  bord  du 
cristallin,  y  contribue  probablement  en  dé- 
plaçant cette  lentille.  La  face  antérieure  du 
globe  est  d'ailleurs  renforcée  par  un  cercle  de 
pièces  osseuses;  et,  outre  les  deux  paupières 
ordinaires,  il  y  en  a  toujours  une  troisième 
placée  a  raogle  inîcrne ,  et  qui ,  au  moyen  d'un 


EN    GÉNÉRAL.  2gj 

appareil  musculaire  remarquable,  peut  couvrir 
le  devant  de  l'œil  comme  un  rideau.  La  cornée 
est  très-convexe,  mais  le  cristallin  est  plat,  et 
le  vitré  petit. 

L'oreille  des  oiseaux  n'a  qu'un  osselet  entre^ 
le  tympan  et  la  fenêtre  ovale;  leur  limaçon  est 
un  cône  k  peine  arqué  ;  mais  leurs  canaux  sémî- 
circulaires  sont  grands  et  logés  dans  une  partie 
du  crâne  ,  où  ils  sont  environnés  de  toutes  parts 
de  cavités  aériennes  qui  communiquent  avec  la 
caisse.  Les  oiseaux  de  nuit  ont  seuls  une  grande 
conclue  extérieure,  qui  cependant  ne  foit  point 
de  saillie  comme  celle  des  quadrupèdes;  cette 
ouverture  estgénéralement  recouverte  déplumes 
a  barbes  plus  effilées  que  les  autres. 

L'organe  de  l'odorat,  caché  dans  la  base  du 
bec  ,  n'a  d'ordinaire  que  des  cornets  cartila- 
gineux, au  nombre  de  trois,  qui  varient  en 
complication  ;  il  esttrès-sensibic  ,  quoi  qu'il  n'ait 
pas  de  sinus  creusés  dans  l'épaisseur  du  crâne. 
La  largeur  des  ouvertures  osseuses  des  narines 
détermine  la  forme  du  bec;  et  les  cartilages, 
les  membranes,  les  plumes,  et  autres  tégumens 
qui  rétrécissent  ces  ouvertures  ,  influent  sur  la 
force  de  Fodorat  et  sur  l'espèce  de  la  nourriture. 

La  langue  a  peu  de  substance  musculaire,  et 
est  soutenue  par  une  production  de  l'os  hyoïde. 


^^90  OISEAUX 

elle  est  peu  délicate  dans  la  plupart  des  oiseaux. 

Les  plumes  ainsi  que  les  pennes ,  qui  n'en 
diffèrent  que  par  la  grandeur  ,  sont  composées 
d'une  tige  creuse  à  sa  base,  et  de  barbes  qui  en 
portent  elles-mêmes  de  plus  petites  ;  leur  tissu, 
leur  éclat ,  leur  force  ,  leur  forme  générale 
varient  à  l'infini.  Le  toucher  doit  être  faible 
dans  toutes  les  parties  c]ui  en  sont  garnies;  et, 
comme  le  bec  est  presque  toujours  corné  et 
peu  sensible,  et  que  les  doigts  sont  revêtus 
d'écaillés  en  dessus  et  d'une  peau  caiicuse  en 
dessous,  ce  sens  doit  être  peu  efficace  dans  les 
oiseaux. 

Les  plumes  tombent  deux  fois  par  an.  Dans 
certaines  espèces,  le  plumage  d'hiver  diffère  de 
celui  d'été  ;  dans  le  plus  grand  nombre  ,  la 
iémelle  diffère  du  mâle  par  des  couleurs  moins 
vives,  et  alors  les  petits  des  deux  sexes  res- 
semblent à  la  femelle.  Lorscjue  les  adultes 
inùles  et  femelles  sont  de  même  couleur,  les 
petits  ont  une  livrée  qui  leur  est  propre. 

Le  cerveau  des  oiseaux  a  les  mêmes  caractères 
généraux  que  celuides  autres  vertébrés-ovipares  j 
mais  il  se  distingue  par  une  grandeur  proportion- 
nelle très-considérable,  qui  surpasse  même  sou- 
vent celle  de  cet  organe  dans  les  mammifères. 
C'est  piiacipaicment  des  tubercules  analogues 


ÏN    GÉNÉB  AL.  297 

aux  cannelés  que  dépend  ce  volume ,  et  non  pas 
des  hémisplières  qui  sont  très-minces  et  sans 
circonvolutions.  Le  cervelet  est  assez  grand, 
presque  sans  lobes  latéraux,  et  presque  unic|ue- 
ment  ibrnic  par  le  processus  vermiforme. 

La  trachée  des  oiseaux  a  ses  anneaux  entiers; 
à  sa  bifurcation  est  une  glotte  le  plus  souvent 
pourvue  de  muscles  propres,  et  nommée  larynx 
inférieur;  c'est  là  que  se  forme  la  voix  des 
oiseaux;  l'énorme  volume  d'air  contenu  dans 
les  sacs  aériens  contribue  à  la  force  de  cette 
-v^oix  5  et  la  trachée,  par  ses  diverses  formes  et 
par  ses  mouvemens,  à  ses  moditlcations.  Le 
larynx  supérieur,  fort  simple,  y  entre  pour  peu 
de  chose. 

La  face  ou  le  bec  supérieur  des  oiseaux, 
formée  principalement  de  leurs  in tei  maxillaires , 
se  prolonge  en  arrière  en  deux  arcades,  dont 
l'interne  se  compose  des  os  palatins,  et  l'externe 
des  maxillaires  et  des  jugaux,  et  qui  s'appuient 
l'un  et  l'autre  sur  un  os  tympanique  mobile, 
vulgairement  dit  os  carré '^  en  dessus,  cette  même 
face  est  articulée  ou  unie  au  crâne  par  des  lames 
élastiques  :  ce  mode  d'union  lui  laisse  toujours 
quelque  mobilité. 

La  corne  qui  revêt  les  deux  mandibules  tient 
lieu  de  dents  et  est  quelquefois  héiissée   de 


298  OISEAUX 

manière  k  en  représenter;  sa  forme,  ainsi  que 
celle  des  mandibules  qui  la  soutiennent ^  varie 
a  l'infini  selon  le  genre  de  nourriture  que 
chaque  espèce  prend. 

La  digestion  des  oiseaux  est  en  proportion 
avec  l'activité  de  leur  vie  et  la  force  de  leur 
respiration.  L'estomac  est  composé  de  trois 
parties  :  le  jabot  qui  est  un  renflement  de 
l'œsophage,  le  ventricule  succenturié ,  estomac 
membraneux,  garni,  dans  l'épaisseur  de  ses 
parois,  d'une  multitude  de  glandes  dont  l'hu- 
meur imbibe  les  alimens;  enfin,  le  gésier  armé 
de  deux  muscles  vigoureux  qu'unissent  deux 
tendons  rayonnes  et  tapissé  en  dedans  d'une 
veloutée  catilagineuse.  Les  alimens  s'y  broyent 
d^autant  plus  aisément,  que  les  oiseaux  ont  soin 
d'avaler  de  petites  pierres  pour  augmenter  la 
force  de  la  trituration. 

Dans  la  plupart  des  espèces  qui  ne  vivent 
que  de  chair  ou  de  poisson ,  les  muscles  et  le 
velouté  du  gésier  sont  réduits  à  une  extrême 
faiblesse  ,  et  il  n'a  l'air  de  faire  cju'un  seul  sac 
avec  le  ventricule  succenturié. 

La  dilatation  du  jabot  manque  aussi  quel- 
quefois. 

.Le  foie  verse  la  bile  dans  l'intestin  par  deux 
conduits  qui  alternent  avec  les  deux  ou  trois 


EN    GÉNÉRAL.  29g 

par  lesquels  passe  la  liqueur  pancréatique.  Le 
pancréas  des  oiseaux  est  considérable,  mais 
leur  rate  est  petite;  ils  manquent  d'épiploon, 
dont  les  usages  sont  en  partie  remplis  par  les 
cloisons  des  cavités  aériennes  5  deux  appendices 
aveugles  sont  placées  vers  l'origine  du  rectum 
et  a  peu  de  distance  de  l'anus;  elles  sont  plus 
ou  moins  longues ,  selon  le  régime  de  l'oiseau. 
Les  hérons  n'en  ont  qu'une  courte;  d'autres 
genres,  comme  les  pics,  en  manquent  tout-à-fait. 

Le  cloaque  est  une  poche  oîi  aboutissent  le 
rectum ,  les  uretères  et  les  canaux  spermatiques, 
ou ,  dans  les  femelles  ,  l'ovidnctus  ;  elle  est 
ouverte  au  dehors  par  l'anus.  Dans  la  règle,  les 
oiseaux  n'urinent  point,  mais  leur  urine  se  mêle 
aux  excrémens  solides.  Les  autruches  ont  seules 
le  cloaque  assez  dilaté  pour  que  l'urine  s'y 
accumule. 

Dans  la  plupart  des  genres,  l'accouplement 
se  fait  par  la  seule  juxtaposition  des  anus;  les 
autruches  et  plusieurs  palmipèdes  ont  cependant 
une  verge  creusée  d'un  sillon  par  où  la  semence 
est  conduite.  Les  testicules  sont  situés  à  l'in- 
térieur au-dessus  des  reins  et  près  du  poumon  ; 
il  n'y  a  qu'un  ovaire  et  un  oviductus. 

L'œuf  détaché  de  l'ovaire,  où  l'on  n'y  aperçoit 
que  le  jauiie^  s'imbibe  dans  le  haut  de  l'ovi- 


300  OISEAUX 

ductus  de  cette  liqueur  extérieure  nommée  le 
blanc  5  et  se  garnit  de  sa  coque  dans  le  bas 
du  même  canal.  L'incubation  y  développe  le 
petit,  à  moins  que  la  chaleur  du  climat  ne 
suffise  comme  pour  les  autruches.  Ce  petit  a 
sur  le  bout  du  bec  une  pointe  cornée  qui  lui 
sert  à  fendre  l'œuf  et  qui  tombe  peu  de  jours 
après  la  naissance. 

Chacun  connaît  l'industrie  variée  que  les 
oiseaux  mettent  à  la  construction  de  leurs  nids, 
et  le  soin  tendre  qu'ils  prennent  de  leurs  œufs 
et  de  leurs  petits  :  c'est  la  principale  partie  de 
leur  instinct.  Du  reste ,  leur  passage  rapide  dans 
les  différentes  régions  de  Fair ,  et  l'action  vive  et 
continue  de  cet  élément  sur  eux  ,  leur  donnent 
des  moyens  de  pressentir  les  variations  de 
l'atmosphère  dont  nous  n'avons  nulle  idée  ,  et 
qui  leur  ont  fait  attribuer  ,  dès  les  plus  anciens 
temps ,  par  la  superstition ,  le  pouvoir  d'an- 
noncer l'avenir.  Ils  ne  manquent  d'ailleurs  ni  de 
mémoire  ,  ni  même  d'imagination ,  car  ils 
rêvent  ;  et  tout  le  monde  sait  avec  quelle 
laciiité  ils  s'apprivoisent,  se  laissent  dresser  a 
différens  services  ,  et  retiennent  les  airs  et  les 
paroles. 

DIVISfON  DE  I.A  CLASSE  DES  OISEAUX  EN  ORDRES. 

.    De   toutes  les  classes  d'animaux ,  celle  des 


EN    GÉNÉRAL.  3oi 

oiseaux  est  la  plus  marquée  ,  celle  dont  les  es- 
pèces se  ressemblent  le  plus ,  et  qui  est  séparée 
de  toutesles  autres  par  un  plus  grand  intervalle  ; 
et  c'est  en  même  temps  ce  qui  rend  sa  subdivi- 
sion plus  difficile. 

Leur  distribution  se  fonde,  comme  celle  des 
mammifères  ,  sur  les  organes  de  la  maudu- 
cation  ou  le  bec,  et  sur  ceux  de  la  préhension , 
c'est-à-dire,  encore  le  bec  et  surtout  les 
pieds. 

On  est  frappé  d'abord  des  pieds  palmés  p 
c'est-à-dire,  dont  les  doigts  sont  unis  par  des 
membranes  et  c[ui  distinguent  tous  les  oiseaux 
nageurs,  La  position  de  ces  pieds  en  arrière  , 
la  longueur  du  sternum,  le  cou  souvent  plus 
long  que  les  jambes  pour  atteindre  dans  la 
profondeur,  le  plumage  serré,  poli,  imper- 
méable à  l'eau  ,  s'accordent  avec  les  pieds  pour 
faire  des  palmipèdes  de  bons  navigateurs. 

Dans  d'autres  oiseaux  c[ui  ont  aussi  le  plus 
souvent  quelque  petite  palmure  aux  pieds  ,  au 
moins  entre  les  doiats  externes.  Von  observe 
des  tarses  élevés,  des  jambes  dénuées  déplumes 
vers  le  bas,  une  taille  élancée;  en  un  mot, 
tontes  les  dispositions  propres  à  marcher  à  gué 
le  long  des  eatix  ,  pour  y  chercher  leur  nourri- 
tiiie.  Tel  est  en  effet  le  régime  du  plus  grand 


3ô2  OISEAUX 

nombre;  et,  quoiqu'il  en  \'ive  quelques-uns 
dans  les  terrains  secs ,  on  les  nomme  oiseaux 
de  rivage  ou  échassiers 

Parmi  les  oiseaux  vraiment  terrestres,  les 
gallinacés  ont,  comme  notre  coq  domestique, 
le  port  lourd  ,  le  vol  court ,  le  bec  médiocre,  à 
mandibule  supérieure  voûtée,  les  narines  en 
partie  recouvertes  par  une  > écaille  molle  et 
renflée,  et  presque  toujours  les  doigts  dentelés 
au  bord,  et  de  courtes  membranes  entre  les 
bases  de  ceux  de  devant.  Ils  vivent  princi- 
palement de  grains. 

Les  oiseaux  de  proie  ont  le  bec  crochu, 
à  pointe  aiguë  et  recourbée  vers  le  bas,  et  les 
narines  percées  dans  une  membrane  cpi  revêt 
toute  la  base  de  ce  bec;  leurs  pieds  sont  armés 
d'ongles  vigoureux.  Ils  vivent  de  chair ,  et 
poursuivent  les  autres  oiseaux  ;  aussi  ont-ils 
pour  la  plupart  le  Yol  puissant.  Le  plus  grand 
nombre  a  encore  une  petite  palmure  entre  les 
doigts  externes. 

Les  passereaux  comprennent  beaucoup  plus 
d'espèces  que  toutes  les  autres  familles;  mais 
leur  organisation  offre  tant  d'analogie  que  Ton 
ne  peut  les  séparer,  quoiqu'ils  varient  beau- 
coup pour  la  taille  et  pour  la  force.  Leurs 
deux    doigts    externes    sont     unis    par    leur 


EN    GÉNÉRAL.  3o3 

base   et  quelquefois  par  une  partie   de  leur 
longueur. 

Enfin,  Ton  a  donné  le  nom  de  grimpeurs 
aux  oiseaux  dont  le  doigt  externe  se  porte 
en  arrière  comme  le  pouce  ,  parce  qu'en  effet 
le  plus  grand  nombre  emploie  une  conformation 
si  favorable  à  la  position  verticale  pour  grimper 
le  long  des  troncs  des  arbres  (i). 

Chacun  de  ces  ordres  se  subdivise  en  familles 
et  en  genres,  principalement  d'après  la  confor- 
mation du  bec. 


LE  PREMIER  ORDRE  DES  OISEAUX, 


LES  OISEAUX  DE  PROIE  (Accipithes.  Lin.) 

Se  reconnaissent  à  leur  bec  et  a  leurs  ongles 
crochus  5  armes  puissantes  au  moyen  desquelles 
ils  poursuivent  les  autres  oiseaux,  et  même  les 
quadrupèdes  faibles  et  les  reptiles.  Ils  sont  parmi 
les  oiseaux  ce  que  sont  les  carnassiers  parmi  les 
(juadrupèdes.  Les  muscles  de  leurs  cuisses  et 
de  leurs  jambes  indiquent  la  force  de  leurs 
serres  ;  leurs  tarses  sont  rarement  allongés  5  ils 

(i)  Dès  mon  premier  tableau  élémentaire  j'ai  dû  supprimer  Tordre  de* 
picœ  deLinnaeuSj  qui  n'a  aucua  caractère  déterminé.  M.  Illiger  a  adopté 
«elle  suppression. 


004  OISEAUX 

ont  tous  quatre  doigts  5  l'ongle  du  pouce  et 
celui  du  doigt  interne  sont  les  plus  forts. 

Ils  forment  deux  familles,  les  diurnes  et  les 
noclurnes. 

Les  DlUR^ES  ont  les  yeux  dirigés  sur  les 
côtés ^  une  membrane,  appelée  c/r^,  couvrant 
la  base  du  bec 5  dans  laquelle  sont  percées  les 
narines;  trois  doigts/devant,  un  derrière  sans 
plumes,  les  deux  externes  presque  toujours 
réunis  à  leur  base  par.  une  courte  membrane, 
le  plumage  serré  ;  les  pennes  fortes  .,  le  vol 
puissant^  leur  estomac  est  presqu'entièrement 
membraneux,  leurs  intestins  peu  étendus,  leur 
cœcum  très-court,  leur  sternum  large  et  com- 
plètement ossifié  pour  donner  aux  muscles  de 
Faile  des  attaches  plus  étendues,  et  leur  four- 
chette demi-circukire  et  très-écartée  pour  mieux 
résister  dans  les  abaissemens  violens  de  Thu- 
mérus  qu'un  \ol  rapide  exige. 

Linnœus  n'en  faisait  que  deux  genres,  qui 
sont  deux  divisions  naturelles,  les  vautours  et 
les  faucons. 

Les  Yautours.  (Vultur.  Lin.) 

-  Ont  les  veux  à  fleur  de  tête  ,  les  tarses  réticulés  , 
c'est-à-dire ,  couverts  de  petites  écailles  \  le  bec  al- 
longé ,  recourbé  seulement  au  bout ,  et  une  partie 


DE    PROIE.  3o5 

plus  OU  moins  considérable  de  la  tête ,  ou  même  du 
cou  ;,  dénuée  de  plumes.  La  force  de  leurs  serres  ne 
répond  pas  à  leur  grandeur ,  et  ils  se  servent  plutôt 
de  leur  bec.  Leurs  ailes  sont  si  longues^  qu'en  mar- 
chant ils  les  tiennent  à  demi-étendues.  Ce  sont  des 
oiseaux  lâches ,  qui  se  nourrissent  de  charognes  plus 
souvent  que  de  proie  vivante  ;  quand  ils  ont  mangé  , 
leur  jabot  forme  une  grosse  saillie  au-dessus  de  leur 
fourchette ,  il  coule  de  leurs  narines  une  humeur  fé- 
tide ,  et  ils  sont  presque  réduits  à  une  sorte  de  stu- 
pidité. 

Les  Vautours  proprement  dits  ,  ont  le  bec  gros  et  fort , 
les  narines  en  travers  sur  sa  base  ,  la  tête  et  le  cou  sans  plu- 
mes, et  un  collier  de  longues  plumes  au  bas  du  cou.  On  n'en 
a  encore  vu  que  dans  l'ancien  continent. 

"hç.  Vautour  fauve.  {F,  ful^fus ,  Gmel.  Vultur  trencalos  y 
Bechstein.  Le  Percnopière  ,  Buff.  ,  enl.  ^iS  ,  et  le 
grand  Vautour ,  id. ,  Hist  des  Ois.  ,  I ,  in-4° ,  pi.  v  (i}. 
Le  Vautour  j  Albin ,  III,  i.  Le  Chassefiente ,  Vail. ,  Afr. 
Le  Vautour  des  Indes  j  Lath.  et  Sonnerat,  etc.  ) 

D'un  gris  ou  brun  tirant  sur  le  fauve ,  le  duvet  de  la  tête 
et  du  cou  cendré ,  le  collier  blanc ,  quelquefois  mêlé  de 
brun  ;  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  brunes,  le  bec  et 
les  pieds  plombés.  C'est  l'espèce  la  plus  répandue  ;  elle  se 
trouve  sur  les  montagnes  de  tout  l'ancien  continent.  Son  corps 
égale  et  surpasse  celui  du  ciene. 

Le  Vautour  brun.  (V.cinereus  et  V.  monachus ,  Gm.  )  enL 
425  V.  d'Arabie ,  Edw,  290.  Le  Chincou  de  la  Chine  ^ 


(1)  W.  B.  L'histoire  du  grand  vautour  est  celle  de  l'espèce  suivante 
mais  la  figure  appartieot  à  celle-ci. 

TOME  I.  .  no 


3o6  OISEAUX 

Vall. ,  Afr.  Arriaii  de  la  Pevrouse.  Fautour  noir  .  cen- 
àré  y  etc. 

D'un  bruii-nolrâtre  ;  le  collier  remonlaiit  obliquement  jus-* 
que  vers  l'occiput ,  quia  lui-même  une  touffe  de  plumes;  les 
pieds  eL  la  membrane  de  la  base  du  bec  d'un  violet  bleuâtre  ; 
non  moins  répandu  que  le  précédent ,  et  encore  plus  grand: 
il  attaque  assez  souvent  des  animaux  vivans. 

IJOricoii.  {F.  auricidaris.  Daud.  )  Yall, ,  Afr.,  pi.  ix  ; 
probab.  le  Vautour  de  Pondichéry y  Sonnerat  ,  it.  Il, 
pi.  cv.  Daudin  y  Ann.  du  Mus.  ,  H  ,  pi.  xx. 

lS[oiratre;,une  crête  cliarnue  longitudinale  de  chaque  côté 
du  cou ,  au-dessous  de  l'oreille.  De  l'Afrique  et  des  Indes 
orientales  (i).  ; 

L'Amérique  produit  des  vautours  remarquables  par  les  ca- 
roncules qui  surmontent  la  membrane  de  la  base  de  leur  bec  j 
celui-ci  est  gros  comme  dans  les  précédens  ,  mais  les  narine» 
sont  ovales  et  longitudinales.  Ce  sont  les  Saiîcoramphus  de 
Duméril. 

Le  Roi  des  Vautours.  (  Vult.  papa.  Lin.  )  Enl,  4-^- 

Grand  comme  une  oie ,  noirâtre  dans  le  premier  âge  , 
puis  varié  de  noir  et  de  fauve,  enfin  à  manteau  fauve  et  à 
pennes  et  collier  noirs.  Les  parties  nues  de  sa  tète  et  de  son 
cou  sont  teintes  de  couleurs  vives  y  et  sa  caroncule  est  den- 
telée comme  une  crête  de  coq.  11  se  tient  dans  les  plaines  et 
autres  parties  chaudes  de  l'Amérique  méridionale. 

Le  Condor  ou  gra?id  Vautour  des  Andes.  (  P^ult.  s^rj-phus. 
Lin.  }  Humb. ,  Obs.  zool.  ,  pi.  viti. 

Noirâtre,  une  tache  sur  l'aile  et  le  colher  blancs;  outre 
sa  caroncule  supérieure  ,  qui  est  grande  et  sans  dentelures, 

(i)    Le  vautour  à  aigrette    ou  des  lièvres  (  T'.  cristatus.  Gm.  )    n'esl 
connu  que  sur  une  mauvaise  ligure  de  Gcsuer  ,  faite  probablemeni  d'après 
quelque  espace  d'aigle.  Le  V.  iarhavus  est  le  mêaie  que  le   Iccnuner-geyet 
i'alco  harôalus.) 


BE    PROIÈ^  307 

îe  mAle  en  a  une  sous  le  bec  comme  un  coq  ,  la  femelle  man- 
que de  toutes  les  deux.  Dans  le  premier  âge,  cet  oiseau  est 
brun-fauve  et  sans  collier.  C'est  l'espèce  si  fameuse  par 
l'exagération  avec  laquelle  on  parlait  de  sa  taille  ;  mais  M.  dé 
HumboUU  la  réduit  à  celle  de  notre  lœmm(^r-gej-er ,  dont 
Je  condor  a  aussi  les  mœurs.  Il  babite  les  plus  bautes  mon- 
tagnes de  la  Cordillière  des  Andes  ,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale. 

Les  Percnopteres  (t).  Cuy.  (Gypaetos.  Becbslein.  Neo- 
PHRON.  Savignj.  Cathartes.  lUiger.  ) 

Ont  le  bec  grêle,  long,  renflé  au-dessus  de  sa  courbure  , 
les  narines  ovales,  longitudinales,  et  la  tête  seulement  ,  mais 
non  le  cou,  dénuée  de  plumes.  Ce  sont  des  oi§eaux  de  taille 
médiocre  ,  et  qui  n'approclient  point,  pour  la  force  ,  des  vau- 
tours proprement  dits  ;  aussi  sont-ils  encore  plus  acbarnés  sur 
les  cbarôgnes  et  sur  toutes  les  espèces  d'immondices,  qui  les 
attirent  de  très-loin  :  ils  ne  dédaignent  pas  même  les  ex- 
crémens. 

Le  Percnoptère  d'Egypte,  (  Vult.  jiercnopterus  ,  P'ult. 
leucocephalus  et  Vult.  fuscus.  Gmel.  )  Enl.  427  et 
429.  Fuit,  de  Gingi,  Sonn.  et  Daud.  Origourap. 
Yaiî. ,  Afr.  Rachamah  de  Bruce;  Poule  de  Pharaon ,  en 
Egypte. 

Grand  comme  un  coroeau ,  le  mâle  adulte  blanc,  à  pennes 
des  ailes  noires  ;  le  jeune  et  la  femelle  bruns  Cet  oiseau  se 
répand  dans  tout  l'ancien  continent,  et  est  surtout  fort 
commuii  dans  les  pays  cbauds ,  qu'il  purifie  de  cadavres.  Il 
suit  en  grandes  troupes  les  caravanes  dans  le  désert ,  pour 
dévorer  tout  ce  qui  meurt.  Les  anciens  Égyptiens  le  respec- 
toient  à  cause  des  services  qu'il  rend  au  pays,  et  encore  au- 
jourd'hui on  ne  lui  fait  aucun  mal;  il  y  a  même  des  dévol'î 

(i)   Percnoptère ,  ailes    noires.  Nom   de  l'espèce  d'Egypte  <^li'*7    ici 
«neiefls. 


3o8  OISEAUX 

musulmans  qui  lèguent  de  quoi  en  entretenir  un  certaits 
nombre. 

V^ura  ou  Urubu.  (  Fuit.  aura.  Lin.  )  enl.  187. 

Grand  comme  le  précédent ,  le  bec  un  peu  plus  court ,  le 
corps  entier  noirâtre  j  commun  dans  toutes  les  parties  chau- 
des et  tempérées  de  l'Amérique  ,  où  il  rend  les  mêmes  ser- 
vices que  le  percnoplère  dans  l'ancien  continent. 

Les  Griffons.  (Gypaetos.  Storr.  Phène.  Savig.) 

Rangés  par  Gmelin  dans  le  genre y^/co,  se  rap- 
prochent davantage  des  vautours  par  leurs  mœurs  et 
leur  conformation  ;  ils  en  ont  les  yeux  à  fleur  de  léte  , 
les  serres  proportionnellement  faibles  >  les  ailes  à 
demi-écartëes  dans  le  temps  du  repos,  le  jabot  sail- 
lant au  bas  du  cou  quand  il  est  plein  ;  mais  leur  tête 
est  entièrement  couverte  de  plumes  :  leurs  caractères 
dislinctifs  consistent  en  un  bec  très-fort ,  droit,  cro- 
chu au  bout,  renflé  sur  le  crochet;  en  des  narines 
recouvertes  par  des  soies  roides ,  dirigées  en  avant , 
et  en  un  pinceau  de  pareilles  soies  sous  le  bec  ;  leurs 
tarses  sont  très-courts  et  emplumés  jusqu'aux  doigts, 
leurs  ailes  très-longues  ;  la  troisième  penne  est  la  plus 
longue  de  toutes. 

Le  Lœmmer  gejer  (  en  fronçais  Vautour  des  agneaux.  ) 
{Vult.harharus  et  falco  harhatus.  Gmel.  )  Edw.  106. 
JVisser.  Bruce.  Gjpa'ète  des  Alpes.  Daud.  y  II,  pi.  x. 

Le  plus  grand  des  oiseaux  de  proie  de  l'ancien  monde, 
dont  il  habite ,  mais  en  petit  nombre,  toutes  les  hautes  chaî- 
nes de  montagnes  ;  il  niche  dans  les  rochers  escarpés  ;  at- 
taque les  agneaux,  les  chèvres,  les  chamois,  et  même,  à 
ce  qu'on  dit ,  les  hommes  endormis  ;  on  prétend  qu'il  lui 
est  arrivé  d'enlever  des  eufans  :    il  ne  rebue  cependant 


DE    PROIE.  309 

point  la  chair  morte.  Long  de  près  de  quatre  pieds ,  il  a 
jusqu'à  neuf  et  dix  pieds  d'envergure.  Son  manteau  est 
noirâtre  ,  avec  une  ligne  blanche  sur  le  milieu  de  chaque 
plume  -,  son  cou  et  tout  le  dessus  de  son  corps  d'un  fauve 
clair  et  brillant  *,  une  bande  noire  entoure  sa  tête.  Il  y  en  a 
des  individus  dont  le  cou  et  la  poitrine  sont  d'un  brun  plu« 
ou  moins  foncé  :  il  parait  que  ce  sont  les  jeunes. 

Les  Faucons.  (Fàlco.  Lin.) 

Formen  t  la  deuxième  et  ^  de  beaucoup ,  la  plus  nom- 
breuse division  des  oiseaux  de  proie  diurnes.  Ils  ont  la 
tête  et  le  cou  revêtus  de  plumes  ;  leurs  sourcils  for- 
ment une  saillie  qui  fait  paraître  l'œil  enfoncé ,  et 
donne  à  leur  physionomie  un  caractère  tout  différent 
de  celle  des  vautours  :  la  plupart  se  nourrissent  de 
proie  vivante  ;  mais  ils  diffèrent  beaucoup  entre  eux 
par  le  coui^age  qu'ils  mettent  à  la  poursuivre.  Leur 
premier  plumage  est  souvent  autrement  coloré  que 
celui  des  adultes ,  et  ils  ne  prennent  ce  dernier  que 
dans  leur  troisième  ou  quatrième  année  ;  ce  qui  en  a 
fait  beaucoup  multiplier  les  espèces  par  les  natura- 
listes. La  femelle  est  généralement  d'un  tiers  plus 
grande  que  le  mâle^  que  l'on  désigi|e,à  cause  de  cela, 
sous  le  nom  de  tiercelet. 

On  doit  subdiviser  d'abord  ce  genre  en  deux  grandes 
«actions. 

Les  Faucons  proprement  dits  (  Falco  ,  Bechstein  ) , 
vulgairement  Oiseaux  de  proie  nobles  y 

Forment  la  première.  Ils  sont  les  plus  courageux ,  propor- 
tion gardée  avec  leup  taille  ,  qualité  qui  tient  à  la  force  de 
leurs  armes  et  de  leurs  ailes  ;  en  effet  leur  bec ,  courbe  dès  sa 
base,  a  une  dent  aiguë  à  chaque  côté  de  sa  pointe ,  et  c'est  la 


3lO  ^  OISEAUX 

seconde  penne  de  leurs  ailes  qui  est  la  plus  longue,  la  pre-a 
ïiïière  étant  d'ailleurs  presque  aussi  longue  qu'elle,  ce  qui 
rend  l'aile  entière  plus  longue  et  plus  pointue.  11  résulte  en- 
core de  là  des  habitudes  particulières  :  la  longueur  des  pennes 
de  leurs  ailes  affaiblit  son  effort  vertical ,  et  rend  leur  vol , 
dans  un  air  tranquille,  très-oblique  en  avant  j  ce  qui  les  con- 
traint ,  quand  ils  veulent  s'élever  directement ,  de  voler  contre 
le  vent.  Ce  sont  les  oiseaux  les  plus  dociles,  et  dont  on  tire  le 
plus  de  parti  dans  l'art  de  la  fauconnerie  ,  en  leur  apprenant 
à  poursuivre  le  gibier  et  à  revenir  quand  on  les  appelle.  Ils 
pnt  tous  les  ailes  autant  et  plus  longues  que  la  queue. 

Le  Faucon  ordinaire.  (  Falco  communis.  Gm.  )  (i). 

Grand  comme  une  poule,  se  reconnaît  toujours  à  une  sorte 
fde  taclie  triangulaire  noire  qu'il  a  sur  la  joue  j  du  reste,  il 
varie  pour  les  couleurs  à  peu  près  comme  il  suit  ;  le  jeune 
a  le  dessus  brun  et  les  plumes  bordées  de  rovissâtre,  le  des- 
sous blancbâtre,  avec  des  tacbes  ovales  longitudinales  bru- 
nes. A  mesure  qu'il  vieillit ,  les  tacbes  du  ventre  et  des  cuis- 
ses tendent  à  devenir  des  lignes  transverses  noirâtres  ^  et  le 
blanc  augmente  à  la  gorge  et  au  bas  du  cou  j  le  plumage 
fin  dos  devient  en  même  temps  plus  uniforme  et  d'un  brun 
rayé  en  travers  de  cendré  noirâtre  ;  la  queue  est  en  dessus 
brune  ,  avec  des  paires  de  tacbes  roussàlr  s,  et  en  dessous 
";     avec  des  bandes  pâles  qui  diminuent  de  largeur  avec  l'âge  j 
les  pieds  et  la  cire  du  bec  sont  tantôt  bleus  et  tantôt  jau- 
nâtres. 


(i)  Il  faut  bien  se  garder  cepend.'înt  d'y  l'apporter  les  prétendues  variétés 
du  falco  communis  entassées  par  Graelin  ;  ainsi  la  var.  ci  frisch  74  est  une 
buscj  eT  id.  75,  est  une  buse  patvie  ^  g  id.  80,  l'oiseau  Saint-Martin- 
S  id.  76  une  buse  un  peu  plus  pâle  que  l'ordinaire  j  K  aldrov.  une  espèce 
très-distincte ,  etc. 

En  revanche  ,  les /a/co  islandus  ^  harharus  et  peregrinus  ,  pourraient 
bien  n'être  tous  que  le  faucon  ordinaire  en  différens  états  de  mue. 


DE    PROIE.  3ll 

On  peut  suivre  ces  différences,  eal. ,  47^  ^^  jeune;  42i 
la  vieille  femelle  3  45o,  le  vieux  mâle  (i). 

Ceux  qu'on  appelle  Faucons  pèlerins ^  enl. ,  4^'9  {Falco 
stellaris  ^  F.  peregrinus  j  Gm, } ,  paraissent  des  jeunes  un  peu 
plus  noirs  que  les  autres. 

C'est  l'espèce  célèbre  qui  a  donné  son  nom  à  cette  sorte 
de  cbassc  où  l'on  se  sert  des  oiseaux  de  proie.  Elle  habite 
tout  le  nord  du  globe  ,  et  y  niche  dans  les  rochers  les  plus 
escarpés.  Son  vol  est  si  rapide  ,  qu^il  n'est  presque  aucun 
lieu  de  la  terre  oii  elle  ne  parvienne.  Elle  fond  sur  sa  proie 
verlicalement  comme  si  elle  tombait  des  nues.  On  emploie 
le  mâle  contre  les  pies  et  autres  oiseaux  plus  petits ,  et  la 
femelle  contre  les  faisans  et  même  les  lièvres. 

!Notre  Europe  produit  encore  cinq  espèces  inférieures 
pour  la  taille  ;  savoir  : 

Le  Hobereau.  (  Falco  suhbiiteo.  Lin.)   enl. ,  452. 

Brun  dessus  ,  blanchâtre  ,  tacheté  en  long  de  brun  des- 
sous ;  les  cuisses  et  le  bas  du  ventre  roux,  un  trait  brun  sur 
la  joue. 

Le  Hobereau  gris.  (Falco  rufipes ^  Beseke.  F.  vespertinus ^ 

Gm.)  Enl.,  /^5i. 

Brun  dessus ,  cendré  foncé  dessous ,  les  cuisses  et  le  bas  du 
ventre  roux.  La  femelle  a  la  tête  rousse,  et  tout  le  dessus 
barré  de  cendré  et  de  noir. 

IJEme'rillon.  (  Falco  œsalon.  Lin.  )  Enl. ,  468. 

Brun  dessus,  blanchâtre  dessous  ,  tacheté  en  long  de 
brun ,  même  aux  cuisses  ;  le  plus  petit  de  nos  oiseaux  de 
proie.  Le  Rochier  (Falco  lithofalco,  Lin.),  enl.  ,  447, 
cendré  dessus,  blanc-roussâtre  ,  tacheté  en  long  de  brun 


(i)  Frisch  ne  donne  qu'un  jeune  faucon  ,  pi.  ixxxiii.  Edwards  donne 
la  vieille  femelle,  pi.  5.  Le  Jeune  ,  pi.  4. 


3l2  OISEAUX 

pâle  dessous  ;  n'en  est  que  le  vieux  mâle  (i).  Il  niclie  dans 
les  rocliers. 

Jja  Cresserelle,  {Falco  tinnimcidus.  Lin.)  Enl. ,  4^^  et 

471. 

Rousse,  tachetée  de  noir  en  dessus  ,  hlanclie  ,  tachetée  en 
long  de  brun  pâle  dessous ,  la  tête  et  la  queue  du  mâle  cen- 
drées ,  tiie  son  nom  de  son  cri  aigre,  niche  dans  les  vieilles 
tours,  les  masures  [1], 

Les  Gekfaui^ts.  (HiErofalco.  Cuv.  )  (5). 

Ont  les  pennes  de  l'aile  comme  dans  les  autres  oiseaux  no- 
bles, dout  ils  montrent  aussi  toutes  les  inclinations;  mais  leur 
bec  n'a  qu'un  feston  comme  celui  des  ignobles  ;  leur  queue  , 
longue  et  étalée,  dépasse  notablement  leurs  ailes,  quoique 
celles-ci  soient  elles-mêmes  très -longues  ;  leurs  tarses  courts  et 
réticulés,  sont  garnis  de  plumes  au  tiers  supérieur.  On  n'en 
connaît  bien  qu'une  espèce. 

Le  Gerfault.  (  Falco  candicans ,  F.  cinereus  et  F.  sacer. 
Gm.)  BufF.  ,  enl.  210,  4^69462,  et  Hist.  des  Ois. ,  I , 
pi.  XIV.  Edw. ,  55. 

Plus  grand  d'un  quart  que  le  faucon  ,  est  le  plus  estimé 
de  tous  les  oiseaux  de  fauconnerie.  On  le  tire   principale- 

(i)  Je  dois  celte  observation  à  M.  Bonnelli. 

(2)  Ajoutez  en  espèces  étrangères.  1°  voisines  de  la  cresserelle  F.  spar-- 
t^erius  ,  en).  4^5  ,  et  deux  ou  trois  espèces,  dont  les  ailes  ,  semblables 
d'ailleurs  à  celles  des  oiseaux  nobles  pour  la  proportion  relative  des 
plumes  ,  sont  plus  courtes  que  la  queue.  —  Le  chicfuera.  Vaillant ,  xxx. 
(F.  chiquera.  Sh.)  —  Le  montagnard,  id.  xxxv.   (  F.  capensis.  Sh.) 

a°  Voisines  du  hobereau.  F.  cœrulescens.  Edw.  io8.  —  F.  auranliacus. 
—  F.  hideritatiis  Lath.  qui  se  distingue  par  une  double  dent  à  son  bec. 

3°  Voisines  du  vrai  faucon.  Le  f.  hvppé  {falcfrontalis.  Daud./".  ga^ 
lericulatus.  Sh.)  Vail.  Af.  sS.Lef.  àca/of^e/zo/re,  id.  29.  (Y.tibialis.Sh.) 

(3)  Hierax ,  hiero-falco ,  faucon  sacré ,  sacre ,  tous  noms  tenant  à 
l'ancienne  vcnëratiun  des  Egyptiens  pour  certains  oiseaux  de  proie.  Gev" 

Jaull  est  corrompu  à^hiero-faho. 


DE    PROIE.  3l3 

ment  cln  n©rd  j  son  plumage  ordinaire  est  brun  dessus  ^  avec 
une  bordure  de  points  plus  pâles  à  chaque  plume  ,  et  des 
lignes  iransverses  sur  les  couvertures  et  les  pennes  ;  blan- 
châtre dessous  ,  avec  des  taches  brunes  longues  ,  qui ,  avec 
l'âge  5  se  changent  sur  les  cuisses  en  lignes  transverses  ;  enfin 
la  queue  rayée  de  brun  et  de  grisâtre  ;  mais  il  varie  telle- 
ment par  le  plus  ou  moins  de  brun  ou  de  blanc ,  qu'il  y  en 
a  de  tout  blancs  sur  le  corps,  et  oii  il  ne  reste  de  brun 
qu'une  tache  sur  le  milieu  de  chaque  penne  du  manteau; 
les  pieds  et  la  membrane  du  bec  sont  tantôt  jaunes,  tantôt 
bleus  (i). 

La  seconde  section  du  grand  ^enrefalco  est  celle  des 

Oiseaux  de  proie  appelés  ignobles, 

Parce  qu'on  ne  peut  les  employer  aisément  en  fauconnerie  ; 
tribu  bien  plus  nombreuse  que  celle  des  nobles ,  et  qu'il  est 
nécessaire  encore  de  beaucoup  subdiviser.  La  plus  longue 
penne  de  leurs  ailes  est  presque  toujours  la  quatrième ,  et  la 
première  est  très-courte  ,  ce  qui  fait  le  même  effet  que  si  leur 
aile  avait  été  tronquée  obliquement  par  le  bout,  d'où  résulte 
un  vol  plus  faible ,  toutes  choses  égales  d'ailleurs  ',  leur 
bec  est  aussi  moins  bien  armé ,  parce  qu'il  n'a  point  de  dent 
latérale  près  de  sa  pointe,  mais  seulement  un  léger  feston 
dans  le  milieu  de  sa  longueur. 

Les  Atgxes.  (  Aqutla.  Briss.  ) 

Qui  en  forment  la  première  famille,  ont  un  bec  très-fort  , 
droit  à  sa  base,  et  courbé  seulement  vers  sa  pointe.  C'est 
parmi  eux  que  se  trouvent  les  plus  grandes  espèces  du  genre, 
et  les  plus  puissans  de  tous  les  oiseaux  de  proie. 

Les  Aigles  proprement  dits.  Cuv. 

Ont  le  tarse  emplumé  jusqu'à  la  racine  des  doigts  :  ils  vivent 


{\)  La  huse  cendrée  ,  Edw.  53.  (  Falco  cinereus.  Gm.)  et  le  s  aère  , 
Buff.  I ,  XIV,  (  Falco  saccr.  Gm,)  ne  diffèrent  en  rien  de  certaine  états  du 
§erfault.  Je  ne  vois  pas  non  plus  que  les  pieds  jaunes  doivent  faire  distinr 
guer  comme  espèce  le  f.  Islmdkus ,  ainsi  que  la  fait  Bechsteia. 


3l4  OISEAUX 

dans  les  montagnes  ,  et  poursuivent  les  oiseaux  et  les  qiiaJru» 
pèdes  ;  leurs  ailes  sont  aussi  longues  que  la  queue,  leur  vol 
aussi  élevé  que  rapide  ,  et  leur  courage  surpasse  celui  de  tous 
les  autres  oiseaux. 

VJigle  commun.  {Falcofuhus,  F.  melanaëtos ,  F.  niger , 
F.  mogilnik.Qm.  )  (i).  Enl.  ,  4og. 

Plus  ou  moins  brun,  l'occiput  fauve  ,  la  moitié  supérieure 
de  la  que  ue  blanche  ,  et  le  reste  noir.  C'est  l'espèce  la  plus 
répandue  dans  toutes  les  contrées  montagneuses. 

\J  éigie  roj'aî.  (  Falco  chrjsaëlos,)  Enl.  ,  4^<^* 

3Ne  diffère  du  précédent  que  par  sa  queue  noirâtre,  mar-^ 
quéc  de  baudes  irrégulières  cendrées.  Cependant  c'est  sur 
lui  qu'on  s'est  plu  à  reporter  les  récits  exagérés  que  fai- 
saient les  anciens  de  la  force,  du  courage  et  de  la  magnani- 
mité de  leur  aigle  doré  ou  royal  (2). 

Le  petit  uéigle  ou  Aigle  tacheté.    (  Falco  nœvius  et  Falco 

maculatiis.  Gni,  ) 

D'un  tiers  plus  petit  que  les  deux  autres  ,  brun ,  queue 
noire  à  bout  blanchâtre  \  des  taches  fauve-pâle  ,  formant 
une  bande  sur  les  petites  couvertures  ,  une  au  bout  des 
grandes  ,  qui  remonte  sur  les  scapulaires ,  et  une  au  bout  des 
pennessecondaires.  Le  haut  de  l'aile  est  chargé  de  gouttelettes 


(i)  Quelque  bizarre  que  puisse  pnraître  cette  rauhiplication  d'espèces, 
elle  est  cependant  très-vraie.  L'espèce  réelle  est  bien  représentée  enl.  4<"'9  > 
c''ei>t  f aie .  Juhiis .  Dans  certains  étals  de  mue  ,  on  voit  dans  son  plumage  le 
blanc  de  la  base  des  plumes.    C'est  alors/,  fidviis  canadensis  ,    Ed^v.  \. 
luef.  mogilnik  nov.  comm.  petr.  XV,  pi.  xi ,  ne  diflère  pas  d'une  autre 
manière.  Quant  au/",  tnelanaëtos ,    il  n'est  fondé  que  sur  de  vagues  indi- 
cations des  anciens  ,   et  l'on  ne  cite  que  la  uième  pi.  enl.  /\0^.  Enfin  le 
f.  niger  ou  aigle  à  dos  noir  de  Brown,  n'est  qu'une  légère  difiérence  d'îige. 
(a)  il  y  a  même  ces  naturalistes  qui  croient  que  Taigle  ro^al  n'esi  qu'un 
jeune  de  l'aigle  commun  j  mais  on  en  élève  un  ,  depuis  plusieurs  années  ,  à 
la  ménagerie  ,  qui  conserve  toujours  sa  queue  baxrée  de  noir  et  de  gris. 


DE    PROIE.  3l5 

fauves;  le  dessous  du  corps  est  plus  pâîe'que  le  dos ,  et  les  tar- 
ses plus  grêles  et  moins  fournis  qu'aux  grands  aigles. 

Cette  espèce  est  commune  dans  les  Apennins  et  autres 
montagnes  du  midi  de  TEurope ,  mais  se  montre  plus  ra- 
rement dans  le  nord  :  elle  n'attaque  que  des  animaux  très- 
faibles.  On  i'a  irouvée  assez  docile  pour  l'employer  en  fau- 
connerie ;  mais  on  dit  qu'elle  se  laisse  chasser  et  vaincre  par 
l'épervier. 

La  nouvelle  Hollande  produit  des  aigles  de  même  forme  , 
à  la  queue  près,  qui  est  étagée  (i). 

Les  A:gles  pêcheurs.  Cuv.  (  Hali.î:tus.  Savigny). 

Ont  les  mêmes  ailes  que  les  précédens  ,  mais  les  tarses  re- 
vêtus de  plumes  seulement  à  leur  moitié  supérieure  ,  et  à 
(demi  écussonnés  sur  le  reste.  Ils  se  tiennent  au  bord  des  ri- 
vières et  de  la  mer,  et  vivent  en  grande  partie  de  poisson. 

l^e  P/g argue  et  VOrfraje.  {^Falco  ossifragus ,  F.   al' 
bicilla  et  F.  alblcauâus.  Gm.  ) 

Ne  forment  qu'une  espèce  qui ,  dans  ses  premières  an- 
nées ,  a  le  bec  noir ,  la  queue  noirâtre ,  tachclée  de  blan- 
châtre, et  le  plumage  brunâtre ,  avec  une  flamme  brun-foncé 
sur  le  milieu  de  la  plume  (cnl.,  112  et  4i5),  et  qui,  avec 
l'âge  ,  devient  d'un  giis-brun  uniforme  ,  plus  pâle  à  la  tête 
et  au  cou  ,  avec  une  queue  toute  blanche  et  un  bec  jaune- 
pâle  (  Frisch  ,  lxx.  )  ii).  En  tout  temps  elle  attaque  prin- 
cipalement l<^s  poissons.  Ou  la  trouve  dans  tout  le  nord 
du  globe. 

JJ Aigle  à  tête  blanche,  (  Falco  leucocephaliis.)  Enl.  ;  4^  '• 

Brun-foncé  uniforme,  à  tête  et  queue  blanches,  à  bec 

(i)  Joignez  ,  aux  trois  aigles  d'Europe  ,    le  griffard,  Vaill.  Afr.  I.  (  F. 
armiger ,  Sh.) 

(2)  On  a  Vérifié  plus  d'une  fois  ce  changement  à  la  ménagerie  du  Mu- 
>■        Scum.   Quant  au  petit  pygargue ,  f.  albicmuhis  .  ce  n'est  que  le  raàle  du 
grand  f.  aWlciUa. 


"^16  OISEAUX 

jaunâtre ,  presque  aussi  grand  que  nos  aigles  communs  ,  vit 
dans  l'Amérique  septentrionale,  et  y  poursuit  sans  cesse  le 
poisson.  Il  paraît  qu'il  en  vient  quelquefois  dans  le  nord  de 
l'Europe  Dans  sa  jeunesse  il  a  le  corps  et  la  tête  brun- 
cendré.  On  ne  doit  cependant  pas  le  confondre  avec  le  vieux 
pygargue  h  tête  Llanchâtre  (i). 

Les  Baleusards.  (  Pandion.  Savigny.  ) 

Ont  le  bec  et  les  pieds  des  aigles  pêclieurs  j  mais  leurs  ongles 
sont  ronds  en  dessous  ,  tandis  que  dans  les  autres  oiseaux  de 
proie  ;  ils  sont  creusés  en  gouttière  ;  leurs  tarses  sont  réticulés, 
et  c'est  la  seconde  plume  de  leurs  ailes  qui  est  la  plus  longue. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  ,  répandue  au  bord  des  eaux 
douces  de  presque  tout  le  globe  ,  avec  peu  de  variations  dans 
le  plumage  ;  c'est 

Le  Balbusard.  (  Falco  haliœtus.  Lin.  )  Enl.  ,  4^4  ;  et 

mieux:  Catesby,  II. 

D'un  tiers  plus  petit  que  l'orfraye,  blanc,  à  manteau 
brun  ,  une  bande  brune  descendant  de  l'angle  du  bec  vers 
le  dos ,  des  taclies  brunes  sur  la  tête  et  la  nuque ,  quelques- 
unes  à  la  poitrine  j  la  cire  elles  pieds  tantôt  jaunes,  tantôt 
bleus. 

L'Amérique  produit  des  aigles  pêcbeurs  à  longues  ailes 
comme  les  précédens,  où  une  partie  plus  ou  moins  considérable 
des  côtés  de  la  tête  ,  et  quelquefois  de  la  gorge  ,  est  dénuée  de 
plumes.  On  leur  donne  le  nom  commun  de  caracara  (2). 

Le  Caracara  ordinaire.  (  Falco  brasiliensis  j  Gm.) 

Grand  comme  un  balbusard  ,  rayé  en  travers  de  blanc  et 

de  noir ,  des  plumes  effilées,  blancbes  à  -la  gorge,  une  calotte 

•*«.  ..    .  .- 

(?)  Ici  doivent  se  placer  le  falco  pondicerianus ,  enl.  4 16.  —  Le  blagre  , 
Yaill.  Afr.  5.  {Falc.  hlagnis  ,  Sh.  )  qui  est  probablement  le  /.  huco- 
gasler.  —  Le  vocifer ,  Vaili.  Afr.  4<  (F.  vocifer,  Sh.) —  Le  caffre  p 
Vaill.  Afr.  6.  (  F.  vulturiims  ,  Sh.) 

{1)  Aïzara.  Voy.  IIÏ  ,  p.  5o  et  suiv. 


DE    PROIE.  3l7 

noire  ,  un  peu  prolongée  en  huppe  ;  les  couvertures  des 
ailes  ,  les  cuisses  et  le  bout  de  la  queue  noirâtres.  C'est  l'oi- 
seau de  proie  le  plus  nombreux  au  Paraguay  et  au  Bré- 
sil (i). 

Tue  petit  Aigle  àgorge  nue.  {Falco  aquilinus.)  Enl.,  4^7' 

Noir  y  le  ventre  et  les  couvertures  inférieures  de  la  queue 

blancs ,  la  gorge  nue  et  rouge. 

Les  Harpies  ou  Aigles  pêcheurs  à  ailes  courtes  (  Har- 
pj'ia ,  Cuv.  ),  sont  aussi  des  aigles  d'Amérique  ,  qui  ont  les 
tarses  très-gros ,  Irès-fortS;  réticulés,  et  à  moitié  emplumés, 
comme  les  aigles  pêcheurs  proprement  dits  ,  dont  ils  ne  diffè- 
rent que  par  la  brièveté  de  leurs  ailes  ;  leur  bec  et  leurs  on- 
gles sont  même  plus  forts  que  dans  aucune  autre  tribu. 

La  grande  Harpie   d^ Amérique,    Aigle    destructeur  de 
Daudin,   grand  aigle  de  la  Guiane  de  Mauduit  (  pro- 
bablement le  Falco  harpjia  et  le  F.  cristatus  ylÀn.) 
F.  harpyia  et  imperialis ,  Sh.  )  (2) 

Est  un  des  oiseaux  qui  ont  les  serres  et  le  bec  les  plus  ter- 
ribles -,  sa  taille  est  supérieure  à  celle  de  l'aigle  commun  ; 
son  plumage  est  cendré  à  la  tête  et  au  cou ,  brun-noirâtre 
au  manteau  et  aux  côtés  de  la  poitrine  ,  blanchâtre  au-des- 
sous, et  rayé  de  brun  sur  les  cuisses  :  des  plumes  allongées 
lui  forment  une  huppe  noire  sur  le  derrière  de  la  tête. 

On  le  dit  si  fort ,  qu'il  a  quelquefois  fendu  le  crâne  à  des 
hommes  à  coups  de  bec  :  les  paresseux  font  sa  nourriture 
ordinaire ,  et  il  n'est  pas  rare  qu'il  enlève  des  faons. 


(1)  C'est  bien  le  caracara  de  Margrave,  mais  sa  description  ne  le  feraiJ 
pas  reconnaître.  Oa  en  trouve  une  meilleure  dans  Azzara.  Notre  carac- 
tère est  pris  de  la  nature.  Le  y.  c/temvay  Jacq.  beyt.  ,  p.  1 5  ,  n°  11,  pour- 
rait bien  n'en  être  qu'une  variété  d'âge. 

(2)  C'est  incontestablement  Tyzguaulzli  de  Fernandès  j  mais  cet  auteur 
exagère  beaucoup  sa  taille  en  le  comparant  à  un  mouton.  C'est  aussi 
h  v.  cristaius  dç  Jacq. ,  e|  p«r  conséquent  Içfmlç,  jacquini  de  GmeL 


3l8  OISEAUX 

Les  Aigles-autoues.  (Morpiinus.  Cuv.  )  (i)*' 

Ont  ,  comme  les  précécîens ,  les  ailes  plus  courtes  que  la 
queue-,  mais  leurs  tarses  élevés  et  grêles,  et  leurs  doigts  fai- 
Lles ,  obligent  de  les  en  distinguer. 

Il  y  eu  a  qui  ont  les  tarses  élevés  ,  nus  et  écuisonnés. 

V  Aigle -autour   huppé  de  la   Gui  ve.    (F.  Guiannensis. 
Daud.  )  Peut  Aigle  de  la  Guiane.  Maud. ,  Encycl. 

B.essemble  singulièrement,  pour  les  couleurs  et  pour  la 
liuppe,  au  grand  aigle  pécheur  du  ménu^  pays-,  mais  il  est 
moindre  pour  la  taille ,  et  ses  tarses  élèves ,  nus  et  écus- 
sonnés  ,  l'en  distinguent  suffisamment-,  son  manteau  est  noi- 
râtre ,  quelquefois  varié  de  grisfoncé  ;  son  ventre  blanc  , 
avec  des  ondes  fauves  plus  ou  moins  marquées,  sa  tête  et 
son  cou,  tantôt  gris,  tantôt  blancs  ;  et  sa  huppe  occipitale, 
longue  et  noirâtre. 

UUrubitinga.  (  Falco  uruhiiinga.  Lin.  ) 

îîoir  ,  sans  huppe ,  avec  le  croupion  et  la  base  de  la  queue 
blancs.  Ce  bel  oiseau  chasse  sur  les  lieux  inondés  (2). 
D'autres  ont  les  tarses  élevés  et  emplumés  sur  toute  leur 
longueur. 

1J Aigle-autour  noir  huppé  d'Afrique.  [Huppart.  Vail.  Afr. 
I,ii.  Bruce,  Abjss.,  ^Vi^-Ry.u.  Falco  oc cipitalis.  Daud.) 

Grand  comme  un  corbeau  ,  noir,  une  longue  huppe  pen- 
dante de  l'occiput  j  les  tarses ,  le  bord  de  l'aile  et  des  bandes 
sous  la  queue  blanchâtres.  Il  habite  toute  la  largeur  de 
l'Afrique. 


(1)   Blorphims  ,  nom  grec  d'une    espèce  intltîtcrminée  d'oiseaux   de 
proie. 

(a)    Ici   vient  prol->a]>lement  falc.    noifcs    zedandiœ  ^    Lalh.    Syn.  If 

p].     TV. 


DE   PROIE.  3ig 

X^Jis^te 'autour  varié  ou  Urulaurana  (i).  Autour  huppé , 
Vail.  y  Afr.  ,  I  ,    xxvt.    Aigle  moyen  de  la    Guiane , 
Maud. ,  Encycl.  Epervier  patu  d'Azzar.  Falco  ornatus , 
Daud.  F.  superbus  et  coronatus  ,  Sli.  ) 
Calotte   et  huppes  noires  ,  côtés  du  cou  d'un  roux-vif, 
manteau  noir  varié  de  gris  ,  onde  de  blanc  ;  dessous  blanc  , 
rayé  de  noir  aux  Uancs,  aux  cuisses  et  aux  tarses;  queue 
noire ,  avec  quatre  Landes  grises.  C'est  un  bel  oiseau  de 
l'Amérique  méridionale,  qui  varie  du  noir  et  blanc  au  brun- 
foncé  (2). 

Il  y  a  enfin  en  Amérique  des  oiseaux  à  bec  comme  tous  les 
précédens  ,  à  tarses  très-courts ,  réticulés  ,  à  demi  couverts  de 
plumes  par  devant ,  à  ailes  plus  courtes  que  la  queue ,  et  dont 
le  caractère  le  plus  distinclif  consiste  en  narines  presque  fer- 
mées, semblables  à  une  fente.  On  peut  en  faire  une  petite 
tribu  sous  le  nom  de  Cymindis,  Cuv.  (5).  Tel  est 

Le  petit  Autour  de  Cuyenne,  Buff.  (  Falco  Cayennensis» 

Cm.)  Enl. ,  475» 

A  encore  pour  caractère  propre  une  petite  dent  à  l'en- 
droit où  le  bec  se  courbe.  L'adulte  est  blanc  ,  à  manteau 
noir-bleuâtre  ,  à  tête  cendrée ,  avec  quatre  bandes  blanches 
sur  la  queue  ;  le  jeune  a  le  manteau  varié  de  brun  et  de 
roux ,  et  la  tète  blanche ,  avec  quelques  taches  noires. 

Les  Autours.  Cuv-  (Astur  ,  Bechstein.DoîDALiON,  Savigny.) 

Qui  forment  la  seconde  division  des  ignobles  ,  ont,  comme 

(1)  C'est  bien  sûrement  Vurutaurana  de   Margrave-  mais  cet  auteur 
le  dit  grand  comme  un  aigle  ,  ce  qui  est  un  tiers  au  moins  de  trop. 

{1)  Ajoutez  ici  le  hlanchard ,  Vaill.  Afr.  3.  (F.  albescens  ,  Sh.)  — 
U ai^\e moucheté  {aq.  niaculosa.  )  Vieill.  Amer.  3  bis. 

(3)    Cytniiidis ,  nom   grec  d'une    espèce  indéterminée   d'oiseaux   de 
proie.  * 

iV.  B.  h'aîgle  de  Gottwgue  (  f.  glaucopis,  Menem  bejtr.  lî  ,  pi.  vu.  ) 
««l  une  buse  commune.  Vaille  blanc  (  F.  albus  ,  Sh.  John  white.  Yoy.  ) 
est  un  autour. 


320  OISEAUX 

les  trois  dernières  tribus  des  aigles ,  les  ailes  plus  courtes  que 
la  queue;  mais  leur  bec  se  courbe  dès  sa  base,  comme  dans 
tous  ceux  qui  vont  suivre. 

On  appelle  plus  particulièrement  autours  ceux  qui  ont  les 
tarses  écussonnés  et  un  peu  courts. 

JJ Autour  ordinaire.  {Falco palumbarius y  enl.,  4 18  et  4ôi , 
et  le  jeune,  F.  gallinarius,  enl.,  4^5,  et  Friscli, , 
l.XXII.)  (i). 

La  seule  espèce  de  ce  pays-ci,  est  brun  dessus,  à  sourcils 
blancliâtres ,  blanc  dessous ,  rayé  en  travers  de  brun  dans 
l'adulte  ;  moucbeté  en  long  dans  le  premier  âge;  cinq  bandes 
plus  brunes  sur  la  queue.  11  égale  le  gerfault  pour  la  taille , 
mais  non  pour  le  courage  ,  fondant  toujours  obliquement 
sur  sa  proie.  On  s'en  sert  cependant  en  fauconnerie  pour  des 
gibiers  faibles.  Il  est  commun  dans  toutes  nos  collines  et 
montagnes  basses. 

Parmi  les  autours  étrangers  ,  on  peut  remarquer  celui  de 
la  Nouvelle-Hollande  (  Falco  novœ  Hollandiœ  ) ,  Jonbwbite 
35g. 

Qui  est  souvent  tout  entier  d'un  blanc  de  neige  ;  mais  il 
paraît  que  c'est  une  variété  d'un  oiseau  du  même  pays  , 
cen Jré  dessus  ,  blanc  dessous ,  avec  des  vestiges  d'ondes 
grises. 

On  peut  encore  rapprocber  des  autours  quelques  oiseaux 
d'Amérique  à  ailes  courtes  et  à  tarses  courts,  mais  réticulés. 

V  Autour  rieur  ou  à  calotte  blanche.  (  Falço  cacJiinnans , 

Lin.  Nacagua  d'Azz.  ) 

Nommé  d'après  son  cri  ;  blanc ,  le  manteau  et  une  bande 
qui  part  du  tour  de  l'œil  et  s'unit  sur  la  nuque  à  la  cor- 
respondante ,  bruns;   la  queue  à  bandes  brunes  et  blan- 

-- _« ^ . 

(i)  Probablement  aussi  f.  gyrjalco  ,  f.  ^entilis ,  Gm. ,  tant  les  oiseaux 
de  proie  sont  mal  déterminés  dans  les  ouvrages  les  plus  modernes. 


EN    GÉNÉRAL.  021, 

rîies.  Des  marécages  de  l'Amérique  mérlcllonale ,  où  il  vit 
de  reptiles  et  de  poissons  (i). 

On  réserve  le  nom  d'EpERViER   (  Niius ,  Cuv.  )  à  ceux  qui 
ont  les  tarses  écussonnés  et  plus  élevés. 

Notre  Epervier  commun  [FalcQ  nisus  ^  Lin.);  enî. ,  412 

et  4*J7  , 

A  les  mêmes  couleurs  que  l'autour  ,  mais  ses  jambes  sont 
plus  hautes  ,  et  sa  tallîe  d'un  tiers  moindre.  Cependant  oa 
l'emploie  en  fauconnerie.  Le  jeune  a  les  taches  de  dessous 
en  flèches  ou  en  larmes  long'tîidinales  et  rousses ,  et  les 
plumes  de  son  manteau  sont  aussi  bordées  de  roux. 

11  y  a  des  espèces  étrangères  encore  plus  petites  (2}. 

Mais  il  y  en  a  aussi  de  beaucoup  plus  grandes.  Ainsi 

UEperi^ier  chanteur  (  Faucon  chanteur  ^  Yail, ,  Afr.  ^xxyii, 

Falco  musicus  j  Daud.  ), 

Est  grand  comme  l'autour  ,  cendré  dessus  ,  blanc  rave 
ide  brun  dessous  et  au  croupion.  On  le  trouve  en  Afrique, 
«»ii  il  chasse  aux  perdrix  ,  aux  lièvres  ,  et  niche  sur  des  ar- 
bres. C'est  la  seule  espèce  connue  d'oiseaux  de  proie  qui  chante 
agréablement  (5). 

Les  Milans.  (  Milvus.  Bechsteîn.  ) 

Ont  des  tarses  courts  ,  des  doigts  et  ongles  faibles ,  qui  , 
îoinls  à  un  bec  également  peu  proportionné  à  leur  taille  ,  en 
font  les  espèces  les  plus  lâches  de  tout  le  genre  ;  mais  ils  se 
distinguent  par  leurs  ailes  excessivement  longues  et  par  leur 
queue  fourchue ,  qui  leur  donnent  le  vol  le  plus  rapide  et  îc 
plus  facile. 

Les  uns  ont  les  tarses  très-courts  ,  réticulés ,  et  à  demi  rs- 

(i)  Ici  vient  le  f.  nielanops ,  Lalh. 

{1)  Comme  le  gahar  ,  Vaill.  Afr.  33.  (  F.  gahar  ,  Sh.)  Le  minule  ,  id. 
34,  (  F.  miiiullus  ,  3h.  ) 

(3)  Autres  éperviers  e'trangers.  La  buse  mixte  couleur  île  plomb  ,  Azz. 
a**  67.  Le /a/c.  viagnirostris  ^  enl.  460»  — -  Le/,  «olumbarius  Caiesb.  5 

TOTtîE     1 .  2  1 


322  OISEAUX 

•vêtus  de  plumes  par  le  Laui ,  comme  la  dernière  petite  tribu 
des  aigles.  (Elanus,  Savigny.  ;  Tels  sont 

Le  Blac yYâil.j  Afr.  xxxvi  et  xxxvk. 

Grand  comme  un  épervier ,  à  plumage  doux  et  soyeux  , 
à  queue  peu  fourchue,  cendré  dessus,  blanc  dessous ,  les 
petites  couvertures  des  ailes  noirâties  :  le  jeune  est  brun 
varié  de  fauve.  Cet  oiseau  est  commun  depuis  l'Egypte  jus- 
qu'au Cap.  Il  ne  chasse  guère  qu'aux  insectes. 

Le  Milan  de  la  Caroline.  {Falcofurcatus.  Lin.  )  Catesb.,  iv. 

Blanc  ,  les  ailes  et  la  queue  noires  ,  les  deux  pennes  ex- 
térieures de  celle-ci  très-longues  ;  plus  grand  que  le  précé- 
dent. Il  attaque  aussi  les  reptiles. 

Les  Milans  proprement  dits  , 
Ont  les  tarses  écussonnés  et  plus  forts. 

Notre  Milan  commun,  {Falco  inilvus  ,  Lin.  )  Enl. ,  4^2. 

,  Fauve,  les  pennes  des  ailes  noires ,  la  queue  rousse  ;  ce- 
lui de  tous  nos  oiseaux  qui  se  soutient  en  Pair  le  plus  long- 
temps et  le  plus  tranquillement.  11  n'attaque  guère  que  des 
reptiles  (i). 

Les  Bo?jdrées.  (  Pernis.  Cuv.  )  (2). 

Ont  j  avec  un  bec  faible  de  milan  ,  un  caractère  très-parti- 
culier,  en  ce  que  l'intervalle  entre  l'oeil  et  le  bec  ,  qui ,  dans 
tout  le  reste  du  genre  /iïZco ,  est  nu,  et  garni  seulement  de 
quelques  poils ,  se  trouve  chez  elles  couvert  de  plumes  bien 
serrées  et  coupées  en  écailles  ;  leurs  tarses  sont  à  demi  emplu- 
més  vers  le  haut ,  et  réticulés  :  elles  ont  du  reste  la   queue 

(i)  Ajoutez  le  parasite  ,  Vaill.  Afr.  22  ,  ou  le  milan  noir ,  enl.  472  ^  c'est 
lejalc.  ater  ,  lefalc.  œgyptius ,  etiefalc.Jorskahlil  Gniel.  lefahpara- 
siticus  ,   Lath.  et  Shaw. 

N.  I*.  hefalc.  austriacus  Cm.  est  le  jeune  du  milan  commun. 

(2)  Pernis  ou  pernès  ,  dénomination  d'une  sorte  d'oiseaux  <\c  proie, 
selua  Arislotc. 


V    I^ïî    PU  OIE.  32.3 

égale,  les  ailes  longues^  le  bec  courbé  dès  sa  base,  comme 
tous  ceux  qui  vont  suivre.  Nous  n'en  possédons  qu'une  espèce. 

La  Bondrée  commune,  (  Falco  apivorus.  )  Enl.,  420. 

Un  peu  moindre  que  la  buse ,  brune  dessus  ,  difFérem- 
menl  ondée  de  brun  et  de  blaiicbâtre  dessous,  selon  les  in- 
dividus :  la  tête  du  mâle  est  cendrée  à  un  certain  âiie.  Crt 
oiseau  cbasse  aux  insectes  ,  surtout  aux  guêpes  et  aux 
abeilles. 

Il  en  existe  quelques  autres  dans  les  pays  étrangers. 

La  Bondrée  huppée  de  Java. 

Toute  brune  ,  à  tête  cendrée  comme  la  nôtre ,  mais  à 
queue  noire  ,  avec  une  bande  blancbâlre  sur  le  milieu  j  une 
huppe  brune  à  l'occiput.  Elle  a  été  rapportée  de  Java  par 
M.  Leschenaut. 

Les  Buses.  (Buteo.  Becbstein.  ) 

Ont  les  ailes  longues,  la  queue  égale  ,  le  bec  courbé  dès  sa 
base,  l'intervalle  entre  lui  et  les  yeux  sans  plumes,  les  pieds 
forts. 

Il  j  en  a  qui  ont  les  tarses  emplumés  jusqu'aux  doigts.  Elles 
se  distinguent  des  aigles  par  leur  bec  courbé  dès  la  base  ,  des 
autours  ou  aigles-autours  à  tarses  empennés ,  par  leurs  ailes 
longues.  Nous  en  possédons  une. 

La  Buse  patue.  [Falco  pennatus.  )  Frisch,  lxxv  (i). 
A^aillant ,  Afr. ,  xviii. 

Yariée  assez  irrégulièrement  de  bruri  plus  ou  moins  clair 
et  de  blanc  plus  ou  moins  jaunâtre,  est  r.n  des  oiseaux  les 

(i)  Cette  buse  est  quatre  fois  dans  Gmelin,  sans  y  être  jamais  à  sa 
place.  C'est  \e  fcdco  lagopus ,  hrit  zool.  ap.  t.  I5  \e  falco  communis  ^ 
leucephalus ,  Frisch.  yS  ;  le  falco  pennatus  ,  Briss.  ap.  pi.  ij  le  falco 
S ancti-J ohannis ,  arct.  zool. ,  pi.  ix.  —  Les^a/c.  coinmunis fuscus ,  f.  varier 
galus,  f.  alùidus  ,i.  versicolor ,  Gm.  ne  sont  que  différens  états  de  la  buse 
ordinaire. 


324  OISEAUX 

plus  répandus  ;  on  l'a  trouvée  presque  partout ,  et  on  fa 
presque  toujours  regardée  comme  variété  de  quelque  autre 
oiseau. 

Mais  le  plus  grand  nombre  des  buses  a  les  tarses  nus  et 
écussonnés.  Nous  n'avons  ici  que 

La  Buse  commune.   (  Falco  buteo.  )  Enl.  ^  4^9* 

^  Brune  ,  plus  ou  moins  ondée  de  blanc  au  ventre  et  à  la 

gorge ,  est  l'oiseau  de  proie  le  plus  abondant  et  le  plusnui-i 

sible  de  nos  contrées.  Elle  demeure  toute  l'année  dans  nos 

forêts  j    tombe  sur  sa  proie  du  liant  d'un  arbre  ou  d'une 

buiie,et   détruit  beaucoup  de  gibier. 

Mais  on  peut  remarquer  parmi  les  buses  étrangères, 

Le  Bâcha.  Vail. ,  Afr. ,  pl.xv. 

Grand  comme  la  notre ,  brun  ,  à  petites  taches  rondes  et 
blanches  sur  les  côtés  de  la  poitrine  et  sur  le  ventre;  une 
huppe  noire  et  blanche,  une  large  bande  blanche  sur  le  mi- 
lieu de  la  queue.  C'est  un  oiseau  d'Afrique  très-cruel ,  qui 
fait  sa  principale  proie  des  damans  (i). 

Les  Busards.  (  Circcs.  Bechstein.  ) 

Diffèrent  des  buses  par  leurs  tarses  plus  élevés  ,  et  par  une 
espèce  de  collier  ,  que  les  bouts  des  plumes  qui  couvrent  leurs 
oreilles  forment  de  chaque  côté  de  leur  cou. 

INous  en  avons  deux  espèces  dans  ce  pays-ci ,  que  les  va- 
riations de  leur  plumage  out  fait  multiplier  par  les  nomen- 
clateurs» 

La  Souhuse  (  Falco  pj^gargus  )  y  enL  ,  44^  ^^  4^0  ; 
Brune  dessus,  fauve  tachetée  en  long  de  brun  dessous  ;  le 
croupion  blanc.  U Oiseau  Saint-Martin  (Falco  cjaneus  et 


(i)  Autres  buses  cirangères  :  le  r(U-noir,  Vaill.  Atr.  i6.  (  F.  jackal  , 
Dau<i.  et  Sh.)  —  Le  tachanl ,  id.  19.  (F.  tachan'us  ,  Sh.)  —  Le  buscray, 
id.  20.  (F.  husavcîlus  ,  Sh.  )  —  Le  biisoa  ,  iJ.  21.  (  F.  buson  ,  Sh.  )  —  Le 
tachiio  ,  id.  24*  0-  '  tachiro  ,  Sh.  )  —  La  buse  des savannes  noyées  ,  Az». 
53.  —  Le  viilaa  cresserelle  ,  Vieill.  Amc^r.  10  bis. 


DE    PROIK.  3^5 

T.  alhicans  )  (i) ,  enl.  45o,  cendré  ,  a  pennes  des  ailes  noi- 
res ,  ne  parait  être  que  la  vieille  soubusp  mâle. 

La  Harpaje.  (  Falco  rufus.  )  Enl.,  470. 

Brunâtre  et  rousse  ^  la  queue  et  les  pennes  primaires  de 
l'aile  cendrées.  Le  Busard.  (  Falco  œruginosas.  )  Eal.  ,  424* 
Brun,  avec  du  fauve-clair  à  la  tête  et  à  la  poitrine,  n'est 
que  le  même  oiseau  à  l'âge  d'un  an.  Cette  espèce  se  tient  de 
préférence  à  portée  des  eaux  ,  pour  y  donner  la  chasse  aux 
reptiles  (2). 

Enfin  le 
Messager  ou  SEcrvfxAiRE  (  Serpentarius,  Cuv.  ,  Gypo- 

GERANUS^  Illig.  ), 

Est  un  oiseau  de  proie  d'Afrique  ,  qui  a  les  tarses  au  moins 
du  double  plus  longs  que  les  précédens,  ce  qui  l'a  fait  ran- 
ger par  plusieurs  naturalistes  avec  les  échassiers  ;  mais  ses 
jambes,  entièrement  couvertes  de  plumes  ,  son  bec  crochu 


(i)  C'est  aussi  le  falco  commwiis  E  aîbus  Frisch.  ,  pi.  lxxx.  l^&falc. 
montanus  B,  et  le  f aie,  gris  pus  ,  Gin.  ,  et  même  son  falc.  Lohemicus. 

(2)  Espèces  étrangères. —  Falco  hudsonius ,  Edw.  107  ,  qui  n'est  peut- 
être  qu'une  variété  du  pygargus.  —  Falco  uUginosus  ,  id.  '-igi.  — Uacoli, 
Vaill.  Afr.  3r.  (F.  acoU  ,  Sh.  )  —  he  tchoug  ,  id.  01,  et  Sonnerai  , 
II  ,  182.  (F.  melanoleucos.  )  —  N.  B.  Le  grenouillard  ,  Vaill.  Afr.  23. 
(  F.  raniuonis  ,  Sh.  )  n'est  que  la  soubuse ,  ainsi  que  le  busard-roux  , 
Vieill.  Araér.  ,    pi.  ix. 

JY.  B.  J'ai  été  obligé  de  passer  sous  silence  plusieurs  espèces  intéres- 
santes d'oiseaux  de  proie  diurnes  ,  parce  que  je  n'ai  point  eu  de  figures  ù 
eu  indiquer  ,  et  que  les  descriptions  de  cette  famille  sont  presque  tou- 
jours trop  vagues  pour  donner  luie  synonymie  certaine.  Aussi  est-ce  celle 
où  les  espèces  sont  le  plus  embrouillées  et  le  plus  gratuitement  multi- 
pliées. Cette  famille  offrirait  aux  artistes  un  sujet  beaucoup  plus  neuf  que 
les  oiseaux  à  couleurs  brillantes  qu'ils  reproduisent  tant  de  fois.  J'ai  été 
aussi  empêché  de  classer  plusieurs  des  espèces  de  MM.  Vaillant  et  Vieillot, 
faute  d'avoir  pu  les  observer  par  moi-même. 


320  ^         OISEAUX 

et  fendu  ^  ses  sourcils  saillans  ,  et  tous  les  détails  de  son 
anatomie ,  le  placent  dans  l'ordre  actuel.  Sou  tarse  est 
écussonné  ,  ses  doigts  courts  à  proportion  ,  le  tour  de  son 
œil  dénué  de  plumes-  il  porte  une  longue  huppe  roide  à 
l'occiput,  et  les  deux  pennes  mitoyennes  de  sa  queue  dépas- 
sent beaucoup  les  autres.  Il  liabite  les  lieux  arides  et  dé- 
couverts des  environs  du  Cap,  où  il  poursuit  les  reptiles  à 
la  course  ;  aussi  a-t-il  les  ongles  usés  à  force  de  marcher. 
Sa  grande  force  est  dans  le  pied.  (  C'est  le  Falco  serpenta- 
7'ius.  Gui.  )  Enl. ,  721 . 

Les  Oiseaux  de  proie  nocturnes. 

Ont  la  tête  grosse;  de  très-grands  yeux  diri- 
geas en  avant ,  entoures  d'un  cercle  de  plumes 
effilées  5  dont  les  antérieures  recouvrent  la  cire 
du  bec  5  et  les  postérieures  l'ouverture  de 
l'oreille.  Leur  énorme  pupille  laisse  entrer  tant 
de  rayons  qu'ils  sont  éblouis  par  le  plein  jour. 
Leur  crâne  épais^  mais  d'une  substance  légère, 
a  de  grandes  cavités  qui  communiquent  avec 
l'oreille  et  renforcent  probablement  le  sens  de 
l'ouïe  ;  mais  l'appareil  relatif  au  vol  n'a  pas  une 
grande  force  ;  leur  fourchette  est  peu^résislante  ; 
leurs  plumes  à  barbes  douces,  finement  duve  tées, 
ne  font  aucun  bruit  en  volant.  Le  doigt  externe 
de  leur  pied  se  dirige  à  volonté  en  avant  ou  en 
arrière.  Ces  oiseaux  volent  surtout  pendant  le 
crépuscule  et  le  clair  de  lune.  De  Jour  ,  quand 
i's  sont  attaqués  ,  ou  frappés  de  quelque  objet 


DE    PROIE.  327 

nouveau  ,  sans  s'envoler  ils  se  redressent,  pren- 
nent des  postures  bizarres  et  font  des  gestes 
ridicules. 

Leur  gésier  est  assez  musculeux ,  quoique 
leur  proie  soit  toute  animale ,  consistant  en 
souris  5  petits  oiseaux ,  insectes  ;  mais  il  est 
précédé  d'un  grand  jabot ,  les  cœcums  sont 
longs  5  et  élargis  à  leur  fond ,  etc.  Les  petits 
oiseaux  ont  contre  ceux-.ci  une  antipatliie  natu- 
relle 5  et  se  réunissent  de  toute  part  pour  les 
assaillir ,  ce  qui  fait  qu'on  les  emploie  pour 
attirer  les  oiseaux  aux  pièges  ,  on  n'en  a  fait 

^   qu'un  genre. 

Il  (Strix.  Lin.  ) 

Que  l'on  peut  diviser  d'après  leurs  aigrettes ,  îa' 
^;    grandeur  de  leurs  oreilies ,  l'étendue  du  cercle  de  plu-- 
mes  qui  entoure  leurs  yeux  ,  et  quelques  autres  ca- 
ractères. 

Les  espèces  qui  ont  autour  des  yeux  un  grand  disque  bien 
complet  de  plumes  effilées  ,  entouré  lui-même  d'un  cercle  ou 
collerette  de  plumes  écailleuses  ,  et  entre-deux  une  grande 
ouverture  d'oreille  ,  sont  plus  éloignées  pour  la  forme  et  pour 
les  moeurs  des  oiseaux  de  proie  diurnes  ,  que  celles  où  l'oreille 
est  petite  ,  ovale  ,  et  recouverte  par  des  plumes  effilées  qui  ne 
viennent  que  de  dessous  l'oeil.  On  voit  des  traces  de  ces  diffi3- 
rences  jusque  dans  le  squelette. 

Parmi  ces  premières  espèces ,  nous  nommerons 

HiEOus  (  O  rus  ,  Cuv.  ) , 

Celles  qui  ont  sur  le  front  deux  aigrettes  de  plumes  qu'elles^ 
relèvent  à  volonté  ;  dont  la  conque  de  l'oreille  ^'étend  eu  demi- 


3^8  OISEAUX 

cercle  depuis  le  bec  jusque  vers  le  sommet  de  la  léle ,  et  es^l 
garnie  en  avant  d'un  opercule  membraneux.  Leurs  pieds  sont 
garnis  de  plumes  jusqu'aux  ongles.  Telles  sont  en  Europe 

Le  grand  Hibou  à  huppes  courtes  (  i  ) .  (  Str,  ascalaphus, 
Savigny,  Eg.)  Brit.  zool. ,  tab.  B.,  m. 

D'un  quart  plus  grand  que  le  commun ,  comme  lui  fauvç 
tacheté  de  brun^  et  vermiculé  sur  les  ailes  et  le  dos,  mais 
le  ventre  rayé  en  travers  de  lignes  étroites,  et  des  aigrettes 
très-courtes.  D'Afrique. 

Le  Hibou  commun  ou  mojten  Duc.  Buff.  {Sir.  dus.  L. ) 

Friscli,  LXXXXIX3  Brit.  zool.,  tab.,  B,  iv,  f.  i. 
Fauve ,  avec  des  taches  longitudinales  brunes  sur  le  corps 
et  dessous;  vermiculé  de  brun  sur  ies  ailes  et  le  dos,  des 
aigrettes  longues  comme  la  moitié  de  U  tète,  huit  ou  neuf 
bandes  sur  la  queue  (2). 

La  Chouette  ou  le  moj-en  Duc ,  à  huppes  courtes.  {Str.  ulula, 
et  str.  brachyotos.  Gm.)  Enl.,  438j  Frisch,  C)  Brit. 
zool.,  lab.,  B^  IV,  f.  2, 

Presque  semblable  au  précédent  pour  les  couleurs,  le  dos 
non  réticulé,  iijais  des  lignes  étroites  sur  le  ventre  ,  et  quatre 
ou  cinq  bandes  brunes  sur  la  queue.  Les  huppes  ne  se 
trouvent  que  dans  le  mâle  j  elles  sont  si  petites ,  et  il  les 
relève  si  rarement,  qu'elles  n'ont  presque  jamais  été  remar- 
quées, et  qu'on  l'a  toujours  laissé  parmi  les  espèces  sans 
huppes ,  ou  qu'on  en  a  fait  deux  espèces. 

Parmi  les  hibous  étrangers,  on  peut  remarquer 


(i)  lien  paraît  quelquefois  en  Europe  5  témoin  celui  qtie  représente  la 
Zoologie  britannique  ,  et  dont  la  figure  a  tant  embarrassé  les  naturah'stes. 

{1)  Le  duc  mexicain  ,  Daud.  (  str,  mexicana  et  americana  ,  Gm.  )  ne 
diffère  de  nvjtre  i.ibou  commun  que  par  des  tacbes  plus  noires  ,  moins 
lavées. 


DE    PROIE.  829 

3Le  grand  Hibou  cV Amérique,  (Str,  biiho  magellanîcus  et 
str.  virgîîiiann.  Gra.)Enl.,  585  ^Edw.,  70  j  Daud,,II,  xiii. 
Jaciirr/tu  de  Marg.,  Nacurulu  de  d'Azz. 

Presque  de  la  laiile  de  notre  grand  duc ,  rayé  en  travers 
de  brua  en  dessous,  brun  piqueté  de  noir  en  dessus.  Il  est 
répandu  d'une  extrémité  à  l'autre  du  nouveau  continent, 
oii  il  se  tient  dans  les  bois 

Il  y  en  a  une  espèce  fort  semblable ,  mais  d'un  quart  plus 
petite  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

On  pourrait  réserver  le  nom  de 

Chouettes.  (Ulula.  Cuv.) 

Pour  les  espèces  qui  ont  le  bec  et  l'oreille  des  liibous,  mais 
non  leurs  aigrettes  Nous  n'en  possédons  point  de  telles  ici  ; 
mais  il  y  en  a  dans  le  nord  des  deux  continens  ,  par  exemple  ; 

La  grande  Clioikeile  grise  de  Suède.  (  Str.  liiturata  de 

Ptetzius.  ) 

Presque  de  la  taille  de  notre  grand  duc  ;  mélangée  de 
gris  et  de  brun  dessus,  blanchâtre  ,  à  taches  longitudinales 
gris-brunes  dessous  Elle  habite  les  montagnes  du  nord  de 
la  Suéde. 

La  Chouette  du  Canada.  (Str.  nehulosa.  Gm.) 

Un  peu  moindre  que  la  précédente;  le  cou  et  la  poitrine 
barrés  en  travers  de  brun  et  de  blanchâtre,  dos  brun 
^  taches  blanchâtres,  ventre  blanchâtre  à  mèches  brunes. 

Les  Effrayes.   (Stkix.  Savigny.  ) 

Ont  l'oreille  aussi  grande  que  les  hibous  et  pourvue  d'un  oper- 
cule qui  l'est  encore  plus  que  celui  de  ces  derniers-,  mais  leur 
bec  allongé  ne  se  courbe  que  vers  le  bout,  tandis  que,  dans  tous 
les  autres  sous-genres,  il  est  arqué  dès  la  pointe.  Elles  manquent 
d'aigrettes;  leurs  tarses  sont  emplumés,  mais  elles  n'ont  que 
des  poils  à  leurs  doigts.  Le  masque  formé  par  les  plumes 
effilées,  qui  entourent  leurs  yeux,  a  plus  d'étendue,  et  leur 


33o  OISEAUX 

donne  une  physionomie  plus  extraordinaire  encore   qu'aux 

autres  espèces. 

L'espèce  commune  en  France,  (Str.Jlammea.h.)  Enl. , 
440  ;  Frisch  ,  lxxxxvii  ,  paraît  répandue  sur  lout  le 
globe.  Son  dos  est  nué  de  fauve  et  de  ceindre  ou  de  brun, 
joliment  piqueté  de  points  blancs  enfermés  chacun  entre 
deux  points  noirs,  et  son  ven  re  tantôt  blanc,  tantôt 
fauve,  avec  ou  sans  mouchetures  brunes.  Elle  niche  dans 
les  tours,  les  clochers;  et  c'est  elle  que  le  peuple  regarde 
plus  spécialement  comme  un  oiseau  de  mauvais  augure. 

Li'S  Ghats-Huans.  (Syrnium.  Savigny.) 

Ont  le  disque  de  plumes  efiBlées,  et  la  collerette  comme  les 
précédens -,  mais  leur  conque  se  réduit  à  une  cavité  ovale 
qui  n'occupe  pas  moitié  de  la  hauteur  du  crâne  ;  ils  n'ont 
point  d'aigrettes ,  et  leurs  pieds  sont  emplumés  jusqu'aux 
ongles. 

Le  Chat-Huant  de  ce  pays-ci,  (Str.  aluco  et  stridula.   L.  ) 
Hulotte^   Chouette  des  bois ,  efc.  Enl. ,  44^  ?  4^7  j   Frisch, 

LXXXXIV,  LXXXXV,  LXXXXVI. 

Est  un  peu  plus  grand  que  le  hibou  commun,  couvert 
partout  de  taches  longitudinales  brunes,  déchirées  sur  les 
côtés  en  dentelures  transverses;  il  a  des  taches  blanches  aux 
scapulaires  et  vers  le  bord  antérieur  de  l'aile.  Le  fond  du 
plumage  est  grisâtre  dans  le  mâle,  ronssâtre  dans  la  femelle; 
ce  qui  les  avait  fait  long -temps  considérer  comme  deux 
espèces  (i).  Ces  oiseaux  nicbent  dans  les  bois,  ou  pondent 
souvent  dans  des  nids  étrangers,  et  se  tiennent  dans  de  vieux 
troncs  d'arbres. 


(i)  Les  str.  syhcslris  ,  nifa ,  noctua  ,  aWa  de  scopoli  et  le  str.  solo- 
niensis  que  Gmelin  a  intercalés  clans  son  système  ,  sont  tropindctcnnincs 
pour  être  considérés  corame  autre  chose  que  des  variétés ,  probablement 
du  chat- huant. 


DE    PROIE.  33  l 

ISous  réservons  le  nom  de 

Ducs.  (  BuBO.  Cuv.  ) 
Aux  espèces  qui,  avec  la  conque  aussi  petite  et  le  disque 
de    plumes   moins    marqué    que    les  chats -liuans ,    pos- 
sèdent des  aigrettes.  Celui  qu'on  connaît  a  de  gros  pieds 
emplumés  jusqu'aux  ongles 3  c'est 

Le  grand  Duc  des  naturalistes.  {Str.  buho,)  Enl., 
434  ;  Frisch.^  lxsxxiii. 

Le  plus  grand  des  oiseaux  de  nuit,  fauve  ,  avec  une  mëclie 
et  des  pointillures  latérales  brunes  sur  chaque  plume j  le 
brun  est  plus  abondant  dessus,  le  fauve  desaous,  les  aigrettes 
presque  toutes  noires  (i). 

Les  Chouettes  a  aigrettes.  (Vaill.  Afr.  xltii.) 

Ne  sont  que  des  ducs  dont  les  aigrettes,  plus  écartées  et 
placées  plus  en  arrière ,  ne  se  relèvent  que  difficilement 
au-df  ssus  de  la  ligne  horizontale.  On  n'en  connaît  qu'une  de 
la  Guiane^  à  plumage  roux  ou  brun  finement  rayé  de  noirâtre , 
les  aigrettes  blanches  à  leur  bord  interne,  et  quelques  larmes 
d'un  beau  blanc  sur  l'aiie. 

Les  Chevècfîes.  (  Noctua.  Savigny.  ) 

IN'ont  ni  aigrettes,  ni  conque  de  l'oreille  évasée  et  enfoncée  ; 
l'ouverture  en  est  ovale,  h  peine  plus  grande  que  dans  les 
autres  oiseaux;  le  disque  de  plumes  effilées  est  moins  grand  et 
moins  complet  encore  que  dans  les  ducs. 

Quelques-unes  se  font  remarquer  par  une  lotigue  queue 
etagée  ;  elles  ont  les  doigts  très-emplumés  ;  on  les  nomme 
CHOUETTES  ÉPEEviERs.  (  SuRNTA.  Duuicr.  )  Il  paraît  qu'il  en 
existe,  dans  tout  le  nord,  quelques  espèces  ou  variétés  très- 


(i)  On  ne  peut  admettre  le  str.  scaiidlaca  ,  L.  qui  ne  repose  que  sm 
une  figure  laissée  par  Riidbek  ,  et  faite  probablen;ent  d'après  un  variété 
du  grand  dac. 


332  OISEAUX 

voisines  et  assez  mal  distinguées  sous  les  noms  de  sir.  futierea , 

hudsonia  j  iiralensis  ^  accipitrina  j  etc. 

L'espèce  la  mieux  connue  (  enl.  ,  47^)  ^^  Sibérie, 
hrun-noiràtre  dessus,  avec  des  taclies  blanches  en  froutte- 
lettes  sur  sa  tête,  en  barres  tranversales sur  les  scapulaires, 
rayée  transversalement  de  blanc  et  de  brun  en  dessous,  avec 
dix  lignes  Iransverses  blanches  sur  la  queue;  chasse  plus 
le  jour  que  la  nuit.  Mais  Vaillant  en  a  fait  connaître  une 
autre  d'Afrique  (son  choucou,  \\^  xxxviii)  toute  blanche  en. 
dessous,  à  quatorze  ou  quinze  lignes  sur  la  queue,  et,  selon 
lui,  plus  nocturne  encore  que  les  autres  chouettes. 

D'autres  ont  la  qneue  courte  et  les  doigts  emplumés.  La  plus 
grande,  et  en  même  temps  le  plus  grand  oiseau  de  nuit  sans 
aigrettes,  est 

Le  Harfang.  (Str,  nyctea.  L. )  Enl.,  458. 

Qui  égale  presque  le  grand  duc  pour  la  taille.  Son  plumage 
blanc  de  neige  est  marqué  de  taches  transversales  brunes  qui 
disparaissent  à  mesure  que  l'animal  vieillit.  Il  habite  le  nord 
des  deux  continens ,  niche  sur  des  rochers  élevés,  chasse  aux 
lièvres,  aux  coqs  de  bruyère,  aux  lagopèdes,  etc.  (i) 

Il  y  en  a,  dans  le  reste  de  l'Europe ^  des  espèces  beaucoup 
plus  petites,  telles  que 

La  Chevêche  commune ouperîée.  {Str. passerina  eiteîigmalmi, 
Gm.  Str.  pj^gmœa.  Bechst.)  Enl. ,  459»  La  Chevechette* 
Vaill.  Afr.,  xlvi. 

A  peine  plus  grande  qu'un  merle,  brun  foncé,  à  gorge 
blanche,  des  taches  blanches  et  rondes  sur  les  ailes  et 
la  poitrine,  quatre  lignes  blanches  sur  la  queue.  Il  y 
en  a  plusieurs  espèces  très  -  voisines  en  Amérique ,  aux 
Indes,  etc. 


(j)    La  chouette  hJanche,  Vaill.  Afr.    /\5  ,  n'est  qu'un  vieux  haifang 
Les  c'ifi'ereuces  aik'gutes  clans  les  proportions  tiennent  à  rempaillage. 


.     BE   PROIE.  333 

ta  Chevêche  rousse.  {Stn  passerina.  Meyer.  et  Wolf.) 

A  teintes  plus  rousses ,  soit  sur  le  brun ,  soit  sur  le  blanc  ^ 
iin  demi  -  collier  blancliâtre  sur  le  cou  ^  des  tacbes  trian- 
gulaires rousses  sur  les  côtés  de  la  queue,  les  doigts  seule- 
ment velus.  Elle  est  encore  plus  petite  que  la  précédente^ 
et  ressemble  presque  tout-à-fait  pour  la  tête  a  un  épervier  (i). 

D'autres  enfin  ont  la  queue  courte  et  les  doigts  nus. 
Cayenne  en  fournit  plusieurs  belles  espèces ,  et  notamment 
les  trois  suivantes  : 

La  Chevêche  fauve,  {Str.  cajennensis.  Gm.  )Enl.^ 

442. 

Irrégulièrement  et  finement  rayée  en  travers  de  brun  sur 
nu  fond  fauve. 

La  Chevêche  noire  ou  HuhuL  (Vaill.  Afr. ,  xli.  ) 

Puayée  de  blanc  sur  un  fond  noir,  quatre  lignes  blancbes 
sur  la  queue.  Elle  fuit  si  peu  la  lumière  qu'on  l'appelle 
«bouette  de  jour.  La  taille  de  ces  deux  espèces  est  celle  de 
notre  cbouette  commune. 

lia   Chevêche  à  collier,  (<Sfr.  ior^aa^^.  Daud.)  Vaillant, 

Afr.,  XLii. 

Brune  dessus ,  blancliâtre  dessous ,  le  tour  des  yeux  et  un 
ruban  bruns  sur  la  poitrine,  la  gorge  et  les  sourcils  blancs. 
Elle  surpasse  le  cbat-buant  en  grandeur  ;  c'est  le  nacurutu 
sans  aigrettes  de  d'Azzara. 

11  y  en  a  même  en  Amérique  qui  ont  les  tarses  nus  aussi- 
bien  que  les  doigts,  telle  est  la  chevêche  nudipede.  {Str. 
nudipes.  Daud.  )  Vieill.  Amer.,  xvi. 

Enfin  les  Scops.  (Scops.  Savigny,  ) 

Ont,  avec  les  oreilles  à  fleur  de  tête,  les  disques  imparfaits 


(1)  L'histoire  des  pelils  chevrches  d'Europe  n'est  pas  encore  çissezéclair- 
cie  j  chacun  ayant  pris  la  plus  petite  qu'il  connaissaii  pour  le  str.  passerina , 
il  en  est  résulté  uae  grande  confusion  dans  les  synonymes. 


334  •  OISEA.UX 

et  l 'S  doigts  nus  des  précédentes,  des  aigrettes  analogues  a 

celles  des  ducs  et  des  hibous. 

Il  y  en  a  un  dans  ce  poys-ci  (Str.  scops.)  Enl.,  4^^» 
à  peine  grand  comme  un  merle,  à  plumage  cendré,  plus  ou 
moins  nué  de  fauve,  joliment  varié  de  petites  mèches  lon- 
gitudinalesnoires, étroites,  et  de  lignes  transversales  vcrnii- 
culées  grises,  avec  une  suite  de  taches  hianchâtres  aux 
scapulaires,  et  six  ou  huit  plumes  à  chaque  aigrette  j  c'est  un 
joli  petit  oiseau  (i). 

LE  DEUXIÈME  ORDRE  DES  OISEAUX, 

OU  LES  PASSEREAUX, 

Est  le  plus  nombreux  de  toute  la  classe. 
Son  caractère  semble  d'abord  purement  néga- 
tif, car  il  embrasse  tous  les  oiseaux  qui  ne  sont 
ni  nageurs ,  ni  échassiers  ,  ni  grimpeurs,  ni  ra- 
paces  5  ni  gallinacés.  Cependant,  en  les  compa- 
rant, on  saisit  bientôt  entre  eux  une  grande 
ressemblance  de  structure  ,  et  surtout  des 
passages  tellement  insensibles  d'un  genre  à 
l'autre  ^  qu'il  est  difficile  d'y  établir  des  sub- 
divisions. 

Ils  n'ont  ,  ni  la  violence  des  oiseaux  de 
proie,  ni  le  régime  déterminé  des  gallinacés  ou 


(i)  Nous  ne  voyons  pas  de  différence  entre  le  str.  zorca  de  Cetii ,  le 
sLr.  carnioUca  de  Scopoli ,  le  sir.  pulchclla  de  Pallas  et  le  scops  ]  ces  auteurs 
auront  cru  leurs  oiseaux  distincts  parce  que  Liaueus  ne  donnait  qu'une 
plume  aux  aigrettes  du  sien. 


PASSEREAUX.  335 

des  oiseaux  d'eau  ;  les  Insectes  ,  les  fruits  ,  les 
grains,  fournissent  à  leur  nourriture;  les  grains 
d'autant  plus  exclusivement,  que  leur  bec  est 
plus  gros  ;  les  insectes ,  qu  iLest  plus  grêle.  Ceux 
qui  l'ont  fort  poursuivent  même  les  petits 
oiseaux  (i). 

Leur  estomac  est  en  forme  de  gésier  muscu- 
leux  \  ils  ont  généralement  deux  très  -  petits 
cœcums  5  c'est  parmi  eux  qu'on  trouve  les  oi- 
seaux chanteurs  et  les  larynx  inférieurs  les  plus 
compliqués. 

La  longueur  proportionnelle  de  leurs  ailes  et 
l'étendue  de  leur  vol ,  sont  aussi  variables  que 
leur  genre  de  vie. 

Leur  sternum  n'a  d'ordinaire  qu'une  échan- 
crure  de  chaque  côté  à  son  bord  inférieur.  Ce- 
pendant, il  en  a  deux  dans  les  roUiers,  les  mar- 
tins  pêcheurs ,  les  guêpiers ,  et  en  manque  tout- 
a-fait  dans  les  martinets  ,  les  colibris. 

Nous  faisons  notre  premier  partage  d'après 
les  pieds  ,  ensuite  nous  avons  recours  au  bec. 

La  première  et  la  plus  nomb^^euse  division 
comprend  les  genres  ou  le  doigt  externe  est 


(i)  Malgré  tous  mes  efforts,  il  m'a  été  impossible  de  trouver,  ni  à 
r.-xlérieur  ,  ni  à  l'intérieur,  aucun  caractère  propre  à  séparer  des  passe- 
ioaux  ceux  des  genres  compris  parmi  les  picoe  de  Litmaeus  qui  ne  sont 
j^as  grimpeurs. 


336  OISEAUX 

réuni  à  l'interne,  seulement  par  une  ou  par 

deux  phalanges. 

La  première  famille  de  cette  division  est 
celles  des 

DENT ï ROSTRES 

Dont  le  bec  est  échancré  aux  côtés  de  la 
pointe.  C'est  dans  cette  famille  que  se  trouvent 
le  plus  grand  nombre  des  oiseaux  insectivores  ; 
cependan  t, presque  tous  mangent  aussi  des  bayes 
et  autres  fruits  tendres. 

Les  genres  se  déterminent  par  la  forme  géné- 
rale du  bec  ;  fort ,  et  comprimé  dans  les  pies- 
griècbes  et  dans  les  merles  ;  déprimé  dans  les 
gobe-mouclies  ;  rond  et  gros  dans  les  tangaras  ; 
grêle  et  pointu  dans  les  becs-fins. 

Les  Pies-Grièciies.  (Lanius.  Lin.) 

Ont  le  bec  conique  ou  comprimé  y  plus  ou  moins 
crochu  au  bout. 

Les  Pies-Giîièches  proprement  dites  ^ 

L'ont  triangulaire  à  la  base  ,  comprimé  par  les  côtés- 
Les  unes  ont  l'arête  supérieure  arquée  ;  celles  où  sa  pointe 
est  forte  et  bien  crocliue  ,  ont  un  courage  et  une  cruauté  qui  les 
ont  fait  associer  aux  oiseaux  de  proie  par  beaucoup  de  natura- 
listes. Elles  poursuivent  en  effet  les  petits  oiseaux ,  et  se  dé- 
fendent avec  succès  contre  les  gros,  attaquent  même  ceux-ci 
quand  il  s'agit  de  les  éloigner  de  leur  nid. 

Les  pies-griècbes  vivent  en  famille  ^  volent  inégalement  et 
pricipilamment ,  en  jetant  des  cris  aigus  j  nichent  avec  pro- 


PASSEREAUX.  33*7 

prêté  sur  des  arbres,  pondent  cinq  ou  six  œufs,  et  prejiinent 
Beaucoup  de  soin  de  leurs  petits. 

Nous  avons  ici  quatre  espèces  de  cette  subdivision. 

La  Piegrièche  commune,   (  Lanius  excithitor<,  Lin.) 

Enl. ,  445. 

Grande  comme  une  grive ,  cendrée  dessus ,  blanche  des- 
sous ;  ailes,  queue  et  une  bande  autour  de  l'oeil  noirs  ;  du 
blanc  aux  scapulaires  ,  à  la  base  des  pennes  de  l'aile  et  au 
bord  externe  des  latérales  de  la  queue.  Elle  reste  toute 
l'année  en  France. 

La  petite  Piegrièche  ,  dite  d'Italie,  (  Lan,  excuhitor 
minor.  Gni.  )  Enl. ,  02,  i. 

tJn  peu  moindre  que  la  précédente  ,  ailes  et  queue  sem- 
blables; cendré  dessus  ,  roussâtre  au  ventre,  les  bandes 
noires  des  yeux  réunies  sur  le  front  en  un  large  bandeau. 
C'est  ime  espèce  très-distincte.  Elle  apprend  fort  bien  à 
imiter  le  chant  des  autres  oiseaux. 

La  Piegrièche  rousse,  (  Lan.  coUurio  rufus  et  Lan.  po- 
meranus.  Gm.  )  Enl.  ,9,2.  Lan.  rulilus.  Lath.  L.  Rufî- 
collis,  Sh. 

Le  bandeau,  les  ailes  et  la  queue  de  la  précédente  ,  la 
taille  encore  un  peu  moindre,  le  dessus  de  la  tête  et  du  cou 
roux-vif  ,1e  dos  noir ,  le  ventre  et  le  croupion  blancs.  Ell« 
imite  aussi  très-aisément  le  chant  des  oiseaux  qui  vivent 
autour  d'elle. 

• 

UEcorcheur.  (Lan.  collurio.  Gm.  )  Enl.,  5r.^ 

Encore  un  peu  plus  petit ,  le  dessus  de  la  tête  et  du  crou- 
pion cendrés  ,  dos  et  ailes  fauves  ,  dessous  blancliâtre  ,  un 
bandeau  noir  sur  l'oeil ,  les  pennes  des  ailes  noires  ,  bordées 
de  fauve  ;  celles  de  la  queue  noires ,  les  latérales  blanches  à 
la  base.  Il  imite  naturellement  et  sur-le-champ  la  voix  des 

TOME    I.  22 


338  OISEAUX 

espèces  qui  cliantent  le  mieux.  Trop  folble  pour  attaquer 
des  oiseaux,  il  détruit  une  grande  quantilé  d'insectes,  qu'il 
enfile  (à  ce  que  l'on  dit)  aux  épines  des  buissons ,  pour  les 
retrouver  au  besoin. 
Les  trois  dernières  espèces  nous  quittent  pendant  l'hiver. 
Les  pays  étrangers  en  ont  aussi  plusieurs.  Les  becs  se  ra- 
petissent et  aiFuiblissent  leurs  pointes  par  degrés  ,  selon  les 
espèces^  au  point  qu'il  est  impossible  d'établir  une  limite 
entre  ce  sous-genre  et  les  merles  (i). 

D'autres  piegrièclies  ont  l'arête  supérieure  droite  dans  sa 
longueur,  et  crochue  seulement  au  bout.  Elles  sont  toutes 
étraiigères  ,  et  leur  forme  passe  par  degrés  insensibles  à  celle 
des  fauvettes  et  des  autres  becs-fins  (2). 


(i)  Les  espèces  à  bec  plus  foit  sont ,  par  exemple  :  la  piegr.  du  Cap  ■, 
dite  fiscal.  (  Lan.  coUaris.  Gm.)  Enl.,  4/7  >  1  ,'  Vail.  Afr. ,  pi.  Gt.  62.  — 
Le  boubou.  Vaillant ,  68.  —  Le  brubru.  Vail.  71.  (  Lan.  Capensis.  Sh.  ) 
—  Le  blanchot.  Vail.  285.  —  hiL  pet.  piegr.  de  Madag.  (Lan.  mada- 
eascaricnsis,  Gm.  )  Enl.  299.  —  La  petite  pi^gr.  bleue.  (  Lmh,  bico- 
lor.  Gm.  )  Enl.  208. —  Lia.  piegr.  delà  Louisiane.  {Tj.  j4niericanus.  ) 
Enl.  397.  —  Le  sourciroux.  Vail.  76  ,  2.  —  Le  tangara  verdefoux  de 
Buff.  (  l^anagra  guianensis .  Gra.) —  "Le  tangara  mordoré  (  Tanagra  atri- 
capilla.)  Enl.  809  ,2.  —  La  piegr.  à  tête  noire  ,  des  îles  de  Saodwicli. 
— Ijun.  vielanocephalus.  Gm.  )  Lath.  Svn.  L  i65. 

Parmi  les  espèces  plus  rapprochées  des  merles  ,  on  peut  mettre  Vohwa. 
Vail.  75  et  76.  I.  (  Zfl.v.  olivaceus.  Sh.  -—  Le  gonolec  (  Lan.  barharus. 
Gm.  )  Enl.  56.  Vail.  169.  —  Le  lan.  gutturalis  ,  Daud.  Ann.  mus.  III. 
144  ?  ph  i5  5  ou  la  piegr.  perrin.  Vail.  286.  —  Le  merle  à  plastron  noir, 
(  Turdus  zeilonus.  Gm.)  Enl.  272  ,  ou  \e Bacbakiri.  Vail.  67.  {Lan.  bacba- 
hiri.  Sh.  )  —  Le  Turdus  crassiroslris.  Gm.  Lath.  Syn.  II  ,  34,  qui  est 
le  même  que  le  ta?iagra  capensis.  Sparm.  caris,  pi.  45 ,  et  plusieurs  autres 
aussi  équivoques. 

(2)  La  tchagra.X iiil.  70.  (  Lan.  collurio meîanoceph.  Gm.)  Enl.  479»  i? 
01297,  1.  —  La  piegr.  à  huppe  rousse  d'Amérique  {Lan.  canu- 
densis.  Gm.  )  Enl.  79  ,  2.  —  Le  fourmilier  huppé.  BuiTon.  (  Turdus 
cirrhaLus.  Gm.  )  —  Le  tachet.  Vaillant,  77.  —  La  piegr.  rnriie ,  du 
Cayenne.  {Lan,  doUalus.)  Enl.  ^.97,  2. 


PASSEREAUX.  33g 

Quelques-unes  de  ces  pîegrlèches  à  bec  droit  l'ont  très- 
fort,  et  leur  mandibule  inférieure  très-renflée  (i). 

13'autres  (  les  Vanga,  Buff.  )j  l'ont  grand  y  très-corapriraé 
partout ,  sa  pointe  très  crochue ,  et  celle  de  la  mandibule  in- 
férieure recourbée  en  dessus  [2): 

D'autres  enfin ,  à  bec  droit  et  grêle  j  se  font  remarquer  par 
des  huppes  de  plumes  redressées  (3). 

Autour  de  ces  piegrièches  proprement  dites ,  viennent  se 
grouper  quelques  sous-genres  étrangers  qui  en  diffèrent  plus 
eu  moins ,  et  que  nous  allons  indiquer. 

Les  Lanorayen  ou  Piegrièches  Hirondelles.  (  Oct;ë*- 

TERUS  (4).  CuV.) 

Ont  le  bec  conique^  arrondi  de  toute  part,  sans  arête,  à 
peine  un  peu  arqué  vers  le  bout^  à  pointe  très-Iine ,  légère- 
ment échancrée  de  chaque  côté  ,  les  pieds  un  peu  courts  ,  et 
les  ailes  autant  et  plus  longues  que  la  queue  ;  ce  qui  leur  donné 
le  même  vol  qu'à  nos  hirondelles  :  mais  ils  y  joignent  le 
courage  des  piegrièches  ,  et  ne  craignent  pas  même  d'atta- 
quer le  corbeau  (5). 


La  picgr.  rousse  de  Madag.  (  Lan.  rufus.  Gm.  )  Enl.  298. 

J'y  place  aussi  l'oiseau  si  balotté  par  les  naturalistes  ,  merle  de  Minda- 
nao  ,  die  Buff.  ^  Enl.  627.  Turdus  mindanensis.  Lath.  et  Gm.  ,  le  même 
que  leur  gracuîa  saularis  ,  petite  pie  des  Indes  ,  ou  dialbird.  Albin.  lïî , 
17  et  18.  Edw.  181.  Vail.  Afr.  109  (Sturnus  solaris.  Daud.  )  —  et  même 
le  terat  boulan  (  Turd.  orientalis.  )  Enl.  276  ,  II,  pourrait  en  être  rap- 
proché, 

(i)  Toutes  les  piegrièches  â  bec  droit  renflé  sont  nouvelles. 

(2)  Le  vanga  ,  Enl.  208.  (Lan.  curuirostris.   Gm.)  et  des  esp.  nouv, 

(3)  Le  geojjroy:    Vail.  Afr.    80    et  81   ( /vû/z»  plwnatus.  Sh.  )    et  le 
manicup.  Butf.  enl.   707  (  Pipra  albifrons.   Gm.  )  qui  n'a  de  commun  , 

o 

avec  les  pipra,  qu'une  réunion  des  deux  doigts  externes,  un  peu  plus  pro- 
longée qu'à  l'ordinaire. 

(4)  Ocypterus  ,  ou  oxipienis  (ailes  rapides  ,  ailes  pointues)  nom  grçc 
d'un  oiseau  inconnu  ,  très-applicable  à  ceux-ci. 

(5)  Sonnerat,  i*^*"  Voy.  p,  5b. 


340  OISEAUX 

Les  espèces  en  sont  assez  nombreuses  sur  les  côtes  et  dans 
les  îles  de  la  mer  des  Indes,  où  elles  volent  continuellement 
et  rapidement  à  la  poursuite  des  insectes  (i). 

Les  Cassicans.  Buff.  (  Barita.  Cuv.  )  (2). 

Ont  un  grand  bec  conique  droit,  rond  à  sa  base  ,  entamant 
les  plumes  du  front  par  une  écbancrure  circulaire  ;  arrondi  au 
dos,  comprimé  par  les  côtés,  à  pointe  crocbue  et  échancrée 
latéralement. 

Ce  sont  de  gros  oiseaux  de  la  Nouvelle-Guinée  et  de  la 
Nouvelle-Hollande ,  que  les  naturalistes  ont  dispersés  ar- 
bitrairement dans  plusieurs  genres.  Le  plus  beau  a  même 
été  mis  dans  les  oiseaux  de  Paradis.  (  Paradisœa  viridis , 
Gm.  )  Enl. ,  6.^4.  Tout  son  corps  est  d'un  noir  brillant 
d'acier  bruni ,  à  plume  du  cou  et  de  la  poitrine  comme 
gaufrées.  Il  vient  de  la  nouvelle  Guinée ,  comme  les  vrais 
oiseaux  de  Paradis. 

Les  autres  sont  variés  de  blanc  et  de  noir,  et  vivent  à  la 
Nouvelle-Hollande  ou  dans  les  îles  environnantes.  On  leur 
attribue  des  babitudes  très-bruyantes  ,  une  voix  criarde.  Ils 
poursuivent  les  petits  oiseaux  (3). 

Les  Bécardes.  BufF.  (  Psaris  (4).  Cuv.  ) 
Ont  le  bec  conique ,  très-gros  ,  et  rond  à  sa  base ,  mais  n'é- 


(1)  Ici  viennent  lan,  leucorhynchos.  Gm.   Enl.  9 ,  I  ,  le  même  que 
Lan.  dominicanus,  Sonnerai  I.Voj.  pi.  iS.  —  Lanius  vindis.Eni.  Sa  ,  I 
et    plusieurs  espèces  nouvelles  rapportées  par  Peron. 

('/.)  Barita  ,  nom  grec  d'un  oiseau  inconnu. 

(3)  Nous  rapportons  ici  le  cassican,  Buf.  Enl.  628.  (Coracias  varia.  Gm, 
gracula varia. S\\.) ,  —  lejlûteur-  (Coracias  Libicen.  Latl^  deuxième  Sup- 
plément, Gracula  tibicen.  Sh.  );  —  le  réveilleur  ;  (  Corvus  graculinus.  J. 
Whytc.  Coracias  strepera ,  Lath.  ind.  Orn.  Gracula  strepera.  Shaw. 
Réveilleur  de  Vile  IVorfolh.  Daud.  gr.  calybé.  Vail.  Ois  de  Par.  67  ),  et 
mne  espèce  nouvelle,  à  queue  ëtage'e. 

(4)  Psaris  y  nom  grec  d'un  oiseau  inconntî. 


PASSEREAUX.  3!^1 

chancrant  point  le  front  j  sa  pointe  est  légèrement  comprimée 
€t  crochue. 

On  n'en  connaît  qu'une  esjîëce  d'Amérique  ,  cendrée  ,  à 
tête,  ailes  et  queue  noires. 

(  Lanius  cûjanus.  Gm.  )  Enl. ,  5o4  et  577. 

Ses  mœurs  sont  celles  de  nos  piegrièches  (i). 

Les  Choucaris.  BiifF.  (Graucalus  (?.).  Cuv.  ) 

Ont  le  bec  moins  comprimé  que  les  piegrièclies  •,  son  arête 
supérieure  est  aiguë  ,  arquée  également  dans  toute  sa  longueur  ^ 
sa  commissure  aussi  un  peu  arquée  ;  des  plumes  ,  qui  couvrent 
quelquefois  leurs  narines,  les  ont  fait  rapporter  aux  corbeaux  ; 
mais  réchancrure  de  leur  bec  les  en  éloigne. 

Ils  viennent ,  comme  les  cassicans  ^  des  paities  les  plus  re- 
culées de  la  mer  des  Indes  (5). 

Les  Bétbyles  (4).  (Bethylus.  Guy.  ) 

A  bec  gros,  court,  bombé  de  toute  part ,  légèrement  com- 
primé vers  le  bout. 

On  n'en  connaît  qu'un  ,  dont  les  formes  et  les  couleurs  re- 
présentent en  petit  notre  pie  commune  (5). 


i 


(1)  Buffon  a  étendu  mal  à  propos  ce  nom  de  bécarde  à  un  tyran 
(.Lan.  sulJïiraLus  )  ,  et  à  une  piegrièche  très-voisine  des  merles.  (  Lan, 
barbarus). 

(-i)  Graucalus  ,  nom  grec  d'un  oiseau  cendré  ;  trois  choucaris  sur 
quatre  sont  de  cette  couleur. 

(3)  Corvus  papuensis.  Gm.  enl.  65o.  —  Cowua  iiovœ  Guineoe.  Enl.  629. 
—  Une  espèce  grise  ,  à  camail  noir  ,  rallier  à  masque  noir.  Vail.  Ois.  de 
Par. ,  etc.  86.  —  Une  autre  toute  d'un  violet  brillant  d'acier  bruni ,  la  fe- 
melle verdàtre. 

(4)  Bethylus  ,  nom  grec  d'un  oiseau  inconnu. 

(5)  C'est  la  pie  piegrièche.  Vail.  Afr.  60.  Lanius  leverianus .  Sh.  Lanifti 
picalus.  Lalh.  M.  Illiger  en  fait  un  tangara. 


34^  OISEAUX 

Les  Tangaras.  (Tanagra.  Lin.) 

A  bec  fort  ,  conique  ,  triangulaire  à  sa  base,  lë-? 
gèrement  arqué  à  son  arête  ,  échancré  vers  le  bout  ;  à 
ailes  et  vol  courts  ;  ressemblant  à  nos  moineaux  par 
leurs  habitudes ,  et  recherchant  les  grains  aussi-bien 
que  les  baies  et  les  insectes.  La  plupait  se  font  re- 
marquer dans  les  collections  par  les  couleurs  les  plus 
vives.  Nous  les  subdivisons  comme  il  suit  (i)  : 

Les  Takgaras  euphones  ou  Bouvreuils. 

A  Lee  court  ,  et  présentant  ,  lorsqu'il  est  vu  verticale- 
ment ,  un  élargissement  à  cliaque  côté  de  sa  base  :  leur  queuy 
est  plus  courte  à  proportion  (2). 

Les  Tangaras  gros  begs. 

A  hec  conique,  gros  ,  bombé ,  aussi  large  que  liaut ,  le  dos 
de  la  mandibule  supérieure  arrondi  (5). 

Les  Tangaras  proprement  dits. 

A  bec  conique  ,  plus  court  que  la  tète,  aussi  large  que  liant ^ 
à  mandibule  supérieure  arquée  ,  un  peu  aiguë  (4). 

(i)  Voyez,  sur  tout  ce  genre  et  sur   le  suivant,  l'ouvrage  de  M.   Des- 
marets  et  de  mademoiselle  Pauline  de  Courcelles. 

(2)  Tanagra  vîolacea  ,  enl.  ii4  >  i  j  2.  —  Tanagra  Cayennensis  ,  ib» 
3.  —  Pipra  musica  ,  enl.  809,  1. 

(3)  Tanagra  magna  ,  enl.  2o5.  —  Tanagra  atra  ,   enl.  714  >  2.  —  Co- 
jacias  Cayennensis  ,  enl.  616. 

(4)  Tan.  ialao,  enl.  127,  2.  —Tricolor,  enl.  33. —  Mexicana ,  enl.  290 , 
2,  et  i55  ,  I.  —  Gyrola  ,  enl.  i33  ,  2.  —  Cayana  ,  enl.  201  ,  2,  et  290  ,  i* 
—  Pcruviana  episcopus  ,  enl.  178.  —  Archiepiscopus-  Desm.  —  Varia 
Desra.  (3IotaciUa  vclia.  L.)  enl.  6G9,  3. —  Punctata  et  siaca ,  enl.  i53.  L. 

Les  tanagra  guîaris  ,  enl.  i55  ,   2  j  elpileata  ,  720  ,  2  ,  approchent  de^ 
becs-fins  par  leur  bec  plus  grêle.  Tan.  nigricoïlis ,  720  ,  i,  est  un  vrai  bec 
fin  j  une  sorte  de  figuier  à  bec  un  peu  gros. 


PASSEREAUX,  343 

Les  Takgaras  loriots. 

A.  bec  conique  ,  arqué,  aigu  ,  échancré  au  bout  (i). 

Les  Tangaras  cardwals. 

A  bec  conique  ,  un  peu  bombé  ,  une  denl  saillante  obtuse 
sur  le  coté  (2). 

Enfin  ,  LES  Takgaras  ramphocèles. 

A  bec  conique,  dont  la  mandibule  inférieure  a  ses  branches 
renflées  en  arrière  (3). 

Les  Gobe-Mouches,  (  Muscicapa.  Lin.  ) 

Ont  le  bec  déprimé  horizontalement  ,  garni  de 
poils  à  sa  base ,  et  sa  pointe  plus  ou  moins  crochue 
et  écliancrée.  Leurs  mœurs  sont  en  général  les 
mêmes  que  celles  des  piegrièches  ;  et ,  suivant  leur 
grandeur  ,  ils  vivent  de  petits  oiseaux  ou  d'insectes. 
Les  plus  faibles  passent  insensiblement  à  la  forme 
des  becs-fins.  Nous  les  divisons  comme  il  suit  : 

Les  Tyrans.  (Tyrannus.  Cuv.  ) 

A  bec  droit  ,  long,  très-fort;  l'arête  supérieure  droite, 
mousse  ;  la  pointe  subitement  crochue.  Ce  sont  des  oiseaux 
d'Amérique  ,  de  la  taille  de  nos  piegrièches  y  aussi  braves 
qu'elles.  Ils  défendent  leurs  petits  ,  même  contre  les  aigles  ;  et 
savent  éloigner  de  leur  nid  tous  les  oiseaux  de  proie.  Les  plus 


(1)  Tanagra  crlstata  ,  enl.  7  ,  a  ,  et  3oi ,  2.  —  ISigeninia  ,  enl.  179  * 
a  ,  et  7 1 1.  —  Oliuacea. 

(2)  Tanagra  Mississipensis ,  enl.  'j/\'i.  —  T.  rubra  ,  i56,  i. 
/  (3)  Tanagra  jacapa  ,  enl.  ici8. —  T.  Brasilia ,  enl.  127  ,  i. 

iV.  B.  Le  tanagra  atricapilla ,  enl.  809  ,  2  ,  et  le  guyanncnsis  son  des 
picgricches. 


344  OISEAUX. 

grandes  espèces  prennent  de  petits  oiseaux ^  et  ne  dédaignent 
pas  toujours  les  cadavres  (i). 

LfcS  MoUCHEROI.ES.  (MuSCiP£TA.  CuV.  ) 

A  hec  long  ,  très-déprimé,  deux  fois  plus  large  que  haut , 
même  à  sa  base  ;  l'arête  très-obtuse  ,  et  cependant  vive  ;  les 
bords  un  peu  en  courbe  ovale  ;  la  pointe  et  l'écliancrure  faibles  ; 
de  longues  soies  ou  moustaches  à  la  base  du  bec. 

Leur  faiblesse  ne  leur  permet  de  prendre  que  des  insectes. 
Ils  sont  tous  étrangers,  et  plusieurs  sont  ornés  de  longues  plu- 
mes à  la  queue  ou  de  belles  huppes  sur  la  tête ,  ou  au  moins 
de  couleurs  vives  à  leur  plumage.  Le  plus  grand  nombre  vient 
d'Afrique  ou  des  Indes  (?.)♦ 


(i)  T.  Le  bentaveo  ou  ijran  à  bec  en  cuiller,  du  Bre'sil ,  enl.  212. 
(  Laniits  pitangua  ,  Gni.  ) 

3.  Le  tyran  à  ventre  jaune  (  lan,  sulfuraceus ,  Gm.  )  enl.  29G ,  Je 
même  que  le  garlu  ,  ou  geai  à  ventre  jaune ,  de  Cajenne.  (  Corvus  fiavus  » 
Gra.  )  enl.  349. 

3.  Le  tyran  h  ventre  blanc  (  lan.  tyrannus  ,  Gm.  )  enl.  SSy  et  676. 

4»  Le  tyran  à  queue  rousse  (  muscic.  auâax  ,  Gm.  )  enl.  453  >  2. 

5.  Le  petit  tyran  (  muscic. ferox.  Gm.  )  enl.  Syi  ,  i. 

6.  Le  tyran  à  queue  fourchue  de  Cayenne  {muscic  Lyrannus  ,  Gm.) 
«ni.  571  ,  a. 

7.  Le  tyran  à  q.  f.  du  Mexique  (  muscic.  forjlcata  ,  Gm.  )  enl, 
677  ,  etc.  Qui  conque  comparera  ces  oiseaux  ,  verra  qu'il  n'y  avait  aucune 
raison  de  les  disperser  dans  deux  genres. 

(2)  Le  moucheroUe  à  huppe  transverse ,  ou  roi  des  gohe-mouches  , 
Buff.  (  todus  regius  ,  Gra.  )  enl.  289.  —  Le  moucheroUe  de  paradis 
(  muscic.  paradisi  et  todus  paradisiacus  ,Gm.  )  eul.  264.  —  JV.  B.  Ce 
sont  des  femelles  ;  la  queue  des  mâles  est  beaucoup  pins  longue.  — 
Le  petit  moucheroUe  de  paradis  ou  schet  de  Madagascar  (  muscic. 
mutata.  )  Deux  oiseaux  que  Buffon  décrit  aussi  ailleurs  sous  le  nom  de 
vardiole  ou  pie  de  paradis ,  et  une  multitude  d'autres  espèces  ,  comme 
Muscic.  horbonica  ,  enl.  673  ,1.  —  Muscic.  cristata  ,  enî.  673  ,  2  ,  e^ 
Ichltrec  ,  Vaill.  Air.  III.  142,  i.  Muscic.  cœrulea  ,  cnl.  k&'ô  ,  i.  — Todus 
leucoccphalus  ,  Pall.  Sp.  VI ,  pi.  III,  f.  2.  —  Musc,  melanoptera,  enl. 


PASSEREAUX.  345 

Quelques  espèces  voisines  des  moucherolles  se  font  remar- 
quer par  un  bec  encore  plus  élargi  et  déprimé  qu'aux  pré- 
cédens  (i). 

D'autres  ,  qui  ont  aussi  le  bec  large  et  déprimé  ,  se  distin- 
guent par  des  jambes  hautes  et  une  queue  courte.  On  n'en 
connaît  que  deux  ou  trois,  tous  d'Amérique,  et  qui  se  nour- 
rissent de  fourmis  ;  ce  qui  les  avait  fait  réunir  à  la  petite  tribu 
de  merles  que  l'on  nomme  fourmilliers  (2). 

Les  Gobe-Mouches  proprement  dits.  (MusciCArA.Cuv.) 

Ont  les  moustaches  plus  courtes  et  le  bec  plus  étroit  que 
les  moucherolles.  Il  est  cependant  encore  déprimé,  à  vive 
arête  en  dessus,  à  bords  droits,  à  pointe  un  peu  crochue. 

Deux  espèces   de   ce   sous -genre   habitent   notre   pays 

pendant  l'été;  elles  vivent  assez  tristement  sur  les  arbres 

élevés.  La  plus  commune 

(  Muscicapa  gr isola.  Gm.  )  Enl. ,  5^5 ,   i . 

Est  grise  dessus,  blanchâtre  dessous,  avec  quelques  mou- 
chetures grisâtres  sur  la  poitrine.  Dans  quelques  pajs,  on 
en  tient  dans  les  appartemens  pour  y  détruire  les  mouches. 

L'autre  {Musc,  airicapilla.  Gm.)  Enl,  ib.,  2  et  3. 

Est  trcs-remarquable  par  les  changemens  de  plumage 
du  mâle.  Semblable  à  sa  femelle  en  hiver,   c'est-à-dire, 


567,  f.  3.  —  Muscic.  barhaia  ,  enl.  85o  ,  i.  —  Musc,  coronata  ,  enl. 
675  ,  1.  —  Musc,  ruticilla  ,  enl.  566  ,  2.  Motacilla  cristcita  ,  enl.  Sgi  ,  i" 
—  Le  mantelc  ,  Vaill.  IV,  i5i  ,  1.  —  Le  molenar  ,  id.  160  ,  1,2.  —  Le 
g.  m.  a  lunettes ,  id.  102  ,  i ,  etc. 

(i)  Tels  sont  musc,  auiantia ,  enl.  83i  ,1.  —  Tocîus    macrorhynchos  , 
Lath.  Syn.  I ,  pi.  xxx  ,  et  surtout  todus  p/atyrhrnchos  ,  Pall.  Spic.  VI  , 
pi.  III.  C.  On  voit  que  plusieurs  moucherolles  ont  été  placés  parmi  le 
todiers.  Quoique  Pallas  en  ait  donne'  l'exemple ,  Tëchancrure  du  bec  et  la 
séparation  du  doigt  externe  s'y  opposent. 

(2)  Ici  viennent  turdus  auritus ,  Gm.  enl.  822  ,  le  même  que  pipra  leu- 
colis  ;  mais  qui  n'est  ni  un  merle  ni  un  manakin.  — Et  pipra  ncevia  ,  enl, 
82a,  f.  2. 


346  OISEAUX 

gris  avec  une  bande  blanche  sur  l'aile  ;  il  prend  dans  la 
saist)n  des  amours  une  distribution  agréable  de  blanc  et  de 
noir  purs;  une  calotte,  le  dos^  les  ailes ^  la  queue  noirs;  le 
front,  le  collier,  tout  le  dessons  du  corps,  une  bande  sur 
l'aile  et  le  bord  extérieur  de  la  queue  blancs.  Il  nicbe  dans 
des  troncs  d'arbres  (i). 
Le  bec  de  ces  oiseaux,  devenant  de  plus  en  plus  grêle ,  ûn[\ 

par  les  rapprocher  beaucoup  des  figuiers  (2). 

Quelques  espèces,  où  l'arête  est  un  peu  plus  relevée  et  se 

courbe  en   arc  vers  la  pointe,    conduisent  aux  formes  des 

traquets  (5). 

Divers  genres  ou  sous-genres  d'oiseaux  tiennent  d'assez  près 

à  certains  chaînons  de  la  série  des  gobe-mouches. 

Ainsi  les  Gymnocépiiales.  GeofF. ,  ou  Tjrans-Chaiives. 

Ont  à  peu  près  le  bec  des  tyrans;  seulement  l'arête  en  est 
un  peu  plus  arquée ,  et  une  grande  partie  de  leur  face  est 
dénuée    de    plumes.    On    n'en    connaît    qu'une    espèce    de 


(1)  Les  anciens  ont  bien  connu  cet  oiseau  sous  les  noms  de  sycalis  et  de 
ficedula  dans  &on  plumage  ordinaire  ,  et  sous  celui  àeinelancorhynchos  et 
(Vatricapilla  dans  son  beau  plumage;  mais  comme  le  nom  de  hequt-jigucy 
qui  répond  à  ficeduhi  ,  s^applique  dans  le  Midi  et  en  Italie  à  diverses  fau- 
vettes etfarlouses  ,  les  nalviralistes  ont  réuni  les  attributs  de  ces  oiseaux 
sur  un  certain  étnt  de  ce  gobe-mouche  ,  et  en  ont  formé  Fespèce  imagi- 
naire présentée  sous  ce  nom  de  hec-J'igue  ,  dans  Buffon  et  dans  ceux  qui 
Font  suivi, 

(2)  jVous  rapportons  encore  aux  gobe-raouclies  proprement  dits  ,  le 
gillit  (Musc,  hicolor.)  Enl.  675,  I.   —  Le  pririt.  Vail.  161.  Enl.  ^Qj  , 

I  et  2  (  Musc.  senegaJensis.  Gra.  )  —  Uazuroux.  Vail.   i58,  II. 

(3)  Tels  sont  Voranor  ,  Vaillant ,  IV ,  i55  ^  et  plusieurs  espèces  voisines  , 
assez  semblables  pour  la  distribution  des  couleurs  ai\  iniiscic.  niUciUa  , 
mais  différentes  pour  le  bec  ,  parmi  lesquelles  doit  probablement  se  placer 
le  turdiis  speciosus ,  Lath.  —  Le  gobetn.  étoile  ,  Vaill.  IV,  i5y  ,  'z.  —  Le 
iiiuscic.  midiicotoy ,  Cm.  Lalh.  Svn.  II,  l,  est  tellement  intermédiaire 
entre  les  gobe-mouches  el  le  rossignol  de  muraille  j  qu'on  hésite  à  lui  fixer 
sa  pla'.c. 


PASSEREAUX.  347 

Gayenne,  grande  comme  une  corneille,  et  de  couleur  de  tabac 
id'Espagne  (i).  o 

Les  Céphalopteres.  (GeofT.) 

Ont  au  contraire  la  base  du  bec  garnie  de  plumes  relevées 
qui,  s'épanouissant  à  leur  partie  supérieure,  produisent  un 
large  panache  en  forme  de  parasol.  On  n'en  connaît  aussi 
qu'une  espèce  d'Amérique,  de  la  taille  du  geai,  noire,  et  à 
qui  ses  plumes  du  bas  de  la  poitrine  forment  une  sorte  de 
fanon  pendant.  (  Cephalopterus  ornatus.  GeofF.  )  Ann.  du 
Mus.,  XIII,  pi.  XV. 

Les  Cotingas.   (  Ampelîs.  L.  ) 

Ont  le  bec  déprimé  des  gobe-mouches  en  géné- 
ral ,  mais  un  peu  plus  court  à  proportion  ,  assez 
large  et  légèrement  arqué. 

Ceux  oîi  il  est  plus  fort  et  plus  pointu  ont  encore  un  régime 
très- insectivore  :  on  les  nomme  piauhau  ,  d'après  leur  cri.  Ils 
sont  d'Amérique ,  et  volent  en  troupes  dans  les  bois  à  la 
poursuite  des  insectes  (2). 

Les  Cotingas  ordinaires. 

Dont  le  bec  est  un  peu  plus  faible,  oiitre  les  insectes, 
reclierclient  encore  les  baies  et  les  fruits  tendres.  Ils  se 
tiennent  dans  les  lieux  buniides  en  Amérique,  et  se  font 
remarquer  par  l'éclat  du  pourpre  et  de  l'azur  qui  colorent 


(i)  C'est  le  choucas  chaînée  ,  Buff.  ,  enl.  Sai.  (  Coiviis  cahus  ,  Gm.) 
Uciscau  mon  père  ,  des  nègres  de  Cayenne.  VailL  Ois.  d'Amer,  et  des 
Indes  ,  pi.  XLix. 

(2)  Ici  viennent  le  piauhau  ordinaire  ,  noir  à  gorge  pourpre  {Muscic. 
ntbricoUis  ,  Gm.  )  enl.  38 1  ,  et  le  grand  piauhau  entièrement  pourpre 
(  Cotinga  rouge,  Vaill.,  Ois.  de  l'AtV.  et  des  Ind^s  ,  pi.  xxv  et  xxvi, 
Coracias  jnilitaris  ^  Sliaw.  )  Le  cotinga  gris  (aiup.  clnerea)  , 
enl,  G99 ,  se  rapproche  aussi  des  piauhaus  plus  que  de»  coliag^i 
ordinaires. 


348  OISEAUX 

le  plumage  des  mâles  dans  le  temps  des  amours.  Le  resté 

de  Tannée,  les  deux  sexes  <ii*ont  que  des  teintes  grises  ou 

brunes. 

TuOuette.  {Ampelis  carnifex.  L.  )  Ënl.^  SyS. 

A  la  calotte,  le  croupion  et  le  ventre  écarlate ,  le  reste 
mordoré;  sa  quatrième  penne  de  l'aile  est  rétrécie,  rac- 
courcie et  comme  racornie. 

Le  Pompadour,  {Ampelis pompadora.  L. )  Enl.,279. 

Est  d'un  beau  pourpre-clair ,  avec  les  pennes  des  ailes 
blanches;  ses  grandes  couvertures  ont  les  barbes  roides  et 
disposées  sur  deux  plans  en  angle  aigu ,  comme  un  toit. 

Le  Cordon  bleu,  (  Ampelis  cotinga.  L.  )  Enl. ,  186 

et  188. 

Est  du  plus  bel  outremer,  avec  la  poitrine  violette  sou- 
vent traversée  d'un  large  ruban  bleu ,  et  marquée  de 
taches  aurores  (i). 

M.  le  Vaillant  le  sépare  avec  raison  des  cotingas 

Les  Échekilleurs.  (Ceblepyris  (2).  Cuv.  ) 

Dont  le  caractère  singulier  consiste  dans  les  tiges  un  peu 
prolongées,  roidcsjet  piquantes  des  plumes  de  leur  croupion. 
Ils  vivent  en  Afrique  et  aux  I«des  des  chenilles ,  qu'ils  re- 
cueillent sur  les  arbres  les  plus  élevés,  et  n'ont  rien  de  l'éclat 
des  vrais  cotingas.  Leur  queue,  un  peu  fourchue  dans  le 
milieu,  est  élagée  sur  les  côtés  (5). 


(i)  Ajoutez  encore  am-p.  Cayana,  Enl.  624.  —  A.  inaynana,  Enl.  2-29. 
—  L'amp.  tersa  et  le  variegata  sont  des  variétés  du  cayana.  U'ampel  eu- 
prea  merrem  ic.  av.  i .  2  ,  en  paraît  une  du  carnifex. 

(7.)  IVom  grec  dW  oiseau  inconnu. 

(5)  Tels  sont  hmuscicapa  cana.  Gm.  Enl.  54i  ,ou  l'échenilleur  cendré 
de  Vaillant,  Afr.  pi.  clxii  j  son  échcnilleitr  jaune ,  pi.  Clxiii  j  et  son 
éche-nilleur  noir  y  clxiv. 


:?AssEREA.ux.  349 

Où  peut  en  séparer  aussi 

Les  Jaseurs.  (Bombycivoca.  Temmink.  ) 

Qui  ont  un  autre  singulier  caractère  à  leurs  pennes  secon- 
daires des  ailes ,  dont  le  bout  de  la  tige  s'élargit  en  un  disque 
ovale,   lisse  et  rouge. 

L'Europe  en  possède  un,  dit,  sans  que  l'on  sache  trop 
pourquoi , 

Jaseur  de  Bohème.  {Ampelis  garrulus.  L.  )  Enl.,  261. 
Un  peu  plus  grand  qu'un  moineau,  à  tète  huppée,  à 
plumage  d'un  gris-vineux,  la  gorge  noire,  la  queue  noire 
bordée  de  jaune  au  bout,  l'aile  noire  variée  de  blanc.  Cet 
oiseau  arrive  par  troupes  dans  nos  contrées  à  des  intervalles 
très-longs  et  sans  régularité  ;  ce  qui  l'a  fait  regarder  long- 
temps comme  de  mauvais  augure.  Il  est  stupide,  se  laisse 
aisément  prendre  et  élever,  mange  beaucoup  et  de  tout. 
On  croit  qu'il  niche  dans  le  fond  du  nord. 
MM.  de  Hofmansegg  et  llliger  le  séparent  avec  encore  plus 
de  raison  des  cotingas 

Les  Procnias.  Hofm. 

Dont  le  hec ,  plus  faible  et  plus  déprimé,  est  fendu  jusque 
sous  l'œil.  Ils  vivent  en  Amérique,  et  se  nourrissent  d'insectes* 

Une  espèce 

{Hirundo  viridis.  Temmink.)  se  distingue  par  sa  gorge 
nue^  l'autre 

{  Ampelis  cariinculata.  Gm.  )  Enlnm.,  !^795,  par  une 
longue  caroncule  molle  qu'elle  porte  sur  la  base  du  bec. 
Toutes  deux  sont  blanches  dans  l'état  parfait,  verdâtres  le 
reste  du  temps,  et  nous  viennent  de  l'Amérique  méridionale. 

Enfin,  l'on  doit  placer  immédiatement  k  la  suite  àe^ 
cotingas 

Les  Gymnodères.  (Geoff.  ) 

Dont  le  bec  est  seulement  un  peu  plus  fort,  mais  dont  le 
col  est  en  partie  nu  et  la  tête  couverte  de  plumes  veloutées. 
L'espèce  connue  est  aussi  d'Amérique  méridionale,  en  grande 


35o  OISEAUX 

partie  frugivore,  de  la  taille  d'un  pigeon,  noire,  a  aiîe.^' 
bleuâtres;  c'est  le  gracula  niidicollis.  Sh.,  le  cornus  nuduS 
et  le  gracula  fetida.  Gm. ,  enl.  609  (1). 

Les  Drongos  (Edolius.  Cuv.) 

Tiennent  encore  à  la  grande  série  des  gobe-moù- 
ches  ;  leur  bec  est  aussi  déprimé  et  échancré  au  bout^ 
son  arête  supérieure  est  vive  j  mais  ce  qui  les  dislin- 
gue ,  c'est  que  les  deux  mandibules  sont  légèrement 
arquées  dans  toute  leur  longueur;  leurs  narines  sont 
couvertes  de  plumes  y  et  ils  ont,  en  outre ,  de  longs 
poils  qui  leur  forment  des  moustaches. 

Les  espèces  en  sont  assez  nombreuses  dans  les  pays  qui 
bordent  la  mer  des  Indes.  Généralement  teintes  en  noir 
et  à  queue  foui  chue,  elles  vivent  d'insectes;  quelques-unes 
ont,  dit-on,  un  ramage  comparable  à  celui  du  rossignol  (2], 

Les  Merles.  (Turdus.  Lin.  ) 

Ont  le  bec  comprimé  et  arqué  ;  mais  sa  pointe  ne 
fait  pas  de  crochet  j,  et  ses  échancrures  ne  produisent 

(1)  L'espèce  de  Vaillant,  Ois.  de  l'Amer,  et  des  Indes  ,  pi.  xlv  et  XLvr^ 
<îst  peut-être  différente. 

{'2.)  Espèces.  Lanius  for/7calus.  Gm.  Enl.  189.  Vail.  Afr.  iv.   16^. 

Lanius  Malaharicus.  Sliavr.  Vail.  iv.  lyS.  Sonnerat ,  Voy.  aux  Indes 
et  à  la  Chine ,  pi.  xcvii  ,  qui  est  aussi  le  cuculus  paradiseus.  Briss.  iv  / 

pi.  XIV,  A.   I. 

Lanius  ccerulescens.  Gm,  Edw.  pi.  xui.  Vail.  Afr.  iv.  172, 

Coivus  bah'cassiw^.   Gm.  Enl.  Go5. 

L,e  drongoloji.  Yail.  iv.  171. 

Le  drongo  bronzé,  id.  176. 

Et  plusieurs  espèces  nouvelles. 

Je  n'ai  pas  vu  les  auiies  drongos  de  Vailiant,  nî  son  hec  de  fer.  '^Lan. 
sùperbus.  S\i.)  (si'AnACjF.s.  î!li§er.  ^,  qui  doit  snssi  être  voisin  de  cette 
famille.  Je  soupçonne  <me  le  corvus  fioUentoltus.'Ev].  9,26,  doit  Fêlre 
égalf^ment. 


PASSÈBEAUX.  35l 

|>a8  de  dentelures  aussi  i'ortes  que  dans  les  piegriè- 
ches  ;  cependant,  comme  nous  l'avons  dit  j,  il  j  a  des 
passages  graduels  de  Fun  à  l'autre  genre. 

Le  régime  des  merles  est  plus  frugivore  ;  ils  vivent 
assez  généralement  de  baies  :  leurs  habitudes  sont 
solitaires. 

Oii  réserve  plus  particulièrement  le  nom  de  merle  aux 
espèces  «dont  les  couleurs  sont  uniformes  ou  distribuées  par 
grandes  masses.  La  plus  répandue  est 

Le  Merle  commun.  (  Turdus  meruta,  L.  ) 

Le  mâle  (Enl. ,  9.)  est  tout  noir  avec  le  bec  jaune;  la 
femelle  (Enl.,  555)  brune  dessus,  brun  -  roussâtre  dessous, 
taclietée  de  brun  sur  la  poitrine  :  oiseau  défiant ,  qui  cepen- 
dant s'apprivoise  aisément,  et  apprend  à  bien  clianter  et 
même  à  parler.  Il  reste  cbez  nous  toute  l'année. 

Une  espèce  voisine,  mais  qui  n'est  que  de  passage ^  et  qui 
suit  de  préférence  les  montagnes,  est 

Le  Merle  à  plastron  hlanc.  (  Turdus  torquatus.  L.  )  Enl., 

168  et  182. 

Dont  les  plumes  noires  sont  en  partie  bordées  de  blan- 
châtre et  la  poitrine  marquée  'd'un  plastron  de  même 
couleur. 

Nous  voyons  aussi  quelquefois  dans  nos  provinces  méri- 
dionales , 

Le  Blerle  à  queue  blanche.  {^Turdus  leucurus.  )  Lath., 

Syn.  j  11 ,  pi.  XXXVIII. 

Plus  petit,  noir,  le  croupion  et  la  queue  (le  bout  excepté) 
blanC3. 

Les  hautes  montagnes  du  midi  de  l'Europe  nourrissent 
deux  espèces,  le  merle  de  roche  (  2\  saxatilis.)  Enl.,  562, 
et  le  merle  bleu  {T.  cj-anus.)  Enl.,  '2.5 o ,  dont  le  merU 
solitaire  (  T.  solilarius.  )  ne  diifère  point  (  i). 

f     i)  Obiïervalion  de  •M.  Bonnclli. 


35^  OISEAUX 

Le  premier,  qui  vient  plus  souvent  dans  le  nonl,  est  le 
mieux  connu  j  il  niclie  dans  les  rochers  escarpés,  les  vieilles 
ruines  ;  chante  bien.  Le  mâle  a  la  tête  et  le  cou  cendré- 
bleu,  le  dos  brun,  le  croupion  blanc,  le  dessous  et  la  queue 
orange  (i). 

On  donne  le  nom  de  grives  aux  espèces  à  plumage  grîvelé  ; 
c'est-à-dire ,  marqué  de  petites  taches  noires  ou  brunes.  Nous 
en  avons  quatre  eu  Europe,  toutes  brunes  sur  le  dos  et  à 
poitrine  grivelée;  oiseaux  chanteurs,  vivant  d'insectgs  et  de 
baies,  voyageant  en  grandes  troupes,  et  dont  la  chair  est  uii 
manger  agréable. 

La  Drenne.  (  Turdus    viscivorus.  )  Enl. ,    4^9  J 

Frisch,  sxv. 

Est  la  plus  grande;  le  dessous  de  ses  ailes  est  blanc,  elle 
aime  beaucoup  le  fruit  de  gui,  et  contribue  à  ressemer  cette 
plante  parasite. 

La  Lilorne.  (  Turdus  pilaris.  )  Frisch,  xxvi. 

Qui  se  distingue  de  la  drenne  surtout  par  le  cendré  du 
dessus  de  sa  tête  et  de  son  cou. 

La  Grille  proprcràent  dite.  {Turd.  musicus.)  Ènl. ,  4o6  ; 

Fr.,  XXVII. 

Où  le  dessous  des  ailes  est  jaune-,  c'est  celle  qui  chante 
le  mieux  et  dont  on  mange  le  plus. 


(i)  On  pourrait  croire,  avec  M.  Shaw,  que  c'est  pour  Tavoir  confondu 
avec  le  geai  de  Sibérie ,  que  Linnœus  lui  a  attribué  des  habitudes  de  har- 
pie ,  et  l'a  nommé  tantôt  connus ,  tantôt  lanius  iiifausius. 

On  peut  rapprocher  du  merle  de  roche  ,  le  rocar.  Vaillant ,  Afr.  loi 
et  I02.  —  U'espionneur ,  id.  io3. 

Les  espèces  étrangères  ,  voisines  de  nos  merles  solitaires  par  leur  plu- 
mage maillé ,  sont  turâ.  manillensis.  Enl.  636  ;  probablement  le  même 
que  lurdus  violaceus,  Sonnerat,  deuxième  Voyage,  pL  cvïii.  —  Tard. 
eremita.  EnL  SSg. 


PASSEREAUX,  353 

Et  le  Maum.  (Turd.  iliacus.)  Enl.,  5i;  Friscli.,  xxyiiï. 

La  plus  petite ,  et  dont  le  dessous  des  ailes  et  les  flanc 
sont  roux  (i). 

Les  oiseaux  étrangers    du   genre  des   merles    sont   très^ 
nombreux  Nous  ne  citerons  que 

Le  Moqueur.  (  Turdus  pofyglottus,  L.  )  Catesb. ,  xxvii. 

Espèce  de  l'Amérique  septentrionale,  cendrée  dessus, 
plus  pâle  dessous,  avec  une  bande  blanclie  à  l'aile.  Elle  est 
célèbre  par  son  étonnante  facilité  à  imiter  sur-le-cbamp 
le  ramage  des  autres  oiseaux,  et  même  toutes  les  voix  qu'elle 
entend  (2). 


(i)  Ajoutez  en  espèces  étrangères  de  grives,  Turd.  rufus.  Epl/645, 
Catesb.  28.  —  Turd.  viigratorius.  Enl.  556.  Catesb.  29.  —  T.  Guya~ 
nensis.  Enl.  398.  i.  —  T.  minor.  Edw.  296.  —  Le  grivej'on.  Vaillant  , 
Afr.  98.  (  Turdus  olii^aceus  ). 

JN".  B.  Turd.  aurocapillus.  Lath.  Enl.  398  ,  2.  (  Motac.  anrocap.  1.  ) 
est  un  vrai  bec-fin  à  placer  avec  les  fauvettes.  —  Turdus  calliope  (  Lath. 
Syn.  Supplément ,  fig.  du  titre  )  doit  aller  avec  les  rouge-gorges.  —  Turd, 
Cayanus  ,  Enl.  5i5  ,  est  une  femelle  de  colinga. 

(2)  Le  petit  moqueur.  {T.  orpheus.)  Edw.  78.  —  Le  moqueur  de 
Saint-Domingue  (  T.  Dominicus.)  ,  Enl.  558,  i  ,  en  sont  très  voisins. 

Parmi  les  nombreux  merles  étrangers  ,  nous  citerons  ici  turd.  morio. 
Enl.  igg.  —  T.  erythropterus.  Enl.  354-  —  T.  hucogaster.  Enl.  648.  i. 
Le  merle  roux  à  collier  noir,  enl.  ii3,  —  T.  chrysogaster.  Enl.  221 
et  358.  —  T.  plumbeus.  Enl.  56o.  —  T.  ourovang,  Enl.  557  ?  2-  —  T: 

Indicus.  Enl.  564 ,  i.  —  T.  Senegalensis.  Enl.  563  ,2. T.  Mada- 

gascariensis,  Enl.  557  ,  i.  —  T.  atrica[>illus .  Enl.  392,  —  T.jnacrourus. 
Lath.  Syn.  IIL  pi.  39.  Vaill.  Afr.  114.  —T.  hispaniolcnsis.  Enl.  273  i, 
et  558 ,  2.  —  T.  palmnium,  enl.  55g  ,  i.  —  T.  pectoralis ,  enl.  644  >  ^- — 
T.  cinnamomeus  ,  enl.  56o,  2.  —  T.  .u/tfrons,  enl.  644  j  i  j  trois  espècefi 
mal  à  propos  rapportées  par  Buffon  aux  fourmiliers. 

Je  crois  aussi  avoir  reconnu  le  gracula  athis  dans  un  vrai  merle  ,  vert 
dessus,  à  ventre  fauve,  à  pieds  roux-brun. 

T.  mauritianus  ,  enl.  648 ,  2 ,  se  distingue  par  les  plumes  de  sa  tête 
étroites  et  pointues  comme  au  merle  rose  et  à  Vétourneau  d'Europe.  Il  ne 
paraît  pas  différer  du  T.  cantor.  Sonner.  P'  Voy.  lxxiii. 
Le  Jîàteur ,  Vaill.  1 1 2 ,  se  distingue  ù  sa  queue  Ion  gue  ;  à  barb  es  effilée 

TOME    I.  2  3 


354  01  s  r:  AUX 

Quelques-uns  de  ces  oiseaux  paraissent  tenir  aux  pic- 
grièclies  pour  les  moeurs  sans  que  la  forme  ùe  leur  bee 
puisse  les  faire  distinguer  (i). 

On  ne  peut  pas  distinguer  davantage  j)ar  des  caractères 
sensibles  certains  merles  d'Afrique,  qui  vivent  en  troupes 
nombreuses  et  bruyantes  comme  les  étourueaux,  et  pour- 
suivent les  insectes,  ou  font  de  grands  dégâts  dans  les 
jardins  (les  stournes  de  Daudin  ou  les  pâtres  de  Tcm- 
mink.  )  L'un  d'eux  s'égare  assez  souvent  en  Europe  j 
c'est  le 

Merle  couleur  de  rose.  [T.  roseus.)  Enl.,  25 J. 

D'un  noir  brillant,  le  dos,  le  croupion,  les  scapulaires 
et  la  poitrine  d'un  rose  paie,  les  plumes  de  la  tête  étroites 
€t  allongées  en  liuppe.  H  rend  service  aux  pays  chauds  eu 
y  détruisant  les  sauterelles. 

D'autres  se    font  remarquer  par  les  teintes  éclatantes   de 
leur  plumage  couleur  d'acier   bruni  (2)  ,    et  l'un  de   ceux-là 

(i)  Nous  avons  déjà  parlé  à  l'article  des  piegrièches  de  quelques  espèces 
rangées  d'ordinaire  parmi  les  merles  ,  comme  le  tard,  zeilonus ,  enl.  272. 
Il  paraît  que  l'on  pourrait  en  rapprocher  encore  le  turd.  cafer ,  enl.  563 , 
Vaill.  107  ,  qui  diffère  très-peu  ,  même  pour  les  couleurs  ,  du  Innius  joco- 
sus  ,  enl.  5o8.  Ces  deux  espèces  entraîneraient  aussi  le  T.  capensis ,  enl. 
317  ,VaiIl.  io5,  et  le  T.  perspicillatus  ,  enl.  604. 

D'un  autre  côté ,  il  serait  difficile  d'éloigner  du  zeilonus  le  liausse-col 
noir ,  Vaill.  Afr.  iio  ,  et  la  cravate  noire  ,  id.  ii5. 

Les  merles  à  bec  grêle  approchent  beaucoup  des  traquets  5  tels  sont  le 
/a/j/rédic  ,  Vaill.  Afr.  m. — l^e grivetin  ,\à.  118. —  Le cow-^'or  ,  id.  119. 
—  Turdus  trichas  ,  enl.  709  ,  2.  —  Mais  le  térat  boulan  (  Lurd.  orientalis), 
enl.  273  ,  2  ,  les  ramène  aux  piegrièches  à  bec'droit.  —  Les  plus  petits  de 
ces  merles  ont  même  été  regardés  comme  des  fauvettes  par  plusieurs  na- 
turalistes. Tels  sont  Motacilla  suhjîava  ,  enl.  584  >  «  >  ^c  même  que  le 
citririy  Vaill.  Afr.  127.  —  Mot.  macroura,  enl.  752,  2. 

(2)  Turdus  awatus  ,  enl.  540  {nabirop  ,  Vaill.  Afr.  89.)  —  Turdus 
nitens,  exil.  56i.  (Couigniop  ,  Vaill.  90.) 

Ici  viennent  encore  le  turd.  morio  ,  enl.  199  ,  Vaill.  Afr.  85  (  Corvu? 
iiifipennis,  Sh.  )  et  probablement  l'éclatant ,  Vaill.  85 ,  et  le  choucador  * 
id.  86.  (  Corvus  splendidus  ,  Sh.  ) 


PASSEREAUX.  355 

par  sa  queue  étafijée  et  d'un  tiers  plus  longue  que  le  corps  (i). 
Il  faut  évidemment  leur  réunir  le  merle  de  la  Nouvelle- 
Guinée  y  à  queue  trois  fois  plus  longue  que  le  corps,  à 
double  liuppe  sur  la  tête  ,  dont  ou  a  fait  un  oiseau  de  paradis 
(Paradisœa  gidaris.  Lalli.  et  Shaw.  P.r.  nigra.  Gni.  Vaill., 
Ois.  de  Par. ,  20  et  2 1  ;  Vieill. ,  Ois,  de  Par. ,  pi.  vrri.  ) ,  mais 
seulement  à  cause  de  la  singularité  et  de  l'incomparable 
magnificence  de  son  plumage. 

Les  Chocards  (  Pyrrho-Corax.  Cuv.  ) 

Ont  le  bec  comprimé  ,  arqué  et  échancré  des  mer- 
les ;  mais  leurs  narines  sont  couvertes  de  plumes 
comme  celles  des  corbeaux ,  auxquels  on  a  coutume 
de  les  réunir. 

Nous  en  avons  un  : 

Le    Chocard  des  ^îpes,  (  Corvus  pjrrhocorax.  L.  ) 

Enl. ,  55 1. 

Tout  noir,  le  bec  jaune,  les  pieds  d'abord  bruns,  puis 
jaunes,  et  dans  l'adulte  rouges,  qui  niche  dans  les  fentes 
des  rochers  des  plus  hautes  montagnes,  d'où  il  descend 
l'hiver,  en  grandes  troupes,  dans  les  vallées.  11  vit  de 
fruits  ,  d'insectes ,  de  limaçons ,  et  ne  dédaigne  pas  les 
charognes. 

Il  s'en  trouve  aux  Indes  un  autre. 

Le  Sicrîn,  (  Vaill.  Afr. ,  pi.  lxxxii.) 

Distingué  par  trois  tiges  sans  barbes  aussi  longues  que  le 
corps ,  qu'il  porte  de  chaque  côté  parmi  les  plumes  qui 
couvrent  son  oreille. 

Je  ne  trouve  non  plus  aucun  caractère  suffisant 
pour  éloigner  des  merles  / 


(2)  Turdus  œneus  ,Qv\>  220.  (  Vert  doré ,  Yaill.  87.  ) 


356  OISEAUX 

Les  vrais  Loriots  (Oriolus,  Lin.) 

Dont  le  bec ,  semblable  à  celui  des  merles,  est 
seulement  un  peu  plus  fort ,  et  dont  les  pieds 
sont  un  peu  plus  courts  à  proportion.  Linneeus  et  ses 
successeurs  les  ont  réunis  jusqu'à  présent  aux  cassi- 
que  s  y  à  qui  ils  ne  ressemblent  que  p'ar  les  couleurs- 

"Le Loriot d" Europe.  (Oriolus galbula,!^. ,Gm.)  Enl.,  26. 
Merle  d^or^  Merle  jaune  des  Allemands^  etc. 

Un  peu  plus  grand  que  le  merle.  Le  mâle  est  d'un  beau 
jaune,  les  ailes,  la  queue  et  une  tache  entre  l'œil  et  le  bec 
noirs;  le  bout  de  la  queue  jaune  j  dans  la  femelle,  le  jaune 
est  remplacé  par  de  l'olivâtre^  et  le  noir  par  du  brun.  Cet 
oiseau  suspend  aux  branches  un  nid  artislement  fait  y  mange 
des  cerises  et  d'autres  fruits,  et  au  printemps  des  insectes j 
voyage  à  deux  ou  trois  (1). 

Buffon  a  séparé  avec  raison  des  merles 

Les  Fourmiliers.  (  Myothera.  Illig.  ) 

Que  Ton  reconnaît  à  leurs  jambes  hautes  et  à  leur 
queue  courte.  Ils  vivent  d'msectes ,  et  principalement 
de  fourmis.  On  en  trouve  dans  les  deux  continens. 

Cependant  les  espèces  de  l'ancien  se  font  remarquer  par 

les  couleurs  vives  de  leur  plumage.  Ce  sont  les  brèves  de 

Buffon  {Cori'usbrachjurus fEol, ,  267  et 268,  Edw.; 324) (2), 


(1)  Les  autres  vrais  loriots  sont  :  Voriolus  chinensis ,  enl.  570.  —  Le  mela- 
nocephaîus  ,  enl.  79,  ou  loriot  rieur ,  Vaill.  Afr.  a63.  —  Le  loriot  d'or> 
Vaill.  260.  —  Le  coudougnan  ,  id.  :i6i. 

(2)  ZV.  B.  La  brève  des  Philippines  ,  enl.  89  ,  n'est  que  celle  à''Angole, 
Edw.  324  >  i^  qui  on  avait  mis  une  tête  de  merle ,  Yaill. ,  Ois.  dt  Par. 
I.  106. 


PASSEREAUX.  357 

et  son  Azurin,  (  Turdus  cyanurus,  Lath.  et  Gmel.  Corvus 
cj-anurus.  Sliaw.)  Enl. ,  355  (i). 

Les  espèces  du  nouveau  continent,  bien  plus  nombreuses, 
ont  des  teintes  plus  brunes,  et  varient  pour  la  force  du  bec  et 
la  longueur  proportionnelle  de  la  queue.  Elles  vivent  sur  les 
énormes  fourmilières  des  bois  et  des  déserts  de  cette  partie  du 
monde;  leurs  femelles  sont  plus  grosses  que  les  mâles.  Ces 
oiseaux  volent  peu,  et  ont  des  voix  sonores,  extraordinaires 
même  dans  quelques  espèces. 

Parmi  celles  à  bec  fort  et  arqué ,  on  remarque 

Le  Roi  des  fourmiliers.  (  Turdus  rex.  Gm.  Corvus  gral- 
larius,  Sliaw.  )  Enl.,  702. 

Le  plus  grand,  le  plus  élevé  sur  jambes  de  tous,  et  celui 
qui  a  la  queue  la  plus  courte;  on  le  prendrait  même  au 
premier  coup  d'oeil  pour  un  écliassier;  sa  taille  est  celle 
d'une  caille,  et  son  plumage  gris  est  agréablement  bigarré. 
Il  vit  plus  isolé  que  les  autres  (2). 

Les  espèces  à  bec  plus  droit,  mais  encore  assez  fort,  se  rap- 
prochent des  piegrièches  de  même  bec  (5), 

D'autres  ont  le  bec  grêle   et  aiguisé,  ce  qui,  aussi-bien 
que  leur  queue  striée,  les  rapproche  de  notre  troglodyte  (4), 
On  doit  aussi  séparer  des  merles 


(i)  Li'azwin  n'est  point  de  Cayenne  ,  comme  le  ditBuffon  ,  mais  des 
Indes  orientales, 
(a)  Ajoutez  le  grand bejfroi  (  turdus  tinnîens  )  ,  enl.  706 ,  i. 

(3)  Telles  sont  le  tetema  {turdus  colma ,  B.)  enl.  821.  —  Le  paîicour 
(  turdus  formicivorus  ) ,  enl.  700 ,  i .  —  Le  petit  beffroi  (  turdus  lineatus) 
enl.  823  ,  I. 

(4)  Tels  sont  le  hanibla  (  turd.  hamhla  ) ,  enl.  703.  —  h'arada  (  turdu 
eantans) ,  enl.  706.  a. 

Mais  on  est  obligé  de  renvoyer  aux  merles  plusieurs  espèces  que  Buffoa 
'  avait  placées  parmi  les  fourmiliers  à  cause  de  quelques  rapports  de  cou- 
leurs , nommément  le  carilîonneur  (T.  tintitmahulatus) ,  enl.  700,  2.  — 


358  OISEAU^ 

Les  Cingles  (  Cinclus  ,  Bechst.  )  ,  viilg.  Merles 

d'eau. 

Dont  le  bec  est  comprimé,  droit,  à  mandibules 
également  hautes  ,  presque  linéaires,  s'aiguisanl  vers 
la  pointe  ,  et  la  supérieure  à  peine  arquée. 

Kous  n'en  avons  qu'un  {Sturniis  cinclus.  L.  (2)  Turdus 
cinclus,  Latli.)  Enl.,  g4<^* 

A  jambes  un  peu  élevées,  à  queue  assez  cotirte  ,  ce  qui  le 
rapproclie  des  fourmiliers.  Il  est  brun,  à  gorge  et  poitrine 
blanclies;  et  a  l'habitude  singulière  de  descendre  tout 
entier  dans  l'eau  sans  nager,  mais  en  marchant  sur  le  fondj 
pour  y  chercher  les  petits  animaux  dont  il  se  nourrit. 

L'Afrique  et  les  pays  qui  bordent  la  mer  des  îndes 
nourrissent  un  genre  d'oiseaux  voisins  des  merles , 
que  je  nommerai 

Phîledon  (5). 

Leur  bec  est  comprimé  ,  légèrement  arqué  dans 
toute  sa  longueur,  écbancré  au  bout*  leurs  narines 
grandes  ,  couvertes  par  une  écaille  cartilagineuse  ^  et 
leur  langue  terminée  par  ur\  pinceau  de  poils. 


Le  merle  à  crauole  (T.  cinnamomeus) ,  enl.  060,  2  5  — ceux  de  la  pi.  enl. 
644>  *  et  ?•?  Ti'il  i^S*^  j  contre  tonte  apparence,  varie'lés  dn  palicour.  C'est 
aussi  des  merles  que  doit  se  rapprocher  le  tanypus.  Oppel.  Mcm.  de  l'Ac. 
de  Bavière  pour  1811  et  11S12,  pi.  viii ,  qui  n'en  diftcre  que  par  des 
jambes  un  peu  plus  liauter-. 

(2)  C'est  encore  moins  un  ciourneau  qu'un  merle. 

(3)  Commcrson  avait  eu  le  projet  de  nommer  ainsi  le  polochion  (  /«e- 
rops  iiioluccsnsis ,  Gm.  ',  qui  est  de  ce  genre.  Voj.  rjuTon  ,  llist.  des 
Ois.  \I.  in-4®j  p?  477« 


PASSEREAUX.  35g 

Les  espèces  pour  la  plupart  remarquables  par  quelque 
singularité  de  conformation  ont  été  Ijullollées  dans  toutes 
sortes  de  genres  par  les  auteurs. 

Il  en  est  qui  ont  des  proéminences  sur  le  bec  (')j  d'autres 
ont  à  sa  base  des  pendeloques  cliarnues  (2). 

Quelques-unes  ont  au  moins  des  portions  de  peau  dénuées 
de  plumes  sur  les  joues  (5). 

Même,  dans  celles  qui  n'ont  aucune  partie  nue,  on 
observe  encore  quelquefois  des  dispositions  singulières  dans  le 
plumage  (4). 


(i)  Le  corbi  calao  ,  Vaillant,  Ois.  d'Aniér.  et  des  Indes,  pî.  xxiv^ 
(  merops  corniculutus ,  Lath.  et  Siiaw.  )  et  une  espèce  voisine  ,  dont  le 
tubercule  ,  plu:-,  grand  ,  se  dirige  en  arrière  vers  le  front  (  mer.  monachus, 
Lath.  ?  )  Ces  deux  oiseaux,  de  la  Nouvelle-Hollande,  ne  sont  ni  des  calaos, 
ni  des  guêpiers  j  car  ils  n^ont  pas  les  doigts  externes  plus  réunis  que  les 
passereaux  les  plus  ordinaires. 

{1)  Toi  vient  l 'oiseau  de  la  Nouvelle-Hollande  ,  nommé  par  Daudin  , 
Ornith.  n  ,  pi.  XVI ,  pie  à  pendeloc/ues  ,  ou  connus  paraâoxus  ^  le  même 
que  le  merops  carunculaius  de  Phillip  ,  de  Latham  et  de  Shaw.;  mais  qui 
n'a  pas  les  pieds  d'un  merops  ,  et  dont  le  bec  est  échancré ,  la  langue  en 
pinceau  et  les  narines  sans  plume?.  Le  sturnus  caruncuJatiis,  Lath.  ei  Gm. 
ou  gracula  carunciilata.  Daud.  et  Shaw.  (Laih.Syn.  m,  pî.  xxxvi  ) 
et  le  cerllùa  carunculaia.  Lath.  et  Gra.  (^Yieill.  Ois.  dor.  11  ,  pi.  lxix.  ) 
me  paraissent  y  appartenir  également.  Ce  dernier  chante  ,  dit-on  ,  à  mer- 
veille ,  et  habite  les  îles  des  Amis. 

(3)  Le  goulin ,  ou  merle  chauue  dts  Philippines  {gracula  calua)  EnL 
•200.  —  Le  merops  phrygiiis.  Shaw,  Gen.  Zool.  viii.  pi.  xx.  —  Le  go~ 
rMc/f.  Yieill.  Ois.  dor.  11  pi.  lxxxviii  ,  (C  goruck.  Sh.)  —  heJuscaWiii^ 
id.  ib.  pi.  LXï  (  C.  lunata.)  —  Le  gracuîé ,  id.  ib.  pi.  lxxxvii  (  6'.  grn~ 
cuUfia.  )  —  Le  polochion.  Buft'.  (mcivps  moluccensis.  Gm.  ),  et  quel- 
ques espèces  nouvelles  appartiennent  à  cette  division. 

IV.  B.  M.  Vieillot  a  singulièrement  mêlé  les  espèces  de  ce  genre  avec 
le  s  grimpereaux ,  comme  MM..  Latham  et  Shav?"  ,  avec  les  guêpiers. 

(4)  Nommément   dans  le  merops  JSovœ-Iîollandiœ.   Gtïi.  et  Brown  , 
II!.  IX,  ou  merle  à   cravate  frisée.  Vailî.  Afr.  ,  on  niercps  circimiatiis.- 
Lath.  et  Shaw.  Gen.  Zoo!,  viii.  pi.  xxii. 

Les  espèce-;  de  ce  genre  qui  n'ont  point   de  ces  sortes  de  singularités^ 


360  ,  OISEAUX 

Les  Martins.  (  Gracula.  Cuv.  ) 

Sont  encore  un  genre  voisin  des  merles,  habitant 
de  l'Afrique  et  des  pays  qui  bordent  la  mer  des  Indes. 
Leur  bec  est  comprimé,  très-peu  arqué,  légèrement 
échancré  ;  sa  commissure  forme  un  angle  comme 
dans  les  étourneaux.  Presque  toujours  les  plumes  de 
leur  tête  sont  étroites ,  et  il  y  a  un  espace  nu  autour 
de  leur  œil.  Ils  ont  aussi  les  mœurs  des  étourneaux , 
et  volent  comme  eux,  en  grandes  troupes,  à  la  pour- 
suite des  insectes. 

Une  de  leurs  espèces  [Paradiscea  tristis.  Gin.  Gracula, 
tristis.  Lalh.  et  Sliaw.  Gracula  grj^lliç^ora.  Daud.) 
Enl.,  219. 

Est  devenue  célèbre  par  les  services  qu'elle  a  rendus  à 
l'IIe-de-France  en  y  détruisant  les  sauterelles.  Elle  mange 
d'ailleurs  de  tout,  niche  dans  les  palmiers,  se  laisse  aisément 
apprivoiser  et  dresser.  Elle  est  de  la  taille  d'un  merle, 
Lrune,  à  tète  noirâtre,  une  tache  vers  le  fouet  de  l'aile, 
le  bas  ventre  et  le  bout  des  pennes  latérales  de  la  queue 
blancs  (i). 

sont  les  certhia  xantotus.  Sh.  Vieill.  Ois.  tlor.  II ,  pi.  84-  —  C.  Novce- 
Hollandiœ  ,  ib.  pi.  Sy  et  71.  — C.  australasiana  ,  ib.  55.  —  C.  nieU 
livora,  ib.  86.  —  C.  auriculata,  ib.  84.  —  C  cœrulea,  ib.  83.  — C.  Seni- 
culus ,  ib.  5o.  Je  crois  même  que  le  cap  noir,  Vieill.  pi.  60.  (certhia  cucul^ 
lata  ,  Sh.)  doit  y  appartenir  ,  malgré  la  longueur  de  son  bec.  —  Merops 
niger,  Gm. ,  ou  f as ciculatus.  Lath.  ,  ou  gracula  nohilis,  Merrcm.  Bejtr. 
Fasc.  I  ,  pi.  II ,  en  est  encore  plus  probablement.  Dans  aucun  cas  ce  ne  peut 
être  un  guêpier.  Je  place  encore  parmi  ces  philedon  le  verdin  de  la  Co- 
chin4:hine  ,  Enl.  643  ,  qui  est  le  deuxième  Lurdus  Malaharicus  ,  n°  iiS 
de  Gmel  (car  le  premier,  n°  5i ,  est  un  martin  ) ,  et  le  certh.  cocinci- 
nica.  Sh.  Vieill.  77  et  78. 

(i)  II  est  difficile  de    comprendre  comment  Linnœus  en  avait  fait  un 
oijeau  de  paradis.  A  ce  genre  apparlienneut  encore  le  gracula  crislaLeUa 


PASSEREAUX.      '  36l 

Les  Lyres  (M^enura.  Sh.) 

Que  leur  grandeur  a  fait  rapporter  par  quelques- 
uns  aux  gallinacés,  appartiennent  évidemment  à  Tor- 
dre des  passereaux ,  par  leurs  pieds  à  doigts  séparés 
( excepté  la  première  articulation  de  lexterne  et  du 


Enl.  5o7,  et  Edw.  19,  qui  est  à  peine  une  variété  de  l'ordinaire.  —  Le 
porte-lambeaux.  Vaill.  Afr.  pi.  gS  et  g4,  qui  est  le  gr.  caruncuîata, 
Gm.  ou  le  gr.  larvata.  Shaw  ,  ou  le  sturnus  galUnactus.  Daud.  —  Le 
turd.  pagodarum.  Vaill.  Afr.  gS.  Le  premier  malabaricus ,  \e  gb^ginia- 
nus  ,  le  martin  gris  de  fer.  Vaill.  Afr.  gS  ,  i  ^  etle  sturnus  s  ericeus.  Gm., 
y  appartiennent  également ,  ainsi  que  quelques  espèces  nouvelles.  J'y 
rapporte  aussi  ,  par  conjecture ,  le  turd.  ochrocephalus.  Lath.  (  sturn. 
ceylanicus.  Gm.  )  Brown.  111.  xxii. 

N.  B.  On  ne  peut  comprendre  quel  type  Linnœus  et  ses  successeurs 
se  sont  fait  de  leur  genre  gracula.  Linnœus  le  forma  d'abord  ,  dans  sa 
dixième  édition  ,  de  sept  espèces  très-disparates ,  savoir  : 

I  Reiigiosa ,  le  mainate  ,  que  je  place  près  des  rolliers. 

a  Feliàa  ,  que  je  soupçonne  le  même  que  le  coînud ,  c'est-à-dire 
Toisin  des  cotingas. 

3  Barita  et  4  <]uiscuJa ,  qui  sont  des  cassiques. 

5  Cristatella ,  qui  est  un  martin. 

6  Sauîaris ,  ou  plutôt  solaris  ,  qui  est  une  piegrièche  à  bec  droit ,  cl  le 
même  oiseau  que  T.  niindanensis ,  enl.  627  ,  i. 

Enfin  7  Atthis  ,  qui  est  im  merle. 

Dans  la  douzième  édition  ,  il  ajouta  le  gouUn  (Gracula  calva),  et  mit  le 
martin  ordinaire  parmi  les  oiseaux  de  paradis. 

Gmelin  ,  d'après  Pallas  ,  y  ajouta  un  carouge  (  gr.  longirostra  ).  *  Il  y 
plaça  aussi  le  martin  porte-îambeanx  (grac.  caruncuîata),  tout  en  laissant 
le  martin  commun  dans  les  oiseaux  de  paradis  •  enfin  il  y  mit  le  picucule 
{grac.  cayennensis),  qui  est  un  grimpereau.  M.  Latham  y  a  transporté  le 
martin  {grac.  Iristis),  le  col  nu  {grac.  nuda) ,  et  un  de  mes  philedons 
grac.  icterops)**.  Daudiu  a  mis  ,  à  la  suite  du  martin ,  les  espèces  qui  lui 

*  Je  ne  connais  point  le  s;racula  sturnina  de  Pallas. 
**  Je  ne  connais  pas  non  plus  les  g^mc.  cj-anotis,  melanocephala,  et  viridis 
de  M.  Lathnm  j  mais  je  les  soupçonne  d'appartenir  aussi  à  mes  philedons. 


362  OISEAUX 

moyen),  par  leur  bec  triangulaire  à  sa  base,  allongé, 
un  peu  comprimé  et  échancré  vers  sa  pointe  ;  les  na- 
rines membraneuses  y  sont  grandes  ,  et  en  partie  re- 
couvertes de  plumes  comme  dans  les  geais.  On  les 
distingue  à  la  grande  queue  du  mâle,  très-remar- 
quable  par  les  trois  sortes  de  plumes  qui  la  compo- 
sent 3  savoir,  les  douze  ordinaires  très-longues,  à  barbes 
effilées  et  très-écartées;  deux  de  plusau  milieu  ,  garnies 
d'un  côté  seulement  de  barbes  serrées  ,  et  deux  exté- 
rieures courbées  en  S ,  ou  comme  les  branches  d'une 
lyre,  dont  les  barbes  internes,  grandes  et  serrées, 
représentent  un  large  ruban  ,  et  les  externes,  très- 
courtes ,  ne  s'élargissent  que  vers  le  bout.  La  femelle 
n'a  que  douze  pennes  de  structure  ordinaire. 

CeUe  espèce  singulière  (A/cpm/r.a.  Sha^v.)  Yieill.  ,Ois.  de 
Farad.,  pi.  xiv,  xv  ^  habite  les  cantons  rocailleux  de  la 
Nouvelle-Holiande;  sa  taille  est  un  peu  moindre  que  celle 
du  faisan. 

Les  Manakins.  (Pipra.  Lin.) 

Sont  un  petit  genre  d'Amérique  ,  à  bec  comprimé , 
plus  haut  que  large  ,  échancré ,  à  fosses  nasales  gran- 
des, à  queue  courte  :  ils  se  lieraient  à  quelques  égards 
aux  fourmiliers ,  si  leurs  pieds  n'étaient  pas  courts  ^ 
et  s'ils  ne  se  distinguaient  d'ailleurs  de  tous  les  autres 
dentirostres  par  leurs  ûqu^  doigts  extérieurs  réunis 

ressemblent  en  effet , et  dont  Gmelin  avaitlaissé  deux  parmi  les  turdiis  [tnrd^ 
pagodarum  et  Ma^ahuncas).  Eniîn  jM.  Sl)aw  n  compléta  la  bizarrerie  de  ce 
genre,  en  y  plnçimt  encore  trois  cassicans  (  ses  gr.  slrepera ,  varia  et  tihi- 
ce//);  et  tn  leur  ajoniaul  le  lalapiot ,  qui  C3t  un  grimpereau,  ou  urc 
sittelle  (  m'ac.  picoides  ).  Il  est  certain  que  des  genres  ainsi  composes 
peuvent  excuser  ,  sinon  justifier  ,i'i.iuineur  des  cnaemis  des  méthodes.. 


PASSEREAUX.  363 

êur  près  de  moitié  de  leur  longueur.  D'autre  part, 
leur  bec  court  et  leurs  proportions  générales ,  les  ont 
fait  long-temps  regarder  comme  assez  semblables  à 
nos  mésanges.  On  doit  mettre  à  leur  tête,  et  dans  un 
groupe  séparé, 

Les  Coqs  dk  roche.  (P».upicola.) 

Qui  sont  grands  et  portent  sur  la  tête  une  double  crête 
verticale  de  plumes  disposées  en  éventail.  Les  mâles  adultes 
des  deux  espèces  connues  sont  du  plus  bel  orangé,  et  les  jeunes 
d'un  brun-obscur. 

Ces  oiseaux  vivent  de  fruits ,  grattent  la  terre  comme  des 
poules,  et  font  leur  nid  avec  du  bois  sec  dans  les  cavernes 
profondes  des  rochers.  La  femelle  pond  deux  œufs  (i). 

Les  vrais  Manakiîvjs.  (Pipra.  Cuv.  ) 

Sont  petits  et  se  font  presque  tous  remarquer  par  des  couleurs 
vives  (2).  Ils  habitent  en  petites  troupes  dans  lesforêts  humides. 
Les  Becs-fins.  (  Motacilla.  L.) 

Forment  une  famille  excessivement  nombreuse, 
reconnaissable  à  son  bec  droit ,  menu  ,  semblable  à 
un  poinçon.  Quand  il  est  un  peu  déprimé  à  sa  base , 
il  se  rapproche  de  celui  des  gobe-mouches  ;  quand 
il  est  comprimé  et  que  sa  pointe  se  recourbe  un  peu  , 
il  conduit  aux  piegriéclies  à  hec  droit. 

On  a  essayé  de  les  diviser  comme  il  suit  : 

Les  Traque rs.  (Saxicola.  Becljst.) 

Ont  le  bec  un  peu  déprimé  et  un  peu  large  à  sa  base  ,  ce  qui 
les  lie  surtout  à  la  dernière  petite  tribu  des  gobe- mouches. 

(i)  Plprn  rupicola,  enl.  oc;. et  7/17.  — Pipra peruuiana.  Lath.  enl.  745. 

(2)  Pipra  pareola,  enl.  687,2,  et  5o5 ,  2. — Sup-rba.  Pallas,  5p.  5. 
pi.  in.  F.  1.  —  Erytrhocephala ,  en!. 34  ,  i.  —  Aurela  ,  34  ,  3  ,  et  007.  , 
'■•  —  Screna  'b'i.L\  ,  2.  —  GuUuruus  ,  S'zzj  ^  i.  —  LiucoccipiUa  ,  5/j .  2.  — 
Manacus  ,  5o2,  i  ,  et  5o5  ^  i. 


0 


364  OISEAUX 

Ce  sont  des  oiseaus  vifs,  assez  hauts  sur  jambes.  Les  espëcesl 
Je  ce  pays-ci  niclient  à  terre  ou  sous  terre,  ne  mangent 
que  des  insectes. 

Nous  en  possédons  trois  : 
Le  Traquet.  (  Motacil.  rubicola.  Lin.  )  Enl.  678 ,  i. 

Petit  oiseau hrun,  à  poitrine  rousse  ,  à  gorge  noire,  avec 
du  blanc  au  côté  du  cou,  sur  l'aile  et  au  croupion.  Il  vol- 
tige sans  cesse  sur  les  buissons,  les  ronces,  et  avec  un  petit 
cri  semblable  au  tictac  d'un  moulin,  d'où  lui  vient  son  nom. 

Le  Tarier.  (  Mot,  ruhelra.  )  Enl. ,  ib.,  2. 

Ressemble  beaucoup  au  traquet  ;  mais  son  noir ,  au  lieu 
d'être  sous  la  gorge ,  est  sur  la  joue.  Il  est  un  peu  plus  grand, 
et  se  tient  plus  à  terre. 

Le  Motleux  o\x  cul  blanc.  [Mot.  œnanthe.)  Enl.,  554* 

Le  croupion  et  la  moitié  des  plumes  latérales  de  la  queue 
blancs.  Le  mâle  a  le  dessus  cendré ,  le  dessous  blanc-rous- 
sâtre,  l'aile  et  une  bande  sur  l'œil  noires.  Dans  la  femelle  , 
tout  le  dessus  est  brunâtre  et  le  dessous  roussàtre.  Cet  oiseau 
se  tient  dans  les  champs  qu'on  laboure  ,  pour  prendre  les 
vers  que  le  sillon  met  à  nu  (i). 

Les  Rubiettes  (2).  (  Sylvia.  Wolf  et  Meyer.  Ficedula. 

Bechst.  ) 

Ont  le  bec  seulement  un  peu  plus  étroit  à  la  base  que  les 
précédens.  Ce  sont  des  oiseaux  solitaires ,   qui  nichent  géné- 


(i)  Ajoutez  aux  traquets ,  viot.  caprata  ,  enl.  235.  —  Mot.fuUcata  ,  enl. 
i85  ,1.  —  Mot.philippends  ,  ib.  2.  Le  pâtre,  Vaill.  Afr.  p.  180. 

Et  au  cul  blanc  ,  mot.  leucothoa  ,  enl.  583  ,  -a.  —  L'imitateur  ,  VailL 
Afr.  181.  id. —  Le  familier,  id.  i85.  —  Le  montagnard ,  id.  184. —  Le 
fourmilier,  186. —  Mot.  leuconwla  ,  Falc.  Voy.   III,  xxx. 

Le  mot.  cyanea  ,  Gm.  Lath.  Syn.  II  ,  pi.  lui  ,  a  le  bec  des  traquets 
et  n'en  diffère  que  par  sa  longue  queue. 

(1)  Rublelte  ,  nom  du  rouge-gorge  dans  qucîques-uncs  de  nos  pro- 
vinces. 


PASSEREAUX.  365 

ralement  clans  des  trous ,  et  vivent  d'insectes ,  de  vers  et  de 
hayes. 

Nous  en  avons  ici  quatre  espèces  : 

Le  Rouge-gorge.  (  Mot.  ruheculaj  L.  )  Enl.  56i ,  i. 

Gris-brun  dessus ,  gorge  et  poitrine  rousses,  ventre  blanc; 
niche  près  de  terre  dans  les  bois,  est  curieux  et  familier. 
Il  en  reste  quelques-uns  en  hiver  ,  qui ,  pendant  les  grands 
froids ,  se  réfugient  dans  les  habitations ,  et  s'y  apprivoisent 
très-vite.^ 

La  Gorge  bleue.  (  Mot.  suecica.  L.  )  Enl. ,  36i ,  2. 

Brun  dessus  ,  gorge  bleue ,  poitrine  rousse  ,  ventre  blanc  ^ 
plus  rare  que  le  précédent,  niche  aux  bords  des  bois,  des 
marais. 

La  Gorge  noire  ou  Rossignol  de  muraille.  (  Mot.  phœni" 

c«rM5.  L.)  Enl. ,  55i ,  i. 

Brun  dessus,  gorge  noire,  poitrine,  croupion  et  pennes 
latérales  de  la  queue  roux  ;  niche  dans  les  vieux  murs ,  et 
fait  entendre  un  chant  doux ,  qui  a  quelque  chose  des  mo- 
dulations du  rossignol. 

Le  rouge  queue.  (  Mot.  erithacus ,  titys ,  gibraltariensis  ^ 
atrata.  Gm.  )  Edw.  j  29. 

Diffère  du  précédent ,  surtout  parce  que  sa  poitrine  est 
noire  comme  sa  gorge.  H  est  beaucoup  plus  rare  (1). 

Les  Fauvettes.  (GuRRucA.Bechst.  ) 

Ont  le  bec  droit,  grêle  partout,  un  peu  comprimé  en  avant  j 
l'arête  supérieure  se  courbe  un  peu  vers  la  pointe^ 

Le  plus  célèbre  oiseau  de  ce  sous-genre  est 


(1)  Ajoutez:  Le  rouge  gorge  à  dos  bleu  {mot.  siaîis)  ,  eul,   390.— 
mot.  Calliope,  Lath.  Syn.  Supp.  frontisp. 


y 


366  OISEA.UX 

Le  Rossignol.  (  3lGt.  luscinia.  Lin.  )  Enl. ,  61 5  ,  2, 

Brun-roiî^sâlre  dessus,  gris-blancbâtredessous  ,  la  queue 
un  peu  plus  rousse.  Chacun  connaît  le  chantre  de  la  nuil  , 
et  les  sons  mélodieux  et  variés  dont  il  charme  les  forêts. 
Il  niche  sur  les  arbres^  et  ne  chante  que  jusqu'à  ce  que  ses 
petits  soient  éclos.  Le  soin  de  leur  nouriiture  occupe  alors 
le  mâle  comme  la  femelle. 

La  partie  orientale  de  l'Europe    produit   une  race   un 
un  peu  plus  grande  .  à  poitrine  légèrement  variée  de  re- 
flets grisâtres.  (  Mot.  philomela.  Bechst.  ) 
Les  autres  espèces  portent  en  commun  le  nom    de   fau- 
vettes :  elles  ont  presque  toutes   un  ramage  agréable  ,    de  la 
gaieté  dans  leurs  habitudes ,   volètent  continuellement  à  la 
poursuite    des  insectes^  nichent  dans  des  buissons  et,  pour 
le  plus  grand  nombre ,  au  bord  des  eaux ,  dans  les  joncs ,  etc. 
Je  place  en  tête  une  espèce  assez  grande  pour  avoir  élé 
presque  toujours  mise  dans  le  genre  des  grives  (i). 

C'est  la  Rousserolle  ,  Rossignol  de  rwière  ,  etc.  (  Titrdus 
arundinaceus.  Lin.  )  Enl.  ,  5i5. 

Brun-roussâtre  dessus ,  jaunâtre  dessous,  gorge  blanche  , 
un  trait  pâle  sur  l'œil ,  un  peu  moindre  que  le  mauvis ,  à 
bec  presque  aussi  arqué. 

Elle  niche  parmi  les  joncs,  et  ne  mange  guère  que  des 
insectes  aquatiques. 

La  petite  Rousserolle  ou  EJfarvatte,  (  Mot.  ariindinacea. 

Gmel.  ) 

Semblable  à  la  précédente  pour  les  mœurs  et  les  cou- 
leurs ,  mais  d'un  tiers  moindre. 

La  Fauvette  de  roseaux.  (  Mot.  salicaria.  Gm.  )  Enl.  58 1 ,  1. 

Encore  plus  petite  que  l'effarvalte,  à  bec  plus  court  à  pro- 


(i)  Il  y  a ,  dans  les  pays  étrangers,  des  fauvettes  interme'diaires  entre 
îa  grande  et  la  petite  rou^^serole,  et  entre  celle-ci  et  !a  fauvette  de  roseaux 


i 

I 


PASSEREAUX.  .  36l 

portion  ,   gris-olivâtre  dessus,  jaune  trës-palc  dessous^  un 
Irait  jaunâtre  entre  l'oeil  et  le  bec. 

La  Fauvette  tachetée.  (  Mot.  nœt'ia.  )  Albi»,  lïl,  'îQ.  No- 

seman  y  il ,  pî.  55. 

Habite  aussi  les  roseaux.  C'est  la  plus  petite  des  aquati- 
ques ,  fauve  ,  tachetée  de  noirâtre  dessus ,  blanchâtre  , 
teinte  de  fauve  dessous ,  tachetée  de  gris  sur  la  poitrine. 

Une  variété  non  tachetée  sur  la  poitrine  a  été  nommée 
3Ioî.  schœnohœniis. 

Parmi    les    espèces    plus   attachées  aux    terrains  secs,  on 
distingue  d'abord , 

La  Fauvette  à  tête  noire.  {Mot.  atricapilla.  Lin.  )  Enl. , 

58o  y  I  et  2. 

Brune  dessus ,  blanchâtre  dessous  ,  une  calotte  noire  dans 
le  mâle,  rousse  dans  la  femelle. 

La  Fauvette  proprement  dite.  {Mot.  orphea.  Tem.  )  EnL  , 

L'une  des  plus  grandes,  brun-cendré  dessus,  blanchâ- 
tre dessous,  du  blanc  au  fouet  de  l'aile ,  la  penne  externe  de 
la  queue  aux  deux  tiers  blanche  ,  la  suivante  marquée  d'une 
tache  au  bout,  les  autres  d'un  liseré. 

La  Fauvette  grise,  {  Mot.  silvia.  Lin.  )  Gotrs^e  blanche  des 
Anglais.  Brit. ,  zool ,  pi.  5  ,  n"  4. 

Plus  petite  et  plus  grise  que  la  précédente ,  le  bec  plus 
menu  ,  mais  les  taches  blanches  disposées  de  même. 


en  sorte  qu'on  ne  peut  ,  selon  moi ,  séparer  la  rousserolle  des  fauvettes , 
bien  que  favoue  qu'il  résulte  de  là  un  passage  presque  insensible  entre  les 
merles  et  les  becs-fins^  tout  comme  il  y  eu  a  un  entre  les  becs-fins  et  les 
piegrièches  à  bec  droit ,  entre  les  merles  et  les  piegrièches  à  bec  arqué.  Tous 
ces  genres  se  tiennent  étroitement. 


368  OISEAUX 

La  Fauvette  hahillarde,  (  Mot.  curriica.  Lin.  )  Enl.  Syo 
3  ,  ?.  Noseman  ,  II ,  pi.  gy. 

Dessus  gris-fcrun  roussâtre  ,  dessous  blanc ,  le  blanc  de  là 
queue  comme  aux  deux  précédentes ,  les  pennes  et  les  cou- 
vertures des  ailes  bordées  de  roux. 

La  Passeriîiette  ou  Faui^ette  bretonne.  (Mot.passerina»} 
Lath.,  Syn.,  Sup.,  pi.  cxiii.  Noseman,  II,  pi.  72. 

Gris-brun  cendré  uniforme  ;  dessous  blanchâtre. 

La  Fauvette  épervière.  (  Mot.   nisoria.  Beclist.  ) 
Un  peu  plus  grande  que  la  passerinette ,  de  même  cou- 
leur ,  seulement  quelques  ondes  grisâtres  sur  les  flancs ,  et 
quelques  taches  sous  la  base  de  la  queue  (i). 
Bechstein  sépare  des  autres  fauvettes 

Son  ACCENTOR  , 

Qui  est  la  Fauvette  des  Mpes ,  Buff.  (  Mot.  Mpina  )  ,  Enl. , 

668, 

Parce  que  son  bec  grêle ,  mais  plus  exactement  conique  que 

celui  des  autres  becs-fins ,  a  ses  bords  un  peu  rentrés. 

C'est  un  oiseau  cendré  ,  à  gorge  blanche  ,  pointillée 
de  noir,  avec  deux  rangées  de  taches  blanche  sur  l'aile  ,  et 
du  roux-vif  aux  flancs.  Use  tient  dans  les  pâturages  des  hautes 
Alpes,  où  il  chasse  aux  insectes,  et  d'où  il  descend  en  hi- 
ver dans  les  villages  pour  y  trouver  quelques  grains. 

Je  crois  observer  le  même  bec  à  notre  Fauvette  dliiver  y 
Traîne-Buisson ,  etc,  {Mot.  modularis ,  Lin.  ) ,  enl. ,  61 5  ,  i . 
La  seule  espèce  qui  nous  reste  en  hiver ,  et  qui  égayé  un 
peu  cette  saison  par  son  agréable  ramage.  Elle  est  en  des- 
sus d'un  fauve  tacheté  de  noir  ,  et  cendrée  -  ardoisée  des- 
sous. L'été  elle  va  dans  le  nord  et  dans  les  bois  des  mon- 
tagnes j  l'hiver,  elle  se  contente  aussi  de  grains  à  défaut  d'in- 
sectes. 

(i)  N.  B.  Les  descriptions  des  fauvettes  sont  sî  v.ngues  et  leurs  figures  si 
mauvaises  ,  qu''il  e«t  presque  impossible  d"'en  déterminer  les  espèces.  Cha- 
que auteur  les  dispose  autrement.  Ainsi  Ton  peut  compter  sur  nos  descrip- 
tions ,  mais  non  pas  absolument  sur  notre  synonymie. 


PASSEREAUX.  SGQ 

Oa  pourrait  aussi  distini^uer  quelques  hecs-fins  étrangers 
à  bec  irès-gréle  comprimé  presque  comme  aux  merles,  à 
queue  longue  et  étagée,  que  l'on  a  laissés  jusqu'ici  pnrmi 
les  fauvettes  (i).  Quelques-ums  de  leurs  espèces  construisent 
des  nids  de  coton  ou  d'autres  lilamens  disposés  avec  beau- 
coup d'art. 

Les  RoiTEi.ETs  ou  Figuiers.  (Pcegulus.  Cuv.) 

Ont  le  bec  grêle  parfaitement  en  cône  très-aigu,  et  même, 
quand  on  le  regarde  d'en  baut  ^  ses  côtés  paraissent  un 
peu  concaves.  Ce  sont  de  petits  oiseaux  qui  se  tiennent  sur 
les  arbres  et  y  poursuivent  les  moucberons.  Nous  en  avons 
trois  ici , 

Le  Roitelet,  (  Mot,  résidus.  L.  )  Enl. ,  65t  ^  3. 

Le  plus  petit  de  nos  oiseaux  d'Europe,  olivâtre  dessus, 
blanc  jaunâtre  dessous,  tête  noire  marquée  d'une  belle 
tacbe  jaune-d'or,  dont  les  plumes  peuvent  se  relever.  Il  fait 
sur  les  arbres  un  nid  en  boule  dont  l'ouverture  est  sur  le 
côté  ,  se  suspend  aux  brandies  dans  tous  les  sens  comme  les 
mésanges,  se  rapprocbe  des  babitations  en  liiver. 

Le  Pouillot.  (Motac.  troc};jdus.  L.  )  Enl.,  ib.,  i. 

Un  peu  plus  grand  que  le  roitelet,  de  la  même  couleur, 
mais  sans  couronne;  de  mêmes  moeurs,  mais  d'un  plus  joli 
ramage,  et  s'éloigna nt  en  biver. 

Le  ^rand  Pouilloi.  (  Dîotac.  hjpolaïs.)  Becbst.  Ifl  ,  xxiv. 

Encore  un  peu  plus  grand,  à  ventre  plus  argenté. 
Les   figuiers  étrangers   sont  fort   nombreux  el   souvent 
revêtus  de  couleurs  agréables  (i). 


(i)  Motacilla  wacroitra  f  Gm.  enl.  ySa  ,  i.  —  Mot,  suhfiava,  Gm. 
enl.  584  >  I  >  probablement  le  même  que  le  citrln  ,  A'adl.  Afr.  137.  —  Le 
double  sourcil ,  id.  128.  —  Le  capolier  ,  id.  lag  ,  i3o. 

(2)  Tels  sont  le  tcheric ,  Vaill.  III,  i3i.  —  Le  cou  jaune  {mot,  pen- 
silis) ,  enl.  686 ,  5.  —  he  //g.  lâcheté  du  Canada  (  mot.  œstiva) ,  enl.  58» 

TOME     I .  ^4 


370  OISEAUX 

Les  TiiOGLODiTEs.  (  Troglodiies.  Cuv.  ; 

Ne  diffèrent  des  figuiers  que  par  un  bec  encore  un  peu  pltis 
grêle  et  légèrement  arqué. 

Nous  n'en  ayons  qu'un, 

Le  Troglodyte  d'Europe  (Mot,  troglodytes,  Ij.)  EnK, 
65 1 ,  2 ,  nommé  en  plusieurs  lieux  Roitelet. 

Brun  strié  en  travers  de  noirâtre ,  avec  du  blanchâtre  à 
la  gorge  et  au  bord  de  l'aile ,  la  queue  assez  courte  et  relevée. 
11  niclie  contre  terre,  et  chante  agréablement  jusque  dans 
le  plus  fort  de  l'hiver  (i). 

Les  Hochequeue.  (Motacilla.  Bechst.) 

Joignent  à  un  bec  encore  plus  grêle  que  celui  des  fauvettes 
une  queue  longue  qu'ils  élèvent  et  abaissent  sans  cesse,  des 
jambes  élevées,  et  surtout  des  plumes  scapulaires  assez  longues 
pour  couvrir  le  bout  de  l'aile  repliée,  ce  qui  leur  donne  uq 
rapport  avec  la  plupart  des  échassiers. 

Les  Hochequeue  proprement  dits  ou  Lavandières. 

(  MoTACIELA.  Cuv.  )  . 

Ont  encore  l'ongle  du  pouce  courbé  comme  les  autres 
becs-tins.  Elles  vivent  au  bord  des  eaux. 
Celle  de  notre  pa}S  {Mot.  alha  et  cinerea.  L.  )  Enl.,  652. 

Est  cendrée  dessus,  blanche  dessous,  avec  une  calotte  à 
l'occiput ,  et  la  gorge  et  la  poitrine  noires. 


2.  —  lue  /ig.  à  gorge  jaune  (  mot.  ludoviciana  )  enl.  ySi  ,  2.  —  hejftg.  à 
poitrine  jaune  {mot.  inystacea) y  enl.  709,  2,  Edw.  257,  2.  —  he/ig. 
cendré  de  Canada  (  mot.  Canadensis)  ,  enl.  685  ,  2.  —  he/îg.  de  Vile  de 
France  {mot.  mauriciana  ) ,  enl.  706  ,  i. —  Le  plastron  noir  y  Vaill.  III, 
123,  etc.  Ceux  qui  ont  le  bec  un  peu  large  à  sa  base  tiennent  de  près 
aux  gobe-mouches  ili  bec  étroit. 

(i)  Les  troglodites  étrangers,  se  lient  d'une  part  aux  fourmiliers,  de 
i'auire  aux  grimpereaux. 


i 


PASSEREAUX.  3^t 

Les  Bergeronnettes.  (  Budytes.  Cuv.  )  (i) 

Ont,  avec  les  autres  caractères  des  lavandières,  l'ongle  du 
t>ouce  allongé  el  peu  arqué ,  ce  qui  les  rapproche  des  far- 
louses  et  des  alouettes.  Llles  se  tlenaent  dans  les  pâlu* 
rages,  et  poursuivent  lès  insectes  parmi  les  troupeaux. 

La  plus  commune  ^  la  t>erg;eronhette  de  Printems,  [Mot, 

jlava,)  Enl  ,  67/^,  2. 

Est  cendrée  dessus,  olive  au  dos,  jaune  dessous,  un 
sourcil  et  les  deux  tiers  des  pennes  latérales  de  la  queue 
blancs  (2) . 

Les  Farlousês.  (Anthus.  Beclist.  ) 

Ont  été  long-temps  réunies  aux  alouettes,  à  cause  de  l'ongle 
long  de  leur  pouce;  mais  leur  bec  grêle  et  échancré  les 
rapproche  des  autres  becs- fins.  En  même  temps,  leurs  pennes 
et  couvertures  secondaires,  aussi  courtes  qu'à  l'ordinaire,  ne 
les  laissent  pas  confondre  avec  les  bergeronnettes. 

Les  unes,  dont  l'ongle  est  encore  assez  arqué,  se  perchent 
volontiers. 

"Le  Pipi,  (Glanda  trivialis  et  fninor  Cm.  Anthus  àrhoreus» 
Bechst.  )  Enl.,  660,  1  (5). 

Brun-olivatre  dessus,  grisâtre  dessous,  tacheté  de  noirâtre 
à  la  poitrine,  deux  bandes  transversales  pâles  sur  l'aile. 
D'autres  ont  tout-à-fait  au  pouce  un  ongle  d*alouette  j  elles 
se  tiennent  plus  souvent  à  terre. 

ludi  Farlou<e  ou.  Alouette  de  pré.  (  Alauda  pratensis.  Gm. 
Anthus  pratensis.  Bechst.)  Enl.^  661,  2  (4). 

Brun  -  olivâtre  dessus,   blanchâtre  dessous,  des  tache* 


(i)  Budytes,  nom  de  la  bergeronnelte  ,   parce  qw'on  la  voit  parmi  ie« 
bœufs. 

(2)  Ajoutez  la  berg.  jaune  (  'not.  hoarula ,  L.  ;  Edw.  25g. 

(3)  Sous  le  faux  nom  de  farlouse. 

(4)  Nommé  mal  à  propos  alouette  pipi. 


3^2  '  OISEAUX 

brunes  à  la  poitrine  et  aux  flancs,  un  sourcil  bîancliâtre,  les 
Lords  des  pennes  externes  de  la  queue  hlancs. 

Elle  se  lient  dans  les  prairies  liumides  ou  inondées,  niche 
dans  les  joncs,  les  touffes  de  gazon.  Elle  engraisse  sin- 
gulièrement en  automne  en  mangeant  du  raisin,  et  se 
recherche  alors,  dans  plusieurs  de  nos  provinces  , sous  les 
noms  de  bequeji^ue  et  de  'vinette  (i): 

Les  farlouses  nous  conduit^aient  directement 
aux  alouettes ,  mais  nous  sommes  obligés  de 
traiter  auparavant  d'une  petite  famille  qui  se 
lie  a  celle-ci  par  les  gobe-mouches  ;  c'est  celle 

des    FISSI  ROSTRES, 

Famille  peu  nombreuse.,  mais  très-dislincte 
de  toutes  les  autres  par  son  bec  court,  large,  aplati 
horizontalement  ,  légèrement  crochu  ,  sans 
échancrure  ,  et  fendu  très-profondément  ;  en 
sorte  que  Touverture  de  leur  bouche  est  très- 
large  ,  et  qu'ils  engloutissent  aisément  les  in- 
sectes qu'ils  poursuivent  au  vol. 

C'est  a  la  tribu  des  gobe-mouches  qu'ils  tien- 
nent de  plus  près,  et  spécialement  aux  procnias, 
dont  le  bec  ne  diffère  presque  du  leur  que  par 
son  échancrure. 

Leur  régime,  absolument  insectivore,  en  fait 


(i)  Ajoutez  la  rousseline  {sLr\ù\.  campestris)  ,  enl.  65r ,  î.  Parmi  les  far- 
louses étrangères  placez  Valauda  capensis  ,  enl.  5o4,2.  —  L'a/,  rufa,  ib. 
758,  2.  —  Une  autre  nifa  ,  ib.  7.58  ,  i.  —  Probablement  le  rubrur 
Edw.  -297. 


PASSEREAUX.  SyS 

éminemment  des  oiseaux  voyageurs  qui  nous 
({uittent  en  hiver. 

Ces  oiseaux  se  divisent  en  diurnes  et  noc- 
turnes 5  a  rinstar  des  oiseaux  de  proie. 

Les  Hirondelles.  (Hiruivdo.  L.  ) 

Comprennent  les  espèces  diurnes  toutes  remar- 
auables  par  leur  plumage  serré,  la  longueur  extrême 
Je  leurs  ailes  et  la  rapidité  de  leur  vol. 

Parmi  elles,  on  distingue 

Les  ^ÎÀRTI^ETS.  (Apis.  Cuv.  Cypselus.  Illiger.) 

De  tous  les  oiseaux,  ceux  qui  ont  les  plus  longues  ailes  à 
proportion  et  qui  volent  avec  le  plus  de  force  j  leur  queue  est 
fourchue;  leurs  pieds,  très  -  courts  ,  ont  ce  caractère  fort 
particulier,  que  le  pouce  y  est  dirigé  eu  avant  presque  comme 
les  autres  doigts,  et  que  les  doigts  moyen  et  externe  n'ont 
chacun  que  trois  phalanges  comme  l'interne. 

La  brièveté  de  leur  humérus,  la  largeur  de  ses  apophyses, 
leur  fourchette  ovale,  leur  sternum,  sans  échancrure  vers  le 
bas  indiquent,  même  dans  le  squelette,  à  quel  point  ces 
oiseaux  sont  disposés  pour  un  vol  vigoureux;  mais  la  brièveté 
de  leurs  pieds,  Jointe  à  la  longueur  de  leurs  ailes,  fait  que, 
lorsqu'ils  sont  à  terre ,  ils  ne  peuvent  prendre  leur  élan  ;  aussi 
passent-ils  pour  ainsi  dire  leur  vie  en  l'air,  poursuivant  en 
troupes  et  à  grands  cris  les  insectes  dans  les  plus  hautes 
régions.  Ils  nichent  dans  des  trous  de  murs  et  de  rochers,  et 
grimpent  avec  rapidité  le  long  des  surfaces  les  plus  lisses. 

L'espèce  commune  {^Flirundo  apiis.  L.  )  Enl.,  542,  1. 

Fsl  noire,  à  g'^^'ge  blanche. 

L'espèce  des  hautes  montagnes  (I/irundo  mclha.  L.} 
Edw.,  27  ;  Yaiîl.  Afr.,  245. 


374  OISEAUX 

Est  plus  granclc ,  Brune  dessus ,  Waiiclie  dessous,  avec  u» 
collier  brun  sous  le  cou  (i). 

Les  Hirondelles  proprement  dites.  (Hirxjndo.  Cuv.) 

Ont  les  doigts  des  pieds  et  le  sternum  disposés  comme  dans 
le  grand  nombre  des  passereaux. 

Quelques-unes  ont  les  pieds  revêtus  de  plumes  jusqu'aux 
ongles;  leur  pouce  montre  encore  un  peu  de  disposition  à  se 
tourner  en  avant  j  leur  queue  est  fourchue  et  de  grandeur 
médiocre. 

UHirojidelle  de  fenêtre.  {Hirundo  urhica.  L.)  Enl.,  542,  2. 

Noire  dessus,  blanche  dessous  et  au  croupion.  Tout  le 
monde  connaît  les  nids  solides  qu'elle  construit  en  terre 
aux  angles  des  fenêtres,  sous  les  rebords  des  toits,  etc. . .  (2) 

D'autres   ont   les  doigts  nus,  la  queue  fourchue  à  four- 
ches souvent  très-longues. 

\/ Hirondelle  de  cheminée.   {Hirundo  rustica,  L. ) 

Enl. ,  545,   I. 

Noire  dessus,  le  front,  les  sourcils,  la  gorge  roux,  le 
reste  du  dessous  blanc  j  son  nom  vient  de  l'habitation  qu'elle 
choisit  d'ordinaire.  1 

U Hirondelle  de  rivage.  {Hirundo  riparia,  L.  )  Enl. ,  543 ,  2. 

Brune  dessus  et  à  la  poitrine,  la  gorge  et  le  dessous  blancs. 
Elle  pond  dans  des  trous  le  long  des  eaux.  11  paraît  constant 
qu'elle  s'engourdit  pendant  l'hiver,  et  même  qu'elle  passe 
cet  état  au  fond  de  l'eau  des  marais  (5). 

(1)  Ajoutez  hlr.sinensis. —  Le  martinet  à  croupe  blanche  ,  Vaill.  Afr, 
a44  j  1  ?  —  ^c  martinet  vélocifère  ,  id.  ib.  ^44  >  ^^ 

(2}  Ajoutez  hirundo  Cayennensis  ,  enl.  726  ,  2.  —  Hir.  ludoviciana  , 
Nob.  enl.  723,  I ,  et  Catesb.  i  ,  5i.  —  Hir.  montana  (la  même  que  ru- 
pe  tiis. 

(3)  Ici  viennent  :  flir.  rufa,  enl.  72 'f ,  1.  —  Hir.  fasciata ,  enl.  724»  2. 
—  Hir.  violacea  ,  enl.  723.  —  Hir.  chalyhœa  ,  enl.  545,  2.  -^  Hir.  Se- 


PASSEREA-UX.  3']  J 

heA  pays  étrangers  ont  quelques  hirondelles  à  queue  presque 
Carrée  (i),  et  d'autres  dont  la  queue  carï?ée  et  courte  a  ses 
pennes  terminées  en.  pointe  (2}. 

Oji  doit  remarquer  parmi  les  liirondelles  étrangères 

La  Salangane.  {Ilir^  esculenta.  L.  ) 

Très -petite  espèce  de  l'archipel  des  Indes,  à  queue 
fourchue,  brune  dessus,  blanchâtre  dessous  et  au  bout  de 
la  queue  ,  célèbre  par  ses  nids  de  substance  gélatineuse 
blanchâtre ,  disposée  par  couches ,  qu'elle  fait,  à  ce  que  Fou 
croit,  avec  le  frai  de  certains  poissons,  ou  avec  quelque 
écume  qu'elle  recueille  à  la  surface  de  la  mer.  Les  vertus 
restaurantes  attribuées  à  ces  nids  en  ont  fait  un  article  im- 
portant de  commerce  à  la  Chine.  On  les  apprête  comme 
des  champignons. 

Les  Engoulevents.  (Caprimulgus.  L.)  (5) 

Ont  ce  même  plumage  léger,  mou  et  nuancé  de  gris 
et  de  brun  qui  caractérise  les  oiseaux  de  nuit;  leurs 
yeux  sont  grands,  leur  bec,  encore  plus  fendu  qu'aux 
hirondelles,  garni  de  fortes  moustaches ,  etpouvant  en- 
gloutir les  plus  gros  insectes  qu'il  retient  au  moyen  d'une 


negaîensis  ,  enl.  3io.  —  Hir.  Capensis,enl,  yaS ,  2.  —  Hir.  Indien ,  Lath. 
jSyn.  II ,  pi.  LVI.  —  Hir.  Panayana ,  Sonn.  1®^  Voy.  pi.  76.  —  Hir. 
subis  ,  Edw.  120.  —  Hir.  ainhrosiaca.  Briss,  II ,  pi.  45,  fig.  /\.  —  ///**• 
tapera ,  ib.  fig.  3.  —  Hir.  nigra  ,  id.  pi.  4^  ,  fig.  3  —  Hir.  daurica.  — 
Uhir.  à  front  roux,  Vaitl.  Afr.  ^45  ,  a.  —  Uhir.  de  marais  ,  id.  ib.  246, 
2.  —  XJ'kir.  huppée  ,  id.  ib.  ^47. 

(1)  Uir  Doniinicensis  ,  enl.  545,  i.  —  Hir.  torquata ,  enl.  723,  i.  — 
Hir,  leucoptera ,  enl.  546 ,  i . — Hir.  Francien ,  enl.  544  5  ^*  — H^'"*  Borho- 
nica.  —  Hir.  Anierieana.  —  Uhir.  fauve  ,  Vaill.  Afr.  24^»  ^* 

(2)  Hir.  Aeuta,  enl.  544  >  i»  -"•  Hir.  peîasgin,  enl.„726,  i  et  2. 

(5)  Caprimulgus  ,  têle-chèvre ,  cegotheins  ,TioYas  tirés  de  l'idée  bizarre  , 
répandue  parmi  le  peuple,  qu'ils  têtenî  les  chèvres  et  même  les  vaches. 


3^6  OISEAUX 

salive  gluante;  sur  la  base  sont  les  narines  en  forme 
de  pelils  tubes;  leurs  ailes  sont  longues^  leur  queue 
carrée^  leurs  pieds  courts  à  tarses  emplumés^  à  doigts 
réuins  à  leur  base  par  une  courte  membrane;  le 
pouce  liii-nieme  s'unit  ainsi  au  doigt  interne  et  peut 
se  diriger  en  avant  ;  longle  du  milieu  est  souvent 
dentelé  à  son  bord  interne,  et  le  doigt  externe,  par 
une  conformation  rare  parmi  les  oiseaux,  n'a  que 
qîiatre  phalanges.  Les  engoulevents  vivent  isolés,  ne 
voient  que  pendant  le  crépuscule  ou  dans  les  belles 
nuits,  poursuivent  les  plialènes  et  autres  insectes 
nocturnes ,  déposent  à  terre  et  sans  art  un  petit 
nombre  d'œufs;rair  qui  s'engouffre,  quand  ils  volent, 
dans  leur  large  bec  y  produit  un  bourdonnement 
particulier. 

Nous  n'en  avons  en  Europe  qu'une  espèce 

(  Caprimuîgus  Europœus.  L.  )  Enl.,  içp. 

Grande  comme  une  grive  ^  d'un  gris-brun  ondulé  et  mou- 
cheté de  brUn-noirâtre ,  une  bande  blanchâtre  allant  du 
bec  à  la  nuque.  Elle  niche  dans  les  bruyères,  pond  deux 
œufs  seulement. 

L'Amérique  produit  plusieurs  de  ces  oiseaux,  dont  un 
aussi  grand  (ju'un  hibou  (  Capriiu.  grandis.  )  Enl. ,  ^25  (i). 

L'Afrique  en  a  aussi  quelqitcs-uns  dont  la  queue  fourchue 
est  \xn  indice  de  plus  de  leurs  ï'apporls  avec  les  hiroTRÎelles  ; 
leur  ongle  du  milieu  n'est  pas  dentelé  (2). 


(1)  Ajoutez  :  Capr.  f^ir^hii'anus  ,'Eâyv .  63,  fjui  me  paraît  au  moirïf  très- 
voisin   du   Guyancnsis  i  eal.    733.   —   Capr.   CarolinenSis  ,  Catesb.   8' 
espèce  foï*  voisiue  de  la  nôtre.  —  C .Jamaicensis  ,  Lath.  Syn.  II ,  pt.  5j. 
—  C.  ru/us ,  enl.  joo.  —  C.  semitorqiiatus ,  enl.  734.  —  C*.  Cayeiviensis  , 
enl.  760.  —  C.  (ICI! tus ,  enl.  'jSi. 

l^o.]  Copr.  furcùLus ,  Cuv.  Vaill.  Ah.  47-  —  ^-  pccloralis  ^  fd.  ib,  49- 


PASSEREAUX.  3^7 

Une  espèce  également  d'Afrique,  mais  à  queue  ronde, 

psL  fort  remarquable  par  une  plume  deux  fois  plus  longue 

que  le  corps,  qui  naît  près  du  poignet  de  chaque  aile,  et  n'a 

de  barbes  que  vers  son  extrémité  (  Cap.  longiperuiis.)  Shaw. , 

■     Natur. ,  Miscell.,  ?.65. 

La  troisième  famille  des  passereaux  ou  les 

C  O  N  I  R  O  s  T  Fi  E  s  5 

Comprend  les  genres  à  bee  fort,  plus  ou 
raoins  conique  et  sans  écliancrure  ;  ils  \ivent 
d'autant  plus  exclusivement  de  grains,  que  leur 
bec  est  plus  fort  et  plus  épais. 

On  distingue  d'abord  parmi  eux  le  genre  des 

Alouettes.  (Alaoda.  L.) 

Par  Fongle  de  leur  pouce  qui  est  tout  droit,  fort 
et  bien  plus  long  que  les  autres  (  i);  ce  sont  des  oiseaux 
granivores,  pulvérateurs,  qui  se  tiennent  et  nichent 
à  terre. 

Le  plus  grand  nombre  a  le  bec  'droit  médiocrement  gros 
et  pointu. 

V/ Alouette  des  champs.  (  Al,  an^ensis.  )  Enl. ,  368  ,   i . 

Est  connue  de  tout  le  monde  par  son  vol  perpendiculaire 
qu'elle  exécute  en  chantant  avec  force  et  variété,  et  par 
l'abondance  avec  laquelle  on  la  preod  pour  nos  tables. 
Plumage  brun  dessus,  blancliâlre  dessous  ,  tacheté  partout 
de  brun  plus  foncé,  les  deux  pennes  externes  de  la  queue 
brunes  en  dehors. 


(i)  Ce  caractère  est  plus  on  moins  inarqué  clans  lés  bergeronneUes  ,  Jes 
alouettes,  les  aotnus  ,  dont  nous  avons  à^\h  parlé,  et  dans  les  bruants  de 
peige  dont  nous  parlerons  plus  bas. 


378  OISEAUX 

Le  Cochcvis  ou  Alouette  huppée.  [Alaiida  crtstata.  ) 

Enl.,  5o5 ,  I. 

A  peu  près  de  même  taille  et  de  même  plumage ,  Ie& 
plumes  de   la  tête   pouvant  se   relerer  en  huppe,  moins  . 
commune  que  la  précédente ,  se  rapproche  des  villages ,  des 
taillis. 

U Alouette  des  lois,  Cuj'elier,  Lulu.  {Al.  arborea ,  AL 
nemorosa.  )  Enl. ,  5o5  ,  2. 

Porte  aussi  une  petite  huppe ,  mais  moins  marquée ,  est 
plus  petite ,  et  se  distingue  en  outre  par  un  trait  blanchâtre 
autour  de  la  tête;  se  plaît  surtout  dans  les  Lruyères  de 
l'intérieur  des  bois  (i). 

D'autres  ont  le  bec  si  gros  qu'on  pourrait ,  sous  ce  rapport , 
les  rapprocher  des  moineaux, 
Telle  est 

La  Calandre,  {AL  calandra.)  Enl.,  363;  2. 

La  plus  grande  espèce  d'Europe,  brune  dessus,  blan- 
châtre dessous,  une  grande  tache  noirâtre  sur  la  poitrine 
du  mâle.  Du  midi  de  l'Europe  et  des  déserts  de  l'Asie  (2). 

Mais  surtout 

U Alouette  de  Tartarie.  {Al.  Tatarica  et  mutabilis  et  tana- 
gra  Sihirica,  Gm.  )  Sparm. ,  Mus.  Caris. ,  pi.  xix. 
Dont  le  plumage  d'adulte  est  noir,  onde  en  dessus  de 
grisâtre.  Elle  s'égare  quelquefois  en  Europe  (5). 

(i)  Ajoutez  en  espèces  européennes  la  girole  {al.  Italien.  )  —  La  co- 
quillade  {al.  undata)  ,  enl.  662.  —  La  ceinture  noire,  ou  al.  de  neige  , 
de  montagne  ,  etc.  (  al.  alpestris  et  sibirica  ) ,  enl.  65o  ,  2.  —  En  espèces 
étrangères,  la  bateleuse,  Vaill.  Afr.  194.  —  Le  dos  roux ,  id.  197.  —  La 
calotte  rousse  ,  id.  198. 

iV.  B.  L'a/,  magna  {  Catesb.  I  ,  33  )  n'est  que  le  sturnus  luihvi- 
ci  anus. 

(•2)  \ci\ien\.Y  alouette  gros  bec.  Vaill.  Afr.  193. 

(3)  Ije  fringilla  Lapponica  ,  Gm.  ou  calcarata,  Pall.  Voy.  trad.  fr. 
III,  pi.  I ,  fig.  I.  Grand  viontain  ,  Buff.  doit  venir  à  celte  subdivision  j 
probablement  aussi  le  traçai ,  Vaill.  Afr.  pi.  191. 


PASSEREAUX.  879 

D'autres  l'ont  allongé,  un  peu  comprimé  et  arqué,  ce  qui 
les  rattache  aux  huppes  et  aux  promerops  -, 
Tel  est 

Le  Sirli.  {AU  Af ricana,  Gm.)  Enl.,  712. 

Oiseau  assez  commun  dans  les  plaines  sahlonneuses  d'une 
extrémité  à  l'autre  de  l'Afrique  j  son  plumage  s'éloigne  peu 
de  celui  de  notre  alouette  commune. 

Les  MÉSANGES.  (Parus.  L.) 

Ont  le  bec  menu,  court,  conique,  droit,  garni  de 
petits  poils  à  sa  base  et  les  narines  cachées  dans  les 
plumes.  Ce  sont  de  petits  oiseaux  très- vifs,  voletant 
et  grimpant  sans  cesse  sur  les  branches,  s'y  suspendant 
en  toute  sorte  de  sens^  déchirant  les  graines  dont  ils 
se  nourissent,  mangeant  aussi  beaucoup  d'insectes,  et 
n'épargnant  pas  même  les  petits  oiseaux  quand  ils 
les  trouvent  malades  et  peuvent  les  achever.  Ils  ont 
l'habitude  de  ramasser  des  provisions  de  graines, 
nichent  dans  les  trous  des  vieux  arbres,  et  pondent 
plus  d'œufs  qu'aucun  des  autres  passereaux. 

Nous  avons  en  France  six  mésanges  proprement  dits. 

La  Charbonnière,  {Parus  major  .L.  )  Enl.,  3,  i. 

Olivâtre  dessus,  jaune  dessous  ,  la  tête  noire  ainsi  qu'une 
bande  longitudinale  sur  la  poitrine;  un  triangle  blanc  sur 
chaque  joue;  l'une  des  plus  communes  dans  les  taillis,  les 
jardins. 

La  petite  Charbonnière.  (  Parus  ater.  Ij.  )  Frisch.  I , 

pi.  XTII,  2. 

Plus  petite  que  la  précédente,  a  du  cendré  an  lieu 
d'olivâtre ,  et  du  blanchâtre  au  lieu  de  jaune.  Elle  habite  de 
préférence  les  grands  bois  de  sapin. 


38o  OISEAUX 

La  Nonnette.  [Parus  palustrîs.  L.)  Enl. ,  5,  5. 
Cendrée  dessus^blanchâtre  dessous,  une  calotte  noire. 

La  Mésange  bleue.  [Parus  cœruleus.)  Enl.,  5,  2. 

Olivâtre  dessus , 'jaunâtre  dessous,  le  sommet  de  la  télé 
d'un  beau  bleu ,  la  joue  blanclie  encadrée  de  noir ,  le  front 
blanc;  joli  petit  oiseau  assez  commun  dans  les  taillis. 

La  Mésange  huppée.  [Parus  cristalus.  )  Enl. ,  5o2 ,  2. 

Brunâtre  dessus,  l>lancbâtre  dessous,  la  gorge  et  le  tour 
de  la  joue  noirs,  une  petite  buppe  madlée  de  noir  et  de 
blanc. 

La  Mésange  h  longue  queue.  (  Parus  caudatus,)^.!!^.  5o2,  5. 

Noire  dessus ,  les  couvertures  des  ailes  brunes ,  le  dessus  de 
la  tète  et  tout  le  dessous  blanc,  la  queue  plus  longue  que  le 
corps.  Elle  fait  son  nid  sur  les  brancbes  des  arbrisseaux  et  le 
recouvre  par-dessus(i). 

Les  Moustaches. 

Différent  des  mésanges  proprement  dites ,  par  la  mandi- 
bule supérieure  de  leur  bec  ,  dont  le  bout  se  recourbe  un  peu 
i>ur  l'autre. 


(i)  Joignez  parus  bicolor  (Catesb.  i  ,  Sy.  )  —  P.  cyanus  (Nov.  comm. 
Petrop.  XIV  ,  pi.  i3  ,  (ig.  i ,  et  23  ,  fig.  2.  )  et  P.  sohiensis  ,  (  Spann. 
M.  Caris,  pi.  25)  qui  paraissent  à  Bcchstein  ,  les  deux  sexes  d'une  même 
espèce.  —  P.  atricapillus  (  Briss.  III  ,  pi.  29  ,  fig.  i.)  P.  sihîricus  ,(enl. 
708  ,  fig.  5  ) ,  tip,  palusiris  ,  B.  (  enl.  5o2  ,  i  )  ,  qui  sont  trois  variéte's  ou 
espèces  très-voisines. 

Les  parus  niaJabaviciis  ,  (  Sonner.  1^  Voy.  pi.  110,  i  )  ,  et  cnccineus  , 
(  Sparm.  Mus.  Caris.  48  ,  49)  >  sont  des  iraquets  ou  des  gobe-mouclics  ' 
voisins  del'ora/zor,  Vaill.  du  mot.  ruticilîa  ,  L.  du  turdus  speciosus  ,  Lath. 
On  peut  remarquer  que  toutes  les  fois  que  les  caractères  d'un  oiseau  ne 
sont  pas  bien  tranchés  ,  les  auteurs  l'ont  bailolté  de  genre  en  genre. 


PASSEREAUX.  38 1 

Nous  n'en  avons  qu'une^ 

La  Moustache.  (  Parus  blannicus.  )  Eal.  0)i<S  ,  i  et  ?. 

Fauve,  le  mâle  à  léte  cendrée,  avec  une  bande  noire  qui 
entoure  l'œil  et  se  termine  en  pointe  en  arrière.  Cel  oiseau 
niche  dans  les  joncs  les  plus  épais.  On  en  trouve  datià  tout 
l'ancien  continent  ,  quoique  rarement. 

LesRemjz. 

Ont  le  bec  plus  grêle  et  plus  pointu  que  les  mésanges  or- 
dinaires :  ils  meltent  généralement  plus  d'art  dans  la  coas- 
U'uction  de  leur  nid.  Nous  n'en  possédons  aussi  qu'un, 

Le  Remiz.  (  Parus  pendulinus.)  Eul.  618  ,  5. 

Cendré  ,  ailes  et  queue  brunes  ;  un  bandeau  noir  au  front , 
se  prolongeant  jusque  derrière  les  yeux  dans  le  mâle.  Ce 
petit  oiseau,  habitant  du  midi  et  de  l'orient  de  l'Europe, 
est  fameux  par  le  joli  nid  ,  en  forme  de  bourse  ,  tissu  de  du- 
vet de  saule,  de  peuplier,  et  garni  en  dedans  de  plumes  , 
qu'ilsuspend  aux  rameaux  flexibles  desarbresaquatiques  (i). 

Les  Bruants.  (  EimbefiIza.  Lin.  ) 

Ont  un  caractère  extrêmement  distinct  ùans  leur 
bec  conique  ,  court ,  droit ,  àowi  la  mandibule  supé- 
rieure ;,  plus  étroite  et  rentrant  dans  l'inférieure,  a 
au  palais  un  tubercule  saillant  et  dur.  Ce  sont  des 
oiseaux  granivores  qui  ont  peu  de  prévoyance  ,  et 
donnent  dans  tous  les  pièges  qu'on  leur  tend. 
Le  Bruant  commun.  [Emberiza  citrinella.  Lin.  )  Enl.  5o,  i. 

A  dos  fauve  ,  tacheté  de  noir  ;  à  tête  et  tout  le  dessous  du 
corps  jaune,  les  deux  pennes  externes  tle  la  queue  à  bord 

(i)  Parus  Warbonensis  (enl.  708  ,  1  )  paraît  la  femelle  du  pendulinus^ 
ajoutez  le  parus  Capensis  (Sonner.  2*  Voy.  pi.  112)  dont  le  nid  ,  fait 
«le  coton  et  en  forme  de  bouteille ,  porte  sur  le  bord  du  goulot  une  e-;pèce 
d'auget  pour  poser  le  mâle. 


382  OÎSEAtJX 

interne  blanc.  Nîcîie  dans  les  haies  ;  se  rapproclie  en  Irou^ 
pes  innombrables  des  habitations  en  hiver  ,  avec  les  moi-» 
iieaux,  les  pinçons,  etc. ,  quand  la  neige  couvre  la  terre* 

Le  Bruant  fou.  (  Emh»  cia.  Lin.  )  Enl.  5o  ,  2. 

En  diffère  parce  qu'il  a  le  dessous  gris-roussâlre  ,  les  côlésJ 
de  la  tête  blanchâtres,  entourés  de  ligues  noires  en  triangle. 
Des  contrées  montagneuses,  (i) 

Le  Bruant  des  haies.  {^Emb.  cirlus.  Lin.  )  Enl.  653. 

A  la  gorge  noire ,  les  côtés  de  la  tête  jaunes.  Niche  dans 
les  taillis  au  bord  des  champs  (2). 

Le  Bruant  de  roseaux»  {Emb,  schœniclus.  Lin.)  Enl.  247 ,  2, 

A  sur  la  tête  une  calotte  noire,  et  des  taches  de  même 
couleur  sur  la  poitrine.  Niche  aux  pieds  des  buissons ,  le 
long  des  eaux  ,  etc.  (3)« 

Le  Bruant  de  neige*  {Embé  nivalis,  )  Enl.  5i  i. 

A  une  large  bande  longitudinale  blanche  sur  l'aile.  Il  ha- 
bite les  pajs  du  nord ,  et  devient  presque  tout  blanc  eu 
hiver  {l\)* 

La  plus  grande  espèce  de  ce  pays-ci  est 

Le  Proyer.  (  Emb.  miliaria,  )  Enl.  253. 

Gris-brun ,  tacheté  partout  de  brun-foncé.  Il  niche  dans 
l'herbe  ,  le  blé. 

La  plus  célèbre,  par  la  saveur  de  sa  chair,  est 

U Ortolan.  (  Emb.  hortulana.  )  Enl.  247  ,  i. 

A  dos  brun-olivâtre,  à  gorge  jaunâtre,  les  deux  plumas 


(i)  h'einb.  lotharingica  ,  enl.  5i  i  ,  i ,  n'en  diffère  pas. 

(2)  On  y  rapporte  aussi  ïetnb.  pa<;seriiia. 

(3)  M.  Wolf  troit  devoir  y  joindie  VLinb.  chlorocephala  et  Vemb, 
JBadensis. 

(4)  Uemèeriza  monlana  et  ïemb.  musteUna  ne  sont  que  diff«;rens  étals 
du  bruant  de  neige. 


PASSEREAUX.  363 

externes  de  la  queue  blanclies  en  dedans.  Niche  dans  les 
feaies;  est  commun  et  très-gras  en  automne  (i). 

Les  Moineaux.  (Fringilla.  Lin.  ) 

Ont  le  bec  conique ,  et  plus  ou  moins  gros  à  sa 
base  ;  mais  sa  commissure  n'est  point  anguleuse.  Ils 
vivent  généralement  de  grains  ,  et  sont  pour  la  plu- 
part voraces  et  nuisibles. 

Nous  les  subdivisons  comme  il  suit  : 
Les  Tisserins.  (  Ploceus.  Cuv.  )  (2). 

A  bec  assez  grand  pour  les  avoir  fait  en  partie  classer  parmi 
les  cassiques  ;  mais  sa  commissure  droite  les  en  distingue.  Ils 
ont  de  plus  la  mandiijule  supérieure  légèrement  bombée. 

On  en  trouve  dans  les  deux  continens.  La  plupart  de  ceux 
de  l'ancien  font  leur  nid  avec  beaucoup  d'art ,  en  entrelaçant 
des  brins  d'herbes^  ce  qui  les  a  fait  nommer  tisserins. 

Tel  est  le  Toucnam-Courvi  des  Pliilippines.  (  Loxia  Phi" 

lippina.  Lin.  )  Enl.  i55. 

Jaune  tacheté  de  brun  ,  à  gorge  noire.  Son  nid ,  sus- 
pendu ,  est  en  forme  de  boule ,  avec  un  caaal  vertical  ^  et 


(i)  Uemb.  vielbensis ,  Sparm.  Mus.  Caris,  i ,  21 ,  n'est  qu'un  jeune 
ortolan  j  après  tous  ces  doubles  emplois  ,  il  faut  encore  éloigner  de  ce 
genre  Vemb  .  hrumalis,  qui  est  le  même  oiseau  qnefring.  citrinella,  enl. 
658 , 2. —  E,  rubra  ,  le  même  qnefrlngill.  eryihrocephala ,  enl,  665,  1,2. 
—  Toutes  les  veuves  ,  comme  je  dirai  ci-dessous.  —  Enib.  quadricolor  , 
enl.  loi  ,2.  —  Emb.  cyanopis  ,  Briss.  III,  pi.  viii,  fig.  4«  — Emb.  ces- 
rulea  ,  id.  ib.  XIV  »  2,  le  même  que  cyanella  ,  Sparm.  Caris.  II ,  4"^  j  4^ y 
qui  sont  trois  loxia.  —  Emb.  quelea  ,  enl.  226  ,  i .  —  Emb.  capensîs ,  enl. 
i58  et  664. —  Emb.  Borbonica ,  eul.  32i  ,  2.  —  Emb.  Brasiliensis  ,  ib.  i  , 
qui  sont  quatre  moineaux.  —  Emb.  cîris  ,  enl.  i58  ,  qui  est  une  linotte.  — 
Enfin  emb.  oryzwora  ,  enl.  388,  qui  a  le  bec  des  linottes ,  safis  compter 
les  espèces  que  je  n'ai  pu  examiner. 

(2}    nXoKSVf  .  tisserand. 


384  OISEAUX 

ouvert  en  dessous,  qui  communique  par  le  côté  dans  la 
cavité  où  sont  les  petits  (i). 

Quelques-uns  rapprochentleurs  nids  en  grande  quantité  , 
pour  en  former  une  seule  masse  à  plusieurs  compartimens. 

Tel  est  le  Bépuhlicain.  (  Loxia  socla.  Lalli.  ) 
Paterson-Voy.  pi.  ig. 

D'un  hrun-olivâlre  ,  jaunâtre  en  dessous  ,  à  tèie  et  pennes 
brunes  ou  noirâtres. 

Parmi  ceux  du  nouveau  continent,  on  peut  remarquer 

l^e  Mangeur  de  riz  ,  petit  Choucus  de  Surinam  ^  de  la  Ja^ 
indique  j  Cassique  noir  ,  etc.  [Oriolus  niger  ,  Or.  oryzi- 
i'orus ,  Corvus  Surinaniensis.  Gm.  )  Enl.  554-  Brown. 

'    lliustr. ,  X. 

Qui  dévaste  en  troupes  innombrables  les  cbamps  de  plu- 
sieurs des  parties  chaudes  de  l'Amérique.  Il  est  d'un  noir 
changeant  en  magnifiques  reflets  de  toutes  les  teintes  de 
l'acier  bruni  (i). 

"  ■-     '   ■     '       ■      '  ■   ■  I  ■■■  ■  -  — ■—         -     .  ■ ,        -  ■        •  —  '     .  . ,  111^ 

(i;  Ajoutez  le  capmore  ,  Buff.  (  Oriolus  lextor  ,  Gm.  ) ,  enl.  875  et  576. 
—  Fringllla  eiylhr<>cephala  ,  enl.  665.  —  Le  piéienciu  iafgara  de  ma- 
limbe,  Daucl.  An.  Mus.  ï  ,  p.  148 ,  pi.  x.  — •  Le  haglafecht.  (  Lox.  Abys- 
sinica.  )  —  Le  néîicQUivi  {lox.  pensiUs)  ,  Sonn.  ,  2^  Voy.  pi.  loo; 

(n)  Les  lîciTienciateurs  n'ont  pu  encore  mettre  eu  ordre  les  oiseaux  noirs 
d'Amérique  ,  plus  ou  moins  voisins  <les  i-assiques  ,  parce  que  les  descrip- 
tions que  les  vo\,igeurs  en  ont^doijnées  sont  insuifisautes. 

iVous  croyons  devoir  indiquer  ici  les  principaux,  avec  ce  qu'il  y  a  de 
plus  clair  dans  leur  synonymie. 

1"  Le  cassique  noir  à  inanttJet ,  indiqué  ci-dessous  aux  cassiques. 
^**  L'oiseau  ci-dessus ,.  bien  dessiné,  mais  peint,  sans  reflets,  enl.  534, 
et  cité  son^  nrlol.  niger..Uoriolus  Ludovicianus ,  enl.  Q/^G,  n'en  est  qu'une 
variété  albine.  C'est  évidemment  \c  corvus  Surinaniensis ,  Erown  ,  11/. 
pi.  X.  Le  peiit  choucas  de  la  Jamaïque  :  Sloaue  Jam.  II,  209,  pi.  'i.t'ty  , 
I  ,  cité  par  Pennant  sous  gracula  bairiLa ,  et  sous  quiscala  ,  est  encore 
cet  oiseau.  D'un  autre  côté,  il  est  impossible  de  douter  que  Latham  ne 
Tait  eu  sous  les  yeux  ,  quand  il  a  décrit  son  oriolus  oriziuorus. 

3"  Le  vrai  carouge  noir ,  changeant  en  violei ,  à  bec  un  peu  court, 
mais  bien  droit,  donné  pour  un  tangara,  enl.  710,  et  dont  on  a  fait  le 


PASSEREAUX.  38S 

Les  Moineaux  proprement  dits.  (  Pyrgita  (i).  Guv.  ) 

Ont  le  bec  un  peu  plus  court  que  les  précédens,  coni- 
que ,  et  seulement  un  peu  bombé  vers  la  pointe. 

Le  Moineau  domestique,  (  Fring.  domestica.  )  Enl.  6,  i. 

î^iclie  dans  les  trous  des  murs,  infeste  les  lieux  babités 
par  son  audace  et  sa  voracité.  Brun  taclielé  de  noirâtre  des- 
sus, gris  dessous,  une  bande  blancbâtre  sur  l'aile,  calotte 
du  mâle  rousse  sur  les  côtés,  sa  gorge  noire. 

Le  Friquet  ou  Moineau  de  bois.  (Fring,  montana.  )  Enl. 

267  ,1. 

Se  tient  plus  éloigné  des  babitations.  11  a  deux  bandes 
Llancbes  sur  l'aile,  une  calotte  rousse,  et  le  côté  de  la  tête 
blanc ,  avec  une  taclie  noire  (2). 

tanagia  honariensis ,  mais  cette  figure  représente  réellement  le  petit 
troupiale  noir.  (  Oriolus  minor.  )  On  donne  ,  mal  à  propos ,  à  cette 
espèce  ,  pour  femelle  ,  l'oiseau  enl.  606,  fig.  2  ,  qui  est  tout  différent. 

4"  Un  vrai  troupiale  d'un  noir  profond  avec  des  reflets  violets ,  à  hec 
aigu  un  peu  arqué  ,  et  qui  creuse  le  dessus  de  sa  queue  en  bateau.  C'est  le 
boat-tailed  grakle  de  Penn.et  de  Latham  ,  que  ces  deux  auteurs  regardent 
comme  synonyme  de  gracula  barrita;  et  cependant  c'est  certainement  l'oi- 
seau de  Catcsb.  pi.  12,  dont  Linné  a  fait  son  gracula  quiscala  ,  mais 
Catesby  en  a  mal  rendu  le  hec. 

5**  Un  oiseau  noir  à  reflets  violets  et  verts  ,   à  queue  un  peu  étagée  ,  à 
bec  de  troupiale  ,  mais  plus  arqué  vers  le  bout, 
(i)  Pj  rgita  ,  nom  grec  du  moineau  domestique. 

(a)    Le  hanibouvrcux  f  Buff.  (  loxia  Hamburgia  ,  Gm.  )  n'est  que  le 
friquet  défiguré  par  Albin  ,  Ois.  III ,    pi.  2^. 

On  doit  joindre  aux  moineaux  ordinaires  ,  les  oiseaux  éparpillés  comme 
il  suit  par  les  naturalistes.  Fringiîla  arcuata  ,  enl.  23o  ,  iig.  i  ,  où  il  estbe.iu- 
coup  trop  rouge  j  ses  vraies  teintes  sont  celles  des  moineaux.  —  Eniberiza 
Capensisa  y  enl.  386  ,  2  et  f  ,  enl.  664  ,  2.  —  Tanagra  silens  ,  enl.  74^.  — 
fringiîla  elegans  ,  enl.  2o5  ,  i. — Emberiza  ciris  ,  enl.  iSg. — Loxia  ovyx 
enl.  6,2.  —  Loxia  Dominicana  ,  enl.  55  ,  2  ,  et  l'autre  espèce,  enl.  io3 
—  FringiUa  cristata  ,  enl.  i8ï. —  I^oxiaCapensis.  Celui-ci  commence  4 
se  rapprocher  un  peu  des  gros  becs. 

TOME    I.  2  5 


386  OISEAUX 

Les  PiNçojNs.  (  Fiumoilla.  Cliv.  ) 

Ont  le  Lee  un  peu  moins  arqué  que  les  moineaux  ,  un  petl 
plus  fort  et  plus  long  que  les  linottes.  Leurs  mœurs  sont  plus 
traies,  leur  cliant  plus  varie  que  clans  les  moineaux. 
Nous  en  avons  trois  espèces. 

Le  Pinçon  ordinaire.  (Fring.  cœlehs.  )  Enl.  54  ,  i. 

Dessus  brun  ,  dessous  roux-vineux  dans  le  mâle,  grisâtre 
dans  la  femelle  j  deux  bandes  blanches  sur  l'aile  y  du  blanc 
aux  côlés  de  la  queue.  Mange  de  toutes  sortes  de  grains  ,  et 
niche  sur  toutes  sortes  d'arbres.  C'est  un  des  oiseaux  qui 
égaient  le  plus  les  campagnes. 

Le  Pinçon  de  montagne.  {  Fring.  montifringiîla,  )  Enl.  54 ,  2. 

Noir-malllé  de  fauve  dessus  ,  poitrine  fauve,  le  dessous  de 
l'aile  d'un  beau  citron.  Cet  oiseau ,  qui  varie  beaucoup ,  niche 
dans  les  forêis  les  plus  épaisses,  et  ne  vient  dans  les  plaines 
qu'en  hiver. 

L(?  Pinçon  de  neige  on  Niverolle.  (  Fring,  nii>alis.  )  Briss. 

III  ,  XV  ,  I. 

lîrun-maillé  de  plus  clair  dessus  ,  blanc  dessous  ,  tête  cen- 
drée, les  couverlures  des  ailes,  et  presque  toutes  les  pennes 
•   secondaires  blanches.  Il  niche  dans  les  rochers  des  hautes 
Alpes  ,  d'où  il  descend,  seulement  dans  le  fort  de  l'hiver  , 
aux  montagnes  inférieures. 

Les  Linottes  et  Chardonnerets.  (Cabduelts.  Cuv.  ) 

Ont  le  bec  exactement  conique  ,  sans  être  bombé  en  aucun 
point.  lis  vivent  de  grains.  On  a  nommé  particulièrement 
CHAjiDO^NLiiETS  ccux  qui  out  Ic  bcc  un  peu  plus  long  et  aigu. 

Le  ChardoTineret  ordinaire.  [  Fring.  cardiielis.  Lin. }  enl.  4» 

L'un  de  nos  plus  jolis  oiseaux  d'Europe ,  brun  dessus^ 
blanchâlre  dessous,  le  masque  d'un  beau  rouge  ,  une  belle 


PASSEREAUX.  SSy 

taclie  jaune  sur  l'aile,  elc.  C'est  aussi  l'un  des  oiseaux  les 
plus  clocileS;  qui  apprend  bien  à  clianter  et  à  faire  toutes 
sortes  de  tours.  Il  tire  son  nom  de  la  graine  de  cbardon , 
d'éryngium  ,    etc.  y  qu'il  reclierche  de  préférence  (i). 
Les  Linottes  \  Linarïa  ^  Bechsl  ) ,  ont  aussi  le  bec   exac- 
tement conique^  mais  plus  court  et  plus  obtus  que  les  cliar- 
donnerets.  Elles  vivent  aussi  de  graines  de  plantes  ,  surtout  de 
lin  et  de  clianvre  j  et  se  laissent  aisément  tenir  en  cage. 

Nous  avons  ici  deux  espèces  Ijrunes  avec  quelques  teintes 
rouges  y  et  nommées  plus  particulièrement  linottes.  Les 
jeunes  et  les  femelles  varient  pour  la  quantité  du  rouge  ,  ou 
en  manquent  tout-à-fait,  La  première  a  encore  le  bec  presque 
aussi  pointu  que  le  cbardonneret.  C'est 

Le  Siserin  ou  petite  Linotte,   (  Fr.  Linaria.  Lin.  )  Enl. 

485  ,  2.        ' 

Brun  tacbeté  de  noirâtre  dessus ,  deux  bandes  blancbes 
en  travers  sur  l'aile,  la  gorge  noire,  le  dessus  de  la  tête 
rouge  ainsi  que  la  poitrine  du  mâle  adulte ,  quelquefois 
même  le  croupion. 

La  grande  Linotte.  (  Fring,  cannahina.  Lin.  )  Enl.  4^5^  i. 

Dos  brun-fauve  y  pennes  de  l'aile  et  de  la  queue  noires  , 
bordées  de  blanc  ;  dessous  blancbâtre  ,  du  beau  rouge  sur 
la  tête  et  à  la  poitrine  du  vieux  mâle.  Niclie  souvent  ici 
dans  les  vignes  ;  ailleurs,  dans  les  taillis  et  les  buissons  (2). 
D'autres  espèces  plus  ou  moins  vcrdâtres  portent  les  noms 

de  SERINS  ou  TARINS. 


(1)  Ajoutez  :  Fi\  psilLacea  ,  Lnth.  Syn.  II ,  p.  48.  —  Fr.  meîba  ,  Edw. 
iiS  et  yj-z.  —  Fr.  coccinea ,  Vieill.  Ois.  ch.  pi.  3r. 

(-2)  Les  vaiiétés  que  le  plumage  des  linottes  subit  solon  l'îige  ou  le 
sexe  ,  en  ont  fait  multiplier  les  espèces  ^  il  ne  paraît  pas  du  moins  que 
l'on  ait  encore  de  bons  caractères  pour  distinguer  yr.  Jlavirostris  ,  de  Jr. 
linaria  ,  ni  fi'ing.  inontiuni ,  linota  et  argentoratensis  de  cannahina. 

On  doit  aussi  1  approcher  des  linolics  Jh/îammea,  L  Bechst.  Allem.  IIÏ 
pL  xxxiii ,  2. 


388  OISEAUX 

Le  Tarin  coînmun,  (  Fring,  spiniis.)  Enl.  4^*^  ?  ^• 

A  aussi  le  bec  plus  volsiu  du  chardonneret ,  et  ressemble 
même,  en  beaucoup  de  points,  au  siserin.  Il  est  olivâtre 
dessus,  jaune  dessous,  une  calotte  ,  l'aile  et  la  queue  noi- 
res; deux  bandes  jaunes  sur  1  aile.  Il  ne  niche  que  sur  les 
plus  hauts  sommets  des  sapins. 

Le  Venturon,  [Fring.  citrinella.  Lin.  )  Enl.  658  ,  2. 

Olivâtre  dessus  ,  jaunâtre  dessous  ,  le  derrière  de  la  tcte 
et  du  cou  cendrés. 

Le  Cini.  (  Fring.  serinus.  Lin.  )  Enl.  658  ,  i . 

Olivâtre  dessus,  jaunâtre  dessous;  tacheté  de  brun  ,  une 
bande  jaune  sur  l^aile.  Deux  oiseaux  des  montagnes  du 
midi  de  l'Europe ,  à  peu  près  de  la  taille  du  tarin. 

Le  Serin  des  Canaries,  {Fring,  Canaria.  Lia.  )Enl.  20'>.  ,  i. 

Est  plus  grand ,  et  sa  facilité  à  multiplier  en  esclavage  , 
ainsi  que  l'agrément  de  son  chant  ,  l'ont  répandu  partout , 
et  l'ont  fait  varier  en  couleur  au  point  qu'il  est  difficile  de 
lui  en  assigner  une  primitive.  Il  se  mêle  avec  la  plupart 
des  autres  espèces  de  ce  genre ,  et  produit  souvent  avec 
elles  des  mulets  féconds  (i). 

Les  Vluves.  (  Vidua.  Cuv.  ) 

Sont  des  oiseaux  d'Afrique  et  des  Indes  ,  à  bec  de  linotte  ;, 
q'.ielquefois  un  peu  plus  renflé  à  sa  base  ,  qui  se  distinguent 

(i}  Parmi  les  oiseaux  étrangers  qui  ne  peuvent  se  distinguer  des  linottes 
par  aucun  caractère  ge'nërique  ,  nous  mettons  ,  J'rlngilla  lepiJa,  —  Fr. 
tristis  .  enl.  ao2 ,  i.  — Fr.  nîLens ,  enl.  291.  —  Fr.  Senegaîla.  —  Fr. 
oinandava  ,  enl.  ii5  ,  2  et  3.  —  Fr.  granatina  ,  eni.  109  ,  3. —  F.  Ben- 
gahis.  —  Fr.  yJngc/ensis  ,  enl.  1 15  ,  i.  On  en  trouvera  encore  plusieurs 
espèces  dans  l'ouvrage  de  M.  Vieillot  ,  intitulé  :  Oiseaux  chanteurs  de  la 
Zone-Torridc.  Le  prétendu  einheriza  oryzivora^exà.  388,  a  aussi  le  même 
Lcc  f  mais  Ici  penues  de  sa  queue  roides  et  aiguës  le  distinguent. 


I 


PASSEREAUX.         .  38g 

parce  que  quelques  unes  des  couvertures  supérieures  rie  leur 
queue  sont  excessivement  allongées  dans  les  maies  (i). 

11  y  a  un  passage  graduel  (2)  et  sans  intervalle  assignable 
des  linottes  aux 

Gros  becs.  (Coccothraustfs.  Cuv.  ) 

Dont  le  bec  exactement  conique ,  ne  se  distingue  que  par 
son  excessive  grosseur. 

Le  Gros  bec  commun,  (  Loxia  coccothraustes.  Lin,  )  Enl. 

r)9  et  100. 

Est  un  de  ceux    qui  mérilenl   le  mieux  ce    nom.    Son 
énorme  bec  cM  jaunâtre  ;  il  a  le  dos  et  une  calotte  bruns  , 


(i)  On  ne  sait  pourquoi  Linnaetis  et  Gmciin  les  ont  associés  aux  bruans, 
SDUS  les  noms  de  einberlza  regia  {  enl.  8  ,  i.  )  —  Emb.  serena  (  ib.  2.  ) 
— .•  Evib.  paradisea  (  enl.  194*  )  —  Emb.  panayeasis  (  enl.  647.  )  —  Emb. 
longicauda  (  enl.  635.)  Si  on  ne  laisse  pas  ^les  veuves  avec  les  linottes  , 
on   ne  peut  les  placer  qu'avec  les  gros  becs. 

y.  B.  Uemb.  principalis  (Edw.  270)  et  Veiub.  vidua  (Aldrow. 
Omit.  II,  565)  me  paraissent  le  même  oiseau  en  ditférens  états  de 
plumage.  Uetnb.  psittacea  ,  Seb.  i ,  pi.  66  ,  lig.  5  ,  n'est  pas  bien  authen- 
tique. Uangoîtnsis  ,  Salern.  Orn.  2775  la  veu\^G  chrysoplère ,  Vieilî. 
Ois.  ch.  pi.  41  j  Pt  le  lox.  macroura  ,  enl.  i83,  i  ,  qui  n'en  diffère  peut- 
cire  pas  ,  ne  sont  point  des  veuves  ,  mais  des  gros  becs  ordinaires. 

(2)  Ce  passage  se  fait  pour  les  espèces  que  j'ai  pu  examiner,  à  peu 
près  dans  l'ordre  suivant,  le  bec  grossissant  toujours  :  Loxia  (juadrlcolor y 
(  ember.  L.  )  loi  ,  2= —  L.  sanguinirostris  ,  enl.  i83,2.  —  L.  niolucca  ,  enl. 
i5g  ,  2.  —  L.  puncLulatcaiy  ib.  1.  —  L.  vuija  ,  enl.  109  ,  1.  — L.  striuLa  , 
enl.  i55  ,  1.  —  L.  Alalacca  ,  enl.  iSg  ,3.  —  L.  astviUl,  enl.  107  ,  2.  — 
L.  orfzivora  ,  enl.  i52  ,  i.  —  L.  Brasiîiana  ,  enl.  3og  ,1.  —  L.  Ludovi- 
ci'ana  ,  enl.  i55  , 1.  —  L.  peLronia  {/ring,  petronia  ,  L,  )  enl.  225.  —  L. 
chloris,  enl.  267  ,  2.  —  L.fasclala  ,  Brown.  111.  xxvii.  — L.  Madogasca- 
rlensis  ,  enl.  i54  ,3.  —  L.  cœrulea.  —  L.  cardinalis  ,  enl.  37.  —  L.  nie' 
lanura.  —  /-.  coccottrausUs  ,  enl.  99  et  100.  On  intercalera  aise'meni  dans 
cette  série  ,  même  d'après  les  ligures  ,  les  jolies  espèces  donnces  par 
M.  Vieillot,  dans  ses  Oiseaux  chanteurs  de  la  Zone-ïorride. 


3go  OISEAUX 

le  reste  du  plumage  grisâtre ,  la  gorge  et  les  pennes  des  ailes 
noires ,  une  bande  blanche  sur  l'aile.  Il  vit  dans  les  bois 
des  montagnes ,  niche  sur  des  hêtres  ,  des  arbres  à  fruit , 
mange  toutes  sortes  de  fruits  et  d'amandes. 

Nous  en   avons   encore   en  Europe  deux  espèces  à  bec 


moins  gros. 


Le  P  erdier.  (  Loxia  chloris.  Lin,  )  Enl.  672  ^  2. 

"Verdâtre  dessus  ,  jaunâtre  dessous,  le  bord  externe  de  la 
queue  jaune.  Habite  dans  les  taillis,  mange  toutes  sortes  de 
semences. 

La  Soulcie.  (  Fring,  petronia.  Lin.  )  Enl.  225. 

Que  l'on  a  coutume  de  joindre  aux  moineaux,  dont  elle 
a  les  couleurs  ;  mais  outre  son  gros  bec ,  une  ligne  blan- 
châtre autour  de  la  tète  ,  et  une  tache  jaunâtre  sur  la  poi- 
trine, l'en  distinguent  aisément  (i). 

On  doit  distinguer  des  gros  becs  quelques  espèces  étran- 
gères :  (PiTYLUS,  Cuv.  ) 

,  A  bec  aussi  gros  ,  un  peu  comprimé,  arqué  en  dessus, 
et  qui  a  quelquefois  un  angle  saillant  au  milieu  du  bord  de 
la  mâchoire  supérieure  (2). 

On  en  a  déjà  distingué  depuis  long-temps 

Les  Bouvreuils  (Pyrrhula.  ) 

Dont  le  bec  est  arrondi ,  renflé^  et  bombé  en  tout  sens. 
Nous  en  avons  un  , 

Le  Bouvreuil  ordinaire.  (  Loxia  pyrrhula.  Lin.  )  Enl.  i45. 

Cendré  dessus,  rouge  dessous  ,  à  calotte  noire  ;  la  femelle 
a  du  gris-roussâtre  au  lieu  de  rouge.  Niche  sur  divers  ar- 


(i)  Il  est  évident  que  la  soulcie  n''est  pas  moins  un  gros  bec  que  le 
venlier. 

(2)  Tels  sont  loxia  grossa,  enl.  i54.  —  L.  Cauadensis ,  enl.  iSs  ,  2. 
—  L.  erytromelas  .  Latli.  II ,  pi.  47*  —  L.  PortoncG:isis ,  Daiid.  Orn* 
II ,  pi,  '^9, 


\ 


PASSEREAUX.  3gi 

feres,  dans  les  taillis ,  le  long  des  chemins.  Son  ramage  na- 
turel est  doux  ;  il  s'apprivoise  aisément^  et  apprend  à  chan- 
ter et  à  parler.  On  en  connaît  une  race  d'un  tiers  plus 
grande  (i). 

Les  Becs  croisés.  (  Loxia.  Briss.  )  (2). 

Ont  le  bec  comprimé  ,  et  les  deux  mandibules 
tellement  courbes,  que  leurs  pointes  se  croisent  tan- 
tôt d'un  côté ,  tantôt  de  l'autre ,  selon  les  individus. 
Ce  bec  extraordinaire  leur  sert  à  arracher  les  se- 
mences de  dessous  les  écailles  des  pommes  de  pin. 

L'espèce  d'Europe  ,  la  seule  connue  ,  est  IVéqùente  par- 
tout où  il  y  a  de  grands  bols  d'arbres  verts. 

C estlQ  Loxia curvirostra.  Lin.  Enl.  218. 

Le  plumage  du  jeune  mâle  est  roux-vif,  à  ailes  brunes  ; 
celui  de  l'adulte  et  de  la  femelle ,  verdâtre  en  dessus  ,  jau- 
nâtre en  dessous.  On  en  connaît  aussi  deux  races  différentes 
pour  la  taille  ^  et  même ,  à  ce  qu'on  dit ,  pour  la  voix  et  la 
forme  du  bec.  (  Loxia  cun^irostra  et  Loxia  pj'tiopsittacus. 
Bechst.  ) 

On  ne  peut  éloigner  des  bouvreuils  ni  des  becs  croisés 

Les  Durbecs.  (  Corythus.  Cuv.  )  (3) 

Dont  le  bec  bombé  de  toute   part,  a  sa  pointe 
courbée  par  dessus  la  mandibule  inférieure. 
L'espèce  la  plus  connue  , 


(i)   Ajoutez  :  Lox.  liaeola  ,    enl.   019,    i.   —   L.  minuta  ,  ib.  2.  — 
L.  coUaria  ,  enl.  SgD  .  3.  —  L.  Sibircca  ,  Faik.  Voy.  III,  xsviir. 

(2)  Loxia  de  Xo^oç  (courbe)  nom  iojaginé  pour  cet  oiseau  par  Conrad 
Gesner.  Linnaeus  Va.  généralisé  à  tous  les  gros  becs. 

(3)  Corythus  ,  nom  grec  d'un  oiseau  inconnu. 


3^2  OISEAUX 

(  Loxia  enucïeator.  Lin.  )  Enl.  i55  ,  i  ,  ou  mieux^  Edw. , 

125,  124. 

Habile  également  le  nord  des  deux  Continens ,  et  vil  de 
la  même  façon  que  le  bec  croisé.  Elle  est  rouge  ou  rou- 
geâlre ,  les  plumes  des  ailes  et  de  la  queue  noires  bordées 
de  blanc  (i). 

Les  Coiious.  (Colius.  Gm.  )  (2). 

Sont  encore  assez  voisins  des  précëdens.  Leur  bec 
est  court,  épais  ,  conique  ,  un  peu  comprimé ,  et  les 
deux  mandibules  en  sont  arquées  sans  se  dépasser; 
les  pennes  de  leur  queue  sont  étagées  et  très  -  lon- 
gues ;  leur  pouce,  comme  dans  les  martinets,  peut 
se  diriger  en  avant  avec  les  autres  doigts  ;  leurs  plu- 
mes ,  fines  et  soyeuses  ,  ont  généralement  des  teintes 
cendrées.  Ce  sont  des  oiseaux  d'Afrique  ou  des  In- 
des, qui  grimpent  presque  à  la  manière  des  perro- 
quets ,  vivent  en  troupes ,  rapprochent  même  leurs 
nids  en  grand  nombre  sur  les  mêmes  buissons ,  en- 
fin dorment  suspendus  aux  branches  ,  la  tête  en  bas  , 
et  pressés  les  uns  contre  les  autres.  Ils  se  nourrissent 
de  fruits  (5). 

C'est  probablement  encore  ici  qu'il  faut  placer 


(i)  On  doit  probablement  meUre  dans  les  durbecs  le  lox.  psiltacea  ^ 
Laih.  S^n.  II ,  pi.  4'^-  —  Loxia  Jîamcn go  ,  (  Sparm.  Mus.  Garl. ,  pi.  17.) 
ne  me  paraît  qu'une  variété  albine  de  Vtmicleator. 

(2)  Y^oKoiQÇ ,  nom  grec  d'une  petite  espèce  de  corneille. 

(3)  Dans  les  cinq  espèces  des  auteurs,  supprimez  le  colius panayensis  f 
qui  est  le  mcinc  que  le  strialns  et  ïeryihropus  -  qui  est  le  même  que  le 
çapensis yy^àW.  Afi.  VJ,  p.  3S» 


PASSEREAUX.  SgS 

Les.  Glaucopes(  Glaucopis,  Forster  ;  Call.eas, 

Bechst.  ) 

Dont  le  bec  assez  gros ,  médiocrement  long  ,  à 
mandibule  supérieure  bombée,  est  garni  sous  sa  base 
d  une  caroncule  charnue. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce. 

GL  cinerea.  Lat}i  ,  Sjn.  I ,  pi.  xiv. 

Entièrement  noirâtre  ,  grande  comme  une  pie  ,  à  queue 
étagée.  Elle  vit ,  à  la  Nouvelle-Hollande ,  d'insectes  et  de 
bayes  ;  se  perche  peu.  Sa  chair  est  excellente. 

Les  Pique  Boeufs.  (Buphaga.  Briss.  ) 

Petit  genre  dont  le  bec  ,  de  longueur  médio- 
cre ,  d'abord  cylindrique ,  se  renfle  aux  deux  mandi- 
bules avant  son  extrémité  y  qui  se  termine  en  pointe 
assez  mousse.  Il  leur  sert  à  comprimer  la  peau  des 
bœufs  pour  en  faire  sortir  les  larves  d'oestres  qui  s'y 
logent^  et  dont  ces  oiseaux  font  leur  nourriture. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  d'Afrique ,  brunâtre ,  à 
queue  médiocre ,  étagée ,  de  la  taille  d'une  grive.  (  Buphaga 
u^f ricana.)  Enl.  295.  Vail.  j  Afr.  y  pi.  97. 

Les  Cassiques.  (Cassicus.  Cuv.  ) 

Ont  un  grand  bec  exactement  conique  ,  gros  à  la 
base,  singulièrement  aiguisé  en  pointe  ;  de  petites  na- 
rines rondes  percées  sur  ses  côtés  :  la  commissure  des 
mandibules  en  ligne  brisée  ,  ou  formant  un  angle 
comme  aux  étourneaux.  Ce  sont  des  oiseaux  d'Amé- 
rique ,  de  mœurs  assez  semblables  a  celles  de  nos 
étourneaux,  vivant  comme  eux  en  troupes,  cons- 


/ 


394  OISEAUX 

liuisant  souvent  leurs  nids  près  les  uns  des  autres,  et 
y  mettant  quelquefois  beaucoup  d'artifice.  Ils  vivent 
d'insectes  et  de  grains,  et  leurs  troupes  nombreuses 
font  de  grands  ravages  dans  les  champs  cultivés. 
Leur  chair  est  mauvaise. 

Nous  les  subdivisons  comme  il  suit  : 

Les  Cassiques  proprement  dits.  (  Cassicus.  ) 

Où  la  base  du  bec  remonte  sur  le  front ,  et  y  entame  les 
plumes  par  une  large  échancruie  demi-circulaire.  C'est  parmi 
eux  que  se  trouvent  les  plus  grandes  espèces  (i). 

Les  Troupiales.  (  Icterus.  ) 

Dont  le  bec  n'entame  les  plumes  du  front  que   par    une 
^  écliancrure  aiguë  ,  mais  est  arqué  sur  sa  longueur  (2). 

Les  Cakouges.  (  Xantiiornus.  ) 

Ne  diffèrent  des  troupiales  que  par  leur  bec  tout-à-fait 
droit  (3). 


(i)  Oriolus  cristatus  ce  ,  eni.  344-  —  y  >  ^^S.  —  Hemorrhous  ,  482.  — 
Persicus,  184.  (  N.B.  qu'il  n'est  po»nt  de  Perse  ,  mais  d'Amérique  comme 
es  nutres  )  et  une  espèce  d'un  noir  à  reflets   métalliques  dont  les  plu- 
mes du  cou  peuvent  se  soulever  ,  et  former  une  espèce  de  mantelet.  C'est 
le  grand  troupiale ,  d'Azz.  Voy.  III,  p.  167. 

(2)  Oriolus  varias,  enl.  G07 ,  i.  —  Or.  Cayanus ,  555,  2.  —  Or. 
Capensis ,eTi\.  607  ,  2.  {JY.B.ll  est  de  la  Louisiane  et  non  du  Cap.) —  Or. 
Chrysocephalus  ,  Merr.  Beytr.  I ,  pi.  m.  —  Or.  Dominicensis,  enl,  5 ,  i . — 
Et  une  espèce  noire  à  reflets  ,  dont  la  queue  prend  toutes  sortes  de  formes  , 
parla  direction  de  ses  plumes  latérales  ,  tantoî  dans  le  même  plan  que  les 
autres  ,  et  tantôt  redressées  et  faisant  comme  im  bateau.  C'est,  à  ce  qu'il 
paraît ,  à  la  fois  ,  le  gracula  quiscida  ,  Lin.  Catesb.  pi.  xii  ,  et  le  gracula 
barita,  Lalh.  I  ,  pi.  xvtii  ,  ou  pie  de  la  Jamaïque:  on  la  trouve  dans  toutes 
les  Antilles,  à  la  Caroline  ,  etc. 

(3)  Oriolus  icterus  ,  enl.  552.  —  Oriolus  minor  et  Lanagra  honarien- 
sis  ,  enl.  710.  Ce  sont  le  même  oiseau. —  Le  carouge  à  léte  grise  ,  enl.  606  , 
ï  ,  très- différent  du  précédent.  —  Oriolus  Guya/iensis  ,  556.  —  Oriolus 


PASSEREAUX.  ogS 

Les  PiT-PiTs.  BuCF.  (Dacnis.  Cuv.  ) 

Représentent  en  petit  les  caroages  par  leur  bec  conique  et 
aigu.  Ils  les  lient  avec  les  figuiers  (i). 

Les  Etourneaux.  (Sturnus.  Lin.  ) 

Ne  diffèrent  des  carouges   que  par  leur  bec  dé- 
primé y  surtout  vers  sa  pointe. 

U Etourneau  commun.  (^Sturnus vulgaris.  Lin.)  Eal.  jS. 

Noir,  avec  des  reflets  violets  et  verts ,  tacheté  partout  de 
Wanc  ou  de  fauve.  Le  jeune  mâle  est  gris-brun. 

Cetoiseau,  très-nombreux  dans  tout  l'ancien  Continent,  se 
nourrit  de  toutes  sortes  d'insectes  ,  et  rend  service  aux  bes- 
tiaux en  les  en  débarrassant.  Il  vole  en  troupes  nombreuses 
et  serrées ,  se  laisse  aisément  apprivoiser,  et  apprend  à  chan- 
ter et  même  à  parler.  Il^^nous  quitte  en  hiver.  Sa  chair  est 
désagréable  (2).  V 


phœniceus ,  402. —  Oriolus  Americanus  ,  ^36 ,  3.  —  Orioh/s  leucopterus  , 
Lath.  Syn.  I,  frontisp.  < —  OrloJus  bonana ,  535  ,  i.  —  Oriolus  Caya- 
nensis  ,  ib.  2. —  Or.  icterocephalus  ,  343. —  Or.  Mexicanus.  555.  —  Or. 
Xanthornus  ,  5  ,  i.  —  Or.  Baltimore  ,  5o6,  i.  —  Or.  spurius  ,  ib.  2.  — 
Or'  jnalancholicus  ,  /\'^. 

(i)  Blotacllla  Cciyana ,  Gm.  enl.  6G9. 

(2)  Ajoutez.  Sturnus  capensis  ,  enl.  280,  dont  st.  contra  ,  Albin  lil, 
ai,  ne  diffère  probablement  pas,  mais  qui  est  des  Indes  et  non  du  Cap. 
—  St.  jnilitaris  ,  enl.  ii3.  —  St.  Ludovicianus  ,  enl.  256^  le  même  que 
ValauJa  magna  ,  Gm.  Catesb.  i  ,  53. 

JY.  B.  Le  st.  cinclus  forme  ci-dessus  un  genre  voisin  des  merles  5  le 
sX.  sericeus  ,  Brown.  111.  21  ,  est  plutôt  un  marlin  ^  le  st.  coUaris  est  la 
même  chose  que  la  fauvette  des  Alpes  {accentor).  Le  5f .  carunculatus 
doit  ,  je  pense,  aller  avec  les  philédons. 

Les  espèces  d'Osbec  ,  d'Hernandes  ,  etc. ,  sont  peu  authentiques^  quani; 
5  celles  de  Pallas  ,  il  est  fâcheux  que  l'on  n'en  ait  pas  de  ii§ure.  Les 
stournes  de  Daudin  doivent  retourner  avec  les  merles  ou  avec  les  philé- 
dons ,  et  ses  quiscales  en  partie  aux  martins  ,  en  partie  aux  cassiques.  En 
générai  Daudin  avait  achevé  d'embrouiller  ce  genre  déjà  iort  mal  irailé 
par  se?  prédécesscwrs. 


3q6  oiseaux 

Les  SiTTELLES  ou  TORCHEPOTS.  (  SiTTA.   Liii.) 

Ont  un  bec  droit ,  prismatique ,  pointu  ,  avec  le- 
quel ils  entament  l'écorce ,  comme  les  pics,  pour  en 
retirer  les  vers;  mais  leur  langue  ne  s'allonge  point , 
et  quoiqu'ils  grimpent  dans  tous  les  sens  aux  arbres  , 
ils  n'ont  qu'un  doigt  en  arrière ,  à  la  vérité  très-fort. 
Leur  queue  ne  sert  point  à  les  soutenir  ,  comme 
celle  des  pics  et  des  vrais  grimpereaux. 

Le  Torchepot  commun.  (  Sitta  Europea.  Lin.  )  Enl.  62^;  !• 

Cendré-bleuâtre  en  dessus ,  roussâtre  en  dessous. 

Nous  ne  voyons  aucun  caractère  suffisant 
pour  distinguer  nettement  des  conirostres  ^  les  ^ 
genres  de  la  famille  des  corbeaux ,  qui  ont 
tous  la  même  structure  intérieure  5  les  mêmes 
organes  externes  ,  et  ne  se  distinguent  que  par 
une  taille  généralement  plus  grande  qui  leur 
permet  quelquefois  de  poursuivre  de  petits 
oiseaux  ;  leur  bec  fort  est  le  plus  sotivent 
comprimé  par  les  côtés. 

Ces  genres  sont  au  nombre  de  trois,  les  cor- 
beaux 5  les  oiseaux  de  paradis  et  les  roUiers. 

Les  Corbeaux.  (Corvus.  Lin.) 

A  bec  fort,  plus  ou  moins  aplati  par  les  cô- 
tés y  et  dont  les  narines  sont  recouvertes  par  des 
plumes  roides  dirigées  en  avant.  Ce  sont  des  oi- 
seaux subtils ,  dont  l'odorat  est  très-fin ,  et  cjui  ont 
généralement  l'habitude  de  prendre  ^  de  cacher  même 


PASSEREAUX.  897 

des  choses  qui  leur  sont  inutiles,  comme  des  pièces 
de  monnoie ,  etc. 

On  nomme  plus  spécialement  corbeaux  ou  corkeil,les  ,  les 
grandes  espèces  dont  le  bec  est  plus  fort  proportion  gardée, 
et  a  l'arête  de  sa  mandibule  supérieure  plus  arquée.  Leur 
queue  est  ronde  ou  carrée. 

Le  Corbe^au.  {Corvus  corax.  Lin.  )  Vaill.,  Afr, ,  pi.  5i  (i\    ' 

Est  le  plus  grand  oiseau  de  la  classe  des  passereaux  qui 
habite  en  Lurope.  Sa  taille  égale  celle  du  coq.  Son  plumage 
est  tout  noir,  sa  queue  arrondie  ^  le  dos  de  sa  mandibule 
supérieure  arqué  en  avant.  11  vit  plus  retiré  que  les  autres 
espèces  ,  vole  bien  et  haut ,  sent  les  cadavres  d'une  lieue  ;  se 
nourrit  d'ailleurs  de  toutes  sortes  do  fruits  et  de  petits  aui- 
maux,  enlève  même  des  oiseaux  de  basse-cour  ;  niche  isolé- 
ment sur  des  arbres  élevés  ou  des  rochers  escarpés  ,  se  laisse 
aisément  apprivoiser  ,  apprend  même  assez  bien  à  parler. 
Son  vol  est  élevé  et  facile.  Il  paraît  qu'on  le  trouve  dans 
toutes  les  parties  du  monde. 

La  Corneille.  (  Connus  corone.  Lin.  )  Enl.  495. 

D'un  quart  plus  petite  que  le  corbeau  ,  à  queue  plus  car- 
rée j  à  bec  moins  arqué  eu  dessus. 

Le  Freux.  (  Con'us  frugilegus.  Lin.  )  Enl.  484- 

Encore  un  peu  plus  petit ,  et  à  bec  plus  droit  ;  plus  pointu 
que  la  corneille.  Excepte  dans  la  première  jeunesse  ,  le  tour 
de  la  base  du  bec  est  dépouillé  de  ses  plumes  ,  probable- 
ment parce  que  l'oiseau  fouille  souvent  dajos  la  terre  pour 
y  chercher  sa  uourriture. 

Ces  deux  espèces  vivent  en  grandes  troupes ,  se  rassem- 
blent même  pour  nicher  j  elles  dévorent  autant  de  grains 


(i)  JX.  B.  Eul.  49^  î  paraît  sinipîcmenî  vine  corneille  ^  et  485  un  jeune 
h  eux. 


3g8  OISEAUX 

que  d'insectes.  On  les  trouve  dans  toute  l'Europe  ;  niais 
elles  ne  restent  en  hiver  que  dans  les  cantons  les  moius 
froids. 

La  Corneille  mantelée.  (  Connus  cornix.  Lin.  )  Enl.  yG. 

Cendrée,  la  télé  ,  les  ailes  et  la  queue  noires.  Elle  est 
moins  frugivore,  fréquente  les  bords  de  la  mer,  y  vit  de 
coquillages,  etc. 

Le  Choucas ,  petite  Corneille  de  clochers»  (  Corvus  mone- 

dula.  Lin.  )  Enl.  525. 

Plus  petite  encore  d'un  quart  que  les  précédens,  à  peu 
près  de  la  taille  d'un  pigeon  ,  d'un  noir  moins  profond  ^ 
qui  tire  même  au  cendré  autour  du  cou  et  sous  le  ventre  , 
quelquefois  aussi  tout  noir  ;  niche  dans  les  clochers  ,  les 
vieilles  tours ,  vit  en  troupes  j  a  du  reste  le  régime  des  cor- 
neilles ,  et  vole  souvent  avec  elles.  Les  oiseaux  de  proie  n'ont 
pas  d'ennemi  plus  vigilant  (i). 

Les  Pies.  (PjcA.  Cuv.  ) 

Moindres  que  les  corneilles  ,  ont  aussi  la  mandibule  supé- 
rieure plus  arquée  que  l'autre  ,  et  la  queue  longue  et  étagée. 

La  Pie  d'Europe.  (  Corvus  pica.  Lin.  )  Enl.  488. 

Est  un  bel  oiseau  ,  d'un  noir  soyeux  ,  à  reflets  pourpres , 
bleus  et  dorés  ;  à  ventre  blanc,  et  une  grande  tache  de  même 
couleur  sur  l'œil.  Son  perpétuel  babillage  l'a  rendue  cé- 
lèbre. Elle  se  tient  de  préférence  dans  les  lieux  habités  ,  et 
s'y  nourrit  de  toutes  espèces  de  matières  ,  y  attaque  même 
les  petits  oiseaux  de  basse-cour  (9.). 

(1)  JV.  Ji.  Le  choucas  termine  la  tribu  des  vrais  corbeaux,  parce  que 
sa  mandibule  supérieure  nVst  guère  plus  sensiblement  arque'e  que  l'infé- 
rieure. Ajoutez  ,  ù  celte  tribu  ,  le  corvus  Jainàicensis ,  ou  corneille  à 
duvet  blanc.  —  Le  corviis  Dauricus  ,  enl.  627  ,  le  même  q^escapulaius 
Daud.  Vaill.  55.  —  \j  albicollis ,  Lath.  Vaill.  5o. 

(2)  Ajoutez  le  con>.  Senegalensis  ,  enl.  538. —  C  vcntralis  ,  Sb.  Vaill. 
Afr.  55.  —  C.  erythrorhynchos  ,  enl.  6*221 ,  et  mieux  Vaill.  Afr-  Sy.  —  C 
Cayanus  ,  en!.  Sy^.  —  C.  Pcruvianus  ,  en).  625.  —  C.  cyaneus ,  Pall. 
Vaii!.  Afr.  5^  ,  9..  —  C.  ntfns  ,  Vaill.  Afr.  Sg. 


PASSEREAUX.  SqQ 

Les  Geais.  (  Garrulus.  Cuv.  ) 

Oui  les  deux  mandibules  peu  allongées,  et  finissant  par  une 
courbure  subite  et  presque  égale  ;  quand  leur  queue  est  éta- 
gée  ,  elle  s'allonge  peu  ,  et  les  plumes  de  leur  front,  lâches 
et  effilées  ,  se  redressent  plus  ou  moins  dans  la  colère. 

Le  Geai  cf Europe,  (  Corvus  ^landarius.  Lin.)  Enl.  481. 

Est  un  bel  oiseau,  d'un  gris-vineux,  à  moustaches  et  à 
pennes  noires,  remarquable  surtout  par  une  grande  tache 
d'un  bleu  éclatant,  rayé  de  bleu  foncé,  que  forme  une  par- 
tie des  couvertures  de  l'aile.  Le  gland  fait  sa  nourriture 
principale  (i). 

Les  Casse-Noix.  (  Caryocatactes.  Cuv.  ) 

Ont  les  deux  mandibules  également  pointues  ,  droites  et 
sans  courbures. 

Il  n'y  en  a  qu'un  de  connu. 

Le  Casse-Noix  ordinaire.  {Corvus  caryocatactes.  Lin.) 

Enl.  5o. 

Brun,  tacheté  de  blanc  sur  tout  le  corps.  Il  niche  dans 
des  trous  d'arbres  ,  dans  les  bois  épais  des  montagnes  ^ 
grimpe  aux  arbres,  en  perce  l'écorce  comme  les  pics,  dé- 
vore toutes  sortes  de  fruits,  d'insectes  et  de  petits  oiseaux  , 
et  vient  quelquefois  en  grandes  troupes  dans  les  plaines  , 
mais  sans  régularité  (2).  ^ 


(i)  Ajoutez  :  Corvus  cristatus ,  enl.  529.  —  Connis  sLellerl ,  VaiiJ.  Ois, 
de  par.  et  c.  1 ,  44*  —  Corv.  Sihiricus  ,  enl.  608.  —  Corv.  Canadensis  ,  enl . 
53u  ,  et  une  variété  ,  Vaill.  48»  —  Corv.  auritus ,  Vaill.  4^.  —  Cotv.  gale- 
riculatus  ,  INob.  Vaill.  i^i. 

{•i)  N.  B.  Le  corvus  HoLLenloitus  ,  enl.  a-iG  ,  nous  paraît  voisin  des  tyrans 
- —  C.balicassius ,  enl.  6o3,  est  un  drongo.  - — C.  calvus  ,  enl.  52i  ,  un  gvm- 
nocëphale.  —  C.  novœguineœ  ,  enl.  629,  et  a.  pajmensis  ,   enl.  65o,  îles 
«houcaris. —  C  Speciosus  de  Sh. ,  est  le  rolUer  de  la  Chine ,  enl,  ()2o.  — . 
C/iaviventris ,  enl.  249,  est  un  tyran.—  C.  Mexicanus  ,  est  probabie- 


400  OISEAUX 

LrsTEMiA.Vail. 

Ont,  avec  le  port  et  la  queue  des  pies  ,  un  Lee  élevé ,  dont 
la  base  est  garnie  de  plumes  veloutées  comme  dans  les  oiseaux 
de  paradis. 

On  n'en  connaît  qu'un  ,   d'un  vert  Lronzé  ,  d'Afrique. 

Yaill. ,  Afr. ,  56. 

Les  Rolliers.  (  Coracias.  Lin.) 

Ont  le  bec  fort,  comprimé  vers  le  bout ,  dont  la 
pointe  est  un  peu  crochue  ;  les  narines  oblongues  , 
placées  au  bord  des  plumes  ^  et  non  recouvertes  par 
elles  fies  pieds  courts  et  forts.  Ce  sont  des  oiseaux 
de  l'ancien  continent ,  assez  semblables  aux  geais 
par  leurs  mœurs  et  par  les  plumes  lâches  de  leur 
front;  peints  de  couleurs  vives,  mais  rarement  har- 
monieuses. 

Les  Rolliers  proprement  dits. 

Ont  le  bec  droit ,  et  partout  plus  haut  que  large. 
Nous  en  avons  un  en  Europe. 

Le  Rollier  commun.  (  Coracias  garruîa.  Lin.  )  Enl.  4^6. 

Vert  d'aigue-niarinC;,  à  dos  et  scapulaires  fauves  j  du  bleu 
pur  au  fouet  de  l'aile  y  a  peu  près  de  la  taille  du  geai.  Oi- 
seau fort  sauvage  ,  quoique  assez  social  avec  ses  semblables, 


ment  vm  cassique  ou  un  tiherin  ,  et  C.  argyropJilalmus  Brown  III.  lo  , 
en  est  t  ertainement  un.  —  C.  rufipennis ,  enl.  199,  est  un  merle, 
le  même  que  twd.  morio.  —  C  cyanurus  ,  enl.  355.  C.  brachyurus ,  enl. 
aSy  et  Ci58,  vi  C.  graUarius  ,  enl,  702  ,  de  Shaw  ,  sont  des  brèves  et  des 
fourmiliers  ;  C.  caruncniatus ,  Daud.  ,  un  pliilcdon. 

Nous  avons  rapproché  des  merles  le  C.pynhocorax ,  enl.  53i  ,  et  des 
huppes  le  C.  gracutus ,  enl.  255.  INous  pensons  que  le  C.  ereniila  n'existe 
point  :  enfin  le  C  ca>77>a?w.y ,  Aldrow.  I,  788,  est  un  gucpier  ,  dont  la 
description  a  été  nilli'e  par  Dulcrtre  ;  pour  rendre  un  objet  dont  il  sesou- 
\enait.  mal. 


PASSEREAUX.  4^* 

qui  niche  dans  les  creux  d'arLres  des  bois  ,  et  nous  quitte 
en  hiver  11  vit  de  grains,  de  fruits,  d'insectes  ,  de  petites 
grenouilles. 

Quelques roUiers  étrangers  ont,  comme  le  nôtre  ,  la  queue 
carrée  (i)  ;  cependant  les  pennes  extérieures  de  celles  du 
nôtre  s'allongent  un  peu  dans  le  mâle ,  premier  indioe  de 
leur  grand  allongement  dans  plusieurs  espèces  (2). 

Les  Rolles.  (  Colaris.  Cuv.  ) 

Diffèrent  des  rollîers  par  leur  bec  plus  court ,  plus  arqué  , 
et  surtout  élargi  à  la  base  au  point  d'j  être  moins  haut  que 
large  (5). 

Les  Mainates.  (  Eulabes.  Cuv.) 

Ont  à  peu  près  le  bec  des  1  oiles  -,  mais  leur  tête  est  dénuée  de 
plumes  en  certains  endroits  ,  où  se  trouvent  a  leurs  places  des 
proéminences  charnues  ;  des  plumes  veloutées  s'avancent  jus- 
«Ju'au  bord  des  narines  comme  dans  les  oiseaux  de  paradis. 

La  seule  espèce  que  nous  connaissions  dans  ce  sous  genre. 


(i)  Coracias  Benghalensis  ,  enl.  285  .  évid.  le  même  qviîndica  Edw., 
3^6  ,  et  que  la  fig.  d'Albin  ,  i ,  17  ,  citée  sous  caudata.  —  Coracias  Nob. 
Viridis  Vailf. ,   Ois.  de  par.,  1 ,  3i. 

(2)  Coracias  .Abyssinicaj  enl.  626  et  sa  variété  G.  SenegaJa  enî. 
326.  Edw.  527.  Caudata  n'eu  est  qu'un  individu  défiguré  par  l'addition  de 
la  têie  du  benghalensis  (Yaill.  loc.  cit.  p.  io5  ).  —  Cor.  cyanogaster,  ISob-, 
Vaill.  loc.  cit  pi.  26. 

IV.  B.  Cor.  Cajjra  oCf  Shaw  cite  Edw.  3?.o ,  ne  serait  qu'un  merle  , 
(  Lurd,  nitens).  —  C,  Sinensi'  enl.  620,  s'écarte  u  genre  psr  p!usioar.> 
caractères.  — ^M,  Shaw.  croit  que  C.  viridis  Lath,  est  un  snartln-p  cheur. — - 
C.  strepera  et  C  varia  Lath.  sont  des  cassican?.  —  C.  mititar  s  et  C.  scutaLa 
Shaw,  des  piauhau.  —  C.  M-  xicaiia.  Seb.  i  ,  pi.  64  ,  f.  5  ,  est  le  geai  du 
Canada.  —  C.  Cayana  ,  enl,  616 ,  un  tangara. 

(3)  Coracias  orientalisenl.  619.  —  Cor.  âladag.iscaricnsis  .  enl.  5oi. 
—  Cor.  y(fra  Lath. ,  Yaill. ,  loc.  cit.  pi.  35.  Colaris  est  le  nom  grec  d'un 
oiseau  inconnu. 

TOME     I.  26 


/4O2  OISEAUX 

Le  Mainate  de  Java.  [  Gracula  reîigiosa.  Lin.  )  Enl.  268.  (1). 

Est  de  la  taiile  d'un  merle ,  d'un  beau  noir  ,  à  bec  et  ca- 
roncules de  la  tête  jaunes,  une  tache  blanche  sur  la  base 
des  premières  pennes  de  l'aile  ;  mange  également  des  fruits 
et  de  la  viande.  On  dit  que  c'est ,  de  tous  les  oiseaux  ,  celui 
qui  imite  le  mieux  le  langage  de  l'homme. 

Les  Oiseaux  de  Paradis.  (Paradis^a.  Lin.) 

Ont  j  comme  les  corbeaux^  le  bec  droit,  com»- 
priraé  ,  fort ,  sans  écliancrure ,  et  les  narines  cou- 
vertes ;   mais  l'influence   du  climat  qu'ils  habitent , 
et   qui    s'étend  sur  des  oiseaux  de  plusieurs  autres 
genres ,   a  donné  aux  plumes  qui  couvrent  ces  na- 
rines ,    un  tissu  de  velours  ,    et  souvent   un  éclat 
métallique ,  en  même  temps  qu  elle  a  singulièrement 
développé  les  plumes  de  plusieurs  parties  du  corps. 
Ces  oiseaux  sont  originaires  de  la  Nouvelle-Guinée  et 
des  îles  voisines.  On  ne  peut  guère  les  obtenir  que 
des  naturels  fort  barbares   de  ces  contrées,  qui  les 
préparent  pour  faire  des  panaches  ,  et  leur  arrachent 
les  pieds  et  les  ailes  ,  en  sorte  que  Ton  a  cru  pen- 
dant quelque  temps  en  Europe  que  la  première  es- 
pèce manquait  réellement  de  ces  membres ,  et  vi- 
vait toujours    dans   fair  ,  soutenue  par  les   longues 
plumes  de   ses  flancs.  Cependant  ,•  quelques   voya- 
geurs s'étant  procurés  des  individus  complets  de  cer- 
taines espèces  ,   on  sait  aujourd'hui  que  leurs  pieds 

(1)  Ce  nom  de  religicsa  ne  lui  a  été  donne  qu'à  cause  d'un  trait  par- 
ticulier rapporté  par  Bontius  ,  Med.  ind.  or.  p.  67,  et  étranger  à  ses 
mœurs  naturelles.  Cependant ,  faute  d'autre  ,  j'en  ai  fait  le  nora  générique 
en  le  traduisant  en  grec. 


PASSEREAUX.  4^3 

et  leurs  ailes  leur  indiquent  la  place  que  nous  leur 
assignons.  On  dit  qu ils  vivent  de  fruits,  et  recher- 
chent surtout  les  aromates. 

Les  uns  ont  les  plumes  des  flancs  effilées  et  singulièrement 
allongées  en  panaches  plus  longs  que  le  corps  ,  qui  donnent 
une  telle  prise  au  vent,  que  ces  oiseaux  en  sont  fort  souvent 
emportés  malgré  eux  ;  et  les  deux  premiers  ont  de  plus  deux 
iilets  ébarbés  adhérens  au  croupion  ,  et  se  prolongeant  autant 
et  plus  que  les  plumes  des  flancs, 

U Oiseau  de  Paradis  émeraude ,  le  plus  anciennement  cé- 
lèbre, i  Paradisœa  apoda.  Lin.  )  Enl.  '254-  Yaill. ,  Ois. 
de  Par. ,  pi.  i.  Vieill.,  Ois.  de  Par.,  pi.  i.  j 

Grand  comme  une  grive,  marron,  le  dessus  de  la  tête  et 
du  cou  jaunes ,  le  tour  du  bec  et  de  la  gorge  vert  d'éme- 
raude.  C'est  le  mâle  de  cette  espèce  qui  porte  ces  longs  fais- 
ceaux de  plumes  jaunâtres  dont  les  femmes  font  des  pana- 
ches. Il  y  en  a  une  race  un  peu  moindre. 

U  Oiseau  de  Paradis  rouge.  (Parad.  ruhra.)  Yaill.  , 

pi.  6.  Yieill.,  pi.  5. 

A  ses  faisceaux  des  flancs  d'un  beau  rouge  ,  et  ses  filets 
plus  larges  ,  concaves  d'un  côté. 

U  Oiseau  de  Paradis  à  douze  filets.  {Parad.  alha.  )  Blu- 
menb. ,  Abb.  j  96.  Yaill. ,  pi.  16  et  17,  Yieill. ,  pi.  i5. 

A  les  longs  faisceaux  des  flancs  blancs,  et  douze  longs 
fdels,  mais  qui  ne  tiennent  pas  an  croupion  ,  et  ne  sont  que 
les  tiges  prolongées  de  quelques-unes  des  plumes  des  flancs. 
Son  corps  est  ordinairement  d'un  noir-violet ,  avec  une  bor- 
dure d'un  vert  d'émeraude  aux  plumes  du  bas  de  la  poi- 
trine. Mais  il  paraît  qu'il  en  existe  aussi  des  variétés  à  corps 
tout  blanc.  Son  bec  est  plus  long  et  plus  pointu  que  dans 
les  autres  espèces ,  et  un  peu  arqué  ;  ce  qui  le  rapproche 
des  épimaques.  Les  pennes  primaires  de  ses  ailes  sont  cour- 


4o4  OISEAUX 

tes,  et  beaucoup  moins  nombreuses  qu'aux  oiseaux  or- 
dinaires. 

Dans  d'autres  oiseaux  de  paradis  ,  on  trouye  encore  les  fi- 
lets; mais  les  plumes  des  Ûancs ,  quoique  un  peu  allongées  ^ 
ne  dépassenlpas  la  queue. 

Le  Manucode  (i).  (  Paradisœa  regia.  )  Enl.  496.  Yaill. ,  7. 

Vieill.,5. 

Grand  comme  un  moineau ,  marron-pourpré  ,  à  rentre 
blanc  ,  une  bande  en  irarers  de  la  poitrine  ,  l'extrémité  des 
plumes  des  flancs  et  les  barbes  qui  élargissent  le  bout  des 
deux  longs  filets ,  vert  d'émeraude. 

"Le  Magnifique,  (Par.  jjiagnifica.)  Sonnerai,  98.  Enl.  G5r. 

Vaill. ,  9.  Vieill. ,  4« 

Marron  dessus,  Yen  dessous  et  aux  flancs  ;  les  pennes  des 
-    ailes  jaunes  ,  un  faisceau  de  plumes  couleur  de  paille  de  cha- 
que côté  du  cou  ,  un  autre  de  plus  jaunes  vis-à-vis  le  pli  de 
l'aile. 

D'autres  ont  encore  des  plumes  eflllées  mais  courtes  aux 
flancs ,  et  manquent  de  filets  au  croupion. 

Le  Sifilet.  (  Par,  aurea ,  Gm.  Sexsetacea  ,  Shaw.  )  Son- 
nerat,  pi.  97.  Enl.  G55.  Yaill. ,  12.  Yieill.  6. 

Grand  comme  un  merle  ,  noir,  un  plastron  vert-doré  sur 
la  gorge,  trois  des  plumes  de  chaque  oreille  prolongées  en 
longs  filets,  que  termine  un  petit  disque  de  barbes  vert-doré. 

D'autres  «nfin  n'ont  ni  filets  ,  ni  plumes  des  flancs  pro- 
longées» 

Dans  le  Superbe  (  Par.  superba  ) ,  Sonnerat,  96 ,  enl.  652, 

Yaill.,  1 4, Yieill.,  7, 

Les  plumes  des  scapulaires  sont  cependant  prolongé  esen 
une  espèce  de  mantelet  qui  peut  recouvrir  les  ailes ,  et 


(i^   Manucodewata  signille  ,  dit-on  ,  aux  Moluques  ,   oiseau  de  Diea. 
C'est  uu  litre  commua  à  tous  les  oiseaux  de  paradis. 


PASSEREAUX.  4^-^ 

celles  (îc  la  poitrine  en  une  sorte  de  cotte  d'armes  pendante 
€t  fourcliue.  Tout  son  plumage  est  noir  ,  excepté  sa  cotte 
pectorale  ,  d'un  verd  brillant  d'acier  bruni. 

Le  seul  Orangé  (^Par,  aurea ,  Sh. ,  oriolus  aureus,  Gm.)? 
Edw.  ii2,VaiU. ,  i8,"Vieill.,  ii, 

îî'a  aucun  développement  extraordinaire  de  plumage ,  et 
ne  se  fait  reconnaître  qu'au  velouté  des  plumes  qui  couvrent 
ses  narines.  Le  mâle  est  de  l'orangé  le  plus  vif ,  la  gorge  et 
les  pennes  primaires  des  ailes  noires  ;  la  femelle  a  du  brun 
au  lieu  d'orangé  (i). 

La  quatrième    famille  des  passereaux ,  ou 

celle  des 

Ténui]\ostbes  , 

Comprend  le  reste  des  oiseaux  de  la  pre- 
mière division  ;  ceux  dont  le  bec  est  grêle  , 
allongé ,  et  plus  ou  moins  arqué  dans  sa  to- 
talité 5  sans  échancrure.  On  n'en  a  fait  que 
trois  genres;  les  huppes,  les  grimpereaux  et  les 
colibris..  Ce  dernier  est  facile  à  reconnaître;  il 
n'en  est  pas  de  même  des  deux  autres  qui  ont 
à  peu  près  le  même  bec  et  les  mêmes  pieds  ,  et 
que  l'on  ne  peut  di:3linguer  qu'au  moyen  de 
subdivisions. 


(i)  Je  renvoie  aux  merles  le  paradisœa  gularis  ,  Lath.  ^  nigra  ,> 
Gui.  ,  Vaill.  20  et  21  ;  Vieill.  ,  8  et  9,  et  le  leucopteruy  Lath..  —  Je 
renvoie  aux  cassicans  ,  le  par.  chalyhœa ,  enl.  633,  Sonn.  97  ,  Vaill. 
u3  ,  Vicitl.  10.  —  Le  CLirhata  Aldrov,  8j4  ,  est  trop  mutilé  pour  qu'où 
puisse  le  caractériser  ,  et  Icfitrcata  ,  Lath.  ,  paraît  un  individu  imparfait 
du  superba. 


4oG  OISEAUX 

Parmi  les  Huppes  (Upupa,  Lin.), 
Nous  placerons  d'abord 

Les  Graves  (  Fregilus  ,  Guy.  )  y 

Dont  les  narines  sont  recouvertes  par  des  plumes  dirigées 
en  avant  ;  ce  qui  les  a  fait  réunir,  par  plusieurs  auteurs  ,  aux 
corbeaux  ,  à  qui  ils  ressemblent  à  quelques  égards  par  les 
mœurs  :  leur  bec  est  un  peu  plus  long  que  la  tête. 

Le  Grave  d'Eiiro-pe.  (  Corvus  graculus.  Lin.  )  Enl,  255. 

Est  de  la  taille  d'une  corneille ,  noir  ,  à  bec  et  à  pieds 
rouges  j  ses  ailes  atteignent  ou  dépassent  le  bout  de  sa  queue. 
11  nicbe  dans  1rs  fentes  des  plus  bautes  Alpes  et  des  Pyré- 
nées ,  mais  est  rare  partout.  Les  fruits  et  les  insectes  servent 
également  à  sa  nourriture  (i). 

Les  Huppes  proprement  dits.  (  Upupa.  ) 

Ont  sur  la  tète  un  ornement  formé  d'une  double  rangée  de 
longues  plumes  qui  se  redressent  au  gré  de  l'oiseau  (2). 
Nous  en  avons  une  en  Europe  , 

Upupa  epops  ,  Lin.  ,  enl.  52  , 

D'un  roux-vineux,  les  ailes  et  la  queue  noires  ,  deux  ban- 
des blancbes  en  travers  sur  les  couvertures,  et  quatre  sur  les 
pennes  de  l'aile.  Elle  cliercbe  les  insectes  dans  la  terre  liu- 


(1)  On  ne  sait  quelle  combinaison  de  l'histoire  de  ce  crave  avec  des 
figures  défectueuses,  peut-  être  de  quelques  courlis,  a  donné  naissance 
à  Tespèce  imaginaire  du  cnwe  huppé  ou  sonneur  [coivus  eremita.  L.  ) 
prétendu  oiseau  de  Suisse  que  personne  n'a  vu  depuis  Gesnrr.  Mais  le 
corv.  afjînis ,  Laih.  paraît  un  vrai  crave,  et  nous  en  avons  une  espèce 
toute  noire  de  la  Nouvelle-Hollande. 

(i)  Ce  nom  de  huppe  ,  formé  d'après  le  cri  de  la  huppe  commune,  est 
devenu  ,  en  français  ,  le  nom  de  l'ornement  qu'elle  porte  sur  la  tête  , 
dans  quelque  oiseau  qu'on  le  retrouve. 


PASSEREAUX.  4^7 

micle ,  pond  dans  des  trous  d'arbres  ou  de  murailles  j  et 
nous  quitte  en  hiver  (i). 

La  Huppe  du  Cap.  (  Upiipa  Capensis.  )  Enl.  697. 

Se  lie  plus  particulièrement  aux  craves,  parce  que  les 
plumes  antérieures  de  sa  huppe ,  courtes  et  fixes ,  se  diri- 
gent en  avant  et  couvrent  les  narines. 

Les  Promerops.  Briss. 

K'ont  point  de  huppe  sur  la  télé ,  et  portent  une  très-longue 
queue  ;  leur  langlie ,  extensible  et  fourchue  ,  leur  permet 
de  vivre  du  suc  des  fleurs  ,  comme  les  souïmangas  et  les 
colibris  (2). 

Les  EpiMAQUEfi  (3).  (Epimachus.  Cuv.  ) 

Ont ,  avec  le  bec  des  huppes  et  des  promerops  ,  des  plumes 
écailleuses  ou  veloutées,  qui  leur  recouvrent  une  partie  des 
narines  ^  comme  dans  les  oiseaux  de  paradis  ;  aussi  viennent- 
ils  du  même  pays,  et  brillent-ils  de  même  par  l'éclat  de  leur 
plumage.  Leurs  plumes  des  flancs  sont  aussi  plus  ou  moins 
prolongées  dans  les  mâles.  On  n*en  a ,   dans  les  collections 

(i)   Ajoutez  la   huppe  d'Afrique  ,  upupa  niinor ,  Yieill,  ,  promerops, 
planche  2. 

(2)  On  ne  connait  bien  que  Vupupa  protnerops  ,  ou  nierops  cafer ,  enl. 
637  ,  qui  est  le  sucrier  du  protea  ,  Vaill.  Afr.  169.  —  M.  Vaili.  croit  que 
Vup.fusca^  Gm.  onpapuensis  ,  Lath.  ,  enl.  638  ,  est  la  femelle  de  Vépinia- 
€jue  à  paretnens frisés  ,  enl.  ôSg.  —  Uup.  paradisœa ,  Seb.  I  ,  pi.  xxx  ,  8  , 
n'est  que  le  muscicapa  paradisi ,  dont  le  bec  a  été  mal  dessiné. —  "Uup.  au- 
ranlia  ,  Seb.  I  ,  ixvi ,  3,  est,  selon  toute  apparence  ,  un  cassique.  —  Le 
mexicana ,  Seb.  T  ,  xlv  ,  5  ,  n'est  du  moins  pas  du  Mexique  ,  comme  le 
prétend  Seba ,  en  lui  appliquant  un  passage  de  Nieremberg ,  Lib.  X  , 
G.  44  j  où  il  n'est  question  que  d'un  canard. —  Le  promer.  coeruUus 
Shaw.  Promerops  bleu  ,  Yieill.  Upupa  indiça,  Laih.  paraît  bien  appar- 
tenir ici  ,  mais  on  ne  connaît  ni  ses  pieds  ,  ni  sa  langue ,  non  plus  que 
ceux  des  épimaques. 

(3)  Epimachus  ,   nom  grec  d'un  très-bel  oiseau  des  Indes  ,  d'espèce  in- 
déterminée. 


4û8  OISEAUX 

européennes ,  que  deux  espèces  ,  dont  on  ne  connaît  pas 
mcaie  les  pieds ,  parce  que  les  naturels  de  la  Nouvelle-Guinée 
Jes  aj }  ai^iient  à  tous  les  oiseaux  qu'ils  préparent. 

UEpimacjue  à  paremens frisés.  {  Upupa  magna,  Gm.  Up» 
Superha  Latli.)  Enl.  63g, 

Koir,  à  queue  étagée  trois  fois  plus  longue  que  le  corps; 
les  plumes  des  flancs  allongées,  relevées,  frisées,  brillantes 
à  leur  bord,  d'un  bleu  d'acier  bruni,  qui  éclate  aussi  sur 
la  tète  et  au  ventre. 

I/Epimaque  Proméfil, 

D'un  noir  de  velours,  à  queue  médiocre  un  peu  four^ 
cliue,  la  tête  et  la  poitrine  éclatantes  du  plus  beau  bleu 
d'acier  bruni;  les  plumes  des  flancs  allongées  ;  efïilées, 
noires. 

Ici  commencent  les  oiseaux  auxquels  on  a  donné 
]e  nom  de  Grimpereaux;  (Certhia.  L.  )  leur  peti- 
tesse semble  avoir  tracé  la  limite,  aux  yeux  de  la 
plupart  des  méthodistes, 

Kous  y  distinguons  d'abord 

Les  vrais  Grïm^eheaux.  (Certhia.  Cuv.) 

Ainsi nommésde  l'iiabilude  qu'ils  ont  de  grimper  aux  arbres 
coDime  les  pics,  en  se  servant  de  leur  queue  comme  d'un  arc- 
boutant ,  ils  se  reconnaissent  aux  pennes  de  la  queue  usées  et 
finis,  ant  en  pointe  roide  comme  celles  des  pics. 
Wous  en  avons  un, 

Le  Grimp.  d'Europe  (  Certh,  Famiîiaris)  enl.  68 1. 1.  (i). 

Petit  oiseau  d'un  plumage  blanchâtre  ,  tacheté  de  brun 
en  dessus,  teint  de  roux  au  croupion  et  sur  la  queue.   Il 


(t'i  Âjo'itez  :  C  ciniiammnea  f  YieiW,  62.  —  Blotociîla  spinicauda , 
Lalli.  S\ii.  II,  i'I.  52  ,  ? 


PASSE  11  EAUX.  4^9 

mcîie  dans  les  creux  des  arbres  et  grimpe  avec  rapidité 
elierchant  des  insectes  et  des  larves  dans  les  fentes  des 
éeorees,  sous  les  mousses,  etc. 

L'Amérique  produit  quelques  vrais  grimpei'-eaux  d'une 
assez  grande  taille  que  l'on  a  nommés. 

PicucuLES  (Dendrocolaptes.  Herm.  )  (i)  Grimpars  Vaill. 

Leur  queue  est  la  même,  mais  leur  bec  est  beaucoup  plus 
fort,  et  plus  large  transversalement.  (2). 

Il  en  est  même  un  qui ,  par  son  bec  tout  droit  et  compri- 
mé ,  se  rapproche  des  sittelles  ;  on  pourrait  le  considérer 
<;omme  une  sittelle  à  queue  usée.  (5). 

Les  EcHELETTES  (4)  OU  Grimpcrcaux  de  muraille 
(TicHODROMA.  Illiger.  ) 

N'ont  pas  la  queue  usée ,  quoiqu'ils  grimpent  le  long  des  murs 
•et  des  rochers ,  comme  les  grimpereaux  ordinaires  sur  les 
arbres  ;  mais  ils  se  cramponnent  par  leurs  très-grands  ongles. 
Leur  bec  est  triangulaire  et  déprimé  à  sa  base,  très- long 
el  très-gréle. 

On  n'en  connaît  qu'un  qui  vit  dans  le  midi  de  l'Europe. 
[Cerlhia  Muraria.h.)  enl.  372.  C'est  un  joli  oiseau  d'un  cendré 
clair,  avec  du  rouge  vif  aux  couvertures  et  aux  bords  d'une 
partie  des  pennes  des  ailes.  La  gorge  du  mâle  est  noire  (5). 


(i)  Dendrocoliptes  ,  nom  grec  du  pic. 

(■2)  he  picucuîe  ,  Buff.  (gracula  Cayennensis  ,  Gm.  grac.  scanclens , 
Lath.  et  Sh.  )  «ni.  621.  Il  en  existe  encore  quelques  espèces^  entre 
autres  une  à  bec  plus  de  deux  fois  plus  long  que  la  tête,  arqué  seulement 
au  bout.  (  Le  nasican ,  Vaill.  pronier. ,  etc.  pi.  a4'  ) 

(3)  Le  talapioty  Buff.  (  oriolus  picus ,  Gm.  et  Lath.  gracula  picoiâes , 
S'a.)  enl.  6o5. 

(4)  Echelette^  nom  du  grimpereau  de  muraille  dans  quelques-unes  de 
jjos  provinces.  ^ 

(5)  Certh,  fusca  ,  Lath.,  Vieill.  65,  me  paraît  devoir  appartenir  à  ce 
.éoiis-genre. 


y 


4lO  OISEAUX 

Les  Sucriers  (Nectaeinia.  Illiger.  ) 

Dont  la  queue  non  usée  montre  qu'ils  ne  grimpent  point, 
mais  dont  le  bec  ,  de  longueur  médiocre ,  arqué ,  pointu  et  com- 
primé, ressemble  à  celui  des  grimpereaux.  Ils  sont  tous  étran- 
gers. 

On  donne  plus  particulièrement  le  nom  de  Guitguits  à 
certaines  petites  espèces  dont  les  mâles  ont  des  couleurs 
vives  (i). 

On  ne  peut  cependant  en  séparer  des  espèces  plus  grandes 
et  moins  belles ,  comme 

Le  Fournier.  [Merops  Rufus.  Gm.  )  enl.  ySg. 

Oiseau  de  l'Amérique  méridionale,  grand  comme  une 
rousseroUe,  roussâtre  dessus,  blanchâtre  dessous  j  qui  cons- 
truit en  terre  sur  les  arbustes  un  nid  couvert  par-dessus 
comme  un  four  (2). 

Les  Dicées.  (Dicjsum.  Cuv.  )  (5). 

Ne   grimpent  pas  non  plus,   et  n'ont  pas   la  queue  usée; 


(1)  Certhia  cyanea  ,  enl.  83  ,  "2  ,  Vieill.  4^  >  4"^  >  4^-  —  Cœmlea,  Edw. 
Il,  Vieill.  44  >  4^>  4^"  Deux  espèces  d'Amérique  auxquelles  il  faudra 
probablement  ajouter  quelques  espèces  d'Orient^  la  plupart  ronges^ 
comme  C.  sanguinea  ,  Vieill.  66.  —  C.  cardinaUs ,  id.  54  >  58.  C.  hor- 
bonica ,  enl.  68r  ,  2. 

N.  B.  C.  armillata  ,  Sparm.  36.  —  C.  Cayana,  GSv-,  *,  etc.  ne  sont 
que  des  varie'tés  du  cyanea  ou  du  cœrulea. 

ip.)  Ajoutez  :  Certhia  Jla\feola ,  Edw.  12-2 ,  362 ,  Vieill.  5t.  —  C.  varia  , 
(  mot.  varia  i  L.  )  Edw.  3o,  2,  Vieill.  74.  —  C.  semitorquata  , 
Vieill.  56.  —  Le  promerops  olivâtre  ,  Vieill.  Huppes  et  Prom.  pi.  5. 
(  Mer.  oUvaceus  ,  Sh.  )  —  Je  soupçonne  que  c'est  aussi  la  place  des  C. 
virens  ,  Vieill.  Sy  et  58  ,  et  sannio  ,  id.  64,  que  je  n'ai  pas  vus  ,  mais  qui 
se  distinguent  par  leur  queae  fourchue. 

(5)  DiCiEUM  ,  nom  d'un  très-petit  oiseau  des  Indes  selon  ^lien.  A  ce 
sous-genre  appartiennent  certh.  erythronotos,  Vieill.  II ,  35.  Le  C.  cruen- 
tata ,  Edw.  81  ,  en  est  probablement  une  variété  d'âge.  —  C.  rubra  ^ 
Vieill.  pi.  54.  —  C.  erythropygia  ,  Laih.  2*  Snpp.  — C.  tœniata  ,  Sonn. 
II*  Voy.  pi.  107  ,  fi  g.  3.  —  C.  cantillans  ,  id.  ib.  2. 


PASSEREAUX.  4^1 

îeur  bec  aigu,  arqué,  pas  plus  long  que  la  tête,  est  déprimé 
et  élargi  à  sa  base. 

Ils  viennent  des  Indes-Orientales,  sont  fort  pelils,  et  por- 
tent généralement  de  l'écarlate  dans  leur  plumage. 

Les  HoÉROTAiRES.  Vieillot. 

IN'ont  pas  la  queue  usée,  et  leur  bec  est  extrêmement  allongé, 
et  courbé  presque  en  demi-cercle.  Ils  viennent  des  îles  de  la 
mer  du  Sud. 

L'un  d'eux  (Certhia  Festiaria.  Sh.)  Vieill.  Ois.  dorés, 

II,   pi.  52. 

Est  couvert  de  plumes  écarlates  j  qui  servent  aux  liabi- 
tans  des  îles  de  Sandwich  à  fabriquer  les  beaux  manteaux 
de  celte  couleur  qu'ils  ont  en  si  grande  estime,  (i). 

Les  Soei-MANGAS.  (Cinnybis.  Cuv.  )  (2). 

N'ont  pas  non  plus  la  queue 'usée-,  leur  bec  long  et  très-r 
grêle  a  le  bord  de  ses  deux  mandibules  finement  dentelé  en 
scie  ;  leur  langue ,  susceptible  de  s'allonger  hors  du  bec ,  se  ter- 
mine en  fourche;  ce  sont  de  petits  oiseaux  dont  les  mâles 
brillent  au  temps  des  amours  de  couleurs  métalliques  et  ap- 
prochant de  l'éclat  des  colibris,  qu'ils  représentent  à  cet  égard 
dans  l'ancien  monde,  se  trouvant  principalement  en  Afrique. 
Ils  vivent  sur  les  fleurs  dont  ils  pompent  le  suc;  leur  naturel 
est  gai  et  leur  chant  agréable.  Leur  beauté  en  a  fait  apporter 
beaucoup  dans  nos  cabinets  ;  mais  le  plumage  des  femelles 
et  celui  des  mâles  pendant  la  mauvaise  saison  étant  tout 
différent  de  leur  plumage  brillant,  on  a  peine  à  bien  ca- 
ractériser les  espèces. 


(ï)  Ajoutez  :  Cerlh.  obscura  ,  Vieill.  pi.  53.  —  C.  pac'ifica  ,  id.  pi.  G3  ; 
mais  les  autres  héorotaires  de  ce  naturaliste  appartiennent  ù  des  g<^nifs 
tout  difftîrens  ,  surtout  aux  philédons ,  aux  dice'eSa  etc. 

(3)  Cinnjrris  ,  nom  grec  d^xa  très-petit  oiseau  inconnu.  Sou j-m;in g» 
signifie  ,  dit-on,  mange  sucre  dans  un  jargon  de  Madagascar, 


4l3  OISEAUX 

Le  plus  grand  nombre  a  la  queue  égale,  (i) 
Dans  quelques-uns  les  deux  pennes  du  milieu  sont  plus 
allongées  dans  le  mâle.  (2) 

Les  Colibris.  (Trochilus.  L.) 

Ces  petits  oiseaux  si  célèbres  parTéclat  métallique  de 
leur  plumage  et  surtout  par  les  plaques  aussi  brillantes 
que  des  pierres  précieuses  que  forment  à  leur  gorge 
ou  sur  leur  tête  des  plumes  écailleuses  d'une  structure 
particulière,  ont  un  bec  long  et  grêle,  renfermant  une 
langue  qui  s'allonge  presque  comme  celle  des  pics,  et 
5e  divise  en  deux  filets  que  l'oiseau  emploie  à  sucer  le 


(1)  Certh.  splendida  ,  Sh.  Vieill.  82.  —  C.  afra  ,  Edw.  54?.  —  C.  sU" 
perha,  Vieill.  22.  —  C.  lotenia  ,  enl.  676  ,  2  et  3  ,  Vieill.  34-  —  Ame- 
tysLina  ,  Vieill,  5,  6.  —  Chalyhœa  ,  enl.  ^4^  j  5,  Vieill.  10,  i3,  18, 
24,  34,  80. —  Omnicolor,  Seb.  I,  69,  5.—  CM;?rea ,  Vieill.  23.  — 
Pupurata  ,  Edw.  265,  Vieill.  11.  —  Cyanocephala  ,  Vieill.  7.  — Zei^ 
lonica  ,  enl.  576  ,  4  >  Vieill.  29,  3o.  —  Dubi'a,  Vieill.  81.  — -  Senegalen^ 
siSf  Vieill.  8.  —  Sperata  ,  enl.  246,  1,2,  Vieill.  16  ,  -52.  —  Madagas- 
cariensis  ,  Vieill.  18.  —  Lepida  ,  Sparrm.  35. —  Currucarla.  enl.  576,  5  , 
Vieill.  3i.  — Ruhrofuscay  Vieill.  27.  —  Fuliginosa,  Vieill.  20.  — 
Mdculata  ,  Vieill.  21.  —  Rectirostris  ,  Vieill.  y5.  —  V^enusta,  Vieill. 
79.  -■ —  Giitturalis  y  enl.  578  ,  3.  —  Oiseaux  dont  quelques  -  uns  ne  sont 
probablement  que  des  variétés  les  uns  des  autre?, 

(1)  Certhiafamosa  ,  L.  enl.  83 ,  i.  —  C.  pulchella,  enl.  670  ,1.  —  C 
vioJacea ,   enl.  670  ,2.  —  Le  sucrier  cardinal ,   Vaill.  Afr.  291.  —  Le 
sucrier  figuier  ,  id.  293  ,  f.  2. 

N.  B.  Après  toutes  ces  distinctions ,  il  faut  encore  éloigner  du  grand 
genre  certhia, les  C.lunata,  Vieill.  61.  — C  Novœ-HoUandiœ ,Z .  V\''hite 
IVew.  S.  W.  pi.  16  et  65  ,  Vieill.  57  et  71.  —  C.  australasiana  ,  Vieill. 
55.  —  C  caruncuiata ,  Vieill.  69,  70.  —  C.  auriculata,  Vieill.  85.  —  C. 
cocincinica  f' enl.  6/^'5  ,  Vieill.  77  ,  78.  —  C.spiza ,  enl.  57S,  2  ,  Edw.  25. 
—  C.  senicuîus ,  Vieill.  5o.  —  C.  gracuUna,  Vieil!.  87.  —  C.  goruch  , 
Vieill.  88.  —  C.  cœruîea  y  Vieill.  83.  —  C.  xanthotis ,  Vieill.  84.  — 
C,  iiiellivora ,  Vieill.  86 ,  qui  sont  tous  des  philedoks  par  leur  bec  dchau- 
crc  el  leur  langue  en  pinceau. 


ï»AâSEREAXJX.  4^3 

nectar  des  fleurs.  Cependant  ils  vivent  aussi  d'insectes. 
Leurs  très-petits  pieds,  leur  large  queue,  leurs  ailes 
excessivement  longues  et  étroites  à  cause  du  raccour- 
cissement rapide  de  leurs  pennes;  leurs  humérus 
courts,  leur  sternum  sans  échancrure,  constituent  un 
système  de  vol  fort  semblable  à  celui  des  martinets; 
aussi  les  colibris  se  balancent-ils  en  l'air  presqu'aussi 
aisément  que  certaines  mouches.  C'est  ainsi  qu'ils 
bourdonnent  autour  des  plantes  ou  des  arbustes  en 
fleurs ,  et  ils  volent  plus  rapidement  à  proportion 
qu'aucun  autre  oiseau,  ils  vivent  isolés  ,  défendent 
leurs  nids  avec  courage ,  et  se  battent  entre  eux  avec 
acharnement. 

On  réserve  le  nom  de  Colibris.  (Trochilus.  Lac.  )  à  ceux 
qui  ont  le  bec  arqué  ;  quelques-uns  se  distinguent  par  le  pro- 
longement des  pennes  intermédiaires  de  leur  queue. 

Nous  n'en  citerons  qu'un  des  plus  grands  et  des  plus 

beaux. 

Le  Colibri  Topaze.  {Troch. peîla.)  enl.  699. 

Marron-pourpré  ;  tête  noire  ;  gorge  du  jaune  le  plus  bril- 
lant de  topaze  changeant  en  vert,  encadré  de  noir.  (1) 

D'autres  ont  les  pennes  latérales  de  leur  queue  très- 
allongées  j  (2)  plusieurs  ont  la  queue  médiocrement  four- 
chue. (5)  Le  plus  grand  nombre  l'a  ronde  ou  carrée.  (4) 

On   donne  le    nom   d'OisEAux   mouches  (  Orthoiihykchus. 

Lacép. ) 


(1)  Ajoutez  :  Tr.  superciliosus  ,  enl.  600 ,  3  ,  Yieill.  17,  ï8,  19. 

(2)  TV.  forficatus ,  Edw.  33  ,  Vieill.  3o.  —  Polftlwius  ,  Edw.  34  , 
.YieiU.  67. 

(5)  Tr.  elegans ,  "Vieill.  14. 

(4)  Voyez  eu  général ,  pour  les  colibris  et  les  oiseaux  mouches  ,  l'ou- 
vrage d'Audebcrt  et  Vieillot,  et  la  Zool.  gën.  de  Shaw, 


4l4  OISEAUX 

A  ceux  dont  le  bec  est  droit*,  parmi  ceux-là  il  en  est  à  tétc 
huppée,  (i) 

D'autres  ont  même  des  huppes  ou  plumes  prolongées  aux 
côtés  de  la  tête.  (2) 

D'autres  ont  les  tiges  de  leurs  premières  pennes  des  ailes 
singulièrement  élargies  (3j ,  et  parmi  ceux  qui  n^ont  point 
d'ornemens  on  peut  encore  distinguer  les  espèces  à  queue 
fourchue  (4),  parmi  lesquels  il  en  est  dont  les  pennes  laté- 
rales très-prolongées  sont  élargies  au  bout.  (5). 

Enfin,  l'on  doit  encore  remarquer  ,  au  moins  à  cause  de 

son  excessive  petitesse. 

Jje  plus  petit  des  Oiseaux  Mouches.  [Troch.  Minimus.) 
enl.  276.  I.  Edw.  lob.  Yieill.  64. 

D'un  gris  violet  et  de  la  grosseur  d'une  abeille. 

La  seconde  et  la  plus  petite  division  des  pas- 
sereaux 5  comprend  ceux  oii  le  doigt  externe  , 
presque  aussi  long  que  celui  du  milieu,  lui  est 
uni  jusqu'à  l'avant- dernière  articulation. 

Nous  n'en  faisons  qu'une  seule  famille. 

Les  Syîn^dactyles. 

Divisés  depuis  long-temps  en  cinq  génies 
que  nous  conservons. 

(i)  Tr.  cnstatus,Edvf.  07  ,  enl.  227,  i  ,  Vieill.  47  ,  48.—  Tr.  pileatus 
{ punie  eus  ,  Gm.)  Vieill.  63. 

(3)  Tr.  ornatus ,  enl.  640,  3  ,  Vieil!.  49  >  ^O' 

(3)  Tr.  latipennii  ,  enl.  672  ,  2  ,  Vieill.  11. 

(4)  Tr.  inellivorus  ,  enl.  640,  Edw.  35,  Vieill.  i5  ,  24-  —  Tr.  sma- 
ragdo  saphirinus  ,  Vieill.  56  ,  /\o.  —  Tr.  colubris ,  Edw.  38,  Catesb. 
65,  Vieill.  3i  ,  32  ,  33.  —  Tr.  uimigeanus ,  Vieill.  37 ,  38. 

(5)  Tr.  pJaturus,  Vieill.  5a. 


1 

PASSEREAUX.  4^^ 

Les  Guêpiers,  (Merops.  L.  ) 

A  pieds  courts;  à  bec  triangulaire  à  sa  base^  allongé, 
légèrement  arqué,  terminé  en  pointe  aiguè  :  ils  volent 
comme  les  hirondelles  à  la  poursuite  des  insectes,  et 
surtout  des  abeilles,  des  guêpes,  des  frelons^  etc. 
11  y  en  a  une  espèce  dans  le  midi  de  l'Europe. 
Le  Guêpier  commun.  (  Merops  apiaster,)  ]EnI.  938. 

Bel  oiseau  à  dos  fauve,  le  front  et  le  venire  bleu  d'aigue- 
marine,  la  gorge  jaune  entourée  de  noir ,  qui  niclie  dans  des 
trous  qu'il  creuse  le  long  des  berges. 

Les  deux  pennes  mitoyennes  àe  sa  queue  sont  un  peu 
allongées,  premier  indice  d'un  prolongement  beaucoup  plus 
grand  dans  la  plupart  des  espèces  étrangères  (i). 

Plusieurs  espèces  ont  cependant  la  queue  à-peu-près 
carrée  (2). 

Les  guêpiers  paraissent  manquer  à  l'Amérique  où 
ils  sont  représentés  à  quelques  égards  par 

Les  Motmots.  (Prionites.  îlliger.) 

Qui  en  ont  les  pieds  et  le  port,  mais  en  diffèrent 


(i)  Tels  sont  :  Mer.  viriâls ,  enl.  740.  —  O malus  ,  Laili.  — »  vS'z/yr'er- 
hus  ,  Wat.  Mise.  78.  —  Senegalensis  ,  enl.  3i4  ?  et  badius  ,  iSi.  —  Su- 
perciliosus ,  sSg. 

(2)  Merops  Philippinus  ,  enl.  5/.  —  Cayennensis  j  4^4*  (  -^^*  B.  Qu'il 
n'est  pas  de  Cajenne.  )  —  ISuhicus ,  649.  —  Erytropterus  ,  3iS.  —  Ma- 
limbicus  y  Sh.  ou  hicolor ,  Daud.  Ann.  du  Mus.  I,  lxii. 

N.B.  Le  merops  congener ,  Aldr.  1 ,  876 ,  n^est  pas  bien  authentique. — 
Le  cafer  y  Gm.  est  Vupupa  promerops.  —  Le  Brasiliensis,  Seb.  I, 
Lxvi ,  I  ,  est  probablement  quelque  troupiale.  —  Les  mer.  monachus , 
corniculatus  ,  phrygius  ,  cincinnatus  ,  cucullatus  ,  cyanops ,  garulus  , 
fasciculatus  ,  carunculatus  ,  de  Lath. ,  nous  paraissent  des  philédons  ,  et 
nous  nous  en  sommes  même  assurés  pour  presque  tous. — heM.cinereus, 
Seb.  I ,  XXXI,  10 ,  est  un  soui-manga  à  longue  queue 


4l6  OISEAtJX. 

par  un  bec  plus  fort,  dont  les  bords  sont  crénelés  axi% 
deux  mandibules  et  par  une  langue  barbelée  comme 
une  plume  à  la  manière  de  celle  des  toucans.  Ce  sont 
de  beaux  oiseaux  à  taille  de  pie,  à  plumage  de  la  télé 
lâche  comme  aux  geais,  à  longue  queue  étagée,  dont 
les  deux  pennes  du  milieu  s'ébarbent  dans  Fadulte  sur 
un  petit  espace  non  loin  du  bout.  Ils  volent  mal,  vi- 
vent solitaires,  nichent  dans  des  trous,  se  nourrissent 
d'insectes  et  poursuivent  mêhie  les  petits  oiseaux  (i). 

Les  Martin s-Pec heurs.  (  Alcedo.  L.) 

Ont  les  pieds  plus  courts  que  les  guêpiers,  le  bec 
bien  plus  long  ;  droit ,  anp^uleux,  pointu;  la  langue  et 
la  queue  très-courtes.  Ils  vivent  de  petits  poissons, 
qu'ils  prennent  en  se  précipitant  dans  l'eau  du  haut 
de  quelques  branches  où  iis  se  tenaient  perchés  pour 
guetter  leur  proie.  Leur  estomac  est  un  sac  membre 
neux.  Ils  nichent  comme  les  guêpiers  dans  des  trous 
du  rivage.  On  en  trouve  dans  les  deux  Continens. 
L'espèce  d'Europe.  (Alcedo  ispida.)  Enl.  77, 

Grande  comme  un  moineau ,  est  en-dessus  d'un  verdâtre 
onde  de  noirâtre  j  une  large  bande  du  plus  beau  bleu  d'ai- 
gue-marine  règne  le  long  de  son  dos  5  le  dessous  et  un  ruban 
de  chaque  côté  du  cou  sont  roussâtres. 

Les  espèces  étrangères  ont  pf  esque  toutes  comme  la  notre 


(i)  Le  motniof.  à  tête  bleue  ,  ou  le  houtou  de  la  Gui  an  e  j  gUira  ffiay^ 
mimbi  au  Brésil ,  selon  Margrave,  (ramphastos  momota  ,  Gœ.  )  enl.  5jo  , 
"Vaill.  Ois.  de  Par.  etc.  I  ,  pi.  Sy  et  58.  —  Le  moCinot  à  tête  rousse  ,  on 
du  Pérou ,  lutu  du  Paraguay,  Dazz.  n°  52.  Motinot  domber ,  Vaill, 
loc.  cit.  pi.  39. 

Motmot    est   le   nom  du  premier,  au  Mexique,    selon    Fcrnandea. 

P  lion  lies  ,  de  Tf^im  ,  Scie. 


PASSEIIEA.UX.  4^7 

wn  plumage  lisse  et  varié  de  diverses  teintes  de  Lieu  et  de 
vert. 

On  peut  les  distinguer  entre  elles  selon  leurs  becs,  tantôt 
simplement  droits  et  pointus  comme  à  la   commune  ,  (i) 
tantôt  à  mandibule  inférieure  renflée.  (  •) 
Il  en  est  cependant  quelques  unes  à  la  Nouvelle- Hollande  et 
dan    les  terres  voisine-^,  a  mandibule  crocliue  au  bout.  [3j  Leur 
plumage  grisâtre  et  non  lissé  annonce  qu'elles  nefréque-itent 
pas  les  eaux-,  en  efftt ,  elles  vivent  d'insectes^  ce  qui  leur  a  fait 
donner  le  nom  de  martins'-chasseurs. 

Les  Ceyx.  Lacép. 

Sont  des  martins-pêcheurs  à  bec  ordinaire,  mais 
où  le  doigt  interne  n'existe  point  au  dehors.  On  en  a 
deux  espèces  des  Indes  (4). 

Les  ToDiERS,  (Tonus  L.) 

Sont  de  petits  oiseaux  d'Amérique,  assez  sem- 
blables aux  martins-pécheurs  pour  la  forme  générale 
et  qui  en  ont  aussi  les  pieds  et  le  bec  alongé,  mais  oii 
ce  bec  est  aplati  horizontalement,  obtus  à  son  extré- 

(ï)  Aie.  (afra  ,  Sh.  )  maxima  ,  enl.  679.  — Alcyon,   jiS  et  593.  — 
Torquata  ,  284.  —  Rudis  ,  62  et  716.  —  Bicolor,  Sgr».  —  Americaua 
591.  —  Benghalensis  ,  Edw.  11.  —  Cœi-uleocephala  ,  eol.  356, 2.  —  Cris- 
tata,  ySG  ,  i.  —  M adagasc ariens Is  j  778,   i.  — Purpurea  ,778,  a.  •— 
Superciolosa  ,  766 ,  i   et  2. 

(2)  Aie-  Capensis,  690.  —  AtricapiUa  ^  673.  —  Smi^nensis  ,  232  et 
8g4.  —  Dea,  116.  —  Chlorocepha'a ,  783  ,  3.  —  Coronianda  ,  Sonn. 
318.  —  Leucocephala  ,  (  J  avanie  a  ,  Sh.)  757.  — Senegalensis ,  694  et 
556.  —  Cancrophaga ,  Sh.  334. 

IV.  B.  Dans  plusieurs  des  figures  enluminées  le  bec  n'est  pas  assez 
renflé. 

(5)  Alcedo  fusca  ,  (gigantea  ,  Sh.  )  663. 

(4)  Alcedo  tr'idactyla  ,  Pall.  et  Gm.  Pall.  Spic.  VI ,  pi.  lî  ,  f.  2 ,  Sonn. 
pi.  XXXII.  —  Alcedo  triùrachys ,  Sh.  natural.  mise.  XVI  ?  pi.  681. 

TOME     I.  27 


4l8  OISEAUX    PASSEREAUX. 

mité,  le  tarse  plus  élevé  et  la  queue  moins  courte.  Ils 

vivent  de  mouches  et  nichent  à  terre,  (i) 

Nous  terminons  l'histoire  de  cet  ordre  par  le  plus 
extraordinaire  de  ses  genres , 

Les  Calaos.  (Buceros.  L.) 

Grands  oiseaux  d'Afrique  et  des  Indes  que  leur 
énorme  bec  dentelé  surmonté  de  proéminences  quel- 
quefois aussi  grandes  que  lui^  ou  au  moins  fortement 
renflé  en  dessus,  rend  si  remarquables  et  lie  avec  les 
toucans,  tandis  que  leur  port  et  leurs  habitudes  les 
rapprochent  des  corbeaux,  et  que  leurs  pieds  sont 
ceux  des  mérops  et  des  martins-pêcheurs.  La  formiê^ 
des  excroissances  de  leur  bec  varie  beaucoup  avec 
l'âge;  Tinlérieur  en  est  généralement  celluleux.  Leur 
langue  est  petite,  au  fond  de  la  gorge;  ils  prennent 
toute  sorte  de  nourriture,  chassent  aux  souris,  aux 
petits  oiseaux,  aux  reptiles  et  ne  dédaignent  pas  même 
les  cadavres.  (2) 


(1)  Toâus  viridis  ,  enl.  585,  i  et  a.  —  T,  cinereus  ^  ib.  3,  Edw.  5162» 
—  T.  macidatus  ,  Desniarets.  —  T.  grisaus ,  id.  —  T.  sylvia  ,  id. 

Oa  a  placé  mal  à  propos  ,  dans  le  genre  des  todiers  ,  de  vrais  mouche-^ 
rollcs  à  bec  échancré  et  à  doigt  extérieur  libre  ,  tels  que  les  todus  regius  j 
enl.  289.  —  Paradisœus ,  ib.  234-  —  Leucocephalus  ,  Pall.  Spic.  VI  » 
III,  a  ,  et  les  deux  tLA-TYBHiNQUES  de  Desmarets  ,  qui  sont  les  Lod.  rosira' 
tus  et  nasutus  de   Shaw.  \  ou  tod.  plcUyrhynchos  et  macrorliynchos , 
Gmel. 

(2).  Calaos  a  ïroéminences.  Bue.  rhinocéros ,  enl.  934,  Vaill.  calaos. 
1  et  2.  JB.  Jfricanus  ,  Yaill.  pi.  xtii  ,  f .  2  ,  pourrait  n'en  être  qu'une 
variété  d'âge. —  ISiger^  Yaill.  i3.  —  Monoceros ,  Sh.  (  Maîaharicus 
J^ath.)  enl.  SyS,  Vaill.  9,  10,  11  ,  12.  —  Ginglanus  ,  Sonn.  2®  Voj. 
pL  100 ,  Vaill.  i5.  —  Albirostris  ,  Vaill.  14.  —  Bicornis  ,  id.  7,  8.  — 
Cav^us  ,  id.  3,,  4,  5  ,  6.  ~  5.  hydrocorax,  eal«  a83,  en  sçrait  le  jeune* 


>  iK    » 


419 


LE  TROISIEME  ORDRE  DES  OISEAUX, 

OU  LES  GRIMPEURS, 

Sont  les  oiseaux  dont  le  doigt  externe  se  di- 
rige en  arrière  comme  le  pouce  ,  d'où  il  résulte 
pour  eux  un  appui  plus  solide  5  que  quelques 
genres  mettent  à  profit  pour  se  cramponner  au 
tronc  des  arbres  et  y  grimper.  On  leur  a  donné  5 
en  conséquence,  le  nom  commun  de  Grimpeurs, 
quoique  pris  k  la  rigueur  ,  il  ne  convienne  pas  a 
tous  5  et  que  plusieurs  oiseaux  grimpent  vérita- 
blement sans  appartenir  à  cet  ordre  par  la  dis- 
position de  leurs  doigts. 

Les  oiseaux  de  l'ordre  des  grimpeurs  nichent 
d'ordinaire  dans  les  trous  des  vieux  arbres  ; 
leur  vol  est  médiocre  ;  leur  nourriture ,  comme 
celle  des  passereaux  ,  consiste  en  insectes  ou  en 
fruits  5  selon  que  leur  bec  est  plus  ou  moins 


!        —  Violaceus  ,  id.  19.  —  Ahysslnicus ,  enl.  77g  ,  Vaill.  Afr.  23o  ,  ii3i.  — 
j        Undulalus  ,  Vaill.  cal.  20,  01.  —  Panayensis ,   en!.  780  ,   781  ,    Vaill. 
I        cal.  16,  17,  i8j  Manillensis  ,  enl.  891,  serait  le  jeuxie.  —  Fasciatus , 
j        Vaill.  Afr.  ti53. 
'  Calaos  sa^s  proéminences.  /?.  Jai^anicus  ,  Vaill.  cal.  22  ,  Afr.  sSg. — 

JVasulus  ,  en).  260,  Vaill.    Afr.  239.  —  ISasica  ,  nob.  ib.  206,  237.  — 

Coronatus  ,  enl.  890  ,  Vaill.  Afr.  234  >  ^^5. —  Bengalensis ,  Vaill.  cal.  23. 
-ZV.  B'  M.  Vaillant  pense  que  l'oiseau  nomme  B.  galcatus ,  dont  on  ne 

connaît  que  la  tête  ,  enl.  933  ,  est  un  oiseau  aquatique ,  et  noa  pas  ua, 

ealao. 


4^0  OISEAUX 

robuste;  quelques-uns,   comme  les  pics,  ont 

des  moyens  particuliers  pour  l'obtenir. 

Le  sternum  de  la  plupart  des  genres  a  deux 

ëchancrures  en  arrière;  mais  dans  les  perroquets 

il  n  a  cju'un  trou  ,  et  souvent  il  est  absolument 

plein. 

Les  Jacamars.  (  Galbula.  Briss.  ) 

Tiepnent  de  très-près  aux  martins-pécheurs  ,  par 
leur  bec  allongé  ,  aigu ,  dont  Taréte  supérieure  est 
vive,  et  par  leurs  pieds  courts  ,  dont  les  doigts  anté- 
rieurs sont  en  grande  partie  réunis;  cependant, ce  ne 
sont  pas  les  mêmes  doigts  que  dans  les  martins-pé- 
cheurs  ;  de  plus  ,  le  plumage  des  jacamars  est  moins 
lisse  y  et  toujours  d'un  éclat  métallique.  Ils  se  tien- 
nent isolés  dans  les  bois  humides ,  sur  les  branches 
basses  ,  vivent  d'insectes ,  et  nichent. 

Les  espèces  d'Amérique  ont, le  bec  plus  long  et  absolu- 
ment droit  (i). 

Mais  il  y  en  a  dans  l'archipel  des  Indes,  dont  le  bec  plus 
court ,  plus  gros,  et  un  peu  arqué  ,  les  rapproche  des  guê- 
piers. Leurs  doigts  antérieurs  sont  plus  séparés.  Ce  sont  les 
lACAMERGPS  dc  LcvaiUant  (2).  Ce  naturaliste  en  donne  même 
un  dont  le  bec  n'aurait  point  d'arête  en  dessus  (5). 

(i)  Alcedo  paradisœa  {galbula  paradisœa  ^  Lath.)  enl.  271.  — Alcedo 
scdbula  ,  L.  Galb.  virldis  ,  Lath.  enl.  238.  —  Galb.  rujicauda,  nob. 
Vaiil.  Ois.  de  par.  ,  etc.  II ,  pi.  5o.  —  Galb.  aïbirostris  ,  Lath.  Vaill.  pi. 
5i  ,  Vieill.  Ois.  dores ,  I ,  pi.  4  ?  p-  ^. 

(2)  Alcedo  grandis ,  Cm.  Galbula  grandis  y  Lath.  Vaill.  L.  cit.  pi.  54. 

(3)  Le  grand  jacamar  ,  Vaill.    L.  cit.  pi.   53. 

Jacaniacirl  est  le  nom  de  ces  oiseaux  au  Brésil ,  selon  Margrave.  Gal- 
hu'a  paraît  avoir  indiqué  le  loriot  chez,  les  Latins.  C'est  Maring  qui  a 
transfère  ce  nom  aux  jacamars. 


GRIMPEURS.  ^  4^ï 

Les  Pics.  (Picus.  Lin.)  (i). 

Sont  des  oiseaux  bien  caractérisés  par  lenr  bec 
long  ,  droit ,  anguleux ,  comprimé  en  coin  à  son  ex-> 
trémité  ,  et  propre  à  feadre  l'écorce  des  arbres  ;  par 
leur  langue  grêle ,  armée  vers  le  bout  d'épines  re- 
courbées en  arrière  y  qui ,  poussée  par  les  longues 
cornes  élastiques  de  Tos  hyoïde ,  peut  sorlir  très- 
avant  hors  du  bec  ,  et  par  leur  queue ,  composée  de 
dix  pennes  (2)  à  tiges  roicles  et  élastiques  ,  qui  les 
soutiennent  en  arc-boutant  lorsqu'ils  grimpent  le  long 
des  arbres.  Ce  sont  les  oiseaux  grimpeurs  par  excel- 
lence :  ils  se  portent  dans  toutes  les  directions  sur 
l'écorce  des  arbres ,  qu'ils  frappent  de  leur  bec  ,  et 
dans  les  fentes  et  les  trous,  de  laquelle  ils  enfoncent 
leur  longue  langue  pour  y  prendre  des  larves  d'in- 
sectes, dont  ils  se  nourrissent.  Leur  langue^  outre 
son  armure,  est  encore  imbibée  d'un  suc  visqueux 
fourni  par  de  grosses  glandes  salivaires  :  elle  est  re- 
tirée en  dedans  par  deux  muscles  roulés  comme  des 
rubans  autour  de  la  trachée;  dans  cet  état  de  ré- 
traction y  les  cornes  de  l'os  hyoïde  remontent  ,  sous 
la  peau  et  autour  de  la  tête ,  jusque  vers  la  base  su- 
périeure du  bec  ,  et  la  gaîne  de  la  langue  est  plissée 
sur  elle-même  dans  le  fond  du  gosier.  Leur  estomac 
est  presque  membraneux  :  ils  manquent  de  cœcums  ; 


(i)  Pieus  ,  nom  de  ces  oiseaux  en  latin.  Il  leur  venait,  disait-on  ,  d'un 
roi  du  Latium. 

(a)  Il  y  en  a  proprement  douze  5  mais  les  latérales ,  très-petites ,  n'ont  pas 
été  comptées. 


4^2  OISEAUX 

cependant  ils  mangent  aussi  des  fruits.  Ils  niclient 
dans  des  trous  d'arbres, 

Nous  en  avons  cinq  ou  six  espèces  en  Europe. 

Le  grand  Pic  noir,  (  Picus  martius,  L.  )  Enl.  5g6. 

Presque  de  la  taille  d'une  corneille ,  tout  noir  j  un  beau 
rouge  forme  une  caloUe  dans  le  mâle ,  et  seulement  une  ta- 
che à  l'occiput  dans  la  femelle. 

Le  Pic  vert»  {Picus  viridis.)  Enl.  Syi. 

Grand  comme  une  tourterelle  ,  vert  dessus  y  blanchâtre 
dessous j  la  calotte  rouge,  le  croupion  jaune  j  l'un  de  nos 
plus  beaux  oiseaux. 

Plusieurs  regardent  comme  une  espèce  distincte  le  picus 
canus  j  Gm.  (  Edw. ,  65  j  ^  a  teinte  plus  cendrée ,  à  bec  plus 
menu  ,  et  portant  une  moustache  noire.  - 

JJEpeiche  ou  grand  Pic  varié.  (  Picus  major.  )  Enl.  196  , 
le  mâle  j  SgS  ,  la  femelle , 

De  la  taille  d'une  grive  ,  varié  dessus  de  noir  et  dé  blanc , 
dessous  blanc  ,  la  région  de  l'anus  rouge,  ainsi  qu'une  tache 
à  l'occiput  du  mâle. 

Le  moj'en  Epeiche,  (  Picus  médius.  )  Enl.  61 1. 

Un  peu  moindre  ;  a  du  rouge  sur  toute  la  calotte  dans  le 
mâle  ,  sur  le  front  dans  la  femelle. 

Ije  petit  Epeiche.  (Picus  minor.)  Enl.  598. 

Grand  comme  une  alouette  ,  varié  de  noir  et  de  blanc  en 
dessus,  blanc-grisâtre  dessous,  du  rouge  sur  la  tête  du 
mâle  seulement.  Il  va  aussi  par  terre  à  la  recherche  des 
fourmis. 

Les  pics  étrangers  sont  fort  nombreux ,  et  se  ressemblent 
beaucoup  entre  eux  ,  même  pour  certaines  distributions  de 
couleurs ,  par  exemple  pour  le  rouge  de  la  tète. 

On  peut  faire  un  sous-genre  des      \ 


GRIMPEURS.  4^3 

PicoÏDES,  Lacép., 

Qui  manquent  du  doigt  externe ,  et  n'en  ont  en  consé- 
quence que  deux  devant  et  un  derrière  ;  d'ailleurs  semblables 
en  tout  aux  pics  ordinaires. 

Nous  en  avons  un  dans  le  nord  et  l'orient  de  l'Europe  , 
(  Picus  tridactjlus) ,  Edw. ,  1 14  ; 

Intermédiaire  pour  la  taille   entre  le  grand   et  le  petit 
cpeicbe  ,  noir  tacheté  de  blanc  dessus ,  blanc  dessous  j  la 
caloUe  du  mâle  orangée  ;  celle  de  la  femelle  blanche. 
On  peut  également  faire  un  sous-genre  des  espèces  que  leur 
bec ,  légèrement  arqué  ,  commence  à  rapprocher  des   cou- 
cous (i). 

L'une  d'elles  ne  cherche  sa  nourriture  qu'en  marchant  à 
terre  ,  quoiqu'elle  ait  la  même  queue  qne  les  autres  (2j, 

Les  Torgols.  (  Yunx.  Lin.  )  (3). 

Ont  la  langue  ailongeable  comme  les  pics  ,  et  par 
le  même  mécanisme  ,  mais  sans  épines  ;  d'ailleurs  , 
leur  bec  droit  et  pointu  est  à  peu  près  rond  et  sans 
angles  ;  leur  queue  n'a  que  des  pennes  de  forme  or- 
dinaire. Ils  vivent  à  peu  près  comme  les  pics ,  ex- 
cepté qu'ils  grimpent  peu. 

Nous  en  avons  un  en  Europe. 

(  Yunx  iorquilla  j  Lin.  ) ,  enl.  698 , 

De  la  taille  d'une  alouette  ,  brun  en  dessus  ,  et  joliment 
vermiculé  de  petites  ondes  noirâtres  et  de  mèches  longitu- 
dinales fauves  et  noires;  blanchâtre  ,  rayé  en  travers  de  noi- 
râtre en  dessous. 


(i)  Telles  que  le  picus  auratus  (cuculus  auratus  de  la  X*  e'dit.)  eul.695. 
■ —  Le  picus  cafer ,  Lath. 

(a)  Le  pic-laboureur  {picus  arator  ,  Nob.)  Vaill.  Afr.  pi.  255  et  256. 

Nous  ne  retranchons  d'ailleurs  du  genre  des  pics  ,  que  le  picus  minutus^ 
Lath.  Yunx  minutissinius ,  Gm.  (enl.  7S6  ,  1  ) ,  qui  est  en  effet  un  torcol. 

(3)  Yuwx  est  le  nom  grec  de  cet  obeau.  Torquilia  ,  son  nom  latin. 


424  OISEAUX 

Son  nom  Tient  de  la  singulière  habitude  qu'il  a  ,  quan^ 
on  le  surprend ,  de  tordre  son  cou  et  sa  tête  en  difFcrens 
sens  (i). 

Les  Coucous.  (  Cucur.us.  Lin.  )  (2). 

Ont  le  bec  médiocre,  assez  fendu,  comprimé^  et 
légèrement  arqué  ;  la  queue  assez  longue.  Ils  \ivent 
d'insectes,  et  sont  voyageurs.  Nous  subdivisons  ce 
nombreux  genre  comme  il  suit  : 

Les  vrais  Coucous. 

Ont  le  bec  de  force  médioCi.e  ,  les  tarses  courts,  la  queue 
de  dix  pennes.  lîs  sont  céièbres  par  la  singulière  habitude 
de  pondre  leurs  œufs  dans  les  nids  d'autres  oiseaux  insec- 
tivores :  les  pr.rens  étrangers,  souvent  d'espèces  plus  petites, 
prennent  soin  du  jerne  coucou  coranie  de  leuis  propres  pe- 
tits ,  Uiême  lorsque  son  introduciiou  a  été  prtxedée  ,  comme 
il  arrive  souvent,  de  la  destruction  de  leurs  ceufs.  La  cause 
de  ce  plicnomène  ,  unique  tJans  l'histoire  des  oiseaux,  est  en-» 
core  inconnue.  Hérissant  l'a  attribué  à  la  position  du  gésier, 
qui  est  en  CiTat  plus  en  arrière  dans  l'abdomen  ,  et  moins  ga- 
ranti par  le  sternum  que  dans  les  autres  oiseaux.  Les  cœcuins 
de  ces  coucous  sont  assez  longs ,  et  leur  larynx  inférieur  n'a 
qu'un  muscle  propre. 

JNous  n'avons  en  Europe  qu'in  seul  coucou. 

(  Cuculus  canonts  ,  Lin.    ,  enl.  8  1 1  , 

D'un  gris  cendré  ,  à  ventre  blanc  ,  rave  en  travers  de 
noir  ,  la  queue  tachetée  de  blanc  sur  les  côtés  ,  le  jeune  a  du 
roux  au  lieu  de  gris. 

Mais  ]es  pays  chauds  des  deux  continens  en  produisent 
plusieurs  autres  (3). 

*  \ ■    '    '  "  ■ 

(i)  Ajoutez:  Twix  nii/aUis.sinia  ,  enl.  78b,  i. 

(?J  is.û,\x.u^  ;  cuculus  ,  coucou,  expriment  le  cri  de  l'espèce  d'Europe. 
(3)  Cuculus  Cnpensis  ,  Vaill.  Air.  pi.  200.  qui  n'est  probablement  qu'une 
yaricl^  du  commun.  —  Solitarius ,  'Noh.  Vaill.  206.  —  RadiaLus  ,  Sonn. 


GRIMPEURS.  4^5 

Il  y  en  a  surtout  en  Afrique  quelques  jolies  espèces  d'un 

vert  plus  ou  moins  doré  ;  leur  bec  est  un  peu  plus  déprimé 

qu'au  coucou  ordinaire  (i). 

D'autres  espèces  ,  la  p'upart  d'un  plumage  tacheté  ,  ont 

le  bec  plus  haut  verticalement  (2). 

Les  CouASjVaill., 

!Ne  diffèrent  des  coucous  que  par  des  tarses  élevés  (5).  Ils 
Jiîchenl  dans  des  creux  d'arbres ,  et  ne  pondent  pas  dans  des 
nids  étrangers  ;  cela  est  vrai  du  moins  pour  les  espèces  dont  on 
connaît  la  propagation. 

On  peut  en  séparer  une  espèce  d'Amérique  à  bec  long  , 
courbé  seulement  au  bout  (4). 

M.    Levaillant  a    déjà  séparé  ,   avec    raison  ^    des  autres 


coucous  y 


Les  Coucals  (5)  (  Centropus  ,  tlHg.  ) , 


Espèces  d'Afrique  et  des  Indes,  qui  ont  l'ongle  du  pouce 
long ,  droit  et  pointu   comme   les  alouettes.  Ceux  que  l'on 


I*^^  Voy.  pi.  79.  —  Claniosus  ,  Nob.  Vaill.  204  ,  2o5.  —  Edolius ,  Nob. 
Vaill.  'ioy,  208.  (  N.  B.  Cuc.  serratus ,  Sparm.  Mus.  Caris.  3  ,  en  est  le 
xnàle^  nielanolcucos  ,  enl.  272,  la  femelle.  ) — Coromandus  ,  enl.  274  ,  2  , 
et  une  var.  Vaill.  2i3.  —  Americanus  ,  enl.  816.  —  Glandarius ,  Edw. 
57.  — Flauus  y  enl.  8i4- 

(i)  Cuc.  auratus ,  enl.  667,  Vaill.  210.  —  Clasii ,  Vaill.  fiio.  — Luci- 
dus,  Lath.  Syn.  I,  pi.  a3. 

(2)  Cuc.  punctuatus ,  enl.  771,  et  scolopaceus  ,  586  ,  peut  être  même 
encore  rnaculalus  ,  764 ,  ne  paraissent  que  des  variétés.  —  Honoratus  , 
enl.  294  j  Vaill.  216.  —  Taitensis,  Sparm.  Mus,  Cails.  32.  —  Minâanen- 
sis  ,  enl.  277. 

(3)  Cuc.  Madagascariensis  ,  enl.  Si 5.  —  Cristatus  ,  enl.  689,  Vaill, 
217. —  Cceruleus ,  enl.  295 ,  2,  Vaill.  218.  —  lYœvius ,  enl.  812.  —  Caya- 

nus ,  enl.  211.  —  Scniculus  ,  enl.  8 1 3. 

i 

(4)  Cuculus  vetula  ,  enl.  772. 

(5)  CoucAL,  mot  composé  de  coucou  et  d'alouette. 


426  OISEA.UX 

o  connaît  appartiennent  à  l'ancien  monde.  Ils  nichent  aussi  dans 

des  creux  d'arbres  (i). 

On  doit  distinguer  également,  avec  ce  naturaliste, 

Les  Courols  (2)  ou  Vouroudrious  de  Madagascar, 

Dont  le  bec  gros ,  pointu ,  droit ,  comprimé  ,  à  peine  un  pea 
arqué  au  bout  de  sa  mandibule  supérieure  ,  a  ses  narines 
percées  obliquement  au  milieu  de  chaque  côté.  Leur  queue 
a  douze  pennes.  Ils  nichent  comme  les  précédens ,  se  tien- 
nent dans  les  bois.  On  les  dit  principalement  frugivores  (3). 

Les  ÏMDiCATEUKs ,  Vaill. , 

Sont  deux  autres  espèces  d'Afrique ,  célèbres  parce  que  ,  se 
nourrissant  de  miel ,  elles  servent  de  guides  aux  habitans  pour 
découvrir  les  nids  d'abeilles  sauvages  ,  qu'elles  cherchent 
elles-mêmes  en  criant.  Leur  bec  est  court  ^  haut,  presque 
conique  comme  celui  du  moineau.  Leur  queue  a  douze  pen- 
nes ,  et  est  à  la  fois  un  peu  étagée  et  un  peu  fourchue.  Leur 
peau  ,  singulièrement  dure  ,  les  garantit  des  coups  d'aiguil- 
lon \  mais  les  abeilles,  qu'ils  tourmentent  sans  cesse  _,  les  at- 
taquent aux  yeux ,  et  eri  tuent  quelquefois  (4). 

Les  Barbacous  ,  Vaill. , 

Ont  le  bec  conique ,  allongé  ,  peu  comprimé  ,  légèrement 
arqué  au  bout,  et  garni  a  sa  base  de  plumes  effilées  ou  poils 
roides,  qui  leur  donnent  un  rapport  avec  les  barbus  (5). 

(i)  Cuculus  JEgypdus  et  Senegalensls  ,  enl.  332,  Vaill.  219.  —  Phi- 
Uppensis  ,  Nob.  cnl.  884.  —  Aigrorufus  ,  Nob.  Yaill.  220.  —  Toîu  ,  enl. 
295  ,  Vaill.  219.  —  Beughalensis  y  Brown.  III.  XIII.  —  Rufinus ,  Nob. 
Vaill.  221.  —  jEthiops  ,  Nob.  Vaill.  222.  —  Gigas ,  Nob.  Vaill.  223. 

(2)  Courol  de  coucou  et  de  rollier. 

(3)  Cucalus  afer  y  enl.  387  ^  le  mâle  ,  dont  le  bec  est  mal  rendu  ,  et  585 
la  femelle  ,  où  il  est  mieux  ,  Vaill.  226,  227. 

(4)  Cuculus  indicator  ,  Vaill.  Afr.  241.  —  Minor ,  Nob.  id.  242. 

(5)  Cuculus  [tranquillus  ,  enl.  5i2.  —  Cuculus  tenebrosus ,  enl.  5o5. 
JJarbacou  ,  composé  de  barbu  et  de  coucou. 

iV.  B.  Il  f»ut  encore  observer  que  le  cuc^  parndhceus  ;  Briss.  IV  ,  pi* 


GRIMPEURS.  4^7 

Les  Malcohas.  Vaill. 


'>  j»i 


Ont  un  bec  très-gros ,  rond  à  sa  base ,  arqué  vers 
le  bout ,  et  un  large  espace  nu  autour  des  yeux. 
L'un  d'eux  a  des  narines  rondes  vers  la  base  du 
bec  (i  )  ;  l'autre  les  a  étroites  près  du  bord  (2).  Ces  oi- 
seaux^ naturels  de  Cejîan  ,  vivent,  dit-on  ,  principa- 
lement de  fruits. 

Les  Scythrops.  Lath. 

i 

Ont  un  bec  encore  plus  long,  plus  gros  que  les 
malcolias,  creusé  de  chaque  côté  de  deux  sillons 
longitudinaux  peu  profonds  ;  le  tour  de  leurs  yeux  est 
nu,  leurs  narines  rondes.  Leur  bec  les  rapproche 
des  toucans,  mais  leur  langue  non  ciliée,  les  en  sé- 
pare. On  n'en  connaît  qu'une  espèce  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  de  la  taille  de  la  coniieille,  blanchâtre  à 
manteau  gris.  (5) 

Les  BARBUg.  (Bucco.  Lin.)  (4). 

Ont  un  gros  bec  conique  renflé  aux  côtés  de  sa 
base  et  garni  de  cinq  faisceaux  de  barbes  roides  ,  diri- 
gées en    avant,  un  derrière    chaque    narine,  un  de 


XIV  ,  A.  I  ,  n'est  que  le  drongo  de  paradis  (  lanius  I^Inlabaricus)  et  que 
le  eue.  siiiensis  ,  id.  ib.  A.  2  ,  n'est  que  la  pie  bleue  (coivus  erythro^ 
rynehos)  j  ces  deux  remarques  sont  de  M.  le  Vaillant ,   le  naturaliste  qui 
a  le  mieux  éclairci  Thistoire  des  coucous. 
(i)  Le  raaieoha  roui^erdin,  Y aiW.  Afr.  '^iS, 
(1)  Le  malcoha  ,  id.  224.  Cuc.  pyrroee  phalus.  Forsier. 

(3)  Scythrops  Novœ-Hollandiœ ,  haih.Scyth.  Australasice  ,  Sh.  Pliill. 
i65  ,  et  John  Wliv  te  j  deux  mauv.  fig. 

(4)  Bucco  ,  nom  donné  à  ce  genre  par  Brisson  ,  à  cause  du  renfieincnt 
de  sa  mandibule  ù  la  base ,  de  bucca  {joue). 


4^8  OISEAUX 

chaque  côté  de  la  base  de  la  mâchoire  inférieure;  et  le 
cinquième  sous  la  symphyse.  Leurs  ailes  sont  courtes^ 
leurs  proportions  assez  lourdes  ainsi  que  leur  vol.  Ils 
vivent  d'insectes  et  attaquent  les  petits  oiseaux;  ce- 
pendant ils  mangent  aussi  des  fruits.  Ils  nichetit  ddns 
des  trous  d'arbres." 

On  peut  les  diviser  en  trois  sous-genres  y 

Les  Barbicans.  Buff.  (Pogonias.  îlliger.) 

Ont  deux  fortes  écliancrures  de  chaque  côté  du  bec  supé- 
rieur, dont  l'arête  est  mousse  et  arquée  ;  et  l'inférieur  sillonnée 
en  travers  en  dessous:  leurs  barbes  sont  très-fortes.  On  les 
trouve  en  Afrique  et  aux  Indes.  Ils  mangent  plus  de  fruits  que 
les  autres  espèces  (i). 

Les  Barbus  proprement  dits. 

A  bec  simplement  conique,  légèrement  comprimé,  l'arête 
mousse ,  un  peu  relevée  au  milieu.  Il  y  en  a  dans  les  deux 
Continens,  dont  plusieurs  peints  de  couleurs  vives.  Ils  vont  par 
paires  dans  la  saison  de  l'amour,  et  en  petite*î  troupes  le  reste  de 
l'année.  (2) 


(i)  Bucco  fluhiui ,  Gm.  {pogonias  ninjor^  Wob.  enl.  602  ,  Vaill.  Ois. 
de  par.  II ,  pi.  19.  —  Pogonias  rninor ,  Nob.  Vaill.  Loc.  cit.  pi.  A. 
Barbicans,  parce  qu'ils  tiennent  des  barbus  et  des  toucans.  Pogonias  de 

'TTcoyav  f  barbe. 

(a)  Bucco  grandis  ,  enl.  871.  —  Viridis  ,  enl.  870.  —  Flavifrons ,  IVob. 
Vaill.  L.  cit.  55.  —  Cyanops  ,  Nob.  id.  ib.  21. —  Lathami,  Lath.  Syn.I  , 
pi.  22.  —  Philippensis  ,  enl.  356.  —  Ruhricapillus ,  Brown  ,  111.  XIV. — 
Jiubri  collis  y  IVob.  Vaill.  35  ,  si  toutefois  ce  ne  sont  pas  trois  variétés.  — 
Torquatus  ,  W.  Vaill.  Sy.  —  Roseus  ,  N.  Vaill.  53.  —  Niger,  enl.  688 ,  i. 
^  —  Maynanensis  ,  Lath.  Elegans ,  Gm.  enl.  688.  —  Barhiculus ,  N.  Vaill. 
56.  —  Parvus  ,  Mas.  Vaill.  32  ,  fem.  enl.  746  ,  2.  —  Erythronotos  ,  Nob. 
Vaill.  57.  —  Zeyianicus ,  Brown  ,  III.  XV.  —  Cayanensis ,  enl.  206.  — 
Peruvianus  ,  Nob.  Vaill.  27.  —  Nigrolhorax  ,  N.  Vaill.  28,  qui  pour- 
raient bien  encore  être  trois  variétés.  —  Fuscits ,  Vaill.  43* 


GRIMPEURS.  4^9 

Les  Tamatias. 

Dottt  le  bec  un  peu  plus  allongé  et  plus  comprimé^  a  l'extré- 
mité de  sa  mandibule  supérieure  recourbée  en  dessous.  Leur 
tête  grosse,  leur  queue  courte  ,  leur  grand  bec,  leur  donnent 
un  air  stupide.  Tous  ceux  qu'on  coniiait  sont  d'Amérique,  et 
ne  vivent  que  d'insectes.  Leur  naturel  est  triste  et  solitaire,  (i) 

Les  CouROucous.  (Trogon.  L.) 

Ont  avec  les  faisceaux  de  poils  des  barbus,  le  bec 
court,  plus  large  que  haut,  courbé  dès  sa  hase,  son 
arête  supérieure  arquée ,  mousse ,  et  ses  bords  dente- 
lés. Leurs  petits  pieds  garnis  de  plumes  jusque  près 
des  doigts,  leur  queue  longue  et  large,  leur  plumage 
fin,  léger  et  fourni,  leur  donnent  un  autre  port,  11  y 
a  le  plus  souvent  quelque  partie  de  leur  plumage  qui 
brille  d'un  éclat  métallique;  le  reste  est  plus  ou  moins 
vivement  coloré.  Ils  nichent  dans  des  trous  d'arbres^ 
se  nourrissent  d'insectes,  se  tiennent  solitaires  e^ 
tranquilles  sur  les  branches  basses,  dans  Tépaisseur 
des  bois  humides  et  ne  volent  que  le  matin  et  le  soir. 

Il  s'en  trouve  dans  les  deux  Continens.  (2) 

(i)  Bucco  Jiiacrorhynchos ,  enl.GSg.  —  Melanoleucos ,  enl.  688  ,.  2.— 
Collaris  ,  enl.  SgS. —  Tamatia,  enl.  746  ,  2.  (  Nob.  TamaLla  niaculata.) 
TamatiA  ,  nom  de  l'un  de  ces  oiseaux  au  Brésil ,  selon  Margrave.  On  les 
noirwne  chacurus  au  Paraguay,  selon  d'Azzara. 

(^)  En  Amérique  :  Trogon  curucui,  enl.  i^Si,  —  Viridis ,  enl.  igS.  — 
Violaceus  ,  Nov.  comm.  petr.  XI,  pi.  16  ,  f.  8.  —  StrigilaLus ,  enl.  765. 
—  Rufus ,  enl.  766.  —  En  Asie  ,  trogon  fasciaius ,  ind.  Zool.  pi.  5.  —  En 
Afrique  ,  trogon  narina  ,  Vaill.  Afr.  228  ,  229. 

Il  est  permis  de  douter  que  le  trogon  inaculaLus ,  Brown^  111.  Xllt , 
soit  un  vrai  couroucou. 

CouRoucou  ,  est  l'expression  de  leur  cri ,  et  leur  nom  au  Brésil  j  celui  de 
tH'ogon  leur  a  été  donné  par  Mœhring. 


43o  OISEAUX 

-   Les  Anis.  (Crotophaga.  L.  )  (i). 

Se  reconnaissent  à  leur  bec  gros,  comprimé,  arqué^ 
sans  dentelures,  élevé  et  surmonté  d'une  crête  verti- 
cale et  tranchante. 

On  en  connaît  deux  espèces  ,  l'une  et  l'autre  des 
cantons  chauds  et  humides  d'Amérique,  à  tarses 
forts  et  élevés  à  queue  longue  et  arrondie,  à  plumage 
noir.  CrotopJiaga  major  ei  Crotophaga  ani.  enl.  102 
fig.  I  cl  2. 

Ces  oiseaux  vivent  d'insectes  et  de  grains;  voient 
en  troupe,  pondent  et  couvent  même  plusieurs  paires 
ensemble  dans  un  nid  placé  sur  des  branches  et  d'une 
largeur  proportionnée  au  nombre  de  couples  qui  le 
construisent.  Ils  s'apprivoisent  aisément^  et  appren- 
nent même  à  parler  mais  leur  chair  est  de  mauvaise 
odeur 

Les  Toucans.  (Ramphastos.  L.)  (2) 

Se  reconnaîtraient  parmi  tous  les  oiseaux  à  leur 
énorme  bec,  presque  aussi  gros  et  aussi  long  que  leur 
corps,  léger  et  celluleux  intérieurement,  arqué  vers 
le  bout,  irrégulièrement  dentelé  aux  bords,  et  à  leur 
langue  longue,  étroite  et  garnie  de  chaque  côté  de 
barbes  comme  une  plume.  On  ne  les  trouve  que  dans 


(i)  Ani  y  anno  ,  nom  de  ces  oiseaux  à  la  Guiane  j  au  Brésil.  Crotopha.- 
GUS  a  ^té  imagine  par  Erown ,  (Hist.  IN'at.  Jam.  )  parce  que  dans  cette 
île  l'ani  vole  sur  le  bétail  pour  y  prendre  les  taons  et  les  tiques.  Kfo  Icov 
musca  canin  a. 

(2)  Toucan  de  leur  nom  brasilien  tucà.  Ramphastos  ,  nom  imaginé  par 
Linnseus ,  et  tiré  de  ?a.(j.(ùOç ,  bec,  à  cause  de  l'énormité  de  cette  partie. 


GRIMPEURS.  43l 

tes  parties  chaudes  de  l'Amérique  où  ils  vivent  en  petites 
troupes,  se  nourrissent  de  fruits  et  d'insectes  et  pen- 
dant la  saison  de  la  ponte,  dévorent  les  œufs  et  les 
petits  oiseaux  nouvellement  éclos.  La  structure  de 
leur  bec  les  oblige  d'avaler  leur  nourriture  sans  la  mâ- 
cher; quand  ils  font  saisie,  ils  la  jettent  en  l'air  pour 
l'avaler  plus  commodément.  Leurs  pieds  sont  courts; 
leurs  ailes  peu  étendues  5  leur  queue  assez  longue.  Ils 
nichent  dans  des  trous  d'arbres. 

Les  Toucans  proprement  dits. 

Ont  le  bec  plus  gros  que  la  tête  ;  ils  sont  généralement 
noirs,  avec  des  couleurs  vives  sur  la  gorge,  la  poitrine  et  le 
croupion.  On  employait  même  autrefois  ces  parties  de  leur 
plumage  pour  en  faire  des  espèces  de  broderies  (i). 

Les  Aracari.  Buff.  (Pteroglossus.  lUiger.  ) 

Ont  le  bec  moins  gros  que  la  tête  et  revêtu  d'une  corne 
plus  solide  j  leur  taille  est  moindre  et  le  fond  de  leur  plumage 
ordinairement  vert  avec  du  rouge  ou  du  jaune  sur  la  gorge  et 
la  poitrine.  (9.) 

Les  Perroquets.  (Psittacus.  L.) 

Ont  le  bec  gros,  dur,  solide,  arrondi  de  toute 
part,  entouré  à  sa  base  d'une  membrane  où  sont  per- 
cées les  narines  ;  la  langue  épaisse,  charnue  et  arron- 
die; deux  circonstances  qui   leur   donnent  la  plus 

•■        ■■      ■  — ^M^^— — ■— ^-^^^M— ^-.    I    >  ■  I  I        ■    Ml       ■        IM..I    ■■■  ■■      .    ■!■■  Il  .      ■    .M..    ■■      I       ■■!■■■    M^IM     ■■!»,»        i  II  ^a  !■■  I  ■■■    Il        ■■IM^ 

(i)  Rcunphastos  ioco  ,  enl.  82.  —  Tucanus ,  Edw.  329.  —  Piscworus  , 
Edw.  64.  —  Maximus ,  !Nob.  Vaill.  Touc.  pi.  6.  —  PectoraVs ,  Sh.  enl. 
369  et  307.  —  Aldroi>ancil  f  Sh.  Alb.  II  ,  25.  —  Eiythrorhynchos ,  Sh. 
»nl.  262. 

(2)  Ramph.  viridis  ,  enl.  727  ,  728.  —  Aracari  3  eal.  \Ç)Q.  —  Plpenyo*- 
rus-,  enl.  5'j'j, ,  739.  ^ 


432  OISEAUX 

grande  facilité  à  imiter  la  voix  humaine.  Leur  larynx 
inférieur  assez  compliqué  et  garni  de  chaque  côté  de 
trois  muscles  propres,  contribue  encore  à  cette  facilité. 
Leurs  mâchoires  vigoureuses  sont  mises  en  action  par 
des  muscles  plus  nombreux  qu'aux  autres  oiseaux. 
Ils  ont  de  très-longs  intestins  et  manquent  de  cœ- 
cums.  Leur  nourriture  consiste  en  fruits  de  toute 
espèce.  Ils  grimpent  aux  branches  en  s'aidant  de  leur 
bec  et  de  leurs  pieds ,  nichent  dans  des  trous  d'ar- 
bres ,  ont  une  voix  naturelle  dure  et  criarde ,  et  sont 
presque  tous  peints  des  plus  vives  couleurs.  Aussi 
n'en  trouve-t-on  guère  que  dans  la  Zone-Torride; 
mais  il  y  en  a  dans  les  deux  Continens,  bien  entendu 
que  les  espèces  sont  différentes  dans    chacun   des 
deux  ;   chaque  grande  lie  a  même  ses  espèces  ,  les 
ailes  courtes  de  ces  oiseaux  ne  leur  permettant  pas 
de  traverser  de  grands  espaces  de  mer.  Les  perroquets 
sont  donc  très-nombreux  :  on  les  subdivise  par  les 
formes  de  leurs  queues  et  quelques  autres  caractères. 
Parmi  ceux  à  longue  queue  étagée,  on  distingue  d^abord. 

Les  Ajias. 

Dont  les  joues  sont  dénuées  de  plumes  ;  ce  sont  des  espèces 
d'Amérique,  la  plupart  forts  grandes,  et  d'un  plumage  très- 
brillant,  qui  en  fait  beaucoup  apporter  vivans  en  Europe. 

Les  autres  à  longue  queue,  portent  le  nom  commun  de 

Perruches. 

M.  Le  Vaillant  les  divise  en  : 

Perruches  -  Aras. 

Qui  ont  le  tour  de  l'œil  nu 3  elles  viennent  d'Amérique; 
comme  les  aras. 


i 


En  Perruches  à  queue  enjlèche. 

Où  les  deux  pennes  du    milieu   dépassent  beaucoup  lea 
autres. 

En  Perruches  à  queue  élargie  vers  le  bout. 

Et  en  Perruches  ordinaires 

A  queue  étngée  à  peu  près  également. 

Telle  est  spécialement  l'espèce  la  premiëre  connue  en 
Europe,  où  elle  fut  apportée  par  Alexandre  [Pattacusi 
Alexandri.  L. )  enl.  64^  ,  d'un  beau  vert-,  portant  sur  la 
nuque  un  collier  rouge  et  sous  la  gorge  une  tache  noire  (i). 
Parmi  les  perroquets  à  queue  courte  et  égaje  on  distingue  ; 

Les  Cacatoès. 

Qui  portent  une  liuppe  formée  de  plumes  longues  et  étroites, 
tangées  sur  deux  lignes,  se  couchant  ou  se  redressant  au  gré 
de  l'animal.  Ils  vivent  dans  les  parties  les, plus  reculées  des 
Indes  j  le  plumage  du  plus  grand  nombre  est  blanc  j  ce  sont 
les  espèces  les  plus  dociles;  elles  fréquentent  de  préférence  les 
terrains  marécageux. 

Quelques  espèces  découvertes  depuis  peu  à  la  Nouvelle- 
Hollande,  ont  des  huppes  plus  simples,  moins  mobiies  et  com- 
posées de  plumes  larges  et  de  longueur  médiocre.  Elles  vivent 
surtout  de  racines  (2). 

D'autres  ont  pour  toute  huppe,  quelques  plumes  pendantes 
et  garnies  seulement  vers  le  bout  de  barbes  effdées,  qui  leut 
forment  comme  des  huppes. 

Mais  le  plus  grand  nombre  n'a  sur  la  tète  aucun  ornement  ; 


(i)  Voyez  pour  l'éniimëratîon  dès  aras  et  des  perruches ,  Shaw,  Gen.Zoo!. 
VIII ,  part.  1  ,  et  pour  les  figures  bien  coloriées  du  plus  grand  nombre  , 
outre  les  planches  enluminées  de  Buff. ,  l'Histoire  Naturelle  des  perroquet» 
de  M.  Le  Vaillant. 

(a)  Ps.  Jjajiksii  f  Lath.  Syn.  Supp.  p.  63^  pi.  cix ,  et  plusieurs 
«spbces  voisines. 

TOME    I  ;  2B 


434  OISEAUX 

Vespèce  la  plus  connue  par  sa  facilité  à  apprendre  à  parler, 

est  le 

Perroquet  gris ^  ou  Jaco,  {Psitt.  Erjthacus.)  enl.  3^1 1. 

Tout  cendré ,  à  queue  ronge.  Il  vient  d'Afrique. 

Les  espèces  à  plumage  vert  sont  les  plus  nombreuses. 

On  donne  le  nom  d'Amazones  à  celles  dont  le  fouet  de  l'aile 
est  coloré  de  rouge  ou  de  jaune  ,  elles  viennent  d'Amérique. 

On  appelle  loris  les  espèces  dont  le  fond  du  plumage  est 
rouge.  11  ne  s'en  est  trouvé  qu'aux  Indes  orientales. 

Mais  toutes  ces  différences  de  couleur  ne  peuvent  autoriser 
des  dislinclions  génériques. 

Il  n'y  a  guère  que  les 

Perroquets  a  trompe.  Vaill. 

Qui  offrent  de  bous  caractères  pour  élre  détachés  des 
autres. 

Leur  queue  courte  et  carrée,  leur  huppe,  composée  de 
plumes  longues  et  étroites,  les  font  ressembler  aux  cacatoès. 
Ils  ont  les  joues  nues  comme  les  aras  ;  mais  leur  bec  supé- 
rieur énorme  ,  l'inférieur  très-court ,  ne  pouvant  se  fermer  en- 
tièrement ,  leur  langue  cylindrique,  terminée  par  un  petit 
gland  corné  ,  fendu  au  bout ,  et  susceptible  d'être  fort  prolon- 
gée hors  de  la  bouche  ,  leurs  jambes  nues  un  peu  au-dessus  du 
talon  ,  enfin  leurs  tarses  courts  et  plats ,  sur  lesquels  ils  s'ap- 
puient souvent  en  marchant ,  les  distinguent  de  tous  les  per- 
roquets. On  n'en  connaît  que  deux,  originaires  des  Indes 
orientales  (1). 

Peut  être  pourrait-on  faire  aussi  un  sous-genre  des 

Perruches  imcvamees  (  Pezoporus,  Hlig.  ),  Vaill.  perr.  I.  52. 
Dont  le  bec  est  plus  faible,  les  tarses  plus  élevés  et  les  on- 


(1)  Psittacus  atcrrinms  ,  Gm.  (  Ps.  gigas  ,  Lalh.  )  Edw.  3i6  ,  ou  Tara 
noir  h  trompe  ,  Vaill.  perr.  I  ,  pi.  i-x  et  i3.  —  U ara  gris  à  trompe  j  id. 
ih.  pi.  Il,  peut  n'être  qu'une  varit'l^'. 


Grimpeurs.  4^5 

gîes  plus  droits  qu'aux  autres  perroquets.  Elles  marchent  à 
terre  ,  et  cherclient  leur  nourriture  dans  les  herbes. 

On  n'en  connaît  qu'une  de  la  Nouvelle-Hollande. 


On  place  communément  parmi  les  grim- 
peurs deux  oiseaux  d'Afrique  très-voisins  l'un 
de  l'autre  ,  qui  me  paraissent  bien  plus  ana- 
logues aux  gallinacés  et  nommément  au  genre 
des  lioccos.  - 

Ils  ont  les  ailes  et  la  queue  des  hoccos  ,  et  se 
tiennent ,  comme  eux  ,  sur  les  arbres  5  leur  bec 
est  court  et  la  mandibule  supérieure  bombée  ; 
leurs  pieds  ont  une  courte  membrane  entre  les 
doigts  de  devant ,  mais  il  est  vrai  que  le  doigt 
externe  se  dirige  souvent  en  arrière  comme  ce- 
lui des  chouettes.  Leurs  narines  sont  aussi  sim- 
plement percées  dans  la  corne  du  bec,  les  bords 
des  mandibules  sont  dentelées  ,  et  le  sternum 
(au  moins  celui  du  touraco)  n'a  pas  ces  grandes 
échancrures  ordinaires  dans  les  gallinacés. 

Ces  oiseaux ,  dont  on  a  fait  deux  genres , 

sont 

Les  Touracos  ,  (  Corythaix  ,  Illig.  ) , 

Dont  le  bec  ne  remonte  pas  sur  le  front ,  et  dont 
la  tête  est  garnie  d'une  huppe  qui  peut  se  redresser. 

L'espèce  la  pluscommune(6'wcM/M.i7?er5^,Lin.),  enl.6oi , 

Hahite  aux  envu'ons  du  Cap,  e^t  d'un  beau  vert,  avec 


436  OISEAUX 

une  partie  des  pennes  des  ailes  cramoisie.  Elle  niche  dans 
des  trous  d'arbres  ,  et  se  nourrit  de  fruits. 

Une  autre  espèce  ,  d'un  gris-brun  ,  à  ventre  blanchâtre  , 
à  mèches  brunes  ,  paraît  le  phasianus  aj  rie  anus  de  La- 
tham  (i). 

Les  Musophages.  (  Musophaga.  Iserl.  ) 

Ainsi  nommés,  parce  qu'ils  vivent  surtout  du  fruit 
du  bananier ,  ont  pour  caractère  la  base  du  bec  for- 
mant un  disque  qui  recouvre  une  partie  du  front. 

L'espèce  connue  (Musophaga  violacea  j  Lath.  ,  Touraco 
violet ,  Yaill.  ,  Promerops  j  etc. ,  pi.  i8; 

A  le  tour  des  yeux  nu  et  rouge,  le  plumage  violet ,  l'oc- 
ciput  et  les  grandes  pennes  de  l'aile  cramoisi  :  un  trait  blanc 
passe  sous  le  nu  du  tour  de  l'oeil.  Elle  habite  en  Guinée  el 
au  Sénégal. 


LE  QUATRIÈME  ORDRE  DES  OISEAUX 

OU  LES  GALLINACÉS. 


Ainsi  nommés  de  leur  affinité  avec  le  coq 
domestique,  ont  généralement  comme  lui ,  les 
doigts  antérieurs  réunis  à  leur  base  par  une 
courte  membrane  ,  et  dentelés  le  long  de  leur 
bord  5  le  bec  supérieur  voûté  ,  les  narines  per- 
cées dans  un  large  espace  membraneux  de  la 

(i)  Ajoutez  le  touraco  géant ,  Vaill.  promçr.  et  gn^p.  p!.  iq. 


GALLINACÉS.  4^7 

base  da  bec  ,  recouvertes  par  une  écaille  car- 
tilagineuse 5  le  port  lourd ,  les  ailes  courtes  ,  le 
sternum  osseux  5  diminué  par  deux  échancrures 
si  larges  et  si  profondes,  qu  elles  occupent  pres- 
que tous  ses  côtés,  sa  crête  tronquée  obliquement 
en  avant ,  en  sorte  que  la  pointe  aiguë  de  la 
fourchette  ne  s'y  joint  que  par  un  ligament  ; 
toutes  circonstances  qui ,  en  affaiblissant  beau- 
coup leurs  muscles  pectoraux,  rendent  leur  vol 
difficile.  Leur  queue  a  le  plus  souvent  quatorze 
et  quelquefois  jusqu'à  dix-huit  pennes  ,  mais  il 
faut  encore  ici  excepter  les  alectors.Leur  larynx 
inférieur  est  très-simple;  aussi  n'en  est-il  aucun 
qui  chante  agréablement  :  ils  ont  un  jabot  très- 
large  et  un  gésier  fort  vigoureux.  Si  l'on  excepte 
les  alectors,  ils  pondent  et  couvent  leurs  œufs  a 
terre  sur  quelques  brins  de  paille  ou  d'herbe 
grossièrement  étalés.  Chaque  mâle  a  ordinaire- 
ment plusieurs  femelles,  et  ne  se  mêle  point  du 
nid  ni  du  soin  des  petits,  qui  sont  généralement 
nombreux  ,  et  qui ,  le  plus  souvent ,  sont  en 
état  de  courir  au  sortir  de  l'œuf. 

Cette  famille  très- naturelle  ,  remarquable 
pour  nous  avoir  donné  la  plupart  de  nos 
oiseaux  de  basse-cour ,  et  pour  nous  fournir 
beaucoup  d'excellent  gibier ,  n'a  pu  être  divi- 
sée en  genres  que  sur  des  caractères  peu  im- 


438  OISEAUX 

portails  y   tirés  de  quelques  appendices  de  la 

tête. 

Les  Paons.  (Pavo.  Lin.) 

Ainsi  nommés  d'après  leur  cri ,  ont  pour  caractère 
les  couvertures  de  la  queue  du  mâle  plus  allongées 
que  les  pennes,  et  pouvant  se  relever  pour  faire  la 
roue.  Chacun  sait  combien  sont  éclatantes  les  barbes 
lâches  et  soyeuses  de  ces  plumes ,  et  les  taches  en 
forme  d'yeux  qui  en  peignent  Textrémité  dans 

Notre  Paon  domestique  {Pavo  cristaliis  y  Lin.  ),  enl. 

455  el  454, 

Espèce  où  laléte  est  encore  ornée  d'une  aigrette  de  plumes 
redressées  et  élargies  au  })out.  Ce  superbe  oiseau  ,  origi- 
naire du  nord  de  l'Inde  ,  a  été  apporté  en  Europe  par 
Alexandre. 

Une  autre  espèce  ,VÈperonnier  ou  Chinquis  (  Pavo  hical- 
caratus  et  Thibetanus ,  Gm.  ) ,  enl.  492  et  49^  , 

N'a  sur  la  tête  qu'une  courte  huppe  serrée  •,  les  tarses  du 

mâle  sont  armés  chacun  de  deux  ergots  j  ses  couvertures  de 

-   la  queue  ,  moins  allongées,  portent  de  doubles  taches  ,  et 

celles  des  scapulaires  des  taches  simples ,  toutes  en  forme  de 

miroir.  ]\1.  Temmink  en  fait  un  genre  sous  le  nom  de  po- 

LYPLECTRUM  (l).     ( 

Les  Dindons.  (Meleagris.  Lin.  )  (2) , 

Ont  la  tête  et  le   haut  du  cou  revêtus  d\uie  peau 
sans  plumes   toute  mamelonnée  ,  sous  la  gorge  un 

(i)  lue  paon  du  Japon  ou  spicifère  (  P.  mulicus.  L.  ),  fonde  unique- 
ment sur  une  peinture  envoyée  du  Japon  dans  le  seizième  siècle  (  Aldrov. 
av.  II  _,  33  ,  54.  )  ,  n'est  rien  moins  qu'authentique.  Le  véritable  paon  sau- 
vage du  Japon  diffère  peu  du  nôtre  par  les  couleurs  et  point  par  l'aigrette. 

{1)  Meleagris  e«>t  le  nom  grec  do  la  peininde,  appliqué  mal  à  propos 
au  dindon  par  Linnaeus. 


ôallinAcés.  4^9 

appendice  qui  pend  le  long  du  cou ,  et  sur  le  front , 
un  autre  appendice  conique  qui  ,  dans  le  mâle  , 
s'enfle  et  se  prolonge  dans  les  momens  de  passion  , 
au  point  de  pendre  par-dessus  la  pointe  du  bec  :  du 
bas  du  cou  du  mâle  adulte  pend  un  pinceau  de  poils 
roides  ;  les  couvertures  de  sa  queue  ,  quoique  plus 
courtes  et  plus  roides  que  dans  le  paon  ,  se  relèvent 
de  même  pour  faire  la  roue.  Les  mâles  ont  des  épe- 
rons faibles. 

On  n'eu  connaît  qu^une  espèce  (  Meleagris  gallopavo  , 

Lin.  )  ,  enl.  97  , 

Apportée  d'Amérique  ,  et  répandue  maintenant  par  toute 
l'Europe  à  cause  de  la  bonté  de  sa  cliair  ,  de  sa  grandeur 
et  de  la  facilité  de  sa  multiplication.  Les  dindons  sauvages 
de  Virginie  ,  sont  d'un  brun-verdâtre  glacé  de  cuivré. 

Les  Alectors  (Merrem.  )  (i)  ? 

Sont  de  grands  gallinacés  d'Amérique  assez  ana- 
logues aux  dindons ,  à  queue  de  douze  pennes , 
grandes,  roides,  large  et  arrondie,  dont  aucun  n'a 
d'éperons.  Plusieurs  d'entre  eux  ont  des  dispositions 
singulières  dans  la  trachée-artère.  Il  vivent^  dans  les 
bois,  de  bourgeons,  de  fruits,  y  nichent  sur  les  ar- 
bres ,  se  perchent ,  et  sont  très-sociables  et  disposés 
à  la  domesticité.  Gmelin  et  Latham  les  ont  divisés 
en  Hoccos  et  enJAcous,  mais  d'après  des  caractères 
peu  déterminés.  INous  les  subdivisons  comme  il  suit  : 

Les  Hoccos  proprement  dits,  Buff. ,  Mitoiix  du  Brésil ,  etc. 

(  Crax  ,  Lin.  )  j 

Ont  le  bec  fort ,  et  sa  base  entourée  d'une  peau,  quelque- 
(1)  Alector  est  le  nom  grec  du  coq. 


440  OISEAUX 

fois  d'une  couleur  tîtc  ,  où  sont  percées  les  narines  j  sur  leur 
tête  est  une  huppe  de  plumes  redressées,  longues,  étroites  ^ 
recoquillées  au  bout. 

Ils  ont  la  taille  du  dindon  ,  et  montent  comme  lui  sur  les 
arbres.  L'on  en  élève  volontiers  en  Amérique,  et  il  nous  en 
vient  de  ce  pays  des  individus  si  diversement  colorés  ,  qu'on 
hésite  à  en  caractériser  les  espèces. 

Les  plus  communs,  ou  Mitou-Poranga  ,  Margr.  (  Crax 
alecior ,  Lin.  )  ,  Buff. ,  Ois.  II ,  pi.  xiii , 

Sont  noirs,  à  bas-ventre  blanc  ,  à  cire  du  bec  jaune.  Leur 
trachée  ne  fait  qu'un  léger  repli  avant  d'entrer  dans  la 
poitrine. 

Quelques-uns  (  Crax  globîcera,  Lin.  ) ,  enl.  86 ,  Edw, , 

295 ,  I , 

Ont  sur  la  base  du  bec  un  tubercule  globuleux  ,  plus  oia 
inoins  gros.  Parmi  les  uns  et  les  autres ,  il  en  est  qui  ont 
le  corps  diversement  rayé  de  blanc  ou  de  fauve  (  Albin.  H,i 
52.)  (i).  Quelquefois  tout  le  dessous  est  fauve  (2). 

Ceux  dn  Pçrou  (  Crax  ruhra  ,  Lin.) ,  enl.  125, 

Sont  d'un  marron  vif ,  et  ont  la  tête  et  le  cou  diverse-^ 
ment  variés  de  blanc  et  de  noir. 

Les  Pauxi.  (  Ourax.  Cuv.)  (3). 

Ont  le  bec  plus  court  et  plus  gros  ,  et  la  membrane  de  sa 
Jjase  ,  ainsi  que  la  plus  grande  partie  de  leur  tête,  recouvertes 
de  plumes  courtes  et  serrées  comme  du  velours. 


(1)  Celle-ci  paraît  le  vëritable  hoazin  du  Mexique  de  Fernandès. 

(3)  Telle  est  la  femelle  décrite  par  d'Azzara.  Voj.  IV,  p.  169.  Il  pa- 
yait aussi ,  d'après  d'autres  voyageurs ,  que  les  femelles  sont  fauves. 

(3)  Pauxi  est  le  nom  sous  lequel  le  désigne  Fernandès*  Ourax  ,  nom 
iiîhènien  du  coq  de  Bruyère. 


GALLINACÉS.  44^ 

L*€spëce  la  plus  commune,  dite  Pierre  ,  ou  plulôt  Oiseau 
à  pierre  (  Crax^pauxi ,  Lin.  )  ,  enl.  78 , 

Porté  sur  la  base  du  bec  un  tubercule  ovnle  presque 
aussi  gros  que  sa  tête,  d'une  couleur  bleu-clair,  et  d'une 
dureté  pierreuse.  Cet  oiseau  est  noir  ,  et  a  le  bas  du  ventre 
et  le  bout  de  la  queue  blancs.  Il  pond  à  terre»  On  ne  con- 
naît pas  au  juste  son  pays  natal.  C'est ,  de  toutes  les  espèces 
connues  ,  celle  dont  la  Iracbée  est  la  plus  longue.  Eile  des- 
cend deliors,  le  long  du  côté  droit  jusque  derrière  le  ster- 
num ,  se  recourbe  vers  le  côté  gauche ,  et  revient  sur  ses 
pas  pour  rentrer  dans  la  poitrine  par  la  fourchette.  Tous  ses 
anneaux  sont  comprimés. 

Il  y  eu  a  une  autre  espèce  sans  tubercule ,  à  ventre  et 
bout  de  la  queue  marron  (  le  vrai  mitu  de  Margrave)  (i). 

^     Les  GuANS  ou  Jacous.  (Pénélopl.  Merrem.)  (2). 

Ont  le  bec  plus  grêle  que  les  hoccos  ,  et  le  tour  des  yeux 
nu ,  ainsi  que  le  dessous  de  la  gorge,  qui  est  le  plus  souvent 
susceptible  de  se  renfler. 

On  en  connaît  aussi  plusieurs  variétés  de  couleurs  entre 
lesquelles  il  est  dijSicile  d'établir  des  limites  spécifiques  ; 
ceux  surtout  qui  ont  une  huppe  ,  sont  tantôt  de  différens 
bruns  ou  bronzés  (  PeneLjacupema ,  Merr.  ,11,  xi  ),  quel- 
quefois tachetés  à  la  poitrine  (  Pénélope  cristata  ,  Lin.  ) , 
Edw.  i5^  tantôt  noirs,  avec  les  mêmes  taches  ,  et  plus  ou 
moins  de  blanc  à  la  huppe  et  aux  couvertures  de  l'aile  (  Pen. 


(i)  Le  chacamel,  Buff.  (Crax  vociferans)  fonde  sur  une  indication 
vague  de  Fernandès  ,  au.  chap.  xii  ,  n'a  rien  d'assez  authentique.  Sonnini 
croit  raème  que  ce  pourrait  être  le  Jalco  vuUurinus.  Le  caracara  d% 
Buff.  et  de  Dutertre  ,  est  V agami.  (  Psophia.  ) 

{1)  GouÀN  et  Yacou  sont  les  noms  de  ces  oiseaux  h  la  Guiane  et  au 
Brésil.  Celui  de  Pénélope  qui  leur  a  été  imposé  par  Merrem  ,  désignait  , 
chez  les  grecs  ,  une  espèce  de  canard  qui  ^  disait  on  ,  avait  sauvé  des 
eaux,  la  femme  d'Llysse  dans  son  enfance. 


44^  O I  s  E  A  UX 

leucolophos  y  Merr.  ;,  lî,  xii  ,  et  Fen,  ciimanensis  j  Gm.  )  ^ 
Jacq.  Beytr. ,  pi.  lO,  Bajon,  Cay. ,pl.  5.  Il  y  en  â  d'inter- 
médiaires entre  ces  deux  extrêmes  (  Pen.  pipile)  ,  Jacq. 
Beytr.  ,  pi.  xi. 

I-a  trachée-artère  ,  au  moins  dans  les  premières  ,  descend 
sous  la  peau  jusque  bien  loin  en  arrière  du  bord  postérieur 
du  slernum  .  remonte  alors  et  revieot  pour  se  recourber  en- 
core et  remonter  vers  la  fourcbelle,  par  où  elle  va  y  comme 
à  l'ordinaire  ,  gagner  les  poumons. 

Une  espèce  presque  sans  huppe  [Pen.  marail) ,  enl.  538, 

Noirverdatre,  à  ventre  fauve,  paraît  bien  distincte.  Sa 
trachée,  dans  les  deux  sexes,  fait  une  petite  anse  sur  le 
haut  du  sternum  avant  d'entrer  dans  la  poitrine. 

Les  Parraquas.   (  Ortalida.  Merrem.  ) 

]\e  diffèrent  des  jacous  que  parce  qu'ils  n'ont  presque   pas 
de  nu  à  la  gorge  et  autour  des  yeux. 

On  n'en  connaît  qu'un ,  brun-bronzé  dessus  ;,  gris-blan- 
châtre dessous  ,  roux  sur  la  tête.  (  Catraca ,  Buff.  ;  Phasia- 
nus  motmot ^  Gm.,  et  Plias. parraqua ,  Lath.)  ,  enl.  i4^>  (O* 
Bajon,  Cay.,  pi.  i. 

La  voix  de  cet  oiseau  est  très-forte,  et  articule  son  nom. 

La  trachée  du  mâle  descend  sous  la  peau  jusque  vers  l'ab- 

^       domen  ,  et  remonte  ensuite  pour  entrer  dans  la  poitrine  (2). 


(i)  N.  B.  La  figure  des  pi.  enl.  est  mîTnvaise  ,  en  ce  qu'elle  reprësente 
la  queue  pointue. 

(2)  jy.  H.  J'ignoi'e  encore  où  l'on  doii  placer  le  napaul  ou  faisan  cornu 
(  Fer.  salyta  ,  Gra.)  (  3Ieleogris  satjrus  ,  Lalli.  )  Etiw.  116;  oiseau  des 
Incîts  ,  dont  le  mâle  porte  deux  cornes  cliarnues  derrière  les  jeux.  Sous 
fa  gorjie  est  un  grand  sac  lâche  et  nu  ,  sufceptible  de  beaucoup  de  gonfle- 
ment. Ses  tarses  ont  des  éperons  dans  les  deux  sexes  5  sa  queue  est  ronde 
et  de  vingt  pennes,  son  plumage  pourpre,  taclieté  de  pelilcs  larmes 
blanches. 


GALLINACÉS.  44^ 

On  associe  d'ordinaire  à  tous  ces  oiseaux. 

L'HoAZiN.  Buff.  (i).  Sasa  de  la  Gniane,  Sonnlni. 
(Opisthocomus.  Hofmansec.  ) 

Oiseau   d'Amérique  qui   a  le  même  port,   dont  le  bec 
est  court  et  gros  autant  à  proportion  qu'aux  pauxîs  ;  dont 
îa  tête  porte  une  huppe  de  longues  plumes  très-étroites  et 
effilées,  mais  qui  se  distingue  de  tous  les  gallinacés  précé- 
dens,  parce  que  l'on   n'aperçoit  aucune  membrane   entre 
les  bases  de  ses  doigts.  C'est  lePhasianiis  cristatus.  L.  Enl. 
357  -,  brun-verdâtre  ,  varié  de  blanc  dessus  ,  fauve  devant 
le  cou  et  au  bout  de  la  queue  ,  marron  sous  le  ventre.  On  le 
trouve  à  la  Guiane^  perché  le  long  des  lieux  inondés,  011  il 
vit  des  feuilles  et  des  graines  d'une  espèce  d'arum.  Sa  chair 
a  une  forte  odeur  de  castoreum,  et  ne  s'emploie  que  comme 
appât  pour  certains  poissons.  / 

Le  grand  genre  i\es 

Faisans.  (Piiasianus.  L.) 

A  pour  caractère,  les  joues  en  partie  dénuées  de 
plumes,  et  garnies  d'une  peau  rouge. 

On  y  distingue  d'abord  , 

Les  Coqs.  (Gallus.  ) 

Dont  la  tête  est  de  plus  surmontée  d'une  crête  charnue  et 
verticale,  et  dont  le  bec  inférieur  est  garni  de  chaque  côté  de 
barbillons  charnus;  les  pennes  de  leur  queue  au  nombre  de 
quatorze,  se  redressent  sur  deux  plans  verticaux  adossés  l'un  à 
l'autre  :  les  couvertures  de  celles  du  mâle  se  prolongent  en. 
arc  sur  la  queue  proprement  dite. 

L'espèce  si  répandue  dans  nos  basses-cours , 


(1)  Le  nom  cPhoazîn'a  été  appliqué  sans  preuve  ,  à  cet  oiseau'^  par  Buff. , 
d'après  une  indication  de  Fernandès.  Mex.  620  ,  ch.  x. 


444  OISEAUX 

Le  Coq  et  la  Poule  ordinaires.  {Phasianus  Gallus.Jj.) 

Enl.  j  1  et  49- 

Y  varie  à  l'infini  pour  les  couleurs  j  sa  grosseur  y  est  très- 
diverse;  il  est  des  races  où  la  crêle  est  remplacée  par  une 
touffe  de  plumes  redressées^  quelques-uns  ont  des  plumes 
sur  le  îarse  et  même  sur  les  doigts  ;  d'autres  ont  la  crête ,  les 
barbillons  et  le  périoste  de  tout  le  squelette  noirs  ;  certaines 
races  monstrueuses  ont  pendant  plusieurs  générations  cinq 
et  même  six  doigts. 

On  connaît  aujourd'hui  plusieurs  espèces  de  coqs  sau- 
vages y  Sonnerat  a  décrit  la  première  ;  2*  Voy.  Atl.  1 17, 1 18, 
{Gallus  Sonneraiii  Temrn.)  fort  remarquable  par  les  plumes 
du  col  du  mâle  dont  les  tiges  s'élargissent  vers  le  bas  en  trois 
disques  successifs  de  matière  cornée-  La  crête  du  mâle  est 
dentelée.  Elle  se  trouve  dans  les  montagnes  des  Gates  de 
rindoslan. 

M.  Leclienaud  vient  d'en  rapporter  deux  autres  de  Java  ; 
Uune[Gall,  hankiva  Temxn.)  qui  a  la  crêle  dentelée  comme 
îa  précédente  et  ne  porte  sur  le  cou  que  de  longues  plumes 
tombantes  du  plus  beau  roux-doré,  me  paraît  ressembler  le 
plus  à  nos  coqs  domestiques  j  l'autre  (  Plias,  'varias.  Shaw. 
Nat.  Mise.  553.  )  Noire ,  à  cou  vert-cuivré ,  maillé  de  noir,  a 
la  crête  sans  dentelures  et  sous  la  gorge  un  petit  fanon  sans 
barbillons  latéraux. 

Les  Faisans  proprement  dits. 

Ont  la  queuG  longue,  étagée,  et  ses  pennes  ployées  chacune 
en  deux  plans  et  se  recouvrant  comme  des  toits. 

Le  plus  commun  {Phasianus  ColcJiicus.  L.  )  Enl., 
'  121  et  122. 

A  été  dit-on  apporté  des  bords  du  Phase  par  les  Argo- 
nautes, et  on  le  nourrit  aujourd'hui  dans  toute  l'Europe 
tempérée,  où  il  exige  cependant  beaucoup  de  soin.  Le  mâle 
a  la  tête  et.  le  cou  vert-foncé  avec  deux  petites  touffes  à 
l'occiput  et  le  reste  du  plumage  fauve-doré  maillé  de  vert, 


GALLINA^CÉS.  „       445 

îa  femelle  est  brunâtre  maillée  et  variée  de  brun  plus  foncé. 

La  Chine  nous  a  envoyé  dans  des  temps  plus  modernes 

trois  autres  races  ou  espèces  qui  font  avec  le  paon  l'orneme  nt 

de  nos  ménageries ,  savoir  : 

Les  Faisans  à  collier. 

Qui  ne  diffèrent  guère  du  commun  que  par  une  tache 
d'un  blanc  éclatant  de  chaque  côté  du  col. 

Les  Faisans  d'argent,  {Fh.  Nycthemerus.  L.  )  Enl.  120. 

Blancs,  avec  des  lignes  noirâtres  très-fines  sur  chaque 
plume  et  le  ventre  tout  noir.  Enfin  : 

Les  Faisans  dorés  {Ph.  pictus^  L.)  Enl.,  217. 

Si  remarquables  par  leur  beau  plumage  ;  leur  ventre  est 
rouge  de  feu  ;  une  belle  huppe  couleur  d'or  pend  de  leur 
tête;  leur  cou  est  revêtu  d'une  collerette  orangée  maillée  de 
noir;  le  haut  du  dos  est  vert;  le  bas  et  le  croupion  jaunes; 
les  ailes  rousses  avec  une  belle  tache  bleue;  la  queue  très- 
longue,  brune  tachetée  de  gris,  etc..  Il  me  paraît  que  la 
description  du  Phénix  donnée  par  Pline  (  Lib.  X^  cap.  2.)  a  été 
faite  sur  ce  bel  oiseau. 

Les  femelles  de  tous  ces  faisans  ont  la  queue  plus  courte 
que  les  mâles  et  le  plumage  diversement  varié  de  différens 
gris  ou  bruns. 

Une  des  espèces  d'oiseau  les  plus  singulières 

r  Est  V Argus  ou  Luen,  [Phasianus  Argus.  L.) 

Grand  faisan  du  midi  de  l'Asie,  à  tête  presque  nue,  dont 
le  mâle  a  la  queue  très-longue  et  surtout  les  pennes  secon- 
daires des  ailes  excessivement  allongées  et  élargies,  couvertes 
sur  toute  leur  longueur  de  taches  en  formes  d'yeux,  qui, 
lorsqu'elles  sont  étalées ,  donnent  à  l'oiseau  un  aspect  tout- 
à-fait  extraordinaire.  (C'est  le  genre  Ar&us  Tem.  ) 

Les  HouppiFÈRES.  Tem. 

Ont  avec  les  joues  nues  communes  à  tout  ce  genre  la  queue 
verticale  et  les  couvertures  arquées  propres  aux  coqS;  dgs 


446    '    ^  OISEAUX 

plumes  qui  peuvent  se  redresser  et  former  sur  leur  léle  une 
aigrette  analogue  à  celle  du  paon.  Le  bord  inférieur  saillant 
de  la  peau  nue  des  joues  lient  lieu  de  barbillons.  Il  y  a  de  forts 
éperons  aux  tarses. 

On  n'en  connaît  encore  qu'un  ^  des  îles  de  la  Sonde, 
grand  comme  un  coq^  noir,  à  croupion  fauve,  les  deux 
couvertures  supérieures  de  la  queue  jaunâtres  ou  blan- 
châtres, les  flancs  tachetés  de  blanc  ou  de  fauve.  (  Phasianus 
IgîiiWs  j  Sh.  Nat.Misc.  52 1.) 

Les  LoPHOpnoREs.  Tem. 

Ont  comme  les  précédens,  les  joues  nues  et  la  télé  surmon- 
tée d'une  aigrette  analogue  à  celle  du  paon;  mais  leur  queue 
est  plane  comme  dans  les  oiseaux  ordinaires.  Leur  tarse  a  de 
forts  éperons. 

On  n'en  connaît  aussi  qu'un  des  montagnes  de  l'Indostan , 
grand  comme  une  dinde  ,  noir,  l'aigrette  et  les  plumes  du 
dos  diversement  changeantes  en  couleur  d'or,  de  cuivre,  en 
vert  et  en  bleu  métallique ,  les  pennes  de  la  queue  rousses. 
;^  ;C'est  le  Phasianus  impeyanus.  Lath.  Syn.  Supp.  pi,  114? 
Nommé  d'après  lady  Impey ,  qui  l'a  fait  connaître. 

Les  Cryptonyx.  Tem. 

Ont  seulement  le   tour  de  l'œil  nu,  la  queue  médiocre  et 
plane,  les  tarses  sans  éperons;  mais  ce  qui  leur  fait  un  carac- 
tère bien  particulier,  c'est  que  leur  pouce  n'a  point  d'ongle. 
On  n'en  connaît  bien  qu'une  espèce  dont  le  mâle   porte 

une  longue  huppe  de  plumes  eflilées  rousses,  et  des  longs 

brins  sans  barbe  redressés  à  chaque  sourcil. 

C'est  le  Rouloul  de  Malaca.  Sonnerat  IP  Voyage  pi.  lOO. 
(  Columha  cristata.  Gm.  et  Lalli.  Phasianus  cristatus. 
Sparm,  Mus.  Caris.  ÏII.  64). 

La  femelle,  qui  n'a  qu'un  vestige  de  huppe ,  est  le  Tetrao 
"viridis.  Lath.  Syn.  II.  pi.  67  (i). 

(i)  Le  columha  cristata,  B.  Gm.  Lath.  Syn.  II ,  pi.  58  ,  paraît  très- 
voisin  ,  mais  la  figure  lui  donne  un  grand  ongle  au  pouce. 


GALLINACÉS.  447 

LesPeINTADES.  (l)(NuMIDA.  L.) 

Otït  la  tête  nue;  des  barbillons  charnus  au  bas  des 
joues,  la  queue  courte,  et  le  crâne  le  plus  souvent 
surmonté  d'une  crête  calleuse.  Leurs  pieds  n'ont  pas 
d'éperons;  leur  queue  courte  et  pendante,  les  plumes 
fournies  de  leur  croupion  donaent  à  leur  corps  une 
forme  bombée. 

L'espèce  commune  {Numida  meleagris.  L. )  Enï.  io8. 

Originaire  d'Afrique,  a  le  plumage  ardoisé,  couvert  par- 
tout de  taches  rondes  et  Manches.  C'est  un  oiseau  que  son 
naturel  criard  et  querelleur  rend  fort  incommode  dans  les 
basses-cours,  quoique  sa  chair  soit  excellente.  Dans  l'état 
sauvage,  elle  vit  en  très-grandes  troupes  et  se  tient  de  pré- 
férence près  des  marécages. 

On  en  nourrit  aussi  une  race  dont  la  tête  est  surmontée 
d'une  crête  de  plumes,  et  une  autre  où  elle  est  armée  d'un 
casque  conique.  (JVum.  cristata  et  Numida  mitrata.)  PalL 
Spic.  IV.  pi.  II  etp  1.  III,  fig.  I. 

Les  Tétras.  (Tetrao.  L.) 

Sont  encore  un  grand  genre  dont  le  caractère  con- 
siste en  une  bande  nue  et  le  plus  souvent  rouge  5 
tenant  la  place  du  sourcil. 

On  les  divise  en  sous- genres  comme  il  suit  : 

Les  Coqs  de  Bruyère.  (Lagopus  Briss.  Tetrao  Lath.) 

Dont  les  jambes  sont  couvertes  déplumes  et  sans  éperons. 
Les  uns,  qui  retiennent  plus  particulièrement  ce  nom  ,  ont 
la  queue  ronde  ou  fourchue ,  les  doigts  nus. 

(1)  Les  anciens  grecs  nommaient  les  peintatles  méléagrides,  et  suppo- 
saient qu'elles  e'iaient  le  produit  de  la  ra^étamorphose  des  sœurs  de  Mé- 
lëagre.  On  regardait  les  taches  de  leur  plumage  comme  des  traces  de 
larmes.  Les  Romains  les  nommaient  poules  d'Afrique  ,  de  Numidie ,  etc. 
Les  modernes  ne  les  ont  retrovxvées  qu'en  Guinëe. 


448  OISEAUX 

Nous  en  avons  deux  grandes  espèces.' 

Le  grand  Coq  de  bruyère.  (  Tetrao  Urogaîlus.)  Enl.  73  et  'j^i' 

Le  pins  grand  des  gallinacés  ;  supérieur  au  dindon  pour 
la  taille  ,  à  plumage  ardoisé,  rajé  finement  en  travers  de 
noirâtre  ;  la  femelle  fauve,  à  lignes  transversales  brunes  ou 
noirâtres.  Il  se  tient  dans  les  grands  bois  des  hautes  mon- 
tagnes, niche  dans  les  bruyères  ou  les  nouveaux  taillis,  et  se 
nourrit  de  bourgeons  ,  de  baies.  Sa  chair  est  excellente  5  su. 
trachée-artère  fait  deux  courbures  avant  de  descendre 
dans  le  poumon. 

Le  Coq  de  Bruyère  à  queue  fourchue,  (  Tetrao  tetrix.)  Coq  . 
de  Bouleau.  Enl.  172  et  175. 

Le  mâle  est  plus  ou  moins  noir,  avec  du  blanc  aux  cou- 
vertures des  ailes  et  sous  la  queue  dont  les  deux  fourches 
s'écartent  en  dehors.  La  femelle  fauve  ,  raj  ée  en  travers  de 
noirâtre  et  de  blanchâtre.  Leur  taille  est  celle  du  coq  et  ào 
la  poule.  On  le  trouve  aussi  dans  les  bois  des  montagnes. 

Il  paraît  qu'il  en  existe  ,  dans  le  nord  de  l'Europe,  une 
espèce  intermédiaire.  (  Tetrao  intermedius.  )  Langsdorf. 
Mem.  de  Petcrsb.  tomeIII.pl.   xiv.  Sparm.    Caris,  pi.  xv. 

Un  peu  plus  grande  que  la  précédente^  à  queue  moins 
fourchue,  à  poitrine  tachetée  de  blanc  :  des  lieux  maréca- 
geux de  Courlande,  d'ingrie,  etc..  (i) 

Nous  avons  de  plus  dans  les  bois  de  toutes  nos  contrées 
tempérées 

La  Gelinotte j  Poule  des  Coudriers.  {Tetrao  bonasia.  Z. ) 

(2)  Enl.  474  et  475. 

Qui  ne  dépasse  qu'un  peu  la  perdrix  ;  agréablement  variée 
de  brun ,  de  blanc ,  de  gris  et  de  roux  ;  une  large  bande  noire 

(i)  Il  paraît  que  c'est  à  la  fois  le  tétras  à  plumage  variable ,  et  le  tétras 
à  queue  pleine  de  Buffon. 

{n)  Bonasia.  ou  Bonasa  ,  nom  de  la  gelinotte  dans  Albert  le  Grand  n 
d'autres  auteurs  du  moven  Pge. 


GALLINACÉS.  449 

près  du  bout  de  la  queue  j  la  gorge  des  mâles  noire  j  sa  tèle 
un  peu  huppée  (i). 

L'Amérique  produit  quelques  espèces  voisines  des  coqs 
de  bruyère  et  gelinottes  d'Europe ,  telles  que 

Le  Coq  de  hrujère  à  fraise.  (  Tetrao  ciipido ,  umhellus 
et  to^atus.Gm.)  Enl.  104.  Edw.  248  et  Catesb.  Supp. 
PI.  I. 

Dont  les  plumes  du  cou  se  relèvent  de  chaque  côté  en  un 
petit  mantelet,  et 

La  Gelinotte  noire  d^ Amérique.  (  Tetrao  canademis 
et  cannée.  L.  )  Enl.  i5i  et  102.  Edw.  1 18  et  71. 

D'un  brun  plus  ou  moins  noir,  le  bout  de  la  queue  roux. 

On  donne  particulièrement  le  nom  de  Lagopèdes  ou 
perdrix  de  neige  aux  espèces  à  queue  ronde  ou  carrée  dont 
les  doigts  sont  garnis  de  plumes  comme  la  jambe.  Les  plus 
répandus  deviennent  tous  blancs  en  hiver. 

Le  Lagopède  ordinaire ,  Perdrix  des  Pj-réne'es. 
(  Tetrao  Lagopus.  )  (2)  Enl.  1 29  et  494- 

A  son  plumage  d'été  fauve  marqué  de  petites  lignes  noires. 
De  toutes  les  hautes  montagnes,  oii  lise  tient  l'hiver  dans 
des  trous  qu'il  se  creuse  sous  la  neige. 

Le  Lagopède  de  la  baie  de  Hudson.  (  Tetrao  albus.  Gm.) 

Edw.  72. 

Est  plus  grand  et  a  son  plumage  d'été  plus  roux. 

(i)  UaUagasàe  Buffon  ,  attagen  d'Aidrov.  Orniih.  II, p.  y 5.  Gelinott& 
huppée ,  Briss.  ne  me  paraît ,  après  de  longues  recherches  ,  faites  même 
en  Italie  ,  qu'une  gelinotte  jeune  ou  femelle.  C'est  le  même  oiseau  que 
l'individu  peint  par  Frisch  ,  pi.  112.  Le  tetrao  canus  ,  Gm.  (Sparm.  Mus. 
Caris,  p.  16.  )  n'est  qdîme  variété  albine  de  la  gelinotte.  Je  ne  crois  pas 
non  plus  à  l'autlienticité  du  tetr.  nemesianus  ni  du  tetr.  betuUnus  de  Sco- 
poli.  Ce  ne  sont  que  des  femelles  ou  des  jeunes  tetr.  tetrix  ,  oit  des  geli- 
nottes défigurées. 

(■'.)  Lagopus  (  pie  de  lièvre  ,  pie  velu  )  est  le  nom  ancien  de  cet  oiseau. 

TOME    l,  ?9 


45o  OISEAUX 

Cependant  il  existe  en  Ecosse  un  Lagopède  qui  ne  change 
point  de  couleur  en  liiver  j  c'est 

La  Poule  de  marais ,  Grous  ^  etc.  (  Tetrao  scoticus,  Lath.  ) 

Brit.  Zool.  pi.  M.  5. 

Varié  de  fauve  ,  de  brun  et  de  noir  en  dessus,  roux  foncé 
rayé  de  noirâtre  au-dessous,  à  jambes  cendrées,  à  doigts 
peu  velus. 

On  pourrait  séparer  sous  le  nom  de 

Gang  A  ou  d'ATXAoEN  (i).  (Pterocles.  Tem,  ) 

Les  espèces  à  queue  pointue,  à  doigts  nus.  Elles  ont  seu- 
lement le  tour  des  yeux  nu  j  mais  non  de  couleur  rouge  : 
leur  pouce  est  très-petit. 

Le  Ganga  ou  Gelinotte  des  Pj^rénées.  {Tetrao  alchata, 

L.  )  EnL  io5  et  io6  (2). 

De  la  taille  d'une  perdrix,  à  plumage  écaillé  de  fauve  et 
de  brun  ;  les  deux  pennes  du  milieu  de  la  queue  très-allon- 
gées en  pointe ,  la  gorge  du  mâle  noire.  On  le  trouve  dans 
le  midi  de  la  France  et  tout  autour  de  la  Méditerranée  (5;. 

Les  Perdrix.  (Perdix.  Briss.  ) 

Ont  les  tarses  nus  comme  les  doigts. 

Parmi  elles,  Les  Frakcoi,i>'s.  Tem. 

Se  distinguent  par  leur  bec  plus  long,  plus  fort,  par  leur 
queue  plus  développée,  par  leurs  éperons  plus  forts. 


(i)  Auagen  ,  nom  grec  d'un  oiseau  pesant,  un  peu  plus  grand  qu'une 
perdrix  ,  à  plumage  de  bécasse  ,  désignait  probablement  la  gelinotte. 
(a)  Ganga  est  son  nom  catalan,  alchata,  ou  plutôt  chaia ,  son  nom 

arabe.  -0 

(3)  Ajoutez  tetrao  fasianeîlus  d'Amer,  mérid.  Edw.  118.  —  Tetr.  Se- 
negalus ,  enl.  i3o.  —  Tetr.  arenarius ,  Pall,  iwv.  coin,  pelrop.  xix,  pi.  vrii , 
4ont  la  perdix  Ar*  agonie  a ,  Lath.  paraît,  au  moins  ttès-vwsioe,  —  2'etr, 
n<iniaqua* 


GALLINACÉS.  4-^1 

L^Europe  méridionale  en  possède  un  (tetrao  FrancoUnus, 

L.  )(i)Enl.  147,  i48. 

A  pieds  rouges  -,  le  cou  et  le  ventre  du  mâle  noir  avec  des 
taches  rondes  et  blanches  j  un  collier  d'un  roux  vif  (2). 

Quelques  francolins  étrangers  se  font  remarqvier  par  un 
double  éperon  (5) ,  ou  par  la  peau  nue  de  leur  gorge  (4).  H 
y  en  a  qui  réunissent  ces  deux  caractères  (5)  j  d'autres  man- 
quent tout  à  fait  d'éperons  (6). 

Les  Perdrix  ordinaires. 

Ont  le  bec  un  peu  moins  fort;  leurs  mâles  ont  des  éperons 
courts  ou  de  simples  tubercules  ;  les  femelles  en  manquent. 
Tout  le  monde  connaît 
La  Perdrix  grise.  (  Tetrao  cinereus,  L.  )  Ênl,  27. 

A  bec  et  pieds  cendrés,  à  tête  fauve,  à  plumage  varié  de 
différens  gris-,  une  tache  marron  sur  la  poitrine  du  mâle.  Ce 
gibier  fécond  ,  qui  fait  les  délices  de  nos  tables ,  niche  et  vit 
au  milieu  de  nos  champs, 

La  Perdrix  rouge.  {^Tetrao  ritfur^  L.)  Enl.  î5o. 

A  bec  et  pieds  rouges,  brune  dessus,  a  flancs  maillés  de 
roux  et  de  cendré,  à  gorge  blanche  encadrée  de  noir,  se 
tient  plus  volontiers  sur  les  collin^es  et  les  endroits  élevés.  Sa 
chair  est  plus  blanche  et  plus  sèche. 

Nos  provinces  méridionales  produisent  encore 


(i)  FrancoUno  ,  nom  qui  désigne  la  défense  faite  de  tuer  l'oiseau  qui 
îe  porte  ,  s'applique  ,  en  Italie,  à  plusieurs  espèces  réputées  bons  gibiers  , 
telles  que  la  gelinotte  et  cet  oiseau-ci. 

(a)  Ajoutez  ici  les  ielrao  ponticcrianus.  Sonn.  ÎP  Voy.  11.  i65. — 
Perlatui.  Briss.  pi.  xxvin.  A.  Kg.  i  ;  le  mcme  que  MaJagascarlensis. 
Sonn.  II ,  166  ,  pi.  97. 

(3)  Tetrao  bicalcaratus.  L.  enl  iSy.  —  Spadiceuj.  Sonn.  11  ,  i6(j.  — ^ 
Zeilonensls  ,  Ind.  Zool.  pi.  xiv. 

(4)  Tetrao  rubricoUis ,  enl.  180. 

(5)  Tetrao  nudicoUls. 

(6)  Tçlrao  javaniciis.  Brown.  III.  xyii,  (tnauv.  fîg.  ) 


452  X  OISEAUX 

La  Bartavelle  ou  Perdrix  grecque.  {^Pcrdix  grœca>  Brîss. 
Perdix  saxalilis.  Meyer.  )  Enl.  201. 

Qui  ne  diffère  de  la  perdrix  rouge  que  par  une  grande 
taille  et  un  plumage  plus  cendré.  Elle  se  tient  le   long  des 
.    grandes  cliaînes  (i). 

Les  Cailles.  (Coïurnix.  ) 

Sont  plus  petites  que  les  perdrix,  à  bec  plus  menu,  à  queue 
plus  courte ,  sans  sourcil  rouge  ,  sans  éperon. 
Tout  le  monde  connaît 

La  Caille  commune.  (^Tetrao  cotumix.ïj.)  Enl.  170. 

Ados  Lrun  onde  de  noir,  une  raie  pointue  blanclie  sur 
chaque  plume  ^  à  gorge  brune  j  à  sourcil  blanchâtre  j  de  nos 
champs';,  célèbre  par  ses  migrations;  cet  oiseau  si  lourd 
trouve  alors  moyen  de  traverser  la  Méditerranée  (2). 

Les  CoLI^s  ou  Perdrix  et»  Cailles  d'Amérique. 

Ont  le  bec  plus  gros,  plus  court ,  plus  bombé  ;  la  queue  un 
peu  plus  développée  (5).  Ils  se  perchent  sur  les  buissons  et  même 


(i)  Ajoutez  la  perdrix  rouge  de  Barbarie,  espèce  bien  disiijicte, 
[Tetr.  petrosus.  Gm.)iEdw.  70.  —  La  perdrix  de  nionlagne  ,  Uetrao  mon- 
tanus)  enl.  i56,  n'est,  selon  M.  Bonnelli,  qu'une  variété  de  la  perdrix 
grise. 

(3)  Ajoutez,  IdL petite  caille  de  la  Chine  (tetr.  Chinensis.  L.  ) ,  enî.  126. 
F.  2,  dont  le  tetr.  manillensis.  Cm.  Sonn.  Y^  Voy.  pi.  24,  est  la  fe- 
melle. —  Le  tetr.  Coromandelicus  ,  Sonn.  11  ,  172.  — T.  strùitus  ,  Sonn. 
II  ,  pi.  98  ,  fort  différent  de  celui  de  Lath.  Syn.  1 1  >  pi.  lxvi.  —  La 
perdrix  de  gingi  (  tetr.  gingicus.  )  Sonn.  11  ,  p.  167  ,  me  paraît  aussi  ap- 
partenir à  ce  sous-genre. 

(3)  Parmi  les  espèces  de  la  taille  de  la  perdrix ,  on  peut  remarquer  le 
tocro  ,  ou  perdrix  de  la  Guiane.  Buff.  {tetr.  Guyaiie?isis.  Gm.)  qui 
n'est  point  un  tinamou ,  comme  le  dit  Gm.  ,  et  parmi  celles  de  la  taille 
de  la  caille  : 

Tctrao  Mexicanus ,  enl.  149  et  frisch.  11 ,  !e  même  que  Marylandus. 
Albin  ï  ,  XXVIII. 

Tetrao  falclandicus ,  enl.  222. 
Tetvao  cristatiis ,  cul.  126.  F.  i. 


N 


GALLINACÉS.  4^3 

quand  on  les  poursuit  sur  les  arbres  j  plusieurs  voyagent  comme 
nos  cailles. 

L'on  ne  «joeut  s'empêcher  de  séparer  de  tout  le 
genre  tétras. 

Les  Tridactyles.  Lacép.  (Hemipodius.  TeniA 

Qui  manquent  de  pouce  et  dont  le  bec  comprimé, 
forme  une  petite  saillie  sous  la  mandibule  inférieure. 
On  ne  pourra  les  bien  classer  que  lorsqu'on  connaîtra 
leur  anatomie.  Ils  vivent  en  polygamie  dans  les  con- 
trées sablonneuses. 

Les  uns  ,    les  Turnix.  Bonnat.  (ORTYGis.Illiger.  ) 

Ont  encore  tout  le  port  des  caiilesj  leurs  doigts  sont  bien 
séparés  j  usqu'à  leur  base  et  sans  petites  membranes  (  i  ) , 

D'autres  : 

Les  Syruhaptes.  Illiiier. 

S'éloignent  même  tellement  du  type  général  des  gallinacés 
que  l'on  est  tenté  de  douter  s'ils  doivent  entrer  dans  cet  ordre. 

Leurs  tarses  courts  sont  garnis  de  plumes^  ainsi  que  leurs 

doigts,  qui  sont  très-courts  et  réunis  sur  une  partie  de  leur 

longueur  j  et  leurs  ailes  sont  extrêmement  longues  et  pointues. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce ,  des  déserts  du  centre  de 

l'Asie.  {^Tetrao paradoxus^  l*all.  Yoy.  trad.  fr.  in-8°  lom.  III. 

pi.  I.  pag.  i8.  ) 

On  est  également  obligé  de  séparer  des  tétras, 


(i)   Tels  sont:  Telrao  nigricollis  ,    enl.    171.   —  Tetr.  ^ndalusicus , 

Lath.   Syn.  II,   part.  1  ,  fîg.  du   titre.  —  Tetr.  Luzoniensis  ,  Sonn.  ]-' 

,     Voy.   pi,    a3,    et   quelques  espèces    nouvelles.  Le  tetr.  suscitator ,    ou 

réveil -.matin  de  Java  est  aussi  du  nombre.  Voyez  Bonlius ,  me'd.  ind. 

P-  65.. 


454  OISEAUX 

Les  TiNAMOus.  (TiNAMus.  Lalli.  Crypturus, 
Illiger.)  Ynambus  de  cFAzzara. 

Genre  d'Amérique  trës-remarquable  par  un  cou 
mince ^  assez  allongé,  (quoique  leurs  tarses  soient 
courts )  revêtu  de  plumes,  dont  le  bout  des  barbes 
est  effilé  et  un  peu  crépu,  ce  qui  donne  à  cette  por- 
tion du  plumage  une  apparence  particulière;  par  un 
bec  long,  grêle,  à  bout  mousse,  un  peu  voûté  avec 
un  petit  sillon  de  chaque  côté  et  à  narines  percées 
dans  le  milieu  de  chaque  côté  et  s'enfonçant  oblique- 
ment en  arrière.  Leurs  ailes  sont  courtes  et  leur  queue 
presque  nulle.  Leur  pouce  réduit  à  un  petit  ergot  ne 
peut  toucher  la  terre.  It  j  a  un  peu  de  nu  autour  de 
l'œil. 

Ces  oiseaux  se  perchent  sur  les  branches  basses  ;  ils 
vivent  de  fruits  et  d'insectes  ;  leur  chair  est  très-bonne. 
Leur  taille  va  selon  les  espèces  de  celle  du  faisan  à 
celle  de  la  caille  (i). 


Les  Pigeons.  (Columba.  L.) 

Peuvent  être  considérés  comme  établissant  un  léger 
passage  des  gallinacés  aux  passereaux.  Comme  les 
premiers  ils  ont  le  bec  voûté  ,  les  narines  percées 
dans  un  large  espace  membraneux  et  couvertes  d'une 
écaille  cartilagineuse  qui  forme  même  un  renflement 
à  la  base  du  bee;  le  sternum  osseux,  profondément 

»     I-      I  I  .  I  M  .        .  I  ■  I  « 

(i)  Tetn  major  ,  Gta.  ou  tinannis  Brasiliensis  ,  Lath.  fort  mal  reprë- 
sente  ,  enl.  4?^)  »  et  beaucoup  mieux  Hist.  des  Ois.  IV  ,  in-4°  pi.  xxiv.  — 
Tetr.cînereus.  -i—  Tetr.  variegatus ,  enl.  828.  —  Tetr.  Sovi,  enl.  8^9. 
Cfs  deux  dernières  figures  sont  bonnes. 


GALLINACÉS.  1^55 

et  doublement  échancré,  quoique  dans  une  disposi- 
tion un  peu  différente,  le  jabot  extrêmement  dilaté, 
le  larynx  inférieur  muni  d'un  seul  muscle  propre. 

Mais  leurs  doigts  n'ont  d'autres  membranes  entre 
leurs  bases  que  celles  qui  résultent  de  la  continuation 
des  rebords.  Leur  queue  a  douze  pennes.  Ils  volent 
assez  bien.  Ils  vivent  constamment  en  monogamie; 
nichent  sur  les  arbres,  ou  dans  des  creux  de  rochers, 
et  ne  pondent  qu'un  petit  nombre  d'œufs,  ordinaire- 
ment deux.  Il  est  vrai  qu'ils  répètent  les  pontes.  Le 
mâle  couve  comme  la  femelle.  Ils  nourrissent  leurs 
petits  en  leur  dégorgeant  des  graines  macérées 
dans  leur  jabot.  On  n'en  fait  qu'un  genre  que  l'on  a 
essayé  de  subdiviser  en  trois  sous-genres  d'après  leur 
bec  plus  ou  moins  fort,  et  les  proportions  de  leurs 
pieds. 

Les  Columbi-Gallines.  Yaill. 

Se  rapprochent  encore  plus  que  les  autres  sous-genres  des 
gallinacés  ordinaires,  par  leurs  tarses  plus  élevés  et  leur  habi- 
tude de  vivre  en  troupes ,  cliercliant  leur  nourriture  sur  la 
terre,  sans  se  percher.  Leur  bec  est  grêle  et  flexible. 

Une  espèce  tient  même  aux  gallinacés  par  les  parties  nues 
et  les  caroncules  qui  distinguent  sa  tête  (i). 

Une  autre  y  tient  au  moins  par  sa  grandeur,  à  peu  près 
égale  à  celle  du  dindon  ;  c'est  le  pigeon  couronné  de  l'archi- 
pel des  Indes  ,  Goura.  Tem.  Colornbihocco.  Vaill.  (Columba 
coronata.  Cm.  )  Enl.  1 18.  Tout  entier  d'un  bleu  d'ardoise , 
avec  du  marron  et  du  blanc  à  l'aile  \  la  tête  ornée  d'une 
huppe  verticale  de  longues  plumes  effilées.  On  l'élève  dans 
les  basses-cours,  à  Java  etc..  Mais  il  n'a  pas  encore  voulu 
propager  en  Europe. 


(i)  Columba  carunculata ,  Tem.  pi.  11.  CclomLi  galline ,  Vaill.  27?. 


456  OISEAUX 

Une  troisième  y  tient  encore  par  les  plumes  longues  et 
pendantes  qui  ornent  son  cou  comme  celui  du  coq.  C'est  le 
pigeon  de  Nincomhar  (^Col,  nicoharica  ,  Lin.)^  enl.  491, 
du  vert  doré  le  plus  brillant ,  la  queue  blanche.  On  le  trouve 
dans  plusieurs  parties  de  Tlnde  (1). 

Les  Colombes  ou  Pigeoiss  ordinaires.  Vaill. 

Ont  les  pieds  plus  courls  que  les  précédens,  mais  le  bec 
grêle  et  flexible  comme  le  leur. 

Nous  en  possédons  ici  quatre  espèces  sauvages. 

"Le  Ramier.  (Col.  palumbùs.'Lm.)  Enl.  5iG. 

Est  la  plus  grande.  Il  habite  dans  les  forets  ,  surtout  dans 
celles  d'arbres  verls  j  est  d'un  cendré  plus  ou  moins  bleuâ- 
tre, la  poitrine  d'un  roux-vineux,  et  se  dislingue  à  des  ta- 
ches blanches  sur  les  côtés  du  cou  et  à  l'aile. 

Le  Colomhin  oxxpetit Ramier.  {  Col.  œnas.  Lin.  )  Frisch, ,  iJg. 

Gris  d'ardoise  .  poitrine  vineuse  ,  les  côtés  du  cou  d^un 
vert  changeant  j  un  peu  moindre  que  le  précédent ,  mais  du 
m.ême  genre  de  vie. 

Le  Risel  ou  Pigeon  de  roche  (  Col.  livia.  Briss.)  Enl.  5 10. 

Gris  d'ardoise,  le  tour  du  cou  vert  changeant,  une  dou- 
ble bande  noire  sur  l'aile ,  le  croupion  blanc. 

De  celte  espèce  viennent  nos  pigeons  de  colombier,  et, 
à  ce  qu'il  paraît ,  la  plus  grande  partie  de  nos  innombrables 
races  domestiques  ,  dans  la  production  desquelles  le  mé- 
lange de  quelques  espèces  voisines  pourrait  aussi  avoir 
influé. 


(i)  Espèces  rangées  dans  ce  sous-genre  : 

Cohimha  cyanocephaîa ,  enl.  174.  —  Col.  nioiiLana.  EJw.  119. — 
Col.  M artinica  ,  enl.  141  ,  162.  —  Col.  passerina  ,  enl.  ^4^  >  ^  >  Catesb. 
26.  —  Col.  minuta  ,  enl.  •i.\5  ,1.  —  Col.  Hcttcnt  tta  ,  Tem.  Vaill.  283 , 
«?t  leis  autres  décrites  et  rcprésenle'es  dans  fouvrage  de  M.  Tcmmink  et  de 
ît'Iadaîne  Knip. 


GALLINACÉS.  4^7 

La  Tourterelle.  (  CaL  turlur.  Lin.  )  Enl.  094. 

A  manteau  fauve  taclielé  cle  brun  ,  à  cou  bleuâtre  ,  avec 
une  taclie  de  chaque  côté  ,  maillée  de  noir  elde  blanc.  C'est 
notre  plus  petite  espèce  sauvage.  Elle  vit  dans  les  bois 
comme  le  ramier. 

Nous  élevons  en  volière  ,  pour  l'amusement , 

La  Tourterelle  à  collier  ou  Rieuse  (  Col.  risoria.  Lin.  ) , 

enl.  244 , 
Qui  paraît  originaire  d'Afrique  ;  blonde,  plus  pâle  des- 
sous 5  un  collier  noir  sur  la  nuque  (i). 

Les  espèces  de  cette  division  sont  nombreuses ,  et  peuvent 
encore  se  subdiviser  selon  que  leurs  tarses  sont  ou  non  re- 
vêtus de  plumes,  et  d'après  le  nu  qui  se  trouve  autour  des 
yeux  de  quelques-unes. 

On  peut  même  ,  si  l'on  veut,  séparer  des  autres  quelques 
espèces  à  queue  pointue  (2). 

Mais  la  meilleure  des  divisions  que  l'on  a  faites  parmi  les 
pigeons,  c'est  celle 

Des  CoLOMUARS,  Vail.  (  Yinago,  Cuv.  )  (5), 

Qui  se  reconnaissent  à  leur  bec  plus  gros,  de  substance  so- 
lide j  et  comprimé  par  les  côtés  ;  leurs  tarses  sont  courts ,  leurs 
pieds  laiges  et  bien  bordés.  Ils  vivent  tous  de  fruits  ,  et  dans 
les  grands  bois.  On  n'en  connait  que  quelques  espèces,  toutes 
de  la  Zone-Torride  de  l'ancien  continent  (4). 


(1)  Pour  les  nombreuses  colombes  des  pays  étrangers  ,  voyez  ,  outre  les 
planches  enluminées  ,  Edwards  ,  Albin  ,  Frisch  et  Catesby ,  le  bel 
ouvrage  que  nous  venons  de  citer  ,  où  elles  sont  presque  toutes  réunies. 

(3)  Ccl.  migratoria,  enl.  176.  —  Col.  Carolinensis  ,  ih.  lyS,  —  Col. 
Dorninzcensis ,  ib.  487. —  Col.  Capensis  ,  ib.  i4o  ,  etc. 

(3)  Vinago  ,  nom  Jatin  du  biset  ou  du  petit  ramier. 

(4)  Col.  Ahyssinica  ,  ou  Walia  de  Bruce,  Yailî,  276,  277.  —  Coh 
(tustrah's  ,  enl.  m.  —  CoL  aromatica ,  enl.  i65.  —  Col.  vernans ,  e«l.  i33  ;, 
«t  deux  ou  trois  autres  que  l'on  peut  voir  dans  l'ouvrage  ci'é. 


/l58  oiseaux 


LE  CINQUIÈME  ORDRE  DES  OISEAUX, 

OU  LES  ÉCHASSIERS, 

autrement  Oiseaux  de  rivage.  (Grall^e.  Lin.) 

Tirent  leur  nom  de  leurs  habitudes  et  de  la 
conformation  qui  les  occasionne.  On  les  recon- 
naît a  la  nudité  du  bas  de  leurs  jambes  ,  et  le 
plus  souvent  à  la  hauteur  de  leurs  tarses  ,  deux 
circonstances  qui  leur  permettent  d'entrer  dans 
l'eau  jusqu'à  une  certaine  profondeur  ,   sans  se 
mouiller  les  plumes  ,  d'y  marcher  a  gué  et  d'y 
pêcher  au  moyen  de  leur  cou  et  de  leur  bec , 
dont  la  longueur  est  toujours  proportionnée  à 
celle  des  jambes.  Ceux  qui  ont  le  bec  fort , 
vivent  de  poissons  ou  de  reptiles  ;  ceux   qui 
l'ont  faible  ,  de  vers  et  d'insectes.  Très  -  peu  se 
contentent  en  partie  de  graines  ou  d'herbages  5  et 
ceux-là  seulement  vivent  éloignés  des  eaux.  Le 
plus  souvent  le  doigt  extérieur  est  uni  par  sa 
base  à  celui  du  milieu  ,  au  moyen  d'une  courte 
membrane  ;  quelquefois  il  y  a  deux  membranes 
semblables  ,    d'autrefois  elles  manquent  entiè- 
rement, et  les  doigts  sont  tout  à  fait  séparés.  Il 
arrive  aussi ,    mais  rarement ,   qu'ils  sont  bor- 
dés tout  du  long  ou  palmés  jusqu'au  bout  j 


ÉCHASSIERS.  t^Sg 

le  pouce  enfin  manque  à  plusieurs  genres  , 
toutes  circonstances  c[ui  influent  sur  leur  genre 
de  vie  plus  ou  moins  aquatique.  Presque  tous 
ces  oiseaux  ,  si  Ton  excepte  les  autruches  ^  ont 
les  ailes  longues  et  volent  bien.  Ils  étendent 
leurs  jambes  en  arrière  lorsqu'ils  volent  ,  au 
contraire  des  autres  qui  les  reploient  sous  le 
ventre. 

Nous  établissons,  dans  cet  ordre  ,  cinq  prin- 
cipales familles  et  quelques  genres  isolés. 

Cependant 

La  famille  dis  Brevipennes  , 

Quoique  semblable  ,  en  général ,  aux  autres 
échassîers  ,  en  diffère  beaucoup  en  un  points  la 
brièveté  de  ses  ailco  qui  lui  ôte  la  faculté  de  vo- 
ler; son  bec  et  son  régime  Jui  donnent  d'ailleurs 
des  rapports  nombreux  avec  les  gallinacés. 

Il  paraît  que  les  forces  musculaires  ,  dont  la 
nature  dispose  ,  auraient  été  insuffisantes  pour 
mouvoir  des  ailes  aussi  étendues  que  la  masse 
de  ces  oiseaux  les  aurait  exigées  pour  se  soute- 
nir en  l'air  y  leur  sternum  est  en  simple  bouclier, 
et  manque  de  cette  arête  qu'on  observe  dans 
tous  les  autres  oiseaux;  leurs  muscles  pectoraux 
sont  fort  minces  ;  mais  leurs  extrémités  posté- 
rieures ont  repris  en  force  ce  que  leurs  ailes  ont 


460  OISEAUX 

perdu.  Les  muscles  de  leurs  cuisses  et  surtout 
de  leurs  jambes  ,  ont  une  épaisseur  énorme. 

Aucun  d'eux  n'a  de  pouce  (i).  On  en  fait 
deux  genres. 

Les  Autruches.  (  Struthio.  Lin.  ) 

Dont  les  ailes  ^  revêtues  de  plumes  lâches  et  flexi- 
bles ,  sont  encoi'e  assez  longues  pour  accélérer  leur 
course.  Chacun  connaît  Félégance  de  ces  plumes  à 
tiges  minces  ,  dont  les  barbes  ,  quoique  garnies  de 
barbules  ,  ne  s'accrochent  point  ensemble  comme 
celles  de  la  plupart  des  oiseaux.  Le  bec  des  autru- 
ches est  déprimé  horizontalement,  de  longueur  mé- 
diocre ,  mousse  au  bout;  leur  langue  courte  et  ar- 
rondie comme  un  croissant  ;  leur  œil  grand  ,  et  les 
paupières  garnies  de  cils;  leurs  jambes  et  leurs  tarses 
très-élevées.  Elles  ont  un  énorme  jabot ,  un  ventricule 
considérable  entre  le  jabot  et  le  gésier _,  des  intestins 
volumineux ,  de  longs  cœcums  ,  et  un  vaste  cloaque 
où  l'urine  s'accumule  comme  dans  une  vessie  ;  aussi 
sont-elles  les  seuls  oiseaux  qui  urinent.  Leur  verge 
est  très-grande ,  et  se  montre  souvent  au  dehors. 


(i)  Ainsi  que  Daubenton  et  Vicq-d'Az}' r ,  j\ii  été  trompé  par  de  mau- 
vais squelettes,  lorsque  j'ai  dit  que  tous  les  doigts  des  autruches  et  des 
casoars  avaient  t'galement  quatre  phalanges.  Ayant  depuis  disséqué  toutes 
ces  espèces  ,  j'ai  trouvé  leurs  nombres  de  phalanges  comme  il  suit,  en 
commençant  par  le  doigt  interne  : 

Autruche  ,  4  ?  5. 

Nandou  Pt  Casoar  ,5,4,5. 

Ce  qui  rcvicut  aux  nombres  communs  des  oiseaux. 


ÉCHASSIERS.  4^1 

On  n'en  connaît  que  deux  espèces ,  dont  on  pourrait  fîûre 
deux  genres. 

\J Autruche  de  V ancien  Continent.  (  Struthio   Camelus. 

Lia.  )  Eul.  457. 

Ses  pieds  n'ont  que  deux  doigts,  dont  l'externe,  plus 
court  de  moitié  qne  l'autre  ,  manque  d'ongle.  Cet  oiseau  cé- 
lèbre dès  la  plus  liante  antiquité  ,  et  très-nombreux  dans  les 
déserts  sablonneux  de  toute  l'Afrique  ,  atteint  à  six  et  huit 
pieds  de  liauteur.  Il  vit  en  grandes  troupes,  pond  des  œufs 
de  près  de  trois  livres  de  poids  ,  que  (  dans  les  pays  les  plus 
chauds)  il  se  borne  à  exposer  dans  le  sable  à  la  chaleur  du 
soleil,  mais  qu'il  couve  en  deçà  et  au  delà  des  tropiques  j  et 
qu'il  soigne  et  défend  partout  avec  courage. 

L'autruche  vit  d'herbages  et  de  graines,  et  son  goût  est  si 
obtus  ,  qu'elle  avale  indifféremment  des  cailloux  ,  des  mor- 
ceaux de  fer  et  de  cuivre  ,  etc.  Lorsqu'on  la  poursuit,  elle 
sait  lancer  des  pierres  en  arrière  avec  beaucoup  de  vigueur. 
Aucun  animal  ne  peut  l'atteindre  à  la  course. 

Ia' Autruche  d'Amérique  ,  Nandou  ,  Churi ,  etc.  (  Struthio 
rhea.  Lin.  (i).  Hammer.  An.  Mus.  XII,  xxxix. 

De  près  de  moitié  plus  petite  ,  à  plumes  moins  fournies  , 
d'un  gris  uniforme  ,  se  distingue  surtout  par  ses  pieds  à  trois 
doigts,  tous  munis  d'ongles.  Son  plumage  est  grisâtre,  plus 
brun  sur  le  dos  :  une  ligne  noirâtre  descend  le  long  de  la 
nuque  du  mâle.  Elle  n'est  pas  moins  abondante  dans  le  sud 
de  l'Amérique  méridionale  que  l'autruche  en  Afrique.  Ou 
n'emploie  ses  plumes  que  pour  faire  des  balais.  Prise  jeune  , 
elle  s'apprivoise  aisément.  On  dit  que  plusieurs  femelles  pon- 
dent dans  le  même  nid,  ou  plutôt  dans  la  même  fossette  , 
des  oeufs  jaunâtres  qu'un  mâle  couve.  On  ne  la  mange  que 
dans  sa  jeunesse. 

(i)  Brisson  et  Buffonlui  ont  appliqué  mal  à  propos  ,  d'après  Barrère ,  le 
lîom  de  touyou  ,  ou  plutôt  de  touioulou,  qui  appartient  au  jabiru.  G'sst  le 
genre  rhea  de  Brisson.  Les  portugais  du  Brésil  lui  ont  transféré  le  nom 
«l'émeu  ,  qui  appartiçut  propreraeiU  a»  casoiir. 


402  OISEAtJX 

Les  Casoaks.  (Casuarius.  Briss.) 

Ont  les  ailes  encore  plus  courtes  que  les  autru- 
ches ,  totalement  inutiles  pour  la  course  ;  leurs  pieds 
ont  trois  doigts ,  tous  garnis  d  ongles  ;  leurs  plumes 
ont  des  barbes  si  peu  garnies-  de  barbules ,  que  de 
loin  elles  ressemblent  à  du  poil  ou  à  des  crins 
tombans.  •. 

On  en  connaît  également  deux  espèces ,  dont  chacune 

pourrait  faire  un  genre. 

Le  Casoar  à  casque  ou  Emeu  (i).  (  Struthio  casuarius.  Lin.  ) 
enl.  5i3,  et  mieux  Friscli.  io5. 

A  Idcc  comprimé  latéralement ,  à  tête  surmontée  d'une 
proéminence  osseuse  ^  recouverte  de  substance  cornée  ;  la 
peau  de  la  Icte  et  du  haut  du  cou  nue  ,  teinte  en  Lieu  cé- 
leste et  en  couleur  de  feu_,  avec  des  caroncules  pendantes 
de  la  nature  de  celles  du  dindon  j  l'aile  a  quelques  tiges 
roides ,  sans  barbes  y  qui  servent  à  l'oiseau  d'armes  pour  le 
combat  j  l'ongle  du  doigt  interne  est  de  beaucoup  plus 
grand.  C'est  le  plus  grand  des  oiseaux,  après  l'autruche  , 
dont  il  diffère  assez  par  l'analomie  ;  car  il  a  les  intestins 
courts ,  le  cœcum  petit  -,  il  manque  d'estomac  intermédiaire 
entre  le  jabot  et  le  gésier  ,  et  son  cloaque  n'excède  pas  ce- 
lai des  autres  oiseaux  en  proportion^  Il  mange  des  fruits  , 
des  œufs,  mais  point  de  grain.  11  pond  des  œufs  verts  en 
petit  nombre,  qu'il  abandonne,  comme  l'autruche,  à  la 
chaleur  naturelle.  Il  habite  différentes  îles  de  l'archipel  des 
Indes, 
Le  Casoar  de  la  Nouvelle- Hollande.  (  Casuarius  novœ 

Hollandiœ.   Lalh.  )   Voy.  de  Péron  ,  Atl.  ,    prem. 

part. ,  pi.  xxxvi. 
A  bec  déprimé,  sans  casque  sur  la  tète,  du  nu  scule- 


(i)  Cassuwaris ,  nova  de  cet  oiseau  en  mal  ai.  Selon  Clusius  ,  cnic  ou 
énicu  sciait  so»  »oin  pa»  ticuliçr  à  Banda. 


ÉGHASSIERS.  4^3 

ment  autour  de  l'oreille  ,  le  plumage  brun  ,  plus  fourni , 
les  plumes  plus  barbues;  point  de  caroncules  j  ni  d'éperons 
à  l'aile  ;  les  ongles  des  doigts  h  peu  près  égaux.  Sa  cbair 
ressemble  à  celle  du  boeuf.  Il  est  plus  rapide  à  la  course 
que  le  meilleur  lévrier.  Ses  petits  sont  rayés  de  brun  et  de 
blanc  (i). 

La  famille  des  Pressirostres 

Comprend  des  genres  à  hautes  jambes,  sans 
pouce  5  ou  dont  le  pouce  est  trop  court  pour 
toucher  la  terre  ;  à  bec  médiocre  ,  assez  fort 
pour  la  percer  et  y  chercher  des  vers  j  aussi  les 
espèces  qui  l'ont  le  plus  faible  parcourent-elles 
les  prairies  et  les  terres  fraîchement  labourées  , 


(i)  JV.  B.  Je  ne  puis  placer  dans  ce  tableau  des  espèces  aussi  mal  con- 
nues ,  ou  même  aussi  peu  authentiques  que  celles  qui  composent  le  genre 
didus. 

La  première  ou  le  dronte  (  didus  ineptus  )  n'est  connue  que  par  une  des- 
cription faite  par  les  premiers  navigateurs  hollandais  et  conservée  par 
Clusius  ,  Exot.  p.  99  ,  et  par  un  tableau  à  l'huile  ,  de  la  même  époque, 
copié  par  Edwards ,  pi.  294  j  car  la  description  d'Herbert  est  puérile,  et 
toutes  les  autres  sont  copiées  de  Clusius  et  d'Edwards.  Il  paraît  que  l'espèce 
entière  a  disparu  ,  et  l'on  n'en  possède  plus  aujourd'hui  qu'un  pied  con- 
servé au  Muséum  britannique  ,  (  Shaw.  Nat.  Miscell.  pi.  1^5.  )  et  une  tête 
en  assez  mauvais  état  au  Muséum  Asmoléen  d'Oxford,  (id.  ib.  pi.  166.  ) 
Le  bec  ne  paraît  pas  sans  quelque  rapport  avec  celui  des  pingouiBS,  et  le 
ftied  ressemblerait  assez  â  celui  des  manchots ,  s'il  était  palmé. 

La  deuxième  espèce  ou  le  solitaire  (  didus  solitarius  )  ne  repose  que  sur 
le  témoignage  de  Léguât ,  voy.  I ,  p.  98  ,  homme  qui  a  défiguré  les  ani- 
maux les  plus  connus  ,  tels  que  l'hippopotame  et  le  lamantin. 

Enfin  la  troisième  ou  l'oiseau  de  Nazare  (  didus  Nazarenus  )  n'est 
connu  que  par  François  Cauche ,  qui  le  regarde  comme  le  même  que  Iç 
dronte,  et  ne  lui  donne  cependant  que  trois  doigts,  tandis  que  tous  les 
autres  en  donnent  quatre  au  dronle. 

personne  n'a  pu  revoir  de  cçs  oiseaux  depuis  ces  voyageur^, 


464  OISEAUX 

pour  y  recueillir  cette  nourriture.  Celles  qui 
l'ont  plus  foî't  5  mangent  en  même  temps  des 
grains  ;,  des  herbes  ,  etc. 

Les  Outardes.  (  Otis^  Lin.  ) 

Ont ,  avec  le  port  massif  des  gallinacés ,  un  cou 
et  des  pieds  assez  longs  ,  un  bec  médiocre,  à  man- 
dibule supérieure  légèrement  arquée  et  voûtée,  et 
qui ,  aussi-bien  queues  très-petites  palmures  entre 
les  bases  de  leurs  doigts ,  rappelle  encore  les  galli- 
nacés ;  mais  la  nudité  du  bas  de  leurs  jambes  ,  toute 
leur  anatomie ,  et  jusqu'au  goût  de  leur  chair  ,  les 
placent  parmi  les  écliassiers  ;  et  comme  elles  n'ont 
point  de  pouce  ,  leurs  plus  petites  espèces  se  rap- 
prochent infiniment  des  pluviers.  Leur  tarse  est  ré- 
ticulé ,  leurs  ailes  courtes;  elles  volent  peu,  ne  se 
servent  le  plus  souvent  de  leurs  ailes ,  comriie  les 
autruches  y  que  pour  accélérer  leur  course  ,  et  vi- 
vent également  de  grains  ,  dlierbes  ,  de  vers  et 
d'insectes. 

La  grande  OutarJe,  (  Otis  tarda.  Lin.)  Enl.  245. 

A  le  plumage  ,  sur  le  dos  ,  d'un  fauve-vif,  traversé  d'une 
multitude  de  traits  noirs,  et  sur  tout  le  reste  grisâtre.  Le  mâle, 
qui  est  le  plus  gros  oiseau  d'Europe ,  a  les  plumes  des  oreilies 
allongées  ,  et  formant  des  deux  côtés  des  espèces  de  grandes 
moustaches.  Cletle  espèce  ,  l'un  de  nos  meilleurs  gibiers  , 
fréquente  les  pays  de  grandes  plaines  ,  et  niclie  dans  les 
blés,  sur  la  terre. 

La  petite  Outarde  ou  Caiinepelière.  (  Otis  tetrax.  Lin.  ) 

Enl.  25  et  10. 

Plus  de  moitié  moindre  que  l'autre,  et  beaucoup  moins  ré- 
panduCj    est  brune,  piquetée  de  noir  dessus ,  blr.ncîiâlre 


ÉCHASSIERS.  465 

tâessous.  Le  mâle  a  le  cou  noir  ,  avec  deux  colliers  blancs. 

La  plupart  des  espèces  étrangères  ont  le  bec  plus  grêle 
que  les  nôtres.  Parmi  elles  ou  peut  remarquer 

Le  Houbara  (  Otis  Houhara ,  Gm.  ) ,  Desfontaines,  Acad. 

des  Se.  1787  ,  pi.  X. 

D'Afrique  et  d'Arabie ,  à  cause  du  mantelet  de  plumes 
allongées  qui  orne  les  deux  côtés  de  son  cou  (i). 

Les  Pluviers.  (  Charadrius.  Lin.  )  (2). 

Manquent  aussi  de  pouce ,  et  ont  un  bec  médio- 
cre ,  comprimé ,  renflé  au  bout.  On  peut  les  subdi- 
viser en  d  eux  sous-genres  ;  savoir  : 

Les  Œdicmèmes  (  Œdîcnemus.  Cuv.  )  (3). 

Qui  ont  le  bout  du  bec  renflé  en  dessous  comme  en  dessus , 
et  la  fosse  des  narines  étendue  seulement  sur  la  moitié  de  sa 
longueur.  Ce  sont  des  espèces  plus  grandes  ;  qui  vivent  cîe 
préférence  dans  les  terres  sèclies  et  pierreuses  ,  y  prenant  des 
limaçons ,  des  insectes ,  etc.  Elles  ont  des  rapports  a^ec  les 
petites  espèces  d'outardes.  Leurs  pieds  sont  réticulés. 

JJOEdicnème  ordinaire  ,  vulg.  Courlis  de  terre,  (  Chara- 
drius œdicnemus.  Lia.  )  Lnl.  91 5. 

Grand  comme  une  bécasse  ^  gris-fauve  ,  avec  une  flamme 
brune  sur  le  milieu  de  cbaque  plume ,  ventre  blanc  ,  un 
trait  brun  sous  l'oeil. 

(i)  Je  laisse  parmi  les  outardes  toutes  les  espèces  de  Latham  ,  telles  que 
Vqfra ,  Laih.  Sjn.  1 1.  pi.  79.  —  Le  htnghalensis ,  Edw.  25o.  —  Uarabs^ 
id.  12  j  mais  j'en  retire  Vœdicnemus  ,  qui  commence  le  genre  suivant  ,  à 
cause  de  son  bec  comprime  et  renflé  au  bout.  Il  paraît  cependant  qvie 
quelqu'une  des  espèces  que  je  n'ai  pas  vues  a  aussi  ce  caractère  3  alors 
elle  devrait  accompagner  l'œdicnemus, 

(2)  Charadrius ,  nom  grec  d'un  oiseau  nocturne  et  aquatique^  vient  de 
yjtçdS'^A  fente  de  berge.  Gaza  le  traduit  par  hiaticula. 

(3)  jEdicnemus  (jambe  çnjl^ç  )  ^  jjom  forgtf  par  Bglon  ,  pour  le  courli» 
<ie  terre. 

TOME    I.  30 


466  OISEAUX 

Les  Pluviers  proprement  dits.  (  Charadiiiius.  ) 

Dont  le  hec ,  renflé  seulement  en  dessus ,  a  les  deux  tiers 
de  sa  longueur  occupés  de  chaque  coté  par  la  fosse  nazale , 
ce  qui  le  rend  plus  faible.  Us  vivent  en  troupes  nombreuses , 
fréquentent  les  fonds  humides ,  y  frappent  la  terre  de  leur 
pied  pour  mettre  en  mouvement  les  vers  dont  ils  se  nour- 
rissent. 

Les  espèces  de  notre  pays  n'j  sont  que  de  passage ,  en 
automne  et  au  printemps  :  il  en  reste  près  de  la  mer  jus- 
qu'aux fortes  gelées.  Leur  chair  est  excellente.  Files  for- 
ment, avec  diverses  espèces  étrangères  ,  un  etrl])u  à  jambes 
réticulées  y  dont  les  plus  remarquables  sont 

Le  Pluvier  doré.  (  Char,  pluvialis»  Lin.  )  Enl.  904. 

Noirâtre ,  pointillé  de  jaune  sur  les  bords  des  plumes  ,  à 
ventre  blanc.  C'est  le  plus  commun.  Le  nord  en  produit 
un  qui  ne  diffère  presque  que  par  sa  gorge  noire.  (  Char, 
apricarius,  )  Tj(\w.  ,  140.  Quelques-uns  disent  que  c'est  îe 
jeune. 

Le  Giiignard.  (  Char,  morinellus.  Lin.  )  Enl.  832. 

Gris  ou  noirâtre  ,  à  plumes  bordées  de  gris-fauve,  un  trait 
blanc  sur  l'œil ,  poitrine  et  haut  du  ventre  d'un  roux  vif, 
Las-ventre  blanc. 

Le  Pluvier  à  collier.  (  Char,  hialicula.  Lin.  )  Enl.  920^  921. 

Gris  dessus,  blanc  dessous,  un  collier  noir  au  bas  du 
cou,  très-large  en  devant  j  la  tête  variée  de  noir  et  de 
blanc.  On  en  trouve  en  ce  pays-ci  deux  ou  trois  races  ou 
espèces  différentes  pour  la  taille  et  pour  la  distribution  des 
couleurs  de  la  tête.  Cette  distribution  de  couleurs  se  répète, 
à  peu  de  chcse  près  ,  sur  plusieurs  espèces  étrangères  (i). 

Beaucoup  de  pluviers  étrangers  ont  les  jambes  écusson- 
nées  ;  ils  forment  une  petite  division  ,  dont  la  plupart  des 
espèces  portent  des  épines  aux  ailes  ou  des  lambeaux  cliar" 

(1)  Char,V':clfcrus  f  enl.  286. 


ÉCHASSIERS.  467 

irns  à  la  tête  j  quelques-unes  réunissetit  ces  deux  carac- 
tères (1). 

Les  Vanneaux.  (  Tringa.  Lin.  )  (2). 

Ont  le  même  bec  que  les  pluviers,  et  ne  s'en  dis- 
tinguent que  par  la  présence  d'un  pouce ,  mais  si 
pet  i  qu'il  ne  peut  toucher  terre  ; 

Encore  la  première  tribu  ;  les  \a  nne aux-Pluviers  (  Squ  ata- 
ROLA.Cuv.) ,  l'ont-ils  à  peine  perceptible.  On  la  distingue  par  son 
bec  renflé  en  dessous  ,  et  dont  la  fosse  nazale  est  courte  comme 
aux  œdicnèmes.  Ses  pieds  sont  réticulés  j  ceux  du  pajs  ont 
tous  la  queue  rayée  de  blanc  et  de  noirâtre.  Ils  ne  forment , 
dit-on  ,  qu'une  espèce  ,  que  ses  variations  de  plumage  ont  fait 
multiplier.  Elle  va  de  compagnie  avec  les  pluviers. 

Le  Fanneau  gris.  (  Tringa  squatarola.  )  Enl.  854. 

Grisâtre  en  dessus,  blancliâtre  ,  avec  des  taches  grisâtres 
en  dessous;  est  le  jeune  avant  la  mue.  Le  Vanneau  varié 
[Tringa  varia)  ,  enl.  9:25,  blanc,  tacheté  de  grisâtre, 
manteau  noirâtre  ,  pointillé  de  blanc ,  comprend  les  deux 
sexes  dans  leur  plumage  d'hiver.  Le  Fanneau  suisse  (  Tringa, 
helvetica  )  ,  enl.  853 ,  tacheté  de  blanc  et  de  noirâtre  en 
dessus,  noir  en  dessous  depuis  la  gorge  jusqu'aux  cuisses, 
est  le  mâle  dans  son  plumage  de  noce. 

Les  Vanneaux  proprement  dits , 

Ont  le  pouce  un  peu  plus  marqué  ,  les  tarses  écussonnés  , 
au  moins  en  partie  ,  et  la  fosse  nazale  allant  aux  deux  tiers  du 

(1)  Espèces  non  armées  :  Char,  coronatus ,  enl.  800.  —  Char.  plui>ianus, 
enl.  918.  —  Espèces  armées  :  Char,  spinosus  ,  enl.  80  r.  —  Char.  Caya- 
nus  y  enl.  835.  —  Espèces  à  lambeaux  :  Char,  pileaLus  j  enl.  834.  —- 
Char,  bilohus  ,  enl.  880. 

Le  char,  cristatus ,  Edw.  4?  1  paraît  le  même  que  le  spinosus. 

(-2)  Tringa  ,  ou  plutôt  trpiga ,  nom  grec  d'un  oiseau  de  la  taille  dé  la 
grive  qui  fréquente  les  bords  des  eaux  ,  et  remue  la  queue.  Arist.  Il 
paraît  que  c'est  Linneeus  qui  en  a  fait  cette  application. 


468  OISEAUX 

hec.  Leur  industrie  est  la  même  que  celle  des  pluTÎers  pour 

attraper  les  vers. 

L'espèce  d'Europe  (  Tringa  vanellus,  Lin.  ),  enl.  240, 

Est  un  joli  oiseau  ,  grand  comme  un  pigeon  ,  d'un  noir 
bronzé  ,  avec  une  huppe  longue  et  déliée.  Il  arrive  au  prin- 
temps ,  vit  dans  les  champs  et  les  prés  ,  y  niche  ,  et  part  en 
automne.  Ses  œufs  passent  pour  délicieux. 

11  y  a  aussi  dans  les  pays  chauds  des  espèces  de  vanneaux 
dont  l'aile  est  armée  d'un  ou  de  deux  ergots ,  et  d'autres 
qui  portent  à  la  base  du  hec  des  caroncules  ou  lambeaux 
charnus  :  leurs  tarses  sont  écussonnéa.  Ce  sont  des  oiseaux 
importuns  parleurs  crisj  au  moindre  bruit  qu'ils  entendent, 
et  qui  se  défendent  avec  courage  contre  les  oiseaux  de  proie* 
Ils  vivent  dans  les  champs  (1), 

Les  Huitriers.  (  Hjematopus.  Lin.  ) 

Ont  le  bec  un  peu  plus  long  que  les  pluviers  et 
les  vanneaux  ,  droit,  pointu  et  comprimé  en  coin  , 
et  assez  fort  pour  leur  permettre  d'ouvrir  de  force 
ies  coquillages  bivalves  afin  d'en  prendre  les  animaux^ 
Cependant  ils  fouillent  aussi  la  terre  pour  y  chercher 
des  vers.  La  fosse  nazale,  très-creuse^  n'occupe  que 
moitié  de  la  longueur  du  bec,  et  les  narines  y  sont 
percées  au  milieu  comme  une  petite  fente.  Leurs 
jambes  sont  de  hauteur  médiocre ,  leurs  tarses  ré- 
ticulés ,  et  leurs  pieds  divisés  seulement  en  trois 
doigts.  ° 

M^pi.— .l^i^ÉMi— .MM—     1.1  ——.1——  1— — i— —— .M     «Il  I  ■       III.         I  II      II 

(1)  Ce  sont  les  neuf  premières  espèces  de  Parra,  de  Gmel.  ,  enl.  662, 
807  ,  S35  ,  856  ,  etc. . .  mais  leurs  mœurs,  leurs  jambes  ,  leur  bec  ,  leur 
forme  ,  la  distribution  même  de  leurs  couleurs  ressemblent  aux  vanneaux 
et  auxpluviers  5  il  n'y  avait  nulle  raison  de  les  placer  avecleg  j acaoas  ,  qui 
ont  d'autre»  caraclcrc«  picsque  §ur  tous  lespoiots. 


ÉCHASSIERS.  4^9 

U espèce  d'Europe.  {^Hœmalopus  Ostralegus.  L.  )EnI.  929. 

Se  nomme  aussi  Pie  de  mer ,  à  cause  de  son  plumage 
noir,  à  ventre,  gorge,  base  de  l'aile  et  de  la  queue  d'un 
beau  blanc.  C'est  un  oiseau  de  la  taille  du  canard  à  bec  et 
pieds  rouges. 

On  en  trouve  à  la  Nouvelle-Hollande  une  espèce  qui  n'a 
point  de  blanc  sous  la  gorge,  et  au  Cap  une  à  plumage  tout 
noir. 

,On  ne  peut  guère  s'empêcher  de  placer  près  des 
pluviers  et  des  huitriers. 

Les  Coure- VITE. (CuRSORius.  Lac.  TACHYDEOMrs.Ill.) 

Dont  le  bec  plus  grêle  est  également  conique ,  ar- 
qué, sans  sillon  et  médiocrement  fendu;  leurs  ailes 
sont  plus  courtes,  et  leurs  jambes  plus  hautes  se  ter- 
minent par  trois  doigts  sans  palmure  et  sans  pouce. 

On  en  a  trouvé  quelquefois  en  France  et  en  Angleterre 
des  individus  fauve-clair,  à  ventre  blanchâtre  {Charadrius 
Gallicus.  Gm.  Enl.  79^)  et  on  en  a  rapporté  des  Indes  de 
gris  bruns ,  à  poitrine  rousse.  {Cli.  Coromandelicus,  Enl.  892.) 
Les  uns  et  les  autres  ont  derrière  l'œil  un  trait  blanc  et  un 
trait  noir  j  leur  nom  vient  de  la  rapidité  de  leur  course.  On 
ne  connaît  d'ailleurs  rien  de  leurs  mœurs. 

Autant  que  l'on  en  peut  juger  par  Textcrieur,  c'est 
encore  ici  que  Ton  peut  le  mieux  placer. 

Les  Cariama.  Briss.  (Microdactylus.  Geoff. 
DiCHOLOFHus.  ïlliger.)  (i) 

Qui  ont  le  bec  plus  long ,  plus  crochu  et  fendu 
jusque  sous  Fœil,  ce  qui  leur  donne  quelque  chose 


(i)  3îicrodactylas ,  doigts  courts.  DUhoîophus  ,  cjêle  sui  deux  rangs, 
Hœmatopus  ,  pieds  couleur  de  sang. 


470  OISEAUX 

de  la  pliysionomie  et  du  naturel  des  oiseaux  de  proie 
et  les  rapproche  un  peu  des  hérons.  Leurs  jambes 
ëcussonnées  ei  très-hautes  se  terminent  par  des  doigts 
extrêmement  courts,  un  peu  palmés  à  leur  base,  et 
par  un  pouce  qui  ne  peut  atteindre  la  terre. 

On  n'en  connaît  qu'une  seule  espèce  de  l'Amérique  niéri- 
clionale  {Microd.  cristatus.  Geoff.  Palamedea  cristata,  Gm. 
Saria  d'Azz.)  Ann.duMus.  d'Hist.  nat.XIII,  pi.  26,  qui  sur- 
passe le  héron  pour  la  taille  et  se  nourrit  de  lézards  et  d'in- 
sectes qu'elle  poursuit  dans  les  lieux  élevés  et  sur  les  lisières 
des  forêts.  Son  plumage  est  gris  fauve,  onde  de  brunj  des 
plumes  effilées  placées  sur  la  base  du  bec  y  forment  une 
Luppe  légère  qui  revient  en  avant.  Elle  vole  mal  et  rare- 
ment j  sa  voix  forte  ressemble  à  celle  d'un  jeune  dindon. 
Comme  sa  chair  est  estimée,  on  l'a  rendue,  domestique  ea 
divers  endroits. 

La  famille  des  Cultêirostres. 

Se  reconnaît  à  son  bec  gros,  long  et  fort, 
]e  plus  souvent  même  tranchant  et  pointu  , 
et  se  compose  presque  en  entier  d'oiseaux  réti- 
nis  par  Linnaeus  sous  son  genre  ardea.  Un 
grand  nombre  de  ses  espèces  a  la  trachée  di- 
versement repliée  dans  le  sexe  mâle  ;  leurs 
cœcums  sont  courts  ,  et  même  les  hérons  pro- 
prement dits  n'en  ont  qu'un. 

Nous  la  subdivisons  en  trois  tribus  ;  celles 
des  grues ,  des  hérons  propres  et  des  ci- 
gognes. 

La  première  tribu  ne  forme  qu'un  grand 
îîenre. 


ÉCHA.SSIERS.  47^ 

Les  Grues.  (Grus.  Cuv.  ) 

Ont  le  bec  droit ^  peu  fendu-  la  fosse  membraneuse 
des  narines  qui  est  large  et  concave ,  occupe  près  de 
moitié  de  salongueur.  Leurs  jambes  sont  écussonnées; 
leurs  doigts  médiocres,  les  externes  peu  palmes  et  le 
pouce  touchant  à  peine  à  terre.  Elles  ont  presque 
toutes  une  partie  plus  ou  moins  considérable  de  la 
tête  et  du  cou  dénuée  de  plumes.  Leurs  habitudes 
sont  plus  terrestres  et  leur  nourriture  plus  végétale 
que  celle  des  genres  suivans.  Aussi-ont  elles  un  gé- 
sier musculeux  et  des  cœcums  assez  longs.  Leur 
larynx  inférieur  n'a  qu'un  muscle  de  chaque  côté.  On 
peut  laisser  selon  nous  en  tête  de  ce  genre  comme  Fa 
lait  Pallas  (i) 

Les  Agamis.  (Psophia.  L.  ) 

Qui  ont  le  Ijec  plus  court  que  les  autres  espèces ,  la  tête  et 
le  cou  revêtus  seulement  d'un  duvet,  et  le  tour  de  l'œil  nu. 
Ils  vivent  dans  les  bois,  de  grains  et  de  fruits. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce,  de  l'Amérique  méridio- 
nale, Voiseau  trompelle.  (  Psopliia  crepitans,  L.  )  Enl.  169, 
ainsi  nommé  de  la  faculté  de  faire  entendre  un  son  sourd 
et  profond  qui  semible  d'abord  venir  de  l'anus.  Klle  est 
grande  comme  un  chapon,  à  plumage  noirâtre,  avec  des 
reflets  d'un  violet  brillant  sur  la  poitrine,  et  le  manteau  cen- 
dré nué  de  fauve  vers  le  haut.  Cet  oiseau  est  reconnaissant; 
il  s'attache  comme  un  chien  et  se  laisse  ,  dit-on ,  apprivoiser 
au  point  de  conduire  les  autres  oiseaux  de  basse-cour.  H 
vole  mal,  mais  court  très  vîle.  Il  niche  à  terre  au  pied  des 
arbres.  Sa  chair  est  agréable  (2). 

(0  Spiul.Zool.lV.  3. 

(2)  On  le  nomme  agami  à  Cajxnne  ,  selon  Barrère  ,  caracara  ,  aux 
ÂniiUes,  selon  Dutertre.  Comme  le  nom  à^oissau  trompçUe  se  donae- 


47^  OISEAUX 

Quelques  autres  grues  étrangères ,  qui  ont  le  Lec  plus  court 
que  les  nôtres,  doivent  être  mises  en  suite. 

UOiseau  royal  ou  Grue  couronnée.  {Ardecij)avonia.  L.  ) 

Enl.  265. 

D'une  taille  très  svelte,  de  quatre  pieds  de  haut,  cendré, 
à  ventre  noir,  à  croupion  fauve,  à  ailes  blanches  ;  ses  joues 
nues  sont  colorées  de  hlanc  et  de  rose  vif  et  son  occiput  est 
couronné  d'une  gerbe  de  plumes  effilées,  jaunes,  qu'il  étale 
à  volonté.  Ce  bel  oiseau,  dont  la  voix  ressemble  au  son  écla- 
tant d'une  trompette,  nous  vient  de  la  côte  occidentale 
d'Afrique,  où  il  est  souvent  élevé  dans  les  cases  et  s'y  nour- 
rit de  grains.  Dans  l'état  sauvage,  il  fréquente  les  lieux 
inondés  et  j  prend  de  petits  poissons.  C'est  fort  gratuitement 
que  l'on  a  cru  y  retrouver  la  grue  des  Baléares  de  Pline. 

La  Demoiselle  de  JVumidie,  {^Ardea  virgo.  L.  )  Enl.  n^i. 

Semblable  au  précédent  pour  la  forme  et  presque  pour 
la  taille,  cendrée,  à  cou  noir,  avec  deux  belles  aigrettes 
blanchâtres  formées  par  le  prolongement  des  plumes  effilées 
qui  couvrent  l'oreille.  On  n'a  point  de  renseignement  au- 
thentique sur  sa  patrie.  Celles  qu'on  a  vues  en  esclavage  se 
fesaient  remarquer  par  des  gestes  et  des  mouvements  affectés 
et  bizarres  (1). 

Les  Grues  ordinaires  ont  le  bec  autant  et  plus  long  que  la 
tète. 


aussi ,  en  Afrique  ,  à  un  calao  ^  Terrain  (descrip.  de  Surin.)  transporte 
^    ridiculement  i\  Vagami  le   caractère  de  deux  becs  l'un  sur  l'autre.  On  a 
confondu  long-temps  l'agami  avec  le  macucagua  de  Margrave ,  qui   est 
nn  Linamou.  Psophia,  nom  forgé  par  Barrère  de  -io/pseà  faire  du  bruit. 

(1)  Les  anatomistes  de  Pacadémie  avaient  appliqué  à  cet  oiseau,  à 
cause  de  ses  gestes  ,  les  noms  de  scops  ,  d^otus  et  d^asio  ,  par  lesquels  les 
iinciens  désignaient  le  moyen  duc.  Buffon  qui  avait  bien  réfuté  cette 
cireur  à  l'article  des  ducs  ,  l'adopte  ,  par  oubli  ,  dans  celui  de  la  de- 
moiselle. 


ÉCHASSIERS.  473 

La  Grue  commune.  {Ardea  griis.  L.)  Eul.  76g. 

Haute  de  quatre  pieds  et  plus,  cendrée,  à  gorge  noire,  à 
sommet  de  la  tétc  nu  et  rouge,  à  croupion  orné  de  longues 
plumes  redressées  et  crépues,  en  partie  noires,  est  célèbre 
de  tous  les  temps  par  les  migrations  qu'elle  fait  chaque  au- 
tomne du  nord  au  midi,  et  chaque  printemps  en  sens  con- 
traire, en  troupes  aussi  nombreuses  que  bien  ordonnées. 
Elle  mange  du  grain  dans  les  champs,  mais  elle  préfère  les 
insectes  et  les  vers  que  lui  fournissent  les  contrées  maréca- 
geuses. Les  anciens  ont  beaucoup  parlé  de  ces  oiseaux  parce- 
que  leur  chemin  principal  paraît  être  par  la  Grèce  et  l'Asie 
Mineure,  (i) 
On  ne  peut  placer  qu'entre  les  grues  et  les  hérons. 

Le  Courlan  ou  Courliri.  {^Ard.  Scolopacea,  Gra.  )  Enl.  845. 

Dont  le  bec  plus  grêle  et  un  peu  plus  fendu  que  celui  des 
grues  se  renfle  vers  le  dernier  tiers  de  sa  longueur,  et  dont 
les  doigts,  tous  assez  longs,  n'ont  aucune  palmure.  Il  a  les 
mœurs  et  la  taille  des  hérons  et  le  plumage  brun  avec  des 
pinceaux  blancs  sur  le  cou. 

Et  Le  Caurale.  (Eurypyga.  111.)  vulg.  petit  Paon  de$ 
roses  ou  Oiseau  du  Soleil,  (  Ard.  Helias,  L.)  Enl.  702. 

Dont  le  bec  plus  grêle  que  celui  des  grues,  mais  muni 
d'une  fosse  nazale  semblable ,  est  fendu  jusque  sous  les  yeux 
comme  aux  hérons,  mais  sans  avoir  de  peau  nue  à  sa  base. 
C'est  un  oiseau  de  la  taille  d'une  perdrix ,  à  qui  son  cou  long 
et  mince ,  sa  queue  large  et  étalée  et  ses  jambes  peu  élevées 
donnent  un  air  tout  différent  de  celui  des  autres  oiseaux  de 


\ 


(1)  A  ce  genre  appartiennent  encore  la  gr.  du  Canada  (  ard.  Canu" 
densis  ,  Edw.  i33.  )  —  La  grue  à  collier  ,  enL  865  ,  et  la  grue  des  Indes 
Edw.  45,  (  ard.  Antigone.)  —  h^grue  blanche  ,  enl.  889  (  ard.  Amerîcana) 
et  la  grue  géant ,  Pall.  It.  1 1  ,  n"  5o ,  t.  I,  (  ard.  giganlea  )  qui  ne  nous 
paraît  différer  en  rien  de  la  blancliej  enfin  la  grue  caroncules  (ar.  carun- 
culata)  qui  nesl  point  ua  liéroD,  comme  l'a  ciu  Gmclin. 


474  OISEAUX 

rivage.  Son  pîumnge,  nuance  par  bandes  et  par  lignes  de 
}3rim,  de  fauve,  de  roux,  de  gris  et  de  noir,  rappelle  les  plus 
beaux  papillons  de  nuit.  On  le  trouve  le  long  des  rivières  de 
la  Guiane. 

La  seconde  tribu  est  plus  carnassière  et  se 
reconnaît  à  son  bec  plus  fort ,  k  ses  doigts  plus 
grands  j  on  peut  mettre  en  tête 

Les  Savacous.  (Cancroma.  Lin.) 

Qui  se  rapprocheraient  entièrement  des  hérons  par 
la  force  de  leur  bec,  et  le  genre  de  nourriture  qui  en 
résulte,  sans  la  forme  extraordinaire  de  ce  même  bec; 
on  trouvera  cependant  en  dernière  analyse  que  ce 
n'est  qu'un  bec  de  héron  ou  de  butor  très-écrasé.  Il 
est  en  effet  très-large  de  droite  à  gauche  et  comme 
formé  de  deux  cuillers  appliquées  Tune  contre  Tautre 
par  leur  côlé  concave.  Ses  mandibules  sont  fortes  et 
tranchantes^  et  la  supérieure  a  une  dent  aiguë  à  chaque 
côté  de  sa  pointe  ;  les  narines ,  percées  vers  sa  base ,  se 
prolongent  en  deux  sillons  parallèles  qui  régnent 
jusque  vers  sa  pointe.  Les  pieds  ont  quatre  doigts 
tous  longs,  et  presque  point  de  membranes;  aussi  ces 
oiseaux  se  tiennent-ils  sur  les  arbres  aux  bords  des 
rivières,  d'où  ils  se  précipitent  sur  les  poissons,  qui  font 
leur  nourriture  ordinaire.  Leur  démarche  est  d'ail- 
leurs triste  et  leur  attitude  enfoncée  comme  celle  des 
hérons. 
\J Espèce  connue  j  (  Otmcroma  cochlearia.  L.)  Enl.  38  et  SG^. 

Est  grande  comme  une  poule,  blancliâlre,  à  dos  gris  ou 
brun ,  à  ventre  roux,  à  front  blanc,  suivi  d'une  calotte  noire 
qui  se  change  en  une  longue  huppe  dans  le  mâle  adulte  5 


ECHASSIERS.  4?^ 

elle  liahite  les  parties  chaudes  et  humides  de  l'Amérique 
méridionale. 

Viennent  ensuite 

Les  Hérons.  (Ardea.  Cuv.) 

Qui  ont  le  bec  fendu  jusque  sous  les  yeux;  une 
petite  fosse  nazale  prolongée  en  un  sillon  jusque 
très-près  de  la  pointe;  ils  se  font  remarquer  de  plus 
par  un  tranchant  dentelé  au  bord  interne  de  l'ongle 
du  doigt  du  milieu.  Leurs  jambes  sont  ccussonnées; 
leurs  doigts  et  leur  pouce  assez  longs ,  leur  palmure 
externe  notable,  et  leurs  yeux  places  dans  une  peau 
nue  qui  s'étend  jusqu'au  bec.  Leur  estomac  est  un 
très-grand  sac  peu  musculeux  et  ils  n'ont  qu'un  cœ- 
cum  très-petit.  Ce  sont  des  oiseaux  tristes  qui  nichent 
et  se  perchent  aux  bords  des  rivières  où  ils  détruisent 
beaucoup  de  poissons.  Leur  fiente  brûle  les  arbres.  Il 
y  en  a  dans  les  deux  continens  des  espèces  très-nom» 
breuses  qui  ne  peuvent  guère  se  subdiviser  que  par 
quelques  détails  de  plumage. 

Les  hérons  vrais  ont  le  cou  très  grêle,  garni  vers  le  bas  dô 
longues  plumes  pendantes. 

Le  Héron  commun,  (  Ardea  major  et  Ard.  cinerea.  L.  ) 

•     Enl.  755  et  787. 

Cendré  bleuâtre,  une  huppe  noire  à  l'occiput  ;  le  devant 
du  cou  blanc  parsemé  de  larmes  noires  *,  grand  oiseau  très 
nuisible  à  nos  rivières;  célèbre  autrefois  par  le  plaisir  que 
prenaient  les  grands  à  le  faire  chasser  par  le  faucon. 

Kous  avons  aussi  un  héron  gris  et  roux  ou  pourpré.  {Ard, 
pMr/7«rert.)  Enl.  788.  (i) 

(1)  Selon  M.  Meyer  ,  les  ard,  purpurea ,  purpurata ,  ntja^  G  m.  Afd- 
catia  f  Lalh.  ne  sont  que  des  variclés  du  héron  pourpre. 


47^  OISEAU]?     ' 

On  a  donné  aux  plus  petits  hérons  à  pieds  plus  courts  le  noia 
de  Crahiers. 

Le  plus  commun  en  France  dans  les  contrées  monta- 
gneuses, est 

Le  Blongios.  ^Ard,  minuta  et  Danuhialis.  Gm.  )  Enl.  525. 

Fauve ,  à  calotte,  dos  et  pennes  noires  j  il  n'est  guère  plu* 
grand  qu'un  râle  et  se  tient  près  des  étangs. 

On  voit  aussi  quelquefois  Le  crahier  de  Mahon*  {Ard^ 
amata.  Gm.  )  Enl.  548  et  910.  (i) 

Fauve,  à  ailes  Llancliâtres,  à  très-longue  liuppe. 
Les  Aigrettes  sont  des  hérons  dont  les  plumes  du  Las  du 
dos  sont  à  une  certaine  époque  singulièrement  longues  et  effi- 
lées, ets'employent  pour  l'usage  qu'indique  le  nom  donné  à  ces 
oiseaux. 

Les  deux  plus  belles  espèces  sont  : 

Ija petite  Aigrette*  {Ardea  Garzetta.)  Enl.  goi. 

Moitié  moindre  que  le  héron ,  toute  blanche  et  dont  les 
plumes  effilées  ne  dépassent  pas  la  queue. 

Et  La  grande  Aigrette,  {A,  Egretta  et  A.  Alha.  )  Enl. 

925  et  886. 

Toute  blanche  aussi ,  mais  plus  grande ,  et  dont  les  plumes 
effilées  dépassent  la  queue  de  beaucoup. 

On   trouve  ces  deux    espèces   en    Europe,    quoique    la 
deuxième  ait  été  appele'e  Aigrette  d'Amérique* 
Les  Butors  ont  les  plumes  du  cou  lâches  et  écartées,  ce  qui 
le  fait  paraître  plus  gros,  lis  sont  d'ordinaire  tachetés  ou  rayés* 

Le  Butor  d'Europe.  (Ard.  Stellaris.)  Enl.  789. 

Fauve-doré,  tacheté  et  pointillé  de  noirâtre,  à  bec  et  pieds 

(1)  D'après  les  recherches  exactes  de  Meyer  ,  les  ardea  castanea  ,  Gm. 
©u  ralloïdes  ,  Scopol.  —  A.  squaiotta.  —  A.  viarsigUi.  —  A.  pumda  , 
et  même  A.  erylhropui ,  et  A.  malaccensis  ,  Gm.  oe  sout  que  des  variclés 
61*  des  ûges  différeas  du  crabier  de  Mahoa, 


ÉCHASSIERS.  477 

Verdàtres,  se  tient  dans  les  roseaux  d'où  il  fait  entendre  une 
voix  terrible,  qui  lui  a  valu  son  nom  Bos-taiirus. 

Les  BihoreauX  ont  avec  le  port  des  butors^  quelques 
plumes  grêles  et  roides  implantées  dans  l'occiput  de  l'adulte. 

Nous  n'en  avons  qu'un  dans  ce  pays-ci. 

Le  Bihoreau  cV Europe,  {Ard.  Njcticoràx.  L.)  (i)  Enl. 

758. 

Le  mâle  est  blanc ,  à  calotte  et  dos  noirs  •  les  jeunes ,  enl. 
769^  griS;  à  manteau  brun,  à  calotte  noirâtre. 

La  troisième  tribu,  outre  un  bec  plus  gros, 
plus  lisse  que  la  seconde  ,  a  des  palmures 
presque  égales  et  assez  fortes  entre  les  bases  de 
ses  doigts. 

Les  Cigognes.  (Ciconia.Cuv.) 

Ont  un  bec  gros,  médiocrement  fendu,  sans  fosse 
ni  sillon ,  où  les  narines  sont  percées  vers  le  dos  près 
de  la  base,  et  dont  le  fonds  est  occupé  par  une  langue 
extrêmement  courte.  Leurs  jambes  sont  réticulées  et 
leurs  doigts  extérieurs  assez  fortement  palmés  à  leur 
base,  surtout  les  externes.  Les  mandibules  légères  et 
larges  de  leur  bec,  en  frappant  l'une  contre  l'autre, 
produisent  un  claquement,  presque  le  seul  bruit  que 
ces  oiseaux  fassent  entendre.  Leur  gésier  est  peu  mus- 
culeux;  leurs  cœcums  si  petits  qu'on  les  aperçoit  à 
peine;  leur  larynx  inférieur  n'a  point  de  muscle 
propre  ;  leurs  bronches  sont  plus  longues  et  composées 
d'anneaux  plus  entiers  qu'à  l'ordinaire. 


(i)  Scion  M.  Meyer  ,  dont  nous  suivons  encorici  les  résultats  ,  Vard. 
^risea ,  Vard.  maculata  et  ïurd*  b^clUi  ,^  Gai.  se  rapporlent  i  diffûeci 
iiats  du  bihoreaut 


478  OISEAUX 

Nous  en  avons  deux  espèces  en  France. 

La  Cigogne  blanche.  {Ardea  ciconia.  L.)  Enl.  B)Çt(j* 

Blanche;  à  pennes  des  ailes  noires,  àhec  et  pieds  rou  sjes 
grand  oiseau  pour  lequel  le  peuple  a  un  respect  particu- 
lier fondé  sans  doute  sur  ce  qu'il  détruit  les  serpents  et  autres 
hêtes  nuisibles.  Elle  fait  son  nid  de  préférence  sur  les  tours, 
les  sommets  des  clochers ,  et  y  revient  tous  les  printemps 
après  avoir  été  passer  l'hiver  dans  les  diverses  contrées  de 
l'Afrique  et  y  avoir  niché  une  autre  fois. 

La  Cigogne  noire. {Ardea  nigra.h,)  Enl.  599. 

Noirâtre  ,  à  reflets  pourpres  ,  à  ventre  blanc  ,  fréquente 
les  marécages  écartés,  et  niche  dans  les  forêts. 

Parmi  les  espèces  étrangères,  on  peut  faire  remarquer 

La  Cigogne  à  sac.  (  Ard.  duhia.  Gm.  Ard.  algala.  La  th.  ) 
Encjcl.  Méth.  pi.  d'Orn.  54,  fîg.  i. 
Blanche  ,  à  manteau  d'un  noir-bronzé.  C'est  la  plus  grande 
espèce  du  genre.  Sa  tête  et  son  cou  n'ont  qu'un  duvet  gris  ; 
sous  le  milieu  du  cou  pend  uu  appendice  comme  un  gros 
saucisson  ;  son  bec  jaunâtre  ,  encore  plus  gros  à  proportion 
que  dans  les  autres  espèces ,  lui  sert  même  à  prendre  des  pe- 
tits oiseaux  au  vol.  Elle  vient  de  la  côte  occidentale  d'Afrique , 
où  elle  vit  en  troupes  près  des  embouchures  des  fleuves  (i). 

Les  Jabirus.  (MYCTEraA.  Lin.)  (2). 

Que  Linnaeus  a  séparés  des  ardea ,  sont  très-voi- 
sins des  cigognes,  beaucoup  plus  même  que  celles-ci 

(1)  A  ce  genre  appartient  encore  le  magari  ou  cigogne  d'Amérique  , 
{A.  magari)  qui  diffère  peu  de  notre  cig.  blanche  ,  si  ce  n'est  par  son  bec 
cendré. 

(2)  Touyouyou  ,  à  Cayenne  j  aiaiai  ,  au  Paraguay  j  collier  rouge ,  etc. 
Barrère  l'a  confondu  3LyecVautruehe  d'Amérique ,  ce  qui  a  fait  transporter 
à  cette  autruche  le  nom  de  Louyouyou  ou  de  touyou ,  par  Brisson  et  par 
Buffon. 

Mycteria ,  nom  dérivé  ,  par  Linnaeus,  dç  y.VKTïi^ ,  nez,  trompe,  à 
cause  de  son  grand  bec. 


ÉCHASSIERS.  479 

des  hérons  proprement  dits  ;  Touverture  médiocre  de 
leur  bec ,  leurs  narines^  l'enveloppe  réticulée  de  leurs 
tarses  ,  et  leurs  palmures  considérables ,  sont  les 
mêmes  qu  aux  cigognes  ;  aussi  ont-ils  le  même  genre 
de  vie. 

Leur  unique  caractère  est  un  bec  légèrement  re- 
courbé v«'rs  le  haut. 

L'espèce  la  plus  connue  [Mycteria  Americana  ,  Lin.) , 

eul.  817 , 

Est  très-grande  ,  blanche,  à  lête  et  cou  sans  plumes ;,  re- 
vêtus d'une  peau  noire  ,  rouge  vers  le  bas  ;  l'occiput  seule- 
ment a  quelques  plumes  blanches  ;  le  bec  et  les  pieds  noirs. 
Elle  vit  dans  l'Amérique  méridionale  ,  au  bord  des  étangs 
et  des  marais  ,  où  elle  poursuit  les  reptiles  et  les  poissons. 

Les  Ombrettes  (Scopus.  Briss.)  (1). 

Ne  se  distinguent  des  cigognes  que  par  un  bec 
comprimé  ,  dont  Taréte  tranchante  se  renfle  vers  la 
base,  et  dont  les  narines  se  prolongent  en  un  sillon 
qui  court  parallèlement  à  Taréte  jusqu'au  bout,  qui 
est  un  peu  crochu. 

On  n'en  connaît  qu*une  espèce  {Se.  umhretta) ,  enl.  796, 

Grande  comme  une  corneille  ,  de  couleur  de  terre  d'om- 
bre, et  dont  le  mâle  a  l'occiput  huppé.  On  la  trouve  au 
Sénégal. 

Les  Becs  ouverts.  (Hians.  Lacep.  Anastomus. 

llliger.  ) 

N'ont,  pour  être  séparés  des  cigognes,  qu'un  ca- 
ractère à  peu  près  de  la  force  de  celui  des  jabirus.  Les 

(i)  Scopus  vient  de  Ikoti^oç  ,  scnlineîlç. 


48o  OISEAUX 

deux  mandibules  de  leur  bec  ne  se  Joignent  que  par 
la  base  et  par  la  pointe ,  laissant  dans  le  milieu  de 
leurs  bords  un  intervalle  vide  ;  encore  ce  vide  parait- 
il  en  partie  l'effet  de  la  détrition  ,  car  on  y  voit  les 
fibres  de  la  substance  cornée  du  bec  qui  paraissent 
avoir  été  usées. 

Ce  sont  des  oiseaux  des  Indes  orientales,  dont  l'un  est 
Llancliâtre  (  Ardea  pondiceriana  y  Gm.  ) ,  enl.  g52,  et  l'au- 
tre gris-brun  {Ardea  coromandeliana)  ^  Sonnerat,  it.  Il, 
219,  Tous  deux  ont  les  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  noi- 
res. Peut-être  le  dernier  n'est-il  que  le  jeune  âge. 

Les  Tantales.  (  Tantalus.  L.  ) 

Ont  des  pieds  ,  des  narines  et  un  bec  de  cigogne  ; 
mais  le  dos  du  bec  est  arrondi ,  et  la  pointe  recour- 
bée vers  le  bas  ,  et  légèrement  échancrée  de  chaque 
côté  :  une  portion  de  leur  tête ,  et  quelquefois  de 
leur  cou ,  est  dénuée  de  plumes. 

Le  Tantale  d'Amérique.  {Tantalus  loculaior.  Lin.) Enl.  868. 

Est  grand  comme  une  cigogne,  mais  plus  grêle  ;  blanc  , 
a  pennes  des  ailes  et  de  la  queue  noires ,  à  bec  et  pieds  noi- 
râtres, ainsi  que  la  peau  nue  de  la  tête  et  du  cou.  Il  vit  dans 
les  deux  Amériques,  arrivant  dans  chaque  pays  à  la  saison 
des  pluies,  et  fréquentant  les  eaux  vaseuses  ,  où  il  reclicr- 
clie  surtout  les  anguilles.  Sa  démarche  est  lente  et  son  ua- 
turel  stupidc. 

Le  Tantale  d'Afrique.  {^Tantalus  ibis.  Lin.)  Enl.  ^Sg. 

Blanc ,  légèrement  nuancé  de  pourpre  sur  les  ailes  ,  a  bec 
jaune,  à  peau  du  visage  nue  et  rouge,  a  été  long- temps 
regardé  par  les  naturalistes  comme  l'oiseau  si  révéré  des 
anciens  Egyptiens  sous  le  nom  tVlbis  ;  mais  des  recherches 
réceutes  ont  prouvé  que  l'ibis  csl  uuc  espèce  beaucoup  plu* 


ILCHASSIERS.  481 

petite  ,  dont  nous  parlerons  plus  bas.  Ce  tantale  ne  se 
trouve  pas  même  communément  en  Egypte  3  c'est  tUi  Séné- 
gal qu'on  nous  l'apporte. 

Le  Tantale  de  Cej-lan,  (  Tantaîus  leucocephalus.  )  Encyc. 
métli.,  Omit.,  pi.  66 j  fig.  i. 

Le  plus  grand  de  tous  ,  et  celui  qui  a  le  plus  gros  bec.  Ce 
bec  et  la  peau  de  la  face  sont  jaunes,  le  plumage  blanc  , 
avec  une  ceinture  sur  la  poitrine  et  les  pennes  noires,  de 
longues  plumes  roses  sur  le  croupion ,  qu'il  perd  pendant 
la  saison  des  pluies. 

Les  Spatules  ou  Pallettes.  (Platalea.  Lin.) 

Se  rapprochent  des  cigognes  par  toute  leur  struc- 
ture; mais  leur  bec ,  dont  elles  ont  tiré  leur  nom ,  est 
long,  plat,  large  partout,  s'élargissant  et  s'aplalis- 
sant,  surtout  au  bout,  en  un  disque  arrondi  comme 
celui  d'une  spatule;  deux  sillons  légers  partent  de 
la  base  ^  s'étendent  jusqu'au  bout,  sans  rester  exac- 
tement parallèles  aux  bords.  Les  narines  sont  ovales, 
et  percées  à  peu  de  distance  de  Forii^ine  de  chaque 
sillon  ;  leur  petite  langue  ,  leurs  jambes  réticulées  , 
leurs  palmures  assez  considérables ,  leurs  deux  très- 
petits  cœcums ,  leur  gésier  peu  musculeux ,  leur  la- 
rynx inférieur  dépourvu  de  muscles  propres ,  sont 
les  mêmes  que  dans  les  cigognes; mais  lelargissement 
de  leur  bec  lui  ôte  toute  sa  force  ,  et  ne  le  rend  pro-- 
pre  q-u'à  fouiller  dans  la  vase ,  ou  à  pécher  de  petits 
poissons  et  des  insectes  d'eau. 


(i"!  Platalea  ou    plateâ ,  noms  latius,  pris   quelquefois  comme  syno- 
nymes de  pelecanus. 

TOME    I.  3x 


482  OISEAUX 

La  Spcttuîe  blanche  huppée.  {Platalea  leuco'rodia.  Gm.  ) 

Enl.  4o5. 

Toute  de  cette  couleur ,  avec  une  petite  huppe  à  l'occî- 
put ,  est  répandue  dans  tout  l'ancien  Continent ,  y  niche  sur 
les  arhres  élevés. 

La  Spatule  blanche  sans  huppe.  (  Platalea  nivea.  Cuv.  ) 
Buff. ,  Hist.  des  Ois. ,  tom.  Yll,  pi.  24. 

Outre  l'absence  de  la  huppe  ,  elle  se  distingue  de  la  pré- 
cédente par  un  bord  noir  aux  pennes  des  ailes.  Elle  habite 
d'ailleurs  les  mêmes  pays. 

La  Spatule  rose.  (^Platalea  aiaia.  Enl.  i65.  ) 

A  le  visage  nu  ,  et  des  teintes  rose-vif  de  diverses  nuances 
sur  le  plumage  7  qui  deviennent  plus  intenses  avec  Tâge. 
Elle  est  propre  à  l'Amérique  méridionale. 

La  famille  des  Longirostbes. 

Se  compose  d'une  foule  d'oiseaux  de  rivage  , 
dont  le  plus  grand  nombre  formait  le  genre 
scolopax  de  Linnœus ,  et  dont  les  autres  avaient 
été  confondus  dans  le  genre  tringa  ,  en  partie 
contre  le  caractère  que  ce  genre  portait ,  d'un 
pouce  trop  court  pour  toucher  la  terre.  Enfin , 
il  en  est  un  petit  nombre  qui  avaient  été  placés 
avec  les  pluviers  ,  à  cause  du  défaut  absolu  de 
pouce.  Tons  ces  oiseaux  ont  à  peu  près  les  mêmes 
formes ,  les  mêmes  habitudes ,  e  t  souvent  presque 
les  mêmes  distributions  de  couleurs,  ce  qui  les 
rend  très-difficiles  à  distinguer  entre  eux.  Ils  se 


,1 


ÉCHASSIERS.  483 

caractérisent  en  général  par  leur  bec  grêle , 
long  et  faible  ,  qui  ne  leur  permet  guère  que  de 
fouiller  clans  la  vase  pour  y  chercher  les  vers  et 
les  petits  insectes  ,  et  les  différentes  nuances  , 
dans  la  forme  de  ce  bec  ,  servent  à  les  subdivi- 
ser  en  genres  et  en  sous-genres. 

Dans  les  principes  de  Linnœus,  il  aurait  du  réunir 
tous  ces  oiseaux  sous  son  grand  genre^ 

BÉCASSE.  (SCOLOPAX.) 

Que  nous  diviserons  comme  il  suit,  d'après  le^ 
nuances  de  forme  des  becs. 

Les  Ibis.  (  Ibis.  Cuv.  ) 

Que  nous  séparons  des  tantales  de  Gmelin,  parce  que  leur 
Lee,  arqué  comme  celui  des  tantales,  est  cependant  beaucoup 
plus  faible  ^  sans  écliancrure  à  sa  pointe,  et  que  les  narines, 
percées  vers  le  dos  de  sa  base  ,  se  prolongent  chacune  en  uu 
sillon  qui  règ^ne  jusqu'au  bout.  Ce  bec  est  d'ailleurs  assez  épais, 
presque  carré  à  sa  base  ,  et  il  y  a  toujours  quelque  partie  de  la 
tête  ,  ou  même  du  cou,  dénuée  de  plumes.  Les  doigts  externes 
sont  notablement  palmés  à  la  base  ,  et  le  pouce  assez  long  pour 
bien  appuver  à  terre. 

Il  y  en  a  qui  ont  les  jambes  courtes  et  réticulées  j  ce  sont 

les  plus  robustes,  et  ceux  qui  ont  le  plus  gros  bec. 

• 

Ulbis  sacré  (  Ibis  religiosa.  Nob.  AbGU-Hannès.lèrwce  , 
It. ,  pi.    35.    Tantaliis    œthiopicus.    Latli.  )     Cuv.   Re-  - 
clierclies  sur  les  Ossemens  fossiies  ,  tom.  I. 

Est  l'espèce  la  plus  célèbre.  On  élevait   cet  oiseau  dans 
les  temples  de  l'ancienne  Egypte ,  avec  des  respects  qui  te- 


484  OISEAUX 

naieiit  du  cuite  ;  et  on  l'embaumait  après  sa  mort ,  k  ce 
que  disent  les  uns  ,  parce  qu'il  dévorait  des  serpens  qui 
auraient  pu  devenir  très-dangereux  pour  le  pays  ;  selon 
d'autres  ,  parce  qu'il  y  avait  quelque  rapport  entre  son 
plumage  et  quelqu'une  des  phases  de  la  lune  j  enfin  ^  d'a- 
près quelques-mis ,  parce  que  son  apparition  annonçait  la 
crue  du  ï^il  (i).  On  a  cru  long-temps  que  cet  ibis  des  Egyp- 
tiens était  le  tantale  d'Afrique;  on  sait  aujourd'hui  que 
c'est  un  oiseau  du  genre  que  nous  traitons ,  grand  comme 
une  poule,  à  plumage  blanc ,  à  bec  et  pieds  noirs  ;  les  bouts 
des  pennes  des  ailes ,  et  les  plumes  effilées  du  bas  du  dos  , 
sont  de  la  même  couleur ,  ainsi  que  toute  la  partie  nue 
de  la  tête  et  du  cou  :  cette  partie  est  recouverte  ,  dans  la 
jeunesse  ,  au  moins  à  sa  face  supérieure ,  de  petites  plumes 
noires. 

Les  anciens,  etBélon,  parlent  aussi  d'un  ibis  noir,  que 
les  naturalistes  modernes  ne  connaissent  pas  bien  (2). 

D'autres  ibis  ont  les  jambes  écussonnées  j  leur  bec  est 
ajssez  généralement  plus  grêle. 

JJI Ois  rouge.  {Scol.  ruhra.  Lin.  Tantalus  ruher.  Gm.  ) 

Enl.  80  et  81. 

Est  un  oiseau  de  toutes  les  parties  chaudes  de  l'Amérique , 
remarquable  par  sa  belle  couleur  rouge-vif,  avec  les  bouts 
des  pennes  des  ailes  noires.  Ses  petits,  couverts  d'abord 
d'un  duvet  noirâtre,  deviennent  cendrés,  puis  blanchâtres 
quand  ils  commencent  à  voler  :  ce  n'est  qu'à  deux  ans  que 
le  rouge  paraît ,  et  ii  prend  ensuite  plus  d'éclat  avec  l'âge. 
Cette  espèce  ne  voyage  point,  et  vit  en  troupes  dans  les 
lieux  marécageux  voisins  des  embouchures  des  fleuves.  On 
la  prive  aisément. 


(1)  Savigny  ,  Mém.  sur  i'ibis. 

{'i)  Tous  les  tantales  de  Gmel.  et  de  Lalh.,  excepté  Içs  trois  que  j'ai 
kissés  dans  le  genre  tantalus  1  sont  pour  uioi  des  ibis. 


\ 


ÉCHASSIERS.  485 

Vibis  vert ,  vulg.    Courlis  vert.  (ScoL  Falcinellus.  Lîn.  ) 

Enl.  819. 

A  corps  pourpré,  à  manteau  vert.  C'est  un  bel  oiseait 
tlu  midi  tie  l'Europe.  Peut-être  est-ce  lui  que  les  anciens 
appelaient  ibis  noir. 

Les  Courlis.  (  Numenius.  Cuv.  ) 

Ont  le  bec  arqué  comme  les  ibis,  mais  plus  grêle,  rond 
sur  toute  sa  longueur ,  dont  le  sillon  des  narines  n'occupe 
qu'une  très-petite  partie  :  le  bout  du  bec  supérieur  dépasse 
l'inférieur ,  et  saille  un  peu  au  devant  de  lui  vers  le  bas. 

Le  Courlis  d'Europe.  (  Scol.   arcuata.  L.  )  Enl.  818. 

Grand  comme  un  cbapon  ,  brun ,  et  le  bord  de  toutes 
les  plumes  blaucliâtres  ;  le  croupion  blanc  ,  la  queue  rajée 
de  blanc  et  de  brun.  C'est  un  gibier  de  goût  médiocre  , 
commun  le  long  des  côtes,  et  de  passage  dans  l'intérieur^ 
Son  nom  vient  de  son  cri  (i). 

On  avait  réuni  aux  courlis,  à  cause  de  la  courbure  sem- 
blable de  leur  bec,  deux  sous  genres  qu'il  en  faut  séparer  à 
cause  de  sa  forme. 

Les  Corlieux.  (Pn^opus.  Cuv.)  (2). 

Dont  le  bec  se  déprime  vers  Te  bout ,  et  conserve  les  sillons 
des  narines  sur  presque  toute  sa  longueur.  Ou  pourrait  les 
appeler  des  maubëcbes  à  bec  long  et  arqué. 

Le   Corlieu  d^Europe  ,  vulg.  petit  Courlis,  (  ScoLPhœ- 

opus.  Lin.  )  Enl.  842, 

De  moitié  moindre  que  le  courlis,  mais  presque  du  même 
plumage. 


'   (i)  Celui  de  numenius  dérive  de  néomenie,  nouvelle  lune  ,  à  cause  de 
îa  figure  de  croissant  qu'a  son  bec. 

{1)  Phœopus  (  pied  cendré  ) ,  nom  composé  par  Gesner. 


486  OISEAUX 

Et  Les  Falcinelles.  (  FalciivÈllus.  Cut.  ) 

Dont  le  bec  est  déprimé  ^  et  conserve  ses  sillons  comme  ce- 
lui des  corlieux,  mais  qui  n'ont  aucun  pouce.  Ce  sont  en  quel- 
que sorte  des  sanderlings  à  bec  arqué. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce ,  qui  est  de  ce  pays-ci 

(  Scol. pj'gînea  ,  Lin.  ), encore  àpeu  près  du  même  plumage 

que   le   courlis  et  le   corlieu  ,   mais  à  peine    de   la   taille 

d'une  alouette. 

Les  Bécasses  proprement  dites.  (  Scolopax.  Cuv.  )  (i). 

Ont  le  bec  droit,  le  sillon  des  narines  régnant  jusqu'assez 
près  du  bout ,  qui  se  renfle  un  peu  en  dehors  pour  dépasser 
la  mandibule  inférieure  et  sur  le  milieu  duquel  il  y  a  un  sillon 
simple.  Ce  bout  est  mou  et  très-sensible  ;  en  se  desséchant  après 
la  mort ,  il  prend  une  surface  poinlillée.  Un  caractère  parti- 
culier à  ces  oiseaux  ,  est  d'avoir  la  tête  comprimée,  et  de  gros 
yeux  placés  fort  en  arrière ,  ce  qui  leur  donne  un  air  singuliè- 
rement stupide  y  qu'ils  ne  démentent  point  par  leurs  mœurs. 

La  Bécasse.  (  Scol,  rusticoîa,  L.)  Enl.  885. 

/  Tout  le  monde  connaît  son  plumage  varié  en  dessus  de 
taches  et  de  bandes  grises ,  rousses  et  noires,  en  dessous  , 
gris,  à  lignes  transverses  noirâtres.  Son  caractère  distinctif 
consiste  en  quatre  larges  bandes  transverses  noires ,  qui 
se  succèdent  sur  le  derrière  de  la  tête,  La  bécasse  ha- 
bite pendant  l'été  sur  les  hautes  montagnes ,  et  descend 
dans  nos  bois  au  mois  d'octobre.  Elle  va  seule  ou  par  pai- 
res, surtout  dans  les  temps  sombres  j  recherche  les  vers  et 
les  insectes  dans  le  terreau.  Il  en  reste  peu  dans  les  plaines 
pendant  l'été. 

La  Bécassine.  {Scolopax  Gaîlinago.  L.)  Enl.  885. 

Plus  petite  et  à  bec  plus  long  que  la  bécasse,  se  dislingue 


(\)  Scolopax  nom  grec  de  Kl  bccasse  defl"XoAo4  (pieu),  à  cause  de  son  bec 
droit  et  pointa. 


'\':' 


ÉCHASSIERS.  487 

par  deux  larges  Landes  longîiudmales  noirâtres  sur  la  tête, 
par  un  cou  moucheté  de  hrun  et  de  fauve,  par  un  manteau 
noirâtre  avec  deux  bandes  longitudinales  fauves,  par  des  ailes 
Lrunes  ondées  de  gris,  par  un  ventre  blanchâtre  onde  de 
brunâtre  aux  flancs,  etc. 

Elle  se  tient  dans  les  marais,  aux  bords  des  ruisseaux ,  des 
fontaines  ;  s'élève  à  perte  de  vue ,  en  faisant  entendre  de  très- 
loin  une  voix  perçante  de  chèvre. 

La  double  Bécassine.  {ScoL  Major.  Gm.)  Frisch.  228. 

Se  distingue  de  la  précédente  par  une  taille  d'un  tiers  su- 
périeure et  parce  que  ses  ondes  grises  ou  fauves  de  dessus 
sont  plus  petites  et  les  brunes  de  dessous  plus  grandes  et 
plus  nombreuses. 

La  petite  Bécassine.  [Scol.  GalUnula.Çym..)'^\\\.  884. 

De  près  de  moitié  moindre  que  la  bécassine  commune, 
n'a  qu'une  bande  noire  sur  la  têtej  le  fond  de  son  man- 
teau a  des  reflets  vert  bronzés.  Un  demi  collier  gris  occupe 
sa  nuque,  et  ses  flancs  sont  mouchetés  de  brun  comme  sa 
poitrine.  Elle  reste  dans  nos  marais  presque  toute  l'année. 

Tous  ces  oiseaux  sont  excellens  à  manger  et  assez  com- 
muns dans  nos  marchés  en  hiver.  Il  y  en  a  dans  les  marais 
de  l'Amérique  chaude  une  espèce  fort  voisine  de  notre  bé- 
cassine. {Scol  paludosa.)  Enl.  896  (i). 

On  doit  distinguer  des  bécasses. 

Les  Rhynchées.  (E.hyncii(ba.  Cuv.  ) 

Oiseaux  d'Afrique  et  des  Indes  ,  dont  les  deux  mandibules, 
à  peu  près  égales,  s'arquent  légèrement  à  leur  bout,  et  où 
les  sillons  des  narines  régnent  jusqu'à  l'extrémité  du  bec  su- 
périeur qui  n'a  point  de  sillon  impair.  Au  port  des  bécas- 
sines,  ils  joignent  des  couleurs  plus  vives  et  se  font  surtout 


(i)  La  brunetiede  Buffon  ,  Scol,  pusitta  ,  dunlin  des  anglais  ,  n'est  que 
raloueite  de  mer  à  collier. 


488  OISEAUX. 

remarquer  par  des  taches  œillées  sur  leurs  pennes  des  aiîes 

et  de  la  queue. 

On  en  connaît  trois  ou  quatre  espèces  que  Gmelin  réunît 
comme  des  varittes  sous  le  nom  de  Scol.  Capensis*  Enl.  270, 

881 ,  922  (i). 

Les  Barges.  (Ltmosa.  Beclist.  ) 

Ont  le  bec  droit,  quelquefois  même  légèrement  arqué  vers 
le  haut,  et  encore  plus  long  que  les  bécasses.  Le  sillon  des 
narines  règne  jusque  tout  près  de  l'extrémité  qui  est  un  peu 
déprimée  et  mousse ,  sans  sillon  impair ,  ni  pointillure.  Leur 
taille  est  beaucoup  plus  élancée  et  leurs  jambes  plus  élevées 
que  celles  des  bécasses  j  elles  fréquentent  les  marais  salés  et 
les  bords  de  la  mer, 

La  Barge  ahoyeuse  ou  à  queue  rayée.  {Scol.  Leucophœa, 
Lalb.  et  Lapponica,  Gra.)  Le  jeune,  Brit.  Zool.  pi.  xiii. 
Briss.  V.  pi.  XXIV.  F.  2.  Et  l'adulte  en  plumage  d'été. 
Enl.  900  (2). 

En  liiver  gris-brun,  foncé,  à  plumes  bordées  de  blan- 
châtre poitrine  gris-brun-,  dessous  blanchâtre,  croupion 
blanc  rayé  de  brun ,  etc.  En  été  rousse,  à  dos  brun,  la  queue 
toujours  rayée  de  blanchâtre  et  de  noirâtre. 

La  Barge  à  queue  noire.  (  Scol.  JEgocephala  et  Beîgica, 
Gm.  )  Le  plum.  d'hiver  ,  enl.  874-  Celui  d'été ,  ib,  916. 

En  hiver  gris-cendré,  plus  brun  sur  le  dos,  ventre  blanc, 
tête  ,  cou  et  poitrine  roux,  manteau  brun  tacheté  de  roux, 
dessous  rayé  de  bandes  brunes  rousses  et  blanches,  queue 
toujours  noire  ,  liseréè  de  blanc  au  bout. 


(1)  Le  chevalier  vert,  Briss.  et  Buff.  (  raîlus  Bengalensis  ,  Gm.  )  Albin 
ÏII ,  90  ,  est  encore  de  ce  genfe  ,  et  ne  pariiît  même  pas  diffe'rer  de  l'espèce 
ou  variété  de  Madagascar,  enl.  922.  N.  B.  Il  n'y  a  que  celte  dernière  plan- 
che qui  représente  bien  le  bec  propre  à  ce  petit  sous-genre. 

(2)  Gmelin  a  fait  de  cet  oiseau  jeune  une  variété  de  l'espèce  suivante 
et  cite  la  figure  de  Brisson,  sous  5Co/.  ^/o/f/j,  qui  est  un  chevalier.  L'adulte 
est  son  scol.  Laponica. 


ÉCHÂ.SSÏERS.  4^9 

Ces  deux  oiseaux  ont  le  double  de  hauteur  de  la  hécasse. 
Le  dernier  couvre  en  été  les  plaines  de  la  Nord-HoUaude. 
Son  cri  est  très-aigre,  comme  celui  d'une  chèvre. 

Les  Maubèches.  (Calidrts.  Cuv.)  (i). 

Ont  le  bec  déprimé  au  bout,  elle  sillon  nazal  très-long, 
comme  les  barges,  mais  ce  bec  n'est  généralement  pas  plus 
long  que  la  tête-,  leurs  doigts,  légèrement  bordés,  n'ont  point 
de  palmure  entre  leurs  bases,  et  leur  pouce  est  à  peine  assez 
long  pour  toucher  à  terre;  leurs  jambes,  médiocrement  hautes 
et  leur  taille  raccourcie,  leur  donnent  un  port  plus  lourd 
qu'aux  barges.  Elles  sont  aussi  beaucoup  plus  petites. 

La  grande  Mauhèche  grise ^  Sandpiper  et  Canut,  des 
Anglais.  (  Tringa  grisea  et  Tr,  Canutus.  Gm.)  Le  plum. 
d'hiver ,  enl.  566.  Edw.  276. 

Cendrée  d<^ssus, blanche  dessous,  tachetée  de  noirâtre  de- 
vant le  cou  et  la  poitrine,  à  croupion  et  queue  blancs  rayés 
de  noirâtre.  Presque  delà  taille  d'une  bécassine. 

La  petite  Mauhèche  grise.  (  Tringa  arenaria.  )  Canut. 

Brit.  Zool.  pi.  C.  2. 

Cendrée  dessus ,  blanche  dessous ,  à  poitrine  nuagée  de 
gris.  De  moitié  moindre  que  la  précédente  (2). 
Il  j  a  en  Amérique  de  petites  maubèches  dont  les  pieds  sont 
à  demi  palmés  par  devant. 

Nous  en  avons  vu  une  espèce  encore  plus  petite  que  la 
précédente  et  presque  des  mêmes  couleurs. 


(i)  Calidrts,  oiseau  cendre  et  tacheté,  fre'quentant  les  rivières  et  les 
bois.  Arist.  Brisson  l'applique  à  l'une  des  espèces  de  ce  genre. 

(2)  La  mauhèche  {tringa  calidris ,  Briss.  V,  xx  ,  f.  i.)  est  la  même 
chose  que  le  chevalier  varié ,  enl.  3oo,  qui  est  un  combattant.  La  mau- 
hèche de  l'Hist.  nat.  VU,  pi.  3i  ,  est  la  mauhèche  grise.  Ainsi  ,  cette 
espèce  estima^jinaire.  La  mauhèche  tachetée  {tr.  noevia,  enl.  365.  )  paraît 
n'être  que  la  mauhèche  rousse  (  tr.  Islamlica  )  en  mue  ;  et  l'une  et  l'autre 
sont  regardées  ,  par  M.  Tcmmink  ,  comme  le  premier  âge  de  la  mauhèche 
grise. 


4gO  OISEAUX 

Les  Alouettes  de  mer.  (  Pelidna.  Cut.  ) 

Ne  sont  que  de  petites  maubëches  à  bec  un  peu  plus  long  qug 
la  tête  et  dont  les  pieds  n'ont  ni  bordures  ni  palmures.  Elles 
ressemblent  aux  alouettes  par  la  taille  et  par  les  couleurs  et 
volent  en  troupes  le  long  des  bords  de  la  mer,  <^  elles  for- 
ment un  bon  gibier.  Elles  déposent  leurs  œufs  sur  le  sable. 

12 Alouette  de  mer  ordinaire .  (Tringa  cinclus,  L.  )  Enl.  85i  y 

et  Scol.  suharcuata.  Gm. 

Brun-noirâtre  en  dessus,  chaque  penne  bordée  de  fauve ^ 
blanchâtre  en  dessous  j  le  devant  du  cou  moucheté  de  brun. 
En  été  tout  le  devant  et  le  dessous  du  corps,  prend  une  cou- 
leur rousse  diversement  variée. 

L* Alouette  de  mer  à  collier  j  Dunliii  des  Anglais,  Brunette 
de  BuîF.  (  Tringa  cinclus.  B.  Tringa  Alpina  et  Scolopax 
piisilla,  Gmel.  Eul.  852.) 

Est  encore  un  peu  moindre  que  la  précédente  et  s'en  dis- 
tingue par  une  ceinture  de  taches  noirâtres  serrées  sur  la 
poitrine.  Pendant  le  temps  de  la  ponte  et  de  l'incubation  le 
ventre  est  d'un  noir  profond. 

Les  Comeattans.  (Machetes.  Cuv.  )  (i). 

Sont  de  vraies  maubëches  par  le  port  et  par  le  bec  j  seule- 
ment la  palmure  entre  leurs  doigts  extérieurs  est  à  peu  près 
aussi  considérable  que  dans  les  chevaliers,  les  barges  ,  etc. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  Tringa  pugnax.  Lin.  Enl. 
5o5.5o5.  Un  peu  plus  petite  qu'une  bécassine,  célèbre  par  les 
combats  furieux  que  les  mâles  selivrentau  printemps  pour  la 
possession  des  femelles.  A  cette  époque  leur  tête  se  couvre 
en  partie  de  papilles  rouges,  leur  cou  se  garnit  d'une  cri- 
nière épaisse  de  plumes ,  si  diversement  arrangées  et  colorées, 
et  saillantes  en  des  sens  si  bizarres,  que  jamais  on  ne  trouve 
deux  individus  semblables;  et  même  avant  et  après  cette 


{i)  Mctyjfihç  y   pugnator.  néA/tT^'bç  ,  fuscus. 


ÉCHASSIERS.  49^ 

■époque,  il  y  a  tant  de  variété  clans  le  plumage  des  combat- 
tans,  que  les  naturalistes  eu  ont  formé  plusieurs  espèces 
imaginaires  (i).  Ils  ont  toujours  les  pieds  jaunâtres,  ce  qui;, 
avec  leur  bec  et  leur  demi-palmure  externe ,  peut  aider  à  les 
reconnaître.  Cet  oiseau  commun  dans  tout  le  nord  de  l'Eu- 
rope, vient  aussi  sur  nos  côtes,  surtout  au  printemps ,  mais 
il  n'y  niclie  pas. 

Les  Sanderlings.  (  Arenaria.  Beclistein.  Calidris.  III.) 

Ressemblent  en  tout  aux  maubëches,  excepté  en  ce  seul 
point  qu'ils  manquent  tout-à-fait  de  pouce  comme  les  pluviers. 

L'Espèce  â^Europe.  (  Charadrius  calidris  et  rubidus, Om.  ) 

Briss.  V.  pi.  XX.  Cg.  2. 

Est  si  semblable  à  la  petite  maubëclie  grise,  parla  forme, 
la  taille  et  les  couleurs,  qu'on  Ta  plusieurs  fois  confondue  avec 
elle  (2).  Ses  mœurs  sont  les  mêmes. 

Les  Phalaropes.  (Phalaropus.  Briss.  ) 

Sont  de  petits  oiseaux  dont  le  bec  encore  plus  aplati  que 
celui  des  maubèclies,  a  d'ailleurs  les  mêmes  proportions  et  les 
mêmes  sillons;  et  dont  les  pieds  ont  leurs  doigts  bordés  de  très- 
larges  membranes  comme  ceux  des  foulques. 


(i)  Le  chei'ah'er  varié ,  Buff.  esp.  IV,  Briss.  V,  pi.  xvii ,  2.  (Trin^a 
littorea,  Lin.  Tringa  ochropus  ,  B.  litLorea  ,  Gni.  )  Le  chevalier  propre- 
ment dit ,  Buff.  esp.  II,  Briss.  V  ,  pi.  xvii ,  fig.  i ,  cité  par  Gmel,  sous 
scol.  calidris  j  la  mauheclie  proprement  dite  ,  Briss.  V  ,  pi.  xx  ,  fîg.  i. 
(  Tringa  calidris  ,  Gm.  )  L'oiseau  de  Frisch.  pi.  208 ,  ne  sont  que  des 
combattans  en  divers  e'tats  de  plumage  ,  et  Ton  pourrait  en  représenter  en- 
core beaucoup  d'autres  variétés. 

Selon  M.  Meyer  ,  le  tringa  grenouicensis ,  Lalh.,  est  aussi  un  jeune 
combattant. 

(2)  Cela  est  arrivé  notamment  à  Brisson  ,  qui  donne  ensemble  la  figure 
d'un  oiseau  et  la  description  de  l'autre.  Plusieurs  anglais  qui  donnent 
quatre  doigts  à  leur  sanderling,  n'entendent  que  la  maubèche  j  mais  Wil- 
lugby  décrit  bien  notre  oiseau. 


49^  OISEAUX 

Le  Phaîarope  gris.  (  Tringa  lobata.)  Edw.  5o8  (i)» 

Est  cendré  dessus  et  blancliâtre  dessous  avec  deux  bandes 
Lîanclies  sur  l'aile  j  son  bec  est  fort  large  pour  cette  famille  : 
l'adulte  est 

Le  Phaîarope  rouge,  {Phalaropus  rufus.  Beclist.  et  Meyer. 
Tringa  Fullcaria.  L.)  Edw.  14^  (2). 

Brun  dessus,  roussâtre  dessous;  le  croupion  blancbâlre; 
du  blanc  à  l'aile.  Cet  oiseau  est  rare  eu  Europe. 

Les  Tourne- Pierres.  (  Strepsilas.  ill.  ) 

Ont  les  jambes  basses,  le  bec  court,  et  les  doigts  sans  au- 
cune palmure  comme  les  vraies  maubècbes,  mais  ce  bec  est 
conique,  pointu,  sans  dépression,  compression  ni  renflement 
et  la  fosse  nazale  n'en  passe  pas  la  moitié.  Le  pouce  toucbe 
très-peu  à  terre.  Leur  bec  un  peu  plus  fort  et  plus  roide  à 
proportion  qu'aux  précédens,  leur  aide  à  retourner  les  pierres 
pour  cberclier  des  vers  dessous. 

Il  y  en  a  une  espèce  à  manteau  varié  de  noir  et  de  roux, 
à  tête  et  ventre  blanc,  à  poitrail  et  joues  noires,  répandue 
dans  tout  l'ancien  Coutinent  {Tringa  interpres.  L.  Enl.  856.  ) 
et  une  autre  variée  de  gris  et  de  brun  de  l'Amérique  méri- 
dionale. (Enl.  54o  et  857.  )  (5). 

Les  Ciietaliers.  (Totanus.  Cuv.)  (4). 

Ont  un  bec  grêle ,  rond ,  pointu ,  ferme ,  dont  le  sillon  des 
narines  ne  passe  pas  la  moitié  de  la  longueur,  et  dont  la  man- 


(i)  M.  Meyer  confond  mal  h  propos  cet  oiseau,  Edw.  5oB,  avec  le  trwga 
hyperhorea ,  et  le  tr.  fusca  ,  qui  ont  des  becs  de  clievalier  ,  et  dont  nous 
faisons  des  lobipèdes. 

(2)  Graelin  a  fait  une  autre  confusion  en  citant  cet  oiseau  comme  une 
variété  sous  Vhypcrbovea. 

(3)  Le  chevalier  varié  ,  enl.  3oo  ,  que  M.  Meyer  rapporte  au  tourne- 
pierre,  n'est  qu'un  combattant. 

(4)  Totano  ,  nom  véuilie»  d'une  barge  ou  d'un  chevalier. 


ÈCHASSIEBS.  493 

dibiile  supérieure  s'arque  un  peu  vers  le  bout.  Leur  taille  est 
légère  et  leurs  jambes  élevées  ;  leur  pouce  touche  très-peu  à 
terre  5  leur  palmure  externe  est  bien  marquée. 

Le  Chevalier  a  gros  bec  ou  Grand  Chevalier  aux  pieds 
verts. {Scol.Gloltis,  L.)  Albin.  H.  69.  Âldrov. Ornith.  Uï. 
5':i5.  Brit.  Zool.  pi.  C  ,  i? 

Aussi  grand  qu'une  barge,  à  bec  gros  et  fort,  cendré  brun 
dessus  et  aux  côtés ,  blanc  dessous,  à  croupion  blanc  à  queue 
rayée  de  gris  et  de  blanc,  à  pieds  verts.  C'est  le  plus  grand 
de  nos  chevaliers  d'Europe. 

Le  Chevalier  noir.  {Barge  brune.  Buff.  Enl.  8y5.  Scol. 
Fusca,  L.  Frisch.  256.  )  (i). 

Svelte  comme  une  barge,  brun  noirâtre  dessus,  ardoisé 
dessous,  à  plumes  liserées  ou  piquetées  au  bord  de  blan- 
châtre; croupion  blanc,  queue  blanche  rayée  de  gris  et  de 
blanc,  deux  caractères  qui  se  retrouvent  plus  ou  moins  dans 
tous  nos  chevaliers  j  pieds  jaunâtres. 

Le  petit  Chevalier  aux  pieds  verts.  (Scol,  Totanus,  L. } 

Enl.  876(2). 

Gris  brun  dessus,  à  plumes  piquetées  de  blanc  aux  bords, 
moucheté  de  brun  aux  côtés,  blanc  dessous,  à  pieds  verts  j 
l'ongle  du  pouce  usé. 

Le  grand  Chevalier  aux  pieds  rouges.  (Scol,  Calidris  L.  ) 

Enl.  827? 

Brun  dessus,  à  plumes  marquées  aux  bords  de  points 
noirâtres  et  de  points  blancs ,  devant  du  cou  et  dessous 


(1)  Selon  M.  Meyer,  les  scol.  curonica  et  cantabrlgiensis  ,  et  le  trin^a 
atra,  Gm. ,  doivent  se  rapporter  à  cet  oiseau.  Les  deux  premiers  sont  des 
ieunes. 

(2)  Cité  mal  à  propos  coianie  la  barge  aboyeuse ,  ou  le  scqL  cegO" 
ccphalUf  B. 


494  OISEAUX 

du  corps  Liane,  quelques  taches  grises  aux  côtés,  pîecl^ 
et  Lase  du  bec  couleur  de  minium. 

"he  petit  Chevalier  aux  pieds  rouges  ou  Gambette.  {Tringa 

Gambetta,)  Enl.  845. 

Brun  dessus,  avec  des  taclies  noires  et  quelque  peu 
(le  Llanclies  aux  bords  des  plumes  ,  blanc  dessous  avec 
mouchetures  brunes  ,  surtout  au  cou  et  à  la  poitrine  , 
pieds  comme  dans  le  précédent  \  taille  d'un  quart  moindre. 

Le  Bécasseau  ou  Cul  Blanc  de  rivière»  (  Tringa  Ochro^ 

pus,  L.)  Enl.  845. 

Noirâtre  bronzé  dessus ,  le  bord  des  plumes  piqueté  de 
blanchâtre ,  blanc  dessous ,  moucheté  de  gris  au  devant 
du  cou  et  aux  côtés,  les  bandes  noires  de  la  queue  larges 
et  en  petit  nombre  ,  les  pieds  verdâtres  ;  encore  plus  petit 
que  la  gambette.  C'sst  uq  bon  gibier ,  commun  aux  bords 
de  nos  ruisseaux,  quoiqu'il  y  vive  assez  solitaire. 

La  Guignette.  (  Tringa  hj-poleucos.  L.  )  Enl.  85o. 

Le  plus  petit  de  nos  chevaliers  ;  de  la  taille  de  l'alouette 
de  mer  ;  brun  verdâtre  bronzé  dessus  ,  avec  des  traits 
tranverses  fauves  et  noirs  sur  l'aile,  devant  et  dessous 
blancs ,  le  croupion  et  les  pennes  moyennes  de  la  queue 
de  la  couleur  du  dos,  les  lat/^rales  seules  rayées  de  blanc 
et  de  noir  com.me  aux  autres  chevaliers.  La  guignette  vit 
comme  le  bécasseau,  et  dans  les  mêmes  lieux. 

Parmi  les  chevaliers  étrangers ,  il  faut  surtout  remar- 
quer l'espèce  à  gros  bec  et  à  pieds  demi-palmés  de  l'Amé- 
rique septentrionale  {scolopax  semipalmata ,  L.  )  Encycî. 
méth.,  pi.  d'orn.  :  pi.  lxxt,  fig.  i  ,  presque  aussi  grande 
que  notre  première  espèce ,  à  bec  plus  court  et  plus  gros  , 
à  plumage  gris  brun  dessus ,  blanchâtre  dessous  ,  mou- 
cheté de  brunâtre  au  cou  et  à  la  poitrine  ,  à  doigts  bien 
bordés  ,  à  palmures  presque  égales  et  considérables  (i). 


(i)  Ce  genre  des  chevalier»,  mêlé  par  Buffon  de  plusieurs  variclés  de 


ÉCHASSIERS.  49^ 

Les  Lobipèdes.  (Lobipes.    Cuv.  ) 

Que  nous  croyons  devoir  séparer  des  phalaropes ,  dont  ils 
ont  les  pieds ,  s'en  distinguent  par  leur  bec  ;  qui  est  celui 
d'un  chevalier  -,   tel  est 

Le  Lohipède  à  hausse-col (  Tringa  hjperhorea  ) ,  enl.  "jGG , 
dont  Tringa  fusca  y  Edw.  4^  ;  ^st  probablement  la 
femelle  ou  le  jeune. 

Ce  petit  oiseau  gris  dessus,  blanc  dessous,  teinté  de 
roux  aux  scapulaires  ,  a  autour  de  sa  gorge  blanche  un 
large  hausse-col  roux. 

# 

Les  Echasses.   (Himantopus   (i),  Briss.  Macrotarsus, 

Lac.  ) 

Ont  le  bec  rond  ,  grêle  et  pointu ,  plus  encore  que  les 
chevaliers  ;  le  sillon  des  narines  n'en  occupe  que  moitié. 
Ce  qui  les  distingue  et  leur  a  donné  leur  nom ,  ce  sont 
leurs  jambes  excessivement  grêles  et  hautes ,  réticulées  et 
destituées  de  pouces,  dont  les  os  sont  si  faibles,  qu'ils  ren- 
dent leur  marche  pénible. 


combaUans  a  été  dispersé  par  Linnœus  dans  ses  deux  genres  scolopax  et 
tringa  ,  sans  aucun  motif.  Buffon  en  a  mis  deux  espèces  parmi  les  barges  \ 
cette  confusion  n'est  pas  encore  entièrement  débrouillée,  parce  que  je  n'aî 
pas  pu  observer  toutes  les  espèces  étrangères.  Il  est  aisé  de  voir  cependant 
qu'après  mes  déterminations,  je  n'ai  pas  dû  conserver  le  genre  actites 
d'iUiger. 

On  doit  encore  remarquer  que  les  descriptions  les  plus  exactes  ne  peu- 
vent faire  distinguer  sûrement  les  espèces  tant  que  l'on  n^aura  pas  séparé 
d'après  les  formes  de  becs  indiqués  ci-dessus ,  mes  chevaliers  de  mes  mau- 
bèches  et  de  mes  barges.  C'est  ce  qui  m'a  empêché  de  donner  la  synony- 
mie de  Bechslein  et  de  Meyer. 

(i)  Himantopus,  pied  en  forme  de  cordon,  (  à  cause  de  leur  faiblesse  ) 
«"esi  le  Bom  dé  cet  piseau  dan5  jpiiine. 


496  OISEAUX 

On  n'en  connaît  en  Europe  qu'une  espèce  ,  blanche ,  à 
calotte  et  manteau  noirs,  à  longs  pieds  rouges  (  charadrius 
himantopus  j  L.  ,  enl.  8j8)j  elle  est  assez  rare  et  ses  mœurs 
sont  peu   connues. 
On  ne   peut  guère  placer  qu'ici 

Les  Avocettes.   (  Recurvirostra  ,  L.) 

Quoique  leurs  pieds  palmés  à  peu  près  jusqu'au 
bout  des  doigts ,  puissent  presque  les  faire  consi- 
dérer comme  des  oiseaux  nageurs  :  mais  leurs  tarses 
élevés,  leurs  jambes  à  moitié  nues,  leur  bec  long, 
grêle ,  pointu ,  lisse  et  élastique ,  et  le  genre  de  vie 
qui  résultent  de  cette  conformation,  tendent  éga- 
lement à  les  rapprocher  des  bécasses.  Ce  qui  les 
caractérise  et  les  distingue  même  de  tous  les  oiseaux , 
c'est  la  forte  courbure  de  leur  bec  vers  le  haut. 
Leurs  jambes  sont  réticulées  et  leur  pouce  beaucoup 
trop  court  pour  toucher  à  terre. 

L'espèce  du  pays  {recurvirostra  ai^ocetta ,  enl.  555)  est 
blanche ,  avec  une  calotte  et  trois  bandes  à  l'aile  noires , 
et  des  pieds  plombés  j  c'est  un  joli  oiseau,  d'une  taille 
élancée,  qui  fréquente  les  bords  de  la  mer  en  hiver«. 
L'espèce  d'Amérique  (  r.  Amerîcana  )  en  diffère  par  un 
capuchon  roux  ;  il  y  en  a  sur  les  côtes  de  la  mer  des 
Indes  une  troisième  toute  blanche ,  a  ailes  toutes  noires , 
à  pieds  rouges  (  r.    orientalis^lSoh.  ) 

La  famille   des  Macrodactyles. 

A  les  doigts  des  pieds  fort  longs  et  propres 
à  marcher  sur  les  herbes  des  marais ,  ou  même 
à  nager  ,  surtout  dans  les  espèces  nombreuses 
qui  les  ont  bordés.    Cependant  il  n'y  a  pas 


ÉCHÂSSÏEtlS.  497 

de  membrane  entre  les  bases  de  leurs  doigts, 
pas  même  entre  celles  des  externes.  Le  bec  plus 
ou  moins  comprimé  par  les  côtés ,  s'allonge  ou 
se  raccourcit  selon  les  genres  ,  sans  arriver  ja- 
mais a  la  minceur  ni  à  la  feiblesse  de  celui  de 
la  famille  précédente.  Le  corps  de  ces  oiseaux 
est  aussi  singulièrement  aplati ,  conformation 
déterminée  par  Tétroitesse  du  sternum;  leurs  « 
ailes  sont  médiocres  ou  courtes ,  et  leur  vol 
faible.  Ils  ont  tous  un  pouce  assez  long. 

On  peut  les  diviser  en  deux  tribus ,  selon 
que  leurs  ailes  sont  armées  ou  non* 

Les  Jacanas  ,  Briss.  (Parra^  Lin.)  (i). 

Se  distinguent  beaucoup  des  autres  échassicrs  par 
des  pieds  à  quatre  doigts  très-longs,  séparés  jusqu'à 
leur  racine ,  et  dont  les  ongles  ,  surtout  celui  du 
pouce,  sont  aussi  très-longs  et  très-pointus ,  ce  qui 
les  a  fait  nommer  vulgairement  chirurgiens.  Leur 
bec  est  assez  semblable  à  celui  des  vamieaux  par 
sa  longueur  médiocre  et  le  léger  renflement  de  sou 
bout,  et  leur  aile  est  armée  d'un  éperon.  Ce  sor^t 
des  oiseaux  criards  et  querelleurs,  qui  vivent  dans 
les  marais  des  pays  chauds,  y  marchant  aisément 

(i)  Jacana  ou  Jahana,  est  proprement  au  Brésil  le  nom  des  poules 
d'eau.  On  y  nomme  les  Chirurgiens  Aquapeazos ,  parce  qu'ils  marchent 
sur  les  herbes  aquatiques  nommées  Aquaye  (  d'Azz.  ).  Peut-être  est-ce  par 
une  faute  de  copiste  que  l'un  d'eux  est  nommé  Agitapecaca  dans  Mar- 
grave. 

Parra  est  le  nom  laûn  d'un,  oiseau  inconnu. 

TOME    I.  32 


4g8  OISEAUX 

sur  les  herbes ,  au  moyen  de  leurs  longs  doigts. 

L'i^méiique  en  nourrit  quelques  espèces  qui  ont  sur  la 
base  du  bec  une  membrane  nue  ^  couchée  et  recouvrant  une 
partie  du  front. 

Le  Jacana  commun  {Parra  Jacana^  L. )  enl.  322. 

Noir ,  à  manteau  roux  ,  les  premières  pennes  des  ailes 
verîes,  des  barbillons  charnus  sous  le  bec.  C'est  le  plus 
commun  dans  toutes  les  parties  chaudes  de  l'Amérique. 
Il  a  des  aiguillons  très-aigus  (i). 

Il  y  en  a   cependant  aussi  quelques-unes  qui  manquent 
de  cet  ornement. 

Le  Jacana  bronzé-  (  Parra  œnea.  ) 

A  corps  noir,  changeant  en  bleu  et  en  violet,  à  man- 
-     teau   verd   bronzé,   à    croupion   et  queue  roux  sanguins, 

à  pennes  antérieures   de   l'aile  vertes  ;  une  tache  blanche 

derrière   l'ceil.  Du  Brésil.   Ses  aiguillons  sont  mousses  et 

petits. 

On  en  a  découvert  en  Orient  qui  manquent  également  de 
cette  membrane  j  et  qui  se  font  d'ailleurs  remarquer  par  des 
singularités  dans  les  proportions  de  leurs  pennes. 

Le  /.  à  longue  queue»  {Parra  Chinensis»)  Encycl.  méth., 

orn.,  pi.  6i ,  f.   I. 

Brun  à  télé  ,  gorge ,  devant  du  cou  et  couverture  des 
ailes  blancs ,  le  derrière  du  cou  garni  de  plumes  soyeuses 
jaune  doré,  un  petit  appendice  pédicule  au  bout  de  quel- 
ques-unes des  pennes  des  ailes  ^  quatre  des  pennes  de  la  queue 
noires  et  plus  longues  que  le  corps.  Le  Chirurgien  de  Luc  on  y 


(i)  Le  J.  varié {  P.  variabilis  )  enl.  846  ,  n'est  que  le  jeune  îige  du  com- 
mun. Le  P.  li/asih'cnsis  et  le  P.  nigra  n'existent  que  sur  rautorité  un 
peu  équivoque  de  Margrave.  Le  P.  vindis  qui  ne  repose  aussi  que  sur  la 
Description  de  Margrave  ,  me  paraît ,  par  cette  Description  même  ,  êlre  une 
talève.  Le  P.  Af ricana  de  Latli.  diffère  à  peine.  Pour  le  P,  Chavaria 
voyez  ci-dessous  Particle  du  lifiniichi. 


ÉCiïASSIERS.  499 

de  Sonnerai  (Parra  Luzoniensis)  n'est  que  son  jeune  âge  : 
outre  quelques  différences  de  couleur ,  il  n'a  pas  encore  de 
longue  queue. 

Les  Kàmichi.  (  Palamedea  ,  L.  ^ 

Représentent ,  à  beaucoup  d'égards ,  les  jacanas  ^ 
mais  en  Irès-grand^  par  les  deux  forts  ergots  qu'ils 
portent  à  chaque  aile,  par  leurs  longs  doigts  sans 
palmures  et  par  leurs  ongles  forts  ,  surtout  celui 
du  pouce,  qui  est  long  et  droit  comme  aux  alouettes; 
mais  leur  bec ,  peu  fendu ,  est  peu  comprimé  ,  non 
renflé,  et  sa  mandibule  supérieure  légèrement  arquée. 
Leurs  jambes  sont  réticulées. 

On  n'en  connaît  bien  qu'une  espèce  (  palamedea  cor- 
nuta  ,  L.),  enl.  45i,  anhima  au  Brésil,  caniouche  k 
Cayenne^  etc.,  plus  grande  que  l'oie,  noirâtre,  avec  une 
tache  rousse  à  l'épaule,  et  dont  le  sommet  de  la  télé  porie 
lin  ornement  singulier  )  une  longue  tige  cornée  mince 
et  mobile.  Cet  oiseau  se  tient  dans  les  lieux  inondés  de 
l'Amérique  méridionale  ,  et  fait  entendre  de  loin  les  cclats 
d'une  voix  très-forte.  Il  vit  par  paires  avec  beaucoup  de 
fidélité.  On  a  dit  qu'il  chassait  aux  reptiles  ;  mais  quoique 
son  estomac  soit  peu  musculeux ,  il  ne  se  nourrit  guère 
que  d'herbes  et  de  graines  aquatiques  (i). 

Le  Chaïa  du  Paraguai ,  d'Azz.  (Chauna,  Illiger.)  Parra 

chavaria  ,  L. 

Paraît  au  moins  fort  voisin  du  palamedea  ;  sans  corne 
sur  le-vertex  :  son  occiput  esl  orné  d'un  cercle  de  plumes 
relevées  ,  et  sa  tête  et  le  haut  de  son  cou  ne  sont  revêtus 
que  de  duvet.  Le  reste  de  son  plumage  est  plombé  et  noi- 

jWi'  I  "    '  '<  "  '   '■'  I  II  ^         ■un     iri     i.i  II  mi.     ■:    M  I ....... 

(i)Bajon  .  Mt'nî.  sur  Cayenne  5ÏI.  a84. 


bOO  OISEAUX 

râlre.  ïl  mange  surlout  des  lierbes  aquatiques^  et  les  Indiens 
de  Carlliagène  en  élèvent  quelques  individus  dans  leurs 
troupeaux  d'oies  et  de  poides ,  parce  qu'on  le  dit  fort  cou- 
rageux et  capable  de  repousser  même  le  vautour.  Un 
phénomène  singulier,  c'est  que  sa  peau,  même  celle  de 
ses  jambes,  est  enflée  par  l'air  interposé  entre  elle  et  la 
cliair  et  craque  sous  le  doigt  (i). 

Dans  la  tribu  dont  les  ailes  ne  sont  point  ar- 
mées ^Linnœus  comprend,  sous  le  genre jfulica:, 
ceux  dont  le  bec  se  prolonge  en  une  sorte  d'é- 
cusson  qui  recouvre  le  front  ;  et  sous  le  genre 
rallus  5  ceux  qui  n'ont  point  cette  particu- 
larité. 

Les   Râles.   (Pvallus,  L.  ) 

Qui  d'ailleurs  se  ressemblent  beaucoup  entre  eux, 
présentent  àe.s  becs  de  proportions  très-différentes. 

Parmi  les  espèces  qui  l'ont  plus  long  (Rallus,  Bechst.  ) 
on  compte  ^ 

Le  Raie  cfeau  d'Europe.  {Rallus  aquaiicus ,  L.  )  Enl.  749. 

Brun-fauve,  tacheté  de  noirâlre  dessus,  cendré  bleuâtre 
dessous,  à  flancs  rajés  de  noir  et  de  blanc _,  commun 
sur  nos  ruisseaux  et  nos  étangs,  oi^i  il  nage  assez  bien 
et  court  légèrement  sur  les  feuilles  des  herbes  aquatiques, 
se  nourrissant  de  petites  crevettes  ;  sa  chair  sent  le 
marais  (2), 


(1)  Je  n'ai  point  vu  cet  oiseau^  il  paraît  cepeudant  qu'il  a  une  demi- 
palmure  entre  le  doigt  externe  et  celui  du  milieu  ,  ce  qui  l'éloignerait  du 
kamiclii. 

(•2)  Joignez,  aux  raies  d'eau  les  rallus  Kirginiamis,  Edw.  Q79.  —  longi- 
rosLris  ,  enl.  849'  — varie^^aLus ,  cnl.  775.  —  Philipyensis ,  enl.  77^.  — 


ÉcHAssiERs.  Soi 

D'autres  espèces  (Grex,  Bechstein)  ont  le  bec  plus  court. 
On  y  range 

Le  Raie  de  genêts ,  vuîg.  Rni  des  cailles.  {Ralhis creXj  L.) 

Enl.  750. 

Brnn-fauve,  tacheté  de  noirâtre  dessus,  grisâtre  dessous, 
à  flancs  rayés  de  noirâtre  ,  à  ailes  rousses.  Il  vit  et  niclie 
dans  les  champs ,  y  courant  dans  l'herhe  avec  beaucoup 
de  vitesse.  Son  nom  latin  crex  est  l'expression  de  son  cri. 
On  l'a  appelé  roi  des  cailles,  parce  qu'il  arrive  et  part 
avec  elles ,  et  vit  solitaire  dans  les  mêmes  terrains  ,  ce 
qui  a  fait  croire  qu'il  les  conduisait.  Il  se  nourrit  de 
graines  aussi-bien  que  d'insectes  et  de  vermisseaux. 

La  RIarouette  ou  petit  Raie  tacheté.  (  Rallus  Porzana.  L.  ) 

Enl.  761. 

Brun-foncé,  piqueté  de  blanc,  à  flancs  rayés  de  blan- 
châtre ;  se  tient  près  des  étangs ,  fait  avec  du  jonc  un 
nid  en  forme  de  nacelle  qu'elle  attache  à  quehjue  lige 
de  roseau  ;  nage  et  plonge  fort  bien,  et  ne  quitte  notre 
pays  que  dans  le  fort  de  l'hiver  ([). 

Le  genre  Fulica.  L. 

Peut   se    subdiviser  comme    il    suit ,    d'après   la 
forme  de  son  bec  et  les  garnitures   de  ses  pieds. 
Les  Poules  d'eau.    (  Gallinula  ,  Briss.   et  Lath.  ) 
Ont  le  bec  à  peu  près  comme  le  raie  de  terre,  dont  elles 


torquatus ; — strlaUis ;  \efuUca  Cayennensis ,  qui  est  un  vrai  raie,  enl. 
352  ,et  même  le  rallus  fucus  ,  enl.  776,  quoique  cekû-ci  commence  à  avoir 
un  bec  phis  court.  Il  paraît  qu'on  doit  y  joindre  aussi  le  rallus  Carohnus, 
Edw.  i44  >  q"'  ^^  diffère  du  nôtre  que  par  sa  gorge  noire. 

(1)  Parmi  les  raies  à  bec  court  peuvent  se  ranger  les  rallus  phœnîcurus 
dont  Buffon  fait  sans  sujet  une  poule  d'eau ;,  enl.  896.  —  Cayaiiensis ,  enl. 
753  et  368.  —  minutus ,  enl.  847. —  Janiaiceiisis ,  Edw.  278. 

Le  rallus  Bcn^aUnsls  est  une  rhjnchée.  Je  ue  coauais  pas  les  autres. 


502  OISEAUX 

se  disliiiguent  par  la  plaque  du  front,  et  par  des  doigts  fort 
longs  et  munis  d'une  bordure  très-étroite. 

La  Poule  d'eau  commune.  {Fulica  cJiloropus,  L.)  Enl.  877. 

Brun-foncé  dessus,  gris  d'ardoise  dessous,  avec  du  Liane 
aux  cuisses,  le  long  du  milieu  du  bas-ventre  et  au  bord 
extérieur  de  l'aile.  Les  jeunes  {Fulica  fusca ^  Gm.),  pou- 
lette d'eau ,  BuiF. ,  sont  plus  claires  et  ont  la  plaque  fron- 
tale plus  grande. 

La  Poule  d'eau  tachetée  ou  Grinetie  {Fulica  nœ\>ia)* 

B.essemble  au  raie  de  terre,  même  par  sa  teinte  brun- 
fauve  ,  tachetée  de  noirâtre  ,  l'aile  et  le  dessous  ont  des 
stries  transvers€s  brun-noirâtre  sur  un  fond  fauve. 

Les  Talèves  ou  Poules  stTLTA^■ES.  (Porphyrio,  Briss.) 

Qui  ont  le  bec  plus  liant  relativement  à  sa  longueur;  les 
doigts  très-longs,  presque  sans  bordure  sensible,  et  la  plaque 
frontale  considérable ,  tantôt  arrondie  ,  tantôt  carrée  dans 
le  haut.  Ils  se  tiennent  sur  un  pied  en  portant  de  l'autre 
les  alimens  au  bec.  Leurs  couleurs  sont  généralement  de 
belles  nuances  de  violet  ,  de  bleu  et  d'aiguë -marine. 
Telle  est 

La   Poule    sultane    ordinaire.    {Fulica    porphj-rio ,    L.) 

Enl.    810. 

Bel  oiseau  d'Afrique  naturalisé  aujourd'hui  dans  plu- 
sieurs îles  et  côtes  de  la  Méditerranée.  Sa  beauté  pourrait 
faire  l'ornement  de  nos  parcs  (i). 

Enfin,  les   Foulques    proprement  dites    ou    Morelles , 

(FuL-icA,  Brisson.  ) 

Qui   joignent  à  un  bec   court    et   à    une   plaque   frontale 

(1)  hesi fulica  maculata ,  Jlavipcs  el/istulanf,  ne  reposent  originairement 
que  sur  de  mauvaises  ligures  donne'es  par  Gesner  ,  d'aniès  les  dessins  qui 
Ini  avaient  été  envoyés.  Mulalç:^ fulica  ïi/artiiicensis  t*.  flm'iroUris  sont 
de  vraies  talcves. 


ÉCHASSIERS.  5o3 

consîtîérable  des  doigts  fort  élargis  par  une  "bordure  fes- 
tonnée ,  qui  en  font  d'excellens  nageurs  ;  aussi  passent-elles 
toute  leur  vie  sur  les  marais  et  les  étangs.  Leur  plumage 
lustré  ne  s'accommode  pas  moins  que  leur  conformation  à  ce 
genre  de  demeure,  et  ces  oiseaux  établissent  une  liaison 
marquée  entre  l'ordre  des  oiseaux  de  rivage  et  celui  des 
palmipèdes. 

Nous  n'en  avons  qu'un. 

ha.  Foulque  ou  Morelle  tV Europe.  {Fulica  atra^  F,  aterriniaj 
et  F,  œthiops ,  Gm.  )  Enl.   197. 

De  couleur  foncée  d'ardoise  à  plaque  du  front,  et  bord 
des  ailes  de  couleur  blancbe  :  commune  partout  où  il  y 
'  a  des  étangs. 

Nous  terminerons  ce  tableau  des  échassîers 
par  deux  genres  qu'il  est  difficile  d'associer  à 
d  autres ,  et  que  l'on  peut  considérer  comme 
formant  séparément  de  petites  familles. 

Les    Giaroles   ou    Perdrix    de    mer.    (  Gla- 

REOLA  ^    Gni.) 

Leur  bec  est  court,  conique,  arqué  tout  entier, 
assez  fendu  et  ressemblant  à  celui  d'un  gallinacé. 
Leurs  ailes  excessivement  longues  et  pointues,  leur 
queue  souvent  fourchue ,  rappellent  le  vol  de  Tbi- 
rondelle  (i)  ou  des  palmipèdes  de  haute-mer  ;  leurs 
jambes  sont  de  hauteur  médiocre,  leur  tarse  écus- 
sonné ,  leurs  doigts  externes  un  peu  palmés  et  leur 
pouce   touche  la   terre.    Elles  volent  en  troupes  et 


(i)  Linnœus  (Edit.  XII)  avait  même  rangé  l'espèce  comin^Jifte  .dans  ic^, 
genre  liiiundo;  sous  le  nom  d'hir.  Pratinçoh.  '^''^-  ^ 


5o4  OISEAUX 

€11  ciiaot  aux  Lords  des  eaux.  Les  vers  et  les  in- 
sectes aquatiques  font  leur  nourriture. 

Uespèce  d'Europe.  (  Glareola  yiustriaca ,  Gm.  )  Enl.  882. 

Est  brune  dessus  ,  ]>lanclie  dessous  et  au  croupion  ;  sa 
gorge  est  entourée  d'un  cercle  noir  ;  la  hase  de  son  bec 
et  ses  pieds  sont  rougeâtres.  Il  paraît  qu'on  la  trouve  dans 
tout  le  nord  de  l'ancien  Monde  (i). 

Les  Flâ3IMANTS.  (PnOENICOPTERUS.    L.) 

Forment  le  plus  singulier  de  ces  genres  et  l'un  des 
plus   extraordinaires  parmi  tous  les  oiseaux  ;  leurs 
jambes,  d'une  hauteur  excessive,  ont  les  trois  doigts 
de  devant  palmes  jusqu'au  bout,  et  celui  de  derrière 
extrêmement  court  3  leur  cou,  non  moins  grêle  ni 
moins  long  que  leurs  jambes,  et  leur  petite  tête,  por- 
tent un  bec  dont  la  mandibule  inférieure  est  un  ovale 
ployé  longitudinalement  en  canal  demi-cylindrique, 
tandis  que  la  supérieure  oblongue  et  plate  est  plojée 
en  travers  dans  son  milieu  pour  joindre  l'autre  exac- 
lemenl.  La  fosse  membraneuse  des  narines  occupe 
presque  totit  le  côté  de  la  partie  qui  est  derrière  le 
pli  transversal,  et  les  narines  elles-mêmes  sont  une 
fente  longitudinale  du  bas  de  la  fosse.  Les  bords  des 
deux  mandibules  sont  garnis  de  petites  lames  trans- 
versales très-fines,  ce  qui,  joint  à  lépaisseur  charnue 
de  la  langue,  donne  à  ces  oiseaux  quelque  rapport  avec 
les  canards.  On  pourrait  même  placer  les  flammants 
parmi  les  palmipèdes,  sansla  hauteur  de  leurs  tarses  et 
la  nudité  du  bas  de  leurs  jambes.  Ils  vivent  de  coquil- 

(i)  Glareola  nœviu  .  Gu).  n'a  rien  cl'aLUlicnliqnc. 


ÉCHASSIERS.  5o5 

lages^d'insGcles,  d'œufs  de  poissons  qu'ils  pèchent  au 
moyen  de  leur  long  cou,  et  en  retournant  leur  tète 
pour  employer  avec  avantage  le  crochet  de  leur  bec 
supérieur.  Ils  font  dans  les  marais  un  nid  de  terre  élevé 
où  ils  se  mettent  à  cheval  pour  couver  leurs  œufs , 
parce  c{ue  leurs  longues  jambes  les  empêchent  de  s'y 
prendre  autrement. 

L'espèce  commune.  (Phœnicoptcrus  ruber.)   Enl.  68. 

Cales])y,  75. 

Paraît  répandue  surtout  !e  globe  au  dessous  de  4o  à  4^ 
degrés;  haute  de  trois  et  quatre  pieds,  cendré  blancîiâtre  la 
première  année ,  elle  prend  du  rose  vif  aux  ailes  la  seconde  ; 
et  devient  pour  toujours,  la  troisième,  d'une  couleur  de  feu 
clair.  Les  pennes  des  ailes  sont  noires  j  le  bec  jaune  et  noir 
au  bout,  les  pieds  ])ruiis. 

On  voit  des  troupes  nombreuses  de  ces  oiseaux  sur  nos 
cotes  méridionales^  elles  remontent  quelquefois  jusque  vers 
le  Rbin. 


LE  SIXIÈME  ORDRE  DES  OISEAUX  OU 

LES  PALMIPÈDES. 


Leurs  pîeds  faits  pour  la  natation  ,  c'est-a- 
clire  implantés  à  l'arrière  du  corps  ,  portés  sur 
(les  tarses  courts  et  comprimés,  et  palmés  entre 
les  claigts,  les  caractérisent.  Leur  plumage  serré, 
lustré  5  imbibé  d'un  suc  huileux  ,  garni  près  de 
la  peau  d'un  du\et  épais  ,  les  garantit  contre 
l'eau,  sur  laquelle  ils  vivent.  Ce  sont  aussi  les 
seuls  oiseaux  où  le  cou  dépasse  et  c[uek|uefois 


5o6  OISEAUX 

de  beaucoup  la  longueur  des  pieds,  parce  qu'en 
nageant  à  la  surface  ils  ont  souvent  à  chercher 
dan^  la  profondeur.  Leur  sternum  est  très- 
long ,  garantissant  bien  la  plus  grande  partie  de 
leurs  viscères  ;  et  n'ayant  de  chaque  côté 
qu'une  échancruré  ou  un  trou  ovale  garni  de 
membranes.  Ils  ont  généralement  le  gésier 
musculeux  ,  les  cœcums  longs  et  le  larynx  in- 
férieur simple  5  mais  renflé  dans  une  famille  en 
capsules  cartilagineuses. 

Cet  ordre  se  laisse  assez  nettement  diviser 
en  quatre  familles. 

Nous  le  commencerons  par  celle 

des  Plongeurs  ou  Brachyptères. 

Dont  une  partie  a  quelques  rapports  exté- 
rieurs avec  celle  des  poules  d'eau  ;  les  jambes 
implantées  plus  en  arrière  que  dans  tous  les 
autres  oiseaux  ,  leur  rendent  la  marche  pénible 
et  les  obligent  à  se  tenir  a  terre  dans  une  posi- 
tion verticale.  Comme  d'ailleurs  la  plupart  sont 
mauvais  voiliers  ,  que  plusieurs  ne  peuvent 
même  point  voler  du  tout ,  à  cause  de  l'ex- 
cessive brièveté  de  leurs  ailes  ,  on  peut  les  re- 
garder comme  prescpie  exclusivement  attachés 
h  la  surface  des  eaux;  aussi  leur  plumage  est-il 
des  plus  serres;  souvent  même offre-t-il  une  sui^- 


PALMIPÈDES.  007 

face  lîsseet  laiéclatargenté.lis  nagent  sous  l'eau 

en  s'aidanC  de  leurs  ailes  ,  presque  comme  de 

nageoires.  Leur   gésier  est   assez  musculeux , 

leurs  cœcums  médiocres  ;  ils  ont  uii  muscle 

propre  de  chacjue  côté  à  leur  larynx  inférieur. 

Parmi  ces  oiseaux  le  genre  des 

Plongeons.  (CoLYMBus.  L.)  (i). 

N'a  pour  caractère  particulier  qu'un  bec  lisse,  droit, 
comprimé,  pointu,  et  des  narines  linéaires  ;  mais  la 
différence  de  ses  pieds  l'a  fait  subdiviser. 

Les  Grèbes.  Brlss.  (Podiceps.  Lath.  Colymbus.  Briss. 

et  llliger.  ) 

Ont  au  lieu  de  vraies  palmures  les  doigts  élargis  comme 
clans  les  poules  cl'eau  et  les  antérieurs  réunis  seulement  à  leur 
hase  par  des  membranes.  L'ongle  du  milieu  est  aplati  ;  le 
tarse  fortement  comprimé,  l'éclat  métallique  de  leur  plumage 
l'a  souvent  fait  employer  comme  fourrure.  Leur  tibia  j  ainsi  qne 
celui  du  sous-genre  suivant^  se  prolonge  vers  le  liaut  en  une 
pointe  qui  donne  des  insertions  plus  efficaces  aux  extenseurs 
de  la  jambe. 

Ces  oiseaux  vivent  sur  les  lacs  et  les  étangs  ^  et  niclient  dans 
les  joncs.  Il  paraît  qu'ils  portent  dans  certaines  circonstances 
leurs  petits  sous  leurs  ailes.  Leur  taille  et  leur  plumage  clian- 
gent  tellement  avec  l'âge,  que  les  naturalistes  eu  ont  trop 
multiplié  les  espèces.  M.  Meyer  réduit  celles  d'Europe  à 
quatre. 

Le  Grèbe  huppe'.  (  Col.  cristatus.  Gm.  Enl.  4oo  et  944* 

Col.  uriiiator.  Gm»  Enl.  94  ï* 
Grand  comme  un  canard,  bran-noir  dessus,  blanc  d'ar- 


(i)  Colymbus.  Nom  grec  de  ces  oiseaux. 


5o8  OISEAUX 

gent  dessous,  une  bande  Manclie  sur  l'aile  ;  avec  l'âge  il 
prend  une  double  liuppe  noire,  et  les  adulles  ont  de  plus 
une  large  collerette  rousse  bordée  de  noir  au  haut  du  col. 

Le  Grèbe  cornu.  (  CoL  cornutus.  Enl.  4o4.  2.  Col.  ohs- 
ciirus.  Enl.  942.  et  CoL  caspicus.  Gm.  ) 

Semblable  au  précédent  pour  la  forme  ,  mais  la  collerette 
de  l'adulte  noire  5  ses  liuppes  et  le  devant  de  son  col  roux. 
Sa  taille  est  d'ailleurs  bien  moindre. 

Le  Grèbe  à  joues  grises.  (  Col.  suhcrislaius  j  parotis  et 
ruhricollis.  Enl.  94?.) 

A  aussi  le  devant  du  cou  roux,  mais  les  buppes  de  l'adulte 
sont  petites  et  noires,  et  sa  collerette  très-courte  et  grise.  Sa 
taille  le  place  entre  les  deux  précédens. 

Le  petit  Grèbe  ou  Caitagneux.  (  Col,  minor.  Gm.  )  Enl.  QoS. 

Grand  comme  une  caille,  n'a  jamais  de  crête  ni  collerette, 
son  plumage  est  brun,  plus  ou  moins  nuancé  de  roux, 
excepté  à  la  poitrine  et  au  ventre,  011  il  est  gris  argenté.  Les 
jeunes  ont  la  gorge  blancbe. 

Les  Plo^geoas  proprement  dits.  (Mep.gus.  Briss.  (i) 
CoLYMBus.  Latb.  EuDYTEs.  Illiger.  ) 

Ont  avec  toutes  les  formes  des  grèbes,  les  pieds  des  palmi- 
pèdes ordinaires;  c'est-à-dire,  les  doigts  antérieurs  unis  jus- 
qu'au bout  par  des  membranes  et  terminés  par  des  ongles 
pointus.  Ce  sont  des  oiseaux  du  nord,  Cjui  niclient  rarement 
cbez  nous  et  nous  arrivent  en  biver.  Alors  nous  voyons  quel- 
quefois sur  nos  cotes 

Le  grand  Plongeon.  (  Col.  glacialis.  Enl.  9j2.  Col.  arc- 
ticus.  Edw.  14^^  et  Col,  immer.   Gm.  Enl.  9i4.) 

Dont  l'adulte  long  de  deux  pieds  et  demi,  a  la  tête  et  le 
cou  noirs  clianceant  en  vert  avec  un  collier  blanebâtre;  le 

(i)  Mergus  (plongeur)  ,  nom  latin  d'un  oiseau  de  mer  diriîcile  à  déter- 
miner- Linnacus  d'après  Gesner ,  Ta  appliqué  au  harle.  Eudytes  nom  com- 
posé par  M.  Illiger,  a  le  même  sens  en  grec. 


PA.LMIPÈDES.  Sog 

tlos  briin-noirâlre  piqueté  de  blanchâtre  ^  et  le  dessousbîanc. 
Les  jeunes  j  qui  viennent  plus  souvent  sur  nos  eaux  douces^ 
varient  diversement  pour  le  plus  ou  moins  de  noir  du  cou 
et  le  gris  ou  le  brun  du  dos,  ce  qui^  joint  à  leur  moindre 
taille  y  a  fait  multiplier  les  espèces. 

Le  petit  Plongeon.  {Col  septentrlonalis.  Eul.  3o8  et  Col. 
Stellaius.  Gm.  Enl.  992.) 

Le  mâle  adulte  est  brun  dessus^  blanc  dessous,  la  face 
et  les  côtés  du  cou  cendré;  le  devant  du  cou  roux.  La 
femelle  et  les  jeunes  sont  bruns  piquetés  de  blanc  dessus, 
tout  blancs  dessous. 

Les  GuiLLEMOTs.  (Ukia.  Briss.  et  111.  (i).) 

Ont  avec  la  forme  générale  du  bec  des  précédens,  des 
plumes  jusqu'à  la  narine,  et  une  écliancrure  de  la  pointe 
qui  est  un  peu  arquée.  Mais  leur  principale  distinction  est  de 
manquer  de  pouce.  Leurs  ailes,  beaucoup  plus  courtes  encore 
que  dans  les  plongeons ,  suffisent  à  peine  pour  les  faire  voleter. 
Ils  vivent  de  poissons,  de  crabes,  se  tiennent  dans  les  rochers 
escarpés  et  y  pondent. 

L'espèce  connue  dite  Grand  Guillemot,  {Colj'mhustroile» 

L.  )  Enl.  900. 

Est  de  la  taille  d'un  canard ,  la  tête  et  le  cou  bruns,  le 
dos  et  les  ailes  noirâtres,  le  ventre  blanc,  une  ligne  blanche 
sur  l'aile,  formée  par  les  bouts  des  pennes  secondaires. 
Elle  habite  dans  le  fond  du  nord  ;  niche  cependant  sur 
les  côtes  rocailleuses  d'Angleterre  et  d'Ecosse,  et  nous 
vient  dans  les  grands  hivers. 

On  pourrait  encore  séparer  des  guillemets 


(1)  Uria,  nom  grec  ou  plutôt  latîn  d'un  oiseau  aquatique  qui  paraît  avoir 
été  un  plongeon  ou  un  grèbe.  Guillemot ,  nom  anglais  de  noire  ciseau , 
doit  indiquer  sa  stupidité. 


5 1 0  OISEAUX 

Les  Cephus  (vulg.  Colombes  du  Groeland.)  (i). 

Dont  le  bec  est  plus  court,  à  clos  plus  arqué,  et  sans 
échancrure.  La  sympliise  de  leur  mandibule  inférieure  est 
extrêmement  courle.  Leurs  ailes  sont  plus  fortes  et  les  mem- 
branes de  leurs  pieds  assez  écbancrées. 

L'espèce  la  plus  connue,  dite  Petit  Guillemot  ou  Pigeon 
de  Groenland»  (  Cofymbus  minor  et  Grjlle.  Gm.  )  Enl. 

^   917- 

De  la  taille  d'un  bon  pigeon  ,  est  noire  dessus  ,  blanclie 
dessous,  avec  un  trait  blanc  sur  l'aile  comme  au  guillemot. 
Son  bec  est  noir  et  ses  pieds  rouges.  Il  y  en  a  des  indi- 
vidus diversement  tacbelés.  (  C.  Marmoratus.  Penn.  arct. 
Zool.  II,  pi.  22,  2.  et  Friscli.  Supp.  B.  i85.);  d'autres  avec 
les  couvertures  de  l'aile  blancbe.  [C,  Grj-lle.  Alb.  11.  80)  et 
même  de  blancs.  (  Col.  Lacteolus.  Pall.  )  (2),  Elle  liabile 
toutes  les  côles  du  nord;  niche  sous  terre.  Nous  la  voyons 
aussi  quelquefois  en  hiver. 

Le  genre  des 

Pingouins.  (Alca.  Lin.  ) 

Se  reconnaît  à  son  bec  très-comprimé ,  élevé  vertica- 
lement, tranchant  par  le  dos,  ordinairement  sillonné 
en  travers ,  à  ses  pieds  entièrement  palmés  et  man- 

(ï)  Cephus,  nom  d\m  oiseau  de  mer  souvent  meniionné  par  les  Gre.j- ,  r^ 
qui  paraît  avoir  été  quelque  espèce  de  pétrel  ou  de  mouette.  Il  a  été  appliqué 
par  Mœring  et  ensuite  par  Pallas  aux  plongeons  et  aux  guillemots. 

(a)  Edvv.  5o  ,  que  l'on  rapporte  au  petit  guillemot  ou  cephus  me  paraît 
avoir  le  bec  bien  plus  long.  J'en  dis  autant  des  oiseaux  figurés  par  Penn. 
Brit.  Zool.  n.  pi.  83.  i.  Ce  sont  des  gnillemots  proprement  dits.  —  Au 
contraire,  Valca  aile  ,  Peunt.  Brit.  Zool.  11.  pi.  82  ,  i  ,  Alb.  i.  85,  appar- 
tiennent aux  cephus.  —  Edw^.  91.  qu'on  lui  associe  ne  paraît  même  qu'une 
variété  du  coîymhus  gry'lle.  il  me  semLle  en  être  de  mètne  de  Briss.  \I. 
pi.  8.  f.  a.  que  Ton  cite  sous  «/ca /j/ca. 


PALMIPÈDES.  5ll 

quant  de  pouces  comme  ceux  des  guillemols.  Tous 
ces  oiseaux  habitent  les  mers  du  Nord. 

H  peuvent  encore  être  subdivisés  en  deux  sous-genres. 

Les  Macareux.  (Fratercula.  Briss.  Mormon.  111.) 

Dont  le  bec  plus  court  que  la  tête  est  autant  et  plus  élevé 
à  sa  base  qu'il  n'est  long,  ce  qui  lui  donne  une  forme  très- 
extraordinaire  ;  une  peau  plissée  en  garnit  ordinairement  la 
base.  Leurs  narines  placées  près  du  bord,  ne  sont  que  des 
fentes  étroites.  Leurs  petites  ailes  peuvent  encore  les  soutenir 
un  instant  j  ils  vivent  sur  la  mer  comme  les  guillemots  et  ni- 
chent sur  les  rochers. 

Le  Macareux  le  plus  commun.  '{ Alca  arciica,  L,  et 
Lahradoria.  Gm.  )   Enl.  275. 

De  la  taille  d'un  pigeon,  a  la  calotte  et  le  manteau  noir 
et  tout  le  dessous  blanc.  Il  nicbe  quelquefois  sur  les  côtes 
escarpées  de  l'Angleterre  et  abonde  sur  les  nôtres  en  bi- 
ver  (1). 

Les  Pingouins  proprement  dits.  (Alca.  Cuv.  )  (2). 

Ont  le  bec  plus  allongé  et  en  fwme  de  lame  de  couteau  ;  les 
plumes  en  garnissent  la  base  jusqu'aux  narines;  leurs  ailes 
sont  décidément  trop  petites  pour  les  soutenir  et  ils  ne  volent 
point  du  tout. 

Nous  voyons  quelquefois  sur  nos  côtes  en  hiver 


(1)  Ajoutez  les  alca  cristalella.  —  A.  tetracula.  —  A.  pslttacula. — 
A.  cirrhata ,  toutes  espèces  du  nord  de  la  mer  Pacifique.  Pallas. 
Spic.  V. 

(2)  Alca  ,  alk  ,  auk  ,nom  du  pingouin  aux  îles  de  Feroe,  et  dans  le  nord 
de  l'Ecosse.  Celui  de  pingouin  ,  donné  d'abord  aux  manchots  du  Sud  , 
par  les  Hollandais  ,  indique  leur  graisse  huileuse.  Voyez  Clusius,  Exot. 
ïoi.  C'est  Buffon  qui  a  transféré  exclusivement  ce  nom  aux  algues  du 
Kord. 


5i2  OISEAUX 

Le  Pingouin  commim,  {Alca  torda  et  j)ica.  Gm.)  EtA. 

ioo5, 1004. 

Noir  dessus^  blanc  dessous;  une  ligne  blanche  sur  l'aile 
et  une  ou  deux  sur  le  bec.  Le  maie  a  de  pjus  la  gcrge  noire 
et  un  trait  blanc  de  l'œil  au  bec.  La  taille  de  cet  oiseau  est 
à  peu  près  de  celle  du  canard. 

Le  grand  Pingouin.  {Alca  impennis.  L.  )  Enl.  55^. 

Approche  de  celle  de  l'oie  ;  ses  couleurs  sont  à  peu  près 
celles  du  précédent;  mais  son  bec  est  tout  noir,  marqué  de 
huit  ou  dix  sillons  et  il  a  une  tache  blanche  ovale  entre  le 
bec  et  l'œil;  ses  ailes  sont  plus  petites  à  proportion  que 
dans  aucune  espèce  de  ce  genre.  On  dit  qu'il  ne  pond  qu'un 
grand  œuf  ^  tacheté  de  pourpre. 

Le  genre  des  Manchots.  (Aptenodytes.  Forst.) 

Est  encore  moins  volatile  que  les  pingouins;  ses  pe- 
tites ailes  ne  sont  garnies  que  de  vestiges  de  plumes, 
au  premier  coup  d'oeil  presque  semblables  à  des 
écailles;  leurs  pieds  plus  en  arrière  que  dans  aucun 
autre  oiseau  j  ne  les  soutiennent  qu'en  s'appuyant  sur 
le  tarse,  qui  est  élargi  comme  la  plante  du  pied  d'un 
quadrupède  et  dans  l'intérieur  duquel  on  trouve  trois 
os  soudés  ensemble  parleurs  extrémités.  Ils  ont  d'ail- 
leurs un  petit  pouce  dirigé  en  dedans,  et  leurs  trois 
doigts  antérieurs  sont  unis  par  une  membrane  entière. 

On  n'en  trouve  que  dans  les  mers  Antarctiques  où 
ils  ne  viennent  à  terre  que  pour  nicher.  Us  ne  vont  à 
leurs  nids  qu'en  se  traînant  péniblement  sur  le  ventre. 

Leur  bec  peut  les  faire  diviser  en  trois  sous-genres. 

Les  Manchots  proprement  dits.  (ApTENODYxrs.Cuv.) 

L'ont  grêle,  long,  pointu;  la  mandibule  supérieure  un 
peu  arquée  vers  le  bout;  couverte  de  plumes  jusqu'au  tiers  de 


PALMIPÈDES..  5l3 

sa  longueur  ou  est  la  narine  et  d'où  part  un  sillon  qui  s'étend 
jusqu'au  bout. 

Le  grand  Manchot.  (  ^pt.  patagonica,  Gm.  )  Enl.  gyS. 

Est  de  la  taille  d'une  oie ,  ardoisé  dessus  ,  blanc  dessous  , 
à  masque  noir,  entouré  d'une  cravatte  citron.  Il  babite  en 
très-grandes  troupes  aux  environs  du  détroit  de  Magellan  et 
jusqu'à  la  Nouvelle-Guinée.  Sa  cbair,  quoique  noire,  est 
mangeable. 

Les  Gorfous.  (  Catarrhactes.  Briss.)  (i). 

Ont  le  bec  fort,  peu  comprimé,  pointu,  à  dos  arrondi,  la 
pointe  un  peu  arquée  ;  le  sillon  qui  part  de  la  narine  se  ter- 
mine oblique  ment  au  tiers  inférieur  du  bord. 

Le  Gorfou  sauteur.  (  y^pt.  chrysocoma.  Gm.  )  Enl.  984» 

Est  grand  comme  un  fort  canard ,  noir  dessus  ,  blanc 
dessous,  et  porte  une  buppe  blancbe  ou  jaune  de  cbaque 
côlé  de  l'occiput.  On  le  trouve  aux  environs  des  îles  ?da- 
louines  et  de  la  Nouvelle-Hollande.  Il  saute  quelquefois  au- 
dessus  de  l'eau  en  nageant,  et  fait  ses  œufs  dans  un  trou 
sur  la  terre  (2). 

Les  Sphénisques.  (Spheniscus.  Briss.)  (5). 

Ont  le  bec  comprimé,  droit ,  irrégulièrement  sillonné  à  sa 
base ,  le  bout  de  la  mandibule  supérieure  crocbu  ,  celui  de 
l'inférieure  tronqué  ,  les  narines  au  milieu,  et  découvertes. 

(i)  Gorfou,  corrompu  de  goirfugel,  nom  du  grand  pingouin  aux  îles 
de  Féroc.  Voyez  Clusius  ,  Exot.  567.  Catarrhactes  est  le  nom  grec  d'un 
oiseau  très-différent ,  qui  volait  très-bien  ,  et  qui  se  précipite  de  haut  sur 
sa  proie.  C'était  probablement  une  espèce  de  mouette. 

(1)  Ajoutez  yipt.  catarrhactes  ,  Edw.  49-  —  Apt.  papua  ,  Sonnerat. 
P'"  Voj.  pi.  II 5.  —  jipt.  torquala  ,  ib.  pi.  114.  —  -^^pt-  minor.  Latham, 
Syn.  I II  ,  pi.  io3. 

(3)  Spheniscus,  nom  donné  ,  par  Moehring^  aux  macareux,  et  par 
Brisson,  aux  manchots  j  de  Sîfm'  (coi;i  )% 

ïOME  I.  33 


5l4  OISEAUX 

Le  Sphénisque  du  Cap.  (  Apt,  demersa.  Gm.  )  Enl.  382 

et  ioo5. 

V 

^  Noir  dessus  ,  blanc  dessous ,  le  bec  brun  ,  arec  une  bande 
blanche  au  milieu  :  le  mâle  a  de  plus  un  sourcil  blanc,  la 
gorge  noire  ,  et  une  ligne  noire  dessinée  sur  la  poitrine  ,  et 
se  continuant  le  long  de  chaque  flanc.  Il  habite  surtout 
aux  environs  du  Cap ,  ou  il  niche  dans  les  rochers  (i). 

La   famille    des  Longipennes  ou  Grands 

VOILIERS. 

Comprend  les  oiseaux  de  haute  mer,  qui, 
au  moyen  de  leur  vol  étendu ,  se  sont  répandus 
partout,  et  que  les  navigateurs  observent  dans 
toutes  les  plages.  On  les  reconnaît  a  leur  pouce 
libre  ou  nul ,  à  leurs  très-longues  ailes  et  à 
leur  bec  sans  dentelures  ,  mais  crochu  au  bout 
dans  les  premiers  genres  ,  et  simplement  pointu 
dans  les  autres.  Leur  larynx  inférieur  n'a  qu  un 
muscle  propre  de  chaque  côté  ;  leur  gésier  est 
musculeux  et  leurs  cœcums  courts. 

Les  PÉTRELS.  (Procellaria.  Lin.) 

Ont  le  bec  crochu  par  le  bout,  et  dont  Fextrémité 
semble  faite  dîme  pièce  articulée  au  resle;  leurfi  na- 
rines sont  réunies  en  un  tube  couché  sur  le  dos  de 
la  mandibule  supérieure  ;  leurs  pieds  n'ont ,  au  lieu 
de  pouce,  qu'un  ongle  implanté  dans  le  talon.  Ce 
sont,  de  tous  les  palmipèdes,  ceux  qui  se  tiennent 

(ji)  Aptenod,  lorquata  ne  paraît  pas  Icaucoup  diffcrer  à^apt.  demersa. 


PALMIPÈDES.  5l5 

le  plus  constamment  éloignés  des  terres  ;  aussi  , 
quand  une  tempête  approche ,  sont-ils  souvent  obli- 
gés de  chercher  un  refuge  sur  les  écueils  et  sur  les 
vaisseaux  ;  ce  qui  leur  a  valu  le  nom  d'oiseau  de 
tempête.  Celui  de  pétrel  (  petit  Pierre  )  leur  vient 
de  l'habitude  de  marcher  sur  Teau  en  s'aidant  de  leurs 
ailes.  Ils  font  leurs  nids  dans  les  trous  des  rochers  , 
et  lancent  sur  ceux  qui  les  attaquent  un  suc  huileux 
dont  il  parait  qu'ils  ont  toujours  l'estomac  rempli. 
Le  plus  grand  nombre  des  espèces  habite  les  mers 
du  côté  du  pôle  antarctique. 

Ou  nomme  plus  particulièrement  Pétrels  ,  ceux  dont  la 
mandibule  inférieure  est  tronquée. 

La  plus  grande  espèce ,  Pétrel  géant ,  Quebranta  huessos 
ou  Briseur  d'os  (  Procell.  gigantea  ,  Gm.  )  ,  Lath.  , 
Syn.  III,  pi.  100, 

N'habite  que  les  mers  australes ,  et  surpasse  l'oie  en  gran- 
ideur.  Son  plumage  est  noirâtre  dessus  et  blanchâtre  des- 
sous. 

On  trouve  dans  les  mêmes  mers 
he  Damier  j  Pétrel  du  Cap,  Pintado  j  etc.  {Proc.  Ca- 

pensis.  ).  Enl.  964. 

De  la  taille  d'un  petit  canard  ,  tacheté  en  dessus  de  noir 
et  de  blanc,  blanc  en  dessous.  Les  navigateurs  eu  parlent 
souvent. 
'    Nous  voyons  quelquefois  sur  nos  côtes 

Le  Pétrel  gris-blanc,  (  Proc.  glacialis,  )  Enl.  69. 

Blanc ,  à  manteau  cendré ,  à  bec  et  pieds  jaunes ,  de  la 
taille  d'un  gros  canard.  Il  niche  sur  les  côtes  escarpées  des 
îles  britanniques  et  de  tout  le  nord. 

Mais  l'espèce  la  plus  connue  sur  toutes  les  mers ,  et  plu» 
particMlièreaient  uoîomf^e 


5l6  OISEAUX 

U Oiseau  de  Tempe'te  (  Proc.  pelagica)  ,  Bnss. ,  YI, 

XIII  y  I  (i). 

IN'est  guère  plus  grande  qu'vine  alouette  ,  haute  sur  jam- 
bes,  toute  brune,  hors  le  croupion  >  qui  est  blanc.  Quand 
elle  cherche  uu  abri  sur  les  vaisseaux  ,  c'est  un  signe  d'ou- 
ragan. 
Nous  séparons ,  avec  Brisson  j  sous  le  nom  de 

PUFFINS  (  PUFFINUS  )   (2)  , 

Ceux  où  le  bout  de  la  mandibule  inférieure  se  recourbe  vers 
le  bas  avec  celui  de  la  supérieure  ,  et  oii  les  narines  ,  quoique 
tubuleuses,  s'ouvrent  y  non  point  par  un  orifice  commun, 
mais  par  deux  trous  distincts.  Leur  bec  est  plus  allongé  à  pro- 
portion. 

Le  Puffin  cendré.  (  Proc.  piiffinus.  Gm.  )  Enl.  962. 

Est  cendré  dessus ,  blanchâtre  dessous ,  et  a  les  ailes  et 
la  queue  noirâtres  :  sa  taille  est  celle  d'un  pigeon.  Il  niche, 
comme  le  pétrel  gris-blanc,  dans  les  rochers  de  l'Angle- 
terre, de    l'Ecosse  et  des  îles  voisines  (3). 

On  juge  par  les  descriptions  incomplètes  de  Forster  ,  qu'il 
doit  y  avoir  ,  parmi  les  nombreux  oiseaux  des  mers  An- 
tarctiques ,  indistinctement  appelés  pétrels,  deux  groupes 
qui  peuvent  faire  des  genres  particuliers. 

Les  Pélécats'oÏdes,  Lacép.  (Halodroma  ,  llîig.  ) 

Qui ,  avec  le  bec  et  les  formes  des  pétrels  ou  des  puffins  , 
auraient  la  gorge  dilatable  comme  les  cormorans  ,  et  manque- 
raient tout-à-fait  de  pouce  comme  les  albatrosses  (  ProceZ/«77rt 
urinatrix  ,  Gm.  ),  et 

(î)  La  fig.  enl.  99"^  ,  est  une  espèce  voisine,  des  mers  du  Sud. 
(ji)  Puffin  ,  nom  du  macareux  ,  sur  les  côtes  d'Ecosse. 
(3)  Ajoutez  procell.  ohscura.  —  Et  proc.  paci/lca ,   qui  n'est  peut-être 
pas  différent  du procelL  œquinoctialis.  Edw.  89, 


PALMIPÈDES.  5l7 

Les  Prions  .  Lacép.  (Pachyptila  ,  lllig.  ) 

Qui ,  semblables  d'ailleurs  aux  pétrels  ,  auraient  les  narines 
séparées  comme  les  puffins,  le  bec  élargi  à  sa  base,  et  ses 
bords  garnis  extérieurement  de  lames  comme  les  canards. 
(  Les  Pétrels  bleus ,  procell.  "vittata  et  cœrulea  y  Gm.  )  (i). 

Les  Albatrosses.  (  Diomedea.  Lin.  ) 

Sont  les  plus  massifs  de  tous  les  oiseaux  d'eau. 
Leur  bec ,  grand ,  fort  et  tranchant ,  a  des  sutures 
marquées ,  et  se  termine  par  un  groc  croc  qui  y 
semble  articulé  ;  leurs  narines  sont  en  forme  de  rou- 
leaux y  courts  y  couchés  sur  les  côtés  du  bec  ;  leurs 
pieds  n'ont  point  de  pouce ,  ni  même  ce  petit  ongle 
qu'on  remarque  dans  les  pétrels.  Ils  habitent  tous 
les  mers  Australes  ,  vivent  de  frai  de  poisson^  de  mol* 
lusques  ,  etc. 

L'espèce  la  plus  connue  des  navigateurs  (  Diomedea  exu^ 

lans  y  Lin.  ) ,  enl.  25/  , 

Est  nommée  par  eux  mouton  du  Cap,  à  cause  de  sa  gran- 
deur y  de  son  plumage  blanc  à  ailes  noires  y  et  parce  qu'elle 
est  surtout  abondante  au  delà  du  tropique  du  Capricorne. 
Les  Anglais  l'appellent  aussi  vaisseau  de  guerre ,  etc.  C'est 
un  grand  ennemi  des  poissons  volans.  Elle  fait  un  nid  de 


(i)  Peut-être  sera-t-il  à  propos  de  distinguer  aussi ,  lorsqu'on  les  con- 
noîtra  mieux ,  les  espèces  à  queue  fourchue  (  Proc.  frei^atta  )  Rochef. 
Antill.  pi.  iS-x.  —  Proc.furcata.  —  Proc.  marina.  —  Proc.fuliginosa, 

(2)  Diomedea  ,  noms  anciens  de  certains  oiseaux  habftans  de  l'île  de 
Dioraède  ,  près  de  Tarente,  et  que  l'on  disait  accueillir  les  Grecs,  et  se 
jetter  sur  les  Barbares.  Quant  au  mot  albatros  ,  je  vois  que  les  premiers 
navigateurs  portugais  ont  appelé  les  fous,  et  d'autres  oiseaux  de  mer  , 
a'catros  y  ou  olcaLras.  Dampierre  a  appliqué  ce  nom  au  genre  actuel  j 
Grew  Ta  changé  en  alhltros  ^  et  Edw.  en  albatros. 


Ol8  OISEAUX 

terre  élevé  ,  et  y  pond  des  œufs  nomBrcux  et  bons  à  maîfs-^ 
ger.  On  dit  sa  voix  aussi  forte  que  celle  de  l'âne. 

On  a  observé  divers  albalrosses  plus  ou  moins  bruns  ou 
noirâtres;  mais  on  n'a  pu  encore  constater  jusqu'à  quel 
point  ils  forment  des  variétés  ou  des  espèces  distinctes  (i). 

Les  Goélands,  Mauves  , Mouettes.  (Larus.  L.  )  (2). 

Ont  le  bec  comprimé  ,  allongé  ,  pointu  ,  sa  man- 
dibule supérieure  arquée  vers  le  bout,  l'inférieure 
formant  en  dessous  un  angle  saillant.  Leurs  narines, 
placées  vers  le  milieu  ,  sont  longues  y  étroites  et  per- 
cées à  jour  ;  leur  queue  est  pleine  ,  leurs  jambes  as- 
sez élevées,  leur  pouce  court.  Ce  sont  des  oiseaux 
lâches  et  voraces ,  qui  fourmillent  sur  les  rivages  de 
la  mer ,  se  nourrissant  de  toute  espèce  de  poissons  , 
de  chair  de  cadavres ,  etc.  Ils  nichent  dans  le  sable 
ou  les  fentes  des  rochers ,  et  ne  font  que  peu  d'œufs» 
Lorsqu'ils  s'avancent  dans  les  terres ,  c'est  un  signe 
de  mauvais  temps.  11  s'en  trouve  plusieurs  espèces 
sur  nos  côtes  ;  et,  comme  leur  plumage  varie  beau- 
coup avec  l'âge,  on  les  a  encore  multipliées. 

Buffon  nomme 

Goélands 

Les  grandes  espèces  qui  surpassent  la  taille  àxx  canard. 
L'un  des  plus  grands  est 


(i)  Tels  senties  diom.  spadicea,  enl.  963.  —  D.  chlororliy^nckos  , 
L.ith.  Syn.  ÎII.  pi.  94.  —  DtfuUginosa. 

(a)  Larus  ,  nom  grec  de  ces  oiseaux;  gavia  en  latin  ,  d'où  gabian  en 
provençal  5  en  fiançais  ,  on  les  nomme  viauves  ou  vioueUes  de  leur  nom 
allemand  moewe.,  goéland ,  employé  pour  la  première  fois  par  Feuillée  , 
a'esi  qu'une  torvijp'iwn  de  leur  nom  anglais  guU ,  gidl-sni. 


PALMIPÈDES.  5l9 

Le  Goéland  à  manteau  noir  {Larus  marinus  et  nœvius , 

Gm.  ) ,  enl.  990  et  266, 

Qui ,  d'abord  laclieté  de  blanc  et  de  gris ,  devient  en- 
suite tout  blanc  ,  à  manteau  noir  5  le  bec  jaune  ,  avec  une 
tache  rouge  en  dessous  ;  les  pieds  rougeâtres. 

Le  Goéland  à  manteau  gris  (  Larus  glaucus  et  Lar.  ar- 
gentatus ,  Gm.  ) ,  enl.  255  y 

Ne  lui  cède  guère  :  il  n'en  diffère  que  par  son  manteau 
cendré-clair.  Le  jeune  est  aussi  tacheté. 
Les  MArvEs  ou  Mouettes  sont  les  espèces  plus  petites. 

La  Mouette  à  pieds  bleus.  {Larus  cjanorlijnchus ,  Mejer,  ) 

Enl.  977. 

Est ,  dans  son  dernier  âge  ,  d'un  beau  blanc  ,  à  manteau 
cendré-clair  ;  les  premières  pennes  de  l'aile  en  partie  noi- 
res ,  avec  des  taches  blanches  au  bout  j  son  bec  et  ses  pieds 
de  couleur  plombée.  Elle  vit  beaucoup  de  coquilles.  Elle 
devient  quelquefois  toute  blanche.  {Larus  eburneus.Gm.) 
Enl. 

ha  Mouette  à  pieds  rouges,  {Larus  canuSy  Lar  ridibundus; 
Lar.hjbernus'y  Lar.  atricilla ,  et  Lar.  erythropus.Qva.  ) 
Enh  994. 

Est  à  peu  près  semblable  à  la  précédente ,  excepté  qu'elle 
a,  dans  son  premier  âge,  le  bout  de  la  queue  noir,  et  du 
noir  et  du  brun  sur  l'aile  :  la  tête  de  l'adulte  devient  brune 
ou  noire  au  printemps  ,  et  reste  ainsi  tout  l'été  (enl.  970)  ; 
son  bec  et  ses  pieds  sont  plus  ou  moins  rouges.  On  l'a 
nommée,  d'après  son  cri  ^  mouette  rieuse. 

La  Mouette  à  trois  doigts.  {  Larus  tridactUus ,  et  Lar» 

rissa.  G  m.  ) 

Encore  fort  semblable  aux  précédentes ,  se  distingue  par 
un  pouce  très-court  et  injparfait.  Jeune ,  elle  est  plus  ou 
moins  tachetée  de  brun  ou  de  noir  (enl.  SS-j  ), 


520  OISEAUX 

On  a  distingué  avec  raison  des  goélands  et  mouettes  ordi- 
naires j 

Les  Stercoraires  ,  Briss,  (  Labres  ,  BufF.  (i) ,  Lestris  j 

Illiger  ) , 

Où  les  narines  membraneuses  ,  plus  grandes  que  dans  les 
autres  ,  reportent  l'orifice  des  narines  plus  près  de  la  pointe  et 
du  bord  du  bec  :  leur  queue  est  pointue.  Ils  poursuivent  avec 
acharnement  les  petites  mouettes  pour  leur  enlever  ce  qu'elles 
mangent ,  et  même ,  à  ce  que  quelques-uns  disent  ;  pour  dé- 
vorer leur  fiente.  De  là  leur  nom. 

Le  Lahhe  à  longue  queue.  {Larus  parasiticus.  Gm.  ) 

Enl.  762. 

Est  brun-foncé,  à  gorge  noire  et  cou  blanchâtre  ;  les  deux 
pennes  du  milieu  de  la  queue  excèdent  les  autres  du  dou- 
ble. Il  est  très-rare  ici. 

Le    Lahbe  à   courte    queue.    { Larus  crepidatus ,    Gm.  ) 
Enl.   991  ,  ou  mieux  Edw.    i49« 

Nous  vient  un  plus  peu  souvent.  Son  plumage  est  brun- 
noirâtre  ,  onde  de  brun -fauve  )  la  base  des  premières 
pennes  de   l'aile  blanchâtre. 

Ces  deux  espèces  vivent  surtout  dans  le  nord,  comme  en 
général  tous  les  goélands  et  mouettes  ,  dont  on  ne  voit 
même  pas  qu'il  se  soit  trouvé  aucun  dans  les  parages  an- 
tarctiques oii  les  pétrels  sont  si   communs. 

Les  Hirondelles  de  mer.  (Sterna,  L.  )  (2). 

Tirent  leur  nom  de  leurs  ailes  excessivement 
longues  et  pointues  ,  de  leur  queue  fourchue  ^  de 
leurs  pieds  courts  qui  leur  donnent  un  port  et  un 


(i)  Lah  ou  lahhe  f  nom  de  ces  oiseaux  parmi  les  pêcheurs  suédois. 
•    (2)  Sterna  est  leur  nom  anglais,  stem  ou  ler/i ,  latinisé  par  Turner  ,  et 
admis  par  Gesner. 


PALMIPÈDES.  S^I 

vol  analogues  à  ceux  des  hirondelles.  Leur  bec  est 
pointu,  comprimé,  droit,  sans  courbure  ni  saillie; 
leurs  narines  vers  la  base,  oblongues  et  percées  de 
part  en  part  ;  les  membranes  qui  unissent  leurs 
doigts  fort  échancrées  ;  aussi  nagent-elles  peu.  Elles 
volent  en  tout  sens  et  avec  rapidité  sur  les  mers, 
jetant  de  grands  cris  et  enlevant  habilement  de  la 
surface  des  eaux  les  mollusques  et  petits  poissons 
dont  elles  se  nourrissent.  Elles  s'avancent  aussi  danâ 
rintérieur  sur  les  lacs  et  les  rivières. 
La  plus  commune  au  printemps  , 

La  grande  Hirondelle  de  mer.  (  Sterna   hirundo ,  L.  ) 

Enl.   987. 

Est  dans  son  état  adulte  blanclie ,  à  manteau  cendré- 
clair ,  cylotte  noire,  hec  et  pieds  rouges^  longue  d'un  pied. 
Son  envergure  en  a  au  moins  deux. 

La  petite  Hirondelle  de  mer.  (  Sterna  minuta  L.  )  Enl.  996. 

En  diffère  par  sa  taille  moindre  d'un  tiers  et  par  son 
front  blanc. 

U Hirondelle  de  mer  noire.  {  St.  nigra  ^  St.  Jîssipes  ,  et 
St.  nœvia.  )  Enl.  358  et  924. 

A  la  queue  moins  profondément  fourchue.  Jeune  elle 
ressemble  assez  à  la  précédente ,  excepté  que.  son  man- 
teau est  tacheté  de  noir.  Adulte ,  elle   est  presque  toute 
d'un  cendré-noirâtre  (i). 
On  pourrait  distinguer  des  autres  hirondelles  de  mer 

Les  NoDDis. 

Dont   la  queue  n'est  pas  fourchue   et   égale  presque  les 


(i)  Ajoutez  stem.  Ca^pia,  Gm.  Sparrni.  Cari.  lxii.  —  St.  canUaca  , 
siriata  et  af ricana  ,  Gm.  Albin.  II.  lxxxviii.  —  Si.  leucp'era.  Tem. 


5^2  -  OISEAUX 

ailes.  Ils  ont  aussi  sons  leur  bec  une  légère  saillie,  premier 
incliee  de  celle  des  mauves.  On  n'en  connaît  qu'un. 

Le  Noddi  noir,  oiseau  fou ,  etc.   (Sterna  stolida  ^  L.  ) 

Enl.  997. 

Brun  -  noirâtre  ,  le  dessus  de  la  tête  blanchâtre ,  cé- 
lèbre parmi  les  navigateurs  par  l'étourderie  avec  laquelle 
il  vient  se  jeter  sur  les  vaisseaux  (i). 

Les    Coupeurs -d'eau    ou    Becs -en -ciseaux. 

(  Rhynchops  ^  L.  ) 

Ressemblent  aux  hirondelles  de  mer  par  leurs 
petits  pieds,  leurs  longues  ailes  et  leur  queue  four- 
chue ;  mais  se  distinguent  de  tous  les  oiseaux  par 
leur  bec  extraordinaire ,  dont  la  mandibule  supé- 
rieure est  plus  courte  que  Taulre ,  et  où  toutes 
deux  sont  aplaties  en  lames  simples ,  dont  les  bords 
se  répondent  sans  s'embrasser.  Ils  ne  peuvent  se 
nourrir  que  de  ce  qu'ils  relèvent  de  la  surface  de 
Teau ,  en  volant  avec  leur  mandibule  inférieure. 
On  n'en  connaît  qu'une  espèce. 

(  Rhjnc/wps  nigra ,  L.  )   Enl.  SSy. 

'  Blanche,  à  calotte  et  manteau  noirs,  avec  une  bande 
blanche  sur  l'aile  et  les  pennes  externes  de  la  queue 
blanches  en  dehors.  Son  bec  et  ses  pieds  sont  rouges, 
et  il  égale  à  peine  un  pigeon.  Il  habite  les  mers  des 
Antilles. 

La  famille   des  Totipalmes. 

A  cela   de    remarquable  ,  que  leur  pouce 
est  réuni  avec  les  autres  doigts  dans  une  seule 

(1)  Le  SI.  philippensis  (  Sonner. ,  I"  Voy.  pi.  &5  ) ,  ne  paraît  pas  différer 
ûu  slolida.  —  Le  st.fuscaùa,  Lath.  Briss.  vi.  pi.  xxr.  i,  paraît  aussi  de 
c€  soiis-geme. 


PALMIPÈDES.  52.3 

membrane  ,  et  malgré  cette  organisation  qui 
fait  de  leurs  pieds  des  rames  plus  parfaites  5 
presque  seuls  parmi  les  palmipèdes  ,  ils  se  per- 
chent sur  les  arbres.  Tous  sont  bons  voiliers  et 
ont  les  pieds  courts.  Linnœus  en  faisait  trois 
genres  ,  dont  le  premier  a  du  être  subdivise'. 

Les  Pélicans.    (Pelecanus,  L.  ) 

Comprenaient  tous  ceux  où  se  trouve  à  la  base 
du  bec  quelque  espace  dénué  de  plumes.  Leurs  na- 
rines sont  des  fentes  dont  l'ouverture  est  à  peine 
sensible.  La  peau  de  leur  gorge  est  plus  ou  moins 
extensible ,  et  leur  langue  fort  petite.  Leur  gésier 
aminci  forme ,  avec  leurs  autres  estomacs ,  un  grand 
sac.  Ils  n'ont  que  de  médiocres  ou  petits  cœcums. 

Les  PÉLICANS  proprement  dits.  (  Onocrotalus  ,  Briss.  ^ 

Pelecanus  ,  Illiger.  ) 

Ont  le  bec  très-remarquable  par  sa  grande  longueur,  sa 
forme  droite ,  large  et  aplatie  ïiorizontalement ,  par  le  cro- 
chet qui  le  termine  ,  enfin  par  sa  mandibule  inférieure , 
dont  les  branches  flexibles  soutiennent  une  membrane  nue 
et  dilatable  en  un  sac  assez  volumineux.  Deux  sillons  régnent 
sur  la  longueur,  et  les  narines  y  sont  cachées.  Le  tour  des 
yeux  nu  comme  la  gorge.  La  queue  ronde.  ^ 

Le  Pélican  ordinaire.  {Pelec,  onocrotalus ,  L.  )  Enl.  87» 

Grand  comme  un  cygne,  entièrement  d*un  blanc  légè- 
rement teint  de  couleur  de  chair ,  le  crochet  du  bec  rouge 
comme  une  cerise  ,  est  plus  ou  moins  répandu  dans  toul 


(1)  Pelecanus  et  onocrotalus  sont  deux  noms  grecs  latinisés  de  cet 
oiseau. 


524  OISEAUX 

l'ancien  monde  ;  niclie  dans  les  marais  ;  ne  vit  que  de 
poissons  vivans.  Il  porte,  dit-on,  des  provisions  et  de  l'eau 
dans  le  sac  de  sa  gorge.  On  n'a  point  assez  déterminé  les 
variations  d'âge  de  cet  oiseau  ,  pour  que  l'énuméralion  des 
espèces  de  son  genre  soit  assurée  (i). 

Les  Cormorans  (2).  (Phalacrocorax,  Briss. ,  Carbo, 
Meyer^  ^  Halieus  ,  Illiger.  ) 

Ont  le  Lee  allongé,  comprimé,  le  Lout  de  la  mandibule 
supérieure  crochu  et  celui  de  l'inférieure  tronquée  ;  la  langue 
fort  petite ,  la  peau  de  la  gorge  moins  dilatable  ;  les  narines 
comme  une  petite  ligne  qui  ne  semble  pas  percée.  Le  second 
doigt  a  l'angle  du  milieu  dentelé  en  scie. 

Les  Cormorans  proprement  dits  ont  la  queue  ronde  de 
quatorze  pennes.   Nous  en  possédons  un 

Le  Cormoran.  {Pelecanus  carho ,  L.  )  Enl.  927^. 

D'un  brun-noir,  onde  de  noir-foncé  sur  le  dos  et  mêlé 
de  blanc  vers  le  bout  du  bec  et  le  devant  du  cou  •  qua- 
torze pennes  à  la  queue  -,  le  tour  de  gorge  et  les  joues 
blancs  dans  le  mâle,  dont  l'occiput  est  aussi  huppé.  De 
la  taille  de  l'oie.  Il  niche  dans  les  trous  des  rochers  ou 
sur  les  arbres  \  fait  trois  ou  quatre  œufs. 

(1)  Je  ne  vois  point  de  différence  entre  notre  pélican  et  le  pelec.  roseus 
Sonn.  P*"  Voy.  pi.  54.  Quant  au  pelec.  manillensis  ,  id.  53.  Sonnerat  dit 
lui-même  qu'il  le  croit  le  jeune  âge  du  roseus.  Je  ne  vois  pas  non  plus  de 
différence  entre  \efuscus  ,  Edw.  gS,  et  celui  de  la  pi.  enl.  965,  que 
l'on  cite  sous  roseus  ^  mais  qui  est  bien  plutôt  semblable  au  jnaniUensis. 
—  Le  philippensis ,  Briss.  vi.  pi.  56,  est  le  même  individu  qui  a  servi  de 
modèle  à  celte  p).  enl.  966  ,  et  l'un  et  l'autre  sont  de  jeunes  onocroLalus. 
^  Celui  de  la  pi.  gSy  ,  cité  aussi  son?>  Juscus ,  paraît  réellement  une 
espèce. 

(2)  Cormoran  ,  corruption  de  corbeau  marin ,  à  cause  de  sa  couleur 
noire.  C'est  en  effet,  le  corbeau  aquatique  d'Aristote.  Phalacrocorax 
(  corbeau  chauve  ),  nom  grec  de  cet  oiseau  indique  par  Pline,  mais  non 
employé  par  Aristote.  Celui  de  carbo  ne  lui  est  donné  que  par  Albert  , 
peut-être  d'après  son  nom  allemand  schavh.  1 


I>ÀLMIPÈDES.  52b 

Le  petit  Cormoran.  (P.  Icc.  gracuîiis  et  africanus,  Gm.  ) 
Sparm.  mus.  Caris.  III.  lxi,  et  le  jeune.  Enl.  974. 

Un  peu  plus  petit,  d'un  noir  plus  profond  et  plusLronzé; 
point  de  blanc  devant  le  cou;  les  plumes  au  dos  plus 
pointues  :  est  plus  rare  que  le   commun  (i;. 

Les  Fkégattes. 

Différent  des  cormorans  par  une  fjueue  fourchue,  des  pieds 
courts,  dont  les  membranes  sont  profondément  écliancrées  , 
une  excessive  envergure ,  et  un  bec  dont  les  deux  mandi- 
bules sont  courbées  au  bout. 

Leurs  ailes  sont  si  puissantes,  qu'elles  volent  à  des  dis- 
tances  immenses   de  toute    terre,  principalement  entre  les 
tropiques ,  fondant  sur  les  poissons  volans  ,  frappant  les  fous 
pour  les  contraindre  à  dégorger  leur  proie. 
On  n'en  connaît  bien  qu'une 

{Pelecanus    aquilus ,    L.  )    Enl.   (jGi. 

A  plumage  noir ,  plus  ou  moins  varié  de  blanc  sous 
la  gorge  et  le  cou,  à  bec  rouge.  Son  envergure  a  quel- 
quefois dix  et  douze  pieds  (2). 

Les  Fous  ou  Boubies.  (Sula,  Briss. ,  Dysporus,  Hlig.)  (3). 

Ont  le  bec  droit  légèrement  comprimé,  pointu,  sa  pointe 
un  peu  arquée  ;  ses  bords  denticulés  en  scie ,  a  dents  diri- 


(i)  Pel.  cristatus ,  Olafs.  Voy.  en  Isl.  trad.  Fr.  pi.  44  ?  dont  peî.  punc- 
tatus ,  Lalh.;  nœvîus  ,  Gm.  Sjn.  Av.  III.  pi.  104  ,  et  Sparm.  Mus,  Caris. 
pi.  10,  ne  sont  peut-être  que  des  variétés  d'âge,  me  paraît  bien  voisin 
du  graculus. 

Ajoutezpe/ec.  pygmœus ,  Pall.App.pl.  1. 

(2)  On  a  un  peu  gratuitement  élevé  au  rang  d'espèces  les  pelec.  iniaor, 
Edw.  Sog-  et  leiicocephalus  ,  Buff.  Ois.  vin.  pi.  3o  ,  peut-être  même  le 
pelec,  pahnerstoni ,  Latfi. 

(5)  Sula  est  le  nom  du  fou  de  Bassan  ,  aux  îles  de  Ferroë  ,  selon  Koyer, 
Ciusius ,  Exot.  36. 

Bouhie  est  leur  nom  anglais  booby  ;  fou  ,  slupi^Jç. 


520  OISEAUX 

gées  en  arrière.  Les  narines  se  prolongeant  en  une  lîgn« 
qui  va  jusqu'auprès  de  la  pointe  ;  la  gorge  nue,  ainsi  que 
le  tour  des  yeux  et  peu  extensible  ;  l'ongle  du  doigt  du 
milieu  dentelée  en  scie  ;  les  ailes  bien  moindres  que  les 
frégatteS;  et  la  queue  un  peu  en  coin  On  les  a  nommés 
fous  à  cause  de  la  stupidité  avec  laquelle  ils  se  laissent  atta- 
quer par  les  hommes  et  les  oiseaux,  surtout  par  les  frégattes, 
qui  les  frappent  pour  les  contraindre  à  leur  abandonner  les 
poissons  qu'ils  ont  péchés. 
Le  plus  commun  est 

Le  Tou  de  bassan.  { Peîecanus  bassanus  ^  L.  )  Enî.  2y8. 

Blanc  5  les  premières  pennes  des  ailes  et  les  pieds  noirs  ; 
le  bec  verdâtre  ;  presque  égal  à  l'oie.  Son  nom  vient  d'une 
petite  île  du  golfe  d'Edimbourg  où  il  multiplie  beaucoup, 
quoiqu'il  ne  ponde  qu'un  œuf  par  couvée.  Il  en  vient 
assez  souvent  sur  nos  côtes  en  hiver.  Le  jeune  est  brun 
tacheté  de  blanc  (Enl.  986.)  Les  autres  espèces  de  fous 
ne  sont  pas  encore  suffisamment  déterminées. 

Les  Anhinga.  (Plotus,L. )  (1). 

Sur  un  corps  et  des  pieds  à  peu  près  de  cormoran  , 
portent  un  long  cou,  une  petite  tête  et  un  bec  droit, 
grêle  et  pointu,  à  bords  denticulés  ;  les  yeux  et  le  nu 
de  la  face  sont  d'ailleurs  comme  dans  les  pélécanus , 
dont  les  anhinga  ont  aussi  les  habitudes  ,  nichant 
comme  eux  sur  les  arbres. 

On  en  connaît  quelques  espèces  ou   variétés  des   pays 
chauds  des  deux  Continens.  Ils  n'excèdent  pas  la  grosseur, 
du   canard  ,   mais  leur  cou  est  plus  long   (2).' 

(i)  Anhinga,  nom  de  ces  oiseaux  chez  lesTopinambous  ,  selon  Margrave 
pîotus  ou  plaulus  en  latin  signifie  pied-plat.  Klein  l'a  employé  pour 
une  de  ses  familles  de  palmipèdes.   Linnœus  l'a  apliqué  aux  anhinga. 

(«2)  Plotus  nichviogastcr  p  enl.  959.  —  Enl.  107. —  Latham  ,  Syu 
VI,  pi.  s6. 


PALMIPÈDES.  527 

Les  Paille  en  queue.  (Phaeton^  L.)  Vulgai- 
rement,  Oiseaux  du  Tropicjue, 

Se  reconnaissent  à  deux  pennes  étroites  et  très- 
longues  qu'ils  portent  à  la  queue,  et  qui  de  loin 
ressemblent  à  une  paille.  Leur  tête  n'a  rien  de  nu. 
Leur  bec  est  droit,  pointu,  denticulé,  et  médiocre- 
ment fort;  leurs  pieds  courts  et  leurs  ailes  longues; 
aussi  volent-ils  très-loin  sur  les  hautes  mers ,  et 
comme  ils  ne  quittent  la  Zone-Torride  que  rarement, 
leur  apparition  fait  reconnaître  aux  navigateurs  le 
voisinage  du  Tropique,  A  terre ,  où  ils  ne  vont 
guère  que  pour  nicher ,  ils  se  perchent  sur  les 
arbres. 

On  n'en  connaît  que  quelques  espèces  ou  variétés  à 
plumage  Liane,  plus  ou  moins  varié  de  noirâtre,  et  qui 
ne  passent  point  la  taille  d'un  pigeon  (i). 

La  famille  des  Lamellirosïres 

A  le  bec  épais  ,  revêtu  d'une  peau  molle 
plutôt  que  d'une  véritable  corne  ;  ses  bords 
garnis  de  lames  ou  de  petites  dents  ;  la 
langue  large  et  charnue ,  dentelée  sur  ses 
bords.  Leurs  ailes  sont  de  longueur  médiocre. 
Ils  vivent  plus  sur  les  eaux  douces  que  sur  la 
mer.  Dans  le  plus  grand  nombre  la  trachée- 
artère  du  mâle  est  renflée  près  de  sa  bifur- 
cation en  capsules  de  diverses  formes.  Leur 
«"''■''■'■'■■•  '   '  '  I      ...i» 

(2)  Phaëton  œihsreus  f  enl.  SGf)  et  998.  —  Phœiiicimis ,  enl.  979, 


5^8  OISEAUX 

gésier  est  grand ,  très-musculeux^  leurs  cœcums 
longs. 

Le  grand  genre  des  Canards.  (  Anas  ,  Lin.) 

Comprend  les  palmipèdes  dont  le  bec  grand  et 
large  a  ses  bords  garnis  d'une  rangée  de  lames  sail- 
lantes ,  minces ,  placées  transversalement ,  qui  pa- 
raissent destinées  à  laisser  écouler  Teau  quand  Foi- 
seau  a  saisi  sa  proie.  On  les  divise  en  trois  sous- 
genres ,  dont  les  limites  ne  sont  cependant  pas  trop 

précises. 

Les  Cygnes.  (  Cy&nus  ,  Meyer.  ) 

Ont  le  bec  aussi  large  en  avant  qu'en  arrière  ,  plus  haut 
que  large  à  sa  base  ;  les  narines  à  peu  près  au  milieu  de 
sa  longueur  j  le  cou  fort  allongé.  Ce  sont  les  plus  grands 
oiseaux  de  ce  genre.  Ils  vivent  principalement  des  graines 
et  des  racines  des  plantes  aquatiques.  Aussi  leurs  intestins, 
et  surtout  leurs  cœcums ,  sont-ils  très-longs.  Leur  trachée 
n'a  point  de  renflement. 

Nous  en  avons  deux  espèces  en  Europe. 

Le   QygJie  à  hec  rouge.  {Anas  olor  ^  Gm.  )  Enl.  9i5. 

A  bec  rouge  bordé  de  noir ,  chargé  sur  sa  base  d'une 
protubérance  arrondie  j  le  plumage  d'un  blanc  de  neige. 
•  Les  jeunes  ont  le  bec  plombé  et  le  plumage  gris.  C'est 
cette  espèce  qui,  devenue  domestique,  fait  l'ornement 
de  nos  bassins  et  de  nos  canaux.  La  douceur  de  ses  mou- 
vemens,  l'élégance  de  ses  formes,  la  blancheur  éclatante 
de  son  plumage  ,  l'ont  rendu  l'emblème  de  la  beauté  et 
de  l'innocence.  Il  vit  également  de  poissons  et  de  végé- 
taux j  vole  très-haut  et  très- vite  ,  et  nage  avec  rapidité, 
prenant  le  vent  avec  ses  ailes ,  qui  lui  servent  d'ailleurs 
d'une  arme  puissante  pour  frapper  ceux  qui  raltaqueul. 


PALMIPÈDES.  52Q 

ïl  niclie  sur  les  étangs  ,   dans  les  joncs  ,  et   fait    six    ou 
huit  œufs  gris-verdâtres. 

Le  Ci^ne  à  bec  noir.  (  Anas  cy^nus  ^  Gm.)  Edw.  i5o. 

Le  bec  noir,  à  base  jaune,  le  corps  blanc,  teinta  de 
gris  jaunâtre,  et  tout  gris  dans  les  jeunes.  Celte  espèce 
fort  semblable  à  la  précédente  pour  l'extérieur,  s'en  distinr 
gue  parfaitement  à  l'intérieur  par  sa  trachée  artère  qui  se 
recourbe  et  pénètre  en  grande  partie  dans  une  cavité  de 
la  quille  du  sternum  ;  particularité  commune  aux  deux 
sexes  ,  qui  n'a  point  lieu  dans  le  cigne  domestique.  On 
nomme  encore  celui-ci ,  mais  mal  à  propos ,  Cigne  sau- 
vage et  Cigne  chanteur.  Le  chant  du  cigne  à  sa  mort  n'est 
qu'une  fable. 

Le  Cigne  noir.  {Anas  plutonia  y  Sh.  an.  atrata ,  Lath.) 

Katur.  mise.  pi.   io8. 

Découvert  depuis  peu  à  la  Nouvelle  Hollande  j  de  la 
taille  àvL  cigne  commun,  mais  d'un  port  moins  élégant; 
il  est  tout  noir,  excepté  les  pennes  primaires  qui  sont 
blanches,  et  le  bec  et  une  peau  nue  de  sa  base  qui 
sont  rouges  (i). 

On  ne  peut  guère  séparer  des  cignes  certaines  espèces, 
à  la  vérité  moins  élégantes ,  mais  qui  ont  le  même  bec. 

Plusieurs  d'entre  elles  ont  un  tubercule  sur  la  base.  La 
plus  connue  est  nommée  vulgairement 

l/Oie  de  Guinée.  '{Anas  cjgnoïdes  ,  L.  )  Enl.  547» 

iNous  relevons  dans  nos  basses  cours,  où  elle  produit 
aisément  avec  nos  oies.  D'un  gris-blanchâtre,  à  manteau 
gris-brun  5  le  mâle  se  reconnaît  au  fanon  emplumé  qui  pend 
sous  son  bec  et  au  gros  tubercule  qui  surmonte  sa  base. 

Une  autre  espèce  beaucoup  plus  rare ,  nommée  par  ses 
premiers  descripteurs 


(i)  Uoie  à  cravatte  {an,  Canadensis  ;  L.) ,  enl.  346 ^  me  paraît  aussi 
im  vrai  cigne. 

TOME     I,  34 


53o  OISEAUX 

L'Oit?  de  Gambie  {Anas  GamhensiSj  L.  )  Lath.  syn.  111  ^ 

p.    2j    pi.     Ï02. 

Se  fait  remarquer  par  sa  taille,  par  ses  liantes  jambes, 
par  le  tubercule  qu'elle  porte  sur  le  front ,  et  par  les 
deux  gros  éperons  dont  le  fouet  de  son  aile  est  armé.  Sou 
plumage  est  d'un  noir-pourpré.  La  gorge ,  le  devant  et 
le  dessous  du  corps  et  l'aile  sont  blancs  (i). 

Les  Oies,  (  Anser  ,  Briss.  ) 

Oui  le  bec  médiocre  ou  court ,  plus  étroit  en  avant  qu'eu 
arrière  ,  et  plus  haut  que  large  à  sa  base  -,  leurs  jambes 
plus  élevées  qu'aux  canards ,  et  plus  rapprochées  du  milieu 
du  corps ,  leur  facilitent  la  marche.  Plusieurs  vivent  d'herbes 
et  de  graines.  Elles  n'ont  aucun  renflement  au  bas  de  la 
trachée  ,  laquelle  daûs  les  espèces  connues  ne  forme  non 
plus  aucun  repli. 

Les  Oies  proprement  dites, 

Ont  le  bec  aussi  long  que  la  tête;   les  bouts  des  lamelles 

en   garnissent   le  bord ,  et   y    paraissent   comme  des   dents 

pointues. 

JJOie  ordinaire,   {An.  anser  y  L.  ) 

Qui  a  pris  toute  sorte  de  couleurs  dans  nos  basses  cours  _, 
vient  d'une  espèce  sauvage,  grise  à  manteau  brun,  onde 
de  gris ,  à  bec  orange ,  noir  à  sa  base  et  au  bout  (  Ans. 
cinereus ,  Meyer.  )  Enl.  985.  Mais  il  existe  une  autre 
espèce  fort  voisine  qui  arrive  en  automne ,  et  se  reconnaît 
à  ses  ailes  plus  longues  que  la  queue  et  à  quelques  taches 
blanches  au  front  ;  son  bec  est  tout  orangé.  (  Ans.  segetum , 
Meyer.  )Albin.  II ,  90. 

Nous  voyons  aussi  assez  souvent  en  hyver 

I  ■  -       — — —  ■  -^  - 

(i)  Buffon  a  confondu  ceUe  oie  avec  une  variété  de  l'oie  d'Egypte  y 
cnl.  982.  La  figure  de  Latharn  est  défectueuse,  en  ce  qu'elle  ne  muiitre 
qu'un  éperon  ,  et  que  le  casque  n''j  est  point  snillant. 

Jci  \ieni  encore  Voie  bronzée  {an.  mclanolos),  enl.  gBy, 


PALMIPÈDES.  53l 

UOie  rieuse.  {Anas  alhifrons ,  Gm.  )  Èdw.  i55. 

Grise  à  ventre  noir  ,  à  front  blanc. 

Le  nord  des  deux  continens  en  produit  une  troisième 
espèce. 

JJOie  de  Jieige.   {An.  hjyerborea ,  Gm.) 

Blanclie  ,  à  bec  et  pieds  rouges  ,  à  pennes  des  ailes  noires 
au  bout  ;  qui  s'égare  aussi  quelquefois  lors  des  grands  oura- 
gans d'hiver  dans  nos  pays  tempérés. 

Les  Bernaches  (i). 

Se  distinguent  des  oies  ordinaires  par  un  bec  plus  court , 
plus  menu  ,  dont  les  bords  ne  laissent  point  paraître  au-deliors 
les  extrémités  des  lamelles. 

Le  nord  de  l'Europe  nous  envoie  en  hiver  l'espèce  si 

célèbre  par  la  fable  qui  la  faisait  naître  sur  les  arbres  comme 

un  fruit  (anas  er/thropus ,  Gm. ,  an  s.  leucopsis ,  Bechst.) 

Enl.  855. 

Son  manteau  est  cendré  ,  son  cou  noir ,  son  front ,  ses 

joues ,   sa   gorge  et  son  ventre  blancs  ;  le  bec  noir  j   les 

pieds  gris. 

Le  Gravant  (2).  {An.  hernicla  ^  Gm.)  Enl.  Z^i. 

Est  du  même  pays.  Sa  tête  ,  son  cou,  les  pennes  de 
ses  ailes  sont  noirs  \  son  manteau  gris-brun  j  une  tache 
de  chaque  côté  du  haut  du  cou  et  le  dessous  de  la  queue 
blancs  )  le  bec  noir  ;  les  pieds  bruns. 

La Bernache armée ,  Oie d^ Afrique ,  du  Cap,d^Es;j'ptej  etc. 
{An.  jE^j'ptîacaj  Gm. )  Enl.  Syg,  982,  983. 

Remarquable  par  l'éclat  de  ses  couleurs  et  par  le  petit 
éperon  de  ses  ailes ,  appartient  aussi  à  ce  sous-genre  j  on  peut 
l'élever  en  domesticité  ,  mais  elle  a  toujours  du  penchant 
à  s'enfuir. 


(i)  Barnacle  ,   nom  éco?,sais  de  ïanser  leucopsis  ,  ou  bernache  propre- 
pnl  dite  :  klake,  en  celte  langue  ,  signifie  une  oie.         ^ 
(2)  Gravant ,  corruption  de  grauent  (  canard  gris  ). 


y 


532  OISEAUX 

C'est  le  Chenalopex  ou  VOie  renard^  révéré  des  anciens 
Egyptiens  à  cause  de  sou  attachement  pour  ses  petits  (i). 

Les  Canards  proprement  dits.  (Anas,  Meyer.  ) 

Ont  le  bec  moins  haut  que  large  à  sa  hase,  et  autant  ou 
plus  large  à  son  extrémité  que  vers  la  tète.  Les  narines 
plus  rapprochées  de  son  dos  et  de  sa  hase  ;  leurs  jamhes 
plus  courtes  et  plus  en  arrière  leur  rendent  la  marclie 
moins  facile  qu'aux  oies  et  aux  cignes  ;  ils  ont  aussi  le  cou 
moins  long  j  leur  trachée  se  renfle  à  sa  hifurcation  en  cap- 
sules cartilagineuses  j  dont  la  gauche  est  généralement  la 
plus  grande. 

Les  espèces  de  la  première  division  ,  on  celles  dont  le  pouce 
est  bordé  d'une  membrane  ,  ont  la  tête  plus  grosse  ,  le  cou  plus 
court ,  les  pieds  plus  en  arrière ,  les  ailes  plus  petites  ,  la  queue 
plus  roide  ,  les  tarses  plus  comprimés  ,  les  doigts  plus  longs  , 
les  palmures  plus  entières.  Elles  marchent  plus  mal,  vivent  plus 
exclusivement  de  poissons  et  d'insectes  ,  et  plongent  plus 
souvent. 

Parmi  elles  on  peut  distinguer 

Les  Macreuses  ;, 
A  la  largeur  et  au  renflement  de  leur  hec. 

La  Macreuse  (2).  (  Anas  nigra.  Lin.  )  Enl.  972» 

Toute  noire,  grisâtre  dans  sa  jeunesse  ,  le  hec  très-large  , 
garni  sur  sa  base  d'une  protubérance.  Elle  vit  en  grandes 
troupes,  le  long  de  nos  côtes,  principalement  de  moules. 

(i)  Geoffroy-Saint-Hiliiire  ,  dans  la  ménagerie  du  Museuin  d'histoire 
naturelle,  iirt.  oie  d'Egypte. 

Ajoutez  Van.  Magelîanica  ,  eul.  1006.  —  An.  antarctioa  ,  qui  en 
est  fort  voisin,  Mus.  Caris.  67.  —  An.  îeucoptera  ,  Brown.  111.  l\0.  — 
Anas  rit/icoîis  et  torquaia ,  Paîl.  Spicil.  vi.  pi.  iv. ,  qui ,  dit-on  ,  vient 
aussi  jusqu'en  Allemagne.  —  An.  Coromandelica ,  enl.  949  ;  gSo.  — 
An.  Madagfiscariensis  ,  enl.  770. 

(ci)  Le  nom  de  macreuse  vient  pei.U-^fre  de  00  que  cet  cisean  passe  pour 
un  mander  iuni|^ie. 


PALMIPÈDES.  533 

La  double  Macreuse.  {Anas fiisca.  Lin.)  EùL  956. 

En  diffère  par  une  taille  plas  forte ,  par  une  taclie  hlanclie 
sur  l'aile  j  et  par  un  trait  blanc  sous  l'œil.  Sa  trachée  a  dans 
son  milieu  un  renflement  circulaire  aplati  verticalement. 

La  Macreuse  à  large  bec,   (  Anas  perspicillata.  Lin.  ) 

Enl.  995. 

A  du  Lîanc  à  l'occiput  et  derrière  le  cou  ,  et  la  peau  nue 
et  jaune  de  la  base  de  son  bec  entoure  aussi  ses  yeux. 

La  Nouvelle-Hollande  en  fournit  une  espèce  maillée  ,  re- 
tuarquable  par  un  grand  fanon  cliarnu  qui  lui  pend  sous 
le  bec.  (  Aîi.  lobata.  )  Nat.  mise.  YIH ,  pi.  255  (i). 
On  peut  encore  séparer 

Les  Garrots  , 

Dont  le  bec  est  court  et  plus  étroit  en  avant  ;  et  à  leur  tête  , 
on  peut  mettre  les  espèces  dont  la  queue  a  ses  pennes  du  mi- 
lieu plus  longues  j  ce  qui  la  rend  pointue. 

Telles  sont  ' 

Le    Canard  de  Terre-Neuve  (  An.  glacialis  y  Lin.  J, 
enl,  1008  j  le  jeune  mâle  (  An.  hjemalis  ) ,  enl.  999. 

Blanc,  une  tache  fauve  sur  la  joue  et  le  côté  du  cou  -,  la 
poitrine,  le  dos^  la  queue  ,  un  partie  de  l'aile  noires.  C'est, 
de  tous  nos  canards,  celui  qui  a  le  bec  le  plus  court.  Sa 
trachée  ,  ossifiée  vers  le  bas  ,  a  d'un  côté  comme  cinq  vitres 
carrées,  simplement  membraneuses,  au  dessous  desquelles 
elle  se  renfle  en  une  apsule  cosseuse. 

Le  Canard  Arlequin  (  Anas  histrionica,  Lin.  ) ,  enl.  798, 
et  la  femelle  (  Anas  minuta  ) ,  799. 

Cendré  ,  le  mâle  bizarrement  bigarré  de  blanc  j  le  sourcil 
et  les  flancs  roux. 


(i)  Ajoutez  Vanas  mersa  et  leiicoccpliala.  Voy.  de  Pall.  iracî.  ù\  lï , 
pi.  5  et  6. 


534  OISEAUX 

L'un  et  l'autre  nous  vient  en  hiver  ^  mais  à  des  intervalles 
éloignés. 
Les  Garrots  ordinaires  ontia  queue  ronde  ou  carrée. 

Le  Garrot  {An.  clangula  ,  Lin.) ,  enl.  802;  le  jeune  {An. 

glaiicion  y  Lin.  )  (i)* 

Blanc;  la  tête  ,  le  dos  ,  la  queue  noirs;  une  petite  taclie 
en  avant  de  l'œil  et  deux  bandes  à  l'aile  blanches  ;  le  bec 
noirâtre.  La  femelle,  cendrée  ,  à  tète  brune.  Il  vient  par 
troupes  du  nord  en  hiver,  et  niche  quelquefois  sur  nos 
étangs.  Sa  trachée  ,  dans  son  milieu  ,  a  une  grosse  dilata- 
tion, dont  les  arceaux  conservent  de  la  mobilité.  Elle  s'évase 
singulièrement  vers  sa  bifurcation  (2). 

Les  Eideks 

Ont  le  bec  plus  allongé  que  les  garots,  remontant  plus  haut 
sur  le  front  où  il  est  échancré  par  un  angle  de  plumes ,  mais 
de  même  plus  étroit  en  avant. 

UEider.  {An,  •niollissima,)  Enl.   208,  209  (les  adultes 
des  deux  sexes)  Qt  an.  speclahilis  ^Y^àw.  i54.  Sparm." 
mus.  Caris.  09  (le  jeune  mâle  de  trois  ans.) 

Est  célèbre  par  le  duvet  précieux  qu'il  fournit  et  que  l'on 
nomme  édredon. 
Après  ces  distinctions  il  reste 

Les  MfLLouiNs. 

Dont  le  bec  large  et  plat  n'offre  d'ailleurs  aucune  marque 
notable.  IMous  en  possédons  plusieurs  dans  notre  |)ays  dont 
il  paraît  que  les  trachées  se  terminent  toutes  par  des  ren- 
llemens  à  peu  près  semblables ,  formant  à  gauche  une  capsule 


(1)  Glaucion  ,  nom  grec  d'un  canard,  ainsi  appelé  à  cause  de  la  cou- 
leur de  ses  yeux. 

(2)  Ajoutez  an,  aîheola  ,  enl.  948  ,  le  même  qu  an.  bucephala  ,  Calesb* 
I,  95. 


PALMIPÈDES.  535 

en  partie  membraneuse,  soutenue  par  un  caclre  et  clés  rami- 
fications osseuses. 

Le  Miîlouin  commun,  (  An.ferina,  L.  et  an.  rufa,  Gm.) 

Enl.  8o3. 

Cendré ,   finement   strié  de  noirâtre  ,  la  tète  et  le  haut 
du  cou  roux  ;  le  bas  du  cou  et  la  poitrine  bruns  ;  le  bec 
plombé    clair,   Niclie   quelquefois   dans  les   joncs   de  nos  ' 
étangs.  Sa  trachée  à  peu  près  d'égal  diamètre. 

Le  Miîlouin  huppé.   (  uén,  rufina ,  L.  )  Enl.  928. 

Noir ,  le  dos  brun  ^  du  blanc  aux  flancs  et  à  l'aile  ,  la  tête 
rousse,  à  plumes  du  sommet  relevées  en  huppe  ;  le  bec 
rouge.  Celte  espèce  habile  les  bords  de  la  mer  Caspienne  , 
et  est  quelquefois  portée  par  les  vents  jusqu'ici.  Sa  trachée 
a  deux  renflemens  successifs  outre  la  capsule  de  la 
bifurcation. 

Le  Millouinan.  [An.  marila,  L.  )  Enl.  1002.  La  femelle. 
^  (  An.  frœnata.)Miis.  Caris.   58. 

Cendré ,  strié  de  noir ,  la  tête  et  le  cou  noir  changeant 
en  vert,  le  croupion  et  la  queue  noires,  le  ventre  et  des 
taches  à  l'aile  blancs,  le  bea  plombé  j  nous  vient  en  hiver 
du  fond  de  la  Sibérie  par  petites  troupes.  Sa  trachée,  très- 
grosse  d'abord ,  se  rétrécit  ensuite. 

Le  petit  Miîlouin.  [An.  Njroca,  Gm.  -,  la  femelle.  An. 
Africanaj  Gm.)  Enl.    1000. 

Brun  ,  la  tête  et  le  cou  roux ,  une  tache  blanche  à 
l'aile,  le  ventre  blanchâtre;  un  collier  brun  au  bas  du 
cou  du  mâle.  Niclie  dans  le  nord  de  l'Allemagne  j  nous 
arrive  rarement.  Sa  trachée  est  ventrue  au  milieu. 

Le  Morillon.   [An.  Fuligala  ,  L.  )  Enl.  ïooi  ;  le  jeune, 
enl.   1007.   '^^'  Scandiaca. 

Noir  ;  les  plumes  de  l'occiput  prolongées  en  huppe  ;  le 
ventre  et  une  tache  à  l'aile  blancs  ;  le  bec  plombé,  U  nous 


536  OISEAUX 

vient    assez    regulièi'ement    du   nord    tous  les  hivers  (1). 

Les  Canards  de  la  deuxième  division ,  dont  le  pouce  n'est 
point  bordé  d'une  membrane,  ont  la  tête  plus  mince  ,  les  pieds 
moins  larges  ,  le  cou  plus  long ,  le  bec  plus  égal ,  le  corps 
moins  épais  ;  ils  marchent  mieux  ;  recherchent  les  plantes 
aquatiques  et  leurs  graines,  autant  que  les  poissons  et  autres 
animaux.  Il  paraît  que  les  renflemens  de  leurs  trachées  sont 
de  substance  homogène,  osseuse  et  cartilagineuse. 

On  peut  aussi  établir  parmi  eux  quelques  subdivisions  et 

d'abord 

Les   Souchets 

Sont  très-remarquables  par  le  bec  long  dont  la  mandibule 
supérieure  ;  ployée  parfaitement  en  demi-cvlindre,  est  élargie 
au  bout.  Les  lamelles  en  sont  si  longues  et  si  minces  ,  qu'elles 
ressemblent  plutùt  à  des  cils.  Ces  oiseaux  vivent  des  vermis- 
seaux qu'ils  recueillent  dans  la  vase  au  bord  des  ruisseaux. 

Le  Soucliet  commun.  (  An.  clypeata ,  L.)  Enl.  971 ,  972. 

Est  un  très-beau  canard  à  tète  et  cou  verts,  poitrine 
blanche,  ventre  roux,  dos  brun,  ailes  variées  de  blanc- 
cendré;,  de  vert  et  de  brun,  etc.,  qui  nous  vient  au  prin- 
temps. Sa  chair  est  excellente.  Le  renflement  du  bas  de  sa 
trachée  est  peu  considérable. 

Il  s'en  trouve  à  la  Nouvelle  Hollande  une  espèce  (an. 
fasciata  ,)  Sh.  natur.  miscell.  xvii ,  pi.  697  ,  où  les  bords 
du  bec  supérieur  se  prolongent  de  chaque  coté  en  un  ap- 
pendice membraneux. 

Les  Tadornes. 

Ont  le  bec  très-aplati  vers  le  bout  ^  relevé  en  bosse  sail- 
lante à  sa  base. 


(i)  Ajoutez  en   espèces  étrangères:  an.  spirwsa  ,  enl.  967,  968.  —  an. 
slclkii ,  Pall.  Spic.  YI,  pi.  5. 


PALMIPÈDES.  S3'J 

Le  Tadorne  commun  (i).  (^n.  Tadorna,  L.)  Enï.  53. 

Est  le  plus  viyement  peint  de  tous  les  canards  :  blanc 
à  tête  verte ,  une  ceinture  canelle  autour  de  la  poitrine , 
l'aile  variée  de  noir,  de  blanc,  de  roux  et  de  vert.  Com- 
mun sur  les  rives  de  la  mer  du  nord  et  de  la  Baltique , 
où  il  nicbe  dans  les  dunes ,  souvent  dans  les  trous  aban- 
tlonnés  par  les  lapins.  Sa  bifurcation  se  renfle  en  deux 
capsules   osseuses  peu  différentes. 

D'autres  de  ces  canards  de  la  deuxième  division  ont  des 
parties  nues  à  la  tête,  et  souvent  aussi  une  bosse  sur  la  base 
du  bec. 

Le  Canard  musqué.  {An.  moschata  ,  L.  )  Enl.  989  ,  vul- 
gairement et  mal  à  propos,  Canard  de  Barbarie. 

Originaire  d'Amérique,  où  on  le  trouve  encore  sauvage, 
et  où  il  se  percbe  sur  les  arbres ,  est  maintenant  fort  mul- 
tiplié dans  nos  basses  cours  à  cause  de  sa  grandeur.  Il  se 
mêle  aisément  au  canard  ordinaire.  Sa  capsule  est  très- 
grande  ,  circulaire ,  aplatie  verticalement  _,  et  toute  du 
côté  gauclie. 
Quelques-uns  ont  la   queue  pointue. 

Le  Filet.  {An.  acuta  ,  L.  )  Enl.  954. 

Le  dessus  et  les  flancs  cendrés ,  rayés  flnement  de  noir  , 
le  dessous  blanc  ;  la  tête  tannée ,  etc.  -,  la  capsule  de  sa 
trachée  est  petite. 

Dans  d'autres,  le  mâle  porte  au  moins  quelques  plumes  re- 
levées sur  la  queue. 

Le  Canard  ordinaire.  {An.  hoschas ^  L.  (2).  Enl.  JJ^,J77- 

Pi-cconnaissable  à  ses  pieds  aurores,  à  son  bec  jaune, 
au     beau     vert    cliangeant    de   la    tête ,   et   du   croupion 

(i)  Tadorne  ,  nom  de  cet  oiseau  dans  Bélon.  Buffon  ,  d'après  Turner  ,  l'a 
cru,  mais  ù  tort ,  le  chenalopex  ,  ou  vulpanser  des  anciens.  Voyei  ci-des- 
sus à  1  oie  d'Égj'pte. 

(1)  Bûo^ojj-,    nom  groc  de  la  sarcelle. 


538  OISEAUX 

du   mâle,    etc.    Dans  nos  basses -cours  il  varie  en   cou- 
leur comme  tous  nos  animaux  domestiques.  Le  sauvage, 
commun  dans  nos  marais ^  niche  dans  les  joncs,  les  vieux 
troncs  des  saules ,  quelquefois  sur  des  arbres.  Sa  trachée 
se  termine  vers  le  bas  par  une  grande  capsule  osseuse. 

Une    variété    singulière   est  Le  Canard   à   bec   courbe, 
i^An.  adunca ,  L.) 
Il  y  en  a  dont  la  tête  est  huppée  et  le  bec  un  peu  plus 

étroit  en  avant,  et  qui,  venus  de  l'étranger,  s'élèvent  dans 

presque  toutes  nos  ménageries}  tels  que 

Le   Canard  de  la   Chine.    (  An,  galericuïata ,  L.  )  Enl. 

8o5  et  806. 

Dont  le  mâle  a  de  plus  des  plumes  de  l'aile  élargies  et 
relevées  verticalement,  et 

Le   Canard  de  la  Caroline,  {An.  sponsa ,  L.)  Enl.  980 

et  g8i. 

Leurs  capsules  sont  de  grandeur  médiocre  et  arrondies. 

D'autres  espèces,  également  étrangères,  ont  avec  le  bec 
des  canards  des  jambes  plus  hautes  mêmes  que  celles  des 
oies;  elles  se  perchent  et  nichent  sur  des  arbres  (i). 

Enfin,  parmi  ceux  qui  n'ont  aucune  marque  notable, 
nous  possédons,  surtout  en  hiver, 

Le  Chipeau  ou  Ridenne.  (  An.  strepera^  L.  )  Enl.  gSS. 

Maillé  et  finement  rayé  de  noirâtre,  l'aile  rousse,  avec 
une  tache  verte  et  une  blanche.  La  capsule  de  sa  trachée 

est  petite. 

Le   Sifjleur.  {An.  Penelops ,  h.)  Enl.  825  (2). 
Finement  rayé  de  noirâtre ,  la  poitrine  de  couleur  vi- 


(i)  An.  arhorea  ,  enl.  804.  —  An.  autumnalis  ,  826.  —  An.  viJuata  , 
enl.  808. 

(2)  Penelops,  nom  grec  d'un  canard  à  lêie  rousse.  (Le  siffleur  ou  lé 
millouin.  ) 


PALMIPÈDES.  539 

neuse,  la  tête  rousse  ,  le  front  pâle,  du  blanc,  du  vert  et 
noir  à  l'aile  ;  la  capsule  de  sa  trachée  est  arrondie  ^  mé- 
diocre et  fort  osseuse   (i). 

Et  diverses  petites  espèces  que  l'on  désigne  sous  le  nom 
commun  de  Sarcelles, 

La  Sarcelle  ordinaire,  {An.  querquedula  ,  L.  )  £nl.  946; 
et  le  vieux  mâle  (  an.  circia). 

Maillée  de  noir  sur  un  fond  gris  ,  un  trait  blanc  autour 
et  à  la  suite  de  l'oeil ,  etc.  Commune  sur  les  étangs ,  les 
mares,  etc.  Sa  capsule  est  un  évasement  osseux  en  forme 
de  poire. 

La  petite  Sarcelle.  {An.  crecca ,  L.  )   Enl.  947. 

Rayée  finement  de  noirâtre  ,  tête  rousse ,  une  bande 
verte  à  la  suite  de  l'oeil ,  bordée  de  deux  lignes  blan- 
ches, etc.  La  capsule  est  comme  un  pois  (2). 

Le   genre  des  Harles.   (Mergus^  L.) 

,  Comprend  les  espèces  dont  le  bec  plus  mince, 
plus  cylindrique  que  celui  des  canards,  a  chaque 
mandibule  armée  tout  le  long  de  ses  bords  de  petites 
dents  pointues  comme  celles  d'une  scie ,  et  dirigées 
en  arrière  ;  le  bout  de  la  mandibule  supérieure  est 
crochu.  Leur  port  et  même  leur  plumage  sont  à 
peu  près  ceux  des  canards  proprement  dits  ;  mais 
leur  gésier  est  moins  musculeux,  leurs  intestins  et 
leurs  cœcums  plus  courts. 

(i)  Ajoutez  :  An.  cana  et  casarca,  Brown.  111.  ^i,  42. — An. pcacilorhyn-' 
cha  ,  Indian.  Zool.  pi. XIV.  — Liejensen  {an.  Atnericana)  enl.  gSS.  —  Le 
marec  (  an.  hahaniensis  )  Catesb.  gS. 

(2)  Aj.  An.  discors  ,  enl.  966  et  4<j3. — An.  manillensis,  Sonn.  1*^  Voy, 
pi.  55. 

Sarcelle  ou  Cercelle  vient  de  querquedula ,  qui  lui-même  est  imité  du 
eri  de  l'oiseau. 


54o  OISEAUX 

Le  renflement  du  larynx  inférieur 'des  mâles  est 

énorme  et  en  partie  membraneux.  Ils  vivent  sur  les 

lacs  et  les  étangs,  où   ils   détruisent  beaucoup  de 

poissons. 

Il  nous  eu  vient  en  hiver  en  France  trois  espèces  ^  que 
leurs  variations  de  plumage  ont  fait  multiplier  à  quelques 
naturalistes.  On  dit  qu'elles  nichent  dans  le  nord  entre  les 
rochers  ou  parmi  les  joncs ^  et  font  beaucoup  d'oeufs. 

Le  Harle  vulgaire.  (Merg.  mergaiiser ,  L.  )  Enl.  9.51. 

De  la  taille  d'un  canard,  à  bec  et  pieds  rouges.  Le 
vieux  mâle  a  la  tête  d'un  vert  foncé,  les  plumes  du  som- 
met y  forment  en  se  relevant  une  espèce  de  toupet }  le 
manteau  noirâtre  ,  avec  une  tache  blanclie  sur  l'aile  ;  le 
cou  et  le  dessous  blancs  légèrement  teints  de  rose.  Les 
jeunes  et  les  femelles  {Merg,  castor.  Enl.  953)  sont  gris 
à  tête  rousse. 

Le  Harle  Huppé,  (Merg,  serrator.)  Enl.   207. 

A  bec  et  pieds  rouges^  le  corps  diversement  varié  de 
noir,  de  blanc  et  de  brun,  la  tête  d'un  vert  noir,  une 
huppe  pendante  à  l'occiput.  Les  jeunes  et  les  femelles 
(  Harles  noirs  ,  H.  à  manteau  noir)  ont  la  tête  brune. 

La  Piette  y  nonnette  y  petit  harle.  {M.  Albellus.)  Enl.  449. 

A  bec  et  pieds  bleus,  blanc  diversement  varié  de  noir 
sur  le  manteau  ;  une  tache  noire  à  l'œil ,  et  une  à  l'occiput. 

Les  jeunes  mâles  et  les  femelles  {merg.  minutus ,  niiisle^ 
linus  y  etc. ,  enl.  45o)  sont  gris  à  tête  rousse  (1). 


(i)  Parmi  les  haiIes  étrangers,  il  n'y  a  guère  de  bien  constaté  que  les 
m.  cucuUatus  de  la  Caroline  ,  enl.  gSS  et  936. 

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