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Full text of "Le roman de Renart"

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IIODERN  LANGUACES  FACULTY  UBRARY 
TAYlORINSTlTUnON 
UNIVERSITY  OF  OXFORD 


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LE  ROMAN 


R   EN  A  ET 


KR^JEST   MARTIÎ^ 


l'REMIKR  VOLUME 

L'ASriEXSK    COLLECTION   V?A    KRAXCliES 


BTKASISOURO 
K.  J.  T  R  t)  U  X  E  R,   EDITEUR 


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LE  ROMAN 


R  E  N  A  E  T  - 


ERNEST  MARTIN 


PREMIER  VOLUME 

PRBMliSI  PAKHE  DV  texte: 
L'aHCIKNME  COLLECTIOK   DES   BBÀNCHEa 


8TRA8BOURO 
K.J.  TRÛBNBR,   EDITEUR 


ERlfEST  LRROUX 


5,t7„ib,.GoogIc 


uu- 


[mprinlrril  dn  11.  Ottn  ï  Don 


5,t7„ib,.GoogIc 


Préface. 


11  y  a  bien  longtemps  que  j'ni  commencé  à  m'occupor 
de  U  nouvelle  édition  du  roman  de  Ttenart,  dont  je  publie 
aujourd'hui  le  premier  volume.  En  1868  j'ai  cotlationné 
les  manuscrite  des  bibltotbèques  de  Paris,  en  1869  celui  du 
Vatican;  en  1870  ceux  qui  se  trouvent  ou  qui  ae  trouvaient 
alora  en  Angleterre.  Depuis,  j'ai  pu  me  servir  du  manuscrit 
de  Turin  et  de  plusieurs  fragmente,  dont  deux  ont  été  publiés, 
l'un  par  M.  0.  Paris  dans  la  Romania  IH  (18T4)  p.  373  à 
376,  l'autre  d'une  part  par  M.  E.  Teza  (Pisa  1869)  et  d'autre 
part,  d'après  un  manuscrit  différent,  par  M.  R.  Putelli,  G'/or- 
nale  di  fiîologia  Romama  II  (1880)  p.   153—163. 

Avant  de  connaître  les  textes  publiés  par  MM.  Paris 
et  Putelii,  j'avais  déjà  rendu  compte  des  autres  manuscrits 
dans  mon  I^men  critique  des  manuscrits  du  roman  de  Renart 
(Bile  1872),  brochure  dont  on  peut  encore  se  procurer  des 
exemplaires  à  la  librairie  Schweighauser  (B.  Schwabe)  à  Pâle. 

A  cette  époque  j'espérais  finir  en  peu  de  temps  l'édi- 
tion que  je  préparais.  Je  n'ai  pu  publier  alors  qu'une  seule 
'brandie',  celle  du  Pèlerinage  Renart,  dans  les  Roiiianische  Sta- 
dien  de  E.  Bôhmer  II  (1878)  p.  410—43:.  J'y  ai  exposé 
les  raisons  qui  m'ont  forcé  k  remettre  le  reste  de  mon 
ouvrage  &  une  époque  plue  favorable.  Malheureusement  ce 
retard  s'est  bien  prolongé  à  cause  des  obligations  que  m'impo- 
mient  d'autres  devoirs. 

Beprenant  tout  d'abord  une  partie  des  indications 
données  en  1872,  je  commence  par  la  description  des  manuscrits 


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que  je  connais  et  dont  j'ai  pu  —  à  ooe  exception  près  —  me 
procurer  des  ootlationa  complètes.  J'emploie,  pour  désigner  les 
manuscrits,  les  mâuiea  notations  que  dans  mon  Examen  critique. 

k,  à  Paris,  à  la  Bibliothèque  Nationale,  fonda  français 
20043  (ancien  S.  Germain  1980  et  auparavant  2733).  Ce 
mmiascrit  provient,  comme  on  l'apprend  par  uno  étiquette  collée 
au  bas  du  recto  du  premier  feuillet,  ex  bibliotheca  mss.  Cois- 
liniana,  olim  Segueriuna,  quam  Illustr.  Henricus  du  Cambout, 
Dux  de  Coislin,  Par  Franciae,  Ëpiscopus  Metemis  .  .  .  locavit 
An.  M.  DCC.  XXXII.  Il  est  du  XIII*  siècle,  sur  vélin  in- 
4"  (les  pages  ont  23  centimètres  de'  haut  sur  16  de  large). 
Il  ne  contient  plus  que  146  feuillets  et  un  très  petit  frag- 
ment du  147%  dont  le  verso  est  en  blanc,  ce  qui  prouve 
que  c'est  bien  le  dernier  feuillet  du  manuscrit.  Hais  le  mauv- 
scrit  complet  avait  160  feuillets,  car  13  feuillets  ont  été  égarés, 
savoir:  un  après  le  foi.  24  (ayant  contenu  les  vers  1  —  131 
de  la  branche  II,  d'après  mon  édition*),  trois  après  le  fol. 
31  (branche  III  45—453),  quatre  après  le  fol.  4ll  (br.  II 
1025-1396.  V  1-145),  un  après  le  fol.  41  (br.  YI  137  à 
270),  un  après  le  fol.  48  (br.  VI 1220—1366),  un  après  le  fol.  81 
(br.  IX  1637—1767),  un  après  le  fol.  113(br,X282— 4!6),un 
après  le  fol.  144  (br.  XI  2«69~3103).  En  outre  le  fol.  9  a  été  mu- 
tilé en  bas  à  ta  marge,  le  fol.  32  en  haut  à  gauche  du  reoto. 
Quelques  feuillets  ont  été  recousus  ou  recouverts  de  papier 
végétal,  ce  qui  les  rend  difficiles  à  lire:  ce  sont  les  fol.  16 
verso  en  bas,  145  recto,  146  verso.  L'écriture  de  ta  première 
page  du  manuscrit  s  été  un  peu  effacée  par  les  doigts  des  lecteurs. 

Chaque  feuillet  a  4  colonnes,  qui  contiennent  chacune 
28  à  43  lignes.  Quelquefois  deux  vers  sont  réunis  sur  la  mémo 

*  Voici  la  coDcordsiica  des  breachea  de  mon  édition  avec  uelles  de 
Méon:  br.  I  =  Méon  20.  21.  22;  II  =  !'-».  5.  «-"*».  16.  l»"-'i«;  III  = 
2.  8.  4;IV=  18;  V  -  1&  !"'-'«.  19;  VI  =  24;  VII  =81;  Vin  =  33; 
IX  ==  26;  X  =  26;  XI  =  SO;  XII  =  28;  XIII  =  8.  a  10;  XIV  =  29; 
XV  =  6"«".  7;XVI=  11;SVII  =  82;  XVUI  =  16;  XIX  =  17;  XX 
=  12;  XXI  =  U;  XXn  =  27;  XXIII  =  35  (La  mariage  du  lion, 
ioédit);  XXIV  =  1"  ***;  XXV  =  3!t  (Pincart  le  h«ron,  éA.  Cbabaill* 
Snpplément  <ien  ramaoB  du  Renart  p.  1);  XXVI  ^  84  (De  l'andoutllo 
qui  fa  jouée  k  la  marelle,  éd.  Chabaille  p.  13)  ;  XXVIl  =  86  (Reiuu-I 
et  la  ehâvre,  éd.  Teia  «t  Putelli). 


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ligne,  d'autrefois  un  aeul  vera  occupe  deux  ligne».  Apparem- 
ment les  scribea  avaient  l'intention  de  terminer  quelqnea 
branchea  exactement  à  la  fin  des  feuillels  en  élargissant  ou 
en  resserrant  leur  écriture.  C'eat  ainai  qu'on  peut  reconnaître 
que  le  manusciitse  compose  de  quatre  partiea  différentes,  dont 
l)ts  trois  premières  se  terminent  respectivement  nvec  les  fol.  24, 
foL  40  (anciennement  48),  et  fui.  58  (celui-ci  était  le  68"*  du 
volume  complet).  La  première  ligne  du  feuillet  suivant  se  trouve 
indiquée  comme  réclame  adroite  au  bas  des  feuillets  &'.  3I^  47'. 
54*.  66'.  74'.  89'.  97*.  105'.  113'.  120'^  128*.  136'.  144'. 

Plusieurs  scribes  paraiaaent  avoir  travaillé  à  ce  manuscrit: 
car  l'écriture  eat  plus  fine  et  plus  carrée  du  fol.  17  au  fol.  24, 
du  fol.  .^2  au  fol.  ^8f  et  dana  la  partie  finale  du  mac.  à  partir 
du  fol.  123\  On  ne  saurait  louer  les  scribes  ni  pour  leur  con- 
naiaaance  de  Torthographe  ni  pour  le  aoin  qu'ila  ont  mia  à 
f&ire  leur  copie.  Le  texte  offre  une  foule  de  fautea,  dont  une 
partie  a  été  corrigée  immédiatement  par  l'exponotuation  des 
lettres  fautives.  On  trouve  beaucoup  d'abréviations,  prin- 
cipalement pour  les  noms  propres  (p.  ex.  S.  pour  Senars 
ou  Rtnarl-,  ty.  pour  Tybers  ou  Tyhert,  y*,  pour  Ysengrins  ou 
Yaengri»,  h',  pour  Hersens  ou  HtrseiW)  et  pour  lea  petîta 
mota  qui  reviennent  aouvent  {mit'  =  molt,  s.  =  aeint,  "^  et  ^  ^ 
et,-T-  =est).  Un  point-virgule  suit  quelquefois  lea  interjections. 

Le  manuscrit  A  ne  contient  ni  miniatures  ni  titrer  pour 
les  branches;  cependant  des  initialca  majusculea  plus  grandes 
que  lea  initiales  coloriées  ordinaires  des  alinéas  se  trouvent 
aux  fol.  1-  (branche  I),  32*  (br.  IV),  41'  (br.  "VI),  50  (br. 
VU),  56*  (br.  Vni),  59'  (br.  XU),  69'  (br.  IX),  85^  (br. 
XIII),  93*  (br.  XIV),  111'  (br.  X),  123*  (XI). 

B.  &  Paria,  Bibl.  Nat.,  fonde  françaia  371  (ancien  68 
Cangé).  Au  fol.  1"  on  lit  à  gauche  en  bnut:  J.  P.  G. 
Chatrt  de  Cangé  1727.  Le  fol.  189"  et  la  moitié  du  fol. 
190"  aont  remplie  par  le»  actes  de  baptême  des  enfants  du 
Seigneur  d'Orayson  à  Cadenet  (dép.  Vaucluse),  qui  naquirent 
de  1513  à  1520. 

Le  manuscrit  est  sur  vélin  in-4'^  (26  cm.  de  haut  eur 
20  de  large).  Le  texte  du  roman  comprend  189  feuilleta  à 
4  colonnea,  de  30  lignes  chacune.  Les  trois  feuilleté  de  garde 


„,ogIc 


du  commencement  et  celui  de  la  Ru  ont  été  laissés  en  blanc, 
de  même  les  trois  feuillets  78^",  79  et  80:  Cangé  s'en  est 
servi  pour  combler  les  lacunes  du  .texte,  et  de  plus,  il  a  ajouté 
encore  sur  les  marges  des  variantes  tirées  du  msc.  I.  A  la 
fin  du  texte,  c'est  à  dire  au  foi.  189",  il  a  ajouté  les  deux 
derniers  vers  de  ce  dernier  manuscrit.  L'écriture  du  msc,  B 
paraît  être  d'une  seule  main,  du  XIII*  siècle  ou  du  com- 
mencement du  XIY°;  elle  est  très  élégante,  mais  aussi  bieo 
fautive. 

On  y  trouve  des  initiales  majuscules  agrandies  et  des  ru- 
briques : 

au  fui.  28'  (branche  IV)  Cest  la  branche  corne  R.  Fiat 
.y.  entrer  ou  puis; 

au  fol.  32"  (br.  Il)  Ceat  la  branche  de  R.  et  dy.  com  U. 
issiretit  de  la  mer; 

au  fol.  43'  (br.  XV)  Cest  des  .II,  prouoires  qui  aloierU 
au  satte  ;  [=  e(]  de  tiebert  te  chat; 

au  fol,  4'^"  (br.  XX)  Cest  dysengrin  ;  de  la  iutnent; 

au  fol.  46"  (br.  XXI)  Cest  de  lors  et  dysengrin  j  dou 
mlain  con  il  inostrerent  lor  eus; 

au  fol.  47''  (br.  II  843)  Cest  la  branche  cotne  R.  dut 
iurer  le  sairement  a  .y. 

au  fol,  61*  (br.  YI)  Cest  la  branche  de  la  bataille  de 
renart  et  dg. 

au  fol,  74'  (br.  VIII)  La  confession  Benart  [titre  ajouté 
par  Cangc  à  l'encrç  u'oire  sur  un  grattage]; 

au  fol,  81'  (br.  IX)  Cest  de  lors  et  de  B,  et  dou  uilain 
lietart  ; 

au  fol.  99'  (br.  XII)  Conment  R.  et  T.  li  chasi  cha^t- 
terent  nespres  î  matines; 

au  fol.  lir  (br.  III)  Cest  la  branche  de  R.  com  il  fu 
geie^  en  la  charrete  au  pessoniers  ; 

au  fol,  114''  (br.  III  377)  grande  majuscule  initiale; 

au  fol.  116°  (br.  XXII)  Cest  la  branche  corne  R.  parfist 
le  con; 

au  fol.  122'  (br.  VII)  Cest  la  branche  cotne  R.  menia 
son  prouoire; 

au  fol.  127°  (br.  XVIII)  Cest  dysengrin  5  de  prestre 
inartin; 


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au  fol.  128*  (br,  XIX)  Cest  dy.  et  de  la  iument  [écri- 
ture de  Cangé  à  l'encre  noire]; 

au  fol.  129'  (br.  SVIII)  Cest  la  branche  de  .y.  et  de  S. 
et  dou  gresiUon; 

au  fol.  132*  (br.  XVI)  Cest  de  R.  et  d>/.  et  dou  lyon 
corn  il  départirent  la  proie; 

au  fol.  145'  (br,  X)  Cest  la  branche  de  Renart  si  corne 
il  fu  mires; 

au  fol.  161"  (br.  XI)  Cest  la  branche  de  S.  corn  il  fu 
empereres. 

C,  à  Paris,  Bibl.  Nat.  fonde  franc.  1579  (ancien  7607, 
auparavant  1308),  Ce  manuscrit  appartenait  à  la  bibliothèque 
du  roi  Charles  IX.  Il  est  sur  vélin,  in-4°  (28  cm.  de  haut 
sur  191/3  de  large),  du  XIII*  ou  du  commencement  du 
XIV'  siècle.  Les  feuillets  ont  4  colonnes,  de  40  lignée  cha- 
cune: le  dernier  porte  le  numéro  1.59.  Mais  du  4*"  il  ne 
reste  plus  qu'un  fragment  :  ce  feuillet  contenait  une  partie  de 
la  br.  II  et  le  commencement  de  la  br.  XXIV:  puis  il  manque 
un  feuillet  après  le  lôQ"*,  ce  qui  nous  fait  perdre  la  fin  de 
la  branche  XVII.  La  partie  supérieure  du  fol.  159'°,  qui 
contenait  26  et  24  vers,  a  été  grattée.  Quelques  feuilleté 
ont  perdu  leur  ordre  par  la  Faute  des  relieurs:  pour  le  réta- 
blir il  faut  faire  suivre  Us  fol.  147.  148.  146.  151.  149. 
150.  Des  réclames ,  en  partie  coupées  par  le  relieur,  se  trou- 
vent au  bas  des  fol.  8'.  32^.  68'.  72'.  88'.  96'.  104*.  120*. 
136'.  152'.  Du  reste  ce  manuscrit  est  bien  conservé.  Il  est 
probable  qu'il  est  l'œuvre  d'un  seul  scribe  qui  y  a  mis  beaucoup 
de  Boin. 

Au  fol.  r  se  trouve  une  miniature,  qui  occupe  les  13 
premières  lignes  de  la  colonne.  On  rencontre  des  rubriques 
et  des  majuscules  initiales  coloriées  plus  grandes  que  les  ma- 
juscules  coloriées   ordinaires  : 

aux.   foL    1*    (branche   II)    Ci   co li  romam  de 

B . . .  .  t;  [ce  titre  est  à  peu  près  étfacé.] 

f.  5'(br.  m)  SiconmeR.  mania  le  poisson  aus  charretiers; 

f.  6'  (III  165)  Si  conme  renart  jîst  ysangrin  moine; 

f.  7*  (in  377)  Si  conme  R.  fist  peschier  a  ysangrin  les 
anguiles; 


,  Google 


f,  8*  (I  23)  Si  cottme  renart  prist  chantecler  le  coc  ; 

f.  15'  (XIII)  Si  c(mm«  renart  coupa  a  tybert  la  queue; 

f.  17*  (XIII  202)  Si  connte  renart  Jiat  p'maut  le  Jrere 
ifiangrin  preatre; 

{.  21*  (XIII  505)  Si  cimme  .fi.  et  p'maut  vendirent  les 
uestemenz  au  prestre.  por  vn  otfaon  ; 

f.  28"  (V  289)  jS»  cotane  ysangrin  sala  plaindre  de  S.  a 
la  cort  le  roi; 

f.  36'  (I)  Si  comme  renart  conchia  brun  li  ours  du  mid; 

t.  50°  (I  2205)  Cest  si  conme  renart  fu  tainturiera; 

t.  53*  (I  2625)  Si  conme  renart  fu  ingleeur; 

t.  56*  (ï  3095)  initiale  coloriée  a^andie; 

f.  56'  (XYI)  Ci  conmance  ai  conme  noblea  .fi.  et  i/ean- 
grin  partirent  la  proie; 

f.  57*  majuBcute  iDitiale  agrandie; 

f.  66*  (XV  347)  Cest  de  tybert  le  chat  d  des  .11. 
preatrea; 

t  67^  (XX)  Si  conme  yaangrin  parti  la  terre  aus  .11. 
moutona; 

f.  68*  (XXI)  De  loura  et  du  lou  et  du  vilain  qui  monstre' 
rent  leur  eus; 

f.  69*  (II  843)  De  R.  si  conme  il  conchia  le  corhel  du 
froumage  ; 

f,  70*  (XVIII)  Cest  de  prestre  martin  et  du  lou  yaangrin  ; 

f.  71*  (XIX)  Cest  de  la  jumant  et  de  ysangrin; 

f.  71°  (II  469)  Cest  le  deaputement  de  la  mésange  et  de 
renart; 

t.  72*  (V)  Cest  le  songe  Renart  si  conme  ysangrin 
le  bâti; 

f.  76*  (_1T)  Si  conme  renart  fist  aualer  .y.  dedem  le  puis  ; 

t.  80*  (VU)  Si  conme  renart  uoH  manger  son  con/easor; 

f.  85'  (VIII)  Si  conmence  le  pèlerinage  renart  con  U 
ala  a  rome; 

î.  88*  (VI)  Cest  la  bataille  de  renart  et   de  ysangrin; 

{.  99'  [d'une  autre  main:]  Si  cum  R.  mis  la  cretta 
al  cun; 

t.  100-  (XXII). 

Enfin,  aux  fol.  119°  (X),  131°  (XI),  152*  (XVII)  il  y  a 


,  Google 


des  majuscules  initialps  coloriées  agrandies.     Une  main   mo- 
derne  a  ajouté  au  f.  152*  La  mort  renart. 

n,  à  Oxford.  Bibliothèque  Bodiéienne,  ms.  Douce 
360.  Autrefois  ce  mec.  appartenait  k  la  bibl.  du  duc  de  la 
Vallière.  et  y  portait  le  numéro  2717.  Une  note  inscrite 
au  verso  d'un  feuillet  de  garde  non  numéroté,  donne  cette 
indication:  vente  de  Mord  de  Vinde,  Paris  183H.  f 

Ce  msc.  a  été  écrit  en  1339,  comme  l'Indique  le  post- 
scriptum  du  fol.  167': 

Lan  mU  .CGC.  et  trente  nuef 
Ffti  ce  liure  acôpli  tout  nuef 
Descripture  ou  il  ot  gnt  pahie 
Tout  droit  deuant  la  magdalaine 
Le  uendredi  si  connte  dist 
,  Li  encriuains  qui  tout  lescripst 

Lien  fu  qtuiHt  fisl  la  fin  du  liure 
Car  lors  fu  de  paine  deliure. 
Le  msc.  est  sur  vélin,  grnnd  in-é'  (31  cm.  de  haut  sur 
23  de  large)  et  il  contient  157  feuillets.    C'est  par  suite  d'une 
erreur  que  les  feuillets  qui  suivent  le  fol.  87  portent  les  nu- 
foéros  !)8  à   167.    Chnque  feuilleta  4  colonnes  de  40  lignes. 
Chaque  quaternion  est  indiqué  par  une  réclame  au  bas  de  la 
dernière  colonne.    On  y  rencontre  quelques  corrcctîtms,  dont 
la  plupart  ne  paraissent  pas  être  tirées  d'un  autre  manuscrit. 
Le   manuscrit  contient    15    miniatures   et  les  rubriques 
suivantes: 

fol.  t*  (branche  1)  initiale  majuscule  coloriée  plus  grande 
que  les  initiales  coloriées  ordinaires; 

f.  21''  (b.  II)  Si  conme  .S.  emporte  .1.  coc  que  il  a  pris 
m  .L  parc  auc  ^isez  aiiecj  iduaeurs  gelines.  Et  une  famé 
;  uUains  le  dtaeerent  a  rkiens  et  a  basions;  et  le  coc  sen 
eschapa  par  barat; 

29*  (II  843)  Si  conme  .R.  est  dessous  un  fou  ou  U 
auoU  .1.  corbel  qui  mengoit  .1.  fourmage  et  R.  fiât  tant  que 
U  li  chai  a  terre; 

33"  (ni)  iSt  comme  S.  fist  le  mort  emi  la  uoie  pour 
deceuoir  charretiers  qui  portaient  harms  fres  et  auguiles,  dont 
U  «nporta  grant  quimtite; 


,  Google 


—       X       — 

36'  (VI)  Si  conme  li  lyons  tient  fette  ;  i  auoU  plu- 
seurs  bestes.  qui  mengoient  ;  faisaient  ioie  et  si  conme  le 
tesson  y  amaine  .R. 

46"  (lY)  Si  conme  R.  et  .y.  sont  chaacun  en  .1.  seel 
dedens  vn  puis  ,R.  a  montant  et  .y.  aualant; 

57°  (Xlt)  Si  conme  .R.  ua  après  .1.  tropel  de  ijelines 
et  par  iUec  passait  .1.  aitbe  qui  menoU  garçons  qui  menoietU 
chieps  ai  U  firent  perdre  sa  proie; 

66*  (VII)  Si  conme  R.  est  dedem  .1.  gelinier  et  plus' 
moines  le  bâtent  de  bastons  ; 

72''  (VIII)  Si  conme  R.  se  confesse  a  .1.  hemiite  deuant 
qui  U  est  agenoillie.  H  après  si  conme  il  sackeminerent  a  aler 
a  romme  lui  et  belin  le  mouton  et  hemart  lasne; 

75"  (IX)  Si  conme  .1.  uilain  maine  une  charrue  a  .VIII. 
bues.  Et  .1.  ours  deitant  lui  qui  en  ueult  auoir  .1.  Et 
daufre  part  le  uHain  qui  demande  conseil  a  R.  conme  il  sen 
cheuira  ; 

99*  (Xltl)  Si  corne  thihert  U  chat  est  en  eue  huche  et 
hume  plain  pot  de  lait.  Et  .R.  le  soustient  le  couuercle  de 
la  hnclie; 

106*  (XIV)  Si  conme  R.  ist  duii  bois  et  entre  en  .on. 
chastel  par  un  pont  toameis.  Et  pluseurs  gens  a  cheual 
alana  après  qui  le  chacoient; 

120*  (X)  Vn  ch'r  qui  chace  R.  et  il  entra  en  .m. 
chastel; 

131"  (XI)  Si  eontne  .R.  lie  gsengrin  dune  corde  par  les 
Mi},  pies  dessous  .1.  arbre  ou  il  sestoit  endormi; 

152*  (XVI)  5»  c^nme  .1.  vilain  a  pris  .R.  en  .L  roisseul 
et  le  prent  par  le  pie  et  .R.  le  mordi  si  fort  que  le  uilaint 
paillart  li  crie  merci; 

162"  (XVII)  Si  conme  .R.  arrache  a  .1.  moine  blanc 
la  coiUe  car  il  auoit  feni  dun  bastoti  a  lissue  dun  parc  ou 
U  auoit  gelines  et  chapons  que  R.  auoit  estrangles. 

E,  à  Londres,  British  Muséum,  Additignual  15229. 
D'après  une  note  sur  le  feuillet  de  garde  du  commencement, 
ce  DiaDUscrit  a  été  acheté  at  Brighta  sale  1844.  U  est  sur 
Yélio,  du  XIV*  ou  peut-être  mfime  du  XV*  siècle.  Les  feuil- 
leta ont  29  cm.  de  haut  sur  22  de  large.    On  en  compte  au- 


,.  Google 


jourd'hui  124,  chacun  de  4  coloanes  à  40  lignes;  mais  les 
restes  de  l'ancienne  pRgination  font  Toir  qu'il  manque  18 
fenillets  au  commencement,  et  de  plus  les  deux  feuillets  qui  por- 
taient autrefois  les  numéros  XXIII  et  XXTV,  de  sorte  que 
les  vers  1—2880  de  ia  branche  I  et  les  vers  293—614  de  la 
braDche  II  ont  été  perdus.  C'est  par  la  faute  du  relieur  que  k-s 
fol.  11  à  36  de  la  pagination  actuelle  suivent  les  fol.  3  à  10, 
La  nouvelle  pagination  compte  encore  les  deux  feuillets  de 
garde.  En  les  défalquant,  il  reste  142  feuillets  {  =  124  + 
18-1-2  —  2)  comme  contenu  ancien  du  manuscrit.  Il  y  a 
des  réclames  sous  les  colonnes  XXXII'  (ici  je  me  sers  de 
l'ancienne  pagnatïon).  XXXVIII.  XLVI.  LXII.  ^LXX. 
LX^XVIII.     IIIIjXTiiij,     Cjii.     CjX.    CîXVIII.    VI5VI. 

VÎ5XVIII. 

Des  miniatures  assoz  mauvaises  et  des  initiales  coloriées 
agrandies  se  trouvent:  aux  fol.  !3*  (branche  II);  19'  (br. 
IX);  33*  (H  843);  6"  (TI);  42*  (IV);  53' (XII);  63"  (VU); 
67'  (VIII);  70^.  71-(XUI);  77''(XlV);  92' (X);  103' (XI.) 

A  la  fin  du  manuscrit,  fol.  124'',  en  haut,  on  lit:  Kjtpli- 
rU  le  romans  de  Renart  ;  en  outre,  au  dessous  de  la  btanoiie 
XXIV;  Ici  Jaut  le  roinanz  de  R.,  et  à  la  fin  do  la  branche 
XIT:  Explkii  c.  d.  v.  l.  f.  r.  «." 

f,  à  Cheltenham,  dans  la  bibliothèque  de  feu  Sir  Tho- 
mas Fhilipps,  portant  lo  d*^  3634.  Ce  manuscrit  a  été  acheté 
fie  Long  1828.  A  la  fiu  du  msc.  on  voit  ajoutée  cette  note 
presque  illisible  Le  XViij  tour  dauril  mil  cinq  cens  trente  le 
Bojf  François  Premier  coucha  au  chasteau  de  Lezim. 

Le  maDUBcrit  est  sur  vélin,  problabtement  du  XV*  siècle 
ou  même  du  commencement  du  XVI'.  C'est  un  grand  in-4'' 
(29  cm.  de  haut  sur  20  de  large).  Il  contient  17  quaternions 
complets,  munis  cliacun  de  In  réclame  au  bas  de  la  dernière 
colonne,  et  un  18°*  de  6  feuillets,  ce  qui  fait  en  tout  142 
feuillets.  Les  feuillets  ont  4  colonnes,  chacune  de  40  lignes, 
excepté  les  colonnes  arec  places  restées  libres  pour  les  mi- 
Diatares,  mais  qui  n'en  ont  point  reçues. 

'  Js  n'ai  pu  trouvé  Ik  BolutioD  de  l'énigme  que  préteotent  oes 


-,,.  Google 


Des  initiales  tnajuscutea  coloriées  ag^iandies  se  trouvent 
aux  fol.  1*  ^b^ancho  l);  21*  (br.  II)  ;  29'  (IX);  43'  (H  843); 
46''  (II);  50'  (Vin  6(r  (IV);  71'  (XIII);  81"  (VII  81);  85" 
(VIII);  89*  (XIII);  93*  (XIV);  110' (X);  121' (XI).  Il  n'y 
a  pas  de  rubriques;  on  lit  simplement  la  note  suivant»  à  la 
fin  du  manuscrit,  au  fol.  142*:  Explicit  le  romans  de  Benart. 

Cette  note  finale  est  la  même  que  colle  du  msc.  E,  qui  a  le 
même  nombre  primitif  (^142)  des  feuillets  que  le  mac.  F.  comme 
aussi  la  suite  des  branches  est  la  même  dans  les  deux 
manuscrits.  Aussi  le  texte  du  msc.  F  est  il  basé  sur  celui 
de  F.  Uno  seule  preuve  suffira  pour  le  montrer,  La  colonno 
fol.  31°  de  F  est  répétée  sur  la  colonne  fol.  32*,  et  la  col. 
f.  21'  du  msc.  K,  qui  contient  les  mêmes  v.jrs,  est  égale- 
ment répétée  sur  la  col.  f.  22*.  H  y  a  des  variantes  dans 
les  colonnes  répétées,  et  ces  variantes  sont  encore  les  mêmes 
dans  les  deux  manuscrits:  seulement  te  scribe  du  msc.  F  a 
commis  quelques  fautes  de  plus.  Ainsi  le  vers  360  de  la 
branche  IX  se  lit  dans  le  msc.  E  fol.  32*  avec  la  variante 
Et  te  laurai  autant  chier,  de  mf'me  dans  le  msc.  F  fol.  22* 
Et  ie  iauraïf  autant  chier;  le  v.  ,'i91  se  lit  dans  K  fol.  32* 
avec  une  inversion  qui  fait  perdre  la  rime  sur  mein  :  Je  estoie 
htti  matin  trop  aise,  de  même  dans  lu  msc.  F  fol.  22*  Jestoie 
kitif  matin  trop  aise.  Les  différences  mêmes,  qui  existent  entre 
n  et  ¥,  s'expliquent  on  partie  par  l'insouciance  avec  la  quelle 
ce  dernier  a  été  copié  sur  E.  La  majuscule  initiale  agran- 
die, qui  dans  le  msc.  F  se  trouve  non  au  conimenccnient  de 
la  br.  VII,  mais  bien  après  le  v.  80,  a  obtenu  cette  place 
parceqoe  dans  E  la  miniature  a  été   reculée  jusqu'à  ce  vers. 

J'ai  doue  cru  pouvoir  me  dispenser  de  collationner  le 
msc.  F  en  entier:  c'est  là  le  seul  manuscrit  dont  je  ne  possède 
pas  toutes  les  variantes.     . 

f>,  àl'aris,  Bibliothèque  Nat.  fonds  frang.  1.580  (ancien 
7607/5  et  auparavant  967).  Au  recto  du  premier  feuillet  de 
ce  maauBcrit  on  lit  ces  deux  noms  écrits  par  une  main  an- 
cienne: Boderbolb  Reyms.  Au  fol.  147  quelques  mauvais  vers 
latins  ont  été  ajoutés  postérieurement  au  texte  du  roman. 

IfO  manuscrit  est  sur  vélin,  de  la  seconde  moitié  du 
XIV*  siècle.    I)  est  grand  in-4C  (317:  cm.  de  haut  sur  23  de 


,.  Google 


largo).  11  contient  actuellement  147  feuilletB  à  4  colonnoe 
de  40  lignes  cbacunc.  Un  feuillet  manque  au  commencement  j 
il  doit  avoir  contenu  les  ?v.  1  —  120  de  la  branche  I.  Il  y  a 
des  réclames  à  la  fin  de  chaque  quaternion.  L'écriture  dee 
feuilleta  46*  à  57'  paraît  âtre  d'une  autre  main  que  le  reste. 
Dca  miniatures  assez  grossières  et  des  initiales  coloriées 
af^randies  se  trouvent  aux  fol.  20*  (bianche  IIj;  34°  (br. 
IX);  48"  ,br.  II  843);  55*  (br.  VI);  64'  (br.  IV);  75'  (br. 
XII);  85'  (br.  VII);  93*  (br.  Xlll);  99'  (br.  XIV);  114' 
(br.  X);  l25*(br,Xl).  A  \^S.n  Au  roma.n  oa  lit:  Explicit  de R. 

û,  à  Taris,  Bibliothèque  de  l'Areesal,  n°  3334  (suc.  Belles- 
lettres  franc.  195  B). 

Ce  manuscrit  est  sur  vélin  et  de  la  fin  du  XUI*  siècle. 
Il  est  in- 4'*  (27  cm.  de  haut  sur  20  de  large).  Il  contient 
170  feuillets  à  4  colonues,  chacune  de  41  vers.  Le  acribe 
a  indiqué  la  fin  des  quatemions  en  ajoutant  régulièrement 
des  n'clames  au  bas  dv  la  16°  page.  Entre  le  fol.  I()9  et  le 
fui.  nu  il  manque  G  feuillets,  qui  cuntenaient  une  partie  de 
la  branche  XVII. 

Ce  manuscrit  n'a  ni  miDÎatures  ni  rubriques.  Des  majua- 
cules  initiait;»  coloriées  agiaudies  eo  trouvent  aux.  fol.  1* 
(branche  I):  20'  (br.  Vi);  30^  (VII);  35"  (VIU);  38' (IV); 
50-  (XIII);  Ô9-  (II);  67*  (XV  347);  68*  (U  843);  7lHm)i 
74*  (XXVj;  76"  (IV");  78'  (IX);  92"  (Xll);  105"  (XIV); 
124"  (X);   135'  (XI);  156'  (XVI);  165'  (XVU). 

A  la  lîu  du  manuscrit,  au  fol.  170^,  on  lit  en  caractères 
noirs  agrandis:  ExpUcH  li  roumana  de  B.  (cette  note  est  com- 
plètement traversée  par  une  barre  rouge);  et  au  fol.  35',  à 
la  fin  de  la  branche  VII:  £ieplicit  la  seconde  t>ie  De  B.  ou 
a  tant  boidie  ;  enfin,  après  la  br.  X  :  Ici  faut  la  fustque  S.  (l'écri- 
ture de  ces  ii»u\.  vers  est  la  même  que  celle  des  autres  vers). 

I,  à  l'aris.  Bibliothèque  Nationale,  fonds  français 
12.784,   anc.   suppl.   fran^.   98'*.      Ce   manuscrit    se    trouvait 

*  Cette  bniiiche  (IV)  te  trouve  donc  deux  foi»  datie  le  msc.  H; 
Bail  l's  nttnt  pIulAI  deux  versions  différenleB,  dont  la  dcuxii'me  s'éoarte 
complitPDirnl  de  celle  de  tons  les  autres  manuscrilii  :  vojei  }«  Supplé- 
mtmt  de  CbAbaille  p.  13. 


,  Google 


autrefois  dans  la  bibliothèque  de  Sedan,  puis  dans  celle  du 
duc  de  la  Yallière  où  il  portait  le  saméro  2718.  Du  temps 
de  Gange  il  appartenait  à  Mgr.  De  la  Tour  d'Auvergne, 
Rrchevêque  de  Vienne, 

Il  est  sur  vélin,  du  XIV'  ou  du  XV*  siècle,  in-4'' 
(28  cm,  de  haut  sur  20  de  large).  Il  contiont  157  feuillets 
à  4  colonnes,  chacune  de  32  lignes,  excepté  celles  où  se 
trouvent  des  miniatures.  Ces  miniatures,  fort  grossières 
d'ailleurs,  sont  très  nombreuses,  environ  400  ou  500,  et 
chacune  d'elles  remplit  l'espace  3e  4  lignes;  rarement  elles 
se  trouvent  ajoutées  en  marge.  Les  feuillets  du  dernier 
quaternioD  se  suivent  actuellement  dans  l'ordre  suivant  :  152. 
163.  154.  155.  151.  156.  150.  157.  Avant  le  fol.  150  il  en 
manque  plusieurs,  qui  contenaient  la  fin  de  la  branche  XI  et 
le  commencement  de  la  XVI*". 

Il  n'y  a  pas  de  rubriques.  A  la  lin  du  manuscrit,  op 
lit  en  caractères  noirs  agrandis  Chî  faut  U  romans  de  renarl 
Bien  li  chiet  eut  sa  fraude  niirt,  Dt^s  initiales  majuscules 
agrandies,  qui  cependant  se  distinguent  quelquefois  à  peine 
des  majuscules  coloriées  des  simples  nlinéas,  se  trouvent  aux 
fol.  1-  (branche  II;  28"  (br.  VU);  34"  (VIII);  38"  (IV); 
51"  (XII);  59-  (II);  77'  (IX);  92*  (XIII);  108*  (XIV);  126* 
(X);   135'  (XI). 

Le  texte  de  ce  manuscrit  s'écarte  beaucoup  de  toiu 
les  autres:  les  altérations  proviennent  surtout  d'une  ten- 
dance à  raccourcit'  les  branches.  Ij'ortliographe  du  scribe 
est  approchée  du  latin:  p.  ex.  admener,   psaltier,  signifiance. 

K.  à  Paris,  à  la  bibliothèque  do  S.  A.  R.  le  duc 
d'Âumale.  Oe  manuscrit  est  sur  vélin,  du  XIII*  ou  du  XIV* 
siècle,  iu-folio.  Il  a  260  feuillets.  Les  pièces  en  prose  y 
sont  écrites  sur  4  colonnes,  les  pièces  en  vers  sur  6;  chaque 
colonne  a  généralement  52  lignes.  Le  verso  du  fol.  260  est 
très  usé.  Anciennement  ce  feuillet  était  suivi  par  le  fol. 
252,  qui  finit  au  v.  1 49  de  la  branche  IV.  Pas  de  rubriques. 
Il  n'y  a  que  le  titre  du  roman  entier  DE  RENART".  Des 
initiales  majuscules  agrandies  se  trouvent  aux  fol.  244* 
(branche  II);  252'  (br.  IV);  254*  (VI);  259'  (VU).  A  la 
fin    de  la   blanche  VI  (fol.  259')   os  lit:  ExpiicU   H  branche 


,  Google 


de  la  bataille  de  B.   et   de  .y.,   et  après  la  VU'  (fol.  252'') 
Erplicit  li  confessions  R. 

L,  k  Paris,  k  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal,  d"  3355 
(anc.  Belles-Lettres  franc.  195  C).  Au  premier  et  au  dernier 
feuillet  une  main  du  XVI*  siècle  a  inscrit  les  comptes  des 
recettes  d'une  douane  royale  à  Uontfaucon:  mais  j'ignore 
lequel  des  Dorabreux  lieu?c  de  ce  nom  est  mentionné  ici. 

Le  manuscrit  est  sur  vélin,  du  X.IV°  siècle.  L'écriture 
est  peu  soignée.  11  est  in'4''  (2:i  cm.  de  haut  sur  21  de 
large).  Il  contient  I2'2  feuillets  (non  pas  123,  comme  la 
pagination  actuelle  pourrait  le  faire  croire;  car  le  numéro 
82  manque).  Chaque  feuillet  a  4  colonnes  de  37  à  43  lignes. 
En  fait  de  miniatures,  il  n'y  a  que  de  mauvais  dessins  au 
fol.  1%  représentant  Renart,  Tibert,  etc. 

Des  initiales  majuscules  agrandies  se  trouvent  aux: 
fol.  19'  (branche  VI);  28'  (br.  XII);  37°  (VIII);  40"  (I); 
5»^(XVIII);  6{r(XIX);  60' (XX);  ei^SXI);  62VXXVI); 
63'  (XXII);  6Ï^  (XVI);  7«*  (VII);  80"  (IV);  83-  (X); 
94''  (IX);  103-  (III  377);  104'  (III);  106'  (XI).  Il  y  a 
des  titres,  mais  à  l'encre  noire,  au  fol.  19*  (branche  VI): 
Si  vient  conment  B.  dut  Jurer  le  sairement  a  la  volante 
Roienel  le  mastin,  et  au  fol.  28°  (XII):  .S»  conme  R.  Ma  en 
proie.  Des  notes  finales,  également  à  l'encre  noire,  se  trou- 
vent aux  fol.  59*,  à  la  fin  de  la  branche  I:  Explicit  de  R. 
eon  il  fa  teins  en  iaune;  fol.  60'  à  la  fin  de  la  branche 
XVIII:  ExplicU  de  R.  et  de  prestre  mort»»;  60°  (XIX)  Ex- 
plicit dysangrin  et  de  la  itimant;  62'  (XXI)  Explicit;  63' 
(XXV)  Explicit  de  landoille  qui  fui  iuye  es  marreles;  76' 
(XVI)  Explicit  dou  coc  qui  barOa  B.;  80'  (VIII)  Explicit 
la  confession  de  B.;  94''  (X)  Explicit  de  R.  qui  deuint  mire; 
103*  (iXl  ErptieU  de  R.  et  de  lietart ;  104*  (II)  Explicit  de 
B.  qui  Jia  peachier  .y.;  106*  (II,  376)  Ex  .  .  .  pli  .  .  .  cit; 
123*  (XI)  ExpUât  de  B.  si  conme  il  fu  emperieres. 

M,  à  Turin,  à  la  Bibliotbèque  particulière  de  9.  U.  le 
Roi  dllalie,  coté  cod.  mise.  151.  Au  verso  du  dernier 
feuillet  on  lit:  A  .  .  .  noble  ;  haute  dante  de  giesteUe  (écri- 
tore  du  XVI*  siècle;  cette  note  semble  prouver  que  le  manu- 


,.  Google 


scrit   se   trouvait   alors   ea   B«lgiquo).     C'est  à   H.  EUtnoad 
Steiigel  que  je  dois  la  première  oonnaiasanoe  du  msc.  M. 

Le  maDuaciit  est  sur  vélin,  du  XIY*  siècle.  Il  est  in- 
4°  (28  cm.  de  haut  sur  20  de  lai^e).  Il  contient  191  feuil- 
lets à  4  colonnes,  chacune  de  36  lignes.  Uais  il  manque 
un  feuillet  avant  le  fal.  1,  un  autre  avant  le  f.  45,  deux  avant 
le  f.  dO,  un  avant  le  f.  191:  la  somme  lottile  des  feuillets 
étwt  donc  de  196.  Des  réclames  au  trouvent  au  bas  dee  fol. 
23",  39%  54",  100%  116",  132",  164",  180',  188'j  a»  bas  du 
f.  149'  on  lit  encore  le  chiffre  VI. 

Ce  msc.  contient  un  grand  nombre  de  rubriques. 

Au  fol.  2'  ta  la  fin  de  la  branche  XXV)  on  lit;  CUt 
faiUent  les  enfances  R.  et  conmanee  ai  corne  il  compiasa  les 
lotfuiaus  : 

au  fol.  5' (après  ta  br.  II):  Ici  fentst  corn  R.  compiasa 
les  louiaus  et  fist  y.  cotis  et  comtaance  si  com  R.  menga  le 
poisson  où  charretiers; 

au  fol.  e'  (après  le  ve;8  164  de  ia  br.  III):  hi  faut 
si  cotnme  R,  conckia  les  charretiers  et  commence  de  .y.  ywe  &. 
fist  moitié  i 

au  fol.  7"  (apiès  III  376):  CV  commanre  si  roiinne  R. 
fist  lieesckier  a  ysengrin  les  anguilles  ou  utuier: 

au  fol.  8"  (après  la  br.  III):  Ci  commance  de  S.  ai  corne 
il  prist  ckantecler  le  cor  ; 

au  fol.  11"  (après  II  664):  hi  fenist  si  comme  R.  priât 
cha>Ue(Ur  et  rommance  de  R.  et  de  tybert  le  chat; 

RU  fol.  13"  (.après  XV  96):  Ci  communce  si  comme 
tybert  et  renart  troueretit  landoilU  en  .1.  sentier; 

au  fol.  15"  (après  la  br.  XV):  Ici  fenist  de  landoille 
que  tybert  metùa  aam  R.  et  commance  si  comme  R.  coupa  a 
tybert  la  queue; 

au  fol.  18*  (après  XIU  202);  Ci  faut  de  R.  et  de  ty. 
et  commance  si  contne  R.  Jist  primaut  prestre; 

au  fol.  23*  (après  XIII  504):  Ici  faut  de  R.  si  conme 
il  fiât  primaut  estre  prestrea  et  conmanee  si  conme  il  uendirent 
les  lUistemenz  et  changèrent  por  .1.  oison; 

au  fol.   26'  (XIU.   avant   le   v.    54U,    au   v.   4ili>   de 
l'édition  de  Méonj:  Ci  faut  de  R.  et  de  primaut  et  c 
ai  comme  primaut  f  H  batuz  pour  les  harens  fres; 


,  Google 


au  fol.  27'  (après  XIII  672):  Ci  comance  de  B.  et  de 
P  si  corne  E-  mena  primant  aus  bacotis  par  son  engivg; 

au  fol.  29*  (après  XIII  1024):  Ci  commance  si  comme 
R.  pritt  P  ou  piège  par  son  grant  larat  qui  ia  ne  faudra  ; 

au  fol.  3l>'  (après  la  br.  XIII):  Ci  conmance  dysengrin 
»i  comme  il  sala  plaindre  de  R.  en  la  court  le  roi  noble; 

au  fol.  40*  (après  Va  290):  Ci  fenist  si  conme  R.  dut 
fere  le  sairement  a  i}.  et  loumance  si  comme  li  rois  noble 
enuoia  querre  R.  et  corne  R.  conchia  ses  messagiera  ; 

au  fol.  44"  (après  I  574):  Ci  fenist  si  comme  bruns  lors 
ala  a  message  a  R.  et  comatice  si  comme  R.  prist  b.  lors  au 
rhasne  fendu  par  le  groing; 

au  fol.  46''  («près  I  994);  Ci  fenist  si  conme  R.  prist 
M.  lors  ou  chesne  fendu  et  commance  si  conme  R.  se  confessa 
«  grinbert  le  taisson; 

au  fol.  50°  (après  I  1620):  Ci  commance  si  comme  R. 
lia  le  roi  et  ses  barons  par  les  queues  et  rafaita  la  roine  par 
fOH  barat; 

au  fol.  54'  (après  la  2204):  Ci  comance  la  Irancke  si 
conme  R.  fu  teinturier; 

au  fol.  57°  (après  Ib  2624)  :  Ici  faut  si  connue  y.  fu 
fseoillies  par  galopin  le  iugleor  et  comtmce  de  R.  cofnme  il 
fu  iugleor  atts  noces  sa  famé; 

au  fol.  ÔO*  (après  Ib  ;iOÎ)4):  Ci  commance  lu  despu- 
ttrison  de  la  famé  Renari  et  de  la  famé  ysengrin; 

au  fol.  61*  (après  Ib):  Ci  commance  si  conme  le  roi 
noài*  et  Renart  et  ysmgrin  partirent  la  proie  ensemble; 

an  fol.  72*  (après  la  br.  XVI):  Ci  comineiice  le  mariage 
que  R.  jist  axi  roi  noble  le  Igon; 

an  fol,  86*  (après  la  br.  XXIIIj:  Si  commance  si  comme 
R.  Jisl  son  essart; 

au  fol.  89"  (après  la  br.  XXII  330);  Ci  commance  si 
comme  R,  par  Jist  le  con  par  son  engin; 

au  fol,  91*  (après  XV  346);  Ci  commance  de  ty.  le  chat 
et  des  AI.  prestres; 

au  fol.  92*  (après  la  br,  XV):  Ci  cotnmance  conmant 
i/sengrin  parti  la  terre  aus  .II.  moutons; 

su  fol,  93'  (après  la  br.  XX):  Ci  commance  de  lonrs  et 
du  leu  et  dit  uilain  qui  monstrerent  leur  rus; 

II 

DigiUnlbyGOOglC 


au  fol.  94'  (après  la  br.  XXI):  Ci  fenist  de  lÔurs  et 
du  (eu  et  du  vilain  qui  mostrerent  lor  eus  et  cotnmance  du 
corbel  et  de  Eenart; 

au  fol.  95"  (après  II  1024j:  Ci  fenist  du  corbel  et  de  R. 
et  comance  de  la  itimant  et  de  ysetigrin  le  leu; 

au  fol.  9C"  (après  la  br.  XIX)  :  Ci  fenist  de  raisent  la 
iumant  et  de  ysenijrin  et  commance  de  prestre  martin; 

au  fol.  97°  (aprèd  la  br,  XVIII):  Ci  faut  de  prestre 
martin  et  commance  de  ta  mésange; 

au  fol,  98'  (aprcB  II  664)  :  Ci  fenist  le  conte  de  la  mé- 
sange et  commance  le  songe  R.  si  coiime  ,y.  le  bâti; 

au  fol,  102''  (après  V  246):  Ci  faut  de  R.  et  de  y.  si 
cmime  il  bâti  R.  et  meniu  le  bacon  sam  lui  et  commance  si 
conme  R.  jist  y.  dévoiler  ou  puis; 

au  fol.  106'  (après  la  br,  IV):  Ci  fenist  si  conme  .R. 
Jist  .y.  aualer  ou  puis  et  commance  si  conme  R.  u(dt  manger 
son  confessor; 

au  fol.  112=  (après  la  br.  VII):  Si  commance  le  peUe- 
rinage  Eenart  si  came  il  uolt  aler  a  rome; 

au  fol,  116'  (aprèd  ia  br,  VIII):  Ci  fenist  le  peUeiinage 
R.  si  conme  il  ah  »  rome  et  commance  la  bataille  de  R.  et 
de  ysengrin; 

au  fol,  128"  (après  la  br.  VI):  Cy  commance  de  lyetart 
le  uilain  et  de  R.  et  del  ors  qui  uolt  auoir  le  buef  au  uiUiin; 

au  fol.  145"  (apiès  la  br.  IX):  Ci  fenist  de  R.  et  du 
uilain  lietart  et  de  lourz.  Et  commance  si  conme  R.  fu  mires  ; 

au  fol.  158°  (après  la  br,  X):  Ci  faut  si  conme  Eenart 
fn  mires  et  commance  si  con  R.  fu  emperieres  par  son  engin  ; 

au  fol,  I6i(''  {après  XI  761):  Ci  conmance  si  comme 
droins  le  moisuel  donna  les  cerises  a  mangier  a  Renart  par 
sa  franchise; 

au  fol,  182'*  (après  la  br.  XI);  Ci  comance  ht  fausse 
mort  Renarl  et  sa  procession. 

Au  fol.  191"  il  y  a  un  Explicit. 

\,  à  Rome,  à  la  bibliothèque  du  Vatican,  cod,  Regin. 
1699,  Le  folio  1"'  de  ce  msc.  porte  la  note  suivante: 
Acfiepte  te  26  aou^  1Ô94.  40  sol.  C.  Fauchel;  à  la  fin  du 
niBC,  on  lit  :  Cest  a  moi  C.  Faucliet.    Après  le  traité  de  To- 


,  Google 


lentino  1795  le  mec.  pasan  pour  quelques  années  à  la  Bibl. 
îîat.  à  Paris:  c'est  pendant  ce  temps  que  Le  Grand  d'Aussy 
s'en  servit  (Notices  et  extraits  des  msc.  Y,  p.  314).  que  Méon 
en  tira  la  partie  de  la  branche  XVII,  que  ce  msc.  seul  a 
conservée,  et  que  J.  Grimm  en  fit  ses  extraits:  (Beinhart 
Fuchs  p.  CXIX).  Depuis,  une  nouvelle  description  de  ce 
msc.  a  été  publiée  par  Adalbert  Relier,  Rotiioart  (1844)  p. 
438—447. 

Le  msc.  est  in-4',  su^  vélin,  àa  XIV°  siècle.  Il  con- 
tient 181  feuillets  à  4  colonnes,  la  plupart  de  32  lignes.  Au 
XVI"  siècle,  à  ce  qu'il  paraît,  on  a  numéroté  les  feuillets, 
mais  d'une  façon  très  fautive.  Plusieurs  feuillets  ont  été 
coupés  si  fort  que  de  lettres  entières  ont  disparues.  Par 
une  erreur  du  relieur,  les  fol.  105  à  111  précèdent  actuelle- 
ment les  fol.  112  a  123,  auxquels  il  devraient  faire  suite. 
Ed  outre,  plusieurs  feuillets  qui  contenaient  probablement  le 
reste  de  la  branche  IX  depuis  le  v.  584,  ont  été  égarés. 
Les  colonnes  111°*  et  HS'  sont  laissées  en  blanc. 

Une  miniature  se  trouve  en  fol.  1.  On  rencontre  des 
majuscules  initiales  agrandies  aux  fol.  1'  (au  commencement 
de  la  branche  I);  26'  (br.  II);  36°  (II  843);  41"  (XVI); 
.52*  (XVII) ;  65'  (XIV);  85'  (II);  90'  (IV);  94'  (II  23  as.); 
100*  (IX);  !  12*  (XII);  123'  (Va);  128"  (X);  142'  (XI); 
leS*  (XIII);  178'  (VIII).  II  n'y  a  qu'un  seul  titre  rouge, 
celui  de  ia  branche  XIV,  au  fol.  65'.  Ci  parole  conment  .R. 
sé  muca  es  piaus;  mais  la  fin  des  branches  est  indiquée 
plusieurs  fois  à  l'encre  noire:  ainsi  après  la  br.  II.  on  lit 
Ci  feniat  U  chapitrez  conment  .R.  déchut  tieselin  le  corbel  Et 
fonmeiU  U  croissu  hersent  Sa  commère  et  compissa  ses  (ouuiaus. 
La  br,  XV  s'arrête  brusquement  au  v.  116,  auquel  le  scribe 
a  ajouté  ces  deux  vers:  Or  nous  en  soufise  atant  Que  plus 
nen  dirai  maitUenant.  Au  fol.  111"  la  branche  V  est  ter- 
minée par  ces  mots:  Explicit  ceste  branche;  une  main  plus 
moderne  y  a  ajouté  le  premier  vers  de  la  branche  XII. 
Celle-ci,  qui  va  jusqu'au  fol.  123'',  porte  la  note  finale: 
Explicit  lie  la  matière  comment  R.  fu  clers  ttjhert  le  chat. 
A  U  fin  de  la  branche  XI  (f.  169')  on  lit:  Explicit  ycestui 
rontt,  La  fin  du  roman  entier,  au  f.  181*,  est  indiquée  par 
ce»  mots  :  Erplicit  U  rommant  de  Renart. 


,i.n.b,.GoogIc 


Plusieurs  brandies  se  trouvent  deux  fois  dans  ce  mec, 
d'abord  avec  le  texte  du  msc.  A,  ensuite  avec  celui  de  C: 
c'est  à  cette  seconde  partie  du  mac.  qu'appartiennent  les 
branches  suivantes  (que  je  numérote  d'après  l'édition  de 
Méon)  I.  IL  ni.  IV;  V.  YI.  1929—2240;  puis  la  br. 
XIX  de  Méon.  La  manière  inattendue  dont  la  br.  VI  est 
interrompue,  peut  faire  croire  que  le  scribe  s'est  aperça  su- 
bitement que  le  même  récit  se  trouvait  déjà  dans  son  manu- 
acrit:  probablement  qu'il  avait  sous  les  yeux  deux  manuscrits 
qui  appartenaient  aux  diPTérentes  classes  de  A  et  de  C. 

11  y  a  UD  autre  fait  qui  éclaircira  peut-être  encore 
mieux  cette  erreur:  c'eat  que  différentes  mains  ont  tra- 
Tiùllé  au  msc.  .\.  La  première  a  écrit  les  fol.  1  &  40, 
128  à  181,  la  seconde  lea  fol.  41  à  104,  112  à  124';  c'eat 
à  cette  colonne  qu'une  troisième  main  a  repris  l'ouvrage  on 
écrivant  les  fol.  124'  à  127,  105  à  lit.  La  seconde  main 
se  distingue  des  autres  par  une  orthographe  particulière. 

Pour  la  critique,  il  importe  de  ne  paa  confondre  les  deux 
textes  différents  du  msc.  i\.  Je  distingue  celui  qui  ae  rap- 
proche du  msc.  C  par  la  minuscule  n.  Dans  mon  Examen 
critique  j'avais  proposé  la  notation  \';  mais  elle  aurait  été 
sujette  à  des  erreurs  typographiques. 

Les  manuscrits  que  j'ai  énumérés  jusqu'ici  ont  con- 
servé une  série  plus  ou  moins  longue  des  branches  du  roman. 
Il  y  en  a  encore  d'autres  qui  ne  contiennent  qu'une  ou  deux 
branches  ou  qui  ne  nous  sont  parvenus  que  dans  un  état 
fragmentaire.  Je  lea  distingue  des  manuscrits  de  la  première 
série  par  des  lettres  minuscules.  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter 
que  la  valeur  do  ces  fragments  n'est  nullement  inférieure  à 
celle  des  manuscrits  plus  complets;  il  y  en  a  marne  qui 
présentent  un  texte  très  pur.  Voici  le  tableau  des  raanu- 
eorits  incomplets. 

n,  à  la  bibliothèque  de  Lord  Ashburnbam,  à  Âsh- 
bumham  Place,  près  de  Battle  (Sussex),  où  ce  manuscrit 
porte  le  numéro  242.  Il  a  été  acheté  avec  la  collection 
Barrois  en  1849,  Au  fol.  1*  on  lit:  Petrij  Dupuy  Ub.  m. 
s.  curât,  jnscrip  (le  reste  de  l'inscription  a  été  coupé  par 


,.  Google 


le  relieur).  C'est  M.  P.  Meyer  qui  m'a  indiqué  ce  manu- 
scrit et  qui  par  ea  rocommandaHon  bienveillante  m'en  a 
facilité  la  communication. 

Le  manuscrit  est  sur  vélin,  du  XIIP  sièclo,  petit  in-â^ 
Les  pages  n'ont  qu'une  seule  colonne,  qui  comprend  ordinaire- 
ment 30  vers.  Celui  qui  a  numéroté  les  feuillets  on  a 
compté  52;  mais  il  a  sauté  un  feuillet  après  le  20°"  et  un 
autre  après  le  22"':  le  manuscrit  a  donc  54  feuillets.  Il  ne 
contient  que  la  branche  I. 

Le  te;:te  porte  en  tête  une  majuscule  coloriée.  Il  n'y 
a  pas  de  titre,  mais  siDiplement  cette  note  finale:  Explicit 
le  romam  de  Benart.  liO  scribe  de  ce  manuscrit  s'est  servi 
de  peu  d'abréviations  et  en  particulier  les  noms  propres  y  sont 
écrits  ep  toutes  lettres.  Même  les  noms  de  nombre  n'y  sont 
que  rarement  exprimés  par  des  chiffres. 

Les  manuscrits  b.  o,  d  ont  ceci  de  commun  qu'il  con- 
tiennent tous  la  même  branche- VIII,  qui  s'y  trouve  au  milieu 
d'autre  poèmes  narratifs  de  peu  d'étendue. 

b:  ce  msc.  se  trouve  à  Paris,  à  la  Bibliothèque  Natio- 
nale, fonds  français  837  (anc.  7218).  C'est  le  célèbre  manu- 
scrit des  fabliaux.  Il  est  écrit  sur  vélin  in-fol.  (Sl'/s  cm, 
de  haut  sur  21  cm.  de  large),  à  4  colonnes  de  50  lignes. 
L'écriture  est  du  XIII*  siècle. 

La  branche  YIII  du  roman  de  Benart  y  occupe  les 
foi.  46*  à  49*.  A  la  fin  de  la  branche  on  lit,  écrit  à  l'encre 
noire:  Explicii  la  confession  Benart. 

o:  ce  manuscrit  appartient  encore  à  la  Bibliothèque 
Nationale,  fonds  français  25545  (ancien  fonds  Notre  Dame 
5(4*^).  11  est  sur  vélin,  du  XIV'  siècle.  Il  contient  166 
feuillets  petit  in-4°:  chaque  feuillet  a  4  colonnes  de  36  lignes. 

La  branche  VIII  du  Renart  y  commence  au  bas  du 
foL  21*,  et  finit  au  fol.  24*.  Elle  porte  ce  titre  en  rouge 
Oî  conmence  la  confession  Renart  et  son  pèlerinage,  et  elle  se 
termine  par  cette  note,  également  en  rouge:  Explicit  la  con- 
fession de  renart  et  la  loiatUez  de  son  pèlerinage. 

d:  ce  manuscrit  se  trouve  à  Home  à  la  bibliotheca  Ca- 
mnatmsisi  il  y  est  coté  B,  III  18.  Il  est  sur  vélin,  du 
XIV'  siècle.     Il  a  200  feuillets  in-4°  qui  n'étaient  pas  en- 


core  numérotés  en  1873.  lorsque  je  coUndonnai  le  manuscrit. 
Chaque  feuillet  a  4  colonnes  de  38  lignes.  Il  contient  le 
roman  de  la  Rose  et  37  poèmes  moins  étendns;  parmi  ces 
derniers,  le  second  oat  notre  branche  YIII,  qui  occupo 
13  colonnes  du  manuscrit.  Elle  porte  ce  titre:  l  coh- 
fiesse  et  le  pelermage  Renart.  Voyez  sur  ce  manuscrit: 
A.  Tobler,  Gedickte  des  Jehan  lie  Comlet,  Stuttgart  1860, 
Lit.  Vereirt  LIV. 

Deux  autres  manuscrits  (e  et  h)  ne  présentent  mal- 
heureusement que  des  débris  qui,  en  fournissHnt  de  très 
bonnes  leçons,  nous  font  voir  combien  la  filiation  des  manu* 
sorits  est  loin  d'être  conservée  dans  son  entier. 

6:  ce  fragment  ne  contient  que  deu?c  feuillets  d'un 
beau  manuscrit  du  Xlll*  siècle,  détachés  d'une  reliure  et 
conservés  à  la  bibliothèque  do  3.  Orner.  Je  n'en  ai  vu 
qu'une  copie  que  j'ai  trouvée  parmi  les  manuscrits  de 
J.  Orimm  et  qui  appartient  actuellement  à  la  Bibliothèque 
Boyalc  de  Berlin.  Les  100  lignes  qu'il  donne  font  partie 
de  la  branche  X  et  commencent  par  le  v.  1337.  Il  y  a 
des  lacunes  qui  cependant  permettent  le  calculer  que  le 
texte  était  écrit  sur  des  feuillets  in-4",  à  4  colonnes,  chacune 
de  30  lignes. 

h:  ce  fragment  ressemble  en  beaucoup  de  points  au 
fragment  e.  C'est  ce  fragment  que  M.  G.  Paris  a  publié 
dans  la  Romania  III  373.  II  se  trouve  à  la  Bibliothèque  Royale 
de  Bruxelles  où  il  a  été  détaché  d'une  rehure.  Il  forme 
la  moitié  supérieure,  recto  et  verso,  d'un  feuillet  à  quatre 
colonnes;  la  marge  gauche  a  été  entamée  par  tes  ciseaux. 
Le  manuscrit  dont  nous  ne  possédons  que  ce  faible  débris 
était  du  XIII"  siècle.  Il  portait  30  lignes  sur  chaque 
colonne.  Les  72  vers  qui  nous  ont  été  conservé  correspon- 
dent aux  vers  857  à  965  de  notre  branche  XI. 

Les  manuscrits  a,  b,  c,  d,  e,  h  présentent  à  peu  près 
le  même  texte  que  les  manuscrits  plus  complets  et  leurs 
variantes  serviront  à  restituer  la  forme  primitive  des  branches 
qu'ils  contiennent.  On  ne  saurait  dire  la  même  chose  des 
antres  fragments  qui  nous  restent. 


,  Google 


f,  à  l'aris,  à  la  Bîbl.  Nnt.  fonda  franc.  1588  (anc. 
7609-),  sur  vélÎD.  grand  iD-4''  (29  cm.  do  liaut  sur  21  de 
large),  du  XIII*  siècle,  sauf  le  fragment  de  la  branche  XIH 
du  Renart,  qui  présente  l'écriture  du  commencement  du  XV* 
âiècle.  Ce  manuscrit  contient  les  poëmea  de  Philippe  do 
Rémi:  la  Riote  du  Monde,  la  Manékine,  Blonde  d'Oxford  et 
plusieurs  salua.  Voyez  Le  Boman  de  la  Manékine  par 
Philippe  de  Reimes  p.  p.  P.  Michel,  Parie  1840  (Bannatyne 
Cluh)  p.  XVII.  Sur  le  verso  laissé  en  blanc  du  fol.  96  se  trouve, 
ajouté  par  une  main  postérieure  d'au  moins  150  ans  à  celle 
qui  a  écrit  le  reste  du  manuscrit,  le  commencement  (24  lignes) 
lie  In  branche  XIII,  présentant  une  texte  très  altéré,  écrit 
avec  peu  de  soin  et  passablement  effacé.  Je  possède  une 
première  copie  de  ces  vers  faite  par  mon  ami  J.  Brakel- 
mann,  mort  en  1870,  et  une  autie  que  M.  Suchier  a  bien 
voulu  me  communiquer. 

g,  i:  CCS  deux  manuscrits  présentent  un  texte  italianisé 
qui  donne  une  version  remaniée  de  notre  branche  I  et  d'une 
autre  branche  qui,  eu  français,  ne  se  trouve  qu'eu  prose, 
ilanii  l'ouvrage  du  XIV*  siècle  intitulé  Senart  le  contrefait: 
voyez  M.  A.  Rothe,  Les  romans  du  Renard  examinés  atia- 
lysis  et  comparés  (Paris  1845)  p.  475  et  Barisch,  Chresto- 
mathie  de  l'ancien  français,  col.  321.  Dans  mon  recueil  ce 
texte  formera   une  branche  additionelle^  la  branche  XXVII. 

Deji  deux  manuscrits  qui  nous  fournissent  ce  texte, 
g  se  trouve  à  Oxford,  à  la  Bibliothèque  Bodléienne,  coté 
Canon.  Ital.  XLVIII.  11  est  écrit  sur  papier  au  XIV°  ou 
même  au  XV*  siècle.  C'est  un  petit  in-4°  (22  cm.  de  haut 
sur  15  de  large).  Lea  pages  n'ont  qu'une  seule  colonne. 
Des  24  feuillets  qui  sont  couverts  d'écriture,  les  fol.  6  à  19 
appartiennent  à  la  branche  XXVII.  Il  n'y  a  ni  titre  ni 
note  Hnale  <yn  se  rapporte  au  texte.  Sur  la  marge  on  a 
ajouté  des  dessins  dont  le  sujet  n'a  rien  à  faire  avec  le 
roman  de  Renart.  Au  fol.  20'°  il  y  a  un  aigle  avec  ce  vers 
Ferrariam  cordi  leneas  béate  Georgi.  Le  texte  du  msc.  g  a 
été  publié  avec  un  bon  nombre  de  corrections  et,  d'éclair- 
cissements par  E.  ïeza.  Pisa  1860,  soua  te  titre  Sainardo  e 
Lttmgrino. 


,  Google 


l'a  msG.  1,  qui  contient:  le  même  poëme,  mais  d'après 
une  l'édaction  plus  étendue,  a  été  publié  par  R.  Putelli  dans 
le  Giomale  di  Jilologiti  Bomama.  Il  se  trouve  à  la  -Biblio- 
thèque archiépiscopale  d'XJdine,  à  laquelle  tl  a  été  donné 
par  le  bibliothécaire  Petro  Brudo  on  1783.  Il  y  porte  le 
numéro  XIII  des  in-4^.  Il  est  sur  vélin  et  contient  64 
feuillets,  qui  ont  IK  cm.  de  haut  eur  14  cm.  de  large.  L'écri- 
ture est  de  la  seconde  moitié  du  XIY*  siècle.  lia  branche 
XXYII,  qui  occupe  la  fin  du  manuscrit,  va  du  fol.  .'il)''  au  fol. 
64''.  Le  scribe  a  ajouté  quelques  vers  latinn,  dont  le  premier 
se  trouve  également  dans  le  msc.  g.  le  second  dans  le  msc.  a. 


Voilà  donc  les  sources  auxquelles  j'ai  puisé  mn  con- 
naissance du  roman  de  Reoart.  Comme  je  l'ai  déjà  remarqué 
dans  mon  Examen  critique  p.  7,  cette  liste  n'est  pas  encore 
complète,  puisqu'il  y  a  dans  l'édition  de  Méon  des  passages 
qui  ne  se  retrouvent  dans  aucun  des  manuscrits  que  j'ai  énu- 
mérés  et  que  Méon  a  tirés  d'un  manuscrit  que  je  n'ai  pu  ri,>trouver. 

Quant  à  la  manière  do  me  servir  de  mes  notes,  j'at  élargi 
le  plan  proposé  à  In  tin  de  mon  Eramen  critique. 

Je  doBBerai  les  variantes  de  tous  les  manuscrits,  excepté 
celles  des  trois  manuscrits  Ifii.  Comme  V  n'est  qu'une  copie 
fautive  du  msc.  E ,  ce  mnnuscrit  n'a  aucune  valeur  propre 
pour  la  recherche  du  texte  oiiginal.  Le  msc.  (>  se  rapproche 
encore  beaucoup  du  msc.  £:  il  appartient  donc  à  une  famille 
déjà  suffisament  représentée  par  les  quatre  mss.  AltK.V.  Enfin 
le  msc.  I  no  contient  qu'un  texte  remanié  dans  beaucoup  de 
parties  avec  une  très  grande  liberté  :  c'est  plutôt  un  poëme  nou- 
veau qu'on  pourrait  bien,  si  toutefois  cela  en  valait  la  peine, 
publier  en  entier  au  lieu  de  le  confondre  avec  le  reste  des 
variantes. 

Il  n'y  a  qu'une  seule  branche,  la  huitième,  le  Pèlerinage 
Renart,  pour  laquelle  je  donnerai  les  variantes  de  tous  les 
manuscrits,  même  des  msc.  ïlil,  comme  je  l'ai  déjà  fait  dans 
les  Bonmnische  Studien.  On  pourra  se  faire  ainsi  une  idée 
de  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  donner  intégralement  toutes  les 
variantes  des  msc.  FUI.  Je  doute  qu'on  en  tirerait  une  seule 
restitution  du  texte  original. 


,  Google 


Quant  aux  autres  manuscrits,  on  me  permettra  encore 
de  me  borner  aux  variantes  offrant  un  certain  intérêt  et  de 
laiaeer  de  côté  toutes  les  divergences  purement  ortho- 
grapliiques. 

Mon  texte  est  fondé  pour  chaque  branche  sur  celui  des 
niaDUScrits  qui  parait  se  rapprocher  le  phts  de  l'original. 
Ainsi  pour  la  plupart  des  branches  (I  à  XIV).  c'est  le  mso. 
A  que  je  reproduis  en  comblant  ses  lacunes  par  le  msc.  1); 
pour  les  brandies  SV  à  XVil  je  me  sers  du  rase.  N;  pour 
les  branches  XTIII — XXIl  et  pour  la  branche  XXIV, 
du  msc.  B.  Pour  chacune  des  branches  XXIII,  XXV, 
XXVII,  je  suivrai  le  manuscrit  qui  l'a  conservé  seul:  c'est 
à  dire  le  msc.  M  pour  la  branche  XXIII,  le  msc.  fl  pour 
la  br.  XXV.  le  msc.  L  pour  la  branche  XXVI.  Enfin  dans 
la  branche  XXVII,  je  mettrai  en  regard  les  deux  textes, 
qui  uous  en  restent. 

Le  premier  volume  de  mon  édition  contient  les  onze 
branches  qui  ne  manqueut  dans  aucun  des  trois  manuscrits 
A,  B,  G  et  qui  paraissent  former  une  ancienne  collection. 
Comme  M.  A.  lîauer  a  bien  voulu  revoir  les  épreuves  im* 
primées  sur  le  msc.  A,  je  suis  bien  sûr  que  mon  texte,  y  compris 
les  variantes  données  au  bas  des  pages,  nst  rigoureusement 
exact.  Jje  second  volume  comprendra  les  branches  isolées 
qui  n'ont  été  conservées  que  dans  les  manuscrits  d'une  ou  de 
deux  familles.     Le  troisième  contiendra  les  variantes. 

Dans  ebaque  branche  je  corrigerai  les  fautes  évidentes 
du  manuscrit  principal ,  mais  je  me  garderai  de  mâler  les 
le^DB  des  différentes  familles  là  oii  le  texte  du  manuscrit 
principal  offre  un  sens  satisfaisant  et  une  veretiieation  assez 
bonne.  Quelques  vers  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les  autres 
rédactions  et  qui  portent  le  cachet  de  l'interpolation  ont  été 
mia  entre  crochets  [ — ]. 

Quant  à  l'orthographe  dit  msc.  A,  je  me  suis  permis  de 
la  r^ulariser  quelque  peu.  Mais  je  sais  bien  que  c'est  là 
nne  chose  très  délicate  et  je  crains  que  le  système  que  j'ai 
suivi  et  qui  laisse  tant  à  corriger  aux  lecteurs  eux-mêmes, 
ne  soulève  bien  des  objections. 

Aussi  je  ne  me  fais  point  d'illusion  sur  la  différence 
qui  existe  entre  le  texte  restitué  d'après   une   seule  famille 


,.  Google 


des  manuscrits  et  celui  qui  peut  résulter  de  la  comparaisoD 
des  différentes  familles.  Ces  familles  que  j'ai  distinguées  dans 
mon  Examen  critique,  diffèrent  l'une  de  l'autre  non  seulement 
par  le  nombre  et  l'ordre  des  branches  qu'elles  contiennent, 
mais  aussi,  dans  les  différentes  branches-  par  le  nombre  des 
vers  et  par  les  leçons  qu'elles  offrent.  Chaque  famille  a  ses 
fautes  particulières,  chacune  paraît  aussi  avoir  conservé  des 
restes  du  texte  primitif  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  los  manu- 
scrits des  autres  familles.  Il  faudrait  donc,  pour  restituer  le 
texte  primitif,  se  servir  tantôt  de  l'une  et  tantôt  de  l'autre 
famille,  et  en  tirer  toutes  les  variantes  qui  concordent  le  mieux 
avec  le  style  et  le  dialecte  de  l'original  sjpposé.  C'est  ce 
que  M.  G.  Psrio  a  très  bien  expliqué  dans  la  Remania,  et 
ce  serait  bien  là  le  but  d'une  édition  critique  qui  mériterait 
véritablement  ce  nom. 

Mais  ce  qui  me  parait  non  moins  certain,  c'est  qu*un 
travail  de  ce  genre  rencontrera  bien  des  difficultés.  La  re- 
cherche do  l'original  ae  complique  par  ce  fait  que  les 
différentes  branches  n'ont  pas  une  origine  commune,  qu'elles 
ont  été  composées  par  dei  poètes  différents,  à  des  époques  et  dans 
des  provinces  différentes;  et  qu'en  outre  plusieurs  branches 
ne  nous  sont  parvenues  qu'après  avoir  subi  des  remaniements 
et  des  altérations  profondes.  C'est  pour  cela  que  je  crois 
qu'on  ne  parviendra  jamais  à  restituer  sûrement  le  texte  pri- 
mitif et  que  tout  en  cherchant  à  le  faite,  il  faudra  se  con- 
tenter en  beaucoup  d'endroits  d'un  choix  arbitraire  et  d'un 
résultat  douteux. 

On  me  croira  facilement,  ai  je  dis  que  mol  aussi  j'ai  essayé 
de  pousser  ces  recherches  qui  offrent  certainement  un  grand 
intérêt.  Ce  que  je  pourrai  faire  pour  arriver  à  la  solution  de 
wa  problèmes  de  haute  critique,  je  l'exposerai  dans  une  bro- 
chure qui  paraîtra  en  même  temps  que  le  troisième  volume 
de  l'édition.  Mais  ici  j'ai  cru  devoir  me  restreindre  à  donner 
un  texte  tiré  des  meilleurs  sources  et  à  fournir,  par  les  vari- 
antes des  autres  manuscrits,  les  moyens  de  restituer  le  texte 
primitif.  Que  d'autres,  plus  instruits,  plus  hardis  et  disposant 
de  plus  de  loisir,  accomplissent  cette  tâche  aussi  attrayante 
que  difficile! 

Peut-être  jugera-t-  on  comme  moi  que  le  roman  de  Renart 


,  Google 


—       XXYII 

ne  mérite  pas  en  entier  le  travail  énorme  qu'exige  nne  édi- 
tion critique.  Il  y  a,  et  personne  ue  le  contestera,  de 
grandes  parties  du  roman  qu'il  auftîra  de  lire  dans  une  re- 
production fidèle  des  manuscrits.  Les  longueurs  insipides,  lee 
obscénitéa  qu'on  y  trouve  et  qui  répugnent  à  tout  lecteur, 
ne  me  paraissent  pas  absolument  dignes  d'être  passées  au  crible 
de  la  critique.  L'édition  critique  qu'on  doit  désirer,  ne  compren- 
drait qu'un  choix  de  branches,  réunissant  tons  les  contes  spiri- 
tuels et  naïfs  à  la  fois,  qu'on  a  loués  si  souvent  ot  avec  tant 
de  raison. 

Aussi  suis-je  heureux  de  pouvoir  annoncer  au  public 
une  édition  partielle  du  roman  du  Benart  qui  répondra  en 
même  temps  aux  exigences  de  la  philologie  et  aux  besoins 
des  simples  lecteurs.  On  la  devra  à  mon  ancien  collègue, 
H.  J.  Cornu,  professeur  à  l'université  de  Prague,  qui  espère 
la  publier  dès  que  mon  édition  sera  complète,  c'est  à  dire 
avant  la  fin  de  l'année  prochaine. 

Strasbourg,  Octobre  1881. 

Ernest  Martin. 


,,.Gcx:)gIc 


,,  Google 


(Méoa  9S40— 96T2) 

Pekeot,  qui  son  engin  et  a'art     A  f.  1 

Miat  en  vers  fere  de  Reoart 

Et  d'Iaengrin  son  cher  conpere, 

Lessa  le  meus  de  sa  matere: 
6   Car  il  entroblia  le  plet 

Et  le  jugement  qiiî  fu  fet 

En  la  cort  Noble  le  lion 

De  la  grant  fornicacion 

Que  Renart  fist,  qui  toz  niaus  cove, 
lO    Envers  dame  Hersent  la  love. 

Ce  dit  l'eatoire  el  prem^  vers 

Que  ja  eetoit  passe  ivers 

Et  que  la  rose  espanisaoit 

Et  l'aube  espine  floriasoit 
15   Et  ptea  eatoit  l'aaenciona, 

Que  ûre  Noble  li  lions 

Totea  lea  beetea  fist  venir 

En  son  pales  por  cort  tenir. 

Onques  n'i  ot  béate  tant  ose 
30   Qui  remaosist  por  ouïe  chose 

Qui  ne  venist  hastivement  : 

Fors  dan  Renart  tant  solement, 

Le  mal  lera,  le  aoulduiant, 

Que  li  antre  vont  encusant 


5  crilroblie 


...Google 


2  I  (Môon  fl6TM-9710) 

25    Et  enpirant  devant  le  roi 
Et  son  orgueil  et  son  deeroî. 
Kt  Ysengrin  qui  pas  ne  l'eîme, 
Devant  toz  les  autres  se  cleime 
Et  dit  au  roi  'baux  gentix  aire, 

30    Car  me  fai  droit  de  l'avoutire 
Que  Renart  fiât  a  m'espossee 
Dame  Hersent,  quant  l'ot  serrée 
A  Malpertuia  en  son  repère, 
Quant  il  a  force  li  volt  faire, 

35    Et  conpiBsa  toz  mes  lovaux: 

C'est  U  dois  qui  plus  m'cat  noveax. 
Renart  prist  jor  de  l'escondire 
Qu'il  n'avoit  fet  tel  avoultire. 
Quant  li  seint  furent  aporte, 

40    Ne  sai  qui  li  out  enorte, 
Si  se  retrest  molt  tost  arere 
Et  se  remist  en  sa  tesD^^. 
De  ce  ai  ou  grant  coroz'. 
Li  rois  li  a  dit  oiant  toz 

45    'Ysengrin,  leissiez  ce  ester. 
Vos  n'i  poes  rien  oonquest^r, 
Ainz  ramentevez  vostre  honte. 
Musart  sont  li  roi  et  li  conte. 
Et  cil  qui  tienent  les  granz  corz 

50    Devieuent  cop,  huî  est  li  jorz. 
Onques  de  si  petit  domage 
Ne  fu  tel  duel  ne  si  grant  tage. 
Tele  est  celé  ovre  a  escient 
Que  li  parlera  n'i  vaut  noient.'  . 

56    Dist  Brun  li  ors,  'bianx  gentix  sire, 
Ja  porriez  asez  meuz  dire. 
Est  Ysengrin  ne  mort  ne  pris, 
Se  Renart  a  vers  lui  mespris, 
Que  bien  n'en  puiat  avoir  venchance. 

60    Ysengrin  est  de  tel  puiasance, 

27  que       32  Berce      44  si       48  M.  -^  IJ       49  grwt 
de  hontafc»         .'i2  ni^  M  ilnmiif;*'         5&  Dit 


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I  (Méon  9711— 9748J 

Se  Renart  près  de  lui  manoit. 
Et  por  la  pea  De  rem&noit 
Qui  uovelement  est  jurée, 
Que  ja  oÛBt:  vers  Ini  durée. 

65    Slea  voa  eatea  prince  de  terre: 
Si  metes  pes  en  ceste  guerre! 
Metea  pea  «itre  vos  barons: 
Qui  vos  barrez,  nos  te  barrons, 
Et  nieintendroD  de  vostre  part. 

70   S'Iaengrina  ae  pleint  de  Renart, 
Fêtes  le  jugement  aeoir: 
G'eat  li  meuz  que  g'en  pub  veoir. 
Se  l'un  doit  a  l'autre,  si  rende, 
Et  del  meafet  vos  pait  l'amende. 

75    Maudea  Renart  a  Malpertuis: 
Gel'  amenrai,  ae  je  le  truis 
Et  Toa  m'i  voles  envoier. 
Si  l'aprendrai  a  cortoier.' 
Sire  Brun'  dit  Bruiaoz  li  tora, 

80    Mal  dabeit  ait  sans  vostre  cors 
,  Qui  ja  conseillera  te  roi 
Qu'il  prende  amende  del  dearoi, 
De  la  bonté  et  del  avoutere 
Qae  Renart  fîst  a  sa  conmere. 

8û    Renart  a  fait  tante  moleste. 
Et  Gonchiee  taote  beste, 
Que  ja  nus  ne  li  doit  aidier. 
Conment  doit  Yseogrin  plaider 
De  chose  qui  si  est  aperte 

flO  Et  conneûo  et  deecoverteP 

De  moi  aa  ge,  que  que  nua  die, 
Se  cil  qui  tôt  le  mont  eoncbie, 
Kdst  ma  famé  en  sa  baillie, 
Contre  aon  gre  l'oiist  sesie: 

05    Ja  Malpertuia  nel  garandist, 
I«e  forteresce  qu'il  feïst, 

fis  remanniil  M  dorée  70  8c  i.  71  oi 

n  Bi.  70  la  pren  . .  ie  a         89  que         94  çntre  d 


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r    M^on  9749-9784) 

Que  je  ne  l'eûeae  escuillie 

Et  puis  en  un  conping  ^tie. 

Hersent,  dont  vos  vint  en  corajeP 
100    Certes  ce  fa  molt  grant  danvtje, 

Quant  Rcnart  qui  est  fox  garçons 

Vos  monta  onquee  ee  arçons". 

Sire  Bruiant'  dist  H  tessons,  / 

'Cist  maux,  ee  nos  ne  l'abesson, 
105    Porra  encore  trop  monter. 

Car  tex  porra  le  mal  conter 

Et  bien  espandre  et  essaucier 

Qui  nel  porra  pas  abeasier. 

Et  puis  qu'il  n'i  ot  force  fête, 
un    Ne  huia  brleie  ne  trêve  enfrete, 

Se  Renart  li  fist  par  amors, 

N'i  afiert  ire  ne  clamors. 

Pieca  que  if  l'avoit  amee. 

Ja  celé  ne  s'en  fast  clamée, 
116    S'en  li  en  fust:  mea  par  mon  chef 

Ysengrin  l'a  trop  pris  en  gref. 

Voiant  le  roi  et  son  barnaje, 

Gart  Yaengrin  a  son  damajel 

Se  li  vasseax  eat  enpiries 
120    Et  par  Kenart  mal  atiriez 

Le  vaillant  d'une  noia  de  coudre, 

Près  suL  que  je  li  face  sondre, 

Des  que  Renart  aéra  venus 

Et  li  jugement  ert'  tenus. 
126    Ues  c'est  li  meus  que  go  i  sent, 

Li  blame  aoit  dame  Hersent. 

Ahi,  quel  onor  et  quel  plet 

Voe  a  hui  vostre  mari  fet 

  tantes  bestes  regarder! 
180   Certea  len  voe  devroit  larder, 

S'il  voe  apele  bêle  auer, 

Se  James  li  portes  bon  cuer. 

0  ditmaoe      104  CU      112  Ci»       114  ohamort      114  Ja  .h.  i 
119  CR         124  Et  mangtir        i.  nera  t. 


■  Google 


I  (Héon  9TS5— 9818) 

n  ne  vos  orient  ne  ne  resogne'. 
Hersent  rogist,  si  ot  vergoine, 

135    Que  tôt  le  poil  li  vet  tirant. 
Si  respondi  en  aozpirant 
'Sire  Grinbert,  je  n'en  puis  mes. 
Ge  anmase  molt  meus  la  pes 
Entre  mon  segnor  et  Renart. 

140   Voir  il  n'ot  onques  en  moi  part 
En  tel  manière  n'en  tel  guise, 
Si  que  j'en  feroie  un  joise, 
De  caude  eve  ou  de  fer  oaut. 
Mes  mon  eeoondire  que  vaut, 

145  Laeae,  caitive,  malostrue, 

Quant  je  ja  n'en  serai  creûe? 
Far  trestoz  les  sainz  qu'on  aore 
TSe  se  damledex  me  seoore, 
C'onqaes  Renart  de  moi  ne  fist 

150  Que  de  sa  mère  ne  felst. 

For  dan  Renart  nel  di  je  mie 
Ne  por  amender  ea  partie: 
G'autretant  m'est  qu'en  de  lui  face, 
Ne  qui  que  l'eint  ne  qui  le  hace, 

1B6   Con  vos  est  d'un  oardon  asnin. 
Mes  je  le  di  por  Ysengrin, 
Qui  de  moi. par  est  si  jalox 
Que  toz  jors  s'en  quide  estre  cox. 
Foi  que  je  doi  Pincart  mon  fil, 

160  Oan  le  premer  jor  d'avril 
Que  paaqnea  fu,  si  con  or  sist, 
Ot  dix  anz  qu'Iseogrin  me  prist. 
Lee  noces  furent  molt  pleneres: 
Que  les  foesee  et  les  lovieres 

Ite   Furent  de  bestes  totes  pleines, 
Voire  certes  si  qu'a  grant  peines 


___    noiiw        molt  manque        140    141  manquent 

143  csnd         DQ  manque         de,  "oaut,'  fer         Ue  oreu  147  wtin 

I&8  C«atr«i*eiit         157  que         162  que  j.         166  grant  qa 


,  Google 


I  (Méon  8819—9858) 

Pe(is«ieB  tant  de  vuit  trover 
Ou  une  oe  poûst  cover. 
La  devin  ^e  loiale  espose, 

170    Ke  m'en  tenes  pas  a  mentose 
N'a  Bongnant  ne  a  bestB  foie. 
Or  revendrai  a  ma  parole. 
Qui  m'en  Toult  croire,  si  m'en  croie, 
Et  si  voit  bien  que  chascuD  l'oie: 

176    One,  foi  que  doi  sainte  Marie, 
Ne  fis  de  mon  cors  puterie 
Ne  mesfet  ne  maveie  afere 
Q'une  noue  ne  poîst  fere'. 

Quant  Heraent  ot  sa  raison  dite 

180    Et  oie  sa  fu  eacondite, 
Bernara  li  annea  qui  l'oï, 
Trestot  son  cuer  s'en  esjoï. 
Qar  OF  quide  tôt  a  estros 
Que  Isengrin  ne  soit  pas  cos. 

185   'Ahi'  fet  il,  gentil  bamesse, 
Qar  fuat  or  ai  loial  m'annease, 
Et  chen  et  lou  et  autres  béates, 
Et  totes  femoB  cod  tob  esteBl 
Qar  si  me  face  dex  pardon, 

190    Si  me  doinst  il  trover  cardon 
Qui  soit  tendres  en  ma  pasture, 
Que  vos  n'ouates  onques  cure  ^ 
De  Renart  ne  de  son  déduit, 
Ne  de  s'amor,  si  con  je  quit. 

195    Mies  li  aeclea  est  si  maveia, 
Si  meBdiaane  et  si  pugnes, 
Qu'il  teamoinne  ce  qu'il  ne  voit 
lEt  blâme  ce  que  loer  doit. 
Âhî,  Kenart  li  foraenes, 

200   Con  de  mal  hore  tu  fua  nés 
Et  engendres  et  conceûa. 
Quant  tu  jà  ne  aéras  crellB! 


168  toper 

0  is" — zm  m 


175  q.  ge  doi  s.      181  qw]  ai      186  o 


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1  (Méoo  9X59— Ug2»j 

Or  ert  la  noTole  espanduc 
Que  aviez  Hereeut  croissue. 

200    Ele  en  veU  ci  fere  un  joïse: 
Onques  par  lui  ne  fu  requise. 
He,  genHx  sire  deboneire, 
Qar  metez  pes  en  cest  afere, 
Et  s'aiez  de  Renart  merci! 

210   Lassiez  le  moi  vostre  merci 
Ca  aconduire  a  sauvete 
De  qanqo'Iseogrin  l'a  rete: 
Itele  amende  li  fera 
Con  Toatre  cort  esgardera. 

315   Et  se  il  a  fait  par  despit 
Le  bsrdement  et  le  respit 
Qu'il  a  pris  de  venir  a  cort. 
Amendera  einz  qu'il  s'en  tort.' 
"Sire'  ce  respont  li  conciles, 

220   'Onques  ne  vos  ait  saint  Gtles, 
(Se  vos  plest  et  vos  conmandez) 
Se  ja  Kenart  i  eat  mandez 
Hni  ne  demein:  se  il  n'i  vient, 
Après  demein,  e  s'  il  s'en  tient, 

82&   Fêtes  li  a  force  amener, 
Et  puis  tel  livroison  douer 
Dont  il  en  après  se  recort.' 
Ce  dit  Kables  'vos  aves  tort 

■■     Qui  Renart  volez  forsjuger. 

230    Tel  08  poes  vos  bien  ronger  : 
S'aucun  de  vos  me  mené  orguil, 
Ce  metme  vos  peut  a  l'ueîl. 
Renart  ne  he  ge  mie  tant 
Por  rien  qu'en  li  voist  sus  metant, 

333   Que  je  le  voille  encor  honir, 
S'il  ae  voult  a  moi  abouir. 
Ysengrin,  pemez  cest  juïse 
Que  vostre  feme  vos  devine, 


305  on  matijut    212  1&  arête    213  amendl    216  deipit    223  ûl    224 
il  se  t.    225  mener    231  nos  meneine  o.    2S2  peut]  plest    237  oeete 


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I  (Méon  99^—996*) 

Se  VOS  IftissieB  ne  le  volez. 

240   Qcl  prendroie'.    'Sire,  tolez! 
Se  Hersent  porte  le  joïee, 
Et  ele  soit  arse  et  espriee, 
Tex  le  saura  qui  or  nel  set. 
Liez  en  sera  qui  or  me  het. 

245    Lors  diront  il  tôt  a  eetrox, 
"Yez  la  le  coz  et  le  jalox!" 
Meuz  me  vaut  il,  setonc  le  plet 
Soufrir  la  honte  qu'il  me  fet 
Tant  que  je  me  puisse  venger. 

250    Mcz  einz  que  doive  vendenger 
Quit  ge  Renart  movoir  tel  gerre: 
Ne  le  garra  ne  clef  ne  serre 
Ne  muF  ne  fosse  desfensablo'. 
'Or  dont'  dit  Nobles,  'au  deable! 

255    Por  le  cuer  be,  sire  Ysengrin, 
Prendra  ja  vostre  gerre  finP 
Quidiez  i  vos  rien  gaagnier, 
Renart  mater  ne  meegnier? 
Foi  que  je  doi  saint  Lienart, 

•iHO    Qe  connoia  tant  les  arz  Renart: 
Plus  tost  vos  puet  il  fere  ennui, 
Honte  et  damaje  que  vos  lui. 
D'autre  part  est  la  pea  jurée 
Dont  la  terre  est  aaeûree: 

âft5    Qui  l'enfrendra,  s'il  est  tenuz, 
Molt  mal  li  sera  avenuz'. 

Quant  Ysengrin  oï  le  roi 
Qui  de  la  pes  prenoit  conroi, 
Slolt  fu  dolanz,  ne  set  que  fere, 

2T0    Ne  n'en  set  mes  a  quel  chef  trere. 
A  la  terre  entre  deus  eschamea 
S'asiet  la  coue  entre  les  janbee. 
Or  est  R«nart  bien  avenu. 
Si  dex  li  oûst  porveû: 


848  neê  aet         246  que  el  281  pot        271  Joiqa  la  t 

landes       2TS  tttoll 


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I  (M4on  »96â~10000)  9 

275    Q'en  tel  point  avoit  pris  li  rois 

L'acorde  tnaugre  as  yroifs 

Que  ja  preîat  la  gerro  fin 

Entre  Renart  et  Ysengrin, 

Se  ne  fuBt  Chantecler  et  Pinte 
280   Qui  a  la  cort  venoit  soi  qinte 

Devant  lo  roi  de  Renart  pleindro. 

Or  eet  li  feus  grès  R  esteindre. 

Car  sire  Chantecler  H  cos 

Et  Pinte  qui  pont  les  uea  gros, 
285   Et  Noire  et  Blance  et  la  Koasete 

Amenoient  une  charete 

Qui  envouxe  ert  d'une  cortine. 

Dedenz  gisoit  une  geline 

Que  l'eu  amenoît  en  litere 
290    Fête  autres!  con  une  bere. 

Renart  l'avoit  si  maumenee 

Et  as  denz  ai  desordenee 

Que  la  cuiase  li  avoit  frète 

Et  une  ele  hors  del  cors  trete. 
•*9f>        Qoant  li  rois  ot  jugie  aaez, 

Qui  del  pleider  eatoit  lassez, 

Ez  les  jelines  meintenant 

Et  Chantecler  paumes  bâtant. 

Pinte  a'escrie  premereine 
300    Et  les  autres  a  grant  aleine: 

Por  deu'  fet  ele,  "gentix  béates 

Et  chen  et  leu  tex  con  vos  estes, 

Qar  conseilliez  ceate  chaitive! 

Holt  he  l'oure  que  je  sui  Ttre. 
305   Mort,  car  me  pren,  si  t'en  délivre, 

Quant  Renart  ne  me  lesee  vivre! 

Gînc  freree  oi  tôt  de  mon  père: 

Toz  les  manja  Renart  li  1ère, 

Ce  fu  grant  perte  et  grant  dolors. 
310    De  par  ma  mère  oi  cinc  serors, 

278  Dentre       279  ehontereux  (de  même  au   o    2S3  chsnterax) 
£Si  l0  MO  Autreri  fet        295  i>MD|;ie        302  I.  et  tex 


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I  (Méon  10001^10038) 

Que  vit^  poulea,  que  mescinea: 

Molt  i  avoit  bêles  jelincâ. 

Qonberz  del  Frenne  les  pEisaoit, 

Qui  de  pondre  les  anguissoit: 
311>    Li  las!  mat  tes  i  eucressa. 

Qar  aine  Renart  ne  l'eu  laissa 

De  totes  cÎDO  que  une  soûle: 

Totes  passèrent  par  sa  goule. 

Et  vos  qui  la  gisez  en  bere, 
i^.ao    Ma  douce  suer,  m'amie  obère, 

Con  ros  estieez  tendre  et  crasse! 

Que  fera  vostre  suer  la  lasse 

Que  a  dqI  jor  ne  vos  regarde? 

Renart,  la  maie  flambe  farde! 
33A    Tantes  foiz  nue  avez  foleez 

Et  chacîes  et  tribulees, 

Et  deecirees  nos  pelices, 

Et  enbatues  duaq'as  lices. 

1er  par  matin  devant  la  porte 
330   Me  jeta  il  ma  seror  morte, 

Puis  s'en  foï  parmi  un  val. 

Oonberz  n'ot  pas  isnel  cheval, 

ÎTe  nel  poïst  a  pie  ateindre. 

Qe  me  voloio  de  lui  pleindre, 
S;t5    Mes  je  ne  truis  qui  droit  m'en  face: 

Car  il  ne  creot  autrui  manace 

N'aatnii  coroz  vaillant  deus  foies'. 

Pinte  la  lasse  a  ces  paroles 

Chaî  pamec  el  pavement, 
340    Et  les  autres  tôt  ensement. 

Por  relever  les  quatre  dames 

Se  levèrent  de  lor  escames 

Et  chen  et  lou  et  autres  bestes, 

Eve  lor  getent  sor  les  testes. 
345         Quant  revindrent  de  paumoisons, 

Si  coD  nos  en  escrit  trovons, 

La  on  lo  roi  virent  seoir 

Totes  li  vont  au  pie  cliaoir: 
III  puceles        822  t.  la  u.  r.  1.  I.        323  Que        846  tonoms 


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I  (Héon  10039— loorej 

Et  Ghantecler  si  a'ajenoille 

350   Et  de  ses  lertnea  ses  piez  nioillc. 
Et  quant  li  rois  rit  Ghantecler, 
Pitié  li  pront'  du  baceler. 
Un  Bopir  a  fet  de  parfont, 
Ne  s'en  tenist  por  tôt  le  mont. 

355   Par  mautalant  drece  la  teste. 
One  n'i  ot  si  hardie  beste, 
Ors  ne  sengler,  que  poor  n'et 
Quant  lor  sire  sospire  et  bret. 
Tel  poor  ot  Coars  li  levree 

360  Que  i)  en  ot  deus  jors  les  fevres. 
Tote  la  oort  fremist  eosenble. 
Li  plus  hardis  de  peor  tremble. 
Par  mautalent  sa  oone  drece, 
Si  se  débat  par  tel  destrece 

385    Que  tôt  en  sone  la  meson, 
Et  puis  fu  tele  sa  reson. 
Dame  Pinte'  fet  l'eoperere, 
Foi  que  doi  a  l'ame  mon  père 
Por  qui  je  ne  fis  auœonne  hui, 

370    II  me  poisse  de  vostre  anaî, 
Se  ge  le  peûsse  amender. 
M!es  je  ferai  Reoart  mander 
Si  que  vos  a  vos  euz  verres 
Et  a  Toz  oreilles  orrea 

375   CoD  grant  venohance  sera  prise. 

1 1     Qnar  j'en  voil  fere  grant  justise 

1 1     Del  omecide  et  du  desroi'. 
Quant  Yaei^rh)  ol  lo  roi, 
laoelement  en  pies  se  drece. 
380    Sire   fet  il,  'c'est  grant  proece. 
Molt  en  seres  par  tôt  loes, 
Se  vos  Pinte  venger  poos 
Et  sa  seror  dame  Copee 
Que  Renart  a  si  esolopee. 


349  ehaat"  (Ht  mime  au  v.  301)     361  fremmirt      369  je  h 
MÎMe        373  u«iires        S74  oreîUez        377  Et  del  amende 


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I  (.Méon  10077— lOlIS) 

38â    Ge  nel  di  mie  por  hame, 
Mes  je  le  di  por  la  tnesoine 
Qu'il  a.  morte,  que  jo  le  face 
Por  chose  que  je  Kenart  bace.' 
Li  emperere  dit  'amis, 

S90  II  m'a  molt  graat  dol  el  cuer  mis. 
Ce  n'est  or  pas  li  premerains. 
As  voz  et  a  tos  les  foreina 
Me  plein  si,  con  je  fere  sueil, 
Del  avoltire  et  del  orteil 
!  395    Et  de  la  honte  qu'il  m'a  fête, 
Et  de  la  pes  qu'il  a  enfrete. 
Mes  or  parlons  d'autre  parole. 
Brun  li  ors,  pemez  vostre  eatole. 
Si  commandes  l'ame  del  cora! 

400    Et  TOS,  sire  Bruianz  li  tore, 
La  sua  enmi  celé  coature 
Me  fet«a  une  sepouture'! 
"Sire'  dit  Brun,  Voatre  plesir'. 
Atant  vet  Teatole  seair, 

4ai    Et  non  mie  tant  solemcut: 
Et  li  rois  au  commeDdement 
Et  tuit  li  autre  del  concile 
Ont  commencie  la  vigile. 
Sire  Tardia  li  limaçons 

410    Lut  par  lui  sol  les  trois  leçons, 
Et  Roenel  chanta  les  vers, 
Et  li  et  Brichemers  li  cers. 

Quant  la  vigile  fu  chantée 
Et  ce  vint  a  la  matinée, 

415    Le  cors  portèrent  enterrer. — 
Mes  einz  l'orent  fet  encerrer 
En  un  malt  bel  vaiaseljde  plom, 
Onques  plus  bel  ne  vit  nuz  hom. 
Puis  l'enfoîrent  aoz  un  arbre 

430    Et  par  deaus  mirent  un  marbre. 


387  Que  U       le 

manqua        391  ore        393  je  manque        395  m' 

■MOHTw        401  ootora 

402  anlpleture      406  oomt  deSt      408  Unen- 

^le         415  portent 

(17  plomo 

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I  (MÉon  10117-10152) 

(S'i  ot  escrit  le  non  la  dame 
£t  sa  vie)  et  conmandent  l'ame. 
Ne  sai  a  cisel  ou  a  grafe 
I  ont  eacrit  en  l'espitafe 

425    'Desoz  cest  arbre  enmi  ce  plain 
Giat  Copee  la  sor  Pintein. 
Renart  qui  chascun  jor  enpire, 
En  âst  as  denz  si  grant  martire'. 
Qui  lors  veTst  Pîntein  plorer, 

430   Renart  maudire  et  dévorer. 

Et  Chantecler  les  piez  estendre, 
Molt  grant  pitié  l'en  poïst  prendre. 
Quant  li  deuls  fu  us  poi  laJesie 
Et  il  fu  del  tôt  abeaaioz, 

43.')  'Emperere'  font  li  baron, 

'Qar  noB  vengies  de  cel  laros 
Qui  tantes  guiches  nos  a  fêtes 
Et  qui  tantes  pes  a  enfretes'. 
'Molt  volontiers'  dit  l'enperere. 

440    Qar  m'i  aies,  Brun,  bauz  doz  frère: 
Yos  n'aurez  ja  de  lui  regart. 
Dites  Renart  de  moie  part 
Q'ateadu  l'ai  trois  jors  onters*. 
'Siro'  dit  Bnin,  'molt  volentera', 

443    Atant  se  met  en  l'ambleQre 
Parmi  le  val  d'une  coture, 
Que  il   ne  siet  ne  ne  repose. 
Lors  avint  a  cort  une  chosse 
Endemeaters  que  Brun  s'en  vet, 

450    Qui  Renart  enpire  son  plet. 
Qar  mÎBÙ^  Coart  li  lèvres, 
Que  de  poor  pristrent  les  fevres, 
(Dous  jors  les  avoît  ja  oûes) 
Merci  deu  or  les  a  ^rdues 


422   grefe     Apri»    423  on  lit  U  «erTirent  pas  de  belTe       484 
r!«riu  leapcrknce         425  en   ceate  pUnee         426  li  g.         la  manque 

A^K    42fl  Qne  S.  ooiat  de  m  mein      428  fet     441  laijmoi       4&0  Que 
4j3  .   llll    '  lei  a  Buoil  ones 


,  Google 


I  CMéon  10153— lOiaS) 

455   Sor  la  tombe  dame  Copee. 
Car  quant  ele  fu  enterrée, 
Odo  ne  se  vout  d'iloc  partir, 
S'eust  dormi  eor  le  martir. 
Et  quant  Ysengrin  l'oï  dire 

480    Que  ele  estoit  vraie  martire, 
Dit  qu'il  avoit  mal  en  Toreille. 
Et  Roonel  qui  li  conseille, 
Sus  la  tombe  gisir  le  tist. 
Lors  fu  gariï,  si  con  il  dist. 

46&    Mes  se  ne  fust  boue  créance 
Dont  Qua  ne  doit  avoir  dotancO; 
Et  Roenel  qui  le  tesmoingne, 
La  cort  quidast,  ce  fust  mencoingne. 
Quant  a  la  cort  vint  la  novele, 

470   A  tex  i  ot  qu'ele  fa  bêle. 
Mes  a  Grinbert  fu  ele  lede, 
Qui  por  Renart  parole  et  plede 
Entre  lui  et  Tybert  le  chat. 
S' or  ne  set  Kenart  de  barat, 

47i>    Mal  est  bailliz,  s'il  est  tenuz. 
Qar  Brun  li  ors  est  ja  venuz 
À  Malpertus  le  bois  enter 
Parmi  l'adrece  d'un  seuter. 
Por  ce  que  grant  estoit  sis  cors 

480   Remeindre  l'estuet  par  defors. 
S'estoit  devant  la  barbaoane. 
£t  Benart  qui  le  mont  engane, 
Por  reposer  ert  trais  arere 
Enmi  le  fonz  de  sa  tcsnere. 

i86    Garni  avoit  molt  bien  sa  fosse 
D'une  geline  grant  et  grosse, 
Et  s'avoit  mangie  au  matin 
Deux  bêles  puisses  de  poucin. 
Or  se  repose  et  est  a  eee. 

490    Atant  es  vos  Brun  a  la  hese. 


466  doi        461  teigooingne 


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1  (Méon  10189— 10S2E)  15 

'Benart'  fait  il,  'parlez  a  moi! 

Qe  8ui  Brun  meaaagier  1o  roi. 

Issiez  ca  fore  en  ceate  lande: 

S'orrez  ce  que  li  roie  vos  mande.' 
4%    Reoart  set  bien  que  c'eet  li  ors, 

Keconneû  l'aTOÎt  au  cors: 

Or  se  conmence  a  porpenser 

Con  ee  porra  vers  lui  tenaer. 

'Brun'  fet  Renart,  'baus  doz  amis, 
900   En  molt  grant  peine  vos  a  mia 

Qui  ca  voe  a  fet  avaler. 

Oe  m'en  dévoie  ja  aler: 

Tiee  que  j'aie  mangie  aucois 

D'un  mervelloa  mangîer  francoia. 
005    Qar,  aire  Brun,  nos  ne  savez, 

L'en  dit  a  cort  "sire,  lavez" 

A  riche  home,  quant  il  i  vient. 

Garia  est  qui  sea  manchea  tient. 

De  primes  vient  buef  alegrea. 
OiO   Aprea  vîenent  li  autre  mes, 

Quant  li  sires  les  velt  avoir. 

Qu-  povrea  hom  qui  n'a  avoir, 

Fu  fet  de  la  merde  au  diable. 

Ne  aiet  a  feu,  ne  siet  a  table, 
6'.5    Aînz  mangue  sor  son  giron. 

Li  cheo  li  vieuent  environ 

Qui  le  pain  li  tolent  des  meina. 

Une  fois  boivent,  c'est  del  moins. 

Ja  plus  d'une  foie  ne  bevront, 
aso   Ne  ja  pins  d'un  sol  mes  n'auront. 

Lor  OB  lor  gitent  li  garçon. 

Qui  plus  sont  eeo  que  vif  carbon. 

Chascun  tient  son  pain  en  aon  poing. 

Tuit  furent  fei-u  eu  un  coing, 
52d   Et  li  aeneschal  et  li  qneu. 

De  ce  ont  li  seignor  grant  preu 

49t    tendM  492    measAg*.  494  tob]  te  496  Receneu 

mx  manehei      580  pp  que  dun      522  uir      528  poings      524  eo'ign 
ia«         526  ce  ai  0.    . 


,  Google 


I  (Méon  102^7— 102«2t 

Dont  li  laron  ont  a  plente. 
Qar  fussent  il  as  et  venteir 
La  char  lor  enblent  et  les  peins 

r)30    Qu'il  envoient  a  lor  puteina. 
Por  tel  afere  con  ge  di, 
Beax  eire,  avoie  des  midi 
&[oii  lart  et  mes  pois  aunes, 
DoDt  je  me  sui  desjeûnes: 

685    Et  s'ai  bien  mangie  set  denrées 
De  novel  miel  en  fresces  rees'. 
'Nomini  dame  Cristum  file 
Dit  H  ors,  'por  le  cors  saiut  Gile, 
Cel  meula,  Renart,  dont  vos  abonde  P 

&40   Ce  eat  la  chose  eo  tôt  le  moDde 
Que  mes  las  ventres  plue  désire. 
Car  m'i  menés,  baux  très  doz  sire, 
Por  le  cuer  be,  dex  moie  oope'I 
Et  Renart  li  a  fet  la  lope 

515   Por  ce  que  si  tost  le  descoit, 
Et  li  chaitis  ne  s'aperçoit. 
Et  il  li  trempe  la  corroie. 
'Brun'  dit  Renart,  'ae  je  aavoïe 
Que  je  trovasse  en  vos  fiance 

650   Et  amistie  et  aliance, 

Foi  que  je  dot  mou  lil  Rovel, 
De  ceet  bon  miel  free  et  uovel 
Vos  enpiirai  encui  le  ventre 
Ca  an  dedens  ai  que  l'en  entre 

55b    El  bois  Lanfroi  le  forestier  . 

Mes  ce  que  vautP  ce  n'a  meatier. 
Qar  se  je  ore  o  voa  aloie, 
Et  de  vostre  eae  me  penoie^ 
Toat  me  fereez  maie  part'. 

fyiO   'Qu'avez  vos  dit,  sire  Renart? 
Mesoreez  me  vos  dont  de  rien'P 
■Oïl'.    'De  qoi?    'Ce  sa  ge  bien: 


529  la  tiaiu     530  putein     535  mMiffieB     5S9  dont]  ou     547  trep« 
U  Mrroi      550  itliiiBrice       554  Ca]  Qnr      561  dont  mangue       de  nul»  r. 


-,,.  Google 


I  (Héon  JOieS— 10300) 

De  traîaon,  de  felonnie.' 
'fienai-t,  or  est  ce  diablie, 

îjea  Quant  de  tel  chosse  me  desditca'. 
'Non  faz:  or  en  soiez  toz  ijuites! 
Ne  vos  en  port  nul  mal  corage.' 
"Vo8  av©8  droit,  que  par  l'omaje 
Que  je  iÎ8  Noble  le  lion, 

570   One  verd  vos  n'oï  entencion 
D'estre  traîtres  ne  triceres, 
Ne  enTers  voa  eatre  boiseres.' 
'Ge  n'en  qnîer  autre  aeûrte, 
Oe  me  mot  en  vostre  boute.' 

A75   Trestot  Brun  a  Renart  otroïe. 
Ataot  se  mistrent  a  la  voie. 
Onques  n'i  ot  rosne  tenu 
De  M  a  tant  qu'il  sont  venu 
El  bois  Lanfroi  le  foreater: 

fiSO    Iloo  a'areatent  li  destrer. 

Lanfroi  qui  le  bois  soloit  vendre, 
Un  chesne  ot  conmeoce  a  fendre. 
DeuB  Goina  de  ceane  toz  entiers 
I  avoit  mis  li  forestiers. 

686  'Brun'  fet  Benart,  'bau  doz  amis, 
Vez  ci  oe  que  je  t'ai  premis. 
Ici  dedenz  est  lî  caatoivre. 
Or  del  mangier,  ai  iron  boivre: 
Or  as  bien  trove  ton  avel.' 

090   Et  Brun  li  ors  miat  le  musel 
'£1  cesne  et  ses  deus  pies  devant. 
Et  Renart  le  vet  sus  levant 
Et  adrecant  en  contremont. 
En  sus  ee  trest,  ai  le  semont. 

095    'Cuver»'  fait  il,  'ovre  ta  boce  ! 
A  pou  que  tes  musauz  n'i  tocc. 
Fil  a  patein,  ovre  ta  golc!' 
Bien  le  conoie  et  bien  le  bole. 


564  es  oe      587  en  mangue    f~'.      573  cuer  antres 

575  T.  a  .b.  a 

m  Unbert       562  auoit      5S4  roreetier       &eâ  Br«n 

586  je  minquf 

m  uoee       sn  Fil  ■  • 

■nABT    I 

2 

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I  (Mâun   103U1— 10338) 

Maudite  eoit  aa  vie  tote, 

600    Que  James  n'en  traifiiet  H  gote, 
Que  n'i  avoit  ne  miel  ne  ree. 
Ëndementres  que  Brun  i  bee, 
Renart  a  les  coioz  eupoigniez 
Et  a  grant  peine  descoigniez. 

dOô    Et  quant  U  coÎDg  furent  este, 
La  teste  Brun  et  li  ooste 
Furent  dedens  le  ce&ne  enclos. 
Oie  eat  li  laa  a  mal  repos: 
Moult  l'avoit  mis  en  maie  presse. 

610    Et  Renart  (^ui  ja  n'ait  confesse, 

(Quar  onc  ne  fist  bien  ne  ammone) 
De  long  s'estut,  si  le  ranprone. 
Brun'  fet  il,  jel  savoie  bien 
Que  queriez  art  et  engies 

ai6   Que  ja  del  miel  ne  gosteroie. 
Mea  je  sai  bien  qUe  je  feroie, 
S'une  autre  fois  avoie  a  fere. 
Molt  estes  ore  deputere 
Que  de  cet  miel  ne  me  paes. 

620    Ahil  con  me  conduisiez, 
Et  con  seroie  a  savete, 
Se  g'estoie  en  enfromete! 
Vos  me  lairees  poires  moles.' 
Âtant  es  vos  a  cez  paroles 

«as    Sire  Lanfroi  le  forestier, 

Et  Renart  se  mist  au  frapier. 
Quant  li  vileins  vit  Brun  Tors  peudrt 
Au  cesne  que  il  devoit  fendre, 
A  la  vile  s'en  vient  le  cors. 

11!»   'Harou!  harou!'  fait  il  'a  Tors! 
Ja  le  porrons  as  peins  tenir.' 
Qui  dont  veîst  vileins  venir 
Et  fermier  par  le  boscage! 
Qui  porte  tiacl,  et.  qui  hache, 


600  trHiJMiat  g.        HU  engin        615   nen        61T   Sun         619  del 
cel         627  pr*>nilre         C3I  poing 


,  Google 


I  i.Méon  10339—10386) 

f&b   Qui  âael,  qui  haaron  d'espiue. 
Orant  peor  a  BruD  de  sVscine. 

Quant  il  oT  venir  la  rage, 
Fremist  et  pense  en  sod  coiage 
Que  meus  li  vient  le  musel  perdre 

610   Que  Lnnfroi  le  poust  aerdre, 
Qui  devant  vient  a  une  hace. 
Tent  et  retent,  tire  et  relâche 
(Estent  le  cuir,  ronpent  les  venea) 
8ï  durement  que  a  grans  peines 

A4fi    Fent  li  cuirs  et  la  teste  qasse. 
Del  sanc  î  a  perdu  giant  masse, 
Le  cuir  des  pies  et  de  la  teste. 
One  nus  ne  vit  si  leide  bcete. 
Lt  sans  li  vole  dcl  musel, 

6an  EntoF  son  vis  n'ot  tant  de  pel 
Dont  en  poTst  fere  une  boi-se. 
Eînsi  s'en  vet  le  filz  a  l'orse. 
Parmi  le  bois  s'en  vet  fuiant, 
Et  li  vilein  le  vont  huiant: 

mb    Hertot  le  Riz  eire  Qilein, 
Et  Hardoîn  Copevilein. 
Et  Gonberz  et  li  tilz  Oalon, 
Et  danz  Helins  li  niez  Faucon 
Et  Otrans  H  quens  de  l'Âuglee 

660   Qui  sa  Feme  avoit  estranglee: 
Tyegiers  li  fornîere  de  la  vile 
Qui  eaposB  noire  Comille, 
Et  Aymar  Brisefaucille 
Et  Rocelin  li  filz  Bancille, 

eOâ   Et  le  filz  Oger  de  la  Place, 
Qui  en  sa  mein  tint  une  hache: 
Et  misire  Hubert  Grosset 
Et  le  filz  Faucher  Oalopet. 
Li  ors  s'enfuit  a  grant  angutsae. 

670   Et  li  prestred  de  la  parose 


R44  Si  d   Bi  qun  ^rant  p.      653  fnanl      658  a 


,  Google 


I  (Méon  10387—10*24) 

Qui  fu  père  Martin  d'Orliens, 
Qui  veiioit  d'espandre  son  iîena, 
(Une  force  tint  en  ses  meiDs) 
Si  l'a  féru  parmi  lee  reios, 
676    Que  par  pou  ne  l'a  abatu. 

Molt  l'a  bleciâ  et  confondu.  ' 

Cil  qui  fet  pinnea  et  lanternea, 
Ateint  Brun  l'ors  entre  deus  cesnes: 
D'une  corne  de  buef  qu'il  porte 
S80    Lî  a  tote  l'escioc  torte. 
Et  d'autres  vileins  i  a  tant 
Qui  as  tinels  le  vont  bâtant, 
Que  a  grant  peine  s'en  escape. 
Or  est  Bcnarz  pris  a  la  trape, 
685    Se  Bruns  U  ors  le  puet  ateindre. 
Ues  quant  il  l'oï  de  loin  pleindre, 
Tantost  s'est  mis  par  une  adreoe 
  Malpertuis  sa  fortereoe, 
Ou  il  ne  crient  ost  ne  aguet. 
690   Au  trespaseer  que  Bruns  a  fet 
Li  a  Renart  deus  gas  lancies. 
'Brun,  estes  vos  bien  avanoies' 
Ce  dit  Renart  'del  miel  Lanfroi 
Que  vos  avea  mangie  sans  moi  ? 
H95    Yostre  maie  foi  vos  parra. 
Certea  il  voa  en  mescharra 
Que  ja  n'aures  en  la  fin  preatre. 
De  quel  ordre  voles  vos  eatre 
Que  roge  caperon  portes?' 
700   Et  li  ors  fut  si  amatea 

Qu'il  ne  li  pot  respondre  mot. 
Fuiant  s'en  vet  plus  que  le  trot: 
Qu'encor  quide  caoir  es  meins 
Lanfroi  et  les  autres  vileins. 
706      Tant  a  aie  eeporonant 
Que  dedens  le  midi  aonant 
En  est  venus  en  la  carere 
Ou  li  lions  tint  cort  plenere. 
72  Que         683  Qui         686  il  lou  de 


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I  (Xéan  10425-10460) 

Pasmee  chaï  el  parevis. 
710  Li  sans  11  cueTre  tôt  le  vis 

Et  si  n'aporte  nule  oreille. 

Trestote  la  eort  s'en  merTeïlle. 

Li  toÏB  dit  "Brun,  qui  t'a  ce  fet? 

Ledement  t'a  ton  capel  treit, 
7lfi    Par  pou  qu'il  ne  t'a  escuissie.' 

Brun  avoit  tant  del  sano  leasie 

Que  !a  parole  li  failli. 

'Rois'  fet  il,  ainsi  m'a  bailli 

Renart  com  vos  poes  veoir.' 
720    Âtant  li  vet  au  pie  oaoir. 

Qui  lors  veïst  le  lion  brere, 

Par  mautalant  ses  crins  detrere! 

Et  jure  le  cuer  et  la  mort. 

3ran'  fet  li  rois,  Itenart  t'a  mort, 
726-  Ne  quit  q'autre  merci  en  aies. 

Ses  pat'  le  cuer  et  par  les  plaies 

Je  t'en  ferai  ai  grant  venchance 

Qu'en  le  saura  par  tote  France. 

Ou  estes  vos,  Tyberz  li  chaz? 
730   Aies  moi  por  Renart  vias! 

Dites  moi  le  rox  deputere 

Quil  me  viegne  a  ma  oort  dreit  fere 

En  la  présence  de  ma  gent. 

Si  n'i  aport  or  ni  argent, 
735  Ne  parole  por  soi  deffendre, 

Mes  la  hart  a  sa  goule  pendre.' 

Tybers  ne  l'osa  refoser: 

Qar  s'il  s'en  pouat  eacuaer, 

Eocor  fust  sans  lui  li  senters. 
7-10   ^ès  a  anvia  on  volonters 

GouTient  an  aone  aler  le  prestre. 

Et  Tybert  se  met  a  aenestre 

Parmi  le  fons  d'une  valee. 

Tant  a  se  mtile  esporonee 

709  es  pnellons        710  De  si  h*iil  ood  il  estoil  lona 
imUrctrti*       7S4  hor         738  jtndre        7iO  Ue  a 


,  Google 


I  (Méon  10461—10496) 

745    Qu'il  cat  venus  a  l'uis  Kenart 
I)eu  recleime  et  saint  Lien  art 
Cil  qui  deslie  les  prisons, 
Qu'il  le  gart  par  ses  oreisons 
Des  meins  Renart  son  conpaignon: 

?■>))    Qar  il  le  tient  tant  a  gaignon 
Et  a  beste  de  put  conroi, 
NeÎB  a  âex  ne  porte  il  foi. 
La  rien  qui  plus  le  deaconforte, 
Ce  fu  quant  il  vint  a  la  porte. 

756   Entre  un  frenne  et  un  sapin 
A  veQ  l'oisel  saint  Martin. 
Asez  huca  'a  deatro,  a  deatre!' 
Ues  li  oiaaula  vint  a  senestre. 
Tibert  s'en  tint  une  grant  pose. 

760    Or  voa  di  que  ce  fu  la  cboaae 
.    Qui  plus  l'esmate  et  plua  le  donte. 
Son  cuer  dit  que  il  aura  honte 
Et  grant  ennui  et  grant  vergoigne. 
Tant  dote  Ronart  et  resoîgne 

765    Qu'il  n'ose  entrer  en  sa  meson. 
Par  dehors  conte  sa  reaon: 
Mea  mavea  en  eat  sea  gaainz. 
'Renart'  fet  il,  'baux  doz  conpainz, 
Respon  moi,  ea  tu  la  dedenzP' 

770  Ce  dit  Renart  entre  ses  denz 
Tôt  coiement  que  il  ne  l'oie, 
Tybert,  par  vostre  maie  joie 
Et  par  vostie  maie  aventure 
Soiez  venus  en  ma  paeture! 

775    Si  aères  vos,  a'eng^n  ne  faut.' 
Et  puis  li  reapondi  en  haut 
Tybert'  ce  diat  Renart,  'vrelcomme! 
Se  tu  vGDoiez  or  de  Rome 
Ou  do  aeint  Jaque  freecement, 

780   Bien  soiez  venus  hautement 


733  que         761  doute        762  doute        768  f.  w  il  doi  manipit 
773  malle        776  Et  puis)  R.        778  ore 


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I  (Méon  10497—10536) 

Conme  lo  jor  de  panteooBte.' 
Ues  aa  parole,  que  li  costeP 
Si  le  salue  bêlement 
Et  Tybert  li  reapont  bremeot 

789  Iteaart,  nel  tenea  a  dearoi, 
8e  je  Tien  ca  de  par  le  roi  : 
Ne  quidiez  pas  que  je  Toa  haoe. 
Li  rois  durement  vos  manace. 
VoB  n'ares  a  la  oort  voiain 

790  Fora  dant  Grinbert  voatre  oosin 
Qui  ne  vos  hee  durement.' 

Et  ïlenart  li  respont  brement 
Tybert,  or  leasiez  manacier 
Et  sor  moi  lor  denz  aguiser. 

795    Ge  vivrai  tant  con  je  porrai. 
O'irai  a  la  cort,  si  orrai 
Qui  aor  moi  voudra  noient  dire.' 
'Ce  aéra  grant  aavoir,  baux  aire. 
Ge  le  vos  lo.  et  si  voa  eim. 

800   Moa  oertea  je  ai  si  grant  fein 
Que  tote  en  ai  corbe  l'esoïne. 
Avez  VOB  ne  coo  ne  gelîne, 
Ne  cbosse  qu'en  puisse  manger?' 
'Que  trop  me  raenea  grant  dangior' 

806    Co  dit  Renart:   baraz,  baraz 
De  sorÎB  oraeaea  et  do  raz  : 
Ge  cuit,  que  n'en  gosteriez.' 
'Si  feroie."    'Non  feriez," 
'Certes  ja  n'en  aérai  lassez.' 

810  'Et  je  vos  en  donrai  asez 
Demein  einz  le  aoleil  levant. 
Or  me  eivez,  g'irai  avant.' 

Atant  s'en  ist  de  sa  tesnere. 
Tybert  le  aivi  par  derere 

8Ï6    Qui  n'i  entent  barat  ne  gile. 
Traiant  en  vont  a  une  vile 
Ou  il  n'avoit  coc  ne  geline 
Dont  Renart  n'ait  fet  sa  cuisine. 
783  SU  le       B07  ne  g.       809  tereï        810  Et]  Que 


I  (Méon  10537-1057*) 

Tybert,  savez  que  nos  feronsP 

A20   La  dedenz  entre  ces  mesons' 

Fet  soi  Reuart   esta  uns  prestres, 
Et  ge  conois  molt  bien  ses  esb'es. 
Ases  a  forment  et  areine. 
Mes  les  soris  en  font  grant  peine: 

625   Man^e  en  ont  bien  demi  muî. 
N'a  enoor  gueres  qne  g'i  fui.    ' 
Lores  lor  fis  une  envale. 
Dis  gelines  pris  sans  faillie. 
Les  cinc  en  ai  ge  mangies  hui, 

830    Et  les  autres  mis  en  estui. 
Voiz  oi  par  la  ou  l'en  i  entre. 
Passe  outre,  saoule  ton  ventre  I' 
Mes  li  lecerea  li  mentoit. 
Car  li  prestres  qui  la  manoit, 

83Q    N'avoit  ne  orge  ne  areine. 
Do  ce  n'estait  il  ja  en  peine. 
Toute  la  vile  le  pluguoit 
Por  une  putein  qu'il  tenoit, 
Qui  mère  estoit  Uartin  d'Orliens. 

840    Si  l'avoit  gite  de  granz  biens 
Que  il  n'avoit  ne  buef  ne  vache 
Ne  autre  beste  que  je  sache 
Fors  deuB  gelines  et  un  coo. 
Kartinet  qui  puis  ot  le  froo 

84fi  Et  qui  puis  fu  moines  rendus 
Âvoit  au  trou  deus  las  tendus 
Por  Renart  prendre  le  gorpil. 
Dex  garisse  au  prestre  tel  â1 
Qui  ja  aprent  si  bel  barat 

800    Con  de  prendre  gorpil  ou  chat! 
Tybert,  passe  outre'  dit  Renart. 
'Fi  merde,  con  tu  es  cuarti 
Ge  t'atendrai  au  trou  ca  fors.' 
Et  Tybert  lanoe  avant  son  oors. 


832  ïolono      8S5~840  manquent       841  Qui  il  d']  D  ai       850  p. 
I  et  rat 


,  Google 


I  {Iféon  10575— 1061S) 

865   Et  or  Be  pot  tenir  pot  fol, 
Que  li  las  )'a  pris  par  le  col. 
Tret  et  retret  Tybert  li  chaz: 
Coq  plus  tret,  plus  eatreint  li  lae. 
Eschaper  quide,  rieo  ne  vaut: 

8(X)    Qar  MartiDoz  li  dercons  «aat. 
'Or  sua,  or  sue'  fet  il,  'bel  pere! 
Aïde,  atde,  bêle  mère! 
Alumez,  si  corez  au  trou: 
Li  gorpilz  est  tenus  por  fou.' 

860        La  mère  Martinet  s'esTeilIe, 
Saut  sua,  a'alume  la  chandelle. 
A  une  me  in  tint  sa  concilie. 
Li  ^eatres,  en  son  poïng  sa  cotlle, 
S'eat  erraunMDt  du  lit  satlliz. 

870    Lora  est  Tybert  tnoU  aaaîUiz, 
Qu'il  priât  cent  cox  de  livroisou 
Eios  qu'il  partût  de  la  meaon. 
Fiert  li  prostrés,  (iert  la  soignanz. 
Et  Tybert  jeté  avant  les  danz, 

Slb    3i  con  nos  trovons  en  l'estoire, 
Esgarda  la  colle  au  provoire: 
Ab  dans  et  as  ongles  trenchans 
Li  enracha  un  des  peadans- 
Quant  la  feme  vit  sa  grant  porte, 

88U    Lora  par  fa  sa  dolor  aperte. 
Trois  fois  s'est  chaitive  clamée, 
A  la  quarte  chaT  pammee. 
Au  duel  que  Martinet  menoit 
De  sa  mère  qui  se  pasmoit, 

886   Tybert  s'en  cacbape  li  oiiaz, 

Qu'il  ot  as  denE  mangiez  les  laz. 
Il  a  este  bien  ledengiez: 
Mes  en  la  fin  s'est  bien  venoboz 
Del  preetre  qui  si  le  batoit 

890   Ahi,  con  il  s'en  venoberoit 
De  Renart,  s'il  ert  au  desore! 
Mes  li  leoheres  n'i  demore, 


862  A  «id  aide        865  martinei        886  lez  lu        889  4|iie 

,.,     ,,::l,.GOOgIC 


I  (Héon  I0B13— 10652J 

Aioz  a^eofoT  sans  plus  atendre 
Des  que  Tybert  vit  au  laz  prendre. 

895   Quant  Martinet  dit  levos  sus', 
Onques  n'i  volt  demorer  plus  : 
Aioz  s'en  for  a  son  repère, 
Et  cil  remeist  por  le  mal  trere. 
'Âhi'  fait  il,  'Renart,  Kenart! 

900   Ja  dex  n'ut  en  vostre  arme  parti 
Bien  doSsee  estre  ohastiez 
Qui  tiuites  fois  sui  ooDchiez 
Par  le  barat  Renart  le  rox! 
Et  li  prestres  li  maréis  oox 

905    Qui  dex  doint  mal  ^te  et  pou  pain 
Entre  lui  et  s'orde  puteîn, 
Qui  hui  m'a  fet  tele  envaTe. 
Mes  d'un  des  pendauz  n'a  il  tnïe. 
A  tôt  le  meins  en  sa  paroche 

910    Ne  puet  soner  qu'a  une  cloche. 
Et  Uartinez  son  filz  d'Orliene, 
Que  ja  ne  croisse  en  Ini  nua  biens, 
Qui  si  m'aloit  iui  bâtant! 
Ja  ne  muire  il  de  si  q'atant 

016   Qu'il  ait  este  moines  retrez 
Et  puis  par  larecin  desfezT 

Tant  8  sa  pleinte  démenée 
Qu'il  est  venus  en  la  Taloe 
Et  en  la  cort  ou  li  rois  aiet, 

920    Ou  il  le  voit,  as  pïez  li  chet, 
Si  )ï  reoonte  la  merveille- 
'Dex!'  dist  li  rois  'car  me  conseille! 
Con  oi  ore  grant  diablie 
De  Renart  qui  si  me  conchie! 

935    Ne  je  ne  puis  trover  nullui 
Qui  me  venobe  de  cest  ennui. 
Sire  Grinbert,  molt  me  merveil, 
Se  ce  est  par  voatre  conseil 
Que  Renart  me  tient  si  por  vil.' 

930   'Qo  vos  plevia,  sire,  nenil.' 


906  paein        S10  pot        918  hu 


,  Google 


I  '.Méon  10653— 10690) 

Aies  donc  toat,  sel  m'ameDes, 
Gardes  sans  lui  que  ne  venes.' 
'Sire,  ce  ne  puis  je  pas  fere. 
ReDart  est  ai  de  put  afere, 

930    Bien  sai  que  pas  ne  l'amenroio, 
Si  je  vos  letrea  n'en  avoie. 
Mea  a'il  reoit  voatre  aeel, 
Foi  que  je  doi  saint  larael, 
Lors  aai  ge  bien  qae  il  vendroït 

940   Ja  nul  eaaoingne  nel  tendroit' 
'Par  foi  Toa  ditea  voir,  baux  sire.' 
Lora  II  devise  la  matire 
Li  rois  et  Bauoent  li  eacriat 
Et  aeela  qanque  il  dist. 

94$    Puia  bailla  Grinbert  le  aeeL 
Et  cil  ae  mïst  en  un  prael, 
Et  aprea  entra  en  un  boa. 
Molt  li  sua  la  pel  del  doa 
Ainz  qu'il  veniat  a  l'uz  Renart. 

930  Au  vespre  trove  en  un  esssrt 
Un  senter  qui  bien  le  conduit 
A  Puis  Renart  devant  la  nuit. 
Li  mur  stint  haut  et  li  destroit. 
Par  un  guicet  s'en  ala  droit, 

955    Apres  entra  el  premer  baille. 
Dont  ot  peor  qu'en  ne  l'aewlle 
Renart,  quant  celi  ot  venir. 
Près  de  meson  se  volt  tenir 
Tant  qu'il  sache  la  rerite. 

960   Es  vos  Grinbert  en  la  forte. 
Au  pont  tomelz  avaler 
Au  petit  pas  et  ei  aler, 
Ainz  qu'il  entrast  en  la  teanere, 
Le  cul  avant,  la  teste  arero, 

96S   L'a  bien  Renart  reconeâ, 

Ainz  que  de  plua  prea  l'ait  veû. 
Grant  joie  en  fet  et  grant  aolaz, 
Au  col  li  met  andoua  les  braz: 

i«l]  si     B98  jrsel    946  Et  pnh  entra  en    960  la  brete 


«k 


28  I  (Uéon  lOOei— 10726) 

Deaoz  It  ploie  deua  cossins 
970    For  ce  qu'il  estoît  ses  cosïds. 

Do  ce  tien  ge  Grinbort  a  sage, 

Que  ne  volt  oOnter  son  message 

Deraot  qu^ûet  mangie  asez. 

Et  quant  li  mangera  fu  ânes, 
97G    'Sire  Renart'  ce  dist  Grinbert, 

Trop  est  Tostre  banit  apert. 

Bavez  vos  que  li  rois  vos  mande, 

Kon  mie  monde,  mes  conmandeP 

Que  vos  lï  viengnes  fere-  droit 
980  En  son  pales  ou  que  il  aoît. 

Prendra  ja  voBtre  gerre  fin? 

Que  demandes  vos  Ysengrin 

Ne  Brun  Tors  ne  Tybert  le  chat? 

Mar  veÏBtes  vostre  barat. 
985    Ne  vos  en  puis  doner  confort: 

Ja  n'en  aares  el  que  la  mort, 

Ne  vos  ne  tuit  vostre  chael. 

Tenez  mon,  brisies  cest  seel, 

Gardes  que  la  letre  vos  dit'. 
990   Renart  Tôt,  ai  tremble  et  fremist. 

A  grant  peor  la  cire  brise 

Et  voit  que  la  letre  devise. 

Il  aoapira,  au  premer  mot 

Bien  aot  a  dire  qu'il  i  ot. 
999         'Meaire  Nobles  li  liona. 

Qui  de  totea  les  régions 

Est  des  béates  et  rois  et  aire, 

Mande  Benart  honte  et  martîre 

Et  grant  ennui  et  grant  contrere, 
1000    Se  demein  ne  li  vient  droit  fere 

Enz  en  sa  cort  devant  sa  gent. 

Si  n'i  sport  ôr  ni  argent, 

Ne  n'ameint  hon  por  lui  deffendre, 

Fors  la  hart  a  sa  gole  pendre.' 

971  Qbt  973  Qus  oust  975  .gib''.  981.  9S2  inUrverli*  982 
jja  964  baru  986  le  987  uel  994  8i  siro  996  )«a  mnttywc 
reliions      997  Et  de  totes  b.  est  s.        1001  Eui  eni 


,.  Google 


I  (Méon  10727-10762) 

1005        Quant  Henart  entent  la  noTele, 

Le  cuer  li  bat  boz  la  mamele, 

Tôt  le  TÎaire  li  neiroi. 

'Por  deu'  fet  il,  'Grinbert,  merci! 

Conseilliez  cest  dolant  ohaitif! 
1010  Molt  he  l'ore  que  je  tant  vif, 

Quant  je  serai  demein  peudua. 

Qar  fuaae  je  moignez  rendus 

A  Clugni  ou  a  Cleresvax  ! 

Mes  je  conois  tant  moines  fax 
1015    Que  je  oroi  q'issir  m'en  conviegne. 

Por  ce  est  meus  que  je  m'en  tiegne.' 

'N'aiez  de  ce"  dit  Grinbert  "curel 

ToB  estes  en  grant  aventure. 

Tant  coD  vos  estes  oi  sanz  gent, 
lOSO   Gonfessies  vos  a  moi  bretnenti 

Rent  toi  a  moi  verai  oonfes, 

Qu  je  n'i  voi  prestre  plus  près,' 

Renart  respont  'aire  Grinbert, 

Cl  a  conseil  bon  et  apert. 
Iflâ5    Qar  se  ge  vos  di  ms  confesse 

Devant  ce  qae  la  mort  m'apresse. 

De  oe  ne  pot  venir  nus  max, 

Et  se  je  muir,  si  serai  sax. 
Or  entendez  a  mes  pechezl 
lOS»    Sire,  g'ai  este  enteohez 

De  Heraeot  la  feme  Ysengrin. 

Mes  je  vofl  en  dirai  la  fin. 

Ële  en  f u  a  droit  meacreûe 

Que  voirement  l'a  je  fotue. 
IflBTi    Or  m'en  repent,  dex  moie  corpe! 

Meinte  foiz  li  bâti  la  corpe, 

Ysengrin  ai  ge  tant  forfet 

Que  nel  puis  veer  a  nul  plet, 

Dex  mete  or  m'ame  a  gariaon! 
KUO   Trois  foiz  l'ai  fet  mètre  en  prison, 

I0O9.  1010  inlerrrrii»        1015  que  ÎMJr       1017  île  manque 
ai   «  toi  Traie  c         103&  me  repent         1039  ore  ' 


,  Google 


3i')  I  (Méon  10T63— 10800) 

Si  vos  dirai  en  queil  manere. 

Gtel  fis  chaoir  en  la  loverô 

La  ou  il  enporta  l'agnel. 

La  ot  il  bien  batu  la  pel: 
1040    Qu'il  pi^ist  cent  cox  de  livroi§on 

Ains  qu'il  partist  de  la  meson. 

Qel  fia  el  braion  enbraier 

Ou  le  troverent  trois  bercher, 

SU  baHreot  con  asne  a  pont. 
1050    Trois  bacons  avoit  en  un  mont 

Ches  un  prodome  en  un  larder: 

De  cous  li  fie  ge  tant  manger, 

N'en  pot  issir,  tant  fu  rentrez, 

Par  la  u  il  estoit  entrea. 
105;^    Gel  fia  pécher  en  la  gelée 

Tant  qu'il  ont  la  queue  engelee. 

Qel  fis  pécher  en  la  fonteine 

Far  nuit,  quant  la  lune  estoït  plene. 

De  l'ombre  de  la  blance  image 
loeo    Quida  de  voir,  ce  fust  furmoge. 

Et  si  refu  par  moi  tratz 

Devant  la  cfaarete  as  plaTz. 

Cent  foiz  a  este  par  moi  mat. 

l'ar  fine  force  de  barat 
1065    Li  fis  je  tant  qu'il  devint  moines, 

Puis  dit  qu'il  volt  estre  chanoinea. 

Qant  en  li  vit  la  char  manger, 

Fox  fu  qui  de  lui  fist  berger. 

Oe  ne  vos  auroie  hui  retrait 
1070   Tôt  le  mal  que  je  H  ai  fet. 

n  n'a  beste  en  la  cort  le  roi 

Qui  ne  se  puist  pleindre  de  mot. 

Je  fis  TylWt  chaoir  es  laz, 
Qant  il  cuida  mengier  les  raz. 
1071S    De  tôt  le  parent»  Pintein 
Que  Boulement  lui  et  s'antein 

1054  Ia  lu  II  fl  fa  e.     1060  p.  pou  L      1085  Ln      Au  lim  i 
1073.  1074  0»  tu  Et  ip  uliM  an  uilofii  aUi  Cor  np  geliiie  ni  M<t 


...Google 


I  (Méon  10801—10840) 

N'i  a  renieis  coc  ne  jeline 
Dont  je  n'aie  fct  ma  cuisine. 
Quant  li  os  fu  devant  mou  crues 

1080   De  senglera,  de  vaches,  de  bues 
Et  d'autres  bestcs  bien  armées, 
Que  Yeengrin  ot  amenées 
Por  celé  gerro  mètre  a  fin, 
Retin  Roonel  le  mastin. 

1065    Bien  furent  set  vinz  conpaignon. 

Que  chen,  que  lisclie,  que  gaingnon. 
Tuit  furent  batu  et  plaie. 
Mais  malement  furent  iaie: 
Qar  je  lor  toli  lor  soudeea. 

t090    Quant  les  oz  s'en  furent  alees. 
Far  gile  et  par  oonchiemeat 
Lor  toli  ge  lor  convenant 
Au  départir  lor  Ss  la  loupe. 
Or  me  repent,  dex  moie  ooupel 

101)5    Or  voil  venir  a  repentanche 

De  quanque  j'ai  fet  en  m'enfanche.' 
'Benart,  Kenart'  ce  dit  Griubert, 
'YoB  péchez  m'aves  deacovert 
Et  le  mal  que  vos  aves  fet. 

1I()0  9e  dex  vos  gite  de  cest  plet, 
Gardée  vos  bien  del  renchooir.' 
'Ja  de\  ne  me  lest  tant  veoir' 
Ce  dist  Renart,  'que  je  mes  face 
NuJe  chose  que  dex  desplace.' 

iiOO    II  U  otroie  qnanqu'il  vout. 
H  B'abfùsaa  et  cil  l'asout 
Moitié  romanz,  moitié  latin. 
Renart,  qufuit  ce  vint  an  matin, 
Besa  sa  feme  et  ses  enfans. 

lliO  Au  départir  fu  li  doua  grans. 
Il  prist  congie  a  son  manage: 
'En&at'  fet  il,  'de  haut  lignaje. 
Pensez  de  mes  casteax  tenir, 
Que  que  de  moi  doie  avenir, 
1(179  ors    1084  Retint    lOfla  .tÎ).     1093  «lepiirtiit     1102  1 


„,ogIc 


I  (Méon  10841— 108801 

1113    Contre  contea  et  contre  foîb: 
Que  vos  ne  troveres  des  mois 
Conte,  prÏDce  ne  chaeteleîne 
Qui  TOB  forface  un  fil  de  leine. 
Ja  par  ous  ne  aerea  grevez, 

1120   Se  T08  avea  les  pons  levés: 
Que  voa  aves  aeee  vitaille. 
No  quit  devant  aet  ans  vos  &ille. 
Que  voa  iroie  ge  disant? 
A  dame  deu  toz  vos  coomant 

iiâ5    Qui  me  rameiat  si  cou  je  vueil.' 
Atant  feri  le  pie  au  sueil: 
Au  départir  de  sa  tesnere 
A  conmenoie  sa  proiere. 

'Dex'  fait  il,  roia  omnipotena, 

lian    Maiqtien  mon  savoir  et  mon  sens 
Que  je  d'ï  perde  par  peor 
Par  devant  lo  roi  mon  segnor. 
Quant  Ysengrin  m'acusera: 
De  quaaqu'il  me  demandera. 

11%    Que  je  li  puisse  reaon  rendre 
Ou  del  Doier  ou  del  défendre: 
Ue  doint  sein  et  sauf  repùrer 
Que  je  me  puisse  eocor  vesgier 
De  cels  qui  me  font  si  grant  guère.' 

1140    Lors  se  couca  adens  a  tere, 

Et  trois  fois  se  rendi  oopables, 
Puis  se  segna  por  les  diables. 

Or  s'en  vont  li  baron  a  cort. 
Et  passent  l'eve  qui  la  cort, 

1140    Et  les  destrois  et  la  monteinne, 

Et  puis  (^evauchent  par  la  pleigne. 
En  ce  que  Renart  se  démente, 
El  bois  ont  perdue  la  sente, 
La  voie  et  le  chemin  ferre. 

IISO    Et  neqnedent  tant  ont  erre, 
Qu'il  s'avoient  parmi  un  pleins 
Deles  une  grange  a  nonetns. 


114»  ferc       IIM)  o.  «Iç  erre        1152  geDKe  m 


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I  (HéoD  10881—10914) 

La  mesoo  est  molt  bien  garnie 
De  toz  les  biena-  que  terre  crie, 

1 166  De  let,  de  formaches  et  d'ues, 
De  berbis,  de  vaches,  de  bues, 
D'unes  et  d'autres  norricoos. 
'Ca'  dit  Benart  'nos  adrecona, 
Par  encoBte  de  cea  espines. 

1160   Vers  celé  cort  a  ces  gelines: 
La  est  la  voie  <\ae  leseons.' 
'Benart,  Renart'  dit  li  tessona, 
'Dex  set  bien  por  qoi  vos  le  dites. 
Filz  a  patein,  puanz  heïrites, 

1I6&   tfalrea  lecheres  et  engres, 
N'eatîeea  voa  a  moi  confes 
Et  aviez  merci  crieP' 
Fet  il  'ge  l'avoie  oblie. 
Âlon  nos  ent,  je  soi  toz  prest.' 

1170    'Renart,  Renart,  por  noient  est. 
Dex  paijures,  deu  foi  mentie, 
ToK  jors  durra  ta  lecherie. 
Con  tu  es  foie  criature! 
Tu  es  de  mort  en  aventure, 

1175   Et  aa  pris  ta  confession. 
Or  si  Tels  fere  trolaoD. 
Certes  grant  pèche  te  cort  sore. 
Vïen  t'eut:  maleoite  soit  l'eure 
Que  tu  onques  nasquis  de  mère!' 

1180  "Bêlement  le  dîtes,  baux  frère! 
Alon  nos  ent  en  pea  ambiant.' 
N'en  ose  fere  autre  samblant 
Por  Bon  coain  qui  le  chaatîe, 
Et  neporoo  «ovent  coUe 

1186   Vers  les  jelinee  oele  part. 

Holt  eat  dolant,  quant  il  a'en  part, 


IIM  tôt  que  monçti*  1155  formaohe  et  de  ues  1157  Ou- 
ata lt&8  Ce  IISO  gelin  .  .  1161  q.  nos  1.  1165  l«ch«l  1168  olie 
IIM    trop    prcf  1170  n.   tea         1172   dura        kchie         1175    apr«* 

1179  aukoite  mit]  laloit*  toit  bui 


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I  (Uéon  10915— lOSKi 

Et  qui  Is  teste  li  coiipaat, 
As  gelines  tôt  :droit  alast. 

Or  s'en  vont  li  baron  enaenble: 

1190  Dex,  <soD  la  mule  Grinbert  anblel 
Hea  li  cbevax  Renart  acope. 
Li  saaa  li  bat  desoz  la  orope: 
Tant  orient  et  dote  son  segnor,  ' 
Qu'onques  mes  n'ot  si  grant  peor. 

I19i>    Tant  ont  aie  et  plein  et  bas 
Et  l'anbleure  et  les  galos, 
Et  tant  ont  la  monteigne  alee, 
Qu'il  sont  venu  en  la  Tolee 
Qui  en  la  oort  )o  roi  avale. 

1200    Descendu  sont  devant  la  sale. 

Sitost  com  Renart  vint  a  oort, 
Ouc  n'i  ot  beste  ne  s'atort 
Ou  d'oposer  u  de  respoudre. 
Or  est  Renart  près  de  confondre. 

1305    N'en  tornera  qu'il  ne  s'en  ouiase: 
Qar  Yaengrin  ses  dena  aguise 
Et  Tybert  li  ohaz  se  conseille, 
Et  Bruns  qui  la  teste  ot  vermeille. 
Mes  qui  q'aint  on  hee  Renart, 

1310    Ne  fet  pas  chete  de  ooart. 

Ainz  conmence  enmi  la  meson 
Teste  levée  sa  reson. 

Hoîs'  fet  Renart,  'je  vos  salu- 
Gon  cil  qui  plus  vos  a  vain 

1215    Que  baron  qui  soit  en  l'enpire. 
Mes  tort  a  qui  vers  vos  m'enpire. 
Ne  sai  se  c'est  par  mon  oâr, 
Ge  ne  fui  onques  aaoûr 
De  vostre  amor  ud  jor  enter. 

1220  Oe  parti  de  oort  avantier 


/inns  leê  rr.  1187—1194  le»  primièrea  ItUrre  manquent,  parce  que 
la  marge  a  Hé  dkliirie:  [1187  Et  118B  A  1189  0  1190  eonme 
tl91  Hgb  1192  Li  ian  1193   Tant  cri  1194  Quonqses  meg] 

1197  mot       120S  depoMr        1208  que       1809  qu«  aint 


,  Google 


I  (MéoB  10951—10994)  36 

Pftr  Tostre  gre  et  par  amor, 

8anz  maltalant;  et  aanz  clamor. 

Or  ont  tant  fet  li  losenger 

Qui  de  moi  ae  volent  venger, 
1225    Que  T08  m'avea  juge  a  tort. 

Mes  puis,  sire,  que  rots  s'amort 

  croire  les  maveis  larons, 

Et  il  lease  aes  booa  barons, 

Et  gerpiat  le  chef  por  la  qeue,  10 

1330    Lora  vet  la  terre  a  maie  veue. 

Qar  ail  qui  août  serf  par  nature 

île  aevent  eagarder  meaure. 

S'en  cort  se  poent  alever, 

-Molt  ae  peinent  â'autrui  grever. 
1236    Cil  enortent  le  mal  a  fero 

Que  bien  en  aevent  lor  prou  fere, 

Et  enborsent  autrui  avoir. 

Ice  Toudroie  je  savoir 

Que  Bruns  et  Tybert  me  demande. 
1240   II  est  voirs,  se  li  roia  conmande, 

Que  bien  me  poent  fere  let. 

Encore  ne  l'ai  ge  forfet, 

Qu'il  ne  savent  dire  por  qoî. 

8e  Bmna  manja  li  miel  Laofroi 
lS4(i   Et  li  viletna  le  ledenja, 

Et  il  por  qoî  ne  s'en  venjaP 

Ja  a  il  tex  moins  et  tex  piez, 

8i  granz  musteax  et  si  graot  giez. 

8e  miaire  T;bert  ti  chaz  < 

13B0  Uanja  les  aoris  et  les  raz 

Quant  en  le  priât  et  li  fîat  honte, 

Por  le  cner  be  a  moi  qu'en  monte  P 

DTsengrin  ne  sa  ge  que  dire: 

Qae  il  n'a  mie  tort  del  dire 
12U    Qae  j'avoie  sa  feme  amee. 

Et  quant  ele  ne  s'est  chamee, 

1221  et  MDi  olamoT      I22S  et  par  amor      1228  leiSM  b.  b.      1229 
■>.        12Sa  p.  lener       12»  CU  qui  e.        1242  kiege        ISSS  Qar 


„,ogIc 


I  (Héon  10995—11036) 

Sui  ge  lecheres  de  m'amiaf 

Li  fox  jalox  en  a  envie: 

Est  por  ce  droïs  que  l'en  me  pendef 
1260    Nenil,  sire:  dex  m'en  défende! 

MoU  est  grant  voatre  roiaute: 

La  foi  et  la  grant  loiaute 

Que  j'ai  toz  jors  vers  vos  efle 

M'a  k  vie  «1  core  meintenue. 
1265    Mes  foi  que  doi  deu  et  saint  Jorge 

G'ai  tote  chenue  la  gorge. 

Yels  aui,  si  ne  me  puis  aidier, 

Si  n'ai  mes  euro  de  plaidier: 

Pèche  fet  qui  a  cort  me  mande. 
1270   Mes  puis  que  missire  conmande, 

Si  est  il  drois  que  je  i  viegne. 

Or  sui  devant  lui,  si  me  tiegne 

Et  si  me  face  ardoir  ou  pendre: 

Qar  ne  me  puis  vers  lui  deffendre. 
12711   Qe  ne  buÎ  pas  de  grant  puissance. 

Ues  ce  seroit  povre  venchanco: 

S'en  parleroient  meinte  gent, 

Se  l'en  saaz  jugement  me  pent.' 
'Kenart,  Keoart'  diet  l'enperere, 
1280    'Dabez  ait  l'ame  voatre  père 

Et  la  pute  qui  voz  porta 

Quant  ele  ne  vos  avortai 

Or  me  dîtes,  traîtres  1ère, 

Por  quoi  estes  tant  baretere? 
1265    Bien  savea  parler  et  pludier: 

Uea  ce  que  vautP  ce  n'a  mestier.    . 

TS'eu  partires  en  nule  guise 

Que  de  vos  ne  footae  justice. 

M'i  a  mester  chère  hardie 
1290    Ne  n'i  vaut  vostre  renardie. 

Uolt  savez  de  la  fauve  annesse, 

Se  ja  n'avez  voatre  promesse 

Que  l'en  vos  a  toz  jors  promisse. 

Hui  estes  venus  a  juïae 
iS8  en)  de  ce    1259  qne  l'en  me]  qnen  men    1>T4  q*    1389  n 


,  Google 


1  (Méon  11087—11076) 

1298  Tel  con  jugeront  mi  baron, 
Que  l'en  doit  fere  de  laron 
Et  con  de  félon  traltor. 
Wen  partiroB  sans  maves  tor, 
Se  ne  vos  poes  escondire 
1300  De  quanque  l'en  vos  voldra  dire.' 
"Sire*  dit  Orinbert  II  teagone, 
'Se  nos  Ters  tos  nos  abessone 
For  droit  fere  et  por  afetier, 
Ng  devez  pas  por  ce  tretier 
1300    Yostre  baron  vilainement, 

Sfea  par  loi  et  par  jugement. 
Entendes  ca,  ne  vos  ennuit, 
Renart  est  venuz  par  conduit. 
S'est  qui  vers  lui  fâche  olamor) 
ISlO   Toe  li  otroiez  par  amor 
A  respondre  par  jugement 
En  voetre  cort  voiant  la  gent.' 
Ains  que  Grinbert  oilst  finee 
Sa  reson  et  bien  terminée, 
1315    Se  dreca  en  piez  Ysengrin 
Et  11  motons  sire  Belin, 
Tybert  li  chas  et  Rooneax, 
Et  don  Tieoelins  li  oorbeax, 
Et  Chantecler  et  dame  Pinte, 
1830  Si  con  el  vint  a  cort  soi  quinte, 
Et  Eflpinarz  li  hericons, 
Et  danz  Petipas  li  poona. 
Frobers  11  gresUIon  s'avance, 
Qui  sor  les  autres  crie  et  tance, 
182S   Et  daoz  Boxax.  li  escuireus 

Qui. il  a  fet  de  molt  granz  deuz. 
Coara  li  lèvres  molt  s'argue 
De  cort  en  cort,  de  rue  en  rue: 
Meinte  fois  li  a  fet  ennui, 
1390   Yencher  s'en  quide  encor  encui. 
Or  est  Renart  en  mal  randon, 
Se  Veo  le  velt  mètre  a  bandon. 


UWi  iogMoat        1805.  1806  manquent 


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I  (Méon  11077—11112) 

Mes  1i  roia  les  fet  en  sus  terre, 

Lui  en  lest  eu  veaobanoe  fere. 
1S36        Li  rois  a  parle  fasatement 

Si  que  l'oent  tote  aa  gent. 

'Se^or'  fet  il,  '«nteodea  moil 

De  ceat  laro»  de  pute  foi, 

Quel  justiae  de  lui  ferai, 
1840   Dites  conment  m'en  venoherai.' 

'Sire'  font  li  baron  au  roi, 

Trop  est  Benart  de  pute  loi. 

Kus  ne  tob  sauroit  doaloer 

Que  VBO  nel  fachois  eocroer.' 
1345    Li  rois  reepont  'bien  avea  dît. 

Or  tost'  fet  il,   sanz  contredit! 

Se  Benart  s'en  estoit  tornez, 

Jamea  ne  seroit  retomez. 

Sachez  qu'il  nos  en  tnescaroit, 
ISOO   Tez  n'en  eet  mot  qui  en  plorroit' 
Sor  un  haut  mont  eu  un  rocher 

Fet  li  rois  les  forehes  dreœr 

Por  Renart  pendre  la  gorpil: 

Estes  le  vos  en  grant  penl. 
1855    Li  singes  li  a  fet  la  moue, 

Et  si  li  done  lez  la  joe. 

Benart  regarde  arere  soi. 

Et  voit  qu'il  vienent  plus  de  troi. 

Li  un  le  tret,  l'autre  le  bote: 
1880   N'est  merveille,  se  il  redote. 

Coara  li  lèvres  l'àrocoit 

De  loing,  que  pas  ne  l'aprocoît. 

A  l'arooher  qu'a  fet  Coart 

En  a  orolle  le  chef  Beoart  : 
1866    Coarz  en  fu  ai  esperduz 

Que  onquea  puis  ne  fn  vefis. 

Del  aigne  qu'ot  veS  s'esmue. 

Lora  a'est  muohez  en  une  haie: 


194S  Banom        13M  qui  plorerait       13&B  Et  maitgtu       ISM  ptoa 
1867  qaa  ot 


-,,.  Google 


I  (Méon  11113—11152) 

D'iloc,  ce  dit,  eagardera 
1870   Quel  JQstioe  l'eu  en  fera. 
Uar  i  muoa,  si  oon  je  croi: 
Enqui  aura  poof  de  soi. 
Renart  se  vit  molt  entrepris, 
De  totes  parz  liez  et  piis. 

ISTB    Mes  il  ne  pot  en^n  trover 
Conment  il  s'en  puist  esoaper. 
Del  escfaaper  est  il  noienz, 
Si  li  enginz  n'î  e»t  trop  granz 
Quant  il  vit  les  forcée  drecer; 

1360   Lors  n'ot  en  lui  que  corocier, 
Et  dit  au  roi  'baux  gentix  sire, 
Qar  me  lesaiea  un  petit  dire; 
Yds  m'avez  fet  lier  et  prendre, 
Or  me  voles  sauï  forfet  pendre. 

1380    Mes  j'ai  fet  de  mo!t  forant  péchez 
Dont  je  sui  aaques  enteohez: 
Or  Toil  venir  a  repentanoe. 
£1  non  de  s^nte  penitaace 
Yoeil  la  crois  prendre  por  aler  ' 

1390    Ls  merci  deu  outre  la  mer. 
3e  je  la  muir,  ai  serai  sas.       ' 
Se  je  eui  penduz,  ce  ert  max: 
Si  aeroit  molt  povre  venjance. 
Or  voeîl  venir  a  repentance.' 

13Bft   Atant  li  yet  chaoir  as  pie&. 

Au  roi  en  pdat  molt  grant  pitiez. 
Orinbert  revint  de  l'autre  part 
Qui  inei^ci  crie  por  Renart. 
Bire,  por  deu  entent  a  moi! 

1400  Qar  le  fai  bien,  porpense  toi 
Gon  Renart  eat  prous  et  cortoia. 
Se  Renart  vient  dusqu'a  cino  mois, 
Encor  aura  mester  molt  grant, 
Qar  n'avee  plus  hardi  aerjant.' 

liOS   'Ce'  dit  li  rois  'ne  fet  a  dire. 
Quant  revendroit,  ai  aeroit  pire  : 


1S74  totet        ISTT  en  il        13T9  les  foroei        1469  p.  et  por 


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40  I  [Maa  11158— lU8ft) 

Qar  tuit  oeete  cuBtume  teneot; 
||  Qui  bon  i  vont,  mal  en  revenent 

Tôt  autrete)  refera  il, 
1410   S'  i)  escape  de  ceat  péril.' 

"Se  il  n'a  lores  bons  pee, 

Bire,  il  n'en  reviegne  james.' 

Ce  dit  lî  rois  'et  il  la  pregne 

Par  tel  oonvent  que  la  remeigne.' 
I4IC»    Quant  Benart  Tôt,  ei  a  grant  joie. 

Ne  set  s'il  fornira  la  voie: 

Ues  conment  que  il  en  doie  estre, 

La  crois  est  en  l'espaule  destre. 

Esorepe  et  bordon  li  aporteat 
1430  Les  bestes  molt  s'en  decoufortoit  : 

Cil  qui  enpeint  et  bote  l'ont, 

Dieot  qu'eocor  le  oonperront. 
Ez  vos  Renart  le  peleria 

Ijsorepe  an  col,  bordoo  fresnin. 
1420   Li  rois  li  dît  qu'il  lor  pardont 

Trestoz  les  maus  que  fet  li  ont, 

Et  degerpisse  engins  et  max  : 

AdoDt  s'il  mort,  si  sera  sax. 

Renart  ne  met  riens  en  defois 
14âO    De  qanque  li  prie  li  rois. 

Aînz  lî  otroie  toz  ses  dis 

Tant  que  il  soit  d'iloo  partis. 

Root  le  festu,  si  lor  pardooe. 

De  cort  se  part  un  pou  ainz  none, 
14SB    Onques  bus  d'ous  ne  salua. 

Ënz  en  son  cuer  les  desfia, 

Ne  mes  que  li  rois  et  s'espouse 

Ma  dame  Fere  l'orgellose, 

Qui  molt  estoit  cortoisse  et  bete. 
1440  Benart  gentement  eo  apele, 

Bire  Renart,  proies  por  nos 

Et  nos  reproierons  por  vos.' 

1408  mal]  pire  I41I.  1412  inttrvtrttt,  mai»  rtmi*  à  Itur  ptac« 
par  le»  tigne»  b  a  J41t  Sie  nftuoit  1420  M  1431  b.  IfVtn  lont 
1483  quenoore      1442  r«p'wou 


,  Google 


I  (H«OD  11189— 11SS6} 

'Dame  fet  il,  'Toatre  proiere 
Devroie  ge  avoir  molt  chère. 
1440   £t  molt  par  devroit  estre  liez 
Por  qui  proier  dénieriez. 
Et  86  oel  Tostre  anel  avoie, 
Molt  en  serait  mellor  ma  voie. 
Et  eachez,  se  le  me  âonez, 
I4Ô0  Bien  vob  sera  gerredonez: 
SedoDrai  vos  de  mes  jouax 
Tant  que  bien  faura  cent  aneaxt 
La  rolne  l'unel  li  tent; 
Et  Renart  Tolentera  le  prent. 
14D6   Entre  ses  deoz  basset  a  dit 
'Certes  qui  nnquea  ne  le  vit 
L'anel,  por  voir  le  comparra. 
Ja  por  nallui  ne  remaodra.' 
Benart  mist  l'anel  en  son  doi, 
1460   Puis-si  a  prie  con^e  aa  roi. 
Le  cheval  fîert  des  espérons, 
Faiant  s'en  va  les  granz  trotons. 
Yeta  la  haie  s'est  aprociee 
La  u  Coart  s'estoit  œuchez. 

14%    Fatn  s  gregnoF  que  il  ne  selt, 
De  jeûner  li  ches  11  delt. 
Atant  s'en  entra  en  la  haie. 
Coart  le  voit,  molt  s'en  esmaie. 
En  piez  se  dreche  de  poor, 

1470    Puis  BÎ  li  a  ore  bon  jor. 

Ce  dit  Coarz  'molt  par  sui  liez 
Que  vos  estes  seins  et  haitiez: 
Forment  me  poisse  del  enoai 
Que  l'en  vos  a  fet  si  grant  hui.' 

1476   Dit  Renart  qui  tôt  le  mont  boise 
'Quant  il  de  mon  anni  vos  poise 
Et  que  bel  ne  vos  est  del  nostre,' 
Dex  doint  qu'il  nos  repoist  del  vostref 
Quant  Coart  l'ot,  molt  bien  l'entent, 

1480   Ne  s'asuûre  de  noient: 

1448  u         1462  le  p-aat         1464  Lan  ou  o.         14T0  1« 


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I  (Méon  1122T— 11268) 

Ainz  s'apareille  ie  foir, 
(Que  molt  se  dote  de  tralr) 
Qu'il  se  volt  trere  vers  le  plein. 
Mes  Renart  le  seaist  au  frein, 

1480   'Pftr  le  ooer  be,  sire  Guart, 
Ca  esterroiz'  ce  dit  Renart. 
'Ja  cist  rostre  chevax  inneax 
Ne  vos  garra  de  mes  chuax, 
He  lor  en  face  lÎTroison.' 

1490    Pogmant  le  vet  de  son  bordon. 
La  cort  le  roi  et  li  serjant  .  - 
Fu  en  un  val  parfont  et  grant. 
Entre  quatre  roches  agues, 
Contremont  hautes  vers  les  nues, 

1496    En  la  plus  haute  Renart  monte, 
0  lui  Coart  oui  il  fet  honte. 
Coart  pendant  vet  contreval 
Par  devers  les  pies  au  cheval. 
Renart  qui  oiolt  est  deputere,   . 

1000    Ed  quide  bien  livroisson  fere 

À.  ses  enfanz  sanz  demoranœ,     ' 
Or  penst  dex  de  la  délivrance! 
Renart  regarde  en  la  pudine 
Et  voit  le  roi  et  la  roTne. 

loon    Tant  voit  barons  et  tantes  béates, 
Li  bois  fermist  oonme  tempestes. 
Eatr'ous  parloent  de  Renart. 
Mes  mot  ne  savent  de  Coart, 
Conme  il  l'enmeine  en  sa  prison 

1510   Tôt  autresi  con  un  laron. 

Renart  a  pris  as  meins  la  crois, 
8i  lor  eaorie  a  haute  vois 
'Danz  roia,  tenes  vostre  drapell 
Que  dex  confonde  le  mosel 

1516   Qui  m'enconbra  de  ceste  frepe 
Et  del  bordon  et  de  resorepel' 


148S  ven]  par        1490  qne  il        IHM  roUne       1509  m  matt^u» 
1616  l«Mr«pe 


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I  (Héon  11264— 11898) 

Son  cul  en  tert  voîant  les  bestee, 

Puis  si  lor  jeté  aor  les  tnatea. 

En  hant.  parole  et  dit  au  roi: 
1620  'Sire  fet  il,  'entendes  moi! 

Saluz  te  mande  Coradîns 

Far  moi  qui  sni  bons  pèlerins. 

Si  te  crement  li  puen  tuit, 

  pou  que  chaouns  ne  s'en  fuit/ 
1&2S   Tant  lor  a  dit  gas  et  lanciez 

Que  dant  Coarz  s'est  delanez.  . 

Si  BÎst  aor  un  cheval  corant: 

Si  Est  un  saut  molt  avenant. 

Âinz  que  Renart  se  regardast 
IKX)  Et  que  il  garde  s'en  donast, 

Fu  Coars  molt  près  de  la  cort    . 

Sor  son  cheval  qui  molt  tost  cort. 

Les  costes  a  tos  pertosies, 

Qar  U  bordons  i  fu  fiches, 

1086   Et  la  pel  des  piez  et  des  moins. 

'  A  ronpue,  n'est  mie  seins. 

Tant  a'est  pênes  et  travelliez 

Qe  as  pies  lo  roi  s'est  lauches, 

Et  li  conte  la  diabUe. 
1S40  Bire  fet  il,  'por  dex  aïe!' 

Dex'  fet  ]i  rois,  'con  aai  trais    . 

Et  afolez  et  malbaillis 

De  Reoart  qui  si  pou  me  arent! 

Or  sai  bien  qu'a  maveia  me  tient. 
164&    "Segnors'  fet  il.  'or  après  tuit, 

Que  go  le  voî  ou  il  s'enfuit: 

Par  le  ouer  be  s'il  nos  estort, 

Toa  estez  tuit  pendu  et  mort. 

Et  cil  de  vos  qui  le  prendra, 
1050  Toz  ses  lignages  franc  sera.' 

Qui  dont  veTst  sire  Tsengrin 

Et  le  motoB  sire  Belin, 


15tl  londiiu        I5U  toi        1638  rot  est        1949  oil  qui  nos 


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I  (MéoB  11299— 11S86) 

Et  Brun  l'ora  et  Pelé  le  rat, 
Et  mon  eegnor  T;bert  le  ohat, 
Itôà   Et  Chaatecler  et  dame  Pinte 

Si  coa  el  vint  a  oort  soi  quinte. 
Et  aegnor  Ferra  n  le  roncin 
Et  dant  Roonel  le  raaetin  ! 
Frobert  le  eiut  li  grésillons 
1960  E<t  Fetitporchaz  li  fuirons. 
Apres  le  seut  sire  Bauceos 
Li  sengler  os  ngues  dens: 
Bmanz  li  tors  tôt  enragiez 
Et  Brichemers  toz  ealeaeiez. 
IMJ    Li  limaçons  porte  l'ensei^e, 

Bien  les  oosduit  par  la  canpùgne. 
Renart  regarde  arere  soi, 
Et  voit  qu'il  vienent  sanz  deloi, 
Et  vit  Tardif  qui  les  cadele, 
1870    0  l'ensegne  qui  molt  ventele. 
!Ne  set  conseil  que  fere  doie. 
Un  saut  a  fet  fors  de  la  voie:  . 
Entres  s'en  eat  en  une  croûte, 
Apres  le  siut  tote  la  rote. 
1675    Li  antre  point  ne  l'asoûrent, 

Molt  le  monaobent  tuit  et  jurent 
Que  nel  puet  garir  plassetz, 
Mur  ne  fosse  ne  rolleïz 
Ne  forteresce  ne  donjons, 
isao   Craes,  ne  teeaere,  ne  boisson 
Que  il  ne  soit  pris  et  rendiu 
Au  roi,  et  qu'il  ne  soit  pendus. 
Renart  voit  qu'il  ne  puet  durer 
Ne  por  foïr  ne  por  aler. 
lj>86   Im  bocbe  li  vet  escumant. 
Tuit  li  autre  le  Tont  sivant, 
Si  li  poilIeDt  le  pelîoon 
Q'en  haut  en  volent  li  flocon. 


1&&8  Et  manqat     Mon     U       16&8  grwillmM     1M8  t«rdU     1670 
que    1676  s'MwireDt    1577  pot    1680  Crw    1583  R.  uit .  pot    1686  auM 


,  Google 


ï  (Méon  lia87— 118T1) 

Si  U  pertuîsent  toz  les  reins, 

1090   A.  poi  ne  chet  entre  lor  meina. 
Molt  le  teaeat  en  fere  frape: 
C'eat  mer  veille  si  lor  escape. 
Por  qagnt  tsjit  e'est  esbaneies 
Q'a  Ualpertuia  s'est  adrechea, 

1595    Son  fort  cbEutel  et  sa  mesoii, 
Sa  forterece,  son  donjon, 
Ou  il  ne  créât  ost  ne  asaut. 
Or  qui  mea  velt  aler,  ù  aut: 
Hui  mea  U  eat  poi  de  numaee, 

1600   Qui  amer  nel  Telt,  si  le  haoe. 
Sa  feme  a  l'eacontre  li  Tient, 
Qui  moh  le  dote  et  molt  le  crent. 
Troi  filz  avoit  la  dame  ft«nce: 
C'est  Percehaie  et  Malebrance, 

1606   Et  li  tiers  ai  a  nun  Kovel  : 
Ce  est  des  autres  le  plus  bel. 
Trestuit  U  vieaent  environ. 
Si  le  présent  par  le  giron 
Et  virent  les  plaies  qui  aenent. 

1610   Molt  le  doloaent  et  conpieignent  : 
Totea  li  lèvent  de  blanc  vin. 
Si  l'aaeent  sor  un  cosain: 
Li  disoer  fu  aparelliez. 
Tant  estoit  las  et  travelliaz 

1616   Qu'il  ne  manja  que  le  braon 
D'une  jeline  et  le  orepon. 
La  dame  le  fist  bien  baignier 
Et  puk  Tentueer  et  sener 
Tant  qu'il  refu  en  la  a&nte 

ItSO   On  il  avoit  devant  este. 


Hioiie  Noble  l'enpw^^ 
Vint  au  castel  ou  Renart  ere: 


ISM  ait  »  «.       159S  Po       tant    .  est  {»'  manqut  à  emtst  ^unt 
t}      1594  s'  mmtq»t  ««      1607  oient      1610  pleingnent      1617  Le 


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46  Ib  (Méon  11371—11406) 

Et  TÎt  molt  fort  le  plassela, 
/  Les  muTB,  les  ton,  les  roUefs, 

I      1625  Les  fortereces,  les  donjons  : 
l  Si  haut  n'i  treesbt  uns  bozons. 

Vit  les  trenofaeea  et  les  murs 
Fors  et  espea  et  hauz  et  durs. 
TÎt  les  i)uernaux  desus  la  mote 
1630   P^i  1a  °u  ^n  entre  en  la  crote. 
G«rde,  si  vit  levé  le  pont 
Et  la  chaene  cootremont. 
Li  ohaatax  sist  sor  une  roche. 
Li  rois  tant  cou  il  poet  l'aproce, 
1685   Devaat  la  porte  a  pie  deecent 
Et  U  baniagea  ensemeot. 
Au  chastel  vieuent  environ. 
Chasonn  i  tent  son  pavellon 
Et  herbergent  de  totes  pars. 
1640   Or  puet  avoir  peor  Renarz. 

Mes  par  asant  n'iert  ja  conquis. 
Ne  par  force  ne  sera  pris. 
Se  txais  n'est  ou  afamet,  13 

Ja  ne  sera  par  host  grevez. 
)04ft        Reoart  fu  bien  en  sa  vigor. 
Hontes  s'en  est  en  son  la  tor  : 
Si  vit  Hersent  et  Ysengrin 
Qui  sont  logie  desos  un  pin. 
A  hante  vois  lor  esoria 
16&0   'Sire  conpaing,  antendes  ca! 
Que  vos  senble  de  mon  càatelF 
Vêlâtes  vos  onques  si  bel  P 
Dame  Hersent,  oonment  qu'il  prenge, 
Ge  vos  ai  foie  la  vendenge  : 
1669    Et  moi  ne  oaut,  s'iries  en  est 
Li  cox,  li  jalox  qui  vos  pest. 
Et  vos,  BÎre  Tyberz  li  chaz, 
Qe  vos  fia  oheoir  en  mes  laz.       ' 

un  qriuux    orote     1630  nonte     1834  pot       lfl40  pot      1644  p 
1646  desui         1656  toi 


,  Google 


la  (Hion  11407—11442) 

Ainz  qa'ifiaisBiez  de  la  prison, 

1660   Ëûstee  vos  tel  livroisoD: 

Tex  cent  ooub  quit  que  vos  ouetea 
Que  Ttn  ne  eve  n'i  botistoa. 
Et  Tos,  misîre  Brun  li  ors, 
Qe  vos  fis  ja  prendre  tel  oora, 

I66&   Quant  TOussistes  le  miel  manger, 
Bien  Tos  i  quidai  damacher  : 
Tos  i  laissastes  les  oreilles 
Si  que  tuit  virent  les  merveilles. 
Et  TOB,  miaire  Chantecler, 

1670   Je  vos  fis  ja  ai  haut  chanter: 
Que  par  celé  gorge  vos  ting. 
Vos  m'eschapaatea  par  engin. 
Et  vos,  dans  Briohemers  li  cers, 
Je  vos  tÎDg  ja  dedenz  les  ners. 

1675   Par  mon  engin  et  par  mon  los 
Perdistea  de  la  pel  del  doe 
Trois  coroiea  que  ohen  vos  fireot; 
Molt  a  ci  de  oels  qui  le  virent. 
Et  vos,  sire  Pelés  li  ras, 

1680    Cle  vos  fia  ja  caoir  es  laz, 

Qui  bien  vos  estreindrent  la  gorge, 
Quant  vos  alastes  mengier  l'orge. 
Et  vos,  miaire  Tiecolin, 
A  vos  di  ge,  par  seint  Uartin, 

1686    Je  vos  fis  ja  mon  ju  poTr, 
8e  bien  ne  soflaeîez  foir, 
Tos  i  laissbsîez  vostre  gsje. 
Quant  je  vos  toli  le  formaje 
Que  je  mangai  a  molt  grant  joie 

16f0  Por  ce  que  mester  en  avoie. 
Et  vos,  Rossaus  li  eecuireiu, 
Ge  vos  fia  ja  de  molt  granz  delà, 
Quant  je  vos  dis  qu'estoit  jurée 
La  pee  et  bieo  aseûree. 


ICW  qoiMiMiea      1S64  oel      1B68  mb      1669  chant'      l«?0  han 
mt  dMant     1680  el  lu    16S1  eilreindent    tSSS  L  )•  b.    1693  que  eatois 


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48  I*  (Héon  11448-11479) 

1690    Del  ceaae  tob  fis  je  descendre, 

Icfl  T08  quidai  ge  cher  vendre. 

Par  la  coue  vos  ting  as  denz, 

Molt  fuates  trietreB  et  dolenz. 

Qu'iroie  je  fesont  lonc  conte  P 
1700   N'i  a  celui  n'aie  fet  honte. 

Encor  en  quït  je  fere  asez 

Âinz  que  cist  moia  Boit  treapaues. 

Qar  j'ai  l'anel  en  ma  sesine 

Que  me  doua  ier  la  rolne. 
170&    Bien  sachez  tuit,  se  Renart  vit, 

Tel  le  oonpeira  qui  nel  vit.' 

'Renart,  Renart'  dit  li  lions, 

'Molt  par  est  fora  vostre  mesons: 

Mes  n'est  ai  fors  ne  l'aie  asisse, 
1710  N'en  tornerai,  si  sera  prise. 

Et  d'une  rien  vos  ascâr, 

Qu'a  mon  vivant  le  sege  jur. 

Ne  por  pluie,  ne  por  orage, 

N'en  tornerai  en  mon  aage: 
171&    Anchois  iert  li  eastaz  rendus 

Et  vos  par*  la  gule  penduz.' 

'Sire,  sire'  ce  dit  Renart, 

'Einsi  esmaie  l'en  coart: 

Qar  j'ai  caiens  ases  vitaille, 
I7â0   Ne  quit  devant  set  ans  me  faille. 

Et  anchois  que  il  soit  rendus. 

Vos  sera  il  molt  chers  vendus. 

J'û  ases  capons  ot  jelinee. 

Et  aaes  bestes  armelines. 
17S5    Bi  ai  assez  oes  et  formaches: 

QroBsea  brebis  et  grosses  vaches. 

En  oest  eostel  est  la  footene 

Qui  ases  est  et  clere  et  seine. 

Et  d'une  rien  me  puis  vanter, 
1730   Ne  puet  tant  plovrâr  ne  venter, 

16»6  oher]  bien       1607  P«       tig       1699  que  iioiga       17CW  < 
1707  De.B.  1714  mm        17S4  QrosM        1780  pot 


-,,.  Google 


la  (Méon  11479— 115U) 


Se  l'eve  chaoit  ciel  ciel  tote, 
Que  ja  cliaens  n'eu  caroit  gote. 
Ciat  cbaatax  est  si  bien  assis, 
Ja  par  force  ne  sera  pris. 

lïâS   Or  vos  sees,  je  m'en  irai, 
Travelliez  sui,  si  mangerai 
Âvoc  ma  feiiie  la  cortoise. 
Se  jeûnez,  pas  ne  m'en  poise.' 
  icest  mot  jus  s'en  avale, 

ITJO   Par  un  guicet  entre  en  la  aale, 
La  nuit  se  dorment  cil  de  l'ost, 
Et  lendemein  se  lèvent  tost. 
Ses  barons  fait  li  rois  veuîr. 
'Or  tost"  fait  il,  'del  asaiUir 

ITj.i   Nos  estovroit  aparellier, 

Qar  cest  laron  veoil  desrochier. 
A.  icest  mot  s'eslessent  tuit. 
Au  castel  vieneat  de  grant  bruit. 
Li  aaaus  fu  molt  mervelleus, 

nso   One  ne  vît  nus  si  perilleus: 
Dos  le  matin  dusqu'a  la  nuit 
Ne  fîaerent  d'asaillir  tuit. 
La  nuit  les  a  fait  départir, 
Yont  s'eut,  si  laissent  l'asaillir. 

17M   Et  lendemein  après  mangier 
Reconmenoerent  le  mestier. 
Odc  nel  pourent  de  tant  grever 
Que  piere  en  poissent  ester. 
Bien  i  fu  demi  an  li  rois, 

IT60   Reuart  n'i  pert  vaillant  un  pois. 
Onques  n'i  furent  un  sol  jor 
Que  n'asaillissent  a  la  tor, 
Mes  ne  la  purent  enpirier 
Dunt  el  vausist  meins  un  denier. 

1765        Un  soir  furent  molt  travellic 
Et  d'asailLir  molt  anuie, 


1733  b.  g«mii         1748  brut        n.iO  ui        1751  la  m.  n^iie 
I7ST  nea  1758  poUt         17B2  iiBBsiUireiit         1764  ualut 

BKXAKT     I  * 


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U  [Méon  liai»— 11550) 

ChascuDs  se  jut  Boarement 

Ed  sa  loge  molt  longemeot. 

Et  la  roïne  fu  iree 
1771)    Et  vers  lo  roi  molt  cotecee, 

Si.  va  cocher  a  une  part: 

Ataiit  es  vos  venir  Renart 

De  son  castel  molt  coiement, 

Yit  tes  dormir  sourement, 
1775    Chascun  giaoit  dessoE  ud  cesne, 

Ou  fou,  ou  tremble,  ou  charme,  ou  fresne. 

Renart  a  bien  chascun  loie 

Ou  par  la  coue  ou  par  le  pie. 

Molt  par  a  fait  grant  diablle,  14 

i7H)    A  chacun  arbre  le  suen  lie, 

Nea  lo  roi  lia  par  la  couo, 

Grant  merveille  est  se  il  desnoue. 

Puis  si  s'en  vint  par  la  roïne 

La  ou  ele  gisoit  sovine: 
1785   Entre  les  janbes  lî  entra. 

Celé  de  lui  ne  se  garda, 

Bien  cuîda  que  ce  fust  li  ber, 

Q'a  lui  se  voussist  acorder. 

Or  poez  oîr  grant  merveille, 
1790    II  H  fist  et  ele  a'esveille. 

Quant  vit  que  Renart  l'a  traie 

Si  s'esoria  tote  esbahie, 

Et  ja  eetoit  l'aube  crevée, 

Li  jorz  granz  et  la  matinée. 
170.~i    Por  le  cri  sont  tuit  estormt 

Cil  qui  estoient  endormi: 

De  Renart  le  rox  s'esbahirent 

Qaut  avec  la  dame  le  virent, 

Et  por  ice  qu'il  li  fesoit 
18Un    Tel  jou  qui  pas  ne  lor  plesoit. 

Tuit  eBcrient ''levez,  levez, 

Et  cel  prive  laron  pemez!' 


17tJ5.  1786  iWinvHi'd         1787  fu         1800  que 


,  Google 


la  (Moon  tiasi -It&SSJ 

Mie  sire  Nobles  en  piez  saut, 
Et  sache  et  tire:  ne  lî  vaut. 

iï-05  Par  pou  la  coue  n'a  roupue, 
Orant  demi  pie  l'a  estendue. 
Et  li  autre  sacbent  et  tirent, 
Par  pou  li  cul  ne  lor  descirent. 
Mes  daa  Tardif  li  limaçon, 

1810   Qui  soit  porter  le  gonfanon, 
Oblia  Renart  a  loter. 
Cil  cort  les  autres  desloier, 
Tret  l'espee,  si  les  desnoe,  - 
A  chaecun  coupe  ou  pie  ou  coue: 

Iftlô    Del  desloier  s'est  si  hastez 
Qu'aaes  i  ot  des  escoez. 
Ainz  que  tuit  soient  desnoe 
Sont  li  plusor  tuit  escoue. 
Envers  lo  roi  s'en  vienent  tuit 

1820   Si  cum  il  pueent  de  grant  bruit. 
Et  quant  Renart  les  vit  venir, 
Si  s'aparelle  de  foir. 
En  ce  qu'il  entre  en  sa  tesniere 
Le  saisbt  Tardis  par  derrei'e, 

1826   Par  un  des  piez  ariers  le  tire, 
Molt  se  contint  bien  conme  sire. 
Atant  i  vint  li  Rois  pognant 
Et  tuit  li  autre  esporonaat, 
Et  dan  Tardis  qui  Reuart  tient, 

1830   Lo  roi  te  rent  qui  devant  vient. 
De  totes  pars  le  preuent  tuit, 
Tote  l'ost  en  fremist  et  bmit. 

Estez  vos  que  Renart  fu  pris, 
Molt  en  sont  lie  cil  du  paîs. 

if-B^    As  forces  le  meinent  por  pendre, 
Li  rois  n'en  volt  raencon  prendre. 
'Sire'  dist  Ysengrin  au  roi, 
Por  amor  deu"  bailliez  le  moi  : 


IS04  turae  1809  tardU  li  1818  pluaor]  autre  1619  i' 
Bi«iKt  1824  Les  s.  R.  p.  d.  I)i25  lun  le  mnnqun  183f> 
1827  i   manqu*       1830  uent       1832  frémis       1885  nieine  on  p. 


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52  la  (M'on  Il,>89— 11624» 

Et  j'en  prendrai  si  grant  veachance 
1840    Qu'en  le  saura  par  tote  France'. 

Li  roia  n'en  velt  fere  neent, 

De  ce  sont  tuit  lie  et  joiaat. 

Les  elz  a  fait  Renart  bcnder, 

Li  rois  li  priât  a  demander: 
:c<ld    'Renarz,  Renarz'  dist  li  leons, 

Ci  voi  de  tex  escorpions 

Qui  vos  vendront  encui  l'outrage 

Que  fait  avez  en  vostre  aage, 

Et  le  déduit  de  la  roïne 
igrrfi    Que  teoiez  iui  sovine: 

De  moi  honir  vos  vi  tôt  prest. 

Mais  je  sai  bien  conment  il  est. 

Or  parleroD  d'autre  Bernart: 

Si  vos  metron  el  col  la  hart.' 
iSJO        Danz  Ysengrin  en  piez  se  drece, 

S'aert  Renart  par  la  chevece, 

Del  poing  li  done  tel  bufet, 

Del  cul  li  fait  salir  un  pet. 

Et  Brun  l'aert  par  le  cbaon, 
m  .1)   Les  denz  i  mist  dusqu'  au  braon  : 

Et  Roeuax  parmi  la  gorge 

Trois  tors  li  fetfere  en  un  orge. 

Tiberz  H  chaz  gite  les  denz 

Et  les  ongles  qu'il  ot  ponnanz, 
1865    Sesist  Renart  au  pelicou. 

Bien  li  valut  une  fricou. 

Tardb  qui  porte  la  banere, 

Li  a  done  une  cropere. 

Tant  veïssoz  bestes  venir, 
l8'0    Li  tierz  n'i  pnet  pas  avenir. 

Tant  en  i  vient  parmi  la  me, 

Qui  n'i  pnet  avenir  s'i  me. 

Dan  Rnnarz  qui  le  secle  engigne, 

Fiert  meinte  beste  et  hocepigne 

ltl31t  uenliance  IK4e  loi  1851  te  ui  molt  p.  185S  Quftnt  1B5T 
piiig  ItUiJ  mul  18<î4  qui  ot  1S4>5  R.  par  le  |  ilcon  1866  unes  1870  pot 
1673  pout      r.<uu      1B74  liace  |  igae 


,  Google 


U  (Héon  11625—116601  53 

1875    Ne  set  aos  ciel  que  fere  doie. 

Molt  crient  que  morir  ne  se  voie: 

Renart  n'i  a  voit  nul  ami, 

Tuit  li  estoient  enemi. 

Bien  sares  tuit  certeinement 
1880   Ceate  parole  apertemeat, 

Que  puÎB  que  hon  est  entrepris 

Et  par  force  loiez  et  pria, 

Bien  paet  l'en  veoir  au  besoing 

Qui  l'eime  et  qui  de  lui  a  eoiog. 
1885   Por  dan  Kenart  que  l'en  devaure 

Pleure  G-riubert  et  prie  et  oure  : 

See  parens  ert  et  ses  amie, 

Loie  le  voit  et  entrepris: 

Ne  set  oonment  il  le  reqoe, 
IfUO   Que  la  force  n'est  mie  soe. 

Pelez  li  raz  s'est  avanciez, 

Encontre  Renart  s'est  lanciez: 

Entre  lor  piez  chet  en  la  foie. 

Renart  l'aert  parmi  la  gole, 
1685   Entre  ses  braz  forment  l'estreint 

Uorir  l'eatot,  si  le  deatreiut. 

Onques  nus  d'ous  ne  s'en  garda, 

Ne  nel  vit,  ne  nel  regarda. 
Madame  Fiere  l'orgillouse 
1900   Qui  molt  est  prous  et  mervellouee , 

S'en  est  fors  de  la  cambre  issue. 

De  dol  fermist  tote  et  treaaue. 

Que  por  Renart,  que  pur  l'anui 

Que  l'en  li  a  fait  ai  grant  hui. 
iWb  Del  don  del  anel  se  repent, 

Qu'ele  set  bien  certeinement, 

Qu'ele  en  aura  contrere  ases. 

Quant  cist  aferes  ert  passes. 

Mes  n'en  velt  fere  nul  aenblant. 
1910  Son  petit  pas  s'en  va  ambiant, 

I87&  KM       tB80  pot        1686  p    o.  (s'inz  et|        1897  ne  se  tard» 
16»»  L*.  ilaiH       1901  8e  est       1910  «nant 


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I&  (Héon  11661— 11696) 

Devant  Grinbert  s'est  areatee, 
A  lui  parla  conme  seaee. 
'Sire  Grinbert'  dist  la  roïne, 
'K&T  vît  Benart  son  fol  convine 

1915    Et  sa  folie  et  son  otrage  : 

Hui  en  reçoit  molt  grant  damage. 
Si  voa  aport  ici  un  bref, 
Kus  n'a  poiir  de  mort  ai  gref. 
S'il  l'avoit  par  boue  créance, 

1920    Que  ja  de  mort  oust  dotance. 
Se  dan  Renart  l'avoit  sor  lui 
Ne  doteroit  la  mort  mes  bui, 
Ne  por  droiture  ne  por  tort 
N'fturoit  mes  hui  poor  de  mort. 

1025    Dites  de  par  moi  le  reçoive 
Baset  que  nue  s'en  aperçoive, 
Que  grnnt  pitiez  me  prent  de  lui. 
Gardes  nel  dites  a  nului. 
Go  nel  di  pas  por  lecerie,  ^ 

iStJO    Se  des  me  doinst  bone  escherie! 
Por  ce  qu'il  est  bien  afaitiez 
Me  poise  qu'il  est  doshaitiez.' 
Grinbert  respont  'douce  honorée, 
Franche  roïne  coronee, 

1935    Cil  qui  haut  siet  et  de  loïug  mire, 
Et  de  toz  biens  est  rois  et  sire. 
Qui  t'a  mis  en  si  graut  bonor, 
Icil  te  gart  de  deshonor! 
Car  s'il  en  puet  estordre  viz 

1040    Encor  sera  molt  voetre  amis.' 
  icoet  mot  le  bref  li  tent. 
Et  Grinbert  volentiera  le  prent, 
Et  la  roine  li  conseille 
Molt  priveement  en  l'oreille 

11145    Que  quant  Renart  ert  escapez 
De  ce  dont  il  est  entrapez, 


1911  areate       1919  ar»Mce       1927  men       1928  nul  hui       193S 
lo'g      1936  bien      193»  pot      1M6  dont 


,  Google 


Que  i)  ne  lest  en  ouïe  guise, 
Por  l'anior  (jue  il  a  prembe, 
Que  il  a  li  parler  ne  voîse 

1960   Priveement  et  sanz  grant  noise. 
A  icest  mot  se  départirent; 
Si  eoemi  Renart  mar  virent. 
La  hart  li  ont  ja  el  col  mise, 
Ja  fust  molt  près  de  Bon  joïae, 

iKtii    Quant  Orinbert  aes  cosins  i  vient 
Et  voit  Renart  qa'Ysengrina  tient. 
Trerc  le  velt  aa  forces  sus, 
Li  antre  ae  sont  tret  en  sus. 
Dant  Grinbert  parla  hautement 

]9bO   Et  oiant  toz  oomunauroent 

'Renart,  sauz  nule  autre  devise, 
Hui  estes  venus  a  joïse, 
Par  ci  vos  en  convient  passer. 
9i  vos  doûssiez  confesser 

I9t)5   Et  fere  lez  a  vos  enfanz 

Dont  vos  avez  trob  bauz  et  janz.' 
'Vos  dites  bien"  ce  diat  Renart. 
'Bien  est  que  il  aient  lor  part. 
Mon  castel  laiz  mon  61z  l'aînz  ne 

1970   Qui  ja  n'iert  pris  par  ome  ne  : 
Mes  tors,  mes  autres  fortereaces 
Lerai  ma  feme  as  cortes  tresces  : 
A  mon  filz  l'autre  Percehaie 
Lerai  l'essart  Tibert  Fressaie 

1976    Ou  il  a  tant  soriz  et  raz, 
Il  n'en  a  tant  jusq'a  Aras  : 
Et  a  mon  petit  filz  Rovel 
Lairai  l'essart  Tibaut  Forel 
Et  le  cortil  detrers  la  grance 

I9S0   Ou  a  meinte  jeline  blance. 
Ne  lor  sai  plus  que  départir, 
I>e  ce  se  poront  bien  garir. 


1956  que.  y.  19S0  oiani        1961  hftntre         1970  Que        1774 

3ie         i»76  fliz  petit        1979  grange 


,  Google 


U  (HêoQ  11737—1177!) 

KÎDsi  lor  devis  ci  lor  laiB 

Que  loi  devant  toz  lor  laia.' 
1983    'Près  est'  diat  Qrinbert,  'vostre  fins. 

Et  ge  Bui  près  voatre  coùns: 

De  Toetre  avoir  aucune  rien 

Me  relaiseiez,  si  ferez  bien 

Et  si  ferea  molt  grant  savoir.' 
199()    Renart  reapont  'vos  dites  voir, 

Et  se  ma  feme  se  marie, 

Foi  que  devez  seinto  Marie, 

Tôles  li  quanque  je  tî  les 

Et  si  teues  ma  terre  eo  pes. 
IV»6    Qar  molt  m'aura  toat  oblie 

Puis  que  me  saura  dévie. 

Aioz  que  Tibaut  aoit  crestiens 

En  aura  un  en  sea  liens. 

Qar  qaot  li  om  est  en  la  bière, 
2000   Sa  feme  esgarde  par  deriere, 

S'ele  veit  home  a  son  plaisir, 

Ne  puet  pas  son  voloir  teasir, 

CoD  plus  recoie  et  va  tremblant, 

Qu'il  ne  11  face  aucun  seablant. 
3O0.'>   Tôt  autretel  fera  la  moie, 

Jusqu'au  tiers  jor  raura  sa  joie. 

Se  mon  eennor  le  roi  plesoit 

Et  une  chose  me  feaoit 

Qu'il  voussist  que  je  fusse  moines, 
2010   Reclus  hermites  o  cauoines, 

Et  me  laîssaet  vestir  la  baire, 

Certes  ce  li  devroît  molt  plaire, 

Cest  mortel  seicle  et  ceate  vie 

Latroie,  plus  n'en  ai  envie.' 
3015         Diat  Ysengrin   cuiverz  traîtres, 

Et  que  est  or  ce  que  vos  dites  P 

Tante  guenohe  nos  aves  faite, 

Quel  trealue  nos  avez  traite! 

1993  deuiie  oi       1986  pus      2002  pot      20IU  Q'I      200eJuaqua 
2010  R.  ou  h   o        2016  quaet 


,  Google 


la    H«oii  11773-11808)  Oï 

En  T08  auroit  bêle  persoue, 
9030    S'avieez  veetue  la  goQe. 

Ja  dex  ne  doinst  le  roi  oDOr, 

S'il  De  Toa  pent  a  desonor. 

Et  s'il     ne  vos  en  aeeûre. 

Qar  la  harz  est  Tostre  droiture: 
2029    Qui  de  mort  vos  reapiteroit, 

James  mis  cuers  ne  l'ameroit, 

Cil  qui  lafon  a  pendre  areste, 

Toz  jors  het  mes  Ini  et  son  estre.' 

Ce  dit  Kenart  'sire  Yaengrin, 
2080   Or  seront  vostre  li  cemin. 

Ëncor  est  dex  la  ou  il  selt, 

Que  tez  ne  pèche  qui  s'en  delt.' 

Ce  dist  li  rois  'pensea  del  pendro: 

Car  ne  puis  mie  tant  atendre.' 
S0B5        Ja  fust  pendus  qui  que  a'en  pleîgne, 

Quant  Renarz  garde  aval  la  pla^e: 

Si  vit  une  grant  chevaucie 

Ou  meinte  dame  aroit  trie: 

Et  si  ert  la  feme  Renart 
'jnio   Qui  vint  pognant  tôt  un  esaart. 

Molt  par  venoit  hastivement 

Mervellos  dol  va  démenant. 

Si  troi  fil  pas  ne  s'atardoient, 

Atoc  le  grant  dol  qu'il  faisoient: 
2045   lior  chevoz  ronpent  et  detirent, 

Et  tote  lor  robe  descirent; 

Tel  noisse  font  et  tel  criée 

Qu'en  les  oist  d'une  liuee. 

Ne  venoient  pas  bêlement, 
3030   Ainz  chevauceot  isnelement  : 

Un  sonder  tôt  cargie  d'avoir  16 

Ameinent  por  Renart  avoir. 

Ancois  qu'il  ait  oQ  confesse, 

Ont  cil  deronpue  la  presse, 

t32  aenl  ne         2036  garde  manque         2040  eaoart        2043  doî 
«        2053  qae  il 


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bo  U  (Héon  1I8D9— 11844) 

2055    Qui  vienect  par  si  grant  dearoi, 
Que  choii  sont  as  pioz  lo  roi. 
La  dame  s'est  tant  avancie 
Que  avant  toz  s'estoit  lanoie: 
'Sire,  merci  de  mon  segnor 

2060    Por  deu  le   père  creator! 
Oe  te  doDrai  tôt  cest  avoir 
8e  do  lui  vels  merci  avoir. 
Rois  Nobles  choisi  )e  tj'csor 
Devant  lui  et  d'argent  et  d'or. 

2065    Del  avoir  fu  molt  covoitoz 

Et  dist  'dame,  foi  quo  doi  vos. 
Renart  n'a  pas  vers  moi  bon  plet: 
Q'a  mes  ornes  a  trop  mesfet 
Que  nus  ne  vos  poroït  rctrere. 

2070    Por  ce  en  doit  on  vengance  fere. 
Quant  de  sou  mesfet  ne  s'amende. 

(Bien  a  deaervi  qu'en  lo  pende. 
Ce  me  dient  tuit  mi  baron 
Q'as  forces  pende  le  laron, 

2075    Pt  por  voir  se  je  ne  lor  ment, 
Pat  tens  ert  livres  a  torment'. 
'Sire,  por  deu  en  cui  tu  croiz, 
Pardone  li  a  ceate  foiz.' 
Li  rois  respont  'en  deu  amor 

2030    Por  vos  li  pardong  a  oest  tor. 
Et  si  vos  ert  par  tel  rendus 
Q'au  premer  mesfait  ert  pendus.' 
'Sire'  fet  ele,  'et  je  l'otroi, 
Ja  ne  sera  recuis  par  moi,' 

2085       Atant  le  firent  desbender. 
Li  Rois  l'a  fait  atant  mander 
Et  il  i  vient  toz  ealesaiez, 
Les  menuz  sauz  joianz  et  liez. 
'Renart'  fait  il,  'gardes  vos  mes! 

2090    De  ci  aves  vos  ore  pes  : 

2055  u'^nent         2058  i:^aM         2062  uelt         206»  ne 
que  len  le.      2U85  desUei      2089  qob 


,  Google 


U  iH^on  U845— 11880) 

Mes  quant  voa  me  forfcrea  primes, 
Vos  revendroa  a  co  meïmea.' 
'Sire'  fait  il.  'dex  m'en  dcsfende 
Que  je  ne  face  qu'en  me  pende.' 

'JUtlj    Ortint  joie  fet  a  sa  niesnie 

Que  devant  lui  voit  ameisnie: 
Celui  bese  et  cestiii  enbrace, 
Car  ne  voit  chose,  tant  li  place. 
Quant  Ysengrin  le  vit  délivra, 

2100   Lors  vonsaist  roels  morir  que  vivre, 
(îrant  poor  ont  trestuit  de  lui 
Qu'il  DO  lor  face  encore  ennui: 
Si  fera  il,  se  dex  li  done 
Que  il  voie  ou  vespres  ou  noue. 

SI05    Tomer  s'en  voidrent  par  derere, 
Quant  li  rois  vit  par  la  chatière 
Et  voit  venir  par  une  adrece 
Une  bière  chevaletece : 
'  Ce  estoit  OliRuve  la  soriz 

3110    Et  Pelez  li  raz  sez  mariK 

Que  dan  Renart  ot  estr»ngle, 
Quant  desoz  lut  l'ot  emtngle. 
En  Ih  compai^ne  dame  Chauve 
Estoit  sa  aor  ma  dame  Fauve 

2115    Et  dix  que  frères  que  sorors. 
Au  roi  vieneut  a  granz  clamors 
Que  lîlz  que  filles  bien  quarante, 
D'autri-s  roaiits  plus  de  sesante. 
De  ]a  noisse  que  il  meooieDt 

2130  Trestut  cusi  con  il  venoient, 
Trestos  H  airs  retentissoit 
Et  toz  li  eielz  en  fermissoit. 
Li  Rois  s'est  très  un  poi  sor  deatre 
Por  savoir  que  ce  pooit  estre. 

2l£>    Entent  le  cri,  entent  la  noise. 
Or  n'a  talant  que  il  «'en  voisse. 


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I  yitéoD    11881—11816) 

Quant  Reiiart  ot  le  duel  venir, 
De  poor  conmence  a  fermir: 
Grant  poor  a  de  celé  bere. 

•iViO    Sa  feme  en  envoia  arere 

Et  Ba  mesnie  et  ses  enfans, 
Mes  il  remost  li  sosduianâ. 
Molt  coiement  lèsent  de  l'oat. 
A  lor  chevaus  en  vienent  tost: 

2135    Renart  remeint  eo  aventure. 
La  bière  vient  grant  alcure: 
Ma  dame  Chauve  par  la  presse, 
Ou  voit  le  roi,  forment  s'eeleâse, 
'Sire  merci'  fet  ele  en  haut. 

2140    A  terre  chet,  li  cuers  li  faut. 
La  bière  chet  de  l'autie  part. 
Trestuit  se  eleiment  de  Renart 
Et  font  une  noise  si  g:rAnt 
Qu'en  n'i  oïst  pas  deu  tonant. 

3149    Et  li  rois  ai  volt  Renart  prendre, 
Mes  il  ne  le  volt  pas  atendre: 
Aîns  s'en  foT,  si  tist  que  sages, 
Que  près  li  estoit  ses  damages. 
N'avoit  que  fore  de  loue  conte. 

•2V*)    Desus  un  grant  cbesne  s'en  monte. 
Apres  lui  vont  tuit  aroute. 
Soz  le  cliesne  sont  areate, 
Le  itege  metent  environ, 
N'en  descendra  se  par  ris  non. 

2i5fi    Li  rois  i  vient,  si  lï  c^Dmande 
Qu'il  aille  jus  et  si  descende. 
'Sire,  ce  ne  fera  je  mie 
Se  tes  barnages  ne  m'afie 
Et  vos  ne  m'en  livres  osta<;ea 

3100    Que  ne  m'en  vendra  nua  damages. 
Car  je  voi  molt,  ce  m'est  avis, 
Entor  moi  do  mea  enemis: 


2189.   2l:tO    inUretrliê         2130    f.   a   enuoie   s.  2150    Dpsni 

215]  lui]  i        2152  «restu        2160  Q'  ne  mendm 


,  Google 


la  (iSf-oa  11917—11814) 

Se  chascuD  mo  tenoit  a  ploiD, 
Il  me  doDroit  tôt  el  que  pain. 
-21U5    Or  vos  tenca  la  jus  tuit  coi, 

Contas  d'Auchier  et  de  Lanfroi! 
Qui  set  Doveles,  si  les  cont: 
Ge  l'opirt  bien  de  ea  amont.' 
Li  i-oU  oï  gaber  Renart, 
9IT0    De  maltalent  fuimist  ei  ait: 
Dous  cogniez  fait  aporter. 
Le  cbesne  prennent  a  coupiT. 
Reuart  a  grant  poor  oiio 
Quant  ici'ste  chosse  a  veûe. 

ans    Los  barons  voit  toz  areiigiez: 
CiiAdCun  ateut  qu'il  soit  vengiez. 
Ne  set  couineot  s'en  puisse  aler. 
Un  petit  priât  a  dévaler, 
En  son  poing  tint  une  grant  roclie, 

aiso   "Voit  Isengrin  qui  si  l'apioclie. 

Oiez  con  par  fet  ^rtint  meiveillo! 
Le  roi  en  fiert  delez  l'oreille: 
Por  cent  mars  d'or  no  ce  tenist 
Li  rois  q'a  terre  ne  eliaîst. 

218Ô    Tuit  It  baron  î  acorurent 

Entre  lor  bras  le  soconirent. 
Ëndementrea  qu'il  entondoient 
A  lor  81'gnor  que  il  tunoient, 
Roonrt  saut  jus,  aï  tornc  en  fuie. 

2l»a    Quant  che  virent,  cbascun  le  huio, 
Et  dient  tuit  si  con  il  sont, 
Qne  jamais  jor  nel  chacei  ont. 
Car  ce  n'est  pas  chose  avenable, 
Ainz  est  un  raim  de  vif  diable. 

2193    Or  est  remeis  H  ohaceîz. 
Fuiant  va  vers  un  pUaseîz. 
Lo  roi  cnportent  si  baron 
Droit  ol  palais  de  sa  raeson. 
Huit  jors  se  fist  li  rois  seigner 

2^011    Et  sejorner  et  haiesier, 


2164  'loDrunt         2179  poig      moche         2180  que         2199  Un  i< 


,  Google 


la  (Méon  11955-11986) 

Tant  qu'il  revint  en  la  aaote 
Ou  H  avoit  devant  este. 
Et  Renart  oinsi  a'en  eechape. 
Des  or  gart  bien  cha^cun  sa  cape! 


2205         Li  rois  a  fait  son  ban  crier, 
Par  tôt  plevir  et  afier 
Que  qui  porra  Renart  tenir, 
Que  ja  nel  fâche  a  cort  venir, 
Ne  roi  ne  conte  n'i  atende, 

2210    Mes  meJntenant  l'oei  ou  pende. 
De  tôt  cou  fu  molt  pou  Rennr:. 
Fuiant  s'en  va  vers  un  ossart. 
Son  petit  pas  s'en  va  tendant. 
Environ  lui  va  regardant: 

221»    N'est  merveille  s'il  se  regarde, 
Qui  de  totes  bestes  a  garde. 
En  son  un  grant  tertre  s'sreâte, 
Tera  Orient  torne  sa  teste. 
.    Lors  dist  Renart  une  pruiere 

2220    Qui  molt  fut  pressiouse  et  chîere, 
'Ue  dex,  qui  itieins  en'  trinite, 
Qui  de  tans  perilz  m'na  jeté 
Et  m'as  soufert  tans  main  a  fere 
Que  je  ne  doûsse  paa  fere, 

3225    Qarde  mou  cors  d'ore  en  avant 
Par  le  tien  seint  conmandementl 
Et  si  m'atorac  en  itel  guisse, 
En  tel  manière  me  devise 
Qu'il  ne  soit  beste  qui  me  voie, 

22'K>    Qui  sache  a  dii-e  que  je  soie.' 
Vers  Orient  sa  teste  cline, 
Granz  colz  se  doue  en  la  poitrine. 


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Ib  {.Stfon  11987—12022) 

Drece  na  poe,  si  ae  aetgue. 

Va  s'ent  le  plein  et  la  montegne. 

2333    Mf?a  de  feio  aofre  grant  deatrecc 
Euveis  une  vile  s'adreche 
Kn  la  meaon  d'un  teinturier 
Qui  molt  savoît  de  son  meat«r. 
Sa  teinture  avoit  destemproe 

2240    Au  miel7.  qu'il  pout  et  atrenipee. 
Faite  l'avoit  por  teindre  en  janne. 
AU-z  fu  querre  une  droite  aune 
Dont  il  voloit  son  drap  auner 
Qu'en  la  cuve  voloit  jeter. 

-i-J-15    Laisaiee  l'avoif  descoveitc. 
Et  la  feneatre  estoit  overte, 
Dont  il  veoit  a  aa  teinture, 
Quant  Irt  feaoit  ot  nete  et  puro. 
Reoart  dedenz  la  cort  a'eu  entre 

aa'iil   Por  proie  quorre  a  nos  son  ventre: 
Le  cortil  a  trestut  cheicîe 
Et  tôt  environ  reverchic. 
Ni  puet  trover  rien  qu'il  ninnjuce. 
Parmi  la  feneatre  ee  muce. 

32.'ii>   Renart  n'i  voit  ame  dedans, 
11  joint  lea  piez,  ai  atiilli  en/. 
Eabahis  fu  quant  vint  en  l'ombre, 
Oiez  con  li  umufez  l'enconbre. 
Malbaiiliz  fu  et  decoCiz: 

'2-2iin   Car  dedenz  la  cuve  est  cous. 

Au  foDZ  va,  mes  pas  n'i  deniourc: 
lanelement  resailli  aonre. 
La  cuve  out  auques  de  parfont, 
Par  deaua  noe  qu'il  n'afont. 

226.')    Atant  estes  vos  le  vilein 

Qui  l'aune  tenoit  en  aa  mein. 
Son  drap  a  auner  reconmence. 
Quant  il  oî  Kenart  qui  tcnce 

3343  L»*i\f  lauiiit  a  d.         224»   lu         2250   a   nao» 
;  Eibahi         2261  met  manque        2265  es  u04         2267 


,.  Google 


61  Ib  l.Méon  12028— I208OJ 

Por  ce  que  oîesir  s'en  voloit, 
2270    Tant  a  noe.  tôt  se  doloit. 
Li  vileius  a  drecer  l'oreille, 
Oï  Eenart,  molt  se  merveille.   . 
A  terre  juta  toe  8.8  droz, 
A  lui  en  vient  plus  que  le  pa». 
2275    Rcnart  choiaiat  en  la  teinture, 
Pur  lui  en  vint  grant  nleûrc. 
Ferir  le  volt  parmi  la  teste, 
Qant  il  conut  que  ce  fii  beste. 
Mes  Benart  forment  li  eacrie 
nso    Baus  sire,  ne  me  ferez  mie! 
Je  Bui  b(!Ste  de  ton  mester, 

Si  te  puis  bien  avoir  moster. 
Sovent  en  ai  eate  lassez. 
Si  un  sai  plus  que  toi  asez- 
2285    Eneor  t'en  cuit  ases  apreudre 
De  mealer  teinture  avoc  cendre, 

Qiir  ne  sez  conmont  eu  le  fet,' 

Diat  li  vilein  'ci  a  bon  plet. 

Par  ont  venistes  ca  dedenz? 
22911    l'or  qoi  entrasti^s  vos  caien?;? 

Ce  liist  Renart   por  atenprer    - 

Geste  teinture  et  atorner: 

C'est  la  costume  do  Paris 

Et  de  par  tôt  nostre  pnîs. 
2295    Ore  est  ele  molt  bien  a  droit 

Âtornee  tôt  a  son  droit. 

Aidiez  moi  tant  que  je  fors  soie, 

Puis  vos  dirai  que  je  feroie." 

Quant  li  vileina  Renart  entent 
2300    Et  voit  que  la  poe  li  tent. 

Par  tel  aïr  le  sache  fors 

Par  pou  ne  li  a  trct  del  cors. 

Quant  Renart  vit  qu'il  fu  au  plein, 

Trois  paroles  dist  au  vilein. 

2270  noe  quo  tôt  »e  il.         2289  ucnist  -si   entrastes         2290     l'ar 
2299  ooBtome      2297  iei      8301  leasaohc 


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Ib  (H£oD  12061~12096j 

2303   'Prodom,  eoteot  a  ton  afere, 

Que  je  n'en  sai  a  nul  chof  trece. 
Mes  en  ta  cuve  iere  aailliz, 
A  poi  ne  fui  molt  malbailliz. 
Car  BÏ  m'ait  selnz  esperiz, 

2310    Noiez  i  dui  eatre  et  periz: 
Orant  peor  ai  ou  del  cors, 
Dex  m'a  eidie  quant  j'en  suî  fors. 
Ta  teinture  est  molt  bien  pernanz, 
Jaunez  en  sut  et  reluisanz. 

331S    Ja  ne  serai  mes  coneiiz 
ËD  Ion  ou  j'ai  eete  veuz. 
Molt  par  on  sui  liez,  dex  le  set, 
Que  trestoz  li  siècles  me  het. 
Or  remauez,  car  je  m'en  voiz 

•iSiû    Querre  aventure  par  co  bois.' 
A  iceHt  mot  de  lui  se  part 
Fuiant  s'en  vaît  vers  un  essart: 
Molt  se  regarde,  molt  se  mire, 
De  joïe  conmenca  a  rire. 

332&    Fors  del  chemin  les  une  haie 

Toit  Ysengrin,  molt  s'en  esmaiu, 
Ou  il  atendoit  aventure, 
Qar  fein  avoit  a  desmesure. 
Mes  molt  par  estoit  granz  et  forz. 

333)   'Las!'  dist  Renart   or  sui  ge  morz. 
Qar  Ysengrin  est  fors  et  cras 
Et  je  de  fein  megres  et  las. 
Molt  en  ai  Bosfert  grant  angoisse. 
Ne  quit  pas  qu'il  me  reconoisso: 

2ffîâ   Fors  q'au  parler  (ce  sa  je  bien) 
Me  conostra  sor  tote  non. 
G'irai  a  lui,  a  que  qu'il  tort, 
S'orrai  noveles  de  la  cort.' 
Lors  se  porpense  en  sou  corage 

2840    Que  il  changera  son  langaje. 

2307  ooDue        2312  ie  8.        2320  cea       2321  Respar 
(•iite       2S34  qw  il 


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Ib  (Méon  12097— 12131Î) 

'Yeengrin  garde  celé  part 

Et  voit  venir  vers  lui  ïteaart. 

Drece  la  poe,  ai  ae  aeigne 

Âncois  que  il  a  lui  parveigne, 
2816    1*1)18  de  cent  fois,  si  con  je  cuit; 

Tel  poor  a,  por  poi  ne  fuit. 

Qant  ce  out  fet,  puis  si  a'areste 

Et  dit  que  mes  ne  vit  tel  bestc, 

D'estrangea  terres  est  venue. 
2iJjO    Ez  vos  Renart  qui  le  salue: 

'Godehelpe'  fait  il,  'bel  sire  ! 

Mon  saver  point  ton  reaon  dire.' 

Et  dex  saut  vos,  bau  doua  amisl 

Dont  estes  vosP  de  quel  païa? 
3355    Vos  n'estes  mie  nés  de  France 

Ne  de  la  noatre  conaoisaanoe.' 

Nai,  mi  aeignor,  maia  de  Bretaing. 

Moi  fut  perdez  tôt  mon  gaaing 

Et  fot  ccrchier  por  ma  oonpaing, 
SSitO    Non  fot  mes  trover  qui  m'enaeing. 

Trestot  France  et  tôt  Engleter 

L'ai  cercbiez  por  mon  compùng  qer. 

Demorez  moi  tant  cest  païa 

Que  j'avoir  trestot  France  pris, 
2365    Or  moi  volez  torner  arier, 

NoD  saver  mes  ou  moi  le  quier. 

Mes  torner  moi  Paris  ancois 

Que  j'aver  tôt  apris  francois.' 

'Et  savez  vos  neiaun  meatierP' 
2a70    'Ta,  ge  fot  molt  bon  jogler. 

Mes  je  fot  ier  rober,  batus 

Et  mon  viel  fot  moi  toluz. 

Se  moi  fot  aver  un  viel, 

Fot  moi  diaer  bon  rotrucl, 
2373    Et  un  bel  lai  et  un  bel  aon 

jfor  toi  qui  fu  semblés  prodom. 

Ne  fot  mangie  deus  jors  entere,  ^ 

Or  si  mangera  volenters.' 
362  conpaig     2370  molt  manque     2371  rob«rt     23TT  jor»  mntijfH* 


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Ib  (Méon  12137-12174)  fi7 

'Goament  se  nonP'  dist  Tsengrin. 
2380   'Moi  fot  aver  non  Oalopîa. 

Et  TOB,  conment,  sir  bel  prodomP' 
Frère,  YeeDgrin  m'apele  l'on.' 

'Et  fot  vos  nez  en  cest  contre  F' 

'Oïl,  g'i  ai  meint  jor  este.' 
2385    Et  aaver  tn  del  roi  novel?' 

'Por  qoiP'  Tu  n'as  point  de  viel? 

Je  fot  servir  molt  volenter 

Tote  la  gent  de  ma  mester. 

Qe  fot  savoir  bon  lai  Breton 
2390    Et  de  Merlin  et  de  Noton, 

Del  roi  Artu  et  de  Triatran, 

Det  chevrefoi),  de  stànt  Brandan.' 

*£!  ses  ta  le  lai  dam  Iset?' 

Ta,  ya:  goditoët, 
3909    Oe  fot  saver'  fet  il  'trestoz.' 

Dtst  Yseogrin  'tu  es  molt  prous 

Et  si  ses  molt,  si  con  je  croi. 

Mes  foi  que  doiz  Arta  lo  roi, 

Se  tu  veTs,  se  dex  te  gart, 
2400  Un  ros  garçon  de  pute  part, 

Ud  losenger,  un  traTCor 

Qni  envers  nullnî  n'ot  amor, 

Qui  tôt  decoît  et  tôt  engigneP 

Bamledex  doinst  q'as  poinz  le  tiegne! 
2406    Avanter  escapa  lo  roi 

Par  son  engin,  par  son  bofoi, 

Qui  pria  l'avoît  por  la  roïne 

Que  devant  lui  tenoit  sovine, 

Et  por  autres  forfez  asez 
3410    Dont  onc  ne  pot  estre  lassez. 

Tant  m'a  forfet  que  je  voldroie 

Que  il  tomast  a  maie  voie. 

Se  gel  pooie  as  poïnz  tenir, 

Molt  tost  le  convendroit  morir: 

2379  k  non  2390  fait  2361  «ire  23S7  mot  volenters  2389 
brttor  2391  Et  del  2392  branJam  2394  ;.  a.  j.  a  godrooet  2399  uoiz 
240?  nul  hiii     2404  poing     2407  Que  pris  suoit     2410  on      2413  pajiui 


Ib  (Méon  1217.^-122121 

2415    Li  rois  m'en  a  done  cOQgie, 

Bien  conmande  et  otroie.' 
Rtsnart  tenoit  le  chef  enclin. 

'Par  foi'  fct  il,  'dant  Ysengrin, 

Malves  lécher,  fot  il  devez? 
242U    CoDDient  fot  il  a  non  pelez  P 

DîtcB  nos  eonment  il  a  non, 

Fot  il  donquea  pelez  ÂttnonP' 

Ysengrin  rist,  «juant  il  ce  ot, 

Et  por  le  non  d'Aanon  B'esjot, 
2436    Uolt  l'amaat  mets  que  nul  avoir. 

'Volez'  fait  il  'son  non  savoir?' 

'Oil;  conmeot  fut  il  pelez  P' 

'Renart  a  non  li  desfaez. 

Toz  nos  decoit,  toz  nos  engigne, 
3l3()    Dex  doinat  que  go  aa  poinz  letîegne! 

De  lui  seroit  la  terre  qnite. 

Sa  part  en  aoroit  molt  petite.' 

Toz  fot  il  malement  tornez, 

Se  fu  le  foz  aver  trovez. 
■2i6'j    Foi  que  devez  le  saint  martir 

Et  aeint  Tomas  de  Cantorbir, 

Ne  por  tôt  l'or  que  dex  aver 

Ne  fot  voloir  moi  lui  aambler.' 

'Vos  aves  droit'  diat  Tsengrin. 
3410    'Ne  vos  gariroit  Apollin, 

Ne  tôt  h  ora  qui  aoit  en  terre, 

Quo  jamea  nos  moiisaies  gerre. 

Mes  ur  me  di,  baus  doz  amis, 

Del  mestier  dont  t'es  entremis, 
2445    9es  en  tu  tant  servir  a  cort. 

Que  nul  joglerea  ne  t'en  tort. 

Et  que  n'en  Boies  entrepria 

Par  nul  qui  soit  en  oest  paTsP' 

'Par  mon  segnor  aeint  Jursalen, 
2450    Ne  fot  itel  troves  oan.' 

'Donques  t'en  ven  avoquea  moi 

Et  je  t'acointerai  au  roi 
2480  ge  mtmgut      paini      2436  ohantArbir      2447  Et  matigu* 


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ïb  (Méon  1221S— 12249)  ^ 

Et  a  ma  damn  la  roînc 

Qui  tant  par  est  geate  meschine, 
2455   Et  je  te  Toi  et  bel  et  gent, 

Si  t'aoointerai  a  la  geiit. 

Et  se  tu  Tels  a  oort  veair,  19 

Ge  te  ferai  bien  retenir.' 

'Fotre  merci'  dist  OaloptoB. 
34R0   'Je  fot  aaver  molt  bons  chopins, 

Si  fot  eaver  bon  lecheri 

Dont  je  fot  molt  a  cort  chéri. 

8e  pot  aver  moi  un  viel, 

Fot  moi  dieer  bon  rotruel, 
2466   Et  fot  un  vers  dit  de  ohancon 

Por  toi  qui  fot  aembler  prodom.' 
Dist  YaengrlD  eez  que  tu  fai? 

Vien  t'eut,  une  riele  aai 

Chea  un  vilein,  que  tote  nuit 
2470    I  asenblent  si  Toiain  tuit. 

A  ses  enfanz  en  fet  grant  joie, 

N'est  gueres  nuiz  que  je  ne  l'oie. 

Par  la  foi  que  je  doi  seint  Père, 

La  viele  est  et  bone  et  chère. 
3475    Se  tu  vieuz  avoc  moi  a  cort, 

Tu  Tauras  a  qoi  que  il  tort.' 

Ataut  se  metent  a  la  voie. 

Anduî  s'en  vont  et  font  grant  joie. 

Dant  Yseogrin  ases  H  conte 
S4S0    Conment  Renart  li  a  fet  hoate. 

Asez  li  conte  en  sou  francois: 

Benart  li  respont  en  englois. 

Tant  sont  aie  qu'il  sont  venu 

Tries  la  meson  a  un  rendu, 
2485    Droit  la  u  Yseugrin  savoit 

Celui  qui  la  viele  avoît. 

Dedenz  le  cortil  au  vilein 

S'eu  entrèrent  anduî  a  plein- 

X4M  tantfi  par      24S9  Votre       2460  molt  ]  et       2483  fot  ]  b 
t46b  Mmblv       2469  qui      24T8  «'maiiguc      2482  englea      2486  qu« 


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Ib  (Héon  12249—12284) 

Le  vilein  ont  molt  redote, 

2400    Lez  le  paroi  soat  acoute. 
Il  Tont  eacoutant  tote  nuit 
Con  li  vileins  fet  aoa  dedait. 
Quant  li  donuirB  le  va  matant, 
Chocier  s'en  va  de  meintenaot. 

2403    Yaengrin  a  drece  l'oreille, 
Puia  ai  regarde  et  oreille  : 
Q'en  la  paroi  un  trou  aroît, 
Plus  a  d'un  an  qu'il  l'i  aaroit. 
Et  par  une  ai»  qui  ert  fendue 

2500    ^it  la  viele  au  clou  pendue. 

Souâent  et  ronflent  molt  forment 
Tant  que  il  se  vont  endormant. 
Un  grant  maatins  giat  lez  le  feu, 
Delez  la  couce.  ot  fet  son  leu, 

2609    Par  un  petit  au  fou  ne  touce. 
Mes  li  essombres  de  la  oouce 
Nel  lataea  veoir  Ysengrin. 
'Frère'  fet  il  a  Galopin, 
'Atent  moi  ci,  g'irai  veoïr 

2510    Conment  je  la  porrai  avoir.' 

'Tôt  fot  moi  aol'  ce  dit  Renart. 
'Conment,  es  tu  donc  si  coartF' 
'Coarz?  nai  voir,  mes  g'ai  poor 
Par  ci  ne  aoît  par  ceat  oontor, 

2016    Se  moi  fot  sol,  ja  fot  portez, 
Por  ce  fot  moi  deaconfortez.' 
Tsengrin  l'ot  et  si  s'en  riat. 
Ses  cuera  forment  li  atendrist, 
Et  ai  li  dist  'en  deu  amor 

2520    One  ne  vi  hardi  jugleor, 

Hardi  preatre,  ne  sage  famé. 
Qant  ele  plus  a,  plus  foreaue  : 
Et  quant  ele  a  ce  qu'ele  velt. 
Lors  quiert  ce  dont  ele  se  delt.' 


i  fenduee    2507  Ke    2510  le    2512  rat  tu    2515  fos  potes 
2522  forsene      2523  que  ele 


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Ib  (Méon  12285-12322) 

2525    Ce  dist  Renart  qui  aine  n'ot  loi, 
'Uant  Yaengrin,  en  moie  foi, 
Se  fot  ici  celui  Reaart, 
Ja  fot  il  toz  pendus  a  hart.' 
'Leissîez  ester'  dist  Yaengriu, 
iSao    Que  je  sai  bien  toz  les  cheminB, 
Mes  or  te  aie  ici  a  terre 
Et  g'irai  la  viele  qaerre.' 
Lors  s'en  vient  droit  a  la  feneatre 
Conme  cil  qui  aavoit  bien  l'estre. 
2S3â   Âpoia  fu  d'une  courre, 
La  nuit  fu  obliee  a  clore. 
Yaengrin  fu  montez  en  haut, 
Par  la  fenestre  luiens  saut. 
La  droit  ou  la  viele  pent 
2540    9'en  va  tôt  droit,  ai  la  deapent, 
Si  l'a  son  oonpaignon  tendue, 
Et  cil  l'a  a  son  col  pendue. 
Eenart  ae  pense  qu'il  fera, 
Conment  il  le  conchiera. 

2545    Ja  bien'  fet  Renart   ne  m'avîengne, 
Se  nel  conclu,  conment  qu'il  prengne.' 
A  la  fenestre  droit  en  vient 
Au  bastoonet  qui  la  aostient. 
Le  bastOQ  cliae  et  ele  clôt, 

^60    Et  Ysengrin  laiens  enclôt. 

Quida,  close  fuBt  par  lui  aole. 
Lors  a  grant  pour  de  sa  gole. 
Au  aaut  q'a  la  fenestre  fist, 
Et  a  la  noise  s'esbahiat 

2Sft5    Li  vileins  qui  ert  endormiz. 
Sailli  en  piez  toz  estordiz, 
8a  feme  eacrie  et  eee  enfanz  : 
'Or  suhI  il  a  laroos  caienz.' 
Li  vileins  saut,  c'est  sa  costume, 

3GflO    Au  feu  en  vient  et  si  l'alume. 


»27  rslUrt     2523  a  »rt     2639  La  d.  la  u     254»  Qa^  2548  .1.  b. 
2S59.  2560  iHanqutiU 

nigiUrrlbyGOOglC 


1b  (HioD  12323—12360} 

Quant  Tsengrin  le  toH  lever, 

Voit  qu'il  velt  le  feu  alumer, 

Un  petitet  se  tret  arere, 

Par  les  DHches  le  prent  deriere. 
2D65   Li  Tileins  a  jeté  un  on. 

Li  luastina  Ta  sempres  oï: 

YBengrin  prent  parmi  la  ooïlle, 

Enpoint  et  tire  et  sache  et  roille, 

Trestot  esrache  quenqn'ii  prent. 
2.^T0    Et  Taengrin  molt  bien  se  prent 

Deriere  aa  naolies  au  vilein. 

Uee  de  ce  avoit  le  cuer  vein, 

Et  aa  dolor  li  engregnoit, 

Qar  1)  chena  ses  coillea  tenoit. 
2616    Tant  se  sont  laiens  travaille 

Qae  Ysengrin  ont  escoille. 

Li  vileins  crie  ses  Toisina 

Et  aes  parenB  ot  ces  costna: 

'Aidiez,  por  den  l'esperitable  ! 
2580    Caîenz  converaent  li  deable.' 

Quant  Ysengrin  vit  l'ub  overt, 

Et  11  TÎlein  felun  ouvert 

A  cuinnies  et  a  macues 

Vienent  corant  parmi  les  rues, 
35fô   Entre  la  porte  et  le  vUein 

Fet  Ysengrin  nn  aaut  a  plein. 

Si  fort  le  liorte  qu'il  l'abat 

En  une  fange  trestot  plat. 

Des  quatre  pies  fiert  a  la  terre, 
2690    Ne  set  son  conpaignon  ou  querre. 

Por  les  Tileina  s'en  ret  faiant,  20 

Et  cil  le  vont  après  hutaat. 

Le  vilein  troveut  en  la  boe 

Grant  et  parfonde  qu'il  i  noe. 
2696   Fors  l'en  ont  tret  a  molt  grant  peine, 

D'un  mois  ne  fu  aa  plaie  seine. 
Ysengrin  pas  ne  a'asoûre, 

377  T.  OBcrie      2582  Es      2568  A*  . .  m      2064  «t  maitgu* 


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Ib  (Méon  12301—12394) 

Fuiaiit  s'en  Yot  grant  alelire. 
N'avoit  cura  de  scijorner, 
SGOO   Ancois  coDmence  a  galoper. 
El  bob  se  met  par  une  sente. 
MoU  est  dolenz,  molt  se  démente 
Por  che  qu'il  a  perdu  la  cboee, 
Mes  a  nuluî  parler  n'en  ose. 

m^    Car  se  sa  feme  le  savoit, 
James  de  lui  cure  a'auroit. 
Et  -neporqant  va  s'eut  graot  oire, 
Or  ne  se  set  mes  eu  oui  croire. 
Tant  va  et  vient  danz  Ysengrins 

3610  Sentiers  et  voies  et  chemins: 

tFlle  et  gsrmente  en  son  langa^, 
Far  un  petit  que  il  n'enrage. 
Tant  fet  qu'il  vient  en  sa  lovere. 
Par  l'uis  s'en  entre  par  deriere, 

2616    Sa  mainie  trove  laiens. 

'Dex  soit'  fait  il  o  vc»  caienz!' 
Ne  parla  gueres  hautement, 
Mes  soavet.    Dame  Hersent 
Qui  durement  estoit  aeae, 

œiO   Au  col  li  saut,  sovent  le  bese. 
Et  ai  fil  saillent,  si  l'acolent, 
Juent  et  gabent  et  parolent. 
Kes  s'il  seÛBsent  tôt  l'afere. 
Autre  joie  doQsent  fere. 

2620        Quant  ont  mangie  a  grant  loisir, 
Si  parolent  d'aler  jesir: 
Et  lora  i  ot  raolt,  oe  sachez, 
Parle  aioz  que  il  fust  coche. 
Molt  grant  pièce  s'i  arestut. 

3690    Hes  ueporoc  cocher  l'estut: 

Hersent  l'achole,  ai  l'enbrache, 
Et  lez  lui  se  jut  fâche  a  face. 


2603  perdne  2MS  nnlhiii  ïOBe  2S0T  Et  mangue  2610 
m»  2611  garment  2618  Bornet  d.  ffi  b.  2620  le  26SS  Ml 
I     26S7  B.  parle  ce     2628  quil     2629  pie  bî     2680  Ne  mes  poroo 


,.  Google 


Ib  (H«OD  18396—12430) 

Et  cil  conmence  a  reûser 
Et  durement  a  reculer. 

2S85    Mes  ne  li  vault,  si  con  je  quît. 
Encore  ora  tel  choBe  anuit 
Dont  il  n'oâat  ja  ouïe  envie, 
Qu'il  u'avoit  cure  de  sa  rie. 
Hersent  l'acbole  et  cil  se  tret 

2640   En  sue,  n'a  aoin^  de  aon  atret. 
'Et  qu'est  or  ce'  fet  ele,  aire? 
Avez  me  vos  coilli  en  ire  P'    ■ 
'Dame'  fet  il,   et  que  volez?' 
"Si  faites  ce  que  vos  solez.' 

2G46    'Qc  n'en  sui  mie  ore  aiesiez, 
Mes  desormes  vos  en  tesiez.' 
Fet  Hersent  'je  ne  m'en  puis  tere, 
Ainz  vos  covient  la  oose  fere.' 
'Que  ferai,  vaP'  'Que  te  oovient, 

'28D0   Ce  qu'a  totes  femes  avient.' 

Taisiez'  fait  il  :  'n'eu  ferai  mie. 
Or  doflsBiez  estre  endormie 
Et  avoir  dit  vo  patrenostre, 
Que  vigile  est  d'un  seint  apostre.' 

2605    "Sire'  fet  ele,  'par  seint  Oile, 
Ja  n'i  aura  mester  vigile. 
Se  vos  volez  m'amor  avoir. 
Fêtes  en  tost  vostre  pooir.' 
Dame  Hersent  forment  le  haste, 

2H60   II  se  trestome,  ele  li  taste 
Hoc  ou  la  coille  aoloit 
Estre  par  raison  et  par  droit. 
N'i  trova  mie  de  l'andoille. 
'Chetis'  fet  ele,  'on  est  ta  ooîlle, 

3866    Qui  ci  endroit  te  soloit  pendre  F 
Tote  la  vos  covient  a  rendre.' 
'Dame'  fait  il,  'je  l'ai  prestee.' 
'A.  qui?  'Une  nonein  velee. 


Enlrt  le«  wrt   2flS4  et  2635   h  m»c.   intercale  ran 
dnrenient  >  reiuer     2U1  ques  ore  oe    8646  en  tnanqut 
8699  DNie      2660  t  et  «le      2665  Que 


,  Google 


Ib  (iléon  12131— I24fte) 

Qui  en  son  cortil  me  fiât  prendre. 

2670    Mes  bien  la  m'afia  a  rendre.' 
Hersent  respont  de  meintenant 
"Sire,  ce  n'est  pas  avenant. 
S'il  î  avoit  trente  fiances, 
Donea  pièges  et  alianœs, 

3675    Si  lairoit  les  pièges  encorre. 
Alez  tost,  ne  finez  de  corre, 
Et  si  dites  a  la  nonein 
Qui  fille  est  au  conte  Gilein, 
Que  plus  n'i  demort  n'i  atende, 

2630    Mes  tost  Yostre  coille  vos  rende. 
Qar  s'une  fois  l'avoit  sentie, 
Tost  en  auroit  sa  foi  mentie 
AJnz  que  james  la  vos  rendist. 
Si  seroit  droifi  qu'en  vos  pendist, 

2685    Quant  baillie  la  li  avez. 

Bien  voi  que  gueres  ne  savez. 
Molt  m'avez  morte  et  malbaillie, 
Quant  une  autre  l'a  en  baillie. 
Mise  m'avez  en  grant  effroi, 

3090   Demein  m'en  clamerai  au  roi.' 
'Pute  vielle'  diat  Ysengrin, 
'Demein  vos  viengne  mal  matin! 
Car  vos  taisiez,  si  vos  dormez, 
Et  mal  jor  vos  soit  ajomes! 

2696    Gardes  bien  que  n'en  parles  plus.' 
Âtant  Hersent  del  lit  saut  jus  : 
'Filz  a  putein,  meveb  traîtres, 
Einsi  n'en  ires  vos  pas  quites. 
Se  ne  m'estoît  por  un  petit, 

2700  Ge  vos  trairoie  fors  del  lit, 

Se  dez  me  doinst  demein  veoir.' 
Atant  s'en  vait  a  l'uis  seoir, 
Molt  fort  conmenofi  a  sopirer 
Et  ses  ce  vola  a  detirer. 


M70  1m      2673  fianeez      2675  Uiriei 
M8S  *.  t  M      3702  Belr 


26T6  oi>r«      2876 


,  Google 


Ib  (Héou  12467— 12S04) 

STOft    Ses  draa  défont,  eea  poinz  detort, 
Plus  de  cent  fois  s'ore  la  mort, 
'Que  ferai  mes,  lasse  cbative! 
Molt  me  pobe  que  je  sui  vire, 
Q'or  ai  perdu  tote  ma  joie 

3710   Et  la  rieo  que  je  plus  amoie. 
Onques  n'oi  mes  bï  grant  anui: 
Q'a  je  mes  afere  de  lui?  S 

Foie  est  qui  delez  lui-  se  oouclie, 
Qu*il  ne  valt  mes  ne  q'une  souche. 

2715    Je  ne  qui«r  mes  o  lui  cocher, 
Qu'en  ne  doit  mes  a  lui  toucher. 
Puis  qu'il  ne  puet  la  chose  fere, 
Q'ai  ge  donques  de  lui  a  fereP 
Mais  aille  ermites  derenir 

2720    Et  en  un  bois  por  deu  servir: 
Qar  bien  sai  qu'il  est  couchiez, 
Quant  de  la  coille  est  dérochez.' 
  icest  dol  qu'ele  demeîne 
De  jor  vit  tote  la  cort  pleine. 

2726    En  la  meson  en  est  entrée, 
Au  lit  en  vient  tote  devee. 
'Or  sus'  fait  ele,  'danz  vileins, 
Aies  vos  ent  a  vos  puteinsl 
Se  sai  se  fustes  entrepris, 

2730   Maie  bien  en  ont  le  gage  pris. 
Einssi  doit  l'en  mener  celui 
Qui  sa  feme  a  et  tient  l'autrui.' 
"Se  set  li  lox  un  mot  respondre, 
Ne  contre  lui  n'en  ose  groindre. 

2730        Dame  Hersent  ^t  noble  et  fiere, 
Et  to»  jorz  a  este  légère, 
Cointe  et  pleine  de  graut  orgoil. 
Des  quatre  piez  feri  el  soil 


2709  perdue  2713  Fox  2714  miehe  2716  s  1  a  2717  pot  aw 
dMtciu  d»  2617  on  Ut  Q«))  me  p?t  m«f  îf  09f«  f«r9  ^31  «■  8732 
r  manytM      2787  horgoil  '  2738  eUel 


,  Google 


Ib  (Méon  12505— 1254ÛJ 

Et  a  torne  le  cul  au  vant. 
STJO   'A  deu'  fet  ele  'vos  coQmaDt:.' 

Drece  sa  poe,  si  »e  seigne, 

Yet  s'eut,  conuneût:  que  li  pie:;  prenne. 
Or  Tos  dirai  de  l'autre  part 

De  la  mesnie  dan  Renart, 
2745    Cou  il  s'en  va  par  le  boscage, 

Ysengrin  a  lesaie  en  gage. 

Por  la  YÎele  qu'il  enporte 

Molt  s'esbaudist,  molt  se  conforte. 

Ya  s'ent  a  tote  sa  viele, 
270O   D'Ysengrin  n'oï  puis  novele. 

Tant  fist  Renart  qu'«n  quinze  dis 

Fu  si  de  la  viele  apris  : 

Sages  en  fu  et  escoles. 

One  ne  fu  tex  baraz  trovez. 
3755   Einsi  s'en  va  par  la  contrée 

Tant  qu'il  ot  sa  feine  trovee, 

Qui  o  ]ui  meine  un  jovencel  ' 

Que  prendre  voloit  de  novel  : 

Cosin  Grinbert  le  tesson  fu. 
2760    Quant  il  le  vît,  s'est  arestu  : 

Sachez  bien  les  a  conneûs, 

Taotost  cou  il  les  a  veUs. 

Ja  oâst  Poucet  espuae, 

S'il  oûst  jogleiir  trove. 
27fô    Mes  ele  pas  tort  n'en  avoit: 

Tuit  disoient  que  mors  estoit. 
■  Tybert  lor  diat,  se  dex  le  saut, 

Que  Reoart  vit  lever  en  haut 

As  forohea,  et  si  le  vit  pendre, 
2770   (Ce  lor  a  fet  Tybert  entendre) 

A  unes  forcbes  granz  et  hautes, 

Trers  le  dos  liées  les  pâtes. 


2739    a  manque         2743  dîron  2791  qaen  ]  deux        8798 

rt  ]  i        2701  bien  lei  ]  qne  il  ta       2768  eapiuee      2764  Sel    tron«« 
Z7«9  forebes      2771  gcant      2772  Ile 


,  Google 


78  Ib  (Méon  12541—12578) 

'Il  resenblot  trop  bien  Renart, 
Ge  le  Ti  pendre  à  une  bart.' 

277S    La  dame  lor  respont  brement 
'Je  ne  vos  en  mescroi  noient. 
Qar  je  aai  qu'il  avoit  tant  fet 
Vers  son  aeignor  de  rnaveia  plet 
S'uQ  dee  barons  le  poTat  prendre, 

3780   Que  meiûtenant  le  feîet  pendre.' 
N'i  ot  plus  tenu  parlement, 
BeÎBÎer  se  Tont  estroitement. 

Renart  ne  se  pot  plus  tenir, 
Âinz  a  fet  un  molt  grant  sopîr. 

278^    A.  Poucet  dist  entre  ses  denz 
'Tu  en  seras  encor  dolenz.' 
Grant  tens  avoît  que  cil  l'amoit, 
Mais  dant  Renart  ne  le  savoit. 
Ainme  s'estoient  molt  lonc  tens, 

2790  Renart  le  saura  tôt  a  tens. 
Autretel  font,  ce  m'est  avis, 
Tex  dames  a  en  cest  païs. 
La  dame  son  novel  segtior 
Bese  et  acole  par  amor. 

2798    Renart  voiept  vers  els  tenir 
Et  la  viele  au  col  tenir: 
Molt  furent  lie,  pas  nel  connurent, 
Salue  l'ont  si  con  îl  durent. 
'Qui  estes  vos'  font  il,  'bel  frère  P" 

2800    'Sire,  ge  fot  un  bon  juglere, 

Et  saver  moi  molt  bon  chancou 
Que  je  fot  pris  à  Besencon. 
Encor  molt  de  bons  lais  saurai, 
Kul  plus  cortois  jogler  n'aurai. 

280C»    Oe  fot  molt  bon  jogler   à  toz. 
Bien  su  dir  et  chanter  bons  moz. 
Par  foi  mon  segnor  seiat  Oolas, 
Biea  fot  sembler  que  tu  i'amaa, 

2776  en  mangue       2779  Be  un       2764  grant  manque 
2786  seru      271  antreteU      2794  et  ]  i    amaz      2804  nroi 


'c* 


Ib  (UéoD  12S7»— 12614) 

Et  li  senbler  bien  toi  amer. 

2ijlO   Et;  ou  voler  tu  ai  aierf 

Lors  dist  Poncet   au  deu  pie  air 
Kos  alomea  la  meaafl  oîr. 
Tuît  aloœes  ?ers  le  moeter, 
Ceste  dame  voil  nocoier. 

9815   Ses  aire  est  more  novelement  : 
Mes  li  rois  le  Iiaoit  forment. 
Heinte  foiz  l'a  pria  a  forfet, 
Or  a  de  lui  son  pleair  fet. 
Renart  ot  non  li  engigaeres. 

SSM   Fel  fu  traïtrea  et  boisieres, 
Meinte  traïaon  avoit  fête: 
En  haut  en  a  sa  goule  trete. 
Troia  fil  en  aont  remea  molt  bel 
Qui  sont  molt  comte  dauiaiaet: 

i^i    Lor  père  quident  bien  venger 
Ainz  que  l'en  doive  vendenger. 
iioU  aont  ja  por  querre  aïe 
A  ma  dame  Once  la  hiû^o. 
Tôt  ]i  seolea  est  en  sa  mein, 

S830   Et  tuit  li  mont  et  bois  et  plein. 
Il  n'en  a  beste  jusq'aa  porz, 
Tant  Boit  hardie  ne  si  forz, 
Ors,  chien  ne  lou  ne  autre  bestot 
Qui  Ters  lui  oat  tomer  la  teste. 

i83ô   Por  soudeea  i  vont  li  frère. 

Quanque  il  ont,  lessent  lor  mère, 
Qui  molt  par  eat  cortoise  dame. 
Gfl  la  prendrai  par  tens  a  feme. 
Einai  est  la  chose  atomee, 

2840   Q'ains  demein  nuit  l'aurai  jurée.' 
Renart  respont  entre  aes  denz 
Tu  en  seras  encor  dolenz, 
Encor  en  cbarraa  en  tel  brit^e. 
Nel  voudroies  por  une  fltche.' 


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Ib  (Méon  12ei&— 12660) 

2846        'Certes,  aire'  ce  dUt  Poincax, 
Qui  molt  estait  cortoie  et  baux, 
'Se  vos  voles  as  noces  esti-e, 
Dont  ne  nos  faut  mes  que  le  prestre. 
Qe  vos  doarai  del  noslre  asez, 

2SCiO    Quant  cist  aferea  iert  pasez.' 
'Fotre  merci'  dist  îl,  'bel  sir, 
ïEoi  saura  fer  tôt  ton  plesir. 
Moi  aaver  bon  chgncon  d'Ogier, 
Et  d'Olivant  et  de  Rollier 

SSa6   £t  de  Cbarlon  le  char  chanu'. 
'Dont  vos  est  il  bien  avenu'. 
Entre  ses  denz  dist  li  maufez 
'Et  vos  estes  mal  asenez.' 
Âtant  se  meteat  a  la  voie, 

2660   Renart  viele  et  fet  grant  joie, 
Tant  qu'il  vîndrent  a  la  tesnere 
Qui  molt  estoit  large  et  plenere. 

Quant  Renart  vît  adesertir 
Son  castel  gaste  et  enbernjir, 

2865    II  n'en  voit  fere  autre  aenblant. 
Jn  aoit  ce  qu'il  se  voist  joant, 
Eu  son  cuer  pense,  se  il  vit, 
Tex  en  plorra  qui  or  en  rit. 
Far  le  païs  et  par  la  ten'e 

2870    Envoia  cil  ses  amis  querre: 
Tant  veïssiez  bestes  venir 
Nus  n'en  poïst  conte  tenir. 
De  molt  long  a'i  asenblent  tuit, 
Far  la  vile  meinent  grant  bruit. 

2875    Dame  Hersent  i  eat  venue. 
Ysengrîn  eat  remeîs  en  mue: 
Novelement  Iwaaie  l'avoit 
For  ce  que  maengniez  eatoit, 
Et  jure  aeinte  Pentecoate 

2880    Qa  ne  girra  mes  a  sa  coate. 


8872  ne]  p.  contre  t.        2862  tôt  mangue       2868  a 
le  ateond  en  man^tt 


,  Google 


Ib  (Méon  12661— ISeeS) 

Q'a  on  a  fere  d'orne  en  ohanbrea 

Fuie  que  il  n'a  treatoz  ses  menbres? 

Mes  Toist  uUors,  si  se  porcast. 

Drois  est  que  toe  li  mona  le  chast, 
2885    Por  ce  s'en  est  de  lui  tornee. 

As  nocee  vint  bien  atornee, 

Et  des  antres  i  ot  grant  flote, 

Et  Renart  lor  cbante  une  note. 

À  grant  joie  les  noces  firent, 
£890    Tjbers  lî  chaz  et  Brun  aerTirent. 

Totes  sont  pleines  les  cuisÏDes 

Et  de  capons  et  de  jelioee: 
.  D*aatrea  vïtailles  î  avoit 

Selonc  ce  que  chascun  roloit. 
2895   Et  li  jnglerea  lor  chantoit, 

À  chascun  d'els  forment  plesoit. 

Odc  n'ot  on  ai  grant  janglois 

Coq  il  demeîne  en  son  englois. 
Apres  oiangier  saToz  que  firent  P 
2900   Haativeinent  oe  départirent, 

Qu'il  n'i  remeiat  ne  bons  ne  inax 

Fors  ouïs,  ne  chevelox  ne  eaux: 

Chascun  s'en  va  a  son  repère. 

Renart  remest  son  mester  fere. 
2905   Dame  Heraens  s'en  est  entrée 

Dedenz  la  chambre  a  l'esposee, 

Et  a  Poncet  a  fet  son  lit 

Ou  qnide  fere  son  délit. 

A  une  liue  d'iloo  ot, 
2910    Si  que  Benart  molt  bien  le  sot, 

Une  tombe  d'une  martire 

Dont  vos  avez  bien  ol  dire: 

De  Coupeo  qui  la  ^aoit. 

Trwtoz  li  mondes  le  disoit 
3916    Qu'elo  feaoit  apertement 

Tertua  a  toz  oumunalment 


tSM  ee  maitqiie     Taloil     2896  ohMOaiu     2904  renUest    2913  que 
i>l4  treatot 

■KXAXT     I  B 


...Google 


82  Ib  (Uéon  12687—18722) 

Nu8  bonis  o'i  vient,  tant  eott  enfere, 

Ou  soit  moignes,  ou  lus  ou  olers, 

De  tôt  le  mal  que  il  oflat 
2920    Que  meintenant  gariz  ae  fust. 

ïleDars  i  fu,  ai  ot  vefls 

Le  jor  devant  deus  laz  tenduz 

Et  un  braion  en  terre  euclox. 

Bien  le  feruia  a  quatre  olox 
2925    Q's  un  vilein  avoit  emble. 

Hoc  l'ot  repost  et  ente, 

Bien  sot  qu'il  en  suroit  s  fere, 

Qar  il  savoit  de  meint  -afere. 

Quant  Poncot  dut  aler  gésir, 
3930    Si  l'a  fet  devant  lui  venir. 

Et  si  li  diat  en  son  langage 

'Sire  Bouoez,  fez  tu  que  sage: 

Se  tu  créez  que  je  dira,  23 

Uerveille  fa  qui  te  vendra^ 
298&   Et  bien  saver  que  je  voil  dir. 

Lasus  giser  un  seint  martir, 

For  lui  Easer  des.  tant  vertuz: 

Se  tu  voler  aler  piez  nnz 

Et  port  un  candoil  en  ton  mein, 
2940    Et  tu  veîllier  anuit  a  mein, 

Et  tu  vus  ton  candoil  lumer, 

Tu  fus  demein  un  fil  gendrer.' 
Ce  dÎBt  Poncez  'molt  votontera'. 

Atant  se  meteut  es  senters: 
2940    En  sa  mein  porte  une  cnndoille 

Qui  si  art  cler  con  une  estoîlle. 

Desoz  un  pin  en  un  moncel 

Doc  troverent  le  tombel. 

Renart  s'estut,  oïl  passe  avant: 
2950    Basse,  Bosez,  dex  t'en  avant  T 

Cil  vait  avant,  si  se  redote, 

Renart  le  vit,  avant  le  bote. 

2724  a  manque  2726  entre  2728  de  mein  k.  2741.  2742 
iHitrverti» ,  tuais  l'oràtt  ett  indiqué  par  k*  lettrti  b  «  2746  cler« 
2746  pansa 


,  Google 


Ib  {Méon  12723—12758) 

Tant  fort  l'eupeint  qu'il  ciet  es  laz 
Parmi  le  col  et  l'un  des  braz. 
3966   n  eat  cboûa  ena  el  braion 
Qui  cevelliez  fu  el  raiou. 
Il  tire  fort  et  li  braz  froisse.         * 
Li  laz  li  refet  gr&at  angoisse: 
Forment  s'eaforehe,  forment  tire, 
2960   Kecleime  deu  et  la  martire 
Qu'ele  li  soit  verais  gaianz. 
II  n'î  a  nul  de  ses  pareuz. 
l^re  et  retire,  ne  li  vaut, 
Et  Renars  le  ranpronne  en  haut. 
2965    "Bosez,  vos  fot  ascz  ore, 
Et  tu  seraz  ci  trop  more. 
Molt  ama  vos  icil  martir 
Que  ne  laisse  toi  li  partir. 
Tu  voler  devener,  ce  quit, 
2970    Moine  ou  canon  en  cest  abît. 
Ou  tu  venir,  ou  moi  ira. 
Ou  fot  me  bien,  je  li  dira 
Que  vos  velt  ermit  devenir, 
Et  la  martir  fot  vos  tenir. 
3976   Ce  fot  forment  a  merveiller 
Que  tu  voler  tôt  nuit  veller. 
Et  vos  fustes  nove]  bosez, 
Et  ta  moiller  fot  vos  tendez 
Et  fot  ja  mienuit  oscure.' 
2960   Atant  es  vos  grant  aleflre 

Quatre  gaignons  et  an  vilein, 
Uns  enemis  frère  Brian. 
Le  boacage  avoit  bien  apris. 
Poiucet  ont  trêve  entrepris. 
2B65   Tant  l'ont  tire  et  desaohe 

Que  tôt  l'ont  mort  et  esqachie. 
Renais  le  vit,  molt  s'en  esmaie, 
Fuiant  s'en  va  par  une  haie. 


Ï961    armù         2M5   more         2970  Hoin         2977   talez        2979 
2981  fBTooiu       2983  Le  ]  Et      2984  ot 


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Ib  (Héon  12769  -12794) 

Lpb  granz  galoz  s'en  ta  arere. 

2990    Fuiant  sen  vet  a  sa  tesnere. 
Sa  feme  trove  aBOvinee 
Qui  atendoit  sa  destioee: 
'  Molt  lî  peaoit  de  la  demoure, 
Que  ja  ne  quidoit  veoir  l'oure. 

29%    Quant  voit  venir  le  jugleor 
Tôt  Bol,  lors  BÏ  ot  grant  peor. 

Quant  Renart  l'a  aoule  trovee, 
'Or  sus'  fet  il,  'pute  proveel 
Or  BU8,  si  tenes  voatre  voie, 

31)00    Gardes  que  jamee  ne  vos  voiel 
ÏEoIt  est  mavese  vostré  sorz, 
Ge  ne  sui  mie  encore  morz, 
AînB  sui  Renars,  ce  m'est  avis, 
Seins  et  haities  et  trestoz  vis. 

3006    MoU  avez  tost  le  dol  boa 
Que  vos  avea  de  moi  eu. 
Or  bus'  fet  il,  levez  de  ci, 
Âlez  veoir  vostre  mari! 
S'orrez  conment  il  se  contient, 

%I0    Car  la  martlre  le  retient' 

Quant  la  dame  ot  ceste  parole, 
A  pou  qne  de  dol  ne  a'afole. 
'Laesel'  fet  ele  bêlement, 
'Ce  est  mesirea  vraiement.' 

80>6   Et  danz  Renare  priât  un  baaton. 
Si  li  paia  sa  livreiason, 
Et  Gert  et  burte  et  rolle  et  bat 
Tant  que  crie  'merci,  Renart! 
Sire,  por  deu  merci  te  quier, 

3020  Laisse  moi  vive  repaîrierl' 

'Or  sua'  fet  il,  'car  par  mes  denx 
Sfac  enterres  james  caenz. 
Ja  ne  gerrez  mes  a  ma  coste, 
Quant  receû  avez  tel  oste. 


2304  est  Ml  g 


3013  qnel«  8081   ] 


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Ib  (Mion  12795— 128S2)  85 

30K   Ainz  voa  trencersi  ceu  baulievre, 

Et  oel  gract  nés  sor  celé  lèvre, 

Et  T08  enfonderai  ceu  ventre, 

Et  la  boele  qu'est  soentre 

Vos  saudra  fore  par  le  poltron 
3Q80   Maigre  vostre  novel  baron. 

Et  vos  fet  il,  'dame  Hersent, 

Asez  fet  mal  qui  le  consent. 

Haïr  fet  il  'quex  dous  barnesBes! 

C'estoient  ore  bêles  messes 
80B6    Que  feissiez  por  moi  chanter, 

De  vos  poîstrons  fore  roillier. 

Co  sache  dex  et  seint  Mirtina, 

Qn'ore  est  venue  vostre  fins.' 

Quant  les  deus  dames  oe  oïrent, 
3(M0    Sachez  que  pas  ne  s'esjoTrent. 

Bien  sorent  qu'engignies  furent 

Quant  au  parler  le  reconnurent: 

Holt  grant  merveille  lor  est  prise, 

En  grant  poor  chaaoun  est  mise. 
9045    Bien  quident  estre  enchantées, 

Forment  en  sont  espoeatees. 

De  peoT  l'une  et  l'autre  trenble, 

Holt  s'esmaient  andui  ansenble. 

Kenare  ambedous  les  a  prises, 
30DO    Fors  de  la  meson  les  a  mises. 

One  ne  lor  lut  parole  dire, 

Ne  l'une  ne  l'autre  escondire. 

Et  l'une  et  l'autre  s'espoente,  , 

Chascnne  forment  ae  démente, 
3006    Dame  Hersens  por  son  segnor 

Qui  a  perdue  la  color. 

Et  la  barbe  li  est  ooûe 

Por  la  coille  qu'il  a  perdue. 

Dame  Hermeline  li  raconte 
3060    Q'avenue  li  est  grant  boute 

3033  quel  3040  Ren  ioirent  3041  qugtgaiei  3042  le  eat 
eorrffi  ;  U  teribt  oeajl  mi«  Te  304Ï  enchantes  8046  etpoentes 
3047  t*bl«      3048  ensenb . . 


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Ib  (Héon  12833—12868) 

De  PoDcet  a  la  crine  blote 
Dont  a  où  ei  corte  joie. 
'Qui  caut?'  ce  diat  dame  HereenB. 
'Molt  par  ert  povrea  nostre  sens, 

:i063    Se  nos  ne  retroTong  maria. 
Dont  sera  tôt  li  mona  faillis 
Et  d'uQz  et  d'autres  granz  et  bauB. 
Si  trOTeron  dena  jovenceax 
Qui  bien  feront  nos  voleotez. 

3070    De  folie  vos  démentez.' 

'YoB  dites  voir'  ce  diat  dame  Emme. 
'Mea  molt  est  let  de  vielle  feme 
Qui  ne  crent  honte  et  deahonor, 
De  honir  soi  et  son  aegnor. 

8070    Enaorquetot  l'en  me  diaoit 

Que  mes  mariz  penduz  eatoit 
Se  j'avoie  antre  mari  pria, 
Âvoie  je  de  rienz  meapriaP 
J'ai  bien  ceste  oliosse  esaaiee, 

8080   Feme  meaprent  a  la  foiee.' 

'Yoa  ditea  voir'  ce  dit  Hersenz. 
'Ciet  meaprendres  u'eat  mie  ^nz. 
Mespria  avez  en  tel  manere 
Qu'en  vos  en  tient  a  camberere 

3086    Qui  conmunax  eat  a  garçons: 
Treatuit  li  entrent  ea  arçons. 
TAoB  je  ne  fia  einc  lecherie, 
Ce  aet  en  bien,  ne  pnterie 
Fors  une  fois  par  mesprison 

a090   Vers  dant  Reoart  voatre  baron. 
Quant  mes  loveax  ot  cODpissiez, 
Mesaaemez  et  ledengiez. 
Gel  fis  chaoir  en  sa  tesnere: 
Il  fiât  son  tor  par  de  deriere.' 

809&        Dame  Hermeline  ot  la  parole. 
Respondi  li  coq  famé  foie: 


3061  orinne       3067  dantrea  de  g.       8074  «t  Mi  ot      80SO  foie 
3067  legerie      3006  oonme  foie 


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Ib  (Héon  12869-12904) 

Jalouse  fa  et  enflamee 
Quant  ses  siree  l'avoit  amee, 
Et  dist   ne  fu  ce  puterieP 

8100   Vos  feÏBtes  ^ant  lecbene, 

Grant  deshonor  et  grant  hontage 
FeTstee  tos  et  grant  putage, 
Qviant  Toe  Bofifristes  mon  baron 
Qu'il  TOS  bâti  cel  ort  oiepon. 

8106   Pute  TÎelle,  pute  remese! 

Ed  T08  doûst  ardoir  en  brese, 
Si  qae  la  poudre  en  fust  ventée, 
Quant  s  moi  tos  estes  vantée 
De  mon  segnor  qu'il  vos  a  fet. 

3110  Hall  con  avea  bien  forfet 
Qu'en  vos  tolist  le  pelioon 
Et  feÎBt  l'en  de  vos  oarbon, 
Quant  aviez  Toetre  baron 
Et  felstes  tel  deareson, 

8115  Et  il  sa  feme  d'autre  part. 

Or  sont  tuit  vostre  enfant  baatart. 
Toet  vos  en  fn  li  dels  pass^, 
Qant  voe  les  avez  avoutres. 
Et  Tsengrin  voetre  segnor 

8190   A.ve^,fete  tel  deshonor 
Que  James  ne  sera  amez, 
Hes  toz  jors  mw  ert  cox  damez.' 
Holt  li  dit  et  molt  se  oorooe, 
Saches  que  forment  se  degroce. 

3135       Hersent  respondi  en  riant 
Itolt  a  en  vos  pute  friant, 
Quant  voetre  segnor  aveez 
Et  antre  mari  pemiez. 
Ifolt  par  est  maveis  et  escars, 

8180   Quant  il  ne  vos  a.  le  cul  are. 
3(olt  par  estes  de  maveis  estre, 
De  poior  ne  poiez  vos  estre. 

097  Oaloue       SlOO  leoh'erie       811  Qui  n.       91 
ima       S124  MB  groce      8127  ftooei? 


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Ib  (lâéoa  1290S— 129W) 

Qar  plus  estes  pute  qae  moche 
Qui  en  este  la  gent  entoche. 

8136    Qui  que  Tie^e  ne  qui  que  aut, 
Yostre  taverne  ne  li  faut: 
Meint  en  tomez  a  Toatre  paît. 
Se  por  ce  sont  mi  fil  bastart, 
For  ce  nés  gitera  ge  mie. 

8140  Foi  que  je  doi  seinte  Uarie, 
Qui  les  Toudroit  trestoz  jeter 
Les  bastars  et  déshériter, 
Àsez  auroit  plus  de  puissance 
Que  n'out  onques  li  rois  de  France. 

3I4fi    Itee  vos  qui  estes  bordelere 
Les  avoutres  en  tel  manere, 
Lee  vos  enfanz,  ce  set  l'en  bien; 
Ono  nel  veastes  a  nul  chen.' 
Tos  i  mentes,  pute  sorcere. 

8160    Tesiez  vos  que  je  ne  vos  fiere!' 
Tes  me  ferez,  pute  merdouae, 
Pute  vielle,  pote  teigoouseP 
Se  l'aviez  pense  a  certes, 
Ja  i  auroit  paumes  overtes 

8165   Et  peax  trenciees  et  ronpues, 
Se  ne  me  faillent  denz  agaes.' 
Hermeline  plus  n'i  demoure, 
Isnelemeut  H  oomt  soure. 
Et  Heraene  par  molt  grant  bSt 

S160   Bevet  Hermeline  sesir. 

À  terre  se  voltrent  et  bercent, 
Et  neporquant  les  peaz  i  peroent, 
ÂB  denz  agoes  les  detrenoent, 
Lor  maltalant  forment  i  Trichent, 

81B6  Rompent  et  sachent  et  dëscirent, 
ÂB  ieia  durement  ce  martirent. 
Lors  vetesiez  en  molt  poi  d'oure 
L'une  desos,  l'aabe  deaoure. 


81S9  neis     3146  teil     3153  ft  ertes     3164  iù     8156  me  fi 
f&iUoient      3167  Emeline      8161  Et  t.      8168  l«      8165—7  Ptanqu^fu 


Ib  (MJoii  ISMl— 129?«) 

Dame  Hersent  fii  g^anz  et  fore, 

3170   Soz  lui  la  tient  par  grant  eeforz. 
Encontre  an  fust  l'a  enanglee, 
Ja  l'oOst  morte  et  eatranglee. 
AUnt  es  TOs  un  pèlerin 
Qui  vint  olocant  tôt  le  chemin, 

8176   Trova  les  dames  oonbataot. 
TTdo  «d  a  prise  raeiatenant, 
Par  la  mein  l'a  levée  bub, 
'Or  sus'  fet  il,   n'en  feteB  plus!' 
Et  quant  départies  les  a, 

3180    Uolt  doucement  les  castia. 
Demanda  lor  dont  eles  Bont, 
Dont  eles  Ttenent  et  ou  vont. 
Celés  H  ont  conte  lor  estre, 
Car  Q  estoit  seina  hom  et  prestre, 

SIM   iBt  il  lor  doDe  bon  conseil 

Que  chascune  aat  a  son  pareil: 
Merci  H  crit  et  H  requière 
Qu'il  l'ùnt  et  qu'il  la  tiegne  obiere. 
Dame  Hersent  a  fût  aler 

3190    A  Ysengrin  por  aoorder. 

Dame  Hermeline  ameine  ariere 
A  dan  Renart  en  sa  tesniere. 
Tant  est  seins  et  religions 
Q'acordees  les  a  andous, 

3196    Eît  tant  i  a  s'entente  mise 
Que  par  tôt  a  la  pes  asise. 
Puis  fu  Renars  en  sa  meson 
0  sa  moillier  molt  grant  seson. 
Trestot  li  dist  et  tôt  li  conte: 

3200    Conment  il  dut  recevoir  honte, 
Qant  en  la  cuve  fa  sailliz: 
Con  il  dut  estre  malbailliz, 
Et  eschami  le  teinturier, 
Dist  qu*il  estoit  de  son  mestier: 


817*  d*p*rtie        3168  ^ni  la        8191  remeine        3001  qoaiiQ 


,.  Google 


Ib  (Méon  12977—18984) 

3306    Cooment  il  fiet  la  coille  perdre 
À  Ysengrin  qui  ne  puet  aerdre. 
Treatot  ii  conte  et  tôt  li  dit: 
Celd  ne  fet  mes  qae  s'en  rît. 
Molt  lonc  tens  fu  Ronart  en  mne: 

8210    Ne  va  ne  vient  ne  se  remae. 
Ci  fant  Renart  li  teinturier 
Qui  tant  BOt  de  maveis  mestier. 


3206  pot      3211  fut  .  Renart .  le 


,  Google 


n  (HéoB  1—22.  1867—1288) 


II 

Seigneursi  ol  avez  maint  conte       I 
Que  maint  conterre  tous  raconte, 
Conment  Paris  ravi  Elaine, 
Le  mal  qu'il  en  ot  et  la  paine: 
5    De  Tristan  qui  la  oliievre  fist, 
Qui  assez  bellement  en  diat , 
Et  fsbliaU8  et  chancon  de  geste. 
Romanz  de  lui  et  de  sa  geste 
Hfùnt  autre  conte  par  la  terre. 

10    Hais  onqiies  n'olstes  la  guerre, 
Qui  tant  fu  dure  de  grant  fin, 
Entre  Renfu^  et  Tsengrin, 
Qui  moult  dura  et  moult  fa  dure. 
Des  deuB  barons  ce  est  la  pure 

16    Que  aine  ne  s'entramerent  jour. 
Munte  mellee  et  maint  eetonr 
Ot  entr'eulz  deus,  ce  est  la  voire. 
Des  or  commencerai  Testoire. 
Or  oez  le  conmencement 

ao    Et  de  la  noise  et  du  content, 
Par  quoi  et  por  quel  meseetanoe 
Fu  entr'eus  deus  la  desfianoe.  — 

Il  ftvint  chose  que  Renars, 
Qui  tant  par  fu  de  maies  ars 


Zitm  vtrt  1—131  manqtient  dont  h  mae.  A;  Uêont  donnés  d'aprit 

2  ragUeire    3  Conme    S  Ik  beite    9  autre  ]  ea  ont     11  Qaa    17  oest 

trra*    23  dMMnrMice    33  B«iiut   24  p«i  mangue  t.  plftin  de  nulle  part 


«k 


92  n  (Héon  1269-1804) 

55  Et  qui  tant  sot  toz  jors  de  guile, 
S'en  vint  traiant  a  une  vile. 

La  vile  seoit  en  ud  bos. 

MoU  i  ot  ^lines  et  cos. 

Ânes  et  malarz,  jara  et  oes. 
30    Et  li  sires  Conetans  des  Noes, 

Uo  vilain  qui  moult  ert  garnis, 

Manoit  moult  prea  du  plesaers. 

Plenteïve  estoit  sa  maisons. 

De  gelinea  et  de  chapons 
8&   Bien  avoit  garni  son  hostel. 

Assez  î  ot  et  un  et  el: 

Char  salée,  bacons  et  flîcbes. 

De  ble  estoit  li  vilains  riches. 

Molt  par  estoit  bien  herbergiez, 
40    Que  moult  îert  riches  ses  vergiers. 

Assez  i  ot  bonnes  cerises 

Et  plnseura  fruia  de  maintes  guises. 

Pommes  i  ot  et  autre  fruit. 

La  TÙt  Renart  pour  son  déduit. 
46   Li  courtilz  estoit  bien  enclos 

De  piex  de  cbesne  agus  et  gros.  - 

Hourdea  estoit  d'aubes  espines. 

Laiens  avoit  mis  ses  gelines 

Dant  Constant  pour  la  forteresce. 
60    Et  Renart  celle  part  a'adresoe, 

Tout  coiement  le  col  bessie 

S'en  vînt  tout  droit  vers  le  plessie. 

Uoult  fu  Renart  de  ^aot  pourohaz. 

Mus  la  force  des  eapinars 

56  Li  destourae  si  son  afbire 

Que  il  n'en  puet  a  bon  ohief  traire, 
Ne  poor  mucier  ne  pour  saillir: 
N'aus  gelines  ne  veult  faillir. 
Acronpiz  s'est  enmi  la  voie. 
60   Moult  se  defripe,  moult  coloie. 

2S  qni  fn  pleina  de  maie  g.  26  a  }  uen  29  unes  de  marea 
S6  dan  et  del  37  Chara  40  uergiez  41  oomillea  43  Et  dautrea 
f.  de  pliusarR  g.      49  autrei      46  oh«ane*  ^aiu      59  enroi  ]  delea 


U  (Héon  180S— 1840) 

Il  se  pourpenee  que  s'il  saut, 
Pour  quoi  il  chiece  auques  de  haut, 
II  iert  reûz  et  les  gelinea 
Se  ficheront  boue  les  espines. 
66    Si  pourroit  tost  estre  seurpris 
Ainz  qu'il  eSst  gaires  acquis. 
Itfoult  par  estoit  en  grant  esfroi. 
Les  gelinei  veult  traire  a  soi 
Que  devant  lui  voit  pastarant. 

70   Et  Rouart  vaît  cbeant  levant. 
Ou  retour  de  la  soif  choiaist 
Un  pel  froissie:  dedenz  se  mist. 
La  ou  H  paliz  iert  desclos, 
Avoit  li  vilains  plante  cfaos: 

76    ïtonart  y  vint,  oultre  s'eni  passe, 
Cheoir  se  laist  eu  une  masse 
Pour  ce  que  la  geut  ne  le  voient; 
Hais'  les  gelinea  en  ooloient, 
Qui  Tont  choisi  a  sa  cfaeoite. 

60    Chascune  de  fuïr  s'esploite. 
Mesire  Chantecler  li  ooa 
En  une  sente  les  le  bos 
Entre  deus  piex  souz  la  nùere 
S'eatoit  traiz  en  une  poudrière, 

85    Hoult  fièrement  leur  vient  devant 
La  plume  ou  pie,  le  col  tendant. 
Si  demande  par  quel  raison 
Elles  s'en  fuient  vers  muson. 
Pinte  |(arla  qui  plus  savoit, 

go    Celle  qui  les  gros  hues  ponnoït, 
Qui  près  du  coc  jucoit  a  destre: 
Si  li  a  raconte  son  eetre 
Et  dit  'paour  avons  eâe.' 
'Pourquoi?  quel  chose  avez  veQeP' 

06    'Je  ne  sai  quel  beste  sauvage 
Qui  tost  nous  puet  faire  damage, 


•5  to«t  )  bien      72  froe      60  Touir      BI  chAoteliiis      82  Par  une 
'le  da  b.        83  bmiere        Bi  tmanque       86  tordant        91  gesoit 


,  Google 


94  n  (Héon  IMl— 1362) 

Be  Dons  ne  Tuidana  ce  ponrpria.' 
'C'est  tout  noient,  ce  vous  plevia' 
Ce  dit  H  gob:  'n'aies  peur, 

100    Mais  estes  ci  tout  asseûr.' 
Dist  Pinte  'par  ma  foi  jel  vi: 
Et  loîaument  le  vous  affi: 
Que  je  le  vi  tout  a  eatrouz.' 
'Et  comment  le  veïstes  vouaf 

106    'Comment  P  je  tî  la  m»if  branler     ^   .< 
Et  la  fuelle  du  chou  trembler 
Ou  dlz  se  gîat  qui  est  repus.' 
'Pinte'  fait  il.  'or  n'i  a  plus.- 
Trives  avez,  jel  tous  ottroi: 

110    Que  par  la  foi  que  je  fous  doi, 

Je  ne  sai  putoiz  ne  gourpil 

Que  osast  entrer  ou  courtil. 

*  Ce  est  ^s:  retournez  arrière.' 

Cilz  se  radresoe  en  sa  poudrière, 

UO    [Qu'O  na  paour  de  nulle  riens 
Que  li  face  gourpilz  ne  chiens 
De  nulle  riens  n'avoit  peûr. 
Que  moult  cuidoit  estre  aaeûr.] 
Moult  ae  contint  seûrement. 

120    Ne  set  gaires-q'a  l'eil  li  pent. 
Rien  ne  douta:  si  fist  que  fox. 
L'un  oeil  ouvert  et  l'autre  clos, 
L'uu  pie  orampi  et  l'autre  droit 
S'est  apuiez  delez  nn  toit. 

iSfi        La  ou  li  ooB  est  apoiez' 
Conme  cilz  qui  iert  anuiez 
Et  de  chanter  et  de  veiller, 
Bi  coomeDOB  a  someillier. 
Ou  someillier  que  il  faisait 

180  Et  ou  dormir  qui  li  ptaïaoit 
Conmenca  li  cos  a  songier. 
ITe  m'en  tenes  a  menconger.  Â  ' 

100  ioi        tout  matujue        105  croller        111  ostMt 
lia  ftinz  0.     lib  manque      Apre»  U  v.  124  on  lU  Fox  ne  o 
quil  reçoit     188  /ci  reprend  U  ttue.  A      ïiœixgawt 


,.  Google 


n  iKioB  lasa—ui») 

Car  il  Sonja  (ce  est  la  Toire, 

Trover  le  poez  en  l'eatoire) 
1S6    Que  il  avoit  ne  sai  quel  cose 

Dedens  la  cort,  que  bien  ert  olose, 

Qui  li  venoit  enmi  te  vis, 

Ensi  con  il  li  ert  avis, 

(Bi  en  avoit  molt  graot  fricon) 
140   Et  tenoit  an  ros  pelîcon 

DoDt  les  goles  estoient  d'os. 

Si  li  metoit  par  force  el  dos. 

Molt  ert  Chaotecler  en  grant  peine 

Del  songe  qui  si  le  demeine, 
145  Efldementiers  que  il  somelle. 

Et  del  pelioon  se  mervelle, 

Que  la  chavece  ert  eo  travorB:      rf  Ar*   i. 

Et  si  l'avoit  vesta  envers. 

Estrois  estoit  en  la  oheveee 
IfiO   Si  qu'il  en  a  si  grsnt  destrece 

Qu'a  peines  s'en  est  esveilHez. 

Mes  de  ce  s'est  plus  merveilltoz 

Que  blans  estoit  desos  le  ventre 

£t  que  par  la  oheveoe  i  entre, 
liii   Si  que  la  teste  est  en  la  faille 

Et  ia  eoue  en  la  ôbevecaille.  'i>>  m 

For  le  songe  a'eat  tressailliz, 

Que  bien  ouide  estre  malbailliz 

For  la  vision  que  a  veûe,' 
lao    Dont  il  a  grant  peor  oûe. 

Esveillies  s'est  et  esperiz 

Li  oos  et  diat  'seint  esperiz, 

Oaris  hui  mon  cors  de  prison 

Et  met  a  saove  gsrison!' 
165    Lors  s'en  torne  grant  aleiire 

Con  cil  qui  point  ne  s'aseQre 

Et  vint  traiant  vers  les  gelines, 

Qui  estoient  boz  les  espïnes. 

140  Et  I  si       148  H.  s  «.     154  Q>  iImiu      155  que  manque 
^BT  iMAMfW       IIU  iMdMm      163  oor      16S  tralsnt 


,  Google 


II  (Méon  Ul»— HS2} 

Très  q'a  eles  ne  se  recroît 

170    Pinte  apela  ou  molt  6e  croit, 
À  QDe  part  l'a  asenee. 
Tinte,  q'î  a  meeter  celée. 
Molt  eui  dolanz  et  esbahiz. 
Grant  poor  ai  deatre  traTz 

■175    D'oisel  ou  de  béate  sauvage. 
Qui  tost  nos  puet  fere  damage.' 
'Avoir  fait  Pinte  'baus  do6  eire, 
Ice  ne  devea  vos  pas  dire. 
Mau  fetea  qui  nos  esmaies. 

180    Si  vos  dirai,  oa  vos  traieal 

Par  trestoz  les  seinz  qae  l'en  prie, 
Vos  resemblea  le  ohen  qui  crie 
Âins  que  la  pierre  soit  oofle. 
Por  qu'aves  tel  poor  oûe? 

185    Car  me  dites  que  vos  aves.' 
'Qotf  dist  lî  ces  'vos  ne  saves 
Que  j'ai  songie  un  songe  estrange. 
Deles  ce]  trou  les  celé  granche, 
Et  une  avisioD  molt  niale, 

190   Por  qoi  vos  me  vees  si  pale. 
Tôt  le  songe  vos  conterai, 
Ja  riens  ne  vos  eo  celerù. 
Sanrees  m'en  vos  conseQlierP 
Avis  me  fu  el  aomellîer 

195    Que  ne  sai  quel  beste  veneit 
Qui  un  rOB  pelîcon  vestoît, 
Bien  fet  aanz  cîsel  et  sans  forée: 
Sil  me  fesoit  vesdr  a  force. 
D'os  estoit  fête  l'orieûre, 

200   Tote  blauce,  mes  molt  ert  dure; 
La  cbavesce  de  travers  fête, 
Estroite,  qui  molt  me  dehaite. 
Le  poil  avoit  dehors  torae. 
Le  pelioon  si  atome 


170  «pele      176  d»m9  âge      177  auoiz;      180  8e1      1B4  t«l  ]  «; 

I.  190  interverti»      189  tob  manqut      men      198  %  ]  par 


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n  (Hâon  1453—1406) 

205  Par  le  ohevece  le  veatoie. 
Maie  moU  petit  i  areetoie. 
Le  pelicon  vesti  enai  : 
Ues  a  reculons  m'en  issi. 
Lora  m'en  merreillai  a  celé  are 

SIO   For  la  coue  qui  ert  deeoure. 
Ca  Bui  venus  desconseilliez. 
Pinte,  ne  vos  en  merveilliez, 
Se  li  cuers  me  fremist  et  tramble. 
mes  dites  moi  que  vos  en  semble. 

il5    ïlolt  aui  por  le  songe  grevez. 
Par  celé  foi  que  me  devez, 
Savez  voa  que  ce  eenefic?' 
Pinte  respont,  ou  molt  se  fie, 
'Dit  m'avez'  fait  ele  'le  songe. 

2%   Mes  86  dex  plest,  ce  eat  meocoigne. 
Ne  porqnant  si  vos  voil  espoudre: 
Car  bien  nos  en  saurai  respondre. 

Icele  cbose  que  veïstes 
El  someller  que  vos  felstes, 

2^   Qui  le  roe  pelicon  vestoït 
Et  issi  vos  desconfortoit 
Cwt  li  gorpila,  jel  sai  de  voir. 
Bien  le  poee  apercevoir 
Au  pelicon  qui  ros  estoit 

230    Et  qui  par  force  vos  vestoit. 
Les  goles  d'oe  ce  sont  h^s  donz 
A  qoi  il  vos  œetra  dedenz. 
La  chevece  qui  n'iert  pas  droite, 
Qui  ai  vos  Sert  maie  et  estroito, 

286    Ce  eat  la  boce  de  la  bcste. 
Dont  il  vos  astreindra  la  teste. 
Par  iloquea  i  enterois, 
Sanz  faille  vos  le  vestirois. 
Ce  quo  la  coue  est  contremont, 

240   Par  les  seinz  de  trestot  le  laont, 

9M  «ilwiioe      208  reculans      212  u.  eiiiir>ra pilliez 
ttè  pM       229  qae      234  ieret 
BEKAJIT     I 


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n  (Méon  1489-1522) 

C'est  li  gorpils  qui  vos  prendra 

Parmi  le  col,  quant  il  vendra. 

Dont  sera  la  coue  desore. 

Einsi  ert,  se  dex  me  secore. 
S45    Ne  vos  gara  argent  oe  ors. 

Li  peus  qui  ert  tome  defora 

C'est  voira,  que  toi  jors  porte  envene 

Sa  pe],  quant  il  mêla  plot  et  verse. 

Or  avez  oï  aanz  faJllance 
2U    De  voBtre  songe  la  senblance. 

Tôt  soSrement  le  vos  di: 

Ainz  que  voîez  passe  mrdi, 

Vos  avandra,  ce  est  la  voire. 

Mes  se  vos  me  volieeii  croire, 
Sfi6   Yoa  retomeriez  arîere: 

Car  il  est  repos  ci  derere 

En  cest  boisson,  jel  sai  de  voir 

Por  vos  traïr  et  décevoir.' 
Quant  cil  ot  oî  le  respons 
S60    Del  songe,  que  celé  ot  espons, 

J'inte'  fait  il,  'molt  par  es  foie. 

Molt  as  dit  vileine  parole, 

Qui  diz  que  je  serai  sorpris, 

Et  que  la  beste  est  el  porprîs 
Sri5    Qui  par  force  me  conquerra. 

Dahez  ait  qui  ja  le  crera! 

Me  m'as  dit  rien  ou  ge  me  tiegne. 

Ja  nel  creraî,  so  bious  m'aviegne,         2f 

Que  j'aie  mal  por  icest  sooge.' 
■J70   'Sire'  fait  ele,  dex  le  donge! 

Mais  s'il  n'est  si  con  vos  ai  dit, 

Je  vos  otroi  eenz  contiedît, 

Je  ne  soie  mes  vostre  amie.' 

'Pinte'  fait  il,  'ce  n'i  a  mie.' 
276    A  fable  est  li  songes  tornez. 

À  itant  s'en  est  retomez 


241  enu''eae       253  asaudra       255  areire       2119  oeste      272  Je 
I.  aeinz        275  li  ç  song^es 


,  Google 


Il  iMfon  1523—1564) 

En  la  poudrere  a  solaller.  - 

Si  recoamance  a  so nieller. 

Et  quant  il  fu  aseQrez, 
280    (Uolt  fu  Renars  amesurez 

£t  Toi»i9z  a  ^aut  merveille) 

Quant  il  voit  que  celui  somelle, 

Vers  lui  aprime  aaoz  demore 

Renai-8,  qui  tôt  le  mont  acore 
285    Et  qui  tant  aet  de  rnaveis  tora. 

Pas  avant  autre  tôt  sanz  core 

S'en  vet  Kcnara  le  col  baissant. 

3e  Ohantecler  le  par  atent 

Que  cil  le  putase  aa  denz  tenir. 
390    II  li  fera  aon  jeu  poïr. 

Qaant  Renara  choiai  Ghantecler, 

Senprea  le  volst  as  denz  haper. 

Renara  failli,  qui  fu  engrea,  im<Ui\i 

Et  Chanteoler  aaut  en  travers. 
2»   Renart  choisi,  bien  le  oonut, 

Deaor  le  fumier  a'arestut. 

Quant  Reuars  voit  qu'il  a  failli. 

Forment  se  tînt  a  malbaiUi. 

Or  se  conmence  a  porpenser, 
300    Conment  il  porroît  Chantecler 

Engignier:  car  s'il  nel  inanjue, 

Dont  a  il  as  voie  perdue. 

'Cbanteeler'  ce  li  diet  Renart, 

"Ne  futr  pas,  n'wes  regart! 
305    Molt  par  aui  liez,  quant  tu  es  seins: 

Car  tu  es  mes  cosins  K^rnueins.' 

Chantecler  lors  s'asoûra. 

Pot  la  joie  no  eonet  chanta. 

Ce  dist  Renars  a  son  cosin 
310    'Membre  te  mes  de  Chanteclin, 

Ton  bon  père  qui  t'engendra  P 

Onqaes  nue  cos  si  ne  chanta. 


jUrrIbyGOOgIC 


n  (Méon  I&6&— 1600) 

D'une  gnat  liue  l'ooit  on, 

Molt  bien  cfaantoit  en  haut  un  son 
816   Et  molt  par  avoit  lon^  aleine 

Les  deus  éle  clos,  la  vois  ot  seine. 

D'une  lefle  ne  veoit, 

Quant  il  chantoit  et  refregnoit. 
Dist  Chantecler  'Renart  coain, 
820    Voies  me  vos  trere  a  engin  P' 

'Certes'  ce  dist  Renare  'non  voit. 

Mes  or  chantez,  si  clinnies  l'oeil  1 

D'une  char  somes  et  d'un  sano. 

Meus  Toudroie  estre  d'un  pie  manc 
326    Que  tu  eûses  maremenz: 

Car  tu  es  trop  près  mi  parenz.' 

Dist  Chantecler  'pas  ne  t'en  oroi. 

Un  poi  te  trai  ensua  de  moi 

Et  je  dirai  une  ohancon. 
S30    N'aura  voisin  ci  environ 

Qui  bien  n'entende  mon  fauset.' 

Lores  s'en  sozrist  Renardet: 

'Or  dont  en  haut  :  chantez,  cosin  ! 

Je  saurai  bien,  se  Chanteclin, 
835    Mis  oncles,  vos  fu  onc  néant.' 

Lors  eomenca  cil  hautement: 

Puis  jeta  Cbantecler  un  bret. 

L'un  oil  ot  clos  et  l'autre  overt: 

Car  molt  forment  dotoit  Renart. 
840   Sovent  regarde  celé  part. 

Ce  dist  Reuare  'n'as  fet  neeot. 

Chanteclins  cfaantoit  autrement 

  uns  Ions  trez  les  eilz  cligniez: 

L'en  l'ooit  bien  par  vint  plaiasiez.' 
346    Chantecler  quide  que  voir  die. 

Lors  let  aler  sa  moloudie 

Les  oilz  cligniez  par  grant  aïr. 

Lors  ne  volt  plus  Renars  soffrir. 

5  KToi  ■  320  ennlin      822  Deior  cumnie»     894  nouOrei 
342  diaoit  hautement      348  Lor  ne  uost 


,.  Google 


n  (Méon  1601  -1638) 

Par  de  desos  un  roge  chol 
350   Le  prent  Kenars  parmi  le  col, 

Fuiaot  e'eat  va  et  fait  grant  joie 

De  ce  qu'il  a  encontre  proie. 

Pinte  voit  qne  Renars  l'enporte, 

Dolente  eat,  molt  se  decouforte. 
865   3)  se  conmeuce  a  dementer, 

Qnant  Chautecler  vît  enporter, 

Et  dit  'sire,  bien  le  vos  dis 

Et  vos  me  gabiez  todis 

Et  si  me  tenieez  por  foie. 
360    Mes  ore  est  voire  la  parole, 

Dont  je  vos  avoie  gamL 
'    Tostre  senz'  vos  a  esohami. 

Foie  fui,  qnant  jel  vos  apris,* 

Et  fox  ne  orient  tant  qu'il  est  pris. 
âS5    Renars  vos  dent  qui  vos  enporte. 

Lasse  dolente,  con  soi  morte! 
,  Car  se  je  ci  port  mon  seîgnor, 

A  toz  jors  ai  perdu  m'onor.' 
La  bone  feme  del  mainil 
.<no  Â  overt  Tuis  de  son  oortil. 

Car  vesprea  ert,  por  ce  voloit 

Ses  jelinee  reraetre  en  toit. 

Pinte  apela,  Bise  et  îlosete. 

L'une  ne  l'autre  ne  recete. 
375    Quant  voit  que  venues  ne  sont, 

Holt  se  merveille  qu'elles  font. 

Son  coc  rehuce  a  grant  aletne. 

Renart  regarde  qui  l'eumeine. 

Lors  passe  avant  por  le  rescore 
380   Et  li  gorpils  conmeuce  a  oore. 

Quant  voit  qne  prendre  sel  porra, 

Porpense  soi  qu'el  criera. 

'liaroul'  escrie  a  pleine  gole. 

Li  vîlein  qui  sont  a  la  coule, 


351  Fuit  BSDt  et  t.  mit  g.  i.      334  eat  tnatiqut      372  toit  ]  n 
373  bU 


,  Google 


n  <Méoii   1«37— 1670) 

SS;')    Quant  il  oent  que  celé  bret, 
Trestuit  se  sont  celé  part  tret. 
Si  U  demandeut,  que  ele  a. 
En  BOspirant  lor  reconta 
'LaBBe,  cou  m'eat  mal  avenu!' 

390    'Cornent?'  font  il.  'Car  j'ai  perdu 
Mon'coc  que  li  g;orpil  enporte.' 
Ce  dist  Coatana  'pute  vielle  orde, 
Qu'ares  dont  fet  que  nel  prêtâtes  F' 
'Sire'  fait  ele,  'mar  le  dites. 

896    Par  les  seinz  deu,  je  nel  poi  prendre. 
'Por  quoi?'  'Il  ne  me  yolt  atendre.' 
'Sel  ferissiez?'  'Je  n'oi  de  quoi.' 
'De  cest  baston.'  'Par  deu  ne  poi: 
081*  il  s'en  vet  ai  grant  troton, 

400  ^el  preadroient  deuB  cheo  breton.' 
'Par  ou  s'en  vetf  'Par  ci  tôt  droit.' 
Li  Tileia  oorent  a  esploit.  27 

Tuit  e'esorient  'or  ca,  or  cal' 
Renare  l'oT  qui  devant  va. 

405    Au  pertuis  vint,  ei  sailli  jus 
Qu'a  la  terre  feri  li  eus. 
Le  saut  qu'il  fist  ont  cil  oî. 
Tuit  sescrient  'or  ca,  or  ci!' 
Costans  lor  dist  'or  toet  après!' 

410    Li  vilein  corent  a  eales. 
Costans  apele  son  mastin, 
Que  tuit  apelent  Hauvoisin, 
['Bardol,  Travers,  Humbaut,  Rebors, 
Corée  après  Renart  le  ros!'] 

416    Au  corre  qu'il  font  l'ont  veQ 
Et  Renart  ont  aperoeû. 
Tuit  s'escrient   vez  le  gorpiU' 
Or  est  Chanteclers  en  péril, 
S'il  ne  reseit  engin  et  art. 

420   'Conment'  fait  il,  'sire  Renart, 

7  a  ft  ou  ci  nf    389  conme     meet     40!J  T.  ei  le.    405 
417  ueeï       419  regeitî 


,  Google 


II  (Kéaa  1671-1708) 

Dont  n'oez  quel  honte  vos  dieot, 
Cil  vilein  qui  si  yob  escrientP 
CostanB  TOB  aeut  plus  que  le  pas. 
Car  11  lanciez  un  de  vos  gtu 

43S   A  riesne  de  celé  porte. 

Quant  il  dira  "Renara  l'eDporte", 
"Uangrez  vostre'  ce  poaa  dire. 
Ja  ne!  porres  mels  desconfire.' 
N'i  a  S)  eage  ne  foloit. 

4%   Benars  qui  tôt  le  mont  decoit, 
Fu  deootls  a  celé  foiz. 
n  s'eecris  a  haute  voia. 
'Mangre  vostre'  ce  diat  Renart 
De  ceatui  enpor  je  ma  part. 

43b    Quant  cil  senti  lâche  la  boce, 
Bâti  les  elea,  ai  s'en  toche. 
Si  vint  Tolant  aor  un  pomer. 
Renars  fii  bas  sor  un  fomier, 
Oreinz  et  maris  et  treapenaee 

440    Del  coc  qui  H  est  escapez. 
Chantecler  li  jeta  un  ris. 
'fienart'  fait  il,  'que  vos  est  tîb 
De  ceet  sieglef  que  tos  en  semble?' 
Li  lecheree  fremist  et  tramle. 

44K   Si  li  a  dit  par  félonie  : 
'La  booe'  fait  il  soit  bonîe, 
Qui  a'entremet  de  noiae  fere 
Â.  Vote  qu'ele  se  doit  tere.' 
'Si  soit'  fet  li  cos,  'con  je  voiL 

4fi0   La  maie  gote  li  cret  l'oil 
Qui  a'entremet  de  someller 
A  Tore  que  il  doit  veillier. 
Cosina  Renart'  dist  Chantecler, 
'Nus  ne  se  pnet  en  tos  fier. 

4M   Dahez  ait  Tostre  oosinage! 
Il  me  dut  tomer  a  damage. 

4Z2  eHterient      425  cette      441  )i  a  tête      442  fsint     445  «i 
tm  qne  il      te  dot      450  crert  h  I.      454  pot 


,  Google 


H  (Méon  tT0»-IT48) 

Renart  parjure,  aies  vos  ent! 

8e  T08  estes  ci  longement, 

YoB  i  lairoia  vostre  gonele.' 
460  B«nar8  o'a  seing  de  sa  favele. 

Ne  voit  plus  dire,  atant  s^en  torne. 

Ne  repose  ne  ne  sejorne, 

Besongnieus  est,  le  ouer  a  vein. 

Far  une  brooe  les  un  plein 
465   S'en  yait  fuiant  tôt  une  sente. 

Molt  est  dolaus,  molt  se  démente 

Del  CGC,  qui  li  est  escapee, 

Quant  il  n'en  est  bien  saolea.  — 
Que  qu'il  se  pleint  de  sa  loaenge, 
470.  Atant  es  voe  une  mésange 

Sor  la  brance  d'un  cainne  crues, 

Ou  ele  avoît  repost  ses  uea. 

Benara  la  vit,  si  la  salue. 

'Comere,  bien  soiez  venue! 
470   Car  descendes,  si  me  beaiezl' 

'Benart'  fet  elle,  or  tos  tesiez! 

Yoirement  estes  mes  compères, 

Se  vos  ne  par  fusslen  si  leres. 

Ues  vos  aves  fait  tante  guiohe 
480   A  tant  oisel,  a  tante  biche. 

Qu'en  ne  s'en  set  a  qoi  tenir. 

Et  que  quidiez  vos  deyenirP 

Maufes  vos  ont  si  déserte 

Qu'en  ne  tos  puet  prendre  a  verte.' 
485    Dame'  ce  respont  li  gorpilz, 

'Si  Toiremeot  con  vostre  filz 

Est  mes  fillouB  en  droit  baptême, 

Onques  ne  fis  semblant  ne  emme 

De  rien  qui  vos  doûst  desplaire. 
inO    Savez,  por  quoi  je  nel  vol  fereP 

Droiz  est  que  nos  le  vos  dions. 

Hesire  Nobles  li  lions 


457  p-.orei  459  gone  gonele  460  soig  46!  Ne  ne  pOM  W 
BeionfpiieE  471  camne  dun  brue  gros  478  ob  474  s.  «m  m.  479 
gnenohe      4B0  betche      4S4  Que  ne  u.  pot      467  it      40O  nos 


,  Google 


U  (Héon  1749— 1T80) 

À.  or  par  tôt  la  pea  jiiree, 
Se  dex  plaïst,  qui  aura  durée. 

4»   Par  sa  terre  l'a  fait  jurer 
Et  a  sea  homes  aâer 
Que  Boit  gardée  et  memteuue. 
Uolt  lie  en  est  la  gent  menue. 
Cor  or  carroDt  par  plusors  terres 

900   Plez  et  noises  et  roortex  guerres, 
Et  les  béates  grans  et  petites 
La  merci  deu  seront  bien  quites.' 
La  messange  respont  atant 
'Renart,  or  m'aies  vos  flatant, 

695   Mes  se  vos  plest,  queres  autrui: 
Car  moi  ne  beseres  vos  hui, 
Ne  ja  por  rien  que  vos  diez, 
loiet  besers  n'iert  otroiez.' 
Quant  Benars  roît  que  sa 

610   Ne  veit  pas  eroire  sou  compère, 
'Dame'  fait  il,  or  m'escotez! 
Por  ce  que  tob  me  redoten, 
Les  ielz  oloingniez  vos  beserai.' 
'Par  foi'  fait  ete,  'et  jel  ferai. 

515   Or  cligniez  donc!'  cil  a  olignie 
Et  la  mosengue  a  enpoignte 
Plein  son  poing  de  mousse  et  de  f 
N'a  talant  que  besier  le  voille. 
Les  gênions  li  conmence  a  terdre 

NO  Et  quant  Reaars  la  cuide  aerdre, 
N'i  trove  se  la  foille  non, 
Qui  li  fa  remese  au  grenoo. 
La  meeenge  li  escrîa 
'Haï  Reoart,  quel  pez  ci  a! 

BK    Toet  oflssiez  la  trive  enfrete, 
8e  ne  me  fusse  arere  trete. 


W  d'ee  497  Quel  meintenuec  498  msnuee  499  on  terres 
^  K  aerrei  S08  niertroiei  SIO  p.  eonoigtre  a.  517  poig  Le  vera 
11*  t  InxiM  aprèt  le  vert  533,  maig  atte  un  a,  qui  et  rapporte  à  un 
^iMk  vert  620  est  précidi      519  Ses      52b  e^ete      526  retretQ 


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II  {MéoQ  1781—1818) 

YoB  disiez  que  afiee 

La  pes  et  qu'ele  estoit  jurée. 

Mal  l'a  jurée  vostre  aire.' 
580    Benars  li  conmencs  a  rire, 

Si  li  a  jeté  un  abai. 

'Certes'  fait  il,  'je  m'en  gabai. 

Ce  fis  je  por  vos  poor  fere. 

Hes  qui  cautP  or  soit  a  refera. 
636    Je  reclingnerai  autrefois.' 

'Or  dont'  fet  elo  'estez  toz  cois!' 

Cil  cligne  qui  molt  sot  de  bole. 

Oele  li  vint  près  de  la  gole  28 

Itaiant,  mes  n'entra  pas  dedenz. 
HO   Et  Renars  ra  jeté  les  denz. 

Prendre  la  quide,  mes  il  faut. 

'Renftrt'  fait  ele,'  ce  que  vaut? 

Ce  n'iert  ja  que  croire  vos  doie. 

Far  quel  manere  vos  creroîe? 
546    Se  ja  vos  croi,  li  maufes  m'arde!' 

Ce  dist  Renars  'trop  e«  coarde. 

Ce  fis  je  por  vos  esmaier 

Et  por  vos  auqueâ  esaaîer. 

Car  certes  je  n'i  enten  mie 
650   Ne  traûon  ne  félonie. 

Mes  or  revenes  autrefoiz! 

Tierce  foîe,  ce  est  droiz. 

Par  non  de  sainte  carite, 

Far  bien  et  par  establete, 
563    Bêle  coomera,  eus  levés! 

Far  celé  foi  que  me  deves 

Et  que  vos  deves  mon  fillol, 

Qui  la  chante  sor  ce  tilloil. 

Si  faisomes  ceste  racorde. 
&r,0    De  peceor  miséricorde.' 

Mes  ele  fet  oreille  sorde: 

Qu'ele  n'est  pas  foie  ne  lorde, 

527  dj  Bieo  q^^r  afiee     530  dire     534  qnin     S3S  maHqut    SST  eil 
588  Celé  luint     5S9  .B.  mes     546  dit     548  enuier     549  oeDleo 
De  ou  d.      556  fois      559  soorde      561  el  li  f.  *  o.      562  Quel 


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II  (M*on  1819—1860)  IBÏ 

AîDz  sidt  Bor  la  branche  d'un  chesDe. 

Que  que  Reoars  si  8e  dereane 
MO   Atant  este  to8  Teneor 

Et  braconier  et  corneor 

Qui  8or  le  col  lî  sont  co(i. 

Et  quant  Benars  a  ce  vefl, 

Fonnent  s'en  est  eBoiervelUez. 
6?0    De  fuir  s'est  apçrelliez. 

8i  drece  la  coue  en  arcon. 

Forment  s'escrient  li  garçon, 

Sonent  grailes  et  moieneax. 

£t  Renars  tresse  ses  pananx, 
ST5    Qui  molt  petit  en  els  se  fie. 

£t  la  mesenge  li  escrie 

Henart,  ciet  bans  est  toat  brisiez, 

Et  la  pez  que  vos  disiez. 

Ou  fuiez  vos?  ca  revenez!' 
580   Renars  fu  ceintes  et  senez, 

Si  li  rn  trait  une  mencoigne. 

Que  qu'il  parole,  si  s'esl oigne. 

'Dame,  les  trives  sont  jurées 

Et  ple^'ies  et  afiees, 
58S  La  pes  aasi  de  tôt  en  tôt. 

Ues  nel  sevont  mie  par  tôt. 

Ce  Bont  cael  qui  ci  nos  vienent. 

Qui  la  pee  que  lor  père  tiennent, 

N'ont  encor  pas  aseuree, 
990  3i  coD  lor  père  l'ont  jurée. 

M'ereot  pas  encore  si  saive 

Au  jor,  que  lor  père  et  lor  aive 

Jurèrent  la  pes  a  tenir, 

Que  l'en  les  i  feïst  venir." 
595        'Certes  ore  estes  vos  maves. 

Guidiez  qu'il  enfrengnent  la  pes? 

Ca  revenez,  si  me  baisiez!' 

'Jei  n'en  aui  pas  or  aisiez.' 

5M  itregne  5TÛ  Del  f.  575  Qui] Car  581  ra  tort  591 
^1  H  Inmrt  qu'  aprit  encore;  mais  la  foule  tut  indiquée  par  dea 
'•»•"     »8  ne 


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II  (Héon  1862—1898) 

'Ja  jum  la  pea  voatre  sire.' 

600    Renars  s'ea  fuit,  ae  vaut  plue  dire, 
Come  cil  qui  sot  le  travers. 
Atant  estea  voa  un  couvre 
Que  doua  veautrea  eDchaeoez 
Avoit  lez  la  voie  amenez. 

BOS   Li  gars  qui  seot  Kenart  première, 
Quant  il  ohoiai  les  leamiers, 
Yoit  le  couvera-  si  li  eacrie 
'Deelie  va,  les  chiens  desliel 
Voia  le  gorpil!  mar  en  ira.' 

610   Benars  Toi,  si  eoepirs. 

Bien  eei  que  il  ert  malvenoz, 
8e  il  puet  estre  retenuz. 
Car  itel  gent  entor  lui  voit, 
N'i  a  celui,  s'il  le  tenoit, 

615   Que  bien  ne  li  oatast  la  pel 
  la  pointe  de  son  cotel. 
Poor  a  de  perdre  sa  corce, 
Se  plus  n'i  vaut  engin  que  force. 
Molt  dote  perdre  sa  gonele, 

630   S'auques  ne  li  vaut  sa  favele. 
Li  convers  qui  autre  part  muse, 
Et  Renars,  qui  pas  ne  rehuae, 
Ne  puet  mucier  ne  puet  guenchir 
Ne  nule  part  ne  puet  foïr 

«25    Ne  trestoroer  en  nule  guise. 
Ea  vos  le  convers  qui  l'avise, 
Devant  lui  vient  toz  aïree: 
'Ha  ha,  cuivrez,  voa  n'en  irez.' 
'Sire'  fait  il,  'por  deu  ne  dites! 

fOO    Car  seins  hom  estes  et  ermites. 
Si  ne  devez  en  nul  endroit 
A  nul  home  tolir  son  droit. 
9'or  estoie  ci  arestea 
Ne  par  voz  chenz  point  destorbes, 

607  chieDS  mangue      611  qui!      612  Sil  i  pot       614  «is 
.  pot  foir      624  pot  gandir      628  u.  ni  riei      684  por 


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U  (Hioii  16»»— 1934) 

63S   Sor  T08  en  aeroït  li  peciee: 
Et  j'en  seroie  corooiez, 
Car  miens  en  seroit  li  damagea. 
Koa  corrien  ici  a  gages 
Entre  moi  et  ceate  cenaille: 

640    Haït  a  grant  ooee  en  la  fermaîile.' 
Cil  ae  porpenae  qu'il  dist  bien. 
A  deu  et  a  seint  Julien 
Le  oonmande,  ai  s'en  retorne. 
Et  Benara  qui  paa  ne  aojome, 

Mfi  Holt  esperone  aon  cheval. 
Par  une  aente  lee  un  val 
S'en  vet  fniant  tôt  une  plegne. 
Li  crie  qui  aprea  lui  engregne 
Le  fet  aler  plus  que  le  pas. 

eoO    À  une  voie,  a  un  treapas 
A  un  grant  foase  treaaailli. 
Doques  l'ont  li  chen  gerpi: 
14'en  sevent  mes  ne  vent  ne  voie. 
Et  Benars  qui  bien  se  dévoie, 

606   ITi  ateot  per  ne  conpaignon: 
Car  molt  dote  mors  de  gaignon. 
N'est  merveille  s'il  est  laeaez. 
Car  le  jor  eut  fot  asez. 
Si  a  trove  mauvea  eûr. 

660   Hais  que  chaut?  ore  eat  asoflr. 
Aaes  a  grant  travail  eu 
Por  ce  qu'il  li  est  meacoQ. 
Par  ce  que  il  s'en  va  fuitis, 
Uonace  moU  ses  enemie. 
.  Gfô        Que  qu'il  se  ploint  de  s'aventure, 
Oarde  et  voit  en  une  rue 
Tiebert  le  chat,  qui  ee  déduit 
Sanz  oonpaïgDie  et  sens  conduit. 
De  sa  coe  se  vet  joant 

910   Et  entor  Ini  granz  sans  faisant. 


«SSftleD    «S»  fenuille    64S  g«liei 
air      6S2  le       655  part      663  va  J  ei 


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II  (Méon  1935-1970) 

A  un  BRut  qu'il  âst  ae  regarde, 
Si  choisi  Reuart  qui  Peagarda 
Il  le  conut  bien  au  poil  ros. 
'Sire'  fait  il,  'bien  vegnea  vos!' 

676    Renara  li  dist  par  félonie 
'Tibert,  je  ne  voa  salu  mie. 
Ja  mar  vendrez  la  ou  je  aoie. 
Car  par  mon  chef,  je  vos  feroîo 
Yo]entiera,  ae  j'en  avoie  aise.' 

680   Tibert  beeoigne  qu'il  ae  taise: 
Qar  Renars  eat  molt  coreciez. 
Et  Tibers  a'est  vers  lui  dreoiez 
Tôt  simplement  et  sanz  grant  noise. 
'Certes'  fait  il,  'sire,  moi  poisse 

686   Que  vos  estes  vers  moi  iriez.' 
Renars  fu  auques  enpiriez 
De  jeiiner  et  de  mal  traire. 
H'a  ores  seing  de  ooisse  fere, 
Car  molt  ot  jodne  le  jor. 

690    £t  Tieberz  fu  pleins  de  sojor, 
S'ot  les  gernons  vels  et  cenuz 
£t  les  denz  trencans  et  menus,. 
Si  ot  bons  ongles  por  grater. 
Se  Renars  le  voloit  mater, 

6%    Je  cuit  qu'il  se  vouldroit  deafendre. 
Mais  Renars  nel  velt  mie  enprendre 
[Envers  Tibert  nule  mealee 
Qu'en  maint  leu  ot  la  pel  aree]. 
Ses  moz  retorne  en  autre  guîae. 

700    Tibert'  fait  il,  je  ai  ouprise 

Guerre  molt  dure  et  molt  amere 
Yers  Yaengritt  un  mien  compère. 
S'ai  retenu  meint  soudoier  ' 

Et  vos  en  voil  je  molt  proier 

706    Qu'a  moi  remanes  en  soudées. 
Car  sÏDS  que  soient  acordees 


671  qne  il      676  chez      679  Aieae      SSO  que  te  toise      681   R. 
688  gnnt  manque      667  Del .  .  del       668  toig      704  proer 


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II  (Uion  leTI— 2006) 

Les  trives  entre  moi  et  lui 
Li  cuit  je  fere  grant  ennui.' 
Tieberz  li  chaz  fet  molt  grant  joie 

710   De  ce  dont  dan  Benara  le  proie. 
Bi  li  a  retorne  le  vis. 
TeDee"  fait  il,  je  vos  plevia 
Que  ja  nul  jor  ne  vos  fauâre 
Et  que  Tolontiere  asaudre 

710   Dant  Ysengrin  :  qu'il  a  meefet 
Vers  moi  et  eu  dit  et  en  fet.' 
Or  l'a  ReoBTs  tant  acorde 
Qtt'entr'aus  doue  se  sont  acorde. 
Andui  s'en  vont  par  foi  plevie. 

730  Renan  qui  est  de  maie  vie, 
Nel  laissa  onques  a  haïr, 
Ainz  se  peine  de  loi  tralr. 
En  ce  a  mis  tote  s'entente. 
Il  garde  en  une  eatroite  sente, 

730   Si  a  choisi  près  de  l'oroiere 
Entre  le  bois  et  la  carere 
T7n  broion  de  oheane  fendu, 
C'nns  fileins  i  avoit  tendu. 
Il  fil  recuiz:  si  s'en  csohive. 

780   Mes  danz  Tibers  n'a  nule  trive, 
S'il  le  puet  au  braion  atrere 
Qu'il  ne  U  face  un  mal  jor  traire, 
fienars  li  a  jeté  un  ris 
Tibert'  fait  U,  'de  ce  vos  pris 

73Et   Que  molt  estes  et  prous  et  bans 
Et  tts  chevaos  est  molt  isnaus. 
Mostrez  moi,  oonment  il  set  core. 
Par  oeste  voie,  ou  a  grant  poure, 
Gorez  tote  oeste  sentele! 

110  La  voie  en  est  igax  et  bêle.' 
Hbere  li  caz  Fu  escbaufez 
Et  Benars  fu  un  vis  maufez, 

TIO  1«B      714  oBBudra       ÏI5  qu'  manque      m»       71 
»i»       730  n.  o>u«       131  put       73â  Que  tu  es  m.  et 


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112  n  (Méon  200T— 2088) 

Qui  le  voet  en  foUe  enjoindre.  ' 

Tibère  s'apareille  de  poindre, 
746    Cort  et  racort  les  aauz  menuz  ! 

Tant  qu'il  est  au  braion  venuz. 

Quant  il  i  vint,  s'aperçut  bien  | 

Que  Kenars  i  entent  engien.  1 

Mes  il  n'en  fet  semblent  oe  ohere,  | 

7fiO    En  eschivant  se  tret  arere  I 

Edbus  du  broioD  demi  pîe.  I 

Et  Renare  l'a  bien  espie.  | 

Si  li  a  dit  vos  aies  mal,  I 

Qui  en  travers  corez  obeval.'  j 

7^    Cil  s'est  un  petit  esloîgniez. 

'Â  réfère  est,  or  repoignîezl 

Menés  l'un  poi  plue  droitement!' 

'Yolentiers:  dites  moi,  conmentr 

'Conment?  si  droit  qu'il  ne  guenchisse 
760    Ne  hors  de  la  voie  n'en  isse.'  i 

Oil  lait  oore  a  col  estendu  i 

Tant  qu'il  voit  le  braion  tendu.  { 

Ne  guencbit  onques,  einz  treaaut.  , 

Renars  qui  a  veii  le  saut, 
765    Sot  bien  qu'il  s'est  aperceûz 

Et  que  par  lui  n'iert  deceûz. 

Porpense  soi  que  il  dira  ; 

Et  conment  il  le  décevra. 

Devant  lui  vint,  si  li  a  dit     .  1 

770    Par  mautalant  et  par  afît  i 

Tibert'  fait  il,  'bien  vos  os  dire, 

Toatre  cheval  est  ases  pire  j 

Et  por  vendre  en  est  meins  vaillanz, 

Por  ce  q'est  esfihis  et  saillanz.' 
77A    Tieberz  li  chaz  forment  s'escuse 

De  ce  dout  danz  Renars  l'acuae. 

Forment  a  son  cors  engrognie 

Et  meiote  fois  recomeocie. 

TM  br&iom  749  ch'  754  oore  755  t'matique  poi  757  le  un  p. 
p.  dorement  765  Foupcn»e  771.  772  intfrrertit;  maië  Vordrt  j»^^ 
t»t  indiqué  par  le»  lettre*  b  s      T73  en  manque 


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n  (Méon  2089— SOTO) 

Que  qoil  e'eaforce,  es  tos  atant 
180   Deiu  mastinz  qui  vienent  bâtant. 

Renart  voient,  s'ont  abaie. 

Âudui  a'eu  sont  molt  esmaie: 

Par  la  aente  s'en  vont  fuiant 

(Li  uns  aloit  l'autre  botaqt) 
780   Tant  qu'il  vindrent  au  liu  tôt  droit 

Oo  li  braions  tendus  estoit. 

Renars  le  vit,  guencir  ouida. 

Uais  Tibers,  qui  trop  l'anguissa, 

L'a  si  féru  del  bras  senestre 
790   Que  Renars  (det  enz  del  pie  deatre, 

Si  que  la  clés  en  est  saillie. 

Et  li  engins  ne  refaut  mie, 

Si  serrent  li  huisset  andui 

Que  Renart  firent  grant  anui: 
795    Le  pie  li  ont  très  bien  sere. 

Molt  t'a  Tibers  bien  honore. 

Quant  el  braion  l'a  enbatu 

On  il  aura  le  col  batu. 

Ci  a  meveise  conpaignie, 
800  Oar  vers  loi  a  sa  foi  mentie. 

Beoars  remeint.  Tibers  s'en  tooe. 

Si  li  escrie  a  pleine  boche  3 

'Renart,  Renart,  vos  reinaindree, 

Mes  jei  m'en  vois  toz  esfreez. 
SU  Sire  Renart,  vielz  est  li  chaz: 

Petit  vos  vaut  vostre  porchas. 

Ci  vos  berbergeroiz,  ce  cnit. 

Eocontre  vezie  recuit.' 

Or  est  Renan  en  maie  trape, 
810    Oar  II  chen  le  tienent  en  frape. 

Et  li  vileinz  qui  vint  après, 

Leva  sa  hace,  s'ala  près. 

A  poi  Renars  n'est  esteatez. 

Mais  li  cous  est  jus  avalez 


TS3  fuieant      785  a  lui       787  le  suit      789—794 
WMfiuiif     79B  aura  lut  bien     613  Que  B.  neu  fu  enteatex    813  HkIhb 


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II  (M*on  30T7— 2102.  7187—7166) 

815    8or  le  braioD  qu'il  a  feodu. 

Et  cil  a  eon  pie  esteadu: 

A  Boi  le  tret,  molt  fîi  bleotiiez, 

Fuiaut  s'en  vet  dolana  et  liez: 

Dolenz  de  ce  qu'il  fu  quaaaiez, 
820   Liez  qu'il  u'i  a  le  pie  laiasie. 

Quant  il  Benti  qu'il  fu  detirres, 

Ne  fu  pas  estordi  ne  ivreB, 

Âincois  s'est  toat  mie  a  la  fuie. 

Et  li  TileiuB  l'eBcrie  et  huie, 
825    Qui  molt  se  tient  a  engig^nie. 

Li  chien  ont  lor  cours  engregnie, 

Si  reconmeacent  a  glatir. 

One  Renars  ne  s'osa  quatir 

Tresqu'il  ot  tôt  le  bois  passe. 
&%   Iloc  furent  ii  chea  lasse, 

Recraant  s'en  toment  arero. 

Renars  tote  une  graot  charrere 

S'en  vait  fuiaut,  car  molt  s'esmaie. 

Forment  li  ouit  et  dout  la  plaie.  ' 
885    Ne  set  li  laz  que  fere  puisse: 

A  pou  qu'il  n'a  perdu  la  cuisse 

Qui  en  la  piège  fu  cougniee. 

Si  rot  poor  de  la  cogniee 

Dont  li  TileiuB  le  vout  ooirre. 
èiO   Que  d'un  que  de  l'autre  martire 

S'en  est  tomes  a  molt  grant  peine 

Si  conme  aventure  le  meine.  — 
Eotre  deuB  monz  en  une  pleigne 

Tôt  droit  au  pie  d'une  monteigne 
840    Desus  une  rivière  a  destre 

La  vit  Benart  un  molt  bel  estre 

Que  la  gent  n'ont  gères  hante. 

La  vit  Reoart  un  fou  plante. 

[L'eve  passe  outre  et  vint  la  droit 
060    La  ou  li  fouz  plantez  estoît.]  . 

9   Aittz   ooiB   SBBtot        8Ï7   reglaHr        836  For  pou       837  Qne 


,  Google 


n  (MSon  7197-7234)  115 

Entor  le  fuat  a  fet  sa  tregche, 

Puis  s'est  cochez  Bor  Tei-be  freace. 

Voutres  s'i  est  et  estenduz: 

A  boD  os  tel  est  deeceoduz. 
866    Ne  li  estnet  ostel  changier 

Por  qa'ofist  aaques  a  maugier. 

Li  sojomers  li  est  or  baus. 

Hea  daa  Tiecelins  li  corbess 

Qui  molt  ot  jeUno  le  jor 
860   N'ot  ore  oare  de  sejor. 

Par  besoing  a  le  bob  laissie 

Et  Tint  feadsnt  a  un  plaissie 

PriTeement  et  en  destor 

Toz  abreviez  de  fere  estor. 
865   De  formages  vit  un  millier 

Qu'en  avoit  mis  a  sollellier. 

Gflle  qui  garder  les  devoit 

En  sa  meson  entrée  estoit. 

Entrée  estoit  en  sa  oiaisou. 
870   Tiecelins  voit  qu'or  est  seson 

De  gaengnier,  si  laisse  corre. 

Un  en  a  pris:  por  le  rescorre 

Sailli  la  vielle  eu  mî  la  rue. 

Tîecelin  voit,  après  li  rue 
876   Gballox  et  pieres,  si  i'escrie 

"Vassal,  vos  n'en  porteroJs  mie.' 

Tiecelin  la  voit  auqnes  foie. 

'Vielle'  fet  il,  's'en  en  parole. 

Ce  porroiz  dire,  jeî  l'en  port^ 
880   Oa  soit  a  droit  ou  soit  a  tort. 

De  lui  prendre  ai  eS  bon  leu. 

La  maie  garde  peat  le  leu. 

[Le  remanant  gardes  plus  près. 

Cestui  ne  ranrez  vos  hui  mes, 
886   Âins  en  ferai  mes  barbes  rere 

Molt  ieement  a  bêle  chère. 

SS3  Talentien     et  mangue     854  oei  dendiiz     862  tendant    872 
prîM      reicore      873  mi  manque      882  lou      884  uAuerei      vos  manque 


«k 


_^    ^1 


!I  (Méon  7285— T2T0) 

En  aventure  de  lui  prendre 

Me  mis  por  oe  que  gel  vî  tendre, 

Jaunet  et  de  bone  savor. 
690    Tant  ai  del  vostre  par  amor. 

Sel  puis  porter  jusqu'à  mon  ni, 

De  cuit  en  eve  et  de  roeti 

En  mangerai  tôt  a  mon  cois. 

Râlez  vos  en  ;  car  je  m'en  vois.'] 
895        Âtant  s'en  tome  et  vient  tôt  droit 

Au  leu  ou  danz  Renarz  eetoit. 

Âjoroe  furent  a  cel  Ore 

Renarz  desos  et  cil  desoure. 

Mes  tant  i  out  de  dessevraille 
900    Que  oil  manjue  et  cil  baelle. 

Li  formaches  est  auquea  mous, 

Et  Tîeoelins  i  fiert  granz  cous 

Au  chef  du  bec  taot  qu'il  l'entame. 

Mangie  en  a  maugre  la  dame 
906    Et  del  plus  jaune  et  del  plus  tendre, 

Qui  tel  anut  li  flat  au  prendre. 

Orans  cols  i  fort  a  nne  hie. 

One  n'eu  sot  mot,  quant  une  mie 

Li  est  a  la  terre  choûe 
910   Devant  Renart  qui  Ta  veûe. 

II  conoîst  bien  si  fête  beete, 

Fuis  si  CD  a  crolle  la  teste. 

Il  levé  BUS  por  mels  veoir: 

TiecelÎD  voit  lasus  seoir, 
916    Qui  ses  compères  ert  de  viez, 

Le  bon  formaohe  entre  ses  piez. 

Priveemeot  l'en  apela 

'Por  les  seins  deu,  que  voi  ge  laP 

Estes  vos  ce,  sire  conpereP 
920    Bien  ait  hui  l'ame  vostre  père 

Dant  Rohart  qui  si  sot  chanter  I 

Meinte  fois  l'en  ol  vanter 


88»  Oautiel      896  Ion       8SB  deius      90g  f.  .IL  doi       911   ù  , 
f«t  b.       915  rieli      921  qne 


,  Google 


n  (Xeon  7271—7808) 

Qa'il  en  avoit  le  pria  en  France. 
YoB  meïsme  en  vostre  enfance 

B25   Vos  eu  Bolieez  molt  paner. 
Saves  vos  mes  point  orguenerP 
Chantes  moi  une  rotruengel' 
Tiecelin  entent  la  losoDge, 
Euvre  le  bec,  si  jeté  un  bret. 

980   Et  dist  Senars  'ce  fu  bien  fet 
Mielz  obantez  que  ne  solieez. 
Encore  se  vos  voliees, 
Irieez  plus  haut  une  jointe.' 
Cil  qui  ae  fet  de  chanter  cointe, 

9%    Comenoe  de  rechef  a  brere. 

'Dex  diat  Renara,  'con  ore  esclaire, 
Con  ore  espurge  vostre  voia  I        , 
Se  vos  vos  gardées  de  noia, 
An  miels  du  secle  chantiaoîs. 

MU    Caotea  encor  la  tierce  foial' 
Cil  crie  a  faautime  aleine. 
One  De  80t  mot,  que  qu'il  se  peine, 
Que  li  lues  destrea  li  desserre 
Et  li  formages  cîet  a  terre 

945    Tôt  droit  devant  les  piez  Renart. 
Li  lecherea,  qui  trestoz  art 
Et  ae  defrit  de  leoerie, 
If'en  atoca  ono  une  niie. 
Car  encor,  s'il  puet  avenir, 

990  Voidrs  il  Tiecelin  tenir. 

Li  formachea  li  giat  devanL 
II  levé  aua  cheant  levant: 
Le  pie  trait  avant,  dont  tl  dooe, 
Et  la  pei,  qui  encor  li  loce, 

9S0    [Et  la  gambe  et  le  pie  qiamia 
Qui  el  braion  fu  entrepria.] 
Bien  vont  que  Tieceline  le  voie. 
'Ha  dex!'  fait  il  'con  poi  de  joie 


926  nés  926  loeine  930  dit  933  giointe  937  «espurge  93» 
pkMituoa  940  encore  943  deaere  946  toz  très  949  c.  encore  eil  pot 
neatr       954  tnanqitf 


,  Google 


118  U  (HéoD  7309— 7346) 

H'a  dex  done  en  ceete  vîe! 
960    Que  fera  ge,  aeinte  l{ari«! 

Cist  formages  me  put  si  fort 

Et  flere  qu'il  ja  m'aura  mort. 

Tel  chose  i  a  qui  molt  m'esmaie, 

Que  formages  n'est  proua  a  plaie. 
965    [Ne  de  lai  talent  ne  me  prent, 

Car  fisiole  le  me  defent.] 

Ha  Tiecelin,  car  deacendeB! 

De  cest  mal  si  me  defeodes! 

Certes  ja  ne  tos  en  priasse  : 
970    Kes  j'oi  l'autrer  la  jambe  qasse 

En  un  braioR  par  mesceance. 

La  m'avint  ceste  mesestance: 
.[Onques  ne  m'en  poi  destorner. 

Or  me  covient  a  sejomer, 
97!>    Enplastre  mètre  et  enloer 

Tant  que  je  puisse  renoer.'] 
Tiecelins  caide  que  voir  die 

Por  ce  que  en  plorant  li  prie. 

Il  desoent  jus,  que  ert  en  haut: 
980   Mes  mar  i  acointa  le  saut, 

3e  danz  Renare  le  puet  tenir. 

Tiecelin  n'ose  près  venir. 

Renars  le  vit  aooarder, 

Sel  conmenca  aseîirer. 
986    'Por  deu*  fait  il,   ca  vos  traies! 

Quel  mal  vos  puet  fere  un  plaies?' 

Renars  devers  lui  se  torna. 

Li  fous  qui  trop  s'abandona, 

Ne  sot  ains  mot,  quant  il  sailli. 
990    Prendre  le  cuida.  si  failli. 

Et  neporquant  qatre  des  pênes 

Li  remeintrent  entre  les  canes. 

[Tiecelin  saut  tos  esmaies, 
,  Qui  dut  estre  moU  mal  paies. 

962  maura  ia    964  Car     967  desoent    968  me  de  défendes    9fi9 
pirasse     970  Car  ioi  lautre  la  cuisie  q.     97S  me  p.     SSl  pot    986  pot 

987  R.  qui  nera    986  te  démena 


,  Google 


n  (H6011  734T— 7S80.  38T— 3*7) 

995    Detrers  «t  devaat  se  regarde. 

'He  dex'  diet  il,  'ai  maie  garde 

Ai  hui  prise  de  moi  melame. 

Ja  ne  cuide  que  feTat  esme 

Cil  fel,  cist  ro8  et  cist  contres, 
1000    Qui  qntre  dee  tuiax  m'a  irez 

De  la  destre  ele  et  de  la  qeue. 

Li  aiena  cors  aille  a  m^e  veue! 

Faua  et  traîtres  est  por  voir 

Or  m'en  puis  bien  apercevoir.'] 
1006         Or  est  Tiecelina  molt  pleins  d'ire. 

Et  Renara  s'en  volt  escondire 

Maia  dan  Tiecelina  l'entrelet, 

N'est  ore  pas  haities  de  plet. 

Si  diat  'li  formages  soit  vostre! 
lOlO    Plus  n'aurois  vos  hui  mais  del  noetre. 

Je  fia  que  foua  que  Toa  oreoie 

Puis  que  eacacier  vos  veoie.' 

Tiecelina  parla  et  grondi: 

Renars  un  mot  ne  respondi. 
101s    Soef  en  a  le  dol  vengie. 

Car  le  formacbe  a  tôt  mangie, 

N'en  pleint  que  la  maie  foison: 

Car  tant  li  vaut  une  poison. 

Quant  il  a'en  fu  desjefiDes, 
1090    Si  dist,  dee  l'oure  qu'il  fu  nez 

Ne  manja  il  de  tel  formache  ~ 

En  nnle  terre  que  il  sache. 

Ooques  sa  plaie  n'en  fu  pire,    v 

Atant  s'en  vet,  ne  volt  plus  dire.   — 
lOK         Cilz  plaiz  fu  ainsi  affinez  Di 

Et  Renars  s'est  acheminez. 

Renars  TÎot  par  un  boia  fendant 

Par  une  broche  en  on  pendant. 

One  ne  fina,  que  qu'il  s'esgaie, 
1030  Tant  que  il  vint  en  une  bue 


M6  «BB  lOOS  ait  noue  1005  tôt  p.  1008  or  p.  h&iet  1010  tm 
■a«fM  lOlS.  1014  Miinf Mnf  lOlSlen  t.  uoproison  1025  Le reg-e  manTue 
daiuA;  il  ttt  mippUé  d'aprèa  I).      1027  vint  manque      1080  en]»         , 


,.  Google 


120  U  (Méon  848-~S8&) 

Par  desBUB  une  fosae  obaoure. 

La  11  avint  une  aventure, 

De  quoi  li  anuia  et  poUe. 

Car  par  ce  commença  la  noiae  D31 

lOBB    Par  mal  pechie  et  par  dyable 

Yen  Yaengnn  le  connestable. 

Quant  il  vit  la  chevee  roche, 

Ne  8ot  que  faire:  avant  s'aproohe 

Pour  enquerre  et  pour  savoir, 
1040   C'OD  n'i  eâat  repoat  avoir. 

Odc  n'en  sot  mot,  quant  il  avale, 

Qu'il  se  trouva  enmi  la  sale 

Daot  Tseogrin  son  anemi. 

Quatre  louviaus  gisent  eomi 
1046    Et  madame  Hersent  la  louve 

Qui  aes  louviax  oorrist  et  couve: 

A  chascon  donnoit  aa  bouchie. 

Nonvelement  ert  acouohie. 

Uais  n'avoit  pas  son  ohief  couvert: 
1050    darda,  si  vit  l'uis  entrouvert. 

Pour  la  clarté  qui  trop  la  grieve 

Pour  eflgarder  aa  teste  lîeve, 

Savoir  qui  leena  fu  venuz. 

Renara  fu  grellee  et  meouz 
lOfiO    Et  fu  repoet  derrier  la  porte. 

Et  Hersent  qui  se  réconforte. 

Le  oonDut  bien  a  la  pel  rousse. 

Ife  puet  muer  que  ne  a'eaoousse. 

Bi  li  a  dit  tout  en  riant 
1080    Itenart,  qu'alez  vous  eapiant?' 

Adonquea  fu  touz  desconfia, 

De  honte  avoir  fu  il  bien  fis. 

N'ose  mot  dire,  tant  ae  doute: 

Car  Yaengrin  ne  l'aime  goûte. 
106D   Heraent  saut  sua,  lieve  le  chef, 

Bi  te  rappelle  de  rechief 

1037  oheue  1*  1098  Mproiohe  1045  uw  mangut  104S  D* 
noùoel  estoit  a.  1049  H.  el  iw  p.  oh,  o,  1050  eutreouuert  lOOB  Pour  »■ 
1057  pelouM      1058  quU 


,  Google 


II  (Méon  386—423)  1*1 

Et  asenne  a  son  gtelle  doit. 

'Renaît,  Renart,  11  poilz  le  doit 

Que  eoiez  felz  et  deputaire. 
1070   Âinc  ne  me  rousietes  bien  faire 

Ne  ne  venistea  la  ou  j'ere. 

Je  ne  eai  risn  de  tel  compère 

Qui  SB  conmere  ne  revide.' 

Cïli  a  tel  paour  et  tel  hide, 
107K   Ne  pnet  muer  qu'il  ne  reBponde. 

'Dame'  fait  il,  'dex  me  confonde, 

S'onqaes  pour  mal  ne  pour  haine 

Ai  escbive  ceete  geaine: 

Ainz  i  -venisse  volentiere. 
1060    UaÎB  quant  je  vois  par  ces  sentâera, 

Si  m'espie  dant  Taengrina 

Et  en  voies  et  en  chemioB. 

Ne  je  ne  sai  que  je  i  boe, 

Tant  con  Tostre  sire  me  faace. 
lOSa    Monlt  fait  grant  peohie  qu'il  me  bet. 

Mais  li  mien  cors  ait  cent  deebet, 

Se  OQC  li  fis  oboae  nezune, 

Dont  me  deûst  porter  rancune. 

Je  vous  ains,  ce  dist,  par  amore. 
1090  n  en  a  fait  maintes  clsmoora 

Par  oeste  terre  a  ses  amia, 

Et  ai  leur  a  avoir  promis 

Four  moi  faire  laidare  et  bonté. 

Mais  dites  moi  de  ce  que  monte 
1096   De  vous  requerre  de  folie  P 

Certes  je  oel  feroie  mie, 

Ne  tel  parole  n'est  pas  belle.' 

Quant  Hersent  entent  la  nouvelle, 

De  maltalant  tressue  et  art. 
1100    'Conment?'  fet  ele  'dant  Renart, 

En  eat  dono  parole  tenue? 

Certes  mar  en  fui  mesoreiie. 

t06B  le  poil  1078  eHloignie  Oie  g.  1098  que  que  ien  f.  1087 
'"me  1068  De  quoi  me  1101  dont  1103  oude  (e*tU  forme  w 
ritntrt  parlout  dans  U  mac-  H.) 


,  Google 


122  n  (H«on  424—459) 

Tel  cuide  as  honte  venger. 

Qui  pourchace  son  encombrier. 
1106    Me  m'est  or  pas  honte  nel  die: 

One  mais  n'î  pensai  vilanie, 

Mais  pour  ce  qu'il  s'en  est  clamez, 

Veil  je  des  or  que  tous  m'ames. 

Si  revenez  souvent  a  mi 
1110   Et  je  Toas  tenrai  poar  ami. 

Acolez  moi,  si  me  baisiezl 

Or  en  estes  bien  aieaiez: 

Ci  n'a  qui  encuser  nona  doie.' 

Renara  en  demaine  grant  joie 
lllfi  Et  vient  avant,  si  l'a  baisiee. 

Heraena  a  la  cuisse  hauciee, 

Qui  moult  plaisoit  itel  atour. 

Puis  a'eat  Renars  mie  ou  retour 

Qui  crient  que  Tsengrins  ne  viengne, 
1120    Que  moult  double  qu'il  ne  seurviengne. 

Et  ne  pourquant  ainz  qu'il  s'en  isse, 

Yieot  au8  louviaus,  si  les  conpisse, 

Si  oonme  il  ereut  furengie. 

S)  a  tout  pris  et  tout  mengie 
1125   Et  hors  gete  ce  qu'il  y  tnieve. 

Toute  la  viez  char  et  la  nueve. 

Ses  a  de  leur  liz  abatuz 

Et  laidengiez  et  bien  batuz 

Âutreaai  con  s'il  fust  leur  mestres. 
1180    Ses  a  clamez  avoutres  questres 

Friveement  conine  celui 

Qui  ne  se  doute  de  Dului 

Fors  de  dame  Heraent  s'amie. 

Qui  ne  l'en  deacoverra  mie. 
I1S6    Lee  louviaus  a  laiasie  ploraot. 

Ez  vos  Hersent  qui  vint  avant, 

Si  les  a  blandiz  et  proiez. 

'Enfana'  fait  elle,   ne  soiez 

1110  relieiu  l\^  Que  mnnque  m  se  d.  1132  bb  imin^w.  Aprh 
1132  OH  lit  Ne  de  nulï  hoiu  qui  Hoit  en  uie  1134  manque  113* 
Et  fa.  j  D.  k  iUnt 


,  Google 


n  (M«OD  460—493)  12S 

ËD  yoatre  foi  félon  ne  sot 
1140   Que  To  pere  d'od  sache  loot, 

Ne  ja  ne  li  soit  congneû 

Qu*aiez  oeenz  Renart  Teû.' 

'Quoi,  âiablesF  nous  noierona 

Renart  le  roua  que  tant  heons 
1I4&   De  mort,  qu'avez  ci  receû 

Et  noatre  père  deceû, 

Qui  en  vous  avoit  sa  fiance  f 

Ja  se  diex  plt^bt,  tête  Yiltance, 

Que  nous  aonmes  ai  laidengiez, 
1190   Ne  remaindra.  ne  soit  vengiez.' 
Renart  lea  a  oï  groignier 

Et  vers  leur  mère  conronoier. 

Hoult  toat  se  reat  mia  a  la  voie 

Le  col  baiaaîe  que  nulz  nel  voie. 
1106    Si  repourchace  bod  afFere. 

Atant  estez  voua  que  repaire 

Dant  Tsengrin  a  sa  maisniee 

Qui  aouz  la  roche  eat  entesniee. 

Tant  a  couru,  tact  a  tracie 
1160  Et  tant  pourquia  et  pourohacie 

Que  touz  est  oharebie  de  vîtaille. 

D'autnii  damage  ne  li  chaille. 

Conme  il  a  trouve  sa  meeoiee. 

Que  Renars  a  ai  atiriee, 
1166    Bi  fil  ae  sont  a  lui  clame 

Que  batu  sont  et  afame 

Et  conpissie  et  chaalle 

Et  laidengie  et  puÏB  clame 

Fil  a  puteio,  batart  avontre. 
1170   'Encore  deaist  il  tôt  outre, 

Que  il  diat  que  toos  estes  cous'. 

liors  s'est  Tsengrins  d'ire  eacous, 

Quant  de  sa  famé  oT  le  blasme. 

1142  Que  B.  «iei  ceenz  ueuz  1151  a  nuinqtu  1154  q.  nul 
'^**  1161  eharchie  )  poniqoie  1164  Que  oiti  a  ai  mal  atiriee 
lltt  iTmic  I  neuume  1168  laidengez  clamai  1169  auoadre  1170 
rrdin    oaltre 


,  Google 


124  n  (Héon  4M~589) 

  bien  petit  qu'il  ne  se  pasme. 

1175    n  nrle  et  brait  conme  maufe 
'Hersent,  or  euî  je  malmené, 
Pute  orde  vilz,  pute  mauTeae. 
Je  TOUS  ai  nourrie  a  grant  aise 
Et  bien  gardée  et  bien  peQe 

1180    Et  uns  autres  tous  a  foutue. 
Uoult  est  tes  corages  muanz, 
Quant  Renars,  cilz  rous,  cilz  puanz, 
Cilz  Tilz  leohieree,  cilz  garçons 
Tous  monta  onques  es  arcoDS. 

1185   Par  le  cuer  be,  mar  i  fu  cous- 
Honni  m'arez  tout  a  estrous. 
Jamais  ne  gerrez  a  ma  coste, 
QuHot  receâ  aTez  tel  oste, 
Se  ne  faites  tout  mon  voloir/ 

1190   Ja  se  peust  Hersent  doloir, 
B'ele  n'eûBt  acreante 
Tout  son  bon  et  aa  Tolente. 
'Sire'  fait  elle,  'vouBdiroiz: 
Courouciez  estez,  n'est  paa  droiz     D32 

llflCt    Que  TOUS  moustrez  ici  Tostre  ire. 
Que  se  me  lessiez  esoondire 
Par  eerement  ne  par  joïse, 
Jel  feroie  par  tel  derise. 
Cou  me  feist  ardoir  ou  peodre, 

ISOO    Se  ne  m'en  pooie  desfendre. 
Si  TOUS  aSS  euaeurquetout 
Que  mon  pooir  ferai  de  tout 
De  ce  que  Toudrez  conmander.' 
Cilz  ne  set  plus  que  demander. 

1S06   U  ot  que  elle  dit  assez. 
Ses  mautalens  fu  trespassez, 
Mais  que  il  li  a  fait  jurer 
Que  jamais  ne  Uira  durer 
Renart,  e'elle  em  puet  aise  avoir. 

1174  A.  p.  .1.  pou  117S  nale  1178  ueee  1181  nwuuM 
punak  1197  Je  )e  ferai  en  tele  guiee  1199  peust  1200  me  p 
bout      1206  Son  nutuUlent      1307  H.  tant  qull 


,.  Google 


n  (UéoD  &S0— 565) 

1310    Or  s'en  ^rt,  si  fera  Baroir. 

Yaengrins  ieit  baus  et  haitiez 
Et  diHt  que  Benars  ert  gaitiez 
Souvent  aînz  que  la  guerre  esparde: 
Que  fous  fera,  s'il  ne  se  garde. 

1315    De  lui  gaitier  sont  ore  en  paine. 
Mais  ainz  que  passaat  la  semaine, 
Li  avint  aventure  eatrange. 
Ainsi  Gonme  la  voie  change 
liez  un  Tergier  d'un  essart  clos, 

1230   La  dut  estre  Renars  enolos. 
L'en  avoit  ja  les  poiz  aoiez 
Et  li  pesaz  estoit  loiez 
Et  amassez  et  trait  en  voie. 
La  earoit  bien  Renars  la  voie. 

1225    Venus  î  eetott  por  forgier 

Et  pour  enquerre  et  porcachier, 
Dont  il  peûat  avoir  viande. 
Ysengrins  qui  e1  oe  demande 
Mais  que  il  tenir  le  peOst, 

1230    Baisse  la  teste,  sel  oonnust: 
Geta  an  brait,  si  s'escria. 
Renars  qui  point  ne  s'i  fia 
L*a  bitat  oT  et  entendu: 
Si  s'en  fuit  a  col  eatendu 

12S5        Âpres  se  mettent  ou  chemin 
Entre  Hersent  et  Ysengrin. 
n  se  pMoent  de  lui  chatûer. 
Mais  ne  le  puent  devancier. 
Renars  courut  la  voie  estroite 

1340  Et  Tsengrins  court  la  plus  droite. 
Hersent  a  enforcie  son  poindre. 
Qui  a  Renart  se  voudra  joindre. 
Vit  Ysengrin  qui  l'a  failli. 
Que  Renars  d'autre  part  sailli 

lS4d   Apres  Renart  s'est  adrecie. 


131S  «spaHe      1215  farder  soit      1220  du  R.  estre  e.      I22B 
jbm    1226  et  o«rohier    1230  oonnut  1243  Diit  y.  quilla    1245  met 


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126  II  (Héon  566—599) 

ReoarB  la  vît  si  couroucifl 

Ke  b'oso  a  lui  abandonner. 

Ono  ne  fiaa  d'esperonner 

Jusquee  au  recept  de  Yalorues. 
1360    Qnant  il  i  vint,  si  entra  lues, 

Quant  vit  dame  Hersent  s'amie 

Qui  vers  lui  vint  si  esgramte: 

Et  de  lui  n'a  il  huimais  garde. 

La  fist  Hersent  trop  que  musarde- 
12fi0    Apres  Renart  en  la  foese  entre 

De  plein  ellats  de  ci  au  ventre. 

Lî  diastîaus  eatoit  granz  et  fors: 

Et  Hersent  par  si  grant  esfors 

Se  feri  dedenz  la  tesniere 
1260   Que  ne  se  pot  retraire  arrière. 

Quant  Benars  vit  qu'elle  fu  prise, 

Ne  voult  lessier  en  nule  guise 
-Que  il  ne  aille  a  lui  geair 

Et  faire  de  lui  son  plaisir. 
1266    Par  un  pou  que  Hersent  ne  crieve. 

Oar  la  fosse  et  Reuai-s  la  grieve: 

La  fosse  qui  dedenz  l'estraint 

Et  Reaara  qui  dessus  l'enpaint. 

Il  n'est  ileuc  qui  la  resqueue 
1270   Eors  que  seulement  de  sa  queue, 

Qu'ele  estraint  si  vers  les  rains 

Que  des  deus  pertuls  deerains 

Ne  pert  un  dehors  ne  dedens. 

Et  Benars  prist  la  queue  aua  dens 
1276  Et  li  reverse  sor  la  croupe 

Et  les  deus  pertuis  li  destoupe: 

Pui  li  saut  sus  liez  et  joianz. 

Si  li  a  fait  ses  iex  voîanz, 

Ou  bien  li  poist  ou  mal  li  plaise, 

1252  le  eigarmie  1253  Et  manque  12â6  de  ci  ]  iuaquea  lîM 
traire  1263  Quil  ne  ueille  1267  Vmntigue  1268  Vmaïuiue  1269  ilenc  1 
nnllui  1270  que  i  tant  1271  QneUe  1272  dei  r&ini  1276  Si  r. 
toute  U  1276  estoupe  1277  P.  û  «.  a.  et  1.  1278,8!  U  fonti  «■  î- 
uoiant      1279  li  pint  ou 


,  Google 


U  (Méon  600—634)  127 

1280   Tout  B  loisir  et  a  grant  aiee. 

Elle  diet,  que  qu'il  li  feeoit, 

'Renart,  c'est  force  et  force  soit' 

Sire  Renara  tel  li  redonne 

Que  toute  la  foBae  en  reasonne. 
1S85    Aiuz  que  la  choae  fuat  fenie, 

lii  diat  itenars  par  felonnie 

Dame  Hersent,  vous  disiez 

Que  ja  ne  me  proieries 

Et  que  jamea  ne  le  feroie 
12B0    Por  seul  îtant  que  m'en  vantoie. 

Ja  voir  ue  m'en  escondirai: 

8e  gel  fiz,  enoor  le  ferai. 

Fis  «t  ferai,  dia  .et  redis, 

Plus  de  aet  foiz,  voire  de  dis.' 
1296    Et  i'afaîre  ont  recommencie 

Âinz  qu'il  eUaaent  partencie. 

Ëz  vous  poignant  par  mi  les  broces 

Ysengrîu  qui  s'embat  es  noces. 

Ne  ae  puet  mie  tant  tenir 
laOO    Que  il  peAst  a  eus  venir: 

Âinz  a'eâcrie  moult  hautement 

'HaT,  Kenart,  or  bellement! 

Par  les  sainz  dieu  mar  m'i  hoanîstes.' 

Kenars  fu  remuanz  et  vistes. 
laoc»    Si  li  a  dit  tôt  en  alant 

'Sire  Tsengrin,  cest  mautatent 

Ai  je  conquis  par  bel  servise. 

Yeez  coD  Hersent  est  ci  prise! 

Se  je  l'aide  a  délivrer 
1310    De  ceat  pertiiis  et  a  oster, 

Pour  ce  si  estes  effreez. 

Pour  dieu,  biau  aire,  ne  créez 

Que  nulle  rien  i  aie  faite, 

Ne  drapa  levez  ne  braie  traite. 

12S1  d.  tut  quil  U  croUsoit  l'JS6  Â  dit  R.  1290  P.  tuit  uni 
plH  ^  ISSt  Januù  ne  1202  8e  tnangut  Je  le  129S  eusaent  tout 
fait  h  pta  "1302  Hshi  1303  me  130j  d.  ceti  m&utelent  1306  Que 
>'w  ac  porter  folement       1309  deslier 


,  Google 


II  (Hâon  635—668) 

1310    One  par  cest  corps  ne  par  ceste  ame 
"Se  mesfia  rien  a  voatre  famé. 
Et  pour  moi  et  pour  lui  desfendre 
Fartot  la  ou  le  voudrez  prendre 
Un  Berement  vous  aramig 

1S20   Au  lo8  de  Toe  meillore  amis.' 
'SerementP  traîtres  prouvez, 
Voir  pour  noient  i  conterez. 
N'i  controTerez  ja  menconge 
ISe  vaine  parole  ne  songe. 

1825    N'i  convient  nulle  couverture: 
Toute  est  aperte  l'aventure.' 
'Avoi'  ce  dist  Renare,  'bîau  aire, 
Vous  pourriez  assez  miex  dire. 
Ice  maintenir  ne  deven.' 

1330    'Conment,  ai  je  les  iex:  crevez  P 
Cudez  vous  que  ne  voie  gouteP 
£n  quel  terre  empaint  on  et  boute 
Chose  que  on  doit  a  soi  trure, 
Con  je  TOUS  vi  a  Hersent  faire?' 

1835    'Par  dieu,  sire'  ce  diet  Renart, 
'Vous  savez  bien,  enging  et  art 
Si  vaut  a  chose  maiobourair 
Con  ne  puet  par  force  fournir. 
Madame  ert  prise  en  ceate  fosse, 

1340   Et  elle  est  moult  espease  et  groaae. 
En  nul  aens  traire  ne  l'en  puis 
A  reculons  par  ce  pertuis. 
,  Elle  i  est  jusqu'au  ventre  entrée. 

Et  la  fosse  a  eetroite  entrée: 

1845    Mais  elle  est  de  loue  auquea  grûndre. 
Four  ce  la  vonloie  enz  enpainâre. 
Pour  noient  a  moi  la  sachasse 
Que  j'oi  l'autrier  la  jambe  quasse. 


1315  Onqnna  ne  manque  1316  mesprit  1818  Tout  par  laW 
Par  le  conieil  de  voi  amis  1322  Voui  p.  conqa«rei  1623.  1324  mBmpf' 
1326  Treloute  apperte  est  !&  Uidura  1341  A  1342  p^rmi  œit  hdii 
1S4T  Mobsce       1348  Et  Joi 


,  Google 


n  <H«on  660—704)  128 

Or  en  avez  oï  la  voire: 
1300    Si  m'en  devez  bien  atant  croire, 

Be  vous  controuver  ne  voulez 

AohoÎBon,  si  cou  vous  soûlez. 

Et  quant  la  dame  iert  de  ci  traite, 

Ja  ne  ouït  clsmour  en  eoit  faite 
13U    Me  ja,  a'elle  n'en  veult  mentir, 

Me  l'en  orrez  un  mot  tentir.'  D33 

A  iceet  mot  s'est  entesniez, 

Quant  se  fu  assez  dearesniez. 

Ysengrins  est  de  l'autre  part 
laeo    Et  voit  Renart  qui  prent  et  part, 

Qui  l'a  honni  ses  iex  voiant, 

Puis  si  le  gabe  et  vait  moquant. 

Mais  n'a  ore  soing  de  plaidîer, 

Ainz  B$  redresce  pour  aidier 
1866   Sa  famé  qui  va  maie  veue. 

11  Ta  saisie  par  la  queue: 

De  tel  AÎr  a  soi  la  tire 

Qae  Hersens  est  en  tel  martire 

Que  il  li  convint  par  angoisse 
1310   Que  li  pertuts  denier  s'estoisse. 

Ysengrins  voit  qu'elle  se  vuide: 

Or  l'aura  11  si  conme  il  ouide. 

Un  petitet  s'est  trait  arrière. 

Or  voit  bien  que  se  la  charriere 
1876    N'estoit  un  petit  alaohie, 
^  Hersens  n'en  piiet  estre  sacbie. 

S'il  ne  l'en  trait,  il  est  dolens. 

Il  n'est  pas  pereceug  ne  lens. 

Aus  ongles  s'est  pris  et  si  grate, 
1380  Trait  la  terre  fors  a  la  pâte: 

Garde  de  ca  et  puis  de  la. 

Deablea  la  tient,  s'il  ne  l'a. 

Con  il  en  a  assez  oste 

Et  BUS  et  jus  et  en  coste, 

I3&T  Ne  euit  u  1362  mocant  1364  drasoe  1366  laiii  psrini  ia 
13T1  loide  1373  p.  la  traite  a.  1374  t.  il  b.  que  la  1875  auohie  1379 
■i  Ht  p.  ai     1380  Et  t.  la  t.     hors  et  Bâche     1881— 136d  mon^ucnf 


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n  (Méon  70S-716) 

1385    Vînt  a  Hersent,  ai  la  soofiiftche. 

Si  l'a  un  poi  trouvée  laeche. 

EmpÙDt  et  sache  et  tire  et  boute: 

  poi  la  queue  ne  ront  toute. 

Mais  moult  estoit  bien  atachie. 
1S90    Tant  l'a  empainte  et  soufbcbîe 

Que  traite  l'en  a  a  grant  paine; 

Mais  a  poi  ne  lî  faut  l'alaine. 

Tsengrins  voit,  Renars  n'a  doute, 

Que  il  s'est  mis  dedens  sa  croûte. 
I39ft   Arrière  vient  a  sa  maisniee 

Qui  80UZ  la  roche  iert  entesniee. 


1887    boute  et  tire         1S39  la  pel  ne  1i  descire        1390   enqiunt 
189S  Aurre 


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in  (Héon  749—774) 


m 

Seignenis,  ce  fu  en  cel  termine        D33a 

Que  li  douz  temps  d'esté  décline 

Et  Tver  revient  eu  saison, 

Et  Keuare  fa  eu  sa  maison. 
0  Maia  sa  garison  a  perdne: 

Ce  fu  mortel  deseouvenue. 

M'a  que  donner  ne  qu'achater, 

TSe  8*a  de  quoi  réconforter. 

Par  besoiag  s'est  mis  a  la  voie.         A  31 
10   Tôt  coiement  qae  ('en  net  roie 

S'en  vet  parmi  nne  jonotere 

Entre  le  bois  et  la  rivere. 

Si  a  tant  fait  et  tant  erre 

Qu'il  Tint  en  on  cemin  ferre. 
15   El  cemin  se  cropi  Renarz. 

Uolt  coloie  de  totes  parz. 

Ne  set  sa  garisaa  ou  querre  : 

Car  la  fein  li  fait  molt  grant  guerre. 

Ne  set  qae  fere:  ai  s'esmaie. 
ao   Lors  s'est  couchiez  lez  une  haie: 

Doc  ateadra  aventure. 

Atant  ez  tos  grant  aleûre 

Harcbeant  qui  poîaaon  menoient 

Et  qui  devers  la  mer  venoient. 

DiaUt  branche  U  mx.  A  n'a  eonsrrvi  qut  le»  vers  9—44. 454—510  ; 
■<  rt^e  Mt  tiri  du  mtt.  D.  1  oo  8.  4  inttrpertia  3  uient  en  sa  b. 
'  îmtwH  ot  p.  9  AnooU  se  rest  m.  10  bêlement  14  fere  15  saoropi 
')'  20  «uHfHfnf  81  sAuentnre  22  A.  uenent  par  anentuTs  23  Mar'chuit 
îp-  unereiit 


lUnlbyGOOglC 


m  (Hâon  775—808) 

S&    Herens  frea  orent  a  plente: 
Car  bise  avoit  auques  vente 
Trêstote  la  eemeine  entere. 
Et  bons  poiasoiiB  d'autre  i 
Oreat  aaes  granz  et  petiz, 

30    Dont  lar  panière  sont  bien  enpliz. 
Que  de  lamproies  que  d'an^Ues, 
Qu'il  orent  acate  as  viles,       > 
Fu  bien  chargie  la  charete. 
Et  Kenars  qui  tôt  siècle  abeite 

85  Fu  bien  loins  d'aus  une  arcie. 
Quant  vit  la  carete  cargie 
Des  anguiles  et  des  lanproies, 
Muoant  fuiant  parmi  ces  voies 
Court  au  devant  por  ans  decoivre, 

40   Qu'il  ne  s'en  puisent  apercoivre. 
Lors  s'est  cocbes  eumi  ia  voie. 
Or  oiez  oon  il  les  desvoie! 
En  un  gason  s'est  voutrilliez 
Et  corne  mors  aparelliez. 

45    Kenars  qui  timt  d'onmes  eogingoe 
Les  iex  cligne,  les  dens  rechigne, 
Et  teooit  s'alaine  en  prison, 
Oïetes  mais  tel  tr^sonP 
Ilecquee  est  remes  giaans. 

60    Atant  es  vous  1^  marcheans  : 
De  ce  ne  se  prenoient  garde. 
Li  premiers  le  vit,  si  i'esgarâe, 
Si  ftpela  son  compagnon 
'Yez  la  ou  gourpil  ou  gaignonl' 

65    Quant  cilz  le  voit,  si  li  cria 
'C'est  li  gorpilz:  va  sel  pren,  val 
Filz  a  putain,  gart  ne  t'eschatl 
Or  saura  il  trop  de  barat, 


26  roDB  32  Aostees  37.  SB  intervertis  42  lea  ]  M  44  k 
Irmue  comme  ridame  au  deatou»  dt  la  f.  SI  *  du  tn»e.  A.  47  tint 
48  meBprUon  49  remainC  50  estez  t.  I.  marohanB  51  donnoîent  SI 
Le  premier     54  Veez  U  g.       55  si  le       56  gsr  nesohkt       58  MTU 


m  [HéoD  809- S42) 

Renare,  s'il  ne  nous  let  l'escorce.' 
eo  Li  maroheana  d'sler  s'esfotce 

Et  ses  compaÎDS  venoit  après 

Tant  qu'il  furent  de  Renart  prea. 

Le  gourpil  trorent  eoverse. 

De  toutes  pars  l'ont  renverse, 
H  K'ont  ore  garde  qu'il  les  morde. 

Prisent  le  dos  et  puis  la  gorge. 

Li  una  a  dit  que  troi  sols  vaut, 

Li  autres  dist  'se  diex  me  saut, 

Ainz  vaut  bien  quatre  a  bon  marchie. 
70   Ne  sommes  mie  trop  ohargie: 

Getons  le  sus  iiostre  charrete. 

Yâz  cou  la  gorge  est  blanche  et  nete!' 
A  ioest  mot  sont  avancie 

Bi  l'ont  ou  charretil  lanoie 
76   Et  puis  se  sont  mis  a  la  voie. 

Li  uns  a  l'autre  fait  grant  joie 

Et  dient  n'en  ferons  ore  ei, 

Mais  anquenuit  en  nostre  hoetel 

Li  reverserons  la  gonnele.' 
80   Or  leur  plaist  auques  la  favele. 

Hais  Benars  ne  s'en  fait  fors  rire, 

Que  moult,  a  entre  faire  et  dire. 

Sur  les  paniers  se  jut  adens, 

Si  en  8  un  ouvert  aus  dens 
8â   Et  si  en  a  (bien  le  sachiez) 

Plus  de  trente  harans  saohiez, 

Auques  fu  vuidiez  li  paniers. 

Moult  par  en  menja  volentiers, 

Onques  n'i  qubt  ne  sel  ne  sauge. 
90  Encore  ainoois  que  il  s'en  auge 

Qetera  il  son  ameoon, 

Je  n'en  sui  mie  en  souspecon. 


59  Benars  mattque  8b  il  ne  n.  leite  seacorse       63  noient      64 

'fntrit      S6  goTde      67  uaalt       66  meuaut      72   Toia       76   Et   luns 

M  u  f.       80  Saaele  64  un  |  .11.       ouutin       83  1«  ]  oe      66  h. 
mnptt 


,  Google 


134  m  (Hion  84S-S80) 

L'antre  panier  a  assulli. 

Son  groing  i  mist,  n'a  pas  Failli, 
gfi    Qu'il  n'en  tralat  trois  rea  d'angxûlles. 

Renars  qui  aot  de  maintes  guiles, 

Son  col  et  sa  teste  passe  oultre 

Les  hardillons,  pnis  les  acoutre 

Dessus  son  dos  que  tout  s'en  cueuvre. 
100    Des  or  pourra  bien  laissier  oeuvre. 

Or  U  estuet  eaging  pourquerre, 

Conment  il  s'en  vendra  a  terre. 

Ke  trueve  planche  ne  deg^e. 

Âgenoille  s'est  toat  de  gre 
lOS   FoF  Teoir  et  por  esgarder, 

Con  son  sant  pourra  miex  garder. 

Puis  s'est  un  petit  avanciez: 

Des  piez  devant  s'est  tost  lanciez 

De  la  cbarrete  enmi  la  voie. 
110   Sntoor  SOS  col  porte  sa  proie,       D34 

£t  pnis  quant  ii  a  fait  son  saat, 

Au8  marofaeans  dist  'diex  tous  santl 

Cilz  tantes  d'aoguiles  est  noatres 

Et  li  remanans  si  soit  vostrest' 
115   Li  mncbeans  quant  il  Tolrent, 

À  merveilles  s'en  esbahirent. 

Si  s'eeorient  Vaiz  le  gourpill' 

Si  saillirent  ou  cliarretil, 

Ou  il  cadereat  Renart  prendre. 
130    Mais  il  nés  voult  pas  tant  atendre. 

Li  uns  des  marcheans  esgarde, 

À  l'autre  dist  'mauvaise  garde 

En  avoiu  prise,  ce  me  semble.' 

Tuit  fièrent  lor  paumes  ensemble. 
125    'Las'  dist  li  uns,  'con  grant  damage 

Avons  eii  par  noetre  outrage. 

Uoult  estion  fol  et  inueart 

Andui  qui  creîon  Renart. 

94  D  trois  nukii  Dt  a  95  Que  il  a  trait  102  C.  ponrni  tailIiT  ■ 
105  eBprouuer  116  Mit'  durement  120  uoaloit  p.  a.  122  U  antrN  i- 
121  Dusftrt 


,  Google. 


m  Ot&oa  Sei— 914) 

Les  paniers  a  bien  alachez 

130   Et  ses  a  aaques  souffachiez. 
Car  deus  rez  d'anguilee  eoporte. 
La  maie  passion  le  torde  1' 
"Ha'  foBt  li  marcheant  "Renart, 
Tant  par  eates  de  maie  part. 

135   Mal  bien  tous  puissent  elles  faire!' 
"Seigneur,  n'ai  seing  de  noise  faire. 
Or  direz  oe  que  tous  plaira: 
Je  sul  B«nart  qui  se  taira.' 
Li  marcheant  Tont  après  lui. 

140   Mais  ïl  nel  bailleront  mais  hui: 
Car  il  a  tant  isnel  cheval. 
One  ne  fina  parmi  on  val 
Dosqaes  il  Tint  a  son  plessie. 
Lors  l'ont  U  marcheant  lesaie 

14C    Qaî  pour  mauTOs  musart  se  tiennent. 
Recréant  sont,  uriere  Tiennent. 
Et  oilz  s'en  Tait  pins  que  le  pas 
Qui  ot  passe  maint  mauTais  pas. 
Si  vint  a  son  chaatel  tout  droit 

100  Ou  sa  maisnie  l'atendoit 

Qui  assez  avoit  grant  meseee. 
iîenars  i  entre  par  la  heee. 
Encontre  loi  sailli  a'espoase, 
Hermeline  la  jone  touse, 

lU    Qui  moult  estoit  courtoise  et  franche. 
Et  Peroehaie  et  Malebranche 
Qui  estoient  ambedni  frère. 
Cil  saillirent  contre  leur  père 
Qui  s'en  Tonoit  les  menus  sans 

lao   Oroa  et  saoulz,  joieos  et  baus. 
Les  anguilles  entonr  son  col. 
Hais  qui  que  le  tiegne  pour  foi, 


139  ■  HqoM  iMohiez  130  Et  ai  le  a  biea  a.  131 .1 1 1.  132  torte 
lU  T.  M  or  de  140  M.  ne  le  b.  142  Que  ne  143  Dei  que  il  14& 
«lùinU    IM  le  a.     158  mère     160  0.  et  Bsiui  et  i.     1S2  Qui  que  ment 


,  Google 


m  (Héon  9U— 946) 

Âpres  lui  a  closfl  sa  porto 
Four  les  anguilles  qu'il  aporte. 

165        Or  est  Banart  dedenz  sa  tour. 
3i  âl  li  fout  moult  bel  atoor. 
Bien  li  ont  ses  jambes  torchiees 
Et  les  anguilles  eseorchees. 
Fuie  les  coupèrent  par  tronçons 

170   Et  les  espois  fout  de  plsnoons 
De  codre  et  ens  les  ont  boutez. 
Et  li  feus  fu  tost  alumez 
Que  bûche  i  ot  a  grant  pleuto. 
Lors  ont  de  toutes  pars  vente. 

I7D    8i  les  ont  mises  sus  la  brese 
Qui  des  tisons  i  fu  remeze. 
Endementres  que  il  cuisoient 
Ijob  angniles  et  rostissoient, 
Es  TOUS  monseigneur  Tsengria 

180    Qui  ot  erre  des  le  matin 

Jusqu'à  celle  heure  en  mainto  terre, 
Mais  onques  riens  n'y  pot  conqaerre. 
De  jeûner  estoit  estane, 
Que  molt  avoit  eu  mal  tens. 

iSS    Xiors  s'en  tourna  en  un  essart 
Tout  droit  vers  le  chaatel  Renart 
Et  vit  la  cuisine  fumer 
Ou  il  ot  fait  feu  alumei 
Et  les  anguiles  rotissoient 

190    Que  si  fil  es  espois  tournoient. 
Ysengrin  en  sent  la  fumée 
Qu'il  n'avoit  mie  aooustumee. 
Du  nez  commença  a  fronchier 
Et  ses  guemons  a  delechier. 

190    Yolentiers  les  alast  serrir, 
S'il  li  vousissent  l'uis  ourrir. 


163  M  porte  alose  164  emporte  167  torohiea  166  Sei  ■  m- 
oorohiea  170  L  brochet  t.  des  171  De  oodre  manjué  Eu  m  espoU 
les  173  i  tnangue  ont  178  rotissojen  184  Car  temps  186  1* 
maison  R.      191  en  manque      senti      194  ».  barbes  a 


,  Google 


m  Oiéon  947— 9B8) 

n  se  traist  vers  une  fenestre 
Poor  esgarder  que  oe  puet  estre. 
I]  conmence  a  pourpeneer, 

300   Comment  il  pourra  ene  entrer 
Od  par  priera  ou  par  amour. 
Haia  il  n'i  puet  avoir  honour: 
Que  Eenart  est  de  tel  manière 
Qu'il  ne  fera  rien  pour  prière. 

S05   Âoroupiz  e'eat  bus  une  souche. 
De  baailler  li  deult  la  bouche. 
Goart  et  recourt,  garde  et  regarde. 
Mais  tant  ne  se  sot  donner  garde 
Que  dedenz  puisse  le  pîe  mettre 

210  Ke  pour  donner  ne  pour  promettre. 
Maia  a  la  fin  se  pourpensa 
Que  son  compère  priera 
Que  pour  dieu  11  doint,  s'il  conmande, 
Ou  poi  ou  grant  de  sa  viande. 

215   Lors  l'apela  par  un  pertuis 
'Site  oompere,  ouvrez  moi  l'uisl 
Je  TOUS  aport  belles  nouvelles: 
Four  bones  les  tendrez  et  belles.' 
Renart  l'oï,  sil  congnut  bien: 

220    Haîb  de  tout  ce  ne  li  fiât  rien, 
AJQOoiz  li  a  fait  sourde  oreille. 
Et  Tsengrin  molt  s'en  merveille, 
Qui  dehors  fu  moult  souffroiteus 
Et  des  anguiles  envieus. 

236   Si  li  a  dit  ouvrez,  biau  eire!' 
Et  Benars  conmenca  a  rire, 
Si  demanda   qui  estes  vouaP' 
Et  il  respont  'ce  somes  nous.' 
'Qui  toubP'  'Ce  est  vostre  compères.' 

290  "Nous  cuidions  que  fussiez  leres.' 
'Non  sui'  dist  Tsengrins,  ouvrez  1' 
Renars  respont  'or  vous  souffres 

ÏOl  U  êtamd  par  manque     203  de  te  midiuere     204  feroit 
)k*     ils  oeunre      SIS  «el      220  t.  ne  fera  r.      221  U  ]  en 


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138  m  (Méon  983-1022) 

Tant  que  li  moine  aient  mengie 
Qui  au  mengier  sont  arrengie.' 

236    Comment;  dootP'  fait  il  'sont  ce  moine?' 
'NaniV  âist  il:   ainz  sont  chanoine. 
Si  Bont  de  l'ordre  de  Tiron: 
(Ja  se  diex  plaist,  n'en  mentiron) 
Et  je  me  sui  rendu  a  eue.' 

340    "Nomini  dame'  diat  lî  leus, 
'Avez  me  toub  dit  vente  f 
'Ouïl  par  sainte  charité.' 
'Donques  me  faites  herbregier!' 
'Ja  n'auriez  tous  qae  mengier.' 

24S    'Dites  moi  dont,  n'avez  vous  quoiP' 
Reuart  respont  'oïl  por  foi. 
Or  me  lessiez  donc  demander, 
Yenistes  vous  pour  truander?" 
'Nauil,  ainz  woeil  vetr  vostie  estre.' 

sao  Kenart  reepont  'ce  ne  puet  estre.' 
'Et  pourquoi  donc?'  ce  dit  li  leus. 
Ce  dist  Renart  'il  n'est  pas  leus.' 
'Or  me  dites,  mangiez  voue  char?' 
Et  dist  Itenart  'ce  est  escbar.' 

255   'Que  ménjuent  donc  vostre  moine?' 
'Jel  vous  dirai  sanz  uule  esaoine. 
D  ménjuent  fonrmages  rooas 
Et  poissons  qui  ont  les  gros  cous. 
Saint  Beneoit  le  nous  commande 

260   Que  ja  n'aions  peior  viande.' 
Dist  Tsengrin  'ne  m'en  gardoie 
Ne  de  tout  ce  rien  ne  savoie. 
Mais  car  me  faites  oatelerl 
Mais  huî  ne  sauroie  ou  aler.' 

285    'Osteler?'  dit  Renart  nel  dites! 
Nulz  a'il  n'est  moines  ou  hermites 
Ne  puet  oeens  avoir  host«l. 
Mes  alez  outre:  il  n'i  a  el.' 

237  cbinon  239  euU  250  retpont  manque  254  est  o 
Je  le  nule  manque  260  pire  261  (çardoieDt  265  Oitei  ce 
268  querei  autre 


,  Google 


m  (tSéoa  1023—1058)  189 

Ysengrîa  ot  et  entent  bien 
370    Qu'en  la  nieaOD  Renart  pour  rien 

Qu'il  puisse  faire  n'enterra.  D35 

Qne  voulez  tous?  si  soufferra. 

Et  nepoarqoant  si  1i  demande 

'Poisson,  est  ce  bonne  viandeP 
27S    Car  m'en  donnez  Tiaus  un  tronçon  I 

Nel  fais  se  pour  essaier  non. 

Mais  buer  fussent  elles  pescfaiees 

Les  anguiles  et  escorchiees, 

Se  TOUS  en  deingnies  mengier.' 
280   Renart  qui  bien  sot  losengier 

Prist  des  anguiles  troi  tronoons 

Qui  rôtissent  sus  le  charbons. 

Tant  furent  cnit,  toute  s'esmie 

Et  dessoivre  toute  la  mie. 
385   tJn  en  ne^ja,  l'autre  en  aporte 

Oelui  qui  atant  a  la  porte. 

Lors  diat  compère,  ca  venet 

Un  poï  avant  et  si  tenez 

Par  oharite  de  la  pitance 
390   A  oeuls  qui  sont  bien  a  fiance 

Que  vous  serez  moines  encore.' 

Dist  Ysengrin  je  ne  sai  ore, 

Quïex  je  serai:  bien  pourra  estre, 

Kab  la  pitance,  biana  douz  mestre, 
395    Car  me  bùlliez  isnelementr 

Cilz  li  bailla  et  il  la  prent 

Qui  molt  tost  s'en  fn  délivrez. 

Encore  en  mengaet  il  assez. 

Ce  dist  Renart  'que  vous  en  sembleP' 
300   Li  lecfaierres  fremist  et  tremble. 

De  leeherie  esprent  et  art. 

'Certes'  fait  il,  'sire  Renart, 

Il  vous  îert  bien  guerredonnez. 

Encore  un  seul  car  me  donnez, 

tn  boni    285  1'  mmqut    18fl  A  oil  q.     287  Bi  d.     290  afSanoe 
Wl.  SO!  inttrverlit 


,  Google 


m  {Uioa  1059— 1094) 

306   Bîaus  douz'compereB,  pour  amordre, 
Tant  que  je  fusse  de  vostre  ordre.' 
'Par  T08  botea'  ce  dtst;  Renart 
Qni  molt  estoit  de  maie  part, 
'Se  TOUS  moiaes  rouîtes  estre, 

310    Je  feroie  de  tous  mon  mestre. 
Que  je  aat  bien  que  H  seigneur 
Tous  elliroient  a  prieur 
Âînz  penthecouste  ou  a  abe.' 
'Atoz  me  vous  ore  gabef 

StS    Ce  dist  Reoart   nanil,  biau  sire. 

Par  mon  chief  bien  le  tous  os  dire, 
Foi  que  doi  le  corps  saint  Feliae, 
N'auroit  si  bel  moine  en  l'église.' 
'Âuroie  je  poisson  assez 

3S0    Tant  que  je  fusse  respassez 
De  ce  mal  qui  m'a  confondu?' 
Et  Renart  It  a  respondu 
'Hais  tant  con  tous  pourrez  mengier. 
Ha  car  vous  fetea  rooignier 

326   Ft  Toatre  barbe  rere  et  tondre.' 
Yaengrtn  commença  a  grondre, 
Quant  il  oï  parler  de  rere. 
'N'i  aura  plus'  fait  il,  'compère: 
Hais  reez  moi  hastiTementU 

830   Renart  respont  isnelement 

Aurez  couronne  et  grant  et  lee, 
Ne  mais  que  I'oto  soit  chaufee.' 

Oïr  poez  ici  biau  jeu. 
Renart  mist  Tere  sus  le  feu  * 

SBà  Et  la  fist  trestoute  boillant. 
Puis  lî  est  revenus  devant 
Et  sa  teste  encoste  de  Tuis 
Li  fist  mètre  par  un  pertuis: 


307  vos  ]  mea  308  m.  par  fu  de  311  Que  ]  Et  31S  ob.  pnia  le 
T.  b.  d.  317  q.  ie  d.  le  c.  B.  gile  318  si  manque  tel  m.  en  noetre  «. 
329  et  J  ou  329  isnelement  330  hMtiuement  331  C.  ».  332  liMt«« 
389  pourrei      335  tretoute      336  Beiuirt  li  eit  neous 


,  Google 


m  (Héon  109&— 1128) 

Et  Taengrin  estent  le  col. 

840   Renart  qui  bien  le  tint  pour  fol 
L'eve  boillant  li  a  getee 
Et  sua  le  luuterel  versée: 
Molt  par  a  fait  que  pute  beete. 
Et  Tsengrin  eacout  la  teste, 

346   Rechigne  et  fait  moult  laide  ohiero. 
À  reculons  se  trait  arrière. 
Si  s'eecria  'Renart,  mora  sui. 
Maie  aTenture  aîez  tous  hui! 
Trop  grant  coronne  m'avez  faite.' 

860  Et  Reuara  a  la  langue  traite 

Graut  demi  pie  hora  de  la  gueule. 
'Sire,  se  l'avez  mie  seule 
Qu'autreai  grant  l'a  li  oouvena.' 
Fait  Tsengrin  'je  cuit,  tu  mens.' 

866   "Non  faa,  sire:  ne  vous  anuit. 
lœste  premertùne  nuit 
YouB  convient  estre  en  espreuve: 
Que  li  Bfùus  ordres  le  noue  rueve.' 
Dist  Taengrios  molt  boDoement 

360   Ferai  tout  quantqu'a  l'ordre  apeot. 
Ja  mar  en  serez  en  doutance.' 
Et  Renart  em  priât  la  fiance 
Que  par  lui  mal  oe  li  vendra 
Et  a  son  los  se  costendra. 

866    Or  a  tant  fait  et  tant  ovre 
Renart  que  bien  la  assote. 
Puis  s'en  iaai  par  uoe  fraite 
Qu'il  ot  dénier  la  porte  faite 
Et  vint  a  Tsengrin  tout  droit 

870   Qui  durement  ae  comptaignoit 
De  ce  qu'il  eatoit  ai  près  rez. 
Ne  cnir  ne  poil  n'i  est  remez, 
N'i  ot  plus  dit  ne  sejoarne: 
Andui  ae  sont  d'ilec  tourne, 


S4a  Et  y.  M      350  Et  cilz  li  a      353  QMutreesi      356  An  pre- 
in  «imi  nom  onît    357  Or  f.    365  erce    374  le  manqut    dilecqu«a 


,.ogIc 


in  {Hion  1129—1164) 

ST6   Renart  deraot  et  tnl  après 

Tant  qu'il  vindrent  d'un  vivier  près. 

Ce  fu  un  pou  devant  noel 
Qae  l'en  mettoit  bacoDS  en  aeL 
Li  ciex  fu  clers  et  estelez 

880    Et  11  viviers  fu  si  gelez 

Ou  YseogiiD  devoit  peschier, 
Qu'eu  poïst  par  desus  tresohier: 
Fore  tant  c'un  pertuia  i  avoit 
Qui  de  vilains  fait  i  estoit 

385    Ou  il  menoient  leur  atoivre 
Ghasoune  nuit  joer  et  boïvre. 
Un  aeel  y  orent  laisaie. 
La  vint  Renart  tout  esleasie 
Et  son  compère  regarda, 

S90   'Sire   fait  il,   traiez  voua  ca! 
Ca  est  la  plente  dea  paisaODS 
Et  li  engin  dont  nous  peacliona 
Lee  anguilea  et  les  barbîaus 
Et  autres  poiaaona  bous  et  biaus  ' 

395    Diat  Ysengrin  'frère  Benart, 
Or  le  prenez  de  l'une  part, 
Si  me  laciez  bien  a  la  queuel' 
Benart  le  prent  et  si  li  naeue 
Eatour  la  queue  au  miex  qu'il  puet. 

400    'Frère'  fut  il,  'or  vous  esteut 
Moult  sagement  a  contenir 
Pour  lea  poîaeons  faire  venir.' 
Lors  s'est  lez  un  buisson  fichiez, 
Si  mist  son  groing  entre  aes  piez 

405    Tant  que  il  voie  que  il  face. 
Et  Ysengrin  est  sus  ta  glace. 
Li  seaus  est  en  la  fontaine 
Plaîn  de  glaçons  a  bonne  estraine. 
L'eve  conmence  a  englaoer 

410    Et  li  seaus  a  enlacier 


381  peschier  d«Doit  S82  manque  383  qung  385  mettoiant 
eitoivre  392  lenging  d.  n.  les  prénom  394  bons  ]  ^qb  396  les  Ima* 
S9T  Lenging  me  liei  a      399  la  gUce  «a      409  engeler     410  enUs 


,.  Google 


m  (Méon  1165-1200) 

Qui  s  la  queue  fu  noez. 

De  la  glace  fu  eeuroudez. 

La  <]ueae  est  en  l'eve  gelée 

Et  a  la  glace  seellee. 
415  Cilz  SB  cuida  bien  soufFaohier 

Et  le  aeel  a  soi  eachier. 

En  mainte  guise  e'i  essaie, 

Ne  aet  que  faire:  ei  s'esmaie. 

Renart  conmence  a  appeler 
430    Coome  il  plus  ne  se  paet  celer: 

Que  ja  estoit  l'aube  crevée. 

Renart  a  la  teste  levée: 

H  se  regarde,  les  iex  oeuvre. 

'Frère'  fait  il,  'car  lesaiez  oeuvre! 
425    Alans  nous  en,  biaus  doua  amis! 

Assez  avons  de  poissons  pris.' 

Et  Ysengrin  li  escria 

'Renart'  fait  il,  'trop  en  i  a. 

Tant  en  ai  pria,  ne  sai  que  dire.' 
430   Et  Renart  commença  a  rire. 

8i  li  a  dit  tout  en  appert 

'Cil  qui  tôt  convoite,  tôt  pert,' 
La  nuit  treapasse,  Taube  crieve: 

Li  aolaus  par  matin  se  Ueve. 
43S   De  Doif  furent  lea  voiea  blanches. 

Et  missire  Constant  des  Granchee, 

Un  vavaseour  bien  aaisiez, 

Qui  sus  l'estanc  fu  herbergiez, 

Levez  estoit  et  sa  mesnie 
440   Qui  moult  estoit  joieuse  et  lie. 

Un  cor  a  pris,  ses  chiens  appelle, 

Si  oonmande  a  mettre  sa  selle. 

Et  sa  mesniee  crie  et  huîe. 

Et  Renart  l'ot,  si  tourne  en  fuie 
445    Tant  qu'en  sa  taisniere  se  fiche. 

Et  Ysengrin  remeet  en  briche 


lis  ahuenne    414  la  qene  t.     432  Tel  ouide  Kakignier  qui  pert 
^  Mil    441  a  manqua    442  Puis  o.    44S  Et  manque    remaint  en  la  b. 


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144  m  (HéoQ  1201—1234) 

Qui  moult  fi'eaforoe  et  sache  et  tire: 

  poi  sa  pel  ne  li  descire. 

Se  d'ilec  se  voult  départir, 
4&0    La  queue  li  convient  guerpir. 

Conme  Yaengrin  se  va  frotant, 

Estes  TOUS  un  garçon  trotant: 

DeuB  lévriers  tint  en  une  lesse. 

Tsengrin  vît  (vers  lui  s'eslesse)  Â32 

465    Sus  la  glace  tôt  engele 

  tôt  son  haterel  pelé. 

Cil  l'esgarde,  puis  li  escrie 

'Ha  ha,  le  leu!  aïe  aïe!' 

Li  veneor  quant  il  l'oïrent, 
460    Lora  de  la  meaon  fors  saillirent 

A.  tos  les  chens  par  une  hese. 

Or  est  Ysengring  en  maleso. 

Que  dant  Conatanz  venoit  après 

Sar  un  cheval  a  grant  esles 
465    Qui  molt  s'escrîe  a  l'avajler 

'Lai  va,  lai  va  lez  chens  alerl' 

Li  braconer  les  chenz  decouplent 

Et  li  bracet  au  lou  B'acoplent 

Et  Tsengrius  molt  se  h^rice. 
470    Li  veneors  les  ohena  entiœ 

Et  amoneste  durement. 

Et  Tsengrins  bien  se  desfent, 

Âus  denz  les  mort:  qu'en  pot  il  mezP 

Il  amast  mêla  ases  la  pez. 
47S    Dant  Conatana  a  l'eapee  traite 

For  bien  ferir  a  lui  a'atrete. 

A  pie  descent  enmi  la  place 

Et  vint  au  lou  devers  la  glace. 

Par  deriere  l'a  asailli: 
460    Ferïr  le  volt,  mea  il  failli. 

453  h.  oonme  a.  Dans  h  mie.  A  hs  etrs  464—460  tout  mutOii 
au  comoiftieiment  par  une  déchirure  454  Tsengrin  ih  manque  455  Sat 
ntanque  456  A.  tôt  manque  457  Cil  manque  45B  Ha  mangur  siaie  459  i 
460  L  mangue  461  tôt  1.  oh.  ^  p.  463  d.  fob't  u.  466  ohfi  467  L  b*on' 
468  pracet    472  bien  ]  fort    473  Au    475  D.  frob't  ■    479  P.  de  deriera 


,.  Google 


m  (H«OD  13SS— 1264)  145 

Li  colp  li  cola  en  travers, 

Et  dant  Conetana  chaï  envers 

Si  que  li  hatereax  li  Beigoe. 

Il  se  leva  a  m  oit  grant  peine. 
466   Par  grant  air  le  va  requerre: 

Or  po^  oïr  fiere  guerre. 
Ferir  le  cuida  en  la  teste: 

Mes  d'autre  part  li  cous  s'areste. 

Vers  la  coe  descent  l'espee, 
490  Tôt  rea  a  rea  li  a  coupée 

Près  de  l'anel:  n'a  pas  failli. 

Et  YBengrins  qui  l'a  senti 

Saut  en  travers,  puis  si  s'en  toroe 

Les  cbena  mordant  treatot  a  orne 
490    Qai  molt  Bovent  li  vont  as  nacea, 

Mes  la  coe  remest  en  gages: 

Et  molt  li  poise  et  tnolt  li  grève, 

A  po)  son  cuer  de  dol  ne  crevé. 

N'en  pot  plus  fere,  tome  en  fuie 
500    Tant  que  a  un  tertre  s'apuie. 

Li  chen  le  vont  sovent  mordant 

Et  il  s'en  va  bien  défendant. 

Cou  il  furent  el  tertre  amont, 

Li  chen  sont  las,  recreii  sont. 
OOO    fît  YsengrinB  point  ne  ae  tarde, 

Fuiant  s'en  va,  ai  se  regarde, 

Droit  vers  le  bois  grant  aleûre, 

Doc  râla  et  dit  et  jure 

Que  de  Renart  ae  vengera 
010   Ne  James  jor  ne  l'amera. 

1  li  I  en     482  frob't    4»i  regTe    489  Deuera    490  Tote    504 


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IV  (Mé<m  6465—6478 


IV 

Or  me  convient  tel  chose  dire 
Dont  je  vos  puisse  fere  rire. 
Qar  je  sai  bien,  ce  est  la  pure, 
Que  de  sarmoa  n'avee  vos  cure 
6  Ne  de  cors  seint  oïr  la  vie. 
De  ce  ne  vos  prent  nule  envie, 
Mes  de  tel  chose  qui  vos  plese. 
Or  gart  chascun  que  il  se  tese: 
Que  de  bien  dire  sui  en  voie 

10    Et  bien  garniz,  se  dex  me  voie. 
Se  voB  me  volieez  entendre, 
Tel  choBse  porrieez  aprendre 
Que  bien  feroit  a  retenir. 
Sï  me  selt  em  por  fol  tenir. 

16   Mes  j'ai  ol  dire  en  escole  : 
'  De  fol  orne  sage  parole. 
Lonc  prologue  n'est  preuz  a  fere. 
Or  dirai,  ne  me  voil  plus  tere. 
Une  branche  et  un  sol  gabet 

20   De  celui  qui  tant  set  d'abet: 
C'est  de  Reaart,  bien  le  savez, 
Et  bien  oT  dire  l'avez- 
De  Renart  ne  va  nus  a  destre. 
Benars  fet  tôt  le  monde  pestre: 


3  bien  nuingue    5  oor  b.  de  ojr    7  que     B  t 
12  enprendre    19  sol  bf  gabet    23  s  ]  en 


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IV  (Méon  B479— 6514) 

%   Benars  atret,  Renara  acole, 

Renars  est  molt  de  maie  eecole. 
De  lui  ne  va  coroies  ointes, 
Ja  tant  ne  sera  ses  acointes. 
Molt  par  est  eajes  et  toîsoub 

ao   Renars,  et  si  n'est  pas  noisouB. 

Mes  en  oest  monde  n'a  ai  aa^e, 

Au  chef  de  foiz  n'aut  a  fola^e. 

Or  TOB  dirai  quel  mesestauoe 

Âvint  Renart  et  quel  peaance. 

35   L'autrer  estoit  alez  porquerre 
8a  garieOD  en  autre  terre. 
CoDme  cil  qui  avoit  souffrete 
Et  grant  fein  qui  molt  le  dehete, 
S'en  est  tornez  Tora  une  pree. 

40    Si  con  il  vint  en  une  aree. 
S'en  Ta  Benars  par  une  broce 
Uolt  dolanz,  et  moU  se  coroce 
Que  il  ne  poet  chose  troyer 
Qu'il  puist  manger  a  son  aoper. 

40    Mes  n'i  voit  rien  de  aa  paature. 
Lors  se  remet  en  l'anbleûre 
Fors  del  bois,  et  vint  en  l'oreille. 
Ârestez  est,  de  fain  baaiUe, 
Grelles  megres  e  esbahie. 

M)    Slolt  a  grant  fein  en  son  pala. 
D'oures  en  autres  e'esteadeîlle. 
Et  aea  ventres  si  se  merveille 
Et  si  boel  qui  sont  dedenz 
Que  font  aea  poea  et  aes  deoz. 

S.Î    D'angoisse  gient  et  de  destrece 
Et  de  la  feiu  qui  molt  le  bleoe. 
Lors  dist  qu'il  fait  mavels  atendre 
En  leu  on  l'eu  ne  puet  rien  prendre. 
A  icest  mot  par  un  aentier 

60   S'en  oorut  un  arpent  entier. 

n  L  Dfl  w  0.      2S  BMnUa     35.  36  inirrvtriis     88  qne 
■w    51  iDtre    53  mb  boikux    55  gît    56  que    58  pot 


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IV  (HdoD  661S-6H8) 

Onques  ne  toU  entrer  el  pas 

Tant  que  il  vînt  a  un  trespas. 

Si  coD  il  ot  le  col  baisBie, 

Bt  a  choÏBi  en  on  plesaie 
66   Par  encoBte  d'unes  avoineB 

Une  abele  de  blauB  moines 

Et  une  grange  par  dejoste, 

Ou  Renars  Telt  fere  une  joste. 

La  granche  fu  molt  bien  asiae. 
70   tii  mur  forent  de  rooe  bise 

Molt  fort,  ne  yos  en  mentiron, 

Et  furent  clos  tôt  environ 

D'un  fosse  dont  haute  est  Is  rive, 

Si  que  ne  lor  paet  riens  qui  vive 
15   Tolir  par  force  ouïe  chose, 

Fuis  que  la  granche  est  ferme  et  close. 

Plentive  est  de  norreture, 

Qu'il  erent  en  bono  pasture. 

Moult  par  estoit  bonne  la  grange.       D-i' 
80   Mais  a  pluaeurs  estoit  esttange. 

Assez  i  a  de  tel  viande 

Cou  Renars  li  gourpik  demande: 

Oelines,  chapons  surannez. 

Renars  est  celle  part  tournez, 
86   Parmi  la  voie  a  fait  un  saut 

Touz  abrivez  de  faire  assaut 

Onques  ne  fu  ses  fraine  tenue 

Tant  qu'il  est  aus  chapons  venus. 

Sur  le  fosse  s'est  arrestez 
90    De  gaaignier  touE  aprestez 

Et  des  gelines  assaillir. 

Mais  il  n'i  pooit  avenir. 

Court  et  recourt  entor  la  granche. 

Mais  n'i  treave  ne  pont  ne  planche 


66   bUno   moioDes  74  pot  r.  q'ure      79  Le  r/tie  de  la  braneir 

manqur  di.m  U  mêc.  A;  il  est  êupplté  par  It  mue.  I).     8S  ^ourpi)    B4 

0.  p.  pâl    »I  Et  manqve  92  poet  mie  a     9S  entor  J  parmi     94  nj  puri 
point  trouuftr  de  p). 


,  Google 


rV  Otéoa  6649—6584) 

06    Ne  pertuïe:  moult  ee  descooforte. 
Lors  s'aoronpi  devant  la  porte 
Et  vit  le  gniohet  entrouvert 
Et  le  portais  tout  descouvort: 
Celle  part  vint,  outre  se  Ituice. 

100   Or  est  Benars  en  graot  balance: 
Que  s'il  puent  appercevoir 
Que  il  les  veiUe  décevoir, 
Li  moine  retendront  son  gage 
0  loi  meismes  on  ostage: 

105   Car  félon  sont  a  desmesure. 
Qui  chaut?  toat  est  en  avanture. 
Or  va  Renart  par  le  pourpris, 
Orant  paour  a  d'estre  surpris. 
Yiat  as  gelines,»!  escoute: 

110  C'est  vérité  que  moult  se  doute, 
Que  bien  set  qu'il  fait  musardie. 
Retournez  est  par  couardie, 
Grant  paour  a  c'en  ne  le  voie. 
Ist  de  la  court,  entre  en  la  voie 

il(  Et  se  coomenca  a  pourpenser. 
Uaia  besoing  fut  vielle  troter, 
Et  la  fùn  tant  le  par  tourmente, 
Ou  bel  li  Boit  ou  se  repente, 
Le  refait  arrière  fichier 

lao   Por  les  gelines  aorochier. 
Or  est  Renars  venuz  arrière, 
En  la  grancbe  entre  par  deriere 
8i  ooiemmt  que  ne  se  marent 
Les  gelines,  ne  n'aparcnrent. 

128    Sus  un  tref  en  ot  troi  juohiees 
Qui  estoient  a  mort  jugiees. 
Et  cilz  qui  ert  alez  en  fiierre, 
S'en  monta  sua  un  tas  de  fuerre 
Four  les  gelines  aorochier. 

lao   Les  gelines  sentent  hochier 


%  Nb  trou  dont  m.    111  que  f.    112  coiurdife    122  Entre  e 
t'  f-    I2S  iimcliieei 


,  Google 


lY  (Méon  6585—8626) 

Le  fuerre,  si  en  tresaillirent 
Et  en  un  angle  se  tapirent. 
Et  Renara  celle  part  s'en  tourne, 
Si  lee  a  prises  tout  a  ourne 

ISb    La  ou  il  les  vit  enanglees: 
Si  les  a  toutes  estranglees. 
Des  deus  en  fait  ses  grenoos  braire, 
La  tierce  en  voudra  porter  cuire. 
Quant  ot  mengie,  si  fa  aaise. 

140  De  la  granche  ist  par  une  heee 
Et  la  tierce  geline  emporte. 
Hais  si  conme  il  vint  a  la  porte, 
Si  ot  moult  grant  talent  de  boivre 
Gilz  qui  bien  sot  la  gent  decoivre. 

145   Un  puis  avoit  enmi  la  oort: 
Benars  le  vit,  celle  part  court 
Pour  sa  soif  que  il  volt  estaindre, 
MaU  il  ne  pot  a  l'eve  ataindre. 
Or  a  Renart  le  puis  trouve: 

lOO   Hoult  par  le  vit  parfont  et  le. 
Beigneura,  or  escoutez  merveilles! 
En  oe  pois  si  avoît  deus  seilles: 
Quant  l'une  vient,  et  l'autre  vtùt. 
Et  Renars  qui  tant  a  mal  fait, 

156   DesBur  le  puis  s'est  acoutez 
Grunz  et  marris  et  trespensez. 
Dedens  commence  a  regarder 
Et  son  ombre  a  aboeter: 
Guida  que  ce  fust  Hermeline 

160   Sa  famme  qu'aime  d'amor  fine, 
Qai  berbergîe  fust  leens. 
Renars  fij  pensie  et  dolens: 
n  li  demande  par  vertu 
Di  moi,  la  dedens  que  fais  tu?' 


131  «i  oontreaNUirent  132  saUpirent  U2  a  ]  n«TS  144  )m  g^a* 
145  a  uen  e.  146  Quot  il  te  n.  si  j  aODurt  147  quil  uouloit  e.  148 
puet  151  Or  eieoutsz  a.  153  En  celui  p.  *.  154  t.  maux  ot  f.  156 
Oriez     158  abooeter     160  quamoit 


,  Google 


IT  (Méon  «627—6678)  151 

166   La  Toia  du  puis  viot  aonb'emoat  : 

RenarB  Toïi  drece  le  froDt. 

D  ta  rapelle  une  autre  fois: 

Contremont  resoi-ti  la  Toia. 

Renars  l'oï,  moult  se  merveille: 
170  Si  met  ses  piez  eu  une  seille, 

One  n'en  sot  mot,  quant  il  avale. 

Ja  i  aura  encontre  maie. 

Quant  il  fu  en  l'eve  oheûa, 

Si  Bot  bien  qu'il  fu  deceOs. 
175         Or  est  Reuart  en  maie  frape, 

Maufez  l'ont  mis  en  celle  trape. 

Âcoutez  s'est  a  une  pien-e, 

Bien  vousist  estre  mors  en  bière. 

Lt  ohaitiB  Bueffire  grant  haohiee: 
180   Moult  a  souvent  la  pel  moilliee. 

Or  est  a  aise  de  peaohier. 

Nulz  nel  pourroit  esleesobier: 

Se  prise  dens  boutons  son  sens. 

Seigneurs,  it  avint  en  cel  teos, 
180    En  celle  nuit  et  en  celle  heure, 

Que  Tsengrins  tout  sanz  demeure 

S'en  est  issus  d'une  grant  lande: 

Que  qnerre  li  couvint  viande. 

Que  la  fain  le  grieve  forment. 
190   Tournez  s'en  est  ireement 

Devant  la  meson  aus  rendus, 

Les  granz  galos  i  est  venaz. 

Le  pais  trouva  moult  gaste. 

'd  conversent'  dit  il   malfe, 
195    Qant  l'en  n'i  puet  trouver  viande 

Ne  rien  de  ce  que  on  demande.' 

Tournez  s'en  est  tout  le  passet 

Courant  s'en  vint  vers  le  guichet: 

Par  devant  la  reodation 
300    S'en  est  venuz  le  grant  troton. 

W  D  npela      112  i  mangut     e.  mit  m.      173  oonme      178  mort 
'^1  pMMkier      184  Umps      185  A  ...  a      189  greuaU     195  Que 


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152  IT  (Méon  667S— «TIO) 

Le  puie  trouva  enmi  ss  voie 

Ou  Reuars  le  roas  a'eabanoie. 

Deasnr  le  puis  s'est  aclinez 

Qrainz  et  marriz  et  trespeneeK. 
SOQ    Dedens  conmence  a  re^rder 

Et  son  umbre  a  aboeter. 

Coq  plus  i  vit,  plus  eagarda, 

Tout  enai  oon  Benars  ouvra  : 

Cuida  que  fust  dame  Hersens 
,  310    Qui  herbergiee  fiiat  leens 

Et  que  Renars  fust  aveo  lî. 

Sachiez  pas  ne  li  embeli, 

Et  dist  'moult  par  aui  maubailliz, 

De  ma  famé  vilz  et  honoiz 
215   Que  Renara  li  rous  m'a  forixaite 

Et  ceene  avec  soi  a  traite. 

Moult  est  ore  traître  1ère. 

Quant  il  deooit  si  sa  conmere. 

Si  ne  me  pais  de  lui  garder. 
2S0   Mes  se  jel  pooie  atraper, 

Si  faitement  m'en  v^igeroie 

Que  jamee  crieme  n'en  auroie.' 

Fuis  a  uale  par  grant  vertu: 

À.  son  umbre  dist  qui  ee  tu? 
225    Pute  orde  vilz,  pute  prouvée, 

Qant  0  Renart  t'ai  ci  troveeT         D48 

Si  a  uUe  une  autre  foiz, 

Contremont  resorti  la  voiz. 
Que  qulsengrina  se  dementott 
280  Et  Renars  treatoz  coiz  estoït, 

Et  le  laissa  asaez  usler, 

Fuis  si  le  priât  a  apeler. 

'Qui  est  ce,  dies,  qui  m'aparoleP 

Ja  tiens  ge  oa  dedenz  m'esoole.' 

201  Gel  202  s'manque  204  Oriez  205  a  Kbooter  206  ft  reRirrier 
207  p.;  garda  209  hersent  211  lui  212  point  213  mabaUlii  216  <»«>>> 
auecqucB  a.  I.  217  liere  216  De  oe  quil  d.  bs  232  Q.  ie  ia  0.  ni  ^ 
Qui  s.  227  Et  si  aaoie  ie  a.  f.  229  Comme  7.  230  tout  ooi  (•  («■«■I 
23S  moi  parole    234  d 


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IT  (Méon  6711— «7631  153 

2S6    Qui  68  ta,  vaP'  dist  Tsengrin. 

'Ja  sui  je  vostre  bon  voiaio 

Qui  fui  jad»  vostre  oompere, 

Plas  m'amiez  que  voetre  frère. 

Mais  l'en  m'apelle  feu  Renaît 
240    Qui  tant  savoit  d'engin  et  d'art,' 

Dût  YBengrins  'c'est  mes  confors: 

Des  quant  es  tu,  Renart,   donc  moraf 

Et  il  li  reepont  'des  l'autrier. 

Nulz  bons  ne  s'en  doit  merreiUer, 
346    Se  je  Boi  mors:  aussi  mourront 

Tretuit  ml  qui  en  vie  sont 

Farmi  la  mort  les  convendra 

Passer  an  jor  que  dies  plaira. 

Or  atent  m'ame  nostre  sire 
SU    Qni  m'a  gete  de  ceat  martire- 

Je  vos  pri,  biau  compère  doua, 

Que  me  pardonnez  les  oonrroas 

Que  l'autrier  edstes  vers  moi.' 

Dist  YsengriDs  'et  je  l'otroi 
256    Or  vous  soient  tout  pardone, 

Compère,  ci  et  devant  de. 

Mes  de  vostre  mort  sui  dolens.' 

Dist  Renars  'et  j'en  sui  joians.' 

'Joians  en  esP'     'Toire,  par  foi.' 
S80   'Biau  compère,  di  moi  pourquoi.' 

'Que  lî  miens  corps  gist  en  la  bière 

Gbiez  Hermelîne  en  la  teeuiere, 

Et  m'ame  est  en  paradis  mise, 

Devuit  les  pies  Jbeeu  assise: 
S86    Oomperes,  j'ai  quaoque  je  veil. 

Je  n'oi  onqnea  cure  d'orgueil. 

Se  tu  es  ou  règne  terrestre, 

Je  sui  en  paradis  celestre. 

CeeuB  sont  les  gaaigneries, 
810  Les  bois,  les  plains,  les  praieries: 

ïtO  c  engïD  et  art  242  donc  R.  248  P.  en  .1.  temps  qui  aendra 
w  853  ennen  2M  Dit  258  Et  par  ici  2S9  ea  ea  manque  T. 
p.    262  na    26S  Et  ie  aui  on  re^e  c 


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IV  (Héon  êtes— 6S00.' 

Oeena  a  riche  pecnnaille, 
Ceens  puez  veoir  mainte  aumaille 
Et  mainte  oàlle  et  munte  chievre, 
Ceena  puez  tu  veoir  maiat  lièvre 

375    Et  bues  et  vacbee  et  moutons, 
Eepreviera,  oators  et  faucons.' 
Tsengrins  jure  saint  Sevestre 
Que  il  voudroit  la  dedens  estre. 
Diat  Renars  leseiez  ce  ester, 

380    Geens  ne  poez  vous  entrer: 
Paradis  est  celestiaus, 
Mais  n'est  mie  a  touz  conmnnaus. 
Moult  as  este  touz  jors  tricbîerres, 
Fel  et  traTtres  et  boisierres. 

386    De  ta  famme  m'aa  mescreS  : 
Par  dieu  et  par  aa  grant  vertu, 
Ono  ne  li  fis  deaconvenne, 
N'onques  par  moi  ne  fu  foutue. 
Tu  dis  que  tes  filz  avoutru, 

290    Onques  certes  nel  me  pensai. 
Par  oei  seigneur  qui  me  fist  ne, 
Or  t'en  ai  dit  la  vente.' 

Dïst  YaengrJDs  je  vous  en  oroi^ 
Jel  vos  pardoing  en  bonne  foi. 

396    Uaia  faites  moi  leena  eotrer.' 
Ce  diat  Renan  leasiez  eater. 
N'avoua  cure  ceeos  de  noise. 
La  poez  veoir  celle  poiae.' 
Seigneur,  or  eaooutez  merveille! 

300   À  aon  doi  li  mouatre  la  seille. 
Renars  set  bien  son  sens  eapandre: 
Que  pour  voir  li  a  fet  entendre, 
Poiaes  août  de  bien  et  de  mal. 
'Par  dieu  le  père  eaperital. 


272  puet  on  u.  grmat  a.  273  m.  an^uîle  «t  274  puet  on  Ift 
oitoiers  270  o«  ).  S81  religinui  2S3  ai  ]  ai  peabierres  284  F  t.  M 
enfp^ierrei  2S8  croUane  291  m  294  Je  le  290  merueilleB  300  1h 
Beillea     301  8i  aoet  R.  son    802  Que  mangue    anoit 


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IV  (Méon  6801— fi880) 

805    Diex  si  par  eet  Binai  poiBaanz, 

Que  quant  li  biena  est  ai  peaanz, 

Si  a'en  dévale  ca  de  jua, 

Et  touz  li  maua  remaint  lasaua. 

Mus  bons,  s'il  n'a  confesse  prise, 
310   Ne  pourroit  ja  eu  nule  guiae 

Ci  avaler,  je  le  te  di. 

As  tu  tes  peschiez  regehiP' 

'Ofl'  fait  il,  'a  un  viel  lèvre 

Et  a  dame  H  . .  . .  la  chievre 
SIS    Monlt  bien  et  monlt  très  aaintement. 

Compère,  plus  hastivement 

Me  faites  la  dedens  entrerl' 

Benars  conmence  a  regarder 

'Or  vous  eatuet  dont  dieu  proier 
330   Et  moult  saintement  gracier 

Que  il  voua  face  vrai  pardon 

De  voz  peohiez  remission: 

Ainsi  î  pourries  entrer.' 

TseDgrins  n'i  volt  plus  ester: 
836    Son  cul  tourna  vera  orient 

Et  sa  teste  vers  occident, 

Et  conmenca  a  orgvener 

Et  très  durement  a  nsler. 

Renais  qnî  fait  mainte  merveille, 
830    Estoit  aval  en  l'autre  seille 

Qui  ou  puis  estoit  avalée. 

Ce  fu  par  pute  destinée 

Que  Renara  a'eet  dedens  couchiez. 

Far  temps  iert  Tsengrins  iriez. 
dS)   Diet  TseDgrins  ']'>"  dieu  proie.' 

'Et  je'  dist  Renars  'gracie. 

Tsengrin,  vois  tu  ces  merveilles. 

Que  devant  moi  ardent  chandeillm? 

Jheeu  te  fera  vrai  pardon 
aw   Et  moult  gente  rémission.' 

306  Qne  manquf   li  tm  eit  bien  repeutaaz    312  ton  peohie 
t^:  faul  a  Itrr  HmuIiÎ     320  mott  manque     regraoier 


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IV  (Méon  8887—6924) 

Ysengrins  l'ot;  adont  estrive 
Au  Boel  abfttre  de  rive, 
Il  joiat  les  piez,  si  sailli  ens. 
Yaenp'iiia  fu  1i  plue  pesans, 

34S    Si  s'en  avale  contreval. 
Or  escoutez  le  bautestalt 
Ou  puis  se  sont  entre  encontre, 
Tsengrina  l'a  araisonne 
'Compère,  pourquoi  t'en  viens  ta?* 

860    Et  Renars  lî  a  responda 

"n'en  faites  ja  chiere  ne  frume, 
Bien  voua  en  dirai  la  coaatame  : 
Quant  li  uoa  va,  lî  autres  vieut, 
C'est  la  coustame  qui  avient 

Sbb  3e  vois  en  paradis  la  sus, 
Et  tu  vas  en  enfer  la  jus. 
Du  diable  sui  eacliapez 
Et  tu  t'en  rêvas  aa  maufez. 
Uoalt  es  en  granz  viltes  oheois 

8fl0    Et  j'en  sui  hors,  bien  le  saohois. 
Par  dieu  le  père  esperitable, 
La  jus  conversent  )i  diable.' 
Des  que  Renars  vint  a  la  terre, 
Moult  s'esbaudi  de  &ire  guerre. 

88a    Yaengrins  est  en  maie  trape: 
Se  il  fuBt  pris  devant  Hal^e, 
Ne  fust  il  pas  si  adonlez. 
Que  quant  ou  puis  fa  avales. 
Sfflgnears,  or  oiez  des  rendu 

870   Conme  il  perdirent  leur  vertus. 
Leur  fèves  furent  trop  salées 
Que  il  orent  mengie  gravées. 
Li  sergent  furent  pareceus, 
Que  d'eve  furent  souffireteua. 

375    Mais  il  avint  del  cuisinier. 
Celui  qui  gardoit  le  mengier, 
Qu'il  ot  sa  force  recouvrée. 
Au  puis  s'en  vint  la  matinée, 
s  Que  ]  ooq      ^TS  del  ]  tu    8T8  t'man^t 


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IT  (Héon  6925—6954) 

Si  meDoit  un  aBn«  Espanoia 

380    Et  compaignons  de  ci  a  troia: 
Au  puis  en  viennent  le  trot  on 
Treetuit  li  qatre  compalugnon. 
L'arne  acouplent  a  la  poulie 
Qui  de  traire  paa  ne  a'oublie; 

88S    Lî  rendu  le  vont  menaçant 
Et  l'ames  va  forment  traiant, 
Li  leus  a  sa  grant  meaestanoa 
Efltoit  la  aval  en  balance: 
Dedenz  le  eeel  s'eat  coulez. 

890   Et  l'aine  fil  si  adolez 

Que  il  ne  pot  n'avant  n'arriére, 
Ke  poF  foroe  que  l'en  le  fiere: 
Quant  uns  rendus  a'est  apoiez. 
Qui  est  desuB  le  puis  couchiez: 

386    Si  prent  dedenz  a  regarder 
Et  Ysengrin  a  aviser. 
Dist  aus  autrea  '<jae  faites  tousP 
Par  dieu  le  père  glorious. 
Ce  est  un  leu  que  vous  tndez.' 

400   Eatea  les  vous  tonz  esmaiez, 
Si  a'un  courent  tait  vers  maison 
Grant  aleûre  le  troton. 
Hais  la  poulie  ont  atachie. 
Taengrins  aaeffl-e  grsnt  haaohie. 

406   Li  frère  apellent  les  serjanz, 
Par  tempa  iert  Taengrina  dolenz. 
Li  abbes  prent  une  macue 
Qui  moult  estoit  grant  et  cornue, 


Do»*  le  mte.  D  le»  vt.  379 — 382  m  trouvent  ieriti  tlf  cette 
•"nihe:  traatnil  li  .1111.  oompalKnon  (=^  362)  Tindrent  d«  U  corde  .1. 
tioaeoB  Et  orent  .1.  mul  espsignoU  Et  compaignons  jusques  s  ,111. 
i=  360)  388  U  auiï  en  389  n'manque  391  puet  392  pftr  993  Q. 
-J-  MM  394  Q.  forment  entoit  oouroactiez  Et  Iotb  b  rendu  1»  nen 
W  «u  le  poil  coDChie  ae  fa  395  Si  le  priât  mit'  a  3S6  raniser 
W  Ireet  400  effreez  403  estachic  404  haschee  405  li  eerKent 
W  dolcDt 


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158  tV    Méon  6955—8992) 

Et  1i  prieurs  ua  obuidelier. 
410    II  n'i  remest;  moine  ou  mouatier 

Qui  ne  portaet  baston  ou  pel: 

Tuit  sont  isBu  de  leur  hostel. 

Au  puis  en  prennent  a  venir 

Et  s'aprestent  de  bien  ferir. 
416    L'arne  font  traire  qui  la  fu. 

Si  li  aîdeat  par  vertu 

Tant  que  li  seaaa  vint  a  rive. 

Tsengrins  n'atent  mie  trive, 

Un  saut  a  fet  moult  avenant 
420   £t  li  gaignon  le  vont  aivant, 

Qui  descirent  son  peticon: 

Amont  en  volent  li  Socon. 

Et  ]i  rendu  l'ont  atrape 

Qui  moult  durement  l'ont  frape. 
4-2&    Li  uns  le  fiert  parmi  les  raina, 

Ysengrins  est  en  maies  mainâ. 

IMec  s'est  qatre  foiz  pasmezi 

Monlt  par  est  grainz  et  adolez, 

Tant  qu'il  s'est  couchiez  sur  le  bort: 
4S0    Illecques  fait  semblant  de  mort 
Atant  estes  vous  le  priour 

Cui  diex  otroit  grant  desbonaour. 

Il  mist  la  main  s  son  coutel, 

Si  en  vouloit  prendre  la  pel. 
486    Toz  estoit  prez  de  Tacourer, 

Quant  l'abe  dist  lessiez  ester! 

Assez  a  sa  pel  despecie 

Et  sofferte  mortel  hachie: 

Il  ne  fera  mais  point  de  guerre, 
440   Apcsiee  en  est  la  terre. 

Tornons  nos  en,  lessiez  ester!' 

Tsengrins  n'a  talent  d'aler. 

CliasouDs  rendu  a  pris  son  pel, 

Si  retournèrent  a  ostel. 

409  cbandeler  ]  grant  leuier  410  ne  Temadit  411  porte  autcue 
417  li  loui  u.  K  U  r.  421  detirent  42'^  griei  429  quil  la  coachent 
430  font    4S5  Tout  este  p.     43T — 441  manqutnt 


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IV  (Iléon  6903—7026) 

446  Ysengrîns  voit  D'i  a  nulloi, 
Qui  a  souffert  si  grant  anni. 
Fniant  s'en  va  a  graut  bacbie 
Que  il  a  la  oroupe  brioie. 
A  un  grant  buisson  eet  venus. 

400    Uais  tant  est  ses  crêpons  batus 
Qu'il  ne  se  pu  et  reavertuer. 
Devant  lui  vit  son  &lz  aler 
Qui  li  demanda  entresait 
'Biaa  père,  qui  voua  a  ce  fait?' 

466    'BiauB  filz,  Renars  qui  m'a  traï. 
Far  dieu  le  voir  qui  ne  menti, 
Ed  un  puis  me  Bat  trebuschier, 
Jamais  ne  me  pourrai  aidier.' 
Quant  oilz  l'oï,  moult  s'en  aîre, 

400    Dieu  jure  qui  souffri  martire, 
Se  il  aa  mùns  le  puet  tenir, 
D  li  fera  aea  jens  pair. 
Bel  puis  tenir,  jel  vos  plevis, 
Il  ne  m'estordra  mie  vis: 

4eJ    Que  devant  moi  fouti  ma  mère, 
Si  compiasa  moi  et  mon  frère. 
Si  l'en  rendrai  le  guerredon, 
Ja  n'en  aura  se  la  mort  Don.' 
Atant  s'en  va  ea  aa  tiùsnîere 

170   Et  fait  mires  mander  et  qnerre 
Qui  de  lui  sont  tant  entremis 
Et  tant  li  ont  vitaille  qnis 
Que  pourcfaacie  ont  et  trouvée 
Qu'il  a  sa  force  recouvrée. 

479    Ysengrins  est  garis  et  iorz: 
Se  dant  Renars  passe  les  porz, 
S'Ysengrins  le  truisae  en  sa  marcbci 
Sachiez,  il  li  fera  damage. 

447  hmchiee    426  urai    462  ion  gie\i    463  ie  u.     464  i 
°«-'    4<8  Ja  1  II    471  Qai  sen  sont  bien  e.    477  •'  ]  Et 


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V  (Uéon  .  .  .  7787—7744) 


Ud  jour  ÎBsi  hors  de  Is  lande  D49 

Tsengrins  pour  querre  viande 

Et  dant  Reuara  tout  ensement. 

Par  temps  feront  acointcment. 
6   Reoars  prent  dieu  a  réclamer 

Que  cel  jour  le  puisse  garder 

Des  mains  son  compère  Tsengrin. 

'J'ai'  fait  il  'tant  mauvais  voisin, 

Que  oe  me  sai  en  qui  fier.' 
10   A  un  graot  tertre  dévaler 

Li  vînt  Ysengrins  devant  lui 

Qui  par  temps  li  fera  anui. 
'  Renars  voit  bien,  ne  puet  gaenchïr, 

Ne  nulle  part  ne  puet  fuïr. 
15    Si  li  a  dit  tout  a  «strous 

'Biaas  compères,  bien  veîgoiez  vous, 

Et  damediex  vous  envoit  joiel' 

Et  cilz  li  dist  'se  diex  me  voie, 

Joie  aurai  je,  quant  je  vous  voi. 
ao   Par  dieu  le  père  en  qui  je  croi, 

Quant  je  te  voi,  ne  quier  ao^ui 

Du  corps  te  ferù  grant  anui. 

En  mon  ventre  prendras  hostel. 

Tu  ne  t'en  puez  partir  par  el. 

Le  mac  A  ne  commence  qu'au  v.  145.  4  soordement  6  CMt  t 
I  fouir  17  n.  aroaint  i.  18  d.  qail  a  grant  ioie  19  j«  manque  21  Car 
I  te  di  encore  enouï    22  Te  f.  du  oorpi 


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V  (Méon  7Î45— 7806)  161 

%    Moult  anroies  isael  cheval, 

Se  ne  te  fais  livrer  estât. 

De  TOUS  me  lèveront  li  flanc, 

Âguiser  weJl  de  vous  mon  sanc: 

Par  sanc  aquerrai  hardement, 
30   Plus  en  serai  doubte  de  gent. 

Que  faites  vousP  vias  entrez 

En  ma  geule!  que  demourezP' 

TseDgriDH  aguise  sa  dent, 

A  Renart  donne  ossiùlleinent. 
85    Onques  nulz  bons,  si  fust  olieds 

N'en  terre  de  Sarrazins  pris, 

THe  ta  si  bien  faoueepï^niez 

CoD  Renars  fu  et  desachiez. 
Or  est  Renars  en  mal  troton, 
40    De  aon  dos  volent  li  Socon 

Aussi  con  de  coûte  de  plume. 

Tel  doulour  a  que  tous  escume. 

Yeengrins  ot  fait  sou  revel, 

Kenars  a  pelée  la  pel. 
4'>    9i  fu  pelez,  pas  ne  se  faint: 

Ne  se  remue  ne  se  plaint. 

Yaengrins  est  sus  acropiz 

Et  dist  ahi,  je  sut  traïz. 

Mes  tnautalons  m'a  sourporte, 
QO   Trop  ai  vilainement  ouvre. 

Je  n'ai  mes  cure  de  déport, 

Qaaut  je  mon  conseiller  ai  mort.' 

Renars  l'oï,  un  poi  s'estent. 

Dist  Tsengrins  'qu'est  ce  que  sentP 
M   Encor  U  bat  ci  une  veine. 

Mais  je  n'i  sent  feu  ne  aleine.' 

Renars  se  dresce  sus  ses  piez 

Et  dist  'sire,  ce  est  péchiez. 

Tostre  niez  sui,  ce  est  la  somme, 
60   Ja  mar  tendrez  vil  petit  homme.' 

!T  Ifuera  le     28  AHÎ^er     36  nah  manque     h.  ne  fii  n  o.    38 

Cunme    ta  manque      42  tout     44  ot      46  r.   sinooi*   ■«   ttiat  49   Mon 
"illtlent    56  aen  fa 

UIUT     1  11 


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V  (Méon  7807—7880) 

Benara  regarde  par  un  plain: 
Delcz  le  bois  vit  un  vilain. 
En  sa  main  portoit  un  bacon: 
Venus  eetoit  de  .aa  maison. 

06    Kcnars  lo  vit,  si  e'eet  sourria: 
'Onolee,  moult  estes  mes  amîs:' 
(n  garra  ja  par  sa  favele) 
'Oncles,  oiez  bone  nouvelle  I 
Un  bacon  porte  cilz  vilaine: 

70    Car  le  nietona  entre  noz  mains. 
Si  devenommes  marcbeant. 
Qu'aiona  nous  ici  demeurant'? 
Courons  li  sus!  or  n'i  ait  plus. 
Bieu  sai  vendre  char  sanz  refus. 

75    Or  faisommea  ci  vostre  esgart: 
Je  en  aurai  la  tierce  part 
Et  vous  les  deus,  qui  estes  grans. 
C'est  couatume  de  marcheana 
Que  se  deduient  liement' 

80    Yseugrina  li  moustra  la  dent, 
Si  li  respondi  'par  saint  01er, 
Vera  vilain -n'ai  cure  d'aler. 
Je  paaeai  ier  par  une  rue. 
tJn  m'en  feri  d'une  macue 

m    Que  il  m'abati  tretout  plat 

Urant  honte  mo  fait  qui  me  bat.' 
Diat  Renars  'lessiez  ce  ester! 
Or  m'estuet  mon  sens  esproaver. 
Se  le  bacon  ne  vous  puis  rendre, 

90   A  une  hart  me  faites  pendre. 
Oncle'  fait  il,  'or  demeurez! 
J'  irai  avant:  ci  voua  estez!' 
'Je  l'ottroi'  ce  dist  Ysengrin. 
Et  Renars  aqueult  son  chemin. 


67  gaagaa  p.  72  doub  eut  inttrcaié  par  une  main  tnodemt  74  ac 
uendra  7ti  aurej  <i  en  rature  sur  i)  77  grant  76  Ceet  la  o-  d  mu- 
oheaot  79  11  se  ileduiïent  81  li  manque  eler  86  mabat  68  Or  weil 
ie  m.    91  Ore  f.    92  Je  irai    oî  ]  et    S3  dit 


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V  (MÈon  7861—7938)  163 

95    Par  devant  le  vilain  se  trait 

Autreei  con  s'il  fust  contrait. 

Si  vint  parmi  une  charriera. 

Li  vilains  fiât  moult  lie  chiere, 

Quant  a  aperçut  le  gourpil. 
100   Or  est  li  bacons  en  péril. 

Reaars  vint  trfûnant  bob  raina 

Et  cilz  le  cuda  prendre  aa  mains. 

Renara  li  fiât  un  petit  saut. 

Dist  )i  vilains  rien  ne  vous  vaut. 
106   Ta  gorge  iert  mise  en  mon  mantel.' 

Benars  l'oî,  moult  li  fu  bel: 

Que  moult  a  entre  dire  et  faire. 

S'il  puet,  il  li  fera  contraire. 

Tôt  temps  enforce  s'ambleÛre 
110    Et  oilz  engraigne  s'aletire. 

Li  vilains  eueffre  tnoult  grant  paine: 

Ne  puet  aler,  faut  li  l'aleine. 

Si  a  gete  le  bacon  jus. 

Dist  Taengrins  'or  n'i  a  ploe!' 
lia    Renars  s'en  va  touz  les  galos' 

Et  Taengrine  auit  les  eacloa. 

Tsengrins  n'ot  cure  d'enchaus, 

An  bacon  eat  venuz  les  saua. 

Sel  gete  aua  aon  chaaîgnon, 
ISO  Fuit  a'en  o  tout  eu  un  buisson. - 

La  le  menga  sans  demoree, 

A  Renart  a  la  faart  gardée. 

Li  vilains  retourna  arrière 

Qui  moult  faiaoit  dolanto  chiere, 
126  Quant  il  ot  perdu  son  bacon: 

Ono  maie  tel  duel  ne  fist  nulz  bon. 

RenMS  n'ot  cure  da  vilain, 

Lessa  le  courre  par  le  plain. 

Si  s'en  eat  venua  au  buisson, 
180    Ou  cuida  pariir  son  bacon. 

W  Toul  auMÎ     97  dele»  u.     107  Car     109  toui  ioura     124  f.  mit 
«  <A.     126  O    t.  d.  ne  mena  n.  h.     128  Ainz  le  lait  c.      130  cude 


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IT  (H«oii  7939—8082) 

Mes  Tsengrina  qui  preot  et  çart 
Ed  a  moustre  Reuart  la  h  art. 
Renars  ne  voult  bataille  faire, 
Âncoia  li  conmance  a  retraire 

135    'La  hart  ait  qui  l'a  desservie, 
Que  je  ne  la  deservî  mie.  • 

Ifauvaiee  est  vostre  conpaîgnie, 
Par  Jbesu  Crist  le  filz  Marie. 
Ne  puis  ci  longuement  durer, 

140    Yostre  congie  weil  demander. 
Onques  ne  finai  de  peohier: 
Biaua  ODcles  douz,  je  vous  requier 
Gongie  de  saint  Jaque  requerre, 
Pèlerin  serai  par  la  terre.' 

143    Diat  Yaengrins   et  ge  l'otroi,' 
Renara  fu  molt  en  grant  efroi, 
Quinze  jora  va  a  grant  baudor. 
Onquea  Renara  ne  fiât  sejor. 

Ta  s'eut  Rensrs  tôt  son  chemin. 

160    Or  velt  engigoier  Yaengrin: 
Bien  li  cuide  le  bacon  vendre 
Dont  il  ne  li  volt  aa  part  rendre. 
Bien  a  la  costume  au  gorpil. 
Devant  lui  garda  un  mesnil: 

155    La  a'en  toma,  ce  est  la  voire, 
Et  vint  au  cortil  le  provoire: 
Raz  i  trova  a  grant  plente. 
'Dell'  dist  Renars  bien  ai  erre.' 
Mes  d'aus  engigner  molt  se  peine. 

leo    Ârestez  s'est  a  molt  grant  peine, 
Si  aperçut  un  gresillon. 
Renara  en  fu  en  graot  fricon. 
Eacotc  a  le  chanteor 
Qui  illoo  chantoit  près  del  for. 

163    Le  gresellotts  le  cuuut  bien, 
Tôt  coi  se  tînt  ne  ne  dit  rien. 


131  Mut  134  AiDE  li  oonmanca  Ul  Ono  ne  fin*  de  preeBohier 
Ah  «  145  le  mm.  A  reeommenee.  152  uelt  153  le  154  lui  fnan7ii' 
157  Rmn     159  H.  dahe  eogiger     164  Qui  loo 


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V  (Héon  7993-8082)  1 

Renars  en  tint  le  chef  enclin  : 

'C3erc  sevent  bien  chanter  latin. 

Je  te  doDroie  bon  loier, 
170    Dan  clers,  dites  voatre  sauter  I' 

Li  grésillons  dist  forant  orgoil: 

'Par  saint  Denis,  enquerre  voil 

De  quel  pie'  fet  il  'vos  clochez.' 

Envers  Renart  s'est  aprochiez. 
175    De  son  brac  nne  manche  tret. 

Li  grésillons  jeta  un  bret. 

Renare  jeta  la  manche  jus, 

Si  li  a  dit  'or  n'i  a  plus.' 

Bee  la  goule,  muet  lez  denz, 
180   Qu'il  le  cuida  enclore  enz. 

Li  grisellons  li  dist  'Renart, 

Tant  par  estes  de  maie  part. 

Or  a  diable  un  pèlerin 

Qui  la  gent  mordra  en  la  an. 
185    Molt  fui  ore  près  de  morir, 

Dex  me  gari  par  son  plaisir.' 

Renars  respont  'vos  estes  ivres. 

Je  cuidoie  ce  fust  tes  livres. 

Certes  se  je  manje  l'oûsae, 
190   Trestotes  tes  chancons  soûsse. 

Molt  suî  sopris  de  graiit  malage, 

Que  j'ai  fet  meint  pelerinnage. 

Or  voi  bien  ne  puis  plus  durer: 

Un  maix  fait  moult  mon  cors  grever. 
105    Certes  je  sui  uns  chatis  hou. 

Kea  fsi  moi  or  conTession, 

Car  il  n'a  ci  entor  nul  preatre: 

Ja  savez  vos  très  bien  cesl  estee.' 

Li  gresillon  connut  Benart, 
200    Si  li  a  dit  se  dex  me  gart, 

Ja  en  auroiz  a  grant  plente.' 

Sept  gaignon  vienent  dcscople: 

Sbraojrae     178  dist     180  len     185  sui     188  (çarra     192  ie 
J  •    greae     196  Cs  ]  Mes     197  euoor    202  £  VU    uenoit 


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166  T  (Méon  8068—8202) 

En  après  vienent  chasoeora, 

Arbalestiers  et  veneors. 
205   Li  veoeors  hue  et  crie: 

Renars  entent  la  taborie, 

Ne  set  qu'il  puisse  devenir, 

Si  s'apareille  de  foïr. 

Et  li  veneors  vint  après, 
210    Si  deacouple  les  ciens  engres. 

'Or  Tribole!  or  Clarenbaut! 

Par  ci  fuit  H  gorpil,  Bîgaut. 

Or  ci  Plesence,  après  d'alert' 

Ses  terrera  va  toz  desoopler. 
215    Renars  s'en  va  grant  aleûre, 

Li  1  errer  vienent  a  droiture. 

Reuara  ne  mist  mie  a  sejor, 

EÏDz  saut  Bor  la  creste  de)  for. 

La  se  quati,  li  ohen  l'outrèrent: 
220   Renaît  perdirent,  sil  paserent. 

Tant  ont  com  tôt  le  cfaemin 

Qu'il  encontrerent  Tsengrin. 

Onquea  nel  roudrent  défier, 

Sa  pel  oonmencent  a  peler. 
225   Et  il  durement  ee  desfent: 

Qui  il  conaint,  ae  denz  le  fent 

De  bataille  est  en  grant  fricon, 

DTsengrin  rolent  li  Sooon. 

Renara  fu  sor  le  for  muohez, 
230    Qui  en  fu  molt  joianz  et  liez. 

La  bataille  prent  a  garder, 

Et  Tsengrin  a  ranpronner 

'Or  en  avez  le  guerredon: 

Mar  i  manjastes  le  bacon.' 
235    Taengrina  est  en  mal  déport. 

Doc  avoit  un  gaignon  fort: 

Taengrin  asailli  au  braz. 

Or  est  il  choûz  en  mal  laz, 

211  ore  rigAut  218  or  i  plesece  datera  214  Isursna  a  t.  deiooplM 
216  Einz  eat  aaliz  sor  le  f.  218  Uoutrerent  221  tôt  manqué  22S  Qm 
preot     227  De  ]  La     228  Di.  j.    231  AU     233  a.  uo«  le 


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V  (MéoD  8203—8210,'.    Va  {M.  717—7341  167 

Que  cil  li  présente  lea  denz 
340  St  li  bote  en  la  pel  dedenz  : 

Et  il  te  blece  malement. 

Maint  en  ocist  d'eforcement. 

Li  cheo  Del  pourent  endurer, 

Tsengrin  lassèrent  aler: 
246    Tomez  a'en  eat  grant  aleûre 

Et  vet  ailiers  querre  pasture. 

Va 

Adont  se  pensa  d'une  chose 

Dont  il  sa  feme  eu  son  cuer  chose, 

De  ce  que  il  férue  l'a, 
350  Benara,  molt  par  s'en  abaissa. 

Tele  ire  a  au  cuer  eii 

De  ce  qu'il  a  a  lui  jeu. 

Si  ae  remet  molt  tost  arere 

Et  vint  molt  tost  a  la  qarrere 
255    O  sa  feme  trova  aeant. 

Maintenant  la  va  lede&jant: 

Del  pie  la  Sert  COD  a'il  fust  ivre. 

'Haï"  fait  il,  'pute  chaitive, 

Pute  vis  orde  et  chaude  d'ovre, 
260    Bien  ai  veûe  fote  l'ovre, 

Bien  me  set  Renars  acopir. 

Jei  le  via  sor  voz  braz  cropir: 

Ne  TOs  eu  poez  escondire.' 

A  poi  Hersent  n'enrage  d'ire 
286   Por  Ysengrin  qui  si  la  chose. 

Mea  neporqant  tote  la  chose 

De  chef  en  chef  tote  li  conte. 

"Sire,  voirs  est,  il  m'a  fet  honte. 

Mes  n'i  ai  mie  tant  mesfet 
270   Endroit  ce  que  force  m'a  fet. 

Laiaaiez  ester  tôt  cest  contrere: 

Ce  qui  est  fet  n'est  mie  a  fere, 

A  autre  coae  entendea: 

249  Vmanque      250  mon  p.  aw»  abaissa 
!B  oauiloure     265  que     269  a    270  E.  tôt  ce 


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Va  (Méon  736—748.  8249—8268) 

Ja  cist  meffez  n'iert  amendez 
275    Por  cose  que  nos  en  dion. 

En  la  cort  Noble  le  lion 

Tient  od  les  plez  et  lez  oiaoces 

Des  mortex  gueres  et  des  tences: 

La  nos  alons  de  lui  clamer.  34 

380    Bien  le  porra  tost  amender, 

Se  ce  puet  estre  cbampete.' 

Cist  mes  a  tôt  réconforte 

Dant  Yaengrin  le  corocie. 

'Âhi'  fet  il,  'trop  ai  G;rooe. 
285    Trop  fu  fox  et  petit  savoie. 

Mes  cist  conaels  m'a  mis  en  voie. 

Uar  vit  ïtenars  son  grant  desroi. 

Sel  puia  tenir  a  cort  de  roi.' 
A  oee  paroles  cheminèrent. 
390    Onquea  ne  cessent  ne  finerent 

Tant  que  il.TÎndrent  a  la  cort. 

Or  cuit,  Ysangrins  tendra  cort 

Renart  le  ros,  se  tant  puet  fere 

Qu'a  la  cort  le  puisse  atrere: 
296    Que  molt  ert  Yoiziez  et  sages, 

Et  ai  savoit  pluaaors  languagea, 

Et  li  rois  l'a  fait  conestable 

De  sa  meson  et  de  sa  table. 

Parvenu  furent  el  palez 
300    La  ou  li  roia  tenoit  ses  plez. 

La  cors  estoit  granz  et  plenere. 

Bestes  i  ot  de  grant  manere, 

Feibles  et  fors,  de  totes  guises, 

Qui  totes  sont  au  roi  ausmisee. 
S05    Li  rob  siat  sor  un  fandeatuet  ' 

8i  riche  conme  a  roi  estuet. 

Tôt  entor  lui  siet  a  corone 

8a  roesnie  qui  l'avirone  : 

N'i  a  un  sol  qui  noise  face., 
310    Atant  es  voa  venu  en  place 


277  on  manqat     2T8  De     281  De  *282  Hsjb     286  en  ]  a 
t  mar    289  parolez    29t  uitdrent    293  pot    301  plene'ne 


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Ya  (Méon  S269— 8302) 

Dant  Ysengrin,  il  et  s'amie 
Qui  la  parole  ont  ammie. 
Trestuit  li  autre  font  silence. 
Et  mesiro  Ysengrin  coninence 

SIS    Devant  le  roi  en  sozpirant 
'Rois,  juBtise  va  enpirant: 
Ventes  est  tornee  a  feble, 
Nule  parole  n'est  astable. 
Yos  feîsteB  le  ban  roial 

S30    Qne  ja  mariage  par  mal 

N'oBBBt  en  freindre  ne  briaier: 
Renars  ne  tob  velt  tant  prisier 
N'onques  ne  tint  por  contredit 
Ke  vostre  ban  ne  vostre  dit. 

S25   Renare  est  cil  qui  toz  mais  aeme, 
Que  il  m'a  boni  de  ma  feme. 
Renars  ne  dote  mariage 
Ke  parente  ne  cosinnage: 
Il  est  pire  que  ne  puia  dire. 

330   Se  ouidiez  mie,  baux  doz  sire, 
Que  jel  die  por  li  reter 
Ne  por  blamc  aor  li  jeter! 
Rien  que  je  die  n'est  mencoîgne  : 
Yeis  ci  Hersent  qui  tôt  témoigne.' 

3S6    'Oîl,  sire,  îl  dît  voir'  fet  ele. 
■puis  celé  ore  <]ue  fui  pucele 
M'ama  Renars  et  poraivi: 
Et  je  li  si  toz  jora  foï, 
Onques  ne  me  veil  apaier 

310    A  rien  qu'il  me  vousist  proier. 
Et  puis  que  j'oi  pris  mon  aegnor, 
Ue  reBst  il  encbauz  gregnor. 
Mea  je  nel  voil  onques  atendre. 
Ue  ainz  mea  ne  me  pot  sorprendre 


314  Et  meaire  mangue  .j.  h'.  317  tornez  319  ben  320  nutriagM 
3^-i  frendre  324  bian  330  mie  à  baux  332  noter  335  J  dit  336 
puni  33gielMat.  339  One  340  prier  342  eDobkiu  ]  honte  M4 
»t  an  iMint  ne  me  pooît  prendre 


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170  Va  (Méon  8303—8338) 

345    Dea  q'a  Vautrer  en  uno  fosse: 

Que  j'estoie  et  crasse  et  grosse. 

Tant  qu'il  me  vit  en  cel  pertnis, 

Il  sailli  fors  très  parmi  l'uis, 

Et  vint  derers,  si  me  boni 
350    Tant  que  li  jeus  li  enbelî. 

Ce  vit  Tsengrins  mes  maris 

Qui  dolaoz  en  iert  et  maris, 

Et  je  sui  ci  qui  ci  la  honte.' 

Et  cou  ele  ont  feni  son  conte. 
Sûfi    Et  Ysengrina  si  a  repris 

"Voire  voir,  sire,  je  le  pria, 

Seignor  Renart,  de  cest  mesfet. 

Que  vos  en  aenble?  a  il  forfet 

Bien  ne  raison  en  cést  endroit? 
360    A  vos  m'en  cleîn,  fêtes  m'en  droit 

Par  devant  trestoz  vos  barons 

Do  ce  dont  nos  rete  l'avons! 

For  ce  m'en  cleîm  au  conmenchier 

Que  dant  Renars  ala  tencher 
863    A  mes  loveax  en  la  tesnîere, 

Et  si  pissa  sor  ma  loviere, 

Si  les  bâti  et  chevela. 

Et  avoutres  les  apela, 

Et  diet  que  cox  estoit  lor  père, 
870    Qu'il  avoit  foutue  lor  mère. 

Tôt  ce  dïst  il,  mes  il  menti. 

Onques  por  ce  ne  s'alenti 

De  ma  grant  honte  porcfaacher. 

L'autrer  estoie  alez  chacer, 
875    Hersens  estoit  o  moi  venue. 

La  fu  cesto  descovenue 

Que  je  vos  ai  ci  acontoe. 

Je  les  Borpris  a  la  montée, 

Et  le  blâmai  de  cest  afere, 
8»0    Et  il  m'en  ofri  droit  a  fere 

3i8  fors  1  eni  (.  enmi  349  derere  356  iel  p  357  forfet  SM  il 
ore  fet  381  P.  de  d.  uoBtre  b  3'15  a  ma  kuiere  369  cox  ]  Ml  ■I'' 
37 1  dit     376  Ja     377.  378  manpiettt 


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Ta  (Méon  8339—8374)  ] 

XId  seremeat  por  lui  deafendre 

Tôt  la  o  jfll  TOudroie  prendre. 

Sor  ce  me  fetea  jugement 

Et  Bmender  delir renient 
sa    Cest  meBfet  et  ceste  descorde, 

Q'autre  musart  ne  s'i  amorde.' 
Taengrins  a  son  cleîm  fine, 

Li  rois  en  a  son  chef  levé, 

8i  oonmenoe  un  poi  a  sozrire. 
^0   'Avez  vos'  fflt  il  'plus  que  direP' 

"Sire,  naie:  de  tant  me  poise 

Conques  en  fu  meûe  noise, 

Et  que  j'en  sui  si  vei^ondez.' 

'Heraest'  dist  li  rois,  'respondez 
396    Qui  vos  estes  ici  damée 

Que  dant  Renars  vos  a  amee: 

Et  TOB,  amastes  le  vos  onquea?' 

'Je  non,  sire.'     'Or  me  dites  donques 

Por  qei  estiez  vos  ai  foie 
400   Qu'en  sa  mesoo  aleez  sole 

Puis  que  vos  n'estiez  s'amie?' 

'Merci,  sire!  ce  n'i  est  mie. 

S'il  vos  plest,  mielz  dire  poez 

Selonc  le  cleim  que  vos  oez: 
400   Que  je  vos  dî,  li  oonnestable 

Mes  eires  qui  bien  est  establea, 

Que  il  enaanible  o  moi  la  vint 

Ou  ceste  vergoigne  m'avïnt.' 

'Ere  il  0  TOsP'  'Oïl  sanz  faille.' 
110   'Qtii  ouidast  ce,  que  diex  i  vaille, 

Que  il  esforcer  vos  doûst 

La  ou  vostre  mari  Boâst?' 

Lorea  s'eet  Ysengrins  levez. 

'Sire'  dist  il,  'vos  ne  devez, 
416   Se  vos  plest,  moi  ne  lui  desfendre. 

Ainz  devez  pleinement  entendre 

381  le  d.  33S  Tôt  mangut  385  ce  ma  fat  38R  aorde  389  o. 
M  la  poi  1.  398  ore;  dites  400  Que  a  m.  403  p  «ire  m.  4 
>a  c  T.  iiit    415  lui  ne  moi    416  plenerement 


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172  V»  (Méon  8375—8*30) 

A  la  ckmor,  que  que  nus  die,  35 

Que  il  la  meut  o  l'eaooadie. 
Que  je  vos  di  bien  a  fiance 
420   Con  cil  qui  vos  a  fet  liaoce 
Qire  se  Renars  ert  ci  preaeuz, 
Ge  mosteroie  qu'a  Heraenz 
Jut  il  a  force,  que  jel  vî, 
Par  la  foi  que  je  vos  plevi.' 
435    Et  li  rois  par  sa  grant  franchise 
Ne  vcU  sofrir  en  uule  guise, 
HoD  fust  en  sa  cort  mal  mené 
Qui  d'amors  fust  achoboane: 
Et  si  quida  que  non  fetat. 
430    Sachez,  volentiers  le  guerpist 
Envors  Benart  de  ea  querele 
DoDt  mesire  Yaengrina  l'apele. 

Et  con  il  vit  qu'îi  volt  tencber, 
8i  conmenca  a  agencier. 
435    Si  li  respondi  mot  a  mot: 

'Ce'  fait  il  'que  Renara  l'amot, 
Le  quitte  auquea  de  son  pechie. 
Se  par  amor  vos  a  trechie, 
Certes  prouz  est  et  afaitiez. 
440    Et  neporquant  il  ert  traitiez 
SeloQC  l'esgart  de  ma  meaon. 
Par  jugement  et  par  reaon 
Bien  en  faitea  prendre  conroi,' 
Li  cameU  siat  joate  le  roi, 
445    Molt  fu  en  la  cort  cher  tenuz. 
De  Lombardie  eatoit  venuz 
Por  aporter  mon  aegnor  Noble 
Trett  devers  Coetentinohle. 
La  pape  li  avoit  tramia, 
450    Sea  legas  ert  et  ses  amia: 

Molt  fu  sages  et  bon  legistrea. 
'Meatre'  fet  li  roie,  'a'onc  oïstea 
420  IftUnoe   422  que  h.   423  a  lui  que  ie  bien  uî  428  Que  damor 
430  B.  que  ».      434  a  manque     437  quit  ie      440  U  est  teoiei     4«  wn 
jç!  prendre  roi    447  «[wrteT        neble 


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Ta  (Hion  8431—8464) 

En  Dule  teri'e  tel  conpleinte 
GoD  a  ma  cort  a  l'en  fet  meinte, 

455    Or  volons  noa  de  vob  aprendre 
Quel  jugement  en  en  doit  rendre.' 

'Quare,  mesîre,  me  audîte! 
Nos  trobat  en  decrez  escrite 
En  la  rebrice  publicate 

460    De  matrimoine  violate: 
Primes  le  doiz  examinar 
Et  s'il  lie  se  puet  espui^ar, 
Grevar  le  puez  si  oon  te  place, 
Que  il  a  grant  cose  meaface. 

46j   Hec  est  en  )a  mie  sentence: 
8'estar  ne  veit  en  amendance, 
Dissique  par  mane  conmune 
Uneverse  soe  pecune: 
0  lapidar  lo  cora  o  ardre 

170    De  l'avereier  de  la  Renarde! 
Et  vue  si  mostie  si  bon  rege: 
Se  est  qui  destiuie  la  lege 
Et  qui  la  voil  vituperar, 
II  le  doive  fort  conperar. 

475    Messire,  par  la  corpe  seînte, 
Se  la  jugement  si  aaeinto, 
Et  tu  nos  aies  bon  seignor, 
Fai  droit  jugar  par  toe  anor, 
Par  la  scinCe  croise  de  de! 

480    Que  tu  ue  aoîes  bonne  re, 
Se  reison  ne  droit  ne  voa  far 
Ausi  cou  fist  Julius  César 
Et  en  cause  voille  droit  dir. 
Se  tu  veoil  estre  bonne  sir, 

480   Yide  ti  bonne  favelarl 

Par  la  foi  toe  tiegn  le  car! 


435  Ore  457  manque  458  Ë  nos  trouon  459  repreaae  461  len 
•^ï  M  Kuini/ur  poent  463  les  poz  465  sêt'nce  468  lue  472  desc'ue 
*'i  qnil  U  uoil  474  for  475  co'pi  476  iugment  477  non  481  fare 
*^î  tBli«n  ceure    4B6  le  omnque 


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V»  (Héon  8465— eitOO) 

9e  De  tiens  car  ta  baronnîe 

B«ndar  por  amendar  lor  vie, 

N'aies  cure  de  reiautati 
490    Se  tn  ne  juches  par  bontat, 

Et  se  tu  ne  faces  droitor, 

Tu  non  aies  bonne  segnor. 

Favalar  ce  que  bon  te  fâche  ! 

Plus  ne  t'en  di  ne  plus  ne  sache.' 
4B(t        Quant  li  baron  l'ourent  of, 

Tex  i  a  se  sont  esjohi, 

Et  tex  i  a  molt  oorocie. 

Li  lions  a  le  chef  drecie. 

'Aies'  fait  il,  'vos  qui  ci  estes 
500    Li  plus  vaillant,  les  ^anor  bestesl 

Si  jugiez  de  ceste  clamer, 

Se  cil  qui  est  sopris  d'amor 

Doit  estre  de  ce  encopez 

Dont  ses  conpainz  est  esoopez.' 
005    A  ces  paroles  lievent  sus, 

Del  tref  roiat  en  vont  en  sus 

A  une  part  por  droit  jugter. 

Plus  en  i  ala  d'uD  millier. 

Eant  Bricemers  H  cers  i  va 
010    Qui  de  mautalent  a'aîra 

Por  YsengrÎQ  qui  est  trioiez. 

Et  Brun  li  ors  s'est  aSciez. 

Dist  qu'il  voudra  Renart  grever. 

Avec  ans  deus  ont  fet  lever 
510    Baucen  le  sengler  qui  de  droit 

En  nul  aen  guencir  ae  voudroit. 
Asemble  sont  au  parlement. 

Li  oers  parla  premerement 

Qui  sor  Baucent  fa  acoutez. 
020    'Seignor'  dist  il,   ore  escotez! 

Vos  avez  oï  d'Ysengrin, 

Rostre  ami  et  nostre  cosin, 


487  tieg     468  la  u 
4M  que    501  agjei    507 


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Ta  (M«on  8&01— 8584) 

CoD  il  a  Renart  encuse. 
Iles  DOS  avons  en  cort  h  use, 

&25    Quant  en  se  pleint  de  forfeture 
Et  l'en  velt  en  avoir  droiture, 
Mostrer  l'eatuet  par  tierce  mein: 
Que  tel  porroit  d'ui  a  demein 
Fere  clamor  a  son  voloîr 

630    Dont  autre  se  porroit  doloir. 
De  sa  feme  vos  di  reson: 
Celui  a  il  en  sa  prison, 
Quanqu'il  velt  dire  ou  tesîr, 
Tôt  li  puet  fere  a  son  plesir 

635   Et  bien  mentir  a  escient. 
Ne  sont  mie  soficient 
Itex  teimoins  a  recevoir: 
Autres  lor  convendra  avoir.' 

'Far  deu,  segnor'  ce  a  dit  Brune, - 

640    'Des  jugeors  eui  je  11  uns. 

Puisque  nos  somes  ci  ensenble. 
Si  en  dirai  ce  que  me  senble. 
Dant  Tsengrin  est  connestables 
Et  de  la  cort  bien  est  creables. 

M6    Mes  se  il  fust  uns  bareteres 
0  faus  0  traîtres  o  leree. 
Sa  feme  ne  li  poïst  mie 
Porter  teiinoing  ne  garantie. 
Mes  Tsengrins  est  de  tel  non 

560    Que  s'il  n'i  oilst  se  li  non, 

Si  l'en  poïst  l'en  très  bien  croire.' 
'Par  foi'  fait  Baucen,   sire,  voire. 
Mes  une  cose  i  a  encore  : 
Ed  rostre  foi  car  dites  ore,  S 

565    Qui  est  li  pires  ne  li  meudre  ? 
Chacun  se  velt  au  suen  aqGudre. 


525  plein  de  forche  fere  526  len  demande  droture  a  fere 
ln«M  p.  terre  528  p.  oui  530  «en  534  pot  son  manque  542  moi 
*•   544  e«t  manque     546  fox     548  teimuig  ne  ne     550  ne  o.     551 


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1"6  Ta  (M*on  8535—8570) 

Se  vos  dites  qtii^  Isengrins 
Est  li  meudres  de  ses  voiaioe, 
Renars  le  voudra  contredire 
OBO    Que  n'est  ne  meins  loiaua  ne  pire. 
Chascun  si  se  tient  por  prodome. 
Por  ce  vos  di  a  la  parsome: 
Ce  ne  puet  estre  que  vos  diles. 
Donc  n'î  a  plus  coses  eslitea. 
665    Chascun  porroit  tel  clamor  fere 
Por  sa  femo  a  teimong  traire, 
Et  dire  "cent  sols  me  devez," 

Dont  meint  home  seroît  grevez. 

Oe  n'iert  ja  fet  la  u  je  soie. 
570    Oiesuz  estes  hors  de  la  Toie. 

A  vos  me  tieng,  dan  Brlcemer: 

Il  n'a  home  jusq'a  la  mer 

Qni  en  dcïst  plus  sagement 

Ne  loiaute  ne  jugement.' 
675        'Sflignor'  ce  dist  Plateax  li  deina, 

'B'autre  cose  est  ore  lî  cleins: 

Que  mesaire  Tsengrins  demande 

Reatorement  de  sa  viaude 

Que  Renars  prîst  en  sa  meson 
6»o   A  force  par  maie  reson, 

Et  qu'il  pissa  par  mal  respit 

Sor  ses  enfanz  en  son  despit, 

Si  lea  bâti  et  chevela 

Et  aToltrGS  les  apela. 
685    Et  a  ce  afîert  grant  amende. 

Se  dant  Renara  ne  li  amende 

Et  s'il  s'en  puet  einsi  estordre, 

EncOF  s'i  voidra  ÎI  amordre.' 

Et  diat  dan  Brun  'c'est  vérité. 
690    Honi  soit  et  déshonore 

Qui  ja  Reuart  consentira 

Que  un  prodome  bonîra, 

560  loivi  563  pot  566  tiegmon  567  ce  .x.  me  571  tieg  ^' 
luaute  578  Estroitement  581  mas  r.  5^2  en  ion  j  et  en  5A7  El  ]  *■'' 
A87  pot    ÏS8  mordre     591  Que 


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Va  (M^on  8571—8608) 

Et  ai  li  toudra  son  avoir, 
Si  n'en  porra  nul  droit  avoir: 
fiOô    Donc  auroit  il  borse  trovee. 
Ce  Boroit  folie  provee, 
Se  li  rois  son  baron  ne  venge 

•  Que  Renais  honist  et  ledcnge. 

•  Mes  a  tel  morsel  itel  teje, 

600    Cliaz  set  bien  qui  barbes  i)  lechn. 
Et  ne  quit  pas,  sauve  sa  grâce, 
Que  DOz  sire  s'ennor  i  face, 
Qui  s'en  aloit  ore  riant 
Et  Ysengrin  contraliant 
•  606    Por  un  garçon,  un  losenger, 

Dex  me  laiat  de  son  cors  venger! 
Por  deu  vos  pri,  ne  vos  soit  gref 
Se  je  vos  fas  un  conte  bref 
Del  traïtor  felou  encrime, 

610    CoD  il  coDcia  moi  meïme. 

Henars  qui  molt  par  est  haîz, 
'  Avoit  dcjoste  un  plaaseïz 

Une  riclie  vile  eapiee 
No  vêlement  édifiée. 

615   Les  lo  bois  avoit  un  ninnoir 
0  un  viloin  soloit  manoir 
Qui  molt  avoit  cos  et  jelincs. 
Renars  en  fist  grant  dechiplines 
Que  bien  en  manja  plus  de  trente. 

620   Tote  i  a  tornce  s'entente. 
Li  vileins  fet  Ronart  guetier, 
Ses  chena  avoit  fet  nfetier: 
El  bois  n'ot  ne  sente  ne  triege 
Ou  il  n'oust  cepel  o  piège 

635    0  trobucet  u  laz  tendu 
0  rois  ou  roisel  eateodu. 
Rcnart  greva,  qant  U  le  sot, 
Quant  a  la  vile  aler  ne  pot. 

594  Sire  porroit  don  n.      599  lece     tiOO  Chat     barbe     SC 
<I3  pitmz    614  et  defec     622  aficher     623  Nel    624  ou  pel 
*îS  roinel  tendu 

BEKIRT     I 


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Y»  <Méon  880T— 8642) 

Dont  porpensa  li  vis  diables 

630    Que  j'ere  grane  et  bien  Toiabtes, 
Et  il  ert  petis  et  menuz: 
Si  seroie  eioz  reteonz, 
O  fuat  a  bots  o  fust  a  plein, 
PluB  tost  meîst  on  a  moi  mein, 

685    0  que  nos  fnasion  ambedui: 
Ainz  tendist  en  a  moi  qu'a  lui, 
Et  je  meulz  i  fusse  atrapez 
Et  il  plus  toBt  fust  escapez. 
Il  savoit  que  j'amoie  miel 

640    Plus  que  chose  qui  soit  sos  ciel. 
A  moi  Tint  en  este  oen 
Derant  la  feste  seint  Johen: 
"Âhi"  fist  il,  "messire  Brun, 
Quel  T&sael  de  miel  je  eai  un!" 

645    "Et  0  est?"  "Cbes  Costant  des  Noes.' 
"Porroie  i  ge  mètre  les  poesP" 
"Oïl,  je  l'ai  tôt  espie." 
Li  ble  estoient  espie, 
Le  ble  trovames  tôt  covert, 

660    S'entramCB  par  un  nia  overt. 
Les  une  grandie  en  un  verger, 
La  nos  doiimes  herbergier 
Et  jesir  treatot  a  repos 
De  si  au  vespre  entre  les  ohox. 

656    Celé  nuit  al  eserisier 
Deveion  le  vesel  brisier, 
Le  miel  manger  et  retenir. 
Mes  li  gloB  De  se  pot  ^enir: 
Vit  les  jelînes  el  pailler, 

600   Si  conmenca  a  baellier. 
A  l'une  saut,  celea  crièrent. 
Li  vilein  qui  de  laienz  erent, 
Lievent  la  noiBe  par  la  vile, 
Toat  en  i  out  plus  de  deus  mile: 


629  pensa      SS5  foseion  ambedçui      637  je  ]  le      640  que     Mi 
coetuM    est  A.  une      oeles  ]  antres 


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Vb  (Méon  8G43-8e78)  179 

6ifô    Vers  le  cortil  vindrent  corant  _ 

Et  Rennrt  durement  huiant, 
Plus  de  quarante  en  uno  lote. 

Ke  fu  merveille  e'en  ou  dote, 

Les  granz  galoz  m'eu  sut  tornez. 
ti7n    Ronars  s'en  fu  toat  detornez 
Qai  sot  les  pas  et  les  deetorz, 

8or  moi  veresa  tôt  li  estorz. 
Quant  jel  vî  trere  a  une  part, 

"Conment"  dis  je,  "sire  lienart, 
675    Voles  me  vos  Inissier  en  place  P" 

"Qui  mielz  porra  fere,  si  face, 

Bau  sire  Brun:  or  de)  troter, 

Que  besoing  fet  vielle  troter. 

Fêtes  del  meulz  que  vos  porrez, 
680    Se  trenchanz  espérons  avez 

O  bon  cheval  por  tost  aler. 

Cil  vilein  vos  voudront  saler. 

Or  oiez  con  il  font  grant  noiee. 

8e  vos  pelicoa  trop  vos  poise, 
685    Ja  n'en  soie^  desconfortez: 

II  vos  sera  par  tans  portez. 

G'irai  avant  a  la  cuisiDe, 

8'i  porterai  ceste  jcline. 

8i  la  vos  aparellerai: 
690   Dites  quel  savor  i  ferai," 

Li  traîtres  atant  s'eslese, 

Si  me  laissa  en  celé  presse. 

La  noisse  ala  si  engrennant. 

Li  chen  me  vindrent  au  devant:  37 

095    A  moi  se  lient  pelle  melle, 

Et  pilet  volent  conme  grellc, 

9i  cornent  li  vilein  et  huient 

Que  li  champ  environ  en  braient. 
Quant  oT  les  vileins  corner, 
700    Qui  lors  nie  veTst  trestorner 

>72  1m  eitoK       67tt  besoig       6S3  Or  mangiit       S8G  tant        695 
rat      697  oor«Dl 


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180  Va  (Héon  6679-6714) 

Vers  les  mas  tins  tôt  abandon, 

Fouler  ot  mordre  envirOD, 

Hurter  et  batre  et  desconfire, 

Bien  poïst  por  vérité  dire 
706    Que  ono  ne  fu  votie  beste 

Qui  de  cheoB  feïst  tel  tempeste. 

Molt  me  pensoie  d'els  doafendre, 

Quant  je  tî  lea  piles  descendre 

Et  les  sajetes  barbelées 
710    Cbaoir  enter  moi  graaz  et  lees. 

Et  vileins  venir:  si  m'en  part. 

Les  chens  gnerpi  de  l'antre  part, 

Ters  les  vileins  ving  eslessiez. 

Atant  me  fu  li  chans  lessiez. 
710    N'i  ot  si  hardi  ne  si  coiute, 

Très  que  je  vers  eus  fia  ma  pointd. 

Qui  lors  ne  s'en  tomast  futant. 

Et  je  Tiog  uQ  d'aux  consuiant, 

  terre  a  mes  piez  le  cravant. 
720  Un  autre  s'en  fuï  avant 

Qui  portoit  une  grant  macue: 

Cil  que  je  ting  si  cric  et  hue, 

Et  il  retome,  si  me  grève. 

A  deus  poinz  la  macue  levé, 
725    Tel  cop  me  dona  les  l'oreille, 

Que  je  chaï,  voille  o  ne  voille. 

Quant  je  me  senti  si  qnsec, 

Son  conpaignon  li  ai  lessie. 

Je  sailli  sua  et  il  s'eacrient, 
730    Et  li  chen  a  moi  se  ralient, 

Si  me  sacent  et  me  decirent. 

Quant  11  vilein  entre  elz  le  virent, 

Estes  les  vos  toz  apoignant 

De  lor  glaives  me  vont  poignant, 
786    Pierres  jetent,  sajetes  traient. 

Li  mastin  crient  et  abaient. 

706  f.  elp     tSpeate     707  p.  d»ller  d.     711  vileins  ]  ia  ni    nm 
dautre    713  le  uileio    715  conl«    716  q.  vern  mi  fetfit  m%  peinte 
lenpeint     721  Que     722  ti)c     729  HeHcrie     733—736  manqutnt 


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T»  (Ttéon  8715—8750) 

La  OU  j'en  pooie  un  ateindre, 
Si  le  faisoie  a  fofce  geindre. 
Mes  durement  m'i  ont  plaie, 

740    Et  li  vilein  m'ont  esmaie. 

Yera  le  boia  conmencai  a  tendre 
La  ou  je  tî  la  presse  mendre. 
Si  m'en  estors  le  melz  que  poi. 
Retenuz  i  fui  a  bien  poi. 

74h    Mes  que  fuiant  que  desfenâant 
Far  une  broce  en  un  pendant 
Maugre  trestoz  mes  enemis 
Fis  je  tant  que  el  bois  me  mis. 
lienars  li  ros  m'a  si  bailli 

790  Por  la  jeline  q'asailli. 

Qe  nel  di  pas  por  clamer  fere, 
Mes  por  essample  de  lui  trere  : 
Que  s'est  clame  site  Tsengrins, 
L'autrier  se  repleint  Tiecelins 

755    Qu'il  le  pluma  en  traTson. 
Or  voloit  il  motre  en  prison 
Tybert  le  chat  a  un  copel, 
Ou  il  redut  laissier  la  pel: 
Et  puis  refist  il  bien  que  1ère 

760    De  la  meaenge  sa  conmere, 
Quant  il  au  baissier  l'asailU 
Conme  Judas  qui  deu  traï. 
Or  en  doit  conseil  estre  pris, 
CoD  il  est  si  sovent  repris. 

766    Nos  i  avon  molt  grant  peoie, 

Quant  tant  li  avon  aluchie.' 

Li  ors  a  parle  longement. 

Li  senglers  li  a  dit  brement 

'Mesire  Brun  fet  il,  cist  pies 

770  N'iert  pas  fines  as  premiers  très. 
Encore  n'est  aconseue 
La  clamor  qui  ci  est  venue. 

T37  ie  p.  738  ioindre  742  meindr«  747  Maugrcs 
•îtwIÎB  75fl  Or  le  uolent  m.  757  li  chaa  761  il  manque  i 
•iKiti  767  ore]  rois    770  su  premier    771  E.  ore  neet  oc 


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Va  (Hion  8751—8786) 

Molt  seroit  ea^e  qui  Bauroit 
Juger  d'un  conte,  et  il  o'auroit 

776   L'autre  partie  encore  ateinte. 
Nos  avon  oï  la  conpleînte: 
Renart  devon  le  conpieint  tendre, 
Et  l'un  droit  apree  l'autre  rendre 
Tant  que  l'en  viengne  a  la  parsomme. 

TSO   En  un  jor  ne  tist  l'en  pas  Romnie. 
Nel  di  pas  por  Renart  tenser, 
Mes  nus  ne  doit  a  ce  penser 
Que  nos  les  melomes  en  CQrt: 
Que  péchiez  seroit  et  grant  tort. 

786   Je  ne  sai  que  dire  en  doions 
Tant  que  eneenble  les  oïodb. 
Quant  Benars  ert  a  cort  venus, 
Icist  cleinz  sera  retenus 
Que  Ysengrins  a  ci  mone. 

790   Lors  a  primes  ert  ordene 
Conment  sera  de  l'àmendise: 
Far  jugement  i  aura  mise.' 

Ce  dist  li  singes  Cointereax 
Ifal  dahez  ait  cis  hatereax 

796    Se  T08  ne  dites  que  i  a.' 
Et  li  ors  respundu  li  a 
'N'estes  mie  trop  forsenez 
Quant  devers  Renart  yoa  tenez. 
Entre  vos  deua  savez  asez: 

800   Heins  maveîs  plee  a  il  pasez, 
Si  fera  il  molt  bien  oestui. 
Si  l'en  velt  croire  vos  et  lui.' 
Le  singes  diat  qui  s'en  coroce, 
(Petit  li  est  de  ce  qu'il  groce, 

80B    Moe  li  fet  por  plus  irestre) 

'Et  dex.  vos  saut'  fet  il,  'bau  mestre! 
Or  me  dites  a  vostre  endroit, 
Que  on  dîrieez  vos  par  droit?' 


774  de)  e.    7S1  Ne    786  uoub    7S2  jugement  Ikura    793  H«ei  ' 
le  manqua    798  Qne    600  Heint  m.  plet    804  eit  «il  Mn  oorooe 

DigiUrrlbyGOOglC 


V«  (Méon  8797-8822)  1 

'So8  ciel  q's  ۉrt,  par  aeint  Riohier, 
810   Que  je  n'ossasse  aficher, 

Se  j'en  dévoie  estre  creûs, 

Que  trestot  eîst  max  eet  idoOb 

Far  dant  Reoart  et  par  sa  cope, 

Et  Tsengrins  a  droit  l'eacope. 
SIS    Et  qu'aloD  nos  plus  atendant 

Quant  la  coee  est  venue  avant 

Que  il  est  pris  a  avoutere 

Nomeement  a  sa  conmere.? 

Et  ice  derennent  vers  lui 
820  Tsen^ins  et  Hersens  andui: 

For  droit  fust  il  ore  avenant 

Que  Renars  fust  pris  meintenant, 

9i  li  liast  en  mains  et  piez, 

Et  fust  jetez  einsi  liez 
825    En  la  cartre  tôt  sanz  prologue. 

Ja  n'i  oûfit  autre  parole 

Que  de  fuster  et  d'escoillier. 

Fuis  qu'il  enforce  autrui  moîller, 

Ne  feme  camuse  ne  e1, 
890  Nels  se  c'estoit  un  jael: 

L'en  en  doit  ja  justice  prendre 

Que  autre  fois  n'i  ost  mein  tendre. 

Et  qu'est  donc  d'une  feme  espose 

Qui  dolente  en  eet  et  hontose 
886    De  œ  que  ses  maris  le  sotP 

Et  qui  cuide  Tsengrin  si  sot 

Qu'il  oQst  plet  de  ce  mefl 

S'il  ne  l'oûst  as  elz  veû? 

De  tant  est  il  plus  vergondez, 
840    Se  cist  meafet  n'est  amendez, 

Des  que  Hersens  garant  li  porte. 

Dont  sai  je  bien,  justice  eet  morte.'    38 

Dîst  li  senglers  'ci  a  descorde: 

De  pecheor  miséricorde! 

B16  ert  621  ore  en  siutnt  623  en  ]  et  824  Et  le  ietut  8 
prolortl*  82T  delooillier  830  Nés  831  ne  d.  733  Veqneden  836  q 
e-  ;.  li    640  mett'    841  De  ce  h.    844  peoheora 


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Va  (MSon  8723—8856) 

84S    I)'un  prodome  por  tel  forfet. 
Por  deu,  8fl  RenarB  a  mesfet, 
Si  en  fêtes  aucune  acorde! 
De  grant  guerre  vient  grant  acorde. 
Li  loDS  est  mendres  o'ou  Dtf  crie, 

800   Par  petit  rent  ciet  il  grant  pluie. 
Kenars  n'eat  conveincuz  encore, 
Aacois  vendra  une  autre  ore. 
Dit  en  avez  vostro  plaisir, 
S'avez  perdu  un  bon  tabir.' 

8fi5        Dant  Brichemer  fti  molt  voiseus, 
Ne  fu  jangleres  ne  noîseus 
Conme  li  autre  conpaignon. 
'Segnors'  fet  il,  'ore  pernon 
Un  jor  de  ceat  acordement. 

860    Renars  face  le  serement 
Et  l'amende  par  tel  devise, 
Con  il  a  Ysengrin  promise. 
Car  si  conme  li  singes  dît, 
Ne  por  mesfet  ne  por  mesdit 

866    Qui  n'est  aperz  ne  coneûz 
Ne  droit  ja  eatre  plet  tenuz 
D'ome  afiner  ne  de  desfere: 
Ainz  i  aiiert  la  pes  a  fere. 
Et  primes  gardons  par  mesure 

870    Qu'il  n'i  ait  point  de  mespresure. 
Une  cose  a  qui  molt  me  serre, 
Se  It  rois  n'est  en  ceste  terre. 
Devant  qui  cist  pies  soit  tretiez? 
Mes  se  Eoïnaux  fust  haitiez, 

870   Li  chens  Frobert  de  la  Fonteine, 
Cil  nos  en  metroit  hors  de  peine. 
En  li  a  bon  home  et  vrai. 
Ne  ja  borne  ne  troverai 


S46  Pkr  848  g.  e«t  iacunle  Sft5  uoiselB  856  noiscb  Aprh 
863  le  aigc.  ajoute  Et  dient  iceat  bon  s  fere  Ron  seroit  enIrsDt  .g. 
pes  fere  BBS  Aufi  lengler?  HST  ne  )  et  869  pernon  g»rde  870  poit 
de  mespernure  871  c.  i  a  que  m.  mcnsero  S72  8e  lun  ne  negt  873 
Tant  que  c.  p.  h.  cnt'  eciez     B75  chenH  terri     877  ot  mangue 


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Va  (M6011  8857—8892) 

Qui  ne  die*'tu  as  bien  fet." 

880  Devant  li  soit  ice  retret.' 
A  ce  se  aont  tuit  asenti, 
Nesun  d'ax  ne  s'en  repenti. 

Cil  consalz  ne  fu  plus  tenuz. 
Estes  les  vos  avant  veniiï 

885   A  grant  joie  ot  s  grant  baudet 
Devant  le  roi  el  consitor. 
Tuit  li  autre  vont  areatant 
Et  Bricemer  fu  en  estant. 
Sa  parole  a  conmenciee: 

890    Bien  l'a  dite  et  agencîee 
Si  conme  bons  rectoriens. 
'Sire'  fet  il,  'noB  eatiens 
Aie  le  jugement  enquerre 
Selonc  la  guise  de  la  terre. 

896    Trove  l'avon:  a'il  n'est  quil  die, 
Jel'  dirai,  puia  que  l'on  m'en  prie, 
Volentiers,  sauve  vostre  grâce.' 
Li  lions  li  tome  la  face, 
Del  otroier  li  a  fet  signe, 

!)00  Et  dant  Brîchemer  li  encline. 

'Segnors'  fet  il,  'or  m'entendez: 
Se  je  i  faîl,  si  m'amendez. 
Ce  m'est  avis  que  nos  veïmes 
D'Ysengrin  qui  se  clama  primes, 

!KK   Que  tote  sa  droiture  auroit 
De  ce  que  demander  aauroit: 
Mes  il  li  coveudroit  mostrer, 
8e  la  cose  voloit  prover, 
Soi  tierz  por  desriennier  son  droit 

910    A  jor  nome  o  orendroit. 
Puis  feïmca  por  droit  ester 
Qu'il  ne  pooit  riens  conqueater, 
Ne  tort  ne  droit  dont  riens  preïst. 
De  ce  que  sa  feme  deTat. 

"TS  Que    882  Neis  .1.      ee  r.     884  arece    8f 
"""Ir*  n^ini    893  Deuon  lu      MH  Au  iuKement   de   uogtrc 
*"  Sfgnor    904  De  y.       claime     907  cuuenJroi     910  o  ] 


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1S6  Va  (Hétm  8B93— B92B) 

015    Brun  et  Baucent  en  ^eaputerent, 

îies  cil  qui  avoc  els  alerent, 

8e  tiodrent  plus  a  ma  partie. 

Or  est  la  cose  ai  partie 

Que  chascun  aura  sa  droiture. 
930    Puia  gardâmes  en  quel  mesure 

Et  quant  en  sera  la  loi  dite 

Que  Yaengrin  cleint  ïlenart  quite. 

Ch'ort  diemencho  par  matin 

Devant  Rsenel  le  mastin. 
926    La  manderon  Beoart  qu'il  veingne 

Et  en  tel  guise  se  contiegne 

Que  sa  pes  face  de  par  de 

3i  con  DOS  l'avons  esgarde.' 
Li  lions  respont  en  riant 
930    'Ja  par  les  seinz  de  Bauliant, 

Ne  fusse  si  liez  por  mil  livres 

Cou  de  câ  que  j'en  sui  délivres. 

Or  ne  m'en  yeoil  plus  entremetre, 

Âinz  lor  do&rai  jor  de  pas  mètre 
93S    Devant  Roenol  le  gaignon, 

Ed  qui  il  a  bon  conpalgnon, 

Le  chen  Frobert  de  la  Fonteinne 

Apres  la  messe  diemeine. 

Renart  oovieat  donc  qu'il  responde, 
940    Mes  avant  le  covient  semondre. 

Grinbers  li  tessons  i  ira 

Qui  de  nostre  part  li  dira 

Que  après  la  prosessîon 

Li  face  satifacion, 
945    Et  gart  que  riens  ne  contredie 

De  ce  que  Roenel  en  die,' 
A  cest  mot  se  sont  tuit  te&, 

Et  li  plus  joune  «t  li  chenu. 

  son  repère  va  chascuna, 
960    Brichemer  et  Baucens  et  Bruns, 

915  en  ]  i  920  gardome»  923  Chet  929  respondi  risnt  931  Jn. 
933  Or«  934  métrai  i.  de  p.  fere  942  Que  noitrc  946  Ce  ce  SX 
bftucent 


,  Google 


V«  (MSon  8929— SM4)  187 

£t  des  autres  une  partie. 

Et  quant  la  cort  fu  départie, 

Grimbere  va  son  message  fera. 

Droit  a  Malpertuis  sod  repère 
!K>5    Trova  Renart,  et  pais  li  conte 

CoDinent  li  baron  et  li  conte 

L'ont  atome  por  la  pes  fere: 

Del  plct  sera  Boonel  mère, 

Gart  qu'il  i  soit,  li  rois  li  mande. 
9R0    Benars  dist  que  plus  ne  demande  : 

A  tans  i  ert  et  bien  Fera 

Ce  qne  la  cors  esgardera. 
Grimbera  s'en  va,  Kenara  remeint. 

Or  li  convient  qu'il  se  demeint 
965    Plue  eageroeat  que  il  ne  aeult. 

Mes  ne  lessa  qu'il  ne  s'orguelt: 

ffc  li  chaut  gueres  qui  le  haoe, 

Ne  se  porquiert  ne  se  porchace, 

Conment  pregne  li  siena  aferes. 
070   Mes  Ysengrins  ses  averseres 

N'a  mie  sa  boche  en  deapit. 

A  un  jor  devant  le  reapit 

Tint  droit  a  Koenel  errant 

Qui  se  déduit  en  eabatant, 
9TS  Et  gist  ea  pailles  a  grant  ane 

Devant  l'ostel  delez  la  haise. 

YsengriD  vit,  si  s'en  eschive; 

Mes  il  lo  rapela  par  trive. 

Ynengrins  li  dbt  doucement 
980  'Boonel'  fait  il,  'or  m'entent! 

Conaeil  sui  venus  a  vos  querre. 

Entre  moi  et  Renart  a  guerre. 

Que  il  a  molt  vers  moi  meapris. 

Clamée  m'en  sui,  jor  en  ai  pris 
066  Apres  la  mease  dienienche, 

De  celui  qui  tant  set  de  guencbe. 

Wï  WMgement    SCS  por  quier    972  ion    976  denant  la    977  7. 
it  li  leneline    9T8  p.  ire    S80  iht    964  Clamer  men  uois 


,.  Google 


188  Va  (Méon  8966-9000) 

Renars  i  ert  par  tel  devise, 

Et  vos  aerea  del  plet  justise. 

Et  l'en  m'a  dit  del  jugement 
990    Que  Benars  par  un  serement 

Se  doit  devers  moi  escoodfre 

De  ce  que  je  li  saurai  dire. 

Or  si  vos  pri  con  mon  ami 

Que  Toa  soies  del  plet  a  mi 
995    Tant  que  il  l'ait  reconeû. 

Tôt  est  clame  et  reapondu. 

N'i  a  mes  autre  chose  a  fere 

Fora  porcascier  le  seintuere; 

Mes  de  ce  sut  je  eagarez.'  39 

lOOO    Dist  Roeuol   aaos  aurez 

Eu  ceate  vilo  seinz  et  aeintea, 

Ja  mar  en  feroia  tex  conpleintes. 

Très  bien  en  aerea  conseilliez  : 

Que  je  serai  aparelliez 
1005    Fora  de  la  vile  en  un  fosse. 

Si  ma  tendrez  por  enosse, 

Dites  que  je  aui  meenniez: 

Je  me  jerrai  denz  recigntcK, 

Le  col  ploie,  la  langue  traite. 
1010    La  soit  voatre  asenblee  fête, 

Renars  i  ert  et  vos  li  dites 

Qu'il  aéra  bien  envera  vos  quitea, 

S'il  puet  jurer  deaor  ma  dent 

Qu'il  n'ait  mespris  envers  HereeDt. 
10]^   Se  tant  e'aproche  de  mon  groing 

Que  le  puisse  tenir  au  poing, 

Bien  porra  dire  ainz  qu'il  m'estorde, 

Âina  mes  ne  vit  aeint  qui  ai  morde. 

Et  se  de  ce  se  velt  retrere 
|iv>0   Que  il  ne  vegne  au  seintuere. 

N'en  porra  torner,  bien  a'i  gart: 

Que  je  aure  mis  en  esgart 

991  8en     991  Hel  pkt  j  île  mui      997  dire      999  sui  imiHqM 
tnolt  c.     1003  conxeilliivz    1013  pot     1017  tnesdorde     1016  Que*.     Kt 
«lanque      que     lOÏO  u.  »  as  matere 


,  Google 


Tfi  {Méon  9002—9034) 

De  toa  meB  meillors  coopaignons 

Bien  plus  de  quarante  gaigoona 
1025   Des  plus  viaua  et  des  ploB  Felone. 

Donques  sera  Benare  trop  bons, 

Se  par  reliques  o  par  chiens 

Ne  puet  chaoir  en  mes  liens. 

Dex  TOB  saut,  pensez  de  bien  fere!' 
1030        Ez  vos  Ysengrins  qui  repère 

Vers  la  foreat  de  Joenemande. 

Holt  se  porquiert  et  molt  demande 

La  ou  a  nul  de  ses  amis. 

N'i  a  nul  meaaagier  tramis, 
1030    Mes  il  meTames  les  va  querre 

Et  en  boia  et  en  pleine  terre: 

N'i  remeist  cevelus  no  cax. 

Dant  BrichemeF  It  senracax 

I  est  venuz  la  teste  droite, 
1040   Et  dan  Bruns  l'ors  molt  tost  s'esploite: 

Baucent  le  senglers  vint  a  cort, 

Musarz  li  camels  i  acort. 
Li  lions  mande  le  Upart 

Qu'il  viegne  de  la  soue  part. 
1045    Li  tigres  vint  et  la  pantere, 

Et  Cointeraus  li  enchantera. 

Un  singe  qui  fu  nez  d'Espaîgne, 

Cil  refu  avoc  la  conpaigno. 

Tant  fet  li  leus  qu'il  les  asenble. 
lOôO   Quant  il  furent  venu  ensenble,  ■ 

Molt  les  a  semons  et  proiez. 

'Bauz  seigDOr'  dist  il,   ore  oiezl 

A  mon  plet  vos  ai  amenez  : 

Or  vos  pri  que  le  meintenez, 
1055   Pois  qae  ci  estes  aiine.' 

Et  li  estrange  et  li  prive 


1023  toi  1028  pot  1031  ouera  r033  ou  il  a  1039  k  )  molt 
IMO  bran  1041  b.  le  c«m«li  ua  1042  li  ien|clera  1045  tingree  u.  ft  la 
pl*f  re  1046  KoÎDterau  1049  T.  firent  que  les  len  asenble  lO&l  prieei 
IM  0.  UOR  le      inTili  minpi 


>M  i}.  uoe  le     1055  a 


,  Google 


190  Va  (Héon  9085—9072) 

Et  tuit  cil  de  son  parente 
Li  ont  plevi  et  craante 
Que  ja  ne  seront  recraant 
lOSO   Des  que  il  ait  tôt  son  créant. 
Ice  jurent  a  tôt  le  meios. 
Bien  les  a  tQB  entre  ses  meins. 
Einri  a  sa  gent  atiree 
Et  trestoz  cela  de  sa  mesnee. 
1065    Quanqu'en  pot  aToir  par  prière 
Sont  aune  a  sa  banere. 

Cel  jor  porta  son  gonfanon 
Li  putois  qui  Foiuez  ot  non, 
Et  Tybera  li  chaz  vint  avoc 
1070    Qui  Renart  het:  et  ne  por  oc 
Holt  en  i  ot  de  par  Renart 
Qui  tuit  se  tienent  de  sa  part. 
Slesire  Grinberz  en  fu  uns, 
Conques  ne  pot  amer  dan  Bruns: 
1075    Cosins  estait  Benart  germeins. 
Cil  ne  li  pot  faillir  au  meins. 
Ne  RoBselez  li  escuirous 
Qui  n'eetoit  mie  perecous, 
Ne  va  pas  corant,  eins  i  trote: 
1080   Et  dame  More  la  marmote, 
Corte  la  taupe  et  dan  Pelez 
Li  raz  qui  fu  bien  apelez. 
Dant  Galopin  i  vint  li  lèvres, 
La  loirre,  la  martre  et  li  bievres, 
1086    Li  hiricons  et  la  mostele, 
Et  li  fures  pas  ne  a'i  ceille 
Que  il  n"i  viegne  fièrement, 
Quar  il  voudra  hardiement 
Renart  aidier  a  son  besoing: 
1090    A  lui  vint  il  et  sanz  resoing. 

A  l'asenbler  ot  molt  grant  presse. 
Renars  ne  fine  ne  ne  cesse, 

1065  Quanquen  en  pot  par  prierere  1068  qui  fu  nwveU  hom  WO 
Qu«  1OT2  Que  1074  nen  bront  1078  poonrouB  1080  linotte  1084  m. 
H  bien'»    lOPe  formU    1087  uiegnent    1090  rei«m 


,  Google 


Vb  {M*on  9073—9106) 

Ke  cil  qui  itveo  lui  alerent. 
Desq'a  la  vile  s'avalèrent 

I09&    0  li  plez  doit  estre  tenuz. 
Ysengrins  i  est  ja  venuz. 
n  et  Kenars  ont  départies 
Lor  compaignea  en  troi  parties. 
Sire  Ysengrins  fu  en  la  pleigne 

1100   Et  Renars  devers  la  monteigoe: 
Et  Roeoel  qui  Benart  guete 
Le  col  ploie,  la  langue  trate, 
Contrefet  ai  la  morte  besto 
Que  il  ne  muet  ne  pie  ne  teste. 

1105    Sot  le  fosse  s'est  arestez. 
Toz  li  aguais  fu  porpensez 
En  un  verger  delez  la  soi 
De  cela  qu'il  ot  mande  o  soi, 
Bien  qu'entre  lisses  et  gaignons 

1110   Plus  de  cent  de  ses  coopaignons, 
Proisiez  et  esleûs  par  non, 
Qai  ne  heent  se  Benart  non. 

Bricbemers  fu  ches  de  la  rote: 
A  lui  s'acline  la  cort  tote, 

1110    Que  par  conmun  asentement 
Fn  eoparles  au  parlement. 
Tôt  premer  s'en  estoit  levez. 
"Renart'  fait  il,  'vos  qui  devez 
A.  Ysengrin  fere  escondît 

1190  Eiosi  cou  li  baroD  l'ont  dit, 
Aprochez  vos  ao  seremeat. 
Si  le  fêtes  deiivrement. 
Nos  savon  bieo,  se  li  ploiîst, 
Ases  croire  vos  eo  doîist 

11S5    Sanz  le  jurer:  et  nequedent 
Vos  jurerez  desor  la  dent 
Seint  Boenau  le  rechingnie 
Qu'  Tseugrin  n'avez  engignie 


1096  ert  1098  Les  <t.  1104  mot  1106  propeiuei  1108  as  oi  1109 
tt  manqiit  1111  P.  et  il  elleua  1112  Que  il  ne  1120  Ion  1133  sU  li 
lltt  iuttt    112T  reelingoie 


,  Google 


Va  (MâoD  9111—9128.  944^—9460) 

N'en  tel  manere  decoû: 
1130    A.  tort  ea  estes  mescreû.' 

A  cest  mot  sait  Henars  en  place. 

Si  se  recorce  et  se  rebrace, 

Molt  a'ap&reille  vistemeiit 

Corne  de  fere  eerement, 
1136    Toz  jora  sot  moU  Renart  de  guiche, 

One  n'en  sont  tant  ne  clierf  ne  biche. 

Bien  aperçut  qu'il  iert  guetiez 

Et  que  Roenel  est  haitiez, 

Au  flanc  qu'il  débat  et  deiueine 
1140   Et  au  reprendre  de  s'aleiae. 

Ârrier  se  tret,  si  le  reaoingne. 

Qant  Brichemer  vit  qu'il  s'esloingae, 

'Renart'  fait  il,  'ce  (jue  puet  estre? 

Mètre  vos  covient  la  mein  destre       40 
1146    Sor  la  dent  Roenel  tôt  droit', 

'Sire'  fait  il  'o  tort  o  droit 

Me  copient  sivre  veirement 

Et  tenir  Tostre  atirement 

Conme  cil  qui  muer  ne  l'oae. 
1100    Mes  je  voi  ci  une  autre  coso 

Espoir  que  tob  n'i  veez  mie. 

Talant  ai  que  je  le  vos  die: 

Mes  ne  puet  estre,  or  le  lerons.' 
Dant  Grinberz  ses  nies  li  tessons 
1155    A-percut  bien  la  traïson, 

Si  li  a  tret  autre  acoison.  _ 

Sire,  car  entendez  a  moi! 

Je  cuit  que  je  bien  vos  dirai 

Raison  et  droit  au  mion  espoir. 
1160   Dant  Renars  ne  doit  mie  avoir 

Presse  de  tote  celé  gcnt. 

Ne  seroit  mie  bel  ne  gent 

  tel  baron  n'a  si  vaillant 

Qu'eu  li  Tobt  sor  le  col  saillant. 


1132  Si  eetforce  ei  te     1136  molt  manque     1141  Etriero 
1158  pot     1157.  11&8  matiqueiil 


,  Google 


T»  (ïéon  Mei— M94I 

1160    Faîtes  vos  barons  esloiDgner 
Tant  que  il  se  puist  aprocher 
Au  meios  devers  le  seintuere, 
Tant  que  il  puist  l'escondit  fere.' 
Dist  Briidiemer   ne  m'en  ^rdoie. 

1170   Or  li  ferai  vidier  la  Toie 

Tant.qa'il  puiat  venir  et  aler.' 
Ses  homes  a  fait  avaler 
Et  trere  arere  plus  qu'einoois. 
Renars  a  fet  le  tor  ^eincois 

1170    Qni  n'a  cure  de  sejorner, 
Qant  au  reliques  dut  torner, 
D'autre  part  a  tome  sa  chère: 
FoT  s'en  est  li  mau  trechere. 
Benars  s'en  fuit  teste  levée 

1180  Par  une  viels  voie  cfaevee. 
Si  enemi  li  «sorierent: 
Et  li  ebien  qui  en  agnet  erent, 
S  saillent  après  et  corarent. 
Ja  m'orrez  dire  qui  il  furent. 

118b        Primes  i  cort  ainz  que  li  autre, 
Lance  levée  sor  le  fautre, 
Roonel  le  chien  dant  Frobert 
Et  Espillars  le  chien  Robert, 
Le  riche  vîlein  del  plessie: 

1190   Icîl  l'ont  premer  enoauohie. 
Âpres  revint  a  grant  esles 
Uarpin  et  Horanz  et  Bruiea, 
Eeptnars  et  Hurtevilein, 
Et  Reohignie  le  chien  Gileiii, 

1193  La  feme  Ërart  le  drapier. 
Apres  se  roetent  e)  frapier 
Afaitie.  Qorfaut  et  Tirant, 
Foillet,  Lovel  et  Âmirant 


1166  qDih  p.    1173  a.  et  p.  qx»  eincoÎB    1183  oorirent    11B4  Et 
■>*rrob  oonment  il  firent      1186  foutre      118T  fobert      118B  egpilUr 
«obtrt      IIBS  Li     IIW  Cil  les  ont  p.     1192  braiera     1193  espinar 
UW  ene     1196  el  aentier 

nUKT     I  '^ 


lUnlbyGOOglC 


Ta  (M«oii  S49!l— 9529) 

Clermont  i  fu  et  Oliriere, 

1200   Le  chien  Macare  Deririers. 
Âpres  i  oort  Cornebrias 
Et  Herbouz,  Ferin  et  Prias, 
BriBeboia,  Frioana  et  YoiBiez, 
Liepart,  Tisona  et  Eacoilliez. 

laOO    Gordn  i  cort  après  Bigaat, 
Et  Paaseleve  et  Gringaut, 
Loiher,  Fasse^ontre  et  Fillart, 
Et  Eetormi  et  Yaouisrt, 
Li  chiens  sire  Tibert  del  Freane: 

1210   Cest  celui  qui  tniele  ee  deareene, 
Qui  plus  tost  va  et  miels  le  chace. 
Âprea  se  metent  en  la  trace 
Filez,  Chapez  et  Rechigniez, 
Faator,  Eetor  et.  Engigniez, 

13t&   Ëscorchelande  li  barbez 
Et  Violez  li  malflorez. 
Et  Oiselez  et  Qresillona, 
Eclariax  et  Eemenllons, 
Chaous  et  tforganz  et  Yergers, 

1320    Et  Fasse-avant,  OutreleTricra. 
Âpres  i  est  corus  Bolez, 
Porchaz  et  Feignant  et  Malez, 
Et  le  chien  Bainbaut  le  booher: 
Se  dt  puet  Becart  aprocher 

1220    Qne  il  le  puisse  as  denz  aerdre, 
Toz  soit  soars  de  la  pel  perdre. 
Apres  i  sont  poignant  venu 
Hopitax  et  Trotemenu, 
Et  Folejua  et  Faaaemer 

1230    Qui  vint  devera  Pont  Âudemer. 
Tuit  icil  furent  oonpaigQon. 
Bien  s'aroterent  li  gaignon: 
Wi  a  un  sol  qui  ne  s'en  isse, 


1202  h'  bouei      1204  L.  et  L  et  ooilliei     1210  d 
traoe    1216  li  ]  et   1213  et  manqut   1220  pMU  kiMot  «utceleiber*  2223 
icanbsut    1224  pot 


-,,.  Google 


Ta  (HéoB  9580—9563] 

Et  après  «la  ne  remeint  lisBe 

1335    Qui  ne  crit  et  ne  face  noise. 
Si  i  acort  Baude  et  Foloise, 
Coqillie,  Brisrt  et  Sebille, 
Et  la  lisse  deaoz  la  vile. 
Apres  i  cort  Fauve  et  Bloete, 

1240   Cloete,  Breohine,  Morete, 

Et  Malignouse  et  Ualparliere, 
Qui  fu  Robert  de  la  Marlere 
Et  Genterose  et  Primevoire 
La  lisse  qui  fu  au  proToire, 

1345    Finconete  qui  si  ae  peine 

De  Benart  tenir  en  demeine. 
Reaart  ne  lesse  retoroer; 
Qui  meint  tor  lî  a  fet  torner 
Ainz  que  poûet  au  crues  venir: 

1350  Molt  se  peine  del  retenir. 

Tsengrin  va  les  chiens  bniant: 
Et  se  Kenai-s  s'en  va  fiiiant, 
Js  n'i  doit  l'en  nul  mal  noter, 
Que  besoing  fet  vielle  troter. 

1265    A  l'oralle  du  bois  menu 

Li  en  sont  qatre  avant  venu, 
Trenohant,  Bruamont  et  F^: 
Benars  qui  molt  eetoit  haiz 
Ot  ici  graDt  peor  de  mort, 

1300  N'avoit  ea  soi  nul  reconfort. 
Toz  jora  est  bien  Renart  chofl, 
Uea  or  li  est  si  mescoû: 
Ne  li  onrent  mestier  ses  bordes, 
Que  n'en  volassent  les  palordes. 

laœ    Tant  ont  li  chien  Renart  pelé 
Et  desaohïe  et  detire, 
Que  en  bien  plus  de  treize  letis 


1235  f.  gimt  B.  1237  oogiLe  1239  floete  1240  Boete  1251 
ntluMit  \2à3  aal  manque  1255  dun  Ï2i»  Fau:  il  lire ttoit  1258 
V  manque     I2M  Pel«  et  d.  et     tire 


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r>  fHéon  9664—9568) 

Li  est  apaiisBanz  li  jeua. 
A  la  parfis  l'ont  tant  mena, 
1270    Taat  travellie  et  tant  pêne: 
Tant  l'ont  foie  «t  debatu, 
Qu'en  Ualpertuis  l'ont  enbatu. 


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TI  (Héon  13465— ltM90.  18547— 1S5U) 


VI 

Ueoire  Noblse  le  leona  4: 

O  soi  aToit  toi  aez  baronz; 

Trois  jors  ot  ja  aa  oort  tenue, 

Bien  l'ont  li  baron  meintenne. 
6   Yena  i  aont  de  meinte  terre 

Sent  ce  qu'il  les  envoiast  querre: 

Yena  i  erent  ttiit  ensemble 

Fora  nre  Renart,  che  me  semble. 

Cil  D*i  Toloit  mie  venir 
10  TSe  la  oort  lo  roi  meintenir. 

Si  Bvoit  anqnes  de  raison, 

S'il  le  lessoit  por  l'aobeson 

Et  por  la  peine  et  por  la  dote 

De  oe  qu'il  ne  l'amoient  gote. 
16    La  gent  lo  roi  n'iert  mie  coie, 

Einz  mrânent  grant  bruit  et  grant  joie. 

Grant  joie  font  par  le  pales 

Et  ohantoient  et  aona  et  lois, 

Et  Bonent  tinbres  et  tabors. 
80  Tnit  i  sont  fors  Kenart  le  ros. 

Dont  meinte  chamor  est  meûe. 

Li  rois  quant  sa  gent  fu  venue, 

Conmande  que  joie  aient  tuit. 

Con-cil  qui  est  de  grant  déduit 
3(   A  haute  voiz,  a  longe  aleine 

De  bien  chanter  ohascun  se  peine: 


14  qa«  il    81  uenne    28  que  il  oieot    85  0  — o 


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VI  (Méon  1S55T— 1B621) 

L'uns  a  l'autre  son  obant  avale. 

Atant  ea  vus  devant  la  sale 

Danz  Qrimberz  qui  Benart  ameine: 
30   Atret  l'i  a  a  mott  grant  peine. 

Par  tens,  si  coQme  nos  ouidonz, 

Li  ert  rendus  ses  guerredonz. 

3'or  ne  set  molt  Ilenars  de  frape, 

n  est  cbaoit  en  maie  trape: 
36    Car  meinte  fois  a  fet  la  muse 

Tsengrin  qui  au  roi  l'encuse. 

Renars  a  l'entrer  de  la  porte 

Yet .  reculant  ;  molt  le  conforte 

Grinbers  et  dît  n'ùez  poor. 
40   TAe»  de  dous  maua  pren  le  meQlorl 

Se  tu  te  tomoies  de  ci, 

Ce  pues  tu  bien  savoir  de  fi: 

Teilles  on  non  retomeras, 

Ters  le  roi  gandir  ne  poroe. 
45    Renart,  ne  t'esmaier  tu  mie! 

Nus  ne  set  con  longue  est  sa  rie. 

Renart,  soies  de  bel  senblant: 

Car  un  jor  Tault  mielz  que  uns  ans. 

Coart  dote  tos  jors  la  mort. 
50   Renart,  eoiez  de  bon  confort! 

Fortune  aecort  tes  bardiz, 

Si  conme  conte  li  escriz. 

Renars  ot  que  cil  li  sarmone, 

Et  que  molt  bon  conseil  li  donc: 
66   El  paleis  s'en  entrent  adea, 

Orinbers  avant,  Renan  après. 

Renars  ne  senbia  pas  vilein. 

Son  cosin  tenoit  par  la  mein: 

La  presse  diront  et  départ, 
60    N'i  a  celui  qaî  ne  l'eagart. 

Devant  le  roi,  conme  einz  le  vit, 

8'ajenolla,  puis  si  a  dit 

'Rois,  dex  le  filz  aeinte  Marie 

S7  leotree    41  ein    42  fin    49  totens  u    65  entre    SI  eint 


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VI  (Méon  13628—13660) 

VoB  gart  et  vogtre  conpaignie!" 

66    Forment  bb  parole  en  argue, 
Et  ne  porquant  si  le  Balue. 
Meaz  Tousist  estre  aillors  toz  nuz 
Qa'au  roi  rendist  ices  aaluz. 
Li  baroQ  sont  toit  eu  repos, 

70   Far  la  sale  n'i  a  tant  os 
Qni  i  face  ne  bruit  ne  noise. 
Li  rois  parla,  Renars  s'aqoise. 
Si  li  a  dit  par  félonie 
'Ces  saluz  ne  vos  ren  je  mie, 

7&  Bons  etanuios  de  pute  foi: 
Einz  remanâroiz  anuit  o  moL 
Einz  que  issiez  de  cest  ostage, 
Nos  Itùrois  vos  ce  quit  bon  gaje, 
Au  mains  celé  rose  police. 

80   Quant  estoies  dedens  ta  lice. 
Ne  qnidoiea  mes  repairer. 
Tôt  le  mont  quidiez  engignier; 
Tant  conme  torna  ta  roele, 
Noa  as  servi  de  la  favele. 

SB    Mes  meinte  fois  ei  oT  dire 

Qu'après  grant  joie  vient  grant  ire 
Et  après  mol  vent  vente  bise. 
Tant  va  pot  a  l'eve  qu'il  brise: 
Or  quit  je  bien,  sire  Renart, 

90   Qu'il  est  brisiez  de  vostre  part.' 
Li  rois  parla  (Renars  eecote) 
Et  a  dit  que  sa  gent  l'ot  tote: 
"Renart'  fait  il,  a  ton  viaire 
Senbles  bien  home  debonaire. 

9b  Bien  pert  as  tez  quex  est  li  poz, 
Que  tu  es  plus  enfles  que  boz. 
Unques  nul  jor  ne  feïs  bien. 
Renart,  molt  a  en  toi  enging. 


TI  U  prtmitr  ne  manque    73  l'uis  li    T6  tinait  ]  anchuia    77  iso 
79  k  Dtri  eiiu     81   m.  a  r.      64  a       8B  Quen  a.      87  a.  no«I  rente 
qwB  b.     89  bien  ]  molt    94  hom    95  a  me    96  Que  tu  sa  ]  R.  est 


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VI  (MéoD  18M1— 13706) 

Por  œ  que  m'as  tant  eagiognie, 

100   Et  TBongrio  tant  corooie 

Et  por  ce  que  Tyberz  li  cbaz 
Far  ton  engin  fu  pris  au  laz, 
Et  Bruns  li  ors  par  mi  le  groing 
El  oesne  dont  ostas  le  coing: 

106   Tel  guerredon  t'en  ferai  rendre 
Que  ae  forchee  te  ferai  pendre.' 
Renu-B  sot  molt  d'afetement, 
8i  reepondi  molt  gentement: 
'Baa  sire,  sauve  rostre  grâce, 

110    UnqueB  ne  fui  de  celé  estraoe 
Qu'a  mon  aegnor  face  contrere 
Ne  chose  que  ne  doie  fere. 
'  Je  eui  TDstre  hom  et  vos  mi  sire: 

De  moi  ne  deves  cose  dire 

lis    Qui  estre  me  puise  a  nuisance, 
Ues  bien  estes  de  tel  puissance, 
Jeter  me  poes  de  la  terre: 
Ne  puis  pas  soffrir  vostre  guerre. 
Holt  par  redot  mes  enemîs. 

120   Holt  me  poise,  se  g'at  mespria 
De  rien  qui  a  vos  aparti^ne. 
Ues  non  ei  pas,  dont  me  soviegne. 
Tel  Toa  ont  fet  le  mal  entendre 
Et  oonte  por  moi  entreprendre, 

1^    Qui  ne  l'oseroient  prover. 
Mencoingne  poent  il  trover: 
Ues  au  voir  dire  sai  je  bien 
Que  je  n'ei  entrepris  de  rien. 
James  prodome  n'iert  amez, 

180    Li  plus  loiax  est  plus  blâmez: 
Fous  est  qui  mes  dit  vérité. 
Plusors  en  sont  deserite 
Et  de  terre  jet«  a  tort. 
Li  menteor  sont  li  plus  fort 


Eut      101  p.  eo  est  t.       106  ten  f.      lOS  r.  si  g.      lie  H- 
117  QuMter    131  ueritei    182  deseritM    184  Mrt 


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VI  (M6on  19707—18744)  201 

136  Nua  ne  vos  devroit  tant  desooivre 

Que  ne  doQeaiez  apwcoivre, 

Qui  menconge  tous  fait  ooroire  D37b 

Et  qui  vous  oonte  chose  voire. 

Vint  ans  a  que  me  eonneiUtes, 
140    Hais  onquea  Duis  tiome  n'eûstes 

Qni  pour  tous  ait  tant  paine  efie. 

Ënoor  en  ai  la  char  rompue 

Des  granz  tntTax,  ce  est  la  somme, 

Quant  je  pour  tous  alsi  a  Romme, 
I4D    A  Salenie  et  a  MoDpellier 

Pour  la  meeine  spareillier 

Qui  bone  estoit  au  mal  saner 

Qui  TOUS  faisoit  forment  pener. 

Sire,  meatier  tous  ai  eâ.' 
IfiO   Ce  dist  ârimbers  c'est  deoeQ, 

Qui  dist  que  vers  tous  ait  mesfet 

Ponr  rien  nel  TOudroit  aToir  fet, 

Holt  est  vilains  qui  ce  retrait.' 

Nobles  son  corage  a  refut. 
lU  'Grinbert'  fait  il,  moult  bien  as  dit. 

Bien  otroie  qui  ne  desdil. 

C'est  Tertez  que  mandu  Renart: 

Tybert  i  fu  de  moie  part 

Qui  bien  li  dist  -qu'a  court  venist, 
leo  Ne  pas  en  desdaiDg  oel  tenist. 

Renars  qni  scet  de  fauve  anesee 

Et  de  mainte  fausse  promesse, 

Respoodi  que  bien  le  feroit 

Et  qu'o  lui  a  la  court  iroit. 
]6ft  Benars  fist  del  aler  semblant: 

Tybers  vint  son  chemin  enblant. 

Quant  il  furent  a  une  Tille, 

Renars  qui  sot  de  mainte  guile, 

195  Nm  Le»ii«r»  137—870  mttnquerU  dan»  A: iU  lont  tapptiia par 
"  mte.  D.  13B  On  q.  139  a.  que  uoiu  me  connisteB  140  ne  niâtes  141 
t-  de  p.  143  Dn  pmtA  trauail  144  P.  u.  q.  ie  kloie  145  k  cuu  147  iener 
■M  Son  cwrage  »  noble  retrait  155  R.  157  rerile  160  »  161 
tMM«    lU  qoV  ]  poor    lee  errant    167  en 


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202  TI  (Mécm  18T45— 187B0) 

8ot  l'oatel  qn*a  an  prestre  estoit 
170    Qai  pout  lui  forment  se  guûtoit. 

En  ea  meeon  o'ot  nule  entrée 

Fors  nn  bouet,  quant  fa  ft-emee: 

La  ot  tendus  las  pour  lai  prendre. 

Renars  fist  a  Tybert  entendre 
116    Par  îlnec  î  eoloît  renir 

Et  auB  gelineB  avenir, 

Et  tant  i  a  aouriz  et  raa, 

Bien  en  pnet  on  peetre  cent  chas, 

Tybert  ouida  que  voir  deîst. 
180   De  grant  folie  s'entremist: 

Car  au  partir  se  tint  pour  fol. 

Li  laa  li  descent  Bor  le  col. 

D  ne  Bot  tant  boater  ne  traire 

Que  d'ileo  se  polBt  retraire. 
18S    Cil  qui  s'estoient  entremiB 

Des  laz  faite  ou  il  Torent  pris, 

Quant  oient  qu'il  î  ot  priBOU', 

L'un  porte  un  pel,  l'autre  un  baston. 

Et  Renara  se  met  a  la  voie 
190    Qu'il  n'a  talent  que  l'en  le  voie. 

Tybert  bâtent  et  donnent  coqb, 

Li  laz  ront  ou  tenoït  li  ooub. 

Des  que  Tybers  se  eent  a  terrp, 

Lee  prenons  dresce  et  lea  dens  serre. 
1%    Si  li  avint  belle  aventure 

(N'avint  si  belle  a  criature) 

Que  11  preetres  y  est  venui 

Deschaus,  aanz  braies  et  tooz  nue: 

Vint  a  Tybert,  sel  vot  ferir. 
300   Cilz  gaenchist  qui  se  voalt  garir, 

Le  provoire  a  la  couUe  prent 

Si  que  de  rien  o'i  entreprent: 

169  qu'  manqut  eitoit  j  droit  ITl  nule  ]  que  tine  175  ilMqan 
s.  177  Ans  g.  et  n.  179  cuds  Aprig  179  Et  que  nnl  mal  ne  li  qneiat 
Tout  estendu  dedeus  se  mist  181  Qne  182  Le  1.  le  tint  parmi  le  1W> 
Que  dileo  seitoit  e.  188  let  deux  un  matigtieiit  100  len  ]  nnU  SOO  kd 
801  AU!  coulles 


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VI  (MJOD  13781—13816)  208 

Bien  sache,  et  ce  est  la  roire, 

Le  plue  de  la  coille  au  provoire 
209    Uenja  ainz  qn'iasiat  de  l'ostel, 

N'eechapa  mais  Tybera  d'autel. 
La  prestresse  est  toute  esbahie 

De  la  coille  qui  est  perie. 

Xaase"  fait  ele,  "malveDue  ! 
310    Ne  eerai  mes  chiere  tenue. 

Hissire  a  perdue  ma  joie 

Pour  quoi  ohiere  tenue  eetoie. 

Or  n'aura  il  maÏB  de  moi  cure 

Que  il  a  perdu  l'ambleûre. 
315    Or  sai  bien  qu'il  me  guerptra, 

Quant  il  aider  ne  se  pourra. 

Si  Boi  je  plus  tristre  et  dolente. 

A  joie  ai  tenu  ma  joyente: 

D  me  donnoit  les  bons  mengiers 
230   Et  les  biaus  draps  molt  volontiers. 

Or  sai  bien,  faillir  m'i  estuet: 

Grant  cboae  a  en  faire  l'estuet. 

Mesure  a  perdu  hardement: 

Li  chas  l'a  servi  malement." 
336   En  ce  qu'entre  eula  mainent  leur  duel, 

Tfbert  s'en  ist  par  un  bouel. 

Benars  a'ea  fn  pieoa  partîz: 

8i  fb  lî  gieuB  mal  departiz. 

De  ceste  chose  a  fait  sa  plainte 
230  Tybers:  des  autres  i  a  munte. 

Bruns  se  replaint  qu'il  le  fist  batre 

Ou  cbesne  on  il  le  fist  embatre. 

Que  charpentiers  orent  ouvert 

Et  laissie  tout  a  desoonvert: 
236    Dist  lî  que  miel  avoit  dedens. 

H  i  ciiida  mettre  les  dens, 

Son  groing  i  mist  et  enbati 

Tant  que  les  coins  en  abati. 

20S  MÙ  est  bien  1a  205  q  isKJRt  206  .R.  219  biaoB  ,22&  denl 
tn  \m  boieitl  328  g.  moult  m.  p&rtii  281  qui  le  285  li  ]  il  miel 
ZM  otidoit 


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TI  (lUon  18S17— 13850) 

Onques  des  coine  ni  leass  un: 
240   Par  mi  le  groin^  retînt  dant  Bran. 

Or  fu  11  laz  en  grant  doulour, 

Toute  ot  perdue  sa  ooulour. 

Renars  ne  fiât  fors  que  sorrire, 

Quant  il  le  vit  en  tel  martÏTe, 
240    Et  diet  a  Brun  "mengez  assez 

Tuit  que  Boiez  bien  saoulez: 

Li  nûex  est  vostre,  jel  vos  laiz 

Et  je  m'en  vois  a  grant  ellûz, 

Hoult  fet  o  TOUS  mauvais  aler, 
250  Ja  ne  m'en  orrez  mais  parler. 

J'ai  non  Kenare,  biax  sire  Bruns. 

Ci  n'est  pas  li  gaains  cosmuos: 

TouB  voulez  tôt  avoir  sanz  faille. 

Ja  n'en  ferai  vers  vous  bataille, 
360    Ainz  le  vous  clamerai  tout  quite: 

Je  n'ai  mester  de  faire  luîte." 
Quant  rnmposnes  ot  assez  faites, 

Loaffee  et  moes  ploaeurs  traites, 

Tournez  s'en  est,  ne  vot  plus  dire. 
S60    Uais  Brans  n'en  ot  talent  de  rire: 

Le  grotng  estrabt  et  sache  et  tire, 

Nel  puet  avoir  s'il  ne!  deseire. 

ITestoit  pas  dn  tôt  a  son  ohois. 

Li  forestier  viennent  au  bois, 
260   Tint  et  deux  furent  en  la  route. 

Quant  voient  l'ours,  l'uns  l'antre  boute: 

"Je  voi  un  ours"  dist  li  premiers. 

'Or  i  parra,  (rans  foroBtiers; 

Que  bien  sai,  udier  ne  se  puet. 
370    Or  le  prenons,  faire  l'estuet." 

Quant  Bruns  II  ors  les  ot  venir,        A  4! 

Dune  ne  se  pot  plus  atenir: 


245  d.  que  il  meniBst  a.  246  T.  q.  il  fuBt  253  Vous  le  nolei  s 
.1.  Mlle  856  lile  260  mail  Mangue  b.  en  ot  pas  261  gros  262  Mail  il 
noD  puet  partir  saiu  ire  263  ohoiz  284  foraatiera  266  Ion  269  Qai 
Ht  b.  faire  «idier  ee    127  It  mac  A  rtcommtnct. 


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TI  {Uéon  13861—13600) 

Einz  sache  a  soi  par  tel  aTr 

Que  tôt  le  cuir  fet  départir 
S75    D'entor  aon  groing  et  de  ses  poes. 

N'en  reraeist  point  entre  ses  joes. 

Mes  eins  que  il  s'en  fust  ostea, 

Lî  ont  molt  batus  les  costes 

De  macues  et  de  baetons. 
280   Issus  s'en  est  a  reoutuns. 

Benart  l'a  tenu  por  vilein: 

Hasard  jeta  arere  mein. 

Fniaut  s'en  vet  a  lon^e  aleine, 

Mes  molt  ot  ancois  sofert  peine. 
38D    Einsi  servi  Benara  mon  home, 

Par  les  seins  que  l'en  quert  en  Borne. 

Apres  se'  mist  Renars  en  ese. 

Ne  laissa  pas  por  sa  meeese  : 

Quant  vint  ao  trespas  d'usé  me, 
300    Une  ^ant  ransprone  li  rue. 

"Baus  sire  Bruns,  e  car  me  dites, 

8  e  ieates  moines  ou  ermites 

Et  se  messe  chanter  savez, 

Quant  vos  si  grant  corone  avez. 
39&    Uolt  par  aves  vermeil  le  chef." 

Benars  li  fist  itel  meschef. 

De  ce  a  fet  dans  Brun  son  pleiat, 

Et  la  messenge  se  compleint: 

Qar  qant  ele  le  volt  besier 
SOO   Et  a  lui  se  volt  apaier, 

Les  denz  jeta  por  lui  coobrer: 

Ensï  la  Toloit  enconbrer. 

Ia  li  oreat  ses  eles  oes; 

Ârere  sailli  en  son  crues. 
800   Holt  par  fesoit  grant  deverie, 

Quant  vers  lai  peusoit  tricherie. 

Hmnte  traïson  h  a  fête, 

Prendre  le  ciùda  en  sozhute: 


2T5  ioea     2T7  fnat  )  soit     2TS  U.  li  ont     260  Bnnu     SOI  oourer 
m  pu*    SOT  ft  il 


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TI  (MioD  18891—18981) 

Ele  âBtoit  en  foi  sa  oonmere 
810    Et  si  le  tenoit  por  coopère. 

Por  ce  ai  qu'il  n'est  pas  leaus. 

La  se  cootiat  con  dealoiaus. 

Qui  si  poil  voit,  nel  doit  pas  itroire: 

Par  nature  fet  a  meBOroire. 
SK        Dame  Pinte  se  rest  clamée, 

Qui  est  de  meinte  gent  amee. 

De  sa  seror  dame  Copee 

Que  Benart  li  a  eecropee, 

Et  dno  mortes  de  ses  sorors, 
320   Dont  sis  cors  est  en  graot  dolora. 

Grant  mal  a  fet  a  meinte  gent: 

Ja  ne  por  or  ne  por  argent 

Nel  doit  l'en  laiseier  a  jugier 

Pur  ses  félonies  vengier. 
SS6        Li  eorbauB  rest  a  cort  veauz 

Et  dist  que  droit  li  soit  tenuz 

De  Reaart  qui  priât  son  formage 

Et  après  fist  ai  graut  utrage 

Que  0  les  denz  le  volt  seeir. 
330    Mes  n'en  fist  pas  tôt  son  plesir: 

Cil  s'apercust  qu'il  le  volt  prendre, 

Si  s'en  torna,  net  volt  atendre. 

Kenars  qui  set  de  tantes  frumes, 

Li  earaoha  quatre  des  plumes. 
38&    Bien  le  cuida  avoir  sopris 

Par  son  enging  et  entrepris: 

Il  disoit  oe  qu'il  avoit  plate, 

Ues  de  lui  ot  maie  manue. 

Ne  vos  porroie  pas  retrere 
340    Les  mais,  le  honte,  le  oontrere 

Que  dan  Kenan  a  fet  aillora 

A  Taengrin  et  a  plusors. 

Yaengrins  s'est  a  moi  olames 

De  Benart  qui  tant  est  blâmez, 
S46    Que  sa  feme  li  a  maumise 

310  BÎ  )  el     811  Imbiib     31B  Uuoit  deicropee    340  mal     SU  Qui 


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TI  (Héon  lS»d2— 189T7) 

Et  80r  lai  a  bh  forohe  mise 
8t  vilmeat  et  en  tel  maoere 
Com  sot  une  autre  chunberere: 
Toz  ses  penses  i  sont  fornis. 

SOO  S»  •droit  n'en  ai,  toz  gui  bonis. 
Si  oe  TOI  que  ma  gent  me  hace, 
Droit  me  oonvieut  que  je  lî  face. 
Danz  BoonauB  li  viels  mastina, 
Qui  reeet  de  plnssors  latins 

au   Et  qui  molt  a  fier  le  oorage, 
Se  reat  olames,  quaut  el  messaje 
L'avoie  tramia  de  ma  part 
Qu'il  me  feist  venir  Renart, 
Donc  li  fist  Benara  si  grant  bonté. 

960   Que  je  n'en  ssi  t^iir  le  conte. 
Mes  bien  ai  oî  la  querele 
De  qoi  dans  Koonaus  Tapele. 
Ce  dit  que  par  sa  traïaon 
Le  fiât  retenir  en  prison. 

36b   Amuser  le  aot  par  parole. 
Ce  li  dist  do  la  cooiguole 
Qae  uns  vileins  avoit  tendue 
Les  une  voie  deffendae, 
Que  la  gisoit  un  seiotuaire 

370    Qui  ert  apele  aeint  Tlaire, 
Et  bien  entendre  li  a  fet 
Qu'iloo  redrecent  li  contret. 
Cil  ne  BODt  pas  l'autorité, 
Pensa  qu'il  delst  vente. 

Sra    Ne  se  août  paa  oontregarder. 
R«nara  que  l'en  devroit  larder 
Tant  li  fiât  par  engin  aoroîre 
Que  cil  tint  sa  parole  a  voire, 
Qui  tant  aagea  eatre  aoloit: 

880  Nua  n'est  si  aages  ne  foloit. 
A  l'abeasier  vit  le  formaje 


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VI  (Héon  1S9T8— 14008.  1410T— 14113) 

Qui  li  âst  rendre  le  paage. 

ISe  Telt  laiisBier  que  it  n'i  morde. 

Au  resacher  estreint  la  eorde 

885    Qui  deeor  le  col  li  dévale 

Ausi  destroit  oon  nef  qni  hâte. 
Cil  monte  amont  et  ae  detoroe. 
Mes  RenarB  qui  point  ne  sorjorne 
Et  qui  l'a  mené  conme  fol,. 

890   Le  laissa  pendre  par  le  col. 

Renars  li  ros  (.l^e  malfu  l'ardel) 
Li  dist  que  des  vignes  fust  garde. 
Bien  fu  li  mastins  descoQa. 
Des  gardes  fu  aperoeOs: 

890    0  maeuea  et  o  barreatiB 

Li  ont  bien  aune  ses  buraus. 
Hoc  ont  tant  le  las  batu 
Que  a  terre  l'ont  abata: 
Ne  bret,  ne  crie,  ne  ne  mnet, 

400    Sinplement  contenir  l'estuet. 
A  grant  peine  en  esoapa  vis, 
Si  con  il  dît,  jei  vos  plevia. 
Molt  deTroit  l'en  Renart  destntire, 
Toz  li  mondes  le  deTroit  nuire 

405    Qui  si  baillÎBt  la  bone  gent. 
Ja  D^en  prendroie  or  ne  argent 
Que  nel  deetruie  o  nel  pende, 
Be  il  n'est  tex  qu'il  se  défende: 
Honte  m'a  fet  et  vileinie, 

410   Trop  ai  aofert  sa  félonie. 

Beoart,  tôt  ce  avea  vos  feît, 
Cui  baux  en  est,  mal  débet  aiti 
Toz  jorz  nos  avea  fet  moleste, 
De  voa  ae  pleint  chaaoune  béate. 

416  Hea  par  ma  barbe,  se  je  pots 
Et  je  en  mon  conseil  le  tniis, 
Quant  vos  de  ci  eacaperoia, 


884  gorge     385  àeeat     387  C.  lomont  e 
408  que  U 


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V!  (M«oii  141U— U1M) 

Jam<>B  beet«  n'atraperois. 
Renart'  fsit  il.   moU  es  haïs.' 

420    Cil  qui  D'estoit  pas  esbaïs 
Ne  trop  haetis  en  sa  parnle, 
(Molt  a  este  a  booe  escole) 
Vers  terre  tint  enclin  bod  chef, 
Et  fet  senblant  que  li  soit  gref. 

4SG    Bien  ae  sot  tere  et  bien  parler, 
Bien  respondre  et  bien  aparler. 
Quant  il  en  voit  et  leu  et  ese. 
Or  li  coTient  que  il  se  lese, 
Car  il  voit  lo  roi  corooie. 

4itu   Son  chef  a  un  poi  redrecte. 

Il  n'ot  en  lui  rien  que  aprendre, 
Bien  se  sot  garder  et  deefendre. 
Itant  a  dit  qu'il  li  otroit 
Qu'il  puisse  respondre  et  a  droit. 

435    Et  que  su  droit  dire  s'acort: 
Tant  en  feriû,  n'en  aurai  tort.' 

'KeDart'  fet  Nobles,  'bien  as  dit. 
Ja  en  ce  n'en  aura  desdit. 
Or  diras,   nos  escoteron: 

440  Se  tu  dis  bien,  nos  nos  toron.' 
Benars  respont  sire,  bien  dites. 
Vus  aves  dit,  ne  sui  pas  quites 
Des  semoQsee  que  m'aves  fêtes, 
Que  vos  aves  deaor  moi  tretes. 

440    De  Tybert  et  de  la  mesenge 

M'escondi  bien  conment  qu'il  prengne, 
Et  del  corbel  et  de  Copee, 
Que  par  moi  ne  fu  escropee. 
Nu  a  Tybert  ne  fis  otrage, 

49(1   Ne  su  corbel  de  son  formaje. 
Bruns  li  ors  qui  se  rest  clames. 
Certes  a  tort  en  sui  blâmes: 
One  ne  perdi  par  moi  sa  pel. 
Ne  ne  fia  mal  a  Roïnel 

19  eit    420  Et  il     438  mangui 


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210  VI  (Uéon  U1S5-14194) 

465    Ne  a  mon  conpere  Teengrin: 

À  tort  m'aooîlleDt  mi  voiain. 

Las!  mal  aervicfae  ai  toz  jora  fat, 

Por  bien  fere  a  l'en  le  col  fret. 

Chasenn  le  set,  n'i  a  ai  sort, 
460    Que  tex  ne  peehe  qui  enoort. 

ïtate  grâce  m'a  dex  donee. 

Mea  itex  eat  ma  destinée 

Que  ja  cel  bien  ne  saurai  fere 

Qu'en  se  me  tiegne  a  oontrere. 
465   Certes  molt  ai  a  cous  bien  fet 

Qui  or  m'ont  porchaoie  oeat  plet: 

Yos  m'en  avea  haï  fet  aemondre 

Et  je  sui  toz  preat  de  reapondre 

Au  jogement  de  vostre  cort'. 
170    Â  cest  mot  Taengrins  avort 

Devant  le  roi  entre  les  autres, 

Et  Boonels  li  felz  li  veltres, 

La  meeenge  et  Tybera  li  Qhaz. 

Et  Bruns  qui  eat  de  graot  porcaa, 
4TS    Dame  Bosete  la  jeline 

Et  dame  Pinte  ea  Toisine. 

Tuit  font  devaat  lo  roi  lor  pleinte, 

N'i  a  meater  parole  feinte. 

Benart  se  geigne  a  mein  eselenche. 
480   Bien  voit  que  ni  a  mestJer  genohe: 

Que  li  covient  que  raison  rende. 

Orant  pofir  a  que  l'en  nel  pende. 

S'or  n'est  Renars  eo  mal  liens, 

Molt  sera  bous  rectorietis. 
AC&   Se  il  aena  perte  e'eo  eacfaape, 

Seaz  caperon  set  taillier  cape. 

De  toutea  pars  a'ot  acuaer 

Q'a  peine  s'en  set  eacuser. 

Ce  dit  Nobles  que  vos  eat  viaf 
490    Renars  respont  'jel  Toe  plevia 

4&5  YReiiRTins    456  nés  noiiiiu    462  H.  t«x  en  est    46T  M  hni 
472  Bit    474  pocM    4TH  Et  ni    480  ci  na  bl  gengl«    488  mbmc 


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Tt  lUéaa  1419S— U2ST) 

Qua  de  meafet  ne  me  recort 
CoDt  envers  els  oQase  tort. 
II  diront  ce  que  il  voudront: 
Ja  por  ce  rien  De  me  toudront, 

490    Se  voa  plest  qui  mie  sires  estes. 
Molt  sui  sordiz  de  plusors  béates: 
A  tel  ai  porte  grant  onor 
Qui  puis  m'a  fet  grant  desonor. 
Je  sai  que  lî  tors  n'est  pas  miens: 

bOO  Totee  voies  veinera  li  biens. 
Onques  de  riens  ne  m'entremis 
For  qoi  doQsse  estre  euemis 
Dant  Tsen^n  mon  cher  compère, 
Ne  onques  par  l'ame  mon  père 

fiOfi   Â  sa  feine  ne  quîs  folie: 
Si  Va  molt  por  moi  asaillte. 
Tôt  en  sui  je  près  de  desfendre, 
Se  nus  m'en  voloit  entrepreadre 
(Jel  vos  di  bien  senz  autre  faille) 

610    0  par  jnbe  o  par  bataille.' 

Ysengrios  est  saillis  en  place, 
Prie  le  roi  ne  li  deaplace. 
Se  sa  droiture  vett  prover 
Tôt  sens  mencoigne  controver. 

&16    Nobles  conmande  que  il  die, 
N*i  a  celi  quel  contredie. 
'Renart'  dist  Tsengrins,  'entent! 
Je  sui  cil  qui  son  droit  atent 
Des  gnax  enub  que  ta  m'as  fez 

020   Que  nos  avons  oaiens  retraia. 
Ne  me  sont  encor  amende,' 
Si  l'avoît  li  rois  conmande. 
Molt  as  ainz  fet  bestes  penor 
Q'a  cort  te  poQst  amener, 

Rffî  Et  de  jounea  et  de  canus 
En  as  asez  por  fol  tenus. 
Por  ceuls  qui  de  toi  clamor  font 

4M  non    500  neintra  b.    50fl  u  rien  e.    517  dit 


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Tt  (ïéon  14SS8— 142T4) 

Et  qui  ci  enpree  toi  estoDt 
Poi'  moi  qui  par  toi  sui  hoois' 

680    Yoil  qne  «est  plet  soit  hui  (eaa. 
Pftr  la  vérité  m'en  irai: 
Ja,  Be  je  puis,  n'eu  mentirai 
Quo  je  n'es  die  tôt  le  voir 
Se  je  le  puia  apercevoir. 

6S6    Je  n'ai  mester  de  trere  slonge 
Ne.de  controver  ci  mencoigne. 
-   8i  que  garant  en  troverai, 
De  traÎBon  te  proverai 
Et  moaterai  tôt  par  raison 

541)    Et  félonie  et  traTeon. 

Bien  en  saurai  l'aeatsoa  dire, 
Se  t'en  voloies  escondire.' 
Renars  respont  'bien  dit  avez. 
Or  dites  oonment  le  savea.' 

&43         Fet  Ysengrina  jel  voa  dirai, 
Ja  mot  ne  vos  en  cèlerai. 
Mes  conperes  estee  en  loi: 
Si  ni'aves  mené  a  besloy 
Plus  de  cent  fois  que  je  n'en  mente. 

B5')    Meinte  beste  aves  Tet  dolente. 
Bien  ont  plussors  aperceS 
Que  maÎDte  fois  m'as  decofi. 
Or  saî  bien,  ee  cort  ne  me  fout, 
Que  tu  en  es  venu  au  saut, 

655    Molt  ai  por  toi  mauls  endurez. 
Meiote  foiz  t'en  es  parjurez: 
De  ma  feme  m'as  malbailli,' 
Ce  dist  Renars  'tu  as  failli. , 
Ooques  a  ta  feme  nel  fis, 

0«a    Ne  a  toi  de  rien  ne  mesfis.' 

Dist  Tsengrina   certes,  Renart, 
Jel  moaterrai  de  m  oie  part 
Que  vos  a  force  l'astûlliates. 
Au  croz  trover  pas  ne  faiDiates: 

541  uondrai    562 


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VI  (Héon  1427G— 14811) 

565    Yoîdiit  mov  OU  vousiase  o  son, 
.  Li  batistes  bien  le  crépon. 
Molt  Toa  vi  boter  et  enpoindre 
Et  durement  la  coe  estreindre. 
Hoc  la  tenistee  por  eote. 

57U    Ne  semblot  poe  jeu  de  pelote. 
Ce  ne  porriez  pas  deafeadre, 
Ne  vos  en  veïsae  âescendre 
Et  voa  braiea  aua  enmonter. 
Ne  m'est  honte  del  recontec  : 

576    Mes  se  je  oeler  le  poûaee, 
A  nulfaui  dire  nel  doâme.' 

Ce  dist  Benarg  ja  dex  ne  place 
Le  Creator  que  tant  me  hace 
Que  la  chose  soit  si  corue 

580   Que  ma  conœere  lûe  férue 

Plus  bas  de  l'oeil  si  con  voa  dites. 
Dont  aeroie  je  plus  qu'erites. 
Or  puis  je  bien  de  fi  savoir 
Que  vos  ne  saves  honte  avoir, 

585    Que  oe  avea  amenteû 
Dont  li  autre  se  sont  toii. 
Ja  n'en  doiissiez  fere  conte 
Qui  a  Hersent  tornast  a  honte. . 
Mes  bien  aves  tel  chose  aprise: 

590   Molt  aves  honte  arere  mise. 
Bien  aves  vergoi^ne  adossée 
Qui  honissiez  voatre  esposee 
Le  monter  et  le  aofacber 
Fia  je  tôt  por  lui  fora  saober. 

SOS    Enpoindre  et  traire  me  veîtes, 
Bien  aai  que  mal  i  entendiatea: 
Mea  je  net  fia  se  por  bien  non, 
Or  m'en  rendes  mal  ^rredon. 
Jel  fis  por  bien  et  por  franoisse. 

000   Mes  or  ai  perdu  mon  service. 
Qae  fous  fia  que  m'en , entremis, 

SSa  fin    586  Donc     587  a  lui  turnasiteat     (301  Bb  ]  fon 


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VI-  (Héon  14818— 14S47) 

Or  en  estes  mes  enemis.' 

'Itenart,  de  tant  te  puee  vanter. 
Bien  ses  a  fol  meaae  chanter, 

600    Ce  est  bien  chose  conneSe, 
Ueiate  honte  ai  par  toi  eQe. 
Tu  ee  de  tel  autorité 
Qu'en  toi  n'a  point  de  vérité. 
Tant  me  conseillas  en  l'oreille 

610    Qu'entrer  me  feïs  en  la  selte 
Et  avaler  et  puis  dedenz. 
La  maie  gote  aies  es  denz! 
A  tantes  riens  as  tu  fet  honte 
N'est  nus  qui  en  sache  le  conte. 

615   Tu  d^s  qu'o  toi  porroie  estre 
Laieus  en  parais  terrestre 
O  il  avoit  gaaigneries 
Et  plein  et  bois  et  praeries: 
N'estovoit  cele  rien  rover 

esO    Qu'en  ne  poâst  iloc  trover: 
Et  qui  voloit  manger  poissons, 
Ou  lus  ou  trojtes  on  saumons, 
Tant  en  avoit  con  li  plaisoit. 
A  son  talant  les  eslisoit. 

63S    De  toz  biens  ert  li  lius  garnis. 
Einsi  fui  par  toi  escamis. 
Je  oaidai  que  delsses  voir, 
Mes  je  ne  fis  mie  savoir: 
Molt  m'engignas  a  ioele  ore. 

630    Et  seel  entrù  sans  demore: 
Et  la  corde  ai  destorteille, 
Tu  ères  ja  en  l'autre  seille. 
Traîtres  es  et  losengers. 
Je  fui  pesans  et  tu  ligiera, 

6  5    Je  avalai  et  tu  montas. 

Quant  enmi  le  puis  m'enoontras 
Donc  fu  mes  cuers  iries  et  teins. 


403  poR       sue   fti   aperceue      618   rien      614   que      615   que    roi 
7  gki^eriei      627  quidoie    635  monrss 


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TI  (Uéon  14a4«-14383)  216 

Uolt  es  de  félonie  pleins. 

Je  demandû  que  ta  qtieroies: 
640  Tu  me  deTs  qa'en  mont  iroies. 

"C'est  cnstnme  que  diascuns  tient, 

Quant  li  uns  vet,  li  autres  rient." 

D'enfer  esties  eschapes, 

O  je  reseroie  atrapes. 
((45    Iluec  remeia,  tu  t'en  issia. 

Tel  traFsoD  de  moi  fels. 

En  Fève  soffri  grant  moleste, 

Troie  foiz  me  reclost  sor  la  teste. 

Molt  i  endurai  grant  meaese, 
eu  De  boivrc  estoie  aaes  aese. 

Li  blanc  moine  me  traitrent  fors, 

Mes  tant  me  bâtirent  le  oars 

O  potenoes  et  o  basions 

Qu'il  me  mistrent  a  rentrelloDs. 
KM   De  pex  me  firent  tel  aport 

Qn'iloc  me  lassèrent  por  mort 

En  un  fosse  qui  fu  puions. 

Par  la  coe  me  traitrent  ens 

Et  après  s'en  sont  retome. 
600    En  ort  leu  m'orent  ostele, 

De  puor  dui  estre  crevez. 

Holt  ai  este  par  toi  grevez. 

D'iloc  me  parti  a  grant  peine, 

Ge  ne  pooie  avoir  m'aleîne: 
«65   Encor  m'en  dolent  tuit  mi  menbre. 

Molt  sui  dolane,  quant  moî  en  menbre. 

Tu  me  fets  aler  peschier 

Et  en  l'eve  tant  acrocier, 

Tote  la  ooe  oi  engelee 
870   Et  en  la  glace  seelee; 

Sens  la  coe  perdre  au  partir 

Ne  m'en  pooie  départir.' 
'Tsengrin,  dis  le  tu  a  certes 

6S9  demsndoi  643  estiees  1144  Or  reseroie  ia  «.  )t45  tôt  teus 
riarâ  654  nertrelloiH  UT  puilent  Otil  poor  6B<1  quan  6S7  maHqut 
S71   MU     «78  p.  ie  partir    «73  dî 


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VI  (MéoD  14384-14419) 

Que  tu  ofls  par  moi  cee  pertes  P 
e7&    Par  foi  tu  paroles  a  force, 

Ta  lecherie  te  fist  force. 

Otre  mesure  fus  costos  45 

Et  de  poisâonK  trop  covoitos: 

Ja  n'en  cutdoies  prou  avoir. 
B80    Voir  dit  li  livre»  de  savoir, 

Qui  tôt  coToite  trestot  pert. 

Ce  08  je  bien  dire  en  apert, 

Tex  quîde  avoir  tôt  a  sa  part 

Qui  del  tôt  s'en  desoivre  et  part. 
6S5   Uolt  est  bouie  qui  tant  oovoite 

Qae  BOD  gaaing  pert  et  s'aolte. 

Des  que  tu  les  poisBone  sentie, 

Di  moi  por  qoi  tu  t'aleutisP 

0  doua  ou  trois  en  revensiaes. 
690    Mes  por  escami  te  tenisaes. 

Se  tu  n'eu  fussea  toz  oargieo. 

Por  fol  i  fus  tant  atargies. 

QaDt  del  venir  t'altù  eomondre, 

Lors  comencas  un  poi  a  groodre. 
699    Quant  je  fui  Miaiéz  d'ateodre, 

Si  te  laissai  as  poissons  prendre. 

Se  mal  t'en  vint,  por  qoi  m'en  blâmes? 

Unques  des  poissons  n'en  menjames.' 
'Renart,  bien  te  ses  esouser 
TOO   Et  gent  par  parole  amuser. 

Ne  porroie  hui  avoir  retrez 

Les  maus  que  tu  m'as  dis  et  fez. 

Toz  tens  m'as  tenu  por  bricon. 

Un  jor  que  mangai  d'un  baoon, 
705  Grant  talant  avoie  de  boivre: 

La  me  sofls  molt  bien  decoivra 

Tu  me  dels  que  d'un  celer 

T'en  avoit  on  fet  celerer. 

En  ta  garde  estoient  li  vin 


67«  legerie    «m  leures    Sttli  oet  O  ïe     686  gùg  p. 
^roîndrii    «9J  anuioui     tl96  laiiioi     700  eamuser 


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VI  (MéoD  1M80— 14458) 

7i0   Ttiz  tons  au  eoir  et  an  œstiD. 
La  me  menae  bren  a  envers. 
Tu  m'as  ohante  de  meint  fax  vera.' 

Ce  dit  Benars   or  as  tu  tort. 
De  ce  sui  bien  en  mon  recort 
^l&   Que  tant  bous  que  toa  fus  ivres. 
8i  te  vsDiaB  que  tôt  sans  livres 
Clumtaroiea  bien  un  oonduiL 
Puis  conmoDOaa  a  ai  gtant  bruit 
Que  tuit  oil  de  la  vile  vîndreat, 
720    Qui  a  grant  merveille  le  tindrent. 
Quant  j'oï  la  noise  venir, 
Nus  nel  me  doit  a  mal  tenir, 
Se  me  mis  a  l'eslJdeor: 
Car  de  morir  oi  grant  pOor. 
723   Retenus  i  fui  par  un  poi, 

Mes  je  m'en  vinc  au  mek  que  poi. 
Avoir  me  durent  entrepris, 
Car  moh  nos  avoient  sospris. 
Si  fus  batus,  a  moi  qu'en  tient  P 
730  Qui  mal  cbaoe,  mal  li  avient.' 

'Renart'  fet  il,  molt  sez  de  bole, 
Tu  t*ie8  jetez  de  meinte  foie. 
Renart,  molt  es  do  maie  part. 
La  me  tenig  tu  por  rousart, 
736   Ou  tu  me  feïs  la  corone 

D'eve  caude  oonme  a  persone 
8i  grant  et  si  ample  et  si  lee 
Que  tote  oi  la  teste  pelée: 
Ne  me  remeist  poil  sus  les  joea. 
740  Tu  t'en  alas  fesant  tes  moes. 
De  moi  dévoies  moine  fere. 
Certes  molt  es  de  mal  afere, 
Par  toi  est  ma  char  afeblie. 
AUIots  te  crui,  ai  fis  folio. 
14b   Va  tronçon  me  dosas  d'anguille 
Qa'efls  conquise  par  ta  guille, 

»  wi    715  fu    727  enprifl    728  uua    733  est    789  p 


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VI  (Méon  14459— 14498) 

Por  moi  eoprendre  et  alecher. 

En  meint  len  m'as  fet  trébucher. 

Je  demandai  ou  la  trovaa. 
160   Por  moi  decoivre  contrôlas 

Que  diareter  tant  en  portoient, 

A  bien  petit  qu'il  nés  gittrient: 

For  fol  avoie  tant  targîe, 

Qu'outre  mesure  erent  chargie. 
756    Sovent  a'aloient  arestant. 

Des  anguilles  i  avoit  tant. 

Je  demandû  par  quel  senblance 

En  pousse  renplir  ma  pance. 

Tu  me  deïs  qu'il  te  jetèrent 
TttO    El  oharetil,  quant  te  troverent. 

Tant  m'en  alas  amoneetant 

Que  je  lor  ving  tôt  au  devant. 

Si  fis  senblanee  d'estre  mort. 

Lors  refui  je  batua  si  fort 
705    Et  de  leviers  et  de  bastons 

Qu'encor  m'en  delt  tôt  1î  crepona. 

N'est  merveille  ae  j'ai  ennui, 

Quant  de  toi  vongies  ne  me  sut. 

Ed  ud  des  plus  Ions  jors  d'esté 
770   N'anroie  je  pas  récente 

Les  mais,  les  anuis  que  m'as  fes. 

Ues  ore  est  tant  mené  li  pies 

Que  a  cort  en  somes  venu. 

8e  par  droit  eo  eomes  tenu, 
7T&    De  toi  aurai  enoor  venjanoe, 

Bien  en  ai  en  deu  ma  fianœ. 

Je  t'ei  menée  loiante 

Et  tu  a  moi  deloielte: 

Quant  m'estordraa,  que  que  nus  die, 
780   Petit  valdra  ta  renardîe.' 

Renars  respont  par  bon  confort 

"Sire  Taengrm,  ros  avez  tort. 


764  QDaiitr«      764  refui  j  i«      THO  li  crepoa*  n 
766  ueagerÎM    771  fet    172  plet    775  encore 


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VI  (Héon  14499—14534)  219 

Vos  me  blâmes  De  sai  de  qoi. 

Cil  autre  baroD  sont  tuit  qoi, 
78g    Qui  TOB  cent,  ne  dîeni;  mot: 

Tels  i  a  vos  tienent  por  sot. 

Vostre  raison  est  descoverte 

Qu'avez  dite  raeDOonge  aperte: 

Car  qui  trop  ment,  s'arme  en  pert.' 
790   'Ahi  Ronart,  trop  ai  sofert 

Ton  gnnt  ennui,  ton  grant  desroi. 

Mes  se  j'en  ai  congie  del  roi. 

Ja  auras  la  bataille  a  l'oil.' 

Renars  respont  'rien  tant  ne  voil.' 
796    De  bataille  son  gage  tent 

Tsengrins  et  li  fois  le  prent, 

Renars  après  le  snen  tendi 

3i  que  li  rois  bien  l'entendi. 

Bien  sevent  li  baron  san2  dote 
600    Que  la  bataille  i  afiert  tote. 

9'or  ne  set  Renars  eseremir. 

Mar  vit  la  bataille  arammir. 
f  '  Li  rois  demanda  ses  ostages, 

'  Qui  molt  eatoit  «ortois  et  sages: 

StX)    À  nnl  d'els  nés  a  pardones. 

Ysengrins  a  tes  suens  livres. 

Por  lui  a  fet  Brun  l'ora  entrer, 

T;bert  le  ohat  et  Chanteoler 

Et  le  lèvre  sire  Coart: 
810   Cels  met  Ysengrins  de  se  part. 

Renars  en  rot  des  mels  banes 
'  Que  il  ot  a  sa  part  tornez  : 

Orinbert  et  Saucent  le  sengler  46 

Qu'il  ot  fet  0  soi  asenbler, 
816    Et  Espinart  le  hericon. 

Et  sognor  Belin  le  motoo. 

Cil  6rent  a  Renart.  seoors, 

Holt  en  pesa  dan  Brun  li  ors. 

785  drient    7Vi  oi    79»  \w    800  fi«r    809  Cosrt  1«  L  et  wpiiwrt 


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VI  (M6<m  14696—14570) 

La  bataille  ont  atermiaee 

820    À  qumze  jore  aaiu  demoree. 
Griobert  li  aereante  bi«L 
Ne  11  faudra  por  nule  rien. 
Que  Renart  ne  face  oonbatre 
Por  l'o^oil  Ysengrin  abatre. 

Sâd    Li  rois  a  dit  'tenez  voe  pes! 
A.  T08  OBtela  fUea  buîmdBl' 

Li  baroD  sont  fuit  départi. 
Ualement  ont  le  chaup  parti 
D'entre  Renart  et  Ysengiin 

^0    Qui  molt  estoient  mal  voiaio. 

Renan  o'iert  pas  de  tel  poisBanoe 
Coorae  Yeengrins,  mes  sa  fianoe 
Avoit  Renars  en  eseriniie, 
PoF  c'eut  la  bataille  aramie. 

836    EngigneuK  est,  et  s'il  n'est  fora, 
Sun  aenz  valoit  un  graat  erforz. 
De  l'enlredouB  se  set  covrîr 
Et  bien  taper  por  descorrir 
Sou  oonpa^on,  quant  il  voit  eae 

840   De  fere  oboae  qui  li  plese. 

Tant  s'est  enb'emiB  del  aprendre,  ' 
Ne  l'oD  porroit  nos  entreprendre. 
Tant  sot  Renws  d'en^ns  plussors, 
De  laite,  de  janbet,  de  tors: 

846    Aina  qu'Ysenjpina  baillier  le  puisse, 
Li  iHuisera  ou  bras  u  cuisse. 
Ysen^rins  entent  molt  a  ei, 
En  pez  ae  gist  a  son  ostel.        -    ' 
Car  el  droit  qu'il  a  tant  se  fie 

860    Que  Renart  en  son  cuer  desfie. 
Se  il  le  puet  aa  poinz  baillier, 
Forment  le  ouide  traTellier. 
Molt  désire  que  li  jorz  viegne 
Que  en  ea  bataille  le  tiengne. 


8S]  li  A  «orante    SSS  a.  ime*    885  vm    680  manqtu    est  ail  «r* 
845  qa«  y.     846  liu    851  pot 

nigiUrrlbyGOOglC 


VI  mi<m  145Î1— 14607)  221 

865   Molt  li  deeplest  en  son  oorsge 

Que  la  bataille  tant  li  targe: 

Ja  ne  quide  mee  veoir  Tore 

Qne  ele  soit,  trop  li  demore. 

Renars  refu  eo  molt  grant  peine 
860    D'armes  oonquerre  la  semeine, 

Et  TsengriiiB  tôt  ensement 

Keporchasce  armes  bêlement. 

En  grant  porchai  est  del  haster 

Et  en  poine  del  aprester. 
666    Bon  escu  e  s'aotre  armefire, 

Cote  a  quiae  et  afoutreflre, 

ChauBces  gamboiaees  bien  fêtes 

Que  il  a  en  sez  janbes  traites. 

Son  ^u  est  vermeuls  trestoz, 
870   Et  la  cote  roge  desoz: 

Baston  de  neâier  ot  bien  fet, 

Bien  fu  armes  au  jor  de  plet. 

Renars  qui  meiat  a  esoarnis 

Ne  reetoit  mie  pîz  gamiz: 
875    Ases  avoit  de  buens  amis 

Qui  de  lui  se  sont  entremis. 
'  Eecn  roont  a  sa  manere 

A  conmande  qne  l'en  li  qaere: 

Ud  l'en  ont  quis  qui  fo  tôt  gaunes. 
880  Ed  aa  cote  n'ot  pas  deus  aunes, 

Holt  fu  bien  fête  et  aieeee. 

N'out  chance  ne  fost  ganboisee. 

Un  baston  ot  d'uae  aubespine 

Qui  molt  estoit  bons  en  plevine. 
886   En  lui  fa  molt  bien  eoploiee. 

De  coroiez  fa  bien  liez 

De  chef  en  chef  jusqu'el  forfet. 

Einsi  armes  a  la  cort  vet. 

Tsengrins  s'en  iert  ja  tornea 
890    Qui  molt  estoit  bien  atomes. 

S«3  de  bù  b.  BM  Tote  867  Ch.  iMbels  ot  b.  f.  869  ea  871 
pt  pmr  et  b.  STB  A  ]  Et  879  gMieB  881  ai«ae  882  oh.  nool  ^bb- 
b<HM     883  dan    887  en  autre  L 


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222  TI  (H4oD  14e08-~.14$44) 

En  la  cort  est  venu  Benart, 

Et  Yseugnos  de  l'autre  part: 

Et  li  baron  furent  ensenble, 

ChasouuB  a  dit  ce  que  li  senble. 
89C»        Kenare  ne  fu  pas  eaperdua  : 

Haut  fu  rooingnies  et  tondus, 

Et  col  et  barbe  se  fiât  rere 

For  le  deapit  de  son  coopéra. 

Yeengrina  l'ot  en  grsnt  deepit, 
900   Et  aa  forohe  proisoit  petit: 

One  n'i  deigna  oeter  oevoil. 

i»  twBBBt  «Damible  mib  toîI: 

Molt  deaire  q'as  nieioB  le  t«igne, 

Ja  ne  cuide  q'a  tans  \  viengoe, 
905    Uea  einz  que  il  le  tiegne  as  meins 

Sera  plus  malades  que  seins. 
Hermeline  fo  en  peor 

For  dan  Benart  et  en  freor, 

Et  Ferchehaie  et  Malebranoe. 
910   Molt  par  eetoit  la  dame  frauoe. 

En  etoia  s'estent  en  sa  tesnere, 

For  Benart  fet  digne  proiere. 

  damlede  prie  et  aore 

Que  Benart  garisse  et  seoore 
fll5   Et  de  mal  engin  rescremiase 

Qu'en  la  bataille  ne  périsse. 

Bi  doi  fil  plorent  en  meson, 

Cbaaoun  d'ouz  fesoit  s'orison 

For  lor  père  qui  tant  les  eime: 

920   Quant  il  les  voit,  baiu  filz  les  oleime. 

Hersent  prie  por  son  segnor 

Que  dex  li  face  tel  ouor 

Que  ja  de  la  bataille  n'ise 

Et  que  Benart  veiucre  la  puisse, 
925    Qui  molt  Boaf  li  fist  la  chose 

En  la  temere,  ou  ert  enclose. 

8S6  roingniea  et  bien  t.  902  ri  n.  905  il  manqui  90'  ferar 
914  KTde  915  leoreniase  916  Que  la  919  q  982  len  983  1*  manque 
924  ueintre 


-,,.  Google 


VI  Qiioa  14645-14681) 

Ja  par  Ini  ne  b'mi  fu  oonpleinte. 
Hee  Yaen^in  qni  a  fet  meinte, 
L'en  fist  conplemâre,  ce  11  poise. 
990   Molt  a  en  lui  franche  borgoise. 
Tuit  aoDt  a  oort  et  poTre  et  riche. 
Tseogrios  metra  en  la  briohe 
Renart,  s'il  puet.  par  sa  bataille  : 
N'i  valdra  bïs  engins  maaiUe, 
tôb        Quant  Nobles  vit  sa  gent  venue 
Par  qui  la  bataille  ert  tenue, 
Brichemer  fet  avant  venir 
Por  recorder  et  retenir 
Le  jugement  de  la  bataille, 
94U  Et  prie  que  par  le  droit  aille. 
Brichemer  est  venus  avant 
Et  dit  qu'il  fera  son  connutat. 
  sei  a  tret  trois  de*  barons 
Qui  molt  etttâeot  de  grans  nous. 
94&  Li  liptus  estoit  11  premiers 
Qui  molt  eetoit  estoz  ei  fiers, 
Et  Baucent  qui  a  gent  le  cors 
Et  œesire  Bruiauz  li  tora. 
Cil  quatre  sont  avant  venu, 
SfiO   Por  les  plus  sages  sont  tenu 
Qni  œl  jor  fussent  en  la  place. 
N'i  a  celui  qu'ases  ne  sache 
For  un  grant  jugement  tenir 
Et  por  un  grant  fes  soetenir. 
Kft        Cil  quatre  vont  a  un  conseil: 
Dist  B^ohemera  'je  me  merveil 
Que  Renars  ossast  ce  penser 
Dont  nos  l'oîmes  encuser 
  Boonel  et  a  Tiebert 
MO  Et  a  Brun  l'ors  qui  molt  nos  sert. 
Des  autres  damors  î  a  tantes 
Que  je  ne  soi  a  dire  quantes. 
Pinte  86  pleint  et  Tiecelins. 


933  pol     945  Li  p*Ti    «46  Qus     B&2  ceU  dons  qui  Mes    9&S  DoiM 


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224  VI  tMéon  14688—14717) 

Tôt  ce  priât  sor  soi  Ysengrins, 

966    For  toz  conls  a  done  aon  gaje 
Et  si  en  a  livre  ostage 
Que  il  conoistre  un  jor  li  face, 
Se  il  le  nie,  en  aule  place. 
Segnors.  qui  poûst  apeeier, 

970   Le  mal  oster  et  abessier, 

Ce  fuBt  gt&ut  Bens,  ce  m'est  aTia. 
Ei  je  bien  dit?  Que  tos  est  risP' 
Baueent  reapont  'bien  ares  dit.' 
Tuit  l'otroient  saoz  contredit. 

gTS    Tuit  quatre  sont  yenn  au  roi, 
Si  li  dient  tôt  en  reqoi 
"Sire,  voetre  baron  loassent 
Que  cii  dui  baron  s'acordassent. 
Sauve  t'anor  et  ta  querele, 

080   Molt  tenissoQ  la  pes  a  bêle.' 

Ifolt  pleet  au  roi  ce  qu'il  ont  dît, 
Ja  par  lui  ne  seront  desdit. 
'Seignor'  fet  il,  'or  en  parlez! 
Tsengrin  premier  apelez: 
/    BlKi    De  tôt  la  querele  en  lui  tient. 
I  A  moi  de  rien  n'en  apartient 

<  Fors  solement  de  droit  tenir. 

>  Del  BorpluB  vos  les  convenir, 

Moi  ne  poise  se  il  s'acordent, 

9eo    Ne  voil  que  par  moi  se  decordent. 
Mels  einz  k  pes  d'oulz  que  la  guerre. 
Se  la  poes  entre  els  conqueire.' 
Quant  Brichemer  l'a  entendu, 
Tomez  s'en  est  col  estendu. 

996    A  Tsengrin  dist  en  l'oreille 

Que  li  rois  forment  bb  merveille 
Qu'en  ne  puet  pez  entre  els  douz  mètre 
Ne  por  doner  ne  por  premetre. 
Face  le  bien,  pregne  droiture 

965  tôt  oouIb    966  a  done    aS6  de  manqut    QSS  u.  en  l. 
9VT  Que  De  pat  entre  elz  pei  iloui  pei  m. 


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VI  (H«OD  H773~1475S)  ! 

lOOO    De  Reuart  por  la  forfeture, 

£t  por  ce  que  sore  lui  miat 

Que  s  sa  fente  force  fist. 

Dist  YfleDgrÏDB  'a'ea  parles  pas! 

Je  Toil  qu'en  in'arde  en  est  le  pas 
1000    Que  je  a  lui  prendre  acorde. 

Ne  voi)  q'autre  fois  s'i  amorde 

A  fere  honte  a  son  coopère 

Ne  a  pelgeaîr  sa  oonruere. 

Je  verrai  bien  qui  me  fet  droit,' 
lOiO    Briohemers  dist  que  il  voudroit 

Que  la  chose  fust  si  menée, 

8i  déduite  et  si  atoruee 

Que  eotr'ele  douz  fusent  amis 

(Let  est  qu'il  soient  enemts) 
1015   Si  que  ohascun  son  droit  oiist, 

Que  a  mal  tome  ne  li  fust. 

Diat  Ysengrin  ja  deu  ne  place 

Que  je  pes  ne  acorde  face 

De  oi  qu'en  voie  le  plus  fort 
1  >30   Et  sache  liqueus  en  a  tort  : 

Bien  me  porra  tenir  por  ivre 

8e  je  l'en  les  partir  délivre. 

Dites  lo  roi  et  sou  barnage, 

Que  ce  sache  et  fol  et  saje, 
1025    Que  por  noient  la  pes  requiert. 

Ja  de  si  el  champ  fête  n'iert  : 

Ghascuns  dira  ce  qu'il  voudra, 

El  champ  verons  qui  meus  vaudra. 

Dites  au  roi  que  droit  me  tiegne! 
tOAO    La  bataille  aim  conment  qu'il  vegne.' 
Quant  Bricbemer  ot  en  la  fin, 

N'en  aura  pes  vers  Isengrin, 

Au.  roi  a  dite  cel  novele 

Par  qoi  s'ire  li  rcnovele. 
I0B6   'Sire'  fait  il,  'a  moi  entent! 

1014  eDennis       lOlS  si      1023  Distes       1U24  MoheB       1026  n 
lO»  lUHiJrB     1031  Q.  brun    1033  merueillc 


iH,,i.u.i.,GoogIc 


T[  (Méon  14T54— UT89) 

TaengrÎDS  ea  bataille  ateot 
Qui  n'a  talaot  de  fere  pes. 
Honis  soit  qui  eo  fera  mes 
Nule  acorde  se  le  champ  non. 

1040    L'en  en  tendra  l'un  a  bricon.' 
Or  est  li  plet  molt  enpiriea. 
Car  Brichemera  est  molt  iriea 
De  l'oi^il  qu'Isengrin  li  dist, 
Quant  de  pea  fere  l'eBOondiat. 

lOfô        Dist  Brichemer  'se  tob  voles 
Droit  fere  si  con  yos  soles, 
Se  vos  tenes  la  droite  voie, 
Ce  est  le  meuz  que  je  i  voie, 
Q'amedous  les  metons  la  fore, 

1050    Penet  chaacun  de  garder  son  cors. 
Quant  il  seront  eomi  la  place, 
Qui  meuz  porra  fere,  si  face.' 
Ce  dist  li  rois  'par  seint  Richer, 
Por  verte  vos  os  aficfaer, 

1055    N'en  prendroie  pas  tôt  l'avoir 
Que  li  plus  riohez  puist  avoir 
Que  je  la  bataille  n'en  aie. 
James  n'aurai  en  els  manaie. 
Ne  aai  q'ales  plus  atendant: 

1060    El  champ  les  metes,  jel  conmant.' 
Quant  la  parole  ont  récitée 
De  la  bataille  et  reoontee, 
L'uis  les  ont  mis  el  champ  ensamble. 
Li  plua  hardie  de  peor  trenble. 

lOSJ    L'un  tenoit  l'autre  par  la  mein. 
Nobles  apele  un  capeleîn, 
Mon  seignor  Belin  le  moton. 
Molt  est  sages,  pas  n'en  doton. 
Cil  aporta  le  seiotuaire 

lOTO   Sor  qoi  font  les  seremenz  fere. 
Li  rois  a  fet  crier  son  ban 


1043  q  taengrin    1047  De     1052  fera  pom    1055  prendrai    1056 


,  Google 


YI  (MéoD  14T»0~14B3i; 

Qu'il  n'i  ait  nul  de  4el  bobaii 
Qui  face  noise:  en  pes  se  tiengne, 
Conme  prodome  se  contiengne. 

1075    MoU  œt  li  rois  de  grnnt  juatice. 

Del  serement  fet  la  devise 

Danz  Brichemers  et  Brun  li  ors 

Que  l'eu  tenoit  as  deus  meilloFe. 

'Seignor'  fet  il,  'or  m'entendez, 

lOHO    Si  je  di  mal,  si  m'amendez! 
Itenars  jurra  premerement 
Et  fera  tôt  le  serement 
Qu'a  Yaengrin  n'en  a  tort  fet 
Ne  a  Tybert  le  chat  forfet, 

ION    N'a  Tiecelin  n'a  la  meaenge, 

N'a  Roonel  cornent  qu'il  prengne. 
Atez,  fêtes  le  serement 
A  Ysengrin  enterement!' 
Renars  s'ajenoille  en  la  place, 

109>)    Moult  s'apareille  et  se  rebrache. 
Desor  les  seinz  estent  sa  mein.* 
Il  a  jure  par  seint  Jermein 
Et  par  les  seinz  que  iloc  voit 
Que  de  cest  plet  nul  tort  n'avoit. 

1D95    Les  seins  bese,  puis  si  s'en  lieve. 
A  Yseagrm  durement  grève 
Ce  qu'il  fet  acroire  por  voir 
La  menooigoe  par  son  savoir. 
A  jenuz  s'est  a  terre  mis. 

non  Dist  Brichemer  oies,  amisi 
Ce  jurerez:  Renars  est  fans 
Del  serement,  et  tu  loiaus.' 
Dist  Ysengrin  'je  l'RCreant.' 
Lea  seinz  besa.     Tôt  meintenant 

lio:>   S'eat  redrecbes,  puis  si  s'en  vet 
Eami  le  camp,  a'oreisoD  fet 
Et  prie  deu  qui  tôt  sorntoote, 


1072  Qu'il  j  Ne  10H3  Que  .y.  nen  na  10»!  aeinz  estent  1092  fiein(z 
llfl0.b.ore«  1101  iurrei  1104  .h.  Aprh  1 106  le  nttc  A.  donne  encore 
et*  inue  ter*:  Longamt  fiit  sel  oreisons  Et  fu  en  grunt  aflicions    1107  que 


'c* 


228  n  (Méun  14882—14887) 

Que  il  li  doÎBst  venger  bb  honte 
Si  qu'au  partir  l'onor  en  ait 
1110   De  Benart  qui  li  a  fet  let 
Baisa  la  terre,  puia  »e  dreahe, 
Son  bastOD  afete  et  adrece, 
En  pluBOrs  sens  le  retorooie, 
En  sa  mein  lace  la  coroie. 

1119  Son  escu  prent  et  puis  se  mole, 
.  En  pluBOFB  sens  le  baaton  croie. 

Tôt  entor  encline  a  la  gent, 
Molt  se  déduit  et  bel  et  gent. 
À.  Renart  dist  que  il  se  gart, 

1120  Qu'il  ne  mete  le  jor  a  gast. 

Quant  Renars  l'ot,  del  cuer  aosptre: 
Tôt  s'est  teOa,  ne  velt  mot  dire. 
Benars  sot  leb^s  de  s'enfanoe, 
Molt  ot  oî  de  nigromance: 

1135    Tant  ot  entendu  puis  aillora 
Qu'ot  oblie  les  moz  mellors. 
Scm  baaton  prent  ooa  afaities: 
Bien  senble  home  qui  sort  haitîez, 
Gentement  le  sot  a  soi  trere. 

I13II    Bien  fu  apris  de  tel  afere. 
En  plusors  sens  l'a  essaie, 
K'a  pas  aenblsnt  d'orne  esmaie. 
En  ses  doiz  la  coroie  lace, 
Apres  se  drece  de  la  place. 

1135    Quant  il  le  tint,  si  fu  soOrs 
Conme  oaetel  '  encloa  de  murs. 
Li  esorimir  li  est  joiaus, 
Car  il  eu  set  toz  les  envians. 
Sun  escu  sor  sa  teste  tient: 

1140   Se  YseDgrinB  près  de  lui  vient, 
Tel  eacremie  lî  donra 
Qui  a  gr&Dt  honte  li  vendra. 
Ysengrins  est  de  grant  aîr, 

IIOB  ion       1113  la  detornoie       lllQ  moîlle       1180  ior  i 
1188  q    1138  aot    1141  dor» 


,  Google 


VI  iUiou  14868-14901)  229 

Molt  tost  l'est  alez  eavaTr. 
1145   IteDart'  fait  il,  'mal  es  bailliz. 

Toz  jorz  DieB  soie  je  failliz, 

8e  ne  me  venz  de  ma  veutaDCe, 

Qae  me  feïs  par  sorcuidanoe, 

Quant  tu  a  ma  feme  jofls 
llfiO   Et  a  force  le  porjoÛB.' 

Renan  reapont  'aire,  mal  dites. 

Otroiea  qiie  je  soie  quitea! 

Fere  vos  ferai  graut  bornage 

A  chevalier  de  haut  parage: 
lt6S  Puis  irai  por  vos  otre  mer, 

Si  me  voles  quite  clamer.' 

llenart'  fait  il,  ne  te  travailles  ! 

Je  ne  oroi  que  tu  noient  vailles. 

Qaat  tu  de  mes  meios  torneras, 
1160   3&  puis  ne  me  ranpronerae.' 

Renars  respont  c'est  devinatlle. 

Bien  verron  a  la  definaille 

Lequel  que  soit  plus  decoû.' 

Dist  Ysengrins  'trop  ai  vesou,         ' 
tlfô  Se  de  vos  ne  me  puis  venger.' 

Ce  dit  Renart  'or  oi  danger, 

Qtt'alez  tote  jor  nisoecant: 

Mes  asaillïez  de  meiittenantr 

A  cest  mot  Ysengrins  acort, 
1170  Renars  n'a  talsnt  qu'il  s'en  tort, 

Son  escu  tint  devant. son  front, 

Het  pie  avant,  sovent  s'esgront. 

Holt  le  vet  Ysengrin  hastant, 

Renart  se  vet  bien  défendant, 
1175   Jeté  retreite  et  entredeus  : 

An  quel  que  soit,  en  tert  li  delà. 

Ainz  qu'il  se  partent  de  l'asant, 

Renars  le  Sert  que  pas  ne  faut  : 

Tel  coup  les  l'oreitle  U  done, 

1 148  Je  moN^ii*       llSSfuroie      1156  me  fêtes       116«  uoi      1172 
kflt  4mr?  conert  um  gront    1175  et  mattgue    eetredeh    IITT  aeu  p. 


,  Google 


VI  (MéoD  14W2— 14937) 

1180   Tote  la  teste  li  estooe. 
À  œl  asaut  mal  li  eschet: 
Tôt  chancelé,  a  poi  ne  chet. 
Qnant  sa  teste  a  toQ  seignier, 
De  sa  mein  ee  prist  a  segnier. 

iiSB   Deu  prie  qui  ne  faut  ne  ment 
Que  il  le  gart  â'afolement  : 
Par  sa  feme  est,  ce  dit,  trais. 
Ijongement  fu  si  esbahis 
Que  il  ne  sot  quel  ora  eetoit, 

1190    3'ert  Duis  ou  jorz,  quel  tens  eatoit, 
Por  le  cop  qu'il  a  recoû, 
Renart  l'a  bien  aperceû, 
N'en  fist  aenblant  qu'il  lo  aoûst 
Ne  que  apereeii  t'eûst, 

llfl5    Mes  d'autre  part  toma  sa  chère. 
Enoor  ae  gart  qu'il  ne  le  fere. 
S'il  en  puet  leu  ne  ese  avoir, 
Sncor  li  fera  mels  savoir: 
Car  n'a  talant  de  lui  atraire. 

1200    £n  SOS  le  fera  de  lui  ùete: 
Ne  li  laira  pas  aprocfaer, 
Au  baston  ae  aet  esmocher. 

Dant  Yaengrina  de  loin  esgarde. 
Kenars  li  dit  por  qoi  il  tarde 

13(K)    Q'a  la  bataille  ne  revient  : 
Bien  set  qu'a  fere  li  convient. 
Ysengrtna  se  fu  apemiez. 
Que  molt  a  este  esmaiez. 
Porpense  s'est  que  trop  demore. 

TJIO    Isnelemeat  li  recort  sore, 
Met  pie  avant,  jeté  retrete. 
Mes  Kenars  durement  se  guete. 
Tsengrins  jeté,  pas  n'areste. 
De  son  ba«ton  vole  la  teste, 

1211)    Met  pie  ariere,  si  s'en  trait. 


UB'Miminque    UMaperc»   1197  pot    120S  do  Iminc    12tS  dore- 
ment    121&  avant    trat 


,  Google 


VI  (HéoD  14936-14970) 

BenaFB  qui  set  asez  de  fait, 
Li  âist  itaot  'dant  TBengria, 
Dex  qui  sor  toï;  est  voira  devin, 
Set  bien  quel  droit  vere  moi  aves. 

12S0    Bastou  T08  faut,  dont  nel  savez?  D 

Car  faisons  pats  a  mon  seignor 
Ainz  que  tous  aiez  deshonnor!' 
Oist  Tsengrina  'faites  moi  tondre, 
S'assez  n'en  ai  pour  voua  confondre.' 

1335        Quant  assez  rampoenez  se  furent 
Li  dui  baron  qui  ou  champ  furent, 
De  rechief  andui  s'en  reviennent, 
Moult  cointement  leurs  escus  tiennent. 
Ysengrias  gete  et  fait  son  esme. 

1380    Que  geter  wetlle  par  meesme. 
De  lui  prendre  moult  s'entremet, 
Entre  l'eacu  son  baeton  met: 
Enmi  le  champ  son  escu  lesse. 
R«nars  de  son  bastou  reslesse: 

1286    Tel  coup  li  donne  aînz  qu'il  le  tiengne, 
Jamais  u'iert  jor  ne  l'en  souvieagne. 
Le  bras  seneatre  li  a  frait. 
Or  a  Tsengrins  mult  mestrait. 
Andui  ont  leurs  escus  gerpiz, 

1340   Si  a'aerdent  parmi  les  piz: 

En  plusenrs  sens  se  vont  tastant. 
LoDguement  furent  en  estant, 
Xe  veïstes  gens  taot  combatre. 
Li  uns  ne  pooit  l'autre  abatre, 

1346   Ja  ne  doit  on  de  ce  plaidier. 
Ysengrins  ne  se  puet  aidier 
Fors  seulement  de  son  bras  destre, 
Que  perdu  avoit  le  senestre. 


1216  frftt  Lef  ■>«.  1220— I3i6  manquent  dan»  h  m*e.  A  parce  qu'une 
fruiU*  "I  <■  ''^  arrachée  ;  il*  sont  guppléis  par  D.  1226  li  champion  q. 
tSSS  contre  lewu  1233  eseu  ]  bulon  1235  qui  le  1289  reprii  1240 
Sm  dena  ■«  fièrent  et  es  p.  1241  lieus  trutaot  1244  Lun  deuli  ne 
■ouloit    1S48  Car 


,  Google 


282  IT  (H«oii  14971-16007) 

L'uD  d'eula  tourne,  l'autre  retonie: 
1360    Nulz  des  vassaus  pas  ne  wjorue. 

Malt  toumeot  ainz  que  oui  en  chiee. 
Tsengrins  sueffre  grant  hachiee: 
Mais  deoB  a  un  pou  plus  a^es 
Que  Renars  et  plus  eamoulaee. 

1265  Contre  Renart  molt  se  herice, 
Bien  li  deecire  sa  pelice. 
Rfluaro  li  fait  un  tour  François, 
Ysengria  n«l  dontoit  aocois. 
Renan  l'estraînt,  pas  ne  se  ftûnt: 

1260   Jambet  li  fait,  de  lui  l'eupaint, 
A  la  terre  le  gete  enrers. 
Renars  li  vint  sus  en  travers. 
Les  dens  li  briee  en  la  bouche, 
En  la  cbîere  li  crache  et  mouche, 

1266  Es  iex  li  boute  lé  basttHi. 
Souvent  li  poile  son  grenon  : 
Traire  li  fait  moult  maie  fin. 
Fub  li  a  dit  'sire  Ysengrin, 
Encui  verrons  qui  droit  aura 

I27Q    Et  qui  miex  fere-ls  saura. 

De  Tostre  famme  m'accusez: 

Certes  moult  estes  amusez, 

Quant  vous  ci  pour  vostre  moilliflr 

Moi  et  vos  faites  traveillier.' 
137Ô    Taengrins  voit  qu'il  le  laidenge, 

Moult  est  dolens,  qu'il  ne  se  venge: 

Ce  potse  li,  n'en  puet  plus  faire. 

Renars  li  fait  honte  et  contraire. 

Entre  ses  dens  moult  se  demmte 
1980   Et  dit  'fox  est  qui  met  s'entente 

En  famme  pour  riens  qu'ele  die  : 

Foi  sont  de  famés  sanz  boidie. 

Ja  la  moie  ne  crerai  mais. 

Par  famme  est  plus  guerre  que  pais, 

U6Ï  h«ohie     1254  mûx      125B  Haia  .7.  nel  donte  .1.  pois      IIU 
debrite      1264  nouche      1265  le  ]  ion      126»  tort      1212  C.  trop  «s   de*- 
1281  p.  chose  quil  oie     12S2  Que  mal  as  paine  j  empl<ri« 


'c* 


VI  (Méon  16001-^15048) 

ISSft   Par  famme  sont  honia  maint  homme, 
De  touz  les  maus  est  famé  somme, 
Fox  est  qui  trop  i  met  s'eatente.' 
YBengrins  ainsi  m  démente, 
Âinssi  se  oomplaÎBt  bellement. 

1S90    Renars  le  Sert  menuement 
Et  Bur  le  nez  et  sur  la  face. 
YsengritiB  ne  soet  qne  il  faœ: 
Que  bieo  voit  qae  il  est  en  trape. 
A  ce  mot  )i  basions  eschape 

1295    Que  Renars  tenoit  en  sa  main. 
Cilz  qui  n'ot  pas  le  cuer  trop  vain 
Se  voalt  lerer,  mais  ne  puet  estre, 
Qa'il  o'a  rerta  fors  de  sa  destre. 
Benars  li  fot  de  grans  anuis: 

laOO    De  la  poudre  li  gete  ou  vis. 

Tsengrin  tient  poar  non  saobant, 
Ans  mains  lî  vait  les  iex  oerchaot. 
Mais  par  sa  grant  mesaventore 
Li  avint  si  fort  aventure: 

1906    Son  doi  en  la  bouche  dedens 

Li  ohiet,  et  cils  le  prent  aus  dens. 
La  char  trenche  jusques  a  l'os, 
Ses  mains  laoe  derrier  son  dos. 
De  l'estraindre  pas  ne  se  faint: 

ISIO   Car  en  tel  guise  le  destraint. 

On  weille  ou  non  l'estuet  descendre 
Et  deeoz  lui  )e  fet  eetendre. 
Or  eet  Renan  en  mal  trepeil  : 
S'il  a  paovr,  ne  m'en  merreil. 

iai5    Ysengrina  des  genous  le  serre. 
Renan  ne  TÏt  ne  oiel  ne  terre. 
Jure  avoit  faus  serement: 
n  )î  parra  prochaisement 
Con  fausse  loi  il  a  menée. 

1830   Hui  est  venu  a  sa  journée, 


I2M  qnîl      ISH  le  bHtan      1801  p.  mit'  poUuat      1904  manque 
ISI2  El  tort  de  d«NiM  lui  <l««e«iidTe 


,  Google 


2S4  ri  (Héon  15049— 1H>90) 

Mard  quiert  pour  les  saina  de  Bomme. 

Mais  ne  11  vaat  pas  une  pomme: 

Car  Tsengrins  le  fiert  et  maille, 

Tant  que  Renars  gient  et  baaille. 
1B2Ô    Ysengrins  le  fiert  en  la  chiere. 

Ne  tient  pas  sur  lui  sa  main  chiere. 

Renars  n'a  pooir  de  deffiendre, 

Tout  li  oouvient  souffrir  et  prendre. 

n  vosist  miex  sstre  aillors  : 
1330   Son  ouer  en  est  en  graot  douloora. 

Devenus  est  plus  frois  qae  glace: 

Ainz  Telt  morir,  ce  diat,  en  place 

Qne  pour  lui  recréant  se  daint. 

  ce  mot  a  gete  un  plaint, 
13S&    Semblant  fet  d'omme  qui  soit  mort 

Que  en  lui  n'a  mais  point  d'effort. 

Ysengrins  un  petit  le  lâche, 

Moult  le  mort  et  moult  le  deseache. 

Renars  ne  muet  oe  pie  ne  mun, 
ii340    Bien  fait  semblant  qu'il  n'est  pas  sain. 

Ysengrin  l'a  butu  si  fort, 

Enz  ou  champ  l'a  laissie  pour  mort: 

Li  baron  sont  de  lui  parti. 

Ataat  la  oourt  se  départi, 

1345    Onc  Troïen  n'orent  tel  joie, 

Quant  recurent  Elaine  a  Troie, 

Cou  Brun  li  ours  et  Ysei^rins, 

Et  Chanteoler  et  Tiesselins 

Et  dame  Fiote  et  Roeoiaus 
ISOO   Pour  Renart,  qui  ert  deeloiaux.     D45 

Li  parent  Renart  ont  grant  honte: 

Nobles  n'en  veult  ofr  nul  conte, 

Ainz  conmande  que  on  te  pende. 

Tyberz  li  ohaz  les  iex  li  bende, 
1369   Bt  Roeniaux  les  mains  li  lie, 

Bien  ont  R«nart  mie  a  la  lie. 

1323  le]  si  maaille  1329  Or  eo  est  .y.  lonnour  ISSOILen  1982 
Enooii  morra  ce  1S41  U  debatu  f.  1942  Eu  mattqur  L  toat  p.  1350 
R.  font  le  d.     1352  ueul    1354  Ty.  le  ohat    1353  B.  o.  b 


,.  Google 


VI  <Méoii  1Ô091-15130) 

I>e  pamoiaoD  fut  reveniiz.  A 

Bien  fu  le  jor  por  fot  tenuz  : 
Se  de  lor  meins  pooit  partir, 

1360    James  s'iroU  home  aatir. 
Tote  la  cort  Dissiez  bruire, 
Holt  se  hastent  por  lui  destruire. 

RenRFfl  por  sa  vie  tenser 
Prie  qu'en  le  laiet  confesser, 

1365    Qar  a  rejehir  li  oovient 

Toz  les  peobea  dont  U  sovient. 
Il  li  oat  fet  Tenir  Belin. 
0  loi  ameine  Ghanteclin. 
Renars  ae  fet  a  lui  confes, 

1370   Et  cil  li  flDoarja  bod  fes 

Solonc  les  peohez  qu'il  a  fet 
De  qoi  il  a  vers  deu  mesfflt. 
Si  oon  il  ooafesoit  Benart, 
Atant  es  vos  frère  Bemart 

1375    Qui  de  Cirant  iloat  ert  repairez. 
Trova  Qrimbert  qui  fu  iriez. 
Euqois  li  a  et  demande, 
Conment  U  rois  a  oonmando 
Que  Renars  fust  molt  tost  penduz, 

13%  Par  nuUui  ne  fust  deefenduz. 
Quant  11  frères  ot  la  parole, 
Molt  li  poisse,  se  t'en  l'afole. 
Il  ert  de  ^ant  franchise  pleins, 
Holt  ert  cortois,  n'iert  pas  vileins. 

1885    En  son  cuer  l'a  aperceû 

Par  le  grant  duel  qu'il  a  où. 
Que  meioe  Grinberz  li  teisons 
Et  Eïspinarz  U  herioous. 
La  u  vit  Nubie  boneoient, 

1390   Le  salua  molt  doucement. 

Li  rois  se  dreoe  en  soa  estant, 
Ne  set  frère  que  il  eint  tant. 


1957  u  nue.  A  reeommtnet       1SS2   dest'e       1888   d.  il  le  orient 
1571  fe*      1ST8  Conme      1379  tôt      138S  g.  seintse  p.      1365  ï  manipu 


...,..,glc 


236  TI  (Méon  15131— 1B172I 

Joate  lui  le  fet  ase^er. 

Li  frères  l'tiquett  a  proier, 
189»    Por  deu  li  otroit,  ae  H  plest, 

Que  Renart  sain  et  sauf  li  les'. 

Eînsi  le  racata  li  frère. 

'Segnor,  por  deu  le  devez  fere. 

Ne  puet  aler  o  de»  le  graot 
14*00    Qui  ne  pardoinst  son  mautalant. 

Itel  conseil  te  voil  doner 

Que  tu  lesses  Renart  aler.' 

Molt  deproia  l'enpei'eor 

Que  Renart  li  doinst  par  amor: 
1406    'Pot*  ce'  fet  il,  Wi  je  venui. 

Proier  vos  voil,  ne  soit  pendus, 

AncoÎB  laissies  Renart  aler  : 

Dex  le  vos  putst  gaerredonerl 

Donez  le  nos  a  deu  servir 
1410    Qui  se  laissa  por  nos  morir! 

Por  amor  deu  le  nos  clones! 

Renart,  de  quoi  s'est  affiches, 
'  Jel  quit  fere  moine  ordener: 

En  tôt  le  mont  n'aura  son  per.' 
1415    Le  frère  dist  l'oupereor 

'Dex  ne  veit  mort  de  peceor, 

Mes  soit  confes  et  se  gart  bien: 

Dont  aéra  sanf  le  crestien. 

S'il  est  retez  de  f;uerpilage, 
1420    R  est  au  meins  et  repentage.' 

Nobles  entent  que  bien  a  dît. 

Net  voudrait  avoir  esoondit 

De  rien  que  il  li  demandast 

Ne  que  fere  H  conmandast. 
1426   Renart  H  rend!  bonement 

Sens  nul  autre  contenement. 

Renart  a  gite  de  prison, 

Frère  en  a  fet  on  as  mesoa. 

139SMeoir  ISOllequelt  i:495Quep.  1396Q.  ulfeta.  R  13&9  pot 
14081eDiierere  I40«  Proio  1408  Que  d.  voi  1411  doDBH  1412Mrt«rri- 
ehBH     1415  d.  •  le.     1424  que  a  f.     1436  «eiDB     1437  a  manque     1428  Tn 


VI  (Héon  15173—16816) 

PoÎBSonB  li  donsnt  pur  amordre, 
1480    Bien  le  dotriiieat  de  lor  ordre, 

De  dras  a  moine  l'ont  vestu 

Le  fll  a  putflin,  le  teetu. 

EÎDZ  la  quinzeine  fu  garia: 

Cil  qui  taot  a  este  maris 
1436    Toz  fu  gariz  et  repasses. 

Par  maint  maveia  pas  est  pasez. 

Bien  retient  ce  que  en  l'enseigne, 

N'a  pas  seoblant  que  il  se  feinne. 

Les  signes  fet  del  moiniage. 
1440   Uolt  le  tienent  li  moine  a  sage, 

Cher  est  tenuz  et  molt  amez. 

Or  est  frère  Renart  clames. 

Molt  est  Renart  de  bel  service, 

Yolenters  vet  a  seinte  igliae. 
1445    Sovent  li  menbre  des  julines 

Dont  il  selt  rongier  les  eacliîncs. 

A  peine  tient  estacions, 

Car  sovent  a  teotacions. 

Bien  li  seent  si  vestement, 
1400    Hoit  se  déduit  onestement, 

8i  met  s'entente  a  l'ordre  prendre 

Que  il  n'i  a  que  entreprendre. 
Un  jor  fu  la  messe  cantee, 

Renart  de  cuer  l'ot  escotee. 
1465    Tôt  dereniers  ist  du  moster, 

En  88  raein  tenoit  un  sauter. 

Quatre  capons  bien  sejornez 

Lor  avoit  un  borjois  douez 

Qui  avoit  non  Tiebaut  le  riches: 
1460    N'iert  pas  vers  els  avers  ne  chicea, 

Renars  les  a  aperceiis: 

Or  sers  il  bien  dicofis. 

Se  il  n'en  fet  ses  gernons  bruire: 

Bêlement  s'en  quide  déduire. 
\M&    'Par  deu'  fait  il,  'ne  m'apartient 

lui  k  frsre     1437  ce  q  (en  lenseigne     1441  ert 


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TI  (H6ou  15216—15250) 

Oil  qui  de  char  maDger  se  tient. 
M'ai  pas  fet  veu  de  manger  ehar. 
Molt  le  t^'Ddroie  a  grxiit  eachar: 
Qui  cest  veu  fere  me  feroit, 

1470    Dex  le  set,  mo|t  me  meaferoit. 
De  char  ne  me  puis  atenir. 
3e  je  en  puis  en  leu  venir, 
Je  moBterai  que  je  soi  fere. 
Qui  qu'en  doive  parler  ne'-tere.' 

1476        Le  for  trespasse  et  la  nait  vient 
Benart  qui  des  ebapons  sovent 
fie  les  pot  mètre  en  obliance. 
Tote  treapasae  obédience, 
Vient  aa  cliapons,  ai  les  desjoche, 

1460    L'un  en  manja,  au  cuer  lï  tocc: 
Les  autres  trois  a  mis  en  terre. 
Que  lendemein  les  vendra  querre. 
Covert  les  a  bien  de  terrier, 
'  Arere  s'est  vennz  chocier. 

1485    Ne  sot  nus  mot  de  son  aguet 
Ne  del  larecin  qu'il  ut  fet. 
Si  H  chaî  par  aventure, 
Molt  retret  bien  a  aa  nature. 
Leudemein  après  les  matines 

14W    Renart  qui  tant  eime  jolines, 
D'uD  des  capons  se  rest  dines, 
Puis  est  el  oloistre  retornes. 
Li  tiers  manJR  que  nus  nel  sot         5( 
Au  qart  manger  iluoc  passot 

Uft'i  Uns  frères  qui  bien  l'aperçoit 
Que  Benars  li  ros  les  decoit. 
Quant  reconte  fu  au  oovent, 
Rennrt  en  out  blâme  sovent. 
Benars  lor  en  velt  droit  ofrîr; 
ISOO    Frère  Bemart  nel  pot  aotFrir: 


1468  ■  I  en  1469  froit  1470  «elt  1473  moiteroie  147S  d«siuiche 
1460  m«M  1485  nut  ]  un  1468  nul  14»4  marger  1496  lee  |  se  1499 
uait    1500  .B'. 


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VI  (Méon  16251— 15B89)  23» 

Ja  r&voit;  Q]aDg;ie  un  corbel 

Qu'il  avoieut  en  lor  prael. 

Tant  larecina  lor  avoit  fet 

Que  bien  voit  que  il  e'eet  mesfet. 
15nri  A  Benart  ont  toluz  les  draa, 

CoDgie  li  douent,  tôt  fu  gras: 

Ne  demaudoit  nutres  loreins 

Ne  mes  qu'il  fust  hors  de  lor  meins. 

A  merveilles  lie  s'en  fesoit, 
iBIO    Car  li  ordres  li  desplaisoit. 

Tornez  a'eu  est  tôt  le  chemin. 

Encor  nuira  a  Yaen^n. 

Li  moi^e  l'ont  tnia  a  Ih  voie, 

Toz  aolz  a'en  vet,  nus  nel  convoie. 
I5ia   Molt  manache  ses  enemia. 

Par  qui  il  fu  en  peine  mia. 

Sa  teste  jure  corouee 

Que  ja  s'ire  n'iert  pardonee 

A  YaeQgrîn  ne  a  Tybert 
1530    Par  qui  il  a  tant  maua  sofert. 

Roeniaus  ert  en  une  haie, 

De  loin  le  voit,  forment  l'esmaie: 

Si  a'eacrie  'vois  le  rendu 

Que  devien  avoir  pendu.' 
1025    Cil  n'a  talant  de  ranproner, 

Forment  s'aqelt  a  treatomer 

Tant  que  il  vint  en  sa  tcsnere 

Ou  a  trove  aa  feme  chère. 

Quant  le  vit,  grant  joie  en  a, 
1590   En  son  ouer  s'en  ealeeca. 

Car  molt  avoit  grant  dol  ofl 

D'Ysengrin   qui  l'avoit  veincu. 

Si  dui  fil  font  joie  molt  grnnt 

Quant  lor  père  voient  vivant: 
1836    Quant  sein  le  voient  repairier, 

Or  nés  porroit  nus  eorocher. 

150a  merneille    16U  nul   l.tlS  Ytenjcrinz   1621  RoUua    1522  loins 
I5Z4  d«iien    1528  troues    1526  Q.  ele  le 


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VI  (Méon  1&890— I52M) 

Molt  fa  bien  aoesmea  li  eatre. 
Reoart  qui  fu  res  conme  presse, 
Ot  tiolt  ^ant  talatit  de  maDger. 
ISiO    L'eve  commanda  a  hucher 
Et  l'en  li  a  toat  aportee. 
Ses  fllz  ont  la  table  posée.  —  — 

1540  ooromenohe 


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(Méon  S7T83— 27806', 


Foas  est  qui  croît  sa  foie  peose:       (50) 

Holt  remeiat  de  ce  que  fous  pense. 

Fous  est  qui  croît  foie  espérance, 

Que  toz  li  monz  est  en  balsDce. 
b    Fortune  se  joe  del  mont: 

Li  un  vienent,  li  autro  vont, 
f  L'un  met  en  bien,  l'autre  en  la  brîche, 

Si  fet  l'un  povre  et  l'autre  riche. 

Tex  eet  la  costume  Fortune 
10   Que  l'un  eime,  l'autre  rancune. 

Ele  n'est  mie  nmie  a  toz, 

L'un  met  desua,  l'autre  dosez: 

Et  celui  qu'ele  met  plus  haut 

£t  qni  meus  fet  et  qui  meus  vaut, 
IS    Fait  ele  un  maveis  saut  saillir 

Ou  a  l'entrer  ou  a  rissir. 

Segnor,  cîst  mondes  est  p restez, 

Li  uns  a  por,  li  autre  asez; 

Et  qui  plua  a,  tant  doit  il  plus, 
3()    De  tant  sont  li  povre  au  desus. 

Et  qui  poi  enprunte,  poi  i-ent: 

En  le  lest  vivre  bonement. 

Tex  s  ores  ^rant  poeste, 

Qn'ancois  que  un  an  soit  paae 

*  Fortune  s  le  mont  en      &  tnanqut      11.  12  man'jneut      H  tet  J 
t     IH  »t  lanlre 
asixt   I  Itt 


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vil  (MéoQ  27909—2784!» 

26    Sera  de  molt  poyre  pooir, 
Ice  saches  vus  tôt  de  voir. 
Par  mon  chef,  ce  n'est  mie  gas, 
L'en  vient  molt  bieo  de  haut  en  baa, 
Par  foi,  et  de  molt  grant  bassece 

30   Revient  en  bien  en  grant  hautece. 
Par  ce  est  droiz  que  je  me  tese. 
D'autrui  avoir  a  l'en  grant  ese: 
Qe  quit  que  grant  biens  en  vendroit, 
Qui  reison  i  esgarderoit. 

35    Qar  qui  ovre  solonc  reson, 
Ne  l'en  puet  venir  se  bleo  non. 
Molt  est  fox  qui  meine  ponee 
De  chose  qui  U  est  prestee; 
Costume  est  d'autrui  garnement, 

40    Qui  froit  lo  vest  et  caut  le  rent. 
Foz  est  qui  por  son  grant  oQr 
Elst  en  cest  siècle  aaoSr: 
Car  je  vos  di  bien  seinz  feintise, 
Tant  vait  li  poz  al  puis  qu'il  brise. 

40    Ou  tost  ou  tsrt,  ou  près  ou  loin 
A  li  fors  del  feble  besoin. 

Cest  essample  vos  ai  mostrez 
Por  Kensi't  qui  tant  est  devez 
Et  qui  ovre  contre  nature. 

M   Ja  nus  n'aura  de  lui  droiture, 
n  prent  a  tort,  il  prent  a  droit, 
C'est  merveille  qu'il  ne  recroit. 
Mes  certes  ja  ne  recreira 

'      Devant  ce  qu'il  l'en  meaoarra: 

06    Car  son  deable  le  demeine. 
Et  ai  est  toz  en  son  demeine 
Qui  de  lui  ne  se  velt  partir 
Jusq'a  tant  qu'il  l'ait  fait  honir. 
Une  pièce  puet  il  rener. 


29  baaaepoe  SO  en  molt  bien  31  est  bien  d.  toise  S3  L  len  36  pot 
37  Meiot  .IH  que  33  ffftrtiemenii  40  que  f.  louHt  41  p»r  43  n.  plus  a. 
45  tart  après  ou     4S  Par 


;„.;.,  Poogic 


TU  (Méon  27844-27886) 

60    Mes  aprea  le  fet  trébucher: 

Pendre  le  fet  ou  afoler. 

Ârdoir  en  fu  et  enbrager 

Ou  a  si  graat  boute  bnilltr 

Qu'a  noient  le  fet  devenir. 
ea    Certes  qui  sert  itel  baron, 

Ne  l'en  puet  venir  se  mal  non. 

Je  ne  di  pas  par  toi  folie, 

N'il  n'est  pas  droit  que  ja  la  die. 
Se  vos  le  voles  consentir, 
70    Je  TOB  dirai  ja  sans  mentir 

De  Renart  le  gopU  la  yie. 

Qui  a  fet  tante  trecberie 

Et  qui  tant  home  a  decoû 

Que  par  engin  que  par  vertu, 
75    n  n'est  nus  boin  que  il  n'engigoe. 

Il  avint  l'antrer  a  Conpigne 

Que  Renars  fu  del  bois  issus. 

Si  s'en  ala  les  saus  menus 

Droit  a  une  grant  abeTe. 
HO   La  avoit  une  conpaignie 

De  capons  cras  et  sojoroez. 

Celé  part  est  Renart  alez. 

Une  ne  fina,  si  vint  tôt  droit 

La  n  li  jeliniera  estoit. 
85   Et  quant  il  vint  au  jelinier, 

Si  conmenca  a  oreillier. 

Se  les  gelines  somelloient. 

Et  qnant  il  vit  qn'eles  dormoient, 
*         A  soi  sacha  le  paies  z  on 
'  00   Qui  est  liez  d'un  bardellon. 
(        Tôt  coiement  et  aseri 

Un  capon  prent,  n'a  pas  failli, 
•  Qui  bien  valoit  cinc  et  maaille. 
>  One  n'i  qnist  nape  ne  toaille: 
96   Premerement  li  ront  la  teste. 

Renart  mangue  et  fet  grant  feste. 

bullier    86  rooUier    87  Se  maHçue   g.  qai  a.    93 


'c* 


VII  (HéoQ  27689— 27922) 

ffe  fet  pas  seoblant  au  manger 
Que  li  chapon  ii  fussent  cher. 
UoU  par  se  contient  feremenb 

100   An  chapon  veut  son  mautalant 
Qui  n'i  avott  nient  mesfet: 
Mes  bien  saves  que  ansio  vet, 
Qu'il  avient  bien  souent  a  eort 
Que  tex  ne  pèche  qui  eneort, 

106    Molt  a  Benare  de  ses  aveax, 

Car  il  mangue  bons  morseax, 

Qui  grant  bien  li  font  a  son  cner. 

La  plume  et  les  os  jeté  puer. 

'  Molt  fet  Renart  riche  relief, 

110    Et  ai  jure  sovent  son  chef 
I      Que  maigre  tos  les  mainiax 
En  mangera  il  des  plus  baua. 
Molt  afiohe  son  aerement, 
Mes  il  ne  set  q'a  l'neil  ti  pent. 

llfi        Or  laifOQS  de  Renart  a  tant 
Et  ei  diromes  d'un  seijant 
Qui  releva  la  nuit  pisaier, 
Si  a  oï  Kenart  rongier. 
Molt  durement  s'esmerveilla 

130  '  Et  en  après  se  porpensa  / 

Que  c'eatoit  gorpils  ou  teasons 
Qui  eatoit  venus  as  capona. 
Au  -gelinisr  en  vint  corant, 
L'uis  déforma  de  meintenaat, 

125    RecloB  l'a  molt  bien  et  serez: 
Or  est  Renars  bien  atrapez. 
Âtant  s'en  vet  en  la  mesoa. 
Puis  s'eacria  a  molt  haut  ton 
'Levez  tost  sus  et  si  m'eidies! 

liiO  Or  est  li  gorpil  enginnies. 
Or  saura  il  aaez  de  frape, 
Se  il  de  ma  prison  eschape. 


102  aneit    104  ni  \>.  q.  nacurl    105  h 
115  Or     le  1      131—133  manijUtnl 


,  Google 


VII  (Méon  27923—37956) 

Or  tost  sus!  si  l'aloa  tuerl' 
Qui  lors  TeTst  moignes  lever, 

185    Qui  aïnz  ainz  core  au  jelinier 
Por  loT  geliaes  aldier, 
Bieu  li  menb^ast  âe  geut  iree. 
Ual  vit  Renars  ceste  asamblefl, 
El  li  sera  molt  cher  vendue. 

140  N'i  a  cel  qui  ne  port  niacue 
Dunt  il  manaceut  a  ferir 
fienart,  s'il  le  poent  tenir. 
A  l'uîe  vienent,  si  le  defennent, 
Treatuit  de  bien  ferir  s'aeament; 

143   Enz  entrèrent  treatuit  eneenble. 
Renars  freniist,  li  ouers  li  tremble, 
Uolt  se  dehaite  et  molt  s'esmaie, 
Bien  set  que  saoz  cop  ne  sans  plaie 
Ne  puet  iesîr  dei  jelinier. 

iliO  'Ha'  fet  il,  'moignes  sont  si  fier 
Et  gens  de  molt  maie  msnere, 
Rien  ne  feroient  por  proiere. 
Ha,  que  ferai?  se  prestre  oOsse, 

*      Corpas  domint  recoûsse, 

IGO    Et  a  lui  confes  me  febae. 
Car  se  mes  pechea  rejelsse, 
Ne  m'en  polat  venir  dus  maua. 
Se  moruese,  si  fn^e  sax. 
n  n'est  mie  tôt  or  qui  luîst, 

160   Et  tex  ne  puet  aidîer  qui  nuist. 
Por  ce  qu'il  vestent  capes  noires, 
Si  les  apele  l'en  provoirea: 
Mes  il  sont  tuit  con  forsenez. 
Meuls  les  puis  apeler  maufez: 

163    Haufe  sont  noir  et  ciat  auai. 


134  Qui  Ift  139  Ele  a.  142  se  il  143  uindrenl  ail  defermerent  144 
f.  inrereat  146  1b  char  li  152  ferunt  par  154  domine  IST  nus  mauB 
oesir  Aprit  157  Ir  otac  A  iniercalt  ces  deux  ver»  Et  ce  Bai  ie  bien  sanz 
Mentir  Car  mit'  sont  fier  oist  moniiiux  lâS  Se  ie  muir  ci  il  aéra  a. 
IM  luit     160  pot     nuit     161  ail  u.  capaus      163  con  ]  por     165  manque 


'c* 


,VII  (Hfion  27656— 27W0) 

Bien  les  puis  apeler  einsi. 

Oe  me  convient  ore  esprover, 

Bien  les  puis  einai  apeler.' 

À  ce§t  mot  sBut  Kenara  en  place, 
170    UoU  ae  recoroe  et  ae  rebrsce, 

Uolt  saporeille  de  foir. 

Vers  lui  ^t  un  moif^e  venir 

Qui  si  le  Sert  parmi  les  reins 

D'une  grant  macae  a  dons  moins, 
170    Que  a  terre  l'abat  tôt  plat. 

Ez  vos  Benart  hontex  et  mat. 

Si  se  redresoe  conme  cil 

Qui  est  eators  de  meiot  péril. 

Quant  il  vit  que  chasouns  l'asaut, 
180    Parmi  euls  toz  a  fait  un  saut 

Qui  qatre  des  moignes  trespasse. 

Ues  ce  qae  vautP  Lî  uns  Tesquasee, 

Li  uns  le  fiert,  l'autre  le  bote. 
■         Or  est  entres  en  tele  rote 
185    DuDt  ses  hauberz  et  ses  esona 

Sera  desmailliez  et  roupnz. 

A  la  parfin  l'ont  tant  mené, 

Tant  travellie  et  tant  peue 

Que  em  plus  de  quatorze  leus 
190    Lî  a  mestier  ogullo  et  Sus. 

Tant  home  ont  de  Renart  fable, 

Ues  j'en  dirai  la  vérité 

Ed  œste  brance  sans  esloigne: 

Or  nel  teues  pas  a  mencoignel 
195    Quant  Renars  se  fu  délivrez 

Et  des  moignes  fu  esoapez, 

Saches  que  molt  li  en  fu  bel. 

Fuiant  s'en  vet  tôt  un  vauoel. 

Âpres  s'en  vet  par  un  ^ant  bos, 
200    Uolt  li  sue  la  pel  du  dos. 

i  inai     170  seaforoe  et  mit'  seabrue     172  luii    17S  Qae     174 


,.  Google 


VII  (Hémi  27991— 3802S) 

Fuiont  s'en  vet  grant  alefire 

OoB  oil  qui  pas  ne  s'asoUre: 

Qu'il  De  dit  mie  eus,  siu  moi', 

Hes  se  tu  puea,  pense  de  toil' 
206    Malveisement  eidast  autrui 

C^  qui  Bon  oui  lait  apree  lui: 

Se  je  fusse  en  sa  conpaignie, 

Petit  me  fiasse  en  g'aîe. 

Udc  ne  âna  de  cure  a  toise: 
310    8'eet  venuz  sor  la  rive  d'Oise. 

Et  qant  il  vint  sor  la  rivere, 

Garda  avant,  garda  ariere, 

Si  a  choisi  enmi  un  pre 
t        Un  roulon  de  fein  ahune    . 
S15    Que  iloques  eetoit  laissiez 

Por  c«  qu'il  n'est  pas  essuiez. 

Iloc  fist  li  gorpil  sou  nit. 

En  sas  se  drece  un  sol  petit, 
■        Car  il  se  voloit  eslaBoher 
220   Eincois  que  il  a'alast  cocher. 

Il  a  mis  la  coe  en  arcou 
•        Si  fist  set  pes  en  un  randon. 

'Iciat  premiers  soit  por  mon  père 

Et  l'autre  por  l'arme  ma  more, 
28D    Et  li  tiers  por  mes  bienfetors 

Et  por  toz  aprealeoeors, 

Et  li  quara  soit  por  les  jelinez 

Dont  j'oi  rongies  les  «scÎDes, 

Et  li  quins  soit;  por  le  vilein 
330    Qui  ici  aûna  ceat  fein. 

Li  sistes  soit  par  druerie 

Dame  Hersenz  ma  douce  amie, 

Et  li  semea  aoit  Ysengrin 

Qui  dex  doinat  demein  mal  matin 
235    Et  maie  encontre  a  son  lever. 

Uale  mort  le  puisse  acorer! 

1  le  orepon     222  8e  8 


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248  TII  (Kéoa  aSOSl— 88066) 

Car  je  he  molt  le  cora  âe  lui. 

Ja  ne  voie  il  tel  jor  conme  huî! 

A  maie  hart  puisae  il  pendre 
240    Que  nus  no  l'en  puisse  deafendre! 
,        Se  je  soi  onques  de  bsrat, 

Pendus  ïert  il  a  malo  hart.' 
Âtant  se  reet  aies  jesir, 

Car  talant  avoit  de  dormir. 
34S    Si  se  conmande  as  douze  apostrea. 

Puis  a  dit  douze  patrenostree 

Que  dex  garisse  toz  larons, 

Toz  trattors  et  toz  feloos, 

Toz  félons  et  toz  traltors, 
•     3S0   Et  to>  aprimes  leoheors 

Qui  meus  ornent  les  cras  norsaux 

Qa'il  ne  font  cotes  ne  mantaz, 

Et  toz  cous  qui  de  barat  vivent 
>         Et  qui  prenent  qaanqu'il  consivent. 
255    Ifes  as  moignes  et  as  abez 

Et  as  proToirea  ooroDez, 

Et  as  bermites  des  boscagez, 

Dunt  il  ne  s«oit  nuz  damagez, 

Pri  deu  qu'il  doigne  grant  torment 
280   Si  qu'en  le  voie  apertement' 

Ce  dist  Renaît  li  forsenez 

Qui  meinz  homes  a  barétez 

'Car  qui  bien  fet,  ne  doit  pas  vivre. 

Ues  cil  qui  tôt  ad  es  s'enivre* 
265    Et  cil  qui  emble,  et  cil  qui  toast 

Et  qui  enprunte  et  rien  ne  sost, 

Ja  cist  sedea  ne  doit  faillir. 

Et  dex,  vos  m'en  puissies  olr, 
*        Que  ja  icist  siècles  ne  muire: 
370    Que  péchez  seroit  del'  destruire.' 
Ce  fu  la  proiere  Renart 

Le  traTtor  de  maie  part. 

237  hee     239  prendre     241  ie  onques  loi  rieoi     246  dît  .1111.  p. 
254  preae     oonsenet     2S2  hume     266  na  Mi«t 


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TII  qtioB  28067—88102) 

•      Atant  se  test  U  renoiez, 

Si  mist  U  teste  entre  ses  piez. 

3Tfi   Or  sachez  bien  soûrement 
Que  il  savoit  bien  vraiement 
Que  se  dex  aldast  as  maux, 
Adonquea  serait  il  Inen  aaux:' 
Qu9  plus  1ère  de  lui  oe  fu 

380   Des  ioel  ore  que  dex  fo. 
Li  gorpi]  fu  tost  endormis, 

*  Car  molt  estoit  soef  ses  liz. 

Au  inatin  quant  il  s'esveilla, 
Un  mot  dit  que  fere  quida: 

385   'Lèverai  moi,  sHrai  en  proie. 
Dan  Oonberz  a  une  crasse  oie 
Que  il  a  fet  en  franc  norrir. 
Bien  se  cuide  fere  servir, 
Au  noêl  la  cnide  mangier. 

290   Hes  se  je  pnia  tant  esploitier, 

Ja  ne  la  verra  nets  cuire.. 
>      Je  en  ferai  mes  gemons  bruire, 
Hui  en  cest  jor  sanz  demoranoe 
Saura  je  qu'ele  a  en  la  pance. 

396   Honte  ait  fors  den  qui  destina 
Conques  vilein  d'oie  mangal 
Vîlein  doit  vivre  de  cardons, 
Hes  moi  et  ces  autres  barons 
Lait  l'en  les  bons  morsaus  mangier: 

800'  Car  nus  les  manjon  sanz  dangier.' 

■  Lee  crestines  orourent  la  nuit: 

Eacor  nos  en  sentons  nus  tuit. 
Car  li  ble  en  furent  plus  cher 

•  Tro)  sois  ou  quatre  le  sestier. 
aOQ    Qant  il  vit  l'eve  blanohoier 

I        Et  le  mulon  dedenz  plungier, 
Si  se  coamence  a  dementer 
Con  d'iloo  porra  eacaper. 


VII  (Héon  28105,-~28142) 

Que  que  il  se  vait  demenUnt, 

SIO   Es  vos  UD  esoofle  volant 
Qui  iloc  a'aloit  reposer 
Por  06  q'U  est  las  de  Toler: 
Yers  le  million  s'est  adreeiez. 
Benart  le  voit,  si  s'est  dreciez. 

81&    'Sire'  fait  il,  'bien  Teignoi:  tosI 
Sees  vos  ci  dejoste  nos, 
Lez  ceste  lasse  (veature 
Qui  est  ici  en  aventure 
Et  en  dotanoe  de  morir. 

330   Sire,  bien  puissiez  vos  venûr: 
Tos  Boiez  hui  lî  bien  Veauz. 
Or  m'a  dex  fait  molt  ^rant  vertnz 
Q'il  vos  a  ici  envoie: 
Or  serai  confes,  ce  croi  gie.' 

83fi    Lî  escofles  le  vit  plorer, 
Lez  lui  s'est  alez  demorer, 
Et  si  li  conmence  un  suinon 
Por  reconforter  le  gloton. 
'Renart'  ce  dist  sire  Huberz, 

330   'Par  le  temple  ou  dex  fu  ofere, 
Clerc  et  provoire  sont  tuit  fol. 
3a  dex  ne  place  que  je  vol 
De  sus  ceat  fmn  a  terre  secbe, 
Be  orne  vaut  rim  qui  ne  pèche, 

3%    Ne  bons  qui  n'a  fet  asez  mal. 
Li  pautonnier,  H  desloial, 
li  traiter,  li  foimentie, 
Cil  sont  des  peines  d'enfer  quite.' 
Atant  a  son  sarmon  feoi. 

310  'Bau  frère'  Cait  il,  'or  me  di! 
Or  pues  tes  pèches  rejeîr, 
Et  je  Bui  toz  près  dei  oTr.' 
'Sire'  dist  Reoars,  'volontiers. 
J'ai  este  set  mois  toz  entien 


312  ce  q  il    384  Ore     oe  manqur     S34  Sonie     336.  336  m«n^tifnl 

f  sont  dççftr  de*  peiaes  denfer 


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vu  iMéon  88148—28178)  251 

•       346    Parjure  et  escumiiiies. 

Mes  ce  n'est  mîe  gomt  pemez: 

Ja  por  esciuoiiucioii 

N'aura  m'arme  damnacioin. 

Kre,  g'ai  este  sodomites, 
aeo  I^ore  flui  je  fins  hérites. 

Si  ai  este  popelioaos 

Et  renaie  les  cristiens. 

Je  bax  hom  frans  et  debonaire. 

Volentiers  prelsse  ]a  tiaire 
SU    Et  devenisee  moigoes  blans: 

*  Hee  j'ai  ud  mal  parmi  \ea  flans 
Qui  ohascnn  jor  par  droite  rente 
Me  reprent  bien  vint  fois  ou  trente. 
Et  je  sai  bien  que  moignes  noir 

380  TrestoB  sont  faillis  et  por  voir 
N'ont  cure  d'ome  s'il  n'est  seins 
Ou  s'il  n'est  clers  ou  ohapeleios. 
Sire,  je  ai  molt  grant  essoigne 
I  Que  je  ne  puis  devenir  moigoe: 
3691  Car  je  ne  sai  parler  latin.  53 

'  Si  monguz  volentiers  matin. 
Sire,  je  ne  puis  jeQner 
'     Ne  fiens  espandre  n'aouaer 
Ne  fere  les  ovres  qu'il  font, 
870    Qui  me  dorroit  treatot  le  mont. 
Si  ai  la  crope  trop  li^gere 

•  Et  fol  samblant  et  foie  chère, 
Qui  trop  soveot  me  feroit  batre. 
Por  ce  si  ne  m'i  os  enbatre. 

875   Par  le  cuer  lie,  la  ou  l'en  bat, 

Dunt  n'est  il  fox  qui  s'i  enbat? 

Moigne  noir  sont  trop  a  mal  ese, 

Ja  n'auront  oose  qui  lor  plese, 

Trop  sont  tenu  en  grant  destreôe. 
aso  Nets  l'abe  qui  les  adrece 

Bâtent  il  bien  le  dos  deriere, 

845  Pariorea      346  neitoit  m.      347  Oaî  p.      349  ■odomieM     850 
■ilM    863  deboname     364  puiwe     373  ni  mi     380  U  «bu 


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252  vu  fMéon  88179-28214) 

Quant  il  fet  une  maie  cliere. 

De  ce  esploîstent  il  molt  mal 

Q'entr'eiiB  ne  font  un  jeneral 
386    De  foutre  une  fois  la  semeine, 

S'en  Beroit  Tordre  molt  plus  seine. 

Et  quaut  il  oiiasent  fotu 

Et  ele  eûBt  le  cul  batu, 

Si  la  meissent  hors  de  cloistre 
390    Tant  que  il  fust  eusons  de  oroistre. 

Car  se  remanoit  au  oovent^ 

Il  la  foutroient  trop  sovent. 

Si  n'en  porrott  aotfm  la  peine, 

Car  trop  sont  lecheor  H  moine. 
38S   n  la  conbriBeroient  tote 

Si  que  ja  mes  ne  tendroit  ^ote. 

Et  il  porroit  bien  avenir 

Que  ^nt  mal  en  porroit  venir, 

Que  il  entr'euB  se  conbatroient 
400   Si  que  il  s'escerveleroient. 

Car  cbitscun  volroit  fotre  avant, 

Ausi  li  viel  con  H  enfant, 

Et  li  serjant  conme  li  mestre. 

Et  ioe  ne  porroit  pas  estre, 
406   Ce  ne  seroit  mie  raisons: 

Que  blâme  en  aurait  la  mesons. 

Si  en  seroit  pire  lor  ordre. 

Por  ce  ne  lor  veut  l'en  amordre. 

li  blans  ordres  par  est  si  fors, 
410    N^UB  n'i  entre  qui  n^i  soit  mors 

De  jeliner  et  de  veiller, 

De  chanter  et  de  versellier 

Et  d'ovrer  et  de  laborer. 

Si  n'i  ^t  pas  bon  demorer, 
415    Ce  aient  cil  qu'i  ont  este. 
Car  je  n'en  sai  la  vérité  : 

38a  ci)  385  f.  en  U  3dU  quil  ouaaeDt  talsnt  de  391  wle  r. 
suoc  o  Le»  vers  392—396  ont  ili  endomaiagiê.  aU3  El  nen  3M  ai 
maiiqut  uerroit  Le*  vtr9  397—400  tant  toupi*  du  feuilUl  du  ««r. 
i\V.  a.  pas  )a 


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va  (Héon  S82ia— 28262) 

Mes  j'en  oT  Yseni^ii  pleindre, 
*     Qui  est  ases  plus  fors  et  gceindre 

Que  je  ne  sui  bien  les  deus  parz. 
420   II  me  dist  q'uns  molt  mavais  g&n 

L'oat  sic  el  capistre  batu, 

Tôt  eo  a  le  cors  confundu. 

Qui  le  feroit  seignor  del  mont 

Et  de  trestoz  couls  qui  i  sont, 
435    N'eutreroit  il  en  l'abele, 

Si  par  a  il  l'ordre  enbaîe. 

Et  je  conment  i  entreroie 

Qui  nul  mal  soffrir  ne  porroie, 
■     Ne  qui  consirrer  ne  me  pub 
430   De  Hersent  ne  de  son  pertuisF 

PartnisI  je  ment,  ains  est  grant  chose: 

Molt  est  bardiz  qui  nomei  l'ose. 

Car  por  ^eul  itaut  qu'il  m'en  membre 

M'en  remuent  trestuit  li  membre 
43ô   Et  bericbe  tote  la  charz 

Far  moQ  chef,  ce  n'est  mie  gaz. 

Car  ce  est  li  plus  nobles  noos 

Qui  soit  en  cest  aiecle  que  cons. 

C'est  merveille,  quant  om  le  nome, 
440   Que  c'est  ce  que  plus  honist  l'orne 

Et  ce  que  plus  le  torne  a  mal 

Et  plus  le  fait  torner  el  val. 

Et  des  que  il  li  veut  aidier, 

De  ce  ne  fait  pas  a  plaidier, 
440    II  li  done  plus  en  un  jor 

De  joie  et  de  bien  et  d'onor 
•        Que  boce  d'ome  ne  puet  dire. 

Cons  est  li  plus  aovereins  mire 

Que  puisse  envers  amors  trover, 
400    Ce  n'est  or  mie  a  esprover. 

Car  maint  home  en  sont  garî 

Qui  autrement  fussent  péri. 


423  froit  t.  de  ^  partir  dt  est  fcraat  ohose  du  «.  431  JHtqn'à  la 
fim  Ju  r.  434  le  iixtt  u  H  coupé  dan*  le  mte.  444  Et  (Te  443  quil 
pan  mamgut     44S  soareiiu     4M  ora     45).  452  munqiunl 


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254  VII  (H«on  26261-28294) 

Et  encore  en  gtirroot  il  meint, 

S'en  lof  mavetste  ne  reineinL 
t    4{i6    Et  qui  par  raaveiete  perdra, 

Dahez  ait  qnî  l'en  aidera. 

Ne  qnidîeB  pas  que  ce  eoit  fables, 

Je  ne  voiwlroie  mie  eatre  abes, 

Se  Hersent  n'es  toit  abeesae 
400    Ou  celerere  ou  prioresse, 

Ou  qu'ele  fust  en  teîl  leu  mise 

Qu'ele  fuat  hors  de  lor  devise. 

Que  j'en  pousse  avoir  mes  bons 

£t  ele  auai  de  mot  les  sons. 
466    Car  molt  est  l'ordre  boue  et  bêle 

Qui  est  de  maie  et  de  femele.' 
Li  escoufles  priât  a  parler 

Qui  n'i  voloit  plus  demorer. 

Renart  conmence  a  chaatier 
470    Et  durement  a  laidengier. 
,  Tel  uein,  fel  roua,  fel  descreOz, 

I       Tant  par  es  ores  descoûs 

Que  Hersent  as  t'amor  donee, 
'       A  une  vielle  espoistronee 
4T6    Qui  ne  puet  mes  ses  pies  tenir. 

L'en  la  puet  bien  trop  meintenir. 

Renart,  molt  par  est  ses  cons  banxl 

Hersent  ja  os  ce  uns  corbaux. 
I       C'est  une  estrie  barbelée 
480    Qui  a  porte  vei^e  pelée 

Espoir  bien  a  passe  cent  anz, 

Ou  plus  ou  meÎDS,  je  ne  sai  qanz. 

Mes  itant  te  di  je  de  voir, 

Et  tu  le  doQsses  savoir, 
4801  Qu'il  n'a  jusqu'à  la  mer  betee 

(Jarcon  qui  ne  l'ait  garconee. 

Haï  haï!  quel  druerie! 

Trop  est  vielle  sa  puterie. 

454  Bi  en  4R2  Q'ele  484  aonens  466  qai  manque  Le»  < 
467—470  manqufut  dan*  le  mtc.  par  et  que  ItftuitUt  gtH  coupi.  4Ï8  e 
4T7  par  tiuinqttt    oest    479  estrie  |  nielle    485  Qui  toiqua  la 


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VII  (Méon  28295— SS384)  255 

*        Ele  a  eutor  le  cul  plus  fronces 

4S0    Qu'es  un  arpen  de  boia  n'ait  ronces. 

Dont  par  devroies  orea  fondre. 

Ja  te  porroiea  tu  repondre 

En  la  pel  qui  au  cul  ii  pent. 

Fe  te  confes,  bi  te  repent 
496   Et  de  ces  pèches  et  des  autre» 

Que  tu  ne  voiees  o  les  autres 

Qui  en  enfer  Toisent  tôt  qvàteï 

Va  t'en  en  Inde  ou  en  Egipte 

Ou  en  une  lointaine  terre, 
500  Ele  ne  t'iroit  avant  querre, 

Ainz  t'auroit  to«t  mis  en  oubli. 

Se  tu  estoies  a  Chambti 

Et  ele  estoit  a  Ronqaerolee,  54 

Por  que  les  terres  fassent  moles, 
t     a»   Ne  t'iroit  ele  auan  veoir, 

Toz  jora  i  porroiea  seoir. 
i     Eincoîs  requerroit  un  tafnr 

Qui  auroit  le  vit  gros  e^  dur, 

Dunt  el  feroît  tenter  sa  pUie 
61(A  Ed  leu  d'estopes  et  de  naie. 

Il  na  el  sieqle  si  grant  tente, 

S'ele  estoit  enz,  que  ja  la  sente, 

Ne  plus  que  se  ce  fuat  neanz. 

Car  la  plaie  qui  est  dedens 
i  515    Li  fil  trop  férue  en  parfont. 

,Ce8t  plaie  que  cist  archer  font 

Ele  a  a  tôt  le  moins  deos  fonz: 

Mes  icele  plaie  est  parfoas, 

Si  n'est  plaie  el  monde  si  gries. 
690  Que  celé  garist  de  legîers, 

Que  l'en  puet  tenter  et  cfaercier: 
t       Ues  ci  ne  puet  mires  tocher, 

491  deneroies  192  respondre  iS9  loi^e  Aprèê  le  v.  MO  lé  mâe. 
donne  U  v.  507  au  detÈou*  du  quel  li-<ri»  lignte  ont  M  conpét».  501.  502 
■mwjw«m/  604  P*r  SOS  suant  noir  SOS  ele  f.  ent«r  510  manque  512 
■HiMfM     h\A  q.  Mite  f.     .'il4  Car  1  En     SIS  Li  j  El«     f   enferue  p.     520 


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256  TU  (H«cHi  at)32&— «seo) 

Pu  oignement  ne  par  poison 

N'i  puet  nuB  mètre  gariaon. 
&35    Si  metroit  l'en  por  neent  peine 

Qu'el  n'ert  james  de  cel  mal  seine. 

La  mer  seroit  avant  tarie 

Qu'ele  fust  de  oel  mal  garie. 

L'en  ne  porroit  sa  rage  esteindre, 
B80    Nue  ne  porroit  au  fans  ateindre. 

Et  se  en  la  plaie  n'a  tente, 

For  nient  i  met  l'en  s'entente. 
I       Ice  TOB  di  je  aanz  reles 

Qu'ele  n'en  garira  James, 
086    Ainz  ardra  pardurablement  : 

Car  c'est  plaie  sanz  finement. 
I      Et  une  itele  vielle  sece  ■ 

Art  plus  de  fotre  q'une  meoe. 

Ele  a  toz  jors  le  con  bae, 
MO  ^Tt  meioB  de  len  a  l'en  gae 

Un  palefroi  a  qatre  piez. 

De  qatre  soudées  d'oint  viez 

Ne  seroient  les  fronces  pleines 

Que  la  vielle  a  entre  les  einee. 
645    De  baie  feme  est  baux  pieches: 

Ues  de  vielle  est  le  cuir  secliiez. 

Qui  pltu  la  moilleroit  ouan. 

Tant  seroit  plus  sedie  eneoan. 

Hersent  n'a  mes  dent  en  la  gole, 
060   Si  a  plus  mal  fet  tote  sole 

Que  totes  les  puteias  del  mont. 

Hersent  poile  et  Hersent  tont, 

Hersent  escorce,  Hersent  plume. 

Haldite  soit  tote  s'endume, 
b6S   Qu'ele  a  plus  cops  de  ooille  oOs 
>       Qu'il  n'a  foiUes  en  oent  soila 

Eu  este  quant  les  foilles  sont. 

Ha,  quex  délices  dun  toz  ont! 

524  Nit  pot  521»  Sil  m.  529  eiteigdre  ùilea  mangue  nest  «Irinte 
588  metruit  l«n  ente  6S*  g*Tn.  asS  que  une  &48  eit  on  oonchea  Ul 
de  ut.    558  H.  plurov  et  poila  tant    555  ooIb    557  «ont  ni«Hgv« 


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vu  (Héon  28361-26394)  257 

Onques  Riohel  n'en  aot  oe&nt, 
MO    Ne  nul  barftt  envers  Hersent. 

Qui  snuroit  donc  se  Hcraent  non 

Des  le  teos  le  roï  Salomon 

A  ele  itel  mester  mené? 

Ce  Bachoiz  tôt  de  vérité, 
065    Sn  tote  Franche  n'a  mortier 

Qui  tant  soit  bons  forz  ne  entier: 
%    Tant  fust  de  lîois  ou  de  coivre, 

Por  qoi  qu'il  fust  autretant  coivro, 

Ne  eûat  le  fons  abatu, 
670   3'en  i  oQst  autaut  batu, 

Ou  qu'il  ne  fust  brîaies  encoste. 

L'en  met  el  auen  sovent  et  oste. 

Li  siens  n'iert  ja  qae  puisse  oieeus. 

Des  Morenci  jusqu'à  PoIbous 
576    N'a  nul  n'i  ait  sovent  bote, 
'    Meint  i  ont  tret  et  meint  boute. 

L'en  n'i  set  tant  boter  ne  trere 

Que  ja  a  lendemein  i  peire. 
.   Il  est  perdn  qanqu'en  i  met, 
/  680    Car  trop  set  la  veille  d'abet. 

/    Par  le  ouer  bieu,  quant  tu  aresces, 
y     Fes  tu  eschaces  jambereaces? 

Par  le  cuer  be,  c'est  la  fontene 

Qui  toi!  jors  sort,  et  ja  n'ert  pleine. 
580    A  droit  a  non  Hersent  la  love, 

Car  c'est  celé  qui  toz  mauz  cove. 

Auquee  set  ele  de  barat 

Quant  ele  au  cul  a  pris  Renart, 

Celui  qui  tôt  le  moût  decoit, 
690    Que  tôt  siècles  le  seit  et  voit. 

Uieui!  concilie  ne  sai  je  nul 

Que  celui  qui  est  prb  au  cul. 

Qui  cul  prent,  il  est  concbiez, 
f      Et  s'il  le  rent,  il  est  cbie!;. 

9W  n«  enl  568  Par  bU  iuqa  576  manque  Le»  ev.  !>81.  SS2 
ttrairmt  mieux  piùcé»  tm  drtaua  du  r.  681  comme  dans  U»  mtc.  BK. 
»I2  ÏMobOTM     385  loe     586  coe  588  auneul     !i92  priM 

RF.ilABT     I  17 


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VII  (MéoD  28395—2642») 

596    Et  s'il  restreint  et  il  te  tient, 
Ne  dirai  pas  que  il  devient: 
Car  trop  i  auroit  vilein  mot. 
Si  m'en  tendroit  le  siècle  a  sot. 
Benart,  faites  une  autre  amie 

600   Qui  p]us  sache  de  cortoisie 
Et  qui  an  poi  soit  plus  jounete. 
Et  qui  se  sacbe  tenir  nete 

f      En  sisamus,  en  sebelin. 
En  If oce  ta  feme  Belin 

60&    A  asez  bêle  et  jone  et  tendre. 
La  se  fet  it  molt  meus  entendre. 
Ele  n'est  pas  mal  enseignée 
Aioz  est  petite  et  aisée. 
La  doit  l'en  aler  et  venir   - 

610   Ou  l'en  puet  a  use  venir. 
Mes  a  Hersent  la  trecherease, 
Celé  qui  toz  tnastins  aresce, 
Une  vielle  au  cui  puceus! 
n  n'a  mastin  jiiqna  Poiaaous 

615    Ke  nul  veautre  que  trover  puise 
Qui  ne  li  ait  levé  la  cuisse, 
Et  vos  l'amea  ausi  de  ener 
Conme  a'ele  fuat  vostre  sner. 
D'itant  est  lî  jeus  mal  partis: 

620    Car  ele  est  granz  et  tu  petia. 
Il  ti  eatuet  fere  degré 
S'ele  ne  ee  coce  de  gre. 
Par  le  cuer  be,  qant  tu  i  viens, 
C'est  merveille  que  tu  deviens 

625   Au  jou  ou  toz  li  mons  se  soille. 
Se  tu  ères  toz  via  ou  eoille, 
Et  teste  et  col  et  ventre  et  piez, 
Ne  soroit  mie  pleins  li  bies. 
Ce  est  li  gorz  de  Satenie: 


595.  596  ittlerverlit,  mais  la  faille  ett  corrigée  par  Us  tigniê  h  » 
599  Bute  601  Molt  a  bêle  feme  ionete  607  enseii^e  606  «Ue  610  pot 
615  nul  ]  un     BIS  Con      622  de  i«n  g.     625  Boillea     626  ooillea 


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VII  {Méon  28430—28486) 

eSO    Qne  quant  que  il  ateint  s'î  nie. 

Je  ne  t'en  dirai  ore  plus, 

Car  11  n'avient  pas  a  reclus, 

Ne  a  moigne  ne  a  provoire 

Qu'il  die  chose  se  n'est  voire.' 
eso        Renors  ot  s'ainie  blâmer, 

Et  ledengier  et  mesamer: 

Grant  dol  en  a  en  son  corage. 

Ne  tient  mie  l'escofie  a  sage 

Qui  si  vilMuement  parole: 
640   Einz  li  est  vis  que  il  afole,  55 

Et  dist  soef  entre  ses  denz 

'Har  fa  ledengie  Hersenz. 

Je  en  prendrai  niolt  grant  venchance 

Si  ne  la  pert  par  mescheance. 
045    Filz  a  puein,  maueis  bocuz, 

Ore  a  en  vos  niaveis  reclus. 

Mesdit  avee  de  la  plus  france 

Qui  einz  portas!  guimple  ne  mance, 

Ke  laz  de  soie  ne  ceinture. 
660    Ja  senble  ele  une  pointure 

Qui  soit  fête  por  esgarder. 
f        Je  me  lairoîe  ancois  larder 

Qne  j*en  deïsse  une  folie, 

Car  sa  doucor  m'estreint  et  lie: 
<ia&   Vos  par  en  aves  dit  trop  mal. 

Se  trestuit  li  rendu  d'un  val 

Ëstoient  orez  toz  des  voz, 

Si  en  sereez  vos  provoz. 

Je  vos  ferai  damage  avoir 
6A0    De  vostre  cors,  non  d'autre  avoir. 

Dahez  ait  qui  el  en  fera 

He  qui  autre  avoir  eu  prendra 

Se  le  cors  non  de  metntenant 
Qui  a  parle  si  foloment. 
666   Je  vos  ferai  eo  mon  deu  croire. 


6S9  iniit  nelment    S40  quel  en  afole    641  Eiiu  d.   643  II  en  prendra 
l  8il     648  donMt 


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260  VH  (Jtéon  28468-28501) 

S'onques  dub  maDJa  son  provoire, 

Je  vos  inatijerai  en  ceet  jor, 

Ja  n'en  aures  autre  retor; 

Je  m'en  terei  ore  a  itant, 
670    Car  je  dot  molt  chose  volant. 

S'il  eavoit  ore  que  je  peose, 

Ja  por  proiere  ne  desfensBe 

Ne  lairoît  que  ne  s'en  volast, 

Ke  l'en  ohaudroit  qui  en  pesast.' 
675         Renart  se  test  et  cil  parole 

Qui  ért  venus  a  maie  escole. 

Et  qui  son  diable  dechaece 

Et  qui  son  grant  ennui  porchaoe.- 

'Di,  dî  avant,  se  tu  sez  rien, 
680   Et  si  te  confesse  molt  bieuT 

'Sire,  j'ai  este  molt  pervers, 

Meînto  chose  ai  fête  a  envers, 

Que  je  ne  doûase  pàa  fere. 

Molt  ai  este  de  mal  afere 
/     685   Et  ai  fel  et  si  desrubez, 

/        Quant  mon  cervet  est  detenpres: 

Keîs  li  abea  de  Corbie 

Dunt  l'ordre  en  est  tote  enorbie: 

Husant  li  roux  ne  Tabarie 
«90    Qui  tuit  vivent  de  roberie, 

Ke  Qoquins  ne  Hemauz  lî  roux  ' 

(      Qui  vet  contant  dee  roges  trouz, 

Ke  Herberz  cil  de  maies  bordez 
,       Qui  est  fet  au  coing  as  coordez 
696    Ne  misaire  Hernauz  Bruiere 
I     Qui  fet  nape  de  sa  suiere: 

Ne  Mauduis  li  clers  d'Auteinvile 
r      Qui  tant  cuide  savoir  de  gile: 

Ne  Qodemaus  ne  Marcheterres, 
'  700   Qui  se  fet  or  molt  bon  borderez  : 

Ne  Pieres  li  roux  ne  Fêtas 

670  mit'  répété  67!  pooir  ne  par  d.  674  qui  quen  pauut  677 
diablie  ohMoe  678  Et  manque  utn  683  a  manqut  089  tabarie  890 
rolerie     694  ausit  conme  coordez     695  bruiere     696  mantuf     700  or* 


VII  (MéoQ  26502—28531;)  261  ■ 

Qui  aevent  remuer  lor  drae: 

Ne  Rioharz  li  cras  ne  Tanpeste: 
>    Ne  tuit  cil  qui  aont  de  la  jeete 
^    706   N'ont  pas  tuit  entr'ous  alochie 

Que  je  ai  fet  le  mien  pechie. 

J'ai  fotu  la  fille  et  la  mère 

Et  toz  les  enfans  et  le  père, 

Et  après  tote  la  mesnie, 
710   Si  dex  me  doinst  botvre  de  lie 

Ne  de  meure  ne  de  vin  cuit. 

Il  m'est  avenu  meinte  nuit 

Que  je  fotoîe  quinze  fois. 
■  Mes  j'estoie  toz  jorz  aroiz. 
715    Je  aui  de  molt  chaude  nature. 

Quant  je  truis  con  a  ma  mesure, 

Je  fot  bien  dis  foiz  près  a  près, 

Et  noef  foïes  tôt  ades. 

Ja  n'iert  si  hideuse  la  beste, 
TSO  Nés  s'ele  n'avoit  oil  en  teste, 

N'est  DUS  qui  men  puisse  tenser. 

J'm  fait  que  nus  n'ose  penser. 

Car  je  manjù  un  mien  âlloil. 

Qar  (îiBSe  je  ore  a  Maroil 
7%   Penduz  par  ma  pute  de  gorge!' 
f       Li  huart  crent  qu'il  ne  le  morde, 

Ariere  se  tret,  si  l'eagarde. 

'Renart'  fait  il,  'li  max  fous  farde, 

Se  trestoz  li  cors  ne  me  tramble 
'790        Plus  que  la  foille  qu'est  el  tranble, 

Et  si  De  sai  que  ce  puet  estre.' 

'Par  foi'  fet  Reoart,  'bau  doz  mestre. 

De  ce  vos  dirai  bien  la  some. 

n  est  costome  de  seint  orne, 
735    Quant  il  ot  parler  lecbeor, 

Pécheresse  ne  pecheor, 

De  ce  a  poQr,  si  s'esmoie 

702  reaiuert  705  Mloohie  707  fgtou  713  foisz  7U  ares  720 
Heia  en  la  t  721  qm  me  p.  tenir  722  ona  ne  ianroit  p.  724  au  tilloi^ 
780  ^  Mt    el  tranle    731  pot    738  d.  ie  b.    7S5  p.  se  dex  me  noie 


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262  TU  {Méon  28537— 295T8J 

Qu'il  ne  le  traie  a  maie  voie 

Qui  en  mareisse  vie  meînt.' 
T40   Oez  del  1ère  cou  l'ateint 

Et  con  il  l'atrait  de  parole: 

Maldite  soit  tote  s'escole  I 

Car  onquea  ne  ae  priât  a  beste 

A  cui  il  ne  fpïst  moleate. 
745    Si  fera  il  oestui  molt  grant, 

Car  i)  le  het  molt  doremeut. 

As  denz  se'  prent  parmi  la  coe, 

Si  pnet  il  fere,  qu'ele  est  Boe. 

Tôt  en  arocbe  et  poil  et  cuir: 
750    Ha  laz'  fet  il  'dolent,  je  muir.' 

Il  s'est  coches  en  pameisons. 
I      'Dex'  fet  Huberz,  'c'est  deveisona 

Qui  tient  oeste  oaitive  béate. 

Molt  ii  pent  ores  celé  teste. 
755    Je  11  alasse  redrecier 

Mes  je  me  crembroîe  blecier. 

Par  noz  ordres,  je  ne  puis  croire 

Conques  Renart  a  son  provoire 

Osast  fere  nul  maveis  plet, 
760   Car  trop  a  il  aillors  meffet. 

Ore  a  tant  fet  qu'il  est  au  chef. 

Je  l'irai  redrecher  le  chef: 
'     Ja  De  sera  ores  si  chens. 

Totes  voies  veintra  li  biens.' 
'   76S   Li  huans  en  ot  molt  grant  peo: 

Par  l'oreille  le  prist  au  bec, 

Si  li  leva  amont  la  teste. 

Donquea  vint  Renart  pute  beste, 

Et  jeté  les  denz,  si  le  hape: 
770    Et  Hubers  tire,  ai  eschape. 

Seigae  soi  plus  de  qatre  foiz 

Dou  pie  0  tôt  les  qatre  dois. 

Apre»  It  e.  T3A  h  nue.  parte  De  ce  a  poor  et  ti  aesmaie  Qttanoniw  pe- 
oeora  ne  latraie  749  et  mangue  Aprèt  U  v.  T4fl  on  lit  m  deu  le  fet  treatot 
u'meil  750  fet  il  matîgue  ie  me  m.  Aprèt  U  c.  TM)  on  lil  Trestot  deMirreraJ 
maooir  757  oore  760 1.  en  a  a.  fet 'SB  aérai  769  hape  ]  flaohe   TTl -ZIIIL 


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TU  (Héon  28571—28610) 

'Seîgnisz  aoie'  fait  li  huas, 
De  fiât  voluntaa  tuas, 

775    Et  debitoi'ibus  nostres, 
De  credo  et  patrenostres  ! 
En  qui  se  fiera  l'en  mes, 
Qosnt  cil  qui  se  fesoît  coofes 
Voloit  son  ptovoire  uuiDgerP 

780  Einz  par  l'aneese  Berenger 

Ke  vi  mes  si  très  graiit  merveille. 
Car  fust  il  or  en  une  seille 
'  De  puis  boli  et  de  plono  chaut! 
Sial  dahez  ait  or  qui  en  caut 

786   Ques  ohemina  ne  quel  voie  tiegae! 
La  maie  honte  li  aviegne! 
'    Tel  poor  m'a  il  ores  fête, 
'  Geste  longaine,  ceste  sete. 
/  Une  longaine,  une  prireîse, 

790   Fous  est  qui  de  lui  s'apriveise. 
Un  traïtor  qui  por  un  oef 
Traîroit  uit  homes  bu  noef!    " 
C'est  uns  leres,  uns  losengiers 
Qui  por  moi  ores  engignier 

T95    Se  fist  ainsi  oon  beste  morte. 
La  maie  passions  le  torte! 
Di  di  avant,  mal  es  baillis, 
I    Ja  o'ieres  mes  espeneîs.' 
'Volentiers,  eire'  dtst  Benart. 

800/  Testoie  ouan  en  un  essart. 
Si  troTai  qatre  huaniax 
Bien  enpenez  et  grant  et  boax, 
Qui  erent  fil  Hubert  l'eacofie. 
A  un  religions  ermoSe 

806    Qui  par  cest  païs  quiert  les  pes, 
Et  si  se  font  a  lui  confes 
Li  malade  et  li  peceor 
Qui  de  lor  pèche  ont  poor. 


773  «Mes  776  En  credos  et  en  patrenstres  779.  780  intemertiê 
7H1  tresf  784  ore  78»  priaeaae  790  laprineHae  79S  nef  794  Q.  en  la 
benr  fta  eluretera    795  ainii  j  ieter 


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VII  (Méon  28611—28664) 

Sire,  si  les  mang&i  tos  quatre, 

810    Dea  lores  me  doûat  l'en  batre. 
Mq8  certes  ores  m'en  repent, 
Si  en  vien  a  amendement.' 
Li  huans  levé  les  sorciB, 
Quant  il  ot  parler  des  ses  fis. 

816    'Soigniez  soie  dist  li  buans, 
I      'Et  de  corbeilles  et  de  vanz 
j     Et  de  paniers  et  de  banastres! 
Licherrea,  por  qoi  les  man^astes? 
Il  erent  mis  li  huanel. 

830   Orant  dol  m'aves  mis  el  cerveL 
Jea  avoîe  bien  un  mois  quis 
Par  la  terre  et  par  le  paTs, 
Et  vos  lea  m'aveea  mangies, 
Ciiîverz,  traîtres,  renoiesl 

825    II  erent  tuit  quatre  mi  fil. 
Ja  Q'issiea  vos  de  cest  péril, 
Tant  que  vos  i  soies  noies!. 
Car  forment  en  ani  corocies. 
Certes  se  la  force  eatoit  moie, 

830    Orendroit  vos  i  neeroie.' 
'Sire'  ce  respont  li  golpia, 
'Se  je  voa  ai  mangies  vos  fils. 
Je  en  vien  a  grant  repentance. 
Mes  or  fêtes  une  acordance! 

836    l'or  voa  enfans  que  mangies  ai 
Vostre  borne  lije  devendrai, 
Si  nos  entrebeaons  en  foi.' 
'Volentiers'  fet  Hubert,  'par  Foi.' 
Li  huans  tent  a  lui  recoîrre, 

840    Et  Renart  bet  a  lui  decoivre: 
Si  l'ot  encois  tôt  dévore 
Que  en  oflst  son  pie  tome. 
Ha  las!  ci  a  mal  pechéor 
Qui  a  mangue  son  confeasor. 


StO  loien      SIS  «oroU     815  aoles     817  puùerei     881 1  g. 
t  tint     843  a  mtinqu4    844  m     Apria  844  SxplÏMl 


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(HéoD  1298T— 18010) 


vni 

Jadis  estoit  Renart  en  pes 
A  MalpertuB  en  boq  pales. 
Lessie  avoit  le  guerroier: 
Ne  vcloit  mes  de  tel  mestier 
5    Vivre  con  il  avoit  vescu. 
Tant  avoit  de  raul:rui  eS 
A  maie  resoD  et  a  tort 
Que  bien  le  ha  oient  de  mort 
Plus  homes  qu'il  n's  en  l'an  festes 

10   Et  autretant,  ce  quit,  de  bestes. 

Or  avint  il  jadis  bai, 

Par  un  matin  d'un  vendredi 

lesi  Banart  de  sa  tesnere. 

Si  s'eslaiusa  par  la  bruiere. 

15   Me  coroit  pas  si  tost  d'aaeZ 
Coq  il  Boloit,  molt  fa  lassez. 
'He  las!'  dist  il,  'n'ai  mes  mester 
De  mal  fere  ne  de  pëchier. 
Par  la  fiance  de  mes  piec 

ao   Ai  jei  fait  de  molt  granz  péchiez. 
Jei  Boloie  core  si  tost 
Que  trestuit  1i  cheval  d'un  host 
Ne  m'ateinsissent  en  un  jor 
Por  qoi  voussiase  fere  un  tor. 

olot    9  nait     12  ueadre     24  fere  u.  fere 


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vm  (Héon  13011—13046) 

36    En  ceste  terre  a'a  mastin 
/         Qui  me  rescossist  un  pooio 

Por  qoi  jei  l'oûsse  engole. 

He  <lex,  tant  bon  en  ai  enble, 

Tant  capon  et  tante  jelïne: 
30  Odc  n'i  oi  savor  de  .cuisine 
I       Ne  vert  sauafl  ne  ail  ne  poivre 

Ne  cervoise  ne  vin  por  boivre. 

Toz  jors  ai  este  pautoniers 

Et  aloie  molt  volontiers 
35    La  ou  je  aavoie  hantins 

De  jelines  et  de  pocias. 

Il  me  venoient  poilliier 

Et  entre  les  janbes  becbîer. 

Quant  j'en  pooie  une  tenir, 
40    0  moi  l'en  estovoit  venir. 

Ne  li  avoit  crier  mestier, 

  la  mort  l'eatovoit  Initier. 

Ueinte  en  ocis  en  tel  manere. 

Une  en  fia  je  porter  en  bière 
46   Devant  dan  Noble  le  lion, 

Que  je  ocia  en  tralson. 

Mea  icele  me  fu  tolue: 

S*en  dut  ma  gole  estre  pendue. 

Le  vaillant  l'ele  d'un  pinçon 
50   N'oi  jei  onc  ae  de  l'autrui  non. 

Ce  poiase  moi,  or  m'en  repent. 

Bau  sire  dex  omnipotent, 

Âiez  merci  de  cest  chaitif! 

Ce  poisse  moi  que  je  tant  vif." 
ftft         8i  con  Renart  ae  dementoit, 

Ez  vos  un  vilein  qui  venoit 

Par  mi  la  lande  tôt  a  pie 

En  son  oaperon  enbronchie. 

Renart  le  voit  tôt  sol  venir. 
«0  Encontre  vet,  ne  volt  foïr. 


35  soloie  huitii      30  et  ]  ne      89  poi« 


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vm  (Méon  13047-13062) 

Renart  li  dit  'vilein,  ca  vienl 
Meînes  tu  arec  toi  nul  chien  f 
'Nenil,  ne  t'estuet  a  doter. 
Beoart,  que  as  tu  a  plorerP' 

6&   'Que  j'ai?'  dist  Renart  'se  ses  tu. 
Ja  n'a  il  jone  ne  ohenu 
En  ceete  terre  qui  ne  sache, 
Conques  ne  fui  en  oele  place 
On  je  poiiBse  nul  mal  fers 

70    Conquee  m'en  Toussisee  retrere. 
Mes  or  le  Teil  eoBv  leissier: 
Que  j'oï  dire  en  reprovier 
Que  par  vraie  confession, 
Qui  aieroi  crie,  aura  pardon.' 

76   Renart,  tous  te  tu  confeseer?' 
'Oïl,  se  pousse  trover 
Qui  la  penitmoe  me  doigne.' 
Dist  li  TÏIein  'Renart,  ne  hoigne  ! 
'       Tu  sez  tant  de  guile  et  de  fiirt: 
/60  Bien  sai,  tu  me  tiens  por  muaart.' 
'Ne  fas'  dist  Renart.  'tien  ma  foi 
Que  je  n'ai  mal  penser  vers  toi. 
Mto  je  te  pn  por  deu  et  quier 
Que  me  meines  a  un  mostier 

86    Ou  je  puisse  prestre  trover. 
Car  enfin  me  voit  confesser.' 
Dist  li  vileina  'ca  en  ceet  bots 
En  a  un:  vien  i,  oar  g'i  vois.' 
Et  li  vileins  molt  Inen  savoît     * 

90    Cnn  bon  crestîen  i  avoit. 

Tant  ont  erre  par  le  boscage 
Qu'il  sont  venu  a  l'ermitage. 
Le  maillet  troverent  pendant 
A  la  porte  pat  de  devant. 

96   Li  vileins  hurte  durement 
Et  l'ermite  vint  erraument. 


se  il  ne  neil  ne     67  qne  len  i.     75  uoat  t«  tu      76  p.  prestre  t 
80  ta  j  que    sa  m.  i  troue  p.    94  de  manque 

DigiUrrlbyGOOglC 


vin  {Uioa  13088— 13II9) 

/       Le  fermai  oste  âe  la  roille. 

Quant  vit  Eenart,  molt  se  merveille. 

'Nomine  dame'  dist  li  prestre, 
100    'Reoart,  que  quier  tu  es  oest  estreP 

Dex  le  set,  onc  puis  n'î  fus  ta, 

  ceet  porprîs  de  mîeuz  n'en  fu.' 

'Ha  sire'  dist  Renart,  'roercil 

Que  que  j'aie  fet,  or  eui  oî. 
106   De  quaoque  j'ai  vers  voe  me^rie 

Et  vers  mes  autres  anemis 

Yos  ori  je  mer«i  et  pardoD.' 

A.a  pie  li  chet  a  oreison. 

Et  Termites  l'a  redreche, 
110   Puis  li  dit  'Renart,  or  te  sie 

Ci  devant  moi,  si  me  descovre 

Tôt  de  chef  en  chef  la  mal  ovre.' 

"Sire'  dist  Renart,  'volontiers.  5? 

Qant  j'ere  baohelers  legicrs, 
llfi   Yolentiers  jelinee  manjoie 

En  ces  haies  ou  jes  trovoie. 

Jes  tuoie  par  traïson, 

Ses  mangoie  conme  gloton. 

A  Ysengrin  pris  conpaignie:    ' 
120    Qant  je  li  oi  ma  foi  plevie 

De  leaument  vers  lui  errer, 

Par  amor  li  fis  esposer 

Hersent  la  bele  ma  seror. 

Mes  ancois  que  paseast  tiers  jor 
12S   Li  rendi  je  maveis  loier. 

Car  jel  fis  moîgne  en  un  moster 

Et  si  le  fie  devenir  prestre. 

Mais  au  partir  n'i  vousist  estre 

Por  une  teste  de  sentier, 
liin.   Car  je  U  fis  les  seins  soner.  ■ 

Si  viot  li  preatres  de  la  vile 

Et  .des  vileins  plus  de  deua  mile 

Qui  le  bâtirent  et  fusterent: 

102  n'  manque    107  pri    117  touoie    124  p.  1b  t.     1B3  fautrarui 


,C.oo^Il- 


VIII  (HéoD  13120— 131SS) 

A  bien  petit  ne  le  tnereot. 
13&    Puis  li  fis  je  en  un  vivier 

Tote  une  nuit  poiseona  pechler 

Dueq'au  matiu  que  uns  vileina 

I  vint  aa  maoue  en  aea  meine. 

Cil  li  fiât  mATeia  pelicon: 
140    Qar  avec  lui  ot  un  gaignon 

Qui  li  peleïca  la  pel. 

Sachea  que  il  m'en  fu  moU  bel. 

Et  puis  le  refîa  prendre  au  piège 

Ou  il  garda  huit  jorz  le  siège. 
14$    Au  partir  i  laissa  le  pie. 

Dex  nM>ie  copo  del  pechie! 

Puis  lacai  ma  dame  Heraent 
^     A  la  ooue  d'une  gument, 
'    Bi  la  mors  et  lia  repeaner 
100    Tant  qu'a  honte  la  fis  livrer. 

Molt  ai  fait  autrea  tricheries 

De  larecina,  de  félonies. 

Bien  aaî  qu'eacomeuiez  sui. 

Certes  je  ne  vos  euroîe  hui 
1S5   Dit  la  moitié  de  mes  péchiez. 

Che  que  vondroîa,  si  mVn  charj^iez: 

Car  je  vos  at  dite  la  aome.' 

'Renart,  aler  t'estuet  a  Rome: 

Si  parleras  a  l'apcatoile 
160  Et  li  conteras  ceate  estoire 

Et  te  feras  a  lui  confes.' 

'Par  foi'  diat  Renart  'c'eat  grant  fea.' 

Diat  Termites  'mal  estuet  trere 

A  qui  penitance  veut  fere.' 
166        Or  voit  Renart,  fere  Testuet. 
/    Escrepe  et  bordon  prent,  si  muet 

Si  est  entres  en  son  chemin. 

Molt  reaemble  bien  pèlerin 

Et  bien  li  aist  l'escrepe  au  col. 


136  Tôt  h&rens  199  loil  140  g*roon  141  pelioft  14S  T«peller 
151  qne  eMMmeniei  159  parlerai  a  lapoatoire  ISl  um  ferois  182  dit 
1«4  veut  1  «Btnet     166  met 


,  Google 


vin  (Méon  13156— IS195) 

17â   Mes  de  ce  se  tint  il  por  fol 
Qu'il  eat  meflz  sans  conpftignie. 
Le  grant  chemiii  s'ira  il  mie, 
Âncoia  l'sTOÎt  laisùe  a  deatre. 
Une  sente  torne  a  senestre. 

1^6    Oarâa  aval  une  chanpaigne: 

Si  a  veû  en  une  pleigne 
/     Bwbiz  qui  paissoient  gaTo: 
Et  eotr'elee  fu  dan  Belin 
Le  moton  qui  se  repoBOÎt. 

180   Tant  aroit  luit  que  laa  estoit.  ' 
'Belin'  dist  Benart,  'que  fes  tu?' 
'Ci  me  repos  toz  recreO.' 
'Par  foi,  cist  repos  est  rnaveis.' 
Et  dist  Belina  jei  n'en  puis  mes. 

186    Jei  serf  a  un  vilein  félon 

Qui  onc  ue  nie  iist  ae  mal  non. 
Ëinz  puis  que  soi  bêler  ne  muire, 
Ne  finai  de  sea  berbis  luire. 
Ces  bestes  ai  jei  enjendreea 

190    Que  tu  vois  ici  aaenblees. 
Ual  ai  mon  aerviohe  enploie. 
Car  H  TJleins  m'a  otroîe 
A  ses  aeeors  a  lor  prise. 
Et  si  a  il  ma  pel  promise 

tes   A  housiaux  fere  a  un  prodome 
Qui  lea  en  doit  porter  a  Rome.' 
'A  ItomeP  par  dou'  dist  Rsnart, 
'Ja  en  la  voie  n'auras  part. 
Mieuz  la  t'î  vaudroit  il  porter 

200    Ta  pel  que  toi  fera  tuer. 
I    Et  ae  iceste  morz  t'alasche, 
Si  revendra  après  la  pasqufl 
y     Le  jôësdi  de  rovoiaons 

Que  jent  manguent  les  motona. 

206    Or  ea  a  la  mort,  bien  le  voi, 


IT8  entre  le  fou  d.     182  irucu    1S5  repost    187  luire    185  a 
199  te    20S  iosdi    20!>  es 


,  Google 


Vm  (Méon  18196-13286)  271 

I     Se  tu  n'en  prens  hastîf  uODroi, 

Si  tu  n'en  torneë  d'autre  part.' 

'For  amor  deu,  sire  Renart, 

(Pèlerins  eetee,  bien  le  voi) 
210   CoDseillies  moi  en  boue  foi!' 

'Pèlerins  aui  je  Toireinent. 

Mes  tu  n'en  crois  ores  néant 

For  le  mal  cri  que  j'ai  où. 

Ues  je  m'en  sni  or  repentu. 
/  3iD   J'ai  este  a  un  deu  feeil 

Qui  m'a  done  molt  bon  conseil, 

Par  ouf  serai  sans,  se  dex  plaist. 

Dex  a  comnande  que  l'en  lest 

Père  et  mère,  freie  et  seror 
3iO    Et  terre  et  herbe  por  s'amor. 

Cist  siècles  n'est  que  un  treepas. 

Holt  est  or  cil  chaitie  et  las 

Qui  aucune  foiz  ne  meure. 

Ja  trovons  nofl  en  escriture 
225    Que  dex  est  plus  liez  d'un  felun, 

Quant  il  vient  a  repentiaon, 

Que  de  justes  nouante  noef. 

Ctst  siècles  ne  vaut  pas  un  oef. 

A  l'apostoile  voil  aler 
230    Por  conseil  querre  et  demander, 

Conment  je  me  doi  meintenir, 

8'avoc  moi  voloies  venir, 

/   L'en  ne  feroit  ouan  housel 

/  Ne  ehaucemente  de  ta  pe).' 

336   'L'en  ne  desdit  pas  pelenn. 

Jei  vois  o  toi'  ce  dit  Belio. 
En  lor  chemin  en  sont  entre. 

Mes  il  o'orent  gueres  erre, 

Qant  trorent  Beinart  l'archeprestre 
240    En  un  fosse  les  cardons  pestre.  . 

'Beroart'  dit  Rensrt,  'dex  te  saut!' 

218  DS    sis  feil    216  •  manque     219  auer     221  que  ]  fors     224 
%.     SST  .L.  noef    233  luel     285  desooit 


,  Google 


Tni  iMfion  lSBS7~13aT2l 

Et  (ùl  levé  U  teste  en  haut. 

'Dex  te  beneleT  dist  il. 

lea  tu  ce,  Renart  le  gorpil  P' 
246   'Oïl,  ce  8ui  ge  Toirement.' 

Por  le  ouer  be,  quex  mautalsnt 

T'a  fet  devenir  pèlerin 

Entre  toi  et  mestre  Belin?' 

'Ce  ne  fu  uialtalant  ne  iro: 
260    EncoÎB  ToloDB  doffrtr  martire 

Et  traviûl  por  nos  amender 
/     Et  por  dàmledeu  rochater. 

Mes  de  ce  n'as  tu  or  coraolie 

Ne  d'aler  en  pelerinaohe: 
205    EincoiB  tous  porter  ouan  mes 
/     De  la  buBce  grandime  fea 

Et  graot  sachees  de  carbon. 

Et  si  auras  de  l'ogullon 
/     Tôt  le  crépon  deeus  pelé: 
260   Et  quant  rerendra  en  este 

Que  de  mochea  sera  graot  nonbre, 

Lors  n'i  garraa  nets  eu  l'onbFe. 

Fe  le  bien,  si  rien  avoc  nos. 

Tu  ne  seras  ja  sofretos 
266   De  rien  dont  te  puissons  aidier. 

Tu  auras  ases  a  mangier.' 

Dist  l'anes  'volentiers  iroife, 

Se  ases  a  mangier  avoie.' 

'Si  auras,  ce  t'afî  par  foi.' 
270    Or  en  vont  ensemble  tuJt  trot 

En  un  grant  bots  en  sont  entre 

Ou  il  trovent  a  grant  plente 

De  oere,  de  bisaea  et  de  deina. 
/    Sied  de  «eus  pristrent  il  le  moins. 
270    Tote  jor  ajomee  errèrent 

Par  1»  forest:  onc  n'i  troverent 

Vile  ne  recet  ne  meaon. 

'Seignor'  dist  Belîn,  'que  feroo 

243  benei    251  amerder    852  Et  manque    2M  Riai 


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VIII  (Héon  13S73— I390S) 

De  berbergierP  car  il  est  6art.' 

380   'Voire  est'  ce  dist  sire  Bemart. 
Renart  respont  'bau  conpaîgnoD, 
Et  nos  queil  ostel  querrion 
Fore  la  bêle  erbe  aoz  ceat  arbre? 
Meiie  l'eim  que  un  paleia  de  marbre.' 

286    'Far  foi'  dist  Belins  li  motone, 
'J'aim  molt  a  jesir  en  meeon. 
Tost  se  vendroient  ci  enbatre 
Ci  entre  nos  trois  lou  ou  qatre, 
Dont  il  a  ases  en  cest  bois.' 

3t)0    Dist  l'archeprestroB  'ce  est  voira.' 
Renart  lor  respont  sens  orgoïl 
"Seigoor,'  ce  que  voles,  je  voil. 
Ci  delee  est  l'ostel  Primant 
Mon  conpere  qui  ne  nos  faut: 

m>    Alons  i!  nos  i  serons  ja. 

Bien  sai  qu'il  nos  herbergera.' 
Tant  ont  fet  que  la  sont  venu. 
Mais  il  seront  molt  irascu 
Ainz  qu'il  s'en  partent,  se  Renart 

300    Me  les  en  jet  par  son  barat. 
Li  louz  ert  aies  en  la  lande 
Et  Hersent  por  querre  viande. 
Tji  pèlerin  pristrent  l'ostel. 
Aaea  i  trovent  pain  et  el, 

305    Char  salée,  formaclie  et  oea, 
Et  quanque  pèlerin  est  oes: 
Si  i  trovent  bone  cervoise. 
Tant  boit  Belins  que  il  s'envoise: 
Si  a  conniencie  a  cbanter 

310    Et  l'archeprestre  a  orguaner. 
Et  dan  Renart  chante  en  fauset. 
Ja  fussent  bien  fet  lor  foret, 
Se  il  fussent  Isissie  en  pes. 
Mes  li  lous  vient  o  tôt  son  fes 


280  Vonr     ce  manque     28^  querricon     283  deiiUB     286  Tuit  ,111. 
Mie  part  ea  uont  la 

KEXABT*  I  '^ 


...Google 


VIII  (M^on  1330fl-13347) 

315    Qu'il  aportoit  dedenz  sa  gole: 
Et  Herseut  ne  fu  pas  saole, 
Dunt  ele  estoit  tote  deavee. 
Quant  il  oTrcnt  la  criée 
Dedenz  l'ostel.  si  s'aresterent 

3'20   TJn  petitet,  si  escotercnt. 

Et  dist  1i  loua  jVi  iaoDz  gont.' 
'Par  foi  g'i  irai'  dist  Hersent. 

-^      Quant  ele  avoît  mis  son  fes  jus, 
Lors  esgarda  par  le  pertuia, 

825    Si  vit  les  pèlerins  au  feu. 

Et  puis  s'en  revint  a  son  leu. 
'Sire  Ysengrin,  dont  ne  ses  tu 
Con  il  nos  est  bien  avenu? 
Ce  est  Renart  Belins  et  l'asne  : 
/  330    Cez  avons  nos  en  nostre  lasne.' 
Par  grant  aïr  a  l'uia  hurte. 
Ues  il  le  trovcnt  bien  ferme. 
'Ovrez'  dist  il,  'ovrez,  ovrez!" 
'TeiaSez'  diat  Renart.   ne  gaulez!' 

335    'Renart,  n*i  a  mestier  teiair. 
Il  voa  estuet  cest  buts  ovrir. 
Fel  traîtres,  fel  reneie, 
Par  vos  ai  ge  perdu  le  pie. 
Vos  estes  tuit  livre  a  mort. 

:i^n    Mar  arivastea  a  cest  port, 
Et  vos  et  l'ane  et  le  moton.' 
'Ha  tas'  diat  Belin  'que  feron? 
Tuit  aomes  pria  aane  nul  retor.' 
Et  diat  Renart  'n'aiea  poor! 
f  .S45    Car  bien  istroia  du  ceat  tovel, 
Se  votez  croire  mon  conseil.' 
'Si  ferons  nos'  dist  l'archeprestre. 
'Renart,  ja  es  tu  noatre  mestre 
Qui  on  cest  leu  nos  amenaa.' 

350    'Or  dan  Uernart,  qui  fora  reins  as 
Ya,  si  t'acule  a  cel  huiset 


l  f.  girai     333.  324  inlrrrrrtig      826  lou     fl89  Unne     .145  roel 


,  Google 


VIIl  (M^on  1.1348—1338*) 

Et  si  l'entrovre  un  petitat, 
Tant  que  li  loua  i  puisse  entrer. 
8i  li  lai  la  teste  boter, 

365    Puis  recio  l'iiis  par  grant  vertu. 
A  lui  jostera  cest  cornu,' 
L'asne  s'est  a  l'uis  acule, 
ITn  petitet  l'a  esbao. 
Li  Ions  bota  ia  teste  avant, 

m)    £t  cil  clôt  l'uis  de  tneinteuant  : 
Asez  fu  meuz  que  en  prison. 
Qui  donquës  vcTst  le  nioton, 
Cou  il  ruoît  les  cous  d'aTr 
Ht  reculuit  por  meuz  ferir! 

363    Renart  le  aeinont  et  apele 
'Belin,  espan  li  la  cervelo! 
Garde  que  vis  ne  s'en  cstorde!' 
Onques  encore  a  cule  porte 
Ne  TcTstes  si  6er  asaut 

370   Conme  Belin  fet  a  Primaut. 
Tant  a  feni  et  tant  hurte 
Qne  le  lou  a  eacerrele. 

Hersent  qui  par  dehors  estoit, 
Qui  aîdier  ne  li  pooit, 

37A    Parmi  le  bois  s'en  vet  hulaot 
Et  les  autrfs  lous  amassant. 
En  poi  d'ore  en  i  asambla 
Plus  de  cent  que  o  lui  mena 
A  l'ostel  por  le  lou  vencher. 

380    Mes  cil  Bo  sont  mis  au  frapier. 

fir       Et  les  louB  les  sevent  par  traohe 
(Ilenent  devnnt  molt  les  nianace) 
Et  jurent  qu'il  les  mangeront 
Ja  en  cest  leu  nés  troverout. 

305    Renart  qui  ot  les  lous  oUer, 
Ses  conpaignons  prist  a  haster. 
'Segnors'  dist  il,  'venez  grant  oire!' 

^    L'archeprestres  conmenche  a  poire, 

S<S  meint     379  nenuencher 


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VIII  (Méon  13385—13420) 

Qui  n'avoit  pas  apiis  a  corre. 

3!M)    Retiart  voit  qu'il  née  puet  aocorre, 
l^e  garder  bo  par  engin  noo. 
Scgnor'  dist  Renart,  'que  ferouF 
Tuit  somea  mort  et  confondu. 
Montent!  en  cest  arbre  ratnn! 

:)Oft    S'auront  nostre  trace  perdue, 
lieraent  est  forment  iraecue 
Por  son  seîgnor  que  mort  avon.' 
'Par  foi'  dist  Belîn  le  moton, 
Je  n'apris  onqueB  a  ramper.' 

400    Dist  Bemarz  'je  ne  sai  monter.' 
'Seignor,  beaoing  fait  molt  aprendre 
Et  tel  chose  Boveot  enprendre 
Dunt  l'en  ja  De  a'entremetroit 
Si  li  besoing  ai  grant  n'estoït. 

405    Fêtes,  Beignor,  montes,  montes! 
Se  vos  Tolez,  de  voa  penses!' 
IteDart  monta  on  l'arbl^  sua. 
Quant  il  rirent  qu'il  n'i  a  plus, 
A  queilquc  peines  sus  montèrent. 

410    Deaus  doua  branches  s'encroerent. 
Es  vos  poignant  des  eaperoos 
Heraent  o  toz  aea  conpaignons. 
Quant  il  août  venu  en  la  place, 
3i  en  orent  perdu  la  trache. 

4ir>  Nés  sevent  mes  ou  aler  qucrre 
Et  dient  qu'entre  sont  en  terre. 
Laase  turent  et  travellie,  , 

Desos  l'arbre  ae  aont  cochic. 
Belins  qui  lea  loua  eagarda, 

420    N'est  merveille,  s'il  B'eemaîa. 
'Ha  laa'  fet  il,  tant  sut  ehaitîal 
Or  voussiase  eatre  o  mes  berbia!" 
'Par  foi'  dist  Bernarz,  je  me  dotl. 
Tel  oatel  pas  avoir  oe  Boil. 


oit  ni  i^Mt     412  tôt     415 


,  Google 


VIII  (H«uii  lU2l-lSiÔS)  277 

430   Je  me  yoU  d'autr«  put  torner.' 

Renart  le  conmeDce  a  blâmer. 

ToB  poires  encui  tel  tor'fere, 

Qui  vos  tornera  a  coatrere.' 

Dist  Bernnrz  je  me  tornerai.' 
430    Dist  Belîns   et  je  si  ferai.' 

'Or  tomes  donc:  car  je  vos  les.' 

Cil  se  toment  tôt  a  un  fes, 

Qu'il  ue  se  sourent  sostenir: 

A  terre  les  convint  venir. 
490    Bemarz  csquachn  qatre  loua. 

Et  BelioB  en  retiia  dous. 

Et  les  autres  loua  molt  s'esmaient 

Por  lor  conpaignous  que  morz  voient: 

Fuit  s'eut  l'un  cha  et  l'autre  la. 
440   Et  Rcmart  qui  les  esgardo. 

Si  s'escria  'la  hart,  la  hnrt! 

Tien  le,  Belîn!  pren  le,  BemartI 

Tien  les.  Bernart  l'arohepro voire!' 

Lors  s'en  toraent  les  loua  grant  oire, 
44'    Que  por  cinqante  mars  d'argent 

Ne  retornast  mie  Hersent. 
Rpnart  qui  fu  en  l'arbre  sus, 

A  ses  conpaignons  descent  jus. 

Seignor'  dist  il.  que  faîtes  vos? 
"  490    Ai  vos  bien  de  la  mort  rescosV 

En  a  il  nul  de  vos  bleciesF' 
'      Dist  Bernarz  'je  sui  maennies. 

Jet  ne  puis  mes  avant  aler, 

Ariere  m'estuet  retorner.' 
450    Dist  Belins   et  je  si  ferai. 

James  pèlerine  ne  serai.' 

'9egnor'  dist  Renart,  'par  mon  chef, 

Cist  eires  est  pesanz  et  gref. 

Il  a  el  siècle  roeint  prodome 
4fl0    Qu'onques  encor  ne  fu  a  Rome. 

427  CDoar  hui  428  a  ffnnt  a,  432  ien  4S4  lei  estuet  4S5  B. 
I  «aohaca.  111.  4»tj  mort  443  mam/iit  41)1  À.  en  455  i«  aosi  457 
It  460  Qne  o. 


,  Google 


YJII  (Héon  13*57— law*) 

Tiex  est  reveuoz  de  sept  seins 
Qui  est  pires  qu'il  ne  fu  eins. 
Je  me  toîI  mètre  eu  moa  retor: 
Et  si  vivrai  de  mon  labor 

465    Et  gaaignerai  leelment. 
Si  ferai  bien  a  povre  gent.' 

^     Lors  ont  crie  'outrée,  outrée  !' 
3i  ont  fête  la  retornee- 


461  des     4SIi  gaigneru     An  deeaoas  du  e 
le  pelirinage  Renut 


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IX 

Un  preetre  de  la  Croiz  en  Brie,     (091 

Qui  danile(Ie.\  doint  boae  vie 
I     Et  ce  que  plus  li  staleote, 

A  mis  Bun  estuide  et  a'entente 
6    A  fere  une  novele  branche 

De  Renart  qui  tant  sout  de  ganche. 

L'estoire  temoiDUe  a  vraie 

Une  bons  conteres.  c'est  la  vraie, 

(Celui  o!  conter  le  conte) 
10    Qui  tos  lea  conteors  sormonte 

Qui  soient  de  ci  jusqu'en  Puille: 

9i  set  molt  de  force  de  guille. 

Cil  tcmoingne  l'estoire  a  voire, 

Et  por  ce  la  devome  meus  croire. 
lA        II  aviot  ancienemeut, 

Se  l'aventure  ne  nos  ment  70 

Qui  aferme  le  conte  a  voir, 

C'uhb  vileins  qui  molt  ot  d'avoir, 
I        TenaDz,  esparnables  et  chichea 
30   Plus  que  Coostanz  des  Noes  riches 

Que  l'en  tient  a  ferm  et  a  plein, 

En  son  novel  essart  bien  mein 

Près  d'un  grant  bois  ses  bos  lia. 

Por  le  grant  gsagn  qu'il  î  a, 

8  c'est  tMnnfM    9.10  inUrvtfliÊ    9  A.  a.    10  Que    oonteree     IT 
18  C*M(iHgu«    A'tutmqMe    19  riohei    20  riohei  21  Qa«  )  R.  I«  attond 


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280  IX  [Méon  15333—15368) 

29  Li  est  avÏB  qu'il  est  trop  tart 
Yenu  atant  a  son  essart. 

Si  ert  encore  bel  le  jor. 
Mais  repos,  eise  ne  sejor 
Ne  duîst  a  vilein  ne  ne  pleat. 

30  N'a  talent  qu'en  son  lit  arest, 
Puis  qu'an  poi  voit  le  jor  paroir  : 
Que  vileioB  ne  deit  ese  avoir, 
Ainz  ireit  en  autre  ovre  fere, 

Car  molt  par  puet  vilein  mal  trere. 
35         Cil  vilein  doot  je  voa  conmanz 

A  conter  merveilloa  romans, 

Huit  boB  a  sa  carue  avoit. 

Bn  la  contrée  en  ne  savoit 

Heillors  bues  qu'estoient  li  suen. 
40    HaÏB  8or  toz  en  i  ot  un  buen 

Qui  estoit  apeles  RogeUB. 

Hais  tant  l'avoît  par  les  fors  leus 
^      A  son  fiens  trere  demene 

Et  totes  les  saisons  pêne, 
45    Que  lentement  aloit  le  pas, 

Por  ce  que  feîbles  ert  et  las 

De  grant  travail,  et  auqucs  megres. 
*    Li  vilein  qui  fu  fel  et  egres, 

Por  ce  que  trop  le  sent  a  lent 
50   Le  point  et  dit  par  mautalent 

'Rogol,  trop  estes  alentis. 

Por  vos  ai  sovent  desmentiz 

Toz  les  vileins  qui  me  disoient 

Por  mes  buez  que  il  mesprisoient, 
65    Que  je  n'auroic  pas  de  vos, 

Tant  fusse  d'argent  sofreîtoz, 

Tint  et  deus  sols  de  dant  Durant. 

Et  je  lor  disoie  en  jurant. 

Por  vérité  que  ge  ne  mente, 
60    Que  je  n'en  prendroie  pas  trente, 

25  trot  28  repose  ne  s.  29  Vn  ne  man^tt  31  qnc 
pot  fere  38  o.  len  40  bon  42  rtndn^M  43  flli  52  n.  lui 
tormentiz    54  m.  Uiea  qnil    55  jiu  de  ]  rien  por 


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XI  (Héon  I53S»-1540«)  281 

Non  pas  trente  et  deus  au  marche. 

Or  avez  plus  le  cot  ohargie 

Del  lien  que  n'a  nus  des  set. 

Si  n'ayes  encor  gaîres  trait, 
66    Trop  matin  estes  ja  lasses. 

Ainz  que  cist  jora  seit  trespasses, 

Yos  puissent  mal  ors  dévorer: 

Qae  trop  me  faites  demorer 

A  arer  un  sel  Ion  de  terre. 
70   En  liu  de  vos  me  covient  querre 

Ud  bof  a  la  feïre  de  mai. 

8e  dex  me  desfende  d'esmai, 

Je  voudroie  que  lous  ou  ors 
^   Yos  oiist  oste  a  retxu^ 
t  75    Ge'pelicon  sans  demorance, 

Que  poi  pris  mais  vostre  puissance. 

Trop  portes  basse  celé  chère. 

Mal  ors  huî  oest  jor  vos  reqncre  !' 
'  Ce  que  diet  li  vileiiu  engres 

60   BniD  li  ors  qui  el  boîe  fu  prea, 

A  tôt  oî  et  eacote. 

En  un  boeson  avoit  bote 

Le  col  et  les  pâtes  devant. 

M 'avoit  mie  poor  de  vent, 
80    Que  nul  clien  nel  pot  iloc  prendre. 

For  meus  escoter  et  entendre 

S'eatoit  près  el  boseon  repox: 

Ne  vonssist  pas  por  quinze  sous 

Que  n'oûst  le  vilein  oï. 
'  90    Molt  l'a  la  premesse  esgoï. 

A  soi  meismes  dit  tôt  coiz 

'Bien  m'est  avenuz  ceste  foiz. 

Or  aurai  ge,  deu  merci,  proie 

SsDZ  nule  faille  oeste  voie. 
96  Xe  m'irai  or  pas  delaiaot 

Eb  aventure  por  neent. 

62  pkrloi  le  col  pelé     64  encore     72  deifen  deimai    78  uondroi 
<|.  on  ft  loua      Ta  M.  hor  hd     79  dit     80  do  b.    87  del     93  Or  rk  f^ 


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IX  (HéoD  1540T-1&444J 

Or  sa  je  bien  ou  charg;erai 
La  proie  que  g'eoporterai. 
Un  buef  aurai  sol  a  ma  part, 

lOO   Kogel  qui  fu  sei^or  Leotart. 
Mes  anoois  qu'il  fust  primes  sieu 
Sovent  mV  fait  sevré  a  son  cheu 
Et  fait  descirer  sor  mon  pois 
jtfon  pelicon  deus  fois  ou  trois. 

105    Eucui  li  vaudrai  molt  cher  vendre. 
De  la  char  Kogel  crasse  et  tendre 
Ferai  encui  mes  gernons  braire. 
Qui  qu'il  doive  plere  ne  nuire. 
Ce  pnet  bien  li  vileîn  savoir 

1 10   Que  je  voudrai  mon  bof  avoir  : 

,     Car  je  tieng  promesse  a  chatal. 

N'en  ferai  mes  autre  jornal, 

6'ain  meus  sa  char  que  il  ne  pense. 

Et  s'il  i  veut  mètre  desfense 

ilEi   Ne  arest,  savoir  puet  sans  faille. 
Enpris  aura  aspre  bataille. 
James  n'aura  envers  moi  pes 
^    Ne  trives  li  vileias  punes, 
Ainz  le  gerroierai  tôt  tans, 
'    120    Se  consivre  le  puis  as  chans 
Ou  en  bois  par  son  mal  oiir, 
0  je  serai  plus  asoûr 
A  ce  que  dessirrer  ai  grant. 
Se  Rogel  le  buef  me  desfent, 

l3fi    Tel  cop  li  donrai  de  ma  pâte 
Que  j'ai  fort  et  charnue  et  plate. 
En  col  ou  en  pis  ou  en  faoe. 
Que  je  l'abatrai  en  la  place. 
Mais  c'est  folie  que  je  di, 

130   Car  je  sai  bien  trestot  de  fi 
Que  il  n'i  mètre  ja  arest 
Que  Rogel  mon  buef  ne  me  lest 


99  rael     101  pnnei  luen     101  •  ifioMfue     10«  .rog«l' 
113  Oaiti    115  pot     116  uru     ItS  gerrw    120  m  otm    184 


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IX  (Méon  15445—13482)  283 

Si  COU  il  le  m'a  en  ooveat. 

Je  l'ai  01  loer  sovent 
Isa    Et  afermer  por  véritable, 

Bien  ferai  sa  parole  eetable. 

Nului  tolir  ne  le  me  puet, 

tarant  cfaosee  a  en  fere  l'eatuet. 

Yoille  o  ne  veille  je  l'aurai, 
140    Ja  espoir  gre  ne  l'en  saurai.' 

Ëuei  parole  a  soi  tôt  soua        ' 

Brun  lî  ors  qui  ert  anguissous 

De  feio,  dont  molt  est  amortez: 

KaÎ8  auques  est  réconfortez 
143    Por  ce  qu'il  ert  en  espérance 

De  Rogel  avoir  sans  dotance. 

Lors  est  del  boisson  sailli  fore, 

Uolt  ferement  aqnet  son  cors 

Et  jeta  un  haut  brait  de  goie. 
130   N'a  mie  poor  que  l'en  l'oie. 

Que  n'avoit  près  de  nnle  part 

Nului  fors  solement  Leotart  71 

Et  un  gars  qui  avoo  lui  fu 
-    Qui  les  bues  ohaoe  de  vertu, 
'-133   Qu'il  ot  alue  la  seson. 

Âtant  del  garoon  nos  taison, 

Et  si  parleron  de  Brun  Tors 

Qui  vers  le  vilein  ^vint  le  corz. 

Il  sont  bien  sa  proie  espier, 
160   Ja  voudra  Rogel  deslier. 

Quant  il  fu  près  de  ta  obanie, 

À  haute  vois  Lietart  salue 

'Et  dex  te  saut,  Lietart  amis! 

Ta  premesse  en  ceet  mein  m'a  niis 
166   En  grant  espérance  de  bien. 

Ge  tieng  Bogel  ton  bof  a  mien 

Et  bien  le  doi  a  mien  tenir: 

Que  ca  m'a  fait  si  mein  venir 

1S7  Unie  nel  me  188  Mtot  US  estoit  147  lora  153  que  154 
Qae  IM  espirer  161  clMrere  163  1.  «Borie  168  Et  manqm  164  p. 
est  e«  mes  auU     185  E  g.     166  meiD     168  Qui  o&  mM 


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La  premesBe  que  me  tels 

lîO    Que  tu  par  maltalent  deîs 

Que  max  ors  le  poûst  manger. 
Ne  pues  ta  parole  chaDger. 
Tn  ea  trop  tart  au  repentir, 
Je  M  ferai  les  deus  sentir. 

]7.^   Deslies  le  moi  sans  dangier, 
Il  n'eit  or  pas  teos  de  songier. 
Deslies  le  moi  sanz  demeure, 
Qu'il  n'est  or  pas  ne  tens  ne  eure 
Que  prodon  face  chère  morne: 

180  Aioz  doit  sîtost  oon  il  ajome, 
Si  con  tn  fez,  conmeucer  ovre. 
Par  ta  richesœ  et  lors  te  covre. 
Faz  me  tu  chère  felenesse? 
Paie,  que  je  Toil  ma  premesse. 

18.^   Ne  fai  ja  por  ce  lûde  chère! 
Je  voudroie  mens  estre  eo  bere 
Que  ma  premesse  n'enportasse. 
KogeuB  est  une  beste  lasse, 
Caitive  et  feble  et  mal  trsians: 

190   De  son  trere  est  il  mais  noiens. 
Ja  nel  ferai  lier  ne  trtûre 
Ne  nul  autre  besoingne-  fere, 
Einz  en  eoplirai  ja  ma  panoe. 
N'en  fai  ja  laide  oontenanoe. 

1%   Que  ta  o'i  pues  rien  conqneater. 
Se  tu  le  me  vous  arester 
Et  délier  le  baef  sans  noise, 
J'ai  en  pense  que  je  te  voise 
Douer  de  ma  pâte  tel  fist 

300    Qu'a  terre  t'abatrai  tôt  plat, 

Et  lors  seniut,  si  oon  moi  sanble, 
À  mon  voloir  lî  buef  eosanble. 
Por  ce  le  te  di  que  meus  t'ert 
Que  'Rnfptl  que  rieUeoe  aquiert, 


170  m.  le  deU  171  hors  172  pos  179  •  176.  177  manquent 
178  t.  nenra  179  q.  pardon  f.  180  ritot  182  Faut  i)  Urt  Pu  U 
riehetoe  et  loi  reeoTre  t    186  Jen    193  ja  manque    19&  pos   30S  le  iwwf«i« 

„         ..,„,glc 


IX  iMéon  lGai9-.l&»54)  285 

905    Soit  mien  seos  que  ensenblfl  ttiit  : 

N'i  aurais  joie  ne  déduit 

Se  toz  le  avoiez  perduz.' 

Lors  est  vileins  esperdus 

De  ce  que  Brun  l'ors  oï  dire. 
210    De  m&utalant  tressue  et  d'ire, 

Molt  dolanz  est  et  esbahi, 

Car  par  ea  premesse  est  traî. 

Si  li  poisse  de  la  parole 

Qu'il  dist,  et  si  la  tint  a  foie. 
2IS   En  meinte  guisse  ee  porpense, 

Bien  set  n'i  a  mester  desfense 

Vers  Brun  qui  est  et  grans  et  fors. 

N'i  a  meeter  nul  reoonforz, 

Qu'en  poi  d'ore  estrangle  aura 
230    Les  buez  que  ja  nus  uel  saura, 

Et  lui  mort  aioz  que  l'en  le  sache. 

Meus  li  vient  soufrir  le  damage 

D'un  soi  buef  que  de  toz  a  tire. 

Que  bien  set,  se  a  lui  a'aïre, 
•2iù  Lui  meiames  estraDglera: 

Ne  ja  mes  n'en  esobapera. 

Bien  set  n'i  a  teamer  meatier, 

Meuz  puet  par  proiere  esploitier 

Que  par  tencon  ne  par  melee. 
aso   Ses  bnes  areata  en  l'aree, 

Vers  Brun  l'ora  forment  s'umelte, 

Ed  plorant  li  dist,  a'il  deslie 

Ro^l  si  mein,  que  sa  jornee 

lert  tote  a  noient  atomee. 
S36    Que  nul  esploit  ne  porra  fere, 

Que  li  set  busf  ne  poent  traire, 

Que  trop  est  fors  la  terre  et  dure: 

Et  sorent  li  aferme  et  jure 

Que  gruiz  merciz  li  devra  rendre, 
340    Se  de  Bogol  li  veut  ateudre 

fM  MM  manqut  211  est  monqut  214  dit  219  ectrane  220 
Li  221  U  8S2  duMie  «i9—22S  mauqufnt  230  Son  buef  231  Romelie 
238  et  piaiifuf    239  merci 


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6  IX  (M*oB  15555— 155«0) 

Jusq'a  lendemeLa  solement. 

'Molt  volenters  et  bo&emeat 

Le  vos  rendrai  le  matiuet, 

Foi  que  doi  mon  fil  Martinet 
345    Et  ma  bêle  fille  Goatance, 

N'en  soiez  vos  ja  en  dotance! 

Voatre  merci  prestes  le  moi 

Jusqu'à  le  matin  par  ma  foi, 

Que  dex  bone  joie  vos  doint!' 
350    'Letart'  fait  il,  'n'en  auras  point. 
^    Ne  le  me  tomez  ja  a  truit, 

Qui  aise  atent,  eiee  li  fuit. 
'    De  Renart  qui  guilUer  ne  fine 
-'    Tien  ge  cest  sen,  molt  vaut  saisine. 
25fi    Se  je  rent  ce  dont  sui  saisis, 

Molt  sereie  malvaiz  failliz. 

Certes  molt  en  seroie  fol, 

Se  ce  que  je  tieag  a  mon  col 

Rendoie  por  bêle  parole 
260   Trop  est  cil  fox  que  fol  afole. 

Je  metroie  tôt  a  demein 

Ce  que  je  tieug  ore  en  ma  mein. 

Donc  m'aurotes  tu  bien  trove 

Àpertement  a  fol  prove, 
3it&    S'en  aventure  me  metoie 

De  la  chose  qui  ore  est  nioie. 

Bien  seroie  fol  atrapez, 

Se  de  mes  moins  ère  eschapez. 

Je  cuit  et  oroi  par  seint  Johan, 
270    Ne  te  verroie  mes  ouan. 

A  ton  pooir  te  garderoies 

De  toi  mètre  mes  en  mes  voies. 

Ëinsi  m'auroies  tu  tost  fait, 

Que  l'ea  dit,  de  bienfet  col  fret, 
2TS    Mal  por  bien  a  l'en  por  service. 

Se  ta  foi  en  avoie  prisse, 

347  preotrM     250  ne  a.     251  au  t.     256  r.  are  a  maluaiiû 
257.25S  manquetil     259  Rendroi»     261  metroi     868  qne 


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IX  (Héon  15591—16627) 

Tost  en  oveutiroieB  ta  foi, 

Se  dex  me  saut,  et  bien  le  croi 

Por  un  vilein  dont  me  sovient, 

280    (L'en  dît,  eacaude  eve  crent) 
Qui  ouan  sa  foi  me  menti, 
Ne  onques  ne  s'en  repenti, 
Ne  respit  ne  m'en  demanda. 
Ne  vers  moi  ne  s'en  amenda. 

286   Ce  fu  auan  devant  Tendenges 
Que  il  jura  dex  et  ses  angles 
Et  se  dex  li  donast  santé. 
Il  me  dooroit  a  grant  plente 
De  ses  rees  et  de  son  miel 

290    Que  je  ain  plus  que  rien  sos  ciel, 

.^    Se  ses  deus  chaiaus  li  rendoie 
Qa'au  soir  a  manger  atendoie. 
J'en  pris  sa  foi,  ne  fui  pas  sages. 
Car  c'est  ore  li  pires  gages 

295    Qui  soit  en  Tostel  au  Tilaia. 
Je  ne  aui  mie  cil  qui  l'ein 
Ne  n'amerai  jor  de  ma  vie, 
Que  de  foi  n'a  ge  ouïe  envie. 
Ne  prodom  ne  le  doit  prisier. 

300    Qu'en  ne  puet  mie  justiscier 
Vilein,  ne  avoir  en  destroit. 
B)jn  li  semble  qu'eschape  soit, 
Con  en  le  vout  par  sa  foi  croire. 
Ja  puis  ne  venra  uu  sol  oirre 

aos    Por  querre  de  sa  foi  respit: 
Trop  a  vilein  foi  en  despit, 
Ne  l'aime  ne  crient  ue  ne  prise. 
Fox.  est  qui  par  foi  le  justise, 
S'il  le  puet  en  autre  manere 

310   Jiuticber  que  il  ait  plus  chère. 
Ne  lo  a  nul  seingnor  de  terre, 


281  qne  «.  S8  M  f.  m.  2B2  o.  sen  nont  repentir  288  ni  sen  285 
idrngei  290  liel  2»2  »u  m.  208  fu  2B4  cerrt  2S5  el  oatel  296 
qne  297  nainerB  800  Can  ne  pot  304  pins  une  eole  ore  305  de 
7  croit  ne  instlBe    308  que    309  8ii  ne  le  pot    ne  311  Ne  U 


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IX  (Sféon  15626—15663) 

''      Se  SUD  vileia  pren  et  enaere 
For  son  forfait  ne  por  sa  taille, 
Que  H  vileÎQS  quite  s'en  aille 

3l&    Por  ea  fiance  aolement: 
Foi  i  a  d'asouroment. 
Ce  dirai  que  j'ai  essaie: 
Ne  sont  pas  vileio  esmaie 
Fuis  que  vient  a  foi  afier. 

820   Wus  prodom  ne  a'i  doit  fier. 

Je  ne  aai  conment  tant  te  croie  ' 
Que  Rogel  ton  buef  te  recroie, 
Car  je  dot  molt,  se  gel  te  croi, 
La  tricherie  et  la  non  foi 

829   Que  g'ai  en  meint  autre  trovee.' 

'      Sire  Brun,  vertes  est  provee,' 
Ce  dit  Lîetars  et  molt  fort  plore. 
'Bien  le  sai,  se  dex  me  sequere, 
De  meinte  gùise  a  jent  el  monde. 

m)   Que  li  un  sunt  de  pèche  monde, 

'-  £  molt  en  i  a  d'entechez 

De  toz  les  criminax  péchez: 

Et  desloiaus  en  i  a  meins, 

~-  A.  grcnnor  plente  que  de  seins, 

3âû    Qui  ne  se  vont  pas  esmaiant 
De  mentir  lor  foi  por  noiant. 
Et  de  plussors  n'est  mîe  fable, 
Qui  sont  prodome  et  véritable 
Et  ont  a  damledeu  bon  cuer, 

340    Qui  ne  voudroient  a  nul  fuer 
Por  nule  rien  lor  foi  mentir. 
Ja  dex  ne  me  lait  consentir 
Que  ma  foi  mente  a  orne  ne! 
Trop  m'auroit  pèche  sormene 

fUb   Et  dex  mis  en  grant  obliance, 
Se  je  raentoîe  ma  fiance. 
For  deu  Bogel  me  recrées! 


332  tôt     pichez     3!t5  Quîl  ne  een  <J 


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IX  (Héon  1D6S4~1S699) 

Ja  demein  ne  vos  ert  rees. 

Par  la  foi  que  doi  firuDmatin 
^M   Ma  moller,  demein  au  matin 

Ci  meîsmes  le  rameorai, 

Que  ja  vera  vos  n'en  mentirai.' 
Brnn  U  ors  respoot  or  l'enmetne, 
'  Si  li  done  fein  et  aveine! 
%e   Je  voudroie  que  plus  fust  {;raa, 

Mes  ce  ne  puet  ore  eatre  pas, 

Que  eojor  i  covenroit  grant. 

De  lui  me  cuîdai  meintenant 

-    Orandrott  ma  fein  estancher, 

860   Et  ge  le  raurai  autant  cher 

Demein  con  orendroit  auroie. 

Je  rirai  tandis  querre  proie.' 
Âtant  prent  la  foi  du  vilein, 

Si  se  miat  meintenaot  du  plein 
365    El  bdia:  en  une  espesse  lande 

Ëutra  por  querre  sa  viande. 

Entre  ces  choses  le  vilein 

Qui  d'angoisse  et  d'ire  ert  plein, 

Deslia  les  set  bues  por  pestre, 
37)    Ne  pot  a  ese  son  cuer  estre. 

Pot  ce  les  deslia  sitost. 

Que  l'ire  et  l'angoisae  li  toat 

De  gaanner  tôt  le  talant. 

  Rogel  se  prist  en  alant 
.^5    A  haute  voiz  a  dementer, 

N'a  or  pas  talant  de  chantor. 

'Haï,  Rogel,  ban  bof  et  grant, 

Por  vos  doi  molt  estre  dotant. 

Si  Bui  je  ai  con  catre  doi, 
3Sn    Quant  je  vos  ai  tolu  a  moi. 

Ma  parole  foie  et  mavaisae 

Yos  roetra  demein  a  malaise. 

[Tôt  c'a  ge  fet,  amia  Rogel, 

3W  noU'.    352  ne  m.    356  pot    358  cuide     .159  mon 
I  cl     365  En  b.     367  oea  Bosee     372  tôt     !)79  au  ie     38i 


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IX  (Mêon  15700—15734) 

Certes  ai  en  ai  moU  graut  duel.] 

âSû   En  maies  meiiis  voe  ai  jeté, 
A  Brun  Tors  qui  est  sans  pitc: 
Demeîn  de  vos  se  dînera, 
Ce  dbner  molt  me  costera. 
Yoirement  dist  voir  qui  ce  dist, 

390   Tant  grate  chèvre  que  mal  giat. 
J'estoie  trop  aise  hui  meîn, 
Quant  je  raetoie  en  autrui  meÎD 
Par  promesse  la  moîe  chosse. 
8'or  me  blâme  forment  et  chose 

395    De  ma  folie  et  de  ma  perte 
Bninmatin  la  bêle,  l'aperte, 
^e  m'en  doi  mie  mervellier. 
Je  qui  Botoio  couseillier 
Mes  voisins  trestoa  les  plus  sages, 

400    Ai  quis  mon  dol  et  mon  damage. 
Las!  or  m'a  deu  trop  enhaî,' 
Quant  je  meîsmes  me  trahi. 
Dahait  ait  hui  la  moie  geule! 
Qui  avient  une,  n'afient  seule: 

40d    C'est  ce  que  plus  eren  et  redot, 
Que  je  ne  perde  le  mien  tôt, 
Que  si  sovent  ne  me  meschee 
Que  mes  avoirs  a  noient  chee: 

"      Que  donee  m'est  maie  estreioe 

410    An  premier  Jor  de  la  semeine. 
Or  ne  serai  mes  marcheant. 
J'estoie  de  si  grant  noiant 
Venu  en  auques  en  dis  ans 
Que  deners  avoie  gisans 

41Ô    Bien  entor  cent  livres  ou  plus 
Sans  autre  chose  le  sorplus. 
Terres  et  rignes,  bues  et  vaches, 
Forment  et  vin,  lait  et  formaches 


384  doil  385  E  3B9  dit  u.  861  haiae  402  me  Bui  t.  403  > 
langueille  404  neulte  406  men  401  meschet  409  toraep  meut  ».  m.  pslrii 
410  pior    412  uuiniit    417  Près.  uigneH.    418  le  premier  et  manque 


IS  (Méun  15735—15768) 

Avoie  pliu,  la  deu  merci, 

430    Que  rilein  qui  fust  preet  de  ci. 
Or  dot  que  tôt  a  aient  aille, 
Et  cait  et  croi,  sans  nule  faille 
Entres  aui  de  perdre  en  la  voie. 
Hui  matin  m'ert  avis  c'avoie 

4S5    Trop  de  huit  boa  en  ma  came. 
"    Te]  porte  burel  et  macue 
Grant  et  pesant  desor  son  col 
Qu'eu  devroit  tenir  a  meins  fol 
En  toB  endroÎB  que  je  ne  eui. 

430    II  est  bien  raison  que  l'anui 
Que  je  ai  porchace  reçoive. 
Dr  ois  est  que  ma  folie  boive. 
Certes  jamais  om  qui  riens  sache 
Ne  me  pleindra  de  mon  damage 

4:K)    Que  ge  ai  quis  et  porchace. 
Si  l'ai  oonme  je  l'ai  trache, 
Il  est  bieo  raison  que  je  l'aie.' 
lasi  se  démente  et  esmaie 
A  soi  meîsmo  dan  Lietarz. 
"  440   Entre  ces  cosses  dant  Kenarz 
Proie  porchace  cel  matin 
En  un  bois  après  del  chemin, 
Quant  il  oï  l'abai  des  chens 
Qui  molt  U  estoient  procheina 

446    Et  molt  près  l'aloient  sivant, 
Et  un  vilein  après  huiant 
Apres  les  chens  par  la  forest. 
N'a  ore  talent  qu'il  s'areat, 
Ainz  cort  a  gariscn  molt  tost. 

4Û0   El  crues  d'un  chainne  se  repost 
Tant  que  li  cben  soient  passe 
Qui  molt  l'avoient  ja  lasse. 
N'a  talant  d'issir  del  crues  mes 


422  E     423  eo  ]  a     42B  borel     42R  Qui     431  Ui     433  que 
J    4»  Uie  e.  ki    439  letarl    441  porchacel  m.     442  chmin     445  » 
«  huant     447  par  ]  en     foret     44a  que  il     450  del  f.     4.^3  crua 


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IX  [Méoif  15770-15004) 

Tant  con  les  cheos  sache  si  pree, 
^   456   Ëinz  se  repose  et  estendelle 

f       El  crues  et  un  petit  somelle. 
Tandis  que  se  repose  el  crues, 
Le  vilein  qui  fu  a  ses  bues, 
Qui  ploure  et  se  démente  en  haut, 

4B0   Entroï  et  hors  de!  crues  saut. 
Vis  li  est,  aler  s^eo  puet  bien. 
Quant  il  n'i  ot  abaî  de  chen. 
Del  bois  ist,  a  l'essart  va  droit 
La  ou  le  viletn  ester  voit 

465    Qui  se  dementoit  en  plorant. 
Vers  le  vilein  on  vint  corant 
Et  près  de  lui  vint  le  graat  saut. 
Si  li  dit  'vïlein,  dex  te  saut! 
Que  as  tu?  por  quoi  fez  tel  doil?' 

470    'Sire,  net  saurois  ja  mon  voil: 
Que  se  gel  vos  avoie  dit, 
S'i  conquerroîe  molt  petit. 
Se  mon  grant  dol  vos  descovroie, 
Ja  par  vostre  conseil  n'auroie 

475    Xe  nul  confort  ue  nule  aïe.' 

'Foux  vileins,  que  dex  te  maudie! 
Tant  par  es  fous,  je  le  aai  bien, 
Que  tu  ne  me  conoîs  de  rien. 
Certes  se  tu  me  coneQsses, 

4flO   Ja  si  desconseillies  ne  fusses 
Ne  de  nule  riem  esmaies, 
Que  tost  ne  fusses  apaies, 
Por  quoi  ge  te  voussise  aider. 
Je  sui  bon  Diestre  de  plaider, 

485   Foi  que  doi  seint  Panpalion: 
En  la  cort  Noble  le  lion 
Ai  ge  mefi  meint  aapre  plet 
Et  meintes  fois  de  droit  tort  fet, 


455  repose  repose  et  esteindeile  45S  Li  uilsîu*  460  I 
481  put  462  voit  464  li  uileina  466  u.  lot  droit  469  meines 
oon  ie  croi     475  conieil     nul     488  tort  droit 


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IS  (Méon  15805-15840)  293 

Et  molt  aovent  de  tort  le  droit: 
490    Ensi  ooTÎent  Bovent  que  soit. 

M!eint  plaideor  tient  l'en  a  saje 

Qui  BOvent  rendent  le  musagu. 

A  meint  ai  fait  brisier  la  teste, 

(De  moi  ne  se  puet  garder  béate) 
49B   L'autre  le  col,  l'autre  la  cuisse. 

Tu  ne  seia  pas  que  fere  puisse 

Tant  mal  tant  bien,  cou  fere  puis. 

Je  lia  ja  avaler  el  puia 

Dan  Taengria  mon  cher  compère. 
900    8i  feîaae  je  lors  mon  père. 

Nel  doit  om  tenir  a  merveille, 

Jel  fia  entrer  en  une  selle 

•  El  puis  ou  avoit  aeale  deus, 
(Ce  fil  bone  gile  et  bon  jeua) 

X6   Eq  une  abaie  a  blanc  moinea, 
D'iloc  escapai  a  grsnt  poînea. 
Ou  mors  o  retenus  i  fusse, 
Se  Isengrin  trove  n'oâsae 

•  Qui  ert  apoiea  a  l'enoaatre 

510    Del  pois  qui  ert  voûte  de  piastre. 

De  ptte  li  -fis  le  cuer  tendre, 

Que  je  li  fia  croire  et  entendre 

Que  g'ere  en  paradis  terrestre, 

Et  il  dist  qu'il  i  voudroit  estre, 
bl5    Et  ses  voloîrs  li  fiât  doloir. 

En  l'eve  l'apris  a  chaoir. 

Lui  meïmea  devant  noel, 

Coame  l'en  met  bacona  en  sel, 

Fia  ge  pescfaer  en  un  estan 
030  Far  mon  barat  et  par  mon  sen: 

Car  enooia  i  fii  aaelee 

La  coe  en  la  glace  et  gelée 

Que  il  a'apercut  de  ma  guille. 

Maint  bon  peaaon  et  meinte  anguille 

490  que  sonent  491  t.  an  494  pot  500  je  manque  503  seuls 
â06  abi«  506  peine  507  i  manqtit  510  de  manque  paislre  513  g'manque 
518  tMcon 


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294  IX  (Méon  15B41— 15878) 

52»   Oi  jo,  qui  molt  en  fui  joùat, 
En  la  carete  au  narcheaDt, 
Que  mort  me  fia  eumi  la  voie 
Por  ce  i]ue  trop  grant  fain  avoie. 
Eu  la  charete  fui  jetés, 
080    Des  peseoDfl  fui  bien  saoles. 
D'ang^uilles  frescos  et  salées 
Euporta  ge  deus  hardelees, 
Dont  je  fis  puis  molt  deleoher 
Ysengrin  mon  conpere  chier. 
535    Apres  moi  vint  a  mon  manoir, 
Si  senti  les  poissons  oloir, 
Simplement  a  vois  coie  et  basse 
Me  pria  que  jel  herbergasse. 
Et  je  li  dis  'ce  ert  noiens', 
540    Que  entrer  ne  pooit  caiena 

Nus  hom  qui  ne  soit  de  nostre  ordre. 
Por  alecher  et  por  amordre 
Li  donai  d'anguille  un  tronçon 
Dont  il  delecha  son  gemou, 
045    Dist  qu'il  voloit  corone  avoir 
Et  ge  li  fis  large  por  voir. 
Onques  n'i  ot  rasoir  ne  force: 
Les  pous  li  earachai  par  force: 
A  pleine  oie  d'eve  boillie. 
500    La  corone  fu  si  faitie 

Que  cuir  et  poil  en  dévala 
Par  iloc  ou  l'eve  avala, 
Et  teste  et  vis  ot  escorohe, 
Que  il  sambla  chat  escoroie. 
565    A  Ysengrin  mui  ceste  sause  : 
Ce  ne  fu  pas  parole  fause, 
Ainz  est  de  meint  home  sofl. 
Meint  prodome  a  ge  deceû   . 
Et  meint  sage  abricone, 
560  Si  ai  meint  bon  conseil  doue: 
525  Oî  1  Et    527—529  manqurnl    531  et  deulei    638  molt  manqtt 
deleoh'r     536  poiiion     540  pogt     5*5  Dit     547  rMot    649  plein    MO 
si  afsitie    559  Abrcone 


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IX  (Mion  15877-15912)  295 

Par  mon  droit  oon  ai  non  R«nart.' 
'Par  les  sains  deu   ce  dit  Lietart, 

'E&t«B  Tos  ce  Renart,  bau  sireP 

J'ai  soveut  de  vos  oï  dire 
966    Et  bien  et  mal  a  meint  prodome. 

Il  n'a,  ce  cuit,  de  ci  a  Rome 

Pins  requit  de  vos  ne  plus  sage;       74 

Que  vos  eûst«s  le  fromage 

Par  vostre  sen  de  Tiecelin 
570    Le  corbeîl,  le  filz  Chaateclia. 

Bien  le  soilstes  enchanter, 

Car  tant  le  feîstes  chanter 

Que  le  formache  li  cbaï. 

Meint  prodome  aves  esbaï, 
07S   Uolt  par  aves  de  sens  le  los. 

Je  cuit  qu'il  n'a  orne  si  os 

Qui  de  cuer  conseil  vos  rovaat 

Qui  senpres  en  vos  nel  trovast. 

Sire,  por  deu  moi  conseilliez, 
580   Tœ  qui  a  meins  descouseillies 

Âves  meint  bon  conseil  doue. 

Le  chef  ai  vuit  et  estone 

De  dol  et  d'ire  et  del  pens 

Dont  tôt  est  desvoiez  mon  sens.' 
360         Or  di,  vilein!  conseil  auras 

De  ce  que  dire  me  sauras. 

Tost  t'en  porras  apercevoir: 

Miùs  qne  tel  tôt  me  dies  voir.' 
'Certes,  nre,  si  fera  ge. 
1     690    Bien  m'avoit  hui  mein  aseje 

Maufes,  et  mb  en  ses  liens, 

Quant  ge  qui  bieo  sui  anciens, 

Si  foie  parole  disoie: 

Mab  sages  bom  sovent  foloie. 
&90    Por  ma  terre  qui  trop  est  dure, 

Hui  matin  par  mésaventure, 

568  Por  1«  Mtnt  deu.  leUrt  568  elliRtea  le  formeje  57(1  corbeil 
571  le*  •.  572  manqu4  560  meint  5S4  denuoez  li  b.  588  qne  maiigtK 
dM'Ii.  ri  f.    594  h.  ti  f.    585  qne    597  Dis  a  manqut 


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296  IX  (Méon  15913-159483 

Dis  a  Rogel,  com  faom  iries, 

Qui  trop  fu  de  traire  enpiries, 

Que  tnaus  ora  manger  le  poCut 
600    0  loa,  qui  sore  lui  conut. 

Brun  li  ors  en  obli  nel  miet, 

Avoir  le  vont  sans  contredit: 

Car  il  fu  Toir  qu'avoir  le  dut. 

Jusqu'à  demein  le  me  recrut. 
605    Le  matin  quant  se  lèvera, 

A  perdre  le  me  conrendra. 

Sfeis  co  por  coi  je  Boi  âolans, 

Que  li  damages  en  est  graos: 

Jamais  nul  si  bon  buef  n'aurai, 
610    N'en  nul  liu  ne  le  troverai.' 
îtenart  en  riant  li  a  dit 

Por  ce  que  il  deetroit  le  vit, 

'Tileia   fait  il,  'or  ne  te  chaut  1 

Un  jor  de  respit  cent  sols  vaut, 
6IB    OroT  que  plus  dementer  ne  t'oie, 

Apres  le  doil  vient  la  grant  joie. 

Par  ma  guile  et  par  mon  savoir 

Te  ferai  tost  grant  joie  avoir. 

J'ai  en  talant  que  je  te  die 
I     sua    Une  merveilloae  voidie, 

Que  Rogel  quiter  te  ferai 

Et  Tors  meûme  te  rendrai. 

Lores  seroies  tu  bien  quites. 

Mes  j'auroie  povres  mérites 
6-J5    De  toi  si  oon  je  croi  et  pens. 

Yilein  ment  volenters  tôt  teos 

Et  trop  est  de  mal  apensez.' 

'Sire'  fait  il,  ja  n'i  penses! 

Ja  li  hauB  rois  si  ne  me  hee 
(>30    Que  ja  cose  vos  soit  veee. 

Se  Roguel  me  poïez  readre, 

Ce  que  ge  ai  porriez  prendre 
597  Dis  *  manque      R.  por  oe  qnerre  empiries      599  hors      606 
me  nendra    607  M.  de     je  manque     610  Ne  nul     612  il  )  en    617  uiod 
gile     623  LarB     684  manque     625  Je  tnanqut     627  ei     630  noee    6S2  fi 


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IS  (Méoti  16949—169821 

Cun  la  vostre  cose  demeine.' 
Dont  en  entrerai  je  en  peine 

63ii    Et  tost  en  serai  en  la  voie, 

Se  ton  blanc  coc  Blanoart  avoie 
Que  je  vi  er  en  ton  plaissier.' 
'Sire,  jel  voa  irai  bailler 
Le  000  demein  bien  matînet 

640    Et  o  tôt  dix  oraa  pocinot 
Seront  tuit  en  voatre  plaisir. 
Demain  tob  en  ferai  saisir, 
N'en  Boiee  ja  en  nule  dote.' 
Rfloart  le  vilein  bien  escote. 

64â    Au  vilain  dist  'entent  a  moi! 
Je  te  conseillerai  en  foi, 
Que  tu  Rogel  ton  buef  rauraa 
Por  Blanoart  que  tu  pramis  m'as. 
Un  bon  conseil  te  dire  ja 

dfiO    Meîllor  que  je  ne  fis  pièce  a. 
Brun  li  ors  vendra  oi  demein, 
Ro^l  vodra  avoir  en  plain  : 
Le  matinet  devant  la  messe 
Avoir  cuidera  sa  promesse. 

65&    Demein  matin  quant  tu  vendras, 
SoB  ta  oape  en  ta  mein  tendraz 
/  Tôt  coiement  une  cunnie 

Qui  soit  trenchant  et  agusie 
/         Tôt  de  novel  en  un  fort  mance, 

660   Et  un  cotel  qui  bien  fort  tronche 

Cou  ce  fîist  ootel  a  bocher. 
4        £t  ge  qui  sai  bon  cor  tocher, 
L'espteroi  sans  atendae, 
Et  quant  je  saurai  sa  venue, 

66&    Ferai  ci  près  tel  comerie 
Et  tel  cri  et  tel  huerie 


flSS  oonme  634  je  manqiie  6S6  blancet  (de  mime  fiiS.  voyez  au  t. 
me)  MO  tôt  .1.  bons  crsz  pocinez  641  u.  baillie  642  manque  643  Ne  8. 
■iH  Et  B.  li  a  dit  sftiiB  dote  645  Pot  amor  de  entendes  na  G4«— «50 
■>M7>Mtii  651  n.  d.  M  652  manque  655  nutjn  manque  tul  661  a 
poreel     665  de)     666  t.  en  t.  hnerfti 


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298  IX  (Héon  159S3— leoiti) 

Que  tot  entor  moi  sans  mentir 
Ferai  plein  et  bois  retenir. 
Bruu  lî  ors  te  demandera, 
«70    Por  ce  qu'il  se  mervellera, 
Que  ce  eet  qui  tel  noise  fet. 
Et  tu  li  dies  entresait 
(N'aies  mie  de  mentir  honte) 
Que  c'est  la  maisnic  le  conte 
675    Qui  cel  bois  est  et  celé  terre, 
Que  venus  sont  venoison  querre, 
Meint  a  cheval  et  meint  a  pie: 
N'i  a  uul  qui  ne  tienge  espie 
O  bon  levier  o  arc  u  hache: 
680    Encui  vouront  fere  damage 
Tuit  a  meintc  sav^ige  béate, 
Que  li  quens  vout  contre  la  feete 
De  pantecoate  sa  maison 
Holt  bien  garnir  de  veaison. 
685    Quant  cest  barat  dit  li  auras 

Molt  bien  au  meus  que  tu  sauras, 
Ce  saches  qu'il  aura  moU  cher 
Que  tu  l'atdes  a  cocher 
/        Et  a  covrir  dedenz  ta  reie, 
690    Et  tu  le  fas,  s'il  le  te  proie. 
Si  fera  il,  ce  sa  ge  bien. 
Ta  connie  près  te  toi  tien: 
Quant  bien  le  verras  estendu 
Et  un  poi  auras  ateudu, 
696   Ne  sembler  mie  ooart  ome, 
De  la  coignie  tost  l'asome! 
Fier  et  refier,  doue  et  redone 
Tant  qu'il  ait  vermeile  oorone, 
Et  le  cotel  de  bone  fourje 
700  Li  bote  par  desos  la  gorge! 
Lors  le  fai  durement  seigaer, 
Meus  vaudra  la  char  a  manger. 

667  meal'    «88»   671  oest    878  ueneots  q.    677  e    679  1« 
Enouit     698  lauras  e. 


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IX  iMéun'ieUl»— 16054) 

De  nuit  l'en  menras  au  repoat, 
Que  damage  î  aurotes  toet 

TOTi   Se  li  cuens  le  poott  savoir. 
Il  te  toudroit  tôt  ton  avoir, 
Il  te  feroit  espoir  desfaire. 
Bones  piechee  eu  porras  fere, 
Eu  tou  lardîer  le  saleras 

710    Et  de  la  pel  fere  porras 
UoU  boues  capes  a  flaax. 
Mes  garde  que  soies  loiaus. 
De  rendre  moi  mou  gerredon! 
Qar  tu  auras  molt  greignor  dou 

715  De  moi  que  de  toi  ne  prendrai. 
Car  Rogel  qnite  te  rendrai, 
Et  par  moi  auras  Tors  en  sel 
Tôt  coiement  en  ton  ostel. 
Lors  auras  to  bien  esploite.' 

730  Bien  a  fait  le  vilein  haitie 
La  gile  que  Reuart  a  dite. 
Au  recoDter  molt  se  délite, 
Ooquea  si  bone  n'out  oïe: 
Fins  de  oinc  cent  fois  l'en  meroie. 

725  'Sire  Renart.  a  grant  plente     ^ 
Anroiz  a  vostre  Tolente 
Chapons  et  gelines  et  cos. 
A  deu  vos  conmant,  je  m'en  vois.' 
A  deu  le  conmande  et  il  loi, 

730   Isei  départent  ambeduî. 

Li  vileins  a  l'oetel  s'en  vet. 
Et  Renars  vers  le  bois  se  tret . 
Que  il  amoit  plus  que  le  plein. 
Holt  a  esbaudi  le  vilein 

780    La  gile  que  Renwt  a  fête. 
De  noient  mes  ne  se  dehete, 
Ains  est  molt  lies  et  molt  joianz. 
Si  s'en  vait  a  l'ostel  chantant, 


703  nuû  7(K  damages  705  poit  706  oonuenroit  707  ferunt  710 
tn^ue  711  flaaii  TU  Mais  tu  s.  trop  greindre  TiO  li  781  diate 
1  rawmter     d«liM     734  faia    727  le  premier  et  manqtt 


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IX  iHéon  16056— lOOSO) 

Que  il  ouiâe  bien  sanz  tarder 

7J0  Avoir  char  d'ora  eB  son  larder. 
Tantoat  conme  l'aube  creva 
Li  vileins  molt  lies  se  leva, 
Un  bon  cotel  mist  boz  sa  cape. 
Se  Brun  li  ors  vis  en  escape, 

745    II  oe  s'eime  rien  ne  ne  prise. 
Une  trancaat  coingnie  a  prise 
Qu'il  mist  sos  sa  cape  a  oele. 
Un  garçonnet  a  apele. 
Avis  li  est  que  trop  demore, 

750    II  no  cuide  ja  veoir-  l'ore 

Qu'il  ait  a  son  trenofaant  cotel 
A  Brun  l'ora  reversé  la  pel. 
Ses  bues  chace  ploa  qne  il  pot, 
En  son  essart  s'en  vient  te  trot, 

TOfi    Et  le  cotel  et  la  coingnie 
Ot  de  BOZ  sa  chape  muchie. 

/  Tandis  qu'il  antent  a  arer, 

Brun  i'ors  ne  se  pot  esgarer 
Qui  del  bois  sout  tos  les  trespaa, 

760    Vint  a  l'essart  plus  que  le  pas 
D^  pâtes  derer  regibaat 
Mais  il  ne  set  c'a  l'oil  li  pent. 
Bien  cuide  que  Rogel  auen  soit. 
Vers  la  carue  vient  tôt  droit, 

76!i    A  haute  vois  Letart  escrie 
'Deslie,  va,  le  buef  deslie  ! 
Por  quoi  l'as  tu  soz  le  jou  mis? 
Tu  nel  m'avoies  pas  premis, 
Desloiau  vileïn  deputaire, 

770   Que  tu  feïsses  les  bos  traire. 
Tu  as  or  fait  ce  que  te  plot.' 
Letart  qui  molt  bien  fere  sot 
D'orne  coart  chère  et  samblant, 
Li  respont  basset  en  tranblant 


7-11  M  o.     747   oelee     708  moche     757  alet     758  lors  qne  nal  p>         { 
«Bgarder  761  derere    762  on*  lors  li   765  iHorie    T79  bien  ]  gren 

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jUnIbyGOOgIC 


IX  (Méon  16091— I6I2R)  301 

773    'aire,  or  ne  soies  pas  iriez! 

Rogel  n'est  gerres  enpiries: 

Corendroit  le  vos  ramenroie, 

Se  g'estoie  an  chef  de  la  roie. 

Ma  Foie  me  laissiez  parfere!' 
780   Renart  qui  tôt  ot  cel  afere 

Yeii  de  près  et  espie, 

Un  lonc  cor  qu'il  avoit  lie 

A  son  col,  a  mis  a  sa  boce: 

Si  fort  et  si  très  bien  le  toce 
785    Et  conmenche  a  corner  si  haut, 

Que  retentir  en  fait  le  gaut. 

Et  quant  li  corners  li  anuie, 

Si  escrie  forment  et  hue 

Ausî  cou  vénères  qui  ohace, 
7i>0    Qui  ses  cbens  envoie  a  la  trace. 

Molt  fu  granz  la  noise  et  li  bruiz, 
^     Que  molt  en  fu  Renart  bien  duiz 

Et  del  corner  et  del  buer. 

Et  Brun  l'ors  oonmence  a  muer. 
703    Le  bruit  et  la  ooisse  qu'il  ot 

De  rien  ne  H  ait  ne  li  plot: 

Ne  la  vouasist  or  pas  olr, 

Qu'il  en  cuidast  molt  mal  joïr. 

Molt  s'esmaie  et  molt  se  merveille, 
800    Ases  eaoote  et  oreille: 

Conme  plus  oreille  et  escote 

De  tant  se  crent  il  plus  et  dote. 

Molt  crent  que  levrer  ne  l'aeaille 

Et  que  venere  ans  mainz  nel  baille. 
90b    De  poor  tremble,  a  Letart  vient. 

De  Rogel  mes  ne  li  sovieat, 

N'a  or  tslant  qu'il  le  dealit. 

Simplement  et  bas  li  a  dit 

'Or  me  di,  Letart,  ne  t'anuit. 
810    Qui  a  ceete  noisse  et  cest  bruit 

TI5  irJ#E  ipioea    T78  uoie    783  m.  et  a.    T8T  A  tôt  li    769  oonme 
I»l  en  fu     7»»aeanai     800  legooate     802  il  nMn^we   806M>ttent 


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302  IX  (Méon  16127— 18162) 

Conmencîe  eo  «este  forest? 

Por  deu  di  le  moi,  s'il  te  pleet 

Par  teil  convent  que  menz  t'en  seit.' 

Letart  qui  taiadis  a'apensoit 
815    D«  respnndre  Brun  par  savoir 

Teil  cOBe  qui  resanbUst  voir, 

Li  dit  a  loi  d'orne  recuit 

'Je  t'en  dirai  ce  que  j'en  cuit.    , 
>'      J'ai  oï  dire  a  un  ribaut, 
8'2()    C'est  la  geut  au  conte  Tebaut 

Par  qui  la  terre  est  meiutenue. 

En  ceete  fores  est  venue 

Qui  est  au  oonte  tote  quite 

Et  a  tote  ^Dt  contredite 
82.)    Fors  sol  au  conte  et  a  sa  gent. 

S'en  i  troToit  autre  chaoant, 

Li  ouens  le  fereit  errant  pendre 

Que  ja  ne  l'eu  porroit  défendre 

Force  d'amis  ne  gentillece, 
830   Avoir,  proiere  ne  proece. 

C'est,  ce  cuit,  aa  mesnie  tote 

Qu'il  amena  une  grant  rote. 

Venu  BUnt  si  matin  ohacAr. 

Li  un  portent  espie  d'acher, 
^    8itô    Li  autre  arc  et  sajetes  tienent. 

Par  les  bestes  traiant  s'en  vieneut 

Et  lor  douent  meins  mortels  cox. 

Li  autre  ont  cors  a  lor  cox 

Qu'il  cornent  et  li  autre  bueut. 
810    Les  bestes  par  ie  bois  s'en  fuient. 

Ë  cens  qui  teuent  les  tevrers, 

Molt  roeillors  que  chens  a  chèvres, 

Corent  par  le  bv^is  a  esles, 

Et  li  cuens  meîsmes  après 
845    Sor  un  chaoeor  qui  tost  oort, 

Que  de  venoison  vout  sa  oort 

S12  dil  moi  plel  %\i  qui  ]  i  wpereoit  882  Eut  m  e.  f«m  n 
826  for  820  al  ni  82S  frent>lli<'e  ^^^  «en  mongur  887  npial  KH 
corneneni  p     8i2  Molt  |  Et     843  comenpnt     844  meia  s  eiilrii 


IX  (Méon  16163— lâigS)  303 

Oamir  a  oeate  pantecoste  76 

Qui  chascun  an  cent  mars  li  coate 

Et  ouan  plus  li  oostera; 
850    Que  je  cuit  que  li  cneos  fera 

NovauB  chevaliers  dusq's  vint, 

Qui  pieca  si  grent  cort  ne  tiat 

Con  il  voudra  auan  tenir, 

Que  a  sa  cort  fera  venir 
865   Le  meuz  de  la  chevalerie 

Qui  soit  desua  sa  sei^orie: 

For  c'est  si  mein  la  chose  enpriee.' 

Si  grant  poor  est  a  Brun  prisse 

Qu'il  ne  80  pot  sor  pies  tenir, 
8(W   À  tere  le  convint  venir. 

Xetart'  fait  il,  'par  ta  mérite, 

Que  je  te  clein  Rogol  tôt  quite 

E  que  tes  verais  amis  soie, 

Laisse  me  chocer  en  ta  roie 
SBâ    Et  de  la  terre  bien  me  covre: 

Por  deu  te  pri,  ne  me  decavre  ' 

A  ces  veneoTB,  ne  enseinne, 

Que  s'il  avient  que  l'en  me  preine, 

EscoTcher  me  fera  li  cuens.' 
870   'Dan  Brun'  dit  Letart,  'toz  vo  bueus 

Sui  toz  aparelliez  a  fera. 

Maia  jo  vos  loeroie  a  tere 

C'aucuns  vénères  ne  vos  oie: 

Que  li  cuens  es  auroit  grant  joie, 
87ft    3'avoir  vos  poQst  a  sa  feste. 

Enmi  une  raie  s'areste 

Bran  li  ors  qni  se  dote  tant. 

Hoc  se  coce  et  estent. 

Si  II  semble  qu'escapes  ert 
880    Dos  veneors,  mais  sa  mort  quiert  : 

Et  quide  estre  de  la  mort  loïng, 

Mais  ele  li  est  près  du  groing. 

(U8  a    849  htuin    S51  oheual'  duqna    803  uandra    854  oor    857 
it    W3  nraie    864  roe     812  fere      878  ueneom     874  Que  mangue 


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S04  IX  (Méon  16199—16234) 

Et  tiel  quide  alonner  sa  mort; 

Qui  l'aproelie  et  aprisme  fort: 
88:')    Escape  quide  eatre  por  voir, 

Et  il  B'aïde  a  descevuir. 

Lietart  qui  la  noisae  bien  plest 

Que  Renart  fet  par  la  forest, 

De  ses  deus  meins  aa  face  tieot, 
sm   Et  de  rire  a  peine  se  tient, 

Que  molt  très  grant  joie  a  oO 

De  Rogel  qu'il  li  a  rendu. 
.'    Si  l'acoilli  lors  a  coTrir 

De  la  terre  par  grant  ^ïr. 
895    Que  qu'il  le  covre  de  la  terre, 

Sa  coÎQgnie  près  de  lui  aère 

Et  son  ootel  près  de  lui  met, 

De  lui  covrir  bien  s'entremet. 

Con  il  fu  auques  bien  coTer», 
900    Lea  euz  que  il  tenoit  overs 

Li  coumande  que  il  les  cloe. 

Cil  fait  issi  cod  cil  li  loe, 

Que  de  nul  agait  ne  se  garde. 

Letard  de  rien  plus  ne  se  tarde, 
flOj    A  doua  meins  hauce  la  coignie, 

De  soi  l'a  forment  esloingnie, 

Bien  la  hauce  por  meuz  ferir. 
"      Au  ptemer  le  voudra  merir 

Le  grant  oi^oîl  et  le  dauger 
910   Qu'il  li  mena  de  son  buef  ier. 
-^  Quant  longement  out  avise 

Son  coup  n  loi  d'orne  ^eae 

Que  de  faillir  se  dote  trop, 

Sor  la  teste  jeté  le  coup. 
915    Fiert  et  refiert  de  tel  aïr 

Que  jus  en  fet  le  sanc  venir. 

Tel  coup  li  done  de  rechef 

Que  tôt  li  a  brisie  le  chef. 

g84  Que  886  i'  ]  1'  637  Retart  888  le  f.  800  ri»r  SBS  lacu^ille 
896  coingni  S98  bien]  puifl  900  Le  e.  quil  t.  aoneri  910  Qnil  Imenk 
en  qan 


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IX.  (Héon  16335— 162T0,  305 

Ne  le  crient  mes  ne  ne  le  dote. 
çnn   Par  desuz  la  gorge  li  bote 

Le  bon  cotel  qui  aouef  trenche. 

Keintenant  del  orgoil  se  venge 

Qu'il  li  fist,  ne  l'espairgne  point. 

Del  cotel  ju8()u'al  euer  li  point 
92&    Si  que  le  sanc  en  cort  et  raie 

De  tôt  le  cors  parmi  la  plaie. 

Bien  et  forment  aeigncr  le  fet. 

Un  poi  en  siiz  del  sanc  le  trait 

A  peine,  que  m  oit  ert  pesant, 
930    N'an  fera  gairo  de  présent, 

Par  lui  nel  saura  nue  qui  soit, 

Que  por  nule  rien  ne  vodroît 

Que  DUS  de  ses  voisina  soflet 

Qu'en  son  larder  car  d'ors  oflat. 
9EV^    As  meins  le  covre  au  meus  qu'il  puet, 

Ses  bues  saoho  a  l'ostel  et  muet. 

I)  fu  liez  et  fet  bêle  chrre. 

Sa  mollier  que  il  ot  molt  chère 

Apele  soi  sans  conpaîngnie' 
MO   Si  li  a  dit  'ma  douce  amie 

Qui  flpros  deu  me  faites  vivre, 

Voirement  dit  voir  a  délivre 

Li  vileins  qui  par  tôt  bien  dit, 

Qu'il  n'est  si  grana  max  qui  n'ait, 
IH^)    Ne  bien  qui  ne  nuiase  par  eures. 

Se  dex  me  doinst  plente  de  meures 
"      En  mon  plaisBÎe  por  more  fere 

Tel  qni  puisse  a  riche  orne  plere, 

Je  puis  bien  afermer  de  voir 
HM   Que  je  l'essaiai  bien  ersoir, 

Par  la  grant  foi  que  je  vos  doi, 

Et  si  vos  dirai  bien  por  quoi. 

Bien  caidai  avoir  mon  mal  quis, 

Quant  er  matin  a  Rogel  dis. 

919  MH  dtê  dtux  ne  manqur  {121  aooft  ]  bien  920  manqua  98S 
D*  vodr«ît  ]  qui  toit  9S3  nus  ntanqur  oa  pot  941  Que  9*2  Vortment 
m  I  ri    M4  qui)  uit    946  doisi    aioure     953  cuidoi 

VRXAKT      I  20 


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306  IX  (Héon  16271—16805) 

!)ô5    Por  ce  qu'il  traioit  lentement. 

Que  mauB  ore  saaz  prolaiii^enient 

-     Le  mangast  et  le  me  tousiat. 
Trestot  meiutenant  Brun  s'asiet 
Joete  moi  et  si  le  vînt  querre. 

960    Sa  félonie  et  aa  guerre 

De  moi  et  del  mien  comperasse, 
Se  a  lui  ne  m'utne liasse. 
Il  m'avoit  pria  a  maoeclier. 
Et  je  le  soi  bien  cnlacher 
-  DU.')    De  blanches  paroles  et  pestre  : 
Que  j'en  ai  este  a  boa  meatre. 
De  bien  lober  buen  meatre  sui. 
Bespit  me  dona  jusqu'à  hui. 
Mes  a  quoi  feroie  lono  conte  P 

970    Renart  qui  ici  bien  faire  s  honte, 
Tel  gile  et  tel  barat  m'iiprist 
Par  quoi  dan  Brun  oiendroit  ^st 
Mort  et  covert  dedenz  la  roie. 
Mes  or  me  conseille  et  avote 
-  975    Coameat  il  ne  fust  js  soQ. 
Que  s'il  estoit  aperceû 
0  del  conte  o  de  sa  gent, 
Ne  nos  garroit  or  ni  argent 
Que  nos  ne  fusson  afole.' 

980    Molt  doucement  l'a  acole  1 

Celé  qui  tant  savoit  de  lobe: 
Houlz  valoit  que  tote  la  robe 
Au  vilein  solemeut  sa  guimple. 
Que  trove  l'avoit  fol  et  simple: 

986    Ne  li  osot  dire  ae  fere 

Chosae  qui  II  doitst  desplere, 
Et  dcsus  le  vilein  est  dame, 
Por  ce  qu'elc  ert  gentil  feme. 
Bespondu  li  a  on  riant 

957  me  manque  95S  roeitenuit  aaiait  961  de  m.  1 
liasse  96S  monecher  985  parales  967  Iftber  Apri»  h  v. 
Uore  se  dfi  me  gart  île  honte  970  manque  971  btrut  9 
gAriroit     9R1  que     982  sa 


,  Google 


IX  (Méon  1630e— IflS46) 

ggo   'Oertes  tôt  a  mon  escient 

Yo8  donrsi  je  conseil,  baua  sire. 
De  ce  que  vos  ai  oT  dire. 
Anquenuit  devant  l'sjornee 
Soit  une  «barète  atornee: 
99a    Et  entre  moi  et  Costancate 
—    Si  le  metron  en  la  carete: 
Et  nostre  garçon  Tribulez 
Sera  o  nos,  se  vos  volez. 
Issi  porron  nos  esploiter, 

1000    Nus  ne  vos  venrn  agaiter.' 
Con  ele  a  ce  dit,  si  le  beee. 
Or  esteit  li  vileins  aoase 
De  ce  que  sa  feme  dît  ot. 
Et  du  conseil  de  li  s'esgot. 

1OO6    N'a  talant  qu'autre  conseil  pregne. 
Si  li  a  dit   bêle  conpaigne, 
Nos  le  feron  a  vostre  los. 
Tribulez  n'est  mie  si  os 
Que  de  ce  conseil  nos  decovre. 

inin    Ja  ne  li  celerun  celé  ovre, 
Bien  aurom  meetier  de  s'ahie 
Se  deu  plaist  et  seinte  Marie. 
Entre  nos  quatre  lèverons 
Brun,  que  ja  grève  n'en  serons.' 

lOlD    Ija  parole  laissent  atant. 
Jusqu'à  la  minuit  atant 
Sa  charete  a  apareller. 
N'avoit  cure  de  eomeiler. 
Il  ne  dort  mie  ne  someille. 

lOSd    A  mienuit  sa  feme  esveille 
Et  Costancete  et  son  garçon. 
S'a  pria  en  sa  mein  un  arcon 
Et  deus  6eces  a'  sa  ceinture, 
Que  bien  sont  trere  par  nature. 


Ml  ooii««il  vMKqiit  h.  dou  t.  995  Contaneete  998  noe  100 
K«it*r  1005  qs'  mangue  1007  lox  lOOft  mi  ai  1009  des  ce  1014  ler» 
lOlT  flharate     1019  dormoit  ne  i.     1021   conlsnoete     1022  B'manquf 


'c* 


â08  IX  (Méon  16351—18394) 

102Ô         Letart  après  point  ne  sejorne, 

La  carete  afete  et  atorne 

Sans  noisse  fere  a  plus  que  pot. 

Li  cbevaus  ne  ra  pas  le  trot: 

Aler  le  feit  le  petit  pas. 
tOSO    Et  la  charete  ne  bret  pas, 

Que  de  seu  l'a  voit  il  bien  ointe. 

Sa  moi  Hier  et  sa  fille  acointe 

Que  eles  ne  dient  un  mot. 

Et  lor  defent  plus  que  il  pot, 
1036    Que  de  l'agait  grant  poor  ont. 

Quant  de  la  vile  eatonnie  sont 

Entor  cino  arehies  ou  m, 

Li  TÎleins  qai  estoit  asis 

En  la  sele  sor  le  cheval. 
1040    Le  fet  tfotor  contre  un  val. 

Tant  est  aie  les  troz  menuz, 

En  aun  essart  en  est  venuz 

Ou  il  avoit  covert  Brun  l'ora. 

De  la  terre  l'avoient  Bora, 
1046    El  careti)  l'ont  mis  a  piùne. 

Litart  a  son  oetel  l'eumeine 

A  son  cotel  bien  le  depiece. 

En  son  ostel  cbascune  pièce 

Fesoit  lever  en  l'eve  olere 
105O   Entre  Costanoete  et  sa  mère. 

Le  tenoil  ou  les  pièces  soot 
~"    En  une  buce  le  repont, 

Iiitart  qui  plus  oeler  ne  velt, 

Ne  s'atarde  que  il  n'apelt 
1065    l'O  garçon,  que  il  dote  et  crient 

Por  ce  que  ne  li  apartieat: 

Et  bêlement  a  bêle  chère 

Si  li  prie  oon  il  a  chère 

L'amor  et  la  vie  de  lui, 
lOAO    Que  ne  le  die  a  nuUui, 

lOm  f  mat  manque  1026  sfe  et  1038  que  104&  loni  H  a  pne  1050 
cootuKete  1058  lui  r.  1053  uout  1054  iwplet  1055  cren  1058  U  U 
1039  Lkmort 


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IX  (Méon  18395—16482)  309 

Li  garçon  H  jure  et  afle. 

'Sire'  fait  il,  'n'en  dotée  mie: 

Que  ja  par  moi  n'iert  decoverte 

Cfaose  dont  il  vos  veigne  perte." 
1066        Sitost  Gon  li  jors  eecleira 

Renart  qui  ja  bieu  ne  fera, 

De  Malpertus  bod  fort  plaiasîe 

S'en  est  issu  le  col  baiasie. 

A  itant  de]  aler  estuide: 
1070   Que  il  bien  de  vérité  ouîde 

Avoir  les  jelînes  Lttart 

Et  avoques  le  coc  Blanchart 
''      Il  ne  sera,  ce  dit,  plua  vis. 

Il  quîde  et  si  li  est  avis 
lOTd    Que  de  trestot  sire  eetre  doie 

Et  de  Litart  et  de  la  proie 

For  Rogel  que  sanve  lui  a. 

De  loing  le  vileîn  espia 

Qui  delez  son  plessie  estoit: 
/     loeo   Une  viez  soif  i  redrecoit. 

Vers  la  tiaie  Re&art  s'eslesso 

Conftie  celui  que  fein  apresse: 

Bien  cnide  avoir  sanz  contredit 

Ce  que  lï  vilains  li  ot  dit. 
1080    Mes  autrement  est  que  ne  pense. 

Litart  l'a  veâ,  si  s'apense 

De  la  pretnesse  que  li  fist. 

Sa  aarpe  et  sa  coingnie  prist 

Dont  aguisie  avoit  ses  pens: 
/  loeo   Près  de  la  baie  ert  li  osteux 

Qui  de  la  haie  estoit  aceins. 

Damnedeu  jura  et  ses  aeins 

Entre  ses  denz,  ainz  que  s'en  tort, 

Que  Rênart  ert  a  povre  cort, 
10»    911  atent  a  It  aconter. 

'Renart  me  quide  plus  coster 

lOW  qoe     lOeSlelaon     1071  ]•  ieline      1074  qnids      1079.1080 
manquent     983.  1084  manquent     1091  Qui  maiiqve     1095  oonter 


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310  IX    Héon  ltt439— 1U4T2) 

Que  ne  me  costera  de«  moia. 
'     Il  qiiide  ore  avoir  demanoia 

Ce  que  je'  lî  ai  en  convent. 
1100    Mes  ieai  cod  il  a  aovent 

Couvent  fause  et  tant  de  foia, 

Si  eat  il  et  raison  et  droia 

Del  engiDgneiîr  qu'en  l'engint.' 

Issi  parlant  a  l'oatet  vint, 
1105    Ou  trova  filant  Brunniatin. 

Trop  laissiea  ovre  par  matin, 

9ire  tnalvea  vilein'  fait  ele. 

Et  il  li  a  dit  'demoiselle, 

Por  deu,  or  ne  voa  corociea 
UIO    Ne  a  moi  ne  vos  aîres! 

Que  ne  sui  paa  enoor  ai  foua 

Que  le  matin  mete  a  repos: 

Ëinz  venoie  ici  savoir, 

Conment  poîsse  décevoir 
1115    Kenart  qui  ci  iloques  vienL 

Lea  jelinea  s  soea  tient  78 

Et  lea  pocina,  «  quide  et  croît, 

Et  qne  Blancara  li  cos  aien  %oit. 

Por  ce  i  vient  il  abreve. 
^   1130   Et  a  ahan  iert  arive, 

Se  bon  conseil  i  pnez  trover. 

Or  i  pues  ton  aen  eaprover, 

Se  tu  ses  barst  ni  engin. 

Que  por  autre  rien  ca  ne  vin, 
1120   Et  je  ne  sai,  se  dex  me  aaut, 

Àme  fora  toi  qui  me  conaalt, 

Ne  qni  ai  conseiller  me  doie, 

Qne  je  aui  tiens  et  tu  es  moie. 

Et  devez  dire  noatre  bon, 
1180    Que  1)  conaauB  est  suai  tuen 

1101  tante  f  1103  enjpngnur  qne  len  lengint  1104  parlot  1105 
Et  t.  M  feme  Blant  1106  Qui  li  auoit  dit  en  rûut  1107  lUtin  Uiiaiet 
□lire  f.  e.  1114  puiue  1116  suens  1118  I«  nue.  J  ^|^>Ia /otnm  bUn- 
cet:  <f«  m^m«  i&HM  b*  c.  1181.  lise.  1299  1120alw  llSl  pliet  10» 
B.  pronei  1I3S  8e  b.  mr  ni 


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IX  (H4oil   1«4T3— 16,508)  Ijll 

Cou  il  est  mien  en  un  endroit. 

Pens  i  de  bon  ouer  orendroit, 

Conment  nos  puisson  estranger 

Kenart  qui  bien  quide  mangior 
USE»   Ko8  jelines  et  nos  capons. 

Certes  se  de  lui  escapone 

Par  toi  eane  oost  et  sans  deepens, 

Bons  est  tis  baras  et  tis  sens, 

Et  eî  t'aura  de^  apcDsee.' 
1140   Celé  qui  estoit  apensoe, 

Li  a  respundu  sans  demore 

Trove  ai,  se  dex  me  socore, 

Un  bon  barat  qui  molt  vaudra, 

Par  quoi  Renart  atant  faudra 
1145    A  ce  que  promis  li  ares, 

Se  por  ce  fere  le  savez 

Qoiement  eanz  aparcevanoe. 

Trois  mastins  des  mellors  de  France, 

(Li  pires  des  trois  ne  le  dote 
IIM    Qui  sont  laiens  en  celé  crote) 

Amenez  coomc  veiziez. 

En  voatre  granche  les  liez, 

Et  gardes  que  bons  lienz  aient. 

Del  pain  lor  doues  qu'il  n'abaient: 
1156    Que  tost  porroent  esmaier 

pAn  Renart  par  lor  abaier. 

Si  s'en  fuiroit  a  sud  recet. 

Issi  n'anreon  nos  rien  fait 

Et  seroit  a  reconmencher. 
1160    Or  le  laissiei!  bien  avancher 

Et  tôt  asoûr  ca  venir. 

Les  mastins  faites  détenir 

A  vostre  garconet  tôt  trois 

A  l'uis  de  la  grange  detrois. 
1166    Quant  Renart  sera  aprocies, 

Les  chiens  maintenant  li  huies, 

1133  Mtrangler     1135  nos]tes      1137  Par  toijOe  li      1136  tiit 

lus  Boudn     1143  que     1150  eit  Uez     1152  garche  et  L      1153 

la    I15S  noi  jnule    1159  reoonmeclier   1166  Leal  aler  les  ob.  et  h. 


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iX  (Uéoii  18509— lffâ48) 

Et  cil  les  laist  aler  après: 
S'il  le  poent  teair  de  près, 
Il  li  dépèceront  la  pel 

1170   Et  li  feruat  roge  oapal. 

Molt  vos  vaudra,  si  con  je  cuit, 
Bien  sa  gorge  set  sols  ou  huit, 
A  ce  que  ele  est  de  eeison. 
Issi  con  le  di,  le  faison, 

1176   Que  ja  ne  porreem  meulit  fere. 
Et  vos  por  plus  Renart  atrcre 
Qui  ja  est  si  près  avales, 
A  nostrc  haie  vos  alez 
Et  Toetre  ovro  reconmencîe», 

1160    A  ReDart  de  rien  ne  tenciez: 
Se  il  dist  Blaochart  li  donez. 
Et  vos  par  bel  li  respones 
A  po  de  parole  brefment 
"Renart,  saches  veraernent, 

1186    Ja  ne  devroes  avoir  cure 

De  Blancart,  qui  a  la  car  dure 
Et  ne  maDJue  que  ren  vaille 
Fors  ice  que  prent  en  la  paille, 
Et  que  il  ne  seroit  pas  cuit 

1190    Ed  un  jor  et  en  une  nuit, 

Qui  le  metreït  quire  orendroit. 
Tendre  ohoae  vos  oonvendroit 
A  vOBtre  manger:  jelinetea. 
Chapons  et  oisons  et  poletes. 

1195   Et  se  vos  nel  voles  laissier, 
Je  1o  vos  ferai  engraoier 
Quinze  jors,  si  ert  vostre  ptou 
Que  il  n'est  ore  a  manger  prou." 
lesi  le  porron  losenger 

1200   Le  traîtoF,  le  losenger. 
Itex  paroles,  itex  dit 
Si  vaadrunt  bien  un  escondit. 
Quant  ces  paroles  li  diroiz, 


Iieotenoeii  I186qnt  110&n«l]l«  120Sdi 


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IX  (Mfon   )))34»~165H4| 

Aaes  plus  bel  l'escondiroiz 

1306    Que  se  ves  tenceez  a  lui. 
De  lui  nos  vengeront;  enoui 
Claviax  et  CorbeJ  et  Tison, 
Qui  Ten  ameoront  a  meson. 
Ci)  troî  sel  poent  acoper, 

l:!10    Jamais  n'iert  a  nos  a  soper 

Et  ja  ne  querra  rien  du  nostre.' 
'Foi  que  âoi  saint  Pierre  l'apostre, 
Bêle  suer,  bons  est  li  consauz, 
Ja  si  n'en  ira  or  les  sauz 

1311)    Renart  que  nos  no  le  preignons 
A  l'aide  des  troi  gaignona 
^     Qui  li  ferunt  une  envaîe. 
•^  Si  eu  aura  moster  d'aîe, 
Se  il  le  pooient  abntre. 

i2-.'0   Je  m'en  vois  a  la  soif  eebatre, 
"      Que  il  ne  face  aucune  ganche. 
Li  garçons  tienne  en  la  granche 
Les  chiens  si  cou  vos  l'avea  dit: 
Quant  je  huerai,  sis  deslit.' 

1!23S         Atant  va  arere  a  la  haie. 

Renart  que  fein  grieve  et  esmaie, 
S'en  va  a  la  haie  le  trot 
La  ou  li  vileins  sa  aoit  dot 
■'     Et  agiiise  les  pex  et  fioe. 

1380    Entre  ses  denz  jure  et  afice 
Que  cher  lï  vendra  celé  vote. 
For  ce  que  Renart  ne  te  voie, 
EnbroDce  sa  chère  et  abaisse. 
Renart  vers  le  vileîn  s'eslaisse, 

1335    Et  li  dit  'dex  te  saut,  Litartl 
Ya  moi  quurre  le  coc  Blancartl 
Je  le  doi  avoir  par  raison. 
N'oâsses  pas  en  ta  meson 


1306  nen^eron     1209  le  p.  «osper      1212—1314  manqutiit      1216 
1218   û  luwra     1220   Je  en   noil      a)wtr«     1226  pre     1280 


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ol4,  IX  (Méon  1K585— 18«20> 

Brun  l'ors,  se  ne  t'oQaae  apria 
1240    L'engin  par  quoi  l'aa  mort  ot  pris. 

Je  en  doi  eatre  bien  a  cort.' 

Litart  a  fait  aernblant  de  sort 

Auei  conme  s'il  n'oTst  gote. 

Renart  en  la  haie  se  bote 
1345    En  la  manere  de  fureït, 

Et  s'apcnee  qu'il  li  direit, 

Et  It  a  huce  de  rechef. 

Li  vileine  a  hanche  son  chef 

Et  l'a  en  travers  regarde: 
1250   'Sire'  fet  il.  'de  la  part  de,  79 

Estes  vos  por  le  coc  venuz  ? 

Il  est  et  megres  et  menuz 

Qu'il  ne  manjue  aule  riens 

Fora  ce  que  il  trove  el  flena. 
125EI   Trop  eat  chaitia,  n'a  que  lea  os, 

Et  la  plume  le  fait  ai  gros. 

Se  la  demore  ne  vos  tarde, 

Encore  n'aura  li  coa  garde: 

Huit  jora  ou  quinze  le  laiaaiea 
1260  Tant  que  soit  un  po  engrasies 
-       Et  si  vaudra  il  aaes  meuls. 

Ensorquetot  il  est  trop  vels. 

Bien  a  passez  trois  nnz  ou  quatre. 

N'i  pon-tez  la  dent  embatre 
1265   Et  vos  briserees  lea  denz. 

Se  Jbesu  Criz  me  soit  garanz. 

Et  je  aeroie  fort  iries, 

Se  vos  esteea  enpiriez 

Par  chosae  qui  de  moi  moûat. 
12T0    Mes  qui  jounes  pocina  oOat, 

O  un  oiaonet  gros  et  tendre, 

Bien  vos  i  portées  entendre. 

Je  n'ai  oapon,  oison  ne  polie, 

Holt  ramasse  a  vostre  gole, 

1841  Jeu  1349  con  1245  feieret  1246  que  il  12KS  Qui  1855  chcn 
1S5T  torde  12G9  ion  manque  1262  Ensorquelant  tro  1964  deni  e»- 
bktre    12S6  g^nai    1270  que 


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IX  IHéun  Ilts2B— 16litl2.l 

127â    Se  l'ouBse  de  qnoi  soigner. 
Que  ja  bom  De  doit  esloigner 
Son  ami  qui  se  mot  en  soi. 
Certes  quo  volenters  iro8  voi 
Conme  bon  ami,  et  lie  fusse 
1280    S'aucune  bons  rien  oiisse 

Dont  je  vos  pousse  somondre. 
Ne  sofiaae  a  vos  respondre 
Kulo  riem  qui  vos  doQst  plere.' 
Or  ne  se  pot  Renart  plus  tere, 
1-285    Avis  H  est  que  trop  ae  tost: 
Que  il  li  anuie  et  desplest 
La  menooigne  4]ue  il  entent. 
'Fol  vilein,  trop  as  dit  atant, 
"    Or  me  represte  le  freatel! 
1290    Tu  me  quides  et  bien  et  bel 
Avoir  escondit  de  Blaucart. 
Et  je  sai  tant  eDgin  et  art 
Ases  et  plus  que  ta  ne  fes. 
_    Je  t'ai  d'un  mott  anoiax  fes 
ISOS    Et  délivre  et  descarge, 
Que  je  t'ai  Rogel  atargo 
Et  t'ai  BroQ  par  mon  sen  done. 
Tu  m'avoiea  abandone 
Blancart  le  coc  par  ta  parole: 
1300    Or  as  este  a  autre  escole. 
Desloiax  vileins,  faua  et  sera. 
De  belea  paroles  me  sers. 
Je  aai  bien  oonoistre  tes  bordes 
-  Et  tes  tobes  et  tes  falordes: 
1306   Et  tu  m'as  promis  sans  doner. 
Mes  par  eelui  qui  fet  toner, 
Damage  auras  ainz  quinseine, 
En  ta  premesse  qui  est  veine- 
Tu  entens  ore  a  flater, 
1810    Mes  de  dol  te  ferai  i^rater. 


I2TT  que  1879  le  f.  ISSS  le  moHifut  I2S6  desplet  1294  dont  m. 
1295  «t  ,<Mknge",  d«i  180U  Or]  Tu  autre  ]  tele  1301  faut  «wingu* 
I30S  ta*  manque     1308  qm     1300  que 


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IX  (Héon  4«tlBIi— -tHTlU) 

Far  bordes  quides  escaperV 

Je  te  ferai  encor  fraper, 

Desloisus  escoamuDÎez. 

Or  si  bien  este  merciez 
1315    Par  toi  qui  bel  m'as  aceîlli, 

Et  bêle  chère  m'as  fait  hui. 

PuADt  vilein,  con  estes  leres, 

Esteez  devenu  guileresP 

Je  vos  vendrai  chier  vostre  guil& 
1820    Hui  est  li  jors  que  trop  avile 

Lecherie  et  bole  empire. 

Quant  tu  rae  cuides  desoonfire. 

Damage  i  auras,  je  t'afî. 

Des  ore  en  avant  te  défi, 
lâ2A    Des  ore  te  serai  nuisant.' 

Litart  qui  fu  a  mal  pensant 

Et  qui  es  trois  mastios  se  fie, 

A  rospundu  par  felonnie 

'Benart,  pou  voi  nali  qui  face 
laiO    Grant  hardement  qi  si  manaoe. 

Ton  pooir  fe  sanz  manaoer: 

Ja  ne  ti  verras  enbracer, 

Ne  prier  por  pes  ne  por  trives. 
"     Ne  pris  pas  deus  foilles  de  cives 
138     Ton  manecer  ne  ton  vanter. 
'-  Sut  je  chaz  a  espoenterP 

Je  ai  meinto  manace  oie: 

Ja  por  ce  n'ert  moins  esjole 

Ma  mesnie  por  ceste  cose, 
1840    Ne  nostre  porte  plus  tost  close. 

Je  sui  cil  qui  poi  creu  et  dote 

ToD  pooir  et  ta  iorce  tote. 

N'ai  poor  ne  garde  te  toi. 

Po  de  tex  maneceors  voi 
1345    Qui  parolent  si  egrement, 

Qui  aient  gères  hardement, 

911  b.  mu  q.      1815  qne     1SI7  este  1.     1919  mangue     1821  rôle 
rai  a  n.      133S  ai  ti  nearaa      1S83  pries    1B34  m^Hq-a     1SS5  h» 


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IX  (Méon  16711—11)754)  317 

Quant  vienent  a  un  po  d'efora. 

Tu  es  aaes  sa^es  et  fors: 

En  toz  inee  nuiaenienz  te  mpt 
1360   Et  de  moi  nuire  t'entromet 

Et  en  apert  et  a  oele! 

Tu  m'aa  ici  aerf  apele 

Et  traîtor  et  deeloial: 

Mes  je  te  puis  plus  fere  mal 
1305    Que  tu  ne  porroïes  moi  fere. 

Je  ne  te  qier  mats  a  retrairo 

De  moi  fere  mal  et  anui. 

Je  te  conmencerai  aacui 

A  nuire  et  a  contralier. 
1360    Robelet.  va  tost  deelier 

Les  trois  mastine  et  si  les  hue!' 

Li  gai's  sa  chape  a  terre  rue, 

Les  chena  liua  et  après  cort. 

Li  mastin  Baillent  de  la  cort: 
I3fl»    Apres  lui  corent  abaiant. 

DbI  atendre  est  il  noient, 
—  Ne  li  feront  pas  see  aviax. 

Près  de  lui  s'areate  Claviax, 

Et  l'aert  as  dpna  par  l'oreille 
1370   Qui  en  pou  d'ore  fu  vermeille. 

Ne  li  est  mie  li  Jox  bana. 

Qu'après  celui  veneit  Corbax. 

Lea  denz  en  la  coe  li  bote 

Que  il  H  a  ronpne  tote, 
13Ttt   Et  par  dejoste  te  crépon 

N'i  remeiat  que  le  boteron. 

Par  ces  ne  fust  pas  retenus, 

8'apres  ne  fuat  Tison  venus  80 

Qui  l'a  mors  et  li  depelice 
1380    Par  deans  le  dos  la  peliee 

Que  il  ftvoit  et  grande  et  lee. 

134T  Con  nient  134S  et  grott  lS49  nuisement  1S50  Et  manqur 
n.  et  tant  i  nt  1351.  13E2  iHltrterli»  1S56  retrare  1359  contre  alîer 
I3M  >t«indre  136H  ohauiax  1370  merueille  137e  lauait  m.  et  d.  1980 
doa  de  I*    1381  U  prtmirr  et  tnan-jur 


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31S  IX  (Héon   16766—10807) 

Hoc  li  a  tote  p^lee, 

Jnaqu'cn  k  vive  oar  !'«  morn. 

A  peines  est  de  la  eatora 
iaA5   Renart  qî  estoit  deplaiea 

Kt  de  seinier  afebloies, 

Sivro  le  poûsaies  par  trace. 

3i  est  pensia,  lie  set  que  face. 

j'    Bien  set,  n'i  a  mester  peresce, 

1800    9e  en  son  cuer  n'atret  proece: 

Que  vors  les  ciiens  n'a  nule  force. 

D(t  son  cors  aieser  e'eforce. 

À  Malpertuîs  en  vint  les  sauz 

Ou  gaires  ne  crent  lor  asaus. 
13116    Con  il  entra  eu  Alalpertuis, 

Si  ferma  sa  porte  et  son  huia. 

Il  se  pleint  molt  et  se  dehnite. 

S«a  plaies  li  lie  et  afaite 

Hermeline  qui  est  sa  feme. 
HOO    Renart  li  a  dit  'douce  dame^ 

Ou  inonde  a  une  merveille, 

Que  cil  qui  a  mal  fere  veille, 

Cil  qui  mordrist  et  cil  qui  emble 

Et  qui  autrui  avoir  asembie 
140&    0  par  faiu  plet  o  par  usure 

Et  qui  de  loiaute  n'a  cure: 

A  celi  ja  mal  ne  carra 

Ne  ja  ne  li  mesavendra. 

Plus  mescbet  il  et  mesavient 
1410   A  oelni  qui  a  bien  se  tient. 

Je  di  ce  que  je  soi  de  voir: 

Je  qui  Boloïe  décevoir, 

N'avoie  de  oose  digeto 

Qui  por  aisse  d'orne  fust  fùte. 
Utfi    Et  por  oe  que  je  voil  bien  fere, 

Qui  onques  mes  ne  me  pot  plere 

Et  que  je  ai  pou  meintenu, 

■889  proeœ  1890  leeoe  13»4  ma.  1398  e  ISItS  que  140]  O 
\¥iH  morilrit  1405  fkuii  manque  ousure  1409  il  KuntqHt  1412  qw 
1414  por  4  AÎfiie     1417  iai  p. 


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IX  (M^on  16«0B-16».->1)  319 

Por  ce  m'est  il  meaavenu. 

Jftmes  nul  jor  bien  ne  ferai 
Miffî    Ne  ja  vérité  ne  dirai, 

Resoa  ne  loiaute  ne  drois. 

Por  ce  que  oan  une  fois 

Avoie  a  bien  fere  entendu, 

M'ierent  li  diable  rendu. 
H35    Certes  jamais  bien  ne  ferai. 

Ne  jamais  ne  le  meintenrat. 

Plus  ai  oii  et  honte  et  let 

Por  un  sol  bien  que  je  ai  fet. 

Que  por  mal  que  je  feïsse  onques.' 
14.%   'Sire'  fet  ele,  'dites  donquee 

Qui  ce  vos  a  fet  et  conment?' 

Fet  ele  j'o  le  vos  conmant. 

MoU  par  estes  depeliaces, 

La  vérité  en  délices, 
I43ri    Con  vos  estes  si  desoîrcs.' 

Renart  qui  estoit  fort  ires, 

A  respundu  en  aospirant 

'Or  me  va  force  enpirant, 

Hermeline,  ma  douce  amie, 
mo    Et  por  00  ne  lera  ge  mie 

Por  dolor  ne  per  fcblete 

Que  vos  n'oes  la  vérité 

CoDRient  ai  este  asalia 

Et  coDRient  ai  este  bailliz, 
M4&   Cooment  ai  mal  por  bien  trove. 

Je  qui  Bovent  ai  esprove 

Hon  seo,  ma  proeœ  en  tos  lex, 
--    M'en  aloie  to*  famellex. 

Un  poi  devant  none  l'autrier 
U50   En  aloie  par  un  sentier 

Qui  bien  eatoit  près  del  essart 

A  un  vilein  punea  Litart 

Qui  m'a  ces  te  sa  usa  e  meQe. 

1418  ma)  matau      1419   f«ra       1427    hou     le  premirr  el  Manque 
.ir«s'  Tort    1438  enprant    1442  lauentnre    1445  bien  por  mal    1446 


qur      1449  Iautr« 


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B20  IX  (Méun  16851— 16B90) 

Molt  grant  poor  aroie  oûe 
14lk>    De  deus  maatiiia  qui  me  sivoient 

Et  bien  pr^a  dn  moi  abitotent. 

Vu  pou  genci  hors  de  la  voie 

Por  ce  que  sana  dote  savoie, 

Se  il  retenir  me  poâasent, 
U60    Qu'en  petit  d'ore  mort  m'oûssent, 

JEt  si  fuasc  trop  mal  mone, 
^    Quant  trovai  un  chesne  clieve, 

Que  molt  estoie  ja  lasse. 

En  pou  d'ore  fui  repasse, 
14ft5    Sn  nul  liu  n'avoie  este  mors. 

Puis  que  des  maatins  fui  estora 

Sanz  plaie  avoir  par  ma  proescp, 
^    Petit  prisai  celé  laseco. 

Tantdia  que  je  me  reposoio 
1470    Ou  Gros  qui  ert  delez  la  voip 

Qui  ert  del  essart  Litart  près, 

Si  ol  le  vilein  engres 

Qui  a  son  buef  se  dementoit, 

Et  ne  hoiloit  oo  ne  ohatitoit. 
147:')    Il  ploroii:  si  n'avoit  pas  tort, 

Que  par  ire  et  par  desconfort 

A  dan  Brun  l'ors  premis  l'avoit, 

Ne  de  lui  conseil  ne  savoit. 

Con  il  me  conta  son  afere, 
IJSO    Lors  conmenca  je  bien  a  fere. 

Je  qui  onques  mes  bien  ne  Hz: 

La  quit  je  que  je  me  mosfiz 

Quant  je  fia  bien  a  mal  oiir. 

Le  vilein  fis  lie  et  sefir: 
1485    Por  le  vilein  devin  venerres. 

Tant  fis  que  li  vilein  mentierres 

13FUn  Vora  ocist,  si  l'en  mena. 

Tel  gerredon  rendu  m'en  a: 

14S5  luoient  1480  Que  en  mort  manque  1461  Hoquet  molt  m>l 
démine  14B5  nai  e*te  14A7.  146H  matiguent  1474  h.  ne  eh.  1415  paa 
MOTHyuc  1476  Q.  1478  Np  ]  Qui  1481.  U<)2  mimqwHl  1483  ftu  1485 
deoint  nat'reR    1486  uU'em 


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IX  (Héon  16891— 1692B)  321 

Âpres  moi  a  ses  ofaens  hnes. 
1490    Bien  ai  este  despelicez 

Si  con  il  est  apariasant. 

Âusi  m'est  avis  que  je  sant 
''  Lor  denz  ez  oreillez,  ez  nacltes. 

Ma  coe  ont  retenue  en  gagée 
149A   Lez  troi  msatiDS  a  lor  eaoher. 

Mes  Litart  le  cooperra  cher, 

Se  do  tôt  mon  sen  ne  déclin^.' 

'Lesaiez  ester  dist  Hermeline, 

'Ne  soiez  pas  si  ezmaiezl 
1300    Ja  n'estes  vos  gaires  plaez: 

Or  vos  defissies  déporter 

De  cest  mal  et  reconforter, 

Que  vos  estes  en  espérance 

De  prendre  hastive  venjance, 
1505    S'un  po  vos  Toleez  pener. 

La  charrue  en  porois  mener, 

Dépêcher  et  el  bois  repondre. 

Le  vilein  porrois  ei  confondre 

Petit  et  petit,  totee  voiez. 
IBIO    0  vos  li  enblez  ses  ooroiez;  81 

Issi  le  porriez  grever 

Que  de  dol  le  ferez  crever, 

Le  vilein  félon  deputere. 

Ja  ne  doûseiez  tel  dol  fere. 
'i&15   Ce  vos  doâst  tôt  dedoloir 

Que  vos  Bolonc  vostre  voloir 

En  esclaireres  vostre  ouer.' 

'Bêle  oonpaigne,  doce  sor' 

Dît  il,  'bien  ert  faite  la  chose.' 
IB30    Unit  jors  tos  pleners  se  repose 

Que  il  en  avoit  grant  mester. 

Ses  plaies  a  fait  afaîter 

A  Hermvline  bien  eovcnt, 

Et  ele  de  cuer  i  entent. 

1493  \*\  A.  Ipi  o.  len  Dagcfi      U94  La      1496  conpera     1498  dit 
M  porr#M     15II  porre^z     1S2I  Qui)     1523  nsuent 

KEXAKT     I  81 


,l.n.b,.G00gIC 


322  IX   (Héon  16929— 16!IT0) 

1526        Benars  de  aa  plaie  se  delt. 

Por  ce  que  il  reoovrer  velt 

Sa  force  que  avoit  perdue, 

Bien  ne  fet  ne  ne  se  remue 

De  Malpertua  sa  maison  fort. 
ifiSO    Ce  li  done  grant  reconfort 

Que  il  set  que  bien  grèvera 

Litart,  con  il  s'en  penera. 

Huit  jore  tos  pleners  i  sojorne. 

  mîeauît  un  main  s'atorne, 
1536    Por  le  vîleiti  contralier 

Qui  ses  bues  a  pris  a  lier. 

Et  tandis  cou  il  les  asamble, 

Kenare  ses  coioiea  li  emble, 
'~      Que  bona  mestres  eatoit  d'enbler. 
1610    Or  puet  li  vilein  asambler  ~ 

Ses  bues  et  amener  en  toit. 

Il  crioit  en  haut  et  chantoit 

Con  hom  qui  d'agait  ne  ee  garde. 

Et  plus  n'i  demore  n'atarde. 
1645    Vera  le  boisaon  en  ala  droit, 

Et  les  coroies  pas  ne  voit. 

Quiert  les  et  requiert  par  la  terre, 

Et  encor  les  poist  il  querre, 

Con  dit,  qui  ne  trove,  ne  prent. 
1660  Et  li  vileins  tôt  d'ire  eeprent, 

Jure  et  rejure,  ai  a'espert  * 

l'or  ce  <|ue  sa  Jornee  pert. 

Il  est  dolanz  et  treapensez, 

Et  de  Renart  a'est  apensea 
1555    Que  par  ire  le  defîa. 

'Âtaa!'  fait  il,   il  m'espia, 

Renart  li  lerea,  li  traîtres. 

Car  le  tenist  la  mort  sebitezl 

Le  gerredoD  m'a  pris  a  rendre 
1560    Por  ce  que  je  ne  li  voil  rendre 

1526  uglt  1528  f.  ne  ee  i.  1532  m  p.  1533  pleiiu  î  sorgnut 
1534  matin  aatonift  153R  aex  a  chacer  1340  pot  1547  reqnier  154K 
pnrore     1550  u.  de  tôt     1551  et  manqur     1554  n'manque     1669  m'man^r 


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IX.  (H£on  lfl9TI-lT00S^  3 

Blauchart  que  devoit  estre  sueas. 

Li  gerredone  n'en  est  paa  boens. 
—  Je  ne  puis  a  lui  forooier, 

Il  nie  porroit  ja  pecoior 
16B&   La  teste  que  ja  nel  verroie. 

Volentcrs  m'en  repentiroie, 

Se  rien  i  valoit  repentanoe. 

Mal  i  6e  onques  desfiance 

A  Renart  qui  si  me  puet  nuire. 
1570    Et  a  s'entente  a  moi  deatruire, 

Que  ce  emUe  don  ai  besoing. 

11  seit  que  li  marchez  est  loing, 

J'auroie  aincoie  maint  pas  marchie 

Que  fusse  venu  au  marche. 
^  Ift75   Si  en  eereit  H  aler  grès 
»-  Que  la  voie  n'est  mie  bries, 

^      A  oe  que  tort  sui  de  deus  bances. 

Or  puis  oan  mes  en  amanohes 

Les  bues  par  ces  chans  envoier. 
1&80   Bien  me  fet  Renart  desv^ier 

Do  mon  besoing  et  destorber. 

Mal  gre  mien  m'estuet  sejoroer. 

N'oiJBse  meater  de  sojor 

Ne  de  repos  ne  nuit  ne  jor. 
1686    Toz  jorz  me  croist  ovre  et  entente.' 

Tandis  que  Litart  se  démente, 

Timer  li  asnes  Espanoia 
■•'    Qui  ne  crent  jelee  ne  uois, 

Oï  dementer  son  seignor. 
1690   A  li  est  Tenu  sans  demor. 

Or  saura  il  qu'il  a,  s'il  puet. 

'Sire"  fet  il,  'il  vos  eetuet 

Bon  conseil  prendre  et  demander, 

Qu'en  ne  ^ oroit  pas  amender 
—  1696    Einsi  vostre  avoir  ne  aorestre. 
—        Le  vaillant  d'un  povre  cevcstre 

1561  bUncharB que  Beoii  15G2mieii8  1565iien  15B9pot  I570h« 
taaae  I&71  Que  don  1573  uaint  1579  b.  oui  nés  e.  15S1  besoin  1° 
Mtot    1583  N«o.    1585faoure    ]r,8ftnoir    li)i>2  S.  atit  il    1596  pore 


324  IX  (Méon  1700T--1T064) 

Renart.  s'il  puet,  oe  tob  Uira, 

Que  envers  Toa  félon  cuer  a. 
•^     S'entente  est  a  vos  eseilleT. 
1600    Et  bien  vos  aanrat  conaeiller, 

Conment  Renart  iert  abetez, 

Se  loîaument  me  prometez 

A  douer  une  mine  d'orge.' 

'Timer'  dit  Litart,   par  seint  Jorge, 
1605    Se  par  voe  eetoit  enginniez 

Li  reproves,  li  rechigniez, 

Je  vOB  donrai  tant  cherdon  tendre! 

Et  qui  est  qui  le  porroit  prendre? 

Jenz  eugigne,  oisiax  et  béates, 
1610    Qui  Bovent  fet  croisir  les  trates. 

Je  ne  saî  ore  ome  si  sage. 

Ko  oisel  ne  beste  sauvage 

Qui  Renart  poTst  décevoir, 

Por  qoi  jel  poï^^se  savoir, 
1616    Que  je  ne  l'alasse  requerra 

La  outre  la  mer  d'Ënglcterre. 

Quo  trop  set  Renart  renàrdie, 

Nuie  beste  n'est  si  hardie." 

Timer  respont  en  dît,  ce  quît, 
—  1620    Encontre  veizie  requit. 

Quidiez,  Renart  ait  tel  eûr 
~-   Que  il  eoit  ades  asedr? 

Renart  le  larron  o  sa  feme 

Vos  rendrai  par  col  0  par  jame 
16î6    Forment  lie  a  vos  coroiez.' 

'Et  conment  fere  le  porroiez?' 

'Q'i  ai  bon  barat  porveii 

Par  quoi  i)  seront  deceû, 

Dont  il  ert  mort  et  ele  morte. 
1680   Mort  me  ferai  devant  la  porte 

A  Malpertniz  le  snen  repère. 

Bien  saurai  sanblant  de  mort  fere. 

1R04  8.  iorge  IfHW  Li  eprouex  et  li  1600  béate  1610  U  tente  1811 
■I  ge  IBIS  ne  nen  H.  IRIT  R.  de  r.  1618  h'die  1820  u.  cequit  tlUl  Q. 
qoe  B.  t.  Puer     1624  o  ]  n     1«2S  ieron 


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XI  (H«oii  17066—17107) 

SitOBt  ooD  il  me  troveront, 
A  mes  membres  se  lieront 

1035   De  vos  coroiez  conme  fol. 
Et  je  soaleverai  le  col, 
Fuiftut  les  en  amènerai.' 
Timer,  toisate  vos  tenrai. 
De  mon  orge  aurez  vostre  part.' 

1840   Atant  d'ilecques  se  départ, 
Et  s'en  ala  grant  aleflre, 
Et  le  grant  trot  et  Vembleûre 
Tant  qne  il  vint  a  Malpertuia. 
Tout  eetendn  se  oouohe  a  l'uis, 

1645  De  terre  a  le  musel  couvert. 
Hermeline  a  son  huia  ouvert, 
La  famme  Renart,  si  le  voit. 
'Sire  Renart,  se  àiex  m'avoit, 
A  plante  de  la  char  avons. 

1650   Ja  tant  despendre  n'en  saurons 
Deus  mois  de  l'an,  conme  est  ici 
Devant  cest  huis,  la  dieu  merci. 
Je  voi  ester  ici  selonc 
Un  asne  qui  est  gros  et  lonc. 

1665  II  est  mors  ore  devant  nonne. 
Les  couroies  Lietart  me  donne, 
Que  je  les  voudrai  ataohier 

À  lui  et  a  moi  pour  sachier 
Et  pour  atraire  le  oeens.' 
1660    'Foie'  dist  Renart,   c'est  neens. 
8e  tu  veulfl,  si  i  tire  et  sache, 
Je  n'i  trairai  hui  que  je  sache. 
Ja  diex  ne  m'aït  ne  li  saint, 
8e  je  ne  cuit  que  il  se  faînt. 

1666  Pour  fol  me  velt  espoir  tenir. 
Tost  t'en  pourra  mesavenir, 
8e  ta  ans  courroies  t'ataches. 


Les  «trs  1837  —  1767  manquent  dan»  h  mtc.  A.  à  atuat  de  la  ptrte 
d'uHt /^Mt;  iUaoniauppUétparlemtcD.  IS44  Et  e.  1645  ot  1648 
R«ii«rt  ]  fût  eUe  IS&S  m.  deiMr  d.  1661  mI  1. 1.  1662  Hu^  117  tirerai 
a.     168&  uenla 


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326  •  IX  CUéon  17108—17145) 

Mors  le  dont  tout  avant  ea  nachee, 

El  pis,  en  la  teste  et  es  flans 
1670    Si  forment  qu'en  saille  li  sans: 

Et  se  par  ce  ne  se  remue, 

Si  l'en  pourras  mener  en  mue, 

Fuis  que  pour  voir  le  sauraa  mort.' 

Atant  court  celle,  si  le  mort, 
1675    Par  devers  la  nache  l'assaut 

Durement  que  li  sans  en  saut 

Ou  pis,  es  flans  et  en  la  teste. 

Maie  Timer,  qui  ert  dure  beste 

Et  qui  trop  mal  endurer  puet, 
16B0   Ne  se  remue  ne  ne  muet. 

'Renart'  fait  elle,  'or  es  mauvais 

Qant  pour  les  courroies  ne  vais: 

Il  est  mors,  jel  te  di  sanz  faille. 

As  tu  paoar  qu'il  ne  t'assaillef 
1686    Tu  crienz  pour  fin  noient  et  doutes, 

Aporte  les  courroies  toutes 

Que  tu  getas  derrier  la  porte!' 

Genars  les  courroies  aporte 

Qui  doute  encor  qu'il  ne  se  faigne. 
1690   Mais  elle  li  monstre  et  enseigne 

Conment  il  feront,  et  li  neac 

La  plus  fort  courroie  a  la  queue. 

'Renart'  fait  elle,  'ci  treras, 

Et  de  tirer  charge  seras. 
1695    II  poise  pour  ce  qu'il  est  more: 

Et  tu  qui  es  assez  plus  fors 

Que  je  de  totes  ovres  faire, 

Dois  devers  le  plus  pesant  traire. 

Et  je  trairai  selonc  ma  force. 
1700    Mais  que  tu  de  traire  t'efforcc!' 

Plus  ne  demeurent  ne  ne  dient, 

Ans  courroies  forment  se  lient. 

Comme  il  se  furent  atachie, 

I6S9  Ed  p.  on  e«  1675  hanche  167T  et  m  coites  ie78darboteE 
16S2  peur  inanque  g.  sporter  ne  1691  noaez  1696  uaei]  encor  16S7 
Qui  de  toat  lan  enure  ne  f. 


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TK  (Héon  I7UB— 17181)  327 

Tant  ont  et  tira  et  sacfaîe 
1705    Que  traîne  l'ont  eor  le  sueîl. 

Tymera  li  asnes  ouvri  l'ueil 

Et  a  levé  la  teste  en  haut. 

En  talent  a  que  il  s'en  aut 

Mes  que  bien  lee  voie  liez. 
1710  Et  Renare  conme  veziez 

Li  vit  la  teste  remuer. 

Bien  set  que  il  les  veult  grever. 

Et  ei  est  es  péril  de  mort, 

Se  par  f^uile  ne  li  estort. 
1716    II  se  doute,  sa  famme  apelle 

'Henneline  m'amie  belle,  D86 

Âconr  ca  toat,  ai  tne  deslie! 

La  parole  m'empîre  et  lie 

De  la  puor  de  l'ort  pertuîs 
1720    Qui^me  vient  au  nés,  plus  ne  puis 

Poor  souffrir  ne  endurer 

Ne  piua  ci  longuement  ester, 

Acourez  ca,  ae  diex  vous  saut, 

A  pou  que  li  cuers  ne  me  faut. 
1730    Ceste  puour  orde  et  punaise 

Plus  que  n'est  pertuîs  de  prîvaîae, 

U'a  ja  le  corps  affebloie 

Et  de  traire  tout  desvoie. 

Se  m'en  plaing,  ne  m'en  dois  blâmer, 
1730    A  pou  que  ne  me  fait  pasmer 

Celle  puour  qui  ou  corps  m'entre. 

Doloîr  me  fait  le  cuer  du  ventre 

Li  ora  vena  du  pertuîs  punais. 

Miex  vousiase  estre  sur  une  ais 
17^   De  privée  ou  me  gefisse 

Que  près  du  pertuis  du  cul  fusse 

Qui  ici  me  fait  mal  au  cuer, 

Certes  ja  morrai,  belle  suer, 

II  me  sert  de  trop  (ûgre  vent 

1705  Atrsine  lont  deuus  leur  1711  Le  1715  II  |  Et  ITIT  tost  ca 
1722  ei  I  or  1736  priooiae  n35me]ie  1736feai«e  ITSTgi  m.  auenant 
1738  v.  Ineii  le  mnt 


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IX'  (Kéfm  17182— 1T217J 

1740   S'or  estoifl  liez  devant, 

Je  Bai  bien  que  aanz  nal  secours 
Le  troiroîe  je  le  graut  coure: 
Ja  ne  t'i  convendra  a  traire. 
Ne  me  puez  ore  secoure  faire 

174&    I(à  endroit  qui  si  me  plaise, 
Se  tu  m'oBtes  de  tel  messaise. 
Tout  aui  ja  couvert  de  suor 
De  l'angoisse  et  de  la  puor 
Qui  si  me  fet  le  cuer  doloir. 

1790   Si  t'aîBt  diex,  oa  vien  oloirl 
La  puour  dont  je  suis  destroiz 
Puez  sentir,  se  tu  ne  me  oroiz. 
Et  vien  oa,  deslîe  moi  tost! 
Celé  puour  le  cuer  me  tost.. 

1756    A  pou  que  ne  m'a  mort  gete.' 
Hermeline  en  a  grant  pitié. 
Si  ouida  que  voir  li  deïst. 
Et  doutoit,  s'elle  nel  feist  ' 
Sanz  délai  son  conmandement, 

1760   II  i  morroit  soudainement.' 
Plus  tost  que  pot  le  deslia. 
Renare  tantost  li  esoria, 
Qant  il  se  senti  deslîe, 
'Â  poi  ne  Bomes  conchie 

1766    Par  ton  conseil,  folle  chetive! 

•         Ne  fusses  pas  enquenuit  vive 

Se  tost  ne  fusse  desliez. 

Bien  dos  a  Timer  espiez 

Qui  mener  nos  voloit  en  vile 

1770  Par  tel  barat  et  par  tel  gile, 
Qui  mort  se  fet  et  il  est  vis. 
Onques  ne  me  pot  astre  avis 
Qu'il  fust  more  si  oon  tu  disoies. 


nu  Je  le  1.  que  manque  1751  p.  qui  me  fut  d.  ITM  toat  1755 
quil  ne  1156  .h'.  1160  Q'ie  neogt  ion  pùemant  lieefiuse  1781  manjiK 
Ah  t>.  liée  le  mae.  A  reprttid.  1769  Qne  m,  u.  n.  liei  Apris  1170  le 
pue-  ajoute  Par  foi  trop  set  ore  de  gile   171S  m.  et  tu  le  qnidoîei 


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IX  (Héon  1T218— 17255)  3 

les  tu  foie  que  le  quîdoiesP 

1776    Quidierl  Mes  il  est  fox  qui  quide. 

■^   Cbascun  met  tote  son  estuide 

ËD  barat  qu'en  ne  set  qui  croire. 

Ja  nos  en  nienast  a  grant  eire 

Timer  ches  le  vilein  Litart 
1780    Se  je  parlasse  un  po  a  tart. 

Mes  li  vileins  le  Gonperra.' 

'Renart'  fet  ele,  or  i  paira 

Con  tu  li  feras  conparer: 

Tu  en  sez  plue  que  bues  d'arer. 
1785    ÎCaia  onques  danz  Goare  li  lèvres, 

Qui  de  poor  prennent  les  fevrea. 

Ne  fu  si  de  poor  destroiz 

Con  tu  les  ore  a  ceste  foiz 

Qui  dotes  une  morte  best«.' 
1790    Je  li  vi  or  lever  la  teste, 

Puto  foie,  et  ovrir  les  cuz. 

Quides  tu  que  je  croie  tneuz 

Tun  dit  que  ce  que  je  verrai  P' 

'Ja  fet  ele  ne  te  crerai: 
1791}   Que  par  poor  l'as  controve. 

Or  ai  ton  corage  esprove 

Au  besoing  et  ta  mavaiste, 

Qui  si  t'a  semons  et  baste 

De  laiesier  ce  dont  tu  dois  vivre. 
1800   Bien  puis  dire  tôt  a  délivre 

Que  de  grant  mavaiste  t'avîent. 

Se  ca  par  aventure  vient  • 

Ysengrins  et  Hersens  la  love, 
"     Povre  en  iert  ma  part  et  la  toe, 
1800    Que  bruire  en  feront  lor  grenons. 

Quant  a  nostre  oes  char  ne  pemons, 

A  peine  le  iras  loin  querre. 

CJovre  ton  obief  et  bien  le  serre, 

S'ospame  ton  oors  et  repose: 

1774  tu  ai  fox  que  tu  le  q'donz  1777  set  qu«  f«Te  1779  T.  i 
1781  Et  U  17S5  li  «mn^us  178»  .1  mort  1794  ceiTM  1799  doÎH  16 
le  tires     1808  moMaiM 


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10  I.V  iMéoa  1723C— 172911 

1810    Que  tu  n'aa  meater  d'autre  choese. 

Trop  par  ea  ore  acoardis.' 

'Dame'  fet  il,  'ainz  aui  bardiz, 

Qant  je  voi  m'anor  et  mon  prou. 

Mes  ne  m'i  troveres  hui  prou 
1815    Por  VOB  mètre  en  péril  de  mort.' 

'Benart'  fet  ele,  'tu  as  tort 

Qui  si  me  mens  apertement. 

Or  Bâches  bien  veraiement, 

Se  as  coroies  ne  te  lîea, 
1830    Certes  ja  por  riens  que  tu  dîes 

Ne  m'i  porras  tant  esmaer 

Que  je  ne  m'i  roiase  easaier 

Orcndroit  si  c'on  le  verra.' 

'Et  je  sui  cil  qui  aoffera 
182â    Ceate  aventure  a  qui  qu'il  tort. 

Voira  est,  qui  ne  poche,  a'encort. 

Ne  m'en  blâmer,  se  mau^  t'en  vient!' 

Celé  qui  ne  prisse  ne  crient 

La  parole  de  son  senfpior 
1830    La  fort  coroioj  la  grennor 

Qu'ele  avoit  loie  a  la  coe, 

A  la  quissG  deriera  la  noue- 

Forment  la  lie  et  ataohe, 

l'or  mGuz  tenir  la  tire  ot  sache. 
-■  1835    Son  col  i  lie  et  puis  sa  quiaae 

For  ce  que  meus  tenir  i  puiaae. 

Tandis  que  tirot  et  aachot, 

•Timers  li  aunes  qui  bien  sot 

Que  Renart  ne  pot  enginner, 
-    1810    Forment  se  prist  a  aîrer. 

Durement  recinne  et  se  levé. 

Molt  annule  Renart  et  grève, 

Quant  mener  en  voit  Kermelîne. 

Trop  par  as  este  feme  fine' 
1645    Fet  il:  mais  tu  as  este  foie, 

1814  M.  uoR  mi  t°ree  1818  Cent  1819  8c  tu  ma  o.  te  l»ii 
e  ttuinpie  1826  ne  p.  aentort  t8S!8  nel  18SS  et  tache  1834  t'n 
iSS  que     1S43  .li'.  line 


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IX  (Mcon  17292 -17aa7)  331 

Quant  mon  conseil  et  ma  parole 

As  du  tôt  mis  a.  nonchnloir. 

Me  te  puis  ore  rien  valoir. 

Mee  grant  mester  t'oûst  oU 
1850    Mon  loe,  se  l'olisseB  creQ.    . 

De  toi  aider  n'ai  nul  pooir. 

Ton  gTRDt  orgoil  et  ton  voloir 

Conparraa  oncor  hni  trop  cher. 

Timers  me  quida  acrocher 
1855    Por  mètre  es  meins  o  tu  carras. 

Une  autre  fois  si  me  creras, 

8e  vive  t'en,  puez  revenir. 

Mes  ce  ne  puet  mes  avenir. 

Perdue  es:  a  deu  te  conmant. 
1860   Oommanf  fet  Renars:  'et  comment 

Irai  ge  au  vilein  plaider 

Savoir  se  te  porroie  aider)* 

Qe  ne  quit  que  jamais  me  voies.' 

Timers  s'en  coroit  totevoies, 
IS6Ô   Onques  de  oorre  ne  se  tînt 

Tant  qu'a  la  porte  Letart  vint. 
A  grant  merveille  s'esjol 

Lietart,  quant  son  asne  ot  oT, 

Et  puis  qu'Hermelbe  a  veile 
1870   Qui  molt  estoit  et  mate  et  mue, 

Traînant  la  cuisse  a  la  terre. 

SVapee  ala  meintenant  querre 
^   Qui  ert  enruîllie  et  frète. 

A  peine  l'a  del  fore  trete 

1879  Que  il  quide  que  Renars  soit. 
S'espee  traite  va  la  droit, 
Bien  se  cuide  de  li  vencber^ 
A  un  coup  li  quida  trenoher 
La  teste,  mais  il  a  failli. 

1880  Hermeline  si  haut  sailli, 
Qui  n'iert  mie  trop  entestee, 

IM8  umbI  184*  te  oast  1853  Comparm*  tto  1855  Hçli^roch«r 
T  pM  IHiê  pot  186»  Perdu  conmanz  1860  Conment  f.  conmaiu 
*  pnitque  H.  uan   181  i  le  deuxième  que  »iaft^«    1878  1»  q.   1861  mi 


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■■132  IX  <Méon  17328-173a3j 

^    Que  le  coup  ne  l'a  ftdeaee. 

Hermeline  a  peor  eUe: 

Mes  l'aeolee  a  recède 
1S8IÏ    Timer  que  la  quisee  a  trenohie. 

Lietart  meïmes  l'a  veocbie 

Tost  de  Bon  enemi  mortel. 

Traînant  en  porte  a  l'ostel 

La  qutsee  a  grant  joie  fesant. 
1890    Rcnart  trova  mu  e  taisant. 

Quant  il  Ta  veûe  venir, 

De  rire  ne  se  pot  tenir, 

Quant  la  quisse  vit  .traînant. 

'Renart,  dont  ne  su  je  raillant? 

1899  Or  ae  piiet  Tiraers  esventer 
(De  ce  me  puis  je  bien  vanter) 
Que  la  qubse  en  avom  de  ca. 

James  Timers  feus  ne  menra.  1^3 

Bien  me  quida  Litart  tuer, 

1900  Mes  ge  me  soi  bien  remuer 
'     Et  gandiller  et  tressaillir 

Tant  que  gel  fis  a  moi  faillir, 
Ne  m'a  blecie  ne  tenue,' 
Tel  aventure  est  avenue' 
1905    Fet  Renart,  que  dus  ne  quidoit. 
Ne  oisel  ne  béate  ne  deit 
Conme  tu  fes  tel  guerredon 
Damiedeu  ne  si  large  don, 
De  ce  qu'il  t'a  ai  garandie. 
.  1910   Lietart  li  pogoes  foi  mentie 

Quide  eatre  de  moi  quite  a  tant. 
Ikfes  bien  atent  qui  par  atant 
Oe  atendrai  molt  bien  lonc  tens: 
Que  jel  ferai,  si  oom  je  pens, 
19i5    Plus  corooie  qu'il  ne  fu  onques.' 
'Maveiz  ooart,  qu'aten  tu  donques? 
Ge  dot  molt  que  ouer  ne  te  faille.' 

1886  uenche  1B9S  pot  1B9T  Qui  1801  KMdciUer  1903  tnr 
lOOT  Con  f.  De  tel  190B  ne}  de  1913  nioU  mangut  VHi  ^m  U 
leiT  onr 


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IX  iMéon  17894—17384.  17591—17603)  333 

'Quides  tu,  foie,  que  jel  aille 

Dedeoz  sa  mesun  asaillir? 
liiJO   Tost  porroie  a  mon  cors  faillir 

S'il  me  huoît  ses  trois  gainnons: 

J'auroie  en  els  maus  conpaignons. 

Mes  encore  un  pou  soferai 

Tant  qn'el  bois  suel  le  troTerai 
l!i35   Ou  n'aura  ja  de  chen  aïe. 

Lora  li  ferai  tel  envaïe 

Far  paroles  et  par  manace 

Que  jamais  n'iert  teuls  qu'il  me  face 

Chose  qui  anuier  me  doie.' 
\wa  'Renart'  fet  ele,  'jel  voldroîe. 

Mes  ja  en  TÎlem  ne  te  fie, 

For  ce  s'il  te  jure  et  afie  : 

Ne  por  nul  aseOrement 

Par  sa  foi,  par  son  serement^ 
1935    Frent  eu  Yilein  de  maie  escole.' 
Atant  laissèrent  la  parole. 

îles  Renart  pas  ne  s'oblia. 

Lendemein  Lietsrt  espia 

Qui  dedenz  la  forest  entroit. 
Iltio   Bien  set  que  o  lui  o'amenoit 

Nul  de  ses  chens  en  conpaignie. 

Hardiement  Renart  l'oBcrie: 
"     'Cuvers'  fait  il,  'par  queil  raison 

As  tu  en  sel  la  veneiaon 
1946   Qui  fu  prisse  el  defoiz  le  conte? 

Ge  te  ferai  morir  a  honte, 

Nus  hon  ne  t'en  porroit  deffendre. 

Certes  je  te  ferai  ja  pendre 

Au  plus  haut  cesne  de  cest  bois. 
1950   Tôt  orendroit  conter  le  vois 

Au  conte  ou  a  ses  forestiers. 

Se  tu  avoies  cinc  sesters 
"  D'csterlins,  et  fussent  besans, 

Olf  Qno  dpB     1921  «B  t.     1D22  Js  aurai     1924  que  el    1920  haie 
'»»  »f  mnrare     1938  LeniUmen    1939  Que  1940  namenroit    1947  ten 


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334  IX  (Méou  1760«-n639) 

Et  tu  l'en  faisoies  presans, 

1955    Ne  te  vaudroit  il  une  amende 

Que  l'en  meintonant  ne  te  pende. 
Fuis  que  je  li  ferai  savoir, 
Ne  poiras  raencon  avoir. 
De  toi  nule  pite  n'aura, 

i960    SitoBt  con  le  voir  en  saura, 

Li  quena  :  que  volentiere  destruit 
Celui  qui  chaâce  aanz  conduit 
El  bois,  et  sa  venoison  emble.' 
Lietart,  qui  tôt  de  poor  tremble, 

liH!5    Li  dit   amis,  or  m'entendes 
Un  petit,  se  vos  coh mandes. 
Par  raison  doit  merci  trover 
Qui  de  boa  cuer  la  vont  rover. 
J'ai  mespris  vers  vos  laidement, 

1970    Merci  vos  en  cri  et  demaut. 

For  deit,  de  moi  pite  vos  prenne  I 
Par  le  conseil  de  ma  conpaigne 
Ai  vers  vos  mespris  coome  fox. 
''  Molt  me  poisse  que  fiii  si  ox. 

1975    Des  que  si  ert  a  avenir, 
Des  or  mes  me  poes  tenir 
A  vostre  serf  et  a  vostre  home. 
Foi  que  doi  seint  Père  de  Rome, 
Jamee  vers  vos,  ne  mesprondrai. 

1980    Mes  tôt  qanque  ge  ai  tendrai 
De  vos  conme  de  mon  seignor. 
Autresi  grant  doîl  ou  grenaor 
Ai  coume  vos,  oe  sacbea  bien. 
S'euvers  vos  ai  mespris  de  rien, 

1985   Tos  sui  près  de  vostre  service.' 
'Volenters  par  itel  dévisse 
Prendrai'  fet  Renart  'ton  hotnage 
Que  tu  ne  honte  ne  damage 
A  ton  pooir  ne  me  porchaoes 

1B55  unadroit  1963  uenoù  1965  que  1967  rouer  1 
1972  lift  ma  1973  A  1974  fu  1977  a  nuiaque  19B0  gai  d«  d 
de  manque    19R4  vns  mniiqiir 


-,,.  Google 


IX  (Méon  11640—17675)  335 

1990    Et  les  trois  maetins  tuer  fâches. 
/  AjenoUons  droit  me  feras 

f  Et  lee  dis  pocins  me  rendras 

Et  Blancart  que  me  premeïs 

Quant  mon  conseil  me  requeïs.' 
1995    'Sire'  fet  Lîetart,  je  l'otroi. 

Ja  seront  li  mastin  tuit  troi 

Tue  devant  tos  oreadroit. 

Bien  Bai  que  vos  avea  grant  droit 

Que  lor  vie  aves  enhaïe: 
9000   II  vos  firent  giant  envaTe. 

Droit  vos  en  ferai  volenters. 

Vostre  amis  yerais  et  enters 

ToU  estre  des  ore  en  avant. 

Dex  me  hee,  se  je  ja  vent 
SÛOu   Nului  point  de  ma  norreture. 

De  vos  prendrai  mes  si  grant  cure 

Que  tôt  ert  en  vostre  sesine: 

Ane,  chapon,  oue,  geline. 

Chascun  jor  aures  a  plente 
■2010    Tôt  selonc  vostre  volente. 

Tel  char  con  vos  deviseroiz. 

Des  dis  pocins  sesiz  seroiz 

Et  de  Blancart  ja  sanz  demore. 

Mes  gardez,  se  dex  vos  secore, 
9015    Que  par  vos  nul  mal  ne  me  viegue. 

Qe  Bui  près  que  je  me  contiengne 

Vers  Toe  tôt  a  vostre  plaisir. 

VoB  vendrez  mes  tôt  a  loisir 

En  nostre  meson  sejomer.  ' 
3(S0   Ja  ne  vos  en  qerrai  tomer 

Tant  con  demorer  i  voudroiz. 

Un  bon  recet  en  tos  endroit 

Avez  conquis  et  recovre. 

Por  ce  se  j'ai  vers  vos  ovre 
3035   Folenteut  par  rnavais  conseil 

Ml  m«n  r.      1»94  reqnU     2003  uerax      2004  ment      2009  ior 


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336  IX  iMéon  17686—17712) 

Ne  soiez  vos  ja  en  eareil  1 

Que  se  iex  me  gut  de  peeance, 

Ne  par  treetos  les  seina  de  France, 

James  nul  jor  ne  voudrai  fere 
5080    Chose  qni  vos  doive  deplere.    ,  84 

N'i  porriez  ooiant  conquerre, 

S'essilliez  ère  de  la  teire, 

Et  ma  feme  et  mi  enfant. 

Ou  se  ge  ère  mis  au  vent. 
2030   Molt  par  deves  ma  vie  amer, 

Que  por  vostre  porrez  clamer. 

Toz  jors  mes  qanque  ge  aure 

Ert  tôt  a  Tostre  volente.' 

Reuart  dist  'par  tens  veil  savoir, 
2(U0   Se  tu  me  dis  mencoi^e  o  voir. 

Et  se  tu  ne  fas  mon  plesir, 

Par  tens  t'en  ferai  repentir, 

Se  tant  fae  que  li  queas  le  sace. 

Mes  jamais  anui  ne  damache, 
2045    Se  tu  es  prouz,  ne  te  querrai. 

Mes  en  ta  mesoti  n'enterrai 

Tant  que  les  chens  aies  tuea' 

'lïauz  sire,  or  ne  vos  remuez' 

Fet  Lietart:   ges  îrù  tuer.' 
^DM    'Ja  ne  me  quer  a  remuer 

Tant  qu'il  soient  tue  tuit  troi. 

Aies'  fet  Renart,  'jel  otroi, 

Tos  dîtes  et  bien  et  raison.' 

Atant  s'en  cort  en  sa  meson 
a05&    Lietart  qui  molt  fu  adolez. 

A  sa  feme  dit  'se  toIoe 

Et  vos  quidiez  que  ce  soit  biens, 

A  tuer  convient  nos  trois  chens, 

S'avoir  volon  pais  a  Renart. 
•2om)    Et  si  li  rendrai  le  Rlancart, 

Et  les  pocina  avoc  tôt  dis 

Li  rendrai  qu'oreudroit  li  dis, 

2II4S  ten  cerrni    a04B  ore   2065  molt  mongiir    805»  ponuiat   206! 
que  orpndruiH 


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IX.  (Méon  17713-17748) 

En  la  forest  ou  il  m'atsnt. 
Il  ne  noB  coatera  js  tant 

3063    Qu'il  ne  nos  poïst  plus  coster, 
S'il  au  conte  l'aioit  conter 
Qu'el  bois  ai  sa  venoiaon  prise. 
Tantoet  feroit  de  moi  justice: 
Tantoat  aeroie  ara  ou  pendu, 

•2070    N'en  porroie  estre  desfendu 

Por  avoir  ne  por  rienz  qui  soit. 
Moz  enfanz  esailler  fereit, 
Mort  aérien  et  confondu.' 
Bninmatin  li  a  reapundu, 

3075   Que  contredire  ne  li  œe, 

'En  fere  l'eetuet  a  grant  choa». 
Del  tôt  fetea  Ba  Tolente, 
Se  vos  âmes  voatre  aante 
Et  voatre  bien  et  vostre  vie, 

91Ï10    Avoir  devea  grennor  envie 
De  voatre  vie  que  d'avoir.' 
'Bêle  suer,  vos  ditea  aavoir. 
Blanchart  et  lea  pocins  prenez, 
Et  les  trois  maatina  li  menez!' 

3lk86    Lietart  enz  el  retor  s'est  miz: 
Les  chena,  le  ooc  et  les  pocina, 
Li  garçon  enmeine  liez. 
Et  Kenart  conme  voiziez 
Vers  l'oatel  au  vilein  se  tret  : 

2090   Que  molt  redote  son  agait, 
Que  aaaillir  a  cheos  nel  fâche. 
Entre  aea  denz  molt  le  manache, 
Que  ae  jamab  vers  lui  mesprent, 
Hott  sera  iriea  s'il  nel  prent. 

3005    Lietart  et  les  chens  voit  venir 
Q'il  faiaoït  au  garçon  tenir. 
^   Reoars  li  conmence  a  hucher 
'Ne  fai  pas  vers  moi  aprocer 


M69  MflnjNP    2074  Bruinatin     3076  l^ntol     ^OHfi  k.  Ipr  r.     2089 
«  tL  treat    SOO.t  menpH    2094  ni  ne  p. 

KUMtr    I  22 


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338  IX  fMéon  17749-17786) 

Les  cbeoB,  mais  orendroit  les  tue!' 
2100    Litart  uue  pesant  macue 

Tenoit  qu'il  ot  el  bois  coillie. 

Les  mastios  a  un  chesne  lie, 

De  la  macue  les  asome. 

Or  le  tent  Renart  a  prodome 
3106    Puis  que  les  trois  mastins  voit  mors. 

'Lietart'  fiùt  il,  'molt  estes  fors 

Qui  si  Baves  bon  coup  ferir. 

Oel  vos  voldrai  molt  bien  merir. 

Ce  que  m'auee  fet  vos  pardon 
3110   Et  m'amor  tôt  vos  abandon: 

Que  molt  par  a  bel  présent  ci.' 

Renart'  fait  il,  'vostre  merci, 

Que  vostre  amor  m'aves  donee. 

Tote  vos  ert  abandonee 
2115   Ma  norreture  et  quanque  j'ai. 

Plus  sereie  jalos  que  gaî. 

Se  jamais  vers  vos  mespemoie.' 

Ataut  prent  B«nart,  si  manoie 

Blancart  et  les  dis  pocinez 
S130    Que  li  aporte  !Martiaez. 

De  Blanchart  fist  ses  gemoiu  bmîre, 

Onques  nel  tist  plumer  ne  cuire, 

Molt  le  trova  crasaet  et  gros. 

Les  dis  pocîna  trose  a  son  dos 
S125   Et  a  deu  le  vileîn  conmande. 

S'en  porte  a  l'ostel  sa  viande 

Ou  il  a  trove  sa  maisnie 

Qui  de  fein  ert  mesaaisie. 

De  fein  estoit  et  floibe  et  veine. 
2130   De  joie  fu  sa  feme  pleine. 

Quant  ele  vît  Renart  venir 

Les  pocios  a  son  col  tenir: 

Por  conble  se  tient  et  por  riche. 
'    'Renart,  or  n'est  pas  Letart  cice.' 

2101  T«net    coilli     2104  »  manque     2108  uoldni     211R  Rtenran 
2121    brurc       2127   truuee       212»  miulee      2129  estait   missair     2131 


I 


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IX  (MéoD  ITTHT— 1T82S) 

21Xi    Non"  fet  Rensrt,  'mes  bien  heite. 
Bien  ai  ceate  foiz  mploitie 
-^    Que  si  m'ea  sui  venue  troeez: 
Se  je  n'eûsae  esse  luez 
Par  Lietart  tôt  a  ma  devise, 

3140    Clet  feTsee  metee  a  la  bise, 
Au  conte  a,  sa  gent  le  deïsse. 
Pendre  en  la  fores  le  feïsae 
Que  sa  veneison  li  embla. 
Il  tresaalli  molt  et  trembla, 

SI45    A  jenellon  me  fist  omage. 
JamaiB  ne  me  fera  damage 
Ne  nule  rien  qui  me  desplese.' 
'Kenart,  trop  estes  ore  a  aise' 
Dist  Hermeline,  'que  ge  cuit 

2150'^ue  tu  n'as  pas  le  ventre  vuit. 
Tu  es  plus  a  aise  que  gie, 
Que  tu  as  hui  Blancart  inangie 
Qui  molt  ert  et  cras  et  rognez. 
^Se  Lietart  est  bien  ranponez 

3155    Par  toi  que  me  puet  ce  valoir? 

Ne  m'en  puet  pas  grantmeut  chaloir, 
Se  tu  as  ton  ese  et  tes  bneas. 
Moi  et  mes  enfanz  et  les  tuens 
Lez  de  fein  morir  a  mesese. 

3160   Mes  je  sereie  molt  mavciae, 
9e  de  faîu  tnorir  me  l&isaoie 
Tant  con  près  de  ces  pocins  soie. 
A  ces  poeins  fet  bon  entendre.' 
Atant  cort,  si  priât  le  plus  tendre,    85 

2i6j   Si  le  manga  a  un  sol  mors. 
Un  des  autres  a  le  col  tors: 
A  sa  maianie  le  départ, 
A  cliaeouD  a  doue  sa  part 

^  Renart  quide  bien  son  prou  fere. 

2170   De  Malpertuis  son  fort  repère 

2138  8e  ie  nenoi  I.      3141  lo  manqne     2Ui  Prendre      i 
ti«e    K"     2m>  pot     2156  pot     2105  Se    2IR7  U  d. 


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340  IX  iMéon  17S27— 17BG4) 

Il  vint  lendemein  par  matin, 

V^eoir  Letart  son  bon  voiein 

Qui  le  reçut  a  molt  ^ant  joie. 

Dianer  le  fait  d'une  craase  oie 
2tT5    Que  il  li  avoit  eetoîe, 

Et  bien  li  avoit  encrassie 

Brunoiatin  qui  tôt  en  tremblaut 

Li  moBtre  d'amor  bel  semblant  : 

Molt  l'aplanie  et  si  le  loe. 
'''    2I8()    Renart  li  fet  sovent  la  moe 

En  repost  qu'ele  nel  voit  mie. 
^   Et  ele  le  sert  sanz  boisdie, 

Ne  li  ose  rien  refuser  : 

Que  molt  redote  l'encnser. 
S1S5    A  8tt  Tolentfl  le  pessoit. 

Et  Renart  qui  bien  s'eno-aseeit 

Qui  de  la  car  ert  envieus: 

Et  Lietart  fa  molt  covoiteus, 

Do  lui  servir  prent  molt  grant  cure. 
SiQD   Bien  aproca  sa  noreture. 
^  Renart  qui  sovent  en  pemoit 

Totes  les  ores  qu'il  voloit, 

Sovent  i  demore  etsejorne, 

Si  que  qaant  a  l'ostel  retorne, 
âl!i6   No  pot  au  vilein  remanoir 

Oe,  capon,  ooc  blanc  ne  noir, 

Ne  pocinet  ne  crns  oison, 

(Tôt  porte  Renart  en  meson) 

Jeline  ne  megto  ne  crasse. 
■2-200        De  Renart  encor  vos  contasse 

En  bon  endroit,  mes  moi  ne  loist: 

Qar  autre  besoingae  me  croist. 

A  autre  romanz  voil  entendre 

Ou  l'en  porra  greinguor  sens  prendre, 
2200    Se  dex  plaist  et  se  dex  m'amende. 

Ja  de  clerc  qui  reson  entende 

2174   loBt   f.   du      priu      21H1   que   ele      2S82   le   mnngHf     i\Xi 
ponnoil     220,^  manende 


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IX  (Méon  178«5— 17S70) 

N'en  serai  blâme  ne  repris, 
Se  g'ai  en  aucun  liu  inespria 
Eit  tote  ma  premere  ovragne  : 
2210    Que  pou  avient  qu'en  ne  mespregne, 
Ou  au  chef  ou  a  la  parcloae, 
S'il  n'est  aiisez  de  la  oose. 


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X  (Méoo  17871  -17896) 


Se  or  TOB  voliez  taisir,  1 

Seignor,  ja  poriez  oïr, 
S'estiez  de  bone  mémoire, 
Une  partie  de  Testoire 
5    Si  cou  Renart  et  YaeiigFiii 
Guerroierent  jusqu'en  la  fin. 
Se  vos  me  prestes  vos  oreilles, 
Ja  vos  volàrtû  dire  merveiUea 
De  Renart  qui  est  via  maufes: 
^  10    Toz  sui  eapria  et  escaufes 

De  Renart  dire  en  tel  endroit 
Sanz  delaîement  orendroît, 
^  Q'einc  n'oietes  en  ai  bon  leu 

De  lui  e  d'Yeengrin  le  leu. 
15        La  ou  Nobles  tenoit  sa  feate, 
Ou  Menblee  ot  meinte  béate, 
Que  toa  li  paîa  en  fu  pleins, 
La  n'oesa^t  pas  eetre  vileina: 
Qar  ledemeot  i  fUst  botez. 
20  N'en  i  ot  nul,  ne  fust  dotez 
Et  de  haut  pria  et  de  haut  non. 
One  n'i  ot  se  frons  homea  non 
Qui  por  onorer  lor  eeignor 
Foaoient  feste  la  grennor 

i  lestore    8  uaudra    IS  asenblot  m.    20  nue    83 


X  (Méon  17897—179351  3- 

96  Que  DUS  hom  deviser  soQst. 

One  n'i  out  celui  qui  n'oiiat 

Kobe  au  meins  de  vair  o  de  gris. 

Mes  U  ohastelflinB  de  Yalgris, 

(Cest  Renart  de  qui  tes  maua  sort), 
30   N'iert  pas  adonc  venu  a  cort. 

Neporec  si  fu  il  mande,  112 

Yoire  par  de  et  demande 

Plus  de  dis  fois,  voire  de  vint. 

Mes  ODC  por  co  plus  tost  a'i  vint. 
35   Ne  ja  mais  s'il  puet,  n'i  vendra. 

Mee  1i  rois,  ce  quit,  li  vendra, 

S'il  le  puet  tenir,  8an8  reepit 

Ce  qu'il  a  sa  cort  en  despit 

£t  dit  'seigDor,  a  vos  me  cleim 
40   De  Benart  dont  g'ai  tant  recleim, 

Gel  traltor,  cel  deputere. 

Nel  devea  paa  celer  ne  tere. 

Nel  voil  ItùsBÎer  en  nul  endroit: 

De  si  grant  honte  selonc  droit 
45    Jugiez  le  moi  solonc  raison! 
j^       Et  pnis  vos  dirai  l'aceson, 

Bel  seignor,  se  vos  conmandez, 

For  qoi  vos  ai  ici  mandez,' 
Quimt  il  ot  sa  raison  finee, 
50   Chaacun  a  la  teste  enclinee. 

Molt  sont  forment  pensif  et  morne 

Del  jugement  trestuit  a  orne. 

Onques  n'i  osa  un  sol  grondre, 

Li  uns  let  a  l'autre  respondre. 
56    Chascun  se  test,  chascun  escote, 

Chascun  se  crent,  chascun  se  dote, 

S'il  fet  sor  Renart  jugement 

Si  qu'il  li  tort  a  nuisement, 

Âutretel  honte  li  fera, 
80   (Ja  si  bien  ne  s'en  gardera) 

S'il  en  puet  liu  r/b  aise  avoir: 

27  m.  oa  de    29  qoi  tost    35  pot    37  pot    40  dant    SI  pot 


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X  (Méon  17931}— 1Ï9T4I 

Ice  seit  bien  chascuna  de  voir. 

S'en  est  chasoun  en  gi&at  destrece, 

Quant  li  lox  Ystin^ina  se  drece 
66    Qui  Renara  ot  fait  meinte  guenche: 

Or  est  honiz  s'il  ne  s'en  venche, 

Que  James  n'en  aura  tel  ese. 

Diet  Ysengrins  rois,  or  vos  pleae 

A  escoter  que  je  voil  dire, 
70    Je  8ui  Tostre  hom  lige,  baux  sire, 

PoF  ce  si  vos  doi  conseiller, 

I4e  s'en  doivent  pas  merveiller 

Cil  qui  devers  Renart  se  pendent. 

Mes  or  oes  et  si  entendent. 
76    Quant  autre  ne  s'en  vont  movoir, 

Qe  m'en  irai  parmi  le  voir. 
Bois,  or  oies,  se  tu  conmandes 

Del  jugement  que  tu  demandes, 

Oe  vos  di  bien  a  mon  esgart 
80    Que  mesfait  vos  a  molt  Renart, 

Quant  il  vostre  conmandement 

A  trcspasse  si  faitemant, 

Ne  deinna  devant  vos  venir: 

Bien  l'en  devrait  mesavenir. 
85    Rois,  molt  vos  a  grant  honte  fête 

Cit  gars,  oil  teres,  celé  sete,- 

Que  bien  saves  que  un  mois  a. 

Que  onques  tant  ne  vos  proiaa 

Qu'il  vos  deii^naat  oontremander, 
«0    Ne  jor  no  reapit  demander. 

Rois,  or  en  pemes  la  venjance 
^    Por  le  despit,  por  la  veltance, 

Por  ta  honte  que  vos  a  fet. 

De  c'est  par  droit  sanz  autre  {^et 
99    Que  sa  terre  faces  sesîr. 

Si  en  fêtes  vostre  plesir, 

Ë  lui  faites  mètre  en  prison. 

Ja  n'en  doit  avoir  garison, 

B5  mente     78  iuKmeiit     95   mtt'   uoa,"    a   hoot«  fête'  grani    ' 
h     93  Por] De 


-,,.  Google 


X  (Mé»n  17970— ISOtO)  34J 

Que  li  autre  ne  s'î  aiuorde&t.' 
KX)   Li  rois  e  tex  i  a  a'acordent 

Au  jugement  e  a  l'eagart 

Qa'Ysengrina  a  fet  sor  Renart. 

Et  tes  î  a  qui  moU  en  poise, 

M^es  n'en  osèrent  fere  noise, 
na   Que  trop  eetoit  Renart  haïs. 

Le  jor  en  fuet  morz  e  traïz 

Que  ja  n'en  fuet  resacites, 

(Ce  est  ]a  fine  ventes) 

Se  ne  fust  dant  Tybers  li  choz 
i]i)   Quil  délivra  par  son  porchaz, 

Qu'il  se  porpensae  del  outrage 

Qu'il  li  ot  fet  et  del  hontage, 

Quant  il  el  ptege  le  âst  prendre. 
,  Mes  encore  li  quide  il  vendre, 

115   8e  il  en  puet  venir  en  leu. 

Maigre  dant  Ysengrin  le  leu. 

Or  ai  li  vont  Tybert  aidier. 
■^    Uuimea  l'orres  por  lui  plaider, 

Qar  voleoters  le  secorroit, 
ISO    Savoir  s'acorder  se  porroit 

A  Renart  qui  est  corociez. 

Si  a'est  molt  tost  eo  piez  dreciez, 

Et  sor  son  dos  gete  sa  coue 

Et  as  langue  aguise  et  deanoue 
125    Pur  bien  parler,  et  si  herice 

Trestoz  les  pouz  de  sa  petice. 
Tuit  ae  taisent  parmi  la  sale, 
^      Et  Tybert  desferme  sa  maie 

E  dit  au  roi  'aire,  or  escote, 
^  130    Lai  le  coieain,  ai  preti  la  cote! 

De  tote  rien  est  il  droiture 

Que  l'en  eagart  eena  et  meaure. 

Rois,  or  escote  ma  parole! 

M'a  pas  este  a  bone  eseole 

lUf  Que  j     107  Et  au  tien  ior  r.      111   houtrage      U3  pndre 
«t  le     IIS  pot     121  Trop  eat  ueii  R.  e.     126  Trcztoi 


,  Google 


X  (Méon  18011-18086) 

135   Ysengn^s,  por  jugement  fcre: 

Dont  il  U  veniat  meus  a  tere 

Que  fere  esgart  ne  jugement 

Dont  en  deïst  après  qu'il  ment. 

N'est  pas  li  jagemeat  loiax 
140    Que  il  a  fet,  ancois  est  fa\. 

Ne  rien  nule  ne  fet  a  croire 

Chose  qu'il  die,  c'est  la  Toire: 

Que  ce  poea  vos  bien  savoir   ' 

Conques  ne  porent  pes  avoir 
145    Li  vassal  nul  jor  de  lor  vie, 

Ainz  sont  par  mal  et  par  envie. 

Et  par  celé  mortel  haine 

Qui  longement  lor  est  voisine, 

A  fait  Ysengrins  aor  Renaît 
130    Fol  jagement  et  fol  esgart 

Trop  est  d'aus  deus  la  gerre  amere. 

Tort  a  li  leus  qui  son  conpare 

Velt  forjuger  en  tel  manere 

Et  de  la  cort  jeter  arere. 
15S   Sire,  maveia  conseil  vos  done 

C'A  qui  de  te  vos  araisoue 

Que  Renars  soit  deaeritez 

Et  fors  de  vostre  cort  jetez. 

Ne  l'en  crées  james,  bau  sire!         113 
160   Sftvee  que  de  Renart  puis  dire? 

N'aves  vairez  en  voetre  terre 

Baron,  meus  sache  fere  gerre 

Ne  contrester  ses  enemia, 

Ne  qui  meuz  s'en  soit  eatromis. 
165    Sire,  porce  devant  l'eegart 

Doilssies  somoudre  Reaart 

Par  un  de  vos  pers  et  -mander. 

Ne  doÛBBÎez  pas  conmander, 

Fere  somondre  par  garçon 
170    Tel  chevalier  ne  tel  baron. 

3  iujpnent      137  De      140  mftx     142  oe  eat     14S  o.  a  nul    HI 
148  Que    156  oe  conseil  uob  done    162  B.  que  m.   ISS  opntrf 


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X  (Méun  IB0à7-I8O94)  347 

Far  deu,  sire,  molt  me  mervel 

Qhc  d'Ysengrin  crées  conseil: 

Xo  por  son  dit,  ce  est  la  some, 

Ne  devez  honîr  un  franc  home. 
175   Par  deu,  sire,  ce  est  la  pure, 

Trop  seroit  lede  chose  et  dure 

S'il  n'i  avoit  autre  achoison. 

Rois,  regardes  a  la  raison  : 

Qui  qui  raison  ne  set  et  tient, 
180  Sa  vitaille  vet  tost  et  vient. 

Et  ne  por  ce  solonc  mon  senz 

Vos  en  dirai  ce  que  je  pens  : 

De  pecheor  miséricorde, 

D'ornes  ocis  preiit  en  acorde. 
Ifô   Bons  rois,  or  le  faites  semondre 

Qu'il  vi^ne  a  cort  et  por  respondro 

De  quanque  demander  sauras. 

Se  ce  fes,  bon  conseil  auras. 
.  Et  lores  s'il  ne  vient  a  cort, 
190   N'est  merveille,  se  mal  l'en  sort: 

Qar  ce  cest  pi  ait  vout  refuser, 

ye  l'en  doit  mes  nus  escuser. 

Car  il  rescmbleroit  enfance, 

Aiicois  en  pren  Jors  ta  vengance.' 
196        Âtant  se  test,  ne  vout  plus  dire. 

Et  li  rois  conmenca  a  rire, 

E  li  baron  dient  ensenble 

Bien  a  parle,  si  con  nos  senble.' 

Lors  ot  Yseugrina  molt  grant  honte, 
300  Quant  Tybert  ot  defet  son  conte. 

Trestuit  le  prennent  a  huier, 

Sachez  molt  li  puet  anuier. 

Mesire  Nobles  si  se  levé. 

'Segnor'  fet  il,   molt  par  me  grieve 
a»    De  cest  cri  et  de  oeste  noise. 

Mes  de  Renart  qui  si  me  boise 

170  B.  noient    180  bataille  u.  tôt  au«nt    im.eot     191  nous    192 
*^'*r    1B4  la  manque    202  8.  q'  m.  U  pot 


,  Google 


X  (M6on  IWWô— 18134I 

M'ensegniez  que  je  porrai  ferc 
Et  a  qeil  chef  g'en  porrai  ti-ere, 
Volcntiere  i  envoieroie 
210    Ud  prodome,  ae  jel  savoie.' 
'Sire'  dist  Belin  li  motons, 
Nos  entendons  et  escotona. 
Se  vos  i  voles  envoler, 
^ii  vos  en  estuet  nul  proior: 
2lâ    Mes  conmandcs  qui  vos  plera 
Le  tneaeage  e  il  le  fera.' 

Belin'  ce  dist  Noblea  11  rois, 
'Molt  par  eetea  proua  et  cortoie. 
Ja  maveis  conseil  ne  doaroiz. 
S20    Saves  ore  que  vos  ferez  i* 
Dîtes  Roeael  le  maetin 
Qu'il  soit  trestos  prcst  le  matin 
Et  apreste  de  ta  besoinne 
"       Et  qu'il  i  Toiât  sans  nul  eauÏDgne. 
a25    Ne  puis  avoir- mellor  messaje, 
Ne  plus  délivre  ne  plue  sage.* 
Roetiel  l'ot,  on  pies  ee  drece 
E  parmi  les  autres  a'adrece 
Devant  le  roi,  ai  li  a  dit 
230    'Ge  fornirai  sanz  contredit 
Le  measaje,  s'en  m'i  envoie. 
En  aon  païs  sai  bien  la  voie.' 
'Va  donc'  dit  li  rois,  'si  li  di 
Que  devant  moi  soit  mercredi 
235    Prez  et  gamiz  de  soi  deffendro: 
Ou  se  ce  non,  gel  ferai  pendre 
De  la  somonse  del  deapit 
Doot  il  priât  par  soi  le  respit. 
Portez  mes  letres  seelee». 
240   Gardez  ne  li  soient  celées! 
Et  se  cest  mandement  refuse 
Et  mon  coamandemont  t 


20H  trc    210.  M  K«    '^^*  «stut  nu»    2ia  que    229  apo 
manque    2il5  g.  por  moi  d.     236  oe  ce     240  Qai  dei 


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X  (Méon  IftlSS— 18210J  »*» 

De  la  moie  part  le  d'esfîe, 

8i  l'apele  de  félonie.' 
245    Roenel  li  respont  'bau  aire, 

Tôt  ce  li  saura  ge  bien  dire 

Si  que  rien  nule  a^i  faudra, 

Ou  tel  cose  qui  meuz  vaudra.' 

Lors  prent  congîe  et  si  s'en  torne. 
250   A  eon  tref  vient  et  ai  s'atome 

Al  eioz  qu'il  puet  e  e'apareille. 

Sa  meinie  molt  se  merveille, 

En  queil  leu  il  voloit  aler. 

Si  le  prennent  a  apeler. 
33{)   Sa  feme  l'a  a  raison  mis, 

'Or  me  dites  fet  ele,  'amis, 

l'or  queil  afairo,  por  queil  oevre 

Faites  vos  cei*  'Cil  li  descuevrc 

Qu'el  meeage  le  roi  ire, 
'JAO    Que  li  rois  molt  proie  l'en  a 

Por  Renart  a  cort  amener. 

'Et  ge  me  voil'  fait  il  'pener 

De  tôt  son  volotr  aconplir. 

Por  ce  fas  mes  maies  enplir 
965   Et  bien  atomer  mou  atere. 

Que  ne  voudroie  envers  lui  fere 

Chose  dont  se  doûst  irer. 

Le  matinet  a  l'esclairer 

M'estnet  movoir,  dex  m'en  avoit!' 
2711  'Sire'  fet  ele;  'dex  l'otroit!" 

Ataot  laissèrent  le  plaider, 

Li  lit  sont  fet,  si  vont  chocer 

Jusqu'au  matin  a  l'ajornee. 

Ancois  que  l'aube  fust  crevée 
3T.i    S'est  levez,  si  a  pris  congie 

Que  il  n'i  a  plus  délaie. 

Montez  est,  si  s'en  est  tornez. 

Que  il  n'i  est  plus  sejomez: 

!SI  pot  2^8  La  2M  prenne!  266  aéra  I.  meehrf  289  mpglot 
mmn  2tt  M.  «ext  Apris  278  nn  lit  Au  matin  quant  ne  fu  esroïc 
KWf»  rormi  )i  rox,     Lm  vtrê 


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X  iHéon  1S211— 18216) 

Le  grant  troton  s'en  vait  a  force 
^  280   La  matinée  tote  a  orce, 

Toz  jorz  vait  la  voie  plus  droite.       D 
Voulez  oïr  oontne  il  eaploiteP 
-    Tant  chevaucbc  bois  et  garanne 
Qu'en  la  cit  vînt  de  Theroane. 

2éâ   Renare,  qui  se  doutoit  de  guerre, 
Avoit  fait  pourcbacier  et  querre 
Charpentiers  de  ptueeurs  maniérée 
Qui  li  faisoient  ses  perieres, 
Qui  ou  chastel  erent  assises, 
'  3<)0    Et  mangonneax  de  plu^eurs  guises, 
'     Et  bonnes  portes  coleïces 
Li  fesoient  devant  les  lices. 
Ses  fossez  faisoit  redrecier 
Et  ses  passages  afaitier 

3!)j    Que  l'en  nés  poïst  damager. 
Atant  ez  vous  le  messagier 
Boenel  qui  les  lettres  porte. 
Renart  trouva  devant  sa  porte 
Qui  de  ce  ne  se  donne  garde. 

BOO    A  celle  fou  il  se  regarde. 
Quant  il  a  chobi  Roenel, 
Sachiez  ne  li  fu  mie  bel, 
'  Que  vers  lui  n'a  tneatier  treslue. 
'Renart,  mes  sires  vous  salue' 

305    Fait  Roenel,  'li  mieuldres  rois 
Qui  soit  jusqu'el  règne  as  Iroia, 
Li  mieuldres  que  onques  veïsse.' 
Ce  dist  Kenars  'diex  le  garisse  :' 
'Or  vous  conterai  mon  message' 

310   Fait  Boeoel  'sanz  nul  oultrage. 

Renart'  fait  il,  'li  rois  vous  mande 
''     Et  tout  a  estroux  vous  conmande, 
(Yez  ces  lettres  a  testimonie) 
Qu'a  lui  veigniez  senz  nulle  e 


288—416  manquent  à  eim*a  de  la  perte  d'une  feuille;  il*  ••"' 
impplif»  par  le  mue.  D.  263  oheuaachB  2â5  q.  bien  unoit  1*  ^* 
paneillonfi    300  Ip    HOA  iuBquMi  el    307  m.  roii  eanqueR    SIS  U»h 


,  Google 


X  (Maon  182*7— lft282)  35 

315    Dedenz  sa  cort  fere  droiture 
^    Del  despit  et  de  ]a  laidure. 

Devant  lui  soiez  mercredi,       ^ 

De  la  seue  part  le  vob  di. 

Molt  as  mespris  vers  ton  seignor, 
3â0   Onques  mais  hom  tel  deshonor 

Ne  fist  a  son  seigneur  en  terre. 

Que  l'autrier  vos  envoi»  querre 

Et  vos  n'i  daignastes  venir: 

Bien  vous  en  doit  mesavenir. 
3Sâ   Par  moi  vous  en  semont  encore 

Et  par  ces  lettres:  ne  sai  ore 

Se  tu  i  daingneras  venir. 

Se  tu  lî  veus  de  ce  faillir, 

Li  rois  meïsmes  te  desfle.' 
330   Ce  dist  Benart  'ce  n'i  a  mie. 
^        Fox  est  qui  vers  seigneur  eetrive. 

James  a  nul  jour  que  je  vive 

Ne  ferai  rien  qui  li  desplaise, 

Ainz  soufferroie  grant  mesaise. 
336   Ja  mar  en  serez  en  dotance: 
.  A  loi  irai  sanz  demorance. 

Or  m'ont  a  li  melle  si  homme. 

Hais  par  les  sains  c'en  prie  a  Rome, 

Onques  son  message  ne  vi, 
Ml   lia  moie  foi  vous  en  plevt. 

Mais  tiex  ne  pèche  qui  encourt. 

Or  irai  avec  vous  a  court 

Oîr  qu'il  me  demandera. 

Et  ce  qu'il  me  conmandera 
345   Ferai  sanz  contredit  de  rien.' 

Dist  Roenel  Vous  dites  bien, 

Or  aves  parle  conme  sage. 

Et  j'ai  bien  fourni  mon  message. 

Or  n'i  a  mais  que  del  errer. 
SbO    Faites  bien  vos  chastiax  fermer: 

S2H  Mai*  •»  tu  Df  lUig^ieH  n.    !I94  noalferaie    3H.'>  mot<>z    343  ii 


,  Google 


^52  X   (Méun  18^83— 18»20) 

Car  il  Doe  corient,  ce  yos  di, 

Qu'a  la  cort  soiona  mercredi. 

Et  si  vous  en  dirai  le  voir, 

Je  ne  veil  pas  aanz  tous  mouToir, 
355    Aiaz  en  irons  andui  ensemble. 

Resan  respont  'oe  bien  me  semble. 
A.  ces  paroles  s'en  toruerent 

Cil  qui  onques  ne  s'entramerent, 

Et  se  mettent  as  desarez. 
ms    Or  est  Benart  molt  esgai-ez 

Et  va  molt  ses  temples  gratant 

Et  Roenel  s'en  va  devant 

Et  Tamonneste  de  troter, 

Quant  le  voit  ses  temples  grater. 
3fi5    ^ais  Uenars  va  toaz  jours  derrière, 

Kt  se  pourpense  en  quel  manière 

De  Roenel  se  partira 

Et  conment  il  l'engignera. 
Tant  chevauchèrent  li  vasal 
UTO    Que  il  vindrent  el  fons  d'un  val 

Devant  une  vile  ohampestre. 

Par  delez  la  ville  a  main  destra 

Avoit  vingnes,  molt  bien  m'en  membre, 

Et  fu  al  entrer  de  septembre. 
375   Vers  les  vingaea  s'est  adreciez 

Reuart  qui  molt  fu  courouciez 

De  Roeoel  qui  si  Teemaie. 

Il  garde  et  voit  dessous  la  haie 
,      Une  oooignole  tendue 
•M)   Que  uns  viUina  y  et  pendue, 

Qui  des  vignes  se  faisoit  garde. 

Bien  ht  congnut,  si  se  regarde 

Et  vit  le  morael  en  la  corde, 

Mais  n'a  talent  que  il  î  morde. 
;iRj    Mais  s'il  puet,  il  i  fera  prendre 

Son  oonpaignoQ  et  entreprendre. 

»SI  C.  aler  nous  c.  ce  di  a.lH  ce  mnnqtu  remeinble  3fil  t 
UA  Stii  baUnt  36G  qui  ne  871  Dp1«e  H7a  la  aigae  8T7  Irtni 
37»  deuiDH     Ht45  Hbîh  ]  Et 


,  Google 


X  (MAcin  1H32I— IflSîiM] 

''    Sa  il  niolt  bien  n(^  s'echargaite. 

Itfainte  trnTsrrn  aura  faite. 

Savez  conment  l'a  deceû? 
.<tmi   Quanr  l'cDgiTi^  a  apperceu. 

Devant:  le  laz  qui  icrt  tendus 

S'est  niis  Benart  et  eatenduz 

A  genoillona  et  merci  crio 

Au  creatour  et  ai  1)  prie 
39&    Qu'il  le  gart  des  niains  au  gaigDon 

Dant  Roenel  son  conpaignon. 

Lors  s'est  Roouel  regardez. 

'Renart'  fait  î),  'pour  quoi  tardezf 

Quant  TOUS  devez  venir  avant, 
*00   Pour  quoi  alez  voua  demorant? 

Renart'  fait  il,  'et  car  venez, 
"    Yous  n'estes  mïe  bien  senez. 

Rendre  vous  convendra  raison, 

Pour  quoi  querez-vous  achoisonP 
-lai   Pour  quoi  von?  alez  delaiant 

Et  de  la  court  si  retraiantp' 

'En  mal  eiir'  ce  dist  Renart. 

'Touz  jours  estes  vous  fox  musart. 

Je  fais  ci  ilec  mes  prières 
410    A  ces  reliques  qui  sont  chîeres 

Et  de  grans  vertus  espronvees. 

En  ceat  paTs  sont  honorées. 

Mais  vous  estes  tant  fols  et  grains 

Que  vous  n'avez  cure  de  Bainz.' 
415    'Conment'  ce  respont  Roeniax, 

'Est  cist  saintuaires  nouviax?' 

Oîl'  fet  soi  Renart.  "bau  sire.  } 

Et  savez  que  je  vos  puis  dire 

Qe  ne  quit  pas  qu'en  tote  France 
4M  Ait  reliques  de  tel  puissance 

Ne  ou  aviegne  tel  miracle, 


388  «n-a  eorrompu      305  Qui  le      396  De      397  Quant  R.  sent  r. 
WrccBluit     409  fileo     413  gains     417  U  mse.  A  rrprend     419  qu' 


,  Google 


__         I 


X  (M*on  18358— I83B7) 

TSeïa  as  poisons  BeÎDt  Romacle. 
Si  Toa  Ai  bien  de  vérité 
Que  nua  n'a  celé  enfermete, 

435    Se  il  aproitne  au  seintuaire, 

James  ait  jor  mal  ne  contraire: 
Ne  celé  béate,  si  l'atouche 
Une  fois  u  dous  a  sa  boce, 
Qui  jamea  soit  envenimée 

4S0    Des  qu'ele  en  sera  aproimee.' 

Bien  seit  Reaara  gent  amuser 
Et  soi  par  parole  escuaer. 
Et  Roonel,  que  il  afole, 
Se  tret  près  de  la  cooingnole, 

435    Et  tient  bien  la  parole  a  voire 
Que  Renart  1i  a  fet  acroire. 
Et  li  morsaua  do  cel  engin, 
Fu  de  formage  de  gain, 
Et  H  laz  eetoit  eatenduz 

440   Par  deeaus  dcus  passons  fenduz, 
Et  la  corde  par  desus  mise 
En  tel  manere  et  en  tel  guise 
Que  se  Roonel  vient  avant 
Ou  par  derere  ou  par  devant, 

445    Et  voille  prendre  le  formage, 
Bien  i  porra  avoir  damache, 

Roenel  a  passe  la  voie. 
Il  voit  l'engin,  si  s'en  csmoie. 
Retorner  vout,  car  il  se  dote 

450    Que  il  ne  tiegne  maie  rote. 
Rficulant  sailli  de  la  vigne. 
Mes  cil  qui  tôt  le  mont  enginne, 
Le  réconforte  e  met  en  voie 
Et  au  seintuaire  l'envoie, 

406    Et  dit  sire,  ne  crèmes  pas: 
Mes  alez  bêlement  le  pas! 
Beissiez  les  seinz,  si  nel  leissiezl' 


422  p.  de  B.     427  ail  U  touche     428  ha    42fl 
■proime    432  sHCuiier    440  deaoi    4S0  ni    4&T  si  i 


...Google 


X  Mion  (IS398-18433)  355 

A  oest  mot  s'est  cil  abeisaiez, 

A  jenoUlon  se  mist  a  terre 
480   Por  le  seotaeire  requerre. 

Au  bessier  si  vit  le  formaje, 

Dont  il  ot  puis  honte  et  damaje. 

Ëntalentes  est  molt  del  prendre 

Por  ce  qu'il  le  vit  gaune  ot  tendre: 
465   dite  lez  deaz,  pas  ne  se  tarde, 

Porter  l'en  vont:  mais  tel  le  garde. 

Qsr  au  sacher  lî  loz  destent 

Et  desus  le  col  lî  descent, 

La  ceoignole  si  l'enporte 
4Î0   Amont  que  molt  le  deconforte, 

Et  en  tel  manere  l'atret, 

A  pou  le  col  ne  li  a  fret. 
Roenel  conmenca  a  brere. 

'Kenart'  fait  il,  'que  porrai  fere? 
4Ta  A  mal  oetel  sui  descendus, 

Que  par  le  col  i  £ni  pendus. 

Toz  m'en  est  enfles  li  viairea. 

Maldeheit  ait  tel  seintuaires 
/■    Qui  en  teil  guise  fet  baler, 
''480  Ceb  qui  le  volent  aorer! 
--Ge  me  quidoie,  c'est  la  pure, 

De  vos  garder  en  tel  mesure 

Et  de  vos  torz  et  de  vos  giles, 

Que  vanter  m'en  poisse  as  viles; 
48â    Mes  or  m'en  sui  si  mal  gardez 

Qu'a  honte  en  serai  regardez. 

Por  ce  dit  en  en  reprovier 

Que  tex  quide  son  dol  venchcr 

Molt  bien,  qui  son  ennui  porchuce 
490    Et  sou  damage  quiert  et  brace.' 

Renars  respont  'par  grant  pèche, 
Dont  vos  estes  molt  enteche, 
Vos  est  venus  icist  contraires. 

>St  oint  le  fromeie      46<i  le  u.     468  ilf-stcnt      4fîf>   Et    Irt   uif-nle 
im    478  seintuairez     489  rn)pii  p      493  Uoi 


,  Google 


>6  X  (Uéon  1S434— iS469) 

Corociez  est  li  seintuairea 
405    Por  ce  quel  voliez  enbler. 

Bien  i  parut  al  asambler: 

Oreinz  quant  seraetes  les  denz, 

Le  voUeez  mètre  dedcnz, 

Por  oe  vos  a  il  retenu, 
500    A  boD  droit  vos  est  avenu. 

Ja  de  laron  bien  ne  vendra, 

Ne  ja  DUS  bon  cbef  n^en  prendra. 

Or  me  puis  bien  apercbevoir 

Que  me  voliez  décevoir. 
505    Quant  entendre  me  feaeoz 

Et  que  por  voir  me  diaieez 

Por  mener  fora  de  ceato  terre 

Que  dant  Nobles  m'enveoit  querre, 

Oreins  quant  nos  en  alïona. 
610    Onquea  dan  Nobles  li  lions 

Ne  fÎBt  de  laron  son  mesaaje 

En  leu  de  prodome  et  de  sage. 

Or  m'en  ont  vcnche  li  cors  seint 

Et  la  vertu  qui  vos  destretnt. 
515   Droiz  est  qui  mal  velt  fere  autrui, 

Que  te  max  s'en  viegne  par  lui. 

Ge  m'en  irai,  vos  remandroîz, 

Gardez  lez  vignes,  ce  est  droiz,' 
À  ces  paroles  s'achemine 
520    Renara,  cit  remeist  en  la  vigne. 

Atolt  pnr  s'en  est  bien  deltvrea. 

Renara  s'est  au  foïr  tornez 

Et  son  cheval  point  tant  et  broche 

Que  de  son  castel  vit  la  roche: 
535   Ynnus  est,  si  dcacent  au  pont. 

Hes  ovrers  qui  aea  ovrea  font 

Amoneste  de  tost  ovrer 

Et  de  ses  portes  délivrer, 

Et  de  reparer  ses  fosses, 

499  ont  il  decou  50Z  De  p.  S07.  OOS  manqutnl  512  Qmh 
8  ]me  515  eHt  manque  519  ceste  parole  BKoline  62!  liurei 
D  OMtel    529  reparrer 


,  Google 


X  (Méon  18170—18505)  357 

080   Que  bien  set  qu'il  est  confessez, 

Se  lî  rois  vient  sor  lui  a  est. 

Il  n'a  pas  poor  qu'il  l'en  est; 

Aacob  en  seront  molt  pesez. 

Molt  e'esforce  li  forsenes 

035   De  fera  fessez  et  trenchecs. 

^  Tôt  environ  a  cinc  archeies 

Fet  nn  fosse  d'eve  parfont, 
'  Nus  n'i  paet  entrer  qui  n'afont. 

Desns  fu  U  ponz  toroeïz 
^  MO   M'oit  bien  tome,  toz  volteîs. 

Desns  la  tor  sont  les  perreres 

Qui  lanoberont  pierea  pleneres: 

N'est  nus  hom  qui  en  soit  feruz, 

Qui  ne  soit  a  sa  fin  venuz. 
^  545   Les  archeres  sont  as  quemeax 

Par  ou  il  treront  les  quereax 

A  damoger  la  gent  le  roi. 

HoU  est  Kenart  de  grant  desroi 

Qui  si  contre  le  roi  s'afete. 
5G0   Sor  chaaoune  tor  une  gaite 

Fist  mètre  por  eschaugueter, 

Et  il  en  avoit  grant  mester. 

Einsî  s'est  Renart  atornea. 

Molt  fu  bien  d'eve  avirone, 
^055    Uordelz  ot  et  bon  et  bel.  115 

Par  dedeoz  lez  murs  du  castel 

Ses  barbacanes  fist  drecier 

Por  meuz  aon  oastel  enforcïer. 

Soudoiers  mande  par  la  terre 
560    Qu'il  viennent  a  lui  por  conquerre, 

Serjanz  a  pie  et  a  cheval: 

Tant  en  i  vint  que  tôt  un  val 

En  fu  covert.    Grant  joie  en  fiât 

Renart,  et  meiotenant  lea  mist 
560   Ea  barbacanes  por  deffenae. 

Ï33  en  manque     538  pot     bii   quarmeai     547  lo  g.     555  Et  h. 
™  MgB«t    qaenqnerre 


,  Google 


X  pl.'oii  IR."i06-ie54H 

Nu8  ne  puet  savoir  ce  qu'il  pense. 

Molt  s'est  Renart  bien  entremiB 

D'aïde  querre  a  see  amis, 

Que  bien  quide  aanz  nul  retor 
d70   Qu'il  Boit  asis  dedenz  sa  tor. 

Qrant  doute  et  grant  poor  en  a. 

Mes  sachez  qu'il  se  défendra, 

S'il  i  vient  ame  qui  l'asaille. 

Ja  n'en  partira  aanz  bataille. 
575        De  lui  me  tainù  ore  ici, 

Mes  a  Roonel  qui  peudi 

En  la  haie  retornere, 

Qui  malement  fu  atrapo. 

Darement  gicnt  et  si  baaille. 
580    Ne  chanjast  pas  une  maaille 

Qui  li  donast  un  esterlîn. 

Uolt  ot  en  celui  mal  voisin 

Qui  iloques  le  mist  branler. 

MoU  se  débat  por  escaper, 
585    Mes  ce  ne  li  vaut  un  bouton: 

Que  molt  le  tint  bien  le  lacon 

Qu'il  a  entar  le  col  lacie, 

Dont  il  estoit  molt  corocie. 

Hoc  se  débat  et  abaie. 
590   Et  li  vignerons  sanz  délaie 

Vient  qui  des  vigaee  catoit  garde. 

Vit  celui  pendu,  si  l'esgarde. 

Entre  lui  e  son  conpaignon 

Coraut  en  vienent  au  gainnon 
505    Bien  entalente  de  mat  fere. 

Lors  ne  sot  Roouel  que  fere, 

Quant  il  les  vit  vers  lui  venir. 

Toz  li  sanz  li  prist  a  frémir. 

Que  bien  cuide  estre  malbatilia. 
600   Ja  ei-t  de  doua  para  asaillis. 

Li  vileîn  aaillent  meintenant, 


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X  (Méon  18543-18578) 

L'un  derere,  l'autre  devant: 

Li  une  le  Sert,  l'autre  le  maille. 

Li  mastins  durement  baaille, 
605    Kolt  se  crient  morir  ne  l'estuisse, 

Ou  qu'il  a'i  labt  ou  bras  ou  cuisse. 

Durement  en  est  en  malaise. 

Oe  ne  quit  mie  qu'il  li  plese, 

Que  tel  déduit  n'amoit  il  pas. 
610    Et  cil  vienent  plus  que  le  pas 

Qui  tant  ne  quant  ne  l'orent  cier. 

Maintenant  por  lui  damacher 

-  Sallirent  avant  amedeus, 

-  Ja  li  fernnt  de  molt  puz  jeue. 
6i5   Li  une  let  core  une  macue, 

Et  li  autres  dist  cuivert,  tue  I 

S'il  t'eaohape,  tu  es  honb.' 

Et  cil  ne  fu  pas  esbahiz, 

Ainz  l'a  féru  parmi  les  reins 
S20    D'une  grant  macue  a  deus  meÎDs, 

A  max  parens  est  Roenaux, 
'   Que  cil  li  aunent  ses  bureax, 

Dont  il  n'avoit  nul  oovoite. 

Tant  l'ont  entr'aus  deus  desache, 
635   Et  tant  li  ont  le  dos  batu 

Que  il  li  ont  le  laz  ronpu 

À  qoi  il  pendi  par  le  col. 

Tant  l'ont  batu  que  tôt  fu  mol. 

Maint«nant  chaï  a  la  terre, 
680   Les  piez  eatreint  et  les  denz  sere: 

Lez  an  fosse  se  pleint  et  plore. 

Et  cil  lî  ooreut  andoi  sore 

La  ou  il  se  fu  acostez. 

Tant  li  ont  batus  les  costez 
685   D'une  grant  macue  pesant, 

Que  por  mort  le  lessent  gisant. 
Atant  s'en  sont  dlloc  tome, 

Quant  il  l'orent  si  atorne. 

a  c.  ^lie  n.    «OB  qne  il    ItlO  o.  li  u.    616  dit    690  Lei 


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360  X  (Mi'OD  18579—18614) 

Et  Roond  iloc  remeint 

640    Qui  des  cox  ot  rccoû  meint, 
Ne  quit  qu'il  git  taleot  de  rire. 
Molt  li  eetuet  avoir  bon  mire 
Et  bon  porchaz,  s'il  en  escape. 
Ileques  août  il  poi  de  frape, 

64b    Quant  il  insi  fu  pria  au  laz 
Par  tel  engin,  par  tel  baraz. 
MoU  Bfl  tient  por  vil  si  a  droit 
De  Benart  que  si  le  decoit 
Et  qui  en  tel  prison  l'enpeint, 

650    Ou  cil  l'ont  bote  ot  enpaint, 
Dont  gamea  ne  sera  loîax. 
Eïnsi  se  conpleint  Rooneax, 
Toz  Bonls  a  lui  meîme  tonce. 
Sovent  a.  blâmer  se  conmenoe, 

65S    Quant  il  fu  pria  en  tel  mesure. 
Que  vos  diroieP  Cest  la  pure, 
Malement  eat  la  coae  ovree. 
Ja  es  ce  vente  provee, 
Haaart  jeta  arere  mein. 

660   Iloc  juat  duaq'a  leudemein. 

Lors  s'est  levés,  tant  se  démeine, 
Les  euz  ovri  a  quelque  peine, 
Et  conmenoha  a  chanceler. 
Et  quant  îl  vit  l'aube  crever, 

665    Con  îl  ttînz  pot  d'iloc  s'en  tome. 
Vers  la  cort  vait,  plus  ne  aejome. 
De  la  vigne  iat,  si  a'en  ealoigne. 
IVIes  n'a  pas  bien  fet  sa  besoigne 
Ne  le  messaje  le  roi  fet, 

670   Que  trop  aavoit  Renart  de  plet. 
Que  volea  voaP  Insi  est  ore, 
Vencher  se  quîde  bien  encore, 
Ireement  a  soi  parole 
Et  regfu-de  la  ceoingaole: 

644  Ileo  8.  il  SBei  d.      649  qaU  en     665  se  t.      e 
674  Et  ■■  r.  U  uignole 


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X  (H^n  18615— 18S50) 

ffjb    'Renaît'  fait  il,  'dex  te  destrue! 
Fait  m'aveB  chose  qui  m'ennuie. 
Par  traÏBon  m'as  or  fet  prendre 
Et  laidement  te  col  estendre. 
Mes  encore  le  te  quit  vendre, 

680   Ja  ai  ne  te  sauras  desfendre 
De  gerre  vers  tpi  porchacïer.' 
Atant  laisse  le  manecer, 
Envers  U  oort  tome  sa  resne. 
A  sot  melme  se  dereane 

6B0    Et  dit  que  jamee  n'iert  haitiez 

Jusqu'à  i'ore  qu'il  soit  veochez. 

Ensi  se  conpleint  lo  gainnon 

De  Renart  son  bon  conpaignOD 

Qui  tant  li  a  fet  trnre  mal. 

600   Tôt  bêlement  le  fonz  d'un  val 
S'en  vait  traînant  a  grant  peine. 
D'aler  a  cort  forment  se  peine, 
Mes  Bovent  Testut  reposer. 
Halement  se  puet  alosor 

095    Qu'il  soit  bon  messager  no  proz. 
Il  en  sera  gabez  de  toz 
A  la  cort,  quant  il  i  vendra: 
Dahez  ait  qui  nel  asaudra 
Se  il  puet,  et  si  feront  il. 

700  Oe  ne  quit  pas  qu'il  i  ait  cil 
Qui  aint  Renart  de  nule  rien, 
Qui  ne  li  die  on  mal  ou  bien. 

Tant  ala  Roenel  le  jor 
Qu'il  vint  a  la  eort  son  segnor 

TOIS  Ancoia  que  midis  fuat  passez. 
Mes  molt  fu  durement  lasez 

"  Que  de  cox,  que  del  brandeler 
Qu'il  ot  pris  aa  vignes  garder, 
Qu'il  n'i  remeist  os  a  brisier. 

710    A  grant  poine  se  puet  aider 


I  régna      «94  pot     700  qna  il      707 


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X  (H«OD  ISeSl  — 1B«90) 

Ne  susteDÏr;  tant  fu  destroîz 

Qu'il  chai  bien  quatorze  foiz 

En  la  voie  que  il  a  fête, 

Dont  molt  durement  ee  dehaite. 
716    Totevoies  cooment  qu'il  tort, 

Est  Roonel  venua  a  cort. 
Li  rois  s'estoit  aie  esbatre 

De  ses  barons  avoo  lui  quatre^ 

Brichemev  li  cors,  Ysengrin, 
720    Grinbert  le  tesson  et  Bâlin. 

Cil  quatre  furent  bien  du  roi. 

En  els  n'avoit  point  de  desroi, 

AiDis  furent  prodome  ancien: 

Molt  estoient  bon  cristien 
7:23    Toit  quatre  et  de  molt  grant  renon. 

Aveques  Noble  le  lioQ 
"    Furent  aie  esbanoier, 

N'avoient  cure  d'esmaier 

Entr'euB  ne  de  rien  fore  de  joie, 
780   Et  qui  le  velt  olr,  rï  l'oie. 

Ensenble  s'en  vont  li  baron 

Parmi  la  forest  de  randon, 

EU  cino  eanz  plus,  qu'il  n'i  out  autre. 

Chascun  tenoit  lance  sor  fautre 
73b    Que  il  ne  fussent  envaîz 

Que  li  roia  estoit  molt  haYz: 

Por  ce  aloient  si  serre. 

Et  li  rois  a  premer  parle 

'Segnor'  fet  il,  'vos  qui  <à  estez, 
740    Vos  estes  prodom  et  honestes, 

Et  molt  vos  aim  en  bone  foi. 

Segnor,  por  ce  dire  vos  doi 

Por  quoi  ai  ma  gent  asemblee. 

Nus  n'en  set  vérité  provee, 
740    Ne  vos  ne  autres  fors  que  moi. 

Et  vos  saves  bien  de  la  loi 


714  dorement    716  aenue    734  feutre   7S9  estei    740  obmM  T41 
744  proae 


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X  (Héon  16691-18740)  S63 

ËDsi  coDtne  je  croi  et  pena. 

Por  ce  vos  dirai  mon  a  sens, 

Que  je  voit  aler  par  esgart 
70O   Trestot  droit  au  caatel  Renart: 

Por  lui  prendre  et  por  ameoer 

Ai  fet  eeste  gent  asombler, 

Qar  messajes  ai  ja  tramis 

A  lui,  ne  eai  ou  cinc  on  sis. 
755    Par  meinte  foiz  l'ai  fait  matlder. 

Mes  rien  que  saclie  conmander 

Ne  velt  fere:  por  ce  me  cleim 

A  vos  quatre  que  ge  molt  eim.' 
Bire,  sire'  dist  YseDgrin, 
760   'RooDel  vendra  le  matin 

Qui  i  ala  par  vostre  gre. 

Et  se  il  ne  l'a  amené 

Et  il  ne  vient  avoques  soi, 

Par  cele  foi  que  ge  vos  doi, 
765   Se  mis  conseuls  en  est  creûz, 

Ses  castax  sera  abatuz 

Et  BÎ  seroit  mis  en  prison,' 

'Sire  Tsengnn'  dist  le  tesson, 

'Prenez  vos  aor  vos  ccste  miseP 
770    Li  roie  qui  l'enpîre  justisee 

N'en  fers  pas  a  vostre  esgart. 

Quidiez  vos  dont,  se  dex  vos  gart, 

8e  Uenara  ot  le  mandement, 

Qu'il  ne  viegne  delivrement 
776    A  cort  por  oïr  la  demande 

Que  mis  sires  lï  rois  demande? 

Se  Roonel  revient  sanz  li, 

Il  n'a  pas  le  messaje  oT. 

Que  je  sai  bien  que  se  il  l'ot, 
780   II  i  vendra  au  premer  mot. 

Ja  n'i  aura  reapit  requis, 

Tant  ai  ge  de  l'afere  apris.' 

TMpremÎB    75i  le  premier  oa  manque  765  eamirnque  T8S  abani 
^O  <m    775  1»  ]  aa    777  lui 


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oo4  X  (Méon  18741—18776) 

Atant  laissent  le  sarmoner: 

Si  se  prencDt  a  retorner 
TS5   Trestot  eoavet  le  cemin, 

Li  rois,  Oriobert  et  Taengrin, 

Et  Belin  le  moton  ensemble. 

One  ne  finerent,  ce  me  semble, 

9i  sont  a  la  cort  revenu. 
790    Et  Roonel  ert  descendu 

Taotost  el  mileu  de  la  cort. 

A  TeocoBti-e  cbascua  li  cort 

Et  demandent,  se  Renàrs  vient 

Et  quelle  esaoînne  le  détient. 
795    Roonel  ne  lor  veut  mot  dire, 

Ancois  ploure  molt  et  eospire. 

Molt  li  dout  li  dos  et  l'escine, 

rarmi  la  cort  ses  reins  traîne, 

Bleciez  fu  en  la  deatre  poue. 
SOO    Et  chaacun  li  a  fet  la  moue. 

Et  s 'esc  rient  trestuit  ensemble 

'Misire  Roonex  reaemble 

Qu'il  ait  chacie  ou  leu  ou  ors. 

Bien  l'a  moquie  Renars  li  rox 
8(6   Qui  le  fait  venir  de  travers. 

11  l'a  bien  tenu  en  travers 

Et  del  lonc  et  de  totes  pars. 

La  bone  aventure  ait  Renars  !' 

Font  tuit  cil  qui  voient  le  ohen. 
810   'Yeee  oon  il  resemblu  bien 
,    Home  qui  levé  de  durmir! 

Bien  savez  message  fornir.' 
Que  qu'il  gaboioot  le  gaînnoD, 

Li  rois  vint  et  si  conpaignoQ 
815    Devant  la  sale  descendu. 

Et  cil  li  est  au  pie  coii. 

"Sire'  fait  il,  'por  deu  vos  pri. 

Que  T08  aiez  de  moi  merci. 

702  li  ]  i     803  le  premier  ou  miFHgu*      loB  on  hors     806  m  |  '* 
811  qii«    81S  desoendie    816  cou  «u  pi« 


,  Google 


'  X  iMéon  lfi777— 18812) 

6e  fis  ce  que  me  conmandflatea 

Ml    Et  le  message  ou  m'envoiaetes  : 
Ge  portai  vos  letres  Renart 
Et  si  ti  dis  de  vostre  part 
Que  devant  vos  fust  hui  cest  jor, 
Qu'il  n'i  avoit  plus  de  sejor, 

825    II  me  respondi  loiaument 
Et  si  me  dist  joieuBemcnt 
Que  il  i  vendroit  saoz  deloie. 
Puis  DOS  meïmeB  a  la  voie 
Lie  et  joîant  sanz  domorer. 

S30    Et  ge  ie  somona  de  troter 
Por  plus  tost  a]er  ua  petit: 
Et  li  traîtres  si  me  dist 
Qu'il  De  pooit  plus  tost  aler. 
Por  ce  qu'il  me  voloit  lober. 

83b    Ue  reepoudi  que  bêlement, 
A  lissons  et  cortoisoment 
Tôt  soavet  et  tôt  le  pas 
Que  nos  ne  fuBsions  trop  las. 
Gc  li  otroiai  son  plaissir, 

840    9i  Gonmencnmefl  a  venir. 
*  Ëndementres  que  ge  veuoie, 

Li  traïstres  que  g'amenoie 
«       M'abricoua  par  sa  parole 

Qu'il  me  fist  d'une  ceoignole 

845    Acroire  que  c'ert  seintueîre 
Et  que  ta  (fiseit  seint  Tleire, 
Et  ai  me  dist  qoe  gel  bossasse 
Ancoia  que  jo  outre  paasasse. 
Ge  quidfli  que  voir  me  deTst 

800   Et  que  nul  mal  ne  me  feïst: 
Celé  part  vîng  sanz  demorcr 
Por  le  aeîntueirc  aorer. 
Au  deereÏQ  me  ting  por  fol, 
Que  g'i  fu  pendus  par  le  col, 


S  faeson*     FI44  Que  il  ne  diit  dn.  aignole 


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X  (Hûon  1)4813-  18848) 

855    Si  que  par  poi  li  eil  dcl  front 
Ne  me  volèrent  contremont. 
Ce  ma  fiet  ea  aa  conpagDÎe 
Li  traîti'es,  li  foi  m«ntie, 
li  parjurée  et  li  tricherca, 

860    Li  fax,  li  desloiauB  lechcres, 

Qui  tôt  le  mont  a  bout  nugînne. 
Pendant  me  lessa  en  la  vigne, 
Et  dïst  que  les  vignes  gardasse  ; 
Ja  mar  d'iloc  me  remuasse. 

SB5    Quant  ce  ot  dit,  si  s'en  letorne, 
Et  je  remeiz  pensif  et  moine. 
A.tant  me  vindrent  doi  vilein 
Ghaecuns  un  bauton  en  sa  lueio, 
Qui  tant  me  douèrent  de  eux 

870    Que  toz  les  costez  en  ai  mox. 
Que  vos  iroie  je  disant 
Ne  mon  damaje  devisant? 
Ghaecun  me  bâti  sa  foïo 
Tant  que  l'escine  ai  pecoïe. 

87a    Bois,  s'il  n'est  si  cun  vos  ai  dit, 
Ge  vos  oti'oi  sanz  contredit 
Que  me  facoiz  pi'udre  ou  noier. 
Et  se  Renara  le  veit  noier, 
Près  Bui  que  vers  lui  me  coinbate 

080   Et  que  en  ceste  cort  le  mate. 

Rois,  orc  en  prcn  bien  ta  veochance, 
Que  molt  est  gref  la  mesestance: 
Yenchez  vostre  honte  et  la  moie 
Qurt  Renars  m'a  fet  en  la  Toie.' 

885         Âtant  sa  parole  a  fenie 
Et  li  rois  l'a  inolt  bien  oïe: 
Si  en  fu  maris  et  iriez. 
Bel  segnor,  car  me  conseilliez! 
A.  vos  toz  conseil  en  requier. 

890    Que  ferai  de  cel  avresier, 

2  .manqur     86S  dit     865  oe  ot  ce  d.     se  t.     8«8  nto 


-,,.  Google 


X  (Héon  18849-18883) 

Ceat  diable,  ceat  meoreû 
Qui  tante  fois  m'a  dccofl 
Par  son  engin  et  fait  marirP 
Conseil  de  lui  fere  honir 

m<    Prendroie  molt  très  volontere.' 
Yaeagrin,  qui  fus  ses  ga  errera 
Et  qni  le  haoit  mortelment, 
Li  respondi  ireement: 
Segnor'  fet  il,  'or  vos  taiaiez, 

900    Et  Bor  cest  afeire  juchiez! 
Cil  qui  bon  conseil  set  doner 
Ne  se  doit  pas  arîer  torner, 
Ànooiz  conaeilliez  mon  segnorl 
Qar  onques  mais  honte  gregnor 

905    Ne  fist  DUS  a  prinee  de  terre. 
Si  est  droiz  qu'il  en  sorde  gerre, 
Ne  nus  n'en  doit  avoir  pitié. 
Del  terme  qu'il  a  respitie 
Par  lui  sol  sanz  contremander, 

RIO   Onquea  ne  deigna  demander 
Un  sol  jor  terme  ne  respit. 
Par  mon  cbef  ci  a  grant  deepit: 
Et  se  ge  en  fusse  jngeres, 
Qe  JHsgasse  que  li  leoheres, 
-  91&   Li  ribauz,  li  atalnez 

Fuet  ou  pendus  ou  traînez, 
Que  Roonel  le  messager 
A  fet  ai  forment  damager 

"     Par  son  engin,  par  son  dcsroi 

d-iO    Qui  ert  el  message  lo  roi. 

L'en  l'en  doit  molt  bien  fore  honte.' 
Belin,  qui  ot  oî  le  conte 
D'une  part  et  d'autre,  aant  sus. 
'Ysengrin,  or  n'en  dîtes  plus!' 
923    Fet  BeUn:  'trop  en  aves  dit, 
NoB  aaTom  bien  aanz  contr«dit 
Que  vos  haez  Renart  si  fort 

6  gicrrea    902  uiere    905  p>M    910  nel  d.    913  (r 


-,,.  Google 


366  X  (Méon  ISaee— 18921} 

Que  vos  Touidripz  qu'il  fust  mort. 

Or  TOfl  pri  que  n'en  parles  mes, 
030    Qu'en  vos  en  teodroit  a  mevnis 

De  tel  dit  et  de  tel  conmande, 

Se  mis  sires  li  rois  conmnnde 

Et  il  en  son  conseil  le  trulaee, 

II  ert  penduz  por  qu'en  le  truiaae. 
930    Mes,  se  deu  plaiat  en  cui  je  croi, 

Mua  nel  conseillera  lo  roi 

Que  jn  li  face  se  bien  non. 

Se  dant  Roonel  le  gainnon 

N'a  fet  ce  qu'en  li  conmanda, 
9J0    Un  autre  qui  meus  parlera 
^    I  envoit  li  rois  par  mon  loz. 

Que  jamais  n'i  ait  nul  ai  oa 

Qui  juge  sanz  oonmandement  : 

Blâmez  en  aeruit  duremenf. 
94j    Un  messager  qui  meus  parlast 

Loeroie  qui  i  aiast 

Sanz  plus  atarger  le  matin, 

Qui  parlast  romans  et  latin.' 

Lt  rois  respoot  sanz  atai^er 
/   960   'Belîn,  molt  fêtes  a  prîsîer, 

Bien  sni  que  vos  estes  saje  liome. 

Foi  que  doi  aeint  l'ère  de  Rome 

Vos  vos  en  alez  par  le  droit. 

Mes  or  nos  dites  oren droit 
9ôa    Qui  porra  fere  cest  mesncheP 

Que  molt  m'est  tart  que  jo  le  sache, 

One  mais  n'oi  tel  talent  de  rien.' 

'Sire,  Brichemer  ira  bien, 

Et  si  est  cortoiz  et  vaillanz, 
fleo    Et  ai  ssi  bien  que  meus  parlanz 

N'en  a  pas  un  oaieos,  ce  croî. 

Se  il  en  a  de  vos  l'otroi, 

HeintenaDl:  le  verres  movoir.' 

QSl  De  tel  dit  et  ]  Et  a  maues    9S5  e  oui    939  He  t.    qa«  >«>  !■ 
9&Ï  Qm 


,  Google 


X  {HéoD  18622— 18S5T) 

'Belio,  cor  i  al«8  savoir  118 

965    Et  li  dites  que  ge  li  mant 

Que  a  moi  viegne  meintenant.' 
Bricbemer,  qui  tôt  entendi, 

Ed  piez  ae  dreco  et  reapondi 

'Sire  rois,  je  sui  eu  présent 
870    Prest  de  fere  vostre  talant. 

Se  vos  ni'i  voira  eavoier, 

Tantoet  irai  eaoz  delaier: 

Et  se  gel  trais,  a  que  qu'il  tort, 

Sachez,  jel  smenrai  a  cort.' 
975    'Bricbemer'  ce  a  dit  li  rois, 

'Holt  par  estes  prouz  et  cortois, 

Et  si  savez  de  meine  langages 

Dont  vos  estes  ases  plus  sagea. 

Vos  irez  de  la  moie  part 
9S0   Trestot  droit  au  castel  Renart, 

Et  li  dites  sans  delaier 

Qu'il  viegnc  sprendre  a  cortoier 

Sanz  aohaison  querre  ne  guile. 

Que  par  la  foi  que  doi  seint  Gile, 
8fô    Se  il  m'i  fet  envoier  plus. 

Ses  ca8ta]L  sera  abatus 

Et  il  melmes  ert  honîz. 

tfes  mes  letrea  et  mes  escriz 

Porteres  que  meus  vos  en  croie.' 
990   Cil  prent  les  letrea,  si  s'avoie, 

Coagie  prent,  si  s'en  est  partis, 

Et  li  roi  a  remeint  tos  maris. 

Bricbemer  a'en  vait  conme  aaje, 

Bien  quide  fornir  son  mesaaje 
995    Heuz  qu'il  ne  fera.  Tant  oemioe 

Par^  bois,  par  prea  et  par  gaudine, 

Et  tant  ala  eeporonant. 

Qu'il  vint  einz  miedî  aonant 

Trestot  droit  au  oastel  Renart 

*  (MMoir     MT  que     974  8.  qne  iel     976  estes    9S1  Mn  d. 


,  Google 


X  (Méon  IB9M-lSfl8S) 

1000    Qui  de  nul  home  n'a  regart. 

Qar  tant  ert  bien  de  mur  fermez 
Qu'il  n'iert  pris,  s'il  n'est  afamez: 
Par  home  qil  sache  asaîllir 
Ne  li  puet  nul  mal  avenir. 

lOOfi         Bricbemer  s'est  aresteû: 
Qunnt  il  a  le  castel  veîL 
"    Si  horde,  kI  aparellie, 

Durement  s'en  est  merTeillie. 
Avant  en  vet  desas  le  pont. 

lOlO    Li  servant  qui  furent  amont 
Descocbent  quarrax  enpenez. 
Ja  fust  dant  Briohemer  Huez, 
Ne  fust  le  hauberc  qu'ot  veatu: 
Plus  de  dis  en  out  en  l'esou, 

1015  Dunt  il  s'esmsie  durement, 
Et  il  traient  meouement. 
Brichemer  ne  les  pout  sofErir: 
Âriere  l'estuet  resortir. 
Ou  il  voBsist,  ou  bel  lî  fust, 

10-20    Âriere  par  le  pont  de  fust 
Renars  s'estoit  aie  esbaize 
En  BUS  d'iloc  trois  piez  ou  quatre. 
Quant  il  revenoit  de  jner, 
Les  le  pont  trove  Brichemer. 

I03&   Tantost  cou  le  vit  et  oonnut, 
Brichemer  vers  li  acurut 
Et  dist  'sire,  oil  dex  vos  gart 
Qui  toz  les  biens  tome  a  sa  part, 
De  par  Noble  que  sui  message, 

1080    Le  meillor  roi  et  le  plus  saje 
Qui  soit  en  la  crestiente.' 
'Cil  dox  qui  meint  en  trinite' 
Fet  Renart  ai  von  dotost  henor! 
Cktnment  le  fait  il,  monsegnorP 

1086   Et  li  baron  sont  il  heitieV 


1004  pot    lOOe  OMt«    1009  deXM    lOlS  «{iw  U  ot    lOil  4it    10» 
noblei    1080  mendre    1032  Ciit 


,  Google 


X  (Héon  18994— I9080J 

'Il  sont;  trestuit  joîant  et  lie' 
Fet  Brichemer,  'on  moie  foi. 
Mea  es  m'a  envoie  lo  roi. 
Qu'a  la  oort  venir  ne  deignicz. 

IMO    Dites  moi  por  qoî  desdegniez 
Lni  ne  aa  cort,  ce  est  folie. 
n  m'a  rove  que  je  vos  die 
Que  deinein  ssnz  alongez  trere 
Li  venez  a  la  cort  droit  Fere 

1046    De  ce  «^ue  l'aves  en  despit 
Et  que  par  vos  pernea  respît: 
Saches,  ce  n'est  mie  savoir. 
Li  roïa  vos  fet  par  moi  savoir 
Que  demein  a  orc  de  plet 
•  lOiîQ    Sotei  devant  lui  entreeet. 
Ice  vos  ai  dît  de  par  li. 
/  /     Se  n'i  estes,  je  vos  deffi 
De  par  lui  conme  messager.' 
Renars  le  prent  a  loaenger: 

1005   'Amis'  diat  Renars,  'entendez! 
A  la  oort,  se  vos  conraandez, 
Irona  moi  et  vos  orendroit  : 
Ja  respit  ne  terme  n'i  ait 
Ja  n'i  aura  plus  atendu.' 

1060    Briehemer  li  a  respondu 

'Renart'  fet  il,  'montes  dont  tost! 
Que  durement  redot  vostre  oat: 
A  pou  que  il  ne  m'ont  malmis.' 
Ataot  se  sont  au  chemin  mis, 

inu        Or  s'en  vont  li  baron  ensemble. 
Renan  molt  très  durement  tremble, 
Qui  a  grant  poor  de)  lion. 
S'il  trovast  qui  confession 
Li  donast,  molt  très  volenters 

1070  La  preîat.  Tant  vont  les  senters, 
Li  oers  avant,  Renars  après, 
Qu'il  vindront  d'une  vile  près 


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372  X  (Sdon  1M3I— 19066)    . 

Chanpestre.  Renare  s'adreca 

Envers  k  TÎlfl  et  dÏBt  'par  ca 
1076    Nos  en  iron,  se  dex  me  voie, 

Que  ce  est  la  plus  corte  voie.' 

Brîchemer  n'i  entent  nul  mal, 

Vers  la  vile  par  mi  un  val 

S'en  vont  le  droit  chemin  tôt  plein. 
1060    Atant  estes  vos  un  viletn 

Qui  avoit  avoc  lui  trois  chens. 

'Ici  ne  voi  ge  nus  des  miens' 

Fet  Renars,  'ciat  nos  ont  veû.' 

Li  vileins  ques  ot  peroeû, 
10S5    Loi'  hue  ses  chens  meintenant. 

Tuit  troi  s'en  vont  en  un  tenant 

Vers  Brîchemer  et  si  l'ont  pris, 

Et  Renart  s'est  au  foTr  mis. 

Vers  son  castel  en  vet  le  trot 
1090    An  plus  durement  que  il  pot: 

Dedens  se  mist  et  ses  poaa  dreoe. 

Et  Brichemer  fu  en  deatresce: 

Car  li  chen,  si  cou  nos  liaon, 
''    Li  dépècent  son  ganhoiason. 
1090    Molt  l'atornent  vileinement, 

Et  li  vileins  vint  erraument 

A  tôt  un  baston,  si  le  frape. 

Brichemer  est  en  niale  trape, 

Sa  desfense  n'i  a  mester. 
ilOO   Li  chen  le  prennent  a  sachw  119 

Uolt  durement,  pas  ne  se  fenneot, 

Par  un  petit  qu'il  ne  l'estrennent. 

Un  d'els  si  veument  le  conroie 

Que  del  dos  li  trait  tel  oorote 
110&   Dont  en  poUt  fere  uo  braier. 

En  Brichemer  n'ot  qu'eamiùer: 

A  molt  grant  peine  lor  estorti 

Ja  n'en  quida  partir  asnz  mort. 

1074  dit  1076  Qui  I07S  ITerri  10S8  pris  1090  qnU  lOM  dt- 
pecetent  109S  latornereot  109»  dezfenae  UQl  doremeot  1101 PM 
1103  Li  chen  ai     1104  Que  manq^^t     treent     1105  qne  Mmsitr 


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X  (Héon  10067—19108) 

Fniant  e'en  vet  a  grant  aleine, 

1110   N'ira  mes  o  els  de  semeine. 

Fuiaot  s'en  vait  et  molt  s'eamùe, 

Que  moU  li  doit  et  quJt  sa  plaie. 

Or  s'en  vatt  Brichemer  a  cort. 

Sor  un  cheval  qui  molt  toet  cort 

1115    S'en  vet  fuiant  par  un  eseart, 
Duremcott  se  pleint  de  flenart. 
Ne  fine  de  oore  a  eeleB 
Tant  qu'il  est  venus  au  pales 
Ou  li  rois  Nobles  sa  cort  dnt. 

1190    One  ne  fina  jusqu'il  i  vint: 

Heintenant  deacent  en  la  place. 
Quant  li  baron  virent  la  trace 
Qui  el  dos  Brichemer  «atoit, 
Demandent  conment  li  estoit. 

1126    Ues  onqnes  un  mot  ne  respont 
Tant  qu'il  fu  en  la  sale  amont 
Ou  asembie  fu  li  bame. 
Devant  le  roi  ohaï  pâme. 
'Sire'  fait  il,  'merci  vos  quîer, 

IISO    Bien  soi  que  n'aurai  mes  mester. 
Yostre  measaje  ai  bien  forni, 
Mes  einai  m'a  Renara  bailli. 
Bien  quit  qu'il  m'a  mis  a  la  mort, 
N'en  poia  avoir  autre  confort. 

1185   Sire'  diat  Brichemer  au  roi, 
'Por  «mor  deu  entendes  moi! 
Vos  m'envoiaates  conme  s^'e 
  Renart  fomir  le  message. 
S'en  ai  maie  mérite  eue, 

1140    Que  tant  i  aï  la  pel  batue 
Que  je  n'en  esoaperai  ja.' 
Li  roia  Brichemer  regarda: 
Si  le  voit  sanglant  et  navre, 
Et  voit  meint  qnarrel  eupene 


•Miue     1118  1  doit    1114  que    1113  que  U  pelei    1120  i 
1123  Qvfl    U24  eon  il  i  Mteit    1141  eMwpma 


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X  lUion  19108—191381 

1145    Dedene  l'escu  que  ïl  aporte. 
Dont  durement  se  desconforte. 
'Brichemer'  dist  li  rois,   amis, 
En  grant  dolor  g  mon  cuer  ntia 
Celui  qui  si  t'a  damache. 

1150    Mes  tu  en  seras  bien  venche, 
Qe  le  vos  acraant  ensi.' 
Dist  Brichemer  Vostre  merd.' 
Puis  furent  eiasi  longement 
Que  il  n'en  fu  au  roi  nient 

II6&    De  Renart  fere  a  oort  venir. 
Bien  le  quidoit  aillera  tenir. 
For  ce  si  l'ont  einsi  laiseie. 
Hes  molt  fu  rera  Renart  irie 
Li  rois  tant  qu'il  avint  un  jor 

iiao   Qu'il  se  saoit  dedenz  ea  tor, 
Si  H  priât  une  maladie, 
Dont  îi  quida  perdre  la  vie. 
(Et  fu  a  une  aeint  Jofaan) 
Qui  li  tint  près  de  demi  an. 

1166   Pnrtot  a  fet  mires  mander 

(N'en  remest  nus  juaqa'a  la  mer) 
For  alegier  le  de  son  mal- 
Tant  en  vint  d'amont  et  d'aval 
Que  je  n'en  aai  dire  le  conte. 

1170    II  i  vint  meint  roi  et  meint  conte 
De  tex  que  je  ne  sai  nomer 
For  son  malage  regarder. 
Treetnit  i  vindrent  sans  dearoi 
Par  le  oonmandement  lo  roi. 

117Ci    Onques  n'en  i  sot  nus  venir 
Qui  del  mal  le  polst  garir. 
Grinbert  li  tesson  qai  la  fu, 
S'est  de  Renart  aperceâ 
Bon  cosin  qui  molt  saje  estoît, 

llSO    S'au  roi  acorder  se  pooit 

1145  qnU     1147  dit  1148  oors     1I&2  Dii     IIM  ni* 
tué    lies  en  i  v.     l]7!>ims].I.    1177  qne 


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X  (H«on  i»lS9-ieiT4) 

Il  en  Auroit  au  cuer  gmtt  îoie. 
Meintenant  as  mist  a  la  voie, 
Por  lui  quorre  ue  finera 
Jusqu'à  tant  que  trove  l'aura. 

IlSB        Tant  Tait  Orimbert  la  matinée 
Qu'ancois  que  nooe  fnat  sonee, 
S'en  est  venus  par  une  adreoe 
Treetot  droit  a  la  forterece. 
Kanart  son  bon  oosin  germein 

1190    Se  fu  le  jor  levé  bien  mein 
Et  se  fu  M  murs  apoies, 
Vit  Grinbert,  ai  en  fu  molt  lies. 
Tantost  sans  autre  ooae  fere 
Conmanda  la  bare  en  sua  trere 

llflO    Por  son  cOBÏD  fere  venir. 
Meintenant  ont  fet  aon  pleair 
Cela  a  qui  il  l'ot  oonmande. 
Es  Toa  Grinbert  en  la  ferte 
Tôt  bêlement  pas  avant  autre. 

1300   Bon  cosin  salue  et  meint  antre 
Qui  estoient  avooquee  li. 
Benart  forment  le  ooqjoï 
Et  molt  )i  a  fête  grant  joie. 
Dit  Grinbert  'grant  talent  avoie 

1306    De  parler  a  vos  une  fois. 

Li  rais  Nobles  est  si  destrois 
D'un  mal  qui  par  le  cors  le  tient, 
Dont  ohasoun  jor  aoapire  et  gîent. 
Uorir  en  quide,  ce  saches, 

1310   Et  il  est  molt  vers  vos  irie«. 

^      Se  le  poioiez  repasser, 

S'amor  auries  aanz  fauser. 
Et  ge  ving  oa  tôt  ooiement, 
Qn'onques  ne  fu  vefl  de  gent, 

1915    Ne  onques  nua  hom  n'en  aot  mot.' 
Et  Senart  respont  a  met  mot 

1S4  l«m    I1B7  nue  drMe    1188  fortr«ae    1198fi;et« 
tW8  «ospir»     ISIO  tm]  lai     1812  t^m  moH^ 
1215  hom  manque 


,  Google 


X.  (Hém  19170— 1«3U) 

'Beax  <loE  eosîns,  ee  dex  vos  gflrt, 
Or  me  dîtes'  ce  dit  Bensrt, 
'For  qu'est  li  rois  vers  moi  irie. 

13-20    Ont  m'î  lî  baron  enpîrie? 
Dites  qui  m'a  mesle  vers  tî.' 
'Tostre  conpere,  ce  vos  dî' 
Fet  Grinbert,  'vos  i  a  mesle. 
Si  T08  A  Roonel  blâme 

1336   Et  Briehemei  qui  et  messaje 
Furent  envoie  conme  saje. 
Et  vos  en  oTraetes  molt  mal, 
Qaont  Boonel  âedenz  le  val 
FeTstes  en  la  vigne  prendre 

1230    (Molt  par  en  faites  a  reprendre) 
Et  Bricbemer  feÎB  abatre, 
Ne  sai  a  trois  cbens  ou  a  quatre 
Qui  li  ont  esoorde  le  dos, 
Si  forment  qu'en  perent  li  os.' 

1339  Renaît  ot  parler  son  cosin. 

'Dites  vos'  fait  il,  'Tseogrin  120 

M'a  melle  a  la  oort  lo  roi 
Par  son ,  engin,  par  son  desroi  f* 
Mar  le  pensa  li  renoies. 

1340  Alez  vos  eut,  trop  délaies! 
Et  g'irai  a  oort  le  matin, 
Bi  m'esonserai  d'Ysengrin. 
Devant  lo  roi  irai  dem^s, 

Foi  que  doi  deu  et  seint  Oenaein.' 
134Ei        Orinbert  s'en  vait,  ne  veut  plus  dire. 
Renart  remest  qui  fu  sans  ire 
De  oeuls  qui  si  sont  bien  paies 
Del  messaje  ou  envoies 
''      Les  ot  li  rois  0  toz  ses  briSE, 
'  laco    Mes  qui  soit  bel  ne  qui  soit  griez, 
U  s'en  esoondira  s'il  puet. 
Tantoet  ^res  Grinbert  s'euiuet 


laSl  Ini     ini  miTMte     1284  que  ea     12U  i 
1251  pot    18&3  *«tmot 


,  Google 


X  (MéoB  19215—19852)  377 

Fore  de  la  cort.  U«b  ancoia  mande 

Sa  Dwinie,  si  lor  conmanda 
1350    Qu'il  gardent  son  caste)  très  bien, 

Que  ja  home  por  nnle  rien 

Ne  laÏMoat  ens  mètre  la  pie, 

Que  îl  ne  soient  espie 

D'aaqan  home,  ce  aeroît  max. 
1960  'Sire'  ce  diet  li  seneschax, 

'De  oe  ne  voi  estuet  doter, 

Que  ja  home  ne  feme  entrer 

N'i  laÎBseron  por  nule  oose.' 

Heintenant  ont  la  porte  close, 
13e&    Et  B^flB  montèrent  en  la  tor, 

Et  Benart  s'en  vet  sanz  demor 

Parmi  la  lande  esporonant. 

Dorement  vet  den  redamant 

Que  tel  oose  par  sa  pitié 
1S70    Li  domt  d<mt  li  rois  ait  santé. 
Einsi  rct  Benart  son  oemin, 

Uolt  prie  deu  et  seint  Martin 

Que  il  tel  cose  li  enroit 

Dont  U  rois  Nobles  garia  soit, 
IZT&    Que  molt  en  a  grant  desirrer. 

Tote  jor  prent  a  chevaucier, 

Q'unqnes  ne  pot  coae  trover 

En  qoi  il  se  poTat  fier. 

Tant  a  erre  qu'en  an  pre  entre. 
18S0   Molt  durement  li  dent  le  ventre, 

Dont  Benare  forment  se  dehete 

Por  la  jornee  qu'il  ot  fête. 

La  nnit  jat  en  la  praerie 

Tant  que  l'aube  ta  esclairoia. 
IS85    Quant  le  jor  parât,  si  se  levé, 

Et  bien  sachois  que  molt  li  grieve 

Ice  qne  il  ne  puet  trorer 

Chose  qu'o  lai  poûst  porter 

1253  minoo  m.  12S4  li  denunde  1259  homo  1260  dit  1267 
1278  mmokt  1276  ior  «mh^im-  1280  dor«m«it  1282  le  i. 
1287  pot   . 


,  Google 


378  X  (Méon  I9258~m8s; 

Pot  doner  aa  roi  garisoo  ; 
1280   Le  jor  «d  fiât  meiote  oreiaon. 

Tant  erra  Benart  cel  matin 

Que  il  a  troye  un  gardin 

On  il  ot  erbea  de  maneres 

Qui  sont  preuiooeB  et  oheres 
1290    Et  bonee  sont  por  mal  aaner. 

Gelé  part  veut  Renars  tomer, 

La  resDe  abandone  an  obérai. 
—    Parmi  la  coitere  d'an  val 

Est  entres  dedens  le  vergier. 
1800    Son  cheval  corut  ataoher 

A  un  arbre  parmi  le  frein, 

liée  pest  de  l'erbe  et  del  feîn, 

Et  Reuart  oonmenca  a  qnerre 

Par  le  verger,  et  tret  de  terre 
130Q    Herbes  de  maneres  asez: 

Que  il  les  cunnt  meus  aaea 

Qae  je  dire  ne  vos  sanroia 
''   Plus  en  qneut  de  pleine  gdoie. 

Quant  asez  en  ot  araohees, 
1310    Bi  les  a  un  petit  molliees 

En  une  fonteine  qui  cort 

Par  le  verger  et  par  la  cort. 

Doqaes  les  a  fet  molt  netea. 
'    Si  lea  bat  entre  deua  tulletea, 
1816   Puis  en  enpii  un  barillet 

Qui  Bsez  eatoit  petitet 

A  son  cheval  est  repairie, 

Si  l'a  a  son  aroon  )ie 

Molt  très  Inen  et  molt  fermement. 
1890    Puis  monte  que  plus  n'î  atent 

Del  verger  issi,  si  s'en  vet, 

Molt  envoissie  grant  joie  fet 
Renars  s'en  vait  a  esperon, 

(Molt  a  en  lui  noble  baron) 

lt90  mohit  faoreûon      1804   ft  iHangw     1809   arsolu      ISIO   1" 
nollies     1814  Im  rai      dll«tM 


,  Google 


X  (Uion  IS280— 1M34)  979 

1825    Entres  s'en  est  en  une  lande, 

Tote  De  senter  ne  demande: 
t  Car  il  les  aavoit  molt  trea  bien, 

Ne  l'en  eetnet  f^rendre  rien. 

De  la  laode  en  nne  forest 
1330    Entra  qai  asez  meus  li  pleet. 

En  la  forest  desoz  on  pin 

Trova  donnant  un  pèlerin. 

Cil  pèlerins  qoi  la  dormoit, 

Une  rit^e  aunionere  avoit 
138'    Qui  ert  laciee  a  sa  corroie. 

Renars  deseent  eomi  la  voie 

Molt  tost  de  la  mule  afeutree, 

Si  li  a  l'aumonere  osteo 

Si  c'nnqnes  ne  s'en  aperçut. 
1340   Renart  qui  le  sieqle  descut, 

L'ovri,  si  a  trove  dedanz 

Une  herbe  qui  ert  bone  as  dens. 

Et  herbes  i  trova  ases 

Dont  li  rois  sera  ropassez. 
1345    Alîboron  i  a  trove 

Que  plnsors  gène  ont  esprove, 

Qui  eet  bone  por  escaufer 

Et  por  fevres  de  cors  oster. 

Et  puis  a  garde  d'mtre  part: 
'1300   Une  eaolavine  vit  Renart 

Qne  cil  avoit  desuz  son  chef. 

Il  la  preut,  qnî  qnli  en  soit  grief, 

3i  l'abbla  sans  arester 

Et  vet  sor  son  cheval  monter 
1386    Et  se  remet  a  l'anbleâre 

Par  la  forest  grant  aleOre. 

Tant  a  a  l'aler  entendu 

Qu'il  est  an  perron  descendu. 
Quuit  Renart  fu  T«in  a  cort, 
1880   Toi  U  monde  ântor  lui  aoort. 

ISn  u  manqué  1330  que  1331  deeiu  1334  BDiuoiie  133»  ne 
MB  pneat  1S4S  AUbarons  iloo  t.  184«  phwhors  1S4I  por  reioaiifcr 
lU!  yu    ISU  uot    IBM  l  c«rt 


,  Google 


X  <M4oB  1&SS9-11I860) 

Aine  nH  ot  be«te  si  reposte 
Qui  ae  Teoist  jusqu'à  la  porte, 
Tmtuit  por  dan  Rotart  gaber, 
N'i  a  Dol  qui  ne  Tant  lober, 
"  1866   Tex  i  a  qui  li  geitmt  boe. 
Et  Reaart  lor  a  fat  la  moe, 
Et  puis  en  monta  en  la  taie. 
Li  rois  out  lo  vis  traat  et  pale. 
Quant  il  Tôt,  si  torne  le  chef. 

1S70   Uus  molt  li  toma  a  mesdief 
Ce  que  laienz  le  vit  entrer. 
Et  Benart  qui  bien  août  parler        12i 
IjO  salue  cortoissement 
'Celui  damledieu,  qnî  ne  ment, 

1375    Qui  fist  trestot  caoqne  met  sere, 
8i  gart  le  mellor  roi  de  terre  I 
Ce  est  missire  lî  lions, 
A  tesmo^D  de  toE  ses  barons, 
Cil  qui  suot  tenu  a  prodome. 

1860    Sire,  je  sni  venu  de  Home 
Et  de  Salerne  et  d'otre  mer 
Por  voatre  garïsson  trover.' 

Li  rois  respont  aanz  atendue 
'Renart,  molt  savez  de  treslne. 

1985    Or  oa  que  mal  soies  veuuz, 
Fil  a  putain,  nain  âesoreiiz! 
Par  mon  ohief  or  estes  vos  pris. 
Ou  avez  tel  hardement  pris 
Que  devant  moi  venir  osezP 

1390   Ja  ne  soie  mes  alosez, 

Qoant  je  vos  tieng  dedans  ma  liée, 
Se  je  ne  fax  de  vos  justice 
Tel  oon  ma  oort  esgardera.' 
'Avoi,  sire:  œ  que  seraP' 

1896    fait  Renart  'gardez  que  vos  dites. 
Seront  oe  donques  les  mérites 


ISO&  fMient     1869  Vmtmqut     1879  qoi  fo     13S8  B.  v 
d«  bol«    1886—1406  mtmtMMf 


,  Google 


X  (Héon  19361~ig4aBj 

Que  je  aursi  de  mon  servise 
Que  je  TOfl  ai  la  poison  quiae 
Qui  boue  est  contre  vostre  mal? 

1400   Par  deu  le  père  esperitfri, 

Ele  m'a  fait  molt  de  mal  traire, 
Et  or  me  rolez  ja  deffaire. 
Si  ne  savez  encor  por  coi. 
For  dieu,  aire,  entendez  moi, 

140â    Refréniez  un  petit  rostre  ire  ; 
Si  orrez  œ  que  je  Toil  dire, 
dire'  dist  Renaft,  'ce  sachez 
Que  mo)t  sui  por  vos  danutohez. 
Tant  ai  aie  par  la  contrée 

1410   Qui  asez  est  et  grant  et  lee. 
Car  je  ai  este  en  Ardane, 
En  Lonbftrdie  et  en  Toscuie. 
Puis  que  soi  voatre  enfermete 
Ne  jui  en  oastel  n'en  eite 

Utft  Plus  d'une  nuit,  ce  sachoiz  bien. 
N'a  delà  mer  fusioien, 
Ne  en  Saleme  ne  aillors 
"   On  n'oie  este  molt  trauellos. 
En  Saleme  en  trovai  un  saje 

14;!0    A.  qui  je  dia  voatre  mesaoge: 
Cil  vos  envoie  garison.' 
'Di  me  tu  voir'  dist  li  lion, 
'Que  de  oest  mal  me  garirasP 
Ne  soi  se  fere  le  porraa.' 

I4S5    'Oïl,  sire,  foi  que  voa  doi, 
Ja  mar  en  aeroia  en  «sfroi, 
Que  je  TOB  qutt  tôt  reepasser.' 
Lora  se  conmence  a  desfubler. 
S'a  a'esclavine  mise  jus 

1490   Et  Bon  barillet  mis  desus. 
Atant  eatei  vos  Roonel: 
Quant  il  le  voit,  molt  li  fn  bel, 
Qui  par  la  gole  fu  lacie 


1418  faoûien      1417  Ni     1418  lUÙ     tTsuelliei 


,  Google 


La  ou  Besars  l'ot  engignie 

1435    Et  il  fu  peodtt  par  le  col; 

Eooor  l'en  tient  Renart  por  fol, 
'Danz  roifl'  ee  a  dit  li  gainooD, 
Or  entendea  a  ma  raison: 
'    Créez  vos  donc  cest  paatonerP 

1440    n  diat  qu'il  fu  a  Honpoller 
Et  en  Saleroe,  si  s'en  ?ante: 
Il  ne  passa  onques  Uaante. 
Of  dist  qu'est  mires  devennz: 
Pieca  qu'il  dot  estre  penduz. 

1445    Faites  me  droit  del  grant  otrage 
Qu'il  me  fist  en  rostre  meiisaje. 
En  une  vigne  me  fiât  pendre: 
Bien  en  devez  renjance  pteair». 
Uolt  me  fiât  ■»!  m  covpaigme, 

1460  B  a  T«n  vos  sa  foi  mentie. 
Oe  l'en  apel  de  traïson, 
Ves  en  oi  mon  gage  a  b«uidon.' 

'Sire  rois'  dist  Benart,  'oezl 
Cist  maatins  est  du  aenz  deuez, 

t4W    II  redote  ou  a  trop  boii, 
Ou  il  est  hors  del  sen  iasu. 
Trois  mois  a  bien,  oe  roa  plevia, 
Que  je  ne  fiii  en  ceet  pab. 
8e  Boonax  fu  en  meaon, 

1460    Ce  Teil  leoberes  de  gaingnon: 
Ha  feme  est  molt  bêle  meaoine 
Et  ai  a  non  dame  Ermelioe: 
Se  il  li  qaist  honte  et  folie 
Et  ele  sout  tant  de  voisdie 

1466    Qu'el  se  venja  del  pautoner, 
Ce  ne  fet  pas  a  mervcUer.' 

Lors  ae  leva  Tyben  li  chaz 
Que  Renart  liât  ja  prendre  au  laz. 
Ta  ta  voie'  ce  dist  Tibert: 


1487  dist     1441  M  n.      1443  ^ue  m.  e»t  d.      1400  n 
OQ  il  ■    1459  en  ]  D    1463  dame    14S5  eea  u.    . 


,  Google 


X  (Héon  19446— lasoT) 

14T0  'Dahez  ait  home  qui  dosert! 
^    Trop  par  as  dit  grant  eatotie, 
QuaDt  apelaz  de  foi  mentie 
Si  haut  baron  con  est  Renart. 
Je  te  tieng  a  trop  fol  musait. 
1475    C'au  jor  que  tu  fus  atrapez 
De  ce  dont  tu  t'es  à  clamez, 
Paissai  ge  devaut  le  plaaoie 
Dont  dant  Renart  a'ert  herbergie: 
Hoc  trovai  dame  Uermeline 
1480    Qui  molt  par  eat  de  franche  orine, 
Je  demandai,  ou  ert  Renart, 
Et  el  me  dit  tôt  par  eagart 
Qu'il  eetoit  en  Salerae  alez 
^        0  tôt  cent  libres  moneez 
'1486    Por  aoater  de  la  poison 
De  coi  dan  Nobles  le  lion 
Poûst  encor  avoir  santé. 
Pot  vos  a  molt  son  cors  pêne,' 
'Sire'  dist  Renars,  'il  dit  voir. 
149U   Or  poe»  bieu  de  fi  savoir, 

Je  he  Tybert  le  chat  de  mort: 
S'il  i  BoOst  auques  de  tort, 
Certes  il  ne  le  oelast  mie, 
Ëinz  ne  menast  tost  a  la  lie. 
im    Mais  prodom  eat  et  véritable, 
Et  sa  {«rôle  est  bien  oreable.' 
'Ce  est'  ce  dit  Nobles  bien  fet. 
Tybert,  leissie»  ester  lo  plait! 
E  vos,  Renart,  pensez  de  moi, 
IMO   Si  en  pernes  hastif  oonroil 

Je  ai  un  mal  dont  ne  voi  gote. 
Ne  ne  quit  veoir  pantecosta 
Je  ne  vos  puis  la  moitié  dire 
De  la  dolor  qui  me  fet  frire.' 
ISOû    Ce  dit  Renart  'garis  seres 


■474  tro  t     14T8  Dod     1484  .o.  lib'  noMi     14W  Sa     U»4  tôt 
'4*7  Mblei    I4M  feiHiet     1002  noir  le 


,  Google 


384  X  (Hion  I9S06-1«&11> 

AÏQz  que  troi  jors  loient  panes. 
/    Aportea  moi  un  orinal 

Et  û  verrai  dedenz  le  mal.' 
Li  orinax  tu  aportez. 
1010    fToblea  e'est  jus  du  lit  venez, 

Si  l'a  piseie  plus  que  demi. 

Ce  dist  Kenart  'bien  est  issi.' 

Âdonqued  l'a  levé  en  haut. 

Ce  dit  Renan,  'se  dex  me  saut, 
1515    Encor  î  est  la  fevre  ague: 

J'ai  la  poisson  qui  bien  la  tue.   . 

Sire  Nobles'  ce  dist  Renart, 

'Or  i  eatuet  molt  grant  esgart, 

Tôles  voa  de  oest  mal  garir.' 
IfttiO    Ce  dit  Nobles  'molt  le  deair.' 

'Or  me  fetea  ces  bois  fermer 

Et  si  me  faites  aportet 

Tôt  ce  que  'vos  demanderai. 

Ccst  mal  del  oon  vos  osterai, 
'    15S6    S'en  saadra  la  fevre  eartene 

Qui  ai  vos  ^t  puïr  l'aleine.' 

Ce  dist  Nobles  'molt  volenters.  . 

Tu  auras  quanque  t'est  mesiers.' 

'Sire'  fait  il,  'pernes  en  cure: 
1580    La  pel  del  lou  a  tôt  la  hure  122 

M'estuet  avoir  preinerement. 

Ja  verront  tuit  vostre  parent 

Oonbien  je  sai  d'astronomie. 

Ja  vos  ert  sauvée  la  vie.' 
16SA        Dont  ot  Tsengrin  gntnt  poor. 

Il  a  a  den  orie  amor; 

Que  il  n'i  a  plus  Ions  que  lui. 

Renart  s'en  venchera  ancui. 

Nobles  Bousleve  les  gernons, 
IMO   Si  regarde  toz  ses  barons. 

Le  leu  regarde  toz  pensis, 

IMITborinal  ISlOaeBioafoiiu.  ISlSque  ISlSregkrt  1614oft«n 
IftSSpiiire  l58Siinq«tMt  1530b)o  IBSS  dartronoaie  liaiiméi*it<u 
•  manque  1537  q.  les    1B9S  uoni  ]  de  lui    IHO  Si  m  gard»    IMI  feiét 


,  Google 


ï  (M#on  18572— IftfilW  385 

Si  li  a  dit  'bau  doua  amis, 

Vos  me  poes  avoir  mester 

De  ceat  grant  mal  aaoagier.' 
1M5    Ce  dist  Renart   vos  dites  voir, 

Il  voa  puet  bien  mester  avoir. 

Il  vos  puet  bien  prester  sa  pet: 

Car  ore  entre  le  tene  novel 

Que  sa  pel  ert  tost  revenue, 
tr)50    N'aura  pas  froît  a  la  car  nue.' 

Dist  Ysengrins   sire,  no  faites! 

Yoles  vos  donc  honir  vos  bestes? 

Oest  plet  ne  m'est  mie  léger 

De  ma  pelice  despoiller.' 
lf>65    'Par  les  euz  bc'  ce  diat  lî  rois, 

'Ore  est  Ysengrin  trop  cortois. 

Qui  ma  parole  a  contredite. 

Il  on  aura  ja  sa  mérite. 

Pernez  le  tost  mes  ouz  voiaot, 
15itn    Si  li  dospoillics  meintcnantl' 

Dont  le  pristrent  de  totes  pats 

Et  par  les  pies  et  par  les  bras, 

La  pei  li  traient  hors  del  dos. 

Or  est  lî  laz  a  mal  repos, 
IHn    De  la  sale  s'en  ist  le  trot. 
^    Il  a  bien  paie  son  escot. 

Dist  Benart  'sire,  s'il  te  plet, 

Molt  tost  soit  ton  jugement  fet. 

n  t'eetaet  de  la  corne  au  cerf 
1570    Del  lono  prendre  le  mestre  nerf 

Qui  soit  un  pou  retrait  arere. 

(En  Tonne  vi  la  manere 

La  médecine  dont  garras: 

Porcbace  toi,  mester  en  as) 
1076    Et  une  coroie  del  dos. 

Se  tu  l'as  ceinte,  en  grant  repos 

En  seras  mis,  n'en  aies  dote. 

IM4  uu«i«r  15M  pot  IMT  pot  1550  MIC  sot  R.  de  la  treslue 
IU8  h.  ooletc*  l&M  tro  o.  1557  p.  m»  1561  pristren  de  tote  p.  1567 
Dit     1568  iMtot     1570  De  I. 

UKUtT     I  25 


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X  (Uéon   196I6-IM51) 

Soz  ciel  n'a  ne  fevre  ae  gotc 

Qui  James  vos  teïat  nul  mal, 
1580    Je  l'ai  veil  en  l'orinnal.' 

Ce  puet  bien  estre'  dît  II  roia. 

Brichemer  vit  aeoir  au  dois, 
*"  Nobles  l'achena  a  aa  poe, 

Que  il  ne  pot  movoir  la  joe. 
1S86    l'ar  le  conmandement  lo  roi 

Fu  li  cere  mis  en  ^rant  desroi. 

Il  l'abadrent  tôt  envers, 

La  coroie  ont  pris  de  travers, 

Si  l'ont  trencie  a  un  cote), 
—   1690    Bien  fu  escrisie  la  pel. 

Et  les  deuB  cornes  li  brisèrent, 

Hors  de  la  sale  le  cbascerent. 

Cist  ont  bien  lor  escot  paie, 

James  en  foire  n'en  marcie 
109&    Tolliu  p«iaa-e  ne  dorrontj 

Par  trestot  qui  te  ment  iront. 

'Tybert'  ce  dit  Renart,  'oa  vien! 

Tu  me  lairas  auques  du  tien: 

De  ta  pel  seras  despoilliez 
1600    Ou  mes  sires  metra  ses  piez.' 

Et  Tybert  coomenoa  a  groindre, 

Mais  n'ert  mie  tens  de  respondre 

Ne  de  tencier  voiant  la  gent, 

Car  i)  n'i  avoit  nul  parent. 
1605    II  sulti  sus,  si  s'afaita, 

Sanz  confie  de  la  oort  torna. 

L'uis  ert  ferme,  mais  il  s'en  saut 

Par  un  pertuis  qui  ert  ra  haut 

S'en  vait  Tybert  toz  eslaiaaies, 
1610    Si  se  feri  en  un  plessiez. 

Ce  dit  Renart  'cestui  s'en  va. 

Maldchez  ait  qui  m'engendra, 

Se  je  le  puis  as  mcins  tenir 

1578  Je  premier  m  manque      1681   pot      1686   duroi"      IS88  de 
■a    1592  len  oh.     1594  ni  en     159T  .Y.  oe    1600  sei    1602  w  sl 
1606  ufoita    1607  sen  manque 


,  Google 


X  (Méon  IM52— 196871 

Se  ne  li  fsB  mon  ju  puTr.' 

1615        Renart  regarde  entor  lui, 
Vit  les  barons  qui  graat  anui 
ÀToîent  (le  oe  qu'il  faieoit, 
OhascuD  de  soi  poor  avoit. 
Renars  apele  Roonel, 

16J0    '^1  a  putein'  fait  il,  'meael, 
Faites  me  ci  molt  toat  un  fon, 
Si  me  pernez  la  pel  du  lou, 
Si  la  laves,  si  l'essuies 
Et  devant  moi  l'aparelliezl' 

\(H6    'TolentierB,  sire,  s'il  vos  plaist. 
Caoque  vos  roudioiz  sera  fet.' 
'£t  vos,  dao  Grimbert  le  tessons, 
Yenes  tost  oi  agenellons! 
Et  vos,  Belin,  vcaes  a  moil' 

IKE)    Cil  aoorent  par  grant  desroi. 
'Alez  on  tost  por  mon  aegnor, 
(Dex  vos  otroit  grant  dcsonor) 
FeLes  molt  tost  sans  dcmorer, 
Aies  mon  segnor  aporter.' 

WSb    Cil  li  aportent  viatement. 
Renan  a  pris  un  oignement, 
'Sire'  dist  il,  'je  vos  garrai 
Et  oeste  fevre  vos  toudraî  : 
Or  vos  covient  un  pou  BonrHr,' 

1610   Ce  dist  NoUea  'molt  le  désir 
Que  fasse  de  cest  mal  haitiez, 
Car  molt  en  eui  afebloies.' 
Renare  le  fist  cocher  adenz, 
Puis  li  a  mis  el  nés  dedenz 
'  1645    Aliboron  que  il  avoit, 

Qui  si  fort  oignement  estoit. 
Si  le  prist  si  a  escaufer 
Et  il  conmenca  a  enSer. 
A  démener  ^e  ( 


1616  qne    1623  U  «u'ie*     1625  «i  nos     1S2R  oi  losl    1636  toudroi 
Manquf      1643  u  dem      1645    Alibsron      1646  oigment      1648 
1S49  le 


,  Google 


388  X  (Héon  196B8-I9T2T) 

1650   Del  oui  uD  gros  pet  li  vola, 

Il  esternuc  et  se  demeine. 

Uolt  eatoit  li  roia  en  grant  peine, 

Enfles  fu,  mes  il  eaternue, 

Et  ]a  pel  du  doB  li  tre«8ue. 
1656    Ce  dit  Nobles  'molt  sui  enfles.' 

Et  Renart  dist  'ne  vos  tamea! 

Garris  estes,  n'i  ares  garde.' 

Et  cil  de  poire  ne  se  tarde. 

Car  la  poison  le  detreinnoit 
1660    Et  les  boisx  li  escanfoit. 

Renart  l'esteBdi  les  le  feu, 

Puis  si  a  pria  la  pel  da  len, 

Dedenz  a  chocie  le  lion, 

Puis  si  a  prise  une  poisson 
1666    Qu'il  avoit  enblee  au  paumer, 

A  son  segnor  en  fîst  manger. 

Tantost  con  il  en  out  geste,  t23 

Ne  senti  mal  n'enfermete. 
Ce  dit  Nobles  je  sui  garis, 
1670    Je  vos  en  rent  cino  œnt  mercis 

E  si  Toa  saisi  do  ma  terre: 

Qui  vos  noudroiz  si  aura  guerre. 

Car  en  aîde  vos  serai, 

E  deus  bons  castax  vos  donrai. 
1675   Tûz  sui  garts,  nul  mal  ne  sent, 

Vos  on  aurois  riche  présent.' 

'Dex'  dist  Renart,  'en  ait  li<s  grée 

Quant  par  moi  estez  repassez! 

Sire  rois,  or  m'en  voil  ater 
1680    Por  Ermeline  conforter: 

Je  ne  la  vi  deus  mois  a  ja. 

S'ele  me  voit,  grant  joie  aura. 

Je  ii  dirai  de  vos  aoveles 

Qui  li  seront  boues  et  bêles. 
16S6    Sire,  Brichemer  si  me  bot, 

1651  eitern»    1653  Resternie    1656  dit    lese  le  p.    1678  Qoant  ■. 
1674  dourk     1677  dit     1680  ameline     1G81  îa  a 


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X  (Méon  19728—19768) 

Si  ne  li  ai  nient  moefet,  , 
Et  Ysengrin  voatre  provost. 
Saches  qu'il  ont  vers  moi  grant  tort. 
Se  il  me  pooieot  tenir, 

1690    A  due]  me  feraient  fenir. 

Sire,  bon  conduit  me  bailliez 
Que  je  n'i  soie  damaches.' 
Ce  dist  Nobles,   molt  volentiers.' 
Donc  fist  monter  cent  chevaliers, 

16U    Tant  chevauoent  a  grant  vertu 
C'a  Terouane  août  venu 
Orani  pièce  avant  midi  pase. 
Mais  lor  chevans  sont  molt  laee. 
Li  cent  sont  retome  arere. 

1700    Et  Renars  entre  en  sa  tesoere 
Tenchee  s'est  de  ses  enemis. 
Lors  sojoma,  ce  m'est  avis. 
En  BOD  castel  une  grant  pose, 
Que  asoûr  issir  n'en  ose. 

1666  D.  forfet     1688  que  il     1694  AdoDO    monter  Mon^a 
B  tercDans    1700  tar«i« 


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XI  (Héon  24346—34388 


XI 

Ce  fn  en  la  douce  aaison  123  b 

Que  der  chantent  li  osellon 
Por  le  taoa  qui  ert  née  et  para, 
Que  Renart  ert  dedens  les  murs 
5    De  Slalpertuia  son  fort  manoir. 

Mais  molt  out  son  ouer  trietre  et  noir 
Por  sa  viande  qui  li  laaohe. 
Durement  s'estent  et  sosface, 
De  foin  li  dolent  li  boiel. 

10   Devant  li  eet  venu  Rovel 

Son  fil  qui  de  fain  vait  plorant, 
Et  Hermeline  meintenant 
Qui  molt  estoit  et  simple  et  ooie, 
Et  Jlfalebrance  et  Perchehaie 
~  10    Qui  molt  par  font  cere  dolente. 
N'i  a  celui  ne  se  démente. 
De  lor  mère  sont  molt  dolent 
Qui  ploure  de  fein  tendrement 
Et  molt  par  fist  dolente  chère. 

30   Renart  li  dist  amie  cbere, 
For  qoi  vos  voi  je  si  ateintef 
'Sire'  fait  el,  'ge  sol  enceinte, 
D'enfant  ai  tôt  le  ventre  plein. 
Mes  certes  je  ai  si  grant  fein 

4  aei    6  ton  .'t'itre,,'  euer  et    7  que    10  Ini    14  A  n 


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XI  iHéon  24360-24407) 

26    Que  j'en  quit  perdre  mon  enfant.' 
Renart  l'oï,  molt  fu  dotant 
Et  molt  en  devînt  esperdu. 
A  Hermelioe  a  respundu 
'Doace  amie,  sachez  de  voir 

30    Que  je  voil  orendroit  movoir 
Et  aler  la  ou  âex  m'ecvoit 
Qui  par  tena  viande  m'envoit 
Treatot  auei  oon  je  le  voU.' 
Atant  feri  le  pie  au  soil, 

aô    Si  s'en  isai  tôt  meîntenant. 
Durement  va  deu  reolamant 
Que  il  viande  li  envoit, 
Que  molt  grant  meater  en  avoit. 
Atant  s'en  entre  en  un  plassie. 

jO    Tôt  bêlement  le  col  beaaie 
Vet  por  savoir  et  por  prover 
Be  viande  porroît  trover. 
Bêlement  s'en  vaît  et  le  pas, 
Sovent  coloie  haut  et  bas. 

45  Et  quant  il  ont  coloie  tant, 
Si  se  r^arde  et  voit  venant 
Mesîre  Ysen^n  son  conpero. 
Mes  onques  foi  que  doi  seint  Père, 
Ne  vint  beste  de  tel  aîr, 

fiO  Bure,  bien  puissiez  vos  venir!' 
Fait  il.  Ysengrins  l'esgarda, 
IteDart'  fait  il,  'œ  que  aeraP 
Venes  vos  en  molt  tost  de  ci: 
C'aprea  moi  vienent,  je  voa  di, 

06   Trestoz  les  vileins  d'une  vile. 
Se  il  voa  pement,  par  aeint  Gille, 
Il  voa  liverront  a  eesil.' 
'Sire'  ce  respont  le  gorpil, 
'Alonz  en  donquea  sanz  tai^er.' 

00   Atant  se  meteut  au  frapier 
Entre  Kenart  et  Taengnu, 

40  chef    44  0.  et  h.    59  linront 


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XI  (Méon  2440S-24443) 

Ne  tiodrent  voie  ae  oemin. 
Chascua  moU  durement  ee  dote. 
Hais  li  vîleiaa  en  ont  la  rote 

66    Perdue:  retoroe  s'en  août. 

Et  cil  molt  durement  s'en  vont, 
Car  il  n'ont  talant  d'areeter. 
Lors  ae  pristreat  a  regarder, 
Mais  les  vileioB  ne  virent  pae. 

70    Dit  Ysengrina  'je  sui  molt  las, 
Que  bien  sachez  par  aeint  Orner 
Que  je  ne  puis  avant  aler. 
Un  petit  reposer  m'estuet' 
'Einsi  le  fet  qui  meuz  ne  puet' 

70    Fait  Kenars,  et  je  m'en  irai  : 
Que  bai  en  cest  jor  ne  mangai, 
Si  irai  querre  ma  viande.' 
Ysengrins  a  deu  le  conmande 
Qui  molt  fu  laz  et  travellie. 

m    Lors  s'est  soz  un  arbre  cochie, 
Et  Renars  s'en  vet  maintenant. 
Mais  il  n'out  gaire  aie  avant,  . 
Ainz  jure  foi  qu'il  doit  seint  Père 
Qu'il  engingnera  son  conpere. 

60    Savoir  veut  coq  se  contendra: 
y     Desoz  un  arbre  se  muca, 
Et  Tsengrins  si  s'endormi. 
Renarg  nel  mist  pas  en  obli, 
Eins  ee  porpense  qu'il  fera 

00    Et  oonment  il  l'engignera, 
Que  meinte  foîz  li  a  mal  fet. 
Tantost  vers  Yeengrin  se  tret, 
Et  voit  qu'il  dormoit  durement: 
Une  hart  a  fête  erraument 

90    D'un  planuon  de  oesne  menu, 

A  Yeengrin  en  est  venu  1 

Qui  desoz  l'arbre  se  giaoit 


es  66  dorement  6a  Perdu  6»  «ont  73  mestot  74  qnc  p<>> 
75  et  manqut  B3  que  doi  86  Deiox  lurbre  «i  37  Et  b.  d  89  que  il 
91  meinteiunt  sa  mal  f.    95  dun  c. 


,  Google 


XI  (Méon  24444—24479,  383 

CoD  cil  qui  nul  mal  n'i  pensoit, 

Emz  ae  gisoit  trestot  eo  pee. 
100    Renars  qui  fu  fel  et  en^es 

Et  qui  fu  plein  da  grant  voiadie, 

Yaengrin  par  les  deus  piez  lie 

De  la  hart  au  caisne  si  fort 

Que  86  l'en  le  cbascast  a  mort, 
105    Ne  8e  poist  il  remuer. 

Renart  le  voit,  ne  puet  muer 

Qu'il  n'en  rie,  pnia  si  s'en  tome. 

Un  poi  hors  de  la  voie  terne 

Por  savoir  conment  avendroit 
110   A  Teengrin  qui  se  gisoit. 

Tantost  s'est  soz  l'arbre  asie. 

liais  n'i  a  mie  grantment  sis. 

Quant  iloques  vint  un  vileio 

Qui  tint  un  boston  en  sa  meie 
'  IIS    Qui  ert  grant  et  gros  et  de  hos. 

Quant  l'aperçut  Renara  li  roB, 

Si  en  out  en  son  cuer  grant  joie. 

Et  li  vilain  ne  se  desvoie, 

Eiuz  s'en  vet  toestot  le  oemin. 
ISO    Quant  le  vilein  vît  Yseogrin 

Qui  fu  liez  devers  les  piez, 

Tantost  s'est  vers  lui  eslaissiez  : 

Le  baston  haace  par  a&, 

Si  corut  Ysengrin  ferir 
1%    Parmi  le  ohaannon  de)  ool. 

Or  se  puet  bien  tenir  por  fol 

Tsengrina,  quant  il  s'ondormi  : 

Tôt  meintenant  les  eus  ovri. 

Si  a  le  vilein  regarde 
190   Qui  avoit  son  baston  lave 

£  le  vout  ferir  sanz  targer. 

Ysengrii»  se  cuide  dreoier, 

Au  vilein  voloit  oorre  sua, 

IM  «hMtatt    106  HD  p.     106  pot     107  li  manque     111  se»  «Os 
8  dehw    II»  mt  tôt  droit  le    186  pot    138  août 


;-'^'r,)C  .^Ic 


l  XI  Ptitui  24408— S4SU) 

M&is  meintenaDt  recal  jm 
186    Que  il  De  pout  sor  piez  ester. 

Et  li  TtleinB  le  vet  frapor 

Do  baston  menu  et  sorent. 

A  Tsengrin  vet  malemeot, 

Mais  nequedoDt  tant  agaita 
y  140    Que  le  vilein  boz  soi  aaoa: 

Tôt  estendu  le  fist  ohaîr. 

Ysengrios  le  curut  saisir, 

As  dens  le  hoce,  pinne  et  mort 

Or  a  molt  grant  poor  de  mort 
145    Li  vileinz,  ai  a  grant  reson. 

Forment  prie  deu  et  son  non 

Par  son  plaissir  et  par  sa  grâce 

Que  Ysengrina  mal  ne  li  faoe. 
Isengrin  si  fu  molt  iriez, 
150   Le  vilein  a  soz  li  sachie, 

Durement  le  mort  et  ostreint, 

Par  poi  li  cuers  ne  li  eateint. 

Si  oûst  il,  bien  le  saches, 

Mes  li  vïleÎDB  s'est  efForoiez, 
155    Si  a  repris  cuer  et  aleine, 

D'Ysengrin  s'estort  a  grant  peioe. 

Molt  fu  malemeot  atome, 

Tantost  est  en  fnie  tome. 

Mais  sachoiz.  por  un  marc  d'or  fin 
160    Ne  retoraast  vers  Ysengrin. 

Fniant  s'en  vet  tôt  oorocie, 

Car  durement  estoit  blecie. 

Et  quant  Renars  voit  qu'il  s'en  vet, 

Un  petïtet  en  sus  se  tret 
165    Qu'il  ne  voot  qu'Ysengrins  le  voie. 

Tantost  se  rest  mis  a  la  voie 

Qui  molt  estoit  et  bêle  et  grant. 

Misire  Renars  vet  chantant 

Une  cancon  tote  novele 

136  ferir      137   Iwiwton      140   sor  Ini  Mwai      148   hoM  *  pii 
I  manqtu    151  Dorant    152  te  mur    eatraiat    165  qM  j.    Itl  IT 


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XI  (HéoD  24516— 24555] 

170    D'smoretee  qui  molt  est  bêle 
Et  bien  fête,  par  seist  Fermin. 
Chantant  s'en  Tet  tôt  le  chemin. 

Quant  Tsengrins  le  voit  venant. 
Si  li  escrie  meintenant 

ITO   'Benart,  Benart,  bauz  doz  amis, 
A  poi  que  n'ai  este  maumis. 
Je  me  sui  ei  trove  liez 
D'une  hart  tie»  parmi  les  pies 
A  oest  ohaane  qui  est  branou, 

ISO   Et  un  vilein  qui  m'a  batu: 

D'un  baeton  m'a  tant  donne  coob 
Que  trestoz  lee  os  en  ai  mous. 
A  pou  que  il  ne  m'a  tue. 
Mais  je  le  rai  molt  bien  plume, 

185    Bien  li  ai  les  chevous  sachez, 
(Tôt  de  vérité  le  sachez) 
Far  qoi  je  me  confort  plus  bel.' 
'Par  foi'  dit  Benart,  'ce  m'est  bel, 
Haie  de  vos  sui  forment  iriez. 

190    Hes  vos  seres  ja  desliez, 

Que  ge  vos  dî,  foi  que  doi  vos 
Qui  estes  mes  conpere  doz, 
Que  meus  amasse  estre  batu 
Que  vos  fussiez  si  enbatu.' 

106    Diat  Ysengrins  'bien  vos  en  croi. 
Mes  par  amors  des]ies  moi, 
Que  je  vos  eo  saurai  bon  gte.' 
Dist  Benart  'ce  me  vient  a  gre.' 
Lors  le  oort  deslier  Renart, 

SOI)    Des  piez  li  a  oste  la  hart 
Que  il  n'i  a  demore  plus. 
Et  Tsengrins  est  sailliz  sus 
Qui  molt  en  ont  graut  desirrer. 
Si  est  aie  Benart  beeier 

905    Et  dit  'Renart,  par  aeinte  Foi, 


172  ohenni    181  b.  mit  grau  ooui  et  lora     1S2  treatot     188  fti 
IMii    1B5.  1»S  Dit    200  hoMe    202  est  tsillû  ]  si  uilli    aOS  <Jw 


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XI  {Uèan  34ÏM— 345921 

Je  Toe  aim  molt  en  boue  foi. 

Se  je  vos  aim,  je  o'ai  pas  tort, 

Que  vos  m'avez  gsri  de  mort. 

Que  mort  fusse,  bien  le  sachez, 
210   Se  ca  ne  fussiez  repairiez. 

Dex  le  fist  por  amor  de  moi. 

Mais  par  la  foi  que  je  vos  doi, 

OreudroitoB  sans  deJùer 

Vendroiz  avoques  moi  maDger 
315    Une  cuisse  d'aignel  novel 

Que  je  laissai  a  mon  ostol. 

Or  en  renés  sans  atai^r!' 

Atant  se  metent  el  seoter 

Entre  Renart  et  Ysei^rin, 
320    Onques  ne  gerpirent  oemin. 

Si  sont  venu  a  la  meson 

Hesire  Ysengrin  le  baron 

Qui  bien  estoit  de  mur  fermée. 

Dame  Herseut  i  ont  trovee 
226   Qui  molt  grant  joie  lor  a  fête. 

Tantost  a  manger  lor  afete 

Tel  viande  con  ele  pot: 

Aignaux  rostis,  capona  en  pot 

Lor  aparella  a  foisson, 
280    Si  en  mangèrent  li  baron 

Tant  oon  il  lor  vint  a  talatit. 

Mesire  Renars  ne  fu  lent, 

Ains  dit  qu'il  s'en  voloit  aler:         1 

A  dame  Hersent  vait  parler 
23B   Por  congie  demander  et  querre, 

Car  aler  s'en  veut  en  sa  terre 
-     Son  prou  poroasoer  et  trover. 

Dist  Ysengrins  'laissies  ester, 

Par  la  foi  que  doi  seint  Oermein, 
240  Ne  TOB  movroïs  bai  se  demein.' 
'Ha!  sire'  dit  Benart,  'merci! 

Je  ne  puis  plus  demorer  ci, 


818  deld«r    229  en  roit    287  et  qnerre    28B  Dit 


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XI  <H£on  24&!I8— 24826) 

Car  j'ai  afere  en  autre  leu.' 

'N'en  iroiz  pas'  ce  dit  li  leu 
345    'Hui  ne  demein,  foi  que  vos  doi.' 

'Sire'  dit  Renart,   par  ma  foi, 

Je  ne  demorroie  por  rieu. 

lies  de  vérité  sachois  bien 

Que  au  plus  tost  que  je  porrai 
300    Ci  alues  a  vos  revendrai.' 

Dist  YaengriiiB  'dont  en  iroiz, 

Mes  vostre  foi  fuinoeroiB 

Que  reveudroiz  dusqu'a  quart  jor 

Ci  alec  por  fere  sejor, 
2dS    Que  je  roa  aim  en  bone  foi.' 

Ce  dit  Henart  'en&i  l'otroi.' 

Reuars  prent  congie,  si  s'en  part, 

Et  chemine  tôt  un  essart 

Sanz  coopaignie  que  il  ait. 
360    Molt  prie  deu  que  il  l'enToit 

En  tel  leu  ou  viande  trniaae 

Que  a  sa  feme  porter  puisse 

Que  il  laissa  enceinte  et  grosse. 

Lors  voit  devant  li  une  fosse 
265    Qui  molt  estoit  parfonde  et  graut, 

Eîinz  ne  iîna,  si  vint  devant. 

Sesus  la  foese  s'aresta, 

Longement  i  &et-  sou  esta 

Por  esgarder  que  dedenz  ot. 
270   Et  quant  ases  regarde  ot, 

Si  vît  qu'el  fu  de  ronces  pleine 

Si  durement  que  a  grant  peine 

I  paroit  il  se  ronces  non. 

Tant  a  regarde  environ, 
^i    Si  vit  que  meures  i  ot  tant 

Que  onques  mes  en  son  vivant 

N'en  Kvoit  tant  veû  ensenble. 

'Par  foi'  fet  Renart  'ce  me  semble, 


259   que   11  i   ait     3«0   que  il  li  enuoit    264  lui     266  Ei  n«     271 
qar  t\    273  QDil  ni  pftrut  ne 


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398  XI  (Méon  84629-3(664) 

loi  se  ferait  boa  logier, 
S80   Qui  de  meures  voudroit  manger, 
'    Molt  s'i  feïst  bon  oeteler.' 

Âdonc  comenoa  a  aler 

Entor  la  foese  por  savoir 

Se  des  menree  porroit  avoir. 
2d5    Hais  il  ne  voit  mie  par  ont 

11  en  puisse  avoir,  si  en  gront 

Por  ce  qu'il  n'i  pot  avenir. 

La  langue  li  prent  a  fermir 

De  lecerie  et  de  coroe. 
_y.  2ii0    En  la  fosse  sailli  deboz 

Por  00  qu'il  an  voloit  avoir. 

Sachez  qu'il  ne  fiât  pas  savoir  : 

Car  il  ne  s'en  pout  détenir, 

Tôt  aval  le  covint  venir. 
39d    0  li  pcMst  o  bel  li  fn, 

One  ne  fins  dusqn'aa  fonz  fù. 

De  rooler  tôt  contreval 

Bien  sachez  qn'il  ont  ases  mal. 

Anoois  qu'il  s'an  pobt  issir 
900    I  a  fait  li  las  meint  sopir, 

Car  le  fosse  estoit  trop  haut. 

Mais  comment  qu'il  viegne  ne  aut, 

A  grant  peine  s'en  est  estors, 

Mais  molt  fu  ainz  dolent  del  cors. 
S(fô        Totevoie  en  est  escape. 

Lors  est  sor  le  foeae  monte 

CoD  cil  qui  art  de  lecherie. 

'Bax  sire  dex  fait  il,  'aîe  I 

Conment,  n'aura  ge  nule  meareP 
610    Oïl  certes,  que  qu'il  demeure, 

S'en  aurai  a  qui  qu'il  anuit, 

Âinz  i  serai  jusqu'à  la  nuit 

Que  je  n'en  aie';  lors  s'adet. 

Mais  sachoiB  que  pas  ne  li  det 

SSft  nanoit     S9T  rooiller      299    Aini     903   ^ne    il     303  imet^ 
807  Corne  cil  qui  leoherie  «rt    SW  des  oe  dit  .R.    : 


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Xr  (MéoB  84«e5_-247(H)) 

815    Que  aa  meures  ne  pot  ateindre. 
Se  el  foBse  ne  s'osse  enpeiodre, 
Que  moU  i  ont  grant  peine  eue. 
Lors  se  levé  sanz  atendue, 
Queut  de  pieres  plein  sod  geron, 

âSO   Si  en  arochfl  le  boisson 

Qu'il  Tolott  les  meures  abatre. 
Si  en  i  gete  trente  et  quatre, 
Mes  oelea  qu'il  a  abataes 
Sunt  dedenz  le  fosse  coilee 

336  m  li  anuie  moU  forment. 
Lora  dit  Renart  îreement 
'Je  aui  fox  que  Je  ci  demeure 

■"     Ke  je  ne  meqju  nule  meure. 
N'en  mangai  long  tans  a  passe 

331)    Que  par  mon  chef  je  l'ai  roue 
Que  je  n'en  mangerai  james.' 
Atant  s'en  vet  tôt  a  esles 
Molt  corocie  et  niolt  dotant. 
Hais  il  n'ala  vaires  avant 

3BS   Plus  de  deos  arpens  oa  de  trois 
Qu'il  a  trove  eumi  le  bois 
Gisant  mon  segnor  Koonel. 
Desoz  un  arbre  grant  et  bel 
Si  vit  Roonel  estendu, 

34)  Car  un  vilein  l'avoit  batu 
Tant  de  son  boston  et  frape, 
Qu'a  poi  qu'il  ne  l'avoit  tue, 
Ne  pont  movoir  ne  pie  ne  meia. 
Benars  s'en  vait  a  li  de  plein 

346    Canqne  il  pot  tôt  eslaissie. 
Molt  fu  doUnt  et  corocie 
For  les  meures  ou  et  failli. 
Tantost  vers  Rocmel  sailli,  - 
Si  le  cuida  trover  dormant. 

SN>   Mes  Roonel  de  meintenant 


117  UB    SIS  atendu    321  Qui  u.    322  .XXXIIL    323  Hei  J  Totes 
3!^  d«mo«r«    323  manque     S31  Que  )  Ne     344  lui     84S  Cauqoil 


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XI  (M*oii  24T0I-247afi| 

Li  dist  sire,  bien  vegniez  vos! 
Ne  me  paia  lever  contre  voe, 
Car  n'en  ai  ese  ne  pooîr.' 
'Il  De  vos  estuet  ja  movoir' 

366    Fet  soi  Ren&rs,  'par  aeint  Denis. 
Mes  dites  moi,  bau  dos  amis, 
Qui  vos  a  ai  vilment  féru.' 
'Sire,  un  vilein  qui  m'a  batu. 
Bien  saî,  n'en  porrai  escaper.' 

3bO    Renart  entent  bien  au  parler 
Qu'il  est  molt  durement  blecie: 
*■    Forment  s'en  est  esleece. 
Que  meinte  fois  U  ot  fet  mal. 
Lors  regarde  tôt  contreval 

S6fi    Le  bois  por  savoir  a'alme  oroit: 
Et  quant  il  nul  aime  ne  voit, 
Si  jure  cil  qui  l'engendra 
Que  Koonel  iloc  pendra. 
Que  ja  n'en  aura  raencon. 

:iTO   Lors  regarde  vers  un  boisson, 
Si  a  une  corde  trovee, 
C'un  vileia  i  avoit  botee. 
Meintenant  a  prise  la  corde 
Renart,  qui  n'ait  miaerioorde, 

H7Ô    (Non  aura  il  au  chef  del  tor) 
De  la  corde  un  bon  Uz  corser 
À  fet,  ne  fu  mie  tro  fol, 
A  Roonel  le  mist  el  col. 
Jlfea  tant  mesprist,  bien  le  saches, 

380   Qu'il  mist  avoc  deoa  de  ses  pîez. 
Quant  li  ot  mis  el  col  le  las 
Renart  qui  tos  sont  les  baraz 
Plus  que  béate  noire  ne  blanche, 
La  corde  deaus  une  brwice 

386    A  gitee,  puis  sache  a  li, 
Roonel  a  l'arbre  pendi. 


351  dit     Bienei     355  lui     861  dorement     362  md  J  li    SU  p»' 
maftqiu    STS  H.  li    SftS  lui    365  grlte  puifi  si  i.  a  lui 


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XI  {M#on  24737-24772)  401 

Au  meus  qu'il  pout  l'i  stacha. 

Le  pie  le  laz  li  ealacha, 

Que  meinteuant  fost  estranglez, 
890    S'il  n'i  oÙBt  lea  piez  gitez. 

Quant  Renars  l'a  veu  en  haut, 

Si  li  dit  'aire,  dex  vos  saut! 

Parlez  a  moi,  se  vos  volez! 

Molt  VD8  estes  haut  encrouez: 
H95   Coament  diable,  estes  vos  tex, 

Cuîdiez  Toa  monter  as  seiuz  ciex 

Avec  damledeu  la  amont  P 

Vos  estes  le  plus  fol  del  mont. 

Bien  vos  devroit  honte  venir, 
400    Quant  vos  voles  seinz  devenir. 

Dites  moi'  fait  11,  'en  queu  leu 

Vos  aves  si  fort  servi  deu 

Que  vos  volas  aler  a  li.' 

Roonel  mot  ne  respondi, 
-103    Car  il  ne  puet,  que  ti-op  restreint 

Le  laz,  et  dant  Kenare  Veupeint 

Par  les  piez  et  le  fet  branler. 

A  li  se  preot  a  porpenser, 

Por  ce  qa'estrangler  le  voloit. 
410    Atant  regarde,  et  si  voit 

Venir  la  mesnie  le  roi: 

Adonques  fu  eu  grant  eËmoi, 

Car  de  sa  vie  ot  grant  poor, 

Fuiant  s'en  vait  sanz  plus  demor 
410    Canque  il  pot  de  grant  randon, 

Et  cil  vienent  a  esperon 

Au  plas  toet  qu'il  pourent  venir, 

Ainz  ne  se  vondrent  retenir. 

Devant  vienent  li  escuier 
4iO    Bit  li  rois  si  veuoit  derer 

Chevaucant  avec  ses  barons. 

Atant  estes  vos  le  garçons 

388  lai  li  li  e.     389  eatrangl     390  dite     396  geint     397  Avocqaee 
399  T«iiir]rere    403  lui    40S  lui    417  totwt    418  tenir    420  E 
KKBimT    I  ie 


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402  XI  (H--DI1  24772—2480(9) 

Qui  soDt;  desoz  l'arbre  veau. 

RooDel  troverent  peadu  : 
425    Tuit  s'aresteot,  ne  voot  avaat. 

Eat«B  vos  le  roi  a  itaot 

Et  ses  barons  avocques  li  : 

Roonel  voie&t  qui  pendi, 

Si  en  fu  le  roi  molt  dolaut. 
^  430   Deapendre  le  fiât  erraument 

Que  moU  en  fu  maltentis: 

Ueintenant  l'ont  a  terre  mis 

Treetot  bêlement  et  aoe. 

Lee  eux  ovri,  si  a  parle 
435   Et  dist  'ha  sire  dex,  merci! 

A  poi  que  n'ai  este  péri.' 
Quant  li  lions  l'oï  parler, 

Descendus  est  sans  demorer. 

Deles  li  s'aeist  meintenant, 
440    Son  chef  li  mist  en  son  devant. 

Conme  debooere  et  cortois 

Conmenca  a  plorer  li  rois, 

Por  la  pitié  qu'il  a  de  li. 

Et  quaut  RooDel  le  oï, 
445    Si  se  merveille  que  oe  est, 

Et  li  rois  dist  'conment  vos  eai, 

Bau  doz  amiP  dites  le  moi.' 

'Sire'  dist  Koonel,  'par  foi 

Molt  ai  este  en  grant  tormeat. 
450    Mais  or  ne  me  celés  noient 

Qui  vos  estes  tôt  demanois: 

Car  certes  je  oe  vos  concis, 

Se  ne  me  dites  vostre  non.' 

'Amis'  ce  respont  le  lion, 
456    'Je  sui  rois  d<9  ceste  ctHitree.' 

Roonel  l'ot,  molt  li  a^rree 

Et  molt  en  a  où  grant  joie. 

La  teste  levé  sans  deloie, 

423  Ot  iunt  deius   4£7  ftuooquea  lui    483  e    435  dit  h»  de  a    m. 
488  lui  aasiat  de  ta.    443  lui    448  dit 


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XI  (Méon  ï4S0d— 24844)  403 

Si  a  son  seignor  regarde: 
460    Sire'  fait  il,  'molt  grant  bonté 

M'aves  faite  Toetre  merci. 

Sire,  quaot  venistee  vos  ci?' 

'Orendroit  voir,  bau  doz  amis. 

Mais  qui  vos  a  issi  maamiaP' 
466        'Sire'  fait  il,  'foi  que  doî  vos. 

Tôt  ce  m'a  fet  Renart  )i  ros. 

Ne  je  n'en  cuit  james  garir.' 

Adonques  a  fet  un  aoepir 

Et  après  a  jeté  un  pleiut: 
470   Tôt  le  viaire  li  est  teint 

De  la  peine  qu'il  ot  soferte. 

'Segnors'  dit  li  rois,  'vea  quel  perte 

C'ainsi  ai  perdu  mon  baron! 

Se  je  puis  prendre  le  laron, 
4TS    II  sera  mcintenant  pendu.' 

Et  li  baron  ont  reapondu 

'Bau  sire,  laieeiez  ceet  afere, 

Mes  faites  une  bere  fere 

A  porter  Roenel  eu  l'ost.' 
480    II  n'î  a  nul  qui  le  dealost 

Ne  le  contredient  de  rien. 
"    Une  bière  font  de  merrien 

Li  baron,  onques  n'i  ont  autre. 

Si  ont  dedenz  cocie  le  veautre, 
48Ô    Mes  etna  ont  mb  herbe  desoz. 

Li  rois  li  a  dit  oiant  toz 

'Roonel,  molt  estea  blecie: 

Mea  se  dex  ait  de  moi  pitié, 

Il  m'en  poiae  molt  durement' 
490    Meintenant  conmande  a  sa  gent 

Que  il  gardent  qu'il  soit  aese. 

Et  cil  qui  en  aont  a  malese 

De  ce  que  il  malade  fu. 

S'en  entremetent  et  fait  fu 

s  TOIT  manque     4Ge  le      4ST  ne  c.      469  E     4R4  neautre     485 
39  me  p.      491  Qail  ooumande  quil      494  TanCoat  etnxt  Marier 


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XI  (Méon  24845— 24SS1J 

49Ô    Ce  que  li  roi«  ot  oonmande. 
Onques  plua  n'i  ot  demore, 
La  bera  trosaeat  es  chevax, 
Puia  chevaucent  le  funa  d'uD  raaz 
Tôt  bêlement  et  a  loisir, 
/"   003    Tôt  Boavet  a  l'UBerir. 

Uolt  ot  Roenel  son  voloir, 
Car  li  rois  on  n'ot  que  doloir 
Por  li  qui  malades  estoit, 
Le  meine  isai  con  îl  volott 

500   I^e  onqnca  son  conmandement 

Ne  fn  devoe  de  noient,  1' 

Ainz  s'en  vont  bêlement  le  pas, 
Et  saches  qu'il  ne  nuisoit  pas 
À  Roonel,  anoois  li  plest. 

filO    Tant  ont  erre  par  la  foreat 
Qu'il  ont  esloigoe  grant  partie, 
Onques  n'i  out  geot  départie, 
Si  sont  venu  a  la  meson 
Mon  segnor  Noble  le  lion, 

016    Descendu  sunt  devant  la  porte. 
Bricheuier  et  Brun  l'ors  enporte 
Roonel  amont  en  la  sale. 
Qui  out  le  vis  et  teint  et  pale 
Por  les  cous  qu'il  out  reooQs: 

fiSO    Et  por  oe  que  il  fu  pendus 
Estoit  pale  e  deaoolores. 
Li  rois  a  ses  mires  mandes, 
Et  lor  prie  qu'il  s'entretnetent 
De  li  et  grant  peine  i  meteot, 

6-25    Ausi  grant  conme  a  li  meïsmes. 
Li  mire  qui  vindrent  de  Nimes 
Et  de  Montpellers  par  delà 
Por  le  roi  qui  les  an  proia, 
I  ont  mia  tote  lor  entente. 

080    En  totes  ses  plaies  ot  tente. 
Que  eioz  que  li  mois  fost  passez 

508  loi  522  mirea  ]  Uroni    524  lui    525  loi    326  nine 


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IX  (Héon  24882— 2«917) 

Fu  il  garis  et  repassez. 
S'en  fu  molt  bel  a  tex  i  ot 
E  au  roi  qui  forment  l'amot. 

Ci3S    De  ce  qu'il  fa  délivre  et  sein 
Bont  li  baroD  de  joie  plein 
Et  tait  en  demeineot  grant  joie: 
Et  11  rois  qui  vont  que  l'en  l'oie, 
Et  qu'en  sache  qu'il  en  ait  feete, 

540    En  croulle  de  joie  la  teste. 
Lï  rois  fet  joie  por  le  cben 
Qui  est  gariB  et  bel  et  bion, 
8i  font  tuit  li  autre  baron. 
Ici  de  la  oort  tob  lairon, 

640    Et  quant  liuB  en  sera  et  tens, 
Si  TOB  en  dirons  tôt  a  tens. 

Des  or  vos  dirai  de  Renart 
Qai  cbevauce  tôt  un  esaart 
Tôt  plein  de  joie  et  de  leeoe. 

bK    Devers  un  grant  oesne  e'adrece 
Qui  molt  estoit  baut  et  branou. 
Âmont  regarde,  s'a  veu 
Un  ni  d'escofle  qui  ert  bauic, 
Dedenz  avoit  quatre  esoofleax 
l'SBb   Ausi  dru  conme  père  et  mère. 
Renart  jure  l'ame  son  père 
Qu'il  est  venus  a  droite  voie: 
8e  l'esoofle  ne  le  desvoie, 
Il  les  voudra  trestoz  manger. 

OflO    Amont  l'arbre  prent  a  poler. 

Au  meus  qu'il  peut  monta  en  haut, 
Aa  ni  en  vient  que  pas  ne  faut. 
Corne  devez  et  enragiez, 
Trestoz  quatre  les  a  mangiez, 

560    Qu'il  svoît  a  son  cuer  graut  fein. 
Or  en  a  il  le  ventre  plein, 
Mes  einz  que  il  fust  descendus 

M9  qMn  ]  qnil      MS  en  matiqtu      bi%   esokrt      M2 
mraffie     &04  nuii)p«    566  il  mangut    507  quil 


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406  IX  <Héon  24908-24993) 

SoDt  les  deuB  escoâes  venus. 
Quaut  a'oDt;  lor  oiselles  trovez, 

570   Bua  li  corent  conme  desvez 
Bien  entslente  de  mal  fere. 
Cil  ne  se  pot  arero  traire, 
Qne  trop  estoit  pleïoe  sa  pance. 
Li  un  des  escofles  s'avanchi!, 

575   Si  a  Renart  done  tel  flst 
Que  jus  a  la  terre  l'abat, 
A  poi  qu'il  ne  l'a  maagne. 
Isn élément  s'est  redrecie, 
Qu'il  s'en  voloit  foTr  atant. 

580    Li  autres  11  vint  au  devant 
Tôt  autresi  cou  un  dragon, 
Renart  saisi  au  pelîcon. 
Jus  a  terre  l'a  abatu  : 
Molt  par  ont  bien  Renart  batu. 

585         Ambedui  li  corurent  sus, 
Renart  traînent  sus  et  jus, 
Bâtent  des  eles  et  des  pies, 
Des  bes  fîerent  cod  enrages, 
Ne  Renars  ne  se  pont  deffendre. 

590    II  le  corent  as  ongles  prendre, 
En  la  car  H  metent  dedenz. 
Et  Renart  a  jeté  tes  denz 
A  tant  de  Force  con  il  a, 
L'une  des  escofles  prise  a: 

5A5    As  denz  la  prent,  si  l'estrent  si 
Que  le  cuer  en  dens  li  fendi 
E  puis  la  depecie  tote. 
L'autre  eacofle  por  oe  nel  dote 
'  Ne  plus  a  envie  nel  requiert, 

600    Vers  It  en  vet  et  puis  le  fiert 
Grane  coz  et  menu  et  sovent. 
Molt  esta  Renart  malement, 
Car  cil  qui  estoit  sanz  poor, 

569.  570  maitquenl    512  le  tuanqut     ».  retrftire 
■Mi     &B3  s  la  t.  Ub«ti     5V2  »  i«U  L  d.      M4  Luu     p 
600  lui    803  est 


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XI  (Méon  2485*— 24W1J 

Li  eat  Bua  coru  par  ïrur. 

60ft    Si  1)  fist  tôt  le  pis  qu'il  pout. 
Ono  Reaars  tant  crior  dq  pot, 
Merci  ne  orier  ne  rover, 
M'onques  merci  o'i  pont  trover: 
Car  il  estoit  trop  anguiaaoua. 

610   Ja  li  oQst  crevé  les  eux 

Àndous:  ja  n'en  oUst  garant: 
Et  Renars  Taert  meintenant, 
Par  le  col  le  tint  si  as  denz 
Que  tbtea  li  enbat  dedenz, 

61&    Con  cil  qui  fu  proas  et  délivres. 
Mais  qui  li  donast  cinc  cent  livres, 
Ne  marchast  il  ua  pas  avant. 
Hoc  ae  chocc.  E  vos  atant 
Un  chevalier  qui  trespasBoit 

630   Par  ïloquea,  et  ai  menoit 
Un  oscuier  et  un  garçon, 
laai  ohevaui^nt  a  bandon 
Par  entre  le  bois  et  l'eseart. 
Si  ont  iloo  trove  Renart 

626    Enmi  le  chemin  tôt  envers. 
Tôt  ont  le  vis  et  pale  et  pera 
Si  cou  il  ont  este  blecie, 
^  Tôt  le  coir  avoit  detrende. 
Li  ohevalers  l'a  regarde, 

630   Son  eecuier  a  apele, 
Si  li  a  dit  se  dex  t'aït, 
Ea  ce  gorpil  qui  ici  giat?' 
'Oïl,  wre,  foi  que  vos  doi. 
Mes  il  OBt  mors  en  moie  foi.' 

636    Fait  li  chevaliers   ce  m'eat  vis 
Que  cil  escofle  l'ont  ocis 
Et  il  les  a  mort  ambedoua.' 
'Sire'  foit  il,  'ne  n'est  pas  jeua, 
Qorpil  aet  trop  de  mal  por  voir. 

tlOT  H.  erisi  m  troDor    616  Ub'.    618  ohoca    623  roii 
e^  q.  r*t  ioit     634  en  )  a     635  mes 


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408  XI  (Méon  24992—25027) 

640    De  cestui  voil  le  cuir  avoir, 

Bien  nos  porra  avoir  meater.' 

'Tu  dis  voir'  fait  le  chevalier, 

Fai  le  donc  porter  en  mesoo, 

La  pel  est  bone  et  de  saison.'  128 

046        Li  escuier  deaoent  atant, 

Benart  par  les  deus  gambea  prent 

Et  meintenaiit  a  tret  s'eepee, 

Par  les  gares  li  a  botee. 

Et  un  baaton  a  toat  copei 
650    Si  li  a  mointenant  bote.     • 

Le  garçon  apele  et  il  vient, 

Le  gorpil  li  baille  qu'il  tient, 

Et  cil  le  prent  molt  vole&tiers. 

Tien,  va'  fait  soi  li  escuiers, 
665    Pran,  porte  en  meson  ceste  beste, 

Et  garde  on  nul  leu  ne  t'areste. 

Et  quant  tu  en  meson  vendras, 

La  pel  tantoat  en  esteras.' 

'Volenters'  fait  il,  'par  seint  Fol.' 
660    Le  gorpi)  a  mis  sor  son  col, 

Lors  s'en  est  torne  demanois, 

Et  laisse  son  segnor  el  bois, 

Qui  se  remetoit  au  chemin. 

Or  est  Renart  en  mal  traîn, 
665    Se  par  engin  ae  s'en  estort  : 

Il  ne  puet  escaper  de  mort, 

Car  il  est  meuz  pris  qu'au  braion. 

Et  li  garz  s'est  mis  el  trotou 

Tant  que  le  bois  a  trespasse  : 
670    En  la  praerie  est  entre 

Qui  estoit  grande  et  longue  et  loe. 

Renart  porte  qui  pas  n'agrée 

Ce  qu'il  le  tient  si  tnalement 

Et  par  les  pies  coatreval  pent, 
670    Durement  en  fu  esbahi. 

613  en]  a.  S4S  bote  «53—655  manqufnt  657  en)  a  SU  e.  n 
nen  e.  666  pot  667  qu'  manqut  brioe  666  maitgtw  671  lonc  t 
675  B.  en  p.  que 


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XI  (M«on  26028—25063) 

Lors  regarde  tôt  entor  li, 
8i  ne  voit  nul  home  vivant. 
Lors  ae  tient  molt  a  recroant, 
Quant  einei  se  laisse  porter. 

660    Lora  se  conmence  a  porpenser 
Conment  il  porra  eaploitier 
Por  escaper  au  pautoner. 

Quant  Kenart  porpensc  se  fu 
Et  il  out  entor  li  veû 

685    £t  il  ne  coiai  home  nul, 
Celui  par  les  naces  del  cul 
A  prie  as  denz  sanz  delaier, 
Et  li  gara  conmence  a  crier 
Quanque  il  pot,  pas  ne  se  feint, 

690    Et  Renart  les  naces  estrent 

Et  au  plus  qu'il  pot  les  denz  eere 
Tant  que  H  gars  caï  a  terre, 
O  bau  li  fast  ou  mal  li  aaolie. 
Et  dan  Benart  tôt  ades  sache, 

696   ïl^e  onques  ne  le  vont  laiasier, 

Tant  que  li  gars  curut  aaoher 

/"  Le  baaton  qu'aa  jarez  avoït, 

Por  ce  que  ferir  le  voloit. 

I^Car  durement  fu  esperdu, 

700  Et  cil  sache  de  graot  vertu.] 
Quant  Renart  ae  vit  délivre 
Et  il  vit  celui  aterre 
Et  li  vit  prendre  le  baaton, 
Ueintenant  se  part  du  garçon, 

705    Qu'il  ot  poor  qu'il  nel  ferist: 
Atant  a  la  fuie  se  mist 
Au  plus  durement  que  il  pot. 
Or  eo  pot  bien  tenir  por  sot 
Li  gars,  quant  il  l'en  vit  aler, 

710   De  dol  oomenoa  a  plorer. 
Dolent  en  eat,  si  a'ea  retome. 


670  tôt  tôt  e.  lai    6B4  lai    688  li  gus  ]  o«liii    690  Beawt  ]  ael«î 
W7  qmM    700  gran  oertu    704  par    707  qnil     711  t'en  iMHf«# 


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410  IX  iHéon  25064—25099) 

Juac'a  son  segoor  ne  sojorne, 
Si  li  conte  conment  Renart 
S'oD  Tait  fuiant  parmi  l'essart, 

715   Et  conment  il  I«  priât  as  dens, 
Et  conment  il  li  mist  dedenz 
Lea  naohfls  par  out  il  le  priât, 
Et  conment  le  baston  hors  mîst 
Por  ce  qu'il  le  voloit  ferir: 

720    Mea  tantost  se  priât  a  foîr. 
Si  s'en  torna  parmi  les  pleins. 
'Je  remns  qui  fu  d'ire  pleins 
Por  ce  que  je  aler  l'en  vi.' 
Quant  )i  chevaliers  lentendi, 

735    Ses  paumes  en  bâti  de  joie. 

'Par  foi'  fait  il,  'ne  cuit  que  j'oie 
Jamea  isai  bêle  aventure.' 
Atant  a'en  vet  grant  aleSre, 
Si  lesserent  ester  atant. 

780         Et  RenaPs  s'en  vet  randonant 
Parmi  les  près  a  giant  esploit. 
Conme  cil  qui  ases  aavoit 
Plus  que  nul  autre  de  barat 
S'en  vait  fuiant  pensif  et  mat, 

735    Holt  dolant  et  molt  corocie 
Parmi  \o  pre  tôt  ealesaie/.: 
Molt  se  démente  et  molt  s'esmaie, 
Car  molt  li  dont  et  cuit  sa  plaie. 
[Mes  il  fu  sajes  et  recuit, 

740   Tôt  bêlement  trotant  a'en  fuit.] 
Car  a  grant  peine  peut  aler 
Et  dit  que  se  il  puet  trorer 
Une  erbe  qu'il  bien  conissott, 
Tantost  sa  plaie  gariroit. 

715    Molt  recleime  deu  doucement 
Qu'il  li  envoit  procetnement 
Si  Gon  il  en  a  grant  mester. 

T19  n  li  a.  coBiae  717  lUutheB  ma$tgut    726  fai  il   736  I. 
737  M.  ooroei«  «t     742  pot    748  que  il 


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XI  (Héon  2-^:00— 201  !I5) 

Atant  trespasBa  un  seDter 
Qui  en  la  praerie  estoit. 

700   Sor  un  fosse  qui  grant  estoit 
A  troTee  l'erbo  qu'il  qniert: 
Meinteoant  ses  pâtes  i  fiert 
Bt  l'en  a  tantost  esrachie, 
Ne  l'a  triblee  n'escachie, 

7S5    Enoois  le  menja  sanz  tribler. 
Del  remanant  ala  froter 
Trestotes  les  plaies  qu'il  ot, 
Et  trestot  meintenant  reclot, 
Et  fu  garis  et  trestot  seins. 

760   Vers  le  ciel  en  tendi  ses  meine. 
De  la  joie  qu'il  ot  tressaut, 
Outre  le  fosse  fist  nn  saut. 
Molt  se  senti  fort  et  liger, 
Meintenant  s'est  mis  au  fraper 

766  Tant  qn'en  la  foreet  est  venu. 
Ne  fait  pas  chère  d'esperdu, 
Lieement  s'en  vet  et  joiant 
Tant  qu'il  trova  en  un  pendant 
Un  cirisier  trop  bien  cargie. 

770  Et  Renan  s'est  tant  aprocie 
Qu'il  est  desns  l'arbre  venu. 
Uea  onques  tel  joie  ne  fu 
Con  Renars  fet,  li  desloial. 
Et  puis  bee  amont  et  aval 

775    Tant  qu'il  coisi  sor  l'arbre  en  haut 
Le  moinnel  qui  saut  et  tressaut 
De  branche  en  branoe  molt  soe. 
Sire  Renart  l'a  apele: 
'DrolB,  molt  as  de  tes  aveaus, 

780    Pins  en  as  que  nul  autm  oiseax, 
Qu'en  oea  cerices  te  délites.' 
'Renart,  ge»  tos  clein  totes  quites' 
Fet  Droîn,  'qu'anoiea  en  soi.' 


7S0  que    Tdl  A  ueu  le.  qaeroît    753  earache     764  iiMOMh« 
I    762  manqu»     769  tro     779  aueua     7S3  Quitei 


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XI  (Héou  25136— 2S 173) 

'Quitea?'  fflt  Renart  'c'est  «nui 

7&5    Que  je  n'en  puis  nules  avoir. 

Or  m'en  dones  deuB  por  savoir      ^12 
9'eles  sont  bonee  a  mang^sr.' 
■Aine  ne  manjas  de  tel  muiger' 
Fait  Dro!n   ad  tote  ta  vie: 

790   Ne  sai  se  tu  en  as  envie, 
Mais  je  t'en  donrai  volontere.' 
'Vostre  merci,  bans  amis  ciers' 
Fait  Renart:  'quiuit  je  lee  tendrai, 
Orant  gerredon  vos  en  rendrw.' 

796         Atant  se  taist,  qu'il  ne  dist  pliu. 
Et  Droîn  li  a  jeté  jus 
Trois  cerises  en  un  tenant, 
Et  cil  les  manga  meintenant 
Molt  Tolentiers  et  de  bons  grès. 

8O0   'Ha.  Droïn,  donns  m'en  asez' 
Fet  soi  Renart,  que  boues  sont.' 
'Par  l'ame  de  toi,  c  ne  sont' 
Fait  Droïn.  'Oïl  par  mon  chef.' 
Tu  en  auras,  qui  qu'il  soit  grief, 

806    A  graut  plent«  et  a  foison.' 
Lors  l'en  gîta  plein  son  geron, 
Si  en  manga  Renart  nses 
Tant  que  il  en  fu  tôt  lasses. 
Tant  en  manga  qu'il  n'en  vont  mes. 

810    Et  DroïD  dit  'vous  en  tu  mesP' 
'Nenil'  dist  il,  vostre  merd. 
N'en  puis  pins  manger,  ce  vos  di.' 
'Renart'  dit  Droîn,  'or  entent! 
Ge  t'ai  or  fait  tôt  ton  talant 

815    Et  tôt  oe  que  tu  m'as  recuis, 
Et  ta  as  meint  afere  enquis 
En  ptuBsura  lins  ou  as  este. 
En  CRst  iver  et  oeat  e«te 
As  este  en  meinte  contrée, 


784  QotdM      786  nule     788  sea  m.     800  d 
809  m<in^     819  dif     814  or« 


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XI  (Héon  25174-25200) 

8-JO    Keinte  aventure  as  encontree 
De  tex  ou  tu  bb  moU  apria 
Dont  tu  porras  monter  en  pris, 
Se  tu  lei)  as  bien  retenues. 
Mes  ne  saî  se  as  gêna  menues 

82Ô    Vouâroies  point  de  ton  savoir 
Ensegner:  fai  le  moi  savoir! 
Et  por  ce  que  j'en  ai  mester, 
Conseil  te  demant  et  requier.' 
Dist  Renart  'par  seint  Nicolas, 

880    No  te  meseonseillerai  pas 

Que  bien  m'as  ma  volente  fote: 
Or  pos  dire  oc  qu'il  te  bete. 
Que  je  t^eacoterai  molt  bien, 
Ne  t'en  estuet  doter  de  rien, 

83C»    Car  par  la  foi  que  je  doi  vos 
Qni  estes  li  mien  amis  doz, 
Ja  riens  ne  saures  conmander 
Que  ne  taee  sans  demorer. 
3e  tu  dis  cose  que  ne  sache, 

S40    Force  que  n'i  aie  damaohe, 
Tôt  meintonant  sanz  décevoir 
Vos  en  voudrai  dire  le  voir. 
Hais  dites  moi  oe  qu'il  vos  aiet' 
Droîn  qui  deaos  l'arbre  sîet, 

84ft    Li  respont  'Renart,  or  entent 
Ce  que  je  te  dirû  brement 
J'ai  ci  ilueqnes  dcles  moi 
Noef  moinaus,  foi  que  je  te  doi, 
Qui  chaaoun  jor  cheent  de  gote.' 

MO  'Or  n'en  soies  ja  mes  en  dote' 
Fait  Renart,  que  bien  les  garrai. 
Or  n'en  soies  ja  en  esmai. 
Tu  aes  bien  qu'il  n'a  pas  passe 
Plus  de  deus  ans  que  j'ai  este 

866    Eîn  Oalabre  et  en  Remanie, 


I  la  bete    844  set    84S  q.  ie  d.  bêlement 


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414  XI  (Méon  25210— 2S3«Ci) 

Ea  Toscane  et  en  Herminte: 

G'ai  quatre  fois  passe  la  mer 

Por  mecine  querre  et  trover 

Mon  segnor  l'enpereor  Noble. 
S60    l'or  ii  fui  en  Coatenti  noble, 

S'ai  este  en  meiate  autre  terre  : 

Je  pRHSfli  la  mer  d'Engleterre 

Por  le  roi  deua  fois,  voire  trois. 

Je  fui  en  la  terre  an  Yrois. 
865    Tant  ahi  ecrchant  la  contrée 

Que  j'oi  la  mecine  troree 

Dont  Ii  roÎB  est  garis  et  eeina. 

Je  suî  du  paTs  casteleîua.' 

'Renart'  lait  il,   or  m'enaegniez 
870    Conment  mes  enfana  gariaiez.' 

'Droïn'  fait  il.  'par  aeint  Orner, 

Tu  k-s  feras  oreatiener. 

Sitost  oon  bautissiez  seront, 

Jamea  de  cest  mal  ne  carront.' 
87C    Et  dirit  Droïu   ce  puet  bien  estre, 

Mes  ou  troveroie  ge  preatreV 

PrestreP'  dist  Renart;   par  ta  foi 

Ne  aui  ge  prestn',  di  le  moîV 

Dist  Droîn  'par  l'arne  mon  père 
880    II  ne  m'en  aovennoit,  bau  frère. 

Mes  or  vos  pri  ge  et  requier 

Que  vos  les  viegnes  bautiazier.' 

'Molt  Tolentere'  ce  dist  Renart. 

L'a  in  a  ne  aura  non  Lionart, 
68fi    l^t  des  autres  penaeron  bien.' 

Dist  Droîn  'voa  dites  molt  bien.' 

Atant  s'en  est  el  ni  eutrf, 

Et  ai  a  pris  son  fil  l'etnz  ne, 

Si  Ii  a  gite  aanz  tencon. 
690    Et  Ronart  tendi  son  geron. 

Si  le  reçut,  et  aanz  dangîer 

85S  cocRifne    8.'i8  médecine  (_de  même  »W)    K9  1enp«roii    SM  tii 
ooitentinucle    B61  meiut    fl7â  Et  nutnqut  dit    pot    876  as  k  k«  )*  P- 
S7T  it  (dr  mfme  879.  883.  886)     884  aura  a  n.     890  frernon     891  iM 


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XI  (Méon  2,1246—26391) 

"  Le  tet  en  son  cors  prinsegner. 

Un  et  un  les  i  a  gitez, 

Reoart  les  a  orratienez. 
81Ki    DUt  Uroîn  'bautissiez  les  bien.' 

'Ne  vos  eatuct  doter  de  rien, 

Qu'il  ne  carront  mais  de  ceat  mal.' 

BroTn  regarde  contreval, 

N'a  ses  fiuz  veûz  ne  cfaoisiz: 
900    Bien  s'aparooit  qu'il  est  tiaiz. 

Renart'  fait  il,  ou  soQt  mi  iîl? 

Je  cuit  fet  m'en  avez  eaail.' 

'Non  n'ai,  jes  baptia  ca  aval.' 

Hay,  traîtres  dealoiall' 
eOS    Fait  Droîn  'tu  les  aa  mangies.' 

'Non  ai'  dit  £«nart,  'ce  saches.' 

'Si  aves'  ce  dit  DroTn;  'certes 

Hal  m'avez  rendu  les  dcaertes 

De  ce  que  ge  servi  vos  e.' 
910   Tu  es  fox,  il  s'en  sont  vole.' 

'Vole!  nu  sont.'  'Si  sont,  par  foi.' 

Mentiroies  en  tu  ta  foiP' 

'Par  foi,  oïl  bien,  se  je  voil.' 

'La  maie  gote  te  criet  Voil' 
915    Fait  DrolD.  'Mais  a  toi  si  facel' 

'Je  te  donroie  les  la  face, 

Se  je  te  pooie  tenir.' 

Tu  me  ferras?  vien  moi  ferir.' 

'Non  ferai.'  'For  qoi?'  'Je  ne  puis.' 
920   Tu  ne  pou?'  'Non,  ne  je  ne  ruis. 

lies  or  me  di,  traîtres  fax. 

Que  as  ta  fet  de  mes  oisaxP' 

'Que  j'en  ai  fait?'  'Yoire,  di  ihoi!' 

'Jes  ai  niangies  en  moie  foi.' 
935    'UaDgiez,  las!'  'Voire,  par  mon  chef, 

Tu  n'en  vendras  jamais  s  chef, 

Et  par  trestOK  les  seins  de!  mont 

uiaqurnl     908  Hftlneia  r 


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SI  (M«on  25282-25817) 

James  d'ioel  mal  ne  carront, 
Et  qu'il  eo  deûat  avenir 

MO    Je  te  voudroie  anai  tenir.' 

A  iceat  mot  s'en  est  tomes 
Renart,  n'i  est  plua  demorea. 
Et  Droïn  bob  dol  reconmence, 
Tôt  aoul  a  soi  melame  tence 

935    E  dit  'las  dolent,  mi  enfant, 

Je  vos  ai  mort,  au  mien  parant. 
ReoeQ  avea  mort  par  moi, 
Nus  hom  n'i  a  meefet  fora  moi. 
Tôt  certenement  vos  al  mort, 

940    Par  moi  aves  receK  mort 

Ne  je  oe  qnier  j«  vivre  plus. 
Atant  se  laissa  caoir  jus 
A  U  terre  trestot  paume. 
"  Durement  s'est  meaaame, 

B4Û    Si  se  cleime  cbaitie  et  foux. 
De  son  bec  se  done  grant  cox. 
Si  durement  se  fiert  et  plume 
Poi  a  sus  lui  laïasiee  plume 
Que  il  ne  l'ait  tote  esracbee. 
-  950    Molt  a  soferte  grant  hachioe. 
Quant  il  se  fu  tant  conbatuz 
Et  a  soi  mal  fere  esbatuz, 
A  ledenger  et  a  malniotre. 
En  quel  sen  il  poTst  tin  mètre 

955    A  laissier  le  dol  qu'il  demetne, 
Car  molt  i  a  «offert  grant  peine: 
Tantoat  a  porpeDser  se  prist 
De  Renart  qui  vera  lui  mesprist, 
Conment  il  s'en  porra  venger, 

9IK}   Car  la  venganco  auroit  molt  cher. 
Lors  se  porpense  qu'il  ira 
Et  tôt  le  paTs  cerchera 
S'il  ^overoit  de  unie  part 


089  dnst     930  uoudro*    935  doli-ntjde    941  >  mon^M    1 
961  que  il 


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XI  (Méon  25318—25354) 

Quil  poÏBt  venger  de  ReDart. 
9fl5        Âtant  s'estoit  mis  a  la  voie. 
MoU  prie  a  deu  que  il  l'avoie 
Ea  itel  leu  et  eu  tel  oors 
Que  trover  puisse  auqun  eecors. 
Et  aï  sachoia  par  aeint  Martin, 
^OTO   Ne  laissa  lisse  ne  inastin 
En  tôt  le  pais  qu'il  ne  prit 
Que  l'en  envers  Kenart  l'aquit. 
De  ce  que  il  li  a  promis 
Durement  s'en  est  entremis. 
j)7ri    Hais  celui  a  qui  il  parloit, 
Molt  gentement  li  reaponoit 
Qu'il  ne  s'en  volent  entremetre. 
'Qrant  entente  i  covendroit  mètre' 
Fout  cil,   no  nos  entremetrons 
:i80  Que  durement  Renart  dotons, 
Ne  ja  sor  li  en  uule  guise 
Ne  movroma  por  fero  justice. 
Alez  vos  aillora  porchacier.' 
Eu  Droïn  n'out  ^ue  corocier, 
>itt.'<    Quant  le  respons  ont  entendu. 
Unques  n'i  ot  plus  atendu, 
Eiuz  ge  départ  d'ous,  si  s'en  vet 
Molt  dolant  et  molt  grant  dol  fet. 
Quant  Droïn  fu  d'ous  départi, 
9!)0    Vet  s'en  corocous  et  mari 
Et  démenant  sa  grant  dolor 
Cou  cil  qui  out  ases  tris t or. 
Que  qu'il  vint  a  son  repérer, 
Si  trova  desor  un  fumier 
(Hlii    l'n  mastin  et  megre  et  menu 
QuWtot  eatoit  de  fein  velu. 
Ne  «pot  moYoir  ne  pie  ne  meiu, 
Molt  out  en  son  paîs  grant  fein. 
Quant  Droïn  t'a  trovo  gisant, 
lOOO    Devant  li  vient  de  meintenant. 

K  il  li  enuoie    981  lui    993  reuint    9911  Que     IIX 


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XI  (Miion  2^55—26390) 

'Uorout'  fait  il,  'conment  t'estaf 
'Sire'  fait  il,  'molt  mal  me  va' 
Fait  Morout,  'oe  me  puta  aîdîer, 
Car  ne  puis  trorer  qne  manger: 

1005    J'ai  servi  ub  mereïa  vilein 

Qui  crient  ouan  morir  de  fein.' 

'Par  mon  chef  fait  Droln,  'Morout, 
Il  quide  avoir  trovc  Herbout 
Por  le  tena  qu'il  voit  un  poi  chier. 

1010    Maie  ore  entent  ea,  amia  cher! 
9e  tn  me  voua  fere  un  servise, 
Je  te  dï  bien  et  sans  feinttce 
Que  puis  l'ore  que  tu  nasquia 
Kul  si  prodome  ne  servis  : 

lOlô    Car  je  te  di  sanz  losenger, 
Tu  auras  aaes  a  manger.' 
'Sire'  fait  Morout,  'entendez! 
Se  Toa  a  manger  me  donez 
Tant  que  je  sente  un  poi  mon  cner, 

1030   Je  vos  di  bien  que  h  nul  fuer 
No  saurois  chose  conniander 
Que  ne  face  sanz  demorer. 
Et  bien  sochois  sanz  nule  dote, 
Quant  j'avoie  ma  force  tote, 

lOSa    Ne  m'escapaat  a  bois  n'a  plein 
Bisse  ne  oerf  ne  porc  ne  dein, 
Ne  beste  nule,  tant  fost  aage. 
Trop  a  voie  grant  vasselage, 
'-  Car  molt  avoie  grant  eafors, 

1030    Mes  dont  que  viegne  11  oonfors. 
A  manger  me  conforteroîe  : 
Que  bien  sai,  se  mangie  avoie, 
One  ne  fui  si  fort  a  nul  tens» 
Connie  je  seroie  par  tens.' 

1086        Morout  parole,  cil  se  teat. 
'Beax  sire'  fait  il,  'se  vos  plest 


1002  raalement     1009  manquf     1010  enten     1011  iieniiek«     in<- 
çt  mangur     1022  deiDOrrer     1030  H.  tout  que 


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XI  iMéon  2i>S9I— 2i>437l  419 

Q'a  manger  aie  s  mon  roloir, 
"     Ne  saures  rien  amentevoir 

Ne  conniaoder  que  je  ne  face. 
IIMO   9'k  manger  ai  par  vostre  grâce, 

En  ma  force  me  raures  mis 

Et  ge  serai  moU  vostre  amis.' 

Dit  Dro!ns  'asez  e»  auroia, 

Que  ja  tant  manger  ne  sauroia 
l(Mr>    Qu'il  ne  vos  en  remeigne  asez.' 

Morhout  reepont  or  en  pensez: 

Que  je  Bui  tos  près  a  deviae 

Que  je  face  voatre  aervice. 

Mea  qui  eat  cil  que  vos  haesf 
1U60  Gardez  qu'il  ne  me  twtt  celés.' 

Dist  Droios  'foi  que  je  doi  vos, 

Ce  est  Kenars  li  mares  roa 

Qui  toz  mes  enfans  a  mangiez, 

Foraient  soi  par  li  damachez. 
105,')   Orant  damage  m'a  fet  et  let. 

S'estoie  vengiez,  dex  le  set, 

Riens  el  monde  ne  me  faudroit.' 

'DroTn'  dit  Morhout,  'tu  as  droit, 

Mes  tu  en  aéras  bieu  venches. 
..  1(160   Molt  eat  Kenare  outrequidioz, 

Quant  ce  t'a  fait:  mes  par  ma  foi, 

N'eu  soies  ja  mes  en  esfroi.' 

Fet  Morhout  'ne  n'en  dotej'a! 

Que  par  celi  qui  me  forma, 
1065    Be  vos  mes  coovens  me  tenes,  131 

Renart  si  crt  mal  atomes, 

Se  gel  puis  tenir  entre  pie/..' 

'Levés  sua  et  si  vos  dreciez' 

Fet  Droîn,  'et  avoques  moi 
1070   Vos  en  venes  sans  nul  deloi.' 

A  cest  mot  s'est  Morhout  levez, 

Mes  si  for:iient  eatoit  lassez 

Qu'a  peines  se  pooit  aidier. 

i  p.  lui      1081    p    ta  î. 


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)  XI  (Moon  2543P-25468) 

Tôt  Boavet  et  sanz  dangier 
1075    S'en  vet  Morhout  après  Droïn 

Trestot  bêlement  le  cemin, 

Car  de  maDger  out  covoitie. 

En  une  haie  3'est  mucie 

Près  del  chemin  iioc  delez. 
l(m    Et  dist  DroTn  'or  m'atendez 

Ci  ileqnes  tôt  bêlement! 

Car  a  manger  aures  brefment, 

Quar  je  voî  la  venir  un  char 

Ou  il  a  aeez  pain  et  char: 
1085    G'irai  le  charetier  lober, 

Et  tu  penses  de  toat  ater. 

Quant  tu  verras  qu'il  entendra 

A  moi,  a  la  cbarete  va, 

Meintenant  et  aaoa  contencon 
1090    Àtraïne  ca  un  baoon 

Si  eon  tu  sez  qu'il  est  raeetera. 

'Par  foi'  fait  Morhout,  'volenters.' 
Atant  s'en  Tait  DroTn  corant: 

E  vos  le  chareter  errant 
1O90    Qui  molt  grant  oire  chemiuoit. 

DroTn  qui  ccle  part  coroit 

Molt  bone  oire  sans  atarger, 

S'en  vet  devant  le  chareter 

Tôt  ausi  con  s'il  fiist  férus, 
lion    Li  chareters  est  deeceadus 

Ausitost  con  il  l'aperçut. 

Meinteuant  ccle  part  cor  ut, 

Molt  bien  le  quida  détenir. 

Mes  quant  DroTn  le  vit  venir, 
1105    Sallotant  s'en  vet  ca  et  la. 

Et  11  chareters  après  va 

Corant  un  levier  a  son  col. 

Mes  Drofn  ne  fu  mie  fol, 

Que  pas  atendre  ne  le  Tout. 

1080  manquf     lOtlT  ueudras      108H  c.  en  ua      lOW  par  c.     IW 
11U3  Xes  b. 


,,.  Google 


XI  (Méon  23464—25499) 

1110   Li  oharetere  quanqu'il  pot  court 
Âpres,  que  prendre  le  voloit. 
Droïn  toz  jorz  devant  coroit 
Quaaque  il  pooit  voletant, 
Et  Morhout  ne  vet  demorant, 

lus   Qui  se  gisoit  lea  le  boisson. 
À  ia  cbarete  de  randon 
S'en  est  vesus  si  con  il  puot. 
Ues  ce  qu'en  haut  monter  l'estuet 
Li  ennoia  molt,  ce  sachez, 

1130   Que  molt  estoit  meaaiesez. 
Totevoies  est  montes  sus, 
Si  a  un  bacon  jeté  jus, 
Puis  descendi  de  meinteoant. 
Son  bacon  en  vet  traînant, 

1135   A  poine  et  a  dolor  l'en  porte. 
Et  DroTnèt  qui  se  déporte 
Au  chareter  qu'il  fet  muser, 
S'envole  sanz  plus  demorer, 
Si  a  laÎBsie  le  charetier. 

1130  Et  cil  se  met  el  repairier, 
  sa  cbarete  vint  corant, 
Tote  out  la  pel  dou  dos  suant. 
Durement  se  ledenge  et  blâme, 
n  mefeme  se  mesaame 

11%   De  ce  qu'il  a  Droïn  chacie, 
Forment  s'en  tient  a  engingnie. 
Xolt  corociez  et  molt  mariz 
Est  desus  son  cheval  sailliz 
Et  s'en  vet  a  tôt  sa  viande, 

1140   Droïn  au  dieble  conmande. 
Et  oïl  qui  aillors  fu  penaia, 
Desus  le  boisson  e'ost  asts, 
S'a  trove  Morbut  qui  manjut. 
'Morhut'  fet  il,  'dex  ti  ajut!" 

1149  'Sire'  fet  il,  'bien  viegnez  vos! 


1113  pot     1123.  1124  ti 
ocie    1141  pensif  1145  uiegne  aoR 


,  Google 


XI  {U6<m  25500    255361 

Ge  me  levasse  contra  vos, 
Mes  ge  n'en  sni  pas  aesiez.' 
"Sees  vos  et  si  vos  taisiez' 
Fet  Droïn,  'et  ai  te  repose: 

1150    Que  tu  n'as  mester  d'autre  chose.' 
'Sire,  c'est  voirs,  se  dex  me  saut. 
Mes  par  foi  a  boivre  me  faut, 
Qar  a  manger. ai  a  foàoB.' 
Tu  en  auras,  se  nos  poon' 

UftS    Pet  Droïn,  'a  qui  qu'il  anuit, 
A  grant  plente  encor  anuit. 
Car  je  voi  la,  si  cou  devin, 
Une  charetee  de  vin 
Dont  tu  auras  a  grant  plente, 

1160    Que  je  sui  bien  entalente 
De  toi  servir  a  ton  voloir.' 
Tes  faites'  fait  il,  'grant  savoir.' 
  cest  mot  s'est  Drofn  levez 
Con  cil  qui  le  fet  de  bon  grez 

1166    Et  qui  ases  savoit  d'en^n. 
S'est  venus  enmî  le  cemin. 
Uec  s'areste:  e  vos  atant 
TJd  chareter  qui  vint  oorant 
Et  ne  vint  paa  a  recnluos. 

UTO  Droïn  au  cheval  des  limons 
Saut  SOS  la  teste  meintenant. 
Et  de  son  bec  le  vait  beoant 
En  l'oil,  a  pou  que  ne  !î  crevé. 
Au  chareter  durement  grève 

1176  ïlt  H  ennuie  molt  forment. 
Son  tinel  a  pris  erraument, 
Sil  voloit  ferir,  mes  il  faut, 
Et  Droïn  de  l'autre  part  saut 
Qui  ne  vout  pas  estre  féru, 

1180  Cil  a  le  cheval  conseû 

Parmi  la  teste  si  très  fort 
Que  iloques  l'abati  mort. 


IIU  a  mangue    que  qnil  m.    1104  Conme     1167  iUM 


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XI  (Méon  ^5537-2557*) 

Si  est  tôt  meintenenl;  versez 
Enmi  la  voie,  que  qoassez 

118S   Lî  est  li  cous  et  les  deus  piez. 
Li  chsreters  ds  fu  pas  lies, 
Qar  il  meTsmes  trébucha. 
^  Le  fes  del  vin  l'esuel  brisa, 
S'est  li  fona  volée  du  tonel. 

1190    D'autre  part  seu  va  le  moiimel 
A  Morhout  qui  fu  en  la  baie. 
'Morhout'  fet  Droïn,  'ne  t'eemaie, 
Qar  tu  auras  a  boivre  asez.' 
'Sire,  dex  vos  en  sache  gresl' 

1195   Fet  Morhout  'et  ge  si  sai  voir.' 
El  oaretier  n'out  que  doloir: 
Son  cheval  vit  mort  eatendu, 
Et  si  vît  son  Tin  espandu. 
Grant  dol  en  ot,  son  cotel  tret 

1200    Tôt  bêlement  et  tôt  a,  tret, 
Si  a  son  cheval  escorohe 
Molt  dolant  et  molt  corooie. 
Mes  a  Morhot  en  fu  molt  poi, 
Et  Droïn  li  dist  'par  ma  foi 

1306   Or  s'en  vet  nostre  charetier, 
Et  tu  as  oses  a  maagter, 
Deus  mes  de  char  freohe  et  ealee. 
Or  vieu'  boivre,  se  il  t'agrée. 
Que  tu  en  auras  a  plente.' 

1210  Li  et  Droïn  en  sont  aie. 

S'en  but  ases  tant  con  U  vont. 
'Es  ta  bien  aeae,  Morhout  P' 
'Oïl'  fait  il,  'vofltre  merci.' 
Une  pièce  furent  issi, 

t'JI5    Et  manja  et  but  a  grant  tas 
Tant  que  il  fu  et  fort  et  gros, 
Et  délivres  et  bien  isnel. 
Adonquee  a  dit  au  moinnel 


1183  i*«Mz    ltS4  que  «Bt  q.    IIW  sen  Ta]uole    11B8  nin  tôt  e. 
1W«  dit    isoe  Ore    1210  Lui 


,  Google 


XI  [Mfion  25â7ô— 3Ô610) 

'Sire'  fait  il,  'vostre  merci! 

122i>    Molt  m'avez  bien  et  bel  servi 
Tant  que  je  aui  fort  et  legier. 
Vones,  si  vos  irai  veogier 
De  Renart  dont  te  pleins  eiosi. 
11  conperra  par  tena  l'auui 

1326    Que  il  vos  a  fet,  ce  saoîez.' 
Et  DroTne  est  levés  en  pioz 
Sitost  con  il  l'a  entendu, 
Et  a  Morhout  s  respondu 
'Baux  dons  amie,  vos  dites  bien. 

1280   Ke  me  faudroit  el  monde  rien, 
Se  g'estoie  vengies  de  li. 
Oe  m'en  vois,  vos  remandroiz  ci. 
S'irai  savoir  et  esprover 
Se  porroie  Renart  trover, 

123Ô    Et  gardes  que  ne  vos  movez 

Jusqu'à  tant  que  vos  me  raurez. 
Qe  m'en  irai  a  son  recet 
Trestot  bêlement  et  sans  plet. 
Sil  TOB  amenrai,  se  gel  truie.' 

1240    Dist  Uorhout  'se  tenir  le  pub, 
6e  ne  demant  nule  autre  chose.' 
Droïn  son  vet  (cil  eo  reposse) 
Yoletant  parmi  un  eteart 
Droitement  au  recet  Renart, 

1245    Qar  il  le  savoit  molt  trea  bien. 
Droïn  qui  nel  dote  de  rien, 
Si  tost  con  il  vint  au  pertuie, 
Si  a  regarde  parmi  l'uis 
Et  voit  Renart  qui  se  gisoit. 

1360    Droïn  qui  asez  mal  savoit, 
S'escrie  quanqu'il  puet  crier 
'Renart,  car  me  venea  mangier! 
Yien  tost  a  moi  et  ai  m'estrangle  ! 
Ge  ne  me  movrai  de  cest  angle. 


1227  lout  e.    122»  dite    1231  lui    1232  remaDdroH  ci    lasS  »«' 
1289  fce  puis    1340  dit    1247  il  U  entendu     12étj  lut    12&1  pot 


,  Google 


XI  (Mcon  •iô»U-ib6i6) 

1255    Ne  me  voil  de  ci  desrengcr: 
Tel  dol  ai,  je  cuit  enragier. 
Vien,  s'en  délivre  le  paTs, 
Quant  tu  as  mea  enfans  oois: 
Car  certes  ne  quier  vivra  mes.' 

1260    Renars  se  gisoit  tôt  eu  pes, 
Molt  a  ese  ae  reposoît 
Quant  oï  Droïn  qui  crioit 
Que  il  l'alast  manger  la  fors, 
Trestot  meintenant  sailli  fora. 

IÎ65    Ou  >qu'il  voit  Droïn,  si  li  cort. 
Mes  il  n'ot  cure  de  tel  cort, 
QuHI  ne  vout  pas  eneor  morir. 
Un  petit  a  pris  a  foïr 
Avant,  et  puis  s'i  rest  agis. 

]2T0   T^ï  dit  Renart,  'dolenz  chaitis, 
Tu  fuis,  si  no  m'oses  atendre. 
Quidea  tu  que  te  voille  prendre  P 
Par  la  foi  que  doi  aeïnt  Simon, 
Oe  ne  me  fas  se  joer  noa, 

127a   Et  si  ne  be  a  toi  tocher  : 
Ne  plus  que  voudroîe  sacher 
MoD  oil  de  ma  teste  et  erever, 
Ne  to  Toudroie  je  grever- 
Si  ne  te  voil  certes  oui  mal. 

1280   Ste  toi  ci  ilec  en  cest  val, 
Si  te  reposse  deles  moi: 
Qe  ne  te  voil  nul  mal  par  foi. 
Certes  je  ne  te  prendrai  pas 
Ne  ja  par  moi  nul  mal  n'auras.' 

1385    "Si  feras  par  l'ame  de  toi' 

Fet  soi  Druîn  :  'vien  près  de  moi 
Que  je  ne  me  movrai  de  ci. 
Ce  poise  moi  que  je  foi. 
Pren  moi:  ge  n'irai  en  avant." 

tsno   Renart  qui  molt  fu  deairrant 


IS5&  diai    1277  oreguet    1280  ici    I2H4  nsursl    1286DroIn]R. 
■ira  m    1299  diiirrant 


,  Google 


XI  (Méon  25847—25682) 

Et  covoiteus  de  li  avoir, 
Quide  molt  bien  qu'il  dte  voir. 
Si  li  curut  et  si  li  saut, 
Et  DroÏDet  un  poi  tressant 

1305    Tôt  coiement  et  aanz  tencon, 

Tant  qu'il  vint  devant  le  buisson. 
Adont  s'asist  et  dist  'par  foi, 
De  ci  ne  me  movrai  por  toi. 
Ci  iloques  voil  je  morir,' 

1300    Benart  fu  en  molt  grant  désir 
Do  li  prendre  et  entalente, 
Molt  en  avoit  grant  volente, 
Si  11  est  sus  cx>rut  tantoat. 
Mes  Morhout  qui  s'estoit  reposf, 

1806    9i  est  meintenant  sus  sailli». 
Par  li  fu  Renars  asailliz, 
Si  li  ctirt  BUB  plus  que  le  trot. 
Quant  Reoars  l'a  veQ,  por  sot 
Se  tint,  si  tome  le  talon. 

1310  Et  cil  l'aert  par  le  crépon, 
''      As  denz  le  pigno  et  bouse  et  hape. 
Renart  s'estort,  si  li  esoape, 
En  fnie  torne:  cil  le  prent 
Par  la  cuisse,  pas  do  mesprent, 

1315    Et  tantost  a  terre  le  lance, 
Puis  si  li  monte  sor  la  paoce. 
"  As  denz  le  huce,  pinf^e  et  sache: 
Tel  coroie  del  dos  li  sache 
Qui  pins  de  troî  doie  ot  de  le. 

13a0   Ez  Tos  Renart  molt  adolo 
Et  corooie,  si  n'en  pot  mes, 
Que  Morout  le  tint  sï  de  près 
Conques  les  donz  de  son  doe  n*oste. 
Renars  n'oiUt  soin  g  de  tel  hoste, 
1335    Mes  il  ne  s'en  pot  escondirc. 
Durement  sa  pel  li  descire. 


1291  lui    1297  dit    1298  m.  par  foi     1301  lui     1805  im  mixiqt 
190«  lui    IBIB  Qne    1124  not    1325  ie  p. 


,  Google 


XI  iMion  25<183-2âTlfl) 

Tant  le  desache  et  tire  et  mort 

Que  Renart  a  leaaio  por  mort. 

Par  aoui  l'a  Morhout  kissie. 
1830   ï!s  vos  Droïn  tôt  eslessie, 

Si  est  devant  Sforhout  venu. 

'Conmeot'  fait  il  't'est  avenu?* 

'Bien'  dist  Morhoz,  'n'en  dotez  ja, 

Ge  cuit  jamea  ne  mangera: 
1336    Oc  l'ai,  tant  tire  et  sache 

Que  bien  ssi  qu'il  est  meengne. 

S^l  escape,  n'en  dotes  mie  13! 

Le  deable  aura  en  aïe: 

Que  il  n'en  eecapera  pas: 
1340    Car  il  est  tant  batus  li  laa. 

Que  jaroes  ioiax  ne  sera, 

Ne  James  sor  pies  n'esterra, 

Trop  a  en  maies  meins  este.' 

Dist  Droîo  'ce  me  vient  a  gro. 
131fi    Bien  m'as  rendu  ce  que  t'ai  fet.' 

A  iceet  mot  Morhout  s'en  vet, 

S^a  li  uns  l'autre  conmande 

Molt  debonerement  a  de. 

Morhout  s'en  vet,  plus  ne  demandei 
1350    Droîn  a  damledeu  conmande. 

A  iceet  mot  s'en  est  tomez. 

Et  Droln  qui  molt  fu  irez, 

Bemeiet,  s'est  venu  a  Renart 

Corant,  que  molt  ii  estoit  tart 
1905   Qu'il  li  oust  dît  son  plaisir 

Que  molt  en  avoit  grant  desJr. 

Tôt  meintenant  a  li  en  vient, 

Demande  li  con  se  contient- 

'Connient  vos  est,  sire  RenartP 
\3W    Ci  endroit  vaut  petit  vostre  art, 

Holt  estes  malement  baillis. 

Yostre  pelicon  est  faillis  : 


ISM  Qui    1336  Le  d.  en  a.  en     I!I41  loîax    1344  Dit    a  mvnqut 
^W  8«  lou    1348  H.  très  bonement    135^  fu  «enes    1357.  1350  lui 


,.  Google 


•^    Baienes  î  faut  et  cluteax. 
MoU  sont  descirees  vos  peax. 

1365    So  li  teus  un  petit  se  tient, 
Antre  pelicon  vos  convient. 
Ou  vos  morres  de  froît  sanz  dote, 
Se  dame  Hereens  ne  vos  bote 
Entre  sa  oetnise  et  aa  chai-. 

1370    Or  nel  tenea  mie  a  eachar," 
Se  gel  voa  ai  amenteû.' 
Kenara  n'a  nul  mot  respondu  : 
Si  l'ot  il  bien,  mes  n'a  pooir 
Do  nul  de  ses  menbrca  niovoir. 

1375        Quant  Droïn  l'ot  ases  gabo 
Tant  con  li  plot  et  vint  a  ^e, 
De  li  s'en  part  et  ai  s'en  vet 
Molt  joiant  et  grant  joie  fet 
De  Renart  dont  il  ert  vendiez. 
y  13S0    Kenara  remeat  toz  detrenciea 
La  pel  du  dos  en  tel  manere 
Que  il  n'alast  u'avaut  n'arore, 
Qui  li  doiîst  couper  les  piez. 
Hoc  remeist  greina  et  iriez 

1885    Con  cil  ijui  no  se  pout  movoir 
D'iloques  por  nul  estovoir, 
Que  tant  ne  quant  aon  cuev  oe  aen 
Âtant  08  T08  dame  ILeraont 
Sa  conmere  qui  tant  l'amoit, 

13B3    Qui  son  doua  ami  le  clamoit, 
Et  Ysengrin  avaquea  11 
Et  quant  il  ont  Renart  choisi 
Et  le  virent  si  atorne, 
Heintenant  sont  vers  li  torne 

1395  Molt  corocie  et  molt  dolent. 
'Lasse  chnitive!'  fet  Hersent 
'Nostre  coopère  ai  est  mort! 
Dolente,  ou  prendra  ge  confort? 


1363  Baiena    136&  deiciree    1377  et  monqu*  lai    1878  et  mit  %■ 
13B1  de  d.     1387  Qui    1389  que    1391  lui    1394  lui    13M  .b .  h 


,  Google 


XI  <Héi>n  S5735  -2r>Tfll)  429 

Ha  chsitive  maloûree, 
1400    CoD  je  fiii  de  maie  oure  née!' 

Dit  Ysengrins  'dolent  chaitîf! 

Molt  he  l'oure  que  je  tant  rif, 

Quant  mon  conpero  ai  ci  pordu 

Qui  ai  m'avoit  bien  socoru: 
1403    Au  grnnt  besoing  me  fu  ami, 

Or  le  voi  mort,  ce  poisse  nii. 

Las  chaitif!  qui  li  a  ce  fet? 

Durement  est  vers  moi  mesfet. 

Si  m'att  dc\,  se  gol  savoïe, 
I4in    Molt  hautement  le  vencheroie: 

Se  gel  pooie  as  nieins  tenir, 

Molt  test  le  couTcndroit  fenir. 

Et  ai  me  face  dex  pardon, 

Il  n'en  auroit  ja  raencon. 
1415    Mee  ce  que  vautP  Ce  est  del  meina. 

Molt  a  este  en  maies  meins 

Mes  conperes,  dont  sui  iriez. 

Ha  laa,  dont  est  il  repairies  P 

Far  qoi  et  par  queil  acoiaon 
14-20    Se  dcparli  de  sa  meson  ? 

Alii,  li  las  maloûre 

En  maie  prison  a  este. 
''  9a  malotirte  i  gisoit 

Et  avant  aler  ne  pooit.' 
1426    Renars  ententli  sa  conmere 

Et  oï  crier  aon  conpcre 

Qui  por  li  molt  grant  dolor  ot. 

Si  reapondi  au  meus  qu'il  pot 

'Baux  conpere,  ne  plores  pas  ! 
14H0    Se  dex  plaist,  je  ne  morrai  paa, 

Ancois  en  oscaperai  bien, 

(Ne  vos  estuet  doter  de  rien) 

Se  dex  plaist  e  sa  douce  mère.' 

Quant  Ysengrina  ot  son  conpere 

1400  mal     1403  m      1407   ij      I41T  oonperrM      1416  r«p»ime8 
1*3*  li  tu  li     1487  d«l     1429  B.  doi  c. 


,  Google 


XI  (Mi^n  2*791-25828) 

143â    Qui  parole,  s'on  fii  moU  liez. 

'Vos  estee  molt  ineBaeises' 

Fet  Ysi'ngrina,    bnu  doz  amis. 

En  grant  dolor  mon  cucr  a  mis 

(Ja  mes  n'eu  Hurai  mon  cuer  lie) 
MO    Qui  einsi  vos  a  damagie 

Col  crepon  et  celé  pel  frète. 

Maie  jornee  avcs  liut  fête.' 

Voire'  diiit  Uenart,  'deu  merci, 

Alftlemeut  m'a  mon  cuer  noirci 
1440    Et  deaaohe  et  detire. 

Qo  aui  malement  atiie, 

(ie  ne  aai  se  porrai  garir.' 

Diat  Yscngrin  'molt  le  deair 

Que  a  garisaon  soie»  mis.' 
H5fl    "Oïl  voir,  beau  trea  doz  arnis' 

Fet  Renara,  je  garroîe  bien, 

Se  g'avoie  un  flaicieo. 

Dist  Horsent  'l)nux  trea  doz  amis, 

Dites  qui  vos  a  ai  malmia.' 
Htw    Dnmo'  dit  Kenurs,  'anchcz  bien 

Einsi  m'a  alorne  un  clieii. 

Ne  puis  traire  a  moi  nieins  ne  pies.' 

'Se  vos  gai'ir  en  poTes, 

Ni>  me  chaiitlroit'  dit  YBerigrîn, 
14iiO    'Le  mire  auroit  un  marc  d'or  fin, 

S'il  vus  puet  trero  a  garison' 

'Sire'  dit  Renua,   si  feron. 

Se  dex  plest,  j'en  escapero.' 

Âdont  a  Bcnart  aoole 
I46J    Et  baieaie  trois  fois  en  la  face. 

Dît  Bcnars  'se  dex  bien  me  face, 

Ne  nie  pub  d'ici  remuer. 

Se  voB  ne  m'en  fêtes  porter: 

Ge  ne  verrai  ja  l'aserir.' 
147U    Atant  le  corurent  sesir 


1443  dit    1448  Dit    di«ir    1451  Kairet   l4(>2reaMit* 
i,  "pies'  ,niel8    1481  pot    1469  aenni 


,  Google 


XI  (Méon  2&»29-2imt)  431 

Hersens  et  Ysengrins  viaz, 

Si  le  portèrent  entre  bra/. 

A  loc  oatel  a  lUolt  gnat  peine.  134 

De  It  sorvir  cliaacun  se  peine, 
1470    UoU  pai'  i  metent  grant  entente. 

En  totes  ses  plaies  ot  tente, 

Poison  1i  font  boivre  et  mecîne: 

D'erbe  a  mangie  meinte  racine 

Si  con  H  miieâ  lor  enseigne. 
-  14K0   Ne  cuit  mie  que  il  se  feigne 

De  li  gai-ir  et  repasser, 

Q'ainz  qn'en  veînt  le  mois  passer - 

Fu  il  garis  et  respassos. 

Li  mires  qui  s'en  fu  lasses 
148.1    A  li  garir  et  aléser 

ËBtoit  venus  <le  Monpeller: 

YsoDgrine  l'ot  envoie  querre. 

N'ot  meillor  mire  en  Engleterre 

Ne  nul  si  hon,  si  con  je  cuit: 
U9t)   Cnr  il  fu  sages  et  recuit 

De  plaies  garir  et  saner. 

Tant  se  vont  de  Benart  pener 

Que  il  l'a  a  garisson  mis. 

Un  marc  d'or  li  avait  promis 
149.')   Taengrins,  si  li  a  baillie. 

Et  il  s'en  fu  si  travelle 

Que  il  fu  tos  garis  et  sein. 

Congie  prent,  si  s'en  va  s  pleia.- 

Li  mires  s'en  va:  cil  remeint, 
1300    Renars  la  ou  quide  qu'en  Teint, 

Et  ai  faifloit  en  sanz  gaboia. 

Ileo  sojorna  près  d'un  mois 

Avec  Hersent  et  Ysengriu 

Tant  que  un  vendredi  matin 
ISOi    8e  leva,  ei  a  congie  pria. 

Corne  cortois  et  bien  apris 

1474  lai    1476  plMi    lentea    1479  li  enrefîne     1481  lui    148S  lui 
".Muer  et'  , garir 


,  Google 


XI  (Méon  258fi5— aSBOO) 

Li  done  YaengrJDB  doucement. 
Mes  molt  en  pt.>sa  a  Hersent, 
Et  jnre  le  core  e^int  Johah 

1510    Que  son  veil  n'en  partist  oan. 
'Dame'  fait  il,    bien  vos  en  oioî, 
Mes  par  celui  en  qui  je  croi. 
Vos  m'aves  bien  servi  a  gre.' 
Âtant  avale  ie  degré 

151S    Et  fl'en  isei  do  meintcnant. 

Dame  Hersens  remeiat  plorant. 
Mes  Ysengrina  si  le  convoie 
Tant  que  il  l'ot  mis  en  la  voie. 
Retornez  aVn  est  tôt  pensis, 

I5'20    Et  Renars  s'est  au  corre  pris. 
Parmi  la  forcst  de  randon 
S'en  vet  fuiaot  a  esperon. 

Renart  s'en  vet  a  grant  aligne, 
Molt  grant  joie  en  son  cuer  demoin 

l!)2'')    De  ce  qu'il  est  fors  et  délivres. 
Mes  qui  li  douast  cinc  cent  livres. 
Ne  voudroit  il  estre  en  tel  point 
Con  il  a  este.  Adont  point 
Son  clievnl  molt  très  durement 

15.3(1    Qui  de  corrc  ne  fu  pas  lent. 
Delex.  un  boisson  bel  et  grant 
Trova  un  eacuicr  pissant: 
Son  cheval  fu  enmi  la  voie. 
Renart  le  voit,  vers  li  s'avoie 

I,Vtô  •  Et  voit  quVn  la  se)e  au  roncin 
«■Si  avoit  pendu  ud  bacin 
Dont  en  fet  as  anea  peor: 
Molt  par  estott  baus  li  tabor. 
Deles  le  tabor  a  l'arGon 

1510    Avoit  atache  un  faucon. 

Renars  qui  bien  l'a  regarde, 
Est  tantost  celé  part  aie 


1M)8    mit   mit   en      lâlS    qui!   lot      1520  priii 
boason     1534  loi     1542  par 


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XI  (H£on  âsMi-ssese)  433 

Et  choisi  celi  qui  piasoit. 

Ters  le  roncin  vint  qa^il  prisoit: 
IMQ    Que  il  n'î  ot  demore  plus, 

Tôt  oieintenaDt  est  sailli  sus 

Et  !e  6ert  ^ans  eous  des  talons, 
"  Et  il  s'en  vet  de  grans  randons. 

Auai  s'en  va  con  a  besoing, 
l&M   Lo  faucon  a  mis  Bor  son  poing 

Dont  il  ot  a  son  cuer  graot  joie, 

Ësporoiiant  s'en  vet  sa  voie. 

Li  escniers  oî  la  freinte, 

L'eepee  treit  qu'il  avoit  ceinte, 
1605    Hi  Ji  cort  sus  de  meinténant, 

Et  cil  s'en  vet  esporonaot, 

Qui  n'avoit  soing  de  son  acost. 

Li  esouiers  l'ot  perdu  tost 

Qui  ne  pot  pas  sitost  aler, 
1560    Et  cil  pense  d'esperoner 

Grant  aleûre  par  le  bois 

Tant  qu'il  a  trove  un  maroia 

À  l'oisBue  du  bois  rame. 

D'anes  i  avoit  a  pleute 
IWa   En  un  estanc  qui  i  estoit. 

Renars  a'en  vet  oele  part  droit: 

Quant  Renara  a  l'estanc  veû, 

Onquea  mes  ai  joiant  ne  fu. 
^     Son  tabor  aone  et  elea  saillent. 
l&TO    Je  ne  cuit  pas  que  ai  s'en  allont: 

Se  Renara  puet,  il  en  aura. 

Tantost  l'eaprever  delaca, 

Les  gez  lascha  a  la  volée. 

Et  il  s'en  ist  a  la  volée 

■575    Et  molt  durement  s'esvertue. 

^   Atant  a  une  ane  abatue, 

Soz  li  la  tint  entre  ses  piez. 

Renart  i  vint  toz  ealeasiea, 

1M9  besoig    1564  a  granl  p.    1^9  e.  uolent     1377  lui     entre] 

'NI 

mtxt   I  28 


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434  XI  (M4<ni  2f.aa7-25975) 

Le  faucon  rcprent,  si  le  jeté, 
1580    Et  il  tôt  iiifiintenaDt  s'ndroce, 

Et  eo  a  une  autre  sesie 

Et  a  la  terre  l'a  jalie. 

Et  Ri-nart  si  l'a  tanto^t  prise. 

Molt  en  fet  grant  joie  et  molt  prise 
1585    Le  faucon  et  molt  le  tient  cher; 

Tantost  le  ra  mis  au  frapier. 
Qu'iroie  lonc  conte  contant? 

Trois  ânes  prist  en  un  tenant. 

Kenars  molt  très  grant  joie  en  fet, 
I5IK)    THers  li  les  trossc,  ai  s'en  vct: 

D^  son  gaaing  bien  se  déporte. 

Le  faucon  desus  son  poing  porte 

Et  est  en  la  forest  entre. 

Mes  il  n'ot  pas  grantment  este 
15t)0    Qu'il  vit  le  limaçon  venir 

La  lance  el  poing,  l'eacu  tenir 

Sor  un  cheval  tôt  afiche. 

Bien  arme,  le  haume  lacle: 

Pongnant  s'en  vet  par  un  easart. 
1600    Sitost  COD  a  veU  Renart, 

Grant  joie  en  out  en  son  coraje. 

Qu'il  li  ot  fet  meint  grant  damaje 

Et  grant  ranouno  et  grant  anui. 

Vencher  s'en  quide  encore  eoqui  ; 
liiOj    Treatot  l'anui  que  fet  li  a 

Orendroit,  ce  dit,  li  rendra. 
Quant  Renars  a  Tardif  coisi, 

Lors  vousstst  estre  a  Choisi  l'i» 

Tôt  sans  cheval  et  sans  faucon. 
1610    Atant  c  vos  le  limaçon 

Qui  D'ealease  saus  atargier. 

En  Renart  n'ot  que  corocier: 

Son  fHucon  atace  vias 

Desus  son  arcon  o  les  laz. 
1615    Et  Tardif  a  pris  son  espie, 

Aprii  If  r.  157»  or,  IH  Ir  r.  1586     15HI  un     1590  lai     1599  poir 
1608  fet  fet  gran 


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.\I  (Méon  25976— 2eOIÏ)  435 

Au  premier  coup  l'a  mis  a  pic 

Tôt  estendu  et  treetot  plat. 

Il  resaut  sus  pensif  et  mat, 

Et  le  tahor  par  les  las  tint. 
16^    Meintenant  vers  Tordif  en  vint 

Et  de  inott  bien  ferir  s'afate. 

Ja  ot  Tardif  l'espee  traite 

Et  s'est  de  ferir  aprcstez: 

Mes  Rennrt  s'est  un  poi  haates 
ltt2j    Et  le  fiert  tel  coup  del  tabor 
^        Qu'il  l'abat  jus  del  miaoudor. 

De  si  liaut  conme  Tardif  lu 

ChaT  envers  sor  son  escu, 

Toz  s'est  trébuches  et  coti. 
18.1(1    Et  Renurs  si  cort  a  l'cscu, 

Uel  tabor  le  fiert  lea  l'oreille 

Que  le  teste  li  fait  vermeille. 

Tôt  lo  vis  li  a  escorcie. 

Et  Renars  sailli  a  l'espie 
iftVi    Qui  estuit  granz  et  fort  et  gros, 

Si  li  lance  parmi  le  cora. 

Mort  l'it:  puis  monte,  si  s'en  vet. 

L'espee  ceint,  grant  joie  fet. 

L'espie  en  porte  tôt  vermeil 
IftlO    Qui  reluist  contre  le  soleil. 

Reiiart  s'en  vet  joiant  et  lie, 

En  son  poing  porte  sou  espie 

Fort  et  ligier  et  bien  plane. 

Le  cheval  a  esporone 
1K46    Qui  li  vet  molt  grant  alenee. 

Sa  Toleillo  svoit  troesec 

Sor  le  cheval  au  limaçon 

Qui  molt  ert  de  bêle  façon, 

Par  la  resne  le  meine  en  destre 
lUCiO    Devant  li  regarde  a  seiiestre 

Et  voit  un  messager  Tenant. 

Sor  un  cheval  esporonant 

1131  f.  Infete     1629  coiu     16S2  merueille     1642  poig     1850  lui 


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436  \I  (Méon  2B0I3— 2S04T) 

Venoit  hastivement  et  tost. 

Bien  semble  home  qui  vogne  d'oat, 
t((65    Qar  de  toat:  venir  a'eavertue. 

Ou  voit  Reoart,  si  le  salue. 

Sire'  fait  il,  'cil  dex  vns  meint 

Qui  k  amont  ee  aeins  ciex  meint! 

Et  Renart  tantost  reepondi 
leifO    'Amis,  dex  beneïe  ti! 

Dont  viens  et  ou  vas  et  que  quiersP' 

'9ire'  ce  diat  lï  messagers, 

'Droia  est  que  le  voir  vos  dîona. 

Misire  Nobles  li  lions 
1666    M'a  ci  iloc  a  vos  tramia 

Con  a  un  des  mellors  amis 

Que  il  ait  et  qu'il  aime  plus. 

Ge  ne  quit  que  el  mont  n'est  nus 

Que  il  aint  autant  conme  vos. 
1670    Ceat  bref  vos  envoie  par  nos, 

Tenes  le  et  ai  le  lisiez  1' 

Renart  le  prent,  s'en  fu  molt  liez. 
Rensrt  a  biisie  les  soiax 

Et  puis  lut  les  letres  roîas. 
1675    Bien  sot  a  dire  qu'il  i  a.         - 

Le  messager  araisonna 

Et  dist  'amia,  fji  que  vos  doi, 

Ge  m'en  vois  orendroit  au  roi. 

De  ce  qu'il  requiert  aache  bien 
i(m   Que  je  ne  li  faudrai  por  rien.' 

Cil  li  reapont  'voatre  merci.' 

Congie  prent,  si  s'en  est  parti. 

Et  Renars  s'en  vet  autresint, 

Son  faucon  desor  aon  poing  tint: 
IBS5   Uolt  resemble  bien  home  apert 

Devant  li  encontre  Orinhert 

Son  cosin  qui  l'a  salue. 

1668  On  mniiqut  R.  le  uoît  1658  el  seint  oiel  1661  Do«l  l^ 
lion  ISeï  Quil  1668  nen  a  nun  1669  autretant  1671  brUiei  167£  R- 
a  le  seax  brisiez  1673  le  167B  orendroitei  su  1879  quil  me  reqiirc 
1680  ren     1666  lui 


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XI  (Méon  ^048-2«O8e) 

'Bon  jor  vos  soit  hui  ajornel' 
Fet  Grinbert   et  dont  renés  vos?' 

1090    Cosin,  dex  beneïe  vos!' 

Fet  Renars  quant  il  t'ot  parler, 
Venea  aor  ceet  cheval  monter. 
Si  iron  moi  e  vos  a  cort.' 
Lora  ne  fu  mie  Orinbert  aort, 

1B9&    Quant  Grinbert  ot  conmandemcnt, 
Si  eat  montes  isnelement 
Que  il  ne  volt  plus  delaier: 
Or  a  Renart  bon  eaonier. 
Tôt  meintenant  que  montea  fu, 

1700   A  a  son  col  pendu  l'escu 

Et  l'eapie  H  baillo  en  son  poing, 
De  tel  conpaignîo  avoit  Bo'mg. 
Deaor  son  poing  son  fancoD  porte, 
En  aler  forment  ae  déporte, 

1705    Et  vont  andu)  parlant  cnaenble. 
MoB  poi  ont  aie,  ce  me  aenbte, 
Qu'il  ont  Percohaie  encontre. 
Ce  est  des  filz  Renart  l'einz  ne. 
Holt  venoit  grant  duel  démenant 

1710    Sor  un  cheval  eaporooant. 
Son  père  a  tantost  salue. 
Et  Renars  ai  l'a  acole 
Et  dît  'con  vos  est  conveDant?' 
'Sire'  fait  il,  'rnaveisement 

1715   NoB  est  avenu,  bau  doz  père.' 

'ConmentP'  'Par  foi,  morte  eat  ma  mère.* 
'MorteP'  fet  Renart.  'Voîre,  sire.' 
Holt  en  out  a  son  coer  grant  ire 
Renart,  quant  la  novele  entent: 

XTiO    A  poi  que  li  cuers  ne  li  faut. 

Molt  ot  grant  dolor  en  aon  cuer 
'Ha,  Uermeline,  bêle  suer. 
Quant  morte  estes,  que  porrai  foreP' 
Peroehaie  li  diat  'bau  père, 

IflSS  t^iron     1695  out    1669  mointensot    1702  tul    1T09  1 
«•porut    1714  DMQoiemeiit    17Z4  dit 


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XI  (Méan  Ï608T— 2«IE5> 

1795    Cestui  duel  convient  a  lalssier, 

Desconforter  n'i  a  meatier.' 

'Laa'  dist  Renart,  'malofire! 

Et  oonment  m'en  confortereP 

Paa  conforter  ne  me  porroie, 
1730    Beax  filz  ;  mes  alpz  totevoie 

Arieres,  ai  ne  demorea, 

Et  VOIS  deua  frerea  m'am^ea 

A  la  cort  Noble  le  lion. 

Toz  troJB  chevalier  vos  feron 
1735    Mes  que  veingne  la  pentecoste, 

Qui  que  aoit  bel  ne  que  qu'il  coste, 

Qar  au  roi  molt  grant  guerre  sort. 

Aies,  sea  m'amènes  a  cort 

Molt  tost  et  molt  delivrement!' 
1740   'Sire,  vostre  conmandement 

Ferai,  et  volentera  l'otroi." 

A  itant  départent  tuit  troi: 

Si  a'en  retome  Percehaie, 

Et  Renart  ae  mist  a  la  voie  13< 

1746   6t  Qrinberz  fu  lea  li  on  coate 

Qui  au  meus  qu'il  pot  le  oonrorte. 
Tant  ont  a  aler  entendu 

Que  il  aont  a  la  cort  venu. 

Entre  Renart  et  le  tesson 
1760   Andui  descendent  au  perron. 

Et  dan  Teoelin  li  corbeax 

Reçut  anbedoi  les  chevaus 

Et  l'escu  et  la  lance  après. 

Atant  montèrent  él  pales 
1766   Ou  l'enpereor  ont  trove. 

Molt  gentement  l'ont  salue. 

Et  Renara  cod  bien  ena^^iez 

S'est  devant  lui  ajenolliez. 

Li  rois  conmande  qu'il  se  liet. 
1760    Meintenant  deles  li  l'aaiflt 

Et  dist  'Renart,  mande  vos  ai 


1T2T  dit    1738  ae«  )  «i    1745  lu)   1758  9'tm 


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XI  (Méun  2Rlâtl— StIKl) 

Que  tnolt  très  grant  mester  en  ai 
Por  païens  qui  me  fontgrant  gorrc. 
Il  Bont  ja  entre  en  ma  terre, 

1765    Et  ai  )ea  conduit  )i  canioue. 
Ja  a  de  mes  costnx  pria  dous 
Dps  mellors,  des  plus  fors  donjons. 
Tant  i  a  des  escorpions, 
Oltpbaoz,  tigres  et  yvoires 

1770    (Trestoz  ont  perduz  lor  mémoires) 
Bugles.  dromaderes  légers, 
Qui  molt  sont  orçello»  et  fiers: 
Quivrea,  aarpens,  ne  sai  le  conte. 
Molt  dot  qu'il  ne  me  facent  honte. 

1770    Lesardes  i  a  et  culovres.' 

Dit  Renart  'ci  a  malea  ovres. 
Mande»  vos  gens  sans  plus  ntendro: 
S'iron  vostre  terre  deffendre.' 
'Renart,  Renart'  dît  Teoperere, 

1780     Vos  dites  molt  bien,  par  seint  Père. 
Ëinsi  ert  con  vos  conmandea, 
Toz  mes  barons  seront  mandez 
Par  noD,  ja  n'en  i  faudra  un, 
Tuit  seront  mande  de  conmun,' 

1785    Atant  fet  escrire  ses  bres. 

Qui  qne  soit  bel  ne  qui  soit  grès: 
Ses  envoie  pat  ses  barons. 
Wi  remeist  grues  ne  hairons 
A  semondre,  n'ora  ne  lipars, 

1790    Nets  mon  seignor  Espinars 
Lo  hirccoD,  ne  lou  ne  chen, 
Do  ce  se  puet  il  vanter  bien. 
Et  Bernart  l'archeprestre  i  vint 
Et  Bancent  que  par  la  mein  tint. 

1795    Et  si  i  vint  de  meiotenant 

Brun  l'ora  et  mon  aegnor  Ferrant 
^      Le  rondo  et  Tiebert  le  oat, 


US5  «mtoul    née  p.  U  .II.    1770  les  m.    1771  dron«deres  lof^era 
177:1  Qie    1779  deffondTe    1792  pot    1790  lor  et    1797  et  moniegnor  t. 


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440  XI  (H«on  zeiS2-3ei97) 

Et  si  i  fu  Pelé  le  rat. 
Bi  i  est  venua  Ysengrin. 

1800    Ronssel  l'eacuirol  et  Belin 
I  vindrent  tantost  et  a  pleia 
Entre  li  Timer,  mein  a  mem. 
Si  i  est  Tenus  Chanteoler 
Lj  coB  qui  molt  âst  a  loer. 

180&    Li  singes  i  vint  et  Coart, 
Hardis  li  conins  et  Rohart 
Le  corbel  frère  Tecelin. 
Tant  en  venpit  par  le  cemin 
Que  ce  o'est  se  merveille  non. 

1810    Frobert  i  vint  le  greaillon 
^     À  grant  desroi  et  a  eatrif. 
Trestuit  i  vienent  fora  Tardif. 

Li  rois  s'eat  apoies  aa  estrea: 
Si  regarde  par  les  fenestrea, 

18t&   Vit  veoir  penons  et  enaengoes. 

'Renart,  esgardea,  ques  oonpaignes 
Fet  li  rois  'de  barons  de  pris! 
Cist  m'aquiteront  mon  païs 
Vers  toa  homes  par  lot  paiisance. 

I8Sl>    Voie  tante  enseigne,  tante  lance, 
.Tant  blanc  haubert  et  tant  escu! 
Cil  de  la  seront  tuit  veinou. 
Molt  avom  geot,  1^  deu  merci: 
Odc  mea  tant  ensenble  ne  vi, 

1820    Nou  fist  nue  hom  au  mien  quidier.' 
Et  dl  ae  prennent  a  loger, 
Ea  pree  qui  sont  et  grant  et  Ions 
Tendent  tentes  et  pavellons. 
Quant  tuit  ae  furent  atrave, 

tSSO    BruD  l'ura  eat  el  palras  monte 
Et  li  haut  baron  avoc  li. 
Li  rois  molt  bel  les  recueilli 
Et  tor  fet  grant  joie  et  grant  feste, 

ITO»  i  HKinTue  1802  lui  1808  i  moK^e  1804  L  oot 
nint  et  t  1812  i  fManfu*  1816  et  ]i  1822  C.  diront  t.  s.  ■. 
m  Dira    lest  loi 


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XI  (Méon  261S9— 262S3) 

Et  puis  lor  a  conte  son  estre. 

1836    'Se^or,  a  voa  me  plein  trestos 
De  ce»  feloDs  païens  eetoa 
Qui  en  ma  terre  aont  entrez. 
Mes  caateax  et  mes  fermetés 
Preneot  par  force  de  lor  geat. 

1810    Sachez  ne  m'est  ne  bel  ne  gent 
Qae  vos  tant  les  ares  soffert. 
Li  camaus  malement  me  sert 
Qui  nus  ameine  ses  paiena. 
Mes  DOS  avoma  molt  crîatiens' 

1815    Fet  il.  ja  ne  nos  atendront: 

Ge  croi  meus  que  il  s'en  fuiront,' 

'Sire'  dist  Belins  li  motons, 
'Molt  avea  oi  riches  barons 
Et  haua  homes  de  grant  lignage. 

1850   Si  i  a  meint  prodom  et  saje 
Qui  bon  conseil  aaiiront  douer 
Conment  tob  en  porres  ovrer.' 
Rensra  qui  aist  joste  le  roi, 
Li  respont  en  haut  'par  ma  foi, 

1803    Sire  Belin,  voa  dites  bien. 
Vos  n'i  avee  mespria  do  rien. 
Mes  ja  conseil  de  cest  afere 
M'i  aura  pris:  or  del  bien  fere! 
Ancoia  movrom  demein  matiu.' 

1860    'Sire  Renart'  ce  dit  Belin, 

'Voa  dites  bien,  se  dex  mo  saut. 
Mes  mon  aegnor  Tardis  nos  faut: 
11  n'est  pas  a  la  cort  veauz, 
Ne  sai  por  quoi  s'en  est  tenus. 
1865    itoaauls  l'eacuireil  saut  avant, 
Si  li  respondi  m  ein  tenant 
'Sire  Belin,  n'atendes  pas 
Tardif,  car  il  ne  vendra  pas, 
Que  il  est  mors,  n'en  dotes  mie.' 


■B4&  ataindroDt     181'     belin       1831    conseil   Muro&t   conseil   d, 
M-  If  d«IHill 


,  Google 


M  (M<bn  3(123-1— 2S269) 

1870    Li  l'ois  a  la  parole  oTe, 

S'en  fu  molt  dolanR  et  ai  dit 
'Roxcl,  di  moi.  bo  iex.  c'ait, 
Eq  queil  leu  fti  mort  et  conmeat.' 
'Sire,  se  damledex  m'ameot, 

187&   Cle  sai  bien  <|ue  i)  fu  ocis, 
Et  si  le  vî,  jel  vos  plevîs, 
Tôt  mort,  et  si  vi  bien  U  plaie.' 
Li  rois  l'oT,  mott  s'i^n  csmaie. 
Qui  molt  l'amoit  et  tenoit  cher. 

1880    'Segnors,  ci  a  grnnt  enconbrer'         131 
Fet  li  rois,  'car  me  cooseilliez!' 
Ysengrins  s'est  levés  en  piez 
Et  dit  au  roi  'laissies  ester. 
Que  mort  ne  puet  nus  recovrer. 

1883    l'uis  que  sire  Tardis  est  mort, 
Queres  qui  le  gonfanon  port, 
''     Et  qui  que  le  doiez  bnillier, 
Vos  covient  il  gonfanoncr.' 
'Voirs  est'  dit  li  roia,  'par  mon  chef. 

1890    Ues  por  deu,  or  no  vos  soit  gref, 
Mes  gardes,  por  deu  vos  prion, 
De  qui  gonfanonner  fcron  : 
Por  deu  vos  en  requier  et  prï.' 
'Sire,  nos  l'otrluns  ensi' 

1695    Fet  chascun  de  la  soe  part. 
Atant  es  vos  les  fîlz  Renart. 
Tuit  troi  el  paleis  sont  entre, 
Molt  bel  ont  le  roi  salue. 
Que  molt  sont  de  bele  parole. 

1900    Li  rois  les  conjot  et  acole. 
Conme  debonere  et  cortoia 
Les  asiet  deles  li  li  roia 
Et  dit  que  molt  aont  bel  et  gent. 
Uaintenant  conmande  a  sa  gent 

1005    Que  entr'ous  gonbnoner  facent 


1877  nit    1832  »ea  I.    1884  pot     1694  um    1895  la  uoitK  p    '«'i 
1903  Bont  iiiRHgH« 


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XI  (Méon  26270-21(305) 

Si  boD  que  de  rien  ne  mesfacoat. 

'Sire'  dit  Yaengrinn  au  roi, 
Tôt  le  mcllor  que  ge  i  voi 
Et  que  SRcbe  ealire  entre  nos, 

1910    Ce  est  Renars,  foi  que  doi  vos. 
Hardis  est  ot  de  fier  corage, 
Et  molt  a  en  li  vasselage, 
Et  si  est  bien  unparentes.' 
Li  rois  respont   c'est  vérités. 

1915    Fuis  que  vos  )'avos  «Rgarde. 
Oonfanonner  soit  de  par  de 
Puis  que'  il  vos  vient  a  talent.' 
Renars  ne  fu  mie  dolent. 
Ain»  en  fa  molt  lies,  ce  saches. 

19S0    Tantost  li  est  coCis  as  pies: 
Con  cil  qui  est  bien  afaities, 
Li  a  nndeiis  les  pies  besies 
De  la  grant  joie  que  il  a, 
St  puis  1o  roi  en  apt'la 

mi   Et  dit  'bauK  sire,  mi  enfant 

Sont  (dex  les  sauve)  bel  et  grant: 
Si  vos  pri  por  deu  et  reqaier 
Que  demein  soient  chevalier.' 
Li  rois  li  respont  meintenant, 

tsao   'Renart.  jo  l'otroi  voircment. 

Le  matin  chevalier  seront, 

A  cest  besoing  nos  aideront.' 

Atant  Icsserent  le  plaidier. 

La  nuit  vellerent  su  raostiet: 

19%    Et  quant  oc  vint  a.  lendemein. 
Li  rois  meïmes  de  sa  mein 
A  a  chascuQ  ceinte  l'espee 
Et  si  lor  done  l'acolee. 
Quant  il  furent  fet  chevalier, 

19m   Li  rois  n'i  vout  plus  delaJer, 
Renart  apelo,  si  li  dit 


1W8  gi  i    1909  ».  sire  e.    1912  lui    1926.  1931.  1939  oh'r    1932 
•Jfcroi    1933  piridie 


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444  XI  (HéoQ  2*tS03     263431 

'Renart'  fait  il,  'ge  dex  m'aTt, 

Movoir  nos  covient  le  matin. 

Afea  je  vos  pri  por  aeint  Mardn 
I94b    Que  vos  ci  iloc  remanea, 

Ma  terre  et  mon  païa  gardea, 

Rovol  o  vos  et  MalebrAnce: 

Le  penon  et  l'ensegne  blanoe 

Qui  est  tote  pure  de  aeie 
i9âO    Portera  on  l'ost  Percehaie. 

Celui  veil  gc  mener  o  moi, 

Et  ci  loo  remandroiz  voa  troi 

Et  autrea  barona  a  pieu  te 

Qui  voa  jureront  feelte. 
1955    Tybers  H  cliaz,  n'en  dotes  mie, 

Sera  0  voa  par  conpaignie 

Et  Ysengrin  et  ea  mennie 

Qui  miiU  est  droit  et  alignie. 

Feolte  vos  jureront  tuit 
1960    Voiant  moi  a  qui  qu'il  anuit. 

Et  la  reine,  ce  voa  di, 

Gardes  bien,  que  je  voa  en  pri. 

Ne  puis  plus  demorer  o  vos, 

Ge  la  les  a  deu  et  a  vos.' 
1966    'Sire'  fait  il,  'vostre  pleair 

Ferai  que  qu'en  doive  avenir. 

Mes  la  feelto  des  barons 

Voudrai  avoir,  que  c'est  reaons. 

Li  rois  reapont  'vos  t'aures  ja.' 
1970   Atant  Ysengrin  apela 

Et  Tybert  tôt  ses  eulz  voiant. 

'Segnor'  fet  it,   venez  avant, 

S' amenez  tote  vostre  gent! 

Si  jurreront  le  serement 
197S    Que  avocquea  Renart  tôt  dis 

Demorerez  en  cest  païa. 

Bel  scignor,  a  Renart  vos  les 

Por  garder  mon  païs  eu  pes. 

1925  remandront    tob  manque    19S*.  1959  inront    18W  CDBpiig« 
1962  ien  nos    1676  Demorrei 


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XI  (Méon  26»43— 263TSJ 

Hes  mi  seremeat  li  feres 
1980    Que  partot  li  nïdcres 

Loiaument  a  vostre  pooir, 

Se  nuu  li  velt  gerre  movoir." 
Atant  ont  le  serement  fet 

Devant  le  roi  sanz  plue  de  plet. 
1085    Adont  s'en  velt  li  roia  partir, 

Mus  einz  fist  aes  maies  GDplir. 

Li  rois  lîst  oargier  ses  deniers 

8or  charetes  et  sor  somiere: 

Pavelloni  et  tentes  trosscreut. 
I9U0    Congie  pristrent,  si  s'en  tomereut 
"    A  un  inarsdi  a  l'esclerer, 

Et  furent  plus  de  cent  millier. 

Chevaucant  vont  par  la  campaigne. 

Percehaie  porte  l'ensegne 
1995    Qui  baloic  contre  le  vent, 

Mes  le  cuer  ot  tristre  et  dulent 

Por  Renart  dont  il  fu  sevrés. 

Itenart  qui  molt  fu  mal  senes, 

Fu  remes  avec  la  roïne 
jOOO    Qu'il  aime  d'amor  enteriiiie 

Et  longemeiit  l'avoit  amee. 

Or  est  avoe  li  demoree 

Lie  et  joiaot  et  envoisiee. 

Molt  soventes  fois  l'a  beasiee 
âOOd    Renart  qui  en  ese  en  estoit, 

N'ele  pas  nel  contredisoit, 

AnooÎB  li  plest  uiolt  et  agrée. 

Renare  a  grant  joie  menée 

De  sa  dame  qu'il  ot  o  li. 
''JOUI    Molt  a  bien  le  caste!  garni 

Au  meus  que  il  pout  de  vitaille, 

Qu'il  se  dote  qu'en  ne  l'nsaille. 
Einsi  remoinent  a  grant  joie. 

Et  li  rois  s'en  vet  totevoie 


1819  ■eerment  1982  So  ans  i  1987  .d'.  19S9  traMereot  1990 
priirent  tormerent  1992  .0.  mill'  1994  por  le.  I99T  il  ert  »  2009 
lui    Hii  que  il    2012  qnen  le  la. 


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446  XI  (Méon  28379— 2R4I4) 

2016    Atoc  aa  geiit  au  meuz  qu'ft  puet. 

Ne  vente  ne  juille  ne  pluct:  1R8 

Dt)  ce  lor  eât  bien  avenu. 

Tant  ont  aie  qu'il  sont  venu 

Chevauchant  duiem'.-Dt  et  tost 
^20    A  meina  île  trois  Hues  del  oat 

A  nn  castel  qu'il  ot  asis. 

Li  roia  fu  durement  pensia, 

Si  a  Bca  homes  apelez 

Sefpior'  fet  il,   or  m'entendent! 
2(125    Je  vos  pri  por  deu  et  lequier, 

Fetea  mes  batailles  i-enger.' 

'Sire  font  il,   vostre  plesir. 

Dont  covieiit  nos  amies  sesii.' 

Lor  batailles  ont  connienciees 
•2*W    A  renger.    Si  les  ont  rengiees. 

Dis  eaulielâs  font  de  lor  gent. 

Molt  cbevaucent  et  Wl  et  gent. 

Percelinie  porte  l'ensegne 

Mult  les  conduit  bel  et  enseigne. 
■anUi    Les  escheles  font  departii'. 

Coai'a  li  levrea  aaoe  inontir 

Conduit  la  premere  et  chadele 

0  l'enaegne  qui  malt  venlele. 

La  seconde  meine  Belins, 
3040    La  tierce  conduit  Tecelins, 

La  quarte  quadele  Brun  l'ora 

Qui  molt  esloit  et  prous  et  fora. 

La  quinte  conduit  Chantocler, 

Uolt  ot  en  li  bol  baceler. 
204D    La  eiste,  si  con  nos  lisons, 

Moiue  Ëspinarz  li  birecona. 

La  setirae  conduit  Uaucenz 

Li  aeogler  aa  agues  denz. 

L'uitime  conduit  Roonel. 
2050   Et  avoc  li  estoit  Kessel. 

2016  pot  2016  plot  2020  Au  de  mam/ue  20S0  arengien  £USÏ 
Le*  ohelea  3037  «t  uenohadele  2042  fori  et  prouB  2044  Ini  HI50  E 
a.  lui  e.  roupl 


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XI  (Méon  2e4ir.-8e45i)  447 

lia  nofîmfl  tôt  en  apert 
Caole  mon  segoor  Frolwit. 
La  diaime  conduit  li  rois 
Et  Percehaie  lî  cortoÎB 
âOjjâ    Qui  estoit  de  tote  l'ost  nieatre. 
Mon  segaor  Bernart  l'arclioiTestre 
Qui  uiolt  fu  prodom  et  de  pe», 
Si  les  a  fet  trestoa  confe«, 
Et  dit  ttegnor,  ne  dotea  ja 
•xm    Oele  parjure  gcnt  de  la! 
Ja  n'auiout  foroe  ne  pooir, 
Ice  Haches  vos  bien  de  voir. 
Mes  or  clievauciez  sajenieat: 
Q'ainz  que  soic^nt  arme  lot-  gent 
Am    ht»  aurom  detrencbcs  et  mort.' 
Dit  li  rois   ci  a  bou  confort. 
Muk  a  en  vos  boue  peraoue. 
Bien  ait  qui  tel  coDacil  me  dooul    * 
Par  la  foî  que  doi  seiut  Selvestre, 
Ai'iO    Molt  s  en  vos  bon  arclieprestre. 
Ge  vos  Toudiai  moh  honorer, 
Se  dex  me  done  retomer: 
Que  par  la  foi  que  je  voa  doi, 
EvL'squea  seree  de  la  loi: 
jU15    Le  don  vos  en  otroi  ici,' 
Sire'  fet  il,   voatre  merci.' 

Âtant  preneiit  a  clievaucer. 
îl'ea  eofent  mot  li  aversier, 
Si  est  Coars  sor  enla  venus. 
-2UM    Molt  en  ont  pria  et  retenus, 
Car  il  furent  tuit  desarme. 
Parmi  l'ost  est  li  ori  levé, 
As  armes  corent  meintenant. 
Ja  fust  Coars  mal  covenant, 
mm   Quaut  Tiecelins  i  est  venu 
Qui  hautement  l'a  socoru. 
La  ot  molt  estote  mellee. 

ÎW3  .X.  ime      2059  nel  il.      2082  8.  iioi  no*  de      2069  le      2074 
UMitqiiM    20S7  nelle 


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448  X^I  (Méon  2â472~-2S48SI 

Tiecelin  tÏDt  «1  poing  l'espee 

Dont  li  brana  fu  cler  et  molu. 
'  2090    S'a  un  escoq>ion  fera: 

La  teate  li  coupe  et  lea  piez. 

Li  chamous  en  fu  molt  iriez, 

A  Tiecelin  est  corus  sus, 

Et  jure  deu  qui  est  lasuB 
209a    Que  mal  s'est  aor  li  eobatu. 

Lora  l'a  ai  durement  féru 

De  sa  pâte  que  il  l'abat 

Tôt  envers  a  la  terre  plat. 

Jft  fust  retenus  en  la  fia 
2100    Quant  entr'eua  se  feri  Belin, 
-  Si  coB  il  vonoit  esoorae: 

Si  a  deus  Sarastns  hurte 

Que  il  lor  fist  voler  lea  euz. 

Li  chameus  ael  tint  pas  a  jeiis, 
2103    Ainz  li  anuie,  che  saches. 

Et  Belin  ee  reat  eslestaiea 

Tôt  autreai  conme  desve, 

Un  autre  ra  escervete. 

Trois  en  a  eu  pou  d'ore  mors. 
-    2110    Mes  neporoc  n'en  fuat  esters 

Que  morz  ne  fust  sanz  raencon, 

Quant  Urun  l'ore  vint  a  esperon 

Et  avec  li  tex  cent  barons 

Qui  heent  les  eacorpîone 
21I&    Si  conme  des  teates  tolir. 

En  la  preaae  ae  vont  ferir 

De  bien  ferir  entalente, 

Molt  en  ont  mort  e  cravente, 

Qu'iroie  lonc  conte  fesant? 
2)20    Mate  fueaent  e  recraant 

Cil  de  la,  n'en  escapast  pie, 
1        Quant  d'un  val  se  aont  desbussie 

Plus  de  dis  mile  eacorpions. 

Chantecler  o  tôt  aea  barons 

20tiepoif;    3096  ilorement    2I0B  s.  rera    2118  loriiu.   311>  l« 
2121  deU  U  nen 


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XI  (Méon  26489-2B5241 

2126    I  reet  de  l'autre  part  venu. 

La  ot  et  grant  cri  et  grant  hu 
Des  abatus  et  des  plaies. 
Molt  eu  i  ot  de  maegDÎes 
Et  de  plaies  et  de  Davree. 

2130    Chantecler  <]ui  fu  desrees 

I  mostre  molt  bien  sa  proeee: 
Conme  cil  qui  est  sans  parece 
S'i  est  feroment  esprorez, 
Qnr  ne  pooit  estre  provez 

2133  Par  home  de  l'ost  son  pareil, 
Et  molt  durement  me  mervel 
Par  queil  actiaiaon  ne  conmcnt 

II  puet  avoir  toi  hardement 
liome  de  si  petit  eage 

2IJ0    Con  il  eut  et  de  tel  coreaje, 
Qui  ausi  pst  vistes  et  prous. 
Qui  son  oors  abandone  a  toz. 
En  Tester  se  fieit  par  aîr, 
Meintenant  corut  euvaïr 
''  2145    Le  bngle,  qui  molt  so  desroie: 
Des  nos  a  mors  (et  que  diroieP) 
Plus  de  set  par  li  solement. 
Chantecler  en  pesa  forment 
Quant  8i  le  vit  sa  gent  malmetre, 

2160    Encontre  li  se  voudra  mctre. 
Meintenant  broche  le  destrier, 
Bien  fu  nficie  en  l'estrier 
Et  mist  sa  lance  sor  Je  fnutre. 
Lors  point  li  un  encontre  l'autre. 

SiM        Li  bugles  vint  premerement, 
Chantecler  fiert  molt  durement 
De  sa  lance  de  tel  vertu 
Qu'il  li  a  pecoie  l'i-scu. 
Mes  li  haubers  fu  si  tenant 

2180    Que  il  ne  pot  aler  avant, 


21Î8  MagnieB  2141  2U2.    Qae    2!47.  2150  lui   2153  foutre     2156 
'•MttïUr»    2169  huibro 


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XI  (M.!on  2r.525-26560) 

La  lance  vole  en  deus  moitiez. 

Chantecler  qui  fu  afaidez 

De  ferir,  l'a  féru  forment. 

De  la  grant  lance  roidcmeot; 
2i6j    Le  feri  8i  parmi  le  cors 

Que  le  troncoD  en  parut  fora. 

Mort  le  trébuche  del  cheval, 

Onques  ne  li  fîst  autre  mal. 

Fuis  a  meintenant  tret  l'espee, 
2170   Si  Be  refiert  en  la  meslee 

Li  et  ses  homes  molt  iricB. 

La  ot  de  mors  et  de  plaies 

Tant  que  n'en  sai  dire  le  conte. 

La  ot  et  meint  roi  et  meint  conte: 
2i75    Quant  iloc  lor  segnor  mort  voient, 

Grant  dol  en  ont  et  molt  s'esmoient. 

Yera  Chantecler  en  sont  venu 

Tuit  plein  de  conis  eamefl, 

Plus  de  cinc  cent  tos  a  un  fes 
2180    Qui  de  mal  fero  sont  cngrea. 

Sor  Chantecler  et  sor  sa  gent 

Périrent  molt  ireement: 

Molt  en  i  ot  morz  et  navrez. 

La  fu  Chantecler  mors  ruez 
2185    Bt  de  ses  homes  bien  cinc  cent, 

Dont  li  baron  furent  dolent. 

Desconfit  fussent  a  cel  point, 

Quant  misire  Espinait  i  point, 

O  ii  Baucent  et  Roonel, 
2190    Molt  venoient  toat  et  isuel. 

En  l'estor  se  ferent  maooia, 

Molt  i  ot  de  lances  granz  froia. 
Mis  s  ire  Ëapinart  ai  s'ealesse 

La  ou  il  vit  la  grennor  presae: 
2106    Le  dromadaire  a  encontre 

Qui  dea  autres  estoit  sevré. 


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XI  (Méon  26ûr>l-2S594i,  451 

Tel  Pop  le  ferî  de  l'espee. 

Qu'il  li  a  la  teste  coupcc: 

Mort  le  tiebuclie  euini  la  place. 
2i00    Tôt  meintenant  l'cscu  GnbrncG 

Ëapinar/.  coniue  home  hardi, 

No  fet  pas  sciiblaut  d'eatordj, 

Mes  lie  teuB  encontra  anea 

Qu'il  H  mors  et  iicraveatoa. 
'2005    Bt  ai  iiome  conniunaumont 

Li  aillent  hardicDienl. 

Uolt  en  miiort  d'ime  part  ot  d'autre, 

Mort  i  ot  meint  cicn  et  niciut  venutre. 

Mes  sor  uua  en  torna  li  pis. 
2-^10    Car  Espinait  i  fu  ocis, 

Dont  li  roîa  Noblea  fu  irie 

Et  tuit  li  antre  corocie. 

Deacoufit  fussent  a  cel  saut. 

Quant  Frober/.  li  griaillon  saut, 
/    2215    0  li  (le  Bfi  gent  atrope: 

Molt  par  out  ceua  mal  atrape, 

Plus  de  vint  mile  ocis  en  ont, 

Ja  mes  on  lor  terre  n'iront. 

Serpant  s'en  vont  mult  eaniaiant, 
mo    GriHillons  loa  vont  enprcssant. 

Molt  les  tneincnt  a  gritot  ilcerui. 

Estes  vos  l'escele  le  roi 

Que  l'erccliaio  conduisoit. 

Si  toat  cou  li  chameus  la  voit, 
2-J25    Ses  geuB  apele  et  dit  'aegnor, 

Ne  poon  plus  garir  us  lor; 
'  Or  1o8t,  ne  vos  puis  meintenir, 

l'eiises  de  vos  vies  garir!' 

Adont  s'en  torncnt  du  randon. 
2230    Frobert  les  suit  le  giisillon 

E  tuit  li  autre  n  grant  osploit. 

Et  quant  li  rois  fuîr  les  voit, 

!19R  QdI  li     2204  Qui  a    220(1  fti<lcr<?iit     220T  m.  et  duDe     2208 
»  K    2215    lui    2219  Senprea  m     222R  n  lor 


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452  XI  (Héon  26597—2663!) 

81  s'escria  'or  tOBt  après!' 

Sire  Frobert  les  auit  de  preB, 
3235    Et  sa  meenie  et  tuit  li  autre. 

Li  rois  les  suit  lance  aor  fautre. 

Par  force  les  ont  porsoiiB 

Tant  qu'en  mer  les  ont  enbatua. 

Tresto»  ensenble  eatre  lor  voii 
2240    Entreront  ena,  fors  le  cameil. 

Cil  u'i  entra  pas,  aina  fnï 

Par  terre:  ai  le  conaivi 

Meaire  Frobert,  ai  le  prent, 

Et  par  le  frein  au  roi  le  rent 
2345   Et  dit  'sire,  la  deu  merci, 

Tuit  sont  vencu  voatre  enemi, 

Le  segnor  vos  rent  demanols.' 

'Vostre  merci'  ce  dît  li  rois. 
Molt  iîrent  graut  joie  par  l'oat, 
2260   Le  chammeil  désarmèrent  toat: 

Sitost  con  fu  deshaubergea, 

3i  a  lea  pies  le  roi  beaiea 

Et  diat  'sire,  merci  te  quier, 

Qe  me  renc  a  toi  priaonnier: 
226fi    Vostre  pleaair  de  moi  feroiz. 

Pardones  moi  iceste  foiz 

Ice  que  je  tos  ai  mesfet.' 

Li  rois  dist  ja  mon  cors  bien  n'ait, 

Se  merci  aves  ja  nul  jor. 
2260    Ainz  aères  conme  traïtor 

Destrus  et  ara  et  tormente. 

Lore  a  meintenant  apele 

Brun  l'ors,  Baucent  et  Tieoelin, 

Roonel,  Roussel  et  Belin, 
236Ô    Percehaie,  sire  Frobert. 

Li  rois  lor  a  dit  en  apert 

'Segnor'  fet  il,  'conselliea  moi 

De  ceat  laron  de  pute  foi, 

28S4  trob'rt     2236  feutre    2253  dit     22S5  ferei     2S&S  foil    m» 
ja  manqu*    2S62  «pelé 


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XI  (Héon  26634— 26669J  458 

Quel  justice  de  li  ferai, 
2-270   Et  conment  je  m'en  vencheraî.' 

Frolierz  respont  'par  seint  Richer 

Oe  lo  quel  fâches  escoroier. 

Se  vos  Tees  que  ce  bien  soit.' 

Li  rois  dit  'a  vo  plaisir  soit.' 
9376   Tôt  meintenant  sans  plus  atendre 

Font  le  chamoil  a  terre  ostendre, 

Escorcher  le  fet  errament. 

Baucent  i  enbati  la  dent, 

Et  Roonel  i  mist  la  soue  : 
3380   S'ont  conmencie  devers  la  coe. 

Molt  lor  aïde  bien  Brun  l'ors, 

Le  cuir  li  ont  trait  a  rebors.    ' 

Ëscorche  est,  bien  sont  venche: 

Darement  en  est  li  rois  lie 
2286    De  ce  qu'il  a  ai  bien  ovre 

De  ses  enemia  qu'a  mate. 

Li  rois  ot  grant  joie  a  son  cuer. 

Hes  bien  saches  que  a  nul  fuer     140 

Ne  voussîst  de  sa  gent  la  mort, 
3-290    II  en  est  en  grant  deaconfort. 

TrestoB  les  a  fet  enterrer 

Fors  Eapinart  et  Chantecler, 

Cels  ne  volt  il  îtoo  leseier. 

Tantost  fist  li  rob  conmencer 
2290   Deus  bières,  ena  les  fiât  chocier, 

Puis  se  metent  el  repairer 

Con  cil  qui  désirant  en  erent. 

Yers  lor  terre  s'aceminerent 

  grant  joie  tôt  sans  desroi. 
aaoo-       Ci  ilec  vos  lairon  du  roi, 

Si  vos  rediron  de  Renart 

Qui  mott  estott  do  maie  part 

Et  molt  fu  plein  de  fausseté. 

Un  petitet  s'est  porpense 
i306    A  soi  meTsmes  et  a  dit 
26»  lui    227H  i  »Uti  ton  à.     2291  enterre-  8298  Ion    8299  tôt 


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XI  (Méon  2lie70-267OS) 

Que  se  damledex  li  ait, 
Enpererea  sera  et  rois, 
Se  il  puct,  ains  que  puât  li  mois. 
Il  fera  entendre  as  barons 

SSIO    Que  mors  est  Nobles  li  lions. 
Vnea  letrea  a  fet  errant, 
Puis  a  apele  un  serjant. 
'Amis'  dit  il,  'eotent  a  moi! 
Tu  me  fianceras  ta  foî 

2315    Que  de  rien  que  ge  te  conmant 
Ne  parleras  d'or  en  avant.' 
'Sire'  fait  il,  'saches  sans  faille, 
N'en  parlerai  oonment  qu'il  aille, 
Foi  que  doi  vos,  n'en  dotes  mie.' 

2330    Atant  H  a  sa  foi  plevie. 

Quant  il  ot  fet  ce  qu'il  li  quist, 
Tôt  meinteuant  Renart  li  dist 
'Amis,  tant  feras,  je  te  proi, 
Que  tu  en  iras  de  par  moi 

3326    As  barons  demein  a  la  cort, 
Kt  si  diras,  conment  qu'il  tort, 
Que  li  rois  a  este  ocîs. 
Ice  lor  diras,  baus  amis, 
Et  ces  letres  de  meintenant 

2380   Me  bailleras  lor  ouïs  Votant.' 
"Sire'  fet  il,  'vostre  plesir 
Ferai,  que  qu'en  doie  avenir.' 
A  cest  mot  tes  letres  li  tent, 
Et  li  valles  tantoat  les  prent 

288Ô    Et  a  pris  congie,  si  s'en  part. 
Et  Renars  remeist  qui  est  tart 
Qu'il  oûst  fet  ce  qu'il  pensoit. 
Li  valiez  s'en  vet  a  esploit 
S)  que  ame  ne  s'en  perçut. 

2810    Au  matin  quant  li  jor  parut 
S'en  est  issus  fors  de  la  vile 


2308  8il  i>ot  '  2312  a  ]  ni     2317  fait  il  manqM 
qt    2332  dit    2334  le  p.    2S38  li  Tsilez  ] 


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XI  (Méon  26706-26742] 

Con  cîl  qui  aafiB  sot  de  gile. 

Dedeus  la  praorie  entra, 
Son  destrer  i  esporona 
-  S345   Tant  que  il  le  fîat  tôt  sullent, 
Puis  retoma  isuelement. 
Tel  cop  li  doue  des  talons 
Es  costes  que  li  esporons 
Li  sont  dedens  la  char  entre. 

3300  Tant  s'est  li  messagiers  baete 

Que  par  ta  porte  entre  en  la  cort. 
Descendus  est  et  puis  s'en  oort 
El  paleis  trestot  meintenant, 
Renart  salue  tôt  avant, 

3356    Et  puis  salue  la  roTne 

Conme  oortobse  et  enterrine, 
Et  dit  'dame,  salus  vos  mande 
li  rois  et  as  barons  conmande 
Que  il  facent  lire  cest  bref, 

2860   Et  si  Tos  dî  bien  par  mon  chef 
Que  il  est  en  bataille  ocia.' 
'OcÎB?'  dit  Renars  las  caitie! 
Est  donques  mora  li  roia  missireP' 
A  cest  mot  li  aaut  sans  plus  dire, 

2366    Sit  fiert  d'un  baston  si  forment 
Que  la  cervele  li  espant, 
Que  mort  l'abati  en  la  place. 
Tais  toi'  dit  Renart,  'des.  ne  place 
Q'einsi  aîon  le  roi  perdu.' 

3370   Saves  por  quoi  il  Tôt  féru? 
Por  ce,  saches  de  vérité, 
Que  par  li  ne  fuat  encuee: 
Uolt  fu  voiaiea.  En  apert 
Le  bref  prent,  sil  bailla  Tybert 

3376   Le  chat,  voiant  tos  les  barons. 
Et  Tybers  levé  les  gcrnons, 
Puis  lut  le  bref  de  chef  en  chef, 
Et  puis  dit  'Renart,  par  mon  chef. 


H  connuuiBnda    2366  Qni   2372  lui 


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456  XI  (Méon  WUS     26782) 

Li  rois  est  mors  veraiement, 

2380    Et  si  mande  a  tote  sa  gent 
Que  dame  Fiere  la  roîne 
Prenne  Renart  par  amor  fine, 
Delivremeot  et  sans  desfois 
Soit  de  tote  la  terre  rois.' 

2386        Quant  la  roToe  a  entendu, 
Tôt  simplement  a  respondu 
'Bel  Buignor,  puis  que  il  le  mande. 
Fere  m'estuet  ce  qu'il  conmande. 
Quant  je  voi  qu'autre  estre  ne  puet 

3390    Et  li  roiaumes  de  moi  muet: 
Miens  est  et  bien  le  doî  avoir. 
Mes  or  voudroie  je  savoir 
Se  Renars  le  voult  otroier.' 
Dame,  gel  voil  :  sans  delaîer, 

2386  Fere  quanque  conmanderes.' 
'Far  foi,  sire,  bien  dit  aves.' 
lii  baron  sont  dolant  et  lie: 
Por  lo  roi  qui  n'est  repaîrrie 
Sont  dolant,  et  lie  d'autre  part, 

2400    Quant  il  ont  a  segnor  Renart. 
Tautost  sans  plus  de  demorance 
Fu  d'ous  deus  prise  la  fiance. 
G-rant  joie  font  par  le  palais, 
^   Chanconetea  souent  et  lais 

240&    Cil  jogleor  o  lor  vielea. 
/Qerolent  dames  et  pucclos. 
Grant  joie  font  totes  et  tuit, 
M!olt  dormirent  poi  oele  nuit. 
E  lendemein  sans  demoree 

2410   A  Renart  la  dame  esposee; 
Ueintenant  li  font  feelte 
Trestuit  li  baron  del  règne 
Et  jure  et  plevi  lî  ont 
Que  par  tôt  li  aideront, 


2379  aruement  2381  Q.  ma  d.  onoe  la  rouoe  2Se9  ooi  antre  ■• 
2Sfll  Meni  2S94  uoil  bien  otroier  2401  de  mattqut  2404  Et  iii«lM  *■ 
8406  dorement  por  o.    2409  El  demein  g.  d«moranoe    2413  pliai 


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XI  (Méon  2<tTdS— 26Slli) 

3415    Se  il  avoit  d'ela  nul  beaoing. 
Reoart  n^a  de  refuaser  soiD^. 
Qraot  joie  demeineiit  entr'eus, 
Molt  i  ot  grant  dances  et  jeua  : 
De  joie  ne  sont  pas  aver, 

2430    Tantost  a  done  a  laver 

Cil  qui  en  sert:  li  connestables 
Yseugrins  fot  mctre  les  tables: 
Si  se  sont  asis  au  manger. 
Grinbert  li  tesiton  tût  prenier  1^ 

3436    Qui  coiiins  fu  Rcnart  germons, 
Lor  aporta  entre  ites  meins 
Tex  mes  con  a  tel  gent  convint: 
Ge  cuit  plus  en  orent  de  vint, 
Des  mes,  mes  je  nés  contai  pas. 

3480   Quant  mnngie  ont,  plus  que  le  pas 
Se  lèvent  tuit:  premerement 
Tybert  et  Grinbert  solement, 
Qui  molt  furent  bon  oonpaignon. 
Cil  dui  font  la  beneïcon 

3135    Desus  les  liz  as  deus  amanz: 
Puis  s'en  partent  liez  et  joianz, 
Et  cil  remeistrent  totevoie. 
Lor  déduit  firent  a  grant  joie 
Jusqu'au  matin  qu'il  ajorna. 

3440    Uisire  Rcnart  se  leva 

A  grant  joie  et  a  grant  baudor 
Tôt  meintenaat  et  sans  demor 
''     A  fet  le  tresBor  esfondrer 

Qu'il  n'i  voudrent  plus  demorer. 

344  >    Les  deniers  et  l'or  et  l'argent 
En  a  fet  doner  a  sa  gent, 
Par  Gonvent  qu'il  n'i  entra  puis. 
Porter  en  fist  a  Halpertuis: 


2ilb  beioig  2416  de  reposer  uig  2418  Miioea  2430  T.  don 
mat  S4S1  Mit  242S  Q'  ooûn  fu  ".germein'  ,.R  242T  gens  connient 
US8  eoit   qnit   en   orent  pins  de       2448  meinteinant      2445  d'.       2448 


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458  XI  (Méon  26817—26852) 

Quar  il  se  dote  (si  a  droit) 
2460   Del  roi,  que  se  il  revenoit, 

Contre  li  se  voudra  tenir. 

Por  ce  fet  son  castel  garnir. 

Bien  le  fet  garnir  de  vitaille, 

Ne  cuit  devant  set  ans  H  faille. 
2405    Li  castax  est  si  bien  asîs, 

Ja  ne  eera  par  force  pris. 

Se  par  autre  n'est  afames, 

Ja  par  lî  ne  sera  grèves. 

Renart  fût  garnir  son  castel, 
I   34eo    Ases  i  a  de  son  avel, 

Et  molt  a  de  ses  volontés, 

Quant  enpereres  est  clames. 

Orant  joie  en  ot  et  grant  leece, 

Bien  fet  garnir  sa  forterece: 
2465    La  ToTne  l'aime  et  tieat  cher 

Conme  son  aegnor  droiturier, 

Que  meus  l'amoit,  si  oon  dîson. 

Que  ne  fiât  Nobles  le  lîon. 

Qrant  joie  demeînent  entr'eus, 
2470    Mes  par  tans  i  aura  grans  deus. 

Car  li  rois  chevauche  a  esploit 

Qui  Chantecler  en  aportoît 

Et  le  hericon  en  literes 

Ausi  fêtes  conme  deus  beres. 
247C»    Molt  ot  de  ses  barons  grant  dol. 

Devant  envoie  l'escuirol 

Por  les  noveloB  aporter. 

Mes  el  castel  ne  pot  entrer, 

Qar  li  pont  estoient  levé. 
2480   Renart  fu  as  mars  acote, 

8i  l'apole  et  li  dist  amis, 

Dont  estes  vos?  de  quel  paTsî' 

'Sire'  ttât  il,  par  seint  Simon, 

Ge  sui  hoiD  Noble  le  lion. 

2U9  Qa  21S1  lui  2iiS  lui  ne  b.  nfaroef  ■HHi  duBH,  m 
It  dtuxiiiint  trait  de  C  h  est  ajout/  poatirieurtHttnt  ante  «a*  «vrr  fi 
Oaiie    2471  Car  )  mea    2481  dit 


,  Google 


XI  iKéDD  26853—26868)  46E 

2486    De  l'oat  repère  ou  s  eate. 

Molt  l'a  bien  fet,  la  merci  de: 

Tos  868  eDemi8  a  vei]cu8. 

Hes  il  est  forment  irascns 

Por  Chantecler  que  il  aporto 
■2490    Mort  (dont  il  molt  se  deconforte) 

En  litière  et  aire  Espinart.' 

'Si  m'aît  dex'  ce  dit  Renart, 

'Bien  pnet  venir,  quant  il  vodra  : 

Mes  caena  le  pie  ne  metra. 
2495    Aies,  si  li  ditoa  itant 

Que  rois  sui  des  or  en  avant, 

N'î  a  mes  a  recoomander.' 

En  l'esquirol  n'ot  qu'aïrer, 

Si  li  respondi  erraument 
26u0    'Qu'est  ce,  sire  Renart,  conment? 

Est  ce  a  certes  ou  a  gaa 

Que  li  rois  n'i  entrera  pasP' 

Dist  Rennrt  'tôt  de  voir  saches 

Que  James  n'i  metra  les  pies 
2005    A  nul  jor  tant  con  il  soit  vis. 

Or  vos  en  ai  dit  mon  -avis.' 
Quant  li  esouirous  l'cntendi, 

Va  s'ent,  que  plus  n'i  atendi. 

Wa  gueres  longement  erre 
2510    Que  il  a  lo  roi  encontre. 

Quant  il  le  voit,  ne  se  vont  tere, 

Ains  li  reconte  tôt  l'afere 

Si  con  Renart  li  avoit  dit. 

Li  rôle  l'oï,  si  en  sosrit, 
'  %15   D'ire  et  de  mautalant  nercie, 

Si  apolc  sa  baronie. 

'Segnor'  fet  il,  'aves  oï 

De  Renart  con  il  m'a  servi? 

Ma  terre  a  sesi  contre  moi< 
2520    El  pats  se  fet  olamer  roi. 

4S8  et    2493  pot     aendrd     2498  quair      2503  Dit     2910  Qut  i! 
■rUt    2515  Oh  pwrroil  lire  H»iR  d'ire  a  U  oUere  nerde. 


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460  XI  (MSon  268SU-26924) 

Ge  V08  pri  que  me  canseUica 

Et  qu'a  ceat  besoiag  me  vailliez.' 

'Sire  dit  Urun  l'ora,   aaDs  faillir 

Le  matin  l'iron  aswllir 
—  2036    A  perieree,  a  mangoneax. 

S'il  tient  contre  vus  vos  castax, 

Nos  les  aeaudron  le  matin. 

Se  prendre  le  poon,  sa  fin 

Est  vanne  sans  raenuon, 
2030    Desus  cel  tertre  le  pendron: 

Einsi  le  lo,  einsi  le  veil.' 

Dist  li  rois  'ci  a  bon  consoil. 
A  tant  se  metent  a  la  voie 

Et  cheminèrent  totevuie 
3085    Tant  qu'il  vindrent  vers  le  castel. 

FaTellons  tendent,  n'i  ot  el, 

Qu'il  ne  pourent  dedens  entrer. 

Li  rois  s'en  prent  molt  a  irer 

Et  jure,  s'il  le  puet  tenir, 
2A40   De  tel  mort  )e  fera  morir  ■ 

Con  l'en  doit  laron  lormenter, 

Pendre  ou  ardoir  ou  traîner: 

11  ne  s'en  puet  partir  par  el. 

Drecher  a  fet  meint  mangonel, 
2040    Meint  trebuoet  et  meint  caable. 

'Que  est  oeP'  dist  Renart  'diable! 

]Ke  quident  il  dont  isei  prendreP 

Qe  m'irai  fors  contre  ous  deffendre 

Encor  annit  sans  dcmorer.' 
WiO    Atant  a  fet  m  gent  armer 

Et  SCS  deus  fîlz  et  son  cosin: 

Par  tens  seront  nu  roi  voisin. 

Dis  mile  furent,  voire  plus. 

Le  pont  a  fait  avaler  jus, 
2060   Et  s'en  issirent  de  randon, 

Atant  peignent  a  esporon. 

SSIK  est  beiMg    2S2S  bsiUir    ii52Ii  perieres  si   8!>S5  oui*  1^ 
Qni  BB    31139  pot    2541  L  ttsiner    2542  tormeater    2543  pot    2ÏW  il>> 


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XI  (Héon  2B925— 16600) 

Perceliaie  les  ^it  veiiaiil:, 
Del  roi  se  parti  m^tenant: 
Cela  qu'il  pot  mener  avoo  soi 

25âO    Par  tena  feront  ennui  au  roi. 
Sua  li  corurent  demanoia. 
Sncor  n'estoit  armea  li  roisi 
Ains  l'ont  tôt  deaarme  aorpria. 
Or  fu  ii  rois  molt  entrepria. 

3666    Ud  eecu  a  aeei  a  plein 

Et  un  CBpie  en  l'autre  mein. 
La  ot  grant  cri  et  graut  mellec, 
Meint  cop  i  ot  féru  d'espee. 
Uolt  i  oûst  li  rois  perdu, 

£STO    Quant  Brun  li  ors  l'a  aecoru. 
Bruiant  et  Bernart  et  Baucent 
As  armes  corent  maintenant, 
9Î  ont  secoreû  lo  roi 
^   Qun  Renart  menoit  a  bealoî, 

f»75    Baucenz  deareuge  tôt  premiers, 
Molt  fu  estos  li  pautooera. 
.  Quant  YsengrÎDs  le  vit  sevrer, 
Lora  aqoelt  a  esporoner, 
Orana  cous  ae  vont  entreferir. 

2580    Yaengrins  nel  peut  paa  aoffrir 
Le  coup  que  Bauœnz  le  feri 
Si  qu'a  la  terre  l'abati. 
Sor  li  s'areate  et  trait  l'espee, 
Ja  fuat  de  li  la  pes  jurée 

2!)S5   Que  mort  l'oûst  sans  niencon, 
Quant  Orinbert  i  vint  le  tesson. 
A  qui  qu'il  en  do0st  peser, 
A  fet  Yaengrin  remonter, 
Mes  molt  î  aoffri  peine  ^ant. 

2300    Brun  l'ora  i  vint  esporonant, 
Bi  encontra  enmi  aa  voie 
Un  des  filz  Rcnart  Percehaïe. 

£560  mnv     25tll  lui     25SS  Ion  t.     2966  une  eap« 
■  Hcom    SAB3  loi    leape    2iS*  lui 


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462  XI  (Méon  28901-26998) 

Quant  Percchaie  l'a  veû, 

Envers  li  tome  son  oacu. 
2595    Granz  cous  se  forent  des  espie/.. 

Li  Brun  l'ora  ost  par  mi  froissiez 

Et  est  en  deus  moitiez  vole. 

Percehaie  l'a  asene 

Haut  en  l'escu  con  chevalier: 
2600    La  hante  dont  trenchu  l'aclier, 

Li  passa  par  le  coste  destre. 

Estes  vos  poinnant  l'archeprestre  : 

A  la  rescuaae  de  Brun  l'o^s 

Venott  poignant  plus  quo  le  oors 
3005    Desor  un  grant  destrcr  baucent. 

Des  Renart  i  coiurent  cent 

Por  aïder  a  Percehaie. 
''  ïseDgrins  forment  se  deraie, 

Rovel  et  Malebrance  ensenblo, 
2ei0   Tôt  le  parente,  ce  me  seuble. 

Ou  fost  ou  bien  ou  mesprison. 

Brun  Tors  en  meiaent  en  prison 

Maugre  tog  cous  qui  Iniens  sont. 

L'arcepreatre  dolent  feront 
2815    Por  ce  que  aider  li  voloit. 

Quant  Malebrance  l'aparcoit, 

Vers  li  trcatome  le  chcvnl. 

Andui  poignent  parmi  un  val, 

Des  lancée  se  feront  grans  co\ 
26-20    Desua  les  escus  de  lor  cox. 
'  IjCs  lancée  volent  en  astelea. 

Puis  traient  les  espèce  boles, 

Sor  les  liaumes  se  vont  ferir. 

Cil  qui  bien  ne  se  sot  covrir 
2625    Fu  molt  malenient  atorno. 

Bcrnart  li  a  un  coup  done 

Parmi  le  haume  de  i'espee, 

Jue  l'abati  jambe  levée 

2594  lui  2597  moitié  21)99  oh'r  2803  de  manque  2608  B-  cb  i 
onrent  2610  p.  çq  oe  2613  Haugres  que  2615  le  2617  Ue'i  M  ^>^ 
poignen     2620  D.  lor  e.     2623  h.  les  uod     2628  Bkucent    2«2B  Int 


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XI  (Héon  2flft<t7— 2T0S2) 

A  la  terre  tôt  estendu. 

2690    Ja  l'oûst  pris  et  retenu, 

Quant  Tybers  li  chaz  i  a  point, 
Por  lî  a  enforcie  soa  poÎDt. 
Malcbranoe  fist  remonter 
A  qni  qu'il  en  doûst  peser. 

2695    Forment  est  li  chaple  enforoiez, 
Et  Kenars  vint  toe  esleuaiez, 
L'escu  au  col,  l'espee  trete, 
Forment  de  conbatre  s'afaite. 
Bruiant  le  tor  a  encontre 

9640    Qui  moU  fo  richement  arme. 
Si  tost  s'en  vont  entreferir 
Con  lor  chevauB  pourent  venir. 
Bruiant  le  fîert  premerement. 
Renars  met  l'escu  eu  présent 

2940    Et  l'a  contre  terre  abatu, 
Et  Bruiant  le  ra  si  fern 
Que  la  lance  li  brise  es  poinz. 
Ronart  le  fiert  si  que  li  coïdz 
De  son  helme  fiert  el  sablon. 

2600    Puis  descent  du  cheval  gascon, 
L'eepee  hauce  por  feiir. 
Quant  Bruiant  vit  le  cop  venir, 
Peor  a  que  il  ne  l'ocie, 
A  moins  jointes  merci  li  ciie. 

260Û     Sire'  fait  il,  'por  deu  merd  ! 
Ge  me  renc  a  toi,  do  m'oci!' 
Quant  Renart  ot  parler  Bruiaot, 
Si  respondi  de  meiotonant 
'Sire'  fait  il,  'a  ceete  fois 

2660    Vos  quit,  mais  vos  fîancerola 
Prison  a  tenir  el  caste!.' 
'Sire'  dit  Bruiant,  'ce  m'est  bel.- 
Einsi  le  ferù  con  vos  dites. 
Hes  que  soie  de  la  mort  quitesi 


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Xi  (Héon  27033—27088) 

2665    Einsi  con  il  vos  plaiet  l'otroi.' 
Atant  remontent  sanz  deloi 
Con  cil  a  qui  inolt  eatoit  tart. 
A  coBt  mot  li  chapleB  départ. 
Bien  l'a  fet  Henart  a  cel  cors, 

2670    En  prison  en  meine  Brun  l'urs 
-  Et  Bruiant  le  tor  autrcsi. 
El  castel  en  sont  reverti 
Tuit  ensonble  lie  et  joiant. 
Li  rois  remeiat  tristre  et  dotant 

2675    Et  eorocio  de  ses  barons: 

Forment  jure  deu  et  sra  nons 
Que  d'iloc  no  départira 
JuBiju'a  tant  que  pris  tes  aura. 
Molt  par  ost  a  Kcnart  petit 

2660  De  treatot  ce  que  li  rois  dit, 
îl'en  dorroît  pas  un  esperon. 
Descendus  sont  tuit  li  baron 
Et  puis  sont  monte  el  palaa. 
One  si  grant  joie  ne  fu  mes    . 

26âfi    Conme  la  roïne  lor  fet, 

Puis  lor  demande  'qu'aves  fet  F' 
'Bien'  fet  Renars,  'la  merci  de. 
Bran  l'ors  vos  avom  amène 
En  prison  et  Bruiant  le  tor: 

2(i90   Ja  n'en  prendrai  argent  ne  or 
Ne  nul  denier  de  raencon, 
Mes  ci  iloo  les  garderon. 
De  ce  sui  je  oerteins  et  fis 
Que  se  uns  des  nos  estoit  pria, 

2699  Que  par  ices  les  raureon.' 
'Sire,  foi  que  doi  seint  Simon, 
Vos  en  avea  molt  bien  parle.' 
A  icest  mot  t'a  acole: 
Apres  acole  Puroeliaie 

2700  Et  a  toz  les  autres  fet  joie. 


SetT  a  manque     2672  o.  reaont  reuenti     2061  He  uproa 
aue*    8698  ilaqn«i  g.     S69B  ioel     2689  percehae     2700  •  m 


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XI  fMéon  27089—27105» 

GraDÏ  iote  font  par  le  pales, 
Chaotent  et  vielent  ces  lais. 
Totes  et  tuît,  ai  con  moi  semble, 
Firent  la  nuit  grant  joie  ensemble. 

2705    Harpes  i  aon^t  et  vieles 

Qui  font  les  meloudies  bêles, 
^    Les  estives  et  les  citoles. 

Les  damoiseles  font  carolea 
"  St  treschent  envoisienient. 

âTIO    Laiena  ot  meint  son  d'estrument 
Far  le  pales  et  par  la  sale. 
Einc  n'i  ot  dit  parole  maie 
De  nul,  tant  fust  cotnte  no  noble, 
Ke  mes  solement  du  rcris  Noble: 

2715    Celui  manacent  il  trestuit. 

'C'est  merveille  s'il  ne  s'enfuit' 
Font  il:  'nolt  l'arons  esmaie, 
Kolt  en  avon  mort  et  plaie.' 
'9e^or'  dît  Renars,   ore  est  bien. 

2730   Onques  nés  maneoiez  por  rien  : 
Mes  le  matin  quant  jor  rendra, 
Sauron  bien  qui  meus  i  vaudra 
As  cou  a  ferir  et  enploier 
Et  as  ensegnes  desploier. 

2Ti&    Se  la  Tos  toi  bien  meiatenîr 
Envers  le  roi  et  contenir, 
Qu'a  la  fuie  le  puisson  mètre, 
Qui  si  s'en  voudroit  entremetre, 
(Il  m'auroit  molt  servi  a  gre) 

2730    Qu'suroit  lo  roi  desbarete, 
Mott  auroie  de  mon  déduit.' 
Einsi  furent  jusqu'à  la  nuit, 
One  ne  iînerent  de  parler 
De  si  que  vint  a  l'aveaprer. 

2780    Cil  qui  estoient  connestables 
Conmandent  a  mètre  les  tables, 
Et  puis  aseent  au  soper. 


2726  meintenir 


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XI  (Méon  2710e— 271*1) 

Ne  TDÎl  pas  toa  les  mes  conter 
Ne  fere  ci  grant  demoree. 

2740   l*iuit  mangèrent  con  loi-  agrée, 
Puis  firent  les  napes  ester. 
Nuis  fu,  si  se  vonft  reposer 
Jusqu'à  demein  a  l'esolairer 
Que  se  lèvent  11  chevaler. 

2745    Sitost  con  il  furent  levé. 

Se  sont  de  meintenant  arme. 
Autrosî  s'arme  d'autre  part 
L'enperere  sire  Kenart 
Et  ses  dui  filz  et  son  cosin 

27Ô0    Grinbert  qui  molt  fu  enterrio 
De  loiaute  et  de  valor. 
Congie  prent  noatre  enpereor 
A  la  roTne  simplement 
Et  dit  'dame,  mon  eadant 

2766    Ëncor  anuit  aurea  lo  roi 

En  prison,  foi  que  je  tos  doi.' 
Sire'  fait  ele,   dex  l'otroit 
Que  ce  que  vos  dites  voir  soit.' 
Atant  la  bessc  au  départir, 

9760    Puis  a  fet  les  portes  ovrîr, 
Et  firent  les  pons  avaler. 
Hors  îssirent  sans  demorer, 
Si  sont  féru  eo  l'est  lo  roi. 
Mes  chascun  ot  poor  de  soi, 

2766    Et  furent  arme  richement. 
Li  rois  meïmes  et  sa  gent 
Avoient  lor  gamemens  pria. 
Ne  voloient  estre  sorpris. 
Sitoat  con  coiai  cela  de  la, 

2770    Ses  chevaliers  en  apela. 

'Segnor'  fait  il,  je  vos  requier 
Qne  vos  m'aïdea  a  vencher 
De  cel  traïtor,  cel  laron 


2741  Bnent      2744  ch'r      2752  notte      2TM  j«  mnngHr 
1m  framement    2788  sozpriB    2770  ch'r 


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XI  (HéoD  27U2-271T8I 

Qui  si  a  ses!  ma  meaon 

2776    Et  m'a  gerroie  ei  a  tort. 

Ofl  Bui  hoDÏs,  ae  il  m'estort: 
Jamais  nul  jor  joie  n'auroîe, 
So  je  de  li  venches  n'estoîe.' 
Sire'  font  il,  'or  i  parra: 

2780    Honis  soit  qui  vos  en  faudra 
Et  qui  ja  s'en  feindra  nul  jor. 
De  ce  n'aies  onques  poorl' 
Li  rois  les  en  a  mercies 
Conme  cil  qui  molt  en  fu  liez. 

2786        Atsnt  asenblent  les  deus  oz 
Qui.  molt  estoient  grant  et  forz. 
Molt  fere  mellee  i  oomence. 
lia  ot  brisiee  meinte  lance 
Et  moint  cbevalier  abatu. 

•Ï1W    Renars  escrie  de  vertu  : 

Bois  Nobles,  ou  estes  alesP 
9e  conbatre  a  moi  vos  voles, 
Yenes,  que  la  bataille  aurois 
Et  molt  proceinement  saurois 

3790    Que  je  no  vos  ein  que  rien  vaille. 
Se  me  conqueres  en  batalle, 
Le  castel  et  tote  la  terre 
Vos  lairai  en  pes  et  sans  gerre: 
Et  se  tu  es  par  moi  conquis, 

3600    Se  t'en  voisses  hors  du  païs 
Et  me  lesses  la  terre  en  pes.' 
Li  rois  vint  vers  li  a  esles, 
Sitost  con  la  parole  oï, 
Ke  de  rien  ne  s'en  esbahi, 

38D&    Ancois  s'escrie  durement 

'Sire  Renart,  par  seint  Gliment* 

Je  ne  te  demant  autre  chose: 

Bonis  sui,  s'atendre  ne  t'osse.' 

Adont  prent  a  esporouer 

-    !S10    Li  rois  o  il  n'ot  qu'nïrer, 

2174  «iM    2778  Ini    2782  hoaqnw    27S9  ch'r    2802-  lui 


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XI  (Héon  27179— 2T216) 

Et  ReDara  d'autre  part  rebroche 
Le  bon  destrer  qui  pas  ne  oloce. 
Les  oheTaue  lesserent  aler, 
GraDs  cous  se  vont  entredoner 

2816    De  lor  lances  es  fors  ascus. 
Percent  le  vemis  et  les  fus: 
Les  lances  oonvint  a  quasser. 
Li  hauberc  ne  pourent  fausser 
Que  trop  sont  aère  et  tenant. 

3820    Si  s'en  vindrent  esporonant 

Conme  foudre  qui  doit  descendre, 
Que  les  estrers  firent  eatendre. 
Li  cheval  s'encontrent  de  front, 
Ambedoi  ceent  en  un  mont. 

2825    Ues  tost  refurent  sus  sailli, 
Forment  li  uns  l'autre  asailli, 
Et  traient  nues  les  espees. 
Si  s'entredonent  grant  colaes 
Desus  les  baumes  de  lor  ces. 

2880    Ja  i  fust  trop  grant  li  mescies 
Devers  dan  Noble  le  lion, 
Quant  Jcil  de  sa  région 
S'eamurent  por  li  aldinr. 
Baucent  i  acurut  premer. 

283&    Por  lu  rot  socore  s'esmat 
Baucent,  et  bien  le  socorut 
Et  l'aroeprestre  et  Roonel, 
Et  dan  TieoelÎD  le  corbel. 
Si  i  vînt  mon  segoor  Belin. 

2640    Ja  fust  Renars  en  mal  traïn, 
Quant  Percehaie  et  le  tesson 
Et  Malebrance  a  esporon. 
Et  Tybers  le  chat  et  Rovel 
D'aîder  Renart  sont  isnel. 

2845   Le  obaple  ont  entr'eus  conmenoie, 
La  Teîst  en  meint  pie  trencle. 


2611  par  r.      2812  q  p.       2815  UnoeB  4eB  f.       28IS  iM  v 
8818  faifer     2822  estrer  f.  tendre     2833  lui     2845  Li  oonmeiwiei 


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XI  (Héon  2T2I7-2T202)  469 

'     Tantes  testes,  tant  haterel. 

Merveilles  i  fesoit  Rovel 

Et  cil  qui  furent  de  aa  part. 
S8C0    Far  force  ont  remonte  Renart, 

Uea  a  peine  et  a  grant  dolor 

Ont  remonte  Tenpereor. 

Àins  qu'il  poflst  estre  monte 
-    1  ot  meint  ruiste  cop  done 
%56    Et  molt  en  i  out  receii, 

Sfolt  par  i  out  le  roi  perdu 

De  ses  homes  des  meus  proissies 

Dont  il  fn  molt  greins  et  iries. 

Et  Renars  refn  molt  dolant, 
2860    Q'un  home  i  perdi  molt  vaillant. 

Ce  fu  Tyberz  qui  fu  ocis, 

Dont  il  furent  voir  molt  penaia. 

Molt  i  perdent  d'anbes  .dous  pars. 

Totevoies  sire  Renars 
3865    Est  remontes  a  quelque  force. 

La  maisnie  lo  roi  s'esforoe 

De  U  monter:  monter  l'ont  fet, 

Qui  que  sait  bel  ne  qui  soit  let, 

Le  ront  monte  sor  son  cheval. 
3870    Ues  11  ceoirs  li  fîst  grant  mal. 

Estonea  fu,  mes  ce  que  vaut? 

Sor  le  cheval  qui  molt  fu  haut 

Fu  montes  et  joste  demande. 

Atant  es  vos  parmi  la  lande 
3876    Renart  qui  out  son  cuer  repris 

Conme  cil  qui  fu  d'ire  eapris: 

Sua  se  cornrent  de  reohef. 

Sor  le  roi  toma  le  meachef 

Uolt  grant,  se  ne  fussent  sa  gent 
2880   Qui  le  rescoscent  bel  et  gent, 

Qui  tuit  se  ferirent  entr'eus. 

Mes  il  nel  Mndrent  mie  a  jens 

2855  ont  2867  des  1  le  2861  fu  que  t  fn  2868  dou  2867  lui 
8  ne  que  qm  s.  L  2870  cehoirt  2872  q  2877  corareot  2879  g. 
rat  M    2680  Qnil  TesooiUnt  «t  b.    2882  tindren 


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470  XI  ptéon  2725»— 2T2S8) 

"Se  ne  lor  en  fu  mie  bel. 

Atant  esporone  Rovel 
2686    Le  deatrer  qui  tost  se  remue, 

En  Bon  poing  tint  l'eapee  nue. 

Roonol  en  fiert;  durement, 

La  teste  jusqu'es  dens  li  fent, 

Mort  le  trebuce  de  la  sele: 
•iSm    Et  prent  le  destrer  de  Caatele. 

Uener  Ten  quide  a  sauvete. 

Quant  Bricemer  l'a  encontre 

Qui  li  crie  'n'eninenres  mie 

Tant  cou  me  bâte  el  cors  la  Tie.' 
2896    Rovel  cntendi  Brichemer, 

Tantost  let  le  oheval  aler 

Que  il  en  destre  en  ramenoit, 

Et  voit  Brichemer  qui  venoit 

L'espee  traite  contre  li. 
2900    Rovel  molt  bien  le  recuilli, 

L'espee  trete  le  requiert 

Holt  vertueusement  le  fiert 

Parmi  le  baume  ai  grant  cos. 

Que  tôt  li  est  ploie  li  oox. 
2906    Si  forment  le  fart  et  demeine, 

A  poi  que  il  ne  pert  l'aleine: 

Ne  il  n'a  pas  tant  de  vertu 

Qu'il  git  devant  li  son  escu, 

Ains  est  autreai  conme  pria. 
21)10    Quant  il  le  voit  ai  entrepria, 

Si  li  a  ai  grant  cop  doue 

Que  treatot  l'a  escervele. 

Son  oop  estort,  que  del  deatrer 

Le  fet  a  terre  trébucher. 
2916    A  tere  ohaï  tôt  envers 

Heairo  Bricemer  li  cers. 

Li  rois  a  veû  son  damache, 

Por  un  petit  que  il  n'enrage, 
i 

3885  que    2890  Desor  le    2891  le  q.    2895  mtent  brofaemer  tS»       | 
Ini    2901  reqnier    290T  il  nen  «    2908  lai    8917  duvike 


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XI  (Méon  27289-27324)  471 

Tant  fa  pleins  de  coros  et  d'ire. 
2990   'He  rlexl'  diat  il   que  porrai  dire 

De8  ces  larona  de  maie  gent 

Qui  ai  me  moineDt  maternent? 

Brichemer,  por  vos  sui  iries. 

Uee  voB  aeree  par  tens  Tenches, 
3925    S'il  plest  a  deu  en  qui  je  orot.' 
Âtant  esporone  lo  roi. 

Vers  Rovel  broce  le  destrer, 

Et  cil  COQ  hardis  chevalier 

Le  reçut,  ei  s'entreferirent 
2930    Tex  cous  que  li  escu  croiaairent. 

Rovel  a  brisie  son  espie 

Dont  il  fu  auquea  enpirie 

Et  molt  li  âesplut,  ce  saches. 

Mes  tost  refu  ses  brans  saches. 
3936    Mes  lî  rois  avant  le  feri 

De  l'espie  qui  estoit  forbi. 

L'escu  li  perce  et  le  hauberc, 
-     El  coste  li  a  fet  un  merc, 

Trois  doie  en  la  char  li  eabat. 
2940    Bovel  oiet  a  terre  tôt  plat, 
'  Estordîz  et  mal  atomes. 

Et  li  rois  se  rest  retornee 

L'espee  trete,  si  s'areete. 

Ja  li  oâat  cope  la  teste 
3945   ^t  ocîs  l'oOst  meistenant, 

Quant  Baucent  vint  eaporonant. 

'Sire'  fet  il,  'merci  vos  quer 

Que  vos  l'euToies  prieonier: 

Que  se  vos  ici  l'ociez, 
39fiO   Saches,  blâme  en  seriez. 

Mea  metes  le  en  vo  prison! 

C'eat  le  filz  Benart  le  larou, 

Et  por  li,  se  vos  l'enmenes, 

Toa  quites  voa  prisons  raurea 

3928  oonme  h.  ch'r      2929    requiert      2937    pence      2%b'3   lai      lo 


,  Google 


XI  (H4on  27325— 2Î359J 

3056    Que  Renare  a  mis  en  sa  tor. 
8e  vos  l'ooies,  sans  retor 
Saches  que  pendu  ea  seront 
Yos  deuB  priaoners  ca  amont. 
Ues  s'il  vos  plest,  si  Ten  menés.' 

296!)   Li  rois  respont  'bien  dit  aves: 
A  Tostre  plesir  sera  fet.' 
Tôt  meintenant  mener  l'en  fet 
Li  rois  en  fet  mener  BoTel. 
A  Benart  ne  fu  mie  bel, 

3065   Ains  li  anuie  durement, 

Mes  il  ne  pot  estre  autrement. 
Molt  fn  dolens,  œolt  fu  iries, 
Ses  barons  en  a  areeniez 
'Seignear'  fet  il,  'car  retournons  !  D  ] 

3970   Ronvel  mon  fil  perdu  avons, 

lÀ  rois  BÎ  l'en  maine  en  prison.' 
Atant  retournent  li  baron, 
Chaeouns  forment  se  desoonforte. 
Ou  chastel  entrent  par  la  porte, 

29Tfi   Les  pona  font  après  eals  lever. 
Atant  se  courent  désarmer, 
Puis  en  montèrent  ou  pales. 
'      Et  la  roïne  a  gr&nt  eilais 
Tint  encontre,  si  les  conjoie. 

3980    'Dame,  dame,  n'ai  seing  de  joie' 
Fait  soi  Benart,  'foi  que  vous  doi: 
Car  ainsi  conme  je  le  croi, 
Bouvel  ai  perdu,  qu'en  prison 
L'enmaine  Noble  le  lion,' 

29B5        Quant  la  rolne  entent  Benart, 
A  poi  que  li  ouers  ne  H  part. 
'Ahi  lasse,  que  pourrai  Caire? 
Lasse  I  oon  oî  a  mal  repaire, 
S'ainsi  avons  perdu  Rouvell 


2955  U  2957  en  manque  2962  le  f.  2966  p.  eitrement  Lu  t*. 
2969—3103  manquent  dont  U  mac.  A,  qui  a  ptnlu  ici  um  /MiOtt;  il> 
loiU  donné»  d'aprèa  U  mac  D.     2975  fermer    2979  Dit    29B»  8«  un 


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XI  (Héon  27360-27895)  478 

3990    Uiex  vonsisae  que  cest  chastel 

FuBt  mis  en  charbon  et  en  cendre. 

Faites  vos  deus  prbonniera  prendre 

Et  puis  si  envolez  en  l'est, 

S'il  ne  vos  rendent  Rouvel  tost, 
3005    Que  vous  ferez  pendre  Brun  l'ours 

Et  Bruiant,  n'en  auront  secours.' 
Dame'  feit  il,  'bien  aves  dit. 

Je  meTsmes  sanz  contredit 

Iru  dessus  le  mur  crier.' 
aODO   Âtant  Tait  sur  le  mur  monter, 

Et  s'escria  que  bien  l'ot  on 

'Entent  ca,  Noble  le  lion: 

Tu  as  en-  prison  mon  enfant, 

Et  je  rai  Brun  l'ours  et  Brûlant. 
3005    Or  fai  lequel  que  tu  voudras: 

Ou  tu  Bouvel  mon  fîlz  rendras 

Ou  tu  verras  Brun  sanz  demour 

Pendre  la  amont  sus  la  tor. 

Si  i  sera  pendu  Bruiant.' 
aotO    Li  rois  respont  'ce  est  noient, 
-    Que  jamais  nul  jour  nel  verras. 

Or  y  parra  que  tu  feras.' 

Atant  est  Renars  descendu, 

  poi  qu'il  n'a  le  sens  perdu. 
8015    As  prisonniers  en  vint  errant. 

Si  tes  fist  prendre  maintenant. 

Puis  les  fist  en  la  tour  mener, 

Si  lenr  a  fait  les  iex  bender 

Et  puis  el  col  mettre  la  hart. 
smo   'Seigneur'  ce  leur  a  dit  Renart, 

'Hni  est  adjourne  vostre  jour. 

Froiez  Noble  l'empereour 

Qu'il  me  rende  mon  SI  Ronvel, 

On  foi  que  je  doi  saint  Marcel 
3036   Ja  serez  ambedui  pendu.' 

iseo  M.  amMW  q.  oe  29M  Se  U  ne  u.  rent  3000  m.  uter  3009 
Et  manque  Si  i  a.  3016  fait  3017  foit  3018  a  ]  y  3019  «B  oonlx 
3023  Qns  me      filz 


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474  XI  (Mcon  273t)6— 27431) 

Quant  li  baron  l'ont  entendn, 

CfaasGuns  ot  grant;  paour  de  soi. 

Aleintenant  eacricnt  au  roi 

'Siro,  pour  dieu  et  por  son  non, 
i)080    Nous  sonnoea  mort  aanz  raanoon, 

Se  vous  n'aves  de  nous  merci.' 

Li  rois  les  barons  «ntendi 

Et  bien  les  vit  les  iex  bendez. 

Ses  barons  en  a  apelez. 
3085    '3eig:neur'  fait  il,  'que  m'en  loezP 

Ja  seront  au  vent  encroez, 

8e  nous  Bouvel  ne  leur  rendon.' 

'Sire'  ce  dient  li  baron, 

'Fêtes  li  Rouvel  envoier 
S040   Et  si  li  faites  fiancier 

Que  vos  priaoniers  maintenant 

Vos  rendra  et  sain  et  vivant 

Tôt  einsï  conme  il  furent  pris, 

Armez  sus  les  destriers  de  pris.' 
3046    'Vos  dîtes  moult  bien'  dist  li  rois. 
1      Lors  le  &it  venir  domanois 

Devant  li,  et  sanz  atargier 

Li  fîst  meintenant  fiancier 
'     Que  si  tost  con  laiens  eent, 
3000    Les  prisonniers  delîverra. 

'Sire'  fait  il,  'ainsi  l'ottroi.' 

Âtant  a  pris  congie  au  roy. 

Et  li  rois  li  baille  conduit 

Que  de  sa  gent  ne  fost  sousduit, 
SOCili    Sel  conduisent  vers  le  ebsstel. 

Benart  se  sist  lez  un  quernel, 

Si  a  veû  Rouvel  venir. 

Tantost  Hat  les  portes  ouvrir, 

Si  le  recurent  a  grant  joie. 
8000    Le  conduit  arriéres  envoie 

Et  puis  sont  monte  ou  palais. 

8089  lui  8042  Hini  et  ujuaut  3U4«  les  mat(gu4  8015  dh  SOM 
font  S04T  loi  8064  Mmài  3055  condiient  3056  ».  nen  in  30W 
arrière    3061  montai 


,  Google 


XI  (M*oii  27-132—itT467) 

Onc  si  grant  joie  ne  vi  mùa 
Gonme  son  père  li  a  faite. 
Wi  ot  mie  grant  noise  faîte 

8066    Ne  ni  ot  parle  fors  de  joie. 
Je  ne  «rit  que  jamais  tele  oie, 
Non  fera  nnl  honme  Tivant. 
Monseignenr  Brun  l'ours  et  Bruiant 
En  tist  remener  conme  ber, 

3070   Tantost  les  a  fait  desbender. 
A  grant  joio  et  a  grant  leesce 
Issirent  de  la  forteresoe 
Dessus  les  destriers  Arrabis, 
A  leur  costez  les  brans  forbis. 

3075    En  l'est  sont  venue  aanz  dealoi 
Très  devant  la  tente  le  roi 
Sont  andui  descendu  a  pie. 
Durement  en  fu  lî  rois  lie: 
Il  les  aoole  et  si  les  biûse 

9060   Et  dist  'moult  cstoie  en  mesaise 

Pour  vous  deus,  mais  la  dieu  merci 
Moult  soi  lie,  quant  je  vous  voi  ci 
Devant  moi  et  sainz  et  haitiez.' 
Durement  refu  Renars  liez 

aoes    Pour  son  fil:  mais  Rouvel  s'esmaîe. 
Que  moult  li  deult  et  cuit  sa  plaie. 
Desarmer  le  font  meintenant, 
Si  li  vont  sa  plaie  oerohant. 
Bons  mires  ot  et  bien  sMiez. 

aooO    Tant  sont  de  li  garir  penez 

Que  ainz  que  pnssaat  la  semaine, 
Fu  sa  plaie  gaiie  et  saine, 
Et  bien  pot  ses  armes  porter. 
Renars  qui  moult  fist  a  doubler, 

8096    En  a  apele  ses  barons. 

Baigneur'  fait  il,  'quel  la  ferons? 
n  nos  convient  aler  la  bore. 


SOTS  iMerent    S076  d«usii     3085  Sli     SMmoie 
t  Hndiaat    3090  lai    3097  &  armer  n.  oor' 


,  Google 


XI  (H«oa  27468— 27M2) 

n  a'i  a  que  d'armer  ooz  oors 
Pour  noa  anémia  eemaîer.' 

aïOO    AtsDt  s'arment  sans  delaier. 

Par  dessus  le  pont  tuit  ensemble 
S'en  ÎBNrent,  si  cod  moi  semble. 
Qu'iroie  loue  conte  faisant? 
En  l'oat  se  ferent  meintenaat.       A'. 

3105    Mes  nea  trovent  pas  desarmes, 
Mes  bien  garnis  et  aprestes 
Conme  de  défendre  lor  cors. 
La  ot  de  tabors  et  de  cors 
Grant  noisse  fête  et  grant  esfrois. 

8110  Devant  les  autres  vint  li  rois 
Trestoa  armes  aor  son  cheval: 
Holt  ot  en  li  noble  vasssl. 

Quant  Renart  vit  lo  roi  venir, 
Envers  li  broche  par  aïr 

3115   Quanque  cheval  puet  randonec. 
Les  lances  brisent  au  joster, 
Âmbedui  tôt  conmunaument 
Outrepassent  isnelement. 
L'un  a  l'autre  plus  ne  foriist, 

8120   Tsengrins  sor  un  ceval  sist 

Qui  bien  valoit  cent  besans  d'or. 
Il  broche  vers  BruJant  le  tor 
La  lance  droite  au  fer  trenchant. 
Bruiaat  revint  esporonant, 

8120   Si  tost  cou  il  le  vit  venir. 
Grans  cox  se  vont  entreferir 
De  lor  lances  de  meintenant 
Ysengrins  qui  molt  fu  vaillant 
Le  feri  de  si  grant  vigor 
8180    Que  de  la  lance  travers  d'or 
Li  mist  el  cors  et  le  fer  tout, 
D'autre  part  en  parut  tî  bout. 


3098  que  dkler  la  h.  3099  del«ier  3109  Que  iroie  8104  U  "«r- 
A  rtconmence  3112  lui  (de  mime  3114)  3115  pot  3121  Que  ■«■  S'** 
renient  3128  Yiengrini  ilNêtbl*  8130  travers  dor  tllJatM*  81W  Vf 
corrompu.    8131  ei  o.    3IS2  but 


,  Google 


XI  (Méon  27603-27539)  477 

Del  destrer  a  tere  le  met. 

Cil  trébuche  et  si  gete  un  bret 
313&    Si  graut  que  tôt  l'ost  en  frémi. 

Lî  rois  l'oï  et  entendi, 

Cele  part  vint  esporonant. 

Si  a  trove  Bruiant  gisant 

Tôt  eatendn  enmi  la  prec, 
3140   L'ame  li  ert  del  cors  sevrée: 

Iloques  se  gist  estendu. 

'LaaT  dit  lî  rois  'qu'ai  atendu 

Que  ne  vois  vencher  mon  baron 
-     Que  m'a  mort  ce)  quivert  félon  P 
'    3U5   Qu'aten  ge  que  nel  vois  venoher? 

Il  m'smoit  tant  et  tenoit  cher.' 

Lors  point  le  deatrer  de  CastelOr 

La  lance  ou  le  penon  ventele 

A  déploie  de  meintenant. 
3100    Poignant  s'en  Yet  devant  sa  gent 

To8  hors  del  sens,  toz  enra^ies. 

Un  des  autres  s'est  deBrengies 

Qui  contre  le  roi  esperone. 

Mes  li  rois  si  grant  cop  li  done 
31U   Be  la  lance  parmi  le  cors, 

Li  fera  en  parut  par  defors 

Ge  cuit  plus  de  demie  toise, 

A  ce  que  la  lance  pendoiae 

L'a  mort  trebucie  enz  el  pre. 
8180    Malebranche  en  a  molt  pesé 

Qui  Tôt  esgarde  et  veû, 

Tantoat  est  cele  part  venu. 

Malebrancbe  fu  tôt  desve, 

Quant  vit  son  ome  mort  gite; 
3160    Holt  en  fu  dolans  et  iriez. 

Envers  le  roi  s'est  eslessie, 

Et  li  rois  qui  bien  l'aperçut 

Meintenant  cele  part  corut 

Quanqu'il  pot  trere  del  destrer. 

3194  8i  L  et  cil   g.     3135  fermie     3136  lot     313H  par     8M1 
idu  3144  i|D«rt  3156  La  Iknoe  p.   ai6Bp«Ddie    3159  trebud  enz  et 


,  Google 


47h  XI  (  Iléon  27540— 2T57&) 

,1170   Bien  fu  afîcbe  es  Teetrier. 

Et  Ualebraoclifl  d'autre  part 

S'eslesse  parmi  un  esBart: 

Si  toat  conme  a  veti  lo  roi, 

L'eacn  enbraoe  par  deeroi 
mid    D'ire  et  de  maltalent  espris. 

Li  rois  revint  maltalentis  : 

Dooer  se  vont  mervelloa  cO]i 

DeeuB  les  eacuz  de  lor  cox 

Se  ferirent  sanz  demorance. 
3180    Malebrance  brise  sa  lance. 

Et  li  rois  le  fiert  a  bandon. 

Que  sa  lance  jusqu'au  penou 

Li  fiât  parmi  le  cora  glacer. 

Hort  lo  trébuche  del  destrer. 
SI85    A  le  rescore  vint  Renart, 

Hes  il  i  est  venus  trop  tart. 

Il  et  sa  gent  i  sont  venu, 

Mes  malement  l'ont  securu, 

Qar  iloquea  l'ont  trove  mort. 
SiflO   'Ci  n'a'  dist  Renart  'nul  confort, 

Uea  or  verrai  qui  m'aura  cher, 

Que  je  le  voit  aler  vencher.' 
'Sire'  ce  dient  li  baron, 

'Volontiers  vos  i  aîderon.' 
SI9Q    Lors  reconmence  la  mellee. 

Meint  cop  i  a  féru  d'egpee, 

Molt  veldsies  beetes  morir. 

Onques  nus  ne  se  pot  tenir 

Encontre  l'eapee  Renart. 
3200    Quant  Ferant  s'en  vint  celé  part, 

Tex  vint  mile  en  sa  oonpaignie 

Qui  au  roi  firent  grant  aïe. 

En  l'ester  ae  forent  errant. 

Des  gens  Renart  ont  ocîs  tant 
BSOft   Que  nus  n'en  sot  le  conte  dire: 

3170  e1  deitre  3172  Seise  lieiie  S1T5  de  mattgur  enptÎM 
meru'  los  3176  D.  lor  e.  3190  dit  3191  ore  3195  Adont  coiu 
SIM  fure    3203  emant    3204  gxnt 


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ÏI  (Méon  27576-27611)  479 

Lora  n'ot  Senart  talflnt  de  rire. 
Qui  donquea  velat  Percehaie 

Paraii  l'ost  cod  il  se  desraie  1 

Nus  ne  pot  a  son  cop  durer. 
331U    Betia  prent  a  esperoner, 

Pcroehaie  l'a  si  féru 

Que  il  li  a  percie  l'eacu, 

Ou  li  peesast,  ou  b«l  li  fust, 

Que  de  la  lance  et  fer  et  fust 
321&    Ne  li  passaet  parmi  le  foie. 

Mort  le  trebuce  enmi  la  voie. 

Puis  sache  del  fore  l'espee, 

A  Ferrant  done  tel  colee 

Que  li  fist  la  teste  voler: 
3-220    D'ent  deus  fist  la  guerre  finer. 

Renart  s'eslesse  d'autre  part, 

Orant  cop  vet  forir  le  lepart 

De  son  gleive  parmi  le  cors, 

Que  li  fers  en  parut  defors: 
32-29    Tant  con  la  lance  li  durs, 

A  la  terre  le  trebuca. 

Molt  i  ot  grant  caple  et  félon. 

Estes  vos  Noble  le  lion 

Arme  Bor  son  oheval  ferrant, 
.SSKO    La  lance  en  son  poing  paumoiant. 

0  li  ot  meint  duc  et  meint  conte, 

Tant  en  i  a,  n'en  aai  le  oonte. 

O  li  fu  li  conte  Frobert 

Et  l'eBoonfle  sire  Hubert 
323&    Qui  heent  Renart  durement: 

Yen  li  vienent  ireement. 

Sire  Frobert  le  gresillon 
-     Plus  toat  <{ue  un  alerion 

Vint  poignant  encontre  Renart. 
3340    Renart  le  voit  qui  molt  fu  tsrt  146 

Que  il  se  fast  a  lut  meale. 

3218  Au     3220  De  .1.  ■    3229  soi   3230  poig    3231  lui     3233  loi 
A  bent    S83«  lui    3240  que 


,  Google 


XI  (Héon  27612—27649) 

^     Del  fore  tret  le  brant  letre, 
Et  Frobert  avoit  le  auen  tret. 
Li  una  près  de  l'autre  se  tret, 

8240    Orans  cos  se  ferent  de  tnanoia. 
Des  braDs  qui  sont  aarasinnois 
Si  merveilloB  cox  s'entredonect 
Que  totes  les  testes  eatonent. 
Et  8)  grant  cop  se  sont  fern 

8250    Qu'a  terre  se  sont  abatu: 
Andoi  oient  enmi  la  voie. 
Estes  vos  poignant  Percehaie, 
0  lui  meint  vaillant  baoheler. 
A  force  font  Kenart  monter, 

325Ct    Vuis  retomerent  a  itant 
Vers  le  cas  tel  eaporonant. 

Meîntenant  montent  el  pales 
Qui  riciies  estoit  et  bien  fei. 
Molt  las  et  môlt  tiavellie  sont, 

8260    Si  se  désarment  la  amont 

En  la  tor  qui  est  bêle  e  blanoe. 
tfolt  font  grant  dol  de  Malebrance, 
'Las!'  dist  Renart  'maloûrel 
De  mal  ore  fu  onques  ne 

8266    Quant  g'ai  Malebrance  perdu 
Far  qui  dui  eatre  secoru. 
Or  n'aten  ge  mes  nul  sooors. 
Dame  Fere,  les  voz  amore 
A  ge  oonparees  molt  cher. 

8370   Hes  foi  que  je  doi  seiat  Rioher 
A  qui  je  n'en  doi  doIs  point, 
Li  rois  Nobles  est  en  mal  point. 
N'es  puet  partir  en  nule  guise 
Que  de  ses  seges  ne  se  ouue.' 

82TCt   Dist  Rovel  'or  lesaies  ester! 
Toa  n'i  poes  rien  conquester.' 
Yos  dites  voir,  sire  Rovel, 


3253  n*llflt  b.     32S3  dit    32T0  je  manque     dol  k.  ■ 
32T2  «rt    32T3  pot  partin    32TS  Dit    81!77  uor 


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XI  (Méon  27650— 2T68Ô) 

Mes  foi  que  je  doi  seint  Marcel 
Que  je  n'aing  que  vaille  un  dealer, 

3SâO   Li  rois  le  coopéra  niolt  cher: 

Aiuz  que  ciat  castax  soit  rendus, 
Sera  il  as  forces  pendus.' 

Âtant  ont  lesste  le  pledier. 
Li  rois  Nobles  se  fist  loger 

3285    Enmi  le  pre  desoz  la  tor, 
Et  jure  deu  le  creator 
Que  janics  no  s'en  partira 
Tant  que  Renars  pendus  sera. 
EÎDsi  se  sont  a  grant  Icece 

3290   Tcndw  devant  la  fortereco. 

A  grant  joie  et  a  grant  bander 
Furent  Hoc  trestote  jor 
Et  grant  partie  de  la  nuit, 
Et  tant  qu'il  se  dormirent  tuit. 

3295    N'en  i  ot  nul  qui  ne  dormist. 

Renart  qui  onques  bien  no  fîst, 
Se  mal  non  et  desloiautez, 
En  a  ses  deus  filz  apeles 
Et  Ysengrin  son  conpaignon. 

3300    'Segnor'  fet  il,  'queil  la  foronV 
n  se  dorment  trcstuit  en  l'ost  : 
Fêtes  et  si  vos  armes  tost, 
Ses  irons  la  hors  estormir. 
So  poons  au  roi  avenir, 

3805    Ja  dex  n'ait  de  m'ame  merci, 
Set  puis  tenir,  se  ne  l'oci.' 
'Sire'  font  il,  'bien  aves  dit,' 
Adont  s'arment  sans  contredît 
Toit  quatre  c'onques  n'i  ot  plus. 

3810    Le  pont  ont  fet  avaler  jus. 
Tôt  bêlement  et  tôt  soef 
Ont  cntr'eus  le  pont  avale, 
S'en  issent  sans  noisse  et  sanz  cri, 


3290  le  foTtreco    3300 


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482  XI  (Méon  27888—27729) 

Durement  ont  l'oat  estomii. 
8S16    Quatre  en  ont  mort  au  premer  saut. 

L'ost  estormiat  et  bftB  et  haut. 

Ters  la  tente  lo  roi  en  vont, 

Les  cordes  coupées  en  ont: 

La  tente  ciet,  li  rois  B'esveille, 
3320   La  noisBe  entent,  molt  se  merveille. 

ÂB  armes  corent  et  molt  tost 

Se  furent  arme  cil  de  l'ost. 

3fes  cil  se  sont  mis  el  retor, 

Grant  caple  ont  fet  devant  la  tor. 
3326    Maifi  la  gent  lo  roi  tant  s'eaforce 

Que  Renart  1  pristrent  a  force. 

Et  li  autre,  qui  que  soit  bel. 

Si  se  ferirent  el  caetel. 

Et  Renars  par  molt  grant  dearoi 
3380   Fu  amenée  devant  le  roi, 

Tôt  corocie  et  tôt  plein  d'ire. 

Li  rois  li  commença  a  dire 

Ha  punee  n>x  de  maie  part, 

De  ma  gent  m'as  fet  grant  essart. 
3330   Mes  moU  cher  te  sera  rendus, 

Que  orendroît  seras  pendus: 

Ne  t'i  vaudra  engin  ne  lobes.' 

'Merci'  fet  il,  'gentix  rois  Nobles, 

Fardones  moi  a  ceste  foiz, 
-  "  3340   Si  abessies  vostre  bufoiz  ! 

8e  ceete  fois  me  pardonez, 

Adonc  m'ert  bien  gerredones 

Le  service  que  je  vos  fis 

Quant  de  la  feyre  vos  garis, 
334.5    Quant  je  fui  por  vos  en  Paterne, 

En  Eomanie  et  en  Salerne. 

Outre  mer  en  Sarazinois 

Fn  je  por  vos  plus  de  set  fois 

Por  querre  vostre  garison. 

3314  Dorement      3329  desre      3332  Et  li  q.  li  ■  pris  A     3384  h 
f.  g.  e.  ittiiiNe      3336   seru  pendn  ittitibh      3389  oeite  foiz  iUiêMt 
S340  noatre  bnfoii  ittitibl»    3341  me  p>r  ilUtibt* 


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XI  (Méon  27790—27765) 

.^3fiO   Or  m'en  rendes  le  guerredon: 
Et  damle  deus  et  nostre  dame 
Querredon  vos  en  rende  a  TameV 
Li  rois  qui  fu  pleins  de  savoir, 
Ot  le  service  amentevoir 

3S65    Que  Renart  li  ot  fet  jadis. 
Adonc  a  porpenser  s'est  pris. 
Et  quant  il  ot  pense  grant  pose, 
Si  dit  'ore  oes  une  coase, 
Segnor  baron  !'  dit  lenperere 

S360    'Ves  ci  Reoart  qui  méint  cootrere 
M'a  fet:  or  me  reproche  ci 
Ce  que  de  mon  mal  me  gari. 
D  le  me  doit  bien  reprocher, 
Orendroit  li  aura  meater  : 

3366    Que  por  tôt  l'or  qui  el  mont  soit, 
Ne  li  mefferoie  orend(oit, 
Ainz  li  pardoinz  tôt  le  mesfet 
(^a  il  m'a  en  cest  monde  fet, 
Trestot  lî  quît  orendroit  ci.' 

3870    Benars  respont  'vostre  merci'. 
A  icel  mot  fu  la  pes  fête. 
Li  rota  fet  corner  la  retrete: 
Cels  qui  asaillent  a  la  tor 
Renart,  fet  mètre  el  retor. 

337fi    Et  lî  rois  sans  plus  areater 

A  fait  ses  pavellona  oster,  ] 

Trestot  meintenant  s'en  retorne, 
Jusq'a  son  castel  ne  sejome. 
Tantost  au  perron  desoeadi. 

SSeo   L'empereris  vint  contre  li 
Qui  a  grant  joie  le  reçut 
Si  con  son  segnor  fere  dut. 
Durement  son  aagnor  co^joie. 
El  pales  monte  a  grant  joie 

33811   Li  rois  que  sa  feme  deooit 


3356  le  p.     3S61  me  porohace  ci     S369  cnit     8377  » 
!  retorne  .  3980  Ini    3334  montent 


,,  Google 


Kl  (Méon  27766-27782) 

Si  que  il  point  ne  s'aperçoit 

Que  Henart  l'oûst  esposee: 

N'onquea  n'en  fu  aresonee, 

Ke  il  n'en  Fu  parole  puis. 
3390   Renars  ala  a  ÎEalpertuis 

Ou  a  grant  joie  le  recurent 

Si  filz  si  corne  il  faire  durent, 

Et  avec  mi  sire  Tsengrin  D152d 

Qui  l'aime  de  cuer  enterin 
3396   St  puis  fu  si  bien  du  roi  Noble 

Que  tuît  cil  de  CoostantinoHe, 

Par  parole  ne  par  mesdit, 

Einsî  con  l'escripture  dit, 

Kel  feïsseDt  au  roi  meller 
3400    Por  rien  qu'il  seffissent  parler  : 

Mes  entr'euk  moult  grant  amor  ot. 

Li  contes  fenist  a  ceat  mot. 


La  fin  des  vt>.  33»»  à  3392  ainsi  que.  ha  tv.  3»93  à  3402  ont  M 
arraché».  Voici  les  lettres  et  les  mots  qui  miinquetU  :  3388  ce  3389  r 
pais  3390  tuis  3391  le  meurent  3392  il  faire  durent  0»  lit  au  v.  3390 
au  Jjes  vers  3393  ss.  sont  tirés  du  mic  D.  3399  Ke  le  feUt  3400 
quil  ««D  Beust  pener 


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,  Google 


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LE  ROMAN 

CE 

E  E  N  A  E  T 


ERXEST  MARTIÎf 


DEUXIÈMR  VOLL'MK 


SEro?ir>E  PARTIR  BU  tkxtk:  I.KS  BKAS'-IIES  ADDITIOXSEI,!,! 


STRASBOURG 
K.   J.    T  R  C  B  S  K  B  ,    ft  D  I  T  K  r  R 


EUSF,>^r  i.Eimux 


:x3 


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LE  ROMAN 

DE 

E  E  N  A  R  T 

pimLiÉ 

PAR 

ERNEST  MARTIN 


DEUXIÈME  VOLUME 


SECONDE  PARTIE  DU  TEXTE:  LES  DRANCHRS  ADI)mDHNEt.LEf> 


STRASBOURG 
K.    J.    TRÛBNER,    ÉDITEUR 


5,t7„ib,.GoogIc 


5,t7„ib,.GoogIc 


XII 

(Héon  20491—20517) 
Oez  une  novele  eetoire  A  f.  59 

Qui  bien  devroit  estre  en  mémoire. 

Lontans  a  este  adirée: 

Mes  or  l'a  un  mestres  trovce 
fi    Qui  l'a  translatée  en  romanz. 

Oez  comment  ge  la  comanz. 
Ce  fu  en  mai  au  tens  novel 

Que  Uenart  tînt  son  fil  Bovel 

Sor  ses  genolz  a  un  matin. 
10    Lt  cnfes  ploure  de  grant  an 

IVr  ce  qu'il  n'aveit  que  mangier. 

Renaît  le  priât  a  aparer. 

Si  1i  a  dît  'tilz  cuer  de  roî, 

Ge  ToU  el  bois  de  Teneroi 
15    Porchacer  a  ton  cors  viande'. 

Âtant  s'en  îst  parmi  la  lande 

Et  s'en  entre  en  la  voie  errant 

Et  moU  aovent  vet  coloiant 

Savoir  s'il  poist  acroolier 
20    Qui  a  son  filz  oûst  meater, 

Coc  ou  jeline  ou  oison. 

ïTester  en  aureit  en  mason 

Que  il  n'i  a  point  de  cuisine, 

Et  sa  feme  giat  de  gisine, 
25    S'est  molt  ses  osteus  desgarniz. 

Atant  lî  sont  devant  sailliz 

Ginc  que  jelinea,  que  chaponz. 
■lora    10  rein     16  «en  miit    2-2  auret 


lUnlbyGOOglC 


2  su  (Hâon  30516-20663) 

Et  Renart  se  mïst  es  trotons 

Tôt  droit  yers  e!s  grant  aleûre 
30    Tant  qu'il  vit  venir  Tambleûre 

Huon  l'abe  et  sa  mesniee. 

Henart  maudit  sa  chevauchiee 

Qui  sor  lui  a  hui  fet  teîl  taille. 

Fuiant  s'en  tome,  si  baaille, 
85    Qu'il  o'i  ose  plus  demorer 

Por  les  levrers  qu'il  veit  mener. 

Vers  la  foreet  s'ea  va  corant 

Et  HuoQ  l'abe  dévorant. 

'Abi'  fait  il,  'Huon  l'abe, 
40    Mal  jur  vos  seit  bui  ajorne  ! 

Molt  m'as  hui  fait  ^ant  desturber, 

Qu'entre  ma  boce  et  ma  cuillier 

As  bui  proie  aor  mei  sesie. 

Maudite  seit  la  toue  vie! 
46    Que  trop  me  par  as  bui  grève. 

G'en  oiiaae  ja  un  levé, 

Se  ne  fusaea  sitost  venu. 

Et  quant  ne  m'aa  aperceU, 

Qe  m'en  irai  que  bien  que  mal. 
50    Meuz  m'en  vient  partir  paringal 

Très  tôt  sbdz  perte  et  aanz  mebaîng. 

Que  recovrer  mortel  gaaing'. 
Atant  s'en  veit  toz  esleseez, 

Molt  eat  dolanz  et  coroobez 
1(5    De  ce  qu'il  n'a  rienz  conqueste 

Qu'a  son  ostel  eiist  porte 

Por  sa  mesnie  desjunier. 

Tote  jur  ne  fina  d'errer 

Jusqu'à  tant  que  vint  vers  midi 
60    Que  il  garda,  ai  a  coisi 

Tibert  le  cbat  qui  se  giseit 

Sor  une  rocbe  et  roatiaseit 

Sa  pan«e  au  obaut  del  soleiL 

S8    el    trotsna      88   Que     taille«     87  fores     41    msuw    fait    kni 
49  bien  ]  mal    62  rostiMion 


,  Google 


XII  (MéoD  WKi—^smo) 

Ce  dist  B«nart  'molt  me  merveil, 

Gô    Be  c'est  Tybert  <]ui  la  s'acoate'. 
'Oïl  voir,  ce  sui  ge,  bauz  hoate'. 
Et  por  ce  que  ci  eates  vos, 
Ge  me  voil  dearesner  o  voa' 
Ce  diat  Renara  'et  repoaer: 

70    Que  je  ne  fînai  hui  d'aler'. 
'Si  alez  dormir  en  un  angle! 
N'ai  que  fere  de  vostre  jangle 
Ne  de  TOB  falordea  oïr: 
Fuiez,  ai  me  laissez  dormir! 

75    Ge  n'ai  or  de  noise  mester. 
Faies  de  ci,  aléa  biller'. 
'ÂToi,  sire  Tybert  li  chaz, 
Por  oe  a'ore  avea  voz  degraz 
Et  ae  voatre  pance  eat  or  pleine, 

80  Ne  darra  mie  la  semeine 
Cîat  orgouk  que  voa  or  avez. 
Por  ce  a'or  eatea  aaolez, 
Si  me  faites  cfaere  lovine. 
Ge  conterai  a  Hermeline 

se    La  foi  et  la  reconDiasaiice 

Dont  vos  eatea  et  la  provanco. 
Et  ge  l'ai  en  meisson  laiaaee: 
Tôt  de  Dovel  est  aoliociee 
D'un  molt  bel  (ilz  et  d'une  fille'. 

90  'Par  fei.  n'i  âonreie  une  bille 
Ce  dit  Tybert  'en  els  n'en  toi'. 
'Atoï,  sire  Tybert,  par  foi, 
Ge  n'en  puis  mea,  ae  me  dément. 
Que  desgamia  aui  malement. 

%    Qe  ne  laissai  hui  a  l'ostel 
Ne  pain  ne  vin  ne  car  ne  sel, 
Dont  ele  ae  poîst  disner. 
Si  m'avînt  hui  a  l'encontrer 
HuoQ  l'abe,  un  vie  diable. 
100   Renart  doit  il  donc  dire  fable, 

73  MO  t.     79  Dre     80  dura     86  la  coanissuice 


1,.  Google 


XU  (Héon  20&91— 30626) 

Qui  jeûna  et  feit  penitanceP 

'Nenil,  mes  eatre  en  repentanoe. 

Si  deit  aler  paiasiblement 

Ne  mie  panier  a  la  gent 
106    QuHl  trovera  par  les  oemins: 

Aînz  86  deit  tenir  toz  enclins, 

Quant  il  vait  en  pèlerinage, 

Ne  deit  mie  démener  rage'. 
'Âvoi,  Tybert.  or  eat  asez. 
110    N'eBtez  vos  mie  enoor  lassez' 

Fet  soi  Benart  'de  meî  gaber? 

Ja  ne]  vos  doûseez  penser. 

For  06  se  je  sui  or  frarinz, 

Aaee  set  deu  quex  pèlerins 
115    Nua  aomes'  Benart  li  a  dit. 

Et  Tybert  diat  se  dex  t'ait, 

Renart,  di  moi  ou  est  l'iglise 

Ou  tu  Tas  olr  le  eervise. 

Ja  se  aes  tu  pas  messe  entendre. 
1-20    Oq  t'ai  TeQ  carite  prendre 

Deua  fois  sans  aler  au  moster. 

Molt  ea  religieua  dea  er 

En  petit  d'ore  devenu. 

Conment  dont  t'eat  ice  venaP' 
126   'Par  deu,  Tybert,  vos  avea  tort. 

Tex  eat  feblea  qui  devient  fort 

Tybert'  ce  dit  Renart,  'merci! 

Au  besoin  voit  on  son  ami. 

Mes  feîtes  le  coome  oorteia, 
130   Venes  o  mei  en  cei  defois 

El  pifûssie  Quillaume  Bacon 

Saveir  se  ja  troverioD 

Aucune  chose  a  os  ma  feme'. 

'Nofferai'  dist  Tybert,  'par  m'ame, 
136   N'ai  or  mester  de  traveller'. 

'Oel  di  por  tos  esbanoier 


llOenoor«    116  diat    116  dit    l2â  qnil  d.     181  gai  11.'    136  or* 


,  Google 


Xn  (Méoo  20627—20663)  6 

Et  por  mei  feire  conpain^ie.  60 

Si  fere«  molt  grant  oortoisie 

Se  TOe  venes  o  moi  eabatre'. 
140    Voire  mes  se  tu  me  fez  batre 

Par  ton  engin  et  fere  honte'. 

'Avei,  Tybert,  ice  que  monte  P 

Par  la  fei  que  je  dei  Korel, 

Ne  Toudroie  por  le  mantel 
145    Qui  orendreit  au  col  me  pentt 

Qu'en  vos  i  forFeïst  neîent, 

Ne  que  eQBsiea  se  bien  non 

Tant  cou  eerion  conpaingnon*. 

Et  puis  dist  eo  bas  bêlement 
inO    Tybert,  dex  t'enveit  marement, 

Que  molt  m'auras  liui  ramprone. 

Mes  il  t'ert  bien  gerredone 

Se  je  puis  et  engin  i  vaut'. 

Et  après  a  parle  plus  haut. 
15a    'Sire  Tybert'  Renart  a  dit, 

'Ge  vos  aîm  molt,  se  dex  m'aït'. 

Ce  dit  Tybert  'bien  vos  en  croi'. 

Âtant  sont  esan  del  Koloi 

Vers  le  Vemoi  tuit  ealeisse, 
160    Si  se  forent  enz  el  plaisse  , 

Loîng  del  castel  desoa  la  vile. 

Et  Renart  qui  molt  sont  de  gila, 

Aveit  Tybert  mis  a  raison. 

'Tybert,  par  ta  confession' 
ler)    Fet  soi  Renart   di  moi  verte, 

9' or  venoient  ci  arote 

Tuit  li  ohen  Guillaume  Bacon, 

Se  dex  te  face  veir  pardon, 

Quar  me  di  or  que  tu  feroies, 
170    Fuiroies  tn,  ai  me  lairoies?' 

'Ainz  m'en  monteroie  laaus' 

Ce  djst  Tybert,  'n'i  anroît  plus. 

Si  esgardetoie  lor  force, 

USisran    161  caste     167  gvill'  (d«  i»A)>«  183)    Iffî  ore     170  Fni- 
M    178  ugBTderoî 


,  Google 


XII  (Héon  SOeed-SOT»)} 

Se  je  troTOÎe  crues  n'escorcc 
17a    Ou  ge  me  pousse  mooier, 

Hue  laireie  outre  oberacer  : 

Que  trop  par  est  ma  pance  plene, 

Au  cord  me  faudroit  l'aleine. 

Et  TOB,  Benart,  que  fereesP 
180    Itïen  sai  que  vos  fuireez, 

Si  me  Ifûreez  covenir*. 

Atant  voient  arant  venir 

Guillaume  Bacon  o  ses  chenz. 

'Ici  ne  voî  ge  nul  des  miens, 
)8Q    Sire  Tybert'  ce  dist  Benarz. 

'Or  face  chascun  de  ses  arz 

Et  tôt  au  mouz  que  il  porra, 

Que  B«aart  plus  n'i  demorra. 

Sire  Teberd,  or  del  monter, 
IBO    Ke  vos  tienne  pas  de  gaber. 

N'estes  or  mie  eor  la  roche 

6u  ore  me  dist  vostre  boce 

Les  foies  paroles  cuisanz. 

La  parlerez  avoc  ces  genz, 
195    II  vos  voudront  ja  detroer, 

Si  coumencbez  a  aarmoner. 

Se  vos  loF  i  treez  sannon, 

Vos  vos  i  tendres  a  bricon  ; 

Que  ja  ne  monteres  si  haut 
200   Que  a  terre  de  l'eschafaut 

Ne  vos  metent  de  lor  bastons, 

De  lor  arz  et  de  lor  bozona. 

Et  se  vos  estes  entrepria, 

Ja  par  moi  ne  seres  requis: 
S06    N'il  n'en  prendront  ja  reencon, 

S'il  n'ont  vostre  grîe  pelioon'. 
Lors  se  mist  Reiiart  au  travers. 

Et  Tybert  s'est  au  oenne  aers, 

Si  est  montes  sans  demorance, 
210    Qui  au  core  n'aveit  fiance, 

1  ore    197  i  manqut    2C0  a  la  t.    202  Et  da    S06  Bil  MMt 


Xn  iMfoo  20701-20737) 

Trop  ae  senteit  pesans  et  lenz. 
Sovent  dÏBoit  entre  ses  denz 
9a  credo  et  sa  pateraostre: 
'Ua  dex'  fait  se  il,  'père  noBtre, 

21Ci    Abandone  a  totes  getiz, 

(îariBBÎeB  mes  pieB  et  mea  denz 
Et  ma  santé  et  ma  proece, 
Que  ge  d'i  muïre  par  pereoe, 
Mon  chef,  mes  euz  et  ma  feture. 

220   Et  BÎ  donea  maie  aventure 
Renart  qni  ca  m'a  amené!' 
Atant  ont  Renart  esorîe 
Li  braconnier  qui  l'ont  veâ. 
Et  lî  braoet  sont  eBmeO, 

335    Si  TÎenent  bob  le  cesne  droit 
Ou  dan  Tybert  li  chas  esteit. 
lloo  oonmencent  a  glatir. 
Ne  B'en  volent  por  rien  partir 
Devant  que  tnit  li  ponaeor 

280    Sont  venu  et  li  coreor. 

Uerveillent  soi  que  li  chen  ont 
Tant  qu'il  gardent  e1  caîne  amont, 
Si  ont  oboisi  Tjbert  le  chat. 
S'or  ne  li  a  mester  barat 

235    Ja  i  porra  tOBt  eacoter, 

Quar  il  coomencent  a  giter 
Que  pieres  que  bastoae  en  baut: 
Et  il  lor  guenoiet  et  treesaut^^^,^ 
Si  li  est  bien  de  ce  venu 

MO    Qne  il  n'i  ont  nul  aro  oQ. 
Mes  o  les  baatonz  en  gîtant 
Le  font  Bovent  aaillir  avant. 
Mes  il  ne  l'en  oat  a  neent, 
AÏDZ  lOB  tient  a  mavaise  gent: 

249    Ne  prise  rien  tôt  lor  ruer, 
n  ne  a'en  faiaeit  que  gaber, 
Que  ja  par  oulz  n'onat  nul  mal, 


3  qne    225  drot    228  uoloient 


,  Google 


Xn  (Mion  20738— 30772) 

Qnant  uns  pi-estres  vint  a  chevdt 

Qui  eea  livres  ot  fet  troser 
35lt    Por  ce  que  il  deveît  chanter 

À  Blaangni  por  le  proveiro 

Qui  esteit  aies  a  la  feire. 

Ne  saveit  d'autres  livres  rien. 

N'i  coneûst  ne  mal  ne  bien. 
Sdô    Ce  qu'il  en  set,  set  par  anui, 

Por  ce  les  porteit  avec  lui. 

Le  prestre  del  Breil  aveit  non. 

Celé  part  vint  a  esperon 

Ou  vit  oels  qui  gitent  au  chat 
260   Tôt  prestement  sor  euls  s'enbat 

Cil  li  dieut  se  dex  vos  voie, 

Danz  preatrez,  ou  en  ert  la  voie?' 

'A  Blaanni  voloie  aler, 

Mes  0  vos  voudrai  demorer 
3C^    Tant  que  cia  chaz  seit  abatuz'. 

Lors  est  li  prestres  descenduz 

Tôt  meintenant,  e  met  le  freia 

Desor  le  col  de  son  polein, 

Sel  laisse  tôt  sanz  atachter. 
2Î0   Baatonz  aquelt  fort  a  trenchier. 

Fit  Tebert  li  ohaz  ae  r^arde. 

'Ha  prestres,  maie  flambe  t'arde!' 

Ce  diat  Tybert  'de  ton  venir  61 

i\[e  pousse  ge  bien  sofrir'. 
iia       Atant  vient  lî  prestres  au  cène. 

Et  dan/.  Tybera  H  chaz  l'arennA 

'Sire  prestre,  que  me  volezP 

Sachez  bien  que  pas  ne  venez 

Vers  moi  a  reison  ne  a  droit 
380    Si  conme  preatres  ferc  doit 

A  doner  moi  oonfeaeion. 

Ja  ne  sni  je  mie  laron 

361  pronora    S58  par    209  ^.  oohftiit    268  noloi    267  iMitanut 
9  atOQh'e      372  f.  darde     278  que  «tangue     279  moi  ,ni*  a  dreil  .* 


,  Google 


su  (Méon  20773-20807) 

Qa'en  dois  asallir  ne  tuer. 

Jo  me  Toloie  confesser, 
-JS5    Se  TOB  oQaaes  Tostre  estole. 

Mea  ?OBtre  feme  n'est  pas  foie, 

Que  en  a  lie  son  veel. 

Mes  foi  que  doi  seJnt  YBraol, 

YoB  faites  molt  grant  vileinie 
-i9(i    Qui  venes  par  tele  estotie 

Vers  moi  qu'en  vout  î<à  destruiro: 

Il  T08  porroit  encor  bien  nuire. 

Or  doûssez  avoir  proie 

A  cous  qui  m'ont  ci  aaegie 
•2f)5    Que  il  se  treseiBBent  arere 

Tant  qu'oÛBsiez  a  cest  pechere 

Priveement  an  poi  parle 

Kt  qae  m'oâBBies  confesse'. 

A  cest  mot  )i  preatree  pris  a 
Hiio   Un  des  bostona  que  il  trench», 

8i  fert  Tybert  deeor  Teachine 

Que  Bor  une  brance  l'encline. 

'Atoï,  dan  preatrea'  dit  Tybert, 

'Féru  m'aves  a  decorert. 
we    Vos  n'estes  mie  loîau  prestre, 

Paator  d'ames  doûasez  eatre, 

Mes  vos  estes  le  plus  rapax 

Qui  fet  a  tôt  sod  pooir  maux. 

Se  fussiez  pastor  ovium, 
.<tl0    Ne  me  feTaaiea  se  bien  non. 

l'ou  entendez  de  l'eacriture. 

Que  dex  li  doinat  malaventure, 
.    Qui  a  prestre  vos  ordena, 

Qu'en  sa  vie  tant  ne  fola. 
315    Danz  preetrea,  fniea  vos  de  ci! 

Par  vos  sera  dex  bien  aervi. 

Uaheît  fût  qui  poor  en  a!' 

287  QiiR  sis  en  289  Qui  nos  molt  matupu  291  ei  202  encora 
3M  acegei  29*>  qne  ouuBiet  3U9  aaium  'àVÎ  li  ]  u<w  313  t>win^« 
914  Qm  m     au  TOI  *•<•-'»• 


,  Google 


XII  <M«oii  30808—20843) 

A  tant  lî  preatres  regita, 

Fit  Tybert  molt  bien  li  guenchist 

330    Et  puu  après  itant  li  dist 

'Por  quoi  me  voles  vos  sbatreP 
Ja  Tois  je  jus  nia  corpe  batre. 
Il  ^  en  vos  mal  confessor'. 
Et  li  preetreB  rejeté  oncor 

320    ITn  àes  baetODs  qui  est  coiiz. 
Et  Tybert  est  aval  veuuz 
De  brance  en  branca  bêlement. 
Apensez  a'est  d'un  hardement: 
S'il  pooit  sallir  ei  cheval 

330    Au  prestre  qui  tant  li  fet  mal, 
Qui  ses  livres  avoit  tressez, 
Lors  aaroit  de  ses  bonz  asez: 
Aler  l'en  fereit  a  ses  piez. 
Tant  par  est  Tybert  abaissiez 

835    Que  tuit  quident  qu'a  terre  veîsse. 
Lor  cheuB  huient  et  font  grant  noise 
Qu'il  quident  qu'il  voîUe  descendre, 
Ttfes  il  voudra  a  el  enteodre. 
Tant  se  trait  envers  le  poleîn, 

S40    Qu'il  ot  bien  veiî  que  le  frein 
Ot  Bor  le  col  tôt  a  délivre. 
Li  prostrés  s'en  tendra  por  ivre 
De  ce  qu'il  n'i  ert  atachez. 
Et  Tybert  s'est  tant  aproohez 

345    Et  tant  trez  envers  le  roncin, 
Et  li  provoire  Hauvoisin 
Son  cben  apele  'or  ca.  or  oa! 
Ja  a  cestuî  n'escfaapera' 
Fet  soi  It  preatres,  'gel  vos  di, 

S60  Puis  qu'a  la  pel  l'aura  saisi. 
Or  l'abatou  entre  les  chens, 
Si  verron  que  fera  li  miens'. 


)I0  guenohit     333  oope     334  •«  iata     3S0  que 
a  il    843  po  iaro    348  a  manque    303  uenron 


1,.  Google 


xn(H6oii  20848 -20878J 

Lors  ont  tuit  de  recbef  hue. 
Et  Tybert  a'eet  tant  avale, 

SOfi    Quant  il  ruèrent  lor  bastona, 
tju'il  sailli  entre  lee  aroons 
Del  polein  qui  fu  eafreee. 
T^ea  granz  galoz  s'en  est  ternes 
Tôt  le  chemin  de  Blaaignie. 

36(1    Kt  li  braconnier  tôt  ire 

l'or  le  chat  qu'il  oreot  perdu, 
Ont  le  provoire  bien  batu, 
Puis  apelent  lor  obens  bâtant. 
Et  li  prestres  s'en  vait  plorant 

366    Apres  Tybert  tôt  le  ohemin, 
Toz  sonl  fors  que  de  Manvoisin 
Son  cben  qui  après  rait  trotant. 
Et  Tybert  veit  esporonant 
Et  galope  et  retient  son  frein  : 

370   Molt  par  siet  bien  sor  le  polein. 
Tybert  le  prestro  regarda 
Qu'après  lui  vient,  tôt  treasua. 
'ÂToi,  dan  prestres'  dit  Tybert, 
'Tex  ouide  gaaigner  qui  pert, 

375   Et  autre  enborse  le  gatûn. 

Mal  dol  li  sorde  et  mal  mahun 
De  son  oatel  et  de  son  cors 
  proveire,  quant  il  vet  fors 
l'or  le  mester  damledeu  fere 

380    Qui  vont  les  bestea  contrefere! 
Dahez  ait  prestre  veneor! 
Il  doit  vivre  d'autre  labor, 
l'uis  qu'il  est  a  prestre  sacrez 
Et  tant  fet  q'il  est  ordenez, 

»fô    Del  mester  damledeu  doit  vivre. 
Et  vos.  danz  prestre,  eeteez  ivre 
Qui  laissées  vostre  mester . 
Por  aler  un  chat  decbacer. 


386  l'Teiii 


807  qui    3S9  bBaignie    861  qne  il    867  qne   870  plein    874  que 
relire* 


,  Google 


XII  (Uéon  30879-3QBI3) 

Mes  o'ert  por  mètre  el  pelecon 

3!)0    A  voatre  putein  de  meîaon. 
Yos  ne  feTstes  pas  que  aaires 
Or  en  est  vostre  li  damages 
Et  1b  perte  et  le  mesdehance. 
Et  je  Bui  en  ferme  creanoe, 

39d    S'irai  mes  oan  au  moster: 
Por  vos  fere  or  le  mester. 
îlolt  vos  en  est  bien  avenu: 
Tôt  vostre  s  en  aves  perdu, 
Vos  livres  avez  adirés. 

400    Molt  estes  or  maloûrez, 

Ne  saves  mes  plus  une  letre. 
D'el  vos  convendra  entremetre 
Que  de  cures  d'ames  tenir. 
Bien  vos  devoit  mesavenir 

405    Qui  derere  avîes  trossea 
Et  a  vostre  dos  adossez 
Lee  Beinz  livres  nostre  sei^or 
Dont  on  te  sert  et  nuit  et  jor. 
Mes  por  ice  le  fesiez 

410    Qu'en  autre  rien  ne  saviez. 

Vos  n'estes  pas  de  mon  savoir, 
Quar  je  cuit  autretant  savoir 
En  trestot  le  peior  qui  soit, 
Conme  en  cous  que  j'ai  orendroit', 

415   'Haï,  Tybert'  oe  dîst  li  prestres, 

'Baux  doua  aoiis  et  bau  dous  mestres, 
Rent  moi  mes  livres:  je  t'afi, 
Contendrai  moi  en  ta  merci. 
Si  me  rendes  mon  palefroi!' 

420    'Or  n'en  soiez  ja  en  esfroi' 

Ce  dit  Tybert,  'par  seint  Martin, 
Anchois  m'area  dit  en  latin 


8B4  toia  oranoe  306  or  maniue  B99  PuieqnnuM  toi  linrn  •- 
400  ors  406  d.  an  t.  407  Las  einis  1.  n.  ■•ingor  409  taaà 
410  Muiem    4IS  qui  i  (.    416  b.  do  m.    43t  inatia 


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Xn  (Méon  20913-S0947)  13 

Con  l'en  dît  &ble,  se  voles'. 

'Faba'  dist  lî  prestre,  'or  l'aves'. 
4â0    Ce  dût  Tybert  'ce  ue  puet  estre. 

Faba  c'eat  fere  sanz  areste, 

Et  fabula  ice  est  fable. 

Âlez,  fou  prestre,  au  deable 

Qui  Toa  puisse  le  eol  briaer, 
4iI0    9i  apemee  autre  mester: 

Que  )a  premere  question 

M'avez  eause  conme  bricon. 

Uee  dites  mei  ici  endroit, 

9e  saves  par  ont  cevro  poît'. 
4.^    'Pat  le  cul  quant  il  est  overt'. 

Mes  par  la  corne'  dit  Tebert. 

'Or  me  respondes  de  gramaire! 

Saves  nient  de  celi  faire 

Que  li  prestre  font  as  clereons 
440   Quant  il  lor  perneut  lor  leçons?" 

'Par  fei,  j'en  soel  savoir  ases'. 

'Bien  vos  en  oroi,  mes  trop  venez 

Si  près  de  moi  que  il  m'ennuie. 

Mes  savez  vos  nute  alleluie 
445    Ne  douz  chant  por  moi  endormir? 

Vos  me  voureez  or  tenir 

Parmi  les  rennes  de  cest  frein. 

Lessier  m'eetovroit  le  polein 

Et  trestote  le  trosgeûre. 
460    Itfes  dex  li  doinat  malaventure 

Qui  le  voB  en  verra  mener  1' 

Lorë  aquelt  a  eaporoner 

Tant  que  de  lui  pert  la  veQe. 

Lors  a  Tybert  grant  joie  hoSe, 
4Û0    Et  le  prestre  tristre  et  dolans 

Ya  après  demandant  as  genz 

Qa'il  encontre  parmi  la  voie, 

433  M  KOI  D.  425  pot  498  daîble  483  xauie  138  n  fftire 
430  ai'ont  444  «Moa  44b  moi  ntangue  446  oro  448  ma  oonueDroit 
451  Qnil  OM  Uirs  hni  n.     4fi2  eqolr     465  pi  manque    4ÔT  Que  il 


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XII  (Méon  30948-S0983) 

'Dites'  fait  il,  'se  dex  vos  roie, 
Yelstes  vos  par  ci  mener 

4fl0    TJn  cheval  et  eaporonet 
Qui  or  se  départi  de  nosP' 
'Cist  prestres  qui  ci  vent  si  sous 
Font  soi  oil  s  qui  il  parole, 
'Bien  puct  eslre  que  il  afole 

496    Ou  il  a  espoir  trop  boû'. 

'Seignor'  dîst  il,  'eiuz  m'a  tolu 
Mon  eheYal  a  trestot  mes  livrée'. 
'Oez  font  il,  'est  il  dont  ivres  P 
Dan  prestre,  il  est  la  feate  as  fox. 

470  Si  fera  len  demein  des  chox 
Et  grant  départie  a  Baieus: 
Aies  i,  si  verres  les  jeus'.. 

Li  preetre  ot  q'il  li  vont  gabant, 
Si  s'eo  est  retomes  atant, 

475    D  e  son  chen  droit  en  mason. 
Et  Tybert  s'en  vait  le  troton 
Et  les  gaioz  et  l'anbleûre 
Tant  qu'il  garde  par  aventure 
Lez  une  haie  entre  deus  blez, 

4S0    Si  Teit  Renart  qui  fu  lassez, 
Tant  par  aveit  le  jor  coru. 
Et  de  la  fein  qull  ot  o&: 
8i  n'aveit  eo  li  qu'aïrer. 
Et  Tybert  prist  a  dévaler 

486    Le  val  et  Renart  l'aperceit. 

Trois  feiz  se  seinne,  quant  le  voit, 
M  oit  le  regarde  apertement, 
N'osse  pas  croire  fermement 
Que  ce  fust  Tybert  qu'il  veit  la. 

480    Et  Tybert  qui  bien  vea  i'a, 

Ile  fet  pas  semblant  qu'il  le  voie, 
Ainz  ohevaoe  molt  bel  sa  voie. 


46.S  cil  manque     464  pot     469  )k  mangue     470  fMta    476  T*ii 
droft  le     481  pnr  mangUÉ    486  m.      q.  il  )o    489  fn     490  qp* 


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XII  {Uéon  20&83-2I018) 

Eïnai  s'en  vait  raolt  coiotemeot, 
SoB  piez  regarde  molt  sovent 

495   Et  puis  son  cora  de  chef  en  chef. 
Un  capel  ot  mie  en  son  chef 
Qu'ert  d'eglenter  et  de  oherfueil. 
Et  Renart  regarde  a  un  ueil, 
Biea  veit  tote  sa  contenance. 

600    Et  dît  Renart  'par  la  membraDoe, 
l'ar  les  ptaiez,  pur  la  mort  beu, 
Ke  sai  ou  sui  ne  en  queil  leu, 
Ne  aai  que  c'est  que  je  voi  la. 
8e  u'i'st  Tybert,  qui  l'adobaP 

&05   II  me  resemble  chevalier: 

Yoïs  por  le  cuer  beu,  mes  doistrer. 
De  livres  porte  a  grant  pleuto, 
Il  est  esleûz  a  abe 
He  dex,  et  de  queile  abeîeP 

510    De  Clervauz  ne  sereit  ce  mieP 
Neoil,  mes  il  i  a  abe. 
Molt  sui  boois,  par  le  cuer  be, 
Que  je  n'en  osse  a  lui  parler. 
Il  me  fereît  tost  afoler 

515    Et  leidir  a  stu  palefroi. 
Il  le  meine  par  grant  eafroi, 
Ce  soit  par  sa  malaventure  ! 
Si  sera  ce,  g'i  métrai  cure, 
S'a  lui  me  puis  acompainner. 

520   Mes  nel  sai  coumeot  areianier. 
Gel  corrocai  jenî  matin, 
l'or  ce  ne  m'os  en  bod  cemin 
Mètre  n'a  lui  abandoner'. 
Et  Tybert  conmence  a  chanter 

&S5    Une  chancon  tote  de  Rome, 
Onques  si  bêle  n'oT  home. 
Et  quant  laisaîe  ot  a  chanter, 
8i  conmenca  a  r^eter 


601  mor    006  oUr.'     919  aoongpwoer     522  □ 


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XII  (UéoD  21019-210G8) 

Renart  que  Lui  mein  l'ot  laisse. 

&S0   'Dex!'  fet  il  'tant  avà  oorocie 
De  Renart  que  ae  puis  trovor. 
Se  go  le  poisse  encontrer, 
Molt  le  meisse  ore  en  grant  pes, 
Mes  escuiers  fuat  oan  mes'. 

035        Lors  se  raquelt  a  estargir, 
Son  cheval  fet  avant  saillir 
Et  iiet  'qu'est  Renart  devenus  P 
Ce  poise  moi  qu'il  est  perdaz'. 
Et  Renart  qui  bien  l'ot  oï 

MU    Est  meïntenant  en  pies  salli 
Et  diet  'gie  ne  sui  pas  perduz, 
Siie,  que  bien  .soies  venuz 
Et  que  beneoit  jor  aiez!' 
Et  Tybctt  s'est  lors  afichiez 

Mo   Sor  les  estriers,  si  le  regarde, 
Et  de  parler  un  pou  se  tarde. 
Et  Renart  est  avant  venuz 
Et  li  diat  sire,  bons  saluz 
Et  bon  jor  vos  soit  hui  donez!' 

550    'A  qui  es  ce  que  vos  parlez?' 
Pot  soi  Tybert  'a  vos  qu'ateintP' 
'Sire,  je  di  que  dex  vos  meint 
Et  doint  goie  et  bone  aventure!' 
'De  vostre  sain  n'ai  ge  cure' 

65B    Fet  soi  Tybert:  'ce  que  ge  vueil 
Ai  ge  trestot.  et  si  me  doil 
De  Renart  que  ne  puis  trover. 
Qe  le  voloie  o  moi  mener 
A  seint  Martin  a  Blaengnie: 

mu    Que  g'ai  de  11  molt  grant  pite. 
Et  ge  vois  la  messe  chanter: 
L'igliae  m'estuet  déporter 
Jusqu'à  huit  jors  por  le  provoire 


637  que  est      b4S  benoic      539  bnonjiui      Ml  li  il 


,  Google 


XII  (UÉon  imi—nom  i? 

Qui  est  aies  a  une  foire 
666   A  Dol,  ce  aient;,  en  firetaingne. 

Ja  dex  ne  doint  que  il  reviengnel 

Robe  TS  querre  a  sa  putein. 

Si  ro'estuet  la  chanter  demein 

Et  ge  n'ai  clerc  qui  me  respoingne', 
STO    Oe  ferai  bien  ceste  besoingne, 

Le  mester  sai  de  chef  en  obef. 

Bien  vos  aiderai,  par  mon  chef' 

Fet  soi  Benart,  'se  vos  volez. 

Ge  soi  celui  que  vos  querez, 
S75   Kenart  vostre  bon  conpaingnon'. 

'Va  ta  voie'  fet  il,  'bricon! 

Tu  es  RenartP'  "Voire  par  foi'. 

'Uentiroîes  en  tu  ta  foi?' 

'Oïl  voir  oe  a  dît  Ronart. 
680    Va  ta  voie'  fet  il,  'muaartl 

Renart  ne  s'osereit  veoir 

Devant  moi  por  nul  estovoir, 

Quar  il  m'a  hui  molt  ranprone 

Et  molt  corocie  et  gabe.' 
5Ki    'Ja  n'i  ot  se  paroles  non.' 

'Si  ot.  il  fist  grant  mespHaou 

Qui  iloc  me  laissa  par  moi 

Ou  iero  alez  en  bone  foi 

0  li  eabatre  en  oonpainnie. 
590    II  ne  tist  mie  cortoieie. 

Mes  or  me  di,  eo  dex  te  gart, 

Se  tu  me  vpïs  Iiuî  Renart'. 

'Nenil  certes  jor  de  ma  vio, 

Ge  ne  vos  en  mentisse  mie' 
595    Ce  li  a  Renart  respundu. 

'Mes,  Tybert,  vos  ai  ge  veû'. 

'Avez  oï,  par  le  cuor  be. 

CoD  m'a  or  cîl  vileins  gabe!' 

'GabeP  de  quoi?  oncor  i  pert, 

I   coDcie       &87    Ikua      5SS  Ouoque  li  slai 


tiCMiî^AR     l.1Rr?ARY. 
Ofî    IMITlTOTiON. 


XII  (HJon  31090-21 12fi) 

600    Dont  n'estes  voa  mie  Tybert". 

'Oïl  voir'.     'Et  je  Konart  sui, 

  cez  enseiones  que  je  bui 

Yos  trovai  Bor  la  roche  en  hant 

Ou  vos  TOB  toatisaîez  au  chaut'. 
606   Tybert  respoat  'tu  as  voir  dit. 

Mes  or  me  di,  se  dex  t'ait, 

Se  ge  t'enmoin  avocques  moi^ 

Seras  me  tn  de  bone  foiP' 

'Cùrtea  oTl'  ce  dit  Renart. 
610    Mes  or  me  dites  par  quel  art 

Vos  avez  tel  hamois  conquis,' 

'Ja  me  cuidoient  avoir  pria 

Li  garchoD  Quillaume  Bacon, 

Quant  un  preatrea  a  esporon 
616    I  vint  sor  aon  cheval  ambiant. 

Et  il  deacendi  meintenant 

Et  cuilli  ne  aai  quana  baatona. 

Si  m'asailli  ooome  dragons. 

Et  ge  vi  en  près  le  cheval 
S20   Desoz  l'arbre  tôt  a  estai. 

Conmencai  moi  a  dévaler, 

Et  il  me  priatrent  a  huer 

Lor  chiens  qu'il  me  voloient  prendre. 

Mes  je  n'oi  cure  de  descendre, 
626    Ainz  aailli  entre  les  arcona, 

Et  il  coD  una  eamerillons 

S'en  va  a  tôt  moi  meintenant.- 

Quant  ge  m'aloie  regardant, 

Yi  le  prestre  dolant  et  laa 
690    Qui  me  aivoit  plus  que  le  pas; 

Toz  lez  08  li  orent  qaasaea 

For  ce  que  lor  ère  escapes. 

Aprea  moi  vînt,  ai  m'arainna 

Et  son  polein  me  demanda. 
686    Et  ge  ai  le  queationai, 

OS  teit       600  oi       613  DDidereat       618  gnill'.       619  •■  I 
2  manquenl      &2D  Et  li  ohicn  me      630  auoit      631  «nol 


xn  (Méon  21126-21161)  19 

De  gramaire  ]t  demandai, 

De  soffime  et  de  question: 

Ne  me  sot  respondre  on  boton. 

Quant  ge  l'oi  fait  de  tôt  conclus, 
640    Qe  m'en  parti,  il  n'i  ot  plue, 

Et  sil  roTfli  aler  aprendre 

Et  a  antre  mester  entendre.' 
'Sire-Tybert'  ce  dit  Rennrt, 

'8'ore  i  estoient  lî  set  art 
645    En  ces  livres  que  vos  avea, 

Bien  nos  auroit  dex  asene?.. 

Escoles  porreen  tonir 

Et  riches  homes  devenir.' 

'Par  foi'  dit  Tybert,  'ge  ne  sai  : 
650    Qu'onqnes  es-  livres  ne  gardai.' 

'Non?'  dît  Renart  'or  i  gardons. 

Descendes  et  si  destrossons.' 

'Non  furai,  qnar  il  est  trop  tart. 

Mes  alez  en'  fet  il,  'Renart, 
Km    Bone  aleûre  a  BUainnie,' 

'Conment!  iroîe  ge  a  pîe?' 

'Bien,  si  Tendres  encontre  moi, 

Si  recevrez  mon  palefroi 

Et  as  genz  ires  demander, 
(160    S'il  i  a  cors  a  enterrer 

Ne  nul  enfant  a  batîzier, 

Que  tost  l'aportent  au  moster. 

Et  ge  i  serai  orondroit' 

Renart  dit  qu'aler  ne  porroit, 
G85    Que  trop  a  les  piez  dépeciez, 

Si  est  lasses  et  travelliez, 

Ne  manga  hai,  ne  puct  aler 

S'il  nel  laissoit  un  pou  monter. 

'Montez'  fet  Tybert,  'viatement.' 
670    Atant  vet  Renart,  ei  se  prcnt, 
Si  est  montez  derero  lui  : 

eau  «et     &44  Se  ore    060  Q'onqupi  1.   6&2  Dszcendei   6'>6  blennie 
iroige     ft'i7   wni^     &5ff   '■"matiiliint     BM  que    nier     1165   de[iici«z 


,.  Google 


XII  (Méon  21lfi2-2ll97) 

n  li  dira  par  tens  anui. 

Or  sont  li  baron  a  cheval. 
Si  chcvacerent  contreval. 

67fi    Si  s'en  fuient  grsnt  aleûre 
Parmi  le  val  d'une  cutare  : 
Tybert  devant,  Benart  derere. 
Qui  se  porpensse  en  qel  mauere 
Il  metreit  Tybert  a  raison. 

680    'Tybert,  par  ta  confession, 
Di  que  de  ccst  cheval  feras. 
Donras  le  tu,  ou  le  vendras  P' 
Go  le  vendrai'  Tybert  a  dit. 
Et  por  conbien,  se  dex  t'aît, 

685    Le  donras  tu?  va,  di  le  moi.' 
'Qel  te  dirai,  et  ge  por  coi  P 
Voldroies  le  tu  aoaterP' 
Oïl,  se  tu  le  vous  douer 
A  raison  et  a  droit  esgart: 

690    Por  conbien  aura  ge  ta  partP' 
Fet  soi  Renart.    'Or  di  reison, 
A  i  dont  nus  part  se  ge  nonP' 
Ce  dit  Tybert  'gel  gaaîngnai.' 
'Et  ge  por  quoi  n'i  partirai, 

(195    Si""»  TyhertP'  ce  dit  Renart. 
'Par  foi  tu  n'i  aaras  ja  part' 
Fet  soi  Tybert  'maie  ne  bono." 
Si  aurai,  se  raisson  le  done.' 
Et  dit  Renart  'por  le  cuer  be, 

700    Ne  sut  go  autresi  monte 
Con  vos  estes,  sire  TybertP 
Trop  Gst  vostre  barat  apert 
Qui  me  voles  de  conpaingnie 
Qiter  par  voatre  trecerie. 

TUTt    Et  es  livres  et  el  cheval 
l'artira  ge  tôt  par  igal 
Et  mot  a  mot  et  foil  a  fueil.' 


r.75  nleorp  nSH  n  tM  ajoult  â'u. 
^Iri-perii-'  nre.     700  pure  igiil 


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XII  (Méon  21198-21233)  21 

'Maie  gote  te  cret  ainz  Teil. 

Diable,  Renart,  es  tu  ivres  P 
710    Que  feroie  tu  de  mes  livres  P 

Ja  n'i  ses  tn  ne  q'une  chèvre.' 

"Si  te  puisse  tomoier  fièvre 

Con  rien  n'i  ssîV  ce  dit  Renarz 

"Ge  sai  plus  de  toi  les  trois  parz.' 
71fi    'Ses  tu  rien  de  dialetique?' 

'Oïl,  tote  qiqueliquique.' 

'Respondras  moi  se  ge  t'opoaf 

'Oïl,  par  derere  mon  dos.' 

'Or  antent  dont  a  l'argument  ! 
720    Qe  di,  pnin  d'orge  et  de  forment, 

Si  di,  pain  de  forment  et  d'orge.' 

'Maie  aventure  ait  eînz  ta  gorge 

Que  pain  d'orge  soit  de  forment.' 

'Tu  l'as  entendu  malement' 
725    Fet  soi  Tybert,  'ce  n'i  a  mie: 

Tu  sez  trop  pou  d'estrenomie. 

Se  l'argument  te  puis  prover, 

Leras  m'en  mon  cheval  mener  f 

'OTi,  et  se  tu  pues  faillir, 
780   Dont  ne  m'i  lairaz  tu  partir  P' 

'Oïl  voirs,  lors  i  partiras.' 

]0r  orrai  dont  que  ta  diras.' 

Ge  dirai  dont,  por  estre  quite, 

Que  cil  n'abat  pas  qui  ne  laite. 
73S   Or  entent  dont  a  la  provauce, 

Si  apareîlle  ta  faillance. 

J'opos  cest  potDt  que  de  forment 

Fet  en  un  pain  tant  seulement, 

N'i  a  orge  ne  autre  ble.' 
740  'Gel  point  m'avoes  tu  enble' 

Ce  dit  Renart:  'or  di  avant!' 

'Beax  amis,  et  puis  si  di  tant 
Que  l'en  feit  d'orge  unautr  e  pain 

TO8  oote  T12oheare  714  leiVII.  716  liqueque  717  Upos  720 
«H  731  et  726  tro  727  8b  I.  72»  8e  io  paû  734  )ite  730  ent«n  787  poin 
(de  mime  740) 


,  Google 


22  XII  (M<oD  31'284-21-i6») 

Trâstot  pnr  et  sans  antre  grein: 
746   Sont  ce  deos  paitu?  Que  t'est  am? 

Kenil  certes,  tu  a§  meapris, 

U  ne  pnet  e&tre  que  un  pain. 

Dont  n'est  il  q'un  âlz  a  putein' 

Fet  Tybert  'en  trestot  le  moade.' 
760  Tu  menz.'    'Hei  tu,  dex  le  confonde!' 

Ce  dit  Tybert  apertement 

Tarmi  la  veûe  qui  ment 

DeooOz  es  par  ta  faillance, 

Tu  as  fet  trop  povre  semblance. 
756    Dont  ne  sera  que  unes  meins. 

Sanz  die  blez  ne  puet  on  dis  pains 

Fere,  de  chascun  un  par  soiP 

Sont  ce  dis,  par  la  toe  foi? 

Or  garde  con  tu  aea  les  arz.' 
760  'Va  ta  voie'  ce  dît  Benarz. 

'Dont  n'est  blez  blez,  dont  n'est  paip  painf 

'Oïl,  e  vos  fil  a  putein' 

Fet  Tybert.    'par  ceste  reaon 

N'i  a  nule  desfension, 
766    Mes  entr'auz  a  grant  diferanoe.' 

'ÂYoi!  vos  aves  mange  tence' 

Fet  Renart,  ai  volea  teucer 

Et  mellee  a  moi  conmeucer.' 

'Non  faz,  mais  voa  n'estes  pas  saje, 
770    Et  itel  gre  a  qui  cbien  nage. 

Quant  je  voa  oi  par  bone  foi 

Honte  desor  mon  palefroi, 

A  chalenger  lo  conmencfaaatea, 

Ueintenant  que  voa  i  montastea. 
776   Vus  ne  feïstes  pas  savoir, 

31  ne  conquert  om  pas  avoir' 

Ce  dist  Tybert  'par  aou  genler.' 

'Bien  le  poes  pisser  ester' 

Fet  soi  Renart,  'ge  me  jooie.' 

7*4  et  trostoi  i.     702  ueu      760  pot       757  un  XMiifM    73) 
ODDiDo    774  HeiteniDt        inonUsieB      777  dit    geler  778  bia 


'c* 


Xn  (H«on  3I370-3I300) 

730   Puis  dût  en  bas  s'en  caste  Tole 
Ne  TOB  faa  ftnnuî  et  pesanoe, 
Dont  sa  ge  poi  de  uigromance. 
Se  anchois  que  nos  departoms 
N'est  remendez  cist  pelicona, 

78Q    Ja  dex  ne  me  leiat  jor  plus  Tivre.' 
Tant  ont  ohevauce  a  délivre 
Et  tant  ont  eDtr'eue  despute 
Qu'il  sont  en  Blaeigni  entre. 
Deaoz  la  TÎle  enmi  les  près 

790    Si  oDt  lor  lirres  destroasez. 
Lor  ofaeval  laisseront  aler 
Â.  l'erbe  peetre  et  saouler, 
Si  s'en  tornent  vers  le  moster. 
Près  estoit  ja  de  l'anuiter, 

TS&    Si  s'en  erent  alez  lez  gêna. 

Au  moster  vienent,  s'entrent  eus: 
Les  lampes  furent  alnmees 
Et  lez  genz  s*eD  furent  alees. 
Ce  dît  Renart  'or  oomenchez! 

800    Far  deu,  trop  voa  estez  targiez; 
Sanz  vespres  oïr  s'en  root  tiiit' 
'Bire  Renart,  ne  tos  anuit, 
Il  lor  avespirra  asez. 
Mes  cez  chandelez  alumez' 

SOS    Ce  dit  Tybert,  'que  le  serTÏce 
Doit  l'en  dire  a  treit  en  l'iglise 
Et  fere  le  meater  molt  bel. 
Ovrez  les  fanis  de  oou  chancel, 
Nos  i  Terron  oncor  molt  cler. 

810    As  antienes  m'estuet  tomer, 
Et  vos  repemes  cou  sauter. 
Si  toroez  a  vostre  mester, 
A  ces  versez  et  a  ces  saumesl' 
Et  Ronart  aquelt  a  ses  paumea 

816   Fias  menu  ces  fous  a  torner 


787  «Dt  immpw    786  bl.  nena    791  iMienDt    796  SI  entret    800 
engin    801  alomtt    807  moster     806  cm  h.     809  ueron     810  msitot 


'c* 


XII  (Méon  21306-21341) 

Que  VOS  ne  poissiez  conter. 

Qaant  a  lor  mester  aont  tome, 
Si  se  sont  amedoi  levé. 
Tybert  vesti  le  sorpelis, 

830   Apres  est  vers  l'autel  sailliz. 
Tybert  son  capelet  osts, 
En  te]  manere  conmença 
'Domine,  labis  mea' .  . 
'Si  t'idt  dex,  oon  ce  i  a' 

836    Ce  li  a  respundu  Renart. 
'Oe  sont  matioes,  fol  musart, 
Que  tu  nos  vous  por  vespres  dire.' 
Et  Tybert  ocomenoa  a  rire, 
Si  li  a  dit  'que  i  a  dontP' 

830    'DeuB  ÏD  adjutorium' 

Fet  Renart  'el  conmenooment 
Doit  en  dire  premerement, 
Dant  Tybert,  ou  vos  estes  ivres. 
Ou  rienz  ne  savez  en  cez  livres. 

886    Ahi!  que  ne  vos  ont  ol 

On  l'arceprestre  ou  dant  Davi, 
Ou  le  prestre  de  la  folie! 
Quidiez  qu'il  no  riaiasent  mie, 
S'il  vos  oÏBsent  autreai 

840    OoD  mei  e  vos  avom  oT 
En  tel  manere  conmeocerf 
'Fox,  jel  fis  por  toi  essaier. 
Qe  ne  quidoie  pas  por  voir 
Que  tu  fuasea  de  tel  savoir. 

845    M!es  or  t'a  ge  bien  esprove. 
Se  remeindre  voua  ceet  eate 
En  ceste  vile  et  sejornor, 
MoU  te  forai  garbea  doner.' 
'Ja  eat  ce  bien'  ce  dit  Renart. 

660    M^es  dites  vespres,  qu'il  est  tart.' 
Lora  aplagne  Tybert  son  ohaf, 


p.  torner  oooler      819  loplii     SW  «tatartn 


,  Google 


XII  (M£on  21S42-3I3T7) 

Si  reconmence  de  rechef. 
DeuB  in  adjutorium  dit, 
Et  Renarl;  les  antenea  lit. 

800    Si  ont  ohante  aalmes  et  vers 
Uolt  hautement  a  deuB  envers, 
Les  antienes  moût  hautemeot: 
Le  capitre  dist  simplement 
Sire  Tybert,  et  dan  Renart 

860    Redit  le  verset  a  sa  part. 

Si  ont  chante  eneamble  a  ligne, 
Tût  mot  a  mot  et  tôt  a  ligne. 
Sire  Kenart  les  versez  dist 
Et  daot  Tybert  lez  responz  fist, 

865    L'antiene  del  Uangnilioat 
Celé  dît  dsnt  Tybers  1î  obaz, 
Et  Renart  Ta  bien  entone 
Et  gloriosement  chante. 
Âpres  chantent,  si  con  moi  semble, 

870  Lor  antiene  ambedui  ensanble. 
Tybert  a  dit  après  le  vers, 
Renart  li  respont  a  envers. 
Puis  dît  Tybert  en  sa  r«son 
Moult  bel  Domimis  vobiscum. 

8TS   Renart  H  respont  hautement, 
L'oroison  diat  apertement 
Tybert  et  le  per  omnia, 
Devant  l'aatel  s'agenoilla. 
Et  Renart  respondi  amen, 

880  Puis  li  a  dît  'levés  vos  en 
Et  si  aies  dore  ces  buis. 
Qe  dirai  benedicamus.' 

Âtant  a  Renart  envaT 
Un  benedioamus  forai 

885    A  orgue,  a  treble  et  s  deacbant, 
Que  il  n'a  home  ai  vaillant 
El  mont,  ne  si  mesaaise, 


lar     868  te      8«g  chanter     876—879  manqtunl     880  te 
684  benedioaamui     886  Qail  ni  ■     887  oa  «i  neMiie 


,.ogIc 


TU  (H4on  S13?fr-21413] 

De  soi  n'oflst  gregnor  pitié, 
S'il  oîat  Benart,  qu«  d«  lui. 

890   Tôt  le  mont  tepeûst  d'ennui 
Renart  de  son  aeri  chanter. 
Deas  liuea  poissiez  aler 
Ainz  que  il  l'oOst  parfine. 
Et  Tybert  ai  a  l'uis  ferme 

8S6    Qiû  molt  eateit  de  chanter  las, 
Si  dist  le  Deo  gracias. 

Aprea  ont  cooplie  chantée, 
Et  quant  l'oreat  tote  finee 
Si  priât  l'an  l'autre  a  areener, 

900   Et  Renart  a  parle  premer. 
'Sire  Tybert'  ce  dist  Renart, 
'Ge  Toudroie  savoir  quel  part 
Clo  aurai  de  tôt  le  gaaing, 
S'en  ceate  vile  o  tob  remeing. 

905   De  la  disme  de  ces  poroeax. 
De  oea  brebiz,  de  ces  veax. 
De  cez  pocins,  de  ces  oisons, 
Dites  conment  les  partirons. 
De  l'oblaoion  et  dez  leiz, 

910   Dites  et  devises  en  pes 

Conbien  j'en  aurai  a  ma  part.' 
Tos  en  aures  trestot  le  quart' 
Ce  dit  Tybert,  'a'on  le  me  loe.* 
Et  Renart  li  a  fet  la  moe. 

9iCi    'Conment'  fait  il,  'por  le  cuer  be 
Waà  ge  autres!  bien  chante 
Anuit  a  vespres  oonme  tubP 
Et  autant  sui  religions 
Et  nez  et  prodom  de  ma  mein. 

920    Sera  ge  plus  filz  a  puteîn 

Que  vos,  que  n'aurai  de  la  dime 
Autretant  cume  vos  meTme, 
Et  de  tote  l'oblaGLonF' 


888  Kregooi    894  luis  bien  f.    896  dit    899devBiDar  VtgûH 
lUttlne     OMl     911  ie  aurai    919  prododio 


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XII  (H«oii  21il4-S1449) 

'Renart,  tu  me  tienz  a  briooD 

S»   Fet  soi  Tybert,  'ge  le  t'afi. 
Ne  m'ae  oncor  gairea  servi 
Et  si  Teuls  ja  a  moi  partir.' 
'Partir?  dud  voil,  tâoz  voil  oïr, 
Eb  quoi  ge  m'î  porrai  fier, 

930    Se  ci  me  siet  a  demorer,' 
'Ja  se  ta  es  de  booe  foi, 
Te  plivis  loianment  ma  foi, 
L'uoe  moitié  te  partirai 
De  ce  que  je  gaenguerai 

936    De  morz,  de  viz  et  d'aventures, 
D'offrandes  et  de  sépultures, 
Et  tu  me  soies  bon  amL' 
'Qe  l'otroi'  dist  Recart  ensi, 
Mes  certes  ge  ai  molt  grant  feîo.' 

940   'Se  tu  Toloies  mangier  pain, 
Vea  en  la  uu  les  oel  autel.' 
'Ge  n'en  mangai  onques  de  tel' 
Fet  Benart,  'a  jor  de  ma  fie, 
Ues  de  formage  auroit  t  mie?' 

84&   'Par  foi,  ne  sai'  Tybert  a  dit, 
Ataut  garda  avaut,  si  vit 
Une  toueille  eevolepee 
ËD  une  fenestre  botee: 
Deus  en  i  ot  entorteillies, 

960  Li  uns  fres  et  li  autrez  vîez. 
Tybert  les  trait  de  la  toaille. 
'Dex  ude!  ce  n'est  pas  faille 
Que  chasoun  aura  ja  le  sien.' 
'Par  foi'  dit  fiensrt,  'ce  est  bieo. 

955   Ueis  dones  moi  eel  blanc,  oel  mol.' 
'Conment  voles  vos  sambler  fol' 
Ce  dit  Tybert,  'sire  Renart? 
Cest  dur  aures  a  vostre  part: 
Que  il  est  boa  a  ouer  tenir, 


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I 


XII  (Méon  214(K)-21483J 

960    St  qui  le  voudroît  départir, 
ÂBea  durroit  plus  que  cestui.' 
'Yoles  le  vos  mètre  eo  eatuif 
Fet  Renurt  'celui  me  dones.' 
'Jk  par  mou  chef  o'eu  mangerez' 

965    Ce  dit  Tybert  'graut  ne  petit.' 
'Par  le  caer  be'  Renart  a  dit, 
'Dont  estes  vos  vers  moi  triehere.' 
'Or  va  ta  voie,  fol  licherre  ! 
Demein  au  soir  auras  cest  mol.' 

mo    Or  m'area  entercie  &  fol' 
Fet  Renart,  'en  la  moie  foi. 
Et  si  me  mentez  Tostre  foi, 
9i  vos  en  apel  a  Ruen 
Ou  devant  Huon  le  doien 

978    An  coDvent  a  la  confraric'. 
Que  que  Renart  Tybert  envie. 
Si  a  Tybert  tant  esploitïe 
Qu'il  a  le  formache  mangie, 
S'en  a  Renart  ou  grant  doil. 

980    II  en  oQst  où  son  voit, 

Mes  ne  puet  ore  estre  autrement. 
Entre  ses  denz  dit  bêlement 
'3e  hui  ne  sui  de  toi  vengiez, 
Molt  eu  sera  mes  cuers  iriez.' 

985    Lors  a  son  formace  entame, 
Que  il  estoit  molt  afame. 
I^î  en  manja  tant  coq  il  pot. 
Et  quant  ascz  mange  en  out, 
L'autre  lia  en  son  giron, 

090    Que  il  portera  en  mwson. 
Mes  entretant  oon  il  manja, 
Totea  voies  se  porpensa 
Gonment  Tybert  concfaîereit 
Qui  si  mal  parti  li  a  voit. 

093    Lors  a  Tybert  a  raison  mis 


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XII  (MéoD  2H86-21523) 

'Sire,  se  g'ai  vers  vos  meapris 
De  ce  que  ge  vos  ledenjai, 
Onques  mes  de  tel  ne  manjai. 
Molt  a  este  bon  le  formago, 

1000    Et  vos  partistea  conme  sajc 
Quant  vos  me  donastes  cratui. 
Mea  il  me  tome  a  grant  anui 
Qa'aDuit  nos  somes  oblic 
Que  nos  n'avom  mîe  sone 

1005    As  veapres  ne  a  la  vîgîlle.' 

'Yo8  me  dites  voir,  par  seint  Gile' 
Ce  dit  Tybert,  'car  i  alous 
  ces  cordes  et  si  traions!' 
Atant  sont  as  cordes  venu. 

1010    Renart  qui  plus  voiziez  fu, 
Dist  que  il  sonereit  avant. 
Ab  cordes,  s'aert  meintenaot. 
Mes  ne  pot  de  terre  soner, 
8or  on  banc  le  convint  monte^: 

lOiii    Des  cordes  list  un  las  corsor, 
A  son  col  le  miat  tôt  entor 
Et  ses  deuB  pieti  avoc  devant. 
Tybert  le  va  molt  regardant. 
Et  il  prent  les  cordes  as  denz, 

1030    Si  sone  tant  que  neiz  lez  genz 
Qui  dormoient.  sont  esvolle. 
Mes  le  las  ot  si  adreoe 
Qu'il  ne  pooit  mes  corre  aval. 
Hes  trop  aavoît  Renaît  de  mal 

1025    Qui  as  denz  les  cordes  osteit. 
Tybert  de  ce  ne  s'en  gardeit, 
Ancoia  qui  doit  q'o  les  deua  piez 
SoDoit,  qu'avoit  avoc  leiez. 
Et  quant  il  ot  aaea  sone, 

hw    Si  s'est  molt  bien  del  laz  oste. 
Et  dît  Tjbart  'or  est  il  droiz 
Que  je  aone  la  moie  foiz.' 


IbOd  diB(«»       1010  que       102;!  oore       1032  rekOno 


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xn  (Méon  2I523-215M) 

Et  dît  Benart  'par  aeint  Rioher, 
Gel  Teil,  et  que  boive  ud  aaster 

1O30    De  TÎD  cil  qui  pis  Bonera.' 
'Dahez  ait  qui  le  voîera' 
Ce  dit  Tybert:  'or  seit  einsi.' 
Atant  s'en  est  en  piez  sailli. 
Si  est  desus  le  banc  montea 

1040    Et  el  laz  a  ses  piez  botes 
Et  après  i  bota  son  col, 
Je  cuit  qu'il  s'en  tenra  a  fol. 
Les  cordes  a  prises  as  denz. 
Lors  primes  le  voient  les  genz 

1046    Qui  vindrent  au  moster  garder 
Qui  ce  est  qui  tant  puet  soner. 
Atant  Renart  Tybert  aresne: 
'Buer  montastes'  fait  il,  'el  chesne 
Ou  le  provoire  vos  trova 

lœo    Qui  en  oest  lea  vos  envoia. 
Ice.  dites,  ne  vos  plaist  il?' 
Si  con  Tybert  Tout  dire  *oïl,' 
Et  oonme  il  la  boche  ovri, 
Li  laz  par  le  col  le  sesi. 

la'is    Quant  les  denz  de  la  corde  osta, 
Li  las  entor  le  col  serra 
Et  avec  furent  li  dui  pie 
A  quoi  auquea  est  aligie, 
Que  meintenant  fust  estrangle 

1060    Se  li  pie  estoent  oste, 

Quar  0  les  piez  li  laz  eslesse. 
Et  dit  Renart  'estes  aeseP 
Ne  saves  mie  bien  soner. 
Estes,  je  vos  irai  ester.' 

1063    Tybert  qnide  qu'il  die  voir. 
Et  Renart  qui  enviz  dit  voir, 
Quant  du  laz  le  dut  délivrer, 
Si  li  ala  le  banc  ost^r* 


1064  et  ]  uns      1036  qD«      1030  monte      1040  boU    IfUS  <| 
1048  B«r      1069  nenlenknl      1061  I:  I. 


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XII  (HéoD  215&g-2ID91)  3 

Que  il  aveit  âesus  ses  piez. 
lOTO    Or  est  Tjbert  plus  enlaciez. 

Or  ne  a'a  il  sor  quoi  ester, 

Et  tôt  jors  fait  les  seins  soner. 

Et  quant  il  s'en  quide  escaper, 

Renart  le  coDmenoe  a  gaber. 
10T5    Envers  lui  est  avant  passez, 

'Ha  bal'  fait  il  We  est  ases. 

Sire  Tybert,  ce  est  anui. 

Connient  ne  fînereiz  vus  but  ?' 

Et  Tybert  ooumenoa  a  grondre. 
10*1    'Coument,  ne  me  denniee  respondreP' 

Ce  dit  Reuart  'orgoil,  orgoeil. 

Haie  aventure  aient  mi  oil 

8e  ge  ne  vas  faz  sorde  oreilo  : 

Yoe  me  faites  or  la  dorveille 
1086    Qui  ici  vos  vois  aresnant 

Ne  ne  me  proisiez  mie  tant 

Que  vos  Tueillîez  a  moi  parler. 

Conment?  volez  vos  ja  monter 

IjBsus  amont  a  damiedou? 
lOBO   Avoi,  Tybert,  ce  n'est  pas  jea. 

L'on  ne  monte  pas  si  as  nues: 

Dont  vos  sont  ces  folors  venues? 

Qtiidiez  vos  ja  estre  si  seinz 

Que  vos  ailliez  avoc  lez  seinz, 
1095    Et  moi  voies  gerpir  iosiP 

Pou  avcs  oncor  deu  servi 

Por  aler  ja  lasus  en  gloire.  67 

Vos  ne  feîstes  pas  mémoire 

Ersoir  as  vespres  de  la  feste. 
1100   Molt  vos  devroit  doloir  la  teste 

Que  toz  jors  contremont  gardes. 

Et  a  moi  por  quoi  ne  parlez? 

Por  quoi  m'avez  si  en  haï  F 

Ja  n'ai  ge  mie  deu  trabi 

10R4  ore     1066  Ha  manque      ni  t.      108»  uoleuet     1090  Am 


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XII  (Héoii  SI595-2lffi») 

1106    Qufi  ne  âegoies  parler  a  moi. 
Vos  me  mentez  la  vostre  foi- 
Or  le  m*avez  deua  fnz  mentie: 
Une  ore  et  autre  a  la  partie, 
Quant  vos  partistes  le  formage. 

1110   Vos  ne  feïstea  pas  que  aaje. 
Bi  vos  di  bien  par  saint  Saoson, 
Que  ge  vos  en  tieng  a  bricon. 
Ne  me  semblez  pas  iusi  mestre 
GoD  vos  doQssiez  erseîr  estre, 

ItlQ    Quant  vos  me  trovastes  el  val 
On  chevauciez  le  cheval 
Qui  portoit  les  livres  trosez 
Que  aviez  au  prostré  emblez, 
Et  son  polein  par  trahison. 

1120    Or  en  pendez  conmo  laron 
Et  si  avez  or  bon  ofaapel. 
Et  que  ert  il  or  de  l'apel 
Que  j^avoie  envers  vos  tetf 
Conment  ert  del  aler  a  plet? 

1125   Vos  n'î  porrez  or  pas  aler. 
Fêtes  le  vaux  contremander 
A  la  conrrarie  as  noneinz 
Trois  aemeinez  ou  un  mois  meinz. 
Or  me  ditez.  que  ferois  vosP 

IISO    Par  deu,  trop  estes  or;>ellox 
Por  estre  mestre  a  povre  gont. 
Yos  les  menrîeez  malemcnt, 
Se  sor  euls  aviez  baïllie. 
Ne  place  deu  le  Hh  Marie 

1136    Que  en  vos  aient  lor  atonte: 
Que  il  auroient  maie  rente, 
Ne  voudreez  a  odIb  parler 
Ne  seul  de  droit  oeil  esgarder. 
Ge  vois  ore  les  huis  uvrir, 

1140    Que  j'ai  oî  lez  genz  venir 


1118  Qui  1121  ore    1123  ore    1127  m]  4m    1131  | 
manqut       1187  iiealdrei-i 


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XII  (Héon  21631-31660) 

Qui  Toelent  entrer  el  moster. 
Or  doûssiez  voatre  sauter 
Tenir  overt  sus  voz  jeoolz, 
Et  vos  TDS  estes  a  trois  douz 

1145    lioiez  as  cordez  par  la  gole. 
La  soûstes  vos  pou  de  bole. 
Que  dirunt  ore  li  prodome? 
Or  ne  chantez  vos  pas  do  Romo 
Si  CCD  vos  feïstez  ersoir. 

ll&O   Vos  doûssiez  si  bien  savoir 
Les  set  arz,  ce  deseez  ier: 
Or  ne  vos  saves  dezlier. 
Folie  vos  fait  tant  soner, 
Vos  doQssiez  laissier  ester 

1156   Le  debateïz  de  cez  clochez. 

Meuz  vos  venist  pescher  as  locliez 
Qu'eotremetre  de  tel  niester 
Dont  vos  ne  savez  pron  aider. 
Ne  vos  en  saves  entremetre, 

1160    Hes  en  pria  vos  voleez  mètre 
De  tenir  la  marruglerie. 
Vos  feïstes  molt  grant  folie, 
Oe  vos  di  bien  tôt  a  estrox, 
Certes  trop  estes  orgellox. 

llGû    Ge  quidoie  par  seint  Guion 
Q'ft  la  purification 
Venist  ma  femo  a  vos  demcin. 
Mes  ne  porroit  a  vostre  mein 
Ateindr»  s'offrande  a  baiDior 

1170    Ne  vostre  bêle  mein  baiasier, 
Que  trop  vos  estez  haut  levé. 
Si  vos  tendreit  a  fol  deve 
Et  en  auroit  trop  grant  pour. 
Et  quar  me  changies  par  amor 

1175    Deue  maaillcs  por  un  denier, 
Qu'allora  les  voldrai  envoler. 


1143  Ml        1161  d.  er  noir        1157  Que   tTometre.        Ilft5  quiiloi 
1172  tndret     1170   11-  O-      11'B  1« 

HKNAKT    II.  a 


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XII  (Méon  2I687-2t7(B) 

Que  dites  vos  F  aurai  les  mîeP 
Voiz  por  le  core  seinte  Uario, 
S'il  deingne  a  moi  parler  encor. 

1180    Malement  parlerees  or 

A  un  povre  home,  qant  a  moi, 
A  qui  vos  estes  par  vo  foi 
De  mener  loîau  conpaingnie, 
Ne  dein^iez  encor  parler  tnîe. 

1136    Mes  avant  volez  oïr  tôt. 

Or  me  reapondes  mot  a  mot 
Espoir  de  ce  que  je  vos  dî! 
Mes  por  deu,  sire,  je  vos  pri, 
Ne  metez  rien  a  vostre  cuer. 

1190    Qne  ge  nel  vobdroie  a  nul  fuer 
Que  vos  en  eussiez  nul  mal. 
Parmi  tôt  ce  que  el  cheval 
Ne  voussiates  que  ge  partbae, 
Si  voleee  que  je  preTase 

1195    A  porter  Hermclîne  a  messe. 
Ne  VOB  fu  onqnea  felonesae: 
Yolentera  li  devez  prester 
Et  de  vos  chandeillea  doner. 
Aura  le  ele,  baux  douz  sire  F 

1300    Oïl,  damledeux  le  vos  mire. 

C'est  bon  gre  deu  et  maugre  vaatre, 
Ele  dira  aa  patrenoatre, 
Que  de\  voa  doinst  honte  en  cest  an 
Ainz  que  vienge  la  aeînt  Jnhan, 

13(15    Si  aurea  vos  encor  anuit. 
l'or  deu,  aire,  ne  vos  anuit, 
(le  paroi  volenters  a  vos. 
Et  vos  estez  trop  ennuioux, 
Et  a  moi  ne  volez  parler: 

1210    Toldriez  vos  tôt  jors  soner? 
Oe  voa  dî  bien,  ce  est  folie. 
1  aanble,  ce  seit  estoutio'. 
Atant  let  Renart  le  sangler 


17«  »  moi  j  bien      1204  Ia        21!f  «toit  de  roil 


XII  (Méon  21704-21740) 

Qui  a  l'uifl  vit  aboeter 

1215    Un  fort  vilein  fel  et  enrievres, 
llardiz  autresi  cou  un  lerree. 
Au  coste  ot  s'espee  ceinte 
Qui  tote  esteit  de  roïl  teinte. 
Qu'il  ne  pooit  issir  des  es, 

13S0    Ne  ja  par  lui  n'en  istra  mes. 
Et  quant  il  vit  Tybert  le  chat 
Qui  si  fort  les  cloces  débat, 
Et  Renart  vit  ester  les  lui, 
Tel  poor  ot  et  tel  ennui 

1325    Que  meinteuant  li  prîstrent  fevres 
Et  il  s'en  fuï  con  un  lèvres. 
Et  Renart  est  avant  passez. 
Si  li  a  dit  'estes,  estes. 
Fox  vileins,  par  ci  oieroîs.' 

1230    AdoRt  fu  li  vileins  destroix. 
Quant  vit  que  Renart  l'escria, 
Einsi  très  grant  poor  en  a 
Qu'il  dut  estre  del  sen  issu. 
Ono  ne  fîna,  si  ost  venu 

I3B5    Lasus  amont  enmi  la  vile. 

Et  Renart  qui  molt  sont  de  gile, 
S'en  est  retome  au  mostfir, 
Si  osrache  un  fuel  del  sauter, 
Si  l'a  dedeas  son  sein  bote, 

1311)    Et  Tybert  a  sraisone. 

Sire  Tybert'  Renart  a  dit, 
'Ge  vos  di  bien,  se  dex  m'aït, 
Que  je  ne  demor  plus  o  vus, 
Que  trop  estes  rellgious. 

1245   Trop  poes  por  deu  traveller. 
Ge  ne  porroie  tant  veiller. 
Ge  m'en  irai,  vos  remanez, 
Et  vostre  offrande  rechevez 
Tel  con  ele  ert,  ou  mole  ou  dure: 
1360    Que  bien  sachez,  je  n'en  ai  eure 


H]n 


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XII  (Méon  21741—21776) 

Ne  de  la  moitié  oe  du  quart.' 
Atant  Renart  de  lui  se  part, 
Si  a'en  vait  droit  a  une  hùe. 
Et  Tybert  de  soner  s'eBmate, 
r255   Qui  de  Boner  fu  si  ateinz, 

À  bien  pou  que  il  u'est  esteinz, 
Ne  ne  ae  pot  mes  preu  eider. 
Et  li  Tileina  qui  du  moater 
Estoit  devant  Renart  tome, 
1260   Si  avoît  tantost  encontre 

Plua  de  dia  vileina  toz  pleinz  d'ire 
Qui  tnit  li  conmencent  a  dire 
'Et  fntea  Toa  a  cel  moater  P* 
'Oïl'  fet  il,  un  aTersier: 
1266   I  ai  veii,  jel  vos  a8. 

N'alez  paa  en  avant  d'id, 
Que  as  cordea  a  un  diable. 
Ne  quidiez  pas  que  ce  seit  fable  1 
Et  uns  autres  s'esta  les  lui. 
1270   Saches  que  il  m'ont  fait  anui. 
Et  quant  je  voîl  laiens  entrer, 
Si  me  priatrent  a  eacrier, 
Et  je  m'en  faï  conme  lèvres, 
Si  m'en  aunt  ja  priaea  les  fevres 
1270    ^t  antre  mal  encore  aaez. 
Si  ai  este  eapoentez 
Que  grant  poor  ai  de  mon  cora. 
Molt  a  anuiz  lor  ani  estors, 
Et  encore  me  aiveot  il.' 
1280  'Venez  ent  arere'  font  il. 
Atant  retome  li  vileina 
Qui  de  la  fevre  eatoit  ja  pleins, 
S'en  va  avoc  ous  au  moster 
Et  si  lor  dit  'par  aeint  iUober, 
1286    Si  m'en  créez,  n'i  entreroiz: 
Quar  li  deables  peut  tôt  droia 


1963  •'  man^e     1266  quil     1257  f  oid-      1261  t.  tmtoi   1» 
li    1267corclo    1275  encorru    127»  lucnt    1285  «ileroîi    W8Bd»H" 


„,ogIc 


Xn  (Méon  21777-31813)  37 

Et  par  le  col  et  par  lea  piez. 

Aa  cordeB  est  bieo  atachez.' 

'C'est  neent'  li  uns  respondï, 
1390    'Or  toat'  fait  il,  'baron  hardi!' 

Âtaot  sont  au  moster  venu. 

Li  vileins  qui  fu  esperdu 

S'en  vait  toz  jors  traiant  arere. 

Molt  fu  coarz  de  grant  manere: 
12W   Lee  autres  let  aler  avant 

Dant  Tybert  troverent  pendant 

ÀB  oordee,  molt  l'ont  conjuré 

Que  il  lor  die  rente, 

Se  il  est  bone  chose  ou  non. 
1300   II  ne  respont  ne  o  ne  non. 

Et  il  l'en  ont  entreparle 

Et  autre  foiz  rooonjure. 

Il  ne  respont  ne  que  devant. 

Tierce  feiz'  font  soi  li  auquant, 
1906   Xe  convient  encor  oonjuror, 

Et  86  a  nos  ne  vout  parler, 

Bi  l'aaaillon  hardiement.' 

Lors  le  conjurent  erraument. 

Un  bachelere  prou  et  hardi 
1910   Plein  pie  est  devant  euls  salli, 

Si  li  a  dit  'tu  qui  la  pens, 

Ge  te  coDJur  de  totes  geaz 

Et  de  l'apostoile  de  Kome, 

Que  je  ne  sai  nul  si  haut  home 
13t&   Fora  que  sons  nostre  sire  dex, 

Oe  te  conjnr,  ee  tu  es  tex. 

Que  tu  doies  parler  a  gent, 

Parole  a  moi  isnelement! 

De  ta  foi  et  de  ta  créance 
1330   Te  conjur  et  del  roi  de  France 

Et  de  treetote  lu  maisnie 

Qu'il  meine  o  lui  en  ohevautùe, 

188»  risn  U  nUein  r.        1290  tôt        1305  anooro       1817  doia 


,  Google 


38  XU  (HéoB  21818-31848] 

Et  de  par  le  roi  d'Engleteire, 

De  boM,  de  pre,  âe  tote  terre 
13^    Et  de  trestote  créature, 

De  tea  eus  et  de  ta  faiture, 

Que  me  dîee  s'es  de  par  de 

Ou  par  celui  qui  me  fist  ne. 

Ja  te  verras  tôt  detreoeber, 
1390   Ne  TOÏB  tu  eî  moD  brano  d'acher?' 

'C'est  noent'  cQ  ont  reepondu. 

'ÂTant'  fout  il,  'baron  oremu, 

Assaillon  a  deetre,  a  senestre  I' 

Âtant  vint  la  meecine  au  prestre, 
133Ô    Si  li  passe  coume  deTee  : 

'Avez  tob'  fait  ele,  'rovee 

Geste  iglïse  par  pute  estreine? 

Ja  est  el  mon  seignor  demeine. 

Ja  conperrez,  se  dex  me  saut, 
1340   Se  ma  conoillo  ne  me  faut.' 

Lors  li  passa  a  sa  quenoille 

Et  cruelment  le  dos  lï  roille. 

Et  Tybert  durement  tressaut: 

Et  por  neent,  rien  ne  U  vaut, 
1345    Que  il  ne  lor  puet  escaper. 

Lors  saut  le  quointe  baoheler. 

Celui  qui  s'espee  avoit  traite, 

Fiere  eoTtûe  li  a  faite. 

Celui  qui  tant  l'ot  conjure 
1350    Est  meintenant  vers  lui  aie: 

Entor  son  braz  torelle  a  masse 

3on  mantel,  et  puis  si  li  passe. 

Segnies  s'est  et  puis  T^t  avant, 

Un  coup  li  done  en  reculant, 
I35&    Que  les  mailles  de  la  pelice 

Li  freint  et  délace  et  déliée. 

Si  le  feri  de  grant  a!r: 

  terre  en  fait  un  pan  venir, 

Ues  ne  l'a  en  ohar  adese 
1383  d.  «t  »    1887  eit'ne    1888  deiaane    1843  rooill«    IStS  |»> 
ISCO  mentsDtiiK    1853  p.  si  u.    1306  mulei 


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XII  (HéoQ  31S49— 21880) 

laao    Q'el  poin  lï  est  le  bran  tome. 
ËD  tornant  deaceiiâi  aval, 
Ne  H  a  fet  gairez  de  mal. 
'Vee'  fait  il,  'cod  trencbe  m'eapee! 
S'el  ne  me  fust  el  poing  tomee, 

136Ô    Ja  en  oûese  prie  venjaDce.' 

Lors  vint  un  vileîii  o  sa  lanche, 
8e  li  refet  une  env^e. 
A  deux  meins  l'a  forment  brandie, 
Parmi  le  cors  le  vont  ferir. 

1370    Et  Tybert  li  sont  bien  guenchir. 
Et  li  vileins  outre  passa, 
A  une  piere  s'acopa: 
Saches  que  la  lanche  a  brisée 
Et  une  coste  a  pachoiee. 

1375    Et  le  bacheler  o  l'espee 
Qui  ot  s'aleine  recovree 
Et  tôt  repris  son  hardemeot, 
Li  est  passes  hardïemeat. 
Li  bacheler  ot  non  GUiilIame 

1380   Ferir  le  qaida  sor  son  baume, 
Mes  a  cestui  coup  a  failli, 
Que  Tybert  li  a  bien  guencî  : 
Ne  l'a  mie  a  cel  coup  ateint, 
L'espee  entre  ses  poins  li  freint. 

138D    Et  il  li  passe  o  le  troucon, 
8i  le  feri  el  ohaaingnon 
Que  les  las  ou  il  ert  ladez 
A  a  cel  coup  outre  trenches. 
Et  Tybert  qui  molt  esteit  Isz, 

1390    S'en  vait  fuiant  plus  que  le  pas. 
Parmi  l'uis  s'en  esteit  saillis. 
Et  li  vileins  fu  esbaïz 
Qui  de  lui  ocire  ert  engrez. 
Si  lor  esche  or  tost  aprez!' 

1895   Si  l'enobauceot  molt  durement, 
Et  il  nés  dote  de  noient 

1364  pvg       1374  paohooie 


,  Google 


Xn  (Uém  31886-31934) 

Qa«  la  nnit  qui  esteit  oscure 
Lof  a  tût  perdre,  et  l'aventure 
Qui  li  estoit  a  avenir, 

1400    Qu'il  ne  deveit  mie  morir. 

Li  vileia  s'en  toment  atant. 
Et  Tybert  s'en  Tait  devorailt 
Les  Ttleina  et  la  pute  au  preatre, 
Uolt  les  maudit  et  tôt  lor  estre, 

140&  Et  puis  Renart  et  e'ataîne. 

Que  que  Tybert  ainsi  cemine, 
Li  est  venus  Kenart  devant 
En  sa  voie  parfont  olinaot: 
Hatù'  fait  il,  'bons  ordenez, 

1410  For  amor  deu  oar  me  dones, 
Que  dex  li  père  le  vos  mire, 
De  voetre  offrande,  bauz  doz  eiret 
Et  si  Ebe  contea  de  vostre  estre 
Que  de  vostre  ordre  voudroîe  estre, 

I4lfi    Que  molt  vos  siet  bien  oele  estole 
Qni  te  vostre  bel  col  acole. 
Et  por  deu,  sire,  qui  Vi  mist 
De  grant  folio  s'entremist, 
Qn'ele  resemble  chaagnon 

1490    A  quoi  l'en  ait  pendu  laron.' 
'Hahi'  ce  dit  Tybert  li  chaz, 
'Haie  aventure  ait  tis  baraz 
Et  trestote  la  toe  foi!' 
Dites  vos'  fait  Renart,  'a  moi?' 

1426   "Oïl  voir  Tybert  reepondi. 
'De  quoi  vos  a  ge  mal  parti, 
Sire  Tybert'  Renart  a  dît. 
'Trestot  avez  sanz  oontredJt, 
Yostre  offrande  tote  l'aies! 

1490   Estes  vos  ore  bien  paîez? 
Ânnit  aves  parti  et  pris. 
Et  d'itant  avez  vos  mesprîs 
Que  cil  n'en  a  soient  oû 
Qui  a  la  vigile  o  vos  fu, 
1421  T;b«rt  mun^im. 


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XII  (Héon  219^6—21960)  41 

1435   Renart  rostre  bon  conpaingnoD. 

Ues  tenez  vos,  si  oiez  mon, 

Que  dedenz  cest  brief  îoi  a. 

Que  orendroit  te  m'envoia 

Hi  sire  Haon  le  deien, 
1440   Et  ai  vos  mande  qu'a  Boein 

Soies  lundi  devant  manger 

Tôt  preat  a  ore  de  plaider 

Encontre  le  prestre  del  firueil 

Qui  a  eserït  dedenz  oest  fneil 
1445    Treatot  qnanque  il  i  Tout  mètre. 

Orendroit  le  me  fiât  tremetre, 

Et  se  vos  bien  ne  m'en  créez, 

Venez  avant,  si  î  gardez!  , 

Et  pins  i  a  encore  el  bref, 
1460   Qu'il  voe  contredit,  par  mon  chef, 

Le  moster,  ot  met  en  defois. 

Vos  n^i  chanterez  mes  des  mois, 

Ne  mes  ouan  de  ai  que  la 

Que  aurea  de  fide  leaa 
14âB    Kespundu  devant  l'archeveaque  ; 

Ou  a  la  cort  devant  l'evesque 

Uon  seignor  Oauter  de  Costancea, 

Avon  nos  mises  noz  aentanoes, 

Li  preatree  et  je  sauz  mentir. 
1460  Ensamble  vos  volom  tenir' 

Fet  soi  Renart,  se  vos  volez.' 

Lors  par  fu  Tybert  adolez, 

Trîstree  et  doleros  et  laz. 

Que  por  les  cox,  que  por  le  gaz. 
1460    Si  s'en  vait  droit  a  sa  meaon. 
Si  départent  li  conpaingnon, 

Ce  dit  l'eatoire  qui  ci  fine. 

S'en  vait  Renart  a  Hermeline. 

Sï  encontra  un  cras  oison 
1470    Qu'il  enporta  en  aa  maison. 

U:(9  herbet  1440  qne  a  rosm  1443  brel  1461  m.  en  m.  m 
derioii  1463  nehanterei  I4G6  k  mangue  1468  no  S.  1409  »M  m. 
1462  engolu     1464  le  0.     1467  que    1470  m  manf/ue 


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42  XII  (Hion  31961-21976) 

A  sa  feme  atome  a  manger 

Qui  molt  eu  avoit  grant  mester, 

Et  BÏ  li  a  trestot  conte 

Gonment  Tybert  l'avoit  meno, 
1475    Gonment  le  priât  a  aohoinson. 

Ge  VOB  dit  Richart  de  Liaon 

Qui  conmenche  a  ceate  fable 

For  doner  a  son  conaestable  : 

Se  il  i  a  eo  rien  mespris, 
M80   II  n'en  doit  ja  eetre  repris, 

Se  il  i  a  de  aon  langaje: 

Que  fox  uaïs  il  n'iert  ja  sage 

N'il  ne  veut  gerpir  aa  nature. 

Que  dex  noetre  sire  n'a  oure. 
1485    Tois  jorz  siet  la  pome  el  poœer. 

Ne  vos  veil  avant  rimoier. 

1471  atorner      1475  Et  d.      a  mtinque      147U  Et  um  dit  rit  • 
metprUt      1482  il  manque 


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XUI  {Héon  21077-21009) 


XIII 

Uke  estoire  voil  conmencier 
Qui  duremeot  feit  a  proisier: 
Et  grant;  bien  i  porroiz  aprendre, 
Si  il  V08  i  pleat  a  entendre. 
5    Or  m'escotea  sans  Doiae  fere, 
Que  nus  contes  ne  porroit  plore 
A.  home  qui  est  trop  doîsouz: 
Mes  de  l'olr  soit  eovoitoua, 
Celi  qui  oTr  la  voudra. 

10    Or  oez  que  l'en  vos  dira. 

n  avint  ja  qu'una  chevalera, 
Qui  molt  CBteit  prous  et  légers, 
Fist  fere  un  castel  bel  ot  noble: 
N'ot  tel  jusqu'en  Costentinoble. 

15   Li  castax  fu  molt  bien  eeant 
Desor  une  roche  pendant, 
Et  si  estoit  bien  conpassez. 
Clos  fu  de  mur  et  de  foBeez 
Dont  l'eve  coroit  tôt  entor, 

20    Un  pont  torneTs  par  desor. 
Trop  par  fu  bieD  fait  le  castel, 
Onques  nul  om  ne  vît  si  bel. 
Or  vos  en  ferai  le  devis. 


1  Une  naatoire       C( 
ek'r       14  l.  de  qnsD 


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44  xm  (Hâoti  saooo-aaosft) 

Desur  une  eve  fu  aejg 
26   Qui  gtant  ert  et  porte  navie. 

Par  l'eve  viot  marcbeandie 

Tôt  contreval  jusq'a  la  mer. 

Molt  fait  ce)  pats  a  amer. 

La  praerie  fu  selonc 
30   Qui  duroit  deus  liues  de  lonc 

Et  quatre  de  le  saos  fullanoe. 

Les  TÎnnez  (telez  n'ot  en  France) 

8i  firent  forment  a  chérir. 

Et  Bi  vos  di  bien  sanz  mentir 
83    Que  forest  i  ot  bêle  et  grande; 

n  n'ot  tele  jusqu'eu  Ilande, 

Plus  bêle  ne  plus  avenable, 

TSo  a  franc  home  delitable. 

Cent  arpens  bien  en  i  avoit. 
40   Mes  nule  beste  n'i  avoit 

Que  molt  n'en  i  ot  grant  pleote. 
Un  jor  fu  lî  sire  monte 

Desur  un  bon  corant  destrer, 

Et  dit  qu'il  veut  aler  chaoer 
4Q    Por  veneÎBOn  en  la  forest. 

LeB  cbeiiB  aoople  sanz  arest 

Li  esouier  et  lï  sergant, 

Et  li  venerres  vait  devant 

Sor  un  grant  cbaaceor  liart. 
M)   Âtant  ont  levé  dan  Renart. 

Quant  lî  vénères  veû  l'a. 

Les  chenz  apele  'or  c%,  or  ca!' 

Quant  Renart  vît  les  chenz  venir, 

Vers  le  castel  prut  a  folr: 
60    li  chen  le  sîvent  a  ellez, 

Et  tait  li  veneor  aprez. 

Et  Renart  qui  fu  esbaîz, 

Sailli  sor  le  pont  torneïz 

Et  s'en  va  parmi  la  porte  ens. 

2e  lOArohEdie    86  ius  en    41  »'  mangut     48  àmt'»  4Bi«Mm« 
60  dan]  .1.     .R'.     &2  a)ie  or    54  prii     C>5  au«at 


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Xm  {Méon  3-2036-22071)  45 

60   Del  trover  est  il  mes  noîenz. 

Oon  il  {a  entres  en  la  porte, 

DU  li  chevalier  'il  est  nostre.' 

Lora  s'eslaissent  sans  atar^r. 

El  castel  est  entre  premer. 
65    Pub  dcscendi  de  sou  cheval:  94 

L'estrer  li  tint  le  aenesoal. 

Apr«  sont  li  autre  venu, 

Enmi  la  cott  sont  descendu. 

Le  gorpil  vont  partot  querrant, 
70    Ne]  troverent  ne  tant  ne  quant. 

Far  cuisines  et  par  estables 

Et  el  paleis  desoz  les  tables 

TSo  laissèrent  que  reverser: 

Mes  onqnes  nel  porent  trover. 
76   Far  les  chambres  et  par  eoliers 

Le  liât  querre  li  chevaliers: 

Neîa  es  celerB  le  vont  querre. 

Ono  n'i  remeist  pièce  de  terre 

Ne  en  celier  ne  fors  celier, 
80    Ne  CDgnet  nul  a  reverchier, 

Ne  rien  née,  bien  lo  saches, 

Que  li  gorpilz  n'i  fust  cochez. 

Onques  n'i  remest  banc  ne  huoe, 

Neïs  desoB  une  viez  ruche 
85    Dont  l'en  avoit  le  mel  oste: 

Mes  il  ne  l'i  ont  pas  trove. 

'Dexl'  font  il  'qu'est  il  devenu, 

Quant  nus  de  nos  ne  l'a  reûP 

Par  foi  or  nel  savom  on  querre, 
90   Ne  sai  s'il  est  entres  en  terre.' 

Li  chevalier  dist  'je  ne  sei, 

Ues  quant  ne  puet  estre  trove, 

Si  le  laissons  atant  ester. 

Que  caiens  le  vî  ge  entrer.' 
S6    Par  foi,  sire'  ce  dient  tuit, 

n'or     63  Lor  Mlaiisent    77  qoerraot     79  na  dafora     80  N« 
'.  nuit  A     fl4  dMD»     frui-hp    87  qiiP  Mt     99  pot  pu*  e. 


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XIII  (Méon  23072-22107) 

'AÎDz  le  qaerron  jusq'a  la  nnit. 
Que  por  rnaveiB  noa  tendra  l'on 
Se  nos  si  le  gorpU  perdon.' 
'Or  le  qiieres  donqaes  adea' 

lOO    Pet  li  aire,  je  le  vos  les: 

Sacbez,  je  nel  querrai  plus  bai. 
Âtant  sVd  va  de  fin  anui. 
Lora  reconmencent  de  rechef. 
Et  chaacnns  a  jure  aon  chef 

105    Que  del  querre  ne  ae  feiadra 
Jusqu'à  tant  que  la  nuit  rendra, 
'frestote  jor  l'ont  quia  insi, 
One  ne  iînerent,  gel  vos  di, 
Soz  bana,  aoz  liz  do  reveraer. 

lio    3'oïrent  covrefeu  soner: 
Et  con  il  l'orent  entendu, 
Onquea  n'i  ont  plus  atendu 
Et  dient  que  nel  querront  plus. 
El  palaia  en  monteront  bus, 

116    Si  sont  Tenu  a  lor  aeignor. 
Treatuit  li  dient  par  iror 
'Ban  aire,  par  aeint  Licnart, 
Bien  noa  a  conchie  Ken  art.' 
'Qu'eat  ceP'  fet  il.     'Ne  l'avom   mie. 

120    Go  no  aai  que  ce  aenefie. 
C'est  aucune  senefiance: 
Damledex  noa  fait  demostrance. 
Mien  escient,  d'aucune  choae. 
Noter  TOB  volt  une  autre  glose, 

i-2r>   Et  ai  ne  sai  que  ce  puet  estre. 
Neporquant  Renart  est  ai  meetre, 
Tl  n'est  beste,  ce  sa  ge  bien, 
Qui  encontre  lui  soQst  rien: 
Ueinte  foiz  noa  a  deceQs, 

ISO    Toz  nos  capona  nos  a  tohiz. 
Or  le  quidai  bien  avoir  pria, 

AT  lor      99  qnerreii       Ifll  3.  qafl  gti      104  ch.  un  a 
sa  manque     lllt  n  Kon  H.    121  rAKt  iiDi>ntDrA  H.     123  ma: 
128  ROQl  rcinii      IBO  non 


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XIII  (Méon  3S108-92148)  47 

Mes  ne  ssi,  dex  ou  enemis 

Le  DOS  a  tolu  sans  dotance. 

Mes  par  sein  Denisse  de  France 
ISli    A  qui  ge  me  sui  otroiez, 

Il  sera  autre  fois  chacez. 

Renart,  se  ge  ne  rouir  de  mort, 

Il  est  nriveii  a  mal  port: 

Que  dem^D  sanz  nul  delaier 
140    Iron  en  la  forest  chacer. 

Et  se  DOS  prendre  le  poon, 

Sa  pel  ert  en  mon  pelicon, 

Que  caiens  en  a  d'aotreteles. 

Mes  ore  alumes  les  candelez, 
145    Si  DOS  aseon  au  manger, 

Que  le  gorpil  voil  oblier, 

Qui  tant  nos  a  fet  demorer. 

Maie  mort  le  puisse  acorer 

Que  por  lui  jeûne  aToms! 
190    Or  ca,  de  l'eve  et  si  lavoms.' 

Lors  oonmencereut  a  laver. 

Atant  aseent  au  soper  ' 

Li  cbeTalier  et  aa  niaisniee, 

Et  sa  feme  jotaut  et  liée 
156    Si  s'estoît  delez  lui  asise. 

No  vos  fas  cî  nule  devise 

Ilo  sn  haute  ne  de  son  estre, 

Mes  aînz  plus  bêle  ne  pot  estre. 

Dejoste  bod  seignor  se  sist 
inn    Au  manger  et  meiotenant  rist 

De  Renart  qui  les  a  moquiez. 

Atant  vindrent  riehez  deintez. 

Lardes  de  cerf  et  de  aengler 

Ot  li  chevalier  au  soper. 
IA6   Et  si  burent  bon  vin  d'Angou. 

De  la  Rocele  et  de  Poitou. 

Ne  vos  ferai  ci  longe  fable, 

e  olroiMz     H2  p.  RPra  n\  m.  piliron      \Aa  Arlm     144  ka  |  ds 
e     IBl  R  ilemoqiiîpi     Itfô  dnnRo     16li  pontou 


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XIII  (Méon  22144-2217») 

Ues  quant  orent  mange,  la  table 
Gonmanderent  que  l'eu  oatast 

170  For  ce  que  il  eatoit  trop  tart. 

Quaot  la  table  lor  fu  ostee, 

Ataot  est  la  âame  levée. 

À  san  seignor  vint,  aï  l'acole 

Et  dit  'sire,  par  seint  Nichole, 

175    Se  vos  me  créez,  vos  iroiz 
Coder,  si  vos  reposerois. 
11  en  est  bien  tena  mes  anuit: 
Car  il  est  près  de  mienuit, 
Et  vos  en  avea  graot  meater. 

180    Hui  ne  finastes  de  chacer 
Le  gorpîl  qui  tob  a  mal  fct,' 
'Dame'  fait  il,  'ci  a  mal  plet. 
Del  gorpil  ne  m'est  il  a  rien. 
Âlon  dormir,  je  le  voil  bien, 

186    Se  il  vos  Tient  a  volonté.' 
Âdonc  est  lî  aires  levé 
Et  est  entres  dedenz  aa  cambre 
Qui  tote  eatoit  ovree  a  l'anbre. 
N'a  el  monde  béate  n'oiael 

190    Que  n'i  aoit  ovrea  a  cisel 
Et  la  proceaaiOD  Renaît 
Qui  tant  par  aot  engin  et  art, 
Que  rien  a  fere  n'i  laissa 
Cil  qui  ai  bel  la  conpassa, 

195    Q'en  li  soût  onques  nomer. 
Mes  or  le  voil  laissier  ester. 
Que  le  conte  voil  abréger. 
Keintenant  se  6st  descfaaucer 
Li  chevalier  et  si  se  chouce. 

200    La  dame  ne  fu  pas  faroohe, 
Aina  se  rest  autres!  cochie. 
Ed  après  cboce  la  mainie. 
Mea  en  la  cbambre  ardant  laîsaerent 


169  len  loitMt       170  quil      tro  L       171  lor  n 
I.  a  pur      180  finasle      188  lot      203  ardant  m 


XIII  (H«on  2-J180-233I5)  49 

Deus  cierges  qui  clarté  getercnt, 
203    Ases  granz  érent  par  raison, 

BieD  eu  vit  om  par  la  medon. 

Cil  qui  orent  velle  la  nuit, 

Fuient  inolt  tost  eodormi  tuit. 

Onqnes  dub  ne  s'en  esvela 
■^10   Tant  que  li  baua  jors  osolaira 

Qui  lor  a  rendu  grant  clarté. 

Lors  se  sont  meintenant  levé 

Li  eecuier  et  li  sergant. 

Et  li  vénères  tôt  errant 
■2\!)    S'en  est  dedenz  la  clmnibre  entre. 

Li  sires  estoît  ja  levé, 

Et  cil  li  a  ore  bon  jor. 

Apres  s'estoit  mis  el  retor, 

Et  li  clievaliers  erraument 
32<i    8c  chance,  que  plus  n'i  atent. 

Puis  cet  on  )a  sale  venus 

Ou  hautement  est  receUs. 

Tuit  se  sont  levé  contre  lui. 

'Baux  sire,  bon  jor  aies  huî!' 
32')    Ce  li  ont  tuit  dit  li  valet. 

'Met  tost  ma  sele'  fait  il,  'met 

Sor  mon  cheval  sans  «tai^er: 

Le  gorpil  voit  aler  chacer.' 
Celui  cui  il  ot  conmande, 
930    A  tost  le  cheval  ensele. 

Et  puis  au  degré  li  ameioe. 

Et  li  vénérez  moU  se  peine 

De  ses  levrers  apareller. 

Lors  montèrent  sans  atarger, 
i3ô   Si  sont  parmi  la  porte  issu, 

Mes  il  n'orent  gnires  curu. 

(Ice  vos  di  par  verîte) 

Que  il  ont  le  gorpil  levé 

Qui  se  gisoit  soz  un  pomer. 

'i(M  q.  i;rant  c.  Kererent    206  uut     91 1  ehkttf     323  dit  est  iffaei 
i3S  C  qui)  ot    33R  Qiiil    2»l)  Quo 

RKXIRT   II.  4 


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50  Xltl  CMâon  S2-2I6— 22251) 

240    Tantost  font  les  cheDs  délier 

Et  li  veuerea  si  lea  liue. 

Quaot  Kenart  entent  Lor  venue, 

Saches  qne  fonnent  l'en  pesa. 

Tantost  par  la  forest  s'en  Ta 
246    Que  onques  ne  digt  'oui,  suif  moi! 

Et  li  levrer  sans  nul  deloi 

L'onchaucereot  grant  aleûre. 

Et  Renart  s'en  fuit  Tambleâre 

Qui  de  lor  enchaus  n'est  pas  bel. 
200   Parmi  la  porte  entre  el  caatel, 

Onques  n'i  ot  cil  qui  nel  voie. 

Et  Renart  tantost  se  desvoie, 

Nul  ne  sot  qu'il  est  deveou. 

Et  li  levrer  sont  arestu 
265    Qui  en  ont  perdue  ta  trace. 

Àtant  est  remese  la  chace 

Que  nus  n'en  sot  ne  vent  ne  voie. 

'Par  deu,  sei^nor,  bien  nos  desvoie 

Renart'  fait  soi  le  chevalier, 
260    'Quant  nos  ne  le  poon  baiUier, 

Bien  dos  tient  ore  a  maveiz. 

Or  del  corre  tôt  a  eslez 

Savoir  se  le  porrien  trover.' 

Lors  conmenœnt  a  remuer 
*2U6    Daaoz  huohez  et  desoz  liz. 

Onques  a  la  foire  a  Senliz 

N'ot  tel  huée  ne  tel  ton, 

Quant  en  meine  pendre  laron. 

Cou  font  tuit  cil  qui  sont  laienz. 
■  270   Li  chevalier  dit  'c'est  Doienz. 

Lèses  a  mal  oilr  ester! 

Ne  veil  hui  pas  si  jeQner 

Coume  ge  fis  er,  par  seint  Jaque. 

Mes  aies,  si  metez  k  nape! 
276    8i  nos  aaerrouB  au  manger.' 

3W  delmi     260  en  el      201  qne     360  perdo      963  «on     W  * 
la  la  f.  ap  t.     2Ag  qap 


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Xni  (Méon  22252-22288)  51 

AtaQt  laissereDt  le  ceroher, 

Que  veer  ne  Toserent  pas. 

El  palais  vont  plus  que  le  pas, 

Sans  fttargier  les  tablez  motent: 
380    Cil  qui  sevent  s'en  eatremetent. 
Atont  sont  au  manger  asi». 

Mes  il  n'i  oreut  gucres  sis, 

Qu'il  Toient  venir  pw  la  porto 

BeuB  escuiers:  chascons  aportc 
28.J    Derere  lui  une  grant  fltce 

Ne  aai'de  sengler  ou  de  biche, 

Et  ai  furent  il  bien  monte. 

Sitost  cou  vindrcnt  au  degré. 

Sont  andui  descendu  a  pie 
2iio    Kt  puis  sont  el  paleis  puie. 

Quaut  il  sont  ul  paleis  entre, 

Au  chevalier  ont  encline 

Et  li  dient  'Dex  benoie. 

Sire,  la  vostro  conpaîgniel' 
295    Li  chevalier,  con  bien  apris, 

Li  respont  'De\  vos  saut,  amis, 

Et  bien  soiez  vos  arives! 

Mes  or  lavez  et  si  seez 

Ci  avecquea  nos  au  manger!' 
;tO0    Sire'  dient  li  escuier, 

'Ainz  vos  oonteron  en  avant 

Ice  que  noa  alon  querant: 

Ja  parole  n'en  ert  teâe. 

VoBtre  père  si  vos  salue 
305    Et  vos  deuB  freraa  autreai 

Qui  le  matinet  seront  ci, 

Ensi  le  vos  mandent  par  nos.' 

Il  dit  'bien  viennant  soiei;  vos!' 

Fet  li  chevalier  en  riant. 
310   De  la  table  salli  errant. 

Il  les  Gonjoit,  ai  lea  aoole 

n  dcoendii     2fl7  aoïa  aoi     298  or  soei  et  li  Uuai    209  Kl  noi 
I     HOS  qaerrant    .'!Ofl  Qd<>     S(H  Koie  uos    »1  I   fonrioUt 


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XIII  (Mé«ii  32389- 3:i3S4) 

Conme  prodom  de  sa  parole. 
Que  molt  liez  «t  joisDz  en  fu. 
A.tftnt  sont  deua  valiez  venu 

ô    MoU  bel  enfaot  sans  nule  faille. 
Lî  uDfl  aporte  une  toaille 
Et  li  autrea  prist  deue  badns 
Qui  toz  sont  d'argent  bons  et  fins. 
Si  en  empli  l'un  de  fonteine 

0    Qui  molt  estoit  et  clere  et  aeine: 
De  i'eve  done  as  escuera 
Et  il  la  priatront  volent iers. 
Coq  il  oreot  andni  lave, 
Un  des  valiez  ont  apele 

6    Et  li  dient  tôt  sanz  teocon 
'Âlez  querre  la  veneison 
Qui  est  as  piez  de  cea  degrez. 
Et  de  nos  deue  ohevauz  peosez 
Que  îl  aient  fein  et  aveinel' 

0    Lî  valiez  s'en  tome,  si  meine 
Avec  li  un  autre  vallet. 
De  la  veneison  s'entremet 
De  porter  en  sauf  por  garder. 
Et  It  autres  meine  establer 

ta    Lea  deua  oheva'uz  aanz  demoree. 
Si  lor  a  aveine  donee 
£  del  fein  a  molt  grant  plente. 
Si  est  arere  retorne 
Ed  la  sale  sanz  atarger 

10    Ou  estoient  li  escuier 

Qui  se  sont  au  maDger  osle 
Delez  la  dame  o  le  oler  via 
Qui  molt  lor  a  grant  joie  fête. 
Li  sires  durement  se  baite 

If)   Por  la  novele  que  il  set 
De  aoD  père  que  paa  ne  het. 
Et  de  soa  deue  frerez  aveo 
Qui  le  matin  seront  ilec, 

)  manqHt    829  e  ».   S31  Aue  li    SST  Molt  mon 


au  tara 


XIII  (H6on  22!HÔ-223tiO)  53 

Si  en  est  moU  joîant  et  lie. 
860    Quant  il  orent  ssez  ihangie, 

Si  coDmande  la  table  osier 

Que  duremeot  se  rout  haster 

Caler  en  U  forast  chacer 

For  venoison  apareller 
EËÔ    Contre  cous  qui  darent  venir. 

Il  ne  ae  Tout  mie  tenir. 

TantOHt  conmande  a  amener 

Son  cheTal  aauz  plus  demorer, 

E  que  li  chen  soient  tuit  prest. 
360    Li  vénères  sans  plus  d'arest 

  fait  acopler  les  levrers. 

Si  est  montes  li  ehevalers, 

R  tuit  li  autre  sont  monte. 

Onques  n'i  eut  plus  reconte, 
366    Ëinz  l'en  issent  parmi  la  porte 

Sor  les  chavauB  qui  tost  les  porte. 

En  la  foreat  en  sont  entre, 

M!ea  il  n'orent  gères  erre 

Qu'il  ont  levé  un  oerf  brancD 
370    De  quatre  branches  et  menbni, 

Qui  molt  tost  lor  a  gerpi  place. 

Le  ohen  se  sont  mis  a  la  trace 

Qui  le  si  vent  de  grant  randon, 

Et  oouB  après  a  eaperon. 
376    Et  li  cherf  s'enfeT  lez  aauz 

Qui  n'eat  pas  bel  de  lor  enoauz, 

Juenea  oatoit  il  et  ligier. 

Atant  estez  vos  un  arcber 

Qui  une  Hece  a  encochîee, 
380    Envers  le  cerf  l'a  deseochiee, 

Que  il  l'avoit  bien  avise;       • 

Sel  Sert  très  parmi  le  ooste 

Que  la  flece  el  cors  li  enbat 

Li  cerf  oiet  a  terre  tôt  plat 

374  «près  d«  gttmt  rantfon      877  et]  m(      879  Qna    •Moolitee 


,  Google 


54  Xin  (Héon  S23S1-2SS06) 

38Ô    Qui  ot  eu  un  cop  félon. 

Li  levrer  vienent  environ 

Qui  l'ont  saisi  en  eslepas. 

Li  vénères  plua  que  le  pM 

Et  tuit  li  autre  sont  venu: 
390    EuBÎ  fu  li  cerf  retenu. 

Adonc  ont  repris  les  lévriers. 

Au  cherf  laissent  deus  esouiers 

Qui  inoU  l'orent  bien  afaitie, 

Si  l'ont  au  caste!  envoie, 
395    Si  se  remetent  en  la  broce. 

Li  chevaliers  tint  une  croce 

Dont  il  va  les  boissons  bâtant. 

E  li  veneree  va  cornant 

Si  hautement  et  issi  cler, 
40O   Tôt  le  bois  en  fait  retinter 

Del  oler  son  que  li  cor  rendi. 

Atant  est  un  sengler  sailli 

Del  boiseon,  qu'a  la  noisse  oïe. 

Maintenant  est  tome  en  fuie 
405    Par  la  foreat  quanque  il  puet. 

Apres  lui  un  levrer  s'esmuet 

Qui  molt  estoit  grant  et  corsu. 

Le  sengler  a  aconseû 

Qui  s'en  fuioït  tôt  enbroncie. 
410    Loing  des  autres  plus  d'un  arohie 

Le  suit  li  levrers  et  le  prent 

Par  l'oreille,  pas  ne  mesprent 

Que  il  le  cuida  retenir, 

Li  porz  escout  la  dent  d'aTr, 
416    Si  a  si  le  levrer  féru 

Que  te  coste  li  a  fendu. 

Si  li  cort  sus  et  si  le  prent 

As  dens  molt  atreement, 

A  un  cesne  l'a  si  hurte 
430   Que  trestot  l'a  esoarvele, 

391  laù»      399  e  ),      408  le      401  m  t,      405  f.  ee  q««  ■<  F** 
406  seimot     414  denz 


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Xra  (Méon  22397-22432) 

E  que  lea  boiaus  li  saillirent. 
Atant  li  autre  chen  saillirent 
y  ère  le  aengler  qu'il  volent  prendre: 
Et  il  ne  les  volt  pas  atendre, 

425    Kinz  s'en  fuit  aanz  plus  demorer 
Qusnque  pies  le  porent  porter, 
Li  levrer  le  sivent  après 
Et  tait  li  veneQr  de  près 
Si  e'eslaiseerent  de  randon. 

480   Par  la  forest  tôt  a  bandon 
Le  vont  chacant  sans  demorer. 
Li  pors  vit  qu'il  nel  pot  durer: 
D  li  anuie,  ce  saches. 
Fora  del  bois  estoit  deabuohiez 

436    E  s'en  fuit  vers  l'eve  corant. 
Li  obevalier  oaporonnant 
Le  Buit  après  œ  que  il  puet, 
Que  molt  anuie  qu'il  ae  muet 
De  la  forest,  et  molt  li  poiae. 

410  E  li  pora  vint  a  la  faloise 
  l'eve  qui  molt  baute  fil. 
Dedenz  eet  sailli  par  vertu  : 
Lors  quida  il  eatre  a  repos. 
Un  levrer  li  saut  sor  le  dos, 

445    Sel  prent  as  dens  parmi  le  col, 
Li  autre  vindrent  de  plein  vol 
Aprea  por  lor  conpaing  aidier 
Que  il  en  avoit  grant  mester. 
Et  einz  qu'il  l'oiisaent  ateint 

400    L'avoit  le  aengler  ai  ateint 
Que  desos  lui  l'avoit  noie. 
Li  autre  en  furent  eamaie: 
Neporquant  pas  ne  a'areaterent, 
Tojors  aprea  le  porc  noerent 

4fi6   Et  li  chevalier  et  li  autre 

Vienent  après  lance  aor  fautre, 

424  B    4S6  pu]  plus    437  anent    439  soUiiaerent    432 
0.  qMl       484  deboiBuei       437  pot       488  Bnuie]   li   poiae 
W  falee     441  A]  Ed     446  i.  qui  u.     451  detus     456  fentro 


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56  XIII  (Héon  22433-3-2466) 

Qui  molt  Bont  de  lor  cheiis  dolant 

Que  li  poro  lor  va  ociaot. 

Tunt  ont  parmi  l'eve  noe 
460    Que  d'autre  part  sont  arive, 

Li  pors  avant  e  puis  li  ohen  : 

Mes  por  noieot,  ne  lor  vaut  rien, 

Li  pora  s'en  fuit  a  ^ant  aleine, 

Que  il  n'en  auront  point  sans  peine, 
465    l'ar  la  campaigne  qui  eat  grant. 

l'j  li  chen  vont  aprea  corant, 

Qui  ne  ee  feinent  pas  de  oorre. 

Et  li  venerea  por  reacorre 

Feri  après  des  espérons, 
470   Et  li  pora  s'en  fuit  les  trotons 

Qui  durement  va  recréant. 

Un  levrer  eat  sailli  avant 

Qui  le  poi'c  a  pris  par  la  cniase. 

Or  crient  que  remanoir  l'estuisse, 
475    Con  il  ee  senti  entrepris. 

Le  levrer  a  as  denz  reprie 

Que  longues  avoit  et  aguea, 

Qu'en  haut  le  jeté  jus  as  nues. 

Au  oaoir  li  done  tel  flat 
'  480    Que  tôt  le  cerveau  lui  abat. 

Li  autre  qui  le  regardèrent, 
.    Onques  por  ce  nel  redoterent: 

Einz  s'en  vont  a  lui  sanz  targer. 

Et  il  se  remist  au  fraper, 
480    Que  il  ne  lez  vout  mie  atendre. 

Li  chevalier  prist  a  esprendre 

Jlolt  durement  de  mautalant, 

Et  a  jure  son  eeremeot 

Que  de  chacer  ne  finera 
490    Tant  conme  ohen  vif  i  aura, 

Se  il  n'eat  retenue  avant. 

E  li  pora  a'en  vfût  randonant 

457  ohen  46S  par  467  core  471  doremtnt  4TJ  crirn 
477  e  478  Quant  b.  480  oernaeu  461  que  484  £  4ST 
4':'^  £     4iiO  i  maiiqat 


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xm  (uéoB  men-mM) 

Qui  de  corre  fu  toz  sulanz: 
A  l'eve  revint  et  saut  ena, 

490    K  puis  ]i  levrer  après  tuït 
Et  tuit  li  veneor  abruit, 
*  Que  onques  ii'i  firent  rei^rt: 

AÎDZ  simt  arive  d'autre  part 
E  furent  durement  haate. 

MO    Tiî  pors  est  en  fuie  tome 
Qui  n'avoit  cure  de  tsrger. 
E  tojorz  apree  li  leyrer 
Qui  molt  eatoient  trarelliez. 
El  bois  e'estoit  li  pore  fichiez 

506    Dont  il  eatoit  parti  avant, 
E  li  veneor  apoinnant 
Sor  les  chevaus  plus  que  le  pas 
Qui  molt  sont  travellie  et  las. 
Li  pors  s'en  fuit  sans  demorancc, 

510    Molt  tost  par  la  forest  se  lance, 
Et  li  levrer  vîenent  après 
Qui  del  prendre  sont  molt  engres. 
Uns  des  ctiens  s'est  aderanois, 
Le  porc  aert  parmi  le  pis 

515    Que  bien  le  quida  areater. 

Li  pors  le  prent  sans  demorer 
As  denz  parmi  la  peu  do  cou, 
Si  Ta  à  hurte  a  un  fou 
Que  les  dans  euls  li  Rat  voler 

920    Et  tos  Jea  boiaua  traîner: 

Mort  le  laiaea  e  torne  en  fuie. 
Et  li  venerea  crie  et  huie. 
Li  chevalier  fu  molt  iriez 
Quant  vit  ses  chens  si  dépeciez: 

osa    De  quatorze  n'en  a  que  dis, 
Quatre  l'en  s  li  pora  ocis. 
l'ar  un  senter  s'en  est  tome, 
Au  devant  le  porc  eat  aie 

W  t  *t(*tt     001  Qm     504  «'imMqut     par     508  Q 
prM4«  le  sont  e.    515  le  manqtie    516  byrtu     528  m  t 


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XIII  (ItâoD  32509-22640) 

Largement  une  arbaleetee. 
530   Li  pors  li  viot  gole  baee. 

E  li  chevalier  tint  l'eapie: 

A  un  cesne  s'est  afiche. 

Li  pore  qui  tant  ouru  avoit  * 

Que  treetot  avegles  estoit 
536    De  lassete  et  de  oorrot, 

En  l'espie  se  feri  debot. 

Et  li  cbeTaliere  le  tint  si 

Qu'en  l'espaule  le  consul. 

ïd  pore  li  vint  de  tel  redor, 
640    El  cors  li  mist  conme  rasor: 

Toz  li  a  les  boiaus  perciez, 

La  hante  voie  en  deus  moitiés, 

Et  le  fers  est  remis  el  core. 

Âdonquea  est  ooSs  li  pors 
545    Tos  mors,,  plus  ne  se  desfendi. 

Ë  li  cheralier  decendt 

De  son  cheval  et  sans  demor 

Lon  sont  venu  li  veneor 

Qui  furent  las  et  travellie, 

560    Doucement  ont  deu  mercie. 

Li  vénères  piïst  un  cotel 

A.  UD  manche  d'argent  molt  bel. 

Si  en  a  le  sengler  overt 

Que  tôt  estoit  de  sanc  covert. 
655   Tost  Tout  afaitie  a  son  droit, 

As  levrere  a  done  lor  droit, 

Et  le  pomon  et  la  coraille. 

Il  n'î  a  chen  qui  ne  baaille 

De  la  grant  lassete  qu'il  ont. 
660   8i  en  mangèrent  que  fain  ont. 

E  quant  mangie  orent  asez, 

Si  est  li  chevalier  montes, 

E  tuît  li  antre  sont  monte. 

Sampres  ont  le  songler  trosse 

531  etpea    587.  638  manquant    648  Et  mançut    060  D'autr*  pw* 
555  T>nl     557  le  c.     558  qu»  il  ne 


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Xm  <M£on  22641-22578) 

565    Sor  DD  roDciD  qui  molt  fors  est 
Si  cfaev&ucent  par  U  for«Bt 
Li  cbevalien  et  sa  meaniee 
Qui  estoit  lasse  et  travelliee. 
N'ourent  mie  granment  cora 

570    Que  il  soDt  au  castel  tcdu. 
Parmi  U  porte  sont  entre, 
Si  es  Tont  descendre  au  degré. 
Li  chevalier  entre  en  la  sale, 
De  laate  est  devenu  pale. 

575    E  li  vénères  prent  la  beste 
Qui  estoit  et  grant  et  oneste. 
Del  fou  oonmande  a  aporter 
Et  de!  fore  pot  bien  bruller. 
Le  pore  oocherent  a  la  terre, 

580    Desoz  li  font  on  feu  de  fuerre, 
E  quant  bien  l'oreot  oonree, 
Devant  lor  seignor  l'ont  porte 
Qui  molt  fn  de  bêle  veûe. 
La  dame  i  est  corant  venue. 

bSb    Que  vos  iroie  racontant? 
Les  tables  metent  a  itant, 
Que  li  BÏre  i'avoit  rove. 
Fait  fu  COD  il  l'ot  con  mande. 
Deus  escuîers  l'eve  aporterent, 

S90   La  dame  et  li  sire  lavèrent, 
E  tuit  li  autre  sanz  targier, 
Si  80  sunt  asis  au  maugier 
E  mangèrent  tôt  a  loisir 
De  ce  que  lor  vint  a  plaisir. 

595   Quant  maagie  orent  a  plente. 
De  la  table  se  sont  levé. 
Si  se  vont  eebatre  en  la  tor, 
As  fenestres  vont  tôt  entor. 
Asis  se  sont  por  esgarder 

aoo    Far  les  chans  et  por  aviser 


665  qui    66S  «heiuHicerent    670  Qail     571  manjKe     576  grande 
a  manque    Bêti  Dosus  Ini  fim    forra    597  nbaire 


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633« 


XllI  {H«OD  23&T9-22ei4) 

Les  TÏngnee  et  les  praeriee, 

Et;  les  bêles  gaagnerîeB 

Dont  il  1  avait  a  plente. 

Lors  virent  venir  fthrevie 
64)5    Liemers,  levren  e  braohez 

Que  menoîent  quatre  valiez. 

Vers  le  cbastel  vindrent  le  trot. 

L'un  â'aus  a  son  col  un  cor  ot 

Qu'il  vet  meouement  oorDant. 
610   Apres  11  vont  dene  chars  corant 

Qui  tuit  sont  de  vitaîlle  plein. 

E  dai  cscuier  et  un  nein 

Lee  oondoient  sans  plus  de  jent, 

Asses  venent  et  bel  et  gent. 
615    Apres  les  ohars  vienent  sanz  dote 

Plus  de  quatorze  en  une  rote 

Qui  tuit  sont  cargie  de  riohece: 

ObascuD  vers  le  castel  s'adrece. 
Quant  li  sire  a  ce  regarde, 
630    S'a  lez  escuiers  apele 

Que  li  out  envoie  son  père. 

'Or  me  dites'  fait  il,  'bau  frère, 

Est  ce  le  harnois  mon  seignor?' 

'Oïl,  se  dex  me  doinst  on  or' 
6->5    l''ont  cil,  sire,  n'en  dotes  pas'. 

E  (âl  vienent  enneslepas 

E  sont  dedens  la  porte  entre 

Li  uns  après  l'autre  arote. 

l)e  destoreor  se  vont  hastant 
m)    Que  la  Duit  les  vait  aprocant. 

E  quant  tôt  orent  deatroee, 

En  la  sale  s'en  sont  monte 

Tôt  contremont  par  les  degrés. 

Li  sires  est  jus  dévalez 
635    E  s'estoit  asis  sor  sn  doiz, 

Einz  si  baux  n'out  prinoe  ne  roiz. 

2  ganerira    604  Lor    006  oiit    611  Que     eift  nimit    6)9  ti 


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XIII  (Mion  22616-22601) 

Deeor  le  dois  fu  en  séant, 
là  cheTalier  li  vient  dînant 
Ë  lî  ont  dit  ensemble  tuit 

640   'Sire,  dex  vos  doinst  bone  nuit!' 
Lî  BÏres  lor  aslu  lor  rent 
Molt  bel  et  molt  cortoisement 
CoDme  cortois  et  bien  apris. 
A  prou  sont  au  manger  aaie 

615    Li  Tallet  e  H  eaouier; 

bien  furent  servi  sans  danger. 
Quant  ont  mangie  sans  demoree, 
Si  lor  a  l'en  la  table  ostee. 
Ë  li  aires  s'ala  cocher 

mi    En  un  lit  qui  est  bel  e  cher. 
Apres  sunt  li  autre  ooche, 
Qui  Le  jor  orent  travelle. 
Ë  se  dormirent  sans  fauser 
Tant  que  li  baus  jors  parut  oler 

fôC    Qui  lor  a  rendue  loor. 
Adonc  se  levé  le  seignor, 
Chauce  soi  et  vest  sanz  targer, 
Si  vait  messe  oïr  au  moster, 
Et  ftvoques  ala  la  dsme: 

6G(l    Messe  olrant  de  nostre  dame. 
Quant  le  service  fu  fine, 
Si  sont  arerc  retome 
E  la  dame  et  le  chevalier. 
Tantost  conœande  apareller 

666    Les  chevax  et  tost  enseler. 
Contre  son  père  vont  aler: 
Puis  oonmande  que  l'en  atort 
Bel  e  cortoisement  la  oort. 
Quant  il  ont  tôt  ce  conmaude, 

ain    Si  est  tôt  meintenant  monte 
Et  avocques  li  de  sa  gent 
Tant  qu'il  s'en  va  et  bel  e  gent. 
De  la  porte  issent  sans  tencon 

Kl  nut    G42  Ull','  ot  mit,'  bol     (^9  R  b.     «66  «pi 


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62  XUI  (IféoD  2S6O2-22087) 

Et  cbevachent  le  grant  troton, 
613    Grant  eire  le  cemin  ferre. 

îfes  il  n'orent  geree  erre 

Que  demie  lîue  sanz  dote, 
'    Quant  il  ont  oTe  la  rote 

De  gent  roolt  bien  enchevauche. 
680    Devant  venent  vallet  a  pie, 

Quatre  qui  vont  hors  de  la  presse. 

Cbaecune  tint  en  sa  mein  sa  leeee 

Ou  de  levrer  ou  de  braeet, 

Ensî  s'en  vienent  li  vallet, 
686    Outre  s'en  vont  sans  atarger. 

Lors  s'avança  li  cbevalier, 

Si  oomt  son  père  acoler 

Que  durement  devoit  amer: 

KoU  l'a  baiseîe  et  codjoT 
690    K  aes  deuH  frères  autresi. 

Iloo  se  sont  grant  joie  fête, 

Meinte  parole  i  unt  retraite 

E  contée  tôt  en  alant. 

Del  castel  se  vont  aprocaot. 
695    Et  ensi  con  tl  s'en  aloient, 

Yers  la  forest  gardent,  ai  voient 

Un  gorpil  qui  s'en  fuit  le  pas 

Por  ans,  et  si  n'en  dotez  pas 

Qu'il  n'ait  les  chens  aperceii, 
700    Quant  It  chevalier  la  veQ, 

Si  se  rÎBt,  si  a  dit  'par  foi 

Ce  gorpil  que  je  ici  voi, 

Si  m'a  il  ja  gabe  deus  fois.  ' 

Ce  est  il,  bien  le  reconnoïa.' 
70&   'Gabe!  et  cornent?'  font  se  il. 

'Jel  vos  dirai  bien'  fût  ee  iL 

'Par  deus  fois  l'a  ge  fait  chaoer, 

Si  ne  le  poi  onquee  bfùU»-. 

E  cum  il  vit  les  ohens  v^r, 

676  tere  676  oi  683  leorei  on  br&oea  6S4  ii*llet  687  m  ^ 
eSS  Qui  694  OMte  695  Et  manque  i  tan  697  m  t.  686  U  «''^ 
708  il  manque     701  reooia     700  et  manque 


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Xni  (Méon  22888-22724)  o3 

710   Vers  le  eastel  priât  a  foïr, 

E  puis  que  il  i  fa  entre, 

Ne  peut  par  nul  estre  trove, 

3i  ne  sai  ou  il  se  repont.'- 

Tantost  ses  pères  li  respont 
lia   'Vm  foi,  amis,  vos  aaves  bien, 

Enginnens  est  sor  tote  rien, 

Moult  par  est  forz  a  enginner. 

Mes  faites  ces  chens  deslier' 

Fait  li  sires  :  'chaoez  sera. 
720   Or  pas  ne  nue  escapera'. 

Lors  laissierent  les  chens  aler  di)' 

Li  valet  sanz  plus  demorer, 

Puis  si  lez  ont  rois  a  la  ohace. 

Meintenant  ont  senta  la  trace. 
7-J5    E  quant  Renaît  les  voit  venir, 

Si  s'en  fot  de  grant  aïr 

Vers  le  castel  ce  que  il  pot. 

Tote  la  Tote  après  s'esmot, 

N'i  a  cil  qui  nel  voist  huant. 
730   E  Renart  s'en  va  randonaot, 

Quanque  il  onques  pot  s'en  fuît, 

E  li  bracet  glatissent  tuit 

Ë  oorent  tuit  sanz  atarger. 

Mais  Renart  n'a  nul  deairrer 
735    De  lor  venue,  mes  dolenz 

Sor  le  pont  saut  volant  lez  genz 

Et  s'est  en  la  porte  embatu. 

Âdoaques  sont  tuit  acuru 

li  esottier  e  li  vallet, 
740    Chascuns  de  querre  s'entremet. 

Par  trestot  ont  il  reverse, 

Mais  il  ne  pot  estre  trove. 

Del  querre  se  sont  entremis, 

Ases  i  ont  joe  et  riz 
746   Trestnit,  n'i  a  oeli  n'en  rie. 

Et  li  sires  tantost  a'escrie 

738  a.  lui  s«nnot    ISS  g*n(    791  e*bata     738  E  donque*  i  lont 


„ogIc 


64  xni  (HéoB  2S725-22762) 

'Seingnora'  fuît  il,  'par  seiat  Lambert, 

Tôt  en  tnl  manere  me  sert 

Lo  gorpil  oon  vus  ci  veea. 
7S0    Mes  faites  et  si  destiendes.' 
Lorn  descendirent  il  a  pie, 

N'i  a  celi  ne  soit  haitie. 

Lors  e'entrepristrent  par  les  meinz 

Le  père  et  les  frères  germeina. 
75S    Les  degrés  contremont  montèrent. 

En  la  sale  séant  trorerent 

Le  nein  par  desus  une  table 

Qui  trop  bien  resemble  diable. 

Onques  ne  fu  si  contrefez, 
THO    II  sambloit  qu'il  fuet  d'enfer  trez. 

Torz  fu  et  de  pies  et  de  hances: 

Et  si  vos  di,  en  ses  deua  manches 

N'avoit  pas  deus  aunes  de  drap. 

Ses  brus  eembloit  boce  de  sap. 
766    Une  boche  out  contre  le  ouer 

Molt  très  hidusc  de  grant  fuer, 

Et  une  eu  out  enmi  In  pîz. 

Toz  est  ses  visagez  sarciz 

E  boce  out  lede  et  mau  fetc. 
770    E  la  lèvre  out  contremont  trete, 

Bien  i  entrast  un  pie  de  bof. 

Ses  denz  resemblent  moious  d'of. 

E  si  vos  di  par  setote  Âftneo, 

11  n'a  pas  plein  pouoo  de  nés. 
77S    Lez  euïi  out  gros  conme  une  lische, 

Des  oreilles  reeembloit  bische, 

Cbevous  out  noirs  conme  arrement. 

Molt  ae  deduisoit  cointement. 

Un  capet  ot  fait  de  fenoil. 
780   Ceus  qui  venent  regarde  a  Toil. 

'Nein,  dex  te  gart!'  ce  dit  li  sire. 

Onques  cil  ne  denna  mot  dire 

74»  Ropi)    764  lea    798  Qun    764  Cm    787  B  mnnqiu  77S  tri 
tannei    774  na  raie  pi,     776  r«inmblent    777  arremeni    779  fsMl 


xm  (Uiaa  22761-22796)  65 

Ne  a  Bon  sala  ne  respont, 

EiDz  oroUe  le  chef,  si  se  gront. 
786       Li  oheTalîer  se  sont  asia 

Dejoste  le  boca  nats 

Qui  a  si  bêle  la  veûe. 

Adonc  est  la  dame  veuiie, 

Les  chevaliers  a  saluez 
790    E  conjoïs  et  onorez. 

Ënsi  a'esbateut  sanz  dau^r 

Tant  qu'il  fu  ore  de  manger 

E  que  les  napes  furent  mises, 

Et  desuB  les  tables  aaises 
79&    Et  les  salières  et  li  pains. 

De  l'eve  lor  done  a  lor  meins; 

Lave  ont,  si  se  sont  asis. 

Ne  vos  ferai  pas  lono  devis 

De  lor  manger  ne  de  lor  boivre. 
800    Del  sengler  mangèrent  au  poivre 

K  del  cerf  firent  bons  lardez, 

Et  des  oapons  firent  pastez. 

Vin  burent  d'Aocorre  e  d'Orlieoz. 

De  totes  pars  lor  sort  li  bienz. 
80b       Enderoentres  que  il  mangoient, 

Deus  braoes  vinrent,  si  abaient. 

Durement  glatissent  les  béates 

E  fiontremont  lèvent  les  testes. 

Li  sire  les  a  regarde, 
810    Son  veneor  a  apele 

E  si  li  a  meintenant  dit 

'Diva'  fait  il,  'se  dex  t'aît, 

Quantes  paux  avom  de  gorpIlP" 

'Nos  en  avom  nuef  oe  fait  il. 
813    'Nuef,  dieble!  J'en  i  roi  dis: 

De  ces  braoes  sui  eabaïe 

Que  issi  les  vont  abaiant.' 

Lors  saut  li  obevalier  avant, 

le&y»  786  nsia  787  Que  789  chV  790  coDÎoiit  791  labalent 
794.  79fi  manquttU  800  poare  806  qull  m.  807  le*  beaiez  808  tMiei 
815  -IX-  Ut  il  d.   817  aail 

KBNART    IL  K 


,  Google 


Xin  (««on  33797-93838} 

Sor  les  panx  les  vit  drester, 
830    £  vit  le  ventre  sospirer 
Del  gopil  qui  pendus  estoit: 
A  la  hardere  molt  eatroit 
Se  tînt  et  as  denz  et  as  piez. 
Li  vénères  s'est  merveiUiez 
82(>    Qui  bien  l'avoit  reconefi: 
'Seignors'  fait  il,  'aves  veii? 
Par  mon  seignor  setnt  Lienart, 
Li  gorpilz  se  peut  a  la  bart 
A  celé  peroe  avec  ces  paux. 
880    Por  ce  glatissent  les  chaiax. 
Mes  or  estes,  je  Tirai  prendre, 
Yoe  le  me  verrois  ja  descendre.' 

Adonc  est  revenu  arere  : 
Yit  Renart  pendre  a  la  faardere, 
886    Les  meios  jeté,  prendre  le  veut. 
Et  Renart  envers  11  s'aqueut. 
Au  hardel  par  lez  piez  se  peut, 
Celui  par  le  poino  as  denz  pront, 
Si  le  mort  et  si  le  destreint, 
840    L'oDgIe  en  la  goule  li  remeiot. 
Quant  ce  out  fait,  ai  sailli  jus, 
FoTz  s'en  est,  n'atendi  pins, 
Parmi  la  porte  el  bois  entra. 
Ono  puis  laiene  ne  retoma, 
84B    Or  en  a  perdu  le  repère. 

Fuiant  s'en  va,  ne  aet  que  fore. 
Endementers  que  fuit  s'apense 
Que  el  bois  n'a  point  de  deafenae. 
Durement  démentant  s'en  vet, 
860    Vers  la  praerie  se  tret. 
Ënmi  le  pre  un  tas  avoit 
De  fein  qu'aâne  t  avoit 
Por  esventer  et  por  fenor:  100 

La  se  vait  Renart  reposer. 
865    Desor  le  fein  monta  en  baut, 

831  que      824  hArdrero      S36  uout      888  poao      848  dt  M*f 


Xni  (Héon  22834-2S869)  67 

lUens  fora  a  manger  ne  li  faut. 
Or  fu  Renaît  desor  le  fein, 

Si  prie  deu  e  seiot  Germein 

Que  il  li  envoit  a  manger, 
860    Car  il  en  auroit  grant  mester. 

En  tant  con  il  se  dementoit, 

Lieve  sa  teste  et  venir  voit 

Une  coraaîlle  a  la  volée. 

Renart  l'avoit  bien  esgardee, 
603    Cum  il  la  vit,  «t  il  s'apense 

Que  il  en  fera  sa  deapenao, 

Ë  ai  li  fera  grant  engin. 

Loni  se  laisse  chaoir  sovin. 

Le  dos  desoz,  les  piez  desus, 
810    La  langue  traite,  n'i  ot  plua: 

Ilac  se  gisoit  estendu. 

La  corneille  l'a  perçoit 

Qui  grant  fein  en  son  cuer  avoit, 

(De  tôt  le  jor  mangie  n'avoit) 
875    E  dît  'venue  suî  a  port, 

Quant  j'ai  trove  ci  Benart  mort. 

Or  en  mangerai  a  plente, 

Que  je  ai  bui  trop  geflne.' 

Si  s'asiet  bot  le  fein  en  haut, 
880   Onquea  ne  li  dit  'dex  vos  saut', 

Eiuz  li  oort  sus  le  bec  haucie. 

Ja  li  oQst  fora  l'oil  saohie 

E  bien  l'oûst  tenu  por  fol: 

ïtenart  l'a  saisi  par  le  col. 
886    Con  il  la  tint,  si  en  fu  lies. 

De  lui  a  ses  gemons  torchez. 

Si  en  a  fait  ses  joes  bruire, 

Eipz  ne  tant  ne  quant  n'en  mist  cuire. 

Quant  mangie  out,  si  fu  aese. 
890    Son  lit  a  fait  que  qu'en  deplese: 

Si  est  oboce  desor  le  fein. 

660  dewua  870  Lm  manque  873  Que  876  ai  mongut  881  loi 
8%  m«Im  888  h  premier  ne  ntatique  qnui  nen  priât  cure  890  que 
V»  d.    891  Si  ç  eal       deioi 


lUnlbyGOOglC 


Xm  (M«an  33870-33906) 

Tôt  maugre  le  nés  an  rilein, 

Qui  iloc  l'aToit  aQne, 

S'est  Benart  iloo  repose 
80fi    Ë  dormi  dusqa'eu  leodemein. 

Quant  il  s'evella,  si  vit  pleia 

Le  pre  d'eve  entor  le  muilon. 

'Hs  des'  fait  Renart,  'que  feron? 

Con  par  est  celé  eve  crcûe! 
900   AiDz  qae  ele  soit  deacreQe, 

Serai  ci  (je  cuit)  morz  de  fein'. 

Atant  voit  venir  un  vileio 

Qui  ameine  une  nef  aval. 

'Dex'-dit  Benart  Tesperitall 
906    loeste  nef  me  gitera 

K  celé  rive  par  delà'. 
Li  vil^ue  a  Reuart  veû. 

SitOBt  con  Va  aperceii, 

"Dex'  fait  il,  'quel  béate  est  cela 
910    Qui  desor  cou  muilou  esta?' 

CoD  il  fu  un  pou  avale, 

Si  li  a  Renart  esorie 

"Vilein,  vilein'  ce  dît  Benart, 

"Ameine  ca,  ae  dex  te  gart, 
916    Celé  nef,  si  me  met  dedenz.' 

Tolentere,  Renart,  par  mes  denz' 

Fait  li  vileing,  'je  la  vos  meing. 

Mes  venes  jua  deaus  ce  fein.' 

Tant  a  le  vïlein  governe 
920    Que  an  moHon  est  arive. 

'Or  venez  jus'  fait  il,  'Eanart'. 

'Sire,  ne  puis,  sa  dex  me  gart. 

Je  ne  porroie  paa  descendre, 

Car  je  ne  puis  le  pie  estendre. 
936    Car  une  gote  me  priât  er. 

Si  ne  me  puis  prou  atdier. 

n  covient  que  vos  mi  aidiea 

Et  que  fors  de  la  nef  issiez. 
^S9a  Que      8B4  iloquBS      897  derbo  e.      900  que 
»]  l«    931  ues    923  p.  detdeicendrs 


,.  Google 


Xm  (Hton  32007—39048)  69 

E  si  veoeB  par  ca  entor 
990   Ou  il  a  molt  bon  monteor 

Par  ou  vos  porrota  bien  monter 

For  moi  en  oele  nef  porter.' 

Gil  quide  que  il  voir  li  die, 

Lors  est  issus  de  la  navie, 
986    Entor  le  muellon  est  aie, 

E  Renart  est  tant  avale 

Que  il  saut  en  la  nef  abrire 

Si  l'a  escipe  de  la  rive: 

Si  s'en  vait  aval  durement. 
940    E  Senart  le  goreniail  prent, 

Si  Gonmenoa  a  governer. 

£  Renart  prent  a  apeler 

Le  yileio  qui  sus  le  fein  monte. 

'Vilein'  fait  il,  'des  vos  doinat  honte! 
945    Se  vos  me  poOsaiez  tenir, 

YoB  geuz  me  feîsaiez  sentir. 

Or  TOB  sees  deeor  ce  feîn, 

Que  mal  jor  aies  vos  demeîa! 

Gardes  bien  que  nul  ne  l'enport! 
900   Je  saurai  govemer  a  port. 

Gardes  le  eu  bien  et  en  pes, 

Que  je  m'en  vois  et  si  vos  lais.' 

'Renaît,  Renart'  dit  li  vilein, 

Vieil  ca,  je  t'afi  en  ta  mein 
966    Que  je  nul  mal  ne  te  ferù, 

Uea  la  otre  te  passeru 

E  bien  e  debonairement.' 

'Daheit  ait'  dit  Renart,  'qui  ment! 

Puisque  tu  ne  me  feras  mal, 
960   Or  deaoent  de  ce  feln  aval, 

Vien  avant,  je  t'atendrai  oi,' 

Dît  li  vileioa  'voatre  merci.' 

Lors  descent,  plus  n'i  demora. 

E  dan  Renart  ee  porpensa 
96&    Cum  il  le  porra  cunchier. 

Wf7  «brana    93&  dûment    942  p,  le  ^oaerner    943  que    S44  bote 
HBgaat  949  bien  itMRgM   ne  manque   990  aérai   966  métrai  963  p.  que  p. 


«k 


70  IIII  (M«on  32944-22979) 

S'il  pnet,  il  le  fera  peaober, 
Car  il  fait  bieo  molt  a  envia. 
En  une  fosse  e'estoit  mie 
Qui  estoit  grant  et  bien  parfonde. 
970   Si  a  dit,  que  dox  le  confonde 
S'il  ne  fait  le  vilein  banner. 
E  li  rileins  priet  a  buober 
'Renart,  ca  amener  l'estuet'. 
Ë  Renart  dit  que  il  ne  puet, 
975    Que  Hor  un  graver  est  agis, 
Que  devant  le  jor  del  joTs 
N'en  aeroit  ostee  par  li. 
E  li  vilein  avant  aailti 
Qui  de  l'engin  ne  se  garda. 
980    A  une  perre  a'acopa, 

Si  cfaet  en  la  fosse  tôt  plat. 
Eenart  del  govemal  le  bat, 
Molt  grant  coup  fiert  parmi  le  doi, 

Que  tôt  li  a  froieaiee  lea  oa.  1*)' 

986    Que  que  il  en  doQat  peser, 

Estut  le  vilein  afondrer. 

El  foBB  de  l'eve  deua  fois  fa. 

E  Renart  qui  vengie  se  fu 

E  qui  l'ont  atome  ù  malf 
990   S'en  vait  a  tôt  la  nef  aval. 

De  si  grant  force  governa, 

Que  totes  lea  meina  s'escorca 

Â.U  govemail  que  il  tenoît. 

Et  li  vileins  qui  se  bainnoît 
996    En  l'eve  ou  Renart  Tout  frape, 

A  grant  peine  en  est  eacape. 

Tote  voiea  s'en  iasi  fora, 

Mes  molt  fort  se  doloit  ses  cors. 

Renart  voit  que  la  nef  anmeine, 
1000    N'ira  après  maia  de  aemeine. 

A  deable  l'a  oonmaude, 

966  pot    967  molt  bian    970  1b]  uos    972  prii    974  pot  VtiP^ 
den    963  fisrl  manqut    984  on*    988  Qui  qne    992  mêla*  M«rt*  » 
manjw    997  uoies  eit  escipo    998  fort  iftonfus    ie»]  eu    JOOl 


Xm  (M«oB  39980-Sa016)  71 

Pnia  est  arere  retorse, 
Si  s'en  reveit  en  sa  meson. 
Ë  Renart  s'en  vait  de  randon 
lOCË   A  tote  la  nef  au  vilein. 

Le  governail  tint  en  sa  mcîn 
Dont  il  goTflrne  et  apreot. 

Atant  a  vefle  Hersent 
Sa  conmere  et  dant  TsengriD 
1010   Qui  Tenoient  tôt  le  chemin. 
£  quant  Renart  veU  les  a, 
De  grant  engin  se  porpensa. 
Car  il  dit  que  il  se  teindroit, 
Ja  Ysengrin  nel  oonnoistroit, 
1016   Une  erbe  avoit  en  s'aumosnere 
Qui  molt  ert  pressiose  et  chère. 
(Bien  set  qae  il  le  het  de  mort. 
Lores  est  arivee  au  port.) 
R«nart  en  a  molt  tost  frotee 
1090  Tote  aa  cbere  et  uoirotee 
E  tût  son  eore  delivremept: 
Lors  fu  plus  noir  que  arem^t. 
Con  il  se  fu  si  atome, 
Si  est  vers  Yeengriu  tome 
1028    Et  a  dit  'oa  renés,  prodom! 
S'il  vos  pleet,  si  vos  paseron 
Por  amor  deu  et  seint  Riofaer, 
N'en  quer  maaille  ne  d^ier.' 
Yeengrin  l'en  a  mercie. 
1060    Puis  sont  dedans  la  nef  entre 
Entre  lui  e  dame  Henent. 
Ysengrin  au  nager  se  prent: 
Il  nage  et  Renart  govema. 
Que  qn'il  goveine  il  se  pensa 
1036    D'un  piège  que  il  bien  savoit 
Qu'a  l'entrée  d'une  ille  estoit: 
Se  enz  le  puet  fere  oaoir, 
De  Hersent  fera  son  Toloir. 

lOOQ  d«nt  mattqtu     1016  «nnonere     lOSO  Mt     1036  E     10S6  Bi 
utitta    1080  poi    1036  Ca      dim  ill«     1067  pot 


,  Google 


72  iiu  (Méon  aaon-280B) 

Tant  ont  nag^ie  et  goveme 
1040    Qu'a  oele  itle  sont  arive. 

Sitoat  cum  il  vindrent  h  terre, 

E  Beoart  le  governal  aerre, 

Si  l'a  bien  a  terre  apoie. 

Et  Taengrin  miet  faora  le  pie 
1045   Ë  de  80D  cors  la  nef  alege. 

MeÏDteDant  eat  caiet  el  piège 

Qui  moH  durement  le  destreint. 

E  Renart  en  l'eve  s'enpeînt, 

0  lui  Hersent  que  il  ennieioe. 
lOSO   YaengrÎD  remeùt  en  ta  peine, 

Dedens  le  piège  son  pie  tient. 

E  Renart  vers  Hersent  en  vient, 

Si  l'acole  et  ai  l'enlvace, 

La  boce  It  baise  et  la  (ace 

1065  E  dit  'douce  amie  Hersent, 
Je  sui  Renart  veraiement.' 
Celé  l'entent,  si  ot  grant  joie, 
Ses  deua  bras  au  ool  li  envoie. 

Molt  trea  grant  joie  s'entrefoot.  ' 

toeo    E  Renart  lieve  contremont 
Dame  Hersent  le  pelicon, 
Si  li  bota  le  rit  el  oon 
E  coamenca  fort  a  oroller, 
Que  tote  la  nef  fait  branler. 

1066  Quant  il  ûut  fait  sa  volente, 
Si  est  au  govemail  tome 

E  conmenca  a  govemer 
Tant  que  la  nef  fist  ariver 
A  terre  molt  bel  et  molt  gent. 
1070    3i  s'en  iasî  dame  Heraent, 

S'a  Renart  a  deu  oonmande.  ' 

N'a  gères  d'Iaengrin  parle 
Qui  remeat  en  la  foaae  pria 
Ou  molt  se  senti  entrepria. 

1040  Ca  DU  i.  1049  enmeDe  1061  tint  1062  R.  mosi*  ■<■! 
1056  araiement  1061  À  4.  1063  Ut  dtmien  milê  ont  M  »  r*^ 
ifati»     1068  aruior     1069  mot  K- 


,  Google 


Xm  (H«on  23063—28087)  73 

lO're    Uoo  fu  YBengrm  aanz  fûle 

El  piège  ou  durement  baaille. 

Si  i  fu  tut  le  jor  enter, 

Tant  que  ce  vint  a  l'anniter 

Que  cil  qui  le  piège  ot  tendu 
1080    Vint  celé  part  son  arc  tendu, 

0  lui  TÏndrent  quatre  vilein, 

ChaecuD  un  baston  en  sa  mein. 

Tsengrin  ont  dedenz  trove, 

Si  l'ont  et  batn  et  frape. 
tQ»6   Tant  l'ont  bote  et  desBohe 

Qu'Tsengrin  i  laissa  le  pie. 

Fuiant  s'en  va,  ne  set  que  fere, 

Or  li  covient  eschace  fere, 

Autrement  ne  porroit  aler. 
1000       E  Benart  prent  a  dévaler 

A  tôt  sa  nef  œolt  durement: 

De  ce  q'out  fait  ne  se  repent, 
*  Aval  l'eTB  s'en  vet  abrive. 

Atant  a  garde  vers  la  rive 
1090    E  vit  un  vîlein  qai  l'aoeine: 

Si  li  a  dit  'amis,  oa  meine 

Celé  nef,  se  vendre  la  vous: 

Je  l'achaterai,  par  mes  eus.' 

'Par  foi'  fait  Renart,  'volonters 
1100    La  vos  vendrai,  baus  amis  chers. 

Foi  que  doi  seint  Fiwe  l'apostre, 

For  quatre  capone  sera  vostre, 

Ja  certes  por  meîns  ne  rauroiB.' 

Dit  le  viloin  'vos  les  aurois, 
1105   Je  n'en  ferai  mie  lono  plet.' 

Tantost  a  sa  maison  s'en  vet, 

ïrois  capons  a  pris  raentenant 

Puis  revint  arere  corant, 

Si  les  a  a  Renart  baîllies, 

t07fi  iM  t.  1079  aacit  Vm  Mn«  atendu  I0S4  et  batn  et] 
ihireaiMit  10B9  poroii  1091  doremaDt  1093  na]  rs  1003  abreoe 
10B>  Sli  lOBT  Doai  1088  laehatrai  m  id  Dont  1101  l*pMt]a 
1107  Faudrait  il  lirt  Por  troi»  capons  sera  ja  Toitrel 


,.  Google 


Xm  (H«on  38088-23128) 

1110    Et  il  les  a  molt  lufschiez, 
E  ri  estoient  boo,  oe  ouit 
Au  vilein  a  dit  'je  vos  ouit 
La  nef,  bien  l'en  poes  mener: 
Que  je  m'en  vois  eaoe  democer 

1116    Mais  o'ftie  mange  cest  capon.' 
Lï  TÎleina  s'en  yb  de  Tandon 
0  tôt  la  nef  que  il  emneine. 
Ë  Kenart  de  mangier  se  peine 
Le  ohapOD  qui  est  f^ras  et  gros. 

1130    Les  antres  a  mie  sor  son  dos, 
Si  en  Ta,  que  plus  n'i  demore.  - 
Uolt  li  avint  bien  a  cel  ore, 
Que  de  tôt  le  jor  n'ot  mangie 
E  si  avott  molt  travellie. 

1125        Renart  s'en  vet  les  grass  trotonz. 
Deeor  son  doe  deue  graz  caponz, 
3i  s'en  ra  par  la  tei-e  gaste. 
Tôt  bêlement  et  tôt  sanz  haste 
S'en  va  tant  qu'il  fu  près  de  niiit, 

1130   Un  capon  manja  tôt  desouit 
Enmi  les  cbans  desoz  un  teil. 
Onquee  ta  nuit  ne  dot  son  cil 
Por  le  graot  travail  qu'ot  oâ. 
Et  quant  le  jor  esclard  fu, 

ilSCi    Si  se  mist  tantost  el  troton. 
Mes  ancois  manga  son  chapon 
Tôt  bêlement  e  tôt  en  pes, 
Et  puis  s'en  va  a  grant  esles 
Trestot  oontreval  un  praol. 

1L4Û       Atant  a  trove  Roenel 

Le  mastio  qni  va  qnerant  priàe. 
Renart  lu  voit,  molt  s'en  esmoie, 
E  neporquant  molt  s'aficha, 
Ja  Roonel  nel  conoistFa. 

114fi   Ters  lui  s'en  va  graut  aleûre, 


1110  E  il     1119  qa«     grou     llSS  nanoit  m.    lltt  B 
(çrant     1129  Un     1141  qii« 


-,,.  Google 


Xm  {Méon  28124—28169) 

Mes  de  noient  De  s'aseflre. 
E  quant  Roonel  l'a  veû, 
Ne  Ta  mie  reconcil 
Por  la  grsnt  neîrte  qu'il  avoit, 

1160    Aine  qnide  que  deables  aoit. 
Senne  soi  et  si  terne  en  fuie, 
E  Renart  après  lui  s'eecrie 
'Venee  arere  por  seint  Leul 
Ja  BU  ge  0088e  de  par  deu, 

1166    Ne  V08  en  fuies  pas  isair 
E  quant  Roeuel  TaDtendi, 
8i  est  arere  retornee, 
Mes  toz  estoit  desoonfortes. 
E  Benart  qui  plus  hardi  fit 

lieo    Li  a  dit  "bien  soies  Tenu!' 

'Dex  TOB  saut'  fait  soi  le  masiin. 
'Dont  eetes  tob,  por  seint  Martin, 
Qui  si  ares  noir  peliconf 
E  Benart  dit  'par  seînt  Sinon, 

1166   Sire,  je  fut  nés  a  Amiens. 

Mee  quanqu'il  i  a  n'est  pas  miens.' 
'Conment  ayea  non?'  dit  le  ohen. 
'Far  foi,  ce  tob  dira  ge  bien. 
Quant  je  fa  Bor  fon  relevés, 

1170   Chufles  par  non  fai  apeles. 
Ohoflet  ai  non,  si  nomee  sui. 
He8  dites,  se  mangastes  hui.' 
'Naie  voir'  ce  dit  Boenel, 
'De  fein  m'en  trenwnt  K  boiel. 

1176    Je  manjaase  molt  Tolentiera: 

Ne  mangai,  deuB  jora  a  entiers.' 
'Herreille  est'  dit  Coflet,  'par  de. 
Je  sai  de  reisins  a  ptente 
En  une  vine  près  de  ci: 

1180    Vanjeroies  en,  ce  me  di?* 
'OU,  molt  bien'  dit  Roenel, 


1190  deble*      1169  qj[  loi  h.      1166  q'nqae 
on     1178  reonel     1176  ors  manqiu     1181  b.  ce 


,.ogIc 


76  xm  (Uéoa  28160— 23194) 

'Mes  je  me  dot  molt  de  la  pel.' 

'Tu  es  ooart'  oe  dit  CkifleL 

'Je  ne  ti  meaferai  un  pet, 
1186    Ice  te  di  por  vérité.' 

'Alons'  dit  H  chens,  'de  par  de.' 
Âtant  ae  metent  el  oemin 

Entre  Cofiet  et  le  mastio, 

E  Bont  en  une  viogne  entre 
1190    Ou  un  vilein  avoit  plante 

Ud  pocon  conme  trebucet. 

Molt  très  bien  l'i  savoit  Coâet, 

Et  dit,  à  voie  il  Doel, 

Il  fiera  prendre  Roenel, 
1195    Se  il  onquea  paet  eeploiter. 

Lors  cemine  par  un  aenter 

Bonne  aleûre  le  troton 

Tant  qu'il  sont  yenu  au  ponobou 

Qui  bien  aparellieîz  estoit. 
1200    Orant  pièce  de  car  i  avoit, 

Li  vileins  ne  fu  mie  eschar. 

'Deu'  fait  il,  'qui  or  mangast  car, 

Molt  li  Bsroit  bien  avenu. 

Haï  soit  or  mercredi  venu, 
1200    1^  li  preatre  si  soit  boni 

Qui  m'enobarga  le  mercredi: 

Ne  mangerai  devant  noël 

Char.'  'Dîeble'  dit  Roenel, 

'J'en  mangeroie  volentera.' 
1210  'Yieu  dont  avant,  baux  amis  chàer! 

Orant  pièce'  fet  Coâet  'i  a. 

Dahatt  qui  car  me  devea, 

Quant  ore  manger  n'en  osoo.' 

Roenel  s'en  vint  au  pocon, 
1215    Qui  molt  liez  et  joiant  en  fu, 

E  dit,  bien  li  est  avenu. 

Uœ  oorard  1189  DD|tne  1190  «.troue  1191  trabnoM  llW'il 
u.  Il  1194  reoDol  119&  pot  1197  Boa  aleo  uore  le  trocon  llWQ*' 
120S  mADgant  1201  orenorereda  1205  si  maitffM  1216  oh'ir  ISM  Ddxit 
ait  q.  0.  muigora        1213  Q'ont  ore 


,  Google 


Xm  (Héon  381%-S53aO)  77 

ChuBet  li  dit  'maDger  poez 

Tant  que  bien  soies  saolez.' 

Boenel  s  jeté  les  denz, 
1330    La  teste  met  au  panofaon  enz, 

Dont  par  tens  se  tendra  por  fol. 

Le  laz  l*a  saisi  par  le  col 

E  H  pancon  est  deetenduz. 

Roenel  i  remeat  peoduz. 
1226   Par  le  col  est  bien  au  laz  bris. 

Quant  Coflet  le  vit  entrepris 

Et  en  haut  le  vit  encroe, 

Heintenant  li  a  demande 

'Qu'est  ce,  congpainz,  ou  alez  vosP 
12S0    Ceste  car  lairois  la  me  vos? 

Je  n'en  mangn  pas,  oe  tob  di: 

Car  en  ven  l'ai  au  mercredi. 

Venes  jus  e  si  la  mandes! 

Yos  deîstes  que  fein  aviez, 
1230    Et  or  ne  volez  pas  descendre, 

Einz  vos  Toi  a  oe  panchon  pendre 

Âuai  con  se  fussiez  laron. 

Vos  ne  faites  mie  raison, 

E  sachez,  blâmes  en  serais. 
1240    Quant  a  la  cort  le  roi  irois, 

Yos  seres  bien  reconeûs 

Que  vos  avez  este  pendus: 

Il  quidera,  bien  le  devin. 

Que  c'ait  este  por  lareoîn 
1346    Que  vos  aies  este  penduz. 

Ne  vos  n'en  serea  pas  eretàa, 

Âinz  le  quideront,  sanz  mentir.'  103 

Âtant  vit  le  vilein  venir 

Qui  les  vignea  devoit  garder. 
1%D   Quant  il  vit  le  panofaon  lever 

Et  il  i  vit  Roenel  pendre, 

Le  grant  val  conmence  a  deacendre 

1394  B  ri  T.  t.  p.  36  b.  &  nol  p.  138(X  31  interverti»,  mait 
It  teribé  a  ewrigt  la  faute  en  ajoutant  Iti  lettrée  b  ■  ^n  marge 
I3S1  BB  m.     1386  R     IXW  i.  qae  b.    1244  par     1261  i  manque     1362  uel 


«k 


Xin  (Méon  93281-2^65) 

Et  ot  un  bastou  en  ea  mein. 
0  lui  estoient  troi  vileio, 

1265  ChascuuB  tenoit  httce  ou  buton, 
Si  s'en  vienent  droit  au  ponoboD. 
E  quant  Reuart  les  a  veû, 

N'i  a  paa  graumeut  atendu, 
Aîns  s'en  fui  sana  demoier 
isaO    Quanque  pie  l'en  porent  porter, 
Que  graut  poor  ot  de  sa  pel. 
l^t  cil  TÎenent  a  Roene). 
Li  premer  hauohe  le  baston, 
Roenel  fiert  sor  le  crépon 

1266  Tel  cop,  c'a  poi  ne  l'a  tue. 
Li  autre  a  son  baaton  levé, 
Sel  quide  ferir,  mais  il  faut: 
Que  Roenel  a  fait  un  saut, 
Con  il  vit  le  baston  venir. 

1270    Li  cox  deaoeut  de  graut  air, 
Que  il  l'aToit  de  force  eapeint, 
S'a  si  son  conpaignon  ateint 
Qui  devant  le  cop  a  este; 
A  pou  ne  l'a  eeoerrele. 

i37(t       Cil  qui  out  le  cop  receû, 
Chiet  a  terre  tôt  estendu 
Tôt  autresi  con  s'il  fuet  mort. 
Or  est  Roenel  a  mal  port 
Arives,  de  voir  le  gaobez. 

1280    Uu  des  autres  s'est  avanches 
Qui  estoit  son  germein  cosin, 
Et  fiert  Roenel  le  mas  tin 
Si  ^ant  cop  très  parmi  le  flano, 
Que  trestot  l'a  covert  de  sano. 

1285    Li  quars  i  vint  sans  atarger. 
Son  conpaignoa  voudra  venger: 
Une  baclie  hauce  d'air, 


ia&4.III  1S68  gromaot  1269  fui*  s.  1262[eonel  12B4Bo««^| 
Leprem'  oropoo  1273  Qae  *  le  eop  •  gite  127d  o.  Mttndn  UTaO»>i 
1278  reoa-i      1379  le  ohes      1282  rienel      1388  bluo     1387  m^ 


,.  Google 


SUI  (Héon  !Bii«6-23a01)  7» 

Roenel  en  quide  ferir 

Orant  cop  parmi  le  haterel. 
1290   Et  il  faut,  si  fiert  le  hardel 

De  la  hace  de  mein  escleDcbe 

9)  grant  cop  que  le  hardel  trenche. 

S'est  li  ohena  a  terre  choOa. 

Fuiant  s'en  va  tus  esperdus, 
1S9&    Que  durement  fu  eabaïa. 

Ë  (ùl  ont  lor  conpaignoD  pris 

Qui  fn  navrez  molt  durement, 

Si  l'en  portent  isnelemeot 

À  lor  ostel,  si  l'ont  ohoce. 
laoo  De  tôt  le  mois  ne  fu  baitie. 
Roenel  einsi  esoapa. 

Fuiant  par  les  vignes  s'en  va 

Molt  durement,  et  si  s'esmaie. 

E  Benart  jut  en  une  haie 
lfi05    Mucie  ou  il  ot  tôt  vefl, 

Coq  il  ont  Roenel  batu, 

Si  en  a  eue  grant  joie. 

Et  Roenel  s'en  va  sa  voie, 

Âinz  ne  fins,  foi  que  vos  doi, 
1310  Tant  qu'il  vint  a  la  oort  le  roi 

Trestot  issi  mal  atone. 

Devant  le  roi  cbaï  pâme 

E  dit  'rire,  merci  por  deu, 

loe  ne  teaes  mie  a  geu! 
I81&    Je  me  plein  a  vos  d'un  laron 

Qui  m'a  fut  pendre  a  un  panchoo 

Par  tr^son,  par  fansete, 

Ou  quatre  vilein  m'ont  trove 

Qui  m'ont  batu  a  reposées: 
1890    Totes  les  reins  en  ai  oiflees, 

A  pou  que  il  ne  m'ont  tue.' 

Id  lions  est  en  pies  levé, 

D'ire  e  de  mautalent  fromie, 

1^88  reoB«l  lS94*«nft  1297  ntangiw  1398  porter*»  il  nelemmt 
im  M  u  1905  il  lot  toit  1801  en  18L0  qn«  U  ISIST  pot  da 
13I(  plan       1818  mont  tuo       I3S2  pEa 


,  Google 


80  Xin  (Héon  383(»>2S8S7) 

  Boenel  rove  qu'il  die 

132&    Qui  ensi  l'ot  mal  atome. 
'Sire,  l'en  l'apele  Ohufe. 
Isst  me  dit  qu'il  a  a  non, 
9'a  Testa  un  noir  pelicon.' 
'Noir  diable'  dit  U  lions, 

1B80    II  n'est  pas  de  nos  régions. 

Tantost  e  sans  plus  demorer 
A  fet  li  rois  son  ban  crier 
Que  qni  porra  Coflet  tenir 
Que  il  le  face  a  cort  venir. 

188S       loi  de  la  cort  vos  loirons 
£t  a  Eenart  retornerons 
Qui  est  eu  la  baie  muoiez. 
Holt  fu  ses  cuer  joiant  e  lies 
D'Yeengriu  e  de  Roenel 

1840    A  qui  a  fait  batre  la  pel, 
Qni  estoient  ses  enemia. 
Si  se  rest  a  la  voie  mis 
Et  ft  erre  la  matinée 
Tant  que  oe  vint  a  l'avespree 

1346    Qu'il  est  en  la  forest  entres 
Ou  auques  est  asoiires. 
Parmi  la  forest  cemina 
Grant  pas,  que  il  ne  s'aresta. 
Et  ohevaaoe  grant  aleOre 

1850    Tant  que  il  vit  la  noit  osoure. 
Il  se  dote  de  Roenel. 
Lors  s'asÎBt  desoz  un  ormel 
Qni  grant  ombre  11  a  rendu. 
Devant  lui  est  Rossel  venu 

18M    L'escurel  au  pilîoon  rox, 
Et  dit  'bone  nuit  aies  tobI' 
Et  Benart  le  regarde  a  l'oil. 
Et  dit  'Dex  te  gart,  eBOuiroilI 
Vien  toi  deles  moi  reposer! 

1384  rMtnel     ISSft  Qne     1S26  ohope     1S88  enerr 
1840  le  p.    1841  Qn«    1S4«  uoura    1S47  oe  mt»    1860  il  « 
1S5I  rponel     13&3  inmifi     13M  rodu 


,  Google 


XIU  (Hdon  33398—28377) 

iSttO   Noveles  te  toÎI  demaDder, 
Se  tu  les  sea,  si  les  me  di,' 
Li  escuireil  li  lespondi 
'Si  m'aTt  dex,  se  je  les  sei, 
Hout  Tolenters  les  vos  dire.' 

136fi        Atant  s'est  deles  lui  asis, 
Ë  Reoart  l'a  par  la  mein  pris. 
'Amis'  dit  Renart,  'di  moi  voir, 
Ses  tu  ci  eotoi'  nul  manoir 
Ou  je  trovasae  que  mangerP 

1370    Je  ne  manjai  très  avant  er: 
Je  Bui  venus  d'eatrange  terre, 
Si  ne  sai  ma  viande  ou  querre.' 
'Sir«'  dit  Rosel  l'ascuiroil, 
'Je  vos  enseignerai  mon  voil. 

1370    II  vos  est  molt  bien  avenu: 
Que  la  maison  a  un  rendu 
Sai  en  ceste  forcet  ci  près 
Ou  il  a  de  capons  grant  fes: 
Je  onit  plus  en  i  a  de  traite. 

1380   Je  sai  bien  par  ou  l'en  i  entre, 
Je  vos  i  menrai  sans  mentir, 
Se  avoc  moi  voles  venir.' 
Reoart  l'oT,  s'en  a  grant  joie, 
Un  de  ses  bras  au  col  li  ploie 

i:-t86    Et  dit  'vos  estes  mes  acointea. 
Por  moi  vos  ferois  oncor  cointez, 
Que  m«  e  vos  amis  seron: 
Or  en  alon  a  la  meson.' 
Âtant  s'estoit  mis  a  la  voie 

1990    Kenart,  et  Rossel  le  convoie. 
Onques  n'i  sont  aresteû 
Tant  qu'a  la  maison  sont  venu 
Qui  bien  estoit  close  de  mur 
Dont  li  quarrel  estoient  dur. 

law   En  la  paroi  un  trou  avoit, 

1808  a*i  d.       1364  le  no*       1966  la       1976  Que 
'•  grM  iH     1879  c.  que  p. 
UN*RT  n. 


...Google 


»2  xni  (ll4on  2â37d-S84(M) 

Que  Rossel  molt  bien  i  savoit. 

Au  pertuia  soDt  venu  errant, 

Rossel  i  entre  tôt  avant, 

Et  Renart  est  après  entre, 
1400    Mes  n'a  pas  le  trou  eatope. 

Ataat  en  vont  au  gelîner. 

Renart  comence  a  orellier, 

S'il  croît  rien  qui  li  desplese. 

Et  Roasel  a  OTert  la  hese 
1406    Qui  fu  fermée  a  un  baston, 

Si  se  tnetent  cnz  a  bandon. 

Onques  n'i  ot  noise  ne  cri, 

Renart  a  un  ebapon  saisi, 

Et  Rossel  conmence  a  monter. 
1410    Une  geline  oï  cover 

Qui  deaoz  lui  avoit  douze  ces. 

Ce  us  retînt  Rossel  a  son  oea 

Trestos  que  nul  n'en  i  laissa. 

L'un  après  l'autre  les  huma, 

1415   Et  Renart  manja  son  capon. 

Atant  estes  vos  on  garçon 

Qui  relevé  fu  a  pîaaier, 

Si  a  oT  Renart  rongier. 

Quant  il  l'oT,  il  eacota, 
1420    Tôt  meintenant  l'uis  eatopa: 

Puia  est  arere  repaîriea, 

Ses  conpaingnona  a  earelliez. 

'Or  aua'  fait  il,  'aeingnor  baron! 

Que  ne  aai  gorpil  ou  teaaon 
142&    Est  avoc  lea  capona  encloa. 

Or  tost,  si  li  batona  les  os.' 

Adonc  sont  li  frère  levé,  . 

An  gelinier  en  sont  aie 

Cbascuna  un  baston  en  sa  meîn, 
1430    L'ois  ont  overt  trestot  de  plein. 

Li  un  un  grant  tortia  tenoit. 

1896  mot     i]  le      1403  que      1407  o'r      1406  m  mm 
1416  Ataot  oie*  doi     1419  Vmnnqur     1432  einiellfei     1494  u 


Xm  (Méon  284H)-23«S) 

Il  entra  ens,  garde,  ei  yoit 
Renart  qui  fil  plus  noir  que  mure: 
Et  Eenart  tantost  U  oort  sore 

1436    AuBÏ  con  s'il  le  Toussit  prendre. 
Et  li  frères  sans  plus  nteodre 
Let  le  tortis  caoir  a  terre, 
Tôt  meinteiiftiit  le  guicet  sere, 
Fuis  a'eeoria  'i^e!  aïe! 

1440    Douce  dame,  seinte  Marie, 
Aidiea  et  si  me  secorez! 
For  pou  n'ai  este  dévorez. 
Ce  n'est  pas  gorpil,  eins  diable, 
Seignors,  nel  tenee  mie  a  fable. 

1446    Tôt  meintenant  con  il  me  vit, 
Sus  me  corut  que  mot  ne  dit, 
Eetrangle  m^oûst  sans  mentir, 
Mes  tantost  cod  jel  vi  venir, 
Trestot  corant  sui  retome, 

1450    Bien  ai  l'uis  après  moi  ferme. 

Onques  mais  hom  ne  vit  tel  beats. 
Or  toet,  si  esveillez  le  prestrel' 
Le  prestre  esveillerent  errant, 
Et  il  est  levés  meintenant. 

l4Fi5    N'i  remeist  clerc  ne  capeleîn 
Qui  n'ait  seintuaire  en  sa  mein: 
Et  li  prestres  l'estole  prist, 
Meintenant  a  son  col  la  mist. 
Si  se  sont  a  la  voie  mis. 

I4ft0    Or  est  Renart  molt  entrepris. 

Chantant  s'en  vont  a  haute  vois, 
L'eve  beneïte  et  la  crois 
Ta  tôt  devant,  n'en  dotes  pas. 
A  l'uis  vienent  plus  que  le  pas; 

I4a&    Si  entrent  ens  a  une  hie. 
Ueintenant  est  tome  en  (îiie 
RoBsel,  si  a  Renart  laissie. 


1436  p.  dkteodre    1443  pal  g.  eina  est  dieble    1450  a 
MTniellei    1460  mot     1465  a  faune  hie 


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a  xm  (Méon  28446-2ft48I) 

Lora  cet  le  prestre  avande, 
Si  s  veO  treatot  debot 
1470    Renaît  qui  en  un  angle  crot. 
Con  il  vit  le  prestre  Tenir, 
U  ne  se  pot  mie  tenir 
Que  a  rencontre  ne  veaist 
Li  prestre  l'estole  aaisist 
147S    Qui  ne  fu  eabaU  ne  fol, 
Benart  enlace  par  )e  col, 
Si  le  miat  hors  de  sa  maison. 
Autresi  con  s'il  fust  laron 
Le  vait  traînant  par  la  cort. 
1460    Meinteuant  un  vileio  acort 

Qui  en  sa  mein  tint  une  tnace. 
Ou  vit  Benart,  molt  le  manace: 
Ferir  le  quide  sor  le  doa. 
Et  Benart  qui  dote  sea  os 
i48Ci    Et  qui  se  aentoit  malbaiUi, 
Si  est  de  l'autre  part  sailli 
Molt  très  durement  et  a  plein. 
Li  ceux,  fiert  le  preatre  en  la  meia 
Que  l'estole  li  fist  laissier, 
1490    Et  Benart  se  miat  au  frapier. 

Par  le  pertuis  s'en  va  corant, 
Dehors  trova  Bosael  plorant 
Qui  ileo  dehors  l'atendoit. 
Dit  avoit  que  no  se  movroit, 
1496    Si  revendroit  aon  conpainnon 
Qui  leenz  eatoit  en  priaon. 
Einsi  meine  aon  dol  Boael, 
Et  Benart  saut  par  le  boel 
Par  la  ou  il  entres  i  fu. 
1500    Iloques  a  Boaael  veû 

Qui  demeneit  issi  fet  duel. 
Lors  li  dit  Benart  'Escuiruel, 
Por  qu'est  ce  que  plorer  te  toi?' 

1470  en]  aeur     1475  Que     I4S2.  1467  mot     14ftl  \m 
1480  Imtoillit     14UJ  Quiloquen     1499  i  man^* 


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Xm  (Héon  23482-23517) 

Lors  lî  dît  l'escuireil  'por  toi, 

1606    Que  je  ri  caiens  atrape. 
A  pon  qne  ne  vos  ont  tue, 
Que  bien  qaidai  que  morz  fussiez.' 
Dit  Renart  'ne  vos  esmaiez, 
Je  me  soi  d'aus  bien  eBchiver: 

1610   Mes  or  nos  alona  reposer, 
Qn'il  en  est  ore  bien  Baisons.' 
Atant  s'en  vont  tôt  les  trotons, 
Onques  n'i  ot  rien  délaie, 
SoE  us  obsine  se  sont  oocbe. 

1615   Bien  oreot  este  conree. 
La  se  sont  andoi  repose 
Et  si  dormirent,  jel  vos  di, 
Tant  que  li  bans  jors  esclaroi 
Et  par  la  contrée  luist  cler. 

1620    Lors  se  lèvent  li  bacheler. 
Tost  furent  vestn  et  chance. 
Rossel  a  Renart  areinnie, 
8i  li  a  dit  'bau  conpaignon, 
Enoor  ne  sai  pas  vostre  non: 

16%   Tes  le  me  dires,  se  voles.' 

Dist  Renart  'Guflet  sai  clamez, 
Et  tu  es  mes  oosîns  germeins, 
Hes  ore  aloa  laver  nos  meins 
A  celé  eve  lais  aval.' 

1690   Cbascuna  monte  sor  son  obeval 
Que  il  ont  innel  et  coraot. 
A  l'eve  vindreot  meintenant, 
Lor  meins  lavèrent  et  lor  via. 
Hossel'  dit  Renart,  'baua  amis, 

1636    n  est  hnimes  très  bien  seiaona 
D'aler  querre  noz  gansons 
Et  ce  dont  nos  devon  disner.' 
Lors  montèrent  li  bacheler 
Et  chevancfaent  aanz  demoree 


lÛUIt  Mindai     1611  «D  Huutque       raiions     1614  Hor      lOIS  ion 
«i     I&IS  contre    1681  Qui!    1636  hni  manque    1687  doot]  qse 


,.  Google 


«O  Xin  {U6oa  286ia-28K8) 

IMO  Tant  qae  près  fa  de  l'avespree. 

Tôt  le  jor  ne  fineut  d'aler. 

Onquea  ne  porent  rien  trover. 

En  U  forest  entrent  atant, 

Partot  vont  vitaille  querant 
lCi46   Mes  rien  ne  troverent,  ce  quit, 

Âinz  chavRucbent  diuqu'a  la  nuit: 

Mes  ne  troverent  qui  lor  vùlle. 

Dant  Renart  durement  baaîlle 

Qui  bien  quide  de  fein  morir. 
1650    Tôt  sans  manger  se  vont  gésir. 
Renart  et  Rossel  sont  oocbe. 

Mes  il  sont  durement  irie 

Que  ai  les  detreinnoît  la  feins, 

Por  poa  ne  mangèrent  lor  meina. 
1505    Benart  a  porpenser  s'est  pris, 

E  dit  que  il  est  fox  nats, 

Se  einsi  se  let  alîver: 

Meus  li  vient  Rossel  estrangler 

Que  il  de  fein  morir  se  let. 
1960    Tôt  maintenant  vers  loi  se  tret, 

Si  l'a  si  sache  par  la  coue, 

A  pou  del  cul  De  li  dénoue. 

Dist  l'escuireil  'vos  me  bleohez. 

Bau  coDpaigaon,  mar  i  sachez, 
1669    Voles  vos  ma  queue  esraoher?'' 

Dist  Renart  aîns  vos  voit  mander 

Que  je  ne  puis  plus  endurer: 

En  ceste  nuit  t'estuet  finer, 

Tu  ne  pues  aler  en  avant.' 
1070   Dit  Rossel  a  deu  me  conmant.' 

Ranart  tint  la  oene  Rosel 

As  denz,  ne  l'en  est  mie  bel. 

De  si  grant  redor  l'a  sachee 

Que  tote  li  a  esooroiee. 
1070   Eacapes  s'en  est  a  grant  peine, 

1040  la  uMpreo    1644  querrsnt    1M7  qaa    1648  bu»«    lSi3  >« 
1009  mori    1060  qD«  e.    1669  os  pat  a.     1670  .B'.     1671  eeu« 


'c* 


Xm  (Mâon  28»4  -28689) 

Fuiaut  s'en  Ta  a  grant  aleine, 
Et  dit  qu'il  s'en  ira  chamer 
Ât)  roi  Noble  sanB  demorer. 
Ainz  ne  Soa  d'esporoner 

1080   Tant  qu'il  aperçut  le  jor  cler. 
Droit  a  la  oort  s'en  est  venu. 
SitoBt  con  a  le  roi  ved, 
Si  ae  lease  a  ses  pies  caîr. 
Bire'  fait  il,   faî  moi  oïr, 

1585    Por  deu  entent  moi  a  parler,' 
Quant  li  rois  voie  Rossel  plorer, 
Volt  li  anuie,  ce  saches: 
KeÎQtenant  est  levés  en  pies 
Et  dit  'RoBsel,  dire  poez, 

1590   Que  vos  seroia  bien  escotez.' 

'Sire'  fait  il,  'a  vos  me  oleim 
Se  Coflet  mon  cosin  germein: 
Kes  coBÎns  dit  que  il  estoit, 
Mes  ersoîr  manger  me  Toloit. 

1&B5   Einsi  a  ma  ooe  atornee 
Que  James  ue  sera  sanee, 
Dont  j'ai  le  cuer  dolant  et  noir. 
Yeetu  a  no  pelicon  noir, 
Mes  il  est  f^oo  e  puant.' 

1600  Âtant  eaut  Eoenel  ayant, 

Si  a  dit  au  roi  'n'est  pas  jent 
Qu'  il  a  damage  ai  ta  jent: 
Moi,  e  Bosel  a  ja  tenu.' 
Atant  est  Ysengriu  venu, 

leoci    Que  quida  que  celui  i  fuet, 
Si  aporta  nn  pie  de  fust. 
Con  il  ot  entendu  Rossel 
Et  le  mastin  dant  Roonel 
Qui  se  sont  clame  de  celi, 

161Û    Tantost  devant  le  roi  sailli 
Et  a  ses  pies  s'agenoilla. 


1077   qm  il       1578  roio      1580  que  il 

1683  OMÎr 

1686  ot 

•BDl      IBOi  ooflel  Bt  m.      IM»  a.  toraao 

1600  iMDel 

1803  ft 

m     1604  ei    1609  celai 

,  Google 


«s  XIII  (Méon  23080-28626} 

Li  rois  TseDgrin  regarda 

Et  vit  qu'il  ot  le  pie  perdu, 

Durenteat  en  fu  esperdu. 
16I&    Tôt  meintoDant  l'a  arainle 

'Tseugrin,  ou  est  voatre  pie? 

Dites  par  qui  l'aTea  perdu  I 

As  furchsB  en  sera  peudu.' 
'Sire'  dit  Tsengrin,  merd! 
1630    Vos  vees  oon  suî  maubailli: 

Ensi  m'a  Goflet  atome. 

James  a  cort  n'ere  onore. 

Ce  n'est  pas  cose  covenable 

Que  laîsaiea  vivre  cou  diable, 
162&    Il  doÛBt  bien  eatre  afines.' 

Lors  s'est  li  rois  en  pies  levés 

Par  fin  mautalant  et  par  ire, 

Si  conmenca  un  pou  a  rire. 

Puis  a  r^^rde  entor  li, 
1630   Si  8  Tïbert  le  cbat  coisi. 

Tibert'  fait  il,  avant  venea, 

Geste  besoigne  fomires. 

Aler  vos  covient  Goflet  querre. 

Ja  n'iert  en  si  eatrange  terre 
l68Ci    Que  nel  voa  oovienge  amener: 

Ou  mar  vos  vernû  retorner, 

Se  vos  en  retornea  eanz  li.' 

M^ntenant  Tibert  reepondi 

'Sire,  mon  pooir  en  ferai. 
1640    Sel  puis  trover,  je  l'amenrai, 

S'il  velt  por  moi  venir  a  cort' 

Tantost  conmande  qu'en  atort  106 

Son  palefroi  sans  demorer, 

Que  il  ne  vout  plus  arester. 
1646    Fait  fu  Gon  il  l'ot  conmande. 

Li  singea  li  a  amené 

Qui  de  lui  servir  n'ot  pas  honte. 

1612  Le  roi  1624  dieblu  1628  ria  1626  lui  16S7  m»  1»  ^ 
e.  1638  ut  ajouté  au  boa  de  ia  marge  1640. 1641  manquent  1646  w* 
1647  Que 


,  Google 


XJII  (HéoD  38627-28662)  H» 

Et  dant  Tihert  meiotenant  monte, 

Puis  a  pris  oongie,  ei  s'en  part. 
16511   ItfoB  or  li  pri  qu«  il  se  gart, 

Que  se  B«nart  le  puet  tenir, 

Il  ne  a'en  saura  revenir. 
Tibert  s'en  vait  a  esperon, 

Molt  ot  en  lui  noble  baron. 
16Q&    Parmi  In  foreat  i'achemine, 

Treatote  jor  d'errer  ne  fine 

Tant  qu'il  est  venuz  a  l'oiasue. 

TTne  praerîe  a  veQe 

Qnï  molt  eatott  et  grant  et  bêle: 
1660    Eomi  ont  uoe  fontenele 

Qui  molt  estoit  et  clere  et  seine. 

Si  come  aventure  le  mené 

Est  Tibert  venu  celé  part, 

A.  la  fontaine  vit  Benart 
1660    Qui  estoit  plus  noir  que  maufez. 

Or  qaida  bien  estre  asenez, 

Bien  set  que  oe  est  que  il  qaert. 

Le  obeval  des  espérons  fiert 

Tant  que  il  est  a  lui  venu. 
1670   Si  dist  sire,  je  vos  salu 

De  la  part  mon  seignor  le  roi 

Qui  vos  mande  qae  avoc  moi 

Vegnez  a  oort  sanz  nul  regart, 

Entor  rostre  col  ane  hart.' 
1676   'Baux  sire'  dist  Renart,  'por  quoi? 

Se  le  saves,  dites  le  moi'. 

Ë  dit  Tibert  'bien  le  saurois, 

Quant  a  la  cort  venus  seroie. 

Que  bien  vos  di  par  seint  Mande, 
1680    Je  n'en  soi  pas  la  vérité: 

Mes  ce  que  encarche  me  fu 

Vos  ai  ci  iloc  coneû. 

Or  me  dites  oe  que  voudroia. 

Se  me  crées,  a  oort  vendrois.' 
1648  ntMta   1691  pot    1664. 1609  H  ot    1609  grant]  oheTa  1661  mot 
ehara    1678  Con  »    1679  die    1680  nea.     1681  eaoheros    1682  «i  ci]  ici 


,.ogIc 


XIII  (H«on  33668-23698} 

1685    Dist  B«nart  Volenters  ire. 
Mais  eiâB  serai  desjeûne: 
Encor  hai  ne  mangai  oe  bui. 
Se  il  ne  vos  torne  a  eonui, 
Je  V08  voudroie  ore  proier, 

1690   Atoo  moi  venissies  manger 

En  ma  meson  qu'eat  près  de  ci.' 
Tibert  reapont   vostro  merci. 
Alons  en  donques  sans  targer, 
Que  je  n'ai  Boing  de  delaier.' 

169a  Renart  monte  sor  son  cheval: 
CheTBcant  va  le  fone  d'un  Tal 
Entre  lui  e  Tibert  le  chat. 
Bien  le  deooit  par  son  barat. 
Tant  ont  le  droit  oemin  tenu 

1700    Que  en  la  forest  sont  venu 
Par  devant  Tuis  au  forester, 
Ja  esteit  près  de  l'anuiter. 
Un  pertuis  dedens  l'uis  avoit 
Qui  par  Renart  fait  i  estoit, 

1705   Par  on  aloit  au  geliner: 
Mes  metemee  le  forester 
I  ot  tendu  un  laz  de  corde. 
Or  gart  Tibert  que  il  n'i  morde: 
S'il  i  va,  oe  n'est  pas  savoir. 

1710  Et  mon  seignor  Renart  le  noir 
Desoent  de  son  cheval  premier, 
Et  sesist  Tibert  a  l'estrier. 
Si  dist  'baus  sire,  deacendee, 
Et  dedens  ma  meson  entres, 

nib   Et  j'atacerai  nos  chevavs 
Ci  iloc  a  ces  arbrissaua. 
Et  le  matin  sans  nul  delot 
£d  irons  a  la  cort  le  roi.' 
Tibert  nnl  nul  ni  entendu 

1720    MeiuteiuiDt  a  pie  desoendi 


1686  desiQSDfl     1688  tor  s     1689  or     1691  que»  p.     1700  9f» 
furent    170*  Qne    1106  gar    nUBintaïujue    1716  ■rbrciw    1111^ 


'.* 


XUI  (Héoii  23609-38734) 

Et  le  oheval  li  a,  leesie, 
Si  s'est  enmi  l'uis  esleisee. 
Tôt  roeintenant  dedens  se  mist: 
Li  las  par  le  col  le  stùsiat. 

1735    Et  Renart  qui  bien  le  vit  peodre, 
S'en  foï,  que  ne  volt  stendre: 
Malement  l'a  fait  herbeçgier. 
Lors  est  sailli  le  forestier 
Qui  a  oT  grocier  Tibert. 

1780   11  fu  sages  et  bien  apert 

Qu'en  lui  n'ot  point  de  mesprison, 
Et  dit  'dos  avon  un  prison.' 
Yers  lui  s'est  venus  meintenant, 
Si  a  trove  Tibert  pendant. 

1730    Heiotenant  a  un  baston  pris. 
Et  Tibert  qui  fu  entrepris, 
Â.  molt  grant  poor  de  sa  pel. 
Et  il  li  aune  son  borel, 
Soient  Ta  le  baston  hauoant, 

1740    Et  Tibert  va  le  laz  rongant 
Qui  entor  le  ool  li  tenoit. 
Au  vilein  dit  qui  le  feroit, 
ToB  ne  faites  pas  bien,  ce  croi, 
Que  je  sui  meeager  le  roi: 

1745    Ed  son  message  m'envoia. 
Mes  oelui  qui  ca  m'avoia, 
Ue  dit  que  c'estoit  sa  maison. 
ToB  ne  faites  mie  raison, 
Si  me  lùssies  ester  atant.' 

1760   Et  li  vileÏDS  saut  meintenant, 
S'a  amont  le  baston  haaoe. 
Tibert  qui  oC  son  las  rongie, 
N'a  mie  le  coup  atendu, 
Âinz  s'en  fuit  a  col  estendu. 

17afi    Parmi  le  pertuis  s'est  fioles, 
Fuiant  s'en  va  tos  esleesiez, 


1734  arài      1726  ne  pot      17S0  bfl  t  ^pert       1748  pu  manqnt 
1746  mennoi*     1748  ruoD     1761  amon 


,  Google 


92  xril  (Héon  28785-23770) 

Hea  il  eetoit  mal  atomes. 

Li  sana  li  eaut  parmi  le  nns 

Et  par  la  boce  de  randon. 
1760   Fuiant  s'en  va  tôt  le  troton, 

Juaqu'a  la  foreat  n'aresta, 

9oz  un  arbre  Renart  trova. 

Renart  qui  l'a  aporoefi, 

Li  diat  'bien  aoiea  voa  venuT 
1765    Yenea  tob  lea  mot  reposer, 

Puia  en  iroi)  aans  demorer 

Entre  moi  et  vos  a  la  cort.' 

Hes  Tibert  fiât  aenblant  de  aort 

Qui  de  son  aolaa  n'avoit  cure. 
1770  Fuiant  s'en  ra  grant  aleâre 

Tant  qu'il  Tint  la  ou  le  roi  set. 

Tôt  meïntenant  as  pies  li  cet 

E  dit  'Sire,  or  suî  retome. 

Hes  n'tù  paa  Cofiet  amené:  107 

1775    Ce  m'a  fait  que  poes  veTr.' 

Li  roia  croie  le  chef  d'aîr, 

Quant  vit  Tibert  qui  fu  aanglanz. 

De  mantalant  eatreint  lez  denz. 

Tibert'  fait  il,  'tu  ea  blechea. 
1780   Pendua  iert,  n'en  iort  reapitiee 

Oil  qui  t'a  et  mal  atome.' 

Atant  a  li  rois  apele 

Le  motoD  mon  segnor  Belin 

Qui  a  Renart  n'eat  paa  coeïn, 
1785        'Sire  Belin,  avant  venez, 

Et  toat  querre  Coflet  alez 

Et  ai  li  ditea,  a  cort  vienne, 

Que  nus  easoignea  ne  le  teine.' 

Dit  le  motOQ  'a'il  vos  plaîaoit, 
1790    Bauz  sire,  uns  autrea  i  iroit.' 

Diat  li  roia  'n'ira  se  voa  non.' 

Âtant  a*en  tome  le  moton, 

1771  qae  il      1774  c.  enoonlre      1776  ueoir      1780  i«rt  »  ■• 
1791  Dira  oui  m 


,  Google 


Xm  (Méon  38771-33806) 

Del  aler  bien  a'aparolla. 

QuuDt  mont^  fu,  à  b'cd  torna. 
1795   Con  il  out  pris  du  roi  congie, 

Yers  la  foreat  s'est  eslesse 

Et  s'en  Tait  a  inolt  grant  aleine. 

Mes  s'or  ne  set  garder  sa  leine, 

Saches  qu'il  s'en  repentira. 
1800   Parmi  la  foreat  cemina 

Uolt  bon  oire  sans  srester. 

Renart  vit  soz  un  horme  ester. 
Sitost  oon  Belin  l'a  veû, 

'Goflet'  fait  il,  'mal  avenu 
1606    Vos  est,  ce  saches  sans  mentir. 

A  la  cort  vos  covient  venir 

Orendroitea  avoques  moi, 

Et  si  ne  dites  ja  "porquoi", 

Mes  vones  en  delÏTremt^nt.' 
1810   Renart  a  porpenaer  se  prent, 

Go  ornent  porra  Belin  servir. 

'8ire'  fait  il,  'vostre  plaittir 

Ferai  certes  molt  volenters. 

Mes  s'il  vos  plaiat,  baus  amis  ohers, 
1815   Ud  petit  avnnt  mangeroie  : 

Il  a  jusqu'à  la  cort  grnnt  voie. 

Et  se  vos  moi  on  croïez, 

Un  petitet  mangeriez. 

Une  areinu  ai  ici  delez 
18^    Dont  vos  aurois,  se  vos  voles, 

Tant  con  voudiois  con  je  dévia.' 

ÀveineP  sire'  dit  Belin, 

"Par  seint  Tomas  le  bon  martir, 

J'en  voudroie  mon  ventre  enplir: 
1826    S'il  vos  pleat,  enseigniez  la  moi.' 

'Sire'  dit  Renart,  'par  ma  foi, 

Molt  voienters  vos  i  menre.' 

Âtant  se  sont  achemine 


1795  pri    1801.  181»  ICol    1807  o.onaruim  nuoo    1818  mBriceraii>ii 
1SI9  »i  ei     1828  ■>.  oe  d.     1820  6i  uod  p.  eaaiBniiie»  1»  m.      1837  menreia 


'c* 


XIII  (M«on  3S807-2Bftl!J) 

Et  cbevfluchereDt  le  trotoD 
1830    Entre  Renart  et  le  moton. 

Jusqu'à  l'aveine  sont  venu 

Ou  11  vilein  mucie  ae  f« 

Qui  ot  avec  lui  un  mastin. 

SitoBt  con  a  veû  Belin 
1835   En  l'aveine,  son  oben  li  huie, 

E  Renart  est  torne  en  fuie 

Et  laisse  Belin  en  la  frape. 

Li  chen  11  decire  sa  cape, 

As  àeuz  le  prent,  que  pas  ne  faut: 
1840   Li  âocel  en  volent  en  haut.  ' 

De  sa  leine  bien  l'a  plume, 

Molt  par  a  Belin  malmené. 

Et  li  viletn  li  escria, 

'Certes  mai  nos  esoapera. 
181Q    Tien  le  bien,  gar  que  ne  t'astordel 

Se  gel  puis  tenir  en  ma  corde, 

Je  l'enmenre  en  ma  meson, 

Si  li  ostere  sa  toison.' 
Belin  a  le  viUin  ol. 
1850   'Ha  las'  fait  il,  'je  sui  huni. 

Cbuflet'  fait  il,  'ce  m'as  tu  fet. 

Vers  le  roi  te  ferei  tel  plet. 

Se  dex  me  lesse  retorner.' 

Et  li  chens  le  prist  a  peler, 
1855   Tote  la  leïne  li  esrace. 

En  son  dos  remeint  meinte  place, 

Le  poil  en  errache  et  le  cuir. 

'Ha  las'  fait  Belin,  'je  me  maîr: 

Mont  par  sui  or  mal  atomez. 
1860   Sire  dex,  car  me  secores, 

Car  ore  en  a.\  je  grast  mester.' 

Et  li  vileins  prent  a  hucier, 

'Tien  le,  di  va!  tien  le,  di  vaV 

Atant  le  chen  se  regarda, 

16  hue    1841  U     1842  Mol  ■*■  ■ 


,  Google 


Xm  (Méon  28S48-S8S7li) 

1865    Qa'il  quida  que  celai  venist 

Et  Belin  a  fuir  se  priât, 

Quant  il  ee  senti  délivre. 

Fuiant  s'en  va  parmi  an  pre, 

Onques  tant  ne  quant  n'aresta 
1870  Tant  qu'a  la  cort  le  roi  trova. 

Si  lî  estoit  as  pies  ooûb 

E  diat  '8ire,  mal  sui  Tenas. 

Por  amor  de,  or  esgardes, 

Cornent  je  eui  entrepelea. 
1876    Tôt  ensî  m'a  Coâet  servi.' 

Et  dit  li  rois  'bien  soi  boni. 

Si  ne  aei  que  je  puisse  fere 

De  ce  traïtor  deputere 

Qui  se  fet  apeler  Coâet 
1880   Et  eÎQsi  ma  jent  me  maumet 

Et  si  les  a  tome  a  mal.' 

Lors  vit  parmi  la  sale  aval 

Venir  dant  Beroart  l'arehepreatre, 

Et  tint  Brun  l'ora  par  la  mein  deatre, 
1886   Et  avocques  fu  saDs  fauser 

Hisire  Baucens  le  sengler. 
.   Tuit  troî  sont  ensemble  venu. 

Et  quant  li  roi  les  a  veS, 

Si  lor  a  dit  Venes  avant, 
1890    Seignors,  qae  bien  soies  venant. 

De  vos  avoîe  je  meater, 

Que  je  vos  voudrai  envoier 

Entre  vos  trois  querre  celi 

Qui  si  a  Beiio  maubutlï. 
189â    Aies  et  si  le  m'amènes. 

Gardes  sans  lui  ne  reveoes, 

Mes  amenés  moi  le  laronr 

'Sire'  ce  dient  li  baron, 

Nos  feron  ce  que  vos  plera: 
1900    Honis  Boït  qui  ja  s'en  feindra. 


1808 

faw       186S  la 

QA 

1876  honit 

1878  traître 

96  r^ua 

r    18â&  bMam 

1888 

ueu* 

tsss 

celui     imitu 

DM  li 

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96  XIII  (Héon  -28879-28914) 

Plus  Dâ  DOS  Vflrrois  demorer, 
Nos  es  iron  sans  «rester.' 
'Bau  aeignor,  a  deu  vos  conmano.' 
Et  cil  moaterent  meinteBaot 

1900    Et  s'aobemioent  sans  DOisifir. 
Tuit  troi  prennent  a  chevacer 
Treatot  coste  a  coste  et  a  deatre. 
'Seignor'  dist  Bemart  l'archepreatre, 
'Sajement  noa  covient  ovrer 

1910    Que  il  ne  nos  puisse  eeehaper. 
Li  un  de  nos  s'en  voiat  devant 
Tieatot  bêlement  oheTauoant: 
8'il  ne  voit  c'un  de  nos  ensanble, 
N'aura  pas  poor,  ce  me  semble.' 

1910    'Par  foi'  font  il.  Vos  dites  voir. 
Mes  or  voudrion  nos  savoir 
Liquiex  sera  oe  qui  ira.' 
'SeignoFs,  lequex  que  vos  plaira. 
Ge  irai,  ae  vos  oonmandes.' 

19-iO   'Sire'  font  il,  'bien  dît  aves. 
Et  damledeu  a  son  plaisir 
Vos  en  laist  a  bon  chef  venir. 
Qui  le  vos  doinst  par  tans  trover. 
Que  au  roi  le  paisaonz  mener.' 

102&       Atant  l'arobeprestre  s'en  part 
E  chevauche  tôt  un  eaart. 
Auquea  loing  de  aes  oonpaigaonz 
S'en  vait  Bemart  toa  les  trotonz 
Bien  entor  une  arbalestee. 

1980   Si  eet  entre  en  UDe  pree 
Et  va  chevaucant  saoz  srest 
Tant  qu'il  fu  outre  une  foreat 
Qui  moût  eatoit  grant  et  foillue. 
Deeuz  une  coudre  menue 

1836   A  trove  dant  Coflet  gisant. 
Con  il  l'ot,  si  saut  en  estant, 

1902  dpm«r«r       1907  c.  S  r.  «  d.      1900  o.  u  o.      \W  Q*'  '' 
1913  que  un     1917  qui  i  ir>     1930  Heiicnur  fait  i)     iOâS  li-«  ««'4*' 


Xm  iUéoa  28810-28960) 

•  Si  li  dit  'sire,  bien  vieagaiez!' 

Et  Bernart  qni  fu  avanchez, 
là  dit  je  ne  vos  salue  pas. 

1040  Au  roi  vendrois  plue  que  le  pas. 
Saches,  il  ne  vos  aime  mie, 
Que  sa  gent  avez  maubillie, 
Et  mal  atomes,  che  saoiez. 
De  ses  barons  serois  jugiez: 

t94A    Quant  la  cort  jugie  vos  aura, 
Li  rois  tel  justice  en  fera 
CoD  li  baron  esgarderont.' 
Heintenant  Reuart  li  reepont 
'Sire,  par  sainte  Charité, 

1960  Vos  n'estes  pas  bien  asene. 
Ë  bien  sachez,  se  dex  m'ait, 
Que  onqnes  U  rob  ne  me  vit 
ïfe  moi  ne  demande  il  pas.' 
'Far  foi'  fait  daot  Bernart,  'c'est  gae. 

1066    B  ne  demande  se  vos  non.' 
Atant  vienent  li  coupaignon, 
Uesire  Brun  l'org  et  Banoent 
Qui  ohevaucent  isnelemeot. 
Fuis  descendent  andui  a  [ne, 

i960    Si  out  Choflet  pris  e  lie 
UcBoz  le  ventre  du  cheval. 
Si  chevacent  le  fons  d'un  val. 
Onqaes  o'i  sont  aresteû. 
Si  en  sont  a  la  cort  venu. 

lOfô    Tuit  troi  descendent  au  degré, 
Si  ont  lor  priaon  detrosse 
Et  puis  sont  monte  el  paleis, 
Li  rois  se  seoit  tôt  en  pais 
Et  ot  avoc  lui  meint  baron, 

1970    Atant  voit  venir  le  laron. 

Quant  Ysengrin  le  vit  venant, 
Heintenant  sailli  en  estant 

ItHlt  pH  1941  S.  qne  il  1946  c 
■M  luee  dMoent  1061  le  le  n.  J 
IWi  boron     1070  baron 

BBNAXT  II. 


,  Google 


Xm  (M£on  38951— 28987) 

Ë  dit  'Sire,  vees  celui 

Qui  si  m'a  del  pie  maubailU, 

19T&   Bien  saobes  que  je  ne  ment  pu.' 
Et  oil  vienent  plus  que  le  pas, 
Si  tentent  Renart  trestnit  troi. 
'Sire,  sire'  font  il  an  roi, 
'Yez  Coflet  que  vos  amenom. 

1960    Ce  que  vos  plaira  en  feron.' 
E  11  rois  respont  tôt  errant 
'SeigDor,  bien  soies  vos  rennant 
Tuit  troi,  mais  ne  le  aala  mie.' 
Et  Gofiet  meiutensDt  s'esorie 

1685    'Bons  rois,  ois  sîrea  qui  ne  ment 
Il  gart  vostre  cors  de  torment. 
Plus  bel  ne  vos  pnis  saluer. 
Vos  m'aves  fait  a  oort  mander: 
Or,  si  vos  plaist,  si  me  diroîs 

1990  Tôt  ce  que  vos  conmanderoJB.' 
Li  rois  dit  'mal  soiez  veoua! 
Je  conmano  que  soies  pendiia. 
Uea  avant  te  dirai  por  quoi. 
Tsengrin  ai  se  pleint  de  toi 

1995    E  le  msstin  dant  Roenel, 
Et  l'escuirel  sire  Rossel, 
Tybert  le  cbat  et  le  moton 
Qui  a  pelée  la  toison. 
Se  de  ce  ne  te  pos  deffeDdre, 

2000   Je  te  ferai  ardoir  ou  pendre.' 
'Sire'  dit  Kenart,   entendez  I 
Se  il  TOB  plaist,  si  escotez. 
Par  tOB  les  seins  qu'en  prie  a  Uege, 
Se  Tsengrin  caT  el  piège 

2006   Et  il  i  a  le  pie  perdu, 

Doi  ge  por  ce  estre  pendu  f 

Dex  m'en  défende  e  seint  Martini 

Et  se  Roenel  le  mastin 

A  del  penchon  le  lart  mangie, 


1980  n]  DCM     1968  net  ■.     SOOO  •.  n  Modre     300B  pri 
3009  nagie 


,  Google 


Xm  (HéoD  2S98B— 24033)  99 

2010   Jfl  n'i  ai  g&ires  galnie 

Ne  perdre  n'i  redoi  ge  mie. 

Foi  qae  je  doi  seinte  Uarie 

N'i  ai  gaTnnie  ne  perdu. 

Se  lî  TÎlein  l'i  ont  bâta, 
S(ii&   Ai  ge  forfait:  que  Vea  me  pende? 

Nenil,  sire,  deu  m'en  défende  I 

Et  se  Tibert  que  la  Teom 

Fu  entre  en  autrui  maieon 

Tos  80U8  aans  demander  ostel, 
2020   Et  l'en  li  a  batu  la  pel, 

En  ioe  que  aï  ge  mesfet? 

Quant  li  fes  par  moi  ne  fu  fet, 

Je  n'en  doi  avoir  se  bien  non.  109 

E  se  dan  Belin  le  moton 
2025   A  an  vilein  mangie  s'aveine 

Et  il  li  a  OBte  la  leine, 

Bau  douB  sire,  qu'en  puis  je  mes? 

S'il  vos  plaist,  sî  nos  tenea  pes. 

De  Rossel  l'escuîroîl  vos  di, 
3080    Onqnes  a  nul  jor  ne  le  vi, 

Onqoes  par  toz  les  eeinz  de  Rome 

Ries  ne  forfis  onc  a  nul  borne, 

Et  s'il  en  vont  son  eecu  prendre 

Je  Bui  toe  prest  de  moi  defFendre 
20rî6    Contre  lequeîl  que  voudrez  d'eue,' 

'Chuâet'  fait  li  rois,  'par  mes  euK, 

Ce  que  vos  dites  ne  vaut  rien.' 

Atant  saut  Roenel  le  chen. 

Si  a  dit  au  roi  conme  prouz 
2i)iO   'Yees  ci  mon  gage  por  toz, 

Por  Tybert  et  por  Ysengrin 

E  por  Rossel  et  por  Belin 

Et  por  moi  oncor  tôt  avant.' 

Lors  ae  vet  Renart  defripant, 
3045    Quant  vit  celui  son  gaige  tendre. 

ai|6  Munll  3020  palu  2023  ns  d.  anor  3081  manqur 
2UJ0  u^utlmi  Joai  2040  Veg  2011  et  mangue  30J3  roenel  3044  vet 
manqtâ*      defripont    3M0  tï 


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100  Xni  (Kéon  24024-24060) 

Bien  août  qu'il  le  coTÎnt  défendre: 

Durement  en  est  esbata. 

Et  li  rois  a  les  gages  pris, 

Puis  a  ostages  demaDdez. 
2000   Ueintenant  est  en  pies  levés 

Sire  Frobert  le  greseïllon 

Et  dant  Tardis  le  limaçon. 

Au  roi  dient   ostages  somes 

Por  Roenel  contre  to«  ornes.' 
S060   Dist  li  roÏB  'bien  eates  créant.' 

Lors  est  Coâet  venus  avant 

E  dit  au  roi  Veîs  ci  mon  gage, 

Onqaes  nul  hom  eo  mon  aage 

Ne  mefRa  ne  ne  meffere, 
20(10   Uea  cestui  recreimt  rendrai.' 

Li  rois  dtat  'donea  est  li  gages. 

Or  n'i  faut  mes  que  les  ostagea, 

ToB  les  doorois,  foi  que  tos  doi.' 

Et  Renart  regarde  entor  soi 
S066   Trestot  contreval  la  roeson, 

S'a  choisi  Griobert  le  tesson. 

'Qrinbert'  fait  it,  'avant  venes, 

Et  por  moi  ostagee  aerea: 

Et  vos  avec,  dan  Briofaernerl 
2070   Vos  me  aolies  tant  amer 

Entre  vos  et  aire  Grinbert. 

Or  verrai  qui  ami  m'i  ert, 

Or  en  eat  venus  li  beaoing.' 

Et  Grinbert  dit,  qu'il  n'en  a  aoîog, 
2070    Que  cil  que  il  ostegera, 

Uout  meuz  de  lui  le  conoietra. 

Et  Renart  est  vers  lui  aies, 

Bi  li  dit  'sire,  a  moi  parles! 

Bien  sai  se  me  ooniasiea 
9060    Que  meintenant  m'ostagissiee.' 

'Amis'  dit  il,  'qui  estes  voeP' 

SMS  priât  sue  «  les  o.  fiOSl  robsrt  SOfi?  gag»  SOBS  i|* 
9060  reorant  2061  gnibert  (rf«  fittme  3067.  3071.  9074.  2006}  9071  &• 
nenriti    9060  me  ottngwïiei 


...Google 


Xm  (Hioii  24060-24095) 

'Sire,  je  Bui  Benart  le  ros. 
Si  vos  ai  bieo  de  vente 
Que  Roenel  sera  mate, 

2086   Car  il  a  tort  et  je  ai  droit' 

Et  quant  dant  Qriubert  Tapercoit, 
A  son  dit  l'a  reconeQ: 
Devant  le  roi  en  est  venu. 
Oatage  por  Renart  livra, 

2090   Et  dant  Brichemer  î  entra. 
Quant  ii  gage  furent  doue, 
Si  Boot  a  lor  oatex  aie: 
Bepit  ont  pria  de  la  bataille 
Jusqu'à  huit  jore  sans  nule  faille, 

2095    Et  tandis  se  sont  porchache. 
S'ont  lor  barnoia  aparellie. 
Et  sire  Hoenel  porquiert 
Tel  esou  oum  a  lui  aSert, 
Bone  cuiree  et  boo  baaton 

2100    Qui  bien  fu  frète  environ. 

Et  Benart  a'est  bien  entremis, 
Et  bien  a  son  bamois  porquis 
Ë  porcbacie  son  este  voir. 
Un  eaca  tôt  roon  et  noir 

2105   A  aparellie,  jel  vos  di, 
Et  un  baston  noir  autreaî. 
Le  bastoD  eatoit  de  pomer, 
Et  bien  l'ot  fait  estroit  lier. 
I]  fu  molt  bien  aparellie. 

2110    A  la  cort.vint  joiant  e  lie 
Renart  le  jor  de  la  bataille. 
Et  Roenel  i  fu  sans  faille 
Tôt  aparellie  por  conbatre 
E  por  l'orgoil  Renart  abatre. 

3115    Devant  le  roi  fu  en  estant. 
"Sire,  ma  bataille  demant' 
Ce  a  dit  Roenel  an  roi. 


a06b  «i  la  d.  2086  lapercot  2087  dit  »  Le»  w.  SOOS.  20H  êont 
imitrttrti»  âott»  U  mw.,  mait  Ua  Uttrts  b  a,  qui  prieident  Ua  deux  vtrti 
corrigeiitl'«rrtur  2098 lui fl«rt  2l02'.q(>]'-  2108  Mtorlier  211îftiiian3U« 


„,ogIc 


XIII  (MéoB  S4ÛM-S4189) 

Et  il  li  reapont  'je  l'otroL 
Et  saches,  se  m'ea  oreîes, 

2130    Entre  vos  deus  pais  feries: 
Et  saches  qui  sera  veincas, 
Tôt  meîii tenant  sera  pendus, 
Que  ja  raencon  o'eo  aura.' 
Dist  Roeael  'ja  n'avendra 

S125    Que  si  s'en  voist  li  leres  quïtes. 
Ancois  li  rendrai  ses  mérites 
Et  de  la  honte  et  de  l'ennui 
Que  nos  a  fait  ici  enqui.' 
Lore  diat  Renart  par  eeint  Denis, 

3180    N'en  prendroie  de  paresis 

Un  somier  chargie,  nun  pas  deus, 
Que  n'en  soion  andui  as  jeus. 
Et  je  et  vos  sans  arester. 
Trop  poent  li  seint  demorer: 

21S6    Si  m'en  poise,  par  seint  martîr. 
Sire  rois,  faites  les  venirl' 

Li  rois  fait  les  seinz  aporter. 
Quant  en  ans  ne  pot  pes  troror. 
Ses  aporta  Tibert  )i  chat. 

3140   Ce  fu  le  ob^  Pelé  le  rat 
8or  quoi  le  aerement  fera. 
Roenel  s'i  ^ajenoilla, 
Si  a  dit,  que  l'oTrent  meint, 
'Issi  m'ait  dex  et  cîat  seint, 

2146    Que  Coflet  a  ice  mesfet 

Dont  il  doit  avoir  honte  e  lot, 
Et  d'Iaengrin  et  du  moton 
E  de  moi  qu'il  priât  au  penohon, 
Et  de  Rossel  tôt  en  apert, 

SlfiO    Et  de  T08,  mon  seignor  Tibert, 
Qui  oeat  seintuaire  tenee.' 

'Par  foi'  fait  Benart,  'vos  mentes. 
De  trestot  i  aves  menti.' 
Lores  l'a  par  le  poing  sasi 


2tl8E    SUSmeo.    3120 .' fâriei ,' p*]"    3(B1  qa«    9I»m 
3187  ■eint      3149  bote      214S  pris      31M)  aicgnor  .t. 


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Xm  (Méoa  24138-2416») 

2166   St  ai  l'en  a  fait  redteoier, 

Kes  SDCois  ofri  uu  denier. 

Lors  s'eat  Renart  aj«nollïea 

Et  dit  seigiiors,  or  vos  taisîest 

Far  les  seine  que  je  voî  ioi, 
2160   Roenel  a  de)  tôt  menti, 

Que  onques  un  mot  voir  n'i  ot.' 

Il  baiae  les  seins  a  ce  mot 

Si  a  un  paressie  ofert. 

'Or  le  TerrOD'  oe  dit  Tibert, 
2166   'Come  Tostre  droit  i  parra, 

Quant  oe  au  grant  besoing  venra,' 
Quant  11  serement  furent  fet, 

Si  se  sont  a  une  part  tret, 

Et  li  rois  tôt  sans  plus  d'espace 
2170    hea  fait  amener  en  la  place. 

Renart  de  nient  ne  s'esmaie, 

En  son  doi  lace  la  coroie. 

Roenel  ne  redote  mie, 

Car  aaea  set  de  l'escennie, 
3176    Car  en  enfance  en  ot  apris, 

N'ot  si  boa  mestre  en  son  pats. 
A  cest  mot  furent  mis  ensemble. 

L'un  et  l'antre  de  poor  tremble. 

Roenel  bien  bod  qsou  eere, 
2180   Jentement  va  Renart  requerre. 

TJn  cop  li  a  jeté  d'air, 

Et  Renart  se  août  bien  ooTrir 

Qui  l'eecu  encontre  gita. 

Renart  grandime  cop  frapa. 
318S    Renart  ne  fu  pas  a  aprendre, 

Yers  le  chen  ae  voudra  deffendre. 

Le  baetoD  drece  et  tînt  l'esea, 

Si  a  si  Roenel  féru 

Del  baaton  par  deles  l'oîe, 
2190   Que  tote  a  la  teste  estormie. 

Âtant  s'en  sont  arere  trait 
SIU  anooii  i  o.    S168  liegnori    2164  ueDron    3169  tôt  « 
ma  nel  r.     2184  Et  R.     21%  p.  »  prendr*    2187  tin 


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104  XIII  (U«on  94170-3«90a) 

Oaques  n*i  ot  nul  Bemblant  fet 

Se  de  bien  non,  et  s'entrevienent, 

Les  esous  devant  lor  pis  tenent, 
2195    GraBB  coue  se  vont  ontrefeiîr. 

Rflnart,  qui  bien  août  Mcrimir 

Et  bien  sont  jeter  entredeus, 

Fiert  Boenel  enmî  lea  euz, 

À  pou  que  ne  l'a  afronte. 
3200   Lors  dist  Renart  'fel  parjure,  ' 

Meut  par  vos  est  mal  avenu. 

Se  dex  plaiat,  vob  aeroia  pendu, 

Ja  autre  merci  n'en  auroia.' 

Boenel  l'ot,  ai  fn  destrois. 
2305    Si  a  son  esou  enbrade 

£  tint  le  boaton  enpoingnie. 

Ferir  le  quide,  mes  il  faut, 

Que  Renart  d'antre  part  H  eant. 

Li  cox  deaoendi  par  vertu, 
3310    Si  l'a  ai  sor  l'escu  fera 

Que  pie  et  demi  en  abat. 

De  son  baaton  vole  un  esolat 

Et  est  par  mi  outre  brisîe. 

Holt  en  fu  Roenel  irie. 
2215    Gon  il  ot  boq  boston*  perdu, 

A  deuB  meina  a  saisi  l'eaon, 

Encontre  Renart  l'a  jeté  : 

Si  l'a  ai  forment  eaorie 

Qu'il  le  fit  voler  tôt  envers. 
2330   Roenel  saut  sua  en  travers, 

Del  poing  li  done  «nmi  les  dent 

Si  que  Renart  est  tôt  sangUoa: 

De  son  poing  li  débat  lea  joea. 

N'a  or  talant  de  fere  moes 
3235    Renart,  ce  vos  di  sans  faillance. 

Roenel  li  foie  la  pance 

Et  de  aea  dens  aovent  le  mort, 

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XUI  (Hion  S4306— 34340)  Iw 

Et  Renart  un  petit  s'estort, 

Tant  que  il  out  sa  destrd  meio. 
3230    Hout  delÏTrement  et  a  plein 

A  BOn  baston  en  haut  levé, 

Si  a  ei  Koenel  frape 

Boini  le  vis  sans  demorer, 

Que  li  fiât  un  des  eaz  voler. 
S28fi    Si  l'eapeint  de  si  graut  aïr 

Que  d'autre  part  l'a  fait  oalr. 

Et  Benart  est  sailli  en  pies, 

Son  baston  tint,  bî  en  fu  lies* 

Roenel  molt  sovent  en  frape. 
^40   Meinteoant  li  bastons  escape. 

Con  il  ot  son  baston  perdu, 

Sor  Roenel  ciet  eatendn, 

Del  poing  le  fîert  menDement 

Et  Roenel  bien  son  ouer  sent 
3346   Que  toz  est  seins,  mes  il  a'esmoie. 

De  son  oil  que  bï  le  desvoie 

Duremoit  li  anuie  e  grieve. 

Un  tor  a  fait  et  puis  se  levé, 

Renart  a  jeté  desoz  lui, 
2260    Ja  li  fera,  s'il  puet,  anuL 

Or  refu  desus  Roenel, 

A  Renart  a  faîte  sa  pel, 

As  dens  le  mort  et  fiert  del  poing 

Mont  menuemeot  sor  le  groin, 
2266   E  li  dit  ai  que  ohaquns  l'ot 

'Coflet,  car  dites  le  maa  inotl 

Se  ne  le  die,  je  t'ocirsi.' 

'Ja  voir'  dist  Renart,  'nel  dirai, 

Por  tant  puis  eatre  mort  ici.' 
3260   Et  Roenel  fiert,  ge  voa  di, 

Qmnt  oop  oon  il  poat  de  son  pie, 

Que  tôt  a  la  vis  camoisie, 

i&a  p*r  3237  rart  2238  bastoton  2241  perde  224S  8o  roenel 
e.  tôt  r.  3343.  2268  poig  2246  se  maie  2260  pot  2301  Or  fn  décore 
3366  Cenart  Au  hout  dt  lign»  il  y  o  un  r  itoU.  2367  oeï  dites  le 
BM  tnarsla    2258  diraie    2961  aon  manqu* 


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106  XIII  (Mtoa  «341—34277) 

Qu«  molt  durement  le  âestrent. 
Et  Renart  a,  jeté  un  pleint 

3265   Et  eatreînt  les  meina  et  les  piea, 
Coome  mora  a'eat  apare liiez. 
Roenel  prent  a  apeler 
Ceus  <|ui  durent  la  champ  garder 
'Siecor'  fait  il,   avant  venee, 

2270    Je  cuit  ceat  camp  est  afinee: 

Que  je  Toa  di  par  aeint  Germein, 
Ohoflet  ne  muet  ne  pie  ne  mein. 
Je  cuit  que  li  champ  eat  veinqu.' 
Atant  i  sont  ocrant  rena 

S-2T6    Et  ont  trore  Coflet  giaant, 
S)  le  prennent  de  meintenant. 

Qant  Renart  eent  qu'il  l'ont  levé, 
Meintenant  a  un  pleint  gite 
Et  dit  'haï!  dex,  je  me  muir, 

2380    Tôt  ai  perdu  et  car  et  cuir. 
Damiedeu  a  bod  plaiair  fet, 
Que  rien  n'i  a*oie  meefait,' 
Les  gardes  n'ont  plua  demore. 
Devant  le  roi  l'en  ont  mené. 

2285    Sitoat  con  li  roia  l'a  veû, 
Si  demanda  'est  il  reacu?' 
'Sire'  font  les  gardes,  'oïl. 
Mes  dites  que  en  sera  il.' 
Li  rois  respont  'ne  delaiez 

S390    Qu'il  ne  aott  pendus  on  noies. 
Jamais  ma  g«it  ne  honira. 
Tôt  meintenant  pendus  sent; 
Car  insi  le  Toil,  par  seint  Jac, 
Que  il  soit  botes  en  un  aao, 

22(»    Se)  jetea  en  l'eve  del  pont' 
Tantost  en  an  sac  bote  l'ont 
Si  que  onquea  confes  ne  fu. 
Vers  l'eve  a'en  sont  acuru. 
Qrinbert  qui  estoît  corooies, 
23Se  Cdo     2ZT0  itfiin      2372  mot      2282  forTalt     '■ 
2290  Qui  du  ■.      •22a&  .i«q    32B4  Qiiil    2206  M  a. 


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Xm  (U«on  S42T8-248I8)  10< 

2300    Desos  le  pont  eatoit  muoes, 

Que  por  Ketiart  estoit  ire. 

E  cil  Bont  eor  le  pont  monte, 

Si  n'i  DDt  pas  molt  del«e, 

Renart  ont  en  l'eve  lance, 
2ao&    An  parcbaoir  an  eecroii  fist, 

Et  Orinbert  tantost  le  aaiaiat 

Et  ai  l'avoit  del  eac  este. 

'Renart'  fait  il,   mal  as  erre, 

Or  qoident  il  qne  ci  mors  soiez.' 
2810    'Sire'  fait  Renart,  'totes  Toies 

M'en  aves  tob  ore  reacos. 

Quant  je  voudrai,  je  aérai  ros 

Auei  oon  j'eetoie  devant.' 

Lors  dit  Grimbert  W  dex  m'amant, 
3815    Se  tu  le  puea  fere,  si  fe, 

On  autrement  tu  es  aie, 

Et  je  meTmes  sui  boni.' 

'Par  foi'  fet  Rnnart,  'jel  vos  di. 

Car  orendroit  sans  arester 
28S0    He  verrez  la  nerte  ester.' 

Lors  comence  ses  boroisons, 

Bes  proieres  e  ses  sarmons 

Qu'il  avoit  en  enfonce  apria. 

Si  fa  toz  roe,  jel  vos  plevis, 
S826   Et  a  dit  'cosin,  or  veesl 

Dont  se  siù  ge  bien  atomes?* 

'Oïl  certes'  oe  dist  Grinbers, 

Tu  es  plus  bel  et  plus  apera. 

Mes  or  te  aie,  ai  ne  t'souit. 
3380    Ici  serons  jusqu'à  la  nuit. 

Que  ae  l'en  noa  aavoit  ici 

Moi  e  toi  seremes  boni, 

Ja  n'en  areen  raencon.' 

'Sire'  &it  il,  si  nos  teson.' 
2886    DeaoE  le  pont  sont  hostele, 

2303  il  2808  oont  pai  ai  mot  d.  2306  par  manque  ««froi* 
£)t4  jcrinnbart  maDont  281t  poi  2810  oreoilroite*  2820  ii«qru 
£K8  bUn* 


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V  Xin  (Héon  34814—34646) 

Et  li  autre  sont  retoroe 

En  la  sale  devant  ie  roi, 

Et  li  dient  'sire,  par  foi, 

De  cestui  estes  delÎTres, 
3S40  Par  lui.  o'iert  mes  homs  greres.' 

'Par  foi'  fet  li  rois,  'ce  m'est  bel' 

Lors  vait  chasouns  a  son  ostel, 
^Bien  ouident  estre  a  sauvete. 

Mes  il  sont  en  mal  an  entre, 
S345    3e  dant  Benart  puet  esploiter. 

Lai  e  Orinbert  stuis  delaier 

S'en  sont  desos  le  pont  issu: 

Vers  le  palais  en  sont  venu, 

lies  ne  sdnt  mie  entre  dedenz. 
2880   Départis  sont  lieiz  et  joianz 

Entre  Benart  et  le  tesson. 

Grinbert  s'en  va  en  sa  meson, 

Et  mesire  Rensrt  s'en  tome 

Yen  Maupertuis,  pas  ne  sojome. 

2859  Menaçant  s'en  va  Roïnet 
Et  l'escuirois  sire  Rossel, 
Tibert  le  ohat  et  Taengric, 
Et  le  moton  sire  Belîn, 

Et  dit  bien  que  il  lor  nuira, 
2S60  Ja  en  tel  leo  nés  trovera. 
Atant  eotra  en  Malpertuis 
E  après  lui  reforma  Tuis, 
Et  saches  que  ce  fu  savoir. 
Ci  vos  lais  de  Renart  le  noir. 

2860  En  son  castel  est  enfermes. 
Atant  est  li  contes  ânes. 

2388  ton     2840  met]  bore     2341  manque     2846  pot    3MT  dften 
33fi3   Oiobert      23&&  HeialaDant      2360  oel      2881   an  lord*  n 
30  ob.  «a  eil  farmM 


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XIV 

(néon  3661-3686) 

Ce  fa  en  mai  au  tena  novel 
Que  U  tana  est  aeriz  et  bel, 
3î  com  eatoit  l'ÂseDaion, 
Que  Henart  ert  en  sa  mesou 
5    Sanz  gariaon  et  saoz  vitaille. 
81  grant  fein  a  que  ïl  baaille. 
De  la  feint  li  delt  molt  li  cors. 
De  Malpertuis  s'en  isaï  hors 
Graut  oire  treatot  esUissies. 

10    Si  ae  feri  en  ud  plaiesîe. 
Tôt  oorooe  eat  enz  entre: 
S'a  Tibert  le  chat  encontre. 
Meintenant  l'a  a  raison  mia. 
Tibert'  fait  il,  'bau  duz  amia, 

]&   Dont  Yenes  vos?  dites  le  moi.' 
'Sire'  dit  Tebert,  'par  ma  foi, 
Oie  avoie  eopriae  ma  voie 
Chiez  on  Tileiu  les  cele  haie 
Qui  est  Uoqea  devant  noa. 

20    Li  vileins  a,  foi  que  doi  vos. 
Une  feme  qu'il  aime  tant 
Que  rien  qu'el  veille  tant  ne  qnant 
Me  li  contredit,  tant  soit  let. 
Cele  a  mucie  plein  pot  de  let 

2S   En  une  huce:  et  la  m'en  vois 
Tôt  ealessîe  parmi  ceat  bois, 

manqu*    8  iiioit    10  Ma    19  liloqm    33  quel* 


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110  XIV  (lléo..  2(W7-27.i6) 

Savoir  se  porroie  arenir. 

Se  ta  en  vels  o  moi  venir, 

Oe  t'ea  menrai  vers  la  mesoD, 
80    Ues  par  foi  aoiom  conpaingnonl 

Qelines  et  capons  j  a.' 

Renart  reapoat  ya,  ya: 

Qie  t'en  aaoQr,  volentiers.' 

A  tant  se  metent  es  sente  rs 
30    Qrant  aleSre  et  le  troton 

Tant  qu'il  vindrent  a  la  meaon, 

Qui  tote  eatoit  close  de  piex. 

Dex'  dit  Kenars  'banz  sire  dex, 

Conment  porrons  entrer  dedenzP 
40    Ces  piex  sont  ai  entretenanz 

Que  n'i  porrons  mètre  lez  piez.' 

Dist  Tebert  'ne  vos  eamaiezl 

Molt  bien,  oe  oroi,  vos  i  metron.' 

Lora  s'en  vont  entor  la  meson 
4S   Tout  bêlement  le  pas  soe 

Tant  qu'il  trovent  un  pel  froe. 

Eus  se  metent  sans  atargier. 

Puis  s'en  vont  vers  le  jelinîer, 

Qne  molt  eavoient  de  barat. 
so   "Renart'  ce  dit  Tibert  le  cfaat 

'Rauz  doz  amia,  sez  que  feras? 

En  la  meson  o  moi  venras. 

Que  se  tu  t'en  vas  an  chapons. 

Tant  a  caenz  de  tous  gaingnons, 
ba    Se  il  crient,  il  t'asandront, 

Tost  pris  et  retenu  t'aaront: 

Et  g'i  perdrai  le  mien  afere. 

Mes  vien  ens,  se  tu  vels  bien  fere, 

Aveuques  moi  tant  qu'aion  fet. 
60   Et  se  tu  veîls  avoir  du  let, 

Tu  en  mangeras  grant  plentc' 

Dist  Renara  'ce  me  vient  a  gre.' 

Atant  s'en  sont  a  l'uis  venn. 
SS  o]  ■      85  trotoni     46  trogarent     60  T.      M  ca*Mt  d*  tu 
S8  Hflut  aient  at  h     60  m  tueila     61  plete 


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HT  (Hion  3746-3794) 

Tybert  qui  moU  Toizîez  fu, 

65   S'en  est  entres  la  teste  avaDt. 
PuÏB  dist  'Renart,  se  dex  t'avant, 
Vien  enz,  ai  susleve  la  huoe! 
Del  leit  i  a  pleine  une  cru  oh  e.' 
'Par  foi'  dist  Renart,  Volentiers 

70    T'eîderai,  baus  amis  obère.' 
Àtant  en  ront  la  hocoe  ovrir. 
A  Renart  la  lait  suatenir 
Tibera,  ai  est  dedens  sailli. 
Au  pot  en  vint,  n'a  pas  fnilli, 

75   Sa  teste  a  bien  dedans  botee. 
Au  let  boirre  a  mis  sa  pensée. 
Tybert  durement  hume  et  boit. 
Renart  qui  la  huce  tenoit, 
Ëateît  durement  a  malese. 

60    Tybert'  dist  il,  'ies  tu  a  eaeP 
Hume  tantost  et  si  t'en  isl 
Car  foi  que  je  doi  seint  Denis, 
Ceste  booe  forment  me  grève: 
Car  par  nn  pou  que  je  ne  oreve.' 

85   Tibert  entent  tant  a  humer, 
Conques  ne  lî  vont  mot  soner. 
Tybert'  dit  Renart,  'haste  toi. 
Ou  la  huce  earra  sor  toi.' 
Tibert  entesdi  molt  petit 

90    A  oe  que  Renart  li  a  dit 
An  manger  a  s'entente  mise. 
Tant  en  mangn  oon  il  devise. 
Quant  tant  ot  mange  con  i)  pot, 
Tôt  a  jus  trebuoe  le  pot 

06   Et  le  let  eepandi  trestot. 

Ce  dist  Renart  'tu  es  trop  glot 
For  quoi  as  cel  pot  abatu? 
Mens  amasse  eetre  bien  batu. 
Et  ne  por  quant  fai,  ai  sail  hors, 
100    Je  sui  molt  traTelles  du  cors 


79  Btal  PHie      95  let]  iwt      97  • 


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XIV  (Hdon  2790-2868) 

De  oeste  hoce  aOBtenïr. 

Il  te  coTieDt  hors  a  Tenir.' 

Tibert  e'eat  aooraei,  à  saat: 

Et  Renart  tint  U  huoe  haut. 
toc   Tiberz  deaua  le  bort  sailli  : 

Et  BeDara  la  hnce  flati, 

Qui  li  peseit,  et  si  l'eiipeint 

Tibert  a  en  la  ooe  ateint 

81  grant  conp,  que  ce  n'est  pas  jex. 
110   La  coue  li  ti-enca  en  deue: 

Lî  bouz  en  la  huoe  ohal. 

Et  Tibert  a  terre  est  sailli: 

Si  a  Benart  areisonae 

'Renart,  molt  m'as  mal  atome 
110    Que  tu  m'as  la  coue  trenchie: 

Si  en  ai  soffert  grant  hachie. 

'Coupée?'  dist  Renart  'par  foi, 

Ce  n'a  je  pas  fut'.     'Qni  doool*'    'Toi'. 

'Je  noD  ai,  par  seint  Lienart.' 
120  'Diva,  tais  toi'  œ  dist  Renart. 

Ta  en  îes  asses  plus  ligier.' 

'De  ce  a'aToie  je  meater.' 

Dit  Tebert  'ce  saches  por  voir. 

Nel  Tousisse  por  grant  a?oir.' 
iSfi    Dit  Tibert  'tn  es  trop  masart.' 

'Di  va  or  di'  ce  dit  Renart, 

'N'en  estas  tu  legier  assez?' 

Ce  dit  Tibers  'vos  i  gabez.' 

'Gabe?'  dit  Renart  'a  quoi  fere? 
ISÛ    Que  as  tu  de  te  coue  a  fere? 

S'en  te  chacoit,  se  dex  m'ament, 

Plus  corroies  légèrement. 

Ce  poise  moi,  par  seint  Âmaot 

Que  la  moe  coe  est  si  grant. 
185    de  Toudroie  qu'el  fust  conpee.' 

Dist  Tibert  'bone  l'as  trovee. 


110  eoau«       IIB  hache       US   fmit  foi   que  doi  toi       W  nt 
128  .T«b't.     198  Tiber*]  Renart     ISS  qnftla 


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XIV   (Hioii  28«9— 3!)16) 

Ues  or  laissons  atant  ester. 

Si  en  aloDs  sans  demorer. 

Car  foi  que  ge  (loi  aeiot  Rioher, 
140    Je  ^oil  que  aies  a  manger.' 
Atant  s'en  oissirent  de  l'uia 

Tôt  bêlement  par  un  pertna. 
Si  s'adrecent  vers  les  capons. 

Tôt  bêlement  et  toz  enbrons 
146  S^en  sont  au  geliner  venu. 

Tyberz  qui  porpense  se  fu, 

En  a  lUnart  a  raison  mis. 

Ilenart'  fait  il,   ban  doz  amis, 

Les  capoDB  sont  ici  dedenz. 
IbO  Mes  se  tu  m'en  crois,  par  mes  denz, 

ÀB  jelines  ne  toceraz. 

Ëîns  te  dirai,  conment  feraz. 

Ta  prendras  le  coo  raeintenant, 

Qui  est  et  bon  et  cras  et  grant. 
Ifi5    Car  les  gelines,  par  mon  front, 

Treatotes  esconees  sont. 

Tout  ce  te  di  ge  bien  de  voir.' 

Renart  quide  qu'il  die  voir: 

Mes  non  fet,  aincoîs  le  gaboit. 
160    Renart  s'en  ynit  au  ooc  tôt  droit 

Qui  deles  Pinte  fu  a  destre. 

Si  l'a  saisi  parmi  la  teste. 

Quant  il  le  tint,  grant  joie  fet. 

Tibert  qui  esteît  en  agait, 
Itb  Lî  demande  'tiens  le  tu  bien? 

Oarde  oe  t'esoape  por  rien. 

Dont  nel  tiens  tu  bien,  di  le  moi.' 

'Oïl'  dist  Renart,  'par  ma  foi.' 

Si  con  Renart  ovri  In  boce, 
170   £t  li  COB  metntenant  en  toche. 

Si  conmence  a  chanter  si  haut 

Que  li  vileins  sire  Gonbaut, 


137  or  te  1.    143  p«r]  •    144  enibroni    146  se  « 
3&  llm  )m    173  gMbkdt 

BENART    U. 


iH,,i.u.i.,GoogIc 


114  XIV   (H«oa  3917—3006) 

Qui  se  dartnoit,  s'eo  eerella. 
Hflintenant  ses  chens  apela 

170    Et  il  meïsme  sailli  sus. 
El  gelioer  entre  par  l'uis. 
Si  toet  OOD  Tibert  l'a  refi, 
Fuit  s'en  (n'i  a  plus  étendu) 
Tôt  ooiement  et  a  celé. 

180   Renart  rest  eu  fuie  torne 

Parmi  els:  moU  tost  l'apercarent 
Li  chen  et  après  lui  corureut. 
ÏTea  Renart  se  met  a  la  fue. 
Et  li  vileins  ses  ohens  li  hue 

l8j    Et  cil  SB  metent  en  la  trace. 
Tibert  qui  fu  de  maie  estrace, 
Sali  hors  par  le  pel  froe 
Par  la  ou  tl  esteit  entre. 
Renart  après  lui  de  randon. 

190   Ues  li  ohen  par  le  pelicon 
L'aerdeot,  si  l'ont  jeté  jus. 
Ambedui  li  saillirent  sus. 
Molt  l'atornerent  malement. 
Mes  Renart  ne  fu  mie  len«. 

195   Einz  se  redreoe,  si  s'en  fuit. 
Nel  bailleront  hul  mes,  ce  qnjt. 
Fuiant  s'en  vait  stnz  demoree: 
Et  li  chen  font  la  retomee. 
Renart  s'en  fuît  de  grant  randon 

200   Trestot  pongnant  a  esporon. 
Tant  COQ  pies  le  porent  porter. 
Or  vos  doi  d'un  prestre  conter, 
Qui  passoit  de  travers  un  plein. 
Une  boiste  avoit  en  sa  mein, 

2(16    Qui  tote  estoit  d'oulees  plene. 
Li  prestres  passa  a  grant  peine 
Une  soif  que  a  passer  ot: 
Et  la  boiste  qu'onques  nel  sot, 
Li  chet  qu'  eins  ne  s'eu  aperçut. 


17»  Volait    179  «el«s    18S  «}  en     184  11  mangue    187  To  W  l"* 
309  que  eini      porcot 


...Google 


XIV  (H«oD  mu-âcm) 

210   Renart  qui  celé  part  curnt, 
Trove  la  boiet«,  si  s'en  fuit. 
Tôt  coiement  que  mot  ne  dit 
L'a  overte,  pais  si  msoja 
Les  Duleez  que  enz  troTa 

215    Totes  fora  deus  que  il  en  porte. 
En  tost  fller  molt  se  déporte. 
En  sa  booe  tint  les  oulees 
Qni  furent  en  deus  plois  doblees. 
Atant  monte  en  un  tertre  haut. 

3S0    Hoc  a  encontre  Frimant: 

Le  lea  qni  fu  frère  Tsengrin, 
Qui  renoit  coront  le  cemin 
Et  de  toBt  aler  s'esvertue. 
Ou  Toit  Renart,  ai  le  salue. 

225    'Ranart'  fait  il,  'bien  vienra  vosT 
■Primaut,  dex  beneïe  yos' 
Fet  Renart  'et  bon  jor  aîesl 
Dont  Tenes  roa  ai  ealaiasiea?'    - 
'Far  ma  foi'  fait  il,  'de  cest  bois.' 

230   'On  alezf    'Porcacer  m'en  vola. 
Por  niang^er  aui  ci  strotea. 
Hes  que  est  ce  que  vos  portea?' 
'Par  ma  foi',  fait  Ranart,  gatax 
De  moatier  que  sont  bons  et  bax.' 

23j    'Dones  les  moi,  bauz  amis  olierzl' 
'Par  foi'  fet  Etenart,  'volontcrs.' 

Atant  li  a  Renart  doneee 
De  meintenant  les  deua  ouleea. 
Si  les  a  mangées  Primaut. 

340   'Rensrt'  fait  il.  'se  dex  te  saut. 
On  les  prefs?  en  as  tu  mesf 
'NeniV  fet  Renart,  'mea  ci  près 
Les  pris  je  dedcns  un  moeter.' 
'Molt  par  sont  bonea  a  manger' 

246   Fet  Primaut:  'se  plus  en  avoie, 
Molt  Tolenters  les  mangeroie. 
Car  par  foi,  ge  ai  si  grant  fein, 
210qns    par   ZtbporU   219  A  tost    221  que   234  Do  t 


XIT  (MËOD  3006-8116) 

Ne  mangai  hui  ne  char  ne  pain.' 
Dit  Renart  'tôt  ce  n'a  mester. 

360   Vien  t'en:  si  iroue  au  moster, 
On  il  en  a  encor  ases.' 
Itenart'  fait  il,  'gari  m'aves.' 
Âtaat  se  metent  a  la  voie, 
Renart  et  Frimant  a  grant  joie. 

205    Bien  ont  lo  droit  cemin  tenu 
Tant  qu'il  sont  au  mostar  venu, 
Dont  li  prestres  est  oapeleins. 
Soz  le  seuil  as  piez  et  as  meins 
Font  une  fosse,  ens  sont  entre 

260    Trostot  bêlement  de  lor  gre. 
Si  en  venent  detrers  l'autel. 
Une  aumaïve  orrent,  n'i  ot  et. 
A  grant  pTente  i  ot  oulees 
Qui  bien  furent  enrolopees 

2U3    En  une  molt  bêle  toaille. 
Primaut  qui  dorement  baulle 
De  fein,  s'en  fu  tost  délivre. 
'Ronart'  fait  il,  'bien  as  ovre, 
Que  tu  m'as  ma  volonté  fête. 

270    Mes  cest  manger  trop  me  dehaite. 
Car  con  je  plus  en  tpangeroie, 
Et  je  voir  grenuor  fein  anroie. 
Mes  je  voi  une  bace  la: 
Espoir  aucune  chose  y  a, 

ST6  .Qui  nos  serait  bon  a  manger. 
Âlous  la  huce  depccherl' 
'ÂIoq'  dit  Renart,  'de  par  del 
Ce  qu'aves  dit,  me  vient  a  gre.' 
Lors  sont  a  la  huce  venu. 

380  Frimauz  qui  plus  voizîez  fu, 

Priet  la  huce,  et  a  queilque  peine 
En  a  brisie  la  moreine. 
La  huce  ont  orerte  tantost. 
Dedens  out  li  prestres  repost 
4  (irmaat      S&6  so      269  mr      363  oure  ai  ot  tel 


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XIV  (H«on  8117—3157)  117 

285   Pain  et  vin  et  car  a  foisoD. 

'Renart'  diat  Primaut,  'or  aTont 

Ases  a  manger,  deu  merci. 

Ues  estent  la  toaille  ici! 

Si  mangeron  de  oeste  car. 
S90   Li  prestres  n'estoit  paa  escar 

Qui  ici  mucie  l'avoit. 

Or  manjona  qae  dex  nos  avoit 

Trestot  estoo  ceat  bienfait.' 

Trestot  l'a  de  la  liuce  trait 
295    Et  ÏQ  pain  et  lo  vin  avoc 

Âmbedui  e'aaîent  iloc, 

Si  mangèrent  andui  eosanble 

Pain  et  vin  et  car,  co  me  aamble, 

A  grant  plente  et  a  foison. 
300    Que  s'il  fuBBont  a  lor  maison, 

N'i  oûat  il  paa  greonor  joie. 

Renart  dit  aoef  qu'il  ne  l'oie, 

'Frimauz,  molt  es  ore  baitiea. 

M!es  se  dex  ait  de  moi  pitiés, 
805   Oe  saurai  molt  petit  d'engin, 

Se  ne  t'en  delà  a  la  parfin. 

G'i  métrai  engin  et  entente. 

Prïmaat'  fait  il,  'molt  m'atalente 

Que  si  estes  bien  conrees. 
310   Tersea  de  cest  Ttn,  ai  bevee. 

Dist  Primaut  'sachez  sanz  mentir 

Qae  nos  en  bevron  par  leiûr: 

Car  asea  en  avon,  ce  croi, 

Se  DOS  esteon  oncor  troi, 
316    A  grant  foison  et  a  plente.' 

Tant  burent  a  lor  Tolente 

Q'a  Primaut  le  oervel  bolut. 

Renart  qui  très  bien  Taperont 

Li  dit  un  petitet  en  haut 
390   'Car  beres  de  ceat  tId,  Primant!* 

'Si  fa  je'  fet  Primaut,  'par  foi. 
6  .praHt    303  no    SOSiseant    303  aojf    308  prnav*    SiSqus 


,  Google 


XIV  (Méon  S158-8223) 

Et  tu  Renart,  verse,  si  boi.' 
"Si  fa  ge'  diet  Renart  'aaea: 
Hea  TOB,  aire  Primaut,  beYea"; 

326   Fet  Benart  'que  trop  estes  lent 
Bevps  un  pou  plus  dorementl 
De  boivre  vos  voi  recreû.' 
Dit  PrimauB  'je  boi  plus  que  tu." 
'Non  fea'  ce  dit  Renart,  'par  foi." 

330    J'on  M  molt  plue  boQ  qae  toi. 
Qui  vaut  la  moitié  d'un  farlinc' 
"Et  tu,  Renart,  tien,  hâve,  drinor 
Frimaut  boit  et  Renart  lî  done. 
For  noient  fust  delez  la  tooe: 

836  Si  bevoit  Primaut  dorement. 
Et  Renart  l'en  force  aovent 
Àuei  eonme  s'il  fuet  a  feate, 
Li  vins  1i  monta  en  la  teste, 
A  Primaut,  tant  en  a  boû. 

840   Tlenart'  fait  il,  'avoa  veii, 
Com  dex  nos  a  amené  ciF 
Molt  avom  bien  este  servi, 
La  mwci  deu,  a  ceat  aoper. 
Se  nos  foBsoBS  major  ou  per, 

846    Ne  pooBSon  pas  estre  meus. 

Et  ge  vos  dî  bien  par  mes  euU, 
Que  je  Toil  orendroit  sler 
Â.  cel  autel  mease  chanter: 
Que  je  voi  tôt  prest  aor  l'autel 
,    SôO   Le  vestement  et  le  meaael.' 
Quant  Renart  la  parole  oî, 
Dedenz  son  ouer  s'en  eajoT. 
'Bien  porraa'  fet  il  'tel  chant  fere 
Qui  te  tomera  a  contraire. 

S56    Chanter  ne  doit  nua,  bien  le  sez, 
Devant  que  il  soi  ordenea. 
Nus  ne  doit  eatre  chapeleins, 


8^  Pet  i  R.     S31  forrile      833  et  xMiifw     Mi  p** 
t  manqvt 


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XVf  (Méoa  3224-3303) 

Se  il  n'est  oorones  au  meins.' 
'Par  la  foi  que  doi  aeint  Renaut 

960  Vos  ditoe  roit'  ce  dit  Primaut. 
'Bien  sai  e  toî  que  dites  voir. 
Mes  or  voudroie  je  aavoir, 
Qui  me  porra  ooroiie  fere. 
Car  conment  que  or  tort  l'afere, 

au   Ma  parole  voil  bien  saurer. 
Yespres  m'estot  ici  caater, 
Si  truis  qui  coroue  me  face.' 
Benart  dit  'se  dex  bien  me  face, 
Se  ge  puis  un  rasoir  trover, 

870   Qe  TDS  vourai  ja  coroner.' 

Tos  dites  molt  bien'  dît  Primaut. 
Tôt  meintenant  en  estant  sault. 
Si  oom  nos  trovom  en  l'estoire, 
Taotost  troverent  un  aumoire. 

375   S'ont  dedenz  un  rasoir  trove 
Bien  trencant  et  bien  afile 
Et  ans  cisaux  et  un  baoin 
D'un  oler  leiton  et  bon  et  fin. 
Meintenant  l'a  saisi  Kenart. 

880  Si  se  retorne  d'autre  part, 
Si  que  Primaut  n'i  entendi, 
Dedenz  le  badn  a  pbi. 
Si  c'onques  Primaut  ne  le  sot. 
Or  esgardee,  con  il  fu  sot: 

385    Onques  garde  ne  s'en  dona. 
Trimaut'  fait  il,   esgarde  cal 
Tôt  nos  est  veau  en  sohet.' 
Dex'  fet  Primant,  'grant  part  i  eitl' 
Or  n'i  a  donquea  plus  a  fere, 

390  Mes  vien  moi  la  corone  fere.' 
Âdonqnes  s'est  a  terre  asis. 
Et  Renart  l'a  entre  meins  pris 

356  Sil  nait  corona     365  bien]  ore    367  tmii  qui]  qn«  1» 
qBB  M       ma    bien       874    knmars       375   '«    trou»   ./.'    nwoir 
Mitanwit      S83  paiii«    SS3  qnq«      ne)   soit      387  lahat      388 
39D  m.  loBt  la     3<J1  im 


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120  XIV  (Héon  3803-3340) 

L'eve  aor  1k  teste  li  me. 

PrimaUB  ne  se  muet  ne  remue: 
305   Einz  se  tînt  tôt  cois  et  en  pea. 

Et  oitssire  Renart  l'a  res, 

A  qui  il  n'en  est  pas  deus  billes. 

La  corone  duaqu'as  orellee 

Lï  a  fête,  pnis  li  a  dit: 
400   'Primaut'  fait  il,  se  dex  t'ait, 

Nies  tu  ores  bien  atome  P 

Tn  m'en  dois  savoir  molt  bon  gre.' 

'Si  fa  je,  foi  que  gie  te  doî. 

A  ge  oorone?'    'Oïl,  par  foi. 
406    Se  ne  m'en  orées,  tastes  it 

'Molt  Tolenters,  par  seint  Remî' 

Fet  Frimant  trestot  soavet, 

Que  meintenant  sa  meiii  i  met. 
La  corone  a  bien  detaatee. 
410   Adonc  a  grant  joie  menée. 

Si  li  a  dit  'Renart,  bau  mestre, 

Par  ma  foi,  or  sui  je  bon  prestre. 

Or  ne  voil  je  plus  demorer: 

Einz  irai  orendroit  chanter, 
410   Ja  n'i  aura  plus  atendu.' 

Et  Kenàrt  H  a  respondu 

'Primauz  baua  amis,  non  feras. 

Les  seins  tôt  avant  soneras: 

Que  nus  ne  doit  veepres  chanter 
4S0    Devant  qu'ùt  fait  les  seins  soner. 

Sonea  les,  si  ne  vos  soit  grefl' 

Tos  avea  bien  dit,  par  mon  chef 

Fet  Priœaua.  'ge  lea  sonere 

Et  puis  après  ai  cantere.' 
435    AdoDO  s'en  est  venu  as  seina 

Si  bone  oire  con  il  pot  ainz. 

XiOB  cordes  cort  tantost  saisir. 

Les  aeina  aone  de  grant  aïr. 

DM  ne  mue  403  d.  on  UMor  h.  g.  407  ••onet  409  k 
410  mee  415  ateode  417  b.  do>  a.  no  tttt  4S0  qu«  ait  (■  l«  •< 
427  tanctol 


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XIT  (Héoo  8H4I-S102) 

A  glas  sone  et  a  quareignoD. 
480    Et  Renart  a  de  son  giron 

La  boebe  eetopee  du  pan. 

PtiiB  si  a  dît  'enhan,  enhant 

Sachez  bien  ces  cordée,  sachez!' 

"Si  fa  ge'  fet  il,   ce  sachez. 
43S    Onquea  mes  par  prostré  ordcDe 

Ne  furent  seint  ai  bien  sone 

Coma  cil  seront,  se  je  puis.' 

Et  Renart  respont  'plus  ne  rais. 

Leeaies  ester:  que  trop  sones.' 
440   Dit  Primant  'quant  vos  le  voles, 

n  me  Tient  molt  bien  a  plaisir.' 

Atant  a  fait  le  glas  fenir. 

Holt  avoit  sone  longemeot. 

Vers  l'autel  s'en  vet  erraument, 
446    Au  plaa  tost  que  il  pot  venir. 

Del  vestement  se  va  vestir. 

L'aube  a  vestu  sana  atargier, 

Et  Renart  1i  cnrut  aidier. 

Uolt  ferement  li  aida. 
460  La  cMsuble  tantost  pria  a, 

Tôt  meintenant  l'a  endoseeu. 

La  corone  qu'iert  granz  et  lee 

A  aplanoie  s  as  mein. 

Puis  en  vient  a  l'autel  a  plein. 
456    Tôt  meintenant  que  n'i  ot  el, 

A  Primant  overt  le  mesael. 

Puia  a  pris  lea  foulz  a  torner. 

Renart  se  mist  el  retomer: 

Car  il  ot  de  la  gent  peor. 
460    Envers  l'uia  s'est  mis  el  retor. 

Par  la  on  il  entres  i  fu, 

S'en  estoit  meintenant  issu. 

La  fosse  qui  ert  grant  et  lee, 

A  tôt  meintenant  estopee, 


429  quarereignon     447  atagier     468  a  ai  m.    464  lautM    456  mt- 
407  les  manque    4fi9  gflt 


,  Google 


XIV  (Héon  84nS-3488) 

465    Et  la  terre  a  arere  mise.    . 

Et  Piïmaut  remest  a  l'eglÏBfl 

Devant  l'autel  tôt  estes  te. 

A  chanter  a  mia  son  ponse. 

Durement  braït  et  ulle  et  crie. 
470    Li  preatree  a  la  vois  hoïe 

Et  si  avolt  les  aeioa  oTa. 

Tantoat  est  de  aon  lit  saîlliz. 

Si  a  une  diandoille  prise. 

Au  fu  en  vient,  si  l'a  esprîse. 
470   Puis  a  pria  la  clef  do  moster 

Et  en  sa  mein  un  graat  levier. 

Puis  eat  de  son  ostel  issu, 

Droit  au  moster  en  est  venu. 

Par  un  trou  priât  a  regarder, 
480    Si  a  veû  Primant  cbanter: 

Ab  eulz  qu'il  ot  cleris  le  conut. 

Tantoat  par  lea  rues  corut. 

Si  esoria  'seignora,  or  tost! 

Li  leus  a'eat  el  moster  repoat.' 
486       Qui  donc  veïat  vilains  venir 

Et  envers  le  moster  saillir! 

ChaeouD  porte  baston  ou  maoe. 

N'i  a  oeli  ne  le  manache. 

A  l'uia  sont  venu  li  cuivert. 
400   Et  li  prestres  a  l'uis  orert. 

Si  entrent  ens  a  une  hie. 

Primauz  qui  la  noisse  a  hoTe, 

Se  merveille,  plus  n'arestut,  69 

Ueintenant  au  pertuis  corut 
405    Et  vit  qu'il  fu  de  terro  plein. 

Vers  l'autel  s'en  revint  a  plein 

Come  cil  qui  fa  esgarez: 

Si  a  les  vestemeuz  ostes. 

Puis  s'en  vint  parmi  le  moster. 
fiOO   Li  prestres  qui  tint  un  levier 

3  laglUe    468  m.  sontenle    471  lea  i.  ois    47&  otsit    484  iN 
489  lui    493  puii    407  earHKiei 


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XIV  (H«OD  34S9-S63T} 

Le  CODBUÏ,  ai  le  feri 

Que  por  un  pou  ne  l'abati. 

Quant  Primaut  se  senti  fcru, 

EnTere  le  preetre  en  est  curuz 
006    Tôt  hors  du  sens  et  erragiez. 

S'il  fuBt  sous,  ja  l'oûst  mangie. 

Mes  U  rilein  si  li  anuient 

Que  trestuit  ensamble  li  huent, 

Si  li  donent  des  cous  ssez. 
&10   A  pou  que  n'a  les  os  qassez. 

Primaut  vit  que  ne  pot  durer 

Se  por  fuîr  ne  por  aler. 

Holt  amaat  ore  ou  bois  a  estre. 

Lors  a  ved  une  fenoatro 
515   Bien  haute  dis  pies  et  demi. 

Il  s'acorse,  si  est  sailli 

Holt  dolent  et  molt  corocie. 

A  pou  que  n'a  le  ooul  brisie. 

Coq  il  fu  hors,  grant  joie  ot. 
530   Fuiant  s'en  va  plus  que  il  pot 

Yera  le  bois  trestot  eslaissie 

S'en  va  fuiant  le  col  baissie. 

Ne  s'est  gueres  arrested 

Tant  qu'en  la  forest  est  venu. 
5S5   Si  toat  con  il  i  fu  entre 

B'a  son  conpaingnon  encontre, 

Renut,  que  molt  d'engin  Bavoit. 

Si  tost  conme  Primauz  le  voit, 

8i  li  dist  'Renart,  dont  viens  tu? 
530   Di  moi,  por  qoi  me  lassas  tn 

Dedenz  le  moster  ensereP 

J'ai  trove  le  trou  bien  serre. 

Tu  l'estopas,  si  con  je  croi.' 

Dit  Renart  nol  fis,  par  ma  foi. 
589   Uea  U  prestres,  qant  il  t'oî, 

8i  l'estopa  que  je  le  tî. 

De  la  terre  que  fu  en  haut.' 

001  oonioit    008  fnru     532  Tuant     ï)13  guero     b88  1«  oroi 


,  Google 


4  XIT  (Mon  dSaS-ilK) 

'Je  l'en  croi  bien'  oe  dit  Primaut. 
'Kes  je  me  muir  ici  de  fatn. 

540    Qu'est  ce  que  tu  tiens  en  ta  mein?* 
'C'est  un  heranc'  ce  dit  Benart. 
'Uangie  en  ai,  se  dex  me  gart, 
A  grant  plente  et  a  foiaon: 
Que  je  bovai  un  oareton 

Mfi    Qui  en  meine  une  caretee, 
Ou  j'ai  bien  ma  pance  forée: 
Que  j'en  ai  mangie  a  plente, 
Tant  con  moi  vint  en  voiento.' 
Âtant  li  tendi  le  hereng, 

5D0    Primauz  le  prist  et  dist  'ahenc, 
Bien  puisses  tu  ore  venir, 
Que  molt  avoie  grant  désir 
De  manger,  que  je,  fein  avoie, 
Ceati  mangerai  tote  voie.' 

5S6    Quant  il  ot  1o  herenc  mangie, 
8i  en  a  Renart  areenie. 

'Benart'  fait  il,  'enseiune  moi. 
For  deu  et  por  l'ame  de  toi, 
Ke  di,  conment  tu  les  eus? 

MO   Sans  engin  avoir  nés  poûa. 
Que  certes  s'ancore  eu  avoio, 
Que  volenters  en  mangeroîe.' 
Dit  Renart  'saches  aana  mentir, 
Quant  vi  la  carate  venir 

065    Tote  soef  et  tote  quoie, 
Je  me  oho(^ai  enmi  la  voie 
Et  la  teste  tenoie  entort 
Àusi  con  se  je  fusse  mort. 
Si  tost  coome  U  caretier 

670    Me  virent  jesir  ou  senter, 
3i  quiderent  a  eaoient 
Que  je  fuase  mort  vraiement. 
Il  me  priatrent  que  n'i  ot  el, 

539    iati        542   grnt        548    moi    plut    et    ■    plant* 
I  ni*n||>era  i^b  t.     507  noi     660  HeJi  di     561     Q.  &  qna  ■ 
}  KBn     566  *oif     068  se  manque     069  oarati'r 


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XIV  (H«oii  4166-4314)  125 

Que  il  dessirroient  ma  pel. 
575    Et  tneintenant  me  prietrent  U, 

Si  me  jetant  el  careti]. 

Et  je  oonme  proua  et  ligiera 

En  ving  meintenant  as  panera. 

Si  en  mangai  tant  oon  je  poi. 
680    Et  quant  aaee  mange  en  oi, 

Si  sailli  jus  a  tôt  oesti, 

Que  je  t'ai  aporte  ici. 

Et  se  tu  en  tous  plue  avoir, 

Ya  après,  si  feras  savoir, 
58S    Et  si  t'apareille  autreai.' 

Ueintenant  Primaut  respondi 

'Far  ma  foi,  Renart,  ge  i  vois. 

Mais  atendes  moi  en  ce  bois.' 

'Je  volentera, .se  dex  me  saut.' 
Ô90    Atant  s'en  eat  aie  Primaut 

Et  corant  que  plua  n'i  délaie. 

La  uharete  vit  en  la  voie, 

Qui  vint  decendant  â'un  laris 

Tote  cargie  de  plats. 
595    Con  il  la  vit,  ei  en  fu  liez. 

Ënmi  la  voie  est  chooez. 

Tût  estendu  iluec  se  tint, 

Tant  que  la  cbarete  i  vint. 

Quant  cil  l'a  veQ,  si  s'escrie 
600  'Ha  ha,  le  leu!  aïe,  aïe!' 

Li  marcheant  estoient  loing 

Et  quideient  qu'il  ait  besoing. 

Quaut  il  l'oïrent  si  crier, 

Lors  prennent  a  esporener. 
GOâ    Iloquea  vienent  les  granz  salz. 

Mes  onquea  ne  se  mut  Primauz. 

Si  se  eoat  aor  lui  enbatu 

La  ou  se  ^t  tôt  estendu. 

11  eat  mors'  fitit  li  uns.    'Non  eat.' 
UIO    'Par  la  cervele  deu,  si  eat.' 

576  {«lereat    587  Kanaoii    599  aercri    60J  praauet    608  ou  il  ne 


„ogIc 


XIV   (Méon  4il&-4-m) 

'Folz'  fait  li  autres,  'il  se  feint.' 
ÂdoDO  Ta  du  baeton  eopeint 
Durement,  et  il  ne  se  mut. 
Li  careters  i  acorut 

61fi    A  tôt  un  lever  en  sbb  meins. 
Si  l'a  féru  parmi  les  reins 
Si  ^ant  coup,  a  po  ne  l'a  mort. 
Frimaaz  le  sent,  si  a  gient  fort, 
Mes  onques  ne  se  remua. 

620    Uns  des  marcheanz  l'ezgarda, 
S'a  Teii  sopirer  Primant. 
Meintenant  a  l'cspee  saut: 
81  l'a  traite,  ael  veut  ferir. 
Conme  Primauz  le  vit  venir, 

62Ô    Si  joint  les  pies  et  tome  en  fuie. 
Li  chAroters  forment  le  faue. 
Primauz  s'en  fuî  tôt  dolenz. 
Bien  est  batu  por  les  herens 
Dont  il  quida  avoir  sa  part. 

680   Ne  fina,  si  vint  a  Kenart 

Qui  se  jut  80B  un  arbre  haut. 
Devant  lui  est  venu  Primait, 
'Rcnart'  fait  il,  'mal  sui  bailis.' 
'CoumentP'  fet  il  'as  tu  faiUiP 

08&    N'as  tu  pas  des  herens  mange?' 
Dist  Primant  'ains  sui  mahenne. 
Si  m'a  batu  le  caretou 
Très  piu-mi  le  dos  d'un  baston, 
A  pou  que  il  ne  m'a  tue, 

640    Se  ne  me  fusse  remue. 

Uns  marcheant  qui  trait  a'espee 
La  le  m'oAst  ou  cors  botee. 
Mes  si  tosl  oon  traite  la  vi, 
Je  sailli  sus,  si  m'en  fuT 

645   Au  plus  que  je  poi  durement. 
Il  m'atornereut  malement.' 


en   Foli]   Non   est      S31   sor      ftSS   du  hareoe      640  raion* 
648  trate    (Mû  A 


,  Google 


XIV   (HéoD  4371-4804) 

Dit  Benars  'ne  vos  esmaiee! 
Quant  voB  en  estes  reperies, 
YoB  en  deves  deu  aorer. 

660    Mes  or  vos  venes  reposer 
Un  petitet,  puis  si  irons 
Porcbasoer  que  nos  mangerons.' 
Primauz  respundi  'amis  cbers, 
Ce  fera  ge  molt  volenters.' 

606   Lors  s'est  asis  joste  Renart 
Tôt  soef  a  senestre  part. 
'Renart'  fait  il,   car  me  conseille! 
Par  quel  engin,  par  quel  merveille 
Je  poiiBse  avoir  a  mangier; 

660    Qne  je  en  ai  grant  dessirrer. 
Dist  Renars  'foi  que  je  vos  doi, 
Vos  en  aurois  par  tans,  ce  croi, 
A  grant  plente  et  a  foison: 
Que  ci  près  a  une  meson. 

66&   Cfaies  UD  vileiD  la  de  delea 
A  trois  bacons,  molt  bien  sales, 
Dont  tu  auras  en  moie  foi, 
8e  tu  voulz  venir  avoc  moi.' 
Dît  Primaus  'la  vostre  merci. 

670   Or  vos  levés  donques  de  ci' 
Fet  Primant  'et  si  en  alon.' 
'Je  volenters  par  seiat  Simon' 
Fet  Renars:  meintenant  se  levé 
Et  sacbes  que  pas  ne  li  grève 

676    De  Primant  que  si  tost  decoit. 
A  la  maison  vont  a  esploit 
Andoi  ensemble  les  a  lez. 
Par  an  partais  i  sont  entrez 
Qui  estoit  petiz  et  estroit. 

680   Et  Primaus  de  fein  se  moroit. 
Si  i  entra  a  grant  destrece. 
Tantoat  vers  les  bacons  s'adrece 


.  eb.    BÔ6  soir    666  noU  nmnqiu    875  qaMtot  m 


,,.  Google 


128  XIV  (Méun  4367-4428) 

Delez  Reoart  qui  sages  fti. 

'Primauz,  il  t'est  bien  avena 
686   Fat  Boi  Renars:  'inaDger  poci 

Tant  que  bien  aoiez  saolez.' 

Primauz  manjue  d'une  part 

Et  d'autre  mesire  ïlenart 

Qui  aees  aayoit  plus  engin 
690    Que  Primauz  le  frère  Yeengrin. 

Durement  manjuent  et  tost: 

Que  il  le  firent  en  repost 

Pot  le  vilein  dont  orent  dote. 

Et  Renars  durement  esoote: 
695    A  l'eacoter  fu  ententia        " 

Que  ne  Tout  pas  estre  sorpris. 

Tant  manga  Primaus  des  bacons 

Qu'il  fu  auai  gros  conme  lona. 

'Renart'  fait  ît,  'qant  vos  roudroia, 
700    Fore  de  ceens  noa  geteroia: 

Que  tant  ai  mangîe,  ne  poi  plus.' 

îteintenont  en  venent  a  l'us. 

S'est  Renars  tantost  issu  hors 

Et  Primaus  si  estoit  si  gros 
706    Que  il  ne  pot  onquea  oïssir. 

'Ha  dex,  que  porrai  devenir' 

Fet  Primaus  et  que  porrai  fotef 

Dist  Renars  'que  as  tu,  bau  frère?' 

'Que  j'ai,  RonartP  par  aeiot  Richer, 
710    Je  ne  m'en  puia  ici  ticher.' 

'Ficher  P  si  poa,  ae  dex  me  saut' 

'Par  ma  foi,  non  pois'  dit  Frimaut. 

'Je  ne  pois  issir,  je  te  di.' 

'Or  bote  ta  teste  par  ci 
715   Por  savoir  et  por  essaier 

Se  tu  ti  porroies  ficher.' 

Primaus  n'i  entendi  a  mal. 

Adonquca  a'eaiaissa  a  val 

683  que  BM  tw  b.  689  Que  693  <loii  696  loprii  SH  *■  I- 
e99  Bondroit  TOI  n>.  que  m  701  li  apri*  Prinaui  «mm^m  1I3  ■* 
714  ioi    7ie  M  laiuft 


,  Google 


XIT  (H«oii  442&-4488) 

Et  el  pertus  sa  teste  tnist 

790    Renare  aa  orreiileB  le  prist 

  deu8  meiDB  et  sï  sache  et  tire, 
A  pou  le  cnir  ne  li  desoire. 
Et  oDquea  ne  sot  taot  tirer 
Que  d'iloo  le  poQst  oster. 

725   'Renart'  foit  Primaue,  sache  fortl 
Se  ne  me  aidea,  je  sui  mort: 
Que  je  te  di  sans  décevoir, 
9»li  vileioB  pooit  savoir 
Que  je  fasse  si  ensere, 

730   II  m'auroit  meintenant  tue 
Que  ja  raeiicon  n'en  auroie.' 
Dit  Renars  'or  ne  ti  esmaiel 
Que  je  te  di,  se  onqnes  puis, 
Tu  en  istras  par  oest  pertas.' 

73&   Atant  s'en  est  tome  Renart. 
D'un  plancoD  a  fet  une  hart. 
Si  est  arere  repaires 
Con  oil  qui  est  joians  et  liez. 
Si  l'avoit  Frimaut  el  col  mis& 

740   'Primaut'  fet  il,  en  nule  guise, 
Saches,  ne  vos  lairoie  ci.' 
Prinwus  respont  'rostre  merci  1' 
Renars  sache  ce  que  il  pot 
Et  Primans  onques  ne  se  mot. 

745   Mes  por  pooir  que  poîst  fere 
Hors  de  laenz  ne  le  pot  trere: 
Et  de  saoher  ne  se  reeroit. 
'Des'  dît  Renars  'îoe  que  doit 
Que  nel  puis  avoir?  que  ferouf 

7S0   lierai  je  ci  non  conpaignonî 
Nenil,  que  je  puisse  par  de.' 
Tant  a  et  sache  et  tire 
Que  du  col  dosqu'au  haterel 
Li  a  reborsee  la  pel. 

766   D  l'a  esoorche  entresait 


74&  ferre 

BBNART  II. 


796  aide     731  r.  nanroie     741    lairoi      749  r«apoii 


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130  XIV  (U«on  4484-4621) 

Et  Primaut  s  gîte  un  brait 

Et  a  ai  duremeot  orie 

Que  li  Tileine  est  eBvelle. 

TantoBt  est  Bailli  âe  son  lit. 
760    Primaat  anra  ja  mal  délit,  91 

Se  It  TileinB  le  pot  tenir. 

Quant  Primant  l'a  veQ  renir, 

Âdonqaee  ot  poor  de  soi. 

'Benart,  baux  amis,  laiwe  moil' 
76B    Fet  Primaos  'ne  voil  oi  atendre: 

Vers  le  vilein  m'eatot  desfendre 

On  il  m'aura  ja  maenne.' 

KeoarB  l'ol,  si  l'a  laissie 

Gonme  dl  qui  en  fd  dolant. 
770  Âtaot  s'en  ra,  pins  n'i  atent. 

Primaut  remest  en  mères  leu. 

Li  rileins  est  ooius  an  feu 

Et  aluma  une  ohandeille. 

Li  TileioB  a  pris  une  astele, 
776   Si  en  est  venu  a  Primant. 

Con  Primauz  l'a  reu,  si  saut 

Un  petitet  ensus  de  lui. 

Et  li  rileins  le  eonsaï^ 

Deeor  le  dos  on  coup  l'ateint. 
780   A  itant  la  oandeille  esteint. 

Gon  la  ohandeile  fa  esteinte, 

Primaus  qu'a  ou  peine  meinte, 

Eat  an  vilein  sore  ooru. 

Li  Tilein  est  au  feu  coru 
785   Por  sa  ohandeile  alamer. 

Primaoz  ou  il  n'a  qae  irer 

Le  vit  bouteouler  au  fen. 

Àtant  li  oomt  ans  li  Ion: 

Par  les  naohes  du  «ul  l'a  pria. 
790   Et  cil  a  esorier  s'est  pris 

'Aide,  aide,  bone  gentT 

709  T.  an  Mt    763  at    773  v.  alun»  1b  f.    778  CouM    18S  wf 
7S7  Et  uît  l«  nJlein  au  r.     790  le  priii 


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XIV  (HéoD  46M-48fi9) 

Sa  fetne  sailli  erranment, 

Si  tint  un  baston  en  sa  meîn. 

Et  Prîmaut  ei  tint  le  Tileio. 

TW   La  feme  hauce  le  baston 

Et  Sert  Prîmaut  sor  le  cropon. 
&[ea  por  ferir  ne  por  blecer 
Ne  le  Toloit  Primaulz  laissler, 
EÏDz  le  teneit  et  bel  et  gent 

800  'Suer'  fait  il,  apele  la  gent, 
Que  je  plus  endurer  nel  puis.' 
Et  celé  corut  ovrir  l'uis. 
Con  il  fn  overt,  si  escrie 
'A  boue  gent,  aïe,  aïef 

80&    Quant  Primaus  cfaoÎBi  l'uia  orert 
Et  le  vilein  fel  et  cuivert 
Tint  ai  par  les  nacbes  as  denz 
Que  totes  1i  enbati  ens 
(Et  saches  que  la  pièce  enporte): 

810   Ueintenant  isai  par  la  porte. 
La  feme  a  eor  le  saeil  troree, 
8i  l'a  en  la  boe  botee 
Et  est  en  la  forest  eotre. 
Si  a  tantost  Renart  trove 

815   Qui  en  la  forest  l'atandoit 
Et  durement  se  detnentoit 
Par  traîson  et  par  envie. 
Neporqaant  saches  que  sa  vie 
N'eime  il  geiree  ne  n'a  chère 

890   Et  si  li  feaoit  bêle  chère. 

Que  ne  voult  que  s'en  aperçoive: 
Et  je  crien  que  il  n'en  reçoive 
Ualés  désertes  en  la  fin. 
Et  Primaut  oiiques  ne  prist  fin 

83&  Tant  qu'il  est  arere  venu 
A  Renart  que  l'avoit  veu 
Pensif  et  si  décolore: 


800  p.  porte     SU  tronn     813  hâte     815  Indnntoit     816  dément 
Ml    819  De  «    8>2  il  ne    H23  Hnle  désertée 


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XIT  (H<OD  4570—4906) 

Chère  fesoit  d'ome  adole. 
Primaut  le  curnt  arainîer. 

830   'Reuart'  fait  il,  'tous  tu  mangierP* 
'UangerP'  fait  il,  'par  le  oaer  be. 
Tu  as  bien  le  vilein  gabe. 
Or  me  di  par  l'ame  de  toi, 
Se  bleohe  t'aP'  'nenil  par  foi' 

830    Fet  Primans,  'ce  saohee  de  voir. 
Et  si  poe  bien  de  fi  savoir 
Que  je  li  fù  fiût  grant  damage. 
J'ai  une  pièce  de  sa  nage 
Que  je  t'ai  ioi  aportee.' 

840    Lors  li  a  el  giron  getee. 

'Renart'  fet  PrimauB,   or  mangtesl 
CbsF  de  vilein  si  est  deinties. 
Ele  vaut  plus  que  je  n'espel.' 
Trimaut'  dit  Renors,  'par  ma  pel 

840   Et  foi  que  je  doi  Malebranche, 
Char  a  vilein  noire  o  blanche 
9i  n'est  prous  en  nule  seison. 
J'ameroie  plus  un  oison 
Que  a  manger  char  de  rilein: 

860    Que  ja  ne  voie  je  demein, 
Qui  la  mangera  que  je  soie. 
Car  il  a  la  lez  wle  haïe 
Que  Toe  veez,  lez  ce  plaïsôez 
Un  tropel  d'oisons  encrassies 

806    Qui  trestuit  sont  et  grouB  et  gras.' 
'0  est  ce,  por  seint  NioholasP' 
Fet  Primaus,  'ensengne  le  moif 
'Yolenters,  foi  que  je  te  doi' 
Fet  Renars,  qui  fu  pl«B  de  maL 

sao   'Delez  oele  haie  el  val 
En  poes  trover  une  trope. 
Il  n'i  a  borgne  ne  esclope 
Et  sont  granz  et  gras  et  pesant: 
8i  les  i  garde  une  paleanz. 

890  «Dunier    S54  trope  doiiioii    8fiT  onwn    860  fn  • 


XIT  (Néon  4607-4642) 

865    II  t'est  bien  avenu  sanz  faille.' 
"Par  foi,  g'irai,  oonment  tju'il  aille. 
Ja  ne  finere  jusqu'à  ex: 
S'en  aporterai  un  ou  deus, 
Qu'entre  moi  e  toi  mangeroD 

670   Et  atent  moi  les  oe  boisson.' 
'Molt  Tolontera'  ce  dist  BeDart, 
'Par  mon  seignor  seint  Llenart' 
Fet  Reuars:  'or  saches  de  fi 
Que  je  ne  me  movrai  de  m 

875   For  nule  chose  que  je  voie, 
Et  t'atendnû  en  celé  voie.' 
Piimaut  s'en  va,  Renars  remeint. 
Ne  quit  mie  que  se  demeint 
Con  esbabi  ne  oonme  fol 

880  Et  aovent  en  jure  son  col 
Que  Prïmaos  sera  mal  venus, 
8e  D  i  puet  eetre  tenus. 
Atant  s'asist  enmi  la  voie. 
Et  Primaus  s'en  va  tote  voie. 

8SS    Con  il  fn  près,  oele  part  saut: 
Un  en  a  pris  que  pas  ne  faut. 
n  s'en  voloit  mètre  a  retor: 
Mes  tost  l'sperout  le  pastor 
Et  1i  a  hue  deus  mastins. 

890   Primaut  li  frère  Ysengrin 
Les  aperçât,  et  si  s'en  fuit. 
Et  li  chen  corent  après  tnit 
Tuit  esleiasie  et  si  l'ateinent: 
For  un  petit  que  nel  mabanent. 

895   A  molt  grant  peine  i  estort, 
Fuit  s'en  ddirrement  et  tost, 
Tant  que  li  chen  l'oreot  perdu. 
Droit  a  Renart  en  est  venu. 
'Renart'  fait  il,  'par  le  ouer  be, 

9D0  Ta  m'as  fam  honi  et  gabe, 


866  oonmen     867  que  a     868  Sia     670  «ten     891  et  maugm 
SlaflBnt 


5,t7rrlb,.GOOgIC 


XIV  {Mon  4648-4679] 

Que  tu  m'enrôlas  o  les  ohens. 
Il  ne  t'en  puet  Tenir  nua  biens 
Et  grant  mal  t'en  pot  arenir.' 
Adonqnes  le  conit  saisir 
006   Et  H  a  dit  'sire  Benart, 

Vos  saTsa  trop  oigin  et  art, 
Se  je  ne  vos  rang  entreset 
La  mal  que  l'en  m'a  par  tob  fet. 
Yos  m'envoiastee  as  oisona: 
910  Yos  i  sayees  le«  gaingnons. 
For  œ  n'i  volées  venir.' 
À  icest  mot  le  va  ferir 
De  la  pâte  delez  la  face. 

Dit  Renars  'se  dex  bien  me  fâche, 
91fi   Vos  n'estes  mie  bien  aenes 

Qui  ci  ilueqnes  me  bâtes 

Sans  forfet:  ce  est  mesprison. 

For  ce  se  je  sui  petis  bom, 

Si  me  batea  et  ledengies. 
930   Si  m'aït  dex,  ce  est  peohes. 

Et  par  la  foi  que  je  vos  doi, 

Je  m'en  irei  clamer  au  reï 

Et  a  la  rolne  et  a  tous. 

For  quoi  estes  vos  si  estoa 
935    Et  qui  vos  a  forfeit  neentf* 

YoB  me  vendes  le  maotalant. 

Fieohes  est  et  deeloiaute.' 

'Se  damledex  me  doinst  santé' 

Fot  FrimauB,  Vos  estes  bonis. 
990    Far  vos  ai  este  esoharnis 

Et  batu  et  mal  atome. 

Ja  ne  vos  sera  pardone. 

Ja  ne  morres  que  par  ma  mein, 

Se  dex  me  doint  veoir  demein.' 
93D   Renars  li  respondi  en  haut 

Tar  ma  foi,  monseignor  Frimaat, 

Ce  seroit  folie  et  tort. 

2  nui  manque    990  ibbî  d.    ( 


XIT  (M «on  4686-^717) 

L'en  vos  demanderoit  ma  mort, 
Se  T08  m'avies  ore  ocis. 

MO    Je  ai  flofana  et  de  grant  pria 
Qai  bien  toat,  se  il  le  savoient, 
L'ame  de  ce  oora  voa  trairoient. 
Se  hors  du  païs  ne  fuieez, 
Ja  raenoon  ii'i  aureea.' 

945        Quant  Primaut  a^oT  maDecher, 
Lora  n'ot  eu  lui  que  corooher. 
Par  la  cheTeohailIe  l'a  pris 
Corne  cil  qui  est  d'ire  eapria. 
Contre  terre  la  trébuche. 

seo   8or  le  ventre  li  a  marche: 
Durement  li  foie  la  pance. 
Or  est  Renara  en  grant  dotanoe, 
Holt  ot  grant  poor  de  morir. 
Et  PrÙDauz  oonmenoe  a  ferir 

gu   Durement  qu'il  ne  se  fùnt  mie. 
Et  Aenan  doucement  U  orie 
Meroi  por  de  et  por  son  non 
(Si  me  doinet  dex  oonfession) 
Que  onques  rein  ne  li  forafiat 

960   A  Primaut  grant  pite  en  prist; 
De  ce  qu'ot  fet  molt  se  repent 
llenart'  fait  il,  a  moi  entent  I 
Tu  m'as  fet  molt  mal  atomer. 
À8  maatin»  m'as  fet  retomer 

96fi    Primes  aval  et  poia  amont. 

Mea  par  treatoa  lea  aeinz  do  mont, 
Quant  voa  de  moi  eaoaperoia 
Jamea  autre  ne  gaberoiz,' 
'Sire'  dit  Benars,  'saches  bien 

970   Que  je  R^  Savoie  nu]  ohen 
Ne  rien  née  fora  le  vilein. 
Se  dex  me  doinst  veoir  demein, 
N'i  aaToifl  nnl  destorbier 


SM  rraooa      948  et     96K  qno  il      8U  oouffeulon      959  nan  U 
9a0  piata    96B  p.  mont 


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136  XIT  (Héon  4718-4788) 

Par  quoi  me  doOssiez  tooher. 

976    Mes  Be  de  ci  puis  sscaper, 
Ge  m'en  irai  au  roi  clamer 
Et  a  mes  filz  et  a  ma  feme 
Et  a  la  reine  ma  dame.' 
Quant  Primauz  l'a  oï  parler 

980    Del  roi  a  qai  s'ira  olamar, 
Durement  en  ta  esfree. 
'Renart,  or  te  seit  pardons' 
Fat  Primant  ce  qae  tu  m'as  fet. 
Je  te  pardoins  le  tuen  mesfet, 

965   Et  je  te  1ère  ore  atant. 

Se  ja  dex  a  nul  bien  m'avact, 
Se  icestui  m'est  pardone, 
James  jor  ne  te  meafere. 
Ice  te  di  je  tôt  por  voir.' 

990   'Se  je  ce  pooie  savoir, 

Que  jamee  ne  me  forferoies, 
Certes  mes  bons  amie  seroiea 
A.  trestoH  lea  jora  de  ta  vie,' 
'Q'en  ai'  dit  Primant  '^rant  envie 

995   Et  bien  t'en  asofirere. 
Un  serement  te  jarere 
Par  quoi  ta  a  itant  me  croies.' 
'Se  tu  ce'  dit  Renars  'fesoies, 
Bien  t'en  seroies  aquite.' 

1000   Foi  que  doi  eeinte  Charité 

Fet  PrimaoB,  'je  molt  volentere. 
Ou  sera  trove  li  mosters, 
Ou  ge  fere  le  serementP' 
Renars  respont  'par  aeînt  Climent, 

1000   Ja  vos  métrai  bien  a  la  voie, 
Be  dex  bien  et  conseil  m'envoie.' 
Àtant  s'est  pris  a  porpenser 
Conment  il  le  poiat  vergonder. 
Lora  ae  penae  qu'il  le  meata 

977  M  mea     978  reiine     991  forferoiee     903  wrM 
rero    998  tea  ee     1009  que  il  le  m. 


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XIT  (Méon  4764-4789)  137 

1010    A  an  piège  que  grant  pieca 

Savoit  en  oe  plaisùe  laenz. 

Soavet  dit  entre  see  denz 

Qae,  se  iloc  prendre  le  pot, 

BoDC  a  il  ce  que  li  estot, 
lOiô    Que  ne  demande  autre  rien  née. 

'Primant'  dit  Renara,  'bien  m'agrée 

Que  l'aoordanee  sera  fête.' 

'itoiart'  dist  Primaua,  'molt  me  haite 

Qu'el  sera  fête  demanoîa. 
lOSO   Or  en  alon  donc  en  oe  bois: 

Si  eera  fet  le  serement. 

'Molt  Tolentera,  se  dex  m'ament' 

Fet  Primaua,  'et  a  liée  obère: 

Que  voatre  amor  ai  ge  bien  cherC''  93 

1025   Â  tant  se  œetent  a  la  voie 

Renars  et  Primaua  a  grant  joie, 

Tôt  bêlement  et  tôt  en  pea, 

Benart  devant,  Primant  après. 

Tant  ont  aie  qu'il  sont  venu 
lOW   La  ou  li  pièges  fu  tenda. 

Iloc  sont  venu  meintenant 

'Primant'  fet  Benars,  'rien  avant! 

Ci  iloques  gist  uns  cors  seinz 

Qui  est  el  ciel  avoc  lea  seins 
1036   Bneni  martirs  et  bon  confeeon. 

Ci  iloques  en  gist  li  cors: 

L'ame  est  en  l'angle  conpaignie. 

Il  fu  prodom  de  bone  vie. 

D  a  toz  jorz  deu  onore, 
1040    De  bon  ouer  servi  ^  ame. 

Hermitea  a  este  lono  tens. 

Ci  fil  mis,  qnant  fenï  son  tens. 

Ci  ^et  et  molt  fet  a  amer. 

3e  ci  iloqaea  vons  jorer, 
1016    Que  par  toi  n'iere  plus  batn, 

1011  pUiiiiet      lOlS  8i  aaoit      1097.  38  manqtient     1(»6  ■>■»• 
tin*    103S  prodone    1043  Si  j 


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XIT  (HJOQ  4790-4841) 

BoD  ami  seron  je  et  tn. 
Se  tu  ne  tous,  je  n'en  pois  mes.' 
'Par  la  foi  que  doi  seinte  Ânes' 
Dit  PrimauB  ce  fera  ge  bien. 

1050   Ne  t'en  estuet  doter  de  rien. 
Trestot  vraiement  le  Bachee!' 

Dit  Renars  'or  tob  abaiasîeir 
Atant  s'estoit  agenolliez 
Sire  PrimauB  d'andox  les  piez, 

1055   Et  miBt  aor  le  piège  sa  mein 
Et  dit  'si  voie  ge  demein 
Que  jamais  jor  de  mon  ae 
A  dan  Renart  ne  mesfere 
N'a  orne  qne  soit  de  sa  part.' 

1080   "Si  ftft  âexT  ce  dît  Benart. 
Atant  est  Primaus  abaisatez, 
SoF  le  piège  est  apoiez 
Tôt  Boaret  et  bêlement, 
Et  la  clef  do  piège  destent, 

1066    Si  a  pris  par  le  pie  Primant. 
Quant  Renare  l'a  veû,  si  saut 
D'antre  part,  et  il  li  eeorie 
'Sire  Renart,  aïe,  alel 
Aidiez  por  aeint  LTeoart!' 

lOTO   Tu  es  paijare'  dit  Renart: 

'Por  ee  li  cors  seins  te  détient. 

De  toi  aidier  a  moi  ne  tient.' 

Atant  s'en  ra  delivrement 

Et  Primaus  remeint  o  torment, 

1075  Et  saches  que  p«ne  sosfri, 
Quant  le  pie  iloo  li  porrî. 
Et  Renars  s'en  rêva  arere 
A  Malpertnis  en  sa  taîsnere. 
Encontre  est  venu  Hermeline 

1060    Qui  l'eime  d'amor  enterrine. 
Orant  joie  li  font  si  enfont, 


1018  qae  ie  d.    1061  lot     lOK  S»  s     1080  toidtx 

3  m    1078  en]  >      tMinara]  mainie 


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XIT  (MéoD  4843-48(W) 

Reoeû  l'ont  lie  et  joiant 
O  loi  sa  feme  e  bb  menîe 
Holt  se  repent  et  s'omelie. 
10B6    De  ce  que  a  Primaut  a  fet 
A  damledeu  se  rent  mesfet. 
Do  mal  qu'a  fet,  molt  t€  repent, 
9r  vie  amende  darement. 


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(Méon  2108—2188) 

BenarB  qui  mouU  sot  de  trealue         N  32<l 

Et  qui  SToit  grant  faim  eue, 

Se  met  basillant  au  frapîer. 

Si  conme  il  erroit  son  sentier, 
5    One  n'en  sot  mot  Ty bera  li  ofaaa 

Tant  que  il  se  vit  en  ses  las. 

Renars  le  voit,  si  li  fremie 

Toute  la  char  de  lecherie. 

Grant  talent  a  de  lui  mengier: 
10   Et  si  se  voldroit  revengier 

De  ce  qu'el  broion  le  bouta. 

Ma^B  ja  samblant  ne  l'en  fera 

Que  il  li  voeiUe  se  1h«i  non. 

Lofs  l'a  mis  Benars  a  raison. 
15       Tybert'  fait  il,  'quiex  vens  tos  gnief 

Et  Tybers  s'eat  mis  a  la  fuie. 

'Avoi,  Tibert'  ce  dist  Renart. 

"Ne  fuiez  pas,  n'aies  resgart! 

Arrestes,  si  parles  a  moy! 
30   Souviengne  tous  de  vostre  foyl 

Que  ouidies  tous  qae  je  tous  facdf 

Ne  cuidies  pas  (ja  dieu  ne  plaoel) 

Que  ja  nul  jour  ma  foy  vos  mente. 

Je  n'eotrasse  hai  en  oeete  sente, 
2I>   Se  ne  tous  caidasse  trouTer: 

Quar  noa  foy  voloie  acquiter. 
;t  c.  il  eitort    7  Dit    9  Teogiar     10  Hm  il  ta    11  Pwr    U  A. 


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XT  (H6o»  3139-2176}  Ul 

Dant  Tybert,  de  la  Tostre  foy 

N'estes  TOUS  mie  en  grant  effiroy.' 

Tybera  ae  tourne,  si  s'arreste. 
30   Vers  Benart  a  tome  la  teate, 

Ses  oDgles  va  fort  aguisant.  !N  33 

Bien  s'appareille  par  eamblant 

Que  forment  ae  vouldra  deffendre, 

Se  Renars  li  veult  le  doi  tendre. 
36    Hais  Benars  qui  de  faim  baaille, 

N'a  cure  de  faire  bataille: 

Tout  autre  chose  a  empesae, 

Hoult  a  Tybert  aseûre. 

Tybert'  fait  il,  'eatrangement 
40   A  en  oe  eiecle  maie  gent. 

Li  DUS  ne  veult  a  l'autre  aidier, 

Chascuns  se  paine  d'engignier. 

L'en  ne  trueve  mais  vente 

En  nul  hooube  ne  loyauté. 
4b   &t  si  est  il  oboae  prouvée 

Que  cilz  emporte  k  eolee 

Qui  s'entremet  d'autre  engignier. 

Jel  voua  di  pour  un  sermonnier: 

C'est  nosbre  compère  Yaengrine, 
60    Qui  de  nouvel  a  ordenea  prins. 

N'a  enoor  guerea  qu'il  cuida 

Tel  engignier  qui  l'engigna. 

Pour  ce  ne  voeil  eetre  traltrea, 

Que  tnit  en  ont  maies  mérites. 
55  De  losengier  et  de  mal  faire 

Ne  voi  je  nul  a  bon  ehief  traire. 

Mal  ohief  prennent  li  traytour, 

Qu'il  n'auront  ja  nul  jour  honneur. 

De  tant  me  aui  aparohefia 
60   Que  moult  est  vils  et  mal  venuz 

Qui  de  riens  ne  se  puet  aidier. 

Tost  m'eûates  guerpi  l'autrier, 

3  ■  laae  la    31  Va  «m  oukIo*     39  di»)  il     4b  il]  bien     49  Ca 
0^    GO  ordaa    GO  me  manqut      lai  biea  a. 


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143  XT  (HJon  9117~»14) 

Qaot  velstea  bien  pree  ma  mort 

Et  non  pourquant  si  ai  je  tort: 
66    Que  certes  il  voua  en  peea. 

Honnis  soit  qui  voiu  meaoïoiral 

Ufûa  non  ponrquaot  en  loyauté 

lie  oognoiasiee  la  verhe: 

N'eOstez  Tona  graot  marrement, 
70   Qaot  me  vebtes  u  tonrment 

Et  je  fui  oheBa  u  broyon, 

Ou  me  deatraindrent  li  gaignon, 

Et  li  vilaîna  avoit  hauohie 

Four  moy  oooirre  sa  coingnieP 
76   Bien  enida  sor  moi  esooter. 

Vais  il  ne  sot  preu  assener: 

Eucor  port  je  sus  moy  ma  pel.' 

Tybert  respont  ce  m'est  moolt  bel.' 

'De  ce  sui'  dist  Kenars  'tout  oert. 
80    Que  pot  ce  estre,  dant  TibertP 

Tos  ml  botastes  tout  de  gre. 

Mais  or  tous  aoit  tout  paidone. 

Je  nel  di  pas  par  felonnie. 

Certes  vos  nel  fesistes  mie, 
86   Ne  quit  que  nus  le  poîst  ftûre. 

Ne  fait  ore  mie  a  retraire.' 
Tybers  s'exouee  molemeot 

Que  vers  lui  ooulpablee  se  sent. 

Mais  Kenars,  ou  il  voeille  ou  non, 
90   Le  conduit  par  grant  traysoo. 

Tybera  ne  soet  que  il  li  die. 

Renars  de  rechïef  li  affie 

Foy  a  porter  d'ore  en  avant. 

Et  Tybers  refait  son  oreanL 
95   Bien  ont  la  chose  confermee. 

Mais  n'aara  pas  longue  dnree: 

Ja  Renars  foy  ne  11  tendra, 

Ne  Tibert  plus  fol  ne  aéra 

Moi  B5  Qa«r  «9  Ha»  n.  70  Q.  ia  fu  ohotts  t.  75  B.  ■•«■!■ 
Mtorer  80  Tnui  itilM  voir  ca  diit  t  81  mançtu  83  De*  or  WU 
manqit  p.  lira     84—86  manqu*Ht     87  dvement     88  Qni     90  eaidiiM 


XV  (H«on  2316-2368)  143 

Que  il  n'y  ait  merel  mestrait, 
100  Se  il  voit  ohoae  qui  li  hait. 

Ajidui  s'en  tournent  une  sente. 

Ni  a  celui  qui  son  ooer  sente, 

Que  faim  avoient  forte  et  dare. 

Mes  par  mervilleuse  aventure 
106   Une  grant  andoîlle  ont  trovee 

Les  le  chemin  en  une  aree. 

Renars  l'a  premerains  saisie. 

Et  Tybers  a  dit  'diex  aye, 

Biane  conpains  Benart,  g'i  ai  part.' 
110   'Et  comment  donc'  ce  dist  Renart, 

'Qui  TOUS  en  veult  toUir  partie? 

Ne  vous  ai  je  ma  foy  plevief 

Tybert  moult  poï  s'i  asefire 

En  ce  que  daut  Renart  li  jure. 
116    'Conpains'  dist  il,  'qar  la  menjoDsI' 

'ÂToi'  dîet  Renart,  'non  ferons. 

Se  nous  yci  demourions, 

Ja  en  pais  n'y  esterions. 

Porter  la  nous  convient  avant.' 
120   Ce  diat  Tybers  je  le  créant', 

Qant  il  vit  que  el  ne  pot  estre. 

Ren&rt  fu  de  Tandoille  mestre: 

Far  le  milieu  ans  dens  la  prent 

Que  de  otiascnne  part  li  pent. 
125        Qant  Tybers  vit  que  il  l'enporte, 

Honlt  durement  s'en  desconforte. 

Un  po  de  lui  s'est  approohiee. 

'Or  est'  diat  il  '^ans  malvaistieE. 

Conment  portes  vous  celle  andoiUeP 
180  Ne  vees  voua  connue  elle  souille? 

Par  la  poudre  la  traynes 

Et  a  vos  denz  la  debaves. 

Tout  le  ouer  m'en  va  ondoiant. 

Hais  une  chose  vous  créant, 

W  Qnil  mwele  meatraite  100  haite  101  InbdeDX  104  Qaar  p. 
lIKt  flb.  d«lM  la.  lOT  B.  »!  la  preniera  UO  dont  J13.  114  manquent 
116  la     lis.  veut    131  il  maHgut    qail  ne  p.  outra  wire    13S  ordoiaat 


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144  XV  (ICéon  2%g-22g6) 

135    S'ainsi  la  portes  lon^ement, 

Je  ta  vos  lairai  quitement. 

Moult;  la  portasse  ore  autrement.' 

Ce  dtet  Renort  'et  roua  oonmentP' 

'Uostres  la  ofaa!  si  le  verroia' 
140    Ce  dist  Tybert,  'ce  est  bien  drois 

Que  je  la  voue  doie  aléser: 

Que  Tos  la  velstes  premier.' 

Reoart  ne  li  quiert  ce  Teher, 

Quar  il  ae  prent  a  pourpenser: 
145    Que  se  cilz  ert  auques  chargies, 

Tant  seroît  il  plus  tost  pleeaiea 

Et  mains  se  porroit  il  desfendre. 

Pour  ce  li  &it  l'andouilie  prendre. 

Tybers  ne  fu  pas  petit  lies. 
160   L'andouille  prent  oonme  affaides. 

L'un  des  chies  en  met  en  sa  bouche, 

Puis  la  balance,  si  la  couche 

Dessus  son  dos  conme  affaitiee, 

Fuia  s'est  envers  Renart  dreoiei. 
166    'Coupaina'  dist  il,  'ainsi  feroia 

Et  tout  ainsi  la  porteroia, 

Que  elle  a  la  terre  ne  touche. 

ITe  je  ne  la  souil  a  ma  bouche  : 

Ne  la  port  pas  vilainement. 
160    Hoult  vault  un  pa  d'afikitement. 

Maie  ainsi  or  nous  en  irons 

Tant  que  a  ce  tertre  viengnons 

Ou  je  Toi  celle  croîs  fichiee. 

La  aoit  nostre  andouille  mengiee, 
166   Ne  voeil  que  avant  ta  portons,  K  34 

Uua  illec  noua  en  deliTrons. 

La  ne  poona  noua  riens  cremtr, 

Que  de  partout  verrons  venir 

Iceubs  qui  nons  vendront  mal  fure, 
170    Pour  œ  nous  y  fait  il  bon  trfûre.' 

186  Jel  n.  I.  certainement    143  Qnar  la    147  nraz  U    IBt  qw  f 
hault  I.     168  Qne  manque     t.  bi«n  v. 


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XT  (M«oii  3297-3346)  145 

Benart  de  tout  ce  n'eûst  cure: 

Uais  Tibert  moult  grant  aleiire 

Se  met  devant  lui  au  chemin. 

Onquez  de  courre  ne  priât  fin 
ITfi    Tant  qu'il  est  a  la  crois  venus. 

Renart  en  fu  moult  iraecuB 

Qui  s'apparchut  de  la  boidie, 

A  plaine  .bouche  lî  esorïe: 

'Compains'  diat  il,  'quar  m'attendes.' 
idO  'Renart'  dist  il,  ne  voa  doubles: 

Ja  n'y  aura  riens  se  bien  dod. 

Mais  siuez  moi  a  esperoni' 

Tybers  ne  fu  pas  a  apprendre, 

Bien  sot  monter  et  puis  descendre. 
ISb    AuB  ongles  a  la  crois  se  prent, 

Si  rampe  sus  moult  ristement, 

DeauB  un  des  bras  s'est  assis. 

Renart  fu  dolens  et  pensis, 

Qui  de  voir  scet  que  moquie  l'a. 
190   Tybert'  foit  il,  'ce  que  seraP' 

"N'est  riens'  diat  Tibert  'se  bien  non. 

Mais  veoee  sus,  si  mengeron.' 

'Ce  Beroit'  dist  Renart,  'grant  mal. 

Mais  TOUS  Tybert,  venee  aval! 
195    Car  trop  me  poroie  grever, 

S'il  me  convenoit  sua  monter. 

Car  faites  or  grant  cortoisie. 

Si  me  jetés  jus  ma  partie: 

Si  seres  de  vostra  foi  quites.' 
aoo    'Renart,  que  est  ce  que  vos  dites? 

Il  semble  que  vos  soies  ivres. 

Je  nel  feroie  por  cent  livres. 

Tous  deûasiez  moult  bien  savoir 

Que  ceste  andouUle  doit  valoir: 
205    Que  c'est  chose  saintefiee: 

Si  ne  doit  pas  estre  mengiee 

ISl  JalQiiar      182  H.  urnet  iui  ai  nienK«ron      100  fkit]  diat 
195—302  manquent    2D4d.  aânoir    205c'eat[(el      Haintorye     30ti  mengîe 
RKNART    IL  10 


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146  XV  (M«on  2847—3882) 

Se  Bue  croîs  non  ou  buh  moiutier: 

îtoult  la  doit  l'en  bien  exauchier.' 

"Biau  BÎre  Tybert,  ne  tob  chaot: 
2i0   Petit  de  place  a  la  en  haut, 

!N'i  porrionB  ensemble  ester. 

HoB  or  le  faîtes  conme  ber, 

Puis  q'aval  venir  ne  toIcb. 

Conpains  Tybert,  bien  !e  sareE. 
216    Vos  m'avez  vostre  foi  plevie 

De  porter  loial  compaingnie  : 

Et  coopaingnon  qui  sont  ensemble, 

Se  il  trovent  rien,  ce  me  semble 

Que  oBscuns  d'isus  i  doit  partir. 
330   Se  vo  foi  ne  volez  mentir, 

Partez  œle  andoille  la  sua, 

Si  m'en  getee  ma  part  cha  jusl 

J'en  prendrai  le  pecliie  sor  moi.' 

"Non  fere'  dist  Tibers  par  foi. 
SfâD   CoDpains  Renart,  merveilles  dites. 

Pires  estes  que  uns  hérites, 

Qui  me  rouves  chose  geter 

Que  l'en  ne  doit  deshonnourer. 

Par  foy,  ja  n'aure  tant  beû 
230    Que  je  a  terre  la  vous  ru. 

Uentir  en  porroie  ma  foy. 

Ce  est  saintisme  chose  en  loy: 

Ândouitle  a  nom,  bien  le  saves, 

Nommer  l'aVes  oy  asses. 
380   Or  vous  dinù  que  vous  ferois: 

Vous  souferres  or  ceste  fois. 

Et  je  vous  en  doing  ci  le  don: 

La  première  que  trouveron, 

Que  elle  iert  vostre  sans  partie, 
340   Ja  mar  m'en  donres  une  mie.' 

Tybert,  Tibert'  ce  diat  Benarz, 

'Tu  cherras  encore  en  mes  las. 

•Jm  l'en  manque      209—320  manquetU      321  Ca  diit  R.  or  if  * 
plus    222  Gete*  meot  dont  ma     22S.4  mattguenl    336  Tyben  reipMt 


,  Google 


XV  (Méon  2388—2419)  1 

Se  vealz,  quar  m'en  gietee  ao  poi.' 

'Merveîllez'  ce  dist  Tibers  'oi. 
S45  Ne  poea  voua  dont  tant  attendre 

Qu'auB  poÏDB  vous  en  -riengne  une  tendre 

Qui  sera  vostre  sanz  doubtanceP 

ITflBteB  pas  de  bone  abstenance.' 
Tybero  a  laiBeie  le  plaidier, 
260    Si  aqeut  l'andouille  a-  men^er. 

Qant  Benart  vit  qu'il  la  mengue, 

Si  li  tourble  auques  la  vefie. 

Itenart'  diat  Tybers,  'moult  sui  lies 

Que  TOUS  plourez  pour  vos  pechies. 
SS6  Diex  qai  congnoiat  ta  repentanoe, 

T'en  alîege  la  penitanoe.' 

Ce  dïat  Benart  *or  n'y  a  plua. 

Mais  tu  Tenras  encor  cha  jus. 

A  tout  le  maine  qant  auras  soy, 
280    Te  conrendra  venir  par  moy.' 

'Ne  aaves  pas'  ce  dist  Tybert, 

'Conment  diex  m'eat  amia  apert. 

Encore  q  tel  crues  deles  moy 

Qui  m'eetanchera  bien  ma  soy. 
266   N'a  encor  guierea  que  il  plut, 

Et  de  l'yaye  assez  i  eatat 

Ou  plua  ou  maina  d'une  jalole 

Que  je  barrai  conme  la  moie.' 

Toatevoies'  ce  dist  Renart 
270   'Venrea  tos  jaa  ou  toat  ou  tart.' 

'Ce  n'iert'  ce  diat  Tybert  'dea  mois.' 

'Si  sera'  diat  Renart,  'anchois 

Qne  aet  ans  soient  treapasae.' 

'Et  quar  l'eSsiea  vous  jure!' 
276    Ce  dbt  Renart  Je  jur  le  aiege 

Tant  que  je  t'aurai  en  mon  piège.' 

'Or  seroia'  dist  Tybert  'dyables, 

Be  (ÛIb  seremens  n'est  estables. 

Hais  a  la  croîs  quar  l'affiez: 


9  Mient  1  Y»  toRt    B  mattiiuf    251  uit  R.    266  ta    ï!78  toBmblw 


.  ..oogic 


XV  (Méoa  2420—3468) 

280   Si  sers  dont  miex  affermes.' 
Ce  àiet  Renart   et  je  l'afB 
Que  je  ne  me  mouvru  de  cy 
Tant  que  lî  termes  soit  venus, 
Si  en  aeraî  dont  miex  creflz.' 
386    'Aesea  en  ares'  diat  il   fet. 
Mais  d'une  chose  me  dehet 
Et  si  en  ai  moult  grant  pitie, 
Que  TOB  n'aves  encor  mengie, 
Et  set  ans  deves  jeûner: 

290    Porres  vous  dont  tant  endurer? 
Ne  vous  en  poes  ressortir, 
Le  serement  convient  tenir 
Et  la  foy  que  plevie  aves.' 
Ce  dist  Beofu-t  'ne  vos  tames.' 

395    Respont  Tybert  'et  je  m'en  taîs. 
Certes  je  n'en  parlerai  mais. 
Taire  m'en  doi  et  bî  est  droia, 
Sfais  gardes  que  ne  vos  mouvois.' 
Tybert  se  taist  et  si  mengue. 

aoD   Et  Eenart  fremist  et  tressue 
De  iecberie  et  de  fine  ire. 
Que  que  il  est  en  tel  martyre, 
Si  ot  tel  chose  qui  l'esmaie: 
Quar  uns  cbaiaux  de  loing  l'abaye 

a06    Qui  en  avoit  senti  la  traehe. 
Or  li  convient  guerpir  la  place, 
Se  il  n'y  venlt  tessier  la  pel: 
Que  tuit  s'en  viennent  li  ohael 
A  celui  qui  avoit  la  queste. 

810    Li  venerres  illec  s'areste: 

Âus  chiens  parole,  sels  semont. 
Et  Renart  garde  contremoiit  : 
'Tybert'  diat  il,  'qu'est  ce  que  j'oyP' 
'Attendes'  diat  Tybert  'un  poi, 

31fi    Et  si  ne  voua  remues  mie. 


801  r  manque    309  U  tritoe     BIO  L  wn  pawe     311  mU  Mmet 
Sl2  R.  peoie    que  faire  pnet 


-,,.  Google 


XT  (Héon  2454-2489) 

C'est  une  douce  mélodie: 
Par  ci  trespasBO  une  compaingne 
Qui  vient  parmi  oeste  charapaingne. 
Par  ces  bubsons,  lea  ces  espines 

320  Vont  chantant  mesaee  et  matines  : 
Âpres  pour  les  mors  chanteront 
Et  ceste  crois  aoureront. 
Or  ai  vous  y  couvient  a  estre, 
Qu'aussi  fustez  voua  jadis  prestre.' 

S25        Renart  qui  sent  que  ce  sont  chien, 
S*appatchut  que  n'est  mie  bien: 
Mettre  se  veult  au  desares. . 
Qant  Tybert  vit  qu'il  ert  levés, 
'Renart'  fet  il,  'pour  quel  mestier 

830    Voua  Toy  je  bÎ  apparillierP 

Que  est  ce  que  vous  voles  faire?' 
'Je  me  voeil'  fet  il  'en  sua  traire.' 
'En  sus?  pour  dieu,  et  vous  conment? 
Souvtengne  vous  du  serement 

990   Et  de  la  foy  qui  est  plevie! 
Car  certes  voua  n'en  ires  mie. 
Estez  illec,  je  le  conmant. 
Par  dieu,  se  voa  alez  avant, 
Voua  en  rendrea  (ce  eat  la  pure) 

340    En  la  court  dan  Noble  droiture. 
Quar  la  eerea  voua  appelée 
De  ce  que  vous  vous  parjures, 
Et  de  plue  que  de  foy  mentie: 
Si  doublera  la  felonnie. 

84&    Set  ane  eat  li  sièges  jures, 
Par  foy  plevis  et  afSes  : 
Com  mauvais  voua  en  deduîes, 
Qant  an  premier  jour  en  fuyes, 
Hoult  par  sont  bien  de  moi  li  chien: 

360   Se  vos  ja  les  doutez  de  rien, 
Ains  que  vous  faciez  tel  outrage, 


333  Inui     329  fet  ]  dist     333  fet]  diit     386  Par  ruion  nous 
8  mangtutU    349.B0  mangucnt 


,  Google 


XV  (M<oD  2490— 2ft2li) 

Donroie  je  pour  vous  mon  gage 
Et  vers  eulz  trieroB  en  prendroie.' 
Renart  le  loist,  si  va  sa  voie. 

856    Li  ohieD  qui  l'ont  apparoeû. 
Se  sont  après  lui  eemeu. 
Uais  pour  nient,  que  le  pals 
Sot  si  Keoart,  que  Ja  n'iert  pris: 
Bien  s'en  eschapa  sans  morsure. 

300   Moult  menace  Tjbert  et  jure 
Qu'a  lui  se  vonldra  aooupler, 
Se  jamus  le  puet  encontrer. 
Ësfondree  est  entr'eolz  la  guerre, 
Ne  reult  mais  trievez  ne  pais  qnerre. 

866       Tybers  U  ohaa  dont  je  ai  dit, 
Donbte  Ranart  assez  petit, 
ITe  quiert  avoir  trievez  ne  pais. 
Es  vous  deua  prostrés  a  eelais 
Qui  en  aloient  au  saint  senne. 

870  Li  un  ot  une  hiue  bauohenne, 
Et  li  autrez  ot  desouB  soy 
Un  aouef  ambiant  palefroy, 
Cilz  a  l'iue  a  Tybert  choisi. 
'Conpains'  dist  il,  estes  yoi. 

376    Quel  beste  est  ce  que  je  voy  la?' 
'Guivert'  dist  li  autres,  'esta. 
C'est  uns  meirilleus  chat  patois.' 
'He  diex,  oom  je  aeroie  roys, 
Se  jei  pooie  ans  mains  tenir 

880    A.  mon  chief  pour  le  froit  coaTrir, 
Four  ce  que  bonne  pal  avoitl 
Bon  chapel  et  grant  y  anroit. 
Certes  grant  mestier  en  avoie. 
Diex  nous  amena  ceste  voie 

886   Qui  bien  aavoit  le  grant  mestier. 
Ore  en  ferai  apparillier 
Tout  a  vostre  loa  un  oh^el, 


364  Hj  et     867  K.  cMt  por    868  Soet    iamua  p.     860  Se  mh 
par  Dnlls  MADlure    870  Uud    buia    373  ambloit  Inia  >  876  Ot  toM  ^ 


'c* 


XV   (MJon  3626-3661) 

Et  pour  ageiuir  le  plos  bel 
Me  sai  appenses  d'uoe  rien, 

390   8e  vonB  loea  que  ce  eoît  bien: 
Que  g'i  Toeil  la  qaeae  leasier 
Pour  le  chapel  agrandoier 
Et  pour  mon  col  couvrir  derrière. 
Yees  conme  eet  grana  et  pleniere  !' 

305   Diat  li  autres  'cy  a  bon  plait. 
Pour  amoQr  dieu,  q'ai  je  fouriait 
Ne  mesfait  en  nulle  baîUie, 
Qu'en  doie  perdre  ma  partieP' 
Ce  diat  li  autres  'non  area.. 

400   Mesire  Torgie,  ne  saves 

Que  je  en  ay  moult  grant  mestier. 
Pour  ce  la  me  deves  leasier.' 
'Leaaier?'  fet  il  'pour  quel  serviaeF 
Quel  bonté  ay  je  de  tous  prise  F 

406   Pour  quel  bonté,  pour  quiex  mérites 
La  roua  Itùroie,  ce  me  ditesP' 
'A.  mal  eâr'  dist  Rufraugier, 
Trop  estez  tous  jours  manuier. 
Ja  mar  du  voatre  j  aura  rien. 

410   Or  soit  partie,  jel  voeil  bien. 
Hais  de  tant  sui  je  eababis, 
Gonment  il  doit  estre  partis.' 
'Je  le  eai  moult  bien,  par  ma  foy, 
Ja  mar  en  aères  en  effroy: 

416   Que  ae  faire  en  voles  cbapel, 
Si  en  faisons  prîsier  la  pel, 
Et  de  la  moitié  le  vaillant 
Faites  en  après  mon  créant' 
Diat  Riifrengier  'faiaona  le  bieni 

420   Le  chat  voeil  je  tout  quitte  mien: 
Et  noua  alona  au  senne  ensamble, 
Et  si  mengerons,  ce  me  aamble, 
(Que  ce  ne  poons  nous  veher 


394  gnuide  306  P.  Unonr  897  meipris  S96  Paar  quen  ma 
manque  400  Homigneur  403  diat  il  407  m»)  enr  oft  <}■  frogier 
411  de  m  a.  trop  e.   416  fftitm    419  rafengier   421  entamfele  ta  senne 


'c* 


XT  (M^oii  9562-2Ge7) 

Qu'il  De  nona  convienf^e  escoter); 
420    Por  moy  et  pour  voue  paierai, 
Far  tout  toub  en  ocquiterat. 
Et  TOUS  m'affiez  loyaument 
Que  TOUS  nel  feres  autrement, 
Mais  le  obat  quite  me  laree 
480    Que  jamais  part  n'y  dameres.' 
'Honte  ait  qnil  vehe'  digt  Torgis. 
TeueB,  aire,  jel  voue  plevia 
Et  loyaument  le  toub  affi.' 
"Bien  eet'  diet  Rufreogiers  uiui, 
185   Haia  liquelz  de  nooa  le  prendra?' 
Ce  dtst  Toargis  'qui  il  aéra. 
Je  n'y  olaim  riena  ne  rienB  n'y  u, 
Ne  ja  ne  m'en  entremettrai 
Ne  par  moy  n'y  aurez  aye.' 

440    'Pour  oe  ne  remaindra  il  mie' 

Dist  Bufren^er:  'qaar  il  eat  mien.' 
'Or  TOUS  en  oonviengne  dont  bien.' 
Rufrengier  de  la  crois  approuche, 
Que  riens  plus  au  ouer  ne  li  touche 

445    Fors  Tybert  le  chat  traire  a  soy. 
Mea  trop  ot  petit  pale&oy, 
8i  n'y  pot  atteindre  en  séant: 
Sus  la  seDe  monte  en  estant. 
Qant  Tybers  TÏt  qu'il  est  drecies, 

4S0   Par  maltalent  s'est  herichies: 
Esoopi  l'a  enmi  le  vis. 
Puis  done  un  saut,  sel  Bert  des  gris, 
La  face  li  a  gratinée. 
Jus  l'abati  teste  levée, 

460    Si  que  li  hateriaua  derrière 
Li  eat  feras  en  la  quarriere: 
Par  poi  qu'il  n'est  escherveles. 
Dens  foyees  s'estoit  pasmee. 
Li  prestree  jut  en  pasmoisons, 


426  ne  l.    431  quel    434.441.448  rnrengier 
462  P.  Ait  an  t.  ai  r,  tourgii 


,  Google 


XT  (H4on  2598— 2«3S) 

460    Et  Tybers  swlli  es  arohonB 
Qui  vuidie  erent  du  prouvoire. 
Li  chevaux  s'en  tourne  grant  oirro 
Qui  avoit  este  effraes. 
Tant  fait  par  champs  et  par  ares, 

466    Et  tant  a  erre  qu'il  vint  droit. 
A  l'oBtel  dout  tournez  eatoit. 
lia  femme  au  prouvoire  seoit 
Enmi  sa  court,  si  buohetoit: 
Ne  vit  pas  le  cheval  venir. 

470   Et  il  vint  ens  de  grant  aïr, 

Tel  oop  li  donne  en  la  poitrine 
Qu'il  l'a  getee  sus  l'eschine. 
Bleohie  fu,  si  ot  paour, 
Conme  elle  ne  vit  son  seignor. 

476   En  la  selle  ou  î)  seult  aeïr 

Vit  dant  Tybert  dessus  croupir; 
Bien  cuida  ce  fussent  dyable. 
Li  chevaux  va  droit  en  t'eetable. 
Et  dant  Tybert  tous  jours  en  son, 

480   Qui  bien  congnissoit  la  maison. 
Hoult  li  estoit  bien  avenu, 
Quant  ne  l'ont  mort  ne  retenu. 
Le  cheval  lessa  eatrayer, 
Puis  s'en  est  aies  pourchaoier. 

48fi        Li  prostrés  qui  jut  contre  terre, 
Ne  sot  son  palefroy  ou  qnerre. 
Son  compugnon  appelle  a  soy 
'Amenés  moy  mon  palefroy, 
Biaux  conpains,  quar  le  m'enseigniez.' 

490    'Estes  vous'  dîst  Tourgis  'blechiesP' 
'Blechies?'  dîst  il  'ains  sui  tues. 
Ne  fu  pas  chas,  einz  fu  mauffez 
Qui  nous  a  fait  oeste  envaye. 
Dyables  fu,  n'en  doubtes  mie. 

496   Ice  sai  je  de  vente, 


462  tODrn»   47fi  mIc    477  caïd*  qua  ae  fuit  d.      48S  lot   493  Ca 
oh.  ukU  m. 


XT  (Héon  3^4-3660) 

Qae  noa  sommes  enfontosme, 

Ne  jft  de  oest  an  n'en  istron 

(Ce  gaohies)  que  nous  ne  muiron. 

Ke  sui  pas  aseûr  de  moi, 
600    Qant  ay  perdu  mon  palefroy.' 

Lors  oonmence  une  kyriele, 

SoD  credo  et  sa  miaerele, 

Pater  noster,  la  letanie: 

Et  sire  Torgis  li  aye. 
605   Soavent  gardent  se  U  veTseent 

AiDB  ()a*a  la  voie  se  meûsent, 

Tibert  et  le  cheval  engamble. 

lUais  nel  virent  pas,  ce  me  samble. 

Qant  point  nel  virent,  si  s'en  vont, 
010   CtiBSOuns  si  fait  signe  en  son  front. 
Ore  est  li  saines  respities, 

Qae  Rufningier  est  moult  blechies. 

À  son  hostel  en  est  venus, 

Uoult  fu  âoleoB  et  irascus. 
519    Sa  femme  li  a  demande 

'Quel  vent  vous  maine  et  quel  ore?" 

'Péchiez'  dist  il  'et  enocobrier. 

J'encontrai  hui  un  advorsier 

Entre  moy  et  mon  conpaignon 
530   Seigneur  Torgis  de  Locc-Buisson, 

Qui  nous  a  tous  enfantosmes  : 

A  paine  en  sni  vis  eschapea. 

7  M  aous  nittron   604  Meaire   SOdgaideat  lUIe  n.  5l9niSgf 
)  h.  Mn     533  en  sonmes  e. 


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XVI 

(Méon  4851-4876) 

Pierree  qui  de  Saint  Clost  fu  nés,         N  41 

8'flBt  tant  trareiliiez  et  pênes 

Par  prière  de  ses  amis 

Que  il  noua  a  en  rime  mis 
6    Une  risée  et  un  gsbet 

De  Renart,  qui  tant  aet  d'abet, 

Le  puant  nain,  le  desored, 

Par  qui  ont  este  deeefl 

Tant  baron  que  n'en  bu  le  conte. 
10  Des  or  oonmenoerai  le  conte, 

Se  il  est  qui  i  veille  entendre. 

Bâchiez,  moalt  i  porra  aprendre, 

Si  oon  je  cuit  et  con  je  peng, 

8e  a  l'eeoouter  met  son  sens. 
15       Ce  fu  en  nui  en  cel  termine 

Que  la  Seur  monte  en  l'aube  espine, 

Prez  rererdiâsent  et  li  boe, 

Et  oisael  chantent  aanz  repoa 

Et  toute  nuit  et  toute  jour, 
ao   Et  Renart  estoit  a  séjour 

A  HalpertoiB  sa  fortereaœ. 

Mes  molt  estoit  en  grant  destrece, 

Quar  de  garison  n'avoit  point. 

Sa  meaniee  ert  en  ai  mal  point 
20    Que  de  fain  crient  durement. 

Sa  famé  Henneline  enaement 
leKoru     18  Et  ]  Cil    ao  M  8.     34  Mloit    si  ntattque    35  Qui 

DigitzrrlbyGOOglC 


J 


XTI  (Hion  4877-4813) 

Qui  estoit  de  Douvel  eDoainte, 
Estoit  si  fort  de  fain  atainte 
Qu«  ne  86  savoit  oonBeillier. 

3U    Lora  se  prent  a  appareillier 
Renart  pour  qaerre  gariaon. 
Touz  eeulz  a'en  ist  de  ba  maison 
Et  jure  qu'il  ne  revenra 
Jusqu'à  tant  qu'il  aportera 

80   Viande  a  sa  meenie  pestre. 

Le  grant  chemin  tourne  a  senestre 
Et  vet  en  travers  la  forest, 
Que  il  ne  lî  siet  ne  ne  pleat 
A  tenir  chemio  ne  sentier. 

40   Bien  savott  le  bois  tout  entier, 
Quar  maintez  foiz  Tavoit  aie. 
Tant  vet  que  il  est  avale 
Souz  le  boîz  en  la  praierie. 
'Diex'  dist  Renart,  'sainte  Harie! 

4Q    Ou  fu  trouvez  ainssi  biax  estrezP 
Je  cuit,  c'est  paradia  terrestrez. 
Ici  feroit  bon  herbergïer, 
Qui  auroit  assez  a  mengîer. 
Tez  ci  le  bois  et  le  ruissel  ! 

00    Onques  mes  ne  vî  voir  si  bel: 
Veez  cou  est  vert  et  floria! 
Àimi  m'aït  sains  esperis, 
Que  moult  volentiers  m'i  geSsao, 
Se  je  ai  grant  besoing  n'eQase. 

QQ    Mùa  besoing  fet  vieille  troter.' 
À  cest  mot  prent  a  galoper, 
Si  s'en  part  tristres  et  dolans. 
Mes  la  fain  qu'il  avoit  aua  dena, 
Qui  enchaoe  te  leu  du  boia, 

60    L'en  fait  partir  outre  son  poiai 
Par  les  prez  s'on  vet  contreval, 
Moult  regarde  amont  et  aval 
Por  savoir  se  il  y  vélat 


)  Quel    3SQuil    ne  ne  li  p.    UMui]Gu    e2Elr.69P.> 


XVI  (Mion  ^814-^949)  157 

Chose  4]ui  au  cuer  li  seïst, 
65   Oisel  ne  lierre  ne  conuin. 

Tant  Tet  qu'il  entre  en  un  chemin 

Qui  enrere  une  vile  aloit. 

Le  chemin  suit,  et  quant  îl  voit 

La  vile,  si  jure  son  chief, 
70    Cui  qu'il  soit  bel  ne  cui  soit  grief, 

Droit  a  celé  vile  en  ira. 

Bien  cuide  qu'il  j  trovera 

Chose  qui  li  aura  mestier. 

Let  le  chemin  et  le  sentier, 
16    Qant  venuz  est  près  de  la  vile, 

Cil  qui  savoit  assez  de  guile: 

Qu^il  ne  volt  pas  estre  veOz. 

Far  ces  boissone,  par  cez  seûz 

8'en  vet  le- pas  le  col  bessant. 
80   Durement  vet  dieu  réclament 

Qu'il  li  gart  son  corps  de  prison 

Et  11  envoit  tel  garisou 

Dont  il  face  sa  famé  liée 

Et  ses  enfans  et  sa  maisntee. 
85        Or  ne  me  veil  pas  de  ce  taire, 

Que  en  la  vile  ot  un  repaire 

A  un  vilain  riche  d'avoir: 

Que  se  li  livres  nous  dit  voir 

On  je  trouve  llstoire  escrite, 
90   De  ci  a  Troie  la  petite 

ITot  un  vilain  si  aesie. 

Sa  meson  sist  joste  un  plessie 

Qui  estoit  richement  garnie 

De  tôt  le  bien  que  terre  orie, 
95   Si  con  de  vaches  et  de  bues. 

De  brebîz  et  de  tait  et  d'oes. 

D'unes  et  d'autres  norriscons. 

De  gelines  et  de  chapons, 

De  ce  î  avoit  a  plante. 

e&  ns  —  De  I  on  —  on  70  qui  a.  b.  ou  71  *  la  t.  unit  82  Et 
quil  li  tel  mangue  89  jb!  t.  Mcripto  92  niai  ]  fu  94  tous  lea  bien 
35  coDma  et  Manqut    96  oeg     99  oe  ol  il  a  graot  p. 


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168  XTI  {Mon  4050-4986) 

100    Or  aura  ja  sa  volente 

Benart,  e'il  pnet  entrer  dedenz. 

Ues  je  cuit  et  oroi  par  mes  denz 

Qu'il  fera  par  dehors  sejor, 

Que  olog  eotoit  trestoat  entour 
lOS    Et  li  jardins  et  la  mesons 

De  piex  aguz  et  gros  et  lona  ; 

Si  oouroit  entor  un  ruiBsiaux. 

La  dedenz  a  voit  arbmisBÎaux 

De  maintes  guises,  ce  sachiez, 
110    Qui  tuit  erent  de  fniit  cfaarchiez. 

Hoult  par  estoit  biax  lî  repères. 

Sire  en  estoit  Bertolz  11  Ueres, 

Uns  vilein  entulles  et  riches 

Qui  moult  estoit  avers  et  chiches, 
115    Car  de  despendre  n'avôit  cure: 

En  amasser  metoit  sa  cure. 

Ainz  lessast  plumer  ses  grenons 

Qu'il  meigast  un  de  ses  chapons, 

Ne  qu'il  eûst  au  feu  cuisine 
130   Ne  de  chapon  ne  de  geline, 

Ainz  les  fesoit  au  marchie  rendre. 

Se  Itenart  y  vuet  la  main  tendre, 

Je  cuit  bien  que  il  en  aura: 

Ja  si  garder  ne  les  saura. 
13D       Li  vileins  fu  en  sa  meson 

Ou  n'aroit  home  se  lui  non. 

Sa  famé  fu  son  file  vendre, 

Li  autre  furent  pour  entendre 

A  lor  afere  trestait  fors.  N  42 

180   Renart  vint  cele  part  le  cours, 

Qui  bien  pensoit  (n'en  doutez  mie) 

Que  la  meson  ert  bien  garnie 

De  ce  dont  il  avoït  mestier. 

Entre  deus  blez  par  un  sentier 
186   S'en  est  vennz  jusqu'à  la  haie. 

100  Or  en  nnra  bb  1<B  mta  le  jour  107  rniuel  108  d.  erMi 
ArbraisBol  112  ert  U!)  artilleas  130  olMponi  139  ?s  w; «tm  twt* 
136  O  Inl  nauoit  hom    127  f.  eatoil  «on     128  aiilre  eitoient  p.  aprcdif 


XTI  (MioD  4986-0031) 

De  lesnz  entrer  moult  s'esmaie: 

Quar  les  chapons  vit  au  soleil, 

Et  Chantecler  qui  cligne  l'ueil, 

Et  ses  poucÎDS  et  ses  gelines 
140   Qui  erent  lez  un  tae  d'espineB 

En  UD  paîllier  ou  il  gratoient. 

De  tout  ice  ne  se  gardoient, 

Bien  cuidoient  aeseûr  eetre. 

Mes  Renart  qui  fu  pute  beete, 
146  De  lecherie  Mt  et  art: 

Bien  voit,  par  engin  ne  par  art 

N'i  entrera,  c'est  por  noiant. 

Entour  Tet  et  vient  coloiant 

Pour  veoir  et  pour  eapronver 
iftO   Se  ja  peiist  partnia  trouver 

Par  ou  il  se  peûst  enz  mètre. 

Tant  vet  a  deatre  et  a  aeneatre 

Rensrt  ti  roua,  1i  malele, 

Que  par  devera  le  pleaseîa 
155    Trouva  un  pel  par  aventure 

Qui  ert  uae  de  pourreture. 

Par  la  ou  li  regorz  couroit 

Du  jardin  quant  pleû  avoit: 

Par  la  a'eo  est  entrez  dedenz 
160    Tout  aouef,  et  jure  ses  denz 

Que  a  oui  que  il  doie  nuire 

T  fera  it  ses  grenons  bruire 

Ou  de  chapon  on  de  geline. 

Tapiz  s'est  desoz  une  espine, 
166    Que  ne  volt  mie  »tre  vefiz. 

Ne  s'est  orolez,  ne  s'est  meQz. 

Touz  coiz  se  dent  et  ai  esconte. 

Cbanteder  qui  point  ne  se  doute 

Et  qui  bien  cuide  eatre  asae&r, 
170   S'en  vet  en  non  de  mfdeOr 

Parmi  le  jardin  pourohacent 

147  noiant     151  manqua.  Apre»     h  v.     Ifi3  on  lit     Re.  li  r 
U  nrnle  beste    153  Renart  mauque    li  traître*  li     166.6  manquent 


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160  zri  (Méon  6023-6008) 

£t  Bfis  gelines  apelant. 

Et  tant  ee  pourquiert  et  porchace 

Qu'il  est  veouz  devant  la  place 
176   La  ou  Renart  se  fu  muûez. 

Qaot  Renart  le  vit,  si  fu  liez. 

Si  jure  que,  ae  diex  le  saut, 

Il  li  fera  un  mauves  aaut. 
Que  que  cil  a  grater  entent, 
160    Renart  se  lieve,  'si  descent 

Vers  lui  pour  prendre:  mes  il  faut, 

Quar  Chantecler  en  travers  saut. 

Or  est  Renart  moult  malbailU, 

Quant  il  voit  que  il  a  fiùlli. 
185   Si  n'ot  en  lui  que  correcier: 

Le  coc  a  priii  a  decliaoier 

Et  ca  et  la  et  sus  et  jus. 

Chantecler  voit  qu'il  n'i  a  plus, 

A  crier  conmence  a  haut  ton. 
190   Bertoh  qui  fu  en  sa  meson, 

Saut  pour  veoir  que  ce  estoit 

Qui  ses  gelines  tanpestoit. 

L'uis  a  ouvert  de  son  courtil, 

S'a  veû  Renart  le  gourpil 
lft6    Qui  einsi  les  va  dechascent. 

En  sa  mesoD  repère  atant, 

Si  prent  deus  resiaux  enfumez 

Que  maufe  li  orent  donnez, 

Et  diet  que  ae  Renart  l'ateot, 
200   Uoult  iert  iriez,  s'il  ne  le  prent: 

Diable  U  ont  amené 

Cil  qui  bien  semble  foraene. 

S'en  revint  en  son  courtil  droit: 

Et  Renart  qui  veû  l'avoit, 
305    Deaouz  un  cfaol  muoiez  ae  fu: 

Et  cil  qui  pas  apris  ne  fii 

173  t.  aU  et  sa  et  porohace  ntan^e  174  Et  m  pottrehaee  qi^ 
il  ort  Aprèe  ee  v.  on  lit  Tenui  an  lan  et  aproobiex  117  Et  »i  n*r 
manque  178  Qui  li  180  1.  «t  «!  184  qail  j  a  198  g.  daolMcaU  \% 
Qui  eiiiii  manque     8m  greliaet  uet  d.     199  dit 


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XVI  (Mi<,u  5057-6092)  161 

Ne  d'oiaeler  ne  de  chacier, 

Seur  les  cholz  a  pris  a  couchier 

Les  resiax  treatouz  de  travers, 
210  Et  jure  lea  ob  et  les  ners 

Que  Beaart  sera  engingniez. 

Lors  a'eacrie  cod  esragiez 

Et  en  aventure  huie  et  crie, 

Ja  Boit  ce  qu'il  nel  voie  mie. 
215    'Halial'  fet  il  'mar  i  venistes, 

Fîlz  a  putain,  lierres  traïstres. 

Par  ca  eaudroiz  par  saint  Germain.' 

Un  baston  tenoit  eu  sa  main, 

Dont  il  a  les  chois  reverchiez 
2âO    Tant  que  touz  les  a  detrancbiez, 

Si  lea  reverche  sus  et  jus. 

Quant  Itenart  voit  qu'il  n'i  a  plue 

Et  que  n'i  a  mestier  celée, 

Un  saut  a  fet  a  la  volée: 
2'2&    Si  se  fiert  en  un  des  roiseue. 

Or  li  croiat  et  anuiz  et  deua. 

Maufez  l'ont  en  ce  point  tenu 

Que  moult  li  est  mal  avenu. 

S'il  escbape,  ce  ert  merveille. 
£)U   La  roiz  entour  lui  s'entourteille: 

Pris  est  et  par  col  et  par  piez. 

Or  est  il  moult  bien  engigniez, 

Ne  li  a  riens  valu  sa  guile. 

Mielx  li  venist  que  en  la  vile 
286    Ne  fust  venuz  ne  entrez  ja. 

Tourne  et  retourne  ca  et  la, 

Quant  plus  tourne  et  plus  s'enlaee. 

Toutesvoies  tourne  et  rebrace 

Pour  issir,  mes  riens  ne  li  vaut: 
340   Quar  li  vilainz  a  fet  un  saut, 

Qai  bien  l'avoit  aparceû. 

Et  dist  qu'or  li  est  mescheii, 

210  err«^n    218  Et  en  oiant  formsnt  le  huie    214  neoit    223  Ha 
qail  ni    287  l'manqut    239  i.  bon  r.    240  a  fort  j  i.    242  dit 

UKAKT  n.  11 


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XVI  CM^on  6098-5128) 

Quant  il  est  cheQz  en  sa  ttape: 
MerveilleB  ert  s'il  li  eschape 
346    Que  del  corps  ne  soit  empiriez. 
Vers  lui  s'adresoe  touz  iriez: 
Si  avoit  faauoie  le  pie  destre, 
Desus  la  gorge  li  voult  mètre, 
Quar  mielz  l'en  ouidoit  meatroier. 

260    îles  Benari;  nel  voult  otroier, 
Que  to8t  l'auroit  espoir  blede. 
Si  con  cil  rabessoit  son  pie, 
Ronart  l'a  pris  par  mi  ans  denz 
Si  que  tontes  li  embst  enz: 

260    Serre  les  denz  aprez  la  bouche 
Si  qne  l'une  a  l'autre  toucha. 
Uoult  les  a  bien  Reaart  serrées, 
Que  d'outre  en  outre  sont  passées. 
Quant  li  vilainz  se  sent  bleoîe 

360   Et  vit  son  pie  par  mi  penùe, 
Li  sans  li  mue  et  pert  ooulonr, 
Pasmez  chaî  de  la  douleur. 
Et  Renart  le  tint  toutevoie, 
Qui  a  son  cuer  avoit  grant  joie 

266    De  06  qu'il  l'avoit  si  a  main, 
Et  jure  dieu  et  saint  Germain 
Que  il  ne  li  eschapera 
Devant  que  son  pleeir  fera: 
Que  bien  scet  qu'il  seroit  frapez, 

370    Se  il  li  estoit  eschapez; 

Que  ne  porroit  ester  bod  corps 
Du  roisel,  s'il  n'en  est  mis  fors 
Par  tel  qui  sceûst  la  manière. 
Pour  ce  dist  que  la  mort  le  âere, 

276   S'il  II  este  del  pie  les  denz. 
Li  vileînz  qui  se  jut  adenz 
Tout  ainsi  coo  il  esïoit  Ions, 
Est  revenus  de  pâmoisons. 


■244  sa  BD  e.  247  folag  d.  203  oon  aeitoit  uant  >.  SH  tw 
267serr«a  399  aent]  ujt  260  parmi  peroia  ion  pie  ÏTIQoil  ■■  Vit- 
ne  uelre  soi  lion    278  qDÎI  ■.    376  ait 


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XTI  (H<on  6120—5164)  16d 

De  Ren&rt  se  cuide  oscbaper, 
280    9i  li  prent  le  groing  a  taeter: 

Que  la  bouche  li  voult  ouvrir. 

Mea  Renart  ae  le  volt  soufrir, 

Einoois  li  vet  moult  anoiank 

Et  li  TÎlaÏDz  le  vet  baillant 
S85    Àus  pouces  qu'il  a  dure  et  gros. 

Toutes  voies  n'est  pas  tant  os 

Que  a  la  bouche  li  adese. 

Et  Renart  qui  jut  a  mslese, 

Quant  voit  que  durement  le  taste, 
•i90   Si  giete  les  denz,  si  le  hape 

Oveo  le  pie  par  la  main  destre. 

Or  est  le  vilain  bien  a  mestre, 

Bien  le  vet  Renart  mestroiant: 

N'eschapera,  c'est  pour  notant. 
29Q    II  eOst  fet  greigneur  savoir, 

3*eu8t  lessie  (ce  sai  de  voir) 

Renart  en  pes  querre  sa  vie: 

Uoult  ot  empense  grant  folie 

Quant  le  volt  prendre,  mar  le  fist. 
son    Tant  grate  cbievre  que  mal  gist. 

Bien  se  onida  de  lui  vengier: 

Or  est  cbefl  en  sou  dangier, 

Quar  il  n'eu  aura  ja  pitJe. 

A  tout  le  mainz  n'a  il  c*un  pie 
3II&    Et  nue  main  en  sa  baillie. 

Renart  a  sa  geule  sesie 

Del  pie  destre  et  de  l'antre  main. 

Moult  vet  menaçant  le  vilain, 

Et  dist  qu'il  It  torra  la  vie 
;iin   Del  corps,  foi  que  il  doit  s'smie, 

Que  ja  n'en  aura  reancon: 

Mielz  li  venist  estre  a  Lançon 

Que  il  fust  cheSz  en  ses  mainz. 

Grant  paour  en  a  li  vilainz, 

%4  iMt  biBillant    287  oit    206  8il  ea*(  ce  sachiez  do     398  M. 
IMI  «MiMau  g.     299  ma)     808  R.  (a  g.  sn  a  i.    300  dit     312  e.  en 


lUnlbyGOOglC 


4  XTI  (H£on  61SS-5201) 

816    Ne  Boet  que  fere  ne  qne  dire. 

Des  ielx  pleure,  du  cner  souspira 

Et  maiue  ileuques  moult  fort  vie. 

Tout  en  plorant  merci  lî  crie. 

'Sire  Renart'  fait  il,  'merci! 
330    Lessiez  moi,  por  dieu  voa  em  pri 

Conmandez  moi  ce  que  voudroiz, 

Et  jel  ferai,  quar  il  eet  droiz, 

Et  vostre  hom  sere  tous  jours  mes.' 

'Filz  a  putain,  vilain  punes' 
S2d   Fet  Renart,  'qu'aléa  vos  dieantf 

liouU  m'aliez  huî  despisant, 

Et  moult  me  cuidîez  bien  prendre, 

Quant  vos  roiseus  alastes  tendre 

Parmi  le  jardin  conme  foux. 
831)   Mes  si  me  puiat  udier  saint  Lox, 

Tous  le  conparroiz  hui  moult  chier.' 

Et  cil  qui  ne  se  pot  vencliier, 

Crie  et  se  plaint  et  fet  son  due). 

"Sire'  fet  il,  'a  vostre  vueil 
385    Ferai  quanque  conmanderez.' 

'Tesiez'  dist  Renart,  'ne  janglez, 

Filz  a  putain,  traîtres  sersl 

Que  par  mes  doiz  et  par  mes  oers 

Je  vous  métrai  m  maie  paine. 
340    Ne  m'eachaperez  des  semaine. 

Bien  me  cuidîez  avoir  pris: 

Mes  je  vous  ai  mienz  entrepris. 

Ore  estes  vous  mis  en  prison: 

Ja  n'aie  je  mes  garisoD, 
346    Se  ne  vous  faiz  moult  grant  anui. 

Au  ibaitu  y  serez  vous  meebui, 

N'avez  pooir  de  vous  mouvoir. 

N'en  prendroïe  pss  tout  l'avoir 

L'empereour  Otevien, 

816  p.  «t  du  317  ileuc  m.  forte  3ld  R.  pour  dira  m.  SJD  »■ 
u-  ie  nom  331  noudrsz  3-28  Bt  manque  honros  831!  MmH]  Qti 
[)  H.  aJQSiqupa  m&ist  .«'.  leux  :)->l  hui  omm^kc  3(13  te  «MAfi" 
B  dit    342  Hieuz]  biaii     343  Toa  mis  en  p.     340  foii 


XVI  (MéoD  5202-5337)  16! 

850   Foi  qae  je  doi  saint  JuIïbd, 

Que  je  ne  voub  face  contraire.' 

'Renart,  pour  amour  dieu,  non  faire. 

Ne  me  (ta  ore  pas  del  pis 

Que  tu  porras!  se  j'ai  mespria 
855   Envers  toi,  que  bien  m'i  acort, 

Certes  j'en  ai  eu  le  tort. 

Ues  je  soi  prest  de  Tamender 

Einsi  ooa  vorrfts  conmander: 

Ja  n'irai  contre  ton  conmant. 
3t)0   Et  sachiez  bien  veraiemeot 

Que  je  le  veil  et  si  l'otroï, 

Que  moi  et  tôt  le  mien  metroi 

De  tout  en  tout  en  ton  esgart. 

Ne  devez  pas,  se  diex  me  gart, 
3(td    Refuser  ainsi  bêle  amende, 

Et  je  sui  garniz  de  viande 

Tele  conme  vos  a  mestîer. 

Ge  vous  en  vorraï  aesier. 

Plus  en  ai  c'onme  ci  entour. 
870   Pour  dieu  fêtes  moi  ceste  amour  I 

Yostre  honme  lige  devandrai. 

James  voir  en  lieu  ne  serai 

Dont  TOUS  doie  venir  domage. 

Pour  dieu,  quar  prenez  ceat  hommage, 
375    Pour  dieu,  ne  soîez  si  cruenz! 

Liex  puez  eatre,  qant  uns  bons  tiex 

Qui  est  si  poisaanz  et  si  riches, 

Yeult  devenir  vostre  homme  liges.' 
Quant  Renart  le  vilain  entent 
880    Qui  si  fort  pleure  et  se  repent. 

Et  dit  que  il  a  grant  pesance 

De  l'outrage  et  de  la  viltance 

Et  de  la  honte  qu'il  li  fist: 

Pitié  l'en  prent  et  si  li  dist 
885   Tes  toi,  vilain,  ne  pleure  pas! 

309  JAurai  coatemant  300  urniemont  363  m.  pour  toi  le  n 
■ii«irai  aBS  De  806  de  lunende  367  o.  «1  noua  876  Liex  tie 
383  graiiuoe    883  qai  li 


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1(>6  XTI  (Méon  D2SS-6S78) 

A  oeete  foiz  mal  n'i  auras.  N  44 

3feB  garde  toi  da  renoheoir! 
Que  si  puisse  je  mes  veoir 
^e  ma  famé  ne  mes  enfans, 

890    Nulz  hoDB  Dfi  te  aeroit  garaiis, 
Nel  te  feîsse  oomparer. 
Mes  eincois  que  t'eu  les  aler, 
Vileîns,  me  bailleras  ta  foi 
Que  de  par  les  tiens  ne  par  toi 

390   M'anrû  ne  honte  ne  domage, 
Et  que  tu  me  feras  hommage 
Si  test  conme  lessie  t'aure, 
Et  que  tôt  a  ma  Yolente 
Métras  et  ton  avoir  et  toi.' 

400   Dist  ti  vilainz  et  je  l'otroi 

Tout  ainsi  conme  vous  le  dites. 
Einsi  m'aîst  sainz  esperites 
Que  riens  nule  tant  ne  désir 
Con  a  fere  vostra  plesir.' 

40&   -&■  îcest  mot  sa  foi  li  tant 
Li  vilains  et  Renart  la  prent. 
Or  sachiez  que  bien  le  puet  croire 
Tout  aussi  bien  conme  un  pronoire: 
Quar  li  Tilainz  estoit  entiers, 

410    Si  ne  mentoit  pas  volantiers. 
'Vilains'  ce  dit  Renart,  entent  I 
Tu  m'as  fîanoe  loyaument 
Que  tu  feras  a  mon  esgart.' 
'Voire,  si  ait  diex  en  moi  part 

41&    Con  je  volantiers  le  ferai: 
Que  ja  pour  nnlui  nel  lairai, 
AJnz  le  fere  don  tout  en  tout.' 
'Puis  que  dit  Tas,  je  pas  n'en  dont' 
Fet  Renart,  'quar  tu  es  preadom. 

4â0    Au  mùns  en  as  tu  le  renon, 
Moult  ai  oï  de  toi  parler.' 

387  del  «naheoiT     388  ie  dieu  t.    896  Et  ù  me  f.  ai  h.    M 
400  dit      417  de     41S  je  mamtpu  ne  nen  d.     490  ta  bB  le  ■•■ 


,  Google 


XTI  (MdoD  0374-0809)  167 

A  ceet  mot  l'a  Isissie  aler. 

Cil  qui  avoit  este  grevez, 

À  grant  paine  a'en  est  levez, 
420    Et  puis  devant  lui  s'agenoille. 

De  ses  lermes  les  piez  li  moill« 

Si  li  fist  hommage  en  plorant, 

Qu'il  n'i  ala  plus  demourant. 

Envers  le  moustier  sa'  main  tant, 
4:-i0   Si  li  a  fet  te  serement 

Tel  CDD  estuet  fere  a  hommage. 

Et  Bi  li  amende  l'outraje 

Que  il  l'i  avoit  fet  devant. 

Bien  li  a  tenu  son  créant 
43.^    Con  cil  qui  eatoit  peouroe. 

Puiz  li  diat  sire,  or  direz  vous 

Treatot  ioe  qui  vous  plera. 

Et  je  8ui  cil  qui  le  fera 

Si  con  voua  voirez  a  devise, 
440  A  mon  pooir  et  sanz  faintise.' 

'Or  dont'  dist  Beaart  'vien  avant  I 

Si  me  déglace  tout  avant 

De  ton  roisel  qui  trop  me  grieve.' 

Uaintenant  li  vilains  se  lieve, 
440   Si  li  a  fet  a  sa  devise. 

Et  Renaît  qui  en  mainte  guise 

Engingne  la  gent  et  decoit. 

Desliez  est,  si  le  coqjoit. 

Eocor  n'a  il  pas  oublie, 
400    Ainz  li  dist  'tu  m'as  afie, 

Amis,  que  trestout  mon  vouloir 

Feras  tu  selonc  ton  pooir. 

lies  certes  tu  en  seras  qnites 

Por  mainz  assez  que  tu  ne  ouidee. 
40O   Oe  te  fere  bien  ton  feret. 

Aporte  moi  ton  coo  veret 

Que  j'ai  hnî  tonte  joni  gaitie, 

432  manque  438  q.  Mloit  ml't  ft  greaei  424  leatoit  1.  437  S« 
182  li  *  kncnde  480  q.  moult  e.  pTsadonB  486  li  manque  dit  437  Tout 
L.  qo*  il  a.  p.     441  dit      fien]  toat     443  d.  maintenant    440  1* 


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XVI  (Uéon  MI0-B849) 

Se  to  TeuB  aTotr  m'amistie, 

Si  le  me  baille  par  le  col! 
460   Par  la  foi  que  je  doi  saint  Pol, 

James  riens  plus  ne  te  qaerrai: 

Ainz  te  di  que  je  te  ferai 

Seigneur  de  moi  et  de  ma  terre.' 

Bertolz  qui  ne  voult  pas  la  guerre, 
465   Li  dist  'sire,  vos  dites  mal: 

Que  par  le  père  esperital 

Li  ooc  est  trop  dur  a  menger. 

Se  le  Toiiez  esohangerF 

Quar  il  a  bien  deus  anz  touz  plainz. 
470    Mes  je  TOUS  baudrai  de  mes  mainz 

Trois  poucins  tendres,  se  voulez, 

Dont  TOUS  serez  bien  saoulez. 

Et  vous  feront  a  Tostre  cuer 

Oreigneur  bien,  foi  que  doi  ma  suer 
475    Dame  Haouia  de  la  Uonjoie. 

Qar  le  coc  a,  se  diex  me  Toie, 

Les  ners  et  ta  char  forment  dure.' 

Tileinz'  fet  Renart,   n'en  ai  cure 

De  tes  poucins  :  tuit  soient  tien. 
480    Mes  se  tu  Teuz  fere  mon  bien, 

iTaarai  le  coc  que  je  demant.' 

'Sire'  fet  il,  'rostre  conmaot 

Ferai  je  sanz  nule  aehoison, 

Quar  je  sui  deveunz  vostre  bom. 
4Ki    Par  mon  chief  orendroit  l'aurez. 

Des  que  tous  tant  le  desirez.' 

Atant  let  li  vilains  le  plet 

Et  maintenant  au  coc  s'en  ret. 

Si  l'a  chacie  par  le  porprîs. 
490    Et  tant  chaoa  que  il  l'a  pris, 

Vient  a  Renart  et  si  li  baille. 

Tenez,  sire,  se  diex  me  vaiDe. 

Oe  TDusisse  mielz  par  saint  'Gile, 

Qu'eussiez  deus  de  mes  gelines. 

49S    Qar  je  l'amoie  durement 

465  Û  «ianyw     P.  ma)  ditei  par  ttfnt  tyrs»     479  Imb    490  *>* 


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XVI  (Méon  98S0-9S86) 

Pour  ce  que  menu  et  Bouvent 

Les  mechauchoit  l'une  après  l'autre. 

Mes  puis  que  vous  ne  voulez  autre, 

Il  est  bien  droiz  que  vous  Vaiez.' 
!)00   Tileinz,  or  ne  vous  estnarez! 

Que  par  mon  ohief  bien  l'avez  fet. 

L'ommage  que  m'aviez  fet. 

YouB  daim  orendroit  trestout  quite.' 

'Sire  fet  Bertolz,  'la  mérite 
i)Ob   Voa  en  puisse  dtox  rendre  a  l'ame, 

Et  BUnte  Ibrie  ma  dame!' 
A.  ces  paroles  se  départ 

Bertolz  et  mesires  Benart, 

Si  le  conmande  moult  a  de. 
610   Et  Benart  qui  bien  l'a  gabe 

À  pris  le  coc  et  si  s'en  vet 

A  HalpertuÏB  a  son  recet. 

Bien  en  cuide  ruoger  l'eschine 

Entre  lui  et  dame  Hermeline, 
&)5    Sa  famé  que  il  tant  amot. 

îles  encore  ne  scet  il  mot  N  45 

De  ce  que  il  U  pent  a  l'ueil. 

Si  con  il  vint  desouz  un  tueil 

Qui  ert  lez  le  chemin  a  destre 
S90   Delez  une  ville  champestre. 

Garde  et  voit  le  coc  qu'il  porte 

Qui  durement  se  deBConforte. 

Des  iex  pleure,  moult  fu  dolant, 

A  Renart  grant  pitié  en  prent, 
Q3d   Si  li  a  dit,  pour  quoi  il  pleure. 

'Pour  quolP  maleoite  soît  l'eure' 

Fet  le  coc,  'que  onques  fu  nezl 

Hoult  m'est  or  bien  guerredonnez 

Li  servises  que  je  ai  fet 
680    A  l'ort  vilein  meael  deffet 

Que  j'ai  ai  longuement  serri. 

Hal  soit  l'eure  c'onques  le  vi! 

497  »e  manqut    Cil  A]  Et    521  et  Toit]  avoil   &S7  qae  ■< 


„,ogIc 


XTI  (IMoii  6SS7-648S) 

Qar  ja  d'od  aarai  fors  la  mort.* 
'Par  dieu   fet  Kenart,  'tu  as  tort, 

5B5    Quant  pour  ce  te  vaa  démentant. 
Par  l'ame  ton  père  ore  entent  I 
N'est  il  bien  droiz  en  toute  place 
Que  )i  eires  par  reaon  face 
De  son  Berjant  sa  Tolente? 

r>40    Oïl,  par  ma  orestiente, 

Il  ae  doit  bien  lessier  morir 
Pour  son  bon  seigneur  garantir 
l)e  mort,  ae  il  est  a  mesohiel 
Or  n'Mes  paour,  par  mon  chief, 

64:>    Ne  puez  avoir  anor  greigneur 
OoD  de  morir  pour  ton  seigneur. 
Malbailliz  fust  et  malmené», 
Se  il  ne  se  fust  rachetez 
Envers  moi  de  toi  seulement. 

560    Quar  si  aie  je  amendement, 
Je  l'eusse  oooîs  toat  froit  mort 
N'aies  paour,  pren  bon  confort, 
Qu'ainsi  avoies  a  mourir: 
Nus  hoiu  ne  t'en  pooît  garir, 

t^>ri    II  te  vient  mîelz  morir  ainsi 
Que  autrement,  saches  de  fi. 
Quar  qant  pour  ton  seigneur  morros, 
Haches  de  voir,  tu  t'en  iras 
LassuB  en  la  dieu  compaingnia 

beo   Ou  aaras  pardurable  vie. 

'Sire'  dît  le  coc,  'bien  le  sai. 
Ne  sui  pas  pour  mort  en  esmai 
Qae  je  doie  avoir,  ce  sachiez. 
Mes  de  ce  sui  je  oorreciez 

565    Que  les  chapons  et  les  gelines, 
Que  veïates  lez  les  eapines, 
Seront  a  grant  joie  mengiees. 
S'en  seront  leur  âmes  plus  liées 
Et  du  solas  et  de  la  feste, 


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XVI  (M«OD  64a4~MW) 

670    Et  j'aarai  croûsue  la  teste. 
Itfoolt  grant  solaz  me  feîsaiez, 
Se  une  ohancon  obantisaiez. 
Ife  me  ohausist,  qant  je  morusse. 
Biea  su  que  plus  souef  en  fusse 

blô   Lassua  en  la  dieu  oompaignie.' 
Et  dist  Renart  'voir  par  ma  vie, 
Est  ce  pour  ce  que  tu  ploroiesP 
Et  pour  qoi  ne  le  me  dîsoiesF 
Ja  pour  oe  ne'fai  laide  ebiere! 

680   Foi  que  je  doi  ma  famé  chiere, 
Oreodroit  je  tous  eo  dire 
Del  aeilleur  endroit  que  saure 
Sans  plas  pour  toi  réconforter.' 
Lores  conmenca  a  chanter 

685    Une  chanconnete  nonvele. 
Et  qant  cil  qui  par  sa  favele 
L'amosoit,  vit  la  bouche  <nivrir, 
Des  eles  oommeoce  a  fenr 
Et  a  batre  et  vint  volant 

ogo    Deseur  un  orme  haut  et  grant 
Qui  devers  l'autre  part  estoit. 
Et  quant  dant  Renart  ioe  voit, 
Bien  voit  que  il  est  deceû. 
Deaouz  l'orme  est  aooru, 

696    Si  dist  sire,  guile  m'avez.' 
'Renart'  dist  il,  or  le  savez, 
Devant  ne  le  saviez  pas: 
Foi  que  je  doi  saint  Nicolas 
Ifielz  TOUS  venist  estre  teOs. 

600  8e  TOUS  estes  or  deoeûs 

Par  trop  chanter,  si  vous  teûez, 
Qant  vous  en  serez  aeaiez 
Une  antre  foiz,  s'on  vos  en  proie: 
Si  alez  or  querre  autre  proie, 

eob   Qar  a  oeete  avez  vous  failli.' 

I  Toii  pour      687  Luiiuoit  ]  Lgt  deoaa      695  gvjle 


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XVI  (Mfion  6460-5496) 

Renart  se  tint  pour  eschanii, 
Ke  Bcet  que  dire  ne  que  fere. 
Bien  voit  que  mielz  H  venist  tere 
Qu'avoir  chante  a  celé  empainte. 

610    'Lierres'  fet  il,  'foi  que  doi  sainte 
Agnes  qui  fu  de  bonne  vie, 
Bien  voi  que  bel  chanter  annie 
Et  nuist  aucune  foiz  ensemble. 
Yotr  dist  lï  vilainz,  ce  me  semble, 

(115    Qui  dist  qu'entre  bouche  et  cuillier 
Àvient  souvent  grant  encombrier. 
Ore  en  sui  bien  certains  et  fit. 
Sages  fu  Chatons  et  recuiz, 
Qui  enseigna  son  fil  petit 

630    Q'a  son  menger  parlast  petit. 
Mes  je  ne  l'ai  pas  retenu, 
Bien  voi  que  mal  m'est  avenu 
De  trop  parler  a  ceste  foiz. 
Or  m'en  irai,  qnar  il  est  droiz, 

6*;^    En  autre  lien  moi  pourchacier. 
Que  ne  puis  ci  riens  gaaîngnier.' 
'Ha  puanz  roax  de  pute  estrace, 
Alez  vous  en  !  ja  dieu  ne  place' 
Fet  soi  li  coc,  'ne  ses  vertuz, 

630    Que  ne  aoiez  ara  on  pendaz 
Encois  que  li  mois  soit  passez. 
Ja  m'eussiez  les  os  quaasez 
Uoult  putement,  jel  sai  de  voir. 
Se  par  engin  ou  par  savoir 

enà    Ne  me  fusse  de  vous  esters, 
Âlez  vous  en:  que  par  le  corps 
Saint  Marcel,  se  plus  attendez, 
Vo  pelicoQ  ert  ramendez.' 

Que  que  il  vont  ainsi  parlant, 

640    Quatre  lévrier  viennent  bruiant 
Apres  un  porc  a  grant  alaioe 
Tout  contreval  par  la  ohampaigse. 


616  dit    619  filE    688  reaidoz 


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XVI  (Héon  5497—6682) 

Et  deuB  braohez  aprez  eulz  vieonent 
Et  li  veneour  leur  cors  tieDoeut, 

li-id    Dont  il  vont  durement  ooruant. 
Tont  le  païa  vont  estonnant 
De  lor  huier,  de  lor  corner. 
Tant  entent  au  coc  a  parler 
Renart  li  roux  que  maufeuB  arde, 

ttM)    Que  onques  ne  se  dona  garde: 
Âinz  Ji  sont  sus  le  col  cheû. 
Lors  se  tint  il  a  deceii. 
Aval  tes  ohanps  s'en  vet  fuiant. 
Li  reneour  li  vont  bulant: 

(165    'Alla,  aba'  font  il,  'Renart! 

Ja  dtex  n'ait  en  vostre  ame  parti 

3e  ne  fusson  si  emblae, 

Ja  TouB  euBBOn  effrae. 

Ja  si  bien  ne  voub  gardissiez 

660    Que  la  cote  n'i  leBBiaaiez. 

Trop  oonveniet  Bavoir  de  frapo, 
Se  ne  nous  lessiasiez  la  chape. 
Mes  or  n'avez  garde  de  nous.' 
Et  cil  s'en  va  touz  poourous 

n69    Qui  n'a  cure  de  lor  acoat. 
Dedenz  un  terrain  s'est  repost 
Tant  que  li  chien  s'en  sont  outre. 
Et  cil  s'en  vont  tout  aroute 
Apres  courant,  et  fout  graat  noise: 

670    Ne  finerent  de  courre  a  toise 
Tant  que  il  sont  en  la  forest. 
Qant  ce  voit  Renart,  ai  li  plest, 
Et  si  dit,  foi  qu'  il  doit  s'amie, 
Que  oele  part  n'ira  il  mie, 

1175    Que  il  puiat,  ne  que  bel  li  aoit. 
Bien  scet  ae  uns  d'oolz  le  tenoit. 
Il  It  donroient  el  que  pain. 
A  cest  mot  est  venuz  au  plais 

649   manfei      600   donne      654    le    t.   bruUnt      667 
668  •Ifrilei      600  coale      666  le  r.       677  IJ  couuenroit 


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l  Xri  (M<oii  3088—0669) 

Et  let  la  coc  dont  moult  li  poise, 

6flO    Si  s'en  vet  fuisot  a  grant  toise 
Par  un  seotîer  entre  deus  blez. 
E&cor  ae  crient  d'eatre  encootrez 
Ou  de  leTrier  ou  de  ^i^on. 
Del  ble  a'en  iat  le  grant  troton 

eso    8î  ae  fiert  enz  en  la  foreet: 
Ce  eat  li  leuz  qui  plua  li  pleat 
Et  ou  il  a  mainz  de  peflr. 
Ore  est  aeae  et  aaaeDr, 
8e  ne  fust  la  faïn  qui  le  grieve. 

690    Souvent  regarde,  a'il  voit  lièvre 
Ke  oonnin  que  il  peQst  prenre. 
Moult  est  iriez,  qant  il  li  membre 
Du  coc  qui  ai  l'a  deceQ, 
Et  dit  que  mal  li  eat  cheQ. 

tttiB    Ne  priae  tout  son  sena  un  œfi 
Fait  il,  'a'il  fussent  dis  et  nœf, 
Si  les  deiiaHe  engignier  touz. 
ChaacuD  dit  qne  je  aui  ai  preuz 
Et  que  j'ai  tant  senz  et  savoir: 

TOO    Certes  il  ne  dient  pas  voir. 
N'ai  pas  grant  aapience  encloee 
Ed  moi,  qant  ai  cbetive  chose 
Conme  un  cochet  qui  m'a  boule. 
Uielz  vousisse  que  afole 

71)6   H'eûat  en  d'un  pie  on  d'un  oeil. 
Mes  si  puisse  je  mes  le  sueil 
De  ma  meson  passer  a  joie, 
3e  diex  donne  que  ja  mes  voie. 
Je  li  fore  chîer  comparer, 

710   Ja  disoie  que  buef  d'arer 

Ne  savoit  tant  cou  moi  de  guile. 
Et  un  petit  cochet  de  vilg 
Wa  engignie  et  deoelt! 
Ne  vorroie  qu'il  fust  scefl 

716   Fonr  l'avoir  de  Costantinoble 

680  Bi  ]  Et    687  paoar    WB  prani    704  qua  ]  Mtra 


.,„,glc 


ÏVI  {Mon  6670-5607) 

Dedeoz  la  oonrt  meetre  NoUe^ 
Foi  que  je  doi  touz  mes  enfanz 
Que  j'en  seroie  moult  dolanz, 
Se  ons  bona  te  me  reproehoit. 

720    Net  Torroie  pour  riens  qui  soit.' 
Einsi  s'en  aloit  démentant, 
ii!t  toutevoies  eegardant, 
SaToir  se  ja  chose  velat, 
Dont  sa  fome  liée  feïst 

725    Qui  eu  sa  meson  se  démente 
Pour  la  fain  qui  si  la  tormente; 
Et  il  meîsmes  en  baaille. 
Mes  n'i  voit  chose  qui  li  vaille, 
Dont  il  est  moult  forment  iriez. 

TàO    N'est  mie  un  arpent  alez 
De  terre,  ce  sachiez  de  voir, 
Qant  il  prent  a  aparcevoir 
Mooseignor  Noble  et  Tsengrin 
Qui  venoient  tout  le  ohemin 

78Ô    Et  parmi  le  bois  dedaiant. 
Et  Renart  celé  part  eu  vient, 
Et  dit  et  peuse  en  son  courage 
Qu'il  fera  Tsengrin  domage 
9'il  puet  eu  aucune  manière. 

740    AtsDt  s'en  vint  a  bêle  chiere 
Devant  le  roi,  si  le  salue. 
'Or  ca  que  bien  soit  hui  venue' 
Fet  B«nart  'oeate  compatgnier 
là  rois  ne  puet  moer  ne  rie, 

746  Qant  vit  Renart  de  devant  lui. 
'Bon  jour'  fet  U  'aiez  vous  bui, 
Renart  barat,  qu'aies  querantf 
'Sire,  je  me  voiz  pourqueraut,' 
Fet  se  il,  'par  ici  entor. 

7Q0    Ne  final  des  le  point  du  jour 
Pour  ma  fome  qui  est  enceinte, 
Et  ge  n'ai  mie  encore  ateinte 
Chose  que  li  puisse  porter 


7«el 


,  Google 


XVI  (Héan  6608-3646) 

Dont  la  puisse  réconforter 

763    Pour  la  fain  qui  la  deatraint  fort.' 
'Renart'  dit  Kobles,  'par  la  mort, 
Bien  fez  tes  aferes  sanz  nous.' 
'Sirs'  fet  il,  'foi  que  doi  voua, 
Je  ne  vous  oa  m'a!de  offrir. 

760    Que  ne  dabgneriez  souffrir 
Que  si  petiz  boms  con  je  sui 
De  force  et  de  oore  autreai, 
Âlasae  o  vous  en  compai^e. 
Mielz  amez  la  grant  baronie 

760    De  vostre  court  avecquea  vos, 
Aussi  oon  or  est  Bruaa  lî  oura, 
Baucenz  et  Rooniax  H  viautres, 
Seigneur  Yaengrin  et  cea  autrea. 
N'avoz  cure  de  povro  gent.' 

770    'Renart'  fet  li  rois,  'bel  et  gent 
M'alez  gabant,  si  con  moi  semble, 
îles  or  vendrez  o  noua  ensemble, 
Se  il  vous  plest  et  il  vous  siet, 
(Et  si  TOUS  pri  qu'il  ne  vous  griet) 
776  Tant  que  puissons  proie  trouver, 
Dont  nous  puissons. deajeûner 
Entre  nous  trois,  se  diex  me  voie.' 
'Sire'  fet  il,  'je  n'oseroie 
Pour  mesire  Ysengrin  le  len 

78U    Qui  est  o  vous,  que  par  saint  Leu, 
Bien  sai  que  il  m'a  contre  caer; 
Ne  ne  m*ameroit  a  nul  fuer. 
Mes  onques  ne  fia  par  mon  chief 
Nule  chose  qui  li  fust  grief. 

786    De  sa  famé  m'a  mescreû. 

Jtfea  par  dieu  et  par  aa  vertu, 
Onques  encor  jour  de  ma  vie 
Ne  li  requis  je  vilenie 
Ne  nule  chose  a  ma  oomere 

790   Que  je  ne  feïaae  a  ma  mère. 
Si  ne  le  ouideroit  il  pas.' 

m  llj  oen 


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XTI  (Méon  5647-5681) 

'Reoart'  fet  li  rois,  c'est  toat  gae. 
Si  De  puet  pas  eetre  avère 
Qu'il  ne  vos  i  eust  trouve, 
795    Se  tant  l'eSseiez  maintenue. 
Or  n'i  ait  point  desoonvenue, 
Orendroït  la  pais  en  feson.' 
'Sire'  fet  il,  la  guerredon 
Vos  en  puist  rendre  dîex  a  l'ame! 
Sffl    Que  foi  que  je  doi  a  ma  famé, 
It  a  tort  et  je  ai  grant  droit.' 
'Tsengrin  anus,  ce  que  doit" 
Fait  li  roiz,  'que  Renart  haezP 
Par  dieu,  fox  estes  qui  créez 
805    Tel  vilenie  de  Renart. 

Se  dame  diex  ait  en  moi  part, 
Je  ne  ouït  pas  qu'il  le  feîat 
Qu'en  nule  guise  requeîst 
Vostre  femme  de  vilenie. 
810   Quar  fetee  ore  courtoisie, 
Pardonnez  li  vo  nwutalentl 
Si  ferez  senz  mien  escient. 
Que  par  mon  chief,  grant  tort  avez, 
Quant  de  oe  que  vous  ne  savez 
615    Fors  seulement  par  olr  dire, 
Li  portez  et  eourrouz  et  ire: 
N'est  pas  manière  de  sage  homme. 
Foi  que  doi  saint  Père  de  Romme, 
Je  connoÏB  bien  Renart  a  tel 
82U    Que  nel  feïst  pour  le  cbatel 
L'empereeur  Otevien.' 
'Sire,  par  foi,  je  le  oroi  bien' 
Fet  il,  'quant  vous  le  tesmoignez.' 
'Or  donquea  ai  ne  porloingniez, 
825    Mes  de  bon  caer  li  pardonnez 
Le  mautalant  qu'a  lui  avezr 
"Sire"  fet  il,  'et  je  l'otroi. 


791  il  ]  en     794  Qae  11     ne  manqut    814  de  ]  bom 
RENART  l[. 


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XVI  (Hion  8682-5718) 

Je  li  pardoÏDg  en  bonne  foi 
Ici  iluec  par  devant  tous. 

880   Jamea  n'îere  yen  lui  irons 

Jour  que  la  Tie  el  oon  me  eoit, 
Ainz  Toeil  que  mes  bom  conpains  soit.' 

Apres  ce  mot  s'entrebeserent 
Cil  qui  onques  ne  s'entramerent, 

885    Ne  ja  mes  ne  a'entrameront. 
Dire  pueent  ce  qu'il  verront: 
Por  ce  ne  ae  remue  droit. 
Pes  ont  fetfl  quele  qu'el  soit: 
Devant  le  roi  l'ont  allée. 

840    Ues  moult  aura  oorte  durée, 

Quar  il  ne  pu  et  eatre  a  nul  fiier 
Que  l'uuB  n'ait  l'autre  contre  cuer, 
Ne  ja  ne  seront  eanz  rancune. 
Ne  donroie  pas  une  prune 

845    En  la  pea:  quar  sa  diex  me  gart, 
Voira  est  que  c'est  la  pes  Benart 
Qui  einz  ne  fina  de  trichier, 
ËDCor  ne  le  veult  pas  leaaier. 
Eiasi  ont  fet  pea,  oe  me  aemble, 

8&0   Renart  et  Ysengrina  ensemble. 
Apres  se  sont  mia  au  chemin 
Nobles  avant  et  Tsengrin, 
Et  puis.aprea  vet  dant  Renars 
Qui  moutt  est  plainz  de  mates  ars. 

855    'Renart'  dit  Nobles,  'que  ferons? 
A  ton  conseil  nous  maintendrona. 
A  cest  point  soraa  noatre  mestrea, 
Quar  bien  aai  que  scez  touz  les  estrea 
De  cest  boia  et  toutes  lea  sentea. 

860    &[es  garde  que  tu  ne  me  mentes! 
9e  tu  scez  nul  lieu  ci  entour, 
Pre  ne  pasture  ne  deatour 
Ou  noua  peilssona  trouver  proie: 
Quar  nos  y  maïne  droite  voie, 


862  no  d.  ]  en  d. 


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XVI  (Mâon  8719-67») 

865  9e  tu  le  scez,  que  diex  t'syoit 
Chose  qui  le  Hen  cuer  couvoit. 
Lors  m'auras  a  mon  gre  Bervî.' 
Et  dit  fienart  'par  saint  Davi, 
Je  ne  sai  pas  certainement, 

67<i    Ed  quel  pastnre  ne  conment 

Noa  truisson  proie  qui  riens  Taille. 
Mes  de  tant  me  recort  sanz  faille 
Que  il  a  ca  une  valee 
Entre  deux  mens  en  une  pree, 

RTô    Ou  l'eu  amaine  souvent  pestre 
L'aumaille  de  ceste  champestre 
Vile  qui  est  ici  delez. 
Alona  celé  part,  se  voulez, 
Por  savoir  et  pour  esprouver, 

8S)    8e  porrions  chose  trouver 

Que  peflssDns  menger  tuit  troî.' 
■par  foi'  fet  Noble,  je  l'otroi.' 
Ataut  s'en  to ruent  celé  part 
Entre  seignor  Noble  et  Benart 

gsii    Et  Ysengrin  son  bon  ami. 

Ues  se  dieu  plest  et  saint  Rémi, 
L'amor  aura  corte  durée. 
8i  s'en  vont  la  voie  ferrée 
Et  tant  ont  lor  chemin  tenu 

Ft90    Qu'il  sont  dedenz  le  pre  venu 
Que  dant  Benart  lor  avoit  dit. 
Yseugrius  regarde,  si  vit 
El  chief  du  pre  moult  bêle  proie. 
Or  sachiez  que  il  ot  graut  joie, 

MiK>    Que  moult  estoit  de  fain  grevez. 
Or  cuide  bien  estre  arrivez 
En  lieu  ou  il  emple  sa  panoe. 
Mes  ja  n'en  soit  il  en  beauce: 
Que  se  l'estoire  ne  nous  ment, 

900.  Je  cuit  qu'il  ira  autrement.  N  ' 

Lors  a  aresonue  le  roi. 

S  ouor  lorioit    877  ici  ]  Ib      898  Iaaiic« 


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XVI  {tléoa  liTM-5792) 

'Sire'  fet  il,  'foi  que  vous  doi, 
Nous  avons  bon  cbemiD  tenu. 
Je  onit,  bien  nous  est  avenu, 

905    Quar  je  voi  si  conme  il  me  semble 
Un  tor  et  une  vaohe  ensemble 
Qui  a  avec  lui  bou  veel 
La  juB  el  chief  de  ce  prael. 
Ces  auroQ  nous  qui  que  il  griet 

910   Mes  je  vous  lo,  se  il  toob  siet, 
Aiuz  que  noua  aillons  celle  part, 
Que  nous  i  envoions  Renart 
For  veoir  et  pour  espier, 
S'il  j  a  masttn  ne  bovier, 

gi&    Ne  choae  qni  nous  puist  mal  fere. 
Bien  porrions  avoir  contrere. 
Se  noua  einsi  despourveQ 
Estions  seur  eulz  embatu. 
Mes  il  est  grellea  et  menui, 

930    Si  n'iert  mie  si  tost  veûz 
Si  comme  noua  i  serions.' 
'Vous  dites  voir'  fet  li  lions. 
'Il  est  sages  et  veztez, 
Si  les  aura  toat  espiez.' 

92D        Atant  en  aresDO  Renart, 

'Renart'  fet  il,  'se  diex  vous  gart, 
Sages  estez  et  decevanz 
Et  de  touz  maux  aparoevanz. 
Quar  i  alez,  si  espiez 

980    Savoir  se  la  jus  verriez 
Bovier  ne  vilein  deputere 
Dont  nos  peilst  venir  contrere: 
Quar  pour  noiant  nous  irions, 
Se  noBtre  preu  n'i  fesiona.' 

930    'Sire'  fet  Renart,  'volentiera.' 
Atant  s'estoit  mis  es  sentiers 
Grant  aleKre  aval  le  pre. 
Tant  avoit  coru  et  trote 


909  OeBte    921  î  mangue 


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XVI  («éoo  6798-6899) 

Qu'il  est  venuz  au  leu  tôt  droit. 

940    Tout  entor  lai  garde,  si  voit 
El  chief  du  pre  delez  l'orailld 
La  vilein  qui  gardoit  l'aumaille, 
Qui  se  dormoit  desoz  un  orme. 
Maintanant  celé  part  s'en  tome 

946   Trestout  ta  paa  le  ool  beaaant. 
Durement  ae  va  poarpensant 
Dedenz  son  cuer  que  il  fera 
Et  conment  il  l'engingnera 
Le  vilain  qu'il  ne  l'aparcoire. 

950   Soef  estuet  qu'il  le  deooÏTe  : 
QuftT  il  Boet  bien,  s'il  le  tenoit^ 
Que  maternent  l'atorneroit, 
Sel  feÏBt  Tolonttera  cheoir 
En  Lieu  dont  ne  pefist  mouTOtr, 

965  Et  n'ait  pooir  en  nule  guise. 
Lors  avoit  une  branolie  prise 
De  l'orme,  et  saut  isnelement 
DeauB  ainsi  très  bêlement, 
Que  onqueB  cil  no  s'esyeilla. 

960    Et  danz  Renart  qui  tant  mal  a 
Pense  et  fet  puis  qu'il  fu  nez. 
S'en  est  de  brsuohe  en  branobe  alez 
Tant  qu'il  vint  endroit  le  vilain. 
Si  jure  dieu  et  sùnt  Germain 

966  Que  il  lï  fera  encui  honte. 

Que  vous  feroie  plus  lonc  oonteF 
Renart  fist  oonme  pute  béate  : 
Quaut  il  ]i  fa  desus  la  teste, 
Dreaoe  la  queue,  aler  leaae 

970   Tout  contreval  une  grant  lesse 
De  foire  clere  a  cul  ouvert, 
Tout  en  a  le  vilaîo  couvert. 
Cil  qui  l'a  sentae,  s'esveiDe, 
Taste  a  son  vis  et  se  merveille, 

976    Que  ce  est  qui  si  II  ohiet  ohaut 

}  ti!  a.    949  qui  ne    969  «l.  U  L    978  Et  il 


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STI  (HMd  6830— &8d«) 

Sua  Boo  vis  do  lassus  en  haut. 
Si  prent  a  regarder  amont, 
N'i  voit  nule  cbose  del  mont, 
Quar  U  arbres  ert  trop  fueillîez, 

gso   Et  Renart  si  s'estoit  muciez 
lîs  fueilles  si  qu'il  n'i  paroit. 
Et  quant  li  vilains  rtena  ne  voit, 
Si  cuide  que  ce  soit  fantoeine. 
Lors  taste  a  sa  main  et  si  osme 

gS6    Et  sent  que  c'est  merde  qui   put 
Ne  fu  pas  liez  quant  Taperont, 
Âinz  li  anuie  fort  et  grieve. 
Tout  maintenant  d'iluee  se  lieve 
Et  s'en  cort  droit  a  un  fosse 

90O   Qai  ilueo  fu  au  chief  du  pre 
(Si  ot  bien  vint  piez  de  parfont, 
Et  fu  pleinz  d'eve  jusqu'amont) 
Et  jure  et  dit,  se  diex  le  saut. 
Qu'il  saura  qui  est  la  en  haut 

995    Sitost  con  il  ert  revenuz. 
Quant  il  fu  a  l'eve  venuz, 
Si  s'acroupi  pour  lui  laver, 
Renart  qui  bee  a  lui  grever, 
-     Saut  jus  a  terre  au  mielz  qu'il  pot 
1000    Vers  loi  en  est  venuz  le  trot 
Par  derrier  qu'il  ne  l'aparooive, 
Que  talant  a  qu'il  le  decoïve 
A  ceete  foiz  moult  malement, 
Et  ai  le  venlt  ai  soutilment 
1000    Fere  que  il  ne  puiat  foir. 
Si  eon  il  vint  de  grant  a!r, 
Li  est  desus  le  dos  aailliz. 
Ore  est  li  vileinz  malbailliz, 
Quar  ainz  qu'il  fuat  aparceiiz 
1010    Est  il  dedenz  l'eve  cheQz. 
Il  ot  grant  paour  de  noier: 
Si  oonmenca  a  patojer, 


992  iuiqua  fotw     1001  derrière! 


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XTI  (H«oii  5867-6902)  183 

Quar  Tolantiers  en  isetst  hors. 

Uea  aîns  aura  anui  du  oorps, 
1015   Se  Renart  paet  en  nule  gutee. 

Il  est  Tenuz  a  son  joTse, 

N'en  istra  mes  sanz  beste  Tendre. 

Enmî  le  pre  oort  Renart  prendre 

Une  pierre  qu'il  a  raûe 
1020   Grant  et  quorree,  si  li  rue 

Deens  le  ool  par  tel  aîr 

Conques  cil  ne  se  pot  tenir 

Qae  il  ne  sott  au  fons  alez. 
YsengrÏDB  qui  se  jut  delez 
1035   Honseignor  Noble  enmî  le  pre, 

L'a  veu,  ai  li  a  mogtre, 

Con  se  délite  la  aval, 

Non  mie  ponr  bien,  mes  pour  mal.       N  49 

Quar  onques  ne  le  pot  amer: 
lOBO  Son  ami  le  pnet  il  clamer, 

Ues  ja  du  caer  ne  l'ameni. 

Bian  semblant  espoir  li  fera, 

Si  Torroit  il  qu'il  fust  lardes. 

'Sire'  fet  il,  'or  esgardez 
10H6    De  Renart  con  est  maux  voisins! 

Bien  nous  tient  or  pour  ses  cousins, 

Qui  tant  nous  fait  ci  aoorber. 

DeaUez  le  pnist  asaorber 

Quant  il  nous  fet  tant  de  mal  trere, 
1040    Que  il  ne  vient  ne  ne  reperel 

En  loi  auroit  bon  messager 

Por  querre  la  mort  et  oerohier, 

Quar  il  reveoroit  moult  a  tart. 

Quar  aloDs  ore  oele  part, 
1M5   Si  saurons  pour  quoi  il  ne  vient 

Et  qoiex  essoines  le  détient. 

Je  le  Toi  la,  ce  m'est  avis, 

Lez  le  fosse  tout  ademis 

J3b  à.  iDMire  nobla  U   ntonitre     1036  Que  il  ni  «voit  demonN 
t  ]  éiat     1087  Toui     1(M7  ce  toui  pleTit     1018  f.  ca  niMt  «tU 


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i  XVI  (Méon  D908-W89} 

Ou  il  se  jeue  et  court  et  saut. 
1060   Moult  petitet  de  noue  lî  cbaut. 

Il  a  espoir  trouve  pasture 

A  son  068,  si  n'a  de  nous  ouro, 

Paie  que  il  est  bien  saoulez. 

Àlons  oele  part,  se  voulez! 
1050    9i  saurons  qu'il  fet  et  pour  quoi 

Il  est  renies.'    'Et  je  l'otroi' 

Fet  Nobles,  'vous  dites  moult  bien. 

Foi  que  je  doi  saint  JulieD, 

Je  li  fere  comparer  chîer 
1060    Ce  qu'il  nous  fet  ici  jucfaier: 

Se  il  le  fet  pour  nul  despit, 

Ja  n'en  aura  point  de  respit, 

Se  nus  ne  l'en  sera  garant 

Se  il  n'i  a  cause  apparant.' 
1066       Atant  se  sont  d'iluec  tome. 

Celé  part  s'en  vont  abrive 

Plaioz  d'ire  et  de  maltalent. 

Et  li  vileÏDz  qui  vet  balant 

En  l'eve,  que  Renart  destraînt, 
tOlo   Avoit  jft  le  cuer  si  ataiat: 

Tant  l'avoit  dant  Renart  batu, 

Qu'il  n'avoit  force  ne  vertu. 

Ja  ot  deuH  foiz  au  fons  eate. 

Et  Renart  qui  onc  n'ot  bonté, 
1076    Se  barat  non  et  tricherie, 

S'spense  que  moult  li  anuie 
.   Que  tant  le  fet  iluec  atandre. 

Garda  entor  lui,  si  va  prendre 

Des  motes  tout  plaïn  son  giron, 
1080    Si  li  rue  tout  environ, 

Et  desUB  le  dos  et  en  coste. 

Li  vilains  a  en  lui  mal  oste 

Qui  moult  durement  li  meffet. 

Que  TOUS  diroieP  Tant  a  fet 
1086   Renart,  et  tant  li  a  gete 

l(»6  «t  ]  na     loeo  Ci     niiohi«r    1073  U     1078  Ta  ]  oort    lOBD  B* 


XVI  (Méon  5M0-69T7) 

Et  pierrea  et  motes  de  pre: 

Que  qui  que  soit  bel  ne  qui  gronde, 

Tierce  foiz  ou  foese  afonde. 

Ore  est  mors,  bien  s'en  puet  vanter. 

1090    N'en  orra  mes  nos  lions  chanter 
Uale  chanoon  d'ore  eu  avant. 
Renart  que  li  corps  dieu  orarant, 
S'en  est  délivrez  en  tel  guise. 
Or  pnent  fere  a  lor  devise 

1095    De  la  proie  tout  saoz  peur. 
De  oestui  sont  il  asseSr 
Que  James  mal  ne  lor  fera 
Ne  riens  ne  lor  contredira. 

Quant  Renart  ot  fet  ce  qu'il  quist, 

1100    Si  conme  il  li  plot  et  sîst, 
Et  ot  feni  tout  son  estonr, 
Lors  se  voult  mètre  au  retour, 
Quant  voit  dant  Noble  le  lion 
Et  dant  YBengrin  le  félon 

U05    Qui  vers  lui  tout  droit  s'en  venoient. 
Voie  ne  sentier  ne  tenoient, 
Par  les  prez  viennent  a  travers. 
Et  il  fn  sages  et  apers: 
Bïtost  con  les  a  parcefiz, 

lllO    Encontre  vet  les  sauz  menuz, 
Si  lea  salue  gentement. 
'Bien  vîeingniez,  sire,  voirement' 
Fet  il,  'et  vostre  compaignier 
'Renart,  je  ne  vous  salu  mie. 

1119  Renart,  l'en  voua  deûst  bien  pendre, 
Quant  vos  m'avez  fet  tant  atendre 
Sanz  venir  et  sanz  reperier.' 

'Sire,  foi  que  doi  ma  moillier' 
Fet  soi  Renart,  'je  n'en  puis  mes. 

1120  Quar  j'ai  eQ  un  entremee 

D'un  vilein  qui  gardoit  l'aumaille 


1087  qa«     ne  ]  on     1089  le     1090  mes  ntanqut 
T      nos  o.  il  1.  mperont       1114  lalne 


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XVI  (MéoD  6976-6012) 

Que  j'ai  trouve  la  ea  l'oraîlle 
De  ce  pre  dormant  oontne  loir. 
Si  m'apense  et  aoi  de  voir, 

1135  Que  s'il  nous  savoit  ne  reoit, 
Qu'il  noua  nuiroit  se  il  pooiL 
Si  l'fù  tant  mené,  dieu  merci, 
Par  mon  engin  qu'ancor  sui  ci 
TouB  sains  et  hetîez  et  tous  forz, 

11^    Et  il  gÎBt  en  ce  fosse  morz 

Tous  estenduz  conme  tine  raine. 
Hoult  en  ai  este  en  grant  paine. 
Mes  touteToie  ai  tant  ouvre 
Que  nous  en  sommes  délivre. 

1186    Se  d'ateodre  estes  anoies, 

Ne  m'en  merveil  (ice  sacliies), 
Que  demore  ai  longuement: 
Et  moult  anoie  qui  atent, 
Ce  dit  l'en,  et  il  est  bien  voira. 

1140    Hes  foi  que  je  doi  a  mes  oirs, 
Se  la  vente  saviez, 
Ja  mat  gre  ne  m'en  sauriez, 
Encoiz  m'en  émissiez,  œ  oroi. 
Or  escoutez,  je  vous  diroi 

1145    De  cbief  en  ohief  le  voir  parconte.' 
Et  il  adonques  li  raconte, 
Conment  il  monta  sus  l'ormel, 
ConmcDt  chia  sue  le  mosel    ~ 
Au  vilain  tant  qu'il  s'esveilla, 

1160  Et  puis  conment  il  s^en  ala 
Laver  a  l'eane  du  fosse. 
'Et  il  ot  son  penel  trooase. 
Et  je  sailli  a  terre  apraz: 
Si  conme  je  ving  a  eslez, 

1166    Sailli  sas  lui  a  quatre  piez 
La  ou  il  estoit  abeesiez 
A  l'eve  por  son  vis  laver, 
Si  qu'el  fosse  le  fis  aler 


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XVI  (H«oB  6013-6048) 

La  teste  avant,  le  cul  deaus, 

11  Al    Que  votiB  diroie'  fet  il  'plus? 
Quant  Toi  dedenz  l'eve  enbatu, 
Tant  le  feri,  tant  l'ai  batu 
Que  il  n'en  lèvera  james. 
De  lui  avons  ore  tel  pas 

1(05   Que  james  mal  ne  nous  fera. 
Ne  chose  ne  nous  desdira, 
Que  weillons  fere  de  l'aumaille.' 
Li  rois  l'escoute  et  se  merveille, 
£t  bat  ses  paumes  et  fet  feste, 

1170  Et  jure  ses  ielx  et  sa  teste 

Qu'ainz  mes  ne  fu  veûz  tiex  gïeus. 
'Par  foi'  fet  Tsengrin  É  4eus, 
Tel  bourde  ne  fu  mes  oie. 
Ne  je  ne  le  oreroie  mie, 

1176    Certes,  se  je  ne  le  veoie,' 

Et  dit  li  rois  se  diex  me  voie, 
Renart,  dis  le  me  tu  pour  voirf 
'H  n'i  a  tel  con  del  veoir' 
Fet  il:  se  vous  ne  m'en  créez, 

1180    Âlez  la  et  si  le  veez.' 

'Dahait'  dit  Noblez,  'qui  ira 
Et  qui  ja  tant  s'en  lassera! 
Je  n'ai  mie  vilain  tant  cbier. 
Autant  ameroie  a  tonohier 

1186    A  un  ort  vessel  de  ma  main 
Conme  je  feroie  a  vilain. 
Or  soit  ilaec  et  si  se  gise! 
Et  nous  ferons  a  nostre  guise 
Le  nostre  pren,  se  nous  savon, 

1190    De  la  proie  que  nos  avon. 

Certee  moult  grant  tort  en  avons: 
Uoi  et  Tsengrin  disions 
Que  vous  nous  vouliez  tricher: 
Mes  or  voas  veil  bien  afioher 


1161  Bbatn    1174  qaerroie     1181  Daheait    dii  manqu*     1190  tt 
•  wuont     1194  Mes  tor 


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SVI  (Hâon  6049-6066] 

1195    Qu'il  o'a  ei  loial  ug  si  sage 

A  ma  court,  de  rostre  ooraage: 
Ne  ours  ne  leu  ne  autre  beste. 
Bieo  avez  la  besoingne  fête, 
Et  mielz  assez  qae  ne  diroif. 

1300    Mes  ore  alons  a  nostro  proie, 
Si  soit  partie  maintenant;. 
Ysengrins,  or  venez  avant, 
Si  faites  ceste  partison! 
Trop  y  auroit  grant  mesprison 

1306  Se  chasouD  n'en  avoit  sa  part.' 
Et  dit  U  leus  'par  saint  Uaart, 
Sire,  quant  vous  vient  a  plesir, 
U  n'est  riens  que  je  tant  désir: 
Que  je  ai  au  cuer  fain  moult  grant. 

1210    ïlt  il  me  semble  tôt  avant 
Que  nous  avons  ci  un  torel 
Et  une  vache  et  un  veel: 
De  ce  devons  partison  fere.' 
Lors  prent  en  son  cuer  a  retrere 

V2\b   Ce  que  l'en  dit  auques  souvent, 
Que  cil  qui  bien  voit  et  mal  prent, 
S'il  s'en  repent,  c'est  a  bon  droit. 
Et  puis  dist  que  il  miolz  vorroit 
Qu'il  fust  penduz  a  une  hart 

13-iO   Que  ja  Renart  i  eûst  part. 
S'il  puet,  du  tout  l'en  getera 
Si  que  il  ja  n'i  partira. 
Si  s'aut  pouFchacier  autre  part! 
'Sire'  fet  il,  'se  dtex  me  gart, 

1335   Le  mielz  si  est  que  je  i  voie, 
Que  vous  de  ceste  bele  proie 
Reteigniez  a  vostre  oes  oest  tor 
'  £t  celle  genicete  encor: 
Quar  a  ma  dame  l'Orgaeilleuse 

1390   Bera  bonne  et  savoureuse, 

Quar  elle  est  bonne,  crasse  et  tondre. 


1310  Et  MchiBc  bn  frkicmeDt     ISU  Et  t.    1218  dit    ISK  nH 
tor]  Ireitout    1238  genice  et  oel  tor 


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XVI  (H«oii  6080— 61S1)  1 

Et  ge  qui  ne  veil  pas  tout  prendre, 

3i  aum  sanz  plus  cel  veel. 

Et  cil  garz  roux  de  pute  pel 
1385    Si  n'a  mes  de  viande  cure, 

3i  aut  ailleurs  querre  pasture!' 
Moult  a  grant  chose  en  sei^eurie, 

Quar  tôt  veut  fere  a  sa  devise- 

De  riens  ne  veut  a  part  venir, 
134(1    Tout  veut  a  son  hues  retenir. 

A  ce  deflst  avoir  garde 

Tsengrin,  foi  que  je  doi  de, 

Ainz  qu'en  eûst  partison  fête. 

Nobles  oroulla  un  pou  la  teste, 
1S45    Quant  la  parole  a  entendue. 

ISe  li  fu  pas  a  gre  venue: 

Quar  bien  sa  voit  très  tout  de  voir, 

^out  vouloît  a  son  hues  avoir, 

Que  que  il  eOst  dit  avant. 
1-260    Deus  pas  avoit  passe  avant, 

Si  a  haucie  la  destre  poe 

Et  Sert  Tsengrin  lez  la  joe 

Si  durement  que  le  cernai 

L'en  a  abatu  contreval, 
1235    Si  l'a  fet  durement  seingnîer. 

Renart  emprist  a  aresner. 

Si  li  a  dît  'vous  partiroiz. 

Ore  orrons  que  vous  en  diroiz, 

Sire  Renart,  qui  tant  savez.' 
1360   ^ire'  fait  Renars,  'ne  devez 

Tel  chose  dire:  en  vérité, 

Foi  que  doi  sainte  Charité, 

Vers  vous  ne  doi  je  part  avoir. 

Hee  prenez  a  vostre  vouloir 
1360    Et  nous  donnez  ce  que  voudroiz: 

Qnsr  bien  savez,  et  si  est  droiz 

Que  toute  la  proie  soit  vostre.' 

12SB  cernai      1358  en  mangut     ferat      1360  Or  i  para  qu«  i 
1361  Et  dit  R.  ao 


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XVI  (M«on  6132-6157) 

'Foi  que  doi  sainte  Patornostre,' 
Fait  Nobles,  'ainsi  n'ira  mie. 

1:^70    Je  veil  que  ele  soit  partie 

Enooiz  que  de  ci  vous  mouvez.' 
'3ire,  puis  que  tous  le  voulez' 
Fet  Renart,  'je  la  partirai. 
Il  m'est  avis,  au  sens  que  j'ai, 

1376    Et  si  oonme  Tsengrins  disoit, 
Que  oe  est  le  mîelz  qui  î  soit 
Que  ce  tor  a  vostre  oes  aiez. 
Hielz  sera  en  tous  emploiez 
Que  il  ue  seroit  en  nule  ame. 

1280   Et  la  vaoiie  aura  ma  dame, 
Qui  est  et  crasse  et  tradrate. 
Et  Tostre  filz  qui  mes  a'alete, 
Et  qui  oao  a  este  nez, 
Aura,  se  ainssî  le  voulez, 

1285    A  son  menger  ce  veelet, 

Qui  est  et  tendres  et  de  let: 
N'aura  eaoor  huit  jourz  demain. 
Et  entre  moi  et  œ  vilain 
Irons  en  autre  lieu  chader 

r>90    i'or  nostre  vie  pourchacier.' 

Li  rois  l'entent,  si  11  fa  bien: 
Quant  oit  et  voit  que  tout  fu  sien, 
S'en  a  de  joie  fet  un  saut. 
'Renart'  fet  il,  'se  diex  te  saut, 

1296    Or  me  di  voir,  ne  me  mentir, 
Qui  t'aprist  primes  a  partirf 
'Sire'  fet  il,  'par  sainte  Luee, 
Cel  vilain  a  la  rouge  anmuoe. 
Je  n'en  oi  onques  autre  mestre. 

ISOO    Ne  sai  s'il  est  ou  clerc  ou  prestre 
Qui  si  porte  rouge  couronne, 
Mes  bien  semble  haute  persooae. 
Qui  Boit  ou  pape  ou  cardinax.' 


1-277   Que   to 

■    toute  a    T 

o.  Uiei       1S81  «t  apriê  «it  ■ 

1263  ntM  d']  encor 

1386  se  T. 

12S7  e.  qoe  b.       1396  nag*] 

1908  urdintl 

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XVI  (Héon  BI68— 6IM) 

'Renart'  fait  Nobles,   moult  es  max, 

1300    Tu  scez  plus  que  ton  pain  meDger. 
Fox  est  qui  de  toi  fet  bercbier. 
Que  par  mes  iex  De  par  ma  teste 
11  n'a  plus  feziee  beste 
Que  tu  es  dedeoz  mon  empire. 

1310   Bien  retiens  ce  que  tu  os  dire. 
Et  cil  si  prent  la  meilleur  voie 
Qui  par  autrui  bien  se  cbaatoie. 
Et  tu  as  bien  fet,  oe  me  semble. 
Or  remanez  ici  ensemble 

1RI5    Entre  tous  deus,  que  je  m'en  part. 
Di  Ysengrin  que  il  se  gart 
Que  une  autr^  foiz  parte  droit: 
Qu'espoir  a  tel  afere  auroit 
Qui  li  feroît  encore  pis. 

18â)    Or  demorez  (que  je  ne  puis 
Demourer  iô,  si  m'en  voiz) 
Et  vous  pourchaoiez  par  ce  boiz, 
Se  TOUS  voulez,  "Vostre  disner  : 
Quar  ma  proie  en  veil  je  mener. 

1326   Vous  et  Ysengrm,  sanz  mentir, 
Par  mon  ohief  bien  saves  partir  : 
Et  bien  m'aoort  a  rostre  dît. 
Tons  ol  aurez  ja  contredit 
De  nul  homme  que  bel  me  soit. 

1830    Ore  alez  querre  que  que  soit, 
9e  voulez,  que  vous  mengeree, 
Que  ja  de  oeulz  ne  gousteroiz.' 
'Ha  aire'  fet  cil,   ne  le  dites! 
Seront  ce  donques  les  mérites 

133ô    De  ce  que  ci  vous  amenaiP 
Certes  s'auoun  petit  n'eD  ai. 
Pou  me  porrtù  de  vous  loer. 
Se  vous  ne  m'en  voulez  donner. 
Sire,  a  oel  vilain  en  douez 

1910   Tant  que  il  soit  desgeiinez. 

KM  f.  il  lu  icoi  m.  mal      131A  Dit 


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XVI  (Méon  atW-t>28I) 

Qnar  il  est  si  m«l  atornez 

Qu'a  paineB  ae  puet  il  ester. 

Mtelx  li  Tenist;  que  l'eûuiez 

Fet  eacfaaoier  d'un  de  ses  piez. 
t34&    Si  le  lessiez  si  &nieilleu8, 

Ce  poisse  moi,  si  m'aM  diex: 

Quar  je  ne  li  ai  que  donner 

Dont  le  faoe  desjeQner. 

Je  li  donnasse  volantiers, 
1H50    Quar  moult  en  est  mes  ouers  tandriera 

Por  ce  que  si  le  voi  bleoie. 

Moult  li  avez  mal  despede 

Son  chaperon  delez  la  joe.' 

A  oest  mot  li  a  fet, la  moe 
I35j    9i  que  ne  l'aparout  ne  vit. 

Nobles  l'esgarda,  si  s'en  rit 

Et  dit  'Renart,  moult  scez  de  boule. 

Tu  es  issus  de  mainte  foule. 

Diex  scet  bien  par  quel  couvenant 
im)    Tu  me  vas  ainat  sermonant: 

Plus  le  dis  pour  pitié  de  toi 

Que  ne  fea  pour  lui,  par  ma  foi. 

Quar  je  sai  bien,  se  j'en  leasoie, 

Ja  si  tost  tornez  n'en  seroie 
1366    Qne  tu  li  torroies  sa  part 

Et  l'en  monsterroies  la  bart, 

Qu'il  ne  ae  porroit  revenchier. 

Se  il  en  devoit  errager, 

N'en  aroit  il  point,  par  mes  iex. 
1S70    Mes  je  le  fere  assez  miex, 

Que  foi  que  doî  saint  esperit, 

Ja  n'en  métrez  la  ou  chiens  chit 

Ne  pour  vos  fez  ne  pour  vos  dis. 

Ainz  vous  en  ferai  n  onnis 
1875    Que  ja  l'un  de  vous  pu  resoa 

N'en  gsbera  son  oompaig^non 

D'espaule,  de  pie  ne  de  ouïsse, 

1S45  Ci    1346  10    1360  qui     1868  j'sd]  len     ISST R.  ■>•  w po" 


XTI  (HéoQ  638S  '  6367) 

Ne  d'uD  ne  d'el  que  j'oDques  puisse.' 
A  icflst  mot  Nobles  s'en  part 

1860  Et  lesse  eDmi  le  pre  Renart 
Qui  moult  fesoit  le  correoie 
Por  Ysengrin  qu'il  vit  blecie: 
Et  si  en  avoit  il  grant  joie. 
Pois  li  a  dit   se  diex  me  voie, 

13S6    Compère,  bien  sommes  gnile. 
Bien  vous  a  li  rois  afole 
Trestont  sanz  droit  et  sanz  resoD. 
Si  voie  je  dieu  et  son  non, 
Qrant  mal  a  fet  et  grant  ootrsge. 

1399  Bien  i  poira  avoir  doinage 
Espoir  encore  en  aucun  temps. 
Et  qui  vorroit,  selono  mon  sens, 
Encontre  lui  du  tout  ouvrer, 

Il  le  porroit  bien  comparer, 
1S96    Je  cuit,  ou  au  près  ou  au  loing. 
Son  ami  doit  en  au  besoing 
Au  mielz  que  l'en  puet  conseillier. 
Et  je  m'en  veil  bien  traveillier       • 
Por  tant  que  vendez  en  soiez. 

1400  J'en  seroie  certes  moult  liez 
Se  li  veoie  anui  avoir'. 

S'en  lui  avoit  point  de  savoir 

Ne  de  bien  ne  de  cortoisie, 

N'eust  pas  la  proie  sesie 
1406    Si  toute  que  n'en  eQsBon. 

Honi  sommes,  se  nous  les  son 

A  lui  eÏDsiques  défouler. 

Quar  tost  nos  porroit  afoler, 

Se  nos  ne  l'osion  deadire. 
1410   Si  )o,  aînz  que  la  chose  empire, 

Que  nous  querons  et  art  et  guile 

Par  quoi  la  venjance  en  soit  prise        N 

Por  TOUS  trestont  premièrement 

1S78  V%  del  ueel  ne  ie   ta  coime      1890   ou  .  .  ou]    e 
1306  dont  en  ■  b.     1807  qaen  le     1409  nous  lesKoni  d«fonler  k 


„,ogIc 


194  XVI  (MAon  6388-6303) 

Qu'il  a  meoe  ai  malemeat 
1415    Par  la  force  que  il  a  fête, 

Que  Dostre  part  nous  a  tolete: 

Quar  la  proie  estoit  oonniune. 

Ne  se  deSst  faire  si  prune, 

Pour  ce  s'il  eat  par  desus  nous. 
1420    Que  par  la  foi  que  je  doi  tous 

Qui  estes  mon  compère  obiers, 

Ke  sera  si  max  ne  si  fiers 

Que  bieo  n'en  aîons  la  venjanoe.' 

Ysengriiu  ot  la  couvenanoe 
USQ    Que  Renart  li  offre  et  présente, 

Que  se  il  Yeult  selonc  a'entente 

Ouvrer  et  selonc  son  saTotr, 

Il  li  fera  veiyaDce  avoir 

De  ce  que  il  l'a  mal  mené: 
t4:W   Et  il  le  het  plus  qu'homme  ne 

Pour  le  mal  que  il  li  a  fet. 

E!t  si  ne  li  a  pas  meffet 

Chose  pour  quoi  il  le  dedst 
*8i  mal  mener:  se  il  peûst, 
'  i486    I)  li  feïst:  Yolantiers  fere 

Chose  qui  li  peust  desplere 

En  tel  guise,  gel  sai  de  roir, 

Ne  s'en  peilst  aparoeroir 

Devant  que  la  chose  fnst  fête. 
1440    II  s'apense  que  sa  retrete 

Ne  sera  a  fin,  n'acomplïe 

3a  pensée,  s'il  n'a  aïe 

D'aucun  qui  soit  plus  de  lui  sage. 

Nelui  ae  scet  qui  son  corage 
144&   Puist  deseonvrir  seiirement. 

Toir'  fet  se  il,  je  me  dément 

De  néant:  je  roi  mon  oompere 

Qui  plus  m'ume  ore  que  son  frère, 

1418  [irime  1419  os  quil  1430  que  hsmâ  1483  m  1438  p« 
1486  I».  ne  ne  denit  1441  8a  penase  nerl  a.  1443  Oa  en  peuM  m  h 
ata  1448  Et  durement  ne  sen  porehaoe  1444  A  an  hBme  qui  *<><)■* 
Mohe     1446  Pour  A.    1446  ae  manque      je  ne  dont  neeni 


'c* 


XVI  (Héoii  8H03-fi3a8)  195 

Et  plus  set  de  barat  toua  eeuz 
1460    Voir  que  ne  soevent  vint  et  deua 

T)es  meilleurs  de  la  court  le  roi, 

Et  je  paa  ne  deacouverrai 

A  lui  mon  cuerP  que  n'oaei'OÎo. 

l'aour  ai,  ae  je  11  disoie, 
1-1&&    Qu'il  ne  m'eDcuaaat  au  lion, 

Que  en  lui  a  uialeîcon. 

Si  dit  l'en  par  tout  le  paTa 

Que  il  est  traïatrea  na&. 

Pour  ce  ai  ne  m'i  oe  fier, 
l-iuo    Mea  ne  cuit  paa  qu'il  aut  crier 

A  court  oe  que  j'ai  em  pense. 

Or  ai  je  voir  moult  fol  penae 

l<'nvers  mon  compère  Renart. 

Je  ne  cuit  pas,  *Be  diex  me  gart, 
1-I6b    Que  il  me  mesfelat  pour  rien. 

Il  eat  preudons,  ce  sai  je  bien. 

l'ieca  que  je  l'ai  esprouve, 

Et  encore  l'ai  je  trouve 

Jusquea  ici  moult  loyal  homme, 
1470    Foi  que  doi  saint  Père  de  Romme 

A  aon  conaeil  me  maintendrai, 

•fa  eat  il  mon  compère  en  loi, 

Si  pena  qu'il  ne  me  mefferoit, 

Ne  nul  mal  ne  pourchaceroit.' 
1475    Ëinsi  a  lui  meïsmea  tance, 

Et  en  la  fin  de  sa  sentence 

S'acorde  a  ce  qu'il  li  dira 

Et  a  son  conseil  en  fera 

Counent  que  l'aferes  en  aut. 
14W    Quar  nue  tant  ne  acet  ne  ne  vaut 

A  nul  besoing  conme  Renart. 

Lors  conmence  a  dire  par  art 

Et  bel  conme  bien  afetlez, 

Et  si  a  dît  par  amistiez 

l«ttt  A  IniJ  Autrui       1454   le  ja   H]   que   ie   le       1457   ditl   ait 
1107  Ht]  kit     1409  tR     14ftO  qnil  Unt 


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XTI  (1I<0D  e38ft-6360) 

1465   'Biax  douz  amis,  biax  dous  oonpere, 
GoDseiUiez  moi  si  qn'il  i  père, 
Que  Tostre  conBeil  m'ait  mestier. 
Je  ne  verrai  ja  l'anuitier 
Se  de  Noble  ne  sui  vengiez, 

1490    Qni  si  m'a  le  via  eacorchie 

Que  le  cuir  en  est  moult  maumîs. 
Pour  ee  le  voua  di,  biax  amis, 
Que  pour  moi  tant  voua  traveilliez 
Qu'en  bonne  foi  me  coneeilliez.' 

149fi   'Bi  ferai  je'  ce  dit  Renart, 
'Par  le  baron  sunt  Lienart. 
SCea  orendroit  n'en  eat  aeson, 
Mes  alez  en  Yoatre  meson, 
Et  si  leaaiez  eater  hoimes.' 

1000   Atant  eat  le  conseil  remea, 
Si  Tot  Renart  a  son  repère, 
Et  Ysengriu  son  obier  compère 
S'en  est  tomez  a  son  manoir. 
Ici  fet  Pierres  remanoir 

1600    Le  conte  ou  se  voult  traveillier, 
Et  lesae  Benart  conseillier. 

1487  nu  m.     1491  cuer 


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xvn 

(Héon  28666-28690) 

Ou  mois  da  mai  qu'este  conmence, 
Que  àï  arbre  cueillent  semence, 
Que  eler  cbantent  parmi  le  gaut 
L'oriol  et  le  papegaut; 
3   Â  iee  temps  que  tous  dison 
Estôit  Renart  en  sa  meson, 
Qui  pour  le  biaa  temps  qui  revint, 
Moult  liez  et  moult  joianz  devint, 
Que  moult  ot  l'iTer  mal  souffert 
10   De  son  cbsBtel  vit  l'uis  oorert: 
Si  s'en  issi  sanz  demouree 
Et  regarda  aval  la  pree, 
Se  nD8  vendroit  de  oale  part. 
Atant  de  sa  meson  se  part, 
15    Que  nule  ame  a  dieu  ne  oonmande: 
Poignant  s'en  vet  parmi  la  lande 
Pour  sa  viande  pourobacier. 
n  ne  fu  ne  clop  n'eechacier, 
Âinz  s'en  vet  poignant  tons  les  saus. 
20   Parmi  un  plessets  de  sans 
S'en  Tot  Renart  tout  eslessie, 
Esperonnant,  le  col  bessie. 
Dedenz  oe)  pleeseïz  aroit 
Un  parc  qui  noTiaus  i  estoit: 
Sft   Dedenz  aroit  a  granz  foisons 
Cos  et  geliaes  et  obapons, 


S  ohante    36  Ooqdîbi  g- 

D,g,t7„lb,.GOOgIC 


XVII  (MéoD  28691—28727) 

Qui  aont  d'une  sbaTe  blanche. 
ReDart  monte  par  une  branche 
8or  les  pieus  et  eor  le  paliz. 

30   Tantost  est  en  la  cort  saîUiz 
Des  pieus  a  terre  qui  sont  haut, 
Aa  chapons  vient,  si  les  assaut 
Conme  desvez  et  enragie. 
Un  chapon  prent,  si  l'a  mengio 

i&   A.  grant  lieesae  et  a  grant  ose. 
Fuis  s'en  issi  par  une  heee. 
ITes  ainssi  con  il  s'en  isaoit, 
Une  dea  blana  moines  l'aparcoit: 
S'a  pria  un  baaton  en  aa  main. 

40   Apres  Renart  s'en  vet  au  plain. 
Tout  correoie  et  tout  plain  d'ire. 
Maintenant  li  a  pria  a  dire 
'Renart,  tous  eatea  atrape.' 
Lora  l'a  si  du  baaton  frape 

4ô    Que  toute  l'eschine  li  ploie. 
En  Renart  n'ot  ne  ria  ne  joie. 
Vers  le  randu  a 'en  eat  alez. 
Entre  ses  jambes  s'est  coulez 
Conme  cil  qui  fu  d'ire  eapria. 

60    Renart  l'a  par  la  coille  pria 
As  denz  et  si  forment  le  sache 
Que  uns  dea  peodenz  lï  arrache 
Li  moines  fu  moult  eeperdaz, 
A  la  terre  chiet  estanduz. 

65    Et  Renart  tome  les  talons, 
Del  paliz  ist  a  reculons: 
A  la  fiiie  se  met  le  trot. 
Le  moine  a  bien  tenu  a  sot. 
Qu'il  li  ot  la  coille  tolue  : 

6()    Si  en  a  moult  grant  joie  e&e. 
Mea  n'a  mie  granment  aie 
Que  il  a  Couart  enoontre 
Qui  TCDoit  desor  aoo  destrier. 

■i  I  et     3â  aeae     68  »]  ot    09  Qui  li     SO  KToil 


'c* 


iVn  (Méon  28728-287M) 

Sor  Bon  col  tînt  un  peletier 

Ui    A  qui  il  ot  tolu  a'espee. 
Par  les  jsrrez  li  a  boutée 
Une  verge  d'un  vert  plancon. 
Yera  Renart  vhit  eanz  conteDOon. 
Sitoet  con  Renart  l'aparcut, 

70    Merveîlla  soi,  si  s'areetut 
Et  le  regarda  une  pièce. 
Coi  que  il  desplese  ne  eiece, 
L'a  salue  et  dit  itant 
'Goart,  bien  aoiez  vous  Tenant! 

7Ci    Dites  moi,  se  youb  conmandez, 
Qui  cist  hom  est  que  vous  portez? 
Savoir  le  veil  sanz  nule  faille. 
Avez  le  vous  pris  en  batailleP 
Et  conmant  et  par  quel  raison 

80   Li  faites  vous  tel  mespriaonf* 
Savoir  le  veil,  que  il  est  droiz.' 
Coarz  respont  'bien  le  sauroiz 
Moult  Tolantiers,  puisqu'il  vous  siet.' 
Atant  le  met  jus,  si  s'asiet, 

85    Et  Renart  s'assist  joste  lut. 
'Sire'  fet  il,  'il  m'aviat  hui 
Matin  que  joer  m'en  aloie 
Par  cel  bois  si  con  je  souloie: 
Si  enoontrai  par  aventure 

go    Cost  vilain  qui  me  fist  tedure 
Moult  grant,  que  s'espee  sor  moi 
Sacha,  par  la  foi  que  vous  doi. 
Et  sachiez  que  féru  m'eûst 
Moult  volantiers,  se  il  peûet. 

99    Quant  je  le  vi  vers  moi  venir, 
Adonqnee  ne  me  poi  tenir, 
Ainz  ving  a  lui  touz  ademis. 
9i  li  crachai  enmi  le  vis 
Et  escopi  par  grant  vertu. 
100  li  vilainz  en  fn  eepwdn, 

66  la  Urrei     97  hJ  ver»     99  ospÏHai 


,  Google 


200  XTII  (Méon  2876&-38801) 

De  paour  a  terre  cfaaT: 
Et  je  mainteuatit  li  sailli 
3or  le  vantre  sanz  demorer. 
L'espee  li  alai  oster 

105    Hors  de  la  main  moult  vistement. 
Ore  en  voiz  qaerre  jugement, 
Pour  savoir  que  de  lui  feron, 
A  la  court  Noble  le  lion.' 
Renart  qui  la  parole  ol, 

110   T/tovdt  durement  s'en  esjoT. 
3i  li  respoDt  sanz  demoree 
Coart,  folie  avez  pensée, 
Ce  seroît  folie  et  outrage. 
N'afiert  a  homme  de  parage, 

115    Puis  que  il  tient  honneur  et  terre. 
Que  ailleurs  aut  jugement  querre. 
Ues  s'il  prent  homme  en  son  forfet, 
n  meïsmes  justiee  en  fet. 
9'îl  m'eilst  meffet,  par  ma  foi, 

120    Venjance  en  preïsse  par  moi,' 
'Sire'  dist  Couarz,  'entendez! 
Or  aai  de  voir  que  vous  m'amez. 
Mes  s'il  vous  eatoit  a  pleeir, 
A  court  iroie  pour  oïr 

1-25    Le  jugement  et  pour  savoir 
Quele  amende  j'en  doi  avoir. 
Se  il  vous  plest,  o  moi  vendrotz.' 
Par  foi'  dit  Renart,  'ce  est  droiz 
Que  g'i  voise,  puisqu'il  vous  siet.' 

130    Lors  se  lieve  de  la  ou  siet 
Renart  et  Goarz  a  grant  joie. 
Atant  se  metent  a  la  voie, 
Et  Coarz  son  peletîer  porte. 
Ne  finerent  jusqu'à  la  porte 

136    3Con  seigneur  Noble  le  Ijon, 
Ëndui  i  viennent  li  baron 
Sanz  deffenz  et  sanz  contredit. 

106  moult]  et        116  Poar  ...tiegne        llti  «nt  manq 
Qnaillenri  aille 


,  Google 


XTU  CHéon  2S802— 28SS7} 

Coaiz  si  a  a  Renart  dit: 
'Renart'  dit  il,  'Inftx  douz  amia, 

140   Le  vilaÏD  que  je  port  m'a  mis 

En  grant  traTail,  et  en  grant  paine. 
Diex  le  mette  en  maie  semaine 
Qui  en  avant  le  portera! 
Ore  orrons  que  li  rois  dira 

145    Et  li  baron  du  jugement, 

A  quel  paine  et  a  quel  torment 
Kous  ferons  le  vilain  morir.' 
Et  dit  Renart  'moult  le  désir 
Que  vous  soiez  de  lui  vengie.' 

130   Maintenant  montent  le  planchie 
Li  dui  baron  sanz  nul  délai. 
ËD  la  sale  truevent  le  roî, 
Et  ot  entor  lui  tante  beste. 
Le  jour  oelebroit  une  feste 

làa   D'wie  haute  dame  honorée, 
La  suer  Pinte,  dame  Coupée 
Qui  fu  ociee  en  traïaon. 
Le  jour  en  fesoit  meneion 
Li  rois  Nobles  et  son  barne, 

160    Qui  iluec  erent  assemble. 

Maint  prince  i  ot  et  maint  baron: 
Il  n'i  ot  se  bauz  hommes  non 
Qui  eatoient  (ce  tous  deris) 
Vestoz  ou  de  vair  on  de  gris. 

165   Li  rois  qui  fesoit  bêle  chiere, 
Seoit  joste  ma  dame  Fiere 
Et  ]i  baron  environ  ealz. 
Es  TOUS  les  conpaignons  endeus, 
Renart  et  Coût  qui  aporte 

170   Le  vilain  ou  il  se  déporte. 
Mesire  Renart  vint  devant: 
Le  roi  salue  tout  avant 
Gon  cil  qui  bien  fa  enseigniez 


paine]  ahan     142  Et  d.  1.  m.  hui  en  malau     114 
m.  de  leiir    172  a.  hautement 


,  Google 


XTII  (Héon  28688-38874) 

S'est  deTSDt  lui  agenoilliez. 

iT.'i    Et  li  rois  qui  moult  cbter  l'aToît, 
Le  redresce,  oon  il  le  Toit, 
Et  dit  'bien  sciez  vous  Tennz! 
Amis,  bien  voue  estez  tenoz 
De  moi  Teoir:  ne  vous  vi  mes 

im   Puis  que  nous  formâmes  la  pes 
Entre  vous  et  rostre  conpere. 
Foi  que  je  doi  l'ame  mon  père, 
Or  sui  je  monlt  hetie  et  liez, 
Quant  a  moi  estes  repériez. 

IP5    Sachiez  que  bon  gre  vous  en  sai.' 
Renart  ne  fu  pas  en  eamai 
De  reapondre,  si  dit  briefmeot 
"Sire  rois,  cil  diex  qui  ne  meut 
Vous  otroit  de  vostre  vouloir 

IDO   La  moitié,  que  je  sai  de  voir 

Que  vous  m'amez  :  et  je  vous  -aim, 
Foi  que  je  doi  a  saint  Germain. 
MIee  d'un  afere  vous  requier 
Conseil,  qar  bien  en  ai  meetier 

iga    Moi  et  mon  conpaignon  Coart.' 
Diex  aïde,  sire  Renart' 
Fflt  li  rois,  qu'est  ce  que  vous  diteaF 
Ainsi  m'uat  saiiiz  esperitee, 
Conseil  voua  donrai  volantiers. 

200   Mais  or  me  dites,  amis  chiers, 
De  quoi  vous  demandez  conseil.' 
'Sire'  fet  il,  'dire  vous  veil.' 

À  cest  mot  appela  Gouart 
Qui  s'estoit  trez  a  une  part, 

-20 '<    Qui  oncore  le  vilain  tint. 
Et  maintenant  au  roi  en  vint 
Iriez  et  de  oorrouz  espris. 
Et  Renart  par  la  main  l'a  pris 
Et  li  fist  geter  erraument 

210    Le  vUain  sor  le  pavement 

^  ait     200  ne  manqut     d.  bifti  ». 


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XTU  (H«on  28S75— 38910) 

Qui  n'estoit  mie  granmeot  mol. 
À  poi  ne  li  a  roat  le  col, 
Si  en  fu  le  yilaio  pl&in  d'ire. 
Et  Benart  li  a  pris  a  dire 

■Jl.'i    fiiau  sire,  cooBeil  toub  queron, 
Que  nous  de  cel  vilain  feron 
Qui  voBtre  baron  osBailli. 
Ferir  le  cuida,  si  failli.' 
'Sire'  dit  Coarz,  'entendez, 

'i-iO  8e  je  di  mal,  si  m'amendez. 
J'ai  œl  vilain  oi  pris  de  guerre: 
3i  en  vieng  ci  jugement  querre. 
Je  le  vous  rent  coame  larron: 
Ësgardez  que  nous  eu  feron.' 

'22Ô       Quant  U  vilainz  et  et  entent 
Que  l'en  demande  jugement 
De  lui,  si  fu  moult  esbabiz. 
lUaintenant  est  em  piez  sailliz 
Et  diat  au  roi  'Sire,  merci! 

■230   A  vous  me  rent  jointes  mùnz  ci. 
Sachiez  que  je  sui  loiaus  hom. 
S'il  vous  plest,  bon  renon  avon 
De  mee  voisina  des  plus  feans 
Qui  diront  que  je  sui  loiaus, 

235    Des  plus  preudonunes  de  la  terre. 
Si  les  fêtes  envoie  querre!' 
Li  rois  respoot  'moult  volantiera, 
Que  il  vous  en  eat  granz  mestierB.' 
Mander  les  fist  aanz  plus  atendre. 

340    Dis  et  huit  furent  mainz  de  trente. 
Douze  vinrent  pour  tesmoignier: 
Tttit  loial  homme  peletier 
Estoient,  a  court  sont  venuz. 
Quant  li  vilainz  lee  a  veûz, 

245    Si  ot  grant  joie  et  grant  lieesce. 
Maintenant  en  estant  se  dreaoe 


313  poa     330  lameodei     321  ai     330  dit      23S  De*,    m.  < 
kyM*    38B  le 


,  Google 


XTn  (lUoB  2S811-SS947) 

Et  dit  au  roi  aeaa  delaier 

'Ciat  ci  me  Tiennent  tesmoigner.' 

Birfl'  font  il,  Vous  dites  Toir. 

250    Se  vérité  voulez  eavoir, 

Par  tens  tous  sera  enaeigoie. 
Il  avoit  un  œf  gaaignie 
Ou  il  nous  fist  moîller  ensemble 
Tous  treize:  ponr  ce  si  noua  semble 

205    Qu'il  est  loiauH  homs  et  de  foi.' 
Quant  ce  ot  enten<lu  le  roi, 
Konlt  durement  s'en  esjoïst 
Et  maintenant  an  vilain  dist 
Qu'il  s'en  alast,  il  n'avoit  garde. 

2Wt    Et  li  TÏlainz  plua  ne  se  tarde, 
Si  s'en  revêt  o  ses  vilainz. 
Li  rois  remest  de  joie  plaioz, 
Tnit  firent  joie  par  la  sale. 
Renart  n'ot  pas  la  coulour  pale. 

260    Dejoste  le  roi  s'est  assis, 
Ne  fist  pas  chiere  de  pensîs. 
Li  rois  a  dit  ans  oonnestables 
Que  il  facent  mètre  les  tables, 
Et  il  si  firent  sanz  targer. 

270    9i  assistrent  li  chevalier, 

Delez  le  roi  sistrent  maint  conte. 
Des  mes  qu'il  orent  ne  ttûz  conte: 
Kes  qant  mengie  orent  assez, 
Jeuent  as  tables  et  as  dez. 

t!76       Au  chief  du  pales  d'une  part 
S'aaist  Ysengrins  et  Renart, 
Devant  eulz  deuB  un  eechequier. 
Lor  gieu  prennent  a  arengier, 
Et  dist  Renart  a  Tsengrin 

2S0   Que  venir  face  un  marc  d'or  fin 
À  mètre  au  jeu:  et  il  si  fist, 
Tantost  sor  l'eschequier  le  mist. 
Un  autre  en  i  a  mis  Renart, 


i  remet     370  «hir'     273  foii    376  g\»u]   gtat 


„ogIc 


XTII  (HéoD  S8848— 38SS4)  20 

Si  jouèrent  par  grant  esgart. 
266    Ysengrin  fu  du  jeu  aprîs, 

Del  psosnet  a  un  roc  pria;    . 

Apres  le  roc  a  pris  la  fierce. 

Tant  jouèrent,  aioz  qu'il  fuat  tierce, 

Qaaîgna  Ysengrins  cent  lÎTres:  N  55 

290    iJont  Eenart  se  tint  bien  pour  yvres, 
Que  il  n'ot  mes  que  mètre  au  jeu. 

Il  en  a  appelé  le  leu. 

Tsengrin'  fet  il,  'entent  moil 

Par  oele  foi  que  je  te  doi, 
mu    Je  n'ai  de  quoi  mon  jeu  envit, 

Se  o'i  met  ma  coille  et  mon  vit. 

Encor  jouerai  volentiere, 

S'encontre  veuz  mètre  deniers.' 

'Si  ferai'  fet  il,  'par  mon  chief.' 
300   Lors  reconmencent  de  rechief 

A  jouer  et  toat  erranment 

Perdi  Benart  son  garnement. 

Yseogrins  qui  ot  gaaignie 

En  fu  joiens  et  forment  lie. 
!)06        Tantoat  aanz  plus  de  demourer 

A  fait  un  grant  clo  aporter, 

Parmi  la  coille  lî  ficha 

Et  a  l'eachequier  l'atacba. 

Puis  s'en  toma  et  ai  le  let. 
810    Renart  remaint  qui  orie  et  bret 

Touz  oorreoiez  et  tooz  plainz  d'ire, 

Qne  il  aouffroit  si  grant  martire. 

Ma  dame  Fiere  oï  le  cri, 

Maintenant  oele  part  guenchî. 
315    Quant  Tit  Benart,  si  tu  marrie: 

Celé  part  vient,  si  li  aïe: 

A  grant  paine  d'ilueo  l'estort. 

Dedenz  sa  chambre  le  repost 

Et  le  coucha  dedenz  un  lit. 
S20   Mes  0  n'i  ot  point  de  délit, 


SMtMjon    2BT  Bnoore    908  la  tailU 


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206  XVII  (M«on  28980-  29018) 

Que  de  doulor  est  ei  destroit, 
A  pou  le  cuer  ne  li  partoit. 
Del  courrouz  qu'il  ot  eanmelU: 
Malades  fu,  si  se  pasma. 

Hii    En  pâmoisons  jut  longuement, 
Qu'flle  cnidoît  veraiement 
Que  il  fuat  mort,  si  s'escria 
'Sire  Renart,  ce  que  sera, 
Me  voulez  tous  ainsi  guerpirf 

.ISO    Adonques  a  fait  un  Bouspir. 
Renart  qui  le  soupir  oï, 
Un  petitet  les  îex  ouvri, 
Si  parla  et  dist  'a  quoi  fere, 
Dame,  tous  voi  je  tel  duel  fere? 

SS6    Faites  un  baing  appareillier 

Que  je  me  veil  un  pou  baignier.' 
'Sire'  fet  ele,  'TolantierB 
Vous  ferai  ce  qui  est  mestiers.' 
Ataiit  eonmande  qu'en  li  face 

340    Un  baing  chaufer,  et  aanz  espace 
Fet  fu  qant  il  l'ot  eonmande. 
Mon  seigneur  Renart  ont  porte 
En  la  cuve  et  dedenz  l'ont  mis. 
Dame  Fiere  li  dist  'amis, 

Mil   Conme  tous  est?  dit«8  le  moi! 
Pour  voue  sui  forment  en  esmiU.' 
Lors  dist  Renart  n'en  cuide  avoir 
Respit:  oe  ai  par  non  savoir 
Dont  je  orien  morir  a  doulour. 

:{ao   Si  m'en  poise  pour  vostre  amor, 
Que  je  ouit  de  vous  départir. 
Je  ne  verrai  ja  l'asserir.' 
Dame  Fiere  l'ot  et  entent, 
A  pou  que  li  cuers  ne  li  font, 

355    Tant  est  dotante  et  correciee. 
'Lasse!  james  ne  serai  liée.' 

828  Mineaiia  320  vraiameiit  811  el  349.0  utanqiunl  841 
diit  RsDftrt  manque  Ja  nen  quiert  raanoon  avoir  848  Reipii  m 
CMt  nitl  ai  ie  p.  n.  *.    360  me  p. 


,  Google 


XVir  (Méon  29019-29065) 

A  icest  mot  sanz  autre  plet 
Ont  Renart  de  la  ouve  tret, 
En  un  lit  l'ont  coucbie  et  mis. 

3t)0    Cornue  cil  qui  monlt  eet  malmis 
Demande  a  oonfession, 
S'aura  s'ame  remisaton, 
'Sachiez'  fet  il,  'que  moult  m'est  tart. 
Faîtes  moi  parler  a  Bernart 

mb   L'arcepreatre,  ai  me  ferai 
Confes  et  mes  péchiez  diru.' 
La  dame  respondi  atant 
Que  ete  fera  son  talent. 

Maintenant  a  Bernart  mande 

870   Et  il  n'i  est  pas  demore, 

Ainz  i  Tint  sanz  plus  atarger 
0  tout  ce  qui  lî  ot  mestier. 
Desus  un  banc  as  piez  Reuart 
Avoient  assis  dant  Bernart, 

STj    8i  a  Benart  mis  a  resoo. 
'Reuart,  voulez  confession? 
Se  vous  TOUS  Toulez  repentir, 
A  bonne  fin  poez  venir. 
Lessiez  ester  les  mauTestiez 

auto    Et  tes  Tices  dont  entechiez 
Avez  este  ai  longuement: 
Que  sages  est,  qui  se  repent.' 
'Sire'  fet  Renart,  entendez! 
Se  TOUS  a  droit  m'amonneatez, 

aSâ    Que  preudon  ferez  et  loiaus. 
Yona  m'alegerez  de  touz  maua, 
Que  je  n'ai  pas  meffet  graament. 
Se  je  croisai  dame  Hersent 
Ma  comere,  ne  meapria  rien, 

390   Encoiz  li  fis  lieeace  et  bien. 

Quant  je  croisai  ma  dame  Fiere, 
Qui  ai  est  orgueilleuse  et  fiere. 
Ne  mespris  pas  envera  ma  dame 

)  L'on  t>Qm«  q.     367  d.  li  r.    Se»  manptr 


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XTII  (Héon  39066-2909S) 

Que  je  avoie  priée  a  famé 
»95    Et  eepousee  par  aoalaz. 

Li  preetres  fn  Tibers  li  ohaz 

Qui  Tolantîers  la  m'eapooea, 

Et  a  tieos  i  ot  qui  pesa. 

Que  diroie?    de  voir  sachiez: 
400   Je  ne  as  onques  nus  péchiez 

Fors  qant  je  donnai  garison 

Mon  seigaor  Noble  le  lion. 

Mes  bien  sai  que  lores  péchai, 

Quant  je  garison  li  donnai.' 
4(ig    "Renart,  Renart'  ce  dit  Bemart, 

'Par  mon  seignor  saint  Lienart, 

Moult  es  ore  de  pute  orine. 

Quant  tu  counois  que  la  roîne 

Âe  croissue,  tu  as  mespris. 
410    S'a  bonne  fin  veus  estre  pria, 

A  forjurer  la  te  convient.' 

'Conment'  fet  Renart,   s'il  avient  , 

Que  je  aie  respassement, 

Je  fausserai  le  serement, 
4IS   Et  TOUS  poez  de  fi  savoir 

Que  pour  la  repentance  avoir 

Le  serement  otroi  je  bien. 

Mes  pour  ce  n'en  ferai  je  rien 

Se  je  del  mal  puis  reepaaeer. 
420    Mes  pour  ce  que  ne  veil  passer     N  5( 

Voz  conmandemenz  ne  deffere, 

Yeil  je  bien  le  serement  fere.' 

Tout  maintenant  sanz  plus  d'espasce 

Firent  aporter  en  la  place 
43&    Les  sains,  si  a  jure  Renart 

Devant  l'arceprestre  Bemart 

Tout  ce  qu'il  li  ot  devise. 

Quant  le  serement  ot  jure, 

Renart  rem^  qui  moult  se  plaint, 
430    Que  l'angoisse  moult  le  destraint. 


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•     SVII  (Méon  290B3-29I«') 

Ud  plaint  a  gete,  si  ae  paema. 
Dame  Fiere  d'un  pon  de  basme 
Li  frote  le  poux  et  le  tïb. 
3i  conme  je  pens  et  devis, 

■]85    Del  fréter  durement  s'eaforoe. 
Mes  Benart  avoit  bÎ  ea  force 
Perdue,  c'onques  ne  se  mut. 
Hea  ainssi  en  pâmoisons  jut 
Si  que  tuit  cnident  qu'il  soit  morB. 

440   Loree  fu  granz  li  desoonforB. 
Ua  dame  Fiere  la  roïne 
Pour  Renart  fet  obiere  lorine, 
Dolante  et  mal  aventurée. 
Li  roÎB  a  la  noiae  eBCOutee, 

445   Si  eBt  tout  maintenant  venu 
En  la  chambre,  si  a  vefl 
Renart  qui  fu  eu  pâmoisons. 
MonU  se  merveilla  li  lions: 
Qui  li  donoast  trestout  l'avoir 

490   Que  rois  ne  quenz  peSat  avoir, 
Ne  ae  peûat  sor  piez  eeter: 
Eincoiz  le  convint  adenter. 
Et  dist  'Renart,  perdu  toub  ai: 
James  ai  boo  baron  n'aurai.' 

lU   AdoDO  Boax  plus  de  delâier 
A  fait  toute  la  gent  huicher, 
Qui  le  confortent  durement, 
Et  dient  que  n'est  mie  gent 
A  homme  de  ai  grant  renon 

■MO    Que  tel  duel  face  d'un  baron. 
'Mes  qant  mora  est,  aans  détenir 
Faites  ea  mesniee  venir.' 

Tout  maintenant  et  sanz  tarder 
A  fait  venir  nn  messager, 

4ta   Si  a  Hermeline  mandée 
A  Malpertnis  bbuz  demoree, 
Et  sea  troiz  fîlz  qui  grant  duel  ont. 


4fiO  queini    4ft8  dft 


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XTII  (Hion  S9180-20t74)     . 

Qoant  le  inesage  entesdu  ont, 
Tant  ont  aie  qu'il  sont  Tenu 

470    Âa  chaatel  on  li  lions  fu. 

Quant  Hermeline  en  la  chambre  entre, 
Tout  li  fremist  11  cuers  el  ventre 
Et  conmenoa  un  duel  si  grant 
'   Que  l'en  n'i  oM  dieu  tonnant. 

47&    £t  disoient  a  haute  alaine 
'Sire,  n'a  pas  encor  quinsune 
Que  de  Malpertaîe  tous  partistes 
Liez  et  joianz,  puis  n'i  Tenistes. 
Or  a  ci  ^ant  duel  et  aperi. 

4S0    Encore  nel  soet  pas  Grinbert, 
À  fere  li  convient  savoir 
Voetre  mort,  si  sera  savoir.' 
Fet  11  rois  'si  soit  dont  mande. 
Un  mesager  a  appela, 

486   Et  cil  est  venuz  maintenant. 
Ta'  fet  il,  'n'i  va  demourant. 
Droit  a  Malbuiason,  si  me  di 
Oriubert  que  il  viengne  a  moi  d, 
Et  ei  li  conte  l'aventure.' 

400   Cil  s'en  torse  grant  aleflre. 
Dedenz  la  court  de  Halboisson 
Se  seoit  0^inbert  le  tesson. 

Quant  le  message  entre  en  la  court, 
Qrinbert  a  l'encontre  li  court 

496    Et  dit  'que  alez  vous  querantf* 
Amis,  bien  soiez  vous  venant! 
  qui  estas?  dites  le  moi.' 
"Sire'  fet  il,  'je  eui  au  roi, 
Qai  de  par  moi  salus  voua  mande 

CiOO   Et  encor  vous  prie  et  oosmaode 
Que  a  lui  vegniez  sans  délaie.' 
Orinbers  l'oï,  moult  s'en  eamaie. 
Si  a  dit  'g'irai  volontiers. 
Or  me  dites,  biaus  amis  obiers. 


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XTII  (HÉon  29m— Sfrill) 

Û06   Pourquoi  me  mande  l'emperere.' 
'Sire'  fet  li  mes,  'par  saint  Père, 
More  est  Kenart  voetre  coubiq. 
Tos  n'aviez  meilleur  voiain.' 
Quant  Qrinbert  entent  la  nouvele, 

610   Sachiez  ne  li  fu  mie  bêle, 

Àinz  en  ot  a  son  cner  graot  ire. 
An  mesager  a  pris  a  dire 
'Amis,  par  cel  dieu  qui  ne  ment, 
Ici  a  mauToa  mandement, 

&10    Quant  moTz  est  mes  couains  gemuùnz. 

Du  plus  estoie,  or  sui  du  mainz: 

Que  par  lui,  ce  sachiez  de  voir, 

Estoie  montez  en  avoir.' 

A  icest  mot  s'en  sont  tome 

620    Endui  et  sont  achemine: 

Tant  ont  aie  qu'a  la  court  vindrent. 
De  lor  venue  lie  devindrent 
De  tJeuB  ot  a  la  court  assez. 
Grinbers  qui  si  estoit  lassez, 

025    Si  s'est  delez  la  bière  assis, 
Hoult  estoit  dolanz  st  pensis. 
Son  visage  enbrunche  tenoit, 
Lez  le  cors  moult  li  avenoit 
La  cbiere  qu'il  fet  et  la  lipe. 

ASO    D'eures  en  autres  se  defripe, 
U  crie  et  pleure  durement, 
'Si  le  regrete  doucement 
Que  DUS  ne  le  pot  conforter. 
Et  li  rois  fist  le  corps  porter 

036  En  la  sale  par  grant  déduit: 
Ilueo  furent  jusqu'à  la  nuit. 
Dame  Fiere  par  grant  afere 
Fist  oierges  aporter  et  fere, 
A  grant  plente  et  a  foisoD 

&40  Les  alument  par  ia  meson. 
Tant  en  i  ot,  n'en  sai  le  conte, 

6  Si  matique     wRloit    026  H.  par  eat 


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XVn  iMion  29212-29248) 

Onqaes  mes  pour  roi  ne  pour  conte 
Ne  fu  tel  luminere  fet. 
Grinberz  qui  avoit  son  duel  fet, 

&4Ô    9'eatoit  delez  la  bière  aasts, 
Et  dit  au  roi  'par  saint  Denis 
Ne  foi  que  vous  devez  saint  Gîle, 
Quar  faites  chanter  la  Tegile 
Orendroites  et  sanz  delaL' 

500    Li  rois  respont  par  saint  Ëloî, 
Qrinbert,  tous  avez  bien  parle.' 
Lors  en  a  Bemart  apele: 
'Bemart'  fet  il,  'avant  venez 
Et  Toz  GODpaignonB  amenez! 

555    Si  oliantes  vegiles  des  more 
For  Renart  qui  ici  est  mors, 
Dont  je  eui  iriez  durement.' 
'Sire,  a  vostre  conmandement' 
Ce  li  a  respondu  Bemart. 

5(10    Tout  maintenant  du  roi  m  part 
S'en  a  o  lui  mené  Tibert 
Le  chat  et  mon  seigneur  Hubert 
L'escoufle  et  mon  seigneur  Tardis 
Qui  moult  fil  pour  Renart  pensis. 

565   Ceulz  amena  o  lui  Bemart. 
Et  li  bericons  d'autre  part 
Qui  moult  est  cointea  et  apers, 
£t  li  grésillons  dans  Frobers 
Si  en  â  mené  Ghantecler 

5T0   Tout  pour  les  vegiles  chanter. 
Et  dant  Roonet  le  mastin, 
Et  sire  Ferrant  le  roncin, 
Et  Brun  l'ours  et  Bruiant  le  tor. 
Et  si  fu  avec  enlz  eneor 

675    Tseogrins  et  dant  Briobemer 
Et  sire  Baucent  le  aenglier. 
Revestu  sont  et  atourae, 
Fuis  sont  arrière  retourne 


546  pour     546  Inuang^ile 


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XVtl  (Méon  39219-39386) 

Devant  le  core  enmi  la  sale. 

KM)    Qrinbers  ot  le  vis  taint  et  pale 
Pour  Kenart  que  forment  amoit. 
Lui  et  œulz  que  il  amenoit 
Ont  lea  vegilea  conmenciees. 
Maintes  templea  i  ot  sachiees 

bSô   Et  maint  poing  ensemble  féru. 
Roonel  qni  aages  boue  fu, 
A  ieû  la  leçon  première,      ' 
Uea  pour  Renart  fiât  laide  cbiere. 
Le  respona  dit  le  limaçon 

ù\H)    Treetout  sanz  noiae  et  aanz  tencon. 
Pub  distrent  eulz  deuB  le  veraet, 
Li  une  en  groa,  l'autre  en  fauxet. 
La  seconde  leçon  apree 
À  Ieû  Brichemer  li  cers, 

506    Le  reapons  a  chante  'Kebert 
Entre  lui  et  sire  Frobert. 
Et  puis  ont  le  verset  chante 
Doucement,  ne  aont  pas  haste. 
Et  puis  lut  la  tierce  leçon 

600    Sire  Espinart  le  herioon 
Bêlement  et  eanz  eontenoons. 
Et  Grinbera  chanta  le  reapons, 
Et  après  le  verset  andeas: 
Tsengrina  lor  aida  li  leus. 

etfô    Pois  a  la  quarte  leçon  dite 
Tsengriiu  qui  bien  s'en  aqnite, 
Et  Banoenz  le  reapona  chanta 
Tout  aouef,  pas  ne  se  basta. 
Et  Brun  Tours  chanta  le  verset. 

610   Quant  il  l'ot  dit,  si  fist  un  pet. 
Et  après  lut  la  leçon  quinte 
Dant  Ghanteoler  le  mari  Pinte, 
Et  le  respona,  cou  nons  lisons, 
Chanta  Frobert  li  grésillons. 

6Lft   Le  vers  chanta  Pelez  li  raz, 

994  sen     603  emprea     an  deiili    613  li     615  Li 


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XTII  (H«on  29386— 29814) 

Et  meBÏre  Tibert  li  chaz. 
Brun  li  oun  qui  s'en  efforça, 
La  siste  leooa  conmenca; 
Bien  la  conmeaca  et  Fe&i. 

630   Et  maiotenant  avant  sailli 
Roueel  l'esouirel  qui  chanta 
Le  respona,  biau  se  déporta. 
Le  Tereet  chanta  simplement 
PetitpourchaE  et  doucement. 

«26  La  septiame  leçon  coomenoe 
Doucement  par  grant  sapienoe 
Le  paon  sire  Petitpas. 
Et  sachiez  qu'il  ne  failli  pas, 
Ancoiz  la  Int  et  bien  et  bel. 

690   Le  respons  chanta  Roonel, 
Et  le  verset  par  grant  déport 
Chanta  pour  celui  qoi  est  mort 
Drotn  le  moisnel  a  grant  joie 
Si  haut  que  il  veult  que  l'en  l'oie. 

«Bb   L'uitieeme  leçon  sanz  desroi 
Lut  dant  Ferrant  le  palefroi, 
Et  Goarz  chanta  le  reepons 
Qui  0  les  autres  fu  espons. 
Li  connins  sire  Sauteret 

640    Conmenoa  l'ultiesme  verset. 
La  nnesme  leoon  lut  Bemart 
Qui  eatoit  dolanz  pour  Renart; 
Le  respons  chanta  Brichemer 
Et  le  vers  Bancent  le  sanglier. 

646        Quant  les  leçons  furent  chantées 
Et  Tegiles  furent  finees, 
Desvestir  se  vont  maintenant 
Tuit  arengie  en  un  tenant. 
Quant  il  forent  deevestn  toit, 

œo  En  la  sale,  qui  qu'il  annit, 

S'en  sont  venu  treatuit  ensemble. 
Devant  le  corps  si  con  moi  semble 


i  qna  na     641  ouerieime 


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Xvn  (Hioii  2ffiSlt-398tll) 

Forent  oBsis  conmuneineiit 
Luminere  et  bel  et  gent 

eu    Aroit  Iftiena  a  tel  foUson 

Que  tonte  en  reluist  la  mesDii. 
toele  nuit  firent  il  joie 
Ge  ne  cuit  que  james  tele  oie: 
NoD  feront  il,  si  oon  je  onii 

eoo   As  plantées  jeueut  la  nuit. 
Le  pie  leva  premièrement 
TaengrinB  moult  joieusemeot, 
Et  Tieberz  li  cliaz  i  feri 
Si  doucement  et  si  seri, 

600   Qne  d'autre  part  le  fiât  chaoir. 
Lors  s'est  Tiebers  alez  seoir, 
Dont  retend!  Primant  le  pie. 
Mes  on<}ueB  n'ot  de  lui  pitié 
Briohemer  qui  tel  li  asaist 

670    Qne  trestont  li  piez  li  fremist: 

Yonsist  on  non,  d'autre  part  ohiet. 
Et  Brichemers  tautost  s'assiet, 
Si  a  le  pie  en  haut  tendu. 
Adono  a  son  cop  e«tanâu 

fn&   Bmiant  li  tors  et  si  s'efforce 

De  ferir,  que  tonte  sa  force  ] 

I  mist,  mes  pour  ce  ne  ae  mut: 
Quant  ce  vit,  la  color  li  mut, 
Brichemer,  et  fn  si  destroiz: 

68a   Mes  il  se  tint  a  celé  fois 

Qu'il  ne  se  mut  pour  cop  qu'il  doinst: 
Ne  quit  mie  qu'il  li  pardoinst. 
Mssire  Frobers  qui  se  test 
A  Tflû  le  cop  qu'il  a  fet: 

686    Eavers  Bmiant  vint  aâe. 
Et  cil  li  a  le  pie  haucie 
Tout  ainssi  oonme  a  Ini  affiert, 
Et  Froberz  un  grant  cop  i  fiert: 
A  pou  le  cuir  ne  l'en  a  tr«t. 

607  primit    669  que    68B  frst 


,  Google 


XTII  (Héon  29362~393»l} 

690   De  maintenaat  arriéra  se  tret 
Bniiant  le  tor  tout  eBbahi, 
Et  dftnz  Frobers  le  pie  tendL 
A  grant  joie  et  a  grant  leeace 
De  maintenant  a  loi  s'adresoe, 

695    Qnanqa'il  onqaea  paet  i  a  point 
Baucena  1i  sangliers  a  cet  point, 
Et  fiert  Frobert  le  gresillon 
Que  il  l'abat  a  genoillon. 
Ues  toat  en  estant  resailli 

7O0   Et  dit  'tob  n'avez  pas  failli, 
Sire  Bauceat'  ce  dit  Frobert, 
'Foi  que  je  doi  frère  Hubert: 
Uotilt  durement  tous  lo  et  pria, 
Quant  TOUS  tel  cbeTalier  de  pris 

TOCi    Avez  devant  moi  abatu, 
Moult  en  ani  de  joie  esbatu.' 
'Sire  Frobert'  ce  dit  Bauoena, 
'Par  la  foi  que  doi  saint  Laurena, 
Riens  se  jeu  non  u'i  enteodL' 

710   Lora  s'assist  et  le  pie  tendL 
3i  a  féru  sanz  demouree 
Tardiz  qui  a  sa  chape  ostae. 
A  ferir  mîat  tout  son  pooir: 
Et  a  bien  son  cop  aseoir 

îlft   L'a  féru  ai  très  durement 
Qu'il  l'abat  sua  le  pavement. 
Le  vis  et  la  couleur  mua. 
Plua  toet  qu'il  pot  se  remoa, 
Qu'il  estoit  dolanz  et  plains  d'ire. 

720    Et  Tardis  li  a  pria  a  dire 

'Bauceat,  ne  vous  oourroaciez  pas.' 
Ataot  vint  avant  Pedtpafi 
Li  paons  a  qui  il  deesiet. 
Et  Tardiz  maintenant  s'assiet 

720    Qui  lor  courronz  petit  redoute. 
Li  paons  mist  sa  force  toute 
A  ferir,  et  si  a'esvertue. 
)  »awi«t     7U  (^  empleoir      73&  le  a. 


,.  Google 


XVU  (Miou  29398— 2W31) 

Hes  pour  le  oop  oe  se  remae 
Ifesire  Tardiz  de  la  place. 

730   Toute  li  vermeillist  la  faoe 
Pour  le  cop  qu'il  ot  receû. 
Li  paons  s'est  aparoeû 
Qu'il  Tôt  blecie,  si  li  esorie 
'Tardif,  oe  vous  correcîez  miel 

735    Mes  bevez,  si  ne  vous  anuit. 
Encore  est  moult  longue  ta  nuit, 
Si  joueron  plus  liement.' 
'Sire,  vostre  conmandemeot' 
Fait  Petitpas.    Lore  Sst  venir 

740   Du  vin,  si  burent  a  loisir, 
Et  autresi  i  ot  cervoise: 
Tant  ot  beû  que  il  s'envoise. 

Quant  beû  ont  a  lor  vouloir, 
Si  ala  Petitpas  seoir. 

745    Pelez  li  raz  s'est  avant  tret 
Tout  bêlement  et  tout  a  tret, 
Et  fiert  Petitpas  saoz  attendre 
Tout  bêlement  sanz  pie  estandre. 
Sa  force  i  a  trestoute  mise. 

700    Li  bastons  en  deus  tronçons  brise 
En  deus  moitiez  par  le  milieu. 
Cel  oop  vit  Taei^in  le  leu: 
Si  li  annie,  ce  sachiez. 
Envers  le  rat  s'est  avaDciez 

756   Et  li  a  dit  par  grant  deeroi 
Si  que  bien  l'entendi  le  roi: 
"Sire  Pelez,  grant  tort  avez 
Que  vous  si  durement  ferez: 
Qrsnt  ire  en  ai  eue  au  cuer. 

760    Je  ne  lesseroie  a  nul  fuer 
Que  n'i  fiere,  se  dies  m'ait.' 
Et  mesire  Pelez  li  dist 
'Sire  Ysangrin,  sachiez  de  voir 
Que  blecie  nel  vorroie  avoir 

m   Pour  la  police  de  mon  dos. 
783  owt     7^  moBit  ]  bi«n 


.MiNAn     LIQUARY. 
INSTITUTION. 


XTH  (Méon  29*40-2947fi) 

Uielz  Torroîe  que  tnuqu'a  l'os 
Ue  fusse  tranchiez  en  nn  doit. 
Dist  Yflengrin  'voua  avez  droit. 
Or  lessiez  le  jeo  a  itanti' 

770    Maintenant  est  sailUz  avant 
Petitpourchaz,  si  li  escrie 
Tsengrin,  si  n'ira  il  mie: 
Ainz  jouerons  jusques  au  jour 
Tout  souavet  et  par  amour.' 

77a    'Pelez'  fet  il,  'avant  venez: 
Asseez  voua  et  si  Jouez!' 
Il  tent  le  pio  sanz  demonree. 
Âtant  es  toob  de  randonnée 
Mon  seignor  Pourchaz  sanz  atendre, 

780   Et  vit  Pelez  le  pie  estandre 
Et  11  a  d  gtant  oop  donne 
Que  il  ]'a  trestoat  estonne. 
Que  vous  iroie  je  contant  P 
Tant  vont  lor  euvre  démenant 

785   Que  le  jour  vint:  adono  finerent 
Lor  jeu  et  le  ferir  leesierent. 

BitoBt  conme  il  lor  adjourna, 
Li  jooers  maintenant  fina: 
Et  l'arceprestre  dant  Bernart 
'  790    Fist  les  sainz  sonner  pour  Benart 
Au  sonner  sont  moult  déporte. 
Le  oors  ont  au  mooater  porte: 
Asis  l'orent  devuit  l'autel, 
Ne  cuit  qu'el  siècle  eûet  autel. 

79ft   L'autel  ma  dame  Pinte  estoit 
Qui  en  fiertre  illnec  gisoît, 
Qui  a  grant  dolor  fa  ocise. 
Ituecques  fu  soz  l'autel  mise 
Le  jour  que  ele  dévia, 

800   Dont  tel  i  ot  grant  anui  a 

Qu'el  fu  miae  si  richement. 

Chanteclers  ovra  sagement. 


773  jiuqnei  ]  de  ri    780  uint    787  lor  «utMStMt    794  qn*  t.    T» 


,  Google 


XVn  CH«on  39477    S96I3| 

Quant  en  itel  lea  fiât  poser 
Le  cors  et  mètre  et  reposer: 

800    Ce  fu  par  le  congie  le  roi' 
Qu'ele  i  fii  mise  sanz  desroï. 
Miracles  apertement  fet 
Pour  li,  si  que  tuït  li  oontret 
Qarissent  qui  entrent  laiens, 

810   Et  antrez  de  goate  et  de  denz: 
Maint  très  bel  miracle  i  arint. 
Quant  lean»  Renart  adonc  vint, 
Devant  l'autel  fu  mis  a  terre, 
Et  li  rois  a  envoie  qnerre 

811)   Tooz  les  barons  de  son  empire. 
Tuit  i  vindrent  meiUor  et  pire, 
Qae  ne  l'osèrent  refiuer. 
Uaintez  toin  les  ot  fet  muser 
Celui  pour  qui  il  sont  venu. 

830    Devant  l'autel  paisible  et  mu 
Se  sont  entor  le  roi  assis. 
Reveetir  s'en  alerent  sia 
Qui  estoient  riohe  et  greigneur 
Pour  faire  au  corps  Renart  honneur. 

S36  Li  un  fil  Bemart  l'arcepratre 
Qui  de  ta  court  fu  sire  et  meetre, 
Bruiant  le  tor  et  le  roncin  ; 
Li  quarz  Roenel  le  mastin, 
Brun  l'ours  et  le  cerf  Brichemer 

8B0   Qui  moult  souloît  Renart  amer. 
Revestn  furent  a  devise 
Cil  sis  por  faire  le  servise 
De  B«nart  qui  gist  en  la  bière. 
Hermeline  et  ma  dame  Fiere 

836   Meinent  grant  cri  et  grant  donlour. 
Bemart  qui  pale  ot  la  coulour 
De  jeOner  et  de  mal  trere, 
Lors  prist  un  sarmon  a  retrere 
T7n  petit  devant  l'évangile. 

817  1«  Mraiit       836  Qae 


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XTII  (tSéoa  39614 '206&O) 

840    'Biaus  seigneurs'  fet  il,  'par  saiot  Gile, 

Forment  me  puis  esmerveitlîer: 

Renart  eatoit  touz  betiez  hiw, 

Et  or  est  alez  a  sa  fin. 

Bien  âevroit  eetre  net  et  fin 
845    Qui  Toudroit  estre  en  oeste  vie 

Ou  chaacun  se  muert  et  derie. 

Cist  example  devroient  prandre 

Cil  qui  ades  veulent  emprandre 

Lee  mauvesties  et  les  malices, 
ssa   Ja  ne  les  garra  tour  ne  lices, 

Ne  forteresces  ne  mesons. 

Chaacun  morra,  c'est  l'achoisona 

Por  quoi  cbasoDD  se  doit  pener 

De  bonne  vie  démener. 
fHb   Renart  qui  la  vie  a  finee, 

Si  a  en  son  temps  démenée 

Vie  de  martyr  et  d'apostre: 

Autel  fin  aient  tult  li  nostre 

Et  aussi  bonne  repentanœ, 
8S0    Que  de  lui  ne  eui  en  dotance 

Qu'il  ne  soit  eo  bonne  fin  pris. 

Onques  ne  fu  Renart  repris 

Nul  jour  a  nuls  vilanie. 

Il  a  este  sanz  felonnie 
665    Et  sanz  malice  et  sanz  orgueil. 

Onques  jour  ne  virent  mi  œil 

Prince  qui  fust  de  sa  vertu. 

Se  il  a  volantiers  foutu, 

L'en  n'en  doit  tenir  plet  ne  conte. 
870   B  n'a  ou  monde  roi  ne  conte 

(De  oe  ne  suî  je  pas  en  doute) 

Qui  n'ait  foutu  ou  qui  ne  foute. 

Foutre  convient,  si  oon  moi  semble. 

Pour  oe  vous  di  a  touz  ensemble 
87n    Que  foutre  n'iert  ja  deffendu. 

Pour  foutre  fu  le  con  fendu. 


milles    850  toui    868  oh.  dearoit 


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XVII  (Méon  29651-29687) 

3i  coumant  a  touz  orandroît 
Que  qui  a  le  vit  dur  et  roit, 
S'i]  a  le  con  abandonnd, 

8dO   Le  foutre  li  est  pardonne, 
Que  ja  ne  lî  ert  reprochie. 
Ne  il  n'est  de  foutre  pechie 
Pour  que  vît  soit  parti  de  coiUes, 
Ne  que  it  fait  de  faire  endoilles 

88a    Qu'en  met  de  bouel  eu  bouel. 
Tuit  se  jeuent  de  ce  jouel. 
Renart  a  foutu  volantiers. 
A  Hersent  a  este  entiers 
Ses  cuers  et  a  nia  dame  Fiere. 

Sini    Mors  est,  n'ai  paour  qu'il  me  fiere 
Pour  chose  que  je-  racont  ci. 
Biau  sire  roi.  pour  dieu  merci! 
Fetea  crier  par  rostre  empire, 
Que  qui  foutra  ja  n'en  iert  pire. 

695    Le  pechie  en  veil  pardonner, 
Et  se  lor  pooie  donner 
Rantes,  volantiers  lor  donrbie. 
Et  lur  péchiez  lor  pardonroie. 
Ne  lor  pramet  pas  en  pardon 

flon    Ci  et  devant  dieu  lor  pardon 

Qneoque  pour  foatre  mesprandrout. 
Tele  penitance  emprandront 
Qu'il  en  mengeront  a  estraîne 
Char  touz  les  jors  de  la  semaine. 

m>    Et  qui  de  mon  conmant  istroit 
Et  qui  volantiers  ne  fontroit, 
Soit  homme,  soit  femme  ou  soït  béate, 
Et  piez  et  mainz  et  corps  et  teste 
Li  soit  de  chaennez  de  fer 

910  Lie  es  granz  tonrmenz  d'enfer. 
Et  cil  qui  mon  conmant  feront, 
A  joie  en  psradiz  seront.' 
Quant  l'arceprestre  ot  afine 


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XVII  (Méon  30688-29034) 

Tout^  son  sarmon  et  tennine, 

ei6    De  son  serviBe  e'avanca. 
Son  ooafiteor  coamenca 
Le  bon  arceprestre  Bernart, 
FuU  dîat  i'oroison  pour  Reoart. 
'A.hi  Renart'  fist  il,  'amis! 

<t20    Es  maint  péril  vous  estes  mis 
En  boÏB,  en  forest  et  en  plaiu 
Pour  avoir  vostre  vautre  plain, 
Et  pour  porter  a  Hermelîne 
Vostre  famé  ooo  ou  geline, 

935    Chapon  ou  oe  ou  cras  oison. 
Touz  jorz  estoient  en  seson, 
Quant  les  poîez  or  tenir. 
Or  estuet  a  néant  venir 
Les  granz  bardemenz  qu'avez  fez 

gao    Et  les  bienz  dont  estes  refez. 
James  tel  baron  ne  morra. 
Sire  Benart,  or  demorra 
Hermeline  povre  esgaree. 
James  n'aura  de  bien  denrée. 

fl86   Bien  le  saviez  procurer. 
Or  li  convient  mètre  curer 
Et  tremper  son  ventre  et  ses  mainz. 
Du  plus  estoit:  or  est  du  mainz. 
N'ara  mes  vaillant  une  alie, 

940    Quant  vostre  amour  li  est  faillie.' 
Quant  Bernarz  ot  en  sa  reson 
Bien  defînee  s'oroison 
Et  aproprie  son  cliapistre, 
Biiohemer  conmenca  l'epistre 

946    Que  bien  l'oTrent  touz  et  toutes. 
'Renart'  fet  il,  'sanz  nules  doutes 
Pouf  tous  ont  este  esbaîes 
En  granches  et  en  abates 
Mainte  gelino  et  mainte  oe. 

flâO    Maintez  foiz  voua  en  est  la  joe 

S  ore     043   944  mang^rnl 


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XVII  (Hion  29685-29661) 

Remuée  et  le  grenon  tors. 
Maint  cop  en  avez  soi-  le  àoa 
Et  sus  le  crepoQ  recefl. 
MeÎQt  blanc  moine  avez  decefl 

96&   Et  fet  (dont  monlt  lor  doit  grever) 
Tart  concher  et  umtin  lever 
Pour  agaitier  ton  larreoin. 
Meinte  geline,  maint  poucin 
Lor  ae  emble  conme  félon. 

960    Mes  de  tout  ice  t'asolon. 
De  tout  quanque  tu  as  tolu, 
Renart,  sciez  tu  absolu. 
Li  péchiez  en  soit  seur  moi  mis, 
Ainasi  abaoil  je  mes  amis,' 

960       Brichemer  l'espitre  fina 
Et  Ferrant  le  roncina  qui  n'a 
Conpaio  qui  tant  sache  de  guille, 
Conmenca  en  haut  l'évangile, 
Et  a  dit  veacoi  grascia 

970   EuvaDgile  sequencia 

Secoodam  le  gorpil  Renart! 
Entendez  i,  sire  Bemart, 
Aroeprestte  estez  et  seignor, 
Et  voas  après,  grant  et  menor, 

97a   Le  roi  et  trestous  les  barons. 
Renart,  que  de  voir  le  savons, 
Est  morz,  vez  le  ci  en  présent, 
Dolante  en  est  dame  Hersent, 
L'eepousee  Ysengrin  le  leu, 

980    Que  maintez  foiz  en  prive  leu 
L'a  Renart  tenue  adossée. 
Meînt  grant  cop  et  mainte  dossee 
Li  a  donne  sor  sa  crevaoe. 
Maudite  soit  cele^endaoe 

96ft   Ou  cop  ne  part  que  Ten  î  fiere. 
Se  il  a  a  ma  dame  Fiere 
Aussi  souvent  bstu  son  tro, 
907  C«npaini    977  la  ci]  ici     983  granr  manque     eo* 
987  A  il  •. 


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XVII  (Héon  39663-23698) 

n  ne  H  poise  fora  du  po. 
Onquee  son  con,  s'enteodu  l'as, 
91K)    Pour  cop  de  coille  ne  fa  las. 
Le  cul  deûat  avoir  coupe, 
Quant  ele  a  le  roi  acoupel 
Et  Herseat  a  la  croupe  lee 
Deiist  la  kéne  avoir  ullee. 
99Ô    Renart,  n'en  soît  nus  en  doutance. 
En  a  fête  sa  penitance. 
L'ame  en  ira  a  reculons 
En  paradis  o  les  muions 
Iluec  ou  les  asnes  iront, 

lOon    Quant  de  ceat  siècle  partiront. 

Renart,  je  l'en  faz  bien  promease, 
Sera  assis  deluz  l'amesse 
A  grant  joie  et  a  grant  délit. 
Les  gelines  feront  le  lit 

lOnâ    En  coi  il  devra  reposer. 

Mes  itant  tous  veil  je  gloser, 
Ja  n'i  osera  le  doit  tendre 
A  oison  n'a  geline  prandru. 
Autre  penitance  n'aura, 

]iilD  Pour  ce  qu'en  sa  vie  en  ara 
Meinte  occise  par  son  pechie. 
Pour  o'iert  en  paradiz  triobie.' 

L'arceprestre  sire  Bemart 
Chanta  la  messe  pour  Renart. 

lOIFi    Quant  «le  fu  toute  finee, 
Li  rois  par  bonne  destinée 
En  haut  devant  trestouz  parla, 
Et  Bruns  l'oors  a  soi  apela 
Et  It  dist  'amis,  tous  iroiz 

1030   Desouz  ce  pin  et  me  feroiz 

La  fosse,  biaus  très  donz  amis, 
Ou  le.  cors  Renart  sera  mis: 
A  grant  bonor  iert  mis  en  terre. 
Si  vous  weil  prier  et  requerre 


989  cul    991  ooipe    999  o    1013  c 


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XVn  (Méon  29699-  29786) 

1025    Que  voue  facîez  isoelement 

Uon  boD  et  mon  conmaDdement.' 
Et  cil  respont  Vostre  rouloir, 
Quîoonques  s'en  dote  doloir, 
Ferai,  que  ne  le  Toeîl  lesaier.' 

1060  ■Chanteclers,  prenez  l'encensier 
Dont  TOUS  le  cors  encenseroizl 
Brichemer  et  voua  porteroiz 
La  bière  au  baron  de  franc  lin, 
Et  vous,  le  mouton  dant  Belin. 

1035    Ysengrin  se  déportera 

En  la  croiz  que  il  portera. 
Chascun  fera  de  son  labour. 
La  chievre  prandra  uu  tabour. 
De  quoi  ele  ira  tabourant. 

1040    Et  le  roDcin  sire  Ferrant 

Harpet-a,  tiex  est  mon  plesir. 
Vu  son  galois  tout  a  loisir: 
Ne  veil  pas  que  se  voist  tardant. 
Les  cierges  porteront  ardant 

1045    Couart  li  lièvres  et  Tibert 
Li  cfaaz  et  Veacoufle  Hubert. 
Quant  le  cors  enterrer  iront, 
Les  souriz  les  sains  sonneront 
Âinsai  con  mon  conseil  le  loe, 

1030   Et  U  singes  fera  la  moe. 

Bemart  metra  le  cors  en  terre. 
Meilleur  de  li  n'i  convient  querre.' 

Ainssi  con  lî  rois  le  conmande 
Le  font,  nus  respit  n'i  demande: 

1065    Le  cors  aportent  a  grant  feste 
Qui  descouverte  avoit  la  teste. 
BruD  Tours  qui  la  poe  avoit  grosse, 
Ot  Bpareilliee  la  fosse. 
Qui  moult  bien  i  ot  entendu. 

1060    Le  cors  ont  iluec  descendu 

Qui  couvert  iert  d'un  païle  vert. 

Ui  lien     1048  .ii.      1055  iiportereni 


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XTII  (Mâon  29738-29774) 

Et  quant  il  Torect  descouvert,  I 

Biïoheiner  par  le  cbief  le  pmt, 
Ainai  oon  Beroarz  li  apiist, 

10U6    Que  maint  mia  en  terre  en  avoit. 
A  Belîn  qne  devant  loi  voit, 
A  fet  Reoort  par  les  piez  prendre. 
En  la  fosse  sanz  plus  atendre 
L'ont  mis  et  uoucfaie  doucement, 

1070    Et  l'arceprestre  îsnelement 
Geta  sus  l'eve  beneoite 
Pour  ce  qne  chose  maleoite 
Ne  se  peOst  au  cors  bouter. 
Quant  vint  a  la  terre  gîter 

1075    De  coi  Brun  l'ours  le  rouit  couTrir, 
Rensrt  prist  les  ies  a  ouvrir. 
Mei-veilla  soi  que  ce  estoit, 
Paour  ot  et  si  se  doutoit 
Qu'en  la  terre  ne  fust  endos. 

1060   II  ne  tint  mie  les  iex  clos, 
Que  tens  n'en  eatoit  ne  seson. 
Moult  ot  jeQ  en  pâmoison. 
Ne  sot  ou  il  avoit  este, 
Moult  cuida  bien  eatre  enchante. 

108&    Quant  vit  le  roi  et  le  barnage, 
Cuer  prist  en  soi  et  vasselage, 
A  li  gsrir  mist  cuer  et  cors  : 
Joinz  piez  saut  de  la  fosse  hors. 
Chantée  1er  qui  tint  l'encensier, 

1090    Prist  as  dens,  ne  le  volt  lessier. 
A  tout  s'en  va  tout  eelessie 
Et  se  feri  en  un  pleasie. 

Quant  li  rois  a  aparceû 
Que  Renart  l'avoit  deced, 

1095    Corroucie  en  fu  et  plaio  d'ire. 
Tout  maintenant  a  pris  a  dire 
'Ore  après,  franche  gent  loee! 
S'il  estoit  loins  une  loee, 
J'aroie  perdu  mon  baron. 

1100   Qui  porra  prendre  le  larron, 


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XVII  (MéoD  29776—26811) 

A  touz  jouiz  mes  aura  m'amonr.' 
Âdont  s'esleBoent  sanz  demour 
Tretuit  a  grant  esperoimee 
Apres  Renart  de  randoQDee 

1106    Qui  Chanteuler  en  va  portant, 
Ja  ot  erre  et  fouï  tant 
Qu'el  pleBBJe  se  fu  embatu. 
'Yi  ohetù,  lazl  pour  ooi  fuis  tu?' 
Fet  Chanteclar  c'est  grant  outrage. 

1110    Di  leur  que  tu  emportes  gage 
Du  tort  que  l'en  t'a  fet  a  court. 
Il  ne  te  tiennent  pas  si  court 
Que  tu  ne  lor  puisses  moustrer 
Et  tout  apertemant  conter 

1116    Que  maugre  eulz  m'eaporteras 
Et  de  moi  ton  vouloir  feras 
Maugre  toute  la  coopaignie. 
Te  font  ore' grant  vilanïe, 
Quant  ainssi  me  veuUent  resoorre. 

1120   Nus  d'eulz  ne  t'aprendroit  a  oorre, 
Tant  seust  bien  du  pie  aler. 
Di  lor,  ne  lor  dois  pas  celer, 
Que  pour  néant  te  vont  aivant.' 
Renart  qui  fu  aparoevant 

tl26    De  Chanteoler  qui  l'aparole, 
Que  par  engin  et  par  parole 
L'aToit  autre  foiz  engingnîe, 
Si  a  a  parler  resoingaie. 
Ne  voult  mot  dire,  et  eil  s'escrient 

liao   Que  tuit  de  la  court  le  deffient, 
Se  il  ne  lor  rant  Chantecler. 
'Certes  moult  te  deûst  grever' 
Fet  Chanteoler  'ceate  hnee. 
Di  leur  sanz  nule  demouree 

1135    Qu'il  s'en  retournent  orandroit: 
Tu  iraa  a  oort  faire  droit 
De  ce  qu'ffli  te  demandera. 


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XVII  (Héon  39dl3--2&8U) 

Qae  que  li  roie  conmandera 
Feras  de  gre  et  Tolaatiera 

1140    CoDme  cil  qui  est  siens  entiers. 
Ainssi  les  feraa  remanoîr, 
Puis  t'en  iras  a  ton  manoir 
Ou  tu  te  porras  déporter, 
Et  moi  RTecques  toi  porter 

1140    A  anuit  a  bonne  cuisine. 
Se  ta  famé  fuet  en  gesine, 
Si  eâsses  tu  pour  ritaiUe.' 
Lors  choissi  un  TÎlain  qui  taille 
Ramille  pour  aon  four  chaufer: 

llAO  A  une  chaaine  de  fer 
Ot  a  sa  coroie  lie, 
Dont  li  doet  sont  délie, 
Un  gaîgnon  grant  et  merveilleus. 
Meigres  estoit  et  fameilleus. 

1156    Le  vilein  qui  le  chien  tenoit, 
Choissi  le  gorpil  qui  venoit: 
Le  chien  de6lace,'si  li  hnie. 
Kenart  le  voit,  moult  li  anuie; 
Tant  fu  courouoiez  et  plain  d'ire, 

1160    Ne  sot  que  faire  ne  que  dire. 
Il  n'osG  vers  le  chien  tourner 
Ne  vers  les  reaus  retourner, 
Que  grant  pas  le  vinnent  sivant, 
Tardiz  u  premier  cfaief  devant, 

1166    Qui  tint  la  baniere  levée. 
Adono  a  sa  règne  tournée 
Reoart  au  travers  d'un  plessJe, 
Ne  n'a  pas  Chantecler  lessie, 
Ainz  l'emporte  moult  eamaiesi 

1170    Li  mastins  ne  s'est  délaies, 
AÏDCoiz  le  suit  de  grant  esles. 
Lors  pense  Renart  se  je  les 
Chantecler  aler,  que  ferai? 
Car  anuit  mes  ne  trouverai 

1175    Chose  doDt  me  puisse  souper. 
Et  se  cil  me  pu  et  acouper 


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ÏVII  (Méon  29851-29887) 

Qui  81  me  ohace  pour  moi  prendre, 
Il  me  fera  encai  aprendre 
Conme  ses  denz  sevent  trancher. 

IISO    Je  ne  doi  pas  avoir  tant  chier 
Ce  coc  conme  mon  cors  demeine. 
D'autre  part  vient  Tardis  qui  meîne 
Un  moult  grant  peuple  a  sa  baniere. 
Et  se  il  me  meinent  arrière, 

1186    Je  serai  moult  mal  atirie, 
Que  H  rois  iert  vers  moi  irie 
Pour  Chantecler  qu'il  aime  et  prise. 
Moult  me  poïse  de  ceste  prise: 
Seur  moi  en  venra  le  mescbief.' 

1190  Lors  dit  'Chantecler,  par  mon  chief, 
A  force  convient  que  vous  lesse. 
Cist  mastiu  a  este  en  lesse. 
Que  trop  me  suit  delivrement. 
Ta  t'en  tost'et  isnelement. 

1190   Je  ne  t'ai  blecie  ne  malmis, 
Et  se  tu  viens  a  cort,  amis, 
Ne  me  soies  par  ton  desroi 
En  nuisance  devers  le  roi.' 
'Non  ferai  je'  fet  il,  'bian  mestre.' 

1300   Lors  saut  desus  un  arbre  a  destre, 
Si  a  grant  jo^e  démenée, 
Et  Renart  de  grant  randonnée 
S'en  va  fniant  et  a  grant  corse. 
Mes  li  chiens  saut  qui  li  rebourse 

1306   La  pel  da  dos  jusqu'au  crépon. 
Ja  fust  en  maie  souspecon 
Li  gorpîls  de  perdre  la  vie. 
Quant  Tardiz,  qui  a  grant  envie 
De  lui  prandre,  i  est  seurvenu. 

1310  De  ce  li  est  bien  avenu 

Que  il  l'a  au  mastin  reeoons. 
Hea  ainz  j  ot  féru  mainz  cona 
Que  il  en  efist  la  baOtie. 

1S3  Tint    nos  malin     1197  ioim\  asge 


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XTII  (Uéon  29SS8  -29924) 

Tantost  est  entor  lui  Biùllie 
1215    La  conpaignie  bêle  et  noble 

Que  li  riche  empereres  Noble 

I  eDvoia  pour  Renart  prandre. 

Pris  et  lie  l'ont  saoz  ataadre. 

3i  Tont  deraDt  le  roi  mené, 
1220    Qai  aisBi  conme  forsene 

Jure  qu'il  le  fera  deffùre, 

Atdoir,  eflcotchier  ou  detraire. 

Ou  livrer  a  cruel  tormant. 

Et  Chanteoler  isnelement 
1226    9e  plaint  de  la  desconvenue 

Qui  li  est  par  li  avenue. 

Li  rois  dit  que  droit  en  aura 

Tel  con  il  demander  Baara, 

Que  trop  li  fist  grant  mesprison. 
1330    'Jft  no  Bora  mis  en  prison, 

Aincoiz  le  ferai  e8c6roher. 

Ne  m'en  porrai  plue  bel  venger.' 

'Sire  fet  Benart,  entendez! 

Jugement  de  moi  entendez  : 
13S5    Au  jugement  me  contendrai 

Et  vostre  merci  atandraî. 

Onques  ne  fa  nul  bomme  ne 

SaDz  leal  jugement  mené. 

S'en  puet  en  vostre  court  trouver 
1240   Nus  qui  veille  vers  moi  prouver 

Que  j'aie  fet  desleaute 

Ne  traïson  ne  fausete, 

Aprestez  soi  de  moi  deffandre. 

Trop  voldreut  envers  moi  mesprandre 
1245    Cil  qui  eu  terre  me  metoient. 

M!on  sens  espoir  petit  doutoient. 

Pour  quel  forfet,  ce  veil  oïr, 

Ue  faisoit  l'en  vis  enfoïrP 

Or  me  dîtes  vostre  semblant, 
1360    Estoie  je  pris  en  emblantP 


1216  riches    1246  Mon  eiperancc 


'c* 


XVII  (llion  29926-39061)  231 

La  court  en  fet  moult  a  bitumer. 

Bruîant  li  tore  et  Brichemer, 

Et  les  autres  que  j'aiin  et  [friae, 

Seront  blaame  de  ceete  emprise. 
1255   Chantecler,  n'en  aui  pas  en  doute, 

ÂToit  ceete  traîsoD  toute, 

(Ce  m'est  vie)  quise  et  pourohaciee. 

Mainte  mauTeatie  a  braoiee: 

Ceate  li  doit  l'en  réprouver. 
1260    Encontre  son  cors  veil  prouver 

Que  par  lui  m'est  hui  avenue 

Iceste  grant  desconvenue 

De  moi  tout  vif  en  terre  mètre. 

Ja  ne  s'en  deûst  entremetre 
136&    De  moi  faire  honte  et  anui. 

8e  recréant  ne  l'en  rant  hui, 

A  qui  que  il  doie  grever, 

Fêtes  moi  les  deus  iex  crever.' 

'Renart'  dit  Chantecler,  'Renart, 
•     1270   Par  la  foi  que  je  doi  Bemart 

L'arceprestre  que  je  voi  la, 

Ooquee  en  tel  guise  n'ala 

Li  afairee  cou  vous  le  dites. 

Ne  vos  en  îroiz  pas  si  quites 
1276    De  oest  jour  d'ui  con  voua  cuidiez. 

Àhî!  sainte  Pinte,  or  m'fûdiez 

Si  vMTement  con  je  recort 

Qae  Renart  vous  ocist  a  tort, 

Et  si  conme  je  n'i  ai  coupe 
1280   Du  blasme  de  coi  il  m'encoupe.' 

'Vous  mentez'  fet  Renart,  'traîtrez! 

Par  vostre  menconge  fetstes 

Qu'enterre  fui:  ce  vous  créant, 

Si  voua  en  rendre  recréant 
1285    AincoÎK  que  li  jours  soit  passez. 

On  a  mort  plaiez  et  quassez. 

Ne  poez  faillir,  ainsei  n'aille.' 


12M  •*«>      oMIe  Mfou  ]  trete     1258  •«     1283  Pour      1286  Faut 
il  Urt  On  n  mort  ««rei  vos  pUisif 


,  Google 


XVU  (Méon  29963-80000} 

'Sire,  otroiez  moi  la  bataille' 
Fet  Ghaateoler  a  l'empereFe, 

1200   'Et  oelî  qui  recréant  ère 

Faites  ou  pendre  ou  deBmembrer. 
Il  TOUS  devroit  bien  remembrer 
Des  auuiz  que  il  tous  a  fez. 
Par  dieu,  penduz  iert  ou  deffez 

1296    Iceli  qui  Taincu  sera, 

Ja  autrement  n'en  pâmera. 
Et  c'est  droiz  et  reson,  me  semble.' 
Uaintenant  les  mettent  ensemble, 
N'i  Tout  plus  d'aloîgne  querant. 

1800   Tardif,  i'escouâe  et  Ferrant, 
Le  ^reaillon  et  le  fourmi 
Qui  moult  estoient  bon  ami 
Et  preuz  et  Taillanz  sanz  dearoi. 
Cil  gardèrent  de  par  le  roi 

1306    Moult  très  bien  et  moult  sagement. 
Quant  fet  furent  li  serement,  ' 
Si  les  out  ensemble  lessie. 
Lors  s'est  l'un  Tere  l'autre  eslessie. 
Et  Benart  qui  premier  l'assaut, 

1810    Enpres  Chantecler  fet  assaat. 
Oranz  cos  li  donne  de  la  poe. 
Et  Chantecler  delez  la  joe 
Li  fet  de  son  bec  une  roie 
Si  grant  que  li  olers  sans  en  roie, 

19)6    Que  jusqu'au  talon  Ta  la  goûte, 
Et  des  iex  ne  vit  nule  goûte 
De  l'erreitre  d'une  live. 
'Il  pert  bien,  la  ohar  arez  Tive' 
Pet  Chantecler  qui  le  tint  cort, 

1320    'Que  li  sans  touz  vermaos  en  cort. 
Folie  TOUS  fist  a  moi  praadre. 
Je  TOUS  ferai  encui  aprandre, 
Gonment  je  me  sai  munteuir. 
Se  pour  outre  te  Teulz  tenir, 

1326    Je  lo  que  te  cleimes  vaincu. 
Pondre  te  fai,  trop  aa  vescu,' 


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XTII  (MéoD  300O1-8003TI 

Renart  qui  entent  la  menace, 
Tert  le  aano  contreval  sa  faoe 
Que  les  iex  li  avoit  couvers. 

1380  Lofs  a  les  iex  andeoB  onvers, 
Et  dit  a  Chantecler  'traîtres, 
Si  m'aïst  dlex,  mar  le  deïstas 
Que  je  recréant  me  rendisse. 
Se  sein  ne  sauf  de  cest  jour  isse, 

1335    Je  TOUS  cuit  encni  donner  tele, 
Mes  ne  métrez  en  fu  atele.' 
Lors  li  cort  riguereusement. 
Si  le  feri  irieement 
De  la  poe  parmi  la  hanohe, 

1340   Qu'i  li  derompi  la  char  blanche. 

Trop  li  a  fet  doalereus  mero. 

Parmi  la  plume  del  aubero 

Fiat  de  sano  saillir  plein  boisel 

'       Par  le  ehamp  en  court  le  raiael 

1345    Si  o'uu  moulin  en  peûst  moldre. 
Jfee  bien  le  cuide  rendre  et  sodre 
Chantecler  ioeste  bonté. 
Lors  li  est  sus  le  dos  monte, 
Si  le  fiert  des  espérons  fort, 

1850  Et  de  son  bec  le  pince  et  mort, 
Que  jnsquee  au  test  li  embat. 
La  deetre  oreille  li  abat, 
Et  Vueil  seneatre  li  creva. 
Puis  li  dist  'malemeut  voua  ra, 

I3b6   Sire  Renart,  au  mien  avis. 

Ja  de  œst  ohamp  n'estordrez  vis, 
Que  il  du  cors  ne  tous  mesohiee. 
Bien  est  dame  Pinte  vengiee 
Et  dame  Coupée  s'entein. 

1360   De  lancelee  et  de  plantein 

Se  voudra  en  vos  plaies  mètre, 
S'Epinart  se  veult  entremetre 
Qui  est  fieieien  le  roi, 
1390  M  1.  i.  M  dsBi      1342  aubert      19&T 
■ehiaoe     1361  Faut  il  lire  TaudrezF 


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234  XTII  (H«on  80038-90078) 

Bien  tous  garra:  mes  le  demû, 
1365    Qui  oa  vous  est  tous  honnira. 

Quant  la  bataille  fenira 

De  TOUS,  et  vengiee  arai  m'ire, 

N'arez,  œ  croi,  roester  de  mire,' 

Benart  qui  la  response  entant, 
1870   Au  miex  que  il  set  i  antent 

La  grant  lionte  et  la  vilenie 

Que  Ghantecler  par  felonnie 

Lî  fet:  n'encor  n'en  est  lassez. 

ÂdoDC  s'est  Reuart  pourpensez 
187B    Que  la  morte  vieille  fera, 

N'a  Chanteder  n'adesera 

Qae  tant  li  fet  et  honte  et  let. 

Atant  aeur  li  cheïr  se  let: 

Et  Chanteoler  le  pinoe  et  mort 
1380   Et  Renart  fet  semblant  de  mort, 

Qu'il  ne  se  crolle  ne  remue. 

Ainz  tint  la  bouche  olose  et  mue 

Que  voiz  n'ateine  n'en  issi. 

Quant  Chanteeler  le  vit  ainsi, 
1380    Lors  l'a  conme  lierre  repris. 

Au  bec  parmi  la  keue  pris, 

Ea  un  fosse  le  trf^na. 

Or  voit  bien  Kenart  que  il  n'a 

De  oalui  secours  ne  aie: 
1B90   Car  c'est  la  beste  plus  haïe 

Du  monde  et  de  toute  gent. 

Bien  set  pour  or  ne  pour  argent, 

Pour  promesse  ne  pour  avoir 

Ne  pourroit  raencon  avoir, 
1395    Be  il  eatoit  aparceii. 

Far  son  savoir  a  deoeû 

Ghantecler  qui  por  mort  le  lesae. 

Entour  lai  ot  ausù  grant  presse 

Conme  se  il  fust  gent  develle. 

1864  m.  ie  duroi     1380  manque,  ce  vtru  »trait-il  MtrpM  f 
Ifiont     1885  l'a  manqiu     1399  Faut  il  lire  d'MTaîlleF 


...Google 


XTII  (Méon  a00T4-»)lI0) 

1400   Bohnrt  et  Brune  la  corneille 
Yindrent  an  roi  tôt  pie  estant 
Et  li  diatrent  'Sire,  a  itant 
Lesaiez  Renart!  mors  iert  sanz  faille. 
Monlt  li  est  de  oeste  bataille 

1406   Hoi  vilsinemeut  meeobefi. 
Or  eat  en  câ  fosse  oheû 
Tout  mort  aussi  conme  une  coche. 
Blasme  i  auriez  et  reproche, 
Se  l'en  metoit  plua  seur  li  mein. 

1410    Maies  choses  l'aront  demein 
Tout  despecie  et  devoure. 
Et  TOUS  avez  ci  demoure 
Que  son  oonpaignon  a  outre.' 
Li  rois  Nobles  vint  a  sou  tre 

1415    Et  li  bamages  s'en  tourna 

En  son  hostel.     Cil  qui  tourna 
S'en  entra  joie  démenant. 
Renart  lessierent  remanant 
U  fosse  la  gueule  baee, 

1420   Si  con  l'ame  s'en  fust  alee,  ' 
Que  ses  anemis  en  fu  bel. 
Du  roi  se  départ  le  corbel 
Et  la  comille  dame  Brune, 
C'onquea  nel  sot  beste  neeone. 

1426    U  foase  s'en  vindrent  courant, 
Ou  Renart  iert  de  fein  mourant 
Qoi  t'oriile  ot  perdue  et  l'ueil. 
'Rohsrt'  fet  la  oomille,  'or  TOil 
Que  noua  aillons  veoir  Renart 

14B0  Encore  anuit,  oe  famelart 

Par  les  sains  qu'en  qoiert  es  Galice, 
Li  afaiterons  sa  police. 
Hors  est,  nous  n'avons  de  li  garde.' 
Renart  les  ot  et  les  regarde, 

1486   Qae  blecie  fu  et  se  feingnoît 
Ne  a  elz  parler  ne  daignoit: 


1420  fa  (eorrigf  par  Mkmf)     I43I  .s.' 


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XTU  (Méon  aoiis-aouT) 

Tant  8e  ouicloit  iluec  tenir 

Que  il  veÏBt  la  nuit  venir. 

Ues  cil  souffrir  nel  voldrent  pas 
1440    Que  li  vindrent  plus  que  le  pas, 

Qui  de  noient  ne  se  doutèrent. 

Ambedui  desns  lui  montèrent- 

Rohart  premerainz  s'avança, 

Le  beo  avant  primes  hanoa, 
]446    Eu  la  char  li  embat  dedenz. 

Et  Benart  a  gete  les  danz: 

Si  le  prist  par  la  cuisse  et  tret  N  64 

À.  soi  si  oon  l'esorït  retret, 

Que  il  li  a  loquee  tonte 
1450   Et  la  onisse  empres  le  cul  route. 

Vileinemeot  l'a  afole. 

Rohart  est  d'autre  part  vole 

Seur  le  fosse  moult  angoiaseus. 

La  comillfl  vit  Renart  sens, 
146&    Âvecques  li  tressailli. 

Et  Renart  est  en  piez  sailli, 

La  cuisse  praiit,  a  tout  s'en  tome, 

Et  Rohart  lessa  tristre  et  morne. 

Aussi  conme  beste  eeperdue, 
1460   Fuiant  s'en  va  sanz  atandue 

L'oeil  crevé,  l'oreille  oopee. 

Il  ne  trouva  pas  eetoupee 

Ia  porte  de  sa  forteresoe, 

Ainz  s'i  feri  a  grant  destresce. 
1466       Quant  Hermeline  le  choisi. 

Qui  li  donnaat  qoite  Choisi, 

N'eÛst  tel  joie  ne  tel  feste. 

Quant  ele  a  paroeû  la  teste. 

Qu'il  avoit  si  mal  atonmee, 
1470   AdoDC  a  gnmt  douloor  menée. 

Auai  firent  les  Renardiax. 

Grant  fu  la  criée  et  li  diax. 

Eu  on  lit  l'ont  coucbie  et  mis. 

U41etl9t     1449ail       lob««    14(ti}F     l4«laotpee     1468>ap«T(«* 


XVn  (H«on  80148-30184) 

Et  Rohart  qui  moult  fu  maumis, 

1475    Â  la  cornille  se  demante: 
'Dites'  fet  il,  'amie  gente, 
Conment  porrai  aler  a  cortf 
Trop  durement  m'a  tenu  cort 
Reoart,  ne  sai  que  j'en  ferai.' 

1480  "Entre  mes  braz  vous  porterai' 
Fet  la  cornille,  'par  mon  chief. 
De  l'anui  et  du  grant  meschîef 
Sui  moult  dolante  et  oorreciee.' 
Âtaot  a'eat  Brune  rebradee, 

l48Ei    Si  s'en  ala  triste  et  dolaute 
Au  roi  qui  s<e  aist  en  aa  tante, 
Criant  'A  sire  roi,  merci, 
Tout  mahaignie  vous  aport  ci 
Rohart,  voatre  ami,  le  corbel. 

1490   Et  si  ne  m'est  mie  encor  bel 
Du  larron  Reuart  depntere 
Qui  a  Malpertuis  son  repère 
S'est  mis  et  a  ferme  sa  porte, 
Que  la  cuisse  Bohart  emporte. 

1496   Hengiee  l'a  et  devoaree. 

Frans  rois,  ne  fêtes  demouree, 
Vengies  la  honte  et  la  laidure 
Que  Renart  vous  fet,  qui  trop  dure. 
Yostre  baron  a  desmembre. 

IMO    Se  vous  estes  bien  amembre, 
Deetroiz  quatre  foiz  vos  a  fez. 
Detraschiez  sera  et  deffez 
Li  traîtres  de  ceste  emprise.' 
Robart  a  la  parole  emprise 

t&0&    Et  dist  'Sire,  merci  aiez 

De  moi,  car  a  mort  sui  plaiez. 
Le  pie  et  la  cuisse  ai  perdue 
Dont  j'ai  la  pensée  eeperdue, 
Morir  en  cuit  prooheineroent. 

1610    Uee  se  je  n'en  ai  vengement 

141)2  sen     lôOl  ■  if AmJ  ai 


,  Google 


XVn  (MéoD  30186-30221) 

*  Du  desleal,  du  traïtour 

Par  qui  sui  en  ceste  tristour, 
Blasme  en  seroiz  et  a  droit.' 
Lî  rois  se  leva  en  piez  droit, 
161B  Quant  la  parole  ot  et  entaot, 
Et  respoot,  que  plus  n'i  ataut. 
'Robart,  tous  estes  mehùngnie. 
Ne  cil  n'i  a  riens  gaaiognie, 
Qui  ainsi  tous  a  atome.' 

1590    Tantost  conmande  qu'atouroe 
Soient  si  baron  et  si  Iiomme, 
'Que  par  les  sains  qui  sont  a  Romme, 
Ne  m'i  tandra  yver  i\'este 
Tant  qu'aie  a  Malpertuis  este. 

1626    A  terre  abatre  le  ferai 

Et  Renart  par  force  en  trerai: 
Pendu  sera  oonme  larron, 
Si  que  le  verront  mi  baron. 
N'en  puet  partir  par  autre  pas.' 

1680    'Biau  sire,  si  n'ira  il  pas' 
Fflt  le  tesson  sire  Grinbert 
Entre  moi  et  frère  Hubert 
Iron,  mes  qu'il  ne  Tons  deepiese, 
De  Malpertuis  passer  la  hese. 

1586    Et  a  Renart  oonme  homme  sage 
Raconterons  voatre  mesage 
Et  li  dirons,  sel  conmandez, 
A  TOUS  vieagne,  ee  li  mandez. 
Et  seloDC  ce  que  entendon 

1540  Response  de  li  tous  randon.' 
Li  rois  qui  fa  em  piez  dreoie, 
Reapondi  oonme  courroncie 
'Alez  i  tost,  ainssi  le  Toeil, 
Et  li  dites,  seur  son  destre  œil, 

1646    Qu'il  me  Tiengne  ramdre  reson 
Four  coi  et  pour  quele  aohoison 
II  a  mon  baron  meh&ignie.' 


;   Méon]  Mroit     1632  guibert 


,  Google 


XTH  (Méon  30323-30358) 

Cil  n'ont  le  coamant  deadsîngnïe, 
Ainz  s'en  tomeut  aanz  plus  atandre. 

1560  Au  devant  pour  boa  hoatel  prendre 
Âla  li  limaooDs  Tardù. 
Cil  chevaufihent  après  tandis 
Qui  ne  s'i  voldrent  arrester. 
Ne  TOUS  veil  toutes  aoonter 

155&   Lor  journées,  ne  qu'il  devindreot. 
Taot  errent  qu'a  Malpertuis  vindrent 
Ou  Benart  jnt  sanz  nul  délit 
A  grant  dolor  dedanz  son  lit. 
Hubert,  qui  le  mesage  aporte, 

1360    Et  Orinbert  viodrent  a  la  porte. 
Si  hucbierent  par  grant  desroi 
'Ouvrez  an  meaage  la  roi.' 
Renart  qui  entendi  la  noise, 
Conmande  qu'a  la  porte  voise 

ï6Bb    Li  portiers  qui  n'est  pareeens,^ 
Et  maintenant  parole  a  ceus 
Qui  si  buohoieut  fièrement. 
Li  portiers  vint  isnelement 
Qui  torse  et  velue  ot  la  keue, 

1&70  D'en  haut  desus  la  barbakeue 
Lor  escria  cou  preu  et  sage 
Qui  estes  vousP'  'Sommes  mesage 
Mon  seigneur  Noble  le  lion, 
Que  Benart  parler  voulion.' 

1575    Quant  li  portière  l'ot,  de  volée 
La  port«  qui  estoit  coulée, 
Amont  a  trere  conraenca. 
Qrinbert  qui  d'antrer  s'avança, 
I  est  a  reculons  entre. 

1080  Quant  le  premier  buis  ot  outre, 
Si  dist  a  l'escoufie  Qrinbert 
'Venez  avant,  sire  Hubert! 
Bessiez  vous,  que  bosse  est  l'entrée.' 
Dit  Hubert  'je  dont  que  vantree 


B  (eorr.  par  Méon)      lS79  arrecalooi 


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XVII  (Méon  30269-30206) 

IdSb   Ne  face,  par  saint  Lienart, 

I)«  moi  encore  annit  Renart. 

Ici  iiuecques  me  tendre: 

Tant  que  todb  viengniez  atandre. 

Miex  meing  an  large  qu'a  Teetroit' 
1590   A  Orimbert  convient  qu'il  otroit 

Ce  que  frère  Hubwt  oonmande. 

Âinz  Tint  et  Benart  U  demande, 

Conme  cil  qui  monlt  se  doloit, 

Que  il  queroit  et  qu'il  vooloit. 
16QÔ    Grinbert  11  a  dit  'Biau  voisin, 

Je  Bui  Tostre  gennain  cousin, 

Si  TOUS  doTroie  moult  amer. 

A  court  vous  est  venuz  blasmer 

Mon  seignor  Rohart  le  corbel. 
1600   De  sou  domage  n'est  pas  bel 

Au  roi  ne  a  sa  baronnie. 

Ne  ie  tenez  a  vilenie, 

Par  moi  vous  mande,  et  il  a  droit, 

Que  TÎengnîez  a  li  orandroit 
1606    Pour  vous  de  ce  blasme  esoneer. 

Ne  devez  mie  refoser 

Qu'a  court  ne  viengniez  pour  droit  faire. 

'Cousin,  de  ce  n'ai  je  que  (aire. 

Ne  veil  or  plus  aler  a  court, 
1610   Que  trop  m'i  a  l'en  tenu  court. 

Ceete  parole  me  randroiz 

Au  roi,  quant  devant  li  vendroiz, 

Qu'a  la  mort  m'a  mis  le  corbel. 

Et  la  dehors  souz  ce  tombel, 
1616    A  celé  oroiz,  souz  celé  espine 

Ke  fist  enfouir  Hermeline 

Yoatre  anùe,  vostre  parente 

Qui  iriee  en  est  et  dolaute. 

Quant  hors  de  la  porte  seroïz, 
lOSO   Un  tombel  ilueo  trouveroïz 

D'uD  vilain  qui  Renart  ot  non. 

1616  HermelJns  Mion]  amelin» 


,  Google 


XTU  (Mfion  90-296—30883) 

BesuB  Terrez  esorit  le  non: 
Et  Kinsi  an  roi  le  diroiz, 
Quant  de  ci  voiu  departiroii. 

163C>   Hermeline  tob  msnra  droit 
Veoïr  le  tombfll  orandroit 
Qui  est  tout  fres  et  tout  nouvel: 
O  lui  ira  mon  filz  Rovel.' 
'AuBÏ'  fet  Grînbert,  Totroi  je: 

1680   Si  m'en  roiz  a  voatre  congie.' 
Âtant  e'en  départi  Qrinfaert, 
Et  ayeo  l'eecoufle  Hubert 
Et  Tardis,  plus  conpaignons  n'a. 
Tout  droit  au  tombel  les  mena 

1635    Hermeline  et  Rovel  son  filz, 
Et  distrent  'Renart  le  gorpilz 
De  qui  il  ne  tous  est  pas  bel, 
BiauB  seignor,  gist  soz  ce  tombel. 
Lisiez  les  letres  et  l'escrit, 

1040   Et  si  priez  a  Jheau  Grist 
Que  il  ut  de  s'ame  meroî. 
Lasse  esgaree  remein  ci, 
Et  mi  enfant  sont  orfelin. 
N'ai  robe  lange  ne  de  Un, 

1646    A  grant  povrete  eui  remeee.' 
Âtant  est  entrée  en  la  hese 
De  Manpertuis,  et  oil  a'en  tournent, 
Qui  de  oi  au  roi  ne  sejornent. 
Trouve  l'ont  en  ses  payeillona. 

1660  "De  devant  lui  a  genoillona 
S'est  maintenant  agenouille 
Grinbert  qui  le  via  ot  moîllie 
Du  plorer  que  il  fet  avoit. 
Et  quant  H  rois  Nobles  le  voit 

1665    Plorer,  si  en  fu  touz  plànz  d'ire. 
Et  l'esooufle  U  prist  a  dire 
^ire,  de  Malpertais  venons 
Dont  a  engingniez  nous  tenons. 


11)83  gaibert     1647  tonrne 
Rtmar  n. 


,.ogIc 


XVII  (M&on  80SB8-S0963) 

Renart;  est  mon  et  enfoat. 

1660   QuftDt  Rohart  ceanx  a  fiiî, 
Si  durement  estoit  malmia 
Benart,  qu'il  est  en  terre  mia. 
La  fosse  et  le  tombel  avons 
YeQe,  tout  de  voir  savons 

1666    Que  le  oorbel  le  partua 
Qui  ore  pou  de  vertu  a. 
IfehaiQf^nie  en  est,  et  periz 
Est  Renart.     Lî  aunz  esperiz 
De  la  eene  ame  s'entremete 

1670   Taot  qu'en  paradouse  la  mete, 
DeuB  liaes  outre  paradiz 
Ou  nufl  n*est  povre  ne  mandia.' 
Quant  li  roia  oî  la  nouvete, 
Tout  aon  courrous  li  renouvelé. 

1675    De  Benart  fu  monlt  courrouciez. 
Tantoat  a'eat  en  estant  dreoiez 
Et  diat  dolanz  et  esperdu 
'Par  grant  peohie  avons  perdu 
Le  meilleur  baron  que  j'avoie. 

1680   Ne  ne  cuit  mie  qne  ja  voie 

Que  je  venjance  en  puîaae  avoir. 
Pour  la  moitié  de  mon  avoir 
Ne  vousîase  qn'il  fuat  aiuasi.' 
Âtuit  fora  de  aon  tref  îasi 

1B8S    Et  s'en  monta  en  son  palea. 
là  luec  de  Renart  voua  les 
La  vie  et  la  procession. 
Ci  fine  de  Renart  le  non. 


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(Mfioo  7383-7408) 

Seignor,  ce  dient  li  devin,  B  127° 

Si  est  eBcrit  en  parchemia 

Que  cil  ft  aovent  mau  matin 

Qui  près  de  lui  a  mau  voisin. 
Q    Je  le  vos  di  por  Isangrin 

Et  por  un  prestre  dant  Martin. 

Viellarz  estolt  auques  lî  prestrea, 

Ne  fu  onques  de  letres  mestre: 

Plus  aavoit  de  truie  enfoudae 
10   Que  de  letre  deporveûe. 

Preetrea  Uartins  estoit  moolt  eagee 

De  bien  norrir  par  ces  erbages 

Brebia  dont  il  ot  maint  fromage. 

Mais  moult  li  fiât  plusors  domage 
15   lÀ  leoB,  mal  ait  toz  aes  lignages  1 

ProB  de  lui  menoit  es  boscages, 

Si  li  a  fait  sooyeiit  aoui: 

Car  il  menoit  moult  près  de  lui, 

SoTODt  li  &isoit  ses  oailles 
W   Non  per,  s'eles  erent  paraîlles: 

Et  soTont  les  rapareilloit, 

Se  non  pareilles  les  trovoit. 

Koult  ert  dolanz  prestrea  Martins 

De  ce  dont  iert  liez  Isengrins. 

3  II    B.  10  iMtr»    16  niMge*     16  an  boicaf^c     17  II  li     IB  e«s 
31  rsparsillbt    32  IroTot 


...Google 


244  XTUI  (Méon  7407—7442) 

2&   Freatre  Uartio  eo  porpaosa 

Cttoe  grant  fouse  ohevera. 

QaDt  faite  f u  a  sa  devÏM, 

Une  perche  a  par  deaua  mise: 

Bus  la  perche  met  une  oloie, 
80   Toute  a  oonpas  la  oontremoie. 

A  la  perche  Ta  bien  fennee, 

La  fouae  a  tote  acovetee. 

Un  ùgnel  lia  sor  la  perche, 

Se  Isangrin  par  la  s'adreace 
85    Et  l'angnel  en  voille  porter, 

De  la  cloie  l'eatuet  tumei: 

Et  ja  BÏ  toat  n'i  montera 

Con  il  en  la  fouae  cherra. 

Qant  il  l'ot  bien  apareîUie, 
40   Alez  a'en  est,  ai  l'a  laiaaie. 

Taengrin  qui  grant  &in  endure 

Se  lieve  a  mie  nuit  osoure,  B  128 

Qant  toute  gent  ae  dort  ae(ire, 

Et  eat  veouz  graat  aleûre 
4S   La  ou  aient  panre  aa  pasture. 

L'angien  trueve  par  aranture. 

Qant  vit  l'aignel,  s'en  fait  grant  joie 

De  ce  qu'il  a  encontre  proie: 

Or  n'a  paor  que  nus  le  voie, 
60    Seûrement  s'en  va  aa  voie. 

Sitost  con  monta  aor  la  oloie, 

Chaûz  est  anz,  qar  ele  ploie. 

Taengrin  Toit  que  il  eat  pris, 

De  l'eachaper  n'eat  il  paa  fis. 
65  'Hal  laa'  fut  il,  'dolenz,  chaitia, 
Com  oovoitise  ma  aorprie! 
Or  puis  je  bien  dire  et  jurer 
Que  de  ci  ne  puis  eachaper. 
Or  m'eatoTra  chier  comparer 
60   Les  berbiz  que  m'en  vit  porter. 

37  Et  ansi  toit  remontera      41   q.  niBiiit  fàÏDi      43  8Mt  Um 
48  qui  a  en  con  contre  p.    61  en  m.    62  plaie 


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XTm  (HéoD  7448-7478)  245 

Ce  dbt  moult  bien  qai  set  coDter 

Cane  foiz  viaut  le  pot  verser.' 

Li  prestres  fu  tos  trespansez 

Et  celé  nait  toz  esgarez, 
61}    Conques  la  nuit  ne  pot  dormir. 

Sitost  oon  il  vit  eeclarir, 

II  lieve  soa  isnelement, 
f    Une  macne  en  sa  main  prant, 

  la-'fouse  vint,  par  le  trea 
70   Si  8  dedenz  tsQ  le  len. 

Qant  il  le  voit,  grant  joie  en  fait, 

La  perche  et  la  cloie  sus  trait, 

Puis  se  desfuble  par  grant  ire, 

A  Ysengrin  conmenoe  a  dire 
76   'Sire  Tseng^in,  or  vos  vendrai 

Ce  qne  je  tant  pramis  vos'  ai: 

Apauraî  vos  a  cest  baaton 
'  Conment  prestre  Martin  a  non.' 

Li  prestrea  lieve  la  macuo, 
80   Et  Ysengrin  l'a  bien  Teâe: 

En  la  teste  le  vost  ferir, 

Et  Tsengrin  sot  bien  gauchir. 

  celé  foiz  non  tocha  mie, 

Car  il  set  trop  de  l'esoremie. 
86    Prestree  Martini  est  aïriez, 

En  autre  sens  s'est  porpausez: 

En  avalant  le  bastoq  mist 

Desor  le  len  et  si  li  diat 

'Ens  en  mon  ouer  forment  me  doil, 
90  Se  a  ceet  coup  oe  vos  crief  l'oeil'. 

Qant  ot  ce  dit,  le  bâton  boute. 

Tsengrin  qui  le  co«p  redoute, 

Oarde  a  son  euel,  le  baeton  prent. 

Et  li  prestres  vers  loi  le  tent, 
96   A  ses  deus  mains  le  sache  fort. 

De  ca  en  la  li  lens  s'eatort, 

70  dam     79  m     80  fn     SB  Bu  m  «Mt  o.     W  loftl     91  dirt 
96  A  andsiis 


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XTIII  (Méon  7479— ÎSU) 

L»  bastOQ  li  onide  eaforcier. 
Qui  donc  velst  prestre  enforoier 
For  bien  tenir  oele  macuel 

100   Li  leus  d'autre  part  s'eavertue. 
Moolt  s'esforcoient  enbedni 
Chasouns  dou  baston  trure  a  Ini. 
Si  CDD  noB  conte  l'eaiaipture, 
Au  prestre  avint  une  aTantnre,        ^ 

106    Que  la  terre  est  soz  loi  fondue, 
Desoz  les  piez  li  est  ohefle. 
n  s'en  Tet  enz  o  le  baston, 
Or  a  Yeengrin  conpûgnon. 
L'uDS  fu  de  oa,  l'autre  de  la, 

110   De  paor  l'un  l'autre  es^rda. 
Hoult  ot  Ysengrin  grant  paor, 
Hais  li  prestre  ot  asez  graignor. 
Il  a  conmencie  son  sautier 
Far  toz  les  moz  a  verseillier, 

116   Et  puis  dist  coomendacion 
Que  diex  le  giet  de  sa  prison. 
Ceste  sept  sianme  disoit  plus, 
Miserere  mei,  dens: 
Pater  noster  disoit  enclin, 

190    Sor  le  col  li  saut  Isangrin: 
Li  prestres  cbeT  demi  morz, 
Et  Ysengrin  s'en  ya  moult  tost. 
Far  bois  et  par  cbans  si  s'en  fiche. 
Li  prestres  remest  en  la  briche: 

I2&    Freetre  Martins  ne  rit  ne  muit. 
Et  Ysengrin  moult  tost  s'en  fait: 
A  lui  melmes  rit  assez 
De  ce  qu'il  e«t  si  escbapez 
Et  qu'il  li  sailli  sus  le  dons, 

180  Qant  en  la  fooae  l'ot  enclona. 
Si  sergent  Fen  orent  tost  trait, 
Fuis  se  rient  de  ce  qu'a  fet. 


102   basions       108   diat   If   etcritnrs       107   H   «n   n      116  fin 
117  Cflstt  se  s.    124  Le  prestre  chei  en    126  Hait  j. 


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XTIU  (Héon  7616-7020] 

Bien  tob  puis  dire  et  aoonter 
^e  onques  mesae  ne  eaulder 
1S6   Ne  chanta  puis  de  bon  entent 
Ne  par  à  bon  entendement 
Com  il  fiât  ovec  Teengrin, 
Tant  COQ  il  fu  en  son  enging. 

184  Conquei  puis  meae 


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Or  vos  dirai  con  il  avint  B  128' 

  TseDgrin,  qant  la  nuit  vint. 
Panoi  ces  bos  s'ea  va  coraat, 
Et  si  aloit  ce  porpensant 
Q  Qa«  foas  est  lî  bom  et  li  leus 
Qui  onques  va  nule  part  seua, 
Puis  qu'il  puist  avoir  compaignie, 
Que  mestier  a  aouvent  d'aîe: 
Et  tel  puet  on  aconpaîngnier 

10    Dont  l'en  a  puis  grant  enoonbrier. 
Qant  ce  pansoit  en  son  oorage, 
Atant  tssi  de  cel  boscage: 
Une  jument  vît  en  un  pre 
Ou  ^e  peasoit  près  d'un  ble. 

15    l  leua  s'en  va  grant  aleQre 
Droit  au  junaent  par  la  coature: 
Qant  a  lui  vint,  ai  la  aalue. 
'Diex  aaut'  fait  il,  'Bainsant  ma  dnief 
'Et  dex  vos  aaut,  sire  Yeengrisi 

ao    Dont  venez  vos  si  trea  matin!*' 
'Dame'  diat  il,  'eschapez  ani 
De  malea  mains  ou  anait  fui:  B  129 

Preatre  Uartine  un  angin  fiât 
For  prandre  moi  et  ai  me  priât: 

2&   Toute  une  nuit  fui  en  prison. 

4  porpeDaent    8  daida    12  boncliuKe    31  il  man^M 


..„ogIc 


XIX,  (Hioa  7S46-7Dtt) 

Se  i  eflue  nn  oonpaingnon, 
D'ileno  m'eûst  il  bien  gite. 
Por  ce  le  toi  ai  raconte: 
Se  volez  ea^e  en  ma  cDapaingne, 

80  Kos  ferions  moult  grant  gabaîgne. 
Amoz  tob  donrue  a  mangier 
De  quel  que  auriez  ping  chier, 
Ou  bon  froment,  ou  bone  avaine, 
Ou  bone  orge  a  quel  que  paine. 

S6   Yoa  m'auriez  moult  grant  mestier, 
Car  je  iroie  porchacier: 
"No  compMgnie  oBteroit  bêle. 
Car  TOB  porpansez,  damoisele, 
De  oe  Tilain  qui  ai  vos  tue 

40  Et  TO0  &it  traire  a  la  oharrue: 
Yos  gaaingniez  treetot  son  bien, 
Ne  TOI  n'en  aurez  ja  rien 
Fors  le  nonau  que  il  aura 
Et  ce  dont  il  oure  n'aura. 

4fi   Haï,  Rainaant,  ma  douce  amie, 
Qar  Tenez  en  ma  oonpaignïe! 
Si  aérez  fors  d'antrui  dangier. 
Ne  TOB  eatovra  charrier 
Ne  ca  ne  la  porter  nul  faia: 

BO   A  toz  jorz  mea  TiTTOiz  en  pus. 
'Sire  Tsengrin,  ae  je  peOne, 
To  oompaingnie  ohîer  eflsae. 
Mea  je  se  puia  corre  n'aler, 
Por  ce  Toil  ici  paaturer. 

86   De  mon  pie  deatre  par  deriere 
Pasaai  ier  en  une  charriere, 
Une  eepine  me  feri  enz: 
Se  la  me  traïsaiaiez  as  dans, 
A  nul  jor  ne  aeroît  partie 

60   De  T08  la  moie  conpaignie. 
Grant  mestier  tos  porroi  aToir, 
Oar  je  ferai  tout  to  TOloir: 

84  boa    44  don    40  Ha  r.    06  ior  rntroie  p. 


,.  Google 


XIX  (M<oii  TBffî— 761(Q 

Car  s'en  vos  viaut  gaingooDH  huer, 
Je  aaure  moult  bien  rejeter, 

6&   Mordre  des  danz,  ferir  des  piez. 
Qui  oonBuinai,  touz  iert  jugiez: 
Qui  g;e  porrai  bien  aesener, 
ITBura  talent  de  regiber.' 
Pist  Ysengriu  le  pie  moub'ez, 

70   Celui  ou  l'ospine  sautez! 
Tost  la  vos  aurai  ja  sachie: 
Je  mar  i  aura  autre  mire.' 
Le  pie  li  lieve,  et  oil  s'acrout, 
O  ses  onglée  le  voide  tout. 

n   Que  qu'Iaangrins  a  roidier  broncbe 
£t  il  le  pie  neetie  et  fourche, 
Baùuent  le  pie  a  deatandu 
Et  Taen^io  a  aï  fem 
Entre  le  piz  et  le  mn«el, 

âO  Tout  ooi  le  gita  on  prael. 
Bûnaent  s'en  tome  r^bant, 
Queue  levée  va  fuiant 
Et  Ysengriu  toz  ooi  se  giat 
Grant  pièce  après  et  pais  si  dist 

8fi    'Âhi,  maleûreus  chaitisi 
Be  ier  oi  mal,  or  ai  hui  pis. 
Ne  me  sai  mes  en  qui  fier, 
Ne  puis  en  nuli  foi  trover.' 
leei  se  demante  Ysangrin. 

90   loi  prant  oeste  branohe  fin. 


73  li  MMMtfiM    83  peant    86  m.  encore  ai  p. 


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(Méoii  eS81-6S80) 

Or  Toe  redirai  d'IseDgrin,  B 

Qui  se  remîst  en  son  chemin: 
Car  il  s'en  voloit  reperier. 
Qant  il  s'ala  esbenoier, 
b   Les  berbie  oit  on  ohanp  beOer: 
Celé  part  empreot  a  aler. 
Si  oon  il  fu  dou  bote  issus, 
DeuB  moutons  a  es  obans  vefiz: 
L'on  fu  BeUns,  l'autre  Bemart. 

10  Uolt  les  amoit  sire  Tiebarz. 
Ao  chief  don  chanp  s'esbeneoient 
Et  de  lor  oonies  se  hurtoient. 
Qae  qu'il  fesoient  lor  mellee, 
Loi  berj^ere  s'en  iert  alee, 

15   Lî  bei^ers  let  ot  obliex: 
Dueo  s'en  ierent  outre  alez. 

Li  vilaina  qui  molt  par  sot  pea, 
La  maie  garde  pest  le  leu, 
Si  entre  Bemart  et  Belin 

30  Ne  M  gardent  voir  disangrin. 
8e  oïl  ne  sont  et  sage  et  oointe, 
Har  i  fa  fute  oeste  pointe. 
Belina  si  fu  li  plus  ooarc 
Premièrement  parla  Bemars 

3&   3ien  Taingniez  vos,  biau  sire  loust' 


10  Mit  (17)      16  OfbllM    19  Sentre    3S  pilnte 


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XX.  (HftoB  6386-6182) 

'Je  ne  tob  salu  mie  ecdoiu. 

Ja  beste  ne  aalueraï 

Paû  qae  je  mangier  la  Todrai.' 

"Sire  Tsan^n,  nos  saTOns  bien 
80    Que  noa  Bomea  enbedoi  tien 

Et  que  end  eus  nos  mengeras 

De  quele  eure  que  tu  Todras. 

Hais  se  toi  plest  par  ta  franobbe, 

Primes  Qoa  faî  tant  de  serrise: 
86    Entre  nos  deus  met  aoordence, 

Bel  tenra  l'en  a  grant  vallance. 

Car  0  dÎBt  que  oiat  obans  est  siens 

Et  je  redi  que  il  est  miens. 

Sire,  ee  vos  le  partiez 
40    Et  el  ohanp  bien  nos  meïssiez, 

Si  que  g'en  eflsse  ma  part, 

Et  l'antre  an  donisiez  Bernart, 

Dont  poez  faire  vo  plaisir 

De  nos  deus  et  Tostre  désir.' 
45   Diat  Taengrina  molt  voleutiers. 

Or  me  dites  oonment  premiers.' 

'Sire,  aaiez  a  la  foriere! 

Ohasouna  de  nos  se  traie  arrière: 

Ci  doTBDt  vos  Tenrona  corant. 
fiO  Oil  qui  plue  toat  venra  avant, 

De  tant  oon  il  ploa  toat  Qorra, 

La  greigDor  part  ou  cbamp  aura.' 

Dût  Tsengrins  et  je  Totroi. 

Or  TDS  traiez  ensus  de  moi! 
b6   Belins  ira  de  ca  a  destre 

Et  Bemwt  ira  a  eeneetre.' 
Belins  eatoit  li  plus  iniaua, 

Q^il  eatoit  li  plua  joveniana. 

tfaia  Bemart  eatoit  pins  senez 
60   For  ce  qu'il  eetoit  li  ainz  nés. 

Comunement  sont  ealoingnie 

Si  oon  U  Ions  l'ot  dereanie. 

S  vodroi    43  kJdoninw    48  tos    49  coraat    BO  aMOl    63  U 


'c* 


XX  lUSon  64S8-M54) 

Il  lor  ft  dit  'aaignor,  morez! 
Faites  le  mienz  que  vos  pOTez!' 

65    BelinB  s'esmuet  de  grant  ravine. 
Qant  vient  au  len,  ses  oornes  dine: 
Far  grant  verts  Sert  ïaengrÎD 
Si  qu*î1  le  giete  tout  sovin 
Tout  estandu  de  l'autre  part. 

70  Au  relever  es  vos  Bemart 
Qui  le  Sert  en  l'autre  coate: 
Devers  Belin  le  ra  gite. 
Quatre  oostee  li  ont  brisie, 
  bien  petit  l'ont  mort  laissie. 

76    Puis  si  s'en  toment  a  itant: 
De  loing  le  vont  escharaissant. 
Il  se  pâme  plus  de  cent  foiz, 
Si  est  engoiseus  et  deetroiz. 
Li  sans  li  saut  par  grant  randon 

80   l'armi  le  nés  et  a  foison. 
Qant  il  fu  un  poi  acoisiez, 
De  paumaison  est  repériez: 
'Ha  las'  dist  il,  'dolenz  ofaûtis, 
Con  sui  mal  eQrez  tout  disi 

8fi    La  costume  ai  a  l'esprevier 
Qui  l'aloe  va  tant  chacier 
Que  il  la  prant  par  tost  voler 
Et  puis  si  l'en  relaist  aler. 
Li  vif  daianble,  li  saiguor 

90   SCavoient  fait  partiseor. 

Et  que  devoit  a  moi  tenir  1 

De  terre  doner  et  partir?' 
Ceete  branche  est  boue  et  petite 
Et  bien  fiûte,  s'ele  est  bien  dite. 


63  di«t    M  Muei    Si  m  muet    m  nitit    fl8  qui 
76  itmt    78  Mohnrniaent     79  ncns     60  tout 


,  Google 


(Méon  7027-7061) 

Ge  TOfl  Toil  une  vers  comanoier, 
Mais  je  Toa  criem  molt  anoier. 
Se  vos  volez,  je  me  ttànU      • 
Et  ae  TOB  plaist,  je  tob  dirai 
6    ConmeDt  avint  a  laengria 
Qui  ee  leva  par  un  matin. 
Dame  Hersent  l'ot  bien  garde 
Et  de  aes  dolors  respaase. 
Or  iert  toz  gras  et  revelona, 

10   Fel  et  bardis  et  orgaillos. 
Qraot  aleQre  s'en  aloit 
Par  mi  ce  bois  ou  il  estoit 
Enmi  sa  voie  a  encontre 
Un  Tilain  qui  aroit  trove 

16   Un  bacon  qui  eetoit  oheOz 
De  la  obarreete  a  deua  reclus, 
n  le  tenoit  derers  la  bart 
YBengrÎD  vint  de  l'autre  part 
'Ou  vas  F'  diat  il  'esta  iieuc!' 

ao    'A  qoif  fait  il.  'Par  foi  por  eue: 
Ou  as  tu  ce  bacon  enblef*' 
'Par  foi'  iUt  il,  'ûdb  l'ai  trove.' 
Trove?  dont  i  aunù  ge  part 
D'outre  en  outre  jusq'a  la  bart.' 

36   Dist  H  vilains  'en  moie  foi, 

na  main  m.     17  hitr 


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XXI  (Méan  70CiS— 7086) 

Sire  Tsengrin,  et  je  l'otroi.' 
Acompaignie  sont  li  baroD 
Âm  poi  d'enre  por  le  bacon. 
Endementree  que  il  parloient 

80  Et  que  il  départir  Toloient, 
Este  voB  d'autre  part  un  ors 
Qui  lor  est  venuz  de  plain  oore. 
Si  com  il  fa  ileuo  venuz, 
Sot  le  bacon  s'est  areatuz. 

SD   'Et  qui  est  oist  bacon,  danz  lonsP' 
'Sire'  diat  il,  'c'est  a  nos  doQS.' 
Ten  voit'  dist  il,  'ma  part  avoir 
Par  amistie,  non  par  pooir'.' 
Dist  li  vilaine  'et  je  l'otroi.' 

40    'Et  je'  ce  dist  li  Ions,  'par  foi. 
Or  en  soîom  domques  tuit  troi 
CompoigQon  et  par  bone  foi.' 
"Seignor'  fait  il,  'vostre  merci. 
Conquis  m'avez  a  vostre  ami. 

45    Or  le  metez  ci  sor  mon  dos: 
Je  l'^nporteru  en  oest  bos, 
Car  tez  porroit  ici  venir 
Qui  tost  le  DOS  voroït  tolir.' 
Âtant  li  ont  sor  le  dos  mis, 

BO   Ou  bois  se  sont  arrière  mis: 
Sor  l'erbe  gitent  le  bacon, 
S'en  parolent  li  coopaignon 
Conment  il  soit  partiz  a  droit. 
Li  ors  qui  plus  sages  estoit, 

So   Lor  dist  que  n't  est  arestez: 
"Seignor,  se  mon  oonsei)  créez, 
A  nuit  mes  le  lerou  pandant 
A  oest  fol  qui  est  bel  et  grant, 
Et  le  matin  oi  revenroD, 

eo    Et  treetait  troi  doz  eus  mou^n. 


39  EntrsmenIrM  31  toi  maintenaDt  .1.  37  Ja  a.  40  Ce  d. 
1. 1  «t  i«  p.  f.  49  dons  M  LI  l'n«  qui  66  S.  diit  il  oat  me  o.  Apre* 
et  t.  U  nue.  ajoute  Bt  mon  ooniell  oroiro  doIm  Ja  noir  de  rieni  ne 
BMferei     67  lalaon     08  t.  que  aei  oî  f .     60  troi  manque  monterron 


256  XXI  (Héom  7067-7123) 

Et  cil  qui  graiagnor  cul  aura, 

Le  bacon  tôt  en  portera.' 

Ce  dit  li  leu8  'et  je  l'otroi.' 

'Et  je'  fait  li  vilaiiu,  'par  foi.' 
es    Le  bacon  ont  en  haut  leye, 

Et  puis  s'en  sont  tuit  troi  aie. 
Li  bons  bom  vint  en  sa  meson 

Ou  l'atendent  si  enfanoon. 

'Ou  estes  vos'  diit  il,  'dame  Amef 
70   'Je  Bui  ci,  sire'  dist  sa  famé, 

'Por  coi  aves  tant  demoreP' 

'Suer'  dist  il,  qar  je  aî  trovo 

Un  bon  bacon  enz  en  cest  bos, 

E^ns  de  mes  iaulz  ne  vi  si  gros. 
76    Hais  nos  somes  troi  oonpaigson: 

Ses  conment  nos  le  partiront 

Le  matin  irons  la  tuit  troi, 

Si  mouterroQs  noz  eus  tuit  troi: 

Qui  graingnor  oui  porra  moutrer, 
80    Le  bacon  en  porra  porter.' 

Seignor,  famé  est  et  foie  et  sage, 

Et  molt  ohanganz  de  son  oorage. 

Foie  est,  quant  ne  se  set  partir 

D'une  obose  qu'a  en  denr: 
80   Et  sage  est,  oar  qant  eo  li  rueve, 

Tost  a  trovee  une  contniere, 

Et  vérité  dit  por  menconge, 

S'ele  en  a  mestier  et  besoigne. 

Ce  nos  dient  cil  fol  musart, 
90    FluB  que  deables  a  un  art: 

Uus  je  di  ce  en  ma  partie, 

Que  sage  et  foie  est  par  maistrie. 

Moult  fu  sages  cil  qui  ce  dist 

Et  qui  en  son  livre  le  mist: 
95    Selono  les  eures  et  le  tens 

A  bien  meatier  folie  et  sens. 

7S  boii    74  gnit    76  mu»    ffi  m.  e«t  fola  de  o.    86  ou  mmf* 
87  diit    91  ms  mom^m    94  (on  tooat  ta 


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XXI  tMéon  7I2i!-7l58) 

Sfoult  est  famé  de  parfont  ama. 
Et  ceete  priât  moU  bon  porpana, 
Si  a  raconte  son  aaignor 

100   Que  se  il  vient  demain  au  jor,     ^ 
Que  ses  ganiemenz  vestira 
Et  por  le  bacon  s'en  ira: 
Et  se  ce  vient  au  cul  mostrer, 
Orant  fandace  porra  mostrer. 

106    Li  vilains  l'ot  et  puis  e'ea  rit, 

'Par  dieu   fait  i),  'moult  bien  as  dit.' 
Qant  vint  au  jor,  levez  se  sont 
Et  par  le  bois  eodui  s'en  vont. 
Molt  bien  U  ensaigna  la  voie 

IIQ   Jusqu'à  l'aistre  parmi  l'arbroie. 
Et  qant  el  i  est  parvenue, 
Por  le  vilain  l'ont  cooeûe 
Li  duî  baron  qui  l'atandoient 
Besoz  le  fou  ou  il  estoient.  B 

115    II  li  ont  dit  sire  vilain, 

Dame  dieu  vos  doiot  hui  bon  main  !' 
Primes  parla  Patous  li  org. 
Beignor'  bit  il,  ja  est  granz  jorz: 
Faites  tost  ce  que  vos  devez. 

120    Sire  Ysengrin,  vo  cul  mostrez!' 
'Sire'  dist  il,   molt  volentiers, 
Or  me  dites  conment  premiers.' 
'Son  cors  estent  on  par  devant.' 
Puis  par  derrière  en  eatupant 

126    Lîeve  sa  qeue,  le  cul  bee: 
Jusques  leanz  parmi  l'antree 
Li  puet  on  veoir  es  boians, 
Tant  par  est  larges  li  tuiaus. 
"Sire  Ysengrin'  ce  dit  Patous, 

180   'Molt  est  vos  eus  granz  et  estouz. 
TilÙDs'  fait  il,  'or  estupezl 
Le  vostre  cul  remosterrez.' 


97  tnanque     104  porroi     1 10  l«rboie    1 17  patou  li  ri 
126  paroii]  deiUnt     138  longei     139.  147.   IDH  pntui 
«EN  ART  II. 


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258  XXI  (Uion  71Ci9~7i8«) 

Celé  a  ses  braies  avaleea 

Qu'ele  avoit  a  aon  cul  fermeeB. 
186    Ele  a  fait  Iftrge  enforobeûre, 

Por  bien  moatrer  oele  nature 

SoD  ohief  mist  bas  por  estuper. 

CSI  la  prenent  a  regarder: 

Tant  §'eQ  est  Fatoua  merveilliez, 
140  De  son  pie  deatre  s'eat  eugoiez. 

'Nomini  dame'  dist  li  leu, 

'A.  ce  col  deviaent  tait  treu. 

Se  ioe  la  eat  trestont  cua, 

A  icestai  ne  ae  praot  nus. 
14a    II  m'est  avis'  ce  diat  li  leus, 

'Par  foi  que  g'i  voie  deus  treas.' 

Ce  dut  Patona  'gturde  de  prea, 

Se  del  reoir  ea  ai  engrea! 

Je  n'i  ai  aoîng  d'aboeater, 
IfiO   Ne  m'i  estuet  point  alamer.' 

Oele  lor  dtat  'or  eacoutez, 

Hea  eus  est  tous  aooatumez 

Soient  de  bod  ool  afiebier: 

Por  w  l'ai  ge  tout  tens  plua  obier.' 
IDft    Ce  diat  Patoua  Taengrin,  fuite  I 

Alon  noa  an,  clamona  li  quite. 

Bons  faom'  fait  11,  'pren  le  bacon 

Et  ai  l'en  porte  en  ta  meeon.' 

Ele  ai  fiât  et  lieve  ans. 
160   De  eeate  branobe  n'i  a  pins. 

1S8  Cel  »    1S4  Qe  lei  «.  an  0.  r.    189  p«tM    141  leui    Uîtrva 
145  le  li  n.  reiponda  li    146  f.  diit  il  gi  noi  lent  t. 


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(««on  197B9~1979B) 

Mainz  hoo  puet  tel  chose  teair 
Qui  autrui  venroit  a  ple§ir, 
8'ele  ert  oonue  et  deacoverte. 
Por  ce  est  fous  qui  doue  a  perte 
fi    Bêle  avanture,  quant  il  l'ot. 
Estraire  en  doit  aucun  bon  mot 
Dont  il  puiee  cee  resbaudir 
Qui  son  ooDte  volent  olr. 
G'en  di  por  ce  une  avantare 

10    Ou  ge  ai  mis  toute  ma  cure. 
Ge  l'oî  dire  a  us  veiUart 
Qui  sages  iert  et  de  grant  art. 
Li  contes  est  traiv  dou  gorpil, 
Ne  raies  pas  por  ce  plus  vil: 

15   Car  toute  en  est  l'estoire  voire 
Si  oonme  en  lo  nos  fait  acroire. 
Ce  fu  li  voira  que  Chanteders 
Et  Ysengrins  et  Brichemera 
Et  dant  Renart,  si  con  moi  sanble, 

SO   Firent  un  grant  esaart  ensanble. 
Bricbemera  aa  cornes  agues 
En  R  les  ooiobes  eemeQes, 
Chaoteolere  grata  les  racines, 
Et  YsengriD  as  fore  escbines 

25    Et  as  espaules  qu'il  ot  forz, 

it  cil  t.     5  Roue     16  con     32  e*meD< 


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:eO  XXII  (U4on   197tM-lflt*») 

Ed  a  gite  lea  coiches  hors. 

Kenart  qui  tôt  le  mont  decoit, 

Qui  de  mal  faire  ne  recroit, 

Esta  selonc,  si  les  semont. 
30    'Or  tost,  augnor,  faites  grant  mont! 

Je  garderai  que  nus  ne  veîngne 

Qui  baston  ne  espee  taiugne 

Dont  il  nos  puisse  faire  mal.' 

Lors  garda  amont  et  aval, 
Sft  Bien  sot  son  cul  ariere  traire, 

Que  il  n'ot  cure  d'ovre  faire. 
Qant  il  orent  par  lor  pechie 

Le  bois  deront  et  despeoie, 

Renart  parla  tout  premeraina 
40   Qui  n'estoit  pas  fous  ne  vilains. 

Beignor,  cî  a  grant  chanp  de  terre. 

Or  avons  mestier  de  bien  faire: 

Or  devons  panre  tel  porpens 

ChasouDS  de  nos  selon  son  sens, 
4&    Que  nos  tel  chose  i  semisiena 

Dont  nos  raparisent  fusiens. 

Qu'en  dites  vos,  dant  Brichemer, 

Et  vos,  biau  sire  CfaanteclerP 

Dites  que -vos  en  est  avis.' 
.  5     Cbantecler  en  gita  un  ris. 

Si  respondi  assez  briement 

"Sire  Renart,  mien  escient, 

Moult  drue  chanvre  i  oroiatroit 

Qui  ohanevis  i  semeroit. 
66  Li  grainz  en  est  douz  a  meng^er. 

Maintes  foiz  m'a  ed  mestier, 
"  Et  de  la  tile  a  on  argent.' 

Brichemer  dist  par  maltalent 

Que  ja  chanvre  n'i  ert  aemee. 
60  Xa  terre  est  de  novel  sartee: 

Bien  i  puet  on  orge  semer, 

83  poiMstit    43  denrion»     47  Qnsot     68  eroatroil     U  HtiiMM 
}  dit     69  «emenen 


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XZU  (H«on  19830-19666) 

8e  vos  le  volez  oroaster, 
Et  je  l'otroi  de  moie  part' 
Ysengrin  Vem  fist  ud  regart, 

6(    Si  li  a  dit  irieement 

'Dant  Briohemer,  a  to  talent, 
Ce  sachiez  vos,  n'ira  il  mie. 
Maudabez  ait  qui  al  l'otrie! 
Q'ainz  celé  foiz  ne  men^i  d'orge 

70    Que  n'eOaee  mal  en  ma  gorge. 
Mes  se  Renart  de  ca  l'otroîe. 
Semons  froment  en  oeete  roie: 
Ceo  est  le  tnieuz,  quar  toute  rien 
Vit  de  froment,  oe  set  l'on  bien.' 

76    Renart  respont   biauz  douz  oonpere, 
Bien  ait  l'ame  de  voatre  père! 
Ja  n'en  serois  par  moi  desdiz, 
Ce  est  le  mieuz,  jel  vos  pleviz. 
Or  panaons  donc  de  tost  semer. 

80  3^û  o!  les  grues  chanter 

Qui  Doe  teemoingnent  par  raison 
Que  de  semer  avons  saison.' 
Qui  dont  velst  gens  eaploitier, 
L'un  semer  et  l'autre  bercier, 

86   L'autre  ces  coiohes  aOner 
Et  les  ramilles  fors  porter, 
Et  pnis  aprea  bien  rasteler. 
De  bons  gergenz  li  puet  menbrer. 
Tost  fust  la  chose  a  droit  point  mise 

90   Qui  de  tel  gent  fust  entreprise. 
Qant  semez  fn  toz  cil  eeearz 
Et  bien  enclous  de  toutes  parz, 
Renart  qui  moult  estoit  sentis, 
Sas  on  estoc  s'estoit  asis  : 

W   Dont  apele  ses  conpùgnona 
Et  ai  fu  tele  sa  raisons. 

Beignor,  oeste  gaaignerie 
Ne  sera  ja  par  nos  partie. 


00  «iei    63  ntan^    8(  reie)er    6H  bon  MrK«qt    91  oist    96  I4 


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262  XXII  itUon  19867—1990!) 

Tuit  eosenble  la  ouelteions 
100   St  enseoble  la  mengerons 

En  iver,  qant  il  gèlera, 

Qant  TÏende  ne  trovera 

A  ohanp  n'en  bois  oiaiaus  ne  béate.' 

Taengrin  a  jure  Ba  teste 
105    Que  ja  par  lui  n'iert  destorne: 

Lors  l'ont  11  autre  créante. 
Dant  BrichemerB  grant  aleûre 

S'en  repéra  en  sa  patore. 

Et  Teeogrîn  s'en  est  tomee, 
110   En  la  forez  s'en  est  entrée 

Kuit  et  jor  por  querre  Tieode, 

Car  autre  déduit  ne  demande. 

Et  Cbanteclers  revint  volant 

  ses  gelines  mûntenant 
115   Qui  mcMilt  l'avoient  atendu, 

Ne  l'aToient  pieoa  veû. 

D'autre  part  vint  Renart  sa  voie, 

Far  ces  eesans  Ta  qaerant  proie. 

Si  départent  li  conpaignon 
130   Saoz  mautalent  et  sanz  tanoon. 

Qant  vint  en  guing  qu'il  fait  grant  chatU, 

Que  cil  ble  sont  crefl  es  haut  B  117 

Et  espie  et  tuit  greou, 
^    Et  Taengrin  qu'ot  poil  chenu 
135   S'en  vint  traiant  a  un  mainil, 

Béates  vit  paître  en  un  cortiL 

Tresaut  la  haie,  s'en  prent  une. 

Uea  il  li  a  fait  tel  rancune 

Et  ai  la  va  eaperonnant, 
lan   La  pel  don  dos  li  va  oatast, 

Car  il  ne  volt  laiaaier  aa  proie. 

Tant  a  aie  que  tootevoie 

Parvint  la  nuit  a  son  reoet. 

Qant  il  fu  eomi  la  forest, 

B8  ia  a  droit  p.    99  eueadrona    lOt  gtiw^    104  gmrw    107  QmI 
122  blej    126  traient    127  Toie    181  Toit    188  rsoeat    134  vn 


'c* 


XXIt  (Mâou  19903-19986) 

136  La  a  sa  proie  deflohargie, 
Isnelement  l'a  deepeoie 
Qa'il  d'î  laissa  ne  pel  ne  os, 
8i  ta  enflez,  bargia  et  gros 
QV  poine  puet  on  pas  passer. 

140    Lors  se  conmenoe  a  porpanser, 
Ja  ne  porroit  don  pas  issir, 
Se  besoing  avoit  de  fouir. 
Tout  sonavet  ist  dou  bouchel. 
Far  une  sente  d'un  Tanoel 

14&    S'en  vint  tout  droit  a  cel  eesart 
Ou  il  avoit  la  quart  part. 
Porpensa  soi  qu'en  oel  froment 
Prendra  il  son  reposement 
Tant  que  la  chaleur  soit  cheûe 

ICiO  Et  la  viande  desoreûe 

Dont  il  avoit  si  plain  le  ventre. 
Ala  avant,  ou  froment  entre, 
Si  se  coucha  enz  el  plus  dru: 
Defole  l'a  et  absto, 

160    Lors  conmenoa  haut  a  uller. 
Atant  este  vos  Briohemer, 
Moult  se  merveille  qui  c'estoit. 
Celé  part  est  vena  tout  droit, 
AIb  avant,  si  l'areena 

160   'Por  le  oner  bieu  qui  voi  ge  laP 
Sire  ïsengrin,  par  qui  congie 
Avez  œst  ble  si  despecief 
Est  ce  donc  chose  abandoneeP' 
Lî  leus  a  la  teste  levée, 

16&   Si  reepondî  en  soupirant 
'Biau  oonpere,  venez  avant 
Et  si  veez  ma  maladie: 
Je  soi  tonz  plains  d'itropisie. 
8e  m'orine  aviez  veûe 

170  Et  m'anfennete  oonoefle, 


14S  tWMhet    148  il  nwngue    IftS  oonohe  tôt  Mtandil     1Q6  Ceh 
160  dira  • 


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XXn  (Méon  10939-19974) 

YoB  savez  tant  de  la  fistque, 
Biea  me  guerrez  d'eatre  itropiqoe.' 
Briohemer  respont  mainteneot 
'Ja  dame  dex  moa  oors  n'ament, 
.175   8e  je  soi  ooqaes  riens  d'ouriae, 
Ne  ne  aai  rien  de  médecine 
Ne  de  plue  ue  de  poison 
Don  donne  a  autrui  garison. 
Ja  par  moi  garison  n'aurez. 

]60    Mes  s'iere  un  poi  desgeûneB, 
Plus  en  aeroie  nn  poi  haitiez.' 
Ysengriu  dist  'aies,  paissiez 
De  oel  froment  enz  ou  plus  dru. 
Ja  ne  sera  par  moi  seû 

185   Que  ja  i  aiez  atouchie, 

De  moi  avez  vos  bon  oongie.' 
Lors  en  menja  tant  Bricliemer 
Que  il  fu  grous  et  bien  enflez, 
Puis  vint  gésir  lez  leangrin, 

190   Qui  n'avoit  pas  ventre  frarin. 
Cel  jor  avint  par  avaotnre 
Que  Cbantealers  queroit  pasture. 
Celé  part  vint  tout  droit  volant, 
Ysengrin  a  veâ  gisant 

106   Et  Bricbemer  dejoste  lui. 

Moult  par  li  vint  a  grant  anoi, 
Et  plus  li  fil  de  son  domage: 
Car  il  n'avoit  plus  d'eritage 
Q'an  ioel  essart  seulement. 

aoo    II  lor  a  dit  par  maltalent 

'Seignor,  ce  n'est  mie  par  moi 
Ne  peir  Renart,  d  oon  je  croi, 
Que  vos  avez  fait  oest  outrage: 
Ouques  mes,  jor  de  mon  sage 

300    Ne  vi  faire  tel  desraison. 
Erre  avez  oonme  larron 


171  fntiia    172  goerriei      dedropiaie    178  Don  donne     gùi 
180  Bunpoi  iere    190  Qui)    19S  loq  drgil  voleqt    194  ^^t    908  « 


'c* 


XXn  (Hioii  19S76-30010) 

Yen  moi,  dehaiz  to  oonpaignie! 

Vos  i  avez  to  foi  mentie. 

Se  je  lea  ooas  tant  ne  doutasse, 
210   De  traïson  vos  apeloaae: 

Certes  bien  Tarez  deserri 

SeloDC  l'uevre  qae  je  Toi  ci.' 

Ysengrin  l'ot,  si  s'aiEra, 

De  maltalent  ee  herica, 
21&   Qant  il  s'ot  tenir  por  pargnre: 

Entre  ses  denz  forment  en  jure, 

S'il  puet  os  mains  le  coc  tenir, 

Il  li  fera  les  denz  santir. 

2fe  mostra  pas  son  mautalent, 
220   Einz  reapondi  Heneement. 

'Chantecler'  fait  il,  'par  saint  Jorge, 

Je  ne  Toil  pas  que  dus  a'amorge 

A  moi  reter  de  félonie. 

9e  Toe  aTez  dit  to  gorgie, 
225    Hianz  tos  reniât  par  saint  Orner 

Q'anoore  fust  a  porpanser. 

Bien  la  tob  cuit  encor  merir, 

Se  je  en  puis  en  leu  Tenir. 

Hais  or  o'aTez  ros  do  moi  garde: 
2B0   Haas  feus  et  maie  flambe  m'arde, 

S'onquea  rers  roe  ne  rers  Renart 

Quis  tricherie  ne  barat, 

Desloiaute  ne  tr^w)n. 

Hais  por  îtant  que  conpaigDon 
386   ÂTons  este  de  cest  essart, 

Or  en  prenez  ro  droit»  part 

Endemantiers  que  il  ros  loist: 

Ne  quidiez  pas  que  il  ni*en  poist.' 

Lors  desoendi  li  cocs  a  pie, 
340   Qui  don  froment  a  tant  mengie 

Q'ainz  ne  se  pot  d'ileuc  partir, 

Lez  Ysengrin  e'ala  gésir.  B  118 

n  00»     218  un  ira    220  ■enremeot     2*23  ne  mançut     skin 
2S7  TM  manque      Moojra    286  Man    387  dm  luit    289 


,  Google 


XSU  (Méon  20011— 20016) 

Ataat  es  vos  Benart  traîaDt 
Parmi  la  sente  d'un  pendant: 

240    Ses  coapaigQOiiB  ouidoit  nODoier, 
Qant  lor  blei  seroit  a  soier. 
Qant  il  le  vit  ai  defonle 
Et  abatu  et  estrepe, 
(D'autre  part  veoit  oaua  gésir, 

300  L'un  delez  l'aatre  fer  dormir) 
Iriez  en  fu,  maz  et  doleuz, 
Ed  bas  a  dit  entre  ses  dene 
"Se  tIb  esohaper  en  cuidasse 
Et  que  dou  mien  plus  n'i  laissase 

366    Que  de  mes  quises  lea  braoQs, 
Je  oceïsBe  oez  gloutons 
Qui  vers  moi  se  sont  parjure,' 
Ysengrin  a  le  chief  love, 
Si  a  Eenart  aparoetl 

260   'Willecome,  bien  Teignes  tul 
Renart,  quar  vos  venez  seoir, 
Moult  vos  dedrroie  a  veoir.' 
Renart  ne  pot  ua  mot  soner, 
De  maltalent  priât  a  tranbler 

203  Et  diflt  'je  ne  tob  sala  pas, 
Sire  Ysengrin,  par  saint  Tomaa, 
Ne  ces  autres  qui  id  sont 
Qui  domage  et  honte  me  font 
Menti  m'avez  de  covenaDce 

270   Et  trespase  rostre  Senoe, 
Fiz  a  putains,  desloisus  cous.' 
'Renart,  ce  n'est  mie  de  vous' 
Diat  Ysengrin,  'que  cous  soie. 
Un  serement  vos  en  fetoie 

276   Que  a  Hersant  ma  douce  aoiie 
JS'eiiBtes  part  ne  conpaignie. 
Si  TOB  en  iestee  vos  vantez. 
Mes  par  mon  cbief  vos  i  mantra: 


248  ttaÎMt]  aUnt    244  pnadknt    SU  î    95t)  tU  e.  ■»    W  h 
2e0  Tkigno    37L  FU    278  voii 


,  Google 


XXII   OUon  90047— aOCWS) 

Q'an  oeate  terre,  dieu  merci, 

280   N'a  plus  loial  dame  de  lui: 
Ele  CD  a  bien  le  teemoignage. 
Hais  se  je  vos  ai  fait  damage, 
Si  en  querez  vostra  droiture 
Isnelement  grant  aleûre. 

285    Je  ne  Bui  pas  en  voz  dangier 
Ne  ne  tos  ai  mie  tant  chier 
Que  TOfl  en  face  droit  n'amande, 
Ne  nul  escondit  vos  en  reode. 
Foi  que  doi  Noble  le  lion. 

290  Ne  Maopettnis  ne  fort  doigon 
Ten.  mot  ne  tob  garentiroit, 
Se  por  la  pes  ne  remenoit 
Que  lî  rois  m'a  fait  fieocier. 
Se  ne  lî  quidasae  anuier, 

296   Dou  plicon  D'eaportisiez  mie. 
Mu-  m'apelaates  foi  mentie, 
Filz  a  putain,  rous  Tenimens. 
Ues  anémia  lestes  mortieiu, 
Onques  n'aiez  vers  moi  fienoe. 

800   Foi  que  je  doi  Hersant  la  franche, 
Je  Toa  ferai  un  saut  saillir, 
Aine  que  voiez  aoust  venir.' 
Renart  voit  Ysengrin  irie 
Et  de  maufere  encoragie. 

806   Si  respondi  aaez  par  een 
'À  letue  Jérusalem 
Je  Toe  envi,  sire  Isangrin, 
Droit  a  la  oort  le  roi  Conin 
Yoa  et  Toz  antres  coupaignons  : 

310   La  nos  départira  raisons.' 
Ysengrin  diet  'maldahez  ait 
Cil  qni  cest  enviai  vos  lait. 
For  droit  faire  et  por  prendre  droit 
Yoil  ge  bien  que  chascnna  i  eoit.' 


380  laiAl     2Se  UBt]  si     88S  «saoBâiiit     399  narcs     803  i 
810  rkiMOm 


,  Google 


268  XXII  iHéon  200e3--201 18) 

815   Einai  l'cmt  tuit  aoreente. 

Eb  Toe  Benart  d'ileno  tome. 

Einz  puis  n'ot  gtàrm  de  eejor, 

Ne  De  fina  ne  nuit  ne  jor 

Tant  qu'il  vint  a  la  cort  le  roi. 
SSO   La  trova  il,  si  coa  je  croi* 

Ysenpïn  et  sa  oonpalgoie 

Qui  la  defors  s'estoit  logie: 

OnquM  UD  soûl  n'en  salua. 

Par  un  guichet  leanz  entra. 
333  Xti  roi  salue  hautement 

Si  conme  cil  qui  sagement 

SaToit  bien  dire  sa  raison. 

'Sire  rois,  grant  ben^con 

YoB  doint  li  filz  sainte  Uarie 
sao  Et  toute  Tostre  conpaignie! 

Li  rois  ne  tint  soie  pereece, 

Contre  Benart  moult  tost  se  dresce. 

Si  l'a  dejoBte  lui  acds. 

Car  il  estoit  moult  ses  amis. 
385   Li  rois  une  beohe  tenoit 

Qui  d'autre  meatier  ne  aerroit 

Que  de  COQS  faire  seulement. 

Hais  nés  feaoit  ne  bel  ne  gent, 

Que  qaut  la  ploie  aroit  fandue 
340   De  la  beobe  grant  et  moine, 

Si  remenoit  hideuse  et  grant: 

Ne  ja  ne  reclousit  nul  tena, 

Que  demie  aune  a  grant  mesure 

Ne  parut  bien  la  fandeùre. 
840       Renart  moult  s'en  esmerreîlla. 

Le  roi  Connin  en  apela, 

Demanda  de  celé  overture 

Qui  si  estoit  laide  et  oscure: 

Por  coi  l'aToit  faite  si  grant, 
860    Qar  onqnes  mes  a  son  Tivant 

816  dileui    319  Dm  q.     »8  Si  r.    8S9  le  01    S31  mi    SS8  mil 

846  Li  roia 


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XXII  (M4on  301ia-â01M) 

N'avoit  veû  ptaie  aanz  fonz, 
JSe  ne  resanbloit  mie  coiu. 
'Benare'  oe  reepondi  11  rois, 
'K'iestes  pas  sages  ne  oortois 

305   Qui  blâmez  ce  que  toz  H  monz 
Sert  et  requiert  a  geDoillons: 
Ce  est  uns  cens  que  j'ai  ci  fait.' 
'Sainte  Harle,  sont  si  lait 
Tuit  li  autre  conme  cist  estP' 

S60   'Oïl,  se  dîex  santé  me  prest. 
Car  tait  sont  en  une  coing  feni 
Et  de  ceste  beohe  fandu.' 
Rfloart  respont  en  souriant 
'Sire,  je  m'«n  terai  atant, 

36S    Que  nus  hom  ne  doit  cou  blâmer. 
Ues  moult  i  porroit  amander, 
Sire,  se  tos  m'en  créiez.' 
'Conment,  Kenartf  "Vos  preiasiez 
Un  col  de  cerf  fort  et  tenant 

370   Qui  escorohiez  fust  maintenant, 
Set  meïssiez  tout  au  travers 
A.  poiz  et  a  gluz  bien  aers. 
Quant  la  ploie  fust  départie 
Et  de  ceet  cuir  estroit  lacie, 

876    Ne  fussent  mie  si  hideus 

Là  dui  pertuis  con  li  un  seus. 
Cil  de  deseure  fust  li  cous 
Et  cil  desoz  li  plus  reonz 
Fust  eus  par  autele  manière 

380   Que  U  eus  doit  sler  derrière.' 
là  rois  se  tut,  si  l'esgarda, 
Enz  en  son  oaer  se  porpansa 
Que  se  li  oons  aloit  desus, 
Par  coi  desoz  refust  li  eus 

386    Si  com  Renart  li  enseignoit, 
La  chose  moult  amanderoit. 


a6Sr««Mble  3A6  ■onriant  BOBUm  manque     porrira  368  tondent 
37lt  Lan  dM  p.  roame  li  den«    381  r.  Mtut    384  dMB« 


,.  Google 


ZXn  (H«oii  9015&- 90190) 

'Renart'  dïst  il,  'ta  me  diz  voir, 
Hoult:  par  îes  plains  de  grant  Bavoir: 
Qantqae  tu  diz  est  veritez. 
890   Mes  je  ne  aai  ou  fnst  trovez 
Li  coua  de  cerf  qai  la  fuat  mis, 
Q'ainz  n'en  vi  nul  en  oeat  pâte.' 
Renart  l'entent,  moult  en  fa  liez. 
"De  folie  vos  eemaiez. 

89fi    A  celé  porte  la  defors, 

En  vi  ge  un  et  gnnt  et  groe. 
Fieca  qu'il  fust  cefflie  entrez, 
Se  li  poetiz  fnst  deefermez.' 
Li  rois  mêlâmes  se  dreca 

400   ^ers  le  postiz  moult  toet  ala, 
Si  l'a  overte  ianelement. 
Brichemer,  qui  son  plait  atent, 
Voit  que  délivre  estoit  l'entrée. 
Leenz  ae  fiert  taiste  levée, 

406    AÏDZ  conpain^on  n'i  atendi. 
Li  rois  les  trives  li  rendi. 
Par  les  oomei  aa  mains  le  prent: 
Une  grant  macue  destent, 
Si  l'en  dona  parmi  la  teste. 

410   Renart  li  fous  en  ot  grant  feste, 
Qant  il  le  vit  ageaoillier. 
'Tuez'  dist  il,  'ceet  pautonier: 
Que  onqaes  jor  de  son  aage 
Ne  vesqoi  sanz  autrui  domage. 

416    Pieca  qu'il  defist  estre  ocis, 
Se  droiz  alast  par  cest  païa.' 
Li  roiz  tint  un  ooutel  a  pointe, 
Dou  ool  a  la  teste  desgointe, 
S'antiûUa  fors  don  ohaaignon, 

420  A  travers  l'a  mis  sor  le  oon. 
Bien  l'atacha.a  fort  ciment. 
Bien  est  mestier  que  toujon  tent 


899  m.  toit  M      406  Et  T.  la  porte  an-  ■.      404  8a  Swt  I«>m 


■  Google  . 


XXII  (H«oii  90191-90996). 

Si  âuremeiit  que  par  un  pou 
Ne  revie^ent  a  on  li  trou. 

436       'Renan'  fait  li  rois,  'biauB  amis, 
Fait  ai  ce  que  tu  m'as  apria. 
Or  gai  de  voir  qu'en  mon  vivant 
Me  fia  chose  qui  raosit  tant.' 
Qant  Benart  vit  que  an  roi  plot, 

430    De<lanz  son  caer  ^ant  joie  en  ot 
De  ce  que  li  rois  s'acordoit 
À  ce  que  il  li  ensaingnoit. 
'Sire,  bien  avez  esploitie, 
Qant  vos  avez  estroit  lacie 

430    Le  ouir  a  la  forte  corroie. 
Or  n'est  mie  si  ^ant  la  roie 
Ne  Bi  hideuse  a  esgarder. 
Por  ce  poez  vos  bien  prover 
Q'ovre  avez  moult  sagement. 

440   Fait  avez  le  conmencement 

Del  oon,  mais  moult  i  a  a  faire 
Encore  eincois  que  oiat  conpere. 
La  fonse  en  est  grant  et  parfonde, 
N'a  si  hideuse  en  tôt  le  monde. 

446   Qui  orandroit  desor  vanroît 
Et  dedanz  aboesteroit, 
N'i  a  chose  ne  dedtomast 
Que  de  ci  au  fonz  ne  gardast, 
Se  il  le  fonz  poïst  vetr. 

4N)  Mes  ce  ne  pprroit  avenir. 
Sire,  ce  n'est  marliere  viez 
Ne  grant  fouaez  ne  parfont  biez, 
Ainz  est  abimes  vroîement, 
Car  nuls  diose  fonz  n'I  prent. 

466    Je  ne  881  que  je  vos  en  die  : 
C'est  li  goufres  de  Satenie 
Qui  tout  engloDt  et  tout  reçoit. 
Hais  or  sachiez  qui  preoderoit 

9  p«a    4-24  renient  a  .{.  le  p«rlr«a    4S9  ploet     430  ei 
gruide     446  «beoileroil     463  Teroienent 


,  Google 


272  XXII  (Héon  Q(B27-2(»e3) 

Une  croate  de  coc  vermeille, 
460    Si  l'atachaat  en  celé  raille 

Que  TOB  aveE  ileuqoee  mise, 

Qui  le  cul  et  le  con  devise, 

Un  poi  estonperoit  l'entrée. 

Dont  ne  seroît  pas  si  baee 
46&   Celé  fouse  qui  toujors  ovre 

Por  oe  que  unie  riens  nel  cuerre: 

N*i  osera  nos  aproohier, 

Car  il  ouideroient  noier.' 
Li  rots  Conoins  entent  et  voit 
470   Que  Renart  bien  le  conaeiUoît. 

Merreilla  soi  moult  durement 

Ed  que)  manière  ne  conment 

Renart  ae  puet  de  ce  manbrer: 

Car  toujorz  poÏBt  il  panser 
470    Que  il  de  ce  s'aparcefist, 

Se  li  consauz  Renart  ne  fust. 

Benart'  fait  il,   moult  par  ies  sages. 

Je  Bai  de  voir  que  mes  ovrages 

Âmenderoit,  se  o'iert  tenu 
460    Que  tu  m'as  ci  amenteQ. 

Mais  je  ae  sai  ou  prenderoie 

La  creste,  que  point  n'en  aui-oie,  B  120 

Ne  je  ne  la  sauroie  ou  quârre: 

Q'ainz  ne  vi  coc  en  ceste  terre.' 
46&    Renart  parla  qui  fu  senez 

"Sire,  se  croire  me  Tolez, 

De  oe  bon  conseil  vos  doarai. 

Hui  main  quant  je  ceenz  entrai, 

Yi  Chantecler  la  fora  loj^er 
490    Desor  la  branche  d'un  pomîer: 

Durement  ooloioit  ceenz. 

Sire,  je  sai  de  voir  et  pens 

Que  Tolentiers  i  enterrott, 

Qui  la  porte  li  overroit.' 

468  e«lonp«re:!    475  Qftnt    48B  Ne  manque    486  donroi    49S  Sin 
manqve      «t  pen*]  a  encîcnt 


,  Google 


XXII  (MeoD  20268—20998) 

4!<5    'Renart,  va  li  donques  ouTiir, 

Et  se  il  TÎaut  ceenz  venir, 

Garde  que  n'i  soit  deetorne, 

Qu'il  n'i  entre  a  sa  Tolente.' 

Maintenant  saut  Renart  en  piez 
nOO    Qdï  moult  en  fu  joient  et  liez, 

Q'adono  Bot  il  bien  eanz  faillance 

Qu'anroit  de  Chantecler  vengeDce. 

LoH  postiz  va  desverroûlier, 

Et  Chantecler  cuida  plaidier: 
6(10    Yoit  que  la  porte  eetoît  overte, 

Ne  s'aparcnt  point  de  aa  perte. 

Laienz  ge  fiert  tout  a  bandon, 

N'atendi  per  se  conpaignoo, 

Kenart  a  le  postiz  reclos. 
Oia  Dont  primes  e'aparcut  ti  cos 

Que  traïz  iert,  qant  Brichemer 

Vit  à  la  terre  peester. 

Autretel  atandî  de  lui, 

Bien  set  de  voir  que  sanz  anui 
fil5   Ne  partira  de  cort  hnimars*: 

Car  il  n'auroit  trives  ne  pais 

De  Renart  qu'a  ïleuc  veu 

Qui  tout  cest  plait  li  a  meii. 

De  morir  a  moult  grant  peur. 
&30   Ne  Renart  n'iert  mie  aseur 

Qui  se  doute  de  l'eachaper. 

Volontiers  li  alast  dooer 

Un  coup  on  deus  de  livroison 

Parmi  la  teste  d'un  baston,  • 

525    Car  moult  doute  chose  volant. 

Li  rois  s'est  dresciez  en  estant, 

Chantecler  par  la  teste  prent. 

'Vasal'  fait  il,  'sanz  jugement 

Fertà  de  vos  ma  volente, 
580   Quant  je  vos  si  si  près  trove  : 

I9R  r.  ouurir    4B7  qui     &I8  In  p.     618  paor     629  iio1<>nt 
a» ART  n.  18 


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274  XXn  (Méon  3ÛS90-»»»] 

S'il  TOB  en  poise,  ne  m'en  chaille.' 

Renart  un  rasouer  U  baille 

Dont  il  a  la  creste  coupée 

Qui  grant  estoit  et  oretelee. 
035   Eomi  le  con  aaise  l'a 

Si  corn  Renart  li  devba. 

Et  qant  il  Toi  iteuc  assise 

Par  grant  sen  et  par  grant  devise, 

Si  fa  la  creete  grant  et  lee 
6iO    Qu'ele  estoupa  toute  l'entrée. 
Vos  qui  en  con  Teû  avez 

Et  de  con  vos  entremêlez, 

Savez  bien  que  ce  senefie. 

Les  dames  l'apelent  lendie 
646    Por  ce  qu'ele  est  enmi  le  con. 

Encore  adonc  n'avoit  nul  non. 

Hais  puis  li  ont  les  damée  mis 

Qui  le  non  nos  ou  ont  apris. 
Moult  fu  li  rais  Connins  baities, 
060    Qant  li  cous  fu  apareilliez 

De  la  creste  et  du  chaugnon, 

Qu'adonc  primes  senbla  ce  con. 

'Renart'  dit  U,  en  tôt  le  monde 

Qui  cercfaeioit  a  la  raonde, 
565    N'i  troveroit  home  si  sage 

Conme  tu  ies  de  ton  aage. 

Moult  me  mervoil,  dont  si  grant  sens 

T'est  venuz  ue  si  grant  porpena 

Conme  je  foi  ci  deviser.' 
•      660    'Sire,  tout  ce  laissiez  ester, 

Qu'asez  avez  de  ce  plaidie. 

Un  con  avez  ci  conmencie, 

Mais  il  n'est  mie  encore  faiz.' 

'Conment,  Renart,  n'eet  il  donc  tfàif 
565   'Nanil  d'assez.'    'Di  moi  por  coi.' 

'Yolontiere,  sue,  par  ma  fol 

631  Si  T.     me  o.    546  manque    64B  nui  hoa   651  ahaifcnan  ^i 
■enbla    661  Quel     637  aertoil     061  parle 


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XXII  tHioB  20836-20870)  275 

Barbe  li  faut:  ae  barbe  eûst, 

PluB  biaQB  et  miauz  seeaz  en  fust.' 

'Or  me  di  donques  que  vaudroit 
S70    La  barbe  qui  la  li  mestroit.' 

'3ire,  ele  coverroit  le  con 

C'en  voit  enmi  tout  a  bandon, 

Et  cele  oreate  et  cel  coueigne. 

Sire,  conment  que  il  avaingoe, 
575    Se  mes  coneauz  en  iert  creOz, 

La  barbe  iert  mise  par  desus. 

Yilain  qui  ne  a'i  connoistroit, 

Por  sa  barbe  bien  cuideroit 

Que  oe  soit  d'un  haut  puis  l'entrée 
580    Qui  d'un  buison  soit  eatoupee. 

Car  mainte  foiz  avons  veii, 

Qant  en  un  puis  est  on  cheû, 

Li  paTsant  d'entor  le  huent 

Qne  lea  beatee  dedenz  ne  chaient. 
585    Autel  quideroit  ci  trovcr, 

Ja  n'i  oseroit  abiter. 

Cortoiao  gent  qui  ce  sauront, 

Js  por  la  barbe  nel  leront, 

Einz  l'en  auront  aaaez  plus  ehïer 
6H0   Clere  et  borjob  et  chevalier.' 

'Renart,  je  voi  bien  et  entent 

Que  me  conseilles  loiaumeot. 

Or  saches  bien  de  vérité 

Que  aÎQz  m'aura  dou  cora  oste 
695    La  barbe  qu'ele  n'i  soit  mise, 

En  quel  terre  qu'ele  soit  prise.' 

'Se  la  bwbe  volez  avoir, 

Ja  ne  vos  en  covient  œovoir 

De  ci  dedanz  vostre  maison, 
eno    Se  croire  volez  ma  rtùson. 

Foi  que  je  doi  Hersent  ro'amie, 

Caienz  einz  eure  de  conplie 

509  qas    670  la  manque    57-2  emi    583  piisenl    684  lepnx    58S 
quidrront     580  nsPTonr     WO  liii>n]  moult     5M  Corc    598  «n  mangue 


276  XXII  (Mion  20371^20406) 

^OB  amenroi  dant  Isangrio.  B  121 

Je  le  Tt  seoir  bui  matia 
G05    lia  defore  devant  celé  porte. 

Une  graDdime  bure  aporte, 

Boue  eateroit  a  cel  meatier.' 

'Diex'  dist  li  rois,  'quel  conseillier! 

En  tôt  le  mont  ne  eaî  son  per. 
RIO   Ta  li  la  porte  deffermer.' 

'Yolentiers,  sîre'  dist  Renart 

Qui  n'iert  mîe  lenz  ne  ooarE: 

Lors  li  desserre  le  poatiz. 

Ysengrin  o'îert  pas  endormiz, 
eis   Saut  sua,  ne  fist  pas  chiere  morte: 

Qant  vit  qn'oveite  fu  la  porte, 

Laienss  se  fiert  tôt  a  eslais, 

Devant  le  roi  vient  ou  palais. 

Qant  sanz  oreste  vit  Chaotecler 
620   Et  sanz  chaaignon  Brichemer, 

Paor  ot  grand,  n'en  dotez  mie. 

Por  tôt  l'or  qu'eûat  en  Pavie 

N'i  vosist  il  eatre  enbatuz. 

Miauz  voaiat  eatre  avec  lea  Tara 
6S&    Qu'avec  Renart  son  aoemi. 

'Renart'  fait  il,  'tu  m'as  trat 

Et  toz  ces  autres  que  ci  voi. 

3'or  ne  dotasse  autre  que  toi, 

Foi  que  je  doi  dame  Hereent, 
680    II  alast  ja  tout  autrement. 

Ta  traïson  ferai  paroir. 

Ce  vOB  lairai  ge  bien  savoir.' 

Par  ma  teste,  dant  Yaengrio, 

Toa  parlerez  d'autre  Martin 
035    Aincoia  que  vos  nos  eaobapez: 

Celé  hure  que  vos  portez 

Nos  lairez  vos  au  mains,  en  gage.' 

605  dflTent  607  ceit  609  monde  nu  i.  616  que  o.  6!0 
ahftignon  6S1  Toiiist  62»  je  manque  691  faroie  aparoir  683  L  diH  j. 
686  AiDiooia    eiohapejï 


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XXII  CMéoii  20408— 2W42) 

'Renart,  j'auroie  grant  domage, 
Si  je  la  hure  ioi  laiseoie. 

640    Mais  a  Hersent  ne  parleroie: 
Bien  quideroit,  jel  vos  plevU, 
Qu'a  larrecin  fusse  repris.' 
'Bire  Ysengrin,  ie  vostre  boute, 
For  le  cuer  bieu,  a  moi  que  monte? 

6J5    Se  vos  estiez  vis  eacorcbiez 
Des  les  oreilles  jusqu'as  pîez, 
N'esteroit  mie  aaez  vanganoe, 
Tant  m'avez  fait  duel  et  pesanoe. 
Ne  sai  beste  fors  que  Bran  l'ors 

600    Que  je  tant  hee  conme  vos. 
Mais  T08  bai  ge  de  fine  mort.' 
'Àvoi,  Renart!  vos  avez  tort. 
Ai  ge  dont  riens  vers  vos  meaprisP 
Je  cnidoie  estre  vostre  amis.' 

666     Ues  amisP  diex,  et  vos  conmentP 
Par  vos  perdi  ge  mon  froment 
Ou  j'aToie  la  quarte  jarbe. 
Mais  par  iceste  moie  barbe, 
J'en  auroi  encor  bui  tôt  droit, 

660    Ou  mal  vos  aaobe  ou  bien  vos  poit.' 
Far  saint  Romacle  ou  aiiiz  ne  fui, 
Renart,  se  j'ai  par  vos  anui 
Et  je  vos  puis  tenir  ca  fors, 
Je  pranderfù  de  vostre  cors 

665    Tel  venganoe  qui  grèvera 
Celui  qui  miauz  vos  amera.' 

'Moult  par  ieetes  outrecuidios, 
Isengrin,  qui  me  menaciez 
Devant  le  roi  enz  en  sa  cort: 

670    Je  cuit  qu'autre  bien  vos  acort.' 
Non'  dist  le  roi  'par  saint  Senson, 
Ainz  que  il  part  de  ma  muson 
Laira  il  moult  de  son  genglois. 
Ce  n'est  pas  la  première  foiz 

Si).     648  peHeDce     660  hace     656  MhIr     666  venRe 


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XXII  (Méon  20443-20478) 

676    Qu'il  s'est  Tentez  et  astiz 

De  faire  honte  a  mes  amis.' 
A  ccst  mot  saut  lî  roia  en  piez, 

Vers  Ysengrin  vint  touz  iriez. 

Si  li  saioha  par  les  oreilles 
6S0    Si  que  totes  les  iîat  Termailles: 

Enpaint  et  fiert  et  sache  et  boute, 

La  couleur  lî  fait  fantost  toute. 

Fuis  le  prent  par  le  tribunel. 

La  hure  avec  toute  la  pel 
685    Li  a  de  la  teate  aerree, 

Et  antor  le  con  si  plantée 

Q'aiuz  puis  ne  la  pot  dus  oater 

Por  engin  c'en  peitst  trover. 

Ke  gluz  De  chauz  ne  poilecon 
690   N'i  Talent  mie  troi  boston. 

Meslelire  n'autre  pelaina, 

Que  roetre  i  vuolent  ces  putains, 

Mo  lor  vaut  riene*.  que  touz  jorz  croit 

Plua  dru  après  qu'avant  n'eetoit. 
605        Seignor,  eînsi  fu  atomez 

Li  cons,  com  tob  dire  m'oez, 

Par  le  conaeil  Benart  le  sag& 

Bien  ae  venga  dou  grant  domage 

Que  li  firent  ai  moituer. 
700    Moult  lor  en  fiât  grant  enconbrier 

A  toz  troi  (premier  Bricbemer 

Et  Ysengrin  et  Chantecler) 

Kenart  al  estorer  le  oon. 

Briohemer  mist  le  chaaignou, 
705  Et  ia  landie  i  mist  li  coa  : 

La  barbe  qui  oroist  par  defors, 

Qui  i  fu  mise  an  daerains, 

I  miat  Ysengrin  li  farains 

Qui  toz  en  fu  deaomez: 
710    II  ne  sera  mea  onorez. 

682   fait  t.  troubl«      683  oribvnol      690  mta  .i.  b.      QN  ■*«! 


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XXII  (H«OD  20479-30190) 

Li  rois  esgarde  bod  ovrage. 
Moult  li  pleaoit  eu  son  corage, 
Conques  nule  choBe  n'i  mist 
Que  par  rwson  n'i  coveniat 

715   Sanz  plus  mètre  ne  rien  oster. 
Ici  puis  ge  bien  oposer 
Et  laiasier  le  conte  don  cod. 
Kus  n'en  doit  dire  ae  bien  non, 
Qu'el  monde  n'a  si  douce  rien 

720    Gom  eat  li  oona,  oe  aet  l'en' bien. 
Ici  parfine  la  chanoon, 
Conme  Renart  parfist  le  con. 

711  regardoit    716  meatre  et  r.    716  opoaoer    717 


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XXIII 

Seigneurs  barons,  or  entendez, 
Qui  de  Benart  oT  avez: 
S'orrez  une  molt  grant  voiadie. 
Qui  a  Kenart  fiât  grant  aïe.' 
5    Renan  li  roue  s'est  porpensez 
Que  tant  estoit  au  roi  mêliez: 
Ne  puet  a  nul  jor  pes  avoir. 
Se  ce  n'est  par  molt  grsnt  savoir. 
'Sire,  aire'  Renare  a  dit, 

10   "Vers  vos  n'ai  ge  nul  contredit 
De  quanque  vos  demanderez. 
Yoatre  plaisir  de  moi  ferez. 
Je  eui  Tenuz  a  voetre  mant. 
Si  fêtes  tôt  voetre  commant. 

15    Se  tant  fosse  vers  vos  meafaiz 
Que  j'en  défisse  estre  desfaiz, 
Tresisse  moi  de  vos  e&sus, 
De  mon  chastel  ne  fusse  issuz: 
Ainz  atendisae  guerre  et  ost. 

•20    Que  au  mal  vient  en  assez  tost. 
A  vos  Bui  venuz  volentiera  : 
Que  tant  me  saut  saus  et  entiers 
Que  Bui  sanz  nule  forfeture 
Et  bien  m'offre  a  vostre  droiture. 

-25    Je  vos  ai  servi  mainte  foiz, 
Si  m'aîst  diex  en  bone  foiz! 
S'en  seriez  molt  aviUiez, 
Se  ge  estoie  essiliez 
Sanz  jugement  et  sanz  resoD 


-,,.  Google 


XXIU 

30    El  conduit  de  voetre  meeon. 
Mes  je  sai  bien  de  verit« 
Qu'en  vos  a  tant  de  charité, 
Encor  aoîez  vos  forz  et  fiers, 
Que  Yos  eeten  bous  droiturierg. 

36    Ne  feriez  tort  a  nul  home 
Por  treetot  le  trésor  do  Rome. 
De  ce  ani  ge  tôt  aBseûr, 
Por  quant  se  j'ai  maves  eûr, 
(Que  bons  rois  estes  et  loiaux, 

40   N'estes  mie  simoniaux) 

Que  vos  por  or  ne  por  argent 
Faciese  mal  mener  vostre  gent. 
Sire,  s'il  vos  vient  a  plaisir, 
Que  faites  ces  crieurs  taiair 

jft   Et  ceste  grant  noise  abessier. 
Apres  qui  ne!  voidra  lessier 
Face  son  claim.a  vos  de  moi 
Et  vos  i  entendez  por  coi 
Et  por  quel  mesfet  il, se  claiment. 

au    Cîst  haut  baron  qui  ensus  mainent, 
Die  chaaouns  que  vodra  dire. 
3e  ge  ne  m'en  puis  eeoondire 
Et  ga  n'en  sai  mou  droit  mostrer, 
Dont  me  doit  on  fere  lier 

05    A  la  queue  d'un  viel  jument. 
Faites  m'a  voir  droit  jugement!' 

Cist  B  bien  dît'  fet  l'emperere. 
'Foi  que  je  doi  l'ame  mon  père, 
Je  ne  vueîl  pas  le  les  avoir 

m   Que  je  face  tort  por  avoir 
Ne  que  ma  cort  soit  loonice: 
Aioz  vueil  estre  loîal  justice. 
Qui  riens  velt  Renart  demander. 
Si  se  viegne  de  lui  clamer. 

t(6    Et  il  de  ce  soit  touz  certains. 
Se  il  de  ces  plez  est  atains, 


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Que  ja  vis  n'en  eschapera: 
  molt  grant  honte  fenira.' 
leéngrin  s'est  en  piez  dreciez, 

70   Qui  encor  ert  molt  corrouciez 
Por  ce  qu'il  velt  son  sairement 
Selon  l'eegsrt  du  jugement 
Que  li  baron  li  orent  fait 
Ed  amendise  du  meffût. 

75    Devant  le  roî  a'est  apronchiez, 
Dist  'rois,  ne  vos  eu  corrouciez, 
Se  ge  me  reolum  de  Reoart. 
Yo  baron  firent  un  esgart 
Qu'il  se  duit  vers  moi  escondire 

80   Far  serement  de  l'avontire 

Qu'en  li  mist  bub  de  m'espoaaee, 
Dont  ele  a  molt  este  blasmee. 
De  ce  me  plaing  qu'il  se  quati 
Ed  ma  loviere  et  si  bâti 

85    lies  toyiaux  et  lés  conpiasa: 
Àino  nus  «l'euls  ne  s'en  rcTenja. 
Ce  earone  nos  bien  vraiemont 
Que  il  vint  jusqu'au  serement. 
Il  quida  que  je  tant  l'amosBe, 

90    Espoir  que  je  li  pardonasse. 

Quant  vit  qu'il  li  convendroit  fere, 
Holt  tost  se  sot  arrière  trere: 
Si  s'en  foï  en  sa  meson. 
Ce  sevent  bien  tuit  cist  baron, 

95    Que  nel  porroîent  consentir, 
S'il  n'en  voloient  bien  mentir. 
Or  en  prenez  bien  vo  droiture 
Por  moi  de  ceste  forfeturo. 
Fêtes  tant  que  gre  vos  en  sache. 
100    Bien  doit  avoir  ce  qu'il  porohace. 
Espoir  Renan  est  trop  voisens. 
Encor  ne  soit  il  pas  noiseus, 
Qu'il  dira  ja  par  mesprison 


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Qu'aiDZ  ne  porchaca  traïson. 

Kij    Mes  tôt  ce  li  met  ge  bien  sus. 
Par  cel  eeignor  qui  meint  lasus 
Bien  en  ferai  quanqu'en  voudra, 
Si  coD  la  oort  esgardera. 
BieD  m'en  acort  au  jugement, 

110   Et  l'on  le  faoe  loiaument.' 

Renart  respont  'Yseo^n,  sire, 
Avez  tôt  dit?  Yolez  plue  dire? 
Dist  Ysengrina  'j'ai  dit  assez. 
De  tant  serez  vos  toz  lassez, 

115    Àinz  que  vos  en  eoiez  délivres. 
Je  ne  bui  bai  dont  je  eoie  ivres.' 
Renara  respoDt   sire,  entendez! 
Selone  l'an  droit  l'autre  prenez! 
De  ce  qu'Ysengrin  me  met  sus, 

ISO   Le  motrai  ge  du  tôt  ensus. 

Ce  fu  voira  que  voa  me  mandastea 
Et  par  Grimbert  me  conmandaatea 
Que  devant  Roonel  venisse 
Et  a  son  loa  me  deduisiase. 

125    Apres  trovai  en  vostre  esorit 
Ce  ne  sai  ge  quel  dioee  escrit. 
Que  por  quaoqu'a  cest  mont  apent 
Ne  feTsae  je  sercment. 
For  tant  en  devroie  estre  quites. 

180   Et  quant  je  oi  les  letres  Utea, 
Prea  fui  de  mon  sairement  faire 
Et  Roonel  dut  estre  maire.. 
Je  vÎDg  a  oort  près  et  gamiz 
Par  vo  oonmant:  mes  eacbamiz 

135   I  dui  estre  molt  malement, 
Et  si  Toa  conterai  cooment. 
Quant  je  fui  venuz  a  mon  jor 
Saoz  contremant  et  sanz  aejor, 
Yaengrin  me  fiât  a  entendre 

140   Con  cil  qui  me  voloit  sorprendre, 
Que  Roonel  iert  enoaaeE. 
  un  tonbel  ert  adossez. 


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Ill«o  devoit  il  eatre  morz. 

Eagarderent,  fust  droit  ou  torz, 
145   Sor  la  dent  Eoonel  jurasse 

Et  mon  serement  aqaitasse. 

Odc  n'en  fol:  ainz  m'avandiie, 

Encor  eu  fasse  ge  irie. 

Si  Toil  feie  mon  serement, 
160    Por  pes  avoir  a  lor  talent. 

Je  ving  au  dent  toz  rebraoiez. 

Molt  en-  dui  estre  oorrouciez. 

Se  ne  me  fasse  aperoeQz, 

J'eusse  este  molt  deceûz. 
156    Je  lî  vi  la  teste  lever 

Et  a  s'alaine  molt  pener. 

Bien  aperoui  la  vilanie, 

Qu'en  i  entendoit  félonie. 

Et  se  je  quis  ma  guerison 
160    Que  ne  cheïsse  en  lor  prison, 

De  ce  ne  me  doit  nns  blasmer. 

Que  toet  m'eussent  fet  basmer. 

Uorz  devoit  eetre  Rooniaux: 

Mes  après  moi  fii  toz  isniaux. 
166    II  me  sivi  grant  aleûre 

Et  si  me  fiet  mainte  laidure 

Entre  lui  et  ses  conpaigsons. 

Bien  i  avoit  oino  cens  geignons 

Qui  ludement  me  démenèrent, 
170    Mon  pelicon  me  despanerent. 

Sire,  si  fui  ge  maubailliz 

Et  en  vo  conduit  assaiUiz. 

Vostre  est  la  honte  et  miens  li  maux 

Par  vo  justisier  qui  fu  faux. 
175    Ce  fist  Roonel  par  liaïne 

For  ma  famé  dame  Hermeline 

Qui  nu  volt  aaisier  d'amors. 

L'autrier  en  furent  les  clamore 

De  la  hoote  qu'il  vea  a  foite, 


3  rooocl     174  instisieTH  177  ùain    179  Qn« 


,„,8lc 


xxin 

180    Qu'il  jat  ÎBBÎ  la  langue  traite: 
Bien  en  devez  juatise  prendre 
Et  pins  haut  qn'autre  larron  pendre. 
Ce  vit  danz  Frimaux  li  putois 
Et  Grimbert  qai  molt  est  cortois 

I8Û    Et  'tuît  li  baron  qui  la  vindrent 
Et  molt  loîanmeat  se  contindrent. 
Se  dies  plest,  le  voir  en  diront 
Que  ja  por  moi  ne  mentiront. 
Bien  seront  tuit  que  jo  di  voir. 

IflO    Et  ne  porquant  por  pes  avoir 
Feroie  je  le  serement 
Ci  devant  vos  moU  loiaument. 
Je  tt'auroie  mestier  de  ^ere 
Que  pes  vodroie  estre  en  la  terre: 

195    Si  juroie  tôt  le  moDor 
Et  porteroie  grant  honor. 
S'en  diont  cea  barona  droiture, 
N'averoie  de  plaider  cure. 
Molt  volentiera  sivrai  lor  dit, 

SOO   Ja  n'i  meterai  contredit.' 

'Or,  por  les  sainz  de  Biauliantr 
Reapont  Nobles  «n  sorriant, 
'Renart,  se  tu  die  vérité. 
Dont  sont  il  tout  déshérite. 

2(10    S'en  mon  coadait  fus  deoeâz, 
Ge  meîsme  i  aui  reoeûz. 
Seignors,  oez  que  dit  BenartI 
Ci  afiert  un  molt  grant  esgart 
Faoent  li  autre  lor  clamor. 

210   Vos  i  entendez  par  amor, 
Uetez  i  vostre  entendement 
For  fure  loial  jugement!' 

Chanteoler  est  sailliz  en  place 
Touz  corrouciez,  molt  se  rebrace, 

215   Au  bec  ses  pennes  aplanoie 
Et  de  bien  parler  a'amanoie. 


i  Suroie    20B  dit    204  touti  dont 


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'Sire,  aire,'  diat  Chaoteders 
'Onquee  mes  cuers  ne  fu  puis  clera 
Que  morte  fu  dame  Coupée, 

230    Que  Benart  dut  avoir  BOupee. 
Por  dieu,  sire,  fêtes  m'en  droit 
Voiaot  voz  homea  orendroît 
De  l'omicide  que  il  fist, 
Quant  il  dame  Coupée  ociat. 

236    Por  dieu  vos  en  ven  ge  prier, 
Que  ce  ne  puet  il  paa  noier: 
Vez  dame  Pinte  le  tesmoigne 
Qui  avec  fu  en  la  beaoigne. 
'Toire,  sire'  ce  diet  la  dame. 

290   'Dame  diex  ait  merci  de  l'amel 

A.U  lieu  fui  ge  ou  il  l'ocist 

Li  aire  qui  grant  peohie  fist.' 

Li  C03  a  ai  son  claim  fine 

Et  Reoarz  a  son  chief  ctioe, 

286    Vers  terre  un  poi  ses  eulz  beaaa. 
La  parole  atant  ne  leesa, 
Ainz  reapondi  molt  sagement: 
Si  se  contient  hardiement. 
"Sire'  fet  Renarz,  'or  oez, 

240    Por  dieu  ne  vos  en  gramoiez: 
Que  je  n'ai  mie  ai  grant  tort. 
Se  g'en  dévoie  avoir  la  mort. 
S'en  irai  ge  parmi  le  voir: 
Bien  le  vos  doi  fere  savoir. 

246    Quant  je  vos  oi  l'autre  an  guéri 
Du  mal  dont  vos  vi  esmari, 
Tostre  merci  molt  me  amaetes. 
En  baillie  me  conmandastes 
Que  garde  fusse  de  vo  terre, 

250  Penasse  moi  de  vo  preu  querre. 
Ge  porchacoie  vo  besoigne. 
Je  m'en  issi  fors  de  vergoigne 
Touz  fameiUeus  et  alassez, 


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Que  metnz  paB  oi  ce  jor  passes: 
266   Ving  a  l'ostel  Qonbert  du  Fraine, 

Qui  meint  mal  porohace  et  amaine. 

De  Tostre  part  bel  lî  priai, 

Conques  ne  le  contraliai, 

Qu'ilec  me  leasast  oateler: 
280    Nniz  ert,  ne  savoie  ou  aler, 

Por  vos  me  donaet  a  menger. 

Il  me  list  molt  mon  sens  changer. 

Blolt  m'en  escondist  laidement 

Et  luolt  coDtralieusemeDt 
266   Dist,  n'amoit  tant  ne  vos  ne  moi, 

Que  por  vos  feTst  ce  ne  quoi. 

Un  poi  vers  lui  me  redrecai, 

De  Tostre  part  le  menaçai. 

Dis  It  qu'a  vos  me  clameroîe, 
270   Ne  James  jor  ne  l'ameroie  : 

Ainz  li  querroie  son  damage. 

Mes  il  ot  molt  félon  corage 

Et  dist  "por  ton  seigaor  annit 

Te  liverrai  si  mal  conduit 
276    Que  tu  seras  bien  cbapigniez." 

Touz  ses  giùgnons  a  apelea, 

Ses  me  hua  après  la  queue. 

Chacer  me  durent  maie  voie. 

Je  ne  me  poi  pas  retorner. 
280  Bon  pas  me  firent  retorner: 

AÏDZ  fu  sailli  sor  une  roche. 

La  fui  toz  quoiz  a  close  bouche. 

Onquee  n'osai  un  mot  tentir 

Dnques  les  chiens  vi  départir. 
28!»    3i  se  râlèrent  en  muson. 

Gelé  nuit  oi  maie  saison. 

Por  vos  me  fist  on  tant  de  biens, 

Que  de  cort  fu  cbaciez  a  chiens. 

Honte  m'a  fet  et  vos  greignor, 
290    Qui  reclamoie  a  seignor. 


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XXIII 

Yolentera  lî  feïsae  ennui, 
Yânjasse  vos  du  cors  de  loi 
Plus  yolenters  que  de  l'avoir, 
Se  g'en  petisse  leu  avoir. 

295    Et  l«Ddemain  la  matinée 
Eacontrai  ge  dame  Coupée, 
Que  danz  Gonberz  avoit  moU  chie 
Ele  meTame  estoit  fîere. 
Vilainement  me  ramposna. 

300   Apres  a  moi  s'abandona, 
Se  ge  mal  li  osoie  fere. 
6e  ne  m'en  pooie  retrere. 
For  son  seignor  s'aseOroit, 
Cb  defors  la  cort  pastaroit. 

300    Mes  maltalent  m'ot  aormene 

For  Go&bert  que  m'ot  mal  mené. 
Por  fornir  vostte  mandement 
Cueilli  ge  greignor  hardement. 
Un  petit  venjoi  vostre  honte. 

SIO   De  ce  que  amendiae  monte, 
Se  riens  i  a  de  mesfaiture, 
Vostre  est  la  cort  et  la  droiture. 
Se  voa  por  ce  me  fêtes  mal. 
N'aurez  serjant  ne  seneschal 

316   Qui  per  vo  preu  a  porchacier 
Osast  nn  vilain  con-oucier. 
Ne  Chantecler  ne  he  je  mie, 
S'il  prent  sor  lui  la  felonnie, 
Bien  l'en  ferai  amendement 

830   Au  loa  de  toute  vostre  gent.' 

'Par  mon  chief'  le  lyon  a  dit, 
'Or  me  regrieve  du  despit 
Que  li  vilMDS  ne  mo  douta. 
Qui  mon  serjant  me  débouta, 

325   Et  volt  fere  a  ses  genz  menger. 
Auquea  me  defist  resoigner. 
Far  ma  barbe,  se  g'en  ai  aise, 


301  frère    806  gronbert 


,  Google 


XXIII 

Je  l'en  ferai  estre  a  malaÏBe. 
îfea  Chantecler  par  tel  déserte 

au   N'en  deûst  pas  avoir  la  perte. 
Barons,  s'en  faites  rostre  esgart, 
Comment  M  amende  Renart.' 
Dient  li  autre  'nous  fer  on. 
Baron,  entendez  que  diron.' 

335       Brune  li  onrs  est  en  piez  levez. 
A.  poi  qu'il  n'est  de  duel  crevez. 
Quant  li  rois  ne  destruit  Renart 
Et  qu'il  est  auqiies  de  sa  part. 
'Sire,  eïre'  diet  Brun  1)  ours, 

am  "De  dieu  soit  guérie  vo  cors 
Et  li  sires  qui  la  maintient, 
Quant  si  boue  justice  tient. 
S'il  vos  plest,  sire,  or  me  vengiez 
De  ce  que  si  fu  ledengiez, 

.'Mû    Quant  m'envoîastes  por  Renart 
A  Malpertuis  a  son  essart. 
l^r  lui  fui  ge  tel  conreez 
CoD  vos  velstes  et  veez. 
Ce  no  porroit  il  pas  noicr: 

350  Ja  m'en  verroit  gage  ploier. 
Envers  son  cors  le  mosterrai 
Que  vif  ou  mort  le  requerrai.' 
'Mostrez'  dJst  Renart,  'diex  i  vaille! 
Ci  auroit  ja  povre  bataille  ; 

:Vi5    Que  vos  estes  et  granz  et  fors 
Et  ge  ai  ci  molt  petit  cors. 
Si  aui  mott  povres  et  menus 
Et  si  aui  toz  viex  et  chaouz. 
Ja  qui  cest  plet  vos  loeroit, 

:il)0   Certes  vo  pi-is  n'î  acrestroit. 
Ne  ving  pas  por  bataille  faire, 
Restroie  en  Roonel  le  maire. 
Ge  vîeng  parler  a  monseignor. 
Por  dieu  li  prî  et  por  s'amor 


1  f.    335  ruDi    863  RMteroi 


KCSAKT  n. 


iH,,i.u.i.,GoogIc 


366    Qu'il  me  mainteigne  a  feente 
Et  qa'il  i  gart  sa  loiante.' 

Ite&art,  Benart'  oe  dist  lî  roiB, 
'Par  mon  ohief,  oe  fu  grant  desrois, 
Quant  mon  mesage  laidenjastes. 

370   Lez  et  seignanz  les  m'eoroiastea, 
Brun  l'eure  et  dant  Tybert  le  chat. 
Je  n'en  prendroie  oui  rachat. 
Se  par  nos  avoit  este  fait, 
Que  morz  ne  fussiez  entresait.' 

876        'Oatez,  eire:  ne  créez  onques!' 
l'or  amor  deu,  créez  vos  donques 
Que  je  fusée  si  forseoez 
Ne  par  deable  si  menez 
Que  ne  servise  jusqu'as  piez 

380    Message  que  m'envoissiezl' 
Je  vos  dirai  une  reson. 
Voirs  fu,  Bruns  vînt  en  ma  meson, 
9i  dist  que  vos  me  mandiez 
Et  a  To  cort  m'atendiez. 

385    Ce  ne  sai  ge,  se  voir  m'a  dît  : 
Onqaes  ne  vi  seel  n'esorït. 
Puis  me  proia  por  dien  du  ciel, 
Se  ge  Savoie  point  de  miel, 
Que  je  un  petit  l'en  douasse 

B90    Ou  la  ou  il  est  le  menasse. 
Je  l'î  menai  molt  volentera 
Et  par  broces  et  par  senters, 
Tant  que  vonimes  a  ohatoire 
Ou  BruDB  devoît  menger  et  boivre. 

896    Espoir,  si  le  poiodrent  les  es: 
Caino  par  moi  ne  fu  adesez.' 
'Bruns'  fet  li  rois,  'toucha  vos  il?' 
'II  me  toucha  certes  nenil. 
Mes  il  sot  bien  la  traîson 

400   Dont  remanoir  dui  en  prison.' 
'Qui  deahle'  dist  Renfui,  'gef 


S  deairoii    870  le    866  ne  Mcrit 


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xxiri 

Dan  Brun,  por  quoi  dites  tob  ce? 
Quant  vos  Todrez,  voa  direz  miex. 
Maie  honte  li  doint  hui  dîex 

405    Et  mal  flambe  le  cors  arde 

Qui  aine  de  oc  se  donoit  garde.' 
'Par  foi'  diat  Bruns,  'merveilles  dites. 
Et  por  ce  quidez  estre  quitos  P 
Toa  deïstea  du  tronc  fendu 

410    Cun  vilain  i  avoit  tendu, 
Que  ee  estoit  une  chatoire.' 
'Vos  ot  il  ce  fet  a  acroire  t 
'Cou  ert  un  trons  ou  miel  avoit. 
Sire,  Lanfrois  bien  l'i  savoit 

'It.l    Par  qui  fuetea  cootraliez. 

Plus  en  fui  ge  doleuz  que  liez. 
Et  se  ge  aider  tos  peQsse, 
Gel  feÏBse,  se  jel  seûase. 
Mes  por  aquerre  vostre  amor 

420   Vos  en  ferai  ge  tant  d'onnor, 
VoleDters  jurerai  tos  sainz 
Que  par  moi  nu  sot  li  vilains: 
Ainz  me  poise  de  vostre  ennui. 
Sachiez  que  toz  honteus  en  sui, 

41ii    Por  ce  que  je  tos  i  menai. 
Mavesement  vos  assenai. 
Vos  aiderai  bien  a  venger. 
Se  le  vilain  puis  Isidenger. 
Âpres  esgardent  cil  seignor 

4,tO   Et  li  petit  et  li  greigoor. 
Qui  preadome  sont  et  loial 
A  droit  siéent  el  banc  roial, 
Comment  jel  vos  amenderai, 
■Ta  contredit  n'en  esserai.' 

i|!trt        'Brun'  fet  Frumanz,  'il  dit  assez. 
Et  vos  estes  toz  respaseez. 
Ne  prenez  chose  si  en  grief. 
Que  puist  toiTier  a  grant  mescliief. 
Qui  toz  sea  deuls  venger  voudra, 

440    Ja  ce  sache,  bien  n'en  vendra. 


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Si  vos  a  trop  coate  au  mire, 

8i  Toa  QÎst  d'une  partie. 

Ferme  conseil  et  bon  prenez, 

Que  touz  mesfsiz  soit  pardonez. 
4-15    Si  Tos  metez  en  nostre  esgart.' 

"Voir  ge,  aire:  de  voatre  part, 

Frumans'  fet  Bruns,  'moU  eatca  preus.  * 

Si  je  le  tenoie  a  ces  ^eua, 

Por  qu'il  noiast  ta  traîaon, 
4M    N'auriez  pria  a  terre  un  tisoa 

Si  tost  con  je  l'auroie  mort.' 

'Bruns'  fet  Frumans,  'vos  avez  tort, 

Qui  tel  parole  maintenez  : 

Que  de  tel  chose  vos  penez 
455    Qui  devant  aoust  n'avendra. 

Benart  a  la  pcs  se  rendra. 

Il  n'est  mie  si  desreez 

Ne  por  cest  plet  si  effrcez 

Qu'il  face  bataille  envoittie 
400    Qui  encor  ne  11  est  jugiee. 

Trop  malemcnt  en  artillîez. 

Avez  tesmolDz  apareilliez 

Qui  de  co  porteront  tesmoîng 

Que  vos  veTaaent  au  beaoing 
4115    Ou  Renart  vos  fîst  ceste  honte  F' 

'Quels  tesmoinz'  rcspont  Bruns  'i  monte? 

Dont  ne  fu  li  sanz  aparanz 

Qui  par  tesmoing  me  soit  ^aranz?' 
'Bruns'  dîst  le  singes  Cointerinua, 
470   'Dont  est  bien  vostre  li  meriaiia. 

Se  por  ce  desreaDie  avez, 

Por  neeat  voa  estes  levez. 

A  dieu  beneïcon  ce  soiti 

Vos  me  barrez  de  quoi  que  soit, 
47Ô    Puis  vos  serez  ensanglantez 

On  vos  meisme  esgratinez: 

Puis  direz  que  je  l'aurai  fet, 


464  bHOig    468  teanoÏK     477  l«nen 


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xxm 

S'en  amenderai  \e  mesfet 
De  chose  qui  n'est  conneûe 

4W    Ne  de  nue  fors  de  vos  seûe? 
Lesaiez  ester,  qu'estre  ne  puet. 
Autre  parole  vos  estuet. 
Bonarz  s'en  est  bien  deachargiez, 
Qu'aÏDz  par  li  oe  fastes  touchiez 

485    Et  bien  l'avez  en  cort  connut.' 
A  ces  paroles  Brans  se  tut. 
Pensa,  ne  puet  avoir  durée. 
Sa  raison  a  amesuree. 
'Bian  seignor'  fet  il,  'or  m'oez. 

41X)    For  ce  que  si  biau  m'en  proiez, 
Et  a  graut  honte  morir  doit 
Qui  a  la  foîz  conseil  no  croit, 
Ne  vuoil  vers  vos  tant  estrirer 
Ne  mon  mautalent  alever: 

4!>6    Que  en  vostre  esgart  me  métrai 
Et  a  vo  lo8  mo  contendrai.' 

'Bien  est  ainsi'  fet  li  lions. 
'Renart,  se  nos  vos  afions 
Et  vos  les  niaus  nos  pnrohaciez, 

QOO    Nos  vos  en  béons,  ce  sachiez. 
A  vos  tramis  Tybert  le  chat. 
Molt  se  plaint  de  vostre  barat 
Far  vos  fu  il  au  laz  penduz 
Que  ne  sai  on  estoit  tenduz. 

fi06    Encore  en  est  toz  corrouciez.' 
Lors  s'est  Tybert  en  pies  dreciex, 
Puis  que  li  rois  por  li  parole. 
Vers  Renart  a  la  teste  mole: 
Molt  durement  le  redouta 

&10    Por  l'escharpel  ou  le  bouta, 
Ne  ja  se  li  rois  s'en  teOst, 
La  parole  n'en  estneQst. 
Que  j'ai  oT  et  escoute 
C'en  a  tant  eaohie  et  boute 

&IS    Que  Renart  s'en  va  an  deseure. 
Bon  taire  feïst  a  celo  eure. 


„,ogIc 


xxm 

En  piez  est  enmi  U  meson, 
Si  a  coDineocie  sa  reson. 
'Sire'  co  dist  Tybert  au  roi, 

S20    'MoU  par  fîst;  Bensrt  grant  deeroi, 
S'il  aavoit  la  descoveDancc, 
La  ou  me  fiât  la  mesestance: 
Que  par  son  conseil  î  alai, 
Ou  trou  conme  fox  avalai 

520    Ou  je  fui  pris  au  laz  corant. 
Mes  le  prestre  lessai  coustant. 
Sanz  m'envie  se  degratoit 
Et  sa  putain,  qui  me  batoit 
  deus  mains  de  sa  grant  quenoille. 

530    Por  ce  q'ae  denz  tranchai  la  coille, 
Tôt  lessai  le  prestre  effree. 
Tel  fussent  ore  oonree 
Tuit  li  preetres  qui  famés  ont, 
S'en  lor  ostex  lor  dames  sont. 

035    Renart  me  bet  de  viez  baîae. 
Molt  est  dure,  encore  ne  fine: 
S'est  la  rete  por  un  charpel, 
Ou  l'autrier  dut  lessier  la  pcl; 
Par  maie  aventure  i  cheï. 

540    Sus  me  mist  que  je  le  traT. 

Mes  voir,  non  fis,  se  diex  me  voie.  ' 
Onques  n'en  soi  ne  vent  ne  voie. 
Cist  mesfait  soit  contre  celui  : 
Sel  me  pardoint  et  je  a  lui. 

545    S'einsi  le  voloit  otroier. 
Sire,  vos  en  vaeil  ge  proier 
Que  vos  le  conmandez  de  bot, 
Que  cist  baron  l'en  prient  tôt.' 
Or  entent  Renart  ceste  pos 

050    Li  tome  auques  a  la  pais. 
Or  est  si  liez  q'ainz  ne  fu  si. 
'Benart,  loez  le  tob  ainsi' 
Ce  dist  li  rois,  •oon  Tybert  fet? 


ni)ieiii«M4.  OU?  par  BBS  4ni  ti9  faut  U  lirt  qne  oMtplaiit 


xxm 

Je  TOB  pardoDe  le  mesfet. 
666   N'ai  aoing  a  tendre  a  âesresoB 

Sus  T08  ne  eor  autre  baron.' 

'Faites,  Renart!'  tuit  li  escrient. 

Ne  puet  muer  que  il  n'en  rient. 
'Sire,  sire'  Renart  respont, 
660    Qui  sa  parole  bien  eapont, 

Tybert  a  molt  vers  moi  meepris. 

S'il  m'avoit  fet  encore  pis, 

Si  le  vouasisiez  bien  a  certes, 

S'en  souiFerroie  ge  les  pertes. 
665    Biau  sire,  vostre  loement 

Yueil  go  fere  moU  bonement 

Et  ce  que  ciit  baron  m'en  prient.' 

'Yoire  voir,  Renart'  cil  eewient. 

'Seignor,  n'auroîe  eoing  de  guerre: 
670   Ainz  vodroie  la  pes  a  querre. 

8i  ostroie  très  bien  la  pes. 

Et  loez  vos  que  je  le  besP' 

'Oïl,  oïl,  tôt  pie  estant  I' 

Entrobesie  ae  eont  atant. 
676   La  pee  eet  fête  de  ces  deus: 

Entre  autre  gent  la  mete  dex! 
Or  sont  et  olaim  et  respont  fait, 

Li  roia  a  respitie  le  plait. 

'Seîgnora'  fet  il,  'or  m'entendez, 
6S0    Qui  les  droiz  fêtes  et  prenez, 

Et  oeua  qui  doivent  atîrier. 

Je  ne  vos  veil  pas  empirier. 

Alez,  fêtes  primes  esgart 

D'entre  Ysengrin  et  Renart. 
686   Yis  m'est,  Renart  en  sa  raison 

Reste  Yaengrin  de  traÏBon, 

Et  Ysengnne  lui  do  faillance 

Qui  li  failli  de  covenance. 

Partisaiez  si  biea  l'aventure 
690   Que  obascuns  en  ait  aa  droiture. 

t3  )•  t'uuHiiiei    676  desla 


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XIIU 

Aprez  jugiez  de  Chanieolur, 
Can  Renart  li  doit  amender 
La  mort  de  ma  dame  Coupée, 
Qui  l'autre  jor  fu  enterrée. 
ms    Et  a'esgardez,  comment  soit  prise 
For  BruD  de  Renart  l'amendiac. 
Fetea  caat  esgart,  dan  Platel, 
Et  voa,  misire  Cointerel  I 
Avec  Boit  Brichemer  li  cers 
(50()    Et  li  taisons  eire  Grinberz. 
Si  voil  que  i  voîat  le  liepart. 
Si  faites  si  loîal  esgart 
Que  chascun  ait  bien  sa  raison 
SeloDC  le  droit  de  ma  meaon. 
6115    Je  TOB  conjur,  le  serement 
Que  me  feïstes  loiaument, 
Faites  BÏ  q'eoDor  en  aies 
Et  que  nos  aions  bone  pas. 
Et  s'il  i  a  oontrouverie, 
610   Sivez  en  la  greignor  partie.' 
Atant  U  cinc  s'en  lievent  sus. 
En  une  chambre  vont  ensus. 
S'or  eatoit  creQz  Brichemers 
Et  que  de  toz  en  fust  loez, 
6lfi    La  corroie  seroit  vengie 

Qui  BOr  le  dos  li  fu  tranobie. 
'Seignors'  ce  dist  riatiaus  IJ  dains, 
'Oï  avez  respons  et  daine. 
Li  rois  vos  aime  tant  et  prise, 
6:20    Sur  vos  a  la  parole  assise. 
Or  i  eagardons  noatre  honori 
A  l'onorance  no  sïgoor 
Fabomcs  tant  qu'en  nos  en  lot: 
Que  qui  soi  pert  d'autruî  ne  jot. 
625    Yscngrins  s'est  plains  voirement 
De  ce  qu'il  vclt  son  serement- 


jugiei  mangut      Wl   liejMiri      603  eagan      625  •'  ■ 


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EagarâoDB,  se  vos  lo  loez 
Et  por  voir  dira  le  pocz, 
Qu'il  li  face  devant  lo  roi 

630    Tôt  eanz  orgueil  et  ganz  desrui. 
Si  soit  la  pes  snnz  contredît.' 
Dist  Brun  'Platiaus,  bien  avez  dit.' 

Co  dut  Ji  singes  Cointeriaus 
'Cist  jugemenz  est  trop  isniaux. 

6!{5    Que  direz  vos  dont  de  la  reste 
Que  Renart  sor  Yaengrin  giete? 
Je  di  par  droit  que  premerains 
Li  eecondie  cil  as  sainz: 
Que  tralaon  c'est  lede  chose, 

&10   Uolt  est  hardiz  qui  faire  l'ose.' 

'Par  mes  ieulz'  oe  dist  li  lieparz, 
'Miex  me  oontiong  que  cist  esgarz 
Et  je  le  lo  très  bien  ainsi.' 
Dist  Grinbert  'ot  je  autreai.' 

645    A  ce  dit  se  tiencnt  li  troi 
Et  li  dui  strent  lor  ostroi. 

Ce  dist  li  cors  'gardons  après, 
(Si  m'aîst  diex,  tl  se  va  près, 
Fuis  que  nos  somea  ci  ensenble, 

600    Que  je  ne  di  ce  que  moi  senble) 
Cornent  Renarz  doit  amender 
La  mesfeïture  Chantecler'. 
Respont  Grinbert  'dîtes  le,  sire! 
Autres!  l'avez  vos  a   dire.' 

KA   'Dont  di  ge  por  bien  et  por  droit 
Que  tôt  aanz  respit  orendroît 
Devroit  estre  Renarz  deefait 
Por  l'omicide  qu'il  a  fait. 
As  forches  en  doit  penduz  estre 

660    Au  moins  ou  perdre  le  pie  destro 
Que  connut  a  la  felonnie. 
Apres  le  cXtâu  nel  noia  mie. 
Molt  me  senble  qu'il  s'est  mesfaiz. 

Q  Plaliaiu]  Beout    689  ludede    660  preadn 


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Ensorquetot;  il  a  la  paie, 

665    Que  li  roÏB  a  jureo,  enfraite.' 
Li  singea  a  la  langue  traite, 
Si  lî  fait  moe  par  derrière. 
Fuie  parole  en  tel  manière 
'Danz  Bricbemer,  loez  le  Tozf 

670  'OU,  voir,  Cointerel,  et  vosï'. 
'Or  me  senble  que  aoiez  yvres. 
Qui  me  donroit  deus  mille  livres, 
Ne  diroie  je  tel  parole 
Devant  le  roi,  que  ele  est  foie, 

675    Qu'en  jugera  si  haut  baron 
  pendre  con  autre  larron, 
Kis  mesmement  scrjant  le  roi. 
Ja  qui  devant  lui  tel  dearoi 
Dira,  ja  gre  ne  l'en  saura 

660    Ne  ja  miex  ne  l'en  amera. 
Dont  n'oï  ge  que  Benarz  dist 
Que  por  le  roi  venger  le  fist, 
En  quel  eervise  est  ledengiez? 
Droiz  est  que  miex  l'entegnieE. 

685    BieD  me  senble  que  se  soit  droiz 
Ce  que  Renarz  fist,  port  li  rois, 
Puis  qu'en  son  Borvise  le  fist. 
8e  plus  grant  merveille  felst, 
Dont  on  li  deûst  fere  anui, 

690    Doit  li  sires  prendre  sor  lui. 
Si  ne  jugiez  mes  del  desroi. 
Li  jugemenz  iert  sor  le  roi. 
Bien  me  senbteroît  a  droiture 
Que  por  ceste  mésaventure 

696    For  Ghantecler  qui  molt  est  preux 
Et  por  la  pes  mètre  entr'eiis  deus, 
Que  Renart  l'en  feïst  bornage 
En  l'onorance  del  damage. 
La  pes  me  senble  ainsi  plus  biax.' 

700   Dant  Cointerel'  ce  dist  Platiax, 


672  m  «.    683  eat]  fu    684  l«Rt«gIei    686  |>or 


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xxm 

'Vos  alez  auquea  près  de  bien. 
Mes  ce  ne  loe  ge  de  rien, 
Que,  se  li  rois  a  son  eerjant 
Un  petite  t  malioiant, 

705  S'aucuna  n'a  Bon  aaisement 
De  faire  son  comandement, 
Que  li  TassauB  por  ce  l'ocie 
Par  le  pooir  de  aa  mesnie. 
Mes  s'aucun  li  fait  desbonor, 

710   Uostrer  le  doit  a  son  seîgnor: 
Li  sirea  preigne  la  venjanoe 
A  son  gre  de  la  mesestance. 
Isei  me  senble  la  droiture.' 
Grinbert  qui  de  ce  n'avoit  cure 

TiO   Et  ot  este  a  bone  eecole, 
Li  a  rescousse  la  parole. 
'Avoi'  dist  il,  'sire  Flatel! 
Un  poi  nos  prestez  le  batel 
Et  Tostre  parole  avalez. 

720   De  tant  selonc  raraisones 
Que  nnlui  ne  doit  on  tuer. 
Amors  de  aeignors  puet  muer. 
Mes  on  dist  (si  le  savez  bien) 
Qui  moi  honore,  et  mon  chien. 

725   Or  por  Ica  saiuz  qui  sont  a  Rome, 
S'iere  serjanz  a  un  riche  borne, 
Sa  terre  m'aura  conmandee 
Qui  par  moi  soit  très  bien  gardée. 
Et  se  nus  i  fait  mesprison, 

730   Ne  remaigne  sanz  venjoisoD. 
Puis  me  fera  aucun  latdure 
Qui  de  m'amor  n'avéra  cure, 
Moi  et  mon  seignor  desptra 
Et  moi  noient  ne  prisera, 

7S5   Je  porrai  venger  le  médire. 
Puis  si  1ère  monseignor  dire, 
Dont  Bui  ge  por  noient  assis. 
N'est  aagea  bom,  ce  m'est  avis, 
Et  la  pu»  garder  de  la  terre 


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xxni 

7-10    Bt  a  l'onor  man  seignor  querre, 

Qui  mo  dit  honte  ne  meefftit, 

MoDseignor  meïames  le  fait. 

Et  Chaotecler  n'en  DOÏa  mie 

Que  li  vilains  par  félonie 
7-ld    Et  Coupée  tôt  aanz  respit 

N'eâaeent  le  roi  en  deapit.' 

Dist  Brichemer  de  ce  le  vi 

Me  trait  noient  chasouns  a  lui. 

Li  sires  son  talant  fera, 
750    Por  son  home  nel  lessera.' 

Qrinbert  respont  'voir  dites,  sire. 

Mes  vos  avez  bien  oï  dire, 

La  truie  fet  sovont  les  maus 

Dont  les  pueeles  sont  novaus. 
756    Por  mon  haterel,  se  ge  puis, 

N'en  iert  oan  serjaoz  destruiz 

Par  mon  dit  ne  par  mon  otroi, 

Qui  soit  ou  serriee  le  roi, 

Tant  i  face  ne  droit  ne  tort. 
760    Li  rois  nel  bet  mie  de  mort, 

Qui  l'a  toz  jorz  molt  bien  servi. 

Ne  doit  mie  avoir  deservi 

C'en  le  deetruie  por  tel  fet. 

Autres  afaires  i  estuet, 
765   Autre  conseil  vos  convient  prendre, 

Que  de  Renart  jugier  a  pendre.' 
'Seignor,  seignor'  dist  li  lieparz, 

'Ci  afifiert  auques  gront  eegarz. 

Molt  vos  ai  oï  estriver 
770   Et  vo  mautalanz  aviver. 

N'ose  Renart  sauver  de  bout 

N'a  mort  jngior  du  tôt  en  tout 

Por  ce  qu'il  est  serjanz  le  roi. 

£t  por  l'omicide,  ge  croi, 
775    Qui  a  la  pais  le  roi  despite, 

Ne  l'ose  fere  du  tôt  quite. 

747  ?      754  faut  il  lire  D.  L  poroab  niit  tôt  novMs  t 


'c* 


xxra 

Si  T08  dirai  o'on  en  pnet  faire. 
MetoDS  aor  le  roi  cest  afaire 
Qu'il  en  face  le  aieo  talant. 
T60   Si  n'aurons  pas  son  mautalent. 
De  Brun,  qui  de  Benart  se  plaint, 
Uolt  le  Teïsmea  pale  et  taint  : 
Il  U  met  sus  qu'il  le  trabi 
Au  tronc,  quant  il  li  mescheî, 
785   Ou  sire  Renart  le  mena. 

l'or  ce  que  il  tesmoinz  n'en  a, 
Renart  li  escondit  as  sainz: 
Si  soient  ami  conme  ainz. 
Ce  est  li  miex  que  ge  i  voie. 

790   Sivrez  me  vos  de  ceste  voie?' 
Dut  Brichemer  'nos  le  loona, 
Puis  qu'amender  ne  le  poons. 
Âlona  avant:  sire  Uepart, 
Devant  le  roi  dites  l'esgart!" 

79.1        Eepairie  sont  ou  mandement 
Ou  li  rois  tient  son  jugement. 
Li  liparz  enmi  la  meson 
A  conmenciee  sa  reson. 
'Sire  rob'  fet  il,  'or  oiez] 

8i)0   Je  dirai,  se  vos  l'otroiez, 

Le»  esgarz  qne  nos  avons  faiz 
An  confermement  de  la  pais.' 
Respont  li  rois  'jel  vos  otroi. 
Bien  le  voil  et  conmant  et  proi.' 

803    'Esgarde  avons  voîrement, 
Renarz  face  le  serement 
Ysengrin  si  con  il  dut  faire 
Conme  Roonel  en  fa  maire. 
Mes  por  le  roi  aaseûrer 

mO    Convient  ainz  Ysengrin  jurer, 
La  traTaon  ne  Rat  ne  sent, 
Dont  Renart  maie  aventure  eut. 
De  maufaire  sont  arrami, 


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S'ore  en  avant  soient  ami. 

815    Et  de  Renart  que  dans  Bruns  rete 
Et  traÏBon  Bor  lui  degiete, 
Renart  a»  sainz  esoondira 
Qu'il  ne  le  sot  ne  atira. 
Si  Boit  d'ans  deus  faiie  la  pab 

820    Qu'el  ne  renouvelé  jamais. 
Ifea  de  l'afaire  Chantecler 
Yoa  di,  ne  veons  mie  cler 
Ne  n'osons  dire  (ce  sachiez) 
Que  Renart  aoit  a  mort  jugiez 

825    Do  l'omicide  qu'il  a  fait, 

For  ce  qu'a  garant  vos  en  trait. 
D'autre  part  ne  poons  trover 
Sa  delÎTrance  ne  prover 
Por  la  pes  que  il  a  faussée, 

830    Qu'avez  plevie  et  affiee. 
Atant  nos  en  volons  taisir 
Et  vos  en  faites  to  plaisir.' 

'Nos  em  patlerona'  fet  li  rois  : 
'Que  tant  est  Chantecler  cortoia 

B3.')    Qu'il  en  esgardera  mesure 

Et  par  raison  prendra  droiture. 
Ce  sachiez,  por  nului  tenser 
Ne  vueil  mon  aerement .  fausser. 
Sus  Cbantecler  met  cest  afaîre, 

840   Qui  en  soit  justicier  et  maire 
Et  il  regart  que  tant  en  face 
Dont  moi  et  autre  gre  l'eu  sache. 
Très  bien  li  affi  loîaument 
Qu'en  en  fera  son  loement. 

Mb   Or  se  conseult  de  l'amendise, 
Conment  il  velt  qu'ele  aoit  prise. 
Si  façon  ci  les  sainz  venir, 
Et  li  autre  por  pais  tenir 
Soient  preat  de  lor  serement 

830   Et  sivent  lor  oetroiement.' 


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XXIII 

Li  cm  a  la  parole  oîe. 
De  ce  qu'il  ot,  le  roi  mercie, 
La  teste  en  a  vers  lui  clinee. 
Dame  Pinte  a  apelee 

86Ô    ïït  ma  dame  Rosse  acenee: 

A  son  conseil  andeus  les  marne. 
Aporte  sont  li  saint  atant. 
Et  li  baron  sont  en  estant, 
S'ont  lor  pais  faite  et  atiree 

8(10   9i  con  on  lor  ot  esgardee. 
Chaotecler  est  a  son  conseil 
Qui  molt  en  est  en  grant  esveil. 
Tinte'  fet  il,  'que  me  loez 
De  cest  conseil  que  tob  oezP 

6(t5    Que  dîron  n<M  de  l'amendise 

Qui  de  Benart  est  sor  nos  mise)* 
Morte  est  to  suer  dame  Coupée. 
Mort  ne  puet  estre  recovree. 
Fardonons  li  la  mort  por  l'ame, 

870   Que  diex  ait  merci  de  la  dame.' 
'Coi'  dist  Pinte,  quel  la  ferez? 
La  mort  ma  seror  pardonrez. 
Que  tant  amai,  dame  Coupée? 
Ja  me  verres  de  duel  paamee.' 

8TD        Tinte'  fet  Bosse,  'or  m'entendez! 
For  dieu,  bon  jugement  prenez 
De  Coupée  rostre  seror. 
Puiaqu'aTons  le  gre  du  seignor, 
Xos  le  deTOQS  molt  bien  grever. 

880    Fesons  RU  moins  ses  eulz  crever 
Ou  il  perde  les  piez  andeus. 
En  toutes  corz  soit  mes  honteus.' 
Fait  Pinte  'Boosse  dit  merveille 
Qui  en  tel  guise  me  conseille 

88&   Con  de  Reuart  desfigurer. 
James  ne  nos  lairoit  durer, 
3'il  sanz  mort  remanoit  en  vie: 

Z  li  roia    tilia  Ma  d.  r.  et  a.    S«4  D«  co  oeit 


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XXIII 

Que  molt  eat  fel  et  plsina  ^'enrïe. 

S'est  molt  Bagea  et  vêtiez  : 
890    ToBt  se  aeroit  de  nos  vengiez. 

Par  mon  ohief,  ce  n'eit  paa  mea  los. 

Il  a  trait  le  plus  cort  des  loz, 

Si  est  cheOz  en  no  manede. 

Bien  li  deTone  or  fere  lede. 
89j    Je  l'utroi  bien  qa'il  aoit  penduz, 

Pot  prière  ne  soit  renduz. 

Par  le  haut  ee^or  qui  ne  ment, 

Se  vos  le  fetea  autrement, 

Jamcfl  mea  amia  ne  aérez 
901)    Ne  ma  croupe  ne  chaucercz,' 

Or  ot  Chantecler  que  s'araie 

A  Kenart  ne  pardanra  niîe 

La  laidure  qu'il  lor  a  faite. 

Tel  parole  )i  a  retraite 
005   Que  James  jor  ne  l'amera 

Tant  conme  Renart  rivera. 

Miex  li  vient  il  que  Kenart  muire, 

Quant  s'amie  le  velt  deatruire, 

Qu'il  la  perdiat  d'ore  en  avant. 
giO    Bien  ont  famea  les  dez  avant: 

Otroiez  li  quanqu'ele  velt. 

Mes  neporquant  le  ener  en  deult. 

Atant  ont  lor  conseil  fine. 

Genart  i  ont  mal  encline 
915    Qu'il  ouidoit  avoir  bone  pais. 

Mes  autrement  tome  li  plais. 

Du  conseil  repèrent  tuit  troi 

Si  sont  venu  devant  le  roi. 

HoU  se  tint  eobruns  Cbanteclera. 
DjO   Piteus  fu  molt  li  bachelera. 

Les  larmes  H  moillent  la  face, 

Deaous  ses  ielz  i  pert  la  trace. 

As  piez  le  roi  s'eet  aploie^ 

Puis  est  li  con&eulz  desploïex. 


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xxm 

OSD    Ce  coTient  il  qae  devant  viegne. 
'Sire'  fait  il,  'âîex  tob  maintiegne, 
Que  grant  honor  m'avez  portée. 
Dame  Pinte  est  nolt  amortee 
Por  sa  seror  qui  eat  occiee 

030   Et  velt  que  venjance  en  Boit  prise. 
Volons  que  fienart  soit  penduz: 
Trop  est  il  assez  atenduz. 
Mort  a  donnée,  mort  reçoive]' 
Or  trenble  Renart  plus  que  fueille, 

935  Quant  de  sa  mort  ot  plaider. 
!Nus  ne  l'en  pooit  mes  aider. 
Li  rois  ot  fet  son  saîrement, 
Qa'il  BÏvroit  lor  atirement. 

Nobles  s'en  est  en  pies  drecies. 

910    Molt  durement  s'est  corrouciez. 
'Chanteoler'  fait  il,  'tu  m'as  mort. 
S'as  vers  Renart  molt  félon  tort 
Qui  maint  biao  servîse  m'a  fût, 
Mau  guerre  don  l'en  ai  retrait. 

(MQ    Ne  fausere  mon  serement. 
Que  trop  le  jure  asprement, 
Que  plus  te  quidai  debonaire. 
Si  feras  ce  qu'aras  a  faire. 
Kon  serement  aquiterai, 

!)W  Que  je  le  te  deliverrai,' 
Li  rois  a  apele  Renart, 
Si  li  a  livre  par  la  hart. 

Lors  voit  Renart,  qu'il  est  jugiez, 
Ne  puet  mais  estre  ostagiez. 

IM5    De  mort  ne  puet  avoir  treslue, 
Se  son  engin  ne  li  aiue. 
Porpensez  s'est  de  grant  voidie: 
Ne  lessera  qu'il  oe  le  die. 
Se  il  li  puet  valoir,  si  vaille. 

enn   SenUant  a  fet  qu'il  ne  l'en  chaille. 
'Rois'  fet  Renart,  'witent  a  mi. 

ttl3  Faut  a  lire  reoueilUr 
BEKART   II 


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xxm 

Pot  dieu,  parole  a  ton  ami 

Qui  aervi  t'a  si  boDement 

Sanz  tricherie  loiaument. 
W5    Bien  ai  porchocie  Toetre  preu 

Tôt  La  OD  je  fere  le  peu. 

Mou  Tueil  fuisse  pieca  finez, 

Fuis  <]ue  si  mal  sui  destinez. 

Tant  ai  vescu,  tos  sui  cbanuz. 
970   Or  Bui  a  œale  fis  venus. 

Se  morUBse  de  bêle  mort, 

U'ame  en  eûst  plus  grant  confort. 

Ne  puet  estre  aatresi  espris. 

Par  grant  pechie  sui  entrepris. 
976    Se  g'eûsse  de  vie  espace, 

Molt  richement  vos  mariasse. 

Mes  Boufrir  m'estuet  oest  martire. 

AiuE  que  ge  mnire,  vos  vaeil  dire 

Ce  que  rois  Yvoris  vos  mande. 
980    Molt  a  grant  chose  en  sa  conmaode. 

Plus  a  de  terre  a  manbumir 

Dis  tanz  que  n'en  poez  foniir. 

Une  fille  a  molt  précieuse, 

Donei  la  vos  veult  a  espeoee. 
98fi   N'a  plus  hoirs,  sa  terre  avérez. 

Or  i  parra,  quel  la  ferez. 

Bien  vos  sai  dire  tel  novele, 

Q'en  tout  le  monde  n'a  si  bêle. 

N'est  beste  tant  oon  terre  dure, 
990   Dont  ne  puist  prendre  la  figure. 

Molt  par  se  set  bien  tresmuer, 

Quant  ele  se  veult  remoser. 

Sire,  pensez  de  cest  afaire 

Que  ceat  bonor  puûsies  atraire. 
995    Se  bien  n'en  pensez  de  l'ovrer, 

Ja  tel  ne  porrae  recovrer. 

S'il  n'i  avoit  autre  eritage, 

Mes  que  son  déduit  et  sa  rage, 

Sire,  sï  t'en  doiz  tu  pener 
1000   Que  ci  la  puisses  amener. 


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xxin 

Por  quant  se  dot  eatre  essilliez, 
De  Tostre  hooor  seroie  liez. 
Preo  ton  mesage,  si  l'envoie, 
Âinz  qu'autre  se  mete  a  la  voie. 

1006    Se  encore  demain  vesquiase, 

Ceet  porchaz  très  bien  Toe  feïsee. 
Mes  fet  arez  vo  serement, 
Sel  tenez  trop  entièrement. 
Que  ce  nos  dit  sainte  escritnre, 

1010   Qui  la  vérité  nos  espure: 

On  fait  le  mal  por  pis  lesser, 
Por  bien  se  doit  la  lois  plesaier. 
Et  si  trovona,  œ  m'est  avis, 
Que  meTsmes  li  rois  David 

IOir>   Qui  diex  ama  parfitemeot, 
Par  ire  fist  un  sairement 
C'un  home  ooirroit  sanz  respit: 
Ke  sai  s'il  l'avoit  en  despit 
Ne  por  quel  (diose  il  le  haoit. 

1030   Mes  diex  li  diat,  péchiez  feroit: 
Qn'omicide  en  nule  mesure 
Ne  doit  estre  fet  sanz  droiture. 
Cil  crut  ce  qne  diex  li  ot  dit 
Et  'seloDC  soD  conseil  le  fist. 

1035  De  ce  qne  diex  loe  un  afaire 
Qui  de  toz  est  sires  et  maire, 
Ce  doit  estra  molt  bien  («du. 
Or  Bonunea  a  cest  point  venu, 
Se  ma  via  vos  a  mestter, 

lOno    Bien  poez  ma  mort  respitier. 
Péchiez  est  il  de  parjurer, 
Qraindre  est  de  moi  deffîgurer.' 

Quant  li  rois  oî  la  novele, 
Sachiez  que  auques  li  fu  bêle. 

1035   De  tant  seulement  qu'il  oT, 
Molt  durement  s'en  esjoT. 
Or  parlera,  s'il  en  a  aise, 


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Qui  que  soit  let  ne  oui  il  plaise. 
'Seigaors'  ce  dist  Nobles  li  rois, 

1040  'Bien  eaeeroit  resons  et  drois 
Que  li  plus  grant  et  li  menor 
Par  tôt  porchasacent  m'ouor. 
Tel  cli(»e  m'a  Renart  d  dite, 
S'en  cest  aa  la  pois  avoir  qnite  : 

1045    Et  se  ge  n'ai  oe  qu'il  m'a  dit, 
Dont  pria  ge  m'anor  molt  petit. 
Or  set  Renart,  ne  puet  durer. 
Que  je  ne  m'en  Tueil  parjurer: 
Quel  de  vos  fera  la  mesage 

106O  A  TTorts  du  mariage, 

De  par  moi  dîe  la  oorele  . 

Qu'a  moillier  me  doint  la  pacelef 

Ual  de  celui  qui  aine  detst 
Du  mesage  qu'il  le  feCst  1 

1056    Que  Yvori  ne  connoiseoient, 
De  sa  terre  point  ne  saroient. 
Ne  sai  comment  il  la  seûssent 
Ne  quel  malfe  dit  lot  eussent. 
Renart  melemes  nu  savoit, 

1060    Mes  le  roî  amuse  aroit: 
Tel  cboee  li  faisoit  acroire 
Qui  ne  pooit  pas  estre  Toire. 
Mes  si  le  volait  eniTrer 
Que  il  se  peust  délivrer. 

106&        'Seignora'  fet  Nobles,  'or  oies! 
Molt  vos  ai  semons  et  proies 
Que  me  feîssiez  oest  mesage. 
Mes  n'en  î  voi  un  seul  tant  aage 
Qui  du  fere  s'en  ost  vanter. 

1070  lit  vos  que  direz,  Chantecler? 
Se  vos  Renart  me  destmies, 
Ou  mes  conaeuh  est  apuiee, 
Cest  roeei^  fares  le  vos?' 
'For  dieu,  sire,  gabez  me  vosP 


i  lel  manqué      1060  li  roia 


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xxra 

1076    Aine  ne  soi  ou  mest  Yvorb. 

Mea  Renart  qui  n'est  esbahis, 

VoB  fet  acroire  ce  qu'il  yeult 

Isei  faitemeot  con  il  seuH.' 
Benart  a  son  conto  abesaie. 
1080    Le  parler  etist  ja  lesaie: 

Mes  nel  lera  si  faitement. 

'Sire'  fait  il,  'sanz  doutement 

Créez  ce  que  je  vos  ai  dit: 

Que  go  ferai  saoE  contredit 
10S6   Que  rois  serez  delà  la  mer 

Si  con  vos  estes  deoa  mer. 

Et  si  auroiz  feme  nobile: 

N'a  tant  bêle  jusqu'à  SeziUe. 

S'ainsi  uel  faz,  se  ge  ai  vie, 
1090  Dedenz  cest  an  siuiz  felonnie, 

Ostroi  qne  je  soie  deffez. 

Ja  mar  eu  ert  jugemenz  fez.' 

Ce  diat  Grinbert  'il  dît  bien,  sire. 

Ja  ne  le  devez  escondire. 
1096   Je  le  preing  bien  por  lui  en  main. 

Mar  me  lerez  mie  de  pain 

Ke  fiez  ne  terre  a  tenir. 

Que  qne  je  doie  devenir, 

Moi  meTsmea  metez  avant, 
1100    Se  Besart  ne  vos  tient  covant. 

Prenez  sor  vos  sa  forfaiture. 

Que  chaut,  s'en  vos  tient  a  parjure? 

Que  ja  ne  porriez  trover 

Qui  le  vos  doie  reprover.' 
1105   Li  roia  et  le  beeoing  eatroit. 

Que  li  roie  li  conseille  a  droit. 

'Chanteoler'  fet  il,  'je  commant 

Et  ai  voa  pri  con  mon  amant 

Que  cesta  mort  me  pardonez, 
ino   Tant  qae  je  soie  coronez 

De  tel  honor  oon  je  porchace. 


1106  Faut  il  lire  Qne  Qrimberaf 


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xxm 

Mea  uoe  chose  por  voir  aachei 
Se  mes  de  riens  vos  desdisoit, 
Tooz  li  08  dieu  nel  gueriroit.' 

1116        Chantecler  ot  la  conmandie, 
Ne  set  oonment  il  escondie 
Ce  que  li  roia  prie  et  conniande: 
Que  l'amendiBe  est  moU  grande, 
Puis  que  li  roia  le  velt  a  certes  : 

1120   Et  souffrir  li  ooaTÎent  ses  pertes. 
Otrie  H  a  son  talaat. 
Mes  tel  i  a  qui  sont  dolent. 
Qui  que  fu  lait,  Banart  fu  bel 
Et  le  singe  dant  GoîntereL 

1126    Mes  Pinte  en  fu  tote  dolente 
Et  Ysengrios  molt  se  démente. 
Mes  li  rois  Chantecler  mercie, 
Quant  il  a  sa  parole  oTe. 

'Qrez  et  merciz'  ce  dist  li  roia. 

1180  "Renart,  Renart,  or  est  bien  droiz: 
Quant  de  mort  eatea  aquitez, 
Tos  et  rostre  plege  aquitez! 
Si  porohaciez  bien  vostre  afaire.' 
Ce  dist  Renart  'bien  eat  a  foire. 

1135    Mea  vo  letrea  m'eatnet  avoir 
Et  To  seel,  que  por  avoir 
lSe\  lerai  ge  que  je  •n'ea  quiere, 
Se  diex  done  que  je  ne  muire.' 
Li  rois  fet  ses  letres  eacrire 

1140   Et  fait  mètre  quanqa'il  vuelt  dire 
En  un  parchemin  de  veel. 
Renart  lea  charge  o  son  seel, 
De  la  besoigne  molt  li  prie. 
Renart  quanqu'il  veult  lî  obie 

1145   Bien  alast  la  on  len  l'envoie  : 

Mes  il  n'en  aet  ne  champ  ne  voie, 
Tant  a  fait  qu'il  est  esohapes. 
S'il  puet,  il  n'iert  mes  atrapes 


IIU  pr*      1188  Faut  il  lir«  j«  rapertf 

,.,      ,,::l,.GOOgIC 


xxin 

En  oort  a  roi  jusqu'à  celé  eure 
1160   Que  il  iert  auques  au  deseure 

Et  qu'il  porra  chose  trover 

Dont  ses  anemis  pnist  grever 

Et  eu  1r  oort  faire  tesanz 

Si  que  il  Boit  au  roi  plesanz. 
1155        Âtant  toute  la  cort  départ. 

Ben&rt  s'en  torne  d'une  part 

Qui  ft  cort  dut  estre  tri^z. 

Revenuz  est  en  son  païa 

  sa  famé  prendre  conseil 
1160    Qui  por  lui  est  en  ^rant  esveil. 

For  lui  a  graot  joie  menée. 

Mes  molt  lî  a  corte  durée, 

Que  tôt  li  a  conte  l'afaire. 

Ne  sevent  preu  a  quel  ohief  trere. 
1166    Ce  dist  Renart,  guérir  ne  cuide, 

Se  trestot  le  pafo  ne  wide. 

Forpensa  soi  dame  Hermeline, 

Qui  molt  par  fu  sage  meachine. 

Loe  li  a  que  s'escience 
liTO    Velt  aprendre  de  nigromanœ: 

'Jusqu'en  Espaigne  vos  lassez. 

À  Tolete  en  set  on  assez. 

Ce  est  uns  ars  de  tel  manière 

Que  qui  bien  on  set  la  manière, 
117S    Tôt  fait  a  son  commandement, 

Que  ce  est  l'art  d'enchantement 

Se  de  oel  art  apris  avez 

Et  de  l'enchantement  savez, 

Par  vostre  enchant  le  roi  forez 
1180    Qua&que  fere  li  deverez.' 

Renart  sot  que  s'amie  dist 

Qui  de  bon  conseil  le  gamist 

'Dame'  fet  il,  'vos  me  loez 

Du  mieuz  que  vos  fere  savez 
1185   Et  je  irai  puis  qu'il  vos  grée. 

ITO    i''i'ii/ iV  TiVc  Hele  a  pirndrt  ?    ues  me  manque 


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XXIU 

Mes  je  TOB  les  molt  esgaree. 

Or  p6n§ez  de  Tostre  mesaie 

Que  richement  soit  arnanio. 

Tostre  terre  soit  bien  tenue 
1100    Que  ne  sai  de  ma  revenue, 

Ed  quel  termine  le  ferai 

ffe  quels  merreilles  troverai.' 

Âtaat  s'en  va,  sa  feme  lesse. 

Molt  doucement  l'aoole  et  beae 
tI96   De  Boa  travail  molt  lî  ennuie, 

Si  prie  dieu  qu'il  le  conduîe. 

Va  s'en  Benart  au  miex  que  puet 

Si  corne  fere  li  eatuet. 

Fasse  les  monz  et  les  valeea 
ISOO    Et  les  forez  larges  et  lees 

Et  les  destroiz  et  les  passages 

Si  conme  veziez  et  sages. 

Les  nuiz  va  molt  sovent  en  proie, 

Que  il  n'a  cure  c'on  le  voie. 
1305    Tant  a  tenues  ses  jornees 

Et  les  granz  terres  trespassees, 

Entrez  est  en  terre  d'Espaigne. 

Lieve  son  pie,  sa  teste  saigne. 

En  Espaigne  ert,  bien  le  savoiL 
ISIO    Or  prie  dieu  que  il  l'avoit. 

La  traoe  suit  d'une  charrete. 

Far  nuit  est  venuz  a  Tolete. 

Amont  en  va  parmi  les  rues 

Ou  les  mesons  sont  granz  et  drues. 
121S    Molt  se  demuoe,  près  se  tient, 

Que  molt  se  doute  et  molt  se  orient 

Que  chiens  ou  beste  ne  l'asaille. 

Tel  fain  a  que  molt  en  baaille. 

Cerohe  citierea  et  cuisines, 
1220   Yolentiers  goutast  de  gelines 

Et  s'en  preïst  a  son  souper. 

Engin  savoit  a  deetonper 

Troua  de  jaioles  et  de  tois. 

tfnee  par  baies  et  par  sois. 


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122i)   Far  sr<Hiture  est  cnbatuz 
Ed  tel  ostel  ou  ert  batuz, 
A  l'oBtel  le  mestre  do  l'art 
Qui  ne  se  gardoit  de  Renart: 
Mestre  Henriz  avoit  a  non. 

12%  S'eatoieot  mis  ai  gras  chapon 
En  une  cage  lez  le  fu, 
Âinc  mea  tele  roie  ne  ta. 
Benart  a  flairie  et  senti. 
Ainz  de  grater  ne  s'alenti 

138&   Desus  le  Bueil  de  la  meson, 
Que  volentiera  queroit  reaon, 
Conment  il  fust  laienz  entrez 
Tant  que  dea  chapona  fjat  montrez. 
n  i  a  tant  gr&te  a  preu 

1240    Que  fet  i  a  nn  petit  treu. 

  par  soi  a'eat  tant  aTascioz 
Qu'il  s'est  en  la  meaon  fichiez. 
Molt  l'angoisse  la  leoberie 
Et  ai  n'a  pas  voie  marrie, 

1243    Que  li  âairiera  l'en  fesoït  sage. 
Yenuz  est  tôt  droiz  a  la  cage. 
Li  un  des  piex  brise  a  aes  denz 
Tant  que  son  ohief  a  mis  dedenz. 
Puis  i  entre  do  tôt  son  cors. 

13S0   Ues  ja  aincois  n'en  istra  fors, 
Qu'il  en  sera  molt  entrepria. 
L'un  des  obapoas  a  ans  denz  pria. 
Lors  s'escria  de  tel  randon 
Que  les  Beijana  de  la  meaon 

12115   Por  la  noise  se  sont  levé. 
Durement  ont  Renart  grève, 
Que  1ï  maiatrea  lor  eaoria 
Por  les  sainz  deu,  gorpîl  i  a. 
Filz  a  putain,  alez  a  Fuis. 

1200   Desooz  le  sneil  est  le  pertuis: 


1244  Toe  Msria     1248  gag» 


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XXIII 

Très  bien  l'ai  veû  en  mon  sort. 
Honnïz  somea,  s'il  nos  eatort.' 
II  mcïsmeB  saut  àe  son  lit 
Veoir  la  ohaoe  et  le  déduit 

1265    Que  si  vallet  font  a  Renart 
Qui  de  la  cage  isai  a  tart: 
Que  grant  clarté  fet  la  lumière. 
Si  ont  estoupe-sa  toviere. 
Or  est  Renart  en  maie  paioe. 

1270    Au  comencier  a  maie  estrune. 
Chascuns  tient  pesteil  on  macue. 
De  la  poor  Renart  treeeue. 
Qui  primes  vint,  primes  i  fiert. 
'Las'  pense  Renart,  'ce  que  iertP 

1375    List  on  ainsi  de  nigromance? 
Trop  en  ai  ja  grief  penîtance. 
Encor  n'en  ai  gueres  ouvre, 
S'en  ai  ja  maint  cop  recouvre.' 
Qu'en  diroifiP  tant  l'ont  batu, 

ISSO    Por  mort  l'ont  a  terre  abatn. 
Renart  se  giBt  gueule  baee, 
Auques  a  celé  gent  gabee. 
N'estoit  pas  mort  du  tôt  en  tôt, 
Ainz  prenoît  bien  a  euls  escot. 

1285    Oïr  volott,  que  il  diroient 
Et  que  de  lui  deviseroient. 
'Prenons  en'  dist  li  uns  'la  pel. 
Je  li  toudcaî  a  un  coutel.' 
'Mal  avons  fet'  ce  dist  li  mestre: 

1390    'Que  tôt  vif  le  peâeson  peetre 
Jusqu'à  yver  après  este, 
Se  vif  l'eûssons  arreste. 
Adont  fust  sa  seson  venue 
Et  sa  gorge  blanche  et  cfaanue. 

1295    Miex  vausist  que  ne  fet  assez. 
Que  fust  il  ore  respassez! 
Si  m'aîst  diex,  mes  ne  morroit, 
Tant  con  ici  vivre  porroit.' 
Quant  Renart  et  q'ainsi  puet  vivre, 


...oglc 


1300   De  mort  ne  le  fera  nus  cuivre, 
Aiacoû  le  tendront  em  prison 
Tant  que  sa  pel  soit  en  aeeon. 
Or  e«t  Bi  lies  q'ainz  si  ne  fu. 
Un  petit  s'estent  vers  le  fu 

1305    Et  a  gite  un  grant  soupir, 
Li  mestres  jure  saint  espir: 
'N'est  mie  mon:  or  li  aidons!' 
Let  li  gietent  a  gronz  randons 
En  la  gueule  tôt  esdiaufe. 

1310   Si  respasserent  le  maufe. 
D'une  ohaane  l'ont  lie. 
Le  mestre  a  ses  serjanz  prie 
Qu'a  menger  li  doingnent  assez 
Tant  que  il  soit  toz  respassez. 

18)6   11  si  firent  tant  qu'est  guérie. 
Or  ne  fu  fel  ne  esmarriz: 
Ainz  se  contient  moU  simplement 
En  l'ostel  et  molt  bonement 
Or  puet  aprendre  nigromance, 

1330    Que  assez  lï  font  de  pitance. 
Chasoun  jor  en  l'escole  gîst 
Et  ot  quanque  le  mestre  dïst, 
Uolt  fu  sages  et  entendanz, 
N'ot  pas  les  oreilles  pendanz, 

132fi  Ainz  les  tient  droites  et  escoute 
Molt  parfont  pense  que  il  doute. 
Tant  en  aprist  que  toz  fu  sages. 
Si  n'estoît  pas  entr'eus  sauvages: 
Aina  estoît  molt  aprivoisiez. 

1330   Par  l'ostd  aloit  desliez. 

Une  nuit  se  leva  de  l'estre. 
Si  s'en  ala  après  le  mestre 
En  une  route  deeouz  terre, 
Ou  il  aloit  son  savoir  qaerre 

1335    A  une  grant  teste  cavee, 
Qui  estoit  de  ouivre  gitee: 


1301  cuire     lâOtt  laim)  b.    131»  dlgromias     1338  err«* 


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A  celé  prenoit  ses  consenlz 
Les  plus  privez  et  les  plus  sena. 
'Baron'  dist  le  mestre,  'que  doit^ 

1H40    Meînt  oonpaigDOD  ai  orendroit 
Qui  assez  sevent  de  Toaire  art. 
!N^e  lor  vault  denrée  de  lart 
Et  non  fet  il  demie  d'oint, 
Qn'il  ne  pueent  savoir  un  point: 

134&    S'en  sont  dolent  et  confondu.' 
La  teste  li  a  respondu 
'Mestro,  moînt  jor  lit  en  avez, 
Et  plus  encor  si  n'en  savez 
Ne  ne  poez  par  vos  trover 

1350   Que  doit  qu'il  n'en  pueent  ovrer. 
Or  m'entend^  gel  vos  dirai, 
Que  ja  ne  vos  en  mentirai. 
Qui  bien  veli  ovrer  de  oest  art, 
Tenir  l'estnet  ou  tempre  ou  tart 

IS&B   Au  tron  d'une  chambre  privée. 
Croiz  ne  soit  fête  ne  nomee. 
Mes  si  se  velt  en  nos  fier, 
nieqnes  doit  sscreSer 
D'an  coo  marcbots  ou  d'un  noir  chat.. 

1360   Qui  nel  pnet  enbler,  si  l'achat. 
Aprez  die  sanz  autre  fable 
"Oiez,  d'enfer  tuit  li  deablel 
De  ceste  oevre  loiez  seignor 
Et  si  Boit  fet  en  vostre  honorP 

1865    La  dedenz  giet  son  saorefice: 

Apres  s'il  velt,  de  la  chambre  isse. 
Ja  mar  fera  antre  proiere- 
Tôt  puet  faire  son  majetiere.' 
Ne  volt  plus  dire,  si  se  tut. 

1870  Renart  retint  ce  que  il  pat. 
Li  mestres  sanz  arrestoison 
Est  revenue  en  sa  meson. 
Un  petitet  s'est  tret  ensns 
Tant  qne  le  mestre  en  fa  iaaos. 

1375   De  son  acostement  n'a  cure. 


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XXIII 

Fet  i  a  maie  norretare, 

Qu'il  a  pris  le  coc  de  l'ostel. 

N'es  Bavoit  nul  ci  près  ne  tel. 

Âtaot  s'en  va  a  la  Itxigaîgne, 
1380    Ilec  a  fet  sa  barbaeaue  .  "i 

Si  con  la  teste  l'ot  apris. 

Puis  s'en  Ta,  co&gte  n'i  a  pris. 

FÏBt  ses  charmes  et  ses  oaraudes, 

Ses  conjuremenz  et  bbs  laudes. 
I.ISÔ    Ainz  puid  ne  pot  estre  tcnu& 

Avec  le  vent  s'en  est  renus 

A.  Ualcruee  en  une  seule  eare, 

Ou  sa  famé  trova  qui  pleure 

Far  la  âolor  de  son  mari, 
1H90    Qu'en  envoia  si  esmarrî. 

Mes  il  l'a  bien  réconfortée. 

S'aventure  li  a  contée. 

Dit,  bien  aura  toz  ses  ators, 

D'enchantement  set  toz  les  cors. 
1306    Or  se  gart  bien  que  il  harra, 

Qu'assez  test  li  en  mescheira. 

Graut  joie  ont  ensenble  menée 

Tant  que  ce  vint  a  la  jornee. 

CoD^e  prent  Renart  a  s'amie 
1400   Et  dist  qu'il  ne  lessera  mie, 

Qu'au  roi  ne  se  voise  aquitier. 

James  n'en  quiert  jor  reapitier. 

Renart  vot  a  la  cort  le  roi 

Far  chaucîees  et  par  perroi 
1406   En  la  forast  Broceliande. 

Illeo  le  trova  sans  demande. 

For  Renart  ert  en  grant  abe, 

Cremoit  qu'il  ne  l'eust  guabe, 
Atant  ez  vos  Renart  en  place 
1410    Que  il  veit  bien  que  on  l'i  saobe: 

Que  il  aporte  tel  novele 

Qui  as  muaars  essera  bêle. 

1380  Faut  il  lire  fets  m  bargaigner     1410  qne  mjHqiie 


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Li  rois  estoit  batiz  et  hetiez. 
Renart  parla  can  afedez 

1415    'Rois,  tos  jorz  soifit  tu  sauvez! 
Holt  ai  este  por  ros  grevez. 
Passe  en  ai  mainte  contrée. 
Bone  aventure  en  ai  trovee, 
Bien  ai  esploitio  mon  travail 

1420  Dt  a'ai  prore  conbien  je  vail.' 
Or  le  sert  bien  de  la  treslue 
Renart  qui  tôt  le  mont  argue. 
'Rois  est  d'Arcade  et  de  Celdone. 
Ueint  riolies  hom  treO  li  done. 

14%    Jusqn'as  bonos  qu'Artus  les  fit 
Est  il  sire,  si  coq  il  dist: 
Tôt  vos  donne  son  héritage 
Avec  sa  fille  en  mariage, 
Si  fait  de  vos  son  eritier. 

1430   Yiex  est,  ne  puet  mes  oetoier. 
A  famé  vos  done  sa  fille.' 
'Renart'  fet  ii  rois,  ou  est  illeP' 
'Sire,  ele  vient  a  grant  empire; 
Avant  le  vos  sai  venaz  dire. 

1436    Or  mandez  tote  voatre  gent. 
Sel  recevez  honestement 
Et  apareilliez  tel  conroi 
Tel  oon  convient  a  noble  roi 
Et  que  nos  i  aions  honneur.' 

1440   'Renart'  fet  li  rois,  a  beneurl 
Ta  par  la  dame,  si  Tarooine     * 
Et  je  dedenz  ceste  semaine 
Ferû  ma  gent  toute  venir 
En  ma  «aie  por  cort  tenir.' 

1445        Atant  Renart  s'en  est  tomez 
Et  li  rois  s'est  bien  atomes. 
Mande  ses  genz  granz  et  menors 
Que  tnit  viegnent  a  ses  honors, 
Tnit  i  aquenrent  volontiers, 

UN)    Tfi  quierent  voies  ne  sentiers, 
Ues  par  broces  et  par  essart, 


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xxm 

Yeoir  les  merveilles  Benart. 
Tant  en  i  Tient,  la  cort  fu  plaine. 
Ne  fînerent  d'une  aemaine 

1455    De  venir  d'amont  et  d'aval. 
Estaochie  i  ont  meint  cheval. 
Li  rois  atorne  son  afaire: 
Que  granz  voies  vodra  il  faire. 
De  venoison  i  a  molt  prise 

1460  Et  voliile  de  intùnts  ^uiae. 
Du  tôt  me  penaese  a  nomer, 
Hes  ceste  oeuvre  vueil  achever. 
Li  rois  ses  menestreua  assist 
Et  a  chascun  bod  mestier  dist. 

1466    Roonel  met  a  la  cuisine 
Qui  de  l'aparaiDier  ne  fine: 
Et  dit  Tybert  qu'il  li  aïst 
Bruns  li  ora  a  loe  et  dist. 
Bien  set  mengier  aaavorer. 

1470    Tybert  i  va  sana  demorer. 

Platiaus  conmande  pain  livrer 
Et  molt  larftement  délivrer. 
De  Brichemer  fet  bouteillier, 
Le  vin  li  rueve  apareillier. 

1475   Et  BruD  preigne  garde  des  mes, 
A  la  table  les  face  près. 
'Ysengrin,  pensez  de  toillier 
Et  de  la  coupe  apareillier 
Devant  vo  dame  la  roTne.' 

14d0    Tsengrin  parfont  Ten  encline. 
là  rois  a  bien  tôt  devise 
Et  Renart  a  tôt  avùe 
Qui  ert  en  aise  de  la  cort. 
Or  le  convient  qui  se  ratort. 

1485    I)  fet  ses  ynvocatïons 

Et  ses  forz  conjurations: 

As  maufez  fet  d'un  chat  présent 

Por  bien  fere  l'enchantement. 

1487  A  mauuet 


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xxm 

Far  eachant  a  fet  meintea  beites, 

1400    De  tex  i  a  qui  ont  rint  testes. 
Et  plus  assez  de  tex  t  a. 
Bestes  fait  q'ains  dex  ne  cria, 
Et  tnolt  de  diverse  maoïere 
Et  aussi  coD  devRDt  derrière. 

149b    Puis  que  Renart  les  a  charmez, 
Gietent  par  bouches  et  par  ciea 
Feu  et  fiambe  par  tel  ravine, 
Avis  est  que  tôt  le  mont  fine. 
Et  quant  il  veit,  si  les  racoiae 

1500    Que  ja  ne  feront  point  de  noise. 
Renart  vient  a  joie  et  a  feste, 
Mes  molt  demoine  gnnt  tenipeste. 
N'est  merveOle,  se  noise  font 
Béates  qui  tant  de  testes  ont. 

K)05    La  noise  iert  a  merveille  grande. 
Puis  que  danz  Renart  le  commande, 
Vllent  et  cornent  et  buisinent  : 
Cil  qui  l'oent,  s'en  aderînent 
Que  ce  sont  deable  qui  vienent. 

1910    A  poines  de  poor  se  tienent. 
En  guise  d'une  lionoesse 
Ànmaine  au  roi  sa  promesse. 

Ainsi  s'en  vînt  Renart  a  «ort. 
Nobles  encontre  lui  acort 

1515   'Renart,  bieo  eoiez  vos  venuz! 
Por  ce  se  tu  es  viex  cbanns, 
N'a  il  bachelier  en  ma  terre 
Qui  mex  i  sache  mon  preu  querre. 
Est  ce  ma  famé  qui  m'amaines, 

1520    Dont  tu  as  eu  si  granz  poines  P' 
'OîI'  ce  dit  Renart,  'bian  sire. 
Je  la  vos  rent  a  tôt  l'empire.' 
'Vostre  merci.'    Li  rots  l'embrace, 
La  keue  li  met  sor  la  maoe. 

Ifi25   'Dame,  bien  soiez  vos  venue  I' 

Mft  B  manque     Ibli  AiimaiDe 


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Celé  a  sa  parole  tenue, 
Que  dant  Renart  li  a  fet  signe: 
Mes  parfondement  lî  encline. 
Nobles  la  Ta  molt  atouchant, 

1530   Sa  barbe  ea  va  deleohant 

Et  Bant  en  piez:  tel  joie  maine, 
Qu'il  est  tenuz  a  molt  grant  paino 
Que  voiant  toz  ne  l'a  saillie. 
Si  espris  fu  de  la  folie 

U^    Par  ce  que  si  bêle  la  voit. 

Ues  dsnt  Benart  qui  molt  savoit, 
Toz  les  enmaîne  el  pales 
Et  si  fet  fere  molt  grant  pes. 
Chascnns  s'est  assis  a  la  table. 

1640    Or  poez  oïr  bêle  &ble. 

Tuit  servirent  de  ior  meatier, 
Serjanz,  TsUeE  et  bachelier. 

La  dame  aist  el  mestre  dois 
Et  li  aires  Nobles  li  rois, 

IMCi   Et  Tsengrins  devant  euls  taille, 
Qui  Ior  apreate  Ior  Titiûlle. 
Il  fu  autrefois  esoorchïez 
Des  le  haterel  jusqu'ea  piez 
For  le  roi  Noble  le  lyon, 

Ift&O    Con  fiât  de  sa  pel  gueriaon. 
SeH  cuira  li  oatoit  revenuz. 
Li  peula  ert  juenes  et  menu». 
Les  piez  avoit  ja  toz  voluz: 
MoH  li  chiea  ostoit  toz  ohanuK 

lôCiô    l'or  ]oa  vieie  peuls  qui  i  remeatrent. 
M(»  jo  crion  que  il  ne  coupèrent: 
Qiiiï  Kiniirt  a' en  est  garde  pria, 
Qui  mntntea  foîa  l'a  entrepria. 
Or  Bc  porpense  li  maufez, 

1560   Qui  de  grant  mal  fa  eechaiifcz, 
En  quel  usuierc  li  nuira: 
Que  s'il  puet,  il  le  destruira, 
Et  si  no  Tclt  plus  demorer. 
La  lionease  fet  plorer, 

BEKART  II 


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XXIII 

1506    Soupirer  et  color  changer. 

De  tôt  en  laisse  le  menger. 

Li  rois  la  voit,  eî  It  en  grieve, 

Renart  apele  et  cil  ee  lieve. 

Henart'  fait  il,  'qa'a  ceete  dame? 
1&70    Arde  le  feus  et  maie  Sambe 

Qui  la  vérité  n'en  dira,    . 

£t  qui  ja  li  escondira 

Chose  qu*el  vueille  conmander, 

Por  qaoi  on  le  puùt  amender.' 
1575    Or  ot  Renart  c'on  en  fera 

Tôt  ce  que  il  commandera. 

Ysengrin  voudra  ennuier, 

S'a  son  droit  se  pnet  apoier. 

Si  ne  li  set  que  demander, 
1580    Fors  tant  qu'a  «ort  le  fist  mander 

Por  sa  famé  dont  le  bani. 

Que  fox  fist,  quant  il  en  groinnL 
'Sire'  ce  diet  Kenart,   moi  poise, 

(Ma  dame  est  molt  franche  et  oortoise), 
1585    Quant  ele  tel  aenblant  vos  fait. 

TSe  sai  s'en  li  a  rieaa  forfait.' 

Renart  la  dame  dîst  et  prie, 

Que  a  son  seignor  Noble  dte. 

De  quoi  tel  mautalent  avoit 
1590    Porquant  Kenart  bien  le  savoit: 

Hes  du  blasme  ae  velt  geter, 

Coq  ne  l'en  puist  de  riens  rester. 

'Dame,  dite*  vostre  voloir! 

Ja  ne  vos  en  convient  doloir  : 
159&    Que  j'en  ferai  vostre  plaisir.' 

Or  ne  s'en  puet  ele  teisir, 

Des  que  Benart  l'ot  coumande 

Et  li  rois  li  a  demande. 

Un  petit  a  crolle  la  teste, 
ISOO    Ja  parlera  con  fîere  beste. 

'Renart,  qui  tôt  le  mont  traîs, 


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Quant  m'amenas  en  ceet  païs, 
Je  ne  quidai  mie  ttover 
Béate  que  od  peQst  prover 

lft05   De  si  aperte  vilenie, 

(Ke  sai  se  c'est  par  felounle) 
Que  cist  vassBUs  qui  ci  nos  sert. 
Je  le  Toi  molt  d'orgueil  apert. 
Nis  un  seul  point  ne  eui  decute, 

1610    Ainz  me  au!  trea  bien  apercute. 
n  deûst  moi  et  hod  seignor 
Servir  a  joie  et  a  honor: 
Et  il  est  de  félon  apel. 
Huî  tote  jor  a  son  ohapel 

1B15   Ferme,  qu'oater  ne  ie  deigna. 
Kal  dahez  ùt  qui  l'eDgenilra. 
Se  ce  feûat  en  ma  contrée, 
S'aumuce  li  fuet  toat  ostee 
Si  bêlement  qu'il  le  aeatist- 

1620    Ne  trovaat  qui  le  conseutiet. 
Ce  ne  aai  ge,  s'il  est  tigneus: 
Que  je  le  Toi  molt  rechigneus. 
Encor  Toi  autre  meafeture, 
Dont  au  Quer  td  greignor  ardure  : 

leKt    Que  tote  jor  devaut  nos  taille 
Moufflcs  chauoieea  no  TÎt^Ue. 
Dont  il  tert  aon  nés  et  sa  bouclie: 
Eapoir  en  plus  ort  leu  l'atoucbe, 
Quant  il  fet  le  vilain  afaire. 

1680    Onquea  poi  nos  nés  deigna  traire. 
S'en  ai  eu  grant  mal  au  ouer. 
Sire,  bien  vos  ai  dit  le  fuer, 
Que  ja  ne  gerrez  a  ma  coste, 
S'oD  ci  deTaot  moi  ne  U  oate 

16S6    Chapel  et  mouffies  a  rebora.' 
laengrio  fu  fel  et  rebora. 
Ja  parlast  feleneaaement, 
S'il  en  eûat  consentement 
Et  li  rota  nel  dcûst  bair: 

1640    Que  il  cremoit  en  pis  chaïr. 


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N'ose  mot  dire,  aincoïs  se  taiat, 
Un  petit  arrière  se  traist. 

I^oblea  ot  que  sa  &me  diBt 
Que  son  gésir  li  contredist, 

164S    3e  Tsengrin  n'est  deamoufBez. 
Un  petit  en  eet  bonronflaz. 
Voit  Tsengrin  qui  se  demuce. 
'Ostez  en  maleur  vostre  aumuce, 
Sire  Tsengrin'  ce  diet  li  rois. 

1650    'Ja  n'estes  tos  Escob  n'Irois. 
Guidiez  estre  enobapelez? 
Estes  vos  tigneus  ne  pelez? 
De  ces  moufles  vos  deecbanciezr 
Lors  s'est  Tsengrin  haut  dreoiez. 

16D6   'Sire,  merci!  por  dien,  du  faites! 
ISe  seroient  de  léger  traites. 
Ja  me  verrez  îoi  pasmer. 
Porquant  ne  me  devez  blaamer, 
Que  n'i  ai  mou&e  ne  cbapel, 

1680   Ainz  est  remenant  de  ma  pel 
Bout  vos  feïstes  pelîcon, 
Quant  Renart  vos  dona  poison.' 
Kenart  l'ot  qui  de  ce  n'a  cure, 
Entre  ses  dens  la  reoo^jure, 

1665   lia  roïne  parler  refet. 

Dist  ele  'cbt  set  molt  de  plet. 
Foi  que  je  àùi  l'ame  ma  merel 
Se  ce  fust  en  la  cort  mon  père, 
Ja  tant  plaider  ne  li  leiist, 

I6T0   Ues  maugre  sien  oste  l'eûst. 

Ne  je  ne  sai  quel  roi  vos  estes 
Qui  n'estes  doutez  de  voz  bestes.' 
Ot  le  li  rois,  molt  li  en  grieve, 
Et  ce  qu'il  voit  qu'ele  se  lîeve, 

16IQ    Dist  qu'ele  ne  remaindra  mes. 
'Dame'  fet  li  rob,  'or  a  pes, 
Que  par  mon  cbief  on  li  trera.' 
Quant  li  leus  ot  q'ainsi  ira, 
Il  prent  un  eaut,  foTr  s'en  cuide. 


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XXIII 

1680    Mes  la  sale  n'est  mie  wide. 
Li  roia  le  cosmande  a  tenir. 
Ainz  qu'il  pefiat  a  l'uia  Tenir, 
Le  saisUsent  de  totes  parz. 
Or  eet  bien  seur  ses  ces  Renarz, 

1686    Quant  voit  YsengriD  entre  piez. 
Tôt  li  eBCorcbect  chief  et  piez, 
Chapel  et  monfles  ont  ostees. 
Bien  a  les  noces  achetées, 
ÂTal  se  prent  a  avaler. 

1690    II  l'ont  atant  lessie  aler, 

n  n'ont  pins  que  fere  de  lui. 
Li  chael  li  font  grant  ennui. 
Benart  deus  de  ses  gae  li  done 
'Coopère,  vos  avez  coronne! 

1606    Vos  porrez  bien  chanter  la  messe, 
Quant  Tostre  dame  ira  a  messe. 
Rouche  chapel  a  mes  conperes: 
Ce  qait  bien  qu'il  est  empereres.' 
Fuit  Ysengrin,  n'a  ouir  en  teste, 

1700    Mar  vit  ajostee  la  feste. 

K  table  siet  Nobles  li  rois 
Et  la  rolne  au  plus  haut  dois. 
UoU  furent  servi  noblement. 
Hes  les  bestes  d'enchantement 

I70D    N^  gastent  gueres  de  pastnre, 
Deables  n'a  de  manger  cure. 
Quant  li  mangera  fu  toz  passez 
Et  il  orent  mengîe  assez, 
Beû  tant  qu'il  ne  vodrent  mes, 

1710   Lora  rouva  li  rob  fere  pes. 
Renart  apele  qu'a  lui  viegoe 
Et  sa  convenance  li  tiegne. 
'Benart,  tu  m'cQs  en  covent 
Et  le  me  delà  molt  sovent 

1715    Que  ma  feme  savoit  Joar 
Et  sa  figure  tresmuer 
En  senblance  de  toutes  bestes: 
Aquitez  vos  que  que  ci  CBtes.' 


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'Sire'  dtst  Rensrt,  'il  est  voira. 

1720    Bn  li  C8t  molt  granz  li  Bavoirs. 
Si  li  priez  qit'ele  le  face.' 
Bien  fet  Benart  ce  qu'il  porehace. 
Eotre  868  denz  l'a  conjurée 
Qu'ele  parolt  sanz  demoree 

1725    Et  8i  agence  sa  parole, 

Que  Renart  nel  tiegne  por  foie 
Devant  le  roi  et  son  barnage. 
Ele  si  fait  que  plus  n'atarge. 
'Renart,  bien  vos  poez  seoir, 

1730    Que  je  Toudrai  primes  veoir, 
Gontnent  set  joer  ma  mesnie 
Que  vos  avez  ci  amenie. 
Vos  me  déistes  en  ma  terre, 
Quant  vos  me  venistes  requerre, 

1736    Voz  béates  savoient  chanter 

Et  sot  chevauB  molt  bien  monter 
Et's'ierent  bones  tumberesses 
Et  parmi  cerciaue  aailleresses 
Et  savoient  molt  bien  joer 

1740    Con  ne  pooit  lor  pers  trover, 
Uîex  que  celés  de  ma  contrée. 
Or  soit  la  mencongo  provee. 
Face  li  rois  joer  les  sienes 
Et  je  ferai  joer  les  mienes. 

1745    Se  les  voBtres  i  sont  vaincues 
Qu'eles  soient  taisanz  et  mues, 
Mon  majetire  vos  ferai 
Du  miex  que  faire  aaverai' 
'Sire'  dist  R«nart,   bien  a  dit. 

1760    Ja  mar  i  aura  contredit. 

Conmandez  que  voz  bestea  jeaent, 
Conques  vers  elles  ne  detrieuent. 
Nos  les  vaincrons  tôt  sanz  faiilanoe, 
Ja  mar  en  avérez  doatance.' 

1753    Henart'  ce  dist  Nobles  li  rois, 


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xxin 

"Uolt  par  es  aages  et  oortois. 
Gte  met  sor  toi  tôt  cest  afere, 
Gardes  qu'eu  saobes  m'onor  trere. 
Âssie  les  ^ex  a  ton  talant, 

1760    Et  jel  coomant  aanz  mautalant 

Qu'en  BÎTent  trestuit  yostre  asise.' 
Or  est  la  parole  ainsi  prise 
CoDme  Benart  le  velt  li  faux. 
Encui  fera  fere  biax  saux. 

1765    Benart  conmande  faire  parc 
Snmi  la  sale  grant  et  lare, 
Et  TÎengnent  les  bestes  seoir 
Por  pltts  plenierement  veoir. 
Bran  apele  tôt  premerain, 

1770   ^e  veoit  plus  léger  ferain, 

'Brun'  fet  Benart,  'venez  avant! 
De  par  le  roi  je  vos  conmaot 
Que  vos  tumbez  por  sa  proiere: 
Tôt  en  savez  le  majestiere.' 

1776   Bruns  ot  que  tumber  li  estuet, 
Que  escondire  ne  s'en  puet 
Que  totes  voies  ne  le  face. 
Yenuz  en  est  enmi  la  place. 
MoU  a'acesnie,  molt  s'aplanie 

1700   Et  de  bien  tnmber  s'amanie. 
La  teste  lesse  a  terre  aler 
Et  pais  lesse  le  cul  aler.  ■ 
Si  darement  vient  a  la  terre, 
Le  pertuîa  eslesse  et  desserre: 

1786    Que  si  ert  plain,  par  poi  ne  crieve. 
Et  li  tutnbets  si  fort  li  grieve, 
Maugre  sien  li  estuet  peoir, 
Si  que  tuit  le  porent  veoir. 
Toute  la  sale  en  rebondist, 

1790    Chaaoune  des  bestee  en  rist, 

'Gist  tombe  bien'  fet  la  roTne, 
'Que  au  tumber  du  cul  baiaine.' 
Lors  a  fet  lever  une  beste  ; 
Bien  avoit  vint  et  une  teste: 


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1795    CoDmaade  qu'ele  face  ud  tor. 

Celé  apareîlle  son  ator. 

Yoiant  toz  ea  la  place  vient. 

3i  fet  son  tor  que  bien  revient. 

MoU  par  le  fiet  legierement, 
1800    Puis  s'est  asHse  bonement, 

Tuit  la  tesmoignent  entresait 

Que  mîex  do  Brun  a  le  tor  fait. 

Eenart  li  roue  qui  en  mal  veille, 

Quatre  corciaus  lor  apareille, 
ISOC   Les  deuB  larges  et  deus  estrois: 

Li  un  fu  plus  petit  des  trois. 

En  la  place  les  a  assis, 

L'un  avant  l'autre  les  a  mis. 

Il  les  a  concilie  roideœent. 
1810    II  voit  très  bien  eotierement 

Que  pas  ne  charront  por  le  saut. 

.Se  l'un  saut,  li  eaillieres  faut. 

Benart  apele  Bricbemer, 

For  Biûllir  le  rueve  scesmer. 
1816    N'en  i  chobi  nul  si  saillant 

Ne  a  cele  euvre  si  vaillant. 

Le  saut  face  devant  le  roi. 

Danz  Bricbemer  tôt  sanz  desroi 

Du  saillir  s'est  apareilliez. 
1820   Mes  plus  en  fu  doleuz  que  liez. 

La  teste  et  le  col  avant  tent, 

Sa  queue  sor  son  dos  estent. 

Tient  aus  ceroiaus,  les  deus  en  pasoe. 

Mes  au  tiers  durement  ae  lasse. 
1825   Li  quarz  le  pardestraint  si  fort 

Quo  bien  en  cuide  avoir  la  mort 

Si  le  destraint  qu'il  en  baaille. 

Trop  se  fu  empliz  de  vitaille. 

Holt  fu  Bricbemer  a  malaise. 
1880   Yentres  eetroint  et  trou  eslesae. 

Benart  le  semont  par  derrière. 


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XXIII 

Li  boUlona  saut  de  la  doiere 

Qai  Renart  Sert  enmi  le  vis. 

A  grant  peines  et  a  envis 
1886    £st  Brichemer  outre  glaciez. 

Kes  Renart  fu  toz  couchiez 

Que  honteus  eu  est  et  dolenz. 

Mes  molt  eu  i  a  de  joiauz. 

Grant  joie  en  maioent  et  grant  feste. 
1840    La  roïne  apele  une  beste, 

Si  li  conmande  qu'ele  «aille: 

Très  bien  s'i  gart  qu*ele  u'i  ^lle. 

Celé  eaut  aoesmeement, 

Oatre  s'en  va  legierement. 
1845  '  Tuit  e'escrieat  'miex.  a  sailli, 

Que  cil  qui  Renart  mesbailli.' 
Renart  apele  Cointerel 

'Uetez  la  aele  en  Roonel, 

Si  nos  ferez  ci  un  eelee. 
18C0   Assez  est  larges  li  paies.' 

On  li  aporte  frain  et  sele 

Tot«  a  or  paiute,  molt  fu  bêle. 

Si  ont  Boouel  ensele. 

Et  quant  li  singea  fu  monte, 
1856   'Or  i  parra,  dant  Cointerel. 

Tengiec  moi  bien  de  ce  wadell 

Coitiez  le  bien  des  esperona 

Si  que  le  aeute  li  geignons.' 

Li  singea  très  bien  a'aparùUe. 
1860   Renart  uns  esperona  li  baille 

Qni  sont  agu  de  bon  acier. 

En  aea  talona  li  a  fichiez. 

Son  eaoucel  a  Hon  prent, 

A  aenestre  a  son  col  le  peut. 
1865   Met  Roonel  le  frain  el  dûef 

Qu'il  le  paist  tenir  a  mescbief. 

Cointeriaux  monte  a  son  destrier: 

!Ne  se  deigna  prendre  a  estrier. 

A  flon  coste  ceint  a  Teapee. 
1870   Galopant  va  lance  levée 


lUnlbyGOOglC 


Par  la  sale  fait  son  eslus. 

  Roonel  fu  ciat  gieus  laie: 

Que  danz  Cointeri&ug  l'esperonne. 

Des  espérons  granz  cops  1i  doae 
1876    Que  il  en  fet  voler  le  sanc. 

II  avoit  molt  farsi  le  fianc, 

Que  tant  a  beû  et  meDgie: 

VU  est  c'en  l'eflst  eopreignie. 

Danz  Cointeriaui  si  fort  le  grieve, 
1880    Par  un  petit  que  il  necrieve: 

Et  sachiez  que  morir  i  cuide. 

Vilainement  du  cul  se  vide. 

Cil  fiert  devant  et  fiert  derrière 

Et  retire  le  frais  arrière. 
1686    Toute  la  gueule  H  deefait: 

Si  ne  li  avoit  riens  mesfait. 

Danz  Cointeriaus  sa  lance  besse, 
'    Par  grant  aîr  forment  s^eslesse. 

Durement  fiert  par  gront  aTr. 
1890    Mes  moK  estoit  près  de  cheîr. 

Sa  lance  brise,  puis  repaire. 

Son  eslab  reconmenoe  a  faire, 

Des  espérons  fiert  Roonel, 

En  meint  leu  li  perce  la  pel. 
189C    Le  sanc  en  vole  fils  a  fils 

En  plus  de  vint  et  quatre  lius. 

Quant  il  a  ses  eslaia  renduz, 

De  son  cheval  est  descendus. 

Tuit  dient  'cist  n'est  pas  vilaina;. 
igoo   Mais  ses  chevaus  estoit  trop  plains.' 

Dens  des  bestes  d'enchantement 

Sont  remontées  erranment 

Deeor  deus  de  lor  autres  bestes. 

Molt  demeooient  granz  tempestes 
190&   Et  jostent  bien,  lor  lances  brisent. 

A.  tor  leus  vont,  si  se  rasisent. 

Ce  dist  I^obles  'càst  jostent  bien. 


1896  .zxiiij.    1006  rstienl 


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xxni 

Reoart,  noa  ne  venchons  de  rien. 
Prenez  gsrde  de  noetre  honeur.' 

IftlO    'Sire   dist  Renarz,   a  beneur.' 
Renart  iaei  hors  de  la  sale. 
Parmi  les  degrés  en  avale, 
Eu  la  cort  entre  en  une  borde. 
Par  enohant  i  fet  une  oorde, 

IDia    Un  vilain  i  eQst  son  fais. 
A  tôt  est  vennz  el  palais. 
Tybert'  ce  dist  Renarz,  'ca  vien! 
En  toi  a  molt  proesce  et  bien.' 
(Or  oes  conment  i!  l'adorde.) 

lïTgo   Tortez  moi  la  sus  ceste  oorde 
Eu  haut  la  vos  estuet  lier.' 
Qui  le  deûst  pendre  ou  noîer, 
N'e  l'i  portaat  il  par  sou  cors: 
Que  il  n'estoit  mie  si  fors. 

1926    Mes  Renarz  l'en  a  fet  aiue 
Qu'il  eu  tendra  mavese  feue. 
Sor  les  trez  l'ont  lie  amont. 
Renart  dit  Tybert  et  semont, 
Qu'il  la  queure  de  chief  en  cbief: 

IdSO    Ainsi  quite  tendra  son  chief. 
Tfbert  quide  estre  respassez: 
Que  de  cest  gieu  set  il  asses, 
Se  la  corde  fust  bien  ovree, 
Que  par  enchsnt  ne  fust  troTee. 

1936    Tj'bert  fu  sus  les  trez  montez 
Qui  de  ramper  fu  bien  dantez. 
Sus  la  corde  cuîde  saillir: 
Mes  maugre  sien  l'estut  fuUir 
Et  cheoir  malt  vilainement. 

1940   De  cul  et  de  pointe  descent, 

Merveilleus  flat  prist  a  la  terre. 
D'angoisse  escbigne,  les  denz  serre. 
For  poi  n'est  crevée  sa  maie. 

1908  Tenchoiia     1<JOO  Faut  il  lire  l'abordef     1926  ? 


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xxin 

Toz  pasmez  ohtet  enini  la  sale. 
1946    A.  grant  m^aÏBe  Tybert  giat. 

Une  béate  que  Benart  fist, 

Que  bien  ot  aprise  et  dantee, 

Sus  ie  traverB  en  est  montée, 

ÂpreB  BOr  la  corde  Bailli, 
ISSO    Cort  et  racort:  ainz  n'i  failli. 

Toit  le  RoussiauB  li  eBcareuB. 

Toz  fu  hontena,  ai  ot  granz  deuls 

Por  œ  que  danz  Tybert  cbel. 

'Sire  Benart'  diat  il,  'oTi 
lUCfi    Laissiez  me  corre  la  deseure.' 

Taisiez  vos'  dist  il  en  msleare!  M 

Vos  vos  présentez  de  folie,' 

Bonesians  entent  qu'il  le  chastie, 

Âtant  Be  taist,  n'ose  plne  dire. 
I<i60   Et  Ifobles  li  lions  s'aîre. 

Par  mautalent  Benart  apele, 

Jure  le  cuw  et  ta  boele: 

'Benart,  ti  gieu  m'ont  hui  traï, 

Onques  bien  ne  noe  en  ohal. 
1B66    Mes  par  mon  ohief,  très  bien  le  aaefaea! 

Je  vueil  qne  tu  un  gieu  me  faoea 

Du  cors  de  toi  sanz  delaier, 

Dont  tu  les  faces  esmaier.' 

Benart  ot  que  ses  sires  jure, 
1970    Si  l'en  couTlent  garder  mesure, 

Et  dit,  s'il  puet,  qu'il  le  fera, 

A  son  Toloir  se  mûntenra. 

Montez  en  est  en  son  pales, 

Il  fera  ja  un  de  ses  lais. 
1975    Sua  la  feate  se  va  seoir. 

Tuit  on  iasent  por  li  veoir. 

Ses  conjures  dist  mot  a  mot, 

Et  apele  que  nus  ne  l'ot, 

Les  via  deables  qu'a  lui  viegnent 
1980    Et  ai  bêlement  le  soatiegnent 


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XXIII 

Que  il  n'i  eoit  ud  point  grevez. 
Puis  est  Remm  en  piez  levez, 
TJn  petit  siffle  Bor  le  feste: 
Voit  venir  une  noire  beste. 

198s    Or  est  aeÙTB  de  son  afaire, 

Qu'il  en  porra  a  bon  obief  traire. 
Venir  s'en  lesse  trébuchant 
Et  a  plaine  gueule  buiaat 
Et  orie  'ce  deeouz  deBOure!' 

1990  Et  Griabert  ses  cousins  en  pleure, 
Qu'il  orient  qu'il  ne  soit  afolez. 
Mes  par  deable  estoit  volez, 
Si  que  toz  sainz  en  piez  remaint. 
Ki  a  celi  qui  ne  s'en  saint 

1995   Devant  la  dame  vint  arrière. 
Fuis  parole  en  tel  manière 
Dame,  fetea  fere  ceat  sautl' 
"Kenarf  fet  ele,  ne  ma  vaut, 
Hoi  meîemes  convient  joer: 

aooo    Je  ne  vueil  pas  ma  gent  tuer.' 
La  Honneaae  s'est  creetee, 
En  une  autre  beste  mnee. 
Ne  sai  qn'aooDte  vos  en  face. 
Il  n'est  beste  c'en  nuncer  sache 

S005   Dont  ele  n'ait  senblanœ  prise. 
En  lion n esse  se  rest  mise. 
Li  roia  a  bien  tôt  avise. 
Et  Kenarz  11  a  devbe: 
"Sire'  diat  Benarz,  'or  me  dites, 

aoiO   Que  vos  senbteP  sui  ge  bien  quitea?' 
Ce  diat  Nobles  'molt  eat  cortoiae. 
Mes  d'an  poi  de  chose  me  poise. 
S'ele  pooit  estre  amendée, 
Holt  Beroit  bien  l'uevre  fondée. 

Si)i6   Si  vos  en  convient  prendre  esgart.' 
Lors  li  a  reapondu  Renart 
'Ditea  le,  sire,  s'il  vos  plaist.' 
Li  rois  a  un  conseil  le  trait. 
Ilenart,  ge  te  dirai  mon  sens, 


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2020    Que  mott  par  iea  de  grant  porpens. 
Ta  dame  ai  fait  son  sens  muer, 
Por  ce  que  je  qnidai  trover 
Une  beete  par  aventure 
Qai  ne  fust  de  tele  nature 

S026    Qne  li  cens  fast  ensus  du  cul. 
Kes  par  ma  foi,  n'en  i  voi  nul. 
S'en  sui  r  mo!t  trea  grant  malaûe: 
Que  cas  est  chose  molt  punaise 
Et  cens  est  une  douce  chose 

30!)0  Et  soef  flerant  conme  rose 
Et  que  on  volentiers  manie. 
S'est  mauvese  lor  conpaigaie. 
Qui  sage  borne  trover  peust. 
Qui  entre  eslongnier  le  seilat 

2û8ft    Et  l'un  ensue  de  l'autre   trere, 

Ceste  chose  fust  bone  a  fere.' 

Renarz  ot  que  ses  aires  dit. 

Si  s'est  porpeosez  nn  petit. 

Forpense  a  molt  grant  boidie. 

2040   Con  cil  qui  molt  est  plains  d'envie 
Grever  voudra  ses  anémia, 
For  ce  a'en  est  bien  entremis. 
'Rois'  fet  Renarz,  's!  grant  afere 
^e  puet  on  sanz  grant  paino  fere. 

2046    Uqs  qui  poine  i  vodroit  mètre, 
On  s'en  porroit  bien  entremetre. 
J'en  sauroie  molt  bien  ovrer. 
Se  ge  pooie  ce  trover, 
A  ceste  oevre  tôt  l'estovoir.' 

9060   'Renart'  dist  li  rois,  'dis  tu  voir? 
'Sire,  ja  mar  le  mescroirez  : 
Que  vos  naeismes  le  verrez. 
Se  ge  ai  ce  qu'U  i  estuet.' 
'Benart,  b'od  recouvrer  le  puet, 

2066  Par  mes  deus  eulz,  vos  l'averez 
Et  toz  dis  mes  amis  serez.' 
Or  ot  Renarz  ce  qu'il  li  plaiat 
Qui  de  musage  lo  fol  paist. 


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'Sire'  foit  Benarz,  'entendez! 
3Û60   Huit  jorz  de  respît  me  donez 

M  fêtes  feste  ft  la  roïae. 

G'irai  parler  a  Hermeline 

Ma  famé  qui  mult  set  de  bien. 

De  ce  me  conaeîllera  bien, 
2065   Qu'ele  sat  molt  de  cileurgie, 

Et  des  cons  set  bien  la  mestrie.' 

Li  rois  respont  'dont  vos  hastez 

Et  de  toet  revenir  pensez!' 
Àtant  a  Renarz  congîe  pria 
2(no    Et  s'en  issi  par  un  poatis 

Que  ne  le  vit  home  de  char. 

Ainai  fet  du  roi  son  eachar 

Et  par  deapit  le  fet  muser, 

Et  a  granz  despens  aejorner. 
20Tfi    Qar  ainz  que  revoie  Renart, 

Fera  il  un  molt  grant  eaaart 

Ou  il  Bernera  aon  froment, 

Dont  il  fera  aucun  dolent. 

9i  en  porrez  oïr  parler, 
3D80    Se  il  TOB  plcst  a  escouter. 

CLe  mtc.  fait  auinrt  la  braniAe  XXII,  avec  de»  variante»  qui  la 
rattachent  à  la  XXIII-'}. 


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XXIV 

(Méon  23-48) 

Or  oiez,  ai  ne  vos  anuitl  B  S 

Je  vos  conterai  par  déduit 

Conmeat  il  vindrent  en  avant, 

Si  con  je  l'ai  trouve  lisant, 
()    Qui  fu  Rensrt  et  YBengrin. 

Je  trovai  ja  en  un  escrin 

Un  livre,  Âucupre  avoit  non: 

La  trovai  ge  mainte  raison 

Et  de  Renart  et  d'autre  choso 
10    Dont  l'en  doit  bien  parler  et  ose. 

A  nne  grant  letre  vermoille 

Trovai  une  molt  grant  merveille. 

Se  je  ne  la  trovasse  on  livre, 

Je  tenisae  celui  a  ivre 
15   Qui  dite  eûat  tele  aventnre: 

Mes  l'en  doit  croire  Tescriture. 

A.  desoaor  mnert  a  bon  droit 

Qui  n'aime  livre  ne  ne  oroit 
Auoupres  dit  en  celé  letre 
30   (Bien  ait  de  dieu  qui  l'i  sot  mètre!) 

Come  diflx  ot  de  paradis 

Et  Adam  et  Evain  fors  mis 

Por  ce  qu'il  orent  treepasae 

Ce  qu'il  lor  avoir  conmaode. 
35   Pitié  l'en  prist,  si  lor  dona 

Une  vei^e,  si  lor  mostra, 

«uuwt    8  trouai  (13)    13  gront  ntanque  21  d»]  en 


XKIV  (Héon  4!)-84) 

Qant  il  de  rien  meatier  auroient, 
De  oele  verge  en  mer  feroient. 
AdaiOB  tint  la  verge  en  bb  main, 

30   En  mer  feri  devant  Evain: 
Sitost  oon  en  la  mer  feri, 
Une  brebiz  fors  en  iaai. 
Ce  dist  Adam  dame,  prenez 
Ceate  brebiz,  si  la  gardez: 

ttà    Tant  TOB  donra  lait  et  fromaclio, 
Aseez  i  aurons  conpenage. 
Eve  en  son  cuer  se  porpensoit 
Que  a'ele  une  onoor  en  avoit^ 
Flua  bêle  estroit  la  conpaingnie. 

4(1   Ële  a  la  verge  tost  Baisie, 

En  la  mer  Sert  moult  roidement: 
Un  leUB  en  âaut,  la  berbîz  prent. 
Grant  alefire  et  grant  galoa 
S'en  va  li  leus  corant  as  bos. 

46    Quant  Eve  vit  qu'ele  a  perdue 
Sa  brebiz,  s'ele  n'a  aiue. 
Brait  et  crie  forment  'ha  ha!' 
Adam  la  verge  reprisse  a, 
En  la  mer  fiert  par  maltalant, 

60  Un  chien  an  saut  haativemant. 
Quant  vit  le  leu,  si  laisse  oorre 
l'or  la  berbîz  qu'il  vost  rescorro. 
Il  li  requent;  moult  a  enviz 
La  laÏBBa  li  loua  la  berbiz. 

66   Si  feroit  il  enoor  demun. 

S'il  la  tenoit  n'a  bois  n'a  plain. 
For  ce  que  meffidt  ot  li  lens, 
Au  bois  s'^  foui  tont  honteus. 
Âdama  ot  son  chien  et  sa  boste, 

AO    Si  en  fut  grant  joie  et  grant  feste. 
Selonc  la  santance  don  livre 
Ces  dens  beetes  ne  puent  vivre 

44  oorent    46  sine    49  fier    fi6  Si  le    50  mnafiin    H 
î  bkiitea  na  pool  m  t 
BEKAaT  n 


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XXIV  (Méon  85-121) 

Ne  durer  mie  longement, 
S'elea  c'estoient  aveo  gent. 

65    Ne  savez  beste  porpeaser 

Mïauz  ne  e'em  puisse  conserver. 
Toutes  les  foiz  e'Adens  feri 
En  la  mer,  que  beste  en  issi, 
Celé  beete  ei  retenoient, 

70    Quel  que  îert,  si  l'aprivoisoient. 
Celés  que  Eve  en  fist  issir, 
Ne  pot  il  onques  retenir: 
Sitoat  con  de  la  mer  iaaoient. 
Apres  le  leu  au  bois  aloieat. 

75   Les  Adam  bien  aprivoisoient, 
Les  Evain  asauvagisoient. 
Entre  les  autres  en  îssi 
Le  gorpiB,  si  asauvagi: 
Bous  ot  le  poil  conme  Renarz, 

80    Moult  par  fu  ceintes  et  gaingnarK.- 
Par  son  sens  toutes  decevoit 
Les  bestes  qautqu'il  en  trovoit. 
Icîl  gorpb  nos  seuefie 
Renart  qui  tant  sot  de  mestrie: 

85   Tôt  cit  qui  sont  d'anging  et  d'art 
Sont  mes  tuît  apele  Renart. 
Por  Renart  et  por  le  gorpil 
Uoult  par  aorent  et  cil  et  oil. 
Se  Renart  sot  gent  conohier, 

90   Li  gorpîx  bestee  engingnier.' 

Moult  par  furent  bien  d'un  lignage 
Et  d'unes  meurs  et  d'un  corage. 
Tôt  eneement  de  l'antre  part 
Ysengrin  li  oncle  Renart, 

95    Fu  (ce  sachiez)  moult  fort  roberre, 
Et  par  nuit  et  par  jor  fort  lerre. 
Icelui  leu  senefia, 
Qui  les  berbiz  Adam  roba: 
Tôt  cil  qui  aorent  bien  rober 

70  ersDt    84  minstrie     87  le]  Mm 


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XXIV  (H«oii  13-2- H8) 

lOO   Et  par  nuit  et  par  jor  emblor, 
Sont  bien  a  droit  dit  Ysengrin. 
Cist  furent  bien  endnî  d'un  lin, 
St  d'un  panse  ot  d'un  corage. 
Larron  furent  tuit  d'un  aage, 

103    Et  Ysengrin  apele  l'on 
Le  leu  par  iceate  acoisoD. 
Dame  Hersant  resenefie 
La  louTe  qui  si  est  haïe, 
Que  si  par  est  aigre  d'anbler, 

110    Bien  puet  celé  Hersent  senbler: 
Celo  Hersent  la  lentille  use, 
Qui  famé  ert  Ysengrin  espeuse. 
La  gorpille  le  eenefie, 
(Car  moult  sot  d'art  et  do  mestrie: 

115    Se  l'une  iert  mostro  nbaeresse, 
Et  l'autre  mestro  leoliaresse, 
Moult  furent  bien  les  deus  d'un  cuci 
L'une  fu  l'autre,  ce  cuit,  sner) 
Por  Bichout  la  famé  Benart. 

190    Por  le  grant  engin  et  por  Tart 
Est  la  gorpille  Richeut  dite: 
Se  l'une  est  chate,  l'autre  est  mite. 
Moult  a  ci  bono  conpaignie, 
Et  Tune  et  l'autre  scnefie. 

135  Cist  quatre  sont  bien  asanblc, 
Einz  ne  furent  mes  tel  trove. 
Se  Ysengrin  est  mestre  lerre, 
Ausi  est  li  rous  fors  roberrc; 
Si  Richeuz  est  abaiaresse, 

IRO    La  gorpille  est  fort  lecharease. 
Por  ce  qu'erent  si  d'un  traïn, 
Estoit  Benart  nies  Iseugrin. 
Por  ce  que  si  bien  s'entramoient 
Et  qu'ansanble  sovent  aloient, 

133    Le  leo  du  gorpil  fait  neveu 
Et  li  gorpiz  oncles  don  leu. 

ini  tlUt     114  miulrir     130  sonlj  furent 


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XXIV  (Méon  149—194) 

Si  faitement  coq  je  vos  dî, 
Sont  .entr'auB  parent  et  ami: 
Ne  s'apartienent  autrement, 

140    Se  tnee  bons  livres  ne  me  ment, 
Por  ce  que  le  gorpil  dîsoit, 
Qaut  il  avec  le  len  aloit, 
'Biaua  oncles,  que  volez  vos  faire  P' 
Le  voloit  a  g'amor  atraire. 

145   Li  lou8  diaoit  par  amor  fine 
Au  {[orpil  vers  qui  n'ot  haïne, 
Par  amiatie  s'entrapeloient 
'Oncles,  neveu,'  quant  se  veoient. 
A  Renart  puet  on  bien  aprandre 

IfiO   Orant  aen  qui  bien  i  viant  entendre: 
Car  cil  Beaart  nos  senefie 
Caua  qui  aont  plain  de  félonie. 
Qui  ne  finent  de)  agaitier 
Gon  puissent  autrui  engîngnier. 

155    Ne  ja  le  fel  liez  ne  sera 

Le  jor  q'autrui  n'engîngnera. 
A  engingnier  li  sont  onni 
Prive  ou  eetraoge  ou  ami:' 
Ja  un  seul  n'en  espamera, 

160   Ja  ai  ohier  ami  ne  sera. 
Et  avec  oele  félonie 
A  il  le  cuer  tout  plain  d'envie, 
Et  envie  est  celé  raciane 
On  tout  li  mal  prenent  orine. 

166   Avec  félonie  et  envie 
Escharsetez  est  lor  amie, 
Et  escharsetez  est  tel  chose 
Que  toz  tene  a  la  borse  close. 
Ëacharsetez  est  une  vice 

170  Qui  forment  aime  avarice: 
Avarice  a  le  mont  sorpris. 
Cil  est  clamez  dolanz  chaitis, 


i  parant     139  mapartlenent     148  uoloient    187  talc     tes  ail 


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XXIT  (Héon  19S— 280) 

Se  rante  n's,  se  il  n'nenre. 
Or  ai  parle  outre  mesure, 

175    Car  cil  qui  lee  granz  rantes  ont, 
Ce  80Dt  cil  qui  maiiiz  mane  en  font. 
Hoult  ea  puet  l'en  vilment  parler, 
Hes  je  n'ai  soin  de  plus  conter. 
Une  riens  tob  roil  acointier: 

160   Ke  vous  devez  esmerveillier. 
Se  j'ai  mis  en  cest  mien  traitie 
Que  de  Benart  ai  commenoie, 
Si  com  l'en  parole  d'autrni, 
Con  vos  porrez  oïr  ancui 

185    De  dant  Renart  et  d'Tsangrin. 
Car  ce  content  nostre  voisin 
Que  une  anesse  parla  ja 
Que  un  profete  chevaucha: 
Balaam  l'oï  apeler, 

100   For  ce  le  sai  ainsi  nomer. 
Balaao  un  rois  l'ont  mené 
(Tant  li  ont  promis  et  done) 
Par  maltalent  et  par  graiit  ire 
Tout  le  pueple  Israël  maudire. 

195    Nostres  sires  nou  voat  soufrir. 
Son  ange  fiât  devant  venir, 
À.  une  bien  tranchant  espee 
A.  la  voie  celui  veee. 
Cil  point  l'asno  del  aguillon 

200    Par  derrière  sor  le  ornpon, 
Des  espérons  le  deatraingnoit, 
Et  du  oheveatre  le  feroit. 
L'ane  n'osoit  avant  aler. 
Par  force  le  covint  parler, 

3»    Et  diex  le  volt  qu'ele  parla 
Et  le  profete  raconta  : 
'Diva'  fait  il,  'laisse  m'ester, 
Diex  ne  me  laisse  avant  aler.' 


181  g«  li  Ions  ea 
I    108  neo    304  Isa 


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XXIV  (Méon  28r— 208) 

Cil  diex,  3Î  li  vient  a  plaisir, 

2tU    Puet  encore  bien  conaontir 
A  parler  les  bestes  sauvagea, 
Et  les  usuriers  faire  largos. 

Or  avez  bien  ol  atant 
Conment  sont  venu  on  avant 

315    Renars  et  Ysongrins  li  leus. 
Or  redevez  oïr  des  dene, 
Si  vos  conterai  de  lor  vie 
Ce  que  j'en  saî  une  partie. 
Tez  malades  plain  de  raoncle 

220    Vint  Renart  un  jor  a  son  oncle. 
Dist  YscDgrin  'biaus  nies,  i|'as  tu? 
Moult  te  voï  ore  confondu.' 
Ce  dist  Renart  'malades  sui'. 
'Voire,  choies,  manjas  tu  huî? 

225    Nenil,  sire,  ne  n'ai  talent.' 
'Levez  vos  sus,  dame  Hersent, 
Fêtes  li  une  petite  haste 
De  deus  roignons  et  d'uno  rate  !' 
Renart  si  se  tut  toz  ombrons, 

230    Pansa  qu'il  eiist  faîz  bacons. 
Un  petitet  leva  ta  teste, 
Troi  bacons  vit  pandre  a  la  feste. 
Eu  sorrïant  as  bacons  dist 
Moult  par  est  fo;^  qui  la  vos  mist. 

235    Alii,  biaus  oncles  Ysangrin, 
Ja  sont  il  tant  malves  voisin, 
Tex  puet  la  voz  bacons  veoir 
Qui  en  vora  sa  pari  avoir. 
Isneloment  les  despandez, 

240  Dites  c'on  les  vos  a  enblez!' 
Diat  Ysengrin   n'en  goûtera 
Tex,  com  je  cuit,  qui  le  saura.' 
Pont  conmonca  Renart  a  rire. 
'Kel  porrez'  dist  il  'escondire, 


22fi  Nai     226  vos]  moi      39»  sorioiit      ilh     237  T«x  (3«2.  S8&> 
S4Siim 


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IXrV  (Héon  267-802) 

246    Tes  hom  voa  en  porroit  rover,' 
Dist  Yaengrin  'laiasiez  eater! 
Je  n'ai  frère,  neveu  no  nièce 
Qui  j'en  dosasse  une  pièce.' 
For  lui  le  diat  et  pur  bod  père, 

250   Et  por  sa  famé  et  por  sa  œere. 
Ne  demora  mie  grantment 
Que  Renart  Tint  tout  coioment 
En  88  mesoD,  qant  il  dormi, 
Sus  el  feste  la  descovri. 

255    Par  tel  vertu  assaut  ses  cors. 
Les  trois  bacons  en  saolia  fors. 
En  88  meson  les  enporta, 
Et  par  pièces  les  despeca. 
En  son  lit  les  mist  en  l'estrain. 

260    Tsengrin  s'est  levez  par  main  : 
n  vit  sa  mesoD  descoverte 
Et  de  ses  troi  bacons  la  perte. 
'Ahi'  dist  il,  'dame  Hersent, 
Coaehîe  somes  laidement.' 

205    Ele  saut  sue  conme  desvee 
Toute  nue  et  eschevelee. 
'Die^'  dist  aie,  'qui  a  ce  fait  f 
Ci  a  estout,  domage  et  lait.' 
Ne  le  aevent  sor  qui  souchier, 

'270   N'a  entr'auB  dens  que  corroder. 
Conme  ce  vint  après  men^er, 
Renart  s'en  vint  esbenoier 
En  la  meson  moult  lieement, 
Son  oncle  truevo  moult  dolent. 

275   'Oncle'  dît  îl,  'que  avez  vos'? 
Pensia  vos  voi  et  corrocons.' 
'Biauii  niez'  fait  il,  'bien  aai  de  coi. 
l'erdu  sont  mi  bacon  tnit  troi, 
8'en  ai  au  cuer  corrouz  et  ire." 

280   'Oncles'  dit  il,  or  devez  dire, 


1  grantmant    265  t.  i  «eut    273  m    377  niei]  fias 


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^XIV  (HéoD  906—386) 

8e  vos  dîtes  aval  la  rae, 
Que  œle  char  sïez  perdue, 
Puia  ne  voa  en  rovera  mie 
Faranz  ne  ami  ne  amie' 

285    'Biau  niez'  fait  il,  'por  voir  te  di, 
Perduz  les  ai,  ce  poise  mi,' 
Reaart  respont   onc  n'o!  tal: 
Tex  se  plaint  n'a  mie  de  mal. 
Ilien  sai  qu'en  sauf  les  avez  mis 

aeo    Por  voz  paranz,  por  vos  amis.' 
'Diva'  fet  il,  'es  tu  gabierre? 
Foi  que  tu  doiz  l'ame  ton  père, 
Et  ne  croiz  tu  oe  que  je  diP' 
Toz  tens  dites'  dist  Benart  'si.' 

'295   'Renart'  ce  dist  dame  Heraens, 
'Je  cuit  voa  estes  hors  dou  sena. 
Se  nos  nés  eOssons  perduz, 
Ja  eaconduiz  n'en  fust  randuz.' 
'Dame'  diat  il,  'je  le  sai  bien 

300    Que  moult  aavsz  d'art  et  d'angien. 
Nequedant  tant  i  a  de  perte, 
Yo  meaon  avez  dcsaoverte. 
Or  dites  par  la  en  sont  trait.' 
'Par  dieu,  Renart,  ai  sont  il  fait' 

305    Respont  Renart  'oe  devez  dire.' 
Renart,  n'en  ai  talent  de  rire: 
Ce  poiae  moi  qu'il  aont  perdu, 
Orant  domage  i  avons  eti.' 
Atant  Renart  s'an  vait  joiant, 

iJIO    Et  cil  remestrent  tuit  dolant. 
Ce  fu  des  Rofancea  Renart. 
Tant  aprist  puis  d'angin  et  d'art, 
Que  il  en  fiât  puis  maint  ennui 
Et  a  aoD  oncle  et  a  autrui. 


lu  uil«       ièi    P.  atnia  nami  nAiaio       -285    nier«      il  mattqut 
i      289  lans      295  hersBns      29fl  faor      302  Uos      307  poite 
310  remedrent 


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XXV 

Sîgnor,  ot  avea  uses, 
Et  ans  et  jors  a  ja  pâmes, 
Les  aTentures  et  le  conte 
Que  Pierres  de  Saint  Cloot  conte 
5    De  Kenart  et  do  ses  affaires. 
Tels  i  a  qu'il  ne  prise  gaires 
Ne  l'aventure  ne  le  conte: 
Car  il  ne  sevent  que  oe  monte. 
Mais  qui  bien  i  vorroit  entendre, 

10   Orant  savoir  i  porroît  aprendre 
Et  ofr  mainte  bone  exemple: 
Car  la  matare  est  lai^e  et  ample. 
Tout  cil  qui  en  content  sans  rime 
Ne  sevent  pas  vers  moi  la  dime: 

16   II  le  Toos  eonteot  a  envers, 

Mus  jel  coDt  par  rime  et  par  vers. 

Jadis  avint  en  Elngteterre 
Que  Renara  s'ert  aies  pourquerre. 
Un  jonr  a'estoit  levés  bien  main, 

'JO  Bou  bos  iert  venus  a  ud  plain. 
De  gaaignier  moult  s'aparelle 
Renars,  et  ei  n'iert  pas  mervelle, 
Qa*U  ot  moult  jeûne  le  jour. 
Por  cou  n'a  cure  de  sejor: 

25    Cort  et  raoort  les  sans  menus, 
Et  a  tant  fait  qu'il  est  venus 

B  m  1  uou  o«bw 


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XXT 

Tôt  droit  sor  l'eur  d'une  riYÎere. 

Lore  s'en  revoit  aler  arrière 

CiuB  qui  de  tons  karas  est  mcetre, 
30    Quant  il  regarda  sor  seneatre 

Par  desous  l'ombre  d'un  carbon: 

Si  vit  dan  Fiocart  le  faairon 

Qui  en  la  rivière  pescoît, 

Et  les  poissons  au  bech  cbercoit. 
35    Kenara  le  vit,  la  teste  abaisse, 

À  la  terre  cheoii  se  laisse 

Et  se  porpense  qu'il  fera 

Et  conment  il  l'engigiiierB. 

A  soi  nielame  se  démente 
4»   For  le  fain  qui  molt  le  tormento. 

'Diex'  fait  Itenars,  'que  porai  faire  f 

Far  quell  engien  le  porai  traire  P 

Se  je  aient  tant  que  ci  vegne, 

For  coi  folement  se  contiegne, 
45   Espoir  jel  poroie  bien  prendre. 

Mais  longement  i  puis  atendre 

Ancois  qu'il  TÎegne  ci  peschier. 

Et  sel  puis  comparer  molt  chier: 

Car  se  je  saî  aperceâs, 
50    Des  mastins  tioves  ne  veûs, 

Il  me  feront  lor  jeu  puïr 

Se  je  ne  m'en  puis  bien  fuTr. 

Et  s'il  me  voit,  il  s'en  ira 

Et  de  l'ewo  86  partira: 
55    Si  aurai  perdu  mon  travail. 

Et  diex,  que  ferai,  se  g'i  failf 

Et  ae  je  sui  ci  toute  jour 

Quel  preut  aurai  en  mon  sejorP 

Se  preut  n'ai  par  mon  travillier, 
60    Toute  jour  i  puis  baaillier. 

Tels  eet  li  siècles,  dont  rien 
Sana  travail  n'a  on  gaires  bien.' 
Sor  la  rive  s'eat  adeates, 

5U  prout  C   (=  ChabaiOf)]  paino    Ul  Fatit  il  Ur*  eat  or  lir 


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XXV 

Quant  asBes  ae  fu  démentes. 

65    Sovent  regarde  le  bairon. 

Moult  est  plaine  de  grant  traTâon. 
As  deoB  esraiche  la  feuchiero 
Dont  plente  a  sor  la  rivière: 
Une  grant  braeie  en  a  prise 

70   Kenars,  et  entor  soi  l'a  miso: 
Tout  contreval  la  lait  aler, 
Et  sor  le  hairoD  avaler. 
Et  li  hairons  drece  la  teste, 
Le  pesohier  lait  et  si  s'areste, 

75    Un  petitet  se  trait  arrière, 

Et  quant  il  vit  que  c'est  feuchiere, 
Aval  l'enpoint  et  puis  repesehe. 
Renars  seoit  sor  t'erbe  fresche, 
Si  a  a  sea  àena  esracbie 

80    De  la  fouchiere  une  braohie: 
Il  la  gete  en  l'ewe  courant, 
Et  si  De  va  pas  demorant. 
Li  hairoQB  se  rest  tressaltie, 
Qui  bien  cuide  estre  malbaillis: 

85    De  la  fonctiiere  se  raproche, 
Des  pies  et  de  son  bec  l'atoucbe 
Et  reverse  en  mainte  manière. 
Et  quant  il  volt  que  c'est  fouchierr, 
De  rechief  conmence  a  pescbier 

90    Et  les  poissons  al  bec  cerchier, 
Kenars  estoit  en  son  agait, 
Bien  a  veQ  quanqu'il  a  fait: 
De  lecherie  se  debriee 
Et  se  porpense  en  mainte  guîse, 

B5    Conme  il  le  puisse  damagior 
Et  de  la  rivière  sactùer. 
Mais  il  dist  qu'en  l'ewe  enterra 
Et  en  aventure  se  metra 
Envolopes  en  la  foucbiere: 
100   8i  flotov,  qn'ele  est  ligiere. 


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Aaaea  porront  bien  estre  enasmUe, 
Car  la  fouohïer«  le  resamble  : 
N'ert  pas  ligiere  a  apercoivre. 
Etui  le  porra  bien  decoivre. 
105    Lors  aracha  une  graat  masse 
De  la  fouchiere,  et  si  l'amasse: 
Et  quaot  il  l'a  mis  en  reorte, 

Entrer  î  Toet,  mais  il  ne  l'ose. 

110    Diex,  tant  par  est  couarde  cose! 
'Par  dieu'  fait  il,  'g'i  enterrai, 
Et  se  je  puis,  je  le  ferrai.' 
A  ces  mos  s'est  Renars  coucbies 
En  la  fouchiere  et  enbussies. 

115    La  rÎTJere  ert  auqaes  eatroite  : 
Benara,  qui  le  hairon  convoite, 
S'enpaint  en  V&we  de  la  rive. 
Onqufls  diflx  ne  fîst  riens  qui  vire 
Qui  apercoivre  le  peuTst, 

120    Tant  fust  saiges  oe  tant  seuTst, 
Se  il  ne  li  fuat  dit  avant, 
Par  derrière  ne  par  devant. 
L'ewe  tôt  contreval  le  maiane 
Yera  le  huron  qui  moult  se  painne 

120   De  porcacbier  sa  garîson: 
Ne  ae  gardoit  de  ^laon, 
Ancoia  entendoit  al  pesobier 
Et  a  poisBonnea  acroohier. 
Et  si  veoit  bien  la  fonchiere 

130   Ftoter  contreval  la  rivière 
Et  venir  vera  lui  durement, 
Moult  se  contient  seûrement, 
3i  conme  cîx  qui  ne  savoit 
Qui  dedena  la  fouchiere  avoit, 

135   Et  qui  nulle  cose  ne  doute. 

Mais  Renars,  qui  ne  l'aimme  goûte 
Et  qui  maint  home  deaavance, 

]09  il  DO  l'oae]  ne  parole     124  baron    183  C  eointiai 


,.ogIc 


Se  trait  vers  lui  sans  demorance. 

Et  quant  il  voit  qu'il  ue  prent  garde, 
140   Jet»  les  dena,  plus  ne  se  tarde: 

Vers  soi  parnù  le  col  le  saîche 

Si  que  la  teate  li  escait^e. 
E  TOUS  ânee  ceste  guerre. 

Atout  lui  va  Renars  a  terre, 
145   Jusqu'à  un  buisson  le  traîne 

Qui  ert  deaous  une  aube  espine. 

Et  li  haïrons  comence  a  braire. 

Kenars  n'a  aoing  de  noise  faire: 

Dou  buisson  le  trait  en  un  angle, 
150    La  le  tient  tant  que  il  l'eatrangle. 

Quant  eatraogle  l'ot,  sel  menja 

Enst  que  point  n'en  i  laissa: 

N'en  voit  longue  parole  faire. 

Reaars  8*en  va  a  son  repaire, 
1B5   Ce  fu  en  faaquiaon  de  prea: 

Li  jora  iert  auques  avesprea. 

Lora  a'aresta  enini  un  pre. 

Le  aolel  TÏt  bas  avespre: 

Iluec  atendra  le  seraio. 
160    Très  desous  un  mule  de  fain 

Se  Ta  dormir  et  reposer. 

Âpres  mengier  fait  mal  oler, 

Ce  nous  font  acroire  li  mire; 

Maintea  fois  l'aves  oï  dire. 
16&    Sor  le  muUon  s'est  endormis. 

Hais  par  tena  sera  eatorania: 

L'ewe  iert  desrivee  et  ereûe. 

Onquea  ai  grans  ne  fa  veQe 

Corn  elle  fu  on  ce!  saiaoD  : 
170   Dearivee  iert  outre  raison. 

Toute  iert  couverte  la  contrée 

De  Towe,  qui  ert  graot  et  lee: 

Jusqu'au  mulon  iert  ja  venue, 

Couverte  en  iert  Verbe  menue, 

)  lelain     178  Jaiqita  m. 


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XXV 

179  Kt  li  flos  si  Tenait  montant 
Que  vous  iroie  jou  contant  P 
Tout  Gontrevftl  o  la  crétine 
S'en  va  li  muions  de  TAvinc 
TJ  Renars  s'ert  aies  dormir. 

180  De  poiir  comence  a  frémir, 
Et  puis  après  s'est  esvillies. 
Estrangement  s'est  mervillies, 
Quant  il  voit  que  li  flos  l'enporte, 
Qui  durement  le  deaoonforte. 

185    Ha  las'  fait  il,  'malaeures, 
Chetis  folz  et  desmesures, 
Pereceus,  malvaie,  plains  d'oatraigo! 
Ja  me  auet  ou  tenir  por  satgo: 
Mais  onquca  voir  n'oi  poiot  de  sens, 

190    Ne  ne  fis  de  nul  biens  porpens. 
Dyauble  me  iîst  ci  couchier 
Desus  le  fain  et  embusaier, 
Quant  je  m'en  deâsse  estre  aies. 
Et  eu  ma  taisnicre  avales. 

195   Près  sui  do  mort,  or  le  sai  bien. 
De  l'escaper  nH  a  mais  rien. 
Car  li  floB  se  retrait  en  l'ombre 
Qui  maint  home  noie  et  encombre. 
Se  je  Baut  jas,  je  noierai, 

200    Ja  autre  cose  n'en  ferai. 

Wi  os  salir,  n'i  cb  remaindre: 
La  meure  poor  est  la  graindre: 
Qar  b'cd  me  puet  apercevoir, 
Icou  sai  ge  trestot  de  voir, 

205    (Que  d'un  que  d'el  ai  grant  fricon) 
C'en  me  torra  mon  pelicon.' 

Ëndementrea  que  se  démente 
Renars  en  celé  grant  tormente, 
Âtant  estes  vous  un  vilain 

210   Najant  vers  le  mullon  de  fais 
D'un  grant  aviron  qu'il  tenoit. 


ItHt  fui      Ifll  fîr<>nt      199  Ju<  qn»  n.      302  Mt]  ea     211 
l.  252). 


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De  la  peacherie  venoîL 

Mwnte  avcuture  avîent  on  mont 

Najant  s'en  venoit  contremont, 
S15    L'aviron  tonoit  en  sa  main. 

Quant  fu  prea  dou  mulon  de  fain, 

Si  vit  Kenart  cropîr  deseure. 

Quant  il  le  vit,  pins  n'î  demeuTC  : 

Celé  part  vint  grant  aleûre 
230    Con  cix  qui  point  ne  s'aseûre. 

Or  est  Renars  en  grant  barate, 

Qui  tantes  geoB  a  mis  en  flato, 

Et  qui  les  plu»  cointes  assote. 

Sor  le  million  de  fain  qui  flote 
325    9e  siet  dolans  et  eabahb; 

Bien  ouide  estre  mora  et  trahis. 

'Ue  dieï'  fait  il  vilains,  'bîal  sire. 

Si  8ui  haities,  ne  sai  que  dire. 

Saint  Juliens,  quel  iroveQre! 
280    Quel  dos  et  quele  engorgeÛTe! 

Or  est  Kcnara  bien  atrapcs. 

Se  je  puis,  il  aéra  hapes. 

Ja  li  ferai  le  col  estendre 

Et  senprea  le  porterai  vendre. 
236    A  que  que  aoit  le  dos  vendrai,  ' 

Et  la  gorge  ai  retendrai: 

Orle  en  ferai  a  mon  mantel. 

Il  me  covient  avoir  sa  pel. 

Cou  est  la  fine  rerite. 
240    Fuis  aéra  eu  l'ewe  gete, 

Qu'il  n'a  vers  moi  point  de  desfenae.' 
Moult  remaint  de  cou  que  fois  pense: 

Tout  autrement  ira  la  cose. 

Cil  ne  fine  ne  ne  repose 
245  Trusqu'il  vint  au  muUe  tout  droit 

Ou  Renora  ostendus  eetoit. 

Moult  le  manace  li  vilains  : 

Son  aviron  preat  as  deus  maioa, 


327  li]  il    244  Cil]  Qui    246  C  \ 


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XXV 

Ferir  le  volt,  maie  b  faili, 
2Ô0    Car  Renars  d'antre  part  sali. 

Li  TiiaÎDs  H  cort  environ, 

Et  lait  corre  son  aviron  : 

Ferir  le  ouida  en  la  teste. 

Jtlaia  Renara,  qui  pas  ne  s'areete, 
355    De  l'autre  part  guencist  et  saut 

En  tel  maaiere  que  cil  faut 

Qui  moult  durement  le  manace. 

Renars  fuit,  li  vilains  le  chacho: 

Chace  de  oa,  chace  de  la: 
260    Moult  iert  coroohiea  s'il  ne  l'a. 

Mais  asees  se  puet  iravîUier 

Ancois  qu'il  le  puisse  bailUer. 

Li  vitains  voit,  prendre  nel  puet. 

Bien  voit  que  monter  li  estuet 
305    Sor  le  muUon,  si  l'en  voet  traire: 

Car  ne  li  puet  damaige  foire 

Ne  ferir  en  nulle  manière 

Ne  par  devant  ne  par  derrière. 

Les  le  mullon  de  fain  s'areste, 
270    Et  por  ramper  ses  sollers  oste. 

Que  vous  feroie  jou  lonc  conte? 

Sor  le  malien  li  vilûns  monte. 

Et  li  batiaus  dou  fain  a'eslonge. 

Renars,  qui  le  vilain  resoigne, 
275    Quant  il  le  vit  vers  lui  venir. 

Et  le  grant  aviron  tenir. 

As  joins  pies  on  batel  aaH. 

E  voue  le  vilain  esbabi 

Par  convoitise  et  par  outrùge! 
280   Por  cou  nons  retraient  li  aaige 

Que  tels  cuide  bien  son  pren  faire 

Qui  quiert  son  honte  et  se  contraire. 

Icou  suet  on  dire  en  respit: 

Por  le  vilain  le  vous  ai  dit. 
286    Or  est  remes  en  grant  péril 


)  C  Renan  manque.    C:  Lu»  rrr»  '2B3.  264  tout  inlerrrrlit. 


XXV 

Par  convoitise  d'un  boupîl: 
Or  eat  sor  le  mullon  renies. 
Atout:  Renart  s'en  va  la  nés. 
L'onde  s'en  part,  l'onde  la  serre. 

290    Ains  ne  fina  trusqu'a  la  terre, 
Puis  s'en  va  en  sa  forterece. 
Et  li  vilains  est  en  destrece. 
De  toute  pars  l'ewe  le  molle, 
De  poor  este  sa  degpoille 

395    Con  eius  qui  biea  cuide  noier. 
Li  vens  le  fait  moult  esmaier, 
Sa  colpe  batoit  moult  sovent. 
Loi-s  vint  une  waguo  levant 
Qui  8or  le  million  l'acravante. 

300    Li  flos  l'enporte  et  la  tormente 
Vers  un  pel,  par  poi  nel  tua. 
Uais  li  vilains  s'esvertua 
Gon  cius  qui  bien  savoit  noer: 
De  cou  fist  il  nioolt  a  loer. 

306   Tant  s'est  plonchies,  tant  se  demainne, 
Qu'a  terre  vint  a  quelque  painne. 
Et  quant  il  fu  venus  a  rive, 
Si  dist,  jamais  jor  que  il  vive 
A  houpil  plait  nul  ne  tenra, 

810   Ne  par  lui  maus  ne  li  venra. 


.yCOOgl» 


XXVI 

Or  T08  traiez  ca  d'une  part. 
Un  fauble  dirai  de  Renart, 
Qui  de  Hersent  s'est  departiz. 
Il  s'an  torna  par  un  larriz 
5    Tant  qu'il  vînt  a  une  grant  voie, 
Entre  un  champ  et  une  moie. 
Garda  avant  et  se  reinire 
Tant  que  il  vit,  ce  o!  dire, 
Une  croiz  desns  un  chemin 

10   Qui  moult  estott  près  d'un  aapin, 
D'un  home  qui  i  fu  murtiïs, 
De  ses  ennemis  desconfiz: 
Tue  l'oreat  si  ennemi. 
Cil  parant,  li  plus  près  voisins, 

15    Celé  crois  firent  landemaîu: 
Ke  tardèrent,  maïs  mtâtï  et  main 
Li  asalatrent  deaus  son  chief 

Ont  a  terre  a  lor  piez  botee 
so   Et  une  plaincbe  bien  dolee 

Ont  entre  les  deus  croiz  assise; 

Et  bien  les  tient  et  fait  jostiee. 

Sor  la  pierre  ot  un  marregter 

Qu'entailUe  t  ont  li  bergier. 
SS    La  se  aeoient  per  a  per 

I.  ae  oï  dir«      8   uit  et  ie  r^mire      18   II  mam 
29  bie 


■  let  mm  tert 


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XXVI 

Que  je  voa  sai  moult  bien  nommer. 
Li  ODS  est  li  fremîz  Fremouz, 
Blans  li  hennioes  li  seconz, 
Et  H  tiers  fu  Thieberz  li  chaz, 

80    Et  Ros  li  esquiriaux  U  quarz. 
S'orent  une  andoille  trovee 
Qui  moult  estoit  bien  conraee. 
Ko  m  cui  ele  fa  cheUe, 
Hais  cist  quatre  l'ont  receûe. 

,%    En  poione  sont  et  en  tormant 
Que  la  partissent  igalm&Dt. 
Enmi  est  grosse  et  graille  au  cliief 
De  ce  est  moult  granz  li  mescbiof: 
Quar  s'ele  fu  partot  bouie, 

40   Legieremant  fust  départie. 
Tant  oot  dit  et  tant  ont  parlé 
Que  tait  ensanble  ont  esgarde: 
As  marrelles  la  jueroit 
Li  que&  d'aux  trestote  l'auroit. 

45   Entre  Boa  et  Tbiebert  le  obat 
Ândui  estoient  d'une  part, 
Si  que  l'uns  l'autre  ensotgneroit 
Se  nua  d'aux  mestraire  voloit. 
FromoDz  et  Hermine  la  blanche 

60    Ont  andui  d'une  part  la  planche: 
Bien  puet  li  uns  l'autre  enaotgnier 
Quanqu'il  porra  au  marroglier. 
Il  l'avoient  trestot  en  peis, 
Et  marrelles  i  a  voit  près. 

66    Mes  encor  ne  scvent  a  dire 

Qui  dou  geu  soit  miadres  ne  pire, 
Quant  lor  danz  Kenars  aparut. 
Si  comme  Faisius  traire  dot, 
Qarda  avant  par  aventure, 

60    Vit  le  venir  grant  aleOre. 
Il  lor  crie  'Fuiiez,  fuiiez! 

.11  tronc       m  partiionl       Itft  c.'lc     fi)   pifnt      TiT  'lii 
ri  éli  ajouts  d'iinr  main  plue  récentr. 


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Fil  a  putaÎD,  oe  tos  targiez!' 

Si  con  ce  ot  dit  li  Faissiax, 

Et  li  cbaz,  qui  moult  fu  ÎBueax, 
(Ifi    L'andoiUe  prant,  sor  la  croîz  monta: 

n  ne  dote  ne  roi  ne  conte. 

Fit  tiiît  li  autres  oompaignona 

S'anfuirent  tuit  a  garison. 

RenarB  a  Thiebert  eag^arde, 
70    Et  cil  )i  a  le  dos  tome. 

'Thiebert'  dit-il,  'es  tn  ce  laP" 

Adonc  primes  le  regarda. 

'Et  dont  vtenz  tu  or,  Renardin?' 

'De  cest  bob  ci,  biaux  douz  cosin. 
75    Porquoi  es  tu  laiisus  montez  P' 

Quar  plus  seûrs  en  sni  assez.' 

'Cornant'  fait  il,  'doutez  netui?' 

Oïl.'    'Et  cuiP"    Toi  et  autrui.' 

'Porquoi  f  'Quar  tel  chose  teing  ci 
80   Dont  j'anroie  le  ouer  marri. 

Se  par  malveste  le  perdoie.' 

'Ha,  oe  que  est?  a  hi  dont  proie  P" 

'OTl.'     'Si  ne  le  puis  savoirP' 

'OTl:  mes  n'an  puis  riens  avoir.' 
8S    Di,  va,  ce  qu'ost  :  cornant  a  non, 

Di,  val'    'Andoille  l'apelle  on.' 

'Cornant'  dit  il,  'et  par  quel  art  F' 

'Ja  voir  n'en  goteras,  Renart, 

Quar  autres  compaignons  hi  a.' 
liO   'Ou  sont?'  dit  il.     "Très  bien  le  sa.' 

'Auasinc  i  aurai  je  ma  part.' 

'Renart,  trop  i  es  venuz  tart.' 
Renars  se  fist  moult  corrootez, 

Sovant  a  ses  greoons  léchiez. 
9&   Li  angoissus  moult  se  defripe. 

Moult  art,  moult  frit,  moult  se  delippe. 

Sovant  ses  yeuz  laissus  rehuille: 

roil     68  firent  69  *1  Z  —  et;  eorrKliou  de  ChabaiOt.    flO  ■ 


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XXVI 

8or  lui  n'a  mambre  ne  se  duille. 

L'andoille  iert  un  poi  entamée, 
IflO    Plus  l'eagarde,  plus  li  agrée. 

Bien  voit  Ronars,  n'an  aura  mie, 

Se  granz  baraz  ne  li  ayie. 

De  grant  engin  s'est  porpanssez. 

Desor  la  plaînche  en  est  montez: 
116    If'i  a  gairea  este  en  paie, 

Quant  resaut  jus  tôt  a  un  fais  : 

Ses  piez  bota  en  l'erbe  drue. 

Thiebert'  dit  il,   bavez  veûe?' 

'Et  qu'est  ce,  Renart,  qu'avez  prisP' 
110    'Par  deu,  ci  a  une  soriz.' 

Quant  Thtebors  oT  ce  nommer, 

La  riens  que  il  paet  tant  amer, 

A  la  soriz  tant  ontandi 

Que  l'andoille  mit  en  obli. 
lia    Au  retomer  son  pie  remue, 

Et  l'andoille  li  est  cheûe. 

Renars  Tahert  ysnelement. 

Et  randoille  tantost  s'estant. 

Tfaiebers  fait  duel  sor  la  croiz  maire 
1-iii    Que  nua  ne  poist  plue  grant  faire. 

'Renart'  dit  il,  'dex  fu  trabiz  ; 

Qui  vos  croit,  moult  par  est  boniz.' 

'Thiebert'  dit  il,  'lai  moi  ester! 

^'ai  cure  de  ton  aarmoner. 
I*i5    Plus  est  fox  qui  en  vos  se  fie. 

Moult  vos  criai  orainz  aye, 

Ne  me  doignates  regarder. 

Mois  orandroit  me  pois  vanter. 

Je  hai  l'andoille  a  tôt  la  hart. 
vji)    Plus  n'i  auroiz  ne  hart  ne  part: 

Ne  me  tieng  pas  a  vo  cosin.' 

Ici  piant  ceste  branche  fin. 

t  hauQ     117  Uhurt,  eorrigi  par  Chabaillc. 


,  Google 


D'util  feata  de  1  Aaaosïon 
Cho  monsignor  aire  lion 
Vol  grnn  eort  lenir  de  bo  bcrn&zo 
De  beslie  demeslege  e  shIvuc. 
^  Non   e  grande   ne   menor 
(Jhe  toU:  no  vpgna  a  lo  segnor; 
Ohe   lo  segnor  vol  corle  tenir 
E  roxon  far  e  pla  oldir. 
Lo  beïtie  ben  lo  «ete  cciito  pari» 

lOToto  se  lomeritA  de  Baj-naJd; 
Va  Chantflclcr  molfolerttcr, 
K  Lcaengrin  de  soa  inuier. 
'Nobel   lion,   per  dco   mcrze, 
De  Itaynaldo  fa  raxon  a  mi, 

15  De   qiipl  aperzora  engaoaor; 
Ch  e  pale\e  laro  e  traylor. 
El  no  irn  ne  fa  no  engramenio 
Ni   lealU   prr   nesun   tenpo; 
lia  d  ogna  cona  fa  felonia. 

20  El   spcza  tuta  la  uoiipagnia.' 
K  LJEcngriD,  ch  el  re  no  1  ama, 
Davanli  lo  lion  s!  se  regama, 
'Nobel  lion,  per  deo  merci, 
De   Rnynalilo   fa  ra\on   a  nii. 

ti  Ch  et  m  a  boni  de  mia  muier, 
De   Lcsengra  uh  e  mi   river. 
A  Malpcrtiiso  cbc  la  irova 
A  mal  so  gia  che  la  sforzn,^ 
'Se  dro  m  ai'  dis  lo  lion, 

™  'Qucsta  0  grande   ofeneion  : 
Ubi   onis  1  altru  muier. 


Srgnori  e  done  che  se  qui,    [âO] 
Plaa   ve   inlender   et  aldir 
Un  aermon  de  grant   Bulnc, 
A  ehi   intcudcr  ai  li   pla». 
El  0   eerraon   de  grande  fesia  ; 

A  chi  în tendre  se  delela, 
E  scieacïa  a  en  po  trar 
Uhi  in  bona  part  la  toI  rclrar. 
Clie  bein  dise  la  acrilura: 
Tule  coaae  vol  oceura.  li 

Chi  altri  briga  de  inganar, 
L  ingano  in  lui  aol  rolrouar: 
E  cbi   per  altri  fa   la  fosaa, 
Entre  el  cace  con  aoa  voila  : 

cho   penaa   vadagnar,  I! 


Con 


malicii 


Kl  ge  perde  quel  et  altro 

Et  e  fora  del  so  salto. 

Nui  om  no  diga  raal  d  allnii, 

Che  altri   diga   bcln   de   lui.  t 

Chi   vol   dir   mal   del  so  fisin, 

Inprims  inpenae  pur  de  si 

E  poïtra  diga  de  altri  mal. 

Chi  de  altri  dise  vilaoia  t 

Klla  rclorna  in  foa  camissa. 

Or,  peroc  che  lo  mundu  ac  de  mal  a&r 

Et  ogn   omo   briga  de   Car  mal, 

Imperco  Xiisto  veras  signor        |ôl] 

Si  ne  a  d.iJo  cotai  ra»on,  3 

l.'he  tuta  cente  al  mont  vivent 


8  r(eza)  far]  fa    lÔ  eganaor     26  16  Piut,lti)  nalicia]  aHOda     11 

"J"  elle  n,uflyu(  ma 


359 


E  BOD  tegnu  de  ioetiiier,' 
Uo  Cantacler  si  s  apreienta 
Dftvant  lo  liOD,  ei  »e  lamenta. 

35'Nobfl  lion,  per  deo  marci, 
De  Raynald  fa  raxoD  a  mi, 
Cbo  g  ers  ben  con  seta  Muta. 
Ma  un  go  n  er&  uagueneote 
Che  Raynald  trovo  b  noit«  col  dente: 

*0  Si  ge  traae  1  ala  deotro  el  veatro 
D  un  pal  ge  vedo  che  dod  ave  ud 

oltco.' 
De  ijuel  fo  gramo  Raynaldo  a  la  mort, 
E  quel  ch  era  navra  a  saugucnent, 
Davsnt  lo   lion   si   va  plurando, 

tS  'Nobel  lion,  per   deo   merci, 
De   Raynaldo   fa  raiou   a   mi  ! 
Da  che  1  onci  1  orden   eagre, 
Vu  si  tignu   de   iustixier. 
Ben   sa   tu  che  son   Chantacler  : 

M)  Lî   preiiî  deo  chanto  bi   mestor. 
Ben  sa  tu  che  aun  cantaor, 
Li  previi  deo  clianlo  li  ore.' 


E  lu(e  beatie  eurent, 

Viva   solo  segnoria 

Che  li  demene  per  dreta  via, 

Che  tuti  aibia  soa  rasoii  SU 

A  soa  dreta  domandason. 

E  si  plasete  a  leshu  Xrialo, 

Che  del  mondo  fo  magietro, 

Che  lo  lion  fosse  podctita 

E  signor  e  re  clama  40 

De  tute  bestie  che  al  mondo  son, 

Per  far  a  lor  soa  rason. 

Or    eta  lo  lion   su   in   una  graiit 
montsgna 
Con  moite  bestïe  in  soa  compagaa, 
Et  avea  soi  conscierî,  ib 

Quant  li  fasea  meateri, 
E  comandadori  e  scrîvan 
Si  avcva  d  ogna  man. 
Elo  tegniva  ptedo  e  rason 
Si  cor»   re  e   grant  signor  :  50 

Tutc  le  besti  fcse  adunanca 
E  si  fese  grant  lementaoea 
Sovra  Reinaido  comunament 
De  li  soi  grandi  offendiment. 
Li  Cantacler  ordeo  segra  is 

Si  se  comenca  a  lementar. 
Or  dise  quelli  'miser  lion, 
Vui  se  re  e  bon  signor; 
Nui  ye  pregemo  fortement, 
Entendi   nostro   lementament,  60 

Et  a   dreta  demanda«on 
N  avrei  ne  in  nostra  raeon. 
Dannnti  tuÎ   fasemo   reclamo 
De  Raynaldo  to  vasallo, 
Che  sempre  ne  va  mal  metant  85 

Lo  orden   segre  e  la  nostra  cant. 
Nui  caQtemo  li  officii  e  li  maitin 
Et  el  no  cessa  de  nui  alcir. 
Ancora  non   e   tropo   tenpo 
Che  de  Quia  morti  beincinquecento,  70 
Cenca  quel!  ch  ell  a  inavra 
E  poco  vivi  li  a  loga. 
E  qnesta  se  cosa  manifesta 
Ch  io  d  ai  perclada  la  ala  dreta. 


/.«  T.  40  »e  IroHve  au  tlrstoua  du  ^  P  catacler    60  P  lementitmQt 

.   42   ep.   90B.       Cotrigé   i>ar    T. 


,  Google 


'Se  deo   m  «y"  dis  lo  lion, 
'Queeta  a  grande  ofeniion  : 

ti  Da  che  I  oncî  1  orden  sagre 
E  «on  lignu  de  iostiiier 
Anda,  Buimardo  lo  criaor, 
Si  me  1  met!  io   bando  morlor  [ 
K  Bocha  move  iencllanienl, 

60  Si   ne  1   eurivi  in   lo   livro  dentro.' 


Or   parla  Oill>er 
Che  de  Kaynaldo  i 


conpagnon. 


'Nobel  lion,  per  deo  merzp, 
Vu   doTi  ben   intender  roi. 
ti  Moite  false  lamentaion 
Fi  fate  datant  tu,  baron. 
Tnl  se   lament   de  fUynaIdo, 

S  cl  fosa  qui  ia  queiU  parto, 
Za  no  avrisi  «te  parole  creere, 
70  Ch  cl  «en  avraTe  ben  ascoder, 
Mo  si  dii  pur  a  la  soa  parlo 
l'erclic  1  non  c  qaï  lo  Raynaldo. 


K  digo  a  voî,  ohotal  aegiior, 
No  me  I  laelî  in  bando  roortor! 

n  Cbo  voio  essere  so  churnor, 
Davanli  voî  roanlevaor. 
De  i]ui  a  iri  zomi  lo  faro  venir 
A  raxon  far  e  pla  oldîr. 
Ana  H  I  plu  a  domanâar 

eo  Ch  cl  no  de   ad  altru   dare.' 
Dis  lo  lion   'A  bona   or  : 


Or,  tuesier,  per  voatro  faonor  n 

De   questo   vni   ne  fai   racoD.' 

'Si   deo  m  ai'  dis  lo  lion,  |5!J 

'QucsU   se  grande  offension 

Ad  ilcir  1  orden  acgrc. 

Eo  son  tegnu  de  cuilisicr,  ^ 

Or  andei,   Bwinard  lo  criador, 

P^  i   me  1  cridai  in   bant  mortor! 

K  lui,  simia,  scrivan  facent, 

Scrive  nie  1  ordenament, 

8i  ohe   per  scrito  sempre  se   troia    a 

K  bein  ne  sta  in  memoria, 

Che  ia  bant  mortor  eia  crida 

Quel  malvasio  omicidial.' 

U  la  simia  ai  se  aprestava 

A  far  00  cbe  to  lion  comandava.     m 

Or  e   vegnu   Citbert  lo  tason 
Cbo  de  Raînaldo  «e  compagnon. 
Si  Tfnne  da  nanti   lo  lion 
E  si  disse  saviamentro 
Danaaii  lo  lion  so  parUment.  n 

'O  Nobel  lion,  per  deo  marce, 
Vuï  deve  inCcnder  me. 
Moite  false  lemeotuon 
Se   fa  davanti  vui,   baron, 
Inconlra  Kainaido  loro  lasalo         inj 
Che  sovra  tuti  li  altrî  val. 
Ma  se  Rainaldo  fose  qui, 
Ch  el  soa  rason  podese  dir, 
Bein  vederis,  Nobel  lion. 
Ora  non  e  qui  Itainald,  ids 

Ch  el  e  anda  in   altra  part, 
A  reste  o  a  prcdica^ion, 
l'or  ioparar  cant  e  teao. 
Eo  V  en  prego,  centil  signer, 
No  me  1  mets  ia  bant  mortor,       lis 
Che  eo  voio  eser  so  curador 
E  dananti  vui  manleiador. 
De  qui  a  trei  ooroi  ve  1  hto  vegoir 
A  rason  far  e  pletdo  aldir.' 

'In  bon  ora'  dis  lo  lion,  US 


Daiit  let  vv.  53  ss.  lex  iHillalra  ne 
tout  pos  loat  à  fait  lUibUa.  60 
criïi      64  r  ioteder 


,  Google 


3B1 


D&  ctie  I  trova  reteneor, 


Oimii  no  avTS  1   bando  morlor: 
K  ve  cooianâo  beo,  Zilberto  li  Uuun, 

es  Che  Toe  and»  per  voslro  conpngnon, 
Tra  ^ui   a  tri  zorDÏ   me  1   Ta  venir 
A  raxon  far  e  pU  oldir.' 
E  Zilberto  dis  che  beo  lo  fars. 
l'artc  se   da  la  corte  e  bî  spn   va. 

M       Fin   al  chasltl  de    Uaynald 
Va   Zilberto  senza  reguardo. 
E  Rsynaido  era  in   uoa   monlagna 
Che  de  le  altre  bestie  no  se  lagna. 
Quiudcxe  porle  a   per  entrer 

Bb  E  aJtretoDte  per  eBchaoper. 
El  e  ben  percha»  la  noile 
De  manzer  a  grut  desdoit 
Sete  galine  e  un  chapon 
E  UD  cbantacter  ch  o  bel  e  boi>. 


100  E  Zilberto  t'o  a  le  porte, 


'O  V  tu  andfl,  cbonpare  Kayiiald?' 
'Chi  e  lu,  che  soni  en  qurlc  part?' 
'E   soa  Zilberto   li   laasun.' 

10&  'Che  To  tu  far,  bol  conpaguon  ?' 
'E   le   vora-ve  parole  dir, 
Che   Doe  aTCmo  entrum   a   parlirc  : 
E  vegno  da  la  cortc  del  lion 
Ch  e   inperËro   et  c   baron, 

IlOLe  bettic   ben   le  sete  cpnto   parle 
Tutc  ae  loraenta  de  vu,  Raynaldo, 
Va   Chantacler  mol  volet)  ter, 
E  Lcsengria  de  aoa  moier. 
L  e  vegnu   s  lo   segnor, 

lisSi  ve  faiea  inetcre  en  bando  morlor. 
E  son   stato   cnraor, 
Davanti  lu  manlevaor: 
Da  che  sum  ata  curaor 
No  me  laaa  en  dexenor.' 

ISO  'Car  coDpagDDb'  xo  dit  Kaynald, 
'Quand  eo  vo  prego  en  mille  part, 


'Da  poi  ch  eo   trovo   curador 

E  por  lui  manlevador, 

Non  e  dreto  ni  rason 

De   cridar  lo  in   bant  morlor. 

Or  andai,  Cilbert  le  tason,  ito 

Per   Rainald   votlro   compagnon  : 

De  qui  a   trei  corni  me  I  fai  vegntr 

A  ra«OD  far  e  pteido  audir.' 

Dis  Cilbert  che  bein  lo  fara. 

l'arti  te  de  la  cort  e  si  s  en  va.    12s 

Dreto  al  castello  de  Rainald 
S  en   va  Cilbert  cenca   revnrt. 
Rainald  era  in   una  monlagna,   [Ô3] 
De  le  altrc  beetie  no  se  da  lagna. 
Bein  XV  porle   elo   a  d  andar  130 

E  bein  qnaranla  onde  el  poscanpar: 
El  e  brin  peroaca  la  iioit 
Del  mancar  a  grant  déport, 
Sctto  galline,   cioquo  caponi 
E  doi  Cantaclcr  grosi  e  boni,  135 

Ch  et  sveva  porta  do  la   noit 
Ver  aver  eo   grant   secocD. 
E  Cilbert  fo  a  le  porto 
E  si  clama  Rainaido  raolt  c  l'orlc. 
E  Kunaldo  respose  in  ait  ho 

'Chi  e  tu  che  us  vegnu  in  qucBla  pari?' 
'Eo  son  Cilbert  le   laton.' 
'E   que   voî  tu  far   bel  compagnon?' 
'Eo  te  voi  parlar  c  dir.' 
DisHainaldo'che  Avem  nui  apartirï'iis 
'Eo  vegno   da  la  corle  de  lo   lion 
Cite  se  impercr  c  baron. 
Eo  le  digo  novella  toi, 
Clie  li   Cantacler   orden   srgra 
Dananti  nostro  re  lion  l&O 

De  li  a  fat  lementason 


Et  eo   per  ti  son  curador 

E  a  lo  lion  manlevador. 

De  tjui  a  trei  corni  ti  prcscntar 

A  rason  e  pleid  menar. 

Do  co  no  sia  in  ti  rancura, 

Che  nui  semo  û  savi  do  scritura 


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E  quand  e  ve  vegno  ben  a  pragar 

Che  vu  m  entreïi  a  raanlavar, 

E  quand  e  prego   per  grande  amor, 

125  Eo  no  jiorave  trovar  maiilevaor. 
Se  me  voli  a  forza  far  DiaDlflTa.^on, 
Si   vo  romagno   1  obligaion. 
Bea  oe  fato  tante  ofeBsion, 
S  eo  Toleso   ben   trar  raxon, 

130  Con  drîto  me  dowaTc  lo  lion  pren- 

Si  me  dovravo  in  forche  apenderc. 
Chi   a  »i   Wgnn'   zo  dis   Raynald, 
'Chc  no   viro  en   qaela   parte.' 


'Car  oonpaijnon'  zo  dîa  laEsum, 
195'Vigni  a  la  cort  del  lion! 

Dh  cil  fo  son  Bta  curaor, 

No  me  lasa  en   de3:enor. 

Ch  eo  o  ti,  Kaz»  mentir, 

San  ben  per  undexe  palain. 
140  Ben  aveeemo  el  palexo  torto, 

^i  vinziramo  el  pla  per  Toltc.' 

11  _     '  .^  jj^  Baynaldo, 

i  1  altro 


'Char  coopagnon' 
'Nu  ssTen  tanto  e  1 
tuli  i 


Chi 

us  A   una  vosa  e   a  un  crior: 
Remor  de  pOTOl  m  a  onoir, 
Ch  eo  no  porave  mia  raxon  dir,' 
'Char  conpagnon   lo  dis  tawun, 
'Vigni  a  la  COrt  de  lo  lion! 

iSOChc  deo  n  a  da  si  bon  sigiior 
Che  1   no   ni   osa  levar  remor, 
Ne  burzela  aparîr, 
E   ne  no   si  oaa  parole   dir.' 

Dixe  Raynaido  'E  ge  liro. 
1S5  Me  cre  che  roay  non  lornaro. 

E  TC  coraando  ben,  Zllberto  li  tassun 
No  me  fai  may  manlevaxon  : 
No  m  entra  ma  a  malevarc, 
Se  no  ve  vegno  ben  a  pregarc.' 


E  si  doti   in  la  rason, 
Che,  B  et  torto  fose  de  tiiu, 
Bein  aaTeremo   nui   itî   far 
Ch  el  pleido  avère  Tadagnar.' 


'Obi  a  si  tegna'  co  dis  Raînald. 
'Eo  no  vegno  in  quolia  pari; 
Che  remor  de  povol  bein    m  afta: 

Ch  eo   no  porave  mia  rason   dir. 
'Char   eonipare'  dis  lo   (aeon, 
'Vegni  a  la  corte  de  la  lion; 
Da  che  ro  lOa  stado  to  curador, 
No  me  lasar  in  detenor, 


Che  deo  ne  a  dado  si  bon  tîgD0r,iI0 
Ch  el  no  sen  ansa  far  remor 

Ni  parola'aUa  dir, 
Se  no  a  obi  el  fa  roestier.' 
Dis  Rainald  'eo  v^uero. 
Eo  creco  che  mai  no  tomero.  m 

Eo  ven  prego,  Cilbert  le  lason, 
No  m  iulrei  a  Tar  manlevador 
E  non  m  intrei  a  manleTar, 
Se  eo  no  ven  vegno  bein  a  pregar. 
Eo  vel  Toio  paleismenlre  dir,  IH 


134   T  Ca       liW   T  l>a  bru 


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IBOK  ZilbpHo  dU  che  ben  lo  fara 
Eu   tuto  1  Icnpo  chc  I   vivo  acra. 
Oima  se   mixe  en   lo   vinzo 
L  un  o  1  alCro  a  TraDco  chorazu. 
IjS  mula  de  Zîlberto  bea  trotn, 

ISSQuela  de  Raynaldo   va  zapft. 
La  mula  de  Zilberto  bm  aiibU, 
E  ijurla  de  Raynaldo  si  e  alancha. 

0  i   fo   a  la  cort  de  lo   lion, 
Ch  0  iiiperero  e  baron, 

iTO  Lo  bcstie  bcn  lo  zete  zeiito  part 
Tuie  comcnia  a  crirr  a  olto 
'De  za  ven  Raynaldo  o  lo  taasun  : 
Anda  ehorando   a  lo  lion: 
O  lia  drit  o  sia  a  torto, 

l'^Si   li   faron   doncr   la  morte. 

'Char  conpagnon'  zo  di  Kayualdo, 
'Tu  m  a  conduto  en  mala  parte. 
Ben  li  1   vîgn   eo  per  tenpo   a  dîr, 
Itemor  de  poTol  m  a  onzir. 

180  No   oJdi   tu   con  gran   remoil 
F   nu  aven   zi   gran   paura.' 
Diio  Zîlberto  'No  tcmî  mtga! 
Vigni  sîguramenlc  en  qucata  via 
D  eu  davanti  lo  lion, 

loi  Ch  c  rnpcrer  et  e  baron.' 


'Sire  lion'  dis  lo  tassun, 
'Vci  Rajnaldo  meo  conpagnon. 
Vu  no  avi  si  bon  vasallo 
Chc  ve  ténia  uu  baliglallo, 
iSoXe    che    sapia  ai  bcn    portarc   i 

Con   sa   Raynald,  sire   lion. 
Si  mcl  tigni  bcn  a  raxon, 
Che  I  incontra  a  mcza  via: 
Senia  uomando  a  sorte  venia.' 
19&      E  lo  lion  Raynaido  guftrda 


Beîn  ven   porave   mal  avegnir, 
Quando   eo  te  vegno  a  prcgar, 
Che   lu  nicn   enlrcai   a   maiilcvnr. 
Quant  prega  1  om  per  grant  amor  [54J 
No   po   cl   Irovar   manlcvador.'  Il 

Or  dis  Cilbert  ch  el  bejii   fara. 
Varli  se  întrabî   c  «i  acn   va. 


La   mula  de   Gilbert   bcin   Irota 

E  (|uc}la  de  Ratnald  c  cota. 

La  multa  do   Cilbert   bcin   nmbla      180 

E   t^uela  de   Rainald  c  stanulia. 

Or  Eon  aprc£  de  la  cort  de  lo  lioti 
Clic   se  inperier  C  grant   baron. 
Quando   lo  beslie  li   vcle   vcgiiir, 
Tule  si  acumenca  a  dir  i% 

'De  qua  ven  Bainald  e  to  taaon. 
Andemo  a  corte  de  lo  lion, 
0  sia   dret   0  aia   tort, 
Si  li  farem  donar  la  mort.' 
'Comparo  Cilbert'   co  dis  Rainald,     200 
'Tu   m  ai   conduto   in   mala   part. 
Bein  tel   vegni   per   tempo  a  dir, 
Rcmor  de  povelo  me  ave  alcir, 
Ch  co   no  poravo  mia   rason 
Dir  ananti  lo  lion.  206 

Or  seino  apresso  do  la  cort, 
tirant  paura  ai  de  la  mort. 
In  corte  eemo  de  lo  lion 
Che   se  imperier   e  grant   baron.' 

Or  întraobi  doi  se  aprcscnta       Sio 
F.  lo  lason  preis  parlar.i 
'Sire   lion'   eo  dis  lo  lason, 
'Vedi  Rainald  men  compagnon 

Che  Bovra  tali  li  allri  val. 
Ni  che  aibîa  ai  franc  coraco  m 

De  bein  portar  un  meeaco. 
Cuni   fu  Rainald,   sire  lion. 
Si  me  I  tcgni  bein  a  raeon, 
Ch  eo  1  iiiconlrai   a  mecA   via, 
Cencn  demora  ch  el   vignia,'  230 

Lo  lion  Kainaido  varda,       [55) 


184  rtio 


i  I'  Ce  se  imprier    '2Vi  P  c< 


..,,ogIc 


364 


Avre  la  booa  e  si  ge  psrU. 
'Bestitt  malTMiB   de  nftturft, 
Cou   tua   pCEima   fîgara, 
Con  po  tu  Unt«  guère  finir 
"        "  î   guarirî' 


i   (0   i 


'Sire  lion'  zo  diu  Raynaldo, 
'E  o   ruon  "ïa  ogna  part  : 
Pcr  zo  m  a  manda  deo  Creator 
Che  0  rasDD  e  Doite  e  ïorno.' 

205     E  LiieagriD,  ch  el  re  nol  1  ama, 
DavaDti  lo  lion  si  «e  regana. 
'Nobel  lion,  per  deo  merze. 
De  Raynoldo  fa  ruon  a  mi! 
Cb  el  m  a  boni  de  mia   louior^ 

210 De  Lexengra,  ob  e  qui  river: 
A  MalprrtuE  ob  el  U  trOTs 
A  mal  ao  gra  oh  el  la  slorza.' 
'Se  deo  m  aï'  dis  lo  lion, 
'  'Quesla  e  grande  ofension; 

215  Chi  bonis  1  altru  maier, 
E  son  tigau  de  iostiuer. 
Con  e  zo,  sire  Bay naldo, 
Che  TU  si  tanto  ardi  e  baldo 
Che  vu  ODÏl  attmmuier? 

220  E  ve  son  ti'gnu  de  justixier,' 
Or  parla  Cîlberto  li  lauun, 
Che  de  liaj'Qaldo  e  conpagnon; 
'Nobel  lion,  per   deo  merze, 
Vu  devi  ben  intender  mi. 


SS^for  ineo  coniparo  voio  parlare, 
En  Eoa  raxon  voio  curare: 
De  quello  cha  ge  dobia  zoare  a  Kay- 

naldo 
Digo  per  lu  en  tjueata  part; 

!30  De  quel  obe  ge  doveie  noaere 
fer  le  nol  digo  per  la,  e  anzi  per  mie. 
Queeta  si  e  ftlsa  lamentaxon 
Cb  e   fata   davanti   vu,  baron. 
Con  ârito  dorrisi  Lixeagrin  prcoder 

235  E  «i  1  dovrisi  in  forche  apendcrc: 
E  la  putana  de  aoa  moier 
Dovrislu  far  arder  e  broxcr. 


Avri  la  bocB  e  lî  parla. 
'Bestia  mala  de  natnra, 
Tu   ei  de  si  picola  figura, 
Com  poi  tu  tante  vcre  far 
K   tante   brige  demenar? 
Dis   Kainald  'miter  lo   lion, 
Imperco  oh  eo  ai  rasoo.' 


Et  Isengrio,  che  Kainaldo  non  an»,  tso 
Dananti  lo  lion  «e  réclama. 
'Nobel  lion,  per  deo  marce  ! 
De  Baioatd  fai  rasoo  a  me, 
Cb  el  m  a  uni  da  mia  muier. 
De  Iiigrina,  cb  e  qui  a  river.        e3j 
Ad  un  partus  el  1  a  trova, 
A  mal  BO  gra  si  1  a  força.' 
'ai  deo  m  ai'  dia  lo  lîon, 
'Questa  fo  graot  offension 
A  forcar  1  altrui  muier:  tn 

Eo  son  t^ou  de  custiser.' 


Respoode  Gilbert  lo  lason 
Che  de  Bainald  < 
'Sire  lion,  per  deo  r 
Vuî  dcve   beio   intendre  me, 
UoKe  falso  lemeataaou 
jSe  fai  anantî  tuÎ,  baron. 
PcT  meo  compare  voio  parlar 
E  voio  soa  rasoo  euiler. 
Quel  che  de  coar  a  lUjrutld 

Digo  per  lui  in  questa  part. 
Quel  che  li  devese  noeer  per  h 
No  digo  per  lui,  aoci  per  me. 


Con  dret  âevercs  tn  laigrio 
Far  condor  a  mala  tin, 
E  la  putana  de  aoa  muier 
Far  la  arder  e  brusier. 


...Google 


Come  1  porftie  ml  a  me  Begnor  dir, 


Ne  c 


i  da  c 


Cbe  Kaynaldo,   cb  e   qui  river, 

UO  PncMC  mai   Lewagri  aforzer  ? 
Ne,  B  t  ame  deo,  d  esto  claraor 
L'an  de  grau  pena  e  gran  remor. 
Anch  e  Lisengra  si  forte 
Che  la  n  porove  onitr  qoatordpxp, 

m  E  la  gel  de  per  bon  conTento. 

Del  bando  no  de  1  pagar  niente: 

Da  che  I  no  fe  sego  tenion, 

Tu  no  i  di  far  condanaion.' 

'Se  dco  iD  ai'  dis  lo  lion 

SM  'El  par  cbe  Raynaldo  abia  raxon. 
Beslia  malraxia  de  re  pensero, 
Con  te  laxari  ta  a  Raynaldo  sforier? 
Ben  e  tn  ai  grande  e  si  forte 
Che  ta  en  poriai  ancir  qnatordexe. 

2sftTu  gel  deiî  per  bon  convento, 
De  bando  no   de  1  pagar   nient: 
Da  ehe  tu  no  liai  sego  teion, 
Eo  ne  ge  do  far  condanaxon.' 
'Sire  lion'  co  dis  Lexengra, 

EfiO'Vu  no  savi  de  latro  e  de  la-  puta 
strena. 
E  Tidi  e  latro,  si  Tel  Tosi  prendere, 
Che  Tel  Tolea,  mesegaor,  rendere, 
Con  de  far  ipercnraor 
E  baadeiao  a  segnor. 

ses  Raynaldo  fnri  in  una  uboata, 
A  una  tana  entro  nna  poatai 
Et  eo  M  dreo,    che  Toai  prendere, 
Che  Tel  Tolea,  mesegnor,  rendere. 
Si  me  oaze  en  le  reîe  parte, 

SlOCbe  de  fora  me  romaie  le  quarte: 
Dentro  e  no  poti  entrere 
Ne  de  fora  poti  lomer. 
Raynaldo  enii  da  1  altre  part 
De  dreo  me  Teue  senza  reguart: 

tTïA  mal  meo  grao  ch  el  nie  sforza, 
Trea  Tia  mego  che  se  conza. 
Pereb  eo  no  me  poti  achol«ger, 
Per  zo  Mfri  greTe  meater.' 
Fris  a  crior  lo  Lion  a  olto; 


Corn  poraf  eo  a  meo  signor  dir 
Parole  che  non  e  de  crer, 
Che   Haynald,   ch  e   qui   river, 
Podes   Isigrina  a  forcer? 


Cbe  Isigrina  se  si  forte 

Che  a  dodese  darSTC  la  morte. 

Or  vel  digo  per  couvent 

Del  bant  no  de  1  pagar  nient, 

K  hi,  mesi«',  comandason 

Che  de  co  plu  no  lia  tencon.' 


'3e  deo  m  ai'  dis  Isigrina, 
'En  me  lemento  de  puta  ostrina 


De  nn  falso  spercurador, 
Che  e  bandeoa  de  so  signoi 
Rainald  se  caca  in  una  tan 
Rt  entro  la  tana  se  apostn: 


[56]yio 


Eo  me  eacai  entro  la  terca  paît. 

De  fora  romas  la  qaarta  part: 

Uneha  no  poti  dentro  entrar  j 

Ni  de  fora  no  poti  tomar. 

Fora  ensi  Rainald  da  1  altra  part, 

De  dreto  me  Tcnne  cenca  revart. 

A  mal  meo  gra  si  m  a  força, 

Entro  la  Tia  se  acolega,  2 

Eo  no  me  podcTa  corler. 

Fer  co  sofri  qael  gref  mestier.' 


278  T  lalre    37»  T  ion 


,  Google 


360 


2R0  'Fisi  vu  «>,  sire  Rajnaldo  f ' 
'Se  deo  m'ai'  dis  Raynalâo,  'aliri 
Qui  no  TesponderA  ncBun  p«r  mi: 
K  ae  1  ge  retpODder»  nexon, 
K  nol   tegno  per  rnoacion, 

anA  K   vo   digo   che   no  fi  miga: 
He  la  ve  diie  grau  folia. 
Foi-ei  fo  la  altra  rea  chou, 
V  altra  rea  pesima. 
Me  rae  lamento  de  1  atolto, 

390  Che  la  me  volie  prendere  a  loito, 
Corne   la  confeua  denanii  da  li. 
Si  1  abia  bea  a  fermo  re.' 
Dis  lo   lion   'Voli   to  mostrcrï' 


'No  ■> 


,  ch  e 


I  poeo,  mcser. 
295  'Se  dpo  m  ay'  dis  to  li<in, 

'lîl   par   che  Raynaido  abia  rnxnn  ; 
K  V  Asolvo  ben  de  queeto  pin,  Ksy- 

T>w  lo  tasaun  'Si  Tari  rn  di  nltri.' 
Un  Cantacler  si  s  aprexcnta 

ROoDaTAnti  lo  lion  si  ac  lamenlA. 
'Nobel  lion,  per  deo  merw, 
De  Raynaldo  fa  raxon   a  mil 
Che  g  era  bon  eon  aete  ceoto, 
Ma  un  ge  n  era  sanguenent, 

ans  Che  ïUynaldo  troïo  la  noitc  col  dent  : 
Si  ge  tra«se  1  ala  deotro  1  vnntre  : 
D  un  pal  ge  Tcdo  cb  el  non  ave  un 

oltro; 
De   quel  fo  gramo  Raynaldo  a  mort. 
Quel  ch  era  navra  e  aangiiencnt 

310  Davanti  lo  lion  a  an  va  plurandn  : 
'Nobel  lion,  per  deo  merze, 
De  Kaynaido  fa  raxon  a  rail 
I>s  che  1  oocl  1  ordpD  eagro 
Vu   û  tignu  do  iostixier..' 


m      'Se  deo  m  ai'  dis  lo  lion, 
'Questa  e  gronde  otTension; 
D«  ehe  1  onel  l'ordeo  eagre 
K  son  tignu  de  iuatîxier. 
Ben  Boe,  tu  e  meo  chanUor, 


Dis  Rainald  'questo  no  fe*  tri 
l'.Ûtt,  va  diae  grant  folia. 
Ella  fo  altra  mal»  bectia, 
0  altra  QiaU  eoea  peuinia 
Che  li  1  fcis  intro  la  tana. 
S  ert  «la  e  paleit  putana.' 


'âc  dio  m  ai'  dis  la  lion, 

'El   par  che  Rainald  aîbia  rason  : 

Da  che  I  se  po  con  dret  dcfendT 


la  morte  rendis.' 
s  apreKnbi, 


A  tort  non  li  v< 
Li  Cantacler 
Davanti  lo  lion  si  s  alemenla, 
'Saipia  bona  cent, 

Cbe  i  era  bein  seto  cent.  «g 

Un  ai  n  era  saDguaaeiit 

Che  Rainald  trova  la  noil: 

Con  li  dent  li  trase  1  alla  del  c«rp. 


Ont  el  parea  ch  el  foaae  mnrl,        3 
Quel  ch  era  inavra  e  MnguuaeDt, 
Davanti  lo  Itan  si  veai  planerai: 
Nobel  lion,  per  deo  merce! 
De  Rainald  fai  rason  a  me, 
Che  1  m   alci  1  orden  segn  :  •, 

Tu  ei  tegnu  do  cuatiser, 
Bcin  sai  tu   ch  eo  son   to  cantadnr 
Ë  prevede  de  cantar  le  ore,' 
'Se  deo  m  ai'  dis  lo  lion, 
'Questa  fo  grant  offeniîon  3 

Ad  alcir  1  orden   segre, 
£0  son  tegnu  de  castiser,' 
'Se  deo  m  ai'  dis  Rainald, 


■.m  P  Seo  deo   311  P  lod»  313 


,.  Google 


367 


310 Li  prcvii  deo  chant!  li  or: 

Ben  Boe  che  tu  e  no  Cbftntaeler, 
Li  previi  deo  chantî   i  mester. 
Rayntldo,  qnan  tu  t  a  de  qna  partir, 
Za  no  arra  Uteuto  de  rier  : 

3SS  Quan  ta  t  avra  partir  de  qusBta  parte 
PoraTâ  Tkler  enzigna  e  art.' 
'Sire  Iïod'  to  dis  Eajnaldo, 
'E  BOD  qui  alo  eii  qauta  part. 
Si  ve  or«deTa  an  drito  signor, 

330  Mo  VU  si  fato  plaïsor: 

Db  che   tu  plaizî  per  ]  alCra  part, 
Segnor,   c  de   malTaxia   arte. 
Le  poesta  dovrave  intenderp, 
E  le  apreeo  dorrave  respondere, 

335  E  le  fexocion  Bcolter, 
E  le  Benlencie  débuter. 

Se  no  me  TOli  tignir  ben  a  raxon, 
E  no  ve  preiio  miga  nn  éperon. 
Che  di  Cantacler,  a  mi  sîcnte  : 

340  Eo    ne    manza  la   in    tri    mixi  ben 
«ete  cent. 
Mo  «on  tôt  veclo,   do  pOBSO  andcr 
Ch  e  0  ben  doxento  agni  pasBe. 
El  no  serave  vignu  el  mco  tpnpo, 
Ch  eo  dovese   far  sagramento  ; 

345  Ni  anche  doveso  s  cort  vegnir, 
8e  vu  lo  voliui   BOfferrir, 
Ho  da  che  voit  ch  eo  ge  vegna, 
Ben  e  che  I  voitro  comando  tegna  ; 
E  ai  Te  digo  ben,  neaer, 

3S0  Che  no  io«i  uncha  ingleaia  entrer. 
Fer  meea  ne  per  niaitÎD   scolter, 
Se  DO  ge  16  per  grasa  galina  o  per 

'chapon  prendere. 
No  0  grida,  zentil  aignor, 
Che  Tokse  acoltar  to  ore 

355  Che  î  no  e  de  noBtra  religion. 
Nu  semo  bestie  et  el  e  rwllo: 
El  sa  volar  e  ben  #  bello  ; 
E  no  me  recordn  in  neinn  tenpo 
Che  Ta  ne  fi*i  cemandamento, 

300  Se  deo  me  de  che  poti  prenderp, 


De  queate  parole   eo   son  ben   calt. 
De  co  no  rcsponda  negun  per  nii  » 
Ch  eo  no  li  prego,  si  deo  m  ai  : 
S  o)  de  reaponder  algun  baron, 
Eo  no  la  tegnaro  per  responKÏon. 
A  Tui  digo,   meser  lion, 


Vui 


crodova  un   bon  signor: 
)  spercaro  per  tute  part. 


Mal   de  andar  tnte  le  Art, 

La  podesta  de  beîn  intender     [TiT 

E  1  apclasOD  inprendre 

£   la  raEon   bein   ascoltar 

E  dreta   Beolencia  debia   dar. 

Aneora   Ce   digo,  miser  lion, 
Se  tu   no   me   teincB   bein   in  ration, 
Eo  no  te  preBÎo  un  speron. 
De  li  Cantacler  n  mi  sient 
Eo  n  ai  manca  bein  cinque  t-cnt. 


Se  no  andai  per  galini 


ros  tu  pur  ch  eo  derrgna 
}  comandament  mantegna. 

)n   Tolsi  mai   in   gleaia   inlrar 
I  ni  per  roaitin  scoliar, 
"    i   prender 


Et  a  lo  meo  corpo  grant  asio  render 

0  per  galine  o  per  eapon  a 

Ond  eo  me  fea  de  grog  bocon, 

Eo  EOn  bestia  per  andar 

E   li   auselli  br,  bein  -vnlar. 

Chi  non  toI  lo  mal  fucir, 

De  rt»on  lo  de  padir.'  s 


Sii  T  ohali   !t37  no  manque   840  T  K 


,  Google 


Cho  00  dovese  a  mon  asio  rendore.' 

'Se   deo  m  ai'  did   lo   lloa, 
'El  par  che  Rayosldo  abia  raxon  : 
A  tort  no  TOio  Raynaldo  preodcre 

865  E  no  ge  voio  la  mort   rendere. 
E  no  me  recordo   per  nesun    tempo 
Che  ge  fesBo  comundamento  ; 
E  da  che  no  ge  lî  comaodarc 
A  tort  no  1  voia  justixiar. 

STOMa  ?1  zurara  in  ogaa  parle 
Da  tegnir  e  tr^ua  o  paxc,' 
K  Raynaldo  lolo  e  ai  iura  hi  co- 

mandament  del  lion, 
Ch  e  inperer  e  baron. 
Li  aloga  Cilberlo  pregassc 

37t  Cho  dnl  re  lo  manie  vas», 

'Reten  te,  Bajnaldo,  de  lavorer 
E  laga  star  li  rc  mMter  : 
Reten  le,  Raynaldo,  de  to  suor 
E  no  Biar  may  cbacaor. 

380  S  tu    me    falasi  may,  Raynaldo,    e 

t  avi  prenderp, 

Si  te  farave  in  forche  apenderc.' 

E  Raynaldo  dis,  che  ben  lo  fara. 

Part«  M  do  la  corto  e  «i  «n  va. 

Quando  Raynaldo  e  parti  dai  oitri, 

385  Si  a  gran  ïoia  e  gran  confort. 
Dixe  Raynaldo   'Deo  creator, 
Che   m  a  fato  zurar  bIo  signor, 
Che  me  retegna  de  lavorar 
E  lagar  star  li  re  mester: 

390  E  no  so  arar  ni  za^iar, 
Sonienar  ni  erpegar, 
Far  vigna  ne  far  fossa 
Ne  far  queste  lavornr  ; 
Ë  no  80  fiir  toro  ni  soler, 

SSfiChanbiar  or  ni  diner  : 

E  no  so  far  na^e  ne  aandon, 
Ne  KO  far  qneite  lavnraxon  : 


E  cre   cl)  eo  me  i 
Ni  sagramenlo  eo 


'Si  deo  m  ai'   dis  lo  lion, 
'El   par  che  Rainald  aibia  racon. 
Da  poi  cb  el  le  po  con  dret  defender, 
A  tort  no  li  voio  la  morte  render.' 
Dis  Kainald  'grant  maroe,   miier  loaw 

lion.' 
Die   Oilbert  'miser  faae   H  don.' 
Dis  lo  lion  'vole  vui  meatier  ?' 
Dis  Rainald   'no  voil  mestier, 
Trop   son   vetran,   nol  pos   darrr,' 
Or  a  fato   comaudament  s&j 

Lo  lion  incontinent 
A  Rainald  bel  e  cent, 
3ol>  peina  de   sagramcnt. 
'Eo  ve  comando,  Rainald, 
Treva  e  paa  in  ogna  part,  gs) 

Rctei  te,  Rainald,  de  lavorer 
K  Usa  atar  lo  reo  meatier! 
Rctei  te,  Rainald,  de  te  lavor 
E  non  eser  plu  scacador! 
Se  pla  mal  faai,  eo  te  faro  prenderats 

E  la  morte  te  farai  render,' 

Da  la  cort  Rainald  s  en  part 
Con  reo  inoegoo  o  con  mal  art. 


i  va  digand  'deo  criator, 

Jue  m  a  fato  curar  lo  meo  signor  !  n: 

'h  eo  me  mantegno  de  lavoror 

l  Usa  star  U  rei  meatier! 

io  non  aei  arar  ni  eapar, 

li  «acbi  adoao  no  eai  portar, 

li  travesar  vin  in  veeol,  9; 

li  capar  bva  ni  fksol. 

ii  cambiar  or  ni  arcent, 

a  fit  nisun  lavoraroeat, 

Ii  far  naTe  ni  aandon, 

l'e  alguDA  lavoraaon,  V 

U  menar  mercadanlia 

ji  lavorer  ch  al  mondo  aia. 

'/>  oreco  bein  oh  eo  me  epercnrcro 

'  1  sagraïqento  no  tegncro. 


400  A  hmI  meo  gra  mel  fo  zurtv: 

Se  lueo  Bperzuro,  el  no  e  pecha.' 
In   unft  bradia   Kaynaldo   intra, 

Una  graiJBa  cavra  ch  ri  ge  trovs. 

'Deo   te   BaWi'  zo   dis   Raynaldo. 
405 'Comftdre,  ohc  fa  lu  efi  questa  part?' 

Lu   cavra   gf>   die   een;in  niDcurn 

'liajnaldr>,  deo  to  dia  mala  Tontiirn! 

Unda  ii  TU   nico   conpadrc? 

Uiida  vu  mo  clama  comadre  ?' 
nv  Dise  Kaynaldo  "Do  lo  cavrco, 

Chc  ge  mis   nom   1  Agnelo. 

Iteo  te  dovravo  a  recordare  : 

Tu  SX  chc  1   tigni  al  batczarc' 

La  cavra  dixe  'De  puta  fe, 
41.'.  K  cre  clio  1  rae  1  recordo  roei, 

L'oiipnlre  Saynaldo,  che  \olî  vu  farc?' 

'Choiiiadre  nhavra,  e  me  voio  consipr. 

Kn   vfgno  da  lu   corte   do   lEon, 

Ch  c  cnp^rer   c   baron, 
420 

K  ai   m  a  fato  zurare  en  ogna  part 

Che  dcbia  tegnir   tregua  e  paxc. 

K  no  go  meoar  merchaandia, 

No  far  Uvor  fh  al  mondo  sîa. 

K  cro  ch  eo  raeii  aperanraro, 
4!?.>  N'i  sagraroento  c  dod  (iro. 

A  mal  meo  gra  me  t  fe  zurare; 

Se  RiG  Hperzaro,  cl  no  o  p«cha,' 

'Coniiadre  Raynalâo'  la  chavra  dtn, 

Vu   no  si  aavio  ni  cortis. 
430  Vu  perdcrisi  deo  onipolente 

A  aperznrar  ve  de  sagraracnlo, 

P^  al  avriai  bando  mortor 

l>a  lo  lion,  ch  c  ioperaor. 

Mo  mi  e  vu  copiunamente 
4:;5  SomenareD  ata  bradia  de  formcnlo. 

Deo  ne  porave  far  gran  ben: 

O  an  gran  nen  porave  rcndrr  zenlo.' 

Ë  Raynaldo  nn  pilcto  penaa 
E  diie  'Comadrp  osvra,  nu  no  avea 
Bomeute  : 


Fe  mel  curar  a  mal  meo  gra, 
S  eo  me  spErcur  non  e  1  peca.' 
In   una   braida  Raïnald   inlrn, 
Una  cavra  si  ne  trova. 
'Deo  le  salve,  coroarc  cavra, 
Que   faa  (a  In   quciCa   braïda?' 

'Deo  ve  dia  mala  ventura! 

De  qui  se  vui  mla  compare, 

Cho  vui    m  apclai  voxtra  comare  ?' 

Dis  Itainald  "del  cavriel 

Ch  co   te   baticai   1  autrer  ; 

Brin  te   devi'CH   tu  arecordar 


I   tel  t 


baticj 


La  cavra  li  dise  in  quela  ora 
'Ueîn  creco  ch  eo  mel  recorda. 
Car   eonpare,   que   vole  vui  far? 
Or  mel  dise,  se  1  ve  plaa.' 
'Eo   vegno  de   la  corte  de  lo  lion 
Che  se  imperer  e  grant  baron, 
Ela  m  a  comanda  per  so  art 
Treva  e  paa  in  ogna  part, 
K  ch  eo  me  tegno  de  lavorer 
K  lasse  star  li  rei  meslier. 


Ko 
No 
Fe 

crcco  bcin  ch( 
1  aagraroent  no 

1  men   spercurcro 
1  tegnero: 
,al  meo  gra. 

Se 

!0  me   Bpeeuro   i 
La  cavra  respoi 

ion  0  peca.' 
ide  e  ai  11  dis 

A  spercurar  ve  del    sagrament.         * 
Partirese   ve   de   deo  omnipotent 
E  averasc  bando  mortor 
Da  lo  lion   ch  c   inpercr  c  baron. 
Or  ml  e   vui    corounamcnt 
Semcnemo  queita  braida  do  furmctit,  * 
Grant  bcIn  ne  porave  deo  far, 
Se  nul  ecumenoemo  a  tavorar. 
D  un  gran  ne  dara  bcin  cent 
Lo   Tcro  deo   omnipotent.' 
E  Rainald  an  poco  se  inpensa;       * 
'Comare,  nni  non  avemo    semenca: 


404  F  gral    408   P  lieri  g 


...Google 


l40Arar  tera  senza  Bomener, 

Oro  ne  porftTemo  pocn  «senblerl' 

Dîie  Ift  cavra  'Lo  meo  segnor  lo  vilan 
Si  n  a  iioa  tin*  plena. 
En  sta  nojtc  i  andiron  ; 
445  Atsa,  aea  u  involaron, 

Si  ne  avron  ben  a  eomener, 
E  flin  dovravcmo  ben  asenbler.' 
Dixe  Baynaldo  'A  bona  hor, 
Da  che  1  ve  plax,  cho  1  e  1  mior. 


150  Me  staro  for  da  luitan, 

Che  o  tropo  gran  guera  co  hi  can  ; 
Entro  1  logo  no  TOio  entrer, 
Che  hi  canï  e  tut!  me  guirer.' 
Dîxe  la  cuTra  'A  bona  or, 

465  Or  i  andaro  pcr   vostro   amor.' 
Oima  se  mise  en  ]o  >iazo 
L  un  e  1  oltro  a  franco  corazo. 
La  cavra  entro  la  vila  entra, 
Raynaldo  de  fora  da  la  vila  sta. 

4eO  Dixe  Raynaldo  'Qui  alo  no  la  Toio 
atendere, 
Che  la  me  poravc  trair  o  prendere. 
Tor  rooe  nia  possa  per  fe, 
No  trovara  ta  miga  mi  qui,' 
T^a  cavra  ze,   ei  aen   carega, 

4S5  Fora  de  la  villa  ei  torna, 
E  vignuB   en   quella   part, 
E  no  trova  miga  Raynatdo, 
Per  lo  camin  ai  se  driza, 
Rajnaldo  la  corando  ge  va. 

470  Sin  a  aduto  del  formento, 
Sin  Bomeno  e  beoe  e  gentc, 
Con  le  graespe  si  graspa, 
E  si  1  croTi  ti  como   i   M. 
Raynaldo  se  colego  aoTÏna, 

4TB  Corne  Tel  digo  per  dotrina. 


Arar  tera  sei 

Poco  ne  pora  covar.' 

Dia  la  cavra  'bein  la  troveremo 

Ë  toato  la  recovrerrpmo. 

Un   TÏlan   de   quella  villa 

Si  n  ge  n  a  plena  ona  tina. 

Doman  per  tenpo  nui  anderemo 

E  Bsai  nui  de  involeremo: 

Si  la  voremo  Mmenar, 

Grant  bein  ne  pornmo  trovar.' 

Dis  Rainald  'a  la  bon  ora, 

Dco  ne  faca  far  bona  ovra.' 

La  eavra  inver  ta  villa  va 

E  Rainald  con  si  mena. 

Dis  Reiaald  pcr  lo  primer 

'In  la  villa  no  voio  îatrter, 

Che  tuli  li  e  mei  verier. 

Eo  me  staro  pur   da  Intan, 

Ch  eo  ai   vere  con  li   can.' 


se  carega. 


Dis  Rainald  'per  roia  fe, 
La  cavra  qui  no  trova  me.' 
Ella  vein  de  forment  cargada 
E  Rainald  non   a   trova  : 
Et  c  alegra,  ananti  srn  vn 
E  Rainald  si   trova. 
'Or  semenemo  lo  forcaeni 
In  trahi  doi  cumunament. 


440  T  somteoer 


,  Google 


Lk  cavra  ge  -vene  molto  corente, 
A   1a  coa  ge  mixe  e]   deat. 
La  cavrit  e  1   bo  chc   àa  ander, 
KajnaJdo  e  J  erpcxe  che  de  arpéger, 
<80  Tauto  cereho  e  \»Ue  o  dosBO, 
Che  1  no  ge  romaxo  de  pel  adosse. 


Dixe  KnyDatdu  "Deo  crostor, 
Con  mala  cofla  o  a  far  lavor!' 


Atant  che  1   rormcnlo   e   naxu, 
iSb  E  una  spana  1  e  crexu, 

La    cavra  ca  zenulia  iiuan    d  ol  ge 

pi", 

K  manduga  quel  che  plu  gc  plaxc. 
'Comadre  cavra'  co  dis  Baynaldo, 
'Vu  m   PII  fari  mullo  mala  parte. 
-190  Vu  savî  ben  1  erba  manzcr, 
E  no  me  n  posso  niga 


'Conpadre  Raynaido'  la  cavra  dis, 
'Vu  no  si  savlo  ni  cortexe. 
Vu  no  si  uso  de  laTor, 

4»sE  pcr  10  fa  TU  cotai  remor. 
Fer  manzer  1  erba  e  be  e  bello, 
Za  non  sera  cl  fomento  de  pezo. 
Par  maazcr  1  erba  e   ben   e   zcnt 
Za  non   sera  de  peso   el  fonnentor.' 

ïOO      Atont  che  1  formenlo  e  crceu, 

Et  e  meQ,  et  e  batu, 
E  amontons  e  aparecla, 
Et  eolro  I  ara  e  ben  conza  : 
'Comadre  cavra'  zo  dis  Rayoaldo, 
MW'E  10  1  formeoto  en  <iueita  parle: 
Or  serave  bon  partir, 
Se  I  fOMo  TOstro  plaxir.' 


La  CATra  fo  bo  per  a 

E   Rainald   preiti 

Tant  cercha  Kaîaaid  val  e  doe, 

No  li  remasc  pnl  a  dos. 

'Si  dco  m  ai*  dis  Rainald,  K 

*Ed  son  conduto  in  mala  pari. 
Alto   parc   ereador, 
Com   mala   coaa  fo  lavorason  ! 
Eo  creco  bein  ch  eo  me  spcrcurero 
No  1  sagrnment  no  tcgnero  :  41 

Fe  mel  curar  a  mal   meo  gra, 
S  00   me  spercuro,  non   e  1  peca.' 

Or  e  scmena  lo   furioent 
In  la   braida  bel   o   cent, 
Taot  chc  1  furment   e   cresu  41 

E  grant  bein  li   e   de-vegnu. 
La  cavra  va  per  lo  furment 

E  manea  la  erba  e  bein  o  cent. 

'Se  dco  m  ai'  dis  Rainald, 

'Vui  meu  fare  mala  part  4? 

Rein  sa*o  1  erba  maocar  ; 

Eo   d  ai   dura  fadiga   e  peasier. 

Tant  ai  cerca  e   val   e   dos 

No  me  remas  pel  a  dos.' 

'31  deo  m  ai'  la  cavra  dis,  48 

'Vui   no  se  savio  ni   cortea. 

Vui  non  se  uso  de  lavorason, 

Per  co   parla  vui  contra  rason. 

Ad   me  te   crête v  co  servir, 

Bein  sai  a  lavor  chc  fui  migtier.'    48 


Atant  ch  el  furment  e  cresu, 
E  madur  el  e   vegnu, 
El  a  medu  e  taia, 

Et  al  ara  e  1  porta, 
De   un   grand  lind   a  rendu  cent 
Lo  vero  deo  omnipotent. 
Amanlenent  Rainald  si  dis 
'Queato  furment  se  vol  putir. 


467   r  qui      4S7   T  fumcnla 


„ogIc 


372 


Diie  la  csira  'A  bon  hors, 
Or  pnrlîrrmo   ft  gr.indc   amor.' 

51o'Comadrc  cavra'    zo  dU  Kaynaldo, 
'E  faro  ia  jeta  c  vu  tort  la  part,' 
Dixe  la  cavra  'A  bon  or, 
Uo  no  me  piaro  al  prior. 
No   parti  per  zo   falsamentc 

sisCho  piaro  pur  to  formcnto.' 
'Comadrc  cavra'  ko  dU  Baynaldo, 
'E  te  voio  fare  cotai  partu 
Cho  TOO  avri  b  pagla  e  1  loglo 
Et  eo  avro  lo  formcoto  tuto. 

SEO  Ë   eo   quctta   do   voli  prendere, 
Un  altra  va  n  lolo  mclero, 
Che  voe  avr!  o  1  loglo  e  la  paia, 
Etro  airo  d  fonneoto,  a  eu  son  caia.' 
'Conpadre  Rayoaldo'  la  cavra  ils, 

bîi'Vai  no  si  aavio  no  corlexe: 
Oho  voe  parti  malvaxiampnte 
Che   voc   voli  pur  lo  formcnto. 
Ma  se  voi  voli  bcn  far  raiion 
E  no  aver  mogo  tenzon, 

530  Tremo  alo  do  islo  lavor 
La  somentc  del  mco  srgtior, 
Poe  mcli  del  grano  e  de  la  pagla: 
E  quel   chc  do  valer,  tii   vaia  : 
E  no  m  entradi  a  iiiganar?, 

535  Che  voio  inanci  placzarc' 

Dixe  Raynalde  'El  sol  va  a  monte  : 
A  pladcïRr  de  ooite  do  e  ora. 
Ma  demaytina  io  vigneron, 
S  a  dfo  plRXP,  si  a  acordaron.' 

BioDiie  la  cavra  baldnmente 

'Mai  domntina  ge  uremo  per  tenpo.' 
Kaynaldo  se  driza  per  un  camin, 
E  zura  a  doo  e  a  sao  Martioo 
De  nienar  sego  Leiengrino, 


Uel  partir  bcin  e  rason 
Ia   Boa  part  cîba  oaauadun. 
ICo  faro  la  parlita'  dis  KainaM, 
"E   vui   toro  la   vo»tra  part: 
Lo  stran  a  la  paia  toi  a  ti, 
E  lo  friimcnto  co  voio  a  inï.' 
'A  cbi   el   doia'   co   dis  la  ravra, 
'La  mia  part  avrrai  eo  a  casa, 
E   U  mia  parto   bel  c  cent 
Iiitregamcntre  dri   fuiment, 


t  danniiti  a  lo  lion 


Dis  Kaiuald  'lo  sol  fir  a  monta, 
Plaicar  àe  not  me  fai  grant  onu. 
Doman  per  tenpo  ijua  vegoeremo. 
Se  a  deo  plas,  si  g  acorderrmo.' 


La  cavra  acn  va  per   ud  camin,  i 
E  cura  deo  e  saut  Martin 
'Kainatd,  tu  me  voi  incegocr  : 
Eo  tel  faro  beio  conprer. 
S«  eo  non  demeino  intrabi  li  mastini 
A  questo  furment  partir,  i 

Samai  no  voio  àco  orer, 
Ne  I  Creator  che  farma  lo  ceL 
Se  tu  veines,  Raiuald,  a  la  trDCoa, 


0  ge  ] 


s  la 


518  T  e  logo    520  T  avi 
^  Tqui     541  raamo 


,  Google 


373 


m'E   M  toe  veni,   carra,   a  la  tcnzont-, 
S  tua   nii  ge  lui  et   pilizone, 
Eo   no   Toio  mai   manzar  cipono.' 
Bt  andSDdo  Itaynaldo  per  lo  camiiio 
Kl  giiarda  c   vedc  Lctengrino, 

y.o  a  lo  Leaengrino  do  dïwa  niente, 
Cornu  homo  ch  era  molto  dolcntre  : 
Chc  1  cra   ben   tri  lOrni  passa 
Ch  el  no  a-rea  inaudega. 

Dixa  Rayualdo  'Ven  z»,  baron, 

-jih  Che  le  tUro  de  vpnason. 
E  o  domane  a  partir  blava 
Coo  esta  mta  comadr«  cavra. 
Ven  t  ea  mrgo  domatina: 
Si  avéra  la  bona  slrena.' 

MO  Leeengrin   dise  'Volentera: 
Che  1  mti  fa  lo  gran  mectero. 
Pure  che  la  sia  ben  grasta: 
Si  avro  la  boua  passqua. 

Dîxe  Raynaldo  'No  domacdarp, 

SSSChelle  si  graosa,   zo  me   parc; 
Ch  ella   no  te   po  portarr, 
K  tu  nol  la  pora  par  mandegare.' 
La  ciTra  en  ver  la  via  sen  va 
E   dui  mastini   e)l  a  troTa, 

Ks  Dixe  la  oavra  'Fiioli  routini, 
Fin  che  lo  eri  piiinî, 
E  Te  fo  morU  vMtra  tnnàtf. 


Samaî  no  voio  deo  orer,  &zo 

Ni  1  crealor  chc  l'crma  lo  ec\,' 

A  lî  cagnoni  la  cavra  anda 

E   si  li  parla  com   ella    Ta. 

'Dont  vpgni  vui,  marc  'i'  dis  li  luigimn. 

'Fioli,   de  raoUo  mala   tencon;  b^b 

Ch  eo  Bemenai  furmcnt 

Con   Kainald  com  un  ara  col, 

K  lo  traditor  Raînald 

No  me  vol   dar   la   mia  paît. 

Fioli,  eo  voleva  dol  gran,  ii30 

Ch  eo  ve  voleva  far  del  pan, 

E  si  ve  voleva  dar  manuar, 

Unde  ch  co  vo  voleva  alcvar.' 

Dis  Fortincl  'mare,  intcndi  mi, 
Mtnei  me   a  queat   furmont    partir  !  595 
Se  1  vein  Itainald  a  la  teiicoii, 
Se  1  no  ge  laea  lo  pilicon, 
Camai   no   volo  deo  orer. 
Ni  1  crcalor  che  ferma  lo  cel.' 

Dis  Bonapreea  'mare,  inlcndi  me,  540 

Ua  che  mco  frcr  vol  lo  pîh'con, 

Sego  no  voio  far  tencon. 

Ma  îu  tanti  logi  lo   scuracero 

K  si  1  ai  romper  e  forer, 

Che  non  para  nul  bein  aveir.'         i*^ 

Dis  la  cavra  'a  bon  ora. 

Ko  vrn   prego,  fioli   cagnon, 

Chc   vui   vigne  a  la   tencon.' 

A  la  maitina  la  cavra  s  a  leva, 

Intranbi  li  mastin  sî  trova,  5ïO 

Si  sen  va  bel  e  ceat 

0   e   la   paia  e  1   furment: 

Soto  la  paia  lî  caoi  a  acolvgn , 

La  cavra  la  paia  su   li  cita  : 

Si  li   eovri  e  bein   e  cent,  &^^ 

Uncha   no  par  che  aia  nient. 

E  ïtainald  sen  va  per  un  camîn, 
E  cura  deo  e  uiot  Martin 
'Cavra,  tu  no  vot  incegner  : 
Eo  id  faro   beÎD   conprer,  SW 

S  eo   non   demein   Inigrin 
A  questo  frument  partir. 


U2  T  loni    Uï  easo    007  El  54â  nui    dUS  P  patir 


,  Google 


374 


Et  eo  Te  \olti  nuârigwe 
E  fi  ve  nsa  bene  ft  raione. 

S'5  Mo  raen  rend!  ben   guierdone: 

Che  o  a  pnrtlr  blava  cum  Raynaldo, 
Et  el  me  \a  pur  inganiuido  : 
Che  1  me  \ol  pur  dsr  lo  stramc, 
K  voi  per  lui  lo  formento  tu(o. 

SNO  Ma  doman  lo  «oio  partire. 
Si  ve  coven  mego  vignirc, 
E  etaro   en   1  ara   BOto   la  paia, 
Fin  cho   Hajnaldo   sera  in  1  ara; 
E  s  cl  vira  par  lo  graa  partira, 

iSb  Voe  BKvï  ben  cheu  se  vol  dire.' 
Li   cani  dîxe  'Be  ne   plaxc. 
Noî  gîn  darccoo  mala  parte. 
E  la  sira   in   l'ara  audono 
E   in   la   paia   b  aplatono. 

SfO  K  la  cnvra  sta   dal  grnno, 
E  aspeta  pur  Haynaldo. 
Kaynaldo  vignja  per  una  via 
CuD   Lescngrin   in   conpngnia. 
E  vignando  Kaynaldo  per  una  uoaia, 

59S  El  guarda  in  1  ara  e  vrde  la  paia 

E  stare  in  un  altra  guien, 
Ch  el  no  la  Iaeo  la  eira. 
Dhe  Baynaldo  'E  o  panra 


Ch  e 


000  Se   vo   a  partire  lo   formcnta, 
E  avro  mal  partimonto  : 
Chel  la  cavra  tvca  er  sira 
Del  Tonnento  mollo   grand  ira, 
Che  1  tignia  pur  per  mi 

«OSE  la  paia  dava  a  eî. 
Ond  ea  eiew  per  viretae 
Ch  ella  me  vol  inganar. 
Cfae  crezo  ohe  1  abia  conpagnia, 
E  no  per  roi  che  bona  eîa. 

SloUnd  co  no  Toio  cire  a  1  ara, 
Ch  eo  la  poravi   ben    aver  car», 
Ch  eo   m  inângiro   d  aver   malo 
E  diro  ch  eo  no  poso  andnre  : 
E  pregaro  Lixengrino  tanto, 

61&  Ch  el  aodara  a  partir  lo  formento: 


Camaî  no  Toio  d«o  orer, 

Ni  1  Creator  che  ferma  lo  cel. 

Se  tu   no  gen   lases  lo  pîlicon, 

Camai  no  voio  deo  orer, 

Ni  1  Creator  cho  fermo   lo  cel.' 

Tant  k  cl   trova   Isigrin 

Ch  el  nol  tein  per  bon  Tisln. 

'Deo  te  salve'  co  dis  Uainold. 

Iiigrin  senca   rancura: 

'Deo  te  dia  mala  ventura  ! 

l'cr  qui  m  intrci  vui  ad  apelar, 

Ch  eo   non   amo  d  un   dinar? 

Tu  credi  cscr  verament 

A   la  cnneva  del  vilan  : 

Tu  menassi   a  carn   salea   maucer, 

l'oi   me  fasisti  bein  frustcr.' 

'Se  deo  m  aï'  dis  Ratnatd, 

ICo  vc  menci  in  bona  part. 

E  1  era  asai  carne  salrn, 

Vui  ne  mancassc  ollra  mesura. 

Si  ve  fo  streto  lo  uapcl, 


Cho  1  Te 

Irova  lo  vilan 

Ch  aveï» 

lo   baaton  in  man  : 

Per  la  et 

irn  che  nveva  mancca 

El  ve  de 

una  mala   copca. 

Eo  ai 

Hempna  funnent 

Con  una  cavra  grossa  e  cent  : 

Voi  pori  la  cavra  prender, 

Al   vostro   corpo  grant  aaio  render. 

Dis  Isigrin  'or  sia  in  bon  or, 

Eo  ve  tpello  per  meo  signor.' 

Si   se  mcte   allô  viaco 

L  an  e  1  altro  a  franc  coraco, 

Si  BO  mette  unatinent 

Ad  andar  la  ch  o  1  furment, 

Amantinent  si  sen  va 

ïi  la  CBvra  sï  a  trova. 

Quant  la  cavra  ve   Isigrin, 

Cella  nol  tein  per  bo  bon  visin, 

Ne  a  paura  no  vol  fucir, 

Anci  sta  ardida  e  balda. 


6T7  a  oasBaleaT    579  d« 


,„,glc 


Et  eo  me  staro  qnea  de  vîn, 
E  parpra  ch  eo  infermo  sîa. 
E  (se  Lesrngrtno  conze   la  cavra, 
Et  ctla  no  c  aconpngnada, 

nïO  Incontcnrnlo  la  piara, 
K   BÎ   ae  la  iiiaDdeeft''a. 
Et  eo  andnro  poe  plue  seguramcnle 
Kt  andaro  per  lu   forraenlo.' 
Or  se   laso   lUynaldo  charr, 

BîsK   par  pur  clio  1   vois   raorir. 
Dise  Lescngrino   'Conpagno  men, 
Che  a  tu,  si  t  ai  1  alto  dco? 
Kl  par  che  toe  voi  rtiorir, 
Mo   como   pora  tu  vïgiiirc 

630  ^   p&rlir  lo   formcoto   coq   la  cavrn, 
Che  t  aapeta  c  qucla  araî' 
Djxe  Raynaldo  '£  o  tal  nislp, 
Ch  eo  no  poso  per  via  andarc. 
Ma  nue  a  cnduiiaremo, 

c;^  E  si   ie   poraveiDO,   tornaremo  ; 
Se  Dui  li  trovnreroo  la  cavra, 
Si   avrn  la  bona   innyt«nfta. 
Me  crezo  bene  ch  rla    no  ge  vira: 
Si  c  eo  portaro  cl  formento  a  cha. 

g40  E  se  1  dovesc  coai  avignire, 
Che   no  avcia  briga  de  partire, 
E  ne  séria  mollo  alcgro, 
Si   onciia  m  ai   1  allo   deo.' 

Dixe  LeseDgrino  'Bello  Rajrnaldo, 

ejs  Q"i  ""  »"»^  e»  guadagnao, 
Ne  no  me  «ta  ben  a  taleoto 
Che   toc  abii   lo   formento, 
E  la  cavra  posa  Bcanparc 
Che  no  la  dubia  mandegarc, 

g^  Mo  s  tae  voi,  eo  g  andaro  aloe, 
E   la  cavra  piaroc, 
E   faro  mia   volentac. 
E  posa  ge   lomaren   donianc 
E  aduremo   lo   formento, 

e5S  Se  1  sera  to  plasimento. 

E  prego  te  che  too  roc  lasï  Tare, 
Cho  toe  DO  avra  penaer  domane 
Che  la  cavra  dubia  vignîre 


CoD  1 


'Se 


graspe   comenca  graepar 
le   corne   a  manecar: 
rcng,  Kaioald,  a  la  lencon, 
Se   tu   no   gc   lasBCs   lo  pilicon, 
Camni  no  voio  deo  orer 
Ne  crealor  che  ferma  lo  ccl.' 
Rainald  varda  per  val  in  pcrdos, 


81 0 


K  varda  per  tute  part, 

E  lo  etalo  Itainald  varda  : 

Ad  una  volta  de  via 

La  paia  cresuda  li  paria. 

'Si  dco  m  ai'  co  dis  Rainald,  gie 

'La  cavra  te  de  mala  art: 

QuCGta  note  fo  rosea 

E  la  paia  me  par  baaea. 

Vede  lo  furnient   in  qnella  part. 

Andai,  compare,  in  quella  part        nso 

K  si  tolcre  la  voatra  part, 

A   mi   ao  pre»  grant  mal  de  ventre, 

K  sapiai  ch  co  ai  reo  talento, 

Grnnt  mal  me  farave  întro  t  era  slar.' 

E  Rainald  intro  un  boscelo  se  cacn,  *S6 

Si  chel  ve  e  bel  c  cent, 

La  0  e  la  paia  c  1  furment.  - 

Dis   leigrin   a  grant  baldor 

'Ko  son  gnslaldo  c  partidor  R30 

De  Rainald  ch  c   meo  «ignor.' 

Dis  la  cavra  'a  mi  sicnte, 


,  Google 


376  XX 

Per  lo  fonnento  putire.' 

Cil  eo  faravc  tropo  mftie: 

E  «pria  mtl  merchao 

S  r'o   frase   coUl   pecalo  : 

CliP  1.1  CBvra  ro  o  sU  bonn  amiga, 
15  E   gi   m  ha  falo   boiia  conpagnîa, 

E  A  mo  iDsigna  do  guadagnnra 

E  rrtcger  me  de  lavoro. 

Und  ro  nol  porave  conporUrc 

Che  lu  a  la  cavra  lîsi  mate. 
'0  Ma  domatina  g  aiidaremo 

E  llo  iormenlo  |iar[ir(>ino 

Si  ch  eo  te  sodesfaro, 

S  tue  avra  r^zovn  briga 

Per  farme  conpagaîa.' 
'6      Dixe  Lesongrino  'Raynoldo  ladro, 

A  roc  tu  ubusi  inganao? 

Tue  disivi,  s  ro   vigniie   a  1  ara, 

Ch  eo  me  mondegaravo  la  cavra. 

Mo  par  che  toe  me  vol  nïtro  farr, 
n  E  cUa  no  porave  andar  cosic. 

Me  te  prego  t)en,  Raynaldo, 

E  che  loe  me  trgni  el  pato  saido, 

Et  eo  te  voio  perdonare, 

Si  tu  me  fiai  ni  ira  ne  Diate. 
tr>  S  tu  me  la^î  andare  da  la  cavra, 

Che  t  aspeta  in  quella  ara, 

Et  ce  te  promcto  de  far  rie 

Che  la  cavra  no  vira  plue  a  ti 

Per  far  palo  ne  eonvento, 
H)  Ne  per  partirc  lo  formento.' 
Dixe  Raynaldo  'Or  va  via. 

Me  o  le  pTcgo  per  cortexla, 

Quando  te  avra  mandega  la  cavra, 

Chovri  lo  formento  con  la  paia: 
tS  E  posa  dobii  a  mi  tornarc 

Ch  eo  te  vore  favelare.' 

Dixe  Lesengrino  'Ben  lo  faro. 

Alo  a  ti  me  tornaro.' 

Or  Ben  va  Lesengrino, 
'0  Como  foK   on   pelegrino. 

La  cavra  ita  a  pe  del  formento, 


676  T  \xe  {VinUiaU  matigue  encore 
dont  Irg  ver»  681.  697.  71-2.  718. 
741.  767   77»), 


,  Google 


£  vede  bene  lo  parltmento 
Cb«  fa  BAynaldo  e  LeieDgriao. 
Et  elLa  âi'ie  ai  lo  mutÎDi 

;o&'Fiolî,  e  vegoLcsengrino  eHaynaldo, 
Et  ano  gran  peu  eonseiao, 
I'}  LetengriDo  par  cba  vegna  ca, 
E  creto  ch  el  legoa  per  farme  maie. 
Kl  Te  covCDe  ben  guardare 

710  Che  vo«  no  ateii  tropo  a  Tignire 
Ch  el  me  porave  tosto  ancidera.' 

Dixeno  i  mattini  'No  abia  paura, 
Che  noe  ne  daremo  mala  ventura.' 
frese   LeseDgriito  a  la  cvrrx,  dire 

Tlï'E  ton  vigna  per  lo  gran  partire. 
Kaynaldo  e  &tto  meo  eignore: 
Son  caitaldo,  aùn  fialo  partior.' 

La  cavra  ge  dixe  sema  raooaift 
'Liiengrino,  deo  le  dia  mala  ventnral 

7!0  Eo  DO  TO  TÎdi  ODca  laTorare  : 

Fer   che  tdIî  to  parte    domândare  ? 
Per  deo  Toraxio  onipotente, 
'  Voi  no  portarî  un  lol  grano  de  for- 
ment o. 
Laaa  vigaire  meo  coopadre  Kajoaldo, 

K6  Si  rcieTera  ta  loa  parle,' 
E  LUingrina   li  Kn  n  ira, 
Ver  la  cavra  cor&ndo  «n  Ta. 
Al  colo  lo  dente  g  a  butao; 
La  caTTa  trase  xm  gran  crio: 

TW  Da  1  agnaito  i  maatini  întraobi  in- 
sioo. 
Qnando  Liiengrino  i  maatini  TÏde, 
Si  aTB  gran  paora  de  morîr, 
Laaa  la  caTra  e   foiir  toIm: 
E  BoDSprexa  in  prima  el  conae, 

7S.%I>el  peto  gi  doDs  xoio  e  1  bnta: 
E  Fortinello  ai  lo  pilneha. 
Or  1  aaaie  I  nno  e  I  altro 
E  per  tera  el  buta  atraTollo: 
Or  DO  ae  po  lo  da  lor  partire, 

740  B«D  e  ello  aerto  de  morir. 

"Se  deo  m  ai'  diae  Raynaldo, 
'La  caTra  e  plena  de  maie  arte. 
Se  foiM  andao  per  lo  formento  partire, 


Vni  no  portîri  gran  del  fbrment: 

Vegna  meo  conpare  Baioal, 
Si  tora  la  aoa  part.' 
Isigrin  toet  *i>n   Ta, 

Lo  dent  a  col  si  li  caca. 
Intranbi  li  masHn  an  leva, 
Fortinel  lo  pia  fort, 


Par  1  ara  lo  getU  stntTolt.  «40 

Bonapreraa  lo  scuarca  fore, 

Tanlo  li  tira  si  che   1  e  mort. 

'Si  deo  m  ai'  co   dis  Rainald, 

'La  cavra  se   de   mal    art. 

S  eo  foB  anda  al  fument  partir,      M& 


,.  Google 


878 


Ben   erft  eo  zerto  de   morir. 

7i5  Ua  mfo  conpadre  Lesengrino  valente 
A  coDpftrao   ben   1  ondexena. 
E  LesengriDO    zaxo  stravolto 
E   par  pure  ch  el  eia  morto. 
Et  eco  'fignando  dui  vilani, 

TbO  Oh  avea  dui  bastoni  in  mane. 
Li  cani  cazono  da  tiovra  LMengrino, 
Cbe  !  nol  volea  Ituar  aniîdere. 
Dixe  I  uno  vilano  a  1  altro 
'A  quela  Costa  ïUt  ctnjnialdo: 

765  Como  1  e  alcgro  de  Leeeogrino, 
Cil  el   DO  1  tene  pcr   bon   lixinol' 
Quando  li  cani  1  ave  oldïo  roenzonare, 
Iq  quela  parte   presc   a  guardare: 
E  avelo  Bgoeio  da  dclonxc  Raynaldo, 

TSO  Oima  se  mixe  en  qudla  parte. 
Li  cani  vano  de  toslo  in  loato 
E  Raynaldo  «eu  fute  de  botco  en 

Id  qualla  parte  si  roicoDO  andare, 
Che  i  lo  Tolea  prendere  e  afogare. 
T6&  Quando  Rajnaldo  li  vede  vignire, 


Si  e  ben  i 


)  de  T 


Bein  m  sveravc  condut  a  fin. 
Mai  meo  compare  Liigrin 
tiein  a  conpra  io  deain. 


De  la  pasava  doi  vilsa 

Che  ATCva  doi  forche  in  man. 


'Deo'  dis  1  un   incontr  a  1  altro, 

'Varda  la  che  ata  Raioaldo. 

Com  el  e  venca  de  leîgrin 

Che  1  nol  tein  per  bon   visia.' 

E  li  cagnon  si  1  aldi;  i 

Entro  lo  boaca  eli  eali, 

E  Eainald  se  mete  de  1  altra  part. 

E  li  cagnon  si  sailuto, 

Si  che  non  1  a  miga  vecuto. 

Dis  1  on   incontr  a   1  altro  i 

'Eo  creco  che  1  sia  scampa  per  ria 

Anaati  non  â  1  anda, 

Ni  in  dreelo  non  e  1  trôna  : 


Dixe  Raynaldo  'Deo  creatore, 
Como  mala  coea  e  a  far  lavoro! 
Uncha  no  ao  del  gran  mangare: 

7Ï0  Porche  intrave  a  lavorare 
E  poe  partira  a  Iradimento, 
Non  e  meravia  g  eo  mon  repenlo.' 
Si  ae  mixa  a  fniire  et  andare, 
Et  i  chani  a  incalzare. 

Tlb      In  uno  broilo  Raynaldo  intro, 
Ad  nno  grande  ramo  si  i  apicho. 
E  con  le   granfe,   e   con  li   deuti 
Se  len  Raynaldo  lireramentA. 
Driza  la  coa  incontra  el  monto 

no  Ch  si  no  la  lasa  pendere  zoxo. 
E  li  chani  e  1  uno  e  1  altro 
Dise  'R  cre  che  I  e  icaD|)a  per  arta. 
Da   qui  inanzo  no   e  andao, 
Ne  onqna  iodreo  no  e  tomao.' 

785  Per  tanto  perde  li  cani  Raynaldo, 
Ch  ili  no  sapeno  guardaro  inn  alto. 


El  e  acampa  per  art, 
Sin  nol  trova  in  nnla  part  * 

Rainald  se  pia  ad  una  rama, 
Dreca  la  coda  inver  la  montagna. 
£  ti  cagnon  oltra  se  torna. 


764  Tafosura   772  Tpenio   778 
r  andundurs 


654  P  toin  man^e    6t>4  i**CHiBP 


Kaynaido  seraTe  ben  pcem  e  morto, 
S  ili  !□  quel»  orA  1  avease  eollo. 
K  li   cani  si  se   tomano, 

790  Drili   a   U  carra  si   sen   vano. 
E   Raynaldo  ae   diapico 
A  plue  toslo  che'l  po 
E   in   lo   bosco  si   Bea  aado. 
E  xuro  a  d«o  lo  criatore, 

7B!>  Ch  el  no  mai  fora  lavor. 
'Senpre  mai  aero  schacaor, 
Chomo   foe  i  mei   antcsori.' 
E   li  cani  a  la  cavra  TeneDO 
Si  j;  a  coDtao  1  aooDvenente. 

SOO'Hatre,   Leeengrino   e   morto, 

K   Rajnaido  cbsiono  Gua   al  terzo 

Nui   credemo    ben    che  1  scanpaMB 


per  « 


Dise  la  cavra,  ch  c  ben  usata, 
'E  j  avello  srbori  en  quela  parte'? 

SOS 'Si  or»,  madré,  plue  de  cooto, 
Piioli  0  grandi  speaamente.' 
'Fiolt  mei,   vi  no  gnardeÛTu  la  alto, 
Che  a  uua  rama  pendea  RAjnaldo.' 
A  cui  Mti   piti  e   a   oui  aen   caia, 

MO  La  chSiTra  ai   a  lo  grano  e  la  paia. 
E  neo  conpadre,  lo  Lesengriao  Ta- 

8î  Gonparo  ben  1  ondeeena: 
E  Baynatdo  per  soa  forza 
Si  Kaopa  al  dreano  lalto. 


'Harr,  Isigrin  e  mort, 
K  Uainald  conceesemo  i 
E  ae  anda  ie  tosto  in 
Om  cre  ch  c 


m  pli  per  i 


Avanti   non  e  1  anda, 
Ni   ananti  non   e  1   toroa.' 

Oie   U   cavra  mal  nsada  67S 

'Se  1  era  arbor  in   la  contrada?" 
'Si  era  bein   seto  cent 
Tetiti  e  grandi  comunam entre.' 
'Vui  non  vardalle  ad  oltoE«iDald,j64J 
Bein   sa  1  montar   in  rama  ad   ait.'  eso 
A  chi  1   peia  et  a  chî  e   sen   caia, 
La   cavra  a  1  fnnnent  e  la  paia 
E  la  eeroenca  del  so  eignor 
Tuta  dananti  a  lo  lion. 
E  Rainald  se  caca  inn  un  bosco,    6BB 
Ë   li  sen   va   de  (osto   in  tosto, 
E  gura  deo  lo  creator , 
Kl  comai  no   fara  lavor  : 
Ananti  vol  eser  scacador 
Si  com  fo  li  Boi  macor.  6>0 

'Eo  non  era  uso  de  gran  mancer, 
Ni  de  far  nisnn  lavorer, 
Eo  partiva  falaament. 
Non  e  meravcîa  se  1  mal  men  prent. 
Li  mal  incegni  sol  mal  feoir.  eSB 

Cbi  allrui  mantel  vol  retenir, 
Lo  ro  ne  aol  bein  remagnîr. 
Chi  altnit  mtniel  vol  iocegaer 


,.  Google 


Lo  »o  ne  sol  bein  Iwer: 
Si  corn  fo  quel  âe  lugrio, 
Cbe  âe  «oa  mnier  fo  oni, 
E  si  fo  Avei^nea, 
£  ai  perdi  tuto  1  lo  plaid. 


^  D,g,t7„lb,.GOOgIC 


,  Google 


Publications  de  la  librairie  K.  J.  TRCBXER 
à  Strasbourg. 

Xe  Jîoinan  de  Jieitart  publiû  par  Evnest  Martiu 
I"  volume:  premiôre  partie  Ju  texte  :  l'ancFcnne  collectiou 
des  branches.     8.     XXVII,  484  pp.     1882.      31.  10.  — 

Batisch,  K. ,  Die  lateinischea  Sequenzen  dea  Mittol- 
alters  in  uiiisikalisclier  u.  rhvthmischer  Beziehung.  S, 
VIII,  245  pp.     1868.     (M.  5.'—)  M.  3.— 

leii  lirhik,  lieruh.,  Daiier  und  Klang.  Ein  Beitrag  zur 
Gescliiciitc  der  Vocal ijuanlitât  iin  Âltfranzdsiaclion.  8. 
V,  54  pp.  187iJ.  il.  1.  20. 

—  —  Chance r.     Studion   zur  fieschichte  seiner  Eutwicke- 

lung  und  znr  Chronologie  seiner  Schriften.  I.  Theil.  8. 
222  pp.     1870.  M.  4.  — 

BaruglaUt ,  A.,  Italicuische  Grnmmatik.  Mit  Berûck- 
sichtigung  des  Latoinischen  u.  der  romaniEclieD  Schwester- 
«pmchon.     8.     XVII.  240  pp.     1880.  M.  5.  — 

—  —  ,    CrcBtomazia   itnlinna    ortofonica.      Prosa; 

1.  Liugua  lettevaria  antica  e  moderna,  iraitazioni  trecen- 
tiatiMche.  2.  Lingna  parlata  Toscan^  délia  Gente  civile. 
3.  Uialctti.     8.     XXI V.  494  pp.     1881.^  M.  7.  ~ 

Comôes,  liuiz  de,  Os  LusiadaB.  Uiiter  Vcrgieichung  der 
boaten  Texte,  mit  Angabe  der  bedeutendsten  Varianten 
und  ciuer  kritischcn  Einleitung  hrsg,  von  Dr,  Cari  Ton 
Reiaihardstoottaer.  8.  XLI,  217  pp.  187o.  M.  7. — 

Ddoimthw,  Joaiinia  de  Alta  Silva  Dolopathos  sîve 
de  roge  et  septoni  sapientibua.  Hrsg;  vou  Hermann 
Oestorley.     8.     XXIII.  9!)  pp.     1873.  3(.  4.  m 

Ei-hasis  Cuptivl.  Dan  âltesto  Thierepog  des  Mittelaltera.  Hrsg. 
von  Emil  Toigt.   8.  VIII.  150  pp.     1875.     Jf.  4.  — 

1-lui.i,  Alfoiia  von,  die  Volkslieder  dea  Engadîn.    5ïit 

eiuûni    Anhang    cngadiuîschor    Volkalieder    îm  Original 

nebst  deufscher  TJcbcrBctzung.      8.     IV,  85  pp.     1878. 

il.  2.  40 

Mirliel,  Ferdin.,  Uebor  Heinrich  von  Alorungen  und 
die  Troubadours.  Ein  Beitrag  zur  BetrachtMUg  des 
Yorhîiltnisscs  zwischcn  deulsehem  und  provenoaliachcni 
Minnesang.     8.     XL  272  pp.     1880.  M.  lî.  — 

PJiHijHi  lie  Thimn,  li  Cumpoz.  Mit  ciuer  EîuleîtuDg  ûber 
die  Sprachc  dea  Autors  hrsg.  von  Eduard  Mail.  8. 
VIII,  176  pp.     1873.  M.  4.  50 

BeinlKinhioefiiier,  Cari  von,  Grammatik  der  portugic- 
Biachcu  Spracho  auf  Orundlago  dea  Lateiniechen  und 
der  romaniachen  Sprac  h  vcrgieichung.  8.  XVI.  4H>  pp. 
1H70.  M.  10.  — 

Spaeh,  LudH'ig.  Zur  Gesciiichte  der  nebcren  frauzôa.  Litteratur. 
Essaya.     8.     V,  374  pp.     1877.  M.  4.  — 


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