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Full text of "Le Roman du Renart. Publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque du roi des 13e, 17e et 15e siècles, par D.M. Méon"

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IIVKÊS   DÉBUOlTIOtJ 
^#  HISTOIRE  UntRAIHf 

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LE 


H0tnanbttHenart, 


m'aprh  Ifô  iUûuuCfnts  ÎHr  la  6ibliutl)fquf  îiu  Uoi 


PAR 


M.   D.   M.   MÉON, 


iMXy   UE  Ll  ROSE  ,    DE  H.    DEUXIEME  EUITIuXt  UE&  iAUl  ;  M  V 

ET  coures  de  barbaza:*,  etc.,  etc. 


TOxM£  QLATRiÈME. 


A  PARIS, 


CHEZ  TREUTTEL  ET  WURÏZ,  LIBRAIRES 

RUE    DE    BOVRBON,   N"    1 7  ; 
A  Strasbourg  et  à  Londres,  même  Malioa  de  (Jommcrcf. 


DE    l'iMPEIWEBIF.    I>E    CJlAPEi.RT  ,    HUT.    DE    VAUtlRVUI»,    >"'    9. 


LE 


Emnan  in  Hmart. 


TOME  IV. 


Autres  Ouvrages  d'ancienne  Littérature  française , 
qui  se  trouvent  a  la  même  Librairie 

Fabliaux  et  Contes  des  PoèTEs  frahçais  des  X1J% 

XIII*,  XIV'  ET  XV<  SIÈCLES  ,  publiés  par  Barbazan. 

Nouvelle  édition ,  revue  et  augmentée  par  M.  Méon. 

4  vol.  in-8.  fig.  Paris,  1808 36  fr. 

Sur  papier  carré  fin /jo  fr. 

•^  Les  mènes,  sur  grand   papier  vélin,  fig.  avant  la 

lettre 1 08  fr. 

Sur  grand  papier  de  Hollande ,  figures  avant  la 
lettre i  ao  fr. 

Le  Castcmemen t ,  ou  Instruction  d'un  Père  à  son  Fils; 
ouvrage  moral ,  en  vers,  composé  dans  le  XIII'  siècle; 
suivi  de  plusieurs  Pièces  historiques  et  morales ,  aussi 
en  vers ,  et  du  même  siècle.  Le  tout  précédé  d'une 
Dissertation  sur  la  langue  dos  Celtes,  de  quelques 
nouvelles  observations  sur  les  étyraolugics  ,  et  It^rmiaé 
par  un  Glossaire  pour  en  faciliter  rintelligencc  ;  pu- 
blié par  Barbazan.  Nouvelle  édition ,  augmentée  et 
revue  sur  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Roi , 
par  M.  Méon.  Un  vol.  in-8.  fig.  Paris,  1808..    10  fr. 

L'Ordene  de  Chevalerie,  avec  une  Dissertation  sur 
l'origine  de  la  langue  française  ,  un  Essai  sur  les 
Étymclogies,  plusieurs  Contes  et  autres  Pièces  an- 
ciennes; suivi  d'un  Glossaire  pour  en  faciliter  l'in- 
telligence; publié  par  Barbazan.  Nouvelle  édition, 
augmentée  et  revue  sur  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque du  Roi,  par  M.  Méon,  employé  aux  manu- 
scrits de  la  même  Bibliothèque.  Un  vol.  in-8.  avec 
une  gravure.  Paris ,  1808 10  fr. 

Glossaire  de  la  Langue  romane,  contenant  l'Etymo- 
logie  et  la  Signification  des  mots  usités  dans  les  XI', 
Xn%  XIIP,  XIV,  XV'  et  XVI'  siècles,  par  M.  Roque- 
fort, a  forts  vol.  in-8.  fig.  Paris  ,  1808 2/»  fr. 

—  Sur  papier  carré  fin 3o  fr. 


^toniiifpue. 


Tom^jy./l^  tt». 


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JLtkby 


LE 


©'après  les  iHanuCrrits  îre  la  6ibliotl)éque  îru  Hoi 


PAR 


M.    D.   M.    MÉON, 

ÉDITE  UR   DU   ROMAN  DE  LA  ROSE  ,    DE   LA    DEUXIEME  ÉUITIOW  DEjrTA-flil.ACX. 
ET  CONTES   DE  UARBAZAN,    CtC.  ,  CtC. 


TOME  QUATRIÈME 


A  PARIS, 


CHEZ  TREUTTEL  ET  WURTZ,  LIBRAIRES, 

RUE    DE    BOURBON,   N"    I7; 
A  Strasbourg  et  à  Londres,  même  Maisoa  de  Commerce, 

M.  DCCC.  XXVI, 


ROMAN 


€e  €0uvonncmm6  li^nart,  qui  par  ^on  engin 
Uois  est  coYonés. 

X  OUR  la  noble  chevalerie 
Qui  jadis  fu  si  ensauchie 
En  France  et  en  toute  Bretaigue , 
En  Engleterre,  en  Alemaigne, 
Par  tout  l'Empire  et  le  Roiauine 
Dou  preu  vaillant  Conte  Williaume 
Qui  jadis  fu  Contes  de  Flandres, 
Pour  le  grant  non  dont  nus  eschandres 
Ne  fu  de  lui,  dont  vilains  dis 
10     Fust  onques  contés  ne  oïs; 
M'est  pris  talens  et  volentés 
Que  pour  cou  qu'il  fu  si  sénés. 
Si  larges,  si  preus,  si  cortois. 
Par  raison  deuist  iestre  Rois, 
Et  si  fust-il  mais  que  la  mors 

IV.  I 


ROMAN 
Le  prist  pour  ce  qu'il  s'ert  amors 
A  çou  qu'ele  het  et  despite. 
Si  ne  veil  or  ci  soit  descrite 
Autre  raison ,  que  vos  dirai 

20     Pour  coi  ma  matere  pris  ai 
Sour  celui  que  j'ai  dit  desus  : 
Li  tens  d'ore  est  si  en  us 
Que  pau  de  forche,  au  dire  voir. 
Fait  nus  fors  à  querre  l'avoir  ; 
Car  qui  avoir  a  asainblé , 
Tost  le  paiis  a  asamblé  : 
Qui  grant  avoir  a  mis  ensamble, 
Tost  a  mis  des  amis  ensamble. 
Avoirs,  quant  tu  ies  asamblés, 

3o     Tost  as  des  amis  asamblés; 
Avoirs,  tu  les  amis  asamblés. 
Avoirs,  tu  tost  les  desasambles; 
Avoirs,  moult  ies  or  conjoiis. 
Avoirs,  moult  ore  as  d'amis; 
Avoir,  moult  te  puet-en  amer. 
Mais  en  toi  n'a  fiel  ne  amer 
Que  tout  ne  soit  confusion. 
Avoir,  toi  enamer  puet-on. 
Mais  en  la  fin  voit-on  d'avoir 

40     Que  par  lui  est-on  prest  d'avoir 
Confusion  ,  ce  sevent  maint , 
Qui  en  l'avoir  repose  et  maint, 


DU  RENART. 
Que  quant  il  l'ont  mis  en  un  mont , 
De  leur  avoir  tost  parti  sont. 
Veillent  ou  non ,  partir  l'enstuet , 
Que  ses  avoirs  tenir  nel'  puet, 
Anchois  l'encace  et  si  le  hue 
Ausi  con  l'en  conte  de  Hue 
Qui  la  toile  à  la  feme  prist 

5o     Si  come  li  contes  le  dist. 
Cil  ne  fu  mie  ensi  hués 
Dont  j'ai  dit ,  mais  plus  regretés 
C'onques  ne  fu  mesir  Ga vains , 
Pour  çou  que  li  Cuens  monit  ains 
C'avoirs  montast  en  si  grant  pris. 
Si  l'ai-jou  en  mon  conte  pris 
Pour  doner  exemple  d'onour 
A  son  linage  qui  la  flour 
Ont  aveuc  aus  de  tout  le  monde , 

60     Qu'il  prendent  garde  cornent  monde 
La  renomée  de  ce  bon  Conte 
Qui  ne  vot  onques  oïr  conte 
De  chose  nule  qui  tornast 
A  çou  que  ses  osteus  n'alast 
En  largeté  et  en  honneur. 
Li  mesdisant  cestui  singneur 
N'aproismierent  de  nule  part , 
Avers  en  son  ostel  n'eut  part, 
Ne  envie  nient  son  liu  ; 

70     Orguis  d'el  crut  avoit  eschiu 


ROMAN 
Le  portier  qui  ens  uel'  laisoil  ; 
Anchois  cil  portiers  conisoit 
Tous  chiaus  que  li  Cuens  avoit  cliier. 
Ne  povoit  Tostel  aporchier 
Mesdis,  envie  ne  orgeus, 
Que  tous  jours  ne  fussent  escheus 
De  sa  Court,  tant  com  il  vescui , 
Cil  troi  traïtour  que  jou  di , 
Si  qu'en  la  fîn  tant  pourcacierent , 
80     Alerent,  vinrent,  clievaucierent, 
Que  la  mort  au  Conte  troverent, 
Et  fisent  tant  qu'il  la  proverent 
A  un  tournoi  où  li  Cuens  fu. 
I^  eurent  cil  troi  le  viertu 
Sour  tous  autres,  ce  poés  croire, 
Car  se  vos  dire  en  veil  la  voire, 
Li  Cuens  qui  sour  tous  ert  poissans 
Chevaliers  et  li  mius  faisans 
Qui  fust  adonc  ens  en  l'Empire , 
f)o     Si  chevalier  qui  à  eslire 
N'estoient  mie  des  piours 
N'eurent  povoir  ne  fer  soucours 
Que  il  le  peuisent  tenser. 
Celui  jour  covint  dévier 
Joie  et  solas  des  trois  larrons 
Qui  sour  le  Conte  à  espérons 
Vinrent  puignant  plus  que  le  pas. 
Là  endroit  eut  un  félon  cas. 


DU  RENART. 

Où  orguis  vint  et  feillonie , 
loo     Mesdis  qui  o  li  eut  envie, 
Ne  feri  mie  à  gabelés , 
Quant  en  poi  d'eure  font  les  es 
Del  escu  au  lion  voler 
En  pîeches ,  celui  revierser 
Qui  aine  puis  ne  fu  où  cheval. 
Ha,  Dius  !  on  dist  de  Piercheval 
Qui  si  preus  fu,  et  de  Gavain, 
De  Bohort,  de  monseur  Yvain , 
De  Lanselot  et  de  Tristran , 
iio     Mais  onques  icil  tel  ahan 
Ne  souffrirent  en  un  estour 
Con  li  Cuens  fist  à  celui  jour  : 
Car  quant  il  se  vit  entrepris 
De  ciaus  dont  vos  ai  fait  devis , 
Il  s'aficha  sor  les  estriers  : 
Devant,  d'encoste  et  de  desriers 
Feri  del  espée  esmoulue , 
Mais  tost  sa  riesne  desrompue 
Orent  cil  qui  cure  n'avoient 
120     De  proeche,  ne  ne  voloient 

Que  cil  vesquist,  ains  l'acorerent 
Et  de  ce  siècle  le  posèrent 
En  l'autre  où  puis  n'orent  povoir. 
Or  li  doinst  Dius  là  tel  manoir 
Par  coi  l'arme  ne  soit  perie , 
Car  jou  di  sa  chevalerie. 


ROMAN 
Sa  renomée  et  ses  boins  los 
Là  où  il  gist,  mime  si  os 
Valent  moult  mius ,  ce  m'est  avis , 

i3o     C'uns  Empereres  vilains  vis, 

Et  dont  puis  qu'il  vaut  mius  tous  mors 
C'uns  vilains  à  oui  sui  amors. 
Pour  sa  valour  veil  par  cxample 
Moustrer  aucuns  une  voiz  ample , 
Que  moult  doi-on  amer  signour 
Qui  prodom  est  hui  en  cest  jour  ; 
Voit-on  sovent  poi  amender 
De  signorage  remuer, 
Ausi  com  vos  dirai  avant , 

140     S'oïr  volés  icest  Roumant. 

Un  jour  ert  Renars  à  repos 
A  Malpietruis  où  ert  repos 
Pour  lui  déduire  et  solacier. 
Entre  ses  bras  tint  sa  moillier 
Dame  Ermengart  la  siue  espeuse 
Qui  moult  estoute  et  orguilleuse 
Estoit  enviers  la  povre  gent  : 
Sire,  dist-ele,  moult  sovent 
Ai  eu  volenté  et  cure 

i5o     Que  me  déisiés  l'aventure 

Pour  coi  premiers  ne  fustes  rois  ; 
Jà  savés-vos  plus  tors  et  drois 
Que  ne  fait  nus  hom  que  jou  voie. 
Dame,  dist-il,  se'Dius  ^ne  voie. 


DU  RENART. 

Voirs  est  que  je  moult  sai  de  tours, 
Mais  onques  ne  fu  ma  labours 
A  cou  menée  c'ainc  m'en  fust , 
Se  n'i  fas  force,  car  dou  fust 
C'en  kiut  sovent  est-on  batu. 
160     Sire,  dist-ele,  que  dis-tu  ? 

Jà  ne  se  doit  nus  hom  demetre 
De  soi  avanchier  et  sus  mètre 
Que  pour  lui,  que  pour  ses  amis. 
Jà  est  tous  grans  li  vostre  fis 
Qui  dignes  seroit  d'iestre  Rois 
Ou  Empereres ,  bien  sachois. 
Je  veil  que  vos  fachiens  la  some 
Pour  coi  nos  portions  courone 
Avant  que  nos  morons  de  mort, 
lyo     Car  jou  sai  bien  que  qui  s'amort 
A  perece  et  à  faintise  , 
Que  tele  uevre  sovent  atise 
L'ome  à  cou  que  il  devient 
Precheus  et  faus.  Si  me  sovient 
D'un  proverbe  que  j'ai  oï , 
Si  m'entendes,  car  je  vos  di 
Jà  nus  ne  baera  à  chose 
Qu'il  n'i  vigne  cornent  qu'il  chose. 
Qui  veut  baer  à  maison  d'or, 
180     S'en  averoit-il  aucun  tor 
Avant  que  du  siècle  partist. 
Dame  Ermangart,  voirs  fu  qui  dist 


ROMAN 

Que  moull  estiés  sage  et  voiseuse  ; 
J'aie  déliait  parmi  ma,geule, 
Se  je  cuidoi  vivre  dis  ans 
Encore,  se  jou  tes  ahans 
Ne  prendroie  porchainement, 
Mais  teus  cuide  vivre  granment 
Qui  moult  tost  est  aies  à  fin , 

190     Si  ne  puis  mais  si  grant  hustin 
Endurer  corne  jou  ai  fes, 
Si  me  samble  que  desormès 
Seroit  raison  et  tans  et  cure 
Que  no  vie  relegieuse 
Fust,  car  jou  moult  tost  criein  morir. 
Goment,  sire,  dou  Saint  Espir 
Vos  soigne  !  Que  dites-vos  ? 
Pieça  ne  vos  vi  ausi  rous , 
Ne  si  luisant  à  mon  esgart. 

aoo     Voire,  dist-il ,  Dame  Ermengart; 
Mais  quant  on  a  tant  traveillié  , 
Tant  aie  et  tant  chevauchié, 
Si  vient  la  mors  soudainement 
Qui  tost  un  home  ahiert  et  prent 
Quant  il  le  mains  s'en  done  garde  ; 
Et  cil  autrui  malement  garde 
Qui  soit  méime  trop  oublie, 
Et  j'ai  mené  moult  povre  vie. 
Si  seroit  mais  dès  ore  tans 

210     Que  jou  fuse  un  pan  repenlans 


DU  RENART. 
De  mon  iestre  où  j'ai  vescu. 
A  cest  mot  Renart  le  cucu 
Entent ,  si  jeta  un  faus  ris , 
Jou  te  conjur,  fait-il  de  cris 
Cucus ,  que  me  dies  le  voir, 
Quans  ans  j'ai  à  vivre,  savoir 
Le  veil ,  cucu ,  en  preu  cucu^ 
Et  deus  cucu ,  et  troi  cucu , 
Quatre  cucu ,  et  cinc  cucu , 
aao     Et  sis  cucu,  et  set  cucu , 
Et  uit  cucu,  et  nuef  cucu , 
Et  dis  cucu ,  onze  cucu  , 
Douze  cucu ,  treize  cucu. 
Atant  se  taist ,  que  plus  ne  fu 
Li  oisiaus  illuec,  ains  s'envolle. 
Et  Renars  maintenant  acole 
Dame  Ermengart  ;  avés  oï  ? 
Sire ,  dist-ele ,  des  cuer  joi , 
Vos  semons  que  me  baisiés. 
23o     Dame,  dist-il,  j'en  suis  tos  liés, 
Mais  que  celés  soit  cis  consaus , 
Aine  mais  nul  jour  ne  fu  si  biaus 
Come  jou  sui ,  c'aséuré 
M'a  li  cucus  treize  ans  d'aé 
A  vivre  encore  ci  apriès. 
Or  sace  Nobles  que  j'engriès 
Sui  de  lui  desposer  et  faire 
Chose  cui  li  iert  à  contraire 


lO 


ROMAN 
Dedens  un  bien  prochain  termine. 
a4o     Sire,  dist  Ermen,  jou  destine 

Que  vos  ucvres  moult  bien  achief. 
De  çou  Renart  crolla  le  chicf, 
Puis  ne  fist  illuc  lonc  soujour. 
A  lendemain  au  point  dou  jour 
Se  leva  et  ne  li  fu  paine , 
Congiet  a  pris  à  bone  estraine, 
Baisa  sa  Dame  Erme,  puis  s'en  vait. 
Ne  vos  veil  mie  faire  plait 
De  ses  journées ,  car  ne  puis , 
a5o     Mais  jou  vos  di  en  ça  mais  puis 
Fu  ains  qu'il  fu  venus  à  chief 
De  çou  dont  il  ot  pris  le  chief. 

Ce  fu  au  tans  noviel  d'esté 
Que  Renars  ot  l'ivief  esté 
En  Malpiertruis  le  sien  manoir, 
Hors  isi  pour  lui  fer  valoir 
Si  come  cil  qui  vot  emprendre 
Une  chose  oii  il  fist  entendre 
Mainte  bieste ,  si  com  jou  truis 
260     Dont  jou  de  chascune  ne  puis 
Faire  mencion  à  mon  chois , 
Et  non  pourquant  soit  tors  ou  'drois , 
Me  covient  traitier  et  retraire 
D'aucunes  selonc  lor  afaire , 
Pour  çou  que  devant  ai  traitié 
Sour  ma  matere  quel  daintié 


DU  RENART.  „ 

Renars  avoit  empris  à  faus. 
Il  si  s'en  vint  les  menus  sans 
Par  mi  une  lande  puingnant  ; 
270     II  done  garde  en  son  devant , 
Si  vit  l'Asne  où  il  paisoit 
Chardons  asuins.  Viers  lui  tôt  droit 
S'en  vint  lui  saluer  et  dist  : 
Dant  Timer,  de  çou  m'abielist 
Que  vos  tos  jours  portés  le  blé  , 
Ne  jà  nient  plus  c'on  l'ait  emblé 
Li  cors  de  vos  n'en  goustera. 
Lors  quant  Tiraers  entendu  a 
Renart,  si  a  levé  le  chief: 
280     Haines  Dieus  !  à  quel  meschief 
M'as  ore  trové ,  dous  amis  ? 
Saches  de  voir  et  soies  fis 
Mius  aim  chardons  sans  cop  ferir 
Que  blé  avoir  et  moi  laidir. 
Mius  aim  chardons  à  mon  voloir 
Que  que  dou  blé  à  rechevoir. 
Se  j'avoie  de  blé  cent  muis , 
Si  aroie-jou  mes  déduis 
Soventes  fois  entre  chardons. 
290     Renart  dist ,  de  çou  que  li  bons 

Est  norris,  ce  veut-il  avoir, 
»  A  l'autre  lés ,  au  dire  voir , 

Çou  c'on  aprent  veut-on  tenir 
Et  sa  nature  retenir. 


la  ROMAN 

Renart ,  dist-il ,  c'est  vérités , 
Mais  dites  moi  où  vos  aies , 
Si  vos  pist  Jhesu-Cris  aidier  î 
Jou  vois,  dist-il,  à  ce  mostier 
Ci  devant  dont  j'ai  pris  la  cure , 

3oo     Si  croi  de  voir  qu'il  n'aront  cure 
De  moi  cil  vilain  quant  g'i  iere. 
Cornent ,  dist  l'Asne ,  en  quel  manière 
Jà  sarés-vos  bien  confiescr? 
Oi  jou ,  dist  Renart ,  mais  chanter 
Ne  sai ,  s'en  sui  tous  abaubis. 
Timers  respont,  je  sui  tous  fis 
Se  tu  chantasses  ausi  haut 
Corne  jou  fas  parmi  ce  gaut , 
Te  poroies  jà  faire  entendre. 

3io     Por  cou,  dist  Renars,  veu-ge  aprendre 
Pour  combien  tu  venras  o  moi , 
Si  chanterons  entre  nos  doi 
Une  laisse  de  cuer  joli. 

Jà ,  dist  Timers ,  n'irai  o  ti 

Il  ^ 

Se  jou  n'ai  part  ens  en  l'ofrande. 
Oïl ,  dist  Renars ,  ausi  grande 
Come  jou  même  veil  avoir. 
Atant  s'en  vont  au  dire  voir 
Entre  Timer  et  Dan  Renart  ; 
320     N'estoit  mie  encore  si  tart 

C'on  ne  chantast  à  un  mostier 
Où  il  s'alerent  adrechier 


DU  RENART.  i3 

Dehors  la  ville  en  un  dimence , 
Que  li  vilain ,  que  jou  ne  menée, 
S'estoient  tuit  là  asamblé. 
Li  Provoires ,  qui  n'ert  sans  blé , 
Estoit  el  secré  du  canon  : 
A  l'uis  vinrent  cil  conpaignon 
Del  mostier  qui  estoit  tos  plains. 
33o     Timers  qui  ert  farsis  et  plains 
S'estut  à  l'uis ,  et  Renars  dist  : 
Compains,  chantons;  et  il  si  fist 
Si  haut  que  tuit  cil  dou  mostier 
Orent  tel  peur  et  tel  cuidier 
C'a  pau  ne  sont  dou  sens  issu. 
Lors  sont  cil  del  mostier  issu , 
Si  troverent  l'Asne  chantant 
Et  si  très  forment  recanant 
Que  bien  samblast  à  son  avis 

340     Que  moult  fust  icil  ses  amis, 
Por  coi  il  féist  sa  grant  joie. 
Renars  s'ert  jà  mis  à  la  voie 
Quant  cil  ahiersent  lor  bastons  : 
L'Asne  ont  doné  tant  de  froions 
Que  ses  las  cors  fu  teus  menés 
Qu'il  eut  froisiés  tost  les  costés , 
Tant  debatus,  tant  laidengiés 
Que  tous  fu  desrous  et  plaiiés, 
Tant  déboutés  et  tant  férus 

35o     Que  tous  fu  ses  espirs  confus; 


i4  ROMAN 

Tant  peteilliés  d'aguillons 
Que  II  sans  de  ci  à  feillons 
Li  raoit  des  cuisses  aval. 
Ensi  l'enbatent  en  un  val , 
Puis  l'ont  illuec  laisié  tout  coi. 
Renars  ne  demora  c'un  poi 
Quant  il  salli  ens  en  la  lande, 
Et  dist  :  Timer ,  as-tu  l'ofrande? 
Partir  i  veil  c'a  la  moitié. 

36o     Ha  !  las ,  dist-il ,  par  quel  pechié 
Sui-jou  ore  si  mal  chéans? 
Aine  mais  offrande  n'ot  si  grans 
Priestres  ne  clers  com  j'ai  eue. 
En  éuis-tu,  Renart  argue, 
Qui  dist,  oïl,  plus  la  moitié? 
Jou  n'ai ,  dist-il ,  pas  covoitié 
Que  n'en  raies  moult  bien  ta  part , 
Jou  le  te  cuite,  biau  Renart, 
Fait  Timers  qui  de  çou  n'a  cure  : 

370     Jamais  d'ofrande  ne  de  cure 
N'arai  envie  que  jou  sace. 
Coment,  dist-il,  fos  est  qui  cace 
Meillor  viande  de  cardons; 
Foi  que  jou  doi  tous  compaignons 
N'est  nus  qui  mais  me  féist  croire 
Que  jou  bien  ne  die  la  voire. 
Que  fox  est  cil  qui  bien  esta , 
S'il  se  remue  et  il  lonc  va 


DU  RENART.  lôi 

Seur  espérance  d'avoir  mieus; 

38o     Fox  est  li  liom  qui  desitieus 

N'est  quant  il  cuert  chose ,  ne  fait 
Dont  il  en  la  fin  a  mal  plait. 
Qui  segnor  a  en  son  endroit, 
Fox  est  qui  d'empirer  ne  croit  ; 
Mius  vaut  mesire  li  vilains 
Qu'iestre  prestres  ne  chapelains. 
Renart,  Renart,  aies  adiu, 
Je  veil  demeurer  en  mon  liu; 
Mius  aim  à  siervir  mon  signor 

390     O  mon  iestre  et  ma  labour, 

Qu'iestre  priestres,  clers  ne  chanones 
Pour  ces  offrandes  ne  tes  dones; 
Moult  aim  or  mius  mon  vilain  mort 
Que  vo  priestrage  o  tel  déport. 

Pour  cest  conte  vous  dis  devant 
Que  moult  doit-on  peser  avant 
L'unne  chose  avant  que  on  face 
Riens  nule  qui  apriès  desplace  ; 
Que  teus  cuit  iestre  moult  sénés 

400     Qui  tost  se  croke  sor  le  nés , 
Pau  puet  li  nés  iestre  défais 
Quant  li  visages  est  plus  lais. 
Vilains  qui  n'a  apris  honor 
Pau  puet  siervir  Emperéour. 
D'escoufle  puet-on  bien  savoir 
Que  hairon  n'en  puet-on  avoir. 


i6  ROMAN 

Autretel  vous  di  sans  mentir, 
Jà  de  vilain  à  gré  siervir 
A  la  longue  n'en  goïran , 

4 10     Car  s'il  avoit  signor  aiman 
Qui  li  donast  toute  sa  terre 
A  maintenir,  il  aroit  guerre 
A  son  voisin  ou  à  atrui 
Dont  sans  honor  aroit  anui. 
De  vilain  home  acompaignier 
N'ait  nus  afaire,  il  n'a  mestier. 
Mais  teus  est  ore  li  saisons 
Que  de  Renart  vos  conterons 
Coument  il  exploita  avant 

420     Quant  départis  fu  ça  devant. 
Ensi  qu'il  fu  partis  del  Asne , 
Dont  jou  de  çou  forment  le  blasme , 
Que  celui  qui  rien  nel'  blasmoit 
Isi  sans  raison  cunchioit  ; 
Et  nonpourquant  raison  i  eut, 
Car  Renars  bien  faire  i  peut 
Là  où  il  seuist  que  biens  fais 
Peuist  venir,  si  ne  m'en  tais , 
Que  de  ce  fait  fist-il  un  autre, 

4'3o     Si  com  aloit  d'un  llu  à  autre , 
De  Ion  vit  venir  un  vilain  : 
Andoille  portoit  en  sa  main , 
Ce  li  sambla  à  son  avis: 
Lors  pensa  coment  aroit  quis 


DU  RENART.  17 

Art  et  engien  de  lui  souspreiidre. 

Cil  qui  ne  vot  longues  atendre, 

Vint  viers  lui  et  le  salua  : 

Vilains,  dist-il,  qui  t'amena 

Cest  chemin  a  fait  pau  por  moi  ? 
440     Coment,  Renart,  dites  por  coi, 

Savoir  le  veil.  Jel'  vos  dirai, 

Çà  derier  vient  sans  délai 

Li  chien  au  Conte  de  Poitiers, 

Pour  coi  ne  mefust  or  mestiers 

Que  tu  m'euisses  encontre. 

Renart,  Renart,  en  charité, 

Fait  li  Vilains,  de  vos  espès. 

Car  vos  mengastes  mes  poules, 

Sel'  comparrés  à  ceste  fois. 
45o     Tais-toi ,  Vilains  fel  et  renois, 

Faisons  pais  pour  coi  ton  damage 

R'aies,  et  jou  te  ferai  sage 

Dou  trésor  qui  vaut  Un  empire. 

A  cest  mot  li  Vilains  arrire 

Comença ,  et  Renart  li  dist  : 

Vien  ent  o  moi;  et  cil  si  fist 

Jusque  à  un  fraisne  lonc  et  droit. 

Droit  où  soumet  un  nit  avoit 

D  un  escoufre  grant  et  corsu  : 
460     Vilains,  dist  Renars,  rfe  vois-tu 

Cel  nit  en  l'arbre?  Jou  si  fas. 

Met  çà  ta  main,  si  me  jurras 
IV.  2 


i8  ROMAN 

Sor  ta  créance  et  sor  ta  foi 
Que  jamais  tu ,  pour  nul  desroî 
Que  t'aie  fait,  ne  me  grever, 
Et  tu  lasus  porras  monter 
Où  sont  pieres  tant  presieuses, 
Si  plaisans  et  si  deliteuscs 
Que  mius  valent  c'argens  ne  ors. 
470     Qui  les  i  mist?  li  ^rans  trésors 
,        Otheviens  i  vi  portôr. 
Qui  donc  oïst  Vilain  jurer 
De  Crois  de  Dieus,  de  philateres, 
Qu'il  fust  pendus  ausi  com  lerres 
Se  U  jà  jour  mais  en  parloit 
A  home  nul  et  li  dounoit 
Ses  andoilles  de  charité. 
Renars  li  dist,  en  carité 
Jà  une  seule  n'en  ara, 
480     Car  n'avoit  gaires  que  il  a 

Mangui  et  bui;  mas  monte  tos. 
Et  li  Vilains  nices  et  sos 
Se  descauça  et  desviesti, 
L'arbre  ambracha,  si  n'ateudi 
Fors  tant  c'a  paines  est  montés. 
Quant  au  nit  vint ,  si  n'a  trovés 
Fors  cou  dont  li  pouchin  cuncienl  : 
Lors  vint'tandis  qu'il  eslecient, 
Et  li  Vilains  rudes  et  doilles 
490     Regarde  aval  viers  ses  andoilles 


DU  RENART;  19 

Où  Reriars  les  ot  enbrachies. 
Vilains,  dist-il,  or  me  cunchies 
Des  esmeraudes ,  des  rubis, 
Des  diamans  et  des  saphirs, 
Des  topasses,  des  chelidones  , 
Des  camahius  n'ai-jou  en  sones 
De  topasses,  de  margerites. 
Tout  soit  tien,  jou  tes  claime  cuites, 
Mais  les  andoilles  seront  moies. 

5oo     Atant  s'en  tome  et  va  en  voies, 
Et  ii  Vilains  est  descendus 
Plus  tost  que  peut ,  mais  estendus 
Chéi  aval  geule  baée. 
Pour  pau  n'ot  route  l'eschinée. 
Criant  se  lieve  et  apriès  va, 
Ha!  ha!  Renart,  ha!  ha!  ha!  ha! 
Vos  n'en  dires  or  c'a  li  chien. 
Il  s'en  va  là,  cueres  le  bien. 
Renars  oï  bien  le  Vilain, 

5io     Se  li  dist  un  mot  en  reclain  ; 
Vilains  enfruns,  fel  et  estons, 
Tant  gaingnent  cil  qui  font  por  vos  ; 
Or  iestes  riches  par  mon  sens, 
Si  vorriés  jà  que  de  tous  sens 
Venissent  jà  li  chien  le  Conte 
Qui  vos  vengaâsent  de  ce  honte, 
Mais  ne  vos  vaut,  si  com  moi  samble. 
Tout  ne  poés  avoir  ensamble. 


30  ROMAN 

Perriers  et  bouchier  ne  pues  ieslre. 

520     Atant  s'en  va  et  vuide  l'iestre. 
Li  Vilains  demora  confus, 
A  soi  meimes  dlst ,  dechéus 
Me  sui  ore  par  covoitisse , 
M'avoient  or  Diable  à  çou  mise 
Que  créoie  ce  laron  ci , 
Voloi-jou  iestre  del  autrui 
Lapidaires  ne  menestreus, 
Mius  me  venist  iestre  teus 
Quant  jou  ci  son  parlement , 

53o     Mais  jou  voi  bien  que  mainte  gent 
Sont  à  la  foi  trop  covoitous. 
Tout  autresi  ai  esté  lous 
En  cestui  fait,  mieus  me  venist 
Avoir  mes  andoilles  que  cist 
En  rempléist  jà  ses  poiiaus  : 
Mais  ne  me  vaut  ore  rapiaus , 
A  tant  m'en  tigne  et  si  m'agrée 
Qu'à  poi  n'ai  route  l'escliinée. 
Encore  m'en  peuist  bien  pis  estre , 

540     Si  en  lot  Diu  le  Roi  celestre , 

Et  Renart  doinst  mal  enconbrier 
Avant  c'au  soir  se  voist  concilier. 

Apriès  cestui  fait  chevauçoit 
Renart  qui  le  Lion  cueroit 
En  un  liu  et  puis  en  un  autre. 
Ysengrins  qui  lance  sor  fatre 


DU  RENART.  ai 

Venoit  une  vies  voie  antie , 
L'encontre  et  li  dist  :  Sainte  Marie  ! 
Dont  vient  ore  mes  chiers  compères  ? 

55ô     Renart  respont,  tes  est  or  lerres 
Cui  jou  levai  son  fil  de  fons. 
Cornent,  Renart,  oï  avons 
Mantes  fois  de  vos  vihains  dis. 
Ysengrin  biaus  très  chiers  amis , 
Fait-il,  jou  nel'  di  pas  por  vos, 
Encore  ai-jou  autrui  que  vos 
Par  comparage  acompaignié  ; 
Mais  or  me  dites  hui  mengié 
I  ot ,  foi  que  vos  mi  devés  ? 

56o     Si  ai,  dist  Ysengrins,  asés 

D'une  viande  moult  divierse; 
Queus  fu  et  Ysengrin  li  vierse 
Une  bourde  pour  lui  deçoivre. 
Je  hui  matin  m'en  alai  boire 
Jouste  le  rui  d'une  fontaine , 
E-me-vos  un  priestre  qui  maiue 
Une  norriche  qui  protoit 
Anguilles  cuites  moult  estroit 
Loiies  en  une  touaille. 

570     Quant  il  me  virent  dont  sans  faille, 
Fis  ausi  qu'aler  ne  péusse 
Ne  que  d'illuec  ne  me  méusse 
Pour  cose  c'om  me  vosist  faire , 
Dont  me  vot  li  priestres  contraire 


aa  ROMAN 

-Fer,  si  me  cuida  aprochier. 
De  maintenant  me  vot  lancliier 
Un  pel  agu,  et  jou  me  lanclie, 
Que  n'i  fis  longe  demoranche, 
Parmi  lui ,  si  le  fis  cliaoir 
58o     En  une  rasque  au  dire  voir 
Si  parfons  et  si  malaisiue 
Que  on  peuist  bien  une  liue 
Aler  avant  qu'il  s'en  r'isist. 
A  la  norice  qui  s'asist 
De  paour,  ving  à  li  tout  droit , 
La  touaille  que  ele  avoit 
Li  sachai  de  ses  mains  isniel. 
A  tout  m'en  vig  en  un  praiel , 
Là  desloiai  celé  viande, 
590     Mais  n'aie  chose  que  demande 
Se  iomques  mais  chose  mangai 
Qui  tant  me  pléust  :  jou  ne  sai 
Se  vos  onques  point  en  mengastes. 
Nai,  dist  Renart,  mais  en  hastes 
En  ai-jou  mengié  moult  sovent. 
Ysengrins  dist  :  venés-vos  ent 
Et  je  vos  encor  en  donrai. 
Renart  respont,  jou  je  n'irai, 
Car  à  t'alaine  voi  et  pens 
600     Que  tu  de  cest  ici  me  mens; 
Mais  vignes  o  moi  anuit, 
Et  jou  te  doins,  cui  qu'il  anuit, 


DU  RENART.  a3 

Deus  chapons  à  la  gause  ailliê. 

Or  ai  borde  trop  mal  taillie, 

Dist  Ysengrins,  si  m'ait  Dieus. 

Reiiart  dist,  ce  n'est  mie  geus 

De  son  ami  ensi  mentir. 

Ysengria  jure  Saint  Espir 

Qu'il  l'i  menra  tout  errament 
6io     Par  tel  manière,  s'il  li  ment , 

Qtie  jamais  ne  le  veille  croire. 

Bien  dis ,  fait  Renars.  Enne  voire , 

Fait  Ysengrin,  si  voit  sa  voie. 

Quant  Renart  voit  c'on  le  ^ocoie , 

Si  iriés  fu  ne  set  que  dire. 

Renart,  Renart,  biau  très  dous  sire, 

Venés  avant  se  vos  voliés. 

Renars  fu  moult  très  fort  iriés, 

Si  dist  à  soi ,  jà  Dius  ne  plase 
620     Que  jou  jamais  vigne  en  place 

Où  preudom  soit,  se  ne  te  vent 

Ce  que  me  moques  ensiment. 

Si  m'ait  Dius ,  fait  Ysengrins , 

Biaus  dous  compère  et  biaus  voisins, 

Grant  tort  avez ,  venez  vos  ent 

O  moi,  jou  vos  di  boinement 

Que  jou  jà  joie  ne  déduit 

N'aie,  se  jou  encor  anuit 

Ne  vos  maine  à  cel  ostel 
63o     Où  vos  onques  ne  vistes  tel. 


a4  ROMAN 

Chapons  et  glines  vos  donrai, 
Oués  et  fromages  :  tant  en  sai 
Que  çou  n'est  se  merveille  non. 
Renart  a  fronchié  le  grenon. 
Si  ne  set  que  il  puisse  faire 
D'aler  o  lui ,  si  dist  que  traire 
Se  viaut  à  Guirnomaisnil. 
Ysengrins  dist,  en  grant  péril 
Aies,  compère,  sans  conduit. 
640     Cornent ,  dist-il ,  en  quel  refuit 
Me  puis-jou  mètre  fors  dou  Roi  ? 
Yseiuffins  dist ,  ce  poise  moi 
Que  vos  ne  l'avez  saielée. 
Si  ai-jou ,  dist-11 ,  à  m'espéc 
Atachié  très  devant  ier. 
Foi  que  doi  Diu,  au  mien  cuidier 
C'est  sans  mentir  et  sans  falourde, 
J'oï  dire,  ne  sai  s'est  bourde, 
Que  novieles  doivent  venir 
65o     Teraprement  à  Court  qu'à  soufrir 
Ara  nostre  Empereres  Rois , 
C'on  a  véu  jà  pluseur  fois 
Un  estoile  qui  senefie 
Par  science  d'astrenomie 
Que  ti  Roiaumes  doit  avoir 
Temprement  un  mèrveilleus  oir  ; 
Jou  ne  sai  mie  queus  il  ert, 
Ne  se  il  encore  cuert 


DU  RENART.  a5 

Qui  bien  l'en  sace  raison  rendre. 
660     Cornent,  Renart,  fai  moi  entendre 

De  cou  que  tu  ci  vas  disant. 

Jou  vos  ai  dit  con  faitement 

L'en  dist  en  aucunes  contrées 

C'on  a  véu  as  ajournées 

Estoiles  qui  bien  senefient, 

Si  com  astremien  dient, 

C'un  Roi  nos  covenra  siervir 

Qui  dignes  iert  de  desiervir 

L'Empire  de  Rome  et  de  Gresce. , 
670     Nomini  dame,  Renart,  qu'es-ce 

Que  tu  me  vas  ore  glissant  ? 

Jou  te  di  voir,  dès  or  destant 

Renars  et  torne  les  galos, 

Grant  oire  vait  à  ices  raos, 

C'onques  ne  dist  ne  mains  ne  plus. 

Ysengrins  fu  de  çou  confus 

Que  il  plus  ne  li  a  jehi  : 
Apriès  lui  fiert ,  mais  consivi 
Ne  l'a  devant  qu'en  la  foriest 
680     Virent  où  ne  fisent  arest  ; 
Anchois  ont  lor  voie  tenue 
Qui  grant  et  large  ert  et  hierbue.    » 
Si  ont  tant  le  chemin  tenu 
C'a  Ysengrins  est  mal  venu 
Quant  en  un  cep  lors  s'enbati , 
Ne  demora,  quant  ens  chaï,         * 


36  ROMAN 

Le  tieste  aval  et  les  rains  sus. 
Renars  areste  et  trait  en  sus , 
Et  dist,  compère,  or  ne  le  fis. 

690     Hai  !  Renart ,  onques  ne  fis 

Chose  pour  bien  que  mal  n'cuise. 

Coment,  dist  Renart,  jou  qu'en  puise, 

Ne  pour  coi  dis  orc  cest  mot  ? 

Jel'  di ,  fait-il ,  por  cel  espot 

Que  tu  or  me  dois  isniel , 

Que  mie  n'avoies  ton  biel 

De  cou  que  ci  ère  chéois  ; 

Et  d'autre  part  iere  renois 

Qu'ensi  de  moi  te  departoies, 

700     Si  vint  o  toi  quant  tu  disoies 
C'un  noviel  Roi  nos  averiens, 
Si  m'en  est  avenut  teus  biens 
Que  ton  voloir  as  acompli. 
Renars  voit  bien  que  d'escondi 
N'i  avoit  point ,  si  s'est  téus. 
Atant  é-me-vos  où  venus 
Est  li  loviers,  et     '     ester 
Renart  qu'il  ne  povoit  amer, 
Jouste  le  cep ,  si  s'ariesta 

710     Pour  cou  que  maintenant  cuida 
Que  dedens  se  déust  chéoir, 
Renars  a  dit  avoir  avoir 

'  Le  lAot  est  illisible. 


DU  RENART.  27 

Te  covient  de  mon  cpmpaignon. 
Lors  vint  cil  droit  à  espoiron 
Qui  la  parole  ot  entendue  : 
Renart  a  dit ,  vostre  venue , 
Sire  Lovier,  desire-jou. 
Cornent ,  dist  cil  ?  or  coi ,  de  cou 
Or  sui  venus.  Jel'  vos  dirai  : 
720     Ici  le  Leu  amené  t'ai , 

Si  veil  que  tu  pris  le  me»livres, 
Et  jou  t'en  renderai  cent  libvres 
Que  jou  sai  en  cest  bois  repus. 
Li  Loviers  ne  fu  pas  confus, 
Anchois  dist,  Renart,  dis-tu  voir? 
Vilains,  se  tu  ne  vius  l'avoir. 

Si  te  tien  bien  à  ce  que  t'as , 
Dont  s'est  tornés  ausi  c'a  gas 
Et  fist  samblant  c'aler  se  veille. 
ySo     Atant  li  Loviers  ne  s'orguelle , 

Ains  dist  :  Renart,  à  vo  devis 

Ysengrins  vos  renderai  pris 

Par  manière  c'aie  l'argent. 

O  tu ,  dist  Renart ,  fai  briément 

Et  si  te  haste  que  ne  vingne 

Aucuns  qui  compaingnie  tingne 

A  l'argent  que  je  veil  que  t'aies. 

De  maintenant  heue  les  braies 

Dou  cep  et  est  ens  avalés, 
7/,o     Ysengrin  prent ,  puis  r'est  montés 


28  ROMAN 

Amout  et  IV  isi  loiié, 
C'un  glaon  el  dens  a  fîchié 
Et  loiié  desus  les  oreilles. 
Or  eutendés  fines  merveilles, 
Ysengrins  loiien  li  a  mis  où  col , 
Renart  le  baille  qui  por  fol 
Le  tenoit  si  com  vos  orés. 
Lovier,  apriès  moi  en  venés, 
Dist  Renart ,  et  je  vos  menrai 

75o     Là  où  l'avoir  vos  liverai. 

Atant  s'en  vont,  Renart  les  maine 
Une  voie  qui  fu  lointaine, 
^  Bien  i  ot  grant  liue  et  demée. 

Lors  virent  en  une  valée 
Où  un  marchais  a  voit  parfont, 
Ne  cuist  Renart  ne  gué  ne  pont , 
Mais  devant  lui  vait  à  droiture  : 
En  sa  main  tint  qui  n'avoit  cure 
Dou  pas  ne  del  Vilain  qui  vint. 

760     Outre  paserent;  ne  se  tint 

Pour  raisce  ne  pour  autre  pas  : 
Li  Vilains  qui  ert  en  porças 
Del  avoir  qu'il  ot  covoitié, 
A  dit,  Renart  pora-je  à  pié 
Passer  apriès  toi  sans  péril  ? 
Renart  respont  :  Louvier,  oïl , 
Hardiement  apriès  moi  vien. 
Cil  passe  avant  qui  pesoit  bien 


DU  RENART.  ag 

Aune  et  demie  et  encor  mais. 
770     Tant  ala  cil  que  dou  grant  fais 

S'est  enbatus  en  une  rasse  ; 

Li  fais  pesa ,  aval  s'eslaisse 

Jusques  au  chaint ,  lors  a  crié  : 

Haï!  Renart,  j'aie  dehé 

Se  ne  me  tieng  à  engingnié. 

Atent,  Vilain  ,  quant  compissié 

T'araie  et  mes  compains  ausi, 

Lors  aurons-nos  de  toi  merchi. 

De  maitenant  llenart  desloie 
780     Ysengrin  de  la  grant  corroie 

Dont  loiiés  fu ,  si  com  j'ai  dit, 

Andoi  vinrent  tout  aatit 

Au  Vilain  qui  aidier  ne  pot 

Soi  ne  autrui.  Alains  qu'il  pot 

Ysengrins  torne  le  desrier  : 

Vilains,  dist-il,  de  ton  louier 

Veil  or  que  t'aies  la  mérite. 

Le  visage  tout  li  eschite , 

Nés  et  bauleures  et  menton. 
7go     Renart  a  dit,  ensi  doit-og 

Le  covoiteus  tous  jors  paiier. 

De  maintenant  li  vait  raiier 

Del  compenage  c'ot  el  ventre 

Où  Ysengrin  l'avoit  soventre 

Au  devant  ensi  avisé. 

Moult  laidengié  et  moult  hué 


3o  ROMAN 

L'ont  entr'iaus  deus,  n'en  doutés  jà. 
Cornent  Diable!  Renart  dit  a, 
Vilains,  n'a  voies  entendu 
800     Ton  cep  dont  avoies  eu 

Le  louier  à  faire  ton  preu  ? 

Or  pués-tu  ci  faire  ton  veu 

Que  le  premier  mai»  que  tu  prendes 

De  nos  deus,  que  bien  tu  en  prens 

Geste  rançon  et  l'autre  ausi. 

Atant  du  Vilain  sont  parti , 

Et  cil  demeure  illec  ailiers 

Qui  covoiteus  fu  et  parviers. 

Pour  çou  vos  mostre  or  clii  endroit 
810     Que  covoiteus  moult  se  déchoit 
Qui  a  bien  cou  qu'à  lui  afiert, 
Et  dont  puis  par  envie  acuert 
Chose  dont  il  vient  en  la  fin 
A  vilain  blasme  et  à  hustin , 
Ausi  con  font  çà  mainte  gent 
Qui  cuerent  menu  et  sovent 
Meillour  pain  c'a  iaus  n'apartient. 
Cil  de/orment  ne  lour  atient, 
Anchois  veulent  celui  d'avainne  ; 
8ao     Ne  lour  plaist  sainnie  de  vainne, 
Si  se  font  sainnier  à  buliot , 
Ne  sevent  l'eure  qu'ens  el  bot 
Son  enbatut  où  li  Vilains 
Chaï  dont  or  vos  contai  ains. 


DU  RENART.  3i 

Si  me  veil  or  atant  soufrir 
Et  à  Renart  m'estuet  venir 
Qui  Ysengrin  eut  délivré 
Ensi  con  je  vos  ai  conté , 
Dou  cep  où  il  fu  enbatus. 
83o     Ensi  com  il  les  saus  menus 
S'en  aloient  cou  democant 
Dou  Vilain  quil  orent  atant 
Laissié.  Mist  Renars  à  raison 
Ysengrin,  et  dist  :  compaignon. 
Avons  esté  moult  a  grant  tans , 
Mais  aincht  que  sace  de  cent  tans 
N'eut  povoir  de  bien  à  faire 
Com  jou  ai  ore,  si  repaire 
Del  tout  de  ma  mavaise  vie,  : 
840     Ne  cuer  jamais  avoir  envie 
De  maus  à  faire ,  jou  les  hé. 
Ysengrins  cou  a  escouté  , 
Si  cuida  pour  l'esperiment 
Dont  il  l'avoit  isi  briément 
Délivré,  que  il  déist  voir. 
Sire  Renart ,  vos  dechevoir 
Ne  veil  mie,  sachiés  de  fi 
Que  hautement  je  vos  merchi 
De  cou  que  vos  m'avés  liui  fait. 
85o     Renars  a  dit,  bien  por  mal  fait 
Doit-on  rendre  qui  seroit  saus  : 
Je  hui  Guidasses  iestre  asaus 


i  ROMAN 

De  çou  que  cuidiés  vos  euise 
Fait  trebuchier  dont  mespréific 
Se  preudom  fuse,  mais  je  non, 
Bien  i  parut  c'a  compaingnon. 
Et  pour  ami  vos  ai  tenu 
Et  pour  itant  un  saut  menu 
Me  faites  de  chi  au  Grenomaisnil , 

860     Se  vos  le  Roi  trovés  et  il 

Vos  demande  de  moi  manière , 
Querés  que  ne  savés  où  iere 
Pour  chose  nule  que  il  die. 
Et  d'autre  part  ne  cuidiés  mie 
Se  vos  oés  nient  murmurer 
De  celé  estoile  dont  parler 
M'oïstes  hui,  jà  mention 
Ne  faites  c'onques  le  grenon 
M'en  oïsiés  onques  movoir, 

870     Car  ne  vorroie  dechevoir 

Mon  singnour  en  nule  manière. 
Ysengrins  dist,  tout  ensi  iere, 
Renart ,  que  vos  ci  le  contés. 
De  lui  se  part  et  est  tomes 
Tout  droit  deviers  Grignomaisnil  ; 
En  chevauçant  se  pensa-il 
Que  désormais  se  vengera 
De  Renart  qui  tantes  fois  l'a 
Desbareté  de  son  afaire. 

880     Son  amii  vorra  à  chief  traire 


DU  RENART.  33 

Cornent  qu'il  aut  ne  cornent  voise: 
Dedens  son  cuer  forment  s'envoise 
Et  fu  moult  liés  en  son  corage , 
Car  onques  n'ot  véu  si  sage 
Que  se  compaigwe  à  Renart 
Eust  eu,  fîist  tempre  ou  tart, 
Qu'en  la  fin  ne  s'en  repentist, 
Dont  à  lui  méime  lor  dist: 
Moult  me  déduirai  ore  aise 

890     Se  jou  puis  fer  chose  qui  plaise 
A  mon  signor  Noble  le  Roi. 
Atant  s'en  vint  sans  tenir  coi 
Jusques  à  lui  et  li  a  dit: 
Sire,  par  foi  on  m'a  voit  dit 
Je  hui  matin  où  je  erroie 
Que  je  me  méise  à  la  voie 
De  venir  viers  vos  vistement. 
Cornent,  fait-il,  sont  nos  parent, 
Ysengriu ,  que  tu  ne  m'adaignes! 

goo     A  ques  letres  n'a  ques  ensaignes 
Sés-tu  que  je  te  mant  ensi? 
Par  foi,  sire ,  dist-il ,  jou  vi 
Je  hui  matin  Renart  venant 
De  ceste  part  moi  demandant 
Pour  Diu  se  de  moi  iert  noviele. 
Cornent  féist  savoir  c'a  ele 
*Que  moult  m'aviés  en  souspeçon 
De  Renart  qui  à  compaignon 
IV.  3 


3/,  ROMAN 

A  las  et  ne  fait  son  compère. 

910     Cornent,  dist-il,  en  quel  manerc 
Te  vorroi  de  çou  encoper? 
Sire ,  dist-il ,  j'ai  le  Sengler 
Juré  fiance  à  porter  foi, 
Si  fu  ensi  qu'entre  nos  doi 
Venimes  deviers  aus  ars 
Oîi  avoit  giut  l'Asne  et  Renars , 
Si  eurent  eut  parlement. 
De  coi  fu  çou?  mien  escient, 
Dist  Ysengrin  ,  jel'  vous  dirai. 

gao     Renars,  de  piecha  prové  ai , 

Fist  son  povoir  de  vos  deraetre, 
Por  coi  il  vos  peuist  hors  mètre 
De  vostre  Roiaume  demaine. 
Sainte  Marie  Madelaine! 
Dist  Nobles,  puet  çou  iestre  voirs? 
Ysengrins  dist ,  ausi  com  soirs 
Est  la  miudre  eure  que  je  sace, 
Renars  de  son  povoir  porcace 
De  l'Asne  faire  vo  singnour, 

gSo     De  çou  ne  veut  avoir  séjour 

Pour  home  qui  soit  el  Roiaume. 
De  cesti  chose  eut  Nobles  asme 
Et  en  entra  en  grant  riote. 
Lors  dist  Ysengrin  ça  tapote 
Et  me  jure  sour  tous  les  Sains 
Que  de  cesti  ne  parras  ains 


DU  RENA.RT.  35 

Devant  çou  que  t'en  aparrai. 
Sire ,  dist-il ,  en  covent  l'ai 
Sour  mes  ordene  et  sour  ma  piel. 

g4o     Et  jou,  dist  Nobles,  je  t'apicl 
Que  tu  mes  letres  et  mes  briés 
Porte  partout ,  n'aies  tes  pies 
Oiseus  itant  que  chascuns  sace 
Que  jou  H  mant  et  que  il  face 
Tant  pour  mon  bien  ou  par  cremour 
Que  il  soient  dedens  un  jour 
A  Malrepair  où  je  fui  nés , 
Car  là  vorrai  iestre  entières 
De  mes  amis  les  mius  vaillans , 

^5o     Pour  çou  que  j'ai  vescut  en  grans 
Honors ,  si  veil  povres  morir, 
Mais  ne  veil  Roiaume  tenir, 
Dius  fu  povres ,  et  jou  le  veil. 
Va  tost  et  ton  chemin  acueil , 
Ne  fine  j«i  de  chevauchier. 
Si  aies  fait  çou  que  te  cuer. 
A  Pentecoste  sont  li  jours 
De  ceste  chose  et  li  grans  Cors. 
Quant  Ysengrins  ot  et  entent 

960     Que  Nl^les  eut  tel  ensient. 
Si  cuida  bien  c'oï  noviele 
Avoit  de  l'estoile  taele 
.   Dont  Reuars  li  avoit  parlé. 
Sire ,  dist-il ,  dé  vo  barné 


36  ROMAN 

Avés-vos  bien  mestier,  je  croi , 
Car  mesme  Renart  dist  à  moi 
C'une  estoile  ert  aparue 
Par  coi  on  savoit  la  venue 
D'un  Roi  qui  à  venir  cstoit 
970     Qui  sour  tous  autres  regueroit. 
Cornent  Diable  î  di  me  tu  voir  ? 
Est-çou  achiertes?  Oïl  voir, 
Nel'  saviés  vos  ?  Je  par  foi  non , 
A  rat  n'en  oi  movoir  grenon 
Qui  m'en  euist  noviele  dit. 
Et  dont  avés-vos  l'apetit, 
Dist  Ysengrins ,  de  çou  à  fer 
Que  vos  volés  ciaus  asambler 
Qui  de  vos  tienent  tant  ne  quant? 
980     Ensi  me  vient  en  mon  samblant, 
Si  n'est  mie  sans  aucun  muef. 
Et  jou ,  dist  Ysengrin ,  me  muef. 
Lors  est  montés  et  si  s'en  va 
Com  cil  qui  mie  ne  cuida 
Jà  avoir  fait  asés  h  tans. 
Ijors  traviersa  maint  plusor  clians 
Soi  merveillant  de  l'aventure 
Dont  il  pas  ne  s'aséure# 
De  chevauchier  pour  cest  afaire , 
(jgo     Car  il  li  covenoit  atraire 
Amis  en  ceste  chevaucie. 
Bien  vit  que  por  nient  n'a  mie 


DU  RENART.  37 

Li  Rois  cest  veu  encomencié. 
Dont  ne  laissa  bois  ne  plaiscié , 
Haie  ne  champ,  trau  ne  buison 
Qu'il  n'ait  partout  dit  sa  raison 
Pour  coi  li  Rois  à  tous  nonchoit 
Que  chascun  d'iaus  par  non  mandoit. 
Quant  il  eut  à  tous  dit  et  fait 

1000     Çou  por  coi  li  Rois  eut  ce  plait 
Encomencié,  si  s'avisa 
Coment  il  en  esploitera, 
Car  il  seut  bien  Renart  n'avoit 
Coupes  de  çou  qu'il  l'encoupoit. 
A  l'autre  les  non  ot  li  As  nés 
Por  coi  porroit  avoir  bien  hlasmes 
De  cest  emprise  et  de  cest  plait , 
Car  n'avoit  gaire  que  il  fait 
Avoit  por  lui  chose  à  ami 

1010     Dont  il  penser  ne  deut  viers  li 
Vilonie  ne  traïson. 
Moi  n'en  chaut  ;  c'afiert  à  gloton 
De  mal  rendre  por  bien  à  faire 
Ou  quel  tel  bien  ne  li  lut  faire 
Fors  por  moi  mètre  à  sa  cordiele. 
Ensi  Ysengrin  se  rapide 
A  sa  nature  et  à  son  droit. 
Tant  a  aie  que  de  lonc  voit 
Venir  Renart  grant  aléure  : 

1020     Bien  sambloit  qu'il  ne  s'aséure 


3g  ROMAN 

De  la  chace  au  Conte  Deslaiides. 
Formens  estoit  sans  faire  eschandes 
Des  chiens,  si  se  mist  un  pendant. 
Ysengrin  li  vint  au  devant 
Et  li  dist  :  Renars,  bien  vingniés, 
N'est  ore  poins  que  vos  r'aiiés 
Ma  response.  Biaus  chier  compère , 
Alons  nos  ent,  vès  ci  Tempère 
De  chiens  qui  vive.... 
io3o     Dont  nient  autre  que  cil  doi 
Se  misent  huers  de  la  riote 
De  ciaus  où  laisié  lor  cote 
Euisent,  se  il  destorné' 
'Nés  fusent.  Dont  a  conté 
Ysengrin  à  Renart  l'afaire 
Auques  priés  de  cou  qu'il  vait  querre 
Et  cornent  au  Roi  vint  et  mut 
La  parole  por  coi  se  mut 
D'aler  isi  c'avés  oït. 
1040     Par  mon  chief.  Dans  Renart,  a  dit 
Ysengrin,  je  vos  ferai  Roi 
Cui  qu'il  empoist,  à  cou  que  voi. 
Vos  iestes  sages  et  viseus, 
Mais  ce  me  dites ,  est  oiseus 
Mesire  et  a  pau  de  maisnie. 
Oïl ,  dist-il ,  ne  doutes  mie 
Que  jou  cuit  qu'il  soit  ore  au  lit  ; 
Couchiés  malades,  sans  délit 


DU  RENART.  39 

Je  laissai  n'a  hui  que  trois  jours. 
io5o     Aies  à  lui,  c'est  vostre  honours 

De  lui  porter  or  compaingnie 

Tant  com  il  nos  sera  en  vie. 

Partons  li  foi  et  loiauté , 

Car  je  me  dont  en  vérité 

Qu'apriès  lui  porons-nos  avoir 

Encor  piour  au  dire  voir. 

Jà  pour  cou  nel'  lairai  au  dire 

Que  vos  ore  m'en  ferés ,  sire , 

Ce  véistes  en  vo  gabois. 
1 060     Ha  !  Ysengrin  ,  con  t'ies  revois , 

Fel  et  cuviers  quant  biaus  atrais 

De  biel  parler  ne  de  bons  fais 

Ne  te  puet  à  cou  amener 

Que  tu  puisses  oïr  soner 

Un  seul  mot  se  retraite  non. 

Voir5  est  movoir  estuet  grenon 

De  legier  cui  la  lepe»pent  : 

Ne  t'ai  pas  paiié  isiment 

Tous  jours  corne  tu  m'as  paiié. 
1070     Cornent,  Renart,  as  ce  songié  ? 

Or  voi-jou  que  m'as  reprové 

Le  bienfait  dont  m'avés  jeté 

N'a  mie  grant  tierme  au  jour  d'ui. 

Quant  vos  autant  vos  di  d'anui , 

Fait  Renart,  si  me  reprovés 

Vos  biens  fais,  jà  n'en  aiiés  grés 


4o  ROMAN 

De  moi ,  car  je  le  veil  ensi. 
Atant  chascuns  se  départi 
Ausi  corne  par  inaltalent. 

io8o     De  maintenant  Renart  descent 
D'une  montaingne  où  il  estoit , 
Un  chastiel  vit  où  il  avoit 
Jacobins  et  Frères  Menos  : 
De  maintenant  vint  au  Prious 
Et  li  proia  pour  Diu  le  dras, 
Car  grant  pièce  avoit  esté  cras 
De  mais  morsiaus  et  de  mesdis. 
De  traïson  ert  ses  avis , 
Tous  jours  avoit  mené  tel  vie. 

1090     Li  Prious  maintenant  envie 

Eut  del'  reçoivre,  mais  non  fist 
Sans  conseil ,  ains  illuec  li  dist  : 
Renart  biau  frece,  or  te  tien  chi, 
Ne  porroie  fer  cesti  chi 
Sans  le  conseil  tous  de  nos  frères  ; 
Jou  vois  à  iaus,  mais  se  tu  ères 
Repentans  et  ieslre  preudom , 
Je  vos  feroie  vrai  pardom 
De  tous  pechiés  parfitement. 

noo     Sire ,  dist  Renart,  autrement 

Ne  cuer-jou  chose  que  demant. 
Li  Prieus  de  lui  maintenant 
Se  départ  et  vint  en  chapitre. 
,     lies  frères  tous  cestui  chapitre 


DU  RENART.  /»i 

A  encomenchié  à  desclore. 
Singnor,  le  tans  que  jou  voie  ore, 
Est  moult  mués  puis  que  premiers 
Ne  fui  au  siècles  escoliers. 
Jadis  li  siècles  estoit  teus 

II 10     Que  moult  troviens  poi  sienteus  : 
Le  siècle  or  est  plains  de  barat , 
Nus  ne  vaut  rien  sans  sain  ^e  cat , 
Ou  de  Renart  sache  parler, 
Aveuc  cou,  s'il  n'en  seit  user, 
Pau  doit-on  entendre  à  ses  dis. 
Jel'  di  pour  cou  nus  hom  mendis 
Ne  puet  au  jour  d'ui  porfiter 
Se  de  barat  ne  set  ouvrer; 
Et  nous  tuit  soumes  mendiant, 

II 20     Par  coi  ne  porons  tant  ne  quant 
Recovrer  se  barat  n'avons 
O  nous,  par  coi  nos  le  tenons. 
A  ami  et  il  nos  menra 
Par  tout  le  mont  et  conduira 
Devant  Rois  et  devant  Contours. 
Se  chiaus  avons ,  çou  est  la  flours 
De  tout  le  mont,  je  vos  afi , 
Car  dou  clergié  d'iaus  tous  de  fi 
D'Apostoile,  de  Chardonaus, 

1 1 3o     Des  Archevesques ,  nus  de  chiaus 
N'ara  si  hardi  pour  le  nés 
Qui  contredie  en  ces  renés 


4a  ROMAN 

Chose  mile  que  veulliens  dire, 
Et  pour  itant  vos  viel-jou  dire 
Que  li  meillour  clerc  sont  o  nos. 
Ne  nos  faut  el  entre  nos  tous 
Fors  que  Renart  à  compaingnon. 
Aions  d'ore  en  avant  paingnon, 
Et  pains ,  fouache  et  encor  vins , 

1 140     Poisons  de  mer,  tenres  pouchins, 
Lus  et  saumons  et  veuisons 
Ne  nos  faura  tant  que  l'aions 
Avenques  nos,  ce  sachiés  tuit. 
Ou  jà  sachiés  n'arons  refuit 
Pour  chose  nule  que  nus  sache, 
Tant  meste  qu'il  veule  la  chace 
Corte  et  estroite  à  poil  locu 
Ne  die  hien  de  Fernagu , 
Ne  de  Guilliaume  au  cort  nés, 

ii5o     De  Saint  Jehan  qui  décolés 

Fu  pour  voir  dire  et  mis  à  mort. 
Ne  pour  Jhesu  qui  fu  à  tort 
Mis  en  la  crois  pour  nos  pechiés. 
Avant  cascuns  tous  depechiés 
Seroit  que  nous  puissons  durer. 
Se  Renart  n'avons  au  disner 
Et  à  toutes  eures  dou  jour. 
Entré  somes  en  grant  dolour, 
En  grant  paine  somes  entré 

1160     Se  Renart  n'avons  encontre. 


DU  RENART.  43 

Par  coi  o  nos  frère  se  tengne 
Et  dou  barat  cascun  aprengne. 
Sire  Prieus ,  dit  uns  conviers , 
Nos  mie  ne  sons  si  parviers 
Que  se  Renars  les  dras  voloit, 
Que  chascuns  moult  liés  en  seroit. 
Oïl ,  par  foi ,  dist  li  Prieus , 
A  la  porte  est  moult  covoiteus 
Que  il  o  nos  peuist  viertir 

1170     Et  ses  grans  pechiés  èspanir  : 
Les  dras  demande,  et  je  vos  lo 
Que  vos  comenchiés  un  seul  po, 
Sire  chantres ,  le  Te  Deum. 
Qui  donc  oïst  com  à  haut  ton 
Cil  qui  fu  liés  l'encomença, 
Et  li  Prieus  dont  pruech  ala 
Renart,  mais  il  ne  l'a  trové, 
Dont  l'a  au  portier  demandé. 
Et  il  dist  ç'à  frères  Menors 

1 180     S'en  ert  tornés  tout  le  grant  cors. 
Quant  cou  entent  li  Jacobins , 
Arriéré  tome  tous  enclins 
Et  abaubis,  ne  doutés  mie, 
Si  trova  que  cil  à  grant  hie 
Cantont  de  çou  qu'il  n'orent  pas. 
Singnor,  dist-il ,  n'est  mie  gas, 
Renart  nos  est  ore  eschapés. 
Coment,  Diable!  par  quel  maufés 


h\  ROMAN 

Nos  en  est-il  si  avenu  ? 

1190     Dist  li  Prieus,  moi  dechéu 

Me  tieng  c'onques  m'en  conseillai , 
Et  nonpourquant  bien  proverai 
Que  pour  çou  pierdre  nel'  devohs 
Se  de  no  bien  nos  conseillons. 
Maintenant  li  Prieus  s'en  va 
Droit  as  Menors ,  si  trova  jà 
C'on  ot  viesti  Renart  la  cote. 
Li  Prieus  dist  qu'en  grant  riote 
Les  avoit  mis ,  car  il  laiens 

1200     Ne  demorroit  jà  à  nul  tens, 
Car  il  le  dévoient  avoir. 
Li  Gardiiens  dist  pou  povoir 
Que  Jacobin  peuissent  faire, 
Renart  mais  d'iaus  ne  verroit  traire. 
Si  ferons ,  çou  dist  li  Prieus , 
Maintenant  remist  enlr'iaus  deus 
Renart  et  dist,  or  m'entendes, 
Bien  voi  sans  faille  que  tendes 
Cascuns  à  moi  fer  grant  bonor  : 

1210     Je  vos  dirai,  icest  estour 
Départirai  asés  briément, 
Il  iert  ensi  ne  autrement 
Que  jou  dirai  je  veil  qu'il  soit. 
Chascuns  a  dit  :  bien  soit ,  bien  soit. 
Et  jou  veil ,  dist  Renars ,  ma  cote 
Soit  partie,  et  harligote 


DU  RENART.  /,5 

D'une  chape  à  Jacobin , 

Et  par  itant  cestui  hustin  z 

Partirai ,  que  g'iere  d'andeus , 
I220     Jacobins  et  Frères  Meneurs. 

Par  Sainte  Crois  nos  le  gréons 

Et  par  itant  ami  soions 

D'ore  en  avant  à  tous  jours  mais. 

Ensiment  fu  faite  la  pais 

Des  Menors  et  des  Jacobins, 

Si  jurèrent  jamais  hustins 

Ne  moveroient  entr'iaus  deus 

Tant  que  Renart  seus 

En  rOrde  n'aront-il  regart, 
i23o     Mais  qu'il  honeurent  bien  Renart, 

Et  il  si  fisent  longuement. 

De  l'un  à  l'autre  bonement 

Aloit  Renart ,  et  lor  aprist 

Cornent  cascuns  se  maintenist 

En  Cours  de  Contes  et  de  Rois. 
♦       Tous  les  maintiens  et  les  conrois 

Lor  aprist  Renars  en  un  an  ; 

Mainte  paine  et  maint  ahan 

I  mist  cascuns  ains  que  seuist 
1240     Coment  cascuns  se  maintenist 

Quant  il  estoit  venus  à  Court. 

Que  vos  diroje?  chascun  court 

Tenoit  Renars ,  ne  déist  mie 

Qu'entr'iaus  éust  jà  esté  mie 


/,6  ROMAN 

S'il  ert  ensi  c'on  le  demant. 
Voirs  fu ,  bien  tinrent  ce  conmant 
Et  encor  font ,  et  iert  ensi 
Que  jamais  jour  n'iere  jhehi 
Conques  en  ordene  de  prêcheur , 

!io5o     De  Jacopin,  Frère  Meneur 

Renars  n  entra  ne  fist  estage  ; 
Si  ont  bien  droit  et  font  que  sage , 
Car  il  ensi  Torent  covent. 
Mais  lors  ne  demoura  granment 
Quant  congié  prist  à  lor  Prious 
D'aler  visiter  l'orgueillous 
Noble  le  Roi  qui  ert  enfers. 
Lors  s'atorna  corne  grans  clers 
Et  prist  o  soi  l'un  de  lour  frères. 

1260     Tant  ont  aie  que  lor  meneres 
Les  a  mis  en  la  Court  au  Roi. 
Bien  se  contint  Renars  en  soi 
A  loi  d'ome  relegieus. 
N'estoit  par  samblant  orgueilleus, 
Mais  simple  et  dous  et  debonaire , 
Dont  ne  sevent  arrière  traire 
Que  viers  la  chambre  ne  soit  trais 
Dou  Rois  où  il  avoit  grans  fais 
De  barons  qui  erent  venu- 

1270     Li  chambrelench  ojit  contendu 
De  Renart  fer  parler  au  Roi  : 
Nomini  Dame  tenés  coi , 


DU  RENART.  ^    47 

Singnor ,  qu'est  or  ce  que  vous  dites  ? 
Jà  somes-nos  venu  tout  cuites 
Pour  mon  singnor  doner  santé. 
Quant  içou  orent  escouté 
Li  baron  et  li  huiséour. 
Si  les  mainent  à  lor  singnor. 
Renars  a  dit  :  sire ,  bon  jour 

1280     

Vos  doinst  cil  qui  por  nos  morut  ! 

Singnor,  dist-il,  et  grant ' 

Vos  aiiés  !  quel  gent  iestes-vos  ? 
Sire,  fait  l'uns,  c'est  li  Prious 
Des  Jacobins  de  Saint  Ferri. 
Singnor,  dist-il,  votre  merci, 
Joians  sui  de  vostre  venue. 
Renars  a  dit  :  t^us  au  main  sue , 
Sire  Rois ,  qui  à  viespre  a  froit , 

lago     Ausi  vos  di  que  teus  a  droit 
Qui  à  le  fie  chiet  en  tort , 
Et  teus  cuide  veillier  qui  dort 
En  son  pechié  so ventes  fois. 
Pour  çou  vos  di,  biau  sire  Rois, 
Que  vos  gardés  à  vos  méismes, 
Car  nos  avons  véu  les  singnes 
Que  morir  vos  covient  vias. 
Sainte  Marie ,  jou  à  gas 

■  Il  manque  un  mot  ici. 


48  ROMAN 

L'avoie  dit  n'a  pas  grannient , 

i3oo     En  non  Diu,  sire,  autrement 
Est  ore  que  vos  ne  cuidiés , 
Jours  va  et  nuis,  mais  li  pechiés 
Demeure  à  celui  qui  le  fait.  ' 
Por  Diu  gardés  coment  il  vait 
Entre  vos  et  nostre  Singnor. 
Sire ,  fait-il ,  j'ai  grant  paour 
De  cou  que  vos  m'aies  disant. 
En  non  Diu,  sire,  j'en  sai  tant, 
Que  morir  vos  covient  sans  doute 

i3io     Lendemain  de  le  Penteeoste. 

Dont  me  dites,  fait  donc  li  Rois, 
Biau  sire  chiers,  et  que  sa  vois. 
Dites  le  moi  par  coi  le  sace. 
Ou  se  çou  non,  je  veil  c'on  face 
De  vos  ausi  com  traïtour. 
Renars  a  dit ,  devant  le  jour , 
Biau  sire  chiers,  le  vos  dirai 
Et  aveuch  çou  le  mosterai 
Par  droit  art  de  astrenomie. 

i32o     Dont,  dist  li  Rois,  que  ch'iert  maistrie. 
Si  ont  atendu  de  ci  là 
Que  sour  le  jour  aparu  a 
Veneris  une  esloile  clere, 
Grans  à  merveille,  car  tans  ère 
Qu'il  faisoit  biel  en  plaine  lune. 
Lors  fu  li  Rois  et  sa  coumune 


DU  RENART.  49. 

Apareillié  de  cou  véoir, 
Dont  fist  Renart  ester  pour  voir 
Que  cou  fu  singnes  de  Roi  pierdre 
i33o     Et  d'autre  gaingnier  et  acuerre. 
Lors  eut  Renart  bien  aprové 
Cou  qu'il  li  plot ,  car  alité 
A  si  le  Roi,  qu'il  dist  qu'il  muert. 
Confiesion  pour  Diu  recuert, 
Car  morir  veut  honiestement , 
Povres  et  nus  et  saintement 
Ausi  come  font  maint  prodome. 
Renars  dou  tout  à  cou  s'adone 
Que  il  moult  bien  l'a  confiesé , 

i34o     Apriès  li  a  moult  demandé 

Liques  des  Barons  seroit  Rois  ; 

Et  il  dist  que  li  plus  cortois, 

Li  mi  us  faisans,  li  plus  hardis 

C'est  li  Lupars  à  son  avis. 

Ha!  sire  chiers,  cou  dist  Renars, 

A  cou  mie  li  vos  esgars 

Ne  doit  iestre,  mais  esgardés 

Un  home  sage  qui  sénés 

Soit  et  soutius  et  enginneus , 

i35o     Par  coi  conoist  malesieus 

Quant  il  de  cou  se  vient  aidier. 
Sire ,  tout  çou  a  bien  mestier, 
Car  nos  trovons  el  livre  d'Orche, 
Mius  vaut  engins  que  ne  fait  forche, 

IV.  4 


5o  ROMAN 

Car  engins  à  la  fois  le  met 
Où  sa  force  bien  le  démet  : 
On  dist  que  force  le  prepai^t, 
Mais  de  force  moult  sovent  naist 
Guerre  qui  mal  est  maintenue 
i36o     Don  Lupart  an  sovent  vcue 

Que  quant  il  faut  à  proie  prendre , 
Que  sa  valours  en  est  moult  mendre. 
Un  autre  en  nemès,  sire  Rois, 
Car  cil  n'est  preus,  ice  sachois. 
Ha!  sir<f,  un  vos  nomerai; 
Ne  cuit  el  mont,  si  com  jou  sai, 
Si  faus,  mais  trop  par  est  soutins 
Et  de  son  preu  faire  ententius; 
N'est  rien ,  s'il  le  vieut  achiever, 
1870     C'a  chief  n'en  vigne  au  paraler. 
Ha!  dist  Renars,  celui  lo-jou , 
Honeur  et  croi  et  vorroi-jou 
Que  bien  sans  mal  li  avenist. 
Qui  est-il  or?  Et  il  li  dist: 
C'est  Dans  Renars ,  bien  l'os  nomer  ; 
N'a  home  nul  deçà  le  mer 
Si  l'acuelloit ,  qu'il  au  desous 
Ne  la  méist,  tant  fust  estons, 
Preus  ne  hardis ,  crues  et  fiers  : 
i38o     Moi  méimes  où  jamais  jsiés 

Fait-il  sovent  mon  cuer  trambler. 
Par  Sainte  Crois ,  celui  à  ber 


DU  RENART.  5i 

Tieng-jou.  Qui  est-il ,  biaus  dous  sire  ? 
Nel'  savés-vos  ?  Jou  non  sans  dire , 
Fait-il,  et  qui  le  m'aroit  dit? 
Par  foi,  fait  li  Rois,  d'apetit 
Le  saroit  chascuns  qui  m'oroit. 
Biaus  sire  chiers ,  nos  orendroit 
Qui  somes  en  relegion , 

1 390     Ne  savons  mie  le  rênon  ' 

Qui  ore  ceurt  par  le  paiis, 
Et  pourtant  n'ai-jou  mie  apris 
Qui  cil  est ,  se  n'est  Cointeriaus 
Li  Singes  qui  est  moult  isniaus 
En  pourchachier  cuivert  malisse. 
N'est  mie  cil  par  Saint  Meurisse , 
Renars  a  non  en  droit  baptesme; 
Par  fin  covemt  d'oile  et  de  cresme 
Ne  fil  onques  hom  preseingniés 

ï4oo     Qui  de  noviel  mal  ne.de  vies 
Seuist  tant  come  Renars  fet. 
Ha  !  sire  Rois ,  cil  trop  mefet 
Qui  sour  autrui  met  nesun  blasme 
Dont  en  la  fin  puist  avoir  asme 
Nus  prodom  qui  a  bien  entende  : 
Car  nos  trovons  de  cesti  même  ' 

C'on  a  envie  sour  les  bons 
Plus  asés  que  sour  les  félons. 
Et  pour  itant  cuit-jou  savoir      * 

14 10     Que  qui  vorroit  dire  le  voir, 


5î  ROMAN 

Renars  est  dingnes  d'ieslre  Rois, 
Plus  qu'il  est  sages  cest  cortois, 
Puisqu'il  est  sages,  il  est  biaus, 
S'il  est  sages ,  i!  est  isniaus. 
Sages  doit  bien  iestre  bardis, 
Cortois,  larges,  amanevis  : 
Preus  conquerans  doit  sages  iestre , 
Si  fais  Princes  doit  bien  Rois  iestre 
Et  si  iert-il ,  jeF  sai  de  voir, 

i/jaô     Si  vos  pri  que  le  puise  voir, 

Biau  sire  cbiers,  ains  que  m'en  voise. 
Li  Rois  a  dit  :  forment  me  poise 
Que  Vos  ne  l'avés  pas  véu  ; 
Roviel  Timer,  di ,  où  ies-tu  ? 
Fai  moi  savoir  où  est  Renars. 
S'il  est  cbaiens,  moult  est  musars 
Quant  il  ne  vient  là  où  je  sui. 
De  maintenant  n'i  ot  refui , 
Que  li  buisier  ont  demandé 

i43o     Se  nus  savoit  de  vérité 

Que  Renars  soit  encor  venus. 
N'i  ot  nul  d'iaus  qui  ne  fust  mus, 
Car  il  la  noviele  n'en  savoient, 
Ançois  as  osteus  demandoient 
S'ert  nus  noviele  de  Renart. 
Onques  tempre  matin  ne  tart 
Ne  peut-on  oïr  où  il  ert , 
Car  de  nul  liu  il  ne  s'apert. 


DU  RENART.  5Î 

Dont  seut  li  Rois  et  oi  dire 
tlflio     C'on  ne  sa  voit  vent  ne  espire 

De  lui ,  car  encor  n'erent  tuit 

Venu  à  Court,  si  eut  refuit, 

Ne  Ysengrin  à  l'autre  lés 

N'estoit  mie  encor  retornés 

D'iaus  à  soumonre  par  habet. 

Que  vos  diroie  dou  vallet , 

Fait  li  Rois ,  fors  que  au  besoing 

Ne  me  fu  onques  Renars  loing  ; 

•Mais  quant  mestier  jou  ai  de  Ivii , 
i45o     Dont  se  meit-il  en  mon  defui. 
Ha  !  sire  Rois ,  ce  niar  i  dites  , 
Vos  iestes  confiés  et  tous  cuites 
De  vos  pechiés ,  mais  que  pardon 
Fachiés  à  tous  ,  car  sans  raison 
Onques  Renars  ne  demoura. 
Puet-il  bien  iestre  quant  il  sara 
Vostre  malage  et  vostre  anui , 
N'i  ara  plus  dolant  de  lui  ; 
Et  s'il  le  sait,  puet-il  bien  iestre 
1460     Qu'il  pourcliace  qui  porra  iestre 
Rois  apriés  vos,  ou  vo  mecine 
Cuert  et  pourcace  bone  et  fine 
Qui,  s^Diu  plait,  de  vo  santé 
Prendera  raanaie  et  pité. 
Sire,  bien  dites  et  jou  le  lo. 
Or  vos  prechiés  un  tout  seul  po> 


54  ROMAN' 

Car  grant  mestier  nos  est  par  foi , 
Car  poi  savomes  de  la  foi 
Com  cil  qui  ne  l'avons  apris. 
1470     Renart  respont  com  bien  apris  : 
Sire ,  or  vos  fist  icil  parler 
Qui  ciel  et  tiere  fist  et  mer, 
Oisiaus  et  biestes,  darains  home; 
Sans  doute  plus  noble  persone 
Ne  fist-il  pas,  ce  sevent  tuit. 
Si  prions  Diu  où  no  refiiit 
Sont,  qu'il  me  doist  teil  chose  dire 
Dont  il  soit  mius  a  tout  l'empire 
Et  à  nos  même  qui  ci  sons 

i/i8o     Et  pour  itant  cascun  dirons 
La  patrenostre  et  le  Credo. 
Par  foi,  dist  cascuns ,  jou  le  lo. 
Singnor,  dist  Renars ,  j'ai  le  reume  : 
Or  entendez  cascuns  mon  teusme , 
Cai'  tuit  sachiés  grant  sens  i  a 


Nate  au  bant  nate  au  leson 
Et  dele  au  lit  sia. 
Geste  parole  nos  trovons 
1490     En  moult  de  lius  où  nos  alons. 
Qui  senefie  povreté,        ^ 
Méime  en  no  maison  trové 
J'ai-jou  sovent  et  plusors  fois. 
C'est  en  nos  lis  et  en  dortoirs , 


DU  RENART.  55 

Au  mostier  et  en  no  chapitre , 
En  tous  les  leus  où  on  habitre, 
Dedens  maison,  nés  sor  les  bans, 
Que  nates  gisent  de  tous  sens. 
De  nate  fu  Sains  Paus  viestus 
1 5oo     Et  Sains  Jehans  qui  or  lasus 
Veist  robe  d'or  Emperial. 
Singnor,  ne  tenez  mie  à  mal 
Se  je  vos  prece  povreté  , 
Jou  di  pour  voir  et  est  prové 
Par  Evuangiles  en  no  loi 
Que  cil  qui  ne  portera  foi 
Au  vrai  povre ,  en  paradis 
N'entrera  j'à  ne  mors  ne  vis  ; 
En  paradis  jà  n'enterra 

i5io     Qui  en  soi  povreté  n'ara. 

Qui  n'amera  vrai  povre  ausi , 
Jà  Dius  de  lui  n'ara  miercbi. 
Qui  le  povre  heit  et  despite, 
Soi  mime  de  Diu  se  respite  : 
De  Diu  se  respite  sans  faille 
Qui  dist ,  dou  povre  ne  me  caille  ; 
Qui  dou  povre  ne  fait  amor, 
Jà  n'ara  enviers  Diu  honor. 
Et  pour  itant  que  senefie 

i52o     Povreté?  nate,  si  vos  die 

Que  nos  somes  frère  Menor 
Par  povreté,  non  sans  honor. 


56  ROMAN 

Par  povreté  sons  Jacopin 
Par  nate  c'avons  à  voisin. 
Nates,  singnor,  ne  haés  pas, 
Car  ens  eschius  est  grans  solas. 
Sains  Martins  dont  trovons  lisant , 
Trovoit-on  moult  sovent  gisant , 
Dedens  nates  faisoit  son  lit 

i53o     Où  il  avoit  povre  délit, 

Fors  tant  que  pour  Diu  le  faisoit 
Pour  çou  que  il  de  fi  savoit 
Que  povretés  ert  li  solas 
De  paradis  et  li  estas. 
De  paradis  sachiés  trovons 
Que  povretés  en  est  li  pons , 
Ne  par  aillours  aler  n'i  puet 
Nus  hom  qui  jà  aler  i  vuet  ; 
Par  povreté  très  bien  se  gart 

i54o     Cornent  paser  en  celui  gart 
Qui  enclos  est  de  feu  argant. 
Cil  n'est  de  fin  or  ne  d'argant, 
De  riches  pieres  ne  de  dras, 
De  viandes,  de  morciaus  cras, 
De  vins  d'Auchoirre  ne  de  Biaune  y 
D'escarlate,  de  piers  de  gaune, 
De  vert  de  Gant  ne  de  Douai , 
Ne  des  camelins  de  Cambrai. 
De  pênes  de  vair  n'i  a  nule , 

i55o     De  gris  de  martre  ne  d'estule  , 


DU  RENART.  57 

De  poupes  ne  d'escurieus 
N'i  a  nule  si  curieus. 
Tous  est  li  pons  fais  si  estrois 
Que  nus  n'i  passe  qui  destrois 
Ne  soit  avant  qu'il  l'ait  p.assé. 
Moult  le  covient  iestre  lassé 
Avant  qui  vingne  en  cest  gardin 
Où  Cordelier  et  Jacopin 
Venront  par  vraie  povreté  : 

1 56o     Car  bien  sachiés  en  vérité 

Leur  osteus  est  si  porpendus 
Par  bans ,  par  sieles  sus  et  jus 
De  nates  et  de  povretés 
Que  on  puet  dire  en  povretés 
Sont  celé  gent ,  et  vos  soies , 
Biau  singnor,  cascuns  avoiiés 
De  povreté  à  rechevoir. 
Si  voirement  com  jou  di  voir 
Si  vos  otroit  cil  Dius  s'amour, 

iSyo     Qui  nos  doinst  ci  apriés  singnor 
Qui  nos  tingue  en  vraie  justice  ; 
Et  cascun  de  nos  si  s'afice 
De  prendre  home  qui  sages  soit, 
Par  coi  de  son  sens  nos  porvoit 
A  cou  qu'il  sace  et  conoise 
Le  malisse  et  li  griés  noise 
Qui  aujourd'ui  va  soumeillant 
Le  père  encontre  l'enfant , 


S8  ROMAN 

Et  l'enfant  encontre  le  père , 
i58o     Le  mère  encontre  le  compère, 
Le  cousin  contre  le  parent 
Voit-on  maintenant  moult  sovent 
Entreprendre  et  cuerre  manière 
Goment  on  puist  Tun  traire  arrière 
Pour  soi  méime  avant  bouter. 
Ne  chaut  aucuns  qui  puist  vierser 
Mais  qu'il  même  demeure  droit. 
Li  pluisour  d'ui  soit  tors  ne  droit 
Veulent  lour  lingnage  avanchier  ; 
iSqo     Jou  voi  sovent  d'aucuns  princhier 
Qui  mariages  font  de  gens 
A  ciaus  qui  sont  de  fors  parens  , 
Et  font  aloianclies  et  fois 
Pour  autrui  mètre  en  defois 
Son  iretage  ou  son  eschance 
Dont  à  la  fois  ont  meschéancc. 
De  là  lour  maus  hiretemens 
Dont  autrui  deshiretemens 
Est,  si  se  dampnent  morteilment , 
1600     Car  tele  lois  cascun  jour  ment. 
Quiconques  soit  icil  ne  celé 
Qui  autrui  tout  Dame  ou  pucielo 
Chose  qui  li  doie  eschéir  , 
Par  teil  afaire  départir 
Le  doit  Jhesus  del  iretage 
De  paradis  de  haut  estage 


DU  RENART.  Sg 

Oii  nos  tuit  là  soumons  soions. 

Prions  Diu  en  cui  tous  li  mons 

Doit  avoir  fiance  de  bien, 
1610     Qui  nos  doinst  singnor  terrien 

Où  vos  puissiés  tuit  vivre  en  pais, 

Les  bons  tenir  et  les  mauvais 

Conviertir  à  la  vraie  foi, 

Si  voirement  com  jou  vorroi 

Que  vos  croire  me  vausisiés, 

Et  jou  je  cuit  si  bien  fériés 

Que  vos  au  lonc  n'i  perdriés  jà. 

Adont  chascuns  haut  s'escria. 

Sire,  pour  Diu  or  nos  donés 
^620     Singnor  par  si  que  se  només 

Home  qui  vaille,  chiert  nos  los. 

Singnor,  dist-il,  ne  sui  si  sos 

Que  je  jà  face  tel  folie. 

Hom  sui  d'Ordre,  ne  conois  mie 

Tous  chiaus  qui  plus  prodome  sont  ; 

Mais  d'une  chose  vous  soumont, 

Aies  ensamble  à  parlement 

Par  si  que  cascuns  son  talent 

Die  et  nome  en  son  avis 
i63o     Un  prodome  sage  et  rasis. 

Qui  sage  de  guerre  et  des  lois, 

Par  coi  soit  dingnes  d'iestre  Rois, 

Et  se  je  vos  puis  adrechier. 

Ne  m'en  covient  mie  priier. 


6o  ROMAN 

Car  tous  renbrachiés  je  veil  iestre 
A  ce  conseil  et  à  cel  iestre. 
Li  Rois  a  dit  :  par  Diu,  biaii  frère, 
Moult  iestes  sages  !  Cil  bien  lerre 
Seroit  qui  ne  vos  enkerra , 
1 640     Et  jou  de  moi  vos  prie  jà , 

Que  del  tout  je  rae  met  en  vos , 
Que  ma  parole  soit  en  vos 
Et  mes  povoirs  tant  com  je  vit; 
Si  n'est  pas  moult,  mais  moult  petit 
£n  regart  com  jou  ai  vescut. 
Geste  parole  a  moult  mut 
De  barons  en  plours  et  en  larmes. 
Que  vos  diroie?  N'i  eut  charmes 
Qui  i  valut  :  un  jour  ont  pris 
i65o     De  faire  Roi.  Renart  a  pris 

Congié  au  Roi  qui  moult  li  prie 
Que  pour  Diu  il  ne  laissast  mie 
Qu'il  ne  revigne  à  l'Ascension, 
Car  il  veut  c'a  l'eslexion 
Venist  et  fust  de  son  conseil. 
Renars  a  dit  :  jou  m'apareil 
Del  tout  à  faire  vo  siervisce. 
Grans  mierchis ,  frère,  et  je  sans  visce 
Vous  pri  pour  Diu  qu'en  vos  biens  fais 
1660     Me  metés  tuit  dès  ore  mais. 

Et  jou  si  fach ,  biau  sire  Rois. 
Atant  s'en  part  li  faus  renois, 


DU  RENART.  6i 

Et  n'ont  fine  tant  que  venus 

Sont  arrière  à  Frères  Menus. 

As  Jacobins  vint  la  noviele 

Gui  moult,  sachiés,  tinrent  à  biele 

Geste  besoingne  et  ceste  afaire. 

Si  me  veil  ore  à  tant  taire 

De  Renars  ici  orendroit. 
1670     A  Isengrin  revient  or  droit 

Li  Gontes  qui  ne  faut  ne  ment, 

Si  vos  dira  asés  briément 

Goment  il  depuis  esploita 

Qu'en  la  lande  Renart  laissa. 

Honour  doinst  Dius  à  cui  m'apui 

Tant  que  venir  peuisse  au  Pui 

Oîi  on  corone  les  biaus  dis  ; 

Mais  ne  sai  où ,  car  tous  mesdis 

Est  coronés  en  Gort  de  Roi , 
1680     Et  je  pour  cou  à  ce  m'apoi 

Que  pour  itant  que  coroné 

Sont  li  mesdit,  encore  né 

Ne  sont  pas  cil  qui  ont  corone 

A  ciaus  donnée  cui  jou  done 

Honor  et  pris,  sens  et  louenge. 

Dont  sont-il  mort?  Par  foi  ce  enten-ge, 

Gar  s'il  vescuisent,  jà  Renars 
N'euist  corone,  mais  mes  ars 
Est  jà  tendus  pour  lui  atraire 
1690     Une  corone,  où  maint  contraire 


6%  ROMAN 

Avoit  au  jour  dont  coronés 
Fu  cil  qui  puis  descoronés 
Ne  fu,  anchois  est  enforchiés 
Des  plus  vaillans,  des  plus  proisiés 
Qui  soient  en  tout  le  Roiaume 
Despuis  le  bon  Conte  Guillaume 
Sour  quel  piere  pris  fondement. 
Si  m'entendes  ore  coment 
Ma  matere  veil  atraper. 

1700     Ensi  com  m'oïstes  conter 

Des  remprosnes  Dant  Iscngrin 
Et  de  Renars  le  sien  voisin, 
Qui  onques  pais  n'orent  ensamble. 
Si  vos  dirai,  si  com  moi  samble, 
Com  Isengrin  se  départi, 
Mainte  contrée  puis  vierti 
Par  delà  mer  et  par  deçà. 
Que  vos  diroie?  Il  asambla  . 
Tous  les  barons  qui  Prince  furent 

1710     Des  biestes  qui  quatre  pies  urent 
De  cascune  manière  conte 
Ou  Duch  ou  Prince  mis  où  Conte 
En  romanch  ou  en  droit  latin , 
Pour  çou  que  toutes  ne  destin 
A  roumanchier,  c^r  ne  porroie 
Se  toutes  les  or  vos  nomoie; 
Et  nonpourquant  nomer  co vient 
Les  aucunes,  car  il  m'en  tient 


DU  RENART.  63 

Pour  cou  que  jou  en  ai  afaire. 
1720     A  l'Asne  primes  ine  doi  traire, 

Car  c'est  commencemens  par  A , 

Aper,  aloy,  anabula , 

Alches ,  ana  et  ahuné , 

Cil  furent  primes  asamblé. 

Bubalus  et  bouacus, 

Caius  ausi  et  camelus, 

Cama,  calopus  et  castor 

I  virent  à  l'autre  cor. 

Camelopredus ,  capra  i  virent , 
1730     Capriolus  vel  rubrica  s'i  cotint 

Moult  noblemerfl  aveuch  Cato 

Cefusa  ne  se  pris  à  po , 

CervuS  qui  revint  d'autre  part, 

Cimera  retint  en  sa  part, 

Et  autresi  cirogrilus  • 

Revint  aveuch  cuniculus, 

Cricetus  et  corocrotès , 

Catapleba  revint  apriès. 

Demma  dammul  à  grant  couvine 
ly/io     Ne  fisent  quant  duran  ravine 

D'une  contrée  deviers  Inde 

Daxus  elepbans  lor  asinde. 

Equum  cervum  à  l'autre  lés 

R'ont  eale  hemcire  amenés , 

Hamtra  ermatius  ausi 

Revirent  d'Ierminie  iqui. 


64  ROMAN 

Erminius  moult  noblement 

Vint  d'autre  part  à  moult  grant  gcnt. 

Furunculus  et  felena 

i<75o     Furious  aveus  amena. 

Fêles  fihge  grant  gcnt  a  voient, 
Glis  et  gali  les  conduisoicnt, 
Geneta  ,  guesses  n'i  faillirent. 
Quant  ibiches  devant  iaus  virent 
Et  ibidra,  istrix  ausi, 
Si  les  ont  de  cuer  conjoï. 
Apriès  ciaus  revint  spinosus , 
Hyena  s'i  est  embatus 
Aveuch  le  duc  leoparduni. 

1760     Lamia  qu'il  tint  à  barum, 

Tint  par  la  main  Dant  Lazani , 
Lins  qui  venoit  aveques  li , 
Ramenoit  tenant  licaon. 
Lupus  qui  j'apiel  en  sornon 
Isengrin,  venoit  en  lor  route. 
Lucius  qui  home  ne  doute 
Menoit  o  lui  leucroceca, 
Uns  riches  Cuens  dans  Locusta. 
R'avoit  ausi  biele  compaingne 

1.770     Leoncophana  qui  n'adaingne 
Home  nul  qui  li  puisse  vivre. 
Lepus,  lachtapon  lui  déduire 
Menoit  o  lui  à  grant  harnas 
Lucer  et  lucer  ne  fu  gas, 


y 


DU  RENART.  65 

Com  ch^y^çhoient  noblemenL 
Mulus  moj^è^e  î-QS  granmeafe^?-  , 
^  Ne  virent  mi;^  à  ,mains  de  l'ôteliï'-*^  Iv  *     ' 
Môlosus  sà'iriaisnie  toute         ^       '      ► 
R  avoient  pasé  le  grant  fluevè  ; 
1780     Maurice  Morion  recuevre 

Mancitora  de  sa  raâisnie,  * 

M^s  que  li  ber  n'oblia  mie, 
*  JV^mmonetus  le  duch  dou  Nil, 
Mi  gale  qui  t^voit'son  fil 
^    iTevenoit  tro  a  erant  beubant.   , 
Murilegus  tout  ausimant 
^  Vehoit  o  li  dant  mustela ,       , 
Mus  ejt  earum  gênera 
R'a voient  le,  camp  empli 
'790*    Quti  fie  omon  ne  feeut  o  li 
CJievauchièf  né  fust  onager. 
OnnocentaurUi^*tout  JTver 
Avoit  mis  derrier,  ce  dist-on  , 
Onrix  oraflus,  ce  dîst-on, 
Onvis  amenoient  o  eus 
Pardus  panthera  mie  sens  . 
Ne  venoient  quant  parader 
Pegasu?  pilosûs  en  l'er 
,       Fisent  voler  grande  porriere. 
i8oo     Pathio  putorius  manière 

Eurent  bien  de  faire  malisse. 
Pirorolus  par  son  grant  malisse 
IV.  5 


es  ROMAN 

Sailloit  de  toutes  par»  isnieJ 
Raugiver  simia  moult  biel 
Entre  tous  se  sorent  ^voir. 
Tygris,  se  je  dire  le  voir, 
D'orguel  passoit  tous  le  plus  fors, 
Taurus  H  bos  revint  si  fors 
*      Que  tous  les  rens  firent  pîbiier  : 
1810     Taurus  indie  fu  si  fier 

Que  nus  des  autres  ne  le  pase, 
Traméi  qui  avait  grant  mase 
De  gent ,  revint  de  l'autre  part. 
Tragelaphus  qui  bien  sa  part 
Tenoit  aveuch  trogoditré , 
Talpa  sour  le  destrier  monté 
Venoit  aveuch  unicornis, 
Ursus  vesoutes  et  urnis 
Demandoient  moult  Dant  Repart. 
1820     Varius  venoit  d'autre  part 

Soi  moult  démenant  à  Zibo  : 
Zubrones  tenoit  à  moult  po 
Que  ses  chevaus  dont  n'estantoit 
Et  pour  itant  derrains  venoit 
De  tous  chiaus  que  je  vos  ai  dit. 
Quant  tuit  se  furent  averit 
A  Malrenair  oii  li  Rois  èrt , 
Cascuns  âe  ces  à  lui  s'apert  * 
Devant  lui  av.  il  se  gisoit 
i83o     Moult  malades,  si  qu'il  paroit 


DU  RENART.  67 

A  son  iestre  et  à  son  viaire. 

Devant  parla  cil  qui  fu  maire 

De  celé  biele  compaingnie. 

Sire,  cil  Dius  qui  en  Marie 
,    Prist  car  et  sanc,  umanité, 

Vos  doinst  et  preite  si  santé 

Corne  vorroient  vostre  ami  ! 

Sire  Lupart ,  autel  vos  di , 

Di'st  lî^Rois,  et  puis  si^se  teut. 
1840     Apriès  cou  plus  tost  que  il  peut 

Cascuns  le  salua  isniel 
**  Et  dissent,  sire,  pas*moult  biel 

Ne  nos  est  de  vostre  malage. 

Sihgnor,  dist-il,  ice  bien  sa-ge; 

Grans  merchis,  et  vos  avés  droit, 

Car  ne  cui  mie  se  savoit 
^Cascuns  de  vos  com  j'ai  grant  paine 

Aucune  fois' en  mon  demaine 
*  Pour  vos  à  droit  tous  maintenir, 

î85o     Encore  ça  avant  souvenir  . 

Vos  porrbit  bien ,  se  jou  de  vos 

Faisoie  chose  que  estons, 
•  Mauvais  ne  fays  vos  doJnst  faire , 

Et  pour  itant  vos  covient  faire  ' 

Un  autre  Roi,  ear  jou  me  muir, 

Si  Vos  lairai  et  os  et  cuir 

Sans  arme,  qui  ne  vos  pora  ^ 

Pas  justichier  quant  tans  sera, 


68  ROIVJAN 

Des  outrages  ne  des  malfais , 

1860     Et  pour  itant  uns  R©is  soit  fait 
Qui  vos  sace  S^rou  maintenir 
Que  vos  savés ,  car  moi  morir  ^ 
Covient  à  ceste  Pentecoste  :  '         ^ 
Coi  qu'il  me  griet  ne  cui  qu'il  coste , 
Ne  m'en  puet  nus  cîoner  confort 
Que  jou  ne  me  rende  à  vo§  mort. 
Quant  chasfcuns  le  Roi  ènten^i , 
Si  lour  a  le  cuer  atenrj 
Et  soupirent  moult  en  parfont.     * 

1870     Li  auquant  merveille  duel  font  ; 
Cil  qui  l'amoient  durement 
Disent  :  sire,  or  va  malement 
A  vos  timis  et  au  joiaume  : 
Aisil  «tendoumes  pour  baume, 
Fiel  destempcé  arons  pour  mrel:^ 
Coment  -c  avingne  desou  ci^  * 
Ne  porroit-on  trover  vo  per. 
Et  si  plaingnoient  la  bon  ber 
Dant  Noble  le^^Lion  norois 

1880     Tant  qu'en  la  fin  fu  lor  corois 

Avisés  que  li  jours  dou  tieume    • 
Fu  venus  ;  e-me-vos  Dame  «lerme 
Feme  Renars  qui  à  Court  vint , 
Entre  ses  bras  Renardiel  tint* 
^    Qui  petis  ert  et  jovenchiaus. 
De  son  tienne  fu  auques  biaus  : 


DU  RENART.  6<j 

Li  mère  par  la  main  l'a  pris , 
'      *       Devant  le  Roi  com  Bien  apris 

Vinrent  ensamble  et  le  saluent: 
1890     Sire  Rois,  désormais  vos  muent 

Coulours  et  chieres ,  Dieu  mierchi , 
A  vos  soumes  venu  fchi 
%     Pour  faire  touf'vostre  talent, 
Car  il  nos  est  or  autrement, 
Dieu  mierchi,  qu^'il  ne  soloit. 
Coment,  Damé,  et  que  ce  doit 
Que  Renars  n'est  venus  à  Court? 
Sire,  dist-ele,  un  habit  court 
A  afublé  quant  oï  dire 
1900     Vostre' torment ,  vostre  martire  ; 
Coment  chascun  covient  morir , 
Grans  perius  est  de  soi  viertir 
Ens  el  siècle ,  qui  veut  avoir 
En  l'autre  siècle  son  manoir  : 
y  Et  pour  itant  vés  ci  son  fil 

*'  *       A  faire  del  tout  vo  plaisir. 

Biaus  sire  cïjiers,  dist  Ysengrins, 
Entendes,  moi ,  car  maint  hustins 
•  Ai  puis  eut  que  ne  vis  mais 

igio     Vos  que  jou  Voi  or  si  mauvais, 

Que  bien  est  drois  que  je  vos  die 
Le  grand  orguel  et  l'estoutie 
Que  Renars  me  dist  au  partir 
De  lui,  ne  vos  en  cuit  mentir. 


7©  ROMAN 

Lors  11  conta  con  faitement 
Ot  primes  tenu  parlement 
De  l'cstoile  dont  j'ai  conté, 
Cornent  se  furent  arouté 
Quant  il  dedens  le  chep  chaï 
1920     Et  il  de  là  le  départi  » 

Par  son  sens  et  p!lr  son  engien , 
Et  del  vilain  qui  en  la  fin 
En  eut  teil  leuier  com  j'ai  dit, 
Et  cornent  à  darrain  li  dit 
C'a  Court  venist  savoir  cornent 
On  se  maintin ,  se  du  nient 
Ooit  parler  de  celé  estoile  •• 
Dont  jou  devant  ai  faif  itifimoire. 
Jou ,  biau  sire*,  m'en  vingh  ici 
1980     Et  vos  cbntai  trestout  isi 

Com  vos  oïstes  pour  savoir 
De  toutes  ces  choses  le  voir, 
Dont  vos  moi  comandastes  lors 
Que  jou  n' euise  nul  depôrs 
Qu'à  tous  chiaus  quVde  vos  tenoient 
Venise  tost  par  coi  porroient 
lestre  ci  au  jour  qu'il  i  sont. 
Jou  m'atournai  dont  pluisor  pont 
Et  mainte  planche  puis  passai 
J940     Dont  je  vos  di  que  j'encontrai 

Renart  qui  s'ert  partis  des  chiens 
Où  le  chaçoient,  mais  liiens 


DU  RENART.  71 

Ne  le  tinrent ,  car  il  venoit 
Tous  délivres.  Quant  il  me  voit 
Vier  moi  en  vint^  et  jou  viers  lui, 
Là  li  contai  la  vostre  anui , 
Cornent  vos  mandiés  tous  vos  homes 
A  darenier  furent  nos  soumes, 
Qu'il  me  dist  que  moult  ère  sages 

igSo     Et  que  il  savoit  avantages 

Par  coi,  se  je  le  voloi  croire 
Et  jou  ne  me  voloi  recroire, 
Que  il  encor  me  feroit  Roi , 
Dont  jou  pau  n'eu  or  de  desroi , 
Car  jou  li  dis  :  pour  Diu,  Renart, 
Ceste  détenez  en  vo  part  ; 
Cure  n'avons  de  vos  promesses , 
Dont  me  laidi  et  fu  enesses 
Que  me  préisse  à  ses  templiers, 

i960     Dont  l'ai  ahiers  par  les  illiers. 
Et  il  moi  par  mes  ospitaus*. 
Ha  !  Ysengrin ,  con  tu  ies  faus  ! 
Dist  li  Rois,  com  t'as  grant  envie 
Sour  ce  chaitif  où  jou  t'envie 
Que  tu  le  me  voises  pour  huec  ! 
Dame  Erme  dist  qui  ert  illuec  ; 
Ha!  sire  Rois,  vostre  mierchi , 
Sachiés  que  se  mesire  ert  chi , 
Isengrin  dist  ore  teil  chose 

1970     Qui  li  fust  aques  bien  enclose 


7a  ROMAN 

Dedens  son  cuer  ains  qu'il  déist  . 

Chose  nule  qui  despleiiist  ^ 

A  lui  lie  à  home  des  siens.  ^ 

Dame ,  dame ,  de  çou  est  niev^K 
Li  vostre  afaire  petit  vaut , 
Dist  Ysengrins  ;  à  pau  s'en  faut 
De  vostre  chief  les  lens  ne  conte  : 
Que  vos  aiiés  maloite  honte 
Quant  vos  encor  venistes  huu 
1980     De  cesti  eut  li  Rois  anuî         ^     , 
Et  dist  :  cornent,  sire  Isengn%; 
Volés-vos  ci  endcoitwhustin 
Movoir  en  la  nioie  présence  r 
Jou  vos  ai  dit  en  audien«ê 
Que  vos  Renart  m'aies  querant, 
Et  vos  ci  aies  laidengànt 
Une  Dame  nie  haut  linage,  , 

Sachiés  ne  vos,tieng  jnie  à  sage. 
Alés-vos  où  je  vos  ai  dit,      *  • 
1990     N'i  metés  mie  contredit.  ■• 

Sire^  dist-il ,  jou  n'irai  pas , 
Un  autre  i  envoiiés  le  pas 
Ou  les  galos  ou  l'ambléure. 
Car  jou  mie  ne  l'aséure 
De  quele  eure  e^e  soiiés  mors. 
•  Ha!  dist  li  Rois,  come  fies  amors 

•De  mauvestie  et  outrageus  ! 
Sire  Lupart,  n'est  mie  geus, 


DU  RENART.  73 

A  vos  me  covient  or  doloir 
2000     De  tèil  chose.  S'en  mon  povoir 

Fusse  ausi  bien  com  jou  fui  jà, 

Mie  si  hardis  ne  fust  jà 

Isengrîns  que  il  cou  déist. 

Leopardons  de  cou  sourist 

Et  se  tourna  del  autre  part, 

Li  Rois  vit  bien  que  de  Renart 

N'aroit  mie  par  nul  d'iaus  deus, 

Le  Tygre  vit  qui  fu  tous  sens 

Et  s'apiiiôit  sour  son  esponde. 
20 10      Sire ^y grès,  à  vos  m'asconde 

Que  vos  moi  vengiés  d'Isengrin  : 

Teil  fois  ai*véu  du  hustin 
^    Euise  tost  vengànce  eue.  ^ 

Li  Tygre  de  là  se  remue 

Et  dist  :  jà  mal  n'iere  dou  vif  ^ 

Pour  mort  home,  car  son  juif  i^ 

Vorroit^JJ^ien  de\  tout  pourchacicir. 

Que  vos  diroie"?  Nus  vengler  »         * 
^        gNe  veut  le  Roi  pour  cou  ^u'il  virent 
202Ô     Que  la  mort  qui  tous  cliiaus  enivrent 

Gui  elle  V'éut  a^ironer, 

Avoit  del  tout  isi  rover  '        * 
,       A  ses  bediau&*coreusement 

Le  Roî ,  qu'il  seurent  vraiement        ^ 

Que  de  lui  fu  vengànce  prise; 

Mais  d'Isengrin  ne  fu  emprise. 


H 


74  ROMAN 

Que  chascuns  de  grans  ne  doutast 
Pour  tant  que  il  ne  destowbast 
Que  le  Roiaume  ne  pierdist 
2o3p     Par  lui  seul  se  on  l'esléist , 
Et  pour  itant  isi  avint 
Que  l'Iréçons  au  Roi  en  vint 
Et  li  dist  :  Siije ,  grant  merveille 
Ai  en  mon  puer,  mais  sa  pareille 
N'eui ,  quant  tant  avés  tenu 
Tiere  quant  aine  n'avés  eu 
Un  amFqui  à  vo  besoing 
A  vos  hoaours  de  vos  ait  soing, 
Que  ikpour  vos  «lu  besoing  face 
2040     Chose  que  tous  li  mondes  sache. 
Ha!  dist  li  Rois,  biaus  dous  amis, 
Teus  est  li  siècle, «é  mon  avis. 
Que  puis  c'on  »  de  l'oume  afaire , 
Pau  troueve  amiset -moult  contraire. 
Quant  jou  flli  en  prospérité 
Cascuns  me  -tenoft  en  diierté  ; 
•     Quant  jou  fui  en*parfaite  ftonor,^ 
Cascuns  me  tenoh.à  singnor. 
Quant  jou  fui  en  ma  vive  forche    \ 
*  ao5o    ,NtRMevant  moi  n'aloit  à  orche 

Que  maintenant  n^  fustvengiés;,    , 
*        Mais  or  sui  mis  si  entre  pies 
De  maladie  et  de  mehaing. 
Que  chascuns  de  moi  a  desdaing 


DU  RENART.  75 

Que  H  comande  rien  à  faire 
Qui  rien  li  torne  à  contraire. 
Sire  Rois,  dist  li  Hireçons, 
Poi  ai  eu  de  compaingnons  ; 
Se  jou  le  véoie  entre  pies 

2060     Par  coi  jou  vise  que  nus  griés 
Li  avenist,  que  jou  n'aroie 
Prise  vengance  :  et  toutevoie 
Pour  tant  sans  plus  que  por  honor 
Que  JQu  voi  c'on  fait  mon  singnor , 
Vengance  en  iert  prise  à  itant. 
Viers  Isengrin  s'en  vient  poignant 
Tous  hirechiés,  les  dens  ovri, 
Et  Isengrins  ne  meschoisi; 
Ahierdre  le  cuide  isniel , 

2070     Mais  les  espines  el  rausiel 
Que  ferirent  maloitement, 
Si  que  cascuns  en  li  se  prent, 
Que  li  groins  en  fu  tous  porm-is. 
Li  Moutons  vftit  tous  ademis, 
Si  le  hurta  en  la  poitrine 
Que  si  dur  l'abat  sour  l'eschinë 
C'a  poi  qu'il  lues  ne  l'a  crçvé. 
Là  endroit  l'ont  si  atorné, 
,    ,  Qu'il  crie  et  brait  si  coreument 

2080  'Que  bien  cuidoient  vraiement 
Tuit  li  baron  qu'il  l'ochéisent. 
De  maintenant  de  çou  nul  disent  : 


p 


'fc 


l  76  ROMAN 

Ha  !  Tibelin ,  Dans  Ireçons , 
Soufrés  vos ,  bien  n'en  avons 
Que  mesire  est  bien  vengiés. 
Atant  Ysengrins  sour  ses  plés 
Est  relevés  quant  laisié  l'ont  :  - 
j^      Apriès  tost  entour  lui  se  sont 
Asamblé  la  menue  mains, 
aogo     Lor  li  disent ,  cou  fil  dou  mains , 
Dant  Ysengrin ,  grant  tort  avés 
De  çou  que  devant  nos  avés 
Nostre  Roi3Éû|Aveillié 
C'on(}ues  ne'^sistes  plain  pié 
Aler  de  tiere  pour  son  dit  :       # 
Trop  y<^  féUte  grant  despit , 
Aies  tdî^t  là  où  il  coi^ande. 
Quant  Ysengrins  ot  c'on  li  mande 
Et  dist  qu  it  v^se  pour  Renart , 
iKdist  que  jà  Dius  n'euist  part 
A  s^me,  se  il  le  sayqit.  * 

A  Saint  Ferri,  ^re,  tout  clroit, 
Dist  Dame  Ivs^me,  le  troveres. 
AfkntyfYsengrins  ett  montés 
Qui"  contredit  n'i  osa  mètre  , 
Ainch  ne  finïi  ne  val  né  tj^rtre, 
Si  vint  au  chastiel  que  j'ai  dist.*   ^ 
A  Jacobins  iant  llenart  quist       ^ 
Qu'il  le  trova  et  li  dist  tant 
ai  10     C'a  Malrepair  li  Cours  1  atant. 


;   »• 

% 

V 

/     . 

\ 

• 

DU  RENART.  77 

Qui  dont  véist  le  grant  orguel 

Cornent  Renars  clungnoit  de  l'uel , 

Et  dist  :  biau  frere ,  soverain 

Ai  ci  endroit,  g'irai  demain 

Se  jou  congié  puis  jà  avoir  ; 

Sire  Isengria,  car  dites  voir, 

A  coi  avés-^QS  le  musiel 

Si  piertruisié  que  ]à  si  biel 

L'ai  véu  par  ta  mainte  fois. 
2120     Frere  Renart,  tous  jors  renois 

Serés  en  l'Ordene  et  dehors. 

Ha  !  Isengrin  ,  com  ies  amors  ' 

A  vilains  fais  et  à  mais  dis  ! 

Atant  de  lui  s'est  départis 

Et  est  venus  à  son  Prieus. 

Lors  li  conta  cornent  li  Leus 

Venoit  pour  lui  de  par  le  Roi.  ¥ 

Li  Prieus  dist;^pr  certes,  coi!  ^ 

Frere  Renart,  en  irés^K^os?  "        '  • 

2i3o     Sire,  dist-il,  et  moi  et  vos 

Irons-nos ,  et  que  feriens  dont  ? 

Mais  il  çovient  que  tout  le^ont  #  • 

Hait  hom  qui  die  c'onques  mais   ^  "   . 

Fuse  veus  en  l'Ordene  mais 

Fors  puis  cinc Jours  et  un  demi , 

Car  s'on  savoit ,  itant  vos  di , 

c'a  l'autre  fois  cuisse  esté 

A  la  Court,  j'en  aroi  viuté 


78  ROMAN 

A  souffrir,  si  seroit  raisons, 
9140     Car  n'i  eut  nul  de  compaingnohs 
Qui  de  rien  nule  convenist, 
Tant  bien  esgarder  i  seuist 
Moi  ne  mes  dis,  <Jar  pour  Renart 
Fui  auques  et  mis  en  sa  part 
Raisons  par  coi  je  fusse  Rois; 
Et  s'^si  ert,  fiist  tors  ou  drois, 
Seingnour  sériés  de  tout  le  mont  ; 
Renart,  Aenart,  dou  val  où  mont 
Se  doit  cascuns  mètre  vias, 
ai5o     Alons-nos  ent  le  petit  pas 
Tout  bielement  et  souavet  : 
Tant  m'as  aphis  dou  Renardet 
Puis  que  te  vi  premièrement^ 
Que  se  vérités  ne  me  ment^ 
Jou  te  cuit  coroner  a  Roi. 
Atant  se  misent  entr'aus  doi , 
'         Si  n'ont  fi^é  tant  que  venu 
Sont  où  H  Rois  ert ,  et  si  dru 
Droitement  vinrent  en  la  chambre 
2160     Qui  toute  estoit  ouvrée  à  l'ambre, 
«  Où  li  huisier  les  laissent  en^ 
Devant  le'Roi  vinrent  presens 
Li  Prious  et  frère  Renars. 
Sire ,  clî  Dius  qui  fist  trois  pars 
.    ^  De  soi  méime ,  il  vos  doinst  faire 

Chose  en  bien  qui  à  la...,  V 
'  Le  mot  est  illisible. 


DU  RENART.  79 

Seingnor,  dist  li  Rois,  vos  aies 
Bone  aventure  et  bien  vingniés  ! 
Frère  Renart ,  li  Rois  a  dit , 

2170     Cornent  vos  voi-jou  or  viestit? 
A  loi  de  prince  n'es  cou  mie. 
Ha  !  sire  Dius  me  benéie  ! 
En  non  de  moi  vos  dites  voir  ; 
Pour  Diu  faites  moi  savoir 
Vostre  santé  cornent  vos  est. 
Sire  Renars,  pau  vous  en  est, 
Dist  li  Rois,  à  çou  que  jou  voi. 
Ha  !  voi  !  sire  Rois ,  vos  pour  coi 
Avés  çou  dit ,  quant  pour  vos  seul 

2180     A  mes  cuers  eu  si  fait  deul 

Com  vous  vés  que  jou  la  viesti  : 
Haimi  !  ^re ,  por  Diu  mierchi , 
Dist  li  Prieus,  se  vos  saviés 
Bien  r'a  ci  ne  jours  que  forvoiiés 
A  esté  Renart  nostre  frère , 
Car  ne  cuit  c'onques  feme  mère 
Amast  onques  tant  tenrement 
Enfans ,  se  dou  samblans  ne  ment , 
Car  hui  cinc  jours  a  que  viestimes 

•«190     Frère  Renart ,  mais  ne  véimes 

C'onques  puis  mais  dormist  del  uel , 
Fors  Diu  proiier  que  vos  acuel , 
Que  de  vos  ara  sa  pitié  ^  , 

Quant  nos  tuit  soume»  avoiié 


*  • 


8o  ROMAN 

Pour  vos  priier  à  Diu  le  grant 
Que  VQS  puisiés  avoir  garant 
Quant  r arme  partira  dou  cors. 
Renart,  dist  li  Rois,  mis  confors 
Ne  m*  puet  tenser,  je  n^jipn. 
aïoo     Sire,  dist-il ,  seihesus  non 

De  mort  ne  vos  puet  garantir, 
Et  pour  itant  que  je  morir 
Ne  vos  porroie  as  iex  véoîr 
Ai-jou  fait  ce  que  povés  voir. 
Or  tost,  sttingnour,  aies  ensarable, 
Faites  un  Roi  teil  qu'il  vos  samble 
Qui  boins  soit  à  vostre  lingnie , 
Car  ains  que  muire ,  ensingnie 
Veil  que  soit  la  courone  d'or, 
321  o     Pour  rou  je  coumence  au  cor 
Que  prime  vois  je  doi  avoir. 
Et  pougiitant  je  fach  mon  hoir 
Del  Hireçon  qui  m'a  ven'gié. 
Sour  tous  les  autres  ai  jugié 
Que  mius  doit  corone  porter 
Que  nus*  de  vos,  ce  fuis  prover 
Par  droiture  et  par  sairement , 
Efpour  itanfc  vrai  jugement 
En  faites  tost,  jel'  vos  recuièr. 
2220  ,  Renars  a  dft  :  ^ire  ,  priier 
^  Vcvs  veil  pour  Diu ,  ançois  me  dites , 

Car  mie  ne  doi  aler  cuites 


DU  RENART.  8i 

Que  nel'  sace  au  paraler , 
Pour  coi  l'Ireçon  tant  amer 
Soliiés,  et  je  mot  n'en  sa  voie. 
Sire  Renart,  aies  vos  voie, 
Si  metés  ces  barons  ensamble, 
Bien  vos  diront ,  si  com  moi  samble , 
L'ocoison  et  la  vérité 

223o     Pour  coi  jou  ai  ensi  parlé. 
Ce  fu  droit  à  l'Asencion 
Qu'il  avoit  grant  dissencion 
A  Malrepair  ens  el  Paies  : 
Moult  i  a  de  bons,  de  malvès, 
Qui  chascun  voroit  apeser. 
Renars  qui  miu  savoit  parler, 
Vint  droit  au  Roi  et  li  a  dit  : 
Sire,  à  moi  un  tout  seul  petit 
Entendes  pour  Diu  je  le  lo, 

a24o     Voirs  est  coument  c'un  seul  po 

Et  jou  mais  sui  mius  *  et  chenus. 

En  une  Ordene  me  sui  rendus 

Pour  moi  sauver  à  bones  gens, 

Vées  ci  mon  fil  qui  biaus  et  gens 

Est ,  désormais  jou  relenquis 

Cest  siècle  qui  est  ors  et  vis; 

A  ...  * 

A  cou  que  voi  ne  puis  savoir 

C'apriès  vos  ne  convingne  avoir 

'  Il  semble  qu'il  y  a  ici  faute  du  copiste,  et  qu'il  faut  lire 
vius,  vieux,  au  lieu  de  mius. 

IV.  6 


la  ROMAN 

Roi  malostru  et  deshonieste. 
«25o     Sire  Renars,  de  cou  n'ai  fieste. 
Mais  aies  tost  où  je  vos  di. 
Atant  Renars  empiés  sailli      -'» 
Et  jeta  jus  l'abit  des  Frères, 
Si  demeura  el  sien  compères  ; 
A  Renardiel  p-avés  oit 
En  haut  parla  et  si'^"  dit  : 
Seingnour  baren ,  venés  liv«nt  » 
Faire  nos  éstuet  le  coumant 
A  mon  seingnor  o^oï  avés. 
aa6o     Nient  nul  d'iaus  ne  soit  tQ|iiés 
Deviers  lui  et  QÛt  eiltetHNl 
A  la  parole  c'ont  eu  -^ 

Dou  Roi  et  de  lui  ensiment.* 
Ne  puis  dire  con  faitement 
Chascuns  d'iaus  tous  isi  raisn» , 
Mais  en  la  fin  isi  ala 
Qu'il  troverent  selonc  droiture 
Que  pour  itant  del  la  laidurfe 
Que  Isengrins  au  Roi  paru  , 
3.270     Fu  forjugiés  c'onques  ne  fu 
A  exlection  que  féisent , 
Et  li  autre  de  coumun  disent 
Que  pour  l'ounor  à  l'Ireçon , 
A  Thibelin  le  blanc  mouton 
Qu'il  orent  fait  del  vengement 
Au  Roi  isi  faitierement , 


DU  RENART.  83 

Com  vos  devant  avés  oï , 
Cil  doi  eslisent  d'esjoï 
Guer  un  prodome  à  iestre  Rois, 

a  2 80     Mais  jEius  d'iaus  deus  en  bone  fois 
Ne  povoient-il  coroner. 
Cesti  chose  ont  fait  saieler 
Et  pendirent  tout  leur  saiaus. 
Dont  fu  li  Hireçons  moult  biaus, 
Et  li  Moutons  à  l'autre  lés. 
Cil  doi  tinrent  moult  fort  lour  lés, 
Ensamble  soût  mis  à  conseil. 
L'ireçons  dit  :  Je  m'esmerveil , 
Mouton,  de  cui  veus  faire  Roi, 

^290     Mais  tu  méismes  jou  par  foi 
D'Isengrin  le  tien  grant  ami. 
Coment  Diable  !  cil  respondi , 
Es-çou  à  chiertes?  Nenil  voir, 
Mais  tu  primes  en  di  le  voir , 
Gui  t.e  samble  le  raius  à  prendre? 
De  cou  ne  sui^-jou  à  aprendre. 
Fait  li  Moutons ,  je  prent  Capra. 
Par  le  Saint  Diu  haut  Roi  chi  a, 
Dist  l'ireçons,  voir  dist  qui  dist , 

23oo     Fox  est  li.hom  qui  soi  maudist 
Tant  com  beniçon  puist  avoir, 
Ifce  puet-on  auques  savoir 
Et  pour  cou  dist-on  ces  habés. 
Mouton  ex  re  nomen  habes  : 


8/,  ROMAN 

Moutons  ies  et  Moutons  seras 
Tous  les  jonrs  mais  que  tu  vivras. 
Et  or  me  di,  va,  Dant  Mouton, 
Pour  quel  pourfit,  pour  quel  raison 
As  or  nomé  Capra  pour  Roi.    ' 
aSio     Quel  sens  a  ore  dedens  soi 
Pour  coi  tu  L'aies  or  nomé? 
Cuides-me-tu  à  çou  pené, 
Se  sui  petis  et  non  poissans , 
Que  jou  doi  ore  à  tes  talans 
Acorder  pour  çou  ?  Naie  voir , 
Ne  cuides  mie.grant  savoir 
En  Capra  se  sa  barbe  est  Ipnge. 
Teus  a  barbe,  n'est  pas  mençoigne, 
Qui  en  lui  n'a,  ne  doutes  mie, 
23ao     Bien  ne  valour  ne  sens  demie: 
Car  se  barbes  le  sens  en  usent , 
Bouch  et  Chievres  moult  sage  fusent. 
Mais  ne  vos  vaut,  sire  Mouton, 
Ne  cbachiés  mie  tout  vo  bon; 
Anchois  volés  tout  trebucbier 
Et  le  courone  avillier. 
Pour  çou  que  Capra  vous  atient , 
Volés  tout  le  mont  mètre  à  nient. 
Nomes  un  autre,  biau  dou  sire, 
233o     Dist  li  Moutons  qui  eut  grant  ire 
De  çou  c'on  li  a  contredit. 
L'Ireçons  apriès  a  dit  : 


DU  RENART.  85 

Je  lo  que  Renars  nos  maintingne, 
Car  il  est  voirs  à  qui  qu'il  tingne , 
N'a  cil  povoir  qu'il  li  eschape, 
Tant  ait  tapith  ne  corte  chape, 
Que  bien  n'ait  sa  raison  de  lui , 
Et  pour  itant  m'acort  à  lui , 
Jou  ne  sai  que  tu  en  diras. 
2340     Cornent  Diable  est-cou  or  gas , 
Sire  Hireçons ,  que  dit  avés  ? 
Jà  savés-vos  Renart  provés 
Est  de  mordre  et  de  larecin. 
Renars  n'eut  onques  jour  voisin 
Ne  cuncliias  ou  baillis  mal  ; 
Renart  iie  seit  mie  mains  mal 
A  tuit  cil  qui  ci  sont  venu , 
Chaitis  IVïoutcMi ,  va  ,  que  dis-tu  ? 
S'il  seit  dou  mal ,  il  seit  dou  bien  : 
23  5o     Ainch  ne  vis  home  terriien 

Qui  grant  honour  à  maintenir 
Euist  que  s'il  ne  seut  partir 
Le  bien  dou  mal  qui  vausist  mie 
En  singnorage  une  alie  ; 
Et  pour  çou  di ,  sire  Mouton , 
C'avoir  covient  de  ci  en  son 
Et  bien  et  mal ,  jà  ne  doutés 
Rois,  Dus  et  Contes  et  Chasés  : 
Pour  çou  conoissent  les  mal  vais 
236o     Et  les  bons  pour  tenir  en 'pais, 


86  ROMAN^*^ 

Se  Renars  vieut  iestre  prcudons. 
Biau  sire  chiers,  car  le  preodons 
Nul  jou  n'i  voi ,  à  mon  avis 
Qui  le  vaille,  car  en  idr  vis 
Fist-on  mon  singnor  vilonie, 
Ainch  n'i  ot  home  qui  demie 
D'aïe  li  vosist  dcftit  faii'e 
Fors  moi  tout  seul  qui  el  viaire 
Me  pris  de  celui  qui  cou  nst, 
2370     Et  tu  quant  au  desous  se  mii^: 
Pour  la  haïne  vies  c'avoi^s, 
Le  hurlas  si  c'ounor  aJToies 
De  cou  ,  et  aras  tous  jours  mais 
Entre  bons  et  entre  raaivais. 
Si  me  cbnsent,  veilles  ou  nonV 
Ma  volenté ,  sire  Hireçon  , 
Et  jou  veil  bien  à  vos  avoir 
Amour,  car  trop  i'a  Savoir, 
Sages  ieste8'ét'2q)ensés , 

238o     Damages  iert  quant  vos  mOrVéft^ 
Et  tout  ausi  est-il ,  sachiés    " 
Que  vos  m'estes  plus  enforchiés' 
De  cors,  de  menbres  et  de  avoirs, 
Par  coi  fust  plus  grans  vos  povoirs. 
Alons  au  Roi  et  ci  nomons 
No  Roi  que  nos  ci  fait  avons.    ' 
Bien  as  dit ,  Tlreçons  respont , 
Jou  le  ferai,  saches,  del  mont 


DU  RENART.^  87 

Singnor  et  maistre  du  Royaume. 

aSgo     Atant  n'euist-on  dit  grant  saume 
Quant  sont  venut  devant  le  Roi 
Où  nus  ne  mena  grant  desroi , 
Car  n'i  eut  nul ,  au  dire  voir , 
Qui  n'atendist  bien  à  avoir 
Plus  de  bien  c'on  ne  li  donast , 
Et  paur  itant  ne  cuit  sonast 
Un  seul  mot  tous  li  plus  vaillans. 
Atant  s'asisent  desour  bans 
Et  haut  et  beis  et  sus  et  jus. 

3400     L'Ireçons  en  est  venus, 

O  lui  le  Mouton ,  et  a  dit  : 
Sire  Rois,  à  nos  un  petit 
Entendes  par  amendement , 
Li  Moutons  et  jou  ansiment 
jt  A  només-par  coumun  asens 

Selonc  le  nostre  povre  sens, 
De  nos  barons  Roi  esléu , 
Pour  coi  nos  avons  bien  véu 
Que  chascuns  i  a  mis  sa  foi , 

a4io     Son  saiiel  et  le  sien  otroi 

Que  çou  que  nos  doi  avons  fait 
lert  bien  tenut  sans  faire  plait, 
Et  encore  vos  recuerons 
Parmi  vos  fois  isi  que  sons. 
Que  tuit  dites  à  une  vois, 
Singnor,  c'est  vérités  et  voirs; 


88  ROMAN 

Et  se  nus  de  çou  est  encontre, 
Si  se  mete  avant  à  l'encontre 
Anchois  que  nos  nomons  nului  : 
2420     Car  ensi  le  disons  nos  dui. 

Dont  dissent  tuit  à  moult  haut  ton , 
Sire  Hireçon^,  vos ,  Dant  Mouton  , 
Dites  del  tout  à  vo  devis, 
Car  nos  sai remens  avons  mis 
Au  tenir,  si  le  tenrons  tuit. 
N'i  ara  horpe  gui  refuit 

I  mete  ià ,  de  cou  fis  soit. 
Sire  Prieus  ne  vos  avoit , 
Dist  l'Ircçons ,  venés^yant , 

a43o     Nos  vos  prions  ici  devant 

laus  tous  que  vos  nos  comendés 
Nostre  Roi  et  le  présenté» 
Al  honour  Diu  et  à  no  preu. 

II  respondi,  Dius  i  ait  preu. 
Et  jou  ansiment  le  ferai 
Mais  que  mesire  de  cuer  vrai 
Et  li  baron  m'en  prient  tuit , 
Et  il  si  fisent;  à  grant  bruit 
L'en  ont  priiet  moult  bonement , 

2440     Dont  ne  demoura  pas  granment 
Quant  li  Prieus  seut  et  oï 
Que  Renart  eurent  aroii 
Et  esléu  sour  tous  à  Roi , 
Pour  çou  en  lui  n'eut  pas  desroi 


DU  RENART.  89 

Que  l'Ireçons  ne  li  contast 
Là  raison  et  bien  ne  porvast 
Par  fin  droit  et  par  decretales 
Que  de  son  droit  sans  choses  maies 
Il  en  portoit  la  beniçon  ; 

a45o     Et  li  autre  pour  l'ochoison 

Qu'il  devant  aus  virent  laidir 
Lour  Roi ,  cil  qui  mauls  deuist  sir 
Le  soufrirent  et  biel  lor  fu, 
Par  samblant  icil  ont  pierdu 
Le  non  de  Roi  et  le  baillie. 
Geste  colours,  ne  doutés  mie, 
Donna  Renart  le  non  de  Roi , 
Car  il  ne  fu  pas  au  desroi, 
Anchois  ert  mis  o  bone  gens 

2460     Qui  a  cesti  chi  li  mist  seqs 
A  coi  il  fu  li  plus  sachaus , 
Li  plus  preus  et  li  plus  vaillans , 
Li  mius  amés ,  li  plus  soutins 
De  ses  besoingnes  mètre  au  mius. 
Quant  li  Prions  eut  escBtité, 
Diu  a  de  cuer  moult  encline 
Del  honor  ^ue  il  lor  venoit, 
Car  riche  matere  avoit  : 
Pour  coçaender  Renart  lor  frère 

3470     En  haut  monta  com  Emperere  ; 
Or  oiiés  cornent  il  parla 
Li  Jacopins ,  com  il  viersa 


9° 


ROMAN 
De  plain  pot  en  petit  vaissiel. 
Singnor,  dist-il ,  ne  m'est  pas  biol 
Se  ne  drchose  qui  atourt 
Del  tont  al  honor  de  la  Court  ; 
Mais  ensi  est,  au  dire  voir. 
De  tous  ne  puet-on  grés  avoir  : 
Si  a  raison  et  tout  le  savent , 

2480     Car  li  bien  iait  les  mauvais  lèvent 
Hors  de  la  Court  de  Paradis. 
Et  tout  ausi ,  ce  m'est  avi<i , 
Doit-il  faire  ici  aval  ; 
Mais  ODS  trovons  dou  mont  el  val , 
Si  met-on  bien  par  covoiti&e 
Et  H  ouevre  souvent  ai 
L'oume  à  çou  qu'il  faut  cl  vunt 
A  teil  chose  qu'il  ne  co^nt ,  '^' 
Amoboii  pierdent  bien  l'un  poitt  l'autre. 

9^     Sôventes  fois  il  rft  a  autre 

Que  proiiés  a)  fonme^ement 
llir^rerai  9.o\  omn'rpotonV 
Qu^Hne  doinsi  dire  itel  ffso\e      ^ 
Par  corcascutts  oit  teille  escole 
Dont  il'soit  à  cou  escolés 
Qu'il  bieir  iace  en  côste ,  en  lés  , 
Devant^,  derier,  aesus  v^de  jus. 
Sire  Renart,  If  n'i  a  plus, 
Venés  aVant ,  gentil^  -pèrsone , 

aSoo     Si  reeheVez  ceste  courone 


DU  RENART.  91 

De  par  l'Ireçon  vostre  ami 
Et  le  Mouton  qui  autresi 
Vos  tien  à  prodome  et  loial , 
Et  celui  qui  de  cuer  roial 
Avés  siervi  vostre  singnour  : 
Au  par  aler  avés  l'ounor, 
Car  vos  coument  lavés  siervi 
En  sa  forche,  à  son  ami 
Vos  puet  trover  en  sa  povierte  , 
aSio     Car  de  bon  cuer  à  fo^ce  ouverte 
Recheuistêis  en  vos  priieres 
Sa  santé  d'arme ,  ne  cui  manières 
Jou  sui  pièges  au  jugement 
Que  Dius  de  lui  parfaitement 
Ara  manaie  et  pitié , 
Mais  qu'il  en  gré  prende  congié 
Au  mauvais  siccFe  ci  endroit 
Où  nus  ne  puet  avoir  nul  droit. 
Ce  vit-il  bien  Isengrins, 
2Ï}'20     Devant  lui  veut  sacbier  les  crins  SE 

ipDame  Ermengart  de  Milpietruis, 
Et  pour:^nt  en  decrès  truis 
Que  li  barSn  icestui  seurei^t , 
Et  dont  le  blasme  au  Roi  né"veurent 
Amender,  privé  sont  et  hors 
Que  nus  d'iaus  niais  n'iere  amors 
A  çou  que  puist  mais  iestre  Rois, 
Si  com  trovons  où  cors  de  lois. 


■**!ÉÈ^' 


98 


ROMAN 
Mais  Renart ,  si  com  dit  avons , 
a53o     Qui  en  la  Court  n'eut  ses  talons 
Quant  li  despis  et  li  outrages 
De  ciaus  oui  jou  ne  tieng  à  sages 
Fu  fais,  enporte  la  courone, 
Non  pas  sans  plus,  çou  est  la  soine, 
Dou  toiït  pour  çou,  mais  pour  itant 
C'on  le  trueve  le  plus  sachant 
De  toutes  choses  où  il  neut , 
Nus  autres  dechevoir  ne  peut, 
Ne  il  onques  choses  ne  prist 

2540     Que  il  a  chief  bien  ne  méist, 

Et  teus  hom  doit  porter  corone , 
Pour  coi  sachiés  ses  drois  li  donc , 
Et  jou  si  fadi  et  l'Ireçons 
Méisme ,  autresi  li  Moutons. 
Si  vos  dreciés  et  le  prendés 
Com  vo  singnor  et  couronés. 
Lors  quant  li  bardn  entendirent 
Le  Prieus,  moult  fort  s'esjoïrent , 
Li  Rois  primes  et  si  ami , 

255o     N'i  eut  nul  empiés  ne  sali 

Moult  baudement ,  fie  fu  li  Reis. 
Renart  prisent  qui  fu  revois 
Par  samblant  de  l'eslection. 
Cornent ,  fait-il ,  singnor  baron , 
Guidiés-vos  que  jou  à  çou  bé 
Que  jà  me  voie  couronné 


DU  RENART.  gS 

Tant  com  mesire  soit  en  vie  ? 
Ciertes  jou  n'ai  soing  ne  envie 
De  corone  fors  de  mon  Vesque. 

a56o     Et  cornent ,  Dant  Renart ,  dont  qu'es-ce , 
Dist  li  Lupars ,  refusés-vos 
Le  corone?  Lupart  o  nos 
S'ensi  est  que  ne  s'i  acort 
l^esire  cui  veil  c'on  rec€ft:"t 
L'elexion  se  ne  li  plaist. 
Li  Rois  l'ot,  de  çou  ne  se  taist, 
Anchois  respont  alains  qu'il  pot  : 
Renart,  Renart,  n'i  a  c'un  mot. 
Tant  entent  et  ai  entendu 

2670     Que  de  vo  droit  avés  eu 

L'otroi  de  Roi ,  et  jou  le  veil 
Sauf  çou  sans  plus  que  jou  acuel 
Que  pour  m'amour  prodom  soiiés. 
Sire,  dist  Renart,  ne  songniés. 
Atant  saillent  qui  ains  peut  mius 
Li  plus  vaillant,  ne  fu  pas  gius, 
Virent  à  lui ,  haut  l'ont  levé 
Et  au  moustier  l'en  ont  porté  ; 
Devant  les  Sains  jurer  le  font 

258o     Que  la  corone  sans  descont 

A  son  povoir  tous  jours  tenra. 
Isi  Renart  le  fiancha 
Et  encor  plus  se  on  tossist. 
De  maintenant  oii  chief  li  mist 


94  ROMAN 

Leopardus  et  Iseugrins 
La  corone,  mais  que  li  Lins 
Fu  li  tiers  pour  çou  qu'il  véoit 
Plus  cler  que  nus  autres  qui  soit. 
En  çou  qui  en  est  avenu 

aSgo     Là  eut  grant  priese  et  grant  liuhu , 
Si  que  li  fort  et  li  inenbru 
I  ont,  sachiés,  lour  liu  tenu: 
Li  feble  et  li  non  poissant 
Aloient  entr'iaus  bas  mucliaot 
Au  mius  qu'il  porent.  L'Ireçons 
Qui  le  ^oi  fîst,  des  aguillons 
Point  cM  et  là  cornu neinent 
Pour  rou  qu'il  veut  plus  aisément 
Venir  au  Rpi  p>our  lui  mostrei* 

2600     Et  soi  valoir  et  hounorer  ■" 

Com  cil  qu'il  l'eut  bien  desiervi  ; 
Mais  li  pluisor  l'ont  dessiervi, 
Car  il  sont  plaint  qu'ij  les  coisoit. 
Li  Rois  a  dit,  à  maLçou  soit, 
Metés\kil)ors  d'eAti^  yos  toys , 
N'ai  cur^  que  nus  espinous 
Soit  entre  nos,  ne  de  Mouton 
Qui  soit  niches ,  simples ,  je  non 
N'en  ai  que  faire  entpvir  moi^ 

2610     Car  en  tel  gent  n'a  fors  anoi. 
Mouton  sont  adiés  à  aprendre , 
Pour  cou  n'en  veil-je  nus  prendre 


DU  RENART.  96 

Entour  moi ,  ne  d'oume  qui  poingne 
Ne  die  chose  qui  ne  m'oingne 
Par  ses  paroles  et  en  fait 
Par  coi  m'amour  adiés  atrait , 
Et  jou  de  cuer  amer  le  veil. 
Or  s'en  gart  bien,  que  se  me  dueil 
D'orne  que  j'aie,  au  par  aler 
2620     De  moi  ne  se  porra  louer. 

Et  pour  tant  n'aim-jou  le  Mouton 
Ne  les  puiens  Dant  l'Ireçon  ; 
Metés  le  hors  de  mon  ostel. 
De  maintenant  il  n'i  ot  tel 
Qu'Isengrins  vint  à  Tibelin , 
Par  la  geule  tout  entrain 
De  la  sale  l'a  mis  tost  hors. 
Li  Hireçons,  fust  drois  ne  tors. 
Au  Lion  en  est  revenus 
263o     Qui  ert  malades  et  confus  : 

Sire ,  dist-il ,  à  vous  me  plaing 
Del  injure  et  dou  mehaing 
De  Renart  cui  j'avoi  fait  Roi, 
Or  m'a  fait  si  vilain  desroi   - 
Que  de  sa  Court  nos  a  bani. 
Amis ,  dist-il ,  ce  poise  mi , 
Ne  caidiés  mie  en  fol  cuidier 
Qu'il  soit  hui  de  cou  qu'il  fu  hier  : 
N'est  hui  mie  cou  qu'il  soloit, 
2640     Renars  seit  bien  que  faire  doit. 


96  ROMAN 

D'ore  en  avant  jou  ne  me  doi 
Meller  de  chose  fors  de  moi , 
Car  en  moi  ai  asés  à  faire 
Se  jou  voloie  tout  retraire 
De  çou  c'a  moi  méime  afiert. 
Et  cil  qui  à  autrui  aquiert 
Gose  dont  soi  mete  au  desous , 
N'est  mie  sages  com  vos  dous 
N'iestes  à  (jou  que  Renais  dist. 
265o         Atant  li  contes  ci  nos  dist 
Que  li  jours  de  la  Pentecoste 
Fu  lendemain,  dont  cascuns  jouste 
Delés  le  Roi  Renart  se  tint  : 
Ghascuns  l'encline,  cascuns  vint 
  lui  et  li  portoit  offrande. 
Tuit  li  douent,  cascuns  demande, 
Sire ,  volés-vos  nule  rien  ? 
Ne  cuit  nul  home  terrien 
Dounast-on  onques  tant  juiaus 
a66o     Dont  nul  ne  vot ,  mais  Renardiaus 
Ses  fins  et  sa  feme  Emengars 
Tous  les  rechiut  ;  mais  Rois  Renars 
Les  merchioit  del  grant  honour 
Qu'il  son  fil  fisent  celui  jour. 
Dont  ne  demeure  que  li  Rois 
A  fait  bailliu  pour  tors  et  drois 
Faire,  quant  il  mius  li  plaira, 
Li  Lupars  qui  grant  povoir  a  : 


DU  RKNART.  97 

Cil  fu  maistres  de  son  ostel. 
2670     Li  Thigres  apriès  n'i  ot  tel, 

Estoit  huisiers  et  chambrelens. 

Li  Oliphans  qui  estoit  lens , 

Fu  à  la  porte  pour  ovrir 

As  grans  fiestes  as  Cours  tenir. 

Li  Bugles  qui  moult  estoit  fors , 

Tiefu  huisiers  pour-  çoti  que  hors 

Demeurassent  cil  qui  à  Court 

A'aportent  chose  qui  atourt 

A  la  raaisnie  charité. 
2680     Boutillier  ftment  apresté 

Pirolus  et  Dant  Simia  ; 

Raugiver  mesire  Talpa 

Furent  raaistre  de  la  cuisine. 

Ursus  d'autre  part  le  racline 

Qu  il  fu  li  maistre  panetiers  ; 

Taurus  d'autre  part  mesagiers 

Furent'enti'e'Jui  et  Aper. 

Que-Tvos  diroie?.En  nés  un  ver 

Ne  truis  que  ne  fust  remués 
2690     De  toutes  choses  li  ostés 

Dou  PioiXion  et  dou  Renart. 

Quant  çou Tu  fait,  si  fu  moult  tart 

Ains^quë  les  taules  fusent  mises , 

t)ont  n'i  ot  fait  longes  devises, 

C'apriès  tost  que  li  Rois  s'asist, 

Apriès  li  autre  nus  n'i  mist 

IV.  y 


98 


ROMAN 
Longes  que  tiiit  sisent  au  doit. 
Isengrins  fu  li  plus  cortois  ; 
Devant  le  Roi  ala  siervir. 
2700     Qui  dont  véist  siergans  venir 
A  grant  plenté  porter  viande, 
De  toutes  pars  cuit  qu'cle  espande. 
Si  grant  plenté  en  i  avoit. 
Li  Prieus  au  desus  séoit 
Del  Roi  et  dist  :  Biau  sire  chiers , 
Outrages  est  quant  si  pleniers 
Sont  cil  platiel,  ces  escuieles. 
Li  Rois  a  dit,  c'est  grans  mierveillos 
Sire  Prieus ,  que  jà  pensés 

2710     Que  mes  osteus  soit  remués  : 

Lonc  tans  a  que  j'ai  Court  tenue , 
Onques  n'avint  qu'ele  si  nue 
Fust  que  asés  on  i  mangast 
Qui  conquest  la  crust  ne  paiast 
D'asés  mengier  ne  d'asés  boire 
Ne  verron  mon  ostel  recroire. 
De  cesti  fu  Renart  cortois 
Et  li  Prieus  fel  et  renois 
Quant  de  çou  reprist  le  pourveur 

2720     Qui  à  la  Court  faisoit  l'ouneur. 
Asés  burent,  asés  mpngierent, 
Tant  que  li  amosnier  criierent , 
Par  coi  on  osta  les  hanas. 
Les  napes  trairent,  ne  fu  gas 


DU  RENART.  99 

Que  on  les  tables  jeta  jus. 
Dant  Timers  est  atant  venus 
Qui  la  harpe  tint  en  ses  mains 
Dont  il  ne  fist  pas  com  vilains , 
Car  une  note  a  comenchie 

2780     Qui  de  tous  fu  adont  prisie , 

Mais  que  si  haut  l'enconmença, 
Car  à  darrains  les  estouna  , 
Par  coi  sa  note  ne  pleut  mie 
Au  Lion  cui  la  mors  aigrie , 
Qui  pour  Diu  prie  c'on  le  port 
A  moustier  pour  avoir  déport , 
Et  on  si  fist.  Atant  briément 
De  cuer  dévot  et  boneraent 
Dist-on  vigiles  là  endroit. 

27 /Jo     Isi  avint  c'a  Court  venoit 

Cascuns  au  soir  à  Court  souper, 

Quant  il  oïrent  Dant  Thiber 

Et  l'Ireçon  que  haut  crioient 

Pour  Diu  que  il  de  fain  moroient, 

Aucun  pau  lours  là  féist-on 

De  bien  à  lui  et  al  Mouton. 

Ne  fu  qui  à  aus  entende , 

Anchois  s'en  vont ,  mais  n'est  qu'entende 

A  nape  mètre  pour  souper, 

2750     Car  li  Rois  ert  aie  ourer 

Au  moustier;  nus  ne  souperoit 
C'ont  entendu  illuech  endroit, 


roo  ROMAN 

Car  n'a  voit  gaires  c'on  nienj;i. 
Dist  un  fol  grars,  on  me  rouva 
Que  jou  à  tous  bien  le  déise , 
Et  jou  pi  jÇas,  car  raeféisj^. 
Se  jou  longenient  i  metoie. 
Atànt  chascuns  tourne  sa  voie 
Et  sont  à  Jour  osteus  venus. 

27G0     Que  vos  diroie?  Il  n'i  ot  plus, 
Li  jours  passa  et  hi  nuit  vint , 
Que  lendeinain  morir  éoyint. 
Si  com  orgius  envie  avoient 
Qui  le  bons  fi  morir  convoient, 
Envie ,  orgius  et  Renardie 
Les  bons  à  morir  nos  avie  ; 
Renardie  >  enyie  et  ôr|;ius 
Les  maus  retient ,  â*oichU  le  raius , 
Et  tout  isi  avint  adont , 

2770     Que  le  Liuon  qui  estoit  dont 
La  plus  noble  bieste  qui./ust, 
Covint  morir  et  ihetre  en  fust 
.  Et  entierer  au  dire  voir,. 
Que  onquès  puis  pour  nui  «ivuii. 
Pour  parens  ne  pour  nul  ami 
Ne  peut  de  mort  avoir  mierci. 
Ensi  avint,  ensi  fina 
Nobles  li  Rois ,  ne  doutés  jà 
Et  par  la  malise  à  celui 

2780     Dont  je  vos  ai  conté  je  hui , 


DU  RENART.  loi 

Cornent  de  louch  puis  à  sa  chief 
L'iauve  dont  est  venus  à  chief, 
Que  par  lui ,  que  par  aventure , 
Dont  cil  orent  mal  aventure 

Qui  traitierent ' 

Dont  il  avint  quel  coperent 
Tout  le  premier  c'avés  oït. 
Maint  autre  ausi  ains  que  j'ai;  dit 
Le  compererent  ansiment, 
s 790     Se  li  drois  conte  ne  nos  ment 
Que  j'ai  traitié  et  traiterai. 
Ains  que  jou  fine  conterai 
Une  partie  de  son  rengne, 
Ains  que  jou  sache  sus  mon  règne. 

'  Le  vers  est  ainsi  dads  le  manuscrit. 


I02  ROMAN 

€(  (Bi  isi  fûmr  Uniûrt  fu  toronh  o  Eoi  rt  il 
6f  parti  tfc  iUiU-rcpair. 

Hui3iAis  me  plaist  que  je  vos  die 
Du  Roi  Renaît  que  Diu  maudie, 
Cornent  de  Mal-repair  parti. 
Quant  le  Lion  ont  enfoui , 
Chascuns  Prinches  l'aséura , 

2800     Et  puis  maint  riche  don  douna 

As  grans  singnors  ;  mais  aine  à  povre 
Ne  douna  or,  argent  ne  covrc, 
Plonc  ne  estai n ,  arain  ne  al , 
Ronchi ,  palefroi  ne  cheval , 
Robe  ne  drap ,  ne  chaucemente. 
Ne  vauroit  or  que  vos  en  mente, 
Onques  si  vilains  rois  ne  fu 
Come  Renart  là  endroit  fu. 
De  Mal-repair  Renars  parti , 

2810     Droitement  à  Grenomaisnil 

Un  sien  chastiel  torna  son  frain 
Une  matinée  moult  main. 
Li  Moutons  et  li  Hireçons 
Dont  autre  fois  dit  nos  avons, 
Li  vinrent  lors  en  son  devant , 
Hautement  disent  en  oïant  : 


DIJ  RENART.  io3 

Ha!  sire  Rois,  entendes  nos. 

Et  il  si  fist,  ainch  l'orgueillous 

Ne  fist ,  anchois  s'est  arrestés  : 
2820     Qui  est-çou?  dist-il.  Jà  l'orrés, 

Dist  l'Ireçons ,  biau  sire  Rois  : 

Nos  soumes  qui  avons  anois 

Et  destourbier  por  no  bien  fait , 

Sire,  jà  vos  avons-nos  fait, 

Et  vos  isi  nos  faites  mal. 

Cornent,  singnor,  vos  dites  mal  : 

Ne  cuidiés  mie  que  nos  face 

Autre  que  cil  qui  en  sa  face 

Vos  créa  et  fist  et  forma 
283o     Tous  isi  fais  com  vos  voila, 

L'un  Mouton  et  l'autre  Hireoou , 

Come  de  ciaus  qui  en  maison 

D'oume  qui  vaille  n'ont  afaire. 

Cuidiés-vos  or,  singnor,  contraire 

Que  jà  mon  col  vos  doi  jà 

Porter  o  moi ,  ia ,  ia  : 

Com  iestes  or  musart  et  fol , 

Qui  de  muse  a  depechiet  fol! 

Quidiés  jà  bone  note  dire 
2840     De  soûl  orfiel  nos  puis  bien  dire 

Que  jà  de  loire  vuide  et  vaine 

N'arés  boin  gré  à  longe  estraine. 

Atant  s'en  part  et  cil  demeurent 

Qui  mis  à  cou  dont  bien  ne  seurent 


,o4  ROMAN 

Respondre ,  anchois  Castor  l'oï 
Qui  la  parole  entendi  : 
Singnour  ,  dist-il ,  oï  avés 
Mon  singnor,  se  bien  entendes 
Sens  et  voisdie  et  grant  simplecc 
285o     Yos  aprent  et  jou  coi  qui  mece, 
M'en  sovenra  soventes  fois , 
Ausi  face  vos,  car  nos  Rois 
Vos  fait  entendre  pour  itant 
Que  l'avés  fait,  n'est-il  saçant 
Que  par  paisnage  vos  ament 
Vos  defautés,  se  drois  ne  ment, 
Et  drois  n'aporte  ne  raisons 
Que  vos  soiiés  el  qu  Ireçons 
Et  li  autres  Moutons  aûsi. 
a86o     Si  n'a  ce  dist,  pas  meschoisi 

Se  pour  teus  que  vos  iestes  tient 
Vos  et  vo  iestre  il  le  convient, 
Ou  autrement  drois  ne  seroit 
Selonch  çoH  fcaJui  aferoit. 
Si  vos  soùffise  çou  g  avés , 
Car  de  lui  el  n'énporterés  : 
Un  autre  fois ,  s'il  ne  vos  siet , 
Si  faites  çou  c'a  vos  afiert , 
Car  se  Renars  est  ore  Rois 
3870     Ne  porroit-il  pour  nus  en  drois 
Cangier  de  rien  son 'vies  usage , 
Pour  coi  ne  vos  tieng  mie  à  sage 


DU  RENART.  io5 

Se  vos  li  cuerés  fors  la  piel. 

Bien  vos  en  doit-on  faire  apiel 

En  lui  ou  vos  fussiés  pungnis, 

Si  vos  en  di  or  mon  avis 

Pour  cou  que  vos  en  pais  soiiés. 

Atant  Castor  s'est  alongiés 

L'ampléure  apriès  les  autres 
2880     Qui  s'en  aloient  come  viautres 

Fait  quant  il  est  descaïnés , 

Et  l'Ireçons  est  demourés 

Et  li  Moutons  tout  abaubi , 

Moult  se  tinrent  à  escharni 

De  cou  c'ayenu  lor  estoit. 

Isi  àvient  tout  où  endroit 

Que  li  aucun-  font  ensiment 

Que  l'Ireçons  qui  ensient 

Avoit  que  Renars  est  malivais, 
2890     Fel  et  traites  desloiais , 

Et  si  le  fist  singnour  de  tous 

Pour  gré  avoir  issi»CQm  vos 

Avés  01  çà  de  devant. 

Et  il  isi  souavenant 

En  eut  com  vos  avés  01 , 

Que  des  autres  furent  parti 

Et  mis  hors'sl  vilainnement. 

Bien  en  eurent  mon  ensient 

Cou  c'on  demannois  doit  avoir , 
9900     Et  puis  dont  que  je  me  di  voir. 


io6  ROMAN 

Atant  demeure  et  m'en  passe  outre 
Apriès  Renart  qui  à  grant  route 
S'en  vint  droit  à  Grenomaisnil. 
Là  endroit  tant  demoura-il 
Que  il  le  fist  moult  bien  fremer. 
De  là  endroit  pasa-il  mer 
Et  vint  droit  en  Jherusalem , 
Droit  au  sepucre,  ce  dist  l'em, 
Fait  son  offrande  et  donna  dons 
2910     Avant,  isi  corn  nos  trovons, 

Qu'il  s'en  partist,  fu  si  conneus 
Con  çou  ne  fu  ne  gas  ne  geus 
Que  partout  jusqu'en  la  grant  Aise 
Furent  li  traïtour  moult  aise 
De  çou  qu'il  seurent  le  renon 
Dont  Dant  Renars  avoit  le  non 
D'iestre  sages  et  avisés. 
Moult  tcnoit  ciaus  à  ses  privés 
Qui  racontoient  les  mesdis  ; 
2920     Se  je  ne  fail  or  à  mes  dis, 

Mesdisans  amoit  por  mesdire 
Par  le  Roiaume  et  par  l'Empire  : 
Car  en  mesdire  mesdisans 
Amoit  tous  chiaus  qui  mesdisans 
Disoient  à  lui  faire  rire , 
Moult  desiroit  que  par  meisdire 
Qui  touraissent  à  autrui  pierte 
Desist-on  chose  mal  apierte, 


DU  RENART.  107 

Qui  autrui  voloit  encouper, 
2g3o     Moult  desiroit  à  encouper 

Celui  qu'il  tournast  à  tort. 

Que  vos  diroie  ?  De  nés  tort 

Ne  puet-on  biele  chiere  voir. 

Renars  tout  partout  fist  savoir 

En  Galilée ,  par  tout  Pierse 

Que  bleue  lainne  n'ert  pas  pierse , 

N'ébouelés  n'ert  mie  chars; 

Ne  vers  hom  n'ert  mie  eschars 

Ne  hom  convoitons  envieus, 
2940     Rires,  gabers  n'estoit  pas  gens, 

Chapeles  ne  r'ert  mie  aumuche, 

Ne  esrins  n'estoit  mie  huche  ; 

Ne  tarbars  bouche  d'autre  part, 

Et  si  avint  dont  à  Renart 

Que  ces  decrès  et  ices  lois 

Fist  el  païs,  ice  sachois, 

Avant  que  de  là  fust  partis. 

Droitement  de  là  s'est  viertis 

Tant  c'a  Toulete  en  est  venus 
2960     Où  il  refu  moult  bien  conus , 

Car  autre  fois  i  eut  esté 

Tout  un  ivier  et  un  esté. 

Apriès  avoit  del  nigremance , 

Onques  ne  fu  clerc  qui  en  France 

Séust  tant  des  enchantemens  ; 

D'apresté  et  d'esperimens 


io8  ROMAN 

Nus  liom  ne  se  prendoità  lui. 

Que  vos  diroie?  Dou  refui 

Seut  plus  que  ne  fist  tous  li  nions , 

2960     Mainte  valée,  pluisours  mens 
Ont  trespassé  celé  maisnie 
Tant  qu'en  France  s'est  aârecie. 
Droit  à  Paris  en  sont  venus 
Où  il  refu  bien  conéus 
De  Clers,  de  Maistres  et  dqu  Roi 
Même  qui  ot  fa^:  grant  conroi , 
Car  pour  Renart  fajre  aume 
A  mandés  tous  ciails  dou  Roiaunic. 
Qiconques  dou  Roiaume  tint 

2970     Pour  Renart  voir  p  f'aris  vint 
Et  li  fist  fieste  et  douna  dons 
Pour  son  maiiitien  dont  li  renons 
Estoit  jh  par  toul  si  aies, 
Qui  méime  tous  ii  barnés 
Prisent  del  tout  si  sa  manière 
C'un  pingnoncbiel  en  sa  banierc 
Ont  fichié  par- envoiséùrê.' 
N'i  eut  nul  d'iaus  qui  s'aséurc 
Devant  cou  qu'il  orent  empris 

2980     La  manière  qu'il  ont  apris 
De  la  nôviele  pontenancc 
Qui  dont  estoit  venue  en  France 
Que  Renart  avolt  aportée. 
Que  vos  diroi?  Teil  renomée 


*99o 


DU  RENART.  109 

Ala  partout  que  nés  à  Rome 
Devant  le  Pape  en  vint  la  nome 
Cornent  Renars  ert  honorés 
Et  sour  tous  autres  couronés 
De  sens,  d'avis  et  de  falourdes. 
Nus  autres  Rois  ne  faisoit  bordes 
Ester  pour  voir,  mais  ce  fist-il 
Ne  fust  nus  drois  qu'eus  el  péril 
Par  son  sens  ne  féist  vierser 
Tant  savoit-il  très  biel  parler 
Et  ramener  uns  drois  avant 
Qui  moult  sont  souef  et  plaisant, 
Delitable  à  toute  gent. 
Mais  ne  cuidiés  que  je  vos  ment, 
La  sustance  de  fauseté 
3ooo     Est  à  un  pau  d'ingniquité 
Escrire  où  fiel  de  trecherie 
Au  pelagrafe  de  boisdie 
D'une  loi  qui  ensi  comenche  : 
Pou  m'est,  sachiés,  où  que  je  mendie, 
Et  en  un  autre  liu  ausi 
Conferme  ceste  chose  ensi  : 
Sans  conscience  me  soumont 
Que  jou  die  dou  val  que  mont 
Soient  oni  et  pais  par  tant. 
3oio     Ensi  li  Papes  oï  tant 

De  Renart  que  par  leitres  fist 
Mander  ce  Roi  c'a  lui  venist 


MO  ROMAN 

Par  le  conseil  des  Chardenaus. 
Que  vos  diroie  ?  Les  grans  saus 
S'en  vint  li  mes  droit  à  Paris. 
Cil  qui  pas  ne  fu  esbahis, 
Trova  le  Roi  droit  as  Prescheurs. 
Ensi  com  des  Frères  Meneurs 
Venoit ,  où  mese  avoit  oïe , 

3o2o     Dont  jou,  sachiés,  ne  me  dout  mie. 
Que  cil  très  bien  là  fu  venus. 
Quant  du  Pape  eut  les  salus 
Donnés  primes  au  Roi  Renart, 
Ne  vos  poroie  pas  le  quart 
Ramentevoir  de  la  grant  joie 
Que  Renart  fist  quant  vit  en  voie 
Le  mes  le  Pape  et  ciaus  de  Roume. 
Riches  juiaus  et  moult  grant  soume 
D'avoir  donna  li  mesagier  ; 

3o3o     N'atendi  mie  jusc'à  hier 

Renars  de  movoir  por  aler, 
Anchois  vos  di  que  s'il  voler 
Peuist,  n'alast-il  pas  plus  tos 
Com  il  le  cors  et  les  walos 
Vint  el  paiis  et  en  la  tiere. 
Ne  li  fisent  mie  grant  wiere 
Cil  de  Roume  ;  li  Chardinal 
Contre  lui  vinrent  à  cheval , 
Méime  dames  et  puchieles  , 

3o4o     Mie  les  laides,  mais  les  bieles , 


DU  RENART. 
Les  miiignotes  et  les  amans  : 
Geles  c'om  plus  cuidoit  saçans 
Aidierent  Renart  à  fiester. 
Que  vos  diroie  ?  Au  par  aler 
S'en  vint  devant  le  Pape  droit 
Et  il  contre  lui  trestout  droit 
Se  dreça  et  li  mist  au  col 
Ses  bras  et  ne  le  tint  à  fol , 
Anchois  l'asist  de  jouste  lui  : 

3o5o     Renart,  dist-il,  n'ai  mie  anui 

Quant  ci  vos  tieng  de  jouste  mi. 
Sire,  dist-il,  vostre  mierci, 
Jou  sui  tous  vos  et  c'est  bien.drois. 
Sire  Renars,  tout  çou  est  voirs. 
J'ai  moult  à  faire  en  pluisors  lius , 
Si  ne  puis  mie  avoir  mon  chius 
De  chascun  à  ma  volenté , 
Pour  quel  raison  vos  ai  mandé 
Que  m'aprendés  des  vostre  tours, 

3o6o     Car  on  m'a  dit  chastiaus  ne  tours 
Ne  se  pueent  tenir  à  vos 
Que  ne  tournés  tout  au  desous 
Çou  qui  au  deseure  doit  iestre. 
D'un  huis  vos  faites  bien  feniestre, 
.    ^  Et  d'un  vies  pot  un  nuef  chaudron , 
De  chances  ausi  chaperon  , 
Et  de  moufles  housiaus  à  chievre , 
D'un  porch-espin  faites  un  lièvre 


1,2  ROMAN 

Et  d'une  grue  un  liireçon. 

3070     Sire,  tlist  Renars,  ce  dist-on 

Que  de  legier  ne  puet  mie  iestre^ 

Voirs  est  dou  Mouton  fa-ge  un  priestre 

Et  un  abé  d'un  cornabus , 

D'un  mais  loudi'er  hien  un  rendus 

Et  un  evesque  d'un  ^uinau  ; 

Mais  bieii  sachiés  n'est  pas  por  p;m 

Que  tcus  estrumens  puist-on  faire 

Sans  argent,  pouf  coi  <joti  atrâire 

Dont  il*  çovi^nt  fer  l'cmgpjnent , 

3o8o     Et  à  cou  mètre  longeméni 

Ne  puet-on  mie  ougement  nielic. 
Qui  l'ongcment  i  vorrott  nictrc  , 
Anscbois  vo»  dirongemenl  Ivii.^ 
F.si ,  ([uc  se  l'ongueraent  eôt.t^us 
Que  longuement  n'i  puet  voloir 
A  l'onguement  faire  valoir, 
Et  pour  cou  di-jc  ongement 
Que  tos  n'est  fais  quant  l'onguement 
Puet  pau  valoir  à  teqs  gens.faire  : 

3090     Pour  cou  avieiit  que  le  contraire 
Covient  faire  aucune  fois , 
Et  pour  itant  mètre  en  defois. 
Les  aucuns  co vient-il  manieri 
Por  les  uiseus  mius  mètre  acriere  : 
Car  manière'  avoir  00 vient 
Qui  à  si  faite  chose  avienl. 


DU  RENARÏ.  ii3 

Manière  vaut  à  avenir 
A  cou  c'on  covoite  à  venir  : 
Car  venir  ne  puet  sans  manière 

3ioo     A  cou  où  il  covient  manière  ; 
Sans  manière  jà  nus  se  vant 
De  mètre  cou  derrier  devant. 

Li  Papes  ot  et  si  entent 
A  Renart  dont  ses  bras  li  tent 
Et  met  au  col  et  l'eiist  baisié 
Quant  il  le  chief  a  dou  baissié 
Et  dist  :  Renart,  en  vos  m'afi, 
De  mes  Cliardenaus  di  tous  fi 
Quant  nul  si  sage  entour  moi  n'a. 

3iio     Atant  cbascuns  illuec  vint  là, 
Si  vinrent  Renart  qui  se  sist 
Jouste  le  Pape  qui  se  rist 
De  la  grant  joie  que  il  ot 
Qu'ensi  Renars  apris  li  ot 
A  faire  evesques  et  abbés 
Et  de  moutons  et  de  chabrés, 
D'asnes  à  pont,  de  cas  cornus 
Dist  qu'il  feront  desous  desus 
Et  cou  devant  metroit  arrier, 

!îi2o     Car  l'ongnement  seit  jà  broiier. 

L'ongnement  seit-il  jà  bien  faire, 
N'a  soing,  ce  dist,  dou  contrefaire. 
Car  jà  fausaires  n'en  sera, 
Anchois  le  droit  saiel  en  a , 
IV.  8 


ii4  UOMA.N 

Fors  tant  que  Saint  Piere  et  Saint  Pol 
I  mist  les  chiés  tous  et  le  col, 
Qui  mie  bien  à  l'ongnement 
N'afierent  tandis  c'on  i  ment. 
Apriès  çou  que  la  nostre  Pape 

3i3o     Eut  donée  Renart  sa  chape 

Par  grant  amor,  non  par  haine 
Et  il  l'asolt  par  desiplinc 
D'une  verge  dcus  cos  ou  trois. 
Li  plus  vaillans,  li  plus  cortois 
Des  Chardenaus  Renart  a  pris  , 
Corn  apensés  et  bien  apris , 
L'en  mena  dedens  son  osteil. 
Que  vos  diroie?  Aine  mais  toll 
Joie  ne  fist  iionie  vivant 

3 140     Gom  cil  a  faite  dou  vaillant 
Renart  dont  vos  avés  oï. 
Ne  vos  sai  mie  tout  isl 
Com  lor  paroles  furent  dites 
De  leur  atour,  mais  cascuns  cuites 
Des  Chardenaus  ne  veut  mie  estre 
Que  de  ses  tours  et  de  son  iestre 
Lour  aprist  tant  com  il  apert, 
Anchois  que  d'entors  aus  s'apert 
Pour  repairier  en  sa  contrée. 

3i5o     Fu  toute  Roume  saielée 

De  ses  tours  et  de  ses  wenkeues, 
Congié  a  pris,  si  vint  as  keues 


DU  RENART. 
En  Engletiefe  où  les  cuidoit. 
Là  en  trova  plus  c'orrendroit 
En  ait  uule  en  autre  paiis. 
Tost  eurent  de  ses  fais  apris , 
Ce  dist  l'istoire  ici  briément; 
De  là  se  part  se  jou  ne  ment, 
Et  fist  tant  que  en  Alemaingne 

3ï6o     Vint  à  moult  grant  compaigne, 
Car  jà  estoit  de  si  grant  pris 
Renardie,  que  n'ert  empris 
Nus  hom  qui  ne  l'avoit  aprise. 
Pour  çou  disoit  que  moult  pau  prise 
L'oume  qui  dou  Renart  ne  seit 
Ne  doit-on  tenir  à  seneit  ; 
Home  qui  Renart  ne  conoist 
Jà  à  nul  jour  as  chiens  ne  voist  : 
Car  s'il  i  va  et  uel  conoisse , 

3170     Je  me  dout  moût  que  ne  le  coisse, 
Par  coi  il  tost  l'avera  mors 
Anchois  qu'il  jà  il  l'aie  amors. 
Si  fait  trop  mal  hom  qui  emprent 
Chose  par  coi  il  tost  mesprent, 
Si  com  il  font  aucune  fie 
Teus  i  a  que  ne  nome  mie  : 
Car  il  novise  sont  dou  fait, 
Non  mie  pruech  qu'ensi  ne  vait 
Que  teus  se  melle  de  Renart 

3 180     Qui  n'en  siet  le  tievc  ne  le  quart 


1,6  ROMA.N 

De  çou  «ju'il  en  cuide  savoir, 
Si  ne  fait  mie  cil  savoir 
Qui  entreprendent  cliose  à  faire 
Dont  aient  honte  ne  contraire, 
Si  com  fisent  li  hireçons  , 
Même  se  compains  li  moutons 
Qui  de  Renart  fîsent  singnor, 
Qui  lour  tourna  à  deshonor  ; 
Par  coi  s'il  fusent  aviseit , 

3190     De  lui  fusent  tout  honoreil 
Si  com  on  puet  de  celé  genl. 
Mais  la  chose  a)a  autrement 
Dont  mainte  bieste  fu  ochise 
Qui  onques  puis  ne  fu  requise 
Par  vengance  ne  autrement , 
Dont  vos  veil  ci  dire  briément 
Et  faire  fin  de  mon  propos, 
Goment  Renart  qui  ert  el  bos 
A  Malpiertruis  si  com  j'ai  dit 

3200     Avoit  le  cucu  entr'oït  ; 

Coment  treize  ans  de  son  aé 
Li  otroia  si  com  conté 
L'avoi  en  ses  bras  sa  moillier, 
Pour  encore  à  comencier 
Euist  ce  trait,  ne  fust  dame  Erme 
Qui  li  avoit  oï  dou  tierme 
Parler  dont  jou  ai  di  ancor 
Que  qui  pensoit  à  maison  d'or, 


DU  RENART.  117 

S'en  avoit-il  une  chieville 

32 10     Ains  qu'il  morust,  ne  mie  guille 
Que  tout  ausi  fu  de  Renart , 
Ne  failli  mie  tempre  ou  tart 
A  cou  où  il  tant  eut  baé  : 
Ne  fu  mie  si  fol  baé 
Qu'il  comenchast  sans  faire  fin 
Ausi  com  font  pluisor  voisin 
Qui  encomencent  moult  de  choses, 
Mais  en  la  fin  lour  sont  si  closes 
Qu'il  ne  lour  chaut  coment  il  voist. 

3'2ao     Mais  cil  Renars ,  coment  qu'il  loist, 
Vint  au  chief  de  cou  qu'il  emprist 
Ausi  come  li  contes  le  dist. 
Quant  tout  le  paiis  eut  chierchié , 
Vers  son  chastiel  s'est  adrechié 
Guirnomaisnil ,  dont  la  courone 
Movoit  que  ci  endroit  vos  nome 
Quant  il  là  vint  grant  gent  i  ot 
Qui  l'atendoient ,  qui  ains  pot 
A  lui  parler  pour  besoingnier. 

323o     Ce  furent  Duc,  Conte  et  Princhier,^ 
Bourgois  et  dames  et  riche  home. 
Se  jou  dire  en  veil  la  soume 
Onques  povres,  foibles  ne  viens 
N'i  peut  parler,  fors  envieus; 
Orguis ,  mesdis  et  fausetés 
L'avoient  si  pris  de  tous  lés,. 


ii8  ROMAN 

C'a  poines  povoit-il  mengier. 
Li  Oliphans  dont  où  huisier 
Avoit  fait,  tint  l'uis  si  très  fort 
3240     C'on  n'i  peuist  un  tout  seul  bort 
D'une  verge  tledens  bouter. 
Que  vos  diroie  ?  Au  par  aler 
Oist-on  crier  povre  gent  : 
Haï!  argent!  argent!  argent! 
Corne  tu  fais  ces  buis  ouvrir! 
Argens,  tu  fais  tous  ciaus  finir 
Qui  ne  te  puéent  raie  avoir. 
Argent ,  jou  di  pries  est  d'avoir 
Vilonie  qui  trop  t'a  cbier; 
3a5o     Argent ,  qui  à  toi  atachier 
Se  puet,  si  le  fais  eslever  ; 
Argent ,  qui  toi  puet  amaser 
Si  besoingne  tous  jours  à  Cort  ; 
Argent,  pour  coi  te  tient-on  cort 
Quant  il  ne  te  puent  contendre  ? 
Argent,  de  toi  nos  covient  prendre 
Povre  loiier,  qui  riens  n'avons. 
Argent,  pour  toi  pierdu  avons 
No  bon  singnour  qui  tant  valoit  ; 
3260     Argent,  qui  bien  te  conistroit. 

Tu  fais  cou  qu'atres  ne  puet  faire. 
Argent ,  tu  pues  bien  contrefaire 
Blancbes  es  et  rouges  brebis  ; 
Argens,  que  vaus  que  vos  devis 


DU  RENART.  iiy 

Quant  nus  ne  puet  viers  vos  tenser 
Chose  que  vos  veilliés  verser  ? 
Vierser  povés  ce  qu'il  vos  siet 
Et  redrechier  c'a  tiere  chiet 
Fors  home  mort  :  celui  ne  pues 

3270     Resusciter,  car  liom  muert  lues, 

G'argent  ne  el  nel'  puet  contendre. 
Mors,  pour  coi  tu  nos  fais  entendre 
Nostt-e  pierte  apiertement? 
Mors,  tu  pour  coi  si  faitement 
Nous  a  mis  de  si  haut  si  bas  ? 
•Mors  dou  li  non  dont  tu  nos  as 
••Douné  Renart ,  pour  coi  c'as  fait , 
Mors  costumière  de  maisfait , 
Les  de  piecha  t'ai-jou  oït; 

3280     Mors,  tu  pour  coi  as-tu  choisit 

Mort  pour  le  vif,  se  mius  ne  vaut? 
Mors ,  il  est  voirs  que  mius  moult  vaut 
Uns  mors  cortois  c'uns  vilains  vis, 
Mors,  ne  cuidiés  c'uns  vilains  vies 
Vaille  jà  tant  c'uns  cortois  mors. 
Mors,  ne  cuidiés  que  vilains  mors 
Puist  tant  valoir  corne  li  frans 
Mors,  com  tu  as  pris  pour  safrans 
Flour  de  senef  et  de  chardons, 

3290     Mors,  com  tu  nos  fais  povres  dons 
Quant  aisil  dones  pour  claré  ! 
Mors  com  tu  nos  as  déclaré 


lao  ROMAN 

Ténèbres  pour  cler  jour  en  mai  ! 
Mors  com  nos  as  mis  en  esmai 
Sans  droiture  que  nus  i  voie  ! 
Mors,  car  nos  mostre  une  autre  voie 
Par  coi  nos  puisons  vivre  apais; 
Mors ,  jou  n'i  voi  aute  relais 
Que  vivre  tous  jors  en  morant. 

33oo     Mors,  ci  ne  vos  lo  plus  avant 
Qu'envie  avés  del  tout  emplie. 
Mors,  de  tîou,  sachiés,  ne  dout  niic 
Que  puis  que  li  miens  sire  est  mors, 
Ses  nons  encor  n'est  mie  mors  ,^ 
Anchois  vos  di  que  par  raison    *• 
Nons  de  prodome  est  en  saison 
Tous  jours  et  ivier  et  esté, 
Et  par  itant  ai-jou  prové 
Que  moult  vaut  mius  nons  cl»-  [jiuiIuiik 

33 lo     Tout  soit-il  mors,  cou  est  la  somc. 
Que  Renars  qui  encor  est  vis. 
Moult  vaut  or  mius  à  mon  avis 
Nons  de  prodome  qui  ne  puet 
Morir,  que  li  vis  qui  n'eut 
Loiauté  ne  bien  ne  honor. 
Moult  vaut  or  mius  nons  de  singnoi 
Qui  ait  honor  en  son  vivant, 
Que  Renars  qui  or  vait  rêvant 
Partout  où  il  puet  avoir  liu. 

33ao     Moult  vaut  or  mius  nons  de  soutiu 


DU  RENART.  i 

A  honor  cuerre  même  fios, 
C'uns  vilains  vis  à  querre  los 
D'iestre  riches  ne  mal  querant. 

Ha  !  Cuens  Guillaume ,  conquérant 
N'estiés  mie  fors  que  d'onor , 
A  droit  on  vos  tint  à  singnor, 
Et  cou  fu  drois  à  mon  avis. 
N'est  merveille  se  li  Marchis 
De  Namur  de  çon  vos  resanble , 

333o     Car  onques  jour,  si  com  moi  sanble, 
N'eut  que  faire  de  renardie, 
Mais  sans  faille  jou  ne  di  mie 
C'aucune  fois  ne  puet  bien  iestre 
Que  Renars  ait  dedens  son  iestre 
Esté  par  aucune  manière 
De  ciaus  qu'il  savoit  lour  manière , 
Qui  bien  s'i  sont  arenardi. 
Ha  î  sire  Cuens ,  ce  poise  mi 
Que  tant  ne  savés  dou  Renart , 

3340     Par  coi  séussiés  tempre  ou  tart 
Qui  cil  sont  de  coi  je  paroil , 
Pour  coi  ore  ichi  vos  soil 
Que  cil  qui  juent  as  esches 
Ne  voient  pas  tous  les  bons  très 
Qui  demeurent  sour  l'eschakier, 
Anchois  avient  c'uns  de  derier , 
D'encoste,  de  lés  ou  de  lonch 
Voit  teil  chose  qui  la  selonch 


122  ROMAN 

Trairoit,  qu'il  gaingtleroit  le  geii. 

335o     Et  pour  Cou  di-je  li  soutiu 
En  malisse  et  en  orgueil 
Qui  traient  le  peiie  par  l'uoil 
As  gentius  cuers  qui  n'ont  laieiiJ 
For  que  d'ounor  et  largement 
Faire  à  tous  icc  qu'il  covient , 
Vienent  à  cou  que  il  covient 
Faire  à  la  fois  teille  aramit" 
Dont  on  parole  en  vilonie 
Par  tout  l'Empire  et  le  Roiaume  ; 

336o     Et  pour  çou  dou  Conte  Guillaïuno 
Qui  ceste  honor  eut  ehcharcie, 
Pris  mon  prologue  com  Marie 
Qui  pour  lui  traita  d'Izopet, 
Et  pour  itant  ici  fin  met 
De  Renrttt  qui  est  couronés, 
Isi  com  Vos  oî  avés , 
Que  confremés  fu  de  par  Rome 
Si  qUe  partout  porte  couronne 
En  Franche  et  en  toute  Bretaingne, 

3370     En  Engleterre,  en  Alemaingne, 
En  Poitau  et  en  HongUerie , 
En  Escoche  et  en  Hierrtienie, 
En  Loheraine  et  en  Saisoingne , 
En  Champaingrte  et  en  Dorguingne, 
En  Gresce ,  en  Aise ,  en  Galilée. 
Que  T6S  dif  die  ?  N^est  cOtllréé 


DU  RENART.  123 

En  tout  le  monde  où  on  abite 
Que  Renart  n'ait  home  tout  cuite  , 
Qui  de  lui  tingne  aucune  chose, 

3  3 80     Et  qui  choser  m'en  veut ,  si  chose  : 
Car  nt^l'  dira  pour  celi  rien 
Que  jou  sache  home  terrien 
Qui  de  renardie  se  melle, 
Mais  li  consaus  si  H  droit  melle 
A  cou  que  je  conferm  cest  ccJtite 
Que  je  traitié  pour  le  bon  Conte 
Ai  isi  com  avés  oï, 
Que  nus  ne  puet ,  ce  poise  mi , 
Au  jour  d'ui  venir  à  maistrie  • 

3390     Se  il  ne  set  de  renardie  ; 

Et  pour  itant  sachiés  vorroie 
Mon  singnor  méise  en  la  voie 
Par  coi  il  séust  plus  des  chiens 
Qu'il  ne  face,  si  seroit  biens 
A  ciaus  qui  n'aiment  for  le  droit, 
Et  pour  çou  veil  ici  endroit 
Raconter  pour  coi  m'entremet 

3398     Des  bons  proverbes  d'Izopet. 


Suivent,  dans  le  manuscrit,  les  fables  d'Ésopi  par  Marie 
de  France. 


Henart  k  VlouvcL 


K.I  le  bien  set,  dire  le  doit; 
S'il  ne  le  dist  por  lui  le  doit. 
Metroie  envis  au  jugement 
U  li  Rois  qui  tout  juge  ment, 
Ki  dist  k'il  rendra  la  mérite 
Des  labours  ;  c'est  joie  parfite 
Ke  li  hom  ki  bien  labourront, 

Aront;  li  mauvais  labourront  

U  infiers  est ,  et  à  tous  dis 

lo     C'est  à  ce  monde  un  crueus  dis 
Ki  de  fauseté  est  tous  plains, 
Et  ens  es  vaus  et  ens  es  plains, 
Par  envie  ki  tous  maus  pont 
Et  convoitise  a  fait  son  pont 
En  ce  monde  sour  quoi  monter 
Fait  les  Prelas  et  desmonter. 
De  Dieu  en  montant  se  desmontent 
Quant  plus  as  temporeus  biens  montent  ; 
Car  par  avoir  voit-on  avoir 

20  Orguel ,  wardés  se  je  di  voir. 
Roi  et  Conte ,  Prince  et  Casé 
Sont  pour  ce  point  plus  que  casé. 


126  RENART 

Del  monter  sus  cascuns  s'apreste , 
Mais  pQf  ce  Dieu  pas  i\e  lor  pi*este 
Le  santé  as  cors  ne  la  vie. 
Pour  convoitier  n'avoir  envie 
Sour  l'autrui  n'i  a  Roi  ne  Conte 
Dont  Dieu  n'ait  tost  deffait  le  conte  ; 
Clerc,  Veske,  Prcstre  ne  Abbé, 
3o     N'est  asséur,  tant  ait  abé, 
De  longhe  vie  soir  ne  main  , 
Ki  en  cest  siècle  ait  nul  demain. 
For  chou  ne  laissent  mal  à  faire 
Tant  est  li  mens  de  mal  afaire, 
De  fauseté  et  de  mal  art , 
Li  cuer  sunt  mais  plain  de  renart. 
On  ne  voit  ne  petit  ne  grant 
Qui  n'en  soient  trestuit  cngrant; 
Et  pour  çou  que  tant  monteplic 
4o     Renars,  me  plaist  que  vous  en  die 
Une  branche  où  plusiour  poront 
Prendre  example  s'en  eaus  scm  oui 


LE  NOUVEL.  127 

jCi  parlmrnt  et  ii  ^onciiie  U  Hoi  Hubloit. 

En  may  c'arbre  et  pré  sunt  flori 
Et  vert  de  fuelles ,  que  joli 
Fait  es  selves  et  es  foriès 
Que  cil  oisiel  cantent  adiès,. 
C'amoureus  cuers  fait  nouviaus  sons, 
Mesire  Nobles  li  Lyons  * 

Tint  Cort  par  grant  sollempnité 

5o     Au  jour  de  sa  nativité, 
Ce  fu  au  jour  de  Révisons. 
Moult  i  ot  Princes  et  Barons 
Et  de  pluseurs  manières  biestes  : 
On  n'i  péust  véir  fors  tiestes 
Quatre  grans  lieues  en  tous  sens, 
N'en  sai  les  milliers  ne  les  cens. 
De  biestes  i  ot  grant  concilie 
Dame  Orghllleuse  i  fu  con  cille 
Ki  ert  feme  à  mon  signour  Noble. 

60     La  Dame  çrt  de  façon  moult  noble  ; 
El  faudestuef  sist  lés  le  Roi 
Ki  moult  l'amoit  en  boine  foi, 
A  ses  pies  sisent  si  troi  fil 
Ki  povre  cose  tienent  vil. 
Li  ainsnés  ot  de  par  sa  mère 
A  non  Orghilleus;  de  par  père 


,28  RENART 

Ot  li  autres  à  non  Nobles 
Ri  moult  estoit  nobles  variés. 
Li  tiers  ot  à  non  Léoniaus, 
70     Li  mainsnés  ert  et  li  plus  biaus  ; 
Cascuns  ert  vieslus  endroit  soi 
Si  k'il  convient  fà  fius  de  roi. 
Entour  eus  ot  grant  baronie 
Ki  leur  tenoicnt  conpaignic. 
Renars  li  Houpius  i  estoit 
Qui  trois  siens  fius  o  lui  avoil , 
Malebranche  ot  non  li  ainsnés, 
Plus  ert  cremus  ne  fust  amés. 
Li  secons  ot  non  Picrceliaic , 
80     Li  tiers  Rousiaus  ki  n'ot  manair 
Ne  pité  de  crasse  gheline  ; 
Et  si  i  fu  Dame  Ermelinc 
Mère  as  enfans,  femc  Rcnarl. 
Ysengrins  li  Icus  d'autre  part 
Sist  et  lés  lui  Dame  Hiersens, 
Et  deus  siens  fius  od  li  moult  gens , 
Pincars  et  Primant.  Icist  doi 
As  brebis  ne  as  agnians  foi 
Ne  portèrent  en  lor  vivant, 
90     Bien  renaturent  li  enfant 
A  lor  père.  Bruians  li  tors 
I  fu  cui  soit  drois  ne  cui  tors. 
^Od  lui  fu  Blere  et  Maskelée , 
Bruians  l'une  aime,  et  l'autre  amec 


LE  I^OUVEL.  1^9 

OL  li  laissons.  I  fii  Grimbiers 

Cousins  Renart,  et  Malapiers 

Ses  fins.  Btuns  li  ours  et  Brunlaus 

Fius  Bruns  ki  naoult  par  estoit  biaus. 

Si  i  fu  Bricemers  li  ciers 
oo     Ki  fu  vistes,  sages,  apiers, 

Et  li  Archeprestres  Timers 

Li  asnes  ki  n'estqit  avers 

Ne  escars  de  paistre. cardons, 

Bauduinz  i  fu  et  Fromons, 

Fil  Timer  erent  et  jumiel. 

Cascuns  ot  sour  son  cief  capiel 

De  cardons  k  toutes  les' flours 

Qu'il  les  amoient  par  amours. 

Si  i  fu  li  chevî^s  Moriaus 
lo     Et  Ferrans  li  ronchis  ki  biaus 

Estoit,  et  Bauchens  li  sainglers; 
.  Li  pourciaus  i  fu  Wanemers 

Et  Dant  Froibiers  li  crikillons 

Jit  Espinafs  li  ir^ chons. 

Li  escuiceus  i  fu  Boskés, 

Si  i  fu  Pounés  li  fuirés. 

Tybers,  li  cas,  ses  fius  Raous 

Et  uns  siens  autres  fius  Mirous, 

Tardius  i  fu  li  limeçons, 
20     Si  i  fu  Belins  li  moutons, 

Biernars  ses  fius  et  Cornuiaus 

Cascuns  ert  jouenes  damoisiaus. 

IV.  9 


i3o  RENART 

Li  corbiaus  i  fu  Tiesselins 
Avoec  Roieniaus  li  mastins; 
Et  s'i  fu  ses  frères  Grignars. 
Si  i  fu  cameus  li  Lombars 
Et  ses  cousins  li  dromadaires 
Isniaus  ki  moult  ^t  debonaircs. 
Robués  li  bues  et  Anieus" 
i3o     Li  bugles  avoec  Soumilleus* 
Li  loirs  ki  l'ivier  dort,  i  fu"* 
C'a  paines  s'esveille  pour  fil. 
Li  singes  i  fu  Cointeriaus , 
Martinés  ses  fius  ki  moult  hiîiu'^ 
lert.  Si  i  fu  dame  Dtourgée 
Feme  Cointcriel  :  galourtt'C 
Ert  la  Dame  à  uivAI  d'urgent, 
A  or  furent  si  viestement. 
Si  i  fu  Gantecler  li  cos, 
140     Et  Pinte  qui  pont  les  oés  gros; 
Noire,  blance,  rouse,  coup«V, 
Tite  ki  de  coc  ramproniét' 
Ne  fu  onques,  estoit  avoec^ 
Pinte  en  fust  moult  envis  senuec , 
Car  c'estoit  sa  fille  l'alnsnée,  ' 
La  plus  biele  et  la  miex  amée. 
Li  escoufles  i  fu  Hubiers, 
Ki  toudis  a  les  gans  ouviers 

'  Âl.  Mainsnée. 


LE  NOUVEL.  i': 

Por  prendre  ausi  oonme  ont  li  prestre. 

i5o     Pelés  li  ras  se  sist  à  destre, 
Il  et  Kenue  la  soris , 
Andoi  se  suiU;  ensanle  assis. 
Si  i  fu  Barbue  la  chievre, 
Lés  li  repust  Couart  le  lièvre. 
Luxurieus  i  fu  li  bous, 
Blancs  fu  de  cors,  s'ot  le  vis  rous. 
Si  i  fu  Watiers  li  oisons 
Tubes  et  Duins  li  coulons  : 
Frère  Germain  erent  cil  doi , 

1 60     Estoient  messagier  le  Roi , 
Car  il  estoifnt  sans  fîélée. 
C'est»  ijne  cose  moult  amée. 
Si  i  fu  Mehaus  li  agace 
Ki  violt  bien  que  li  Rois  le  sace 
Pour  cou  k'il  li  avoit  mandée. 
D'Inde  une  diverse  contrée 
I  vint  Vrediaus  li  papegais , 
Ampar|jers  fu ,  moult  sot  de  plais. 
D^  Perse  i  vint  li  olifans 
Fortins,  moult  par  ert  fors  et  grans; 
Et  d'Aufrique  i  vint  Dezdaigneus 
Li  Ostrisses ,  cil  sist  tous  seus 
•Desous  ses  pies  un  bankelet, 
Pour  le  caut  osta  son  huvet. 
Hardis  li  lupars  cousins  Noble 
1  vint  d'outre  Constantinoble, 


170 


i3a  HKNART 

£t  sa  t'eine  Dame  Haroug< 
Ki  une  cape  avoit  plus  ruugr 
Vtestue  ne  soit  escarlate. 

180     La  Dame  estait  lassée  et  mate. 
Car  ele  ot  esté  deshaltie  : 
Encontre  eus  s'est  li  Cours  tlrecit*. 
Nobles  Hardis  tour  deus  coissins 
Assist ,  car  c*estoit  ses  cousins , 
Lés  lui  et  Harouge  ensement. 
Aine  mab  à  Gort  n*ot  si  grant  gent  y 
Car  Ualegrape  li  griffons 
De  Frise  i  vint  ;  tous  les  barons 
Convint  encontre  lui  lever. 

190     Li  Rois  pour  lui  plus  lionover 
De  jouste  lui  et  par  lignage 
Le  fist  seoir,  moult  fist  le  sage. 
L'Unicomc  rinocerons 
I  vint ,  li  Rois  li  ot  semuii» 
Par  pais  faisant  et  par  acorde, 
Car  entr  aus  deus  avoit  ^[jscorde 
Eue  moult  avoit  grant  tans.  ^     « 
Ains  puis  que  formés  fu  Adans 
Ne  tint  Rois  Court  à  si  grans  gem».  • 

aoo     Mainte  autre  i  ot  dont  ne  m'apens 
Ki  erent  Baneret  et  Conte  • 

Nus  n'en  poroit  nonbrer  le  conte. 
Li  plus  povres  que  j'ai  nommés 
Estoit  quens  u  dus  apielés, 


LE  NOUVEL."  •        ,3H 

Empereres,  Rois  uiMarchis  : 
*    Ne  fai  mention  des  petis  " 
Ne  âes  chevaliers  d'un  escu. 
Li  conmuns  pules  si  gians  fii 
Con  n'i  oïst  pas  Dieu  tonnant 
>in     Ains  mais  ne  vit  nus  peulc  tant. 


il4  RFN^riT 

—><»■> ■■■■*♦♦••♦•♦♦♦< 

•  * 

Cinsi  (om  lUn»  noMre  Crt  Chrgnhl  «m  fil  d)nM- 
Itrr  rt  Rmart  rt  t)0(n0nn  li  d)au(rnt  Irs 
rspcrow  à  gmoitl; 

Li  RoU  Nobles  en  audicncr 
A  fait  Vrediel  éner  silence^ 
C*est-à-<lirr,  que  mis  ne  facr 
Noise ,  car  li  Roi»  violt  c'on  sacr 
Rt  haut  rt  bas  çou  k*il  veut  dire. 
Tous  se  teurent,  ne  mais  mesire 
Li  Rois  ki  avoit  à  non  Nobles. 
Signour,  fait-il,  à  briés  paroles. 
Vous  voel  dire  c'ai  en  pensé 

aao     Au  jour  de  me  nativité  :    ^ 
C'est  que  faire  cbcvalier  voer 
A  cest  haut  jour  mon  fd  Orguel 
Se  jou  le  truis  à  vo  conseil. 
On  ne  trouveroit  son  pareil , 
Qu'il  est  viseus,  larges,  hardis  , 
Cascuns  en  die  son  avis. 
Tuit  s'escrient  à  une  vois 
Fai  le  chevalier,  sire  Rois. 
Li  Rois  de  joiant  cuer  l'otroie , 

i3o     Tous  li  palais  en  bruit  de  joie. 
Li  Rois  a  fait  lors  aporter 
Armes  pour  sen  fd  adouber, 


LE  NOUVEL.  i3! 

K'envoié  li  ot  Proserpine 

Del  pue  d'Infier,  c'or  d'araor  fine 

Ainoit  Orguel  et  Orgeus  li , 

Mais  à  Pluto  pas  n'abieli , 

Car  il  en  fu  en  jalousie. 

Or  est  hien  drois  que  je  vous  du 

Ki  Proserpine  les  douna  : 
240     Lùcifîers  ki  soi  en  arma 

En  Paradis  encontre  Crist , 

Dont  Dieus  el  pue  d'Infier  le  niisl , 

Ensamblc  od  lui  ceus  de  sa  pari; 

Prions  à  Dieu  k'il  nous  en  wart. 
Proserpine  les  envoia 

Orguel  qu'ele  de  cuer  ama 

Par  Belgibus  el  se  li  mande 

Salus;  A  tel  saint  tele  offrande. 

Li4lois  9fcn  fil  Orguel  arma 
•rto     De  ces  armes,  car  moult  lama. 

Premiers  li  viesti  Tauqueton 

Ki  estoit,  en  lin  de  coton. 

De  desdaing  de  despit  farsis, 

Li  auketons  fu  moult  jolis. 

Après  li  viesti  la  chemise 

De  Chartres  ki  ert  à  devise 

Biele  si  com  de  vanterie. 

Apriés  laubiert  ki  fu  d'envie 

Mailtiés  et  les  cauces  ausi. 
260     Apriés  CDU  ti  Piois  li  viesti 


i36  R  EN  ART 

De  uuuiaces  une  guîrie  ; 
Apriès  li  a  li  Rois  viestie 
Cute  à  armer  ilt*  vainc  glorr , 
Ce  i)us  raconte  li  l'ston- 
n«'  heubaii  li  donnai  i-.Mit, 
t  <  '!>  ne  fu  puis  le  tau»  Arlu  , 
0e  flescordc  et  f)e  traison , 
Ot  détiens  un  rampant  lion , 
Et  s'ot  heaume  «f 
a-o      l'  it  ol  main'- 
Saffirs,  nihiii 

Des  pieres  resplendiat  li  lieus. 
lÀ  Rois  a  Renart  apielé  ** 
Kt  puis  si  li  a  conmandé 
Orguel  son  fil  Tes^ron  diestrc 
Cauçast,  Ysengrin^  li  seniestre. 
Ensarable  aiidoi  s*agenoullierent, 
Orguel  }e%  esporons  caucierent. 
S'il  est  ki  le  voir  en  descucvre , 
a8o     II  estoient  de  mauvaise  nv^ 
Sans  repentante  manouN  i 
Doré  de  propre  volenté.' 
Mesire  Nobles  né  se  faint , 
A  Orguel  le  branc  d'acier  caio' 
De  haïne  et  de  felounie, 
D'Infier  fti  Orguel  envoie , 
Et  pour  Tamour  son  fil  li  Roi 
En  douna  à  trente  conrois 


LE  NOUVEL.      .  13; 

Ki  od  lui  armé  au  moustier 
290     Alerent  pour  le  Dieu  mestier 

Oîr  l'Archeprestre  Timer  : 

Couvint  la  grant  messe  canter  ; 

L'offrande  fu  et  biele'ct  ricc 

Maint  frumal  d'or  et  mMiiftc  aCu  . 

I  offri-on  à  icel  joui 

Enpriès  messe  el  palais  majour 
,  Monta  li  Rois  et  li  Princier 

Et  tout  li.nauviel  chevalier, 

Puis  lor  dounâ  li  Rois  destriers 
3oo     Bruns,  bais,  bauchans  ,  fors  et  legiers. 

CascuDs  monte  où  sien  ki  ains  ains ,  . 

Orghius  fu  montés  premerains, 

En  son  puitlg  ot  de  fauseté 

Lance  à  uii  fier  de  cruauté. 

En  son  sa  lance  ot  un  pignon 

De  boisdie.  Orghius  a  haut  ton 

Cria  le  quintaine  drecier 

Face  li.Rois  sans  atargier, 

Et  on  si  fist  en  une  lande. 
3io    I Orghius  ki  riens  plus  ne  demande, 

S'esmuet  des'rens  lance  sour  fautre; 

Apriès  lui  muevent  tout  li  autre. 

A  la  quiptaine  ala  jonstct  , 

A  poi  k'il  ne  le  fist  vierser.  . 


i3g  RENART 

»«x «* ■ ■■■■■■niiin*mtM»«»<nii 

€m$t  commt  U  ftl  llrnarl  rt  li  fil  Dsrnann 
(ouâtrrmt  à  la  quintatiu 

Ll  ni  Renart  Ineo  t  jousterent 
Si  que  li  plusiour  les  loerent 
Aiidoi  li  enfant  Ysengrin 
1  joustcrcnt,  maint  grant  talin 
Ot  le  jour  por  caiis  la  quintaino. 

3to     Cascuni  des  lius  Timer  se  paiiic 
C  on  parok  d*eaus.  Li  fil  Tybirri 
Le  cat  i  ioot  si  très  apTcrt , 
Et  li  fil  Belin  le  mo\^ton , 
Cascuns  i  broce  le  Gascon.  « 

Martinés  li  fius  Cointeriel 
Se  maintint  cel  jour  bit!»  et  biel , 
K*il  faisoit  la  bouce  et  le  moc 
A  tous.  Une  lance  en  sa  poc 
Tint  Dnini^^s  uns  Brun ,  et  jou&trr 

33o     Ala  pour  son  cors  déporter. 

Cascuns  jousta  au  roiêx  qu'il  pot. 
Biais  Lioniaus  le  pris  en  ot, 
Li  fi  us  le  Roi  et  li  mainsnés  : 
Oc  tous  Ten  est  li  piis  donnés , 
Car  ce  fu  tous  li  mius  faisans. 
Cascuns  s'i  prouva  com  vaillans. 


LE  NOUVEL.  139 

Li  fil  Ysengrin  s'i  prouvèrent 
Si  qu'à  poi  qu'il  ne  conquesterent 
Le  pris.  Orghius  moult  enflama , 

340     Mais  nul  sanlant  là  n'en  motistra. 
Atant  est  li  jouste  remese  ; 
Orghius  s'en  va  ardans  con  hvcsv 
De  doel;  li  chevalier  nouviel 
Le  suivent.  Le  Roi  fu  moult  hiel 
De  çou  que  Lioniaus  ses  fis 
Ot  de  la  quintaine  le  pris. 
Désarmé  se  sont  en  la  sale , 
Cascuns  contre  eus  rit,  danse  el  haie. 
Li  Rois  a  fait  Tiaue  corner , 

35o     Tuit  s'en  vont  que  mius  mius  laver. 
Li  Rois  s'assist  au  plus  haut  dois 
A  une  table,  car  c'iert  drois. 
Sisenl  li  nouviel  chevalier, 
A  boire  orent  et  à  mengier 
.    Autretant  que  dont  s'il  soursist. 
Orghilleus  erts  où  cief  ce  sist 
De  la  table  ;  à  son  doit  achainc 
•  Renart,  et  il  ne  li  fu  paine 
K'il  n'i  venist,  si  li  demande 

36o     K'il  li  plaist.  Orghius  li  conmande 
K'il  se  sieche  et  il  li  dira. 


i4o  REM  A  HT 

■  ■■««•«■■■■■■■nmi  »«■■■■■■»■  iiMi»»— »«iimi»»««n«ti»»«»ttmt 

<(in$i  ronnu  Rmart  d  C^r(iuianr  roneotUrnt. 

Rekabt  ft|assi$t,  OrglHii>  parla 
Bu  à  conseil  et  dist  en^i 
Courouciés  sui.  C«  poi»e  nu  , 
Ce  dist  T'         î  ki  a  ce  fait? 
Le  fil  \  .  ..^..11.  Mar  lor  vct , 
Ce  dist  Renan ,  en  que)  manière  ? 
De. cou  k'U  mont  l>outé  arrière 
Par  lor  bien  fait.  Renart  entent 

i-u     Que  la  ooae  à  envie  tent  ; 

Moult  en  fu  lié»  dedens  sott  <  <>. 
'    A  Orguel  dist,  à  nesiin  fuer 
No  laissiés  ne  vou»  en  vengit^s. 
Renart ,  ore  m'en  consilli(*s. 
Volentier»,  ce  respont  Renart. 
Renart  fu  plains  de  maies  ars, 
Pourpen&a  c'ore  se  poroil 
D*Ysengrin  vengier  s'il  voloit       « 
Et  de  trestotite  sa  pourgint* , 

38o     K'il  les  hadît  de  grant  liaïn<  . 
Car  en  faide  orent  longlicineut 
Esté,  et  tout  fu  pour  Hiersent 
Feme  Ysengrin  dont  Renart  et 
Ses  volontés  s'en  fist  wihot 


LE  NOUVEL.  1,1 

Ysengrin  ki  moult  l'en  haï. 

Renart  mainte  paine  en  soufïri, 

Apaisiés  les  avoit  11  Rois 

Pau  plus,  pau'Aiâins  avoit  d'un  mois, 

Si  k'il  s'en  moustroient  ami.  iw 

390     Mais  onques  à  Renart  u  issi 

De  son  cuer  pour  çou  la  liaïne , 

Renart  d'estudiler  ne  fine 

K^sengrins  fust  à  mort  livrés. 

D'une  traïson  pourpensés 

S'est  dont  Ysengrins  et  si  fil  , 

Erent  à  mort  et  à  escil 

Livre,  se  Dieus  n'en  a  pi  té. 

Renart  descuevre  son  pensé 

A  Orguel  et  dist,  se  volés 
400     Croire  mon  conseil  vous  serés 

Des  deus  fins  Ysengrin  vengiés  * 

Ains  dis  jours  :  or  soies  haitiés. 

Connient?  biau  Renart,  dites  mol. 

Ensi.  Un  hiraut  le  tournoi 

Faites  crier  chi  à  mardi , 

Je  le  vous  lo  et  si  vous  di 

Ke  là  porés-vous  acomplir 

Des  fins  Ysengrin  vo  désir. 

Et  d'Ysengrin  se  vous  volés. 
41  n     Adont  fu  li  tournois  criés 

Par  l'assens  de  Noblou  le  Roi 

Qui  empris  a  c'a  cest  tornoi 


i4a  RENART 

Vaura  prendre  as  armes  coiigié , 
Et  sa  li  Rois  à  tous  proiié 
Keraunrmcnt  que  pour  s'amoui 
VoeUent  tournoiier  h  c«l  jour. 
Trettous  conmuDemenl  Totroient. 
Li  nouviel  chevalier  s*esjoient 
De  ceste  cose  et  moult  lor  plaist. 
410     Des  nouviaus  chevaliers  se  tatst 
Li  contes ,  et  vient  à  Renart 
Ki  cuer  a  plain  de  mauvais  art. 
A  Orguel  vient,  si  »*ageneille,  - 
Et  si  li  conseille  en  1  oreille 
K*il  se  pourvoit  de  chevalim 
Si  k*il  set  que  lui  est  mestiers. 
Bien  dites,  dist  Orgius,  vous  prcn^; 
Pour  m<Ni  consiUier  et  s*enteng 
Que  vo  troi  fil  sont  preu  et  sage, 
43u     Je  les  retieng  de  mon  maisnage, 
Et  si  retieng  le  tor  Bruiant 
Et  od  lui  le  saingler  Uauçant  ; 
Brun  l'ours  et  son  fil  Bmniel 
Si  xoel  le  mastin  Roenel , 
Cointeriel  le  singe  et  Martin 
Son  fil  :  cist  donront  maint  tatin 
Ens  où  tournoi.  Tibi^rt  le  cat 
Et  ses  deus  fins,  cist  aront  mal 
Tanlost  Ysengrin  et  ses  fiu*. 
440     Le  taison  Grimbert  ki  soutins 


LE  NOUVEL.  143 

Est ,  vo  cousin  ,  voel-jou  od  moi , 
Et  Malapiert  son  fil  par  foi , 
Armes  lor  donrai  et  destriert  ; 
Od  lui  cascuns  quatre  escuiers 
Ait  preus ,  hardis  et  esprouvés. 
Aies,  si  le  mes  amenés, 
Les  chevaliers,  les  escuiers. 
Renart  li  respont,  volentiers. 
Renart  as  chevaliers  en  vint , 

45o     A  aus  parla ,  tous  les  détint 
'Avec  Orguel,  et  d'escuiers 
Quatre  à  cascun  hardis  et  fiers. 
Les  chevaliers  c*ai  chi  nommés 
A  lors  à  Orguel  amenés 
Et  les  escuiers  ensement. 
Orghius  les  reçoit  liement: 
Lors  les  mena  en  une  cambre , 
Dont  li  pavement  ert  de  l'ambre , 
A  conseil ,  et  si  lor  prononc*' 

460     Sa  volenté;  nus  n'i  renonce, 
Ke  se  ir  fil  Ysengriri  von^ 
Au  tournoi,  k'il  les^ciront/ 
Por  les  grans  dons  k'il  lor  proumet. 
Cascuns  à  son  ostel  s'en  vet. 
D'armes  pourvoient  bien  leur  cors, 
Et  de  destriers  isniaus  et  fors. 
De  tout  fine  Renart  pour  eaus 
K'il  ert  maistres  et  senescaus 


ini   <yy-  •'!  ni   If    Koi. 

/,-..     Cas»  un-       ^     Il  voit  endroit  soi 
is  ki  doivent  tôrhoier, 
Si  t]a  it  afficrt  à  tel  mtstier. 
\      iiur  del  tomoi  ati  matin 

iriissu-s  oïl    1'  hiistin 

J\  >.  1ii(.iii>  I  0  haut , 

iirs  vou»  fëut, 
M  lie  dusqu'à  nuir. 
trompes  f^nt  tel  hmil 
K.   Il  uvrc  en  relcntist  toute. 
I     !  ,  ,,  :*i  w  «  inK  oi  s'aroute 

our  le»'deStrier> 
.iciei#.  ■ 
lé  llois  estoit  armés  moult  g|||t* 
n  '        ''.  >r  et  (Parprii^ 

.. i.Hi  et  d'azur. 
I ,  se  il  n*o1st  dur, 
I    ^  hdhieres  péust  >'\\ 

le  ciel  resplendir 
Cou\ini         "  au  Roi  Nol)l« 

El  de  >a  (  '     i  ••  noble. 

Apriés  11  i  >i  Havlis 

\À  lupars  ki  n*ert  aprentis 
Mie  de  ses  armes  porter 
Sa  gent  fait  la  tiere  croller , 
Et  lor  armes  resclarcir  Tair. 
L'ostrisse  Desdaigneus  où  vair 


•V 


LE  NOUVEL.  145 

Se  siet  que  l'en  ot  au  hanir 

Une  liue  terre  tombir. 

De  cuir  bouli  oreut  testieres 
joo     Leur  cheval  conme  bestes  fieres, 

Et  comme  rade  et  fort  destrier  ; 

L^Unicorne  pîULoubliier 

Ne  se  volt ,  ains  se  mist  as  cans. 

Ses  armes  erent  moult  parans  : 

Gens^ot  od  lui  hardis  et  fors. 

Apriés  lui  issi  as  cans  fors  l^ 

ïlortins  li  olifans  de  Pierse  ;  ^ 

Cil  avoit  od  li  gent  diverse. 

Ki  dont  Or|^el  issir  véist , 
5t#     Li  tiere  et  li  airs  en  tombist 
••     Pc  sez  gens  et  de  ses  chevaus.        ^ 

Jà  iert  de  tiei'e  li  solaus 

Départis  et  sour  miedi 

Aloit.  Renaît  od  lui  issi  , 

Sour  un  grant  ceval  Espaignor.  • 

Renars*&  son  col  escu  ot 

De  malisse  et  de  trecerie  ; 

Et  si  troi  fil  car  signourie 

Avoient  tous  auteus  escus 
5310     Fors  que  de  boisdie  desus 

Ot  labiaus  par  descounissance. 

Cascuns  des  gens  Orguel  ot  lance 

Où  des  armes  Orguel  avoit 

Pignon  ki  bien  i  avenoit. 
IV.  10 


i46  RENAIT 

Orgliius  le  mance  Proserpine 
Ot  en  son  bras,  car  d  amor  fine 
LWmoit  t  et  s  ot  son  quevrechief 
Deaeur  le  heaume  de  son  chief 
Pour  plus  douner  de  hardement. 

53o     Orgius  chcvauçoiL  cointement , 
Ch  8^  sieie  «t  à  ses  forains 
Ot  cinc  (ftnt  cloketes  au  maint 
Ki  demenoient  tel  lintin 
Con  11  maisnic  liierlekiii. 
Au  vent  fist  A'maistre  baniere, 
Desploier  ki  de  grant  manière 
Ert  &i(k  de  divers  qpprrage. 
Ele  ert^Mengiée  d'outrage 
Contre  6erté ,  mais  c*un  quarti<ir    ' 

S^o  1  ot  sans  plus  d'outrequidier  : 
Renart  Ta  le  jour  rànroandéc. 
Cent  Gor  sonner  k  ramené*» 

*         Fist  Orgbius  pour  lui  esbaudir. 
Lor  prist  Yaengrins  à  i&4l^ 
Apriès  Orguel  tost  et  vias 
Il  et  sa  gent  le  petit  pas, 
Eatroit  sieré  en  un  tropiel. 
Ysengrin  fescu  en  caatiel 
Tenoit  moult  fort  par  les  enannes. 
55o     Ses  escus  estoit  et  ses  armes 
De  larecin  à  roberie 
Partis.  Un  destrier  de  Surie 


LEJiaUVEL.  147 

Ot  Ysengriiis  fort  et  poissant, 
Et  ausi  orent  si  enfant. 
Et  teus  armes  en  lor  escus 
K'Isengrins  ôt ,  mais  que  dessus 
De  murdre  i  avoit  un  labiel 
Tout  pourfilé  de  piaus  d'agniel. 
Jt^rès  li  griphons  Malegrape 

56o     Issi  ;  un  destrier  de  Halape 
Ot  desous  lui  fort  et  hardi. 
Armes  ot  bounes  d'or  bruni 
U  ot  mainte  rice  êsmeraude. 
Sa  gent  est  d'assanler  moult  caude. 
A  pries  lui  tfà'i  mius  mius  issirent 
Li  autre  et  lor  conrois  partirent 
Esramment,  puis  fisent  souner 
Cent  cors  d'arain  al  assanler, 
Mil  grailles  et  autant  buisines. 

570     Lors  s'esmuevent  par  aliatînes 
Li  nouviel  chevalier  avant. 
Orghilffus  sist  sour  un  baurant 
Ki  hanist,  grate,  fiert  et  mort. 
El  tournoi  gonfanon  destort 
Fiert  Renart ,  si  (il  et  Orghieus , 
•     Que  ce  sanloit  foudre  des  cieus. 
Tous  li  tournois  se  fiert  ensanle 
Que  cius  et  airs  et  tiere  en  tranle. 
Conmunement  entreferir 

58o     Se  vont;  mainte  lance  croissir 


,48  RENART 

I  oWiés  al  a&saiiihler , 
Et  maint  chevaner  reyicrser, 
fet  ditftpée  tlounrr  maint  cop, 
El  espaulèr  et  Tavr^lop  ;"   ,  • 

Maint  cheval  et  maint  cHtMilier 
Prison,  v(S41e  ou  non,  fianderj 
El  maint  kiau  ftcmrier  au  liûoias 
Mener.  Li  Roi*  fiert  luésoirTas 
L'espée  où  puing,^e  liianme  où  cief: 
5qo     Jà  fust  li  Rois  à  ^rant  meschief 
Ne  fust  Tardius  li  l'uneçons' 
Ki  au  ferir  des  esporons 
Li  vint  et  aidier  et  secourre. 
Ki  lors  véist  Nnhiet  acourre 
Et  lioniel ,  birn  péu»t  dire^ 
Que  cascuns  digne  d'i^n  empire 
Estoit  ;  dou  rui^tement  capk^r 
Del  acier  font  li  fu  voler.  , 
I/Unicomc  rinoccron 
600     Voclle  u  non  fiancier  prison 
Font ,  et  puis  Hardi  le  lupart. 
Ki  lors  véisl  les  fîus  Renart 
Sour  les  fins  Ysengrin  capirr, 
Dire  péust  que  baceler 
Sont  de  grant  cuer,  fort  et  poissant. 
Orgius  et  Renart  vont  cierquanl 
Les  rens;  en  lor  voie  encontrerent 
Ysengrin  et  jus  le  portèrent 


LE  NOUVEL.    .  i49 

Par  sus  la  crupe  dou  destrier 

6io  ^  A  la  tiere.  En  lor  repairier 

Truevent  Tostrisse  Desdàigneus, 
A  tiere  le  portent  honteus  :        * 
Le  ceval  foàt  mètre  au  liarnas. 
Par  le  carap  point  Pelés  H  ras, 
I.n  -Mil  venir  TybieiJR|e  cat 
Porta  jus  dou  destrier  tôt  plal, 
Mais  si  doi  fil  le  remontèrent 
Mitousi^et  ^aous  ki  jurèrent 
Se  Pelé  puéent  encontrer, 

620     K'ilJi  feront  cier  comparer. 

Par  le  tournois  es-vous  poignant 
De  Pierse  Fortin  l'olifant  , 
L'espée  ûù  puing,  l'escu  au  col, 
El  Grigjieur  tas  fi^rt  à  plîftn  vol , 
Et  Malegrapeli  griffons,    ' 

•  Et'Espinars  li  ireçons, 

•  Et  li  fil  Timer  1  Arceprestre  : 

Cil  i  sont  vighereus  et  prestre.  • 

Tubes  et  Duuins  li  coulons 
63o     Et  Dans  Frobiers  li  criquillons, 
Canteclers  li  cos  et  Hubiers 
Li  escoufles  ki  moult  apiers 
Estoit,  et  Watiers  li  oisons, 
Cascuns  i  fiert  des  esporons. 
Et*Dans  Tiesselins  li  corbiaus 
Ki  estoit  preus  et  assés  biaus, 


I  JO 


64o 


* 


RKN^RT. 
Se  fiert  où  tournoi ,  et  se»  pan 
I  soustient  ^iea  par  Saint  Jelian.  ' 
Delim  li  ^f^Êfom  e|  si  fî) 
Fièrent  otfwtn*noî%onmc  til 
Kl  désirent  cW  d'aus  parolt 
Y&engrin  trll^em  li  wiliot*. 
Ferir  le^jfftit  de  grans  estais, 
Que  def  escus  fendeot  les  ait.        « 
Ysengript  Belin  feri  %\  * 

Ke  à  la  tiew;  ValmlH^  ^  * 
Et  li  (Ut  prison  Tiancier^ 
Mais  ne  li  rent  pas  son  dea||ier, 
Aa  hamas  errauincnt  Tenvôie. 

65o     En  ton  retottcrâi^l  se  ^oie 
EnooBtre  Ronart  et  Orguel , 
Renais  Fetgaijc  de  put  oel. 
Dont  sot  bien  n'en  poroit  partir 
Sans  avoir  granmcnt  à  sopArir, 
Quatre  fois  hui  les  encontra    ; 
Dont  à  la  tiere  se  trouva. 
Moult  les  crient  Ysenghns  et  doute, 
Noiy>orquant  avoit  en  se  route 
Ses  deus  fis  et  maint  baceler 

660     Preu  et  hanli.  Entrecontrer 
Se  vont  Renart  et  Ysengrins, 
D'àus  deus  conmence  li  hustins 
Fors  et  pesans  des  brans  d'acier, 
L'uns  n'a  voit  gaires  l'autre  chier. 


LE  N(^VEL.  i5i 

Quant  ne  puéent  venir  à  cop 
Si  lancent  et  fièrent  .d'estoc 
De  tel  force  et  de  tel  viertu , 
Ke  desmaillié  et  desronpu 
Sont  lor  escu  et  lor  clavaln. 

(.70     Ysengrins  fiert  Renart  à  plain 

Sour  l'iaume  qu'il  le  fisl  broncitr 
.%  Adens  sour  le  col  dou  distrier. 
R^nars  estoit  priés  del  outrer, 
Qu'irrie  po^t  mais  c#ntrester 
A  Ysengrin  ne  tant  ne  quant; 
Jus  |,'éust  mis  del  auferrant 
Ysengrins,  s'Orghius  et  se  route 
Ne  fust  ki  Ysey^rii^desroule 
Et  les  plusiors  ont  mis  ù  piet. 

68n     En  poi  d'eure  à  home  mesciet. 
Renart  quant  ce  voit,  s'esvertue, 
Poi  se  prise  s*ore  ne  tue 
Ytengrin  ke  de  mortel  gerre 
Het  :  lors  a  sacié  dou  fuerrc 
Une  trençant  miséricorde 
U  jà  n'ara  miséricorde 
Ysengrins,  car  Renart  li  lance 
-Parmi  le  cors  jusques  au  mance 


]5a  RENlR'^ 


»»** ***» 


m»«l»HHIIt  TTT-t*T~--*—*^'*^- ******* '-'*'TftffT' *-•-*" 


ôt  kr  Rmore  naprr  ))«rniiriii  parmi  \e  ton. 

.    .TncitTOUT  outre  parmi  le  bus 

690     Ke  del  cheval  lalniti  jus 

A  tiere;  avoir  le  cuide  mort. 

Orgl)ius  as  fius  Yiengrin  fort 

Se  combat ,  Renart  s*i  4ïmbat 

Si  que  Primaul  ariere  abat 

Et  au  céoîr  que  Primaut  fist , 
•    -        ... 

r><  ii.irt  eu  traison  loast 

Si  soutilninit'ke  nus  ki  vive 
Ne  »Vn  pnsf  garde.  Se  haine 
A  cier  a  iscngni|^v«Hidue, 

700     Wavr^  à  mort  l'a,  eh  loin»'  * 

Ai  Primaut .Aon  fil  la^ic 
"^•En  traïson  fiar  felounie , 

Come  encriesmes ,  Tel ,  deslui^s , 
^m  cil  ki  point  n'est  des  loiaus. 
Ains  e«4^ins  de  desloiauté 
Dont  '  tous  desloiauté   • 

Des  loiaus  ki  ReoaSsousioi&tent, 
Car  par  Renart  Tautrui  couvoit^t 
A  avoir  par  maie  raison  : 

710     En  Renart  n'a  T<^r8  traison. 

Ysengrins  jut  pasmés  à  tiete  y 
Il  clôt  les  iob  et  les  dens  siere. 


#« 


^.  LE  NOUVEL.  i53 

Sa  gent  descendent,  grant  duel  font, 
Hors  de  lu  priesse  porté  l'ont, 
Car  de  fi  cuident  qu'il  soit  mors. 
Par  dalés  Ys^ngrin  le  cors 
De  Priraaut  coucierent  sans  arme, 
Cascuns  ki  n^us  mieus  le  desarme, 
Et  Ysengrin  tout  ensement. 
nto     Aine  mais  tel  doel  ne  £seQt  gent , 
Car  Primaut  voient  mort  tôt  froit , 
Et  d^sengrin  c^acuns  quidoit 
K'il  soit  moirs  et^  fin  aies. 
Non  est,- mais  il  estoj^^asmés , 
Et  quant  il  oC'géu  grant  pose, 
»  Les  io^et  la  bôuce  c'ot  close 
Otri ,  et  Àciaus  entour  soi 
'  Dist ,  Ikite^  chà  venir  le  Roi 

^        A  mm  parler.  Cil  i  alercni, 
jZo     Le  Roi  quisent,.si  l'amenèrent 
j    A  Ysengrin  tantost  via^.' 
Jà  sorent  tout  et  haut  et  l^s 
Que  parmi  le  ^QSJ^iL  i^ayrés 
•     Ysengrins ,  et  ^^esjjBjt  tû<^ , 
Mais  ndQorent  ki  ot  ce  fait , 
,        Si  en  d«mainent  moult"  grant  plait , 

Grant  doel,  grant  noise  et  grant  murftiure. 
Li  Rois,  en^alidience  jure 
t    Ke  cius  ki  ch'a  fait  ert  deffais , 
740     Car  aine  ne  fu  fais  si  lais  fais , 


i54  RENART 

Si  lais  rourdres  ne  »i  vilains, 
Se  c'esloit  ses  frer.         -  nn 
U  ses  fius  cius  k'il  .-  uiui-  -xi  ^   , 
S*encoupes  d'ovre  si  -vilaine 
Estoit  adroit ,  qu  il  en  feroit 
Justice  et  qu'il  le  pendcruit 
Par  le  geule  eu  I)  >    '      ^  inoidri'ur. 
Li  RoU  estoit  en  iviii- 

De  savoir  ki  ot  c*   i         ni, 
7S0     K'en  sen  coer  le  tint  à  trop  lait. 
I  :     '^te  Yféngrin  s'est  assis , 
1  oui  souavct  U  a  requis. 
\seûff^o»timei  si  dist 
Ke  Renan  4  tes  mains  Ir  iisii.       ^ 
Li  Roia  loOs  foùrsené^,  plains  dirr, 
•  Se  drece  ^t  dist,  or  puis  bien  «rii 
C*on  'ne  se  puet  de  IraîsQJi 
'  '  '       ^  ^ ,  baruii , 

^. i.,  aart, 

760    jSi  *wt  ])endus  à  une  liart. 

Tôt  s*esmucuKnt ,  querre  le  vont 
A  tous  les  aval  et  amont  .   ## 

^         Par  le  tournois  et  suft  %  jti»  .  ' 

Mais  c'ert  por  nient,  k'il  ert  ni  .^■^ 
*     Del^  tournoi  bien  liiiwe  et  demie  , 
Qd  lui  se$  fius  et  sa  maisnie 
Et  sa  feme ,  car  il  pensoit  9 

QUe  si  lais  fais  séus  seroit , 


LE  NOUVEL.  i55 

Por  çou  s'en  fuit  sans  congié  prendre , 

770     Car  il  redoute  tnoult  le  pendre. 
En  voie  vait  les  grans  walos 
Il  et  ses  gens  parmi  le  bos. 
Jà  ert  esconsés  li  solaus , 
Si  en  estoit  li  jours  mains  caus. 
Renars  d'e^r  estoit  lassés, 
Moult  volentiers  fust  reposés 
S'il  osast ,  le  trot  à  esrer 
Prist.  Besoins  fait  vielle  troter, 
Car  asséur  n'est  nule  part.  .    • 

780     Sour  diestre  garde  en  un  cssart , 
Voit  le  castel  et  le  dong<îîî 
Grinbiert  son  cousin  le  taison. 
Celé  part  tourne ,  il  et  ses  cens 
'     Par  la  porte  sunt  entré  ens,  • 

y.        Apriés  iaus  l'ont  faite  firemer, 
Et  le  coulice  à  4pvaler 
Et  as  çaïnes  font  le  pont 
Lever  et  fremer,  puis  s'en' vont 
Desarmer.  Or  sont  ^séur, 

79«  k  Car  il  sunt  enclos  de  fort  mur 

Et  de  Yoisés  parfons  et  lés ,  t^' 

Et  de  forte  aighe  priés  que  rés. 
■Renart  monte  où  castiel  plus  haut,* 
Et  on  le  quiert,  mais  ne  lui  caut; 
%  Et  quant  ne  le  puéent  trouver , 
Cil  ki  le  quierent,  lors  conter 


i56     •  RENART 

Jje  vont  le  rice  Roi  Noblon. 
Quant  il  IVntent ,  tel  doel  n'ot  hom  ; 
Lors  se  démente  et  dist  par  soi  : 
800     Hé!  las,  fait-il,  c'est  tout  par  moi 
Que'  cis  mesciés  est  avenus , 
Car  puis  c  une  fois  devéus 
•  r-i  (  i*  Renart  de  Utûson ,  * 

Pui:>  lier  déusse  en  ma  maison 
Avoir  soi^ilrt.  En  ma  Cort  bieste 
N*a  k  coi  il  n'ait  fait  molieste  ; 
Par  traiteur  sont  dacru 
Maint  preudomme,  et  uiesav*    < 
MVn  ept^Que  demande  onilois  i  m  t 
810     De'^Siiie  :  àcest  on  renuef 
Ara  deus  ans  que  il  mourdri 
1^  Cou|  ^'sengrin  honni 

De  sa  feme»  et  or  a  ochis 
Son  fds  en  thûton,  et  mis 
Ysengrin  en  péril  de  mort. 
Lors  a  conmandé  c'on  cm  port 
•Ysengrin  en  une  litier^v  '^ 

Et  Primaut  ki  mors  est  en  bière, 
*  Et  tout  s'^n  voisent  que  mius  mius. 

820     Tout  s'en  vont,  vuis  remest  li  lieus. 
Li  Rois  a  fait  mires  mantlt^r. 
Et  a  fait  la  plaie  tanter 
D'Ysengrin.  Li  mire  lî  jurent       • 
K'il  n'ara  garde  ;  ce  qu*il  durent 


LE  NOUVEL.  i57 

Fisent ,  puis  l'ont  tout  .ftu  coucié 
En  un  lit  et  bien  aaisié, 
Et  dient  que  dedens  un  mois 
Pora  bien  porter  ses  conrois. 
Lendemain  fist  li  Rois  porter 
83o     Le  cors  au  moustier  entierer|t_^ 
De  Primant  le  tfl.'Ysèngrin 
En  un  sarcu  de  marbre  fin , 

Jt  fist  desus  mètre  une'  lame 
our  cou  k*  souvenist  del  ame  « 

EtVon  en  fesist  orison. 

|VenarlH\i  moult  en'grmt-fricon, 
*       Au  matin  muet  vers  Mâlpertuis. 
Venus  i  est ,  s'entre  .ens  par  Puis  : 
SMH ,  sa  feme  et  sa  maisni^  • 

'840     Firent  por  lui  cliiere  moult  lie. 
Maupertuis  iert  fors  et  séurs, 
Il  ^stoit  enclos  de  trois  murs 
Et  de  fossés  quiriés  tous  plains  ** 

D'aighe  rade,  c'estoit  del  mains. 
Si  i  ot  portes,  couléices,      *  # 

Et  tours  seures  et  massices  , 
Et  pont  levis  et  fort  castiel 
Ki  n'a  garde  de  mangouniel, 
Ne  de  perriere  ne  d'assaut, 
85o     Car  sous  une  roce  siet  haut. 
Où  castiel  a  four  et  molin , 
Blet ,  pain ,  farine ,  car  et  vin , 


i58  RENART 

Fouuiiie,  poitsom;  êùané 
Ne  seroient  en  lor  aé. 
Où  castiet  a  rice  trésor 
Si  que  pieres,  argent  et  or. 
El  mur  dou  cliastiel  a  garites 
Séores,  grandes  et  petites, 
'£springole#  et  mangonniaiit 
860     Por  giéter  là  fongrani  quariaus. 
Se  il  ont  cuer  d*taus  bien  defleodre, 
N*eft  bom  el  mont  ki  hê  poist  prendre 
Se  ce  n*estoit  par  traison  ; 
Et  si;;dt  unetel  m§isoil 
Si  foutil  (n*en  mesmû^  nus)  , 
C  onques  U  maisons  Dedalus  » 

«       Ne  fu  tele  ^'si  soutius  : 

Car  tant  eat^i verse  <^uc  cius 
Ki  i  entre  n'en  ^t  iscir,** 
870     Ains  li  estuiçLAnfin  monr. 
'      C'est  li  lius  àe  perdicio^^ 
*  Cius  entre  ens  ki  fait  traison , 

%  Ne  ^ui  sour  autrui  a  envie , 

Ki  fioise  ne  fait  trecerie. 
Ne  ki  bel- la  gent  saas  raison. 
Cius  enû'e  d^ens  la  maison  , 
S'est  de  la  maisnie  Rç|pi  ' 
Je  prie  a  Dieu  k'il  nous  cii  \<>A>.y 
Renart  el  mont  a  moult  des  siens 
880     Cui  il  a  çaint  de  ses  loiiens , 


LE  NOUVEL.  xSg 

K'il  n'est  qui  en  sace  le  conte  : 
Pries  que  tout  li  Roi  et  li  Conte 
En  sont  et  ausi  li  Clefgiés 
Par  Benart,  c'est  moult  grant  pitirs. 
Tout  juent  de  le  fauye  asnesse 
Et  de  Ghillain  sa  conpaignesse.  ' 
Renart  et  si  gent  bien  lor  lieu 
Ont  garni  si  conmc  faidieu 
Ki  se  criément  d'estre  asse'gié. 

890     Tous  les  biens  ont  laieus  saçié 
D'entour  eaus  ;  le  païs  préé 
Ont  et  partout  le  fu  bouté , 
Et  les  bos  al^atus  et  ars. 

^        Tout  cou  a  fait  faire  Renars, 

Pour  cou  c'on  le  pui^  mains  grever,. 

Si  que  nus  n'rtruis^ue  fourer. 

De  là  ébtour  H  oaîsant 

Vienent  au  tloi  JS^^Jon. criant 

Et  plarjliant  queHenart  leur  taut    * 

900     Le  leur  ;  leur  maisons ,  ki  pis  vaut ,        "^ 
Lor  a  arses  et  tout  rcubé. 
Quaiît  l'ot  li  Rois,  s'a  souspiFc 
De  grant  aï^de  maintenant 
Cçnmande  à  soun^ l'olifant  , 

'  Il  cnKnd  parler  de  Dame  Guille  montf^  sur  sa  mulo  Fau- 
vain,  telle  qu  elle  est  représentée  dans  une  grande  figure  allé- 
gprique,  qui  est  à  la  fin  du  Roman,  trop  grande  pour  être 
insérée  dans  un  volume  in-8. 


iGo  REH-ART 

Et  à  (Irecicr  son  estendart , 
R'à  ost  violt  aler  souriM>art , 
Et  Malpiertrtfis  tôt  cscMier, 
Et  Yftengrin ,  s'il  puct ,  vengicr. 
Lors  (ist-on  son  conmandetnent  « 
910     Lolifant  souna  liautemeiil , 
Cil  ki  à  çou  estoit^Hlius. 
Lors  s'Mnercnt  toyt  ce  qii<-  wci^  uuus , 
Lor  caa^  et  lor  soumicr^  font 
Devant  eaus  aler,  après  vont  y 
Banierc  dcsplolc  au  vent , 
Vers  Malpertuis  conmiinalment    ^^ 
K'cnsi  Tôt  U  Rois  conmandé. 
Tant  ontfle  droit  ceniin  esté, 
Ke  pAs  de  Bfaupielruis  se  son' 
910     Trouvé^'Esrant  des  lor  cent  ont 
Pris  pottf  le  cembiel  premier  faire. 
Lors  font  Miiiers  avant  traire  ' 

*      Et  lor  caroi ,  jjuis  vont  entendre 
0  As  très  et^as  dUcubes  tendre*; 

Le  tente  le  Roi  ont  tendue 
En4inc  préft  d'erl>e  drue/    * 
Entour  le  tente  Roi^oblon 
Tendent  maint  ricc  pavillon. 
Tout  entour  Tost  fist  les  foss* 
g3o  *  Faire  li  Rois  parfons  et  lés ,  ^      • 
Et  les  cars  entour  arengicr 
Si  c'on  ne  puist  adamagier 


LE  NOUyEL.  i6i 


S'ost  ne  se  gent.  Lors  fist  en  haut 
Souner  un  cor ,  c'est  c'a  l'assaut 
Voisent  tout.  Maint  et  conmunal 
I  vont  à  piet  et  à  cheval , 


IV. 


1 1 


l'ta 


$i  kr  li  i^o\e>  ttobics»  u^iuit  ilUlprtrui^. 

I  I  V 1 1  N  .         ■■■'<■  «'iil  a>  <  rrti.iiiî» . 
Et  cil  lor  gieteni  grans.quanau», 
Dart,  pilic  cauMT plonr  Imiillaiit . 
940     Et  gavelo*  et  fiyirdant.  4 

Cil  lor  regietent  fu  grigoi&, 
Et  à  eau»  traient  ilars  turcois  '* 

Ainoiit  et  de  lor  arl>aleltres , 
C'a»  cretiaus  n*ose  li  plu»  niestrcs* 
Deinuurer.  Rois  Noble»  un  pont 
Oi  fait  faire»  ù  puéent  fi-  ^'    ''• 
Aler  M»saote  chevalier. 
Li  Roi»  Tavoit  tout  fait  quinn 
De  quir  liouli;  une  trait  f 
Ot  tie  1'  Uyis  lor»  »e»cTie,  •• 

Li  pon.>  soit  III i>  sour  le»  foftsé» 
Et  il  fti  fu  ;  cascun»  montée 
I  est  que  miu»  miu»,  qui  ain&  ain- 
Piu»,  pelés,  hauwiau»  en  lor  mains. 
Que  le  mur  cuident  effondrer. 
Mais  ne  le  puéent  entamer, 
Tant  estoit  fors.  Lors  font  (InTifi 
Eskieles  et  sierjans  puiier 
'  Contremont ,  et  Renart  lor  saut 

'      I  ^1  gent  qui  de  si  haut 


LE  NOUVEL.  i63 

Couine  il  sont  les  fait  céoir  jus, 
Et  li  plus  fiers  ^  trait  en  sus. 
Quant  voit  li  Roi^  ke  ce  ne  vaut 

it         Uiens,  lors  reoonmande  l'assaut 
Et  cQnmande  sou  mangoniel 
Mètre  d'autre  part  le  castiel 
Et  le  fu  griois  5  gieter 
Por  ceaus  dedeas  plus  agrever. 
Le  mouton  conmande  c'on  face 

<j7o     As  murs  hurter  et  c'on  l'abate , 
•  Et  on  si  fist,  mais  rien  ne  vaut:   ^ 

^JEngien  ne  criement  ne  assaut 
Cîl  dedens.  Li  Rois  un  castiel 
Ot  de  fust  moult  rice  et  moult  biel, 
Fort  séur  et  bien  kevilHé, 
A  trois  estages  et  quirié 
De  cuirs  tanés;  moult  ert.  séurs. 
**  Celui  a  fait  mener  as  murs 

De  Malpertruis  ;  arbalestriers 

980     Ot  fait  mètre  es  moiiens  soliers, 
Et  en  l'estage  amont  plus  haut 
Estoit  Pincars  frères  Primant 
Ki  ocis  fu,  fins  Ysengrin. 
Od  lui  ot  maint  rice  mescin , 
Maint  baceler,  maint  chevalier 
Bien  armés  con  por  iaus  aidier 
En  l'estage  aval  premerain, 
Ot  sierjans  armés  trestot  plain  : 


i64  R  EN  ART 

Ais.il  ont  por  le  fu  griois 
990     Estaindre,  Lors  i  fait  li  Rois 
Le  castiel  au  mur  caroiier, 
El  de*rccicf  retpnmrnrier 
L'aïuut  et  inaiiguuniaus  getcr 
As  murs ,  as  toui^  quariaus  voler 
Véissiés  plus  etpès  que  pluir , 
Li  uns  brait  et  li  autres  hui«-      ~ 
Cil  astalent,  cil  se  cUrreuileat , 
Rompent  heftumes,  et  targes  fcMMlmt 
Braient  li  vif,  cobent  H  m<ftl. 
1000     Cil  (lou  bicrfroi  par  lor  effi>rt 

Ont  le  mur  endroit  eaus  conquis. 
Renart  ki  moult  sot  de  refiiis , 
Dist  à  set  gens,  or  vous  muciés 
Es  gantes,  pour  voir  saciés 
Que  cil  dou  bierfroi  monteront 
Sour  les  murs,  et  quant  il  veront 
'     Qu'il  n'ara  nului  clii  aval , 
Des  murs  descenderont  aval , 
Avoir  cuideront  tout  conquis , 
1010     Mais  non  aront  se  onques  puis. 
Renart  et  se  gent  sont  mucié 
Es  gantes  et  acoisié 
Si  que  nus  n'i  ruit  ne  ne  muil. 
Cil  dou  bierfroi  que  mius  mius  tuit 
Par  les  murs  descendent  aval , 
Mais  ce  lors  tournera  à  mal , 


LE  NOUVEL.  ,65 

Car  la  gent  Renart  à  un  cri 
Crient  traï,  traï,  traï, 

Par  le  castiel;  et  Renatt  saut 
loao     Ki  §ès  contraires  liyre  assaut 

Tel  que  à  cascui^^our  Tosfage 

Prist  la  tieste,  et^iul  autre  gage 

*N'en  volt  avojr^^uant  voit  Pincars 

Le  mescief  tel ,  per  cent  mil  mars 

N'i  vosist  estre  doiit  là  vint, 

S'en  vint  fuiant,  maus  li  avint, 

Que  quant  dcl  mur  adevaler 

Cuida^et  (^  bierfroimonter, 

Par  tr^  haster  par  sa  folie 
io3o     Kér  de!  mur,  si  que  brisie 

Ot  et  quisse  et  bras  et  canole. 

Li  sages  dist  en  sa  parole 

Dont  li  entendement  est  teus, 

Que  mauvaise  haste  n'est  preus  ; 

Par  trop  haster  li  meskéi. 

Quant  ensi  jus  del  mur  chéi , 

Pasniésjut  Pincars;  à  grant  painc.   . 

Pot  parler  ne  r'avoir  s'alaine. 
Li  Rois  conmande  c'on  l'emport, 
1040     Et  on  si  fist.  Li  Rois  destort 

Ses  puins  et  ses  ceveus  detire. 

Tandis  k'il  maine  tel  martire 

A  fait  Renart  que  li  bierfrois 

Et  li  pons  est  de  fu  griois 


i66  RKPfART 

Ars  et  bruis  ;  au  mangoulîicl 
Fait  ciauft  dou  bi^ffroi  dou  castiel 
Gieter  hy^  eo*1*ost  ealiestés. 
lÀ  Rois  les  voit,  dou  doel  flÊxo^'^ 
SW  trou  (ci»  :  aounul^o  retraX 
loSo     Fait  et  Ik  (entes  f*en  ^vait 
Il  et  sa  geot  dolans  et  mas  . 
Car  il  a  gieté  ambesas , 
Le  roeneuF  pointure  dou  \^v. 
De  coer  reciainie  Dame- De 
K'il  li  ait.  Grant  doel  e^l'osl 
Mainent  covmunahnent ,  el^tdst 
Se  sont  que  raius  mius  dlkinné  ,  » 

Car  il  estoient  moult  lasi#C  . 
S*ost  fist  li  Rois  esr-^-"»*'»'fîy 
1060     La  nuit  :  Orguel  qii  ilt  ot  chier 

Od  lui  Noblet  et  Leoniel,  t»  • 

Et  tout  li  chevalier  nouviel 
Escargaitent,  et  od  lui  cent 
Chevalier  autre  coiement 
Se  tienent,  en  Tost  n'i  ot  bruit 
Destruroent  ne  de  nul  déduit  ; 
Et  Renart  maine  grant  baudour , 
En  Malpertruis  sounent  taboiir, 
Flahustes,  tjrmbre  et  cahmiel , 
1070     Trompes  araines,  où  castiel 
Ot  cierges  cinc  cens  alumrs 
K'en  Tost  en  reluist  li  clartés. 


LE  N#UVEL. 
A  graut  orguel  Je  tient  li  Rois, 
Que  Rtiiart  inaiiie  teus  buffois  ; 
.       Mais  pour  sa  sen\  reco|rforter 
i  .ferait  a  un  cors  l  laivve  corner  : 
Xu  soupo:  siscnt,  si  inengierenl. 
Enprès  souper  tuit  st^c^icierent 
"^rs  cil  ki  l'ost  escargaitier 
foUo     D^ent,  li  atitré  vont  coucier. 
EnnrMt  Peure  de  mienuit 
De  Malpertruis  issi  sans  i)ruit 
Renart%  si  fil  :  de  ses  gens 
,  Mern  od  lui  quatorze  cens 

•  MouK^ien  armés  sour  les  destriers, 

*  Sonn^4i-fers  et  li  .iciers  : 

é 

^    O^'^ait  à  plain  cours  dVscuellie 
Fcri  BTendrt  et  sa  inaisnie. 
Tel  noise  font  al  aprocliier 
MTyo     Que  ciaus  de  fost  font  esveillier  ; 
Pour  la  noise  k'il  ont  oï 
(Irienl  traï ,  traï ,  traï  î 

Li  Uois  saut  sus  tous  effraés, 
(lascuns  s'est  que  mius  mius  armés: 
Viers  le  caple  vont  conmunal. 
llenars  voit  où  demourer  mal , 
A  un  cor  sounc  le  retour 
Qu'en  demourer  voit  pou  d'amour. 


i6'j 


i68  REN'^H 


€tnst  (ommt  Rmart  rt  m  ^mt  rn  moinntl  pu» 
Cr^iinl ,  ni  \e  \\û\  llijblon. 

En  son  retour  prison  en  maine 

iioo     Orguel  ki  pas  n'i  mist  6c  y 
A  lui  defTcntlre  :  de  cuer  ^v 
Va  od  Rcnart;  sanlant  m6 
En  fiiil  por  so»  gens,  n(^  por(|iiunt 
Vait  od  Renart  k  cuer  joiatft. 
RenartsVen  fuit  od  son  prison , 
Fi^ariesU,  si  vint  en  maiaon 
Od  luile^siens  :  deut  cens^tyajue) 
En  i  a  en  Testour.  Mescié» 
Avint  Rousicl'son  fil  menoi  . 

1 1  lo     Car  les  dëltriei%  en  sou  retour 
Fondi  ;  pris  fil  et  od  lui  cent , 
Tardieus  au  Roi«  prison  le  rent 
«  ^  de  joiant  cuer  le  rcf '•• 
Mais  encore  point  ne  >  < 
D'Orghilleus  son  fils  la  vreté; 
Et  quant  le  sot,  de  doel  ploré 
A  et  la  Roîne  ensement. 
Or  tost  après ,  dist  à  sa  gent  ; 
Et  il  si  font ,  mais  jà  estoît 

iiio     En  Malpiertuis.  Renart  s'avoit 


LE  NOUVEL.  169 

Fait  reclore  apriés  lui  le  porte. 

De  son  fil  Rousiel  li  aporte 

Nouvieles  uns  sierjans,  qu'est  pris 

Od  lui  cent  chevaliers  de  pris. 

Quant  Renart  l'ot ,  del  doel  k'il  ot 

Por  un  miii  d'or  ne  desist  mot , 

Fors  tant  qu'il  a  dit  à  se  ferae  , 
•  •     Pris  est  Roussiaus  vos  fins.  Dame  Emme. 

La  Dame  l'ot,  de  doel  se  pasme, 
1 1 3o     A  poi  qu'ele  ne  rendi  l'ame. 

Graut  doel  niaiueu^par  le.castiel 

De  ^u  k*il  ont  perdu  Roussiel 
•  La  nuit  en  une  rice  sal^ 

Ont  mis  Orguéfr  qui  n'ert  pas  sak-. 
Li  nuis*s'en"va,  li  Jours  revint, 

Renart  au  nfatin  a  lui  vint 

De  sas  plus  (Iriv^s,  vint  véoir 

Orguelj  et  de  tout  sqn  pot;! 

L'ouneure  et  jui  dist ,  bien  vtiiu^ 
1 1  /,o     Soiiés  dfeus  cens  fois.  Orgius  mus         • 

Ne  fu,  ançois  le  resalue.         .   ^ 

Renart  au  col  ses  tras  li  rue 

Et  Orgius  ausi  le  racole. 

De  cuer,»de  foi  et  de  parole 

S'entreplcvissent  conpaignie 

A  portermais  toute  lor  vie, 

Et  por  plus  honorer  Orguel 

Li  dist  Renart ,  sire,  je  voel 


I70  ihenart 

Que  venu»  ^^jgg  mon  castiel.     ^ 
ii#o     AlonSf^rot  Or^hinSfCe  nijest^^liffl. 
Reoart  en  Malportuis  le  miÉM*' 
Ij^rtout,  et  il  ne  li  f»paine^ 
Del  tltpT»  Vins  dist  'que  ea&liel 
Ne  «#lBil^K)nde  nul  %\  hk^ , 
Ne  si  ffifKiffc'si  aaisic. 
De  çou  ot  Renari  le  ouer  li- 
^  A  Orguel  <li*l  Renari,  ven4-.N, 

^tu^rt"  i^^lre  fo^r^erët ,  -^ 
UgH|^iao^|- pluA  diverM*  ^ 
,^^     Kisbit  tic  Jb  •!  rn^erMV 

■*     ILenart  OrgU6l  eu  m-  maison       v 
Maine f  ki  ert'i||^ra'tsoB, 
Détail  prè'féÊÊPt^  oflfrr. 

l^t  Je^mii  pl4«nieiiv 

•  De  to||^9^l|pii 

Avoit  Renatt  k|irii,s  <{^^i^/ 

*  Nel  aruitiMàVik^lldei  Km' 
J^yotc  que  à  Orguel-  Si* 

I  i^o     Contrr  lui.  EAcourtin*^  uni 

De  dras  dW  le  maisoit  treêU)i|te. 
lîiiconlre  Ofgj^el  fors  d'une  croiu. 
Vinf>*v»  -«-^  rtîiroesr'nôhlffvf?» 
Ve^'  inuuh  ricen». 

EncoBtrr  Qrguèi  viennent  caotanl 
Deus  et  deiis  main  et  main  tenant  ; 


LE  NOUVEL. 

Del  ostel  estoient  princesses. 
^s  sis  Dames  les  plus  maistresses 
^wnt  deus  suers ,  Ire  et  Envie , 

II 80     C'est  douiJ^lrs  qu'eles  sont  en  vie. 
Devant  Ils  autres  tout  à  pie 
Vont  contre  Orguel,  et  bien-vignié 
L'ont  et  à  genous  aoure; 
A  lor  pooir  l'ont  honoré 
AvàrUse  et  Accide  apriés 
Ire  et  Envie  :  as  kaukains  priés 
^iwent  Luxure  et,ploutejyiie , 
Cafiicttne  de  fin  or  viestie  , 
Si  vent  les  autres  main  a  maifi. 

1J90     Devant  soleil  lavant  bien  main 
Estoit  quant  Orghiùs  vint  laiens? 
Contre  Orguel  s^Çiient  estrumens, 
%  Viiel^  e(  psariterions  ,  ^. 

'    Orgues^  citoles^  li'reson> 

I  ert  grao^des  trompes  diuj^tiu      ^ 
Contre  Orguel,  recù^f^u  moult<5L;pni 
Les  sis  Û^es-de  leqr  trésor 
Fcmt  -toute  pure  dé  fin  or 
D'pne  corone  Orguel  présent; 

1200     U  ot  maint  rice  diamant, 
SafBrs,  esraeraudes,  rubis 
Et  kasmahius  bruns,  blancs  et  bis. 
Orgiusi  le  reçoit  liement , 
Cent  mercis  as  Dames  en  rent. 


\ 


I-»  IlENART 


••••*••«•••« 


Ciii0t  rom  Rrnart  rouronnr  Or^uril ,  i>i  tout  ^ie 
Vkmn ,  3lt»ûriff ,  ^ai^t  ,  irr ,  ^nuir , 
fnnirf  rt  €»UuU)nnu. 

Il  N    ^      '    couronne  prise 
Jit  ic<  Dames,  si4'ont  assise  y. 
Sour  le  cief  OrgucI;  couronné 
L'ont,  et  ipur  iaus  a  IVoi  levé, 
Por  cbou  que  de  tous  visces  cbiés 
I  II  fu  courôunés  ses  kiés. 

Lues  (|ue  fait  fu ,  sot  Proserpiue 
Le  couipuneroent,  dainor  fine 
Amoit  Orguel  et  li  Orghius 
D'infîer  des  plti  tenebrcus  lius      ^ 
Pu  septre  d*or  pour  signoui  m 
Li  envoia  par  drucrie  , 

,Por  ^*ou  que  Eoil  et  l^ipcrncs 
Soit  el  mctide,  et  you  que  li  Pères 

.  Fist  en  Crois  80i|  fil  r^catcr , 
laao     Fait  Orgliius'cn  infier  aler. 
Par  le  conseil  de  Lucificr 

«Fu  li  septres  tramis  d'infier 
A  Orguel  ki  moult  en  merrir 
Proserpine  sa  ciere  amii-. 

Del  présent  tuit  grant  joie  font 
Cil  et  celés  qu'el  palais  sont  : 


LE  NOUVEL.  17Î 

Tel  bruit,  tel  noise  vont  menant 
C*on  n'i  oïst  p.as  Diçu  tonnant. 
Par  moult  de  gens*est  coronés 

i23o     Orgius  el  monde;  cofounés 

N'est  que  d'orguel  ne  viegne  et  naisse. 
Renart  les  sis  Dames  ne  laisse  ^ 
Ainft  lor  dist,  jj!<o  RaUconpaignie 
Tenons,  si  ne  le  laissons  mie. 
Eles  diènt,  si  ne  ferons 
Jamais  jour  tant  que  vie  arons. 
Et  Renart  dist ,  et  je  serai 
Od  vous^-tous  jours ,  si  afferrai 
Ausi  bien  con  la  piere  en  l'or. 

j  240     En  un  trosne  d'or  en  un  cor 
•    Del  palais  ont  Orguel  assis, 
Le  septre  en  sa  main  ki  massis 
Est  d'or,  les  sis  Dame's  lès  lui  - 
Ki  el  monde  ont  fait  mamt  anui , 
Et  encore  s'en  vont  vaiîtant  : 
Et  Renars  lor  va  prometant 
K'en  bone  foi  les  aidera. 
De  la  joie  que  cascuns  a 
A  genous  flecis  l'en  merdbient,     • 

i25o     Et  à  mon  signeur  Orguel  dient  : 
Sire,  t'ies  Rois  de  tout  le  monde, 
Car  el  monde  n'en  a  si  monde 
Ki  de  nous  u  de  vous  n'ait  take, 
U  de  Renart  traïson  plake  ; 


17?  RKNARl 

Partout  es  cuen  fiiuvain  et  gliille 
A  niis  Renan,  en  roainle  ville, 
Peu  i  a  de  vriue  paterne. 
Renart  vessie  pour  lanterne 
l'ait  à  eiuefuirc  à  tous  les  siens 
1 460     Qui  il  lace  de  les  loiieiis  : 

Et  nous  aui|l  ne  nous  faign'ons, 
^     Mais  tout  la  pu  que  nous  |> 
Faisons  au  ^londe.  ^  rlergii-> 
Est  tous  d  avaritte  takié» 
Rv  de  te  fille  couvoitise 
'  Ki  en  lorfdners  sen  fil  alis**. 
U'^rince,  et  U  conte  et^tei 
Sont  prièsqiie  tout  de  ncfi^e  loi 
•^         Pat  le»  gran-  t^.,i  s  les  pelis, 
117U     EuM  est  li  iT  lionàis^ 

Tous  (^iliPl^q^l^nroondA, 


Par  nous  est  ei'         '  ^  li  jinmd»* 
Car  d4|^4  ll*6<i  I  •  -><  tuis^h^i 


<*•• 


Noms  en  savons  peu  par  It*  mont 
^i  se  desmonde  et  ki  se  mont. 
^S'uDf  se  desmpnde,  iifil  s*ênnlbndcnt 
En  ces^pionde,  et  quant  il  se  mondent 
Tost  resont  par  nous  enmondé 
1280     Si  que  puis  ne  sont  remondé; 

Et  s'il  avient  k'il  se  desmondent. 
Errant  faisons  k'il  se  remondent  : 


LE  NOUVEL.  17  . 

Car  s'en  lor  fin  sunt  eiuiionctjé, 
Jamais  ne«seront  desmondé , 
'  Conques  encor  ame  mçndée 
Ne  fu,  mais  tous  jours  enmondée. 
Monder  ne  se  puet  lioin  mondains 
S'il  n'est  desmonAlf'dipu  monde  ai ns; 
Poi  iR  sens  cil  ki  te  monde  a     ^ 

1 290     Mis  tel  non  ,  c'onques  ne  mendn , 
Ne  jamais  nus  ni  ert  mondés. 
Se  de  vous  et  de  nous  mondés      * 
N'est  et  de  Renart.  Nul  muml^ 
Né  sai  nul  el  moi)d4j0|finiondé 
Sunt  de  vo^is,  de  JMU»,  de  R^rt. 
Li  mondes  est  nos^flus  n'i  part 
Se  moult  poi  non  partout  avori^  ♦ 

Pooir  qiiri^  no/b  r^s  cuncord^n;  ; 
Mais^el  monde  seize  aiflfies    « 

I  ioo     Avous  par  ani  somes  liouriies,  ♦•.  * 

^         Caâcud^  mptill^nos  desavance.        *.      ,♦ 
Li  ^ie  jj'l5|^ontj-epnt^c4  é.  "^     J 

Tiautfe^confiessions  se  suer,  t»  Jf 

Ces  d^us  des  cuers  nos  'geteftt  puer.  •  •       ^ 
Huttiliirs  vostre  anemio .  *       %, 

Gelé  oîi.n1(^nde  mouit  no^gerne  ;  '"^ 

Sobrj^tés  et  astinence 
Contre  glouternie  grant  tence 
Font  souvent,  et  fois  contre  accide, 

lUn     Et  larghesse  contre  avarisse. 


RF.ÎHAUT 

Virj5inilét  cl  caâslt> 
Font  luxuri*  moult  de^Jurlis 
Alempninrt' ,  scu<s  et  rai&oiiN 
Font  moult  de  trll»ul.ition.s 
A  ire  et  cnvir;  i*on««)n!f , 
.Sillenc  ^^  'l'"i 

gunt,  i  tt  moult  grant  travnil. 

Mais  euutt  »  vu  tlounc  un  ail,- 
Nf  ausi  ne  fait  m*.  »uer  irr, 
K*»"l  n»c#[«î<  A  fait  maint  home  ocirc. 
âWiditi  '  t  Ronald, 

Del  monU§eit  petite  li  pars 
G^ui  qui  en  nioru  en  Crois; 
iViaus  sire ,  stf  lu  nos  en  crois 
Nous  ne  «leniorrons  plus  «aioiis . 
^ns  irons,  vîflter  nos  g^s 
j&l  modpi  et  e«  rel 
'£t  diftt  Org^liaV  or  «n  aloiin . 
Si  laissons  gueironer^^ilhi  l 
(^gbips  4''  ^^""'tuyisr  j'»^' 
*A  ^ant  1)1  '  «  les  si>  • 

Ki  en  infier  metent  moult  d'ames. 
'   Renart  les  convoie ,  et  Or^  1 
Li  prie|aue  uns  de  se*^  '" 
Li  preflc  pour  la  ramtiuM 
De  lui.  Renart  prist  Malelx    > 
Son  fd  l'aisné  et  si  li  livre 
Ki  savoit  par  cuer  tout  sans  livre 


LL  i\UL  VEL.  17* 

Tout  l'art  le  père  ;  il  li  aprist 

i34o     Très  s'enfance  et  pour  çou  le  prist 
Orghius  od  lui  qui  moult  Tôt  chier, 
Si  qu'il  en  fist  son  consillier 
Oîi  liu  dou  père,  et  senescal 
De  son  ostel ,  et  le  roial 
Confanon  li  baille  à  porter. 
Renart  conmande  à  retorner, 
Mais  quant  sa  gerre  ara  finée 
Viers  lui  face  la  retornée, 
Et  il  li  a  en  convenant. 

i35o     Congiet  prist  si  s'en  torne  atant, 
Et  Orghius  avance  od  sa  gent. 
Baniere  desploïe  au  vent 
Pour  tout  le  monde  conquester. 
Les  Dames  conmande  à  «[iiester, 
Voisent  as  cités  et  as  villes, 
As  parlemens  et  as  concilies. 
Et  s'irai  les  rices  véoir 
•         Ki  m'ouneurent  à  içur  pooir, 
Si  corn  princes,  contes  et  rois, 

i36o     Dames,  chevaliers  et  bourgois. 
S'irai  al  Apostole  à  Roume 
Et  as  legas  ki  Wileconme 
Diront  à  moi.  Li  Archevesque 
Sont  priés  tout  mien ,  et  li  Evesque 
Et  li  Prélat  de  Sainte  Eglise, 
Et  li  Abbé,  cascuns  m'en  prise 

IV.  l 'i. 


1-8  II  I   >  A  I\  T 

laiit  «|u  il  me  lieneiil  |kji   .uiiij 
Par  les  gran»  K  menu  ami 
Seront.  Avahss«,  veocs 
1370     A  moi  et  od  vou»  amaaét 
G>uvoitise  vo  (ille  ainin^ 
Ki  moult  sera  Walecoinnée 
A&  CardounaiM  et  au  Clergiê. 
Par  vous  deut  en  ai  gaaignié 
Maint  que  quant  il  sont  amonté 
D'avoir,  ki  n'ont  crtimeliti* 
Cure,  ains  mêlent  en  son  lieu. 
Mnint  povre  en  ion  ki  wnl  moult  pn-ii , 
ilumie,  simple,  dout,  debounain-, 
i38o     Ki  seroient  tout  d'autre  afaire 
S'il  fuieent  rice  et  assasé, 
Qui  sont  humle  par  povreté. 

Quant  Orghius  ot  dit  son  voioir . 
Sa  gent  coumanda  à  mouvoir 
Tantost  ;  lors  prendent  à  esrer. 
Al  esmouvoir  a  fait  soun- 
Trompes  plus  de  cinc  cent  Orghius. 
Or  prions  Dieu  le  Roi  des  Cius 
K'en  ce»t  siècle  nos  doinst  si  vivir 
1390     Que  d'Orguel  soiiemes  délivre, 
Que  <|uant  nous  serons  trespais^ 
De  chi ,  que  soious  respassé 
Lassus  od  lui  et  qu'il  nos  gart 
Des  princesses  et  de  Hmiri . 


LE  NOUVEL. 
Et  nos  (loinst  si  le  inonde  amer 
Haïr,  et  lui  si  bien  amer 
K'il  nos  voelle  conme  ses  fius 
Od  lui  raetre  où  règne  des  Cius. 
Orghius  en  va,  Renars  retorne 

I ',00     Vers  Malpertuis,  ciere  fait  morne, 
Car  de  son  fil  li  resouvient 
Rousiel  ke  li  Rois  prison  tient. 
N'ariesta ,  si  vint  à  la  porte 
Ki  de  griés  ert  merveille  forte  ; 
Ens  entre  et  descent  au  perron , 
Entour  lui  vienent  si  baron 
Ki  li  demandent  quels  novieles. 
Et  il  lor  dist  laides  et  bieles  : 
Laides,  que  sui  ci  ensierés, 

1410     Et  mes  fins  est  emprisonnés 
Là  fors  entre  mes  anemis  ; 
Rieles,  de  çou  que  je  sui  vis 
Et  de  çou  c'Orgius  por  m'amour 
A  retenu  mon  fil  griguour, 
Si  en  a  fait  son  consillier 
Et  son  maistre  gonfanounier. 
Se  jou  Rousiel  mon  fil  r'avoie, 
Roi  Noblon  moult  poi  douteroie. 
Mais  se  je  puis  je  le  r'arai 

i/i2o     Dedens  demain  ,  car  jou  irai 

Vmir  mon  fil  en  l'ost  tous  seus 


Ï79 


i$o  i;F.NART 

Lnlr»'  'I''  "    I  iii  iiiiN  III. .(  It'ijs , 

Si    lit'    >U1U.^    llltl     .1    IlllM  lll 

De  moi,  car  bien  vennii  à  clef 
De  moi  y  &e  mon  fil  tniis  • 
C'on  ne  Tait  ocis  par  envie. 
S*il  est  en  vie,  il  sera  chi 
F*  ''Ml  (*t  il  aini  miedi. 

uns  responl ,  sire  Dius  Poe! 

i43o     Kndroit  de  nous  cascuns  le  loe. 

U  vieapres  vient,  ii  jours  décline, 
l\t*nart  ki  fu  dr  piiteorine, 
Pour  Un  drscounoistre  ^  son  vis 
Oinl  d'une  rrlx*  (|U(*  blans  ne  bis 
Ne  ftt,  mais  entre  deus  couleurs. 
Ausi  conme  uns  frère  meneurs 
Se  viest  et  se  fait  rooingnier , 
A  son  col  pendi  un  sauticr. 
Congiet  phst,  si  sVii  tornr  atanl  ; 

i44o     Si  gent  vont  pour  lui  larmoiant. 
Et  il  les  apaise  et  confort*  . 
Et  lor  dist  qu'il  soient  coin  forte 
Gent,  car  petit  vaut  desconfors, 
Mais  cascuns  se  tiegne  coin  fors  : 
Car  se  vous  vos  desconfortés. 
Vos  anemis  conforterés. 
Sans  paour  vous  lenés  com  fort , 
Et  si  prendés  en  çou  confort, 


LE  NOUVEL.  i8 

C'on  ne  vous  puet  par  force  prendre. 

I  ',5o     II  douse  poroient  deffendre 

Le  castiel  contre  l'ost  mil  ans. 
Je  m'en  \ois,  Dius  me  soit  aidans. 
On  alumoit  jà  les  candeilles 
En  Tost ,  or  oiiés  grans  merveilles 
Que  Renars  fist  al  aprocier 
De  l'ost.  Conmencha  à  hucier, 
Aye,  Dieus!  Vrais  Dieus,  aye! 
Secoures  moi,  Sainte  Marie! 
Je  noierai  en  ces  fossés , 

1460     Nuis  est,  ne  sai  ù  vois.  Rcubes 
Sui ,  et  li  miens  conpains  ocis. 
Quant  cil  dou  gait  oent  les  cris, 
A. lui  vienent  si  le  rapeskent 
Dou  fossé  et  puis  li  enpeskent 
Dont  il  vient  et  qu'il  quiert  si  tart. 
Et  il  lor  dist ,  se  Dieus  me  gart , 
Uns  hom  sui  de  relegiou  , 
Por  faire  prédication 
Veniemes  en  ceste  partit 

I  ,-(.      ÎVfon  conpaignon  ocis  sans  vie 

M'ont  cil  de  cel  castiel ,  par  m'ame , 
Escapés  d'eaus  sui  ;  Nostre  Dame 
M'a  tensé  qu'il  ne  m'ont  ocis. 
Ains  mais  ne  fui  en  cest  païs, 
Et  dist,  signour,  or  escoutés , 
Ce  que  dirai  est  vérités, 


it,  REIIART 

De  par  l«  gmnt  Pape  Mii  chi 
Venus,  ngnour,  por  Dieu  merchi 
Pir  deYBDt  le  Roi  wm  menét. 
1480     Et  il  si  font,  li  Rois  levés 
S'estoit ,  c*«s  eskiés  ot  jué. 


LE  NOL  \  KL.  i83 


^iitôi  lomnu  Umart  uint  ttcmni  U  i\oi  en  abit 
îïf  frrre  iU nicur. 


t 


Quant  voit  Renart,  s'a  demaiulr, 
Qui  est  cil  frères  Cordelois  ? 
(Ihnieos  n'en  vi  nul  mais  des  mois. 
Cil  esraument  le  Roi  contèrent 
Cou  qu'il  leur  dist  quant  le  Irouvii  tnl , 
Et  qu'il  fust  où  fossé  noiiés 
S'il  ne  fuissent.  Li  Rois  sainiés 
S'est  cent  fois  de  sa  destre  poe. 

1490     Renart  en  desriere  le  moe 
L'en  fait,  sou  caperon  osta, 
A  genous  le  Roi  salua. 
Li  Rois  l'en  drece  et  si  l'assist 
Lés  lui ,  et  puis  si  li  enquist 
Conment  a  à  non ,  de  (juel  ville 
Il  ert.  Renart  ki  sot  de  gliille 
Plus  que  nus,  li  dist  de  Digon 
Sui ,  frère  Jonas  me  nomme-on. 
Tel  privilège  ai,  sire  Rois, 

i5oo     Que  je  puis  préeschier  des  crois, 
S'ai  tel  pooir  conmc  uns  legaus 
Tout  là  ù  n'est  li  Cardounaus , 


i84  nL>ARr 

l.i  \«»lrui  (iemaiii  précrier 

Et  1.1  |>aroie  Dieu  uoncier. 

Li  Rois  l'otroie  volen tiers 

El  la  Roîne.  Endementiers 

Vint  au  Roi  Grimhers  li  JUiissons, 

Od  lui  son  fil  agenilions 

Se  «ont  mis  par  devant  II  Roi. 

i5io     Sire,  ditt  Grimbiers,  je  vous  proi 

Mierci  pour  RousicI  mon  nevni ,  A 

Sauves  vo  raison  et  vo  veu , 

r/anuit  le  laissié»  conBesser 

£t  à  cest  proudome  parler. 

S*il  pierl  le  cor»  sauvés  li  lame; 

Que  la  tr^  glorieuse  Danu> 

Voft  pardoinst ,  sire  y  vos  melTais , 

C'on  me  dist  de  matin  defTais 

Doit  eslre  et  cil  ki  furent  pris 

i5ao     Od  lui.  Sire,  petit  vos  pris 
En  croisteroit  se  desconfiés 
Moroit,  et  si  seroit  grans  pies. 
Li  Rois  respont,  ma  volentés 
Est  que  cascuos  soit  confiessés. 

Li  Rois  le  mastin  Rooniel 
Conmande  qu'il  amaint  Rou&iel 
Et  tous  les  prisons ,  si  seront 
Confiessé,  car  demain  morront. 
Rocniaus  respont  volentiers, 

i53o      Car  au  Roi  esloit  rai  leriors. 


LE  NOUVEL.  i85 

Lendemain  les  a  tous  trais  hors 
Pales  de  vis ,  maigres  de  cors  ; 
Les  maine  devant  Roi  Noblon 
Enmi  le  maistre  paveillon  : 
De  cierges  i  ot  grant  plenté. 
Li  Rois  a  Rousiel  apelé 
Et  li  dist  :  Rousiel ,  se  tu  mi 
ïenoies  si  con  je  fas  ti , 
Qu'en  feroies  ,  nel'  choile  pas  ? 

iri4o     Rousiel  respont,  par  Saint  Thoumas  , 
Vous  seriiés  demain  pendus. 
Que  respit  n'i  ariiés  plus. 
Li  Rois  respont,  ausi  seras 
Plus  c'anuit  mais  respit  n'aras 
Ne  ti  conpaignon  enseniont; 
Tu  m'as  chi  tait  ton  jugement. 
Roussiaus  respont,  gentis  Rois  sire, 
Point  ne  dcvés  moustrer  vostre  ire 
Pour  çou  viers  moi  ne  tant  ne  quant , 

i55o     Sour  men  cors  seroit  deffendant, 
S'aroie  plus  grant  droit  assés 
De  faire  rois  que  vous  n'avés. 
Li  Roist  s'enbronce  et  puis  rougist , 
Et  à  Rousiel  esranment  dist  : 
Le  fait  des  pourcelés  compère 
Li  truie  :  de  Renart  son  père 
N'oï  n'en  fable  n'en  rançon 
Dire  bien.  Mainte  mesprison 


il6  RBNART 

Ma  faite  et  ocist-il  Coupée, 
i56o     Et  fiftt  que  Bruns  ot  reversée 

Le  ptel  clou  cief  sour  le  rousiel , 
K'entendre  li  fîst  miel  nouviel 
A  voit  dedens  le  caisnc  endos  : 
Il  le  créi ,  si  fist  ke  fos. 
Aosi  Bst-il  batre  Tybiort 
Le  cat,  et  rescouflc  Hubirrt 
Cuida  en  tnïaon  inourdrir. 
Et  ne  me  cuida-il  hountr 
De  ma  §tme ,  et  ne  fist  li  lore 
1S70     A  Ysenghn  son  boin  coii|>crc 
Dedent  le  pue  adevaler , 
Tantost  le  fist-il  eacourter 
Et  puis  Wiliot ,  et  compissa 
Ses  luviauft  et  puis  It-s  clania 
ATomtres,  et  Phnuiut  ocist 
A  ung  tournoi  et  avoec  mist 
En  péril  de  mort  Ysengrin  , 
Mail  gari»  est,  et  Tiesselin 
Le  corbel  toli  le  fourmagr. 
i58o     Où  monde  n'a  bcste  sauvage 
Qu'il  naît  decéu,  tant  set  mal. 
Et  ne  fist-il  céoir  aval 
Dou  mur  Pincart ,  mais  bien  garis 
En  est.  Adonc  i  ot  ocis 
Deus  cens  des  miens  à  cui  copei 
Fist  les  tiestes  et  puis  geter 


LE  NOUVEL.  187 

Là  hors  en  m'ost  au  mangouniel , 

Et  s'en  mena  en  son  castiel 

Par  nuit  en  traïson  Orguel 
iSgo     Mon  ainsné  fil  dont  plus  me  doel; 

Et  si  me  dist  une  espie  ier 

Que  je  i  tramis  espier 

En  Malpertruis,  piesme  noviele 

Ke  Renart  a  à  se  courdiele 

Atrait  mon  fil ,  et  encor  plus , 

Ke  par  son  conseil  est  issus 

De  Malpertuis  Orgius  mes  fis, 

Et  si  s'en  va  par  le  païs 

Là  où  jamais  ne  le  verai , 
1600     Mais  point  d'aïe  n'en  aurai 

A  ma  grant  gerre  traire  à  fin. 

Par  celui  qui  fist  d'aighe  vin , 

Le  fait  ton  père  conperras 

Et  demain  en  proisme  moiras, 

Et  ti  conpaignon  avoec  ti. 

Rousiaus  por  cou  ne  s'abaubi. 

Mais  au  Roi  respont  à  bandon  : 

Rois ,  par  le  Sainte  Passion 

Que  Jhesu-cris  souffri  en  Crois 
16 10     Au  jour  k'il  fu  de  mort  destrois. 

Se  je  muir,  tel  mil  en  morront 

Ki  encores  à  naistre  sont. 

Rois ,  ne  counissiés-vous  men  père  ? 

Foi  que  je  doi  l'ame  me  mère , 


i8»  RENART 

Ançois  iroit  des  hakesios 
Querre  outre  mer  as  Sarrasins, 
Rois,  que  je  ne  fuisse  veogirs. 
De  ce  s*est  li  Rois  al  nés 
Si  aigrement  que  de  sa  poe 

i6ao     Li  douna  tel  cop  en  le  joe 
R'il  l'ahafi  ,  ♦•!  «étranglé 
L'en  IV'Ust  osté. 

Tuit  t'ii  biamcnt  le  Roi  moult  fort , 
Et  Grimbiers  li  laissons  dctort 
Ses  poes  et  court  ^  "'■•  •-  ■■  • 
V  véu  a  seoir  B> 
Mais  encore  poil:  wni 

Il  ne  nus  del  ost  que  ce  soit 
Renars  :  cascuns  quide  Jonas 

;'^        \il  à  non,  mai«  plus  que  le  pa> 
.Vient  à  lui,  et  pui»  lii  li  prie 
Que  |)or  Tamor  Sainte  Marie 
Viegne  tost  en  la  roaistn-  i< utr 
Coofiesser  gens  c'on ,  san&  atcntc , 
Doit  mètre  h  mort  al  ajournée 
Renars  i  vient  de  randounrc. 
Contre  lui  se  lieve  li  Rol^ . 
Et  Reoart  l'enclina  trois  fois , 
Et  puis  s*est  jouste  lui  assis, 

1640     Et  si  li  a  por  Diu  requis 

Qu'à  ces  prisons  laissast  douiuM 
Le  Crois  et  aler  outre  mn 


LE  NOUVEL.  189 

>aiis  n- venir,  si  ert  aumosiie. 
Li  Rois  lors  respont,  par  le  trosiie. 
Par  le  ciel  et  le  fiermameut 
Ki  me  donroit  lor  pois  d'argent 
Ne  les  lairoie  aler  délivres  : 
Ne  cuidiés,  je  ne  sui  pas  ivres, 
K'il  me  doient  escaper  point , 

i65o     Demain  les  mêlerai  à  point. 

En  ont  lor  gent  no  conpaignoii 

Maisement  et  en  traïson 

Ocis  et  vous  misme  reubé, 

Et  si  vous  euissent  tué 

Se  ne  fust  çou  que  vous  venistes 

Çà  à  warant  et  à  fuistes. 

Ausi  ait  Dieus  en  m'ame  part , 

Je  volroie  tenir  Renart 

Ausi  bien  que  je  lac  Rousiel , 

1660     Si  m'euist  Orgbilieus  castiel 

Coustë  que  mes  pères  fist  faire, 
Que  par  le  saintisme  suaire 
Dont  Jhesu-cris  envolepés 
Fu,  que  il  scroit  traînés 
Lonc  mon  roiaume  dusqu'au  cor. 
Jou  n'en  prendroie  argent  ne  or 
C'avoec  tout  çou  ne  fust  pendus. 
Tant  set  de  mal  que  nus  hom  plus, 
Et  Roussiaus  ses  fius  bien  l'ensiut 

1670     Et  c'est  drois,  car  on  dire  siut 


«9» 


RKNART 
Tout  surke  quanque  de  cal  ut 
Dont  on  par  maintes  fies  dist , 
Car  qui  des  boins  est,  soef  flaire. 
Et  yniemeat  ne  me  puis  taire, 
Chc  dist  Renart ,  k'un  cort  sermon 
Ne  vous  face  :  et  ne  fist  pardon 
Jhesus  Longin  ki  le  feri  ? 
Et  ne  pardona-il  ausi 
La  Magdclaine  ses  pcciés, 

680     Et  ciaus  par  qui  cnacefiés 
Fu  repardoana-il  ta  mort. 
Dur  cuer  a  ki  de  tel  rroort 
N*est  adoucis  en  pieté. 
Rois,  pour  le  Sainte  Trinito, 
Orguel  et  felounie  ostés 
De  vo  cuer,  et  si  vous  souflrés 
De  C6ate  ^nt  ci  metrc  à  fin  : 
Rois  Nobles,  on  vous  tient  ù  tin; 
Mais  de  plosioars  est  li  recor» 

(>90     Que  ce  n*est  raie  trestous  ors 

Quanqui  luist,  et  bien  le  moiMtrés 
En  cou  que  si  grans  cruautés 
Est  en  vous.  Et  li  Rois  respont 
Que  c'est  por  nient ,  demain  morroiil 
Lors  dist  Renart  au  Roi  Nobion , 
Au  mains  aront  contiession. 
Bien  le  voel ,  ce  respont  Rois  MobU's 
Qui  moult  par  *'r*  .mmiNv  <•»  nol.I.-^. 


LE  NOUVEL.  191 

Renart  don  Roi  se  part  atant 

1700     A  cuer  pensiii,  tristre  et  dolant  ; 
Vient  à  sa  geut  et  à  son  fil 
Ke  li  Rois  violt  mètre  à  escil. 
Lors  traist  son  fil  à  une  part 
Con  pour  confiesser,  lui  est  tart 
Que  il  peuist  à  lui  parler. 
Lors  Roussiaus  conmence  aconter 
Ses  peciés  à  Renart  son  père. 
Taisiés  or,  dist  Renart ,  biaus  frère, 
Je  sui  tes  père  et  tu  mes  fins, 

17 10     N'en  moustre  sanlant,  que  de  cius 
Ne  soions  jà  :  à  mienuit 
Te  métrai  fors  cui  qu'il  anuit. 
Et  tous  tes  conpaignons  od  ti. 
Roussiaus  li  dist,  sire  mierchi, 
Dites  le  no  cousin  Grimbiert 
Ki  nous  aime  si  qu'il  se  piert. 
Renart  li  respont  à  briés  mos , 
Volentiers ,  et  puis  l'a  assos 
Ausi  que  dont  s'il  fust  confiés. 

1720     Tuit  li  autre  vinrent  apriès 
A  Renart  ki  les  asséure 
De  mètre  anuit  fors  et  s'en  jure 
La  saintisme  cierviele  Dé. 
Quant  tuit  se  furent  confiessé  , 
Renarl  en  apiela  Grinbiert, 
Si  li  a  trestout  descouviert 


«9» 


K  F.  >•  A  R  l 


(^ui  il  t'st  ;  et  quant  il  initriii, 

De  lu  joie  ses  poes  lent 

Viers  le  ciel  et  Dieu  en  mercie , 

,7^,,     Kt  Renart  doucement  li  prie 
K*il  li  ait  à  mienuit 
Grimbiers  rcspont,  t  ui  «(ii  il  .uiuh  , 
Serai  od  vous,  jou  et  li  mien , 
Nen  soigniéi  plus,  sire,  moult  bifu 
Yenrons  à  cief  de  cett  afaire. 
Atant  li  cambrelenc  à  faire 
Prendent  les  lis,  tuit  vont  coucliier 
For»  cil  qui  l'ost  escargaitier 
Doivent.  Les  prison»  ont  remis 

1740     En  le  foase  ù  il  furent  pris , 
En  buie*  et  en  grans  carcans. 
Un  peu  devant  les  cos  cantans 
Se  lieve  Renars  et  Grinbiers , 
Il  doi  sans  plus  et  vont  envier» 
Le  fosae  ii  U  prisonnier  sunt. 
Roenel  trouvé  dormant  ont , 
A  son  kevec  prondent  le  clef, 
Et  puis  deffrement  tout  soef 
L*uis  et  les  prisons  deffiererent 

17S0     Si  ç'au  deffierer  ne  souoerent 

Li  Her  se  moult  poi  non;  tantoftt 
Les  maine  Grimbie»  parmi  Tost 
Si  coiement  que  piercéu 
N'en  furent.  Moult  l»u  m  avenu 


LE  Î^OUVEL. 
Lor  en  est  :  au  tré  Grimbiert  sunt 
Venu ,  et  lor  cors  armés  ont 
De  pourpoins  et  de  haubregons, 
De  plates  et  de  gambisons. 
Parmi  l'ost  s'en  vont  à  laron 
1760     Devant  eaus  Grimbiert  le  taissou 
Ki  les  conduit  et  ki  les  maine 
Il  et  se  maisnie  demaine, 
A  piet  sans  lances,  bien  armé 
Dusqu'à  Malpertuis  n'ont  cessé. 
Ens  entrent  par  la  maistre  porte 
Ki  à  merveilles  estoit  forte. 
Et  Roussiaus  cante  à  bautc  alaine 

Et 


193 


g3E5^î^Ei:ï' 


Ensi  doit  entrer  en  ville  (jiii  amors 


jKim 


£; 


Maine,  qui  amours  maine. 
En  la  porte  entrent  tuit  cantant, 
1770     Contre  eaus  vienent  petit  et  grant, 
Tuit  font  joie  par  le  castiel 
De  cou  que  tout  sain  r'ont  Houssiel. 
Contre  son  fil  od  ses  pucieles 
Vint  Dame  Emme,  car  les  novieles 
Li  ot  dit  une  cambouriere. 
Devant  vint,  ne  mie  desriere , 
Cantant  clerement  à  baus  cris  : 


IV. 


ij 


194  RENART 


■1^?— «-L 


■=■: 


Jamais  amours  n'oublierai ,  ironques  no  fis.  ' 
U  que  voit  son  fil ,  si  l'acole  « 

1 780     Tel  joie  en  eut  \h  se  \mro\e 

Ne  pot  venir  dedens  grant  tant. 
Contre  Roussiel  li  joie  grans 
Fu,  c*à  Troies  n*ot  por  Elaine 
Si  grant.  Son  fil  I\ou!iiel  en  mainc 
Dame  Enune  en  cambres  reposer , 
Et  Renan  fût  ses  gens  canter 
Et  tous  ses  estrumens  tentir 
Et  tromper  por  lui  esluiudir  ; 
Et  as  cretiaus  cierges  anlans 

1790     Mètre,  k*en  Tosl  li  clartés  grans 
En  relubt.  Li  os  s'en  esveille, 
En  esveillant  ont  grant  merveille 
Dont  té»  clartés  vient,  ne  por  quoi 
Rennrs  le  fait,  mais  dusqu'à  poi 
Le  saront,  car  lors  à  urler 
Prist  Roéniaus  et  à  crier: 
Tai  tout  perdu,  traï,  traî  ! 
Mi  prisonnier  s*en  sont  fui. 
Li  Rois  Nobles  au  crit  s*esveille 

1800     Et  toute  li  os  s'apareillc 

D'armes,  qu'il  cuident  assali 
Soient.  Non  sont,  plusior  au  cri 

'     75 1 5     J'aim  loyatunent  cl  amcnû  ton*  jour*. 


LE  NOUVEL.  195 

En  sont  venu,  mismes  li  Rois 
I  est  venus  ;  à  haute  vois 
Demande  dont  ce  vient  k'il  font 
Tel  noise,  et  Roieniaus  respout  : 
Nos  prisounier  sont  escapé. 
Quant  l'ot  li  Rois,  s'a  souspiré  ; 
Del  doel  c'ot,  feri  Roeniel 

1810     De  se  poe  si  que  le  piel 
Li  a  dou  dos  jus  reversée , 
Et  dist  qu'il  en  ara  pendéo. 
De  la  paor  que  il  en  ot 
S'en  fuist  del  ost  sans  dire  mot; 
Mais  Malegrape  l'encontra 
Li  grifons  ki  le  ramena 
Par  si  qu'il  li  fera  au  Roi 
Sa  pais,  et  il  s'en  va  od  soi. 
Sour  cou  li  grifons  l'amena 

tSio     Au  Roi  qui  tout  li  pardonna. 

Li  Rois  plains  d'ire  et  forsenés 
De  la  fosse  tous  deffremés 
Les  boukius  trueve  et  les  clés  cns. 
Dusqu'à  sis  a  fait  de  ses  gens 
Entrer  ens,  les  fiers  raporterent 
Des  prisons  et  avoec  trouvèrent 
Les  soumieles  dou  Cordelois. 
Quant  le  voit  Nobles .  si  destrois 
Fu ,  qu'il  ne  parlast  por  mil  mars. 

iS'io     Quant  pot  parler,  dist  que  Renars 


196  RENART 

L'a  ticçul.  Sire ,  disl  Tybier» , 
Aidié  Yen  »  sire  Grinbicrs 
Li  taissont  set  coutiot  ;  aln 
Eftt  ud  Renart ,  si  m'ait  Des  : 
Car  dedens  sttn  trc  n'a  nului. 
Quant  Tôt  li  Rois,  de  Hn  anui 
Cria  plus  de  cent  fois,  hahai  * 
Trai  m'a  Grimbiers,  bien  le  sai 
Moult  me  fioie  dou  taison, 
1840     Mais  on  dist  de  privé  laron 
Se  puet  nus  à  paines  gaitier. 


LE  NOUVEL. 


'97 


€insi  comme  Uois  Itoblce  aseaut  iUauprrtuis  et 
fom  si  fil  sf  font  [cv(x  h  ^iaives  sur  Irs  murs, 
ft  Ufitûrt  ft  si  fil  leur  sont  tenu  an  devant 

Or  tost  as  annes,  chevalier, 
Je  coninant  que  cascuns  assaille 
A  Malpertruis.  Lors  la  piétaille 
I  court  errant  lancier  et  traire. 
Entour  eus  font  grant  luminaire 
De  cierges,  d'estrain  et  de  gluis , 

Car  encore  estoit  noire  nuis. 

••     • 

Einsi  conme  sour  l'ajournée 

ï85o     Cil  dedens  de  grant  randonnée 
Se  deffendent  com  gent  apris 
De  guerre,  et  de  courous  empris. 
.    Moult  fu  l'assaus  aspres  et  durs , 
Tibiers  li  cas  s'ahiert  as  murs, 
Et  si  doi  fil  por  esprover 
Lor  cors  et  d'iaus  faire  parler. 
Tant  rampent  qu'il  sont  as  cretiaus, 
Od  eus  li  singes  Cointeriaus 
Et  Martins  ses  fius  ki  derrière 

1860     Ne  fu,  mais  devant  la  baniere 
Le  Roi,  portoit  as  murs  la  poie, 
Lors  crie  en  haut,  bien  vuet  c'on  l'oie, 


19g  RENART 

Aïe  !  pris  est  li  castiau». 
Renart  ki  raoult  estoit  isniaus, 
D*un  fiiiuart  tel  cop  li  clouna 
C*oii  font  dou  fossé  le  rua  « 
Bt  tous  les  autres  ki  rampèrent , 
Caval  el  (oui  se  trouvèrent  ; 
Biais  nesuns  cl*eus  n'i  fu  hleciés, 
1S70     Car  il  céurent  tour  lor  pies. 

De  ciaus  li  os  forment  s'esmaie , 
Et  Bdins  li  moutons  s'assaie 
Au  mur  hurter  por  cffonclrcr  , 
U  et  si  fil  pour  etprouver 
Lor  force  ;  et  Bauçans  li  laioglers , 
Avec  lui  pourciaus  Wap*"""-* 
A  leur  musiaus  vont  «  1 
Le  terrai  :  l'escurieus  salant 
Va  sus  et  jus.  Ki  lors  véist 
1880     Morel  le  ceval  com  hanist 

Et  fiert  as  murs  des  pies  desriere 
Il  et  Ferrans  que  avis  ère 
Que  déussent  le  mur  abatre. 
Qui  lors  le  grifon  vist  esbatre 
Et  voler  deseure  les  murs , 
C*à  le  fuite  li  plus  séurs 
Se  mist,  mais  li  grifons  en  prist 
Dis  et  puis  en  prison  les  mist, 
Et  puis  ravole  de  rtcief, 
1S90     Mais  Renart  le  prist  à  meskief. 


LE  NOUVEL.  iy<j 

Qu'il  le  feri  de  son  fausait 
Un  tel  cop  que  il  li  départ 
Jus  les  maistres  coutiàus  del  ele. 
Dolor  sent  c'onques  mais  jour  tele 
Ne  senti  ains  puis  k'il  fu  nés, 
Car  plus  de  dis  fois  s'est  pasmés. 
Quant  pot  parler  à  clef  de  pièce  , 
Dist,  n'est  nus  que  il  ne  meskiece 
A  le  fois,  et  tant  va  li  pos 

1900     A  l'iauwe  qu'il  brise.  Li  os 

S'esinaie  inoull  fort  dou  grifon  : 
Plains  de  courous ,  de  grant  randon 
S'enbat  l'ostrisses,  un  en  prist 
Desus  les  murs  esrant  l'ocist , 
Et  l'aubert  dou  dos  li  menga. 
Plus  de  quatorze  en  mebaigna 
Ançois  que  il  laissast  son  vol  ; 
Mais  Renart  le  feri  où  col 
De  son  fausart,  jus  li  éust 

1910     Caupée  le  tieste ,  ne  fust 

L'aubiers  dont  ot  le  gave  plaine 
K'il  ot  mengié.  Moult  se  demainc 
Mehaus  li  agace  et  espreke. 
Lors  s'assist  sour  une  breteske 
Ele  et  Vrediaus  li  papegais  : 
D'estris,  de  tences  et  de  plais 
Assalent,  moult  mainent  grant  noise. 
Timers  li  asnes  ne  s'acoise 


RBNART 

Il  et  si  fil  de  recaner 
iQio     Por  ceuft  dou  castiel  estouner. 
Bniiaus  li  tors  i  phst  à  muirr 
Por  ccus  dcdcns  grever  et  luiirr. 
Lors  prist  Roeniaus  à  uslei 
Il  et  Grignan.  Lon  au  brouster 
Se  prisent  li  chierre  et  li  bous 
Por  plus  grever  Rcnarl  le  rous. 
CasCTint  aiaaut  au  inius  k'il  sel. 
Et  Yteogrins  ki  Renart  het, 
Les  amoneste  de  bien  faire, 
iglo     Entre  Alixandre  et  le  roi  Daire 
N*ot  assaut  onques  tant  félon. 
Ki  lors  véist  Rinoceron 
L'Unicorne  conme  il  sVfTorce 
Que  li  castiaus  soit  pris  à  force, 
Hardis  li  lupars  vistemrnt 
Assaut  Nobles  liardiement. 
Li  fins  le  Roi  et  Leoniaus 
Ses  frères  moult  de  lor  aviaus 
I  ont ,  car  as  glaives  se  font 
1940     Dou  castiel  sour  les  murs  amont 

Gieter;  mais  Roussiaus  et  Grinbiers 
Vienent  de  lors  et  de  traviers 
Et  lor  gcnt,  et  cil  se  deffendenl 
Sour  les  murs  et  fier  estor  rendent 
A  ciaus  dedens,  et  reculer 
Les  font  un  arpent ,  et  c'est  cler 


LE  NOUVEL.  aoi 

S'il  eussent  à  tans  secours 

Eu ,  li  castiaus  et  H  bours 

Fust  pris  par  eaus  à  ceste  fie. 
igSo     Et  quant  il  virent  point  d'aie 

N'aroient ,  si  se  retornerent , 

Et  jus  des  murs  s'adevalerent  ; 

Mais  au  descendre,  de  caillaus 

Furent  convoiiet  et  de  paus  < 

De  quesne ,  mais  onques  navré 

N'en  furent,  s'en  ont  Dieu  loé. 
Li  Rois  fait  le  retrait  souner. 

Lors  laissent  tuit  l'assaut  ester  ; 

Lassé  estoient  durement, 
i960     Car  il  orent  moult  longuement 

Assali  très  l'aube  crevant 

Jusques  à  miedi  sounant , 

Si  estoient  moult  travillié. 

A  lor  tentes  deshaubergié 

Se  sont  et  au  mengier  assis. 

En  aus  n'a  voit  ne  ju  ne  ris. 

Car  li  plusior  furent  navré, 

Et  si  en  i  ot  maint  tué; 

Et  Renart  des  siens  i  pierdi 
ig^o     Des  plus  prisiés  cent  et  demi. 

Au  Roi  requiert  trives  deus  mois  , 

Volentiers  li  douna  li  Rois 

Pour  les  mors  faire  ensevelir 

Et  les  navrés  faire  garir 


3oa  RIRA  HT 

Li  douna  jour  ti  longuement. 
Les  trieTM  tindrent  fermemeni 
D'une  part  et  d'autre.  Taodb 
A  fait  Renart  que  renforcis 
Est  Malpertruis  ;  ses  murs  redire 

1980     Fist  et  grande  vitaille  atraire 

En  son  castiel  por  douze  ans  vivre, 
k  Li  gent  Renart  tout  à  délivre 

Aloient  vendre  et  acater 
En  PosL  Tandis  recarpenter 
Fist  set  engiens  Nobles  li  Rois , 
Que  li  ot  ars  li  fus  grigois , 
Et  si  fait  refaire  sen  pont 
Et  sen  biarfroi  en  contnMnont 
Recarpenter  et  redrecier, 

1990     Et  ses  annci  raparillier. 

Tandis  qu*il  furent  à  repos, 
Li  Rois  ses  sodoiers  lor  sols 
Retailla  le  tierc  et  tolli. 
Dont  sa  Cours  moult  en  afoibli. 
Li  plus  grant  de  lui  s'cstrangierent 
Par  courous  et  si  le  laissierent. 
De  son  ooninun  peule  pierdi 
Le  tierc  u  plus,  et  si  vous  di 
Que  par  le  conseil  le  fai&oit 

aooo     Ysenghn  qui  çou  li  looit. 

Par  mauvais  consillier  k  Court 
Souvent  tes  usages  a  court 


LE  NOUVEL.  ao3 

Dont  11  sires  piert  los  et  pris, 
Et  avoec  ses  millors  amis. 
Par  mauvais  consel  mains  hosteus 
Est  hounis.  Tu,  hom  ki  es  teus 
Ke  tu  as  grant  tiere  à  baillier, 
Onques  ne  fai  ton  conseillier 
D'orne  ki  ne  soit  de  boin  non, 

20  lo     Et  soit  de  boine  estrassion 

Issus,  et  qu'il  soit  caritaules 

A  tous,  et  dous  et  amiaules, 

Et  k'il  soit  sages  et  discrès. 

Et  puis  que  tu  si  fait  le  ses 

Croire  et  cremir  et  puis  amer 

Le  dois,  ne  jà  n'aies  amer 

Cuer  sour  lui  por  riens  c'on  t'en  die , 

Nus  n'est  sour  qui  on  ne  mesdie. 

Mais  au  jour  d'ui  li  grant  signor 

aoao     N'aiment  nului  fors  le  blandour, 
L'escars  ,  le  mesdisant ,  l'aver, 
Geaus  font  en  lor  osteus  monter 
Si  que  li  signeur  en  avalent , 
Por  çou  que  li  sage  qui  valent 
Les  laissent ,  car  ne  puet  durer 
Larges  cuers  por  riens  à  l'aver. 
Si  que  moult  vaut,  je  n'en  dout  mie, 
Grans  sire  qui  boine  maisnie 
Tient  entour  lui  en  son  ostel , 

20 3o     Car  ne  puet  en  millor  chatel 


9o4  RENART 

Metre  son  or  ne  son  argent , 
Car  Dieus,  li  mondes  et  la  gcnt 
L'en  seTent  gré  et  mieus  len  vient 
Sa  ooM  ;  et  au  jour  d'uî  «vient 
Que  li  mauvais  est  amont^ 
Ains  que  li  boins ,  dont  c*est  pités. 
Kiconques  fait  dou  tierf  signor. 
Lui  et  son  règne  en  grant  dolour 
Met ,  et  au  roi  Daire  paru 

ao4o     Pnr  ses  tiers  cot  amontés ,  fu 
Ocis  et  eacilliM  set  règnes. 
Tu ,  graos  sires ,  c*au  jour  d*ui  règnes , 
Pren  garde  h  ^ou ,  pa«  ne  folie 
Hom  ki  par  autrui  se  castie. 
Sires  ki  mauvais  conseil  croit. 
Lui  méifliies  avant  déçoit 
Li  Rois  Nobles  par  çou  picrdi, 
Car  li  mius  de  s*ost  le  guerpi; 
C  onques  princes  escars  n*avers 

aoSo     A  bien  ne  vint,  mais  com  li  mers 
Flue ,  doit  sor  les  boins  fluer 
Li  siens  et  largement  douner 
Doit  à  tous  j  et  s'il  est  escars , 
Des  boins  ert  petite  sa  pars, 
Et  des  mauvais  ert  assasés. 
Pluseurs  s*en  est  caitis  clamés. 
Tout  si  fist  mesire  li  Rois 
Nobles;  por  çou  qu'il  fu  destroi^ 


LE  NOUVEL.  2o5 

Et  escars ,  a  ses  gens  perdus. 
2060     Renart  a  tous  ciaus  retenus 
Ki  dou  Roi  s'estoicnt  parti, 
De  sen  avoir  tant  lor  parti 
Et  si  larghement  lor  douna, 
Que  partout  li  nous  en  ala. 
Tant  li  vinrent  de  sodiiers 
Que  il  en  ot  bien  cent  milliers, 
Tous  eslus  d'armes ,  n'est  pas  gas. 
Contre  le  Soudant  de  Damas 
Péust  combatre  gent  à  gent. 
2070     Des  parties  viers  Orient 

Li  vint  Cérastes  uns  sierpens 
En  sodées  ;  moult  ert  de  dens 
Crueus,  et  con  moutons  cornus. 
De  car  d'oisiaus  vivoit  le  plus , 
Ses  decevoit  com  li  houpius , 
Tant  ert  de  nature  soutins. 
Mors-soudaine  li  cos  Basiles 
I  vint,  et  de  plus  de  dis  villes 
Ocist  les  gens  de  son  regart 
2080     En  son  venir.  As  sols  Renart 
Vint  li  Loutres  et  li  Fouans 
D'Etiope  il  caut  fait;  engrans 
De  faire  d'armes  li  dragons 
I  vint;  tendre  ses  pavillons 
Fist  defors  Maupertuis  es  prés , 
Et  li  cos  Basiles  dalés 


,o6  RENAKT 

Les  siens,  et  Orattret  ausi. 
Tant  sont  fort,  poissant  et  liurdi, 
Plaiu  d'orgue!^  et  si  pau  doutoient 
3090     Roi  Noblon,  que  il  ne  daignuienl 
En  Mâlpertruis  herhorge  prciuirr , 
Et  pour  çou  orent-il  fait  tendre 
Lor  très  et  lor  tentes  as  cans. 
Le  jour  devant  triuwes  falans 
Une  espie  le  Roi  conta 
Qui*  Renart  dis  tans  de  gens  a 
K*tl  nait,  et  que  si  sodiier 
Que  il  ne  vot  mie  paiier 
Çou  qu  il  Ictu*  devoit  plaineuieiit , 
21U0     Sont  à  Renart.  Trop  à  granl  g'ent 
D*Orieiit  et  de  ces  partt< 
Rois,  puis  que  tes  gens  siini  | tardes 
De  ti ,  va,  (ai  pais  k  Renart 
Respont  li  Rois,  Jhesus  in •  « 
Que  jà  jour  face  pais  à  lui , 
Car  à  son  oés  ni*a  trop  d  anui 
Fait ,  mais  di  moi  liquel  al«- 
Des  mieoa  sont  od  Renart , 
Ne  me  soit,  mais  di  le  en  ;<^ 
1110     Sire,  pierdu  avés  Tibiert 

Et  ses  deus  fius,  Rinocerun 
L'Unicorne  par  Saint  Symon , 
Le  singe  Cointeriel  ausi 
El  si  fîl ,  s'\ro  ,  t'\  SI  vous  di 


LE  NOUVEL.  ao7 

Que  le  bugle  pierdu  avés 
Et  le  bouc  ;  ceus  c'ai  ci  nommes 
Vi  o  Renai't ,  et  les  oï 
Devant  Renart  clamer  de  ti 
De  ce  que  retaillas  lor  sos  : 

31  ao     De  ce  faire  fiis  plus  que  sos, 
Sire,  et  cius  qui  le  vous  loa 
Moult  mauvais  conseil  vous  douua, 
Car  vous  en  avés  couroucié 
Vos  barons,  si  vous  ont  laissié 
Par  coui'ous ,  et  s'en  sont  râlé 
¥.n  lor  pais  tristre  et  iré 
Pour  cou  que  croire  nés  vosistes 
Et  k'Ysengrin  ançois  créistes. 
Or  avés  les  sols  retailliés , 

ai3o     Prendés  rou  que  i  gaaigniés, 
Li  loupars  vos  cousins  Hardis 
Par  courous  s'en  est  départis 
Viers  son  pais.  Li  tors  Bruians 
Il  et  Bruns  l'ours,  od  eus  Bauçans, 
Cist  nos  ont  laissié  en  le  trape. 
Si  nous  a  laissié  Malegrape 
Li  grifons  et  li  olifans, 
Moriaus  et  li  Roncis  Ferrans 
Et  l'Ostrisses  Desdaingneus,  sire, 

ai  40     Ki  en  viers  vous  mousterra  s'ire  , 
Ce  dist,  s'il  vit,  et  grèvera, 
Car  pour  vous  sen  païs  laissa 


ao8  RENAET 

Et  maisement  li  avét  soU. 
Sire ,  je  vous  di  à  briës  mot 
Que  fiidei  fMiis  se  vous  poés 
A  Renart,  car  pooir  naYet 
A  lui  d*assanler  gent  à  gent , 
Car  saciés  le  tout  vraiement , 
Sowsante  eo  a  cootre  un  des  vos. 

ai5o     Renart  n*est  mie  de  mort  bos, 
Ains  est  hardis  et  oorageus, 
Sages  et  soutius  et  viseus  : 
Larges  est  et  larghement  dounr 
Le  sien  as  siens  et  abandounr  : 
H  ne  lait  mie  sen  trésor 
De  pieres  ne  d^argent  ne  d  or 
Si  que  vous ,  mais  de  chevaliers , 
Se  siergans  d*annes ,  trcscuiers 
Preus  et  hardis  ;  n'a  tresorie 

9 160     For!(  que  de  l)oine  gent  hardie. 
Rois,  de  son  trésor  conquerra 
Le  tien  s*il  vint  et  cacera 
Toi  et  ta  gent  du  règne  fors. 
Rois,  croi  conseil,  u  tu  ies  mors. 

Quant  li  Rois  Pot,  à  poi  n'ismor. 
Atant  estes- vous  un  messa^' 
Au  Roi  que  Renart  i  tramist , 
U  qu'il  voit  le  Roi ,  si  li  dist  : 
Rois  Nobles,  h  demain  bataille 

mro     Aras,  ce  saces-tu  san>  failli-, 


LE  NOUVEL. 
Geiit  à  gent ,  Renart  t'en  semont , 
Hui  sunt  triuwes,  demain  faurront. 
Por  le  Roi  respont  au  message 
Ysengrins ,  et  dist ,  cest  outrage 
^ora  bien  Renart  comparer, 
Et  de  ce  se  puet  bien  vanter 
C'a  bataille  ne  faudra  mie 
A  demain  se  li  Rois  Totrie. 
Et  li  Rois  respont ,  je  l'otri. 

a  180     Lors  atant  a  ii  mes  brandi 
Son  espiel  en  signe  d'cstour 
Crueus;  lors  a  pris  son  retor 
Dusquà  Renart,  et  à  demain 
Dbt,  de  cou  soiics  tout  certain, 
Arons  bataille  à  jour  nommé , 
Car  Rois  Nobles  l'a  créante. 
Quant  Renart  l'ot ,  sans  arester 
Fist  conmun  ban  en  liaut  crier 
C'aparilliés  soit  sans  atendre 

a  190     Cascuns  conme  pour  soi  deffendrc  , 
Et  pour  grever  son  anemi. 
A  demain  arons,  je  vous  di , 
La  bataille ,  et  qui  conquerra 
Quoi  que  ce  soit ,  il  en  pora 
Faire  conme  dou  sien  sen  preu  : 
Ce  vous  doit  esmouvoir  que  preu 
Soiiés ,  et  mie  n'entendes 
Trop  au  gaaing.  Se  vous  n'avés 
IV.  •       i\ 


9IO  RENART 

Riens  conquis,  Renart  vous  donra 

aaoo     Tant  da  ûen  qu'il  vous  ducrra, 
Et  che  devera  bien  souffirtr , 
Et  encore  vous  fait  meaire 
A  savoir  que  qui  un  fuiant  ^ 

Des  nos  ocira ,  un  besant 
Ara,  et  de  çou  iéiirs  soit, 
Car  uns  fuùms  deaoonfiroit 
Tout  une  ost.  Lors  se  teut  «  que  plus 
Ne  disL  Cascuns  lors  si  esmus 
Fu  de  bien  fiûre  et  si  ardans, 

aaio     Que  cascuns  ert  en  soi  Rollans 
De  volenté.  Et  lendemain 
Fist  Renart  issir  bors  au  plain 
Sa  gent  en  conroi  bien  armée. 
\m  première  esciele  a  livrée 
Grimbiert  son  cousin  le  taisson. 
De  la  seconde  lors  fist  don 
Ses  deus  fins.  La  tierce  bailla 
Cérastes  que  il  moult  ama. 
La  quarte  bailla  le  Dragon 

aiao     Pour  çou  qu'il  estoit  de  grant  non. 
Et  la  quinte  le  cok  Basile 
En  qui  bataille  ot  bien  dis  mille 
Ke  chevaliers  et  ke  siergans 
Bien  armés,  hardis  et  aidaas. 
La  sissime  retient  od  soi. 
Ensi  ordené  en  conroi 


LE  NOUVEL. 
Se  misent  ensanle  au  cemin. 
Li  fier  des  armes  grant  tintin 
Rent  et  grant  son ,  et  li  destrier 

223o     Al  aler  font  si  grant  porrier 

Que  merveilles.  Au  roi  Noblou 
Ens  en  son  maistre  pavillon 
Li  dist  un  mes,  et  jà  s'armoit 
Li  Rois  et  sa  gent  et  faisoit 
En  son  tref  devant  lui  canter 
Messe  TArceprestre  Timer, 
Mais  ançois  s'estoit  fais  confiés, 
Et  trestoute  li  os  apriès. 
S'en  estoient  plus  asséur  ; 

3340     ^^  ^^"^  ^^^  enclos  de  boin  mur 
Ki  confiés  est  et  repentans. 
Li  Rois  fist  ses  trompes  plus  grans 
Souner  pour  sa  gent  esbaudir. 
Adont  prisent  tuit  à  issir 
Sour  les  destriers  armés  ensanle 
Que  cius  et  airs  et  tiere  en  tranle. 

Li  Rois  ses  eskieles  ordene, 
Pour  ses  fins  la  première  assené; 
La  seconde  sour  Ysengrin 

a25o     Que  Renart  liet  de  grant  cuer  fin. 
Sor  Bricemer  le  cierf  le  tierce 
Mist ,  adont  entre  prime  et  tierce 
Estoit;  et  la  quarte  livra 
A  deus  où  il  moult  se  fia. 


«Il  RENART 

Le  Camel  et  le  Dromailaire. 
De  la  quinte  De  me  doi  taire  ; 
Celi  li  Rois  caiielle  et  guie , 
Nul  nVn  i  a  qui  pour  riens  fuie. 
Tardiu  bailla  le  linie<;on 

aa6o     Li  Rois  son  roial  gonfanon. 
SieiTt>ment  en  un  tropiel 
Maine  li  Rois  lés  un  praiel 
S'esciele ,  et  son  cors  à  garder 
Carga  TArceprestre  Timer, 
Canlecler  et  Relin  ausi , 
Por  çou  qu*il  sont  preu  et  hardi. 

lÀ  Rois  a  bataille  à  mescief, 
Dis  mil  contre  cent  mil ,  c'est  grief. 
Paour  a,  n'en  monstre  sanlant, 

tS7o     Mais  sa  gent  va  amonestant 

De  bien  faire,  et  cascuns  respont 
C'au  jour  d*ui  preudome  seront. 
Lors  s'esmuevent  tout  conmunal , 
Si  s*en  vont  tout  le  fons  d'un  val; 
Amont  vienent  dusques  au  plain 
Que  il  trouvèrent  priés  que  plain 
De  gens  à  bataille  rengie 
Ri  tout  erent  de  la  partie 
Renart.  Paour  a ,  n'en  puet  mais 

aa8o     Li  Rois  et  bien  gréast  le  pnis , 
Et  les  damages  restorast 
Que  Renart  a  et  tout  le  gast. 


LE  NOUVEL.  2i3 

Et  dou  meflfait  le  clamast  quite 
S'il  fust  qu'en  parlast.  A  le  fuite 
Se  mesist,  s'il  osast  de  honte. 
Renart  ki  bien  set  que  ce  monte 
De  guerre,  voit  11  Rois  paour 
A ,  et  k'il  en  a  le  millour 
Dou  giu ,  et  à  sa  volenté 

2290     A  soi  méismes  a  pensé 

Sages  est  ki  fait  de  son  tort 
Son  droit  ;  se  mesires  à  mort 
Estoit  mis,  et  tout  cil  ocis 
Ki  od  lui  sunt,  s'a  tant  d'amis 
Li  Rois  que  il  seroit  vengiés 
De  moi-,  u  seroie  caciés 
Jou  et  li  mien  dou  règne  fors , 
Et  s'en  seroie  en  la  fin  mors. 
Pais  ne  puis  faire  ù  n'aie  hounor, 

23oo     Car  cascuns  voit  bien  le  millor 
En  ai ,  et  se  jou  m'umelie 
A  men  plus  biel,  je  n'en  dout  mie 
Que  jou  n'aie  dou  Roi  pardon 
Et  si  m'aront  cier  li  baron  , 
Et  si  me  porai  bien  vengier 
D'Ysengrin  que  jou  n'ai  point  chier. 
Et  au  Roi  le  porai  meller, 
Pour  çou  que  par  lui  recoper 
Et  par  son  conseil  fist  li  Rois 


a,4  KtNAUT 

«3,0     Le»  ioU,  M  quil  bien  ains  un  mois 
Esire  gran»  iiuûslrc»  del  lio»tcl , 
El  û  aquermi  un  los  l«  I 
Dedens  un  an ,  que  »e  nioi  oïl 
Li  Rois ,  que  on  t\c  moi  feroit 
Souvrain  bailliu,  vl  si  seroic 
Baus  des  m  fans  ol  û  poroie 
Ealre  Rois    i         ^«•n*  puel  venter 
El  tous  m»-»  iiM mi»  grever 
El  faire  d".  «11^  mi  volonté. 

A  »on  conseil  gehisl  «on  cucr 
De  pais  faire ,  et  di»t  à  nul  fur r 
Encontre  »en  signor  n'iroit 
A  Ualaille,el  s'il  ocioit 
Le  Roi  et  ses  gens,  seroit-il 
Quitet  pour  çou  ?  Par  foi  nenil  ; 
La  licre  en  seroit  escillie, 
El  jou  et  toute  ma  lignic. 
Mais  savc»-vous  que  je  ferai  ? 
a33o     Descaus  et  à  pic  mVn  irai 
Crier  merci  au  Roi  Noblon , 
Jou  sai  bien  que  j'arai  pardon 
Et  qu'il  pardonra  enscmenl 
A  Irestous  ciaus  son  mauulent 
Ki  l'ont  laissié ,  et  le  taisson , 
Se  puis,  ferai  avoir  pardon. 


^£  NOUVEL.  2i5 

Mais  s'ensi  estoit  que  li  Rois 
Me  vousist  metre  en  son  defois, 
Et  ne  me  vousist  pardouner 
2340     Son  courous,  je  vous  voel  rouver 
Et  conmander  secourus  soie. 


9i6  BENART 


««■■■■«»■»«»< 


€insi  €tmm  Hrnart  vint  à  mrrn  au  roi  tlablon 
rt  Si  mift  à  ^mouU ,  rt  li  Ibtt  dr«(rndi  don 
ct)riMil ,  rt  IVn  IrM  rt  p\m  U  baua. 

Je  II»  I  II  1  «  ^  m.i  Lji'iit   I  «Mr 

Soit.  Jusqui  t..>i  nv  vicssa^ 

Geuous  flcii»  le  salua 
Et  li  prie  pour  Diou  lucrrlii. 
Hé!  Rois  Nobles,  je  vieng  k  ti 
Conme  mrffais,  près  cranirn  ^  ■ 
De  quanquc  vaurr(*s  coumaiiL;. . 
Sour  moi  et  de  cors  et  tl  avoir  : 
a35o     Rois,  jou  me  met  en  ton  \oloir. 
Ens  où  Roi  n*ot  k*esmervilliei 
De  çou  qu*il  voit.  De  son  destrier 
Descendi  et  Reiiart  leva 
Amont  et  parais  le  baisa, 
Et  li  pardouna  tous  mefîais 
Et  viut  k'il  soit  à  tous  jors  mais 
De  son  conseil  et  conmaiidcres 
De  son  hostel.  Li  bareteres 
Respont  au  Roi  :  n'affiert  à  moi 
a36p     Que  je  soie  à  conseil  de  Roi. 

Con  plus  s'escondit ,  plus  esprcnt 
Le  Roi,  et  tout  son  mautalcnt 


LE  NOUVEL.  217 

Pardouna  H  Rois  le  taisson , 

Et  à  tous  les  autres  pardon 

Fist,  qu'il  counoist  qu'il  se  iiieffîst, 

Dont  à  sa  gent  en  oiant  dist , 

Ysengrins  m'en  mesconsilla. 

Eosi  à  Noblon  s'acorda 

Renart  de  trestous  ses  meffais, 
7.370     Dont  on  dist  souvent  que  grans  pais 

Gist  en  bien  grant  gerre  à  le  fie. 

De  joie  ot  là  tel  crierie 

C'on  n'i  oïst  pas  Dieu  tonnant. 

De  là  endroit  se  part  atant 

Un  mes  ki  onques  ne  ciessa 

Dusqu'à  la  Roïne  et  conta 

Ke  li  Rois  et  Renart  paisié 

Se  sont,  et  sont  entre-baisié. 

Celé  part  s'en  vient  la  Roïne 
a3tJo     Sour  un  palefroi  de  ravine, 

De  joie  cantant  le  grant  cors  : 


Nus  n'a  joie  s'il  n'aime  par  amors. 
Quant  vient  au  Roi ,  si  le  salue , 
De  joie  fu  si  esperdue 
Ke  grant  pièce  ne  pot  parler. 
Renart  le  couru  desmonter 
Del  palefroi  et  jus  le  mist 
A  la  tiere  et  puis  si  l'assist 


<i8  RENART 

Sour  un  blason  point  de  vermeil. 

aBgo     £u  runc  en  liaut  et  en  cou»eil 
Paroleut  d'un  et  d*el  ensanble. 
Dame ,  dist  Renart ,  que  vous  sambie 
De  c«tte  pais  ?  Ele  dist ,  bien. 
Sour  un  palefroi  Nubien 
Atant  estes*vous  Dame  Eminain 
Femc  Renart ,  car  par  un  nain 
Sot  que  pais  fu ,  qui  li  ot  dite. 
De  la  joie  fu  si  afllitc 
Qu'en  granl  pièce  mot  ne  souna. 

a  400     Li  Rois  Nobles  encontre  ala  : 
Ele  le  salue  et  il  li , 
Li  Rois  tantost  le  descendi 
Del  palefroi.  La  Dame  apiele 
Son  carobrdenc  qui  la  noviele 
Que  pais  est  en  Malpertuis  face 
A  savoir  que  case  uns  le  sace 
Et  s'en  face  souner  les  soins, 
Car  si  gransjoie«ne  fu  ains, 
Et  aparillier  le  disncr 

a4io     Cora  por  le  Roi;  encourtiner 
Face  le  castiel  et  les  rues, 
Et  que  les  gens  grans  et  menues 
Facent  fieste  contre  le  Roi  ; 
Et  quant  Tas  dit  revten  à  moi 
Et  fai  les  damoisiaus  jouster 
Por  plus  le  Roi  Noble  honorer. 


LE  NOUVEL.  219 

Le  clergie  à  pourciession 
Fai  venir  contre  Roi  Noblon. 
Cius  s'en  va  c'onques  ne  ciessa, 

2420     S'ot  fait  quanc'on  li  conmanda. 
Lors  retorne  et  conte  l'affaire 
De  Malpertruis ,  et  que  l'afaire 
A  fait  par  les  prés  dou  castiel 
Que  tuit  li  jouene  damoisiel 
Jousteront  contre  le  venue 
Le  Roi,  et  si  n'i  ara  rue 
Ki  ne  soit  toute  encourtinée, 
Et  s'est  li  quisine  aprestée 
Coin  pour  asseoir  au  inengier. 

2430     Renart  fait  conmun  ban  criier 
Tous  soient  d'armes  desgarni. 
Li  Rois  Nobles  crier  aussi 
Le  fist,  et  tout  se  désarmèrent, 
Et  de  lor  robes  s'acesmerent 
Et  revienent  joie  faisant. 
Renart  vient  au  Roi  tout  esrant 
Et  li  dist  que  tans  est  d'aler, 
Car  bien  ert  eure  de  disner 
Ains  qu'en  Malpertruis  soient  tuit^ 

2440     Al  esmouvoir  mènent  tel  bruit 
De  timbres  et  de  cors  d'arain, 
Que  tombir  le  val  et  le  plain 
En  font  et  la  tiere  croller. 


aïo  RENART 

Et  Renart  lors  prcnt  à  canler 
Ce  motet  luissct  et  &ien  : 


^ 


^:S 


T^V^ 


J'ai  joie  ramenée  clii. 


LE  NOUVEL.  aai 


€tn5i  comme  li  Hms  Hoblrs  appaisa  Henart  et 
l)6nîigrin  et  les  ftet  rntrrbaisfr. 

Quant  dite  fu  celle  cancons, 

Un  mes  ferant  des  esporons 

Envoie  à  Malpertuis  avant 
a45o     Ke  tout  viegnent  petit  et  grant 

Contre  le  Roi  et  la  Roïne. 

Dusques  à  Malpertuis  ne  fine 

Li  mes,  ses  conmandc  issir  fors. 

Tuit  issent;  de  trompes,  de  cors 

Fu  si  grans  li  sons  et  li  bruis, 

Que  ce  seroit  uns  fins  anuis 

Dou  raconter.  Lances  brisant 

Vienent,  et  li  plusiors  cantant. 

Et  sour  palefrois  à  sambues 
2460     Les  Dames  ricement  viestues 

Le  Roi  saluent  hautement 

Et  sa  conpaignie  ensement. 

Li  Rois  Nobles  les  resalue, 

Et  puis  sor  destre  ses  iols  rue. 

Quant  n'a  nient  Ysengrin  véu 

S'en  a  grans  merveilles  eu  : 

Esranment  apiele  un  vallet 

Ki  ne  metoit  point  de  huvet, 


jii  HENART 

Km  li.iiii  ^  écrie  et  si  dist,  ses 

14^0     l   *^^  Yseogrin.  Sire,  os  très, 

Respont  cil.  Et  di-moi  por  quoi. 
Volentier»  »  ce  dist  cil ,  par  foi , 
l\nr  çoii  que  Renan  li  ucist 
Son  fil ,  et  lui  inéisine  mist 
En  grant  p<>nl,  si  coro  savés, 
Et  puis  (|ue  il  n'est  acordés , 
N  afferroit  pas  qull  venist  clii. 
Et  dist  li  Rois,  va  tôt!  por  li. 
Et  (li  que  voel  à  lui  parler 

9480     Et  que  li  ferai  amender 

Çou  quil  fu  navrés,  et  la  mort 
Son  ni.  Et  cil  point  ne  s*e«tort 
Ains  s'en  vient  droit  à  Yscngrin, 
En  rouMiiis  aan»  mol  de  latin 
Li  diat  por  ipioi  li  Rois  le  munde. 
YfMigriiM  «mr  une  ferrande 
Mule  est  aMnlés,  règne  ne  sache 
Dusqu'à  tant  qu'il  vint  en  la  place 
U  li  Rois  fu.  Lors  Tapiela 

1490     Li  Roi»,  et  puis  Renart  liutja 
Et  dist,  ceste  guerre  sour  mi 
Preng.  Et  Renart  dit,  je  loth; 
Sire,  et  m'en  met  sor  vous  dd  tout 
Ysengrins  fist  un  poi  Festout, 
Mais  li  Rois  là  les  apaisa 
Si  que  II  uns  l'autre  l>aisa. 


LE  NOUVEL.  223 

Mais  ne  sai  quele  amende  fist 
Renart  de  cou  que  il  ocist 
Le  fil  Ysengrin  :  tout  ne  puis 

25oo     Raconter.  Jusqu'à  Malpertuis 

Ne  ciesserent  ;  par  le  grant  porte 
Entrèrent  ens  ki  moult  ert  forte. 
Contre  le  Roi  tous  reviestis 
Vint  li  Clergiés  et  à  haus  cris 
Gantant  Te  Deum  laudamus. 
Ainsi  si  grant  joie  ne  vit  nus 
Con  fist  le  Roi  et  sa  maisnie. 
Il  n'i  ot  rue  ne  caucie 
U  il  n'éust  behourt  et  fieste. 

aSio     Li  auquant  contoient  de  gieste, 

Dansent,  tument,  espringhent,  baient; 

Et  cil  baceler  legier  salent , 

Et  li  plus  fort  gietent  le  piere. 

Il  n'est  gius  de  nule  manière 

Con  ni  péust  véir  juer. 

Renars  a  fait  l'iauwe  corner, 

Au  mengier  sisent  que  mius  mius. 

As  tables  ne  remest  vuis  lius. 

Tout  furent  siervi  ricement 

aSao     De  trestous  biens  onniement. 
Et  ens  où  lever  dou  mengier 
A  fait  Renart  d'un  eskiekier 
Tout  de  fin  or  le  roi  présent , 
Et  les  cskiés  ;  mil  mars  d'argent 


\  .....  . .  >ki(>kiers  o<i  i.  ^  < 

Li  Rois  (iibt  que  riccs  e>k" 
Seroit  de  tel  jucl  tntuvcr 
Rciiart  ala  apriè»  ilouncr 
A  la  R«>'  nul  dW 

jli'^o     K'aporti  I  11-.  .;♦•  son  trésor, 
Dont  sans  piu&  valoil  lu  perrie 
Tout  le  trc&or  de  Lombanlie. 

Dame,  ne  ni'oiihlicz  inii\  car  onques  ne  vous  <  mlili .  ' 
(.  >M  un  donna  looc  çou  k*îl  fu: 
Cascuns  chevaliers  d'un  escu 
0<l  de  lui  un  hanap  d'argent , 
Ce  fu  Msés  avocr  tri  gent  ; 
Et  ratain*  baneres  ot  d'or 
Une  coupe,  et  un  destrier  sot. 
Dont  li  destriers  valoit  cent  mars. 
aS^o     A  cascun  escuier  Renars 

Fait  douner  cent  sols  de  toi  f 
Cascuns  dist  c'ainc  mais  si  <  • 
Princes  ne  fu ,  et  qu'il  sera 
Trop  grans  sires  ki  vivera. 
Ce  sera  mon ,  cascuns  respont. 
I^rs  atant  caroler  s'en  vont 

'  Le  rcfirun  ne  »e  trouve  que  d«u  le  maotucrit  76 1 5 . 


LE  NOUVEL.  235 

Car  cose  n'ont  ki  lor  puist  nuire. 

Entre  la  Roïne  et  Hiersent 
aSSo     Tint  Renars ,  li  Rois  ensement. 

Tint  entre  Hiersent  et  Harouge 

Le  Luparde  ki  ert  de  rouge 

Drap  viestie,  et  Gointeriaus, 

Ki  moult  faisoit  de  ses  reviaus, 

Tint  à  Harouge  et  à  Emmain. 

Et  à  Dame  Eme  main  à  main 

Tint  li  Lupars  et  à  Boursée 

Le  singesse  et  à  Maskelée; 

Et  à  Blerain  tenoit  Bruians 
356o     Li  tors,  car  c'estoit  lor  amans  ; 

Et  li  Bous  i  mena  se  Kievre 

Ki  par  jouenece  estoit  si  mièvre 

C'en  en  tenoit  partout  ses  gas. 

A  la  carole  prist  li  Ras 

Il  et  Kenue  li  soris  , 

Grant  tans  a  k'il  ert  ses  amis. 

Cantecler  li  cos  i  ala, 

Od  ses  sis  poules  carola  ; 

Et  Vrediaus  li  papegais  prist 
3570     Mehaut  l'agace  et  puis  si  dist  : 

Or  carolons  et  si  cantons 

Haut  et  cler,  je  cuit  nos  arons 

Anquenuit  le  pris  de  le  fîeste. 

A  cel  jor  n'i  ot  onques  bieste 

Ki  ne  carolast  et  cantast , 
IV.  i5 


»t6  UKNAnT 

Et  ki  son  cors  n*i  e»prouvasl. 
N*i  ot  celui  ne  face  joie , 
Et  Rois  Nobles  pour  ^u  c  on  roic , 
En  haut  conmença  h  canter  : 


gj ,~J  ■  rr  ^^^g-^Ë 


— ^        - — ^ ^ 

Vous  n'aies  mie  tout  cnsi  con  je  fas,  * 

pi     ■  1   ■  1  ^^^=^ 


Ne  \ous,  ne  vous  ut  varies  aier. 

Fi      ■  1   ■  li  k  a.Wl 

aS8o     Ne  vous,  ne  vous  n  i  sanes  aler. 
Quant  ot  fi  née  sa  cançon . 
Lor»  canta  en  haut  d*un  dons  son 
La  Roîne  corne  onvoisie  : 

Jà  ne  serai  sans  amor  en  jour  de  ma  vie. 
A  priés  la  Roine  canta. 
Renart  ki  de  fin  cuer  Tama 
Geste  canchon  à  vois  série  : 


r-^*^"'^^~^ 


Très  douche  dame  jolie 


Oi— iés  mon  cuer  qui  vous  prie. 

Manuicrit  69     Amèt,  dame,  U  un*  t'ai  ▼•• 
Et  76 1 5     OnqoM  n'ot  joie  qui  n'aïaa. 


LE  NOUVEL.  217 

Apriès  Renart  canta  Hiersens 
iSgo     Ki  de  jalousie  ot  sen  sens 
Desvoiiet,  ce  rondet  joli  : 


^ 


Hé  h  Dieus,  ceie  m'a  trahi 


3 


^^^ 


Ki  m'a  tolu  mon  ami. 
Apriès  Hersent  canta  Harouge  , 
Un  poi  avoit  la  couleur  rouge , 
Moût  volentiers  fu  escoutée  : 


:^5zE!tKbc= 


D'un  joli  dart  d'amors  sui  navrée  par 

1 

^ 

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1     -..■.   ■                -..„.,- 

Mon  regart ,  puisqu'il  li  plest ,  forment  m'agrée. 
Quant  tuit  orent  assés  fiesté 
Tant  que  il  furent  tout  lassé , 
On  mist  les  tables,  tuit  laver 
a6oo     Vont ,  puis  s'assiéent  au  souper. 
Siervi  furent  de  plusors  mes. 
Apriès  souper  font  lor  vallès 
Faire  lor  lis,  puis  vont  coucier 
Dusqu'au  matin  c'on  vit  raiier 
Le  soleil ,  et  puis  se  levèrent 
Li  grant  signor,  et  demandèrent 
Congié  d'aler  en  lor  païs 


aal  RENART 

Pour  la  revéoir  lor  amis , 
Et  li  todoiier  eosement. 
9610     Li  Rois  lor  douna  boinement. 
Et  Renart  ki  les  siens  paia 
Si  bien  ke  cascuns  s'en  loa  ; 
En  lor  pais  sunt  tuit  aie. 
Ysengrins  a  congi^  rotivé 
Au  Roi  Noblon  ki  li  otroie. 
Errant  s*en  vait  et  tient  sa  voie 
Droitemcnt  envier»  se  louviere , 
Est  entré  rns  par  se  tesniere. 
Li  Rois  Nobles  com  bien  apris 
a6ao     A  à  Raoart^Dr  congiet  pris , 
Et  la  Roîne  à  Dame  Emmain, 
Car  encore  estoit-il  moult  main. 
Il  s*en  vont,  Renart  les  convoie 
Jus<pie  à  une  fourkie  voie , 
Et  puis  retorne  il  son  manoir 
A  ruer  plain  de  nuiuvais  voloir 
Si  que  vous  or^  chi  apriès. 
Tous  jours  fa  à  mal  hàn  engriès  ; 
Gonment  ouvra  puis  vous  dirai 
a63o     Le  prologhe  enconmencerai. 


Eiplicit  fi  premier*  lirrcs  de  Reaart  le  hanUtur. 


LE  NOUVEL.  aag 


»»€■»<•»»♦«•  e»«»»«« 


.     C'fôt  a  secons  Cidres.  ' 

Amors  et  Karités  et  Dieus 
Est  une  cose ,  s'est  grans  diels 
Quant  entre  nous  falons  à  mours, 
Que  n'avons  parfaites  amours  : 
Par  lui  Dieu  carité  avoir 
Poons ,  mais  au  jour  d'ui  avoir 
Anions  miex  et  or  et  argent 
Dont  avarisses  trop  art  gent. 
Priés  que  tous  ciaus  ki  sunt  où  monde, 

3640     Cil  k'iestre  en  déussent  plus  monde, 
En  sunt  plus  au  monde  enmondé  : 
C'est  li  Clergics  par  cui  mondé 
Devriens  estre  par  lor  boine  œvre  ; 
Mais  teus  au  prééchier  nos  œvre 
La  bouce  et  nos  ensegne  à  faire 
Le  bien,  ki  est  tout  d'autre  afaire, 
Pour  çou  ne  se  convertist  nus , 
Et  est  mais  li  mondes  si  nus 
De  viertus,  et  de  visées  plains. 

a65o     Se  Dieus  nel'  fait,  mains  divers  plains 

'  On  lit  dans  d'autres  manuscrits  :  /À  secons  Renart;  et  dans 
an ,  il  y  a  écrit  dans  la  miniature  :  Renart  qui  rennans  aujour- 
d'huy par  tout. 


»3o  BBNAIT 

£o  ert  od  les  Stthenas  fais. 
Dieus  nous  defiende  de  tel  fais, 
Et  la  douce  Virge  Marie , 
Que  nous  n'aions  voie  marie  : 
Se  les  œvret  de  Dieu  adroit 
Regardons,  od  lui  irons  droit. 
Ce  qu*il  dist ,  il  fist  et  si  Saint 
Apostle,  si  k)  cascun  c*aint 
Autant  k*il  fisent,  et  confort 

a66o     Aroos  de  Dieu  :  soions  corn  fort , 
Car  li  tires  nos  iert  confors , 
Qu*en  crois  se  conbati  coin  fort. 
Mais  poi  regardont  i  ta  mort , 
Car  coaToitite  tt  not  mort 
Let  cuert,  orgtus,  haine,  envie; 
Et  Renart  ki  où  monde  en  vie 
Est,  dont  c'est  dolors  qu'il  tant  règne. 
Mab  pour  loi  encacier  dou  règne, 
C*ett  fort  det  cuert ,  vous  en  dirai 

9670     Une  branke,  car  trop  d'ire  ai 

Sour  lui ,  et  pour  cou  faite  l'ai. 
Pluiseur,  ne  sai  u  cler  u  lai , 
Se  Dieu  plaist,  en  amenderont 
Et  Renart  d'iaus  encaceront. 


LE  NOUVEL.  23i 


►>«««»«  «C-««»«»»»»»«»«t»f 


^Itnssi  fotnmf  li  îlois  Hablrs  m  fl)ttfifr,  monte? 
à  cl)fOûl  et  autres  bcstes  aoaff  lui  et  Henart. 

Quant  arbre  vienent  en  verdoiir 
El  mois  d'avril ,  et  en  baudour 
Sont  li  oisiel  parmi  le  bos, 
Ke  s'escrie  li  roussignos, 
Droit  en  ce  tans  et  en  ce  mois 

a68o     lert  mesire  Nobles  li  Rois 

Aies  cacier  où  bos  as  dnins , 
De  joie  et  de  léece  plains. 
A  çou  c'ot  les  oisiaus  tentir 
Li  conmence  à  resouvenir 
De  Harouge  feme  au  Lupart , 
Pour  qui  amor  esprent  et  art 
^         Son  cuer  de  si  fin  desirier, 
K'il  ne  se  puet  rassasiier 
D'à  li  penser,  et  en  çou  dist 

«690     Si  baut  ke  li  bos  en  tentist. 

Ce  chant  qu'est  mignoz  et  jolis  : 


Souspris  sui  d'amoretes,  souspris,  souspris.' 


*  38  et  69  Pourquoi  ne  seroie  jolis, 
J'ai  amours  à  ma  volonté. 


a3a  RENART 

Sito»t  com  sa  cançon  fina, 
Li  Rois  soQr  dicstre  regarda 
Et  voit  parmi  le  fons  d'un  val 
Ranart  ii  venoit  à  ceval  ; 
Si  doi  fîl  od  lui  cevauçoient 
Ki  noviel  chevalier  estoient. 
Piercehaie  et  Rouuiaas  andoi, 
1700     Sitost  k'il  parçoivent  le  Roi, 
Sont  encontre  lui  descendu. 
Et  quant  li  Rois  a  çou  véu , 
Encontre  eaus  errant  descendi. 
Et  Renars  ses  genous  fleci 
Contre  le  Roi ,  seP  saina. 
Li  Rois  amont  l'en  releva, 
Andeut  es  palefrois  montei^ent, 
D*un  et  d*el  parlant  s'en  alerent 
Taat  que  li  Rois  dist  à  Renart  : 
3710     Renart,  se  Dame  Dieus  me  gart. 
Quant  la  guerre  fu  moi  et  vous . 
Moi  et  mes  gens  éussiés  tous , 
Se  vausissiés ,  ocis  et  mors  : 
Sages  et  preudons  de  vo  cors 
lestes ,  et  pour  çou  la  haillie 
Vooê  doins  et  le  senescaucie 
De  ma  tiere  et  de  mon  hostel. 
Car  en  men  courtil  un  os  tel 
Me  gieta  Ysengrins  li  leus, 
2720     Que  pierdus  fu  tous  mes  osteus  ; 


LE  NOUVEL.  a33 

Mais  je  proi  que  le  recovrés 
Et  dou  mien  larghement  dounés. 
Ysengrin  retoill  la  baillie 
Et  vous  en  doins  la  signourie , 
Car  Ysengrins  tenoit  trop  court 
Le  mien;  Renart,  tenir  voel  Court 
A  Paskes ,  et  vaurai  avoir 
Tous  mes  tenans  et  grant  avoir 
Despendre  por  eaus  honorer, 

a73o     llenart ,  et  si  vous  voel  conter 

Conment  il  m'est.  J'aim  par  amours 
Biele  Dame  en  qui  maint  honors. 
Ki  est-ele ,  se  Dieus  vous  gart  ? 
C'est  feme  Hardi  le  lupart , 
Ce  dist  Nobles.  Et  Renart  rist , 
Et  Rois  Nobles  esranment  dist  : 
Sire  Renart,  consilliés  m'ent, 
Car  d'amors  l'aim  trop  loiaument  ; 
Jour  m'a  mis  de  parler  à  li 

2740     Anuit  quant  il  iert  avièspri , 
Qu'ele  séjourne  en  cest  païs 
Por  m'amor;  et  li  siens  maris 
Demeure  viers  Coustantinoble. 
Et  li  Dame  en  un  castiel  noble , 
C'on  apiele  roial  Roion  , 
A  demouré  ceste  saison , 
Que  trois  liuwes  n'a  jusques  là. 
Et  Renart  lues  li  demanda  : 


fl34  BENART 

CoDment,  irés>vous  trestous  *ie\\%  "> 

%qbo     Oïl ,  car  set  voloirs  est  teus. 

Et  Renart  dist,  par  Saint  Rcnii 
ITafiert  à  roi  k'il  voist  ensi 
Seus  par  nuit  por  moult  de  periiu, 
Mais  jou  vous  consillerai  mieus  : 
Od  vous  irai  se  vous  volés. 
Et  li  Rois  dist,  ma  volentés 
Est  bien  à  çou,  à  pié  irons. 
Tans  est  la  cace,  conmençons. 
Ai  bisses,  as  cievrius ,  as  daios 

3760     Lor  caoe  font  ;  ne  plus  ne  mains 
K'il  vaurreot  prisent  venison* 
A  tout  repairent  en  maison. 
Quire  en  font  en  rost  fii  eu  pot , 
S'en  roengiaent  tant  cou  lor  plot , 
Si  longuement  que  dusqu'à  nuit 
Que  par  Tostel  se  coucent  tuit. 
Li  Rois  Nobles  ne  s'oublia  , 
Renart  huça,  atant  s'en  va. 
Andoi  s'en  vont  parmi  le  bos , 

3770     Le  cours,  le  trot  et  les  walos 
Ne  ciesserent,  si  sont  venu 
Au  castiel  ki  lés  le  bos  fii 
U  Dame  Harouge  manoit 
Ke  li  Rois  de  Bn  cuer  amoit , 
Ki  ateodoit  celé  venue. 
La  Dame  ert  de  sa  cambre  issue , 


LE  NOUVEL.  235 

S'iert  entrée  en  un  gardinet 
Dont  li  Rois  le  clef  del  uisset 
Avoit ,  et  si  li  ot  dounée 

2780     Harouge  et  li  ot  dit  l'entrée 
Devers  le  bos  et  le  postis. 
Li  Rois  ot  conpaiguon  faitis 
Ki  tant  va  le  Roi  enpeskant, 
K'il  set  trestout  le  convenant 
De  la  clef,  dont  se  pourpensa 
Conment  le  Roi  decevera. 
Coiement  dist  en  recelée 
Et  s'est  de  plusiours  recordée  : 
Gonpains  n'est  mie ,  quoi  con  die , 

2790     Ki  son  conpaignon  ne  cunkie. 
Renart  dist  souavet  au  Roi, 
Sire,  par  le  foi  que  vous  doi, 
N'afiert  à  Roi ,  s'il  ne  se  het ,  < 

K'il  voist  de  bouzon  escorner 
En  tel  liu  seus  et  par  si  noir  : 
Rewardés  i  se  je  di  voir  ; 
Ausi  grant  cop  fiert  uns  vilains 
C'uns  Quens  fait,  u  c'uns  Castelains. 
Se  par  mesdisans  fust  séue 

2800     Au  lupart  ci  vostre  venue 

Por  sa  feme,  il  vous  greveroit. 
Ce  quit-jou,  s'il  onques  pooit. 
Rois  longhement  ne  puet  durer 
Ki  par  conseil  ne  veut  ouvrer. 


a36  RENART 

Li  Rois  voit  bien  k'il  «It^t  raison , 
A  Renaît  respont  à  bas  ton , 
Vo  conseil  ferai  orendroit  : 
Gemment  volés«vous  que  il  soit  ? 
Et  Renaît  li  dist  tout  souef  : 

s8io     Roif,  on  me  hailliés  le  clef, 
Qae  vous  avét  de  cel  wikel , 
Et  m  atendés  un  petitet 
Ci  endroit  ;  tantoat  revenrai , 
Et  toutes  pan  regarderai 
Se  nus  i  est  por  vous  gaitier 
K.i  vous  p^st  faire  enoonibrier. 
Petis  soi,  s'iere  ouiiis  pierçus 
Re  Youi  k*iestes  grans  et  corsus , 
Et  mainé  de  doneges  seroit 

s8so     Au  regBC,  Rois,  son  m*ocioit  : 

Tout  est  en  Diu,  vaille  que  iraille. 
Li  Rois  è  Renart  le  clef  baille 
Dont  pab  fioment  se  repentist 
Moult  volontiers  se  il  peuist. 
Renart  Puis  defflme  à  le  clef, 
Et  puis  entre  eut  trestot  souef 
Et  puis  le  refreme  au  vierel. 
La  luparde  ot  eu  soumel , 
Si  en  estait  toute  pesante, 

a83o     Dou  Roi  véoir  estoit  engrande , 
Et  pour  le  désir  qu'ele  en  ot 
En  cantant  d'un  dous  son  ce  mot 


LE  NOUVEL. 
Dist  et  redist ,  bien  le  canta  : 


a37 


Dieus  !  trop  demeure,  quant  venra 


rz-^-1-^^ 


Sa  deinourée  m'ochira. 


a38  RKNART 


€tttfi  tom  ïicnarX  rst  avec  la  Cuparlir  rt  l'acolr 
rt  li  Hois  laiani  dr  fore  TuiB. 

RllTABT  tout  birlcmcnt  m   ti.iisl 

Lés  la  Dtme,  et  tout  n>is  m-  t.ust 

Dalés  li  vient  et  puis  I  .i<(»l«  , 

Et  si  quastetnent  Taparole, 

K*à  paines  le  pot-ele  olr 
«840     K.e  vaut  ?  Rcnart  6st  sen  desir 

De  la  Dame.  Esrant  aperço^e 

S*ett  que  Renart  l'avoit  deçute. 

Lors  maudist  l'eure  que  fu  née  ; 

Et  Renars  Ta  reconfortée 

Et  dist,  quant  il  le  vit  plorer. 

Mal  à  dire  et  pire  à  celer 

Est ,  car  vos  maps  li  lupars 

Ri  moult  est  estons  et  gaignars, 

Seul  le  venue  Roi  Noblon, 
a85«     Il  la  pris  et  maine  en  prison, 

Et  dist  que  il  vous  ardera. 

Rois  Nobles  le  clef  me  bailla 

Por  vous  garandir  et  tenser. 

Levés  sus,  vous  n*avés  k'ester 

Viers  une  petite  posterne. 

Tout  sans  lumière  et  sans  lanterne 


LE  NOUVEL.  239 

S'en  vont,  puis  l'ont  desvierillic. 

La  Dame  eu  va  à  cuer  irié 

Seule  od  Renart  parmi  le  bos  , 
2860     JN'ele  n'a  mie  cuer  tant  os 

C'ose  demander  quel  part  vont. 

Et  Renart  ens  où  plus  parfont 

Dou  bos  l'en  maine  et  le  d4^voie , 

K'il  ne  tienent  chemin  ne  voie. 

Tant  ont  et  sus  et  jus  aie, 

Ke  hors  du  bos  se  si^t  trouvé 

A  sis  liues  de  Malpertuis. 

Tout  raconter  je  ne  vous  puis 

Conment  vint  ne  conment  ala; 
2870     Tant  fist  Renart  qu'il  eu  mena 

En  Malpertruis  Dame  Harouge, 

Ke  de  lasse  ot  le  face  rouse. 

Le  porte  freme,  le  pont  lieve. 

Li  Rois  Nobles  de  doel  se  crieve 

De  cou  que  Renart  ne  venoit , 

Et  ke  l'uis  ne  li  deffermoit. 

Pour  çou  que  Renart  tant  atent , 

Guide  li  Rois  et  dist  souvent 

Hahai  !  on  m'a  Renart  ocis. 
a88o     Celui  par  qui  est  à  mort  mis 

Dieus  confonde  en  cors  et  en  ame  ! 

Flament  seut ,  si  cria  waskarme  ! 

Hiere  Renart  goude  kenape. 

Ne  cuit'mie  jusqu'en  Halape 


a^o  RENART 

Ait  uul  iKMne  qui  le  vausist , 
Et  ^xHi  li  Rois  bien  cent  fois  dist 
Taot  que  vint  sour  laube  crevant. 
Li  Rob  retorne  à  cuer  doUnt 
Pour  çou  k'il  ne  fust  apierçui, 

•3890     Ne  tet  conment  il  est  déchus. 

mars  Orghilleus  castiel  retonie 
A  cucr  dolant,  à  ciere  moume. 
Bien  huit  jors  fu  en  son  castiel 
K'il  ni  ot  îpie  ne  reviel. 
Pv  Toslel  cascuns  en  murmure 
Que  H  Buis  fait  ciere  si  sure. 
Tandis  Renart  se  pourpena 
Oomnent  de  Harouge  o^iv^rr  « 
Car  il  en  estoit  saoulés. 

at^o     En  plusiours  sens  s*est  pourpcnM'\<i, 
Et  pour  le  Roi  que  il  doutoit 
K'il  ne  si|ce  conment  avoit 
Viers  lui  ouvré.  Tant  pourpensa 
Qu'il  dist  en  le  Court  en  ira. 
A  Harouge  vint  et  descuevrc 
De  la  traîson  toute  Tuevre, 
Conment  la  Dame  avoit  traïe. 
Adonc  fil  la  Dame  esbahie. 
U  li  dist,  faites  vos  pooir 

3910     Del  celer  se  volés  avoir 

Hounor;  dont  respondi  li  Dame 
Cui  de  dolour  li  cuers  enflame  ; 


LE  NOUVEL.  241 

Renart,  Renart,  tu  m'as  hounie, 
Si  as  fait  grande  felounie 
Viers  le  Roi  et  grant  traïson. 
Dont  s'en  va  viers  Roial-Roion 
Tout  sans  congié  prendre.  Ermeline, 
Feme  Renart,  de  grant  ravine 
Le  siut  ;  quant  e!e  l'ot  atainte , 

29^0     Dame  Harougc  fit  se  plainte 
A  la  Dame  sans  riens  celer, 
Et  puis  conmença  à  plorer. 
Quant  Dame  Erme  çou  entendi, 
Congiet  prent,  de  li  se  parti 
De  courous  priesque  foursenée  : 
A  Renart  vint  conme  dervée,  > 
Si  li  conmence  honte  à  dire 
Plus  c'on  ne  vos  poroit  descrire. 
Renart  ses  maris  la  blanda 

3930     Tant  que  la  Dame  s'apaisa. 

De  Renart  lairons  le  parler, 
De  Harouge  voirai  conter. 
Ele  en  vint  à  Roial-Roion  , 
Si  fist  tele  excusation 
A  ses  gens ,  tous  les  apaisa , 
Mais  l'œvre  moult  bien  lor  cela 
De  Renart  et  le  traïson  : 
Joie  font  par  Roial-Roion. 
Et  Renart  vait  à  Court  tous  seus 

2940     Tout  ensement  com  li  clos  leus. 
IV.  16 


34a  HENART 

Quant  li  Rois  le  voit,  si  Tacole, 
Tel  jf  ie  en  ot  k'à  sa  parole 
Ne  pot  venir  d'une  liuée. 
Reoart  a  bien  Tuevre  celée 
De  lui  et  de  Harouge  au  Roi  ; 
En  secré  dist  au  Roi ,  par  foi 
Harouge  me  mist  en  prison  ^ 
Car  el«  quida  meapriiou 
Faite  éuise  è  vous  et  à  li; 
,^5o     Et  quant  ele  parçut  de  mi 

Comnent  ne  por  quoi  je  vinc  là , 
Tfentost .  •  lie  pardonna  ; 

Mais  «le  «^  a  vous  couroucie 
Pour  çou  k  avés  dcpuliie 
L'uevre  et  Taffûre  de  vous  dcus. 
A  ce  mot  fu  H  Rois  honteus. 

liort  atant  es  le  mes  Harouge 
Ki  ataint  d'unes  boiste  rouge 
Unes  lettres  ki  erent  closes  ; 
2960     Au  Roi  les  bailla.  Moult  de  coses 
Trouva  dedens  et  cent  salus , 
Et  trestout  çou  ne  mains  ne  plus 
Ke  Renart  ot  dit  et  conté , 
K'ensi  l'avoit  Renart  rouvé 
A  Harouge  quant  s'en  parti. 
Et  quant  Nobles  çou  entendi, 
De  joie  Renart  acola, 
Et  un  boin  palefroi  douna 


LE  NOUVEL.  a43 

Le  messagier  ki  en  mercie 

2970     Le  Roi  de  celé  courtoisie  ; 
Et  li  Rois  fist  metre  Renart 
De  son  hostei  qui  moult  set  d'art. 
Encore  a-il  par  le  pais 
Cent  mil  Renart  ^  j'en  sui  tous  fis, 
Si  s'en  fait  moult  très  boin  garder, 
Car  cascun  couvenra  porter 
Sen  fais.  Au  jor  d'ui  a  Renars 
De  ce  monde  bien  les  deus  pars 
Des  laies  gens  et  dou  Clergié; 

2980     Renart  a  bien  tout  gaaignié. 

Dont  c'.est  doleurs  et.grans  pités 
Ke  de  nous  est  Renars  amés, 
C'on  ne  se  set  en  qui  fier. 
Tout  voelent  de  Renart  ouvrer. 
Si  très  bien  est  Renars  de  Court, 
Ke  li  plus  grant  sunt  li  plus  court 
De  viertus;  li  Conte  et  li  Roi 
Sont  priesque  tout  de  celé  loi. 
Car  Renart  est  de  lor  consaus, 

3990     Dont  poi  en  i  ara  de  saus, 

Se  son  saint  conseil  n'i  met  Dieus, 
K'entre  nous  descendi  des  Cieus 
Es  flans  à  la  Virge  M&rie. 
Par  l'amor  l'umaine  liguie 
Moru  li  dous  Sires  en  crois, 


a44  R  EN  ART 

Kierl  Dieu»  et  liom  el  sor  tout  Bois. 
MouU  devons  ce  «igneur  amer 
Et  pour  s'amouf  Renart  bouter 
En  sus  (le  nous.  Dex  le  nos  doinst , 

3ooo     Et  tous  nos  peciés  nos  pardoinst. 
'   Or  revenrons  au  Roi  Nohion. 
A  Renart  le  rous  a  fait  don 
D'estre  signor  de  ses  consaus. 
Et  s'a  fait  qu'il  ert  senescaus 
De  sa  tiere  et  de  son  ostel  « 
Encore  li  douna-il  el  ; 
De  sa  mre  en  fist  receveur^ 
Grant  Bailliu  et  trestout  sagneur 
De  son  ostel  el  de  son  règne, 
^lo     En  tout  gMUis  osteus  Renars  règne 
Au  jour  d*ui,  dont  c'est  grans  dolors 
K*t\  règne  es  Cours  des  grans  signors. 

Eoia  Nobles  Renart  apiela , 
En  audience  dit  li  a 
K.*il  vaura  à  la  Pentecoustc 
Tenir  grant  Cour,  combien  qu'il  cuuste. 
Et  vaura  couronne  porter 
Et  grandesimes  dons  donner. 
Tant  ala  puis  la  cose  et  vint 
3o2o     Que  jours ^de  Pentecouste  vint. 

Maint  prince  de  très  grant  valeur 
Véissiés  et  maint  grant  signeur 


LE  NOUVEL.  245 

Venir  à  Court  moult  cointement; 

Aine  mais  à  Cort  n'ot  tant  de  gent, 

Car  quatre  lieuwes  environ 

Ne  véist-on  se  biestes  non. 

Au  main  vont  au  moustier  orer, 

Si  se  fist  H  Rois  couroner 

Et  sa  feme  ausi  avoec  lui. 
3o3o     Je  ne  vous  art)ie  dit  hui 

Le  joie  ne  le  cran t  riquece 

K'il  demainent,  ne  le  noblece. 

Le  grant  messe  couvint  canter 

Le  jour  l'Archeprestre  Timer. 

Rois  Nobles  Renart  apiela, 

Eln  audience  H  rûuva^ 

Quant  on  va  à  pourciessiou , 
^  L'espée  roial  ù  li  non 

De  Diu  sunt,  porte  devant  lui 
3o4o     Toute  nue  à  ce  haut  jour  d'ui 

En  signe  k'il  est  justicieres 

Justes  et  des  forfais  vengieres, 

Et  espée  de  Sainte  Eglise. 

Renart  ce  siervice  tant  prise, 

K'il  en  rent  à  genous  flecis 

Au  Roi  Noble  cinc  cent  miercis. 

Empriès  messe  sunt  retorné 

U  palais  ù  ot  atorné 

Por  assoir  cinc  mil  escueles. 
3o5o     Cil  mnnestrel  sacent  viieles, 


a46  R  EN  ART 

Tcompct  et  cors  samsinois. 
Li  Rois  s*usist  as  plus  haus  dois 
Entour  lui  sisent  maint  baron 
Et  maint  prince  de  grant  renon. 


LE  NOUVEL.  a47 


f\. 


€tndi  i*om  0rlin$  U  moutond  vint  tftmtd  U  Eot 
et  aporta  'Bon  aignr l.  mort ,  r t  si  oint  13f linr 
la  brrbis  d  (û)anUda'  le  cor  rt  pdc}  li  ras 
ft  €l)fnur  la  sori^ 

Ai^çois  que  cascuns  fust  assis 
Leva  par  le  sale  uns  grans  cris , 
Cap  Belins  li  moutons  aporte 
Gierraete  se  fille  k'ot  morte, 
Ce  dist ,  Ysengrins  et  mordrie  ; 
3o6o     Au  Roi  en  fist  grant  crierie, 
Biéline  li  feme  au  mouton 
En  vait  bêlant  par  le  maison. 
Atant  es  le  coc  Cantecler  * 
C'au  Roi  conmenca  à  crier 
Venjance  dou  laron  cuiviert, 
C'on  nomme  l'escoufle  Hubiert, 
Ki  tous  mes  poucins  a  tués , 
Et  avoec  tous  mes  oés  humés. 


y4l.         Atant  es  Cantecler  le  coc 

C'au  Roi  en  vint  criant  coc,  coc, 
J  Et  si  disoit,  vengence,  Rois; 

De  duel  est  mes  cuers  si  destrois 
De  Hubert  qu'est  leres  provés 
Qui  tout  mes  ponchins  a  tu«». 


Mit 


S4S  RENART 

Empriès  le  coc  Pelés  li  ras 

3070     £0  vint  k  Court  criant  helas ,    * 
Il  et  Kenue  li  soris 
lor  fil  ke  lor  ot  ocis 
[itous  li  cas,  li  fins  Tibicrt. 
Li  Rois  en  jure  Saint  Lambiert 
Ciftt  forfait  seront  amendé. 
Lors  conmande  k*enprUouné 
Soient  cil  de  cui  on  se  plaint. 
Fait  fu,  juré  en  a  maint  Saint 
Li  Rois  que  faite  en  sera  lots 
8080     Et  jugemens  loiaus  et  drois. 

Renart  RoU  Noblon  regarda. 
Et  dedens  son  cuer  se  pensa 
C'orendroit  se  puet  bien  vengier 
D*Yseognn  k*il  n'a  mie  cier. 
Renart  dist  au  Roi ,  entendes, 
Sire  Rois,  por  quoi  atendés 
Que  vous  oe  pendes  ces  mordreurs  ? 
S*il  vivent,  plus  c*ert  grans  doleurs; 
Lor  jugemens  est  trestous  fais , 
3090     Car  sor  eaus  est  provés  li  fais. 
Li  Rois  fist  Ifîtoul  ateler 
Et  Hubiert  et  puis  traîner 
Et  pendre.  Ysengrin  ot  respit , 
Mais  ce  li  valut  moult  petit , 
Car  bien  matin  fu  traînés 
Dusqu'as  fources  et  fu  montés 


LE  NOUVEL.  349 

Amont  l'eskiele  au  caaignon, 
N'i  faloit  se  l'eskiele  non 
A  tourner  k'il  ne  fiist  pendus, 
3ioo     Se  ne  fust  çou  c'au  Roi  venus 
En  est  li  corbiaus  Tiesselins 
C'au  Roi  a  dit  :  Sire ,  Ysengrins 
N'a  coupes  où  fait,  mes  ses  fius 
Pincars  le  fist ,  si  m'aït  Dieus. 
Lors  fu  Ysengrins  délivrés 
Et  Pincars  ses  fius  tramés 
Et  pendus  en  haut  au  gibet 
C'on  ot  boine  preuve  dou  fait. 
Ensi  com  li  Cours  départi 
3 110     Et  que  Canteclers  s'en  issi 

Et  li  pluseur  autre  baron , 

Renart  coiement  à  laron 

Se  mist  où  bos  et  s'enbusca , 

Et  si  que  Cantecler  passa , 

L'ainsné  fil  le  coc  Cantecler 

Couru  lues  Renars  estranler, 

Et  si  netement  le  menga 

Que  nule  essaie  n'i  laissa 

Fors  les  plumes  et  les  ossiaus. 
3iao     Encor  fist  plus  li  desloiaus. 

Si  qu'Isengrins  s'en  dut  aler, 

Li  fist  sa  plice  descirer 

A  Grignart  et  à  Roeniel , 

Ces  deus  mastins ,  car  lor  caiiel 


»5o  RRNAIT 

Furent  par  Ysengrin  octs , 
Ce  li  ot  Renart  seure  mit , 
Dont  Yiengrins  s  en  coobati 
Enooatre  Grignart  puistedi 
Devant  le  Roi  en  camp  mellé  ; 
3i3o     Et  fil  séu  par  vérité 

La  traisont  que  faite  en  ot 
Renart ,  c'ainc  tenir  ne  te  pot 
De  mal  faire  et  de  Iraiaon. 
Hicnens  li  leuwe  de  randon 
S'en  fuit,  Ysengrint  d'autre  part; 
)iaM  il  a  laiMié  bien  grant  part 
Det  paat  de  son  gr»  peliçoa , 
Qu*el  ounp  en  gisent  li  flocon. 
Et  Hiertens  où  bos  s'en  fnï , 
3 140     Et  Renars  toodis  le  tivi. 
Et  de  courre  tnat  m  latsa 
Hiersena,  k*en»  où  bos  te  patroa. 
Quant  Renars  le  vit  ti  menée, 
Si  en  a  fait  sa  deatinée , 
Et  puis  le  laissa  toute  cote, 
De  li  se  part  et  tint  sa  voie. 
Enmi  le  bos  Tibiert  le  cat 
Trouva  ki  de  dolour  débat 
Sen  pis,  ains  tel  doel  ne  vit  nlis. 
3i5o     Pour  son  fil  ki  estoit  pendu», 
Et  s'iert  de  Cms  si  essagiés. 
C'a  paines  pot  estre  seur  pies. 


LE  NOUVEL.  iSi 

Renars  le  voit,  sel'  salua 
Et  Tybiers  respondu  li  a  : 
Renart,  toi  hé  et  tes  salus, 
Car  par  toi  fu  mes  fius  pendus. 
Et  Renart  d'un  et  d'el  dit  a 
Tant  que  Tiebers  li  pardouna , 
Si  qu'il  cuida  qu'il  n'euist  coupes 
3i6o     En  çou.  Renart  li  fist  cent  loupes 
En  derrière,  et  tant  le  blada 
Que  trestout  le  doel  oublia 
De  son  fil,  mais  sa  fain  ne  pot 
Oublier,  que  si  très  grant  ot. 
A  Renart  dist,  bien  mengeroie. 
Renart  respont,  jou  si  feroie. 


%B*  RENART 


corn  Brnart  e'm  fuit  au  boû  à  tout  un 
mit,  rt  ti\tbm  U  rl)a;  rrmr«t  m  la 
matdon,  6i  t  fu  laiîirmrnt  butu. 

Rerars  dtst  à  Tibiert,  je  sens 
Rost  au  flair  dont  apriè*  je  pens 
Me  gloute  de  geule  art  apriès. 

Siyo     Et  dist  Tibiers,  aloiu  adiès. 

Car  met  la*  ventres  rost  désire. 
Lan  tn^enent  andoi  un  pire , 
Et  YÎenent  droit  à  le  maison 
U  en  aToit  rosti  l'oison  , 
S*estoit  mis  entre  dcus  platiaus. 
A  Renart  fu  cis  geus  moult  biau», 
R'il  n'avoit  milui  par  laiens , 
Où  gardin  estoient  les  gens 
U  il  juoient  as  eskiés. 

3 180     Renart,  c*a  el  ne  pense  adiès 
K  a  décevoir  son  conpaignon , 
Dist,  conment  arommes  Toison 
K*est  mis  en  sauf  en  le  despense  ? 
Taisiés,  ce  dist  Tibiers,  g*i  pense. 
Viers  le  despense  andoi  en  vont , 
Lès  Tuis  le  pot  à  le  craime  ont 
Trouvé  ;  Tybicrs  bien  s'en  refait , 
Moult  desiroit  el  craime  et  lait; 


LE  NOUVEL.  a53 

Mais  Renars  moult  poi  en  lapa 

3 190     L oison  saisi,  à  tout  s'en  va. 

Si  caus  fu  l'oison  qu'il  dist ,  wis  ! 
A  tout  s'en  va  droit  parmi  l'uis  : 
Au  passer  ataint  l'uis  un  poi 
Si  que  li  huis  clost  apriès  soi. 
Et  Renart  fuit  au  bos  moult  tost , 
En  sa  geule  l'oison  en  rost  ; 
Où  bos  s'assist ,  tout  le  menga , 
Que  nule  essaie  fait  n'en  a. 
Tout  a  mengié  et  car  et  os , 

Baoo     Et  Tibiers  li  cas  est  enclos 
En  le  despense  ;  à  miauwer 
Prist  si  haut  c'on  l'oï  tout  cler 
Où  garding.  Tout  en  sont  issu 
Et  puis  sont  ensemble  acouru. 
En  le  despense  oent  Tibiert, 
Li  sire  en  jure  Saint  Lambiert 
Que  cist  cas  a  mengié  l'oison , 
Mais  il  en  ara  d'un  baston 
Sen  louier.  Lors  conmande  à  clore 

3a  10     Huis  et  feniestres,  car  enclore 
Violt  le  cat,  s'il  puet,  et  tuer. 
Lors  a  fait  à  cascun  douner 
Un  grant  baston  et  fist  ouvrir 
L'uis,  et  Tibiers  prist  à  fuir 
Sus  et  jus  parmi  le  maison. 
Apriès  lui  ruent  maint  baston, 


i54  RENART 

Caçant  l«  voul  eator  le  fii , 
Aine  nuttft  à  td  metàiét  ne  fu 
Amibien  ;  ti  près  dou  fîi  «la 

3*3u     K*eii  pluteun  liiis  te  piri  uila. 
En  une  luge  s'en  fui 
U  ot  estrain ,  là  te  quati  : 
Li  vif  Carbon  qui  te  piel  phïicnt , 
LVstraiii  emnl  trestoul  eapriseni , 
Si  que  li  niftiaoïu  arst  trcstoute. 
Tibier*  U  cas  d'ardoir  ot  doute , 
Dou  tôlier  taut  ens  et  fottrt 
Qui  d*tige  estoicnt  prietque  r^ 
Outre  t*cn  vait,  que  bien  noer 

3)  So     Sot.  Liét  fu  quant  pot  escaper, 
<)u  bot  vuit  îi  Renart  trouva , 
Donnant  le  vit  ti  l'asveilla. 
Et  quant  Renart  fti  etveilliët , 
Si  t*ett  plut  de  cent  fois  tainiét , 
Kt  ditt,  nomioi  dame,  aimi  ! 
Tihiert  ki  ta  atiré  ti  ? 
Bien  sai ,  Tibiert ,  que  là  ù  fut 
N^iert  mie  tout  estaint  li  fus, 
Et  c'auwe  i  fu  à  boin  marcié, 

3a4o     Car  tout  ton  cors  en  voi  moillié. 
Rcnars,  ce  dist  Tibiers,  biaus  tire , 
Pluseurs  foit  avét  ot  dire  . 
Et  si  lai  oi  recorder, 
Cius  ne  doit  mie  trop  canter. 


LE  NOUVEL.  255 

Biaus  sire ,  qui  est  à  ceval , 
Ne  plourer  cius  ki  est  où  val , 
Car  fortune  et  aventure  ont 
Pooir  sour  trestous  ciaus  dou  mont. 
Renart,  se  Jhesus  me  sekeure  , 

325o     Teus  rit  au  main  ki  au  soir  pleure, 
Et  si  redist-on  moult  souvent 
Cascuns  ne  set  ça  l'oel  li  pent. 
Se  je  sui  usiés  et  baigniés  , 
Férus,  batus  et  bufregniés  , 
Par  vous  fu ,  si  con  mes  cuers  pense , 
Car  vous  closistes  le  despense  , 
Et  si  en  portastes  l'oison 
Dont  fait  m'avez  maise  parçon  ; 
Mais  par  Dieu  je  me  clamerai 

3a6o     A  Court  de  vous  quant  g'i  venrai. 
Lors  conmença  Renart  à  rire, 
Et  puis  li  dist,  Tibiert  biaus  sire, 
De  moi  vous  plaigniés,  je  me  claime 
De  vous  quant  mengastes  le  craime 
Où  pot  par  vous,  c'ainc  n'i  parti. 
Respont  Tibiers,  ce  fu  par  ti  : 
Se  tu  ne  t'en  fuisses  partis , 
Li  pos  te  fust  à  droit  partis 
De  le  craisme  et  s'éusses  part 

3270  A  tous  les  biens  c'on  i  départ  ; 
Car  on  m'i  vint  tel  bien  partir 
C'a  poi  c'on  ne  me  fist  partir 


a56  RENART 

Le  cuer  où  ventre  :  tel  partie , 
Renirt,  vous  éust-on  partie. 
*Req>ont  Renart ,  j'aiin  miex  ensi. 
Lors  atant  ont  de  lonc  coisi 
Venir  de  Cistiaus  Dant  Ahht* 
Sour  un  grant  palefroi  muntr  : 
Od  lui  det  motne»  si*  au  plus, 

3i8o     Et  avoec  deui  convers  barbus. 
L'un  dea  oonvers  avoit  troaé 
Un  hairon  c*on  avoit  douné 
Dant  Abé  pour  ç  ou  qu*iert  saini^ 
Uns  chevaliei*s  ki  ert  ses  niés. 
Sitost  corn  Renars  lavisa , 
A  Tibiert  dist ,  ses  que  voi  ià 
Par  de  derrière  cel  convers 
Un  hairon  geté  en  travers, 
Dont  ce  me  sanle  grans  outrages, 

3990     Car  defiisadus  lor  est  carnages 
De  car  au  mains  à  tés  rendus. 
Et  dist  Tibiers,  il  soit  pendus, 
SU  onques  puet ,  ki  lor  laira  ! 
Dou  tolir  aumosne  sera , 
Car  à  mengier  n'est  pas  lor  mille. 
Priés  de  nous  au  giet  d'une  tuile 
Sont,  Renart,  dites  que  ferés. 
Et  dist  Renart,  jà  le  verés. 


LE  JSOUVEL.  aS; 


(finei  conmc  Uenart  se  coxic\)a  où  c\)emin  conmt 
mort,  ft  m  corners  ^f  Citiaur  (\m  aooii  un 
l)airon  trousse  ^arrifr6  lui ,  ^f6ffnî)i  et  prist 
Urnart  et  ie  lia  aurr  ie  l)airon. 

Renart  où  chemin  se  coucha 
33oo     Con  s'il  fust  mors  :  cil  l'avisa 

Ki  Te  hairon  avoit  toursé , 

Dedens  son  cuer  lors  a  pensé, 

Se  li  Abbés  estoit  passés, 

Ke  li  goupius  seroit  torses , 

Car  li  piaus  est  et  bîele  et  boine. 

Il  atent  tant  c'Abés  et  moine 

Sont  passé;  errant  descendi. 

Le  Goupil  prist,  si  le  senti 

K'il  n'estoit  mie  tous  frois  mors, 
33  lo     Car  Falainf  li  sent  où  cors. 

Renart  tourse  avQec  le  hairon  , 
w^ort  le  loia  d'un  rorion 

C'a  poi  par  mi  ne  le  rompi. 

De  le  destrece  Renart  pi, 

Li  convers  remonte  et  s'en  va 

Sus  son  ceval  ki  dur  trota. 

Cou  que  li  chevaus  dur  trotoit, 

Renart  si  durement  bleçoit, 

IV.  ly 


,58  RENAET 

C'avis  11  cri  c'on  Pocesit 
33îo     Tibiers  sour  un  arhro  se  >iài  ; 
Sitost  con  Ren;irt  Tibiert  voit 
Qui  par  detous  l'arbre  passoît, 
Li  dtst  Renart ,  venez  m'aidief, 
Car  je  ne  me  puis  dei>loiier  : 
Mors  sui  s'il  ne  t'en  prent  pilit-s. 
A  ce  niot  s'est  Tibier»  lanciés 
Desuf  le  crupe  dou  destrier. 
Ki  lors  vitt  le  ceval  froncbit  r 
Et  saillir  con  bîeste  efTraéc  . 
333o     K.*»l  »*«**  boni,  feine  ne  rirns  mt 
Ki  ne  cuidaat  qu'il  éust  rabe. 
Li  convers  por  tôt  l'or  d'Arrnbe 
N*i  volûst  e«tre  à  ceste  fois. 
Car  set  cevaus  n'e»t  mie  cois. 
Tant  keurt  k'tl  a  ataint  le  route 
Dant  Abé  k'il  a  tout  déroute  ; 
Trois  moines  et  l'Abbé  abat. 
Ki  dont  véist^ibiert  le  cal 
Con  il  se  tient  fort  au  bairon  : 
3340     Al  daerrains  yolsist  ou  non , 

Caï  li  i •*    cl  Tihiers, 

Et  auti     .         li  conviers, 
K'il  se  pasma  tant  fu  bleciét. 
Od  le  bairon  s'en  fuit  tous  liés 
Tibiers,  sour  un  arbre  monta 
Dou  bairon  le  tieste  menga, 


LE  NOUVEL.  a59 

Et  li  roncis  fuit  par  le  bos 

A  tout  Renart.  Las!  con  fui  fols! 

Dist-il ,  quant  me  laissai  ensi 

335o     I/oiier.  Li  corions  rompi 

Lors  de  quoi  Renart  fu  loiiés, 
Adont  caï,  s'en  fu  moult  liés; 
Mais  dou  céoir  si  se  blecha  , 
Que  bien  quatre  fois  se  pasraa , 
Et  li  roncis  tous  seus  demeure. 
Mais  ne  sai,  se  Dieus  me  sekeure, 
Conment  li  con  vers  le  r'ot  puis,' 
T*out  ramentevoir  ne  vous  puis  ; 
Mais  tant  vous  di  c'a  cuer  esmarbre 

336o     Vint  Reuars  droit  par  desous  l'arbre 
U  Tibiers  ert  od  le  hairon , 
S'en  faisoit  bruire  son  grenon 
Sans  quire  et  sans  nape  et  sans  sel. 
Quant  Renars  voit  Tibiert,  tôt  el 
Li  a  dit  k'en  cuer  ne  pensa, 
En  ftament  liaut  le  salua. 


i6o  K  i  >  A  R  T 


Cnsi  ronmr  îibm  U  dnil  c^  montn  erur  un 
arbrr  à  tout  Ir  l)airnn ,  rt  llrtuirt  r$t  par 
draoi»,  01  parolr  à  lui. 

GoroE  jouk  liiere  goudendast. 
Tibien  li  respoDl  en  sotimat . 
Goude  kcnape  willecodme  y 

3^70     Ke  drtQt  9«  vcntutés  de  Romr 
V%t  li  chcvaus  dont  j'abati 
Jus  le  coDven  ?  Or  le  me  di , 
Et  ftî  m*en  fai  loial  parçon. 
Mais  vour,  sire ,  moi  dou  hairon 
Que  vous  mengiés,  qui  tant  me  oouste 
Que  vous  véés,  et  je  n*en  goustc  : 
Car  pour  le  hairon  fui  l< ''•>'•- 
Si  fort  que  tous  sui  delu 
Car  quant  jus  dou  cheval  chai 

338o     Mes  cors,  une  ooste  i  rompi. 
Moult  ai  eu  journée  maie  , 
Pieur  ke  cius  ki  en  mer  cale. 
Biaus  sire,  le  hairon  partes. 
Et  mcn  avenant  m*en  donnés. 
Tibiers  respont,  par  Saint  Fagon, 
Puis  que  sens  mengastes  Toison  , 


LE  NOUVEL.  ftgj 

Le  hairon  tous  seuS  mengerai 
Puis  que  del  oison  ne  goustai  : 
N'en  gousterez,  riens  ne  vous  vaut, 
3390     Renart,  se  dou  cul  ne  me  saut. 


a6»  R  F  \\  B  T 


tinei  cmau  m»  6ottd)rre  qm  mtnoii  un  tnirt  rt 
un  tor  rt  tm  chirns ,  api^ti  tirnart ,  ei  U  ftfit 
pillirr  au  rtiirne  qnt  mouU  Ir  îiuina^mrnt. 

L4>ns  ataot  es-vous  un  iMucicr  ; 
C'acaté  ot  por  gaaignior 
Au  marcic  on  bucf  et  un  tor 
Ki  roustercnt  cinc  florins*cror. 
Dou  nurcié  s*en  venoit  pr  là , 
Deut  mastjns  o  lui  amena. 
SîUwt  con  li  boucieri  coUi 
Reoarl,  li  cria ,  or  à  li , 
Voi-le,  Taket,  pren  le ,  Volant. 

3400     Quant  Renart  l'ot,  si  vait  fuiant. 
Li  cien  Tatainscnt  et  pilliçrent , 
Et  navrèrent  et  dcsakierent , 
Mais  eo  le  fin  lot  escapa 
Dont  nostre  Signor  grasci;i 
Viers  Maupertruis'  vait  son  ca.stici , 
Ens  est  entrés,  moult  li  fu  biel  : 
Tout  le  bienviegnent  fors  se  feme 
Ki  durement  le  mesaesme. 
Car  jalousie  son  cuert  art 

3410     Pour  Harouge  feme  au  lupart  ; 
Pour  çou  Renart  tencc  et  laidist. 
Mais  Renart  esranment  le  prist. 


LE  NOUVEL.  a63 

S:  le  bâti  et  li  copa 

Ses  treces  et  fors  le  bouta. 

Ele  s'en  va  et  lors  dist  tant 

K'ele  se  plaindra  pie  estant 

A  la  Court  devant  Roi  Noblon  , 

Et  li  dira  la  traïson 

K'il  fist  viers  lui.  de  le  luparde. 

3420     A  la  Court  vint  que  ne  se  tarde, 
Au  Roi  Noble  dist  tout  ensi 
Dont  grant  gerre  mut  puissedi , 
Car  là  vint  li  lupars  Hardis, 
Et  quant  il  a  oï  des  dis 
De  Dame  Emme  feme  Renart, 
De  grant  courous  esprent  et  art. 
En  ce  courous  et  en  celc  ire 
Vint  au  Roi  et  li  prist  à  dire  ; 
Rois ,  je  te  renc  fiez  et  oumage 

3430     Ke  tieng  de  toi  et  yretage , 

Car  viers  moi  as  ouvré  que  faus 
De  ma  feme  dont  point  ne  faus  ; 
A  grant  gerre  si  te  deffi. 
Rois  Nobles  voit  et  set  de  fi 
K'il  a  tort  et  li  lupars  droit  ; 
Viers  le  lupart  li  Rois  vint  droit, 
Pardon  li  prie  et.  offre  amende. 
Tuit  crient  que  Hardis  la  prende , 
Et  il  respont,  je  le  ferai 

3440     Par  un  convent  que  vous  dirai , 


964  RENART 

C  a  osl  voist  sour  Rcnart  le  ro!is 
Par  cui  sui  de  iiia  feme  cous  : 
Semonre  li  Rois  se%  os  face. 
Si  qu'il  soient  cnmi  le  face 
Renart  à  Malpertniis  es  près 
A  quinsaine,  et  me  laist  nicn  oès 
Faire  de  ma  fane  «1  arcloir. 
Et  li  Rois  dist,  non  ferai  voir. 
Mais  je  vous  pri  por  Dieu  pardon 
34 So     Par  si  que  je  vous  fai  ei  don 
De  mon  pooir  et  de  ma  geni , 
Par  quoi  vous  Érè%  veiigement 
De  Renart ,  se  jou  onques  puis , 
K*à  ost  irai  M)r  Malpcrtruis , 
Et  de  matin  ferai  crier 
Et  oste  à  saint  et  oste  à  per 
Et  oste  tour  oste ,  biaus  s'u-e 
Mais  que  vous  pardonnes  vostrc  m 
A  le  Dame  et  vo  mautalent. 
3460     Par  si  Tôt  au  Roi  en  couvent. 
Et  li  pardouna  cel  meffait 
Par  si  se  jamais  en  cel  fuit 
Enciet ,  que  cis'  pardons  crst  nus. 
F.t  li  Rois  dist,  n»*  vous  qui'--  "^"' 


LE  NOUVEL.  a65 


€i)bfrô  li  fl)a;  ôe  tjinîrrrnt  plaindre  au  Uni. 

Ensi  qu'il  parloient  entr'eus, 
Estes-vous  k'Ysengrins  li  leus 
Vint  à  Cort,  de  Renart  se  plaint 
Tout  de  plain  dist,  c'aime  ne  se  faint, 
Conment  il  le  fist  despillier 

3470     As  inastins  et  le  fist  cacier, 
El  conment  Renart  le  liouni 
De  se  feme.  Faisant  grant  cri 
Estes-vous  le  coc  Cantecler 
Ki  de  Renart  se  vint  clamer 
Pour  son  fil  que  mourdri  li  ot. 
N'ot  mie  bien  pardit  sen  mot 
Quant  Tibiers  li  cas  miauwant 
Vint  devant  le  Roi  et  criant: 
Venjance,  Rois,  vénjance,  Rois; 

:i48o     Tout  ensi  uslé  conme  vois 
Sui  par  Renart  le  traiteur. 
Et  dist  li  Rois ,  vés  ci  doleur 
De  cel  laron,  mais  par  Saint  Pol 
Il  en  pendera  par  le  col. 
Lors  fîst  li  Rois  ses  os  crier 
Et  les  banieres  fors  bouter. 


V.'i  R  EN  ART 

A&  viles,  as  bour»,  as  castiaus , 
As  armoiiers  est  cis  gcus  hiaus , 
Et  a&  povres  gens  e»t  moult  lait, 

"^^^o     C.ar  paniii  eaus  vont  tôt  li  frail, 
Ki  Ion  vist  venir  rhrvalicr'. . 
Sierjans  d*ami«|  et  e^ 
Dus,  Contes,  Princes  «t  . 
Bourguis,  cil«>iii't»s  <*t  fieNis.  . 
Ains  qûinsaiii  llois  gent  tant 

K'il  n*e8t  li  les  alast  nombrant. 
Dont  list  li  Rois  en  liaul  crier 
A  demain  movoir  et  aler 
Viers  Malpcrtruis  sans  uuli    i'   >  * 

3Son     IJk  péua^és  vir  mainte  tente  . 

Mainte  aucube  et  maint  pavillon , 
Oncjues  puis  le  tans  Pbaraoïi 
N  ot  en  un  jour  Rois  autant  gent , 
Et  ce  fu  Roi  Noblon  moult  ^f>nt 
A  lendemain  bien  très  malin 
Péussiés  oîr  gnint  tintin 
Al  esmouvoir  et  au  tourser  : 
Véissiés  pignons  venteler 
Et  reluire  et  azur  et  or, 

35 lo     Et  hanir  tant  boin  destrier  sur. 
Li  Rois  Tardius  le  limeçon 
Bailla  le  roial  gonfanon  , 
Et  li  conmanda  Tavant-garde  , 
Et  le  lupart  l'arriere-garde. 


LE  NOUVEL.  267 

Tout  ensi  en  ordre  arouté 
Dusqu'à  Malpertuis  n'ont  cessé, 
Dont  prendent  tiere  et  vont  logier. 
Par  le  pais  vont  H  fourier, 
Reubent,  ardent,  tolent  et  prendent, 

3520     Ensi  tout  le  païs  porprendent. 
Le  païs  ont  si  net  préé 
Que  moult  poi  i  a  demouré  , 
Et  Renart  est  en  son  castiel 
C'on  ot  assis,  cui  n'est  pas  biel. 
Las!  dist  Renart,  con  sui  hounis 
Par  rna  feme  et  con  sui  traïs! 
Mais  on  dist  qui  a  mal  voisin. 
Que  il  a  souvent  mal  matin. 
Dont  Marcous  mie  ne  mesprist, 

353o     Ki  à  Court  en  oiant  tous  dist 
Ke  sa  feme  ert  ses  anemis.    , 
Tôt  si  puet  par  moi  estre  dis 
Cis  dis  :  vous  ki  femes  avés, 
Gardés  trop  ne  vous  i  fiés  ; 
Las!  mon  païs  voi  escillier. 
Si  ne  li  ai  pooir  d'aidier. 
Et  m'a  li  Rois  assis  çaiens. 
Hélas  !  de  lui  ne  de  ses  gens 
Ciertes  garde  ne  m'en  dounoie  : 

3540     Pris  m'a  au  pet  enmi  la  voie 
Sans  pourvéance  :  n'ai  pooir 


De  loogueiueut  clii  renia  non  . 
Car  Cantoftt  serions  afTanu-. 
Çaieos  h  poi  car,  vin  et  bit-. 
Pain ,  betquit  et  autre  vitaille.  * 


LE  NOUVEL.    «1  269 


(timi  comme  li  Hois  îloblfs  fait  assaillir 
illauprrtuis. 

Lors  conmande  que  on  assaille 
Li  Rois  Nobles  de  toutes  pars. 
Al  assaut  acourt  li  lupars 
Et  o  lui  Ysengrins  li  leus  ; 

355o     Tibiers  li  cas  n'i  vint  pas  seus, 
Ke  o  lui  vint  Raous  ses  fius, 
Dont  vint  Boskés  li  escurieus, 
Et  si  i  vint  li  tors  Bruians 
Et  od  lui  li  sainglers  Bauçans , 
Bruns  li  ors  et  ses  fius  Bruniaus  : 
Wanemers  i  vint  li  pourciaus. 
A.  l'assaut  vint  Robués  li  bues 
Ki  cauciés  ot  ses  sollers  nues  ; 
Anieus  li  bugles  i  fu , 

356o     Ki  lor  gietoit  le  griois  fu. 
Soumeleus  li  loirs  i  ala, 
«Cil  i  traist  moult  et  i  lança  ; 
Si  fist  Froibiers  li  crekeillons 
Et  Espinars  li  ireçons  , 
Et  Felenes  li  pors  espins. 
Od  lui  Dans  Grignars  li  mastins 
Et  li  siens  frères  Roeniaus , 
Takés  et  Hustins  li  caiaus 


170  M       RETIART 

Qui  va  là  :  li  kien»  à  l'assaut 
3570     Se  met ,  tout  entor  trepe  et  saut , 
Et  Fuellr»  li  kra\f!s  {^latist , 
Va  Fcmius  le  roiicis  liauist , 
Il  et  Moriaus  li  bon»  eevaus, 
K*en  tentist  It  mous  èl  li  vaus. 
Al  assaut  vint  l'amea  Timers 
Et  si  doi  6U  qttdUit  M-t  bers. 
Al  assaut  vint  Pel^  li  ras, 
Ciuf  fût  m«rveiMes  haut  et  bas , 
Et'oë  lui  Cantecltr'li  cos 
35Ho     K.i  ne  trueve  nului  tant  us 

Ki  s*oM  nés  mètre  as  cretiaus. 
Ki  lors'irist  geter  mangouniaus 
Et  traire  quariaus  d'afbaleatre , 
Aine  mais  nus  ne  vit  g«rre  nestn- 
Si  crueuse  pour  aussi  poi. 
Cil  dedens  giétent  caude  poi , 
Ole^cautet  ardant  métal  ; 
Mais  à  Benart  avint  trop  roui , 
Car  Noirons  li  fouans  foui 
35^     Si  c'une  grant  tour  abati  : 

De  çou  ot  Nobles  le  cuer  lié , 
Et  Renart  l'en  ot  ooroucié. 
Atant  es  Hardi  le  lupart 
Ki  crie ,  or  cha ,  Dieus  i  ait  part , 
A  cel  lés  erl  li  castiaus  pris. 
Adont  oïssiés  bus  et  cris 


LE  NOUVEL.  27, 

Si  grans  que  au  mien  ensient 
On  n'i  oïst  pas  Dieu  tounant. 
Lors  fist  Renars  tout  sans  atendro 

3Goo     L'arc  à  tour  en  la  grant  tor  tendre: 
Au  descokier  fiert  le  lupart 
En  le  quisse,  et  fiert  d'autre  part 
Et  ataint  Roi  Noblon -où  pie. 
Si  que  il  l'a  forment  blecié. 
Dont  fist  li  Rois  tantost  souner 
Le  retrait,  et  laissier  ester 
L'assaut,  car  li  Rois  ert  navrés 
Et  li  lupars.  Cascuns  portés 
Fu  lors  as  tentes  et  couciés  , 

36 lo     Cascuns  ert  moult  mesaaisiés. 
Ses  mires  fist  11  Rois  venir 
Pour  lui  et  li  lupart  garir. 
Trives  requist  Renars  tandis 
Viers  le  Roi  sans  plus  quinse  dis. 
Volentiers  li  Rois  li  douna. 
Tandis  Renars  se  rehourda 
Et  moustre  bien  et  fait  sanlans 
Que  jà  jour  n'ert  vis  recréans 
El  pensé  qu'il  ne  violt  moustrer 

3620     K'il  s'en  bée  à  fuir  par  mer, 
S'ira  es  lUes  d'Orient 
Et  es  nies  viers  Occident , 
En  Etyope  et  en  Turkie  , 
Et  es  nies  viers  Barbarie  ; 


«7» 


RElf  ART 
Et  f*ii  Europe  ir»  ausi , 
Et  es  Ulet  vien  miedi 
Por  •odoiien  et  m  Aufrike , 
El  en  CcbIc  tiere  rike. 
En  Aise  et  en  Septentrion. 

^ù^o     II  ne  rcmanni  région 

El  monde  «odouert  ne  quiere , 
Gens  ara  de  tante  manière 
Ofl  lui  et  tant  dou  tien  donra , 
Que  cascuttt  od  lui  acourra. 
Saoe  li  Rois  que  que  bus  die , 
A  le  guerre  ne  faurra  mie 
A  nul  jour  tant  c'ait  vie  el  t^)r«. 
Alant  et  vous  devant  lui  lor« 
Le  roesMgier  le  Hui  Nohlon  « 

5640     Con  nomme  Duuin  le  couloii  ; 
Renart  de  par  le  Roi  bailla 
Une  letre  et  il  le  puira 
Son  capelain  tanto«t  à  lire. 
Quant  lot  parluitc ,  »i  souspirr 
Li  capelains.  Renars  li  rueye 
K.*il  die  en  liaut  çou  k*il  i  trueve  , 
Et  dus  dist,  sire,  jeP  otri. 
Lon  oonmença  h  dire  ensi. 


11.  N(>;  \  1.  L.  273 

6i  lomr  Uoiô  UobUs  cnDuir  son  mes  à  lUnart. 

Nocs  Nobles  par  le  grâce  de  Dieu  Rois  sour  toutes 
les  biestes ,  à  Renart  le  rous  con  à  sen  parjure ,  foi- 
mentie  et  sen  traiteur,  mourdreur,  tenseur,  cuncieur, 
ravisseur  et  pieur  ke  nous  ne  sariens  deviser,  non  salu, 
mais  fai  assavoir  com  il  soit  ensi  k'à  moi  soit  meffais 
de  traîson  et  viers  Hardi  le  lupart ,  si  com  il  bien  set , 
viers  Ysengrin  et  Cantecler  le  koc ,  Tibicrt  le  cat  et 
autres  pluseurs  dont  plaintes  sunt  devant  nous  venues  ; 
nous  li  conmandons  et  faisons  asavoir  que  s'il  en  violt 
faire  amende  et  venir  à  micrci  et  faire  satisfacion  par 
on  si  que  ce  soit  en  nostre  plain  dit ,  nous  le  rece- 
▼erons  et  bien  sacc  qu'il  trouvera  en  nous  miséricorde , 
c'est  qu'il  ne  li  sien  n'aront  de  mort  garde;  et  se  il 
çou  ne  fait,  sace  que  à  mon  vivant  gerre  ne  li  faurra , 
et  se  joo  le  puis  prendre  ne  nului  de  ses  gens,  c'est 
sans  rachat  et  sans  mierci ,  ne  ne  me  partirai  don 
siège  pour  vent  ne  pour  oré,  si  arai  me  volentc  du 
castiel  et  dou  païs ,  c'est  d'escillier  et  d'ardoir  à  fu  et 
à  flame,  et  çou  ai-je  juré  à  tenir  par  devant  mes  gens, 
conmc  Rois  ,  sour  les  Sains  Evangiles  de  Dieu.  Si  nous 
en  rclaissiés  savoir  vostre  volenté  par  letres  au  jour 
d'ui  ou  du  faire  on  du  laissier,  et  pour  le  raison  de 
çou  le  vous  mandons -nous,  que  Dicus  ne  li  mondes 
ne  nous  en  sace  que  demander,  et  que  on  sace  que 
nons  ne  volons  se  droit  non,  et  vous  tort.  Ces  letres 
furent  faites  par  grant  esgart  de  nous  et  de  no  conseil 
et  kiorTvios  l'an  kc  Phasiplié  li  Roinc  fcmc  lo  Roi  Mines 

.:8 


S74  RENART 

engenra  d'un  tor  Minotauram  par'  le  conseil  Dcda 

witanic  nnef  el  mou  que  U  loosigno»  trait  à  air. 

Quant  Renart  ot  le  letre  oïe , 
365o     Ne  se  puel  tenir  k'il  nr  fWr  , 
Jà  ceste  cose  ne  ferai , 
fTen  leur  merci  ne  me  métrai  ; 
Mais  au  Roi  vaurru  envoiier 
Wauket  le  gai  men  messagier. 
Et  li  kierkerai  sans  nul  si 
Le  respons  de  çou  r*ai  oî 
En  le  letre  le  Roi  Noblon , 
Plaine  de  le  traffe  Mahoii. 
N*ett  mie  raisons  k'il  me  mande , 
%06o     Ne  me  prie ,  mais  il  conmande , 
Contre  çou  li  remanderai. 
Lors  Bst  hucier  Wauket  le  gai , 
Et  fist  une  letres  escrirc , 
Et  puis  les  saiela  en  cire , 
Et  les  kierka  le  gai  Wauket 
Qui  ne  metoit  point  de  liuvet, 
Et  puis  li  dist,  liaille  le  Roi 
Ces  letres  chi  et  de  par  moi. 
Volentiers,  sire  ,  dist  li  gais 
3670     Ki  moult  estoit  cointes  et  gais, 
liors  s'en  vole  et  se  fiert  en  l'osl 
Entre  lui  et  Duuin  moult  tost  ; 
Devant  le  tente  Roi  Noblon 
S'arestent  andoi  où  sahlon. 


4 

lus    ^ 


LE  NOUVEL.  375 

U  k'il  vit  le  Roi  li  douna 
Le  letre  et  li  Rois  le  puira 
Errant  l'Arceprestre  Timer 
Pour  lire  et  tuit  pour  escouter 
I  acoururent  que  mieus  mieus, 
368o  '  Es  tentes  ne  remest  vuis  lius  , 
Et  Timers  à  lire  conmence 
Devant  le  Roi  en  audience. 


1^6  R  EN  ART 


$i  ronmr  Urnar»  cnwnt  sts  ittXxn  au  Roi 
tloblon  par  U)aukrt  Ir  gh^ii  ^n  mraa^irr. 

Nom  Renan*  »irrft  de  BlâJp«rtat»  et  don  pats  en- 
toar,  maittrrt  de»  coomos  de»  gniu  «ignonct  dr  lor 
règne»  t  damoùiaiu  pruié»,  loé*  et  honoaré*  et  ainèi 
oà  BUMidc  de»  laie»  gen»  et  don  Clrrgirt ,  liqnieu»  mirn» 
non»  Tole  partout  en  c»»aor«nt  ;  coin  il  «oit  ensi ,  Roi» 
Noble» ,  f|ve  von»  m'aiié»  a»»t*  en  non  ca»tel  de  Mal- 
pertois ,  »attf  çon  que  gardr  ne  m'en  fiounoif ,  «an» 
rai»on  ai  face  nie  à  faire  »i  grande  enprise  corne  too» 
avë»  Cùle  «onr  mot ,  et  »an»  deffier ,  que  faire  ne  dt^u»- 
•ié»  kt  vo»  booi  catoie ,  et  par  le  conseil  de  cen»  que 
▼ou»  bien  iM^ii  kt  me  béent  de  mort ,  et  me  mandé»  et 
conmandé»  que  je  viegne  en  vo  mierchi  »an>  mort  re- 
ccTotr,  et  cbe  ne  ferai-je  mi^  car  il  i  a  dou  poil  de 
ronr«  en  vo»tre  alatre  :  car  bien  «ai  »e  je  Tenoie  i  Ton» 
à  miercbi ,  tant  connoi»  to  boin  coiueil,  qna  rou»  me 
nwlerié»,  »e  votu  me  tenté»,  en  ténèbre»  en  cartre  per- 
petsel,  dont  je  m'en  garderai  bien  »e  je  puis;  dont 
pou  qne  vou»  e»te»  de»loiatu  rter»  moi,  que  faire  ne 
dénasiéa,  U  bomages  lige»  et  li  foi»  que  je  von»  deroie 
e»t  nnle,  car  tou»  are»  premier»  rf>mpu  le  festu,  ke 
autant  de  for  me  deriié»  tou»  com  je  tou»  deroie, 
dont  je  vou»  fat  assavoir  ke  je  »ui  Rcnart ,  et  ki  m'as- 
»aurra ,  je  me  defTenderai ,  et  ki  »our  moi  ardera ,  jou 
arderai  sour  lui;  mais  faites  le  bien,  je  ferai  un  jnise 
por  mi  purgicr  de  çou  de  quoi  tous  m'arokié» ,  tel  que 
je  TOUS  deviserai  :   c'est  de   porter  un  fier   de  ceval 


LE  NOUA^EL.  277 

ardant  en  som  une  lance  que  je  n'ai  coupes  où  fait 
pour  quoi  vous  m'avez  chi  assegiés.  Se  je  sui  dou  fier 
ars  ne  escaudés ,  traîtres  soie  et  en  face  l'en  conme  de 
traiteur;  se  je  n'ai  garde  dou  fier,  on  me  tiegne  pai- 
sivle  ;  se  ce  non  ,  Rois  ,  je  vous  deffi  et  di  fi  à  vous  et 
as  vos ,  car  li  drois  est  miens  et  non  vostres.  Ces  letpes 
furent  kierkies  l'an  ke  li  mousson  se  conbatirent  as 
mouskerons  ,  sietante  et  set  el  mois  que  li  pouchin 
devienent  poulet. 

Quant  li  Rois  ot  le  letre  oïe, 
Oiant  toute  sa  baronie 
S'escria  et  lor  dist  ensi , 
Conseil  de  cou  c'avés  oï, 
Car  je  le  tieng  à  grant  merveille. 
De  grant  corous  les  iols  roelle, 
Fronce  dou  nés  et  d'aïr  tranle 

3690     Plus  que  ne  fait  fuelle  de  tranle. 
De  grant  fierté  crike  les  derts, 
Et  eskigne  con  'hors  dou  sens. 
Li  gais  Waukés  tel  peur  en  a 
Ke  de  hides  se  parfoira. 
Tout  sans  cotfgiet  s'en  va  volant 
Dusqu'à  Renart  tout  parfoirant. 
Devant  Renart  à  cuer  esmarbre 
S'assist  Waukés  desour  un  arbre. 
Renart  le  voit,  si  li  a  dit , 

3700     Qu'as-tu,  se  Damel-Dieus  t'ait? 
Et  Waukés  dist ,  jà  tost  l'orés  : 
Par  moi  fu  vostre  briés  portés 


97S  HFNAHT 

Au  Koi  ;  rjiiaiit  ot  vo  li-tir  ou-, 
A  poi  ne  me  toli  le  vie 
En  vo  tlespit ,  et  &i  jura 
Que  jà  guerre  ne  vous  faurra. 
Li  triuwc  faut  anuit,  demain 
Aruns  l'assaut,  ce  me  tlist  main. 
Et  vous  estes  pourvéus  mal 

3710    Pôr  Roi  Noblon  livrer  estai. 

Tu  as  poi  gent  et  mains  viande, 
Et  sour  toi  est  li  gerre  grande. 
Se  par  force,  sire,  estes  pris, 
Et  vous  et  nous  serons  ocis  : 
Preadons  conseU  de  nous  sauver 
Entre  nous,  nous  n'avons  k*ester. 
Tout  s*escrient ,  VVaukés  dist  voir, 
Car  ses  coil  est  plains  de  savoir. 
Quant  Rcnart  les  ot  si  parler, 

3710     Et  les  plusiours  de  peurs  tranler, 
Por  eaus  conforter  dist,  oiiés, 
Signors,  et  ne  vos  esmaiiés. 
Je  sui  vo  sire  et  vous  mi  hooMy- 
Par  tous  les  Sains  ki  sont  à  Home 
De  çaiens  tous  vous  gieterai , 
N'aiiés  paour ,  si  vous  menrai 
Là  ù  li  Rois  n'ara  poo'u*, 
Et  vous  donrai  de  mon  aroir 
Tant  que  serés  rice  à  tous  jours. 

3730     N*aiës  paour,  c*est  deshounours 


LE  NOUVEL. 
D'avoir  paour,  aiiés  cuer  fm, 
Si  n'arés  jà  mauvaise  fin: 
Car  s'en  hardement  est  finée 
Vo  vie ,  vo  ame  afinée 
lert  au  jugement  conme  or  fins, 
Dont  ceste  mors  n'est  mie  fins; 
Mais  cius  ki  ne  muert  finement, 
S'ame  sera  sans  finement 
O  Lucifer  sans  definer, 

3740     Por  cou  fait  boin  en  bien  finer. 
Cascuns  si  ait  pensée  fine, 
Si  ara  cascuns  ame  fine  ; 
Teus  âmes  seront  afinées , 
Et  c'est  drois  puis  c'on  a  finées 
Les  vies  com  hardis  et  preus, 
Qu'à  l'ame  en  vertisse  li  preus. 
Mi  home  estes  et  jou  vo  sire, 
Si  ne  doit  nus  enviers  moi  s'ira 
Moustrer  se  il  d  à  souffrir  : 

3750     Car  on  voit  souvent  avenir 

Ke  teus  kiet  souvent  entre  pies 
Ki  puis  vient  deseure  tous  fiés. 
Il  ont  tort  et  nous  avons  droit. 
Et  d'autre  part  s'ensi  estoit 
K'il  eussent  droit  et  nous  tort, 
Puis  que  je  vous  fai  par  effort , 
C'est  par  force  venir  o  moi , 
Tos  li  peciés ,  foi  que  vous  doi , 


279 


98o  RENABT 

Seroit  sour  moi  et  vous  sauvé , 
3760     Se  pour  moi  cstiiés  lut- 

Li  drois  est  no&tres,  eau&  ii  tors. 
Or  soit  cascuns  hardis  de  cors, 
Car  viers  le  mer  irons  anuil , 
(Or  escoutés,  ue  vous  anuit) 
En  une  nave  grant  et  noble 
Où  poi  douterons  le  Roi  Noble. 
Forte  est,  n'a  garde  de  tormeiUc, 
Lée  et  longhe,  iéurc  et  gcnte. 
Warnie  est  por  vivre  douze  ans , 
3--0     Onques  en  mer  nVntra  si  gratis. 
Conroent^  l'ai  faite  carpenter , 
Sigoour,  vous  vaurrai  deviser. 
li  fons  est  de  malc  {>ens<*e. 
Et  s*cst  de  traison  liordéc , 
Et  clauwée  de  yilounic , 
Et  de  honte  très  bien  poie. 
De  Irecerie  en  est  li  ma» , 
Par  ceste  nave  ert  Nobles  mas , 
Car  li  sigle»  est  de  Iwisdie. 
3780     Li  coflin»  dou  mast  est  d'envie 
U  li  galios  rampera  ; 
De  cel  cofin  moult  lonc  vera. 
Et  de  haïne  en  est  li  cables, 
A  tel  cofin  est  bien  metables. 
Li  nave  est  batillie  entor 
De  descorde  et  de  poi  d'amor. 


LE  NOUVEL.  281 

De  blades  i  a  maint  cordon 
Au  sigle  et  au  mast  environ  : 
De  malisse  et  de  foi-mentie 

3790     Est  li  ancres,  n'en  doutés  mie. 
En  le  nave  a  estages  trois 
Teus  k'il  n'est  Dus,  ne  Quens,  ne  Rois, 
Vesques,  ne  Rendus,  ne  Prelas, 
Papes,  Prestres,  Clers  ne  Legas 
Ki  n'aiment  à  manoir  dedens. 
Plaisant  sont  moult  à  plusiors  gens  : 
Li  premiers  est  de  convoitise. 
Et  li  secons  est  d'avarise. 
Et  li  tiers  est  d'escarseté. 

38oo     En  liu  d'or  sunt  estincelé 

De  rapine  et  de  tote  cnsanle. 
Dites,  signor,  k'il  vous  en  sanle. 
Tuit  s'escrient,  sire ,  moult  bien , 
Mais  que  nous. dites  d'une  rien, 
De  quoi  la  santine  est ,  biaus  sire. 
Jou  l'avoie  oublié  à  dire. 
Ce  dist  Renart  ;  désespérance 
U  il  n'a  nient  de  repentance 
De  quoi  est  no  santine  faite  ; 

38 10     Et  s'a  en  no  nave  une  gaite 
C'on  apiele  desloiauté , 
Où  il  n'a  point  de  vérité  ; 
Et  s'a  no  nave  el  bout  devant 
Une  broce  de  fier  trençant 


a8s  RKNART 

Dont  li  fiers  est  de  felounie. 
Tous  forgiét  d  outrequidcric 
Dedeitt  U  forge  de  fierté, 
D  outrage  et  de  beuban  melU-  : 
Forgier  le  fis  par  grant  ine»tne 

iSto  Ent  00  rUle  de  Siitalie. 
Li  aoer»  est  <le  cruauté 
T  dr  pure  fauseté. 

*.(  Mf  l'itH"»'   '-  ■  -'"pera 
(^iMui|Uo  II  nous  venra  : 

N'est  nus  ut  .<  n  de  quoi  plaindre. 

Se  no  broce  le  purf  atahidre , 
Et  pour  ^*ou  c*oo  ne  sace  mie 
De  oostrc  nave  le  boisdie , 
Et  que  riens  il  o*i  ait  de  perte, 

383o     Ert  no  nave  très  bien  couverte 
D'un  gris  dras  fait  d'ipocrisie , 
D'accide  et  de  mauvaise  vie , 
Tissu  de  propre  vol«  it. 
IVireur  a  le  nave  cUuv.<  . 
Nous  i  serons  plus  a&séur 
Que  dedens  le  cité  de  Sur. 
Bien  sui  de  maroniers  porvus , 
Ains  mieudre  n'ot  Rois,  Quens  ne  Dus, 
Car  de  mo  nave  ert  Amiraux 

3840     Li  Papes  et  ses  Cardounaus  : 
Ara  od  lui  pour  gouverner 
No  navf  parmi  haute  mer, 


LE  NOUVEL.  283 

Clers  et  Prestres  et  Archevesques , 
Moines,  Doiiens,  Abbés,  Eveskes, 
Jacobins  c'on  dist  Prééceurs. 
Avoec  eaus  les  Frères  Meneurs 
Ara  ,  s'irons  séurement , 
Et  j'espoir  que  nous  arons  vent 
Boin  com  pour  nous,  c'est  de  pecié 
385o     Dont  le  monde  voi  enlacié. 

Cius  dous  vens  nos  fera  sigler 
Sitost  com  notis  sarons  penser 
C'a  no  nave  est  propres  teus  vens, 
A  moi  et  à  toutes  mes  gens. 
Mais  bien  saciés  nos  Amiraus 
Het  moult  ce  vent  s'il  est  loiaus , 
Et  no  marounier  ensement, 
K'il  m'ont  blasmé  mil  fois  ce  vent. 
Mais  pour  çou  que  je  voel  sigler 

386o     A  infier  sans  plus,  por  parler 
A  Proserpine  ki  kierkier 
Me  doit  son  fil  qu'ele  a  moult  cier, 
A  cui  Rois  Nobles  est  taions. 
Li  enfés  est  biaus  valetons  ; 
Fins  est  Orguel  fil  le  Roi  Noble , 
Et  sa  mère  ki  moult  est  noble. 
M'a  mandé  que  me  kierkera 
Son  fil,  et  moult  bien  afferra 
En  no  nave  l'enfés  Orgius  : 

3870     Tel  non  com  li  père  a  li  fius , 


*H  RF.NART 

Et  est  de  toute  riens  sanlanH 
Au  |)cre ,  cl  biaus  et  fors  et  grans. 
Mais  n*est  veiis  ki  fesist  sigler 
No  uave  droit  là,  ne  aler, 
Fors  dus  vens  dont  jou  ai  p:ir)/>  : 
Nos  Amiraus  Ta  en  viutt 
Et  &i  marounief  eusement. 
Bien  s«i  s'il  parçoivenl  ce  vent  y 
Que  lor  sigle  lairont  cliéir 
388o     Dusqu  adont  qu'il  *poront  véir 
Autre  vent;  mais  jcs  metcmi 
Es  estages  dont  je  dit  aj 
De  couvoitise  et  d'Ivan!»!  , 
Que  nostres  Amlmus  moult  pri*t% 
Et  aust  font  li  marounier. 
Et  pour  çou  sai  bien  sans  cuidicr 
Que  no  nave  feront  sigler 
Partout  ù  je  vaurrai  aler , 
Par  les  estages  ù  seront 
3890     Ki  le  vent  couventr  lairont. 
Anuit  nos  en  irons  viers  nin  . 
Signor,  se  le  volés  graer , 
Par  un  sousterrin  desous  ten-e 
Jusques  à  le  mer  d'Engletîere, 
U  jusques  au  port  de  Brandis  : 
Or  doutons-nous  nos  anemis  ? 
Tout  s*cscrient ,  mains  que  devant , 
Et  dient  tant  cum  pain  vaillant 


LE  NOUVEL.  285 

Aront  por  vivre,  k'il  teiiront 

3900     Le  castiel  et  defTenderont. 

De  ceste  nave,  biau  signeur, 
Doivent  tote  gent  avoir  peur 
Ki  ont  le  non  de  crestien  , 
Se  li  nave  va  mal  u  bien. 
Li  nave  eu  coi  tant  visées  a 
Est  nos  cors  ki  par  le  mer  va 
Dou  monde  ù  a  perilleus  vens  : 
Poi  i  regardent  moût  de  gens, 
Car  se  no  nave  où  monde  fent, 

3910     Dont  va  no  nave  malement, 
Car  la  mors  n'espargne  nului. 
Teus  est  tous  hAitiés  au  jor  d'ui , 
Espoir  ne  vivera  demain. 
De  riens  ne  sonmcs  si  ciertain 
Conme  de  le  mort,  ne  si  fi  , 
Pour  l'amor  Dieu  regardons  i , 
Car  se  par  le  vent  de  pecié 
Sommes  en  le  mer  perillié , 
Hé!  las,  mar  fumes  onques  né  : 

3920     Car  se  li  vens  fait  que  liurté 

Ait  no  nave  au  rocier  de  mort , 
Ançois  qu'ele  parviegne  au  port , 
Fendue  ert  no  nef  et  brisie , 
Et  nostre  ame  en  infer  bruie. 

Faisons  les  dis  des  marouniers 
Non  les  œvres ,  k'il  n'est  mesticrs  ; 


^g6  RKNART 

Ausi  sunl-il  de  car  et  li'o* 
Ke  nota  iouiiu*!^,  et  divers  co> 
Ont  souvent  de  teuipUtion 
3y3o     Ki  le*  fait ,  u  vocliciU  u  ^on , 

E»lrc  ctf  le  na've  oii!»  en  le  lucr , 
Et  au  vent  do  pccié  sigler 
\  V  H .   IVcnart  el  maUtrc  estage 
De  couvoitise,  qui  doinage 
Lor  fait,  avanice  eoteineni 
Damage  au  inonde  moult  de  gent. 
S'il  periiéent  rt  uotis  ausi , 
Ne  sommes  nous  mie  gari 
Pour  çou;  mais  nos  soiienies  sage, 
%,j^o     Faisons  no  preu  de  lor  damage , 
Car  cascuns  portera  m'h  fais. 
Se  par  eaus  rst  li  peciés  fai;», 
T.i  palne  en  t*aus  doublée, 

paradis  corounét 
Ert  teus  gens  doublcinciii 
Proec  c'aient  Dieu  adroit  •.•tà*i. 
C'est  k'il  soient  plain  de  vicrtus, 
Si  qu'en  eaus  ne  soit  visces  nus, 
Ains  soient  plain  de  carité , 
îgSo     De  foi  vraie  et  d'umclit 

El  couvoiteus  d'armes  sauver 
Par  bien  dire  et  par  mieus  ouvrer. 
Dont  veroit-on  venter  moult  poi 
Vent  de  pecié ,  mais  vraie  foi  : 


LE  NOUVEL.  287 

Li  naves  seroit  de  viertus, 

Et  Renart  seroit  abatus 

Et  caciés  des  cuers  et  Orghius , 

Si  k'en  tous  les  cuers  seroit  Dieus. 

Ce  nos  doinst  li  Plus  et  li  Pères 
3960     Et  li  Sains' Espirs  li  sauveres. 
Or'  revenrons  au  Roi  Nobloii 

Ki  fu  tornés  à  garison , 

Et  Hardis  li  lupars  ausi  :  • 

Andoi  sunt  liaitié  et  gari. 

De  cou  est  l'os  moult  estormie, 

De  joie  en  font  tel  crierie 

C'on  n'i  oïst  pas  Dieu  tonnant. 

Cil  chevalier  vont  devisant 

De  matin  ert  Malpertuis  pris, 
3970     Et  Renart  et  si  gent  ocis. 

Lors  fîst  li  Rois  l'iauvve  corner 
Ensi  conme  por  le  souper. 
Enpriès  souper  vont  tout  coucier, 
Et  sitost  k'il  virent  raiier 
Le  soleil  lendemain ,  armer 
Se  keurent  tuit  et  adouber, 
Et  puis  si  conmencent  l'assaut. 
Et  Renart  al  encontre  saut , 
Et  cil  defors  lancent  et  traient  : 
3980     Coisent  li  mort ,  li  navré  braient , 
Et  Renart  moult  bien  se  deffent. 
Maint  cop  i  donne  et  maint  en  prent, 


«AS  R  EN  ART 

Et  si  gent  moult  bien  se  defTenclciit , 
Quar^l  volent  quant  arc  destentleiit. 
Atant  es  uns  des  Hus  llouart 
Ki  en  se  main  tint  un  fausart: 
Cius  fait  merveilles  de  sen  von  y 
Bien  a  des  gens  le  Hoi  vint  inorii. 
^  Et  bien  quarante  eskierveh  ^ 

S^go     lÀ  lupare  s  escrie ,  assalé^ 
Signor*t>aron ,  or  lost  avant. 
Noirons  li  fouant  %'ait  fouant 
Au  pié  d'une  grandismc  tour; 
Et  quant  Rcuart  |>arroit  cel  tour. 
Le  tour  contre  Noiron  mina 
Priés  toute  et  moult  bien  Tesponda 
Sour  estakes,  et  d'euwe  emplir 
Fist  le  fosse  et  tout  quoi  truh 
Et  Noirons  li  fouani^  fouoii 

4000     Ri  riens  garde  ne  s'en  dounoil  ; 
Tant  foui  Tiauwe  le  noia 
Et  vint  od  lui.  Quant  ç  avisa 
Li  Rois,  si  s'est  cent  fois  sainiés. 
Lors  fu  Tassaus  reconmenciés 
Des  fondeffles  et  des  caillaus. 
Li  lopars  s'escrie,  orc  à  aus; 
Et  Ysengrins  li  leus  sali , 
Et  Tibiers  li  cas  autresi , 
Et  Raous  ses  fins  li  vaillans 

4010     Que  ce  sanloit  uns  drois  Rollans. 


LE  NOUVEL.  189 

Gascuns  assaut  moult  vistement, 

Et  Renart  moult  bien  se  deffent. 

Tandis  Nobles  se  regarda, 

Cointeriel  li  singe  avisa,  , 

Dalés  lui  sou  fil  Martinet 

En  qui  avoit  moult  biel  varlet, 

Ki  n'estoient  mie  al  assaut. 

Il  ne  lor  dist  pas,  Dieus  vous  saut, 

Ains  les  frapa  et  les  bâti, 
/|020     Et  de  sa  raison  les  laidi 

Et  dist  c'andoi  sunt  traiteur. 

Et  de  son  conseil  reporteur 

A  ceaus  dedens,  c'on  li  a  fait 

A  entendre  tout  entresait; 

Mais  jà  jour  ne  l'éust  créu , 

Se  ne  fust  cou  k'il  a  véu 

Ke  Renart  ne  voelent  grever  ; 

De  s'ost  les  conmande  à  aler 

En  voies,  puis  les  fist  banir. 
4o3o     En  Cointeriel  n'ot  k'esniarir, 

Ne  en  Martinet  le  sien  gendre. 

Del  ost  s'en  vont  sans  plus  atendre 

Tout  maneçant  le  Roi  Noblon 

Por  ceste  grande  mesproison. 

Et  cil  assalent  sans  ciesser 

Ki  Renart  voloient  grever. 

De  le  piere  dou  mangouniel 
IV.  19 


^9  RBNART 

Le  plus  maiAtre  tour  dcl  c-astici 
Ont  encontre  ticre  alMtur. 
4040     Oe  cel  cop  cascuns  tlcl  ost  hue. 
Et  Renart  moult  se  descoii forte 
De  se  tour  k'il  cuidoit  très  forte. 
Ensi  coome  il  se  desmentoit , 
Il  esgarde  soor  destre  et  voit 
Ke  li  (ius  le  Roi  Leoniaus 
E»loit  rampes  dutqn'a»  cretiaus 
A  une  eskiele  amont  en  haut 
Et  Renart  encontre  li  saut 
De  il  haut  com  lionjaus  ht 
40S0     Vm  ens  el  fosé  abnta , 

Si  k^d  brisa  andeni  les  bras. 
Li  Rois  le  voit  et  dist ,  helas  ! 
Le  mien  cier  fd  m'a  Renart  mort. 
Lors  a  conmandé  c*on  Ten  port 
Et  con  laisse  l'assaut  ester, 
Et  il  sa  font  sans  arriester. 
Viers  lor  tentes  sont  repairié , 
De  çou  ot  Renart  le  cuer  lié , 
Car  s*al  assaut  eussent  mis 
4060     Un  poi  pins,  li  castians  fust  pris. 
Lors  pense  plus  ne  demourra 
En  Malpertais ,  ains  s*en  ira 
Jà  de  prinsoir  enviers  le  mer 
Por  lui  et  ses  bornes  tenser. 


LE  NOUVEL. 
Ensi  le  fîst  k'il  le  pensa , 
Si  qu'il  fil  nuis,  si  s'en  ala, 
Od  lui  ses  gens  et  se  niaisnie, 
Mais  ançois  fist  grant  déablie. 
Lui  centisme  es  tentes  feri, 

4070     Et  puis  cria,  traï ,  traï! 

Tentes  abat  et  gent  ocist. 
Et  en  son  retor  dis  en  prist  : 
Ce  fu  le  corbiel  Tiesselin , 
Et  Felenesk.  le  porc-espin  : 
Si  prist  le  pourciel  Wanemer, 
Et  od  lui  Bauçant  li  saingler; 
Si  prist  Frobiert  le  crikellon , 
Od  lui  Espinart  l'ireçon; 
Meliaut  l'agaclie  en  enmena 

4080     Ki  durement  en  espresclia; 
S'en  mena  le  loir  Soumilleus 
Ki  durement  en  fu  honteus; 
Si  en  mena  Pelé  le  rat 
Ki  moult  haoit  Tibiert  le  cat. 
Pounet  le  fuiret  prist  od  lui 
Ki  dist  haliai  !  par  fin  anui. 
Ceus  en  mena,  voellent  u  non, 
Dedens  Malpertuis  en  prison. 
Lors  fait  son  pont  amont  lever, 

4090  Et  se  porte  moult  bien  fremer. 
Et  fait  en  son  castiel  tel  noise , 
Que  li  os  defors  s'en  acoise, 


391 


99* 


RENART 
K'il  lait  en  son  castiel  tromper 
Pour  plus  noitier  et  sains  sonner, 
Por  (^ou  que  nut  del  est  ne  sacc 
K^il  lor  vo«llc  %kidier  la  place. 


LE  NOUVEL.  agS 


itinsi  fomiuf  îlf nart  ist  î>f  ÛXaupettuie  rntw  lui 
tt  ea  i^ent ,  et  f ntrore nt  m  utu  nrf  m  nur. 

Tous  ses  soumiers  fist  lors  torser, 
Et  tout  kierkier  et  emporter 
Quan  k'il  ot  dedens  le  castiel, 

4100     N'i  laissa  ki  vaille  un  naviel. 

Tout  en  portent  par  desous  tiere , 
Ses  prisouniers  deus  et  deus  serre, 
Et  les  mena  avoecques  lui. 
Ensi  s'en  va  à  son  refui 
Il  et  ses  gens ,  c'est  à  se  nef, 
Et  puis  entrent  ens  tout  souef , 
Et  puis  s'eskipent  et  drecierent 
Lor  sigle,  et  par  le  mer  nagierent. 
Vent  orent  tel  k'il  aferoit 

4110     A  lor  nave  et  là  vinrent  droit 
U  Proserpine  ert  od  son  fil. 
Atant  es  Renart  le  Goupil 
Ki  li  requiert  de  convenant 
Ele  li  kierke  son  enfant, 
Orghilleus  son  fil  c'ot  d'orguel 
K.i  warlouskete  un  peu  del  oel 
Par  fiertet,  et  s'estoit  viestis 
D'uns  dras  trop  desguisiés,  partis 


194  R  K  N  A  R  T 

De  despit  ciicoiitrf  desclaiiig  : 
4iao     Se  de  voir  dire  ne  me  f'aing, 
Fouré  erent  de  vanterie , 
Et  ot  çainte  par  signourio 
De  manaces  une  çainturc , 
Et  s'ot  par  gniii*  -iseure 

De  cointise  un  j ,.u'l 

Sour  son  cief  ki  moult  li  sist  biel  ; 
Et  t*ot  de  vaine  glore  afice 
A  M  poitrine  hiele  et  rtce. 
Solert  ot  de  joliet^ , 
4i3o     Trenkiés  sour  or  de  vanttf , 
Et  cauces  de  presumption 
Faites  de  vienneii  siglaton. 
Orgilleus  tout  »i  atorné 
Ji  Renart  od  lui  enmen^ 
En  se  nave  par  le  congié 
Proaerpine  ;  tout  en  sunt  li^ 
Par  le  nave  et  forment  Touneurent. 
Por  lui  bienvignier  tout  akeurent , 
Enmi  le  nave  Pont  assis 
4i4o     En  un  trosne  d*or,  et  puis  pris 
Congié  à  Dame  Proserpine. 
Li  vens  se  fiert  par  grant  ravine 
En  lor  sigle ,  et  li  nave  ala 
Plus  tost  que  quariaus  ne  vola , 
Tant  qu'en  Noirci»eghe  ariverent 
Lés  un  boft,  et  dedens  trouvèrent 


LE  NOUVEL.  agS 

Martin  le  singe  et  Cointeriel 

Sen  père  desus  un  aubiel. 

Renart  les  voit ,  ses  maneça , 
4i5o     Et  puis  apriès  lor  demanda 

Por  coi  il  sunt  parti  del  ost. 

Cointeriaus  li  respont  tantost: 

Renart ,  nous  en  sommes  bani , 

Saces,  et  por  l'amour  de  ti, 

Et  dou  Roi  nommé  traiteur, 

Et  batu  ,  dont  j'ai  grant  doleur , 

Por  çou  qu'à  ta  tour  n'assaliemes. 

Vis  li  fu  que  te  deportiemes; 

A  vous  nous  en  clamons  andoi 
4160     De  mon  signeur  IVoblon  le  Roi. 

Renart  lor  dist ,  ne  vous  faurrai 

Nul  jour,  tout  est  vo  quanque  j'ai  ; 

Biau  signor,  od  moi  en  venrés. 

En  no  nave  besoigne  ares 

For  ramper  conme  galios. 

Et  Cointeriaus  li  dist  tantos  ; 

Sire,  un  ours  a  en  cest  païs 

Ki  plus  blans  est  que  flors  de  lis  ; 

Plonkier  set  très  bien  et  noer, 
4iyo     Ne  vit  fors  de  poisson  de  mer. 

Blancars  est  par  son  non  nommés. 

Aies  et  si  le  m'amènes, 

Ce  dist  Renart ,  et  il  si  fist , 

Et  Renart  Blancart  tant  promist 


3^  RENART 

C*o  lui  reiii»l  et  Cointeriaiis 
Et  MartiDét  la  fius  li  hiaus. 
ReiMurt  tes  prisoniers  mou&tra 
Gointeriel  ki  tant  lor  pria , 
K*il  jurèrent  k'il  nidiroiont 

4ibo     Renart ,  ne  jà  ne  li  fauroieiit , 
Car  il  client  Nobles  li  Roiit 
Lor  a  pri^  tolus  tout  lor  clrois  ; 
Tort  lor  fait  «{uant  lor  »ûU  lor  toit. 
Renart  dist  c*est  HroM  à»  radot , 
Car  il  est  vius  H  aigiéi. 
Adont  fu  li  tigict  dreci^ 
Por  aler  déviera  Orient 
Véoir  Ceraatre  le  aierpcnt  : 
Car  de  nature  rcMnloit 

4190    Raaart,  let  oiaiaus  dcccvoit 
Cor  Renart ,  et  s*estoit  cornu» 
Autretaot  con  moutons  et  plu«. 
Renart  ditt  que  véotr  Tira , 
Et  od  lui  tant  séjournera 
K'il  ara  grant  gent  asaanlée 
De  mainte  diverse  contrée. 

Au  Rm  Noblou  m'en  revenrai 
Que  Renart  ot  mis  en  esmai 
De  tes  gêna  ke  le  nuit  ot  pris  ; 

4soo     D*ire  et  de  mautalent  espris , 
Sitoat  k*il  vit  le  jour  raiier, 
A  fait  l'assaut  reconmencier. 


LE  NOUVEL.  297 

Qui  donc  \ist  eschieles  drecier , 
Et  contremont  serjans  puier  , 
Perieres  gieter,  quariaus  traire, 
Et  gent  à  pie  près  des  murs  traire 
Por  trauwer  et  por  jus  abatre. 
Et  quant  il  voient  nus  debatre 
Ne  lor  vient ,  s'en  ont  grant  merveille. 

4210     Por  escouter  cascjjns  oreille, 
Mais  n'i  oent  ame  de  cors, 
N'as  cretiaus  nului  paroir  fors. 
N'i  espoirent  fors  traïson. 
Es-vous  Tardius  le  limeçou  • 

Ki  dist  que  par  tans  le  sara. 
As  murs  s'ahiert,  amont  rampa, 
Nului  n'i  vit,  jus  descendi, 
A  le  porte  vint ,  si  l'ouvri  ; 
Mais  ains  mist  le  roial  baniere 

4220     Ens  en  le  maistre  tour  de  piere 
En  signe  pris  est  li  castiaus. 
Au  Roi  Noble  est  cis  signes  biaus , 
Car  il  cuide  Renars  soit  pris  ; 
Et  quant  voit  k'il  en  est  fuis. 
Si  dolans  est  k'il  ne  pot  plus. 
Merveille  a  par  ù  est  issus, 
Mais  onques  ne  le  pot  savoir. 
S'en  a  merveilles  le  cuer  noir. 
Lors  conmanda  c'on  escillast 

423o     Maupertruis  et  tout  cravantast. 


a^  R£lilAllT 

Jà  fut!  fait  quant  le  soi  Dame  Ermo 
Ki  à  Eftoart  le  rou»  ert  feme, 
Ki  trèsdont  ert  o  le  Roîoe, 
K'ele  M  pUinst  de  la  liaîoe 
K*ot  à  Renant  quaot  li  copa 
Set  troccft,  puta  n'i  repaira 
Pour  paour  k*il  ne  Toceaist. 
Genous  flecia  g  Noblon  di»t 
Tout  en  plorant ,  pité  en  prenge 
4»4o     De  li ,  et  Blalpertiai*  li  renge 
Sftns  abalre  et  tant  eicillier. 
•  Noble*  li  covint  otriier 

Par  ai  k'ena  metra  wamisons 
De  cbevalien  et  de  baron», 
Kc  ReaarAi'i  puist  repairier. 
S'ost  ooamanda  à  deslogier, 
Et  voiai  catcuns  en  son  paîs 
Por  li  revéoir  lor  amis. 
Lié  en  furent ,  tout  t'en  r'alerent 
4a5o     Cde  part  ù  il  mius  amercnt 

Viert  Roœ-gaillart  ton  castiel , 
Ki  téoit  deteure  un  vauciel , 
Vint  li  Rois  et  od  lui  Hardis 
P6r  MJoiirBer,  car  cel  pais 
Estoit  biaus  et  de  tous  biens  plains , 
Car  il  séoit  en  trop  biaus  plains. 
Li  Rois  Tint  au  Lupart  et  dist  : 
Hardi ,  je  croi  par  Jbetu-Crist 


LE  NOUVEL.  299 

Renart  li  rous  s'en  fuit  par  mer, 

4260     Mais  je  vaurrai  apriès  aler 
En  une  nave  que  fai  faire 
Très  séure  et  de  boin  affaire, 
Et  vous  dirai  de  quoi  est  faite 
Tout  à  premiers  que  moult  me  haite. 
Li  fons  est  de  boine  pensée 
Et  s'est  de  fine  amour  bordée, 
Et  clauwée  de  courtoisie , 
De  raison  ricement  poiie. 
Li  mas  en  est  tous  de  pité, 

43170     Et  li  sigles  d'umelité  : 

Li  cofins  dou  mast  est  de  sens 
D'atemprance  et  de  raison  gens  ; 
Est  teus  cofins  pour  lonc  véoir, 
Et  d'amistié  pour  pais  avoir. 
Est  li  cables  et  grans  et  fors. 
Bien  fais  et  très  soutilment  tors; 
Et  s'est  li  nave  batillie 
De  concorde  par  signourie. 
Et  por  plus  rice  estre,  de  pais  : 

4280     Nus  ne  vit  tel  nave  onques  mais. 
De  discrétion  maint  cordon 
I  a  entour  et  environ, 
Li  ancres  est  de  repentance , 
Forgiés  de  confiession  blance, 
Temprés  de  satisfation 
En  l'aighe  de  dévotion.  ' 


3oo  RBNâET 

Trois  etUgec  a  en  no  nti 
*  U  il  n*a  freinure  ne  clef, 
Car  tout  troi  sont  fait  de  largbece , 

4190     Rioemeiit  doré  de  noblece. 

No  MBline  est  de  boin  espoir, 
Dedeiit  fait  ci«r  ne  mie  noir  : 
Je  le  fis  de  mitericorde 
Carpentar  toute  par  conoordB. 
Si  a  en  db  nave  une  gaite , 
Sirea  Hardi,  qui  moult  me  haite, 
Que  on  apiaie  loiauté. 
Tous  jours  eome  de  vérité. 
SV  Bo  pave  devant  el  front 

43oo     Une  très  grande  broce  dont 
Le  fier  de  deboinaireté 
Ai  en  reverense  mellé. 
Li  aciers  en  est  de  douceur , 
Forgiés  en  le  forge  donneur, 
Temprés  en  confience  fine. 
Si  a  no  nave  une  courtine 
Dont  couverte  est  blance  qn"  ••"'■- 
A  une  grande  rouge  crois 
K,*on  appiele  conpassion , 

43io     Bordée  entour  et  environ 

D*un  orfirot  c'on  nomme  honesté. 
S'a  no  nave  un  pumiel  doré 
Haut  sor  le  niast  de  passience , 
Tout  estincelé  d'innocence  ; 


LE  NOUVEL. 

Et  s'a  deseure  le  puiniel 

Un  grant  aigles  iniervelles  biel 

Ke  on  appiele  karité, 

De  saintes  viertus  enipené  : 

S'adroit  nostre  aigle  regardons, 

4320     Séurement  aler  porons 

Parmi  le  mer,  ce  vous  di  jou , 
C'a  Dieu  ne  puet  aler  sans  cou 
Ame  nule  ne  estre  od  lui , 
S'en  lui  n'est  karités ,  sans  qui 
Viertus  ne  puet  od  Dieu  monter. 
Carités  puet  plus  haut  voler 
D'autres  viertus  conme  aigles  fait , 
Ki  d'autres  oisiaus  plus  haut  vait. 
Contre  nous  ne  pora  durer 

433o     Renart  en  tiere  ne  en  mer, 
Car  de  sobriété  arons 
Escus  dont  nous  nos  couverrons 
Contre  les  assaus  de  Renart, 
K'il  ne  nos  pora  de  sen  dart 
Ataindre  de  temptation. 
De  gloutenie  maint  bougon 
Nos  lancera  en  nos  escus, 
Mais  jà  ne  venra  au  dessus 
De  nous,  car  par  grant  dihgense 

4340     Ai  fait  nos  escus  d'astinense 
Plater  séurement  et  fort. 
Et  sont  de  no  nave  li  bort 


3jji 


ioa  RKNAMT 

luiii  . ouvt'il  ilf  virginité 
V\us  lil.iiu  (jitr  iu*  M>it  flore  en  pré; 
De  caesté  en  liu  d'argent , 
Dia$pré  m»  tnenuement 
Por  le  peur  de  le  flamesure 
C*on  nomme  le  fii  de  luxure, 
Ki  plu»  trè»  art  que  griuis  fus, 

43So     Car  il  dewatte  let  viertua 

Dou  cors,  et  ti  met  lame  à  mort  : 
Fols  est  ki  à  tel  fu  t'aroort 
No  oave  est  plaine  de  1  ) 
Ki  fait  par  viertus  Tame  cr.i 
Des  haus  biens  esperiturus 
Cont  conquis  li  Saint  gloricu*» 
Par  souffrir  les  lemptations 
Dou  Diable,  et  les  aguilbns, 
£t  contre  ealer  ;  s*en  ont  corones 

4I60     Od  Dieu  preeieiiaes  et  boines. 
Tandis  que  li  Rois  devisoit 
Au  Lupart  ^oa  k'il  li  plaisoit , 
Estes  vous  Urs  trois  messagien 
De  par  Renart ,  oointea  et  fiers. 
Dont  li  WM  est  li  gais  Wankés , 
Li  sccoDi  ot  non  San&ounés , 
Fins  ert  al  esprohon  Sanson  : 
Li  tiers  Eobins  avoit  à  non  ; 
Fius  ert  Robiert  le  cokcnll 

jj'^-o      Que  l'cm  IfMioit  à  iiioiill  gentil. 


-      LE  NOUVEL.      •        '    *      3o3 
En  signe  k'il  sunt  raessagier 
Ot  cascuns  un  rain  d'olivier. 
Devant  le  Roi  sans  saluer 
En  sunt  tôt  troi  venu»  ester, 
Waukés  ki  par  amours  amoit 
Mehaut  l'agace,  au  Roi  vint  droit, 
Et  li  dist  :  ^ois,  Renart  t'envoie 
Unes  letres,  or  les  desploie. 
Lors  si  saras  k'il  a  dedens. 
/("îBo     Li  Rois  les  œvre  et  regarde  ens  : 
Sen  capelain  les  baille  et  rueve 
K'il  die  en  haut  çou  qu'il  i  trlieve^ 
A  dire  prist  c'on  se  taisist, 
En  haut  fut  le  letre  et  si  dist. 


3o4  •        RFfART 

6i  cnmt  l^tmrî  rwmt  lioi  tbbUm  «e  Irtrre. 

Ifoc*  Hfinift  MTM  •!•  MiM|.tr>iMi  •!  (loD  pai«  rn- 
lonr  oMÙstrrs  don  >  i.s-^i  Us  ^t,iii«  M^'iirurt  et  gou- 
maimi  dt  ior  rv^ncs ,  pruM» ,  amr»  et  honoré»  on 
nUMid«  don  ClcrgMt  «IiIm  lalca  gcn»»  li  qni  miM»  non* 
tolc  par  loni  en  CMaM^ot  ;  ronmc  il  knI  mai  qne  veut 
■l'aMcMMiéft  en  MalpcrlnU  «t  l'ciié*  pm  si  qn«  on  m'a 
fût  entendant ,  jt  irona  b»  aMa^oir  qne  j«  le  r'arai  et  don 
Yoetre  aniani  airoac ,  par  qnot  me  perle  ert  bien  re»to- 
rc«,  et  Dien  niwchi ,  je  ne  «ni  mie  orr  rnrio*  en  Mal- 
pcrtttiA,  ain*  nri  an  larfhc  et  voi«  par  mer  el  par  lirre 
qnant  il  nw  plaiM ,  cnm  ciu»  ki  poi  crirui  ne  vou*  ne 
les  vo»;  et  voaa  têi  asavoir  que  je  sni  od  Ceratte  le 
•icrpent  mon  tifT  et  i  cni  je  »ui  de  lignage ,  et  m'a 
donné  nn  cMlicl  en  Orient  qne  on  apirle  Paste-Orguel , 
et  n'i  poet-oQ  aler  far»  par  mer,  et  ont  le«  apendance» 
don  ca»tiel  donaa  jonméa*  de  tiere  et  de  larghere  au- 
tant. Plantertn»  eat  de  tona  biens ,  de  cité* ,  de  bour«  et 
da  irilcs  plaines  de  boinc»  f{cn»  apris  de  bataille» ,  et 
iipiii  de  hardiece  et  désirant  don  maintenir,  et  jon 
po«r  fon  qne  je  croi  qne  vons  soies  tel  vont  et  li  to  , 
^rons  fa»-je  asavoir  ù  je  rai,  ponr  çou  que  yos  et  vo 
gcnt  nofu  ▼ifniés  Téotr.  Et  saciés  qne  nons  tos  recere- 
rons  desiroHMat  an  dioit  d'if  «m,  au  fier  des  glaives 
et  au  taillant  da  aoa  eipéai  À  cooim  nos  mortens  ane- 
mis,  et  al  houaoar  d'amors,  ki  désirant  sommes  don 
maintenir,  et  saciéa  qne  j'aim  par  amours  et  tout  M 
plnsgrant  démon  bostrl  ,  «t  n-  nos  a  donné  hardemcnt 


LE  NOUVEL.    '  3o5 

de  mander  cou  que  vous  avés  oï ,  et  le  vous  mandons 
desiramment  pour  cou  que  nous  puissons  tant  faire 
d'armes  que  celés  que  nous  amons  en  oient  teles  nou- 
vieles  par  quoi  eles  nous  enricissent  dou  savereus  otroi 
d'araors  ;  et  ce  vous  doit  csmouvoir  de  venir  i ,  s'en 
vos  cuers  a  point  de  hardement  ne  d'amours ,  et  vous 
en  semong  ke  vous  i  venés  sour  le  droit  et  le  signourie 
k'amors  et  celés  ke  amés  ont  sour  vous ,  et  si  puissé-je 
joïr  de  celi  que  j'aim  ,  que  nous  vos  atendcrons  conme 
gens  amoureus  ,  espris  d'armes  et  d'amours  en  espoir 
de  victore,  pour  le  raison  ke  nous  avons  droit ,  et  c'on 
ne  puet  tant  faire  por  amors  k'amours  ne  renge  dou- 
blement. Et  saciés  que  les  dis  prisouniets  que  je  pris , 
il  sont  devenu  de  mon  acort,  et  Cointeriaus  li  singes, 
et  Martins  ses  fins  viers  qui  vous  avés  moult  mespris 
si  conme  d'eaus  banir,  que  faire  ne  déussiés,  et  avoec 
tout  ce  batus  et  férus  sans  raison.  Je  vous  fai  assavoir 
que  jou  les  vengerai  se  je  puis,  et  si  vous  fai  asavoir 
que  Waukés  mes  messagiers  doit  prendre  a  espeuse 
Mehaut  l'agache ,  et  li  corbiaus  Tiesselins  se  marie  à 
Cornille  le  corneille.  Et  bien  voel  que  vous  saciés  que 
de  le  guerre  qui  est  entre  moi  et  vous  li  tors  est  vos 
par  le  raison  de  cou  que  vous  orés  avant.  Conme  il  soit 
ensi  que  j'amoie  me  Dame  Harouge  feme  au  lupart, 
encore  n'en  séussiés  mie ,  et  je  pourquis  par  mon  sens 
que  j'en  joi;  la  coupe  en  est  à  tort  sour  moi;  mais  ou 
en  doit  amors  plus  demander  que  moi ,  ensi  conme  un 
home  ki  a  plus  béu  dou  vin  que  besoins  ne  li  fust ,  s'il 
fait  aucun  visce ,  on  le  doit  demander  le  vin ,  non.  lui  ; 
et  toutes  voies  le  conpere  cieus  à  le  fois  ausi  coni  je 
fac  ore  de  cou  c'amours  me  fist  faire.  Et  vous  fai  assa- 
voir que  li  meffais  est  plus  grans  à  von»  c'a  moi  de  la 
IV,  9,0 


3o<.  RENART 

gatrrt  »  •«  vo««  i  toIc*  «droit  regarda ,  \i  depoUattcs 
à  noi  de  to«  aaKNDf  «t  al  »tiii»tM.  Ri  t'en  futt  tenus  ? 
Ki  ?  J«  M  Mi  «  «1  Mmr  ço«  j«  tou  en  ai  ofîTirrt  .< 
jniM  et  offre  «neorc  à  Tenir  «n  Coort  par  «auf  c<m 
qa«  je  al  aie  garde  ne  li  mien.  Je  ■*«•  offre  a  1'  i- 
findrc  en  camp  mellé  consM  featia  Immb  et  nobles  •  !  •  t 
Uu9,  «a  joar  et  a»  mrea  qaa  mA  per  qai  utnt  houM  Ja 
To  Covrt  eategneroaL  Cea  leltrea  furent  faitet  et  kier- 
kiet  l'an  ke  Ica  weaples  et  U  uhon  »e  coabalirant  tour 
la  Moai  de  Libaa  aoaante  et  an  .al  Hoia  qaa  laa  rataaa 
fbarsent. 

Quart  le  letre  oie  ot  li  Rois, 
Si  f  en  est  bien  aatniét  cent  fois, 
Aa  mctsagiert  dist  plains  dlirur  : 
Mettagiers,  dites  vo  signcur 
K*en  mer  ains  un  mois  enterrai , 

4390     A  Patie-Orguel  me  ^cnt  mcnrai , 
Et  sace  bien  tant  k'icre  en  vie 
A  le  guerre  ne  faura  mie , 
Et  li  dites  je  le  defB. 
Or  tost  départes  votis  de  chi , 
Que  devant  moi  plus  ne  vous  voie  ; 
Or  tost  tout  troi  aies  vo  voie. 
Tout  troi  s*esbatent  et  s'en  vont 
Tant  qu'en  le  grande  foriès  ont 
Encontre  le  feme  le  Roi , 

4400     Le  luparde  et  le  leuve  od  soi. 
Les  troi  Daines  ont  saluées 
De  par  Renart ,  et  puis  données 


LE  NOUVEL.  3o7 

A  cascune  unes  letres  closes 
Là  ù  ens  avoit  moult  de  coses. 
L'une  de  l'autre  ne  savoit 
Des  letres  que  cascune  avoit , 
Dont  dist  Orghilleuse  li  noble, 
Kl  feme  ert  à  mon  signour  Noble , 
As  messagiers,  ains  k'en  aies, 

4410     De  matin  a  moi  revenrés. 

Il  responcfent ,  nous  le  ferons  , 
Prest  somes  de  faire  vos  bons. 
Des  Dames  sont  lors  départi 
Li  messagier,  s'avint  ensi 
Que  Dame  Orgilleuse  apiela 
Dame  Harouge  et  dit  li  a  , 
Se  vous  me  volés  dire  voir, 
.le  vous  jure  par  le  pooir 
•       Dieu  je  vous'dirai  voir  ausi , 

/,42o     Ançois  que  je  parte  de  chi. 
Ausi  di-je  à  Dame  Hiersent 
K'ele  le  nous  ait  en  couvent. 
Toutes  trois  se  sunt  acordées, 
Si  en  ont  lor  fois  afîées. 
Hiersent  à  la  Roïne  a  dit  : 
Hé  !  Dame,  c'or  dites  vo  dit. 
Volentiers  :  or  me  dites  dont 
Se  letres  données  vos  ont 
De  par  Renart  cist  messagier. 

/j43o     Oïl,  se  Dieus  me  puist  aidier. 


?o«  RF.NART 

Et  vous,  Harougc?  On  ,  |).ii  Diu, 
Harouge  H  dbt ,  d*«utel  giu 
Que  nous  jués  vous  jucrona^ 
Car  tout*ausi  vos  demandons. 
Ele  respont ,  unes  en  ai , 
En  haut  les  moies  voua  lirai , 
Mais  c'aprièa  me  lires  lea  vostres. 
Voire  par  tous  les  douze  Aflpstres. 
Lors  ataint  de  son  sa\i|  le  letre, 
4440     K'ele  n*i  volt  plus  Ipngbes  mètre  ; 
Le  sael  eagarde  et  puisrist,  .       • 
Les  Dames  le  moustre  et  puis  dist  : 
Je  ne  lairai  jà  pour  angoisse 
K*en  haut  ne  lise.  Esramment  froisse 
Le  saiel  et  la  letre  ouvri , 
Puis  conmença  à  lire  cnsi. 


LE  NOUVEL.  3oi> 


ia  Uivc  îr'amorô  kr  Brnart  cmolt  la  ï{ûinc  Dame  « 
(Orflillfuse  ùme  au  Koi  WobUm. 

A  Dame  biele  et  boine  et  sage ,  bien  amée  de  mon 

cuer,  salus  sans  nombre  et  boine  amour  sans  fin,  de 

#•  ^  ^  ■ 

par  celui  dont' vos  savés  que  cis  cscris  vient ,  et  qui  vos 

bontés  fait  valoir  s'il  riens  vaut ,  ki  est  et  sera  tant 
qu'il  vivera  vos  loiaus  amis.  Très  douce  amée  de  men 
cuer,  il  n'est  riens  que  je  désire  tant  con  de  parler  à 
vous  ,  et  sans  faille  jou  i  ai  plusieurs  fois  parlé  ;  mais 
onques  je  ne  vous  osai  men  cuer  dou  tout  descouvrir , 
pour  cou  que  je  ne  sui  mie  assés  souffisans  pour  si 
haute  Dame  amer  conme  vous  iesles  ;  mais  com  petis 
que  je  soie  ,  amors  est  grande ,  et  boine  volcntés  hier- 
bierghe  en  mon  cuer ,  ki  ne  me  laissent  à  autre  cosc 
penser  c'a  vous  loiaument  amer  por  paine  ne  pour  tra- 
vail que  j'en  aie;  ne  encore  ne  sui  je  mie  si  hardis  que 
j'aie  mis  vo  non  ne  le  mien  en  ceste  letre,  pour  cou 
se  aucuns  le  h-ouvoit  par  aventure,  c'on  ne  séust  raie 
dont  ele  venist.  Si  vous  pri  mierchi  come  amis,  que 
vous  me  faciès  si  grant  courtoisie  come  il  aficrt  à  vo 
bonté.  Laissiez  me  savoir  vo  volenté ,  s'il  vous  plaist , 
par  escrit ,  et  le  kierkiés  mon  messagier  qui  ceste  letre 
vous  donra.  Dieus  vous  gart  ! 

Quant  la  Roîne  ot  definée 
Se  letre ,  dont  i  ot  risée , 
Et  nonporquant  amé  avoit 
445o     Renart,  mais  refroidie  estoit 


3lo  RENART 

De  l'ainor  Renart  ;  mais  remctre 
ÏA  fist  jin  poi  son  cuer  la  letrc. 
Souvent  oï  dire-l*avps, 
Tost  se*reprent  tisons  areés. 
f)e  le  letre  ont  moult  de  solas 
Les  Dames,  et  en  font  lor  gas. 
Et  en  dient  mainte  parole. 
Lors  une  cançon  de  carol^ 
La  Hoîne  dist  et  canta  ; 


p      1  L    1~1~^— .-^W^ 


^ 


Amours  me  font  brisier  mon  maria — ge 


^ 


4460     l'or  Tamor  a  tel  y  a.  * 

Puis  dist  à  la  louve  Hiersent , 
Dame,  oiiés  mon  conmandement , 
C*est  que  je  voel  que  vous  lisiés 
Vo  letre  en  liaut  et  Tataigniés. 
Ele  lataint  sans  plus  riens  mètre, 
Et  puis  si  lit  en  haut  le  letre. 
Cascune  de  cuer  Tescouta, 
La  letre  ensement  conm^nça. 


7<;  w     i  -.  peosé  i  tel  i  a. 

fjZB    Se  Dca  plaût  mies  m'en  venra- 


LE  NOUVEL.  3ii 


€a  Uivc  ^'am0r5  kf  Urnort  cnvoia  à  JDamc 
(^icrscnt  la  CfUPf. 

BiKLE,  je  vous  mande  salus 
4470     Autant  con  puet  penser  et  plus; 
Pp'r  vostre  amour  trai  plus  d'alian 
Que  ne  fist  Yseus  pour  Tristran , 
Ne  Thstrans  pour  le  blonde  Yseut, 
-    K'à  mon  cuidier  Dame  onques  n'eut 
Si  loial  ami  com  je  sui. 
Je  ne  vous  aroie  dit  hui 
L'amor  loial  qu'envers  vous  ai, 
Priés  sui  de  mi  mètre  al  assai. 
S'il  vous  plaisoit  à  coumauder, 
4480     Riens  ne  vaurroie  refuser 

De  vos  voloirs  faire  tous  sus, 
Conques  pour  Tysbé  Pyramus 
Ne  fist  autant,  ne  si  n'ama 
•     Com  j'aim ,  car  vostre  ainors  m'ame  a 
Parmi  percié  et  tout  le  cuer. 
Dieus  vous  gart.  Dame,  de  grand  fuer! 
Dame ,  si  vous  pri  et  requier 
Se  il  vous  plaist,  mon  messagier 
Rekierkiés  vostre  volenté, 
4490     Mierci  vous  requier  par  pité. 


3ia  RENART 

Quant  Hiersent  ot  le  letre  Itte , 
D*amors  par  fu  lues  st  afllite 
K*en  grant  tans  ne  pot  mot  souner; 
Mais  sitost  qu'ele  pot  parler, 
Canta  de  joie  de  cuer  gai  ^ 

Aimi!  Dieus,  quej)orai-je  fait 


f 


S 


Des  dous  maus  (Kamouretci?^ 

"  ■    -   L  ■  1 


Si  pries  dou  cuer  les  ai. 

Sitost  con  la  cançon  fma  . 
Li  une  l'autre  regarda 
Et  démènent  moult  grant  risée 

45oo     De  le  letre  ki  fu  rimée. 
A  Harouge  dist  la  Rolne , 
Je  croi  que  vo  letre  soit  Hne, 
Or  le  nous  lisiés,  douce  Dame.^ 
Volontiers ,  foi  que  je  doi  m'anfr ,  ^ 
Pour  riens  nule  ne  le  lairai , 
Bllfis  si  qu*ele  va  le  dirai , 
Foi  que  je  doi  à  mon  signeur, 
£t  Eskignart  mon  fil  meneur  : 
Se  m'en  voliés  déporter, 

45io     Lie  seroie  dou  ciesser; 


LE  NOUVEL.  3i3 

Mais  puis  qu'il  la  me  covient  lire , 
Or  oiiés  qu'eles  voelent  dire. 
Celé  lut,  cascune  escouta , 
La  letre  ensement  conmença. 


3i4  aSlfART 


ia  Irtrr  kr  tUturt  rnooia  à  l^rougr  Ir  Cuparlir. 

A.  très  noble  Dame  sage  et  bien  tméede  tont  cuer, 
Mhu  «ans  nombre  et  boine  amo|tf  «ans  fin,  de  par 
cdvi  qui  cette  letre  toos  enToie ,  ki  vous  aime  de  %i 
fin.  detirier ,  q««  vo«a  tondis  estes  en  se  aaemore  en 
toiites  eures  ;  si  toos  pri  qve^fbos  ne  l'en  bUroés  raie 
•'il  ûût  çon  c'amors  li  eaacgne.*  Et  nonpourqoant  set-il 
bien  que  tant  este*  pins  sonJBaant  de  lui  qu'il  n'i  de» 
▼eroit  pas  penser;  et  d'autre  part  sel-il  bien  que  se 
pttés  et  knaûiités  ne  se  aaetloient  en  to  cuer  par  qtioi 
voos  e«iii<s  pité  de  loi,  qne  autre  cosc  ne  li  puct 
▼aloir;  auûs  pités  poroit  bien  aidier  à  vaincre  raison. 
Et  coBflMBt  qae  les  coses  aient  esté  avenues  de  moi  rt 
de  vous  où  gardigaet  qne  tous  bien  savés ,  je  tous  pri 
pour  Dieo  qne  vous  le  me  pardonnes ,  car  li  amours  de 
TOUS  et  li  désirs  qne  j'en  avoie  le  me  fist  faire.  ¥a  rou 
que  ToiM  Toss  en  depuliastes  à  ccli  que  vous  bien 
savés,  nos  a  bonnis  dont  j'ai  recint  si  grant  pierlc  qur 
jamais  ne  le  verai  restorée.  Et  saciés  qu'il  m'a  plut  c%u 
de  vo  anui  ke  don  mien  ne  de  mon  damage.  Si  vous  prj 
mierci  en  le  fin  de  me  letre,  et  que  tout  vo  mautalent 
me  soient  pardonné.  Vo  douce  volenté ,  s'il  vous  plaist , 
rekieikiés  au  messagier  ki  ceste  letre  vous  donna.  Dieu» 
vous  gart  !        * 

QuAifT  Dame  Harouge  ot  le  letre, 
Sans  riens  oster  et  sans  riens  mètre , 
Liute ,  lors  d'amors  souspira  y 


LE  NOUVEL. 


3i5 


Et  enpriès  le  souspir  canta 
Geste  cancounete  à  bas  ton 


Batue  sui  pour  amer  de  mon  baron , 


:^ 


4520     Et  si  n'en  fai  nul  sanlant  se  rire  non. 
Enpriès  ceste  cançon  parla 
La  Roïne  et  ensi  dit  a  : 
Dames ,  moult  est  soutius  Renars 
Qui  nous  toutes  trois  par  ses  ars 
A  conquises  nos  cuers  et  nous 
Par  ses  faus  sanlans  amourous  : 
Bien  doit  falir  »  toutes  trois. 
Non  doit,  Dame,  par  Sainte  Crois, 
Dist  Harouge,  teus  méfiait  ore 

453o     Ki  puet  estre  preudom  encore. 

Cius  puet  bien  laissier  ses«folours 
Et  encore  amer  par  amours 
Loiaument ,  saciés  tart  u  tempre 
Convient  cascuns  s'enfance  rendre. 
Renart  est  jouenes  et  saçans, 
Il  a  pau  plus  de  soissante  ans, 
Jouenes  hom  est,  s'a  grant  avoir 
K'il  a  conquis  par  son  savoir. 
D'autre  part  se  cascuns  punis 

4540     Estoit  de  ses  méfiais,  avis 


3i6  RENART 

M*ett  qu'il  n*est  nus,  ne  hau>  ni-  l>as, 
Ki  bien  ne  péust  dire  héla 
Et  si  redoit  estre  pités 
En  femet  et  humelités. 
Ne  preodons  pas  garde  au  puiir. 
Mais  toudis  visons  au  nillcur. 
m      ITa  celi  de  nous  nel*  ait  cier. 

Ce  di-jou  selonc  mon  quidier.  > 

Quant  par  son  sens  a  ^u  conquis , 

455o     Si^  di-jou  selonc  mon  avis 

C*avoir  doit  de  nous  trois  le  kieus , 
Et  des  deus  autres  estre  eskieus. 
Or  vous  dirai  que  nous  ferons 
Et  conment  nos  concorderons: 
Faisons  le  buske  entre  nous  trois, 
Bfais  nous  getons  as  dés  ançois 
As  plus  pbins ,  ce  dist  la  Roine  : 
Or  çè,  les  dés,  fiûsons  le  mine, 
DisI  Hiersens ,  mais  traions  as  los 

4S6o     Ce  di  jou,  Dames,  par  mon  lot, 
Dist  Harotue ,  mais  on  fera 
Le  busqué  et  celé  ki  Tara , 
lert  drue  et  amie  h  Renart. 
Gasçune  otroie  cest  esgart. 
Le  buske  ont  faite  et  Hiersens  lot 
Ki  de  joie  quanqu'cle  pot 
Canta  cest  cant  faisant  grant  joie  : 


^ 


^ 


^         ■—  "^  ■   ■ 


LE  NOUVEL. 

■raa 


3i7 


^ 


Diex  !  conment  porroie  sans  celui  du-rer 


Qui  me  tient  en  joie.  ' 
Enpriès  la  Roïne  canta 
4570     Coq  celé  cui  moult  anoia 
De  çou  c'a  la  buske  failli , 
A  haute  vois  a  dit  ensi 
Ce  cant ,  puis  s'en  fuit  le  grant  cours 


5 


£ 


Se  j'ai  pierdues  mes  amours, 


5 


Diex  m'en  renvoit  unes  millours  ! 

Quant  Harouge  voit  que  s'en  va, 
Ele  s'eskieut,  apriès  ala, 
Et  Hiersens  tant  que  consiuwie  - 
L'ont,  si  li  portent  conpaignie. 
Et  pour  le  Dame  conforter 
/i58o     Prist  Harouge  en  haut  à  canter 

Ce  cant  d'un  dous  son  quassftiQ^nt  : 

■  38     Ke  ferai-je  donqne» 

Se  je  ne  m'en  voise 
7615     Ne  sui  pas  lez  mon  ami. 
^736  Ce  poise  mi, 

Qui  veult  si  m'en  croie. 


3l8  lU    N    \  HT 


*  I      »  ■   ^ 


Onquet  pour  amer  loiaument 

Ne  conquis  fors  paine  et  tourment. 

Sito&t  con  li  cans  fu  par  dis, 
La  Roîne  a  gctc  un  ris 
De  çou  que  Harouge  ot  canté , 
QuVle  sot  bien  de  vérité 
K*ainé  ot  le  Roi  et  il  fi , 
Et  si  set  que  Renarl  joï 
De  Harouge  par  tralson , 

45go     Et  trestout  fu  par  Tocoison 

Del  amour  qu'ele  ot  vers  le  Roi , 
Et  si  li  porte  tele  foi 
Qu'ele  aime  mius  Renart  cent  tans 
Ke  le  Roi  qui  fu  ses  amans 
Fins  et  entirs ,  loiaus  et  vrais. 
I^r  dist  qu'ele  ne  kerra  mais 
Femes  pour  Harouge  sans  plus. 
Lors  la  Roîne  s'assist  jus , 
Et  Harouge  et  Hiersens  ausi 

4600     1^  un  praiiel  vert  et  fuelli, 
Et  puis  à  Harouge  pria 
La  Roîne  et  li  conmanda 
Que  pour  s'amor  cantast  encore. 
Et  celé  que  amours  acore 


LE  NOUVEL.  3i9 

Li  otroia  :  à  canter  prist 
Si  haut  que  li  bos  en  tentist, 
Cest  cant  bel  et  joliement  : 


!^E^^^^ 


K: 


Or  sai-je  vraiement  que  ne  puis 


Vivre  sans  amor  longuement.  ' 
Ains  que  li  cans  fust  parfinés 

4610     Es  les  messagiers  revolés 

Lés  le  bos  par  devant  les  Dames  ; 
Et  pour  çou  que  ce  ne  fust  blâmes 
A  eus,  s'ariestent,  saluées 
Ont  ;  les  Dame  come  senées 
Ont  as  mes  lor  salus  rendus. 
Lors  se  teurent  tôt,  fors  sans  plus 
La  Roïne  ki  dist  ensi  : 
Messagier,  par  amors  vous  pri 
Ne  vous  anoit ,  nous  escrirons 

4620     Un  escrit  que  renvoierons 

A  vo  signor  de  par  nous  trois. 
Cil  le  gréent  à  celé  fois. 
Lors  ont  les  Dames  tout  escrit 
Mot  à  mot  çou  c'avés  oït , 

'        7615     J'ai  au  cuer  d'amer  la  raige 
Aimi ,  oimi  ! 
Comnient  pourrai-je  taut  faire 
Que  j'aie  ami? 


3tO  RENART 

Conmcnt  les  avoit  deoéues. 
Droit  as  messagiers  sont  venues 
LfCs  Dames  et  lor  ont  douné 
L'escrit  de  dre  saielé. 
Cil  prendent  Tescrit,  si  s'en  vont, 

463o     Mais  ançois  le  congié  pris  ont. 
Ne  cetsierent ,  si  sunt  venu 
A  Passe-Orguel  ii  Renars  fu. 
Si  li  dient  de  par  le  Roi 
Le  défiance  et  le  detroi 
K*il  lor  ot  dit,  et  ([u*il  venra 
A  Passe-Orguel ,  et  amenra 
Sa  gent  par  la  mer  à  navie 
Ains  un  mois,  et  sa  barounic; 
Netpi^il  ne  le  laira  durer 

k6^o     Nul  lia  en  tiere  ne  en  mer. 

Enprièt  tout  çou  li  ont  dounée 
La  letre  ki  fu  saielée 
De  par  les  Dames.  Il  les  prist 
Et  les  oevre  et  puis  si  les  list , 
Et  voit  coutnent  cntr*acointies 
Se  sont,  et  plus  depuliies, 
Et  conment  le  buske  ot  Hiersens. 
A  poi  k'il  n*en  issi  dou  sens 
De  çou  qu*ensi  est  decéus, 

ii65o     Et  s'est  de  çou  corociés  plus 
Ke  Hiersens  le  buske  ensi  eut. 
Tous  abaubis  grant  tans  se  teut, 


LE  NOUVEL.  i2i 

IVIais  taut ,  dist-il,  souvent  avient 
Ke  drois  à  droit  va  et  revient; 
On  le  puet  bien  apiertement 
Véoir  par  le  buske  Hiersent. 

Lors  en  son  estant  se  dreça , 
Grinbiert  le  taison  apiela 
Sen  cousin  :  à  lui  se  conseille 

4660     De  le  gueiTe  et  de  le  merveille 
Des  Daines.  Trestout  li  conta 
Que  riens  nule  ne  li  cela, 
Et  dist  que  s'il  onques  pooit, 
(^ue  volentiers  se  vengeroit 
D'eles,  que  hontes  et  difTanies 
Fust  sour  eles  et  vilain»  blâmes. 
Grinbiers  respont,  d'un  aymant 
Lor  porcs  faire  honte  grant, 
Par  quoi  jamais  n'aront  honneur  : 

4670      Car  par  l'aymant  lor  signeur 
Poront  savoir  le  fauseté 
Et  le  mauvaise  volenté 
D'eles.  Et  Renart  respondi , 
Nous  soumes  cousin  et  ami , 
Si  me  dites,  s'il  vous  plaist  tuni  , 
Le  viertu  de  cel  aymant , 
Et  conment  j'el  porai  ouvrer 
Et  ces  trois  Dames  diffamer. 
Grimbicrs  respont,  or  escoutos. 

/I^So     L'aymant  a  lens  dignilos 

I  \ .  i  « 


3aa  RENART 

K*il  tait  le  fier  à  lui  tenir , 

Cascun  jour  le  puet-OB  véir 

A»  marouniert  ki  vont  par  mer, 

R'il  en  font  Tes  vrille  torner. 

Par  quoi  en  mer  vont  droit  chemin , 

S'en  font  Malion  et  Apolin 

Li  Sarasin  tenir  tout  coit 

En  Pair,  que  cascuns  ki  le  voit , 

Guide  ce  soit  par  se  poiuance. 

4690     Non  estf  il  ont  foie  créance. 
Quant  li  orfèvre  ont  acaté 
Or,  sevent-il  de  vérité 
Par  Tay niant  s*il  a  fier  ens  : 
Il  .1  inestier  à  moult  de  gens. 
Et  d'autre  part  s'aucuns  hom  fuitt 
Ki  de  riens  se  feme  mescnii^t , 
Dont  ses  cuers  fust  en  jalousie, 
S*il  voloit  savoir  le  voisdie 
De  sa  feme,  par  nuit  presist 

4700     L*a3rmant  et  si  le  mesist 

Desous  son  kevec  et  dormu- 
he  fesist  sus,  par  Saint  Espir 
En  dormant  se  degietcroit 
La  Dame,  et  en  haut  conteroit 
Ki  ki  Toïst ,  toute  se  vie, 
Ses  amors  et  se  druerie, 
A  cui  et  ù  sans  riens  celer. 
Renart  respont  ,  par  Saint  Orner, 


LE  NOUVEL.  323 

En  l'ost  Roi  Nobion  m'en  irai 

4710     Et  de  tel  giu  li  juerai 

Par  l'aymant  dont  dit  m'avés, 

Que  des  Dames  arai  men  oés, 

Ne  jamais  jour  repos  n'arai 

Tant  que  d'eles  vengiés  serai. 

En  mer  me  meterai  demain 

Mi  vintisme,  mais  que  c'iert  main. 

En  cape  de  fuslssiien 

Serai  et  ferai  le  sciien 

De  tous  maus  aidier  à  curer, 

4720     Et  si  dirai  c'a  deviner 

Sai  des  coses  k'avenir  sunt , 
Si  que  li  plusiour  m'enkerront. 
Dou  Roi  Nobion  m'acolnterai, 
Et  tant  d'un  et  d'cl  li  dirai , 
K'il  esprouvera  l'aymant. 
Au  Lupart  en  ferai  autant 
Et  à  Ysengrin  men  conpere , 
Car  bien  voel  que  Hersent  conpere 
Cou  k'ele  s'est  depuliie. 

473o     Des  vint  que  j'arai  de  mesnie, 
Li  dis  là  il  irai  iront. 
Et  li  autre  dis  demourront 
Por  garder  nostre  nave  au  port , 
Et  por  recevoir  tout  Taport 
Que  nous  là  lor  aporterons  : 
Car,  se  je  puis,  nous  i  menrons 


^^4  RKNART 

Les  trois  L)ainc*s  tôt  inaugret  elles, 
Por  çou  <|ue  m'ont  esté  rebelles  : 
Car  par  laïmant  lor  maris 

4740     Ferai  envers  eies  maris, 

Si  qu*eles  seront  encacies. 
Et  lors  seront  par  nous  ravies  ; 
Et  se  je  ne  les  puis  avoir 
Par  force ,  par  prometre  avoir 
Les  arai  et  par  biau  parler , 
K*elcs  ne  laront  ù  aler. 
A  çou  que  seront  abaubtes 
Se  seront  moult  tost  obligies 
De  venir  tout  là  ii  vaurrai  : 

i(75o     Car  si  descounéus  serai , 

Que  ne  me  poront  raviser , 
Et  met  gens  ferai  acesmer 
A  manière  de  marcéans. 
Ghmbiers  li  dist ,  est  li  calans 
Priés  con  pour  le  matin  movoir. 
Renart  li  respont ,  oïl  voir. 
Atant  en  laissent  le  parler, 
Souper  vont  et  puis  reposer 
En  lor  lis  juskes  au  matin 

4760     Ke  Renart  se  mist  au  chemin 
En  mer  si  qu'il  ut  devisé. 
Tant  a  par  mer  au  vent  siglé, 
K'il  vint  au  port ,  puis  ne  nc<='<^ 
Si  vint  là  ù  Noblon  trouva 


LE  NOUVEL.  3a5 

Au  castiel  de  Roche-Gaillart. 
Li  dis  ki  furent  o  Renart, 
Demandent  Renart  k'il  diront. 
Et  Renart  dist  k'il  le  sivront 
De  çou  k'il  dira.  Il  l'otrient 
Et  son  voloir  feront ,  ce  dient. 


i;  !   N  \  r.  I 


vlin  qur  Urnart  uint  drtmnt  Ir  H^i  Uoblon ,  li 
^ifirMU  l^r  (ompaignon  m  guier  tir  fueicim. 

Ji;ftk.'AU  Hoi  Kublon  n'ont  ciessis 
Boin  jour  li  ont  cnsanle  orc. 
Nobles  lor  salu  ior  rcndi , 
Et  puU  si  dist  h  eaus  ensi  : 
Dont  estes- vous  et  de  quel  tiere. 
Et  que  vcnés-vous  h  moi  querre? 
Renart  pour  eus  respont  au  Roi  : 
Sire ,  par  le  foi  que  Dieu  dui , 
Nous  soumes  tous  de  cest  païs 

4 -go     U  on  dehue  les  cailis; 

C'est  ciaus  ki  ont  petit  d'avoir 
Dont  nous  soumes ,  vous  ai  dif 
Et  li  Rois  Untost  li  respont  : 
Or  me  dites  quel  gent  ce  sunt 
Cil  c*o  vous  sont.  Rois,  marcéant, 
Ce  dist  Renai  t  poissant; 

Et  vous,  qui  esU»>,  di&t  li  Rois? 
Ce  dist  Renart,  par  Saintr  Tr  ■ 
Je  sui,  sire,  uns  fisissiens, 

4790     De  mainte  science  sciiens,it 
De  (isique  et  d'astrenomie , 
Et  d'ingremance  et  de  surgie. 


LE  NOUVEL.  j 

De  natures  et  d'angorisme  : 
Ne  vous  aroie  le  centisme, 
Rois,  dit  hui  de  çou  que  je  sai. 
Or  m'escoutés ,  gentis  Rois  ,  s'ai 
Sour  moi  ierbes ,  pieres ,  racines 
De  moult  diverses  médecines  ; 
Tel  cose  ai  s'uns  hom  ert  wihos 

/i8oo     Ne  cous  de  sa  feme,  tantos 
Feroie  qu'ele  le  diroit 
En  son  dormant  et  gehiroit 
A  son  mari  sans  riens  celer. 
Avoec  çou  sai  à  deviner 
Des  coses  kt  sont  à  venir; 
C'est  merveille  que  sai  taisir' 
Si  fui  jadis  au  Roi  Artu    • 
Avoec  Merlin  ki  devins  fu  ; 
Mes  grant  tans  a  à  lui  apris 

4810     Morghe  la  Fée  ki  ot  pris, 

D'encantement  m'aprist  ausi 

Dont  je  sui  sages ,  Dieu  merci. 

Si  m'aprist  maistre  Galiiens 

Par  quoi  je  sui  grans  surgiiens, 

Et  de  maistre  Ypocras  apris 

Tant  que  maistres  sui  de  grant  pris; 

Et  don  sage  Virgille  sai 

Maint  grant  sens  ,  gentis  Rois,  et  s'ai 

'  DV»pprimen>.  ino  sai  chevir. 


RK> ART 

i«>ii>  If»  livre*  maUtri'  A^l^u>l<•; 

48ao     Kn»i  Reiiart  le  Rui  assole. 
Ejn|>riè&  li  Roi&  li  demanda 
Sen  uoD,  et  Renart  dit  l^a. 
Rois ,  non  ai  maistrt-  Ginemaus . 
Près  d'est  rr  li  vostre»  sicrjans 
Se  vous  avéft  mcsticr  de  mi. 
Kt  li  R(NS  dis! ,  vostre  mierci , 
Et  pour  ce  mot  de  mon  ostcl 
Vous  retjeng  et-avoec  tout  el 
Retieng  od  vous  vo  tx>npaignie. 

48io     Kt  Renart  li  dist ,  jel*  othe , 

El  Dieu»  le  vous  puis&i;  merir. 
Atant  es-vous  laiens  venir 
Mon  ftigneur  Hardi  le  lupart , 
Ysengrin  le  leu  d'aptre  part. 
Li  Rois  encontre  eus  se  dt  • 
A  Cttus  moult  estruit  con:>c  i...i  . 
De  maistre  Gincmant  \âr  conte 
Si  conme  avés  oî  oii  conte. 
Tout  nK>t  à  mot  li  Rois  lor  dist 

4840     De  quoi  Hardis  li  lupart  rist 
Tout  ensi  con  par  mokerie, 
Mais  conment  k'il  en  tnoke  et  rie. 
Jalousie  si  enbras;i 
Son  cuer ,  k'il  pense  k'il  sara 
A  ce  maistre,  conment  k*il  soit , 
S'il  à  droit  Harouge  mescroit, 


LE  NOUVEL.  339 

Car  jalousie  son  cuer  art 
Pour  Roi  Noblon  et  por  Renaît. 
Ysengrins  repensa  ausi 
485o     Pour  Renart  ki  l'bt  acoupi 
De  sa  feme  Dame  Hiersent. 
Le  Roi  jalousie  enseinent 
Esmut  à  penser  por  Renart , 
Et  si  se  doute  dou  Lupart 
K'il  ne  li  volsist  faire  autel 
K'il  li  ot  fait  en  son  ostel. 
Tant  vint  puis  la  cose  et  ala 
Que  cascuns  à  Renart  parla 
Et  assiierent  Taïmant 

4 8 Go     Dont  il  sorent  le  couvenant. 
De  le  buske,  si  s'esmarirent 
Si  ke  lor  trois  femes  bâtirent 
De  basions  et  les  formenerent , 
Et  enprès  cou  les  forjurerent 
Et  encacierent,  et  Renars 
Fist  tant  vers  eles  par  ses  ars, 
C'a  Passe-Orguel  les  mist  par  mer. 
Et  puis  lor  dist  sans  riens  celer 
Conment  et  pour  quoi  çou  fait  a. 

4870     Cascune  une  cambre  livra 

Cointe  et  noble,  et  quatre  pucieles 
Por  eles  siervir  assés  bieles. 
Des  Dames  faisoit  son  voloir 
Et  nuit  et  jour  et  main  et  soir. 


1^  RRPrABT 

Taudis  fu  à  Nobloii  conté 
Conment  Rniart  nvoit  ouvrt- 
Des  Daines,  et  Rrnart  fu  teu> 
Ke  par  capes  les  a  deccu 
Quant  Tôt  li  Rois,  en  haut  s'escrit-, 

4880     Que  ferai-je.  Sainte  Mariei 
Hahai  !  Rmlie  de  lassus. 
Tous  jors  me  mesciet  plus  et  plus  : 
C*est  cler,  ce  ne  puis-je  noiier, 
Tenés  mes  dras,  je  vois  ooticr, 
De  pis  en  pis  va  mes  al  1 
Hahai  !  me  sire  Saint  Ac.;..  <. ., 
Gardée  moi ,  ou  de  moi  n'est  niens. 
Il  <       :•- Saint  Constanciiciis, 
Ki  à  Hretuel  en  Biauvoisis 

',8«|n     On  requiert,  soiiés  moi  aidis  : 
Vous  garissiés  les  forsenés, 
Sire,  aidiés  moi  so  vous  volés. 
Ha!  sire  Saint  L^nibiers  dou  Liège, 
Ki  el  haut  trosne  avés  vo  siège 
I^s  Jhesu-Crist  et  Diex,  fuissiés 
Gcntius,  sire,  se  vausissiés; 
Biais  le  paine  vous  ae  peuistes 
Endurer  que  ^ vous  i  véistes. 
Si  con  l'en  dit  en  vo  légende,  ' 

4900  A  vous  me  plaing  de  le  laideiigr 
C'ai  par  Renart ,  bien  m'a  bouni 
A   vons ,  s'trr  Saint  fiauweri . 


*  LE  NOUVEL.  ^  ^^» 

Pri,  douiiés  lui  maie  mescance; 
Et  sire  Saint  Denis  de  France , 
bounés  m'ent  tempre  vengement. 
Le  Roi  reconfortent  si  gent ,    , 
Li  Ostrisses  et  li  Lupars , 
Et  Belins  et  ses  fius  Biernars; 
Si  fist  li  limeçons  Taidius 
/,9io     Et  Dans  Boskés  li  escurieus  : 

Au  Roi  disent,  or  vous  souffres 
Teus  deus  faire,  si  est  viutés. 
Se  le  se  vent  vostre  anemi, 
Il  en  devenront  plus  hardi, 
Vo  gent  en  devenront  couart, 
Si  en  douteront  plus  Renart. 
Respont  li  Rois,  vous  dites  voir, 
Demain  matin  voirai  mouvoir 
O  mon  pooir,  et  parmi  mer 
49ÏO     Juskes  à  Passe-Orguel  aler  : 

Se  puis  Renart  par  force  prendre, 
Sans  ai-ester  le  ferai  pendre. 
Passe-Orguel  ferai  escillier 
Et  ceus  dedens  tous  escorcier. 
Viespres  vint  et  coucier  alerent 
Jusqu'al  matin  k'il  se  levèrent , 
R'il  murent  de  Roce-Gaillart 
Pour  aler  à  ost  sour  Renart. 


3^a  RE.NAKT 


$t  Kr  Us  >fU6  narre  eVntrnironlrnil  m  mrr,  li 
napf  {(  Uni ,  rt  li  Rmurt. 

L>  met-  entrent  <  t  U^ni  m.uh.  i 

4930     BTil  grailles  au  dcsenancrer. 

Vent  orcnt  ki  le»  maine  droit 
Viers  Passc^^rguel ,  mai»  ]k  m  voit 
Renaît  la  vrnur  It*  Roi 
Encontre  va  ^  maine  «mI  >.., 
Ccus  en  oui  il  plus  se  (ia 
En  se  nave  ù  tant  visci  ^  a , 
Et  dist  k'il  mousterra  deffensc. 
Ver»  le  Roi  mains  dist  k'il  ne  priisr, 
Et  pour  s*'  gent  plus  eshaudir 

.',y',u     Fist  au  desaancrer  Icntir 

Mil  trompes,  et  il  orent  vent 
Ki  le  chemin  tout  proprement 
Les  mena  que  li  Rois  tenoit. 
Sitost  que  Tune  nave  voit 
L'autre ,  s'armèrent  conmunal. 
Renart  s'arieste  et  livre  estai 
En  se  nave,  et  il  et  li  sien  : 
Ce  C\it  Renart  par  grant  engieii. 
Et  li  Rois  s'arieste  autressi , 

ijgSo      K'piisi  li  locnt  si  aini. 


LE  NOUVEL.  H 

Tandis  Jlenart  se  pourpensa 
Conment  le  Roi  plus  grèvera, 
Dont  prist  à  traire  et  à  lanchier 
Si  que  li  Rois  fist  esmaiier. 
Blancart  l'ors  liura,  si  li  dist 
Que  tost  un  tarelct  presist , 
En  mer  se  plonke,  et  voist  trauer 
Le  nave  au  Roi  pour  afifondrer. 
Blancars  dist,  sire,  je  le  lo. 

/,y6o     En  mer  saut,  si  se  uiet  à  no 
Entre  deus  eves,  n'aresta 
Dusqu'à  la  nave ,  et  cuis  fora 
Dis  traus  ains  c'on  s'en  donast  garde; 
Mais  Couars  ki  partout  regarde, 
L'apjirrut  premiers,  puis  cria: 
Traï ,  traï  !  or  cha ,  or  cha  ! 
No  nave  effondre,  aïe  Dieus! 
Saint  Nicholas  et  Saint  Andrieus , 
Sainte  Katerine  et  Saint  Mars, 

4970     Soiiés  od  nous!  Bien  sai  Renars 
Fait  no  nave  ens  cl  fons  forer. 
Quant  li  Loutres  lot  si  parler, 
Porpensa  soi  k'il  le  sara. 
Uni  coutiel  a  meure  pris  a , 
A  tout  sali  éns  en  le  mer. 
Et  tant  a  fait  par  bien  noer, 
Blancart  trouva  ù  il  foroit. 
Et  ki  tele  entente  i  metoit, 


13/|    ^  KtNART 

K.'il  onques  ne  senti  le  Loutre. 
4980     Et  cius  Tala  ferir  tout  outi< 

Le  oon;  lors  Blancars  se  pasin.i 
Dou  cop ,  Taigue  si  le  porta 
Flotant  amont  et  lors  fii  pris. 
Et  en  le  nave  en  prison  mi». 
Lors  en  le  nave.se  rcmi&t 
\a  loutres,  et  puis  en  Itaut  clist  : 
Estoupés  et  si  espuisiés , 
U  cMs<  '1  jà  noiiés. 

Tout  •  ''  ^.....;.;,.. 

1  iitru^  ke  li  uns  espuisoient , 
U  autre  les  trms  estoupoient 
Que  Blancars  Bst  de  vraie  foi 
Par  le  conniaiulcment  le  Roi. 
Quant  11  Hois  lu  rasséurés 
Et  ses  vaissiaus  bien  estoupés. 
Dont  fist  Blancars  desprisouner 
Et  par  devant  lui  amener, 
Entrenavré  parmi  le  cors, 
5ooo     A  Blancart  dist  Rois  Nobles  lors 
Conment  as-tu  à  non?  Blancart. 
Et  ki  t'envoia  cbi  ?  Renart , 
Et  me  conmanda  à  forer 
Vo  nave  pour  vous  affbndrer. 
Or  me  di  donc  dont  tu  es  nés. 
De  Noireweglip  of  i  ai  mes 


LE  NOUVEL.  33! 

Tout  mon  vivant ,  or  sui-je  chi , 
Gentius  Rois,  si  vous  pri  merci. 
Et  li  Rois  dist ,  merci  aras 

5oio     Huimais,  mais  de  matin  morras. 
Et  remetre  le  con manda 
En  prison,  et  on  si  fait  l'a  : 
Ens  en  le  santine  eji  prison, 
Ki  boine  espérance  a  à  non, 
Fu  remis  ki  par  grant  concorde 
Ert  faite  de  miséricorde. 

Quant  en  le  prison  fti  jetés, 
Dont  fu-il  tous  asséurés; 
Et  Renart  fu  tous  abaubis 

5oao     Por  Blancart  ki  ensi  fu  pris. 
Lors  fist  une  trompe  souner 
En  signe  de  desaancrer. 
Car  il  veut  assalir  de  pries 
Le  Roi.  Tuit  en  furent  engriès. 
Li  gent  Renart  desaancré 
Se  sunt ,  s'ont  lor  sigle  levé  ; 
Li  vèns  s'i  fiert,  la  nave  en  va 
Plus  tost  k'arondiaus  ne  vola 
Ne  c'arbalestres  ne  descoce  : 

5o3o     Le  nave  le  Roi  de  le  broce 
De  se  nave  si  roit  feri , 
Ke  le  bout  devant  abati. 
Li  broce  de  le  nave  au  Roi 
Referi  si  l'autre ,  k'à  poi 


3)6  RE  MARI 

>i'  tioiNsa  toute  al  assaiili'i. 
Dont  vri5»u>»  les  liés  geler 
Ia'%  gens  Renart  et  aUcier, 
Et  graot  bataille  enconmencier  : 
Car  Cointeriaus  et  Martinés 
S040     Ses  fius  ki  moult  est  hiau»  varies, 
Erent  où  coffîn  sour  le  iiiast , 
Des  gens  le  Roi  font  moult  grant  wasi 
De  gros  catUaus  aval  gieter. 
Ki  lors  vétst  Renart  caplcr 
D*un  grabt  fausart ,  et  gent  ocire , 
Bien  péust  en  vérité  dire. 
Hardis  est  et  preun  de  »cn  ror>, 
Com  se  l'c  fust  li  lions  Ectoi  n  , 
II  Accilles  u  Thidéus 
Ki  d'Escalidone  Tu  Dus,  ' 
Ki  devant  Tebe»  fu  oris. 
Li  fil  Renart  d'ircur  espri;», 
1  fièrent,  et  maillent,  et  tuent; 
Braient  li  un ,  li  autre  huent  ; 
Crient  li  vif,  coisent  li  mort  : 
Ains  puis  le  tans  Sanson  le  fort 
N'ot  en  mer  si  fierc  bataille. 
Tant  pié,  tant  puing  et  tante  cntrniilc 
Véissiés  par  le  mer  floter, 
5o6o     Et  tant  escu  et  tant  boucler, 

^'  Qui  de  Cassidoine  tu  Duz. 


LE  NOUVEL.  33; 

Et  tant  vassal  en  mer  noiier, 
Et  tant  chevalier  detrencier. 

Atant  es-vous  les  fius  Noblon  , 
Ki  chevalier  estoient  bon  ; 
Cascuns  i  fu  si  bien  faisans 
Que  se  cascuns  d'eus  fust  llollans, 
S'en  péust-on  en  bien  parler. 
Ki  dont  véist  le  Roi  capler 
Et  ferir  à  tas  de  tous  lés, 

5070     Con  se  fust  Judas  Macabés. 
Le  cat  Tibiert  atant  es-vous, 
Od  lui  estoit  ses  fius  Raous, 
Amont  rampèrent  au  coffin, 
Car  Renart  béent  de  grant  fin 
Por  Mitoulet  ki  fu  pendus. 
Des  grans  cailliaus  k'il  gieteiit  jus 
Ont  des  gens  Renart  vint  tués, 
Et  bien  quarante  esciervelés; 
Mais  Pelés  li-ras  en  venga 

5o8o     Renart ,  car  Tibiert  envoia 
Une  sajete  barbelée 
Tout  outre  parmi  l'eskinée  : 
De  cel  cop  fiert  Raoul  où  piet 
K'andoi  sunt  aval  trebuciet. 
Adont  leva  un  moult  grant  bus , 
Quant  Bruns  li  ours  est  salis  sus, 
Entre  lui  et  son  fil  Bruniel 
Ki  chevaliers  ert  de  nouviel  ; 
IV.  22 


338  11I.>ART 

Andui  rampèrent  où  culliii, 

5090      \  Uciiart  livrent  grant  hustin 
illauft  k'îl  giftcnt  aval. 
.   K.I  lur  vist  Mortel  le  rlieval , 
Et  Ferrant  le  nmrin  (hI  lui , 
Connient  il  font  Henart  anui. 
Si  fnisoit  Y^ngrins  li  leus, 
i  '      I  lui  Lonbars  li  eameus, 
Et  li  dromadaires  tes  niés, 
(lil  fait  sanlant  k*il  toit  iriés. 
Li  bout  1  liert ,  li  ciera  i  Crr^pr 

5 100     Et  li  hugles  o«te  m>  cape 

Por  plus  grever  Renart  le  fau». 

Rohué«  li  bues  en 

Faites  le  bien,  siguoi 

Atant  es-vous  Rinoceiim 

F.t  o<i  lui  Hardi  le  lupart 

Ki  haut  s'esrrie,  orc  à  Renart. 

1-i  griffons  fiert  et  tue  rt  maille. 

Le  gent  Renart  forment  travaille; 

Et  li  Ostiisses  desdaigneus , 

5iio     Cius  i  est  et  vistes  et  preus. 
Ausi  est  Cantecler  li  cos, 
Ke  Percevaus  ne  Lanselos, 
Ne  Gauwains,  ne  li  preus  Tristruns, 
En  un  jour  nus  d'eus  si  vaillans 
Ne  fu  coome  Cantecler  fu. 
Car  si  esporon  sunt  agu . 


LE  NOUVEL.  339 

Et  si  ongle  dur  et  taillant. 
Dou  biek  va  merveilles  faisant  ; 
Un  des  fins  Renart  creva  l'oel , 

'iiao     Et  puis  li  dist  par  grant  orguel, 
Or  aras-tu  millor  visée. 
Adont  i  ot  moult  grant  risée 
Des  gens  le  Roi  et. grant  lééce 
De  cou  dont  Renart  ot  tristrece. 
Lors  fîst  pour  sa  gent  esbaudir 
Renart  cent  cors  d'arain  tentir, 
Dont  salirent  li  gent  Renart , 
Et  Renart  à  tout  sen  fausart, 
Des  gens  le  Roi  fait  grant  escil. 

5j3o     Atant  es  Renardiel  le  fil 

Renart  ki  ert  uns  enferons, 
Cantecler  voit  c'as  esporons 
Damagoit  durement  lor  gent, 
Dou  vengier  a  moult  grant  talent , 
Par  quoi  estranler  le  péust , 
Et  mengier  conment  que  ce  fust , 
Lui  sanle  qu'il  seroit  refais. 
Desriere  les  autres  s'est  trais 
Trestout  bielement  et  quatis, 

5i4o     Car  Nature  l'ot  jà  apris , 
Car  ortie  c'ortiier  doit 
Tempre  ortie  ;  au  jor  d'ui  on  voit 
Si  tempre  ortier  les  enfans 
Où  monde ,  que  c'est  dolours  grans. 


-0,0  RENAnT 

En  <;ou  ont  père  i>t  inerr  part , 
Tout  sont  mais  Ae  le  geot  Henart  ; 
Se  père  et  mère  sage  estoieni , 
I^nir  enfaiis  cndoctrinoi 
A  bien  dire  et  à  liicn  ou ....  , 
5i5o     l'Os  ftirrmons  et  TEglise  antor 

I^nir  fesiMent,  et  leur  biasmassent 
Les  peciés  et  lor  ensignassent 
Tous  les  articles  <le  le  foi . 
Conroent  Dieus  moru  ne  |k>i  <j..w.  , 
Kt  tous  les  dis  coninandemons, 
Conment  rostis  fii  Saint  Lorens , 
Et  les  légendes  des  boins  sains , 
Et  conment  Paradis  est  plains 
De  lééce,  infi^s  de  tourmens; 
5 160     Les  fais  des  anciienes  gens 
Ki  furent  h  Dieu  vigbereus. 
Et  les  set  grans  peciés  morteus 
Bla!»mer,  et  les  autres  pecié^i 
Dont  li  mondes  est  enleciés. 
Ce  dussent  faire  père  et  mères 
Et  de  le  vie  des  Sains  Pères 
/         Recorder  as  enfans  souvent  ; 
Mais  il  va  mais  tôt  autrement  : 
Sitosl  que  li  enfés  est  nés, 
Kst  de  se  boine  mère  ostés, 
Kt  mis  puet  eslre  à  tel  nourice 
Ki  est  et  sote  et  orde  et  niche. 


LE  NOUVEL.  3»i 

Et  est  de  mauvaise  nature , 
Et  a  eu  par  aventure 
Enfant  en  fornication  ; 
Et  de  mauvaise  estrassion 
Puet  estre  estraite  et  engenrée. 
Dame  ki  livre  se  portée 
A  teles  femes  pour  nourir, 

5i8o     En  doit  à  la  fin  mal  joïr; 

Et  de  tout  cou  ne  doutés  jà  , 
De  teus  meurs  que  la  nourice  a 
De  qui  lait  l'enfés  est  nouris, 
Ara  en  lui ,  j'en  sui  tous  fis. 
Dont  il  avint  jadis  un  jour 
K'uns  rices  hom  ot  de  soissour 
Un  enfant,  sel'  mist  à  nourice 
A  une  feme  petit  rice, 
Ki  pour  une  somme  d'argent 

5190     A  garder  11  ot  en  couvent, 
Car  mestier  ot  de  gaaignier, 
Lors  li  fist-on  l'enfant  kierkier  : 
De  son  lait  bien  l'enfant  nouri , 
Mais  enmi  voies  li  Hulli 
Ses  lais,  si  que  point  n'en  donna, 
De  lait  donner  toute  seca  , 
Si  que  ne  Tôt  de  quoi  nourir  , 
Dont  vosist  bien  son  voel  morir, 
Car  ele  en  avoit  bon  louier, 

5aoo     De  perdre  cou  n'éust  meslier; 


343* 


RENART 
Si  li  faisoit'on  des  bontés 
Pour  Penfanl  souvent  et  assés. 
Or  pienloit  tout ,  ce  li  sanloit . 
Pour  çou  que  point  de  lait  n*a>oit  : 
Le  nouricc  forment  anuie. 
En  son  ostel  ot  une  tnii\%e 
Ki  de  nooviel  ot  pourcelé , 
Le  nourice  a  à  çou  vise 
Ke  de  ce  lait  bien  nouriroit 
L*eniant ,  et  jà  tost  le  saroit. 
I  «  iifant  il  le  truie  assaia, 
Li  enféft  le  truie  alait.i. 


LE  NOUVEL.  3 ',3 


•••••••••• 


Si  kf  li  noriff  fiet  un  enfant  lUnitirr  le  truie 
et  Inir  non. 

Ausi  com  se  inere  fesist, 
L'enfançon  si  très  bien  nourist 
Cius  lais  k'éust  fait  autres  lais  : 
Rouveleus,  biaus,  cras  et  refais 
En  fu  li  enfés  en  brief  tans.       , 
Lors  adont  vint  li  Saint  Jehans 
K'ele  ne  devoit  plus  garder 

Saao     L'enfant  :  à  ce  jour  raporter 
Li  convint,  et  ele  si  fist; 
Mais  cius  lais  tel  nature  mist 
En  l'enfant,  que  moult  de  porciel 
Out ,  car  s'il  trouvoit  un  puiriel, 
Conme  un  pourciaus  s'i  tooilloit. 
Et  ens  es  merdes  fuijloit. 
Pour  çou  vous  ki  enfans  avés. 
Gardés  là  ù  vous  les  metés 
A  nourice,  par  Sainte  Crois, 

5^30     Je  di  que  souvent  de  ses  drois 
Retolt  norreture  à  nature, 
.  Prouvé  est  par  cest  aventure. 
Par  tel  cas  essauce-on  Renart  : 
Ki  enfant  a  moult  bien  se  cart 


Il  EN  ART 
A  quel  iiuuricc  il  met  rciilaut , 
Se  li  iiourice  n  de  soignant 
Enfant ,  u  sVle  en  est  cstraitt' , 
Et  de  boioes  meurs  s*e1e  est  gaitc , 
Et  sVIe  est  à  preudome  fille. 
5a4o     Tant  vous  4i-jou  u  dus  u  cille 
Ki  enfant  a,  il  doit  garder, 
Et  il  son  enfant  met  viser. 
Mais  on  i  vise  ore  moult  poi , 
Pour  çou  ont  li  gent  si  poi  foi , 
Et  voit-on  tant  de  ribaudie 
Où  monde  et  tant  de  trekerie. 
De  renardie  et  de  doloiir. 
Li  frères  traïst  se  serour 
Au  tans  d'ore,  et  li  fins  le  père. 

5a5o     Tuit  sunt  mais  de  tcle  matere , 
Li  mondes  est  mais  tous  mcstis, 
Renart  est  sires  dou  pais , 
Dont  c'est  et  doleurs  et  pités 
Que  Renart  est  si  amontés. 

Or  revenrons  à  Renardiel , 
Ki  viestis  ert  de  rouge  piel , 
Ki  Cantecler  gai  te  et  espie, 
Ki  de  tout  cou  ne  savoit  mie  ; 
Et  quant  Renardiaus  vit  son  liu  y 

5i6o     Si  li  jua  d'un  félon  giu. 

As  dens  Fahiert  parmi  le  creste, 
Et  en  çou  k'il  l'ahiert  se  creste 


LE  NOUVEL.  345 

Renardiaus  et  fist  Cantecler 
Quatre  tours  entor  lui  tourner, 
Et  au  cinkisme  le  gieta 
Si  roit  que  Canteclers  pasma 
Enmi  la  nave,  et"  H  rompi 
Le  creste  pries  toute  par  mi. 
De  çou  s'esmaient  H  roial, 

5270     Et  ne  pourquant  livrent  estai 
Et  se  defferident  vassaument. 
Li  bort  des  naves  sunt  sanglent , 
Et  l'iauwe  de  le  mer  viermeille 
Dou  sanc.  Lors  fist  moult  grant  merveille 
Pusnais  li  pitois,  k'il  sailli 
En  le  nave  au  Roi  et  saisi 
Cantecler  ki  gisoit  pasmés; 
Mais  de  tous  lés  fu  escriés , 
Car  Dans  Roeniaus  li  mastins 

5280     Et  od  lui  li  Kaiaus  Hustins 
Pusnais  se  plice  descirerent, 
Et  en  pluseurs  lius  le  navrèrent; 
Mais  Punais  bien  se  revenga 
Viers  Roeniel ,  k'il  s'ataka 
A  lui ,  par  le  musiel  le  prist 
As  dens  si  que  li  sans  en  ist , 
Et  puis  si  grant  puour  gieta. 
Que  cascuns  son  nés  estoupa , 
Neis  li  poisson  ens  en  la  mer, 

6290     Petit  failli  nés  fist  crever  : 


Car  li  pueurs  que  il  gieloit , 
Peciés  contre  nature  estoil. 
Lors  Pusnaia  là  dont  vint  repain  . 
D'Orgilleus  né  lue  voel  pas  tain- , 
Le  fil  Orguel  dte  Pnjserpine  : 
Cil  jure  le  Sainte  Ikjuline 
Lo  nave  au  Boi  noiier  fera , 
Et  dauft  dcdcns  k'il  ahatra 
Jus  le  sigle  d'nuielitl*, 
Kt  Taigle  et  le  puniiel  doré. 
Dont  ira  lor  nave  à  lagan. 
Lon»  Orguilleus  par  grant  beuban 
Se  mist  avant ,  charmés  estoit 
Ensi  conme  k  lui  aflrroit. 
Al  estour  vient,  si  fait  merveilles. 
Bras,  pies,  jambes  oope  et  oreilles; 
Il  fiert  à  diestre  et  à  seniestre , 
Nus  n'ose  à  cent  pies  de  lui  cstre. 
Cest  Tue-tout  au  sigle  ala 
-'^'•i..      Por  abalre,  et  uns  vens  leva, 
Por  quoi  li  sigles  a  hurté 
Orgilleus  que  jus  la  me 
Enmi  sa  nave  tout  adcns. 
Or  dirai  ki  est  cil  dotis  vens 
Ki  le  sigle  d'umelité 
Bouta  dont  Orguel  n  maté  : 
Cou  est  grâce  ki  vient  de  Dieu. 


LE  NOUVEL.  3/,7 

Lors  escrie,  assalés,  signour. 

53ao     Jà  i  éust  moult  grant  dolour, 
Quant  une  tempeste  leva 
Ki  les  deus  naves  desevra, 
Que  li  Renai't  en  Orient 
Ala,  et  enviers  Occident 
Ala  li  grant  nave  le  Roi, 
Parfont  en  mer  en  un  recoi  : 
Et  li  tempeste  tint  Renart. 
Lors  reclaime  Saint  Lienart 
Et  tous  les  Sains  ki  sunt  sainti , 

5334»     Car  li  vens  son  sigle  abati 

Ki  tous  entirs  ert  de  boisdie.  , 

A  poi  li  mas  de  trecerie 

Ne  rompi  à  cest  colp  en  deus; 

Paour  a  li  plus  vigliereus 

Des  gens  Renart ,  et  Renart  crie ,  • 

Hé!  Dieus,  soiiés  moi  en  aïe, 

Je  vous  requerrai  outremer, 

Se  me  voelliés  de  ci  gieter. 

Au  sépulcre  et  me  croiserai , 

53/|0     Et  à  Noblon  m'apaiserai , 

Car  il  a  droit  et  jou  ai  tort. 
Confiessons-nous,  vesci  no  moil , 
Une  grande  waglie  et  une  onde 
Ki  bien  couverroit  tôt  le  monde, 
Ce  m'est  vis;  Veni^  Creator 
Dites,  signor,  de  cor  encor. 


348  RKNARl 

En  graiit  paour  trrslot  1  uiit  Uit 
Cil  ki  le  M'vcnt ,  car  de  fil 
Cuidcnt  tantost  cii  mer  noiier. 
S)5o     De  peurs  prist  Benart  à  criier, 
Dount^s-nous  l*aiglie  bénéoite. 
Uns  prestres  couru  en  grant  coite 
Lorcuel  «porta  et  Tespargr. 
Renart  li  rueve  k*il  csparge 
^  Par  tout  sui^t  jus,  bas  et  haut. 
Cius  si  fist  lors,  et  d*uii  cant  haut 
Dist  ce  vier  par  tollempiiité  : 


h 


■  ■■■,  ■  ■■  ^    — 


I 


Asperge»  me,  Duminc,  ysopo  et  mundabor; 


'♦l»JL 


Lavabis  me  et  super  nivem  dealiiahor. 
I^n  pou  npri6s  li  tans  cangu, 

'",,'.      (    >i  fisi  et  li  solaus  raia  : 

Lu  mer  n*apcrt  waglie  ne  onde. 
Renart  en  qui  tous  maus  alxinde, 
Por  le  biel  tans  prist  lors  à  rire. 
Et  puis  si  prist  en  haut  h  dire  : 
Kj  set  îi  nous  sommes,  seP  die. 
Cascuos  respont ,  jou  n'en  sai  mie  : 
Dont  fist>on  Cointeriel  monter 
Où  coffîn  haut  por  regarder 
S'il  puet  nul  sens  tiere  quoisir, 

5370     Et  se  le  nave  au  Roi  véir 


LE  NOUVEL.  349 

Puet  n'aviser;  et  cius  rampa, 
Et  puis  lor  dist ,  moult  bien  nos  va  ; 
Passe-Orguel  voi ,  mais  ne  voi  mie 
Le  nave  au  Roi ,  ele  est  perie 
Si  com  je  croi  à  mon  cuidier; 
Dont  fist  Renart  amont  drecier 
Son  sigle,  et  li  vens  sans  ciesser 
Les  fist  ens  el  havie  arriver 
De  Passe-Orguel.  D^joie  lors 

538o     A  fait  Renart  sonner  cent  cors, 
Et  de  trompes  autant  u  plus , 
Puis  est  à  tiere  desrendus, 
Il  et  si  gent  à  Passe-Orguel , 
Et  plus  que  devant  plain  d'orgue! 
Et  de  mauvaise  volenté. 
Renart  a  tout  jà  oublié 
Les  grans  mesciés  et  les  dolours 
C'ot  en  le  mer  et  les  paours. 
A  tous  les  veus  a  renoncié 

5390     K'il  fist  en  mer,  tout  oubliié 
A  ,  et  ausi  ont  tout  li  sien. 
Renart  ki  moult  ert  plains  d'engien, 
Dist  à  ses  gens ,  foi  que  vous  (loi , 
Jou  me  doute  forment  dou  Roi , 
Quant  Grinbiers  li  taissons  respont, 
N'aiiés  paour,  tôt  noiié  sunt 
Li  Rois,  et  se  nave  brisie, 
Et  sa  gent  od  lui  perillie. 


hh.NAtil 

A  Rt'tiart  haut  non  mit-  l)a> 
A  fiit  tantost  Felcs  li  ra:>, 
N*  <;ou  est  voirs,  lu  seras  rois, 
Ne  t'esmaiier,  dedens  un  mois. 
Dont  (îst  Rcnart  IVive  corner, 
Mengier  vont  apriès  le  laver 
Par  le  coninant  Renart  le  rou». 
Boiues  gens,  en&i  cti  de  nous  : 
Tout  sonM#^lain  de  renardie^ 
'    De  traliOB  et  de  bois(li<- . 
Et  de  fauseté  k'en  nous  dure, 

5410      El  d'envie  ki  p\\i%  est  dure 
D'un  diamant  :  grief  endurer 
Fait  les  siens,  conment  puct  durer 
Nus  od  li  ?  Trop  maint  durement 
Cuers  c*o  H  est ,  et  durement 
Va  le  grant  cemin  d'infier  dur. 
Dont  je  mie  pour  lui  nVndur 
Les  paines ,  ains  les  enduira 
Tant  que  li  Sauverres  durra , 
Qui  dist  moult  très  bien  endurrai 

5490     Grief  à  oeus  tant  que  je  durrai. 

C*est  sans  fin,  bien  vocl  quil  endurent 
Ce  grief,  s'il  n'ont  fait  ce  qu'il  durent. 
Las!  tuit  vivons  en  grant  péril 
Jou  et  tu,  et  celés  et  cil; 
Cascuns  acroit  plus  qu'il  ne  paie, 
Dont  li  Pères  cacera  paio 


LK  iNOU  \  EL.  35 1 

Sour  nous  pour  son  Fil  ki  inoru 
Au  grant  venredi  absolu 
Por  nous  de  si  crueuse  mort. 

5480     Esvillons  nous,  fols  est  ki  dort, 
Mirons  nous  en  le  vraie  lune 
Dou  Crucefis,  car  cou  est  l'une 
Des  Voies  dou  Saint  Paradis 
U  se  repose  Jhesu-Cris, 
Dont  cius  duremen^e  descorde 
Ki  ceste  aspre  mort  nC  recorde 
Dou  Fil  Dieu  sans  descordement  : 
Car  ceste  mors  concordement 
Fist  de  Dieu  h  nous  et  acorde , 

5440     Et  ce  fu  fait  par  grant  concorde. 
Souvent  devons  çou  recorder, 
Et  nos  cuers  à  lui  acorder, 
Por  çou  que  à  mort  sîacorda 
En  Crois  pour  nous  et  recorda 
K'il  n'iert  nule  plus  aspre  mort 
Con  li  siue.  Tu  ki  tel  mort 
N'as  en  bouce  et  en  cuer,  finer 
T'estuet  d'un  escot  sans  finer 
Od  les  Diaules,  et  c'iert  sans  fin  , 

5/|5o     S'en  ce  siècle  n'avons  cuer  fin. 

Trop  fin  cuer  avons  quoi  c'on  die. 
Par  un  bien  poi  de  maladie. 
Et  quant  nous  somes  respassé, 
S'avons  tantost  tout  oublié. 


35»  RL?iAl.  1 

Et  falons  Dieu  de  i«.ii>.  ii.uii 
Au  lîl  somes  si  repentant 
Por  la  mort,  et  nous  confies&oiis 
Et  nos  Icslamens  «le visons, 
El  quant  nous  somes  rcspassé 
5460     Tanlosl  avons  Dieu  oublié 

Tout  ausi  conme  Reuart  fist , 
Ki  de  bien  faire  se  demisl 
Sitost  con  ^mers  apaisie 

que  de  no  maladif 
■^  ,11.-  ...  -  Ml'-"  I  fvenu» 
Il     II  I  a  jiln>  ifgne  tenu, 
.Nuu:>  somes  pieur  que  devant. 
Biestes  ont  trop  plus  d  cnsiant 
De  nous,  car  s'une  bieslc  csloit 
5470     D'engien  prise  et  dont  s'escapoit , 
Trop  forte*eroit  à  reprendre. 
Cil  gent  ki  as  oisiaus  vont  tendre, 
S'il  en  prendent  un  à  le  glu, 
Et  il  escape  ains  que  venu 
l  soient ,  fors  est  à  reprendre. 
Ci  doit  bons  ki  sens  a,  entendre, 
K'il  soit  sages  plus  d'une  bieste. 
Vivre  ù  monde  n'est  mie  fieste  : 
On  i  doit  vivre  en  grant  paoïu  , 
5480     Nous  morrons,  ne  savons  le  jour; 
Li  Diaules  a  ses  las  tendus. 
Et  si  est  afoués  li  fus 


LE  NOUVEL.  VjZ 

Por  nous  ardoir  :  se  nous  finons 
Ens  es  las ,  doublement  morrons. 
Hom ,  quant  tu  ies  bien  confiessés, 
Tu  ies  li  oisiaus  desglués 
Ki  escapes,  mais  plus  fols  ies 
K'il  n'est,  t'i  repaires  adiès, 
Et  i  es  legiers  à  reprendre. 

5r,qo     Li  Diaules  soutilment  set  tendre  ; 
Quant  t'ies  fors  par  confiession  , 
Ne  te  met  plus  eu  se  prison  ; 
Au  mains  pren  as  biestes  ce  sens, 
Quant  t'ies  hors  ne  reciet  plus  ens. 
De  bieste  as  plus  noble  nature, 
En  toi  garder  dois  plus  grant  cure 
Mètre.  Bieste  est  legiere  à  prendre, 
Mais  n'est  pas  legiere  à  reprendre. 

Dont  il  avint  c'uns  grans  bourgois, 
Uices  au  monde  en  tous  endrois 
Estoit  ;  s'avint  k'il  se  couça 
Dehaitiés  et  puis  respassa. 
Ançois  qu'il  fust  bien  rospassés, 
Prist  au  bourgois  teus  volentés 
C'aler  volt  à  un  sien  manoir 
Hors  vile,  si  fu  pour  avoir 
Millor  air  qu'ens  el  bourc  n'avoit. 
Li  sires  un  varlet  avoit , 
Ce  lui  dist  li  bourgois,  sui  moi, 

55  jo     Et  si  aporte  avoecques  toi 

IV.  5.3 


M  r  >  ART 
.\,.  -M.jj, .  Cius  cnsi  le  fist  , 
Son  signor  trtievc  si  li  dist , 
V^  le  chi ,  et  lors  en  alerent 
Dusqu*au  manoir,  k'il  narestorent 
Li  sires  conmandc  au  vallet 
K'il  voisl  tosl  tuer  un  poulet , 
Et  II  conmande  à  cuire  en  rosi , 
Et  cius  si  fist  ;  fait  fu  tantost , 
Et  quant  bien  quis  fu  li  poules, 

5Sao     Si  dut  au  signour  li  variés, 

Sire,  nous  n'avons  nient  d'aign-t 
Pour  faire  sause  à  ce  poulet. 
Va  en  querrc  par  cest  visnage. 
Sire,  dist  cius,  vous  dites  rage  ; 
Et  ki  gardera  ce  poulet? 
Li  sires  dist  à  son  varlet , 
Le  lairas,  lors  le  singe  prist , 
A  garder  le  poulet  le  mist 
Ki  estoit  en  un  platiel  mis. 

553o     Li  singes  sVst  dalés  assis. 
Et  li  variés  al  agret  va 
Si  que  ses  sires  li  rouva. 
Li  sires  n'iert  pas  bien  garis, 
Lors  s*est  pour  reposer  assis 
En  s  en  sa  cambre  sour  un  lit 
Por  reposer  un  seul  petit , 
Tant  que  ses  variés  revenisf , 


LE  NOUVEL.  33; 

Aler  au  bourc  querre  dou  vin. 

5540     Lors  s'akeusta  sour  un  cousin. 
,        Par  une  feniestre  pooit 

Véoir  le  singe,  sel'  regardoit. 
Tandis  estes-vous  c'uns  goupius 
Très  grans,  malicieus  et  vius 
Vint  là ,  car  flairié  ot  le  rost 
Dou  bos,  et  lors  i  vint  tantost , 
Car  li  maisons  séoit  où  bos. 
Li  goupius  voit  que  li  singos 
Gardoit  le  capon  par  lui  seus, 

555o     Dont  s'apensa,  tant  est  viseus, 
Que  singes  veut  tout  contrefaire 
Quan  k'il  voit  par  devant  lui  faire. 
Par  ce  tour  pense  qu'il  ara 
Le  poulet ,  et  lors  sautela 
Et  fist  de  moes  bien  un  cent , 
Et  li  singes  fist  ensernent. 
Li  goupius  dou  singe  s'aproisme, 
Car  volontiers  se  feroit  proisme 
Dou  poulet.  Lors  a  fait  le  moe, 

556o     Et  avoec  cuevre  de  se  poc 

L'un  de  ses  iols  et  puis  les  deus 
Li  singes,  mains  malissieus 
Dou  goupil,  couvri  ensement 
Ses  iols,  et  cius  prist  esramment 
Le  poulet ,  au  bos  l'en  porta. 
I/i  sires  tout  çou  regarda. 


356  RENART 

Li  varict  vint  à  tôt  Taigret , 
Et  quant  voit  perdu  le  poulet , 
L'égret  geta  cns  es  fo- 

5570     Au  singe  en  vint  tou.>>  .m  (-.->, 
K*il  le  voloit  ferir  et  batre  ; 
Mais  li  sires  li  vint  debatre , 
Ft  li  dist  qu*il  en  rostesist 
l'n  autre.  Cius  errant  le  fist, 
A  son  signor  dist  quant  fu  quis  : 
Or  seroit  t>uins  li  aigres  quis 
A  faire  le  sausse  à  ee  rost. 
Li  sires  li  dist,  va  tantost. 
'  lus  i  va  et  li  lires  m 

5î»o     Le  poulet  si  eon  Tautif  iibt , 
Et  puis  s'en  va  au  lit  toi  <lrr.ii 
Fn  le  camlire  ù  géu  a  voit  . 
poupins  ki  ert  où  bos 
Au  iiair  revint  en  l'ostel  tos  : 
Encor  pas  saoulés  n'cstoit 
De  l'autre  que  mengié  avoit. 
Il  sautiele  et  cius  se  tint  cois 
Ki  sautelé  avoit  ançois. 
Ses  iob  cuevre  et  si  fait  des  moes 

^590     Et  cius  ses  iols  œvre  et  ses  poes; 
Il  ne  le  set  si  décevoir 
Que  l'autre  poulet  puist  avoir, 
Por  riens  ne  le  puct  engignier. 
Car  cius  se  set  trop  bien  gaitier. 


LE  NOUVEL.  357 

Quant  il  vit  rou ,  si  s'en  ala, 
Li  singes  moult  mius  se  garda 
Que  ne  faisons  quant  l'anemis 
Nous  a  à  ses  las  courans  pris 
Par  peciet,  lues  que  confiessé 
56oo     En  sommes ,  sommes  délivré  ; 
Mais  tantost  nous  i  remetons, 
Dont  je  di  mains  de  sens  avons 

Ke  li  singes  de  nous  garder, 

Atant  lairai  de  çou  ester. 
Or  vous  dirai  de  Roi  Noblon 

Et  de  ses  gens  ki  le  haut  non 

De  Dieu  reclament  et  se  Mère, 

Car  il  sunt  en  moult  grant  misère 

Por  l'orible  tans  k'éu  ont , 
56io     Par  quoi  ne  sevent  ù  il  sont. 

Quant  virent  que  biaus  fu  li  jours, 

Dont  conmanda  li  Rois  Bruns  l'ours 

K'el  coffin  monte  pour  savoir 

U  sunt  et  s'il  pora  véoir 

Le  nave  Renart ,  si  lor  die. 

Cius  monte  amont  et  puis  lor  crie  ; 

Nous  somes  envers  Occident, 

Mais  de  Renart  ne  voi  noient  : 

Il  est  péris  il  et  li  sien 
5620     Si  com  j'espoir;  mais  une  rien 

Voel  bien  li  Rois  et  cascuns  sace; 

Si  lonc  que  voi  mers  est  bonace, 


358  RENART 

De  ci  ne  oos  porons  partir 
Tant  qu'à  Dieu  venra  h  plaisir. 
Et  li  Roi:»  (list ,  siçnor,  oiiés, 
Je  voel  li  sigU's  soit  tlrccié», 
Por  çou  que  nous  plus  prest  scions 
Del  aler  quant  le  vent  arons. 
Car  ci  fait  nuuvais  dcmorer: 
5C3o     En  Orient  m'en  voel  aler 

A  Passc-Orgucl ,  n'iere  mais  lié», 
Si  crt  Passe-Orguel  escilliés, 
Et  le  tiere  eotour  e*cillic , 
je  puis,  gietés  de  vie 
Ueuart,  et  tout  si  home  ocis. 
Car  cou  est  mes  droi»  ancmis. 
\dunt  fu  li  sigics  drccirs, 
Et  uns  veùs  dont  cascuns  fu  liés 
Vint  ki  aloit  viers  Orient , 
5640     El  cius  vens  au  sigic  se  prent 
Si  les  inaine  le  rhernin  droit 
Que  li  Rois  Nobles  demandoit. 
Tant  ont  et  nuit  et  jour  siglé, 
Que  Passe-Orguel  ont  avisé. 
Lors  fist  li  Rois,  tout  sans  atcndre, 
Sa  genl  armer  con  pour  deffendre 
Et  assalir  lor  anemis, 
Dont  fu  mains  haubregons  viestis, 
Mains  porpoins,  et  mainte  quirie, 
565o     Et  mainte  ventaille  lacie, 


LE  NOUVEL.  359 

Et  mains  haubiers  à  pans  saffrés , 
Et  mains  gambisons  endossés. 
Tout  si  acesmés  pour  deffendre 
En  vait  Rois  Nobles  terre  prendre, 
Et  à  cou  que  le  nave  a  voit 
Vent  à  souhait ,  li  mers  estoit 
Revenue  plaine  en  canel. 
Li  nave  le  Roi  vint  de  tel 
Randon  prendre  ens  el  havle  port , 
566o     Et  si  radement  et  si  fort , 
C'a  seckes  où  sablon  sailli , 
A  poi  que  parmi  ne  fendi  : 
Car  ele  vint  de  tel  randon 
Que  vint  pies  ferl  el  sahlou. 


36o  RE> 


6i  qur  li  ïkois  Doblr^  arriva  à  paitr-Or^uifl  ii 
lirnart  rstott. 


<  \    liiic  \    mil  I 

t    II    :  le»  CUt'l> 

Por  çou  ch  tiere  sont  hors  mer. 
Lors  ftst  se»  gmns  trompes  Miuner 
Li  Rois  pour  !^r  grnt  cslNiiulir, 

','.70     C'a  Pa»*e-Orgurl  les  puel  oîr 
nenart.  Et  &itost  k'il  les  ot , 
Dist,  Il  Rois  vient,  au  premier  mot 
Or  tost  courez  vous  tost  armer, 
DofTendre  li  voel  l'arriv.r 
Rriiart  ist  lors  contre  le  ÏU>\ 

De  Passf  '> 1,  par  granf 

Banierr  <  <   au  vent , 

Ki  dorée  est  très  ricement 
D*un  or  c*on  nomme  iniquité. 

5680     Apriès  Renart  sont  arrouté 
Trcstuit  li  atyrr  et  Orgillous 
Ki  moult  estoit  Tel  et  estons. 
Cius  fil  moult  ricement  armés, 
Et  sour  un  grant  destrier  montés  : 
Devant  tous  les  autres  se  mist 
Plus  lonc  que  nus  ars  ne  traisist , 


LE  NOUVEL.  361 

Et  crie  en  haut ,  tout  serés  mort  ; 
Quant  li  Lins  ki  cler  voit,  deslort 
Un  pignonciel  que  il  avoit 

5690     En  son  une  lance,  et  estoit 
De  tel  drap  dont  li  siglcs  fu  ; 
D'umelité  ot  son  escu 
Couviert,  et  cotiele  à  armer. 
Ce  fist  Orgilleus  retourner 
Dusques  as  siens,  et  dist  ensi, 
Poi  avons  gent ,  alons  de  chi , 
Car  tout  sunt  fors  sor  le  sablon  ; 
Li  Rois  et  od  lui  si  baron 
Moult  bien  arnu'  sour  les  destriers , 

•  -         Voiiés  com  grans  est  li  pourriers. 
Je  vi  Tardiu  li  limecon 
Tenir  le  roial  gonfanon  , 
Et  vi  lés  lui  un  chevalier 
Séir  sour  un  ferrant  destrier. 
Cius  se  maintient  très  snnplemenl , 
Mais  il  me  het  trop  durement 
Et  jou  lui ,  mais  il  voit  si  cler, 
C'a  bataille  ne  puis  durer 
Contre  lui,  trop  set  d'cscremie; 

5710     Bien  se  gaite  et  trop  miex  s'aïe, 
Por  ses  armes  d'umelité 
M'a  awan  maintes  fois  maté. 

Quant  Renart  l'ot  ensi  parler, 
De  hides  conmenco  à  tranlcr. 


^6»  R  EN  ART 

Sa  genl  conmande  à  retorner 
A  Passe-Orguel  cl  ens  entrer. 
Ens  entrent,  freiner  fi&l  le  parti-, 
Ki  hiele  crt  et  séure  el  forte. 
Kt  Rois  Nobles  ue  te  targa , 

5710     Ses  tentt^s  tendre  cooinanda , 
Et  cascuns  les  totes  tendist  : 
Ensi  fu  fait  conme  il  le  di^it. 
As  tent(*ft  vont  tuit  reposer. 
Car  travillié  siint  de  le  mer. 
En  tour  son  ott  fttt  li  Rois  faire 
Fossés  parfons  jusqu'à  deus  |)aire , 
Et  i  fist  faire  quatre  entrées 
De  barl>acanes  bien  fremées  : 
A  cascune  mist  de  ses  gens 

5730     Pour  bien  garder  dusqu'à  deus  cens. 
Par  le  pais  forriers  envoie  , 
Ardent  vilains  et  prendcnt  proie  : 
En  poi  d'eure  ont  si  net  prri 
K'<'1  pais  a  po'i  demouré. 
La  nouviele  à  Rcnart  en  nonce 
Dame  Outrecuidie  li  once, 
Ki  lés  Passe-Orguel  tiere  avoit 
Ken  fief  de  Cerastre  lenoit , 
Ke  11  fourier  orent  reuhee. 

5740  A  pries  revint  de  randonnée 
A  Renarr  Estoute  li  martre, 
Et  dist  se  ne  soit  mise  en  partre 


LE  NOUVEL.  363 

K'eu  se  tiere  sont  li  fourier, 
N'i  laissent  ki  vaille  un  denier  : 
Ci  à  vous  m'en  sui  afîcie 
Savoir  s'avoir  porai  aïe , 
Sire ,  de  vos  gens  ne  de  vous. 
Dont  respondi  Renart  li  rous  : 
Oïl,  foi  que  doi  Saint  Ghillain, 

5750     Sour  les  fouriers,  irai  demain;  • 

Mais  or  me  dites,  Dame  Esloute, 
S'il  i  a  de  fouriers  grant  route, 
Ki  les  conduit  et  qui  les  maine. 
De  qui  ont  fait  lor  capitaine. 
Ne  ciévetaine  de  lor  gent , 
Quant  enpris  ont  tel  hardement. 
Sire ,  dist-ele ,  jà  l'orés  : 
Leoniaus  un  des  fius  mains-nés 
Le  Roi ,  cius  les  guie  et  caiiele  ; 

5;6o     Sire,  le  vaillant  d'une  astiele 

Ne  m'ont  laissié,  bien  sunt  set  cent, 
Nus  ne  vit  mais  si  fiere  gent; 
Venjance  d'iaus  vous  requier,  sire. 
Renart  prist  lors  errant  à  dire, 
Coisiés  vous,  vengié  en  serés. 
Et  toute  vo  perte  r'arés  : 
Car  par  Saint  Piat  de  Seclin 
G'i  envoierai  de  matin 
Quatre  mil  chevaliers  armés, 

!>7^o     De  mon  ostel  les  mius  vantés, 


364  RENART 

Ses  guirront  ini  (il  aiului , 
Cascun.s  vaut  ciulroit  lui  un  ii<i. 

Ses  fais  emimmrnt  apiela, 
Geste  cose  lor  conniancla. 
Cil  li  demandent  quel  port  sunt 
Li  fourier,  et  Renart  respont  : 
Il  sont  el  val  oriental , 
•      Tout  le  pais  tournent  à  mal , 
Estout  castiel  m'ont  aliatu , 
5780     Et  tout  le  pais  mis  en  fu. 
Le  fil  le  Roi  vis  m' 
El  tous  le*  autres  «•.  m> 
Cil  li  otrient.  Le  matin 
Se  sont  mis  ensamble  au  ccmin  « 
N^ariestent ,  si  vienent  où  val 
Que  Renart  dist  oriental , 
Sel'  voient  tout  ars  et  rohé, 
Et  Estout  castiel  cravanté. 
Li  païsant  crent  où  Ikm» 
5790     Fui  de  peurs,  mais  ausitos 

K'il  parjurent  les  fius  Renart , 
Sont  ensanle  trait  celé  part , 
A  aus  se  plaignent  de«;  -  •■  ■" 
Et  il  s'escricnl,  ore  à  • 
U  sunt,  ù  les  porons  trouver? 
Signour,  jà  les  verés  monter 
Celé  grant  roce  et  ça  venir , 
C'nti  'niir  rrni  doivent  asnalir 


LE  NOUVEL.  365 

Tort-Castiel  et  le  proie  prendre, 
58oo     Se  n'est  ki  lor  viegne  deflfendre. 

Et  li  fil  Renart  disent  lors, 

Cascuns  soit  hui  preudoni  dou  cors  ; 

Mais  une  cose  vos  loons , 

Se  le  locs,  que  nous  faisons 

En  cest  bos  quatre  enbusceniens, 

En  cascun  ait  mil  de  nos  gens. 

Sitost  k'il  seront  descendu. 

Lors  n'i  ait  plus  règne  tenu, 

Sour  eaus  irons  de  plains  eslais, 
58 lo     D'eaus  sera  tantost  faite  pais; 

C'est  c'ocis  seront  et  tué: 

Ce  conseil  ont  trestot  loé. 

Lors  s'enbuissent  en  le  foriest , 

Et  li  fourier  sans  nul  arriest 

Descendent  de  le  roce  aval  ; 

Ne  sevent  conme  il  lor  va  mal, 

Ne  des  agais  ki  sont  basti. 

Fors  tant  que  Lioniaus  coisi 

K'ens  cl  bos  ot  enbuscement, 
58;io     Reluire  i  voit  or  et  argent, 

Inde  et  gàune,  vert  et  vermeil 

Par  le  grant  clarté  dou  soleil. 

Ne  s'en  esmaie  tant  ne  quant, 

Mais  se  gent  va  amonestant 

De  bien  faire,  et  lor  dist  ensi  : 

Ens  el'bos  sunt  agait  basti. 


3'»'.  R  K  W  A  R  T 

Au  juui  •!  ui  arons  le  batutllr, 
Roial  sommes,  au  jour  tl'ui  vaillo 
Cascuns  un  roi  :  so  nous  fînons 

583o     Conme  preu,  otl  Dieu  Roi  serons. 
Cent  some»  au  gentil  Roi  Noble, 
Bien  doit  catcuns  avoir  cuer  noble 
Et  lier  contre  ses  ancmis. 
Mirons-nous  où  vrai  CruceBs, 
C*est  où  Fil  Dieu  ki  fu  en  croU 
Au  grant  jour  de  la  mort  dcstrois 
Pot  nous,  pour  lui  devons  loorir. 
Puis  que  il  le  violt  consentir. 
Face  de  nous  se  volenté 

S840     Li  dous  Sires  plains  de  pité , 

K*en  le  Crois  a  ses  bras  tendus 
Por  nous  prendre  el  porter  lassus 
En  Paradis  oonmc  ses  fius. 
Frerc  somes,  nos  pcre  est  r>'""- 
Amons  le  si  qu'il  nous  ani.t . 
Cascuns  à  lui  rendre  Tame  a , 
Dont  je  lot  cascuns  soit  confiés  t 
Tant  venromes  de  lui  plus  prie*. 
L'un  à  l'autre  sunt  confiessi' 

58^»o     De  dévot  cuer,  puis  ont  crié 
Merci  à  Dieu  et  à  sa  Mère, 
Entrebaisié  sont  conme  frerc. 
Lors  a  fait  Lioniaus  tentir 
Les  trompes  por  eatis  csbaiidir: 


LE  NOUVEL.  367 

A  bataille  les  fist  reneier. 
Et  ses  banieres  desploiier. 
Ensi  tout  rengié  de  bataille 
Atendent  que  on  les  assaillo  : 
Estroit  sont  rengié  et  sieré, 
586o     Cascuns  a  cuer  de  Macabé 
Et  s'aficent  que  ne  fuiront 
Tant  qu'il  doi  ensanle  seront  ; 
Mieus  aiment  morir  à  hounor 
Ke  vivre  au  monde  à  deshonor, 
Et  cou  k'il  ont  droit  et  cil  tort , 
Par  cou  doutent  si  poi  le  mort 
Ke  en  lor  droit  si  grant  foi  ont, 
Se  il  muèrent ,  que  Dieu  aront. 
Par  çou  se  laissierent  ocire 
5870     Li  bon  Saint  et  mètre  à  martire 
Li  Apostle  et  li  Saint  Martir, 
Or  en  ont-il  Dieu  tojit  entir. 
Dont  n'iert  nule  religions 
Ke  plus  en  est,  mains  foi  avons. 
Une  nos  dient,  autre  font, 
Couvoitise  eus  et  nous  confont. 
Couvoitise  les  fait  tant  fades. 
Il  ne  siervent  mais  fors  de  blades, 
Courre  laissent  bille  et  baston , 
588o     Les  rices  au  jour  d'ui  blange-on , 
Houneure  et  les  caperons  oste. 
Par  quoi  il  ont  orguci  à  oste, 


>  1.  ..*...  i 

il  h  puMi-  suul  (Icspilc*, 
(k>  ne  vient  pa&  d'iiindité. 
Tout  some»  d'Adan 
Fait  de  oo  Pcrc  Miuveraiu 
Dieu  :  ne  »ai  nus  ait  avantage. 
Au  naislrr  "••  ■"•    *  •'-  —  •'"•'• 
Li  merc  au 
S890     Ctttc  raisons  orguel  moult 
Ft  d'autel  malt 
Li  rois  c  uns  aii 
De  '  ' 

Car  li  mors  prcnt  tout 
SilMt  les  jouenes  corn  I 
I.es  haus  ausi  tost  com  le»  iia>, 
D\>    •       '  >l  et  viest  dt 

'^i  1«-^  revicst, 

lU  tcinpicNl 
D'infier,  ains  seront  tempestr 
S'en  eest  siècle  n'ont  bien  ouvré, 
II  »'à  la  mort  n'ont  rep- 
Mors  set  moult  bien  ■ 
F.le  set  au  gieu  av.i 
Ki  n*i  pense,  il  i  a  dain  ^ 
Clerc  et  prestre,  veske,  prélat, 
Dinules  vous  dist  e&kicc  et  mat 
Dou  fin  de  Inrc' 
Oîi  tx.int  dVsti 


LE  NOUVEL.  369 

En  l'angle  d'orguel  ke  Dieus  liet, 
Si  conme  cascuns  de  nous  set; 
Sour  l'eskickier  de  couvoitise, 
Enviaus  vous  fait  d'avarise, 
Et  renvie  d'escarseté. 
Pour  çou  a-il  tant  fauseté 
Où  monde  et  tant  de  renardie, 
Cascuns  est ,  mais  Diu ,  foi-mentie. 
Laissiés  le  gieu  ;  s'el  giu  fines, 

5920     Je  di  de  double  mort  morrés. 
Laissiés  et  enviaus  et  giu, 
U  vous  serés  maudit  de  Dieu  : 
Car  tu  pues  prendre  cascun  jour 
El  siervice  nostre  Signour 
Raison  et  exemple  et  matere 
Dont  estre  pues  Satan  matere. 
Par  quoi  pooir  n'ara  à  ti. 
Clerc,  prestre,  or  entendes  à  mi: 
Tout  li  viestement  ont  mistere 

5930     En  quoi  vous  serves  Dieu  le  Père, 
Se  de  fin  cuer  i  regardés, 
Satan  as  eschiés  materés. 

Li  Papes  et  li  Cardounal 
De  lor  vermaus  capiaus  font  mal , 
S'il  n'en  tienent  l'estruiement , 
Sour  iaus  gietera  jugement 
Dieus,  par  Saint  Piere  et  par  Saint  Pol , 
Cascuns  ot  le  cief  et  le  col 
IV.  24    ■ 


370  RENART 

Par  martire  de  sanc  vcnneil  ; 

5940     Cist  doi  Cardounal  MSt  pareil 
Amereat  mjex  à  eaCre  oob, 
Ke  li  peules  Dieu  fust  péris. 
Cascuns  de  ce»  fu  Cardinaua, 
A  droit  orent  capiaus  vermatu, 
Miex  que  n'ont  cil  Cardounal  d'ore , 
Car  couvoitise  les  acore. 

Or  reveurons  au  fil  le  Roi 
Ki  se  gent  ot  mise  en  conroi 
Tout  ensi  con  pour  aatanler: 

S950    Cois  les  tint  et  sans  remuer 

Con  cil  ki  moult  a  hardemenL 
Lors  ist  de  son  enbuisement 
Percehaie  od  mil  chevaliers, 
Cius  ala  assanler  premiers. 
De  jouster  ert  aigres  et  caus. 
Dont  ert  de  tiere  li  solaus 
Départis,  et  sour  miedi 
Aloit  quant  li  estours  feni. 
Jouster  encontre  Percehaie 

5960     Vint  Leoniaus  et  tel  li  paie 
K'il  Tabati  en  un  fangart. 
Se  gent  rejoustent  d'autre  part , 
Et  cascuns  abati  le  sien. 
A  ces  premiers  cops  lor  va  bien , 
Ces  premiers  ont  si  desconfis 
Ke  bien  cinc  cens  en  ont  ocb, 


LE  NOUVEL.  ^ji 

Et  bien  deus  cens  à  mort  navres,  ^ 

Et  les  autres  fuiant  tornés  ; 
Et  Lioniaus  sa  gent  ralie , 

5970     Et  ke  nus  n'en  fuie  lor  prie 
Ne  n'encauce  trop  folement , 
Ce  lor  amoneste-il  souvent. 

Lors  issi  Roussiaus  fins  Renart 
Desour  un  grant  destrier  liart; 
Od  lui  eut  mil  bien  adoubés, 
Et  de  cieres  armes  armés.  ^ 

Les  fuians  od  lui  ramena , 
Et  Perchehaie  moult  blasma 
De  çou  k'al  assanler  céi , 

5980     Et  ke  se  gent  si  meschéi. 

Devant  les  autres  deus  arpens 
Vint  Roussiaus  en  sus  de  ses  gens, 
Demandant  joustes  au  plus  cointe. 
Targe  ot  et  glaive  à  boine  pointe. 
Et  boin  heaume  et  boin  destrier  sor, 
Et  uns  armes  toutes  d'or. 
Contre  Roussiel  sans  couarder 
Vint  Coullés  li  bievres  jouster  : 
Lor  glaves  ont  endoi  brisiés , 

5990     Et  puis  les  espées  saciés. 

Hardiement  s'entrerequierent 
D'estoc  lancent  et  à  cop  fièrent. 
Li  mil  as  fouriers  assanlerent , 
Mais  onques  ne  les  remuèrent , 


ê 


RENART 

Car  Liooiaus  li  fius  le  Roi  y 
Cius  fut  merveilles  endroit  soi. 
A  lui  prendeDt  li  fourier  cuer, 
Pir  lui  gietent' mauvestié  puer, 
Les  sccons  ont  si  fomv 

6000     C*un  arpent  lea  ont  rt  <  mm  >. 
Par  tans  les  émaent  vencus. 
Quant  li  tiers  conrois  est  venus, 
Ses  guioit  li  taissons  Grinbiers, 
#       Et  le  <{uart  ses  fius  Blalapiers 

Ki  sen  oonroi  mainc  apriès  Tautrc, 
Arm^  inoull  bien,  lance  sour  fauirr 
Cist  ont  les  fouriers  si  menés , 
C*à  poi  tous  ne  les  ont  tués  : 
Plus  des  deus  pars  en  ont  ocis, 

6010     Et  les  autres  par  force  pris, 
S'en  furent  li  plusiour  navré  : 
Ke  vaut  çou  ?  force  paist  le  pré. 
Li  ni  Renart  s*en  retomerent , 
Et  lor  prisouniers  enmenerent 
A  Passe-Orguel  par  graot  léece 
Par  devant  Renart  ki  se  drece 
Contre  ses  fius  et  les  acole , 
Et  puis  à  Lioniel  parolr 
Et  à  Coullet  le  hievre  ausi. 

6020     Mon  pais  avés  agasti , 
Ars  et  reubé  et  escillié, 
Si  avés  fait  mal  et  pecSé, 


LE  NOUVEL.  373 

Dont  je  di  vous  le  restorrés 

Avant  que  de  moi  escapés. 

De  matin  vous  fefai  tous  pendrç 

U  en  un  fu  ardoir  en  cendre. 

Onques  pour  çou  ne  s'abaul)i 

Lioniaus/ançois  respondi  : 

Se  nos  ocis  tu  en  mourras ,  • 
6o3o     Prent  ent  deniers,  trop  mitis  feras. 

Renart  se  teut  :  enprisoner 

Les  fist  et  puis  fist  apieler 

Ses  fius ,  et  puis  loi^^^Jemanda 

S'auques  lor  gentadamaga 

Li  fius  le  Roi  ne  Ufourier. 

Oïl ,  si  nos  puist  Dieus  aidier, 

Ke  de  quatre  milliers  de  gens 

N'en  ai-je  que  dis  et  huit  cens, 

Et  il  quant  furent  contre  vous 
6040     Set  cens  j  dont  dist  Renart  li  rous. 

Vous  fustes  tout  de  cuer  fali 

Et  li  fourier  preu  et  hardi. 
Tandis  que  Renart  devisoit 
-    A  ses  fius  çou  ki  li  plaisoit, 

Vint  à  Noblon  navrés  où  cors , 

Criant ,  mor^  sui,  Bruians  li  tors. 

Sire,  vo  fourier  sunt  ocis, 

Et  Lioniaus  vos  fius  est  pris , 

Et  Coullés  li  bievres  od  lui , 
6o5o     Et  parmi  le  cors  navré  sui. 


374 


RENART 
Quant  Teotent  Nobles ,  por  mil  mars 
Ne  parlast  ;  lors  dist  U  lupars ,   ' 
Ore  al  assaut,  ore  al  assaut* 
Tuit  s*amicrent  et  bas  et  haut  : 
Rois  Nobles  méismes  s'arma, 
Al  assaut  premerains  aia. 
Cascuns  assali  que  mius  mieus , 
Al  assaut  vint  li  ascurieus, 
Et  Dans  Tardius  li  limeçons, 
6060     Od  lui  quatre  mil  conpaignoos. 
Dis  grans  mangouniaus  fist  geter 
Rois  Nobles  pour  tout  cravantcr  ; 
Tours  cravantent ,  abatent  murs , 
Grans  paour  a  li  plus  séurs. 
Tsengrins  li  leus  bien  s*i  prueve, 
Gaacuns  escrie  et  cascuns  ruevc^ 
Assalés  vighereusemcnt. 
Tibiers  li  cas  as  murs  se  prent , 
Et  Raous  SCS  fius  autresi  ; 
6070     Li  dromadaires  assali 

Et  li  bugles  et  li  oamcos. 
Ces  escrie  Ysengrins  li  ieus^ 
Or  dou  bien  faire,  boi ne  gebt. 
Bricemers  li  ciers  visteroent 
Assaut  et  Ferrans  li  ronchis , 
Li  ostrisses  d'ireur  cspns 
Assaut  et  li  grifons  od  lui , 
Le  gent  Renart  font  moult  d'anui 


LE  NOUVEL.  375 

Ki  dont  vist  le  coc  Cantecler 
6080     Conme  il  se  couru  esprouver, 
Li  chevaus  moriaus  et  H  bous, 
Cil  grievent  moult  Renart  le  rous. 


i-0  RENAKT 


Si  kr  IXox'ù  Wobità  aôdut  Pd66r-€>rdurl  rt  iimm 
U  asnts  ncumtnie  Rmart. 

Et  Ion  TArceprestres  Timer 
Prist  par  si  haut  à  recaner, 
K'cn  tcntist  U  mont  et  li  vaus. 
U  ot  cauci^  tes  estivaut , 
S*iert  det  arme*  Dieu  revie»tis; 
Avoec  lui  ot  deus  de  ses  fit, 
Cloke ,  candeille  et  benoitier 

6090     Orent  pour  cscumeniier 

Renart  et  tous  ciaus  de  s'aîe. 
Tuners  en  haut  l'escumenie 
Et  ses  gens  k  cloke  sounant , 
Et  s'eut  avoec  candeille  argant  ; 
Et  quant  fist  le  candeille  estaindre , 
Si  dist  pour  plus  Renart  destraindre , 
Por  çou  qu'iert  en  mauvais  estât , 
Amen ,  amen ,  (iat ,  fiât. 
Timers  li  asnes  s*en  repaire, 

6100     C'autrement  ne  set  assaut  faire; 
Et  Renart  en  mocant  s'escrie  : 
Ke  ferai-je  ?  on  m'ek^umenie  ; 
Mengier  ne  porai  de  blanc  pain 
Sans  talent ,  u  se  je  n'ai  fain , 


LE  NOUVEL.  377 

Et  mes  pos  boulir  ne  pora 

Devant  çou  que  fu  sentira. 

Cuidié  m'ont  faire  mon  damage  , 

Mais  il  m'ont  fait  grant  avantage, 

Car  de  pourir  n'arai  pooir, 
61 10     Car  jou  oï  dire  pour  voir, 

Ains  durra  tous  en  tirs  mes  cors 

Tous  jours  puis  que  je  serai  mors. 

Jamais  jour  ne  voel  estre  assos, 

Hués  as  SOS,  as  sos,  as  sos! 

Hué  ont  tout  apriès  Timer. 

OU  Roi  Noblon  n'ot  c'a  irer 

Por  Timer  que  on  ensi  hue , 

Il  tint  ne  sai  mace  u  maçue. 

Lors  fist  l'assaut  renoveler 
61  ao     Dont  véissié*  traire  et  gieter, 

Lancier  d'estoc,  ferir  à  tas, 

Et  sus  et  jus  et  haut  et  bas. 

Et  d'espées  moult  grant  tintin. 

Lors  es-vous  l'olifant  Fortin, 

Un  castiel  de  fust  sour  son  dos 

U  ens  ert  Cantecler  li  cos. 

Et  Nobles  le  fius  Roi  Noblon , 

A  son  col  un  doré  blason. 

Od  lui  ert  Hardis  li  lupars, 
61 3o     Takes  li  mastins  et  Grignars, 

Bruns  li  ours,  Ysengrins  li  leus, 

De  bien  faire  tuit  vighereus. 


378  BBNART 

Od  son  castiel  delét  le  mur 

Se  mit  Fortios;  atMUt  moult  dur 

I  ot  quant  vint  al  apf 

Cil  del  olifimt  sont  si  lu  • 

Qae  conquit  ont  de!  mur  cent  pies. 

Renaît  le  voit,  t'en  Tu  iriés, 

Od  ses  deus  fins  voit  celé  part , 

6140     Maint  oop  i  doune  et  maint  en  part, 
£t  si  doi  fil  moult  vighereus  ; 
Mais  Ifcble»  fist  là  que  trop  preus, 
Que  sour  le  mur  se  mist  contre  eaus 
De  gerra  «pris,  et  dlreur  caus 
Encontre  eaus.  Atant  et  Renart 
Ki  le  finri  de  son  fiiutart. 
Mais  dut  se  oouvri  del  escu 
Si  que  li  oopi  n*a  nient  valu. 
Li  fius  le  Roi  ahiert  as  mains 

£iSo     Renart,  con  cil  ki  moult  est  plains 
De  grant  Corce  et  de  hardement, 
Des  bras  Pettramt  si  roidement 
R.*en  ses  bras  Renart  se  pasma. 
O  Renart  aler  s'en  quida. 
Mais  ce  n'iert  mie  sans  bataille. 
Roussiaus  del  espée  ki  taille , 
Feri  tel  cop  le  fil  le  Roi , 
K'il  ne  sot  de  lui  nesun  poi  ;    ■ 
Del  mur  kéi  ens  es  fossés, 

6160     A  po  qu'il  n'a  le  cuer  crevés. 


LE  NOUVEL.  379 

Renart  kéi  droit  sour  son  pis, 
C'est  la  cose  ki  li  fist  pis , 
Car  il  se  pasma  par  destrece, 
Et  Renart  en  estant  se  drece , 
K'encore  mie  ne  sa  voit 
Que  si  mal  avenu  li  soit 
K'il  soit  entre  ses  anemis. 
Quant  il  s'i  voit ,  adont  s'est  mis 
A  courre  quanqu'il  puet  au  bos , 
6170     Apriès  lui  ceurt  toute  li  os, 
Et  en  laissent  l'assaut  ester. 
Ki  vist  Grignart  apriès  aler 
Et  Volant  le  lévrier  salir, 
Et  Fuellet  le  braket  glatir, 
Dire  peuist  k'il  sunt  vaillant. 
Ysengrins  lor  dist ,  ore  avant 
Estes-vous  le  kaiiel  hustin  , 
Od-  lui  Roeniel  le  mastin, 
Cil  le  suiwent ,  et  Renart  fuit. 
6i8u     Ce  ne  li  vaut,  ataint  l'ont  tuit , 
Desciré  l'ont  et  depillié 
Lors  a  sour  se  keue  pissié 
Renart  et  puis  les  esproa 
Es  iols  que  tous  les  aveula , 
K'en  grant  tans  ne  porent  véir , 
Et  Renart  prist  lors  h  fuir. 

Ensement  Renart  escapa. 
Dont  nostre  Signor  mercia , 


38o  RElfART 

Puis  dist  que  querre  ira  secours , 
6190     Foi  qu'il  doil  Saint  Bftartio  de  Tours, 
Et  amcnra  de  gent  cent  mil. 
Des  mort  Tont  bien  véu  si  fil 
Conment  dd  ost  est  escapés, 
Oietu  en  est  moult  par  eus  loés» 
Et  li  Rois  est  moult  corociés 
Que  Renart  n'est  pris  ne  loiiës. 
As  tentes  s'en  vont  désarmer, 
Li  Rois  fist  lors  l'iauwe^omer; 
Souper  vont  et  empri^  coucier 
6aoo     Dusqu'au  matin  c'on  vit  raiier 
Le  soleil,  que  tuit  se  levèrent , 
Et  au  moostier  orer  alerent. 
Enpriès  messe  sont  revenu  , 
Si  ont  un  parlement  tenu 
De  ciaus  k'al  assaut  sunt  ocis, 
Conment  seront  en  tiere  mis-, 
Dont  dist  en  haut  li  fius  le  Roi , 
Conment  avoir  les  puis  ne  voi. 
S'il  n'est  u  trives  u  respis, 
6s  10     Car  priés  del  mur  gisent  ocis, 
Dont  al  avoir  aroit  hustin  : 
Endroit  de  moi  par  Saint  Fremin , 
C'on  i  envoiast  loe-jou. 
Li  plus  grant  s'aasentent  .1  •<>>•■ 
Ensi  conme  il  se  desraifmoient , 
Deviers  Passe-Orgiiel  venir  voient 


LE  NOUVEL.  Wi 

Wauket  le  gai  le  messagier, 
Tenant  un  rainsiel  d'olivier  : 
Trives  requiert  sans  plus  un  mois. 

6210     Volentiers  li  douna  li  Rois , 
Car  il  ne  desiroit  riens  tant. 
Lors  demanda  dé  son  enfant 
Conme  il  le  fait,  s*il  est  navrés. 
Et  cil  respont  emprisonnés 
Est,  mais  il  n'a  nul  autre  mal. 
Rois,  c'est  vos  fius,  cuer  a  roial, 
Et  si  vous  mande  cent  salus 
Et  li  bievres  autant  u  plus, 
Ki  toute'  jour  nous  cante  et  note 

6a3o     Tout  por  unate  le  marmote , 

Pour  qui  amor  fait  lais  et  sons-, 
Et  rotruenges  et  cançons. 
De  çou  li  Rois  rist,  nonpourquant 
Avoit  le  cuer  tristre  et  dolant. 
D'une  part  et  d'autre  ont  dounées 
Les  trives  et  bien  affiées. 
Ix)rs  fist  li  Rois  sans  arester 
Querre  les  mors  et  entierer, 
.    Et  li  fil  Renart  rehourderent 

6240     Lor  mur  et  moult  bien  s'acesmerent; 
Et  Renart  va  querre  secours 
Quanqu'il  puet  aler  le  grant  cours. 
A  Fierfilleus  castiel  ala , 
Cerastre  i  trueve,  dit  li  a 


^^ 


RENART 
Cunment  Rois  Nobles  Ta  ass». 
Et  ciuft  U  dist,  ains  ({uinse  dis 
1  serai  od  graat  ost  banio. 
Renaît  s*cn  part»  plus  n'I  «Irtrio, 
En  Etbiope  s'en  aia , 
6t5o     Le  Dragon  quist ,  U  le  trQiiva 
A  Bocc-Ardant ,  uo  castici  (prt. 
Li  dragons  a  juré  le  mort 
Et  le  bouline  c'ains  qoinsaiiv 
Ert  se  gent  de  Nobbn  pro<. 
De  là  se  part,  aM  coc  Basile  - 
En  vient  ki  tenoit  un  concile 
En  un  castiel  assés  félon, 
Con  apieloit  perdicion. 
A  Henart  le  secours  otroie. 
6a6o     Renart  s'en  part  et  tint  se  voie. 
Tous  ciaus  a  proiié  d'Occident, 
Et  tous  les  monstres  d'Orient  ; 
Cens  d'Europe  et  ceus  de  Turkie, 
Et  tous  ceus  deviers  Barbarie, 
Et  tous  ceus  de  le  terre  d'Aise. 
Tout  li  otroient,  s'en  est  aise, 
Et  tout  cil  de  Septentrion 
Ki  moult  estoient  de  grant  non. 
Ains  le  quinsaine  ot  de  gent  tant 
6i7o     K'il  n'est  ki  les  alast  nonbrant. 
Dedens  Passe-Orguel  sunt  entré, 
Castiel  i  ot  et  grant  et  lé. 


LE  NOUVEL.  383 

Moult  le  couvient  au  jor  d'ui  grant , 
Car  priesque  tuit  i  sont  manant 
Li  laie  gent  et  li  Glergiés  : 
Dieus  me  gart  de  mètre  i  les  pies  ! 

Lors  fist  Renart  desprisoner 
Lioniel ,  et  le  Bievre  oster 
De  prison,  et  tous  les  fouriers, 

6a8o     Et  tous  les  autres  prisoniers. 
Lors  s'apensa  k'il  les  feroit 
Armer  si  com  pris  les  avoit , 
Et  les  renvoieroit  le  Roi 
Por  oster  de  lui  le  desroi  ; 
Mais  ains  les  fera  honorer 
De  quanc'on  pora  deviser  : 
Car  ^  Noblon  s'acorderoit 
Moult  volentiers  se  il  pooit, 
Et  l'atrairoit  à  sa  cordiele , 

6290     Car  nus  contre  lui  ne  reviele 

Fors  seul  li  Rois,  et  s'il  l'avoit , 
Le  remanant  lues  conquerroit. 
Ensi  conquiert  li  anemis 
Par  le  grant  tous  dis^  les  petis. 
Ensi  com  pensa  il  le  fist , 
Mais  à  ses  barons  ains  le  dist  ; 
Tout  li  grant  signor  li  loerent, 
Et  à  çou  moult  bien  s'acorderent. 
Lors  fist  Lioniel  amener, 

63oo     Et  de  quanqu'il  pot  honourer, 


384.  RKNART 

Et  le  bicYre  et  tous  ses  fourirrs , 
Od  lui  les  tint  cinc  jors  entt  < 
Amour  lor  moustre,  non  liaim-, 
Et  lors  fist  venir  la  Roïne 
Ki  estoit  mère  lioniel. 
La  Dame  et  viestu  un  mantiel 
D'un  drap  de  Tarse  d*or  bendë, 
El  d'un  cier  sebelin  ** 
Li  atache  avoec  les  u. — i> 
6^10     Vaioit  Tounor  de  deus  castiaus. 
Li  Luparde  art  od  lui  Harouge, 
Ki  vicsti  ot  un  mantiel  rouge, 
Et  si  avoit  de  tel  tlrap  robe  ; 
Avoec  eles  Hersens  la  love 
Vint ,  et  Lionel  saluèrent , 
Et  dou  Roi  moult  li  demandèrent , 
Et  d'Isengrin  et  dou  Lu  part , 
Et  il  dist,»bien,  se  Dieus  me  gart; 
Et  conment  estes-vous  çaiens  ? 
63ao     Moult  bien,  ce  respondi  Hiersens  : 
Car  Renart  nous  i  fist  venir 
A  cui  nus  ne  se  puet  tenir , 
Car  plus  set  de  barat  que  nus. 
Par  lui  fu  Rois  Nobles  deceus 
Quant  il  fist  le  fisicien, 
Adonc  de  nous  se  venga  bien. 
Adonc  respondi  Lioniaus, 
Qui  estoit  apers  Damoisiaus, 


LE  NOUVEL.  385 

Vos  requiert  Renart  de  folie  ? 

833o     Nenil,  se  Dieus  me  benéie, 
Onques  ne  nous  en  aparla, 
Mais  moult  laidement  eugigna 
Nos  maris,  et  par  l'aïmant, 
Quant  il  lor  fiist  à  entendant 
De. lui  ensi  que  vous  savés, 
Et  si  fu  au  Roi  grans  viltés    • 
Quant  sansr  raison  il  fourjura 
Ma'Dame  et  quant  il  l'en  cacha 
Et  bouta  fors  de  sa  maison  , 

.6340     II  en  Gst  moult  grant  mesprison  : 
Car  n'est  mie  remès  en  lui 
Qu'ele  n'ait  et  honte  et  ennui. 
Renart  tint  bien  le  Roi  por  sot, 
Mauvais  fait  croire  quaiic*6n  ot, 
Et  mes  maris  et  li  Lupars, 
Cascuns  en  fu  uns  drois  musars  : 
Car  il  nous  ont  fait  sans  raison 
Avoir  honte  et  vilain  renon. 
>Iais  moult  devons  savoir  bon  gré 
63 5o     A  Renart  qui  nous  a  honeur  portf 
Et  fait  ce  qu'il  afiert  à  nous, 
Et  ausins  a-il  fait  à  vous. 
Lors  fist  Renart  l'iaue  corner, 
Seoir  vont  après  le  laver  ; 
De  disner  estoit  pieça  tans, 
Ke  il  estoit  miedis  grans, 
IV.  '^5 


186  REHAUT 

Et  au  pivinifi  >         >  "»rtfr 
Fui  Renart  H»  i.......i  1  oanter 

Ost  e^ot.  Cim  ledUt  lieiix'ilt 


I 


!^ 


^ 


Ainoureut€iuent  lui  tient  pur  vous. 


=t: 


636o     Dame ,  Ip.  maus  c|ue  jj?  »cns.  ' 
Dont  pria  Renart  lu  noîiic,  , 
Douce  Dame,  par  aipour  fine 
Ditet  noua* une  chan^onoetle. 
Droiz  eat  que  je  men  entremctti', 
Renai^,  piiift  que  vous  le  voulez , 
Et  de  mui  ert  ct-kt  clianz  chantez 
Que  meintcnanl  poùrroiz  oir  : 


■     *     Jl>  *'■       ■'  ■ 


Mariz  pour  jalou!»  vous  poc/.  tenir, 


■      ~ — X ^ ; 

Mais  coui^Sie  di*jc  mie,  mais  tost 


adt 


Puet  advenir. 

Quant  ceste  chançpn  lii  iinéi* 
6370     Qui  volentiers  fu  escoutée, 

38     Anoon  ne  m'ont  p«>  guerpi 
Aint  «M  dMIraignmt  fondant. 


LE  NOUVEL. 
Au  secont  mes  lors  Renart  prie 
Le  bievre,  s'il  H  plaist,  qu'il  die. 
Pour  amour  de  ciaus  qui  ci  sont , 
Une.  cancon ,  il  respondront. 
Il  dist  volentiers  le  fera , 
Ed  haut  à  canter  conmença 
De  vois  afolée  sierie. 


387 


"l 

1 

■ 

^    ^    ■  —  ^m^     ^           ^           ^                    ^ 

Hé! 

Dame  jolie,  mont^uer,  senz  fausser. 

h       ' 

II 

^ 

^                  ^  ^ 

-    ■    ■  -    ■  --. 

Met  en  vostre  baitlie.  ' 
Au  tiers  mes  a  Renart  cantc 
638o     De  cuer  gai  et  de  volenté, 
Com  cil  ki  aime  corelment 
Le  Roïne,  et  dist  ensement 
Geste  cançou  de  fin  cuer  gai  : 


Dicus!  conment  durer  porai ,  aimi!  hahai. 


I 


«^■FF? 


^=^'F^ 


Quant  à  la  biele  que  j'aim  congic  prendrai. 

38     J'arai  mierchi  se  loiauté  ne  faut 

Et  douçours  et  pitiés  ne  m'oublie. 
ti(f     Jolietcment  mi  tient  H  maus  d'amfi 
Jolietemèiii 


I 


1S8  R  EN  ART 

A  rascuQ  mes  les  fist  canter 
Rrnart,  et  apnès  le  lever 
Dou  raen^er,  les  fouriers  mena 
Véoir  ses  gens,  tous  lor  moustra. 
Lioniaus  est  tous  abaubis 

6390     U  Renart  a  tant  de  gent  pris  : 
Bien  voit  Renârt  a  gens  sis  tans 
Que  li  RoiH,  tant  est  cler  vcaàs. 
Et  bien  voit  se  Renart  voFoit , 
Le  Roi  et  aes  gens  ociroii 
Et  seroit  rois  sans  contredit , 
Et  bien  voit  c  on  li  fait  despit 
C*on  Ta  en  Passe-Orguel  assis. 
Et  tout  le  pais  en  fu  mis. 
Et  si  nous  fait  chi  tele  honour. 
6400     J^'tàe  de  Bien  cors  deshounour 
Se  ja|nais  sui  encontre  lui , 
Et  se  mais  a  par  moi  anui. 
Li  Rois  de  ce  nient  ne  savoit, 
Blancart  par  devant  lui  avoit 
Fait  amener.  Blancars  cria 
Mierci  :  li  Rois  li  pardounn 
Par  si  que  il  des  siens^  seroit. 
Il  dist  volentiers  \v  feroit. 
A  le  nave  le  fist  aler 
6410     Li  Rois,  et  li  kierke  k  garder 
Avoec  les  autres  marouniers. 
Blancars  Votroîe  volentiers. 


LE  NOUVEL.  389 

Taudis  vint  Renart  as  fouriers, 
Et  au  Bl  le  Roi  tous  premiers  ^ 
Et  li  dist ,  sire  Leoniel , 
De  gerroiier  ne  m'est  pas  biel, 
Au  mains  encontre  mon  signer  : 
Reverense,  foi  et  amour 
Li  doi  et  il  moi  autresi  : 

6420     Or  m'a  cacié  dusques  à  ci 

Hors  de  mon  liu  et  de  me  tiere, 

Et  puis  à  ost  çaiensm'ensiere 

Et  a  tout  le  pais  gasté, 

Sour  moi  fait  trop  grant  cruauté  ; 

Mais  ce  fait  ses  mauvais  consaus, 

Qu'enviers  moi  ont  ouvré  que  faus, 

Si  conme  Hardis  li  lupars 

Ki  viers  moi  est  fel  et  grignars 

Por  sa  feme,  si  que  savés, 

G430     De  qui  je  fis  mes  volentés 

Eus  el  point  que  li  Rois  l'oÉ  ciere, 
Dont  dreça  Lioniaus  le  ciere 
Et  dist,  Renart,  de  çou  ouvré 
Avés  tant  que  vous  en  sai  gré  : 
Con  faus  ouvroit  contre  me  mère 
Li  Rois,  ses  drois  k'il  le  conperc. 
Et  Renart  dist,  li  Rois  m'eil  het 
A  tort ,  sans  raison  ,  Dieus  le  set , 
Ke  se  faite  i  ot  mesproison , 

6440     Amors  ki  m'avoit  en  prison, 


390  BEHAlf 

Le  firt ,  on  ne  m'en  doit  bUsmer, 
Et  81 10  m  etiael  conpiu-er. 
Et  Leoniaos-Jt  raspond; 
La  ferre  n'est  pas  pour  rou  du 
Sent  plue*  mait  de  yous  bc  sunt  plaint 
Devant  le  Roi  maintga  et  maint. 
Si  conroe  Ysengriat  voa  coopères. 
Et  xliat  Renart ,  çou  eai  uns  leres  : 
De  quoi  le  plaint ,  dites  le  moi. 

645o     Leoniaut  disi,  foi  que  vom  doi , 
Il  dist  «en  ûl  pendre  fetiatet, 
St  aen  autre  fil  ooetiates. 
Mais  raitleode  en  est  sour  le  Roi , 
Si  avés  ouvré  contre  loi 
De  se  fenie  vostre  «oninere. 
Et  ai  dial  foi  k'il  doit  sen  père 
Ke  en  la  forieat  le  fesistes 
Depinier,  dont  trop  meffesiatea, 
Car  on  dist  ce  fu  sans  raison. 

6460     A  uNUiiere  de  csmpion 

S*en  oonbiiti  en  camp  meslé , 

Ft  là  9olM>n  de  Terité 

Que  il  n'ot  coupes  en  ce  cas. 

Derant  le  Roi  Tibiere  li  cas 

Se  i^Iainst  de  vous,  jeV  oi. 

Et  Cantecler  Ir  kos  ausi 

Se  replainst,  et  en  plaine  Court, 

K'olr  le  porent  li  plus  sourt.  - 


LE  NOL'VEL.  391 

Si  se  plainst  li  Lupars  de  vous, 
6470     Et  Ysengrins  c'aodoi  sunt  cous, 

Et  li  Rois  mes  père  autresi 

Traï ,  decéu  et  iiouai 

Sont  par  vous  de  vostre  aïinant. 

Car  ma  Dame  en  tenés  soignant, 

Le  luparde  et  Hiersent  ausi. 

Et  Renart  dist,  je  vous  afi 

Par  foi  com  ioiaus  chevaliers, . 

Mi  centisme,  s'il  est  niestiers, 

Conque»  le  deshounour  le  Roi  * 
6480     Ne  fu  viers  me  Dame  par  moi , 

Ausi  ne  fis-je  as  autres  Dames 

Dont  sour  el€s  doie  estre  blâmes  ; 

Mais  servies  jou  et  mi  gent 

Les  avons  par  foi  ioiauauent. 

Et  se  nus  el  dire  en  voloit, 

Je  di  que  il  en  mentiroii:. 

Et  l'en  rendroïe  recréant , 

S'il  en  voloit  aler  avant 

Par  avoé  u  de  raen  cors, 
r»49o     Mais  que  cou  fust  Bruians  li  tors , 

U  li  lupars,  u  Yseagrins, 

U  Dans  Roeniaus  li  mastins 

Ki  tout  sont  gent  fort  et  poissant; 

Mais  g'i  sai  inen  droit  si  très  grant, 

K'il  n'aroient  pooir  à  mi. 

Sire  Lioniel ,  je  vous  pri 


39*  REIIART 

Que  vous  eoviers  ie  Boi  faciès 
K.'entre  nous  deus  ait  amistiés; 
Quant  vous  plaist  en  ftoén  râler, 

6Soo     Et  les  trois  Damés  remélDer ,' 
Et  autresi  vos  conpaignons,    ' 
Et  si  vous  pri  en  gerredona 
K*à  demain  aions  parlement 
Jou  et  K  Kois  d'acordement 
Par  quoi  je  puisse  è  lui  parler: 
S*ai  mefTait ,  près  sur  d'amender. 
S*il  ma  métrait,  je  li  pardoins; 
De  oeste'paSa  le  don  vous  doins, 
Et  ù  sai  bien  quant  le  saront 
65io     Mi  gent ,  que  il  m'en  blasmeront. 
Car  dis  tans  ai  gens  que  ii  Rois, 
Viers  moi  a  tort ,  miem  est  li  drois , 
Biais'  pour  çou  ne  le  lairai  mie  : 
Il  s*essauce  ki  s'umelir 
Montés,  vo  prison  vous  pardoins, 
Et  tous  vos  conpaignons  vous  doins , 
Kt  les  trois  Dames,  en  mener   . 
Les  poéa,  vous  n*avës  qu'ester. 
Por  Dieu  parlés  au  Roi  pour  mi 
€5so     Par  quoi  il  m^tiegne  à  ami  : 

Sour  vous  m'en  met  con  d'amender 
De  qUan«€'oserés  detnander. 

Lioniaus  voit  k'il  dist  raison  , 
Puis  monte  où  destrier  Arragon 


LE  NOUVEL.  393 

Trestous  armés  si  com  fu  pris, 
Od  lui  si  conpaignon  de  pris; 
Et  Dame  Orguilleuse  monta , 
Leoniaus  ses  fîus  Tadestra. 
Li  luparde  et  Hiersens  montèrent , 
653o     Assés  fu  ki  les  adiestrerent. 

Tout  ensement  viers  l'ost  s'en  vont 
Tant  que  as  tentes  venu  sunt. 
Quant  les  ont  parçus  cil  del  ost , 
Au  Roi  le  vont  dire  tantost.. 
Li  Rois  i  vint  plus,  tost  k'il  pot, 
De  joie  ne  puet  dire  mot, 
Et  le  premi^  mot  k'il  parla , 
Ce  fu  quç  il  les  bienvigna 
Tous,  mais  as  Dames  fist  sanlant 

6540     De  poi.d'amor  et  lor  dist  tant , 
Lioniel  biaus  fius,  se  n'estoit 
,  Por  vous ,  mes  cors  se  vengeroit 
Dç  vo  mere  ki  m'a  houni , 
Et  de  ces  deus  autres  ausi 
Ki  ont  fais  wihos  lor  maris , 
Dont  en  mon  cuers  sui  moult  maris. 
Et  Lioniaus  li  respondi , 
Gentis  pères ,  pour  Dieu  mierci , 
S'autrui  qu'à  vous  çou  dire  ooie, 

655o     Oiant  tous  l'en  desmentiroie 
Et  l'en  feroie  recréant , 
S'il  çou  porter  voloit  avant , 


M  AIR ART 

AntiM  tQur  moa  «eval  là  fors, 
Ke  ioiau»'IXnw  ett  de  sen  oon . 
Et  ani^cet  •«!»«■  deiu  Ovtes, 
R'I  tort  «tt  aour  eltt  diffiuiM» 
Vilnim ,  c^offin^joa  à  prouv* , 
Se  nus  en  «olott  niesparler. 
ISiiit  m  lèvent ,  nu»  ne  parla  » 

6S6o     Et  Lioniaut  ga  Roi  dit  a. 

Tout^^n  (|ue  Reiiart  ii  ol  <lit , 
Que.iroaairTét  devant  Qît ,    * 
L*ouiiouiç  k'tl  lor  (^ ,  «t  ïm  grits 
K.11  a  ^ant  et  milliert  ot  çmu; 
Conlitiuii  àa  DOS  ei^a  inen  tint. 
AiiK  tel  joir  ni'  nos  nv(Qt 
Coff  de  ^u  j  s'a  lui  a  von»  fiais. 
Trop  »et  d^  geires  et  «le .plais. 
S'n  voloit  tuit  aérien»  09», 

6570     Soie  merci  que  je  sui  vb 

Et  mi  coopaigDon  enacmeot. 
A  deuiain  jour  de-parleofieni 
Aiiens  à  loi.  Li  Eois  Totrie 
Et  toote  l'autre  barounie. 

Pris  fu  li  jour»,lienart  le  seut 
Et  cette  cose  bien  li  pleut. 
A  lendemain  bien  tempremeot 
S'en  vint  Renart  al  parlement. 
Li  Rois  i  ettoit  jà  venu^, 

658o     Od  lui  de  ses  plus  esléus ,  * 


LE  NOUVEL.  395 

Si  conme  li  lupars  Hardis, 

Ki  moult  avoit  et  los  et  pris  ; 

Li  ostrisse»  et  li  grifons 

Et  Ysengrins.  Tous  les  barons 

Ne  puis  mie  raraentevoir  ; 

Mais  tant  vous  os  dire  por  voir , 

Que  Kenart  ot  plus  gent  assés 

Ke  li  Rois,  et  trestous  armés 

Couverteraent  desous  lor  robes. 
6590     Renart  ki  ne  siert  fors  de  lobes, 

Vint  au  Roi ,  si  s'umelia , 

Merci  et  pardon  li  pria , 

Au  lupart  et  à  Ysengrin. 

Que  vaut  cou  ?  Pais  fu  en  la  fin 

Entre  Roi  Noblon  et  Renart  : 

A  Ysengrin  et  au  lupart 

Fist  li  Rois  faire  pais  ausi 

Si  k'il  sunt  à  Renart  ami , 

Et  si  ont  lor  femes  reprises , 
6600     Et  en  plus  grant  fuer  assés  mises 

K'eles  ne  furent  onques  mais. 

Dame  ghile  ki  moult  ot  plais  ^ 

Fu  à  le  pais  et  io  basti ,' 

Car  li«pais  fu  toute  par  li. 

Ce  -fu  drois  k'ele  ert  aournée 

D'une  reube  trop  desghisée. 

Car  ele  avoit  cote  et  mantiel 

Fait  très  le  tans  Luciabiel; 


39^  RENART 

Ses  fist  un»  ouvrier»  de  Blangi  y 
6610     Car  de  avoit  roanticl  parti 
De  lotenges  contre  mençoi  l  •  > 
Bordé  d*UD  orfriaiel  dantroi^Ui  , 
Et  de  proumetre  sans  douner 
L*avoit  fait  à  porfil  fourer. 
L*atache  en  ert  de  doubleric , 
Et  li  tassiol  de  loberie; 
De  fiiuse  couvenenoe  avoit 
Capiel  sour  son  def ,  et  s'estoit 
Montée  desus  une  mule. 
66ao     Plus  mervilleuse  ne  Tu  nule, 
filance,  bise,  bleue  ne  perse 
Ne  fu ,  mais  trop  estoit  diverse , 
Car  de  ert  toute  tavelée 
Par  le  cors  de  fause  pensée  ; 
De  mentir  et  de  parjurer 
Lot  fiute  de  nouviel  Herer. 
De  fiuiseté  sambue,  et  siele 
Eut  ki  fiûte  ert  toute  nouviele 
Dedens  le  ville  de  Hediii. 
663o     Uns  lorains  ot  fait  à  or  fiu 

Ki  de  faus  jugement  estoient  ; 
Fol  sunt  cil  ki  à  çou  sïipoient , 
Moult  en  aront  mauvais  loiier. 
Biais  je  ne  voel  pas  oubliier 
Gonnient  la  roule  estoit  nommée, 
Fauve  ert  de  se  Dame  npielée. 


LE  NOUVEL.  3y7 

Tout  ensement  vint  Dame  Gliille 
Avoéc  Renart  à  ce  concilie  ; 
Le  pais  basti  et  devisa , 
6640     Et  fist  que  li  Rois  pardonna 
Tous  cens  ki  erent  si  mefTail 
Son  mautalent  :  c'a  ghille  fait, 
Et  si  fist  ghille  que  Renars 
R'out  Malpertruis,  et  par  ses  ars 
A  repris  se  France  moullier. 
Par  pais  se  vont  entrebaisier. 


198  RS!fA.KT 

6i  lu  ArMrt  ei  Rois  Tiobin  d'rntrrbaiemt  par 

pai$  taisant. 

EirrilE  Rrnart  rt  Koi  Noliloii 
6660     Et  toute  II  ot  i  bandon 

SVntrebaifeiit  par  gnint  concorde  ; 

A  tout  les  baron»  fis!  acorde 

Renart  et  n  très  ferme  pau 

Ne  puis  véoir  genre  i  ait  mais , 

Car  tuit  sunt  devenu  louvicl 

Cil  ki  aoloient  estre  agniel. 

Li  Clergiés  ki  nos  déust  paistrc 

De  lioines  œvres  com  boins  paistn-. 

Et  mener  en  firance  pastore, 
6660     PTont  mus  de  tele  cose  cure  ; 

Puans  luxure  et  gloutenir 

Et  couvoitise  est  iaus  amit*. 

Il  nous  dient ,  ciessés  dVmbIrr, 

Et  il  vont  méismes  reuber. 

11  nos  loent  humclité, 

Et  il  ont  orguel  en  cierté. 

Li  Leu  puéent  ore  estre^ras. 

Et  de  nos  brebis  lor  degras 

Faire,  no  pastre  ont  lor  voue 
6670     Au  jour  d'ui  priés  toute  perdue. 


LE  NOUVEL. 

Lasses  brebis,  fuiiés,  fuiiés, 
Li  Leus  a  ses  dens  aguisiés 
Pour  vous  meiigier  et  devourer. 
Nous  no  poons  bien  trop  fier 
En  nos  paistre*,  que  raaisemeut 
Tienent  de  nous  à  Dieu  couvent. 
Por  Die«  ne  nos  i  fions  înie , 
Car  ce  seroit  double  folie  : 
Soions  soigneus  de  nous  garder, 
6680     Li  mors  vient,  nous  n'avons  k'ester 
Axoec  li  vient  Satans  li  leus, 
De  nous  tnengiér  tous  familleus. 
De  dévot  cuer  merci  crions 
A  Dieu ,  et  nous  merci  arons. 
C  est  que  à  nous  pardonra  s'ire 
Li  Rois  des  Rois,  li  très  dous  Sire; 
Lors  n'ara  mais  Satans  pooir 
Sor  nous,  ce  vous  di-jou  por  voir. 
S  en  l'amor  Dieu  persévérons, 
G690      r*or  noient  Satan  douterons; 
Mais  se  li  e*tore  ne  ment , 
Au  jour  d'oi  va  mais  autrement. 

Li  Rois  a  fait  pais,  ccst  nos  cors 
As  visces ,  et  s'a  bouté  hors 
Les  vertus ,  s'a  mis  en  ce  lieu  ; 
I^enart  poi  doute  le  grant  Dieu, 
Le  grant  Juge  ki  Dieu  sen  fil 
Nous  tramist  pour  geter  d'escil, 


■^99 


«oo  R  EN  A  HT 

C'est  d'Inficrf  rumainc  lignic  : 

67CM>     Onquet  ne  fu  riens  mieus  lignic 
Con  li  Sires  ligna  sa  corde , 
C'est  son  Fil  cui  miséricorde 
Poons  par  droit  non  épicier, 
K.i  ça  jus  se  vint  affubler 
Dou  sac  de  nostre  humanité 
-    Sour  l'or  fin  de  se  Déité. 
Cett  que  il  prist  et  car  et  sanc 
En  ce  saint  ventre,  vu  cf  saint  (laïur 
La  Mcr^  ^irge  Bfari< 

6710     S'en  deffist  le  voie  marrie 

D'infier  par  le  mort  k'il  souflfri. 
Ce  fist  amours  ki  li  ofTri , 
Moult  le  devons  de  cuer  amer, 
Quant  poar  nous  en  Crois  si  amer 
Bevrage  but ,  con  mort  amere 
Jamais  n'ert  nus  si  fius  à  mcrc. 

Or  revenrommes  à  le  pais, 
Car  il  en  est  bien  tans  huiroais. 
Li  Rois  a  fait  lors  apieler 

6710     Devant  lui  le  cok  Cantecler, 
Faire  le  fist  pais  à  Renart. 
Atant  li  parlemens  dcp.u  t . 
Fors  tant  que  Renart  lit^l  au  Roi , 
En  Passe-Orguel  venrés  od  moi, 
Et  toute  vo  gens  autressi. 
Et  li  Rois  li  dist ,  jou  Totri , 


LE  PJOJ[/VEL.  4oi 

Et  puis  conni^ça  à  cantev  : 


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■      ■ 

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■       ■ 

Avoec  telc 

conpalgnie 

doit  l'en 

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s 

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^B   ■      I 

Bien  joie  mener.  y-' 

Ançois  que  ses  cans  Tust  pprdis^ 
6730     Estes-vous.  criant  à  haiis  cris 

Blancart  l'ours,  et  s'en  vint  au  Roi 
Et  li  dist  :  Sire ,  par  ma  foi , 
Helas  !  vo  na^e  ele  est  per^ie  ^ 
El  ciel  l'enporta  uae  nue  :  ■ 
Quant  cou  perçm  en  mer  sailli, 
Tous  sains  et  saus  sui  venus  chi. 

te 

Quant  li  Rois  Vqfj»- Ji\MkPot  parler, 
Aq^s  conmença  l\  pToror  ; 
Mais  Renart  si  le  rapaisii , 
6740     Que  li  Rois  se  nave  oul)iia. 

Boines  gens.,  no  nave  perdons 
Quant  as  visçes  nous  acordons, 
Et  adossoHS  le  dous  Aigniel 
K'en  Crois  fist  de  so^  cors  niaisiel. 
Por  nous  francir  souffri  le  mort, 
Chi  doit  cascuns  prendre  cuer  fort 
Des  biens  faire*  et  de*  maus  laissier, 
Si  en  arons  Dieu  de  louier. 
Ne  perdons  pas  no  nave  ensi 
IV.  2G 


4oa  RENART 

67S0     Cluiii  tUi  Nubie»  (|uant  s'oMigi 
A  Ileiiart,  dont  il  fist  que  fols, 
El 'à  n^ftre  oés,{f4  un  lais  co». 
La  D^el^  telc  cure  monta 
"^  Ke  jamais  ocu ravalera, 
Sf  Dieia  nel'  fait  par  ta  bonté  : 
Okr  e^aous  a  poi  ca|||iï ,      * 
Foi  affftB  y  5  amons  trop  Roaart , 
d^ut  kl  de  Dieu  nu>  Ucpart, 
Par  l^ui  li  Rois  a  oubliée 
0760     Se  naYC.  Dolen%iournéc 

Fiat  li  Rou.  D'autou  ne  got  mie 
Ri  lu^méismes  entr  oublÉ|s       0k 
Et  pour  le  Roi  reconforter  •'. 
Prist^enar^en  haut  à  caoter 
Che  effet  j^ement  ai^  : 

p    ■  j  ■  j  ••.:•! 


È 


Je  niuir,  je  tnuir  d'amourctes,  lui 

"1  ■  J'1  ■■'■J^^ 


Aimi!  par  defaute  d'aôltete  et  de  merci.  ' 
Quant  ceste  cançons  |u  cantée, 
Dame  Ghille  par  grant'  posnée 
S^en  vint  dessus  se  nuile  ambiant. 
6770     La  Dame  a|[oient  gdestrant 

76i5|AiDei,  daine*,  li  Ihu^en  va        * 
3736 1  Onque*  n'ot  joie  qui  n'ama.  • 


LE  NOUVEL.  /,o3 

Orghilleus  et  Renart  andoi  : 
Ensi  vint  Ghille  jusqu'au  Roi, 
Et  lors  U  a  boin  jour  oré , 
Et  Nobles  a  lues  demandé 
D'Orguel  ki  est  cis  damoisiaus 
Ki  si  par  est  ceintes  et  biaus. 
Et  Ghille  ki  moult  fist  que  sage , 
Li  dist,  il  est  de  vo  lignage, 
Pius  Proserpine  ,  et  l'ot  d'Orguel 
6780     Vo  fil.  Dist  li  Rois ,  je  le  voél 

"Avoir  od  mq^ ,  s'iert  o  mes  fius , 
Son  père  saale,  il  est  gentius. 
De  joies  en  prist  à  canter 
Orghilleus  hautement  et  cler, 
Pour  amor  son  taion  le  Roi  : 

i        '  '  *T"    ■  ■  ■  T»= 

Prendes  1  garde ,  s'on  'nos  regarde , 

S'on  nous  regarde,  (lites  le  moi. 
Enpriès  (*è'<?ant  sont  arouté 
ft      T^out  cil  del  ost  et  sont  entré 

En  Passe-Orguel  par  le  grant  porte. 
6790     Lors  canta,  c'amours  li  enorte, 
Li,  Bievres  t[ui  moult  fu  jolis , 
Ce  chant  qui  moult  fu  bien  oïs 
Et  en  riant  en  haut  le  dist: 


m 


=^ 


ilareul  li  maux  d'itiu  i  lu'ognt.  ' 
K)  <|uanl  (<  <*ii^  fnilli, 

Ghille  cant^  et 
A  plain  diant  iKi  t*l  Uatitcinnit. 


È 


^m 


Amours  ne  se  doone  ii^e,  ni  se  vent 

Il  irctt'hus  qui  »oit  atniVs'il  i\a  argent.  * 
'An^is.k'il  fuisseuf^rvi  rm 
6890     Au  gr.ii  *      '  :<•  Li  Renaît  lu, 
*•  Fu  li  C4..,  -    «iliillc  par  dile. 
Lors  li  BÎAs  là  Hoinc  encite 
D^  canter,  cl 'de  si  G&t 
Ku  haut  que  li  rucjen  tcntist , 
Ce  cant  t[\ï  en  rougi  sa  couiourâ  : 


I 


Uicus  !  ilounés  à  mon  ami  pris  d'armes 

^■.  j        I      .^^ 


Joie  d'amours. 

'  38     Pwi  robe  entire  d'amour^ 

De  joie  «flcooMie. 
r>9    Seorpris  toi  d'ampretc^ 
Seurpris.  {AU) 
•      38     Amonrs  nV»t  mai»  for»  glniic  i-l  rmiirdie, 
Cascun^  le  faas«  et  amis  et  amie       * 


68io 


LE  NOUVEL. 
Lors  descendirent  au  palais, 
Aine  tel  joie  ne.Gst  nus  mai§ 
Com  Renart  fist^et  au  descendre. 
Ln  Roïne ,  !'a  couru  prendre 
Renart,  et  l'aide  à  desinonter, 
Et  en  cou  prist  haut  à  canter 
Ce  cant  en  lui  liumeliant  : 


/,o5 


S 

■        ■ 

"«            ■          ■ 

k 

'                         ■          ^        ■ 

n    ■  ■ 

Daine  eL  amours,  je  vous  pri  merci 

%                     ^H        ^ 

c 

^    ^^           ■■        ■ 

De  cuer  souspirant.  ' 
Empriès  couru  Gliillàin  aidier, 
Ce  fu  drois,  Tuiis  ot  l'autre  cier,^ 
S'en  fil  di£?'fcis  cans  de  Renart  : 


^i^ii^TR 


llounis  soit  ki  vrais  amans  départ  ! 
Empriès  descendi  li  luparde , 
6820     Et  Rofe  Nobles  ki  s'en  prist  garde , 
Le  couru  aidier  à  descendre , 
-      Et  en  cou  que  il  le  dut  prendre, 
Fu  cis  cans  dou  Roi  Noblon  dis  : 


ft  _  m  '     m   _   m  ^      I 

i  ■-- ■     "   M      ■ 


Daiiu;  ki  mon  cuer  avés  pris, 

'  ''y»  761^     Aiuoqrs  tt^n.i  daine  aussi, 
Et  373^     Jointrs  iinitT'î  vous  prni  mrrri* 


4o6 


RENART 


Je  sui  h  vos  loiaus  amis. 
Einpriès  ce  cant  li  respajjrii 
Li  luparde ,  en  cantant  ensi 
Ce  motet  pbin  de  mélodie: 


f>  •  j>if  ii-ff^ 


I 


Vous  ares  la  tigouric«  amis,  de  moi  / 


t 


Çpu  que  mes  maris  iK'a  liK^e  * 
Empriès  Unatc  li  marmote 
683o     Desceodi^s'ot  mtntiel  él  Cote 
Vermeil.  R  Bi%vres  li  aitl^:^> 
Et  en  çou  d'uii  cler  ton  canlà 
Ce  cant ,  coiune  l|pm  d'amors  âpri^  : 


È 


^1  -  ■     J     ■  ^  ,J  I 


Jl     ■ 


I 


Pour  VOU&,  amie|le  liaiU  pris,  serai  jolis. 
Et  quant  cius  q%K>r  dit  snn  eant ,     ^^ 
Celé  recanta  pie  estant  ^T 

Cfi  motet  plaisanj(  il  joli  : 


£ 


t 


Hé!  Dieus,  si  trè^dcAure  vdis  a  en  ami. 

'  Le  chant  de  ce  .aeal  motyeaa  Mt  aniforme  cUmis  le*  troi». 
manoscrits. 


■* 

/^NOUVEL.  ^         407 

Eiipriès  celi  est  descendue  » 

6840     Hersent ,  et  RenU^  ses  iols  rue 

Oéle  part,  et  le  descend i ,  ^* 

Et  puis  dist  en  cantant  ensi 
Cler  et  haut  d'aitiorous  cuer  gai  : 


-*-i- 


^ 


A  Dieu  conmant  vieles  amours,  nouvieles  ai. 
Et  quant  Hieip^ens  çou  enteqjli 
De  honte  H  frons  \\  rougi  ; 
Ifors  canta  à  haute  alencc  : 


I 


WH^ 


t 


Fause  amors,  je  voq^  doins  congiet , 

—m — % m~ 


tsps 


J'ai  plus  loiaus  trouvée.  ' 
Enipriès  descendi  en  la  place 
685o     Me  Dame  MehausTi  agac^, 

Si  li  aida  à  raetre  jus  1 

Waukés  li  gais  ki  l'amoit  plus 
Ke  riens  nule,  et  pour  li  canta 
Ce  cant,  et  haut  le  conmença, 

'.y6i5  et  iy3('y     A  bouc  dame  loiauz  sui  donnez. 
'  Dans  le  manuscrit  69,  ceci  est  chanté  par  Rcnart,  au  lieu 
du  morceau  précédent  ^et  Hersent  chante ,  «^ 

V  Se  j'ai  i>crdiip»  mrs  amors 

Dipx  va  cm  envoie  unes  meillor». 


4o8  RENART 

•  CoAi  cius  ki  aime  de  grant  foi. 

*  A  mpL  Dame  sier^îr  ai  mis  mon  Quer  et  moi.  ' 

T-'f  qtiaMt  cius  ot  son  canl  canté , 

i.    •■  cil  (-autant  a  liAiit  crié 

Ce  cliant  clet^ct  liant, de  cut^  gai  : 

F  *  ■  .  ■   ■     *'•"  iij      I  = 


6860     J'ai  amé  et  tous  jours  nmerai.  * 
Atant  e*-^ous  Dajiiic  Uour^^ 
Le  ûS^me  moult  acoff^té^ 
Chantant  ce  rondet  de  cuer  gai  : 


HW/T  ■  jn^j^sn 


De  capelet  de  ^nçv^nche  novclet  ami  ferai. 
Tout  ù  ^cantaat  dcscendi, 
Sinsons  li  roainmounés  loi 
Ki  Tavoit  aniée  gvtnt  tans , 
Acolc'e  Ta  par  les  f|^ns, 
Si  le  mist  jus  dou  palefroi , 
6870     Car  il  lampit  en  boine  foi  ; 
El  pour  lamouf  k*il  ot  à  Ij , 
DJst  en  haut  ce  motet  joli 

373c    Hé!  «iiioaret^f  m'ocirrét  tous  doih. 
69    Onques  mai*  Danif  en  u  Ti«  • 
N'ot  corr  ci  gai  conmc  j'ai , 
Amoan  en  merri ,  par  li  l'ai. 


I 


E 


LÉ  NOUVEL. 
Con  cil  que  fine  amor  guerroie 


409 


Diex!  je  ne  porroie  sans  celui  durer 


5 


t 


Qui  nie  tient  en  joie.  ' 
Quant  Cointeriaus  li  singes  lot, 
Dedens  son  cuer  grant  doel  en  ol  ; 
Sanlant  fait  que  Hes  oïst  raie. 
Et  pour  lui  couvrir  par  voisdie 
Ganta  en  iaus  tornant  le  dos  : 


■     ■    i^"^ 


Diousî  je  me  mariai  trop  tes. 


5 


3 


Dont  vient  li  maifs  d'amer  ki  H^ocira? 

'  38     Amours  ne  m'ont  pas  gcrpi , 

Ains  me  destrîiignent  Torraent 

W  -  N 

76i51\iij{i  Dame  seiwir  fu  n>i«  mon 
aySy  (  '  Cuer  et  moi. 


6880     De  moi  marier  fui  trop  fos. 
Es-vous  Beline  la  brebis 
Ki  descendi  au  perron  bis 
Moult  jolicment  atournée. 
Et  quant  ele  fu  desmontée, 
Par  grant  jolieté  canta  : 


4io  »S«ART 

Quaiit  lielins  li  i|outons  Toi , 
En  cantant  lors  li  respondi , 
Que  tuit  l'oîn-nt  clerement  : 

!«   ■■■■  ^'"  vH4  ~ 

0«Mne  et  aokours  licmraUlttA  ûS^ 


m 


I 


6890     Mon  cors  nn  MK^t. 

Empriès  ce  ctiM  font  descendues 
Dcus  Daines  jus  de  lor  sambues , 
Et  uni  des  Dames  ot  non  Diere  ; 
De  poU  crt  montl  Irtl    n      *    ' 
Maskdéc  ot  sa  conjja.pUL...  l. 
A  rton  ;  moult  crt  crasse  et  espesse.^ 
A  caikcune  li  tors  Brin  ui>         ^^^ 
lll^troit  que  il  estoit  h 
Cascune  le  cuidoit  par  li 

(^o     Avoir  sans  parcon  à  ami. 
Oîi  deioendrc  de»  palefroi:» 
D'ellciwieus»  dVne  douce  vois 
Fu  dis  joUemeDC'tùjLpns  :A 

De  nostre  conpaiguic  ne  soit  nus 


J        I  ^'^. 


.  S'il  n'est  amans.* 
Et  quant  BruialB  li  tors  ICs^t, 

T 


LE  NOUVEL. 

Viers  eles  vint  plus  tost  qu'il  pot 
Gantant  joliément  ensi  : 


4*1 


3 


Pitiés  et  amours  pour  mi  priés  à 


î 


Ma  Dame  piierchi. 
Entre  les  dcus  Dames  se  mist , 
6910     L'une  cateille ,  l'autre  rit , 

Tant  que  Blere  s'est  parcéue 
Que  de  Bruiant  est  decéug. 
Lors  dist  ceste  canron  ensi': 


I 


l^'TT-.'JS 


I 


Je  cuidoie  avoir  ami  ori  ori ,  mais  je 


Ai  à  tout  failli  ' 

Sitost  que  Blere  ot  dit  son  cant, 
*^^     Maskelée  vint  à  Bruiant, 
Et  li  pria  que  il  desist 
Un  cant  por  li,  et  il  si  fist, 
Mais  que  ce  fu  de  cuer  gaillart: 


5 


J'apielerai ,  se»Dieus  tte  gart ,  de 

38fOr>.ai  failli  à  nnu 
3736  (  Fâusée  m'a,  <i  pois.   nu. 


4i» 


RKNART 


69^0     Traison  vostre  rcgari  ' 

Fnpriès  ce  cant  Brtuaiu  ii  ^lu 
Que  pour  s'amour,  &c  li  platst,  die 
'^^^^hi  cant ,  et  cde  counicnva      ^ 
Ce  cant  et  à  Rruiant  dit  J'a     .-^  ^ 
Ea  hai^,  bien  veo^|^Qe  cescun  l'oie 


p     J  J  J ■    1"J  ■  ,«4 


Ne  suia^^  lés  mon  ami ,  «Époile  mi , 


t^' 


1  ■  l*  ^^    ^ 


69Î0 


Qui  veut  si  m  en  croie. 
Et  quant  Maskeléc  ot  canté, 
Blere  en  rbiant  li  a  èonté 
Conmtnt  tles  sunt  deccues. 
Dont  ne  se  sunt  mie  feues, 
oescunc  ce  chant  chanta  : 


M 


H       ^  ,  w.,  i)M>^' 


Je  sui  joUete  et  jolis  mVime,^oliete 


373^      Danif,  or  ^111  trains  pw  i  ocot^i 
Dt  vos  imx  qui  «ont  ffm^hmm 

7615  fDoiM  ami»,  voiu  le  <li 
st'Jô  (  MesdiMat  sont  noatn  aneiui. 

38     Mrs  amis  n'ose  à  ni  paKer 
El  (fni  crîhxï-il?  *, 


LE  NOUVEL. 


/ii3 


Amour  i  a.  ' 

Empriès  cecant  Druians  respout 
En  cantant  quanqu'il  pot  adont , 
D'une  vois  rauete  ce  cant  : 


S 


*M 


5 


t 


Hé!  mcsdisant,  cius  vous  cravcnt  ki 

«ll 

m  ■ 

^i^ 

kS                 ■          ■       J 

■  i*"        ■ 

^^ 

_J 

■ 

Soiir  tous  a  maistrie  !  Maint  amant 


^ 


tl 


%^% 


-»=■ 


Avés  fait  dolunt.  * 
Enpriès.ce  cant  vint  à  grant  route 
Li  martre;  non  avoit  Escoute, 
Ses  maris  "fiut  encontre  !i, 
6940     Del  palefroi  le  dcscendi , 

Et  la  Dame  dist  par  dosnoi  : 


^ 


Jà  ne  larai  por  mon  mari  à  dire,  li 

i 
'  38     Ki  en  amours  tiiie,  m    iniiit, 

Il  se  hpunist  s'amouis  ne  ment. 

■ffifS     .lolietement  iriKticiU  {i  iiiaiis  d'amer 

■jyj^i  .lolietement.  * 

7615     Je  ùe*pâis  saniferaours  durer. 

Ce  me  fcl  servir  et  amer. 
373^     Hal<eii  !  li  mau»  a  amer  m'ochisf. 

'  Il  Y  a  amonretuement ,  au  lien  deJoUetenunt. 


4<4 


RENART 


Il     ^    ,i|',1^ 


Iprns  amis  jut  anuit  avequcs  moi. 
"^ant  ses  maris  Ta  entendue 
Il  Tahiert  et  lors  la  batue 
disant  çou,  car  plains  d'aïr  Tu  : 


me  tu  ?  amerfs  me  tu , 


t 


& 


tu? 


àiMMUme  tu?      ^ 
L^Rli%^  ^Aite  «cap^, 
Ft  puis  s  esc  Sr  haut  escriér 
En  cantant  si  coa^ous  Méê  : 


f     .'T-l 


D  amerOmy 


69S0  Maris,  poucMpioi  n  ameroi^  puis  que  vous  âmes 
Lors  atant  es>vous  cevauçant 
Noble!  Bl  Noblog^adestraAt 
I/once  me  Dame  0utrecui4jie. 
Pour  s'amour  Hks  N|||ir8  s'escrie 
iMaiiis  d'airiourouse  Yo|enté: 


■m-^m- 


2ES 


Vi.iis  I)i»\'  ki  nieii  garira?  Amours  inpnt  navr*-  ' 

^^     ^'-      ^ij     Amours  m'ont  t^ioucilfmciil,  Mi»i  «, 

^  Qae  mon  cnertft  ma  penné** 

*    •  Sont  dnu  tout  m  tout  en  H. 


9 


LE  NOUVEL. 
Outrecuidie  empriès  ce  cant 
En  rêva  mie  autre  cantaot 
Clerement  et  de  cuer  joli  : 


4ir, 


S 


5 


*-^ 


Amis,  ne  m'oublies  mie,  car  onques 


S 


-*— ir 


6960     Ne  vous  oubli.  ' 

Estes-vous  venant  le  grant  r 
Le  cievre  me  Dame  Barbue, 
Gantant  ce  cant  à  vois  série 


11 


M— ^ 


F*«-t-- 


5 


Certes  or  n'est-il  vie  que  d'amer,  que 


M   ■  r»-j"^ 


4= 


Que  nus  ^e.  " 

Bernani  bus  Belin  le  mouton , 
Quant  vit  la  Dame  et.  le  cançon 
Oï,  contre  li  bras  tedaus 
^^Vint,  del  palefroi  le  mist  jus, 
^'^K'araée  l'oLplus  de  set  ans. 
^^o     Lors  por  s'amour  fu  dis  cis  caus 
9  Joliemciit  et  liaut  et  cler  : 

-'il  )     l'i  iiiauz  (le-  vostir  amour 

Que  j'ai  ami.  > 

'         .♦ 
'  38     Ksgardés  quel  ^ie  nous  menons 

Vous  qui.n  âmes  mie. 


ili6 


RENART 


p     J  ■   1    1^   ■   ^nlqtr 

J(*  n<*  puib  ^iits  ainutir  durer. 


Cil  me  fail  servir  et  anier.  '         *Hr 
Eupru-s  ce  cant  cs-voiMji^uMiot 


Voire  le  juipeut  tout  dflltfnl 
Ce  cant  cler4b(-*nt  à  graiit  joie: 


^^ 


nWl  ni' 


^Ë- 


*5ï 


Ne  sui  pas  lés 


mi, 


^.  J  ,  J 


Psa 


* 


Kl  \tii!  si  tn*«*n  croir. 

•  ^  Pasne  BatHluin , 
'^tH>^     '^itPP'^  l'aino  11  ruer  fin  , 

Kfle  mi»l  ju»  tlel  palefroi^ 
Car  il  Hamoit  en  lioine'foi 
Et  ele  lui ,  s'or(*nt  joî , 
Por  çou  dist  BaUcIthni  eiisi 
Ge  caùteo racolant  h'.nnie  : 


m 


-■-i^j--j=M 


Ne  me  : 


le ,  ne  me 


* 


.^imk—mI^ 


^Moiiii'S  mie. 


38     Dames  puUr  luuc  «ktn 
N'iert  ma  volontés  caiieif 


LB  NOUVEL.  417 

Eupnes  ce  cant  s  en  vint  le  cours 
Dame  Brune  feme  Brun  l'ours, 
Gantant  esprise  d'amouretes  : 


* 


ne 


Adès  sont  les  sades  brunetes  les 


S 


lf"%- 


6ggo     Plus  jolietes. 

Contre  li  vint  Bruns  ses  maris. 
Pour'  ce  cant  lies,  non  pas  maris; 
"Lors  le  descent  et  si  Tacole  : 
En  haut  ce  rondet  de  carole 
Dist  oiant  tous  à  grant  dosnoi  : 


* 


s 


Vous  ne  le  savés  mener  la  bruncte 


* 


I 


Lés  l'aunoi ,  la  brunete  lés  l'aunoi. 
Estes-vous,  Pintain  le  gheline 
Sour  un  palefroi  de  ravine 
Canlant,  s'estoit  un  poi  rauete: 


iEi 


-%-»- 


È 


En  non  Dieu  j'ai  biel  ami  cointe  et 


■  i^   ■ 


'  1  >■ 


7000     ^olis,  tout  soie-jou  bruncte. 
IV.  .  27 


4l8  RF.NART 

Estes-voas  le'cok  Cantscler 
Ki  II  aida  à  desmonter. 
Et  quant  il  a  véu  son  vol , 
Si  li  a  mis  le  bec  au  col , 
Car  il  Tamoit  de  fin  talent  ; 
Et  pour  faire  plus  liéement , 
Chanta  ce  chant  cler  et  seri  : 


I 


'^■■^■■■« 


Je  muir,  je  muir  d^amouretes ,  lafwaimi! 

■   %■■    "   ■■      ■ 


I 


Par  defautc  d'ainiete  et  de  niierchi. 
Pinte  li  rcspont  en  oiant 
7010     D'une  vois  sierie  en  cantant. 
Car  ele  Tamoit  de  cuer  vrai  : 


■     B     ■ B— ■ 

Prendés  ce  garçon ,  metés  le  en  prison , 

-J ■ ■ 


t 


Couart ,  couart  le  trouvai. 

Enpriès  ce  cant  prist  à  canter 
Chanteriaus  li  Bus  Cantecler, 
Tout  por  Demisiele  Titain 
K'il  amoit ,  le  fille  Pintain , 

69    A  b  phu  MTeronaete  do  mont 
Ai  mon  caer  doané. 


t 


LE  NCUJVEL.  419 

Si  par  haut  que  ses  nés  en  saine  : 


^ 


^ 


I 


Pour  quoi  ne  crie-jou  liahai,  quant 


Jou  ne  truis  ki  m'aime  ? 

Empriès  ce  cant  prist  Tite  à  dire 
7020     A  se  mère  de  cuer  plain  d'ire. 
Pour  çou  que  deflfendu  li  ot 
Canteriel  à  amer,  ce  mot 
En  cantant  d'amourous  cuer  vrai 


È 


^ 


s 


I 


Vous  ce  mi  defTendés  l'amer,  mais  par 


^ 


Dieu  je  l'amerai. 

Es-vous  le  feme  le  taisson 
Desus  un  auferrant  gascon 
Moult  joliement  à  sembue, 
Et  s'estoit  de  dras  d'or  vestue, 


Si  chanta 

ce  chant 

■  ■  ■ 

esrauée 

■  g 

_ 

■ 

_■ 

.  ■ 

■     ■'                                                    1 

■ 

D'un  jolif  dart  d'amoreites  sui  navrée 

par 

k         ■     ■ 

■     - 

■ 

"fc     1 

■ 

-     ■  ■ 

"  ■ 

'     1 

^ 

7o3o  Mon  regart:  Diexî  si  li  plest  forment  m'agrée.  ' 


38     Houuis  soit  ki  blasmera 
Le  rie  que  nous  menons. 


4so  RENART 

Contre  li  ses  maris  Griiiibirrs 
Vint  ki  viestt  cstoit  de  piers , 
Encontre  sa  feme  cai)tant  : 

P  ■■■■'■■'  ■  'Jr 

Dame ,  à  vous  sicrvir  m'otroi  tout  mon  vivant. 
Ensi  descendent  cantont-tuit 
Un  et  autre  |>ar  moult  graatlM-uit. 
A  nuis  seroit  de  tout  nomer. 
Et  de  Jor  cançons  raconter  ; 
Mais  tant  Vous  di  que  le  mengicr 

7040     Ot  fait  Renart  aparillier 

Com  pour  assir  deus  tans  de  gens. 
Dont  vint  Cérastes  li  sierpens 
Au  Roi  PToblon  et  l'acola  , 
Lui  et  les  siens  li  présenta 
f.       A  faire  son  conmandement. 
Li  cos  Basiles  ensemcnt 
Li  présenta;  et  li  Ro'rs  eus, 
Renars  et  ôd  lui  Orghilleus 
Ont  fait  en  haut  Te^we  corner. 

7o5o     Conmunement  vont  tuit  laver, 
Fors  que  li  grant  signor  lavèrent 
Premiers  et  lor  mains  essuerent. 


LE  NOUVEL.  421 

6i  kf  fUttûrt  et  It  H^c^  Hoblcs  sirnt  au  mfngirr 
par  pats,  et  €imrrs  li  asiirs  rasost  Hruort 
k'il  aroit  fskwménif. 

Atant  es-voûs  l'asne  Timer 
K'enmi  le  sale  vint  ester. 
Des  armes^Biu  tous  reviestis, 
En  son  venir  fist  moult  d'afflis. 
En  oiant  tous  Renart  r'asost 
Avoecquea  lui  tous  ciaus  de  s'ost. 
Lors  s'en  part,  n'i  ariesta  plus, 

7060     Gantant  Te  Deum  laudamus. 
Adonc  cria  li  counestables 
Tuit  se  voisent  seoir  as  taules. 
Li  Rois  font  sir  au  plus  haut  dois, 
Lés  lui  sist  Ghille,  ce  fu  drois; 
Et  Orgilleus  sist  d'autre  part 
Ki  moult  estoit  fiers  de  regart. 
Par  dalés  lui  Cérastes  sist , 
A  s'escuele  Renars  mist 
La  Roïne,  et  par  dales  li 

7070     Sist  li  cos  Basiles,  k'ensi 

L'ot  Renart  li  rous  regardé. 
Li  autre  se  sont  aissensé 
Au  raiex  k'il  porent  çà  et  là. 


49a  RENART 

Reuart  tous  inoKrtlt  les  huiiora, 
£t  au  premier  mes  aporter 
Pritt  Renart  si  luut  à  lanter 
Ce  motet  ;  grant  cà  fu  li  sons  : 


È 


Honis  soit  qui  blosmera  la  vie 


^ 


Que  nous  roenooN 

A  catcun  mes  vi  •  imk  uiès 

7080     Fu  dite  cançons  u  ruotlès, 
Et  furent  siervi  plenement 
De  ({uanque  lor  vint  à  talent. 
'  Sitott  c*on  leva  dou  mengier 
Fist  Rois  Nobles  Renart  hucier. 
Et  li  dist  qu'il  Het  le  matin 
Lui  et  se  gent  mètre  au  cemin , 
Car  r'aler  vint  en  soa  pais 
Pour  là  revéoir  ses  amis. 
Renart  Totroie;  aparillier 

7090     Fist  se  grande  nave  et  kierkier 
De  çou  k'il  couvient  à  t«l  gent. 
Un  poi  devant  rajournement 

*       38     Biele  coortoiaie  a  de  ce  fait  amor» 

Lille  le  jolie  que  li  pui»  est  retours.  ' 

7615  I  De  tout  mon  cver  bone  amour  •enrirai 
*736  \  Aimer  me  fait  et  donner  qaanque  j'ai. 


LE  NOUVEL  4^5 

Se  mist  H  Rois  Nobles  en  mer, 
Apriès  lui  fist  se  gent  entrer. 
Renars  i  entra  et  li  sien, 
Moult  i  ot  gent,  si  porent  bien 
Entrer  mais  k'il  fussent  dis  tans, 
La  nave  estoit  et  large  et  grans. 
Nus  ni  remest  grans  ne  petis 

7100     K'en  le  nave  ne  se  soit  mis; 
Cérastes  et  toute  si  gent, 
Li  cos  Basiles  ensement. 
Lors  se  sont  fait  desaancrer, 
Mais  ançois  fist  Renars  souner 
Quatre  mil  grailles  et  mil  cors, 
Si  que  la  marine  et  li  pors 
En  tombist  douze  liues  grans. 
Rois  Nobles  ki  moult  est  engrans 
Del  aler,  lors  le  sigle  fait 

yiio     Drecier,  s'orent  vent  à  souhait 
Ki  les  maine  vers  Malpertuis. 
Tout  ramentevoir  ne  vous  puis, 
Mais  tant  vous  di-je  que  li  Rois 
Prise  plus  le  nave  vint  fois 
Des  visées,  et  si  l'aime  plus 

•  Que  celé  qui  fu  des  viertus. 

Ensi  est  de  nous  au  jour  d'ui, 
Helas!  mors  n'espargne  nului. 
Quant  mors  nos  prent ,  dont  est  partis 

7iao     Nos  avoirs  et  en  trois  mons  mis. 


4i4  R  EN  ART 

Et  s'est  partis  si  jinvelmetit. 
Se  U  Escriture  ne  ment , 
Que  cius  ki  a  le  paît  picur, 
Neledonroirpour  le  inilleur. 
Non  pour  les  dcus,  j*en  &m  tous  fis. 
Li  vier  ont  le  cors,  a«  amU 
Est  li  avoin  et  as  pan  i.   . 
L'ame  va  eosiicoro  je  pens, 
C*est  U  u  plaist  Dieu,  mal  u  bien. 
7i3o     Cil  ki  ont  l'avoir  tierien, 

Nel*  donroicnt  pas  por  le^cors 
Ne  pour  lame,  c*ett  mes  recors; 
Et  li  vier,  cil  ki  le  cor»  ont, 
Si  très  bien  à  droit  parti  sunt , 
R'il  ne  vaurroicnt  mie  avoir 
Pour  le  cors  et  l'ame  et  l'avoir; 
Et  ciuft  ki  l'ame  a  en  baillie, 
Séuri  ftui  ne  le  donroit  mie 
Ne  pour  Tavoir  ne  por  le  cors. 
7140     Fuions  Renart  que' c'est  no  mors, 
Car  il  eslonge  de  Dieu  l'ame, 
Et  le  met  en  la  puant  flame 
D'Infier  dont  Dame  Dieus  nos  gart. 
Or  repairomes  à  Renart , 
Et  à  le  nave  ki  s*eo  va 
Plus  tost  que  quariaus  ne  vola. 
Tant  ont  et  jour  *et  nuit  siglé 
K'a  Malpiertrtys  sont  arivé. 


U^ 


LE  NOUVEL.  4a5 

Quant  Dame  Erme  ferae  Renart 

7i5o     Sot  lor  venue,  celé  part 

S'en  vint ,  ses  reçut  liement. 
Là  fist  li  Rois  l'acordement 
De  Renart  le  rous  et  sa  feme, 
K'en  baptesme  avoit  à  non  Erme. 
Là  conmença  et  joie  et  bruis, 
Que  ce  seroit  uns  fins  anuis 
Dou  raconter  ;  mais  bien  un  mois 
I  séjourna  Nobles  li  Rois 
A  cel  déduit  et  à  cel  joie. 

7160     Lors  vost  aler  cascuns  sa  voie, 
Si  k'il  fisent ,  Renart  paia 
Ses  gens  que  cascuns  s'en  loa, 
Chevaliers  et  princes  et  dus, 
Que  cascuns  dist,  je  n'en  voel  plus, 
Et  si  donna  au  Roi  Noblon 
Cargiés  trente  muls  Arragons 
De  pieres  et  d'or  et  d'argent, 
"l^^Et  toute  le  kemune  gent 
.^l^^aia  si  que  tout  s'en  loerent 

fijo    'Al  partir  quant  il  s'en  alerent: 
«^  '    Et  li  Roi*  Nobles  Renart  fist 

Signor  de  ses  coiisaus  et  dist  1 

K'il  gouvernast  son  règne  et  lui. 
Helas  !  ensi  est  au  jor  d*ui , 
La  gen!  font' mais  Renar^.signeur 
Par  quoi  tout  va  mais  à  doleur. 


4s6  BEN  ART 

Lors  Aois  Noblet  Reoart  pria 

Uns  de  tes  fiai  :  il  li  bailla 

Percehaie  son  fil  ainioé, 

7180     Celui  a  Noblon  (lelivfé, 

SVn  fist  li  Rois  son  scaescal , 

El  le  grant  gonfiiDon  roial 

Li  bailla  errant  à  porter 

Por  toute  M  flMt  oat  guier. 

Lors  se  mist  Iiwdu  au  chemin  « 
» 

Avoec  lui  le  leu  Ysengrin  , 
Le  grifon,  od  lui  le  lupart , 
Ensi  de  MaJperiuia  se  part , 
Et  les  danm  tout  eofement. 
719»     Bloolt  les  convvéa  longhemenl 
Renart,  tant  que  li  Rois  Ti  disl 
K.*il4«lournast ,  et  il  si  fisL 
Jusqu'à  Malpertuit  ne  ciessa , 
Et  Nobles  od  se  gent  aia 
JusquMkà  Orgilleus-castieiy    • 
Là  ptiRe  gent  bien  et  biel 
Lor  lèdées,  si  s*en  alerent, 
Et  dbn  Roi  forment  te  loer^ , , 
Et  dient  k*il  n\^t  mie  es£ar&. 
*  7100     Lors  Tint  à  Malpertuis  Renars, 
Conti^  lui  font  joie  t^estuit , 
Li  dragons  t  maine  grant  bruit , 
Li  cos  Basilee  et  Cérastes, 
Aine  mais  tel  cose  n'esgardastes. 


LE  NOUVEL.        ^  /,27 

Souper  vont  et  enpriès  coucier 
Jusque  al  main  que  por  repairier 
En  lor  païs  sunt  alourné, 
Et  en  le  nave  en  mer  entré. 
Vent  orent  bon  et  à  devis 

7210     Tant  k'il  vinrent  en  lor  païs. 
Lors  sunt  à  tiere  descendu , 
Et  H  marounier  revenu 
Sont  à  lor  nave  et  ne  ciesserent 
Tant  k'à  Malpertuis  ariverent. 
Amont  montèrent  el  palais , 
Aine  tel  joie  nus  ne  vit  mais 
Con  Renart  lor  fait,  et  lor  dist 
Cascuns  demandast  et  presist 
Dou  sien  Vil  leur  veut  bien  paiier, 

7aao     K'il  ont  desiervi  boin  louier. 
Li  Amiraus  de  celé  nef 
C'est  li  Papes  qui  a  le  clef, 
Ce  set  cascuns,  de  tout  le  mont; 
Li  autre  marounier  ce  sont 
Cardounal,  Prélat  et  Evesque, 
Cler,  Prestre,  Abé  et  Arcevesquc, 
Cordelier,  Jacobin  et  Moine, 
Prestre  parrocbial  et  Chanoine^, 
Tuit  mpinent  le  nef  de  Renart, 

7280     C'est  cist  mons  qui  va  maie  part. 
Renart  si  est  li  anemis 
Qui  tous  les  a  à  ses  laz  pris. 


4a«  ^  AENART 

Dont  dist  Renart  al  Amiral , 
(Cfesl  au  Pape  et  en  général 
A  tout  le  Clergié  qu'ai  nommé  i 
^""  'ï  soient  tuit  avisié 
'         l'inonder  sourn<:iiirii.  Il» 
Et  il  lor  donra  plai 
Plus  1*11  n'oMTont  demander. 
7>4*    De  çou  vont  Renart  mercier. 
Et  puis  vont  ensanleè  conseil 
De  demander  en  grtnt  fessel. 
Lor  pettcion  ont  (burmée 
Si  cl  tout  le  conmun  agr^ , 
Et  ont  jûerkie  la  parole      *^ 
Au  PiKpf,  c'est  al  Apostole. 
l»r  sires  esl^t  et  lor  rtaistrrs. 
Et  de  tresÛÉbcrestiicns  paistres. 
De  lorooBSy||t  revenu , 
7a5o     Fors  H  Pstfm^  ttfllont 

K*à  Renart  dist  en  haul^  nous  sommes 

Revp"'î  "»    ■   ^  r       '      , 
S'il 

Et;.   . 

Et  à  no 

Ç^  volons  imI  vous  vient  à-grc. 
Renart  respcmt ,  ce  vous  doins-jou , 
Et  si  vous  doins  avoec  tout  çou 
Me  suer  geQ&aine  dameXhilIr 
7a6o     Ki  a  este  à  maint  concflle , 


LE,  NOUVEL.  439 

Par  desus  se  mule  Fauvain , 
Et  si  vous  met  ausi  en  main 
Orghilleus  le  fil  Proserpine, 
De  celui  vous  met  en  saisine. 
Tout  çou  doins  as  signors  de  clers, 
Que  en  mon  sierviçe  voi  fers. 
Tous  li  Clergiés  genous  flecis 
En  ont  Renart  rendu  mercis. 

Hé!  las  Clergiés,  que  respondrés 

7370     Au  grant  jour  quant  vous  i  venrés 
Devant  le  face  Jhesu-Cris 
K'en  sen  lieu  vous  a  çà  jus  mis 
Porbien  dire  et  por  mix  ouvrer, 
Et  por  nous  avoec  lui  mener? 
Escuser  ne  vous  porés  mie , 
Car  il  vera  vo  felounie 
De  convoitise  et  d'avarice, 
Et  d*escarseté ,  ce  let  vice, 
D'orguel  et  de  ghiile  et  d'envie 

7280     Ki  en  vous  est  par  vostre  envie. 
S'a  en  vos  cuers  poi  caritc, 
Foi  \i.iie  iir  humilité, 
Car  v()u>  avés  tuit  pascience 
Estroite  et  larghe  conscience  ; 
Dont  je  di  qu'estes  ocoisons 
De  tous  les  maus  que  nous  faisons , 
Si  en  ares  double  louier. 
Double  paine  et  double  brasier.        , 


^3o  RENART 

Là  paierés  vou»  de  vo  (lef 
7x90     CouYoiÙM  double  relief. 

Vous  oe  VM  povét  escuser 

Aagnmt  jour,  car  Diex  voit  très  rler; 

Mais  entre  no»  lasses  brebis 

Crierons  à  Dieu  à  baus  cris 

Merci ,  et  nous  eacuaerons 

De  ^MMW  quant  au  fl^Hlàiotir  venrons. 

S*au  monde  enseignmrlD  parole , 

Sage  devaoroit  la  geotvle , 

Et  au  grant  jour  seroit  mond^  ; 
7)00     Maia  YovM  est  trop  «^ijpoiidée.; 

Helas^  mondes  ne  vaut  rien. 

Car  tmpassable  sont  li  bien  : 


Nous  Laquerons 


à  lal>our 


«4- 


Et  le  gardons  à  grant  paour. 
Et  le  laissons  à  grant  trist^M^Oii 
Dont  li  aoM  moull  fort  se^leoe. 
Uom  couvoiteus,  aver  en  pleur 
Est  tous  jours  ^  à  grant  doleur; 
Lte^  n*a  en  cuer  Aie  eurc 
73io^  Dont  je  di  que  Tame  d«(eure 
Avarisse,  dont  petit  pris 
Celui  qui  Ta,  mors  r  a  pris. 

Or  repairo^mes  à  llenart , 
C  au  Clergié  a  douné  en  part 
Couvoitise ,  Fauve  et  uhillain , 
Il  n*en  vont  pas  à  wide  main, 


LE  NOUVEL.  4:ii 

D'avarisse  et  d'escarseté 
Sont  et  d'envie  à  hérité, 
Et  d'orguel  dont  Dieus  nos  deffende, 

73ao     Si  que  cascuns  l'ame  !i  rende. 
Avoec  tout  çou  a  li  Clergiés 
Requis  Renart  par  amistiés 
K'il  soient  de  sa  confrairie. 
Et  Renars  lor  dist ,  jel'  otrie , 
Et  avoec  lor  dist,  je  vous  doins, 
Car  bien  voi  k'il  vous  est  besoins, 
Mon  gris  drap  fait  d'ypocrisie, 
C'on  ne  connoisse  vo  voisdie. 
Moult  le  mercient,  puis  en  vont 

733o     Sitost  con  le  congié  pris  ont. 
Ne  ciesserent,  si  sunt  venu 
En  haut  Orguel  kr  jadis  fu 
Celui  ki  est  maistre  d'Infier, 
Que  l'en  apielc  Lurifier, 
K'encore  en  ruira  ses  grenons 
Se  Dieus  nel'  fait  et  ses  Sains  nous. 


4)1  RENART 


$i  kr  li  Jaropm  rt  U  trrrr  iiUnu  sont  ^nnarr 
à  consril ,  rt  nt  vont  mit  ni  autrr  cUr^ir. 

Li  fr^  menu  Uemourerciit, 
Et  li  J|(obil4,point  n'alerrnt 
En  haut  orguri  nt, 

7340    Rice  as  povres  con 

Oom  li  tiiacles  au  ^ciiin. 

A  un  conseil  li  Jacobin 

Sr  sunt  trait ,  si  ont  moult  parlé 

De  !'•  ti.^  grande  | 

C*ont  en  rOriir*   S  uni  Duminikr. 

Boin  9f)ro\t  qu'il  iuLs.scnl  plus  riche, 

rinUpii  rOrtlre  ipi»-*  ,x,',^.r*\',i 

Et  ftnp  phi's  mnnti 

le  vailhii 

7  3So      Lnc  pn  1        . 

Si  avons  inuull  pcltl  ton     il 
El  dist  li  uns,  je  me  nici  veil 
Que  voui^ebatés  ri  vos  tir<itcs 
En&emen^kque  %e*l  ! 
cVHÎé»  vous  toutç  jour  parlant  ? 

ous.  n'aurés  jà  un  |Ain  vaillant 
En  cest  siècle  sans  renardie, 
Car  li  gent  sont  pi  lin  <]r  l»ni<;die, 


LE  NOUVEL.  ;i33 

De  mal  art  et  de  traïson , 

736o     Dont  en  un  livre  de  Caton 

Sont  en  exemple,  doi  vier  dit, 
Encontre  voisdie  requit. 
Je  lo  que  de  ci  en  alons 
Jusqu'à  Renart  et  tant  faisons 
K'il  prenge  l'abit  de  nostre  Ordre. 
Tuit  s'i  acorderent  en  ordre , 
Et  loent  k'en  facent  leur  maistre, 
Car  en  lui  aront  sage  paistrc 
Pour  avoir  argent  et  ormier 

7370     A  leur  Ordre  mouteplier. 
Tuit  l'otrient  et  venu  sunt 
A  Renart,  répété  li  ont 
L'afaire  si  c'oï  l'avés. 
Et  Renart  ki  fu  moult  sénés, 
Dist  c'aillours  a  trop  à  entendre; 
Mais  son  fd ,  s'il  le  voelent  prendre , 
Renardiel,  et  des  dras  viestir, 
Il  lor  liverra  tout  entir 
De  le  science  dont  il  est. 

7380     Cascuns  dist,  sire,  bien  nos  plaist. 
Il  lor  livra,  lors  le  viestirent 
De  lor  Ordre,  et  signor  en  firent 
Et  grant  Maistre  et  Provincial, 
Par  quoi  il  ont  laissié  le  val 
De  povreté  par  tehesquel. 
Et  sunt  monté  en  haut  orguel 

IV.  28 


434  RENART 

Od  les  autres,  ciont  Diex  nous  gart 
D  aToir  orguel ,  n*estre  od  Renart. 
Or  revenrons  at  Cordelois 
7S90     Ki  sunt  de  l'Ordre  Saint  Francis, 
Ki  povre  sunt  outre  mesure , 
Ri  volcntiers  prendroient  cure 
D*iaua  coia  li  frère  Préeoeur. 
K.e  Taul  çou  ?  Li  frère  Meocor 
Gon  li  Jaoobin  s*acocdereBt, 
Bgmrt  requiient  et  roaverent 
De  lot  Ordre  presist  les  dras. 
Non  fisraiy  dist  Eanart  ea  bas , 
Biais  mon  fil  i  ferai  entrer 
7400     Roussiel;  se  il  le  viut  gréer. 
Cius  le  gréa,  lors  Tout  viestu 
A  guise  de  frère  Menu. 


LE  NOUVEL.  435 

6i  kf  U  (rêve  iUf  nu  oifôU*  nt  îrc  lor  (Drîmc  Housic  l 
fil  ÎUnart,  €i  en  font  fustoîïf  ^e  iov  (Drîïnf. 

Gardiien  en  font  et  custode 
Rousiaus  fius  Renart,  tout  çou  gode, 
Si  lor  proumet  que  tant  fera 
Que  rOrdre  moutepliera, 
Et  k'en  haut  orguel  monteront 
Od  l'autre  Clergié  et  seront. 
Mais  c'est  por  nient,  il  n'iront  point, 

7/,io     Trop  sunt  grief  de  l'Ordre  li  point, 
Trop  lor  fîst  aspre  Saint  François; 
Si  l'eslargissent^  le  fois 
Citk'en  l'Ordre  sunt  orendroit, 
Et  metent  l'ordre  hors  de  droit. 
C'est  par  lor  custode  Rousiel 
Fil  Renart,  frère  Renardiel  ; 
Mais  ains  ne  se  sot  si  pener 
Houssiaus  k'il  les  péust  mener 
En  haut  orguel ,  car  asprestés 

7410     Ki  lor  est  voisins  as  costés. 

Ne  lor  laist,  car  povretés  vraie 
Tient  toute  l'Ordre  en  sa  manaie, 
De  poi  mengier,  de  poi  viestir, 
De  poi  dormir  d'eure  gésir 


436  R  EN  ART 

Su»  propre  en  langes  et  nus  pies , 
Le  rordr  çainte  à  ciii  meskiés  : 
Bien  doit  avoir  liumeliti' 
En  ii  parfaite  pb^té. 
Blab  il  vont  si  enrikttsant 
743o     Par  lor  custode  et  amassant. 
Que  lor  Ordre  voi  adoucir 
De  mius  mengter  et  micx  viestir 
K.'il  ne  suelcnt;  lor  consicnce 
Eslarghissent,  lor  paaaience 
Estrecent  ;  il  font  à  rebours , 
Ensi  ne  maine-on  mie  amours 
Pour  quoi  il  sunt  en  l'Ordre  entnV 
Hais  il  sunt  si  souvent  tenté 
Des  deluaes  ki  les  enmondent , 
7440     Si  qu'il  n*en  sevent  mot,  si  montent 
Un  pas  amont  viers  haut  orguel. 
Lor  custodes  à  mal  esqucl 
Les  en  met  trop ,  devienent  6er, 
Car  sour  le. mont  d'outrequidier 
Sont  monté  a  dis  liues  priés 
De  haut  orguel  dont  c'est  grans  pies. 

Ore  k  parler  de  çou  lairai , 
As  deus  fireres  mVn  revenrai , 
C'est  à  Renardiel  et  Roussiel 
74S0     Enfans  Renart.  Cascuns  Tapiel 
A  fait  souner  en  son  couvent , 
Renardiaus  fu  plains  d'ensient, 


LE  NOUVEL.  437 

J'enteng  d'engien.  A  l'apiel  vinrent 
Tout  li  frère  et  tôt  coi  se  tinrent 
Et  teurent.  Lor  Provinciaus 
A  parlé  c'ot  non  Renardiaus , 
Et  dist;  Signeur,  j'ai  entendu 
Que  lonc  tans  a  descort  eu 
Entre  vous  et  ces  Cordelois 
7460     Ki  sunt  de  l'Ordre  Saint  François , 
Et  s'enteng'que  c'est  par  envie  : 
Forconsillier  ne  vous  voel  mie; 
Faisons  que  soions  d'un  acort, 
Si  en  serons  au  mains  plus  fort, 
Et  li  frère  Menu  ausi. 
A  çou  se  sunt  tuit  nssenti. 

En  tel  fourme  frère  Menu 
Avoient  parlement  tenu , 
Tant  que  il  se  sunt  acordé , 
7/,  70     Entrebaisié  et  afié 

Et  afrari  par  sierement. 
Li  uns  l'a  al  autre  en  couvent 
Que  il  seront  mais  boin  ami. 
Renardiaus  atant  s'esgrouni , 
Tout  se  teurent  et  il  parla  : 
Signor,  dist-il,  entendes  cha, 
Cordelois  et  vous,  Préeceur, 
Nostre  Ordre  iront  tempre  à  doleur, 
S'esrer  le  puéent  li  Prélat , 
7480     Car  il  nos  mêlent  en  débat 


43a  IBNART 

A  oîr  les  confieitioiit, 
Et  de  faire  abiohitioiit. 
Et  d'engoindre  peiumce  as  geni. 
Et  d*ettro  «usi  as  testament; 
Et  s*il  de  çou  vicneiit  à  def , 
De  faim  morroos  et  de  mcscief. 
Or  soiouMMs  d'une  acordance. 
Si  n'aront  jà  viers  nous  puissance  : 
Droit  avons ,  contre  iliut  plaiderons , 
7490    Car  doo  Pape  Innocent  avons 
Previlege  de  confieaser, 
De  penance  enjoindre  et  donner 
Absolutions  de  tous  cas, 
Fors  ciaus  k  au  Pape  afierent,  pas 
iTavons,  n'ausi  des  Cardounaus, 
Ce  n*avons  pas  c*afiert  à  aus  ; 
Mais  de  tous  autres  plain  pooir 
Avons,  et  ce  puet-on  véoir 
Par  letres  de  Papes  pluseurs , 
7S00     En  nos  decretales,  alleurs 
Le  po^  véoir  plainemcnt. 
Plaidier  poons  hardiemeot , 
S'il  vous  plaist,  contre  les  Prelas; 
Bien  est,  ce  crient  haut  et  bas. 
Har  nos  ont  tolus  les  pardons 
A  donner  quant  nos  préeçons. 
Par  ce  cas  entr'aus  uns  grans  plais 
Esmut,  ains  si  grans  ne  fu  mais. 


LE  NOUVEL.  /,3«) 

Par  devant  l'Apostole  à  Romme. 

75 10     Li  plais  greva  puis  à  maint  homme, 
Et  le  conscience  eslargi 
Et  le  foi  en  iaus  afoibli. 
Il  mist  en  erreur  mainte  gent , 
Beghines  especiaument 
En  furent  plainement  déçûtes, 
Et  si  viers  les  Prelas  esmutes , 
Que  quant  li  Prélat  préeçoient 
Et  en  quemun  amonestoient 
C'on  doit  dire  tous  ses  peciés , 

75ao     Uns  et  autres,  et  nues  et  vies, 
A  son  Prestre  et  non  à  autrui , 
Sans  le  conmandement  de  lui , 
Eles  encontre  aus  en  parlèrent 
En  haut  et  si  en  estriverent. 
Frère  Menu  et  Jacobin 
En  menèrent  moult  grant  hustiu 
Au  tans  que  Pape  Nicolon 
Fu ,  et  au  tans  Roi  Phelippon 
Ki  pères  fu  raportés  mors 

753o     D'Arragon,  et  en  fu  li  cors 
Mis  en  l'Eglise  Saint  Denis 
Delés  son  père  Loéys, 
Ki  Damiete  conquesta. 
Et  tant  sainte  Eglise  ensaucha; 
Et  à  Paris  as  Préeceurs 
Fu  li  cuers  mis,  ce  fit  honneurs 


44o  RENART 

A  l'Ordre,  car  eo  ce  moustra 

Li  Rob  que  FOrdrc  moult  ama , 

Et  c*est  drois,  moult  sunt  tainte  gent, 

7540     Et  ne  sunt  iiiic  négligent 

De  pour  lor  bienfaiteurs  priier. 

Li  Rois  pour  çou  ot  TOrdre  cier , 

Et  RenardJaus  li  encita ,  * 

Car  au  morir  lopréeça 

De  ton  cuer  mètre  en  lor  maison 

Proprement  pour  renl*» '••>') 

Ke  li  Rois  ki  après  vu. 

Mieui  toute  TOrdre  en  oraeroit , 

Et  aroient  miudre  ocoisoa 

7SS0     De  lui  rouvcr  pour  lor  maison, 
Et  pour  estre  lor  Avocas, 
S*à  rOrdre  kéoit  nus  griés  cas  : 
Car  tresdont  cius  Provinciaus , 
Fius  Renart,  frère  Renardiaus, 
Dou  plaît  des  Prelas  se  doutoit, 
Ki  moult  à  souffrir  en  aroit. 
Li  Ordre»  en  poroit  périr  , 
Et  pour  contre  ce  cop  couvrir , 
Fist  Renardiaus  k*il  ot  le  cuer 

7560     Dou  Roi  qui  fu  de  si  grant  fuer 

.  Grant  plait  conraença,  bien  le  sai, 

'  Il  parottroit  que,  par  Renardiatu,  Paotetir  aaroit  voula 
désigner  Gcofroy  de  Beanliea ,  confcMenr  de  Saint-Louis  : 
cependant  il  n'en  eat  pM  fah  mention  dana  Joinville. 


LE  NOUVEL.  441 

Etoit  dont  Veskes  de  Tournai 
Maistre  Mikius  de  Warengien ,  ' 
C'on  tint  de  clergie  à  scien  : 
De  Lille  fu  nouris  et  nés , 
Des  Jacobins  fu  tost  plourés 
Et  des  Cordelois  ensement, 
Quant  ses  cors  traist  à  finement. 
Adont  Vesques  d'Amiens  estoit 

7570     Uns  jouenes  homs  ki  grâce  avoit 

De  preudome  et  d'cstre  bons  clers; 
En  ce  plait  fu-il  tous  jors  fers, 
Maistres  Willaumes  de  Mascons 
lert  apielés,  c'iert  ses  drois  nons. 
Adont  estoit  Veske  d'Arras 
Uns  Clers  vaillans  ki  pour  ce  cas 
Plaida  :  on  Tapieloit  ensi , 
Maistre  Willaume  de  Sisi; 
Et  li  Archevesques  de  Rains 

7580     K'adont-fu  kom  de  raison  plains, 
Soutint  le  plait,  li  plais  greva, 
Et  si  le  Pape  ensounia, 
C'Acre  n'en  fu  nient  secourue. 
Par  ce  plait  fu  ele  perdue , 
Et  mains  prudom  à  la  mort  mis 

»  Michel  Warenghien,  élu  en  1184  évêque  de  Tournay,  y 
fit  son  entrée  solennelle  le  17  avril.  Il  assista  au  concile  de 
Reims  en  ngi ,  où  il  s'éleva  contre  les  privilèges  et  pré- 
tentions des  frères  mendians.  D  mourut  la  même  année. 


44»  HENART 

Qui  pardon  face  Ihesu-Cris. 
Pur  les  Bus  Renaît  etmétia 
Fu  icU  plais  et  maintenus. 
A  tant  lairai  #iaus  k  parler, 
7590     A  Reoart  m*en  roel  retomer 
Ki  jure  Dieu  et  ta  vieriu , 
K.e  puis  que  si  fil  sunt  rendu , 
Ke  il  se  Taura  rendre  ausi, 
Si  que  Dieus  ait  de  lui  merci 
Au  grant  jour,  c'iert  au  jugement 
Là  11  tout  seront  en  présent 
Oeirant  la  Sainte  Trinité, 
Là  ti  tuit  seront  acusé 
Et  coodampaé  lonc  lor  m^lTait  : 
7600     Pour  çou  est  sages  ki  bien  fait. 
Lors  ot  si  grant  dévotion , 
Que  biea  menjast  d*tin  cras  capon  ; 
Ne  li  causist  dont  il  venist , 
Mais  qu  en  ses  poes  le  tenist. 
Ko  çou  k'il  ii  devos  estoit , 
Par  devant  lui  esgarde  et  voit 
l«  reaefatt  à  un  povre  Hermite 
U  il  n'avoit  tite  ne  mile , 
Ne  sanc,  ne  car,  ne  pain,  ne  ffmin 
7610     Fors  racines  un  raiel  plain. 
Et  laoustes  et  miel  sauvage 
Que  li  preudom  par  le  boscage 
Cuelloit  potw  sottstenir  sa  vie. 


LE  NOUVEL.  443 

Li  Ermites  disoit  conplie  ; 
Devant  avoit  dit  none  et  vespres , 
Et  il  ert  tart  k'il  estoit  vespres. 
Quant  Renart  vint  al  hermitage, 
Renart  contrefist  moult  le  sage; 
Au  postis  vint,  fiert  du  maillet, 
7620     Li  preudom  ouvri  le  wiket: 

Quant  Renart  vit ,  grant  merveille  a , 
Renart  entre  ens,  mot  ne  sona, 
Fort  k'il  dist  Benedicite. 
Li  preudom  fu  plains  de  sainte. 
Si  li  respondi  Dominus , 
>  A  foi  bien  soiiés  vous  venus! 
Que  vous  plaist?  Je  voel  confiesser, 
Et  viers  Dieu  me  voel  amender 
Et  faire  satisfation 
7630     Et  entrer  en  religion  : 

Au  siècle  ne  voel  estre  plus , 

Ains  voel  çaiens  estre  reclus 

Od  vous  por  amor  Dieu  le  Roi , 

Pour  oster  de  mi  le  desroi  ; 

Mais  confiesser  me  voel  avant. 

Et  je  vous  orrai  boinement. 

Dites  de  par  Dieu  vos  peciés. 

Volentiers,  sire.  Or  conmenciés. 


444  RENART 


t»n>»tt»i»mm»i«'i  — ««»»•■  »■«■>■  »tmm*m  mm  mm  »■»««« 


i  corn  Rmart  a  cordnet  h  itxvûit  m  un 
iKirmitagr. 


Renaht  conmence  set  oieffais 
7640     Eo  gro*  et  trestout  k  uns  dis , 
Et  dist ,  que  volés  qae  vos  die  ? 
One  bien  ne  fis  jor  de  ma  vie 
Se  jou  ne  cuidai  faire  mal  ; 
J*ai  fait  ocire  maint  vassal 
Et  fait  wibot  maint  vaillant  home, 
Onques  bien  ne  fis,  c*est  la    '»*m' 
Bastie  ai  mainte  traîson 
Et  mainte  grande  mesprison , 
Les  bones  tekes  en  estes , 
76S0     Et  les  mauvaises  i  metés. 
Teuf  sui,  ore  me  rasotés, 
Et  puis  çaiens  lie  retenés 
Por  estre  en  vo  rendation , 
Car  je  n'ai  autre  entention; 
Mais  ançois  voel  oîr  par  ordre 
Tous  les  poins  ki  sont  en  vostre  Ordre , 
Que  vous  mengics,  dont  vous  vives, 
Ki  si  très  lonc  de  gent  manés, 
Et  ke  viestës  à  vo  car  nue. 
7660     Une  haire  de  poil  velue , 


LE  NOUVEL.  445 

Dist  le  preudom,  et  vois  nus  pies, 
Ne  ne  sui  lavés  ne  baigniés, 
Et  di  mon  sautier  cascun  jour, 
Et  puis  si  vois  h  mon  labour. 
A  mienuit  matines  di , 
Que  Dieus  ait  de  m'ame  merchi, 
Et  le  jour  c'une  seule  fois 
Ne  mengue  el  que  tu  ci  vois, 
Et  si  n'en  preug  mie  mon  sol. 

7670     Et  dist  Renart,  moi  tieng  à  fol 
Ki  çaiens  rendre  me  voloie. 
Si  m'ait  Dieus,  que  je  cuidoie 
Que  mengissiés  à  vo  devis 
Widecos,  faisans  et  piertris, 
Capons  en  rost  et  venison, 
Et  béussiés  vin  à  foison , 
Et  éust  od  vous  biele  dame  : 
Ce  cuidai-jou,  foi  que  doi  m'ame; 
Mais  puis  que  vous  iestes  si  fais , 

7680     Vous  et  vo  conpaignie  lais  : 

Vos  Ordres  n'est  pas  bons  à  mi , 

Je  ne  le  tieng  pas  à  ami. 

A  Dieu  vous  conmant,  je  m'en  vois, 

Çaiens  ne  renterrai  des  mois. 

A  Malpertuis  vois  ma  maison 

Je  bas  tele  relegion. 

En  se  maison  est  revenus , 
A  grant  joie  i  fu  recéus 


U6  ABITAAT 

De  ta  feme  et  de  ta  maituie  y 

7690     Cascans  por  lui  fait  ciere  lie. 
Tandis  que  Rcnart  sejoumoit 
A  Halpertuis,  graiu  noua  esloit 
De  lui  par  le  monde  espandui. 
De  çou  que  si  bien  s*iert  tenoa 
Contre  le  Roi  et  son  pooir, 
Et  que  il  par  son  grant  savoir 
A  pais  &ite  à  se  irolenté , 
Par  quoi  tuit  i  ont  mis  en  cierté 
Haut  et  bas,  et  petit  et  grant. 

7700     Tant  va  li  siens  nons  ensauçant , 
Que  il  est  volés  trestout  cler 
Et  de  cha  mer  et  delà  mer , 
Parmi  le  terre  des  Paiiens 
Et  par  ccii  des  Crestiiens , 
De  ses  fius  oonment  rendu  sont 
Et  conment  amendées  ont 
Leur  Ordres  et  levées  liaut , 
Et  que  sans  Renart  nus  ne  vaut, 
Ne  ne  puet  monter  en  avoir , 

7710     iTen  che  siècle  riquece  avoir. 
Ne  sousmetre  son  anrmi. 
Sans  Renart  ù  n'a  giu  parti 
De  ciaos  sour  qui  on  a  envie , 
N*ert  nus  vengiés  sans  renardic. 
Tuit  el  que  paut  sont  mais  Renart , 
Ci  s  usages  par  tout  s'espart  ; 


LE  NOUVEL.  447 

Tant  mouteplie  cil  usages, 
C'on  tient  mais  à  fos  les  plus  sages  : 
C'est  les  preudomes  qui  Diu  aiment , 
7720     Teles  gens  au  monde  fols  claiment 
Ypocrites  et  papelars; 
Mais  ciaus  en  qui  cuers  est  Renars , 
Cil  sunt  tenu  prudome  et  sage, 
El  monde  ont  tuit  malvais  usage , 
Et  clerc  et  lai,  et  conte  et  roi, 
El  monde  a  poi  ù  nient  mais  foi. 

Or  revenrons  au  non  Renart 
Ki  par  tout  le  monde  s'espart. 
Tant  qu'en  Acre  est  ses  nons  venus, 

7730     Des  Templiers  fu  bien  recéus 
Et  des  Ospiteliers  ausi; 
S'en  ont  entr'aus  un  plaist  basti 
Et  pris  un  jour  de  parlement 
D'avoir  Renart  en  lor  couvent , 
Et  un  concilie  général; 
Mais  li  cose  tourna  à  mal , 
Ç^r  li  Templier  avoir  le  voelent 
A  par  aus,  et  de  çou  se  doelent 
Durement  li  Ospitelier; 

7740     S'en  prisent  forment  à  tencier 
Li  Temples  et  li  Ospitaus; 
Jà  i  éust  bataille  entr'aus. 
Mais  à  çou  se  sont  acordé 
C'a  Rome  à  cest  premier  esté 


448  RKNART 

Par  devant  TApostole  iront , 
Del  tout  sour  lui  s'en  meteront , 
Et  CDU  cpie  il  en  ordenni, 
Que  cascuns  à  çou  s'en  tenni. 
A  ^u  s'en  tinrent ,  si  fu  fait , 

77S0     A  lor  jour  vinrent  tout  h  plait 
Li  Templier,  cil  del  Hospital , 
Là  ot  concilie  génénU. 
Renart  i  fu  c*on  ot  mandé. 
Si  i  furent  moine  et  abbé, 
Roi  et  conte,  duc  et  eveskc. 
Chevalier,  prélat,  arceveske, 
Li  cardounal,  li  patriarcea, 
IcU  iaisoit  moult  de  manaces 
Pour  çou  k'il  viut  avoir  Renart , 

7760     Et  ara  par  li  sens  en  part, 

Ce  dist  ;  mais  ore  a  tant  parlé 
Sus  et  jus  et  fu  acordc 
Que  caicuns  à  ç^u  se  tcnroit 
Que  TApostoles  Ten  donroit. 

A  lendemain  fu  li  jours  mis^ 
L'Apostoles  com  bien  apris 
Aiiiflt  aroec  les  Cardounaus, 
Renart  ens  es  plus  haus  estaus. 
Li  Papes  a  dit  as  Templiers 

7770     Et  ausi  as  Hospitaliers, 

K'il  remegnent  à  lendemain 
Oir  sentence  bien  très  main  , 


LE  NOUVEL.  449 

Et  aient  lor  pétitions 
Formées  bien ,  et  lor  raisons , 
Et  k'il  resnent  par  avocas, 
Par  quoi  il  n'i  croisée  baras. 
Oïr  viut  par  desputison 
Liqués  ara  Renart  u  non , 
Ne  liquels  le  doit  niius  avoir; 
780     Parler  couvenra  par  savoir. 
Lors  dont  li  Patriarches  dist 
Re  par  celui  Deu  qui  le  fist, 
Que  tout  de  droit  et  par  raison 
Doit  avoir  de  Renart  le  don. 
Et  Renart.  lors  li  respondi  : 
Sire,  je'^ous  tieng  à  ami , 
Et  pour  l'amour  que  h  vous  ai , 
Un  mien  fil  vous  deliverrai  , 
Sages  et  soutins  et  visevis , 
,,,,      ï.n  boisdie  malicieus. 

.   Mes  fius  est  de  dame  Hiersent, 
De  lui  l'oi  quant  lu  en  jouvent , 
Non  a  li  vallés  Souduiaris, 
S'est  de  ma  science  saçans  : 
Vés  le  chi,  vos  soit,  menés  l'ent. 
Et  cius  cinc  cent  merçià  l'en  rent  : 
Le  valletprist,  si  l'en  mena, 
En  son  païs  s'en  retourna, 
C'on({ues  n'i  mist  plus  lonc  sejor. 
7800      Lendemain  revinrent  au  jor 
IV.  ao 


4$o  RENART 

t. il  del  0»piUil  et  clou  Temple, 
De  clort,  cl*avocas  li  Court  einpie. 
De  dus,  de  oonto,  de  prela». 
Li  conmuDt  peules  s*aft»t  bis, 
L*Apostole  ont  en  haut  asaif , 
Benart  ont  par  dalr»  lui  ini*. 
iMus  bas  M»ent  li  Cardçuiial, 
L'autre  dergié»  est  plu»  aval  : 
T I  (loi  fit  Reoart ,  li  rendu 
;.ii..     1  urcnt  au  ooncUlr  venu. 

Atant  se  leva  uns  Templier» , 
Car  bien  vit  qu'il  rstoit  roestier» , 
Et  dist:  Signor,  nous  ftoni«'>  «  In 
Venu,  savons  un  plaist  basti 
F.nconire  le»  Ospileliers. 
Je  parole  pour  oous  premiers. 
Et  proi  OHM  signer  TApostole 
K'it  entende  bien  no  paroU*. 
Nous  detnandons  par  droit  Henart , 
78ao     Se  ce  est  pv  kemun  esgart 
Que  nous  soumes  defTetirlZ-onr 
.Sainte  Eglise  et  oonba; 
Siergans  avons  et  chevaliers , 
Moult  DOS  convient  de  sodoiier, 
Et  moult  or  et  argent  despendre-, 
Tout  por  Sainte  Eglise  defTendre. 
I*ar  le  monde  avons  moult  maisons, 
Tieres ,  rentes  et  warnisons 


LE  NOUVEL.  45i 

Desous  maint  grant  signor  poissant 
-83o     Ki  souvent  nos  font  maint  tort  grant, 

S'avons  mestier  k'il  nos  maintiegne, 

Encontre  tous  nos  drois  bien  tiegne  : 

Car  se  nous  ne  mouteplions 

En  avoir,  pau  pooir  arons 

De  Sainte  Eglise  soustenir, 

Ains  nous  en  convenroit  fuir 

Et  vuidier  tiere  de  Surie  : 

Ça  outre  venroit  à  navie 

De  Babilone  li  Soudans. 
7840     Sains  Pères,  or  soiiés  saçans 

Que  par  no  geqt  est  defiendue 

Encontre  le  gent  mescréue 

Sainte  Eglise  et  Grestiientés. 

Saios  Peres ,  çou  est  vérités , 

Si  devés  bien  à  rou  descendre 

G  aiieus  Renart  s'il  s'i  veut  rendre , 

Sains  Peres,  car  li  demandés. 

Lors  fu  Renart  araisonés 

Dou  Pape,  et  il  li  respondi , 
7850     J'ai  bien  çou  k'il  ont  dit  oï  ; 

Oir  voel  les  Ospiteliers  : 

A  ciaus  à  cui  plus  ert  mestiers 

Lonc  çou  que  j'orai  me  tenrai , 

Se  j'ai  popir  de  rendre  moi , 

Car  jou  ai  ma  fertie  vivant. 

Li  Papes  responl  en  riant  ; 


î   K  N  A  h  T 

i  h-   ii-iKii  I    ji-    SOUS  (loi! 

S.iiiit  Pen*,  don!  pr*Mi 

^toii  quant  je  vaurnii, 

7860     I*uis  <fat  de  vous  congié  en  ni. 
Lors  M  lievc  uns  Ospit' 
Sages  hom  ert ,  s*ol  n  1  ^ 

£n  liaut  parla  et  par  i 

Sigoeur,  dist-il,  et  haut  «  1     .   . 

Enleodés  00  pelicioD , 

Et  ii  nos  demandons  raiv»; 

IJ  Templier  demandent  !'> 

A  avoir  par  au»  eu  lor  p^  ; , 

Mais  avoir  miu»  nous  lé  devons, 

7870     Kt  par  rooull  de  boines  raisons, 

K  avant  fûmes-nous  k*il  ne  furent , 
D  tit 

l)f  i»i iii»,«'> ,  '  "'    ■*'" 

Et  si  faisons  t     ^  ^ 
As  Sarrasin  que  H  Templier.  * 
Au  besoing  aouies  chevalier 
Et  m  t  ut  h  noi  aspée» 

Conti*    ^t;:  ->ms  les  mrllrrs; 
Et  eu  iiu>iir  iiu^i  i'  '!i'' 

7880     Ki  est  plaine  de  t 

Sont  gari,  levé  et  coucié 
Li  navré  et  li  deshaitté. 

'  j4/.       Sages  hom  fa  rt  biau*  fmrïirr*. 


LE  NOUVE*.  453 

Ki  par  defaute  fuissent  mort , 
Ki  puis  suiit  et  haitié  et  fort , 
Et  font  puis  sonr  les  Sarrasins 
Grandes  batailles  et  hustins. 
Atant  vous  di  se  li  Templier 
Nos  voloient  adroit  aidier, 
K'il  n*éussent  sour  nous  envie , 

7890     Nous  ariemes  toute  Surie, 

Jherusalem  et  toute  Egypte , 

Et  Babilone  fust  sougite 

Grant  tans  a  h  Créstiienté; 

Mais  as  Sarrasins  sunt  tensé, 

Sour  nous  envie  ont^  nous  sour  eus , 

Ensement  est  partis  li  geus. 

Tant  di  se  nos  maisons  n'estoit , 

Li  Crfestiientés  periroit , 

Au  mains  ceus  de  delà  le  mer , 

7900     Sans  nous  ne  poroient  durer 
Mie  crestiien  demi  an  , 
Ains  alast  li  tiere  à  lagan. 
Quant  li  gent  d'estrange  païs 
Sunt  passé  mer,  j'en  sui  tous  fis , 
Ki  dou  travail  sont  dehaitié 
Li  plusiour,  et  s'il  aaisié 
Ne  fussent  en  nostre  maison  , 
S'alaissent  à  pierdission  , 
Et  tel  cent  mil  i  fuissent  mort, 
Puis  ont  esté  sain,  grant  et  fort , 


Fl  bien  ia  tiere  «lefTendui* 
Fncontrc  U  gent  roetcrrue. 
Et  le  deflendent  au  jour  d*ui. 
Saint  Pères,  pour  no  mauon  «ui, 
Renart  demandomea  «  Seins  Pères . 
Por  estre  inaistfee  goatemeres 
De  nous  el  de  ooitre  meiaon , 
Bien  tav«  que  je  di  raison. 
Lors-li  Repes  li  res|K>ndi  : 

79)0     L'un  d<^vous  drus  i  a  failli. 

Partir  nr  se  purt  mir  en  drus. 
Renart  respont  adonc  as  drii«. 
S*iert  uns  prestres,  jou  si  r<  1  n . 
Les  deus  abia  je  viestirai , 
Mrs  vieetimens  sera  partis , 
K  diestre  je  serai  viestis 
De  vieetement  d*(Vf»"«»-t"»r 
Et  à  seniestre  de  1 
A  seniestre  berbe  lnrn  . 

79)0     A  diestre  rere  le  ferai 

Bien  les  gouvernerai  ti>u?> 
Adont  i  ot  grant  joie  entr 
Viesti  l'ont  si  c'avés  oî. 
Li  Papes  les  en  reviesti , 
A  Renart  ont  fait  sierement 
K'il  feront  mais  à  son  talent. 
Lié  sunt  c'avoec  eus  est  Renart  ^ 
Lors  est  11  parirmens  espars. 


LE  NOUVEi;,.  455 

Ataut  lairai  d'iaus  à  parler, 
7y4o     A  Renart  m'estuet  retourner 

A  cui  Fortune  en  est  venue, 

Sour  un  palefroi  à  sainbue , 

Viestie  moult  très  ricement , 

Mil  mars  valent  si  viestement. 

Fait  et  fourré  sunt  d'aventure, 

Signié  d'or  par  envoiséure. 

La  Dame  ensement  acesmée , 

Jusqu'à  Renart  n'est  arestée. 

Ele  li  a  boin  jor  oré, 

f^t  puis  si  a  en  haut  parlé  : 

Renart ,  jou  te  voel  coroner 

Sour  ma  ruée  et  en  haut  lever, 

Car  tu  l'as  trop  bien  desiervi. 

Car  nus  n'est  riens  encontre  ti. 

Tout  sunt  mais  Renart  et  Renardes , 

Clerc  et  lai  witart  et  witardes, 

Viel  et  jouene,  grant  et  petit , 

Moptés,  bien  l'avés  desiervi. 

Et  Renart  li  dist ,  non  ferai , 
796(1    ")à  sour  vo  ruée  ne  serai , 

Car  se  vostre  ruée  tornés , 

D'ausi  haut  si  bas  m'asserés. 

Ele  respont  que  non  fera, 

Jamais  au  tans  ki  ore  va 

N'iert  tournée  un  sevil  tor  par  moi  ; 

Tu  as  abatu  vraie  foi , 


456  V.  KNAKT 

I ...    ..;  %OUS  lllc 

JaiiiaU  nul  jor  nVrt  t 
Car  fauselés  Ta  abatii , 

jf^jo     Sire  Renart,  par  vu  %ierlu 
Orgius  a  m\sv  liuinilit^ 

Basa  me-  •«■•• -'•-• 

Ki  ponr  i 

Bruart ,  que  tu  Ta»  abatiir  , 
Et  pour  loiauté  m*  gaimentr, 
Ki  giat  desous  me*  piéa  ai  ente. 
Mon*        "   Tiart,  c^r  à  vo  cîir  ••- 
Art  >     ^     !  rt  à  M'iMolrv 
lert  dame  (thillr  h  tôt  Fanvain , 

7i)Ho     Fauseté  \o  cousin  gennain , 

Ki  fil  fiuA  vo«tre  oncle  Boisdir , 
Si  Tôt  de  dame  Trocerie 

Ki   ••!»   •■»»^l  ntOnd''  ••"!    minilf   I  riHMivc 

i  ose  et  nt.' 

En  roi  ruée  le  lai  ranipn 

En  signe  que  pour  tout  tuer^ 

En  M*  main  '  ^       ''•• 

Dont  ri  moti...  ..........  'lo 

Et  loiauté  en  a  vencâ, 
j^yt     Et  desous  mes  pies  abatu. 

Conme  faucille  conibre  et.  torte 
Est  loiautés  au  monde  morte , 
Jamais  jor  ne  resour  '  -  ■ 
A  ice  mot  Renart  ni' 


LE  NOUVEL.  457 

Sour  la  ruée  tous  coronés, 

D'orguel  et  de  ghille  adiestrés, 

Viestu  de  l'Ordre  des  Templiers 

Mi  partis  as  Hospiteliers. 

A  ses  pies  fist  ses  fius  seoir 
8000     Sour  la  ruée,  k'il  dist  por  voir 

S'ensi  fust  k'il  détust  morir, 

K'il  poroient  par  droit  tenir 

Le  leu  de  lui  connie  si  hoir: 

Ce  puet-on  au  jour  d'ui  véoir. 

Montés  est ,  Dieus  penst  del  abalre  ; 

Sen  monter  ne  viut  nus  debatre, 

Ains  est  coronés  conmc  uns  rois. 

Fauser  fait  jugemens  et  lois. 

Fortune  a  se  ruée  escotée 
Ho  10     Si  que  mais  n'ert  par  li  tornée. 

Jamais  n'en  ert  Renart  mis  jus, 

Se  Dieus  nel'  fait  ki  maint  lassus  : 

Car  au  tans  ki  orendroit  va, 

A  tous  jours  mais  i  demourra. 

Ce  nos  dist  Jakemars  Gielée , 

Car  vraie  fois  est  adossée , 

Au  jour  d'ui  et  humilités, 

Et  entre  pies  gist  loiautés, 

Et  carités  est  refroidie  , 
8020     Et  larghece  est  des  cuers  banie. 

Et  li  visce  sunt  de  grant  fuer, 


468  RENART 

Car  il  iunt  mais  en  cascun  cuer, 
SVn  ont  encaôé  \e*  vi«rttis. 
De  Renart  ne  vous  dirai  plus, 
Véoir  poéf  apiertement 
Conment  siei  el  h»  *  t< meni 

En  son  le  ruée  de  iw. 

Par  quoi  somet  en  amertume. 
La  figure  est  fins  de  no  tivn*. 

8o3o     Véoir  le  poés  à  délivre, 

Plus  nVn  ferai  rhi  mrniion 
Eu  l'an  del  Incarnation 
Mil  et  dent  cens  et  quatre  vins 
Et  huit  fu  clii  faite-  li  fin»  * 
I)e  cette  branche  en  une  ville 
{^iic  on  apiele  en  Flandres  I    - 
Et  parfiiite  au  jour  Saint  DmiN 
A  le  mère  au  lloi  Jhciiu-Crift . 
Prions  quVIe  nos  doinst  si  vivrr 

Bo4o  Que  de  Renart  soions  delivn  , 
Et  ausi  de  tous  autres  viseurs . 
Si  r*o  Dieu  soions  es  delisre^ 

*  L*  figvre  dont  oo  rimi  de  lir«  b  datehpttau ,  et  ipi  «r 
trouve  i  la  ia  dm  ouaiucritf .  --  -  * -p  giBiidc  «t  trop  con» 
pUqn^e  pow  posToir  être  r«^ 

'  L»— HMCiil  >736  pattB  tié^t  celai  j&ti  pofM  1*90,  M 
le  oMBUcrit  de  CaB|é,  u»  69,  t«9«i  c«  «late*  différoUc» 
paroiaecnt  n'aroir  de  rapport  qo'à  Tépo^ae  de  la  copie  de  cet 
mamucrit». 


LE  NOUVEL.  459 

Avec  la  Sainte  Trinité 
Lasus  ens  en  se  Maïsté.  '  > 

'  Dans  le  manascrit  3736,  au  lieu  des  quatre  vers  suivans, 
on  lit  ceux>ci  : 

Et  chio»  qui  Tenir  i  Taara, 

Chi  endroit  tronrer  le  porra 

Conment  on  pnet  venir  à  glore. 

On  t  rient  par  loial  memore 

Et  par  auvres  de  rartté , 

Dont  on  doit  bien  aroir  pilé 

De  cbians  qui  par  lor  trecerie 

Font  tant  en  cette  mortel  TÏe , 

K'il  ont  tont  le  monde  en  lor  main  : 
10  Ela»!  et  il  n'ont  nul  demain. 

Par  renardie  et  par  foortrait 

*  Se  «ont  à  grant  hantec*  trait. 

Tel  gent  tont  an  monde  conté 

K'il  »oot  en  le  ro«  monté  : 

Por  coi  en  fait-oa  iMatioa  7 
Cett  roe  de  dampnation  ; 
Tons  tan*  en  convient  trebocier , 
Rt  fait  le  Umc  ame  emboacier 
Où  ele  n'a  paia  ne  rvpot. 
30         Dont  doit  estre  tona  nos  poorpos 
A  lui  sagement  atoarner , 
Que  li  roe  ne  puist  tourner 
Quant  on  i  ert  assis  en  roce; 
Car  n'en  tresbuce  ne  bescoce 
Ki  en  loiauté  te  maintient. 
Tout  adès  fermement  s'i  tient 
Ki  aime  Din  et  carité. 
Et  a  de  son  proisme  pité  : 
Car  qui  sagement  s'i  ariae , 
3o         Celé  roe  que  00  derise. 

N'est  sans  phu  que  ci*  roorteas  monde» 
Dont ,  s'on  voit  mendier  les  mondes 


46o  RENAIIT 

Ce  DO*  doinst  li  Kius  et  li  Prre» 
Et  ii  Sains  E&pin  no«  Sauvrres , 

Eibttra»! 

Q- 

W&Ê0 1  M  BflBMWK  a  W  SMivf^  , 

Et  mim»  mmfm  ttrx  U  p««a»  . 
.40        àhmê  Itgh»  «  [mil 
■■tw  —  iiali   Aitfcin. 

El  «'«M  H  ro«  kt  il  l(TT« 

L«  %!■•»  f^*  *  ***  tomrmtf. 

U  •'••  M  Mlvai*  éMMWM»i 

q|ari  M— fwM  if  «JMw 

E«  4al*«r  «1  ••  lac«rw  . 

Kl  «m  ««mi  li»  tn*nm . 

Kl  •■■  ItfMMlrf  ttt  W  Im«c». 
So         l»  U  ftraàt  hmmàt  0»  Àamn , 

Xt  c'mI  pMW  ilii  ént^air < 

0«  ■•  fMM  ••  •■•  yow^oit 

Lt  fvMMté  k'm  tmnt  l«r  aaial . 

RaM  ••  loat  4m^  ■ni. 

Mm*  cil  •*■•  ataét  pla»  iarlmt 

&i  4«  fer  ■*!  at  Mal  fmti". 

Qw  rd  ^  fotai  ■•  •'•■  parrO'N'rn 

D«  ckiM»4'4Mi  W  («M  <tboitf  I 

El  Mal  t«  gftai  pwMMMS . 
60         Tm!-**  Catr*  U  ■^tio» 

K*îl  •oal  ^  W  ra*  <ig— 1  . 

Mai»  c'ca  mm  laai  li  1 

Saler 

It'Mipwl 

H* 

S'm  trop  fM»  M  M  toc—forte 

A'U  voit  In  faa»  aalai  •■  pri* . 


LE  NOUVEL.  461 

Ki  vit  et  règne  et  régnera 
8048     Per  infînita  secula. 

Amen. 

Et  les  porre*  et  près  et  pris. 

De  Renart  est  teas  li  recors 
70  K.'il  destruit  l'ame  pour  le  cors. 

Orgiux  se  fait  dampoer  sans  fin  , 

Gaile  ne  maint  point  en  cuer  (in  , 

Mais  ens  ù  faos  cai  faaTe  porte  , 

Que  jà  n'enterra  en  le  porte 

U  carités  met  ceus  en  roie 

Cai  loiautés  ses  biens  eoroie. 
Ur  prions  le  Roy  Jhesu-Crist 

Qui  pour  nous  cliar  humaine  prlst , 

Que  de  tel  roe  nuns  destourgne , 
80  De  coi  l'ame  en  infer  ne  tourgne 

A  Reoart  fait  les  faus  aler 

Et  par  fausseté  araler  : 

Car  de  lui  est  faus  li  conduis. 

Ki  par  lui  s'est  nourris  et  duis  , 

Il  est  et  déchus  et  noTis^f- 

Prendons  Tertns  et  laissorl^  vis»i> , 

Pour  renardie  loiauté , 

Et  pour  orguel  humilité. 

Pour  fausseté  qui  lait  cop  fiert, 
90  Prendront  le  droit  qui  i  aflGert , 

Et  pour  Gtiile,  à  dire  le  voir, 

Si  feront  à  Oin  no  deroirv 

.S'en  arons  glore  parmanable. 

Là  Tont  li  boin  et  li  raioable  ; 

U  Diex  tous  et  toutes  noua  maint 

I^ureus  est  chius  qui  i  maint. 

Vès-ci  le  roe  que  j'ai  dite, 

Ki  doit  estre  des  boins  malditp. 

EXPLICIT.DE    RENART. 


GLOSSAIRE 


DES   MOTS   HORS   D'USAGE. 


A. 


A  :  avec. 

AiisiK  :  qui  est  à  son  aise, 
à  qui  rien  ne  manque. 

Aatir  :  animer  ,  presser  , 
irriter. 

AsAiEm  :  aboyer;  baubari. 

Abacbia  :  effrayer,  éton- 
ner, déconcerter. 

A.ti  :  mse,  finesse. 

ABBCHii  :  affriandé,  aU<>- 

être 


plaire 


Abbchi 
ché. 

Abielir 
agréable. 

Abis  :  habits,  vétoracns. 

AcATBB  :  acheter. 

Accide  :  paresse ,  noncha- 
lance; acedia. 

AcciLLEs  :  Achille. 

AcEsxER  :  parer,  orner, 
ajuster  ,  équiper  ;  co- 
merc. 

AcHAi:rEB  :  faire  si^e,  ap- 
peler par  signes. 

ACHAPEH     (s')    r    ^f'    ^'.'>-- 

traire. 

AcHiEF  :  finisse  ,  se  ter- 
mine. 

AcHiERTES  :  sérieusement , 
certainement  ;  certè. 


AcHoiso5  :  occasion  ;  su- 
jet ;  occasio. 
AcoiNTAWcE  :  familiarité, 
bon  accord,  commerce; 
ronsuetudo. 

AcoiHTiKR  (s')  :  se  fami- 
liariser, entrer  en  liai 
son. 

AcoisiBE  (s*)  :  demeurer 
coi,  se  reposer,  se  cal- 
mer; de  quiesccrc. 

AcoLER  :  embras.ser ,  se  je- 
ter au  cou  de  qililnirnii  ; 
de  coUiim. 

AconTER  :  narrei ,  luiiui- 
ter.  - 

AcoRDAifCE  :  harmonie  , 
concorde,  accord. 

AcoRDE,  acordemcnt  :  con- 
vention ,  accord,  paix  , 
union. 

AcoRER  :  faire  mourir,  ar- 
racher le  cœur ,  les  en- 
trailles ;  de  cor. 

AcoRT.  yoy.  AcORDE. 

AcoupiR  :  faire  cocu. 

AcouRRE  :  accourir. 

AcRÉANTER  :  assurer,  pro- 
mettre ;  de  credere. 


46«  ADR 

Acaout  :  Hevoir,  nnpran- 

ter. 
Acvviixu  tom  ekmmim    *r 

iii«ltn>  en  route. 
AcciL    -     •erw«iU«  ;    /am 


joacr  da  do» 

'•-  itnmMmm. 
.  tite  b«i» 


»ur  le» 
.      .;••  rnnirr  t»  r  f 
A  II  M  «.ta  tltiiiti' 

cortrr  ,  «l*  ?-- 

AosvAiBa 
Aoi^t  :  lui< 

nrni 

ADIRftlfc*^       «.  ..•-. 

Aj>io  :  adieu. 
Adoitt  :  alot 
Aun%»tR   : 
«luDoer,  ' 

AuotRfK  :  ! 

(luni 

p«r  , 

pitce». 
AoRIcCHIKk  .   .... 

riger  ;  de  Hiri^ 
AoKoiT  :  convrn.ii>i 

aTecjastire,a\< .  i 


AFO 

Ar  àfr ,  vtr  de  lliomme  ; 
tetui. 

AaaDat  :  «ttarher ,  join> 
drr  ,  Muir  ;  arntomj  , 
nous  nou»  atlarhon»  ^ 
tirrf ,  attacha;  du  verbe 
iUlÀtrrrrr. 

Ai«B  :  hettreiii. 

Avaatoi   '  i"^   :   i'afroililit  . 

je  (1< 
Ataao 

»en' 

vici' 


ulrr  a  lun«l ,  il* 
.  Ir  ,  boucle  , 

Vnc«s«    (^*'}   t'anermir  , 

%€  fixer. 
Vriciaa  :  »e  confier,  affir- 

mrr,  certifier,  a»^"  '    ' 


a/i ,  j'a»fure. 
\  riraT  :  il  conTient , , 

partient,  il  faut  ;  ttfirrenl, 

iU  appartirnnent. 
Vroi  :  ma  foi;  At.fide$. 
\  roit  :  ble»»é,  c»ir    ; 

exténnr     de    virii 


AIG 

vois  a/blée ,   voix   pas- 
sionnée. 

Afock  :  allumé. 

Afkârir  :  devenir  frères , 
seréconeilier;  Ae/rater. 

Agace  ,  agache  :  une  pie. 

Agait  :  embûche,  piège. 

AcisTiR  :  piller,  ravager, 
dévaster;  vastare. 

AcEifiLLir.a  (s')  :  se  met- 
tre à  genoux. 

AcEKoiLLoiTS  :  prosterné , 
à  genoux. 

Agxiel  ,  aignel  :  agneau  ; 
agnus. 

Agret  :  verjus. 

AGRETia  :  grever  ,  faire 
tort,  presser;  iVaggra- 
vare. 

Acu  :  aigu  ;  acutus. 

Agueter  :  épier,  exami- 
ner avec  soin  pour  sur- 
prendre; fïacuere. 

AociLLOif  :  aiguillon;  acu- 
ieus. 

Ahaiv  :  peine,  tourment  , 
fatigue. 

Ahatixf.  :  zèle,  émulation. 

AuiERORE  :  attacher,  join- 
dre ,  saisir  ;  adhœrere. 
Ahiers ,  attaché;  ahier- 
sent ,  ils  saisissent. 

Al  (c')  :  que  j'ai. 

AïDAKs,  aidis  :  secourabie. 

Aïe  :  aide,  secours;  s'aïc, 
son  secours. 

Aïer  :  aider,  secourir,  aïe 
Diex ,  que  Dieu  nous 
secoure. 

AiGE,  eu'ghe  :  eau;  aqua. 

AiGRET  :  verjus. 
IV. 


ALE  465 

Aigrie  :  il  aigrit  l'esprit , 
il  presse. 

AiiEiTS  :  nous  ayons. 

AiLLiR  :  sauce  ,  ragoût  à 
l'ail. 

AiM  :  j'aime. 

AiMi  :  exclamation  pro- 
duite par  le  pronom  mi, 
moi,  réuni  à  l'optatif  du 
verbe  aicr,  aider. 

AiNC ,  ainch  ,  ains  :  avant , 
auparavant;  aine  mais , 
jamais  ;  qui  ains  ains,  à 
qui  mieux  mieux  ;  ains 
puis,  depuis;  ains  que , 
avant  que.  Il  signifie 
également,  au  contraire. 

AiiTSitÉ  :  aîné  ;  tm/t-  nntus. 

AiiiT  :  il  aime. 

AïOLE  :  aïeule. 

Aïr  :  violence,  colère ;/>a. 

AîRER  ,  ai  rie  r  :  courrou- 
cer ,  mettre  en  colère  ; 
irasci. 

Aise  :  Asie. 

Aisii,  :  yimxi^e ,  verjus. 

AïsT  ,  ait  :  qu'il  aide,  qu'il 
secoure. 

Ajoitritée,  ajournement  : 
le  point  du  jour. 

AnEORENT  :  ils  accourent. 

Axevster  (s')  :  s'appuyer. 

Al  :  à,  un,  autre  chose,  etc. 

Alaine  (s')  :  son  haleine. 

Alaiits  :  aussitôt  que ,  le 
plus  tôt  que. 

Algue  :  élan ,  ou  âne  sau- 
vage. 

Alemée  :  souffle,  haleine, 
respiration  ;  halitus. 

Aléure  :  train  ,  pas. 

3o 


«66  A  MO 

A.UU  :  fruit  d'aluici 
Au>uiiCB  :  alUascr 

gMio. 
AHAiiBvit:ac>Aablr 

iBAot ,  ftéttmami 
Aii*ft>«  :  aaMMMT. 
AMBUOUVt  :  UN»  do». 
Amsb»a*  :  bcact ,  trrme  du 

jeu  de  irictrac. 
AmbUobb  :  andblc,  |Ktit 

pas  du  clMval. 
Ambbacbikb  : 
Amb  (  m'  ) 
Ajibudb»  :  rrptrvr,  fùn 

Mti*iacti(m;  emêmdmf 
Ambbbb    -  mmA»,  «(>< 

dmic. 

AJIBBB4  t  il  «MMt*. 

Ambiibi  :  diminnë  ;  mijn>- 

AHKJiT  (DieB  •')  :  q«e 
ihtu  BM  fmrorise  ,  me 
fiMM     pTOtpéwr  ;     dn 

verbe 
Ambmtbvoib 

rappeler  à  ki 

iMtrwfc ,     cMei^ner 

amtemtm,  tn*tnii> 
Aiibb    :    tàmrr 

amarr. 
AMBA   :   mde  i    taraurtir 


Amiaoiji  :  ainiable;  tuna- 

ImUm. 
Ahibtb  :  diminatif  ë*— te. 
AHoiTBtTBB  :  cnoou^er , 

exhorter,  conseiller  ;  mi- 

monere. 
AxoB»  (•*):»!  non»  ai- 

moat. 
Anoht  :  en  kaat,  aa«de*siu. 


▲  NO 

\MoBTBB     :    aagmraicr 
élcrer .  t.»rv.-.iit- 

VaOBDB» 

«innni  I 

'n,  r.l, 

cht. 
AaoAViB*. 
Aaona  (  »'  )  :  » 

.VltrABLItR  : 

rat;   <I 


tr> 


iiit 
pti 


t, avant, 

^  ■  f. 

rrirr»,  aieuY. 
Axosot  t     amkM 

deuB. 
Aiii»aiBi;t  (  •aini  )  t  teint 

André. 
A«BL    :    baglir  .    anneau  . 

à'ameltus. 
\iiOLB  :  ange,  «.....„..„,. 
%iioLâ8    :    aafie  ,    eoin  ; 

\5i.oftitw»       l'art    i|i-    cal» 

culer  ,  iicc    des 

nondx 

A«OI,    i:  >••  .      nf- 

feose,  •  Miiialifti  - 

ec  ;  de  moxta. 
AsoiBB  :  ennnyei ,  ..u..«  , 
aooffnr  ;  de  itoegre.  Ne 
vos  anoit,  ne  vons  im- 
paitciiirz  paa. 


API 
AîTQOEHUiT  :  aujourd'hui, 

avant  la  nuit. 

^  xsimkwt:  conjointement, 

aussi ,  en  même  temps  , 

pareillement ,  de  même. 

\XTE  :  tante. 

.\îïTiE  :  antique,  ancienne  ; 

antiqua. 
Ahtboighf.  :  fiction,  arti- 
fice ,  tromperie. 
Ahoi.  yoy.  Awoi. 
AirciT  :  aujourd'hui,  cette 

nuit. 
VSUIT.  /ci/.  Akoieb. 
VouEEa  :  adorer,  prier; 

adorare. 
AoLRjtÉ  :  orné,  paré. 
Apais  :  tranquille ,  en  paix. 
Apabi.er,  aparoler  :  par- 
ler, traiter  d'affaires. 
Apakkai  :  je  parlerai. 
\PELioiT  :  il  appeloit. 
Vpexuaitces  :  dépendan- 
ces ,  appartcnanres ,  ap- 
pendicia. 
Ape?(sé  :  refléchi,  instruit. 
.\ PENSEE  :  avoir  une  idée, 

penser,  réfléchir. 
Aper  :  sanglier. 
Apert  ,  apiert:  intelligent, 
agile  ,  savant  ;  en  apiert^ 
ouvertement ,  sans   dé- 
guisement ;  apertè. 
Apert  (s')  :  se  montre  ,  se 

présente ,  s'aperçoit. 
\pRTicHiEn        diminuer, 

amoindrir. 
Apibl  :  appel ,  demande  , 

invitation. 
\piERTE    (mal)    :    incer- 
tain'"    ""'Isrrète. 


ARM  /je? 

Apoier  :  appuyer,  soute- 
nir;   mapoi,  je  m'ap- 
puie. 
Aporcier  :  approcher. 
Aport  :  offrande  ;  mais  ici 
il  signifie  toutes  sortes 
de  choses. 
Apostle  ,  apostoile  t  opos- 
lole  :     apôtre  ,     pape  ; 
apostolus. 
ApREifOEs  :  vous    appre- 
nez. 
Aprocier  ,  aproismcr  :  ap- 
procher ;  approximare. 
Aprover  :  prouver ,  con- 
firmer; approbarc. 
Aques.  Foy.  AuQCES. 
Ara  :  il  aura. 
Araisoner  :  questionner, 

interroger,  entretenir. 
.\ramie  :  guerre  déclarée, 

furie,  rage,  carnage. 
.\rc  a  tour  :  c'était  un  arc 
qu'on  ne  pouvoit  ban- 
der qu'avec  un  tour,  un 
moulinet. 
Arceprestre   :    archipré- 

tre. 
Ardek  ,  ardoir   :   brûler  ; 

ardere. 
Ardure  :  feu,  ardeur, pé- 
tulance; ardor. 
Arenardir  (s')  :  devenir 

rusé. 
Argant  :  ardent,  qui  brûle, 

brillant  ;  ardens. 
Arguer  :  quereller,   chi- 
caner ;  arguere. 
Ariemes  :  nous    aurions; 

ariiés ,  vous  auriez. 
Arme  :  âme;  anima. 


^6B  kSt 

AftVBt-Div  :  le*  habiU  m- 

ecrdotaoju 
AuioiiCK    :    hoMBt    âm 

guerre.  Militaire. 
Aroi  :  laafBiinaM,  éqai- 

page,  Miite,  tr  >' 
Aaon(t')  :  et  j  -^ 
A»on   :    Hglé ,   •mit^s , 

choÎM. 
Aao&ttK  :  jtrt%%er  ,   tcf^ 

blcr,  fotûtr. 
ABoaau  :  aow  a«rom . 

anMi,  tlia«ro«i. 
AmovDiAO  :  kiroaddlr . 

Aiovrta  :  m  wattra  en 
itmla,  «'ackaaisart  di»- 
poicr  «  iMltiv  tu  oraiv. 

AkkitB  :  a  rire. 

Aajuas  :  Arabie. 

Ams  :  art,  »clrr 
are,  orra». 

Aa»  :  terrain  aride,  dr«»< 
cbé;  artébu, 

Aaa,  mne,  mni  .  bràlé  i 


AatT^  orr  -  il  brèla  ;  da 

vcive  nnlfi', 

Aarv  :  Artv* ,  roi  de  U 
Grande  -  Bretagoe  ,  et 
béroa  de  pInMear*  ro- 
nam  de  cheralerie. 

As:aaa. 

As(t'):  ta  as. 

AsAC»  :  attaqué,  aua 

AscovDta  (  »' )  :  se  joii> 
à  quelqu'un. 

Astat.  Voy.  AMsat. 

Aaicaaa  :  certifier ,  affir- 
mer; raMurer,  tranquil- 
liser. 


k%S 
A«««    :   tr«'  'juu- 

tttde,  »nri  ....  . 
Ataiir  :  qui  concerne  l'âne. 
AsotT  :  il  absout. 
AssAi  :  e«Mi ,  épreuve. 
^  '^ayw»  tenter. 


•l'i'i.  r 


■  fi  ve- 


^tT%  ,  atta- 
quera ;  luioui ,  il  atta- 
""■•    '■  -     ^MALla. 

iirrr,  KoA- 
^ffcc- 

K%%i.nv%.  .  lirtdiicr ,   aâsi- 

gner,  drtifrtrr  ,  attrtn- 

drc  ;  a*st, 
Aaaaas   :    « 

aeeord  ;  as$emiu. 
AMtasBa  :  partager,  «i.<.i- 

ser,  placer. 
AssaaTia  :  coBMOtir,  ae- 

quiefteer;  oMsemtiri. 

AMtBf^  'UceZ,  TOUS 

faitt  H 

^tKSiMi»»  :  vous   %ê%ti- 

giei. 
AsKDB   :  aMaré  ,  certain  ; 

en  sàreté. 
AssiiKk.  Foy.  AMAJta. 
AssiK  :  auléger;  aMeoir. 
Assos  :  absous. 


.     AUB 

AssoTEK  :  fasciner  les  yeux. 

AsTiELE  :  copeau,  éclat  de 
bois. 

AsTiîïExcE  :  abstinence. 

AsTREMiEN  :  astronome. 

Atiche  :  épingle  ,  boucle, 
agrafe. 

Aticikr  :  attacher. 

ATAïîf  E  :  querelle,  dispute, 
chagrin. 

Atiinsejtt  :  atteignirent. 

Atiwt  :  alors,  en  ce  mo- 
ment. 

Atevprance  :  modération; 
temperantia. 

Atendouxes  :  nous  atten- 
dons. 

Atenir  :  appartenir  à 
quelqu'un  comme  pa- 
rent ou  allié;  à'attinere. 
jettent,  appartient. 

Aterri  :  attendri. 

Atiser  ,  alisier  :  exciter , 
animer,  provoquer;  ex- 
citare. 

Atorher  ,  atourner  :  pa- 
rer, équiper,  arranger; 
adomare,  Àtourt ,  tour- 
ne, convienne. 

Atour  :  appareil,  équipage. 

A  TOUT  :  avec  cela  seul  ;  à 
tout  Renart,  avec  Renard 
seul. 

Atre  :  autre;  aller. 

Atrere  :  attirer,  exciter; 
altrahere. 

Atrui  :  autrui. 

Aube  crevant  :  le  point 
du  jour. 

AvBERT ,  aubiert  :  haubert , 
cotte  de  mailles. 


AVA  !^(i^ 

Adbiei.  :  aubier,  arbre. 

AucHoiRE  :  Auxcrre. 

AccuBE  ;  tente,  pavillon. 

Audience  (  en  )  :  publi- 
quement ,  en  présence 
de  tous. 

AuFERRANT  :  chcval  de  ba- 
taille. 

AuFRiKE  :  Afrique. 

AuME.  Je  n'ai  pu  décou- 
vrir l'étymologie  de  ce 
mot. 

Auiroi  :  lieu  planté  d'au- 
nes ;  alnetum. 

AuQOAifT  (  li  )  :  quelques 
uns. 

AuQUEs  :  alffrs  ,  ayssi ,  à 
présent,  en  ce  moment; 
auques priés,  a  cela  près, 
excepté. 

AuQUETON ,  auketon  :  cotte 
de  mailles ,  cuirasse. 

Ans  :  eux. 

Ansi,  ausiment : àe  même, 
aussi-bien. 

AoT  :  qu'il  aille  ;  eat. 

AuTE  :  autre;  alter.0 

Autel  ,  autretel  :  pareil  , 
semblable  ;  au  pluriel , 
auli-s ,  auleus. 

A.UTEL  ,  autresi  :  pareille- 
ment ,  semblablement , 
de  même. 

AuTRETAifT  :  autant  ,  de 
même  que. 

AuTRiER  (1')  :  l'autre  hier, 
l'autre  jour. 

AuwE  :  eau;  aqua. 

Aval  :  en  bas ,  en  descen- 
dant. 

Avaler  :  descendre. 


47»  lAI 

ÀTAiryiis  :  M>Hr  de 

«are ,  gmlocbc. 
AwiLTiBa ,  «mItt  ;  Mépri- 

•er. 
ÀTBift  :  voo*  «vas. 
Atbvast  :  portion,  part. 

AvVinft    :    ronwnir         /irw 

avenant. 
ÀTtiiltT  :  qu  II 

arrivât. 
▲vBiiQOB*  :  avec. 
Âvia  :  avare; 
AvBaA»  :  la 

nrmt  , 

mtrvù,  il 
Awarr  :  porolt  aifnicr 

réoai,  r«id«. 
ATaec ,  mmnteà  :  •▼•«. 
▲▼BVLaa  :  ani^ii 
Atuvs  :  rokmté ,  plaiair , 

tôt — ifm  l'crn  Mwihailr; 

de*  plakir»}  /airt  $ei 


A'  ,  ■!'  (rrtmii'  . 

A^  .|<HtV«.U. 

Avua  t  avot*«. 

Avoar  :  avcr. 

Avoiaa  :  diriger,  ooodaire. 

Avoia  s  bt»"'*    r--!.-*.^.» 

fortune 
Avoia  (•'  )  :  M  «voir^  avoir 

mortp  t«cr,  doanir  la 

■H>fft. 

Avoorraa  :  enfant  ilMfi- 

tirae. 
AwTAv  :  catto  annAe. 
aide,  Mconr*. 


fi. 


BàCKUia  :  )< 

jeune  éoiycr,  tkunM» 
qni  lût  M  prnnière  €«»• 


Bai  :  omrcrt. 

Basa  I  poMer,  fcmner  un 
deasetn ,  viser ,  tendre. 

Bui.Laa  :  donner. 

Baillib  :  bailliage,  «oin , 
"^gie ,  administration , 
pnissance. 

BaiLUER  :  r^ ,  adminis- 
trer. 


B. 

rr. 

Bii     -^     maltraiter,  f^ojr. 

Baillibb. 
BâiLtiiT  :  bdlli,  goinrer- 

nenr,  adminisiratear. 
Baimm  :\f  fille,  jen- 

ne  N 
BiLia  :  «iaiiser,  santer,  se 

«livertir. 
Babdov  (à  )  :  hardimefit , 

lans  rf^rt-ve  ,  avrr  joir. 


BAS 

Banerk  :  bannière. 

BiNERET  :  seigneur  domi- 
nant, qui  a  droit  de  por- 
ter bannière  pour  faire 
assembler  ses  vassaux. 

Ba5ie  (osl)  ;  année  ras- 
semblée par  proclama- 
tion, appel  fait  à  la  no- 
blesse. 

Barrelet  :  petit  banc  , 
marche-pied. 

Bakat  :  ruse  ,  tromperie  , 
trahison ,  perfidie. 

Kabbacane  :  défense  exté- 
rieure d'une  yille,  d'un 
château. 

BiABELÉE  (sajettc)  :  flèche 
garnie  de  plumes  ou  au- 
tre matière,  qui  sont  à 
l'extrémité  pour  les  faire 
aller  droit.  Selon  Tré- 
voux, ce  sont  des  flèches 
qui  ont  des  dents  ou  des 
pointes  dans  leur  fer- 
rure ,  ce  qui  les  rend 
plus  dangereuses. 

Babeterk  :  trompeur  ;  <\r 
veterator. 

Babcui5givier  :  marrhan- 
der,  disputer  de  prix. 

Babité  :  coq)s  de  noblesse. 

Babon  :  homme  en  géné- 
ral ,  titre  de  noblesse. 

Baroitie  ,  barounie  :  no- 
blesse, assemblée,  réu- 
nion de  barons. 

Barcm.    f  o/.  Bers. 

Basile  :  le  basilic ,  animal 
fabuleux.  L'auteur  de  ce 
roman  l'appelle  roq  , 
probablement         parce 


BES  471 

<{u  ou  prétendoit  qu'il 
provenoit  de  l'œuf  d'un 
vieux  coq. 

Basset  :  tout  bas,  à  demi- 
voix. 

Bataille  :  corps  de  trou- 
pes ,  armée. 

Batillie  :  fortifiée. 

Bauçaivt  ;  bauchant  :  de 
couleur  jaune,  rousse. 

Bauoeuent  gaiment  , 
joyeusement  ,  hardi- 
ment. 

Baudour  :  réjouissance  , 
joie. 

Baulruvres  :  les  lèvres. 

Baus  :  gai ,  joyeux. 

BsniAU  :  sergent,  archer. 

RtER.  Voy.  Baer. 

Beghine  :  béguine  ,  nom 
d'une  secte  hérétique. 

Behourt  :  joutes  ,  cara- 
coles. 

Benué  d'or  :  terme  de 
blason. 

Benkie  :  qu'il  bénisse. 

Renéoite  :  bénie  ;  Jbene- 
flicta. 

Beniçoit  :  bénédiction. 

Benoitier  :  bénitier. 

Bers  :  baron,  vaillant. 

Besaivt  :  pièce  de  mon- 
noie  en  or  très  pur,  sur 
la  valeur  de  laquelle  on 
varie.  Elle  est  évaluée  à 
dix  sous  dans  la  nnron 
de  .Saint-Louis. 

Bescocirr  :  tromper,  es- 
camoter. 

BESoicifoui  :  qui  est  dans 
le  besoin. 


47*  BOU 

BssQViT  :  bbcuit. 
BiOBA»  :  ▼«ml*  *  ârroj»»- 

ct ,  orfQcU. 
Bktàk  .  goifcc. 
Bevragk  :  bnwrifc. 
BiKa  :  bec. 
BiKL  ;  bel,  bc«n ,  afréa- 

blc;  avoir  $om  birl ,  être 

content. 
BiBVTMinsA    :    félidlar , 

e<wnplwKrnfr,  mImt. 
Bnarmoi  :  bdfroi,  lo«r 

d«  boi*  f|«'on 

•oit  po«r 

qui  I 

vtlk  %t*\*%it  lUc  4loit 

po«é«  tmràm  IWM»  irai 

—nroignt  è  b  condnar» 

ou    l'on    Tonloii    (aire 

l'attAqnr. 
Bism  :  bét«i  hntim. 
BiBvai  :  ««pèea  da  lovtra 

et  de  castor  \JBktr. 
BiLtB  :  biton ,  CMUM. 
BuB  :  petite  aûcW  da  pain 

blanc  qu'on  donnoil  am 

éctUer. 
BiMB  :  l> 

Blaobb  :  flatter  ;  de  blam- 
diri. 

Blavcb  :  blanche. 

IEk.AWOà  :  flatta,  carcaaa, 
amadona. 

Blaudooe  :  flaltcnr. 

Blascibb  :  carcsMT,  cajo- 
ler. 

Blamx  :  l'éca  d'anne»  et 
tes  conleon. 

BocBtboMe. 

Bob  :  bonc. 


BOU 

Bohobt  :  prrioiinafi  du 

roaun  de  Tristan. 
Boiv  t  je  bois. 
Boin  :  bon. 

BomBUBaT  '•  oonnfn^tTf . 
BoituiB  :  irompri 

dr  ,  dnl ,   perd 

pocrisie. 
BoisBB  :  tromper 
Bon:  volonté,  |<l 
BonM   :   fanîaair  , 

aonge,   nil«ia,  pbi 

analtriaiAord^ 

draiL 
Bnn»M.»a  :  fréqurnti-r  tr« 

■Msrais  Ucvx. 
Boanauaa  t  éèhA^<..^. 
Boboiac  :  Ken  da  dflw 

cbe. 
Bos  :  bois ,  forêt  ;  beraf. 
Boaai»  >aoéàré- 

currii  tutenr. 

BoocB  ibondw. 
Booaan  :  boucher. 
Booctsa  t  bouclier. 
Boooon    :   grosse  flécbc  » 

trait  d'arbalète. 
Bovaio  :  verrou. 
BooLiiTB  :  nonikrU. 
BooLia  :  bouillir. 
Bor«f»R.  Fojr.  Bobdb. 
Br>-  l**,  cité  entoup 

r  'in;  de  hmrniu. 

Bons  :  bouc. 

BOCTBIIXIBE  ,     bouÙlUtr 

rcbanson ,  relui   qui   a 
M>io  de  la  cave.  L'auteur 
paroit  faire    allusion   à 
fpielque  (.'  i       : 
revêtu  dt 


CAI 

Boutée  :  pousser,  chasser, 
mettre  ,  exciter  ,  pro- 
duire ;  pulsare. 

Braies  :  culottes,  haut-de- 
cbausscs;  braccœ  j  sorte 
de  filet. 

Braihe  :  crier ,  pleurer  , 
se  lamenter. 

BraIs  :  boue  ,  fange. 

B&A!fc  :  sabre,  épée  qui  se 
tenoit  à  deux  mains. 

Brahkk  :  branche. 

Breteskr  :  parapet,  cré- 
neau ,  palissade  pour 
garder  les  villes. 

Bhetttel  :  Breteuil,  ville. 

BaiÉs  :  lettre ,  brevet  , 
bulle. 

Baiis  xos  (  à  )  :  en  peu  de 
mots. 

BaiÉ](C!fT  :  promplement , 
tout  de  suite ,  à  l'in- 
stant ;  breviter. 

BaiSF.  :  ordure,  fumier; 
grosse  buchc. 

BaocE  :  broche;  brosse. 

BaocEE  :  percer  ,   piquer 


CAI  473 

de  1  éperon  ;  brocer  le 
Gascon ,  proverbe. 

Brochiez  :  percés. 

BRoifciF.R  :  broncher. 

Bruie  :  brûlée  ,  grillée  , 
du  verbe  bruir. 

BcEif  :  bon. 

BiTÉs  :  boeuf;  bos. 

BuFFOis  :  bruit,  rumeur. 

BuFREcniÉ  :  souffli-té.  Ce 
mot  paroit  composé  de 
bu/fe ,  coup  sur  la  joue  , 
et  du  participe  du  verbe 
fraindre ,  rompre  ,  bri- 
ser. 

BcGLE  :  bufQe ,  bœuf  sau- 
vage. 

BuROT  :  tuyau. 

BuiEs  :  chaînes,  liens,  fers 
aux  pieds  et  aux  mains. 

BcisiiVE  :  trompette  ,  in- 
strument de  musique  ; 
buccina. 

Bus  :  buste,  le  corps. 

BuscHE  ,  buske ,  busqué  : 
bûche  ;  faire  la  bûche  , 
tirer  à  la  courte  paille. 


C. 


Ça  :  ici,  à  présent. 
Gaaiciioit  :  la  nuque   du 

cou. 
CAAS-ri ,  caesté  :  chasteté , 

continence  ;  castitas. 
Cace  :  chasse;  venaùo. 
Cachieh  ,  cacier  :  chasser, 

à  la  chasse ,  poursuivre. 
Caï  :  il  tomba. 
Caiacs,  frtàV/;  petit  chien, 


jeune  chien;    de  ranis. 

Çaiens  :  ici  dedans ,  céans. 

Caiieler  :  conduire,  em- 
mener. 

Caillaus  :  cailloux. 

Caille  :  il  importe. 

Caïnes  :  chaînes. 

Caisne  :  chêne. 

Caitis  :  malheureux ,    in 
fortuné;  f(if>ti\in. 


474  CAIf 

ObAiiT    tortc  et  Imii«mi  ; 

chatoad. 
Calba  :  Uraw  «k  oMnac, 

C4uassi.    : 

flèle  r1b—p4tre;  <-<i/m- 

CAU>ro«  ramawl 

«■Sjnc,  a  gmodatoor* 
■#§«  ioïC  a(iw  al  iwt 


CasAsiv 
CAMBovaiami 

ri,    fiUa    dr    c^mbrr 


mgrm. 
CAMBmEi.asc  :  ckai> 


CanOit 


CàMKum  t  M|IH1  d  ctoflr 
da  co«la«r  bnuM. 

CAMBLoraaWft  :  pnift. 

Cas»  :  c^aaip;  cmm^ms. 
Cm^  mmU  ,  dMSip 
doa. 

CAMnoa  :  chaaipMNi. 

Cakcb  :  chance. 

Cascsoii  :   ckaaMm  ;    dr 


Cavanus    :    dMudcU*. 


CA«mi.:< 
CAsotsa  :  duunftr. 
Cakolb  :  la  track黫rtère , 

le  canal  de  la  reapiratioo. 
Cakqcb  :  tout  ca  que. 
Caws  :  champ»;  ramtpi. 
Camt  :   chant ,    chanaoa  ; 

cantus. 


CAR 

Caaraa  rhattier;  rnmêmv. 
Cmmtnmt ,  •  > 

CAimaL(et> 

Ca»!  :  maiileau  «  robe  qui 
avnit  un  chaperoa  pour 
mettre  »ar  la  tête. 

CA»u.aiii  :  ehapalaia  ;  em- 
peMuMW. 

CArataT  :  pctita  couroiUM. 

Caraaoa  r  chaperon,  ea- 
pàc«  da  eapadum  dont 
le»  hoMUMaH  la»  Ism- 
•  aont  coweart  la 


iHt  jaaqti* 
le. 
t-trIAC  ,  eaf>; 
CirsTaSTchi 


Cafom 

CA»aA  :  L...  .:.  . 

Cam  :  chair ,  vtaade;  emrv. 

Caaaoa  :  charbon  ;  c«f4o. 

Cabso*  :  chardon. 

Caa»oii«AO»    :    cardinal , 

cardinanx. 
Cabcii»  :  charger. 
ri«i!r  ,  -anti  ;  char;  ««/■- 

<,.xi.LLxLi.i.    charitable. 
CaaiTi  :  charité;  rhahUu. 
riR^icr    :     naage   de    la 

Cat  >iarier. 

Ckt.  .»c,  assemblée, 

diverùatemcnt 
CAaouta  ;  danarr 

▼ertir. 
CAl»r>«T>ii     rharpfntrr 


CEL 
Cartekiee  :  geôlier;  carco 

rarius. 
Cartes  :  prison  ,  rarcer  : 

charte,  charta. 
Cas,  cat  :  chat. 
Cascuit  :  chacun. 
Casé  :  propriétaire   d'une 

terre  en  iief. 
Caswahius  ,  camaieu  :  pier- 
re fine ,  ordinairement 
de  deux  couleurs,  sur 
laquelle  on  voit  diffé- 
rentes figures  que  la  na- 
ture y  a  tracées. 
Castel  ,  ra^f^VittJ  .'château; 

caste  Uutn. 
CASTELAI5    :     gouverneur 
d'un  château;  castella- 
nus. 
Castiee  :    corriger,   châ- 
tier; casligare. 
Cateili.iee   :   chatouiller, 

harceler. 
Catel  ,  rhatel  :  biens  meu- 
bles ou  immeubles. 
Cauces  :  bas,  chaussure. 
Caocie  :   route  ,   chemin  , 

avenue. 
Cauciee  :  chausser;   cai- 

ceare. 
Caupée  :  coupée. 
Cacs,  c<uu/e  ;  chaud  ;  cali- 

dut. 
Cact  :  il  importe  ;  causât , 
qu'il  importât;  du  verbe 
chaloir. 
Caviaus   :  caveau,   petite 

cave. 
Cbaus  :  ceux-là  ;  il/i. 
Cii  :  tomba. 
CsLis  :  déguisement. 


#HA 


475 


Cembiel  :  assemblée ,  com- 
bat. 

Cemiit  :  chemin. 

Céoir  :  tomber,  faire  une 
chute  ;  cadere. 

Cep  :  entrave,  piège. 

Ceeastk   :   espèce  de  ser- 
pent qu'on  appelle  cornu. 

Ceevus  :  cerf. 

Cescuti  :  chacun. 

CÉUREîfT  :  tombèrent. 

Ceurt  :  il  court. 

Cevai.,  cevaus:  cheval. 

Cevaccier  :  aller  à  cheval. 

Ceveus  :  cheveux;  capilli. 

Cezile  :  Sicile. 

Charré  :  chèvre,  chevreau. 

Chaetk  :  tombée. 

Chaï  :  tomba. 

CuAiEns:  céans,  ici. 

Chaint:  ceinture;  cùtcto- 
rium. 

Chaitit.  Foy.CitTii. 

Chambrelehch  :  chambel- 
lan. 

CnAiToiCE  :  chanoine. 

Chars  :  champs. 

CuAoïR  :  tomber. 

Chape.  Voy.  Cape. 

Chapei.   :    chapeau,    cou- 
ronne de   fleurs,   guir- 
lande. 
Chapeaoit.  f^o^.  Caperoit. 
Chariioitke:  petit  morceau 
de  chair  de  porc  ou  de 
bœuf,  sans  graisse,  qu'on 
fait  ordinairement  gril- 
ler. 
Chardovacs  :  cardinaux. 
Chase.  Voy.  Casé. 
Chasuks:  cheveux  blancs. 


476  LltP 

Cbaatkl:  cliàlran ,  btiuq; , 
▼Ulag*. 

GaAOCSMBirni  :  cluiuft»urv. 

Ca^mr  :  ii    taporte  ;   du 
tctIm  fàmioir. 

C«âA«»  (  mal  )  :  aallMV- 
renx. 

Ci  Air  :  tomber;  cadrrt. 

CaïUDovB  :  caicédota» , 
espèce     d*agale     d^m» 
cooleor    tirant    vu 
jaune  oa  «or  le  bleu 

Catac  :  <|«t  a  ki  cbrreax 

bljuir*  tir  *!rni^«.M>  ;  <  i»> 

«1. 

Ûllt>: 

Catr    ; 
CaaTiTiTt  :  tii 

(  '  W  f  T  •  •         '■  " 

(     M  »  ^    »  ^  ■     ' 

fortiu>« 

M  fute  à  c)> 

CaaTAVCtma  :  • 
aUeràcbair^ 

Caina  :m  tri 

Cai  :  tcL 

CaiAC»  :  ceu. 

Caitr,  cief:   • 

bo«t,  eatréaàte  ;  empmL 
remu-  à  tmf,  tcraiaer , 
iranirà  boôt;  à  ùef  de 
piéempmêtk,à  la  fin. 

CnBuzOtUea. 

CatKvaT  :  petit  dûen  ;  de 
cwiis. 

Cbiee  :  cher;  eanu. 

CuiEaB  :  Tisage ,  mine ,  ac- 
cueil ,  réception. 

Ch'ieet  :  ce  sera. 


c:iT 

Caïaart     r>timr«  amitié, 

conudération. 
CaïaaTK»  (a)  :  vninieni , 

ccrtainrment. 
Caiâi  ;  chr<. 
OnU:  chef,  premier;  de 

empmt. 
Catar  :  il  tombe. 
Caitc»  :  celui 
rairvii  I  ». 
'  \ . 

»  '4'  lui    , 

«  ' 

Caoi._  .  .  ._ ,  tjurrei- 

Irr,  désapprouver,  coa- 
teslar 

Caov  :  !•  'tor. 

f     •    .1     ^ 


Ctaar,  cirry  ;  cerf;  eervtu. 
<  -^xqcirr  :  cbcrdianL 
^  TÛ  t  frraada  raleor. 

•sêuré- 


le. 
.  %  arrêter. 
CiKTaTAïaa  :  chef,  conn 

mandant  ;  de  eaput, 
CiaTaa  :  cbèrre  ;  copra, 
Cirraio  :  cberreiiiL 
Cil  :  celai ,  cenx  ;   àUe , 

celle. 
Ciao«aiar«  :  p.  r.  h<4nsK>a. 
Ci»,  eût  'O- 

tni-là. 
CiTOLE   :    inttmnient    d< 

musique  à  cordes. 


COI 

Cirs  :  ciel ,  cicux  ;  celui. 

Claixer  ,  clamer  :  appeler, 
nommer,  se  plaindre  ; 
clamare. 

Clahé  :  vin  blanc,  vin  clai- 
ret, hypocras. 

Clacwé  :  cloué,  fixé,  atta- 
ché avec  des  clous. 

CiAVAiir  :  ce  qui  scrvoit  à 
porter  l'écu. 

Cléiastrk  :  petit  clerc. 

Clekc  :  savant,  instruit  ; 
homme  d'église;  clericus. 

Clehcie  :  science,  savoir. 

Clokk  :  cloche  ;  clokete  ,  pe- 
tite cloche,  clochette. 

Clop  :  boiteux  ;  ciaudm. 

Closistes  :  vous  fermâtes. 

CLU5CNER  :  cligner. 

Corrix  :  hune,  espèce  de 
petite  cage  ou  guérite 
ronde  posée  m  haiit  an 
mit. 

Coi ,  cote:  tranquille,  pai- 
sible. 

Coiement:  tranquillement, 
sans  bruit ,  à  voix  basse  ; 
quietè. 

CoiNT  :  prudent ,  sage ,  ai- 
mable ,  affable  ;  paré , 
ajusté. 

Coiî«TEMEi»T  :  prudem- 
ment ,  avec  grâce. 

CoiiVTKRiEL  :  nom  donné 
au  singe  par  l'auteur. 

CoiRTisE  :  parure,  affabi- 
lité, sagesse. 

CoiSER,  coisier  :  se  taire, 
apaiser  ;  quiescere  ;  et 
blesser ,  incommoder  , 
faire  de  la  peine. 


CON  477 

CoisiR  :  découvrir,  aper- 
cevoir. 

Coissiif  :  coussin. 

Coït.  f^y.  Coi. 

CoiTR  :  robe ,  saie ,  man- 
teau à  queue  traînante. 

CoKERiL  :  cuisinier  ou 
boulanger. 

CoLouR  :  intrigue  ,  ma- 
nœuvres sourdes. 

CoLP :  coup. 

CoxBRE  :  émoussée. 

CoME5DER  :  donner,  met- 
tre en  dépôt. 

CoMPAiGXE  :  compagnie. 

CoMPAiN  ,  conpain  :  com- 
pagnon ,  camarade ,  ami. 

CoMPARAGE  :  compérage. 

Comparer  ,  comperer  :  a- 
cheter,  payer. 

Compas  :  mesure ,  ordre , 
règle. 

CoMPEif  AGE  :  dariole ,  sorte 
de  pâtisserie  ;  il  est  mis 
ici  par  dérision. 

CoMUNEMF.KT  :  ensemble , 
universellement  ;  coni' 
muniter. 

CoN  :  comme. 

CoivBATÉocR  :  soldat ,  dé- 
fenseur. 

Concile  :  conseil ,  assem- 
blée de  personnes  pour 
délibérer  sur  quelque 
affaire. 

CoifcoROEHEKT  :   accord , 

union. 
CoircoROER  (se)  :  s'accor- 
der ,  s'unir. 
CoifDUis  :  conduite,  action 
de  mener. 


/,78           COIf  cor 

CoMDViT  i  •aav*>gank.  Cosaba»  ;  cou              ... 

CojirAaox:  drapera, 4l«»>  Co«mm«*«                    irr  , 

dard.  c 

Copvii»  (m   fiùrv)  I  M  Co»'' 

ooafeMtr.  stiacacc. 

CoartAtiR  :  eoalÎMMr.  Cosmowis  :  a.. , 

Covvmtml  :  confraïA.  tnpé«  ;  eoMmiiM. 

ComtoiT   t    ooMMisaoii  i  Co„,.^.^     -.-    -  i-^ 

m«Mgratf,coOToltfPit.  (i< 

r           .   CNé,  bi«s  i«^.  Cowotyi                ibtnut , 

Co»aA<rr:i«rMMMMadb«  Coars    ;    uuii>«   romn  ; 

j«  HMto  «Oa*  kl   pCOiiC  COMpl«,rom/>«</ui. 

tion  ;  ctMWMMHin.  Commo»!                   i^on- 

Co«»os*t^c«MflWMlaM«l,  U*ter«  iA« 

ilf  Coirrocft     •  "I         '  '>ii«rii 
Irr. 
CnjiTkAïaK  :  <iKiiii  ,  prifir, 

■Milrv  rbai^n  ,      .•■nlunn'liu; 

mnnni  «advcrMir»,  rcMt« 
tnuiiu. 

Cemroi  :  j'ai  cooMii  ro-  Coutbkdik  :  qu'il  coalre- 

moiêt,  rnnnoimt  dt»*'. 

CovvAioiTBMB  :  «oM^agM.  C.osTBtaoïrr  :  m  haat ,  en 

CoMMiABa  :  adMMr*  payCf  rwootrat. 

éti«   pwn    oa    récôai-  Cfnrraavr*»  :  r^iatrr,  ir 

pcaté.  (- 

CoiiQOB«rs»  ;  coaipiérir;  Co>                              i><<i 

tomqmitrt.  t«vx  ,    «ootrrfait  ;   mn^ 

CosBoi  :  jiroTitMNi ,  «ppa  irmtùu. 

reil ,  équipage  ,   traio ,  CiMnrBVt  :  conrention ,  a< 

HMta,    aff»e»;    ordre,  coré\ eomvrnùo. 

amagcaMBl ,  tfoape.  Coancst  :  novreaa  ron- 

Cow»AP> ;  coairil ,  àJShé-  verti,    frère    coa%<rs 


sHimm.  Gnmwv  :éUii,  cond tu n 

Coatau.  (  parier  bat  i  )  :  Qwnroiaa  ;  guider,  arroif 

parler  à  Toreillr.  P^f""  qadqu'aa. 

CoasKit-LBa    :    consulter.  Cor  :  coap;«<t;^,  car-ie- 

ciaminer,  décider.  duonp,  aoMÎlôi. 


COT 

CoPF.R  :  couper,  trancher. 

Cor  :  cœur,  esprit,  cou- 
rage ;  une  cour,  curia. 

Cor  AGE  :  cœur,  peu  «('■<>, 
esprit. 

Cobbel:  corbeau  j  (unu\. 

CoRDF.Lois  :  cordelier, 

CoRDiELE  :  parti,  attache. 

CoRELMETVT,  (Oreusement  : 
sincèrement  ,  cordiale- 
ment,  de  tout  le  cœur. 

CoRiox  :  attache  de  cuir; 
de  coriuni. 

CoRHER  retrete  :  sonner  sa 
défaite. 

CoBifoiLK  :  corneille. 

CoROis.  Voy.  CONROI. 

CoRoirÉ  :  clerc  ,  homme 
d'église. 

CoRRE  :  courir  ;  currere. 

Cors  :  corps  ;  corpus. 
Coarsc,  train;  grand 
cors ,  grand  train  ;  de 
cursus.  Cœur ,  courage  ; 
cor. 

CoRSU  :  corpulent. 

CoRT  :  cour ,  curia  ;  court , 
curtus. 

Cos  :  coq  ;  coup. 

CosE  :  chose. 

CosTE  :  il  coûte. 

CoTK  :  soubrevestc ,  tuni- 
que ,  robe  de  dessons. 

CoTiELK  :  cotte  d'armes, 
petit  manteau  qui  ne 
passoit  pas  les  côtes,  et 
que  les  chevaliers  jior- 
toient  en  tout  temps  sur 
lenr  armure. 

CoTiKT  (  s'i  )  :  s'y  contint  . 
s'y  maintint. 


COU  479 

Cou  :  ce  ,  cela. 

CouARDEB  :  craindre,  avoir 
peur. 

CocART  :  lAche,  poltron  ; 
lièvre. 

CocciER  :  coucher;  coûta, 
coucha  ;  coucent ,  cou- 
chent. 

CouE  :  queue;  cauda. 

CouFRET  (fere);  je  pense 
qu'il  signifie  mcnager, 
amasser. 

CouLÉicE  :  qui  est  à  cou- 
lisse. 

CoULiCE  :  herse. 

CouLOî»  :  pigeon,  colom- 
be ;  colutnbus. 

CouHART  :  commandement. 

CouMOiTB  compagnie  , 

suite  ordinaire. 

Couifissii^s:  vous  connois- 
siez. 

Coupe  :  faute ,  délit  ;  culpa. 

CouRDiELK.     Voyez    CoR- 

niELE. 

Courre  :  courir;  currere. 

Cours,  court:  cour,  le» 
personnes  qui  la  com- 
posent ;  curia. 

Court  :  cours. 

CouRTii,  :  jardin  ;  hortus. 

CoORTiNR,  tapisserie. 

Cous ,  coux  :  mari  dont  la 
femme  est  infidèle  ;  cu- 
culus. 

CouTiAU  :  terme  de  fau- 
connerie ;  c'est  la  pre- 
mière penne  des  ailes. 

CouTiEi.  :  couteau  ;  cuUel- 
lus. 

Couture  :  champ  labonrc  , 


4<o 


aùmk 


COOTSVAST     :     y 

parole  «lomë» ,  cc«?mh 

IMB  t     MCOra  l      fOMPf 

CooT«siA  :  coofTcair;  «ow- 

Cot:^  rcs  Corvs- 

mai. 
CoovsmaoïT  :  rfHnrriroii , 


CoOTorrta    t    coaroitrr  ; 
CooTorrua  i  *■"" 


ûmurr.  Fbf.CoavuArr. 
Covai  :  r«m«;  eqprwR. 
Caâ»  :  gr«»  ;  cnVMu. 
CmAVAjrraa  :  dilrab*,  bri- 
ller : 
r*    Crmrrmt 
accable. 
CasAvna  :  proaMttre ,  a*- 


Cmèx  :  il   cnrt ,  rrrétdit; 

créutt$  p    ^nnÊà    cfwai  « 

CfvdUEirttf. 
Ca»«an.u>a ,     crâUba  •- 

grilloa: 
Caajua   :    craindre ,    <n»- 

mtert;  eremuif  craint ,  r^ 

dooli  ;  €riem ,  je  crains. 
Catnooa  :  crainte  j  trttmcr. 
CaaoïK  :  je  croyob. 
CasTiAO  :  créBcaa. 
CaioMas  :  tu  eroitroia,  tu 

grandirois. 
CaiaxiRT  :  ilf  craignent  ; 

crient,  il  craint. 


C  l  '  1 

CaïKBa   craquer  ;  m>pmre. 
Cao&aa  (  te  )  tur  le  nca  : 

M  Hniirr  de*  croqvi- 

gaolca. 
CaïQOiLLoa.    f'ojr.    Caa- 

aaittoa. 
Caot»  :  crtmade. 
CaoïtCR 

le  Icfi  , 

Irr  aui  guerre  ^ 
Caoïaaia  :  nMnpr< 

cniqwer;  rrrpt 
CaettraaoïT  -.    n 

anfunttrofa  ;  eraacwrrf . 
Cac»i.U(  :  MCOMM,  Aran- 


Caoïxia  :  mioer,  Atmn- 

Irr. 
Caovra  :  frotta,  MMlcr» 

raia;  rryrptn 
Caoiê,  crmri  A« 

rhrui  .        I     .  .ble  , 

!  r  ;  crmrmtiu. 

Cl)  ce  :  coocott. 

Coatxja  :  rama»»rr,  rr- 
cweillir  ;  cotUgrrr. 

Ccaa  i  cooite;  romet. 

Cuaa  :  ccrar;  cor. 

Coaaaa  :  cbarcber,  cle<- 
mander,  ijmmrrrt;  cmer, 
je  cberche  ;  cmerti ,  cher» 
cbea  ;  ciurent,  il»  cher- 
cbent;  cmùt,  qn'il  cbcr- 
cbe. 

Ccsraa  :  il  coovre. 

Cet  :  que,  qii' 

CciDiKa  :  pri  'ire, 

«'inMgiaer  ,  cvgtàate  ; 
mi,  cmùf  je  pana*. 

Ccioiaa         prcM>an>tion , 


DEB 

])fii5ée,avi$,  sentiment; 

//  mon   cuifiier ,  à    mon 

avis.  - 
CuisT  :  il  cherche. 
CciTE    :     quitte ,    qui   ne 

doit  rien. 
CuiTF.  :  il    abandonne,  il 

quitte. 
CuivF.RT  :  méchant ,  cruel , 

perfide. 


DEF  /,8i 

CuNcuiER  ,  cuncier,  cun- 
hier  :  tromper ,  surpren- 
dre, moquer;  souiller, 
salir. 

CunicvLus  :  lapin. 

Ci; RE  :  soin  ;  cura. 

CcRER  :  guérir;  curare. 

CusToi»E  :  gardien;  custos. 

CUVIERS.    /oj.  CoiVERT. 


D. 


Dakrriih    :    dernici 
daerrain ,  enfin. 

Dairk  :  Darius. 

Dalks  :  auprès,  à  côté. 

Damage  :  dommage ,  dégât , 
perte  ;  ilamnuin. 

Dam  ACIER  :  fainr  tort ,  can- 
ser  du  dommage. 

DAMK-Dé  :  Seign*'"  !»"-■•: 
Dominus  Deii 

DAMMUtA  :  petit  (i.-iini. 

Damoisiai;  ,  damoisiel  : 
jeune  gentilhomme ,  jeu- 
ne homme  de  noble  ex- 
traction. 

Dahcies  :  tutelle,  protec- 
tion. 

Da5T    :     Seiprifiir        ititIImi; 

dominus. 

DaRAIXS,  tlarf  t(i<  '  .  /  M  . 
DAERRAIIf. 

De  :  que. 

Dé  :  Dieu  ;  Deus. 

Dkablib  :  diablerie. 

Debatre  :  disputer,  con- 
tester ,  s'opposer. 

DEBorTF.  :  chassé,  poussé, 
repoussé. 
IV. 


(trci'ptus. 

Dechevoir,  dechoivre,  de- 
roivre  :  décevoir ,  trom- 
per ,  deciperc ;  déchoit, 
il  trompe;  déchut,  trom- 
pé; déçu  te ,  trompée. 

Dediire  :  amuser,  diver- 
tir, récréer, 

1  )tDuiT  :  récréation  ,  passe- 
temps  ,  plaisir. 

Défauts  :  besoin  ,  défaut , 
privation. 

Deffais  :  puni  de  mort , 
détruit. 

Deffeudéour  :  défenseur, 
protecteur. 

Drffews  (en)  :  <l.r..iwlii  ^ 
interdit. 

Deffi  :  je  défie. 

Deffierer  :  ôter  les  fers  ; 
mais  ici  il  signifie  ou- 
vrir. 

Deffouir  :  fouir,  creuser; 
fodere. 

Deffreher  :  ouvrir. 

Défiance  :  défi,  appel. 

Defois         empêchement  , 

3i 


41s  UfcM  liM' 

jéftniit,'/  "-'"^ 

M  priifeoeê,  dugractcr.  *r«  nchr«Bc«. 

défend».  ""••■  '   ''^  ■      ■'■■  .,:u,  ,   j. 


Ui 


Di 


■met  la  m». 
DsacBat  criar  apvra  qael 

fiu'lin  ti^r  iBftiri*  cl  lie 

rikio' 
DAtMi»  ^o 
DtflctT  :  il  d 
DaL  :  de ,  da. 
Dartf*  :  enpTPs. 
Dr!  iiairi  dr 

i  ■ 

DaLITABLk,' 

lllf*  .     Mlll 

affranchi . 

obstacle, 
DsMAnia  : 

propre ,  qtù  afifori.' 
Da&AiirvE ,  dlsatâser.  n-n- 

ter ,  faire ,  agir,  ywwr» 

ner,  agiter,  tniMimUat; 

demainerplait,  discoter. 


A  moindre 

a      délai 

I. 

I  lit  ;  àtÊ  étutora- 

rluii^ner  . 


'y  rtLLzu  :  tnalii 

ire,  arrackar 

de  pûtiM, 
'■'--■-'T    :    coatcutcux  lU  , 
>ir,drtassemenl ,  ba- 

iiinage,  récréation,  re- 

po». 
1  ))>•••-!>  n  :  te  délasser ,  m? 

I  .  axeflspUr ,  fe- 

▼oriscr }     4eporU> 

oooa  CiToriiion»  , 

épargniod  . 


DES 

De  PU  LIER  :  divulguer,  faire 
confidence  ,  publicare  ; 
tlepuliie,  divulguée. 

Dekocte  :  rompue,  dé- 
rangée. 

DE»»Airf,r/c*mcr.-  dernier. 

Dervé  :  insensé,  liors  de 
sens  ;  devins. 

Desakie»  :  secouer,  tirer. 

Desavancier  :  reculer,  re- 
tarder. 

Desbareteii  :  dépouiller, 
détruire,  renverser. 

Descaïné  :  déchaîné. 

Descaus:  déchaussé,  nu- 
pieds. 

De  SCI  RE  R  :  déchirer,  aiet- 
tre  en  pièces. 

Desclore  :  ouvrir,  décou- 
vrir. 

Descociek  ,  descokier  :  dé- 
cocher, lancer;  vibrare. 

I)escompaio5IK  :  si'paré. 

Descokfik  :  qui  ne  s'est 
point  confessé. 

Descoroe  ,  descordcment , 
descort  :  discorde ,  dé- 
bat, difficulté;  discordia. 

Descorder  (se):  se  dés- 
unir, se  quereller. 

Descoukissaiicb:  déguise- 
ment. 

Descoi:50Istre  :  déguiser; 
r/e.vco««^«,  déguisé,  tra- 
vesti. 

Dbscout  :  excuse ,  défense. 

Descoevre  :  découvre. 

Desen AHCREE  :  lever  l'an- 
cre. 

Descete  :  crime  ,  méfait. 

Désespérance  :  désespoir. 


DES  48Î 

Desel'rb  :  sur,  dessus,  par- 
dessus; super. 

Desevrkr  :  séparer. 

Deschisé  ,  desguisié:  orné , 
paré,  ajusté,  diversifié; 
de  diversus. 

Deshaitié.  /'oj.Dehaitié. 

Desuauhergier  (se)  :  ôtcr 
son  haubert ,  sa  cotte  de 
mailles;  se  désarmer. 

Deshiretexeut  :  action 
de  déshériter. 

Desiervir  :  mériter. 

Desiraimekt  :  avec  em- 
pressement. 

Desirier  :  désir;  deside- 
riuin. 

Desist  Mil'!!  .!!>..>  .  Il  ci'ii 
dit. 

Desitikl>      Kilt,   iiuiicîia- 

lant. 
Desloiais  :  traître,  pcrfidf. 
Desloiier  :  délier. 
Desmaillié  (  escu  )  :    écu 

dont    les    mailles    sont 

brisées. 
Desmoruer  (se)  :  rt-uon- 

ccr  au  monde. 
Desmonter  :  descendre. 
Despendre  :  dépenser. 
Despensk   :   buffet,   office 

où  l'on  serre  le  manger. 
Despillier.    yoy.   Depil- 

LIER. 

Despire,  despiler ,  despri- 
sier  :  mépriser,  dédai- 
gner j  despicere. 

Despit  :  mépris  ,  dédain  , 
méchanceté. 

Oesplace  :  déplaise  ;  de'- 
pleuixt ,  qu'il  déplût. 


.',84  '»R*i 

I>lArftiM)9!iKii  :  mcltrr  en 

|:t....-i.       fjir,-    »<>rtir    ■!•• 

i 
iiKtrt  TMO"» 

IroTcne  ; 

courir,  ri 
qu'un. 
Dua«»0!«    T 
aciior 

DftftaïKr 

Dk»aot 

%aiftr 
r 
Dt 


DEY 

rouiller,  ovvrtr  Ir»  >    r 

roui. 


drttnerr. 

rirroki      <! 


,  <iifr^- 


I  j.iri 


Dt»Tl]i    jr  (IrMinr 
DtSToaBta     :     cnpéckrr , 

tnitib!rt  .  itiiturharr. 

■  mbam», 

Dr  t  :  (Irtoamr. 

I>»*ii  ti^PKt  :  vrsrr,  *  — 
nu- ri  ter,  »rrrrr;  tl 

n»*Trk  onrmrnl  , 

•  ontijiti' 
Dr  «TRI»  H  :  • 

et  de  bataille. 

DMTBni»     •       Iri.i  ^ 

prr^-  In» 

te,  tuu^iiii  -   nitirn  tUM. 

DESTicatLi.ir.a  drver- 


troj»«arfoo|M  I  |  • 

in.  'f  <  <    iM  \ 
II.  •   ■    ,     .1.  u,        .1.  ii.i  .     .  1..I 

.  peine  ;  < 
\i, ,  iLua  :  ''•— 
DtviaA  :  <1 


Dàvt&a  .  {>< 
nitTiKSt:  > 
Dktij»  :  je 

DtTl».  .!' 
loii!' 


»i>lipron 
rir. 


m  tgare ,  je 
ir*" ,  rsprimer. 


%€♦  demirn»   voi- 
le partage  de  %c%  hu  ;. 
DavKiKfr*  :  non»  derrion». 


DON 
Dewaster    :     corrompre, 

détruire,  gâter. 
DiisPKÉ  :  orné,  décoré. 
DiAL'LF.  :  diable. 
Dir.  :  dise;  (lient,  disent. 
DiELs.  Vojr.  Decl. 
DiESTRE  :  droit,  droite. 
DicoN  :  Dijon, 
Di-joc  :  dis-je. 
DlXK?rcE  :  dimanche. 
Di5GiTE  :  digne;  dignus. 
Dis  :  discours,    <i*'nt.Mipf  ; 

dicturn. 
Dis  :  jour,  (lies  . 

toujours. 
Dis  :  dix,  de  ce  m  ;  dis  lu/ts, 

dix  fois  autant. 
Dissent  :  dirent. 
Dic  :  Dieu  ;  Deus. 
Divers,  divierse :  bizarre, 

incommode  ,    <l<s;i"r.  i 

blc ,  fâcheux 
Doel  ,  doit.  Voj.  i>ci  I  . 
Doi  :  deux;  duo. 
Doient  :  ils  doivent. 
Doille  :  triste,  fâche. 
Doiws  :  je  donne. 
Dois ,  doit  :  dais ,  siège  ;  de 

tectum. 
Doiz    :    canal  ,     cunduit; 

ductus. 
DoLoiR  :  souffrir,  se  plain- 
dre,   s'affliger;   dolcre. 

Doel,  je  suis  triste  ;  .»*' 

doelent ,    se    plaignant, 

gémissent. 
DoLOR  :  peine,  affliction  ; 

dolor. 

DoMAClSR.^q^.DAMACIRR. 

DoHBOR  :  qui  donne ,  qui 

fait  dos  df»ns 


DUR  485 

DoNES  :  dons,  présons  ; 
dona. 

DoiïB A  :  donnera;  donrai , 
donnerai;  tlonront ,  don- 
neront. 

DoxT  :  donc,  alors,  d'où. 

Dosxoi  :  amusement,  plai- 
sir. 

Dou  :  du. 

DorRT.ERiE  :  mauvaise  fui. 

DoccHR  :  douce;  dulcis. 

Dous  :  deux  ;  duo, 

DoDTE  :  crainte,  peur. 

Douter  :  craindre,  appré- 
hender, avoir  peur ,  du- 
bitare  ;  dout ,  qu'il  crai- 
gne. 

Drecier  (se)  :_  se  lever; 
drecie ,  levée. 

Drois  :  vrai ,  véritable  , 
juste, 

I  >RoiT  :  droiture  ,  justice  , 
équité ,  raison  ;  se  droit 
non,  sinon  la  justice, 
que  la  justice. 

Dru  :  épais,  fort;  de  du- 
ras. 

Drck  :  amie  ,  amant*»)  mai- 
tresse. 

Druerie  :  3»*"t«é,  galante- 
rie ,  vi«î  joyeuse. 

Dce'»'  (me)  :  je  me  plains. 

PtiEi.,  Voy.  Deui., 

DuERRA  :  il  conviendra  ,  il 
plaira  ;  du  verbe  duire  ; 
decere. 

Dnis  :  instruit  ,  appris  , 
conduit. 

Durement  :  beaucoup  , 
avec  excès,  violemment  ; 
dtiriter. 


A 


4A6  EMP 

DuKBR  :  ré«tBter,  Mibtùlcr  i 

dmrart. 
Drt  :  dac .   coadoclnir , 


KNC 


ibrf 


F. 


Ea< 

Eariit  :  rn  pied. 

T- 

f.i*               ■■  «-mplit. 

Ev                      »«•«  ra  pni*. 

Kriuxuiiift 

rnmpr»*; 

' 

KantftT  :  il  rwp 

KHvtaanat    :    •         ,       • 

EoRRT.-Trritt». 

dre. 

EiwB  :  raa. 

Earatr     •' n. . 

El  :  le,  la,  en,  lUn*,  il , 

EarBi«                 .  «•«iiitir. 

•ttire  clm«i  mm  ri  et. 

EarkM 

thof  ri  aitirr. 

F.ariii^-                    ri»r. 

F.IB  :  ailr  ;  mim. 

Ea(c- 

En  :  on. 

T.^iV 

KjIBATtB  (•')  :  Mprt' 

>mrr  arec  pa»- 

ICT,  %\rmnrrr,  «r  f 

rer,  co«rti 

•»Aa»a:c«tiM"i.   .pilkcr- 

EsBtKA    :    |»r<:**u< 

>oit  à  porter  Itcu. 

▼CT,  dcfODtf» 

t  ^«àTaB  :  pooftAer,  four- 

l^aMOTs  (  liica  en  t>c><i 

r  . 

«b  OMttS. 

:  M*  bai»- 

Ea»ciMi«a  ,    emàmM€4er 

..Urr. 

tomber  o«  mellrr  daa» 

•«T  ,     rmbatce^ 

Im  fcn«  dan»  des  «n- 

ment  :  embturadr. 

trarea. 

EsaoïMita  :  >e  mettrr  m 

£-VK-vot  :  me  Toilà ,  roUà 

nabiucadr,   «e  « 

derant  moi ,  je  TOt». 

pour    furprendre   •  < n- 

EMFAiwDaa  :  pooMcr,  lan- 

«emi. 

cer;  tmpiitgere. 

ra  :    chaMer,    ««- 

Exraai  :  garai  de  plnmc». 

r-f  enrafie,  chaaaée. 

EMVEaa  :  empire,  jaridic- 

KxcAXTSMEftT  :  •ortikge. 

tion;  imperium. 

encbanteraeni  ,    aMgie  ; 

EK»aaAoa ,  amper€re:9m' 

inrantalio. 

pereur;  imperainr. 

EffriirirR  :  f>oiircuivr«>. 

ENc; 

EifCHAKciE  :  poursuivie  , 
recherchée. 

Kkciet  :  il  tombe. 

EwciTRR  :  exciter,  provo- 
quer; excitare. 

l.!rcLi;»F.R  :  saluer  en  s'in- 
clinant,  adnnr:  ///<//- 
nare. 

Encombrer  :  uim-;,  <  m- 
barrasser. 

ËNCoicRRiER  :  embarras. 

Encomencuik  :  commencé. 

EwcopER,  enroitper  :  ac- 
cuser, inculper,  décla- 
rer coupable. 

EircocpE  :  coupable. 

EircoCRTiifER  :  tapisser  , 
environner  de  tapis. 

Enoiesme  :  je  pense  que 
ce  mot  si|:;nifie  criminel, 
scélérat  ;  de  crirncn. 

EifOEVErrriERS  :  à  ce  mo- 
ment ,  cependant ,  pen- 
dant que. 

Ekdoi  :  tous  deux. 

EwnRolT  :  envers  ,  égard  , 
environ,  vis-à-vis,  jus- 
tement ;  endroit  soi ,  se- 
lon sa  qualité  ,  sa  char- 
ge ;  endroit  de  nous ,  à 
notre  égard. 

EsFEçorr,  en/ès  :  enfant  , 
petit  enfant. 

EwrRRS  :  infirme,  malade  ; 
injirmus. 

Enforchik  :  augmenté  , 
fortifié ,  soutenu  ,  ap- 
puyé. 

EtirRin  :  désagréable,  ren- 
frogné, d'un  abord  rude 

EifCERRER  :  engendrer. 


EN. S  ,8^ 

EiTGiEN  ,  engin  :  inadiine 
de  guerre  ;  industrie  , 
génie ,  ruse ,  finesse  ;  in- 
genium. 

Engigwikr  ,  enguigner  : 
tromper ,  surprendre  , 
duper. 

EwGiswEUS  :  adroit ,  ingé- 
nieux, industrietix  ;  in- 
geniosus. 

E^GOiirnBE  :  enjoindre. 

ExGRAHT  ,  engrande  :  em- 
pressé, ardent. 

EiTGRiÉs  :  désireux,  avide, 
opiniâtre. 

Enrerir  interroger  , 

questionner,  consulter; 
inquirerc. 

EivLACiK  :  embarrassé,  sur- 
pris ,  obsédé. 

Enmi  :  au  milieu. 

EifMOXDER  :  avoir  ou  in- 
spirer de  l'attachement 
pour  le  siècle,  pour  los 
biens  de  ce  monde. 

Eif  NE-voiR  :  sans  doute , 
assurément. 

EifORTER  :  inviter,  exhor- 
ter; exhorlari. 

ElvPKSRF.R  :  questionner  , 
interroger,  demander. 

ENPRKifDRK  :  entreprendre. 

EXPRÈS  ,  cnpriès  :  après  , 
ensuite. 

EifRiciR  :  enrichir;  cnri- 
kissant,  qui  s'enrichit. 

Enroé  :  enroué;  demttr//j 

Ews  :  dedans,  intérieure- 
ment ;  intiis. 

Ensawi.k  :  ensemble;  in\i- 
mid. 


48$  ENT 

KR»A0CVtBa  .    eMuutae 
deTer,e»âller;r-  ■'• 

Enta «K HT,  emsime 

joiotetnenl  ,  en  iiu  tiir 
trmfM,  iiti««i ,  pwtllr- 
m  iiaoicrr. 

F.ii»!  '«•  »oric. 

KatiAUT,  rmsiemt  :  raiton, 

COn»>>i\«jtii'r    J«  1*.  trll«. 
^«' 
EUftlkM*  »     •< 
rer:  iiuerrr 

^^    ■    -  ■     '  -^.-•. 

;  .il     \\\: 

*i  rcMCnltlr  .    ;'Mr   yi...'. 

EUMKIIIICB  :  o<  ^  'i;w-r  ,  rn, 

bamMcr. 
E»tT««T.  r... 
Est  ;  en 

E«TK  (  »"«,      J   *'  "• 

EvTBCià  :  loiûlk  \  (le  l4M- 

EvrtnTit  t  attenti. 

p|. 
Ejit 

pi 

EjrTt:_„>       .  _.:-!_:. 
r«,  j'entrrrat. 

EvntaRa  -.  enterrer. 

Evm  :  entier ,  «an»  par» 
tag««  Mocèrc  ;  ùiteger. 

Ejrra'ACoisrrtta  (  »'  )  :  «c 
donner  des  avu  mutuel* 
lement,  Ikirc  «ociété. 

EsTaim  :  p.-*.  en  traî- 
nant, en  tirant. 

ExTKKcoxTaBa  (  •'  )  :  ren- 
contrer. 

EwTaartaia  :  »*enti«4Srap- 
pcr. 

EvTaErLBTia  (  s' 


■  Wl  *l 

1». 

KaTaBaaQViBaaii  t 

1 

o- 

L». 

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I 

E«^ 


.  pUtAtr, 


.  *  ama«<-r 

■/•f, 

'^ra, 

m  , 

Kans  :  bermcline,  fetncilr 

da  renard. 
EaaAXT  .  rrramn: 

«■  .       aussitôt  , 

f;  Il ,  prompte- 

mt'itt. 
EaacB  :  aller,   marcher  , 

voyager;  ernur. 
Es  :  voici ,  voilà  ;  rrce. 
E*  :  abetllea,  mouche»  a 

miel;  apcs. 
Es  :  ai» ,  petite  planche. 
T--    .  .  .  ■  ,    !;vcr- 

!cre. 


ESC 

EscAPKR  :  échapper. 

KscAR  :  chiche,  avare. 

EscARCAiTiKR  :  guelteT  , 
épier,  être  en  sentiuelle , 
observer ,  garder. 

EscARSETÉ  :  mesquinerie. 

EscARssKMENT  :  mesqulnr- 
ment. 

Esc  AIDÉ  :  échaudé. 

EscuAKiER  :  échiqiiii  I  . 

£scHA5CK  :  succession. 

Esc  H  A  :t  DE  ,  cschandre  . 
mauvaise  action  ,  scan- 
dale, mauvais  exemple; 
scandalum. 

ESCHAR.   foj.  ESCAR. 

EscHAHNi  :  moque,  insul- 
té, offensé,  calomnié. 

EscHAT  :  qu'il  échappe. 

ElsciiÉiR  :  arriver,  écheoir; 
de  cailcre, 

EscHEt;  :  banni ,  chassé  , 
tombé. 

EscHiNKE  :  échine. 

EscBiTER  :  p.-é.  salir. 

EscHic  :  banni  ,  exilé  , 
proscrit. 

EscHio  :  exil,  lieu  séparé. 

EsciELK  :  corps  de  trou- 
pes ,  armée. 

ESCIEHT.    Voy.  EWSIAKT. 

EciERVELER  :  casscr  la 
tête ,  faire  sauter  la  cer- 
velle. 

EsciL  :  destruction ,  rava» 
ge ,  bannissement ,  pei- 
ne ,  chagrin  ;  exilium. 

EsciLLiER  :  ravager  ,  dé- 
truire ,  bannir  ,  pro- 
scrire; escillie ,  ravagée. 

EscocHE  :  Ecosse. 


ESK  4'^!) 

EscoLE  remontrance  , 

avis ,  conseil. 

EscoLÉ  :  instruit. 

EscoiïDi  :  excuse ,  oppo- 
sition. 

EscoxDiRE  :  excuser,  dé- 
fendre ,  refuser ,  écon- 
duire  ;  escondit ,  écon- 
duit. 

KscoîisÉ  :  caché:  absconsus, 

KscoRNER  :  mépriser. 

EscoT  :  secousse. 

EscoTÉR  :  appuyée,  assu- 
rée ,  fixée. 

EscoTBR  :  payer  sa  part 
d'un  écot. 

ESCOUFLE  ,    CSCOufrc        III I 

lan,  oiseau  de  proie. 

Escot'RsÉE  :  retroussée. 

Esc  RE  MIE  :  escrime. 

EscRiER  :  appeler,  crier. 

EscuiREus ,  escurieus  :  écu- 
reuil. 

EsccMENiKR  :  excommu- 
nier. 

EsGART  :  conseil  ,  avis , 
égard,  raison,  décision. 

EsGRouiTiR  (s')  :  torcher 
sa  barbe ,  relever  ses 
moustaches. 

Esjoii  :  gai. 

EsjoiEHT  (  s'  )  :  se  diver- 
tissent ,  s'amusent  ;  gau- 
dent. 

EsKiERiER  :  échiquier. 

EsKiELE  :  corps  de  trou- 
pes ;  échelle  ;  scala. 

ESKIERVELEB.  fox.EsCIKR- 
VELER. 

EsRiÉs  :  échecs. 
ESKIECS.    Foy.  EsCHIl. 


49*»  KSF 

EsKi 

I..  . 

Rsfticjiii  iRiiT  :  rk|>cnrnc«  , 

Irre.  ..  r..--»^«fcr"»«f»^ 

Eftsmis  :  échine.  E«> 

EMii»KB:r<|ui  1 

HàVàt»  :  nip  -in  ,     E%> 

rboc.  F.»>  '••« 

F«i  *T««tT«  (  «'  )  ■  *VI»n«»t,     F.*» 

E*»IKL 

rin  ,         lot  ;  •  I     , 
itc  d'être     E«»tfiooft:qiiiadr«rpiii   % 

E*tKiioii  :  rkctioa  ;  rier- 

tio.  k.^ 

EtuniiT  :  dnmi.  F.«> 

EâtAaoa  :  éloigac. 
KftMât   •   prfnr  ,    trmtbir  .  .i-^re.mn. 

•<'  bi«binn«nl. 

EftM  >  ^  'roa-      K.«r<iia   '  i' '      îVx 

birr,  rtonner.  i .  lU 

*•'••*• ^  •• tnni«  «......<.... 


Etrovi»  :  boi*  dr  lit  ,  le 
r.taàKift   '  jiiriticr,  aflb»         bord  da  lit. 

gcr,  ficher.  El»o»»«»  -  appuii^,  ««mi- 

EÙrasT  (•')  >nl«; 


l«at.  roa. 

SWAIOSOT  :  Efpag»Ol«  ESMIT                        .                ■lr^ 

EftrAma  :  espitr,  w^tmwa  Fjtrai&t  :  il  eri«,  dVr; 

le  cbâtimeat  qu'on  aie-  imere;  espre$cfr— 

rite.  EftrsiiicvKa  :  m> 

EarABCB  :  goiqaUoa.  ter  es  ttiépigaanu 

EsrAKcica  :  asperftr,  je»  EtraivcoLs  r  marMii^  dr 

ter  de  Ytam  b^tc.  fvnve  <|" 

Vs»k%v^%{%'):  %'Hrykàn^  tcrdeepi'-' 

M  répaml  r              ynor-  ■■■i^iiit  de*  viileff. 

gttVt  F.«»mia»BT  -  4>nflam*u'rrnl 

EsrissK  :  espace. 
E»rAnLE& :  démeiii. ,  .i....r- 
«foer  OM  épmUe. 


EST 

EâPKOHON  :  étourneau. 

EsQVEL  :  ccueil. 

EsRAGiKR  :  enrager. 

EsRAiïSiEWT,  esrant,  esrau- 
rnent.  Voy.  Errant. 

EsRAuÉE  :  enrouée,  qui  a 
la  voix  rauque;  de  rau- 
cus. 

EsRER  :  marcher  ,  aller  , 
agir;  conduire,  mener. 

EsREt'R  :  mauvaise  humeur, 
colère.  Ici  il  paroit  si- 
gnifier impatience. 

EsRijr  :  écrin. 

Ess  iiK  :  portion ,  fragment  ; 
spécimen. 

EssART  :  terre  défrichée  , 
inculte. 

EssACciKR  :  élever  ,  exal- 
ter ;  exaltare. 

Essot^GNB  embarras  , 
peine ,  chagrin. 

Est  (  »'  )  :  et  il  c»t. 

Esta  :  il  est. 

EsTAGE  :  maison  ,  habita- 
tion, domicile;  Ac  status. 

EsTAKR  :  pieu,  pilier,  po- 
teau. 

EsTAinuRE  :  exterminer  , 
causer  ou  donner  la 
mort;  extinguere. 

EsTAL  :  combat,  bataille. 

Estant  (en)  :  droit,  de- 
bout ;  stans, 

Estanter  :  p.-è.  avancer. 

Estas  :  pension ,  revenu. 

Estaus  :  bancs  ,  situes  , 
chaires  ;  de  stallus. 

Ester  :  être,  se  tenir  droit, 
rester,  demeurer,  esse , 
itare  ;  contre  ester ,  ré- 


EST  49» 

sister,  s'opposer;  inis' 
sier  ester,  abandonner, 
quitter  ,  laisser  tran- 
quille. 

Estes-vous  :  voici,  voilà; 
ecce. 

Estéust  :  il  faudroit ,  il 
conviendroit;  estent,  il 
faut,  il  convient. 

EsTiESxi:  :  qui  n'a  pas  de 
tète ,  sans  tête. 

EsTiiÉs  :  vous  étiez. 

EsTixcELÉ  :  étinrelaut  . 
brillant. 

Estivaus  :  bottine  ,  tm 
chaussure  d'été  qu'on 
appeloit  aussi  house. 

Estor  :  choc  ,  mêlée  ,  as- 
saut,  combat. 

Estorr  :  histoire;  fiistoria. 

EsTonÉ  :  garni. 

Estorement  :V  équipage , 
garniture,  le  nécessaire. 

Estormi  :  ému,  étonné ,  en 
rumeur. 

Estort  (  s'  )  :  il  éTÎte ,  il  se 
soustrait. 

EsTOiR.  yoy.  Estor. 

Estoot  :  furieux  ,  impru- 
dent ,  téméraire;  stultus. 

Estootie  :  folie,  étourdc- 
ric,  hardiesse;  sluliitia. 

EsTRAiR  :  paille,  fourrage  ; 
de  stramcn. 

EsTRAiNDRE  :  scrrcT,  pres- 
ser, tenir  avec  force; 
exstringere. 

EsTRAiT  :  issu,  descendu 
sorti;  exlractus. 

ESTRANGIER     (s'  )    : 

gncr,  abandonner. 


EsTmAnt-c»    :     .  irariplrr  .     E.tTciT  :  tl  tent.ilronTtmt. 

E»Tr  « 

Stirjit.  .       ;.    I 

K*TBft  f  n')  :  ni  être. 
E»Tiii  l'-iréctr,  re»- 

»i  :  -'ndre      plu« 

rtrwtl. 
EwTBi»  :  qvrrrllt*  ,    noi«f  . 

débat,   Strr; 

Etrarrtk  :  dt^,  . 
Ictier ,    débat lr< 


i-mt , 


'lut,  qn'iJ  cil- 


EtraoïT  I  Mcrètoamt,  en     Rtâia  :  ^'vr, 


p. 


I    V 


I »; t  utii'  iir  l  \ 


F. 


Fac  t  bit;  fmeà ,  ^  fait 


FaiLLAVCB  ,y<: 
BUlIMpirfnr  r 

Failli»   : 

ppttTfJiiii  ,  jr  ni 

FAijroaK  :  hésiter. 
Faih»      . 


|iijri!i(c , 
'       .  u  la 


Fai»     t.ài.l.ju 

foi»,  rt 
Fait  :  »iii. 
Fait  (comme  il  le)  : 

ment  il  %c  porte. 
Faitcmsitt  :  arec  art,  par 


ijiii*meni  .  artt^tfmrni  . 
•ite- 

IT. 

iite- 

ul. 

Faiti»  :  inAtmit,  bien  ap- 

pria; 
FALArr  :  fiaiManl,  cettant. 
Fali  :  lâche ,  poltron ,  tan» 

e«timpw. 


r 

Fami    i: 

Ucms. 

FAVCAaT   :    III 

cage,  bout 
Fah'  .1  habit, 

f 


FER 
FiRsi  :  plein    de    nourri- 
ture ,    qui    a    beaucoup 

mangé. 
Fas  ^faz  :  je  fais  ;_/ac/o. 
Fatrk  (  lance  sor)  :  lance 

en  arrêt. 
Faudestuef         fauteuii    , 

siège  royal. 
Faudra  ,/««/■«  ;  manquera. 

Voy.  Faillir. 
Facsart  :  poignard ,  épéc 

recourbée  ;  de  faix, 
Fact  :  manque;  i\q faillir. 
Fautre  :  garniture    d'une 

«elle  pour  tenir  la  lance. 
Falvain  :  hypocrisie.  Bar- 

basan  le  dérive  Ae  fal- 

surn  x^elum\ 
I'al'vf.  AS5ESSR  :  a  la  mémo 

signincation  dans  le  lo- 

man. 
Feillo?»  (:'(  '■      »'"<- 

ruplion. 

YllVl^OTMi. ,  jriiifiir  ,  jriDU- 

nie  :  perfidie  ,  méchan- 
ceté ^  cruauté,  mauvaise 
foi  ,  péché  ,  iniquité  ; 
fallacia. 

Fkl  :  félon ,  méchant ,  faux, 
cruel ,  perfide  ,  dange- 
reux ,  brutal  ,  fallax  ; 
felounesse ,  fausse  ,  per- 
fide ,  dangereuse. 

Frlexa  :  biche. 

Fêles  :  chat. 

Fewt  (  sous-entendu  la 
mer)  :  navigue. 

Fer  :  ferme ,/îrmus ;  faire, 
facere. 

Ferieks  :  nous  ferions. 

Frbir  :  frapper,  darder. 


FIE  493 

jeter  ,  entrer ,  pousser  , 
ferire  ;  féru ,  frappé. 

Fernagi:  :  personnage  de 
roman. 

Ferrant  :  gris  tirant  sur 
le  hlatic,  fer rande  mule , 
mule  grise. 

Fers  :  forme. 

Fis  :  charge,  fardeau;  au 
figuré  ,  peine  ,  chagrin. 
Voy.  Fais. 

Fesissent  :  fcroient  ;  fe- 
sistesy  vou$  files  ;/«/>/, 
il  fit. 

Fessel  :  faisceau. 

Feste  :  faite ,  sommet. 

Festu  (rompre  le)  ;  rom- 
pre une  alliance  ,  se 
brouiller;  dcfrstuca. 

Fetement  :  follement,  d'u- 
ne façon  ridicule. 

Il  :fs  :  assuré,  certain; 
fidus. 

\'\ ,  foi ,  promesse  \  de  fi  y 
de  fit ,  certainement  , 
sans  mentir. 

Fiancer  :  promettre,  don- 
ner sa  foi  y  fidere  ;  fian- 
cer prison ,  se  rendre 
prisonnier. 

Fie  :  fois,  diction  numé- 
rale ;  à  le  fie ,  à  la  fois , 
en  même  temps. 

FiELÉE  :  fiel ,  haine,  res- 
sentiment. 

FiENs  :  boue  ,  fumier  ; 
fi  mus. 

Fier  :  fer,  ferrement ;y<?r- 
rum  yfcrramentum. 

?*iEBEWT  :  ils  entrent,  ils 
frappent jyfer*,  il  frappe 


494  ' 

Ce  mot  ot  I  I  ur 

fotf    pmir  *  r  , 

Kl»n  iiT. 

Fisartr  :  lierté ,  orgnctJ. 
FiitTK  :  > 

FlBftTSB  -   ^ 

▼ertir. 
ftiri    :    propru  ! 

fief. 
Fil  :  ÛhiJS/tmt. 
Fl«  :    Miirf-rv  .    Jfmrnftli  , 

mticr  .  ut  ; 

tir    "'  •'  - 

m 

feincrrriarni. 
Fur   :   Uaiu,    froatin 

iW'  '      '         inotaru. 

P»i  ie^linc- 

tion  ,  Jiim»  I   safCMcnt  , 

pMfaititnunl. 
Farta  :  finir,  aMMvir,  <«•- 

Mr,  •clMvcr  ,  r^— ■•- 

terminée. 
FuKMT  :  ib  ii^t. 
FISIQ0B  :  médeciiii  ;  /tkj- 


mëdcctn. 


FiABOrriB      jourr  Hr   la 

flùtr. 
FLAnarr  :  Flamand 
FLAMasoaa  :  flamrn 

Flatiaos  :  flMaokt ,    uu 

flëaa. 
FLKcia  :  fléchir ,  plier. 
FLESTas  :  flétri ,  lÏTide. 
Floob  :  flcor. 


^'•^  ;  I"  atfturan- 

rr  ;  / 
Foi     w»  > 1 1  » 

iujiii|ii<  ni)'!  f  .' 

loTauté. 
F..I»*   r..;    /.  .  .. 

•luHquefoi». 

i  <>|.    B  4  1 

la   ho 


irr,  fain- 


Foi         . 
lie,  lauir, 

I rtr 


le. 

.  ina- 

...    ..-.     j.r..,.,. 

•I'«  picrrr*;  «li- 


tuacMB        rf' 

«iftinir  ;  r 

linUirr*. 
F'oRf  <>^«ii  I  itn  :  mal  con~ 
mer  de  mau- 

FoBiàt 

Foaiocii  :  j  '  on- 

liimarr  ,    .  ao 

l»anni««rmciit. 

FoRfi-HK»  :  qtriltrr,  aban- 
donner, rrpoii^ 

Foaaiata    :    mal:.-.  . . 
expober,  nrttre  drbor». 

FoankMT  :  beaornt  •     '  - 
tement;y!>rK/r/- 

Fcavairr  :  firomeni ,  jru 
uttutiun. 

FoBBtta  :  foorrirr. 

FoB»  :  bor»,   dehors;  ei- 
ceptrf;yî»r(b. 

Foa«B»i  :  cmporiL  , 
lent ,  hors  de  actt». 


GAB 
FonTREKE   :  enlever     par 

force,  voler,  s'emparer 

par  finesse. 
Fos   :  fou  ,   insensé  ;  faire 

que  Jos  ,  agir  foUemcut , 

imprudemment. 
FocACHE  :  pain  cuit  sous 

la    cendre  ,    espèce    de 

bouillie  faite  avec  de  la 

farine     et     des    jaunes 

d'œufs. 
Fon&CE  :  fourche. 
FouRER  :  fourrager,  piller. 

FoURJORKH.  /'.  FORJCRER. 

F0URK.1E  :  fourchue. 
FouaxE  :  forme. 

FoVRSKBÉ.    fo^.  Fous,  M  . 

FouRSER  :  frayoï. 
FoL'RTRAiT    :     tromperie  , 

ruse,  finesse. 
Fraih  :  bride. 
Frait    :    frais  ,    dépense  , 

charge ,  dommage. 
Franc  ,    Jrance  :  noble  , 

élevé ,  sincère ,  libre. 
Franche  :  la  France. 
Francir  :  affranchir. 
Frexin  :  Firmin. 
Fremcre  :  fermeture. 
Frère   menecr  ,    menor  : 

cordelier. 
Frire  :  frémir,  trembler. 


GAI  ',y5 

Froio»  :  coup;  âc/rictio. 

Froisié  :  brisé  ,  froissé  ; 
fractus. 

Fronchier  :  rêver,  dor- 
mir, ronfler;  ici  il  pa- 
roit  signifier  hennir  et 
froncer,  rider  le  front. 

Frouoer  :  fructifier,  pro- 
fiter; dc/ruges., 

Frumal  :  agrafe ,  boucle , 
crochet. 

Fu  :  feu, ybctt*. 

FuELLB  :  feuille  ;yb/!<tt//i. 

FuELLi  :  couvert  de  feuil 
les ,  de  verdure. 

I  iJER  :  prix,  taux,  valeur, 
de  forum  ;  occasion  , 
manière. 

i-'uERRE  :  fourreau. 

Fui  :  je  fus. 

FuiLxoiT  :  fouilloit. 

FuiRÉs  :  furet. 

Fuissent  :  ils  fussent ,  ils 
eussent  été  ;  fuissiés  , 
vous  fussiez,  vous  seriez. 

Fuistes  :  fuite  \fuga. 

Fuse  :  je  fusse  ;/tfj<r/i/,  ils 
fussent. 

Fusicien  ,  fusissiert  :  mé- 
decin. 

FusT  :  bois ,  cercueil  , 
bière  ;  /ustis. 


G. 


Gaaiomer  :  gagner,  pro-  Gaber  :  railler,  se  moquer; 

fitCT.  cavillari. 

Gaaihc  :  gain,  profit.  Gabois  :  raillerie,  plaisan- 
Gabelés         plaisanterie  ;  tcrie. 

cavillaiio.  Gai  :  geai ,  oiseau. 


A9fi 


Gâi. 

'   ■ 

c» 

GAn 

»« 

Gait  .    „■  :  !        •cniin 

!«•  ' 

corp»-'         .r.l.- 

Gaitii» 

'    ■                                            <  rn« 

drt,  |M    . 

«  d. 

vere. 

nr- 

Gai  1 1 

Cr 

!  .  . 

Gai 

<a  , 

jmgmimm. 

GATRtOT   .   id>rtMr 

V 

•ci. 

mairloi. 

CtBia                     .  avouer. 

Gam"*     ijiiiit^ 

<;.  _k. . 

Ga» 

Ht 

m 

rif 

t. ta»  ,     ^tHte  ,     firMttts   - 

1»' 

jnfi,  atmahlr,  ^jra»  i^ n»  . 

q. 

GA!«% 

^..  -t 

GAftAMOI 

•n». 

•enrrr 

'.  il 

GaAOB  : 

'«•e- 

Jommrt     ^-iiriir   , 

mer,  rrgArder. 

l'innner,  laît* 

GAanta  :  irgardrr,  oj 

Li»«r- 

Acr. 

Ter ,   voir ,  ron«iil^tvr , 

Gtair 

iwrc   ..                   eapè- 

Ci»                 reconpmte , 

Aeri^                igsnlc. 

A.1 

Ga&di*  ,  ^OT» .  jartlin, 

▼er- 

GKRaïKft ,  gerroSer  :  fairv 

£er  i     t-'nrtlL'riii  . 

tt«>lit 

la  guerr-      •■ •,-- 

jardin. 

grmar 

Gaai  :  gu<i.,  >wu> 

Guia  :  .■                         {lo- 

«cnré;  cmnumi. 

»«•,  r.                         ,  /«- 

GAftiTB  :  guérite. 

cere;  ^ 

Ga$  :  badioage  ,   plaisan- 

OfTOî»       • 

lerie,  raillerie^  démioa. 

( 

GASTidégài,  nvage, 

dé- 

1                                         .           .,  • 

▼asUdoo;mwiM)K>. 

dirertir  ;  Joaui. 

(iON 

Gfcle  ;  gueule  ;  f^ula. 

GuBLiifE  :  poule;  gallino. 

Ghille  :  tromperie  ,  four- 
berie. 

r.iRETiEA  :  chasser,  aller  à 
la  chasse. 

GiESTE  (conter-  de)  :  ra- 
conter des  histoires,  les 
actions  mémorables  des 
»  grands  hommes. 

GlKT  :  jet. 

GiETF.n  :  jeter,  lancer  , 
chasser,  mettre  dehory; 
gieter  de  vie ,  tuer,  don- 
ner la  mort. 

Giu  :  jeu  ,  plaisanterie  , 
j'nciis  ;  f^itt-parti  ;  alter- 
native,    «lliiix     (]f>    (l.M\ 

choses. 

GicT  :  coucl.:  ,  ...  ^;  ... . 

Glaive  :  loutc  sorte  d'ar-- 
mes  traochantes  ;   mais 
ici  il  paroit  signifier  un 
soldat. 

Gi.AuN  :  osier. 

Gi.AVF.  f'ojr.  Gr.AivK. 

Gliîtb  •:  gelinc ,  poule  ;  ^af 
lina. 

CiLis  :  loir. 

Glohe  :  gloire î  ^/or/'rt. 

GfcovTR.:  gloutonne,  ^t-'"- 
mande  ;  f^lttto. 

'"  I  Nir  ,    glnutrrnu'   : 

iiiandise;;  i^ttlei. 

(in  I  :  fourrage,  botté  de 
paille  de  scii,'le. 

GouE  :  pjail  ,  njouit  ;  ili' 
pauderc. 

GoïRAïf  :  se  rôjouiroil. 

GowFANoîf  :4-tendard,  ban- 
nière, drapeau.' 

IV. 


GRI  497 

GoNFANONîîiER     :     portc- 

cnseigne  ,    porte -éten- 
dard. 
GoT  :  goûte  ,     jouit  ;     du 

verbe  goter. 
GouMi-,  goupius  :  rçnard  ; 

vulpes. 
GouTE  :  point ,  nullement, 

rien. 
GocvKRNERB  gouver- 

neur;  gubernator. 
Grâce   (Dieu)  :  la  grâce 

de  Dieu. 
Grakr  :  agréer,  gratifier, 

consentir. 
Graille   :    instrument  de 

musique     dont    le     son 

»'toit  fort  aigu. 
'  ■-  u  A?f  ORSIME  ,  grandismc  : 

très  grand,  très  élevé. 
Grawment  ,  grandement  , 

beaucoup. 
Grascier      :      remercier  , 

rendre  grâces. 
Gré  ,  gret  :  grâce  ,  récom- 
pense, volonté. 
(tRKER.  Voy.  Graer. 
<  '.  r.  F.GNEUR ,  grcignor,  gri~ 

gneur,   grignour  :    plus 

grand  ,  plus  considéra- 
ble ;  grundior.    . 
KEGOis  :  grcgcdis  j  grœ- 

cus. 
Grenoiv   :   le   poil   de    la 

barbe,  moustache. 
Grever  ,  grievcr  :  nuire  , 

tourmenter,  faire  tort, 

fatiguer;  gravure. 
Griés   :    fâcheux,    grief, 

gravis;  dommage,  tort, 

incommodité. 

3->. 


49*  iivr. 

GtlGOUifTl'  »> 

Gt<'  'llinll!  .1     ,      ^ 

(iosaasMur.  /*<>>.  r.rnar 
Got  :  j/t  don' 


UIK 


(  .  I  I . .  ^  I  r  ■ 


<  «jiiUuirc , 
obterrrr  tino 


II. 


Il  A  «à»  ;  «lit»  populairr* 
liAkiT  :  ru%e  ,  ftacMC. 
HiairAR  (hoM)  :  habile. 
Rjkà»  :  ▼on»  haiMct. 
Habai    :    csclunation   de 

douleur. 
Baimi     etcUunatioo. 
HAiTtm  :  fsi ,  joyrox ,  fpiil 
lard ,    jooâMaat    d'une 
bonne  MuiU  ;  KiUtns, 
Raitbr    :    pUirr  ,      Airr 

agréable. 
lIiEMtw  :  nom  d'an  peu- 
ple ,  Mqets  da  Victu  de 
la  Monlafnt. 
Hava»  ,   hatuu  .    ^àtr    à 

boire,  coupe. 
Bahie  :  hennir;  /. 
H  AGIT  :  haiAAoil. 
HAananairr    :    coura^- 

hardieftic ,  ardeur. 
Haeev  :  cri  pour  implorer 

du  secourt. 
Haelicotb  :  lambeau,  d^ 

chirure. 
Habhas  :  haras  >  écnrie  ; 


•  luipj^'r    d'un    homme 

«l<-  miriir  ,  hajjape». 
llA»it         linxlir;     \iaiHir 

ruile  «  la  l>r<ir)ir. 
HAvaiaa»  ,      /fitéàfrf^vn 

rotte  d«  maillr*. 
llAtrwiAt;  :   hojau  ,    outil 

tie  pionnier    »emnt    à 

remuer. la  terre. 
IIa«lc  :  havre,  port. 
lU  t  je   hais;  héfttt,  lïi 

haiMcnt;  het,  il  hait. 
HaAi-ns  :  armure  de  tête  , 

•ommrt. 
li> 
Ih 

m-     u  I    .    1.1.11  \'tii 
Il  >   Mil.    .   itiCU  }J>' 

■  •  ■.Mon. 

M»  \  '  7  I  nui   Mi^ui- 

hi I  I  roc. 

H  rc,  la 

une 

houe. 
lliDE  :  frayeur,  effroi. 
HiB*:  instrument  pour  on- 


1ER 

foncer  les  pavés  ;   mais 

ici ,  force ,  puissarice. 
HiERBiERCHER  :  domcurcr, 

habiter. 
HiERBu  :  couvert  d'herbes. 
HiEBMEinF.  :  Arménie. 
HiBiUT  :  héraut. 
HiRECHiÉ  :  hérissé. 
IIiRKTEMEiTT    :    héritage  ; 

hœreditas. 
Hoic!«ER   :    grommeler    à 

part,  murmurer. 
Hoir  :  héritier;  hœres. 
HoRESTK  :  honnêteté;  ho- 

nestas. 
HoTTEUR  :  j'honore. 
HoHCUERiE  :  Hongrie. 

HoiTIfIR,  hounir  ■  il-  .ilmnn- 

rcr,  mépriser. 
HuHTBX  :  hontc-ux. 
HosTEus  ?  maison-,   logis  , 

hôtel. 
HoT  :  eut,  avoil. 
HoiTCHE  :  robe  longue. 


ILL  499 

Hou  Plus  :  renard  ;   vulpes. 

HovsiAus  :  sorte  de  chaus- 
sure, bottines. 

HucER  ,  hucier  :  appeler  , 
crier;  tyocarc. 

HuEc  (pour)  :  pour  cela; 
de  hoc, 

HtTERs  :  hors;^^>rw. 

HuHU  :  cri! 

Hui  :  aujourd'hui;  hodiè. 

HuiKR  :  crier,  appeler. 

HuiMAis  :  ce  jour,  à  pré- 
sent ;  d'horlit'. 

Hns  :  porte;  ostium. 

HuisÉona  :  huissier,  por- 
tier. 

HuMLE  :  humUe;  humilis. 

Hijs  :  cris,  huée. 

llusTiK  :  bruit,  clameur, 
choc,  combat. 

HuvEX  :  espèce  de  chapeau 
à  l'usage  des  gens  do 
guerre. 


I. 


Iinrfe  ,  lauc  .  eau;  anua. 
Iaume.  Voy.  HrAUME. 
Ïaus  :  eux  ;  ////'. 
IniCHKs    :   chamois  ,  bouc 

sauvage  ;  Xibex. 
IcEL  :  ce,  cette. 
Icii-  :  ceux-là. 
IcisT  :  ces. 
Ier   ;  hier ,  l'autre  jour  ; 

herl. 
Ierbe  :  herbe. 
IfcBE  :  je   suis,  j'étois  ,  je 

serai  ,    il    sera  ;  icrent  , 


ils  étoient ,  ils  seront  ; 
iert,  il  étoit,  il  sera;  ics, 
tu  es  ;  testes ,  vous  êtes  ; 
du  verbe  iestre  ,  être  ; 
esse. 

Iervr  :  pour  Hcrmeline. 

lEBMiifiF.  :  Arménie. 

Ifstre  :  état  ,  condition  , 
conduite,  vie;  lieu,  pla- 
ce ;  vuidier  l' iestre ,  s'en 
aller. 

Iex  :  les  yeux  ;  ocitU. 

Ilmers  :  les  flancs,  les  cui- 
tes ;  ilia. 


,.M.  JOU 

ItlUC  ,  itttêr<: 
endroit. 

InOB  :  cou!'  ur    .!.    I.li  il   t 

ce,  d'axur  ,  intli- 
IiiDiK  :  Inde ,  f|ti  > 

rindr. 
larita»  :  «fer;  mA'  ' 

IoL«   :    Ir^ 
loMi.' 
jaii 
Iqci  :  |»arriIleaMal ,  éf:- 

!»• 

Ui..". 


I  I    \\ 


.  ilafc  ; 


latoft  :  rolrrr  ,  rmporic* 
,  ment. 


lu. 


ItllK  : 
ItorCT 


if,  ft^ffrr. 


J. 


JaIOLK   ; 

J'itJIOlkl» 


I»  «Uaucux  , 


Jar 

li. . 
Joi  :  N)oui,  gai. 
JniAilT  :  f^'     *■"• 

tefti  ;  . 

JoLIfTI 
Joir  :  je  , 

Joi  «»«  ;  jcu- 
JoUKXtCK,     y 

ne»M  ;  juvrHitu 
Joc»T?.  :  anprw  , 

itirtti. 


JovsvcaiAt;*  :  jrane. 

Jr  :  jru  .  ba''-'-  •  •-      ■ 
Ji  n  .yor/. 


Jr, 


jOgrmrnt ,  /m 


:    joinean  ;  gtmeltu , 
Jm  :  à  ba«,  en  ba». 
•■  ^^'■nua   :    gonveri»  •   , 
fii»irrr  ,  rrndrr   la 


l.Al 


LAI 


5oi 


K. 


Kaiaus,  kaiiel:  petit  chieu, 
jeune  chien;  de  canis. 

KiRiTt  :  cliaçitc;  caritas. 

Kasmâhiu»  :  camaïeu. 

KiL'KAi!V  :  gueux ,  men- 
diant. 

KijiR  :  tomber;  cadcr,  . 

Kexi!5  :  commun, général. 

Kekue  :  surnom  donne  à 
la  souris  par  l'auteur. 

K.EBBA  :  cherchera. 

KecRT  :  il  coift't  ;  heure nt , 
ils  courent. 


Kevec  :  chevet. 

Kevillié  :  chevillé. 

Kl  :  qui,  à  qui,  que,  dont; 
ki-ki ,  combien  que. 

KiEN  :  chien, 

RiERKER  :  charger,  don- 
ner commission. 

KiÉs  :  chef,  télé;  caput' 

Kl  ET  :  il  tombe. 

Kl  ECS,  kius  :  choix. 

KiEVRB  :  chèvre 

KitT  :  il  cueille. 

KoM  :  comme. 


L. 


Lahial'S  ,  lalnel  lanibt'l  , 
terme  de  blason. 

f.AVOUR   :  peine      •■  ■>  ■  ' 
fatigue;  taboi 

lUBOt'RER  r  travaiut'i  ,  sr 
donner  de  la  peine;  Ui- 
borarc. 

Lacier  :  attacher,  lier,  la- 
qucarc  ;  lacics  ;  ce  mot 
est  mis  en  plusieurs  en- 
droits de  ce  roman  au 
lieu  de  ,  armez -vous  , 
parce  que  plusieurs  ])ic- 
ces  de  l'armure  s'atla- 
choient  avec  des  cor- 
dons. 

Laçai*  :  naufrage ,  ruine , 
destruction  ;  de  labans. 

Lai,  laie  :  laïque ,  séculier; 
iaicus. 

Lai  ;  pii-^r  i]i-   po<>ii     '|iii 


répondoit  à  nos  roman 
ces;  lessus.- 

I.AioENCE  :  injure  ,  ii'-"i'' 
outrage. 

LAinEKOiER  :  injurier,  oi 
fenser,  insulter,  avilir. 

Laidir  :  maltraiter,  outra- 
ger ,  dire  des  injures  ; 
Uvdcre. 

Laioure  :  laideur;  injure, 
outrage. 

Laiers  :  dcdan-  li- de- 
dans i  illic. 

Lairai  :  je  laissai  ai ,  mi/af 
il  laissera  ;  lairoic  ,  je 
laisserois  ;  /«/.v,  je  laisse  ; 
laisoit ,  illaissoit;  laist , 
il  laisse  ;  du  verbe  lais  - 
iicr ,  tarder,  manrpui  ; 
(le  laxarv. 

LaI.s  ,    /"M    •  Inid 


5ao  I  »  ^ 

Lâl^ 

l.knr    (• 

tl. 

U) 

clirnibr;  <l 
Law* f 

r< 

A' 

(  r«  V  M»r. 

Laroi  ,   AwurAc  -  liUral , 

«  ;  iofgmi. 

rallié;  Imr^tio. 
LAtoBKMBvr    :    Ul)éralr- 
mcnt ,   géaéwttMMent  ; 

Làa«BSM«.  r(»f .  La»obtA. 

I«ABii  :  Uadc»,  tarra  io- 
cnllM;  MMii*  iliparolt  ù- 
ffliÊtar  id  dtmmttt  , 
,    lofb;    de 


I  i\ 


«ouchrttr. 

1». 

imsinr. 

I  •  .  .iiiiji.n**- ,  ♦«- 

enlernr,  Atrr;  /r- 

LiicB  :  joMy  plalnr;  I»- 


Lboao»  :  Ugat  ; 
LsoiBA  :  Ihcil* ,  aiaé. 
Lbv»  :  IcBte ,  Termiiie. 

Ls»of  r  Uèrr» 

Lkrs  :  fripon ,  i  .1 1  r  >  '  <  .  \  >  > 

leor;  lâfiro. 
LcKats  :  UÎMcrcA. 
Lbs  :  aus. 
Lis   :  côté,  de  iaùu  ;  a 

cÀt^,  anprês. 


U. 

parrttlé  ,   rare ,  ii|pwc  ; 
da  IriwM. 

Lioaita  :  aligaer;  Ugmir , 
alignée. 

Lnnçoa  :  Uaïaçoti  ;  Umax. 

Laa»  :  lynx ,  attimal  ^e  laa 
aneicB»  omi  dit  avoir 
va,  cl  que  let  aodanea 
ngvdjBnt  vMÊÊKnB  nnv— 

I^lÇOitt  Hqm .  ttquiriu  :  le- 
quel. 

Lrrm  ( ritae )  .  ..i*. ,  .«cm. 

Ltr  :  lien  ,  place  ,  ioctu  ; 
moment  favorable. 

I.ii  r  ,  Itui  r ,  limvr  :  liene; 
UucA. 

Livoa  :  lion;  len. 

LiCTB  :  lue  ;  ' 

LlvcaaA  :  Itvr    r.i 


LON 

Lo  :  je  conseille ,  j'approu- 
ve ,  je  loue. 

Lobe  ,  loheric  :  sornette , 
mensonge  ,  raillerie ,  fa- 
ble ,  tromperie  ;  ne  siert 
fors  de  lobes ,  ne  sait 
que  tromper. 

LoBEa  :  tromper,  en  faire 
accroire  par  des  men- 
songes. 

lx>cc  :  chanve. 

LocusTA  :  sauterelle,  lan- 
gouste, écrevisse  de  mer. 

LoER  ;  louer,  vanter,  con- 
seiller, laudare;  loe-jou, 
je  conseille. 

liOETs  :  Louis;  Ludovicus. 

LoHF.RAiTVK  :  Lorraine. 

Loi  (  à  )  :  comme ,  ainsi. 

LouEir  :  lien  ,  attache  , 
courroie. 

LoiiEH  :  lier  ,  attacher  ; 
loiiée ,  liée. 

Louer  ,  loier  :  récompen- 
se ,  salaire. 

LoiifTAiifCiTB  ,  lonUUne  : 
éloignée. 

Loire  :  leurre,  appât;  de 
lorum. 

Loi*  ,  lonc  :  loin  ;  selon  , 
suivant;  secundùrn. 

Lorch  ,  longe  ,  longhc  : 
longue;  il  y  a  sous-en- 
tendu le  mot  demoran- 
ce,  délai,  retard. 

LoNGHEMERT  longue- 

ment ,  long  -  temps  ; 
longé. 


LUT  5o3 

LooN  :  Laon;  Laudunum. 

Lorain  :réne,  bride,  mors 
de  bride;  lorica. 

Los  :  réputation  ,  renom- 
mée ,  gloire ,  récompen- 
se ,  approbation ,  con- 
seil, avis;  lot,  sort,  ha- 
sard. 

LosEKGK  :  fausse  louange, 
flatterie ,  tromperie. 

LosENGiÉ  :  terme  de  bla- 
son. 

Lot  :  je  loue,  je  conseille. 

LocDiER  :  qm  habite  une 
cabane,  terme  de  mé- 
pris. 

LociER  :  salaire ,  récom- 
pense. 

LoupARS  :  léopard. 

Loupe  :  grimace;  de  ln- 
hium. 

LouR  :  leur. 

LocviEi.  loup  ,  jcun<- 
loup. 

LouviERE  :  tanière ,  repaire 
d'un  loup. 

LoviAus  :  jeunes  loups. 

LoviER  :  louveticr,  celui 
qui  chasse  le  loup. 

LuciAiiEL  :  ange  rebelle. 

Lues  :  sur-le-champ  ,  aus- 
sitôt ,  à  l'instant  ;  lues 
que ,  aussitôt  que. 

LupARS  :  léopard. 

Lupus  :  loup. 

Lus  :  brochet  ;  luceus. 

Lut  :  il  fut  permis;  licuit. 


So4  MAI  MM 

M. 


MftAII 

Monooic 

mtUf    4r  , 

a. 

•  Inil    U 

j»otir*ii    qi. 

m*' 

Maa^ 

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M Acr    ••<  . 

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Mais  .  ni-> 

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M 

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II»  ,     iUnge« 

••■'  ,  matmt  ; 

««Toticr 

■i'Utft. 

Mit^T   :    beaucoup,,     uu  '■ 

kTjnd  nonibrr  ,  de  m«/-  Mai  >■               -iiivait,  diffi- 

tmm  ;  mtaùit  et  co/n/fiu-  eile. 

itnJ,  an  gran*I  u'iiiilir»  M4I.-b*iiii      »*•*' 

cnatmklt  ,  ca  ma' 

tpm|H.  M«  ••••••• 

Mai^k  :  phu  grjTi' 

major. 
Mais  :  maiotenanl . 

•ent,  ai                        ,  u  Mxujii 

suite;  /.                            I  !••;  dit;  m 


M  A  R 

Maloitemekt  :■  inéchain- 
inent. 

Maltalbnt  :  dépit ,  colère. 

MAi.vès  :  mauvais. 
^MAjfACE  :  menace;  minatio. 

Makaie  :  miséricortie,  pi- 
tic-;  puissance,  pouvoir. 

Manck  :  iiianclie;  tnanica. 

Manecikr  :  menacer;  ini- 
nari. 

MA^rr.sTtEK  f  joueirr  d'iii 

^strument,  musicien. 
*nA?rGO!viAU  ,  mang^tliel , 
mangouniau  :  machine 
de  guerre  propre  à  jeter 
des  pierres  dar;  !  - 
villes   assiégées. 

Maîtcci  :  imingé. 

Ma?iif.&k     (  demander  )  : 
s'informer. 

Ma5oir  ,   m(in(*r  :  demeu- 
rer, habiter;  rnanerc. 

Ma?ioovkk  :  travaillé. 

Ma:«t  :  je   mande ,    j'ap- 
pelle. 

Martes  :  mainte. 

Maxtiel  :  manteau. 

Mar  :  mal,  mal  à  propos, 
pour  son  malheur. 

Marckaïtt  :  marchand;  de 
mercans. 

Marchaiz    :   étantf ,     lac  , 
marais. 

MARcnis  :  marqiut. 

IMarcik  :  marché. 

Marcoiv.  f.  le  Dialogue  de 
Salomon  et  de  Marcon. 

Mari  ,  marri  :  triste,  affli- 
gé, chagrin;  mœrcns. 

Maronikr  marinier  , 

homme  de  mer. 


ME  M  5o5 

Mars  (saint)  :  saint  Marc. 

Mas,  mat  :  triste  ,  abattu  , 
chagrin,  vaincu. 

Mas  :  mât  de  vaisseau. 

M  ASSIS,  massice  :  massif. 

Matere  ,  matire  :  sujet , 
matière  ;  inatcrîes. 

Macuie  ;  maudisse. 

Malfé  :  diable,  démon. 

MAUGRii  ,  rnaagrct  :  mal- 
gré ;  mauvaise  grâce  , 
mauvaise  volonté. 

Maus  :  mal ,  malè  ;  mau- 
vais ,  malus. 

Mautalent  :  colère  ,  dé- 
sir de  se  venger. 

"Mauvestié  :  méchanceté  , 
malice. 

Mk  :  ma. 

Mkcf  :  mette',  place  ;/^o/ïaf. 

Mkfçre,  meffain  :  faire 
ds,  mal ,  mal  faire  ;  mcf- 
fesistes ,  vous  fites  mal  ; 
d'où  meffaity  coupable, 
qui  a  mal  fait. 

Meffait  :  tort',  crime , 
mauvaise  action,  maie- 
factum. 

Mehaicnier  :  estropier  , 
blesser,  mutiler,  dimi- 
nuer de  force  j  de  irui- 
lignarc. 

Mehainc  :  maladie,  indis- 
position. 

Mkisse  :  je  misse.  «  - 

Mellke  :  combat  ,  que- 
relle. 

Meller  :  brouiller ,  m«t 
trc  mal  ensemble. 

Mkxor    :   mémoire  ;    ///' 
moria. 


5o6           Mt& 

MKS 

Mb«  :  moi. 

Ma»  QOk    ponnru  (|iic. 

Mbvcc  (  runc  ;  :  je  «cale. 

M»^'. 

MsncMB  :  je  «saft. 

11»^ 

Mkvçoioiib    :  mwnoagc  ; 

(atftf  |tcit  • 

McadlaeÛMi. 

Min-*jr.  I!  , 

MsNoift  :  ■wwKtnt ,    q«i 

II 

demande  rasaiô«>*>  -*•■'*• 

M.                                      

fùttu. 

.  e»- 

Mkhék  :  fti^mimt  ^*^- 

,' 

MuiKas  :  coadactM». 

llsVBentmBOt.  '•>« rs  M i 

•M-rmiL. 

MuracA ,    mtmor    .    plu% 

petit ,  muMÊtàn^  muMor  ; 

.. 

frrrt  mmmor ,  cordelicr. 

Msacaiar  , 

MaiiovBVT  :  ito  wfwit. 

krur,    r«i. 

Majuva  :  il  maagv;  il  a 

(îdeat,  iiit 

"•tenture. 

hdd^maiii;: 

'     «cMiit»!  r  il  rkAlùt  mal , 

Maaaii  :  je  memraL 

1 

Msirraaa  ;  mmUnt-,  mrm- 

M» 

d^. 

M>« 

n 

deuil  ,   par   parœJlc*  ;     M* 


M. 


•cr. 


>iK»rRiii«B  :  uuuirr,  nirr, 

loi, 


Bfaaa.  f^ay.  Maiss. 
Maaia  r 

payer;  wttrere. 
Maarra  :  rérwprntc 
MaaTEiixa 


M», à 

Mis  :  ragoAt ,  mêla. 
Mi»  :  cntlayé, 

mûssms. 
Mi%  :  demeuré,  habite 


parler,  cri 
tiqMr; 

MaiDit  :  uLBnvai»  discours, 
.  médisance. 

ll&»in    •i4^  «*ire. 

lla»iAC»:U^reax,  attaqué 
de  la  lèpre,  malheurcus , 
ialbrtnné  ;  inùrUu*. 

MaaUV  :    qn  '(ti'il 

plaçât 
Masaâi  :   tourna   a    mal , 
tomba  fUn»  rinfortunr  ; 


MIE 

meskiece,  qu'il  ossuic  un 
malheur,  qu'il  tourne  à 
mal. 

1Mf,sk.if.f  ,  mes/iivs.  Voy. 
Mbschief. 

MESif  lE  :  suite  ,  compa- 
gnie. Voy.  Maismace. 

Mespaelkr  :  mal  parler , 
médire. 

Mespréisk  :  je  serois  tombé 
en  faute ,  j'aurois  mal 
parlé. 

Mesprisoit  :  offense,  in- 
jure, mépris ,  faute,  dé- 

'•  lit ,  mépcise  ,  erreur. 

Mestier  :  besoin,  néces- 
saire; Dieu  incsUert  le 
service  de  Dieu ,  l'office 
divin. 

Mestis:  métis  ;  de  inirtum. 

ME4TRir  t  art ,  savoir;  ma- 
'I . 

'M  >  luûre  ,   fruit   du 

mûrier  ;  rnorum. 

Mkurissc  :  Maurice. 

Meusse  :  je  sortisse  ;  du 
verbe  movoir. 

Mi  :  me,  moi. 

Mi  :  moitié;  par  mi,  par 
moitié ,  par  le  milieu. 

MiAuwER  :  miauler. 

Mie  :  pas  ,  point ,  non. 

MiEDi  :  mxài^miedis  grans , 
midi  passé. 

MiERCHi.  Foy.  Me&chi. 

MiERCHi  :  je  vous  rends 
grâces. 

MiRRVELLE  BiEL  :  mcrvcil- 
leusement  beau. 

Mièvre  :  éveillé,  vif,  re- 
muant. 


MOI  5o7 

Mi  EX  :  mieux. 

MiGNOz  :  agréable  ,  joli. 

Mil  (  tel  )  :  un  grand  nom- 
bre. 

Mili.or  ,  millour  :  meil- 
leur ;  inclior. 

Mime  :  même. 

Mine  :  sorte  de  jeu  de  dés 
dont  nos  anciens  poètes 
parlent  souvent. 

MiifGifOTE  :  jolie,  bien 
faite. 

Mire  :•  chirurgien. 

Mis  :  mes  ;  mei. 

Misent  :  ils  mirent. 

Miséricorde  :  poignard 
très  pointu  que  por- 
toient  les  anciens  che- 
valiers ;  on  l'appeloit 
ainsi ,  parce  qu'ils  en 
tuoicnt  leurs  ennemis 
abattus ,  s'ils  ne  leur 
crioient  miséricorde. 

MisMEs  :  même. 

Mite  :  monnoie  de  cuivre 
de  Flandre. 

Miuore  :  meilleur;  melior. 

MiDs  ,  mix  :  mieux  ,  meil- 
leur. 

MocoiE  :  moquoit,  rail- 
loit. 

MoK  :  moue  ,  grimace. 

MoiE  :  ma ,  mienne;  mca. 

MoiiEW  :  milieu;  médius. 

MoiixiER  :  femme  mariée  ; 
mulier. 

MoiWEKT  :  mènent ,  con- 
duisent. 

Mois  (mais  des)  :  depuis 
long-temps  ;  des  mois , 
de  long-temps. 


'îoS  Mot 

MoAS»  :  raillr  < 

MttUMfV 

Motm  t  Moatin 


Min 


'•1.., 


maxirt 


j»4r  4ti 
loi. 

Moft! 

Mo»»  ' 

tnarromi  , 

ron». 
Ml»»»     inor*urr  ,  arlion 

iui>r<li'      ■■     - 
Mo»T  (  ■> 

ni  i    ' 
Mon  , 
Mof 
M..»,. 

MotTIEft 

tcre;  mDnn 
MoorrLu  .  j; 

UKK. 


(tri. 


m  '■,  '  1 .  1  à 

,  ii.'.t  " 

':  •  r 

i 

i 

Ml   .r   î 

M.lr 

.Mtiâfc 
mmt, 

^''  t    :  niUiri   .    fiiUlUI. 

'  DAt  :  nirartrc,  mm*- 
«inal. 


Moult: br«ncoitp^m«//«m      MiktiiT     il>  partirrni* 


NIG 

Mus  :  muet,  mutus 

mit.f. 

Ml'nagk  :  retard,  d;  lai  . 
oisivoti',  amusement  fri- 
vole. 

>IusART  :  fou,  l'tonrdi,  fai- 
néant, paresseux. 


NOS  509 

^fusE  :  paresse,  niaiserie, 

fadaise. 
IMusiKL   :    museau,     fare, 

visage. 
MusTELA  :  belette. 
Mut  :  excité. 


N. 


'Skcusi^nar/iri  :  Jis  fesse»; 
na^s.  • 

Nacika  :  navigner,  aller 
sur  mer;  nnvignrf. 

Naik  voir  non  \r. li- 
ment. * 

\\TURK  :  physique,  alchi- 
mie; naturel,  penchant. 

Navf-,  navie  :  hr""""     ■•! 
vire;  /mji/v. 

Naviau,  naiiif  nav.  t  , 
rarcé 

Neisi  nvs  :  même. 

Nki.'  :  ne  le  ;  nés,  ne  les. 

Nés  :  navire,  vSsseau. 

Nksun  :  aucun,  pas  même 
un  ;  ncsunpoi ,  pas  même 
un  peu. 

Niu  :  nui 
de  nor.çrc. 

Nice,  nie  lie  :  niais,  igno- 
rant ,  mal  avûc. 

NicoLON  :  Nicolas. 

NiERS,  nient  :  rien ,  aucune 
chose  ;  por  nient ,  en 
vain,  inutilement. 

Nier  :  nettoyer;  nitideirr. 

Nifes  :  neveu  ;  nepos. 

NlCRF.MANCK  :  néerojiian- 
cic. 


No  (  à  )  :  à  fa  na^. 
NoEF  :  neuf,  no%-cm;  nou- 
veau ,  nnvtts. 
\nh  •  I  ,   naviguer; 


Nouer 
novcr. 

(la 


nier,     ncgare  ; 
nhuxeT^tVyinun- 


:  Norwcgc. 
,  nix. 
NoiSK    :    i)ruit,    tumulte, 

murmure;  noxia. 
NoisiER  :  lairr'du   bruit; 

de  nocere. 
•NoMK  :  bniit  ,  renonnuée. 
Non   :    nom,   réptiiaiiiui  . 

gloire;  nomen. 
No5CEa,  nonchier,  Uo/,,  i,  / . 

rapporter  une  nouvelle; 

annoncer,  faire  savoir  ; 

'nonchoit ,       annonroit , 

faisoit  savoir. 
NnNPORQUANT  :  cependant, 

néanmoins. 
Norois  :  fier,  hautain. 
NoRRETURF.   :    éducation, 

instruction. 
NoRRicHE  :  nourrice. 
NoRRiK  :  nourrie. 
No»  :  nous,  nos  ,  nôtres. 


NoT» 

liant , 

\  rlwnicv. 

t ,  •»   ■.  U-!    n 

rhan- 

Il  >  f.(M 

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•  '-     aTcc. 

r.. 

dcBt  ;  <iW,  irom  enten- 

0»i 

des  ;  do  tvtIm  olr,  MMCrr. 

1 

OtL  :  ttU  i  ocmlm. 

*  0)i>                Rt't  :  roonUre 

Ot%  :  OB«f ,  OTMR  ;  gré ,  vo- 

clcini                'rmi-Anr. 

lonté,  ckon. 

Ovoi'K  •                     ;  htmor. 

Oktks  :  un* le ,  oomge , 

•"  '                                      .'/m. 

acttoa. 

■  ou- 

Obtab  :  il  «mrrr. 

!•                                 ieudoili 

Oiyflir.'oai. 

or       ,  ,                     II. 

Oi(j):j-eirt«id«. 

Oa    (  c'  ;    :    qu'alun  ;  «/• 

Oi-Ji  :  «i-ie. 

rka ,  or  r»     •*«•»!   fi.iii 

OiAirr  :  qui  éeovle;  oiiés , 

d«  bon  ;  o^ 

^contes. 

OacvsL  :  vaAr  ,  ji>i. 

OiLLB,  oie:  knile ;  ol»at. 

Oao  ,  orc/e .-  «air ,  malpro- 

Oi» :  héritier;  tutret. 

pre  ,  vilain ,  puant  \  hor- 

Oia*  :  allée,  venoe ,  Toya- 

ridus. 

ge;  grtuit  oirr,  imnap- 

OaoB,  ordne  ;  onir»-. 

teaent. 

OacEiiK     rang,  or<lr> 

ORT 

OaDEKaA  :  ordonnera  ;  du 
verbe  ordener ,  mettre 
en.  ordre  ,  disposer ,  or- 
donner. 

Obe  :  maintenant,  à  cette 
heure ,  à  présent  ;  tans 
d'or^y  le  temps  présent. 
f'oy.  On. 

Qré  :  tempête,  pluie  d'o- 
rapc. 

Orrillcr  :  ô«puter,  prêter 
l'oreille.  "^ 

Orf.îcdroit  :  à  présenil , 
^dorénavant. 

Orent  :   ils  "avoicnt ,    ils 
^     eurenifi;'; 

Or^r  :  pi^r ,  dire  •,'hrarc. 
•Ork»  :  vous  entendrez^  Y^ 
♦ORfRisiEL,  oifroi  :  brode- 
rie riche  en  or  «u  éti  ar- 
gent dont  du^offdO'^n 
meuble  ,  les  haj>its  ; 
d'aurum  phrygiuni. 

Or  G  EUS  ,  onfùus  f  orgius , 
orguis  :  orgueil. 

Orchillecs  :  orgueilleux. 

ORCt'EixkB  :  être  vain,  fier. 

Orgues  :  instrument  de 
musique  fort  ancien  , 
dont  il  j  avoit  plusieurs 
espèces. 

Orihe  :  origine  ,  race  ; 
origo. 

OaisoM  :  prière,  oratio. 

Orxier  :  or  pur,  or  fin. 

Oroit  :  écouteroit,  enten- 
droit  ;  o/rof',  j'écouterai. 

Ors.  Voy.  Ord. 

Ortiier  :  piquer;  c'ortiier; 
qui  ortie r  finit  ^  qui  doit 
piquer. 


OUT  5ii 

Os  ,  ost  :  armée  ,  camp  ; 
m 'ost,  mon  armée  ;  s 'ost, 
son  armée,  son  camp. 

Os  :  audacieux  ,  hardi. 

Os  :  j'ose. 

OspiTALiKR  :  hospitalier  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem. 

OssiAUS  :  petits  os. 

OsTK  :  hôte,  hospes ;  sujet 
d'un  seigneur  féodal  ; 
guerre,  armée. 

OsTKs ,  osteiu,  ostex  :  hô- 
tel, maison,  logis. 

OsTRissE  :  autruche. 

Ot  :  il  avoit ,  il  eut  ;  il  en- 
tend. 

Othevien  :  Octavien. 

Otweb  ,  olroicr  :  accorder, 
consentir,  permettre. 

Otroi  :  conscntoînrnt .  per« 
.  mission. 

Ou  :  au. 

Oue  :  oie ,  volatile  de 
basse-cour. 

Oi'K  :  œuf;  ovum.    . 

OuEVRE  :  œuvre. 

OuME  :  homme;  homo. 

OuifEURER  :  honorer. 

OuiroR  :  honneur  ;  fief,  sei- 
gneurie. 

OuQUEL  :  auquel. 

OuRKR  :  prier;  orarc. 

OuT  (r')  :  il  eut  de  nou- 
veau. 

Outrage  :  excès ,  snper- 
fluité. 

OuTRACEUS  :  qui  fait  ou 
dit  des  injures. 

OUTREQUIDERIE  ,  OUtrCCui- 

dier  :   témérité ,    arro- 
gance, présomption. 


V  \n 


OPTftKR 

il  MlTBth.  . 

OrvttBA  :  agi 


r;     t>r% 


Tami 

•r 


il  {.jiiî 


f»  r.  mu».  ,i. 


P»» 


Imiibm 


laucc  uu  a  Mtii  «: 

/MM.     l. 

poor  11 
Paok     ' 

pr 
PArroAl  :  prrrofjii. 

1 


/'r-      Par 


lie  , 


l<&  K&XA*' 


nu-ni<- 
liant» 


t(  ;  toi  tenl  ;  />0r  t>r> 


m  l'ARtiKk  :  av< 

»«ji-  PAftUtrrE    : 

■nojoi''  >      ment ,  jusqu'à 
.on  ;  p- 


i> . .  ^ . 


I.. 


PEN 

PiBXOHCiET    :    prononce  , 
annoncé,    fait    connoi- 
tre. 
Paboler  :  discourir ,  s'en- 
tretenir, parler,  para- 
bolari ;  parott ,  il  parle; 
parras  ,  tu  parleras. 
Part  :  faction,  parti ;/>ar^. 
Parti  :  terme  de  blason. 
Partir  :  contrée. 
Partir    :    diviser  ,   distri- 
buer ,    partager ,   pren- 
dre part ,  partiri  ;  part , 
il  prend  part ,  il  reçoit  ; 
parti,  partagé. 
Parc  :  montra,  fit  Toir. 
Parviers  :  pervers  ,    mé- 
^       c)mni',  per\'ersus. 

Pas    :    passage ,    chemin  , 

pont  ;  de  passas. 
Paterne  :  affection  pater- 
nelle. 
Pau  :  peu. 
Pals  :  Panl. 
Pacs   :    pifjiift      i.ii  11  ;    (!.' 

palus. 
Pavemewt  .  ]>.!>',  '  .iircau; 

pavimentum. 
Pechéor  ,    pericre    :    \>i- 

cheur;  pcccator. 
Pecié  fpeciet  :  péché  ;  pec- 

catum. 
Pel  :  pieu;  palus. 
Pelacrapbe  :  paragraphe. 
Peliço!»   :    robe    fourrée , 
▼«élément  garni  de  four- 
rure». 
Peîiauce  :  pénitence,  re- 
pentir; pœnitentia. 
Perdant  :  descente,  pan, 
folline  ;  de  pcndere. 


PES  5i3 

Pendée  :  pendaison. 
Pet» F.    :    plume  ,    pcnna  ; 

fourrure. 
Pens    :   je  pense;  penst , 

qu'il  pense. 
Pensiu  :  pensif,  rêveur. 
Péor.   Foy.  Paor. 
Per  :  pair  ,  pareil ,  égal  , 

semblable;  par. 
Percevoir  ,    perc/ievoir   : 
apercevoir; />frr«/,  j'a- 
perçus. 
Periere     :     machine     de 
guerre ,    longue    poutre 
retenue  par  un   contre- 
poids, qui,  étant  lâchée, 
jeloit  une  certaine  quan- 
tité de  pierres  dans  les 
villes  assiégées. 
Perillier  :  faire  naufrage, 

exposer  à  périr. 
Périls  :  péril,  danger;  de 

pcriciilum. 
Permanable  :  étemel,  du- 
rable ;  permancns. 
Pkrra  :  paroîtra  ;  de  pa- 
rère. • 
Perrie  :  pierreries. 
Perrier  .-joaillier^  bijou- 
tier. 
Pers,  perse  :  bleu  azuré  , 

bleu  très  foncé. 
Prrsevaus  :  Perceval  le 
Gallois  ,  héros  d'un  ro- 
man de  ce  nom.  II  étoit 
neveii  du  roi  Pescheur  , 
dont  il  fut  héritier. 
Peschéor  :  pécheur;  pis- 

cator. 
Peser  :  Hkcher  ,  déplaire  , 
être  à  charge. 

33 


5i4  Pl^: 

Fit  (an)  :  à  l'iMprovuie. 

i*BT»H4.ii  :  b»'"'      '-t-» 

toomealé 
PlVttT   :    qu'il    i"i>ts<   ,    Il 

poorroit ,  il   auroit  pu  ; 


PLA 

PiftAU»  :  mauvaia,  fàchcut. 

' '■'■  —       "flMI. 

•If*  pied, 

Pl>  .fMfilU. 

Fir  .  ,  pliM  mau- 


PBLiJi:p«i^>aaliiiiMfei     Pic 


(I ,   ban- 


Psvt  :  potU  ;  più. 
pMAsirai  :  PatiplMé. 
PaiLATtai  :  rrliqi 
Pi  :  pU»e. 

PutCKttK    :     p«« 

cbrc. 
PiKÇâ  ,    pttre ,    pitthm 

toapt  •    dapvia    Im^ 

tampa. 
Pli  KtTArr  :  aaaa  ralaH  , 

MB*  ft'airilcr,  aar-lr. 

rbanp. 


tiKivR  arrarorr       Ict 

poil»,  rpUari /•<»«. 
PlJiMioiicaiaT  :  éiaMUrd . 


VAC». 

PitKoiMio*  :  patdiiioa. 

PiKâDRB  :  perdre.* 

Pi  ta»  :  pierre. />e£ra,  pire, 

pliu  nuinvata ,  p^jor. 
Piiaa»  :  pierrerica,  pime« 

pn 
Pi  a».  ''nr.  Pm». 

PiaasK  :  i.> 
PiRaT  :  il  ; 

PlKKTC  :  I 

Pitarau  .  |.ci 
PiEaraviU  ;  j.  Mè 

de  troa*. 
Plis  :  piti»  ;  pietéu. 
Pli»,  pirt':    pifd 

piés,  inépris<^. 


Plooa    :    pbu    «aiivai« 

yknipt^or. 
PiftS  :  cbemin  ferrr. 
Pia  :  poilniM ,  ratoiac  , 

pt€tm. 
Pi»r     qn'U  poiaae. 
PiTi  :  pitié,  eo 

piemu, 
Prrôta  t  paiob,    aaiawl 

«aarafe  ainii  noaiMé  à 

caitaa  <l«  m  pOAni'nr 

Pitr  t  pic,  pico. 
Placs  :  qu'il  pUi^ 

reat. 
Plais    :    pbiue  ,    terrain 

uni ,    raaa    campagne  , 


Pi  *it.  plaisi,  piait  :  dia- 
,  liaraiigua  ,  dis- 

•     •''*»'^ ,  réaolu- 

iirtn  ,  'itvoir  de 

piats ,  a^oir  ic  talent  de 
la  parole. 

Pla&b  :  marque. 

pLAvà  :  uai,  aplani. 

P1.ASTKTIC»  :  fertile,  abon- 
«laiil. 


POI 

Platr  :  plaque  de  fer  ou 
cuirasse  qui  se  meltoil 
iinniédiatement  sur  la 
peau. 

Plate R  :  plaquer. 

VvktiKV ^ platiel  :  plat. 

Plbce  :  caution,  répondanL 

PtKissii  :  clos,  parc,  jar- 
din fermé  de  haies. 

Pleitikr  :  plein,  rempli, 
abondant. 

Plexté  :  abondance,  quan- 
ti t**  ;  plenitas. 

Pleot  :  il  ^hii 'f  plaçait. 

Pi.iCE.  F'oj.  Peliçoi». 

Ploi  :  je  plie. 

Plonkier  :  pionger. 

VLortf  p/out.  Voy.  Pi.kut. 

Pi-VsioRs ,  pluxioar  :  plu- 
sieurs ;  plitres, 

Po  :  peu;  h  po' qu'il,  peu 
s'en  faut  qu'il. 

Poe  :  pâte. 

PoÉS  :  ▼ou  pouvez. 

Poi  :  peu;  à  pni,  peu  s'en 
faut  ;  duxqu'à  pot,  dans 
peu  de  temps  ;  se  moult 
poi  non  ,  sinon  très  peu. 

Poi  :  poix  ;  pLx. 

PoiACE  :  péage,  droit. 

PoiB  :  pâte. 

PoïE  ^poiie  :  appuyée ,  sou- 
tenue. 

PoioiTAXT  :  piquant ,  épe- 
ronnanl  ;  poingnc ,  qu'il 
pique. 

PoiiACs  :  boyaux. 

Poiirs  :  temps,  moment. 

PoiîJT  :  il  pique  (  sons-en- 
tendu des  éperons)  ;  de 
pungere. 


POU  jij 

Pointure  :  nombre  de 
points. 

PoisER.  Fojr.  Peser. 

Poissant  :  puissant  ;  po- 
tcns. 

PoxT  :  pond  ;  de  ponere. 

Pooia  :  pouvoir  ;  paons  , 
pouvons  ;  pooit ,  pou- 
voit  ;  poroit,  pourroit. 

PoRCACiER  :  chercher  , 
s'intriguer. 

PoRCAS  :  perquisition,  re- 
cherche. 

PoBFiL  :  bordure  de  di- 
verses couleurs. 

PoRFiTER  :  profiter. 

PoRPARLER  :  poiirparler  , 
entretien. 

PoRPENDu  :  entouré,  en- 
vironné. 

PoRPRENnKNT  :  ravisscut , 
prennent  de  force ,  pil- 
lent ;  porpriSf  saisi  ,  en- 
veloppé, occupé. 

PoRRiER  :  tourbillon  <lr 
jmussière. 

PoRRiERE  :  poussière. 

Port  :  je  porte,  il  porte. 

PoRVAST  :  qu'il  ])rouvàt. 

Pos  :  pot,  uston!)ilr  de  mé- 
nage. 

Pose  :  paus<  ,  i .  pns.: 
pausa. 

Po^wÉE  :  pompr  ,  étalage  , 
grand  train. 

Possée  :  posée. 

PosTis  :  porte  ;  postis. 

Pot  :  il  peut ,  potest  ;  il 
put ,  potuit.  . 

PoTURE  :  nourriture. 

PoucHiN  :  poulet. 


II'.  MIE 

PooM  :  poarprr. 
Povucntà    :    p*iit    porr  ; 

parceibu. 
PooRcmu».  S*  dit  d*mnt 

mit  qvi   met    ha«  *t% 

pHit*. 
Poo«c«Ainiift&  ■  ,  :    -.  Jt 

ter«  tstrtpreadrr,  ponr- 

MiiTrc. 
PooaciKMioii  :  procMMio*. 
PooarttA  :  borilé. 
P«Nrmotii«  :  rac*,  Uga^e, 

tntàuti  fifVftmiês, 
PoiiB»B»»am   :   téldcMi  , 

préméditer ,  pwitMr. 
PooAMM  :  réiol«»'*"-    ••-^ 

tria. 
Po«aMM«*    :    tnnnrr     un 

dtxtia,  prajtlT. 
PoeBQOt«  '  hrrrhai 

avec  •«>' 
Pooaau»».  ^OT.  F' 
PovaviAacK  r  f>r 

préT9jraac« 

PoOaYKCt  :  potirTUTcwr. 

PoviiaTK  :  paavnCé. 
PftAttt ,   ptmUti  ^ 

pruirif»;  prmStUmm. 
I  pi^cW. 

I  •       .  prr^emr:  qvé- 

leur,  |>  r . 

pAKcaac».  i.^    ....<:  parolt 

u{(nifier    pareMeux    au 

ven  174  da  Cooron^e» 

ment. 
PaÉicita  :  prèckrr. 
Paiaa  :  pilûr  ;  ^mm^lort. 
PaKira  :  U  prèle. 
PaBHKRAia   :   le    prraùcr 

d'on  rang»  d'une  file, 

d'une  troupe. 


qu'il 
iU 

•  "»»— 


PKI 
Pftrnp*  ,    /vrvM^ 
prenne  ;  / 
praiMent . 
ceal  ;  p^n 
prrmt  »  i}u 

PaB»Ai»T    t»  -*   t»U*»  ^•- 
vani. 

Pai»  :  pn»  .r.t.i.  r 
P»KftBI]l(.^l»       l».ipli>^. 

Paaa  :  profit,  uiUiié,  avan- 

lag«tfra^r«»f. 
Paav  ;  pmdwt,  taf»,  lin«- 

HM  da  bian,  eonrageiu , 

«aiJlanl;  de  pménu. 
PaaoDoa  :  homme  tafe  ri 

pmdeni. 
Paiia  :  prra ,  pmqaa. 
Païama  :  prtm ,  tvùftj 
Pbuvtbaob  t  prétriae,  ta- 

P«iaBft  :  d'abord. 
PatacaiBB  ,     />'. 

Iwmmr  de  U  cou  ■■ 

fteigneur. 
Patata  :  pri»e« 
Paiaftoia   :   la   brvne .    ir 

temp«  on  il  comnirru  r  a 

faire  nuit. 
Pau  :  prix,  etlinit  .    ..,.«. 

déralion  ^  rrpulation. 
Païaarr  :  prirent . 

menoereu  1. 
Pbui>1  :  •  > 
Pauon  .  ^ 
PatrA  :  ami    particulier  « 

compagnon. 
Paivari  :  confidàMa*  «^- 


QUA 

pROÇAiVE  :  prochaine. 

Prooes-houiies  :  hommes 
prudcns  et  sages. 

I'boec  :  pour  cela. 

Proeche  :  valeur  ,  belle 
action  ,  haut  fait. 

PaoïBR  ,  proiier  :   prier  ; 
proi ,  je  prie;  proier  le 
drap,  demander  l'habit 
'  de  religieux. 

Proiere  :  prière  ; /7reca//o. 

pRoisié.  Foy.  Prisié. 

Proisme  :  prochain,  le  plus 
près  ;  praxiinus. 

Prophesi  :  je  prédis. 

Protoit  :  portoil. 

Provaivoe  :  provision,  pi- 
tance ,  prébende  ;  provi- 
liefitia. 

pRovER  :  prouver,  décou- 
vrir, démontrer. 

pRovQiRE  :  prêtre,  curé; 
proi'isor. 

Pruech  :  près  ,  auprès  ; 
pour  cela,  parce  que. 

PsALTERioir  :  instrument 
•de  musique  à  cordes  ; 
psaltcrium. 

Pue  :  puits  ;  puteus. 

PccHlELE  ,  puciele  :  jeune 
fille,  femme  de  chambre  ; 
puella. 


QUA  5i7 

PuÉEiiT  :  ils  peuvent  ;/>tte/, 
il  peut. 

Puer  :  dehors ,  \oin.^/oràs. 

PuEUR  ^  puour  :  puanteur  ; 
putor. 

Poi.  Ce  passage  prouve 
l'ancienneté  de  celte  in- 
stitution en  l'honneur 
de  la  Conception. 

PuiEifs  :  aiguillons  ,  pi- 
quans. 

PuiER  ,  puuer  :  monter  , 
gravir;  àt podium. 

PuicNAKT  :  piquant. 

PuioiriE  :  poignée. 

Puiiïc  ,  puins  :  le  poing  ; 
pugnus. 

PuiRA  :  présenta,  offrit. 

PuiRiEL  marc  ,  amas 
d'eaux  puantes. 

Puis  :  depuis. 

Puise  (  jou  qu'en)  :  y  puis- 
je  rien?  est-ce  ma  faute? 

PuissKDi  :  dans  la  suite , 
après  ;  post  diem. 

PuLE  :  peuple. 

PuMiEL  :  pommeau. 

Poifciïi  :  puni. 

Pur  TÉ  :  pureté,  innocence  ; 

pure  vérité. 
Put  ,  pute  :  mauvais  ,   in- 
fâme ;  putidiis. 


Q. 


QuARc'oN  :  tout  ce  qu'on  ; 

quanke  ,  quantpte ,  tout 

ce  que. 
QuAifS  :  combien. 
QniRiAC,  ffiitirirl  :  pic'ire  , 


boulet  qu'on  lançoit  avec 
la  balistc ,  trait  d'arba- 
lète, flèche,  dard. 
QuAssEMEifT  :  foiblcmenl , 
à  voix  basse. 


5i8  RAG 

QoâTO  :  cacbcr,  te  blottir, 

M  UqNr. 
QoB  :  CMBmc ,  car  ,  \têrf 

comme  ;  ^ârr  que ,  qorl- 
q««  ckofté  ifBC ,  pffntlaot 

Ot  i!«ev  :  cMMBVii. 

QrKft  :  CJ' 

Qoaa»  :  .i  ■■'  ->••  ■•  ',  •  '"•> 

dicr,  •'i!.(.>jiii«-r  ,   tfutr 


RAI 

Qvirràivt   ;  pal ,  fwteatf 
oa     jaquemart      ipi'oa 
fitfke  en  terre ,  où  l'on 
aiiacbeunl 
faire  tle«  r  \ 
taire*  a  rb< 
ilard* ,  roti 

t^iiia  :  coir,  | 


Quu  :(|U'  - 
QvtftHB  :  rWti 
Oi  »•  »  ;  miaui.  .' , 
,  roijpiMtf. 
^1  .<  w,  ;  ta  eo(i% 

emAarr. 
QcKvaR-caisr:eotl 

(  1 

'  lia;  lie  quir- 

net ,  chapt— . 
Qoi  :  à  qui. 
Qvioaa,  qmdi' 

9^oy.  Cmm* 
QoiKa:j«  dcBu.....  ,  -, 

rt,  qmieri,  il  dMflViie. 

R 

Rabb  :  ngr  ;  mhitt. 
RACATtm  :  rachettr. 
R'acolbb  :  MMlmiacr  ég»> 

Icmcat ,  à  «on  tour. 
Radc  :  eif ,  alerte;  r--'- 
ItADBMBirr  :  avec  r*' 

Raibl.  Ce 

f  melbre. 

blette. 
Raibb,  r  . 
luire;  '< 

\  mot  parôit  m- 
•oe  eepêce    de 

,  ou  ftTon  .  la- 

avec  Tioleoce;  rtgt*tr. 
Radot  :  radolenr. 
Rab»  ,  mter  ;  flav  ,  cott- 

\fx\rifjarr. 
Raob  (dir<;)  :  parler  coauM 

un  exlravairant. 

R  »i?r  .    t'ii 

/;  .  . 

p.  til.  I.r 

Raivabli 

.«(M 

Raibb  :  gt' 
Raiacb    : 

égout ,    canal  , 

RAV 

R^isNER  :  plaider ,  discu- 
ter, raisonner;  ratioci- 
nari. 

Raison  (melre  à)  ;  adres- 
ser la  parole. 

RiHKifTEVOiR  ,  ramentoi- 
vre  :  rappeler  à  la  inc-- 
inoire. 

Ramper  :  monter,  grim- 
per. 

Rahposn E  :  raillerie ,  mo- 
querie. 

Ramposner  ,  raniproner  : 
railler,  se  moquer,  dis- 
puter. 

R  AH  don  ,  randonnée  :  for- 
ce ,  courage,  vitesse  ;  de 
randnn  ,  avec  prompli- 
tuJc,  avec  force  et  vio- 
lence. 

Rapesrier  :  retirer  de  l'eau 
ce  qui  y  étoit  tombé  , 
repi^chcr. 

R4PIAUS  :  rappel  ;  mais  ici 
il  paroit  que  c'est  regret. 

Rasolt  :  il  absout;  rasoiés, 
donnez  -  moi  l'absolu- 
tion. 

Rasis  :  rassis ,  prudent. 
Rasqiti  :  bourbier,  marais. 
Rasse.  roj.  Raisce.. 
Raudr  :  badin ,  rianf,  gai. 
Rahete  (voix):  voix  ran- 
que,  son  de  voix  dés- 
agréable, enroué;  dcrau- 

CttS. 

Ravaler  :  descendre. 

Raviestir  :  revêtir;  met- 
tre en  possession. 

Ravine  :  vitesse,  rapidi'c, 
imp<''tuosité. 


REC  'jii) 

Raviser  :  reconnoitre. 

Re.  Cette  syllabe  ,  que  l'on 
trouve  souvent  devant 
plusieurs  verbes ,  est 
Yiterùm  des  latins  :  de- 
rechef, encore  une  fois. 

Recaner  :  imiter  le  cri  de 
l'ànc,  crier. 

Recarpenter  :  reconstrui- 
re, réparer. 

Recelée    ( en  )    :    on    (  a 
cliettc. 

IIecheuistes  :  vous  leçù- 
tes  ;  reclievt's  ,  recevez  ; 
rechiut y  il  reçut;  de  rc- 
chevoir. 

Reciet  :  il  retombe. 

Reciut  :  reçu. 

Reclain  :  plainte,    m  >  l.i 
raation. 

Reclore  :  refermer. 

Reclusack  liahitntion 

d'un  reclus,  ermitagr. 

Recoi  :  à  l'écart ,  lieu  re- 
tiré, coin. 

Reçoivre  :  recevoir. 

Recoper  :  rctranchrr,  di 
minuer. 

Recoruer  :  rappeler,  faire 
ressouvenir  ,  recordari ; 
rccort,  je  rappelle. 

Recors  ,  recort  :  souvenir , 
mémoire  ,  opinion  ,  sen- 
tence; rccordatio. 

Recovrer  :  refaire ,  réta- 
blir. 

Recréant,     recuu.    n 
rroianl  :  lâche ,  poltron  , 
vaincu  ,    lassé  ,  fatigué. 
C'étoit  une  grande  honte 
pour    un    chevalier    do 


5«o  lU  I  M    N 

ft'avooer  ^rtrtmmt.  Cor^     Rtmiiioa»  . 
mer  Uê  rrcrrme f    iMUtr»"  .l..iii...ir.r 

rn  rrtnitt*  à  cattM  dt 

Rica 
U< 
rr- 
ilrgoùir  K(  < 

Tl  f  <  î  I  K  •  >  .  1    ! .-  r    ,  «  i  : 

RtMRIi»  .;r    , 

«In  iir  ilr  qi: 

■■  ,  J*"   H-'i  Mil» 

)  :«     :     ra<: 

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lt«*ii  :  ilrlDitr,  %u 

«llllli-rfr  -  -      -    '• 
Ir  .    '.> 

Rtrtin  •  I      lit  '< 

atllr  ,1  'r  «1 

RirriT  :  I  i«f  , 

Rrcakt 

Rko  '-^  Rlll«RArni> 

nu:..,  ;,..^,y —  prêt  a         < 

RK«oraD«K  :  répat  Rtxc  :  ). 

taitlir   kft  fbrliJicaiion«  F'    -    - 

d'aoc  TiUr. 
RmmiKK   :  rvrluirgtr  ,         i 

charger  à  »on  tour,  de  R»^ 

ton  e6lé.  rcii- 

RiLBcto»  :  coaunonauté, 

rnavent,  monattcre.  Rsudik  (te)  :  te  faire  re- 
Raucr  :  terme  de  jnrtft-         |i^i«|t    -■■•>.''»••' i^  «;*• 

prudence  féodale ,  droit         mona  « 

seigneurial.  Riiidi;  :  nu  une  ,  rrngtrux, 
RcLiRQit»  :  je  quitte  f  j'a-         ermite. 

bandonne  ;     de    relùi-  Raini  :  royaona;  reg/mm^ 

qiere.  Rbrcb  :  qu'il  rtnàê- 


'»!■" 


RET 

Resoîte  :  règne. 

Rf.nois  :  trompeur  ,  har- 
gneux ,  grondeur,,  coa- 

^    pable;  de  reus. 

Rems  :  rangs. 

Rexterrai  :  je  rentrerai. 

RENUEF(an)  :  le  nouvel  an. 

Rkkvier  :  enchérir,  mettre 
au-dessus ,  augmenter. 

Repairier  ,  reperier  :  re- 
tourner, revenir,  se  re- 
tirer ;  repairomes ,  re- 
tournons. 

Repairier  :  retour. 

Repos,  repus  :  caché,  re- 
tiré.    ■  . 

Reprover  :  reprocher,  im- 
]»rouver;  rcprobare. 

lU  l'isT  :  se  cacha. 

Re<^i  EftRE  r  demander  , 
s'in(ormer,  rechercher, 
de  queererej  renuisent , 
demandèrent.' 

Requit  :  fîn ,  rusé ,  madré. 

Rere  :  raser;  radcrr. 

Rés  :  de  plain-pied. 

Resclarcir  :  briller. 

Rester  :  plaider,  défendre 
en  justice;  ratiocinari. 

Rksou  :  résonneraent  ou 
résonnance  ;  terme  de 
musique.  " 

Resovrdkra  :  ressuscitera. 

Respassf.r  :  guérir,  revenir 
en  santé. 

Respiter  (  se  )  :  se  déli- 
vrer, s'éloigner. 

Respoits  :  réponse. 

Resqukus  :  dégagé. 

Retailler  :  retrancher  , 
diminuer,  rabattre. 


RIQ  521 

Reter  :  accuser. 

Retoill  :  je  reprends ,  je 
♦  '     retire  ;  refait,  il  re])rend, 
il  enlève  ;  de  tollere. 

Retocrkée  :  retour  ;_/a/re 
la  retornée  f  revenir. 

Retrait  :  retraite,  soli- 
•tudc. 

Retr£re  :  réciter,  racon- 
ter, retirer;  retrahere. 

Rsuns  :  robe. 

Recber  :  ravager,  piller, 
voler,  dérober. 

Reveno^a  :  vengea. 

Revenist  :  revint;  revvn- 
rai y  reviendrai;  reven- 
rommes f  reviendrons. 

Revèrsek  ,  revierscr  :  ren- 
verser, trousser,  relever. 

Reviaus  ,  revicl  :  plaisan- 
terie ,  badinage. 

Revicler  :  résister,  s'op- 
poser, se  révolter. 

Revois  :  récalcitrant,  op- 
posant, fier,  hautain. 

Rewarder  :  regarder. 

RiBAuniE  :  libertinage,  in- 
conduite ,    dér^lement. 

RiBAUT  :  libertin,  scélérat , 
bandit. 

RicE  :  riche  ,  opulent , 
abondant. 

RiCEHKNT  :  richement. 

Rien  :  chose  on  affaire  de 
peu  d'importance. 

RiEsifE  :  rêne. 

RiKE  :  riche. 

RiwocEROw  :  rhinocéros. 

RiOTE  :  querelle,  dispute, 
débat. 

RiQUECE  :  richesse;  demai- 


Sa>  SAC 

mer  n^mtte;  éuler  «se 

gnUMk  ptMBpe. 
Roaia.  Vtiy.  Rbvbk». 
RoBBtiK  :  vol ,  tercin. 
loo« ,  roMrr .•  rôc^  rocWr 


Ros 

RoBLU»  t  nmkr. 

R*cini   :   Afin*  -    >lui 


Roioiio 

B.    > 
R 


A  A  II 

RuTAt'vwr.»  .  air,  td 
refrain  de  rli*'>« 
RoimA*.  ^Of.  I 


lt<>«iBt  :  roof*,  ruui 


MCbiiis  :  mbU,  picrrr  f>rtr 

«  Irll»*-.  •    • 


•  <  at*»   '-  *4rrirr 


RossKT  :  petit 


pcr  Iw  devras. 
Ro»  :  roox. 

RoTSStST  :  qu'il  ruUl 


tii   au 

I  ..  .1.. 


s. 


iaatnni;  màkh  t. 
approBCJU 
Sacs  :  il  Mckc  ;  ta.  • 


Mgr. 
iCBf     ntrr 

•  iilevfr. 

vachcz ,  appmirx 
:  dot»  ,    graciewi  , 
iiiabir  ;   fua**s. 


SAR 

Saf.l  ,  saiclf  saiiel  :  sceau  ; 
sigillum. 

SArr&i:  mignon,  agréable. 

Sa-cr  :  je  sais. 

Saials  :  sceaux  ;  sigilla. 

Saielch  :  sceller,  apposer 
le  sceau  ;  sigiliare. 

Saiw  :  graisse  des  ani- 
maux. 

Sainb&be  :  chirurgien. 

Sai^olkr  :  sanglier. 

Sainier  :  saigner. 

Saixiea  (  se  )  :  faire  le  signe 
de  la  croix. 

Saixîiif.  :  saignée. 

Saitts  :  cloches. 

Sairté  :  sainteté. 

Saihtih  :  se  sanctifier. 

Saihtisme  :  très  saint. 

Sairemf.itt  :  semienl  ;  sa- 
cramentum. 

^  (  t  ><tîic5K  :  la  Saxe. 

s  »  j  f  TE  :  flt'che  ;  utgitta. 

Samr  :  santer,  avancer, 
salire  ;  salant,  sautant  j 
taiir  sus,  »e  lever. 

Sawbue  :  pompe ,  équipage 
somptueux  ,  sorte  de 
char  à  l'usage  des  dames, 
litière  ,  housse  de  la  selle 
d'un  cheval. 

S  AMI  If  :  étoffe  précieuse  en 
soie ,  brochée  de  fil  d'or 
ou  d'argent. 

Sahcleht  :  sanglant,  cou- 
vert de  sang. 

Saklaht  :  semblant  ;  de 
sanler,  sembler. 

Sara  :  saura  ;  saront ,  sau- 
ront. 

Sarcu  :  cercueil ,  tombeau. 


SEC  Saî 

Sariens  :  nous  saurions , 
nous  pourrions;  sortes, 
vous  pourriez. 

Sarrasinois  :  qui  est  du 
pays  des  Sarrasins. 

Sas  :  sacs. 

Satbexas  :  Satan  ,  le  dia- 
ble. 

Sauf  (  en  )  :  en  sûreté  ,  à 
l'abri. 

Saume  :  psaume  ;  discours, 
paroles. 

Saus  menus  :  en  sautillant. 

Sacs  :  sauvés  ;  Dieits  vous 
saut.  Dieu  vous  con- 
serve. 

Saut  :  il  avance ,  il  sort  ; 
saut  sus ,  se  lève  ;  du 
verbe  salir. 

Sautf.i.er  :  santillcr. 

Sautier  :  psautier,  psal- 
teriurn. 

SAuvACioif  :  %d\xkt;  salvatio . 

Sauveres  :  sauveur;  sal- 
vator. 

Savereus  :  agréable,  sa- 
voureux ;  saverousete  en 
est  le  diminutif. 

Savoir  i>e  rf.nart:  être  fin, 
rusé,  adroit,  fourbe. 
.  Savomf.s  :  nous  savons. 

SciEN  ,  sciien  :  instruit , 
sage,  savant;  sciens. 

Se  :  sa,  son. 

Sebelin  :  martre  zibeline. 

Seca  :  sécha,  tarit. 

Secre  :  sec,  siccus. 

Secourre  :  secourir;  suc- 
currere. 

Secré  du  cahon  :  la  se- 
crète ,  oraison. 


5fl4  Hl 

Sàia  :   «coir,   ^trv  ««ma  ; 


Sk»  R  t  •■:  qu'il  aide,  donne 

da  «•        "       .-.  —  -. 
.Htto<« 


tir  . 
COIIi'i    • 

Si«  :  ton,  ...>. 

;>tude«l;  mmÊ^ÊU. 
s»  i>  r:*caé,««900lan1 

■Mer  «rfRdrr,   oa  mu 


d*iyi  pri:.. . . 
SsvtMUVcts  rjaridiMkMi 

4a  ÊàmtekâL 
8«— t«m  :  MB|lier. 
8biiib*t«b  :  faaclic 

trr. 
Snnrmc  :  mum.  ptiv«. 
Ssn  :  MM,  nbOAi  ««" 


Sl^ 
rr«enre  ;  m  qmr ,  ' 
pmr  M  ,  à  roodiU^... 
SiâcHC  (ftc)    :  qu'il    »••• 

f    :   Mé^    po<i 
»ir. 


•  K  :  n  M 


.Hitfti.  /or.  Skftl. 
SitatiftvsaT  :  d'il 
niJTt  «crrèe,  prr«< 

.SllK«.    /Vt>.  .SiRft». 

.SiK»«iK     ftrrvir. 


SAorr  :  éloit 

Stai  :  âamK,  lélodieum, 

agréabk.ioB.. 
StaiBii»  :  DooA  Mrioos. 
Sitooa  :  MTor;  foror. 
Se»  :  et  le* ,  et  Irar. 
Sit:  il  tait,  ictt;  trmi ,  il 

Mit,  tcmt;  leuiit ,   qu'il 

»ùt ,  êcirtt, 
•Stc»  ;  icnl;  mWm. 
SioT  :  il  a  coatnme;  »olet. 
ScTKaT:  iU  sarent;  seiumt. 
Si   :   «es,    M>n;   aiasi,  de 

celte  ouaière,  lellemeni , 

de  apoicrc  ;  condition , 


( 


r««CICII»r 


nul 


«  1.  •  mit 

rrrariii»-. 

61OLB  :  voile  i  d'où  M^/r  ' 
faire  voile , 

Sicaii  :  garii> 

Siouoa  :  teifBcar ,  naitre , 
cbef. 

SicaoaAOB ,  ti^momne  :  te»- 
^oearie ,  aotorit^ ,  pou- 
▼otr,  pooipc,  distinc- 
tion. 

Si  Ml  A  :  singe,  fni^nmi. 

Siacaa  :  Mgri  "'. 

Siacata  :   ni  >««' 


SOI 

gner  des  oreilles ,  les 
couper,  comme  cela  se 
pratiquoit  autrefois  à 
l'égard  des  voleurs. 

SlHCNORACE.  f^Ojr.  SlC50- 
RACE. 

SiKGo^  (  rime  )  :  singe. 

SiR  :  asseoir,  placer;  si- 
sent,  s'assirent,  »e  pla- 
cèrent. 

Sis  :  six ,  sex  ;  sis  tans ,  six 
fois  autant. 

SisMKTE  :  soixante. 

SissiMK  :  sixième. 

SisT  :  s'assist ,  se  plaça  ;  de 
■  sedere. 

SiST  :  séyoit,  convenoit;de 
decere. 

SiUE  :  «a  ,  sienne  ;  sua. 

SiuT  :  il  a  coutume;  solet. 

SiCT  :  il  suit  ;  sim-ent,  si— 
l'élit j  ils  suivent;  sivi , 
il  suivit. 

Sodée  :  paie  des  gens  de 
guerre ,  solde  ;  venir  en 
sodée ,  se  mettre  à  la 
solde  d'un  prince. 

SoDiiER,  sodoier :  soldat, 
homme  de  guerre. 

SoEV  :  doux ,  agréable , 
suave  ;  suavis.  Il  se  dit 
aussi  comme  adverbe. 

Soi  (  par)  :  seul ,  tout  bas. 

Soi  :  je  sais,  je  sus. 

Soie  :  sa  ,  sienne ,  sua  ;  soie 
merci,  par  sa  grâce ,  par 
sa  bonté. 
Soigna WT     :    .concubine  , 

adultère. 
SoiiF.MEs,  fo/omme^:  nous 
soyons. 


SOU  525 

SoiL  :  j'avertis,  je  préviens. 

SoissouR  :  son  épouse. 

Sol  :  saoul. 

SoLACiER  :  récréer,  diver- 
tir; solari. 

SoLAs  :  soulagement ,  con- 
solation ;  solatium. 

SoLAUs  :  soleil;  sol. 

SoLERs  :  souliers. 

SoLiER  :  galerie  ,  chambre 
haute ,  étage. 

SoLiiÉs  :  vous  aviez  cou- 
tume ;  soloit ,  il  avoit 
coutume  ;  soloient ,  ils 
avoient  coutume;  de  so- 
lere. 

Sols.  Voy.  Sodée. 

Sols:  payé,  soldé;  de  sot- 
vere. 

SoM  ,  son  :  sommet,  hau- 
teur, siimmu'!  ;  m  son  , 
en  haut. 

SoME  :  le  point  essentiel 
d'une  chose  ,  le  princi- 
pal. 

Son  :  air,  chanson;  sonus. 

S'oN  :  si  on. 

SoNE  :  songe  ,  rêve. 

SoNCMÉs  (ne):  ne  vous 
occupez  pas  de  cela. 

Sons  :  nous  sommes;  su- 
mus. 

SoR  :  couleur  jaune  tirant 
sur  le  brun. 

SoRENT  :  ils  surent;  sot, 
il  sut. 

.SoRis  :  souris. 

Sos.  f^oy.  SOUKE. 

Sos  :  fou ,  sot  ;  stultus. 

SouAVENANT  :  satisfaction , 
plaisir. 


St6  SOI 

SooAVftT    iloucrmciit 
Sot'cotft«  •  vrco«f> 

troaipeii 
Socar.  f^oj.  s--' 
SontrmaaK  (- 

Mrr ,  H*  M  touci 

n'aTfNjr  pt»  betou 
Sorrvaia  (m)  :  M  c(MI»- 

0ir,  M  modigTt  M  ps*- 

wèàtr. 
So«vfi«»  :  mUIi«  i  «Mi|0l- 

MMf,  »oIIm0I. 
Sovrr»t«  :  abtlMiM-TOM , 

Soorf  ftSTOv»  :  pm«  ' 

■né. 
SontftmT  :  Mmlbti 
SovraBTS  :  p«n<r. 

•rtic,  bc»o«ii 

KV0B  f  JiBiy^VW* 

Sowoi 

SoSMB  :  dMffg*,  <«r«U««  I 
réwitât .  fi  d*anê  ron- 

SOCM» 

u». 

Sol'MKt    »">iiin 
Sot  M»  T  :  »«>inii 
Sot-MtrLK»  :  »j:..1j;i  » 
SoOMIBB  :  «onnTii'T 
Soimoamr 

oas. 
Soc  HOU»  :  înTiié». 
Souirui  :  tomitêr  (  m/u»- 

«Mcndn  troaipcUe  )^ 
Sou  a  :  sur. 
SooasisT  :  il  eût  jatlJi ,  U 


fw 

«nnrre  ; 

«lu    *rr 

.■rrr. 

srtAVTI» 

ter. 

'-  -  r  ^DBR  .  »«t 

1 

i>ftoir   : 

SMTT  1 

adroti  i  Mcrei;  smàfiiit. 
SeoTt  t  ■»  rr ,     aomtimtemt  : 

Mtblii<«M«l ,  d*«M  •«•- 

nirrr  ailroil*. 
SftvvaAia  :  prvflû«r,  pria- 

cipal. 
StfTtnrrtt  rntf  :  winrrnt 


porte  Ion  mal. 
.Si  tt  >  '    ont  rciiitMiiK  , 

Snaa  ;  m*»,  %un  ;  fnnf. 

Sva  :  Sor,  trèa  anriimnr 
iriU*  ^  FhMiiria,  dunl 
la  urrmi^r  imni  ■•loli 
Tyr. 


So»  :  en  hanl  ;  $tu  etj'tu , 
hant  et  baa  ;  $e  r^—'-  "•• 
•tu,  a'élOifBcr. 

SosTASCv  :  aontitn  ,  num 
tien. 


TAS 


TEN 


5i7 


T. 


T&Bot'R  :  tambour. 

Taele  :  telle,  pareille. 

Tahor  :  taon ,  grosse  mou- 
che. 

Taiok  ;  grand-père. 

Taisir  :  taire ,  garder  le 
silence;  tacere. 

Taisox  :  taisson  ,  blaireau. 

Tare  :  tache,  souillure. 

Takié  :  souillé. 

Talewt  :  volonté,  désir, 
plaisir. 

Talpa  :  taupe. 

Tandis  :  pendant  ce  temps. 

Taks  :  temps;  par  tans , 
airec  le  temps,  dans  la 
suite  ;  dis  tans  y  dix  fois 
autant. 

Ta:«tkr  :  penser  une  plaie, 
y  mettre  une  tente. 

Tajit  wk  qcakt  (  ne)  :  en 
aucune  manière. 

Taiito»t  :  aussitôt ,  sur-le- 
champ. 

Tapilh  :  p.-ô.  cachette. 

Tapoter  :  frapper. 

Tarki.et  :  tarière,  instru- 
ment pour  percer. 

Targa  :  différa,  retarda; 
du  verbe  targcr. 

Targe  :  bouclier. 

Tarse  :  ville  célèbre  dans 
l'ancienne  Cilicie ,  où 
naquit  l'apôtre  S.  Paul. 

Tas  (  ferir  à  )  :  frapper  au 
hasard  et  sans  savoir  où 
portent  les  coups. 


TissiAus  ,  tassiel  :  agrafes, 

attaches. 
Tatiw  :  coup. 
Taule  :  table  ;  tabula. 
Taurus  :  taureau. 
Taut  :  il  enlève. 
Tavelé  :   moucheté,  semé 

de  taches. 
Té  :  tel ,  pareil  ;  talis. 
Teke  :   qualité,    disposi- 
tion. 
Tempesté  :  tourmenté. 
Tempiest  :  tourment. 
Templiers  :  les  tempes. 
Temporeus         temporel , 

passager. 
Tbmpre    :    promptement, 

tôt  ,    vite  ;     temprc    on 

tart,  tôt  ou  tard. 
Tempré  :  tremp»' ,  tempéré, 

adouci. 
TeSipremekt   :    de   bonne 

heure ,  bientôt. 
Tenant  :    parent ,    allié  , 

vassal. 
Tence  :  dispute ,  querelle  , 

contestation. 
Tencikr    :    réprimander, 

quereller ,  disputer. 
Tenons  :  il  tienne  ;  tenra , 

il    tiendra;   tenront ,   ils 

tiendront. 
Tenre  :  tendre  ;  tener. 
Tehrement:  tendrement. 
Tknser  :  protéger,  défen- 
dre, garantir.  Foy.Tv.v- 

CIER. 


ia8  TOL 

T»  ••'»  ■■ 

I 

délié,  •#•»    "•'•' 
Tft««  :  Uf»r 
TKmvnra  :  i<  rn.r , 


TcftaAi.':  fcapar' .  t  .>». 

TlAAIBV   t   ICgrttrr.   .      !, 

rtmma. 
Ta»,    lemt        Ici ,    |»arril  . 

»r»bUble  ;  mtu. 
Tr«-«tia«  ;  taaiérv. 
I  r   .  :  (  as  :  anMil*  ilr  Ut 

qni  cOTmroil  b  I^U  d« 

I  r  '  Il  t  «T  -   *r  lanM ,  ^•' 


t,  colMir 


TCOHM  :  ik^mr 
Tl : tw ,  U 
Tt  :  t»  jr. 
Tisac:iii  lier». 
TitBi  :  \trTt\  terrm. 
TiKaiB»  :  IdTMlfv. 
TlBftMB  :  mit( 

TiBBTBB  :  latrt 

TlEtTB  :  Xèi». 

TiBvat  :  UiéflM. 

TioBB  :  ti«ttac  ;  À  BBflM  M  r 

anr»  j«  dois  bm  cor 

t«BUrd«cda. 
TiHBBB  :  Bortt  de  Uabour 

de  bMqve. 
TtvcvB  :  tiefltac 
Tim«  :  rarilloB. 

TiTB     9%     HtTB    (n«  >n 

sou  ni  maille. 
Tore  :  ta ,  tienne  ;  tua. 
TouB,  totitr:  ôter,  enlc- 


TRA 

vrr,  rarir,  detrui: 

Irrr  i  iolrmi,  il*  U^tm»- 

tenf",     la/r .     il    rnlrrr  ; 


ToasiB  :  rtlealir,  i 

bruit. 
TnoiLUBB  {%t 

r.t'ételldr'    « 


TokâiBirrr 
ToBiioi»  :  , 

qu'cm  bBltott  à  1 

ToBffBB  :   porte'     - 

lrott%Mr. 
To*  (  nmt)       t..! 
f«roi«ifkie«M«t. 

"^ticm  :  de  l<W/r/'. 

•enrirttc. 
•*«)oiir». 
Tol^l' 
1       ^«irr:loar<    ' 

I     .  r       Mf  ,  rnl.  *e. 

I     <  r  1 1  tw  1 T    (•>urna%%eni. 

'  ••».  T<>ft«KK 

t«»iijo»ir%. 


To«  ni» 


l'aM^e   d«B 


t-  «va  :  BBOBBl  qai 
Utiii  (iti  rrrfetdn  boôc. 

Tbai  :  trahi. 

Tanaa  :  tirer,  aller,  ap- 
procher ,  de  trakere  ; 
traire  aham,  iooflnr; 
crvurjtf ,  iJa  tireol  ;  mite* 
il  tire;  tmùùtt  il  lirAl; 
Iraù,  tiré. 


UEF 

Traite  ,  traiteur  :  traître  ; 

traditor. 
TttAiTiE  :  traite,   étendue 

de    chemin    qu'on    fait 

sans  se  reposer. 
Ta  A  II  ETRE  :  envoyer,  irans- 

tniltere  ;  tramis,  euToyé. 
Trarle  :  tremble,   arbre 

de  haute  futaie. 
Tranlkr  :  trembler,  avoir 

peur;  tremcrc. 
Trape  :  piège;  au  figur«5  , 

embarras. 
Trauer,  iraui"r     i>'"i' 

faire  un  tro 
Tracs  :  trous. 
Travaillé,  traviili 

gué,  iiM 
Tnr.  :  pa\ 

m»'e. 

TrEUCCUIFF.    ,         irchw  icr    : 

tomber,  renverser,  do- 

troire,  r>iî"''-    tr.hn, ,,  t 
tombé. 

TrECRRIï.  fiiiiiKni-.   mm  - 

bcric,  tromperie,  ruse, 

intrigue. 
TREr.Fs  :  cheveux. 
TREr  I  trompeur  , 

fou  : 
Trrf  ,  im.  Foy.  Tré. 
Trerkrie.  /V^-.Trecerie. 
Trekçaitt  :  tranchant. 
T •  trenché. 


UI  529 

Trepkr  :  trépigner,  sauter  ; 
tripudiare. 

Trks  :  dès ,  depuis ,  au- 
près ;  très  dont ,  depuis 
long-temps. 

Tresorie  :  trésor,  richesse. 

Trespassable  :  périssable. 

Trestodt:  tout;  trestuit, 
tous. 

Triacle  :  thériaque  ,  con- 
trepoison. 

Tristran  :  Tristan  ,  héros 
lin   des    plus    anciens 
^  'inans  de  chevalerie. 

Tristre  :  afQigé,  chagrin; 
tristis. 

TniuwEs  ,  trives  :  tiève, 
suspension  d'armes. 

Trompk  :  trompette;  trom- 
pe arainc ,  trompette 
d'airain. 

Tromper  :  sonner  de  la 
trompette. 

Tropiel  :  troupeau. 

TnosER.  Voy.  Torser. 

Trovieks  :  trouvions;  irue- 
vent ,  trouvent;  Iruis,  je 
trouve  ;  truist,  il  trouve. 

Trliwe  :  truie. 

Tuew  :  tien  ,  ton  ;  fitu';. 

TuiT  :  tous. 

TUMER    :   dai: 
bondir. 

Toacois  :  '" :■ 


u. 


u  que,  aussitôt  «p 


i   i  I  il  ;  oculus. 

Ijevre:  œuvre,  on vr.ifjfe. 

1*1       ;i'iifMii  d'iiui. 


■nri^,  r«ii 


dit 


II,  II 


Vau»; 

il  • 

^  I  iM*     ^  il*  en* 


'i({c,TCff»ril. 


\  Kx^Lt  ;  C'vèque. 
Vestie  :  vêtue  ,  habiiiéc. 
Vet  :  il  va. 
Veu  :  jugement,  examen; 

désir ,  vœu. 
Vbcle  :  veuille;  veuUiens , 

voulions. 
Vecrewt  :  voulurent. 
Vez  :  voyez. 
ViAiRE  :  visage ,  face. 
Vus    :      sur  -  le  -  champ  , 

proraplemen' 
ViAtJs  :  tu  veii 
ViACTiE  :  chien  m-  (iutsso, 

gros  chien  matin. 
Vielle  :  vieille;  vetula. 
ViER  :  ver,  l'erwiw  ,•  verset , 

versus. 
ViEREL  :  verrou. 
Viras  :  vers. 
ViERSER  :  ren\i.  >* -  ,  -i^^- 

tomber ,   tomber  ;    em-* 

ployer,  dire. 
ViERTiR  (se)  :  s'en  aller. 

s'en    retourner. 

Vertir.         * 
\  I    ^ ,  viex  :  vieux  ,  ancien. 
V  1 1  s  :  vil ,  abject  ;  vilis. 
ViESPRES  :  le  soir. 

YlBSTEMf^  v.'l..Mi...,i 

habit. 

ViKSTiR  :  xiir,  hauiiUM. 

ViEUT  :  il  veut. 

ViG  :  je  vins;  vigne,  vien- 
ne; vignes,  viens,  que 
tu  viennes. 

V'ioHEREUs  :  vigoureux, 
vaillant,  intègre,  ferme. 

ViiELE  :  viellf  .  i^ci.  .i,T,.M.f 
de  musique 

^'  pavsaii ,    1.1 1: 


VIU  53i 

reur ,     habitant     do     la 
campagne. 

ViLONiE  :  outrage,  injure, 
affront. 

ViLTÉ  :  honte ,  mépris  , 
bassesse. 

ViRGNits  (  bien  )  :  soyez 
le  bien-venu. 

ViiiRENT  :  3i  1 1,  ils  virent. 

Vint  :  vingt-,  vigenti. 

ViiCTisME  :  vingtième  ;  vi- 
gesimus. 

ViOLT  :  il  veut. 

ViR  :  voir;  viden-. 

Virent  :  ils  vinrent. 

Vis  :  face ,  visage. 

Vis  :  avis  ,  sentiment  j  aver- 
tissement ;  ce  m'est  zhs  , 
il  me  semble,  à  mou 
avis,  selon  moi. 

Vis  :  vivant,  vivus ;  vil, 
méprisable,  abject ,  vilis. 

ViscE  :  vice  ;  vitium. 

Vise  :  visse. 

VisÉK  :  vue;  de  visus. 

V^isER  :  examiner,  obser- 
ver. 

ViSEus  :    prudent  .    jm 
réfléchi ,  rusé. 

VisxACE  :  voisina^ 
nitas. 

VisTE  :  alerte  ,  proinpi  , 
expédilif. 

ViTiiLLE  :  vivres ,  provi- 
sion de  tout  ce  qui  est 
nécessaire  à  la  vie. 

ViiJMENT  :    \  ilciiicnl .  b.l^ 
semeii 

Vif  s  :  vi»  ..  *  ,  .ii,<  ,  ,....., 
vil,  bas,  abject ,  vilis. 

'  ■  ;  veux;  viut,  il  \v\\\ . 


WAR 


\ 

V  I»»  I. 

TCttiUr  . 

Irnl. 

mm,  ■ 
voir,  i 
tn  roule. 


ircttil-     Voi 


lie, 


Vois»  .  rondairt. 


certain 
Voir,    i*-. 
rraimeoi , 


><»ur       Vn 


Voias 
Vol» 


iU  uUrtit 


w. 


.t>0. 
''  •« 
-or; 


Wacbk  :  vaf^e.  >. 

WALicooaàB  :  bira  rvçttr.  { 

\Vai.a«  :  fslop.  W  < 

Wai'  '«ladoonrau  W» 

p-  auteur.  Was 

W  4  »  A  HT .  garantie ,  rcfnfc ,         tioo. 

*»irrlé.  Watrtr 

Wardk»:  Toyes,  regardez.  Wion  : 

WAatoctKBTca  :  loucher.  Wioico*  :  g 

WAan:  garni.  Wioica    : 
Wamauo*  :  garnison  ;  v 


rd*- 


dr»tmc- 


f.ar- 


YSE 

WiERZ  :  guerre. 

WiHOT  :  homme  dont  la 
femme  est  infidèle,  cocu. 

VViHET  :  porte  ,  guichet. 

WiLECouME  :  soyez  le  bien- 
venu. 


Y  VA 


533 


Wis.  Je  pense  que  c'est 
une  exclamation  de  dou- 
leur. 

WiTANTE  :  quatre-vingts. 

WiTART  :  déhonté  ,  mépri- 
sable. 


Y. 


Ypocras  :  Hippocrate. 
Yr ETAGE  :  héritage. 
YsEOS         femme    du    roi 
Marc ,  dont  Tristan  étoit 


éperdument    amoureux. 
YvAiN  :  nom  d'un  person- 
nage de  roman  de  che- 
valerie. 


FIN     1>L'    GLOSSAIRE     OO    TOHK    QUATRIEME. 


TAULE  DF.S  MKANCIIKS 

DANS  LE  yiATRi 

coronft.    . 
Ce  •»< 

Rcaart  >'> 

Ij  PtHCTMBl  rt 

Eiati  roM  '  gvcil  m>b  fti 

BtfMTt    t.     i.^..^i 

•onh '  ', 

Eiiwi  cuouar  li  fil  Rrnar 

luinUinr ,  ,H 

•nmc  Rrtiart  «-t  Orgoianx  ron«  ',>, 

s.  '  ■    i>'  .j^TÛi  part: 

Si  kc  It   R<>  «   «MUl  lUlpr 

EuMÏ  comni  ■  •  * » ■.  ^w.  Il , 

.     fil  le  R«  .    iW 

KioM  c<MB  Hcoart  coaroaae  OrjpirU ,  m  font  tb  flamc» , 

Aiiaric« ,  Accidc ,  Irr,  En^         T  HTouloo- 

»ùe I  -  > 

Einû  comae  Renart   Tint  devant  le  Roi 

•rw*  Mditttr.  • . . . .  . 
Eùut  comme  Roi*  ?"fnl.I.  ...  .m_..|... 

fil  »e  font  |e%  ;r  le*  mur%,  r-i  Renart  ri 

»i  fil  Irnr  »ont  vcna  an  dmnt 
Eiuù  comiP'  H-...,..  . ._.  -  _ 


TABLE  DES  BRANCHES.  535 

inist  à  gcnoulz  ,  et  li  Rois  descend!  dou  tlieval  ,  et 
l'en  le%a  et  puis  le  baisa. 'Page  2 1 6 

Ensi  conmc  li  Rois  Nobles  appaisa  Renart  et  Ysengrin 
et  les  fist  entrebais-'  221 

C'est  li  sccons  Livres 229 

Ainssi  comme  li  Rois  Nobles  va  cbacier ,  montez  à 
cheval  et  antres  bestes  avoec  lui  et  Renart. . . .   aS  i 

Einsi  com  Renard  est  avec  la  Luparde  et  l'acolc  et  li 
Rois  l'atant  de  fors  l'uis 238 

Einsi  com  Belins  li  moutons  vint  devant  le  Roi  et 
aporla  son  aigncl  mort  ,  et  si  vint  Bcliue  la  berbis  et 
(;ha^f^r■!c  r  le  idc  il  Peloz  li  ras  et  Chenue  la 
sori/ :>4^ 

Einssi  coût  lleuart  s'en  iuil  au  bois  à  tout  un  oison 
cuit,  et  Tyber*  '■  '^''>'  '^^nK^ti  .>n  la  maison,  si  y  fu 
laidement  batu <l5a 

Einsi  comme  Renart  se  coucha  où  chemin  conmc 
mort ,  et  un  convers  de  Citiaux  qui  avoit  un  hairun 
troussé  darriere  lui ,  descendi  et  prist  Renart  et  le 
lia  avec  le  hairon 257 

Ensi  conmc  Tibers  li  cliaz  est  montez  seur  un  arbre  à 
tout  11-  liairori,  ot  Renart  est  par  dosmis,  si   parole 

2()0 

Eiiisi  conmt;  un.s  Bouchers  qui  meuoit  uu  buef  et  un 
tor  et  deus  chiens  ,  avisa  Renart ,  -■  ''"  '"^t  pillier  au 

chiens  qui  moult  le  domagerent a6a 

Ainssi  conme  Ysengrin  li  leus ,  et  li  Quos  et  Tybers  li 

chaz  se  vindrcnt  plaindre  au  Roil 265 

Einsi  commoli  Rois  Nobles  fait  assaillir  Maupertuis.  269 

Si  corne  Rois  Nobles  envoie  son  mes  à  Renart. . .    278 

Si  conmc  Renars  envoie  ses  lettres  au  Roi  Noblon  par 

Wnukct  ]p  '/linl   son   nios.'if'ifr .     7,jG 


.16  I4BLE  DF.S   ' 

FJ0»i 

Si  roone  Urntrt  «avoie  Roi  !f  obloo  « 

la  Ictrc  ii'aMor%  Kr    Rrnjrt    ravoir   U    Uuuic  liànu 

Or:;iU«^fte  fmc  au  Uni  >i>1>Imii        3og 

I  j  [amon  kê  Rrnatt  •  liàmm  IlierMAl  b 


.Ir...,.  Îï6 

-^  .  vol  eu  nur.  U  asvc  le 

.. 3^1 

Si  kc  U  aoricv  Cm  rut 

IM> 

Si  quf-  II 

rttott 


Si  kr   Rr: 
pai»,   r 

C»kèMU 

Si  kc  U  Jacobin  et  li  Krrrr  m 

ri  IM  ▼<  r •    - 

Si  i|ne  li  i 

Rcaart  rt  tm  fot^'  >r  ordnr  ,^> 

Kin»i  rom  RrBart  M  couici»c  a  i'rnnite  en  un  licnni 

'•»!>'•• 4  »  i 


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PQ 
1507 
Al 
1826 


Roman  de  Renart 

Le  Roman  du  Renart 


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UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRAR 


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