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Full text of "Les anomalies de la langue française, ou, La necessité démontrée d'une révolution grammaticale"

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LES  ANOMALIES 


LyVN(;ilE  FIUINÇAISE 


Définition  nu  sudstantif.  Diverses  sortes  de  suhslantifs.  —  Du  gemie  des  substantifs. 
Notions  préliminaires.  Principes  de  (it'rivMlioii.  De  quelijues  anomalies  orlhograpliiques 
Histoire  des  mots.  —  Règlks  toécises  son  i.e  gemuc.  Solution  de  quelques  difficultés. 
Critique  des  grammaires  et  des  dictionnaires.  Résumé  des  règles  sur  le  genre.  Théorie 
du  nombre.  Usage  abusil  de  Yx  comme  finale.  De  certains  assemblages  de  mots  ou  lo- 
cutions subslantives  qu'on  prend  à  tort  pour  des  noms  composes. —  Liste  complète  des 
NOUS  coMrosÉs.  Locutions  subslantives   Nombre  des  noms  étrangers.  — .décrets. 


«IMON    n.470N    ET    COHI'   ,    1,    HUE    11EI1FI  1!  '  H . 


"mZ'^^  I.KS  ^(Mhl.lKS 


l>ANr.llE  FMANCATSE 


ou 


LA  NÉCESSITÉ  DÉMONTRÉE 


UKVOIJJTION  GRAMMATir.\LK 


LÉGER  NOËL 

lUrCUIl     DU     0ICTIO>l^  Al  RE     M!IKNO:<tQCE 


Nous  joiii-isonv,  non  pas  d'une,  maiii  Hc  rinq  acadi^mie^t, 
sans  coiiipliT  le»  socivU'-»  savantes, granimalirnlusoii  autre». 
Api)i-()chc2.  Que  voyez- vous?  le  plus  cfTroyalile  chaos  dan^ 
la  langue. 

Fr.  CKxn. 

Dans  ce  temps  ii';uiarcliie  et  «le  lulte  où  nous  ">mm»>s 
Il  faut  violenter  les  choses  et  les  hommes. 

Éhilk  Accirr. 


l'A  m  S 

IKliDINAND   SARTOUIIIS    I.IRnAIUlMMUTKril 


î>  ,    B  U  K    «I  A  7  A  tu  M   .    0 


1857  '^••^* 


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lîXTIlAirs  IIIÎS  JOUIINAUX  DE  IIIIUXELLKS 


LA  REVOLUTION  GRAMMATICALE  DE  M.  LEGER  NOËL 

A  la  bonin'  heure  !  voilà  du  moins  un  coup  d'État  (')  qui  ne  fera  verser  de  larmes 
à  personne,  au  contraire.  IMùl  à  IMcu  (lue  jamais  on  n'en  eût  vu  que  de  cette  espèce  > 
ii'heureux  monde  que  notre  planète,  sil  ne  s'y  trouvait  que  des  dictateurs  à  la  façon 
de  M.  Léger  Noël  !  n'avoir  plus  à  réformer  que  les  lettres  et  les  syllabes!  quelle 
(-.hanco! 

Je  me  disais  cela  et  bien  d'autres  choses  encore  après  avoir  lu  l'article  de  votre 
journal,  et  je  félicitais  M.  Léger  Noi'l  du  plus  profond  de  mon  cœur.  Mais,  commedil 
le  proverbe,  la  nuit  porte  conseil,  et  ce  matin,  an  lieu  de  trouver  la  chose  d'une  par- 
laite  innocence,  j'ai  ouvert  de  grands  yeux,  car  il  m'était  impossible  de  méconnattre 
le  péril  aucjuel  nous  sommes  exposés.  Ne  lui  en  déplaise  ,  M.  Léger  Noël  est  aussi  re- 
doutable pour  moi  que  tous  les  dictateurs  et  les  despotes,  présents  et  futurs.  Ses  dé- 
crets me  font  frémir  tout  aussi  bien  que  les  arrêts  de  Sylla,  les  jugeraenls  du  conseil 
des  Dix  ou  l'orthodoxie  duSaint-OfUce.  Comprenez  bien  ma  pensée. 

M.  Léger  Noël  doit  être  uh  logicien,  me  suis-je  dit.  Il  n'y  a  que  ces  gens-là  capables 
de  faire  des  coups  d'Étal  en  n'importe  quoi.  Eux  seuls  finissent  par  trouver  l'absolu 
en  toutes  choses,  et,  du  moment  qu'ils  l'ont  trouvé,  leur  unique  soin  est  d'en  faire 
jouir  l'univers.  A  coup  sûr,  celte  pensée  part  d'un  bon  naturel  ;  mais  il  y  a  une  pe- 
tite chose  à  quoi  les  logiciens  ne  pensent  guère,  et  qui  presque  toujours  change  en  un 
grand  mal  tout  le  bien  qu'ils  ont  la  prétention  d'opérer.  Cette  petite  chose  s'appelle 
la  liberté. 

Je  sais  bien  qu'à  notre  époque  bon  nombre  de  gens  trouvent  qu'on  ne  peut  trop 
faire  li  delà  liberté.  N'est-ce  pas  c-,  tle  folle  qui  nous  a  joué  de  si  mauvais  tours? 
N'est-ce  pas  en  son  nom  que  l'on  révolutionne  le  monde  tous  les  quinze  ou  vingt  ans? 
Kl  au  milieu  de  ces  beaux  mouvements  que  devient  l'ordre?  que  devient  la  paix? 
ijue  devient  le  travail  ?  On  peut  se  passer  de  liberté,  on  ne  peut  pas  se  passer  de  pain. 
Vivent  donc  l'ordre,  la  paix  et  le  travail  !  et  à  bas  la  liberté  ! 

Oh  I  que  non  pas,  messieurs  les  peureux.  J'aime  tout  autant  que  vous  Porclre,  la 

(')  L'Echo  de  HruxeUes  avait  précvilcuiineiil  public  un  cliaiuianl  «rliclc  intitule  Vn  coup  d'Etal 
ilnns  la  irpiiNiqiie  des  lettres,  arlicle  qui  avait  été  rcprcxluit  par  plusieurs  journaux  de  Bnixcllc». 
cl  de  la  pii)viiico.  Sole  de  l'Editeur  ] 


paix  elle  travail  ;  mais,  s'ils  ne  sont  assaisonnés  de  la  liberté,  je  les  tiens  pour  peu  de 
chose.  Vousêtes,  cerne  semble,  des  logiciens  tout  comme  lesautres,  lorsque  vous  faites 
si  bon  marché  de  la  liberté.  Croyez- vous  que  les  tyrans  parlent  d'une  autre  manière 
que  vous?  Philippe  II,  ce  grand  logicien  catholique,  ne  demandait  non  plus  que  Tor- 
dre, la  paix  et  le  travail.  Et  le  tribunal  de  l'inquisition?  la  même  chose.  Et  les  em- 
pereurs romains,  qui  livraient  les  chrétiens  aux  bêtes?  et  les  monarques  chrétiens 
qui  persécutaient  les  protestants?  et  Mahomet?  et  Octave?  et  les  tyrans  de  Venise?  et 
Calvin,  le  tyran  de  Genève?  En  un  mot,  tous  les  logiciens  terribles  qui  ont  eu  le  pou- 
voir en  main  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours,  ils  ont  tous  voulu 
la  même  chose;  ils  ont  tous  demandé  comme  vous  l'ordre,  la  paix  et  le  travail,  en 
lui  sacrifiant  la  liberté. 

Eh  bien,  M.  Léger  Noël  (voilà  ce  qui  m'a  épouvanté)  est  un  logicien  comme  lesau- 
tres, et,  s'il  avait  le  pouvoir  de  faire  exécuter  ses  décrets,  je  me  sauverais  de  son  em- 
pire à  toutes  jambes;  je  me  sauverais,  non  point  parce  que  je  trouverais  toutes  ses 
réformes  mauvaises,  mais  parce  qu'il  veut  les  imposer  par  décrets.  La  force  est  un 
détestable  moyen.  H  me  rappelle  de  très-loin  la  fameuse  querelle  des  Hébreux  sur  le 
sifflement  ou  le  chuintement;  il  merappelle  les  émeutes  de  l'école  de  Paris  au  seizième 
siècle  sur  le  kiskis  et  le  qiiisquis;  enfin  il  me  rappelle  l'abolition  du  de  sous  la  pre- 
mière Révolution  française,  et  le  remplacement  du  mot  monsieur  par  celui  de  citoyen, 
et  enfin  le  tu  mis  à  la  place  de  vous. 

Oh!  monsieurLéger  Noël, combien  nous  sommesheureuxquevousne  soyez  pas  Ro- 
bespierre! Si  vous  l'étiez,  ce  n'est  pas  seulement  aux  mots  que  vous  feriez  destmèses  ou 
des  apocopes,  vos  retranchements  de  lettres  et  vos  décapitations  de  mots  ne  seraient 
que  le  prélude  de  coupes  réglées  tout  aussi  affreuses  que  celles  de  la  l'erreur. 

Ainsi  donc,  à  bas  voire  dictature  !  et  surtout  à  bas  vos  décrets  !  Pour  vous  consoler, 
je  veux  bien  vous  avouer  que  j'ai  autant  d'amour  que  vous  pour  la  logique  et  pour 
l'absolu;  mais,  si  jamais  je  trouve  ce  dernier,  je  me  garderai  bien  de  vouloir  l'im- 
poser. 

Il  en  est  de  la  syntaxe  et  de  la  grammaire  comme  de  la  politique,  des  philosophies 
et  des  religions.  On  ne  parviendra  jamais  à  les  imposer  perpétuellement,  la  liberté 
finit  toujours  par  reprendre  son  empire  légitime.  Ce  qui  fait  la  force  de  la  politique, 
c'est  le  consentement  unanimement  volontaire  ;  ce  qui  donne  à  une  religion  son  pres- 
tige et  son  autorité,  c'est  l'accord  de  toutes  les  consciences.  Et  il  en  est  de  même  de 
la  philosophie.  Joseph  II,  malgré  la  pureté  de  ses  intentions,  a  fini  par  apprendre  à 
ses  dépens  que  l'on  n'impose  jamais  aux  peuples  une  croyance  contraire  à  celle  de 
leur  goût. 

Les  langues,  monsieur  Noël,  sont  le  moyen  que  l'homme  a  reçu  pour  transmettre  sa 
pensée.  A  ce  titre,  l'homme  reste  le  maître  de  façonner  l'instrumenta  sa  guise  et  de  lui 
donner  toutes  les  formes  qui  conviennent  à  sa  fantaisie,  à  son  génie.  Si  l'homme  n'a- 
vait jamais  eu  pour  guide  que  la  logique,  les  langues  seraient  parfaites.  Contentons- 
nous  de  ce  que  le  temps  et  l'humanité  en  ont  fait.  Étudions-les,  analysons-les  et  tâ- 
chons de  faire  accepter  de  temps  à  autre  quelque  réforme  utile,  si  cette  réforme 
obtient  le  consentement  unanime.  Mais  gardons-nous  de  ces  décrets  omnipotents  qui 
sentent  trop  le  despote. 

Il  y  a  en  France  une  Société  savante  qui  s'appelle  l'Académie.  On  trouve  là  qua- 
rante législateurs  dont  les  opinions  consignées  dans  un  Dictionnaire  ont  la  prétention 
de  faire  foi  en  matière  de  langage.  Eh  bien,  ces  gens-là,  eux-mêmes,  qui  sont  pour- 
tant des  écrivains  distingués  pour  la  plupart,  n'ont  pas  le  privilège  d'enchaîner  la  li- 
berté. Leur  Dictionnaire  n'est  pas  un  code,  c'est  tout  au  plus  une  constatation  de  l'u- 
sage. Si  vous  m'en  croyez,  nous  laisserons  donc,  comme  par  le  passé,  les  langues  et 


lu  .Hyntnxf  k<>us  lu  rt'giiiit'  tit>  la  lihcrli'.  (Ihacun  doit  uv«iir  le  droit  d«*  din;,  nul  n'a  l** 
pouvoir  d'iiiiposor,  Des  lors,  ù  quoi  sitv»'iiI  les  décroU  (*),  iiiuriïiii.'ur  Lt^ger  N»m'I? 

i':MiLe  (ÎAciiKT.  (fxho  de  liruxelle$.) 


Il  vitMil  do  paratlre  un  nouvel  ouvrage  de  M.  Lé^or  Noil  sur  les  difiiculti^s  d»* 
la  langue  fia n (.Mis»'.  <>  livre,  viMitabio  chcf-d'u-uvre  de  logi(|UC.  d'érudilion.  de  pa- 
lieiice,  de  li^niieilr,  l'einporle.  sans  conlredil,  sur  tout  ce  i|ui  a  <''tti  publit*  ju.s<iu°iri 
laiis  le  même  genre.  Le»  <|neslioiis  les  plus  difliciles  y  sont  n'-solues  di'-ltnitivcment 
I  sans  appel,  ù  l'aide  de  distinctions  ingi-nieuses  auxquelles  n'avait  jamais  songé 
lucun  grammairien.  Telles  sont  les  difficultés  que  présentaient  le  genre  des  subitan- 
lifs  et  la  loriiiaiion  du  pluriel  des  tiums  composes. . . .  Bref,  le  livre  de  M.  Léger  No<?l, 
tant  par  les  aperçus  neufs  et  curieux  qu'il  contient  que  par  un  style  clair,  précis, 
transparent,  mérite  l'allenlion  des  pliilologues,  et,  en  premier  lieu,  de  l'Académie, 
(|ui  sera  peut-être  bien  éloniiée  de  trouver  un  maître  absolu  là  où  elle  ne  pouvait 
s'atlendre  (ju'à  trouver  un  disciple  respectueux  et  soumis. 

(Emancipttlion.) 

Le  nouvel  ouvrage  de  M.  Léger  Noël  sur  les  difficultés  de  la  langue  frani^aiso  . 
\.  ritable  chef-do'uvre  de  logitjue,  d'érudition,  de  patience,  de  ténacité,  nous  paraît 
(ligne  au  plus  haut  point  de  lixer  l'altenlion  de  tous  les  bommes  que  les  progrès  de  la 
langue  franc^aise  intéressent  à  un  degré  quelconque. 

Toutes  les  questions  demeurées  pendantes  jusqu'à  ctn  jour  (genre  des  substantifs,  plu- 
riel des  noms  compOM's,  des  noins  étrangers,  etc.,  etc.)  y  sont  traitées  de  main  de  maî- 
tre et  résolues  d'une  manière  définitive,  au  moyen  d'ingénieuses  distinctions  aux- 
(|uelles  n'avait  jamais  songé  aucun  grammairien. 

Apres  un  examen  attentif  de  ce  livre  curieux,  où  se  déroulent,  comme  dans  un  la- 
lileau.  toutes  les  erreurs  et  toutes  les  contradictions  des  graiumairiens  et  des  lexioo- 
grapbes,  nous  croyons  môme  pouvoir  dire  qu'il  absorbe  el  annihile  tous  les  ouvrages 
lin  m^ine  genre. 

(Étoile  belge.) 

Le  nouvel  ouvrage  de  M.  Léger  Noèl  sur  les  difficultés  de  la  langue  française  se  rc«)m- 
inande  par  de  patientes  reclierrlies.  Les  contradictions  qui  fourmillent  dans  les  gran»- 
maires  el  dans  les  dictitmnairos  sont  minutieusement  exposées  dans  le  livre  que  nous 
annonçons  et  qui  mérite  de  fixer  l'attention  des  philologues.  C'est  à  mettre  d'accord  les 
grammairiens  entre  eux  que  M.  Léger  Not»l  s'est  principalement  attaché,  au  moyend'in- 
génieuses  distinctions.  .<  Il  faut  bien  distinguer,  dit-il,  page  181,  Wsnoms  composés, 
c'est-à-dire  les  noms(iui,  quoique  formés  de  plusieurs  niots,  ne  désignent  pourtant 
qu'un  seul  objet,  comme  dil-dc-bauf,  paillecn-qucuc,  où  il  ne  s'agit  ni  d'«i7.  ni  de 
bd'iif,  n\ih^  pailles  à  la  queue,  d'avec  certains  assemblages  de»HO/.squi  gardent  chacun 
leur  sens  direct  et  présentent  à  lespril  deux  idées  successsives,  comme  maréchal  de 
iip,  ver  ù  soie.  C'est  de  ces  dernières  locutions  seulenient  que  l'on  peut  dire  qu'elles 
(•rivent  au  singulier  el  au  pluriel ,  suivant  que  la  nature  et  le  sens  particulier  des 
mois  dont  elles  sont  formées  exigent  l'un  ou  l'autre.  »  (l».  218.)  —  M.  Léger  NoiM  trouve 

■)  Dans  co  système. . à  quoi  bon  aussi  h  grammaire  ci  \e» professeurs  de  grammaire?, K  mesure 
pi  une  langue  s'affrancliil  îles  renies  ou  s' écarte  de  ses  principes  rondaiiKiitaux,  cliacun  ne  sin\;nl 
jiliis  que  son  goiM.  cite  tombe  «lans  la  Iwrbarie  el  linit  comme  ont  lini  les  langues  grectjuc  et  laliiu- 
'    -^  décrois  (le  M    lé^rer  N<m~I  no  sont  (|iie  le  iap|H'l  aux  principes.  <yolrilr 


!..  ;  r 


—  vin  — 


de  même  dans  la  distinction  du  sens  collectif  el  du  sens  distribtitif,  c'est-à-dire,  dans 
la  différence  des  noms  de  choses  qui  se  comptent  aux  noms  de  choses  qui  ne  se  comp- 
tent pas,  la  solutïon  d'une  foule  de  difficultés.  «  L'Académie,  dit-il,  écrit,  en  dépit  de 
toute  logique  et  de  toute  analogie  :  pâle  d'amande  et  gâteau  d'amandes;  huile  d'olive 
et  huile  d'amandes;  gelée  de  pomme,  de  groseille,  et  gelée  de  coings,  un  pied  d'œilletset 
des  pieds  de  basilic,  etc.  Mais  on  ne  dit  pas  collectivement  :  l'amande,  l'olive,  la 
pomme,  la  groseille;  de  l'amande,  de  l'olive,  etc.,  comme  on  dit  :  le  blé,  la  farine,  le 
lait,  le  beurre;  du  blé,  de  la  farine,  du  lait,  etc.  On  dit,  dans  le  sens  distributif  :  une 
amande,  des  amandes,  etc.  Par  conséquent,  il  faut  dire  :  Imile  d'amandes,  d'olives;  ge- 
lée de  pommes,  de  groseilles.  —  L'homme  se  dit  collectivement  pour  tous  les  hommes; 
la  femme  pour  toutes  les  femmes.  C'est  pourquoi  femme  ne  prend  pas  la  marque  du 
pluriel  dans:  des  caprices  de  femme;  car  il  s'agit  de  caprices  qu'on  attribue  à  la  femme 
en  général.  —  Des  coups  de  fusil  sont  des  coups  tirés  avec  im  fusil.  Des  coups  de  fusils 
sont  des  coups  tirés  avec  plusieurs  fusils.  —  On  peut  dire  marchand  de  fruit  ou  de 
fruits,  parce  que  fruit  se  prend  dans  l'un  et  l'autre  sens  :  collectif  et  distributif.  Le  sub- 
stantif poisson  jouit  du  même  privilège,  ainsi  que  les  mots  plume,  papier,  etc.  » 

L'auteur  explique  les  deux  différents  pluriels  des  mots  :  aïeul,  ciel,  œil,  à  l'aide  de 
la  môme  distinction.  (Page  198  et  suivantes.)  En  somme,  ce  livre,  sur  lequel  nous 
nous  bornons  pour  aujourd'hui  à  appeler  l'attention  de  nos  lecteurs,  est  un  véritable 
service  rendu  aux  lettres,  et  témoigne  d'une  patience,  d'une  constance,  d'une  persé- 
vérance que  nous  ne  saurions  assez  louer,  tout  en  faisant  nos  réserves  à  propos  des 
réformes  que  l'auteur  cherche  à  introduire  dans  l'orthographe,  bien  que,  même  sous 
ce  rapport,  il  ne  s'éloigne  jamais  de  la  logique  et  de  l'analogie. 

{Journal  de  Bruxelles.) 


M.  Léger  Noël  ne  se  complaît  pas  seulement  dans  les  régions  éthérées  où  il  chante 
tour  à  tour  Stella  et  la  Prise  de  Sébastopol;  son  esprit  daigne  s'abaisser  parfois  jus- 
qu'aux éléments  prosaïques  de  la  littérature,  et,  daas  un  de  ces  moments  où  le  poëte 
fait  place  à  l'homme  pratique,  il  a  composé  une  de  ces  œuvres  de  bénédictin  devant 
lesquelles  on  s'arrête  étonné.  Cette  œuvre,  il  l'a  hardiment  nommée  Révolution  gram- 
maticale, et,  pour  nous  servir  de  ses  propres  expressions,  «  ce  ne  siont  pas  des  règles 

qu'il  donne,  ce  sont  des  décrets  qu'il  lance  comme  le  premier  despote  venu  » Son 

système  de  classification  est  ingénieux  et  nous  paraît  de  nature  k  faciliter  considéra- 
blement l'étude  de  la  langue  française. 

{Indépendance.) 


En  parcourant  voire  livre,  celte  nuit,  j'ai  été  effrayé,  non  pas  pour  nos  neveux,  mais  pour 

nous,  de  la  hardiesse  eldc  l'étendue  de  vos  réformes.  Sans  doute  elles  sont  logiques,  saines,  dési- 
rables; mais  comment  faire  adopter  tant  de  changements  dans  l'orthographe  et  le  genre  des  mois? 
.le  souhaite  vivement  que  quelques-uns  de  nos  grands  écrivains  vous  donnent  raison,  et  nous  auto- 
risent, nous  autres,  à  débarrasser  la  grammaire  de  ses  innomlvrables  écueils.  Je  verrai,  pour  ma 
part,  à  expliquer,  dans  le  modeste  ouvrage  que  j'écris,  celles  de  ces  réformes  qu'il  est  possible  et  in- 
dispensable de  réaliser  immédiatement.  11  me  revient  à  linstant  «n  mémoire  que  l,amcnnais  écrit 
au  pluriel  gents,  ainsi  que  vous  le  décrétez 

Courage,  nionsieui- ;  cl  agréez,  etc.  Aiilien  Lemay, 

Prorcsii'ur  (k  liellos-lcitrcs. 
Vinuio,  18  août  IS.'IC. 


THÉORII  DU  SUBSTANTIF. 


Préambule, 

lio  substantif  est  le  principal  t'Iément  d'une  langue;  Il  en  est  la  tête  et 
lo  corps;  il  en  est  le  mot  souverain,  au  quel  tous  les  autres  obéissent. 
Toute  l;i  jri'animaiiv  jçravite  vers  lui.  C'est  de  lui  que  dépend  l'emploi 
(le  r.'irtiele,  du  pronom,  de  l'adjeelif,  du  verbe,  du  participe;  tous  mots 
(le  sa  suite,  destinés  uniquement  à  le  mettre  en  relief. 

Sans  la  connaissance  du  genre  et  du  nombre  y  ces  deux  propriétés 
du  substantif,  la  syntaxe  est  une  cbimère. 

Celte  connaissance  est  dont  de  la  plus  grande  importance;  car  elle 
sert  de  base  à  la  grammaire. 

La  tliéorie  du  nombre  ne  présente  quelques  difficultés  que  dans  les 
substantifs  composés.  Celle  du  genre  est  plus  compliquée  et  arrache  à 
tous  les  grammairiens  r«iveu  d'une  impuissance  absolue. 

Il  ne  s'agit  de  rien  moins,  en  effet,  que  de  classer,  de  distribuer, 

d'organiser,   de  discipliner  une  armée  de  deux  à  trois  cent  mille  mots, 

i  l'on  y  comprend  les  nomenclatures  d'histoire  naturelle  et  de  géographie. 

Une  armée  de  trois  cent  mille  mots  qu'on  fait  manoeuvrer  au  bout 
d'une  poignée  de  fils,  comme  des  marionnettes,  ce  n'est  pas  une  besogne 
légère  ! 

Voilà  pourtant  ce  que  j'ai  fait,  avec  une  constance,  une  persé?érance, 
dont  j'ose  espérer  qu'on  me  tiendra  compte,  si  l'on  songe  aux  difficultés 
immenses  qu'il  a  fallu  vaincre  et  qu'augmentaient  encore  les  contradictions 
sans  nombre  qui  distinguent  les  lexicographes  et  qui  font  de  la  gram- 
maire et  du  glossaire  le  plus  effroyable  chaos. 

C'est  un  travail  qui  nous  a  coûté  deux  années  d'opérations  prépara- 
toires, et  dont  M.  C.  É.,  notre  ami  d'alors,  qui  xe  rantc  de  naroir 
pas  de  conscience,  ne  s'est  pas  fait  le  moindre  scrupule  de  s'approprier 
la  substance ,  dans  son  Cours  élémentaire  de  langue  française  ,  qui 

1 


2  Préambule. 

(lu  reste,  n'est  qu'un  fatras  ajouté  à  tant  de  fatras;  ce  que^e  m'engage 
à  prouver,  pièces  à  la  main,  pour  peu  que  l'on  trouve  que  la  chose  en 
vaut  la  peine. 

*  Au  lieu  de  s'attacher  à  faire  lin  court  résumé  de  notre  ouvrage  *) , 
M.  C.  É. ,  compilateur  maladroit,  autant  que  disciple  ingrat  **),  n'a  fait 
que  le  gaspiller. 

Ce  qu'il  n'a  pas  fait,  nous  allons  le  faire. 


-0  Méthode  du  Genre,  avec  des  notes  critiques.  I  vol.  iii  8"  de  fiOO  pages.  Paris,  1843. 
Ph.  Cordier,  rue  du  Ponceau ,  24. 
'"'"')  Voyez  l'Auteur  et  son  Ln-re,  page  61. 


3 

Section  prmilc're. 

I 

Défniîtion  du  HiibstHiitif.  —  Diverses  sortes  de  siibstaiitils. 

1.  mjg  sitbxffiufi'f  est  ct'tlo  espèce  de  mot  (|ui  sert  »  désigner  une 
itibxfnnce ,  un  être  quelconque,  animé  au  inaninu*.  corpor**!  ou  incor- 
porel ,  (|ui  est  l'objet  de  noire  pensée.  Homme  ,  arbre  ,  oiseau .  cha- 
leur,  bonté,  couraye ,  sont  des  substantifs. 

2.  Le  substantif  s'appèle  aussi  nom.  parce  (pril  sert  à  nommer  les 
objets.  En  sorte  que  tout  mot  qui  répond  .'i  cette  question:  comment 
nomme-t-on  cela  .**  est  un  substantif. 

3.  II  y  a  deux  sortesule  substantifs .  le  subslanllf  comnnm  ou  ap- 
pollalif  et  le  substantif  propre. 

4.  Le  aubstanHf  commun  ou  nom  commun  est  celui  qui  convient 
à  tous  les  individus  ou  à  tous  les  objets  d'un  même  jîcnrc,  d'une  m^me 
espèce.  Animal,  homme,  femme,  cheral .  plante^  arbre,  lirre y 
blancheur,  idée ,  sont  des  substantifs  communs. 

5.  Le  subxtuntif  propre  ou  nom  propre  est  celui  qui  ne  convient 
(|u'à  uno  seule  personne  ou  à  une  senk'.  chose,  distincte  de  toutes  lês 
autres  et  constituant  un  individu.  Les  noms  d'individu,  de  famille,  de  pays, 
de  montagnes,  de  fleuves,  etc.,  comme:  Racine,  les  Ihurbonx.  Pari», 
la  France^  les  Alpeat ,  le  Rhin,  etc.,  sont  des  noms  propres. 

6.  On  considère  encore  comme  nom  propre  tout  nom  qui  désij^fne  un 
être  ou  un  objet  seul  de  son  espèce,  comme:  Dieu,  le  xoleil,  la  lune , 
le  paradia ,  Y  unir  ers ,  etc. 

7.  Parmi  les  substantifs  communs,  on  appelé  collecli/s  ceux  qui, 
quoique  au  singulier,  présentent  à  l'esprit  l'idée  de  plusieurs  personnes 
ou  de  plusieurs  choses.  Peuple,  multitude,  armée,  sont  des  noms 
rollecti/'s.  Les  grammairiens  les  distinguent  ordinairement  en  coUecfifs 
(jénéraux ,  comme  V armée,  la  foule,  et  en  collectifs  partitifs,  comme 
uno  année,  una  foule;  mais,  au  point  de  vite  grammatical,  celte  distinc- 
tion est  sans  importance;  puisque  la  différence  résulte  uniquement  de 
remploi  de  l'un  ou  de  l'autre  article.  La  foule,  évidemment,  représente 
une  collection  entière.  Une  foule ,  ne  peut  représenter  qu'une  collection 
partielle. 

8.  Ceux  qui,  quoique  formés  de  plusieurs  mots,  ne  désignent  qu'un 
seul  objet,  comme  arc-en~ciel ,  qui  équivaut  à  iris,  sont  appelés  subs- 
tantifs composés,  par  opposition  à  substantifs  simples,  ne  consistant 
qu'en  un  seul  mot.  Les  mots  qui  entrent  dans  la  composition  de  ces 
substantifs  doivent  être  liés  entre  eux  par  un  trait  d'union. 

9.  Enfin,  on  nomme  substantifs  indéfinis ,  les  substantifs  qui  pré- 
sentent une  idée  vague  et  générale,  qu'on  n'applique  point  à  un  objet  par- 
ticulier et  déterminé,  comme:  autrui,  personne,  rien,  tout,  chacuiiy 
les  gens,  on,  etc. ,  et  substantifs  accidentels,  les  mots  de  toute  espèce 
qui  remplissent  parfois  accideutellcment  la  fonction  de  substantifs,  conine: 


4  La   aframmaire   française  simplifiée. 

le  manger,  le  boire ,  Vnfile^  le  pourquoi,  le  comment ;>  des  inais. 
(les  si^  des  car.  etc. 

10.  Il  y  a  deux  choses  h  considérer  dans  les  substantifs:  le  genre 
et  le  no7nbre. 

II 

Du  Genre  des  Substantifs. 


11.  On  entend  par  genre  le  rapport  des  substantifs  à  ce  qui  est  mûIe 
ou  femelle ,  ou  mieux  la  propriété  qu'a  le  substantif  de  désigner  par 
lui-même  le  sexe  de  l'objet  qu'il  représente.  Il  y  a  conséquemment  deux 
genres:  le  masculin  et  le  féminin.  Les  substantifs,  homme ,  cheval , 
tanreau.  désignant  des  êtres  mâles,  sont  du  genre  masculin.  Femme  y 
cavale .  vache  y  désignant  des  êtres  femelles  sont  du  genre  féminin. 

12.  Outre  le  masculin  et  le  féminin ,  i)lusieurs  langues,  telles  que 
le  grec  y  le  latin  ^  Yallemand^  ont  encore  un  troisième  genre,  qu'on 
appelé  neutre  (du  latin  neutrum^  ni  l'un  ni  l'autre)  et  qui  devrait  être 
celui  de  tous  les  êtres  inanimés. 

13.  On  n'a  pas  été  si  conséquent ,  et  l'on  a  donné  abusivement  aux 
êtres  inanimés  le  genre  masculin  et  le  genre  féminin.  C'est  ainsi  que 
soleil,  bois  y  fleuve ,  ont  été  faits  du  genre  masculin,  et  lune ,  prairie^, 
rivière j  du  genre  féminin. 

I 

14.  Quelquefois  on  se  sert  de  mots  différents  pour  désigner  le  mâle 
et  la  femelle. 


Noms  masculins. 

Noms  féminins. 

L'homme 

bcv  53Zann  . 

la  femme 

btc  gavait ,  tcii  aScib 

le  cheval 

tcL^  ^fcrb 

la  cavale 

iicii  2)îuttcv^)fcvb 

l'étalon 

bcr  ^cngfl 

la  jument 

btc  (Stutc 

le  taureau 

bcr  ètier 

la  vache 

bic  ^\xl) 

le  boeuf 

bel-  Dd;ê 

la  génisse 

btc  ^-âvfe 

le  sanglier 

jbaâ  SSttbfc^lvcin 
|ber  .^eiilcv 

la  laie 

btc  SSaci^c 

le  porc 
le  cochon 

iiai  (Sc^l»ein 

la  truie 

bic  (San 

le  verrat 

bcr  (S6cr 

le  mouton 

bcr  .feammcl 

bcr  @c^ô)j^ 
bcr  aSibbcr 
bcv  (Srf)afbo(f 

la  brebis 

baê  (Sd^af 

le  bélier 

le  cerf 

bcv  %)\x\éi 

la  biche 

bic  ^tvf^fuï) 

le  lièvre 

bcr  |)afc 

la  hase 

btc  %ià{\\\ 

le  bouquin 

bcv  Éammicv 

le  bouc 

bcv  3t«3fn&0(f 

la  chèvre 

bic  @et«,'^tCAC 

le  jars 

bcv  ©anfcvict) 

l'oie 

btc  @anê 

le  bourdon 

btc  .giummcl 

l'abeille 

btc  5Btcnc 

le  chapon 

bcv  .^a^aun 

la  poularde 

U^  a)îaft.t)iit)U(ï)cn 

le  coq 

tzx  Spa\)\\ 

la  poule 

baê^uf)n,  bichonne 

le  singe 

bcv  Stffe 

la  guenon 

btc  5(cfftn 

le  frère 

bcv  a3vnbcv 

la  soeur 

btc  (Sci)Jt)cftcv 

le  père 

bcr  ^nUx 

la  mère 

btc  fDîuttev 

l'oncle 

bcv  £)ï)cim 

la  tante 

bte  SOhiljinc,  Plante. 

Ou   i(i-iire  ilen   itu  tiMlaiilifii. 


Il 

15.  D'autres  fuis  on  les  distingue  seulement  au  moyen  d'une  di0f6- 
lence  dans  la  tenninafson. 


NoniH  inA!«(;iiliiiH. 


uil 


1,0  Dieu 

le  roi 
l«>  lion 
If  tiiçie 
Toiirs 
|t>  loiip 
le  rptKird 
If  fliaiufa 

rfiiM' 

if  luiilel 

If  chien 
If  lévrier 
le  clievri' 
If  daiii 
le  Inpiii 
If  eliat 
l'a^çneaii 
le  pouliii 

If   poulfl 

If  canard 
le  naoïi  (|iaii) 
le  diiidoii 
le  perro(|uet 
le  taisnii 
le  serin 
le  tils 
le  neveu 
le  cousin 
l'aïeul 


ter  iSiott 
ttr  Aénifl 

ter  lifflfr 
ttv  mv 
ttr  3»clf 

ter  C*ff( 
(baO  9)}ault()icr 
\tn  SOiaulfffJ 

ttr  4ôunb 

bfr  Sfôinbf>unb 

bacs  Wflj 

ber  ITamfjtrfcf) 

ba<<  5tanitt(^fn 

bif  S(ù^t  (tttMattv) 

bait  ifiinim 

bais  .^eu^flniUtn 

baS  ^ri^nd)fn 
ber  C*ntcrici) 
bcr  '•pfaiiba^n 
ber  înitljaljn 
ber  ^Vipaçjel 
ber  iVa)"anlja{>u 
ber  ,'ieifii] 
ber  2oljn 
ber  9ir1fe 
ber  ?0«tter 
ber  Wrojt?ater 


Noms  fémlniiui. 

btc  entin 

bte  Stiniqin 

tit  iinin 

taê  XUqtrrotibéftn 

hit  flBdrln 

tit  f&HHn 

bit  %ûéf^n 

tie  Xamedflutc 

bit  <lfr(in 

bic  Stautefelin 


la  dées«e 
la  reine 
la  lionne 
la  tigresse 
l'ourse 
la  louve 
la  renarde 
la  c  ha  m  cl  lu 
l'ànessc 

la  mule 

la  chienne 
la  levrette 
la  chevrette 
la  daine 
la  lapine 
la  chatte 
l'agnelle 
la  pouline  ou 

|>oulieiic 
la  poulette 
la  cane 

la  paonne  (pane) 
la  dinde 
la  perruche 

la  faisane  ou  faisande  bie  >^afaubenne 
la  serine  bai  ^^eiftgiceibc^tn 

la  fille  bie  Xotbttr 

la  nièce  bie  !Ri(^tc 

la  cousine  bit  SJafe ,  P ouftne 

l'aïeule  bie  (9ro|mutter. 


bic  J^ânbin 
bie  fi}inbt)rinbin 
btc  ^Dtnbin,  9tet))icge 
bic  îDambirfrfifub 
baiS  tveiblid^c  .HkUiincben 
bai  Aa^enwetbd^cn 
bai  iamm 
bai  StutenfûUcn 

bie  juiiiic  J&cnnc 

bic  l*nte 

bic  ^fautjennc 

bie  25rutf)enne 

ba0 'Çat^a^eiroeibc^en 


m 


16.  Souvent  aussi  Ton  se  sert  du  nx^me  nom ,  soit  masculin ,  soit 
féminin,  pour  désif^iier  le  mâle  et  la  fiMiicllc. 


Noms  lUiisciiliiis. 


Noms  fétiinins. 


hérisson 
hiaireau 

putois 
chacal 
léopard 
lynx 

■cureiiil 
rat 
mulot 
castor 
porc-épic 

ï  ou  paresseux 
léphant 


(D'Hprès  l'ordre  élahli  par  Cuvier.) 
Mammifères. 

la  taupe 


ber  3iiet 

ber  jDa(^x< 

ber  ^Hii' 

ber  Wclblwctf 

bcr  yecparb 

bcr  tudfi 

ba«i  (*id?l)i)rnrhen 

bie  ?>{attc 

bie  (Çetbniauvi 

ber  2?iber 

bai?  5ta(^e(fd)»wcin 

bu?  jVaultfeicr 
ber  6(cpb>)nt 


la  martre 
la  belette 
l'hermine 
la  fouine 
la  zibeline 
la  civette 
l'hyène 
la  panthère 

la  marmotte 


bcr  âKandoutf 

ber  a»arbcr 
ba«  SBicfel 
ba<f  ^crmdin 
bcr  .ybdu«marbcr 
bcr  ,Scbet 
ba>*  ^Hibcttbicr 
bie  .^odnc 
ba<i  '^antcrt^icr 

ba?  SRurmcttl^icr 


La  grammaire  française  simplifiée. 


Noms  masculins. 

Noms  féminins. 

le  rhinocéros 

baè  £fl^ittojcvoê 

le  zèbre 

ba§  Refera 

l'élan 

baê  eicnt^icr 

la  giralTe 

ber  ^amcct^arbcr 

le  renne 

baê  Sflenntî)tcr 

la  gazelle 

btc  ®aiiUe 

le  bison 

ber  SSudPctod^ê 

la  vigogne 

baê  ®d)affaincct 

le  lama 

baê  Sama 

la  licorne 

baS  (Stn^^orn 

le  dauphin 

bcr  î)ct^{)in 

la  baleine 

bcr  «fôaaftfc^. 

'    Oiseaux. 

Le  vautour 

ber  ©cier 

la  poule  de  Pharaon  ctnc  Strt  ©ct'cr 

ou  percnoptère 

le  condor 

bcr  (Sonbor 

la  crécerelle  ou 
crécelle 

bcr  aSaunctitret^cr 

le  faucon 

bcr  %aiîe 

l'orfraie 

ber  SJîccrablcr 

l'autour 

bcr  ^abxà)t 

la  harpie 

btc  .^ar:|3tc 

l'épervier 

bcr  (S^jerèer 

la  buse 

bcr  SSufiaar 

le  milan 

bcr  ^ù^ncrgcier,  bie 

la  Jiulotte  ou  huette  btc  JBaumcute 

aSct^e 

le  ffrand-duc 
le  hibou 

bcr  lU)u 

la  chouette 

btc  9lad^tcu(c 

btc  6nle 

le  merle 

btc  3(mfc( 

la  grive 

btc  ®roffct 

le  rossignol 

bic  9îacî)ttqalt 

la  fauvette 

btc  ©raëiniidÊc 

le  rouge-^orgc 

Mè  giott)fc^ïcf)cn 

la  bergeronnette 

btc  aîttc^ftcl^e 

le  roitelet 

bcr  ^aunfonffl 

le  martinet 

btc  <B(i)\vaibc 

l'hirondelle 

btc  @t^JDa(6c 

le  corbeau 

bcr  JHabc 

la  corneille 

btc  ^ra^c 

le  geai 

bcr  Spàijiv 

la  pie 

btc  eiftcr 

l'ortolan 

bcr  Drtodui 

l'alouette 

btc  Scrcï)c 

le  moineau 

bcr  <Bpttl\nc\,  Spai^ 

la  mésange 

btc  SOîctfc 

le  pinson 

bcr  fî'inf 

la  linotte' 

bcr  .gxïnfltiig 
bîcSOîcrhncifc,  93(ttu= 

le  chardonneret 

bcr  SDîffcIftnE 

la  nonnctte 

le  tarin 

bcr  (Sn'ind'ng 

mctfc 

le  canari 

bcr  .^anaricnt^oncl 

la  moustache 

cinc  2trt  93Zetfc 

le  bouvreuil 

bcr  @tn4>c( 

la  veuve 

bic  "^nrabic^ammcr 

l'étôurneau  ou  san- 

■ bcr  @tnar 

sonnet 

le  colibri 

bcr  Softbrt 

la  sittelle  ou  (lej 

bcr  ^Blaufpecîjt 

l'alcyon  ou  martln- 

-pêcheur  bcr  2((c^ott 

torchepot 

le  pic 

bcr  'Bpiâ)t 

la  perdrix 

i>a^  Stippi)ul)n 

le  coucou 

bcr  ©ucfçîiicf 

la  caille 

btc  SBac^tel 

la  colombe 

btc  ïaubc 

le  pigeon 

btc  S^aufec 

la  tourterelle 

btc  3;urteltau6e 

le  casoar 

bcr  (Çafuar 

l'autruche 

bcr  Strauj? 

l'outarde 

btc  3;ra^:^;]anè 

le  liéron 

bcr  JHci^cr 

la  grue 

bcr  .^rfluid) 

le  butor 

btc  9îo^rbommc( 

la  hupjtc 

bcr  2Btebcf)o^f 

le  marabout 

bcr  aJîarabut 

la  cicogne 

ber  ®torrf} 

l'ibis 

bcr  Sbtê 

la  bécasse 

btc  ®rf;nc^fc 

le  courlis 

bcr  23radjt»oijc( 

la  bécassine 

btc  aSatbfc^ncJjfc 

le  combattant 

bcr  SÔlcer^fan 

la  barge 

bcr  (^ct^fo^jf,  tie  gc^ 
meinc  spfa^tfd^nctfc 

le  flamant 

bcr  S'famant 

la  gallinule  ou  pou 
d'eau 

e  t<[»  SBafTcr^u^n 

le  kamichi 

bcr  .^amtfc^t 

la  foulque  ou  Morelle  ba§  331aê()u^n 

Du   ^eiire  des   iubfttaatir». 


NOIII.H    IIIHSCIllill!*. 


I«  |l|l)|lg(M)ll 

li>  pi  II  (léonin 

le  goéland 

le  pélican 

le  euriiionn 

le  fmi 

le  cygne 
leider 


bte  Zauttftntt 
ber  ^rn()utti 

tir  <Sttmé)tt 

bie  AroVfganI 

bcr  3*trab« 
btr  %Hptl 

bit  (^iber^antJ 


Nom»  fvnialu. 

la  muuctte  OU  mauve  bie  9Riu ,  ttlm 
la  frégate  brr  ffregattogcC 


la  harnat-lic 
In  niaiTcuse 
la  sarcelle 


bie  9)ottjan« 

bie  f(i)toar)e  (Sntt 

bit  JîrifrfifiUf. 


Ueptiles. 


Le  eiueotiil 

le  caïiiiaii 

le  nioiiitor 

le  lézard 

le  dragon 

le  basilic 

le  cainélcdii 

le  serpent 

le  bua 
l'aspic 

le  pipa 

le  crapaud 

le  triton 


ba«  iÇrofobil 
btr  A'aimaii 
bfr  aSJarufr 
bif  (*ibfd}ff 
bfr  Drac^e 
ber  i^afiliôf 
brtiiS  C?t>aimUfon 
bit  SÂlkUik^e 
bie  SHicfcnfdjlanje 
bie  Dtter 
bie  "^iva 
bie  Xrote 
bie  Steinfc^nerfc 


la  tortue  bie  'BéfxittxhU 

la  conleuvrc  bie  9{atter 

la  cuiilcuvre  à  cul-  bie  9(iiigelitatter 
lier 


la  vipère 

la  grciiuuille 

la  rainette 

la  salamandre 

lu  :;irènc 


bie  aji^er 
ber  >>rof(^ 
ber  iîaubfrofc^ 
ber  3a(antanbcr 
bie  '3irene. 


Poissons. 


Le  bar  ou  loup 
le  cbab«)t 
le  rouget 
le  maquereau 
le  thon 
l'espadon 
le  barbeau 
le  goujon 
le  gardon 
le  brochet 
l'exocet 
le  saumon 
l'èperlan 
le  hareng 
l'aiichois 
le  cabélian 
le  merlan 
le  liirhol 
l'esturgeon 
le  requin 
le  marteau 


eine  ^rt  >2ec^e(^te 
ber  .*tauItopf 
ber  JHotljpfd? 
bie  gjîafrelf 
bfr  ibnnftfc^ 
ber  Sdjjuertfifd; 
bie  ibavbc 
ber  (Sninblini^ 
ber  SKNfiHftfd? 
ber  .Çief^t 
ber  flifiîfnbe  5if(^ 
ber  'iAÎi)i ,  Saint 
ber  ^Stieriu;^ 
ber  .^iirin.^ 
bit  'îtufd^ofe 
ber  Aabflja» 
btr  JBJci^lin;i 
ber  âteinbutte 
ber  3t(Jr 
ber  .Ipaifi)'* 
ber  .^ammerfife^ 


la  perche 

la  carpe 

la  brème 

la  tanche 
Table  ou  ablette 

la  truite 
l'alose 

la  morne 

la  merluche 

la  plie 

la  limande 

la  barbue 

la  sole 
l'anguille 

la  sardine 

la  murène 

la  milandre 

la  scie 

la  raie 

la  torpille 

la  lamproie 

la  roussette 


ber  ;£arf4f 
ber  Xar|}fen 
ber  S^raffen 
bie  3(^(eibr 
bie  2?(i<f« 
bie  Tforette 
bie  aife,  (ylff 
btr  Jtabtljau 
ber  Storfftfd» 
ber  Splattftft^ 
•bie  Jtlitf(^t 
ber  3tcfafan 
Ut  3o^It 
ber  *^a( 
bit  SarbtUe 
ber  ®lefr,v'l 
eine  '?(i; 
ber  3a^-::  -V 
ber  iVcdif» 
ber  Jtrain)>fiif(^ , 
bie  )!amprctc 
bad  3ee^tinb(f>en. 


Le  calmar 
l'escargot 
le  calmaret 


Mollusques. 


bie  SeefaÇt 
bit  (*rbf(^nt(ft 


la  seiche 
la  limace 
l'huitre 
la  moule 


btr  îinttnfifd) 
bit  naâtt  3<bntdt 
bit  ^ufltr 
bit  9Kuf(f^t(. 


8 


La  grammaiije  tran(;aise  simplifiée. 
Crustacés. 


Noms  masculins. 
Le  crabe  btc  ^ra66e 

le  homard  bcr  ^«mmcr 

le  erangon  ou  cardon  nnt  5lrt  (Secfvcbfc 
le  cloporte  .    bcr  ^clierlwurm,  btc 

5ïjTcl 


Noms  féminins, 
l'écrevlsse  bcr  ^rebô 

la  langouste  baS  9Jîccr:|)fcrbd^cn 

la  crevette  btc  (Sccfrcbfc. 


Le  scorpion 
le  faucheur 
le  ciron 


Arachnides. 


bcr  (Scorpion 
bcr  2Bc6crfnec^t 
btc  «Oh'tec 


l'araignée 
la  tarentule 
la  mite 


btc  (S^jt'itne 
bt'e  iSarcttttcI 
btc  SJlt'ete. 


Insectes. 


Le  pou 
le  ver-luisant 
le  hanneton 
le  cerf-volant 
le  charançon 
le  papillon 
le  sphinx 

le  bombyx  ou  ver- 
à-soie 
le  grillon 
le  criquet 
le  puceron 
le  kermès 
le  fourmilion 
l'ichneumon 
le  cynips 
le  frelon 
ie  bourdon 


btc  ^nu% 
bcr  Otù^twurm 
bcr  SWaifâfcr 
bcr  ^trf(^fâfcr 
bcr  ^orniDurnt 
bcr  (Sd^inettcrttitij 
bcr  5(bcnbfrf)mcttcr= 

Itng- 
bcr  (SctbcntBitrin 

btc  ©rtttc 
baS  .§»ctin(ï)en 
bt'e  «Btntttauê 
btc  @d;i(b(iiui< 
bcr  Sttncifcntôiuc 
btc  ^f)araonêinau8 
baô  feafiinfect 
btc  .^/rntffc 
bcr  .f)itinmet 


la  puce 

la  tique 

la  luciole  (lampyre 
d'Italie) 

la  cétoine 

la  cantharide 

la  coccinelle  ou 
bète  à  Dieu,  ou 
catherinette,  ou 
petit  boeuf,  ou 
petite  tortue 

la  teigne 

la  chenille 

la  chrysalide  on 
nymphe 

la  courtilièrc 

la  sauterelle 

la  punaise 

la  cigale 

la  cochenille 

la  fourmie 

la  guêpe 

l'abeille 

la  mouche 


bcr  ^(of) 
btc  3c<fe 
i<xi  3o^anntSn>ùrm= 

bcr  ©otbfâfer 

bic  f^jantfd^c  ^-ticijc 

boê(Souncnfâfcrcï)eu 

:^crri3ott»6oictciu , 

(éoitncnEtnb,  ©ot; 

tcêfûrf>(ctn 

btc  SJlottc ,  iScf^abc 

btc  9lau>3C 

btc  spij|3:|3e ,  Sarijc 

btc  S)îau(luurfêgri{tc 

bic  -gicufd^recfe 

btc  ^an^c 

btc  ^eufdircrfctttjrtffc 

bcr  ®(i)ar(ad;Eàfcr 

btc  Sdncffc 

btc  aScf^JC 

bic  SÔt'cnc 

btc  ^ttcvjc. 


17.  Ces  substantifs  sont  dits  noms  épicènes  (tUi  grec  epi  sur  et  koi- 
nos  commun),  parce  qu'ils  désignent  indifî'éremment  l'un  ou  l'autre  sexe, 
le  mâle  ou  la  femelle. 

18.  Quand  on  veut  spéciiier  le  sexe  de, l'animal,  on  ajoute  au  nom  le 
mot  mâle  ou  femelle.  Eléphant  mâle.  Elèplitmt  femelle. 

19.  Reiiuiniue.  11  est  naturel. que  les  hommes  no  se  soient  guère  occupés  tlii  genre 
des  animaux  que  pour  ceux  qu'ils  avaient   autour  d'eux  ou  à  leur  service,  à  leur  usage. 


Illl 


(•  n  ri*   «1  «•  s    s  II  W»  I  ;i  II  I  i  f** 


IV 
tO.  Noms  (le  substances  diverses,  matérielles  ou  immatérielles. 


NUIIIM 

l/.ilMt'iiviiir 
III)  iilirk'ot 
lair 

lin  ai'busie 
lart 
It;  banc 
le  itnstioii 
le  l>ill 
le  liliM-t 
le  boulpiiii 
le  bu u ton 
le  buste 
le  lainé 
lo  cbardoii 
le  chêne 
le  choix 
le  choléra 
le  citron 
le  cresson 
le  détroit 
un  écucil 
Illl  épi 
l'escadron 
le  foi 
le  iVoid 
le  fruit 
le  glaçon 
le  gland 
le  liètrc 
l'hiéroglyphe 
l'honneur 
l'incendie 
le  lait 
le  lis 
le  marron 
le  melon 
un  million 
un  billiiMi 
le  noisetier 
le  nuage 
l'opéra 
l'orgeat 
le  pétard 
le  |)iu 
le  pistolet 
le  plalin 
te  poing 
le  raisin  ' 
le  sapin 
le  site 
le  soleil 
le  sphinx 
le  talon 
le  temps 
le  tilleul 
le  trophé 
1  uniforme 


ninHciilliiM. 
^i<  îr^iiiff 
tit  'îtprifcfe 
Me  8uft 
tine  Stautc 
tit  jtunft 
tit  ÎBant 
Me  îBaflci 
Me  a?iU 
Me  Jlcrnbluinc 
bic  ^^irfe 
bie  Jluoj>e 
batf  îynlnl)il^ 
tic  C»*aniee 
bit  I)ijlfl 
tit  ^iâft 
bic  a»al)t 
bic  (fl^ctero 
Me  Pitrcue 
bie  Greffe 
bie  iViecrciii^e 
oine  .Hli^pe 
eiiie  5te()re 
bie  3*wabron 
bie  ijeber 
bie  AiUte 
bie  iÇrurfU 
bie  (*iil<fd)cUc 
bie  P'idut 
bie  ilSwdft 
bie  Jpievofll»)p^e 
bie  (*t)re 
bie  iVeiierêibrunO 
bie  SDiitc^ 
bie  gilie 
bie  ?Jîaroiio 
bie  iWetcne 
eiue  lîOHUicii 
tille  ^^illicii 
bie  .'ôafelilaube 
bie  Sfôolfc 
bie  Cptv 
bie  SDiûubflmit* 
bie  ^petiUbc 
bie  ïyidite 
bie  •«Vifloie 
bie  'ÎMatiiia 
bie  îyaufl 
bie  Sraube 
bie  Jtanuc 
bie  ifaçje. 
bie  vSonnc 
bie  3^>^^n^ 
bie  fterfe 
bie  *^fit 
Me  àinbe 
bfe  îretjbiïf 
bie  llniform 


>oui»  féinliiiiiH. 


raliMullic 


l'aile 

l'aleovc 

l'améthyste 

l'anagramme 

l'ancre 

l'apostrophe 

l'après-midi 

rarmoire 

la  baïonnette' 

la  bannière 

la  battistc 

la  camisole 

la  cataracte  (chute 

d'eau) 
la  chanson 
la  circulaire 
la  clarinette 
la  comète 
la  cuirasse 
la  date 
la  dendrite 
la  diphthongue 
l'eau 

l'écritoirc 
l'écume 
renclume 
réi|uivo(|uc 
l'éponge 
l'escarDOuele 
l'étofTe 
l'étude 
l'étoile 
la  fumée 
l'idole 
l'image 
la  lii|iieur 
la  lune 
la  marge 
la  mémoire 
la  mousson 
l'offre 
l'ombre 
l'opale 
loutre 
la  pantoutle 
la  patenôtrc 
la  pédale 
la  pensée 
la  piastre 
la  poutre 
la  rime 
la  sandaratjMe 
la  térébenthine 
la  thériaque 
la  topaze 


bcr   ©ermutt^/  îlb 
flnttj 

ttr  ^'""' 
bel 

ber  -..:.-! 
ba«  Vtnat^rainm 
ber  "Mufer 
ber  «pc 
ber  9lûci' 
ber  2iàir<i\\t 
iai  <Bajonnet 
bat  panier 
ber  îBattifl 
bas  (Sainiû( 
btr  âôdiTntvUi 

tai  ïieb 
bad  €ircula'v 
tai  eiarinett 
ber  Xomtt 
ber  5tiira§ 
ba«  3)atum 
ber  35enbrit 
ber  35ivl?ll)0»4 
bas  Sdaffer 
bad  iSeftreibjrug 
ber  2(baum 
ber  îïmbo^ 
ber  Dopjjelftnn 
ber  ®(^ttdnim 
ber  Jïarfunfel 
ber  Stcjî 
bad  3tubium 
ber  2tcrn 
ber  9tau(^ 
ber  ^baott 
ba*  !»ilb 
ber  liqueur 
ber  SWonb 
ber  ftanb 
ta.»  '«•>»"<'r'iis 
bel  ib 

bav   :«;" 

ber  cd>atten 
ber  Cpat 
ber  «*(«»"* 
ber  •^autcffel 
bae  "^^aterncfter 
bâC  V*t<il 
ber  Qebantt 
ber  Spia»ler 
ber  *alffn 
btr  9(tm 
ber  ®onboraf 
ber  îtrjjentin 
ber  ïl>»naf 
ber  lc|«u#. 


10 


La  grammaire  i'rauçaise  simplifiée. 


Nous  avons  choisi  tle  préférence  des  substantifs  dont  le  genre,  étant  différent  en 
allemand ,  donne  lieu  à  de  fréquentes  méprises.  Nous  y  ajoutons  la  liste  de  ceux  sur  le 
genre  des  quels  les  Français  eux-mêmes  se  trompent  souvent. 


le  pourpre  (maladie)  i>aê  ^erf ftcbcr 
au  rebours  flfgfn  ben  ®tricf> 

les  vivres  bte  Sct>cn§mitte( 


Noms  masculins. 

Noms 

féminins. 

L'acabit 

bte  aScfc^affcn^cît 

l'aire 

bic  %mm  ,  baê  9left 

l'aecessoir 

baë  Sh^^^^ 

l'alarme 

ber  Sârm 

l'accrostiche 

baê  5tcrofttc^on 

l'amorce     - 

ber  .Kobcr ,  bic  2orf; 

l'ail' 

bic  Suft 

f^jcife 

l'amadou 

bcr  3iiiii'fc^î»amm 

l'antichambre 

tiÇi^  SSorjitnmcr 

l'amidou 

baê  .^raftme^t 

l'argile 

bcr  3;f)on 

l'angle 

ber  «fôinfet 

les  arrhes 

baê  Stngclb 

l'anis 

ber  5tntê 

l'artère 

bte  sputêabcr 

l'antimoine 

baê  ^ntimonium 

l'atmosphère 

bcr  Suftfrctê 

l'antipode 

bcr  2(ntt^)obe 

l'avant-scène 

bte  aSorbit^nc 

l'arrosoir 

bte  @tc§fannc 

la  décrattoire 

bte  ®d)ut)6urpe 

le  centime 

bcr  (Senttinc 

l'ébène 

baê  (J6ent)o(j 

l'éclair 

bcr  S8(t| 

récaille 

bte  (Sc^u:|3:^c,  (Scijatc 

l'émétic 

baê  58rcct)tntttef 

l'horloge 

bte  U^r 

l'empois 

bte  <Btàvte 

l'huile 

baë  Del 

l'escalier 

hie  iSttege,  ^rc^j^jc 

l'hypothèque 

^n  ^^^ot^cf 

l'évangil 

baê  ©toangeïtum 

les  immondices 

bcr  Unrat^ 

l'éventail 

bcr  %aà)iv 

l'insnlte 

ber  (S(ï)tm^f 

l'hiver 

bcr  tinter 

la  nacre 

bte  spertmuttcr 

l'hôtel 

bcr  @aftf)of 

l'once 

bte  Unje 

l'inventaire 

baê  SBcr^ctc^ntip 

la  patère 

bte  D|)ferf^a(c 

les  mânes 

btcS)iancn,  (Sc^atten 

la  sentinelle 

bte  (Scî)t(biDac^c 

le  monticul 

baê  aSergcïicn 

la  stalle 

ber  @^)crrft^ 

l'obus 

bic  ;g)aubi|granatc 

les  ténèbres 

bic  i^tnfterm^. 

l'omnibus 

bcr  Ômnibuô 

(Voir  plus  loin.) 

l'onguent 

bte  (Sat6c 

le  pastel 

haè  ^aftet 

les  pleurs 

bte  î^rctncn 

III 


Noms  dont  le  ^eiire  présente  quelques  difFicuItés. 

21.  Aigle  (en  latin  ai/iiila)  est  féminin  de  sa  nature,  comme  le  mot  latin 
dont  il  dérive  ;  d'autant  plus  que  sa  terminaison  est  celle  du  féminin ,  caracté- 
risée en  français  par  Ve  muet.  Aii/le  noire.  Aiyle.  royale.  Aiifle  rousse.  Grande 
aigle.  Le  vol  de  l'aigle.  L'aire  de  l'aigle.  Aigle  femelle.  Figurément:  La  grande 
aigle  de  la  Légion  d'homievr.  Chevalier  de  l'aigle  hlanche.CChât.^  L'aigle  romaine, 
le'i  aigles  romaines,  Les  enseignes  des  légions  romaines,  ainsi  appelées  parce  qu'el- 
les étaient  surmontées  de  la  ligure  d'une  aigle.  L'aigle  itnpe'riale ,  Les  armes  de 
l'empire  d'Autriche,  qui  sont  une  aigle  noire  à  deux  têtes.  Chanter  à  l'aigle  (pu- 
pitre d'église).  Papier  grande  aigle]  etc.  Par  ellipso  et  par  une  sorte,  d'attraction 
exercée  sur  l'adjectif  grand  par  le  substantif /w/j/^t^  sous-cntendu  ,  I)v  grand 
aigle,  Du  papier  grande  aigle. 

22.  Aigle,  dans  un  sens  plus  restreint,  au  propre,  est  masculin  oii  fémi- 
nin, selon  qu'on  y  attache  l'idée  de  mâle  ou  de  femelle.  L'aigle  irritée,  furieuse 
défendait  les  petits  aux  quels  elle  venait  de  donner  le  Jour.  L'aigle  irrité,  furieux 
défendait  sa  femelle  et  ses  petits.  Les  poètes  l'emploient  au  masculin  ,  de  préfé- 
rence,  soit  parce  qu'il  entre  ainsi  plus  facilement  dans  le  vers,  soit  parce  qu'ils 
en  font  un  emblème  de  grandeur,  de  puissance,  de  génie,  etc. 


Du   genre  des   «abstautifs.  H 

Ne  MMb-to  p«»  encore,  henno  rHible  el  snperbe, 

Que  rinNect<>  invifiihir,  FtiHCvell  nouh  l'herbe, 

Kt  ï'alple  Impèrleiir  ,  c|ni  plan<<  au  hniil  dn  riel  . 

ni'nlrent  lianii  le  titrant  aux  yeux  de  l'^Uernel.  (Votlmrt.f 

Cent  dans  ce  dernier  sons  qu'on  dit  :  cet  homme  est  un  tiigle. 

Il 

23.  Amour  (du  intin  amor) ,  (|iioi(|ue  em|i|oyé  souvent  au  féminin  ^Mr 
les  portos,  n'on  ost  pas  moins  absttlmiiont  masculin,  tant  nu  pluriel  qo'au  sio- 
jçulior,  d;iiis  toutes  ses  acceptions.  Amour  ftliul.  Amour  matrrnet.  L'awtmir  wta- 
teruet  est  de  tous  tes  amours  le  seul  t/ui  aoit  duriihle.  Amour  ardent.  Amuow  paê- 
sionne.  De  lout/s  amours.  De  divins  amours.  Les  premien  amour».  Pein^gf  êctiip' 
ter  de  petits  amours. 

24.  Dans  un  sons  de  mépris,  on  lo  fait  (|uol(|uerois  féminin  au  pluriel,  «|u.ind 
il  sii^nitle  la  passion  d'un  sexe  pour  l'autre.  De  folles  amours.  De  banale*  amour». 
l'rovorbialonicnt .  froides  mains,  chaudes  amours.  Il  n'y  a  point  de  èeUtt  pHêcm 
ni  de  laides  amours. 

25.  Uien  n'ohliffc  à   cette  exception,  si  ce  n'est  V  euphonie  y  i^  l'égard  de 

certains  adjectifs,   tels  que  fou;  oar  on   dirait  fort  bien,  an  masculin,  de  woii- 
strueuj'  amours. 

I.a  niarc^ni.xc  de  Ponipadonr  ayant  ilcniiindt-  ii  l'abbé  do  Bernia  une  déflnitlon  de 
l'amonr,  l'ahbe  lui  r*'-ponilit  par  ce  quatrain  : 

I/anionr  est  un  rnraiit.  Mon  maitre, 
Il   l'i'st  d'Iri.H,  dii  hergrr  ,  et  ilii  Uni. 
Il  r-nt  fait  comme  vou.t,  il  pt-n.sc  comuu'  moi. 
Maia  il  ent  plna  bardi  pciit-ètn 

III 

26.  C-'ouple  (du  lalin  copulu  ;  en  allemand  "^aarj  est  féminin,  quand  il 
>'\prime  seulement  l'idée  du  nombre  deux,  lue  couple  d'oeufs,  lue  couple  de  cha- 
fxius.    lue  couple  de  serrirtfes, 

27.  Il  ne  se  dit  Jamais  des  choses  qui  vont  nécessairement  ensemble,  comme 
les  souliers,  les  bas,  les  jcants,  etc.  On  dit  alors,  une  paire. 

28.  Couple,  |iar  nue  distinction  assez  subtile,  qni  pourrait  disparaître  à  la 
lonnue,  est  masculin,  lorsqu'il  s'emploie  pour  désigner  deux  êtres  animés,  uni.s 
par  la  volonté,  par  <in  sentiment,  ou  par  tonte  autre  cause  qni  les  rend  propres 
a  agir  de  concert.  Ihi  couple  d'amis.  [In  roupie  de  fri/Htns.  Vn  beau  couple  He 
chiens.  Vn  joli  couple  d'amants,  l'n  hetireur  couple,  l'n  couple  bien  assorti.  — 
On  dit  aussi,  «m  couple  de  pigeonn  ^  de  tourterelles,  etc. 

IV 

29.  Itt^llre  (du  latin  delicia  ,  deliciac)  ,  t|iioique  cmplovr  (.i  cause  de  son 
autre  étyniologio  deUcium)  comme  masculin  ,  est  féminin  de  sa  nature.  Quelle 
délice  :  Il  fait  toutes  ses  délices  de  l'étude. 

3().  Il  n'y  a  pas  de  raison  pour  (|u'un  nom  soit  d'un  genre  an  singnlirr  et 
d'un  autre  au  pluriel:  c;u'  il  en  résulte  alors  des  absurdités,  puisqu'il  faudrait 
dire,  d'après  la  règle:  un  de  mes  plus  chères  délices.  Dites,  à  l'exemple  de 
lloussoau ,  une  de  mes  plus  chères  délices.  Néanmoins,  les  poètes,  à  qui  on  laisse 
si  peu  de  licences,  resteront  libres  do  le  faire  masculin  ou  féminin  au  singulier, 
selon  les  exigences  de  la  mesure  ou  do  la  rime. 

V 

31.    KiiTailt  (de   lablatif  latin   infante).   O   mot.    i.  .>"ii';"«i'»  «vec  soi 

aucune  idée  de  sexe,  est  employé   à   tort  comme   féminin  d  hrases. 

Ma  belle   d'fant.  Charmante  enfant.    I'"   in  *«;«'iiliM    i<»;t    tmif  i      Mom 
bel  enfant,  (^harihant  enfant. 


i2  La  grammaire   française   simplifiée. 

32.  C'est  sur  l'autorité  de  ces  exemples  que  M.  de  Lamartine  s'est  aventuré 
jusqu'à  dire,  une  ange  ravissante;  ce  qui  est  aussi  absurde  que  de  dire,  une 
génie  bienfaisante. 

VI 

33.  Foudre;  féminin  de  sa  nature,  devient  masculin  dans  ces  expres- 
sions elliptiques:  un  fondre  de  guerre ,  un  grand  foudre  de  guerre,  c'est  à  dire, 
un  homme  qui  est  comme  la  foudre,  à  la  guerre,  un  grand  capitaine.  Un  foudre 
d'éloquence ,  un  grand  orateur. 

34.  Foudre,  employé  elliptiquement,  dans  un  sens  distributif,  pour  dési- 
gner cette  représentation  de  la  foudre  que  les  peintres  et  les  sculpteurs  donnent 
ordinairement  pour  attribut  à  Jupiter  et  qui  consiste  en  une  espèce  de  grand 
fuseau,  du  milieu  du  quel  sortent  plusieurs  petits  dards  en  zigzag ,  est  masculin. 
Un  foudre  ailé.   Une  aigle  tenant  un  foudre  dans  ses  serres. 

Foudre,  masculin,  de  l'allemand  S'uber,  se  dit  d'un  grand  tonneau.  Un 
foudre  de  vin. 

Vil 

35.  Geiiw  (du  latin  getitesj ,  peuples,  nations ,  races,  n'est  usité  en  ce 
sens,  que  dans  cette  locution,  le  droit  des  gens. 

36.  Hors  de  là,  gens  s'emploie  dans  un  sens  indéfini ,  p(tur  signifier  hommes 
ou  personnes,  et  il  est  essentiellement  masculin,  comme  tout  substantif  indéfini. 
Dans  les  révolutions  ,  il  y  a  deux  sortes  de  gens  :  ceux  qui  les  font  et  ceux  qui 
en  profitent.  Ce  sont  des  gens  bien  fins.  Totis  les  habiles  gens.  Tous  les  gens  sen- 
sés. Tous  les  gens  de  bien.  Tous  les  gens  à  talents.  Tous  les  gens  en  place.  Tous 
ces  gens-ci.  Tous  ces  gens-là.  Tous  gens  d'esprit  et  de  mérite.  Certains  gens  d'af- 
faires. Il  y  a  certains  gens  qui  font  les  empressés  *).  De  vrais  gens  de  lettres. 
Quels  sont  les  gens  que  vous  fréquentez..  Quels  gens  sont-ce  là  ?  quels  bons  et 
dignes  gens  !  Tels  sont  les  gens  que  l'on  voit  régenter  l'univers.  V^cus  fréquentez 
de  tels  gens.  Oh  !  qu'heureux  sont  les  yens  qui  savent  quelque  chose  !  Ce  sont  les 
meilletirs  gens  que  j'aie  jamais  vus.  Ne  vous  y  fier,  pas ,  ce  sont  de  vilains  gens. 
Ce  sont  de  dangereux  gens. 

37.  Par  euphonie,  on  donne  à  l'adjectif  pluriel  tous  la  terminaison  féminine, 
quand  il  précède  immédiatement  le  mot  gens ,  à  moins  que  ce  dernier  mot  ne  soit 
suivi  d'une  épithète  ou  de  quelque  autre  mot  déterminatif,  parce  que  dans  ce 
dernier  cas  \'s  finale  de  tous  se  prononce  et  rend  ainsi  ce  mot  suffisamment  so- 
nore. Exemples  :  Il  s'accommode  de  toutes  gens.  —  Tous  gens  honnêtes.  Tous  gens 
d'esprit  et  de  mérite. 

38.  On  traite  de  même  certains  adjectifs,  tels  que  beaux,  bons,  fins, 
sots ,  vieux ,  petits,  les  quels,  ne  se  terminant  pas  au  masculin  par  un  e  muet, 
formeraient,  ainsi  placés  immédiatement  devant  le  mot  gens ,  un  son  sourd  ou 
désagréable.  Exemple  :  Ce  sont  de  fines  gens.  Voilà  de  belles  gens  pour  un  homme 
comme  vous.  Vous  autres ,  bonnes  gens ,  vous  croyez  cela  !  Voilà  de  sottes  gens , 
s'il  en  fut  jamais.  C'est  l'habitude  des  vieilles  gens.  De  petites  gens. 

39.  11  va  sans  dire  que,  si  ces  adjectifs  sont  eux-mêmes  précédés  d'un 
autre  adjectif,  ce  dernier  se  met  aussi  au  féminin.  Quelles  sottes  gens  !  L'homme 
sensible ,  en  voyage,  est  tenté  de  s'arrêter  chez  les  premières  bonnes  gens  qu'il 
trouve.' 

40.  Mais,  l'exigence  de  l'oreille  une  fois  satisfaite ,  le  masculin  reprend  aus- 
sitôt son  empire,  et  l'on  dit,  ou  du  moins,  on  a  dit,  par  une  sorte  de  syllepse: 
instruits  par   l'expérience ,   les   vieil  leSf  gens   sont  soupçonneux.  Il  y  a   à  la 


■■'}  Les  grammaires  recommandent  île  dire:  certainn  (jen.>  d'affaires,  à  cause  du  mot 
déterminatif  qui  suit  gens;  et  certaines  gens ,  dans  tout  autre  cas.  Voilà  de  ces 
subtilités  que  la  logique  ne  saurait  admettre.  On  ne  peut  invoquer  ici  les  lois  de 
l'euphonie ,  puisque  certains  gens  ne  sonne  pas  autrement  dans  un  cas  que  dans 
l'autre. 


t'tlf   rnmiiir   mllfiirs   lif  fort   MOttri*  ijrns  ;  (f/'t  f/etix    ftide^  ,  ni-if-  ,-''  nnmrét. 

(I.ii    Hnii/t-rt'.)  —  \otifi  arims   ù  fuh'f  à   un*-  /itulf  <le  |irtll<*»>  lutmmttf 

li'roifiwi ,  rolfiiri,  (  Votlutre.)  -  l/hommf  xaye  irrite  itf  ^i'  futinn  .,  .  ,  ,n'rr  %n 
|i<*illrM   '/»•»«<,  fmrri'  qu'Us  en  nhuseut.  (thnnenjur. ) 

41.  l'IiittU  ((lie  (le  (ionnvi*  dans  do  tclltvs  aiiuiiiali<  us  d'un  guùt  d^ 
lirat  prendront  une  uiitrr  tournure  rt  feront  de  niaiiièr"-  ,  !•'  mot  yfin.om- 
tdoyé  au  fi^minin  par  cu|iliotuo ,  il  n'y  ait  pas  d'adjeetifs  i.ip.it>lo>  de  donner  lieu 
a  ees  disconiances  choquantes.  Ils  ne  diront  pas:  Les  vieilles  jf#'/»  sont  soup- 
roiiiieuj:  Ce  xoiit  ilf  petite»  f/**"* .  mi'clumts  »'l  tiunyereur.  Cft  MOlteM  ycui 
ne  hiissent  pas  (/iif  d'être  liriireuT,  OU'.  Ils  diront:  lées  Ylelll^s  yent  uni  i'hu- 
ineur  soufn'onnetise.  Ce  sont  de  |ietlteM  yens  dont  In  m^rhnncete'  eut  à  craindre. 
Ces  MOtteN  yens,  relu  ne  laisse  /nis  i/ne  d'être  henrenj-. 

42.  Nous    n'avons   pas  eru  devoir  admettre    la    H''  n-   de  dire: 
•  rtaines  yens,  de  vilaines  yens  ,  de  maliynes  gens  ,  le*  ;«»  ,  etc.   De 

rilains   yens,  de  matins  yens,    etc..  ne  cliorpient    nnllenii-nt    notre  o!  >-s| 

(U'iifate,  pour  le  nit»ins ,  que  celle  de  In   plupart  dos  p;rammainens  dr  ii. 

La  terminaison  féminine  nous  parait  surtout  inutile,  quand    la  )l<  i  iisoan« 

do  l'adjortif   se   prononce,  comme  dans  meilleur.    Kilo   ne   ppun  iiittiié« 

que  par  la  crainte  de  réquivo(|ue  ;  crainte  puérile,  qui  nous  forn-raii  .1  eu-lure 
tous  les  homonymes,  si  fré(|uents  dans  notre  lan^çue:  d'autant  plus  que  \  équi- 
voque se  trouve  tout  aussi  bien  dans,  T<ms  ces  hrares  yens ,  <|ucdauft,  Tous  ces 
vietix  yens. 

43.  S'il  est  d'autres  adjectifs  dont  l'alliance  intime  avec  le  mot  yens  soit 
peu  harmouicuse,  il  faut  éviter  cette  alliance,  plutt\t  (|uc  de  violer  ainsi  tons  \tn 
principes  de  syntaxe.  C'est  affaire  do  talent  et  do  style.  I^a  grammaire  n'a  rien 
a  voir  là  dedans.  Ce  n'est  pas  la  urammaire  qui  nj'interdit  de  dire  de  mâchants 
yens  ,  de  sots  yens ,  c'est  rharmonic. 

44.  Kiinoriï  fiiiit-il  avoir  l'ureille  Ition  liélicHtv,  plus  ilélicHto  que  ne  l'oiil  lu  plaiwrt 
ilt>s  ^ranimairieiiM ,  pour  s'oiroiiser  de  cette  allimiix*  de  mot.<«.  Pour  aUk  part,  tel  <*««t  non 
ainonr  de  l'ordre,  qiio  j'admettrais  même  sans  dirHculté,  île  bon*  gen* ,  de  vieux  gêna. 
Cela  pèclif  pent-t^trc  un  peu  runire  l'iiarmonie,  mais  non  pa<<  contre  la  gnuunairt*.  qnl 
«nrall  fort  à  faire,  si  elle  devait  Tournir  de  tels  .spécifcs  poar  toutes  le»  cacophonie*  qne 
piMit  produire  la  rencontre  fortuite  de  mots  diupuratea,  stouit  1»  plume  d'au*  écrivain 
maladroit.  Si  \*otis  n'aimez  pa.s,  de  fins  gen*,  tous  yens,  qne  ne  dites>vttU8 ,  <Im  gène  fine, 
toutes  aortes  de  gens,  plntùl  que  de  faire  violence  à  1h  «ynUxeT 

45.  Le  mot  yens  étant  un  substantif  indélini ,  le  pronom  U.s,  dans  la  phrase 
de  Domcrgue  citée  plus  haut,  pourrait  être  remplacé  sans  ((rand  inconvénient 
par  le  pronom  indélini  on.  Il  ne  faut  pas  se  familiariser  avec  les  petites /feus  f 
parce  qu'on  en  ahuse. 

-'  Tu  sais  bien  qu'on  lu  a  dit.  h  mon  départ  de   France  : 
Déliez-vous  de.i  Alli'iiiaiids  ; 
Car  ce  sont  de  bien  .    1  - 

—  Won  père,  on  -.w 
Car  k  peine  est-on  .<    M  < 
Uu'oii  voit  quantité  \\*i  jamboHë  Igen-t  boua). 

L'Auteur  et  »on  Lier*  p.  2S3. 

46.  Gens,  substantif  indélini,  ne  iic  dit  pas  d'un  nombre  détermine,  à  moins 
qu'il  ne  soit  précédé  des  adjectifs  brares ,  honnêtes  y  paurres  ,  jeunes  ,  avec  les 
(lucls  il  forme  alors  une  sorte  de  nom  composé,  prcseutaul  iiu  autre  sens,  disiim-i 
du  premier  :  comme  dans  ces  exemples  :  fions  étions  dix  braves  gens ,  dix  han- 
nètes  yens.  Il  y  vint  quatre  pauvres  gens.  Deux  jeunes  yens  de  mérite. 

47.  D'où  il  suit  qu'on  ne  peut  pas  dire,  à  l'exemple  de  Voltaire:  an  de  ces 
lionnes  yens;  ce  qui  constitue  une  vraie  monstruosité;  ni,  à  l'excmplp  do 
Ciirault  Duvivicr  :  Une  de  ces  vieilies  yens. 

48.  Si  l'on  dit ,  Hùtle  yens  ,  des  milUers  île  yens.  C  est  parce  que  milté .  des 
milliers ,  sont  pris  ici  pour  un  nombre  iudéteriuiué  «""-"t  Ir  sexcetUi  des  latins. 
Mille  gens  l'ont  vu.  Il  y  a  des  milliers  de  gens  qui  (  être  à  cotre  place. 


14  La  grammaire  française  s i m p  1  i f i é e. 

Vin 

49.  Quant  aux  mots  atitomiie y  exemple ^  hymne,  orgue,  orge,  rien  n'auto- 
rise les  subtiles  distinctions  aux  quelles  d'ignorants  granimatistes  ont  cru  devoir 
les  soumettre. 

50.  Automne,  exemple,  hymne  (du  latin  mittunno ,  exempta,  /lymno) , 
sont  masculins  dans  tous  les  sens,  d'après  Tétymologie  ;  l'e  muet  linal  de  ces 
mots  n'étant  qu'une  lettre  euphonique  nécessaire  à  la  prononciation  des  dernières 
consonnes.  Exemples:  Un  bel  automne.  Un  automne  fort  sec.  Un  automne  froid 
et  pluvieux.  —  Grand  exemple.  Bon  exempte.  Suivre  les  bons  exemples  de  ses 
parents.  Citer  un  exemple.  —  Un  bel  exempte  d'écriture  anglaise.  L'exetnple  qu'il 
a  fait  est  mal  écrit.  (Académie.J  —  Un  hymne  guerrier.  Un  hymne  religieux.  Les 
beaux  hymnes  de  Santeuil  et  de  Coffin. 

51.  Dans  l'intérêt  de  l'ordre  et  de  l'unité,  je  préfère  le  féminin  pour  le  mot  hymne, 
dans  les  deux  sens ,  à  cause  de  la  forme  féminine  de  ce  substantif.  Ces  différences  de 
genre,  pour  une  légère  nuance  dans  le  sens,  sont  de  vraies  niaiseries.  D'autant  plus  qu'il 
n'y  a  peut-être  pas  deux  mots,  dans  la  langue,  qui  n'aient  qu'une  seule  acception  propre. 
J'aimerais  aussi  mieux  autonne  du  féminin.  CVoir  plus  loin.) 

IX 

62.  Orgue ,  orgre ,  s'éloigaent  déjà  trop  de  leur  origine  latine  Corgano, 
hordeo) ,  pour  n'être  pas  du  genre  de  leur  terminaison,  c'est  à  dire,  féminins 
dans  tous  les  cas.  Exemples:  C'est  une  des  plus  belleti}  orgues,  et  non  pas  , 
c'est  un  des  plus  belles  orgues,  ne  belle  orge.  De  l'orge  bien  levée.  De  bel- 
les orges.  Orge  mondée ,  Des  grains  d'orge  qu'on  a  bien  nettoyés  et  bien  prépa- 
rés. Orge  perlée.  Orge  réduite  en  petits  grains  dépouillés  de  leur  son.  Une  tisane 
d'orge  perlée ,  d'orge  mondée.  Cette  orge  paraissait  bonne ,  quand  elle  était  en- 
tière ;  maintenant  qu'elle  est  mondée  (et  non  pas,  qu'il  est  mondé,  ce  qui  serait 
plaisant) ,  c'est  différent.  (Voir  plus  loin.) 

X 

53.  Oeuvre  (du  latin  opère  [oevere])  est  également  féminin.  Une  belle 
oeuvre.  Il  a  laissé  l'oeuvre  imparfaite.  Les  oeuvres  de  Dieu  sont  grandes  et  ma- 
gnifiques. L'oeuvre  de  la  Création  fut  achevée  en  six  jours.  Une  si  grande  oeuvre. 
Une  oeuvre  de  génie.  —  L'oeuvre  de  ce  diamant  est  fort  délicate.  —  I/oeuvre  de 
cette  paroisse  est  fort  belle  (le  banc  des  marguilliers).  —  Oeuvres  complètes  de 
Victor  Hugo.  —  C'est  tine  des  oeuvres  de  Rossini.  —  Une  oeuvre  de  charité. 

54.  On  l'emploie  néanmoins  quelquefois  comme  masculin  au  singulier,  dans 
un  sens  général  et  collectif.  Tout  l'oeuvre  d'Albert  Durer,  de  Callot.  —  En  termes 
d'alchimie ,  Le  grand  oeuvre,  La  pierre  philosophale.   Travailler  au  grund  oeuvre. 

55.  Dans  le  sens  distributif,  il  est  toujours  féminin.  Cependant  les  musi- 
ciens se  sont  permis  de  dire:  Le  premier ,  le  second  oeuvre  de  Mozart,  de  Ros- 
sini, de  Beethoven,  de  Félicien  David.  Cela  marque  chez  eux  une  certaine  préten- 
tion. S'ils  tiennent  tant  au  masculin  ,  que  n'emploient-ils  le  mot  ouvrage,  beau- 
coup plus  convenable,  puisqu'il  se  dit  principalement  des  productions  de  l'esprit. 
A  moins  qu'une  oeuvre  musicale  ne  soit  pas  une  oeuvre  xl'esprit  ! 

XI 

56.  linéique  chose ,  considéré  comme  un  mot ,  et  répondant  à  Vali-^ 
quid  des  latins,  à  l'ctltoaë  des  Allemands,  au  sometting  des  Anglais,  est  toujours 
masculin  ou  plutôt  neutre  (sens  vague  et  indélinij.  Exemple:  On  m'a  dit  quelque 
chose  qui  est  fort  plaisant. 

57.  Autre  chose,  employé  dans  un  sens  indéterminé,' est  aussi  du  masculin. 
Exemple  :  c'est  autre  chose  qu'il  a  dit. 

58.  Quelque  chose,  suivi  d'un  verbe  au  subjonctif,  est  toujours  féminin,  parce 
qu'il  signifie  alors ,  quelle  que  soit  la  chose.  Exemple  :  Quelque  chose  qu'il  m'ait 
dite ,  je  n'ai  pu  le  croire. 


I>n  genre  de»  snbstantifu. 


t& 


XII 

59.  Couleur,  iioin  ((i'iirri(|iie,  .si((iiif]:<iit   rimprcssiitii  (|ii*>  bit   mu   I  >'n| 
l:i   Iiiiiiu'tc    ii'-tltTliif  |t;ir  l:i  siirla»'»»  ilrs    iMir|ts ,   r.sl    fV-iiiinin  ,  dapn-s  IH  .i^.    (\..ir 
plus  loin).     KxoiiipU's.    I.fs    sf/tt  roiilmrs    imtiirftlrs  on  piimllires   sont  Ir    i mlft , 
i'iiuUgOy  te  bien,  le  vert  ,  te  jaune  ,  l'oran/fe  ,  t-t  le  ruuye.  Ite  rirt-i  rimlfurs. 
i.a  iuiiiièrc  partout  romplit  l'espace  iiiiinnise  ; 
ha  ioniic  et  la  vouleur  appartioniioiit  aux  corps. 

Le  Liire,  t.   VII. 

GO.  Mais  ou  dit  au  masculin ,  on  plutôt  au  neatre  :  J>  couleur  de  fhu ,  le 
routeur  de  rose,  de  chair,  de  citron,  c'est  it  dire,  ce  qui  a  la  couleur  du  feu, 
de  la  rose  ,  etc.  Ite  conteur  de  rose  est  sa  couleur  farorite.  Ce  ruban  est  d'un 
beau  couleur  de  feu. 

i\\.  Après  un  substantif,  ces  locutions  s'emploient  comme  une  sorte  d'adjec- 
tif. Kxcm|)le:  Un  ruban  couleur  de  feu.  Le  couleur  de  fem,  n'est  autre  chose  que 
cet  adjectif  pris  substantivcnieat  dans  un  sens  neutre,  comme,  V utile ,  Vayréabte 
(utite,  dutvej.  —  (Voir  plus  loiu.J 

Xill 

Liste  alphabétique  des  noms  qui  sont  tantôt  masculins, 
tantôt  féminins ,  selon  le  sens. 


Noms  mancnlinH. 

NoBis  féminins. 

Vn  aide 

fin  Wel^Ife 

une  aide 

fine  :6i*(fe 

un  aune  (ou  vergue)  clije  (*rle 

une  aune 

eine  C*Uf 

un  harlie 

fin  -j^erber 

la  barbe 

bfr  «Bart 

le  harde 

bfr  3cblad>tenfdui^fr 

la  barde 

bif  SpecffAnitte 

le  Basque 

ber  ^IM'iïcaifr 

la  basque 

ber  3*cB  am  SHocff 

le  bourgogne 

tfriMiriiunbcr(tï'cin) 

la  itourgogac 

l^Mirt^unb 

un  brandebourg 

fine  Slrt  SBer^jifruna 

une  brandebourg 

einc^rt  Sttitrifib 

un  cnper 

baiJ  ^"apfrfc^ijf ,  ber 

®eeraiibrr 

des  câpres 

bie  Xa|}))er 

le  carpe 

bic  ÎBorbcrbanb , 
.^anb»»urjtl 

la  carpe 

bfr  Jlar|)fen 

le  cartouche 

bie  (îartuft^e 

la  cartouche 

bie  "^atrcne 

le  Champagne 

G^ampaçjnfrtrein 

la  ('hampague 

(^^am)?ai)nf 

If  coche 

bie  2anbfntf(l>f 

la  coche 

bfr  Çinf*nitt ,  bif 
5ur*f 

le  commode 

baô  $8equemc 

la  commode 

bif  Gommobf 

le  C(U*nettc 

ber  Çd^ubrid^ 

la  cornette 

bit  Stanbartf,  SBti' 
bfrmâ^e 

It*  cravate 

ber  Croate  (ein  croa» 
tifcfce?  «Pferb) 

la  cravate 

hù»  ^aliftut^ 

nu  crêpe  (un  mor 

-  ber  iÇlor 

la  crêpe 

btr  9(or,  bcritrau^* 

ceau  de  crêpe) 

fuc^fn 

le  décime         btv 

!î)ecime  (nabe  i  3i)u*) 

la  décime 

ber  «e^ntr  îi^fil 

le  dinde 

tai  iTjflfc^e  icuttii 

la  dinde 

bif  irul^fnne 

un  écho 

ber  SKiebertiaU 

Écho  (nymphe) 

(**o 

un  enseigne 

fin  i>dl)ubric^ 

une  enseigne 

tin  2((>i(b 

le  faune 

ber  îauii 

la  faune 

bie  $auua 

le  foret 

ber  i^cbier 

la  forél 

btr  $orfl ,  fôalb 

un  fourbe 

fin  3(t>urfe 

la  fourbe 

bic  l^etni^cret 

le  garde 

eiu  a^iicbter  . 

la  garde 

tit  f&adft 

le  garde-robi' 

line  ?lrt  Sc^iîrje 

la  garde-robe 

bit  ittftbtrfammer, 
ber  9lbtvitt 

le  givre 

ber  diau^rtif 

la  gîTre 

bic  ®<b(anjc  (terae 
de  Blason) 

le  gueules 

bîe  rot^f  Srorbf 

la  gueule 

ber  SKdf^cn,  ba« 
SRaul 

16 


La   grammairo   française   simplifiée. 


Noms  masculins. 

Noms  féminins. 

le  guide 

bel*  Sn'i^rcr 

la  guide 

i<x^  Seuffctt 

lettres  royaux 

ton\ç\Uti)e  33i*icfc 

la  lettre 

ber  «Brtef 

le  lévite 

ber  Set»it 

la  lévite 

etite  5trt  Mctb 

le  lis 

bie  Siltc 

la  lys 

bie  ^\)% 

le  litre 

ber  Sitrc 

la  litre 

fc^lttar;ier©tretfettan 
einer    ilircî)e    mit 
ctnetn  SBa^^en 

le  livre 

baè  SSuc^ 

la  livre 

baâ  spfunb 

,1e  manche 

ber  ©rtff,  (Btki,  \>ai 

la  manche 

ber  5(erinet 

le  manoeuvre 

ber  ^aubtanger , 

la  manoeuvre 

b(iè  S)ianôber,  bie 

.^anbarfccttcr 

©djiuenfung 

le  maroufle 

ber  ®ct)urfe 

la  maroufle 

ber  ®d)ftnçîct 

le  misaine 

ber  «-crfmaft 

la  misaine 

baê  S'ocffegel 

le  mode 

btc  5(rt,  iÇ-orm 

la  mode 

bte  SOîobe 

le  moufle 

ber  SElîuffcl 

la  moufle 

ber  S'fafc^ctijuq,  k. 

le  mousse 

ber  Sd^iffêjungc 

la  mousse 

baê  9Jîoo«,  ber 
®c{;aiiin 

Noël 

ber  3Sct^nad)têabcnb 

la  Noël 

bte  9Setf)nacï)ten 

Tofflee 

bte5pjïic^t,SÎ)tenfîIct= 

r  office 

bte  9îa(^tifci)fiic^c , 

[tung,  ©Dtteêbienft 

^ucî)en,  55tenerfci&aft 

le  page 

ber  ©bcffnafce 

la  page 

bte  (Sette  (etneê  S3ud>eê) 

Pâques 

ba§  Dftcrfeft,   ber 
Dftcrtaij 

la  Pàquc 

Dftcrtt 

le  palme 

bte  ^anbtan^e 

la  palme 

ber  SDalmengtwetg 

le  période 

ba^  Siit ,  bte  (Stufc 

la  période 

ber  3ettabf4nttt , 
SîebefaI 

personne 

Sltemanb 

la  personne 

btc  sperfon 

le  pivoine 

ber  SSIutftuÉ ,  55om= 

la  pivoine 

btc  spftngftrofc 

le  plane  ou  platane 

ber  spiatrtuu^ 

la  plane 

baâ  (Sd^nittmcffer 

le  platine  (mieux 

bte  ^fattna 

la  platine 

bie^ro(fen^(attc,  baê 

platin) 

^"ylintcnfc^to^,  (S^titffedo^ 

le  poste 

btc@tette,  ber^Poften 

la  poste 

btcspoft,  baêspûft^auê 

le  poulpe 

acî)tarintger  ^o(^^) 

la  poulpe 

ia^  %ii\\^ 

le  pourpre 

ber  spur:|3ur ,  baéi 
iî-lerffieOcr 

la  pourpre 

ber  ^ur:^ur 

le  prétexte 

ber  SSorJuanb 

la  prétexte 

ber  ©Ijreitrocf,  btc 
^rdteyta 

le  relâche 

bas;  §htf()6re»,  ber 
Untcrfa^ 

la  relâche 

ber  9îu^c:|3laA 

un  remise 

einc  S)îîct^futf(^c 

la  remise 

ber  3Ôaçienfc^o:|)^ett,  k. 

le  solde 

(Saïbo 

la  solde 

ber  (3oIb 

le  somme 

ber  (Sci^faf 

la  somme 

btc  (Smttttic 

le  tour 

ber  Umfretê,  iStreicï) 

la  tour 

ber  3:^urm 

le  triomphe 

ber  ^riumjjf) ,  «Sietj 

la  triomphe 

ber  3:ruttt:|3f,  ta^ 
3;rtutn^^f:|3tef 

le  trompette 

ber  SSrom^jeter 

la  trompette 

bte  3:rotn^ctc 

le  vague  (vacuum) 

baê  UnbefttJttintc 

la  vague 

btc  SBoçjc 

le  vase 

baê  ©efd^ 

la  vase 

ber  (3d;(amm. 

62.  Réclame,  môle,  ii'atl mettent  pas  les  distinctions  de  genres  qu'on  leur  impose» 
généralement.  Ils  sont  féminins  dans  toutes  leurs  acceptions,  comme  l'indiquent  la  plupart 
des  dictionnaires. 

63.  Nous  n'avons  pas  cru  nécessaire  de  joindre  à  cette  liste  les  noms  masculins 
claque,  cosmétique,  critique,  custode,  drille,  greffe,  mémoire,  moule,  parallèle,  pen- 
dule, pique,  poêle,  pupille,  régale  ,  sagittaire,  serpentaire ,  satyre,  ni  les  noms  fémi- 
nins faux ,  merci ,  souris,  dont  la  véritable  orthographe  est,  comme  on  le  verra  plus  loin  : 
clac,  cosmétiv ,  critic ,  custod  ,  dril ,  gref,  mémoir  ,  moul ,  parallel ,  pendul ,  pic,  poël, 
pupil,  régal,  sagittair,  serpentair,  satyr,  —  faue,  mercie,  sourie;  —  ce  qui  les  distingue 
suffisamnient  de  leurs  homonymes  claque,  etc.,  ou  les  range,  dit  moins,  dans  la  caté- 
gorie suivante. 


Du   ((«"lire   ien  substantif «. 


17 


XIV. 

Siil>st;in(ils  tjiii ,  sans  avoir  la  inéinc  or(lio^r,«|)ln*,  nni  niin' 
♦Mi\   lin   li'l   rHp|K»it   ili'  son,  (|iril    »•».(    lis»'  -i   roieille  de  les 

<  oiirondit 


Nom* 

niHKciilinM. 

Som!» 

féniiniiiir. 

l/.iir 

Mt  !t*u)l;  ta{<9(nffbfn 

lair. 

bie  itnnt.  ba«  ?^ft 

l'a  ut  fil  1- 

btr  aîfifafl'fr 

la  iiaiitotii' 

bie  ^ôl)e 

l'avis 

btr  JKiitl) 

la  \ie 

baà  i?eben 

II-  liai 

ter  îl^all,  tueîanjfefl 

la  balle 

ber  a^iU,  ^pirtbaU 

le  Itarhii 

bfv  r^artii^e 

la  barbue 

bie  9)teerbuttf 

W  basilic 

Ux  aJdfili'iJf 

la  basilique 

bit  X)ointird^e 

lo  lit'v 

bcr  îlVt) 

1    • 

bie  a^ai,  *iudjt  ;   bie 

l'ablM- 

Itx  5(bt 

la  bitte 

a5eere;  berïBelrui< 

le  liill  ou  Itil 

bif  ^IMU 

la  bille 

bie  9)iUarbfuiïtl 

l.>    Ihinlr 

bio  :lkM•^.• 

la  bordée 

ïd^r   ber  <B($ijfi>fa 
nonen ,  te. 

le   bouilli 

bad  ÏHinbfleifd^ 

la  bouillie 

ber  »rei 

lo  boni 

ba>J  C*nbf 

la  boue 

ber  StuWi 

le  brai 

bad  3d?iJT«tl?fer 

la  braic 

bie  SBîubel 

lo  oal 

bif  Jporuljaut,  Schwiefe 

la  cale 

ber  fXdum,  bie<BuAt 

II-    f;i|» 

^Ai  l^ori^birae,  ber 

la  cape 

bie  AjvP' 

Jïovf  ■ 

i<'  oanliiial 

ber  (^arbinal 

la  cardinale 

bie  (^arbindlt   (eine 

lo  colori 

ber  SfUeri 

la  sellerie 

bie  âattelfdmmei 

lo  oeil  s 

ber  ;Siufl 

la  ceuse 

bie  ®îeierei 

lo  oli^iio 

ble  ^idK 

la  cliaiiic 

bie  5tette 

lo  eliàssi'^ 

ber  JRabnieii 

la  cbassie 

bie  ^iii)enbutter 

lo  eliaiitl 

bie  ^i^e ,  SûiJrme 

la  chiiiu- 

ber  Aair 

Ir    CIhM- 

(ein  Jhil) 

la  chair:  la  chAre 

\>Ai  i^(eifd);  ^ 
feu  uub  i\\\A 

le  eiirôme 

b»\?  aftejbol,  ©JlbSl 

la  crème 

ber  JRabm 

lo  oilioo 

bai<  SLMtvtlfib 

la  silice 

bie  .Siederbe 

le  cirrho 

bie  Wanfe 

la  cire 

ba«5  9Ba(^<$ 

le  olae 

ber  SJallbut 

la  claque 

ber  Jtlatfd) 

le  olair 

bie  ^elle,  baé  !)!i(^t 

la  claire 

bie  Alarbeit 

lo  oloao 

bie  iWifti^nibe 

la  cloaqiio 

ber  "Jïbort,  bieitlcife 

le  col 

ber  ^Aiî 

la  colle 

ber  SJeim 

le  contexte   - 

ber  Kontert 

la  co ni es te 

ber  v2treit 

le  ortutuiiiax 

ber  9litftterf*eiuenbt 

la  contumace 

ba*  9îid»terfd»einfn 

/ 

tjor  beni  9tid»ter 

lo  coq  ;  le  coAt 

ber  .fea^n  ;  bie  j^erei- 
nii^te  3teiiifo()le 

la  coque 

bie  Sépale 

le  coroner 

ber  O'orouer 

la  coronaire 

bie  Jïrân]i^u(«ab«r 

le  eosmétic 

t>Ai  3(f)i.Mibeiti$niittel 

la  cosmétique 

bie  Jtotfmetir 

lo  ooucher 

bai*  3c^Ufeuç{e^eii , 
ber  Unterivuii] 

la  couchée 

bad  9{a(^tld^(r 

le  ooulé 

bie  3d?leifuiiiî  in  ber 
îOîujir,  jc' 

la  coulée 

bie  (aufenbe  ^Sdjrift 

le  eours 

ber  'imU  Gurfuv^ 

la  court 

ber  ^of 

lo  cri  tic 

ber  5lritifer 

la  critique 

bie  Arilif 

lo  croisé 

ber  ifreH\fd)ritt 

la  croisée 

ba*  -î(en)lcr 

le  croît 

ber  a5iel)\nJuad)iÊ' 

la  croix 

b>)#  itreu) 

le  croup 

bie  SuftriJf^reuent 

la  croupe 

bdé^reuiCbtl^fef 

iJinbuti;^ 

tt«> 

le  crû 

bad  CSetvac^â 

la  crue 

ber  9lntod(^< 

le  curé 

ber  ^farrer 

la  curée          < 

bad  ^liçierrtf^t  (brr 
^unbc) 

t 

18 


»La   gl'ammairc   française»  simplifiée. 


Noms 

masculins. 

Noms 

féminins. 

le  custod 

bcv  5tuffef)er  ciner 
«Bi6riot()ct,  K. 

la  custode 

bcr  SSorf^ang 

le  décrottoir 

aîvêt  mit  aSùrften 

la  décrottoire 

bie  (Sc^uî)()ûrfte 

le  dîner 

baê  ïDîtttage)|cn 

la  dînée 

baS  îBîtttaijêquartîer 

le  dos 

bev  Sh'icfcu 

la  dot 

bie  9Jiitijift 

le  dril 

bcv  (Sotbat,  .^ert 

les  drilles 

bie  Sum^cn 

un  éclair 

ein  ajti§ 

réclaire 

boê  (Sd^ctteraut 

un  éerou 

btcSc^raubemnutter 

les  écroucs 

îai^c^cttet  û6cr   ben 
Slufiuanb  6et  ^ofc 

le  faîte 

bte  %\x\U ,  bcr  ©te^ 
t»ct,  ©i)3fe( 

la  fètc 

baiî  S'eft,  ber  ^etcrtag 

le  faux 

baê  ^-alfcr^e 

la  fatix 

bte  (Scufc 

le  fil 

bie  îÇafer,  ber  %<X'- 
bcn,  ^ivtrn 

la  tile 

bte  ^ixijt 

le  pot 

bte  Se6er 

la  foi 

ber@(au6c,  bieXreue 

le  fret 

baô  SBermict^cn 

la  frette 

ber  «fôatb 

le  fumé 

ber  9îu§brucf ,  k. 

la  fumée 

bcr  Sîauc^ 

le  gale 

ber  sporfrf; 

la  galée 

baê  (Sc^tff  bcr  S8uc^= 
bru  (fer 

le  gaz 

baë  ©aê 

la  gaze 

bte  ©a^e 

le  général 

ber  ©cnerat 

la  générale 

bte  ©encrattn ,  ber 
©eneralniarfd; 

le  greffe 

bte  .R'ait^eÛct,  2lttitê= 
fd)ret6erci 

la  gretfe 

baê  spfro^jfretê 

le  haie 

bte  ferennenbc  (Son= 
nentjt'^e 

la  halle 

bte  ^atte 

le  hère 

ber  arme  %xi)\^\ 

la  haire 

hn%  «8uP)cmb 

riieur 

ber  ©tûrfèfaû 

l'heure 

bte  (Stunbc,  U^r 

un  hôte 

bcr  SBtrtt» ,  ©aft 

la  hotte 

bte  «Butte 

le  houx 

bte  ^ùlfett 

la  houe 

bie  ^arfe,  S^aut 

le  jau 

a3anb  îm  3;rtctrac 

la  gent  (mieux 
geance) 

baê  «Botf 

le  jars 

ber  ©âiifericî) 

la  jarre 

gro^cr  SSafferfrug 

le  jeté 

ber  ^atbfcfjrttt 

la  jetée 

ber  ^afenbamm 

le  kermès 

bte  (Sc^artad^fccere 

la  kermesse 

bte  ^trd^mejfe 

le  lac 
le  laqtie 

bte  ^ti 

bcr  Sarfft.rntf 

jla  laque 

ber  Ud 

le  lai 

einc  2lrt  ftaijenbcr 
^ocfte 

la  laie 

bie  aSad^e 

le  lieu 

ber  Ort 

la  lieue 

bte.SJîctte,  (Stunbc 

le  lis 

bte  Sitte 

la  lice 

bte  $8a^n,  bcr  3;ur= 
uter^ta^ 

le  lit 

baê  «8ctt 

la  lie 

bie  .§>efen 

le  loch 

"iKxi  S03 

la  loque 

ber  %t%tn 

le  luth 

bte  ?autc 

(la  lutte 

baê  fRtuqeu ,  bcr 

le  lut 

bcr  §i\ii 

i 

^'atn^f 

le  maire 

ber  SKatre 

la  mère 

bie  mwtttt 

le  mal 

baê  ïBôfe ,  Ucbef 

la  malle 

bcr  Stetfcfoffcr 

le  marc 

ber  ®a^tootn^afee,  k. 

la  inare 

ber  ^îcd)i,  ik  ^fii^e 

le  mémoire 

ber  Sfuffa^,  bie  ®enf= 
fd^rtft,  bte  Slec^nung 

la  mémoire 

baê  ©cbad^tni^ 

le  merci 

ber  '^(xwî 

la  merci 

bie  aSarm^erjtgfett 

le  mineur 

ber  SJltntrer,  S3erg= 

la  mineure 

bcr  Untcrfa^  cincê 

matin 

©ctituffeë 

le  moi 

baiJ  %^ 

la  moie 

ber  .Çiaufen 

le  moral 

baê  9)lora(ifcf)c 

la  morale 

bte  îOZorat 

le  mort,  le  mors 

ber  3;obte,  bas  ©ebt^ 

la  mort 

ber  3:;ob 

le  mou 

baô  |Bcicf>e 

la  moue 

ein  ijcr^ogeneê  SJÎaut 

le  maille 

ber  iftobet 

la  moule 

bte  «Wufc^et 

le  mur 

bie  SOlaucr,  aSaub 

la  infire 

bie  SOZautbccre 

Yln   ifonrc   At^*   r  iihstnn  lifu. 


19 


NomN 

mtlNCIliillM. 

S9mn 

r^ralNinN. 

le  mythe 

ttv  9)h)tlMid 

la  mile 

bit  SKicte,  SKilbc 

le  imit 

batf  9U(ftf 

la  nue 

bit  SBolff 

l'os 

brrituod^tii,  ba<i$:l^fin 

l'eau 

bai  fdafTer 

l'oubli 

bif  a^tri^jïfiiljfit 

l'ouhlie 

bie  Cblate 

le  pair,  le  père 

bcr  '^ikiv,  bfr  ÛJattr 

In  paire 

ba«  «)>aar 

le  pal 

b(r  "ipfaljl 

la  pale 

ber  Stttàfbtâtl 

le  litirallète 

bfrSparalldfrflo,  bif 
a.^fr^lfid;un»j 

la  parallèle 

bit  ^draUelliiiic 

le  pare 

bfr  "Varf 

la  parque 

bie  ^arie 

le  parti 

bit  ^>artei,  bit  '^avtit 

la  partie 

btr  Xtitti 

If  pâté 

bit  ^paflftf 

la  pâtée 

bie  9tubrl,  te. 

le  pater 

bai  '^atfrnoftfr 

la  patùre 

bie  Cpferfd^ale 

le  itendtUe 

bad  '«Pfnbul ,  bcr 
■Vnibd 

la  pendule 

bie  ^enbflul^r 

If  pi^iie 

ber  îiUtç^tl 

la  peine 

bit  aRîlbt.  ba«  Stibtn 

le  penser 

bai  Jifiiffii 

la  pensée 

btr  C9ebanfe 

le  pet 

ber  3»inb 

la  paix 

ber  i^ricbe,  bie  dtul^t 

le  pie 
le  piiiuf 

ber  <B\?tdjt 
baH  "Vie 

la  pique 

bie  ^iât 

le  plaid 

bcr  C9crtd>t8taj 

la  plaie 

bie  aS^nnbe 

le  pli 

bie  #a(te 

la  plie 

bie  ^dfoUt 

le  poids,  le  pois 

bai  iStwidft,  bit 
Grbfe 

la  poix 

ba«  ^ed) 

le  poêle 

baë  itidftwtud) ,  ber 

la  poêle 

bie  ^fannr,  ber  Si' 

îrauerfd^Ififr,  rfen 

8'I 

11'       |Mlil('- 

ber  a?irnmofl 

la  poirée 

ber  ffltaniiclb 

If  polissoir 

ber  'VoUerftal)! 

la  polissoire 

bit  ^(anjbiirfle 

If  pot 

btv  iopf 

la  peau 

bie  .Ç«aut 

le  poiiee 

berî^aïuneu;  ^fr  ^'^cll 

la  pousse 

ber  Irieb 

le  piipil 

ber  ^Séiili"'^ 

la  pupille 

bie  a)}tiabel 

le  quart 

bad  a^i'rrtci 

la  earre 

obérer  îbtil  (beé4>ut' 
fovt'fi^.  bti  Alfibf*) 

le  queus 

ber  ^oc^ 

la  queue 

btr  3ib»»an\ 

le  raeloir 

bif  >Sc^auffl 

la  raeloire 

bai  3trticbbo(| 

le  rais 

bif  ï>iabfvfid?f 

la  raie 

btr  N^tric^,  3trtiftn 

If  ré^al 
le  rénal 

bat^  Sifflât 

la  régale 

bad  ^ciftiUrtéft 

If    IfUllf 

biiO  SHfiintbifr 

la  reine,  les  rênes  bie  iJônfaln,  hieS*» 

dfl 

le  revenu 

bai*  (*iufoinnifn 

la  revenue 

btr  9la*nju<é« 

If  roli 

bfr  JHcb  (fiiKufof^» 
tfr  Oaft) 

la  robe 

btr  dtccf,  ba»  Jileib 

If  rôti 

bfr  M^ratfu 

In  rôtie 

bie  aerôflete  «rot» 
fcfnitte 

If  rout ,  raoul 

,<o^lrei*e  (SeffU» 

la  route 

bie  @tra§e ,  ïanb' 

fflMft,    JC. 

flrd^e 

le  ru 

bif  WiMTf .  !:>li»nf 

la  rue 

bie  (9dffe,  Strate 

le  siit/iltair 

bfr  3*iitif 

la  sagittaire 

rine  ^fldnjt 

le  sandal 

b»u^  3aubf(6o(3 

la  sandale 

bie  ®anbalt 

le  stitj/K 

bfr  3att)r 

la  satire 

bie  v2^ottf*rift 

le  saule,  le  sol 

bit  aSfibf 

la  sole 

ber3(b(a4>  bit  3cb' 
If.  ^2o"lf 

le  serpeHtrtir 

btr  ^^fblautKiitriUKr 

la  serpentaire 

ba<t  ^cbtant^tnrraut 

le  seel  ou  sceau  , 

baiS  >2ioiifl;  ba«5 

la  selle 

btr  vsatttt 

le  sel 

(£a(," 

le  souris 

bd«  ïàdjflri 

la  stmris 

bit  Wdu« 

le  spath 

i3ttinart 

la  spathe 

bit  ^tuintnfdïeibf 

le  statut 

baiï  ©runbflfffè 

la  statue 

biel^ilbfjutf.atdtut 

le  thé 

btr  Ibff 

la  taie 

bie  â^etl^iebe 

le  tir 

bcr  ^d^u^ 

la  tire 

btr  ,Su9 

20 


La    gram  mai  ro.   française    simplifiée. 


Nom»  niaHculiiiN. 
le  tout,  l'atout    baè  Onnje,  ter  S^rum^^ 


le  tremblé 
le  tribut 
un  «/• 
le  verger 
le  vice 
le  viol 
le  vol 
le  rolatil 
le  vu 


ber^^viSut  ;  btc®teuev 
ein  Slucroct)^ 
bcr  Dbftijai-tcn 
baê  Safter        ' 
bte  9lott)^ucî>t 
bcr  %Uiq,  ;  bev  '^lanh 
gcfïûgctteè  Sl^ier 
)>Ai  2^urcf)fe^en 


Noms  féminins, 
la  toue,  la  tovx     ï(\è  %(x\)xhooi ,  bcr 

^uften 
la  tremblaie  bcr  6f))cnJ»atb 

la  tribti  bic  3iinft;  bcr®tamm 

la  hure  bcr  ^o))f 

la  vergée  bic  9{»tt)C  (Slcfer) 

la  vis  bte  (Sct)rau6c 

la  viole  bte  ?8io(c 

la  vole  bte  SSoftc 

la  volatille  baê  ©efTii^et 

la  vue  baê  ©eftc^t,  (Se^cn,  k. 

Parmi  les  grammairiens ,  c'est  à  qui  ciera  le  plus  fort  centre  cette  abondance  de 
mots  amphibologiques.  Mais  ils  ne  savent  donc  pas,  les  infortunés!  que  c'est  la  une  des 
grâces  de  notre  langue,  un  de  ses  caractères  les  plus  heureux  et  les  mieux  appropriés 
à  l'esprit  français!  Ils  n'ont  donc  jamais  va ,  jamais  senti,  jamais  savouré  le  délicieux 
spectacle  d'un  feu  roulant  de  saillies,  d'épigranimes,  de  jeux  de  mots!  Ils  n'ont  donc 
jamais  senti  la  commotion  électrique  d'un  calembour!  Ils  n'ont  donc  jamais  respiré  le  par- 
fum d'un  madrigal!  Mais  il  n'y  a  donc,  pour  ces  pauvres  cultivateurs  de  la  syntaxe, 
d'antre  plaisir  que  de  tailler,  niveler,  aligner,  corriger  avec  la  serpette  ou  le  cordeau; 
il  n'y  a  donc  pour  eux  d'autre  musique  que  le  choc  continu  des  voyelles  et  des  consonnes  ; 
d'autres  accords  que  celui  du  verbe  et  du  sujet,  du  nom  et  du  pronom;  d'autres  parfums 
que  ceux  qu'exhalent  leurs  platebandes  de  gérondifs  et  de' supins!  En  vérité,  ils  sont 
bien  à  plaindre. 


Calembours  fondés  sur  la  parfaite  consonnance  des  mots. 

Odry  fut  un  jour  arrêté  rue  de  Riclielieu  ,  en.  face  de  la  bibliothèque.  »La 
ftojirse  ou  la  rie  y"  lui  demanda  le  voleur.  Sans  se  déconcerter,  Odry  lui  répondit: 
>,La  Bourse ,  la  troisième  rue  à  droite.  Quant  à  l'avis,  le  meilleur  que  je  puisse 
vous  donner,  c'est  de  changer  de  fie." 

Un  Parisien,  de  retour  d'Angleterre,  s'excisait  auprès  de  sa  femme  de  ne 
lui  avoir  pas  écrit.  ,,Je  voulais  bien  féerire ,  disait-il,  mais  cela  m'a  été  impos- 
sible, pareequ'en  arrivant  à  Douvres,  on  a  jeté  Vancre." 

Louis  XV,  au  milieu  d'un  gros  de  courtisans,  laissa  échapper  un  signe 
d'affection  venteuse.  »Bonue  marque,  s'écria  le  marquis  de  Bièvre,  présent;  voilà 
des  bruits  de  paiœ  qui  courent  à  Versailles." 

Un  républicain  étant  à  dîner  chez  un  anii ,  on  servit  un  foî  de  veau  et  une 
oie.  «Parbleu,  dit-il,  on  ne  nous  accusera  pas  de  n'avoir  ni  foi  ni  loi." 

—  Ponr,voir  jouer  les  eanœ  (os)  est-i!  besoin  qu'on  aille 

A  Saint-Cloud  ou  bien  à  Versaille? 

—  Non,  mon  père,  il  suffit  de  voir  jouer  Rachel. 

—  IJravissimo ,  luon  fils.  Mais  pourquoi  donc  est-elle 
Si  maigre?  —  Pour  le  eotip,  vous  me  la  donnez  belle. 
Parce  qu'elle  ne  vit  que  de  Racine.  —  0  ciel! 
T'aurais-je  jamais  cru  tant  d'esprit  naturel  ! 

L'Auteur  et  son  Lirre  p.  873, 


—  Quand  la  fortune  est-elle  aux  joueurs  favorable? 

— ■  Quand  ils  sont  enrhumés  ;  car  ils  ont  de  la  tour  (de  l'atout). 


—  Pour  ce  monstre ,  cent  fois  digue  que  je  l'abhorre  , 

Faut-il  donc  que  je  brfile  encore? 

—  Le  bois  est  l'aliment  du  feu. 
Comment  voulez-vous  donc  ne  pas  brûler,  grand  Dieu! 
Quand  elle  joint  si  bien  à  ses  charmes  les  chênes  (chaînes) 
Qu'elle  vous  fait  porter  ? 


ihid. 


ibid. 


iMi    jif««ii  re   des   Ml  I» -1  i ..        '  -  Q 

~-  iriii.>-iu  i|iii-  iiiiM)  esprit  paisse  vulri   .>.ni>  mir  inu-ji         ièid. 

—  Siilt-tu  bien  ce. (pic  l'on  coiiiiuenoe  parla  /ht  (failli)? 

—  l'ii  bon  l'cpas ,  ({iiand  on  a  faim. 

—  Sais-tu  les  fêtes  tjiii  ii"oiit  pas  de  Icndeniaiii  '! 

—  Le  fuite  de  la  gloire  et  bien  d'autres  encore.  ibid. 

—  l/auti'o  jour  un  de  uick  auiis 
Disait,  en  me  partant  de  niadaino  une  telle: 
C'est  Vi'nus.  Tu  sais  bien,  celte  jçrosse  dondfu  ? 

—  (I  mon  père,  il  avait  parfaitement  raison  ; 

Car  il  ne  pourrait  pas  dire  qu'elle  est  Cyb^le  (si  bi'lle).  ibid. 

Il  promena  |onjî-l«*mps  ses  yeux 

Sur  un  \rv\\\\i\  carré  d'Iierbes  fades; 
Puis,  d'un  air  mécontent,  s'écria:  ces  salades 
Ne  disent  pas  ifrand'  chose.  —  Ah!  c'est,  appareniDieut , 

Qu'il  ne  prit  pas  garde  aux  raiponces  Uid, 

—  Puis,  comme  le  soleil  vint  à  fendre  la  nue: 
Rentrons  vite,  dit-il,  pour  ne  pas  demeurer 

Kxposés  au  plus  tçrand  désitstrc  (des  astres).  ihid. 

—  Quel  événement  de  l'histoire 

A  fait  le  plus  de  tort  aux  marchands  de  tabac? 

—  La  descente  iVÉïwe  (des  nez)  aux  enfer.;.  —  Kt  quel  autre 
.Ne  fut  pas  moins  funeste  aux  fabricants  tic  drap? 

—  L'eiilèvcincnt  A'Uf^tène  (des  laines).        "  ibid. 

—  Kli  bien!  dis-moi,  comment  ferais-tu  pour  changer 

l/ordre  des  saisons?  —   Belle  affaire! 
J'aurais  soin  de  diMiner  des  thés  l'hiver,  mon  père; 
FNiur  que  l'hiver  ainsi  filt  la  saison  A'été  (des  thés).  ibid. 

—  Qu'enlends-lu  par  schakos  et  jtar  bonnets  à  poil? 

—  Des  coiffures  qui  vont  au  bal  (aux  balles).  ibiit. 

—  Ta  lectiice ,  croi.s-tu  qu'elle  puisse  être  bonne , 
Sans  avoir  de  bonté:  --  Si  son  thé  n'est  pas  bon. 

Ce  n'est  la  faute  de  personne.  ibid. 

—  Si  les  Athéniens ,  comme  je  l'enteuds  dire , 

Kien  plu^  long-temps  que  nous  savaient  se  conserver  . 
.\  quoi  faut-il  l'attribuer? 

—  .\  l'esprit  qu'ils  avaient  de  vivre  dans  la  graisse  (<iit..)       thid. 

Qui  dilTère  le  moins  d'une  serrure?  —  Un  coeur 

Connue  le  vôtre  ;  car  il  n'est  jamais  sans  peine  (péue).  tbid. 

—  Pourquoi  le  général  un  tel 
Parait-il  un  tambour  aux  gens  de  son  hùtel? 

—  -   Parce  que  tous  les  jours  il  bat  la  générale.  tbid. 

—  Il  aspire  à  l'honneur  de  diiiger  la  sci'ne. 

—  La  Seine  de  Paris?  —   .4/».'  non!  (àiioii)  du  llurg.  à  Vienne. 

—  En  ce  cas  le  Géni"  (corps  du  génie)  est  inutile.  —  .\llons! 

(l  aurait,  je  crois,  quelque  peine 
A  trouver  un  haUlenr  de  fonds. 

—  Moi  Je  crois  qu'il  aurait,  mon  père. 
Tant  de  bailleurs  dans  son  parterre. 

Qu'il  ne  pourrait  manquer  d'être  bientôt  à  fond.  ii»'f. 

—  Il  serait  bon  à  tondre.  —  Il  a  l'haleine  (la  laine)  forte.        ibid. 


22  La   grammaire    fraii chaise  simplifiée. 

—  En  voyant  un  convoi  qui  passe, 
Que  font  tous  les  cochers  prudents  ? 

—  Ils  ont  soin  d'arrêter  leurs  chevaux  trop  ardents  , 

De  crainte  de  les  voir  prendre  le  mort  (mors)  aux  dents.  ibid. 

—  Quelle  autre  boîte  de  Pandore 
Inventèrent  pour  nous  les  esprits  infernaux? 

~  Mon  Dieu!  la  boîte  des  journaux, 
D'où  chaque  jour  s'échappe  un  déluge  de  mmix  (mots).  ibirl. 

Comment  faut-il  faire  pour  ne  pas  se  crotter  dans  les  rues  de  Paris?  —  il 
faut  se  munir  d'un  paracrotle.  —  Ce  n'est  pas  cela.  Pour  ne  pas  se  crotter 
dans  les  rues  de  Paris,  il   ne  faut  jamais  aller  jusqu'à?/  bout  (jusqu'aux   boues). 

IV. 

Du  noinbie  des  substantifs. 

64.  On  entend  par  nombre  y  dans  les  substantifs,  la  propriété  qu'ils 
ont  de  représenter  Vunitc  ou  la  pluralité  ^  au  moyen  de  certaines  varia- 
tions dans  leur  forme.  Il  y  a  unité ^  quand  il  s'agit  cVun  sent  être,  d'un 
seul  objet  (nom  de  genre,  d'espèce,  ou  d'individu),  el pluralité j  quand 
il  s'agit  de  plusieurs. 

65.  11  y  a  conséqueinment  deux  nombres:  le  singulier  (du  latin 
singularis,  seul,  propre,  particulier),  qui  design  e  rî«i?/e ,  et  le  plu- 
riel (en  latin  pluralis)  qui  marque  la  pluralité.  Un  cheval,  des  che- 
imux.  Une  plume  y  des  plumes. 

66.  Cheval  y  chevaux}  plume  y  plumes ,  sont  le  même  mot  sous 
deux  terminaisons  différentes.  La  première  est  celle  du  singulier.  La  se- 
conde est  celle  du  pluriel.  Ainsi,  dans.  Le  cheval  est  utile  à  l'homme, 
cheval  représenta  l'unité  de  l'espèce;  dans,  Mon  cheval  m'a  coiité 
cher,  cheval  représente  un  seul  individu.  Ce  mot  est  au  singulier.  Dans, 
J'ai  acheté  dix  chevaux ,  chevaux  désigne  plusieurs  individus  do.  la 
même  espèce.  Ce  mot  se  trouve  donc  employé  au  pluriel. 

67.  Quoique  les  substantifs  soient  susceptibles  des  deux  nombres ,  il 
en  est  cependant  qui,  désignant  des  choses  que  l'esprit  ne  peut  diviser 
en  plusieurs  individus,  ne  s'emploient  point  au  pluriel.  Tels  sont:  Vodo- 
rat,  la  vue,  l'ouïe ,  la  faim,  l'enfance,  etc.  Il  y  en  a  d'autres  qui  ne 
sont  d'usage  qu'au  pluriel,  comme:  ancêtres ,  fiançailles ,  épousailles, 
funérailles ,  obsèques ,  ténèbres. 


ta 


Serllon  M^coiide. 

r  II  é  o  r  i  c   du   g  e  ii  r  v, 


Préambule. 

J-irs  gnnniiiairicns ,  ayant  ploiiiciHeiit  ((i^uuré  le.s  |»riiici|>e.s  «|ui  tint  piTsidé  à  la 
formation  des  sulistanlit'i  Iranvais  et  à  la  distiiution  des  genres,  ont  Ions  crié, 
d'une  couiniuiie  voix:  /<  est  im/tossibte  tt't'tablir  des  règles  fixe*  sur  te  genre. 

»ll  n'y  a,  diMMil-ils  ,  que  l'usage  et  k-  lemin  ipii  puissent  doDoer  la  cwi- 
iiiiissunve  pur  faite  dit  gfitre." 

Le  tem/is  est  un  grand  maître,  sans  doute.  Mais  ou  peut  iMre  convaincu 
t|iu'  la  vil'  entiire  ne  sullît  pas  pour  aequorir,  par  la  seule  pratique,  la  com- 
iitiissttHce  parfaite  du  genre  des  substantifs  fraudais;  étude,  en  effet,  si  diflieile, 
si  rebelle,  qu'il  u'esl  personne  qui  puisse  se  flatter  de  n'être  jamais  embarrassé  à 
ipl  égard ,  et  que  l'Académie  franyalse  elle-même  s'y  trompe  souvent ,  comme  on 
le  verra  par  la  suite. 

J'aurai  donc  la  gloire  d'avoir  réalisé  l'impossible  et  d'avoir  prouvé  une  fois 
(II*  pins  que  le  mot  iutftossihle  n'est  pas  français. 

Encore  une  fois,  je  supplie  liumbicment  le  lecteur  de  vouloir  bien  réflé- 
chir un  moment  sur  les  difliculté.s  presque  insurmontables  que  présentait  une- 
tâche  aussi  vaste,  aussi  ardue;  alin  qu'il  daigne  récompenser  d'un  signe  d'ap- 
probation ce  travail  d'Hercule,  pour  le  moins  comparable  ii  celui  qu'accomplit  le 
héros  grec,  en  détournant  le  flcnve  Alphé  pour  1©  faire  couler  dans  les  étables 
d'.\ngias.  Je  le  conjure  do  vouloir  bien  peser  un  moment,  dans  sa  main  impar- 
tiale, les  efforts  surhumains  de  mémoire  et  de  volonté  qu'a  dik  eiiger  un  soin 
■lussi  complique    que  celui  de  diriger  convenablement  les  manoeuvres  de  cette 


24  P  r  é  a  n\  b  u  1  e. 

armée  de  deux  à  trois  cent  mille  substantifs  dont  se  compose  la  langue  française  ; 
en  d'autres  termes,  le  soin  de  déterminer  exactement,  sans  en  oublier  un  seul, 
combien  de  substantifs  sont  masculins  ou  féminins,  dans  chacune  des  huit 
eeiits   terminaisons  différentes  qui  leur  sont  propres. 

Soit  dit  en  passant ,  une  bonne  grammaire  doit  être  en  même  temps  un 
glossaire,  surtout  pour  les  étrangers.  C'est  pourquoi  j'espère  qu'on  ne  me  saura 
pas  mauvais  gré  des  nombreuses  listes  do  mots  que  je  donne  pour  exemples,  tant 
en  allemand  qu'en  français. 


Théniii-    il  II    (<[(>nt'r.     1' I  I  II  <-i  |if  >    (le    il  r  i  m  .1 1 1  o  n.  {5 

\uims  piTliiiiiiiaircs* 

I. 
Priiicipe&i  de  dérivation. 

68.  Lo  français,  comme  KItiilien  et  respnjrnol,  8>8t  formé  du  latin, 
i(U  moyen  de  terlaiiies  iiiflexionx ,  contractions,  et  ttupprcnnion» 
(a.Mcfliinfl/  ;iu|\unmcnjicbuiu],  "!}luoi»i)T»niO- —  ï'/y/  vient  du  Uilin  rmo.  par 
la  suppression  de  la  voyelle  linale.  —  Pnin  vient  de  pane,  par  inll»?- 
xion  de  la  prenùère  voyelle  et  suppression  de  la  (Inale.  —  k'roid  vient 
de  friyido ,  par  coniraetion  des  deux  premières  syllabes  et  suppression 
de  la  voyelle  finale. 

69.  Dans  Tilalien  et  Tespagnol ,  la  plupart  des  substanlirs  ne  sont 
que  TaMalif  des  mêmes  mots  latins.  Pane,  rmo,  can'c,  religione , 
pttdrc .  inadrc. 

7(K  lies  substantifs  français  dérivent  également  de  l'ablatif  latin,  et 
iMiii  pas  du  noniiiialif,  comme  on  l'a  cru  Jusqu'à  ee  jour,  ni  même  de 
l'jiccusalir,  eonmic  le  prétend  M.  (Jénin.  Ils  ne  diffèrent  le  plus  souvent 
de  l'ablalif  latin  <|ue  par  l'absence  de  la  voyelle  tinale,  pour  ee  qui  est 
des  noms  maseulins,  eonime  n'n  y  de  n'no.  cours,  de  cursii ,  ou  par 
le  changement  de  celte  voyelle  en  e  muet,  pour  ce  qui  est  des  noms  fémi- 
nins, comme  rose ,  de  rosa. 

71.  D'où  il  sait  qu'il  fniidriUI  écrire  Ckarle,  de  Cuiolo,  «I  non  ptutCkarlet,  éo 

Cuiolii»;  fit,  lit*  fiUo  ,  t't  non  pxs /l/^ ,  iieftlitu;  corp ,  teinp  .  pitit ,  do  corpore,  lempore, 
p'.iten .  et  non  pas  corpi ,  temps ,  pHil» ,  de  corpim .  leiiipu*.  puteu*  ;  coume  aussi  remutr», 
'II-  reiHortit ,  et  non  pas  rttnni:ds  (Uc  remordtre)  ce  qui  est  un  b»rbHriMMe. 

72.  I'"  ><^'^  n>ots  temps ,  corps ,  pttiLi ,  ne  doit  être  considérée  que  comme  ane  lettre 
fiipliohiqne,  destinée  ii  remplacer  le  p  et  le  f  dans  les  llMisons.  Anstii  nos  père»,  vrain 
liUialiques  de  l'iMiphonie,  écrivaient- ils  coi-g  et  teiis  '^),  au  lien  de  i-orp*  et  ttmp»  : 
orthographe  qu'on  a  voulu  renouveler  de  nos  Jours,  mais  h  tort,  puisqu'elle  détruit  U 
tiliaiion  des  ntots  corporel ,  temporel ,  etc. 

73.  ^>i  revanche,  ils  écrivaient  fil  <>^)  sans  t,  en  sHppriniant  ii  pen  pré»  l'I  danx 
U  prononciation,  rnninie  nous  le  faisons   dans   les  mots:  babU ,  gtntit ,  outil,  ce  qni  est 

htMiicoup  plus  régulier. 

74.  En  se  mndiliant  ainsi,  les  substantifs  ne  changent  pas  de  genre, 
ou  du  moins  ne  devraient  pas  en  changer.  Ainsi  prudence  est  féminin . 
comme  prndenti'a.  Pain  y  vin  y  sont  masculins,  parce  que  panix . 
rintim,  sont,  Tun  masculin,  l'autre  neutre. 

75.  Hemanine.  On  sait  que  la  langue  latine  a  trois  jjtuu  .■»  :  le  masculin  ,  le  fémi- 
nin ,  fi  le  neutre.  En  franvais ,  le  neutre  ne  se  distingue  pas  du  uiascuUn  ;  excepté  dans 
quelque»  prouAllui,  Mflune  On  le  verra  nlus  loin. 


^')  I.i  quens  Rollans  genteuient  se  ronihat . 

Mais  le  cors  ad  Iressuet  e  niult  chalt.  (IM  ClkaH*on  Je  Rolamt  ) 
Vostre  conseil  ajoc  evud  tus  len$.  (Utié.t 
^'•)  Il  volt  que  d'iloc  en  avant  nul  sun  fit  ne  sa  dlle  al  deable  «e  mttïal  «e  nen  arKt»l 
(Les  Rois.)  Il  voulut  que  dorénavant  nul  eu  ce  lien  n'oflrbt  av  diable  ni  ae  bnu>- 
lasl  son  lils  ni  sa  iUe. 


26  La    grammaire   française   simplifiée. 

76.  n  suit  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que  Ve  muet  final,  bulle 
d'air  sonore  qui  se  sTispend  légère  à  l'aile  des  mots,  est  le  signe  du 
genre  féminin  dans  la  langue  française,  et  que  son  absence  caractérise 
le  genre  masculin. 

Il 

De  Ve  muet  employé  comme  euphonique  à  la  fin  des  substantifs. 

77.  Sans  les  exigences  de  l'euphonie,  ma  lâche  sur  la  théorie  du  genre 
s'arrêterait  là ,  et  la  connaissance  parfaite  du  genre  serait  bien  facile. 

78.  Mais  Ve  muet  final  n'a  pas  pour  unique  fonction  d'indiquer  le 
genre  féminin.  Il  n'est  souvent  qu'une  lettre  euphonique ,  destinée  à  con- 
server aux  mots  leur  éclat,  leur  sonorité.  De  là  des  difficultés  immenses. 

79.  J'ai  dit  que  la  plupart  des  noms  masculins  se  forment  du  latin 
en  supprimant  la  désinence  de  l'ablatif,  o_,  e^  ti.  Publico ,  public^ 
jugo  y  joug}  culculo^  calcul}  muro ,  muv}  cursu,  cours}  seunuy 
sens}  aveu  y  urc}  auro ,  or.  S'il  reste,  après  cette  première  mutila- 
tion, une  consonne  redoublée ^  on  la  ramène  à  son  état  simple:  la  langue 
française  n'étant  pas  compatible  avec  une  telle  désinence ,  propre  seule- 
ment aux  langues  barbares.  Ferro ,  fer}  sacco ,  sac}  succo,  suc} 
cyprès  y  cypressu.  La  chute  de  la  voyelle  finale  entraîne  nécessaire- 
ment celle  de  la  consonne  qui  lui  appartient. 

80.  Aucun  mot  français  ne  saurait,  non  plus,  se  terminer  par  une 
liquide  précédée  d'une  autre  consonne.  Appartenant  toutes  deux  à  la 
voyelle  finale,  il  faut  qu'elles  soient  toutes  deux  perdues  on  sauvées  avec 
elle.  Les  mots  î*oc«6m/o  ^  membro ,  miraculo ,  sîmulacro ,  cylindro  y 
ungulo ,  templo ,  theutro y  cad avère ,  ne  sauraient  subsister,  ainsi 
mutilés:  Vocabl,  membr y  miracl y  simulucr y  etc.  Forcées  de  dis- 
paraître avec  la  voyelle  finale,  les  deux  dernières  consonues  ne  laisse- 
raient après  soi  que  les  syllabes  vocuy  meriiy  mira  y  simula  y  cyliuy 
aiiy  tem y  théuy  cada;  incapables  de  satisfaire  l'esprit,  non  moins  que 
les  yeux  et  les  oreilles. 

81.  Reinaïqiie,  U  est  vrai  que  des  mots  vocahulo ,  mlraculo  ,  angulo ,  cadavere  , 
OH  .aurait  pu  faire  vocabul ,  miracul ,  angul,  cadaver;  mais  il  arrive  souvent  que  deux 
voyelles  séparées  seulement  par  une  liquide  se  contractent  en  un  seule,  comme  on  le  voit 
da'ns  rendre ,  pendre ,  de  vendere ,  pendere.  —  Par  la  même  analogie ,  corpore,  tempore, 
auraient  dû  donner  corpre,  tenipre ,  et  non  pas,  cor,  ten ,  dont  l'orthographe  en  corps  et 
temps  ne  satisfait  que  les  yeux,  mais  point  du  tout  l'oreille. 

82.  Pour  de  tels  mots,  il  y  a  donc  nécessité  absolue  d'ajouter  un  e 
muet  à  la  fin.  Ce  qu'il  faut  déplorer,  c'est  que  ces  mots  ne  puissent  pas 
devenir  immédiatement  féminins,  en  affectant  ainsi  la  forme  féminine;  le 
sceau  de  leur  origine  n'étant  pas  encore  assez  effacé. 

83.  La  langue  française  n'a  pas  moins  de  répugnance  pour  des  dési- 
nences telles  que  les  suivantes: 

-sm, -^n,  -Ip,  -inp,  -mn,  -Mr,  -pt,  -rb,  -r»,  -ni,  -rp , 
-ri",  -sp,  -st,  etc., 

parce  que  la  seconde  de  ces  consonnes  est  toujours  nécessairement  le 
commencement  d'une  syllabe,  qu'elle  ne  saurait  former  sans  le  secours 
d'une  voyelle.   Pour  ne  pas  rester  suspendue  sur  le  vide ,  elle  invoque 


'l'iM-ori*-  (lu  ^  cil  II'.    I)e  l>  iiiiii'l  ri  II  al  eu  |ilio  n  iqu  e.  f7 

r{i|»|uii  (l(!  If  muet.  C'est  pourquoi  l'on  écril  doymv ,  règne ,  palpe , 
Olifiupc  ,  (lufomtii' ,  ijenri' ,  pnTcptc  y  rerbe ,  can-ijuc,  terne, 
carpe,  oOèlixtfur ,  llffdtt.Hpc ,  ponte,  au  lieu  ùcdogin,  regn,  etc., 
bien  que  ees  noms  soient  tous  niiiseulins. 

84.  Remaniiie.  Cupt^ndiiiil  l'on  «krit  bit^i  mhuh  e  muet  late,  are,  mare,  pare,  spart, 
la»t,  lent,  %e»t ,    eut.   init»t ,    Chrht  ,  Aloil.    Ni;    poiirrHi(-on   paii  ietif  tcmtipttmmumt . 

eatnfalc,  monarc ,  »rhulliut ,  pont,  ije»tf  II  omI  vrai  qur  plunifiir*  if  ««te  «t  êmtm»  M 
sont  pas  rraiiyais.  Quant  an  mot  gealt ,  U  élalt  fi-ininin  au  XI*  niècle,  cvmaie  le  yr*«ve  le 
ilcrnicr  vcrit  de  la  l'bansoii  de  lloland  : 

Ci  fait  la  ge»lc  que  Tiiruldus  doiUnel. 
l'oiir(|uoi  fant-U  quo  le  genre  fi-ininiii  de  ce  mot  ne  se  «oit  pa»  pfrpvtuv  Juitqit'h  noMnf 

^^.  Oiiehiuefois  on  «ijoiite  uu  e  muet  pour  eonseï  ver  aux  mots  la  sono- 
rité et  l'éelat  néeessaires ,  eonime  dans  ces  exemples:  rhuntbe ,  monde  . 
homme,  diadème  y  programme  ,  crime  ,  âne,  trône,  coloxHe,  ete. , 
qu'il  faudrait  aiilreiiicnt  prononcer ,  ron  ,  mon,  om ,  diadan ,  program, 
crin,  an,  fron  ,  voto  :  par  suite  de  eelle  mollesse  dans  les  orj;aiies  du 
la  pronoiieiation  (jui  nous  fait  toujours  supprimer,  en  parlant ,  les  eoiison- 
ncs  finales.  Nous  redoutons  le  bruit  qui  résulterait  de  leur  ehoe  avec  d'au- 
tres consonnes  initiales.  Cependant  nos  pères,  qui  avaient  Toreille  beau- 
coup plus  délicate  encore  (jue  la  nùtrt',  puisqu'ils  pronont;aient,  non» 
pnlona ,  au  lieu  de  nonx  partons  ,  Vamon  diri,  au  lieu  de  Vamou 
dirin,  ue  laissaient  pas  d'écrire  hom ,  mnnd. 

Or  isroute/,  des  Joies  de  ce  uiuint 
Que  4'les  valent  e  que  eles  sund  ; 
C'uuie  fumée  Ircspassent  et  tresvnnt. 

(Hotnan  des  Romann.) 

Car  il  chantoit  de  Nustrc  Dam» 
Si  doucement ,  n'est  iiom  ne  famt» 
i'ui   tout  li  cuers  n'en  npilast. 

(Mintvlfs  de  la  Vteiye.) 

Hemiii'ifue.  Nous  écrivons  aussi,  sans  e  muet  final,  tiam  (rxdainalton  pour 
danii-J  ,  tre'ftiim  ,  vidam  ,  Adatit  ,  Nahub ,  Achttb  ,  Joh ,  Jucob  ,  rob ,  cap,  kaiêa/t, 
Gii/» ,  n'p  ,  jitlcp  ,  siilt'p  ,  Ali'ft ,  f/iiloft,  croup,  camp,  Bagdad,  David,  le  tW, 
l'/ifxHl ,  NfHirod,  sud,  Taimud.  Ne  sei'uit-il  pas  |)o^.siiilc  d'écrire  l'jçalemcnl,  sans 
l;i  iiiar(|Me  iiio|)|)(irtuiic  du  téiiiiniu  :  pruyrum,  aslrulab  ,  crab ,  fflob ,  lob,  titb , 
mitniiip  ,  ti/p  ,  tr'tt'Siop  ,  inivruavop  ,  yruiip ,  hippocamp  ,  ffrad  ,  atad ,  yad ,  Mib- 
sid ,  ind .  iitoil ,  l<jod ,  pe'riod ,  diacod ,  coud;  à  moins  (|u"on  no  préfère  la  forme 
féiiiiiiine  avec  le  féniiiiin  '?  yue  cp  soil  du  moins  le  privilèiçe  du  poète  ,  (jul  fera 
bien  siirloiit  déerire  avousmut ,  envombomut ,  monochromat ,  comme  on  écrit 
opiat  ;  au  ris(|ue  d'entraîner  avec  la  chute  de  l'e  muet  celle  du  t  lui-même  dans 
la  prononciation  :  ces  mots  étant  déjà  hérissés  d'assez  de  consonnes ,  et  ne  per- 
dant par  là  que  bien  peu  de  leur  longueur  démesurée,  en  comparaison  des  mots 
m,  siim  ,  rit,  lin,  que  uos  anciens  poètes  employaient  agréablement  pour  »•»«*- 
seau,  sommet,  cite,  Unage;  d'où  les  noms  propres:  Dura,  Vatru ,  GraH»<m 
(  (  irand-Sommet).  Exemples  : 

F.  le  sang  a  grnnd  ni  rouler. 

Famé  li  donnent  de  haut  Ihi. 

Fn  siim  la  ture  est  montée  Brnmidone  : 

Il  s'en  est  fui  d'Orliens,  la  noble  rit. 

Oh  trouve  (|Uolquelois  rhomh ,  au  lieu  de  rhombe.  Pourquoi  pas  lombf  (Hk  éfril 
rit ,  au  lieu  de  rite.  Pourquoi  pas  sorit ,  au  lieu  de  sorite  ,  etc.  ?  Les  dinkultês 
du  genre  eu  seraient  d'autant  diminuées.  Mais  peut-être  les  dlflicnHés  de  pronon- 
ciation s'en  accroitraient-elles.  C'est  ce  (|ue  nous  examinerons  dans  l'introtluctiom. 

S(i.  D'autres  fois,  on  .-^ioute  l'r  muet  pour  conserver  aux  consGones 
c,  g,  ch,  le  son  doux  qu'elles  ont  dans  le  mot  primitif,  comme  dans 


28 


La   grammaire  française   simplifiée. 


supplice,  silence,  adage,  panache,  etc.  C^npplicio ,  silentio ,  etc.) 
seulement,  nous  demanderons  quel  inconvénient  il  y  aurait  eu  à  faire,  par 
exemple,  panache,  du  féminin,  ainsi  que  gamache ,  les  seuls  de  cette 
terminaison  en  ache  qui  soient  employés  comme  masculins. 

87.  Le  V  ne  saurait,  non  plus,  terminer  un  mot.  Il  n'a  pas  assez 
de  résistance  et  on  le  remplace  par  sa  forte  /'.  D'où  la  nécessité  d'écrire 
avec  un  e  muet  le  glaive,  \erêve,  îm  ove.  Mais,  par  cela  même,  il 
eût  été  plus  convenable  de  faire  ces  noms  féminins,  comme  leurs  analo- 
gues fève,  grève,  sève,  trêve,  alcôve j  puisqu'ils  ont  la  terminaison 
toute  féminine. 

88.  D'un  autre  côté,  parmi  les  substantifs  féminins,  il  y  en  a  un 
assez  grand  nombre  où  le  son  nasal,  particulier  à  la  langue  française, 
ayant  été  préféré  à  tout  autre,  interdit  la  présence  de  Ve  muet.  Tels  sont: 
la  nation,  la  chanson,  la  saison,  la  main ,  la  fin,  la  faim,  au 
lieu  de,  la  nalionne,  la  chansonne ,  la  maine ,  la  fine,  la  famé. 


III 
Remarques   critiques   sur  le  genre  de  quelques  substantifs. 

On  verra  que  les  exceptions  que  présentent  les  règles  du  genre  ne  tiennent 
presque  toutes  qu'à  ces  seules  difficultés  d'orthographe  et  de  prononciation  ,  et 
qu'ainsi  c'est  à  tort  que  de  soi-disants  grammairiens  prétendent  que  l'arbitraire 
a  seul  présidé  à  la  distinction  des  genres. 

89.  La  langue  française  est  de  toutes  les  langues  celle  qui  s'est  constituée 
sous  l'influence  de  la  logique  la  plus  rigoureuse  dans  les  procédés.  Le  désordre 
vient  uniquement  des  faiseurs  de  grammaires  et  de  dictionnaires,  qui,  dans  leur 
ignorance  des  vrais  principes  de  la  langue ,  ont  formulé  des  règles  absurdes  et 
interverti  au  hasard  te  genre  des  substantifs.  C'est  ainsi  que,  grâce  à  leurs  soins, 
sont  devenus  masculins,  on  ne  sait  pourquoi,  une  foule  de  noms  qui  étaient 
autrefois  régulièrement  féminins.  Tels  sont: 


français 
âge 

amalgame 
aphte 
cartilage 
camphre 
carême 
cotyle 
délice 
dialecte 
dièse 
diocèse 
drupe 

édomosarque 
'  emplâtre 
éolypile 
épisode 
esclandre 
horoscope 
jaspe 
mélange 
merle 
môle 

mussilage 
naphte 


latin 
aetate  Cftàialif) 
amalgamatione 
aphta 
cartilagine 
eamphora 
quadragesima 
cotyle 
delicia 
dialecte 
diesi 
dioecesi 
drupa 

oedemosarca 
emplastro 
aeolypyla 
épisode 
scandale 
horoscopa 
jaspi 

uierula 
mole 

mussilagiue 
n  aphta 


allemand 

baê  muv 
bic  SSerqutrfung 
bte  !Oiutibfdute 
bcr  ^noc:|3cf 
ber  ^am)5fer 
Ht  î^aften 
btc  (Eofcfia 
bte  3Bonne 
bte  fôîunbart 
Â'reujd)eu  ic. 
bte  ^tôcefe 
bte  @tetnfrucî)t 

baè  sipflafter 
bte  2Btnbfuge{ 
bte  (S^tfobe 
ber  3canba( 
baè  aBaf)rfa3eu 
ber  3af|>iê 
bte  fOîtfc^ung 
bte  Sttnfet 
ber  Sffie^rbamnt 
etne  ^flatt^e 
bAè  ^ergoI)t 


l' II.'- Il  r  i  .•   <lii   j(eurf,   P.  <'m:ii(|ue»  critiques.  29 


o|..s 

(t>|iae)  opis 

il.-  >wrMl(:>dicr 

o^•(•i:l•^tl■l• 

tuTliestra 

^                ifr 

P!«'K'' 

|ic<lic;i 

t..      :           .^f 

|)ilas(i'<> 

jiai'iistaln 

btr  i^anbpîfiUr 

|i()|)iil:i)((> 

|ii)|Milii|(iiie 

titir  '^ftan^f 

jMtn'In' 

porticti 

bir  ^atit 

pivstigc 

|)rnrsti((i.-i 

bit  Idiiftfyunt) 

(|u;Hlri^(> 
.sitiTocele 

quadrilla 

ba$  Sirr^ti'panii 

s;«r(!ocele 

ttt  %ltiiâ}btud) 

stWices 

s.ievitiae 

\)axtt  i^tijanbiun^ 

sextdlp 

.sextiila 

bit  .^frtiila 

striKo 

slrijçi 

btr  ^trt 

.strigile 

strigili 

bie  <2tri(arl 
bie  (EuiioN- 

synode 

synodo 

tfierines 

(thermae)  thermis 

bie  ibfriiii-ii 

illOl'lH' 

ttiorba 

bie  Ifoibe 

liissiht^o 

tiissilagiiie 

ber  Jpuflattid) 

vertige 

vcrUiçiiie 

brr  3(^roinbe(. 

90.  yiioi  !  les  mots  hydrocèle ,  pneumatoct-te ,  ntricocèle ,  etc.,  seraieot 
friniiiins,  et  le  seul  surcoctte  serait  innseiiliii ,  (|uoi(|iie  tout  à  fait  analogue!  Voilà 
pourtant  ee  que  l'Acadéniie  Kranvaisc  elle-un'^me  a  décidé.  L'Académie  (ait  uni- 
rait-f ,  biraUf  ,  du  féminin,  et  mnUit'alre  du  masculin:  uyyrave  ,  métope»,  pa- 
Ifstff  ,  du  féminin,  et  réiuff/nire  ,  opes,  orrht'stre,  du  masculin.  L'Académie  dit, 
un  drupe  niuii ,  (|uand  tous  les  butanistes  disent.,  une  drupe  moHe.  Kxemple:  La 
pèche  ,  lu  prune ,  Ui  cerise ,  sont  des  e.reniptes  de  la  drupe  moUe. 

91.  Trois  raisons  s'opposent  à  ce  que  le  mot  siriye  soit  masculin:  1"  L'ély- 
mologic ,  slri.r  ;  8"  la  forme  féminine  qu'il  a  en  français;  3"  la  nature  même 
de  l'iMre  qu'il  représente ,  puisque  strit/e  signilie  sorcière.  La  question  .se  trouvr 
résolue  |»ar  cet  exemple  de  Victor  Hugo,  dont  l'autorité,  en  matière  de  speetre.H 
et  de  fantAmes,  en  vaut  Iticn  une  autre.  nEmen-he'tun  ,  c'est  le  cri  des  stnyes  . 
ifuund  elles  arrivent  au  snhhat."  Kn  revanche.  IWcadémie  fait  lémures  du  fémi- 
nin .  en  latin  lémures  ,  génies  malfaisants.  L'Académie  écrit  stri/ye  avec  un  y. 

92.  .Nous  pardonnerions  volontiers  :'i  l'Académie  de  violer  quelquefois  l'ély- 
uhdogie  au  piolit  de  la  forme,  comme  cela  lui  est  arrivé  .souvent  à  son  insH, 
même  contrairement  :'i  l'usage,  pour  une  foule  de  mots,  tels  que  les  suivants, 
qu'elle  fait  féminins,  quoique  masculins  ou  neutres  en  latin: 

fritnçai*  lutin  ulUiimud 

une  acanthe  acanthus  (ahl.)      bie  âBârenflau 

une  adiante  adiantum  bav^  îBenu^buar 

une  amarante  amarantlius  biu^  iauffnbi'duMi 

une  anagramme  anagramma  bviiS  ^^(uji^ramm 

la  cymaise  cymatium  bie  Jbo^deiOe 

la  cymlialc  cymhalum  bie  (^i^mbel 

la  disparate  disparatum  bie  Uuft^icfiic^tcit 

la  drachme  drachma  bie  I^racbme 

une  énigme  enigma  ba*  ifMâti^fel 

une  épigramme  epigramma  buâ  C^piç)ramm 

une  épigraphe  epigraphium  ba<$  liSictto 

une  épithète  epithclum  baâ  ^eiivort 

une  épitaphe  epitaphium  bie  ffirabfdirift 

nue  épitoge  epitogium  bie  3taatdra);uie 

une  épislyle  epistylium  ber  )Cuerbaiten 

une  horloge  horologium  bie  U^r 

l'huile  oleum  bué  Tebl 

une  idole  idolum  ber  )flb.Ktt 

une  idylle  idyllum  bie  abolit 

la  malachite  m.il.-tchites  ber  3d)recf»lein 

la  malléole  mallculus  ber  ^u^fnôc^el 

une  uutre  utcr  ber  ^K^taud^. 


30  ti^  ûfvammaîrp   franc. ni  se   simplifiée. 

93.  Nous  (leinanderons  seulement  à  l'Académie  pourquoi  elle  n'a  pas  octroyé 
le  même  privilège  au  mot  esclandre ,  déjà  si  français  et  si  différent  de  son  pri- 
mitif scandaluin  ;  surtout  la  terminaison  andre  étant  si  essentiellement  féminine. 
De  même,  si  l'on  fait  féminins  anayravime ,  épii/ramme ,  épithète ,  malachite, 
épistyle ,  malléole,  comment  peut-on  laisser  masculins  gramme,  programme , 
amulète ,  lazulite ,  péristyle,  diastyle ,  alvéole,  mots  tout  à  fait  analogues? 

94.  L'Académie  écrit  amulette,  squelette,  avec  rédoublement  du  t,  contraire- 
ment à  l'étymologie  amuletum,  skélétos,  tout  en  donnant  ces  noms  comme  féminins. 

Nous  pourrions  signaler  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie  des  milliers  d'in- 
conséquences ou  distractions  semblables. 

95.  Or  ce  sont  de  telles  inconséquences  que  nous  ne  saurions  lui  pardon- 
ner. Victor  Hugo  fait  amulète  du  féminin ,  et  son  exemple  doit  servir  de  règle. 
«Cependant  le  geste  du  Capitaine  avait  mis  à  découvert  Vamulète  mystérieuse 
qu'elle  portait  au  cou.  -  N'y  touchez  pas,  répondit-elle  vivement,  c'est  ma 
gardienne.  " 

96.  Soit  dit  en  passant,  quoique  amulète  soit  féminin,  il  faudrait  mon  gardien. 
Ma  gardienne  réveille  une'  idée  de  sexe,  une  idée  de  femme,  qui  n'existe  pas  dans  amu- 
lète. Une  femme  peut  être  votre  gardienne ,  mais  une  chose  est  votre  gardien.  Ici  gar- 
dien ne  peut  être  pris  que  dans  un  sens  abstrait.  Par  conséquent,  le  masculin;  qui  n'est 
autre  chose,  en  ce  cas,  que  le  neutre  des  latins. 

97.  Pour  en  revenir,  ce  que  nous  reprochons  à  l'Académie  ce  n'est  pas  de 
s'être  écartée  quelquefois  de  l'étymologie  au  profit  de  la  forme  ,  comme  on  l'a  vu 
ei-dessus ,  n"  93  ;  c'est  d'avoir  trop  souvent  sacrifié  à  la  fois  et  l'étymologie  et 
la  forme,  c'est  à  dire,  d'avoir  foulé  aux  pieds,  sans  motif  plausible,  toutes  les 
lois  de  l'analogie  et  de  la  logique ,  comme  cela  ressort  clairement  des  mots  sub- 
stantifs cités  plus  haut,  n"  89  ;  c'est  d'avoir  aveuglement  risqué  des  innovations 
qui  ne  font  que  bouleverser  au  lieu  d'améliorer.  Comme  l'esprit  d'ordre  est  aussi 
nécessaire  dans  la  langue  que  dans  l'état,  on  ne  saurait  trop  s'empresser  de 
rendre  à  ces  substantifs  le  genre  féminin,  le  seul  qui  leur  convienne,  d'après 
l'étymologie,  d'après  le  génie  de  la  langue,  et  même  d'après  l'usage;  puisque  la 
plupart,  tels  que:  amalgame,  aphte,  naphte ,  cartilage,  édémos  argue ,  cotyle, 
esclandre ,  horoscope ,  drupe ,  opes  ,  orchestre,  pilastre,  sévices,  sextule,  strige, 
strigile ,  synode,  tuorOe ,  tussilage,  sarcocèle ,  etc.,  sont  encore  indiqués  comme 
féminins  dans  bon  nombre  de  dictionnaires. 

98.  Je  n'en  ai  pas  fini  avec  ces  remarques.  J'aurai  encore  à  signaler  dans 
le  dictionnaire  de  l'Académie,  bien  des  erreurs,  bien  des  distractions  de  toutes 
sortes;  mais  je  ne  veux  pas  m'appesantir  davantage  ici  sur  cette  question.  D'au- 
tant plus ,  qu'il  n'entre  nullement  dans  ma  pensée  de  vouloir  rabaisser  le  diction- 
naire de  l'Académie  au  profit  de  tel  ou  tel  autre;  n'étant  pas  de  ceux  qui,  parmi 
les  dictionnaires,  regardent  comme  le  meilleur  celui  qui  offre  la  plus  riche  nomen- 
clature de  barbarismes  ou  qui  figure  ainsi  la  prononciation  du  mot  excepter: 
èkessepeté.  Je  m'empresse  de  reconnaître  que  le  dictionnaire  de  l'Académie ,  mal- 
gré les  nombreuses  fautes  de  détail  qu'on  y  rencontre  à  chaque  page ,  n'en  est 
pas  moins,  dans  son  ensemble,  une  oeuvre  admirable,  qui  ne  souffre  aucune 
comparaison  ;  bien  éloigné  que  je  suis  de  partager  l'opinion  des  fanatiques  de 
Boiste  et  de  Landais,  lesquels  regardent  le  livre  élaboré  depuis  deux  cents  ans 
par  la  plus  illustre  compagnie  de  France  comme  une  chose  de  la  plus  mince  valeur. 

99.  Un  dictionnaire,  en  effet,  où  les  mots  les  plus  utiles,  tous  ceux  de  la 
langue  oratoire  et  de  la  langue  usuelle ,  se  trouvent  exactement  définis ,  analysés 
dans  leurs  éléments,  suivis  scrupuleusement  et  expliqués  dans  toutes  leurs  accep- 
tions ;  où  chacune  de  ces  acceptions  est  appuyée  d'exemples  qui  justifient,  qui 
expliquent,  qui  éclairent  le  nouveau  sens  donné  au  même  mot,  qui  en  détermi- 
nent l'emploi  dans  le  discours ,  chose  indispensable  ;  un  dictionnaire  où  sont 
ainsi  classés,  dans  un  ordre  parfait,  non  seulement  les  divers  sens  des  mots, 
mais  encore  tous  les  idiotismes,  toutes  les  locutions  consacrées  ou  proverbiales 
dans  les  quelles  se  fondent  ces  mots;   un  dictionnaire,  enfin,  dont  la  rédaction. 


Thcorii-  (lu   K^nrK   Retiarqnc»  critiqkifo  S! 

en   gtMM'ntl ,  se  distin(i;uo   pnr  cctto  netteté  précise,  cette   inflciil  u 

décrie   riiitlueiicc  do   t:i   ^çt'-iMin'-liic  ,  et  t|iie   tous   les   vrais  écriv;iii  r 

.•jvec  les  richesses  de  réltM|iieiu'c  cl  de  l:i    poésie;  —  (lu'est-ce  <|ii  ....    ... n- 

naire ,  aux  yeux  «le  certains  jçens?  ~  Oiii,  qu'est-ce  qu'un  tel  dictionnaire  à  côte 
de  celui  de  Napoléon  Landais,  par  exemple,  où  se  trouvent  des  milliers  de  mots 
inconnus  de  l'Académie,  tels  que:  ilintessaruner ,  avauuiluH  ^  cufmle ,  arlirn  ,  fio- 
Itnit ,  ttttiihaucali'se  ,  et  thes<nivtnliiyminiit>chrysidrs  !  sans  parler  de  ttaterffaïuk 
ou  Hiitrfifaiis  ,  tiurulte  %  unrst,.v<inkf'e,  f/airx  ,  yettlys  ou  yrttUv ,  i/f'uumnri/ , 
f/olatol ,  za/iorie  y  z^lote  ou  zt^loty/ic ,  zinzihilfr ,  zirttmcr ,  zoclr  ,  etc.!  singu- 
lière nomenclature  pour  un  dictionnaire  français  ! 

l'our  tout  dire  en  quelques  mots,  le  lUitionnaire  de  t' Académie  ressenble 
à  une  belle  et  niajesliien.se  lorét  ,  évidée  avec  soin,  où  ne  croissent  que  Ip.h  plus 
hcaux  arbres,  mêlés  aux  plantes  les  plus  utiles,  et  formant  en  tout  sens  une  suite 
ininterrompue  de  niay^nili(|ues  arcades  tapissées  de  mousse  et  décorées  de  (guirlan- 
des de  Heurs  et  de  fruits;  tandis  qu',  au  contraire,  tons  les  autres  dictionnaires, 
y  compris  le  Divtiomuiire  Ntiliotuit ,  ne  présentent  qu'un  amas  confus  d'énaisses 
broussailles,  »»ù  il  ne  reste  des  plus  beaux  arbres  que  les  chicots,  hérisser  tout 
au  plus  de  «|uelniies  mauvais  surgeons,  qui  ne  peuvent  se  faire  jour  à  travers  les 
ronces  et  les  épines  et  toutes  sortes  de  superfétations  stériles  (|ui  leur  dérobent 
l'air  et  la  lumière. 

100.  Voilà  quelle  est  mon  opinion  sur  le  Dictioiumire  de  l'Actulémie  et  sur 
tous  ceux  (|u'oii  lui  opnose  comme  meilleurs  ou  plus  complets.  Kn  signalant  les 
fautes  (lui  déparent  un  des  plus  beaux  monuments  de  notre  langue,  je  suis  donc 
loin  d'en  vouloir  (-ontester  la  valeur  réelle.  Mais,  comme  j'entreprends  d'intro- 
duire l'ordre  dans  la  grammaire,  de  trancher  des  ((uestions  long-temps  eontrover- 
sé'cs,  de  tixer  toutes  les  incertitudes,  de  redresser  une  foule  (Tabus,  et  de  rame- 
ner au  milieu  de  nous  le  génie  de  notre  belle  langue,  je  devais  craindre  que  b 
nouveauté  de  certaines  idées,  en  opposition  avec  les  idées  reçues,  n'indisposât 
tout  d'abord  les  personnes  qui  font  leur  unique  loi  de  l'usage  et  ne  r(*eonnais- 
sent  d'autorité  que  celle  de  l'Académie.  J'ai  voulu  leur  montrer  que  l'usage,  aban- 
donné au  hasani ,  n'est  souvent  que  la  déraison ,  et  (|ne  l'Académie ,  malgré  ses 
lumières ,  n'est  pas  et  ne  peut  pas  être  infaillible,  .l'avais  besoin  moi-nu^me  de 
cette  conviction  pour  y  trouver  la  force  de  m'engager  résolument  dans  ce  laby- 
rinthe inextricable,  sans  autre  lil  pour  m'y  diriger  que  celui  de  la  logique. 

101.  Aucune  langue  n'a  autant  de  grammaires  que  la  n<Mre  ;  et  cependant 
aucune  langue  n'est  plus  tlottante  dans  ses  formes,  nlus  incertaine  dans  ses  prin- 
cipes. Nous  jouissons,  dit  un  philologue,  non  pas  d  une,  mais  de  cinq  académies, 
sans  compter  les  sociétés  savantes,  grammaticales,  ou  autres.  .Approehei.  yne 
voyez-vous  ?  Le  plus  eiïroyable  chaos  dans  la  langue.  Des  montagnes  de  difficul- 
tés entassées  à  plaisir  sur  vos  pas  par  l'ignorance  et  le  pédantisnu».  Absence 
totale  de  plan,  de  méthode,  d'unité.  Tout  ce  qui  peut  rendre  inaccessible,  sur- 
tout aux  étrangers,  l'étude  de  notre  belle  langue.  Ceux  qui  seraient  tentés  de 
crier  à  l'exagération  n'ont  ([u'à  parcourir  les  lourdes  compilations  de  (]irault-lhi- 
vivier,  Landais,  Bescherelle.  Je  ne  sache  pas  (|ue  les  vastes  forêts  inconnues  des 
régions  é(|uiiioxiales  de  r.\méri(|ue  présentent  un  réseau  plus  inextricable.  I..a 
hache  d'une  main  et  la  torche  de  l'antre,  j'entreprends  d'y  frayer  une  route. 
J'entreprends  de  rendre  simple  et  lacile  létude  de  notre  belle  langue  ,  aliu  (juc 
les  étrangers  l'étudient  avec  goût,  avec  plaisir,  et  qu'elle  devienne  Uientùl  la 
langue  universelle. 

10"?.  .Ayons  un  principe  d'unité  et  sovons  conséquents.  Rien  d'impossible. 
Il  ne  s'agit  que  de  vouloir  ce  principe  d'unité. 

103.  Diminuer  le  nombre  des  diflicultés   inutiles,  cmp^her  qM'il  ne  s'ac- 

croissi' .  te!  est  le  but  que  nous  nous  proposons. 


32  I^a   granniKiire   française   simplifiée. 


VI. 

De  quelques  anomalies  ortliograpliiques ,  qu'il  importe  de 
faire  disparaître  au  plus  tôt. 

104.  Puisque  l'usage  moderne,  où  les  consonnes  prédominent  sur  les 
voyelles,  et  qui  est  préférable  à  Tancien,  en  ce  qu'il  rend  la  langue  plus 
sonore  et  plus  énergique;  puisque  l'usage  moderne,  dis-je,  a  admis  géné- 
ralement l'articulation  constante  des  finales  c,  f,  g,  i,  r ,  après  ime^ 
voyelle,  comme  dans  ces  mots:  bac ,  lac,  sec.  grec,  roc,  canif, 
joug,  vol,  or,  pourquoi  augmenter  inutilement  les* difficultés,  en  écri- 
vant encore:  abaque,  ammoniaque,  tombaque ,  zodiaque,  éclipti- 
que,  laïque,  topique,  tropique,  hippogriffe ,  généralife ,  calife, 
pontife,  Ténériffe ,  tartufe,  chrysocale ,  finale ,  ovale,  scandale, 
vermicelle,  violoncelle ,  polichinelle ,  crocodile,  reptile,  volatile, 
hile,  Capitole,  paule ,  capitule,  corpuscule ,  globule ,  préambule, 
versicule,  chèvrefeuille ,  portefeuille ,  phare,  tartare ,  belvédère, 
calorifère,  hère,  compère,  primevère  (printemps),  caractère, 
adversaire ,  dictionnaire,  exemplaire,  cachemire,  empire,  zé- 
phyr e ,  éphore,  carbure,  sulfure ,  murmure,  pandoure,  auditoire, 
conservatoire ,  promontoire,  vomitoire ,  etc.? 

105.  C'était  bon  autrefois,,  où ,  par  suite  de  celte  mollesse  de  prononcia- 
tion qui  supprimait  toute  consonne  finale  devant  toute  autre  consonne  initiale, 
on  n'aurait  pas  manqué  de  dire:  zodia ,  au  lieu  de  zodiac,  ponti  ou  pontieu ,  au 
lieu  ^ç.  ponti f;  chriisocau ,  au  lieu  de  crysocal;  reriniceu ,  au  lieu  de  vermicel  ; 
Capitou  .  au  lieu  de  Capitol;  pandoii ,  au  lieu  de  pandonr ;  comme  nous  disons 
encore,  par  exception:  estoma ,  taha,  almana,  pour  estomac,  tabac,  alinanach ; 
bailli,  \>ù\\v  baillif;  cou,  sou,  licou,  fou,  mou,  pour  col,  sol,  lieol,  fol ,  mol  ; 
et  d'où  nous  sont  venues  les  formes  beau,  nouveau,  peau,  manteau,  oiseau ^ 
maux,  chevaux ,  vieux ,  deux,  pour  bel,  nouvel,  pel ,  mantel ,  oisel ,  mais, 
chevals ,  vieil,  ciels;  du,  pour  de  le,  en  passant  par  <fe/!  et  par  ^to/ ;  au,  pour 
à  le,  en  passant  par  al. 

106.  Les  sj'llabes  al,  el ,  oi^  sonnaient,  en  effet,  isolément  ou  suivies 
d'une  consonne:  au,  eu,  ou;  suivies  d'une  voyelle,  comme  aujourd'hui:  al,  el , 
ol.  Ainsi  l'oeil  voyait  cheval,  mal,  quel,  tel,  ciel,  chapel ,  col,  mol,  chol ,  et 
l'on  disait  :  cherau,  mau ,  cjueu ,  teu ,  cieu,  chapeu ,  cou,  mou,  chou.  Exemples: 

Ele  parla  nn  jor  a  lui , 

E  mit  a  raison  par  mots  tels: 

Siré  ,  vos  estes  biax  e  preux  (Méon.  Fabliaux.) 

Li  riches  fols 

Ku  son  cortil  avoit  des  chois  fEstula.) 

cil  avroiit  les  meillors  cevals 

Les  plus  corants  et  les  pins  beaux.  fPar/o«07>«Hs.9 

107.  On  prononçait  meillous  cevaus;  car  l'  r  finale  avait  sur  les  voyelles  a 
et  o  la  même  influence  que  1'  l.  Cors  (corps)  et  cort  (cour)  sonnaient  pareillement 
cou;  \'o  prenant  le  son  ou,  et  1'  r  tombant  par  le  grasseyement,  autant  que  par 
la  règle  de  la  consonne  finale  muette.  Cors  rimait  n\çc  (/enoux  ;  cors  av*?c  escout. 

Estula  avoit  nom  li  cbiens; 
Mes  (le  tant  lor  avint  il  1)iens , 
Que  la  nnie  n'est  mie  en  la  cort. 
E  li  vallés  prenoit  escout.  CEstula.j 


Tht'orifi  (lu    K^nri".   Do  (|iirl(|iiPS  ao^Joali^n  orthog r. 


aa 


108.  Fur  mi  y  m-  |)ruiiiiiis.iit  fumui ,  rc  tjui  explique  l'orthographe  modMM: 
finir  III  i  ;  ainsi  (|iic  le  <:ii:iiigciiinit  iW  jur ,  por ,  itmur  ,  t'(«-. ,  rn  jour,  fwur  ,  tnmomtf 
l'tc.  thi  so  von  fondait  avec  ou.  \V\n\  la  variant**  en  fur  :  i-otor  ,  couleur}  thUfr , 
lUmleur ,  etc.  On  retrouve  iei  l'iitllueiiee  de  1'  /  sur  le  premier  o;  ioflueoce  uue 
l'usage  a  maintenue  dans  iiueu  diable!  qu'on  dit  eneore  pour  quel  diaite  (cxcuH 
niation  suivie  d'une  rctieence,  cuninic  qui  dirait,  quel  diable  eat-ee  U)  !  co 
écrivant  mal  à  propos:  i/ue  diable! 

109.  Or,  iiiijuurd'liui  qu'on  s'est  accoutumé  à  ouvrir  ua  peu  plus  la 
hoiH'lic  eu  pjirlaiil,  ^nV'c  à  l'exercice  plus  fréquent  «le  lu  parole;  aujour- 
iriiui  qu'on  dit  (/nrlqur  chose,  et  non  plus  queitqnc  chose  *) ,  la  vérl- 
l.'iblc  urlhogruphe  des  mots  ci-dessus  peut  ôtre  établie  sans  inconvénient 
Une  chose  certaine  ,  c'est  que  calife  ,  pontife  ,  etc. ,  sont  tout  aussi  bar- 
l)ares  que  le  seraient  ctini/'e  ,  boeii/e  ,  oeit/'e ,  neitfe ,  reufe ;  attendu 
(jue  r  I  liiialc  se  change,  (levant  nne^ voyelle,  en  sa  douce  r;  chef,  che- 
vet :  neuf,  neuve  ^  neuruinej  vifj  vive  y  vivacité,  etc.  D'ot'i  vient 
(jii'on  prononce  neuv  hommes  y  et  non  pas  neuf  hommes. 

110.  Par  la  nii^me  analogie  (|u'on  écrit,  sans  e  muet  tinal:  Armagnac,  tu- 
in.ic  ,  grec,  agaric,  arsenic,  public,  che'rif  ,  '/',  juif,  tarif,  tuf,  bocal,  annale 
)  rai ,  sanilal ,  cancel ,  scel ,  sel,  pistil,  Kil ,  fit,  cil,  rossignol,  roi,  dot,  cal- 
iiil,  recul,  consul,  cerfeuil,  char,  nectar,  tartar ,  amer,  calender ,  cancer, 
ft'r  ,  enfer,  biner,  clair,  puii' ,  impair,  éclair,  air,  désir,  nadir,  saphir,  cor- 
ridor ,  for ,  similor ,  trésor  ,  mur ,  azur ,  amour ,  accotoir  ,  comptoir  ,  dortoir  , 
fennoir,  cheminolr ,  semoir,  tiroir,  etc.,  etc.,  écrivez  dcsormai» ,  de  même , 
sans  e  muet  lin<il  : 


un  a bac  ou  abaoo 
l'ammoniac 
le  tombac 
lu  zodiac 
le  critic 
un  ecclésiastic 
le  la'ic 
le  topic 
le  tropic 
le  géuéralif 
le  lalif 
le  pontif 
un  hippogrif 
le  Téneril' 
le  tartuf 
le  sarlg 
le  chrysôoal 
le  final 

le  bubnl  ou  boeuf 

d'Afrique,  ou  b 

1  ''  vermicel 


bte  C^a);tta(^lattr 
taé  9(mmonium 

bfr  Jl>itrfrft» 
bcr  jtritifft 
ei»  CScijïlicbfr 
fin  aScttlic^fr 
baO  tc)>if((?f  .f)fttmittf( 
btr  S»«nbefrei« 

bcr  Aatif 
bcr  .^o^fpricfler 
bcr  .èiï>jjo3rvp^ 
ïcneriffa 
bfr  .ipruc^Ur 
bo»  ^tutfltljtfr 
bas  Çferttfcfaa 
hai  ^iiiato 
bfr  :,Swfr^o(hd 
u/jre, 
bic  "fîubcfn 


le  violoncel 
le  polichinel 

le  crocodil 

le  rcptil 

le  volatil 

le  hii 

le  Capitol 

le  paul 

le  capitul 

le  corpuscul 

le  globul 

le  préanibul 

le  versicul 

le  chévrefeuil 

le  portefeuil 

le  phnr 

le  Tartar 

le  belvéder 

le  xalorifer 


bai  fiStotoncctt 
ber  ^icfftbiiinng, 

^an^ivurfl 
t>a»  Ârorobil 
bai  frif(f>cnb(  Xifitr 
bai  ftifiirnbf  X\}itt 
bit  9iarbf  (Viner  S^of^it») 
ba*  (Capitol 
tinf  SXilnjf 
bai  3c{>lutcapitfl 
bai  Stor)?trà)tn 
baë  fi'.u^fld^tn 
bfr  '      " 
bac    . 
")      baS.Wciiil'Utt 
bif  i^rifftafdjf 
bfr  ^tudittburm 
bfr  iartarui^ 
ba«  \Mu>>tlci;ti»bau« 
ber  ïôtSrmflfitfr 


'>)  Le  peuple  conserve  encore  celte  prononciation,  doe  J*«l  retrouva  k  Vienne  itnn  lu 
bourlip  nit^ine  de  personnes  disUngnées.  I^e  penple'  dit  «ncvre,  quenqH'iin  .  queU' 
qtirs  uns. 

^^)  N'écrit-on  pus  constamment   cerffinl .  mot  tout  k  fait  analoxn**  k  ckn  vti 

latin  cafrefoliuin,  iaprifolium.  Et  Doileaii  liii-niéoie  n'i'u  a-t-il  pas*  iloiu  ,1e 

dans  ces  vers: 

Antoine,  gouverneur  de  mon  Jardin  d'AnteaU, 

tfui  dirige  ctier.  moi  l'if  et  le  chècrtfeuil  — ? 
Voir  la  Formation  du  Pluritl  dans  les  siitiHtantir»  eonpMrâ. 

8 


34 

le  her 

le  comper 
le  primever 
le  caracter 
un  adversair 
le  dictionnair 
un  exemplair 
le  cachemir 

un  empir 
le  zéphyr 
les  éphors 
le  parjur 
le  suli'ur 


La  grammaire  française  simplifiée. 


etn  etent  auêfc^cnbcr 

bcr  @et>attcr 
bcr  ^-rû^ling 
bec  (^ifavaîUv 
bcr  ©cgncr 
boê  aSortcrburt) 
baê  (Srem^Iar 
ein  ®(jait)(  t»on  inbi= 
frf)cr  3ie9«n>uoIte 
ein  ^aiferrctc^ 
bcr  3f^ï)9r 
btc  (fjj^crcn 
bcr  fOîetneîb 
bcr  ®(^i»cfctatfaft 


le  miirmur 

le  pandour 

le  conservatoir 

le  promontoir 

le  purgatoir 

le  réfeetoir 

le  mémoir 

le  rescisoir 

le  lerritoir 

le  vésicatoir 

le  voniitoir 

le  ciboir 
etc. 


baê  SOlurren 
bcr  spanbur 
btc  offcnt(ic^e^uufl= 
fammcr 
.  baë  SSorgcfcirgc 
baè  îî^cgcfcucr 
bcr  ®^ctfcfûat 
btc  îDeuffdjrift 
bcr^auijjtgcgcnftanb,  k. 
baê  (Se&tct 
bag  ?8fafcn:^jïaflcr 
iiix§  58rc(^mtttcf,  jc, 
baê  (Stèortum. 


m.  De  l'aveu  de  tout  le  monde,  la  connaissance  du  genre  des 
noms  est  une  des  plus  grandes  difficultés  de  la  langue  française.  Or,  le 
genre  étant  la  base  de  la  grammaire ,  il  faut  donc  tendre  de  tous  nos 
efforts  à  en  faciliter  la  connaissance;  et,  puisqu'en  principe  le  genre  dé- 
pend de  la  forme  des  finales,  il  faut  donc  travailler  à  régulariser  ces  fina- 
les, à  les  rendre  conformes  au  genre  des  noms. 

112.  Les  gens  à  qui  pourrait  déplaire  la  nouvelle  orthographe  de 
ponfify  sarig ,  laie,  etc.,  doivent  se  demander  ce  qu'ils  diraient,  s'ils 
voyaient  écrit  quelque  part:  le  chèfe ,  lejougiie,  le  saque,  pour,  le 
chef,  le  joug ,  le  sac.  L'un  n'est  pas  plus  risible  que  l'autre. 

113.  À  la  longue,  il  faudra  bien  qu'on  en  vienne  à  opter  pour  le 
masculin,  avec  la  forme  masculine,  ou  pour  le  féminin  avec  la  forme 
féminine.  Le  sarig  pourra;  désigner  le  mâle;  la  sarigue  désignera 
la  femelle. 

L'enfant  frappe  des  mains.  La  sarigue  attentive 

Se  dresse,  et  d'une  voix  plaintive 
Jète  un  cri.  Les  petits  aussitôt  d'accourir 

Et  de  s'élancer  vers  la  mère , 
En  cherchant  dans  son  sein  leur  retraite  ordinaire.  (Florian.) 

On  distingue  plusieurs  espèces  de  sarigc.  (H.  Natnr.) 

114.  On  écrira  de  même,  au  masculin:  agit,  aquatil,  débit,  fa- 
cil,  dijficil ,  docil ,  fertil ,  fliwiatil,  fossil,  fragil,  habil ,  puéril , 
servit,  fidel,  infidel,  parallel ,  rebel,  bénévol,  frivol ,  crédul, 
avar ,  barbar ,  ignar ,  ovipar ,  vivipar ,  éphémer ,  lanifer ,  pros- 
per ,  pir ,  bicolor ,  inodor ,  sonor ,  tricolor ,  élégiac ,  hypocon- 
driac ,  opac ,  critic,  pacifie,  magnifie,  ventriloc ,  beg ,  prodig ^ 
etc.,  et  au  féminin,  agile,  aquatile ,  débile,  facile,  fidèle,  rebèle, 
bénévole,  crédide ,  avare,  ignare,  ovipare,  éphémère,  pire  y 
tricolore,  étégiaqtie ,  critique ,  bègue ,  prodigue ,  etc.,  etc.  ;  comme 
on  écrit  civil  et  civile ,  subtil  et  subtile ,  viril  et  inrite ,  espagnol  et 
espagnole ,  mogol  et  mogole ,  tartar  et  tartare,  amer  et  amère ,, 
cher  et  chère,  martyr  et  martyre,  public  et  publique ,  i^aduc  él, 
caduque,  etc. ,  etc. ,  etc. 


Théorir  du  grnr«>    !»<'  •|*<*'l<I*e>  <*noai|iliet  ortbogr.  ^ 

II 
Histoire  des  mot». 

115.  D'un  iiutrc  càié ,  comment  se  fait-il  qu'on  écriv(>  fourmi ,  au  Jieu 
de  fourmie?  (|Ui<iui  ce  nom  vient  tii«'n  réellement  du  latin  fur  mita  ,  eomme  wUe ,' 
iii' inica  !  amie,  de  arnica;  pic  y  de  pica  ;  vie  y  de  ritn  ;  ciffui' ,  de  ricuta  ;  ••r- 
rue  ,  Ae  Vfi'riira  ;  charme,  Ai'  carriica  ;  arini'r  ,  de  armala  ;  pluie  y  de  ptmHm  i 
enrie  ,  de  inridia  :  plait- ,  de  ptaf/a  ;  haie  ,  de  buvca  ,  etc. ,  par  la  .suppression  de 
la  pi^iiultième  et  le  cliatiKcment  de  la  linale  en  c  muet?  ^ue  non  i'cre.t  aient  écrit 
fur  mi ,  cela  se  conçoit,  puisque,  dans  leur  oubli  de  l'ctymoliigio,  et  n'ayant 
r)(ard  ,  d'ailleurs,  qu'aux  sons  pleins,  sans  s'inquiéter  aucunement  des  syllabes 
muettes,  ils  faisaient  ce  nom  masculin,  comme  dans  cet  exemple: 

Comment  li  criquet  demandad  au  formi  de  son  bled  et  it  U  refiisa* 

Ll  criqni't  ot  dioette 

Kii  yver ,  et  fovrele 

Au  formi»  e»l  venu .... 

I.e  formi  li  h  (ii.xt  : 

Je  ne  vous  aidcrHi      (^arif  He  Prnnre J 

1  16.  Observations  rèlrnspertire».  1"  I.V  nuit-l  tiiinl  n'itail  pour  noft  pèrra  qa'ane 
Ifttn-  iMiplionique,  .tervant  k  Mllonget  ou  k  raccourcir  le.i  mol.s  au  gré  «Ip  U  rlHM  M  é* 
la  uii-Mure,  comme  l'indique  asMi*^  ,  dan»  l'exemple  cité,  l'HdJectlf  ma.tcnlin  povrti ,  ^crlt 
avec  un  e  muet,  porrtte ,  pour  pouvoir  rimer  avec  ili.tette.  Les  poèteii  dînaient  iodlféreBi- 
nient  el  pour  e/e.  ijnnil  ou  grand  pour  grande,  vert  pour  verte,  maint  pour  matntt , 
comme  aiiHsi  kom  ou  om ,  pour  home  ou  orne,  prèe  ou  prè ,  etc.    Exemples: 

Sire  ,  dit  et ,  je  «ul.i  venue 

Anguilles  cuire  a  mon  seignor 

Nous  MvonH  Jané  tote  Jor.  (i>M  trot»  Dames  qui  trontêremt  un  anel.) 

Qui  est-ce,  Dlex  ,  qui  me  descuevreV 

Fait  ete  quand  ele  le  ttcnt.   (Le  fahtiau  de  Oomber*.} 

Vie/.,  disl  ete ,  grant  merveille!  (Barbaian.) 

V.  tirent  parmi  le  forest 

Trop  gra/if  noi.se  e  trop  grant  lempest.  (potopnthot.} 

Or  fa  aa  Ut  grande  la  noiae 

De  la  dame  e  de  son  mari.  ^L«  Fabet  d'AluulJ 

Son  edcaier  lui  appareille 

Une  robe  vert  qn'U  «voit.  (0m  Cheealtev  à  là  robe  vermeille.} 

Sur  l'erbe  verte  II  qnens  RolUns  ae  pftsmet.   (Im  Ckantnn  de  Roland.) 

Knsi  fait  mainte»  foir.  la  merlne  Cmédecine)  dele.soveraine  plelelt.     (Job.) 

1<4>  soir  qu'il  ot  Ja  maint  estoUes 

(De  la  Dame  qui  fitt-lroia  tourt.) 

Ainsi  l'entend  com  a'il  fat  kom  aener.. 

(La  Chanton  é'Arletcamp*.  XIII*  S.) 

E  !  gentils  Aom  ,  clievaler  de  bon  aire, 

fini  t«  rommant  al  gloriais  céleste.  (La  Chanton  de  Holand.) 

117.  ^  Ils  «valent  de  m^me  k  leur  choix  lea  forme;*  avérai,  mêlerai,  beeermi  , 
^emderai,  mènerai,  donnerai,  etc.,  ei  aérai,  aval,  mettrai,  bevrai ,  prenérat,  atem~ 
rat,  donrai,  etc.  EzempleA: 


3$  L  a  g  r  a  m  m  a  i  r  e  f  r  a  11  ç  a  )  s  p  s  i  m  ])  1  i  f  i  é  e. 

Tant  t'avet\ii  Lui  apporté . ,  .  (Des  Trois  Bossus.) 

Monlt  a  grand  chose  a  vous  garir 

Je  n'en  poroie  a  chief  venir. 

Le  plus  malade  en  eslirai 

Et  en  cel  feu  le  mêlerai  ; 

Si  Varderai  en  icel  feu , 

Et  tnit  li  autre  en  aronl  preu  (profit) , 

Car  cil  qui  la  poudre  hevront 

Tout  maintenant  gari  seront.  (_Du  vilain  Mire.) 

Trente  sols  !  la  veraie  croix  ! 

Trente  sols!  et  ou  les  prendrai? 

Trente  sols!  lasse!  trente  sols! 

Or  viendra  Caiens  le  prevoz ,  , 

Si  prendera  ce  pou  que  J'ai. 

Que  donras  tu  à  mon  seignor , 
Si  je  te  fa7i  estre  deslivres  '<  ■ 
—  Sire,  je  lui  donrai  vingt  livres.  (Constant  Duhamel.') 

Se  vos  dras  noirs  me  presteresi, 

Ains  mien  Hit  toz  les  raurez , 

Et  vos  grans  bottes  chaucerai  , 

Et  je  ma  robe  vous  lerrai  (Ifiisserai). 

Ceens  avez  mon  palefroi, 

Et  le  vostre  menraij  o  moi  (avec  moi). 

Le  moine  tout  li  otria. 

j  (Le  Chevalier  qui  fist  sa  femme  confesse.) 

118.  3"  Rien  n'était  plus  ordinaire  que  les  formes  je  cuis.,  faim ,  je  demant,  je 
commant,je  lais,  je  cons ,  je  main,  pour  je  cuide,  aime,  demande,  commande ,  laisse, 
conte,  mené. 

D'un  vilain  vous  cons  qui  prist  famé.  (Barbazan.) 

Mais  ,  pour  Dieu ,  preiige  vous  pitié 

De  moi  qui  vous  aim  loyalment 

Et  sui  tout  vos  entièrement.  (Coucy.) 

Il  m'a  mandé  que  je  lui  main 

liUi  et  sa  femme  liui  ou  demain.  (Constant:  Duhamel.) 

4"  On  trouve  troie  pour  ti'ois: 

Saint  Pierre  n'eut  a  celé  voie  (fois) 
Fors  cinc  et  quatre  et  un  seul  troie. 

«.  (De  saint  Pierre  et  du  Jongleur.) 

5»  Espis  (esprit)  devenait  esperite  et  esperites: 

Puis  ke  li  esprit  fort  en  vient 

Que  Vome  pasmer  en  convient 

A  la  bouche  et  au  nez  li  mist 

Por  Vesperites  fors  atrere.  (Dolopathos.) 

119.  fi"  Soit  dit  en  passant,  cette  faculté  de  modifier  les  finales  pour  le  besoin  de  la 
rime  et  de  resserrer  les  mots  dans  le  corps  du  vers  ,  sons  prétexte  des  exigences  de  la  me- 
sure, prêtait  à  la  langue  une  .sorte  de  souplesse  et  d'élasticité  ,  qu'elle  a  tout  à  fait  perdue 
depuis  entre  les  mains  des  grammairiens,  qui  en  ont  fait  un  composé  de  barres  d'acier. 
En  effet,  la  langue  que  parle  aujourd'hui  la  France  est  peut-être  la  seule  au  monde,  où 
le  poète  ne  jouisse  du  privilège  d'allonger  ou  d'abbrévier  certains  mots  à  loisir.  C'est  un 
privilège  dont  les  Allemands  usent  largement  dans  leur  langue,  ce  qui  met,  à  vrai  dire, 
leur  versification  à  la  portée  des  enfants  et  ne  lui  donne  guère  de  supériorité  sur  la  prose. 
Pour  nous ,  cette  faculté  ne  peut  s'exercer  que  sur  le  mot  encore  ',  qu'il  nous  est  permis 
d'écrire  encor ,  à  notre  choix. 

120.  Mais,  pour  rentrer  dans  la  question,  il  ne  semble  pas  que  Ve  muet 
final,  comme  le  témoignent  les  exemples  cités,  ait  eu  chez  nos  aïeux  la  propriété 


Théori«>  du   genre.    De  quelques   anonalies  orthogr.        ^ 

aiisotiie  qu'un  lui  attribua  plus  tard  de' désigner  le  genre  féminin,  paM  plu»  que  \'t 
liuiilc  n'avait  celle  d**  désigner  le  pluriel.  Il  ne  Taul  doue  (lan  s'eluuiier  qui*,  de 
uiaseiilin  qu'il  «'-lail .  le  mot  f'vrini  suit  devenu  l'éniiuiu ,  du  tem|iH  de  Marul ,  n*n» 
(|u'oii  ait  songé  à  lui  donner  la  marque  du  féniiuiu.  Avant  toutes  eiiu.se.s ,  on  >e 
préoL'Cupail  alors  de  l'euphonie,  et  uu  |tréréra  loi  ••..nsj'rwr  1*  iMinlmuiuue  nuil 
tenait  des  anciens  |»uéte!). 

HfKMius  l'ardre  où  l'Hiubru  dvgniitte 

Lh  petite  fnnnU  h1«.  (Matol.) 

(>  qui  a  été  imité  par  I^  Konlaîne: 

1,'Hiitre  exenipl»*  e.Ml  lirt-  d'aiiiniMMX  plus  ptrllif*. 
le  long  il'uii  rlHtr  nilhiifiiii  liuvnil  imh'  caionihe, 
^MiHnd  Niir  l'eau  ho  |i*>ni  liitnl  une  fhurmU  y  loiuite  , 
Ht  tlans  «et  océan  l'on  eût  vu  li»  f'ourmlt 
S'elTorcer,  uihim  en  vain,  Uc  n-Kafcnt-r  In  rive. 
I.H  «olouibe  HUtnilùt  unh  de  rliarilû: 
l'n  lirhi  d'Iierhe  dHnM  l'i-nn  par  elle  élKiit  Jeté, 
if  fut  un  proinonloir  où  la  Ihiirmh  arrive. 

12 i.    Hi-inaniuf!>    rrtroniti-rticen.    1*   l.e»  deux  hi<ttntt    anx    i|U«ln    l'«  a»!  «pp«l«e    à 
<  ICI  danx  ci-s  vers  pouvaient  iHre  oinpécliL-H  de  mtriue  par  l'intermediair  do  t'«  nturl,  q«i, 
(Il  iilllinvieant  conHiitérablenient   la  voyelle  4«H1   (init ,  «n  «mollit   le  cboe  Mr  la   voytUe 
initiale  du  mol  suivant. 

\ii.   '^*  MHi!4  tel  était,  xnr  l'oreille  de  non  pères,  le  charnie  de  l*  daa«  les  llslsens, 

qo'iJti  la  donnaient  pour  Anale  k  tons  les  laotM  que  l'étymologie  laissait  décosverl'*  (•  lt 
iiue  lett  pronoiu.s  et  le.<  adverbe». 

K  le  conio  aut»im  y  ala, 

Uni  en  la  bouche  le  bal.na.  (Ltn  Bijou*  hidiicrtt».) 

Ap(e><  le  père  l'ot  li  fil , 

Pui.<4  le  vendit  a  cet  vilain; 

Ainitim  alla  de  main  en  niain.  ^/.e  ImI  dt  l'OiteUt.) 

£n  tous  endroit»  Je  vinite  et  contemple 
Prts(fitêm  ëtiint  de  merveille  esgaré.  (Marot.) 

123.  ">"  L'<  f<ervlt  également  de  finale  euphonique  à  la  première  personne  du  v.'  . 
lier  des  verbe»,  où  sion  usurpation  est  aïOourd'hui  consacrée  et  convertie  en  droit  lrKi:>tiP 
Je  smu ,  Je  dis ,  Jr.   crou,  Jt  vois  ,  Je  reçoU ,  Je  connai*  ,  etc.  i    pour ,  Je  tni  ,  Je  di  ,  Jr 
iioi,  Je   voi.  Je  reçoi ,  Je  coniioi,  etc.,  qui   sont   la   forme  aocicnue   coiretfpondante    à 

'ymologie  latine  (tum  ,  dico ,  creèb,  9i4Uo,  recipeo,  eognotiM). 

Je  cnnnoy  mort  qui  tout  ronsomme    fViltnn.) 

Dou  la  faculté  laissée  au  poète  de  supprimer  l's  pour  le  besoin  de  la  rioie.  et  dont  Mo- 
lière et  I.a  Fniitaine  ont  usé  fréquemment. 

i;  Un  fait  bicarré  ,  c'est  que  !'«  ne  se  soit  pa»  atlaciiée  au  vetbe  J'ai  .  couBM  elle 
s'est  attacliée  aux  verbes ,  Je  iu(s  ,  Je  fais  .  Je  sat$ ,  Je  cats ,  etc. 

J'alm  en  vous,  dit  il,  mal  parent.  (Ooiutant  Duhamel.) 

124.  S*  La  finale  euphonique  de  l'imparfait  des  vert>«s  était  l'e  maet;  Biab  r«,  (>eaa- 
coup  plus  douce,  ne  tarda  paâ  k  le  détrôner.  C'est  ainsi  que  J'««fo/e.  J'altoie .  Je  ftoeir. 
yaimoie  ,  Je  parloie  ,  je  ptirlernie  .  etc.,  devinrent  j'estoit ,  yalloi» .  Je  fe*oi«,  yaimoi»  , 
Je  parlais.  Je  parleroin .  etc. ,  qui,  par  le  changement  récent  de  l'o  en  a,  sant  a^Jaard'Iiai 
rituis  .  yallals ,  Je  faisais  ,  ynlmah,  Je  parlais  .  Je  parlerait ,  etc. 

125.  6<*  L'«  alla  même  jusqu'à  supplanter  l>  ânat  de  ceiiaios  substantifs 
ninins.  T'est  ainsi  que  /b/s  a  remplacé  voie,  du  latin  w'ce. 

.Saint  Pierre  n'ent  a  celé  voie 
Que  rinr  e  quatre  ri  un  seul  troie. 


38  La  grammaire  française  simplifiée. 

Les  grammairiens  ont  dû  trouver  leur  compte  à  cette  métamorphose,  qui  leur  per- 
mettait de  distinguer  voie  (9)ïa()  de  voie  (SOSeg).  Mais  que  devient  la  distinction 
des  genres  par  l'absence  ou  la  présence  de  \'e  muet? 

126.  7"  C'est  ainsi  que,  faute  d'un  coup  d'oeil  assez  vaste,  assez  puissant, 
pour  embrasser  simultanément  toutes  les  parties  d'un  système  et  pour  appercevoir 
la  liaison  intime  qu'elles  ont  entre  elles,  de  présomptueux  réformateurs  vont 
détruisant  l'ensemble,  pour  régulariser,  à  ce  qu'il  leur  semble,  quelques  molécu- 
les. Ceci  soit  dit,  par  parenthèse,  des  prétendus  réformateurs  de  la  société,  aussi 
bien  que  de  ceux  de  la  grammaire. 

127.  8"  Un  peu  plus  conséquents,  les  grammairiens  eussent  dit,  le  fourmi, 
ou  même  le  fourmis ,  autrement  la  fourmie.  La  saine  logique  n'admettait  pas 
d'autre  alternative.  Pourquoi  ne  dirait-on  pas,  au  masculin,  \e  fourmi,  et  au  fémi- 
nin, la  foiirtrie?  Ce  serait  bien  le  moins  qu'on  laissât  cette  faculté  au  poète. 


128.  Commç.  fourmie  vient  de  formica,  par  la  même  analogie,  en  suppri- 
mant la  pénultième  des  ablatifs  latins  fide,  lege,  virtute ,  clave  (claue)  ,  nave 
(naue),  siti ,  nocte ,  nuce ,  voce,  vice,  cruce ,  pace ,  pice ,  on  a,  par  inflexion 
ou  contraction,  foie,  h>ie,  vertue ,  clée ,  soie,  mue,  noie,  voie,  croie,  paie, 
poie ,  au  lieu  de  foi,  loi,  vertu,  clé,  nef,  soif,  nuit,  noix,  voix,  fois,  croix, 
paix,  poix,  formes  tout  à  fait  contradictoires. 

129.  Mais  foie,  avec  un  e  muet  final,  signifie  Sc6cr,  nie  dira-t-on.  En  eifet, 
les  grammairiens  en  ont  décidé  ainsi  ;  ce  qui  fait  assez  voir  de  quoi  ils  sont  ca- 
pables. Foi  (du  latin  foco,  foyer,  par  une  acception  détournée) ,  nom  de  chose  ma- 
térielle, masculin,  avec  une  forme  si  essentiellement  féminine  !  — foi  (du  latin  ^rfe^^ 
nom  de  chose  immatérielle,  féminin ,  avec  une  forme  si  essentiellement  masculine  ! 
—  cela  n'acuse-t-il  pas,  de  leur  part,  un  grand  esprit  d'ordre  et  de  système?  Pour 
être  tant  soit  peu  d'accord  avec  eux-mêmes ,  ils  auraient  dû  dire ,  le  lieue ,  bcr 
£)rt,  du  latin  loco ,  et  la  lieu,  bic  SJletle,  du  latin  leuca.  Entre  ces  deux  derniers 
mots  et  les  deux  qui  précèdent,  l'analogie  est  parfaite.  Cette  même  analogie 
aurait  dû  les  conduire  à  donner  aussi  Ve  muet  pour  finale  aux  mots  jeu,  feu,  voeu, 
de  joco,  foco ,  voto.  —  Foie,  désormais,  signifiera  ©laufee,  îlreue,  ©taubcn,  ©(aub= 
JDÛrbtgfett,  éSertraucn ,  ^utrauen,  aSegtaubigung ,  3eusni^  /  Seuge  (voilà  bien 
des  distinctions  à  faire)  ;  et  foi  sera  la  traduction  de  Seber.  Ve  muet  final  de  ce 
dernier  passe  de  droit  au  premier,  comme  signe  du  genre  féminin.  Seulement, 
pour  ménager  la  transition,  nous  admettons  provisoirement  pour  le  mot  foi,  Se= 
bit ,  l'accent  circonflexe  comme  signe  de  contraction. 

130.  Rieiî,  dans  les  mots  loi,  vertu,  clé,  n'autorise  l'absence  de  l'e 
muet  final ,  comme  signe  caractéristique  du  genre  de  ces  noms.  Ou  dites,  le  clef, 
ce  qui  est  préférable,  comme  on  dit  en  allemand,  ber  @(f)(ûffc(,  ou  dites  la  clève, 
ou  bien  la  clée,  en  supprimant  la  pénultième,  comme  dans  plaie,  de  plaga. 

131.  Il  faut  de  même  opter  pour,  le  nef  on  pour  la  nève ,  à  moins  qu'on  ne 
préfère,  7«  née  {an  Vàtia  navej.  La  nef,  forme  essentiellement  masculine,  est 
tout  aussi  intolérable  que  le  serait ,  la  chef,  pour ,  le  chef. 

132.  Tribu,  comme  vertu,  devra  prendre  aussi  la  marque  du  féminin,  et 
s'écrire,  tribue.  Néanmoins ,  comme  l'e  muet ,  ainsi  placé  à  la  suite  d'une  voyelle, 
ne  compte  plus  comme  autrefois  pour  une  syllabe  dans  les  vers ,  et  qu'il  présente 
alors ,  d'après  les  lois  de  la  poétique  moderne ,  des  dilîicultés  presque  insur- 
montables, nous  ne  voudrions  pas  dépouiller  le  poète  de  ce  dernier  lambeau  d'un 
privilège  qui  a  été  si  étendu  ;  nous  lui  permettrions  volontiers  de  le  supprimer, 
s'il  n'aimait  mieux  le  remplacer  par  une  apostrophe,  à  la  façon  des  Allemands, 
comme  dans  grand'  mère .' 


Théorie  du  genre.  De  quelques  «Domaties  orlbogr.        30 

Hemarque.  Oti,  pliilAt,  pnlMqiron  en  »Mt  venH  Junqu'k  l«  Rappriffl«>r  toHt  à  fuit  4aiM  la 
l.ioiioiiciiition,  lorMCiu'il  ettt  nirinl  iirécmlë  d'une  nuire  voyrllv  ,  ponrquol ,  à»  ■•Ment  oA  II 
Il  iiiructu  iiiillvineiit  l'oreille,  pourqtioi  lui  iiitcriilre  loul  nccèit  dun»  le  corpn  dea  ver»,  k  HMln» 
i|u'ii  iw  Huit  MUieiié  devant  un  mut  conuneiiçaul  par  une  voyell*,  nln  de  aonfrir  élialonf  — 
NuM  verH  nioUerneH  ne  ttoiit-iU  donc  fait»  <iue  pour  le»  yenxf  Certe*.  la  1«1  qui  proarrit 
iilnni  de.H  arntaiueH  dt-  ««iib.HUuitifii  en  ée ,  le  ,  ue ,  ont,  oie,  eue  ,  aana  parler  d'une  multi- 
tude lie  verbe.H  en  ^fr\  ier,  oufr,  uer  ,  (|hI  ae  terminent  de  giAaie  par  ee  ,  ir  ,  ue  ,  oue , 
ilHn<4  plnsifurN  de  leura  temps,  eat  une  loi  «baurdo.  Il  e«t  abanrde  de  conaidérer  romaM 
faux  les  deux  vers  xnlvanl.i ,  parce  qu'il  aérait  inpoaaible  «■  p«èle  ë'éllder  l'#  anet  Inal 
(IfM  mot;»  Joie  et  n-le  : 

Et  qui  reroplarera  lea  Jo<ef  d«  la  famille? 

Prenez  garde!  le  nort  du  Taaae  crie  vengeance. 
ViliulroMM  la  supercherie  dont  an  nae  quelquefoia,  ponr  délivrer  iea  yeux  de  aa  prèaencr, 
<-ii  le  dlM.sluiuIant  derrière  an   accent  circonilexe ,    dans  dea   mola  tela  que,  dèrouement . 
l'avouerai.  Je  louerai, Je  Jouerai,  qu'on  écrit:  dteoùmeni,  J'avoùral,  ie  loiral.Je  Jofiraé  ! 

S'il  vient ,  il  patra  cfaer  un  al  aenaible  outrage. 

Toutefois ,  par  crainte  de  l'abna,  Je  voudrais  que  le  poète  ne  pAt  profiter  d'nne  telle  licence 
que  dans  certains  cas  où  l'élislun  de  le  muet  est  matériellement  imposailile   et  oh  l'exprca- 
sioh  dont  cet  e  fait  partie  ne  ?<:tiir;<it    ?trf    rfiiipliuéf    par    iiite    iiii-lll.-tiri- ,  rommc  dati"<   Iea 
•lieux  vera  cités  plus  haut. 

133.  CeU  dit,  revenons  k  nos  monos.syilabcs.  Commont  de  tiU  ih>t-oo  (kit 
■oIfT  Nos  pères  «écrivaient  xoit  ou  soi,  et'  proiii)nç;iicnt  .simplement  tàt ,  sann 
aucune  crainte  de  voir  ce  mot  se  confondre  avec  .soi,  fîd».  Fiiiemple  : 

Dois-tu  crier  :  appelé  !  nppeli-  ' 

Le  cuir  trousse  derrière  toi  : 

N'est  pas  merveille  se  t'as  soi    f /.u  <  nm  r  iiu  t  rrU 

Quel  inconvénient  y  aurait-il  donc  à  imiter  leur  prononciation,  et  à  écrire  «o/t* , 
avec  la  maniue  du  féminin?  Un  très-grand,  dini-t-on.  La  confusion  de  ce  mot 
avec  soie,  >Sfibf;  soie,  SBorftc  ;  soie,  .'çdar;  soie,  'Hw^ti ,  etc.  Mais  >oilà  déjà 
pas  mal  de  confusion,  à  en  juger  par  cette  nomenclature  allemande,  l'n  de  plas 
ou  un  de  moins,  (lu'importc  cela?  Mais  la  conservation  de  l/cst  nécessaire;  car 
elle  imprime  aux  lèvres  un  mouvement  particulier  qui  est  le  caractère  de  ce  mot. 
Kh  bien!  disons,  le  soif,  comme  les  .Vllemands  disent,  brr  î'urft.  Cela  serait 
d'autant  |)lus  raisonnable,  «|u't>n  dit  souvent  de  deux  époux  sans  bien:  c'est  le; 
faim  et  la  soif.  Il  serait  mieux  de  dire:  c'est  la  faime  eHe  soif,  i,i  femme  et  le  mari. 

134.  Soif  fs\  aujourd'hui  le  seul  mot  de  cette   terminaison.  Autrefois  nous 

•iMiMis  naif  (Ac  nire)  qui  est  devenu  neige,  à  la  longue.  Exemple: 

Par  mescbief  recul  en  la  boncbe 

l'n  poi  de  nulf  {\n\  fut  tant  douce 

Que  ce  bel  enfant  en  roncui , 

D'un  aeul  petit  que  Je  recui.  (L'Enfant  qui  fut  remit  au  —l«U.) 

135.  Vole,  pour  ifoir,  se  confondrait,  dira-t-on.  avec  voie,  chemin  (ISta). 

Toujours  cette  crainte  puérile.   Toujours   ce   besoin  de  distinguer,  qui,  chei   les 
faiseurs  de  grammaires ,  est  devenu  une  véritable  manie.   Ils  oublient  .sans  cesse 
les  droits  du  calembour.  Mais  alors  pourquoi  ne  pas  distinguer  aussi,  par  quelque 
signe  sensible,  rtf»',  ^^ftt)ffrn  ,  de  /f/,  'Sommer;   port,  S^artix,  de  r^rf  .  traç^tn; 
de  port,  .îraïKlo^n  ;  déport,  2?ri(t^Jcrtc  ;    de  port,  iVrad>t;  de 
apport,  38u»sJ  ;  de /wrf .  îajl;  do  port.  Wtbtraanç^;  de />orf ,  (- 
itn  ju   trOi^n)  ;   de  port,  ^affung  ;  de  port,    ©e  jîalt ,    etc.?   l'.mrii 
di.stinguer  Airn,    ^ut  ,    de    bien   signiliant.    ^^f fie .    SBc^l ,  ®crtbci( ,   : 
8leid)tt)um  ,   ISliirf  ,  2aubi<ut,  ®run^iinrf,  febr,  niti.  flarf,  bubfd»,  fcinti 
Pourquoi    ue  pas  distinguer  iMf#''»r< ,  âJortbril ,  9iu(rn  ,  de  intérêt .  dans   1 
vers   sens   de    'Mntbfit.    ibcilnabme.îb'if-    ^«né,  etc.?  La   langue   esi 
pleine  de  mots  qui  sonnent  identiquement  à  l'oreille  ou  qui  affectent  l'oeil  égale- 


40  La   grammaire   française  simplifiée. 

ment,  sans  aucun  danger  de  confusion  pour  l'intelligence.  Personne  ne  sera  assez 
stupide  pour  ne  pas  distinguer  le  sens  de  chacune  de  ces  deux  phrases  :  J'ai 
été  à  la  campagne;  —  j'ai  passé  l'été  à  la  campagne.  —  L'équivoque  ne 
résulte  pas  de  la  ressemblance  des  mots,  mais  de  la  place  qu'ils  occupent  dans 
le  discours.  Exemples  : 

—  Eh  bien,  dis-moi ,  couinieiit  ferais-lu  pour  changer 

L'ordre  des  saisons!?  —  Belle  affaire! 
J'aurais  soin  de  donner  des  thés  l'hiver  ,  mon  père  ; 
Pour  que  l'hiver  ainsi  fût  la  saison  d'été  (des  thés). 

(L'Auteur  et  non  Livre.) 

—  Quels  gont  ceux  qui  vivent  cent  uns  (sims  temps)  ? 

—  Ceux  qui  savent  tuer  le  temps.  (ihid.) 

—  Parmi  tant  de  chanteurs  qu'on  choie  et  qu'on  honore, 

Quel  est  celui  qui  de  sa  voix 
Fait  le  mieux  ce  qu'il  veut,  comme  moi  de  ma  lyre''? 

—  C'est  votre  pâtis.sier,  je  crois, 
Qui  sait  faire  jusqu'à  des  biscuits  de  Savoie  (de  sa  voix),  (ibid.) 

Les  différences  d'orthographe  ne  détruisent  pas  l'équivoque  pour  l'oreille.  Mais  il 
semble  aux  grammairiens  qu'on 'lit  toujours  et  qu'on  ne  parle  jamais. 

-   Il  a   la  voie  belle ,  et  il  a   la  voi'K  belle,  sonnent  à  l'oreille  d'une  ma- 
nière absolument  semblable. 

136.  Si  l'on  tient  tant  à  faire  quelque  chose  pour  les  yeux,  on  pourrait 
écrire  voge,  avec  un  y,  comme  sou  dérivé  voyelle;  ce  qui  donnerait  à  ce  mot 
bien  plus  d'ampleur  et  d'harmonie.  Les  grammairiens,  en  portant  le  marteau  sur 
l'y  si  sonore,  dans  des  mots  tels  que  paye,  payement,  etc. ,  pour  le  remplacer  par 
cet  i  fêlé ,  qui  est  en  si  grande  faveur  auprès  d'eux ,  ont-il  rendu  service  à  la 
langue?  Sûrement,  Victor  Hugo  n'entend  pas  qu'on  prononce  égayé,  bégaye,  dans 
les  vers  suivants  : 

L'idée  auguste  qui  Végaye 
À  cette  heure  encore  bégaye, 

comme  s'il  faisait  rimer  ces  mots  avec  baie;  car  alors,  indubitablement,  il  écri- 
rait e;^«<e,  bégaie.  C'est  donc  un  peu  comme  s'il  y  avait  -éïe ,  résonnance  vrai- 
ment féminine,  qu'il  faut  que  l'on  prononce,  et  non  pas  -é,  son  sec  et  bref,  dési- 
nence toute  masculine.  Voye ,  Sttmme ,  devrait  de  même  sonner  un  peu  comme 
s'il  y  avait  voiie;  ce  qui  pourrait  servir  à  le  distinguer  de  voie ,  chemin, 

137.  Puis,  comment  justifier  la  présence  de  l'a;  dans  le  mot  voix,  qui  ne 
vient  pas  du  latin  vox ,  mais,  par  syncope,  comme  il  a  été  dit,  de  l'ablatif  t'oce. 
La  pénultième  disparait,  comme  dans  pie,  depica,  baie,  de  bacca  ;  l'o  se  con- 
tracte en  oi,  comme  dans  foi,  de  foco;  et  le  mot  voie  est  fait.  Si  non,  pour 
être  conséquent,  il  faudrait  dire:  voixielle ,  ou  voizielle ,  et  non  pas  voyelle. 

138.  De  noi:x  on  aurait  de  même  noixler  ou  noisier ,  noixiau  ou  noisiau, 
au  lieu  de  noyer,  noyau,  qui  ne  peuvent  dériver  que  de  noie,  dont  la  transfor- 
mation en  noix  a  donné  noisette ,  au  lieu  de  noyette. 

139.  La  génération  de  ces  mots ,  telle  que  nous  l'indiquons  ici  est  prouvée 
par  la  forme  primitive  et  régulière  d&  fois ,  qui  était  voie,  de  vice,  comme  on 
l'a  vu  plus' haut,  n''  125,  p.  37. 

140.  Remarques  rétrospectives.  1**  L'a  des  pénultièmes  syllabes  latines  se  changeait 
généralement  en  ai,  qui  k  la  longue  devenait  quelquefois  é;  d'où  les  mots  gré,  pré,  als , 
cléc,  plaie,  etc.,  de  grato ,  prato  ,  axe,  clave,  plaça,  etc. 

141.  2"  e,  i,  0,  u,  se  contractaient  généralement  en  oi,  devant  certaines  consonnes, 
telles  que  c ,  d,  t,  g ,  etc.;  d'où  les  mots  roi,  loie ,  toit,  poil,  doigt,  froid,  foie,  voie, 
gaulois,  foî,  bois,  voie,  noie,  etc.,  de  i^ege ,  lege  ytitcto ,  pilo ,  àigito,  frlgldo,  fide, 
vice,  gallico,  foco,  bosco ,  voce,  nuve ,  etc, 


Théorie    du    ((«Mur.    Itp    (|  ii  p  I  q  ii  «*.%   anomalie»    nrtho|{i-.  ^| 

l^S.  ''"  ^'<"*  vuyt-tlfH,  aliir«l  |)lai;é)-h  ilrvnnt  île»  ronNoiinm  qu'on  ne  pr«n*n^ail  |Mifl^ 
iliilKHitiiil  en  (t'y  liiMirtHnl  imip  Horl<<  it>-  '«>ii  réll* rbi  rt  ilonblf,  qnl,  Mflon  Im  natarr  4« 
it'H  f'onsunne.H ,  formait  »( ,  or ,  ou  ,  ul ,  ru  ,  fie.  ,  i|He  l'ini  ronfondall  fréquenBiesl.  Nm 
voyelIcH  nn.Hitle.s  /i/i .  in  .  nn  ,  mu,  n*  MonI  pnH  Niitrc  rbo*f  (|n'nn  «un  viif««  M  tiMieltt , 
qui  prononi^tS  nwc  une  Hortn  do  niolleaiir,  nr  lUWrnlt  Rwérr  drw  nonn  prvcMtnto.  Mon, 
ton,  ton,  Hunnaient  |>r<^qu)'  coiniu*»  mou.  Ion,  non.  Qiitiin  ,  tiirn* ,  on  cnn»,  i4giillalrflt 
iite  (couito). 

143.  Voie  (Ml  voyt' ,  noie  ou  noyé,  au  lit'U  de  rou  ,  nnu  ,  mmiI  dt>in'  les 
tonnes  jiriuiitivps  «>l  it'jçuliùrcs.  —  Croix,  poix,  pnlm  <  prr<lrl%,  dtii- 

vés  des  ablatifs  latins  cruce,  pice,  pace ,  perdive,  donnent  lieu  auï  nu-nie.H  olisn- 
vations.  Nos  pèios  aurairnl  dit  perdwie.  Les  formes  perdrix  om  perdrie'à'xsvuX 
assez  la  jeunesse  de  ce  mot. 

144.  Pour  ee  qui  est  de  l'j  ,  m  on  I  admet  loninie  finale  étyinologiqur . 
dans  ces  noms,  eomuicnt  ose-l-on  l'oxelure  des  mots  analogues  fittt y  lot,  èrebii, 
iourii  ,  nuit,  dérivés  du  lutin  cix,  (ex,  berbiXf  sorex .  nox? 

145.  R^ii'tirquf».  1"  .MhI.s  encore  une  folit,  c'eat  )■(•  l'atilatir  <■(  nun  pa»  tfn  ooaii- 
natif  ilfs  Latins  qiu>  .sont  formés  les  substantifs  français.  Ce  qui  le  prouvir  «-nror»' ,  t>>l 
le  retour  do  la  pénulticmo  de  l'ablatif  dans  les  dérivés;  tels  que  :  murtceau ,  tourirof  , 
.inurif-ifre  ,  inuclfler  ,  crucifix ,  vocal ,  vocatinittlon ,  rlcIuHude  ,  pacifier  ,  IryUlallon  , 
nocturne  ,  etc.  Certeii,  ricginai,  ne  vient  pna  de  vér§o,  nais  de  cinjine.  Vierge  ,  image, 
multilude  .  ne  Hont  que  des  abbrévialions  de  cinjine  ,  I  muge  ne ,  muililudine ,  qal  «ont  le* 
''>rmes  primitives  adoptées  par  nos  pères,  comme  l'indiquent  ces  exemples: 

I  virgine  croit,  de  foit  (pdej  fonxoil  Diigtnt;  clrglne  enfautet,  e  virgime  penMiot. 

(Saint  BemardJ 

L«  Il  W)  M  est  Vimagene  dej  ptr.  (tdj 

£  avez  grand  multitudine  de  gens  o  yntla  de  or.  (id.) 

'2*  Le  mot  origine  s'est  conservé  Jusqu'il  nocs  dans  tonte  son  intégrité. 

30  Si  les  substantifs  français  venaient  dn  nominatif  latin  ,  pourquoi  dirait-on  iSinm, 
Cicèron  ,  Cutnn  ,  légion,  stigmate,  etc.,  au  lieu  de  .Véro.  dcêro.  Cnto.  lêgio,  $tigme,etc,f 

4*  En  veut-on  de  nouvelles  preuves V  —  Si  boeuf  venait  dn  nominatif  ko*,  appa- 
remment qu'on  eût  écrit  bi)eu.-< ,  an  lieu  de  boeut;  d'autant  plus  qu'on  a  tant  de  yeine  à 
prononcer  celte  f  finale,  devant  un  mot  qui  commence  par  une  consonne!  Certes,  nos  an- 
titres  ne  lui  auraient  pas  .sacriâé  l's ,  dont  l'usag*-  allait  Jusqu'à  l'abus;  taat  les  Maisen* 
qu'elle  procurait  étaient  douces  à  leur  oreille!  En  elfet ,  supprimez  l'e  de  Iwpt ,  vons 


'•oc,  puis  bof,  après  le  cbaugoment  nécessaire  du  v  en  f,  à  la    tin  des  nota;  pais  ètmft 

ir  une  inrlexion  de  l'o ,  aussi  commune  en  français  qu'en  allemand,  où  les  vsyelles  •  «t 

■t  deviennent  si  souvent  oe ,  ae.  Oeuf,  de  l'ablatif  oro ,  s'est  fbrmé  de  la  aènie  maniire. 

146.  L'x  des  mots  voix,  noix,  croix,  poix,  paix,  penirix,  etc.,  n'a  doM 
aucune  raison  d'être.  Mais,  si  on  peut  la  remplacer  par  l'e  muet  daos  ro<x  et 
noix,  il  n'en  est  pas  de  même  par  rapport  à  croix,  poix,  paix ,  é'oà  l'oB  a 
fait  depuis  croisitdqn  ,  a-oiser  ,  poisser  ,  appuiser  ,  etc.  ;  et  ici  la  chaîne  de  l'aïui- 
logie  est  rompue.  Éciirons-nous,  d'une  manière  plus  musicale,  la  croise,  la  po<M«f 
la  paise ,  par  la  même  analogie  que  noiaf ,  ardoise,  angoisse,  paroisse,  fbmwttmty 
ci/maise ,  de  iioxia  ,  ardosi't,  angoscia,  parochia ,  fbruare,  vgmatio*  Ou  fdfOM 
nous  ces  noms  du  genre  masculin  comme  en  allemand,  en  les  écrivant  croU, 
pois,  pais  ,  avec  une  «  simule ,  comme  ais  et  dais  ,  de  axe.  J'opte  pour,  te  crois. 
Ce  signe  triomphant  nest-il  pas  digne  des  honneurs  du  masculin  ?  comme  dirait 
>I.  Braconnier.  Sans  doute,  cela  choquerait  l'oreille  au  premier  moment,  mais  fl 
ne  faudrait  pas  huit  jours  pour  Vy  accoutumer,  et  ce  serait  un  grand  pas  de  fait 
vers  l'ordre.  Si  quelqu'un  s'avisaiVdc  dire  aujourd'hui:  La  doulenr  est  mas  poi- 
son ,  011  se    r.'i'rjpfiiit    snns  doute.    Ceiiendant  ee   u\n\   i^»  'i'    •"••'nini"    -l"    lemps  de 


-)  Qu'on  remarque  l'orthograph*  de  /Il  et  de  ftr,  penr  / 


42  La   grammaire  française   simplifiée,' 

Malherbe.  Crétin  (dans  son  Chant  Royal) ,  Ronsard  (dans  une  de  ses  élégies) , 
Belleau  (dans  la  première  journée  de  sa  Bergerie) ,  Desportes  (dans  sa  seconde 
élégie)  l'ont  tous  employé  comme  féminin.  Comment  a-t-on  fait  pour  s'en  désha- 
bituer? Quelqu'un  a  dit: 

Quand  l'usage  est  absurde ,  il  faut  le  corriger. 

147.  En  même  temps,  la  poix  deviendrait  la  poisse,  forme  beaucoup  plus 
convenable  pour  ce  mot.  Paise,  au  lieu  de  paix  ou  pais  ,  ferait  cesser  une  équi- 
voque indécente,  qui  ne  se  reproduit  que  trop  souvent  ;  d'autant  plus  que  l'oreille 
doit  être  accoutumée  à  ce  son,  par  suite  des  liaisons  ;  comme  dans  cette  phrase: 
la  paix  est  faite. 

148.  Perdri ,  masculin  sans  x ,  serait  plus  régulier  que  perdrie ,  fémi- 
nin à  cause  de  son  diminutif  masculin  perdreau. 

149.  L's  des  mots  souris,  brebis ,  fois j  n'est  pas  mieux  justifiée  que  Vx 
des  mots  perdrix ,  paix  (et  même  faix ,  de  fasce}  ,  etc. ,  et  ne  peut  y  avoir  été 
mise  que  pour  l'euphonie,  de  même  qu'à  la  lin  des  mots  Charles,  François , 
corps,  temps,  fils  ,  fourmis,  uns,  je  crois ,  je  vois  ,  etc. 

150.  Souri ,  masculin  comme  sorice ,  d'oii  il  dérive ,  serait  parfaitement 
régulier,  et  présenterait  une  certaine  analogie  avec  «me,  de  amico  ;  le  c  primitif 
reparaissant  dans  les  dérivés  de  l'un  et  de  l'autre:  amical,  souriceau,  souricière. 
Eu  outre,  il  n'y  a  point  d'harmonie  entre  souris ,  féminin,  et  souriceau,  mascu- 
lin. Dans  ce  cas ,  le  diminutif  devrait  être  souricelle. 

151.  Les  grammairiens  auraient  bien  dû  faire  fois  du  masculin ,  comme  le 
fOîaf  allemand;  n'eût-ce  été  que  pour  le  distinguer  encore  plus  de  foi,  ©faube. 

152.  Nous  fondant  sur  l'analogie  des  mots  test  et  têt,  de  testa,  nous  vou- 
drions aussi  que  fore?,  du  bas  latin  foresta,  devint  masculin,  comme  son  équi- 
valent allemand,  htt  SBalb.  (Voir  p.  85,  n»  116,  v.  7.) 

153.  Part,  de  parte,  deviendra  tôt  ou  tard  masculin, comme  son  analogue 
art,  de  arte ,  le  quel  était  également  féminin  autrefois,  d'après  l'étymologie. 

154.  Puisqu'on  dit  le  sort,  du  latin  sorte,  on  aurait  dû  dire  le  mort, 
du  latin  morte,  comme  on  dit  en  allemand,  ber  Xob,  et  non  pas  btc  %ob.  On  m'ob- 
jectera que  la  personnification  trop  connue  de  l'être  que  représente  ce  mot  s'y 
oppose.  Mais  pourquoi  serions-nous  plus  difficiles  que  les  Allemands  ?  Au  lieu 
de,  la  Camarde ,  ce  serait,  le  Camard ,  voilà  tout.  Puis  n'est-il  pas  étrange  de 
mettre  une  faux  aux  mains  d'une  femme?  L'antithèse  exige  aussi  le  masculin, 
afin   qu'on   puisse  dire  avec  plus  de  raison  ,  Marier  le  mort  avec  la  vie. 

155.  Le  mot  cour,  de  corte ,  devrait  aussi  être  masculin,  selon  sa  forme 
toute  masculine ,  comme  son  équivalent  allemand ,  ber  .§>of.  On  commencera  par 
rétablir  du  moins  le  t  final,  en  écrivant  court,  comme  faisaient  nos  pères,  à 
cause  des  dérivés  courtiser,  courtisan.  (Voir  le  n"  107,  p.  38.) 

156.  II  faudra  de  même  opter  entre  le  tour  ou  la  toure ,  du  latin  turri. 
(Voir  p.  27,  n»  85.) 

157.  Quelle  est  l'étymologie  du  mot  liart,  qu'on  faisait  masculin  réguliè- 
rement du  temps  de Marot  (il.  sent  le  hart)  et  qu'on  fait  aujourd'hui  féminin?  On 
me  répond:  le  mot  celtique  ère,  lien  ,  ou  le  verbe  latin  haerere ,  être  attaché. 
J'y  consens.  Mais  alors  pourquoi  hart  avec  un  t  final ,  forme  masculine ,  au  lieu 
de  hare,  forme  féminine?  Pour  moi,  je  suis  de  l'avis  de  Marot. 


Théorie   du    pr'^nrr.    Dr   quolqucs   »nnmalii>s   orthogr.       43 

158.  Poiir(|iioi  dent ,  inascnliii  eu  latin  C'If'tf)  >  <'Ht-il  devenu  frinhiiii  rn 
françnr.s?  Pnr  un  caiiricc  aussi  hi/.arre  que  t-elui  «lui  faisait  naguère  affaire  ,  in- 
sulte, renrontn- ,  du  masculin.  Que  ce  nom  «oit  de  nu^nie  ramené  à  »on  genrr 
priniiiit' ,  ainsi  que  iiaroi  «  du  latin  parifte ,  et  Kla«  du  latin  glutine.  Il  n'en 
(■()rnvs|i()udra  (|u(>  niicux  à  l'alleinand  brr  ^«(^n,  à  l'italien,  H  dente ,  et  »  son 
diminutif  masculin  deutit-Ht. 

\ô\i.  U(*nt ,  (le  ffftte ,  ft'minin  contrairement  à  sa  forme,  fait  aussi,  arce 
Juiii«*nt,  une  fficlicuse  exception  parmi  les  substantifs  en  un  et  (>n,  tous  misev- 
lins.  Il  ferait  bien  de  se  changer  eu  yeanre  ,  mot  plus  harmonieux  fl  plo.t  fran- 
çais. Nous  avons  déjà  myeunce  comme  terme  de  dénigrement. 

16(^  Jumenlum  ,  neutre  en  latin ,  ne  signilic  pas  cavale ,  nais  bête  de 
nomme.  Kn  l'employant  au  féminin  en  français  ituur  désigner  la  femeUe  du  che- 
val ,  on  a  établi  une  fâcheuse  exception  parmi  les  noms  de  cette  terminaison.  Je 
n'y    vois    point  d'autre   remède   que   de   restituer  à  ce  mot  «a  »•'  n  et  son 

genre  primitifs,  en  cessant  d'en  faire   un  synonyme  de  carate.  d'autant 

mieux  ,  que  nous  man(|uons  d'un  mot  simple  pour  exprimer  lidri'  ilc  h^te  de 
tomme.  On  pourrait  dire  alors ,  dans  ce  dernier  sens ,  charyif  comme  un  jument. 

161.  Mer  vient  de  mare.  Pourquoi  ce  mot,  neutre  en  latin  et  en  alle- 
mand, masculin  en  italien,  n'est-il  pas  masculin  en  français,  conformément  à  son 
orthographe  et  à  son  ctymologie?  S'il  est  vrai  (|ue  le  genre  nia.sculiu  contienne 
surtout  à  ce  qui  est  grand.  MM.  Hescherellc ,  partisans  fanatiques  de  la  méthode 
Braconnier,  ne  pourront  manquer  de  voir  là  un  exemple  de  masculinité  .sublime. 
Les  locutions,  yayner  le  larye  ,  prendre  le  larye ,  c'est  à  dire,  le  larye  mer 
( iiUum  mure),  justitient  pleinement  cette  masculinités  Pui.s,  comment  les  gram- 
mairiens n'ont-ils  uas  tenu  davantage  à  distinguer  mer  de  mère  'f  Lu  mer  de  .Saie. 
n'a-t-il  rien  qui  cnoque  leur  goût  et  leur  odorat  ? 

162.  Il  t'audra  de  même  en  venir  à  dire  le  mHmtr  (de  camejyea  allemand, 

baS  tfltifrf)  ;  ne  serait-ce  (|ue  pour  je  distinguer  de  chaire,  cathedra,  ce  qui  ne 
|ieut  manquer  de  faire  plaisir  aux  grammairiens,  toujours  tourmentés  du  besoin 
de  distinguer. 

163.  On  écrira  désormais  eulllèreet  non  cmUery  d«te  et  non  pas  dot. 

164.  L'Académie  écrit  béchamel ,  tout  en  donuant  ce  nom  comme  féminiu  ; 
mais  plusieurs  écrivent  béch»nielle ,  et  ils  ont  raison. 

165.  La  toux  (de  tnssi) ,  forme  bizarre  et  sourde ,  qui  joue  si  slogulière- 
ment  avec  la  toue  (baé  Çd^rbect)  et  Vatotit  (îrumpf),  sans  que  je  veuille  con- 
damner cette  ressemblance,  devrait  devenir  la  tousse,  mot  plus  musical  et  pins 
conforme  à  son  origine.  On  disait  autrefois  la  touse  ou  la  teuse. 

Maiit  Hinsi  m'engciisf  la  luuitf. 

166.  La  vis  pniirniit  de  niAnie  .  s^tiis  ininintMiifiii  ,  devenir  la  vUeê. 

167.  La  «haux  (de  calcej  deviendra  U  chéute. 

168.  Faux  pour  faulJT,  dit  Landais,  est  un  barbari.sme.  Et  comment  cela. 
s'il  vous  Hait?  Nos  pères  écrivaient  faij-  et  prononçaient  faux,  puisque  pour 
eux  ai  n'était  pas  différent  de  au.  Ij  se  trouve  remplacée  par  «,  voUà  towL 
Écrire  fuuLr  ,  comme  l'ordonne  Napoléon  Landais ,  c'est  supposer  qae  dos  p4rM 
écrivaient  falLr  avec  deux  II.  Faue ,  syncope  de  lablatif  faire  y  forme  féniaiMv 
devrait  être  la  seule  orthographe  convenable. 


44  La    gr /m  maire   française    simplifiée. 

169.  Peau  (de  pellej  autrefois  pel^  devrait  prendre  un  e  muet  à  la  fin, 
comme  marque  du  féminin,  ou  plutôt  devenir  masculin,  comme  son  analogue  val, 
qui,  féminin  autrefois,  comme  on  le  voit  dans  val  ancienne  ou  val  antive ,  a  été 
conduit  à  changer  de  genre ,  à  cause  de  sa  terminaison  toute  masculine.  La  cer- 
vel,  est  ainsi  devenu,  le  cerveau. 

170.  Eau,  contraction  du  latin  aqua ,  devrait  s'écrire  aiie ,  et  non  pas  eau 
qui  ne  peut  être  que  la  contraction  de  et.  L'étymologie  de  ce  mot  n'est  pas  plus 
douteuse  que  celle  du  précédent.  En  voici  les  métamorphoses  successives.  D'abord 
aqua  y  qu'on  prononçait  à  pleine  bouche  acotia ,  puis  aûcotia ,  puis  aûga ,  puis 
auf/ue  et  rt/^rwé;  (d'où  les  noms  propres  Cliuudes-Aigues ,  Entraigiies ,  Aigueperse, 
qui  signifie  aiie  verte),  par  le  changement  de  l'a  final  en  e  muet  ;  puis  aïœ  (aoue) 
par  la  suppression  de  la  consonne,  et  qu'on  prononce  maintenant  aue.  C'est  ainsi 
que  du  mot  auguato  (aougotisto)  on  a  d'abord  fait  aUgtiat,  puis  aiigout,  puis  aûoût, 
puis  août,  puis  enfin,  dans  la  prononciation,  mt ;  tant  la  langue  française  in- 
cline à  abréger  les  mots ,  à  les  resserrer ,  au  risque  parfois  de  les  estropier  et 
d'effacer  jusqu'à  leur  caractère  essentiel! 

Remarque.  M«is,  comme  il  résulte  de  l'orthographe  régulière  de  ce  mot  aue  la  même 
difficulté  presque  insurmontable  pour  la  versification  dont  nous  avons  parlé  plus  haut 
n«  132,  p.  39,  le  poète  aurait  le  privilège  de  supprimer  Te  final;  ce  mot  étant  de  ceux  qui 
reviennent  le  plus  fréquemment  dans  la  poésie ,  on  de  le  considérer  comme  nul ,  dans  le 
corps  du  vers.  Dans  tous  les  cas,  la  suppression  de  l'e  initial,  qui  rappelé  la  syllabe  el , 
est  indispensable.  Au  lieu  de  aue ,  on  a  dit  autre  fois  aive  ,  ève. 

.Ne  n'i  ot  aive  se  du  ciel  ne  chaï.  (Garin.) 
Il  n'y  eut  jamais  d'eau  si  non  qu'elle  tombât  du  ciel. 

Le  dame  ouvri  l'uu  des  escrins  (coffres ,  de  scrinium)  : 

Amis,  ne  solex  esbaliis; 

Cest  mort  en  Veve  me  portez  , 

Si  m'aurez  mult  servi  a  gre.  (Le  t'abîma  des  Trois  Bossus.) 

171.  On  écrira  désormais  l'aiirès-miclie  ,  par  la  même  analogie  qu'on 
écrit  Yaprès-àîne'e ,  Vaprès-soupe'e.  Je  vous  ai  attendu  toute  Yaprès-midie. 

Remarque.  Il  ne  manquerait  plus  que  d'écrire  après-midie  comme  après- 
dînée,  dit  un  grammairien.  Eh  bien!  le  voil*  écrit.  Pourquoi?  Parce  que  V après- 
midie,  Vaprès-dinée ,  Vaprès-soupée  ,  emportent  l'idée  féminine  de  durée  continue 
et  divisible;  tout,  comme  la  soire'e ,  la  matinée,  la  journée,  Vannée,  que  per- 
sonne ne  confondra  avec  le  soir,  le  matin,  le  jour ,  l'an. 

172.  On  écrira  de  même  la  nicrcie ,  la  perle ,  la  Itourie ,  confor- 
mément au  génie  de  la  langue. 

173.  Les  Allemands  traduisent  qualité,  par  .Ouatttat,  du  latin  qualitate  ; 
nouvelle  preuve  en  faveur  de  l'ablatif  comme  générateur  immédiat  des  substan- 
tifs français.  Qualité  n'est,  en  effet,  qu'une  abbréviation  de  qualitate,  par  lu 
suppression  de  la  consonne  pénultième.  Nos  ancêtres  disaient  bonteit ,  verginiteit, 
umaniteit ,  nativiteit ,  etc.  ,  i)ar  le  changement  de  Va  en  ei  ou  ai ,  comme  en  alle- 
mand. Ils  négligeaient  l'e  final  du  latin ,  parce  qu'il  eût  rendu  nécessaire  la 
prononciation  du  t,  ce  qui  répugnait  à  leurs  habitudes  de  mollesse  et  de  non- 
chalance. 

La  voleuteit  est  l'oyvre  de  salveteit,  C^.  Bernard.} 

Pur  cest  honur  et  pivr  ceste  bontet 

Li  num  joiuse  a  l'espee  fa  dunet.  (La  chanson  de  Roland.) 


L'e  muet  final  reparut  après  la  suppression  du  t,  comme  marque  distinctive 
du  féminin  de  ces  mots  ;  mais  les  poètes ,  ne  pouvant  s'-en  accommoder ,  à  cause 
des  difficultés  presque  insurmontables  qu'il  présente  dans  la  versification  (voir 
page  39 ,  n"  138) ,  ne  tardèrent  pas  à  le  rejeter  de  toute  cette  nombreuse  série 
de  mots  en  té,  qui  reviennent  si  souvent  dans  la  poésie;  de  même  qu'ils  l'avaient 
rejeté  des  imparfaits  i'aimoie,  i'aUoie,  je  fesoie ,  etc,  (Voir  p.  37,  n"  183.) 


Théorie  du   {ccurc.   De  quelqicii  «nnmiillri  orthogr.        ^ 

LV  muet  litiiil  s'est  conserv*''  <t:>ii«  \i'*  noniH  d'objets  purement  matériels, 
It'ls  nw  iett'e  ,    ansiettée  ,   pott^e ,  .    pâtée  y  jatti'r ,  etc.,  a|i|»aremmeal 

|i.irf(>  qu'ils  se  sont  trouvés   plus    i  HOfs  la  plume  du   poète;  cet  mot» 

Unit  moins  poéliques  de  leur  nnturo. 

(:e]>cndaul  la  terminaison  té ,  sou  sec  et  dur,  n'a  rien  de  la  mollesse  propre 
,1  In  forme  féliiiniae,  qui  sera  toujours  biei^  mieux  représentée  par  tée.  La  boniée. 

174.  On  devrait  dire  aussi ,  Vamitiée ,  la  plti/e. 

175.  Rtf/unn/iifs.  Rté ,  comte,  féminins  autrciois  i  ■  mi1  ,  r.  m.  ii  .  i.irf.> 
qu'ils  cuntiiMint'iit  l'idée  féminine  de  ilnrétf  et  Aéteininr,  ne  snm  1.  .  im>  n.  .  ilms 
que  par  l'effet  naUirol  de  leur  l'orme  masculine.  Vicuinté  n'est  sarn  limii»-  n->.i»-  frmi- 
nin  (fue  |)ai°co  qu'il  était  d'un  usat(i;  moins  fréquent.  Mais  II-  b<>n  s)>ns  pout-il 
s'accommoder  d'une  telle  contradiction '^  Peut-on  dire,  \e.  fJomté  tte  ChampMHf, 
cl  la  Fi-ttncUe-Cointé Y  1/ Académie,  en  présence  de  telles  absurdité.H,  peut-elfe  »« 
liMiir  constamment  passive'/  l,e  poète  est  plus  conséquent.  Il  dit:  ///»  plun  h^iif 
comté  eut  Flmulre.  (Victor  Uuyo.) 

Ln  coniti*ss<>  Iiinbellf  «  p«rdB  »h  comté,  (là.) 

Il  dit  an.^si:  La  plus  belle  duché  est  Milan,  (id.)  Et  le  poète  a  raison;  e«r  re 
nom  était  aussi  féminin  autrefois,  ainsi  que /WrA/,  archevêché ,  à  cause  de  l'idée 
{Véteiidiie  qui  s'y  attache.  Seulement  il  faudrait  écrire,  avec  la  marque  du  fémi- 
nin, la  romtée  ,  la  ricomtée ,  ta  duchée,  l'écéchée ,  t'archeréchée  ;  en  songeant 
que ,  si  \'e  muet  n'a  pas  toujours  fleuré  dans  l'orthographe  de  ces  mots  ,  c'est 
que  nos  pères  n'y  attachaient  pas  l'idée  du  féminin  d'une  manière  aussi  précise 
que  nous  le  faisons,  et  qu'ils  s'en  servaient  plus  souvent  comme  d'une  allonge 
pour  les  besoins  de  la  rime  et  de  la  mesure.  (Noir  plus  haut,  n"  116.) 

il  serait  aussi  à  désirer  que  été  redevint  féminin  comme  son  urimitif  latin 
aestas  ,  en  s'écrivant,  par  la  même  analogie,  étée.  Vue  chaude  etée y  satisfait 
bien  mieux  l'oreille  qu'M/*  chaud  été.  Le  printemps  et  l'automne,  l'hirer  et  Vétée, 
formeraient  ainsi  une  belle  quadrille.  Puis  étée,  3ommer,  ne  .se  confondrait  plus 
avec  été ,  aouefcn;  ce  qui  devrait  faire  grand  plaisir  aux  grammairiens. 

Cdt«  )  t'xt  <S)t\tt  (du  latin  costaj  est  aussi  d'une  nature  toute  féminine. 

176.  Poui*quoi  ciboire,  prétoire,  territoire,  etc.,  avec  un  e  muet  final,  quoi- 
(|ne  masculins,  et  fleur,  couleur,  YApieur ,  douleur,  etc.,  sans  e 
muet,  quoique  féminins?  Peut-être  Ve  muet  tinal  n'a-t-il  été  rejeté  que  par  la 
crainte  de  voir  ces  mots  se  confondre  avec  ceux  en  ure:  la  froideur,  la  froi- 
dure; la  verdeur  y  la  verdure;  d'autant  plus  que  eu,  qu'on  avait  d'abord  pro- 
noncé/o<i ,  miis  éil .  ne  sonna  pas  «  la  lin  autrement  que  m,  comme  la  preuve 
en  subsiste  dans  i^fl^<'Mre/28«tte  ;  eu,  gtbabt  ;  et  dans  la  manière  dout  le  peuple 
prononce  encore  traditionnellement  les  noms  propres,  Europe,  Eugène,  Eustache. 
Alors  pourquoi  ne  pas  adopter  le  genre  de  leur  nouvelle  terminaison  ,  si  essen- 
tiellement masculine,  aussi  bien  que  our .  dont  enr  n'est  qu'une  modiiieation  :  car 
on  disait  indilïéremment  donlour  ou  douleur,  flour  ou  fleur,  etc.?  Pourquoi  ne 
pas  faire  du  masculin  tous  les  noms  en  eur ,  conformément  :i  l'étyraologie:  Ar~ 
dor ,  aror  ,  candor  ,  rolor ,  clamor  ,  dolor ,  error ,  fiiror ,  feri^or  ,  flos'*),  furàr, 
horror ,  pudor ,  splendor ,  terror,  rapor ,  etc.?  C'est  que  l.t  plupart  de  ces  noms 
sont  des  termes  abstraits,  et  que  la  féminité  sied  bien  aux  termes  abstraits,  à 
cause  de  l'idée  féminine  de  i/ualité  iiui  s'y  attache  nécessairement.  La  blancheur, 
la  rondeur,  etc.  Mais  quel  mal  y  aurait-il  :<  écrire  désormais  la  blanchemre ,  ta 
rondeure ,  etc.,  la  prononciation  de  eu  étant  désormais  bien  déterminée?  D'un 
autre  côté,  fleur,  vapeur,  couleur,  n'étant  pas  des  termes  abstraits,  pourquoi 
ne  pas  dire,  conformément  ;'i  l'analogie,  le  flei-r ,  le  vmpenr ,  te  eoutemrf  Pour- 
quoi pas  le  douleur ,  comme  le  malheur ."  yuand  on  pense  aux  noms  masculins 
acteur,  chanteur,  artilleur,  danseur,  etc.,  dont  le  féminin  est  tce  on  ease  ,  ou 
ne  peut  pas  concevoir  comment  il  y  a  des  noms  féminins  en  enr.  Que  tovt  .véri- 
table philolog  y  réfléchisse  un  moment,  et  il  sera  comme  moi  choqué  de  ce  dé««ccord. 


^)  Nonvello   preuve  en   fHvenr  de  l'ablatif.   fTtfMr  ne  ptmt  pas  reair  de  fi9t, 
flore.  Voir  p.  25,  41;  u  •  TO,  145. 


46  I^a   grammaire   française   simplifiée. 

III 

Conclusions. 

177.  Pour  ma  part,  si  je  n'adopte  pas  immédiatement  la  plupart  des  réfor- 
mes indiquées  ci-dessus,  c'est  qu'il  convient  d'en  laisser  l'initiative  aux  grands 
écrivains,  surtout  à  l'Académie  Française  et  aux  journalistes,  dont  l'exemple  sera 
bientôt  suivi  par  tout  le  monde.  L'opinion  publique  est  soeur  de  la  mode.  C'est 
dire  assez  ce  qu'elle  est  et  ce  qu'elle  vaut. 

Tout  change.  La  raison  change  aussi  de  méthode. 

Écrits,  habillements,  systèmes,  tout  est  mode.  (Racine,  fils.) 

178.  Jl  est  pourtant  quelques  unes  de  ces  réformes  dont  l'adoption  ne  sau- 
rait être  différée.  Et,  par  exemple,  je  n'hésiterai  pas  à  rejeter,  des  noms  mascu- 
lins, avec  une  inflexible  rigueur,  toute  finale  féminine  dont  la  présence  ne  serait 
pas  suffisamment  justifiée.  Il  faut  que  tout  ce  qui  s'est  glissé  d'impur  dans  la 
langue  disparaisse.  C'est  pourquoi  j'écrirai:  apogé,  caducé y  camé,  maiisolé , 
trophé ,  amphibi ,  foi ,  ckrt/socal ,  fossil ,  hil ,  consistoir ,  directoir ,  oratoir ,  am- 
moniac ,  clac,  tombac,  etc.,  et  non  pas:  apogée,  caducée,  camée,  mausolée, 
trophée,  amphibie,  foie,  chn/socale ,  fossile,  hile ,  consistoire,  directoire,  ora- 
toire, ammoniaque,  claque,  tomboque ,  etc.;  réservant  cette  dernière  terminai- 
son pour  les  substantifs  féminins.  J'écrirai  au  masculin  tricolor ,  illusoir ,  tran- 
quil ,  critic ,  etc.,  et  au  féminin  tricolore,  illusoire,  tranquile ,  critique,  etc., 
sans  plus  redoubler  l'I,  dans  tranquile,  qu'on  ne  le  fait  dans  imbécile  (en  latin 
imbecillis). 

179.  Cela  semblera  peut-être  un  peu  tyrannie,  au  premier  abord;  mais  on 
s'y  accoutumera ,  comme  a  tant  d'autres  choses.  Nous  sommes  disposés  à  rire 
de  tout  ce  qui  sort  de  nos  habitudes;  mais,  si  le  premier  jour  nous  protestons, 
le  second,  nous  réfléchissons,  et  le  troisième  nous  acclamons. 

180.  Je  voudrais  bien  savoir  ce  que  dirait  le  public  frondeur,  s'il  voyait 
quelque  part  son  nom  écrit  ainsi  :  le  publique.  Un  laïque ,  un  critique ,  n'ont  rien 
de  moins  absurde. 

181.  Si  laïc,  critic,  au  masculin,  pour  laïque,  critique,  le  choquaient  par 
trop ,  je  lui  demanderais  comment  il  a.  fait  pour  s'accoutumer  à  cet  accouple- 
ment monstrueux  d'un  adjectif  masculin  avec  un  substantif  féminin  :  mon  épouse , 
ton  hôtesse.  Nos  pères,  qui  disaient:  m' amie ,  dont  nous  avons  fait  sottement 
ma  mie,  en  eussent  été  choqués  autant  et  à  aussi  bon  droit  que  nous  le  serions 
de  ma  corps ,  ta  bras. 

L'accoutumance  enfin  nous  rend  tout  familier. 

182.  Ainsi  parle  La  Fontaine,  et  La  Fontaine  dit  toujours  vrai.  Au  reste, 
telle  était  sa  foi  dans  la  puissance  de  l'habitude ,  qu',  entendant  plaindre  le  sort 
des  damnés  au  milieu  du  feu  de  l'enfer,  il  dit:  »Je  me  flatte  qu'ils  s'y  accoutu- 
ment, et  qu'à    la  longue   ils  sont  là  comme  le  poisson  dans  l'eau." 


«7 

Section  Inilsièmc. 

¥11 

Hègles  sur  le  genre  des  siibstaotiTs. 

I 

Obnervation»  préliiiiiiiaireH. 

183.  l^aturpllpmont.  nous  n'avons  pas  k  nous  occoper  de»  noms  propres 
iV/iomntes  ,  do  ffuunes ,  du  iWinimntix  ,  les  quels  sont  toujours  du  genre  ue  YHn 
((ii'ils  représenti'iil ,  (|uellt>  «pie  soit  d'ailleurs  leur  eoniposition  matériellf.  Vor^ 
ticidf ,  Hticine  ,  léU  Fontaine,  La  Trémuiiittey  etc.,  sont  ina.sculins,  par  cela  seul 
qu'ils  désignent  des  lioninios.  niiil|(ré  leur  l'orme  toute  féminine. 

184.  Quant  aux  noms  propres  qui  sont  devenus  appellatifs  par  amtonomate*), 
ils  ne  présentent  pas  plus  de  dinieult*'*.  Ils  eunserveut  tout  simplement  le  genre 
qui  leur  est  propre.  Vn  habile  Aristan/ne.  l,a  femme  est  un  proie'.  Vite  l,ucrèce. 
Vne  Stessaline.  tte  h'yislnteut'  doit  ^tre  un  Itèrent  pour  combattre  l'kj/dre  de 
iVyoïsme.  Le  moiule  est  une  grande  rnme'die  où  l'on  trouve  dix  Tartufs  pour  un 
Volière.   Ln  Uuiéphul.   Vn  Rossinante. 

185.  iNaturelleuient  aussi,  tous  les  noms  qu'on  a  étendus,  par  Mtmltitude, 
lie  leur  objet  propre  à  d'autres  objets,  eonservent  leur  genre  primitif.  Vne  a0l4$éf 
piaule  iridée.   Vne  adèle,  insecte  lépidopter.   Vne  mi'duse  ,  ver  radiair.   /"  in'nuaey 

ftoisson  braneliiostèjçe.   Vne  naïade  ^  ver  et  plante  aquatiques.   Vne  nr'i  .>- 

opendre  marine.   Vne  demoiselle,  oiseau;  insecte;  hie.   Vne  lyre',  oi.M  n. 

Vne  harpe,  co(|uillc.  Vne  trompette,  poisson;  oiseau;  agaric,  4IC.  l.t   r.mn-.nt  . 
la  Grue  ,  le  Phénix  ,  etc. ,  constellations. 

II 

Principe. 

186.  Selon  le  pfriiio  de  hx  langue  française ,  Te  muet  iinal  est  le 
signe  du  genre  féminin»  à  cause  de  sa  légèreté  et  de  sa  mollesse,  si  sen- 
sibles dans  ce  vers: 

Cette  pare  clarté  qui  tombe  des  élolleM. 

Son  absence  caractérise  le  genre  masculin. 

187.  Remari/ue.  Par  malheur,  ce  principe  n'a  pas  été  observé  généralement; 
il'où  les  immenses  diflicultés  que  je  vais  essayer  d'applanir:  difticultés  uui  se 
l'DinpIiqucut  encore  de  la  double  fonction  de  Ve  muet ,  comme  signe  du  féminin 
rt  conime  linalc  euphonique. 

188.  Les  substantifs  français  n'en  ont  pas  moins  été  divisés  en  deux 
classes:  les  siib.<it(infi/)t  à  forme  nuLHCulme  o\i  non  terminés  par  un  • 
mnef  et  les  .<tnbstantifs  à  forme  féminine  ou  terminés  par  un  e  muet. 


<^)  Du  grec  anti ,  pour,  et  onoma,  nom  (an  nom  pour  an  «atre).  rifan  tfe  rliéicriqae 

i|iii  con.Histi'  k  mettre  un  nom  romraiin  ou  nn<'  ptiriphratr  a  \a  place  4'an  ■•■  pv»- 
pri>,  ou  un  nom  propre  h  Ih  place  tl'un  nom  commun.  \.'.\f>idre.  c'est  à  4if« ,  Miat 
Paul.  lAf  siujf ,  c'e.Mt  à  iHrr,  Salomon.  L'Orateur  romain.  Clrrron.  i.'Ktcklle  ««- 
gtai.*,  ShakespcHre. 


48 


-La  grammaire  française. 


le  réchaud 

bte  .<l'o^ten:|jfanne 

le  fond 

bcv  (Bvunb 

le  nord 

ter  9lorbcn 

VIII 

PreiMlèrc  classe. 

Substantifs  non  terminés  au  singulier  par  un  e  muet. 

Première  règle  générale. 

189.  Sont  masculins  les  substantifs  qui  ne  se  terminent  pas  au 
singulier  par  un  e  muet. 

Exemples  empruntés  à  toutes  les  terminaisons. 
-a,  -é,  -1,  -o,  -M  . 

Le  catalpa  ber  Satat^jcibaum 

le  degré  bct  ©vab ,  jc. 

le  comité  ber  5luèfc{>u^  ,  k. 

le  pavé  ba§  «ppafter 

le  Balai    .  ber  SSefcn 

le  défi  bte  5tuêforbcrwuij 

le  gui  bte  fOZiftct 

le  diili     _  eijttt 

le  Congo  '  (£ongo 

le  (Iuip^•oquo  ber  COHfgriff 

le  berceau  bte  SSSiege 

le  gruau  ber  ©rtcë 

le  joyau  ber  ®ct)murf 

le  zébu  ftetner  Sîifon 

le  cheveu  bçiê  .giaar 

le  clou  ber  Siagcf 

le  Pérou  '^zxw 

le  tournoi         •        'ixxi  Slurnter 

-b 

le  baobab 
le  rob 
le  radoub 


le  raf,  marée  forte  et  rapide 

le  lief  t<xi  Se^en,  2el)n 

le  rescif  bie  ?Branbuiiiî 

le  lof  bte  SBtnbfcitc 

le  tuf  bte  S.uffcrbe 

le  cerf  ber  ^\x\&j 

un  oeuf  ct'n  ©t 


-c 

le  lac 
le  bec 
le  cric 
le  soe 
le  suc 
le  talc 
le  banc 
le  parc 
le  porc 
le  tisc 
le  buse 
le  bouc 

-d 

le  taled   . 
le  muid 
l'éphod 

le  sud 

le  plaid 

le  gland 

le  billard 


-  ber  5(ffenbvot6auni 
ber  Sftobbcr  ,  K. 
bte  2tu8beiTcrung 
etneô  ®d;tjfeê 

ber  @ee 
ber  ®cî)nabel 
bte  2Binbe 
\)<x%  «pfCugmeffer 
ber  ®aft 
ber  3:a(fftetn 
bie  aSant 
ber  sparf 
baê  (Scf)tuetn 
ber  ^iôfuè 
^(xi  a3(anfd)ctt 
ber  SBod 


(Srt)(êier ,  k. 

etn  a)ici§ 

Sctbrotf  ber  jitbtfd^en 

^rieftcr 
ber  ®ùbctt 
bte  @(i)u^rcbc 
bte  6t^cl 
Ifxi  aStttarb 


-S 
le  zigzag 
l'orang-outang 
le  hareng 
le  sang 
le  pudding 
le  poing 
le  joug 

-Il 

l'almanach 
le  spath 
le  varech 
le  zénifh 
le  bismuth 
le  mammouth 

-k 

le  rack 
le  rock 
le  Danemark 

-1 

le  cheval 
le  sel 
le  profil 
le  fusil 
le  bol 
le  calcul 
le  poil 
le  Frioul 
le  travaif 
le  sommeil 
le  soleil 
le  fenouil 
le  fauteuil 
le  tilleul 


ber  Drangoutang 
ber  .^artng 
baê  fBùtt 
ber  ^ubbtng 
bie  ^aufl 
baê  Soct) 

ber  ^atenbcr 
ber  (3:t)at^ 
"iitxi  SOZeergraê 
ber  (Sc^ettctVunft 
"tfx^  2tfd>3tnn 
ber  SOZammut^ 

ber  SflciâbranntJveîn 
ber  9îo(f 
©aneinarf 

baê  (Satj 
baê  sproftt 
bie  S-Hnte 
bte  vBotc,  @d^a(e 
tfxi  Slcc^itett 
baê  aSartljaar 
priant 
bte  Strbctt 
ber  ©d^taf 
bie  (Sontte 
ber  Ç-end^ct 
bèr  Setjnftufjf 
bte  Stnbc 


Règles  Aiir  le  genre  dei  tabstantifi. 


49 


le  dam 
le  rcqiiicjn 
l'intérim 

le  nom 
le  thym 
l'opiuin 

-Il 

!<'  divan 

lin  examen 

le  vin 

le  pain 
le  manchon 

le  son 

le  savon 

le  crayon 

le  ^011  (pr.  ton) 

le  soin 

le  sainfoin 
le  Ht^ani 
le  Tarn 

le  eap 
le  drap 
le  salep 
le  eep 

le  nalop 
le  siri)p 
le  camp 
le  coup 
le  lou|i 
le  croup 

le  eo(( 

-r 

le  l)a7.ar 
le  fer 

le  soupir 
le  castiM- 

l'or 

le  mur 

nu  celai !' 

le  cahier 
le  rocher 
le  danger 
le  coeur 
le  rautour 
le  tour 

le  miroir 
le  parloir 

-• 
1.'  bas 

il'     SIH'tHVs 

■  le  mais 
le  pays 
le  dos 
le  blocus 

htv  ^(^abfii 
ba0  Airquirm 

btr  9Ume 
^rr  IbDntian 
ber  aJiol^nfaft 

ter  îiivaii 
bie  ^Uriifun^ 
ter  fS&tin 
ba8  »rot 
btr  SJluff 
ter  Saut 
Mf  i^eife 
btr  J»(fiHift 
bit  i^rftnft 
bif  Sorjt 
bit  (ïfVflrfttte 
93tarn 
bit  îarn 

bas  €ap 
tai  Znàf 
btr  'Baitp 
bit  aBeinrtbt 
btr  (Ba(oVJ> 
btr  3ttrup 

btr  *2ct;la^ ,  ic. 
btr  St^otf 
btr  5fru|) 

btr  iôai)t\ 

btr  aîa\ar 

ba«  C»iftn 

btr  Stufjtr 

btr  SBibtv 

bas  (Selt 

bit  SHautr 

tin  %(t^ 

bas  ^tU 

btr  î^elfeu 

bit  ©tfa^r 

ba«  ^trj 

ber  ®titr 

btr  Umtauf,  k. 

btr  3pititt( 

bas  3prà(^jiuim^r 

btr  3trumpf 

btr  ©rfolj,  baS®t' 

(iiti^tn 
btr  «Ùîaiîi 
bas  lijanb 
btr  9tit(fett 
bit  ($tnf(^tit§uug 


le  daiH 
le  bois 
le  buis 
le  sens 
le  legs 
le  temps 
le  iap» 
le  c(»rps 
le  pouls 
le  dehors 
le  cours 

-t 

le  contrat 
le  combat 
le  chevet 
le  fait 
le  lit 
le  profit 
le  dépiM 
le  but 
le  fût 
le  défaut 
le  bout 
le  goât 
le  conduit 
le  chant 
le  gant 
le  talent 
le  vent 
le  jugement 
le  tourment 
le  teint 
le  quint 
le  pont 
un  emprunt 
le  point 
le  tact 
le  respect 
le  district 
le  doigt 
le  cobalt 
un  induit 
le  rapt 
le  rem|)art 
le  désert 
le  uort 
le  test 
le  toast 
le  borax 
un  index 
le  phénix 
le  erucilix 
le  llnx  et  le 
le  taux 
le  larynx 
le  gaz 
le  reeei 
le  rix 
le  rani 


berl(>rcn^imm((,  ic. 

bal  4^o(j ,  btr  Wialb 

btr  ^u^^lbaum 

btr  ®inn 

baS  $Btrm<id>tntt 

bit  ^tit 

ber  ^fitraum 

ber  StÔrptr ,  Seib 

brr  ^u(#,  Vberft^Iag 

baê  9l«ufer« 

ber  Sauf,  ic. 

ber  (£ontrart,  ttcrtrag 
ber  A;am)>f 
ber  ^olfler 
bie  îbût 
bas  iBttt 
btr  9lufctn 
bic  dtitberlagc 
bas  3it(,  ber  â»c<r 
ber  <èéfafi 
ber  9c^(cr 
bal  Hnbt 
ber  (Bef(^«a<f 
ber  leic^el 
ber  (Stfang 
btr  .^anbf^^u^ 
baS  îaltnt 
ber  Se&inb 
baS  Urt^ctl 
bie  Cuat 
bie  (9tf!^tSfarbe 
bas  î^ûnftel 
bit  ^rûdPt 
tint  %n(ti^c 
btr  ^unct 
^ad  ®tfuM 
bit  ^(^tuttj 
btr  Diflrict,  Stjirt 
btr  ^ingec 
btr  J(oba(t 
tine  3ubult 
bie  C*ntfûbrunj 
btr  iEî^ali 
bit  mù\1t 
ber  ^aftn 
bit  3(f»a(t ,  te. 
btr  irinff^ruc^ 
btr  l^crar 
tin  Jnber 
ber  '^tiénijr 
bas  ISruciflr 
reflux  bit  tïlutb  unb  Sbbe 
ber  ^rciS 
ber  Xcblfo^f 
bas  (Bai 

ber  9ci(^labf(^ieb 
b«r  Rcil 
ber  Xubreijcn  ic. 


5Ô  ta  grammaire  française. 

E^Kceiitloiis. 

190.  Sont  féminins,  par  exceplion  : 

-don 

1"  Les  substantifs  dont  la  terminaison  sonne:  cion  (par  c,  s,  x, 
ou  t)  tloM ,  sion ,  et  iiion ,  moins  les  trois  suivants  :  le  scion  Oxx^ 
Stei^,  hit  ®pro[fe),  un  alcyon  (bcr  S^aud^erfonig),  lebastion  (bie  ?Baftei). 
—  La  nation,  la  région,  la  réunion,  etc. 


«aiison 

2°  Les  substantifs  en  alson.  —  La  raison,  la  maison,  la  s«/- 


son ,  etc. 


-euv 


le  labeur 
l'honneur 
l'heur 


3"  Les  noms  de  choses  en  eur ,  moins  les  six  suivants  : 

taS  aSctncn,  bit  %i)vânm 


bte  5lrbeit 
btc  6^vc 


le  pleur 
le  coeur 
le  choeur 


et  leurs  composés  :  déshonneur,  bonheur,  malheur,  contrecoeur,  crèvecoeur;  aux  quels 
il  faut  joindre  choufleur,  pèse-liqueur,  souffre~donleur  ;  ainsi  que  certains  adjectifs  faisant 
fonction  de  substantifs,  comme  composteur  (contraction  de  compositeur ,  bcr  SBtnfeUjalfll), 
èquateur  (ber  Sfequatov) ,  moteur  (bie  îïriebfebev),  secteur  (ber  2luêfd)nt{t)  i  ventilateur  (bie 
Suftf(a)Jpe ,  bcr  Suftjicf^ev  ,  SBtnbfang),  abbaisseur ,  abducteur  Oiinscles)  ;  diviseur,  multi- 
plicateur (nombres)  ;  réflecteur  Cmiroir)  ;  régulateur ,  intérieur,  extérieur,  etc.  —  On 
dit,  par  ellipse:  le  vapeur,  pour,  le  bateau  à  vapeur.  —  CVoir  le  n»  176,  p.  44,) 

-té 

4"  Les  substantifs  en  té  y.  moins  les  6  suivants  : 

le  côté          '  btc  ©cite  le  traité  bte  Slb^anblung 

le  comité  ber  5tuêfc^ujj  le  thé  bcr  %i)u 

le  pâté  tii  ^ajlete  l'été  ber  Sotttmer. 

Aux  quels  il  faut  joindre:  Léthé  (ber  ?et£)C,  Slu^  ber  ^Bcrijeffen^ctt);  andanté,  aparté, 
bénédicité ,  noms  empruntés  de  l'italien  et  du  latin  ;  ainsi  que  quelques  participes  pris 
substantivement:  le  député  (bev  Stbijeorbnctc ,  Seputirte,  Slbgefnnbte) ,  le  précipité  (ber  ^lie^ 
berfdjlng),  le  flùté ,  le  velouté  ,  le  jeté ,  etc.  —  (Voir  le  n"  173,  p.  43.) 


5°  Les  substantifs  suivants,  épars  dans  les  diverses  terminaisons 
masculines ,  et  au  nombre  d'une  soixantaine  : 


•a 
La  Duna.«  et  tous  les  noms  de  riviè- 
res et  de  fleuves ,  moins  Volg-a. 
La  villa  «   et  autres  noms  analogues , 
pris  des  langues  étrangères,  comme, 
af|uatintaf  sierra,  ollapotri- 
da,  sépia,  gruxla,  etc. 
-art 


ta  part 

•é  9  -é 
la  clé  ou  clef 
la  nef 
l'aitiitié 
l'inimitié 


bcr  Zi)i\i 

bcr  ©d^ttiffct 
baê  (Sc^iff 
btc  iïreunbfcEiaft 
bie  ^elnbfd^aft 


la  pitié 
la  moitié 
la  forêt 
la  paix 

-er 
la  cliair 
la  mer 


la  nuit 
la  brebis 
la  souris 
la  perdrix 
la  vis 


baê  SDlittctb 
bie  ^àijU 
ber  aSatb 
ber  ^rtebe 


baâ  %k\î<i) 
baê  SJîecr 


bte  9lac^t 
bas  @^af 
btc  maxiè 
baê  g{c^^)t)u^»t 
bte  «Sci^raube 


Règles  sur  le  genre  des  substantifs. 


M 


Il  NipliiliVf  et  autres  noms  latins: 
acropuliSf  élc^pliantlnMlM*  ■«< 
tyrinNiNi  iiik'iix,  Hrrupole«  élé« 
plianllaae  «  Matyriase 


batt  SafTer 
bie  ^ant 
tn  Jta(f 
bit  ®tnfe 
Me  STOîtglft 

ttr  lob 

ter  ©laube 
ba»  (Bcfte 
tin  9)ial 
bit  3titnnu 
bad  5trtii) 

bie  9tut 

bfr  5Dur|l 

bie  itui^enb 

bif  ^Hnft ,  IrJbu* 


•o 

l'eau 

lii  p4*aii 

la  cliMux 

la  raii% 

la  «lot 

•ort 

la   mort 

-ol 

la  roi 

la  loi 

iiiio  fols 

la   vois 

la  crolk 

la  poix. 

la  uolx 

•oir 

l:i    soir 

-Il 

la  vertu 

la  «rlbu 

-ou 

la   toux 

-our 

la  tour 

Il  court 

ber  ^ufltn 

brr  î^urm 
ber  .^of 


•an 
la  d«'nt 
la  «<-ut 
la  Juinrot 

•In 
la  nn 
ta  rniui 
la  analB 

•on 

Albion 

la  rébellion 

la  caenon 


•çon  «  -aon 
façon 
leçon 
rançon 
clii%n<*<»n 
cuiNnon 
b«»i><«ton 
nitiinnon 
niou«iHOia 


la  palsson 


ber  ^at)it 

bai  Soir 

bit  ®tute 

baê  Hnbt 
ber  £ungrr 
bit  ^anb 

Vlbion 

bie  ($m|;^runi3 

bit  Veffin 

bte  i^orm,  Vrt 
ber  Unterrii^t 
bas  Vofegelb 
bM  Hitb 
baê  Stoéftn 
bai  ®etrdnf 
bte  C^rnte 

bie  S*ii'  tvd^renb  ber 
^afTatwinb  wc^t 
bâ«  SBeibe» 


••on«  |>rononC(^  ooiuiue  soi 


clolKon 
pàuioivon 

tOlMOIl 

traliUon 
farnîMon 
yoérlson 


.inb 


btf    ' 
bio 

bac  w :  ..i 

bie  9$errdt^erei 
bie  SBefa^ung 
.bie  ^eilun^. 


Il  faut  y  joindre  les  composés  :  auryeau  (bie  Cberf^aut)  /  BamcpeaM 
(cinc  ^Jtrt  ooinmcrbirue),  avant>eourt  (ber  2$or^of ) ,  arriëre>conrt  (ber 
^inter^of),  Murtient  (bor  llcbrrv^l^it )  .  ntal<*ralui  ou  uialfalm  (brr  ^eif< 
^unger),  inalfaçon  (ber  Uebel)laub> ,  contrefaçon  (b>ut  '^iadimadyen), 
quote-part  (ber  ^Xutl^etl),  tetrre>nuix  (bie  (îrbnu^). 

191.  Remai'quex.  1"  Nous  ne  saurions  admettre  au  nombre»  de  c^s  exceptions 
les  substantifs  :  cuiller  y  béclfimet ,  fourmi,  merci,  aiirès-midi ,  qu'il  faut  abso- 
lument écrire  avec  un  e  muet  linal ,  ce  <|ui  les  rend  ré^lièremcut  féunuins.  La 
cuitlt're.  La  béchamelle.  La  fourmie.  La  mercie.  L'itprès-midie.  Kerire,  ù  Toscmplc 
de  l'Acadéaiie ,  la  béchamel,  c'est  faire  absolument  la  uu^me  faute  que  si  l'on 
éerivait ,  la  cercel,  comme  nos  anciens  poètes,  pour,  la  cervelle,  tta  cereel  est 
devenu  le  cerveau.  Pourquoi  Ut  pel  ne  deviendrait-il  pas  le  peau?  H'oir.  aux 
notions  prélimiuaires,  les  n'*  115  ,  1t8,  183,  164,  169,  171,  17t.) 

192.  i°  (>nant  aux  mots  hart  (tit  SBiebe),  lamdwekr,  otuity  glu  (de  gluliae, 
ber  !iBoi)ellriiu),  paroi  (de  pariete.  bie  ^anb)  ,  et  bri^mtebotirg  (tint  9rt  lleber* 
rocf),  ils  seront  désormais  masculins,  conforméuieiil  à  l'analogie  et  à  l'étvmo- 
logie  ;  ce  qui  souffre  d'autant  moins  Ue  difliculté.  qu'ils  ont  déjà  été  employés 
comme  tels,  i|ui  par  Marut,  qui  par  Victor  tlugo,  qui  par  Lamartine:  d'accord 
en  cela  avec  plusieurs  lexicographes. 

I93w  3»  Pari,  clef,  forêt,  chair,  mer,  croi»  (sic),  $oif,  couri  (sicj,  é«nt.  jmmnU, 
I  niètne  mort,  ne  peuvent  manquer  de  itevcnir  masculins  k  la  langue.  (Voir  Im  aaltoM 
préliminaires.) 

194.  ^'  Souri,  p^nirij  Hu  luu  il<*  .,uu,,.^,  ^i.i..^.  ne  4eauinde»t  qa'k  re4«reair 
ttascnlin.i ,  k  cause  de  leurs  diminntir:*  sourictau,  perdreau.  L'«  et  l'x  ae  »e  aanl  atU- 
chées  îi  cesi  uonu  que  par  abus  ou  par  enplioiiie.  L'«  isale  i»  èreèU  ■«  aaarail  long" 

4» 


52  La  grammaire  française. 

temps  disputer  sa  place  à  Ve  maet,  qui  s'emparera  bientôt  des  mots  voix,  noix,  nuit, 
eau,  dont  il  fera  voye ,  noyé,  nuie ,  aue.  (Voir  les  notions  préliminaires.)  L'e  muet 
n'assiégera  pas,  non  pins,  vainement  les  mots  houii  et  péri,  noms  de  fées,  que  je  n'ai 
pas  cru  devoir  citer  parmi  les  exceptions,  non  plus  que  virago,  fille  on  femme  de  grande 
taille,  qui  a  l'air  d'un  homme  (ber  wetblic^e  §ufar)  ,  maman  (bie  3Jîama),  Écho,  nymphe; 
psyché  (du  grec  psyché,  âme),  nom  de  l'épouse  de  l'Amour,  mère  de  Ja  Volupté,  donné 
par  extension  à  un  miroir  mobile  (&e»eglt(î;er -©piegel).  (Voir  les  n»'  183,  184,  185.) 

195.  ]¥oël ,  Toussaint,  Babel ,  Tempe,  ne  forment  pas  non 
plus  des  exceptions  proprement  dites,  puisque  ces  noms  ne  sont  féminins,  comme 
pâque ,  que  par  ellipse  des  mots:  fête ,  tour,  vallée.  La  Noël,  c'est  à  dire,  la 
fête  de  Noël.  La  Toussaint,  contraction  de,  la  fête  de  tous  les  saints.  Une  bahel, 
une  tour  de  Babel.  —  Les  protestants  ont  fait  de  la  Noël  la  fête  des  enfants. 
L'assemblée  nationale  était  devenue  une  vraie  bahel.  La  Tempe  était  la  plus  belle 
et  la  plus  charmante  vallée  de  l'univers.  Pour  moi ,  quand  je  pénétrai  dans  cette 
merveilleuse  tempe  de  VArgonne ,  au  lieu  de  ces  beaux,  tapis  de  verdure  émail- 
lés  de  fleurs ,  au  lieu  de  ces  ric/ies  tentures  de  feuillage  étendues  à  l'entour  sur 
le  penchant  uni  des  collines ,  comme  des  pentes  à  frange  d'or  autour  d'un  dais 
superbe ,  je  n'apperçus  de  toutes  parts  qu'une  surface  pelée  et  bourbeuse. 
(Le  Livre.)  ' 

Il  faut  en  dire  autant  des  mots:  bon-chrétien,  martin-sec ,  messire-Jean , 
muscat-robert ,  saint- germain-,  saint-julien,  franc-réal ,  etc.,  noms  de  poires  ou 
de  prunes,  que  l'Académie  donpe  tous  pour  masculins.  Il  est  vrai  que,  dans  le 
sens  collectif,  on  sous-entend  plutôt  le  mot  fi'tdt.  Du  bon-chrétien.  Du  bon  saint- 
julien.  Mais  dans  le  sens  distributif  nous  croyons  qu'il  faut  employer  le  féminin , 
parce  qu'alors  il  y  a  nécessairement  ellipse  du  mot  poire,  prune.  Une  saint-julien, 
une  prune  de  Saint-Julien.  Une  bon-chrétien.  —  Un  bon  chrétien  donnerait  lieu 
à  une  plaisante  équivoque. 

196.  N'oublions  pas  quelques  noms  de  rivières  :  La  JLys ,  la  IVIoldau , 
la  Twed,  la  iSvern ,  la  Tlieiss,  la  Pleiss ,  la  nTeisà;  noms  qui, 
du  reste,  n'ont  rien  de  Français,  et  qu'on  a  tort  de  franciser  quelquefois,  comme 
quand  on  écrit,  la  Saverne. 

6"  Sont  encore  féminins ,  tous  les  noms  propres  d'iies  et  de  vil- 
les ,  à  quelque  terminaison  qu'ils  appartiennent  <  parce  qu'on  sous-entend 
les  noms  île  et  ville  ^  qui  sont  féminins.  Paros  était  renommée  pour 
ses  beaux  marbres  blancs.  Rome  fut  fondée  par  Romulus,  l'an 
754  av.  J.  C.  Fondée,  dit-on^  par  le  Gaulois  Bellovèse,  Milan 
devint  la  capitale  des  Lombards  ^  et  ensuite  du  Milanais  ou 
duché  de  Milan.  (Voir  plus  loin:  Solution  de,  quelques  Difficultés.^ 

'È^  Qui  pourrait  nier  l'importance  d'une  règle  qui  embrasse  plus  de  cent  mille  sub- 
stantifs, dont  trente  mille  au  moins  appartiennent  au  langage  ordinaire,  et  qui  n'offre 
pas  même  une  exception  sur  mille '^ 


la  gftrde       bit  fBiaéft ,  ic. 
la  concorde  bir  Qinttaéft 
la  raloiirdebaOAiiû|>^r(bunb 

•dr« 

une  psi-adre  fin  (Sefc^twaber 
une  hydre     tint  ^tfitv 
la  poudre      bai  ^uftotr 
la  cendre      bie  %f(^e 
riudre  Mf  ^nbrt 


Régies  sur  le  genre  des  sabstantifs.  53 

IX 

Seconde  clnNse.   . 

Substantifs  terminés  au  sin^^ulier  par  un  e  muet. 

Seconde  rè/sfle  géiiéralei 

197.  Sont  rrmiiiiiiM  les  substantifs  terminés  au  singulier  par  an 

r  niuel. 

Kxemitle.'i  eiupruiilé.ii 

•ée,  -le 

La  pensée  bfv  fflebaufc 

la  plaie  bir  S[\.^iiubc 

la  Kussio  fKit^lanb 

la  folie  bic  'Dtarrbfit 

la  queue  btv  Zéwmf, 

la  joie  bic  Jîrfubf 

la  joue  bic  SESangc 

lu  Snuiilio  >2cfjl»aben 

la  nlèlu'  brt8  «Bolf 

la  m-ilto  ber  fHaiiftn 

la  robe  ba:i<  Aïfib 

la  daube  baé  îDtSm^jfen 

la  jiûube  bie  ©ruflbtere 

la  jambe  baô  ÎQtin 

la  bombe  bif  33ombe 

la  barb»^  ber  :©art 

la  gerbe  bie  @arbe 

la  sorbe  bie  (Sorbbirne 

la  i)oiirl)p  ber  Sc^famm 

ble- 

la  table  ber  îifc^ 

la  cible  bie  3(i>eibe     • 

la  cbasiible  bad  3)2e^getvaub 

-bre 

la  Talabre  (''"aîabrieu 

la  verlèltre  bas  SKirbefbein 

la  fibre  bie  jVib*r 

In  Sanibro  bie  vSambrc 

une  ombre  ein  tSc^atteit 

-c© 

la  n)saee  bie  SRofe 

la  fasee  bie  a?inbe 

la  filasse  tit  .Çiebe 

la  (Irècc  ISriectienlanb 

la  pièce  ba^S  3tii(f 

la  vSagesse  bie  SSBeiëbeit 

la  caisse  baé  ^ttt 

la  justice  bic®ere(^tti)ffit 

la  coulisse  ber  W^Ij 

la  noce  bie  .t«odjieit 

la  fosse  bie  (9rui>e 
une  auuiusse  ber  ^eljfra^en 

la  puce  ber  moi) 

la  gousse  bic  ^iilfc 

la  valse  ber  SBaljier 

la  balance  bie  îl&aç^t 


,<  Uitilcs  les  terminaisons: 
la  pince  bie  ^ange  1 
une  annonce  eine  'î(n|riçtf  ! 
a  farce  bie  "Volfe  ,  k.  ! 
a  lierse  ba*  SoUtbor  i 
une  amorce  bic  iJo(f|>cife  , 
a  .ressource  bie  .'pûffSqjicUe! 
a  inétalepse  bie  2)îetalcpfiè  { 
Apocalypse  b.  Ejfenbarunjji 
la  Saxe*        2û(f>fen 

-ehe 

a  bâche        bic  ?lrt,  Jparfe 
a  bêche        ber  (Bpattn 
un  afliche     ein  ^nfc^laç^' 
lettel 
cloche       bie  (Slocfc 
fauche      bie  ^eujeit 
bûche        bas  <S(i>eit 
bouche      ber  ffllunb 
branche    ber  5(ft 
a  pervenche  tai  ^inngriin 
ia  clinchc      bie  Alinfe 
la  bronche  ber  ïuftrôbrcnail 
a  marche      ber  SOîarfdj 

bie  (Stange,  îc. 
bie  Wacfel 
bie  ©abet 


la  perche 
la  torche 
a  fourche 

a  débi\cle 
besicles 
boucle 


bie  '«perlenmutter 
bie  Sainte 
ber  «nffï 


ber  6iébru(^ 
bic  a?ritten 
bic  àcf^naUc 

-rre 

la  nacre 
l'encre 
une  ancre 

-de 

la  balustrade  bad  ^ocfenoie^ 
(ânber 
Suède       ^d^tveben 
bride        ber  SHtt 
méthode    bie  ?Jïett)cbc 
maraude    baé  fRauben 
solitude     bie  C*infamfeit 
sou'le        bie  3oba 
solde         ber  3oIb 
la  demande   bie  aîitte 
la  prébende  bie  '>Pfrû»bc 
diode        bie  ^rutf^enue 
blonde      bie  $8(onbe 


-fe 

une  agraire 
la  greffe 
la  griffe 
la  strophe 
la  truffe 
la  coiffe 
la  touffe 
la  lymphe 
la  triomphe 

-fie 
la  rafle 
la  nèfle 
la  mornifle 
la  pantoufle 

-fre 

les  affres 

une  offre 
la  gaufre 

-ce 

des  ambages 
la .  rage 
la  cage 
une  image 
à  la  nage 
,1a  page 


lia  plage 
une  allège 
la  neige 
la  tige 
une  horloge 
l'auge 
la  gouge 
la  fange 
la  méninge 
la  Saiotoogc 


eine  9(<)raft 
btt8  ^fro^jfreiê 
bie  Jtlaue 
bie  (Strophe 
bit  2rûffe( 
bie  Êaube 
ber  »ûf(^el 
bai  «BlutwafTer 
ber  îrunH)f 

ber  ^afcfc 
bie  SDiif^el 
bic  C^rfeige 
ber  "Pnntcfffl 

bie  ^Sdjrecfen 

(bf«  îcbe*) 
ba*  2tiib«ften 
bie  SaSiaffef 

Umfc^ttjeife 
bie  aftutb 
ber  Jldftg 
ein  Seifb' 
fd^tvimmenè 
bie  3eitc  (eittel 

îBu(^e«) 
ber  Btranb 
(in  Seucbtfdiiff 
ber  vSc^nce 
ber  ®tdng(I 
fine  X^urmubr 
berîrog,  Jinbcl 
ber  «WeiSet 
ber  5?ct6 
bie  ^trn^aut 
3amtpnje 


04 


La  grammaire  française. 


la  targe        bit  !ïarffdbe 

(runber  ®(^itb) 
une  auberge  etnSBirt^ê^auê 
la  forge        btc  ®d;mtcbc 
la  purge       bie  JRet'nt'ijung 
la  courge      bcr  .Kûrbtê 

-lEle 

la  règle         idë  SIneaf,  bie 

fRegct 
la  bugle        ber  @û(ben- 

giinfef 
la  sangle  bcr  @urt 
la  tringle      bte  SSor^^ang^ 

jîangc 
-gne 
la  campagne  baê  Sanb 
la  Sardaigne  (Sorbtntcn 
nne  enseigne  etn*  Stuêî)ân3= 

fr^tlb 
la  consigne  bte  Drbrc ,  n 
la  cicogne     ber  (Stord^ 
la  hargne  ou  ber  58rwd^ 

hernie 
l'Auvergne    Stusjcrgne 

la  podagre    baê  ^obagra 
les  vaigres    bte  SEBeger 


la  particule  btc  ^artifcï 
la  valvule      bte  (fïetnc) 


la  gueule 
la  meule 
la  toile 
une  oille 
la  boule 
la  perle 


^(a^^c 
bûê  aJîawI 
ber  SKû:^tftct'n 
bte  Scîntranb 
ctttcDffa  ^otrtbû 
btc  ^ugel 
btc  spcrfe 


-gue 

la  bague 
les  grégues 
la  figue 
la  drogue 

la  fugue 
la  fougue 
une  algue 
la  harangue 
la  seringue 
la  diphthon- 

gue 
la  boutargue 
la  vergue 
la  morgue 

-le 
la  rafale 
la  stalle 
la  poêle 
la  grêle 
la  voyelle 
une  aile 
la  bile 
l'huile 
la  cotyle 

la  ville 
une  idole 
la  Gaule 
la  panicule 
la  bascule 
la  molécule 


btv  fRtng 
bie  i^ofcn 
bie  §ctgc 
btc  f9îateria(= 

Jcaarc 
bie  ^u-gc 
bie  .i^i^e 
baê  Slfterniooê 
btc  Sïnrcbe 
bie  (Bpti-^i 
bcr  S)c^j:j3et(aut 

taè  SSatargum 
bie  gfîaa 
bieftofîcS)ÎJettc 

bcr  aStnbfto^ 
bcr  6î)orftuï)I 
bie  spfaitne 
bcr  .^agcl 
bcr  (Sclbftlaut 
citt  %iÛQîi 
bie  ^aiii 
baê  Ccfjï 
bte  ^fanue  ct= 
tteê  Mnoà)in 
bte  (Stabt 
ctit  ©ô^ettfetïb 
©a  lit  en 
btc  Sltf^e 
bcr  ®(i^it)engel 
baê  Zi)iii(î)m 


-ille 

la  bataille 
la  bouteille 
la  charmille 

la  feuille 
la  mille- 
feuille 
la  citrouille 

-me 

la  came 
la  flamme 
la  crème 
la  cime 
la  rime 
la  Drôme 
la  pomme 
la  paume 
la  brume 
la  drachme 
une  énigme 
la  palme 
la  larme 
la  ferme 
la  forme 
la  gourme 

-ne 
la  banane   bie^parabtcêfctgc 


btc  <Bii)Uà)t 
btc  %la\à)i 
î>tc.^agct>ud)eit 

:^erfe 
baè  î&iatt 
baè  %au\tnb' 

Uatt 
ber  ^iirbtê 

bic©tcnmuf(f)c( 
btc  ^(amme 
bcr  Siai)m 
bn  ©t|>fet 
bcr  Sfîeim 
bit  5E»rome 
bcr  5t^feï 
btc  ffac^e^anb 
bcr  Stcîiel 
bte  SDroci^mc 
baè  mtl)\(i 
bte  «palme 
bte  3ifirâne 
bte  S)icterei 
bie  ©cftalt 
bie  S)riifc 


la  canne 
la  scène 
la  peine 
la  penne 

la  chaîne 
la  Chine 


bcr  ®torf 
bte  ^«^tte 
bie  SKûf^e 
bie  @cï)»»mig« 

fcbcr 
btc  ^cttc 
6^tna 


une  anémone  bte  SPBinbrofc 
la  Saône  bie  ®aonc 
la  couronne  bie  .^ronc 
la  d^ne  bte  ^ûnt 

a  sardoine   bcr  (Sarbcr 
la  lucarne     baê  jCac^fenfter 
la  lanterne    btc  Satenic 
la  litorne      bie  38ac^f)ot=: 

bcrbroflret 
une  urne       ber  Stfc^enfrug 
la  retourne   bie  2luffci^ag= 
farte 


-pe 

la  chape 
la  happe 


bcr  (S^orrod 
bie  ^af^e, 
^ram^e 


la  guêpe 
la  tulipe 
la  syncope 

la  taupe 
une  enve- 
loppe 
la  jupe 
la  troupe 
la  houppe 
les  Alpes 
la  hampe 

la  tempe 
la  guimpe 
la  pompe 
la  carpe 
la  serpe 

-l»re 

la  câpre 
la  lèpre 
Chypre 
la  pourpre 

-que 

une  attaque 
la  bibliothè- 
que 
les  obsèques 

l'Afrique 
la  barrique 
la  toque 
la  nuque 
la  felouque 
la  banque 
la  pinque 
l'époque 
la  conque 

la  marque 

la  remorque 

la  hourque 

la  basque 

la  fresque 

labrisque 

-i*e 

la  fanfare 

la  Navarre 
'artère 
la  patère 
la  panthère 
la  terre 
la  chimère 
la  prière 
la  lumière 
la  pierre 
une  affaire 
la  satire 


btc  Sffief^c 
bte  Zuipt 
bte  £)î)nmad)t, 
SScrfûrjung 
ber  SJîaulttJurf 
ber  Uittfrf)tag 

bcr  SKciberrocf 
ber  Jgiaufcn 
bte  Ouaftc 
bte  Sn^cn 
bte  (Stange  eitier 

.^cttcfearbe 
btc  (Bà)iàft 
bcra3ruftfd()(eter 
bte  ^raci^t 
ber  ^ar^fen 
baê  ©arten^ 

meflfcr 
bie  Jfa^jcr 
ber  5luêfa| 
S^^^jra 
bcr  sp«r^3«r 

ein  5(ngrtff 
btc  SSibïtot^ef 

î»aê  Setd^engcî 

:^rângc 
5lfrtfa 

baê  (Stûcffa^ 
btc  g'attcnmiile 
baê  ©entrf 
btc  iïcfufc 
btc  SSanf 
bte  ^tnfe 
btc  époà^t 
grofe  ®ceJitu= 

fc^et 
baê  3«î<^fn 
baê  SSugftrctt 
bcr  .^ucècr 
ber  ^ocffc^o^ 
btc  t?reêcoma= 

ïeret 
bttê  «Brtffrtcr 

baê^rom:>)ctcrî 

ftûdfd^en 
9latoarra 
btc  ^ulêabcr 
btc  D^ferf(^ale 
ber  ^ant^cr 
bie  6rbe 
bte  Qi)imâvt 
bas  ©cbet 
baê  Stc^t 
ber  ®tetn 
cttt  ©cfd^aft 
btc  (S^ottfc^rtft 


Règles  sur   It  genre  des  substantifs. 


65 


la  lyre 
la  luyrrhe 
rauror*» 
la  liordurt' 


bif  ititv  la  balte 

Mt  S)Jt)rrf)t      [la  vclte 

bIf  SPîoriienrôtf)f' 


bif  (^iufaiTunfl 
tu  m  tu 
bit  SSobttutti) 
la  bravoure  bit  îapffrffit 
la  inuijrr**      itaIi»nifdKd 

»Vinijfrf|)ieI 
la  liaiunoirt'  brr  iBabc.^iibrr 
la  gloire        b»r  Wu(>m 
bfr  ^it^ 
bif  Wff*i*tf 


ta  U'igtMire 
la  «»'mPuiT 


la  victoire 
i'Iiistoire 


bie  9fr(tr  («rt 


-te 

la  date 
la  datte 


I  l'escorte 


baô  î^ûlum 
bif  'S>AtUl 
une  epithète  titi  f^fijport 
la  tt'te  bfi*  Alo^jf 

la  trompette  bif  îronipetf 
la  défaite       bit  3ti<bfiia^f  ;|;,  tourte 
la  faillit*'        tai  't^aUinifiit  \^  caste 
la  clirvso-     trr  (f^vbfottttj 

•'t'»*'  la  veste         ...    „.,.. 

la  conduite    biCJtuffû^rung  „„eaniétliiste  btr  «mft(>t)fl 


la  rj^volte 
une  iusulte   r:i 

une  amarante  brr  ^marauti) 
une  acautlie  )Bi1rfiiriau 

b.ViVpfnbtuiuf 
bfr  'Xbitang 
bif  ^pintf 
bfr  <2ûutfnfM$ 
bif  ^(apf 
bit  (SpiÇe 
bif  Zéfam 
bif  5tartf 
bfr  lUrluft 
btivf^lidif 

Sanbbnijf 
ba«  ©fffit 
bif  îortf 
bfrStamni/bie 

bif  SBtpf 


la  uicntht 

la  pente 

la  pinte 

la  plinthe 

la  plainte 

la  pointe 

la  h( 


la  seuestre 
ta  dextre 

-▼e 

1  betterave 
la  sève 
une  ak'«>ve 
la  mauve 
la  cuve 
la  preuve 
la  douve 
la  valve 


ontc 
la  carte 
la  perte 
la  sirte 


bit  9înff 
bit  9tfd)tf 

bie  9tunfr(rtît?f 
bfr  ®aft 
btr  9((covfu 
bit  Wiaht 
bie  Jtufr,  ^iittf 
ber  SBetoeid 
bie  Sroibaube 
bie  ®(^a(e  (an 

SRiifdtfln  II. 

@d)nt(ftn) 
bie  asicgcifit' 

rung 
btr  0)c^ 


une  anecdote  bif  $(nffbo(f 


la  liste 
la  poste 
la  scxtc 
la  sixte 


la  flotte  bio   ivlctte 

la  einite         bcr  iÇall 
la   flûte  bif  î^liJtf 

la  liuttt'         bfr  ^ibbaufe 
la  meute        bie  3)2futf 
la  soute         fine  ^ammtr 

iniSdnff^raumlà  fenêtre 
la  croûte  bie  j^ruflt  iune  épître 
la  goutte  bfr  îropfèn  lia  vitre 
la  eoitte  ba«  ^fbtrbftt 
la  boite  bit  2?i'id>ff 
la  cataracte  btr  SBafferfafl 
la  secte  bit  (Sfcte 
la  vindicte     bit  aîfrfot^ung  la  piastre 

bfr  Sîtrbrfc^fr^la  palestrf 


-tre 

la  lettre 


iHue  huître 


bit  Siftt 
bit  ^^ofl 
bit  ètjrta 
bit  @t(^flt 

btr  93ritf 
baê  fffnf!ti- 
fin  SBritf 
ba«(9laeffuflfr 
tint  îtuftcr 


la  patenfttre  ba^  9?atfrunffr 
la  loutre        bit  jVifdicttfr 
bit  îUc^tf 
btr  ï>iafitr 
bit  min^fdiulf 


la  dartre 


la  verve 

la  morve 

la  chèvre       bit  3i'â* 
la  livre  taê  ^funb 

la  couleuvre  bit  îflatttt 
une  oeuvre    tin  SBtrf 

-15© 

la  gaze  bit  Qiait 

la  topaze       btr  Zepai 
la  case  baé  %adf 

la  nareu-      btr  3tvif<^(n« 

thèse  faft 

la  bise  btr  9îorbh>inb 

la  rose  bit  Stoft 

la  cause    bit  (Sact|t,  llrfac^t 
une  excuse    tint   (?ntfrfjut« 

biaun^ 
la  tubéreuse  bit  ïuberofe 
la  Creuse      bit  Grtufe(fin 

Stuf) 
la  pelouse     ber  JRafen 
la  blouse       bad^taubhentb 
la  framboise  bie  ^imbtcre 
la  turquoise  ber  2iirti§ 
la  toise  bie  jtlafter. 


Exceptionii* 

198.  Sont  masatlins  par  exception,  û'aprèx  le  icnsy  ïe  muet  n'étant 
parfois  qu'une  finale  euphonique  (voir  p.  26,  n"  77)  : 

1*  Outre  les  noms  propres  d'hommes,  tous  les  substantift:  déiignanl 
une  qufflifé ,  \u\  titre,  une  dignité,  un  état,  une  profession  qui  ne 
convient  qu'à  l'homme;  tous  noms  n;iliirpll«'nit'nl  ni.isciihns.  à  fnuldiie 
classe  qu'ils  appartiennent.  Exemples 

l'apt^tre  btr  ît^jcflfl        le  jfcndarme  bfr  Vaiicicitor  lo  pape 

le  capitaine  bfr.'cau^Jtmannle  juge  btr  ^iAttr      Je  peintre 

le  chantre     bf^(5bcrfanç^tr  le  maître       ber  J&trr  île  poète 

le  compère  btr  (Bcfattfr  le  ministre  btr  SJîinifttr  le  pilote 
le  disciple  btr  Sc^ùltr  le  moine.  btr  SD^i^nC^  ^ie  prote 
l'enseigne  btr  f^â^ubricb  le  mousse  btr  ^dtijfê»  île  satrap 
le  géomètre  btr  ©tometer  ,  juuii'  |les  velites 

le  gendre      btr  iScfclrjitgtr'ilc  nonce        btr  5îuntiu8      le  vidame 
fo^n  I l'oncle  ber  C^tim       I     etc..  etc. 

(Voir  plus  loin:  Solution  de  quelques  Difpctilte's.J 


fer  "p.ipit 
bcr  SKattr 
btr  î)icbtfr 
btr'Stcuermanii 
ber,  l^actcr 
ber  3atrav 
bie  aîeliten 
ber  SSictbom 


56  La  grammaire  française. 

3°  Lès  adjectifs  pris  substantivement,  lorsqu'ils  se  rap- 
portent à  un  nom  maseulin  ou  qu'ils  sont  employés  dans  un  sens  ahstrait.  — 
Un  sage.  Vît  brave.  Le  faible  et  le  puissant.  Les  humbles  et  les 
superbes.  —  1/ agréable  y  le  possible.  —  Le  rouge.   Le  jaune ,  etc. 

3°  Les  noms  «les  eorps  simples  (non  métalliques  ou  métalli- 
ques) ,  moins  lumière  et  électricité}  ainsi  que  les  noms  génériques  de 
leurs  composés  binaires,  tertiaires,  etc.  Ù oxygène.  L'hydrogène. 
Le  soufre.  Le  cuivre.  Le  manganèse  *).  Le  platine  (pourquoi  pas 
le  platin  ?J.  —  Un  oxyde.  Un  acide.  —  Un  hydrate.  Un  borate 
(pourquoi  pas  hydrat,  borat'^.  —  Un  hydrure ,  un  sulfure  (pour- 
quoi pas  hydrur  y  sulfur?J ,  etc. 

Remarque.  Plal'me ,  qu'on  fait  masciiHii  malgré  son  étymologie  platina,  ne  peut 
rester  de  ce  genre  qu'à  condition  de  s'appeler  désormais,  le  platin  on  platinium,  selon 
le  génie  de  la  langue. 

4°  Les  nonts  d'arbres  et  d'arbrisseaux ,  moins  épine-vi- 
nette,  épine-blanche  ou  aubépine,  ronce,  vigne,  yeuse.  Exemples: 


l'aune  ou  le  bte  (Sr(c 

vergne 

le  bourdaine  bcr  %autbaum 

le  cèdre  bit  ©eber 

le  charme  bie  ^agc0uc^e 

le  chêne  btc  @t^e 

le  cytise  bcr  ©ei^tin 


un  érable  bcr  5l^oni 

le  hêtre  btc  SSu^e 

le  myrte  btc  îDl^rtc 

un  orme  btc  Utmc 

le  platane  btc  ^fatanc 

le  sycomore  bcr  iQt)pti\é)t 
?Çctgcnbaum 


le  térébinthe  btc  3;erc6intl)c 
le  tremble  btc3«tter)3a^3^3c( 
le  troène  btc  Sflainîwetbc 
le  frêne  btc  ®f^e 

le  mélèze        bcr  Scrc^cn^ 

Êauin 
le  viorne        btc  5£Sa(^rcl6c. 


199.  Remarques  philologiques.  1"  Voilà  qu'eu  allemand  les  noms  d'arbres  sont 
aussi  féminins,  comme  en  latin,  quoique  le  nom  générique  S8a«m  soit  masculin.  En  italien, 
ils  sont  masculins  ou  féminins  selon  la  terminaison.  Il  cedro.  La  quercia.  Pourquoi  n'en 
est-il  pas  de  même  en  français»  Parce  que  les  faiseurs  de  grammaires,  en  voulant  arran- 
ger, n'ont  fait  que  déranger.  Il  n'y  a  pas  encore  bien  long-temps  qu'on  faisait, méièze  du 
féminin;  et  on  écrivait  mèlèse,  ce  qui  est  plus  régulier.  Bourdaine  ou  bourgène  et  viorne 
sont  encore  marqués  féminins  dans  quelques  dictionnaires. 

200.  2"  Aubépine  (alba  spina ,  épine  blanche) ,  nom  d'arlire ,  ne  s'écrira  plus  dé- 
sormais qu'aMft^pin,  et  la  forme  aubépine  sera  réservée  au  joli  petit  fruit  rouge  à  noyau 
de  cet  arbrisseau.  Cueillir ,  manger  des  aubépines. 

201.  3"  Les  auti'es  noms  de  plantes^  ceux  qui  ne  réveillent  pas  dans  l'esprit 
ridée  d'un  arbre  ou  d'un  arbrisseau,  suivent  géné4'alement  le  genre  de  leur  forme. 
Le  jasmin.  La  jacinthe.  Le  lin.  La  luzerne. 

202.  i*»  Epeautre  (de  l'alleinarid  (S^ett,  dont  on  aurait  du.  faire  espeaut  ou 
r'peaut,  selon  le  génie  de  la  langue,  et  non  pas  epeautre,  forme  barbare);  est 
masculin,  ainsi  que  seigle,  parce  qu'il  laisse  dominer  dans  l'esprit  l'idée  collec- 
tive de  ^ra/n  (.Korn),  plutôt  que  celle  de  plante,  distinction  assez  peu  importante. 

203.  ^*  Du  reste,  pourquoi  ne  dirait-on  pas,  la  narcisse  (bte  Sdarciffe) ,  comme  on 
liit  la,  jacinthe  (bte  ^iactnt^e)  ,  dénomination  tout  à  fait  analogue?  N'est-ce  pas  comme  si 
l'on  disait:  la  plante  qui  s'appèle  narcisse  ,  Jacinthe  ? 

204.  6"  Qu'il  inconvénient  y  aurait-il  aussi  à  dire,  la  concombre,  la  trèfle,  du  mo- 
ment où  ces  mots  affectent  la  forme  féminine  y  (Voir  le  Premier  Décret  à  la  iin  des  règles 
sur  le  genre.} 

205.  '*  Chanvre  retournera  aï»  genre  féminin  qu'il  avait  du  temps  de  La  Fontaine. 

Il  arriva  qu'au  temps  où  la  chanrre  se  sème. 

206.  B"  Dictame,  employé  ligurément  et  poétiquement  pour  le  suc  de  la  plante 
de  ce  nom ,  dans  le  sens  de  baume,  restera  masculin  aussi  long-temps  que  baume. 


^0  Noël  et  Cbapsal  donnent  ce  nom  pont  féminin ,  mais  à  tort, 


Règles  sur  le  genre  des  substantifs.  *^ 

207.  9"  Alpiste  ,  asphodèle,  ttnHtc,  colrf»  '•ate,  /tli^bore,  tyiopodr, 
ntflttmpi/rc ,  eh'.,  n«'  puurront  conserver  le  j."  rulin  qu'on  leur  donn^ 
géuéralciiieiit ,  quu  .si  i»n  U's  C'vrii  .sans  c  muet,  iiiiihi  qu'il  suit:  Alpht ,  tupko- 
del ,  bavit ,  colc/iic ,  ciicuhtil ,  elléhor  y  IpcopoJ ,  métituipyr ,  etc.  Je  sui.s  pour  le 
réminin ,  avec  la  forme  féminine  qu'ils  ont  eu^  jusqu'à  présent. 

5''f^esnoflnM  d«  la  nonienrintiire  dërlmnlet  Le  mètre.  I^e 
décimètre.  Le  litre.  Le  yrnninie.  Le  KUntirtimme.  /w  décime  y  etc. 

HfiiKiriiur.  i'.crivouH  iirnin  .  KKogram  (car  quoi  dt-    ptnx    rdoritiant   qae  c«(le  forDii- 

Hiloiigéi),  »l  i'.HiteniielIfUii'iil    ri-niiniiiu   de  hm  niiliir«,  nv»t  le  p'utr  niMMcnlln'f)  ou  faiiioii<t 

i-e.H  noiii!!  friniiiiii.H,  coiiiiiie  nnitijitimmf  ,  etc.  Pourquoi  toni«  ctx  notnn  ne  dfvi«n4raient-ll)i 
pnH  féminiiiN. 

6°  Les  noniM  dem  niolM.  à  moins  qu'ils  ne  soient  prf^cédés  de  la 
partjpiile  /;*/  (coiiIrHolioii  de  moitié:  la  mi-août .  bcv  fûnf^c^ntc  ^(i^ufîi) , 
ainsi  que  les  noniM  tlem  Jours,  à  cause  des  mois  moi*  tljour^  sous- 
ei\lOM\u».Sei)fenihre.  Octobre,  \orembre.  Décembre.  Vendémiaire, 
lirumaire.  Frinuiire.  Nicose  *).  Plnrioxe.  Veafoxe.  —  l^e  Di- 
manche. 

M.ti.N  un  espoir  soutient  la  Frauce .  notic  iiàrc. 

Du  règne  des  banquier»  elle  attend  le  brumaire.  fAVMe''«i«.> 

208.  ttein/iri/iie.  Plaeëo jlevant  l«*  mot  carèm»'.  la  particule  mi  le  rend  aussi 
féminin.  Lu  mi~curf'me. 


r  LOS  nontM  ue  neuve* ,  au  moins  ceux  qui  emporieni  au: 
ment  l'idée  de  peu  ce  (.'(Sanvtfhif; ,  /tarins).  —  L'Elbe.  Le  Tage. 
llhône.  LEbre.  Le  Tibre.  Ij  Adige.  Le  Danabe.  Le  Votfja. 
Brahmatwutre.  Le  Gnnae.  f/Oranae.  Le  Zambèze.  L'Oreno 


Les  nontM  de  fleiivea ,  du  moins  ceux  qui  emportent  absolu - 

-  '      -  Le 

Le 
•ahmapoutre.  Le  Gange.  1/ Orange.  Le  Zambèze.  L'Orénogve. 
Le  Tratùmène .  etc.  **). 

209.  liemari/itex.  t"  Tous  lés  noms  anciens  de  flenves  et  de  ririères  sont 
masculins  indistinctement,  parce  que  dans  la  langue  latine,  d'où  ces  noms  déri- 
venl,  on  sous-entendait  toujours  le  nom  ma.sculin  ftuvius,  fleuve.  L'Oronte.  L'Hy- 
ilaspe.  Ije  Doristhhte.    I,e  Tigre.  J.e  Xanthe.    I^e  Scamandre.  Le  Permesse ,  etc. 

210.  2"  Écrivez,  Alphé ,  Pe'iw' ,  connue  I.éthè .  ot  non  plus  Alphe'p .  Pe'ne'e  ; 
Granic,  et  non  plus  Graniqtte ,  etc. 

2il.  3**  Si  parmi  les  noms  modcrui'>  de  lliMi\e>,  les  suivants  sont  lënmniis. 
c'est  que,  malgré  soi,  l'on  y  attache  plutôt  l'idée  de  ririère  «jue  celle  de  fleuv»- : 
la  Tornéa     la  Dwina       la  Svern         la  Ganuine        la  Lena  la  Madeleine 

la  Duna         la  Vistulc      la  Loire  la  Dordognc      la  (iambic        la  Plata. 

la  iNéva         la  Tamise     la  Charente    la  Guadiana      la  Colombia 

Encore  ne  dîl-on  la  plata  que  par  ellipse ,  au  lieu  de  Rio  de  ta  PUUa  . 
rivière  d'Argent.  On  conçoit  aussi  pourquoi  Madeleine  e«t  féminin:  ce  nom  étant 
celui  d'une  femme  ,  donné  par  extension  à  un  fleuve. 

212.  4"  Pour  ce  qui  est  des  noms  modernes  de  rivières  ou  afJltienUà»»  fltH' 
l'es,  excepte  ceux  en  a  et  quelques  autres,  savoir:  la  Lj/.t ,  la  Moidau,  to  Neiiut, 
la  Pleiss ,  ta  Theiss  ,  la  Twed ,  ils  sont  masculins  ou  féminins  selon  leur  forme. 
//'.4m.  le  Lot,  le  Buy,  le  Pripet ,  la  Corrèze ,  la  Dôme,  la  Vienne  y  etc.  — 
On  trouve,  la  'Formés ,  mais  pourquoi  pas  la  Tormèse  du  le  Tonnes'/  Teverone , 
rivière  d'Itiilie  ,  est  masculin  ,  parce  (|u*on  prononce  Téréroné.  Le  Tévérmte  par' 
tait  autrefois  le  nom  dWnio. 


^)  Sivnxf  est  féminin  dans  Nod  ft  (  hapsal. 

-0)  D'après  Napoléon  Land<tis  et  1p<i  antre»  graminhirieiiit  ,  tous  Im  notas  de  ie«v«g  à 
terminaison  féminine  seraient  féminins,  lis  n'en  exceptent  que  trois:  Le  Rkdne ,  le 
Tage  ,  et  le  Danube.  Ces  messienrs  ne  sont  pas  moins  versén  dans  1*  féocraphi» 
que  dans  la  philologie. 


58 


La  grammaire  française. 


8"  Les  MomB  de  montagnes,  irioins  les  cinq  suivants:  Alpes, 
Pyrénées  j  Vosges ,  Cévennes ,  Andes  ou  Cor</?7î"ères  ^  lesquels  ne 
s'emploient  qu'au  pluriel  et  dans  un  sens  collectif.  Exemples  :  Le  Yoimg- 
Frmi,  le  Caucase ,  le  Vésuve ;>  le  P amasse ^  V Olympe,  le  Pinde, 
VHymète,  VHymalaya,  le  Pausilippe ,  etc. 

Ô  sommets  du  Taygète ,  ô  rives  du  Pénée , 

J}e  la  -sombre  Tempe  vallons  délicieux , 

0  campagnes  d'Athène ,  ô  Grèce  infortunée , 

Où  sont,  pour  t'alTrancliir ,  tes  guerriers  et  tes  Dieux.  (Delille.) 

213.  Remarque.  Sierra.,  mot  espagnol  qui  signifie  chaîne,  est  naturel- 
lement féminin.  La  Sierra-Nevada  (chaîne  neigeuse),  la  Sierra-Moréna ,  la 
Sierra  d'Ossn ,  la  Sierra  d'Estrella,  la  Sierra- Verdé,  et,  par  ellipse,  /a  Ne- 
vada de  Soi'ato. 

9"  Les  noms  de  bourgs,  de  ^illafces ,  de  laes».  —  Vanvre, 
village  près  de  Paris ,  est  assez  joli.  Les  fils  du  Zuiderzée. 

10"  Tous  les  termes  employés ,  par  accident ,  comme  sub- 
stantifs :  OU  considérés  unifinement  sous  leur  raiiport  ma- 
tériel, sans  égard  au  sens.  Exemples:  le  boire,  le  dire,  le  faire , 
le  rire,  un  encore ,  un  et- caetera,  le  pour  et  le  contre,  etc. 

0  ciel!  grammaire  est  pris  à  contre  sens  par  toi.  (Molière.) 

214.  Remarque.  Le  texte  porte  prise  au  féminin.  C'est  une  faute  ;  parce 
que  le  mat  grammaire  n'est  envisagé  ici  que  sous  son  côté  matériel.  Grammaire, 
c'est  à  dire,  le  mot  grammaire. 

11°  En  somme,  tous  les  substantifs  qui  dérivent  immédiate- 
ment de  noms  latins  masculins  ou  neutres  ;  moins  les  noms  de  fruits  Cpo- 
mum,  la  pomme;  pirum,  la  poire;  cerasum,  la  cerise),  augmentés 
de  ceux  que  j'ai  cités,  page  29,  n°  92,  les  quels  sont  féminins  en  fran- 
çais, quoique  masculins  ou  neutres  en  latin. 

215.  Remarque.  Ne  perdons  pas  de  vue  qu'il  ne  s'agit  ici  que  des  substan- 
tifs à  forme  féminine,  c'est  à  dire,  terminés  par  un  e  muet;  car,  pour  ce  qui  est 
des  noms  à  forme  masculine ,  on  a  vu  combien  la  tradition  étymologique  avait 
déjà  perdu  de  sa  puissance;  ce  qui  doit  arriver  aussi  pour  les  substantifs  de 
la  seconde  classe,  dont  l'étymologie  a  peut-être  été  un  peu  trop  respectée,  comme 
ou  peut  s'en  convaincre  par  le  tableau  suivant: 


Exemples  pour  servir  de  preuve. 


latin 


allemand 


français 

-be 

un  astrolabe ,  astrolabium ,  ber  ©ternf)D^fii= 

méfier 

le  cosmolabe  ,  cosmolabium ,  bcr  SSeltmeffer 

le  crabe,  carabus,  bie  Jîrabbe 

le  monosyllabe  ,  '  mnnosyllabum ,   baS  einftls 

btge  SBort 

le  globe ,  globus  ,  "bie  Stn^tl 

le  lobe,  lobus,  ber  SnfDen 

le  cube,  cubvs ,  itx  ÎBiirfcl 

le  Danube,  Danubins ,  bte  î)onau 

un  incube,  incubus ,  baê  Sfla4)tmannc^en 

le  tube,  tubus,  baS  ^t>\)X 

un  Ïambe ,  iambus ,  etn  Snntbe 

le  limbe,  limbus ,  ber  SRanb 

le  rhombe ,  rhumbus ,  bie  Sdaufe 

les  lombes ,  lumbi ,  bte  Senben 

l'adverbe ,  adoerbium ,  bai  ?leiien»ort 


français  latin         ,  allemand 

le  proverbe,  proiyerbium ,  bflê  S^irtc^tcort 
le  verbe,  verbum,  boS  S^iti^ort 

-bie 

le  vocable,  vocabiilum ,  baê  SSort 

le  sable,  sabulum  ,  ber  <£anb 

le  crible  ,  cribrum  ,  baê  <Biti 

le  comble,  cumulus,  baé  llebermaÇ,.ber  ©tebel 

le  meuble  ,  mobile ,  ba«  ïrietrab 

-bre 

le  candélabre,  candelabrum,  ber  5J(rmIeu(^ter 
réquUibre,!  ....  .  ba«  ®Ietd)6e»trf)f, 
le  calibre ,  |  aequilibrmm,         ^^^  jîmibfr 

l'opprobre,  opprobrium,  bte  Sc^anbc 

octobre,  october,  October 

l'ambre,  ambarum ,  ber  SlmBer 

le  membre,  membrum,  baê  OUeb ,  SDîttqlteb 

timbre ,  tympanum ,  ber  JÎIang  ;  (Stem^el 


Règles  sur  le  genre  dês  sabstantifs. 


i» 


françali  latin  allemand 

le  noniliri* ,  iiiimmi»,  bir  Bobf 
II"  marlirr,  marmor,  btr  ^armotflrht 

■•* 

un  nrtiHcf ,  artlfifiinn,   bif  JJi'infilidjfrU  ;  bcr 

le  bj'néfife ,  betifflcliim  .  btr  Ulutrn 

le  CHlire,  Ciilir  (nhl.  inlict)  ,  brr  jlflct» 

un  éUlfir»" ,  tifriiflriiim  ,  tin  C^fb5ilbf 

lo  froiiti'«picf,  tiDutinfiIrliim  ,  bit  ©Iftfiffiff 

un  (ilÏKf,  nfflthim  ,  tin  Tifnfl 

le  préripli-c,  frnii-(li>itliim  ,  bcr  VbjtUr| 

le  «Ncrllice,  murlficiiim  ,  iat  Cufrr 

le  «ervlre  ,  serritiiim  ,  brr  ÎMfnft 

le  supplice,  tiiifipliiiiim ,  bic  Œfrnff 

lo  vire,  vithiw.tuf  Viiflrv,  brr  î^fhlrr,  î'îaBflfl 

le  coloHse,  cotoitiiis  ,  bii«  ;>{iifciibilb 

le  nioloiitie  ,  moIohkuh  .  baS  .^uiibiMittilil 

le  négoce ,  tieijnlium  ,  bcr  .^.inbrl 

le  nacerdoce,  »iirfnli)tiinii ,  bif  ^?ricflrrttj9rtf 

le  pouce,  fiolifT  ,  bcr  Xoiimni,  ;^cll 

le  Bexe  ,  nerus .  b.i«  OV ("ctlcdit 

le  Inxe,  liiriis,  lit  ^ir«ct>t,  Ucl'l)iflfrJt 

le  «llence ,  nllenliiim  ,  bai  Stinfttwriflcn 

Je  gypse  ,  piiftsnvi  ,  bcr  ffluV' 

le  commerce,  rnmmriTiiim ,  bcr  fiflJtbtl 

le  lliyrse,  thyigus,  bcr  ÎP(id)ii*ftc;b 

le  divorce,  ilimrtiuni  ,  bit  Pbcfcjjfibllili^ 

•rlie 

un  acrostiche  ,  nnoslichitim,  bai  'H1to{Htki)\>\i 
un  tieinisliche,  hftiiiiitichimn .  bcr  .Çalln'fri< 
le  juanche  ,  m(inuhriini)  ,  bcr  ®ttci,  6)rin 

-de 

le  cénacle,  coeiiaciihnn  ,   bcr  ÎJbcilbf^Jfiftfaal 
un  hahitadc,  huhilanilum  ,  bi'c  ÎBohnutifl 
le  miracle,  mlninihini  ,  b>i*  SBiillbcr 
un  obstacle,  obstnciiliiin  .  b<\S  .Ç)ittbcruiÇ 
un  oracle,  nraculuin  .  bcr  ('•iottcrfisrud) 
le  pinacle,  ftinnaciiliim  ,  b«c  ;<iniic ,  «Sv'ft* 
le  réceptacle,  rtitptarulum,  bcr  Sninmclort 
le  apectacle  ,  npectacuhim  ,  ba«  (Sctaiifvîcl 
le  tabernacle,  tabfrtiatiilum.\>ai<^ahamt\\\ 

le  siècle,  meviilum  ,  ba«  3iihrbuitbcrt 

nn  article,  artiviiltis,  bjJ Olelcnf,  bfrîlrttfcl 

le  cycle ,  cychis ,  bft  ^titlrtiè 

le  aocle,  soccti»,  ba«  ©cjïcU 

u!i  oncle,  (irunniliin .  bcr  Cfifim 

le  furoncle,  f)irunrutus  t  b(i«  fl?Iutflcfd>JDt"ir 

le  cercle,  elrculiis,  bcr  ^rci« 

le  couvercle,  opercnlum  ,  bcr  îDctfrl 

le  muscle,  miisruluf ,  bcr  3J2u<Fr( 

le  massacre  ,  ninztirrium  ,  hit  9J?c^clct 
le  simulacre,  nimiiliuriim  ,  ba<  $Bilbui^ 
le  lucre ,  luvnim  .  bcr  t^caMiia 
le  sucre,  narrhariim,  bcr  3»<îfr 
le  sépulcre,  s<piilcnnn  ,  baé  (.Mrab 
le  chancre  ,  ramer  .  bcr  jlrcb* 

-de 

le  gade  ,  gadiif ,  bcr  SécUftfcb 

le  grade,  gradus.btr  Q^rab;  Çhren^rob 

le  stade,  «lad htm  ,  bai  Stabium 

l."s  ilij^itigrade,  digitigradns,  bic  Hcbcitflâugcr 

If  renit'ile  ,  reiuediiitn  .  b.i*  'QJiitIcl 

le  nuiiilriipt^de,  qiiadnipes  .  but  oicrfû§ii^c 

Zl>itr 
le  conoïde ,  conoides ,  btf  Conoibc 
le  subside  ,  stibsidiiim  ,  bic  «Çùlfilcncr 
le  parricide,  parricidium  .  bcr  il.itcrmerb 
le  vide  ,  riduum  ,  bic  Sc^rc 


flrançaU  lalln  allemand 

le  code,  codex,  hat  0cf(((>ndi) 
les  antipod<'M ,  antipode» ,  bir  Q^rocnffijilrr 
l'Kxodr  ,  F.rndiiM  .  bcr  ^rcbn* 
le  mod<' ,  modim.  bit  9lrt 
le  prélude,  prueludiiim  .  bat  SBorf|)ici 
lu  monde,  mundu»  ,  bic  2i}rlf 
le  conde,  ruttltim  ,  btx  Qilbcgcn 

-drr 

le  cadre ,  qiiadnim  ,  bcr  SNabmcn 
le  polyèdie,  polyedmn,  ^iÇ{ut  mit  tiicifU  Cctlcn 
le  cylindre,  i)llndrut.  bic  SRnnbfittlr,  IB<ll)C 
l'onlre,  «rrfo ,  bcr  fl^cfc^l ,  bir  Crbnnnfl 

-plie 

un  autoRraplii",  autographu».  bcr  9(nfoArat>b 
le  cénotaphe,  renolaphlitm  ,  bai  $ra(tigrab 
le  paragraphe,  paraçtapku»  ,  brr  Vtfa^, 

le  télégraphe,  telegraphhim  .  bcr  Trlcflra|»b 
un  hléroglyphi- .  Mmujiyphii* .  tint  <l^irro« 

flfnpbr 
un  liippokCrilTe  ,  hlppoiiriffim.  citt  .Çi»>pOf^r1>Ub 
le  lofsoRriplie,  liigittjriphii* ,  bcr  l*oflOflr»»b 
le  philosoplir .  phili)»nphiis  ,  btx  $hilofri«b 
le  Kolfe,  roi  pus .  bcr  ÛJJccrbufcn 
le  triomphe,  triumphiin ,  bcr  €icfl,  Xriiimi'h 

-ne 

le  trèfle,  trifnlium  .  bat  Jllccblalt 

le  (girofle ,  cargophyllum  ,  bit  @cicûr)nclfc 

le  soufrte,  mifflaliiit ,  bcr  ^auA} 

le  mufle,  mufliiliig,  bit  <Bénamt ,  baiWlanl 

le  buffle,  bufutu»,  brr  SBiiffrlo(t< 

le  soufre,  milp/mr.  bcr  Çtftrcfc'. 

un  adage,  adagiinn  .  cm  ^î^iniuprud; 
l'an-opage,  arenpTtgim  .  bcr  îlrcppan 
un  otage  ,  hospilagimn  ,  cinc  @cipcl 
le  sarcophage,  xanophagits ,  bcr  ^ar^ 
le  suflfVage,  miffrnglum  .    bic  «SHmmr,    bcr 

SPcifan 
le  collège,  cnlleghim .  bat  (fcllct^ium,  :c 
le  privilège,  privllegitim  .  bat  SOcrrc^t 
le  manège ,  manegiiim  ,  bir  9icil(d)ulc ,  ic. 
le  sacrilège,  favrilegium.  bic  (^ntbcili^nni^.ir. 
le  sortilège,  xortHegiiim  ,  bit  <^rrcrci 
le  litige  ,//ri(/M/m  .bcr  -^mift-,  Strcit 
le  prodige,  prodigiiim  .  ba}  iQ]unbcr 
le  vestige,  vestigitim  ,  bit  Stur ,  Snf^cpfr 
un  éloge,  eingium  ,  bit  Sobrrbc 
le  miirtyrologr,  marlyrolngu*.  bal  3n5rtVrrr> 

bu* 
le  nécrologe  .  nerrologiis  ,  bcr  9lc!rclpi< 
le  déluge,  diliirium  .  bit  €iinbflutb 
le  refuge,  reliigiiim  .  bic  ;^uflit*t 
le  subterfuge,  itibterfugium ,  bit  Vuffluét 
un  ange,  angelu»,  bcr  (ïnflcl 
le  lange.  Ian.him  ,  bat  fBiifclbanb 
le  linge,  Uneiim  ,  bit  SBôfd^r 
le  singe.  *imjiis .  bcr  ïffr 
le  songe,  gniuîijum .  brr  Tranm 

.«le 

le  seigle,  tecale .  btx  StoaacB 
un  angle,  angiihis,  bcr  SQinfrl 

-sne 

le  bagne,  balneum  .  bût  Stfaoritbaiil ,  >r. 

le  règne,  regtnim  .  bir  SlrAirmna 

le  peigne,  perten  (abl. jMcfine}.  brr  Stamm 

Je  cygne .  cygnut  .  bcr  é<^liMn 

les  insignes',  in$ignfa  ,  bit  Sifi^ntcn,  drt^rv 


60 


La   grammaire  française. 


français         latin         allemand 

le  signe ,  signuin  ,  ba«  3ef4)en 
un  onagre,  onager ,  ter  ÎBalbeffl 

-«rue 

le  vajr?/«r,  vugum  ,  ba8  Unbffttniinte 
le  collègMc ,  coUega,  bfr  QvUtp,f,  2ri)if«genofff , 
«éc^uIcDllege,  jc. 
un  apologue,  apoUgus,  berSlVolofl,  bte^nM 
le  catalogue,  catalogvs,  bnâ  SPerj'tctnt^ 
le  I)écalogi/«,  Decalogus ,  ber  î)efaIog 
-le  dialogt/e,  dialogiis  ,  bnê  ©eftirad^ 
^  un  épilogue,  epilogus,  ber  ^l^tloil,  bie  (gc^Iup= 

rebe 
le  monologue,  moiiologus,  taê (&(]h^ç\t^pvc.(^ 
le  prologue,  prologus.  ber^rolofi,  bieSSorrfbc 

-le 

un  ovale ,  ovale ,  bnS  iConI 

le  scandale  ,  scandaliim ,  bas  îlergcnit^  ,  bcr 

Scivm 
le  libeHe,  Ubelltis ,  bie  €cbmal)f4)rift 
le  modèle,  modulas,  baê  SDîobell ,  93orbtIb 
le  parallèle,  parallelon ,  bie  l'ergleirbutifl 
le  zèle,  zelus ,  bfr  (Sifer 
un  asyle,  asyliim,  ber  Buflud^tScrt 
le  chyle ,  chylus ,  bcr  SKtldifaft 
le  codicille,  codicillum ,  baé  S^obicill 
le  concile,  concilium,  bte^irc^enuerfcinimluiii] 
le  crocodile,  crocodilus,  baê  jîrpïobtl 
le  dactyle,  dactyliis ,  ber  SaffDhtS 
le  domicile ,  domicilium ,  bie  2Boî>nung  ,  ber 
2Bo{)iiort ,  2c. 
l'Evangile  ,  Evangelium  ,  i>aS  Soattgelinm 
le  fossile  ,  fossile  ,  iaS  Soffti 
le  hile,  hilum,  bie  Starte 
les  îles,  ilia,  bie  SBetéen 
le  mille,  milliar-e  ,  bie  'SSleik 
le  mobile,  mobile,  bie  ïriebfeber 
le  péristyle ,  peristylium  ,  ber  Éauleiigang 
le  reptile  ,  reptilis ,  baé  frifc^enbe  Shter 
le  style,  styliis,  bcr  (5ti)I,  ©riffd  ;  bie  ©r^retb- 

art,  K. 
l'ustensile ,  utensile  ,  baê  ®erath 
le  verticille ,  verticillnm  ,  ber  Quiri 
le  volatile ,  volatile ,  bnS  flicgcnbe  î^ier 
le  capitole ,  capitolium  ,  baê  6a))itDl 
le  monopole,  monopolium ,  bcr  SlUciiife.inbcl 
le  péribole,  ppribolitim,  mit  SBaumen  I)c^f(anj= 
ter  Drt  um  cinen  3;empel 
le  pôle,  poliis ,  ber  5pol 
le  protocole  ,  protocollum  ,  baê  ^roteîoU 
le  rôle,  rotulus,  bie  Spolie 
le  symbole,  symbolvm ,  baé  «Siitlibilb 
un  animalcule,  anlmalculum,  ein  %\)\ixà.)t\\ 
le  crépuscule,  crepuscuium,  bie  ^î)ammeruiti] 
le  denticule  ,  denticulus  ,  ber  ^alberja^it 
le  fascicule,  fascivulus ,  bcê  iBiiitbel,  .§cft 
le  globule,  global  us ,  baê  Jîiîgcidjcn 
le  manipule,  manipulas,   bie  Slrmtiittbe,  JC. 
le  pendule ,  pendulum  ,  ber  SJcnbcl 
le  perpendicule  ,   perpendiculum  ,   bie  fenî* 

red)te  Sinie 
le  préambule,  praeambnlum  ,  ber  ^ingang, 

bie  S8orrebe 
le  ridicule,  rldiculum,  bie  Sad^crlic^îcit 
le  scrupule  ,  scrupulum  ,   baé  39ebeiiîeii ,  ber 

Bweifel 
le  véhicule,  vehiculum,  baé  SBcforberiingêî 

mittel,  îc. 
le  vestibule,  vestibulum,  bcr  SOorfaal,  Sorjjlafe 
le  voile,  vélum,  bcr  '5cf)Icier 
le  moule,  modulus,  ber  SJÎobel,  bie  gonn 


français         latin         allemand 

le  chèvrefeuiUe  ,  caprifolium  ,  baê  ®t\%h\m 
le  portefeuilZe,  portofolium  ,  bie  ©vieftaf^e 

-me 

le  drame ,  drama ,  baê  ©(^auftncl 
le  gramme,  gramma ,  baê  ©ramma 
un  hippopotame,  hippopotamus,  baê  Blu^l^fetb 
le  programme,  programma,  baê  5l5rogram 
un  anathème ,  anathema ,  bie  SSerflu^iiiig 
!e  baptême,  baptisma,  bie  S^aufe 
le  chrême ,  chrisma ,  baé  ©l^riêma 
le  diadème ,  diadema ,  baé  îîiabcm 
le  dilemme,  dilemma,  ber  SDBcj^fcIfc^Ut^ 
le  problème  ,  problema ,  baé  $robtem 
le  thème ,  thema  ,  bie  2lufflate 
le  théorème  ,  theorema  ,  bcr  Se^rfaÇ 
un  abyme,  abysstis ,  bcr  3lbgrunb 
le  centime,  centesimus ,  bcr  (Centime 
le  décime,  decimus ,  bie  2)ccimc 
le  crime ,  erimen ,  "ixxi  95crbrcc{)cn 
le  millésime  ,  millesimus  ,  bie  3al)reêjaf)l 
le  régime,  regimen ,  bie  î)iat,  Sîegicrung 
le  synonyme,  synonymum ,  baê  ©^itoit^m 
un  atome,  atomus,  baê  2ltcm 
un  axiome ,  axioma  ,  ber  ©runbfafe 
le  baume ,  balsamum ,  ber  SSalfant 
le  chaume  ,  calamus  ,  bie  <StoVi>eI,  baê  Slroh 
le  fantôme,  phantasma,  baé  @cft3Ciift 
le  gnome,  gnomon,  ber  SSerggcift 
un  idiome,  idioma,  baê  Sbiom 
le  psaume ,  psalmus ,  bcr  $fafm 
le  royaume,  regnum,  baê  ^ijntgretc^ 
le  somme ,  somnus ,  ber  ©djluminer 
le  symptôme ,  symptoma ,  baê  2Iu5cic6eit 
le  volume,  voliimen  ,  bie  ©rô^c,  bcr  33anb, K. 
un  apophthegme,  apophthegma,  ber  ScfirfDrud) 
le  borborygme,  borborygmus ,  baê  .^iiurren, 
SRum^elrt  im  ilnbe 
le  dogme ,  dogma ,  bcr  gefirfa^ 
le  palme,  palmus ,  bie  (Sijannc,  .Çaiiblange 
le  charme  ,  carmen  ,  bcr  3<'wl'fï  >   ^'H  •  ^'^ 

^agc'&ttcfcc 
le  germe,  germen,  bcr  Jîcim 
le  terme,  terminus,  baê  ^\t{,   (Sube  ;    ber 

îerniitt 
l'enthousiasme,  enthusiasmus,  bie33egeifterung 
le  cataplasme ,  cataplasma ,  bcr  llmi"d)Iag 
le  miasme ,  miasmos ,  boêartige  WMébûnfîung 
le  pléonasme,  pleonasmus ,   bcr  ÎCIconaêinuê 
le  sarcasme,  sarcasmus ,  bittcre  ©DBttci'ci 
le  barbarisme,  barbarismus ,  i2)3rac^unrcitlig= 

îeit 
le  christianisme ,  ehristianismus  ,  baé  Qf)ïi- 

ftcntfium 
le  cynisme  ,  eynismus ,  bcr  Sijntémnê 
le  sinapisme,  sinapismus ,  baê  (Senfpflafler 
le  prisme,  prisma,  baé  çpriêma 
le  rhythme,  rhythmus ,  ber  Sl^çt^muê 

-ne 

un  àtie,  asiîius,  ein  (Sfcl 

le  crâne ,  cranlum  ,  bie  vgirnfc^ale 

les  mânes,  nunies,  bie  3J2attcn 

un  organe ,  organum  ,  baê  SOSerîjcug 

le  domaine,  domanium,  bie  îîomciiîe 

l'oxygène ,  oxygenium ,  bcr  ©auerftoff 

le  pêne ,'  pe7iis\  ber  (âc^IoBricget 

le  phénomène,  pAaeMOjnenum,  bteSufterfc^ets 

nuttg 
le  platine  ,  plalinium  ,  baé  ^latina 
le  tricline  fmieux  triclinium)  ,  triclinium, 
ber  «S^ttfefaal 


Règles  sur  le  ^enre  des  sobstantifs. 


61 


françain         laUn         allemand 

le  cnrboni>,  larbu,  bir  Jlohifnfloff 

le  cûne,  4  ou  us  ,  brr  Xt\]tl 

II"  pulygunc,  prriijiiniiiin  ,  ba«  iUlfUrf 

le  pyloiic,  />y/«»HM>, taJ.ljjiipttljDr,  H»1Jçloitf 

l<*  HliAiic  ,  Rhnititiiun  ,  iu  SJbpiif 

!<•  trtiiio,  Ikritniin,  brr  Xl'roii 

!»•  Jt'rtiip  ,  Ji-JuiiiHiH  ,  iti«  iVifirit 

ruiitiinoliiH  ,  anlimonium  ,  tcii  Qpif^alaf 

If  pHirliiiuiiii' ,  lutlrimoniiiin ,  iii  (StPAUt 

If  pivoine,  ftyrrhiilu»,  itt  séilltfïitf 

|f  lernf ,  ttriiiis,  Ht  Ifrilf 

le  capricorne,  capricornu»,  bfr  ©Utnbocf 

le  colliurne,  talhurjum ,  Ux  jtoihurn 

le  crêpe,  trUpum  ,  btr  ^Icr 

le  maiiiclp«,  iiiunicipium,  ba<  aRuitJcJpium 

le  principe  ,  prlnclpium  .  ba«  ^rindp  ,  brr 

Urfioff,  ic. 
If  partldp»- ,  piiilicipiiim  ,  bat  3JJiftfln?ort  . 
!■•  ty|)f  ,  tijini.i .  i,u»  Urbifb 
le  inicruMcopf ,  mirrosiopliim,  tat  ^Jfrarôjjt» 

runa<gla« 
If  niUantUrope,  mUanlhropun,  brr  iVlrnft^rn^ 

fftitb 
le  télescope  ,  Ulttropium  ,  tH  (jtmrchr 
le  trope  ,  tropus ,  bit  Xvopt 
le  carpe  ,  carpu»  ,  btr  ^anbwurjrl 

-pie 

le  triple,  tripliis.  ba«  î)rctfac^)c 
If  peuple,  poputttg,  bii4  \l3clf 
lia  exemple,  r.rfmplum,  ba«  ©rffpirl 
le  temple,  lemplum  ,  brr  Xcmprl 

le  propre,  pmprlum  .  b.iê  (SiflmtljJnilii^f 

-que 

le  Kodiaqxe  ,  Zodiacus ,  btr  ïbif rfrriiJ 

le  cantique ,  cantirum  ,   b>t8  dfiflUc^r  SobUrb 

le  rosniétiq»e,  Ni.«me/<runi,  bA<S(^lRtnrni(ttrl 

le  di.Htique,  dintichitin  ,  tcit  ^crlpaar 

le  viatique,  viatiruin,  iai  Jlbriibmabl,  a. 

le  colloque ,  cotloquiiun  ,  hai  @rfprjd; 

le  clrqne  ,-clrfM»,  brr  Qittut 

le  rasqn» ,  catcus ,  brr  ^r'.m 

If  disque,  discus ,  bif  SÛurffdjribc 

-re 

catarrhe,  calarrhus,  brr  Jlalart^ 

If.s  lares  ,  lar<it ,  btr  .^au«i\5ttrt 

If  pliare^  phaton  ,  brr  Sjcu4)tlhurm 

le  caraitfre  ,  rhitructer ,  bci  SbJf'iftcr 

If  cratère,  craler,  brr  'S<t>Inub 

le  niiiiistère  ,  mlnhUrium  ,   iH  iUjintftrrtum 

le  monastère  ,  mnna^leriuin  ,  ba«  Jllo|lrf 

If  inystiTf,    inysterittm .  ba*  ®fhciiniii& 

le  primevère,  primiim  ver,  brr  -^rûhlina 

le  aCère ,  $tereiis .  brr  ®trre 

un  ulcère,  ulcus,  tia  (Slrf^ivûr 

le  viscère,  ri*(  er  ,  ba*.  (Jtitarwribr 

If  tonnerre,  tnnitru  ,  bcr  Tonnrr 

le  verre  ,  vitriim  .  ba«  (.MIaJ 

le  bréviaire,  bren'ariuM,  ba«  ii>cbrtf(jrmrlbu(^> 

le  salaire,  salariiim .  brr  ÎPbti 

le  sanctuaire,  satutuarium ,  ba«  «Çrtlt^thuni 

le  scapulaire  ,  scnpulaïf .  bcr  $(i)ultrrTO(f 

le  suaire,  nudarium ,  hcii  \!cict)CIltuc^)  ■ 

le  cimetière ,  cofineteriiim  ,  brr  Jlirç^bof 

Ip  délire  ,  (ie/M-<i(m ,  btr  (8ri{lr<?rraùrruna 

nn  empire,  imperitu»    *"^ '"-••1'.  ilaifrrtçum 

le  martyre,  murlyrin  ;ob 

le  vampire  ,  ramf»i/'i(>  >:iauflrï 


françui*         latin         alltmand 

le  r.éphyrr,  tephyrii» ,  ttx  Orfhvinb 

le  BoaDbore,  BoiphoruB  ,  Oelp^orul 

le  melëore,  meteurum ,  bic  lifttftrrf^iriuttng 

le  pore,  paru»,  iat  €rtiii>riMl.v:i 

nn  augure,  aiigiir ,  b(;  r 

le  murmure,  murmnr.  i  ...I,  24ufdn 

le  parjure  .  ;■  .     tu  i^ffiiirlb 

un  ure  ,  ui  '  l)t 

nn  BccesHOir>  ,  lium,  t\f  'Tlcfxufjdtr 

un  auditoire,  audilunum  ,  î 

le  ciboire,  rlborlum  ,  bat  .♦?. 

l'offi' rtoire  ,  off'erloriiiiu  ,  bir  j^  pfiiiiiijj 

le  promontoire,    piuutonlorinin ,  bel  'Hot^t* 

birjr 
le  purgatoire ,  puryutorium  ,  ba*  Brjrfrurr 
le  territole,  territurium  ,  bal  0rbirt 
le  vomitoire ,  i-omUovlum  ,  gro^rr  Sluldaittl 
le  genre,  genua  fabl.  ijenere),  ba«  ©rfojlrd^r 

-te 

un  aconsfflate,  acoutma,  rtnt}(bilb((rl  9ct}fr 

un  aromate ,  aroma ,  bal  @rn>ûr| 

un  automate,  autinna  ,  bal  ^utcmot 

IfS  pénates ,  pennte»  ,  btr  ,!&au»^ôttrr 

le  stigmate  ,  nliqmit .  bir  'Jlarbr 

le  faite,  fanliginm ,  brr  @irbrl  ,  9ir^,  U. 

lu  mérite  ,  meritiim ,  ta  ^crbirtt^ 

le  mythe,  inyihus,  brr  Û}^)tt;iul 

lu  plébiscite,  plebi»(ituin,  bir 'i^Plflorrorbituig 

le  rite,  liliis,  brr  J{lr(^>rn^rbrau>^ 

I*  site ,  »Ung ,  bir  ïaor  rinrr  ïanbf<^aft 

le  vote,  votum ,  btr  stimmr 

le  doute ,  dubium  ,  brr  ;}iortfrl 

un  acte,  nrtus,  bir  î^at;  brr  ÎTufiufl 

le  pacte ,  pactitm  ,  brr  iUrrtrajj^ 

nn  insecte ,  tnxrctum  ,  baj  3n)rct ,  Jtrrbt^irr 

le  ruite,  ciillus,  bcr  ^ottrlbtrnit 

le  tumulte,  tiimitltii»,  brr  ^ârtn;  Sufrii^t 

le  labyrinthe,  hibyrinthiin  ,  bal  ïabpriat^  ; 

bfr  Srrgarira 
le  précepte ,  praeceptum ,  bal  Q)cbot 
le  contracte,  conlrapositum  ,  brr  (^r^cnfa^ 
l'EccIësiasIe  ,  Eccle$ia*te»,  brr  ^rrci,irr  £«< 

lomoittl 
Je  faste,  fmtu» ,  bir  $ra(^t 
le  méloplaste ,  meloplaston  ,  bir   mcloplafit: 

J<^r  iKrtbcbc 
un  anapeste,  nnapafflu* ,  brr  flnapjfi 
le  ceste,  cestm.  brr  ^Strritbanbfc^ut) 
le  digeste,  d'      '  ')}attbrftrti 

le  geste,  <;e  '  hrrbc 

les  gestes,  y  ;^olbrnff)atrir 

un  inceste,  énienlun,  bit  Un)U(^t 
le  manifeste,  manifeslum  ,  btr  CffrftfKIlbC 
Bissextf,  Bissextum,  brr  2£^>alttafl 
lu  contexte,  rontextiis,  bcr  Çctttrrt 
le  prétexte ,  praftexliit  .  brr  ^oritailb 
sexte  ,  gextuit ,  frc^tlrl  tUitc^ ,  )c. 
le  texte,  testas,  brr  îrrt 
l'aoriste  ,  utn-hlns  ,  3Ic*iftii4 
nn  holocauste,  hnlocausluni.  bal  Qranbopfrt 
le  poste ,  posittim ,  trr  $o|tru 
un  arbuste,  arbuitum ,  bir  £taubr 

•tre 

le  théJ^tr« ,  Iheatnm ,  Ui  C(|M4)rid|ml 

nn  être ,  ens .  rtn  ffîrfcm 

les  aitrea,  atria ,  bir  Oinac  Mb  £<^Ii(^r 

le  mètre,  metrum  ,  bal  SRrtntm 

le  baromètre,  barometrum ,  brr  guftfc^mert* 

mrjfet 
le  Mlpétra ,  «al  p€tract  Ut  «SaMnttc 


62 


La  grammaire  française. 


français         latin         allemand 

le  chevêtre ,  capistrum ,  bet  .§atfter 

le  cbapitre,  captit ,  haS  Stapixtl 

le  litre,  litrum,  baê  Sîtter 

le  nitre,  nitriim,  ter  ©al^cter 

le  pupitre,  pupitrum ,  baS  ^ult 

le  titre ,  titulus ,  ber  S^itel 

le  cloître ,  claustrum ,  'ici.i  Jîlojier 

le  goitre,  guttnr ,  ber  .Rropf 

le  spectre  ,  spectruin ,  i>a^  ©efpeujî 

le  iiltre,  filtrum ,  i^ct  ©d&er 

le  philtre ,  philtrum ,  ber  ?tebeêtranî 

un  antre  ,  antrum ,  bie  .§6^le 

le  centre,  centrum ,  ber  ilJîtttctv«nct 

le  ventre,  vejiter ,  bev  93auc^ 

le  cintre  ,  cinctum  ,  ber  Soflcn 

le  sceptre ,  sceptrum ,  baê  (Sce^ter 

le  tartre ,  tartarum ,  ber  SSetnfteiti  . 

le  meurtre,  niordrum ,  ber  âJîovb,  Xobtfc^lag 

un  astre ,  astrum  ,  baê  Oefîtru 

le  désastre,  desustrum,  ber  Unficrn 

l'épigastre,  epigastrium ,  ber  Obecbaud; 

le  semestre ,  semestrium ,  baê  §albjaf)r 

le  trimestre ,  trimestrium  ,  baê  SBtcrteljaf)r 


français         latin         allemand 

le  séquestre ,  sequestrum ,  ber  ©equejier,  bie 

aSei'wa^rmifl 
le  ministre,  minister ,  ter  SDîtnijiec 
le  sinistre  ,  sinistrum ,  baS  ©eeunglûcf 
le  registre,  registrnm ,  baê  SRefltfter 
les  rostres ,  rostra ,  bie  3îofira 
le  balustre ,  bulaustrum ,  bie  @e(âtiberbi>(îe  • 
le  lustre ,  lustrum,  ber  Jîvonleu(^ter,  ber  ©Irtrtj 

le  conclave ,  conclavium ,  \>^^  SPftpjima^Ijim= 

mer,  îc. 
le  glaive,  gladius ,  baê  ©ôwert 
le  qui-vive ,  Quis  vivat,  SBer  baV 
le  fleuve,  fluvius,  ber  glufi 
le  cadavre,  cadaver,  ber  !teid)nain 
le  bièvre,  fiber ,  ber  SBiber 
le  lièvre ,  lepus  Cabl.  lepore) ,  ber  «§a[e 
le  poivre,  piper,  ber  ^feffer 
le  gymnase,  gymnasium ,  baS  Uebun9êt)auê 
le  pétase,  petasus ,  ber  "5(ii3fl^«t 
le  vase ,  vas ,  ba§  ©efiïp 
le  trapèze,  trapeziinn,  ungletc^feitigeê  SSieretf. 


Premier  intermède.  —  La  grammaire  de  M.  C.  É. 

Voir  ce  tableau,  beaucoup  plus  complet,  dans  notre  Méthode  du  Gewj-e  (page  163 
et  suivantes),  d'oîr  l'auteur  du  nouveau  fatras  appelé  Cours  élémentaire  de  Langue 
Française  a  tiré  les  cinquante  pages  compactes  qu'il  a  barbouillées  à  l'aveugle  sur  le 
genre  des  substantifs  ;  sans  se  croire  obligé  de  mentionner  un  travail  de  deux  ans ,  que 
j'avais,  pour  ainsi  dire,  accompli  sous  ses  yeux,  et  dont  il  était  si  charmé,  que,  des  deux 
exemplaires  que  l'éditeur  m'envoyait  de  chaque  livraison,  il  fallait  absolument  lui  en 
donner  un ,  sous  peine  de  n'être  plus  son  ami  ;  ce  qui  m'eût  été  bien  préjudiciable  ;  car  , 
ses  relations  cessant  avec  moi ,  j'aurais  été  privé  dès  lors ,  comme  je  le  suis  depuis  quatre 
ans,  du  plaisir  de  le  voir  arriver  chaque  jour  dans  mon  humble  retrait,  pour  mêlec^'à  ses 
compliments  une  foule  de  questions  sur  tels  ou  tels  points  de  grammaire ,  dont  la  discus- 
sion,  liabilement  soulevée  par  lui,  constituait  des  séances  gratuites  de  trois  à  quatre 
heures,  qui,  renouvelées  quotidiennement  pendant  six  années  de  suite  Clepuis  1842  jus- 
qu'en 18i8} ,  auraient  pu  suffire  aux  études  grammaticales  dont  il  avait  besoin  pour 
commencer  la  grammaire  qu'il  projetait  depuis  douze  ans  et  qu'il  a  enfin  fabriqu^ée  en 
1849,  s'il  avait  eu  d'en  haut  mission  pour  cela.  Avant  de  se  niettlre  k  l'oeuvre,  il  eût 
volontiers  attendu  que  la  Clef  de  la  Langue  et  des  Sciences  fût  achevée,  afin  d'en  faire 
son  profit;  mais,  voyant  que  cetla  publication  était  ajournée  indéfiniment,  par  suite  de 
la  révolution  de  1848,  et  que  j'abandonnais  décidément  la  philologie  pour  la  poésie,  il  cessa 
brusquement  ses  visites  ;  non  sans  m'avoir  pressé  plusieurs  fois  de  lui  communiquer  les 
manuscrits  que  j'avais  déjà  préparés  pour  la  continuation  de  mon  ouvrage.  En  retrouvant 
sur  les  premières  feuilles  de  sa  grammaire ,  si  grammaire  il  y  a ,  la  substance  d'un  tra- 
vail qui  m'avait  coûté  tant  de  peine,  et  qui  ne  laisse  pas  que  de  supposer  quelque 
mérite  d'invention  (comme ,  par  exemple ,  le  tableau  des  voyelles  et  des  consonnes ,  Clef 
de  la  Langue,  t.  2,  page  40;  Cours  élémentaire,  page  5,  et  suivantes),  sans  la  moindre 
indication  des  sources  où  l'auteur  avait  puisé,  je  ne  pus  m'empêcher  de  voir  là  un  trait 
d'indélicatesse  et  d'ingratitude,  qui,  ajoutée  à  tant  d'autres  faits  d'une  nature  beaucoup  plus 
grave ,  pouvait  être  dans  mon  coeur  ulcéré  comme  la  goutte  qui ,  en  tombant  dans  un 
vase  trop  plein ,  le  fait  déborder.  Le  vase  ne  déborda  point.  C'est  sans  doute  ce  qui  me 
valut  cet  aveu  naïf;  de  la  part  de  mon  ami:  »Je  vous  vole  bien  un  peu,  me  dit-il;  mais 
j'y  mêle  assez  du  mien,  pour  qu'on  ne  puisse  pas  m'accnser  de  plagiat/* 

Or ,  savez-vous  ce  qu'il  a  mêlé  du  siea  à  la  liste  ci-dessus  (empruntée  à 
la  Méthode  du  Genre,  page  163)?  Il  y  a  mêlé  au  hasard  les  mots  suivants:  le 
pou-de-soie,  le  sayon,  V  amble,  le  rable ,  le  jable ,  le  cartouche,  le  porche ,  le 
portique,  le  pêche ^  le  relâche,  le  reproche,  le  chiffre,  le  bouge,  le  prestige , 


Règles  sur  le  genre  des  substantifs.   Petit  intermède.     ^ 

le  merle,  un  orle ,  le  aantUtle ,  te  vaudêvUte,  te  blùtne,  te  jusquiame,  le  vacarme, 
le  coHflm ,  le  Hinople,  te  bunftte ,  te  porc,  te  iandaruque ,  le  grimoire ,  le  par- 
terre f  te  tbirre ,  te  repaire ,  te  dialecte ,  le  pldtre ,  te  havre ,  le  yenièvre ,  le 
l40uvre,tii'.  U'aboril,  que  viennent  faire  ii-i  le  porc  et  le  «aj/o/t,  uuis  qu'il  ne  s'agit 
(|uc  de»  noms  qui  sont  luaMOulins  en  t'rauv:«i-s,  quoique  tennine.<>  par  un  e  luuet, 
parce  <|u'ils  dérivent  immédiatement  de  noms  latins  masculins  uu  neutres.  Je  ne 
sache  pas  que  sat/on  soit  un  nom  latiu  ,  non  plus  que,  pou- -te- soie ,  rable ,  jabte, 
amble  ,  vartouche  ,  relàclw ,  proche  ,  reproche  ,  chiffre  ,  orle  ,  vaudeville  ,  htiime , 
vacarme,  mast/iie,  bust/ite,  (frimoire,  parterre ,  sbirre,  repaire,  plâtre.  —  Ambte, 
vient  sans  doute  de  ambiilare ,  mais  où  est  son  vorrc.spondanl  latin  inaseuliii  uu 
neutre?  Ce  n'est  donc  pas  l'étymologie  qui  peut  justifier  dans  ces  noms  le  genre 
masculin;  pas  plus  que  dans  les  suivants:  porche,  portique,  bouge,  prestige, 
merle,  couple,  sinople ,  dialecte,  genièvre,  Louvre,  tous  l'éniinins  en  latin:  por- 
ticns  ,  hugia  (basse  latinité)  ,  praestigia,  mentia,  copula,  sinopin,  dialectu»,  juiU- 
perus,  lupara.  Mais  l'auteur  du  cours  élémentaire  sait-il  le  latin"?  Il  doit  m'étre 
pernjis  d'en  douter.  Car,  comme  je  lui  dis  un  jour  qu'interligne  était  régulière- 
ment masculin  d'après  l'étymologie,  il  me  répondit:  ..Vous  avez  raison:  puisque 
létymoloifie  est  interlignum.  Non,  l'étymologie  n'est  pas  intertignum ,  mais  inter- 
linium.  (Noir  la  Méthode  du  Genre,  page  178.) 

D'un  autre  côté ,  où  l'auteur  du  Cours  élémentaire  a-t-il  vu  que  jtuquiame, 
sandale,  sandaraque ,  fussent  masculins?  Ces  trois  noms  sont  de  ceux  dont  nous 
avons  parlé  page  t-'i .  n"  H2.  Ils  sont  féminins  en  français,  quoique  neutres  en 
latin  :  Hgoscgamum  ,  sandnlum ,  satuiaracum.  —  Masque  ,  vient  de  l'italien  nms- 
chera ,  nom  féminin.    —    De  plus,  on  écrit  désormais  buse,  et  non   pas  busqué. 

VoUtt  cuiuuitMit  H'y  preiul    le   digiii!   .M.   C.  K.  pour   d«'>guiser   ses   hoiitt-ux    plagiaU. 

Il  e.Ht  vrai  (iue,Niir  quflque.s  ohservatiun.H  ainicaleH  que  Je  lui  fis  k  cet  égard,  il 
avait  fini  par  citor  nue  fui.s  la  Clef  de  la  Langue,  dans  une  note  do  denx  ligne.<i ,  qui  a 
disparu  depul.s,  pour  faire  place  k  uu  supplément  ainsi  connut  ^C'est  dans  l'intention 
d'être  utile  k  ceux  qui  pourront  en  tirer  fruité  (.sic)  que  nous  rapporton.s  une  ancienne 
rè^e  établi  (sic),  en  1»)!>6  par  La  Touche.  Voici  cette  règle:  Le»  noms  terminés  par  un 
e  muet  «ont  féminins,  excepté  ceux  qui  dérivent  de  noms  latins  des  genres  ma.scnlin  et 
neutre.*  La  Touche  ajoute:  „J'««  omis  les  noms  latins  de  rlrière*.  de  montagne»,  d'arbret 
et  de  fruiti, etc.'^  —  Mais  h>s  noms  d'arbres,  tous  nia.sculins  en  français,  sont  féminins  en 
latin,  et  les  noms  de  fruits,  neutres  en.  latin,  sont  féminins  en  français,  du  moins  ceux 
qui  se  termiiient  par  un  e  muet ,  conformément  k  la  règle  générale. 

Le  digne  autour  du  Cours  élémentaire  termine  par  cette  déclaration:  «Nous  avoiu 
reproduit  tous  les  mots  compris  dans  la  liste  de  La  Touche. **  (Voir  page  Ibi.J 

Je  ne  connais  pas  le  livre  de  ce  de  La  Touche  ;  car  il  ne  m'a  pas  été  donné,  comme 
k  l'heureux  M.  C  É. ,  de  pouvoir  me  former  une  titbiiothèque  de  quelques  mille  volumes. 
J'ignorais  même  complètement  qu'il  eût  Jamais  existé  un  de  La  Touche  grammairien. 
Mais  il  doit  m'ètre  permis  de  révoquer  en  lioute  l'a.ssertion  de  M.  C.  É. ,  k  cause  de  cer- 
tains mots  de  cette  liste,  datée  de  16*J(>,  les  quels  .sentent  trop  leur  n*auveauté  pour  n'être 
pas  des  anachronismes. 

Il  ressort  assez,  de  la  déclaration  de  notre  ex-aui  que  la  découverte  de  cette  rifle 
antique  dans  un  vieux  honquin  de  1691)  a  dil  lui  causer  une  grande  Jubilation  et  qu'il  a 
crr.  nous  morlitier  cruellement  en  nous  suscitant  ce  rival  centenaire,  pour  nous  en  dispu- 
ter la  priorité.  Pourtant,  Je  ne  sache  pas  que  le  livre  de  feu  de  La  Touche  lui  ait  été  de 
la  même  utilité,  non  seulement  pour  son  fatras  grammatical,  mais  encore  pour  ses  cours 
publics  et  particuliers  ,  que  ceux  de  mes  ouvrages  dont  Je  loi  ai  fait  cadeau.  Il  était  de 
son  devoir  de  les  mentionner.  Non  pas.  Il  a  semblé  plus  doux  k  son  coeur  d'exhumer  un 
mort.  Or,  les  morts  attirent  les  vivants  qui  pen.sent  k  eux  C'est  k  quoi  M.  C.  K.  n'a  peat- 
être  pas  songé;  et  c'est  k  quoi  Je  ne  songe  pas.  non  plus,  en  parlant  du  Cour$  élémen- 
taire de  Langue  française.  * 

Je  n'ajoute  plus  qu'un  mot.  Si  quelque  chose  m'a  fait  de  la  peine,  ee  n'est  pas  le 
fait  en  lui-même,  mais  la  monstrueuse  Ingratitnde  et  la  ba.s.se  envie  qu'il  révèle  chez  son 
auteur,  et  que  Je  ne  lui  pardonne  pas  moins  très-cordialement,  puisqu'il  n'a  pas  dépendu 
de  lui ,  sans  doute ,  de  se  montrer  autrement  qu'il  n'est.  On  ne  se  donne  ni  les  qaalllé*  i 
ni  les  sentiment»  qu'où  n'a  i>;îs.   (Voir  L'Auteur  et  son  Lirre ,  p.  64.) 


04  |La   grammaire  française. 

Genre  des  noms  étrangers. 

216.  Ce  que  j'ai  dit,  ou  ce  que  La  Touche  a  dit  des  noms  à  forme 
féminine  dérivant  immédiatement  de  noms  latins  masculins  ou  neutres, 
s'applique  également  à  tous  les  noms  étrangers.  Arpège  ^  b ciste ,  buste^ 
carrosse,  cartouche ,  catafalque ,  coche,  cortège,  feutre,  fifre , 
galbe,  groupe,  havre,  piedouche ,  ponte,  râble,  robre ,  sabre, 
sgraffite,  torse,  etc.,  sont  masculins,  à  cause  de  leur  étymologie  ita- 
lienne, espagnole,  ou  allemande,  etc.:  arpeggio^  basto ,  busto ,  car- 
rosso ,  cartoccio ,  catafalco ,  coccio ,  corteggio ,  feltro ,  Pfeiffer, 
garbo,  groppo ,  Haven,  peduccio ,  ponto ,  rabo ,  rubber ,  Saebel, 
sgraffïto,  torso ,  etc. 

217.  Remarque.  Au  reste,  il  est  plusieurs  de  ces  mots  aux  quels 
on  fera  bien  de  conserver  leur  orthographe  originelle,  en  les  soulignant 
dans  l'écriture  comme  étrangers,  et  en  indiquant  leur  prononciation  dans 
les  dictionnaires.  Tels  sont  :  cutter  (.^iiftcrf^lff),  punch,  pudding,  etc. 
Pourquoi  ponche  et  poudingue ,  avec  la  terminaison  féminine,  quand  on 
laisse  ces  noms  masculins? 

218.  Et ,  dans  les  noms  masculins  étrangers  qu'on  veut  naturaliser  fran- 
çais, pourquoi  ne  pas  supprimer  le  signe  du  féminin,  toutes  les  fois  que  cela 
peut  se  faire  sans  inconvénient?  Pourquoi  bécarre  (en  italien  bequadro) ,  cigarre 
(en  esp.  ciyai'ro) ,  triUe  (en  ital.  trUlo) ,  cimeterre  (en  turc  al  scimatirre) , 
moustique  (en  espagn.  mosquito) ,  etc.,  au  lieu  de  bécar ,  cigar ,  tril,  cimetair , 
moustic ,  etc.?  Ou  dites,  la  bécarre,  la  cigarre,  la  trille,  la  cimetère ,  etc., 
en  conservant  à  ces  mots  leur  forme  actuelle,  ou  écrivez  et  prononcez,  le  bé- 
car, le  cigar,  le  tril,  le  cimetair,  etc.  —  Comme,  pour  parler  français,  on  n'est 
pas  obligé  de  savoir  toutes  les  langues ,  il  impor|e  d'oublier  un  peu  l'étymolo- 
gie,  pour  soumettre  aux  lois  de  la  langue  française  les  mots  qu'on  emprunte  aux 
autres  langues;  car  n'est-ce  pas  ainsi  qu'on  en  use  toujours  à  l'égard  des  vain- 
cus? Plus  conséquents,  les  Allemands  disent,  bk  93ajlc ,  bte  3tffer,  btc  (3tnppi, 
Mc3StIt,  btc  ^orbc,  btc  ^Ktc ,  bie  SSuttcr,  btc  S)Zaucr,  btc  ^ajîctc,  btc  9lafe,  baè 
ajajonnct,  btcSSaftton,  btcêc^twabron,  btc  «piilofc,  bcr  5l(co»cn,  bcr.^iti;a^,  bteXro:|3c, 
etc. ,  etc. ,  malgré  l'étymologie  :  lo  basto,  sipor,  il  groppo,  le  bill,  le  bordé,  lilium, 
butyrum,  le  pâté ,  nastis ,  la  baïonette ,  le  bastion,  tin  escadron,  le  pistolet ,  une 
alcôve,  la  cuirasse,  tropus,  etc.,  etc.  —  Sof'fite,  de  l'italien  soffito ,  est  indiqué 
comme  féminin  dans  plusieurs  dictionnaires,  et  je  lui  confirme  volontiers  ce  pri- 
vilège. 

Observation  tlétachée* 

219.  La  langue  française  n'étant  guère  qu'une  altération  du  latin ,  il  ne  faut 
pas  s'étonner,  si  nos  substantifs  ont,  en  général,  conservé  d'autant  mieux  leur 
genre  primitif,  qu'ils  ont  moins  perdu  de  leur  physionomie  latine.  Il  est  seule- 
ment fâcheux  que  le  génie  de  notre  langue  exige  souvent  comme  signe  eupho- 
nique, la  présence  de  le  muet  là  où  il  ne  devrait  figurer  que  comme  forme  fémi- 
nine. Le  devoir  de  l'Académie  eût  été  de  travailler  à  concilier  de  plus  en  plus 
ces  deux  principes  ennemis,  en  rejetant  Ve  muet  final  de  tous  les  noms  masculins 
oii  il  n'était  pas  nécessaire,  comme  j'ai  essayé  de  le  faire,  page  33  ,  ou  en  sou- 
mettant peu  à  peu  au  genre  féminin  ceux  d'où  l'on  ne  pouvait  le  déloger  sans 
inconvénient,  à  mesure  qu'ils  s'éloignaient  de  l'étymologie  et  prenaient  une 
physionomie  plus  française,  comme  on  l'a  fait  pour  les  mots  huile,  horloge, 
cymaise ,  jusquiame ,  sandaraque ,  sandale ,  étable ,  stalle,  etc.  (Voir  page  89, 
n"  98.)  On  a  vu  (page  88 ,  n"  89)  qu'elle  avait  fait  tout  le  contraire ,  d'où  l'im- 
mense confusion  qui  règne  dans  la  grammaire. 

220.  Telle  est  donc,  sur  le  genre  comme  sur  le  sens  et  la  portée  des  mots  , 
l'influence  continue  de  l'étymologie,  que,  si  tout  le  monde  savait  le  latin  et  les 
autres  langues ,  il  suffirait ,  pour  la  connaissance  parfaite  du  genre  des  substan- 
tifs terminés  par  un  e  muet,  de  la  formule  suivante. 


Règled   nnv   lo  genre  de»  substantifs. 


«6 


IL 

Troisiciiu'   r«*^l** 


/^t'iiLTale. 


llc^Kle  irénérale 

sur  le  genre  des  substantifs  «  terminaison   féminine,  à  Tn^age  de  eenx 
qui  connaissent  l'étymologie. 

221.  .soiil  fënalnlns  tons  les  siibxfanfi/'s  trrminrx  \\i\v  w\\  e 
muet',  -  j»  moi.'is  ((n'ils  ne  dérivent  iinniédi.itfiuoiit  d'un  substantif  mas- 
eulin  ou  iiiuilrc. 

222.  Kemarf|ueii.  i»  La  restriction  que  contient  cette  règle  ne 
li'éltiul  ni  aux  noma  de  fruit»  ni  aux  nomn  de  plantes  herbacée»,  qui, 
quoi(|in'  miisculins  ou  neutres  en  latin,  doivent  toujours  être  en  français 
du  «eurc  indiqué  par  leur  terminaison.  Kllc  laisse  aussi  en  dehors  les 
noms  cités  pa^c  29,  n"  92  ;  aux  quels  il  faut  ajouter:  sandale ,  de  «/ï/t- 
tlalutn  ,  sandarat/ue  ,  de  sandaraciini.  et  rémige  (plume  remise),  de 
remigium. 

2"  l.t's  noms  ('ili>>  |)a^o  S6  ne  stiiit  eiii|)loyr.s  au  luasciiliii  <|iie  par  alxis  ;  l'ana- 
logie et  rétyinolo(i:ie  (luniinnt  h  la  fois  raison  à  ceux  des  lexicographes  qui  les 
iiuiiqnent  comme  féminins. 

223.  Sont  encore  ■■■aMruliiiM/par  exc<?/)/ion,  d'après  l'étymologie, 
les  nonts  qui  suivent,  dérivés  du  présent  de  l'infinitif  de  leurs  verbes  cor- 
respondants: 


le  bliknic 
le  branle 

le  ealqne 
le  change 
l'échange 
le  compte 
l'escompte 
le  mécompte 
le  conte 
le  conne 
le  délÏMC 
le  manque 


ber  Xabfl 

baô  (Sc^wanffn,  ber 

Jlhinbtanj 
crftcr  ^tbbrurf,  ic. 
ber  aBed)fcl 
ber  lauft^ 
bic  Jijedntung 
ber  'Mbjuii 
ba*  âJerrect^nen 
ba«  ?Jiâ^rd)en 
bav<  ïaufen 
bif  9îa(^i^e6urt 
ber  f^îauiiet 


le  mélange 
l'outrage 
le  prik-lic 
le  reproche 
le  relâche 

le  rêve 
le  risque 
le  sacre 

le  siège 


bte  SOiifdiung 
bie  2îefd>impfun3 
bie  ''Prebi^t 
ber  âîoncurf 
ba^  5luft)(3ren  ,  ber 

llnter(a§ 
ber  îranm 
bie  ©efa^r 
bie  Satbun^,  Q\n' 

trei^ung 
ber  (Stu^I  ;  bit  S)c< 

(agerung 


aux  »|uels  il  faut  ajouter:  le  chambranle  (ba8  ®ef!m8),  le  givre  (ber  SDau^reif)  , 
le  masque  (bie  9)la3fe)  au  peutrç  on  aux  peutres  (jnm  .Çienfer,  ^u  alten  îeufeln), 
Ip  rh-p  (bie  îiHi^c) ,  le  roifomme  (ber  3d;na^)^i<)  ,  le  vacarme  (baô  ©et«irm). 

224.  HeiHtinjues  /thiloiotflffues.  1'  Kn  conscience,  il  n'est  pas  permis  de 
tlonner  »V«^//rrtr^  pour  masculin,  quand  son  analog  aggrave  est  indiqué  comme 
féminin  par  l'Académie  elle-même. 

225.  t»  Pour  comprendre  le  genre  des  substantifs  hl^me,  branle,  calque,  dé- 
livre, etc. ,  il  faut  croire  qu'on  a  dit  d'abord  ,  le  blâmer  ,  le  branler,  le  calquer, 
le  d*'tivrer,(^W.,  comme  on  dit  encore  le  courir,  pour  le  courre.  Mais,  du  moment 
iju'ils  ont  contracté  une  forme  toute  féminine,  (|Hel  inconvi^nient  y  aurait-il  à 
les  faire  féminins  comme  leurs  analofjs :  annonce,  amorce,  chasse,  danse,  valse, 
marche  ,  page  ,  offre ,  rencontre ,  insulte ,  etc.  Les  trois  derniers  étaient  autre- 
fois masculins  ,  et  ils  sont  encore  indiqués  comme  tels  dans  plusieurs  dictionnai- 
res. L'usage  et  l'Académie  les  ont  faits  féminins.  Pourquoi  l'usage  et  l' .académie, 
guidés  par  l'analogie,  n'étcndraienl-ils  pas  leur  influence  sur  tous  les  autres? 
V analogie,  ceilc  partie  si  essentielle  de  la  philosophie  des  langues,  destinée  à  don- 
ner la  raison  de  l'usage  on  à  le  corriger .  à  régler  la  composition  et  le  rapport 
des  mots  entre  eux,  faut-il  qu'elle  ait  clé  négligée  à  ce  point  par  l'.Acauémie 
elle-même!  nonobstant  l'imporlancc  qu'elle  semble  lui  donner  dans  la  préface  de 


66  La   grammaire   française. 

son  dictionnaire.  L'usage  n'est  le  tyran  d'une  langue,  qu'autant  que  la  philologie 
s'y  soumet  trop  complaisamment.  Si  la  philologie  a  une  mission  ,  ce  ne  peut  être 
que  de  diriger  l'usage  aveugle,  non  pas  de  le  suivre.  Or,  si  un  écrivain  de  la 
trempe  de  Victor  Hugo  ,  le  plus  pur  et  le  plus  correct  de  tous  nos  auteurs  con- 
temporains ,  s'avisait  de  dire:  lu  branle,  la  chambranle,  la  compte,  la  délivre, 
une  escompte,  la  mécompte,  la  manque,  la  mélange ,  une  échange,  la  prêche, 
la  reproche,  la  givre  *) ,  la  rize,  la  siège,  comme  il  a  dit  une  amulète ,  la 
comté,  la  duché,  qui  donc  aurait  le  droit  de  lui  résister?  Un  des  privilèges  du 
génie,  n'est-ce  pas  de  s'imposer  à  la  foule,  et  de  lui  commander;  bien  loin  de 
lui  obéir  ?  Puisque  le  genre  des  noms  de  choses  inanimées  est  une  affaire  de  pure 
convention  ,  qu'importe  qu'on  dise ,  le  chambranle  ou  la,  chambranle ,  le  chanvre 
ou  la  chanvre?  Ce  qui  importe,  c'est  l'ordre,  c'est  l'harmonie,  c'est  l'unité.  Ce 
qui  importe,  c'est  la  simplicité,  c'est  la  fixité  des  principes  qui  constituent  la 
grammaire,  afin  qu'elle  cesse  d'être  un  épouvantail  pour  ceux  qui  veulent  l'étu- 
dier. C'est  la  suppression  de  toutes  les  exceptions  mal  fondées.  L'ordre,  avant 
tout,  fallût-il,  pour  l'établir,  fouler  aux  pieds  toutes  les  lois  consacrées  par  un 
usage  absurde,  jeter  au  feu  toutes  les  grammaires,  dissoudre  toutes  les  assem- 
blées grammaticales,  envoyer  à  Cayenne  tous  les  grammairiens,  fauteurs  d'anar- 
chie. Le  droit  de  fonder  et  d'affermir  l'ordre  est  antérieur  à  tous  les  droits. 
D'autant  plus ,  qu'il  ne  faut  pas  vingt  jours  pour  s'accoutumer  aux  changements 
les  plus  rnouis,  exécutés  avec  énergie  et  résolution.  Le  8  décembre,  on  se  récrie. 
Le  20,  on  adopte  à  l'unanimité.  Or,  rien  de  plus  choquant  que  les  formes 
rogomme  et  vacarme  précédées  de  l'article  féminin.  Qu'on  dise  plutôt ,  de  la 
rogomme,  et,  quelle  vacarme!  D'un  autre  côté,  comment  l'assiège  est-il  de- 
venu le  siège  ? 

226.  3°  Nous  aurions  dû  ranger  parmi  les  substantifs  rapportés  ci-dessus 
les  mots  :  finale  ,  greffe ,  hère  ,  tintamarre ,  dextrochère  ,  repère ,  réverbère , 
épingare ,  foarre ,  et  même  couple.  Mais  on  sait  qu'il  faut  écrire:  final,  her , 
tintamar ,  ^extrocher.  (Voir  page  38,  n"  104.)  Greffe,  repère,  réverbère,  épin- 
gare, foarre,  sont  mûrs  pour  le  féminin.  On  sait  pourquoi  couple  est  quelque- 
fois masculin.  (Voir  page  11.) 

Observation   détacliée* 

227.  Quelques  noms  génériques  de  fruits ,  quoique  féminins  de  leur 
nature,  comme  je  l'ai  dit,  s'emploient  quelquefois  au  masculin  dans  un 
sens  collectif.  Tels  sont  ;  pavie  (sorte  de  pesche  qui  nous  a  été  appor- 
tée de  Pavie) ,  bon-chrétien  (sorte  de  poire) ,  saint-julien  (sorte  de 
prune).  Une  bonne  pavie.  De  bon  pavie.  Une  bon-chrétien.  Du 
bon-chrétien.  Une  saint-julien.  Du  bon  saint-julien.  Dans  le  pre- 
mier cas,  ce  sont  les  mais  pesche ,  poire ^  prune,  termes  distributifs , 
qui  sont  sous-entendus.  Dans  le  second,  c'est  le  mot  fruit ,  terme  collec- 
tif. Toujours  le  sens  qui  domine  la  forme  matérielle. 


')  En  termes  de  blason,   on  ne  dirait  plus  que   la  giiivre   (serpent),    et  non  pas  la 
givre.  Milan  porte  une  gttivre  dans  ses  armes. 


Règles  sur  le  pfrnre  des  substantifs. 


Transition. 

AITraiicllir    peu   ii   peu   les   mots  de  rinfluence  étymologique ,  ♦*n  ce  qui 
cuncernc  le  genre  des  substantifs. 

928.  Pour  ceux  qui  sont  versés  dans  iVtyuKtloKJe ,  la  règle  ci-dessus,  for- 
mulée on  ({uclques  lignes  (page  AH)  siirtirait  pour  lever  toutes  les  dinicultés  que 
présent*'  la  tliétirio  du  gcnic. 

229.  Pour  ceux  qui  sont  étrangers  à  celle  science,  nous  allons  distribuer 
les  exceptions  dnns  un  ordre  qui  pernictlc  de  les  retenir  racilcnicnt ,  au  moyen 
d'un  peu  d'exerciec;  d'autant  plus  que,  pour  ce  (|ui  est  du  genre  des  Hulistantifs, 
il  importe  beaucoup  aux  progrés  de  la  grammaire  de  les  soustraire  peu  à  peu  à 
rinfluence  de  l'élymologie ,  pour  ne  les  soumettre  qu'à  celle  de  leur  bmie. 

230.  Pourquoi  des  noms  tels  que  les  suivants  : 


Ahiini: 

Hcce.tHoirt* 

Mcronllche 

iilbAtrc 

alvéole 

amalgame 

nmbe 

angle 

antidote 

armistice 

urtiAce 

HMiérUqnc 

atome 

auHpice 

balUHtre 

beurre 

caprice 

capiice 

chanvre 

ciffarre 

conclave  ^ 

coiicombri' 

crabe 

décombres 

éloge 

emplâtre 


bif  *J!cbrnfad»e 

\>M  tarrotli(t)pn 

brr  aiabaflcr 

Mf  4>ifnfn}flif 

brr  Oiiirfbrd 

bic  Wmbf 

bft  aUinfcJ 

ba<  @r«i(ii(V'ft 

bfr  3lviffiMiftiUfljiib 

bic  ^liiiftli^jfcit 

bas  i&tfriid)fii 

bas  9itom 

bir  iUprbrbriituit)) 

bit  Docft 

bit  33utffr 

bit  ejrtllc 

bir  (Savujt 

brr  ^anf 


!}{mmer 


brr  '?Ibrauiii 
bic  iîobrcbc 
ba«  ^flafi" 


épiderme      bir  Obrrbatit  limbes 

épilogue       brr  dpiloy;  Inatre 

épisode        bit  (Spil'obr  mânes 

épithalame  iat  £p£^iftt|)(bi(t>t  narcisse 

ét^iiilibre      tut  @ltià)itmi<bt  obélisque 

éqnlnoxe      bicîda^unb  9la(t)t'  obstacle 

Olriq>e  ongle 

esclandre     brr  Sfiid  orage 

espace         brr  ^aum  orchestre 

étage  brr  Stocf  organe 

exemple       bJJ  ©rifptrl  orifice 

exercice       bu  Uobnufl  orle 

exorde         brr  ^ingati))  ouvrage 

filigrane     0olb«  u.  (Silbrrarbrir  ove 

galbe  bic  ^itinbuiti^  P)>Rne 

glaive  bas  3ii;>>vcrt  panache 

groupe  btr  Q)cii))))C  para/u 

hémistiche  brr  <6albut*r<  pétale 

horoscope     bas  vlatiuttâtllrllru  peigne 

hospice     baiiUrrpflejuudJbaui  péritoine 

indice  tcii  i^ddfyin  prélude 

incendie      btc  grncrfbfunfl  simples 

interligne    bec  Jroifctciiraum  squelète 

isthme         bir  l'jnoru,^c  'tumulte 

ivoire  bai  Ulfcnbrin  ulcère 

légnme     bat  (^^rmiifr,  bir  ^ûlfc  viscère,etc. 


brr  Qor^immrl 
brr  0lan),  k. 
bie  S<^aitrn 
bir  9larcttf( 
brr  Obriilf 
ba9  Âtubrrni^ 
bcr  Slagrl 
ba6  0rn>tttrr 
bal  Orc^rflrr 
ba4  ^rrfjtat) 
bir  3}{iiiibung 
brr  3aum 
bir  arbrit,  bai  fBrrf 
bai  @i 

bit  9Îrjfrf(^iirje 
btr  ^r!mbttf(^ 
brr  «anbjuj 
bai  ^lummblatt 
bcr  Jtamm 
bai  Oauc^ftil 
bai  "Borfpifl 
bic  ^rtlfrâuttr 
bai  Q)trippt 
bai  @ftilmmtt 
bal  Ô)rf($»iir 
bai  Qingcmtibr. 


Pourquoi  de  tels  noms,  dis-Je,  subiraient-ils  le  Joug  de  l'étymologie  ,  plutôt  qne 
d'autres  qui  s'en  sont  complètement  alTranchis ,  tels  que:  rymatte  ,  cimhale .  hinioge , 
huile,  èpitaphe ,  rpiijiaphe  ,  ipitoij^  ,  èpigrammt ,  anagramme,  énigme,  rémige,  pomme, 
poire  ,  prune  ,  candeur,  pudeur,  poison,  art,  sort,  sfulle,  etc.  ,  etc.,  etc.  V  (Voir  page  29, 
n*  92.}  Puisque  de  tempore  l'on  a  fait  la  tempe  (bit  Sdjlâfr) ,  pourquoi ,  de  temple  ,  ne 
fluirait-on  pas  parfaire  la  temple?  Qu'est-ce  que  la  temple,  de  templo  ,  pourrait  lionc 
avoir  k  U  longue  de  plus  Impertinent  qu'(/n«  exemple  ,  de  exemplof  Or,  les  grammairiens 
n'ont-ils  pas  imaginé  de  dire,  une  belle  exemple  d'écriture,  tout  en  continuant  de  dire: 
un  bel  exemple  de  rertuf  Pourquoi  n'ont-ils  pAs  établi  la  même  distinction  pour  le  mot 
moti^fr y  Pourquoi  n'ont*iLs  pas  dit,  une  belle  modèle  d'écriture,  tout  en  continuant  de 
dire:  KM  beau  modèle  de  vertu?  Je  demande,  en  passant,  si  de  telles  distinctions,  dont 
seraient  susceptibles  tons  les  mots  de  la  langue,  puisqu'ils  offrent  Ions  des  signilications 
(liirérentes  selon  leurs  alliances  avec  d'antres  mots,  ne  sont  pas  souverainement  ridicules. 
Ouvrons  au  hasard  le  dictionnaire.  Voilh  le  mot  charme,  signifiant  m  U  fois:  Jaubrr ,  jau' 
bcrti ,  9Jtij,  .Çai^tbuc^r.  A  l'oeuvre  donc,  grammairiens.  Voilà  rùle  .  qui  signifie:  9tippr, 
^(txiittr,  9bt)ait.^ ,  jliiflc;  dilTérences  encore  bien  plus  profondes  qne  celle  qui  existe  entre 
exemple  «pris  dans  le  sens  de  modèle  de  rertu*  et  exemple  »pris  dans  le  sens  de  modèle 
d'écriture;*  entre  Aymnc  ,  chant  de  guerre,  et  hymne,  chant  d'église.  Vite,  grammairiens, 
dites  donc,  le  côte  et  la  côte.  En  appuyant  sur  ce  point  ,  j'ai  en  vue  de  montrer  qne,  si 
l'on  a  pu  violer  l'étymologie  pour  des  motifs  aussi  vains ,  h  plus  forte  rai-son  peal-on  as 
pas  s'en  inqoiéter  beaucoup,  lorsqu'il  s'agit  de  ramener  la  grammairt  aa  génie  de  la  lnB(M 

5* 


68  La  frammaire  française. 

et  de  brûler  les  arides  broussailles  dont  elle  est  hérissée.  Je  ne  dis  pas  que  cela  doive  se 
faire  en  un  jour;  mais,  tout  en  prenant  toutes  les  précautions  imaginables  pour  ménager 
la  transition ,  voilà  le  but  où  la  philologie  doit  tendre  dès  à  présent.  Chose  remarquable. 
I<es  noms  rapportés  ci-dessus ,  page  67 ,  sont  de  ceux  que  les  Français  eux-mêmes  font  le 
plus  souvent  féminins;  tant  le  sentiment  est  plus  fort  que  les  lois!  Ici  ceux  qui  se  trom- 
pent ont  raison,  et  le  faux,  c'est  le  vrai,  comme  dit  Proudhon.  En  attendant  que,  sous 
la  plume  des  grands  écrivains,  la  révolution  pacifique,  provoquée  ici,  s'accomplisse  insensi- 
blement ,  en  portant  d'abord  sur  les  mots  les  moins  usités ,  les  moins  familiers  à  l'Oreille , 
voici  une  règle  destinée  à  empêcher  l'accroissement  du  désordre. 

Règle  particulière ,  pour  servir  de  transition. 

231.  Les  termes  d'art  et  de  science,  empruntés  à  une  langue  étran- 
gère, ne  pourront  être  francisés  que  conformément  aux  lois  de  l'analo- 
gie, c'est  à  dire  qu'un  nom  masculin  ne  pourra  prendre  qu'une  forme 
masculine,  ou  changera  de  genre  en  changeant  de  forme,  ou  devra  res- 
ter ce  qu'il  est.  Thrombiis ,  par  exemple,  terme  de  chirurgie,  de  même 
que  bombusy  ne  deviendront  pas  thrombe ,  bombe;,  parce  que,  forcés  de 
prendre  alors  le  genre  féminin,  ils  se  confondraient  avec  trombe^  bîeSSet- 
terfdute,  et  bombe ^  bie  S6om6c.  On  dira  cactus  ^  mélocactus ,  psora , 
punch;)  stockfisch^  toast,  cutter^  dogger  ^  ai'ctiirus .  etc. ,  etc.,  et 
non  pas  cacte ,  mélocacte ^  psore  y  ponche,  stockfiche^  toste,  cottre, 
doggre y  arcture y  etc.,  qui  sont  autant  de  barharismes.  Si  nous  écri- 
vons trille  y  de  trillo  y  au  lieu  de  trîl ,  ce  nom  deviendra  nécessairement 
féminin,  la  terminaison  -illey  n'étant  pas  compatible  avec  le  masculin.  Pour 
la  même  raison,  il  faudra  dire,  le  siphilis y  et  non  pas,  la  siphilis, 
la  satyriase  y  V acropole  y  et  non  pas  la  satyriasis  y  Vacropolis.  Il 
n'est  pas  du  tout  nécessaire  d'avoir  deux  ou  trois  formes  différentes  pour 
le  même  mot.  Ou  nous  parlons  français  ou  nous  parlons  latin.  Pouvoir  dire 
indifféremment  le  quaker  ou  le  quacre,  le  cutter  ou  le  cottrey  le  piinch 
ou  [eponchcy  le  tril  ou  le  trille  y  X acropole  ou  Vacropolis  y  arcturey 
QU  arcturus  y  le  cacte  ou  le  cactus  y  la  satyriase  ou  la  satyriasis  y  le 
thrumbus  y  le  thrombus  ou  le  thrombe  y  \e>  sigisbée  ou  cicisbée  y  la 
rafflcy  la  raffe  ou  la  râpe  y  etc.;  c'est  pouvoir  en  français  parler  toutes 
les  langues;  c'est  pouvoir  dire  indifféremment:  le  vin,  vinum y  oinos y 
il  vino  y  ber  S6eîn ,  etc.  ;  c'est  être  revenu  à  la  tour  de  Babel. 

Après  ce  qui  vient  d'être  dit ,  libre  à  M.  C.  K.  de  revendiquer  au  profit  de  son 
cher  La  Touche,  d'obscure  mémoire,  la  priorité  d'une  règle  que  je  lui  abandonne  volon- 
tiers. CVoir  plus  haut,  page  63.) 


RëgKes  sur   le   ([^enrr   des   mi  lis  ta  »  t  ifs. 


Qiiatiii'ine  i«>ij;l»;  /ajéiiérale. 

nècle    «éiK^rale 

sur  le  genre  des  substaritirs  à  d'iniinnison  féminine,  à  l'usage  de  ceux 

(|ni  ne  (>oiin<iisiJ('iit  pas  Tétymologie. 

232.  Sont  réniinliiM  les  substmitifs  It'i-iiiiiu's  au  singulier  par  un 
('  muet.  (Voir  p.  53.) 

Bseeptions. 

Première  division. 
Terminaison  ble ,  f»rc ,  etc. ,  —  ge  et  nie. 

233.  Outre  Ips  onze  nil«''jçtirics  do  siili.st.-iiitifs  d<'jà  spécifiées  p.  9^,  n"  ii  et 
suiv.  :  1"  \onts  désiiinanl  un  être  mâle  ou  qu'on  a  coutume  de  se  figurer  comme  mdte  ; 

—  1"  atUevtifs  pris  substantirement  se  rapportant  à  un  nom  masculin;  —  %*  uoma 
dt  couleurs  ;  %"  noms  de  corps  simples  ;  —  .i"  noms  d'arbres  ,  d' arhrittemix , 
d'arhuntes  ;  —  H"  noms  de  la  nomenclature  décimale  ;  —  7"  nottu  de  mois,  de  jours  ; 

—  8"  noms  de  fleures  ;  —  9"  noms  de  inontaynes  ;  -—  10"  noms  de  bourgs ,  de 
lacs;  —   H"  substantifs  accidentels. 

234.  Sont  encore  mnacullns  par  exception  : 

r  La  plupart  des  substantifs  dont  IV'  muet  fmal  est  précédé  d*one 
des  deux  liquides  /^  /•  (voir  p.  26),  employée  à  la  suite  d'une  autre  con- 
sonne; parmi  Nîs  quels  on  ne  compte  encore  iSm  féminins  que  les  suivants: 


-ble 

la  nacre 

bie  ^perlenmutter 

lue  étable 

eiuc  3taUutu) 

uue  acre 

ein  3Crfer 

la  table 

bcr  X\\à) 

l'ocre 

ber  Crfer 

la  table 

bie  7s<ù>t{ 

l'ancre 

ber  SCnfer 

la  bible 

tic  aîibel 

l'encre 

bie  "Xxntt 

la  cible 

bie   *iit(frf>fibf 

-dre 

la  cbasiiMo 

biiS  aRfSiIfluattb 

l'escadre 

ba8  e?ef(^»tjober 

lu  trulile 

bcr  >^-ifc^ijamcu 

l'bydre 

bie  .Çti)ber 

•bre 

la  foudre 

ber  m\% 

la  Calabro 

(^alabrteii 

la  calaudrc 

bie 

^aliinbra(er(6c ,   ber 

l'aljçébre 

bie  9(lkiebra 

^ornirurni,  bie  3(u<)ro((e 

la  vertèbre 

ba<<  a&ivbflbfiu 

la  coriandre 

ber  Jïorianber 

les  ténèbres 

bie  iïiufteriiié 

les  tilandres 

bie  Sommerfdben 

la  libre  ') 

bie  iïiber 

la  nialandre 

ber  2(uèfa^ 

la  ebambre 

bie  Ranimer,  >c. 

la  salamandre 

ber  Salamanber 

lantiobambre 

baô  ajor^inimer 

-Ile 

l'ombre 

ber  oduUlen 

la  rafle  (ou  raffe  et 

ber  îraubenfamm  ; 

-rie 

râpe,  d'après  l'Aca 

-    ber  9pa\éf 

la  maelc  ou  niaere 

bie  (Bta<^e(iiu|^ 

demie) 

la  débâcle 

ber  (^iôç^anjî 

la  nèfle 

bie  anifpet 

la  manicle  on  nia- 

batJ  .^atlbleber 

la  mornifle  (pop.) 

lit  aRau(f(^eUe 

nique 

la  pantoufle 

ber  ^antcffel 

la  sanicio 

ber  3antfef 

la  moufle 

ber  ^(afd^eniuj 

les  besicles 

bie  2?anbbriUe 

-fre 

la  boucle 

bie  3d)na((e 

les  affres 

bie  <Sc^re(fca 

rcscarbouele 

ber  .«arfunfel 

la  balafre 

bie  3(f>ramme 

-ère 

la  bâfre 

ber  Sraft 

la  polacre  ou  polaquc    baé  iSt>à^f(^iff 

l'ofl're  ») 

bie  àncrbirtun^ 

')  Il  n'y  R  pas  long-temps  qiif  te  nom  étHit  encore  mascnlin,  de  mèiuo  qa'aiiiicAawfrre,  etc. 
•J  Racine  «  dit.  dans  Il^azct  (Acte  III ,  Se.  Vlll)  : 

Ali!  si  d'une  antre  chaîne  il  n'était  point  lié, 

L'<  ~ 

L'i 


■•'offre  de  mon  liymen  l*et\t-if  tant  elfhiyëT 
j'ent-il  nrf)isè  uu^mc  aux  dépens  de  sa  vief 


70 


La   grammaire  française. 


-Kle 

une  aigle  *) 

la  sangle 

la  mangle  ou  man- 
gue 

une  épingle 

la  tringle 
-pie 

la  couple  *) 
-pre 

la  câpre 

la  lèpre 

la  pourpre 
-tre 

la  fenêtre 

la  guêtre 

la  lettre 


ctn  Slbter 
ber  (Suvt 
btc  SJîangobccre 

ctne  (Stcrfnabct 
bt'c  SJor^angftangc , 

bi'e  ^ranjlcifte 
baê  ^aav 

bn  5luêfa^ 
bcr  ^ur^jur 

baê  TÏenftcr 
bic  ^amafd^c 
ber  SSnef 


la  litre 
la  mitre 
la  vitre 
une  épître 
une  huître 
la  patenôtre 
la  dartre 
là  ehartre 

la  palestre 

la  limestre 

-vre 

la  chèvre 
la  lièvre 
la  lèvre 
la  livre 
une  oeuvre  ') 


btc  îîrauerbfnbe 
bic  SJîttra 
bte  ©taêfd^etSc 
etn  (Scnbfrfjretbcn 
ctne  Stufîer 
baê  SSatcrunfer 
bit  %le(i)tt 
btc  Urfunbc,  ba§ 

(Scfângntf 
bit  %ià)tpla^ 
9lrt  (Sarfc^c 

bi'c  SiêQC 
baè  iÇtebcr 
bic  Sti3:^e 
baê  spfunb 
ctn  2Bcrf. 


235.  Remarques  philologiques.  1"  Les  noms  masculins  de  ces  diverses  ter- 
minaisons sont  infiniment  plus  nombreux,  mais  on  pourra  commencer  par  en 
détacher  peu  à  peu  les  suivants ,  la  plupart  trop  peu  usités  ou  déjà  assez  sou- 
vent employés  au  féminin  ,  pour  que  l'oreille  ne  so.uffre  pas  beaucoup  de  leur 
changement  de  genre  : 


able  (ou  ablette)  ber  Orfinbltna,  rable  bas 
SRiirfenftitcî,  jable  ber®ergcî,  rièble  ba«  ^leb* 
îrant ,  rouble  bcr  SRubcI,  encombre  baS  ^tns 
berntÇ,  sisymbre  bte  ÎBtcfenraute,  cincle  bte 
(Seelerc^e,  carancre  2Jit  ®eicr,  esclandre  *3 
ber  (S))uî  ,  scaphandre  boê  ©c^ietininHeib  , 
gaindre  btc@etbenn5tnbe,  moufle  beraJJufel, 

Puis  suivront,  à  la  longue,  d'abord: 
rétable  bnê  Slltarblatt ,  cable  ba«  îau,  crible 
"Dde  (âtet),  amble  ber  S[}n§,  omble  (du  lat.  um- 
hla),  et  non  pas  umble  ni  ombre  ber  Um= 
bclftfcb,  cinabre  ber  Binnol'eï»  calibre  ber 
tnnere  î)urd;meffer  einer  dio\)xe ,  bte  'Sicîc, 
équilibre  baS  ©(ete^gemic^t,  ambre  ber  2tm= 
ira,  SBernfietn,  gingembre  ber  Sit^wer,  scom- 
bre  ber  Sfomber,  pétoncle  bte  .^cr^mufc^el, 
siponcle  ber  (â^srièwiinn,  méandre  ber3Jiaatt= 
ber,  liypocondre  bte  2)itnnuttg,  péricbondre 

Puis  ; 

opprobre  bte  (S^anbe ,  concombre  bte  @urîe , 
décombres  ber  Sc^utt,  furoncle  (ou  clou)  baS 
Shttgefc^roûr ,  couvercle  bie  <Stiirje,  invo- 
lucre  bte^iiUe,  cidre  ber SlVfelntofî;  cylindre 
bte  Sîuitbfciitle,  ordre  bte  Orbttung ,  désordre 


remugle  ber  bum^nge  @eruc^,  ronfle SlrtSvtel, 
lougre  bcr  Sugger,  périple  bie  Umfc^tffuitg, 
quadruple  ber  Quabrupel,  simple  baê  §ctls 
îrout,  aspre  berSlfpcr,  emplâtre  *}  baê  $ffa= 
fîer ,  clievêtre  ber  ^alfter,  bie  ^alfterbinbe, 
épeautre  ber  ©V^lj»  délivre  bte  SRac^geburt, 
chanvre  bcr  Ǥauf. 


bte  JîttBr:t3eI^aut ,  trèfle  ber  Jîlec ,  girofle  bie 
®ei»itr|nelfe,  muflle  ba8  2)îa«I,  sigle  ber  Slb^ 
îitriîungêbiicï)flaî)e,  ongle  ber  ÇUaget,  strongle 
ber  (S).neln3urm,  couple  ^)  baé^Çaar,  exemple  '3 
bas  aSeifptd,  aJÎHfter, 'paratitles  btc  gebrattg= 
U  ©rflciruttg  ber  SCttel  beê  biirgcrl.  ober  îono= 
ttifèen  9îç4)teS,  albâtre  ber  Sllabafier,  palastre 
bas  (5ci)toÇbIed),  pilastre  bcr  utcredige  513fet= 
1er,  orchestre  baê  Orc^efîer,  bistre  baS  3lu§= 
fc^warj,  sistre  bie  egD)Jttfcl;e  âîaffel  ob.  ^lapVf  ï- 


bte  Uttorbnmig,  safre  bcr  "Saflor,  chiflre  bie 
3tfer,  camphre  ber  jîamljfcr,  coffre  bic  .Kifte, 
âtre  ber  ^crb  ,    plâtre  bcr  ®l)<33,   antre  bte 

toble,  tartre  ber  2Betitfîcin ,   séquestre  bcr 
efc^Iag. 


«Cependant ,  dit  Geoffroi,  il  était  si  aisé  à  Racine  d'en  faire  usage  au  féminin ,  qu'on 
ne  peut  douter  de  son  intention,  et  alors  peut-être  la  volonté  expresse  de  ce  grand 
écrivain  sera-t-elle  de  quelque  poids  pour  un' grand  nombre  de  nos  lecteurs."  Je  suis 
loin  de  partager  l'opinion  de  ce  célèbre  t.itique,  et  Racine  n'a  mis  il  que  parce 
qu'il  ne  pouvait  pas  mettre  elle  ,  sans  rompre  la  mesure  du  vers  ;  attendu  qu'il 
n'avait  pas  la  faculté  d'écrire  'le  ou  eV  avec  une  apostrophe,  comme  M.  Saphir  écrit 
'lie  pour  citte,  ce  qui  est  d'une  grande  commodité,  quand  on  fait  des  vers.  La  raison 
de  ce  masculin,  oîi  GeoflTroi  voit  une  intention  de  poète,  est  que  le  genre  du  mot 
offre  était  encore  incertain  du  temps  de  Racine,  qui  autrement  ne  ce  fut  pas  laissé 
vaincre  par  une  petite  difficulté.  Les  changements  qui  ont  eu  lieu  Justifient  ceux 
que  je  propose  dans  l'avenir. 

')  Voir  page  10,  n»  21. 

2J  Voir  page  11,  n"  26. 

»3  Voir  page  14,  n»  53. 

♦)  Ce  mot  est  marqué  féminin  dans  Boiste  et  dans  Gatineau'. 

'_)  Trévoux  et  plusieurs  bons  auteurs  font  ce  nom  féminin. 

«)  Voyez  p.  11 ,  n"  26. 

')  Voyez  p.  14,  n»  60. 


Règles  sur  l«  genre  des  substantifs. 


71 


Enfin: 
HAhle  trr  <5>nib ,  viKnoble  bif  9UriiiAfi)rnb , 
nieuhin  bit  !!U{Si'rl,  (rouble  bir  Uiiruhr,  rom- 
hlc  bj«  Utbfrin.iii,  ^fr(5Jif^rl,  btr  <*)ipffl, 
cnntlélalire  btr  .Ranbflnbfr,  -tahrc  hrr  SabrI, 
l«br«  btr  VipVftfd),  r.èbri-  .  Jtiembre 

ba«  ^licb,  timbre  tir^Mnf  >Strm< 

prl  ,  noiiihre  bif  ;{iihl,  oi.  i  .tj{nl»rr' 

iltù .  HrtiUf  brr  tnrtirri ,  nucIu  6rr  lliitrrfii(, 
b(i<  (fn^Arfidl.  mononi»»  b.i**?(imfM^l.i«  fur  fin 
9lurtf.  hliioric  bii«  r         '  '        iiiHMsa- 

rn*  bif  Pimprbuiirt,  >  .mur»; 

btr  Bui^'r.    ''"■•■•"  f"    '     -  1    iMif   brr   | 

Strtbé,  CHdrr  bfr  Si>il)mcu ,  |i»l>t'dri'  bii« 
QJItlffiict.  roiiilri'  ba«  (lubcr,  «ouirie  brr  .tiauct), 
goulTre  btr  iSç^linib,  Houffre  btr   2(t)rotffl , 

l'nc  fois  la  main  sur  un  anneau  , 


Hdiclf  btr  fltoogtn,  anfle  hnViinUl,  temple 
btr  IrniDtl,  piiniprt»  M»  ÎPtinrtbt,  v^prp  bit 

flbtnbjtit  ,  rlmpiiro  f,i«  .«Jiilfl ,  nllrr  Ifr 
îall'fttr,  piipitrt-  b.i*  *lJiiIt ,  lilff  bfr  tird, 
rrgUtre  ^.l  <  oiiUf  ^a«  i)flii,^:ijfiif  r, 

rloitre  b(i  ;,    IM  .fticftfr,   Koitrt* 

brr  .Rrotr  ^ilj,  nprctre  bu*  C^c» 

fptiift,  m-i  I  Ptcr,  filtre  btr «tibtr, 

pliiltr»  bn  r,    venlri*  brr  ^l^aui^, 

tfrtri  iiKiirtrc  btr  SJîorb  ,  ««trc 

ba<  '  ~.i>ttri-  brr  Uiiflrrn  ,  caduiilr*- 

boj  IV  Mic^  ,    liiNtre  brr  9lanj ,  ir. 

balu.Htri;  dit  ïodt,  moniitre  bit  Sni^gtburt, 
cadavre  Ht  ïtidjt,  polvri;  btr  Çftfftr ,  etc. , 
etc. 


toute  la  chaîne  viendra  aisément. 

236.  ^"  On  dirait  peut-élrt"  mieux  rplga»ter  .  hypoynnter ,  qi\c  èplga^lre ,  hypoga- 
itre.  On  dit  qncIqnefulM ,  par  plaisanlt-rie ,  inemter  ynulfr  ;  on  ne  dit  Jamain  le  gaatre. 
Prnthuthle  ,  mot  barbare,  quoique  urer  ,  redeviendra  pentathlon  ;  pnlyoplre  ,  polyoptron  ; 
ifêlre  ,  Ltitron.  Urètre,  reprendra  auBJil  xa  première  forme  iirrter.  K  carbonr.le ,  dimi- 
nutif de  rharboH  ,  Je  préférerai!*  «us.hI  carltoncul ,  analogae  de  montlrul  ,  opuicut,  etc. 


ments 


237.  iVota  René.    Il  est  Mon  entendu  que  l'initintive  des  cbange- 
s  proposés  n'appartient  qu'aux  grands  écrivains,  aux  grands  poètes. 


-»« 


238.  2"  La  plupart  des  substantifs  terminés  en  -«e.  parmi  lesquels 
on  ne  compte  de  féminins  que  les  suivants: 


-««e 

la  paragoge 

bieCfnbvertân^erung 

les  anibage^s 

bit  Umftî^weife 

la  toge 

bit  3:03a 

la  cage 
l'image 
la  nage 
la  page 
la  plage 

ber  9t&M 
baô  2îilb 
tai  >Éci)toiinmcn 
bit  (Seite 

la  gouge 

ta  earoHge(fru 

btr  îOUi^tl 
itj*),  baè  So^nniéferot 

bas  flatte  llfrr 

-ans;« 

la  rage 

bie  28ut^ 

la  lange 

btr  j^otb 

ain.xi  qne 

touM  les  noms  de  plantes,    et 

la  font  ange 

bie  .^aubenfe^teift 

de  ligure.H 

de  grammaire   et    de    rbétori^ 

la  frange 
la  grange 

bie  iÇranff 

que:  la  poptitiige  .  l'hypallage  .  etc. 

bie  Schtunt 

-ève 

la  lavange 

bie  ifajuiuf 

nne  allège 

bai  iJcudjtfc^iff 

la  louange 

ta«  2ob 

la  drège 

bas  ,^"3»'^ 

la  mésange  '), 

bie  SPltife 

la  Norvège 

9îori»fi}cn 

l'orange 

bit  %^omeran^e 

la  neige 

btr  2cf)ne« 

la  phalange 

ber  "Pb^itanr 

la  beige 

bit  roljf  a&cUt 

la  vendange 

bie  SKeintefe 

-l«e 

la  vidange 

bit  9(brdumun9 

la  tige 

btt^tamm,  '^ttnç^tl 

-Inse 

la  voltige 

bas  .<iunjlffil 

ta  eominge 

bie  Cvoinin9e«2Jom6e 

la  volige 
la  rémige 

bit  -2cf)inbfl 

la  méninge 

bie  .^irn^aut 

ba«  JHuberiDtrf 

la  Thuringe 

îtjiirm^en 

la  strige 

btr  iiJlutfauger 

-onso 

la  oalige 

3(rt  ^upbtfltibuiiiï 

une  allonge 

ber  %nfae 

btrrémif(^(n3cl= 

une  éponge 

ber  Scfcwamm 

-OKC 

baten 

la  longe 
la  surïongc 

baé  ^enbenflûcf 

l'horloge 

bie  U^r 

baé  fflîitttlltiicf 

la  loge 

bie  J&ntte,  Si>ge«  te. 

la  Saiutonge, 

')  Carouge  est  marqué  masculin  dan»  la  plupart  des  dictionnaires;  nais  pourquoi  cotte 

exception  aux  noms  de  fruit»  terminés  par  un  e  muet/ 
*)  Ce  nom  est  marqué  masculin  dans  Trévoux,  ntais  sans  la  moindre  raison, 


72 


La  grammaire   française. 


la  charge  bic  Safï ,  ic. 

la  décharge  baê  Slbiabcn 

la  surcharge  bte  Ueberlaft 

la  litharge  bte  IBIeiglâtte 

la  marge  ber  Sîanb 

-erge 

la  verge  bt'c  Sîut^c 

et  tous  ceux  en  erge ,  moins  cierge  et 

concierge 

239.  Remarques  philologiques^  1*  Les  substantifs  les  plus  nombreux  de  cette  termi- 
naison sont  en  âge;  presque  tous  masculins.  —  Parmi  ceux  qui  devront  être  féminisés 
les  premiers,  j'indiquerai  ;  prestige,  quadrige  CV'^Aestigia.,  quadriga)  ,  losange  (déjà  em- 
ployé plusieurs  fois  comme  féminin},  muge,  lampuge ,  congé,  ronge,  encore  peu  connus; 
sans  oublier  bouge  Cbugia) ,  change  ,  mélange,  courage,  orage,  etc. 

2"  D'après  l'étymologie  simjà,  ne  pourrait-on  pas  écrire  Cle^  sinj,  au  lieu  de  singe? 


-OTge 

la  forge 
la  gorge 
l'orge  0 

bcr  .^ammer,  îc. 
bte  àe^U 
bte  ©erjîc 

-urse 

la  purge 

bte  5l6fû^rung. 

-me 

240.  3"  La  plupart  des  substantifs  terminés  en 
on  ne  compte  de  féminins  que  les  suivants: 
•anie  la  rime 

une  anagramme  baê  SBecï)fe(l»ort 

une  âme  eine  <Scc(e 

la  came  ou  chame  bte  ©tcnitiufci^cl 

une  épigramme  hciè  ©inttgebid^t 

la  femme  baê  SfBctb ,  k. 

la  flamme  bte  ^(amme 

la  ^amme  bt'e  ïonlct'tcr 

l'oriflamme  bte  SBuitberfatjne 

la  prame  bet:  spraï)ttt 

la  rame  tcii  àîubct; ,  îc. 

la  réclame  iin  a3Iattf)tttcr 

la  trame  ïtx  6tnfd^(ag 

la  jusquiame  baê  aStIfetttraut 


et  tous  les  noms  de  plantes  herbacées 


-enie 

la  Bohème 
la  brème 
la  crème 
la  mi-carême 
la  blrème 
la  trirème 
l'agrostèmme 

-Inte 

la  dîme 
la  décime 

la  cime 
l'escrime 
l'estime 
la  frime 
la  lime 
la  maxime 
la  pantomime 
la  prime 


SSô^inen 

ber  SBraffett 

ber  Sîal^tn,  îc. 

bte  aJitttc  ber  ^-aften 
iiai  jicet'rubrt'ge  ®^tff 
bte  bretrubrt'ge  ©ateere 

bte  ^ref|)c 


ber  Sê^tttê 

ber  (getftlid^c)  3e= 

l^eitt 
ber  @t>fet 
bte  3^e4»tfunft 
bte  2t(J)tuttg 
bte  SKt'ette 
bte  %t\U ,  K. 
ber  Sef)rfa| 
baê  @eberbenf)5tc( 
bte  sprdmte,  te. 


la  victime 
-onie 

la  pentamome 
la  Drôme 
la  gomme 
la  somme 
la  paume 
la  pomme 
la  baume 
l'agripaume 

-unie 

l'amertume 
la  brume 
la  coutume 
l'écume 
l'enclume 
la  plume 
-Sine 
la  dragme 
l'énigme 

-aime 

la  palme 
-arme 

l'allarme 
une  arme 
.la  larme 

-erme 
la  benne 
la  ferme 

-orme 
la  corme 
la  forme 
la  plateforme 
la  réforme 


me ,  parmi  les  quels 

ber  Sfletm 
baë  iD:^fer 


ber  ©ummt 
bte  (Sutnme 
\)ç^è  «Battf^tef,  te. 
bcr  2r|3fel 
(ctnc  ©rotte) 
ba§  ^lix^Umi 

bte  SStttcrfeit  . 
ber  9lcbcl 
bte  @eJt)o^nt)ett 
ber  ®c^aum 
ber  Stmbop 
bic  t?cber 

bte  SDrad^me 
baê  gidt^fel 

ber  sprttmcujWctg 

bcr  Sdrttt 
ctnc  SPSaffc 
bte  %iixixx\.t 

ber  SeSattabfa^ 
bte  spad^t,  îc. 

bcr  (S^t'erïtng 
bte  %sixm 
bcr  (Sotter 
bte  SScrbeffcrung. 


<)  Orge,  masculin  dans  nu  sens  et  féminin  dans  un  antre,  donnerait  lieu  aux  mêmes 
distinctions  pour  les  mots  seigle ,  avoine ,  et  des  milliers  d'autres. 


Règles    Niir   \e  ^cnrr    de  a    s  iib.stnn  t  i  fs. 


9S 


241.  IXcmurqiu'H  jthiloloffiqtieit.  1"  Ainsi  tous  ceux  en -«Mne  sont 
masculins:  le  minnnic  ,  le  prixme  ,  de. 

242.  i"  Qu'aini(framnie  y  l'piyramim' ,  f'iiif/mf ,  restent  de  mi^me  masculiaR, 
au  gri'  de  It-tymolo^^ir  ,  «w  ipif  l<>iis  (•••m\  ni  urne  vi  en  ifftne  dcvipini«»nt  a»is«î 
tViiiiiiiiis. 

243.  3'  La  i)tii|iai-t  dt>s  noms  de  plantes   a|)i>ai'tcnant  à  la  terinin:i 
sont  au.ssi  donnés    pour  masculins  Jans  la  plupart  des  dictionnaires;  m 
n'cnipôclie   do   les  employer  an    féminin  ,   dès  qu'on  sous-entcnd  le  mot  phiuir  , 
ridôe  jfénérale  qu'i'veilicnt  les  mots  étant  toujours  ce  qui  détermine  le  genre. 

244.  ^'  U"  trouve  dan.M  I«>!*  dlrtiouiiHire»,  ilnm  puur  dame,  (rrdam  pour  Irédame , 
ridum  pour  vldiime.  On  é(Tlt  dam  {^^aitn) ,  au  lieu  de  damne  (de  damno).  On  écrit 
auMHi  Adttin  ,  Chnm  .  Ahrnhtim  ,  i*rtam  ,  quidam,  harem,  Jèruialem  ,  etc.,  quoique  l'on 
prononce  Adame ,  roninit*  Ahdérame ,  harem,  conimc  ruréme  ,  etc.  De*  loni,  |K)iirqaoi 
n'<M-rirait-on  pa.s,  le  prmjram  ,  In  gram  ,  le  moiitujram  .  un  èpithalam  ,  etc.,  un  lien  de 
programme  ,  gramme  ,  monogramme  ,  etc.  ,  a  moins  qu'on  ne  préfî're  le  féminin ,  avec  lA 
forme  féminine  pour  le»  noms  de  cho»o««'<  Comment  peut-on  dire  te  monogramme  ,  et  une 
anagrammef  De  telles  rontradirtlons  doivent  «li><paraitre.  Tout  en  donnant  la  préférence 
au  féminin,  avec  la  formo  féminine,  ponr  le.s  nom»  de  ihosett ,  le  poète  tt'elTorcera  d«t 
revenir  H  la  fonne  antique,  ponr  les  noniH  d'êtres  uiàles,  et  il  écrira  l'hom,  le  gattronom, 
ttc. ,  et  non  pas  V homme  .  le  gantronome. 

lA  amiral.s  mult  par  eut  riches  hom. 
^'amiral  est  un  homme  très-rirhe.n  (La  Chanson  de  Roland.) 

Mai.s  un  autre  Jeune  hom  la  reqnist  si  forment  (fortement)  , 

Ou'ele  accorda  du  tout  k  faire  son  talent  (désir),  (Juttinal.) 
On  ajoutait  Ve  muet  pour  la  mesure: 

Karles  oe  dort  nime  huvie  travaillet. 
«Cbarlemagne  dort  comme  un  homme  agité,  travaillé.*  (La  Chanton  de  Holand.) 

I)e  plusurn  chose  a  remembrer  11  prist: 

De  doice  France  et  humes  de  son  lign  .  .  .  (ibid.) 

Le  poète  accoutumera  peu  à  peu  ses  lecteurs  n  dire  au  masculin  t>igam  ,  évonom ,  et  an 
féminin  bigame  ,  éctnome.  Kxeniples  :  il  est  higam ,  il  est  éronom,  Klle  est  bigame,  elle 
est  économe. 

5*  Sous  la  pinfne  du  poète ,  les  noms  Se  choses  en  a»ir  .  éme  ,  ime ,  perdront  Insen- 
siblement leur  genre  de  convention  pour  adopter  celui  de  leur  forme.  Blasphème  ,  du  latin 
htasphemia  ,  emblème,   rhume,  employés  an    féminin   par  plusieurs  écrivains,  passeront 
les  premiers,  et  les  autres  suivront  comme  des  moutons. 
Dit  renart  :  J'ai  la  riime  éhue 
Por  quoi  J'ai  troublée  la  vehne  ..  .  (Fable.) 

Seconde  division. 
Terminaisons  diverses  -ce,  -che,  -gne,  -ne,  -ve,  -set 

245.  Parmi  les  substantifs  à  terminaison  féminine,  sont  encore  m»»- 
culiiiM ,  par  exception ,  tous  ceux  qui  suivent  rangés  par  ordre  de  ter- 
minaison : 

I 


-ce 


-ace  «  •aaae 

un  espace 
le  pancrace 

les  ooraces 
le  périkéce 


rin  ^'Rautn 

baé  S£ettrinc|cn  unb 

bcr  SauflEÙnHjf 
Siabtnart 


-Ice 

un  exercice  tint  Ufbnnçj 

le  narcisse  tit  9îor    ' 

un  indice  tin  3'"' 

le  préjudice  ter  ?îartMbcii 

le  spa^iee  ou  spadix,  assemblage  de  fleurs 

le  calice  ber  Jtrl* 

le  cilice  baS  ^aar^tmb 


74 


La  grammaire  française. 


le  supplice 
le  caprice 
les  comices 


bit  Strafc 

btc  ©ritte,  Saune 

bte  9So(fêberfamm= 

(ungen 
bciè  9îorbcr^au|)t 
ba§  Stnnen^aiië 
bcr  Slbgntnb 
ber  SBaffcnfttaftaiib 
ber  3iï'ifrf)cnraum 
bte  (Sonneniwcnbe 
ber  SDtcnft 
baê  Safter,  jc. 
baê  â<»^nmttte( 
bte  ^unft,  îc. 


le  frontispice 
un  hospice 
le  précipice 
un  armistice 
un  interstice 
le  solsticç 
le  service 
le  vice 
le  dentifrice 
l'artifice 

et  tous  ceux  en  -fice 

-oce 
le  sacerdoce  bcr  ^iprieftcrftanb 

le  négoce  bcr  |)anbc( 

le  carrosse  btc  ^utfcï)c 

le  colosse  baê  Stiefenbilb 

le  basioglosse 

et  autres  noms  de  muscles 

-uce 
le  cap  uce  6a^)u^c 

le  prépuce  bic  fBor^aut 

-ouee 
le  pouce  ber  îDaumcn,  2t. 

-axe 
l'axe  bic  2trc 


-exe 

le  sexe 

-oxe 

le  paradoxe 
l'équinoxe 

-uxe 

le-  luxe 

-aitce 

le  silence 
-once 

le  quinconce 
-ipse 

le  gypse 
-apse 

le  tarse 
le  métatarse 

-eree 
le  commerce 
le  quinquerce 
le  sesterce 

-lirfeie 
le  thyrse 

-orse 
le  divorce 
le  torse 
le  morse 


baê  ©eft^ted^t 

bte  (Sonberbarfctt 
bte  %a^'  unb  îiiaà)U 
gtetc^c 

ber  Suruë 

baê  (SttÛfc^jtjetgen 

bie  Sîautenform 

bcr  &i)pS 

ia^  DBcrbetn 
ber  SKtttelfuf 

bcr  .^(tnbet 
bcr  §îinffain^f 
bte  (Scfler^ie 

ber  Sflanfenjîab 

bie  (S^cfcfictbung 
ber  gium^f 
bic  Scefu:^. 


246.  Remarques  philologiqries.  i«  Délice,  auspices,  sévices,  seront  féminins, 
ainsi  que  géorisse  (insecte),  grapse  (cancre),  cariopse  (fruit),  cirse  (plante); 
ainsi  que  les  noms  de  plantes  appartenant  à  cette  terminaison  ,  malgré  l'indica- 
tion contraire  qu'on  trouve  dans  plusieurs  dictionnaires. 

*2«  Il  n'est  pas  nn  seul  de  ces  substantifs  qui  ne  puisse  devenir  féminin  en  très-peu 
de  temps ,  excepté  basioglosse ,  adjectif  employé  substantivement  pour  muscle  basioglos. 
Le  poète  procédera  dans  l'ordre  suivant.  D'abord,  espace,  déjà  plusieurs  fois  employé  au 
féminin;  puis,  dentifrice ,  à  cause  du  nom  sous-entendu  poudre;  ensuite,  spadice,  exer- 
cice ,  axe ,  à  cause  de  l'étymologie  spadix ,  exercitio,  axis.  Puis  viendront  narcisse  ,  nom 
de  plante,  analogue  de  Jacinthe;  capuce ,  caprice,  quinconce,  divorce,  indice,  calice, 
cilice ,  comices,  hospice,  armistice,  solstice,  interstice,  service,  prépuce,  paradoxe, 
êquinoxe  ,  silence  ,  artifice  ,  etc. 

247.  3»  Appendice,  avec  le  son  moitié  français,  moitié  latin,  qu'on  lui  as- 
signe, est  un  monstre.  Ou  écrivez  appeindice,  comme  vous  écrivez  plein,  de 
pleno;  peine,  de  pena ;  ou  laissez  à  ce  mot  sa  forme  latine  appendix ,  de  beau- 
coup préférable.  —  Par  parenthèse,  comment  appendice,  pourrait-il  dériver  du 
nominatif  appendix,  plutôt  que  de  VnhlAtif  appendice? 

4»  Écrivez  de  même  bombyx  et  non  pas  bomhice ,  ou  faites  ce  nom  féminin. 


II 

-die 


-aelie 

le  panache 
le  relâche 

-èche 

le  prêche 
-Iche 

un  acrostiche 


bcr  %tbtthu\é) 
ba§  Sluf^ôrcn 

bte  ^rebt^t 


cin  9lameuêgcbtcï)t 
et  tous  ceux  en  -tiche,  moins  botiche 

le  macronyche 

et  tous  les  noms  d'animaux  en  -iche, 
moins  biche  et  pouliche 


-oclie 

le  reproche 
le  médianoche 
le  coche 

-ouelie 
le  piédouche 
le  cartouche 

-anelte 
le  manche 

-orehe 
le  porche 


ber  SSorwurf 
ber  îDîttternad^tèfrfymauê 
bie  8:anbfutf(^c 

bcr  fBtlbcrfu^ 

bte  Sdanbbcr^tcrung 

ber  ©rtff,  (SticI 

bic  SSor^aÛc. 


Règles   sur   le   genre  des   substantifs. 


75 


248.  Heman/iies  phHoUujiifueH.  \»  Gamache  (guMrc  ,  de  rall«'m.  bit  5lam<l< 
fcftc)  ,  bruche  (insecte),  huhouche ,  siM'ont  désormais  féminins  par  arrêt  du  bon 
sens;  ainsi  i\n'cpiiioc/ie  ,  dont  le  diminutif  est  t'pinochelte.  On  a  vu  une  iemlë 
épinochf  dévorer  en  ciiu]  heures  de  temps  soissante-quntorze  poituon»  tuUêtimtt 
de  Vetpèce  de  ta    X'nudoise.   (  Histoire  Naturelle.) 

249.  j»  On  éerira  punch,  zorosch  ,  et  non  pas  ponche ,  xoroche  ;  gar- 
gousse  ei  \w\\  \r,\^  gttrgouche.  Hoiste  fait //«>yo«/.v.««  féminin  et  </<ir^oMrA^  masculin  ! 

3"  LeH  poètes  feront  les  autres  fcniiiiins ,  qnnnd  ils  le  Jugeront  ii  propnn.  Ils  ne 
•eront  Janikis  hI  lianlis  eu  cela  (|ue  Victor  iltigo  I'h  «-té  dans  ce  vers: 

Alors,  f(loire  au  vainqueur!  son  amre  noir  n'abat. 
Hardlets«  tont  it  fait  romlamnable,  poinqu'elle   ne  fuit  qu'iOouter  Rn   désordre  qa«  n»u 
«ignalons,  au  lien  de  le  diminuer. 


-•«ne 

le  bagne 
le  [tagne 

le  règne  bte  SKrgtcruni) 

et  ses  ronlposé^^ 


ttx  (Scluftnffrftr 
bit  9Uç^tr\d}ûrit 


m 

le  peigne 


ber  Jtamm 


ber  <B^Vûan 

ber  3t»«f«^<n''0"ni- 


le  signe 
le  eygne 
un  interligne 

230.  Hemiirqmrs  iihilotogiqiien.  t*  Pagne,  peigne.  Interligne,  pourront  être  fémi- 
nistes en  très-peu  de  temp.n.  Pagne  et  interligne  ont  d^Jk  été  employés  au  féminin.  I.es 
autres  se  féminiseront  aussi  k  la  longue. 

251.  S"  Entreligne  vaut  mieux  ([il' interligne ,  mot  de  troisième  formation, 
moitié  latin  ,  moitié  français. 

IV 


-«ne 

un  arcane 
un  organe 
un  Ane 
le  crâne 

et  ses  composés 

le  pêne 

le  renne 

le  phénomène 


bui?  Strcanutn 
tai  SBerfjeufl 
etn  C?fe( 
ber  vScf^âbcI 


ber  fRieget 
bai^  Stennt^ter 
bie  ^rfc^einung 
étions  ceux  eu  -mrnr  (moins  romaine, 
peson)  ainsi  que  tons  les  noms  de  corps 
simples 

le  schène  (pr.  jSgviJt'f^^*  SDîeiJe 

skène)  • 

le  pyroxène, 

et  tons  les   noms   de   substance»  miné- 
rale» 

le  tungstène  ber  îungftcin 

le  chêne  bie  (5td»e 

et  tous   les  noms  d'arbres 

bit  JCututente 
tai  îafeijimmer 
bai  «Bielerf 


-ne 

le  cône 
le  pilône 
le  trùne 
personne 

-eane 

le  jeiine 

-olne 

le  patrimoine 
le  péritoine 
le  pivoine 

-tnine 

un  hymne 


le  i|uine 
le  tricline 
le  polygone 

et  tous  ceux  en  -qnne 

le  trombone  cie  '^ofaune 


-erne 

le  terne 
le  quaterne 

-orne 

le  capricorne 

lie  croDiorne 
le  morne 

-urne 

le  cothurne 
le  nocturne 


ber  iÇegef 
«rt  portât 
ber  3:^ron 
9îiemanb 

bie  Çaflen 

ba«  (Srbgut 
bas  aSauc^feU 
ber  SDomjjfaff 

ein  8o6Iteb 

bie  2:erne 
bie  Cuaternc 

ber  Steinborf,  .feoïi» 

6o(f 
ba*  JÇrummbcrn 
ber  ^ûgel 

ber  5fotburn 
ber  9îa(t>t9cfang. 


232.  Remarques  philologiques.  !•  Je  n'ai  pu  me  décider  à  ranger  parmi  ces 
exceptions  les  mots  filigrane,  akène  (fruit),  polakène  (fruit),  corypkène  (pois- 
son), cgzicène  (*2)jeifefaal),  brachine  (insecte) ,  ;>*•««  (insecte),  amtroggne  (o»^** 


76 


La   grammaire  française. 


ter),  salmone  (poisson),  clairone  (insecte),  sycone  (fruit),  mèdymne  (de  me- 
(lymna ,  mesure),  />e««e  (mort-bois),  acarne  (poisson),  sterne  (ou  hirondelle  de 
mer),  dont  quelques  uns  n'ont  pas  la  physionomie  française  plus  qu'il  ne  faut; 
bien  que  ces  noms  soient  indiqués  comme  masculins  dans  la  plupart  des  dic- 
tionnaires. 

253.  2"  On  n'écrira  plus  cyticène,  tricline ,  mais  seulement,  d'après  les 
lois  de  l'analogie,  cyzicenium,  tricUnium ,  seule  physionomie  qui  convienne  à  ces 
termes  d'antiquité.  On  écrira  de  même  antimoninm ,  plutôt  qu'anfiînoine ;  pkiti- 
nhim  ou  platin,  mais  plus  jamais  platine,  à  moins  qu'on  ne  se  décide  pour  le 
féminin,  dès  que  l'ordre  sera  un  peu  rétabli  parmi  les  mots,  et  que  le  ^enre  ne 
soit  plus  déterminé  que  par  le  sens  et  la  forme ,  en  dehors  de  toute  influence 
routinière.  Le  bi'amine  deviendra  le  bramin, 

3»  J'espère  qu'on  dira  bientôt  la  renne,  k  cause  de  la  forme  si  féminine  de  ce  mot, 
et  plus  jamais  le  renne.  Apparemment  que  les  grammairiens  ont  eu  peur  d'une  confusion 
entre  la  Reine  et  la  renne. 

4«  Pourquoi  les  mots  terne,  quaterne ,  quine ,  ne  seraiènt-ils  pas  féminins,  comme 
en  allemand  •? 

5*  Qui  empêche  de  dire:  une  organe,  une  urcane,  la  ciroène ,  la  pêne,  la  domaine, 
la  trombone,  une  autonme,  la  péritoine,  la  pivoine,  une  hymne,  la  cromorne,  la  morne, 
la  cothurne,  conformément  au  génie  de  la  langue? 


-ave 

le  conclave 


haê  spa^)ftnjflî)(jtm= 
mer 
et  tous  ceux  en  -clave,  moins  enclave 


-eve   • 

je  rêve 
jC  glaive 


baê  ®cï>ttjert 


-ve 

!       -Ive 

le  qui-vive 
-ove 

un  ove 
-uve 

le  pédiluve 
-euve 

le  fleuve 


bte  %\xi 
etn  6t 
baê  îîufbab 
ber  .Çau^tfïuf. 


254.  Remarques  philologiques.  1°  Aggrave ,  réaggrare ,  laticlave ,  angusti- 
clave ,  autoclave  (marmite  de  métal),  rëduve  (insecte),  quoique  marqués  mascu- 
lins dans  la  plupart  des  dictionnaires,  seront  désormais  féminins. 

2»  Les  poètes  ne  tarderont  pas  à  donner  le  même  genre  aux  mots  conclave,  glaive, 
ove,  pédiluve,  si  essentiellement  féminins  par  leur  forme.  (Voir  page  29,  n»  90.) 

VI 


-ze 


-axe 

le  gymnase 
le  pétase 
le  vase 
un  ukase 


baê  Uebungêfjauê 
ber  @cï)trm^ut 
baê  ©cfâf      • 
bte  Ufafe 


-eze 

le  trapèze 
le  diocèse 
un  dièse 
-oze 

quelque  chose  (Stwaê. 


be#^trd)fpren9el 
etn^^reuj  (tn  ber  SOZuftf) 


255.  Remarques  philologiques.  1»  Aise  (SSo^Ibefiagen)  étant  féminin,  pour- 
quoi Stis  composés  malaise ,  mésaise  (S)îtf  be^agen)  ,  seraient-ils  masculins  ?  Com- 
ment l'Académie  peut-elle  sanctionner  de  telles  contradictions  ? 

8»  Dièse,  diocèse,  ne  sauraient  tarder  à   reprendre  leur  genre  primitif, 


diesis  ,  dioecesis. 


30  Rize  (bte  SRtje) ,  énoplose  (poisson),  polydruse  (insecte),  sont,  de  même, 
à|tort  marqués  masculins  dans  les  dictionnaires. 

4»  N'écrivez  plus  mègalonyse,  mais  mègalQnyx,on  faites  également  ce  nom  féminin. 


Rèffies  8  111*   le   (çoiirc   ilns   h  u  bstn  n  ti  fs. 


77 


Tnu'sième  division. 

25(i.  Sont   criooro  niavieallnM  par.  oxception ,  plusieurs  substan- 
tifs »*n  -br,  -pe,  -de,  -te. 

I 
-lie,  -pe 


-bo 


-abe 

lin  astrolah/'  ber  3urnbo^fnmfff<t 

et  aiitri's  iiiirIokih'x 


lt>  iTahe 

lo  iiioiiossylliil)^ 

-èbe 
lt>  jîrrlif 

-obe 
le  jflobe 
le  lobe 
le  jçarde-robe 

-ube 
le  tube 
le  eube 
lin  inciilip 
le  siieeiilie 

-albe 
le  jçalbe 


bit  Xrabbt 

ba«  finfwlbiiif  SBort 

bit  (Srebc 

bit  J^iigtt 
btr  8ap)>cn 
bit  J^auSfc^iirjt 

bit  JHôljrf 
'  btr  SKûrftT 
bad  9îaci)tmânn(f>tn 
bad  9lacfot»vttbc^tti 

bit  ^udrûnbuno 


-Aiiibe 

(II)  ainbe  tint  9ttnbt 

f>t  tonfi  ceux   en  -umhe  ,  moinn  Jambe 

-Itnbe 

le  limbe  ^tr  fKaiib,  btr  SSor^immtl 

fl  toiiH  cpnx  ♦"!)  -iinhe 

-onibe 


le  rhombp 
les  lombes 

-erbe 

le  verbe 
l'adverbe 
le  proverbe 

-orbe 

l'orbe 
le  tnorbe 


bad  Biauttnt^itrtct 
bit  ïtnbtn 

bad  3«itwort 
tai  9ltbtnwort 
baS  (Sprirtttvort 

bit  93a^n 
bit  Sagtaiitt, 
îbtorbf. 


257.  Hrman/ues  frhitoloi/iqiws.  1"  Grrfip  (oiseau),  aiis>i  bien  quV;>i7oAff  (|»!an- 
te) .  f'/n'comhi-s  (tiTiiie  d°Antii|iiité),  plunorhe  Cmolliisc) ,  euphorbe  (plante),  bulbe, 
seront  désonnais  féminins  par  décret  du  bon  sens,  eoinme  orohe,  rnlocotnbeit,  etc. 
—  On  trouve  iA/Ap  masculin  dans  Roisle  ;  mais  ce  mot  n'a  pas  la  physionomie  fran- 
çaise, et  Dieu  sait  d'où  il  vient. 

8'  On  écrira  thromfnis  .  comme  homhux  .  et  non  pas  (hromhe. 


-pe 


-4pe 

-oupe 

le  crêpe                 btr  Jrauttfior 

le  jçroupe 

bit  ©ru^jpt 

-ipe 

le  croup 

bit  8uftrè(>rtntnt 

le  mnnicipe              bit  SOîuuicipatflabt 

jûnbiin^ 

•'t  louH  ceux  t?n  -ripe 

-nnipe 

le  type                     batf  Urbilb,  OJcrbilb 

nn  hippocampe 

tin  «Stfpftrb 

«t  touH  ceux  en  -/.v/'i* ,  moins  êrlypr 

-nrpe 

-0|I0 

le  télescope             bai  ^tcnro^r 
et  antres  noms  .inaIngM 

le  carpe 
le  métacarpe 

bit  ^anbtvuritt 
bit  SRitttlf^anb 

le  trope                   bit  ilro)}t,  @tnn« 

-aspe 

ioanbtun^ 

le  jaspe 

bcr  Siifpi*. 

25S.  Remarques  philoloffiqHes.  1"  On  trouve  steppe,  hip/Mcr^pe  (f\»n{e).  tm^ 
ployésan  masculin,  mais  à  tort.  Opes  (du  latin  o/ni*,  Wiiillcfbtr),  est  aussi  mascu- 
lin, (i  après  l'Académie;  mais  pourquoi  ne  serait-il  pas  féminin,  comme  méiopetf 

259.  8"  Par  un  heureux  hasard.  l'Académie  fait  pttipe  féminin,  malgré  Téty- 
mologie  ;>rt/^M»i  ;  mais  elle  fait  rfni/^e  masculin,  inaljçré  létymoloffie  «Trir/^rt  et  contre 
l'avis  de  tout  le  monde.  Klle  prend  sa  revanche  en  faisant  féminin  le  mot  ht/sxope, 
qui  est  marqué  maseulin  dans  tous  les  autres  dictionnaires.  Klle  fait  a«s9i  ec^ipe 
du  féminin,  malgré  l'évidenle  parenté  de  ce  mot  avec  fype ,  protot}ti*e y  etc. 


78 


La  grammaire   française. 


260.  3"  Un  tel  désordre ,  une  telle  anarchie  doit  nous  faire  pardonner  quelque  chose 
en  faveur  du  principe  d'unité  et  de  régularité.  C'est  pourquoi  nous  n'hésitons  pas  à  faire 
du  féminin  les  mots:  cippe  (bic  iÇalbfaule) ,  stipe  ((âtamm),  héliotrope  (bie  ©onnenujenbe) , 
dupe  (poisson),  géotrupe ,  eumolpe  (insectes),  poulpe  (moUusc),  péricarpe  {)>ii  %x\\^U 
l)ûlfe) ,  et  ses  analogs  sarcocarpe  (Peifctjtgct  î()ftl  ber  «^ruc^t),  mé$ocarpe ,  etc.,  sirpe , 
plante;  malgré  l'indication  contraire  de  la  part  des  lexicographes. 

4"  De  même ,  si  l'on  écrit ,  polype  bradype ,  lophyrope  ,  etc. ,  ces  noms  seront  fémi- 
nins, ou  bien  l'on  écrira,  comme  en  allemand,  polyp ,  bradyp  ,  lophyrop.  On  écrira  de 
même  :  télescop ,  microscop ,  hippocamp.  L'e  muet  devra  tôt  ou  tard  cesser  de  figurer  à 
la  fin  des  substantifs  masculins. 

5"  Pourquoi  groupe,  trope,  ne  deviendraient-ils  pas  bientôt  féminins  comme  en  alle- 
mand :  btf  ©ru^'Vf  »  ^it  î^ro^JC.  Jaspe  ,  du  latin  jaspis ,  prendra  le  même  chemin. 

261.  5"  Un  crêpe,  signifie  un  morceau  de  crêpe ,  qu'on  porte  au  bras  ou 
au  chapeau ,  en  signe  de  deuil.  Crêpe  n'est  donc  quelquefois  masculin  que  par 
ellipse;  car  cre/)e,  étoffe, est  féminin,  comme  crêpe,  sorte  de  pâte,  sorte  de  plante. 

II 

-de,  -te 

1 

-de 


-ade 

le  grade 
le  stade 
le  gadc 

-ède 

le  remède 


bic  fê^renjîufc 

bte  9lennbat)n,  <Btahn,  k. 

bcr  ®ci^cttftf4 


baê  matti 

et  tous  ceu\  en    -ède,  moins   aide 
(•&tlf«);  et  Suède  (iScljttjebeii) 

>lde 

le  subside  bte  .§>û(fêfîeuer 

le  conoïde  bte  Sonoibe 

et  tons  les  noms  de  solides 

un  homicide         ein  SSJÎorb 
et  tous  les  noms  analogs 


le  guide 
le  vide 

-ode 

le  code 
le  mode 
l'Exode 
le  période 
le  diacode 

-ude 
le  prélude 

-oude 

le  coude 

-onde 

le  monde 


ber  %u^xn 
bteSeere 


i(ii  Ocfe^buc^ 
bie  5lrt,  ^orm 
bcr  ©yobuê 
bcr  ©t^jfet 
bcr  Sïîoîinftiru!!) 

baè  SSorf^ieï 

ber  ©ttSogcn 

bie  SEScIt,  bte  Seute. 


262.  Remarques.  1"  Aide,  lorsqu'il  se  dit  des  personnes,  est  des  deux  gen- 
res. Un  aide.  Une  aide. 

263.  8^  Jade,  ophichiëide ,  masculins  dans  plusieurs  dictionnaires,  garde- 
ront le  féminin,  que  leur  donne  Boiste. 

264.  3"  Préside ,  quoique  masculin ,  est  donné  pour  féminin  par  l'Académie.  Tant 
mieux.  Cela  nous  encourage  k  faire  du  même  genre ,  et  avec  plus  de  raison  androïde  et 
exomide ,  conformément  à  l'analogie  comme  k  l'étymologie  ;  lesquels  entraîneront  bientôt 
subside ,  conoïde,  coude ,  si  j'en  crois  le  sentiment  que  j'ai  de  la  nature  de  ces  mots. 

265.  4"  Quelques  noms  de  plantes  herbacées ,  tels  que  cypripède  ,  épimède ,  lyco^ 
pode ,  etc. ,  sont  marqués  masculins  dans  les  dictionnaires.  Mais  la  plupart  des  auteurs 
les  emploient  au  féminin  régulièrement. 

266.  5"  Il  y  a  beaucoup  de  noms  d'animaux  en  -ide.  Pour  le  genre  de  ces  noms  les 
dictionnaires  se  contredisent  k  qui  mieux  mieux.  Arachnide,  xi^r  exemple,  est  masculin  dans 
le»  dictionnaires,  quoique  le  plus  souvent  employé  au  féminin  par  les  naturalistes.  Exemple  : 
Les  arachnides  se  noun-issent  en  général  d'insectes  qu'ellcB  saisissent  vivants ,  dit  l'un  ; 
les  arachnides  se  nourrissent  d'insectes  vivants ,  dont  Ils  sucent  le  sang ,  dit  l'autre. 
Auquel  entendre?  Si  arachnide  est  masculin,  pourquoi  dit-on  une  pulmonaire,  une  tra- 
chéenne, une  flleuse?  s'il  est  féminin,  pourquoi  dit-on  un  faucheur?  I/analogie  et  la 
forme,  si  essentiellement  féminine  (en  latin  -is ,  -idis ,  ablatif -irfe^,  veulent  qn'arachnide 
soit  féminin ,  comme  tous  les  noms  d'animaux  en  -ide.  En  ce  cas ,  pour  le  mot  faucheur') 


Règles   sur  le  genre  des   substantifs. 


79 


on  n'Hara  égard  (|u'h  U  forint)  niatéri«lk'.  Quelque*  ann  écrivent  faucheux ,  nmiii  a  lortf 
Cetlf  erreur  vifiil  ii<!  c«  qu'on  prononçait  autrefoia  eur ,  comme  eu,  l'r  tombant  par  I» 
graMMeymi-nt ,  rei«t«*  coniniiin  aux  PariMlt-na. 

6"  ViiKle  est  ri'iiiiniii ,  mais  il  se  dit  quelquefois  abusivement  du  coq  d'Inde, 
et  alors  il  est  masculin.   Vn  gros  dinde.  (Àcud.) 

267.  '*  Pourquoi  cette  di<«tinction  ,  créi-e  par  lea  falaenrM  de  dictionnaire*,  entre 
tolde ,  n.  m.,  payrmenl  ;  et  Koldr  ,  h.  (.  ,'piiy^y  Cela  e<«t  d'autant  plua  inutile,  que  lotd* , 
payement,  n'e.nt  UNité  que  dans  ceH  lo<-iitiont«  :  pour  initie  ,  pour  inliie  de  lompte ,  de 
tout    ritmftte. 

268.  B*  Pourquoi  ne  patt  faire  éphode ,  tynttde ,  du  féminin,  conformément  li 
rétymologie? 

269.  9*  Qn'aura  le  féminin  de  plua  choquant  que  le  manculin  ,  dan*  lew  imitH  txorde 
et  péricarde  J  I.'inNtinct ,  plu»  fort  que  la  règle,  fait  généralement  ce*  deux  noma  féminin*. 


-te 


-«te 

nii  aroin.ite  ba8  Seioîirj 

un  autonmt^  bad  3r(b)!trifbtO(r( 

If  slijçmate  bif  9îarb« 

|p  stylobatp  ber  SiSuUnftu^l 

et  quelques  autres  noms  analogue» 


les  pénales 

-ète 

le  faîte 
le  squelète 

,  -Ite 

le  gîte 
le  mérite 
le  mythe 
le  plébiscite 
le  soritc  ' 

-ote 

le  vote 
un  antidote 

-ut« 
le  parachute 

-oute 
le  doute 

-nrle 
nn  acte 
le  pacte 

-eete 
le  dialecte 
un  insecte 

-Mite 

un  cphialte 
-ulte 

le  cnltc 

le  tumulte 

le  sénatus-consulte  bcr  (Stnattibtfc^luf 

-Inle 

le  labyrinthe  ber  3rT9<Jn9 

-onte 
le  conte  ba«  SDld^rc^en 


bie  J^auëjiitttr 

bie  Çlrfle 
baô  (Scrippe 

bad  ta^tx 
ba8  aSerbitnft 
bit  Jpf(bfni}ff(^l(f>te 
b«r  ajo(f«frf)tu§ 
ber  fcrfanjtid^eJÇft- 
trufc^tul 

bie  i^timme 
baé  (Segengift 

ber  %cM\é)'\xm 

ber  3w«<f«t 

eine  ^anb(uni) 
ber  âîertrag 

btc  SDÎunbdrt 
ba«  J^erbtf)ier 

baéi  9lac{)tinânn(^en 

bie  SJere^run^ 
baj  (Setùntinel 


le  compte 

et  nés  compoaés 
le  ponte 

-epte 

le  précepte 
-orte 

le  cloporte 

-«•te 

le  contraste 
le  faste 
l'Ecclésiaste 

le  méloplaste 
un  antispaste 
-este 

un  almageste 

un  inceste 
le  geste 

le  ceste 
le  manifeste 

un  anapeste 
le  reste 
le  palyinpseste 
le  prétexte 
le  texte 
le  contexte 
bissexte 
le  sexte 
-iMte 
le  kyste 
l'aoriste 
le  palmiste 
le  phalangiste 

-oate 

le  poste 

-uste 

UQ  arbuste 
le  buste 


bie  Stec^nun^ 
bie  ^onte 

bie  SBorft^rift 

bie  ^ffet 

ber  ^bflanb 

baê  ©eprânçje 

ber  %Vebi^er  ®ato« 

monié 
bad  SDietoptaft 
ber  ^ntifpaft  (Sert* 

fu§) 
bad  Stmav^ejl  (â(te9 
aflroncmifdl)e^  3îud>) 
bie  aîlutfcbanbe 
bie  (Sebtrbe,  bie 

X^aten 
ber  (Streitf^anbfd^u^ 
bie  ôffentti^e  ©rtld' 

ruuj 
ber  ^na)}âfl 
ber  llfberrfjl 
bte  .^anbfcbrift ,  ic. 
ber  aîortranb 
ber  îejrt 
ber  (Sontert 
ber  (Bc^altta^ 
ba*  fe<^|le  2}ud>  ber 

^ecretalen 
bie  (Satf ^efc^touifl 
ber  31orijt 

ber  ;(at7nie^dlinbaum 
ber  '^balani^it,  'p^a* 

lanr'@oibat 
ber  ^ojten 

etn  ^tauben^etodi^ê 
bie  »Afle. 


80  La   grammaire   française. 

270.  Remarques  philologiques,  1"  Les  noms  suivants  répugnent  trop  de  leur 
nature  au  genre  masculin,  pour  que  j'aie. pu  me  déterminer  a  les  comprendre 
parmi  les  exceptions  indiquées  ci-dessus.  Ce  sont:  cyathe ,  ancienne  mesure, 
lucernales,  cantiques,  analogue  de  cantates;  mithridate ,  espèce  de  tliériaque; 
athyte ,  sacrifice;  soffite ,  terme  d'architecture,  anale  ctes ,  catalectes ,  aphte, 
naphte ,  etc.  (Voir  page  30,  n"  97.) 

271.  2"  Comment  peut-il  y  avoir  des  noms  masculins  en  -ate?  écrivez 
acousmat,  encombomat ,  monochromat ,  stylobat ,  et  même  automate  comme  on 
écrit  acomnt ,  économat,  formai,  opiat ,  etc.,  et  non  pas  acousmate,  etc.  Wailly 
écrit  opiate ;  mais  il  fait  ce  mot  féminin.  Opiat,  masculin,  est  préférable.  Aro- 
mate et  stigmate  feront  mieux  d'adopter  le  genre-  de  leur  forme  actuelle. 

272.  3"  L'Académie  donne  écarlate  pour  féminin.  Mais  tous  les  noms  de 
couleurs  sont  masculins.  Par  exemple,  le  poète  fera  bien  de  dire  écarlat ,  sans 
e  final.  Un  bel  écarlat.  Employé  adjectivement,  ce  mot  prendra  le  signe  du  fémi- 
nin.  Une  robe  écarlate. 

273.  k"  Squelète  et  satellite ,  ne  sauraient  rester  masculins  ;  surtout  le  der- 
nier, signifiant  planète  satellite. 

5"  Pourquoi  les  noms  en  -litlie,  terminaison  dérivée  du  grec  lithos, pierre, 
ne  sont-ils  pas  tous  masculins  ou  tous  féminins  ?  C'est  ici  surtout  que  le  dé- 
sordre est  grand  dans  les  dictionnaires.  AéroUthe ,  par  exemple,  masculin  dans 
l'Académie,  est  féminin  dans  Laveaux ,  comme  ostéolithe.  C'est  pourquof  Alfred 
de  Musset  a  pu  dire  sans  hiatus  : 

Je  la  prendrais  plutôt  pour  quelque  aêrolithe 
Tombée  ,  un  jour  de  pluie,  au  temps  du  carnaval. 

Les  mêmes  contradictions  existent  pour  les  mot«  leucolithe,  phyllithe ,  phytolithe, 
etc.  Quand  je  vous  dis  que  la  grammaire  est  une  étable  autrement  difficile  à  net- 
toyer que  celles  d'Augias!  De  même,  quand  malachite,  &&i  féminin,  pourquoi 
lazulite  est-il  masculin? 

274.  6°  Mêmes  contradictions  pour  les  noms  en  -]»liyte  (du  grec  phyton , 
plante);  ainsi  que  pour  les  autres  noms  en  -ite,  servant  à  désigner  des  pois- 
sons ou  des  insectes.  Tous  ces  substantifs  seront  désormais  féminins ,  conformé- 
ment au  génie  de  la  laiigue,  sans  en  excepter  termite,  dont  on  fait  quelquefois 
termis,ma\skiovt;  les  noms  ne  se  formant  pas  du  nominatif  mais  de  l'ablatif  latin. 

275.  ''"  Il  d  sera  de  même  des  noms  d'animaux  en  ote ,  moins  argonaute  (^i^^xtt- 
nauti(uê) ,  à  cause  du  sens  primitif  de  ce  mot.  La  pardalote ,  oiseau  ;  la  gymnote,  poisson. 
Une  asellote ,  crnstacé. 

276.  8"  Pour  pousser  plus  vite  vers  l'unité,  le  poète  n'hésitera  pas  à  faire  égale- 
ment du  féminin:  antidote,  dialecte,  cloporte ,  sgraffite ,  contraste.  Il  n'hésitera  nul- 
lement pour  les  noms  suivants  : 


asphalte      bnê  (Srb))ec^ 
hasalte        ber  (âciuleiiftein 
atlante        ber  Sltlant 

et  autres  en  -ante 
terminthe    bic  ©rbettblattev 


sébeste     btefc^war^eSBruftkere 
bupreste       bev  ©tinffafer 
périoste        bte  SBein^aut  . 
holocauste    baS  33ranbDVfer 
hypocauste  fin  J^Dpocaiiftum 


crypte    bie  Soblbriife 
baste      bte  §Bafte 
céraste  bte  ^'"^"f^I'ittge 
asbeste  bev  @teinflact)è 
zeste      bev  <èattet  (in  ber  ^Infi) 
ni  pour  tout  autre  nom  de  chose  aussi  peu  usit^î. 

277.  g'*  À  propos  des  noms  en  -ante  ,  que  nous  faisons  tous  féminins  , 
remarquez  quelle  anarchie  règne  dans  les  dictionnaires.  Atlante,  masculin  dans 
l'Académie,  est  féminin  dans  Boiste.  Acanthe,  adiante,  souvent  employés  au 
masculin,  sont,  au  contraire,  féminins  dans  l'Académie.  Boiste  écrit  adianthe , 
mais  bien  à  tort;  car  l'adiante  n'est  pas  une  fleur.  Ce  mot  dérive  du  latin  adian- 
tum,  formé  du  grec  a,  particule  privative,  et  rf/^mo ,  jhumecte.  Hémanthe, 
marqué  presque  partout  masculin,  est  féminin  dans  Boiste.  En  revanche,  tandis 
que  la  plupart  font  agapanthe  du  féminin,  lui  seul  le  fait  masculin.  —  Ménianthe 
n'est  féminin  que  àïinsAe  Dictionnaire  des  Dictionnaires;  mais  tragacanthe ,  nom 
d'un  arbrisseau,  ne  l'est  que  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  qui  devrait  l'avoir 
fait  masculin  ,  comme  tous  les  noms  d'arbres. 

278.  IC  Comment  l'Académie  a-t-elle  été  poussée  à  faire  encore  préceinte 
d«  masculin?  Voilà  ce  que  je  comprends  d'autant  moins,   que  l'étymologic  est 


Règles   sur   le  genre  des  substantifs.  81 

prnecincta  (sous^-cntiMuIii  tabula) ,  et  qu'en  outre  cette  terminaison  est  essen- 
tipllciiKMit  féiiiiiiinc.  Vri^veinte ,  .syuttnyinc  de  I/j.»<?,  est,  comme  liane,  un  adjectif 
rciiiiiiiii  pris  .siilistiiiîlivpinciit.  Par  «nnsfMjucot ,  il^  ae  peut  pas  être  du  inanculiu 
plus  (|ue  lisse. 

27U.  11"  Amrth}jstc ,  quoique  marqué  féminin  dans  l'Acaiiémie,  se  trouve 
qocl(|ueri)is  employé  nu  mn.seuliii.  Telle  e^t  riiifluenoe  du  nom  sous-cnteudn  pour 
If  ^cnre  des  sul».sl:iiitirs ,  qiip  les  noms  de  pii-rres  prceicnses  sont  masculins  ou 
ItMiiiiiins  en  l:i(in  ,  selon  (|u'on  les  rapporte  à  la/iiltiis  ou  à  pemma.  Hic  tm  Imec 
aittftliistus.  Hic  on  haec  HapphiriiH.  Iliv  ou  huer  To/taziuM.  Kn  français,  ces  noms 
sont  maseulins  ou  liWninins,  selon  la  forme. 

280.  IV  Le  poêle  n'éerira  plus  ple/uscite y  rite,  \m\s  ptéhitcit ,  rit.  Il  se 
jfardera  surtout  de  ces  barbarismes  eonsaerés  par  l'Ae^idémie  :  diaht'te  y  institu- 
/*•>  ,  mt^lociicte ,  oriflucte  ,  xirrente  ,  latte  ,  sparte.  Il  dira  simplement  diabet  ou 
mieux  tliuhe'tt's  ,  instituts  (comme  le  i/uel(/ues  uns  donc  parle  l' Académie)  ,  mt^lo- 
rttctus  ,  oritlur  ,  sirriiut,  Utst,  spart.  Serrante  est  le  mot  italien,  (hi  ti*ouve  dans 
les  dictionnaires  :  Uist  ou  Uiste ,  spart  ou  sparte.  Ces  noms  étant  maseulins ,  la 
l'orme  masculine  est  prclerablc.  -  l.e  poète  dira  de  même, /^  mustodon,  telamiodon, 
plultM  que  te  lamiodonte ,  le  mastodonte ,  mots  d'une  longueur  incommensurable; 
<'i'  qui  est  un  des  caractères  de  la  barbarie,  comme  le  prouvent  ces  mots  latins 
d'Kniiius  :  induperntor ,  dedecoramentum ,  indupetrare  ,  etc.,  dont  Horace  et  Vir- 
jïilc ,  plus  polis,  ont  fait  imperator,  dedecus,  impetrare,  etc.;  comme  nous  avons 
fait  vien/e  ,  imuf/e  ,  ordre,  onjue  y  anye ,  àme ,  etc.,  de  rirt/ine ,  imayette ,  or- 
dene  ,  oryene  ,  enyele  ,  anemC)  etc.  ,  qu'employèrent  d'abord  nos  pères.  Virgine 
enfoHtet  e  viryine  per maint. 

Mi  daiiine  I)(mi  ,  Jn  vnx  ai  mnlt  nervit. 

Tes  imagfues  ferai  tntes  d'or  fin.  (La  Chanson  de  Roland.) 

.Saint  ordfnf  do  clievalerle 

âeroit  eu  vous  mal  cmploiie , 

Car  vous  estes  de  maie  loie, 

Se  n'iive/.  bateine  ne  foie.  (L'Ordene  de  CHeraterte.) 
V.  David   stinout  une  manière  de  orgenet  kl  enUient  »i  atome  ke  l'om  les  lioot  at 
espald  e.s  celi  ki  .H'snnout.  (Kois  p.   141.) 

Jarol)  vit  leM  enijeU»  montant  e  descendan;^.  {Job  p.  480.) 

281.  18"  Kulin  le  poète  s'atUicliera  de  tout  son  pouvoir  à  effacer  le  carac- 
tère féminin  des  noms  masculins  de  la  troisième  division,  aux  quels  le  sens  ou 
riiarmoiiie  interdisent  le  genre  féminin,  l'uiscju'il  est  permis  d'écrire  Uut ,  Brest^ 
est,  lest,  ouest,  test,  zesl ,  Christ,  alost ,  Aost ,  il  devra  aussi  lui  être  permis 
d'écrire,  surtout  d'abord  devant  un  mot  qui  commence  par  une  voyelle:  Ecclt^- 
siast ,  tne'loplast ,  antispast ,  almayest ,  aorist ,  palmist ,  qui,  selon  le  génie  de 
noire  langue,  pourraient  devenir,  à  la  longue  en  se  civilisant,  me'loplàt,  antipàt, 
almayèt ,  etc.;  comme  auijuste  est  devenu  août;  Christ,  chrit ,  dans  «iéaus- 
Chriat  t  impost ,  impôt  ;  prévost ,  pre'rùt  ;  forest ,  forêt  ;  test ,  têt ,  etc. ,  par 
suite  de  cette  règle  propre  aux  langues  polies,  qu'o/i  ne  doit  pas  faire  sentir 
deux  consonnes  conse'cutires ;  règle,  à  vrai  dire,  un  peu  tombée  en  dessuétude, 
mais  encore  lidèlemcnt  observée  dans  les  noms  pro|)res:  d'où  il  suit  qu'on  pro- 
nonce :  Pràlin  ,  et  non  Prasslin  ;  Monmorencff  ,  et  non  Monte- Morencp  ;  La  Ro- 
rhefoucaud ,  et  non  La  itochefoacaulede.  .l'ai  déjà  vu  la  micaschite  emplofé  pour 
le  micachiste. 

282.  i^"  l'C  poète  .sclTon^ni  du  faire  adopter  le  féminin  pour  le.<«  mots:  mérite, 
luythe  ,  vote,  doute,  vutle  ,  tumulle  ,  labyrinthe .  conte,  comme  pour  les  mots  uromalt , 
êtigmate  ,  antidote,  etr.  (Voir  pliiH  liant  .  seconde  rcnmrqu».) 

283.  15"  Il  écrira  au  masculin  acrohat  et  au  féminin  acrobate,  il  aura  hor- 
reur de  Ye  muet  tiual ,  dans  numismate.  (.Voir  page  S7 ,  n"  8A.) 


82 


La  grammaire   française. 


Quatrième  divisirni. 
Terminaisons:  -fc,  -le-,  re,  -giie,  -C|iie. 

284.  Parmi  les  noms  à  terminaison  féminine ,  sont  encore  mascu- 
line par  exception,  ceux  dont  les  tableaux  suivent. 

285.  Remarque.  L'oreille  n'étant  pas  toujours  apte  à  discerner  la  présence 
ou  l'absence  de  l'e  muet ,  dans  les  désinences  de  ces  substantifs ,  nous  y  com- 
prendrons tous  les  substantifs  qui  font  entendre  à  la  tin  une  f,  une  l,  une  r , 
ou  un  c  dur. 

Premier  bataillon. 

-fe 

286.  Le  génie  de  la  langue  française  est  si  opposé  à  cette  finale  -fe, 
r  f  se  changeant  en  v  devant  une  voyelle  et  principalement  devant  un  e 
muet,  que  parmi  les  substantifs  qni  font  entendre  une  f  à  la  fin,  il  n'y  a 
que  les  dix-neuf  suivants  qui  soient  féminins  : 

-af 

une  agraffe 
la  caraffe 
une  épigraphe 
une  épitaphe 
la  giraffe 
l'orthographe 
la  piaffe 

-ef 
la  greffe 
la  ner 
la  clef 

-if 

la  biffe,  fausse 

287.  Remarques  philologiques.  1*  Pour  les  trois  noms  nef,  clef,  soif,  voir  p.  38, 
11"*  130,  131  ,  133. 

288.  2»  J'ai  doublé  Vf  aux  mots  agraffe ,  caraffe,  girafe,  parce  que,  sans  ce 
redoublement,  Ve  muet  final  n'est  pas  tolérable. 

289.  3"  Le  poète  s'attachera  à  faire  dominer  le  féminin  pour  les  mots  golfe ,  para- 
phe, paragraphe,  greffe,  et  surtout  anatife,  coquille,  qu'on  fera  mieux  d'écrire  anative. 
Il  écrira  le  typograph ,  le  philosoph ,  etc.,  sans  e  muet.  On  écrit  bien  Joseph,  au  lieu 
de  Josèphe. 

Second    bataillon. 

-le 

290.  Parmi  les  substantifs  qui  font  entendre  une  /  à  la  fin ,  la  plu- 
part sont  féminins,  excepté  les  suivants: 


la  chiffe 

bcr  Sum:jjcn 

bte  ^afcnf^ange 

la  griffe 

bic  JÇraltc 

bic  .^araftue 

-of 

\)\t  aSeifdjrift 
btc  ©trabfcî^rift 
bic  ©traffc 
bte  Sîeciitfci^rctbung 

la  strophe 
la  catastrophe 
l'étoffe 

bcr  SSerêfa^ 

bte  (Scïdupbcgebcii^clt 

bev  Seug 

bic  ©roftt^ncrci 

-uf 

la  truffe 

bic  GrbmordEict 

baê  spffopfrciê 

-ouf 

baë  ©c^iff 

la  touffe 

baê  SBûfc^cf 

bcr  <Bé)\\\^t\ 

-oîf^ 

la  coiffe 

btc  .^laubc 

pparence 

la  soif 

ber  2£)urfl. 

-ai 

Hengale 
bubale 
châle 
clirysocale 


ajengafcn 
bcr  âj»ergocï)â 
ber  @I)a»t>( 
etn  go(baf)nnc^eê 
f9Zctaflgemtf(^ 
btc  .^ta^^jcrfc^tangc 


crotale  ,  ou 

serpent  à  sonnettes 
le  dédale  baô  Sab^rtnt^ 

le  finale  baê  (Scï)fu§ftûrf 

le  iiale  bcr  ©onncnbranb 

un  ovale  baê  Dtxit 


le  pétale 

le  raie 

le  scandale 

un  arsenal 

le  bal 

le  bocal 

le  cal 

le  canal 

le  cheval 

le  confessionnal 

le  corporal 

le  cristal 


"taè  $8(umett6(att 
bic  ^cdU,  baê9îôcï)c(n 
baê  Sïcrgcrni§ 
cirt  3eugl)iw^ 
bcr  s8aU 

bcr  spofaf,  SSed^er 
btc  Éc^ttjtctc 
bic  Slo^re ,  te. 
baê  spfcrb 
ber  a3ctci>tjîu^t 
baâ  3Bct(;tuc^ 
ber  ^n^ftatt 


Règles    sur  le   {(«nr»   des  substnntifs 


B3 


rKsciifial ,  côli'brc 
(Mtiiveiit  près  <!«• 
Mil  rlal 
l«>  ranal 

un  hôpital 

l(>  journal 

le  local 

!<;  madrigal 

le  inôinorial 

le  métal 

le  iiiiiu'i'al 

l*>  narval 

le  pal 

le  nit'destal 

le  l'ortu^al 

le  réal 

lo  régal 

le  sandal 

le  Sénégal 

le  signal 

le  val 


•ail 

un  ail 
un  attirail 
le  hait 
le  bercail 
le  bétail 
le  eainail 
le  eorail 
le  détail 
un  émail 
un  éponvantail 
un  éventail 
le  gouvernail 
le  ninil 
le  poitrail 
le  portail 

ie  sérail 
lo  soupirail 
lo  trama  il 
le  travail 
le  vantail 
le  ventail 

•el 
le  flinllt^c 

le  libel/^ 
le  modifie 
le  nlelf^ 
le  parallc'ile 
lo  péilicclle 
lo  poêle  «  niieu 

polie 
lo  veriiiicel/r 
le  vloloncel/^ 
le  Bêle 
un  appel 
un  are-eu-ciol 


Madrid 

bit  îÇtfifd>banf 
tie  i^ri)iffvMattrnf  ; 
bif  ^ttltudytt 

bai»  Xai^rblatt 

bif  ^Açit,  2>tt\lt,  JC. 

bac»  ©iabrii^al 

bit  Dfnffd^rift 

baH  SPirtali 

ba«  iSrubfUfrj 

bad  (2frrinl)orn 

bfr  ^iciijl 

ba<>  îyu^ijtfleB 

sportiii^ai 

ber  9îfat 

ba<<  Wailmafjl 

bad  3aiib(U;olj 

3enfaal 

baO  ^tic^eu 

bad  Xî}Al 


t>tv  ^uobtaucC; 

fine  (Sfratl)fc^aft 

bif  a>frpad)tunii 

bfr  (3d;afrtaU 

baiJ  9iinb\?if^ 

bfr  i^ifdiofSmanttf 

bif  JloraUf 

bfr  .^^anbvfrfauf,  ic. 

fin  <3tf>mflj 

finf  (S*fud>e 

bfr  ^dc^fr 

ba«  ®tfiifrr«bcr 

ba<$  .^otbfufpift ,  2C. 

bif  "Pffrbfbrnil 

ba^  portât,  bie 

aJorberfeite 
baë  ^trait 
baô  ïuftlod) 
bai$  brfimafd^igt  @arn 
bif  3lrbfit 
bfr  Wt"3fl 
bad  .^flmffujlfr 

bif  DiaUftf ,  bfr 

JlrfiCbfnjtiS 
bif  *5(t)mi!il^ff^rift 
baô  a>orbi(b 
bif  ®cftwar<(?lattf 
bif  2>fri\(fifbun3 
ba*  ii^luinfnf!ifff^fn 
X  bfr  rffu 

bit  ^abeunubfht 

bif  .^nif^fti^t 

bfr  C*iîfr 

fin  3tuf 

bcr  dtf jfubogen 


un  archipel  bfr  ;*ir(tMpfl 

un  autel  ber  9lUav 

le  canccl  bfr  Waum  for  bfui 

mtart 
le  carrousel  baé  Wittffffrfnnfn 

le  cartel  bif  ^crouiifcrbfrung; 

bat  n^rdf^4ufr 
le  chàtelou  chlkteau  ba0  (3(^(o| 


le  cheptel 
le  ciel 
le  dégel 

le  diiol 
le  liel 
le  graduel 
un  h(\tel 
l'hydromel 
le  manuel 
martel  (en  tète) 
lo  miel 
le  missel 


bfr  fBîrb^ac^t 
bfr  .<Mtnmfl 
ba«  it^autvetttr 
btr  ^Storifampf 
bic  (BaUf 
hai  (Srabuaff 
tin  V^^lo^,  (.Qaft^of 
bfr  aBafffr^om'd 
bai  ^anbbud^ 
Unrulyt 
btr  ^onig 
baë  gOîffbut^ 


un  ormel  ou  ormeau  tint  lUmt 


le  pastel 

le  pluriel 

le  polichinel 

le  scalpel 

ie  scel  ou  sceau 
le  sel 

-eil,  •eail 
le  ciié*re- 

reuil/« 
le  porteTeullfe 

un  appareil 

le  conseil 
réveil 
un  orgueil 
un  orteil 
le  réveil 

le  soleil 
le  sommeil 
un  oeil 
le  cerfeuil 

le  fenouil 

•il 
un  anelle 
un  aalle 
le  cliylo 
le  concile 

le  c(»fticille 
codillo 
le  crocoflilr 
lo  flHCtyl^ 
le  «loinicile 
l'KvanKlIe 
le  fosaile 
le  hlle 


ba«  ^aiïtU 
bit  SDîf^rja^t 
btr  Jpan«»»ur(l 
tai  J^f^Iitbtrung*. 

mffTtr 
bai  «3ttgt( 
bai  (3a(j 

ba8  ^tiinqnitVubtv 

bit  l^rifftafc^f 
tint  ^urûOnug, 

^rac^t 
bfr  «Katlj 
bit  S^^arnung 
btr  <Btoli 
bit  Stht 
bai  C^ncad^tn ,  btr 

SEfrftr 
bit  3onnf 
btr  Scfelaf 
bai  ^Ui)t 
btr  ^trbtf 

btr  Çtnd>ti 


.6fifiiift 
btr  ^lufïii*tiicrt 
btr  ^îa^ruiKi^faft 
bit  Jtirc^rnf  frfamin* 

(uUiV 

btr  9ia(^tra9 ,  k. 
(fobiUf 
bai  Jlrofobif 
btr  S>aftDlue 
btr  ïfôelinnÇ 
bad  (^vani^tlium 
bai  %o\li( 
brr  diabtt 
6* 


84 


La   grammaire   française. 


les  Ile*  btc  9Bam:|5en 

le  mobile  bte  S^rt'cbfeber 

le  mille  btc  îOîcifc 

le  péristyle  bte  @dutent)attc 

le  style,   et  tous  bcr  ©rt'ffcl,  SeigêiV 

ceux  en  -s<yl©        bic  <Bà)Xiibavt 

moins  épisti/le 

le  reptile  baS  frtê(f)cnbc  %i)kv 

le  térédîie  (ct'n  SSurm) 

tin  ustensile  baê  (Bixdti) 

le  vaudeville  baê  ©affendcb,  k. 

le  vertîciife  bcr  Qiiirl 

le  volatile  baê  fïtcgeiibc  %^'uv 

le  Brésil  aîraftticn 

le  bil  ou  bill  bic  ?èiii 

le  cil  iii  Stugcniutnt^cr 

un  exil  bic  aScrbannung 

le  fil  bic  ^\n 

le  morfil  bec  i^-abcn  ;  ro^c 

le  pistil  bcr  ©taubiucg 

le  profil  taS  «Proftl 

-il 

dont  r  l  est  mouillée  et  ne  se  prononce 
qne  très-peu 

le  bahil  baâ  ®t\à)\và^ 

le  baril  i>ai  ^•â§rf)cn 

le  chenil  bcr  ^unbcftatt 

l'éméril  bcr  ®c{)inergc( 

le  fil  (et  non  pas  bcr  (Sotjn 

fils) 

le  fusil  btc  ^lintc 

le  grésil,  on  la  bic  @rau:^cn 

ffrêle 

le  gril  bcr  SSratrofl 

le  nombril  bcr  9îabc( 

un  outil  bcr  .ÇjanbiDcrfSjcug 

le  péril  bic  ©cfatjr 

le  persil  bic  ^petcrfïnc 

le  sourcil  bic  îïuçjcnbrauen 

le  tril  bcr  3:rtlïcr 

-ol 

le  Capitole  bag  .^ajjttoftum 

le  monopole  bcr  Slttcintocrfauf 

le  Pactole  bic  Rafiot 

le  pétiole  bcr  SB(attfttc( 

le  péribole  bcr  3lctn^ftgartcn 

le  pôle  bcr  spot 

le  protocole  baê  ^rctotott 

le  rôle  bic  SioHe 

le  contrôle  btc  fôontroQc 

le  symbole  baê  (Siunbtlb 

le  saule  bic  ^cibc 


.  B-moll 
bic  SSoJwtc,  îc. 
bcr  ^alê 
bcr  îéctrug 
baê  ^aI6gcfd;o§ 
bcr  JHtngfragctt 
btc  .g)a(ftcr 
bcr  èonncnfc^inn 
bic  9îacï)tiâatt 
bcr  ®ou 
bcr  aîobcn 
bic  ®onncnit>cnbc 
bic  Slotfijud^t 
bcr  ajitviol 
bcr  Wlug;  bcr®icb= 

mi 


le  bémol 

le  bol 

le  col  ou  cou 

le  dol 

lin  entre  sol 

le  haussecol 

le  licol  ou  licou 

le  para-sol 

le  rossignol 

le  sol  ou  sou 

le  sol 

le  tourne-sol  • 

le  viol 

le  vitriol 

le  vol- 

-ul 
le  capitule  ba§  ©rf)(u§fa)3itcf 

le  conciliabule  baé  (Sonctltabutum 
le  cutambule       bcr  .^autlBurin 
le  corpuscitle      baê  ^ôr^crcfien 

et  tous  les  diminutifs  d'un  nom  mascu- 
lin ;  le  monticule ,  le  pédicule,  le  pe- 
doticule,  le  dentirule  ,  etc. 

le  crépuscule     btc  ©ainiitcrung 
le  pécule  h(\^  ^Vcutiarttcriit6= 

gen 
le  pendule  bcr  ^cnbct 

le  perpendi-        bic  (Scnflinfe 

■cule 
le  picucule 

le  préambule     bcr  (Singang 
le  rég-ule  bcr  SJlctattfônig 

le  réticule  ,  et     bcr  SlrbcitèbcuteC 

non   pas  ridicule 
le  ridicule  baê  Sac^crtt^c 

le  scrupule  bcr  ©ciuivfcnëjiwcifcf 

le  tentacule         baê  i^ii()(i)orrt 
le  tubercule        bcr  .fnoUcn,  k. 
le  véhicule  b<iè  23cforbcr«ng^= 

mittct 
le  vestibule  ber  ?8orfaa( 

le  tulle  bcr  %\\U 

le  calcul  bic  S5crcct)nung 

le  cumul  bic  5tnt)c(uf«ng ,  k. 

le  recul  bcr  StiScBftof? 

le  voile  bcr  ®d)lcicr 

le  moule  ba$  S)îobc((;  bic 

©ic^form 
le  branle  bnê  ®dji»anfcn,  jc. 

le  chambranle  baê  (Bcfttnë 
le  merle  bic  5lmfcl 

un  orle  bcr  ®aum,  k. 


291.  Remarques  pMloloiiiques.  1"  La  plus  grande  preuve  que  je  puisse  don- 
ner de  mon  respect  pour  Kautorité  de  l'Académie  et  de  l'usage,  c'est  d'admettre 
encore  comme  masculins  des  mots  tels  que:  châle,  râle,  scandale,  hile ,  rôle^ 
contrôle,  opercule ,  réijule  ,  relicule ,  scrupule ,  tubercule,  véhicule,  vestibule, 
voile,  moule,  branle,  chambranle,  merle,  orle.  Mais  ce  respect  ne  saurait  aller 
jusqu'à  traiter  de  même  les  mots  suivants  : 


Régies  «ui    Ir  i^i-nre  des  Rubstaiilir». 


W 


HtnhHitt 
riiciiliHl» 
ilrM(«ct<phiil« 
intt^rvalle 

Nqiiale 

nMphodùlc 

éryjtlp»-!»'  '  ) 

«Hrioci'l)' 

hiihuiiDCrlf 

broiK  liocfle 

xphiu't'le 

tfolipyle 

badle  ou  ptrve-  j 
pierre  ,  pii»srpier-\ 
<r ,  rhrlxtrmaHneA 
t'en»  Il  il  mur  in         ' 

conrliylu 

trochUe 

rondyle 
Hpoiidyle. 

cotyl* 

Klrifriltt 

CHinpnnile 


"  lommrl 

iiit 

iifopf 
iritiiiii 


.11- 
f 
:lld) 

iiid) 

bfr  r.iUf  a^raiib 
bif  ÎJamvffiiflfl 

ftrr  âRrtrffiK^tl 

bie  Vur)>urmiifct)cl 
bif  tlumfnfôriiiiflf  iOei» 

bic  Wflrnffuprrr 
b.u'  \'i<trbflbfin  ;  bic 

fîI.iL'iMiiiiùbrl 

;  llfanne 

tau  v'UMiiiithi(niid)fit 


Mhrna  feaivltê) 
Kiile  (slh) 

(lundrilla 
qnliitltlo 

trlllr  (ou  Irtt) 
«Iv^olo 
Minpblbolo 
mdla 
moucherolo  *) 


brr  Jtama^fd 

bai  da<l>tlacbi<fc( 
bîc  $ci)jfflfiinr(fc 
bic  Qnabrillr,  ir. 
tai  ^oml'trt'pirl  |r  fitiif 

btr  TriUfr 

bit  ©ifiirnifflt 

btr  " '■'-•:^f 

bi .  :n 

tr;  a.jtt 


pt-trnlir  ^/iffru<'M/rMm,  baj  ^((iiit;l 
hiiil*'  de  pt'Irole) 


(aurobole 

MMtabnIfl 

admlnicnle 

i^oiivenlicnlK 

rolllcnln 

monocnle 

nn^ciilo 

optrrctile 

manipule 

sextute 
Hertule 
ncrnpiilc 
b.irlt*  ou  bcrle 


bit  lUfanne  (Anat.) 

b»r  .Ç>illf«hftrfi» 

bii-    '       '  :iluBg 

bi. 

bu  .. ,..,.    ^  :..:c 

bae   ;^(tukca(^ 

brr  îfcfrl 

bie  3lrmbiitbf,  bifWeftf, 

bit  .^âitbvoU 
bir  ScdtRfKuuic 

^fr-5frIItfl 
bic  îauc^qanl. 


2ii2,  I')*  plupart  de  ces  noms  sont  d'ailIfUTH  niarqii«^<  féninins  dans  le  dictionnaire 
de  Boi.ite  ft  dans  plusieurs  antres.  L'Académie  seule  les  fait  masculin». 

803.  8'  Il  osf  encore  bien  des  /lo/zw  di^  choses  {\\ic  les  dictionnaires  don- 
iit'iii  pour  masculins,  tels  que:  tordyl^  ,  espèce  de  fenouil;  hi/ilrophite ,  potamo- 
phUf ,  luciole,  insectes:  arnnthithole ,  instrument  de  chirurgie;  pyrobole  ,  ma- 
chine qui  lançait  des  traits  enllamniés;  Iriohole ,  poids  de  trois  oholes  .  etc.; 
m.-jis  le  poète  n'hésitera  pas  à  les  faire  féminins,  selon  la  forme  adoptée.  Libre  A 
lui  toutefois  do  dire,  le  cmuiynol  ou  la  carat/noie  ,  espèce  de  loto,  de  rilalien 
cavaynulo.  —  GruUe  ou  freux,  féminin  dans  l'Académie,  est  masculin  dans  Boiste, 
mais  à  tort. 

294.  3"  L'Académie  dontic  n'ai  et  réale  ;  mots  parfaitement  syjionymcs , 
«in'elle  fait  l'un  masculin,  l'autre  féminin,  selon  les  exipences  de  la  forme.  Par 
une  inconséquence  qui  ne  peut  trouver  son  nom  que  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Antdr'mie  ,  trit  et  trille  restent  du  même  jfenre.  -  ^nand  même  on  accorderait 
ainsi  au  poète  la  faculté  d'allont^er  ou  d'ahhrévier  quelques  uiots.  au  moyen  de 
r<;  mucl ,  en  les  t'aisaiit  masculins  tm  féminins  selon  la  forme  préférée,  on  ne 
ferait  rien  de  mal.  La  lan^çue  ,  à  mon  avis,  ne  |iourrait  qu'y  (i^at(ner  en  souplesse, 
harmonie ,  et  variété.  .Mais  la  crainte  de  l'abus  enchaîne  n>on  libéralisme. 

4"  F.ntérocèle ,  e'piplocète,  hydroci-te,  pnettitiatocèle,  raricocète,  étant  fémi- 
nins, comment  se  pourrait-il  que  survocrle ,  hiihonocrle  ,  hronchocèle ,  sphacèle , 
mots  analogues  et  tous  féminins  en  latin,  fussent  masculins  en  français?  L'.Vca- 
démic  y  a-t-elle  réfléchi?  (Voir  page  ?î> ,  n"  90.) 

295.  ^*  Jo  crois  fermement  que  poecUe ,  terme  empranté  dn  grec  sans  altérHtien* 
doit  s'écrire  et  se  prononcer  poerilè ,  et  qn'ainsi  il  rentre  dans  les  noms  de  la  première 
dusse.  Kxemple  :  t^  musé  de  Berlin  forme  un  parallélogramme;  il  est  orné  d'un  ra»le 
poccllé  où  t'on  arrive  /mr  un  large  escalier  de  ringt'kuit  marche*  et  d'où  i'on  pénètre 


')  4  esi  .■ïiiisi    fjii  II    liiiit  écrin-  re   mot,    tonrornii'-ment   ;'«  son    «•Ijni.'  • 

non   pas  éré.fiprie  .  romme  fait    l'Arjiilémie.   Napoléon  LaniL-^l^  li 
éruaipelits ,  formé,  dit-il,  de  érM<î  ,  J'attire   et    ;i</«).<  .   prorhe.    (•    .   , 
PH.S  pnuhe,  tanin  nnir,  noxilre.    Il  est   très-probable,  en   rtTet ,    que  cette   M«Uat« 
tire  son  nom  ilrs  «onleiirs  iiiielle  imprime  sur  la  pnriie  «(T.ri.r  ;  le  quel  dérive  Jil«rx 
de  eruthri'^  ,   noir.      -  !.'■  '     i        '    is  serait  èruaipélat  , 

et  non    pi-  ,n   effet.  -  irrais  sli»naler  daua 

les  étymol-v  i  t.       ,  millier»  de  '    :         - 

*)  L'AcHdémie  écrit  moHCktrolte  avec  deux  It ,  et  Mt  ce  nom  mascnlin  !  !  ! 


^  La   gr annuaire  française. 

dans  une  belle  rotonde  éclairée  par  un  oeil-de-voùte ,  la  quelle  donne  entrée  dans  les 
galeries.  (Le  Livre.)  —  J'en  dis  autant  de  cantabilê ,  «lot  purement  italien, 

296.  6"  Scandale,  intervalle,  squale,  deviendront  féminins,  en  conservant 
leur  forme  actuelle,  à  cause  de  l'impossibilit»'  qu'il  y  aurait  de  dire  au  pluriel: 
des  scandaux,  des  intei'vaux,  des  squaux.  Rien  de  cho(|uant  comme  de  voir  inter- 
valle employé  au  masculin  avec  une  terminaison  si  essentiellement  féminine  que 
celle  d'un  e  muet  à  la  suite  d'une  double  consonne.  Stalle  est  devenu  féminin 
pour  la  même  raison ,  malgré  l'ctymologie.  La  puissance  de  la  forme  se  fait  sen- 
tir dans  rixdale,  également  féminin,  malgré  l'étymologie ,  ter  Sîei^ët^alcr.  Mais 
pour  rester  fidèle  à  cette  étymologie,  pourquoi  ne  dirait-on  pas,  \&  rixdal?  Ce 
serait  tout  aussi  français. 

7*  Dédale,  hâle,  râle,  diallèle ,  modèle,  poile ,  zèle,  asile  ,  chyle,  iles ,  mobile, 
mille,  verticille  ,  rôle,  contrôle,  pôle,  réticule,  scrupule,  tubercule,  véhicule,  tulle, 
voile,  moule,  chambranle,  branle,  merle,  orle ,  sont  aussi  destinés  à  devenir  féminins 
à  la  longue.  À  ceux  qui  m'objecteraient  la  nécessité  de  distinguer  entre  îles ,  Sitfeln ,  et 
iles,  2Bam^3eu;  entre  voile,  ber  ©(^Ifter,  et  voile,  ha.è  «Sfi^cl,  entre  moule,  bie  ©ie^fovm, 
et  moule,  bie  3Jlufci;eI  ;  je  réponds:  Si  cette  nécessité  existe  pour  les  mets  que  je  viens 
de  citer,  elle  doit  exister  aussi  pour  des  milliers  d'autres  mots,  dont  le  sens  n'est  pas 
moins  variab'e  et  n'est  déterminé  que  par  la  façon  dont  ils  vont  se  juxtaposant  dans  la 
phrase;  tels  que,  par  exemple:  —  charge,  qui  signifie  à  la  fois:  ?afi ,  SBiirbc,  îabuiig, 
Zxaù)t,  a3efd;iDerltcf;fett,  ©orge,  2lbaa()c,  -îluflage ,  aSerbiiibltc^fett ,  Sluâgabe,  ©ebiugnng,  3lu= 
Hellung,  2fint,  SBiirbe,  ©telle,  aSebieuuita,  SScfugui^,  2{uftraa,  Sdijetge,  93fmei« ,  âniaeiinitê» 
fage,  îtngrif,  SUerfurf;,  Uebevttetbung  ,  ^Sflafter ,  Umfd;lag  (termes  d'Art  vétérinaire);  chai-me , 
en  allemand:  3«wber,  3»i"beret ,  jRetj ,  §agel)uc^e,  SSei^buc^c;  —  cheville:  5PfIocE,  SBoIsen , 
©cl^hi^iiagct,  Siettcl ,  5pacîreitfl,  (^Hcîroort,  BitHwort,  SBiibet,  JîniJd)el,  Su^fiiôd^el ;  -  degré: 
Xtt\>\)(,  (Stnfe,  Orcib»;  —  lumière:  Sic^t,  3u"Hoc^,  'Bil)Uci),  ÎÙiuMod),  Sjjumpengatt,  erfennt= 
ttiÇ,  fêtitftc^t,  Slufflavung ,  3htffcf)(ufj ,  gacfcl ,  ^eiic^te  ;  —  main,  .§ftub  ,  SSovl)aub ,  ©Hc^ , 
«Ôanbfc^rift ,  fêtjreuplaè ,  Sup  ,  Jîtaue,  3iaufe ,  ®abel,  5lvt  ®d)aufel,  eimerbafen,  Sfttng,  ^uo^f, 
SSud) ,  etc.  Distinguez  donc  les  divers  sens  de  ces  mots  par  quelque  différence  sensible  dans 
leur  forme.  C'est  inutile.  Personne  ne  sera  assez  stupide  pour  confondre  U7ie  main  de 
papier  avec  une  main  blanche  et  potelée.  Quand  je  dis  seulement  :  concevoir,  ponvez-vous 
savoir  quel  sens  j'attache  à  ce  mot!"  Non.  Mais  quand  je  dis:  le  sein  qui  vous  a  conçu; 
concevoir  une  idée,  un  projet,  une  entreprise,  un  plan,  etc.;  concevoir  de  l'espé- 
rance, de  l'amour,  etc.  ;  je  conçois  bien  ce  que  vous  me  dites;  concevoir  une  clojuse , 
une  condition  en  termes  précis,  vous  saurez  aussitôt  s'il  faut  le  traduire  par  cmpfangen , 
ou  erftnneit ,  bid)tcii,  faffeii,  begreifeii,  »erfte!)en  ,  abfaffcn.  Que  tontes  les  distinctions  inutiles 
Hoient  donc  abolies ,  du  moment  qu'elles  ne  font  qu'engendrer  des  difficultés  plus  graves. 
CVoir  pages  38  et  39,  n"*  129,  133,  et  Mî.)  Si  un  mot  devait  changer  de  genre  en  chan- 
geant de  signification  ,  où  cela  nous  ménerait-il  ?  On  n'a  qu'à  se  rappeler  les  difficultés  qui 
résultent  d'une  pareille  fluctuation  dans  les  seuls  mots  aigle,  délice,  foudre,  automne, 
hymne,  orgue,  orge,  oeuvre.  Dans  l'intérêt  de  la  langue,  on  ne  saurait  s'opposer  trop 
énergiquement  à  cette  fatale  direction  des  soi-disants  grammairiens,  possédés  de  la  manie 
de  distinguer.  Néanmoins,  pour  ce  qui  est  du  mot  voile  ,  on  pourrait  respecter  l'usage,  en 
observant  les  principes  de  dérivation  et  d'analogie,  c'est  à  dire,  en  écrivant  voit,  au  mas- 
culin (©(^(eter),  et  voile,  au  féminin  (©cgel)  ;  comme  on  écrit  partt,  ^Çartet,  et  partie,  Xi)dL 

297.  8*^  Les  principes  de  dérivation  développés  page  85  indiquent  suffisam- 
ment qu'il  faut  écrire  bubat ,  libel ,  pedicel ,  chèvre feuil,  ancil ,  concil ,  codicil , 
crocodil ,  dactyl ,  péristyl ,  reptil  _,  verticil ,  volatil ,  Capitol ,  monopol,  protocol, 
capital,  conciUabul ,  corpus  cul ,  pédicul,  denticul,  pendul ,  perpendicul ,  etc.,  en 
supprimant  la  voyelle  finale  des  ablatifs:  bubalo  ,  tibello ,  pedicello ,  caprifolio , 
ancili ,  concitio  ,  codicillo ,  crocodilo  ,  dactylo  ,  peristylio  ou  peristylo  ,  repliïx , 
verticillo ,  volatili ,  capitolio  ,  monopolio  ,  protocollo  ,  capitula  ,  conciliabulo  ,  cor- 
pusrulo,  pediculo  ,  denticulo ,  pendulo ,  perpendiciilo ,  etc.  Il  faudrait  de  même 
écrire  scandai,  interval,  de  scandalo ,  intervallo ,  si  le  féminin,  avec  la  ter- 
minaison féminine,  n'était  préférable,  à  cause  de  la  forme  exigée  par  le  plu- 
riel. (Voir  page  35  et  86  ,  n"'  68 ,  70 ,  71  ,  79.)  —  Par  la  même  analogie ,  le 
poète  écrira:  le  Bengal,  Xtchrysocal,  X^crotal,  \q  final,  le  vermicel,  \q  violon- 


Ré  ((Us   sur  le   genre  des   su  lis  tan  t  ifs.  gf 

<•(•/,  If  )iuUiltiiiel  ,  le  /iuilrffiiit  y  \e  térétUty  Vutitensil  ,  \v  vuuilevU ,  k  cutam- 
but ,  etc.  A  réu;<ird  il«>  (■tM'tains  noms  |ifii  mniiiis ,  1«*  |HH''ti>  <'tinsultcra  riiarinoiiic, 
pour  savoir  s'il  itoil  |ir('lVM'*'r  \c  niasciijin  avt't-  la  forme  masculine  ou  le  féminin 
av(M>  la  tormo  frminiiie.  Il  pourra  dirr  un  ,intiinU  ou  une  untiiuile,  oiseau  de  mer; 
W  troupitil  ou  la  Iroiipiule  y  ois«>au  d'Auii''ri«|ut'  qui  se  ra|)pro('lie  du  loriot.  I,a 
ti'OHpialf  huji/K'f  t/f  Madras  est  le  mrme  oiaeau  t/ue  te  yoheiuuuvhe  du  Cap. 

298.  ft"  Le  poète  n'ouhliern  pas  de  donner  aux  diminittlfs  ,  en  toute  eireon- 
.slance,  le  (^eiire  du  nom  dont  ils  dérivent.  1'ant  (|u'on  dira  le  lobe,  le  ylohe ,  le 
vtilice  ,  ete.  ,  il  devra  dire,  le  lobtil .  le  i/lobiit ,  le  rtilirul ,  et»'.  Il  continuera, 
néanmoins  de  dire,  le  drnticiit  ,  ntal((ré  l'emploi  de  dent  au  t'éminin  ,  alin  <|ue  le 
publie,  frappé  de  cette  iiu-i)ii.s('-i|iiriiri- .  en  restiliit-  |ilns  \iti-  an  mot  dent  son 
vvritaMc  ((enrr. 

999,  10"  Le  jKiéle  ne  ile\i;i  iimi  ijr>  jimiMin^  ijue  nous  lui  uitruyons 
qu'Hvee  la  plus  grande  réserve  et  toujours  au  prolit  de  l'harmonie. 

300.  Il"  Kn  s'attaeiiant  à  faire  dominer  le  féminin  dans  des  mots  tels  (ju'in- 
tervalle  y  samdale ,  etc.,  il  choisira  d'abord  des  exemples  , où  ce  chan((ement 
soit  peu  sensible.  Quelle  immense  intervalle  du  codé  de  l'Kvangile  à  celui  de. 
l'im/uisilion!  . 

Troisième  liatHiilon. 

-re 

Premier  peloton. 
-are 

301.  Parmi  les  substantifs  dont  la  syllabe  finale  sonne  ar,  are,  il 
n'y  a  que  les  onze  suivants  qui  soient  féminins: 


la  mare  ttx  ÇfflhI ,  bic  %\n%t ,  »c. 

Navarre  îllauarra 

la  simarre  bal  £d)Itp)>lltt& 

la  tare  bcr  Qb^auf),  grttlrr,  9)îiin^rl,  ]c 

la  tiare  Ux  Xurban  ;  bit  'ijjaptlfront ,  ic. 


lo.M  arrlies  b.i«i  Tarviii» ,  .^ant^tlb 

la  bagarre  b.i*  (Sfjaiif,  t'^tlfimnifl 

la  barre  bic  (ètaiid»',  îlVirrf,  jc. 

la  fanfare  iai  îrompctrrfifKfd^fn 

la'  gabare  ^rt  l'Kiitcr  3cbifc 

la  guitare  btc  (Sitf)(r 

302.  Remarque»  philologiques.  1*  Èpingare  ,  donné  pour  ma<iculiu  par  l'AcaUémie, 
est  marqué  féiniiiin  dans  I.Rndai^( ,  qui,  pour  comble  d'incon.«équence,  écrit  èpingar  ,  xans 
e  muet.  Kn  adoptant  cette  dernière  forme,  le  poète  ne  gardera  bien  de  lui  donner  le  genre 
féminin 

303.  2*  Le  poète  écrira:  tartar,  Tënar ,  lars ,  au  lieu  de  tartare ,  Tènare ,  lare*. 
Il  dira  de  même ,  un  nvar  (ver ,  ciron)  et  non  pas  nn  avare. 

304.  3"  Wlc"  de  choquant  comme  le.s  formes  féminines  are,  dèeiare ,  centiare  ,  hee- 
turf  (du  latin  arra ,  aire),  avec  le  genre  maticulin.  Pourquoi  les  noms  de  la  nomenclatare 
décimale  ne  pourraient-ils  pas  se  soumettre  ao  genre  exigé  par  leur  terminai.sonr  (Voir 
page  57,  5») 

305.  i*  l'«  vTai  philolog  n'Iiésltera  par  à  dire:  la  fbarre  (ba«  S tret)) ,  la  nrnre 
bit  :il}îffrbratTf) ,  la  spart  (bic  î^orabc ,  iPrafff ) ,  la  nryllare  ,  ou  cigale  de  mer  (tint  ?lrt 
l'Jcrrficbl) ,  ia  rigarre  (bic  Ctoarrr) ,  marqué  m.  et  f.  dans  plusieurs  dictionnaires,  entre 
autres  celui  de  llenschel) ,  la  ratarrhe  (bcr  JTaiarrb).  Il  devra  opter  pour  le  bècar  on  la 
bêvarrf  ,  le  tintamar ,  ou  la  tintamarre .  Bécarre,  tintamarre  ,  masculins  avec  une  forne 
si  essentiellement  féminine,  quel  vriii  pliiiolog  ne  sera  pas  choqué  de  cette  di.MCordunce? 

306.  5*  Le  phare  deviendra  la  phare ,  k  la  longue. 

Second  peloton. 

-er 

307.  1"  Parmi  les  substantifs  en  -er,  t^ais  eeux  dont  la  finale  sonne 
1ère,  avec  un  *,  sont  masculins,  moins  les  suivants: 


88 


La   grammaire  française. 


-ter 


une  anthère 
une  artère 
une  estère 
la  patère 


bie  ©tflubtolfje 
cine  ^puténber 
eiue  èc^tltmatte 
bte  Opfcrfdjale 


la  panthère       ber  5Pantt)er 

la  terre  bie  (Srbe,  bev  SBobfil,  2C. 

la  pariétaire     baê  SBanbfcaut 

et  autres  noms  de  plantes  herbacées. 


Remarque.  Il  va  sans  dire  que  l'adjectif  horoptère  ne  s'emploie  substantivement 
qu'au  féminin,   le  mot  sous-entendu   étant   féminin.    Une  horoptère   ou   ligne  horoptère 

308.  Remarque  philologique.  Le  poète  appréciera  si  le  féminin  ne  serait  pas 
préférable ,  dans  des  mots  tels  que  :  baptistère ,  caractère  ,  cratère  ,  ictère ,  magistère  , 
mésentère,  ministère,  monastère,  mystère,  phalanstère,  stère,  etc.,  attendu  que  la 
suppression  de  l'e  final  en  troublerait,  pour  ainsi  dire,  l'économie,  eu  faisant,  par 
exemple,  de  magistère ,  ministère,  —  noms  de  choses  aux  quels  s'attache  l'idée  féminine 
d'étendue  ou  de  dignité ,  —   magister ,  minister ,  qui  réveillent  l'idée  masculine  d'homme. 


309.  r 

les  suivants 


-air 

Ceux  en  -air,  par  ai  y  sont  également  masculins,  moins 


bas  @ffcf)âft,  bte  @ad)e 
bie  îenne  ;  bte  ©nmbflac^e, 

ber  .^ovft,  bdé  S^lefi 
discours  de  Cicéron  contre 

Catilina 
bte  jîaitîel 

bci:  <&ci)tctin,  bas  CSiweip 
bte  (2vrac^fuitbe,@vr(ic})fcf)re 
bas  aBû9cr()cmb 
bte  iSeurt^fittittgSfraft 


la  jugulaire 
la  moustiquaire 

la  paire 
la  statuaire 
la  viniaire 
la  dentelaire 
la  pariétaire 


bte  Jïe^labcv  ;  bas  ^titnbanb 
SBettupr^aitg  gegen  bie3Jîuê= 

îttos 
bas  ÇJiaar 
bie  g3ilbl)a«crhinjî 
ber  23tubtn-uc^ 
bte  §8tetit)uvî 
bas  iDJauevfvaut 


et  autres  noms  de  plantes  lierbacees. 


l'alfaire 
l'aire 

la  catilinaire , 

la  chaire 
la  glaire 
la  grammaire 
la  h  aire 
la  judiciaire 

310.  Remarques.  1**  Circulaire ,  molaire,  pituitaire ,  employés  substantive- 
ment, sont  féminins,  cela  va  sans  dire,  le  mot  sous-entendu  étant  un  nom  fémi- 
nin. Une  circulaire,  une  lettre  circulaire.  Une  molaire,  une  dent  molaire.  La 
pituitaire ,  la  membrane  pituitaire. 

3"  Naturellement  les  noms  de  personnes  qui  s'appliquent  à  la  femme  aussi 
bien  qu'à  l'homme,  sont  des  deux  g'enres.  Tels  sont  les  suivants:  adjudicataire 
(bem  tt\Ma^  gertcf)t(trf)  jucrfnnnt  Jcirb)  ,  centenaire  (ein  î)unbcrtjâl)rigcr  ©reiê)  , 
convulsionnaire  (ber  @â)5uârmcr) ,  dépositaire  (ber  SSerluatjircr)  ,  donataire  (ber , 
bte  SDonatar),  incendiaire  (bev  58ranbfttfter),  insulaire  (bev  Snfulancr,  S»Kt= 
6eit)ot)ncv) ,  légataire  (bev  3îcrmacî)tnifnel)mev)  ,  locataire  (bev  SOîtettjev),  sous- 
locataire  (bev  5lftevtntett)ev)  ,  millionaire  (bev  fOîtlItonâv)  ,  sexagénaire,  septua- 
génaire, octogénaire,  nonagénaire  ;  pensionnaire  (bev  ^ojlgângcv,  .^oftfdjiitev,  K.), 
pétitionnaire  0>n^\ti)U\in^,  poitrinaire  (ber  SSvuftfvanfe),  propriétaire  (bev  (Stgen* 
tî)iimcv),  etc  —  Adversaire  est  des  deux  genres  dans  Noël  et  Chapsal,  mais  à  tort, 
comme  le  prouve  cet  exemple:  «Cette  catastrophe, et  c'en  fut  une  «grande  chez  une 
nature  si  poétique,  éveilla  la  perspicuité ,  la  malice,  latentes,  cliez  cette  jeune 
lille ,  en  qui  les  prétendus  allaieut  trouver  un  terrible  adversaire."  (Balzac.) 
En  revanche,  pétitionnaire  n'obtient  de  MM.  Noël  et  Chapsal  que  le  genre  mas- 
culin. Libraire  est  plus  heureux;  ces  messieurs  lui  octroient  les  deux  genres,  à 
la  barbe  de  l'Académie,  qui,  qiiaut  à  elle,  dit:  la  marchande  libraire,  et  non 
pas,  la  libraire.  Ici  l'Académie  a  peut-être  tort. 

3"  Le  poète  écrira  pensionnair,  locatair,  etc. ,  au  masculin ,  et  pensionnaire, 
locataire,  au  féminin. 

-ière 

31t.  3"  Pour  ceux  dont  la  finale  sonne  ière,  il  n'y  a  de  masculins 
que  cimetière,  lierre,  arrière,  derrière  et  bréviaire,  avec 
quelques  adjectifs  pris  substantivement,  comme  auxiliaire. 


H  )■  1^ I  p 9    H  u  r    le   genre   d  e  h    mi  b  »  l  a  ii  t  i  fs. 


m 


312.  RfinaniHt  philnlogliine.  La  «appremlon  île  IV  oii|ili«nlqur,  danii  l«  bmI  cimu- 
tlère ,  introtliiirHll  uiir  rncliiMi.'tr  fxccption  |ti«rnii  lert  iioiiin  en  itr  ,  oit  l'r  Anale  ne  «onne 
jHmHLs.  Ciin^tlrir  v<«l  dune  ileHliné  ii  ilcvfnir  rêniiuhi  ,  roiuiue  Ioiik  1«.<«  nuln-ii  ntMii  eM 
iV/r.  l/tiHUfC)'  »'y  oppoMe.  Mnis,  quniiil  I'iimmki^  >•>>(  Hti.siinle,  II  rniil  le  corriger,  pour  qn'un 
nouvel  iiHHgt- ,  confornu'  k  la  raixon ,  Niicrèili'  ii  t'u^uxe  i|ui  Ini  r^t  contraire.  Knc«re  nne 
M»  l'expérience  iiniis  luuntn^  ((u'il  ne  fiuit  que  quelqneM  Jonri*  pour  reU. 

313.  4"  Kii  dehors  des  noms  on  -«ère,  -air,  par  ai,  et  1ère, 

les  mitrj's  noms  luasculiiis  en  -er  sont  les  suivants: 


le  for 
IViilVr 
le  cancer 

réllirr 

lliivor 
le  pater 
le  ver 
le  boivi'der 
l'einbareader 
le  iléharcader 
le  calorilèr^? 
le  dextrochère 

le  hère 


tit  .^iUt 
btv  i^rfbtffdnibfn 
ttv  ^ft()«r 
ttr  Sftintfr 
ta*  îl^ûtfrunftr 
ttv  SiJiirm 
bic  i*ufUuartf 

ttr  ».?tiuMabfV(a(j 
bfr  âlsùmcUiter 
redjtcr  ''Hvm  im  SEBa» 
pfnfdjilbt 
btv  arme  2rc))f,  3t^(ii 


-er 

!   le 


parère  bai  ®utbiiitfrn 

1   le  re|)ùre  bai  Wltvt\ti<ltftn 

\   le  primever  ber  ^rfii^iittj 

le  réverbère  bfr  .éotjlfpifg*!  ;  bit 

<B\>\t^tHampt 
le  thiirifère  bai  Htauttf^^ 

le  toiincr/T  bcr  X>onner 

le  verre  bai  @(aô 

uo  ulcère  tin  ®(fd;tiMiir 

le  viscère  bai  (èinc^twtibt 

le  mammifère  bai  Sâtictrt^tr 

et  aulreH  noms  analogne»,  oiï  l'on  KOiit- 
éntcnd  le  mnt  animal,  oUeau ,  iioitsun, 
papillon  ,  etc. 


cfcr  ;  bai  H^cttelmaiinôfpiel   i 

314.  Hf  mu  II/ m'a  philologique».  1"  Lu  poète  M'attachera  ii  faire  dominer  le  féminin 
dun»  Ic.H  niot.t  niocère ,  ulc.i-re ,  vistrie ,  dfxlrochève ,  repéif  ,  réverbère,  et  mèuie  vent, 
re  qui  fera  cesser  la  confusion  entre  ver,  ver»,  et  verre;  la  terminaison  de  ce  dernier 
mot  étant  d'ailleurs  eHacntiellemenl  féminine ,  comme  celle  de  terre. 

315.  ''2*  Le  poète  devra  ne  décider  pear  le  tonner  ou  pour  la  tonnerre. 

Troisième  peloton. 

-Ir 

31B.  r  Les  noms  dont  la  teriniiuiisoii  sonne  «Ir,  sont  tous  mascu- 
lins, moins  U's  six  suivants: 

lu,  «ire  ba«  4U.K^« 

l'Kpire  (îpirit* 

rhri;ire  Ut  i^tç^iva 

317.  Remarquf.  Le  poète  écrira  empir ,  comme  soupir,  on  il  fera  eiN|iire  féminin  , 
-^•-l(ln  la  fornie  ;  ce  qui  est  préférable  à  cause  de  l'idée  féminine  d'ètemtue  on  de  puittance 
que  contient  ce  mot. 

-or 

318.  2"  Les  suhstanlifs  dont  la  terminaison  sonne  -or  >()iit  i^éné- 
ralement  masculins,  moins  les  dix  suivants: 


l'ire 

bcr  3orii 

'  Ih  myrrhe 

bic 

la  lyre 

bit  \;tttr 

la  satire 

bii 

la  mire 

ba«-9iid>lforn 

la  tirelire 

bif  w 

l'aurore  r'      "'  vHlit 

l'amphore  r  i 

rénophore  t.;.    .,....,,. [.ïfi 

la  inétHphnrc  ba«  'iMlc,  bir  ^{ftdp^rr 

la  màndore  bic  iUianbort 

la  inandraKore  bir  '?ltr.uiiinMir|fI 


la  niassore 

ou  massorah 
la  pécore 
la  pléthore 
la  âore 


bic  iUafTcra  (ïïrfUïrmiii  brr 

3?ibrl) 
baJ  ÎMrl» ,  'î^icr 
bir  lieUblûttitffit 
baJ  'î^lunirnbud^ .  bir   'IMui 

mrnbcfc^rrtbung  ,  3iora 


aux  quels  le  poète  fera  bien  de  Joindre  pore  (bit  $crr,  b«l  G(^W(i|lcd>). 

Cinquième  peloton. 

-ur,  -cur 

319.  Parnii  les  substantifs  en  -ur  et  -eur,  les  suivants  seuls  sont 
masculins: 


90 


La   grammaire  française. 


le  mur 

btc  3Jîaucr 

le  futur 

bev  fflrauttiîfliu  ; 

bit  ju= 

le  labeur 

bic  9Irbftt 

l'honneur 

bic  (Sbrc 

l'heur 

bas  mM 

le  coeur 

bas  .§ev} 

le  choeur 

ber  (5bor 

le  pleur 

bn«  2Betncu 

et  leurs 

composés  ,  ainsi  que 

les  ailjec- 

tifs  pris 

substantivement  se 

rapportant 

à  un  nom  masculin.  (Voir  p. 

50.3 

un  augure     cin  SSogclfcfiaucr,  eiiie  SSor= 

bcbeutiniiî 
le  parjure      ber  SJleineibi^c,  berlDlctueib 
le  murmure  baè  ©emurmef,  SDîurrcn , 

(Sdufefn,  ©efif^jcl 
le  colure       ber  ^oint  (!9îittag=  obcr 

Sa^rjcitfrcii^) 
le  beurre      btc  33uttcr 
le  leurre  (loruni)  bec  ^ober 
l'azur  bas  ïafuvblau 

320.  Remarques  philologiques.^  1*  Aixturus ,  terme  de  science  conservera  sa  forme 
scientifique. 

2*  Quoique  ie  féminin  de  lémures,  adopté  par  l'Académie  soit  contraire  à  l'étymologie 

et  à  l'usage  le  plus  général ,  nous  sacrifions  volontiers  -à  la  forme  et  l'usage  et  l'étymologie. 

3*  Beurre ,  forme  essentiellement  féminine ,  deviendra  féminin ,  comme  en  allemand. 

4"  Le  poète  s'attachera  de  môme  à  faire  dominer  le  féminin  dans  leurre  et  murmure. 

Sixième  peloton. 

321.  Les  substantifs  dont  la  terminaison  sonne  -our  sont  masculins, 
moins  les  suivants  : 


la  bravoure 
la  mourre 
la  bourre 


bic  îa^jfsiîett 
bas  Btnaevf^iel 
bas  gum;aflï 


la  tour  beç  î-bitrm 

la  court  ber  ^of 

CVoir  p.  42  n"'  155  et  156.) 


Septième  peloton. 

-oîr 

322.  1"  Parmi  les  substantifs  en  -oir,  tous  ceux  dont  la  finale  sonne 
-toir,  avec  un  t  sont  masculins,  moins  les  suivants: 


une  écrltoire  cin  2c^rcibjciig 

une  échappatoire  eiitc  2JuSfIurf)t 

une  histoire  eine  ©efc^ic^tc 

la  victoire  ber  ©tcg 


-toîr 

la  décrottoire  bic  ©cl;ul)biirftc 

l'eupatoire  ber  i&irfctîlcc 

l'impératoire  bic  ^aiferrourjct 

et  autres  noms  de  plantes  herbacées. 


323.  8«  La  plupart  des  autres  noms  en  -oir  sont  également  mascu- 
lins, moins  les  suivants: 


une  armoire 
une  attrapoire 
une  avaloire 
la  baignoire 
la  balançoire 
la  bassinoire 
la  bouilloire 
la  brandilloire 
une  écumoire 
la  foire 
la  glissoire 


cin  ©d)ranl 
etue  SflUc 
eine  ©urgcl 
bic  58abcnjartne 
bic  2Sipl)e 
bic  «Sarmflafc^e 
ber  ©icbteffcl 
bic  Srbaiiîcl 
cin  (âcbaumloffel 
bie  SDÎeffc 
bic  @lcitbai)n 


la  gloire 
la  lardoire 
la  Loire 
la  mâchoire 
la  mangeoire 
le  mémoire 
la  moire 
la  nageoire 
la  passoire 
la  poire 
la  polissoire 


ber  9flu^m 

bic  i5^.Hrfu«bct 

bic  !^Dirc 

ber  .ticfer,  bie  ^innlabc 

bie  ^fcrbcfriv>)"e 

bas  Q!)cbact)tui$ 

ber  aJîobr 

bie  Blp§fcter 

ber  (geiber 

bie  5Birue 

bic  ©(ansbiîrfîc. 


324.  Remarque  philologique.    Le  poète  s'attachera  à  faire  dominer  le  féminin  dans 
le  mot  accessoire  Cchose  accessoire).  Ivoire  (baS  (Slfcntcinj  était  autrefois  féminin. 

325.  Parmi  les  noms   en  re^  il  y  a  encore  le  mot  genre,  seul  de  sa 
terminaison,  et  qui  est  masculin. 

Q,aatrième    bataillon. 
-I^iie  et  -c|iie 

Premier  peloton. 

-giie 

326.  Parmi  les  substantifs  dont  la  terminaison  sonne  s«  tous  ceux  en 
agpue  et  igwe  sont  féminins ,  conformément  à  la  règle  générale  moins 


nèfles    .sut    1<-    genre   des    siiIinLmi  l  i  l  ^ 


91 


ratfue  ,  et»  (|iii  «'st  vn^rue  (biiô  Unbcfdmmff) ,  v\  brc/it/nr  ,  iiuin  (yin|M)>r, 
(lu'oii  iM'Ul  siiiiplil'K'r  .'liiisi:  bev/iy.  —  Les  autivs  sont  masculins,  iiiuiiis 
les  suivants: 


lu  ilroKiM* 
mu-  éKlogiie 
1m  plroKiio 
U  ityiingogAe 


bit  ^roivif 
ba<  Oubditl^uiii 


lu  vMgiio  ^r  9iuf 

U  foHKntt  bir  aufbraiifriibr  ^(f 

Ia  pyXHrgu»  ou  jcaii-le-lilanr,  oixi^au  dt-  prol* 

une  orgue  rinr  Crflfl. 


3«7.  HriHitniufK  pMlolitgiquM.  1*  Pyguiyuf,  eut  donné  pour  niaftcnlin  diind  plu- 
MlvurM  dlctiuiiiinlffs,  luiiln  it  i|ii)*nc  An  ,  Je  vou.h  le  demande  V 

3«0.  2"  l'iDloijiif  ,  épiloffur  ,  détiliMjiie  .  iiuuinlogue  ,  apoittf/ue  ,  n'ont  pu»  pinii  de 
«IroJt.H  au  niHHriiliii  que  leur  nuHlogue  èijloijur.  l.e  poêle  H'nItMcherH  k  faire  dooiiiier  le 
réuiiiiiu  dans  rt:s  iiiiiii?<.  /^oi/Hf  (bir '^Pi^t^t)  deviendra  égnlenient  féminin,  «onune  en  «Uemand. 

OtJ.  :)■'  |,)>  porte  dira  !*■  phitoloij  et  non  p.tM  te  f>hiloloyue.  Il  dira  de  néoie,  mu 
masculin,  anitloij ,  ut  au  féuiiniu,  nnulogue.  (Voir  page  34,  n*  !13.) 

Second  pe.loton. 

-que 

33().  Parmi  les  substantifs  dont  la  terminaison  sonne  c  dur,  voici 
quels  sont  ceux  en  ic  ou  Ique  qui  sont  masculins: 

-le,    -Icciue 

le  caïqiie  3(rt  ^3t^a^u^)|)f 

W  ralori//M«'         ^cr  STOârmfffoff 

lo  f;mli(ju('  bac  i^fiftlidjf  Soblicb 

le  l'olcliuiue        bie  iJcitloff 

le  din((nosti(|iic  ba^  >3t)ttrvtom 

le  distù/M*'  bas  5l^cr»<paar| 

rK«'('lt',siasti(/i/f  baiJ  Jl^urti  Jf fuô  |3ird(^ 

le  Li'vitiy/u'         baiJ  X'ftfitcubudj 

le  nioiistw/Hf       bfv  Sliuiïfito 

le  iianényriquc   bic  Sobrcbc 

le  ithlojçistiquc    ttx  SSanitfj'toff 

le  pique  bai»  ^^if 

le  \t\qtie-n\iiue    bad  C^Rfrûrurf^cii 

le  portique  'J     bie  (Saulcn^aUc 

le  iox'ujuc  tai  C$)ift 

le  tropique  bcr  SSÎeiibcfreiS 

le  \'\;\\\t]ue  bav<  ?(l?c»b»ial)Ifiirîcbfraufc 

aux  quels  il   faut  ajouter  plusieurs  adjcetifs  pris  substantivement  dans   un   sens 

neutre:  le  comique,  le  tragique,  etc.,  ou  se  rapportant -à  un  nom  masculin. 

33t.  Remarques  philoloffiques.  1"  Comment  IWeadémie  peut-elle  écrire  te 
tnastic  et  ir  inoustiqueY  Kneore  si  elle  écrivait  le  mousquite ,  eonforinéinent  à 
létyinolojçie  mosquito  :  Plus  conséquents,  lioistc  et  L.;»veaux  maninent  moustique 
léininin  ;  et  tout  vrai  philolojçwe  sera  de  leur  avis. 

332.  8"  Ciiïqup  {%vt  ®(f)a(uvpf)  ne  pourra  rester  masculin  qu'autant  qu'on 
l'crira  caïc ,  comme  l'ont  Boiste  et  la  plupart  de.s  lexicographes. 

333.  3"  Quoi  de  plus  contraire  à  l'analogie  qui^  ttiaipiastic ,  nom  d'un  art, 
il'une  science  avec  la  forme  et  le  genre  masculins,  et  diagnostique ,  signe,  symp- 
tôme, avec  le  genre  masculin  et  la  forme  féminine'^  Tout  vrai  pliilolog  ^ira  ta 
diagnostique,  dans  le  premier  sens,  et  le  diagnoUic ,  dans  le  second. 

334.  V*  Il  écrira  rfl/on'r,  distic  ,  Ecclésiastic  ,  Lévitir,  phlogisfic,  pic-nie, 
toxic ,  tropic  ,  riatic  ,  comme  «iraric ,  alambic,  etc.  Il  préférera  le  féminin  pour 
cantique,  cotchique ,  pan^gi/rique ,  portique  ,  pique.  Le  féminin  ,  pour  ce  dernier 
mot,  trouve  sa  pleine  justitieation  dans  cette  ancienne  façon  de  parler:  roilà  bie» 
rentrer  de  piques  noires,  tai  pa^t  Voit  bie  $au{l  auf'd  Itu^e. 


un  agaric 

brr  SBauuif(t)rcamm 

un  alambic 

brt  S^rrnnfolben 

l'arsenic 

baé  airfenif 

aspic 

eine  flatter 

le  basilic 

bie  Jtôiitftértbft^ff;  Ut  Ai» 

iiio^rtant 
bie  îyinbf 

le  cric 

le  diagnostic 

bie  ttuterfcijctbungMunfi  ber 

Jlranfbeitrii 

le  mastic 

ber  anaftir 

le"  pic 

bie  €pitbdue;  bcrOtttt;  ^" 

(Spec^t,  ic. 

le  pronostic 

bic  Sorberoermuibung 

ou  prognostic 

le  public 

Mtcitm 

le  Uc 

v'iriibfiften,  Swrfm . 

...  ..l'ic  Jingewoi^tt^ett 

le  trafic 

bec  .^Aubel 

')  Portit/uf  et   rryfttnporlique   sont  naturellement  (ona  deux  du  même  genre  conae 
diftique  et  têtrastique. 


92 


La  grammaire  française. 


335.  Les  autres  noms  en  c  dur ,   sont  masculinis   moins  les 
suivants: 

-aque 

l'attaqne  ber  îlugviff 

la  baraque  btc  Selbtjittte 

la  caque  baé  2;ijni:r^cn 

la  caraque  bte  Jîararfe 

la  casaque  bte  ÏÏJftfcflctbitUfl 

la  cloaque  bte  Jïotfiflntte  ;  bte  Jîloafe 

la  flaque  bie  ^Ufii^c 

la  laque  ber  ^aà 


la  pâque,  les  pâques  bte  Cftevn 


la  patraque 
la  plaque 
la  polaque 
la  sandaraque 
la  thériaque 


at<3eni"i^tc  3Jîafcfeine 
bte  5pintte 
bn«  (5))^ï[)ft^tff 
bas  3Bac|)f)clberf;ar5 
bte  @iftt()teriirjeuei 


-eque 

la  Mbliotlièque    ter  iSûdjevfaal 
la  glyptothèque  bte  @l^)Vtotl)cI 
la  pinacothèque  bie  $tuafoîf)ef 
l'hypothèque        bte  Sîervfanbung 
les  obsèques       baê  Ceidjenbegcingni^ 

-oque 
la  breloque     bieJUetniç^fett,  eiu5;vominclf(î)t«9 
la  bicoque  baS  ^left;  bte  SBaratfc 

la  coque  bie  @d;ale,  .§iilfe 

la  défroque  ber  ?larf)la^ 

l'époque  ber  3eiti)unft 

l'équivoque  bie  Swetbeuttsjfeit 

la  loque  ber  (^e^eii 

la  pendeloque      baé  3li;gef)aiiiif  ;  2eitd;teifle= 
f)au(^e;  Ijerabtjaitgcnbe^e^eii 
la  toque  ber  Srtltenf)itt 


'Il  que 

la  nuque 
la  perruque 

-oucfue 

la  felouque 

-oulquc 

la  foulque 

-anquc 

la  banque 

•  inque 

la  pinque 

•onque 

la  conque 

arque 

la  marque 
la  remarque 
la  parque 

-orque 

la  remorque 
•a!«que 

la  bourrasque 
la  basque 
la  frasque 
la  masque 

-isque 

la  bisque 

la  brisque  ') 


ber  SflacFett 
bte  ^eriide 

bie  Selnde 

bas  aBnffer^ufeu 

bie  SSaiiî 

bie  ^tnfe 

bie  2J?ufc^eI 

bas  3eid)en 
bie  3lnmerfuitg 
bie  SÇarje 

bas  ans  (5(^le))^)taii  ue()i«cu 

ber  iSturinn.'tnb 
ber  SfJc(îfd)oj5 
ber  ©djaberttacî 
bte  Srafec 

bie  jlraftfuViJe ,  bas  5Bpraiu'= 

qenebenc  (tm  (5))tele) 
bas  aBridSfpiel. 


336.  Remarques  philologiques.  1"  Pourquoi  ces  distinctions  puériles,  établies 
par  les  grammairiens,  entre  cloaque,  lieu  destiné  à  recevoir  les  immondices,  et 
cloaque,  conduit  fait  de  pierre  et  voûté  par  où  s'écoulent  les  immondices  ;  entre 
masque,  faux  visage,  personne  qui  porte  un  masque,  et  masque,  femme  laide? 
Alors,  pourquoi  ne  pas  dire  aussi,  le  bisque,  terme  de  jeu,  et  la  bisque,  sorte 
de  potage?  Plus  conséquents,  les  Allemands  ne  connaissent  pas  ces  vaines  sub- 
tilités ,  et  ils  disent  dans  tous  les  sens:  bie  .^(oafe,  bie  SDZaêfc.  Quiconque,  en 
parlant  dJune  femme  masquée ,  d'w/i  masque ,  s'est  vu  forcé  par  la  règle  d'accord 
de  dire  il  est  beau,  conviendra  qu'en  ceci  nous  devons  imiter  les  Allemands. 

337.  2"  Socques,  catafalque,  calque,  manque,  scinque  (lézard),  cirque,  flasque, 
disque,  risque,  astérisque ,  obélisque,  ménisque,  lemnisque,  morisque,  trochisque,  sphé- 
nisque,  centrisque ,  dytisque  ,  hippobosque  ,  ne  sauraient  rester  masculins,  avec  une  ter- 
minaison toute  féminine.  'Comment  l'Académie  peut-elle,  faire  anasarque  féminin  et  oedé- 
viosarque,  mot  tout  à  fait  analogue,  masculin? 

338.  3"  Le  phoque,  dtf  latin  phoca ,  deviendra  la  phoque,  ou  s'écrira  phoc ,  comme 
roc ,  foc ,  etc. 

4«  Colloque,  soliloque,  ne  pourront  de  même  rester  masculins  qu'autant  qu'ils  s'écri- 
ront colloc ,  soliloc. 

à"  Pourquoi  coke  ne  deviendrait-il  pas  féminin  en  français.  Brâler  de  la  coke. 

6»  Le  poète  écrira Pen/a<éj<c,  mélaleuc,  Orênoc,  lentisc,  kiosk,etnonpentateuque, etc. 

7»  J'ai  VU  les  mots  glyptothèque,  pinacothèque ,  employés  au  masculin  dans 
un  spirituel  article  de  journal.  Mais  cela  n'est-il  pas  contre  toute  raison?  (Voir 
le  n"  III,  page  34.) 

8«  Pâques  n'est  masculin  que  par  ellipse  du  mot  jour.  Pâques  est  passé,  c'est  à 
dire,  le  jour  de  pâques.  Quand  Noél  est  vert,  pâques  est  blanc,  on,  par  une  métonymie 
plus  forte  encore,   les  pâques  sont  blanches. 


*)  Brisque  est  masculin  dans  Boiste ,  mais  sans  aucune  apparence  de  raison. 


Ti  l' ti  r  f    il  e  s    s  u  11  s  I  ;mi  I  i  f  s    c  <i  m  p  o  .1  é S. 


«I 


Règles 

sur  le  geire  den  Hibstaillh  c*mpo<<«-s. 

1 

Deux  .substaiitifs  JiixtaposëH ,  comme  chef-lieu. 

331).  Rèale.  Lor.s(|u*iiii  nom  compo*è  est  fonnô  d«'  deux  siibslan- 
tifs  JHxtnjiosi-x  ,  c'est  le  pieiiiicr  qui  en  détenuine.  le  {;eiirc.  Kxemples  : 


le  l);iiii-marie 

lo  elirtiirave 

la  FMo-hicu 

le  laiiricr-rose 

le  trou-niadnmc 


un  oi.seiiii-niouclic 
1.1  saisio-arrM 
la  saisir-brandon 
etc. 


ttr  îdicdcitcolibri 
bfr  (^inlprud? 
Me  SPtfdiJ.uinaljnif 
^fr  (^iitriiiiftf. 


tad  SJiiuicnbab 

bfr  Wi'ibfiifol)! 

baH  (>rol)nlriri)iiam0ftfl 

bfr  JClcanbcr 

bai  Jlammrrfvitt 

3'l().  Hnnnrques.  1"  t'opciidant  on  dit  le  fourmilion,  birii  (|iic  foiirmie  »oil 
Irniiiiin.  i'onniuoi  ?  l'arec  (|ue  ce  iiidI  ne  rcpl*ésentc  pas  un  e.s|i('i'e  de  fourinie , 
mais  un  insoele  ni^vri»ptère  qui  dévore  les  fourmioa.  La  Grammaire  IKationate 
écrit  pourtant  une  fourmilion. 

341.   t°  Il  on  est  do  nième  de  taupegritlon  (bit  ÇrbgriUc).  Le  taupegrillon, 

(|n't>n  noninic  antrtMuent  courtiUîre ,  n'est  pas  une  espèec  <!e  taupe,  mais  un   in- 
seete  de  la  tamillc  des  ((rilluns,  qui  habite  sous  terre,  comme  ta  tau/te. 

3i4.  3"  Il  faut  on  dire  autant  «le  chèvrefeuille,  c/ièrrepied :  tons  noms  com- 
posés dans  le  jféuie  de  la  lanj^ne  latine  et  de  la  laniçue  allemande,  où  celui  des 
deux  noms  (|ui  est  le  premier  serait  au  génitif,  si  l'on  procédait  par  analyse,  ainsi 
qu'il  suit:  feuille  de  chèrre y  pied  de  chèvre. 

%"  Houle-dogue  appartient  à  la  mime  catép^orie.  On  é<'rira  huulednij  ou  l'on 
fera  ce  nom  féminin ,  comme  en  allemand. 

II 

Deux  sub^tautifs  joints  par  une  préposition. 

343.  ïièscle.  Loisqu'un  nom  composé  est  formé  de  deux  substan- 
tifs joints  fiftr  nne  préposition  .  c'est  encore  le  premier  qui  en  déter- 
mine le  genre.  Exetnples  : 

le  cbef-d'oeuvre    bav^  9)ici|itfr»vfrf 

le  coq-à-l'Ane        baô  Qnid  pro  quo 

un  arc-en  eiel       ein  i^Hr^^rnboi^eu 

le  eroe-en-jan>be  baiJ  ïl^fiuunû'rfc^laçjcn 

le  cul-dc-sac        bie  ^acf^aiTc 

le  cul-de-lampe    ^trabljûni^nibfr  î)e» 

rffn,<i<rrat^ 
un  oeil-de-bocuf  baâ  Cdjfcnauge 

344.  HemarqHea.  1"  Tête-ù-téte  (mit  cinfm  atlfin)  osl  une  loeiitio»  adver- 
biale employée  subsUintivomeut  au  masculin.  |»ar  ellipse  du  mot  entretien.  Va 
ti'te-à-tète ,  c'est  h  dire,  mm  entrelien  tète-à-t^te ,  fin  ®ffprtï*  untfr  )?i<r  "îlu ^en. 

V  Dans  paille-en-i/ueu,' ,  gorge-de-pigeon,  etc.,  c'est  de  même  le  nom  sous- 
ontondn  que  l'on  ci)nsidère. 

III 

lia  adjectif  et  un  nom  réunis,  comme  cerf-eolanL 

345.  Hob:I«».  Lorsqu'un  nom  composé  est  formé  d'un  substantif 
et  d'un  adjectif  vèiinis ,  naturellement  c'est  le  substantif  qui  en  déter- 
mine le  genre.  Exemples  : 


le  pied-de-biche 
le  j)ied-à-tcrre 
le  haut-de-chaus- 

ses 
le  pou-de-soie 
lo  pot-au-feu 
l'eau-de-vie 


bfr  .^irfc^fu^ 

bad  ^^bjifijti:)uartier 

bit  aîtinflcibcr 

5ïrt  flarff r3«ib«n<f ui; 
bcr  5[fifd>fepf 
bfr  âîranntJDfin. 


94 


La  grammaire  française. 


l'amour-propre 
le  grand-maître 
le  gros-texte 
le  petit-texte 


btc  (Set6ftftc6c 
bcr  ©rofmctfter 
btc  groSc  Sieytfc^rîft 
bte  ffelne  %eft\d)^\\t 


la  basse-court 
la  main-levée 


bcr  ©c^ûgcï^of 
bte  Stuf^cbuitg  bc8 

gcrt4t(icf)cn  93e» 

fd^tngcê.  - 


346.  Remarque.  Dans  terre-plein,  c'est  le  mot  ellipse  qui  détermine  le 
genre.  Un  terre-plein  (SESaftgang) ,  un  (endroit)  plein  de  terre. 

IV 
Noms  joins  à  un  mot  invariable,  comme  aprês-dînée. 

347.  Règle.  Lorsqu'un  tiom  composé  est  formé  d'une  préposition 
d'un  adverbe,  ou  d'un  autre  mot  invariable  et  d'?m  substantif,  il  demeure 
soumis  à  la  règle  générale ,  c'est  à  dire  que  le  substantif  seul  en  déter- 
mine le  genre.  Exemples: 


une  avant-garde ,  ctn  5Sortrab 

une  arrière-garde ,  ctn  9îacï)tra6 

une  après-dînée,  bte  jgett  nad;  bctn  9)Ztt= 

tagcffcn 
le  contre-ordre,  bcr  ©egcnfecfc:^! 
le  contrecoup,  bcr  ©cgcnfç^tag 
la  sous-entente,  bcr  J^intcr^aft 


le  bien-être,  bcr  SSotjlftanb 

le  mal-être,  bcr  Ucbctftanb 

la  sous-gorge ,  bcr  ^cljtrtcmcn 

le  sous-faîte,  bcr  ©tcbctf^jt^ 

le  sous-pied  ,  bcr  33ûgcl 

la  sous-préfecture ,   btc  Untcr^jrâfcctur. 
Etc. 


348.  Remarques  philoloffiques.  1"  Entreligne  sera  pourtant  masculin  ,  tant 
({w'espace  le  sera  aussi,  quoique  ligne  soit  féminin.  C'est  que  ce  mot  ne  repré- 
sente pas  une  espèce  de  ligne,  comme  antichambre  représente  une  espèce  de 
chambre,  mais  un  espace  entre  deux  lignes.  Naturellement,  le  genre  porte  sur  le 
mot  espace  sous-entendu. 

349.  2"  Il  en  est  de  même  des  mots  avant-main  et  arrière-main ,  oii  l'el- 
lipse n'est  pas  moins  frappante,  et  qui  sont  masculins  selon  le  sens,  quoique 
main  soit,  hélas  !  féminin.  Au  jeu  de  paume.  J'ai  gagné  par  un  bel  arrière-main, 
par  un  coup  poussé  du  revers  de  la  raquette  ou  du  battoir.  Une  coup  d'avant- 
main  (ber  9îîi(ffrf)tag).  L'Académie  nous  enseigne  i\\\  arrière-main  s'emploie  au 
fémiiïin  dans  cette  phrase:  atoir  V arrière-main  belle;  jouer  bien  du  revers  de 
la  raquette  ou  du  battoir.  Sauf  tout  le  respect  que  je  dois  à  l'Académie ,  je  dirai 
toujours,  pour  ma  part.  Avoir  l'arrière-main  beau,  c'est  à  dire,  le  coup  d'ar- 
rière-main. —  En  termes  de  manège,  les  défectuosités  de  l'avant-main,  de  V ar- 
rière-main,  de  la  partie  antérieure,  de  la  partie  postérieure  du  cheval.  Ce  che- 
val a  un  bel  avant-main  y  ou  simplement,  a  de  V  avant-main  (9Sorbcrtf)ct(). 

3*  I/'Académie  donne  à  tort  pour  masculins  malaise  et  mésaise ,  puisque  leur  simple 
aise  est  féminin. 


Un  verbe  et  un  substantif. 

350.  »è»le.Les  noms  composés,  fovmés  (Vun  verbe  et  d'un  sub- 
stantif, sont  masculins  ou  féminins,  selon  l'objet  sous-entendu,  et  par 
cela  même  sont  presque  tous  masculins,  puisque,  le  plus  souvent,  il  ne 
s'agit  guère  que  d'un  homme  ou  d'un  instrument.  Exemples 

un  abat-voix  ctn  ^anjctba^  le  chauffe-cire 

le  boute-selle  baê^fi^ctUumStuf-      le  coupe-gorge 


un  brise-glace 
un  brise-raison 

le  casse-tête 
le  chasse-marée 

le  chasse-mouche 


ctn  ^anjctba^ 
baê^fi^cn  jumStuf- 

ft^ett 
bcv  (Si^bod 
cin  to^fïofcr  cSd;n)d= 

i^cr 
bcv  ^o:|)ft)red^cr 
bcr^tfcljfarren;  5lrt 

SSûot 
bcr  iï(icgen>»cbc( 


le  coupe-tête 
le  currdent 
le  cure-oreille 


bcr  2Sacï)êJ»ârincr 
bic  SOîorbcrgrubc; 

9laubcrf)o()(c 
baê  aSottigtrf^tct 
bcr  Qaitn^tûà^n 
bcr  £){)rtoffcf 


un  écoute-s'il-pleut  2Jiu^tc ,  btc  bfoft 

bur^  ®ci^tcu^cnge()t 
un  fripe-satiee         ctn  S^rcffcr 
le  gardc-mahche      bcr  Ucbcrarmct 


Genre  des  substantifs  composés. 


M 


le  jçardc-mcublc 
le  jçîirdt'-rohe 
le  nanh'-viio 
lin  giUe-pàlc 

iiiio  tfiiidc-rmo 
le  hoclit'-(]ut'iie 
If  |»as.s»'-|);irolt' 
le  luTcc-orcilIc 
un  porfe-forM 
II"  pi^r-liijiitMir 
nn  piiice-iuaillp 
un  picure-misèrp 
If  poi'tc-aiguilte 
le  poi'te-ltaifuetle 
le  porte-halle 
des  porte-harres 
le  porlc-elef 


bif  Wfrdtl^fommfr 
bif  ^auofrfnirjf 
ber  'iïuijfnfdjirm 
tin  îfiijVfrbfrbïr  ; 

Stûinper 
fin  Wfbfnfbnt^ 
bit  îl^ad^fldie 
bcr  Jlriftj*bfffM/  'f- 
bcr  D^ncunn 
fin  ïlMifcbj'ai^fr 
bif  3fnfn)ajt 
fin  Ani(ffr 
fin  Wfi\l)ii(* 
bfr  9îabfll)a(tfr 
bfr  i?abfflocfrini< 
bfr  labnlftfnïnifr 
.^alftfrrint^f 
btr  Sc^liiJTfltraiifr 


le  porte-montre 
le  portf-inouchet- 

tes 
le  porte-voix 
un  rabat-juic 

un  remue-ména(i[e 

le  serre-tète 
le  serre-llle 
le  son((c-nialiee 
un  souffre-douleur 

le  tire-botte 

le  tire-d'ailc 

le  tirc-li(^ne 

le  tire-moelle 

le  trouflTc-queue 

le  trouble-fète 
etc. 


le  porle-rroij»  (sic)  bfr  iirfujtrt^fr 
le  porlc-épéc  baô  DfiJfn^f^tnf 

351.  Remarque.  Parapluie,  para-sol,  paratonnerre, 
catéiiforie.  Parapluie  n'est  qu'une  altération  euphonique  de 
des  autres. 


bcr  U(>rrntrd()rr 
brr  S{d^t|>u(rntrUfr 

baè  (3)>râd^ro(^r 
fine  î^rcubfnflérung; 

fin  Çrrubfnftôrfr 
bfr^udjui);  bif  93(r' 

tvirrun^ 
bir  Ao|)fbinbt 
brr  ^intfrinann 
brr  (sdyabtnfro^ 
bal  SHarttrffoli , 

®t{(^6(aU 
brr  <3tfrfr(4irf>rr 
bfr  t^lii^flfdiwung 
brr  yin^fn^if(Jfr 
brr  3)tdrf<ifl>rr 
brr  iSdyioanjrifmfn 
bfr  ïnfltfrbfrbrr, 

Çrfubfnftôrrr. 

rentrent  dans  cette 
pare-filuie  ;  et  ainsi 


352.  ExceiitloiiM.  l"  11  n'y  a  ((uère  de  féminins  que  qnehiucs  noms  de 
plantes,  à  eause  du  nom  féminin />//i/jfe,  sous-entendu.  />«  yarde-robe  ou  aurone, 
bif  C*bfrrautf.  La  passe-pierre  ou  perce-pierre ,  brr  SWffrfrnc^rl.  La  pasxeraye, 
bajJ  spffjffrïraut.  l^a  pusserose ,  bir  J^frb|iroff.  La  percehosse  on  saticaire ,  ber 
SWfibfti*.  La  percemiiraille  ou  pariétaire,  baS  SBanbfraut.  /^a  perce-neige, 
\>Ai  ©dinffi^tijcfdjfii.  l, a  perce  feuille ,  bas  jtnabrnfrant.  Kncorc  ces  deux  derniers 
noms  sont-Ils  le  plus  souvent  employés  au  masculin,  sans  doute  à  cause  de  l'idée 
iViirhuste  qui  s'y  attache. 

353.  8"  Il  y  a  encore  le  mot  monUlehouche  (SBaffrrbiruf).  La  mouilleboucÀe 
est  une  espèce  de  poire  fondante  qui  mûrit  dans  les  mois  de  juillet  et  d'août. 

354.  .3"  Garde-rohe  n'est  masculin  que  dans  le  sens  de  tablier.  Il  est  fémi- 
nin dans  toutes  ses  autres  acceptions.  Kxeinples:  Cet  appartement  est  composé 
d'une  antichambre  .  d'une  chambre  y  d'une  garde-robe  (.klribrrfamrafr),  et  d'un 
cabinet.  —  Far  extension.  En  mourant  il  a  donne'  sa  çarde-rofte  ((Sarbrrobr)  à 
son  domestique  ,  ses  habits  et  son  linjçe.  Grand-maître  de  la  yarde-robe  ,  JDbrr» 
anfff brr  ûbrr  bic  .<îlf ibfrPainnifr.  Maitre  de  la  yarde-robe ,  officier  de  la  yarde- 
robe.    Valet  de  yarde-robe.  l'Jc. 

V  Garde-malade ,  femme  qui  garde  les  malades ,  est  de  même  naturelle- 
ment féminin. 

Rfmarque.  N'«lle:s  pas  confondre  avec  les  noms  ci-dessaii  le<i  mots  dusmst'trappe, 
garde  bourgeoine  ,  garde  noble .  perce-rnude  f  rompas  do  criblier) ,  oi\  ehaust*  ,  garde, 
perce,  ntt  sont  pus  dt>!«  verbes,  mais  des  siili.stantifs  féiuinins. 


96 


La  grammaire   française. 


XTII 

Solution  de  quelques  difficultés. 
Substantifs  qualificatifs ,  et  adjectifs  pris  substantivemeut. 

l 

355.  J'appèle  substantife^  «lualilîeatîfs  ceux  qui  désignent  un 
homme  ou  une  femme  par  sa  qualité,  son  titre ,  son  état;)  sa  pro- 
fession ^  sa  manière  d'être^  etc.;  comme  empereur^  roi^  prince ^i 
ambassadeur  ^  ministre^  auteur  y  poète  y  écrivain ,  etc. 

356.  Les  substantifs  qualificatifs  ont  ordinair:  ment  les  deux  genres, 
quand  la  qualité  qu'ils  expriment  peut  convenir  à  la  femme  aussi  bien  qu'à 
l'homme.  Tels  sont  les  suivants: 


un  AUeinand,  une  AUeniande  î)futfci)cr 
un  acrobate,  une  acrobate    (Sctltanj.cr 
un  adepte,  une  adepte      fêingciueiljtcr 
un  aéronaute,  nue  aéro-   Suftfd;ijfci* 

naute 
un  aide,  une  aide  ®eî)t(fe 

un  aristocrate,  une  ari-  5ïrtftofrat 

stocrate 
un  artiste,  une  artiste   ^ùnjlter 
le  Belge ,  la  Belge  ^ctgier 

le  Bohème,  la  Bohème    JBoljme 
le  buraliste,  la  buraliste  ©inne^mcv 
le  calviniste,  la  calvi-    Kattiinift 

niste 
le  eamaldule, la  camaldule  ©omatbuteufer 
le  camarade ,  la  cama-    ^amcrab 

rade 
le  catéchumène ,  la  ca-   ^atcc^umcn 

téchumène 
le  choriste,  la  choriste   ©fyoïfdngcr 
le  coloriste,  la  coloriste  2(u§nialcr 
le  concierge,  la  concierge  .gjauètteriwatter 
le  convive,  la  convive     ©afl 
un  démoniac,  une  démo-  SSefcffencr 

niaque  '  ■ 

un  élève,  une  élève        ©(^ûtcr 
l'élu, l'élue  (Matiame l'élue)  (Steuerbcamtcc 


un  émule,  une  émule  9îeben6ut)fcr 

un  éiiergumène,  une  aSefeflfener 

éncrgnniène 

un  enthousiaste  ,  une  ©ntijuftaft 

enthousiaste 

un  esclave,  une  esclave  <Scfat»c 

le  fleuriste,  la  fleuriste  a3(ument)an^tcr 

le  géant ,  la  géante  Siicfc 

le  général ,  la  générale  ©encval 

le  locataire,  la  locataire  Wtki^tt 

le  luaréclial,  la  maréchale  3}îarfd;aU 

le  nain  ,  la  naine  Stvcvi] 

le  néophyte,  la  néophyte  9lcu6efet)rtc 

un  organiste,  une  orga-  Drgclf^tclcr 

niste 

le  pianiste,  la  pianiste  spîantjl 

le  pensionnaire,  la  pen-  .reofîgangcr, 

sionnaire  ^oftf^ulcr 
le  président,  la  présidente  Sorfi^cr 

le  presbyte,  la  presbyte  SScitftd^ttge 

un  profane,  une  profane  Ungcwct^tcv 

le  propriétaire,  la  pro-  ©tgcnt(;)ûmer 

priétaire 
le  souverain,  la  souveraine  ©puuevatt 

le  sultan ,  la  sultane  ©ultan 

Iç  ithéiste  ,  la  "théiste  ©ottgfdubtgcr 
le  virtuose,  la  virtuose  J^od>fwnftler 

etc. 


357.  Dans  la  plupart  des  noms  cités  ci-dessus,  les  deux-fonctions  de  l'e 
muet,  comme  linalc  euphonique  et  comme  signe  caractéristique  du  féminin,  sont 
entièrement  confondues.  Pour  éviter  cette  confusion,  plusieurs  substantifs  termi- 
nés au  masculin  par  un  e  muet,  changent  cet  e  en  esse  pour  le  féminin. 


le  bonze,  la  bonzesse     93on;jc 

le  borgne,  la  borgnesse  (gtndugtgcr 

(pop.) 
le  centaure,  la  centau-  (Sentaur 

resse 
e  chanoine ,  la  chanoi-  @ttftêf)err 

nesse 
le  comte ,  la  comtesse     Ocaf 
le  ,vicomte,  la  vicomtesse  SSiccgraf 
le  prince,  la  princesse   ^rtnj 
un  diable,  une  diablesse  3^eufet 
le  diacre,  la  diac(on)esse  ^ttfê^jrcbtgcr 


le  doge,  la  dogcsse  ou  SDogc 

dog(ar)esse 
un  drùie,  une  drôlesse   @cî)alf,  îc. 
le  druide  ,  la  druidesse  ®vuibc 
un  hôte,  une  hôtesse      ©a|l 
un  ivrogne,  une  ivro-    @âufec 

gnesse 
le  Jésuite,  la  jésuitesse  3efuit 
le  ladre,  la  ladresse        .^naufci*    • 
la  maire,  la  inairesse      <Séix\itijt\^ 
le  maître,  la  maîtresse  .^crr,  .^perrin 
le  mulâtre,  la  mulâtresse  âJîutatte ,  k. 


Solution    <l.     <|  Il  •  ii|  Il  l's  difricultés. 


99 


le  iièjçr«,  la  néjfrpssc  ')  9{f»u»' 

un  oifiT,  niic  o^rosse     ?liciM'dKnfvffTfr 

le  |);i|)t>,  la  |>.i|H>^su       ,  ^a)>ft,  t^àpHi» 

(Jr.iMiir) 
11'  |iauvri',  la  pauvresse  ^vmtr,  idtttt\' 

M'iui 
li>  poète ,  la  poétesse  X)td;trr 
I.-  prêtre.  In  prêtresse    ^rieflfr 


le  prophète,  la  prophé-  ^ro^^et 

tcsse 
le  satyre,  la  salyross»*    ©albi^ott 

(lHirles(|.) 
le  suisse ,  la  Suissesse     <3(^tvf tjfr 
le  s:iuva(^e,  la  sauva-     SSilbfr 

Kfsse 
le  traître,  la  traîtresse  SBerrdt^rr. 


Exrmples.  Il  n'y  triit  uaruii  nslte  coiiSMcré  k  la  virginité  en  Anie  ;  les  T'Iiinoiii  et  lc<t 
litpoiinlN  Hi'ubt  ont  qiiolijueH  homr.iuie».  (Voll.) 

De.H  centaures ,  U*-.m  centaiire.-ixtti  surtout,  re<«|iireHl  la  folie,  la  lii-cnr«.  (l'alerp.) 
Un«*  safyrente  ëlëve  lmi  i'air  des  couronnes  en  nixne  de  victoire.  (îd.) 
J'étais  avec  une  vieille  borgne «»e ,  qu'on  appelait  la  Ctioiiette.  (E.  Sue.') 
Saplio  était   une  poètense  illustre;  l'Italie    moderne  compte  plusieurti  poé/<>Mi'«  célè- 
lires.  (Avait.) 

Cette  femme  eat  fort  lionne  mailrette  ;  elle  traite  liien  ses  domestiques.  —  !.«  maî- 
tresse du  logis.  —  La  maStresse  d'une  hàtelierie,  d'une  auberge.  —  Rome  fut  la  maitre$$e 
du  monde.  —  Maîtresse  de  piano,  de  chant,  de  dessin.  —  MaUresite  de  pension.  — 
Maîtresse  lingère.  —  C'est  sa   maîtresse. 

358.  not ,  carme,  duc,  archiduc,  pair,  deiùn  ,  chasseur,  pécheur,  bail- 
leur (de  l'onds),  docteur  ,  enchanfe^:r,  inspecteur,  instituteur,  tuteur,  grand  élec- 
teur ,  am/iitssadeur ,  empereur ,  youcerneur  ,  serriteur  ,  danseur ,  chanteur  ,  «fe- 
mundeur ,  prieur,  etc.,  font  au  t'éinimn  :  reine,  carmélite,  duchesse,  archidu- 
chesse ,  pairesse ,  devineresse  ,  chasseresse  ,  pécheresse ,  huilleresse  ,  doctoresse, 
riirhiinteresse  ,  inspectrice  ,  institutrice ,  tutrice  ,  grande  électrice,  amboMadriee) 
impératrice  ,  f/ourernunte ,  serrante,  danseuse,  chanteuse  ou  cantatricey  deHum- 
deuse  o»  demanderesse  ,  prieure  ,  etc. 

Obserratinn.  Mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieif  de  nous  occuper  de  la  manière 
dont  se  forme  le  féminin  dans  des  substantifs  tels  que  la  plupart  de  ceux  que  je 
viens  de  citer;  les  quels  s'emploient  tous  adjectivement  ou  ne  sont  même  que  des 
adjectifs  pris  substantivement.  Cette  question  sera  pleinement  traitée  au  chapitre 
des  adjectifs.  Il  ne  s'ag'it  ici  que  de  savoir  quand  un  nom  est  masculin  ou  féini- 
iiin,  et  (|uand  il  peut  avoir  les  deux  genres. 

:tô9.  Parmi  les  substantifs  qualifiealifs,  ceux  4111  expriment  une  qua- 
litt',  un  titre,  un  (3tat,  une  profession  qui  ne  convient  qu'à  des  hom- 
mes, sont  naturellement  masculins,  quelle  que  soit  leur  terminaison.  (Voir 
page  55,  n°  198.) 


l'n  académiste 

un  acolyte 

un  adversaire» 

un  alcade 

un  aU'iiimisU' 

un  .Mexandre 

un  al|(ébristc 

un  amirauté  (mot 

espagnol) 
nu  amphipoir 

un  anatomiste 
un  andabntr 
un  annaliste 
un  anspessade 


bcr<Hcitfd)ùlfi-;  8t^= 
ver  bfiMitterfunfte 
bcr  a^îcpi^cljiife 
bcr  Wck^ufr 
bcr  t?llcabc(dlic^ter) 
bfv  Wolbinad»cr 
ciu  'îtlfraiitfr 
ein  '^llijebraift 


(magistrat  de  Syra- 
cuse) 
bcr  ,Sfr;ll«'b<rer 
bcr  ^Bltubffd'ttr 
bcr5abrbud»f*reit>ei* 
fin  (Scfïfiter 


un  antagonistt? 
un  antiquaire 

un  apocrisiaiir 
(t.  d'Antiq.) 
UH  apothicaire 
un  arbitre 
un  archéologue 

un  archevêque 
un  architecte 
un  archiviste 

un  archonte 

(t.  dAntiq.) 
les  argonautes 


(in  (Berner 

bfr  9((ttrt^uuidffit' 

ner 
fin  i^otfc^after 

bcr  5(rjtnfibânbfcr 
btr  SdM'obdricfttfr 
bfr  "îlUfrtbumôtuU' 

b\c^t 
bfr  êribifdief 
bfr  !i8û»frnnllfr 
btr  Urfunbfnbttva^' 

rft 
bfr  J^frrff^er 

bif  ^rjonautcn 


')  On  dit  aussi  simplement   lu   muliitre  ,   lu   nègre.  Nè§rt  ti  Blanche  , 
lloatuaie. 


par  Arsène 


98 


La  grammaire  française. 


un  armoriste 
nu  assesseur 
un  astrologwe 
un  astronome 
un  athée 
un  athlète 
un  augure 
«n  auteur 
le  barnabite 

le  beau  frère 
le  beau  père 

le  bibliothécaire 
le  bonne-voglie 

le  botaniste 
le  bourgmestre 
le  caciqwe 
le  camerlingMe 

le  caraïte 

le  casuiste 

le  caudataire 

le  célibataire 

le  cénobite 

le  censeur 

le  champion 

le  chantre 

le  chimiste 

le  chronolog?/e 

le  collègue 

le  commissaire 

le  compositeur 

le  compère 

le  commissionnaire 

le  concussionnaire 

le  condisciple 

le  confidentiaire 


le  copiste 

le  cornette 

le  corsaire 

le  corybante 

le  cosmopolite 

le  courtisan  0 

le  critique 

le  cyclope 

le  défenseur 

le  derviche,  mieux 

dervis 
le  despote 
le  dignitaire 
le  disciple 
le  discobole 
le  droguiste 
le  duelliste 
un  éditeur 


bcr  SSaipenmac^cr 

ber  SBctft'^er 

ber  ®tcvnbcuter 

ber  (Sternfunbtgc 

bie  ©otteêlaugncr 

ber  Sfôettfdm^fev 

bcr  SSogelbeutetr 

ber  SSerfaffcï 

ber  aSarnafctt  (5lrt 

SJîônc^) 
bcr  @ct)tï»agcf 
bcr  (SrfjitJicgcr: , 

®tiefbatcv 
bcr  a3ûct)cvauffel)cr 
tn  freiitttdigc  9îu= 

berfncd^t 
ber  sppan^enfcnncr 
bev  58tirgermctf!cv 
bcr  ^ajtfe 
ber  (5arbina(=,^am= 

merer 
bcr  baratte 
bcr  @ciuifl"en8ret)vcr 
ber  @c^(ei3^trager 
ber  6^e(ofe 
ber  ^loftcrbrubcr 
ber  (Sfttfor 
ber  ^am^fer ,  K. 
ber  ^ir(i)en[angcr 
bcr  (Sc^cibefûnftter 
bcr  K^ronotog 
ber  (Sottcge 
bcr  ©ommiffâr 
ber  gomvontfi,  ©cfeer 
bcr  ©ct»atter 
ber  (Sommiffionâr 
ber  ©r^refi'cr 
ber  Snitfc^iitcr 
ber  spfrûnbner ,   ber 

fein  (Stnfommen 

abgebcn  mu^ 
ber  (£oVijî  ,  ^l<^^'- 

macï)er,  ic. 
berStanbartcnîunfcr 
ber  (Scerduber 
ber  ^-or^bant 
ber  SSicIiburgcr 
bcr  JÊ)cfmaun,  ^oflitiâ 
bcr  ^n'ttfcr,  .Kritticr 
bcr  6l)f(o:|JC 
ber  a3frtf)ctbtfler 
bcr  5J)ertDtf(^ 

bcr  @en)alt:^crrfc^er 
ber  SPôûrbentrdgcr 
ber  @c^ii(cr 
ber  ^é}i'\bi\\\vn'\n 
ber  SDroguift 

bcr  Sivfif^m^ffi-' 
ber  ^erauôgebcr 


un  enseigne 
un  ermite 
un  éluviste 
un  cubage 
un  eunuqîfe 
l'exarqwe 
le  fabuliste 
le  factionnaire 
le  faussaire 
le  flamine 
le  forfante  (mot 

italien) 
le  frère 
le  fourbe 
le  fumiste 

le  funambule 
le  garde 
le  gendarme 
le  gendre 
le  géomètre 
le  géographe 
le  géologî<e 
le  graveur 
le  guide 
un  heiduque 
un  hérésiarque 
un  historien 
un  homme 
un  humaniste 
un  iconoclaste 
un  iconographe 
un  imposteur 
un  imprimeur 
un  ingénieur 
un  intercesseur 
un  internonce 
le  janissaire 
le  journaliste 
le  lapidaire 
le  lazariste 

le  légiste 
le  lévite 
le  leude 
le  majordome 
le  mandataire 
le  manoeuvre 
le  matamore 
le  médailliste 
le  médecin 
le  messie 
le  militaire 
le  mime 
le  minime 
le  ministre 
le  mirliflore 
le  misanthrope 
le  missionnaire 
le  moine 


ber  S'df)ttbrtc^ 
ber  ©tuftcbler 
cin  93ttber 
2trt  SDrutbc 
bcr  ®unudt> 
ber  ©rnrrf) 
ber  iÇabclbid^ter 
bic  (Scf)ilbJ»ac^c 
ber  aSerfdtfd^cr 
ber  ^(ammen^jriefter 
ber  ^pra^ter 

ber  ?8ruber 

bcr  S^ipubc 

bcr  Sjcrbcfferer  ber 

9îau(i)fdngc 
bcr  (3eiltdnjer 
bcr  2Sdcf)ter 
bcr  (3tra§enrcttcr 
ber  3:o(^termaun 
ber  SOîcpûnftrer 
bcr  6rb6efcï)reiber 
bcr  ©rbfunbtgc 
ber  jîiinftftec^er 
bcr  SSegiueifer,  iÇ-û^rcr 
bcr  ^cibuf 
bcr  Ur^ebcr 
ber  @efd)ict)tf4)reiber 
etn  fOtann 
ber  .§)untanift 
bcr  ^Btlbcrftîirmcr 
bcr  JBitbcrbcfd^rcibcr 
eiit  aSctriicier 
ber  3Jitc^bru(îcr 
ber  Surteiiieur 
ber  giuintter 
cin  Sntcrnuntiuâ 
bcr  Sanitfd^ar 
bcr  Sournaltft 
ber  @tetnfcï)uctbcr 
Sîtttcr  toomDrbcnbcê 

^eltfgen  Sajaruê 
bcr  9te(i>tÔgete^rte 
ber  Scint 
5trt  «Bafalt 
ber  .^auêtjofmcipter 
ber  Éewottmcicfittgte 
ber  ^anbfangcr 
bcr  @ropf|)rerf>cr 
ber  S)îûnjfenner 
ber  2U'it 
bcr  SJîcfftaê 
ber  .^rtcgêmann 
bcr  ©cberbenfpleter 
ber  SJÎinorit 
ber  SKinifter 
ber  Sîerting 
ber  SOtenfd^enl^affcr 
bcr  SKifîtondr 
bcr  SJîon^ 


0  Courtisane,  au  féminin,  a  une  tout  autre  signification. 


Sol  II  lit»  a   <le   quelques   d  i  ffi  «"m  1 1  «^^. 


90 


Ip 

inonarqi/^» 

btr  ^Ufint^rrrft^er 

le  satrapf 

btr  ®atra^,  >2talt' 

1.' 

iiutralist/' 

ttv  ^itttnlfljrfr 

^alttr,   >lanb«ofit 

I.' 

moiisqiielaiiv 

bcr  9)hidfftio' 

le  Ravantas«r 

btr  qtltbrtt  ^ra^« 

!.• 

notai  IV' 

bfv  Siotar 

Itr,   îôiMbbtutfl 

un 

orateur 

^c^  iHfbiifr 

le  sccrétalr*- 

ter  (St^timfc^rtibtr, 

un 

orfèvre 

b»r  Wolbfrfimieb  , 

@fcretdr 

CBolbarbfiter 

le  tcatde 

htv  ®falbt 

If 

pajfc 

btr  ebttfnabf 

le  scoliasttf 

btr  (gdjoliaf!,  SKort- 

le 

|)aiiégVrist(? 

btr  ïcbrebntr 

tvtlUrtv 

W 

|iarn|>(irnstc 

bfr  Umfdirfibfr 

le  scribe 

bcr                dtijrtt; 

l.« 

paiitoiiiiinc 

bfr  (Stbtrbenfpîerer 

@dM               l'd^rtibfr 

le 

parodistr* 

bfr  "Varobifumadjfr 

le  nciilptenr 

Ut  :lUUUu(r,  ilMUntr 

II' 

pnrtlnaii 

bfr  fliibâiitjfr 

le  sigisbé 

btr  Cficidbto 

le 

patriarelie 

btr  »Vatnarc^,  Qx^- 

le  sire 

btr  (Sire;  J^trr 

vjattr 

le  sophisti; 

ber  <2o)>i^ijt  ;  Xrua^' 

le 

paysagiste 

bcr  yanbf(^aftitiaUr 

otrnûnftltr 

le 

péilagogM/» 

btr  Crrjifl^fr,  Jg)cf« 
nitiiltr 

le  subrécarguc 

btr  Suptrcarjïo, 
iJabun^aauffebtr 

le 

peintre 

btr  a)taltr 

le  sybarite 

btr  Sçbarit,  SBtitfc. 

le 

pentarqiie 

btr  <ptutarc^ 

tint;,  ^BdfWtlQtv 

le 

pèrt? 

bcr  à>attr 

le  sympbonist/- 

bfrSttnH)bonitft^fr, 

le 

pliannaeopoU' 

btr  *Jlr^ufit>ânb{tr 

fpitltr 

le 

pliilaiitlirupc 

btr  iWfufdieiifrtuub 

le  tanc 

btr  Zant 

le 

pliilolojçM/» 

btr  (Spradifuiibigt 

le  terroriste 

btr  9(nbȕni}tr  M 

le 

pliilosoplif* 

btr  ^ptjilofo^l) 

-îtrroriimué 

le 

pilot/' 

btr  iictfUfnnanii 

le  traditionnaire 

btr  lalmubijt 

le 

pirate 

btr  ©ttrtïubtr 

le  tradiictcnr 

brr  Urbtrff^tr 

le 

poète 

btr  SJici^ttr 

le  trompette 

btr  îrom^tter 

le 

polémarqw 

btr  ffttb^trr 

le  ty  )ojçraphe 
nu  nuiqiiiste 

btr  !!liud?bru<fer 

1)! 

Urofenseiir 

btr  *lJrofcilor 

ein  Ubiquifl 

le 

prottf 

btr  Sactor 

le  vaguemestre 

btr  9Ba()tmttfttr 

le 

prytaiw 

btr  ^rt)tan 

le  vicaire 

btr  îBtrwtftr,  Siicar 

le 

psyl//? 

btr  >»d)Iaiuunbf» 

le  victiniairt? 

btr  Djjftrfntcbt 
btr  SStibom,  Stift*» 

fc^Wôrtr 

le  vidaiiw? 

le 

publicfist/» 

btr  3taat«rtd>tÔIt^« 

^auvtmanu 

rtr  ,  — fimbi jf 

le  vocabuliste 

btr  aScrttrbut^' 

le 

rabbin  istf* 

btr  JHabbinifl 

fcbrtibtr 
tin^oituè,  ^âhtifc^cr 

le 

satellitf 

btr  i*fibJȉd>ttr, 

UQ  zoïle 

XrabaiU 

•    etc. 

ilabltr. 

Kxemple$.  Il  est  du  véritable  philosophe  de  dissiper  les  ténèbres  par  l'éclat  des 
liiiniéreH  et  d'écraser  l'iinpostnre  sons  la  massue  de  la  raison.  (Le  Livre.) 

Une  femme  ctui  se  fait  peindre  veut  que  le  peintre  soit  infidel  et  que  le  portrait 
Moit  ressemblant. 

I/.\cHdémie  française  est  nn  corps  o&  l'on  reçoit  des  geiu  Mré*,  des  hommes  en 
place ,  des  prélats,  des  gens  de  robe,  des  médecins,  des  géomètre»,  et  mAme  des  gtms 
lie  lettres.  (Voltaire.) 

S(H).  P.irmi  ces  substantifs,  ceux  même  qui  s'appliquent  quelquefois 
auxfonunes,  tels  que:  peintre ,  auteur  j  écrivain  y  philosophe,  etc., 
n'en  conservent  pas  moins  le  genre  masculin. 

Exemples.  .Mademoiselle  de  Schnriuan  ,  née  k  Cologne  en   1B06,  était  peiniro  ,  ma- 
aicienne,  grureur,  stulpteur ,  piiilw.tcplie,    Béonièlre,  théologienne   même;    elle    avait 
encore   le   mérite   d'entendre  et   de  parler  neuf  langues  dilTérentes.  —  iiypathia  ensHpiait 
elle-même  la  doctrine  d'Aristote  et  de  Platon  ;  on  l'appelait  le  pliil«s«|ilie. 
Klle  fut  sa  nonrrice,  elle  devient  son  suiite.  (l^egnnrê.) 
Ninon  dans  tous  les  temps  fut  iiti  haiiiiiie  estimable.  (Voltaire.) 
Telle  femme  que  nous  connaissons  s'est  réveillée  lioniiae  4e   lettres.   (Arnaull.) 
Une   feuime    qui   a    porté   les   limites   de   la  Russie  au  Caucase!  Un  tarant  et  prè- 
roganl  monarque,  qui,  durant  ce   long    règne    de   trente-trois  ans,  a  touché  à  toNS  Ico 
points  importants  que  débat  encore  la  politique  moderne  1  (Jules  Janin.) 


100  La   grammaire  française. 

0  l'imptidique  !  s'écrieiit-ils?  0  le  grand  homme!  —  A  *as  la  maîtresse  d'Orloff! 
—  Vive  Catherine-ie-jfrand.'  Od.) 

Quel  despote  que  cette  femme  !  —  Madame ,  soyez,  notre  juge.  —  Cette  femme 
est  un  dangereux  adversaire.  (Voir  page  88,  n"  310,  2^.~) —  Vouz  avgk  en  elle  un  dange- 
reux nntagoniste. 

361.  C'est  le  cas  de  rappeler  ici  ce  que  dit  un  jour  M"*"  de  Staël  à  Napoléon 
demi-nu:  Le  génie  n'a  pas  de  sexe;  ce  qu'avait  dit  avant  elle  M'"''  de  Pompa- 
dour:  L'esprit  n'a  pas  de  sexe;  ce  que  dit  encore  M™"  de  Somery:  Les  âmes 
n'ont  pas  de  sexe, 

362.  Il  est  évident,  en  effet,  que  les  mots  peintre,  philosophe,  monarque, 
etc.,  ne  désignent  que  l'individu  abstrait,  l'être  moral,  intellectuel,  sans  égard 
au  sexe  ni  à  la  nature  physique;  et,  si  l'on  dit:  cette  femnif  est  vn  diable  ^ 
cette  femme  est  nn  esprit  fort,  nul  doute  qn'on  ne  puisse  dire:  cette  femme 
est  un  éerivaiii ,  vn  |iliiiO!iiO|>lte ,  comme  on  dit:  cette  femme  est  uit 
lioiiime ,  pour  faire  entendre  qu'elle  en  a  le  caractère  moral ,  la  force,  l'éner- 
gie, le  courage. 

363.  Cette  masculinité  n'est  donc  pas  aussi  irrégulière  que  le  prétendent 
nos  grammairiens ,  qui ,  ne  sachant  comment  résoudre  cette  question  si  simple , 
crient,  d'une  commune  voix  et  sur  tous  les  Ions,  à  l'anomalie,  à  l'arbitraire. 
Est-ce  qu'il  n'en  est  pas  de  même  des  noms  qui  ne  conviennent  qu'à  la  femme  ? 
Est-ce  que  ces  noms  changent  de  genre  en  s'appliquant  à  l'homme?  Est-ce  qu'on 
ne  dit  pas,  d'un  homme  faible  et  sans  énergie:  c'est  une  femme  ?  Est-ce  que  la 
phrase  suivante  a  quelque  chose  d'irrégulier  ? 

L'homme  prend  les  ridicules  de  son  habit.  Mettez-lui  des  jupons  il  sera  coquette 
ou  prude. 

364.  Poète ,  prophète ,  maître ,  prêtre ^  roi,  etc.,  ne  deviennent 
la  poétesse,  la  prophétesse ,  la  maîtresse,  la  prêtresse ,  la  reine, 
etc. ,  que  pour  désigner  uniquement  l'être  physique  ;  que  pour  distinguer 
une  femme  des  autres  femmes,  au  moyen  de  la  qualité,  de  la  dignité  qui 
lui  est  propre.  Ainsi  l'on  dit,  au  masculin: 

Plutôt  versificateur  que  poète,  M'""  de  Mandelot  a  célébré,  dans  des  pièces  géné- 
ralement assez  brèves ,  les  plaisirs  champêtres. 

M""  Desbordes  Valmore  est  peut-être  le  premier  poète  élégiaque  des  temps  modernes. 

Mourons  pour  notre  Roi,  Marie  Thérèse.  (Les  Hongrois  de  1741.)  —  Les  petites 
maîtriises  sont  de  grands  maîtres  en  coquetterie. 

L'expérience  qui  ne  s'acquiert  que  par  des  fautes  est  un  maître  qui  coûte  trop  cher. 

365.  Une  femme,  disputant  l'autorité  à  son  mari,  dirait:  Le  nitaitre 
ici,  c'est  moi.  C'est  comme  si  elle  disait:  Celui  de  nous  deux  qui  est  le  maître 
ici,  c'est  moi. 

366.  Mais  il  faudra  dire:  la  poétesse  Sapho,  la  maîtresse  de  la  maison,  etc. , 
car,  si  je  disais,  le  poète  Sapho,  le  maître  de  la  maison,  il  se  pourrait  qu'on 
ignorât  si  je  parle  d'un  homme  ou  d'une  femme. 

367.  Au  reste,  ce  mot  s'employant  quelquefois  adjectivement,  comme  dans 
ces  exemples:  ime  femme  poète ,  il  est  poète ,  elle  est  poète,  pourquoi  ne  dirait- 
on  pas:  la  poète  Sapho,  comme  on  dit:  la  savante  Hypathia.  Du  moment  que 
l'être  moral  disparaît  pour  ne  laisser  voir  que  la  femme  douée  de  telle  ou  telle 
qualité,  pourquoi  ne  dirait-on  pas  elliptiquement,  tine  poète,  une  peintre ,  une 
philosophe,  une  athée,  etc.,  pour  une  femme  poète,  une  femme  peintre,  une 
femme  philosophe ,  une  femme  athée?  Pour  ma  part,  je  ne  trouve  rien  à  redire 
à  ces  vers  de  Molière:    , 

A  votre  fille  aînée 

On  voit  quelques  dégoûts  pour  les  noeuds  d'hyménée. 

C'est  une  philosophe  .  enfin  ; 
non  plus  qu'à  cette  phrase  de  La  Fontaine:  Ce  fut  la  peintre,  c'est  à  dire  ,  la 
femme  du  peintre  ;  car  il   ne  s'agit  pas  même  ici  d'une  femme  peintre.    Mais  je 
n'approuve  pas  au  même  degré  le  féminin  de  fwtnn'ste,  dans  cette  phrase  _de  Ber- 
nardin  de   S -Pierre  :  Ma   chère  Virginie ,  je   ne  veux  point  faire  de   toi   une 


Solution   de   quelques  difficultés  101 

h«lnmlM4et  p^t*  v»    qu'il   ne  s'agit    pan   toi  d'uM  »irople  qualîflcation ,   mais 

d'une  dc.sigu;ilioii  nbsuliie  ,  sans  idée  de  sexe. 

3(kH.  Cfttt'  |ilii:isc  (le  Jules  J:iiiin  n'est  pas  moins  blâmable:  Frt^tlf^rtc  Le- 
maître,  nviianl  sur  U-  seuil  dp  l'hôtrllprie  une  Jolie  r#niparHe,  t/uiitif  Ma  /tia- 
re ,  etc.  Le  mol  coiiiptirte  no  s'eiii|il<)ie  qu'au  |iluriel ,  dans  un  sens  abstrait  et 
culleelif,  pour  dé.siKuer,  nu  tbéAlre,  les  pcrsonnai^es  muets  qui  oc  scrvcut  qu'i 
ll|i;nrer.  ti  était  parmi  tes  comparses.  Vu  des  companea.  Ce  mot  u'euiportc 
auenne  idr-c  de  sexe,  aucune  idée  pbysique  ;  eu  sorte  iiu'^  9  dû  (^randemcot 
s'étonner  de  l'épithétc  de  joli  (|uc  lui  donne  Jules  JAnin.  C'est  une  jolie  fii/nrante 
qu'il  r.illait  dire;  parce  que  le  mot  Hi,^iiranlc  réveille  aussittVt  l'idée  d'une  femme. 

369.  ProMélyteM,  dans  son  aeeeption  la  plus  ({énérale  ne  s'emploie  de 
môme  tju'au  pluriel  maseulin.   I.a  perst'cution  multiplie  tes  proiéttites, 

La  recelé  suivante  doit  trancher  toutes  les  diflicultés ,  relativeiueoi  aux  sub- 
stantifs do  la  nature  de  ceux  dont  il  s'agit  ici  : 

il 

Règle   générale 

snr  le  ^enrr  des  noms  qnfllifiratifs  de  l'homme,  applicables  par  ftU 

M  la  femme. 

370.  Employés  absolument  dans  un  sens  abstrait ,  par  métaphore  ou 
antonomase,  ces  sortes  de  substantifs  ne  changent  point  de  genre,  par  «ti 
qu'ils  ne  réveillent  aucune  idée  de  sexe.  Exemples  : 

Elle  m'a  pronii.s  d'èire  auprès  «le  sh  sueur  le  fitlei  interprète  de  mes  senlimenls. 
Itrmargue.  Si,  nous  soumettant  à  l'autorité  de  l'Académie,  nous  faisons  in- 
ferprrle  des  deux  genres,  je  ne  vois  pas  pourquoi  trticheman,  guide,  monstre,  fan- 
fdmc,  spectre,  ministre  ^),  serpent,  e\c. ,  ne  seraient  pas  également  des  deux  genres. 

Il  est,  elle  est  bon  cnloriête.  —  Vous  avez  en  lui,  en  elle  un  redoutable  antago- 
niale ,    uu  dangereux   adcetêuire ,  \\n  rival  digne  de  vous.  —    Jeanne  d'Arc  fut  nn  herot. 

371.  Ces  phrases  sont  tout  à  fait  analogues  à  celles-ci:  la  femme  est  hi^ 
Proie',  cette  femme  est  un  Hercule.  Proté ,  Hercule,  noms  propres  d'hoQ^vc^t 
appliqués  à  la  femme  par  antonomase  «  ne  deviennent  pas  pour  cela  féminins. 

372.  Plusieurs  des  noms  dont  il  s'agit  ici  peuvent  s'étendre ,  non  seuleraeul 
lie  l'homme  à  la  femme,  mais  encore  aux  choses,  sans  changer  de  genre.  ExempUs  : 

I.ii  physionomie  est  le  fldel  interitrète  de  l'àme.  —  Lu  nature  est  U  premier  «(çs 
«rtidte*.  —  Lfs  foudres,  les  pestes,  les  désolatious .  sont  les  mini»tre$  de  la  vengeance 
de  Dieu.  CVolr  n*  «6  ) 

373.  Ht,  réciproquement,  combien  de  noms  de  choses  s'appliifucnt  de  même, 
par  métaphore,  à  l'homme  aussi  bien  )|u'à  la  femme,  sans  changer  de  genre! 

Madame,  soyez  mon  appui,  mon  aotitien.  —  Son  fils  est  tonte  sa  c«nB«lati«o. 

11  n'a  point  fait  de  mal  encore. 

Cest  une  fleur  !t  «on  aurore  , 

Dont  rien  n'a  terni  la  blancheur.  (I4  Livre,  t.  III  p.  '^33.) 

L'homme ,  c'est  la  reuille  qui  vole  ;  ~ 
Et  l'esprit,  c'est  le  vent  .«oufTlant  de  chaque  pAle, 
De  tel  ou  tel  càté  l'emportant  à  son  gré.  (Le  Livre.") 

L'homme  n'est  qn'H/i«  «irauette 
Qui  va  comme  sur  lui  l'esprit  souITle  d'en  bant. 
Il  avance,  il  recale,  il  hésite,  il  s'arrête. 
Au  gré  do  chaque  Idée  éclose  en  son  cerveau.  (ihUI.} 
(Voir  plus  bas  les  mots:  e$tafette ,  ordonnance,  recrue,  tentintlle,  vttletle,  vifir.) 

374.  Dans  tous  ces  exemples,  l'être  physique  est  complètement  absorbé  par 
l'être  moral.  Mais,  dès  que  domine  l'idée  de  sejpe ,  la  nécessité  de  distinguer  se 
tait  de  nouveau  sentir,  et  les  féininius  rivale,  héroïne,  etc..  retrouvent  aussitôt 
leur  emploi. 

')  Raclue  a  commis  une  faute  grave  en  faisant  ce  mot  féminiu  dans  ces  vers  : 
Dois-Je  prendre  pour  Juge  nue  troupe  iusolcute 
D'un  .fier  usurpateur  ministre  violente  f 


102  La   grammaire   française. 

Elle  a  sa  propre  soeu7'  pour  rivale.  —  La  révolution  eut  ses  héroïnes  et  ses  furies. 
—  On  demande  une  coloriste  (une  femme  sachant  colorier).  —  Ma  belle  antAgoniste  , 
nous  allons  donc  concourir  ensemble. 

375.  La  seule  épithète  belle  réveille  l'idée  d'une  femme.  On  dit  au  féminin  : 
Carthage  fut  la  difftie  éninle  de  Rome,ptt  la  rivale  de  Rome  ;  parce  que, 
dans  cet  exemple, /Î07rte  et  Cflr^Aw^e  sont  personnifiées  et  présentées  comme  femmes. 

376.  Remarques,  i*  L'Académie  donne  exclusivement  pour  masculins  les  mots: 
bouquiniste,  funambule,  gagiste;  mais  nous  croyons  fermement  qu'on  peut  dire  au 
féminin,  une  funambule,  une  gagiste,  comme  on  dit,  une  acrobate^  une  somnambule  , 
une  domestique ,  etc.  Quant  à  la  qualité  de  bouquiniste ,  il  est  vrai  qu'elle  suppose  certai- 
nes connaissances  bibliographiques ,  qui  ne  sont  guère  l'apanage  des  femmes  ;  mais  on 
doit  pouvoir  dire  elliptiquement,  la  bouquiniste ,  pour,  la  marchande  bouquiniste ,  comme 
La  Fontaine  a  pu  dire ,  la  peintre ,  pour  la  femme  du  peintre. 

2"  Libi'aire,  exclusivement  masculin  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  a  les  deux 
genres  dans  celui  de  Noël  et  Chapsal  ;  et,  comme  nous  ne  voulons  pas  forger  k  la  langue 
de  nouvelles  chaînes,  bien  loin  de  là,  c'est  un  privilège  que  nous  octroyons  de  bon  coeur. 

3»  Ce  privilège,  pleinement  justifié  par  l'ellipse ,  doit  s'étendre  à  tous  les  mots  ana- 
logues, comme  orfèvre. 

4'  Par  exemple,  on  ne  dit  guère  d'une  femme;  c'est  une  savantasse ,  c'est  une 
sybarite.  L'auteur  du  Nouveau  cours  Elémentaire  mérite  donc  d'être  censuré  pour  avoir 
admis  ces  deux  féminins,  comme  pour  avoir  rangé  le  mot  carme  parmi  ceux  dont  le  féminin 
est  en  esse  Cp.  151  et  153).  Toutefois  je  suis  sur  d'avoir  lu  dans  Bouilly  :  Joyeuses  Sybarites. 

Les  mots  sentinelle,  yedette,  Tigle,  estafette,  ordonnance,  recrae. 

377.  Les  mots  sentinelle  (de  l'italien  sentinella,  bte  @d^{rbtt?a(^e), 
vedette  (de  l'italien  vedetta ,  de  vedere^  voir,  bte  '^^ii\^)x>a6)t  ju 
spferbe),  vigie  (du  latin  vigilia^  veille,  bte  @(i){fftDad)e) ,  estafette  (du 
latin  stapia,  étrier;  ordonnance  à  cheval,  V\z  ètafette),  ordonnance 
(bte  Drbonttanj)/  recrue  (bev  Slefrut,  ^w^i^ûc^é),  sont,  de  même  que 
coniiaii^sance ,  des  noms  féminins  d'êtres  rationnels,  donnés  par  méto- 
nymie *)  à  des  hommes;  aux  hommes  qui  sont  en  sentinelle,  en  ve- 
dette, en  vigie j  à  ceux  qui  portent  des  ordonnances }  à  ceux  dont  on 
fait  la  levée ,  la  recrue.  C'est  comme  lorsqu'on  dit ,  voile  pour  vaisseau, 
tête  pour  homme ,  plume  pour  écrivain.  Une  flotte  de  cent  voiles. 
C'est  une  tête  sage ,  rassise ,  posée.  C'est  une  plume  habile. 

378.  C'est  pourquoi  ces  noms  demeurent  féminins,  comme  voile, 
tête ,  plume,  bien  qu'ils  ne  désignent  jamais  que  des  êtres  mâles,  pour 
parler  le  langage  des  grammairiens.  Exemples  :  Poser  la  sentinelle. 
On  posa  des  sentinelles  à  toutes  les  portes,  à  toutes  les  avenues. 
On  trouva  la  sentinelle  endormie.  Relever  la  sentinelle.  —  Une 
vedette  avancée.  La  vedette  s' endormit.  —  La  vigie  a  signalé  un 
vaisseau.  —  On  a  dépéché  une  estafette,  V estafette  est  arrivée. 
—  Le  général  envoya  une  ordonnance  le  chercher.  La  lettre  du 
ministre  lui  a  été  apportée  par  une  ordonnance.  —  Nos  recrues 
se  sont  comportées  dans  cette  affaire  comme  de  vieux  soldats. 

379.  Sentinelle  est  souvent  employé  figurément  par  les  poètes. 
Exemples: 

Les  arbres  qui  balancent  tristement  leurs  cimes  dépouillées  ne  portent  que  de  noi- 
res légions  qui  se  sont  associées  pour  passer  l'hiver  ;  elles  ont  leurs  sentinelles  et  leurs 


*)  Du  grec  meta,  préposition  qui  marque  le  changement,  et  onoma  nom  (Sdametltaufc^ , 
SBortuernjec^êlung).  Figure  de  rhétorique,  par  laquelle  on  prend  la  cause  pour  l'effet, 
l'effet  pour  la  cause,  le  sujet  pour  l'attribut,  la  fonction  pour  le  fonctionnaire,  etc. 


Solution  de  qnêlqies  dirfiealtés.  108 

garde»  avancêei  :  Honvrnt  nne  corneille  centeimlre,  antique  «Ibylle  dn  tfésMt,  te  lleat  mmI* 
perdiée  sur  un  ciiêne,  Bver  le  qufl  nll«  m  vieilli  ').  (Chuttaubrland.) 

Une  ri-nuiiu  doit  ^lr<<  pour  ellf-nu'-nit!  mt  âfitlinrllf  l'igltnnte  ;  RanN  ceaM  cntoorc* 
cl'ennenil.4,  elle  en  a  tlan.*«  hh  tt'-tf,  (Imii<4  son  coeur,  ilanN  toute  aa  peraonne. 

Dieu  a  po!«é  le   triivnil  pour  tnttiurtlr  de  la  vertu. 

I.a  vertu  rst  une  neiitinelte  vlyiluntf  qui  nouM  aignale  iea  dangers  où  In  vlee  9««t 
noua  entraîner. 

3<S().  Le  besoin  d'une  rime  ou  rembarras  de  la  mesure  ont  seuls  pu  porter 
«pielques  poètes  à  le  faire  masculin,  dans  lo  .sens  figuré. 

Oh  poMlea  nieniiçantM,  ren  nnmhrfiiT  MenHnelle» 
Qui  veillent  nuit  et  Jour  aux  porteH  élernelleM.  (Voltaire.) 
Ce  Mentlnient  nI  prompt ,  dana  non  roeurn  répandu , 
Parmi  tous   nos  daiifters  trutinelU  nmldu.  (Uetille.) 

381.  (lu  s'étiniMP  (pif  l'Aculémie  tolère  de  telles  licences.  C'est  i  cette  coo- 
pable  iniliilgencc  (tn'il  faut  attribuer  tout  le  désordre  (|ui  règne  dans  la  grammaire, 
ainsi  mio  le  discrédit  dans  le  <|ue|  est  tombé  Tari  des  vers.  Le  vrai  poète  ren- 
verse les  (liftiiMiltés,  il  ne  les  tourne  pas. 

382.  M.iis,  dans  le  sens  propre,  il  est  tel  attribut  du  mot  sentinelle 
qui  ne  convient  (|iri"i  un  homme,  qui  réveille  nécessairement  l'idée  d'un 
liomme,  alors  le  masculin  peut  être  justifié  par  la  syllepse  *),  comme  dans 
cet  exemple  de  l'Académie:  Le  xentinellc  fut  trouvé  mort  dans  sa 
guérite,  c'est  à  dire,  V homme,  le  soldat  qui  était  en  sentinelle.  Un 
être  abstrait  ne  peut  pas  mourir.  De  ce  qu'on  dit,  une  voile,  pour,  un 
ruisseau,  on  ne  dirait  pourtant  pas  que  la  roile  a  sombré ,  a  péri. 
L'Iu'iireuse  alliance  des  mots  constitue  une  des  parties  essentielles  de  l'art 
d'écrire.  Le  sentiment  et  le  goût  sont  ici  nos  seuls  guides.  C'est  le  senti- 
ment et  le  goiit  qui  nous  interdisent  l'emploi  au  masculin  des  mots  redette, 
vigie,  estafette,  ordonnance,  recrue.  Dans  un  cas  analogue  à  celui 
que  présente  l'exemple  cité  plus  haut  sur  le  mot  sentinelle,  il  faudrait 
dire:  l'homme  qui  était  en  redette,  en  vigie;  Vhomme  envoyé  en 
estafette,  l'officier  d'ordonnance ,  un  soldat  de  recrue. 

383.  Je  pardonnerais  pourtant  au  poète  de  dire  sylleptiquement,  pour  être 
plus  court  :  l'ordonnance  fut  trouve  mort. 

384.  On  dit,  de  même,  par  métonymie:  Une  fllùte .  une  hnrpe, 
une  clarineUo  ,  une  baH«e-iaille ,  pour,  un  homme  qui  joue  de 
la  flûte,  de  la  harpe ,  de  la  clarinette:  qui  a  une  voix  de  basse- 
taille.  Mais  de  ce  qu'on  dit:  j\ous  avions  une  bonne  flûte  ,  pourrait- 
on  ajouter,  elle  est  mortel  Évidemment,  non.  L'idée  de  mort  ne  porte 
que  sur  Vhomme  et  non  pas  sur  la  flûte.  Par  conséquent  syllepse,  ac- 
cord sylleplique.  Par  conséquent,  il  est  mort,  ou  en  prenant  une  autre 
tournure,  nous  ravons  perdu. 

385.  Le  Journal  des  Débats  disait  l'autre  jour,  un  bon  clarinette, 
et  peut-être  avait-il  raison;  car  on  ne  pourrait  jamais  dire,  à  l'exemple 


')  Quand  itr»f<nr//e  exprime  nne  Idée  gracl^une ,  dit  la   Grammaire  Sationale ,  quand 
tout  re  qui  l'entoure  est  touchant,  comme  dans  cet  exemple,  il  prend  le  genre  fémi- 
nin. Quelle  étrange  imaginalion  ! 
*)  Du   grec  sullnmhamt ,  }«  comprends.  Figure  f^rammalicale    par  la   quelle  le  dbconra 
répond  plutôt  k  notre  pensi  i>  qu'aux  règles  grammaticale;*.  Exemples  : 
Je  ne  vois  point  le  peuple  à  mon  nom  s'alarmer. 
Le  ciel  dan.<«  tons  leur»  pleurx  ne  m'enlend  point  nommer.  (Racine.) 

Lu  plupart  des  hommes  sont  fous.   —  Il  eet  $tx  heurte,  c'«a(  à  dire  ,  I»  sixième 
beure. 


104  La  grammaire   française. 

d'un  certain  M.  Gischig,  auteur  d'une  certaine  Grammaire  française 
à  l'usage  des  Allemands  (voir  page  71)  :  Cette  clarinette  est  un  vir- 
tuose; la  qualité  de  virtuose  ne  portant  que  sur  Vhomme  et  non  sur 
Xinstriiment.  L'emploi  sylleptique  du  masculin  est  donc  ici  tout  à  fait 
nécessaire. 

386.  Le  masculin  des  mots  trompette,  aide,  garde,  enseigne, 
eornette ,  n'est  également  fondé  que  sur  la  syllepse.  On  dit  un  trom- 
pette ^  un  aide  ^  ringarde^  pour,  un  homme  (/ui  joue  de  la  trom- 
pette ^  qui  aide j  qui  garde  (et  non  pas,  soit  dit  en  passant,  corame 
le  prétend  M.  Boniface ,  pour,  un  homme  qui  sert  de  trompette ^  un 
homme  qui  sert  d'aide ^  un  homme  de  garde).  On  dirait  de  même: 
une  trompette  y  une  aide  y  une  garde  ^  pour,  une  femme  qui  joue 
de  la  trompette,  qui  aide  y  qui  garde.  On  doit  pouvoir  dire,  en  effet, 
d'une  manière  générale:  un  garde,  une  garde,  comme  on  dit,  dans 
un  sens  plus  restreint:  un  garde-magazin ,  une  garde-malade ,  se- 
lon que  le  sens  des  mots  désigne  un  homme  ou  une  femme. 

387.  Or,  quand  on  dit:  le  cheiml  d'un  trompette,  on  envoya 
un  trompette  sommer  la  place ,  il  ne  peut  pas  être  question  de  l'ins- 
trument, mais  seulement  de  l'homme  qui  s'en  sert.  Les  titres  de  bri- 
gadier-trompette, de  trompette-major  confirment  pleinement  mon 
assertion. 

388.  Mais  dès  que,  par  la  place  qu'il  occupe  dans  le  discours,  le  mot 
trompette  laisse  dominer  l'idée  de  V instrument ,  soit  au  propre,  soit  au 
ligure,  il  s'emploie  au  féminin,  comme  dans  ces  exemples:  cet  homme 
est  une  vraie  trompette;  c'est  la  trompette  du  quartier. 

389.  Enseigne  et  cornette  s'emploient  au  masculin  pour  les  mêmes 
raisons.  Quand  on  dit:  un  enseigne  aux  gardes  est  monté  le  premier 
à  Tassant,  cela  ne  peut  pas  s'entendre  de  V enseigne  même,  mais  de 
ceîui  qui  la  porte.  Par  conséquent  syllepse ,  accord  sylleptique. 

390.  Remarque  particulière.  Les  AHemandf5 ,  accoutumés  .k  dire  Setaniltc ,  au  Jieu 
de  93cfaimtfi-f)aft ,  oublient  souvent  que  connaissance  est  toujours  du  féminin  en  français, 
comme  dupe,  victime,  caution;  et  ils  disent:  ce  n'est  pas  un  ami,  c'est  un  connais- 
sance; faute  grave  que  je  les  engage  à  ne  plus  commettre.  Je  les  engage  de  même  à  dire 
itne  bête  et  non  pas  un  bête  ;  comme  cela  leur  arrive  quelquefois. 

m 

Observation  générale. 

391.  En  général,  deux  causes  président  à  l'emploi  du  genre:  le  nom 
sous-entendu  et  la  forme  matérielle,  selon  qu'elle  est  masculine  ou 
féminine.  Quand  un  nom  ne  désigne  pas  nécessairement  un  être,  soit  mâle 
soit  femelle;  quand  il  ne  réveille  pas  dans  l'esprit  l'idée  d'un  autre 
nom  soit  masculin  soit  féminin,  c'est  la  forme  seule  qui  doit  déterminer 
l'emploi  du  genre.  Voilà  pourquoi  personne ,  substantif  à  forme  féminine, 
est  toujours  féminin ,  parce  qu'il  ne  réveille  pas  nécessairement  l'idée  d'un 
être  mâle,  et  qu'il  se  dit  indifféremment  de  toute  créature  humaine,  soit 
homme  ou  femme.  Voilà  pourquoi  masque  devrait  aussi  être  féminin  ; 
d'autant  plus  que  l'étymologie  maschera  est  ici  d'accord  avec  la  forme. 

392.  Quand  un  nom,  soit  par  lui-même,  soit  par  la  place  qu'il  oc- 
cupe dans  la  phrase,  laisse  dominer  dans  l'esprit  l'idée  d'un  être  soit 


Snltitinn    dp    (|  ii  ■*!  <|  u  «m   d  if  firui  t  •' t. 


tos 


niJilo  soit  fjMiiollc,  ou  siniph-nM'iit  ridi'O  d'un  autre  nom  soit  njnsculin  soit 
féiiiiiiiii ,  c*«'st  toujours  et'  nom  sous-cutcrulii  (|ui  (lôlfrmiut*  r«*mploi  du 
{i<'nre;  (|urll«'  que  soit  d'îiillcurs  la  forme  du  nom  exprimé,  (''est  pourquoi 
ion  dit  elliptiquement:  un  loulre,  un  nyoynr ,  pour,  un  cluipfnu  de 
/mil  (le  loutre  f  vn  chapeau  de  laine  de  rigoyne. 

'que.  I.f!*  Uiot-s /«'Vit ,  pliimr,  «li-..,  daiiM  l'eiiiplui  iiii(iiii\  iiàijur  qu'on  en 
n«  rt*prt<^«Nl(!nt  PRh  pIiih  un  honimtr  qu'un»  feuiutiv  lU  ne  repréMi*nt«fiit 
KO    quel    ne   n'Htlathe    nucuiin    Idée    ili*   hcxh.     D'où    rinvarUbUilé   àt 


393.  Hrmnr 
fil  il  Juiimcricuiciit , 
qn  un  tHre  morMi , 
leur  gvnre. 

394.  Par  I 

ne  si[,MiiHant  r 
relui  de  l'être 
l'onne  féminine 
propres  ù'iles 
noms  féminins 


es  raisons  exposées  ei-dessus  (n°  391),  les  noms  propre», 
ien  par  eux-mêmes,  ne  peuvent  avoir  d'autre  genre  qne 
!  qu'ils  représentent.  Çaucaxe  sera  masculin ,  malgré  sa 
,  à  cause  du  nom  masculin  mont  sous- entendu.  Les  noms 
et  de  rillex  seront  de  même  tous  féminins,  à  cause  des 
sous-entendus,  ile  et  ville.  (Voir  plus  loin,  page  115.) 


IV 

Adjectifts  pri.s  Hubstaiitiveinent  dans  un  8en.s  elliptique. 

395.  Les  adjectifs  pris  substantivement  sont  masculins  ou  féminins, 
selon  <|u'ils  servent  à  dési^^ner  un  honune  ou  une  femme,  selon  qu'ils  se 
rapportent  à  un  nom  masculin  uu  féminin.  Exemples* 

Stettrrrr 


uu  avare  ,  une  avart- 

un  aveugle,  une  aveugle 

un  barbare,  nue  barbare 

un  bègf/r,  une  b^gne 

uu  bigle,  une  bigle  f<ttr(tiit> 

un  lacorhyuic,  une  en-        fï(d) 

rorhynié 
le  capable  (faire),  in  ctt-      flffcjjirft 

pable 
un  rataleptic,  une  cata-      Starrfûi^tijjf 

leptique 
un  ciitholic,  une  rnthollqne  Jtiitboltf 
If  complice,  la  coniplire      i'iitfctuIUflf 
Ii>  roiipable,  la  roupahic       îrtJlll^ij1e 
un  ilcuioniac,  une  démo-     liBi'i'rftnit 

niaqne 
le  (limcile  (faire),  la  dif-      ^(^unfvtce 

ficile 
un  l'pileptic,  une  épilep-      S»in|U(^tt(jf 

lique 
un  «'.spiègle,  une  e!«pl^gl»■     mufbwilltfl 
un  fanittir,  uuo  fanatique       vScttvârntrr 
uu  iuil)»;!  ilr,  nue  initiécile      5.^!Bfcûiiiiii\c 
un  iiupii-,  une  impie  Wc!lic>fr 

iinimpuber,  une  impubère     UlIn1itI!^t>)c 
un  impudic,  une  inipndi-      nnfrttf^ 

que 
un  incurable,  une  Incu-     uutKtlb..rvt  Jïran» 

lable  ffr 

un  iucréduir,  une  incré-     Un)]lâubi)\r 

du  le 
un  indigne,  une  indigne 


un  inlidel,  une  inlidèle      Un^^ctrruc 
un  inflrme,  nne  intirnte    frànflid? 
un  lu^tenHlble  ,  une  in-     0cfû()UDfc 

nenHible 

un  invalide,  nn«  invalide  nn9frin5v)rnb 
un  Innatic,  une  lunatique  ÛJ2iMiMÏid)ttgc 
un  lymphatic,  une  lym-  l»tnph>i:if(Ç 

pbatiqiie 
un  malade,  nne  malade   Jlraufrr 
nn  maniar,  une  maniaque  iBahiifinniç^rr 
un  mélancolie,  une  mé-   <£(tn>(rmûi^igc 

lancolique 
un  mercenairtf,  nne  mer-  !£ii()rl&f;nrr 

cenalre 
un  mièvre,  une  mièvre     ?ciiflm 
un  mulâtre,  une  mulâtre  J?iuldtte 
un  paralytic,  une  para-   V.'al)mcr 

lytique 
un  parjur»»,  une  parjure  îDlrtncitii^fr 
un  patriotr,  une  patriote  ©at«rl.^Il^»frfUIt^ 
un  perfid«« ,  nne  perlide     îtculiMf 
un  profane,  une  profane  Unj^fwciblf 
un  rebel ,  une  rebèle  (?mp5rtr 

un  sauviif^i',  une  sanvago  2Bilbc 
un  scorbutic,  nne  scor-    3<^arbo(ffrjnfcr 

butiqne 
«on  5cmblablc  ,  sa  <irni-    3tiurl  @I(i4)fn 

blable 
le  Spartiati»,  l.i  Spartiate  Spartanrr 
un  volage ,  nne  volage      flatterbaft 
nn  ventriloc,  nne  ven-    )&ju<^rrtnrr 
triloqne ,  etc. 


uimMubtij 
A  Ynvare  5onvent  le  prodigue  sait  (laire. 
Les  arares  sont  les  fermiers  à  terme  de  leurs  héritiers. 
Les  epHeptiques   perdent    toute  connaissance  eu   un    moment.    Seml>lable   à 
une  statue  le  catalt'ptii/iie  demeure  tes  yeui  ouverts  sans  voir,  sans  sentir,  sans 
entendre,  sans  faire  aucun   mouvement;  mais,  quand  on  le  pousse,  il  se  meut, 
faîT  un  piis  ou  deux,  et  de  nouveau  s'arrête  immobile. 


106  La  grammaire  françaije. 

Les  mélancoliques  sont  bons  ,  mais  irritables  ;  ils   ont  le   sentiment  exquis 
du  bien  et  du  mal. 

Le  savoir  n'est  honteux  que  parmi  les  barbares.  (l.e  Liore.} 
Ah!  qu'elle  me  parivt  divine,  la  simple  smwage,  l'ignorante  Atala,  à  genoux 
devant  un  vieux  pin  tombé  !  (Chateaubriand.) 

Même  aux  yeux  de  l'injuste  un  injuste  est  horrible.    (Boileau.) 
Une  coupable  aimée  est  bientôt  innocente.  (Molière.) 

Les  imhècils  n'ont  pas  besoin  de  tant  de  choses  ; 
Aux  ânes  les  chardons,  aux  rossignols  les  roses!      (Le  Livre.') 
Le  secret  de  bien  des  complots  ,  de  bien  des  révolutions,  se  trouve  révélé 
par  cette  profonde  et  historique  réponse  de  Mallet  au  Président  du   conseil   de 
guerre:  » —  Quels  étaient  vos  complices?  —  Vous-même,  si  j'avais  réussi." 

396.  Plusieurs  adjectifs  ne  s'emploient  substantivement  qu'au  mascu- 
lin. Tels  sont  les  suivants  : 


un  anonyme  C^'iteur)  attoni)m 

un  ascétique  fauteur)  31écctifer 

un  blèche  (homme)  î'i'emme 

un  brave  fhoninif)  §flb 

nn  e!assi(/Me  fauteur)  flaffifi^ 

un  clinic  (médecin)  îlintfçè 

un  comic  (auteur ,  acteur)  ^cmifer 

un  éligil.le  (homme)  SBablfaMge 

un  empiric  (charlatan)  Ç?iii).;tvtfer 

un  ignare  (homme)  unwiffcnb 

nn  illustre  (homme)  beriihmter  aJîann 

un  incapable  (homme)  «nfâbi'il 

nn  lyric  (auteur)  @ffuf)(«btc^ter 


nn  moderne  (auteur)  cm  neucrSc^rift* 

ftcller,  K. 

un  mystic  (auteur)  «ii)fttfc^ 

un  noble  (homme)  9ltelij^e 

un  notable  (homme)  2Inp,ffef)fite 

un  romantic  (poète)  romnnttfrf) 

un  sage  (homme)  SScife 

un  satiric  (auteur)  ©alirtfer 

un  savantissime  (homme)  fcbr  ^flefti^^  (''» 

@(i)cvje) 

un  sceptic  (philosophe)  (âcev<tfcr 

un  scolastic  (écrivain)  ©d)oIafltfcr , 

etc.  ®c^ul9ekl)rfcr. 


Le  sage  admire  rarement  les  hommes,  les  plaint  beaucoup  ,  et  les  juge  peu. 

397.  Plusieurs,  comme  Barharesque ,  faible,  fidèle,  humble, 
superbe ,  ne  s'emploient  guère  substantivement  (jue  dans  un  sens  géné- 
ral, et  sont  par  cela  même  toujours  masculins,  homme  étant  le  mot  sous- 
entendu.  Le  faible  et  le  puissant,  c'est  à  dire,  l'homme  faible  et 
l'homme  puissant. 

Dieu  résiste  aux  superbes  et  donne  sa  grâce  aux  humbles. 

398.  Il  en  est  d'autres  aux  quels  l'usage  seul  interdit  la  féminité.  On 
ne  dit  guère  :  une  riche ,  une  pauvre.  On  dit  :  itne  femme  î'iche , 
une  femme  pauvre.  , 

399.  Cependant  quel  critique  assez  sévère  pourrait  blâmer  le  féminin  dans 

ces  vers: 

Un  jour  que  l'on  voyait  entre  ces  heaux  cils  noirs 

Briller  comme  une  perle  une  larme  limpide, 

Semblable  aux  divins  pleurs  qu'au  sein  du  ciel  sjilendide, 

Témoins  de  nos  douleurs  et  de  nos  désespoirs , 

Les  anges  quelquefois  répandent  sur  nous-mêmes  ; 

Parce  qu'il  n'avait  pas  été  dans  son  pouvoir 

De  réaliser  tout  l'espoir 
Qu'î/ne  pauvre  avait  mis  dans  ses  bontés  suprêmes; 

Son  père  s'écria  ,  d'un  ton 
De  reproche  à  la  fois  et  d'admiration  : 
»  -  Rien  de  ce  qu'elle  aura  ne  sera  son  bien  propre, 
»À  cette  chère  enfant  qui  met  son  amour-propre 

»A  donner,  k  donner  toujours; 
„Comme  si ,  dans  son  âme  au  jour  éclose  à  peine , 
«EUe  croyait  vraiment  que  la  misère  humaine 
„Est  un  fleuve  qu'on  puisse  arrêter  dans  son  cours.  — «  (Le  Livre.) 

400.  V Invisible,  se  dit  absolument,  comme  V Eternel,  le  Tout- 
Puissant ,  le  Très-haut,  pour  désigner  Dieu. 

La  mère  à  ses  petits  fera  bégayer  Dieu , 

En  leur  montrant  du  doigt  VInvisible  en  tout  lieu.  (Lamartine.) 


Sol  II  (II)  Il    ili-   <|  Il  (-1*1  lies   difficultés. 


1(17 


9hnt  6(aubf4(ni 

Ht  «ntifr 

ïit  .9trnfptRnntflfWff>« 


401.  Bref,  ici,  comme  pour  les  noms  ù'ilcx  et  de  riiicit  (voir  plus 
loin  p.  ILO),  c'est  le  nom  sousM-nlendu  qui  décide  le  genre.  En  voici  de 
nouveaux  exemples: 

MH.Hciiliii.  Féminin. 

iiii  KiiHlepticCrt-méUe)  btif  Sfturuiirt<mlltr(  «ne  ncotyléUone  nacfl  Irimrnb 

iiii  aiiniverHair  (Jour)  trr  Q)rburt«ta^  ,  3^1)' 

rc«faf) ,  )C. 
rHrabeHqu«(le  ntyle}  iai  9lrabtf(^f 
un  bnrhe  (chevHl)       *»r  SParbrr 
le  ba.xiuglu.sM^   (niUH- 

cli*  I 
le  t-niiiiqiif  (grnr**)       bic  .ftomif 
It)  loiiipo.Mitf  (ordre)   tif  pftniifdjlf  CrNung 
le  concave  d'un  glohv  bit  3iuubb5l)luilg 

(côté) 
le  conoHe  (xolide)      Ht  <ït>no(br 
le  cuhoidt*  (os)  bif  i^u^nuirtrl 

lett  <:niit-iforii>c»  (os)   bic  .Rtilbfiuf 
II*  deltoïde  (luusrle)    bfr  bfltcifôrmiflf  ?Jriiw 

mu«frl 
im  diur^lic  fremiNde)  bornlrribrtibH  SWitlfl 
lu  doKiiiatic  (.Htvir)     brr  bv.>Auialif(t)c  (Slt^l 
le  dramaiir  (genre)     ba«  îramatifftic 
l'etlimolUe  (os)  bal  igirbbrtit 

le  fuihie  (côté)  bt(  Sdinsïcix 

le  fluld»?  (rorps)  bif  aiûffijjffit 

le  fossil»»  (corps)        baé  ^îof|il 
le  gothic  (.Htyl.-)  bat  0Pt()if4»e 


un  tiexauD-tre  (vers)  bcr  4?f "nitlrr ,  €cc^)«» 

fǤ 
lin  hongre  (cheval)     rin  'JiJalliK^ 
1  liyoide  (os)  bal  c^unurubtiit 

un  lanifèr»*  (animal)  ipclltr.it'.tnbci  X\}\tt 
le  liquid*?  (corps)         bif  ^iiiiTi'rtffit 
le  neutre  (genre)  b>i«  ^)lfUtrum 

un  paraslt*"  (insecte)  S^jiniUP^rr 
les  préliiuinairs  bif  ^iralimiiiarifit 

(articles) 
le  rboinhoidf  (mnncle)  bif  Mbcjnbcibf 
le  i<otide  (corpHj  brr  .Rijrpfr 

un  .spinel/e  bfr  <£t)iitfll,  JRubin» 

xitt)[in^\ 
un  siidoriAc  (remède)  fc^wfi^trribfilbfé  3)îit» 

tfl 
un  synonyme  (mot,    ba«  fiiutvf ripaiiblt SBert 

leriue) 
un  touic  (remède)       ba<  S))dniimitttl 
le  trngic  (genre)  ha»  Xta^i\(i)t 

le  trapézohie  (o.s,        îro^fjolb 

ligament) 
le  liiiiiiimxei muscle) quf r 
un  uniform  (hubit)     bit  Uitiforin 
les  £ygomatic8(maa-  bic  Docçbfinr 

de») 


«ne  Kcotyltsdone 

(plante) 
une  aganie  (plante) 
une  antique  (chose) 
l'araclinolde   (  mem- 
brane) 

une  baccifère  (plante)  brrrrntragrnb 
une  brève  (voyelle)    bir  (nr^r  'Zplbt 
une  canine  (drnt)       brr  ^unb««  obrr  tin 

flfiU'ibn 
une  capsulaire  (apfrIfSrmig 

(plante) 
une  circulaire  (lettre)  ba<  llmiauffrfvrcibcn 
une  conifère  (plante)  ^.U'ffittrj^rub 
une  rorymbifére  bribrtitraubrniragritb 

(plante) 
une  courbe  (ligne)      bit  friimmr  Unit 
laclinique  (médecine)  bir  flii:il'(i)f  OJItbicin 
bif  «rtuiifilblutabrr 
fn;)!teftaini[d> 


mit  ji;r{fa(^rii®tâ(tcrn 
bit  rrc^tr  Stite 


la  crurale  (artère) 
une  cryptogame 

(plante) 
une  dicotylèdone 

(plante) 
la  droite  (main) 

une  équivo<|ue(rhose)  bit  3>vtibtutii4frit 
la  gauche  (main)         bit  litifr  iStitt 
la  gothique  (écriture)  bic  gothifc^c  Sàftift 
une  gymiiosperme        mit  nacftrn  Sdintu 

(plante) 
une  horoplère  (ligne)  bal  Srbri|ir( 
l'hydraulique  (science)  bit  9Bafftrititun)]<fuilfi 
une  incisive  (dent)     brr  ®(bnribr)abn 
une  infundibuliformc   trtc^trrfôrmt^ 

(plante) 
une  lanifère  (plante)  tvnlltraAtnb 
une  longue  (voyelle)  bit  lan(\f  (£ulbf 
une  molaire  (dent)      brr  ^iUîabliJbu 
une  parallèle  (ligne)  bit  '^iaralirlliuit 
une  parasite  (plante)  S(t)marc(rr 
une  pulmonaire  bal  ^un()tumool 

(plante) 
la  pénultième  (.syl-     bic  ^tunltitmc 

labe  ,  lettre) 
la  pituitaire  (mem-     btc  Sd^ltimbritfc 

brane) 
une  phanérogame         pf)<inrroAantif(i} 

(plante) 
une  polygaine( plante)  )>cli)gamif(^ 
le  rénale  (artère)         ^Itrrtu» 
la  acolastique  (théo-  bit  fcboUfHft^t  Z^t«> 
Icflif. 


logie),  etc 

Le  salep,  les  gelées  sont  des  analeptics.  -  La  fête  des  nsyjriM  (pains),  ba« 
ifaubcr^iittenfcfl.  —  Le  composite  participe  du  corinthien  et  de  Vionic.  Il  y  a  des 
fosxils  dont  on  ne  l'otrouvc  point  les  analogt  parmi  les  espèces  vivantes.  —  Les 
liquides  ont  plus  d'action  sur  les  autres  corps  que  les  solides. 

Le  rire  sur  les  mots  est  plus  facil  et  moins  gai  que  le  rire  sur  les  choses: 
coiiii-ci  constitue  le  vrai  comic. 

402.  Dans  la  catégorie  des  adjectifs  employés  substantivement  par 
ellipse,  rentrent  encoi'e  les  noms  d'idiomes.  Le  tudesque  (baxS  Wcnnani» 
i"rf)c),  l  arabe  (baci  "iJUMbiùtc),  fr  sj/n'ac  (ba<^  S/priidu') ,  c'est  à  dire, 
r idiome  ,  le  parler  htdexgue  ^  arabe  ^  syriac ,  etc. 

403.  Les  noms  scientifiques  d'animaux,  ces  noms  siguilicjiiil?  formés 
du  grec  et  du  latin ,  par  les  quels  on  représente  les  caractères  commuas 


108  La   grammaire  française. 

des  différents  groupes ,  sont  de  véritables  adjectifs ,  employés  substantive- 
ment au  masculin,  le  mot  sous-entendu  étant  toujours  animal,  oiseau, 
poisson,  reptil ,  insecte,  7noUusqne ,  etc.  Exemples: 

Un  quadrupède,  un  mammifèrç ,  un  animal  quadrupède  _,  mammifère;  tin 
coniroslre  ,  un  dentirostre  ,  un  lametlirostre ,  un  diurne,  un  nocturne,  un  rapace) 
etc.,  un  oiseau  conirostrc,  dentirostre ,  etc.  Un  monodelphe ,  un  mammifère  mo- 
nodeiplie.  Un  sele'roderme,  un  poisson  scléroderme.  Un  coléoptère,  un  nécroptèrç, 
un  insecte  coléoptère^  etc.  (Voir  la  Méthode  du  Genre,  page.  305.) 

404.  Remarques  philologiques.  1*  L'Académie  admet ,  en  voici  bien  d'un  autre  ou 
bien  d'une  autre;  mais,  comme  c'est  presque  toujours  les  substantifs  affaire,  histoiie , 
chose,  qui  sont  dans  la  pensée,  lorsqu'on  emploie  cette  locution,  le  féminin  une  autre 
est  de  rigueur. 

2"  Plusieurs  de  ces  noms,  tels  que  conoïde ,  deltoïde,  faible,  rhoviboïde,  inaiSiive, 
molaire,  etc. ,  changeront  de  genre  avec  le  nom  sous-enteadu. 

V. 
Adjectifs  pris  siibstantivemeiit  dans  un  sens  abstrait. 

405.  Les  adjectifs  pris  substantivement  dans  un  sens  abstrait  ne 
s'emploient  jamais  qu'au  masculin,  à  quelque  terminaison  qu'ils  appar- 
tiennent. Le  vrai,  l'utile,  l'agréable ,  etc.  C'est  le  neutre  des  latins, 
verimi ,  utile,  gratum ,  etc.  Nous  le  confondons  en  français  avec  le 
masculin,  mais  il  n'en  conserve  pas  moins  sa  signification  et  sa  valeur 
propres  dans  le  cas  dont  il  s'agit  ici ,  de  même  que  dans  les  pronoms 
ce,  cela,  ceci,  quoi,  en,  y,  etc.,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

»     L'ntile ,  c'est  à  dire,  ce  qui  est  utile ,  quod  utile  est.  L'agréa-^ 
ble,  c'est  à  dire,  ce  qui  est  agréable,  quod  gratum  est  ^). 

406.  Parmi  les  adjectifs  terminés  au  masculin  par  un  e  muet,  il  n'y  a 
guère  que  les  suivants  qui  s'emploient  substantivement  dans  un  sens  abstrait: 


français        latin  allemand 

l'absurde  ,  absurdum  ,  ba«  Uitgereimte 
l'agréable,  gratum,  ï>a€  Slnç^ciiel^me 
l'aigre,  acre,  HS  ©aueve 
le  bizarre  »),  bdê  êeUfame 
le  burlesque  ') ,  baS  ^offievlidje 
le  comique,  comicum,  baS  ,$ïpnnfd)c 
le  Kommode ,  commodum  ,  baê  ©eciurme 
le  confortable  *J , 
le  dramatique,  drama<«CMm,  ba«  î)ramatifc^e 


français  latin  allemand 

r extraordinaire,  extraordinarium ,  ba9  2îu= 
Berorbentlidjc 
le  fantastique,  phantasticum ,  bas  5lJ()anta= 

le  frivole,  frivolum,  baê  ©evtiijifugtgc 

le  gigantesque,  giganteum  ,  iai  vik^tmn^^Uii 

le  gotliiqMC,  gothicum,  baé  @oll)ifc!)C 

le  grandiose,  grandiferum ,  baé  gr^abeitc 

le  grave  ,  grave  ,  boô  (Snifte 

le  grotesque  *3  ,  baê  ©rotc^fe 

'3  D'après  cette  explication  si  simple ,  quoi  de  plus  naturel  que  de   traduire  rallemand 
bte  SBoge  par  la  vague;  et  le  latin  vacuum ,  vagum,  par  le  vag\ie'( 

Écoutez  les  cuieuses  distinctions  que  la  Grammaire  Nationale  établit  entre  la 
ra^fue  et  le  vague.  „Si  vague  désigne  ces  masses  d'eau  qui  s'élèvent  et  retombent 
>,sons  l'impression  des  vents,  dit-elle,  le  genre  féminin  est  naturel,  la  terminaison 
^l'exigeait.  Mais  si  vague  désigne  ces  espaces  immenses  de  l'air,  dans  les  quels  le 
«regard  effrayé  se  plonge  sans  trouver  nulle  part  aucune  limite;  s'il  exprime  cet 
«infini  idéal,  dans  le  quel  notre  imagination  débarrassée  de  toute  loi,  de  toute  règle, 
„erre  à  Taventure ,  comme  dans  un  horizon  dont  les  bornes,  s'éloignant  toujours, 
„vont  se  perdre  au  sein  de  l'immensité  ;  alors  la  masculinité  nous  paraît  d'une 
„grande  beauté.  L'analyse  prend  la  place  de  ce  vague  infini  où  l'imagination 
^^aime   à  se   perdre.  (Chateaubriand.) 

y,La  mélancolie  s'engendre  du  vague  des  passions,  lorsque  ces  passions  sans 
■s,objet  se  consument  d'elles-mêmes  dans  un  coeur  sn'itaire.^^  Od.) 

„La  féminité  de  ce  mot  est  le  résultat  immédiat  de  sa  forme;  sa  masculinité 
»est  l'effet  relatif  de  sa  signification  accidentelle." 

Qu'on  vienne  dire  après  cela  qu'il  n'y  a  que  les  poètes  qui  rêvent. 

2)  De  l'espagnol  bizarro  ,  bigarré. 

'_)  De  l'italien  burlesco ,  de  burla  ,  moquerie. 

*J  Mot  emprunté  de  l'anglais.  Il  est  pour  le  commode  et  le  confortable. 

*)  La  racine  de  ce  mot  est  grotte ,  en  ce  qu'il  se  dit  des  figure.-i  outrées  ou  contrefaites , 
imitées  des  peintures  antiques  trouvées  dans  des  grottes. 


Solution  de  quelques  difficultés. 


K» 


françnlM       latin        utitmund 
rin'Tulqi/c  ,  heioirinn  ,  iAi  ,^<iei\(bt 
riioniiôti* ,  honrutuin  ,  bot  '/ltif).iiiMar 
riiorrihitf,  hitrrihiU ,  ba<  *2lbf(t)ruli(9r 
riinmhle,  humiilum  ,  b.K  SrilctK 
riKiKihl)! ,  iijUDliilf  ,  hti<  U:icb> 
riiiipoHsihIe.  tmi'Difslhile  ,  i<[t  UttmÔQlJcbf 
l'iiirruyabU- ,  hurmiiliile  ,  bo<>  llii|ildiibli(t>r 
i'Inciilto,  itiiiiltiim  ,  ba<  Uii|]fbaii(r 
l'inJaHtf,  inhintiim,  ia«  Ui^rrrc^lr 
le  Juste,  Jimliim  ,  ta*  ({Ùtttà>tt 
If  iniii-lic,  iiiiibiijiiuui ,  bir  :{u<(ibriuiaFrtC 
lu  lu-cessuire,  Nfitusaitum,  ^o« 'Jlothwnibiflt 
le  noble ,  nobiU ,  ^M  Çblr 
l'ordlnHire  '),  nrdinarium ,  bit  fôru«pbill)rtt 
l<>  pire,  i>fjiit  (hM.  iiejftre),  tuf  Sitliminflf 
le  poéliqfr  ,  fiitttuiim  ,  'HM  iiortifi^f 
le  poHMible  ,  }'o*»ibUe  ,  \M  '^li^Ui^ft 


françttli       tatin  allrmund 

11»  profanr,  profaiium  ,  bal  llnhril(|)r  ^ 
le  provIiKolr*  ,  pruriioiiuut     m^    Uorljufiflf 
le  ridirale,  ridiculum,  ;  Ir 

le  ruiiiHiicitgiie  >),  b<if  :tk 
le  HMtiVMge  ,  «m'  '  .  ^<l•?  Ul-Uif 

le  Mvêre,  «r/  ■  l*rnftf 

le  fttniple,  $nn,  a     ...    (}infa(^ 
le  Hollde ,  lolidiim  ,  rai  Q4>l( 
le  HRblime,  êubllnie,  bal  (9rb4hntr 
le  tendre,  trneruiu  ,  bit    '     ■■>-■ 
le  terrible,  tirribUr ,  M  '  c 

le  IrMgIqiie,  tragiviim  ,  '< 

l'otile,  M/i/r,  b.il  'Jiû^llttx 
le  VNKMff,  mtcimMi ,  vuniim,  bal  Untrtliminlr 
le  vide ,  ridiium  ,  bal  (<ttlr 
le  vrniMitembiHhIe  ,  reriêimile  ,    ha 


l.'liornnie  cherche  le  bien,  ne  tronve  que  le  mHl; 

On'll  n'y  tienne,  cminle  du  pirr.  (Lr  Lirre.) 
l/boniiue  ne  peut  JaniHis  vouloir  qne  le  pogtible , 
Kt  rien  de  ce  qu'il  veut  ne  peut  être  Inipo.H.xible.  (ibid.) 

Le  troi/it/iu-  coiilient  la  terreur  et  la  pitié.  Partout  où  k  trayiqiie  ne  donrine 
pas  ,  il  n'y  :<  point  de  tr:)|i^é(lie. 

An  lien  de  nons  en  tenir  an  positif,  au  réel  du  présent,  nous  courons  après 
le  vague  de  l'avenir. 

Seul  le  trMVRil  remplit  le  vide  de  U  vie.  (Le  Licre.) 
Le  vrai  dans  cj  récit  pa.sse  le  frainsembluble.  (ibid.) 

La  vanité  si  doucereuse   pour  plaire,  tourne  promptement  à    Vaiyre ,  lors- 
qu'elle n'y  réussit  pas. 

Certains  esprits  n'aiment  que  Veytraordinuire  et  le  i/iffaHtesque. 
r'oiubien    do    jçens   nianqucnt    du    nécessaire ,  lorsque    tant  d'autres  ont  dn 
superflu  ! 

Qne  je  serais  heureux,  si  j'avais  seulement  le  nécestaire! 
Tous  les  hommes,  môme  enfants,  ont  le  sentiment  inné  du  juste  et  de  Vin- 
juste;  ce  n'est  pas  la  matière,  c'est  Dieu  qui  le  leur  donne. 

Heureux  qui,  dans  nen  vers,  sait  d'une  voix  légère, 

Pus.ser  du  y  rare  au  doux,  du  plditunl  au  sévère.  (Boileau.) 

l'ont  plait  mis  à  sa  place.  Aussi  gardez-vous  bien 

D'imiter  le  faux  goiU  qui  mèli*  en  son  ouvrage 

l.'Ilirulte ,  Vèlèijuut ,  le  peigné,  le  suiiruyf.  (Delitle.) 

Oui,  cette  erreur,  amis,  est  tellement  palpable, 

Vii'on  ne  concevrait  pas  comment  elle  «  ré,<n*, 

81  l'on  ne  savait  pas  combien  l'honime  est  borné; 

Si  l'on  ne  savait  pas  son  penchant  ell'réné 
Pour  l'absurde  et  pour  Viucroyubte  ; 

Pour  tout  ce  qui  se  voit  de  plus  extravagant , 

l>e  plus  incohérent,  de  plus  inconséquent.  (Le  Lirre.) 

407.  HeiHfirques.   1"  Parmi  ces  ndjeclifs,  il   en  est  plusieurs  dont 
remploi  en  ce  sens  n'est  pas  indiqué  dans  les  dictionnaires;  mais  qu'est- 


')  Ordinaire  ,  dans  les  exemples  suivants,  a  nn  sens  ciliplic  et  non  pas  abstrait.  Si 
l'Diis  iHnilez  mtinyer  rhez  tunl .  roiis  aurez  mon  ordinaire .  mon  repas  ordinaire 
(.^aulfofl).  Son  ordinaire  eut  la  pièce  de  boeuf.  Un  minre  ordinaire.  Se  contenter 
de  l'ordinaire.  Renforcer  l'ordinaire.  Retrancher  de  son  ordinaire.  Diminuer  ton 
ordinaire.  Ordinaire  boargeoi*.  —  FUire  venir  un  ordinaire  de  chez  le  traiteur. 
—  Il  a  eu  son  ordinaire  ,  sa  mesure  de  vin  ordinaire  (îit'ctXranf).  L'ordmaire  de* 
tjuerres  (bir  Jtri^^JC.u'K)  se  di.sait  autrefois  d'un  certain  fonds  établi  pour  p»yer  U 
maison  du  roi ,  les  commissaires  de  guerre  et  le.s  compagnies  de  gendarmerie.  Cela 
est  assigné  sur  l'ordinaire  des  guerre*.  Trésorier ,  cai**e  de  l'ordinaire.  —  L'or- 
dinaire de  la  messe  (bai  iUîfHjUbft).  —  //  *'est  pourvu  par  devant  l'ordinaire ,  par 
devant  l'évèque  (Ort'iiiiuiul,  ilMfdjof).  —  Je  mu*  écrirai  par  le  premier  ordinaire, 
par  le  premier  courrier  (^tc  (UUiôbitliÀr  '^iofl).  Je  votu  écrirai  au  premier  ordinaire  , 
au  premier  départ  du  courrier  C^ofita)^). 

'J  La  racine  de  ce  root  est  roman.  Nos  premiers  roman*  forent  écrits  «n  laagae  ro- 
mune;  de  Ik  leur  nom. 


110  La   grammaire  française. 

ce  que  cela  prouve,  sinon  l'insuffisance  des  dictionnaires?  Tels  sont: 
commode  ^  confortable  ;,  héroïque  ^  horrible ^  ignoble^  inculte  y  sau- 
vage,  terrible  y  vraissemblable  *). 

2"  Si  l'on  dit  le  vraissemblable ,  pourquoi  ne  dirait-on  pas  Vin- 
vraissemblable?  On  doit  pouvoir  dire  aussi:  les  bornes  du  visible ^ 
le  difforme  blesse  les  yeux ,  etc.  Mais  point  de  témérité.  Il  est  cer- 
tains emplois  des  mots  dont  le  véritable  écrivain  peut  seul  discerner  la 
convenance. 

VI 

Noms    de    couleurs.    CVoir  page  15,  n»  61.) 

408.  Les  noms  spécifiques  de  couleurs  ne  sont  que  des  adjectifs 
employés  substantivement  dans  un  sens  abstrait.  On  dit:  le  blanc,  le 
noir ,  le  bleu  y  le  vert,  le  rouge ,  le  jaune ,  le  pourpre ,  etc. ,  comme 
on  dit  le  beau,  le  grand,  le  bon,  le  juste ,  pour  la  beauté,  la 
grandeur,  etc.  Couleur  de  feu,  couleur  de  rose,  couleur  d'or , 
couleur  de  chair ,  couleur  d' amarante ,  couleur  amarante ,  etc. , 
forment  aussi  une  sorte  d'adjectifs  composés;  et  c'est  pour  quoi  l'on  dit, 
au  masculin,  dans  un  sens  abstrait,  quoique  le  substantif  coî^^ewr  soit, 
hélas!  féminin:  un  beau  couleur  de  feu ,  un' beau  couleur  de  rose, 
de  cerise ,  et  elliptiquemenî ,  un  beau  rose,  un  beau  cerise,  etc.  Le 
couleur  de  rose ,  le  couleur  de  chair ,  et  le  couleur  d'eau,  sont 
du  nombre  des  couleurs  que  les  peintres  appëlent  légères ,  pour 
les  distinguer  de  celles  qu'ils  nomment  pesantes ,  terrestres. 

409.  Mais  alors  n'est-ce  pas  nne  faute  de  donner  couleur  pour  féminin  dans 
ces  mêmes  locutions,  comme  le  fait  l'Académie:  »coulonr  de  feu,  d'amarante  ; 
couleur  de  rose  ;  couleur  de  rose  sèche ,  de  chair,  de  citron ,  de  gris  de  lin  ;  cou- 
leur de  musc;  couleur  d'olive ,  de  feuille  morte ,  de  ramoneur ,  de  ventre  de  biche, 
etc.  ;  couleur  aurore  ;  couleur  amarante  ;  couleur  vert  potnme  ,  gris  de  Un,  etc.  ?  " 
Si  couleur  est  féminin  dans  ces  exemples,  il  s'ensuit  nécessairement  qu'on  peut 
dire:  une  couleur  de  feu,  la  couleur  de  feu,  etc.  Alors,  comment  distinguer  les, 
cas  oii  il  faudrait  dire:  un  couleur  de  feu,  le  couleur  de  feu?  Je  vois  une  diffé- 
rence sensible  entre  la  couleur  du  feu  ,  de  la  rose ,  etc. ,  et  la  couleur  de  feu,  de 
rose;  mais  je  n'en  vois  point  entre  la  couleur  de  feu ,  de  rose ,  et  le  couleur  de 
feu,  de  rose.  L'exception  introduite  parles  grammairiens,  consacrée  par  l'Acadé- 
mie ^  n'aurait  donc  aucun  fondement,  puisqu'on  pourrait  tout  aussi  bien  dire, 
une  belle  couleur  de  feu,  qu'wn  beau  couleur  de  feu;  ou  du  moins  justifierait 
complètement  l'opinion  de  ceux  qui  prétendent  que  couleur  ne  s'emploie  au  mascu- 
lin que  par  ellipse  du  mot  ruban;  comme  dans  cet  exemple:  voulez-vous  du  cou- 
leur de  feu,  c'est  à  dire,  du  ruban  couleur  de  feu?  Il  faut  voir  tout  ce  que  les 
grammairiens  ont  barbouillé  sur  cette  matière  dans  plus  de  cent  volumes  !  Que  le 
mot  couleur  soit  ramené  à  son  genre  primitif,  comme  l'exigent  impérieusement 
l'étymologie  et  l'analogie ,  et  toutes  les  difficultés  qu'il  engendre  auront  disparu  ? 
N'est-il  pas  étrange  que  couleur  soit  seul  féminin,  quand  les  noms  qui  désignent 
les  diverses  espèces  de  couleurs  sont  tous  masculins,  comme  on  le  voit  par  ce 
tableau  : 


le  violet  baô  ffieilc^cttblaii 

l'indigo  ber  Siibit^o 

le  bleu  ba«  Slau 


Un  bleu  céleste.  Un  bleu  de  ciel.  Un 
bleu  pâle.  Un  bleu  clair.  Un  bleu  de  roi.  Un 
bleu  mourant.    Un  bleu   turquin.    Un  bleu 


'J  Au  lieu  de  présentir ,  on  écrit  pressentir ,  en  introduisant  une  s  euphonique  entre 
pré  et  sentir.  Pourquoi  n'en  pourrait-on  pas  faire  de  même  avec  vraissemblable , 
pour  qu'on  ne  soit  pas  induit  à  prononcer  vraizemblahle  ?  Quand  on  saura  que 
nos  pères  ont  souvent  écrit  vrais,  pour  l'euphonie,  on  trouvera  cette  innovation 
bien  simple. 


Solution    de   quelques    difficultéfl. 


111 


k(il  Oriln  I    b«rtM*B.  —  Un  vert    brun.  Un  vert  fonflé. 

ba<  &t\h  I    Un  vert  «IrMgon.  Un  vert  de  mer.    Un  vert 

b<i*  Crangfii(}flb  |    dVnu.    Un    vert   pré.  Un  vert   gai.  Un   vert 

ba<  dioti)  lendr«>.  Vn    vrrt    nMlHflant.    Un    vert  d'éme- 

iat  aÛfiJ  raudf.  l'ii  ver!  poiume.  Un  vert  céladon.  — 

tat  ^loilb  Un  Jaune    pi\l>*.  l'n  Janne  doré.   Un   jMine 

bal  l)rauiic  coiilenr   d'aurore.    Un   Jaune   citron.  —    Un 

bat  .Rirfctrnrolb  ronge  vif.  Un  rouge  ériatant.  Un  rouge  bran. 

bic  itt^arlactfarbr  Un  rouge  foncé.    Un  rouge  pâle.    Un  ronge 

bal  'Cunrriflrib  déteint.  Un    rouge  noirâtre.  Vn   rouge  era- 

bal  S(t)iUtrfarl<ij  niolai.  Un  ronge  ponrean.  Vn   rouge  eertoe. 

bal  &raut  Un  ronge  de  corail.  Vn  rouge  Incarnat.  Un 

bir  OfobcUrufarbf  rouge  vermeil.  Un  rouge  de  carmin.  —  Un 

bic  l'ril<f>ub(  blanc  mat.    Un    blanc  de   perle.    Vn  blanc 

bie  i^lrifdjfdrbf  «aie.  —  Un  beau  blond.  Un  blond  rendre.  Un 

bir  ^JlaftUJlfjrbf  blond   doré.  Un  blond   de  llla)i!«e.  Un  blond 

bat  «(^tvar)  ardent.  —    Vn  grlH    blanc.   Un   gria  cendré. 

bit  "^Jurvut^rbc  Un  gri.H  pommelé.  Un  gri.H  brun.  Un  grl»  de 

baJ  ^oi'riirotl)  more.  Un  gri^i  de  minime,  l'n  gri»  aale.  Un 

t\\i  i^utttrotb  gri.H   de  HourÏH.    Un    gri.i   mêlé.    Vn   gria  de 

^ic  .^rrinrlinfarbr  perle.  Un  gri.t  de  Un.  Un  gri.H  de  fer.  UngrU 

bal  ;{innobrrrotb.  moucheté.     -    Un    noir   ronce.    Un    noir  de 
Jai!«.  Un  noird'ébéne.  —  Un  roux  ardent,  etc. 

KTfmples.  Il  n'y  <«  <|iiPtroi.s  couleurs  principales  :  le  roiiye,  \f^  jaune,  f\.  le  hleu, 
—  Les  couleurs  .secoinhiiiTS  .sont  formées  du  mélange  de  deux  couleurs  |)riiuilive.s 
ou  principales.  Tels  sont  le  pourpre,  \'oranye',\e  rioletyClv.  —  Le  vert  se  compose 
iic  jaune  et  de  hleu;  le  violet  tie  rout/e  et  de  hleu.  —  Le  htnnv  reprt'sente  la  lu- 
mière ;  le  noir  lalisence  de  la  lumière.  —  Le  Mauc  est  remblèmc  de  la  bonoe 
foi,  de  la  candeur,  de  la  pureté,  de  l'innocence.  —  Le  rouj/e  représente  la  pu- 
deur, l'amour.  —  Ia^  jaune  était,  chez  les  anciens,  l'cmblèuie  de  la  ((loire;  il  est 
celui  de  rinlidélité  chez  los  modernes.  —  Le  Oleu  signilie  pureté  de  sentiments, 
élévation  d'àmc,  saffesse,  piété;  le  rose,  jeunesse,  amour,  tendres.se.  —  Le  rerf 
est  le  symbole  de  I  espérance  ;  le  noir  celui  de  la  douleur. 


le  vert 

ha  jaune 

l'orange 

le  rouge 

le  blitnc 

le  hlund 

le  brun 

le  ceri.te 

l'écarlute  ') 

le  feuille-morte 

le  gorge-de-pigeon 

le  grla 

l'Uabelle 

rincarnadin 

rincarnat 

le  nacarat 

le  noir 

le  pourpre  *) 

le  ro.<te 

le  roux 

le  Noupe-de-lait 

le  vermillon 


Chaleurs  du  Blaaon. 


le  .sable  ou  le  noir 
le  Hinople  on  le  vert 


bir  f^maru  Sarbe 
bic  arfinc  oarbc. 


l'azur  bic  biauc  %atht 

11-  gueules  on  le  muge    bic  rotbc  Sarbe 
le  pourpre  bic  '4}urvurfarbe 

Kxemplri.  Champ  d'azttr.  Il  parti  d'azur  à  la  bande  d'urgent.  —  Ses  armes  tont 
un  lion  d'or  en  ehuinp  de  gueules.  —  //  porte  de  pourpre  à  orle  d'or,  huit  tour»  en  orle. 
—  Sei  armes  sont  un  lion  èchiquetê  d'argent  et  d'azur  en  champ  de  sable,  —  //  porte 
lie  sinople  à  trois  besanis  d'or. 

Dans  la  gravure,  Vazur  se  marque  par  une  suite  de  lignes  parallèles  et 
horizontales;  ou,  en  termes  tcchni(|iies ,  la  hachure  en  fasce,  qui  traverse  Técu  , 
signilic  Vazur.  —  Kn  Angleterre,  l'azur  des  armes  royales  se  nomme  jupiter, 
celui  des  pairs  saphir,  —  L'azur  est  le  symbole  de  la  douceur,  de  la  beauté,  de 
la  noblesse. 

Dans  la  gravure  ,  le  gueules  se  marque  par  une  suite  de  ligues  parallèles  et 
verticales;  ou,  en  termes  techniques,  la  hachure  en  pal,  ou  de  haut  en  bas, 
marque  le  gueules.  —  Kn  .Vngleterre ,  le  gueules  des  armes  royales  se  nomme 
mars,  celui  des  pairs  ruhis.  —  Le  gueules  exprime  le  courage,  la  hardiesse, 
l'intrépidité. 

Kn   gravure,  le  pourpre  se   marque  par  des  traits  diagonaux  qui  vont  de 
l'angle  du  chef  de  l'éi'u  à  l'angle  droit  de  la  base.    —  Chez  les  .Vnglais ,  le  pour 
pre  des  armes  royales  s'appèle  mercure ,  celui  des  pairs  ame'thgste.  —  Le  pour- 
pre signitie  la  dignité,  la  puis.sanee,  la  souveraineté. 

Dans  la  gravure,  le  sable  se  mar(|ue  oas  des  traits  croisés;  ou,  en  termes 
techniques,  la  hachure  en  pal,  contre-hacliéc   en   fasce,  signitie  le  sable.  —  Le 


')  On  ne  comprend  pa.4  pourquoi  l'Académie  donne  icarlate  ponr  féminin,  dans  le  sens 

dont  il  s'aKit  ici. 
')  l'ourpre  devient    féminin,    lorsqu'il    «liKailie    cette    teinture    précieuM   qui    .«e  tirait 

iintri-fuis  d'un   certain  co(|nillnge  te.stacé ,  nommé  fmurpre  ,  dont  elle  a  pri.i  le  nom. 

Im   pourpre  de  Tyr  èt>il  lu   plus  estimée.    De    la    laine  teinte   en    pourpre.  Par 

extenniou,  il  su  dit  de  l'élolTo  même  teinte  en  pourpre. 


110 


La  grammaire  française. 


sable  àes  armoiries  i'oyales,  en  i\nglctorre,  se  nomme  saturne,  et  celui  des  pairs, 
diamant.  —  Le  sable  est  l'emblème  de  la  science,  de  la  modestie  ,  de  l'affliction. 

Le  sinople ,  en  gravure,  se  marque  par  des  traits  qui  vont  de  l'angle  droit 
du  chef  de  l'écu  à  l'angle  gauche  de  la  base.  —  Le  sinople  est  le  symbole  de 
l'amour,  de  la  jeunesse,  de  la  beauté,  de  l'abondance,  de  l'espérance,  de  la 
jouissance ,  de  la  liberté. 

h' orange ,  usité  encore  dans  l'héraldique  anglaise,  se  dessine  par  des  lignes 
diagonales  allant  du  chef  de  senestre  à  là  base  de  droite  et  traversés  par  des 
lignes  horizontales.  —  L'orani/e  est  l'emblème  de  la  splendeur  et  de  la  gloire  *). 

Le  nom  des  covlettrs  se  donne  aussi  par  extension  aux  substances  minérales 
ou  végétales  qui  les  fournissent  —  Exemples  :  Du  bleu  de  montagne  (SSergblau  , 
iK'u^jfcrfajur) ,  carbonate  de  cuivre  naturel;  du  bleu  rf'oM^remer  (Vl(tramann6(au) , 
poudre  bleue  qu'on  retire  de  la  pierre  appelée  lapis  lazuli;  du  bleu  de  Prusse 
(ïBcrlincrbtau),  sel  formé  d'acide  prussique  et  de  peroxyde  de  fer;  —  du  jaune 
de  Naples  ;  du  jaune  de  montagne;  —  du  rouge  d'Angleterre  ;  du  rouge  d'Andri- 
nople ,  de  Portugal,  etc. 

410.  Mais  les  noms  des  substances  mêmes  qui  fournissent  telle  ou  telle  cou- 
leur sont  masculins  ou  féminins,  selon  leur  forme.  Exemples: 

Féminin. 


Masculin, 
l'azur  ou  smalt  ou    \^a^  Sajurbfau 

bleu  d'émail 
le  cobalt  ber  5î'o6a(t 

le  vert-de-gris  ou    ber  ©rûnf|)an 

verdet 
le  minium 
le  carmin 
le  stil  de  grain 
l'orpin ,  l'orpiment 
le  réalgar 


ber  SDîcnnii) 
ber  Carmin 
\>ci%  @c{)iittge(6 
baâ  5{iiri^)igment 


le  massicot  ba§  SSlefgctb 

la  cendre  bleue        baê  ^ii))ferb(au 
la  laque  ber  Satf 

l'ocre  ber  SDrfcr 

la  céruse  ia^  SStetiDetp 

la  craie ,  etc.  bte  .Kretbe. 

Remarque.  On  dit  au  masculin  ,  le 
cinabre;  mais  pourquoi  ne.  dirait-on 
pas,  la  cinabre?  Ocre  était  aussi  mas- 
culin: N'est-il  pas  devenu  féminin? 


VII 


Verbes  employés  substantivement  à  l'infinitif. 

411.  C'est  î)ussi  dans  un  sens  neutre  et  abstrait  que  certains  verbes 
s'emploient  substanlivenient  à  l'infinitif.  En  allemand,  tous  les  verbes  peu- 
vent, à  ce  qu'il  me  semble,  s'employer  ainsi  substantivement.  Vous  croyez 
sans  doute  qu'il  en  est  de  même  en  français ,  mes  nobles  hôtes ,  puisque 
vous  dites  V élever  du  bétail  *) ,  le  dessiner,  le  patronner ,  le  lire, 
l'écrire,  etc.  C'est  une  erreur  dont  je  veux  vous  tirer.  En  français,  il 
n'y  a  guère  que  les  verbes  suivants  qui  s'emploient  comme  substantifs 
neutres,  je  veux  dire,  comme  substantifs  masculins,  puisque,  selon  les 
grammairiens ,  il  n'y  a  pas  de  neutre  en  français. 


laller 

baê  ©et)cu 

le  dégainer 

"tciè  bom  Scberjic^ctt 

l'avoir 

bic  ^aBê 

le  déjeuner 

baê  %xnl)\iM 

le  baiser 

ber  ku^ 

le  devoir 

bte  «Pfït^t,  (Srf)u(btg^ 

le  boire 

\)i^è  3;rinfen 

îi'xt,  5(ufga6c 

le  coucher 

"baè  @ct){afcnç5ef)en ,  ber 

le  dîner 

baê  ©h'ttagêeiyen,  ^MU 

9îtebergang 

tagênial)( 

le  découpler 

baê  Soêfo^^ctii 

le  dire 

bte  5(uêfngc 

')  M.  Victor  Hugo  se  plaint,  dans  la  préface  de  Ruy  Blas  et  dans  nne  note  sur  Angelo 
de  s'être  vu  forcé  de  dire,  par  égard  ponr  nn  public  trop  peu  lettré,  la  croix  rouge  , 
au  lieu  de,  la  croix  de  gueules.  «Espérons,  ajoute-t-il ,  qu'un  jour  un  seigneur 
vénitien  pourra  dire  tout,  bonnement ,  sans  péril ,  son  blason  sur  le  théâtre.  C'est 
un  progrès  qui  viendra.  A  Theure  qu'il  est  sinople  ne  serait  pas  compris,  gueules 
ferait  rire." 

Notre  grammaire,  à  coup  sûr,  porte  avec  elle  le  progrès  désiré  par  M.  Vict.  Hugo. 

*3  On  dit  l'élève  du  bétail. 


le  bien-dirr 

|p  doigter 

le 

dormir 

IP 

faire 

le 

coûter 
ever 

le 

le 

nianjçer 

le 

marcher 

le 

mourir 

le 

parler 

le 

penser 

le 

pouvoir 

Solution   (le   «|iielqu«s   difficultés.  1 13 

bif  SSoblreben^tît  le  revoir  bal  CSirberfe^rn 

btr  i(ini)(r)'a$,  bit  ^p'      le  rire  bai  iiatiftn 

pdcatur  le  savoir  btc  (9<((t)rfamfeit 

bai  Sd^lafcn  .   le  savoir-faire  bie  (Sefc^idfiid^ftit 

bai  2t)iiii  le  savoir-vivre  bir  itbtniart 

baf  9iacbmttta90brot  {  le  souffrir  bal  Sriben 

le  souper  bal  Sbtnbeffrn ,  Wadjt- 


ba»  5iuf|tei)»n  /  ber  5(uf 
çiang,  bad  *j(uf)it^en 
bal  (SfTru 
btr  ®anj 
bal  @ttrbtn 
bit  3prarf>f ,  Sdtbtrotift 


efftn 

le  sourire  bal  ^dd^tln 

le  toucher  bai  îViiblrn,  bit  (Zpitiatt 

le  venir  bal  Àomuitn 

le  vivre  bit  iJla^rung 

bal  îDfnftn,  btrOtbonft  '   \f  vonluir  bai  9Bo(tfn  ,  btr  ©ittt, 

bit  SRac^t 

Au  long  aller  petit  fardeau  pè$e  ,  Il  n  >  a  iiiimt  iit-  diarKc  m  Irgi-re  qni  ne  devienne 
pviiible  k  1m  loiiKue.  Il  a  eu  l'aller  pour  le  venir,  tx  i)at  nic^tl  autdttiàfttt.  Le  pit-alltr, 
ba<  Sxtlimmftr,  ta<  btgrgntn  lann.  .4m  pt$-aller,  iin  fctlimmOrn  9>>Ut-  —  Elle  lut  porte  $om 
boire  et  non  manijer ,  fit  biiuflt  ihm  ftin  QOrn  unb  Zrinrrn.  Cette  affaire  l'occupe  tant,  qu'il 
en  perd  le  boire  et  le  manger,  Ut  <S<i(t)t  brfc^Jftit^t  tb»  brrntagm,  ta^  tr  QJTrn  unb  Xrinftn 
barûbtr  otrfltfif.  //  eut  brare  Jusqu'au  dégainer,  tv  Çftfpric^t  »ifl  nnb  b>îtt  ni(tl*  —  Quant 
Il  non  héritage,  il  n'en  aura  que  pour  un  déjeuner ,  tt  reirb  balb  mit  fftnrm  (Srbt  ftrtij  ftin. 

Ce  tableau  est  d'un  beau  faire ,  est  d'un  faire  large  et  vigoureux. 

I^  Nen-faire  vaut  mieux  que  le  bien-dire.  —  Il  y  a  loin  du  vouloir  «a  fuir*  , 
'ilOollru  i|l  nid)t  Xbun. 

L'ApAtre  dit  que  c'oHt  Dieu  qui  nouii  donne  le  vouloir  et  le  faire. 

Une  femme  ne  doit  point  avoir  de  laisser-aller ,  de  crainte  do  laiêstr-falre.  —  Un 
gouvernement  qui  a  le  laisser-faire  doit  accorder  un  peu  de  laiuer-dire. 

La  douleur  peut  donner  un  rire  Hardoniquc,  que  le  spectatcor  prend  pour  4e  la 
gaitj.  —  Le  rire  du  sage  se  volt  et  ne  s'entend  pas. 

Ce  n'est  pas  la  mort  que  Je  crains,  c'est  le  mourir. 

Les  personnes  nerveuses  dornnMit  très-peu,  leurs  fonctluns  ne  s'exercent  pas  avec 
réguliirité ,  leurs  maladies  se  compliquent  de  phénomènes  cérébraux,  leur  vie  n'est  souvent 
iju'uu  long  souffrir,  quoi  qu'il  soit  impossible  de  signaler  la  lésion  d'an  organe. 

La  vaniteuse  tyrannie  ue  nous  I:iis<«u  pas  nit^me  le  franc-taire ;  le  silence  lui  parait 
une  satire. 

412.  Plusieurs  vi-rbes,  eu  itassaiU  à  l'otat  régulier  de  .substantifs,  uut  perdu 
Vr  iiiialo  de  l'infinitif  ou  changé  la  terminaison  ir  en  e  muet,  en  adoptant  le  genre 
féminin.  Tels  sont  les  mots:  7lère ,  marche,  insulte,  rencontre,  offre,  etc.,  etc., 
de  élever,  marcher,  insulter,  rencontrer,  offrir,  etc.?  Pourquoi  faut-il  donc 
«ju'ou  dise  encore  :  le  découplé,  le  courre,  le  blâme,  etc. ,  au  lieu  de  :  la  de'couple, 
la  courre,  la  blâme,  etc.?  Pourquoi  courre  avec  deux  rr?  (Voir  p.  6â,  n"  tii.) 

413.  Quelques  uus,  eu  conservant  le  sou  de  IV  fermé,  au  moyen  de  l'accent 
aigu  ,  sont  restés  régulièrement  masculins.  Tels  sont  les  trois  suivants  :  le  diné , 
le  soupe ,  le  doigté. 

414.  Les  verbes  substantifs  cités  plus  haut  ne  sont  susceptibles  d'aucun 
autre  genre  d'altération ,  et  doivent  conserver  leur  forme  actuelle ,  pour  mille 
raisons  qu'il  serait  trop  long  de  détailler. 

VUI 
Noms  darbres  et  de  métaux. 

413.  Les  noms  iy arbres  et  de  métaux  devront  être  faits  inasenlins 
ou  féminins,  selon  leur  forme  matérielle.  On  dit  encore:  la  bourdaine 
QAcad.)  ,  la  r l'orne  Od-)  "  la  pamplemousse  (id'l  <<  in  tragacanthe 
Od.)  ,  la  mélèze,  ta  manganèse  (Xoél  et  Chapsal^ ,  la  platine.  W 
n'y  a  doue  aucune  raison  de  ne  pas  dire:  la  frêne,  la  chêne,  la  platane, 

8 


114  La   grammaire   française. 

la  cuivre  y  la  titane  y  la  molybdène,  la  tungstène  y  etc.  Par  exemple, 
on  aura  soin  d'écrire,  le  mercur  y  le  tellur y  le  sulfuvy  etc.,  et  non  pas, 
le  mercure  y  le  tellure  y  etc.  Certains  mots  barbares  et  tout  hérissés  de 
consonnes,  comme  tungstèney  se  présenteront  aussi  mieux  sous  leur  forme 
scientifique  et  masculine  en  ium  :  le  tungsteniuni.  (Voir  p.  56  et  68.) 

IX 
Noms  de  saisons,  de  fleuves. 

416.  J'en  dis  autant  des  noms  de  saisons  et  de  fleuves. 

»I1  n'est  peut-être  pas  dans  toutes  les  sciences  humaines,  dit  M.  Éd.  Bra- 
connier, une  question  qui  ait  été  aussi  souvent  agitée  et  aussi  mal  résolue  que 
le  genre  du  mot  mitomne.  —  Automne  est  masculin  quand  l'adjectif  le  précède , 
et  féminin  quand  l'adjectif  le  suit,  disent  les  uns.  —  11  ne  faut  plus  faire  de 
distinction ,  et  automne  sera  désormais  masculin ,  par  analogie  avec  les  autres 
saisons  qui  sont  de  ce  genre,  disent  les  autres.  —  Automne  est  régulièrement 
féminin,  puisqu'il  est  terminé  par  un  e  muet,  disent  MM.  Bescherelle.  —  Si  vous 
êtes  dans  un  moment  de  joyeux  enthousiasme,  dit  à  son  tour  M.  Braconnier,  ou 
dans  un  moment  de  sombre  tristesse ,  automne  alors  est  masculin.  Mais ,  si  vous 
êtes  seulement  rêveur  et  mélancolique,  automne  est  féminin." 

Ses  superbes  couj\<iie7s ,  qu'on  voyait  autrefois 
Pleins  d'une  ariJeiir  si  noble  obéir  à  sa  voix, 
L'oeil  morne  maintenant,  et  la  tête  baissée, 
Semblaient  se  conformer  à  sa  triste  pensée.  (Rachie.) 

Ainsi  fait  le  mot  automne ,  Achate  fidèle  et  dévoué  qui  s'identifie  avec  vous, 
qui  prend  part  à  vos  peines  comme  à  vos  joies,  qui  rit  quand  vous  riez,  qui 
pleure  quand  vous  pleurez,  qui  se  fait  homme  ou  femme,  selon  que  vous  avez 
besoin  d'un  ami  ou  d'une  maîtresse.  A-t-il  raison ,  M.  Philarète  Chasles ,  lors- 
qu'il dit  que  les  cultivateurs  de  la  syntaxe  ont  souvent  prêté  à  la  plaisanterie  et 
que  l'on  ferait  une  longue  liste  de  leurs  folies  et  de  leurs  absurdités  ! 

417.  Pour  moi,  je  suis  cette  fois  de  l'avis  de  MM.  Bescherelle.  Au- 
tomne sera  désormais  féminin,  à  cause  de  sa  forme  féminine;  et  nul 
ne  pourra  l'employer  au  masculin ,  à  moins  d'adopter  la  forme  masculine 
autom  (de  automno)y  analogue  à  celle  de  dam  (en  latin  damno).  (Voir 
les  principes  de  dérivation ,  page  25.)  À  ceux  qui  m'accuseront  de  violer 
l'étymologie,  je  répondrai:  Pourquoi  l'avez-vous  violée  vous-mêmes,  dans 
les  mots:  anagramme  y  épigramme  y  épithètey  horloge  y  huile  y  cy^ 
maiscy  etc. ,  etc.  ?  (Voir  page  29 ,  n"  92.) 

418.  D'un  autre  côté,  dès  lors  que  nous  disons:  la  VistulCy  laLoire, 
la  Garonne  y  la  Tamise  y  etc.;  dès  lors  que  les  Allemands  disent:  bic 
5)ouau,  bte  ^f»onc,  bie  @lbe,  etc.,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  nous 
disions:  le  Rhône  y  le  Danube  y  etc.  (Voir  page  57,  7".) 

L'un  lies  spirituels  correspondants  de  V Indépendance  écrivait  hier:  sur  les  rives  du 
'J'heiss,  et  il  avait  raison.  Pourquoi  ne  dirait-on  pas  de  même:  le  Lys,  le  Pleiss,  le  Roér, 
le  Reuss,  le  Twed,  le  Moldau  ,  le  Neiss ,  conformément  au  génie  de  la  langue  française  ? 

X 

Noms  de  la  nomenclature  décimale. 

419.  Tous  les  noms  de  cette  catégorie  deviendront  féminins. 

XI 
Noms  de  jours ,  de  mois,  de  montagnes. 

420.  Les  7ioms  propres  y  ne  signifiant  rien  ou  presque  rien  par  eux- 
mêmes,  ne  peuvent  avoir  d'autre  genre  que  celui  du  nom  commun  qu'ils 


Solution  de    quelques  difficultés.  115 

rappèlent.  Les  substantifs  dont  il  s'agit  ici ,  n'étant  autre  chose  que  des 
noms  propres,  où  le  fond  l'emporte  toujours  sur  la  forme,  l'idée  sur  le 
mot,  sont  doue  nécessairement  masculins,  parce  qu'on  sous-entend  les 
noms  masculins  ^'o*/r,  mois,  mont. 

Kxemplti.  Plus  1m  femme  fn\  eiidlmnnctiée ,  motiiH  eUe  obucrve  U  dimanche.  —  Oc- 
tobre K  é\è  bien  froid  i-«(te  «nnée.  —  Le  Caucase. 

XII 
Noms  d'îles  et  de  villes. 

(Voir  page   19»,  6»,  et  page  105,   n*  394.) 

421.  On  .se  rappelé  cotte  régie  posée  par  l'abbé  Girard,  suivie  par  .Napoléon 
Landais,  (liiauU-Diivivicr,  et  autres  ;  coiiiplètement  omise  par  MM.  Noël  et  Chap- 
sal  ;  à  savoir,  que  «Tous  les  noms  de  vilte  ')  sont  masculins;"  rèjçle  modifiée 
ainsi  par  M.  .\uguste  Lemairc:  >.Kn  ((ént'ral ,  les  noms  de  villes  sont  féminins  en 
français,  lorsqu'ils  dérivent  d'un  féminin  latin."  —  Encore  cela  ne  pourrait-il  être 
utile  qu'à  ceux  qui  savent  le  latin. 

Pour  nous,  nous  n'avons  pas  hésité  à  faire  du  féminin,  sans  exception,  tous 
les  noujs  de  villes,  d'îles,  et  de  vallées.  Or.  comme  tout  homme  qui  émet  une 
idée  nouvelle  doit  s'attendre  à  beaucoup  de  résistance,  à  beaucoup  de  contradic- 
tions; tant  il  est  vrai,  comme  dit  Fontenclle,  qu'une  idée  nouvelle  est  un  coin 
(|ui  n'entre  que  par  le  jçros  bout;  pour  ce  motif,  qu'il  nous  soit  permis  d'appor- 
ter à  la  barre  de  l'opinion  publique  les  nouvelles  preuves  que  nous  venons  (l'ac- 
quérir; preuves  incontestables,  qui  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  dans  les  esprits. 

Soit  lointaine,  soit  voinine , 

E-spagnole  ou  Sarrasine, 

Il  n'eHt  pas  nne  cité 

Qui  diMpiite,  Mans  folie, 

À  Grenade  la  Jolie 

La  pomme  de  la  beauté , 

Et  «(ui ,  gracieuse,  étale 

Plus  de  pcmpe  orientale 

Sous  un  l'iel  plus  enchanté. 

Bilbao  ,  des  flots  couverte  , 

Jfte  une  pelouse  verte 

Sur  ses  murs  noirs  et  caducs  ; 

Mëdinu  la  chevalière , 

Cachant  sa  pauvreté  Hère 

.Sous  le  manteau  de  ses  ducs  , 

N'a  rien  que  ses  sycomores , 

Car  ses  tieaux  ponis  sont  aux  Maures, 

Aux  Romains  ses  aqueducs. 
Valence  a  les  clochers  de  ses  trois  cenUi  églises  ; 
L'austère  Alcatilura  livre  au  souffle  des  brises 
Les  drapeaux  turcs,  pendus  en  foule  à  ses  piliem; 
Salaviamiue  en  riant  s'assied  sur  trois  collines, 

S'endort  an  son  des  mandolines, 
Et  s'éveUle  en  sursaut  aux  cris  des  écoliers. 

Tortone  est  chère  à  saint  Pierre  ; 

Le  marbre  est  comme  la  pierre 

Dans  la  riche  Puycerda; 

I>e  sa  bastille  octogone 

Tuy  se  vante,  et  Tarragone , 

De  ses  mum  qu'un  roi  fonda  ; 

Le  Douro  coule  k  Zamore  ; 

Tolède  M  l'Alcazar  *3  maure, 

tièviUe  a  la  Oiralda  '). 

<)  Il  faudrait  rille'i  an  pluriel,  car  nécessairement  sous  ce  mut  il  y  a  idée  de  plnralilé. 
I.e  mut  ville  est  pris  ici  non  pas  dans  un  sens  général  et  collectif,  mais  dans  an 
sens  distributif.  On  ne  peut  donc  pas  dire  des  noms  de  ville ,  comme  on  dit  de* 
.t/(if//c.>-  de  fironze.  Une  ville  ne  peut  pas  avoir  plusieurs  noms.  Voilk  ponrtant 
comme  écrivent  les  grammairiens. 

*)  Ancienne  résidence  des  rois  maures. 

*3  Flèche  de  la  cathédrale ,  haute  de  cent  vingt-cinq  mètres. 

8* 


116  La  grammaire   française. 

Burgos  de  son  chapitre  étale  la  richesse  ; 
Pénaflor  est  marquise,  et  Gironne  est  duchesse; 
Bivar  est  une  nonne  aux  sévères  atours  ; 
Toujours  prête  aux  combats  la  sombre  Pampeltme , 
Avant  de  s'endormir  aux  rayons  de  la  lune , 
Ferme  sa  ceinture  de  tours. 
Toutes  ces  villes  d'Espagne 
S'épandent  dans  la  campagne 
Ou  hérissent  la  Sierra  ; 
Toutes  ont  des  citadelles 
Dont  sous  des  mains  infidèles 
Aucun  beffroi  ne  vibra; 
Tontes  sur  leurs  cathédrales 
Ont  des  clochers  en  spirales  ; 
Mais  Grenade  a  l'Alhambra  ')  ! 
L'Alhanibra  !  l'Alhambra  !  palais  que  les  génies 
Ont  doré  comme  nn  rêve  et  rempli  d'harmonies  : 
Forteresse  aux  créneaux  festonnés  et  croulants  ; 
Où  l'on  entend,  la  nuit,  de  magiques  syllabes, 
Quand  la  lune,  k  travers  les  mille  arceaux  arabes, 
Sème  les  murs  de  trèfles  blancs! 
Grenade  a  plus  de  merveilles 
Q\\&  n'a  de  graines  vermeilles 
Le  beau  fruit  de  ses  vallons  ; 
Grenade,  la  bien  nommée, 
Lorsque  la  guerre  enflammée 
Déroule  ses  pavillons, 
Cent  fois  plus  terrible  éclate 
Que  la  grenade  écarlate 
Sur  le  front  des  bataillons. 
Grenade  efface  en  tout  ses  rivales  ;  Grenade 
Chante  plus  mollement  la  molle  sérénade  ; 
Elle  peint  ses  maisons  de  plus  riches  couleurs; 
Et  l'on  dit  que  les  vents  suspendent  leurs  haleines 
Quand  par  un  soir  d'été  Grenade  dans  ses  plaines 
Répand  ses  femmes  et  ses  fleurs. 
L'Arabie  est  son  aïeule. 
Les  Maures,  pour  elle  seule, 
Aventuriers  hasardeux , 
Joûraient  l'Asie  et  l'Afrique: 
Mais  Grenade  est  catholique, 
Grenade  se  raille  d'eux; 
Grenade  ,  la  belle  ville  , 
Serait  une  autre  Séville , 

S'il  en  pouvait  être  deux.  Victor  Hugo. 

Voyez  Ulm,  voire  soeur  Jumelle: 
Tenez-vous  en  repos  comme  elle 
Que  le  fil  des  rois  se  démêle, 
Tournez  vos  fuseaux,  et  riez. 
Voyez  Bude ,  votre  voisine! 
Voyez  Distra  la  Sarrasine! 
Que  dirait  l'Etna  ,  si  Messine 
Faisait  tout  ce  bruit  à  ses  pieds? 
Semlin  est  la  plus  querelleuse  : 
Elle  a  toujours  les  premiers  torts.  Od.) 

Smyrne  est  tine  princesse 
Avec  son  beau  chapel  ; 
L'heureux  printemps  sans  cesse 
Répond  k  son  appel. 
Et ,  comme  un  riant  groupe 
De  fleurs  dans  une  coupe , 
Dans  ses  mers  se  découpe 
Plus  d'un  frais  archipel.  O^J 


')  Palais  magnifique  des  rois  maures,  k  Grenade.  Les  murs  sont  recouverts  de  marbres 
de  diverses  (couleurs  et  chargés  d'arabesques  d'un  travail  admirable.  Les  salles  sont 
immenses,  et  peuvent  contenir  plus  de  100,000^  personnes.  Auprès  de  ce  palais  est 
une  maison  de  campagne  des  rois  maures,  nommée  Gènéralif,  d'où  l'on  jouit  d'une 
délicieuse  perspective. 


Solution  du  quelques  dirrieiltés.  117 

Allez ,  Mllrz  ,  à  cupiliiinM  ! 
Et  iiouH  le  rt-preiidroiiM  ,  ville  ««x  il6m«ii  d'MZur, 
Molle  Setiuiah  ,  qu'un  leur  Uii^uKe  Impur 

Le»  hnrbiirKM  iionimt-iit  Alktiien.  (là.) 

Enfin!  —  C'eitl  S'annin,  Ih  vill«  rux  malnont  peintes, 
Lh  villi!  Hux  dttni>*<«  il'or,  la  btuiuhe  Savarin  , 
8iir  Ih  rolllne  ai»lêr  ,  entre  \en  téréhiniheii, 
Qui  pr^te  non  b<>Hu  Kol^e  aux  ■rd«(iie«  rtreintr^ 
De  (It-nx  OoltfM  hcurlunl  leum  carène*  d'almln.        (là) 
sdnuhoul  la  Tiirqur  :tiitonr  da  oroijiMnt  abhorré 

SUMpcnil  trois  lilHnrlifM  (jaene*.  (là.) 

C'est  Victor  Mii^o  lui-même  qui  lait  tous  ces  nom»  de  villes  féminins,  et 
nous  disons  comme  MM.  Bescberellc ,  l'autorité  de  Victor  Hugo  en  vaut  biea 
une  autre. 

Si  l'autorité  du  poète  ne  sufHt  pas,  voici  encore  celle  du  prosateur: 

Bientôt  nprAx,  Athénr»  et  Thébf»,  Je  nionurcbleA  qaV//e<  étaient,  deviennent  ré- 
publique.**. —  !,»••<  Corinlbit'nH  fondent  Syranme  en  .Sirlli».  Cinq  an*»  après,  7^3  ana  avant 
J.-C  ,  Romulus,  un  de.n  deMrendHulM  d'Knëf,  bnlit  en  Italie,  xur  les  bords  du  Tibre,  Rome, 
itesti tièe  k  iiovenir  U  rrine  du  niunde.  —  Heunachérlb,  tin  de  SalmanasKr.  vient  a.Hniéjter 
Jèrtimleni ,  pour  lu  traiter  comme  .«un  père  avait  triiilù  Saniarle.  —  Rome  adopte  lea  lois 
de  Ih  Grèce;  elle  étend  sa  douiinalioii  dans  l'Italie.  Au  milieu  de  aea  progrès,  vaincue  et 
fuite  par  les  Gaulois,  elle  est  délivrée  par  son  dictateur  Camille.  —  8jfracu$e  gémit  aoa» 
la  tyrannie  des  deux  Denys  ;  elle  soutient  de  grandes  guerres  contre  Carthage,  et  lui  dis- 
pute l'empire  de  la  Sicile.  —  Syracuse  ,  après  quelques  années  d'une  liberté  orageas« ,  se 
Iniase  asservir  par  AgHthocle.  Aome ,  au  contraire ,  sacrifie  tout  Ji  la  soif  quelle  a  de 
s'aggrandir.  Après  cinquante  années  d'une  guerre  sanglante,  elle  détruit  enfin,  plutôt  qu'e//e 
ne  dompte,  la  helliqueiise  nation  des  Saninites;  et  dès  lors  elle  ne  trouve  plus  rien  qni 
lui  résiste  en  Italie.  —  .Marcelins  s'empare  de  In  Sicile,  et  de  Syracuse  niême,  quoique 
défendue  par  Archimède.  —  Désormais  invincible,  Rome  s'étend  de  tontes  parts;  et  elle 
humilie  Philippe,  roi  de  .vlacédoine ,  et  Antiochus-le-Grand ,  roi  de  Syrie.  —  Home ,  Jns- 
i|u'nlors  uniquement  guerrière ,  commence  k  se  polir;  et,  par  son  commerce  avec  la 
Grèce  ,  elle  se  prépare  k  lui  disputer  bjenlùt  la  palme  de  l'éloquence  et  de  la  poésie.  — 
Cependant  Home  avait  subjugué  l'Kpire,  l'Illyrie,  et  la  Macédoine;  <//e  soumet  la  Grèce 
et  détruit ,  par  les  mains  dn  second  .SciiHon-l'Africain ,  Carthage  et  Nuniance.  Quoique 
troublée  par  les  entreprises  séditieuses  des  Gracqucs,  et  déjk  livrée  an  luxe  et  a  la  cor- 
rnption,  elle  continue  de  s'aggrunrtir.  —  Rome,  mal  défendue  par  ses  faibles  empereurs, 
est  prise  par  Odoacre ,  roi  des  Uérules,  qui  éteint  enfin  l'empire  d'Occident.  (Histoire  uni- 
verselle.) 

Vous  rappelez-vous  le  joli  conseil  que  vous  donne  Napoléon  Landais,  d'après 
l'abbé  Girard?  »0n  serait  choqué  d'entendre  ou  de  lire:  Rome  fut  fonde 
753  ans  avant  J.-C  Dites  :  IjU  ritle  de  Rome  fut  fomlée." 

Il  est  vrai  pourtant,  raillerie  à  part,  que  Barthélémy  a  dit,  dans  sa  Se'in^sis  : 

Ce  fastueux  Berlin,  qui  d'orgueil  se  prélasse. 
C'était  notre  relais  quand  l'aruiée  était  lasse. 

Peut-être  iMM.  Hescherelle  verront-ils  dans  cotte  masculinité  l'expression  d'une 
grande  force.  Pour  nous  ,  qui  n'avons  pas  ta  loupn  de  J/.lf.  Iteschereite ,  loupe 
pre'cieuse ,  an  mof/en  de  laguelle  on  peut  apercevoir  même  des  choses  qui  n'exis- 
tent pas  ');  pour  nous,  pauvre  aveugle  que  nous  sommes,  nous  ne  saurions  y 
voir  qu'une  simple  faute.  Nous  ne  serions  pas  plus  choqué  d'entendre  ou  de  lire  : 
Le  langue  a'tui  personne  acariâtre  dardilte  comme  celui  d'un  vipère. 

Mais,  même  en  accordant  quelque  chose  au  système  de  M.M.  Hescherelle, 
cette  masculinité  ne  fùt-ellc  pas  la  violation  manifeste  d'un  principe,  elle  n'en 
blesserait  pas  moins  le  goût  et  le  sentiment.  S'il  est  vrai ,  en  effet ,  que  la  fémi- 
nité s'harmonise  bien  avec  l'ironie  ,  avec  le  dédain,  la  féminité  était  ici  de  rigueur. 

Eu  revanche,  Barthélémy  donne  une  petite  leçon  de  goiit  à  Victor  Hugo  lui- 
même  ,  lorsqu'il  emploie  au  féminin  Josaphat ,  nom  d'une  vallée,  au  lieu  de  l'em- 
ployer au  masculin,  comme  ce  dernier. 


•)  Cesl   ainsi    qne  s'expriment   .MM    B-scherelle  k  1  égard  d  une  de    leurs  victimes,  M. 
Pastrlot. 


118  La  grammaire  française. 

Oui ,  quand  le  drapeau  saint  sort  de  son  enveloppe , 
De  clochers  en  clochers  il  visite  l'Europe  ; 
Alors  la  liberté  réveille,  aux  jours  promis, 
La  grande  Josaphat  des  peuples  endormis.      C^émésis.) 
Nous  avons  oublié  le  vers  de  Victor  Hugo,  qui  d'ailleurs  n'est  pas  si  cou- 
pable ,  ayant  peut-être  sous-entendu  jour  ou  jugement. 

Toutes  ces  raisons,  tous  ces  arguments,  toutes  ces  preuves,  n'empêcheront 
pas  le  Journal  des  Débats  de  dire  au  masculin  :  Sion  est  déclaré  en  état  de  siège, 
Suint-Maurice  est  désert ,  Fez  n'est  point  fortifié,  L'Autun  gallo-romain  ;  ce  qui 
n'est  pas  moins  absurde  que  d'écrire,  comme  il  le  fait  toujours:  Tems,  printems, 
complimens ,  argumens ,  ha  bilans ,  erremens ,  au  lieu  dé:  Temps,  printemps, 
compliments ,  arguments,  etc.  On  ne  conçoit  guère  une  telle  faute  de  la  part  d'un 
journal  qui  se  pique  de  bon  sens  et  de  logique,  et  qui  en  fait  preuve,  il  est  vrai. 
La  fière  Revue  des  deux  Mondes  est  dans  le  même  cas ,  et,  à  part  sa  monstrueuse 
partialité  en  fait  d'oeuvres  littéraires,  on  ne  peut  guère  dire  que  la  Revue  des 
deux  Mondes  soit  plus  mal  rédigée  que  le  Journal  des  Débats. 

422.  Comme  nous  tenons  à  honneur  de  convaincre  jusqu'au  Journal  des 
Débats ,  dans  une  question  aussi  importante ,  qu'il  nous  soit  permis  de  lui  citer 
ces  vers  de  Virgile: 

BacchataniiiVie  jugis  Naxon  ,  vin'demqne  Donysam 
Olearon ,  niveamque  Paron,  sparsasqne  per  aequor 
Cy dadas ,  et  crebris  legimus  fréta  consita  terris; 

ainsi  que  les  phrases  suivantes ,  empruntées  à  divers  ouvrages ,  et  que  je  le  prie 
de  peser  d'une  main  impartiale  : 

Naxos,  soumise  par  les  Romains,  fut  donnée  aux  Rliodiens  par  Marc- Antoine.  — 
Paras  était  renommée  pour  ses  beaux  marbres  blancs. 

Vous ,  que  mon  bras  vengeait  dans  Lesbos  enflammée. 
Paxo  est  montagneuse  ;  elle  produit  du  vin,  des  olives,  et  des  amandes.  —  Cor  fou  fut 
peuplée  par  une  colonie  de  Colchidiens  qui  s'y  établirent  sous  la  conduite  de  Phéax,   1349 
ans  avant  J.-C.  —  Les  grandes  Andaman,  les  petites  Andaman,  îles  de  la  mer  des  Indes. 

—  Saint-Pierre  est  située  dans  les  parages  de  Terre-Neuve ,  près  de  la  petite  Miiiuelon. 

423.  Remarque.  Ces  phrases  sont  autant  de  syllepses  nécessaires ,  indis- 
pensables; et,  par  exemple,  il  serait  tout  à  fait  absurde  de  dire  au  masculin: 
jSaint  -  Pierre  est  situé  dans  les  parages  de  Terre-Neuve  ;  parce  que 
l'esprit  ne  peut  ici  se  reposer  que  sur  Vidée,  non  pas  sur  le  mot,  qui  est  un 
nom  propre  d'homme.  —  Voilà  pour  les  noms  d'îles.  Passons  aux  noms  de  villes. 

Ils  doublent  le  cap  Spartel,  laissent  à  leur  droite  l'ancienne  Tangis ,  où  reposent 
les  os  d'Anté.  —  De  1032  à  1312,  Lyon  fut  soumise  à  la  puissance  temporelle  de  sou 
archevêque.  —  Mentionnée  pour  la  première  fois  dans  l'histoire  eu  1109,  Madrid  ne  fut 
déclarée  capitale  de  la  monarchie  espagnole  qu'en  1560  par  Philippe  II.  —  Soumise  par 
Othon ,  empereur  d'Allemagne ,  Metz  resta  sous  la  puissance  des  successeurs  de  ce 
prince  pendant  cinquante  ans.  —  Bâtie  dans  le  XII'  siècle ,  Berlin  devint  la  capitale  du 
Brandebourg  et  de  la  moyenne  Marche.    —   Naples  est  située   à  162  kilomètres    de  Rome. 

—  Verdun  fut  cédée  à  la  France  en  1648  par  le  traité  de  Munster.  —  Détruite,  suivant 
la  prédiction  de  Jésus-Christ,  par  Titus,  l'an  70,  Jérusalem  fut  rebâtie  par  l'empereur 
Adrien  sous  le  nom  d'ÉIia  Capitolina.  —  Riom  est  tout  entière  construite  en  lave.  — 
Figeuc  était  autrefois  bien  fortifiée  ;  elle  commerce  en  cuirs ,  bétail ,  grains ,  et  vins.  — 
Fondée  vers  l'an  539  avant  J.-C.  ,  par  les  Marseillais  et  les  Phocéens,  Avignon  fut  la 
capitale  des  Gaulois  Cavares.  Elle  devint  et  resta  colonie  romaine  jusqu'à  la  chute  de 
l'empire  d'Occident.  —  Montreuil  est  ceinte  de  remparts  et  défendue  par  «ne  citadelle. 
Elle  ne  fut  réunie  à  la  France  qu'en  1665.  —  Rhodez  fut  réunie  à  la  couronne  par 
Henri  IV.  —  Eleusis  fut  fondée  par  Triptolème ,  roi  d'Athènes.  —  Macao  fut  bâtie  par 
les  Portugais.  —  Mexico,  située  dans  le  détroit  fédéral  de  ce  nom,  à  l'ouest  du  lac  de 
Tezcuco  ,  à  une  population  de  180,000  habitants.  —  Bade  est  décidément  proclamée  par 
tous  les  gens  de  loisir,  qui  vivent  de  la  vie  du  grand  monde,  la  capitale  du  sport  européen. 

Chante ,  heureuse  Orléans ,  les  vengeurs  de  la  France. 

424.  Remarque.  Consultez  les  grammaires  et  les  dictionnaires.  Vous  y  trou- 
verez la  plupart  de  ces  noms  marques  masculins.  A  les  en  croire ,  le  Havre ,  le 


Solution   de  (pielques   difficulté».  119 

Catrtfy  étnnt  précédés  do  l'artlde  maArulin  ,  ne  sauraient,  dans  aucun  cas,  s'em- 
plovTf  ail  féiniiiin.  Opfndniit  .i<'  n'iM-silc  pas  à  dire:  If  ilàvre  »'e»t  fort  embellir 
depuis  te  temps  ,  le  Caire  est  toulv  courertv  de  mosi/uées ;  prine  par  les  Anglais 
'Il  lHi«,  te  Caire  fut  rendue  aux  Turcs  en  |Hf.3;  parce  que  l'article  fait  ici  corps 
ivec  les  mots  Ilàvre,  Caire,  «|ui  lie  soiilTrenl  point  d'analyse,  et  qu'aux  parti- 
iipcs  embellie,  courerte,  prise,  rendue,  l'esprit  se  porte  plutôt  sur  Vidée  de  rille 
((lie  sur  le  sijfiie  matériel  <|iii  la  représente.  Il  y  a  syllepse,  comme  je  l'ai  déjà 
(li-nnuitré.  L'ai-eord  des  adjectifs  ou  des  participes  ne  peut  pas  plus  se  faire  avec  les 
mots  llàrre  et  Cuire,  dans  ces  phrases,  qu'avec  le  mot  Pliilipjte ,  dans  celle-ci: 
Phitippet-ille  fut  cédée  Ix  la  He!jçi(|ue  en  1H|3.  Je  dis  pareillement  au  féminin, 
contre  l'avis  des  (îrammairlens:  Saint-Flour  est  plus  yrandv  que  Murât,  ne  se- 
rait-ce que  pour  distinjçiier  la  ville  d'avec  le  fondateur.  —  .Au  masculin,  Cap- 
Corte  réveillerait,  de  même,  |)lutôt  l'idée  du  cai»  qtii  est  au  nord  de  la  Corse 
que  de  la  ville  anjçlaise  située  dans  le  royaume  «'.AlTétu,  en  .Afrique.  Puisqu'on 
dit:  €-n|l*Rreloil  ,  île  du  Golfe  Saint-l.aurent  ,  (ut  prlMe  pur  les  Français 
en  I7i;{  ,  je  dois  dttiic  pouvoir  dire  aussi  au  féminin:  C'ap-Cortir  est  peu> 
pif'e  d'environ  f-OUO  habitants;  Porf-IiOlliM ,  capitale  de  l'Isle'de  France, 
futbriilée^'M  1817.  Le  goilt  le  plus  diflicile  i-l  le  plii^  sévère  |ioiiirait-il  s'offen- 
ser de  cette  construction  sylleptique? 

425.  De  ce  nue  le  mot  espérance  est  bien,  de  l.i  manière  la  plus  immuable, 
un  nom  féminin  ,  airait-on  elliptiquement ,  Bonne-Espérance  eêt  située  au  sud  de 
l'Afrique,  ou  lionne- Espérance  est  situé?  L'nccord  devrait-il  se  faire  avec  le 
mot  espérance  ou  avec  le  mot  C<ï;>  sous-entendu?  Indubitablement  avec  le  root  Cap. 

426.  C'est  donc  très-mal  parler  (|ue  de  dire,  d'après  Domergue  :  Londres 
eut  plus  grand  que  Paris  ,  Rouen  est  fameux  par  ses  toiles  y  Orléans  fut  délivré 
par  Jeanne  d'Arc.  Car  rien  n'empêche  qu'on  ne  dise:  Londres  est  plits  grande  que 
Paris  ,  Rouen  est  fameuse  par  ses  toiles,  Orléans  fut  délirrée  par  Jeanne  d'Are. 
Ne  dit-on  pas:  V  industrieuse  Rouen,  plutôt  que  V  industrieux  Rouen  ;  la  Nouvelle- 
Orléans,  pUitôt  que  le  Kouvel-Orléans '^ 

427.  On  in'op|iosera  encore  ces  locutions  proverbiales  de  ma  province:  Cler- 
mont  le  Riche,  Riom  le  Beau.  Mais  pourquoi  ne  pas  dire  plus  logiquement, 
puisque  le  mot  ville  est  sous-entendu  :  Clermont  la  Riche,  Riom  la  Belle  ;  comme 
on  dit:  Moscou  Ut  Sainte,  bien  que  Moscou  n'ait  pas  davanta(^e  la  terminaison 
féminine  ? 

428.  Kncore  une  fois ,  les  noms  propres  n'ont  pas  de  genre  par  eux-mêmes, 
et  ils  suivent  celui  du  nom  commun  sous-entendu.  PieiTe  n'est  masculin  que 
parce  qu'il  désigne  un  homme.  Marion  n'est  féminin  que  parce  que  c'est  le  nom 
(l'une  femme.  Vax  latin,  Sequana,  la  Seine,  est  masculin,  parce  qu'on  sous-entend 
flurius.  On  trouve  aussi  cet  exemple  du  féminin  :  In  Eunuchum  suam,  parce  qu'on 
sous-enteiid  fabula. 

429.  En  ce  qui  concerne  le  genre  des  substnntit's  propres,  c'est  toujours 
Vidée  qui  prédomine  plutôt  que  le  mot.  Quand  on  dit  par  exception  :  le  grand 
Paris  ,  on  a  dans  l'esprit  l'idée  de  colosse  ,  de  géant. 

430.  C'est  pourquoi  l'on  dit ,  au  masculin  :  Tout  Rome  le  sait  ou  l'a  vu  , 
Tout  Marseille  était  accouru ,  tout  Lesbos  en  fkit  consterné  ;  parce  que  c'est 
comme  si  l'on  disait  :  Tout  ce  qu'il  y  a  d'habitants  à  Rome ,  à  Marseille,  à  Les' 
bos.  Phrase  elliptique. 

431.  Mais  faut-il  dire:  Toute  Rome  est  couverte  de  monuments,  toute 
Venise  est  sillonnée  de  canaux ,  Toute  Notre-Dame  en  a  retenti  ?  Non  ;  car  c'est 
comme  si  l'on  disait:  Tout  ce  qui  est  Rome,  tout  ce  qu'on  appelé  Venise,  tout 
ce  qui  compose  l'église  de  Notre-Dame.  Tout  présente  alors  un  sens  collectif  qui 
rappelé  le  neutre  des  latins.  On  dira  donc:  Tout  Rome  est  couvert,  ou  Rome 
entière  est  couverte  de  monuments  ;  tout  Sotre-Dame ,  ou  toute  Véglise  de  Notre- 
Dame  en  a  retenti. 


120  La  grammaire  française. 

Second  intermède.  —  Exercice  de  lecture. 

Éléments  du  Genre,  —  Revue  critique.  —  Les  Dictionnaires.  —  Les  grammaires  de  G. 
Duvivier,  N.  Landais,  Bescherelle,  N.  et  Ch. ,  Gischig,  etc. ,  etc.  —  L'Orbis  Pictus.  —  Les 
maîtres  de  français  peints  par  M.  Kornbach.  —  Sujet  de  roman.  —  M.  G.  Saphir.  Etc. ,  etc. 

432.  Tels  sont  les  divers  éléments  du  genre,  dans  la  langue  française- 
Comme  on  vient  de  le  voir ,  ces  éléments  sont  de  trois  sortes  :  Vétymologie ,  la 
forme,  le  sens. 

433.  On  comprend  aisément  l'influence  exclusive  de  l'étymologie,  au  début 
des  langues ,  quand  les  mots ,  à  peine  formés ,  touchent  encore  de  trop  près  à 
leur  origine.  Évidemment  les  hommes  qui ,  par  une  légère  altération  des  mots 
memhro ,  templo  ,  verbo ,  ctimulo ,  globo ,  numéro ,  etc.,  altération  dont  ils  ne  se 
rendaient  même  pas  compte ,  ont  dit  les  premiers  :  membre,  temple,  verbe,  comble, 
globe,  nombre,  etc.,  n'ont  pas  pu  donner  immédiatement  à  ces  mots  le  genre 
féminin ,  malgré  la  forme  féminine  qu'ils  affectaient  désormais.  Mais ,  à  mesure 
que  les  mots  se  transforment  et  s'éloignent  de  plus  en  plus  de  leur  origine,  l'éty- 
mologie perd  ses  droits ,  et  la  forme  seule  doit  dominer,  d'accord  avec  le  sens. 
C'est  à  l'oubli  de  ce  principe  qu'il  faut  attribuer  le  désordre  qui  règne  dans  la 
langue  française,  au  sujet  du  genre;  désordre  tel,  en  vérité,  que  les  grammai- 
riens aux  abois  en  ont  tous  été  réduits  à  faire  cette  déclaration: 

>,I1  n'y  a  point  de  règles  sur  le  genre  dans  la  langue  française,  et  il  est  im- 
possible d'en  établir."  (Nap.  Landais.) 

«C'est  en  lisant  avec  attention  et  en  recourant  dans  le  doute  aux  dictionnaires, 
qu'on  prendra  insensiblement  l'habitude  de  ne  pas  s'y  tromper."       (Gir.-Duv.) 

Les  dictionnaires  !  On  voit  bien  que  les  conseilleurs  ne  sont  pas  les  payeurs. 
Ouvrons  donc  les  dictionnaires.  Voici  ce  que  nous  y  trouvons: 
Aitfle,  oiseau,  s.  m.  >,Des  écrivains  du  XIV  siècle  ont  fait   ce  substantif  féminin.  Dans 
ce  sens ,  cette  faute  n'est  plus  permise.  —  s.  f.  dans  le  sens  d'armoiries ,  de  bla- 
son, de  devises,  d'enseigne,  de  constellation.  —  s.  m.  dans  le  sen-s  de   pupitre 
d'église.*  (Nap,  Land.) 

—  oiseau,  s.  m.  (Acad.)  Dans  Je  sens  de  pupitre  d'église  et  de  constellation,  le  genre 

n'est  pas  indiqué. 

—  s.  i.  dans  tous  les  sens.  (Ch.  M.) 

—  oiseau   et  constellation ,  s.  m.    (Boiste ,  Dict.)   —   Dans  le    sens   propre ,  masc.  et 

fém.  !  Un  grand  aigle  et  une  grande  aigle.  Dans  le  sens  figuré ,  il  est  féminin. 
(id.  Difficultés.) 

—  oiseau ,  s.  m.  excepté  seulement  dans  le  sens  A'enseigne.  Çin'éi  et  ChapsAl.) 

—  oiseau  mâle   ou   femelle  ,  s.   m.  —   s,  f.  dans  le  sens  de   pupitre  ,   constellation , 

enseigne ,  armoiries  ,  devises.  (Boinv.) 

Alkékcnge,  s.  m.  (Acad.)  —  s.  f.  (Nap.  Landais.) 

AltliHea,  s.  m.  (Acad.)  —  s.  f.  (Nap.  Landais.) 

Amalgame,  s.  m.  (Acad.)  —  s.  f.  (Cat.  —  Domergue.) 

Ammoniaque,  s.  f.  (Acad.)  —  s.  m.  (Land.) 

Apocalypse,  s.  f.  (Boiste ,  Cat.,   Fur.,  Land.,  Nod.)    —  »Quclque8  uns  le   font  mascu- 
lin." (Acad.)  —  s.  m.  (Lav.) 

Appendice,  s.  m.  (Ae. ,  Boinv. ,  N.  et  Ch.)  —  s.  f.  (G.  ,  Land.,  Lav.) 

Après-midi,  s.  f.  (Cat.,  Land.)  «Plusieurs  (Boin.,  G.)  le  font  masculin. <<  (Acad.) 

Astérisque,  s.  m.  (Ac. ,  Boste,  Boinv.,  Nod.,  Land.)  —  s.  f.  (Raymond.) 

Automne ,  s.  m.  et  f.  (Boste ,  Cat. ,  Ac.) 

—  s.  m.  (Lav.)  «Autrefois  on  le  faisait"  m.  et  f.  (Nod.) 

—  s,  masc. ,  lorsque  l'adj.  le  précède  ;  fém. ,  si  l'adj.  le  suit.  (Land.) 

—  s.  des  2  genres,  mais  le  masc.  est  préférable  (N.  et  Ch.) 

—  8.  f.  «Les  poètes  le  font  masc.  et  fém. ,  suivant  le  genre  de  pensée  à  exprimer.  (Ch.  M.) 

„Des  étrangers  tinrent  à  peu  près  ce  discours:  —  Pensez  donc,  mon  cher,  que 
yyce  vilain  automne  pluvieuse  et  froide  a  tout  gâté.  —  C'est  vrai;  mais  ce  der- 
»nler  automne,  quoique  très-désastreuse,  ne  l'a  pas  été  autant  que  celui  de 
y,Vannée  1S08.  ...  —  Et  ils  parlaient  français'^  —  Mais  oui ,  certes.  Lisez  plu- 
tôt les  règles."  (Ch,  La  Loy.) 


Second  iiitetniède.  Exercice  de  leetare.  tM 

Bsiirdliqe,  H.  m.  (BoiHte,  |.and.)  —  B«rtflciie .  •.  f.  (Ac.  Cal.) 

Kiilbe.  H.  m.  (Av»û.)  —  Vulbr,  •».  1.  (N.  rt  C'h.  )  —  »/^  bulbe  fntl  pMrlie  de  U  racinr. 
--  Oii  Hppt'U;  plante»   bulbeiitet  rfllcii  dont  la  racine  produit  une  bulbe.  —  L'oi- 
gnon ftit  i//ir  hitlbf    —  La  tulipe,  le  li»,  la  jacinthe,  la  narciii^e ,  etc.,  nalsacnt 
A' une  bulbe*  (BotHni<ttes  ) 
Je  nVnCreprendfiil  paM  de  ponKMer  pin»  loin  cet  Inventaire.  Il  anflldéjh  pour  montrer 
de  qael  faible  xecourN  peuvent  étrt;  Ion  dlctlonnalren,  pour  la  connaiiiKanre  du  fcenre.  l* 
lecteur    doit  en   être  lonvaincu,  .n'il  Nt<   rappelé    le»  nonibreuneH  contradiction»  que   noia>t 
HVUiiM  Hiitualées  dan»  le  iteul  dictionnaire  de  l'Aradémie. 

4^V  L'-Académie  fiançaisf,  instituée,  eoninic  on  Je  sait,  poor  travailler  à 
r«>|)iiralion  et  an  |tcrrertioiniPinent  de  la  langue,  ne  soupçonne  pa.s  même,  à  ce 
qu'il  iiaraît ,  les  nrint'ijtes  qui  ont  présidé  à  la  formation  des  mots  et  .^  la  distine- 
tion  des  genres.  Le  nouveau  genre  des  substantifs  cités  page  2H,  n*  ^9,  ne  prouve 
<|ue  trop  (lu'elle  n'a  Jamais  fait  qu'enregistrer  machinalement  les  bizarreries  dr 
l'usage,  au  lieu  de  les  réprimer;  lol^  nu^me  (|ue  cet  usage  n'était  celui  que  de 
deux  ou  trois  personnages  plus  ou  moins  influents,  mais  tout  à  fait  étrangers 
aux  procédés  |ogi(|ues  du  langage.  C'est,  d'ailleurs,  ce  qu'elle  confesse  elle- 
même  ingénuement  dans  la  préface  de  son  dictionnaire.  Mais  cela  est-il  pardon- 
nalde,  de  la  part  de  ce  corps  souverain  et  perpétuel,  au  quel  on  accorde  tant  de 
crédit?  yue  l'usage  (ju'il  consncrait  ainsi  les  yeux  fermés  n'était  pas  général,  cela 
ressort  assez  des  indications  contraires  données  par  les  autres  dictionnaires. 

433.  Or,  si  je  suis  forcé  de  parler  ainsi  du  DictiontMire  de  t'Acadt^mie  , 
oeuvre  admirable  sous  tant  de  rapports,  que  pourrai-je  dire  des  aveugles  com- 
pilations des  Girault  -  Duvivier,  Bescherclle,  Napoléon  Landais,  etc.,  etc.?  Ce 
que  j'en  ai  dit  dans  mille  endroits  de  la  Clef  de  la  Langue,  aux  quels  je  renvoie 
le  lecteur. 

436.  El  si ,  de  CCS  degrés  inférieurs ,  je  descends  jusqu'à  ces  myriades  de 
prétendues  grammaires  fran(;aiscs  publiées  en  Allemagne  par  des  myriades  de 
gens  incapables  de  rédiger  dix  lignes  en  bon  français, 

Qui  viennent  enseigner,  avec  un  front  d'airain. 

Leur  ignoble  patois  aux  seigneurs  d'outre  Rhin, 
comment  devrai-je  les  juger?  Écoutez   plutôt   comment  les  juge  un  certain  Kôrn- 
bach,  dans  une  prétendue  comédie  française  intitulée:  ta  Gallicomanie : 

»DepuiH  qu'en  Autriche  le  françalM  est  en  vogue, 

Cliaque  hâbleur  friin^His  tout  droit  vers  Vienne  vogue: 

Maint  goujat,  maint  tailleur,  maint  garçon  perruquier, 

Pendent  l'épie  au  croc;  et,  boulTis  d'arrogance, 

lift  viennent  s'ériger  chez  nous  en  profeNseiirs , 

En  maîtres  de  langue  ,  niônie  en  instituteurs. 

Vienne  e.tt  surtout  leur  juste  point  de  mire; 
Car  leur  Jargon  ,  c'est  bien  là  qu'on  l'admire. 
Oui,  Vienne  est  leur  grand  but; 

Car  c'est  là  que  s'a.s!«euible  ainsi  tout  le  rebut 

Des  célèbres  Français.  I.à,  sans  pndeur  ni  honte. 

L'un  se  dit  chevalier,  baron,  marquis,  ou  comte; 

L'autre  vante  à  l'excès  son  éducation    

»0n  leur  donne  aux  savants  toujours  la  prérérence. 

Aux  dépens  des  Viennois  ils  font  grande  bombance. 

On  les  cajole,  on  les  fête,  et  trop  on  les  chol  (sic)  . 

Kh  bien!  mes  bons  amis,  savez-vous  le  pourquoi V 

C'est  qu'ils  tiaaillnunent  et  prononcent:  haranyue , 

Grasseyent  et  disent  :  travake ,  v'ia  ,  eA  ben , 

Et  de  l'idiome  ne  comprennent  plus  rien. 

Donc  vive  l'audace  !  vive  l'eirronterie  ! 

Vive  l'ignorance .'  vive  la  hâblerie!  , 
«.Mainte  impudente  lavandière 
Et  mainte  grosse  cuisinière, 

Après  avoir  vécu  dans  le  dérèglement 

Avec  quelque  faquin  ou  quelque  garnement , 

Quittent  la  Gascogne  ,  leur  étal ,  la  Bretagne  , 

Et  vont  directement  au  coeur  de  rAlieniagiic  

uOn  confie  k  leurs  soins  les  plus  nobles  enfants. 

Au  grand  préjudice  des  pauvres  Allemands. 

Car  elles  répandent  le  savoir ,  la  lamlère , 


ÏJte  La   grammaire   française. 

EiiHeigiient  lenr  jargon ,  au  lien  de  la  grammaire , 
En  faisant  bien  accroire  aux  crédules  Viennois 
Que  ce  bas  langage ,  ce  trivial  patois 

Est  ctlni  des  antenrs  et  de  l'Académie  

,,Le  français  seul  r.'acbève  nue  éducation. 

De  nos  jonrs  on  demande  une  ample  instruction. 

Ainsi  l'on  enseigne  la  noire  médisance, 

Et  les  antres  filles  de  la  mère  ignorance, 

Et  c'est  la  rhétorique ,  ou  l'art  de  bien  parler. 

Ça  ne  suffit  encore;  on  veut  plus  loin  aller. 

On  instruit  dans  l'intrigue  et  la  coquetterie « 

Cela  passe  toutes  les  bornes  du  plat  et  du  trivial,  mais  on  ne  peut  nier  qu'il 
n'y  ait  quelque  chose  de  vrai  au  fond.  Seulement,  l'auteur  aurait  bien  dû  admettre 
cinq  ou  six  exceptions,  parmi  lesquelles  .je  méritais  d'être  compté.  Surtout,  en 
accusant  les  autres  d'ignorance,  M.  Kôrnbach  devrait  prendre  garde  de  don- 
ner lieu  à  la  même  accusation  contre  lui,  et,  en  faisant  des  vers,  ne  pas  igno- 
rer les  premiers  éléments  de  la  versification.  11  devrait  savoir  que  la  césure  ne 
peut  être  formée  que  par  un  son  plein  ,  articulé  ;  car  la  voix  ne  peut  pas  se 
reposer  sur  un  e  muet.  —  La  rage  de  M.  K.  (qui  pourtant  se  fait  appeler  grain- 
niisseauj  contre  les  Français  ne  connaît  ni  borne  ni  mesure.  11  se  venge  de  ce  que 
quelques  uns  ont  osé  dire  à  des  Viennois,  plus  enthousiastes  des  lazzis  de  M. 
Saphir  que  des  grandes  vérités  philosophiques  et  politiques  contenues  dans  la 
Comédie  Humaine  :  ^,Vous  n'êtes  pas  dignes  d'une  telle  poésie.  Et  vous  l'êtes  encore 
»moins  de  posséder  parmi  vous  un  tel  penseur."  Écoutez  plutôt  ce  que  dit  M.  K. , 
dans  sa  préface  : 

»Qui  est-ce  qui  vient  chez  nousV  L'écume,  la  fange  de  la  Seine,  de  la  Loire,  de  la 
„Meus«,  et  d'autres  fleuves  de  la  France.  De  telles  gens  nous  apprendront  à  connaître 
„leurs  auteurs  classiques  !  De  telles  gens  donneront  une  éducation  soignée  k  notre  jeu- 
»nesse!  Vraiment,  ils  nous  enseignent  bien  leur  langue  maternelle,  c'est  k  dire,  leur 
>Jargon,  leur  patois,  ou  plutôt  leur  argot,  si  toutefois  il  m'est  permis  de  m'exprimer  ainsi, 
»niais  non  pas  la  belle  et  riche  langue  des  Français.  Et  quand  même ,  parmi  ces  rodo- 
>,monts,  il  se  glisse  par  ci  par  Ik  quelques  érudits ,  ce  sont  autant  de  phénomènes  bien 
■aèphèmères "  Éphémères  n'est  pas  le  mot,  mais  on  pourrait  dire:  inapperçus. 

437.  Une  chose  certaine,  c'est  qu'à  Vienne  on  écorche  assez  généralement 
la  langue  française.  J'ai  pu  m'en  faire  une  idée  dernièrement,  à  propos  d'un 
prospectus  qu'une  maîtresse  de  pension  m'a  prié  de  lui  corriger.  Elle  avait  d'abord 
rédigé  ce  prospectus  en  allemand  ;  puis  l'avait  fait  traduire  en  français  par  trois 
différents  maîtres  de  français  ;  puis  m'avait  envoyé  les  trois  copies  à  revoir  et  à 
corriger.  Je  puis  t'assurer ,  lecteur ,  sans  aucune  exagération ,  que  ces  trois  co- 
pies, sur  trois  pages  dont  se  composait  le  prospectus,  contenaient  ensemble 
au  moins  trois  cents  fautes  ,  tant  de  grammaire  que  de  style.  Des  phrases  qui 
n'avaient  ni  pied  ni  tête.  Et,  si  tu  savais  quels  professeurs  occupent  les  chaires 
de  langue  française,  dans  les  diverses  institutions  qu'on  nomme  académies;  si  tu 
pouvais  assister  à  ces  cours  de  grammaire  et  de  littérature  françaises  qu'on  y 
pratique ,  tu  tomberais  de  ton  haut,  lecteur.  L'un  de  ces  professeurs  ayant  ouvert 
la  Clef  de  la  Langue ,  y  trouva,  le  mot  obvier.  Il  s'écrie  :  obvier  n'est  pas  fran- 
çais. Devant  une  assertion  aussi'positive,  j'eus  besoin  de  me  rappeler  ce  quoli- 
bet qui  avait  cours  du  temps  de  Théod.  de  Bèze,  hémistiche  tout  à  la  fois  latin 
et  français  :  Otnnia  malo  viae;  On  y  a  mal  obvié. 

Or,  voici  un  échantillon  d'une  traduction  en  français  de  ce  professeur,  avec 
le  corrigé  en  regard: 


»Le  petit  lait  s'emploie  comme  un  remède 
apaisant  une  sensibilité  et  mobilité  trop 
augmentée  dans  le  système  nerveux. 

»Nous  avons  pour  cela  toutes  les  années 
assez  de  preuves  tant  chez  le  sexe  féminin 
que  masculin. 

»Les  individues  ainsi  constitués  et  qui 
excellent  souvent  encore  par  une  mobilité 
extrême  dans  le  système  nerveux ,  changent 
presque  tout  k  fait  leur  air  ch<tz  nous.  Si 
nous  réflécbissons  que  les  maladies  nerven- 


Le  petit  lait  s'emploie  comme  calmant, 
pour  diminuer  l'irritabilité  du  système  ner- 
veux. 

Chaque  année  nous  en  fournit  assez  de 
preuves ,  tant  sur  les  individus  du  sexe 
masculin  que  sur  ceux  du  sexe  féminin. 

Les  personnes  douées  d'un  tempérament 
nerveux  et  qui  se  distinguent  par  une  ex- 
trême sensibilité  des  nerfs ,  visible  k  l'alté- 
ration du  visage  et  k  l'irrégularité  des  mou- 
vements, se  trouvent  complètement  trans- 


Second  intermède.    Exercice  de  lecture. 


m 


MB  ii«  Noilt  Houvciit  que  leit  prodiiltM  dm 
niHlnilien  de»  MiitrrM  i«y)>l<-nii'N  et  gne  le  p«ll( 
iHit  poKsèdc  dert  viTtuN  niûdiciikN,  ijui  pré 
viennent  souvent  celIt-H-cl,  nuiit*  ne  pou- 
vonN  que  cunfeH.ier  que  le  dit  remède  con- 
Iriliue  benuroup  >ii»un  les  dUn  crn  m  rétxblir 
l'étui  norniMl  dans  r:i('tioii  dii  <<\><ti-nti>  ner- 
veux. 


qOr  loiiirlois  noim  lie  |i<iiiv(Mi.s  pan 
oublier  que  nous  poN.Ht-dun.s  encore  d'autrett 
luoyeuH  curHtifs  et  liyniéniqueM,  l'Hir  mon- 
liigneux ,  tn  dispo<ti(iun  heiireu.MO  de  l'àuie 
daiiM  une  contrée  tellement  rHvi.<<.HMnte  que 
la  ndtre  ,  U'n  bnin.s  r«al('s,  le  repo.s  de  lon- 
toN  Wh  alTnireN,  dont  l'intluenre  !<Hlutaire, 
ponr  une  Irès-firande  partie,  dan.*«  la  gué- 
rixon  doM  maladies  mentionnées,  ne  peut 
pa.s  être  tirée  en  dunte;  chose  dont  nous 
avons  déjà  eu  plusieurs  fuis  l'occanion 
d'évaluer  l'importance.* 


forméw,  Nprè«  quelqne  n^unr  dan*  nolr«  con- 
trée. Quand  on  réfléchit  que  leit  alTertiona 
nerveuneH  dérivent  aoovent  dca  afertiona 
dea  antrea  ayat^aiM  «I  que  le  petit  lait 
poRsède  Ira  vertaa  mMicalea  qui  aont  de 
nature  ii  prévenir  ces  derniérra  afTertiona, 
on  conviendra  aans  peine  que  l'uaaKe  da 
petit  lait  eat  par  cela  même  trèa-propre  à 
ramener  l'action  du  ayatéme  Derveax  à  MUi 
état  normal. 

Kt  n'oublions  pas  tant  d'anirea  ■oyeii» 
hygiéniques  et  curalifs  que  noua  poaaédona: 
l'air  pur  de  nos  montagnes;  l'aspect  riant 
de  nos  contrées  ,  si  liien  fait  pour  reposer 
l'àmc  et  la  porter  aux  idées  douces  ;  le  calnu- 
et  la  sérénité  de  la  nature;  l'éloignement 
des  alTaires  et  du  tumulte  ;  les  bains  salins  ; 
mille  influences  beureiises,  dont  l'effet  puis- 
sant, pour  la  f(u«}rison  des  maladies  ner- 
veuses, ne  peut  être  un  instant  mis  en 
doute  ;  tontes  choses  dont  nous  avons  en 
déjà  plusieurs  fois  l'occasion  d'apprécier 
l'importance. 

438.  Je  ne  sache  pas  au  monde  une  meilleuro  métiiode,  )>our  fonuer  le  style 
des  jeunes  gens  (jue  de  leur  donner  de  telles  phrases  à  corriger.  Avec  les  ver- 
sions qu'on  leur  fait  liiire,  c'est  tout  ce  qu'il  y  a  de  mieux  pour  ce  but.  Car  il 
est  bien  plus  difticile  d'habiller  les  idées  des  autres  que  les  siennes  propres;  et 
le  travail,  le  soin,  l'attention  que  cela  demande  a  pour  résultat  infaillible  d'ini- 
tier peu  à  peu  l'élève  à  toutes  les  formes  du  langage.  Mais  il  lui  faut  un  bon 
maître,  eapable  de  lui  faire  apprécier  les  moindres  nuances  dans  la  valeur  des 
mots  et  des  ex|tressions  ;  eapable  de  substituer  sur  le  ehamp  aux  termes  vicieux, 
aux  tournures  incorrectes  ou  diffuses ,  l'expression  la  plus  juste  et  la  plus  pré- 
cise. C'est  seulement  la  dilTérenee  qu'on  lui  fait  ap|tercevoir  entre  le  mauvais,  le 
bon,  et  le  mieux,  qui  pourra  former  peu  à  peu  son  goût  et  l'initier  à  l'art  de 
parler  ou  d'éerire.  Dans  tons  les  arts  ,  le  sens  du  beau  ne  se  développe  et  le 
jugement  ne  se  forme  que  par  l'habitude  de  eomparer.  S'il  y  a  tant  de  gens,  dans 
le  inonde  qui,  sans  l'ien  savoir  du  reste,  jugent  assez  bien  d'un  tableau  ou  d'un 
moreeau  de  musl(|U(> ,  e'est  qu'ils  sont  à  même  de  voir  et  d'entendre  beaucoup, 
de  comparer  beaucoup;  imprégnés  (|u'ils  sont,  d'ailleurs,  de  l'esprit  de  critique 
répandu  dans  la  société.  Le  sens  du  beau  dans  l'art  d'écrire  n'est  pas  si  déve- 
loppé ni  si  général,  |)arce  <|u'il  demande  une  tension  plus  grande  des  facultés  in- 
teileetuelles  ;  exercice  au  (juel  |)ersonne  ne  veut  se  livrer.  Sans  doute  l'esprit  se 
fatigue  moins  à  considérer  un  tableau,  à  entendre  une  symphonie,  qu'à  transfor- 
mer de  l'allcmaud  en  français.  .Aussi  les  bons  juges,  en  littérature,  en  poésie 
surtout .  sont-ils  aussi  rares  «|u'ils  sont  communs  dans  les  autres  arts.  Le  public 
ne  sait  pas  qu'il  suflit  de  dix  bons  vers  fmnvais  pour  constituer  un  grand  poète, 
et  qu",  a  moins  d'être  vraiment  poète,  personne  ne  saurait  venir  à  liout  de  faire 
dix  bons  vers  français  ;  tant  les  diflicuités  que  présente  notre  versification  sont 
de  nature  à  ne  pouvoir  être  surmontées  que,  sur  l'aile  de  l'inspiration,  par  les 
esprits  les  plus  vigoureux.  Ce  qui  ne  fait  que  eontiriner  mon  dire ,  qui  ne  saurait 
varier  à  cet  égard,  à  savoir:  que  la  meilleure  manière  d'étudier  une  langue,  c'est 
de  procéder  par  comparaison,  en  s'exerçant  beaucoup  sur  les  idées  d'autrui;  d'aa- 
tant  plus  qu'on  en  a  si  peu  soi-même,  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner,  si,  à  Vienne,  on 
croit  savoir  une  langue  au  bout  de  quelques  mois  de  conversation.  Je  veux  bien 
croire  qu'on  la  sait  assez  pour  exprimer  les  idées  qu'on  a  ;  mais  ce  n'est  pas  la 
mer  à  boire.  Voltaire  disait,  à  quatre-vingts  ans,  après  avoir  écrit  cent  volumes, 
qu'il  ne  savait  pas  encore  bien  sa  tangue.  Les  Viennois,  plus  habiles,  savent  l'al- 
lemand, l'anglais,  le  français,  l'italien,  dès  l'âge  de  dix  ans.  C'est  quatre  mot« 
pour  une  idée.  Bien  plus,  il  y  a  des  charlatans,  cuisiniers,  palefreniers  ,  tail- 


124  La  grammaire  française. 

leurs,  venus  on  ne  sait  d'où,  mais  se  donnant  pour  Français,  qui  se  font  forts 
d'enseigner  la  langue  française  en  cinquante  leçons,  au  moyen  de  la  méthode  Ja- 
cotot.  Et  tout  le  monde  d'accourir,  comme  on  le  pense  bien. 

»TeI  qui  du  français  ne  sut  mot , 

»  Apprenant  à  la  Jacotot , 

«Parlait  cette  langue  h  merveille 

»Après  deux  mois  d'enseignement. 

«Car  ou  apprend  très-aisément; 

»Et  l'on  fait  des  progrès  immenses. 

«Alors  tout  crédule  Viennois, 

«Qui  juge  sur  les  apparences, 

»Et  qui  veut  parler  le  gaulois 

>,En  moins  de  rien  et  sans  étude 

»Se  livre  vite  à  Jacotot, 

,,Ce  grand  Dieu  de  la  promptitude."      (KornbachJ 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  plaisant,  en  effet,  c'est  qu'au  bout  de  ces  cinquante 
leçons  chacun  croit  savoir  le  français  comme  toi  et  moi ,  lecteur. 

y>Soiex  lé  pien'  fénu,  monechié.  Prénez-fons  place.  Comment  fous  portez-fous!  BienV 
,,II  est  si  pelle  temps!  Fous  avez-fous  broméné  auchourd'hui?  Oh!  pien  s'aller  bromener, 
»et  pien  manclier,  cela  est  lé  miex  pour  toucliours  pien  se  porter.  —  Avez-fous  vu  la 
„Lind?  Comme*  elle  chante  pien!  Oh!  ch'aime  extrêmement  t'entendre  chanter  si  bien. 
«Cela  me  fait  peaucoup  dé  plaissir.  Ch'aime  peaucoup  ,  peaucoup  l'oprc  ;  mais  seulement 
«s'il  n'est  pas  trop  de  pruit ,  et  si  le  pièce  est  pien  kai,  qu'il  faut  peaucoup  rire.  Alors 
»ch'ai  peaucoup  de  plaissir.  Mais  si  le  pièce  est  si  triste,  comme  ces  trames  qu'on  choue 
«dans  la  Bourg,  che'  n'aime  pas.  Ché  n'aime  pas  non  plus  les  romanes  qui  sont  si  tristes. 
«Cela  né  mé  lai.sse  pas  tormir.  Mais  Paul  té  Kock ,  cel  mé  tifes  tit  peaucoup.  Oh  !  c'est  in 
«pon  auter,  Paul  té  Kock!  Il  écrit  si  choli.  Ché  l'aime  extrêmement,  tant  pijs  (d'autant 
„plus)  que  c'est  loui  que  ché  comprende  lé  mieux  dé  tons  les-s-auters  français.  Il  n'est 
«pas  ti  tout  difficile.  Sans  doute  que  fous  l'avez  lu-z-anssiV  Mais  ché  sais.  Votre  anter 
«favori  est  Fictor  Houko.  Moi,  ché  né  pé  pas  lé  lire,  limé  fatigue  trop.  Ché  n'aime  pas 
«dé  mé  fatiguer.  Pour  vivre  long-temps  et  pien ,  il  né  faut  pas  que  l'on  se  fatigue  trop. 
«Fous  fous  fatiquez  trop,  monechié,  afec  votre  travail;  fous  né  fifrez  pas  longue  temps...,* 

En  effet,  je  néglige  fort  ma  santé  pour  toi,  me  donnant  à  peine  le  temps 
de  respirer.  Mais  l'amour  se  plaît  aux  dévouements  et  aux  sacrifices;  et  je  t'aime, 
lecteur,  tu  n'en  peux  douter.  Je  te  considère  comme  mon  meilleur  ami,  et  je  te 
le  prouve  par  le  sacrilice  que  je  te  fais  de  tous  les  plaisirs.  Hélas  !  sais-tn  la  vie 
que  je  mène?  Crois-tu  qu'on  me  voie  quelque  part  au  spectacle,  ou  dans  un  bal, 
ou  dans  une  soirée,  ou  dans  un  concert?  Je  peux  dire  que  je  ne  vis  qu'en  toi  et 
pour  toi,  je  voudrais  dire  par  toi.  Enfin  tu  es  toute  ma  joie,  tout  mon  triomphe, 
tout  mon  bonheur.  Tu  me  tiens  lieu  de  père,  de  mère,  de  soeur,  de  frère,  d'amante; 
et  je  ne  regrette  qu'une  chose,  c'est  de  ne  pouvoir  passer  ma  vie  tout  entière 
avec  toi,  pour  me  consoler  d'être,  comme  le  fut  Ovide,  exilé  à  Tomes,  dans  le 
pays  des  Scythes. 

Cependant  je  t'avouerai  que  le  mardi  gras  j'ai  été  au  bal  masqué.  Tout  pré- 
occupé de  toi  et  de  la  manière  dont  tu  accueilleras  l'ouvrage  que  je  te  destine,  je 
me  promenais  dans  cette  foule  bariolée  et  bruyante,  comme  dans  une  solitude  pro- 
fonde, sans  prendre  le  moindre  intérêt  à  ce  "qui  se  passait  autour  de  moi,  lors- 
qu'un domino  noir  de  l'aspect  le  plus  séduisant,  s'écrie  en  m'abordant:  »Te  voilà! 

Qu'es-tu  dotMî  devenu  depuis  cinq  ans  que  je  ne  t'ai  vu  ?  —  Ai-je 

jamais  entendu  ta  voix?  — -  Non;  car  c'est  aujourd'hui  la  première  fois  que  je  te 

parle,  etc «  M'aborder  ainsi,   me  dire  qu'elle  m'avait  distingué  à ,  se 

souvenir  de  moi  après  cinq  ans ,  cela  méritait  bien  quelque  parole  aimable  de  ma 
part.  Sa  voix  seule,  d'un  timbre  si  suave,  où  vibraient  à  la  fois  tontes  les  cor- 


nager  le  plaisir  de  la  revoir.  Un  rendez-vous  fut  négligemment  demandé ,  négli- 
gemment accordé.  Je  n'y  comptais  pas ,  et  je  ne  m'en  préoccupai  guère ,  à  la 
vérité.  ~  Au  joui-  et  au  lieu  indiqués,  je  vois  arriver  une  jeune  dame   char- 


Second  intermède.   Kserêiee  de  lecture.  ffft 

mante Klle  est  arconipaffiiée  d'un  tout  jeone  homme    Klle  Mt 

belle  à  ravir.  Dieu!  si  cj^ait  elle,  quel  honheur!  Je  reiitciid»  parler.  Il  me  semble 
que  c'est  sa  voix,  ('"est  du  moins  sa  taille  majestueusi- ,  sa  d«'Mnarche  nuhle  et 
i^rave,  dont  chaque  mouveuieut  est  uno  grâce  La  distinction  de  sa  physiunotnie 
répond  à  celle  de  sun  lan^çage.  Si  c'était  elle!  Mais  pas  un  signe,  pas  un  regard, 
('omment  oser  l'aborder?  Cependant  elle  s'arrête  juste  à  l'endroit  désigné  et  re- 
vient sur  ses  pas.  C'est  elle  assurément.  ■• —  Madame,  pardonnez-nioi  l'extrême 
«liberté  que  j'ose  prendre  de  vous  adresser  la  parole.  —  Monsieur,  je  n'ai  pas 
»[' honneur  iiti   vous  connaître.         Madame ,  je   vous  en   prie,    permettez<-nioi  une 

«question.  N'avez-vous  pas  été  à.  .. .?    —   Oui,  Monsieur,  j'ai  été  à H  y  a 

,.vinif  ans.  Mais  je  n'ai  pas  le  plaisir  de  vous  connoitre  .  . . ."  VA  elle  poursuit 
sa  promenade.  Trop  timide  pour  m'attacher  à  ses  pas,  pour  lui  dire:  »—  .Madame, 
uSoyez  assez  bonne  pour  me  tirer  de  l'incertitude  où  me  jètent  vos  dernières 
uuarolcs ,  aiin  que  je  sache  si  je  suis  le  plus  heureux  ou  le  plus  malheureux  des 
uliommes;"  trop  peu  expérimenté  pour  cela ,  je  m'arrête,  interdit,  la  regardant 
tristement  s'éloigner,  pendant  qu'une  voix  me  crie  au  fond  de  l'âme:  ufuis,  Tuis, 
ou  te  voilà  redevenu  esclave  à  iamais."  Et  cette  voix  fut  assez  forte  pour  m'em- 
uorter,  pour  m'entrainer  loin  de  celle  vision  magique.  Voix  fatale!  voix  maudite! 
a  la  quelle  ont  succédé  mille  autres  voix  encore  plus  cruelles  ,  qui  ne  cessent  de 
me  crier:  «Insensé!  insensé!  la  femme  que  tv  rêves  demiis  quinze  ans,  sans 
«pouvoir  la  rencontrer  nulle  part  ;  la  seule  femme  capable  de  te  comprendre,  vase 
•.d'élection  où  ton  àme  soulTrante  aurait  pu  s'épancher  tout  entière  et  .s'y  reuou- 
«velcr  pour  ainsi  dire,  comme  dans  une  source  d'amour  et  de  félicité  céleste; 
.où  ton  génie  aurait  pu  puiser  l'inspiration  à  grands  flots  :  celte  femme  qui,  aorès 

■l'avoir  vu  seulement  à en  passant,  a  conservé  cinq  ans  ton  image  dans 

•son  esprit  ;  celle  ,  femme  ,  d'une  essence  si  éthérée ,  est  venue  à  toi .  et  tu  n'as 
«rien  fait  pour  la  retenir! 

>.Sa  société  si  douce  eût  pu  te  donner  toutes  les  pures  jouissances  de  l'àme 
uct  de  l'esprit;  son  regard,  en  tombant  sur  loi,  eût  eu  sur  ton  coeur  la  même 
winfluence  qu'un  rayon  du  soleil  sur  une  fleur  flétrie;  sa  voix,  en  frappant  ton 
•.oreille,  eût  fait  vibrer  dans  ton  sein  les  cordes  d'une  joie  inconnue  même  au  ciel. 

«Maintenant  le  voilà  resté  seul  avec  son  fantôme,  que  tu  voudras  vaine- 
..menl  éviter,  qui  t'obsédera  élcrnellcment.  Te  voilà  l'esclave  d'une  ombre,  que 
«tu  poursuivras  sans  pouvoir  l'atteindre. " 

Madame,  il  n'est  que  trop  vrai,  depuis  le  jour  un  je  vous  ai  vue,  je  n'ai 
plus  de  repos.  Et  sans  le  repos  du  coeur  et  de  l'esprit ,  comment  continuer  mon 
travail?  Madame,  dans  l'espoir  que  ces  lignes  vous  tomberont  peut-être  sous  les 
yeux,  je  pourrais  ici  vous  ouvrir  mon  coeur  et  en  laisser  échapper  mille  paroles 
du  feu;  mais  ne  serait-ce  pas  une  profanation  du  culte  que  vous  m'inspirez? 

Un  tel  culte,  de  tels  sentiments,  ne  doivent  avoir  pour  témoins  que  les 
étoiles  dni  ciel,  qui  envieraient  éterncllemeul  mon  bonheur,  s'il  m'était  donné  de 
vous  revoir  un  seul  moment. 

Uh !  que  ne  puis-je  rappeler  le  passé!  Que  ne  puîs-je  me  transporter  de 
nouveau  à  cette  heure  à  la  fois  bénie  et  maudite  du  dimanche  S9  février  1858 , 
où,  daignant  répondre  si  afl'ablcmenl  à  la  question  que  j'avais  osé  vous  l'aire, 
vous  m'avez  dit  de  voire  voix  suave,  que  j'entends  encore  et  que  je  ne  cesserai 

pas  d'entendre    tant   que  je   vivrai:   »—   Oui,  Monsieur,  j'ai   été  à ,  il  y  a 

cinq  ans  :■'  Je  m'attacherais  à  vos  pas.  Je  vous  demanderais  humblement  la 
grru'e  de  m'éeouter  encore  quelques  instants:  je  vous  dirais  du  fond  de  mon  àme: 
■  Madame,  est-ce  vous?  Vous  êtes  la  réalisation  des  rêves  les  plus  poétiques; 
wvons  êtes  la  ooésic  en  personne...."  Que  ne  vous  dirais-je  pas,  pour  obtenir 
de  vous  la  seule  grâce  de  vous  voir  uuelquefois,  ne  fùt-cc  que  de  loin,  comme 
une  étoile  au  ciel,  que  l'on  contemple  u'ici-bas! 

Vous  revoir,  je  ne  demande  rien  de  plus,  pour  recouvrer  le  calme  et  U 
tranquillité  dont  j'ai  tant  besoin. 

Dans  l'intérêt  de  la  langue  française,  que  vous  aimez,  que  vous  parles  si 
purement,  si  élégamment,  ne  me  refusez  pas  cette  grâce,  d'où  dépendra  Ja  per- 
fection de  l'oeuvre  que  j'ai  entreprise  et  dont  vous  serez  l'àme  vivante. 

Il  y  a  toujours  une  femme  au  commencement  de  tontes  les  grandes  choses. 
Soyez  celte  femme,  et  ne  me  refusez  pas  l'appui  moral  de  votre  amitié:  per- 
suadée que  vous  pouvez  ètro  de  mou  respect  égal  à  mou  admiration. 


J26  La   grammaire   française. 

«Devenez ,  s'il  se  peut ,  ce  bon  ange  gardien 
Dont  ne  pent  se  passer  ici-bas  le  poète  : 
Doux  fanal  qui  l'énlaire  au  sein  de  la  tempête  ; 
Coeur  d'aimant  sous  le  quel  il  sent  battre  le  sien , 
Qui  le  guide  et  l'inspire  et  lui  sert  de  soutien  !» 

(L'Auteur  et  son  Livre,  p.  332.) 

Lecteur,  comment  me  dédommageras-tu  de  toutes  les  occasions  de  bonheur 
que  j'ai  laissé  échapper  par  un  excès  de  zèle  et  de  dévouement  pour  toi  ?  Pour- 
rais-tu te  montrer  assez  ingrat  ou  assez  stupide ,  pour  ne  pas  savoir  apprécier 
tant  de  sacrifices,  tant  de  tourments,  tant  de  fatigues,  que  je  m'impose  dans  ton 
intérêt,  et  pour  me  préférer,  à  ton  propre  détriment,  des  rapsodistes  pareils  à 
Boiste,  Landais,  Bescherelle,  Braconnier,  Noël  et  Chapsal,  etc.?  Pourrais-tu 
manquer  à  ce  point  de  goiit  et  de  jugement ,  que  tu  en  vinsses  jusqu'à  dédaigner 
le  mérite  de  précision  et  d'exactitude  qui  distingue  notre  ouvrage,  pour  admirer 
encore  des  imaginations  comme  celles-ci: 

vQuand  délice  n'exprime  qu'une  émotion  ,  mais  une  émotion  forte  ;  qu'une  Joie ,  mais 
„nne  joie  grande  et  souvent  muette  ;  qu'un  bonheur ,  mais  un  bonheur  qui  semble  ne  pou- 
»voir  durer  à  cause  de  sa  force,  alors  la  masculinité  augmente  en  quelque  sorte  l'énergie 
«de  la  pensée  et  supplée  au  manque  d'expression.  Il  est  des  cas  où  les  langues  humaines 
«sont  Impuissantes  a  rendre  ce  qui  se  passe  dans  notre  âme. 

«Quand  délice  oflVe  l'idée  de  sensations  douces,  heureuses,  constantes,  qui  se  suc- 
«cèdent  avec  calme,  bercent  l'âme  et  ne  l'envahissent  point;  qui  laissent  l'homme  paisi- 
«blement  heureux ,  se  possédant  au  milieu  de  ses  jouissances  continues,  goûtant  une  féli- 
„cité  qui  se  prolonge,  sans  craindre  une  privation  prochaine  ;  sans  craindre  surtout  ce  vide 
«affreux  où  l'âme  effrayée  se  retrouve  seule,  après  une  violente  commotion;  alors,  comme 
«il  ne  s'agit  plus  de  développement  d'une  grande  force,  le  nom  délice  rentre  dans  l'ordre 
«naturel  et  devient  régulièrement  féminin."  (Gr,  Nat.J 

439.  Un  tel  pathos  pour  expliquer  comment  le  mot  délice  a  jusqu'ici  con- 
servé les  deux  genres  !  quand  il  suffisait  de  rappeler  la  double  étymologie  deli- 
cium  et  delicia ,  au  pluriel  deliciae  ! 

440.  Office,  masculin,  d'après  l'étymologie  o^cvmw ^  dans  les  divers  sens 
de  devoir ,  service  ,  emploi ,  fonction ,  devient  féminin  comme  contraction  du  latin 
officina ,  lorsqu'il  signifie '7e  lieu  d'une  maison  où  l'on  prépare  tout  ce  qui  se  met 
sur  la  table  pour  (e  dessert,  l'art  de  le  préparer ,  la  classe  de  domestiques  qui 
mange  à  l'office.  A  cette  explication  si  naturelle,  la  Grammaire  Nationale  sub- 
stitue le  système  de  M.  Braconnier  ,  intitulé  VHarmonie  des  Genres.  Sur  mon  hon- 
neur et  ma  conscience ,  devant  Dieu  et  devant  les  hommes ,  je  ne  sache  rien  de 
plus  comic  au  monde  que  cette  harmonie  des  genres.  »Office  est  masculin  dans 
«le  premier  sens,  dit-on,  par,  ce  que  la  masculinité  est  ici  en  parfaite  harmonie  avec 
..nos  pensées  sérieuses."  A  ce  compte,  tout  ce  qui  réveille  une  idée  grave  et 
sérieuse  devrait  être  du  masculin  ;  et  il  n'est  pas  de  substantif  qui  ne  diit  être 
masculin  ou  féminin,  selon  le  cas.  «En  effet,"  dit  M.  Braconnier,  «c'est  à  l'in- 
«fluence  d'une  idée  grave  et  sérieuse  qu'il  faut  attribuer  cette  masculinité  extra- 
»  ordinaire: 

»Qnand  nos  regards  noyés  dans  un  vague  atmosphère.'^ 

Lamartine  avait  deviné,  avait  prévu  M.  Braconnier,  lorsqu'il  fit  ce  vers.  ;0n  dit 
que  la  rêverie  est  la  compagne  la  plus  douce ,  la  plus  intéressante.  Il  paraît 
qu'elle  est,  de  la  part  de  M.  Braconnier,  l'objet  d'un  culte  de  prédilection.  Rêver, 
dormir,  dormir,  rêver,  quel  délice,  quelles  délices!  Que  ne  peut-on  rêver  toujours! 

Que  deviendra  V harmonie  des  genres  de  M.  Braconnier,  quand  nous  aurons 
prouvé  que,  la  femme  étant  de  beaucoup  supérieure  à  l'homme  par  toutes  les 
qualités  du  coeur,  de  l'àme,  et  de  l'esprit,  comme  par  l'élégance  et  la  beauté 
des  formes,  le  féminin  est  plus  noble  que  le  masculin? 

Selon  Boiste ,  of/ice  serait  masculin  dans  tous  les  sens.  Ce  sera  bientôt ,  je 
l'espère,  tout  le  contraire. 

Peurquoi  orgue  est  masculin  au  singulier,  en  voici  la  raison  développée  dans 
la  Grammaire  Nationale: 


Second   iatermède.   Exercice  de  lectar e.  lf| 

uL'orgut  Mt  le  plan  (rand ,  le  pin*  aad«cie«x ,  le  plos  M«f nifiqne  4e  toaii  IM  !■• 
„Mtruinenl<«  que  In  génie  d«>  i'homma  a  Invciitéx.  ï>en  (l(Nnt«s<|aM  barmonteii  qa'il  crée  et 
,.i|n'll  déploie  avec  tant  de  hiirdie<<Ne,  li-x  mille  voix  qu'il  forme  et  qu'il  réunit  en  un  €•■• 
yCert  Hduiiralile,  ont  fuit  de  cet  luxtrument  une  merveille,  un  chef-d'ueuvre.  Paut-ll  ii'éUa< 
»ner  uiHlnteuMul.  M  orgue  i-sl  qurlquefuin  manculiu  V  N'ei«t-r«  pan  l'idée  de  |iuUaaAoa,  4e 
tténlt,  qui  prive  Mouvent  ce  nom  de  U  féminité  qu«  Ma  termlnaiHon  lui  décline  T* 

Pourquoi  il  n'est  masculin  qu'au  sing'ulior,  et  pas  au  pluriel,  la  Grammaire 
Nationale  va  encore  vous  l'expliquer  d'une  manière  adiniraole: 

»i/idée  de  chef-d'oeuvre  que  la  mancnlinité  traduit  ni  exactenent,  entraîne  te^Jovn 
.aprè^<  ellf  l'idée  d'imité,  car  Im  ikefii-d' oeuvre  ne  ne  multiplient  pai  comme  le»  feuille» 
a<ie<  biti».  L'union  du  masculin  et  du  Hingulier  ent  donc  ici  un  fait  complet  et  exact.  Mal* 
»<ii  vouH  employez  orgue»  au  pluriel,  alors  la  pluralité  repousxe  nécexMairement  toute  idée 
ade  chef-d'oeuvre;  la  nka.scnlinité  n'est  plu»  nécettMMire ,  Indinpensable  ;  |k  nom  pinriel 
uorguê»  rentre  dans  l'ordre  naturel,  et  reçoit  le  genre  féminin  qne  nu  lerrotnaiNon  réclaaie.* 

La  Grammaire  Satiunale  ajoute  : 

»8i  cette  harmonie  du  genre  eiU  été  plUH  tAt  établie,  on  ne  rencontrerait  paa  4an« 
„nofl  écrivains  tant  d'incertitude  à  »nn  »ujel.* 

Au  sujet  de  quoi?  de  l'harmonie  ou  du  genre? 

Si  cette  harmonie  du  ^enre  existait  telle  qu'on  nous  la  représente  ici,  je  ne 
vois  pas  pourquoi  les  éerivains  ne  feraient  pas  tempête  du  masculin,  ainsi  que  des 
milliers  d'autres  mots.  Le  mot  Tempête  dit  plus  assurément  que  le  mot  Oraye.  Je 
ne  vois  pas  mieux  comment  ils  oseraient  parler  au  féminin  de  la  haleine  ,  d'une 
armée,  d'une  cathédrale ,  de  la  Divinile',  ni  surtout  comiueut  les  Allemands  pour- 
raient dire:  bit  3onne,  la  soleil;  btr  lilRonb,  le  lutte. 

Je  l'ai  déjà  dit.  nous  n'avons  pas  la  loupe  de  M>T.  Be.scherelle ,  nous  ne 
voyons  pas  si  loin  que  ces  messieurs  ,  nous  ne  pouvons  pas  pénétrer  comme  eux 
au  fond  des  choses  ni  faire  qu'une  souris  nous  paraisse  grosse  comme  un  éléphant. 

C'est  pourquoi  nous  ne  voyons  qu'une  bizarrerie  là  où  ils  ont  le  don  de 
voir  une  merveille.  Oryue ,  selon  nous,  ne  tient  pas  d'assez  près  à  son  origine 
latine  or^a«ri/« ,  pour  ne  pas  être  toujours  féminin,  solon  sa  forme.  Kxemple: 

L'orgtie  est  composée  de  plusieurs  tuyaux.  (Dictionnaire  de  Trévoux.) 
Ou  bien  il  faudrait  prendre  h  la  mer  son  murmure  , 
-Xnx  étoiles  leur  voix  mélodieuse  et  pure, 
A  l'iiube  sa  lumière,  k  l'onde  ses  soupirs, 
Son  parfum  it  la  rose,  et  son  suuflle  aux  Képhirs, 
Leurs  rumeurs  aux  forêts  qui  couronnent  les  cime8 , 

Îout  ce  qu'elle  a  de  sons  et  de  notes  sublimes  , 
l'orgue  universelle,  à  l'immense  instrument 
gui  sous  ie  doigt  de  Dieu  résonne  incessamment  (Lt  Livre.} 

«Comme  la  masculinité  s'harmonise  parfaitement  avec  la  grandeur  et  la  majesté  dea 
•Idéeii  qui  l'environnent,  c'est  pour  cela  que  Boileau  a  fait  hymne  masculin,  dans  »on 
«épigranime  nnr  nanteail  : 

»À  voir  de  quel  air  elTroyable , 
-    »Houlanl  les  yeux,  tordant  les  main  m, 
,Santeuil  nous  lit  ses  hymne»  rains  , 
,Dirait-on  pas  que  t'est  le  diable 
»Que  Dieu  force  k  louer  les  Haint.t  ?* 

Quelles  idées  de  grandeur  et  de  majesté  ! 

441.  Hymne  doit  devenir  régulièrement  féminin  dans  tous  les  sens  qu'oa 
lui  donna;  mais  c'e.st  ici  surtout  que  la  féminité  serait  nécessaire;  c'est  ici 
qu'elle  s'harmoniserait  bien  ,  selon  le  svstème  de  M.  Braconnier ,  avec  l'idée  de 
mépris  que  respirent  ces  vers.  Chateaubriand  et  Barthélémy  ont  été  mieux  inspirés 
dans  les  deux  exemples  qui  suivent: 

»Transportez-vou9  en  pensée  dans  l'ancien  monde ,  pour  voua  faire  nne  idé«  de  ce 
qu'il  dut  éprouver,  lorsqu'au  milieu  des  hymne»  ob»cène»,  enfantine»  ,  on  ahtunlei ,  à 
Vénus,  à  Bacchus  ,  k  .\Iercure,  à  Cybèle ,  il  entendit  des  voix  graves  chantant  an  pie4 
d'un  autel  nouveau  :  0  Dieu*,  nous  te  louons!  0  .Seignear,  nous  te  confessons!  0  Pèr« 
éternel,  toute  la  terre  te  révèri- !"*  (Chat.) 


128  La   grammaire   française. 

»Mais  qu'aujonrd'hni ,  pour  prix  de  tes  hymnes  dévotes, 

Aux  hommes  de  Juillet  tu  demandes  leurs  votes , 

C'en  est  trop,  l'Esprit  Saint  égare  ta  fierté/*        (Bart/i.) 

»Crêpe,  dit  \&  Grammaire  Nationale ,  crêpe  est  un  mot  à  double  genre  et  à  signi- 
,,fications  extrêmes.  Mais  ses  deux  genres  sont  en  parfaite  harmonie  avec  ses  significations 
„différentes.  —  S'il  désigne  ces  pâtes?  légères  et  agréables  qu'on  mange  dans  un  festin  , 
»il  est  alors  régulièrement  féminin  :  cette  crêpe  était  délicieuse  S'il  désigne  une  sorte  de 
«plante ,  il  est  aussi  féminin  régulièrement  :  les  laitues  de  primeur  sont  appelées  crêpes 
yyblondes  (Gattel).  Enfin ,  s'il  désigne  une  ancienne  étoffe  précieuse ,  il  est  encore  régu- 
>,lièrement  féminin  :  la  sainte  reine  fit  faire  une  crêpe  admirable  d'or  et  d'argent  pour 
^mettre  sur  le  corps  de  Saint  Eloi  (Trévoux).  —  Mais,  si  crêpe  désigne  ce  triste  em- 
,,hlême  de  douleur  que  nous  portons  aux  jours  de  deuil ,  ces  voiles  funèbres  qui  nous  cou- 
„vrent  dans  ces  moments  affreux  où  notre  âme  reste  accablée  sous  le  sombre  chagrin,  alors 
y,crêpe  dépose  son  genre  ordinaire  ;  signe  sinistre ,  il  devient  masculin ,  comme  si  la  mas- 
„culinité  était  une  expression  fidèle  de  la  douleur,  du  chagrin,  et  du  deuil." 

C'est  ainsi  que  les  auteurs  nouveaux,  disait  M.  Philarète  Chasles ,  dans  le 
Journal  des  Débats,  lors  de  l'apparition  de  cette  prodig-ieuse  grammaire,  dite  Gram- 
maire Nationale;  c'est  ainsi  que  les  nouveaux  auteurs,  parcourant  toute  l'étendue 
de  la  syntaxe  française,  et  s'appuyant  sur  cent  mille  exemples  puisés  aux  meil- 
leures sources,  indiquent  avec  une  rare  Justesse,  avec  une  sajçaeité 
analytique  tliicne  «le  beaucoup,  d'éloges,  la  valeur,  l'usage,  la 
place,  les  variations  de  chaque  mot,  etc.  ,,A  quel  point  de  vue  s'est  donc  placé 
M.  Philarète  Chasles,  pour  voir  dans  la  Grammaire  Nationale  tant  de  merveilles  ? 
Comment  un  critic  aussi  distingué  que  M.  Philarète  Chasles  a-t-il  pu  se  laisser 
éblouir  par  une  phraséologie  aussi  vide,  aussi  creuse,  pour  ne  pas  dire  un  pathos 
aussi  ridicul? 

Écoutez,  écoutez  encore.  —  Noël,  avons-nous  dit,  est  féminin,  quand  on 
sous-entend  le  mot  fête.  Si  l'on  sous-entend  le  mot  jour,  naturellement,  Noël 
devient  masculin,  comme  Pâques,  employé  elliptiquement  pour  le  jour  de  Pâques. 

Quoi!  n'est-ce  que  cela?  Pauvres  aveugles!  qui  ne  voyons  pas  tout  ce  qu'il 
y  a  de  merveilleux  dans  cette  masculinité  sublime  !  Pauvres  vermiceaux  !  qui 
nous  traînons  péniblement  à  terre,  tandis  que  les  trois  aigles  de  la  grammaire 
prennent  l'essor  et  s'élancent  à  perte  de  vue  à  travers  les  espaces  immenses  d'une 
imagination  sans  bornes. 

Ouvrez  les  yeux  et  les  oreilles  : 

»0n  sait  que  Pâques  est  masculin ,  quand  il  désigne  le  jour  de  la  Hésurrection.  Et 
qu'on  n'aille  pas  croire  que  cette  masculinité  soit  une  erreur  ou  un  fait  arbitraire  :  c'est 
une  des  plus  belles  harmonies  de  notre  langue.  Pour  en  comprendre  toute  la  beauté  et 
toute  l'exactitude ,  il  faut  s'unir  à  la  grande  pensée  qui  occupe  l'univers  chrétien  en  ce 
jour  solennel,  où  le  Sauveur,  victorieux  de  la  mort,  s'élève  rayonnant  de  gloire  vers  les 
clartés  éternelles,  assurant  à  la  terre  régénérée  l'empire  absolu  de  la  loi  nouvelle;  il  faut 
assister  en  esprit  a  cette  magnificence  des  cérémonies  de  la  semaine  sainte  ,  surtout  à 
Rome;  il  faut  se  représenter  »ce  clergé  en  deuil,  ces  autels,  ces  temples  voilés,  cette 
«musique  sublime ,  ces  voix  célestes,  chantant  les  douleurs  de  Jéréniie  ;  cette  passion  mêlée 
«d'incompréhensibles  mystères;  ce  saint  sépulcre  environné  d'un  peuple  abattu;  ce  pon- 
»tife  lavant  les  pieds  des  pauvres  ;  ces  ténèbres ,  ce  silence  entrecoupés  de  bruits  formi- 
«dables  ;  ce  cri  de  victoire  échappé  tout  à  coup  du  tombeau  ;  enfin  ce  Dieu  qui  ouvre  la 
«route  du  ciel  aux  âmes  délivrées,  et  laisse  aux  chrétiens  sur  la  terre,  avec  un  religion 
«divine  ,  d'intarissables  espérances."  —  «Quand  on  s'est  bien  pénétré  des  profonds  mystè- 
res qui  précèdent  et  accompagnent  le  plus  grand  et  le  plus  mémorable  jour  de  la  Religion  ; 
quand  on  peut  juger  de  l'effet  qu'un  tel  jour  a  produit  sur  un  peuple  plein  de  foi  ;  alors 
on  ne  doit  plus  s'étonner  que  le  nom  qui  désigne  ce  jour  si  solennel  ait  quitté  la  fémi' 
nité  qu'il  a  partout  ailleurs,  pour  devenir  tout  à  coup  masculiîi/^ 

Pour  rien  au  monde,  lecteur,  je  n'aurais  voulu  te  priver  d'un  si  sublime 
morceau  d'éloquence. 

A  quoi  bon  l'éloquence, grand  Dieu!  lorsqu'elle  est  employée  à  un  tel  usage! 
Et  qu'est-elle  autrs  chose  alors  qu'un  phébus  ridicul  ! 

Nous  ne  sommes  pas  encore  à  la  fin. 


Second  intermède.   Exercice  de  lecture.  |f^ 

„8i  neurrr  H|tportc  nver.  lui  (Il  rwiiiIrNit  $ol)  l'Idw  d'an  acte  de  giole;  «'il  fuit 
wnnilrt>  le  HtMitiiuent  d'une  Kranit*'  fonv  ilt'Vi-loppi^o ;  h'II  piitreitic  avec  fui  U  croyaace 
Mri*riii*-  qu'iiiif  Kranile  piilMHaiictr  a  ('-t)'  iMtiploytV  dniiii  l'acte  grave  ri  MO|cnn«l  qu'il  dt^nigne. 
niilorM  il  tlf  vient  iii-r)><4sain-ui*rnt  miiMrullii  : 

^Quelle  niorali*  pnl«<-Je  infrrrr  dr  rc  fait  y 

»SaiiH  rt'la  toute  faille  enl  un  netirrr  impttrfuH*  (Lu  fontaine.} 

Troiivcs-tii ,  I«»<;1piii',  (|uc  rexcnii)lo.  soit  bien  choisi,  et  ne  crois-tu  pas 
quo,  si  La  Konlaiiio  cùl  ctc  forcé  jiar  la  rime  à  dire  une  oeurre  imparfaite f  U 
en  aurait  (Ml  un  violent  regret? 

La  inaseiilinité  est  encore  plus  hli^mablc ,  nu  point  de  vue  nu\inc  des  auteurs 
de  la  (ira  m  ni  a  ire  Nationale,  daus  cet  autre  excniplc  fuurui  par  Hoileau,  où  le  mut 
oeuvre  porte  rciiiprciiite  visible  d'une  idée  de  mépris: 

nTel  qui,  content  de  lui,  croit  hcm  oeuvre»  parfaite, 
«Aux  fulurH  C'plclers  prépare  de»  cornet».* 

Kutreprendrai-je,  lecteur,  de  te  sijçnaler  les  innombrables  bévues  qui  distin- 
^nent  la  Oniminnire  des  Gruntmaires,  la  Gniminuire  Gf^m'rale  îles  Giammalrex,  et 
toutes  les  r/»v»/H/««/;r.v  passées  et  présentes  î'  ^)iiel<|trtin  a  dit  rpi'il  fallait  un  volume 
pour  réfuter  une  erreur  d'une  li^ne.  Combien  de  milliers  de  volumes  me  fau- 
drait-il doue  pour  indiquer  seulement  toutes  les  témérités  de  tant  de  milliers  de 
jîrammairiciis  ou  soi-disants  tels,  (jui ,  complètement  étranjçers  eux-mêmes  aux 
lois  (l'une  langue  (|u'ils  prétendent  cnseijfner  aux  autres,  ne  font  que  copier  et 
abréger  macliinaleiuciit  leurs  devanciers,  selon  la  remarque  de  .M.  Francis  Wey, 
(|ui  ajoute,  en  tlièse  {générale,  que,  (|uand  un  homme  se  sent  trop  faible  pour  la 
poésie,  pour  l'histoire,  pour  la  philosophie,  pour  la  critique,  quand  il  ne  saurait 
professer  ni  rélo(|ueiice,  ni  la  rhétorique,  il  fait  des  yrammaires.  M.  Francis 
\Vey  a  raison.  Il  est  loin  de  nous,  en  effet,  le  temps  où  les  Kratosthén* ,  les 
Aristophane,  les  Aristarquc,  les  Cratès  ,  les  Attieus ,  les  Opilius,  les  Denys  de 
Syracuse,  les  César,  etc.,  s'adonnaient  aux  études  (grammaticales.  Aujourd'hui 
1»'  jçrammaire,  cet  art  si  utile  et  si  important,  cette  base  essentielle  de  toutes 
les  connaissances  humaines  ,  est  abandonnée  à  des  gens  incapables  d'écrire  dix 
ligues  élégamment.  Kn  voulez-vous  la  preuve"?  Écouter  cette  curieuse  critique  de 
iM.  Francis  Wey  sur  le  premier  de  nos  (^irammairiens. 

..Ciirault-Diivivier ,  dans  la  préface  de  sa  grammaire,  nous  apprend  aue  , 
grâce  ît  lui,  »le  professeur  j)0urra ,  en  remontant  à  fa  source  des  principes,  don- 

i.iier  à   ses  leçons   le  caractère   d'authenticité  qui ,    ete "    Principe  vient  de 

principiuin ,  rommenremenf.  Le.  mot  source,  qui  désigne  le  commencement  d'un 
lleuve ,  se  prend  au  figuré  dans  la  même  acception  ([iie  principe.  D'où  il  résulte 
que  la  source  tirs  principes  est  une  locution  é(|uivalente  à  -  la  source  «les  sonr- 
c«8  f  —  te  principe  îles  principes  ,  —  le  commencement  des  commencements. 

nFlus  loin  le  même  auteur  ajoute: 

«Une  langue  vivante  eHt  .san.s  cesse  entraînée  i^ers  des  accroissements  ,  des  cliange- 
«ments,  des  modirirations ,  qni  deviennent,  par  la  suite,  la  xource  de  .sa  perferlion  et 
»dc  s»  décadence." 

«Ces  accroissements,  ces  modifications,  ces  changements  (un  seul  de  ces 
derniers  mots  suffisait)  ne  dedennent  pas,  —  par  la  suite,  —  ta  source:  ils 
sont  sur  le  champ  et  dés  l'heure  où  ils  se  manifestent,  —  la  source  de  la  per- 
fection ou  do  la  décadence  de  la  langue.  »Si  elle  n'était  entraînée,  celte  langue, 
<|ue  r«r.v  ces  modifications,  elle  pourrait  ne  les  pas  subir;  mais  elle  est  entraînée 
«I  des  mt>dilications ,  à  des  accroissements,  ce  qui  est  plus  grave;  à  équivaut 
Ici  à  -dans. 

uOn  dit:  —  Être  entraîné  vers  quelqu'un,  parce  que  l'on  ne  peut  l'être 
{\\itniprrs  de  la  personne.  Mais  une  langue  n'est  |>as  entraînée  auprès  des  chan- 
gements; elle  est  entièrement  précipitée  dans  cette  voie  des  modilications  et  des 
accroissements. 

»Knlin ,  (iiraull-Duvivier  aurait  pu  se  dispenser  d';^outer  par  la  suite  au 
vei'bc  deriennent ,  attendu  que  chacun  sait  qu'on  ne  devient  pas  auparavant,  mais 
par  la  suite. 

>..\  la  même  page  du  niênii^  grammairien,  on  lit:  >,Le  hut  principal  que  je 

«me  suis  proposé,  est  de  déterminer " 

9 


130  ^^  grammaire   française. 

>,11  fallait:  —  le  but  que  je  me  suis  proposé  principalement Le  génie 

de  notre  langue  exige  qu'il  en  soit  ainsi. 

))Au  feuillet  suivant,  en  parlant  des  grammaires:  «Elles  sont  le  fruit  des 
«méditations. ...  ;  mais  beaucoup  renferment  des  systèmes  qui '< 

^Beaucoup  étant  employé  pour  plusieurs  ne  doit  pas  être  mis  tout  seul. 

»Au  bout  de  quelques  lignes ,  nous  trouvons  dans  la  même  préface  :  »J'ai 
«donc  dû  me  servir  des  termes  les  plus  généralement  employés  et  les  plus  tisités.<^ 
Redond,ance  inutile. 

»A  la  ligne  suivante ,  Girault-Duvivier  nous  raconte  qu'il  a  traité  Indi- 
-viduellenient  des  mots ,  et  qu'il  a  fait ,  au  surplus ,  tous  ses  efforts  pour 
remplir  sa  tache. 

«Pour  que  son  plan  soit  mieux  apprécié  des  lecteurs ,  il  le  justifie  en  ces 
quatre  lignes: 

^La  partie  didactique  de  l'ouvrage  est  donc  distribuée  comme  le  sont  •)  toutes  les 
„grammaires  ;  mais  cette  partie  formant  un  corps  de  doctrine,  peut  être  lue  de  suite ,  et 
»elle  a  dû  être  divisée  méthodiquement. « 

»l"En  quoi  peut  consister  la  partie  non-didactique  d'une  grammaire?  %^lJne 
partie  d'une  grammaire  ne  peut  être  distribuée  comme  Vest  une  grammaire,  atten- 
du que  la  partie  ne  peut  être  assimilée  au  tout. 

«L'université  regarde  Girault-Duvivier  comme  le  meilleur  de  nos  grammai- 
riens, et  l'Académie  Française  a  reconnu  que  la  Crraininaire  dei9  Gram- 
ninireis  est  indispensable  à  ses  travaux: 

«De  ces  faits,  on  doit  conclure,  1"  que  la  meilleure  des  grammaires  ne 
vaut  pas  grand'  chose ,  puisqu'elle  n'a  pas  mis  celui  qui  la  possède  le  mieux 
(l'auteur  qui  l'a  composée)  à  même  d'écrire  plus  purement  et  avec  plus  d'élégance 
qu'il  ne  le  fait  ;  2"  que  les  vrais  écrivains  ont  seuls  et  seuls  peuvent  transmettre 
les  secrets  de  l'art  d'écrire,  puisque  seuls  ils  sont  parvenus  à  acquérir  l'intelli- 
gence du  génie  de  notre  langue. 

«Enfin,  on  reconnaîtra,  par  l'exemple  de  Girault-Duvivier,  que  la  méthode 
qui  préside  à  l'enseignement  du  français  est  vicieuse  quant  au  principe  et  nulle 
quant  au  résultat;  puisque  le  meilleur  des  grammairiens  écrit  plus  incorrecte- 
ment que  le  plus  illettré  des  vaudevillistes. 

«Que  la  Grammaire  des  Grammaires  soit  le  plus  complet  des  traités  gram- 
maticaux, je  ne  le  nie  point;  l'Académie  l'a  reconnu,  l'université  en  demeure 
d'accord ,  et  l'ouvrage  a  semblé  de  si  haute  importance ,  que  le  Roi  en  accepta  la 
dédicace. 

«La  lettre  dédicatoire  est  sous  nos  yeux  ;  elle  se  compose ,  quajit  au  fond , 
d'un  seul  alinéa;  le  surplus  est  consacré  aux  formalités  et  aux  formules  d'actions 
de  grâces.  Quand  on  écrit  au  Roi,  on  réunit  tous  ses  efforts,  et  l'on  ne  néglige 
point  son  style.  Voici  ce  court  alinéa,  il  servira  de  confirmation  aux  idées  que 
nous  avons  tout  à  l'heure  émises  : 

„En  m'accordant  cette  faveur  honorable,  Sire,  vous  avez  assuré  le  succès  de  mon 
«ouvrage ,  et  comblé  les  voeux  d'un  père  de  famille  qui  léguera  à  ses  enfants  le  souvenir 
»de  votre  bienveillance.  Ils  seront  fiers  de  penser  que  l'auteur  de  leurs  jours ,  après 
«avoir  consacré  une  partie  de  sa  vie  à  un  travail  utile,  a  obtenu  un  regard  d'approbation 
„d'un  grand  Prince ,  dont  le  moindre  titre  à  la  vénération  du  ses  sujets  et  à  l'admiration 
„de  la  postérité ,  est  d'être  le  plus  éclairé  des  rois  que  la  France  cite  avec  orgueil." 

«Peu  de  parfumeurs  brevetés  du  roi  se  permettraient  un  semblable  style. 

«Il  est  inutile  d'analyser  les  fautes  grammaticales  et  les  maladresses  de 
cette  phrase;  l'auteur  est  si  inhabile,  qu'il  n'entend  pas  même  le  sens  des  mots 
qu'il  enfile  avec  tant  de  peine  à  la  suite  les  uns  des  autres." 

D'après  ce  style  du  premier  de  nos  grammairiens ,  vous  pouvez  juger  quel 
doit  être  celui  de  M.  Gisehig ,  auteur  d'une  nouvelle  Grammaire  Française  que 
publie  en  ce  moment  à  Vienne  M.  Gerold  ,  ou  celui  de  mon  ex-ami  C.  É.  Je  pour- 
rais te  citer,  lecteur,  des  choses  curieuses  de  ce  dernier,  mais  cela  me  prendrait 
trop  de  temps  et  de  place. 


*)  Ellipse  vicieuse.  Il  faudrait  —  comme  sont  distribuées (Note  de  l'auteur.) 


Second  intermède.   Exercice   de   leelare.  191 

Au  nioinH  Giraiill-Dnvivier,  Napoléon  Lundaii,  Besrherelle,  NoËl  et  Cliapral, 
BonilHco.  etc.,  «Mil  tous  roconnii  rim|M  '  'où  il»  se  trouvaient  de  donner  deii 
règle»  lixes  sur  le  ifeiue  îles  suhstiiuti,  M.  ('.  E.,  e.ssayîtnt  de  »  approprier 

le  IVuil  de  nus  lonifs  Iruvanx,  u  cru  inur  un  r  ^tille  en  cette  nintière;  et  voici  M. 
Gisclii»  (|ui,    a\ec  une  i»»pirlurli«l)ie  a.ssuraacc,  vient  donner  de»  règles  sur  le 
y«ttre,  \vs  quelle»  sunl  uinsi  conv-ucs: 
'    «MMiiculinit  Hout  : 

wt'O  pliipnrt  (les  )4utitit«ntirM  qui  u»  ne  terminenl  pa»  par  un  e  muet;  exeepif .  ,„,i,,  . 
^citf,  dent,  dot,  faim,  fin,  foi»,   forêt,   gtnt ,   harl ,  main,  mer,  moeura,  ntf,   noix, 
^nuit,  pair,  part,  perdrix,  tuif,  uouri»,  toux,  vi;  voix,  eau,  ^eau,  foi,  loi,  paroi  et  cour.* 
«Féminins  Hoiit:  <  -^ 

»Lm  plupart  ili*»  siub.sUiitir!!  termliivN  p»r  un  e  tnnet;  excepte:  grade,  cimetière, 
y^lletue  ,  apoyèt ,  cadinèe ,  i'olytèe ,  Ktyièe,  empyrre,  hymrnèe,  lyièe,  muutolie,  mutée, 
^pèrlyèe  ,  prytanè*  ,  pyijmèe  ,  rev-de-ihaunëe  ,  npondèe  ,  trophée,  libelle,  modèle,  pa- 
^rallèle  ,  vermicelle  ,  riuluiirelle  ,  xèle  ,  a$ile  ,  concile,  domicile,  écangile,  ilyle,  eaude- 
^oltle ,  —  diocène ,  faite,  arrière,  derrière ,  baiit-marie ,  incendie,  génie,  parapluie, 
ffttUrite ,  gîte,  rite,  tite ,  foie,  murmure,  parjure,  gable,  sabre,  nombre  ei  cigare." 
<pa«e  GU^TOJ 

Une  règ^lc  do  la  même  force  serait  celle-ci:  «Tous  les  verbes  se  conjuj^nent 
sur  aimer,  exeepti^  :  ftnir,  mourir^  Jouir,  conceroir,  recevoir,  mouvoir,  pouvoir, 
vouloir,  savoir,  rendre,  vendre,   rire,  fondre,  re'pondre  et  corrompre." 

Hicn  (le  plus  e.\pé<lilir.  Mais  en  niOnie  temps  quoi  de  plus  ridicule! 

l'U  lu  jrruniniiMre  de  M.  (iiscliiff  a  déjà,  dit -on,  plus  de  300  souscripteur» 
dans   lu   seule  ville  de  Vienne!  Stupete  t/entes.  El  M.  Gcrold  a  refusé  d'acheter 

auelques  exen«;)lHires  de  noire  modeste  ouvrajje,  parce  qu'il  était  en  possession 
u  chef- d'oeuvre  de  M.  Gischig  ! 

Devant  de  tels  fails,  j'oserai  demander:  Quel  moyen  y  a-t-il  pour  le  mé- 
rite de  se  l'aire  jour,  quand  les  gens  capables  de  l'apprécier  sont  si  rares,  et 
que  les  libraires,  en  général,  ne  diU'èrent  |ius  du  coq  de  lu  fable?  Je  prétends  que 
la  profession  de  libraire  éditeur  ne  devrait  être  exercée  que  par  des  hommes  que 
eussent  fait  leurs  |>reuves  dans  les  sciences  et  dans  les  lettres.  Car,  en  vérité, 
ces  gens-là  abusent  par  trop  de  la  permission  d'ùlre  bètes;  et,  si  la  grammaire 
n'est  plus  qu'un  chaos,  c''est  bien  à  eux  qu''en  est  la  faute,  plutôt  qu'aux  mal- 
heureux manoeuvres  qu'ils  chargent  de  temps  en  temps  de  leur  l'abri(|ner  des 
traités  de  grammaire,  pour  la  consommation  journalière  d'un  public  bénévol, 
qui  leur  accorde  une  coiiliance  aveugle,  jusqu'à  tout  prendre  de  leur  main,  les 
yeux  fermés  ;  tout  jusqu'à  la  grammaire  de  .M.  Gischig.  jusqu'au  dictionnaire  Lau- 
ilnis.  jusqu'à  la  Sci*'nre  de  Ut  Inuffue  françuUe  par  Kemy:  tout  jusques  A  VOrbiê 
Pictus!  !  !  etc.,  elc.  Or  ligurez-vous  un  tas  (le  chilfons  qu'on  aurait  ramassés 
parmi  les  balayures  d'un  collège  pour  en  f;iire  des  livres,  et  vous  aurez  une 
idée  des  délicieuses  mosaïques  dont  il  s'agit. 

Vas-tu  croire,  lecteur,  que  je  prends  à  lâche  de  tout  dénigrer?  Ce  que  je 
dis  là,  j'ai  la  conviction  que  c'est  la  vérité,  et  je  l'exprime  avec  lu  conscience 
d'un  honnête  homme.  • 

Pour  l'eu  convaincre  loi-mème  entièrement,  daigne  donc  parcourir  une  page 
de  VOrbis  Pictus.  Tu  y  trouveras  de  telles  phrases: 

»  -  Lr  moHvemenl  de  la  te  re  est  doultle,  savoir:  celui  autour  de  non  propre 
„nTe  et  celui  autour  du  soleil.  —  Là  apimrtiennent  ies  globes  iimés.  —  L'aurore  boréale 
i,e»l  une  lueur  lumineuse.  —  D'après  la  sainte  K("rilure  tous  les  peuples  de  la  terre  des- 
«cendent  d'une  seule  paire,  de  sorte  qu'il  n'y  a  qu'un  genre  et  qu'une  espèce.  Mai.*  ordl- 
«naireinent  on  divise  les  hommes  en  diverses  races,  et  cela  en  trois  races.  —  La  couienr 
»de  leur  peau  est  pour  la  plupart  rulvrée  ou  brune -cannelle.  —  L  résulte  encore  par  le 
«mélange  de  ces  races  une  foule  de  variétés,  et  ceci  est  particulièrement  le  au  enAmérl- 
«que,  011  aux  indigt'iies  et  aux  Européens  émigrés  viennent  s'ajouter  les  nègres  amenés 
«comme  esclave.s.  —  On  appelle  peuple»  de  grandes  sodétés  d'hommes,  surtunt  s'ils  ont 
„Mne  origine  commune,  ou  si  elles  obéissent  à  un  même  chef.  —  L<t  température  decleUt 
rtuéhiiteuse  et  renteuse  plus  on  avance  vers  la  mer.  —  L'Allemagne  po»sède  des  fruits  en 
ualiundanre  ;  rependant  on  trouve  davantage  de  meilleures  espèces  dans  le  sud  que  dam 
vie  nord.  —  Parmi  les  habitant^  allemands  de   l'Autriche  apparllemnent  «umt4m  stf- 

9* 


J5f  La    grammaire    française. 

yfViens.  —  11  y  a  des  établissements  pour  l'éducation  intellectuelle.  —  L'élever  dn  bétail  et 
»la  manutention  du  fromage  sont  la  principale  ressource  des  habitants  de  la  Suisse.  On 
^trouve  des  •  ostumes  qui  y  ont  été  apportés  depuis  long-temps ,  lesquels  ont  peu  ou  pas 
^du  tout  souffert  du  changement.  —  Le  sol  est  en  général  sablonneux  et  peu  fertile,  ce- 
«pendant  la  plupart  fructifié  par  une  bonne  irrigation.  —  Le  duché  de  Saxe-Weimar  se 
«partage  en  trois  masses.  —  A  la  vérité,  on  fait  plus  de  sacrifices  en  France,  pour  l'édu- 
«cation  du  peuple  à  présent  qu'autrefois,  sans  cependant  être  encore  suff^isants.  —  Les 
„Tnngouses  se  divisent  en  possesseurs  de  chevaux  et  en  ceux  qui  tiennent  des  chiens.  — 
^lls  aiment  beaucoup  à  manger  en  grande  quantité,  sans  s'inquiéter  si  la  chair  qu'ils 
«consomment  soit  fraîche  ou  putréfiée.  —  Les  Japonais  sont  d'uii  saure  teint.  Leur  tête 
„est  grosse  pour  la  plupart.  -  S'ils  veulent  saluer  quelqu'un  et  faire  un  grand  honneur 
„«  quelqu'un  ,  ils  s'agenouillent  et  se  jètent  la  face  contre  terre.  Ils  sont  économiques.  Ils 
^H'occnpent  davantage  de  chasse  que  del'éleoer  du  bétail.  Aussi  ils  sont  très-habiles  dans 
„la  manutention  des  métaux  —  Bien  «y «'autrefois  ils  aient  été  très-avancés  dans  les 
^sciences,  ils  s'abstiennent  maintenant  de  tout  progrès,  quoique  plusieurs  inventions 
Traient  été  depuis  longtemps  leur  propriété  lorsque  nous  les  avons  faites.  —  Les  habitants 
^rte  la  Nouvelle-Zélande  sont  des  guerriers  passables ,  mais  malgré  «/«Ils  sont  très-con- 
»rageux,  ces  belles  qualités  sont  très-obscurcies.  —  Leurs  facultés  intellectuelles  ne  sont 
«pas  trés-chétives.  —  Us  ont  une  figure  agréable  toutefois  avec  d'un  peu  larges  narines. 

»—  La  pêche  à  la  ligne  a  passé  à  ïétat  de  passion *  '). 

Voilà  de  quel  style  original  est  écrit  d'un  bout  à  Tautre  VOrhîs  Pictus, 
ouvrage  composé  tout  exprès  pour  l'instruction  de  la  jeunesse  et  pour  renseigne- 
ment des  langues,  par  une  société  de  savants  et  de  littérateurs;  publié  à  Leipsic, 
et  loué  par  M.  Saphir.  Les  fautes  d'orthographe  et  de  ponctuation,  lessolécismes, 
les  barbarismes,  les  germanismes,  les  impropriétés  de  termes,  les  monstrueu- 
ses alliances  ,  les  non  sens ,  les  balourdises  de  toutes  sortes ,  y  fourmillent  à 
chaque  page. 

Que  vous  ne  sachiez  pas  le  français ,  illustres  écrivains  de  VOrbis  Pictus, 
rien  de  plus  excusable;  mais  que,  malgré  cela,  vous  osiez  faire  étalage  de  votre 
érudition  dans  une  langue  aussi  difficile  à  manier  que  la  langue  française,  cela 
passe  toute  permission.  Et  quelle  érudition,  grand  Dieu! 

»Les  ânes  réussissent  mieux  dans  le  sud  de  l'Allemagne  que  dans  le  nord.« 
En  revanche: 

>>Les  oies  se  trouvent  en  plus  grande  quantité  dans  le  nord." 
Ainsi  pas  de  querelle.  Il  y  a,  comme  on  le  voit,  compensation.  Les  ânes  d'un 
côté,  les  oies  de  l'autre  avec  les  canards,  et,  au  milieu,  les  rédacteurs  de  l'Or- 
bis  Pictus,  protégés  par  M.  Saphir,  les  quels  ne  sont  pas  des  génies,  si  vous 
voulez  ,  mais  qui  ne  sont  pas  non  plus  tout  à  fait  des  bêtes ,  qui  sont  là  entre 
deuœ  ,  comme  on  dit. 

VOrbis  Pictus  coûte  jusqu'à  quarante  cinq  francs,  et  il  en  est  à  sa 
quatorzième  édition. 

Devant  une  telle  énormité,  le  moyen  d'être  encore  modeste!  Soyez  donc 
un  géjiie  du  premier  ordre!  soyez  donc  à  la  fois  un  grand  philolog,  un  grand 
écrivain,  un  grand  poète,  un  grand  philosophe!  !  ! 


La  science  de  la  Langue  Française. 

Je  n'ai  rien  dit  encore  de  l'ouvrage  intitulé  :  La  science  de  la  langue  Fran- 
çcàse,  par  M.  J.  Rémy,  jurisconsulte,  membre  de  la  société  grammaticale  de  Pa- 
ris,  auteur  du  Nouveau  Domat,  etc.,  etc.;  publiée  par  Belin  Mandar ,  en  1839. 
Je  vous  ai  laissé  cela,  lecteurs,  pour  la  bonne  bouche.  Or,  voyez  comment  pro- 
cède M.  J.  Rémy,  dans  sa  Science  de  la  langue  Française  : 

»8-  5-  -f^  s'emploie  quand  le  verbe  est  renfermé  dans  une  parenthèse,  comme,  oserez - 
«vous,  lui  répondis-Jc* 

Qu'est-ce  qu'il  entend  par  là  ? 


'3  Voir  la  Méthode  du  Genre.  Paris,  Ph.  Cordier,  Rue  de  Poncean ,  24. 


Second   intermède.  Kxercice  de  leetare.  153 

^S.  !'/•  QuMiiU  le  pronom  me  t*t  Joint  k  lu  purtlcnle  en  ,  il  unit  immrdiAtemrnl  In 
vcrbo  :  Héiiondfr.-m't'n  ,  vomîi  dN-Je." 

,S.  13.  t.e  pronom  me  eM  rûgimn  d«i  rinAnlUf:  On  no  pool  me  dire  eeln  mahm  mentir.* 

»S.  (>i.  lin,  s'i'llipiio  dHii»  Im  phraite  HUiv.inte  :  t,^s  conHuU  ne  pouvant  nbtrnir  lex 
ahanneura  du  trioinph»  qiu^  par  uni^  contpiAte,  fiilftaiunt  la  guerre  avec  une  iiupélnniiili; 
«extrême.  —  Il  eut  h  reuittrcjucr  que  1«*  Nom  de  la  troiiiièmo  perMonne  pluriel  a  deui  for- 
»meM:  II»  et  eux  pour  le  niitHculln ,  elles  pour  le  féminin,  et  le»,  leur»,  le ,  »oi ,  pour  leit 
adeux  genre».* 

nS.  f<*.  I.e  pronom  ellei  nt-  no  met  Jamai*  qu'immi-dialement  devant  le  verbe,  mum 
«HoulTrir  rien  entri;  deux,  xi  re  n'eat  dea  particnlea  et  don  pronoms  personnela,  comme: 
„elles  noim  dl.Hont,  ellet  me  piirlent." 

r,S.  (iS.  .Mal.<<  r<>  pronom  ^•e  met  ImimMliatemi-at  aprèa  le  verbe  dana  Un  interroga- 
«tlnna:  Que  (ont-elle*f  où  Hont-elletf  où  \out-elle»T* 

»S.  *>y.  Ou  MHnx  inlerro^nlion  ,  ((Uand  le  verlie  eut  procédé  du  qut-liine  mlreibe  ,  OK 
»de  cpielque  interjeitinn  :  Alors,  di-^ent-elleHlf  t-h  hlcn !  oj»erHient-»'lleH  se  prési*nterV  lea 
«armes  des  aangliiTs  sont-cMi-s  plus  daii;:<ri>iises  qiio  relies  de  la  gnèpe  ou  du  monnliqneV* 

»S.  51.  1,»'  pronom  elle,  sujet  du  verbe,  m  dit  de»  perwonnea  et  des  rhoaea;  k 
«moins  qa'il  n'y  ail  entre  «(fe-et'Ie  verbe  de»  particules  et  des  pronoms  personnels:  Klle 
«noM*'  dit,  et  lui  parla." 

Kn  voilà  iiiip  iiuHlioilt'  «Mirioiise!  Kii  voilà  dos  rotflcs  Wwn  inntivé«*s,  hicn  cer- 
taines, bien  ab.s(»liics,  bien  précises,  et  siirtftiit  bien  clairement  exunsces  !  De 
deux  choses  rniie,  ou  Je  n'ai  plus  mes  idées  nettes,  ou  celles  de  y\.  Uéiny  .sont 
un  peu  brouillées  ;  c.nr  je  ne  comprends  aiisolument  rien  au  dernier  paragraphe. 

Continuons: 

»S<  ^3.  Un  peut  mettre  nnu»  avant  le  verbe.* 

Voyez-vous  ça  !  Nouh  profitons  de  la  permission  ,  Monsieur  Réuiy. 

«K  4!l.  Il  y  a,  il  est;  il  y  a  semble  exprimer  qnelque  chose  de  pins  particulier,  Uo 
«plus  applicable  k  une  circon.xtance  plus  particulière.  Exemple:  Il  a  Joint  à  la  valenr  et 
«au  génie  l'application  et  l'expérience.* 

Ne  trouvez-vous  pas  l'exemple  bien  appliqué? 

A    propos  d'exemples ,  en   voici   une  collection  des  plus  curieux ,  des  plus 
mirobolants  ;  tous,  croyez-le  bien,  donnés  pour  bons  par  >|.  J.  Hémy: 
De  mes  snji-ls  séduits  qu'il  comble  la  misère: 
.11  en  i'st  leur  ami.  J'en  dois  être  le  père. 

« —  I^  majesté  dtf  IH  nature  eu  impose.  —  .Mais  l'un  ni  l'autre  enfin  n'elaii  ;>«« 
«néces.saire.  —  Klle  a  percé  les  cloitrcs  et  les  abbayes  de  l'un  et  l'autre  sexe.  —  Et  qui 
«parle  le  mieux  de  l'un  et  l'autre  ouvrage V  —  Le  hitntieur  et  le  malheur  des  hommes 
»ne  dépend  pas  nioin.s  de  leur  humeur  que  de  la  fortune.  —  Ha  pièli  et  sa  droiture  lui 
nittire  le  respect.  —  li'intempérance  et  l'incohérence  des  imaginations  orientales  e»t  un 
«faux  gortt.  —  Sa  maladie  s-nnt  des  vapeurs.  —  Croye/.-vous  qu'alors  il  acceptera  vo>« 
«hommaKes/  —  Et  «f'où  a-t-il  pris  celaïf  11  n'importe  d'où  il  l'aif  pris.  —  Il  snffit  que  le.s 
«'«entiments  de  ces  grands  homuies-là  stnht  toujours  probables  d'eux-mêmes.  —  Kst-il  pos- 
„>*ihle  que  vous  serez  toujours  euibéguiné  de  vos -apothicaires  et  de  vos  raëdecinsf  —  Il 
«semble  que  l'abondance  n  épuisé  une  de  ses  cornes  dans  nos  jardins  et  dans  nos  cam- 
upagnes.  —  Il  semblerait  du  moins  qu'un  homme  qui  se  hasarde  à  fain-  parler  le  législateur 
«de  notre  poésie  derrait  avoir  lu  VArl  poétique.  —  Je  me  trouvai  un  peu  incommodé  arec 
»ife  l'émotion  avtnt-liier,  mais  cela  n'a  point  eu  de  suite.  —  Huit  lieue»  dans  un  Jour  *owt 
wtrop.  —  Il  me  semble  que  mon  coeur  reuille  se  fendre  par  la  moitié.  —  Il  me  semble  que 
«se  »oi/  une  crise  que  la  nature  ait  souhaitée.  —  Ou  dirait  qne  le  livre  des  deslins  ait  été 
«ouvert  à  ce  prophète.  —  Vous  diri\>K  qu'il  ait  l'oreille  du  prince  ou  le  s'-crel  du  ministre. 
„—  Il  n'y  a  point  de  montagnes  dans  les  iles  de  l'Arrhlpel  qui  n'ait  son  é»:lise,  ni  de  co- 
«tvanx  à  la  t'hine  qui  n'aif  sa  p.tgode.  —  Tout  dieux  que  vous  soyez  ,  Je  soutiens  le  con- 
wtraire.  —  Je  ne  crois  pas  que  vous  me  Jugeassiez  .sans  m'entendre,  et  que  vous  mt  Jugeof- 
»4ier  »i  sévèrement.  —  Crois-tu  que  je  ne  susse  pas  à  fond  tons  les  sentiments  de  mon  père  <" 

«On  craint  qu'il  n'essuyât  les  larmes  de  sa  mère. 
«C'est  k  moi  ù  en  prendre  soin.  —  Il  y  a   du  plaisir   li'ètro  dans   un  vais-Hean   battu  4e 
«l'orage,  loniqu'on  e^it  a^uuré  qu'il  uo  périra  pas,* 


154  I-"!   grain  m  a  ire   française. 

De  telles  phrases  composent  plus  des  deux  tiers  du  volume  de  M.  Réniy.. 
Mais  J'espère  qu'en  voilà  assez. 

Encore  un  spécimen  pourtant  de  la  rédaction  de  M.  Rémy. 

»S'  55.  Nous  s'emploie  par  un  roi  dans  plusieurs  formules." 

»S.  142.  Le  pronom  y  se  place  après  le  verbe,  lorsque  celui-ci  est  à  l'impératif,  si 
»ce  n'est  que  la  phrase  soit  n»5gative  ;  dans  ce  cas  y  précède  le  verbe.* 

M.  Rémy  pose  en  principe  que  : 

yiQuiconque  peut  être  suivi  on  non  suivi  du  pronom  il  :  Quiconque  découvrit  les 
«diverses  révolutions  des  astres,  il  lit  voir  par  là  que  son»e.;prit  tenait  de  celui  qui  les  a 
„formés  dans  le  ciel.« 

Il  ne  distingue  pas  le  régime  indirect  du  sujet:  » 

»§.  87.  Eux  est  nominatif  du  verbe.  Exemple:  Ces  beaux  talents  se  découvrent  en 
>,«Hx  du  premier  coup  d'oeil." 

Il  ne  distingue  pas  mieux  un  substantif  d'un  adjectif. 
»S.  424.  Des  adjectifs  terminés  au  masculin    en  ic  font  au   féminin  ique  ;  exemples  : 
«Les  grands  ne  craignent  pas  un  public  qui  les  craint  et  qui  les  respecte.  Cette  multitude 
„de  livres  dont  le  public  est  accablé.  Le  public  révolté  s'obstine  à  l'admirer.* 

Tous  les  temps  des  verbes  se  confondent  dans  son  esprit. 

Après  avoir  dit,  paragraphe  1019: 

»Le  présent  de  l'indicatif  exprime  l'affirmation  comme  ayant  lieu  au  moment  de  la. 
„parole.« 

Il  donne  pour  exemple: 

»I1  n'y  a  Jamais  eu  que  mademoiselle  de  Longeron  à  qui  madame  la  princesse  en  a 
typarlé.  —  lia  plupart  des  naturalistes  ont  cru  qu'il  n'y  avait  qu'une  espèce  d'animal  qui 
yyfournit  le  parfum  appelé  civette.  —  Ces  trois  grands  hommes  commencèrent  à  demenrer 
»dans  la  teire  de  Chanaan,  mais  comme  des  étrangers.  Jusqu'à  ce  que  la  faim  attira  Jacob 
>,en  Egypte.  —  Lucain  fut  d'abord  ami  de  Néron,  Jusqu'à  ce  qu'il  eut  la  noble  imprudence 
„de  disputer  contre  lui  le  prix  de  poésie." 

Il  traite  de  même  tous  les  autres  temps: 

„§.  1037.  L'imparfait  exprime  une  action  comme  présente  relativement  à  un  temps 
«passé;  exemples:  Évite  de  rien  faire  qui  puisse  l'attirer  l'envie.  —  Les  poètes  eussent 
y,chanté  le  diable,  si  par  impossible  le  diable  était  resté  vainqueur.*^ 

Il  met  le  passé  antérieur  où  il  faudrait  le  conditionnel  passé: 

»S.  1040.  Sans  vous,  j'eus  rendu  à  ma  famille  toutes  les  richesses  que  j'en  avais 
»reçues.« 

Il  est  rare  que  les  exemples  aient  le  moindre  rapport  aux  règles: 

>,S.  425.  Des  adjectifs  terminés  au  masculin  en  ec  font  au  féminin  ecque: 
»En  morale  comique,  il  est  permis.  Je  crois, 
»Aux  Frontins  de  punir  l'avarice  des  tantes , 
»Et  de  berner  un  peu  les  caduques  amantes.* 

Il  est  surtout  curieux  de  lui  voir  donner  des  milliers  de  règles  pour  une 
qui  pourrait  les  comprendre  toutes: 

»Des  adjectifs  terminés  au  masculin  en  uel  font  an  féminin  uelle.  —  Des  adjectifs 
«terminés  au  masculin  en  inel  font  au  féminin  inelle,  —  Des  adjectifs  terminés  au  mascu- 
«lin  en  bel  font  au  féminin  belle,  —  Des  adjectifs  terminés  au  masculin  en  tel  font  au 
«féminin  telle;  etc.* 

«S.  1040.  Je  l'aurais  aimé ,  exprime  plus  particulièrement  le  temps  où  il  aurait  été 
«aimé;  j'eusse  aimé,  exprime  plus  particulièrement  le  temps  où  il  eut  été  aimé.* 

Concevez-vous  cela? 

Et  M.  J.  Rémy  ne  procède  pas  autrement  d'un  bout  à  l'autre  de  son  livre. 

Et  ce  livre  trouva  un  éditeur,  M.  Relin-Mandar,  rue  Christine!  Ce  livre  fut 
publié  et  annoncé  à  grands  frais.  Ce  livre  fut  recommandé  dans  les  pensions  par 
Monseigneur  l'archevêque  de  Paris  ! 

Rien  plus,  toute  la  famille  royale  souscrivit  à  l'ouvrage  de  M.  J.  Rémy;  ce 
qui  prouve  que  la  bonté  de  la  famille  royale  était  comme  le  soleil  qui  luit  pour  les 
bons  comme  pour  les  méchants.  A  dire  vrai ,  elle  ne  pouvait  faire  moins  pour  un 
ouvrage  paraissant  sous  les  auspices  des  représentants  de  65  départements,  au 


Second   intermède.   Ktercice  de  l<- <■  i  n  i  <•  I55 

nt)iul)rt>  (lenquelfl  se  trouvaient  MM.  Kiiizot,  Odilon-Hnrrot ,  Passy,  Curmtnin,  l>e> 
helleynic  ,  Viciinpt ,  Salvaiçe  ,  etc. ,  «'te. ,  ete. 

Oui,  le  livre  de  M.  J.  Kt'iny  parut  soutt  de  telles  ausipiees;  il  fut  iuiprime , 
nou  pas  comm»'  VOrhis-PU-tus  à  l.oipsir,  en  Saxe;  non  pas  à  Vienne,  .i  llresde , 
à  l(*-rlin  ,  où  l'iui  n'ivst  tMicorn  (|u'à  tienii  Krant.-aJH  ,  niai.H  à  l'arit»,  à  Paris  mèiue. 
y'vWv  mi'Intpoli'  di's  sciiMUfs  t-t  des  art»,  ce  foyer  de»  lumières,  ee  centre  de 
rintelli((ene«>  et  du  ffuiU  ! 

Oui,  il  y  a,  a  Paris  n\i^int'.  des  éditeurs  qui  accueillent  de  telles  aberra- 
tions, il  y  a  des  imprimeurs  (|ui  les  impriment,  il  y  a  des  libraires  qui  les  ven- 
dent, il  y  a  des  disputés  qui  les  recommandent,  il  y  a  des  feuilletonnistes  qui  y 
consacrent  les  neuf  eolonnes  do  leur  feuilleton;  il  y  a  des  êtres  inqualifiables  qui 
les  achètent. 

Oui,  de  tels  hnrbouillaKes  s'épanouissent  superbement  au  soleil  de  la  pu- 
blicité, tandis  (jue  les  meilleurs  ouvrages  s'étiolent  dans  leur  portefeuille,  hc  tel- 
les guenilles,  d'insolents  libraires  les  étalent  |r|orieusement  dans  l'endroit  le  nlus 
apparent  de  leur  friperie,  tandis  qu'ils  laiitsent  moisir  dans  un  coin  les  clief- 
d  oeuvres  les  plus  admirables. 

Il  est  vrai  t|ue  le  public  n'a  pas  un  f(oi)t  de.s  plus  raffinés.  Il  manji^e  volon- 
tiers SI  la  (T'inielle  comme  le  dernier  des  f^onjats ,  et  regarde  plutôt  à  la  (|uantité 
qu'à  la  (|ualité.  La  |ilus  ilétcstable  ripopée,  vous   voyez  (|u'il  la  préfère  au  nectar 
et  à  l'ambroisie.  Vous  voyez  qu'il  s'abonne  à    la  grammaire  de  >I.  (fiscbig!  Vous 
verrez  qu'il  trouvera  trop  cher  notre  ouvrage  (jui  contient  tout  en  un  seul  volume 
de  900  à    1000  pages,  et  qu'il  adiètera  de  préférence  une  masse  de  volumes  qui 
ne  contiennent  rien  ;  tels,  par  exemple,  (|ue  les  oeuvres  de  iM.M.  Beschcrelle  annon- 
cées ainsi  dans  le  Journal  des  Débats  du  17  mars  183*. 
uLe  véritable  Miiuuel  de»  Participes  Prançuls  ou  Dictionnaire  de*  parti- 
cipes,  etc.  13  livraisons  de  2  fenilles  ordinaires  cha((ne,  SOC.      ...      7   fr.    50  C. 
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çais entièrement  conjugués  par  ordre  alphabétique  ').  1  fort  vol.  in  12.      3    »    75    » 

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N'est-il  pas  temps  d'en  Unir  avec  ce  chaos?  N'est-il  pas  temps  de  mettre 
un  terme  à  cette  anarchie.  (|ui  menace  la  langue  d'une  prompte  décadence;  en 
imposant  silence  aux  nombreux  démagogs  de  la  grammaire;  en  tra^-ant  d'une  main 
ferme  les  règles  qui  ressortent  du  génie  même  de  notre  idiome  et  les  Justes  limi- 
tes dans  les  quelles  devra  se  renfermer  le  mouvement  de  l'usage?  N'est-il  pas 
temps  de  porter  remède  à  un  mal  déjà  si  grand,  et  qui  doit  faire  encore  des 
progrés  ,  au  dire  àe  M.  Francis  Wey  ;  «car  l'-Académie  et  l'université  ne  comp- 
tent plus  guère  de  linguistes." 

Observation  esseutielle. 

44?.  Pour  ce  qui  est  du  (K«iire ,  une  chose  que  je  condamne  sans  rémis- 
sion, parce  qu'elle  engendre  une  foule  de  difficultés  inutiles,  c'est  la  manie  que  l'on 
a  de  donner  à  un  même  nom  deux  ou  trois  terminaisons  de  genre  différent,  en 
sorte  qu'on  puisse  dire  indistinctement,  petiplier  ou  peuple,  acacia  ou  acacie ^ 
crescentia  ou  cresveiUie ,  camellia  ou  cauteùie ,  hortensia  ow  hortensie  ou  même 
hortense }  althaea  ou  althe'e ,  cohaea  ou  cohée ,  anhe'pin  ou  auhdpine ,  e'rythrin  ou 

')  Pent-oa  faire  au  public  l'injure  de  le  croire  ntnpide  A  ce  point,  qu'il  .«oit  nëce.«> 
aalre  de  lui  mArlicr  tons  les  morceaux,  sans  lui  faire  gràre  ,  par  exemple,  ni  d'nn 
temps  ni  d'un»*  personne  des  verbes  endormir,  rendormir,  comme  s'il  ne  anffisait 
pa.s  do  conjufciier  dormir  .'  Quand  Je  songe  que  N.  I.anduis  avait  form»'  lui  ans9i  I'im- 
mense  projet  d'ajouter  à  son  dictionnaire  deux  volumes  de  puérilités  semhlahles,  (es 
cheveux  m'en  dressent  à  la  tète.  «Notre  dictionnaire  ertt  offert,  dit-il:  éternel,  «dj. 
m.  sing.  ;  éternelle,  adj.  fém.  sing.  ;  éternels,  adj.  niascul.  pinr.  ;  éternellef.  attj. 
fém.  plnr. ,  etc. ,  etc.« 


156  ta  grammaire  française. 

éri/thritie ,  pichurin  ou  piclmrine,  cédrel  on  cédrelle ,  badian  ou  badiane ,  cerdan 
ou  cerdane ,  érythal  ou  érythalide ,  maryl  ou  maryie ,  bacil ,  bucile  ou  bacille 
(qu'on  nomme  encore  crithme ,  salicot ,  fenouil-marin,  percepierre,  passepierrej, 
etc.,  etc.,  etc.?  Je  tiens  pour  barbarismes  les  noms  masculins  peuple,  crescen- 
tie ,  acacie ,  camellie ,  hortensie ,  employés  pour  désigner  la  plante  même.  S'il 
ne  s'agit  que  de  la  fleur,  c'est  bien  différent.  Qu'on  dise:  un  botiqtiet  de  camel- 
lies ,  A' hortensies ,  comme  on  dit,  un  bouquet  de  roses ,  d'églantines ,  et  non  pas 
un  bouquet  de  rosiers ,  à' églantiers ,  sûrement  rien  de  mieux. 

443.  Badiane,  pichuritie ,  ne  sauraient  de  même  s'employer  que  pour  dé- 
signer le  fruit  du  badian ,  du  pichurin  (non  pas  pichurim). 

444.  On  dit  cassier  et  casse,  indifféremment.  Mais,  selon  moi,  casse  ne 
peut  convenir  qu'à  la  casse  du  commerce,  c'est  à  dire,  à  la  pulpe  contenue  dans 
les  gousses  longues  et  ligneuses  du  cassier ,  la  quelle  est  d'un  grand  usage  en 
médecine,  et  qui  se  vend  sous  le  nom  de  casse  en  bâton,  quand  elle  est  encore 
en  gousse.  La  casse  est  laxative.  De  la  casse  du  Levant.  Prendre  de  la  casse 
en  bol  ou  dans  du  petit-lait.  Surtout  il  est  absurde  d'appeler  casse,  le  genre 
entier  au  quel  appartient  le  cassier.  Le  seul  convenable  est  cassia.  Ainsi  l'on 
dira:  le  cassier,  le  séné,  sont  des  espèces  du  genre  cassia,  des  espèces  de  cassias. 

Le  dictionnaire  de  l'Académie  consacre  toutes  ces  anomalies. 

On  y  trouve  les  mots  clématite,  colchique,  oliyotrique ,  Colysée ,  camée, 
pédalie ,  etc.,  etc.,  etc.,  orthographiés  comme  on  le  voit  ici.  Ce  sont  autant  de 
monstruosités.  Clématlie ,  cote  hic  ,  oliyotric ,' Colysé ,  camé,  etc.,  telle  est  la 
seule  véritable  orthographe  de  ces  mots,  la  seule  qui  soit  conforme  au  génie  de 
la  langue,  par  conséquent  la  seule  raisonnable,  la  seule  admissible.  On  doit  dire, 
clématide ,  du  latin  clematis ,  -tidis ,  par  la  même  analogie  qu'on  dit  agrostide , 
d'agrostis ,  cranichide ,  de  cranichis  ,  épacride ,  d'épacî'is,  ibéride,  d'ibéris,  oxa- 
lide ,  d'oxalis ,  etc.  La  terminaison  ique  est  essentiellement  féminine.  Elle  con- 
vient aux  mots  anffélique ,  arniqtie  ,  mélique ,  momordique ,  paronyque ,  véronique, 
dérivés  du  latin  anyelica,  arnica,  melica ,  momordica ,  paronychia ,  veronica. 
Mais  écrire  colchique,  oliyotrique,  de  colchicum ,  oliyotricum,  tout  en  laissant 
ces  noms  masculins ,  ce  n'est  pas  être  conséquent.  S'il  est  permis  d'écrire  colchi- 
que,  au  masculin,  il  n'y  a  plus  de  raison  pour  écrire  agaric,  doronic ,  panic, 
plutôt  qu'agarique ,  doronique,  panique,  en  latin  agaricus ,  doronicum ,  panicum  ! 

On  s'est  bien  déterminé  à  écrire  scarabé ,  siyisbé ,  cétacé ,  galUnacé ,  mis- 
cellanés ,  Linné ,  au  lieu  de  scarabée ,  sigisbée,  cétacée,  gallinacée,  miscellanées, 
Linnée.  Pourquoi  n'écrirait-on  pas,  conformément  au  principe  de  dérivation,  en 
supprimant  la  voyelle  finale  du  substantif  latin  (voir  p.  85) ,  non  moins  qu'à  celui 
qui  règle  la  distinction  des  genres  en  français:  athéné ,  cadticé ,  camé,  gynécé, 
mausolé ,  périné ,  propylé ,  'prytané ,  Mélihé ?  Qu'est-ce  que  cette  orthographe 
a  de  plus  choquant  que  celle  des  mots  jubé ,  calyhé ,  café ,  thé ,  préjugé ,  jubilé, 
sublimé,  doyenné,  séné,  pédali,  séséli ,  midi,  parti,  déni,  thlaspi ,  etc.,  etc.? 
Pourquoi  pas  au  masculin  amphibi  et  au  féminin  amphibie  ?  Un  animal  amphibi. 
Une  plante  amphibie.  C'est  un  amphibi,  un  homme  qui  exerce  deux  professions 
disparates  ou  qui,  par  intérêt  personnel,  ménage  deux  partis  opposés  (Sl^feïtrciger). 

445.  Le  féminin  (voir  plus  loin  page  164,  n"  455)  ,  pour  incendie,  qui  vient 
du  verbe  incendier,  comme  insulte  ,  rencontre,  de  insulter ,  rencontrer,  sera  de 
beaucoup  préférable. 

446.  On  écrit  régulièrement,  sans  e  muet  final,  abbreuvoir ,  accotoir,  ac- 
cordoir ,  accoudoir ,  ajustoir  ,  arrosoir  ,  aspersoir ,  fermoir,  assommoir,  boudoir, 
etc.,  parce  qu'il  a  plu  à  l'usage  de  faire  ces  noms  masculins.  Pourquoi  donc, 
avec  la  marque  du  féminin,  ostensoire ,  compulsoire ,  conservatoire,  consistoire, 
yrimoire,  etc,  quoique  ces  mots  soient  tous  masculins? 

Pourquoi  bocal  et  chrysocale,  cancel  et  pédicelle ,  miel  et  nielle,  exil  et 
asile ,  fil  et  hile ,  bol  et  symbole,  calcul  et  pécule ,  cerfeuil  et  chèvrefeuille,  amer 
et  épMmP.re ,  cancer  et  ulcère ,  air ,  éclair ,  et  corsaire ,  corollaire  ;  disert  et 
inerte,  public  et  critique,  artisan  ci  profane ,  civil,  puéril,  subtil,  vil,  t  iril,  et 
utile,  facile,  habile;  proscrit,  érudit ,  subit,  et  hypocrite,  implicite,  insolite; 
Tatar,  et  barbare;  ingrat  et  aristocrate,  etc.  ,  etc. ,  quoique  tous  noms  employés 
au  même  "enre? 


157 

Proclamation. 

Appel  à  toitt  IfN  Train  phlltUfH. 

l'oitcs,  joiirnalLstcs  ,  prurcsspnt'.H,  iitaitres  de  langue,  seignoiifs 
(lu  inonde  Kpirilunl , 
Vous  n'Otos  jtii.s  sans  avoir  rlt^  elio(|Mcs  comino  nmi  «Ips  nnnihrpusps  anoma- 
lies qui  (It-pariMit  noire  boll»*  langue  el  «les  tlirtit-nllrs  innoniliraliles  «|ircl|c  pri'sente 
sons  |p  ra|t|iort  ^riiininatiral.  Ouvre/,  en  elTel ,  les  nieillenres  grammaires,  les 
meilleurs  (lielionnair,.s:  <|"'''  lalnrinllie  inextrieable  !  quel  Inxe  «le  variantes  ortiio- 
grn|tlii(|nes .  «le  rrgie /■  lansscs  on  donlenses,  d'cxecptions  insipide.s  et  rebutantes  ! 
«piel  altîme  «l'ineerliliides  ! 

À  (pioi  tient  ee  d«''sor(lre?  Uniquement  à  Tignoranee  des  faiseurs  et  éditeurs 
de  grammaires  et  de  dietionnaires  :  gens  tout  à  fait  étrangers  à  l'art  d'écrire, 
dont  les  ouvrages  rédigés  sans  méthode,  sans  hnt ,  sans  principes  fixes,  ne  pré- 
sentent que  des  eoneliisions  erronées  et  contradictoires  ;  en  sorte  qu",  après  les 
;ivoir  lus,  l'étudiant,  l'homme  qui  cherche  à  s'éelairer,  à  fixer  ses  opi  nions  à 
l'égard  de  telle  ou  telle  difliculte,  reste  dans  le  même  doute  qu'auparavant.  Sui- 
vant tel  auteur,  il  faudrait  dire  et  écrire  de  telle  et  telle  manière;  suivant  tel 
antre,  ce  serait  positivement  une  faute.  Puis  vient  un  troisième  qui  ne  trouve  de 
faute  ni  dans  l'une  ni  dans  l'autre  manière. 

C'est  en  vain  (pie  l'Aculéinie  Française  a  été  instituée  pour  travailler  à  'épu- 
ration et  au  perfectionnement  de  la  langue.  De  l'aveu  des  crities  les  plus  colmpé- 
tcnts,  son  fameux  dictionnaire,  élabore  avec  tant  de  soin  par  tous  les  immortels 
qui  se  sont  succédé  dans  son  sein,  depuis  deux  cents  ans,  n'est  que  la  consécra- 
tion systématique  de  toutes  les  fautes,  de  tontes  les  incorrections,  de  toutes  les 
variantes  plus  ou  moins  vicieuses  qui  passent  journellement  dans  l'usage  général. 
Au  dire  de  M.  Francis  Wey ,  la  dernière  édition  du  dictionnaire  de  l'.Academie  ne 
serait  (|u'un  monument  déplorable  de  l'ignorance  philologique  de  notre  siècle. 

Professeurs  dignes  de  ee  nom,  encore  une  fois,  je  vous  le  demande,  n'csl-il 
pas  tein|»s  d'en  finir  avec  ce  chaos,  dans  le  quel  la  langue  française  menace  de 
s'abîmer  sans  retour?  N'cst-il  pas  temps  de  mettre  un  terme  à  cette  anarchie, 
en  fermant  la  bouche  aux  démngogs  de  la  grammaire,  non  moins  dangereux  que 
ceux  dont  l'acte  énergique  du  i  déccmlirc  a  délivré  la  société? 

Ô  vous  tons,  hommes  de  pensée,  que  vos  talents  et  vos  lumières  rendent 
eapables  de  sentir  les  conséquences  fatales  de  la  scission  qui  .s'est  opérée  entre 
les  littérateurs  et  les  grammairiens,  ne  me  refusez  pas  le  concours  que  je  vous 
demanc'.e ,  pour  pouvoir  tirer  les  études  grammaticales  de  lélat  pitoyable  où 
les  voilà  tombées  depuis  trop  long-temps.  Il  s'agit  de  leur  dimncr  pour  base  im- 
muable les  principes  (|ui  ont  servi  à  la  formation  de  la  langue,  en  remontant, 
pour  les  trouver,  le  fleuve  jusqu'à  sa  source;  en  faisant  des  mots  l'objet  d'une 
étude  historique ,  alin  d'en  découvrir  la  valeur  précise  et  de  surprendre  le  secret 
de  leurs  plus  subtiles  combinaisons;  seul  moyen  par  le  quel  on  puisse  parvenir 
à  manier  convenablement  la  langue  française.  Kneore  une  fois,  il  s'agit  (le  tracer 
d'une  main  ferme  les  règles  qui  ressorlent  du  génie  propre  de  notre  idiome  et 
les  justes  limites  dans  les  quelles  devra  se  renfermer  désormais  le  mouvement  de 
l'usage.  Il  s'agit  d'applanir  toutes  les  diflicultés  dont  se  hérisse  l'étude  de  la 
grammaire  française,  afin  qu'elle  cesse  d'être  un  épouvantail ,  surtout  pour  les 
étrangers. 

Quand  ,  nous  appuyant  sur  les  principes  de  la  logique  la  plus  rigoureuse , 
nous  condamnerons  d'un  commun  accord  telle  anomalie  ridicule,  telle  contradic- 
tion tlagrautc ,  telle  exception  puérile;  quand,  nous  elTorçant  d'introduire  l'unité 
dans  la  science  grammaticale,  nous  admettrons  unanimement  telle  ou  telle  forme, 
telle  ou  telle  orthographe,  pleinement  jusliliée  par  l'étyiuologic  ou  l'analogie,  de 
préférence  à  telle  autre  (|u'elles  condamnent,  —  o»i  sont  les  présomptueux  pédants 
qui  oseront  s'opposer  à  ces  proscriptions,  à  ces  adoptions,  toutes  faadées  sur 
les  raisons  les  plus  irréfragables?  Pour  que  cette  wutnimiti'  existe  entre  nous, 
il  faut  seulement  que  nous  le  voulions.  Jusque  là,  l'incertitude  qui  règne  sur  tant 
de  points  si  souvent  discutés  ne  cessera  pas,  U  grammaire  demeurera  comme  la 
politique  uu  éternel  sujet  de  dispute  (aelerttuai  disputandi  arjfumeniumj ,  et  ce 


î  58  ,  L  a   g  r  a  m  m  a  i  r  e   f  r  a  n  ç  a  i  s  c. 

sera  notre  faute,  si  la  langue  française   se  voit  retardée  dans  ses  progrès,  et  si 
la  conquête  du  monde  finit  par  lui  échapper. 

Encore  une  lois,  le  moment  est  venu  de  prendre  une  résolution  énergique 
et  de  procéder  liardinient  dans  l'acconiplissement  des  réformes  restées  en  projets 
depuis  deux  cents  ans ,  livrées  qu'elles  étaient  à  des  débats  sans  résultats ,  sous 
le  régime  des  discussions  grammaticales.  Plus  de  ces  vains  scrupules  qui  annihi- 
lent les  mesures  les  plus  salutaires ,  en  déclarant  des  exceptions ,  en  les  mul- 
tipliant! Plus  de  ces  tiraillements  qui  paralysent  toute  chose!  Accomplissons 
l'oeuvre  carrément,  complètement,  sans  aucune  réserve,  sans  aucune  exception. 

Je  fais  un  appel  loyal  à  tous  les  savants,  à  tous  les  lettrés,  à  tous  les 
hommes  compétents  de  la  république  des  lettres.  Je  les  invite  à  seconder  de  toute 
la  puissance  de  leur  crédit  et  de  leur  talent  la  courageuse  initiative  que  j'ose 
prendre  en  leur  nom,  et  à  sanctionner,  par  une  adhésion  prompte  et  unanime, 
une  suite  de  décrets  nécessah'es  que  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  leur  appro- 
bation. Je  les  prie  instamment,  dans  l'intérêt  de  cette  belle  langue  française  qu'ils 
cultivent  avec  tant  de  zèle  et  d'amour,  de  m'accorder  les  pouvoirs  dont  j'ai  be- 
soin pour  arrêter  le  désordre  qui  règne  dans  la  grammaire ,  pour  lui  donner  une 
base  solide  sur  laquelle  on  puisse  asseoir  quelque  chose'  de  durable ,  pour  ren- 
verser la  tyrannie  d'un  usage  souvent  absurde,  au  quel  l'Académie  elle-même  n'a 
jamais  songé  à  opposer  la  plus  légère  résistance,  enregistrant  au  contraire  com- 
plaisamment,  dans  son  dictionnaire,  tous  les  changements,  toutes  les  innova- 
tions, toutes  les  contradictions  plus  ou  moins  funestes  qu'il  plaisait  à  ce  brutal 
tyran  de  la  langue  d'imposer  à  son  humble  esclave.  Les  adhésions  seront  reçues 
avec  la  plus  vive  reconnaissance,  et  les  noms  de  tous  les  adSiérents 
liubliés  à  la  lin  de  La  Grammaire  Française.  —  Au  feu  tous  les  fatras  nç- 
])dés  fframmaiî'es  et  factionnaires  ;  affreuses  spéculations  d'éditeurs  ignorants  non 
moins  que  cupides;  seules  causes  de  tout  le  mal  que  nous  déplorons! 

Poètes,  philologs,  professeurs,  maîtres  de  langue,  hommes  éclairés  de 
toutes  les  nations,  soyez  fiers  de  la  mission  qui  vous  est  dévolue.  Vous  sauverez 
la  langue  ;  car  je  compte  sur  vous ,  non  pour  violer  les  règles  de  la  grammaire, 
mais  pour  faire  triompher  la  première  de  toutes  les  règles,  le  principe  à! unité , 
sans  lequel  il  n'est  partout  que  désordre  et  anarchie. 

Comme  il  y  a  entre  nous  communauté  de  culte  et  d'admiration  pour  notre 
belle  langue ,  qu'il  y  ait  aussi  communauté  de  sentiments  et  de  résolutions  pour 
tout  ce  qui  peut  en  accélérer  les  progrès  et  en  rendre  l'étude  agréable  autant 
que  facile.  Songez  quelle  gloire  doit  résulter  pour  vous  du  concours  que  vous 
aurez  donné  à  la  plus  grande,  à  la  plus  importante  des  révolutions,  accomplie 
sans  bruit  et  sans  fracas ,  par  la  seule  force  de  l'esprit ,  dans  le  monde  sans 
borne  des  idées.  Votre  part  sera  d'autant  plus  grande,  que  vous  awrez  mis  plus 
d'empressement  et  de  spontanéité  à  sanctionner  les  mesures  suivantes,  long-temps 
méditées  et  suffisamment  motivées  pour  effacer  tous  vos  scrupules,  s'il  était  pos- 
sible à  des  gens  sensés  d'en  avoir  sur  la  nécessité  d'un  acte  qui  doit  avoir  des 
conséquences  si  heureuses.  _.      .|_j. 

Fait  à  Vienne,  Je  14  mai  1852.  MA»    JH» 

P.  S.  Ceci  ne  s'adresse  ni  aux  pédants  ni  aux  inibécils. 

République  des  lettres  françaises. 

Premier  décret* 

Hors  la  loi  tons  les  prétendus  grammairiens.  Àa  fen  tontes  les  grammaires. 

Au  nom  de  la  logique  et  de  tous  les  vrais  philologs,  t auteur  de 
la  Grnmmaivc  Française  ^ 

Vu  les  nombreuses  observations  critiques  aux  quelles  ont  donné  lieu  toutes 
|os  //rammrtires  et  tous  les  dictionnaires  ,  publiés  ,  hélas  !  par  centaines ,  depuis 
deux  siècles,  tant  en  France  qu'à  l'étranger; 

Vu  la  justesse  incontestable  de  ces  observations; 

Vu  la  critique  judicieuse  de  M.  Francis  Wey  sur  la  meilleure  des  Gram- 
maires, celle  de  M.  Girault  Duvivier  (Voir  page  129); 

Attendu  qu'il  résulte  de  ces  critiques  que  la  meilleure  des  grammaires   ne 


Premier  décret.  tfi^ 

vaut  rien;  i|u'cn  général  tous  \es  traités  de  graniinairc,  sans  exc(*ption ,  rédigés 
exclusivement  par  des  gens  sans  littérature,  ne  sont  qu"un  effroyable  tissu  d'er- 
reurs et  lit'  forttradiflions  ,  un  ram;is  de  toutes  les  fautes  imaginables; 

Vu  !«'  désordre  immense  )|ue  nous  avons  signalé  nous-mé(ne  dans  la  idupart 
de  et'S  traités  et  justjue  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  entièrement  depuurvu 
de  critic|ue  ,  rédigé,  ponr  ainsi  dire,  au  hasard,  le  quel  ne  lève  aueuu  doute, 
aucune  dit'liculté,  etc.  (voir  pages  «8,  «9,  30,  SI,  «S,  77,  80,  |U,  lU,  ItO  , 
1?B,   1«7,   12S,   m,   m  ,  etc.); 

Considérant  que  les  sociétés  grammaticales  (|ui  se  sont  formées  ,  soit  k  Pa- 
ris, soit  ailleurs,  pour  travailler  a  la  solution  des  diflieultés  de  la  langue,  n'ont 
fait  qu'aeeroitre ,  par  leurs  débats  stérils,  le  nombre  de  ces  diflieultés; 

Considérant  que  le  droit  de  fonder  et  d'all'crmir  l'ordre  est  antérieur  à  tous 
les  droits;  —  sur  les  conclusions  de  plusieurs  pbilologs  distingués,  tels  que  iMN. 
Francis  Wey,  (h.  La  Loy,  F.  (îénin  .  etc.,  etc.,  etc.;  —  décrète: 

Art.  l"Tûus  les  ouvrages  français  de  grammaire  el  de  lexicogra- 
phie,  publiés  depuis  1650  jusqu'au  14  mal  185!?,  sans  aucune  excep- 
tion .  sont  déclarés  de  nulle  valeur  et  plutôt  pernicieux  qu'utils.  L'usage 
en  est  interdit  à  tous  les  hommes  sensés,  qui  aiment  sincèrement  la  langue 
française.  Les  grammaires  de  Giraull  Duvivier ,  Napoléon  l^andaisj 
licscherelte ,  lioniface^  Noël  et  Chapsal^  Matin,  Masc/ial,  Uorely 
(iiKchig ,  C.  E.y  etc.,  etc.,  etc.,  sont  donc    proscrites   moralement. 

Art.  2.  Ija  Grammaire  Française  est  le  seul  ouvrage  de  ce 
genre  qui  remplisse  toutes  les  conditions  requises ,  et  dont  on  puisse  re- 
commander l'usage. 

.1/7.3.  L'autorité  de  l'Acad.,  en  matière  gramm.,  est  moralem.  répudiée. 

Art.  4.  Toutes  les  xociétéit  grammaticales  sont  moralement  dis- 
soutes et  leurs  décisions  annulées. 

Art.  5.  Il  sera  créé  une  Académie  Grammaticale^  purement  hono- 
rifique, dont  seront  proclamés  membres  tous  les  hommes  qui,  par  leurs 
travaux,  auront  rendu  quelque  service  à  la  langue,  ou  qui  se  distingueront 
par  leur  manière  de  l'enseigner,  d'après  le  nouveau  système.  Dans  le  monde 
moral,  leur  titre  équivaudra  à  celui  de  sénateur,  et  les  recommandera  au 
choix  des  familles  comme  professeurs  ou  maitres  de  langue  fraiiÇHiise. 

Art.  6.  Les  membres  de  V Académie  Grammaticale  seront  divisés 
en  trois  classes,  comme  les  grands,  en  Kspagne.  À  la  première  classe  ap- 
partiendront les  poètes  et  les  prosateurs  qui  se  recommandent  surtout 
par  les  qualités  du  style.  À  la  seconde  appartiendront  tous  les  hommes  qui, 
sans  être  des  écrivains  supérieurs,  ne  laissent  pas  de  manier  la  langue 
avec  pureté  el  précision.  Les  professeurs  et  les  maîtres  les  plus  distin- 
gués formeront  la  troisième  classe.  Du  reste,  aucune  fonclion  spéciale. 
Par  conséquent,  point  de  réunion  ni  de  séance.  Ni  présidents,  ni  secrétai- 
res, ni  bureaux.  Rien  de  matériel  dans  la  conslitulion  de  V Académie 
Grammaticale  (absolument  V Académie)  ;  cette  Académie  n'étant  insti- 
tuée ainsi,  dans  le  monde  moral,  que  pour  relever,  par  un  litre  hono- 
rable, l'intelligence  et  la  pensée  de  l'état  d'abbaisseinent  où  semblent  vou- 
loir les  maintenir  toutes  les  espèces  de  gouvernemeuls .  monarchies  ou  re- 
publiques. Notre  salle  des  Maréchaux  sera  la  voi'ite  du  ciel,  dans  les 
hautes  régions  de  l'intini  '). 


')  ProrlMnions-noii.4  priiicos  el  !«p|gii«'iirïi  du  monde  intellectuel,  comme  U'untres*  **  pro-    ^ 
(tMiiifiit  prinres  Un   monde    matériel.    Ils  ont   tonle<i    sortes    de  titre?».    doNres,    de 
décorations,  dont    ils  disposent  envers    les    personnes  qui   se    «lont   dévonées   ii  lenrs 
iiilérèls;    ponrgtiol   n'Hurions-noiis   pas   d'égMies  distinctions   potir  des  mérites    dont 
l'Hpprécintion  nous  appartient  exrlnslvementt  Certes,  de  longues  veUles  réitérées  ne 


160  ï^a  grammaire  française, 

At't.  7.  Le  nombre  des  membres  de  V Académie  Grammaticale 
sera  illimité. 

Art.  8.  Les  membres  de  V Académie  Grammaticale  seront  nommés 
et  révoqués  par  TAuteur  de  la  Grammaire  Française ,  qui,  pour  tout 
mode  de  réception,  se  bornera  à  inscrire  leur  nom  sur  quelques  feuilles 
réservées  de  son  ouvrage,  les  quelles  s'appèleront:  Le  Livre  d'Or  de 
la  République  des  Lettres  Françaises ,  ou  le  Panthéon  littéraire  y 
et  porteront  cette  inscription  : 

Sans  la  langue,  en  un  mot,  l'auteur  le  plus  divin 

Est  toujours,  quoi  qu'il  fasse,  un  méchant  écrivain.  CBoilemi.') 

Art.  9.  Les  cent  premiers  membres  seront  à  son  choix,  parmi  les  hom- 
mes qu'il  jugera  dignes  d'être  élevés  à  cette  dignité.  Les  autres  seront 
nommés  sur  le  rapport  de  l'un  des  membres  reçus  oir  sur  une  simple  lettre, 
C(M'tifiée  originale,  où  le  candidat,  par  le  développement  de  quelque  noble 
pensée ,  ferait  preuve  de  style  et  de  coeur. 

sont  pas  moins  honorables  ponr  le  savant,  ponr  l'honnue  de  lettres,  qu'une  campagne 
ponr  le  militaire.  Seuls  juges  compétents  en  fait  d'intelligence  et  de  sentiment,  éta- 
blissons la  hiérarchie  des  esprittî,  en  Ini  donnant   pour  base  cet  axiome  reconnn  :  le 
slyle ,  c'est    l'homme.  Honorons-nous    nous-mêmes,  afin    qu'on    nous   honore;  et,  si 
nous   ne  pouvons   forcer  la   Fortune    aveugle  k   répandre    sur  nous    ses  faveurs, 
sachons    du  moins   nous    concilier   la  Gloire.    Que  fout  homme   de  .ttyle  ,  si   pauvre 
qu'il  soit,  si  dénué  qu'il  soit  de  toutes  les  splendeurs  éphémères  qui  éblouissent  la 
multitude,    ait   droit  à  nos  respects,  à  nos    Hommages,  à  nos   sympathies;  et   que 
tout   homme  sans  style,  fùt-il   un  Crésus,  soit  classé  parmi  le  vulgîiire.  Est-ce  au 
premier   qu'il    convient  de   briguer  la  considération  du    second ,  ou   au   second    ctïlle 
du   premier V  Est-ce  du  second   que  h;  premier  doit  attendre  la   eloritication    de  son 
mériti;'?  Mais    il  n'y  a   que   ceux  qui    ont  du   mérite   qui    sachent   faire  quelque   cas 
du  mérite.  Pour  les  gens  qui   n'en   ont  point,  pas    plus   que  ponr  les  bêtes,  ce  mot 
n'a  pas  de  sens.  Consacrons  cet  axiome,  d'une  vérité  incontestable: 
y,lj  homme  de  style  est  seul  digne  de  quelque  estime  ; 
C'ar  lui  seul  pense  et  sent  ;  lui  seul  est  homme  enfin  ; 
Lui  seul  porte  en  son  coeur  l'étincèle  sublime 
Qui  trahit  sur  son  front  le  principe  divin. 
^Mais  tout  homme  sans  slyle  est  un  être  vulgaire. 
Qui,  quel  que  soit  son  rang,  ne  m'en  impose  guère; 
ij'art  de  parler  étant  l'attribut  principal 
Qui  distingue  ici-bas  l'homme  de  l'animal. «  (Le  Livre.) 

I,aissons  les  favorits  du  sort  se  partager  le  monde  des  faits;  mais  que  le  monde 
des  idées  demeure  notre  empire,  à  nous  autres  enfants  de  la  Providence;  et,  si  nos 
corps  sont  séparés  par  des  barrières  et  des  distances,  que  nos  esprits  et  nos  coeurs 
se  réunissent  sous  leur  forme  invisible  au  sein  des  divins  tabernacles,  pour  donner 
en  tout  temps  l'exemple  de  l'harmonie,  de  la  concorde,  de  l'amour.  N'attendons  que 
de  nous-mêmes  une  appréciation  dont  nous  sommes  seuls  capables.  N'attendons  que 
de  nous-mêmes  la  récompense  de  nos  travaux,  la  quelle  ne  doit  consister  que  dans 
l'honneur  qui  résulte  d'un  certain  ascendant  sur  les  esprits.  Pour  acquérir  cet 
ascendant,  nous  n'avons  qu'a  nous  rapproclier,  k  nous  unir  de  coeur  et  de  pensée, 
k  nous  soumettre  unanimement  k  une  même  direction  forte  et  puissante.  Confiez-moi 
^  cette  direction  ,  en  me  confirmant  le  simple  titre  de  président  de  la  république  des 
lettres  françaises,  et  vous  verrez  qu'on  nous  respectera  bientôt  autant  qu'on  nous 
dédaigne  aujourd'hui.  Que  le  seul  honneur  d'être  inscrit  au  Litre  d'or  équivaille 
pour  nous  ;i  tous  les  honneurs,  k  toutes  les  dignités,  k  tous  les  droits  qu'on  nous 
refuse.  Montrons-nous  satisfaits  de  ce  seul  honneur,  qui  sera  la  ligne  de  déniana- 
tion  entre  les  gens  de  talent  et  de  coeur  et  les  gens  sans  coeur  et  sans  talent;  et 
vous  verre/,  bientôt  ce  simple  honneur  s'élever  au  dessus  de  tous  les  honneurs! 
Quant  k  moi,  je  vous  jure  de  ne  le  dé(erner  qu'à  bon  escient.  Encore  une  fois,  ayons 
un  point  de  ralliement.  Soyons  un,  si  nous  voulons  être  quelque  chose.  Rappelons- 
nous  combien  nos  divisions  nous  ont  été  funestes,  combien  elles  nous  ont  attiré  de 
mépris,  combien  elles  nous  ont  rendus  faibles  et  impuissants,  et  même  ritticuls. 
Jleconnaissons  un  chef  spirituel,  et  suivons  avec  confiance  la  voie  qu'il  lui  plaira 
de  nous  tracer  dans  les  vagues  régions  où  l'esprit  humaiit  n'a  fait  que  s'égarer  jusqu'à 
ce  jour.  \j'unité,  Vunité ,  mes  amis,  Vtiiiitè! 

lîors  de  là  sous  le  ciel  tout  n'est  que  vanité. 
Concentrons  toutes  nos  pensées,  tous  nos  sentiments  eu  un  seul  faisceau,  d'où  jaillisse 
uue  lamière  si  intense,  que  tout  le  globe  en  soit  éclairé  k  la  fois  comme  d'un  soleil. 


Chandfoment  de  genre.  Prescriptiom  à  sairre.  lt| 

Avt.  10.  L'exécution  des  articles  1",  «,  3,  et  4  du  présent  décret 

est  conliée  i\  tous  les  professeurs  et  pliilologs  dignes  de  ce  nom ,  et  en 
général  à  tous  les  liouunes  doués  de  logique  et  de  bon  sens,  capables  de 
réflexion  et  d'examen.  —  Il  va  sans  dire  que  ceci  ne  regarde  ni  les  far- 
ceurs ni  les  imhécils. 

Fnll  H  VUnne,  Ji;  14  mai  i'ébl.  Mi»   W» 

Second  «léeret. 

Cli«BgeMe«t  de  geire. 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tons  les  vrais  philologs. 
L'auteur  de  lu  Grammaire  Française  y 

Considérant  (juo,  dans  l'état  actuel  de  la  grammaire,  la  connaissance  du 
genre  des  substantifs,  la  plus  importante  de  toutes  sans  contredit,  est  presque 
impossible  à  acquérir,  par  suite  de  la  lutte  Ainestc  qu'on  a  laissé  subsister  entre 
ces  deux  principes:  Wfymologie  et  la  tenninaison  par  un  e  muet; 

Vu  la  nécessité  absolue  de  faire  disparaître  un  inconvénient  aussi  grave , 
aussi  préjudiciable  aux  progrès  de  la  langue; 

Attendu  que  l'étymologie,  s'clTaçant  des  esprits  à  mesure  que  les  mots 
s'éloignent  de  leur  origine,  ne  présente  par-là  mi^me  aucune  stabilité;  (ju'elle  se 
trouve  violée  dans  des  milliers  de  mots,  tels  que:  le  diocè$e ,  la  ri/ mai  se  ,  la 
cymbale,  V  horloge  ,  l'huile  ^  Viiiute ,  etc.,  etc.  (voir  page  «9,  n"  9Ï)  ;  et  qu'en 
aucun  cas  elle  ne  peut  avoir  la  orépondérance  sur  le  génie  propre  d'une  langue; 

Attendu  qu'il  est  du  génie  de  la  langue  française  de  terminer  par  un  e  uniet 
les  noms  féminins  ;  tandis  que  l'absence  de  cet  e  muet  final  caractérise  le  genre 
masculin  ; 

Considérant,  en  outre,  que,  puisque  le  genre  des  noms  de  choses  inanimées 
n'est  (|u'une  afl'airo  de  pure  convention,  il  doit  être  très-indilTércnt  qu'on  dise  le 
chambranle  ou  hi  chambranle,  le  masque  ou  la  masque,  le  chancre  ou  la  chancre, 
le  panache  on  la  panache,  le  quadrille  or,  la  quadrille,  etc.,  pourvu  qu'il  y  ait 
unanimité  et  que  pendant  que  Hun  dit  noir  l'autre  ne  dise  pas  blanc;  mais  qu'il 
ne  l'est  pas  que  la  distinction  des  genres  demeure  plus  long-temps  abandonnée 
aux  caprices  du  hasard;  qu'il  importo,  au  contraire,  de  lui  donner  pour  base  un 
principe  immuable; 

Attendu  que  ce  qui  importe  surtout,  c'est  l'ordre,  c'est  l'harmonie,  c'est 
l'unité;  sans  quoi  la  grammaire  ne  cessera  pas  d'engendrer  éternellement  mille 
discussions  sans  résultats ,  comme  celles  qui  lui  ont  déjà  été  si  funestes  ; 

Attendu  que,  quand  les  faits  se  contredisent,  on  doit  prendre  la  raison 
pour  base  de  la  règle  à  établir; 

Les  ouvrages  des  meilleurs  philologs  consultés;  —  décrète: 

Art.  1".  En  ce  qui  concerne  le  genre  des  substantifs,  la  base  éty- 
mologique est  tout  à  fait  abandonnée. 

Art.  2.  Chaque  nom  dit  épicène,  chaque  nom  de  chose  inanimée 
sera  masculin  ou  féminin ,  selon  qu'il  aura  ou  n'aura  pas  pour  finale  un  e 
muet,  selon  qu'il  laissera  sous-entendre  un  nom  masculin  ou  féminin. 

Art.  3.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs  dignes  de  ce  nom, 
sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  les  concerne,  de  l'exécution  du  présent 
décret.  ~  Quant  aux  ignorants  et  aux  Imbécils .  que  l>i<Mi  lo"  béni^^-**'  e\ 
nous  en  préserve! 

Donné  k  Vienne,  le  U  mai  IBSA 

II.  IV. 


11 


16)^  La  grammaire  françaiiie. 

XIV. 

Changement   de   genre. 

Prescriptions  à  suivre, 

pour  régulariser  peu  à  peUj  selon  V esprit  du  décret  ci-dessus , 

le  genre  des  substantifs  français ^  sans  heurter  trop  violemment 

la  puissance  de  Vhahitude. 

447.  1»  Rejeter  inflexiblement  Ve  muet  final  de  tous  les  substantifs 
masculins  où  il  n'est  pas  absolument  néeessair ,  tels  que ,  par  exemple  : 
astère ^  belvédère  y  zéphyr e ^  chrysocale ,  finale  ^  caïque,  laïque, 
etc.,  qu'on  doit  écrire:  aster  y  belvéder ,  zéphyr  y  chi^ysocaly  final, 
càic  y  Me  y  etc.  (Voir  page  26,  27,  32,  46,  73,  80,  82,  et  suivantes.) 

448.  8"  Ajouter  un  e  muet,  comme  signe  du  féminin,  à  tous  les  noms 
féminins  qui  sont  susceptibles  de  le  recevoir,  comme  fourmi  y  merci  y 
après-midi  y  vertu,  tribu  y  etc.,  qu'il  faut  écrire:  fourmie ,  mercie, 
après-midie  y  ver  tue  y  tribue  y  etc.  (Voir  p.  35  et  suiv.) 

449.  3»  À  mesure  que  les  noms  employés  au  masculin  ou  au  féminin, 
contrairement  à  l'analogie  indiquée  par  leur  forme ,  s'éloignent  de  leur  ori- 
gine, comme  dent  y  part  y  mer  y  mélange  y  exemple  *),  etc.,  prépa- 
rer peu  à  peu  l'oreille  et  les  yeux  à  accepter  leur  changement  de  genre , 
par  un  heureux  emploi  de  ces  mots,  dans  des  phrases  où  ce  changement 
soit  d'abord  peu  sensible.  Exemples:  Les  pères  ont  mangé  le  verjus 
et  les  dents  de  leurs  enfants  sont  afçacés.  —  I^es  mers  sla- 
cés  dti  nord.  —  De  quel  part  vene%-vous?  —  Ceux  qui  sont  d'un 
usage  moins  fréquent  ou  sur  le  genre  des  quels  on  n'est  pas  d'accord  ne 
demandent  aucune  précaution  et  subiront  immédiatement  le  genre  de  leur 
forme.  Tels  sont:  drupe  y  bulbe  y  hart  y  amalgame  y  chanvre  y  crio- 
cèrcy  espace  y  intervalle  y  délice  y  interligne  y  automne  y  réclame, 
cypripèdCy  gamachcy  pilastrcy  sarcocèley  aphtCy  naphte  y  opes  y  etc. 
ha  drupe  y  la  bulbe,  le  hart  y  etc.  (Voir  p.  28,  29,  70,  73,  et  suiv.) 

450.  i»  Ramener  peu  à  peu  à  leur  véritable  forme,  en  se  conformant 
scrupuleusement  aux  lois  de  l'analogie  et  de  l'étymologie ,  les  mots  qu'un 
usage  absurde  a  dénaturés,  tels  que  souris  y  perdrix  y  brebis  y  noix  y 
poix  y  toux  y  foi  y  foie  y  etc.,  qu'il  faut  écrire:  souri  y  perdri  (en  les 
faisant  masculins  comme  primitifs  de  souriceau  y  perdreau}  y  brebie  y 
noie  y  poisse  y  tousse  y  foie  y  foi  y  etc.  (Voir  p.  38  et  suiv.) 

451.  5»  Laisser  aux  termes  d'art  et  de  science,  pris  du  latin  ou  des 
autres  langues  étrangères ,  leur  forme  primitive ,  en  les  soulignant  dans 
l'écriture,  chaque  fois  qu'on  ne  peut  les  franciser  sans  bouleverser  les 
principes  de  la  langue.  Tels  sont  punch  y  stock-fisch  y  etc.,  au  lieu  de 
ponchcy  stockfichcy  etc.  (Voir  pages  68,  71,  75.) 

452.  6°  Pour  les  noms  peu  usités  qui  pourraient  conserver  leur  forme 
actuelle  en  changeant  de  genre ,  consulter  surtout  l'harmonie  et  l'analogie. 
Tels  sont  :  colchique ,  camée,  hâte,  ovale,  scandale,  pétale,  ancile, 


0  On  trouve  exemple  employé  au  féminin  dans  la  satyre  Ménippée  :  Ce  vous  est  nne 
belle  exemple  «  vous  mitres  petits  beuvreaux,  qui  faictes  tant  les  scrupuleux,  etc. 


Chaniit^'n^nt  de  gtnte.  Décret.  163 

atile,  chyle,  hile ,  pôle,  rôle,  etc.,  qu'on  pourrait  conliDuerà  écrire 
ainsi  en  les  faisant  féminins.  Colchique ,  féminin  par  analogie  avec  les 
autres  noms  de  plantes  herbacées  à  terminaison  féminine,  cela  n'a  pas 
d'inconvénient.  J'en  dis  autant  de  pétale ,  par  analogie  avec  feuille.  La 
féminin  convient  aussi  parfaitem«Mil  pour  AwVr,  ovale,  scanàule,  hile, 
pôle,  rôle.  Mais  l'analogie  s'oppose  au  masculin  pour  le  mot  camé,  parce 
que  les  terminaisons  ée ,  ie ,  ve ,  sont  principalement  affectées  à  des  noms 
de  choses  incorporelles,  comme  on  le  verra  ci-après,  ("est  ici  surtout  que 
l'initiative  des  changements  proposés  doit  être  laissée  à  des  poètes,  à  des 
écrivains  tels  que  Victor  Hugo,  Théophile  Gautier,  Alfred  de  Vigny.  Al- 
fred de  Musset ,  Barthélémy ,  etc.  ;  parce  qu'il  n'y  a  que  de  tels  hommes 
qui  possèdent  assez  le  sentiment  de  l'harmonie  et  du  génie  de  la  langue , 
pour  ne  rien  risquer  mal  à  propos.  C'est  Victor  Hugo  qui  l'a  dit,  «dans 
tout  grand  écrivain  il  y  a  un  grand  grammairien,  comme  il  y  a  un  grand 
algébriste  dans  tout  grand  astronome:  Pascal  contient  Vaugelas.* 

S*lm.  7*  Ne  pas  loucher  aux  substantifH  de  la  premltre  division  (p.  69),  ti  M 
n'est  k  ceux  en  amr  et  en  ime ,  iivant  que  la  réforme  entière  des  trois  autres  division» 
ne  soit  accoiupUe  ;  altemtu  que,  les  noms  masculins  étant  les  pins  nombreux  dans  la 
première ,  ce  serait  augmenter  les  difficultés  ,  loin  de  les  diminuer. 

Vroluléme  décret. 

Au  nom  de  la  Logique  et  des  vrais  phiiologs ,  l'auteur  de  la  Gram- 
maire Française, 

Kii  vue  de  lixer  toutes  les  incertitudes,  relativement  au  genre  des  sub- 
stantifs amuitr ,  enfant  y  gens,  délice,  orgue,  orge,  automne,  hymne  (voir  page 
10  et  suiv.)  ; 

Pour  le  mot  amour ,  —  attendu  que  l'analogie  et  l'étymologie  sont  d'accord 
pour  réclamer  le  masculin  ; 

Pour  le  mot  enfant ,  —  attendu  qu'il  n'implique  aucune  idée  de  sexe  ; 

Pour  le  mot  gens ,  —  attendu  qu'il  est  régulièrement  masculin  ,  et  que  les 
éxecutions  admises  parles  grammairiens,  au  profit  de  l'euphonie,  sont  d'une  pué- 
rilité sans  égale;  qu'il  n'est  pas  plus  contraire  à  l'harmonie  de  dire:  de  mauvais 
gens ,  les  meilleurs  gens ,  de  vieux  gens ,  de  sots  gens  ,  de  vilains  gens ,  etc.  , 
que:  de  m/iuvttises  gens  ,  les  meilleures  gens,  etc.  ;  —  qu'après  tout,  s'il  y  a  des 
alliances  de  mots  qui  offensent  l'oreille,  ce  n'est  pas  en  bouleversant  toutes  les 
lois  de  la  syntaxe  qu'il  convient  de  les  éviter  ;  que  c'est  affaire  de  talent  et  de 
style;  que  la  (îrammaire  n'a  rien  à  voir  là-dedans  ; 

Pour  le  mot  délice,  —  attendu  que  le  féminin  réclamé  par  la  forme  est  en- 
core justifié  par  l'étymologie  latine  delicia ,  qu'on  disait  aussi  au  singulier  pour 
delicium  ; 

Pour  les  mots  orgtie ,  orge ,  atitomne  ,  hgmne ,  —  attendu  que  le  génie  de 
la  langue  passe  avant  l'étymologie  ;  que  d'ailleurs  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que 
l'étymologie  prévale  ici  plus  qu'elle  ne  l'a  fait  dans  horloge,  huile,  épitkète , 
épigraphe ,  etc.  ;  —  décrète  : 

Art.  1".  Les  substantifs  ci-dessus  mentionnés  sont  déclarés  rigou- 
reusemcnt  masculins  ou  féminins,  selon  que  leur  terminaison  réclame 
l'un  ou  l'autre  genre; 

Art.  2.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs  dignes  de  ce 
nom,  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  les  concerne,  de  l'exécution  du 
présent  décret: 

Art.  3.  Pour  ce  qui  est  des  mots  aigle ,  couple,  foudre,  oeurre, 
—  les  distinctions  tracées  à  l'égard  de  ces  substantifs  (voir  page  10  et 
suiv.)  sont  maintenues. 

Donné  ^  Vienne  le  ih  mni  185?.  Ci»  W* 

11* 


1(54 


La  grammaire  française. 


Règles  particulières 
sur  le  genre  des  substantifs  en  é,  i,  u,  avec  ou  sans  e  muet  final. 

453.  Première  régule.  Parmi  les  substantifs  en  é ,  1 ,  ii ,  ceux 
qui  désignent  des  êtres  corporels  y  des  corps  proprement  dits}  qui 
impliquent  l'idée  de  volume}  comme,  dé,  café}  ceux  qui,  dérivés  d'un 
verbe  en  er ,  comme,  procédé,  de  procéder ,  traité)  de  traiter,  cri, 
de  crier ,  pli,  de  plier ,  ne  présentent  qu'un  fait  isolé,  absolu,  passager, 
sans  idée  de  collection,  de  durée,  ^'étendue}  —  sont  niascnlins 
pour  la  plupart,  et  s'écrivent  sans  e  muet  final. 

454.  Seconde  rè|^le.  Ceux  qui  désignent  des  êtres  non  corpo- 
rels} par  exemple:  une  qualité,  une  faculté}  comme  bonté,  galan- 
terie, ouïe,  vue}  un  être  rationnel  quelconque;  comme  catégorie, 
allégorie}  ou  qui  du  moins  impliquent  l'idée  de  durée,  d'étendue,  d'es- 
pace, de  collection,  ô" assemblage ,  de  préparation,  de  mélange, 
etc, ,  comme  Vannée,  \&  journée,  \^  vallée,  \à prairie,  la  chaussée, 
V  avenue ,  la  bergerie,  Y  écurie,  V  armée,  la  maréchaussée,  la 
ramée,  la  fumée,  \a  jetée,  la  boiserie,  la  travée,  la  charpie,  la 
cavalerie,  la  purée,  la  gelée,  la  mêlée,  etc. ,  —  «ont  féminins  pour 
la  plupart,  et  s'écrivent  avec  un  e  muet  final,  à  l'exception  de  ceux  en 
iè,  par  un  privilège  abusif. 

Exemples» 

Noms  masculins  d'objets  corporels ,  etc. 

r 

-e 

le  jubé  (impér.  du  Vxt  (S^orbii^nc 

lat.  juhere) 
le  dé  OfiffitaleJ     bcr  2Bûrfc(,  S^tngcrfiut 
lé  café  bcr  ^afcl) 

lé  blé  (du  bas  lat.  baê  ©ctrcibc 

bladtim) 
le  canapé   (du  lat. 

canapetim  y  lit) 


le  degré  Cff^'adus} 
le  pré  Cpratum) 
le  pâté 
le  thé 
le  pavé  *) 

-1 

le  biribi 
le  brocoli 
un  établi 

l'animi 


bas  Slu^ebett 

btc  (Stufe 

bte  SSicfc 

btc  spajîete 

bev  %i}n 

bcr  spfïafîcrjïcin , 

baê  spftaficr 
baô  Singerf^jjct 
bcr  (S^jargclfo^l 
bcr  SEôcrftifd^,  bîc 

gScrfOanf 
bcr  9tmmci 


un  épi  (du  lat.  spica)  -)  btc  Sïc^rc 

le  thlaspi  baê  3;afdf)cnfraut 

le  bistouri  baê  @c(>ntttmcffer 

le  cabri  baê  SiéUin 

le  céleri  btc  @cttcrtc 

le  pilori  ta^  '^vxiii)àxi9â}en 

un  étui  baê  «Bcftcrf 


Noms  féminins  d'objets  non  corporels, 
d'objets  collectifs ,  etc. 

-ée 


une  enjambée 

a  bouchée 

a  rangée 
une  idée 
une  allée 

a  renommée 

a  matinée 

a  châtaigneraie 

a  baie 
a  haie 

-le 

a  comédie 
a  maladie 
a  géographie 
a  magie 
a  symétrie 
a  batterie 


boulangerie 

brasserie 

broderie 

catégorie 

draperie 

chancellerie 


bcr  Sd^ritt 

bcr  IBtffcn 

btc  Sftct^c 

ctn  SBcgrtff 

eine  5li(cc 

bcr  Sluf 

bcr  SOîorgcn ,  SSor* 

mtttag 
bic  ^a|îflntcn:^)flan» 

btc  ?da\,  «Buc^t 
bic  .^ccfc 

btc  ^omôbtc 
btc  ^ranf^cit 
bic  ©rbfunbc 
btc  Sawfefrci 
ba§  66cnma§ 
btc  (Sd^fâijcrct,  ?èaU 

tcrtc,  jc. 
btc  SSâcfcrci 
btc  ajrâucrct 
bic  <Bt\âiVix 
bic  ^atcgorfc 
btc  3;ud^maci^erfunft- 
btc  .^anjtci 


')  D'après  le  génie  de  la  langue,  la  pavée,  dans  le  sens  de  5PÇaflcv ,  serait  préférable. 
^)  ^n  yott  que  le  génie  de  la  langue  prévaut  ici  sur  l'étymologie. 


Kègles  particul.  biir  le  genre  de  quelques  substantifs      tA5 


le  déni 
le  défi 
le  décri 
le  cri 
le  )ili 
le  reuli 
Toiibli 
le  .souci 
le  pari 
un  :i|t|)ui 


1.1  liunhuuiir 

Mr  (Hutinutbi^rcit 

la  barbarie 

bic  ^Bdrbarci,  (9rau 

fauiffit 

la  folie 

bif  9Jarr^fit 

la  niaiserie 

tit  gajj^erfi 

l'envie 

ber  9Jfib 

la  jalousie 

bie  Cifrrfud^t 

la  vie 

ba«  itbtn 

l'impéritie 

bit  Untrfabrenbfif 

l'inertie 

bif  2rJii\btif 

l'énergie 
la  modcstiu 

bif  5lraftftiU« 

bif  :Bf|Afib<nbt«t 

-ne 

la  vue 

bai  (St^éfi 

une  issue 

bfr  StufWfi»,  îïuô» 

gang,  bà«  (fnbr 

une  avenue 

bfr  ^w^ong 

la  rue 

bif  Stra^f ,  WaJTe 

la  erùc 

bfr  fBii<f)9. 

bit  JBtrivrigrrung 
bif  .^frau*fcrbfrung 
bif  aUrrufung 
btr  ®(f>rfi 
bit  Walte 
bif  umgffd^fiigf itf  9<i(tc 
bit  ffîtrgtiTtnbrit 
bit  ®orgf 
bit  9»tttf 
bit  (Stii(if 
l'ennui  (du  gr.  an-  bit  !^angt)cti(t  •) 
Hoia,  l'urlc  application) 

•u 

le  lichu  (rac.  ficher,  ba9  $a(0tu(f> 

du  lat.  figere) 
un  écu  (du  lat.  «cm-  bai  ®(i;i(b,  btr  3;^a> 

tutiO  (tr 

le  fétu  Cdu  lat.  feu-  btr  ©tro^^olm 

tucti } 

455.  Remarques  1"  D'après  le  génie  de  la  langue,  il  faut  donc  dire  au  iiki<>- 
culin  le  gltt  et  non  pa.s  la  glue ,  encore  moins  la  glu.  Il  faut  donc  au.ssi  écrire 
la  tribue ,  la  vertue ,  l'après-miilie ,  la  mercie ,  avec  un  e  luuct.  (Voir  ptiges  38, 
43,  44.)  Il  faut  donc  également  faire  incendie  du  féminin,  quoique  dérivé  du  verbe 
incendier ,  parce  qu'il  désigne,  comme  copie,  le  résultat  de  l'acte  plutôt  que  l'acte 
même,  par  conséquent  une  chose  distincte  de  nous,  qui  existe  hors  de  nous,  à  la 
différence  des  mots  d('fi,  cri,  qui  expriment  un  phénomène  subit  de  notre  activité. 
Il  est  vrai  que  pli  et  repli  pourraient  être  rangés  dans  la  même  catégorie  et  de- 
venir aussi  féminins,  nar  l'addition  d'un  e  muet;  ainsi  (|ue  souci,  oubli,  ennui, 
qui  contiennent  l'idée  île  durée.  Mais  n'oublions  pas  les  n'  138,  173.  —  Le  mas- 
culin est  préférable  pour  \ç,  moi  génie ,  en  ce  qu'il  repré.sente  un  être  spirituel, 
qu'on  a  coutume  de  se  figurer  comme  màlc.  Mais  il  faut  écrire  géni,  comme  déni, 
sans  la  marque  du  féminin.  Il  faut  surtout  que  cette  marque  malencontreuse  di.s- 
paraisse  absolument  des  mots  cathicée,  lyce'e,  trophée,  mausolée,  pf-opylée,  camée. 
Athénée,  hyménée ,  périnée  ,  prytonée ,  tniscellanées  ,  efnpyrée  ,  FAysée ,  Colysée, 
musée,  trochée,  spoiutée,  scarabée,  gallinacée,  lAnné,  Knée,  lUélihée,  aphélie,  etc. 

2°  Après  avoir  ainsi  pénétré  sur  nos  pas  dans  le  génie  de  la  langue,  quel 
vrai  poète  osera  encore  dire  la  clé ,  au  lieu  de  le  clef'f 

3"  La  manie  de  distinguer  a  fait  inventer  le  nom  masculin  parti  (bit  ^artet}/ 
contrairement  à  toute  analogie. 

4'PlnskMir»  deHMUliHtantifH  mancnlin!*  en  é,  —  tels  qii«  nrrA^  (bit  <SSnbf),  fn-ocèdeitit 
îjtrfabrcn),  préjugé  (bal  -Horurthrti) ,  dèmèlè  (brr  ®tmt,  i^atir),  scellé  (bai  Gttf^rl),  a^rèfè 
(bfr  ?fuf^u^) ,  roulé  (>•«  ©cfcltifunfl,  bcr  Sitjlciffr,  bif  C4u$arbftt ,  bit  trflc  îiutf),  cSoêêè 
(ÎIrt  laitOctjritt),  coupé  (brt  iMfrtfftfcritt ,  3lrt  JOfltlfU),  narré  (bif  (Sr|âhluu()) ,  exposé  (b<U 
9liibniijfi0,  »V/rrr  (bfr  t^fritiit),  xi/r  (bas  ^^^ffrlflfifci)),  etc. ,  —  peuvent  encore  se  ranger  dans 
l>t  catégorie  des  verbes  employés  substantivement  à  l'infinitif  ou  au  participe  et  dont  le 
Keiiro  est  déterminé  par  le  sens  neutre  ou  elliptic  qu'iU  présentent.    (Voir  p.  1U5  et  112.) 

5*  Jubilé  (du  lat.  jubilaeum,  neutre  de  l'acUectif  jubitaeua  ,  a,  um)  e»t  maocnlin 
pour  los  mt^iues  rai.Moii.H. 

Vt*  Béuéiihité ,  mhéiévé  ,  iivé  ,  mlvé  ,  réméré,  alibi,  etc  ,  mois  purement  Iatiu.'«  , 
qu'on  ne  saurait  accroître  d'un  e  muet,  san.H  faire  acte  de  barbarie,  ne  forment  pa.s  des 
exceptions  proprement  dites;  non  plus  qn'été .  comté,  duché,  évèché  ,  etc.,  qui  devront 
redevenir  féminins,  à  cause  de  l'idée  de  durée  et  i'étendne  qu'ils  contiennent,  et  s'écrire 
éfée ,  cnmtée ,  dnchée ,  évèxhée ,  etc.  ^Voir  paf^CM  4j,  n"  75.) 

<*  Conformément  au  génie  de  la  langue,  te  côté  (bif  Sfitf),  te  lé  (bit  il^rfilt) ,  le 
doyenné  (bif  îf^antwilrbf  —  ^obnuii(),  bit  ^^uttrrbirn),  te  raininé  (bo«  ÎOfinbfrrmu»)  ,  /." 
clergé  (bit  JUtrifft ,  bit  0tifllid)ffit) ,  le  congé  (bfr  Urlaub,  ?lbf(t)itb),  le  gré  (btr  aUiUr  , 
etc.),  —  pourraient  de  même  devenir,  sons  la  pinme  du  po^te, /a  cAtée.la  lée.  tu  dnyennée. 
ta  raisinée ,  ta  ctergée  >),  ta  cmigée ,  la  grée,  sans  que  l'auteur  de  la  Oratnmaire  Vram- 
çaiae  élevât  la  moindre  réclamation. 


')  Le  féminin  constant  des  noms  allemands  semble  accuser  le  masculin  de.s  noms  fran- 
çais, dans  cette  série. 

*)  Les  noms  collectifs  ne  sont-ils  pas  la  plupart  féminins  V  La  nobleue,  la  bourgeoMe, 
la  maréchauttèe  ,  etc.  \u^  ■ . 


t66 


La  grammaire  française. 


Exceptions  proprement  dites. 

8**  Les  seuls  noms  d'êtres  corporels  qui  soient  féminins ,  par  exception  aux 
règles  ci-dessus ,  sans  renfermer  aucun  sens  collectif,  sont  les  suivants  : 


-ée 

une  épée  (de  Tital.  fccr  SDcgen 

spada) 
la  poupée  bte  ^u^)}e 

la  bouée  bfc  58o^c 

une  araignée  ctnc  (S^Jtnttê 

la  cognée  btc  ^%i 

la  haquenée(dulat.  t)tt  ^tittt 

equina) 
la  giroflée  (du  gr.  btc  Scbfoje 

karuophullon) 
la  dragée  (du   gr.  bte  Sv^âitUtntt 

tragêma,  dessert) 
la   baie    (du   lat.     btc  SSccrc 

bacca^ 
la  laie  (du  bas  lat.  btc  ^ad^e 

htia) 


l'orfraie  (du 
ossifraffa) 
la  pagaie 


lat.    bct  îÇtfd^abfcr 


btc  ^agaje  (5lrt 
Sftubcr) 

la  saie  (ou  sayon)  bcr  ^rtcç^êntaritcl 
la  taie  (du  lat.  tega  btc  .^o^fftffcnjtcd^c 

ou  testa) 
la  zagaie  bic  <Sagajc 

-ie 

la  bougie  btc  SBBa^SEcrjc 

la  truie  (du  lat.  troiaj  btc  (Bau 
un  ortie  (du  lat.  ur-  btc  Slcflfcf 

tica) 
la   vessie  (du  lat^  btc  33(afc 

vesica} 
la  toupie  (du  flam.  baê  ^rctfd,  ber 

toppen,  tourner)      SOtônd^ 


la  tutie  ber  !^mîî<dî 

la  roupie  (du  lat.    baê  Sîafcntro^jfett 

rubia) 
la  pie  (du  lat.  pica)  bte  @(fïcr 
la  harpie  bte  ^ar^jie 

la  lamie  (du  lat.  la-  bcr  grof  c  ^otflfc& 

mia) 
la  momie  (du  lat.   bic  îDlumic 

mumia) 
la  trémie  (du  lat.  tri-  bcr  Xtià^^in 

modiumj 
la  plie  bte  ^latctffc 

la  poulie  (del'angL  bcr  ^ïobcn 

to  pull ,  tirer) 

-uc 

la  charrue  (du  lat.  bcr  ^pug 

carruca') 
la  ciguë  (du  lat.  ci-  ber  ©cf^terltng 

cuta) 
la  coi'uue  (du  lat.  btc  ilotbcnfïafci^e 

cornuta) 
la  grue  (du  \Ai.yrus)  bct  i^rantd^,  ^ra^tt 


la  laitue   (du  lat. 

lactuca) 
la  massue  (du  lat. 

massa,  masse) 
la  morue 
la  sang-sue 
là  statue  (du  lat. 

statua) 
la  tortue   (du  lat. 

tortus) 
la  verrue  (du  lat. 

verrncaj 


bcr  Satttd^ 

btc  ^cutc 

bcr  ^abcfjau 
bcr  aSïutcgcï 
bic  33t(bfâulc 

btc  (3d^t(bfrofe 

bic  SEBarjc. 


9"  Ambroisie ,  armoiries  ,  pluie  ,  suie  ,  chassie ,  charpie ,  mie ,  lie  ,  fumée, 
ramée,  escourgée  (fouet  qui  est  fait  de  plusieurs  courroies  de  cuir),  itfraie^  craie, 
nue,  sont  de  véritables  noms  collectifs,  régulièrement  féminins  de  leur  nature. 
Dragée ,  à  la  rigueur,  pourrait  être  rangé  dans  la  même  catégorie,  d'autant  plus 
que,  dans  une  acception  détournée,  ce  mot  se  traduit  par  SSogcIbuitfl  et  SJîifd^fut» 
ter.  —  Panacée,  cheminée,  n'expriment  aussi  qu'une  idée  de  composition,  à! éten- 
due, ce  qui  en  justifie  pleinement  la  forme  et  le  genre. 

10"  Pourquoi  trémie,  en  s'écrivant,  trémi,  ne  deviendrait-il  pas  masculin, 
conformément  à  l'étymologie  et  au  génie  de  la  langue? 

11°  Trabée,  robe  des  dieux,  des  rois,  des  prêtres,  chez  les  Romains,  est 
féminin  à  cause  du  nom  sous-entendu  robe  (toga). 

18"  Le  féminin  de  giroflée,  ortie,  ciguë,  noms  de  plantes,  n'a  rien  de  plus 
étrange;  et  celui  de  laie  et  de  truie  est  plus  que  justifié  par  le  sexe  de  l'animal. 

456.  Troisième  règle.  Parmi  les  substantifs  qui  désignent  une 
qualité  morale  ou  physique ,  il  n'y  a  guère  que  les  mots  courage  et  mé- 
rite,  qui  soient  masculins.  Encore  faut-il  travailler  désormais  à  les  rendre 
féminins,  conformément  à  leur  nature  et  an  génie  de  la  langue. 

STota  Bene.  Avant  de  passer  outre ,  déposant  un  moment  notre  rôle 
de  réformateur ,  et  négligeant  à  dessein  quelques  mots  peu  usités ,  nous 


Résumé  des  régies  sur  le  geore  des  substaotifs. 


l«î 


allons  résumer  brièveinuiit  les  régies  que  nous  veuous  de  donner  sur  le 
genre  des  substantifs,  alin  d'en  faciliter  la  connaissance  si  indispensable. 

Ré»uiiié  des  règles  sur  le  genre  des  substuotifs. 

(Voir  Icti  obiiervaUona  préilntinalre*.  pafe  47.) 

JPreiiilëre  Classe* 

Sabstaotif!!  non  terminée  au  Hin^nlier  par  on  r  rnuot 

Règle  générale. 

457.  Sont  manrullnM  les  substantifs  qui  ne  se  terminent  pas  au 
singulier  par  un  c  muet.  Le  pain.  Le  nel. 

Exceptions. 

458.  Sont  rëminliiM,  par  exception: 

-rion 
1*  les  substantifs  dont  la  terminaison  sonne:  don  (par  c,  » ,  x,  ou 
tj  ,  Mtlon  ,  ff Ion ,  et  nion  ,  moins  :  «don  y  airyon ,  baiitlou. 

-lilMon 
<°  Les  substantifs  en  nlMon.  La  raison  y  etc. 

-enr 
3*  Les  noms  de  choses  en  enr,  moins  les  six  snivants  :  le  labeur, 
l'honneur,  l'heur,  le   pleur,  le  choeur,  le  coeur,  et  leurs 
composés.  (Voir  page  50.) 

-té 
4°  Les  substantifs  en  té,  moins  les  six  suivants:  le  cété,  le  co- 
mité, le  pAté,  le  tr»lté.  le  thé,  Tété,  aux  quels  il  faut  joindre  : 
liéthé.  (Voir  page  5().) 

5**  Les  substantifs  suivants,  épars  dans  les  diverses  terminaisons 
masculines,  et  au  nombre  d^me  soixantaine: 


-art 

l'après-midi 

la  loi 

la  part 

la  brebis 

la  paroi 

-é ,  -è 

la  souris 

une  fois 

la  clé  ou  clef 

la  perdrix 

la  voix 

la  nef 

la  vis 

la  croix 

l'amitié 

la  nuit 

la  poix 

rininiitic 

-o 

la  noix 

la  pitié 

la  virairo 

-oir 

la  moitié 

leau 

la  soif 

la  forêt 

la  peau 

-u 

la  paix 

la  chaux 

la  vertu 

-er 

la  faux 

la  tribu 

la  chair 

la  dot 

la  if\\i 

la  mer 

-ort 

-ou 

-1 

la  mort 

la  toux 

la  fourmi 

••1 

-our 

la  merci 

la  foi 

la  tour 

la  cour 
-an 

la  dent 
la  gent 
la  jumeut 

-In 
la  fin 
la  faim 
la  main 

-on 
Albion 
la  rébellion 
la  guenon 

-f  on, -non 
la  façon 
la  leçon 
la  rançon 


la  chanson 

la  cuisson 

la  boisson 

la  moisson 

la  mousson 

la  paisson 

-■on 

(pron.  comiuo 
•m*n) 

la  cloison 
la  pâmoison 
la  toison 
la  trahison 
la  garnison 
la  guérison. 


6"  Sont  encore  féminins  sylleptiquement  tous  les  noms  propres  d'tV^t 
etdeviï/e«.  (Voir  page  5S.) 


168 


La  grammaire  française. 


Seconde  Classe. 

Substantifs  terminés  an  singulier  par  un  e  muet. 
Règle  générale. 

459.  Sont  féiuliilMs  les  substantifs  terminés  au  singulier  par  un 
e  muet,  ha  gerbe,  ha  flamme. 

Exceptions. 

CVoir    page   55,    n»  198.) 

Première  diTision. 
Terminaisons  -ble,  -bre,  etc.  —  -«e  et  -me. 

460.  Sont  masculins ,  par  exception  : 

1?  La  plupart  des  substantifs  dont  ïe  muet  final  est  précédé  d'une 
des  deux  liquides  l,  r  (voir  page  26),  employée  à  la  suite  d'une  autre 

consonne;  parmi  les  quels  on  ne  compte  encore  de  féminins  que  les 
suivants  : 

-l>le                 «ele  |     -dre  la  balafre           la  guêtre 

une  étable          la  inaele  ou  l'escadre  la  bâfre              la  lettre 

la  table                     macre  l'hydre  *)  l'offre                 la  litre  (îSrauer» 

la  fable               la  débâcle  la  foudre  *)              -»Ie                     bînbc) 

la  Bible              la  manicle  ou  la  calandre  une  aigle            la  mitre 

la  cible                       manique  la  coriandre  la  sangle             la  vitre 

la  chasuble         la  sanicle  les  filandres  la  mangle  ou      une  épître 

la  truble             les  besicles  la  raalandre                  mangue        une  huître 

-bre              la  boucle  la  salamandre  une  épingle        la  patenôtre 

la  Calabre          l'escai'boucle  Oouv.  m.)  la  tringle           la  dartre 

l'algèbre                 -cre  -Ile                     -pie              la  chartre 

la  vertèbre         la  polacre  ou  la  rafle  lacouple(v.p.ll)  la  palestre 

les  ténèbres               polaque  la  nèfle                    ■f**'®                -vre 

la  fibre  (autref.  la  nacre  lamornifle(pop.)  la  câpre              la  chèvre 

le  fibrej          une  acre  la  pantoufle  la  lèpre              la  fièvre 

la  chambre         l'ocre  la  moufle  la  pourpre          la  lèvre 

l'antichambre      l'ancre  -fire                    -tre              la  livre  (^funb) 

l'ombre               l'encre  les  afl'res  la  fenêtre           une  oeuvre. 

(Voir  page  70.) 

2*  La  plupart  des  substantifs  terminés  en  -s»,  parmi  les  quels  on  ne 
compte  de  féminins  que  les  suivants: 


-âge 

la  plage 

la  Norvège 

-oge 

-ange 

les  ambages 

la  rage  *) 

la  neige 

l'horloge 

la  fange 

la  cage 

-ige 

la  loge 

la  fontange 

l'image  ^) 

-ège 

la  tige 

la  toge 

la  frange 

(à)  la  nage 

une  allège 

la  voltige 

-ouge 

la  grange 

la  page  ((Sette) 

la  drège 

la  volige 

la  gouge 

la  lavangft 

•)  Plusieurs  écrivains  ont  fait  ce  mot  masculin.  Voltaire ,  entre  autres  ,  a  dit  : 
De  l'hydre  affreux  les  têtes  menaçantes , 
Tombant  à  terre  et  toujours  renaissantes, 
N'effrayaient  point  le  fils  de  Jupiter. 
Sans  doute  Voltaire  ne  pensait  point  à  hydra  mais  à  hydrus. 
«)  Voir  page  10  et  suivantes. 

*)  Image  se  trouve  employé  au  masculin  dans  Ronsard. 
*)  âge  était  aussi  féminin  du  temps  de  Corneille. 

Outre  l'âge  en  tous  deux  un  peu  trop  refroidie 
Cela  sentirait  trop  son  fin  de  comédie. 


Résumé  des  réglés  sur  le  genre  des  substantifs. 


160 


la  louange 
la  mésange 
l'orange 
la  phalange 
la  vendange 
la  vidange 


la  cominge 
ta  méninge 
la  Thuringn 

un  allt>ng«* 
une  (éponge 


la  longe 
la  .siii'Tonge 
la  Saintonge 

la  charge 
la  décharge 


la  surcharge 
la  lithnrge 
la  niar^e 

-erse 

I  b  verge 

I     rt  louH  eoBX  en 

\fnje, moin»  el«r§« 


la  forge 
la  gorge 
l'orge 

■urse 

la  purge. 


3"  La  plupart  dos  substantifs  KMininés  en 
ne  compte  de  féminins  ([ue  les  suivants: 


-nae. 


-»nte 

une  anagramme 
une  âme 
la  oamo  ou 
chamc 
une  (^pigraninie 
la  feiiunc 
la  llaninie 
la  ganimo 
l'itrillanimc 
la  pranie 
la  rame 
la  réclame 
la  trame 


la  jus(|uiamc 
-ènie 

la  Hohèuic 
la  brunie 
la  «rcmc 
la  mi-carénie 
la  birème 
la  trirème 
l'agrostemmc 

-Inte 
la  dîme 
la  cime 
l'escrime 
restime 


la  frime 
la  lime 
la  maxime 
la  pantomime 
la  prime 
la  rime 
la  victime 

-onie 

la  Drômc 
la  gomme 
la  somme 
la  pomme 
la  paume 


-ume 

l'amertume 
la  brunie 
la  coutume 
l'éeume 
l'enclume 
la  plume 

-snie 

la  dragmu 
I  rénigmc 

I     -»lme 

lia  palme 


parmi  lesquels  on 

I     -nrnie 

'l'allaruie 

'  une  arme 

la  larme 


•eriate 

la  ferme 
la  bermc 

-orme 

la  corme 
la  forme 
la  plateforme 
la  réforme. 


(Voir  page  73,  n*  2ltJ 


Secende  dhlslon. 
Terminaisons  diverses  -ee,  -eho,  sue,  -ne,  -%e,  -ze. 

\fA.  Parmi  les  substantifs  à  terminaison  féminine,  sont  encore  maN- 
ruiinn,  par  exception ,  tous  ceux  qui  suivent ,  rangés  par  ordre  de  ter- 
minaison : 

I 


un  espace 

-Ice 

un  exercice 
le  narcisse 
un  indice 
le  préjudice 
un  appendice 
le  calice 
le  cilico 
le  délice 
le  supplice 
le  caprice 


-Arhe 

le  panache 
le  relâche 
>èeH« 

le  proche 


|les  comices 
les  auspices 
le  frontispice 
un  hospice 
le  précipice 
un  armistice 
un  interstice 
le  solstice 
le  service 
le  vice 
le  dentifi'ice 
l'artitice 

cl  tous  ceux  en 
-fice 


-Iche 


-ce 

I     -oee 

le  sacerdoce 
I  le  négoce 
i  le  carrosse 
Ile  colosse 

I     -uee 

le  capuce 
le  prépuce 

-ouee 

le  pouce 

-«xe 
l'axe 

II 

-cUe 


I     -oeKe 

un  acrostiche      '«^  reproche 

el  loua  t«ux  cnM«  medianoche 
-luhe  Ile  coche 


-eme 

le  sexe 

-oxe 

le  paradoxe 
l'cquinoxe 

-uxe 

le  luxe 
-ance 

le  sileuce 
-once 

le  quinconce 
-lp«e 

le  gypse 


I     -arae 

{le  tarse 

le  niétatmr!<« 

! 

-eree 

lie  commerce 
Ile  sesterce 

-lr«e 

'le  thyrse 

"•rse 
Ile  divorce 

le  torse 

le  morse. 
I     tVoir  p.  74.) 


I     «onehe 

jle  piédouche 
le  cartouche 
-anclte 
lcmanchc(3ttrl) 


-rrehe 

le  Perche 
(pay.  de  Ff.) 
-orehe 

le  porche. 


170 


La   grammaire  française. 


le  bagne 
le  pagne 


-ane 

un  organe 
un  arcane 
un  âne 
le  crâne 
le  péricràne 
le  platane 
l'urane 

-ène 
le  pêne 


m 
-gne 

-èsne 

le  règne 
et  sea  composés 

le  peigne 
IV 


le  renne 

le  phénomène 

et  tous  ceux  en 
-mène  (moins  ro- 
maine, peson) 
le  chêne 
le  frêne 
le  tungstène 

-Ine 

le  quine 


-ne 

le  tricline 
-one 

le  polygone 

et  tous  ceux  en 
-gone 

le  trombone 
le  cône 
le  pylône 
le  trône 


-Isne 

le  signe  ■■■ 

le  cygne 

un  interligne. 


personae  (9lte=i 
manb) 
-euite 

le  jeûne 
-olne 

le  patrimoine 
le  péritoine 
le  pivoine 
(oiseau) 


-erne 

le  terne 
le  quaterne 

-orne 
le  capricorne 
le  morne 

-urne 
le  cothurne 
le  nocturne. 


-ve 


-ave 

le  conclave 

et  tous  ceux  en-clave, 
moins  enclave 


-ève 

-Ive 

-uve 

e  rêve 

le  qui-vive 

le  pédiluve 

e  glaive 

-ove 

-euve 

un  ove 

le  fleuve. 

VI 

-«e 


-aze 

le  vase 

-èze 

le  dièse 

-ose 

la  gymnase 

un  ukaze 

le  ti'apèze 

le  Péloponèse 

quelque  chose 

le  pétase 

le  diocèse 

le  manganèse 

((gttoaS). 

Troisième  division. 

462.  Sont  encore  masculins  par  exception,  plusieurs  substantifs 

en  -be ,  -pe,  -de ,  -te. 

T 

1 

-fee,  -pe 

-be 

-abe 

le  lobe 

-albe 

-linbe 

-erbe 

un  astrolabe 

le  garderobe 

le  galbe 

le  limbe 

le  verbe 

et  autres  ana- 

(.fjauêfc^ûr^c) 

et  tous  ceux  en 

l'adverbe 

logues 
le  crabe 

-nbe 

-antbe 

un  ambe 

et  tous  ceux 
en  -ainbe  ,  moins 

-imbe 

le  proverbe 

le  monossyllabe 
-obe 

le  tube 
le  cube 

-oinbe 

le  rhombe 

-orbe 

l'orbe 

le  globe 

un  incube 

jambe 

les  lombes 

le  tuorbe. 

-lie 

-èpe 

le  type 

le  trope 

le  métacarpe 

le  crêpe 

et  tous  ceux  en  -type, 

-oupe 

-aspe 

(ïrouerfïor) 

moins  ectype 

le  groupe 

le  jaspe. 

-Ipe 

-ope 

(le  croup) 

le  municipe 

le  télescope 

-arpe 

et  tous  ceux  en  - 

cip0 

et  antrex 

analogs 

le 

carpe 

Résumé  des  règles  sur  le  genre  des  f  ubstantifs. 


171 


11 


-•de 

le  gradcf 
le  stade 

-ède 

le  reinèdf 

et  toiiii  cfUi  «'Il 
-edr,  muiHS  aide 
H  Nuède 


lin  aromate 
lin  automate 
le  sti((mate 
un  bel  écarlatc 
les  uénatcs 

-ete 
le  faîte 
le  sqnelète 

-Ite 
le  gite 
le  mérite 
le  rite 
le  mythe 


-d« 

-Ide 

le  guide 

un  épisode 

le  subside 

le  vide 

le  période  (©i. 

le  conoïde 

PUI) 

<•(  toHn  l«s  nom.H 
analogues 

-ode 

le  code                j 

-ude 

le  prélude 

un  homicide 

le  mode 

ftlouH  If  H  noniM 

l'Kxode 

-olde 

Miialoguci 

le  synode 
-te 

pour  solde 

le  plcbiseite 

-erte 

-onte 

le  satellite 

le  dialecte 

le  conte 

le  site 

un  insecte 

le  compte 

-ote 

les  analectcs 

<*t  ses  couposéfl 

le  vote 

-alte 

-epte 

un  antidote 

l'asphalte 

le  précepte 

-nte 

-ulte 

-orte 

le  {laraehute 

le  en  Ite 

le  cloporte 

les  inslitute» 

le  tumulte 

-»Mte 

-out« 

le  scnatus-con- 

le  contraste 

le  doute 

sultc 

le  faste 

-»ete 

-Inte 

l'Ecclésiaste 

un  acte 

le  labyrinthe 

-este,  -este 

le  pacte 

le  térebinthe 

le  Digeste 

-Inde 

le  dinde 
-•ude 

le  coude 
-•nde 

le  monde 
-orde 

un  exorde. 


ettounlfinnoawrn 
-etUt-erte,  moinit 
veste,  ptite,  iiet- 
le  ,  conteste  ,  et 
sexte  (heure  ca- 
noniale) 

-lete 

le  kyste 
l'aoriste 

-••te 

le  poste  rposf/oj 
-uiite 

un  arbuste 
le  buste. 


^DAtrléme  dhinioa. 

Terminaisons  -fe,  -le,  -re,  -que,  -Kue. 

Ï63.  Parmi  les  substantifs  à  terminaison  féminine,  sont  enrore  iMan- 
eullns  par  exception,  ceux  dont  les  tableaux  suivent: 

I 
-fe 

un  hippogryphe 


-»re 

un  autographe      bif  Urfchriff 

et  tous  ccnx  m  aphe ,  moins  nrthogra- 
phe,  épigraphe,  et  èpitaphe  ') 

-èfe 

le  gref/e  bie  ®ert(^t8f(^rei6(ret 

-ire 

le  Généralife 
(voir  p.  116.) 


et  tons  ceax  en  iphe 
-lire 


le  sylphe 
-olfe 

le  golfe 

-oniphe 

le  trioinplie 


btr  auftjeifl 
ber  SWcerbuftn 
btr  j^riuni^i). 


-•le 

le  Bengale 
le  bubale 
le  chàle 
le  chrysocale 
le  crotale 


le  dédale 
le  finale 
le  hàle 
un  ovale  *) 
un  intervalle 
le  scandale 


II 

-le 

le  pétale 
le  l'Aie 
-èle 

le  libel/e 
le  modèle 
le  parallèle 


le  pédicelie 
le  poèlc  (mieux 

poile) 
le  vermiceUe 
le  violoncelle 
le  polichineUe 


le  zèle 
-eullle 

le  chèvrefenilte 
le  portefeuiUe*) 

-Ile 
un  asile 


')  Le  peuple  dit  U  pataruphe  ,  pour,  le  paraphe. 
*)  Masculin  et  féminin  danj»  Trévonx. 

*)  Voir   psge  K) ,  et,  après  portefeuille,  i^OMter  cm  nots   i|iit  cal  été   «mi^  ; 
ceux  en  euil  et  ew/ ,  moin»  feuille,  gueule  ,  et  meule. 


172 


La  grammaire  française. 


le  chyle 
le  concile 
le  codicille 
le  crocodile 
le  dactyle 
le,  domicile 
l'Évangile 
le  fossile 
le  hile 
le  mobile 
le  mille 
le  style 

et  tous  ceux 
eu  -style  ,  moins 
èpistyie    C^cad.} 


le  reptile 
un  ustensile 
le  vaudeviUe 
le  verticilte 
le  volatile 

-ille 

le  quadrille 
le  triUe 

-oie 

le  Capitole 
le  monopole 
le  Pactole 
le  pétiole 
le  pôle 


le  protocole 
le  rôle 
le  contrôle 
le  symbole 
le  môle  (SE5et)r= 

bamm) 
le  saule 

-ule 

le  capitule 
le  conciliabule 
le  corpuscule 

ettouslesdimi' 
uutifs  d'un  nom 
masculin 


le  crépuscule 

le  pécule 

le  pendule 

le  préambule 

le  régule 

le  réticule 

le  ridicule 

le  scrupule 

le  tentacule 

le  tubercule 

le  véhicule 

le  vestibule 

le  tulle 


-olle 

le  voile 

-ouïe 

le  moule 

-aille 

le  branle 

le  chambranle 

-erle 

le  merle 

-orlo 

un  orle. 


464.  Remarque.  Si  l'on  songe  mi'entre-sol,  qu'on  écrivait  entre-sole,  était  autrefois 
féminin ,  pourra-t-on  s'étonner  des  changements  que  j'ai  proposés  dans  le  seul  intérêt  de 
l'ordre.  CVoir  page  32  et  84.) 

III 


-are 

le  phare 

le  Tari  are 
le  Ténare 
le  bécarre 
le  cigarre 
le  catarrhe 
le  tintamarre 
les  lares 


bcr  2curf)tt^urm, 
baS  Scud^tfcuer 
bic  .^ôtte 
bie  Untertocft 
baë  Sluftôfungêjctc^en 
btc  (Stgarre 
bcr  ^^ûtarr^ 
baê  ©elârm 
bte  .^(auêflôtter 


un  are  et  ses  comp.  eine  Sire 


-ère 

le  caractère 

et  tous  ceux  en 
tére ,  anthère , 
riètaire 

le  cerbère 

un  hémisphère 

le  planisphère 

le  réverbère 

le  viscère 

un  ulcère 

le  belvédère 

l'embarcadère 

le  primevère 

le  verre 

le  tonnerre 


ber  g^araftcr,  k. 
tère,  moins  artère,  pa- 
panthère ,  terre  ,   pa- 

bcr  .^ottenf)unb 
btc  éaliîu^ii 
btc  .Éugetfartc 
bcr  ^oi)i\pH^d 
ba§  @tiigctt)etbc 
ctn  Ocf^iDÛr 
bic  Suftttjarte 
bcr  2abc^jta§ 
bcr  %xûi)linQ 
baô  @(aê 
bcr  îDonncr 


-aire 

un  abécédaire 

et  la  plupart  des  noms  en  -aire ,  parmi 
les  quels  on  ne  compte  que  les  suivants 
de  féminins  :  Vaffaire  ,  l'aire  ,  la  cati- 
linaire ,  la  chaire,  la  glaire,  la  gram- 
maire ,  la  haiî'e  ,  la  Judiciaire ,  la  ju- 
gulaire,  la  moustiquaire,  la  paire,  la 
stattiaire ,  la  vimaire ,  la  dentelaire. 
(Voir  page  88.) 


re 

-1ère 

le  cimetière 
le  lierre 
le  derrière 
-Ire 

le  navire  *) 
et  la  plupart 
les  suivants  : 
l'ère  ,  la  lyre 
satire ,  la  tir 
-ore 
le  Bosphore 
le  phosphore 
le  sémaphore 
(télétçraphe) 
le  météore 
le  pore 
l'ellébore 
le  store 
le  sycomore 
le  Bucentaure 

le  Bigorre, 

-lire 

le  murmure 
le  colure 
le  parjure 
un  augure 
le  mercure 
les  Dioscures , 

-eurre 
le  beurre 
le  leurre 

-oure 
le  tirebourre 
le  courre 


bcr  ^trc^^of 
bcr  @|)^eu 
bte  ^tntcrfctte 


des  noms  en  -ire ,  moins 
la  cire  ,  VÉpire,  l'hégire, 

,  la  mire ,  la  myrrhe ,  la 

élire 


bcr  SBoê^j^oruê 
bcr  Scu^itfloff 
bcr  3«i<^«»tragcr 

ba^  îSteUov 
btc  spore 
bic  éltcfdwurj 
bcr  Sfîotïttor^art^ 
bcr  Slbatnêfctgcnbaujn 
(Starttêfc^iff  beè  ^o- 
gcn  bon  SScncbtg 
comté  de  France 

baë  fOlurrcn 
ber  ^olur 
bcr  SJîctnctb 
bte  SSorbcbcutung 
bcr  SOterfur 
Castor  et  Pollux 

bic  SSuttcr 
bcr  ^ôbcr 

bcr  .^ra^cr 
£)rt  ,  wo  tnan  bte 
.^unbe  anjlettt 


«)  Navire  était  autrefois  régulièrement  féminin.  Il  n'y  a  pas  long-temps  qu'on  disait 
encore,  la  navire  Argo,  L'Académie  a  cru  devoir  adopter  }e  masculin,  mais  d'après 
quel  principe  V 


Résumé  de»  régies  sur  le  genre  de»  sabitantiff. 


178 


-olr« 

l'auditoire  ')  ber  ^ôrfaa(,  jc. 

ul  Ikk  Hiilren  iioiiin  en  -totre  moinn  ; 
éi-ritoire  ,  ^vhuftpatoire  ,  hiif'"'''  '••'- 
toire  ,  dëcroltolie.  (Voir  p. 


un  accessoire  ') 
le  ciboire 
le  déhoir« 


fiitf  9ifbni  .  i 
bad  (^'ibcciuiii 
tn  ûb(e  9{t)(i^gf< 

fd^macf 
bai  ZrintAtlb 
ba8  C'Ifenofiii 

ntfv 


le  grimoire 

le  mémoire 
le  cuiiiiMil.soire 


le  dimisMoir^ 
le  po.ssc.s.Hoir^ 
le  rescisoire 


bai  ^aubrrbnd^ , 
ornoirrtr  (Bt\âfni^ 
ber  Vuffafc,  ic. 
bai  (^inftptn  fn  bit 

Wfijifl'r    uiib  \\v 

f*riftfn 
brr  (^ntIafTunt)«bH(f 
bas  ^(ft^rtd^t 
ber  ^au|>tacâ(nf!anb 
rincf  0tt(ftfi^anbt(« 


-eitre 

le  genre 


bai  (3t\dfttâtt. 


le  pourboire 

l'ivoire 

le  provoire  (vieux 

mot)  nxtv  j 

465.  Hfwnique.  0«*'I  xinl  y  mirait-il  k  dire  régnlirrrement  :  In  cigarre  on  le  cigar , 
In  reerrhi'it  nn  W  revrrbtr ,  1h  mètt-itre  »n  le  mètror ,  I«  rintrtièrt ,  la  tierrr,  la  »lore , 
1r  tycomore  ou  !•*  /rycomor,  l«*  «^m«pA»»r,  la  beurre,  \n  leurre,  la  cihnire  on  le  ilbofr, 
etc.  ?  L'ordre,  nvunt  tont.  l/ordre  eut  U  première  nëcetiallé  en  tonte  cho<)e 


IV 
-sue 


-«sue 

le  car»g>'^ 


bra{t(ianif(f)e8  ®eu« 
teltljifr 

le  vague  tad  (Scf^tvanfrnbe  , 

llnbeflfimntf ,  jc. 

-iirii« 

le  becfigMe  bit  ffeigeufitjnejjfe 

le  sarigM*»  (et /rt  «a- baô  ajtuteU^ier 

rigue,  en  parlant 

de  la  femelle) 


-osue 

un  apoio((Me  eine  'Srabel 

et  tous  renx  en  -toaue  ,  moiii)«  êgingue 


le  dogi/^ 

le  bouledoïC'^ 

-erifue 

un  exergue 
le  Rouerque . 

-orKiie 

un  uryuf 


b\t  S)09()r 

ber  33uUrnbrif(r 

bi<  6,r«n^u( 
province  de  France 

bit  )Dr()el 


-«que 

lo  claque 
le  cloaque 
le  zodiaque 
-Ique 

le  raï(|»«'  ou  caïc 
le  caloriqrte 
le  canti(j«e 
le  colchique 
le  diagnostiqwe 
le  distique 
l'KcclésiastiqMe 

le  Lévitique 

te  moustique 

le  panégyrique 

le  plilogistiqwe 

le  pique 

le  pique-niqMe 

le  portique 

le  toxique 


ber  JS(a))pl>ut 
bie  ©rube 
ber  X^terfreié 

91rt  Sdjûlup^e 
ber  SKârmejtojf 
bai  !t!oblteb 
ble  ^eitlofe 
bai  ©tjm^tom 
bai  ^txi)faax 
bai  <8uc^  3»fu« 

<5ira* 
bai  8e»itenbudj 
ber  3)tudftto 
bte  ïobrebe 
ber  SKdrmejloff 
bai  ^if 

bai  ^i^trdlnjc^en 
bte  Sâulen^aÙe 
bai  ©ift 


•que 

le  tropique 
le  viatique 
le  Mexique , 
le  Mozambique  < 

-oque 
le  colloqwe 
le  .soliloque 
le  phoque 
rOrénoque, 
les  socques 

-eaque 

le  Pentateuque 

-alqae 

le  catafalque 
le  calque 

-nnque 

le  manque 

-arque 

le  monarque 


ber  95Jenbefrei8 
bai  5tbenbmabl,  ic. 
répnhl.    d'Amérique 
royaume  d'Afrique 

bas  ©ef^râc^ 
bai  (Selbfli)efM(^ 
ble  @eefut> 
fleuve  d'Amérique 
ble  ^olifd^H^e 

bit  fùuf  ^l'id^er 
9)toft(l 

bai  Irauer^crû^ 
ber  'Jtbbrurf 

ber  SDtan^el 

ber  Stonan^ 


')  L'Académie  avait  d'abord  fHit  en  nom  fcminin   pour  Higniti*>r  le  lien  où  l'on   plaide. 

l/i  peuple  remploie  enrore  an  féminin,  et  la  raison  e<«t  dn  rOlé  du  peuple. 
'}  Accetioire ,  rhose  acce<isoire ,  est  aussi  un  des  mot«  que  le  peuple  fHit  regntlArement 

féminin.s. 


174  i^a  grammaire  française. 

-Irque  j      -Isque 

le  cirque  bcr  ©ircuS  j  le  disque  bte  SSurffd^efbe 

j  et  tous  les  noms  en  isque ,  moins  bis- 

-ASque  que  et  brisque 

le  masque  bie  SJiaSfe  ,   -osnue 

le  casque  ber  S^tim  'e  kiosque  bec  ^to8f 

les  flasques  d'un      bte  Sajfctenttianbe  ,   -M«qMe  ^  .  ^r,,    ,,. 

j,j|-fjt  le  mollusque  baê  ®d&(ctmt^ter. 

I  CVoir  p.  92.3 

466.  Remarques.  1*  Toutes  les  irrégularités  de  la  quatrième  division  pourrout 
disparaître  immédiatement.  Par  exemple,  pourquoi  n'écrirait-on  pas  le  kiosh ,  comme  en 
allemand ,  ou  la  kiosque ,  et  le  mollusc  comme  le  buse ,  qu'on  écrivait  aussi  autrefois  bus- 
qué. CVoir  page  8i  et  suivantes.^ 

2"  Quant  aux  noms  en  ée  et  en  le  ^  comme  le  lycée ^  le  musée, 
etc.  »  voir  page  165,  n°455. 

Observation  relative  aux  noms  de  Royaumes  et  de  Provinces. 

467.  11  est  bon  d'observer  que  les  noms  de  royaumes  et  de  provinces 
ne  présentent  que  les  exceptions  suivantes:  le  rerelie,  le  Maine, 
le  Blg^orre ,  le  Roiiergue ,  le  ]fIozanibique ,  le  ]?Ie!ii.lc|iie , 
le  Hanovre,  le  Beng^ale,  le  Péloponèise ,  le  DeYonsliire  et 

les  autres  noms  en  -sUIre  ;  —  Albion,  la  Franclie-Comté.  Encore, 
pourquoi  ne  dirait-on  pas  régulièrement:  la  Perche ,  la  Rouer gue,  la 
Péloponèse  y  le  Bengal ,  le  Mexic,  le  Mozambic,  Hanovre  (comme 
NaplesJ  ou  le  royaume  de  Hanovre,  le  Bigor  ou  la  Bigorre  (comme 
on  dit  le  Ctmarat  ou  la  Cuzarate)? 

Conclusion. 

468.  Voilà  donc  ces  règles  sur  le  genre  des  substantifs  que  tous  les  gram- 
mairiens ,  sans  en  excepter  l'Académie ,  avaient  déclarées  tout  à  fait  impossibles  ! 
Les  voilà  réduites  à  quatre  ou  cinq  pages,  et  cependant  complètes;  tandisque  les 
aveugles  tâtonnements  de  G.  Duvivier,  Landais,  Bescherelle,  etc.,  etc.,  dans 
cette  partie  si  importante  de  la  grammaire,  remplissent  jusqu'à  50  et  60  pages  de 
leurs  fatras  grammaticaux,  sans  aboutir  à  aucun  résultat.—  En  sorte  que  la  con- 
naissance du  genre ,  que  personne  ne  pouvait  se  vanter  de  posséder  parfaitement, 
même  après  vingt  ou  trente  années  d'exercice,  ne  demandera  plus  désormais  que 
quelques  heures  de  bonne  volonté.  —  Ces  régies  valent  plus  à  elles  seules  que 
tout  ce  que  coûte  l'ouvrage  entier.  —  Un  coup  d'oeil  jeté ,  par  exemple ,  sur  les 
terminaisons  or,  an,  in,  ance ,  ace,  esse,  âge,  etc.,  vous  apprenû  que  mort 
est  le  seul  nom  féminin  en  or,  dent  le  seul  féminin  en  an;  main  y  faim,  fin, 
les  seuls  noms  féminins  en  in;  silence,  espace,  les  seuls  noms  masculins  en 
ance  et  en  ace;  qu'il  n'y  a  pas  un  seul  nom  masculin  en  esse,  etc.,  etc.  Quoi  de 
plus  facile? 

Il  est  vrai  que  ce  résultat  si  simple  m'a  coûté,  à  moi,  plus  de  trois  années  de 
travail.  —  Et  quel  travail!  —  Quelque  nouveau  pédant  de  l'espèce  de  M.  C.  É.  n'au- 
rait-il pas  très-bonne  grâce  à  s'en  emparer,  pour  s'en  prévaloir  exclusivement? 

Vienne ,  le  29  mai  1852. 

Hypothèse. 

469.  Et  maintenant ,  si  nous  supposons  la  réforme  que  je  propose  entière- 
ment accomplie,  voici  à  quoi  se  réduira  toute  la  théorie  du  genre: 

I 

Substantifs  masculins. 
Sont  mniicullns: 

470.  r  Tous  les  substantifs  qui  désignent  un  être  appartenant  au 


"Trtlfième  iotfrméde.  M^ 

iexe  de  l'honime  dans  noire  espèce  et  au  »exe  masculin  dans  tou- 
tes les  espèces  d'animaux.    Un  homme.  I^e  tmtreau. 

2"  Tous  les  substantifs  qui  drsigiicnt  un  être  qu'on  représente  sous  la 
figure  d'un  honune.   Un  ange.   Un  génie.  Vu  sylphe. 

3"  Tous  les  substantifs  placés  en  debors  de  ces  deux  catégories  qui 
n'ont  pas  pour  finale  un  e  muet,  i^e  champ.  Le  toi. 

n 

SubstHiilifs  fémininH. 
Sont  f^mlnlnn  : 

471.  1"  Tous  les  substantifs  qui  désignent  un  9'tr9>  appartenant  au 
sexe  de  la  femme  dans  l'espèce  buniaine  et  au  sexe  féminin  dans  tou- 
tes les  espèces  d'animaux.   Une  femme.  —    Une  biche. 

2"  Tous  les  substantifs  qui  désignent  un  être  fictif  qu'on  représente 
sous  la  figure  d'une  femme.   Une  vierge.  Une  fée.   Une  sylphide. 

3"  Tous  les  substantifs  placés  en  debors  de  ces  deux  catégories  qui 
ont  pour  finale  un  e  muet.  La  ville.  La  campagne. 

\\\ 
Substantifs  nascnllns  «u  féminins. 

Sont  masculins  on  féminins  : 

1"  Tous  les  noms  propres,  selon  qu'ils  représentent  un  nom  mascu- 
lin ou  féminin.  Le  beau  Paul.  La  belle  Pauline.  Le  Caucase.  Mos- 
cou la  sainte. 

2"  Tous  les  substantifs  qualificatifs  et  autres,  selon  le  sexe  dont 
l'idée  domine  ou  le  genre  du  nom  sous-entendu.  Un  apôtre.  Le  capi- 
taine. La  nourrice.  Un  anonyme.  Une  circulaire. 

Troisième  intermède. 

Tentatula  via  est. 

472.  Et  co  but  si  désirable,  si  important,  qu'indique  la  iod^iqiie,  d'accord 
avec  le  besoin  qui  se  fait  sentir  d'une  méthode  plus  simple,  plus  facile,  d'où  il 
puisse  résulter  quelque  économie  de  temps ,  à  une  époque  où  le  temps  est  tout  ; 
ce  but  si  essentiel  de  Vunité  dans  les   principes  de  la  langue  ,  au  (|Mel  tend    son 

firopre  génie,  trop  long-temps   méconnu,  pourquoi,   avec   un    peu   de  bonne  vo- 
onté,  ne  linirait-on  pas  par  l'atteindre? 

L'unité!  l'unité!  mes  amis,  l'unité! 

Hors  de  là  sous  le  ciel  tout  n'est  que  vanité! 

L'unité!  l'unité!  voilà  le  mot  suprême; 

Le  mot  qui  doit  couvrir  tous  les  cris  d'anathéme: 

Le  mot  qui  doit  briser  les  portes  de  l'enfer; 

Le  mot  qui  doit  enUn  terrasser  Lucifer  ! 


L'unité,  l'unité  sous  une  nu^me  loi. 
Sous  un  nu^me  principe  évident,  manifeste, 
Où  nulle  ombre  d'erreur,  nulle  doute  ne  reste, 
Par  conséquent  de  tous  adopté  sans  conteste. 

Ne  tournons  pas  toujours  dans  un  cercle  fatal, 
Nous  heurtant,  nous  brisant  sous  l'aiguillon  du  mal 


176  ^9  grammaire  française. 

Mais  suivons  les  rayons  qui  conduisent  au  centre. 

Comme  au  ciel  un  seul  Dieu,  de  même  sur  la  terre 
Plus  qu'«»  grammairien  et  plus  qu'wwe  grammaire. 

(Le  Livre,  t  VIU.) 

Reposez- vous  sur  moi  du  soin  de  vous  conduire. 
Laissez-moi  vous  guider,  laissez-moi  vous  instruire; 
Et  vous  verrez  bientôt  que  de  mon  seul  côté 
Sont  la  raison,  la  vérité. 

Venez ,  n'hésitez  pas  ;  car  je  suis  bien  certain 
De  ne  pas  me  tromper  de  but  ni  de  chemin. 

Pouvez-vous  hésiter  ,  quand  désormais  ,  voyez  , 

La  grammaire  n'est  plus  qu'un  chaos  effroyable,   Cibid.) 

473.  Voyons,  quand  le  yém,  ne  consultant  que  son  inspiration,  trouvera 
bon  d'introduire  dans  la  langue  des  innovations  comme  celles  qu'on  remarque 
dans  les  vers  suivants  : 

Ah  !  celui  qui ,  bercé  par  les  destins  propices . 

De  la  vie  ignorant  les  amères  calices , 

Et  sans  cesse  entouré  d'un  peuple  de  valets 

Dressés  à  lotîtes  ses  caprices , 

CLe  Livre,  t.  IX.) 
Je  veux  les  détourner  de  ces  noires  abîmes 
Prêtes  à  dévorer  des  milliers  de  victimes. 

CLe  Livre,  t.  VHI.) 
Gloire  à  ceux  qui,  sachant  à  quoi  l'iwnneur  oblige, 
Dans  la  profonde  nnie  où  rien  ne  les  dirige, 
Jusqu'à  ce  que  le  jour  vienne  les  éclairer 
Empêchent  les  humains  de  s'entre-déchirer  !  (ibid.) 

Tant  que  la  doute  vit ,  l'ombre  règne  toujours.     C^bid.) 
Voulez-vous  que  ce  jour  sur  le  monde  se  lève? 
Voulez-vous  que  ce  but,  qui  vous  semble  une  rêve, 
Soit  atteint  dans  vingt  ans,  dans  trente  ans  tout  au  plus, 
Peuples ,  prenez  ma  main  et  suivez-moi  sans  crainte ....  : 

Cibid.) 

La  volonté ,  c'est  tout.  C'est  la  source  des  sources , 

D'où  coulent  toutes  les  ressources. 
C'est  l'esprit,  le  talent.  C'est,  avec  l'art  d'aimer. 
Tout  ce  qu'il  faut  avoir  pour  plaire  et  pour  charmer. 
C'est  l'amabilité,  la  grâce,  l'éloquence: 

Une  irrésistible  puissance 
Dans  le  regard,  la  geste  et  la  voye ,  et  le  ton; 

Une  imperturbable  assurance 
Dans  tous  nos  mouvements  ;  la  foie  et  l'espérance  ; 
La  courage,  la  force,  ainsi  que  la  constance. 

C'est  une  ferme  confiance 
En  soi-même.  Surtout,  c'est  la  persévérance. 
C'est ,  fixé  sur  son  but ,  le  regard  de  Newton. 

Cibid.  t.  VII.) 
Quand   le  poète,  invoquant  l'esprit  de  la  langue,   croira  devoir  corriger 
ainsi  les  vices  de   l'usage,  quel  présomptueux  pédant  oserait  lui  demander:  de 
quel  droit  ? 

»Du  droit  qu'un  esprit  vaste  et  ferme  en  ses  desseins 
A  sur  l'esprit  borné  des  vulgaires  humains." 
(Voir  le  second!  décret  et  les  prescriptiona  J»  snlvre  dans  l'exécution  fle  ce  décret , 
page  Ibl.) 


177 

Section  quatrième. 

Théorie    du    ii  o  m  h  r  e. 

Notion»  préUmmaireH.  —  Exercice  de  lecture. 

i\vant  de  nous  engager  dans  ce  nouveau  dédale:  la  Théorie  du  Nombre, 
commençons  par  en  déblayer  nn  peu  les  issues. 

I 
Usage  abusif  de  Vx  comme  finale. 

474.  Et    d'abord  que  vient  faire    l'j;  dans  des  attributions  qui  n'appaf- 

tU'iuioiit  qu'A  Vs"!  Qui  l'a  mise  en  possession  du  pluriel  des  noms  en  uu ,  eu,  ouT 
>lt'ii:ijçe  raconte  que  Louis  XIV  ayant  nn  jour  daijçué  adresser  la  même  dé- 
nia luio  à  quelques  beaux  esprits  de  sa  ci»iir.  personne  ne  sut  lui  répondre.  Cette 
question  avait  déjà  oeeupé  les  jfraniuiairious.  Jacoues  Pelletier,  du  Mans,  l'a  traitée 
et  résolue  à  sa  favou  dans  son  l)ialo((ue  de  r()rtliO((rapbc.-. C'est ,  dit-il,  que  les 
■.Français,  écrivant  trop  vite  et  lisant  de  même,  sont  sujets  h  confondre  les  let- 
»trcs;  et,  pour  «revenir  les  effets  de  cotte  rapidité,  ils  ont  imaginé  d'employer 
•.des  caractères  de  diverse  ligure.  Par  exemple,  ils  ont  écrit  le  nombre  deux  par 
«une  X,  atiu  qu'on  ne  pût  lire  Uens-  ').  Cette  babile  explication  de  Pelletier  a  été 
préciouseincnt  recueillie  par  Théodore  de  Bèze.  Ménage  ose  douter  qu'elle  soit  la 
lioiiiie.  Moi  je  le  conteste  tout  à  fait;  sinon  il  faudrait  écrire  soux  (untrr)  et  noo 
pas  SOI4S  ,  de  peur  de  voir  cette  préposition  se  confondre  avec  sont  (!ëaut<). 

475.  Vx  finale  avait  chez  nos  ancêtres  le  privilège  de  donner  à  ta  voyelle 
précédente  <i ,  <?  ,  o ,  le  son  de  nu,  eu,  ou.  On  écrivait  c/tetax ,  raissiax ,  pour 
chevaux  ,  raissiaus.  On  rencontre  dans  des  écrits  du  XIII*  siècle  èeax  et  lopax 
pèlc-iniMe  avec  la  notation  heaus  et  loyaus  qui  s'établissait  dès  cette  époque , 
comme  le  remaniue  M.  F.  (lénin. 

Dans  la  traduction  inédite  des  Lettres  d'Abélard  par  Jean  de  Meung,  on  lit 
à  la  page  6:  «La  parole  que  Ajaus  disait."  Ajaus ,  pour  Àjax.  Le  scribe  a  figuré 
la  prononciation  de  son  temps. 

On  écrivait  miex  ,  dex ,  diex ,  et  on  prononçait  mieus ,  deu,  dieu. 

Mai»  inifx  l'en  Hiaie  et  miex  l'en  vent 

Une  il  ne  feint  onques  mes. 
«MuIh  il  l'en  aime  mieux  et  lui  en  veut  plus  de  bien  qu'il  ne  fit  Jamai.i.* 

En  petit  d'fure  Difx  lalieure , 

Tel  rit  au  main  qui  le  soir  pleure; 

Et  tels  est  au  soir  couronries 

Qni  an  main  vst  Joiauit  et  lies.  (Ksliilu.) 

Pardonne  moi ,  biau  sires  Diex  , 

Car  Je  sens  que  Je  deviens  vieitu. 

476.  Dans  la  Chanson  de  Rolan/l  on  trouve  presque  toujours  de»  on  dem. 

Mi  Uannie  Deit ,  Je  vu/,  ni  niult  servit! 
Ce  sent  llollans  que  le  mort  li  est  pr«s , 
Par  k's  oreilles  fors  se  ist  la  rervel  : 
De  ses  pers  priet  Dru  que  s'apeit 
E  poi  de  lui  al  angle  Gabriel. 

»1i  prie  Dieu  de  se  souvenir  de  ses  pairs  et  se  recommande  hii-mèni«  à  l'aïun 
Gabriel."  ^ 

Karles  se  dort  cume  hume  traveilliet 
Saint  Gabriel  li  nd  Deux  eiiveiet,     , 
I/eaipereur  li  rumnnde  a  guarder: 
Li  angles  est  tiite  iioit  a  sun  chef. 


')  De  Qnoi  vonlait-on  distinguer  deuxt  l.'x  y  est  venue  couiuu    -«i.t.o  euphonique  , 

pubtque  la  forme  primitive  était  don  ,  rfni ,  dn  latin  dun. 

12 


178  La  grammaire   française. 

„Charlemagne  dort  comme  un  homme  agité ,  travaillé.  Dieu  lui  a  envoyé  saint  Ga- 
briel ,  avec  ordre  de  garder  l'empereur.  L'ange  se  tient  toute  la  nuit  à  son  chevet." 

D'où  il  suit  que  M.  Wilhelm  Ténint ,  dans  son  traité  de  Prosodie  Moderne,  accuse  à 
tort  les  grammairiens  d'avoir  substitué  à  cette  désinence  claire  et  retentissante  du  mot  Dex, 
la  désinence  voilée  et  sourde  qui  se  fait  re.'narquer  dans  le  mot  Dieu.  M.  Ténint  croit 
naïvement  qu'on  prononçait  Dex  comme  il  était  écrit.  Il  croit  de  même  qu'on  prononçait 
umor,  corb!  (Voir  page  27,  n»  85  et  p.  32,  n"'  106,  107,  108.) 

Escuieax  (écureuils),  qu'au  besoin  on  écrivait  aussi  escurex,  rimait  avec  beaus. 
Li  surcoz  fu  toz  a  porfit 
Forrez  de  menuz  escureax. 
Mult  soloit  estre  gens  et  beax  . . . 

477.  Peu  à  peu  s'établit  l'usage  de  figurer  I'm  dans  ces  diphthongues  ;  mais 
cet  usage  ne  bannit  pas  celui  de  terminer  le  mot  par  x.  Ux  conserva  une  place 
désormais  sans  fonctions. 

478.  Cependant  on  trouve  de  nombreux  exemples  de  Vs  employée  pour  l'a?. 
Le  sire  de  Coucy ,  faisant  sa  déclaration  d'amour  à  la  dame  de  Fayel  : 

»Dame,  pour  vous  amours  sentir 
Me  fait  ses  maus  à  son  plaisir. 

—  Sire ,  ma  coupe  nesse  mie«  (ce  n'est  pas  ma  faute). 
»Le  roman  de  Berte  aus  grans  piès.*^ 

Ja  n'iert  tant  biaus  ne  gracîeus: 
Se  dix  en  sont  cbiez  lui  assis , 
Des  mesdisans  i  aura  six. 
Et  i'envieus  i  aura  nuef. 

479.  Mais  c'est  surtout  dans  les  noms  en  ou  que  la  présence  de  Vx,  comme 
signe  du  pluriel,  est  inexplicable;  car  dans  les  plus  vieux  ouvrages  on  trouve 
les  pluriels  bijous  ,  caillous  ,  etc.  Encore  s'il  y  avait  uniformité  dans  la  manière 
de  former  ces  pluriels!  Mais  n'est-il  pas  vraiment  intolérable  qu'on  écrive  encore: 
des  bijoux  et  des  clous ,  des  verroux  et  des  caillous ,  des  choux  et  des  hibous  ? 
Ce  qui  l'est  plus  encore ,  c'est  de  trouver  dans  nos  grammaires  ,  comme  exceptés 
de  la  règle  générale ,  ici  :  bijoux  ,  cailloux ,  choux ,  genoux ,  hiboux ,  poux  (N.  et 
Ch.);  là,  les  mêmes  mots;  ^{ns  joujoux  et  verroux  (Ch.  M.);  ailleurs,  les  mêmes, 
moins  hiboux,  verroux  (Ac. ,  Boinv.) ,  etc. 

II 

Pourquoi  supprimer  le  t  final  des  noms  en  ant  et  ent ,  dans  la  forma- 
tion du  pluriel? 

480.  Comme  si  la  langue  n'offrait  pas  d'assez  nombreuses  difficultés ,  les 
grammairiens  admettent  que  les  substantifs  terminés  au  singulier  par  ant  et  par 
ent  conservent  ou  perdent  le  t  au  pluriel.  Des  diamants,  des  enfants,  des  appar- 
tements,  des  présents;  ou  des  diamans ,  des  en  fans ,  des  appartemens ,  des 
présens  ,  ce  leur  est  tout  un.  Ils  ne  voient  pas  les  inconvénients  de  cette  abbré- 
viation  absurde  qui  détruit  les  règles  de  la  formation  du  pluriel.  Il  est  vrai  que 
l'Académie  conserve  toujours  le  t.  Mais  il  ne  paraît  pas  que  son  autorité  soit  aussi 
considérable  qu'on  le  dit,  puisque  la  plupart  des  journaux  de  la  capitale,  refu- 
sant obstinément  de  s'y  soumettre,  écrivent  encore  ans  ti  ens.  (Voir  les  consi- 
dérants du  cinquième  décret,  page  190.) 

III 

Véritable  tohu-bohu ,  par  rapport  au  pluriel  des  noms  composés. 

481.  C'est  surtout  dans  la  formation  du  pluriel  des  substantifs  composés 
que  les  grammairiens  se  montrent  ridieuls,  à  force  de  contradictions.  Ici,  comme 
pour  le  genre,  pas  l'ombre  d'accord  ni  d'unité.  Aucune  base,  aucun  principe.  Les 
personnes  qui  douteraient  de  la  sincérité  de  nos  assertions  n'ont  qu'à  jeter  les 
yeux  sur  les  curieux  rapprochements  que  nous  allons  faire. 


Théorie  du  nombre.  Notions  préliminaires.  ^if§ 

482.  Les  uns  écrivent  : 

De»  chef^-d'oeiivreu  {nalm)  ,  d^»  thuut-mariet  {Vioïnw.)  ,  det  haui»e  -  roi  i  {Ac")  ^ 
dêl  arc»-fH-ilel»  (U.  ,  H.,  W.),  dt*  loufjre-douleurt  (BoiHif),  dr»  ubal-venlt  (BuiiiUiJ, 
det  rroi;»-en-JaiHtiei  (Land.),  dtt  contre-viritf»  (Ac. ,  «. ,  O.).  det  coqi-à-l'dne  (Boisite), 
df$  damet-Jeaniu»  UéHiid),  du»  liie-baUe$,  de*  pourboireê  ,  det  pourparlen  ,  de*  pouae- 
<  lit»  (Ac.) ,  etc. ,  etc. 

Les  autres  : 

Uei  vhef»-d'oeuvrt ,  dtt  ektuit-marie ,  det  hauite-col ,  d*ê  arct-en-cUt ,  det  toufre 
douleur ,  det  ubal-rent  (Lanil.)  ,  det  croc-en-Jambe  ,  det  contre-pirtté  (Boinv.),  det 
coq-à-idne  (AcuA.},  de»  diune-Jeunne  IBolnv.),  de»  tire-balte  ,  de»  pour-boire,  det  pour- 
parter,  det  pout»e-cul  (U  plup.  dt-H  (îrainni.J  ,  etc.,  etc. 

Le  même  auteur  écrit  : 

Un  chatse-mouche  cl  un  ijobe-mourhet  (Ac.)i  det  cheft-d' oeuvre*  «t  det  arct-en- 
ctel  (Bolstc)  ,  de»  crnc-en-Jumlie  (Uoi.tle,  DUl.)  el  de»  croct-en-Jambei  (Boiste,  Ui(f.), 
de*  rouijet-tjorye*  et  d«'M  rouge-queue  (Ac.  ,  BoLste),  de»  rouge-gorge,  de»  rouge-queue,  et 
((••«  rouget-trogne»  (I.Hnd.J,  det  aliat-vent  et  de»  contre-vent» ,  det  aucenlt  (Acad.) ,  etc. 

Les  uns  écrivent: 

Un  cure-dent,  un  cure-oreille,  un  bec-figue ,  un  chautte-pied ,  un  entre-eôte , 
un  entreligne  .  un  euule-main ,  un  porte-feuille  ,  un  tire-botte ,  une  millefeuille  (Ae.)  , 
etc. ,  etc. 

Les  autres  : 

Un  cure-dentt ,  un  (  ure-oreille*,  un  bec- figue» ,  un  chautte-pied»,  un  entre-côtet, 
un  entre-lignet ,  un  esKuie-viain» ,  un  porte-feuillet,  un  tire-bottet ,  une  mille-feuillee, 
(Buinv. ,  Land.),  etc.  ,  etc. 

483.  Et  saveï-vous  pourquoi  N.  Landais  écrit,  par  exemple  un  porte- fetut~ 
tes?  «i*aree  qu'i7  contient  plusieurs  feuilles  ,"  dit-il.  —  il  ne  serait  pas  éloigné 
d'écrire  pareillement ,  avec  la  marque  du  pluriel ,  le  chèi^re-feuilles  ;  «car  on  peut 
aussi  bien,  dit-il,  s'expliquer  le  mot  par  des  feuilles  de  chèvre  que  par  une 
feuille  de  chèvre."  Entendez-vous  le  raisonnement?  —  Monsieur  ne  veut  pas,  non 
plus,  qu'on  écrive  chèvrepied ,  mais  chèvre -pieds  ;  «car  ce  mot,  dit-il,  signifie 
un  satyre  <//«  a  des  pieds  de  chèvre ,  et  non  pas  seulement  un  pied."  —  J'aurais 
cru,  moi,  que  cela  signifiait,  t/ui  a  le  pied  fait  comme   le  pied  d'une  chèvre.  — 

Telle  est  la  logique  de  Napoléon  Landais. 

484.  Mais  MM.  Noël  et  Chapsal,  ces  coryphés  du  corps  unirersitair,  poussent 
bien  plus  loin  la  plaisanterie.  Ils  écrivent  au  pluriel ,  des  chèvres- feuilles  ;  appa- 
remment par  la  mi^me  analogie  qu'on  écrit  encore  des  choux-fleurs,  des  choux-raves  y 
des  chotur-nttvets.  Ainsi  chèvrefeuille  ne  dérive  pas  du  latin  caprifoUum  (®ti$« 
blatt) ,  feuille  de  chèvre,  mais  c'est  une  chèvre  qui  est  feuille,  et  une  feuille  qui 
çst  chèvre,  comme  chou-rare,  un  chou  qui  est  rave  et  une  rave  qui  est  chou. 
A  la  bonne  heure!  Et  tout  le  monde  d'applaudir,  depuis  les  grands  maîtres  de 
l'Université  jusqu'aux  petits  maîtres  dont  pane  M.  K-irnbach  ou  Grainruisscau  (p.lSlJ. 

485.  Pourquoi  l'Académie  écrit  un  ffohp-mouches  au  singulier  comme  au 
pluriel.  M.  Auguste  Lemaire,  le  célèbre  paraphraseur  de  la  grammaire  de  (lirault 
I)uvivier,  va  nous  l'expliquer.  «Un  gohe-mouvhes  ne  prendrait  pas  ce  nom,  s'il 
n'en  avalait  qu'M«p."  Une  quoi?  A  science  profonde!  ô  docteurs  admirables!  — 
Ainsi  \c  (fohe-mouches  s'appèle  de  la  sorte,  parce  qu'il  avale,  non  pas  une  mouche 
après  l'autre,  mais  plusieurs  mouches  à  la  fois.  Alors  dites-moi,  je  vous  en 
prie,  pourquoi  vous  écrivez  sans  la  mar(|ue  du  pluriel,  un  casse-noisette,  un 
brèche-dent ,  un  cure-dent,  un  rouvre-pied ,  une  garde-rohe  ,  un  yarde-meuhle , 
un  entre-ligne,  un  chasse  mouche ,  de.  On  écrit  sans  s  un  chasse-mouche,  dit 
M.  \.  Lemaire, /)rtrc«  (fu'il  suffit  d'une  mouche  pour  en  être  importun/.  —  Et  pour- 
quoi l'Académie  écrit-elle  des  porte-manteaux,  nu^me  en  parlant  des  officiers  dont 
la  charge  était  de  porter  le  manteau  du  roi  (un  seul,  apparemment)  quand  il  sor- 
tait; tandis  qu'elle  prescrit  formellement  d'écrire,  sans  la  marque  du  pluriel,  des 
porte-paye,  des  porte-trait ,  des  porte-rent ,  des  porte -verge  ,  àes  porte-montre, 
des  porte-drapeau,  des  caise-cou ,  etc.,  etc.?  //  y  avait  dôme  portemanteaux 
servant  par  quartier  (Ac.). 

1«* 


180  La  grammaire  française. 

486.  Et,  s'il  est  permis  d'écrire  avec  l'Académie,  des  passavants,  des  para- 
pluies,  des  para-sols ,  des  pourparlers,  des  pourboires,  des  passepartouts  ,  etc. , 
qu'on  nous  dise  ce  qu'il  y  aurait  de  plus  étrange  à  écrire  des  passedebouts  ? 

487.  Pourquoi  des  bette-raves  et  des  choux-raves ,  quoique  ces  deux  noms 
soient  d'une  composition  parfaitement  analogue? 

488.  Pourquoi  des  pieds -d'alouettes  et  des  pieds-de-chat?  Pourquoi  l'Acadé- 
mie, qui  écrit  des  abat-vent,  sans  s,  écrit-elle,  également  sans  s,  un  essuie- 
main,  un  yarde-fou?  Si  le  premier  des  objets  en  question  n'abat  par  les  vents , 
mais  le  vent,  comment  le  second  n'essure-t-il  que  la  main  et  non  les  mains?  com- 
ment l'espèce  de  rampe  appelée  garde-fou  n'est-elle  destinée  qu'à  gai'der  km  fon 
et  non  les  fous  ? 

Voici,  à  l'appui  de  ces  curieux  résultats,  les  règles  et  les  prescriptions 
établies  par  les  grammairiens  : 

48".  1«  „Quaud  le  substantif  est  composé  d'un  adjectif  et  d'un  substantif,  ils  pren- 
nent l'un  et  l'autre  la  marque  du  pluriel"  (N.  et  Ch,). 

Pourquoi  donc  écrire  des  rouge-ijorge ,  des  rouge-queue,  etc.?  Pourquoi 
donc  blâmer  l'Académie  d'écrire  des  blancs-seings ,  sous  prétexte  qu'il  faut  écrire 
des  blanc-seings  (Besch.)  ?  Et  combien  d'autres  exceptions  à  ajouter  à  celles-là, 
telles  que  des  courte-haleine,  des  douce-amères ,  des  toute-bonnes,  des  toute- 
e'pice,  des  franc-maçons,  des  nu-propriéte's,  des  demi-dieus,  des  sauf-conduits,  etc. 

490.  ^"  „Quand  un  substantif  est  composé  de  deux  substantifs  placés  immédiate- 
ment l'un  après  l'autre,  ils  prennent  tous  les  deux  la  marque  du  pluriel"  {yi  et  Cli.),  ex- 
cepté: un  bec-figues  (oiseau  dont  le  bec  pique  les  figues),  un  brèche-dents  Cpersonne  qui  a 
une  brèche  dans  les  dents;  [comme  si  une  même  personne  ne  pouvait  jamais  avoir  qu'une 
brèche  dans  les  dents!  ou  comme  si  plusieurs  personnes,  lorsqu'on  dit  des  brèche-dents, 
ne  pouvaient  avoir  entre  elles  qu'une  seule  brèche  !'\),  un  appui-main  (\\n  appui  pour  la 
mainj ,  Fête-Dieu,  gomme-gutte ,  pi.  Fîtes-Dieu,  goinme-guttes,  etc.,  etc. 

Cette  règle  justilie  pleinement  les  feuilles- chèvres  de  MM.  Noël  et  Chapsal, 
ainsi  que  les  taupes  grillons ,  et  les  fourmis  lions  et  les  dames  jeannes ,  et  les 
mes  sir  es  jeans ,  etc.,  de  MM.  Bescherelle.  Mais,  en  conscience,  peut-on  voir  des 
dames  et  des  jeannes  dans  des  cruches,  des  messires  et  des  jeans  dans  des  poires  ? 
Car  dame-jeanne  signilie  une  sorte  de  cruche  et  messire-jean  une  sorte  de  poire. 

D'après  la  règle,  il  faudrait  donc  aussi  écrire  des  bettes-raves  et  non  pas 
des  betteraves. 

Et  je  ne  dis  rien  des  gardes-chasse ,  des  gardes-marine ,  des  gardes-'vais- 
selle ,  des  colin-maillard,  des  bains -Marie,  et  de  Dieu  sait  combien  d'autres  ex- 
ceptions; car  Thésée  lui-même,  aidé  du  iil  d'Ariane,  ne  parviendrait  pas  à  se 
tirer  de  ce  labyrinthe. 

Je  demanderai  seulement  s'il  est  bien  facile  de  découvrir  que  garde  doit  être 
au  pluriel  dans  des  gardes-mines ,  des  gardes  marine ,  et  au  singulier  dans  des 
garde-niagazins,  parce  que,  dans  le  premier  cas,  garde  est  substantif,  et  que,  dans 
le  second,  il  est  verbe.  Je  demanderai  si  cette  distinction  ne  présente  aucune  diffi- 
culté surtout  aux  étrangers. 

491.  3"  „Quand  un  substantif  est  composé  de  deux  substantifs  unis  par  une  prépo- 
sition, c'est  le  premier  substantif  qui  prend  la  marque  du  pluriel"  (N.  et  Ch.). 

Il  faudrait  doue  écrire  des  s angs -de-dragon ,  des  coqs-à-l'âne  ,  des  têtes-à- 
tête,  des  pailles-en-queue ,  des  chars-à-banc ,  etc.,  etc.  Mais  ce  sont  là  des  ex- 
ceptions, nous  dit-on.  Oui,  des  exceptions  qui  se  comptent  par  douzaines! 

492.  4»  ^Lorsqu'un  nom  composé  est  combiné  avec  une  préposition,  un  adverbe  ou 
un  autre  mot  invariable  et  un  substantif,  le  dernier  prend  seul  le  signe  du  pluriel"  (Bes- 
cherelle), si  toutefois  il  y  a  idée  de  pluralité  (N.  et  Ch.). 

Et,  comme  exceptions  à  cette  règle,  MM.  Bescherelle  citent  phis  de  «soi- 
xante mots ,  parmi  les  quels  on  distingue  perceneige,  casse-cou,  chasse-marée, 
garde-manger,  passe-poil,  passe-droit,  porte-manteau,  etc.,  quoique  la  plupart 
des  grammairiens  et  l'Académie  elle-même  admettent  la  marque  du  pluriel  dans 
l'emploi  de  ces  noms. 

MM.  Bescherelle  prescrivent  d'écrire  au  singulier  un  garde-fous  et  au  pluriel 
des  gardes-fous! 


Théorie  du  nomliio.  Notions  prëliminaire*.  HSH 

Un  .'lioiitciit  (|iie,  loi-.si|iriiii  nt»n)  foinpos»?  est  f«»rmé  d'un  vorhc  et  d'un  suli- 
stnntif,  le  |trTnii(*r  n'ste  toiiimirs  jnv.irialde ,  et  (pic  le  .srcond  hk  sn  met  :m  pln- 
rJpl  (|ni>  (jn:ind  il  \>f»i  s)>  |ii-«'iidn>  «Ihiih  un  senu  collet  tif!  M;iiH  cr  devrait  être  tout 
le  contnui'o,  c'i'.st  i'i  dire,  ijuaml  H  peut  le  pretuhe  flans  nn  nenn  flintritmtif. 

493.  Je  n'ttse  m'cnifaKor  plus  avant  dans  ce  lahyrintlir.  Et  qui  ne  reculerait 
«•(Trayc  devant  cet  ItR-xIricald»*  chaos  de  dinienltt^s  et  de  contradictions,  nue  n'ont 
|)U  (IcinAler  les  plus  liahiles  ((raninia  riens,  sans  eu  excepter  les  savants  rédacteurs 
du  dictionnaire  de  l'Acadéniio? 

494.  Je  pense,  du  reste,  t|ii'tii  uiil.t  itssez  pour  l.i.i.  .„■;  de  quel  faible 
secours  sont  les  j^ramniaires  et  les  dictionnaire.s,  lorsqu'il  s'ajçit  de  .suintions 
grammaticales  ou  orthographiques. 

495.  Je  pense  qu'en  voilà  assez  pour  démontrer  quels  Tuncstes  résultats 

peut  entraîner  ce  respect  aveugle  que  veulent  nous  imposer  iM'^I  !'  '  "  pour 
ce  qu'ils   a|)pèlcnt  Vnutorité  des  yronils  «'crirains  ;  comme    si  .Mo- 

lière, les  rorneille,  etc.,  devaient  cesser  d'?lrc  de  yrands  rnuinu^,  y.w  cela 
seul  qu'on  aurait  signalé  dans  leurs  écrits  quelques  négligences,  quelques  nuisi- 
bles bizarreries,  (|i)elqiies  inexactitudes,  quelcjucs  sacrifices  plus  ou  moins  volon- 
taires à  la  mesure  et  .i  la  rime,  ou  comme  si  les  erreurs  ife  pensf^e  si  fréquen- 
tes dans  Voltaire,  dans  liousseau ,  dans  Lamartine,  ne  suflisaient  pas  pour  faire 
supposer  quelques  erreurs  de  style  ! 

496.  l'arec  <|ue  Racine  a  écrit  des  yi/n/fA-ZoMA,  est-ce  une  raison  pour  l'imi- 
ter? san.s  songer  que  de  telles  fautes  peuvent  échapper  aux  plus  grands  génies, 
et  que  souvent  ce  que  nous  prenons  pour  l'orthographe  de  l'auteur  n'est  réelle- 
ment que  celle  que  son  éditeur  a  cru  devoir  suivre. 

497.  l'arec  que  Lamartine  s'appèle  Lamartine,  est-ce  une  raison  pour  «e 
trouver  dans  ses  vers,  si  mal  conformés  la  plupart  du  temps,  comme  nous  le 
démontrerons  par  la  suite,  ni  faute  ni  mfmc  inexactitude?  Parce  qn'il  a  écrit 
perceneiye  au  pluriel  sans  s  ,  dans  ces  vers  pas  mal  hétéroclites: 

Je  regarde  k  mes  pieds  si  me*  bourgeon»  en  pleorx 
Ont  de  mes  peireneige  épanoui  les  fleurs, 

est-ce  une  raison  pour  considérer  perceneiye  comme  un  mot  invariable?  Qui  ne 
voit  iHic  perceneiyi' i\c  pouvait  entrer  autrement  dans  le  vers?  et  qui  ne  sait  que 
M.  de  Lamartine,  dans  ses  vers,  ne  se  pique  guère  ni  de  pureté  ni  de  préci- 
sion?" Qu'imiiortc,  dit-il?  ..Quand  on  a  respiré  en  passant  et  jeté  derrière  soi 
une  fleur  de  la  solitu»!e ,  qu'importe  qu'il  y  ait  un  pli  à  la  feuille,  ou  qu'un  ver 
en  ronge  le  bord?"  ()  modestie! 

498.  Oui ,  certes ,  j'en  ai  dit  assez  pour  <|u'on  puisse  toucher  du  doigt  l'ab- 
surdité d'un  système  (|ui  manque  do  base:  le  système  de  l'accord  partiel,  dans 
les  noms  composés;  système  que  les  grammairiens  ont  formulé  ainsi: 

»I.e.H  substantifs  coniposé.s  .s'écrivent  au  singulier  et  au  pluriel,  suivant  que  la  nature 
9«t  le  sens  particulier  des  mots  dont  ils  sont  formés  exigent  l'un  ou  l'aiilre  nombre." 

499.  Les  mots  dont  sont  formés  les  noms  compostas  nropremenl  dits  n'ont 
point  de  sens  particulier;  ou  du  n\oins,  s'ils  en  ont  un,  il  est  entièrement  ab- 
sorbé par  le  sens  général  du  nom  composé,  qui  jouit  alors  des  mêmes  droits  et 
des  mêmes  privilèges  que  les  noms  simples:  parce  que,  si  multipliées  qu'en  soient 
les  parties  intégrantes,  il  n'en  présente  pas  moins  à  l'esprit  une  idée  unique. 
C'est  ainsi  (jiie  courte-pointe  ne  signiiie  pas  une  pointe  qui  est' courte  f  mais  siiu- 
pleincnt  une  couierfure. 

Aulremcut,  comment  distinguerait-on  pot  de  vin  (tint  -SKaB  2Bfin) ,  burbe 
de  moine  (IVirt  eiufô  a)^cncf)eiS) ,  dent  de  lion  (^atjn  rincé  îcwen),  etc.,  de  pot- 
de^cin  (ïcibfauf),  bmbe-dc-mottte  (iÇladjëfcibr),  dent-de-Uon  (.^unb«(atti(^),  etc.  ? 

Les  noms  composen  proprement  dits  ne  remplissent  |»as  dans  le  discours 
d'autres  fonctions  que  les  noms  simples  qui  y  correspondent,  qui  en  sont  les 
équivalents.  Par  conséquent ,  ils  doivent  être  soumis  à  la  même  règle.  Par  consé- 
quent,  il  faut  écrire  des  maître-autels,  des  arc-bmitants  ,  des  chef-iienr  ^  une 
mitlefenille  ,  etc.,  et  non  pas  dos  maitres-autets  ,  des  arcs^boutants ,  dea  cbeft- 
UéuXf  une   miUe-feuiUes ,  etc.,  et  suivre  en  cela    l'exemple  des  Allemands,  qui, 


182  La  grammaire  française. 

plus  logies  que  nous  sur  ce  point,  ne  disent  pas,  au  pluriel:  ^àu\)tnaitavt 
^àupUtanfxi^Un,  i^àupUx'éttn ,  mais  simplement  ^anptaltdve ,  etc.,  en  laissant 
toujours  le  premier  mot  invariable,  comme  nous  le  faisons  nous-mêmes  dans 
demi-aune,  nu-pieds,  nu-tête,  etc.;  ce  qui  est  dans  le  génie  propre  de  toutes 
les  langues;  et  qui  surtout  ne  risqueraient  pas  au  singulier:  etn  Saufenbblatter, 
au  lieu  de  :  etn  ïaufcnbblatt.  Il  n'y  a  que  des  grammairiens  tels  que  MM.  Besche- 
relle,  Noël  et  Chapsal ,  etc.,  pour  oser  de  telles  énormités. 

500.  Encore  une  fois ,  les  noms  composés  proprement  dits ,  ne  for- 
ment qu'un  tout  compact ,  qvCun  sens  unie,  <[u'?/n  mot  un  et  indivisible ,  et  n'ad- 
mettent par  conséquent  la  marque  du  pluriel  qu'à  la  lin.  Voilà  pourquoi ,  je  le 
répète,  il  faut  écrire,  bon  gré,  mal  gré,  des  arc-en-ciels  ,  des  chef-d'oeuvres , 
des  croc-en-jambes,  des  cul-de-jattes ,  des  cul-de-sacs ,  des  cul-de-lampes,  des 
cul-blancs,  des  paille-en-culs  ,  des  paille-en-queues ,  des  hors-d'oeuvres  ,  des  hec- 
de-lièvres,  des  dent-de-loups,  etc. ,  en  laissant  tout  à  fait  intact  le  corps  du  mot. 
Cela  est  hardi ,  mais  cela  est  logic ,  et  surtout  cela  est  simple. 

501.  En  effet,  lorsqu'on  dit  des  pied- à-terres ,  des  cul-de-lampes,  des  dent- 
de-loups ,  etc.  ,  est-ce  qu'on  a  en  vue  des  pieds,  des  culs ,  des  dents?  Non,  l'esprit 
n'a  en  vue  que  certains  logements  où  l'on  ne  demeure  pas,  où  l'on  ne  vient  qu'en 
passant,  où  l'on  ne  met,  pour  ainsi  dire,  qu'un  pied  à.  terre;  certains  ornements 
de  lambris  ou  de  voûte  faits  comme  le  dessous  d'une  lampe  d'église  ;  certaines 
espèces  de  chevilles  qui  ont  quelque  analogie,  quelques  rapports  de  ressemblance 
avec  une  dent  de  loup  ;  en  sorte  que  le  signe  du  pluriel  se  rapporte  plutôt  au 
nom  sous-entendu  qu'au  nom  exprimé  ;  comme  s'il  y  avait  :  des  entretien{iète- 
à-tête)s,  des  homme{cu\  de  jatte)«^  des  ornement(ei\l  de  lampe)s,  des  rweCcul 
de  sac)s ,  des  cheville  (dent  de  loup)s  ;  en  sorte  qu'il  y  a  syllepse ,  comme  pour 
le  genre  des  noms  d'iles  et  de  villes,  et  de  tous  les  noms  propres,  en  général. 
Si  ce  principe  n'est  pas  fondé,  alors  de  quel  droit,  je  le  répète,  écrit-on  des 
passavants ,  des  pourparlers ,  des  pourboires ,  des  pissenlits ,  etc.  ?  Est-ce  par- 
ce que  les  divers  radicaux  de  ces  mots  ne  sont  plus  distingués  parle  trait  d'union? 

502.  Mais  qu'importe  cela?  Le  trait  d'union  n'ayant  d'autre  objet  que  d'unir 
indissolublement,  non  de  diviser,  qu'importe,  pour  la  marque  du  pluriel,  que /'«Ase- 
en-lit  s'écrive  avec  ou  sans  trait  d'union?  Cela  n'en  change  pas  la  nature,  et  il 
faudrait  tout  aussi  bien  écrire  au  pluriel  des  pisse-en-lits  que  des  pissenlits. 

503.  Qu'on  les  écrive  avec  ou  sans  trait  d'union,  les  noms  formés  de  plu- 
sieurs mots  réunis  n'en  sont  pas  moins  des  noms  compose's  ;  sinon  la  langue  fran- 
çaise serait  la  seule  qui  eût  de  tels  noms;  car,  par  rapport  aux  noms  composés, 
le  trait  d'union  est  une  chose  à  peu  près  inconnue  dans  les  autres  langues.  Par 
exemple  les  mots  allemands  93aumgartcn  C^rbrejardin,  verger),  33aumfcî)u(c  (arbre 
école,  pépinière),  3;afct)cnf:|3tcferfugelrf)en  (tahlejeupetiteboule ,  muscade),  ^ferbc= 
berfc  (chevalcouverture ,  housse,  caparaçon),  SSafd^enu^r  (pochehorloge,  monive), 
etc. ,  etc. ,  cessent-ils  d'être  des  noms  composés ,  parce  que  les  diverses  parties 
n'en  sont  pas  distinguées  par  des  traits  d'union  ? 

504.  Et  parce  qu'on  écrit  de  même  sans  trait  d'union  les  mots  français  bet- 
terave, chiendent,  pourparler,  pourboire,  etc. ,  peut-on  les  appeler  des  noms  simples  ? 

505.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  les  consonnes  ont  entre  elles  plus  ou  moins 
d'affinité  et  qu'elles  ne  s'accolent  pas  indistinctement  l'une  à  l'autre  ;  qu'il  n'est 
pas  dans  la  nature  des  organes  de  la  parole  de  pouvoir  prononcer  rapidement  une 
faible  avec  une  forte,  comme  d,  par  exemple,  avec  t ,  h  avec  p.  L'une  imprime 
nécessairement  sa  valeur  à  l'autre  ;  et  c'est  en  vain  que  vous  essaierez ,  par 
exemple,  de  dire,  sans  introduire  un  e  entre  les  deux  consonnes:  apde ,  ap%ide , 
au  lieu  de,  apte,  apside.  Le  p  dans  ces  mots  produirait  nécessairement  le  son 
de  b.  Et,  de  même,  si  vous  vouliez  dire  abte ,  vous  diriez  abde.  Il  suit  de  là 
que,  pour  les  consonnes  qui  font  entendre  une  articulation  analogue,  —  en  géné- 
ral ,  si  l'une  est  faible ,  il  faut  que  l'autre  soit  faible  ;  si  l'une  est  forte ,  il  faut 
que  l'autre  soit  forte.  Ce  qui  peut  s'énoncer  ainsi  : 

506.  Toute  consonne  immédiatement  précédée  d'une  autre  consonne  la  veut 
de  même  degré  qu'elle,  comme  dans  ces  exemples:  aMication ,  ahiection ,  acqué- 
rir, advenir,  acte,  apside,  somiAueux ,  spasme,  etc.,  etc. 


Théorie  d  u  nombre.  Notions  prélimiDaires.  IflB 

507.  De  là  la  nécessité  du  trait  fFunion ,  dans  certains  noms  eomposéf , 
pour  iPiiir  à  distance  respectueuse  certaines  consonnes  antipathiques. 

508.  (;ha(|uct»i.s  que  rien  ne  s'oppose  au  rapprochement  des  parties  inté- 
grantes (l'un  nom  compo.s«>,  rien  di*  Miieux  (|ue  d'opcrcr  ce  rapprochement;  comme 
Pa  fait  rAeadémie  dans  horhci/iieuf  ,  hochepied,  hochrpot  .,  tournehride ,  toitrne- 
hroihe  ,  entremets  ,  entretaille  ,  entrelacer ,  entremêler  ,  portehatte  ,  jHtrtevollet , 
portecrai/on ,  portefeuille  ,  portemanteau,  parterre,  atout,  trictrac,  flonfltm,  etc., 
etc.,  (|uc  d'autres ,  tels  que  M.M.  Hesehorelle,  (iirault-Puvivier,  etc.,  s'obstinent  à 
écrire /(0(7i^-yi/fi/f,  ele.  Pourquoi  donc  l'.Académic  écrit-elle  encore:  chautte-pied, 
courre-pied,  courre-chef,  chausse-trape ,  coupe-cul,  cotipe-gorge ,  entre-hiire  y 
entre-ligne ,  entre-noeud  ,  passe-droit  ,  passi  -port ,  porte-voix  ,  à-compte ,  ertc- 
vrac ,  etc.,  etc.,  mot»  parfaitement  analo^s  aux  premiers? 

509.  Surtout ,  pourquoi,  toujours  inconséquente  avec  elle-même,  l'Académie 
écrit-elle  en  un  seul  mot,  sangsue,  hautbois,  longtemps,  etc.,  etc.,  contraire- 
ment à  tous  les  principes?  puisqu'alors  il  faudrait  prononcer  sanke-çu,  hauteboi, 
lonketan  ;  attennu  que  »toutes  les  consonnes  se  prononcent  dans  le  corps  dus 
mots»  (Aead.). 

La  simplification  de  ces  mots  ne  pourrait  s'opérer  qu'en  supprimant  la  con- 
sonne finale  du  premier  mot  composant,  ainsi  qu'il  suit:  sansue ,  lontemps  ,  kau- 
hois  ,  etc.;  ce  qui  est  du  reste  tout  à  fait  conforme  au  génie  de  notre  langue, 
comme  le  pr(»uvent  les  simplilications  suivantes,  tout  à  fait  analogues:  voici,  voilà, 
soutenir  ,  soulever ,  souligner  ,  soumettre ,  soupeser ,  soutirer ,  souterrain ,  sou- 
bartte  ,  soucoupe,  sougarde ,  sougorge ,  bejaune ,  chafouin,  puîné,  pour:  vois~ci, 
vois-là  ,  sous-tenir,  sous- lever  ,  sous-ligner  ,  sous  vieltre ,  sous-peser,  sous-tirer, 
sous-terrain,  sous-barbe,  sous-coupe  ,  sotis-garde  ,  sous-gorge,  bec- jaune,  c/tat- 
fouin  ,  puis-né.  Kt,  surtout,  puisqu'on  écrit:  soubarbe ,  soulever,  souterrain, 
pourquoi  n'écrirait-on  pas:  souhait,  sou  faite,  sou  ferme,  soulouer,  smimarin,  sou- 
ples, souventrière,  etc.  :  Rien  ne  s'y  oppose  assurément,  si  ce  n'est  le  plaisir  de- 
voir se  dessiner  nettement  aux  yeux  chaque  radical;  ce  qui,  à  la  vérité,  est  quel- 
quefois préférable. 

510.  Dijonction  ,  entre  autres,  est  préférable  à  disjonction,  \'s  et  le  j  ne 
pouvant  nullement  s'accorder.  C'était  bon  en  latin,  ainsi  que  dans  la  langue  de 
nos  ancêtres,  où  lej  sonnait  comme  i;  mais,  en  français,  quelle  barbarie! 

511.  Mais  il  faut  éviter  avec  le  plus  grand  soin  de  mettre  en  contact  les 
parties  intéjçrantes  d'un  nom  composé,  quand  on  prévoit  que  de  leur  choc  il 
pourrait  résulter  quelque  perturbation  sensible  dnns  le  système  de  la  prononcia- 
tion ou  de  l'orlhojr|'a|)hc,  déjà  compli(|ué  d'assez  de  diJTicultés.  N'écrivez  donc 
pas  bouteselle ,  entresol,  tournesol,  hueresac ,  contreseing,  parasol,  etc.,  parce 
qu'on  serait  par  là  induit  à  prononcer  houtczeUe ,  entrezol ,  tournezot ,  Sarrczac, 
contrezeing ,  parazol ,  ele.  Il  est  d'autant  plus  indispensable  de  recourir  ici  au 
trait  d'union  et  d'écrire  houte-^eUe ,  entre-sol,  etc.,  qu'il  est  tout  à  fait  impos- 
sible de  doubler  l's  ,  sans  rendre  fermé  \'e  linal  du  premier  mot,  lequel,  né- 
cessairement, doit  rester  muet.  Quant  au  nw\  pura-sol ,  rien  n'empêche  de  rem- 
placer le  trait  d'union  par  une  .v  euphoni(|ue,  comme  on    l'a  fait  dans  pressentir. 

512.  Quand  des  dent  mots  composants  le  premier  finit  par  un  e  mnet  et 
que  le  second  commence  par  une  voyelle,  le  rapprochement  ne  peut  avoir  lien  ,  à 
cause  (le  l'elision  néi'cs.<aire  de  \'e  muet,  qui  de  porte,  par  exemple,  ferait  port, 
et  changerait  ainsi  la  physionomie  propre  du  nom  entier,  de  manière  à  le  rendre 
méconnaissable.  Il  fa\»t  donc  écrire  morte-eau ,  porte-aiguiUe ,  etc.,  et  non  pas 
mortean  ,  portaiguille ,  etc.,  (|uoique  l'Académie,  pour  nous  faire  niche,  ait  cru 
devoir  écrire /'orf or.  Cependant  quand  le  premier  des  deux  mots  composants  est 
une  préposition,  le  rapprochement  peut  se  faire  sans  inconvénienL,  ainsi  qu'il  suit; 
entracte,  contrordre,  s' entraider  ,  s' entravertir. 

513.  L'Académie  écrit  entr'  acte,  et  contre-ordre  ,  s'entr'  aider,  et  contre- 
éprenrer  ;  donnant  ainsi  l'apostrophe  aux  mots  composés  avec  la  préposition  entre 
et  le  trait  d'imion  aux  mots  nHiiposi-s  avec  lu  |M-é|>o<;ifi.M\  rnutre.  '^inirnii.'.ip  |,i_ 
zarrerie  ! 

514.  Il  est  tels  autres  mots  composes  aux  quets  il  est  bon  de  coiworvcr  lo 


1^  La  grammaire  française. 

trait  d'union  ,  afin  qu'ainsi  chacun  des  éléments  qui  concourent  à  le  former ,  se 
dessine  toujours  clairement  aux  yeux.  Tels  sont  les  mots  formés  de  deux  sub- 
stantifs joints  par  une  préposition  ou  autre  particule,  comme  arc-en-ciel,  chef- 
d'oeuvre,  etc.,  qu'on  ne  pourrait  écrire  arcenciel ,  chédeuvre ,  sans  en  dénaturer 
le  caractère. 

515.  Mais,  qu'il  soit  écrit  d'une  façon  ou  d'une  autre,  un  nom  composé  n'en 
reste  pas  moins  un  nom  unique,  soumis,  en  définitive,  aux  mêmes  lois  que  les  noms 
simples.  C'est  dit,  et  qu'on  se  le  tienne  pour  dit. 

IV 

De  certains  assemblages  de  mots  ou  locutions  substantives ,  qu'on  prend  à 
tort  pour  des  noms  composés. 

Bd  jnste   emploi    dn    trait   d'union. 

516.  Il  faut  bien  distinguer  les  noms  composéii,  c'est  à  dire,  les 
noms  qui,  quoique  formés  de  plusieurs  mots,  ne  désignent  pourtant  qu'un  seul 
objet,  comme  arc-en-ciel,  cul- de  sac ,  qui  équivalent  à  iris,  impasse,  d'avec 
certaines  locutions  analogues ,  certains  assemblages  de  mots  qui  gardent  chacun 
leur  sens  direct  et  présentent  à  l'esprit  deux  idées  successives,  comme:  robe  de 
chambre,  billet  de  logement,  billet  d'hôpital ,  aide  de  camp ,  maréchal  de  camp, 
garde  du  corps ,  chapeau  à  cornes,  pieds  de  mouton,  soie  de  porc,  ver  à  soie,  etc. 

Nota.  M.  Charles  La  Loy  demande  pourquoi  ces  noms  ne  prennent  par  le  trait 
.d'union.  Nous  lui  répondrons  simplement:   Parce   que  ce  ne  sont  pas  des  noms  composés. 

■"''•  517.  Le  trait  à'tmion  n'est  ainsi  nommé,  je  le  répète,  que  parce  qu'il  sert 
A  marquer  rMiiion  des  parties  intégrantes  d'un  nom  composé,  lorsqu'elles 
sont  de  nature  à  ne  pouvoir  être  mises  en  contact  immédiat.  Or,  partout  oti  il 
n'y  a  pas  fusion  complète  des  parties,  le  trait  d'union  est  plus  qu'inutile,  il  est 
nuisible. 

518.  Des  locutions  telles  que:  barbe-de-bouc,  dent-de-loup,  etc.,  lorsqu'el- 
les sont  détournées  de  leur  signification  directe,  et  appliquées,  par  analogie  ,  à 
certaines  plantes  ,  à  certains  instruments ,  etc. ,  sont  des  noms  composés , 
ne  présentant  qu'une  idée  unique  sous  plusieurs  mots ,  et  prennent  en  consé- 
quence le  trait  d'union.  Il  ne  s'agit  ici,  en  effet,  ni  de  barbe,  ni  de  bouc,  ni 
de  dent,  ni  de  loup  ;  il  ne  s'agit  que  de  la  plante  appelée  autrement  salsifis  sau~ 
vage,  d'une  espèce  de  cheville  de  fer,  qui  a  quelque  analogie  avec  une  dent  de 
loup ,  etc.  Dans  le  sens  propre  et  direct,  vous  voyez  qu'il  faut  écrire  sans  trait 
d'union. 

519.  D'après  ce  principe,  l'Académie  a  tort  d'écrire  eau-de-vie,  esprit-de- 
vin, belle-de-jour,  écuelle-d'eau ,  coq-des- jardins,  etc.  En  effet,  quelle  différence 
y  a-t-il,  au  point  de  vue  de  la  grammaire,  entre  eau  de  vie,  et  eau  de  rose,  eau 
de  Cologne,  eau  de  senteur?  entre  esprit  de  vin,  et  esprit  de  soufre ,  esprit  de 
sel,  esprit  de  vitriol?  Si  vous  ne  considérez  ean-de-vie  que  comme  un  seul  mot, 
si  vous  y  attachez  un  autre  sens  que  celui  d'une  eau,  d'une  liqueur  qui  donne 
de  la  vie,  c'est  à  dire,  qui  excite  les  esprits  vitaux,  qui  ranime,  —  alors, 
pourquoi  dans  la  formation  du  pluriel,  en  isolez-vous  les  termes?  Pourquoi . 
n'écrivez-vous  pas  des  eau  de-vies,  sans  égard  au  sens  particulier  de  chaque  mot? 

520.  Les  mots  de  vie ,  de  vin,  dans  eau  de  vie,  esprit  de  vin,  comme  de 
senteur,  de  soufre,  dans  eau  de  senteur,  esprit  de  soufre,  ne  sont  pas  autre 
chose  que  le  complément  déterminatif  des  mots  eau  et  esprit.  Ces  locutions  ne 
sont  donc  pas  plus  des  noms  composés  que  cul  d'artichaut,  ciel  de  lit,  bouton 
d'or,  arc  de  triomphe,  etc.,  parce  que  chacun  des  termes  qui  les  compose  est 
employé,  sinon  dans  le  sens  propre,  au  moins  dans  un  sens  naturel  et  direct. 

521.  L'Académie,  toujours  inconséquente,  écrit  de  même  eau-forte,  avec 
trait  d'union,  et  eau  seconde,  eau  de  départ,  sans  trait  d'union.  Pour  cela,  passe 
encore.   Mais  comment  peut-elle  écrire  au   pluriel   des  eaux-fortes,  en  parlant 


Théorie  du  nombreu  Notions  p réliminairef.  185 

d'estampes  tirées  sur  une  planche  f^nvé«  à  Venu  fort»  y  Mais  est-ce  qu'il  «'agit 
ici  de  plusiours  eauj- 'f  Non,  il  s'ajfit  de  plusieurs  yrarurea  à  l'eau  fhrte.  Bcrl- 
vcz  donc  .H)llc|ttiqutnienl  des  eau-fortes ,  des  firuiure{tA\x  forte)*.  Le  trait 
d'union,  dans  ce  dernier  mol,  est  daiit:uit  i»Ium  nécessaire,  que  ce  sinne  a  pré- 
cisj^inent  pour  objet  principal  d'indiquer,  d.nns  len  expressions  où  il  linurc,  un 
sens  détourné,  nlie  construction  loreée,  soit  sylleptiquc,  soit  elliptique,  comme 
dans  cornc-de-nrf,  hec-de-mrhdt  ,  oell-ile-vluit ,  etc.  ,  qu'on  emploie  noiir  dc- 
siper  une  pluufr  ,  dont  les  feuilles  sont  divisées  à  peu  prés  comme  le  bois  d'un 
cerf,  un  instrument  de  vhirurgie  ,  maintenant  hors  d'usage,  qui  a  quelque  res- 
semblance avec  le  hec  d'un  corbeau,  une  sorte  de  pierre  ;^r<^Wrti5f  chatoyante , 
I  est  à  dire ,  (|iii ,  vue  sous  différents  aspects ,  semble  changer  de  coulenr  comme 
Voeil  d'un  chat. 

522.  De  même,  dans  belle  de  jour ,  belle  de  nuit,  -  de  jour ,  de  nuit,  ne 
font  (|MP  déterminer  la  différence  qu'il  v  a  entre  deux  fleurs  appelées  belle»  tou- 
tes les  deux;  d'où  il  suit  que  le  trait  d'union  ne  lenr  est  pas  applicable. 

523.  Kcuelle  d'eau,  ne  demande  pas  non  plus  de  trait  d'union,  parce  qu'il 
ne  suflit  pas  pour  cela  que  l'un  des  deux  termes  soit  pris  dans  un  sens  figuré; 
il  faut  (iu'il,y  ait  entre  eux  unité  parfaite  de  sens;  tandis  (|u'il  y  a  ici  deux  sens 
distincts.  Kmelle  d'eau  s\^\'\\\i\  en  effet,  une  plunte  en  forme  Ae  yodet ,  A'écuelle, 
(|ui  aime  \'eau  ,  (jui  se  plaît  dans  Veau.  Il  y  a  d'abord  idée  de  plante,  puis  idée 
(Veau.  S'il  était  permis  de  mettre  le  trait  d'union  à  ('ruelle  d'eau,  à  plus  forte 
raison  faudrait-il  le  mettre  à  riel  de  lit,  oeil  de  d()me ,  bouton  d'or.  Bouton, 
oeily  ciel,  sont  aussi  employés  lljjrurément  dans  ces  locutions,  mai^  de  lit  de  dôme, 
*/'or ,  gardent  leur  signification  particulière  et  ne  font  que  déterminer  celle  du 
mot  précédent.  Dans  ocil-de-hoeuf,  au  contraire,  il  n'y  a  ni  [Ave  A' oeil,  ni  idée 
de  boeuf  ;  il  n'y  a  qu'une  idée  de  fenêtre.  Ce  n'est  pas  seulement  l'un  de.s  termes 
i|ui  est  pris  lîgurément,  c'est  le  tout  ensemble;  par  conséquent  indivisibilité  ab- 
solue; par  consé(|uent  le  trait  d'union,  qui  a  pour  objet  d'assujétir  tellement  deux 
mots  l'un  à  l'autre,  qu'il  rend  par  là-mème  le  premier  incapable  de  se  mouvoir 
en  dehors  du  second,  comme  on  le  voit  dans  nu-jambes  ,  bonheurs,  boixjours,  etc. 

524.  Écrivez  donc  sans  trait  d'union  tout  assemblage  de  mots  naturellement 
construits  ,  qui  ne  s'absorbent  pas  complètement  l'un  dans  l'autre ,  de  manière  à 
n'en  faire  absolument  qu'un;  qui  ne  présentent  pas  dans  leur  ensemble  un  sens 
tout  autre  que  celui  qui  parait  devoir  résulter  de  leurs  divers  sens  particuliers. 

525.  Telles  sont  en  premier  lieu  les  locutions  adverbiales,  prépositives,  et 
conjonctives:  A  compte,  à  propos,  haut  le  pied,  par  terre,  pied  à  terre,  tête  à  tète. 

Rfinarque.  Quant  hii  mot  vig-ù-ris ,  le  trait  d'union  «st  une  condition  es.sf!ntielle 
lie  .ion  existeRre;  car  vis-ù-vis  ,  contraction  de  visuye  à  i-hage  ,  forme  par  lui-même  un 
tout  indivisible  en  françai.x,  vis  n'ayant  pa.s  par  Ini-mèine  une  valeur  indépendante. 

526.  Les  locutions  suivantes  n'offrent  de  même  qu'un  sens  naturel  et  direct. 
léO  t>a«  RMn,    les   hanses  Alpes,   les   basses^  Pyrénées,   bien  dire,    bien  faire,   iM 

tiamps  Elysée»,  nn  cordon  bleu,  nn  cordon  rouge,  les  hautes  Alpes ,  laisser  aller,  lali- 
i,ev  dire,  laisser  faire,  laisser  passer ,  Louis  le  Orand ,  petites  malsons,  petits  pieds,  cela 
peut  être,  pied  plat,  qu'en  dira-t-on  ,  qui  vive,  le  saint  Esprit,  saint  Etienne,  saint 
sacrement,  savoir  faire,  savoir  vivre,  théâtre  français,  la  ville  de  Lyon,  tout  ou  rien,  etc. 

527.  Mais  si  ces  expressions  sont  détournées  de  leur  sens  naturel,  de  leur 
ens  direct;  si   le  verbe,  si  l'adverbe  est   pris   substantivement;  si  les  adjectifs 

uiint ,  bas,  haut,  etc.,  ne  se  rapportent  plus  que  d'une  manière  indirecte  au 
substantif  qui  les  accompagne;  surtout,  s'il  y  a  renversement,  transposition  forcée, 
contraction  ,  etc. ,  —  alovs,  à  défaut  d'une  intimité  plus  grande  entre  les  parties, 
le  trait  d'union  est  indispensable.  —  .\insi  il  faut  écrire  : 

Un  à-compte  ,  nn  à-propos,  nu  haut-le-pied .  un  pied-n-tei  if  .  un  tète-à-tfte ,  le 
Hns-Rhin  (le  département  «n  qnel  le  bas  Rhin  a  donné  son  nom),  les  Basses-Ahpes .  le» 
Hasses-Pyrénées .  le  bien-dire,  le  blen-faire ,  les  Champs-Elysées  (il  Parts),  un  cordon- 
bleu  (chevalier  du  Saint-Esprit,  cnisinière  très-habile),  un  cordon-rouge  (che»alier  de 
Siiint-Louis)  ,  un  Éeoute-s'il-pleut,  les  États-Unis ,  le  Grande-Bretagne  ,  len  Hautei- 
Alffes,  le  laisser-aller,  le  lutster-Airê,  \o  Msèer-fiiire ,  le  laftstr-peutêr ,   le  c*nèg6 


186  La   grammaire  française. 

Louis-le- Grand ,  le  Palais-Royal,  les  Petites-Maisons,  petits-pieds  (petits  oiseaux),  nn 
graiiii  peut-être  ou  petitêtre ,  un  pied-plat,  le  qu'en-dira-t-on,  le  qui-vive,  un  saint- 
esprit  d'or,  d'argent,  l'ordre  du  Saint-Esprit,  l'église  Saint-Étienne ,  la  fête  du  Saint- 
Sacrement  ,  le  savoir-faire ,  le  savoir-vivre ,  le  Théâtre-français ,  la  Ville-de-Lyon 
Cpaquebot)  ,  un  tout-ou-rien ,  etc. 

528.  Mais  il  faut  vraiment  être  possédé  de  l'esprit  du  mal  pour  oser,  à 
l'exemple  de  MM.  Bescherelle  et  de  la  plupart  des  grammairiens ,  écrire  avec  trait 
d'union  les  locutions  suivantes  : 

Adjutant  major,  aide  de  camp,  Aiicien  Testament,  arc  de  triomphe,  basse  Au- 
triche,  ciel  de  lit,  clin  d'oeil,  clef  de  voûte,  corps  de  garde,  corps  de  logis,  cul  d'ar- 
tichaut, directeur  général,  ennemi  né,  femme  de  chambre,  Francfort  sur  le  Mein, 
garde  du  corps,  gomme  arabique,  gomme  résine,  grand  conseil,  grand  livre,  grand 
duc  de  Toscane,  grand  prêtre,  gros  de  Naples ,  haut  commissaire,  herbe  aux  chats, 
haute  Justice,  hôtel  de  ville ,  jet  d'eau,  juif  errant ,  lettre  de  change,  lieutenant  ci- 
vil, lieutenant  criminel,  lieutenant  général,  lieutenant  colonel,  maître  d'hôtel,  maré- 
chal de  camp  ,  maréchal  ferrant ,  mer  Adriatique ,  mer  du  Nord ,  océan  Pacifique ,  oeil 
de  voûte,  palais  de  justice,  petite  vérole,  petits  pieds ,  petits  pois,  pied  de  roi,  pont 
le.vis ,  pont  volant,  ponts  et  chaussées,  procureur  général,  quart  d'heure,  rat  de  cave, 
rat  d'église,  rat  d'eau,  serpent  à  sonnettes ,  saint  siège,  saint  Père,  tambour  maître, 
tambour  major ,  ver  à  soie ,  etc. 

529.  Remarques  critiques,  i"  C'est  ici  surtout  qu'on  trouve  des  preuves  nombreu- 
ses du  peu  d'unité  qui  règne  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie  y  Cherchez  le  mot  saint. 
Vous  y  trouverez  Saint-Office  écrit  avec  un  trait  d'union.  Voyez  maintenant  l'article 
office.  Saint  Office  y  est  écrit  sans  trait  d'union. 

530.  20  L'Académie  écrit  lieutenant  colonel  avec  un  trait  d'union ,  bien  qu'elle 
écrive  et  qu'elle  doive  écrire  lieutenant  général ,  lieutenant  civil ,  lieutenant  criminel  , 
etc.,  sans  trait  d'union. 

531.  3"  L'Académie  écrit  saint-père  avec  trait  d'union  et  sans  majuscule.  Cepen- 
dant elle  écrit  avec  majuscule  et  sans  trait  d'union  Grand  Seigneur,  Grand  Kan ,  Grand 
Turc,  Grand  Mogol ,  dénominations  tout  à  fait  analogues,  au  moins  sous  le  rapport 
grammatical.  La  plupart,  d'après  MM.  Bescherelle,  font  encore  pis:  ils  mettent  partout 
le  trait  d'union.  Et  l'Académie  elle-même  n'a  pas  trouvé  un  autre  moyen  de  distinguer  le 
grand-duc  de  Toscane  des  autres  grands  ducs.  Mais  il  faudrait  dire  alors  'la  grand-du- 
chesse et  non  pas  la  grande  duchesse;  car  le  trait  d'union  a  pour  effet  nécessaire  de  rendre 
invar  able  le  mot  qui  le  précède,  comme  dans  franc-maçonnerie,  haute-lîsseur ,  demi- 
dieux,  demi-aune,  prud-hommes ,  nu-propriété,  nu-tête,  nu-jambes,  nu-pieds,  etc. 

532.  4«  Au  mot  bien,  lAcadémie  vous  enseigne  qu'il  faut  écrire  bien-dire  avec 
un  trait  d'union,  dans  ces  phrases  familières:  être  sur  son  bien-dire  ,  se  mettre  sur  son 
bien-dire;  que  hors  de  Va  bien  dire,  pris  substantivement,  s'écrit  sans  trait  d'union: 
le  bien  faire  vaut  mieux  que  le  bien  dire.  Ce  qui  n'empêche  pas  qn', arrivés  au  mot  dire , 
nous  y  trouverons  le  même  exemple  écrit  avec  un  trait  d'union:  le  bien-faire  vaut  mieux 
que  le  bien-dire,  les  bonnes  actions  valent  mieux  que  les  beaux  discours.  Nous  avons  dit 
pourquoi  (voir  p,  185  n"  527)  ces  locutions  doivent  toujours  s'écrire  avec  trait  d'union. 

533.  ô"  Le  journal  des  Débats  écrit  Océan-Pacifique ,  comme  on  écrit  Cirque- 
Olympique ,  avec  deux  majuscules  et  nn  trait  d'union.  Même,  au  seul  point  de  vue  gram- 
matical ,  il  y  a  une  énorme  différence  entre  ces  deux  expressions.  Cirque-Olympique  est 
le  nom  propre,  un  et  indivisible,  d'un  lieu  public,  comme  Val-de-Grace ,  Champ-de- 
Mars ,  Opéra-Comique ,  etc.  L'océan  Pacifique  est  un  océan  partiel  qui  ne  se  distingue 
des  autres  que  pas  ce  qu'il  est  pacifique,  dit-on.  De  ce  que  l'on  écrit  abusivement,  dans 
un  sens  absolu.  Océan,  avec  une  majuscule,  comme  Univers,  Soleil,  etc.,  ce  n'est  pas 
une  raison  pour  qu'il  faille  conserver  à  ce  mot  cette  distinction  dans  océan  Pacifique. 

534.  6"  L'Académie  écrit  partout  saint-empire,  avec  trait  d'union.  Mais  ni  saint 
empire  ,  ni  saint  siège ,  ni  saint  Père ,  ni  saint  office ,  ne  sont  proprement  des  noms  com- 
posés, équivalant  à  un  nom  simple.  Ce  sont  des  mots  naturellement  construits  et  pris 
chacun  dans  son  acception  propre.  Dans  saint  office,  saint  père,  saint  siège,  saint  empire, 
il  n'y  a  pas  qu'une  idée  unique ,  il  y  a  deux  idées  bien  distinctes ,  bien  tranchées ,   bien 


Théorie  do  nombre.   Notions  préliminaires.  ffff 

nctieii  :  Idéo  de  iaintttè  et  Idée  i'nfflct ,  de  pire ,  de  tlif* .  i'tmpire.  Saint  4fl«r ,  mtnt 
t*ère ,  talnl  lièije  ,  etc.,  (|iiol  NlKniAnnt-ils  ea  ifirt-l*  IM  HifEnirifiit,  un  office,  «■  |i^,4Ml 
Ktfijf  ,  répiilÛM  taiiitë  imr  rapport  uux^MiitrrH,  ii  qurlqne  titre  qae  ce  Mit. 

535.  7*  l''Ai'n(lt-ml)>  n'écrit  ni  hel-eaprit ,  ml  hoe uf-graa ,  hrtc  on  trait  d'nnion  , 
ronime  !•*  fait  toujours  I«  Journal  dnt  Déftati* ,  maiw  «ll«*  écrit  heaux^arU  ,  belle»-leUre*  , 
Hitge-femmr ,  umnitr-prnprr ,  prtU-luit.  Or  ni  bet-eipril ,  ni  boeiif-graâ  ,  ni  beaux  art», 
ni  bellet  lettre*,  ni  xfii/r  femme  ,  ni  nmoHr  propre  ,  ni  ;!«•/</  /rt<(,  nr  «ont  proprfin^nt  dMi 
MO»i«  compoaèit.  Ce  (tant  de.s  lovutionê  qiin  J'appélnrHi  lonationH  auhtitMndrea.  par  la 
même  analogie  gu'on  nomnio  Ituiititin*  conjtinrtivet.  prèpotitiret,  adrerbialei,  len  ronjenc- 
tiunit ,  préposition»  ou  adverbuM  conipoKén  de  plUHli'nrH  mots  ;  lneiillon$  aonvent  équivalen- 
ts» il  un  mot  Nimple,  ronimc  lex  noniji  rumponéN ,  mai»  diférenteit  de  ce»  drrnleni,  enee 
que  dans  Ituir  construction  il  n'y  a  ni  contraction,  ni  renverspuimt ,  ni  flllp^e  ;  qa«  rien 
ne  n'y  heurte,  rien  ne  n'y  brlnc  ;  que  tout  y  est  naturel;  qne  tout  y  eat  ii  a«  pince  et  k  non 
rang;  comme  dans:  tout  à  coup  ,  à  coup  $ùr ,  à  tau*  coup»,  tour  à  tour,  d'une  manière 
parfaite;  périplirasea  qui  équivalent  à  *nudaiHemenl,  infuillihlement,  fréquemment ,  par- 
faitement, mais  (|ui  ne  doivent  pas  moins  s'écrire  s.ins  trait  d'anion. 

Vollii  que  Uoiste  est  de  notrn  avis.  C'est  en  vain  que  J'ai  clierrtié,  dans  Mn  dic- 
tionnaire, les  expressions  Iteau  i-artx,  bellen-leltre».  Ce  qui  prouve  qne  beaux  art$,  belles 
lettre»  ,  ne  sont  pas  des  noms  composés  ,  c'est  que  les  adjectifs  beaux,  belle»  ,  et  les  sab- 
Ntantifs  art» ,  lettreu .  y  vivent  chacun  de  leur  côté  et  Jt  leur  guise,  n«  faisant  fuelqnpfois 
des  visites  d'amitié,  mais  ne  s'enchainant  pa.^  conjugalement  l'un  i<  l'antre-  Voici,  au  mot 
parfait,  un  exemple  où  beaux  url>i  est  écrit,  en  elTet,  sans  trait  d'union.  Il  n'y  a  que  le» 
»cience» ,  les  beanx  arts,  et  le»  vertu»,  qui  dunnent  de»  plaitir»  parfait». 

536.  Kn  géniW'al ,  point  de  tnit  d'union  entre  les  parties  d'une  locution 
(IiieU'on<|ue  qui  n'ccli.ippent  pas  complôtomont  à  l'analyse,  qui  ne  s'absorbent  pas 
entièrement  l'une  dans  l'autre;  telles,  par  exemple,  qne  celles  des  mots:  bon 
sens ,  petits  pois ,  petite  i¥role  ,  beaux  arts  ,  petit  lait ,  ifros  texte  ,  petit  teate^ 
petit  parangon ,  petit  romain  ,  etc. ,  où  l'adjectif  et  le  substantif  ne  font  qo©  se 
modifier  l'un  par  l'autre,  sans  jamais  s'effacer  tout  à  fait,  sans  jamais  se  con- 
fondre dans  un  nu^me  tout  un  et  indivisible,  ;«  la  manière  des  vrais  noms  compo- 
sévS ,  tels  <|ue,  par  exemple,  sainte-barbe ,  petits-pieds ,  employés  pour  désijçner, 
l'un  ce  qu'on  nomme  aujourd'hui  la  soute  aux  poudres,  l'autre,  des  jçrives,  des 
cailles,  des  ortohns,  et  autres  petits  oiseaux  d'un  goût  délicat,  lesquels  ne  rap- 
pèlcQt  à   notre  esprit  ni  une  sainte,  ni  une  barbe  ni  proprement  de  petits  pieds. 

L'Académie ,  toujours  pour  nous  faire  niche ,  écrit  Justement  petit»  pieds  sans  trait 
d'union  au  mot  pied.  Mais,  pour  contenter  tout  le  monde,  elle  l'écrit  avec  trait  d'union 
au  mot  petit. 

Surtout  point  de  trait  d'union  entre  deux  noms  qui  ne  font  que  se  qualifier 
l'un  l'autre,  comme:  oiseau  pAcheur ,  martin  pécheur,  martin  chasseur,  loup 
cerrier ,  chat  cerrier ,  coq  faisan,  pif/eon  pnon  ,  oiieau  mouche,  faucon  pèlerin  , 
mouche  guêpe  ,  peuple  roi ,  monstre  roi ,  berger  roi ,  biens  fonds  ,  porte  croise'e^ 
trachée  artère ,  saisie  arrêt  ,  saisie  brandon ,  saisie  exécution  ,  saisie  gagerie  , 
saisie  rerendication, civ.  Soit  dit  en  passant,  quoi  de  plus  odieux  que  de  voir  un 
seul  mot  dans  saisie~rerendication !  Ne  savcz-vous  pas,  grammairiens,  l'horreur 
que  notre  langue  a  pour  les  longs  mots?  Aussi  ce  sont  bien  là  deux  mots  distincts, 
deux  mots  formant  une  locution  consacrée,  suhstantive,  comme  état  major,  quinte 
major,  pont  leris  ,  mais  où  le  trait  d'union  n'est  pas  plus  nécessaire  que  dans 
boeuf  gras  ,  bel  esprit,  brave  homme,  grand  homme.  Quelle  idée  aux  grammai- 
riens d'écrire  aussi  pont-leris  avec  trait  d'union,  malgré  l'exemple  contraire  donné 
par  l'Académie!  comme  si  ce  n'était  pas  là  encore  deux  mots  très-distincts!  Le 
trait  d'union  est  ici  d'autant  moins  utile,  que.  dans  l'acception  la  plus  détournée 
de  cette  expression,  on  dit  tout  aussi  bien  pont  tout  court  que  pont-teois.  Ctilolte 
à  pont  tevis.  Pantalon  à  petit  fjonl ,  à  grand  potU. 

0  vous  que  l'équivoque  épouvante  si  fort. 
Kt  qui  la  redoute/,  à  l'égal  de  la  mort, 

comment  distinguerez-vous  s'il  s'agit  ici  d'uu  pont  sur  la  Seine,  ou  d'un  pont  à 
votre  culotte?  Vous  voyez  qu'il  y  a  pont  et  pont,  conime  il  y  a  fagot  et  fnitot. 


188  La  grammaire  française. 

537.  8"  L'Académie  écrit  coq  faisan,  oiseau  pécheur,  sans  trait  d'union ,  et  pi- 
geon-paon, mariin-pêcheur,  avec  trait  d'union.  Je  vous  le  demande,  n'y  a-t-il  pas  entre 
ces  expressions  l'analogie  la  plus  parfaite? 

538.  9"  L'Académie  écrit  avec  trait  d'union  impératrice-reine ,  dommages-intérêts , 
à  croix-pile,  employés  abbréviativenient  pour  impératrice  et  reine,  dommages  et  intérêts, 
à  croix  et  à  pile.  La  contraction  peut  à  la  rigueur  justifier  ce  trait  d'union  ;  mais  il  tst 
pour  le  moins  inutile. 

539.  Le  trait  d'union  étant,  je  le  répète,  une  espèce  de  lien  de  fer  qui 
assujétit  tellement  deux  mots  l'un  à  l'autre,  qu'il  rend  par  là-même  le  premier 
incapable  de  se  mouvoir  en  dehors  du  second,  —  partout  où,  pour  la  formation 
du  pluriel,  il  y  a  disjonction  des  parties,  le  trait  d'union  est  inutile  et  même 
embarrassant, 

540.  Partout  où  figure  le  trait  d'union ,  il  y  a  rapprochement  des  parties, 
simplification,  unité  d'idée,  tout  comme  dans  arquebuse ,  tmirnebride,  parterre, 
etc.,  qu'on  pourrait  aussi  bien  écrire  arc-huse ,  tourne-bride,  par-terre,  etc., 
sans  porter  atteinte  à  l'inviolabilité  qui  protège  le  corps  du  mot,  puisque,  nous 
l'avons  dit,  le  trait  d'union  n'est  qu'un  mezzo-termine  inventé  pour  empêcher  le 
choc  trop  violent  de  certaines  syllabes  antipathiques  dans  les  noms  dijoints  qu'on 
veut  joindre. 

541.  1^*  Tout  le  monde  écrit  avtc  trait  d'union  les  locutions:  petit-maître ,  petite- 
maîtresse,  grand-père,  grand-oncle,  petit -fils ,  petite-fille,  petit-neveu,  petite-nièce, 
beau-fils,  beau-père,  beau-frère,  belle-mère,  belle-fille,  belle-soeur.  Ce  sont  autant 
de  locutions  substantives ,  où  la  signification  des  adjectifs  petit,  grand,  beau,  ne  se  trouve 
altérée  que  par  leur  position  devant  le  substantif  maître  ,  père ,  etc. ,  comme  l'est  celle  de 
bon,  d'honnête,  de  gentil,  de  brave ,  de  pauvre,  dans  les  expressions  bon  homme,  honnête 
homme,  gentil  homme,  brave  homme,  pauvre  homme  ;  locutions  composées  de  deux  sub- 
stantifs bien  distincts,  de  deux  mots  agissant  l'un  sur  l'autre ,  mais  ne  s'absorbant  pas  ;  et 
qui,  par  conséquent,  n'ont  aucun  droit  au  traitd'union.  D'autant  plus  que  ce  n'est  pas  le  trait 
d'union  qui  modifie  jamais  .la  valeur  des  adjectifs  petit,  grand,  beau,  dans  ces  locutions; 
autrement,  comment  l'oreille,  pour  la  quelle  n'existe  pas  le  trait  d'union,  comment 
l'oreille  sufTirait-elle  pour  porter  à  l'esprit  l'intelligence  des  expressions  ci-dessus  ? 

542.  Je  conçois  l'unité  dans  les  analogs  allemands  (Srof«ïatcr,  grand  père, 
@rof =muttcr,  grand-mère,  @ro^4ccf)tcr,  petite  fille,  (Svo^'tinb  ,  petit  fils  ou  petite 
fille,  @rop=âItern,  aïetds ,  etc.,  vu  l'invariabilité  de  l'adjectif  grof ,  qui  ne  fait 
que  renforcer  la  signification  du  mot  suivant,  comme  .^auijjt  dans  J^au:)jtftabt.  Mais 
si  cet  adjectif  gvo^  pouvait  se  mouvoir  librement  à  sa  place  et  revêtir  ou  dépouil- 
ler à  son  gré  ses  diverses  formes  de  genre  et  de  nombre,  comme  les  adjectifs 
correspondants  français ,  —  alors  il  y  aurait  deux  mots  tout  à  fait  distincts,  touC 
à  fait  libres  ;  il  y  aurait  une  locution  substantive  équivalente  à  un  mot.  simple , 
comme  bon  sens,  petits  pois;  mais  cette  locution  ne  pourrait  pas  s'appeler  nom 
composé ,  dans  la  rigoureuse  acception  qu'on  donne  à  ce  mot. 

543.  Ce  n'est  pas  que  la  plupart  des  locutions  substantives  qui  équivalent  à 
un  mot  simple  ,  comme  celles  dont  il  s'agit ,  ne  puissent  être  assimilées  aux  noms 
composés,  à  l'exemple  des  mots  déjà  cités:  detni-aune,  tiemi'dieux,ltHute- 

lisseurs  (qui  vient  de  hatite-lisse} ,  tr»ne-maçonnerie,  tvanc-maçons,  enfants 
nouveau-nés,  tnovt-nés,  t%Vk-jjropriété,  aller  mi-tête,  aller  nkn-jambes,  bon- 
hetirs  ,  l»on-jours ,  etc. ,  locutions  tout  à  fait  analogues.  Mais  il  faut  alors  qu'el- 
les subissent  toutes  les  conditions  de  leur  transformation,  c'est  à  dire  que  le  corps 
du  mot  reste  invariable. 

544.  Ainsi  écrivez,  au  pluriel:  des  petit-maitres,  des  petite-maitresses,  des 
grand-pères ,  des  grand-mères ,  des  petit-fils  ,  des  peUte-fiÙes,  des  petit-neveux, 
des  petites-nièces ,  des  beau-pères,  des  beau-frères ,  des  belle-mères,  des  beau- 
fils,  des  belle-filles,  des  belle  soeurs,  des  sage-femmes,  des  pie-grièches  ,  etc., 
en  laissant  le  premier  mot  tout  à  fait  intact.  Ou,  si  vous  ne  pouvez  vous  déter- 
miner à  une  chose  si  monstrueuse,  selon  vous,  n'attentez  pas  à  la  liberté  des 
divers  mots  cités,  en  les  enchaînant  deux  à  deux  par  un  trait  d'union,  comme 
des  forçats  ;  ne  leur  imposez  pas  ainsi  le  supplice  de  Mézence. 


Théorie  du  nombre.   Notions  préMminaires.  18§f 

Cette  phrase  de  Jales  Jnniii ,  où  les  adjectifs  grand$  et  petltn  se  séparent 
de  leur  substantiTet  prennent  la  ricf  des  chani|is,  plaidr  pour  leur  liberté  absolue: 

vltuliint- Hti ,  le  iioiivfHu  iiiHrlt- ,  iipr<'"«  le  proniicr  quartier  de  la  lune  de  miel,  rat 
fort  éloniié  et  Iré^  niallieureiix  di;  voir  it«  U:a\nu'.,  qu'il  uvitit  riioaa«e  coane  orpheline,  lui 
apporter  en  dot  un  beun  ;*<'/'<',  une  hellf  merr  ,  cinq  ou  niv  ourlet  graniâ  el  petits,  et  dea 
coaaina  k  l'avenant.*' 

J'avais  peur  de  iiiontrer  irop  de  hardiesse,  et  voilà  que  Uoiste,  d'après 
Restaut,  écrit  aussi  sans  trait  d'union  grand  père ,  grand  oncle ,  beau  père,  sage 
femme  y  etc. 

545.  Ou  l'un  ou  l'autre.  Ou  des  beau-pères ,  des  belU-mères  ,  en  laissant 
l'adjectif  intact,  ou  des  beaux  pèrex ,  des  belles  mères  ,  sans  trait  d'union. 

On  trouve  cet  exemple  dans  HufTon  :  Les  juments  ressemblent  assez  aux 
Sraiid-pèrea. 

546.  Quant  ;i  grand  oncle  y  l'harmonie  s'oppose  à  la  siniplilication  de  ce 
mot;  car  qui   voudrait  jamais  dire:  des  grand-oncles  ,  an  lieu  de:  grands  oncles. 

o47.  Au  contraire,  gntnd-mère  ,  grand  t'inte  ,  do|)uis  long-temps  cousacréx 
sous  cette  forme,  sont  de  véritables  noms  composés,  et  doivent  conséquemment 
s'écrire  avec  un  trait  d'union,  non  pas  avec  une  apostrophe,  à  la  fayon  des  gram- 
mairiens; car  l'apostrophe  ne  fait  qu'indi(|uer  une  éUsion ,  et  il  n'y  a  pas  ici 
d'élision.  Grand  reste  invariable  en  français  comme  ^ro^  en  allemand  ,  voilà  tout. 
Soit  dit  en  passant,  il  faut  de  même  écrire  grand-messe,  grand-rue,  et  non  pas 
grand'  mesae  ,  grand'  rue. 

548.  |>'un  autre  côté,  comme  la  préposition  arrière,  dans  arrif-re-petit-fils, 
urrière-petite-fille ,  etc.,  n'est  pas  là  seulement  pour  les  beaux  yeux  de  l'adjectif 
petit,  H  qu'elle  embrasse  également  les  mots  fils,  fille,  —  il  est  urgent  que  le  trait 
d'union  s'étende  de  la  préposition  arrière ,  à  travers  les  adjectifs  petit,  petite, 
jusque  sur  les  substantifs  fils  et  fille;  et  (juaiid  la  préposition  arrière  leur  a  ainsi 
passé  sa  flèche  d'amour  au  travers  du  corps,  pour  atteindre  le  coeur  de  sen 
substantif  bien  aimé,  il  va  sans  dire  qnc  ces  adjectifs  demeurent  invariables,  et 
qu'on  écrit  au  pluriel  des  arrière-petit-fils  ,  des  arrière-petite-filles,  etc.  L'ad- 
jectif yr<*m/ se  trouve  embroché  de  la  même  manière  et  pour  le  même  motif  dans 
l'expression,  vice-grand-i'U'cteur  ,  qui  par  bonheur  ne  s'emploie  guère  au  pluriel. 

^'.  B.  Il  résulte  de  ce  qu'on  vient  de  lire  qu'il  fiiiit  savoir  n'user  qu'à  propos  du 
trait  d'union  ;  car  l'abus  de  ce  petit  rien  entraîne  une  confusion  immense.  MM.  Descberelle 
en  font  une  consonmation  énorme.  Ils  le  mettent  Jusque  dans  peUt-pùtr. 

Résumé  des  notions  préliminaires  sur  le  trait  d'union. 

549.  Kii  résumé,  lo  trait  d'union  ne  s'emploie,  dans  les  substantifs, 
que  pour  en  lier  indissolublement,  immuablement  les  parties,  quand  elles 
ne  s'assemblent  ni  à  mortaise  ni  à  rainure,  c'est  à  dire,  quand,  par  leur 
forme,  elles  n'adhèrent  pas  parfaitement  l'une  à  l'autre.  Il  a  pour  effet 
immédiat  de  rendre  invariable  le  nom  qui  précède,  quel  qu'il  puisse  être; 
ce  qui  simplifie  siii«^ulièremenl  la  question  des  noms  composés,  plus  com- 
pliquée encore,  comme  on  le  sait,  que  celle  des  participes. 

Tout  re  que  nous   avions  it  dire  sur  le  trait  d'union  aurait  pu  se  borner  ii  ces  der- 
niers mots,  s'il  n'avait   fallu  combattre  les  abus  que  l'on  en  fait.  C'est  avec  raison  qu'un 
antenr  a  dit  qu'il  faut  un  volume  pour  détruire  une  erreur  d'une  ligne. 
U  grammairiens,  pendables  auteurs  d'nn  pareils  cliaes, 

»Ô  race  de  corbeaux,  ignoble  bande  noire. 

Par  la  vie  et  la  mort,  par  l'enfer  et  le  riel. 

Par  tout  re  que  mon  coeur  peut  conl<>nir  de  liel , 

Soyez,  maudits  !  —  Jamais  déluge  de  barbares  , 

M  Uuns  ,  ni  Visigoths,  ni  Husses,  ni  Tartares, 

N'ont  fait  autAut  de  mal  qae  vous  en  faites  là.*  {TA.  Qaulier.) 


190  La  grammaire  française. 

En  tout  cas ,  l'importance  du  trait  d'union ,  de  ce  petit  rien ,  si  méprisable  en  ap- 
parence ,  prouve  bien  qu'il  ne  faut  pas  juger  des  gens  sur  la  mine.  (Voir  le  Traité  d'Or- 
thographe.) 

Enfin  me  voilà  hors  de  cet  affreux  Ténare 

Dont  j'ai  fait  quinze  fois  le  tour. 
J'espère  avoir  prouvé ,  par  un  effort  si  rare , 
yue  tout  est  possible  à  l'amour. 
Maintenant  les  hommes  sensés  refuseront-ils  de  ratifier  les  mesures  suivantes  ? 

République  des  Lettres  Françaises. 

Quatrième  décret. 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs, 
L'Auteur  de  la  Grammaire  Française  y 

Attendu  que  l'emploi  de  l'a;  comme  finale  des  pluriels  ne  se  fonde  sur  aucun 
principe  ; 

Attendu  que  nos  ancêtres  n'écrivaient  beax,  loyax,  orgueillox,  escurex  (écu- 
reuils) ,  que  parce  que ,  dans  leur  système  d'orthoiçraphe ,  Yx  avait  la  faculté  de 
donner  à  la  voyelle  précédente,  a,  e  ou  o,  le  son  de  au,  eu,  on;  qu'ainsi  son 
emploi  n'est  pas  mieux  justifié  comme  finale  des  adjectifs  en  eux  et  de  tous  les 
mots  en  aux,  eux,  oux ;  puisqu'à  mesure  que  s'établit  l'usage  de  figurer  I'm 
dans  ces  sortes  de  diphthongues,  1'*  fut  naturellement  appelée  à  remplacer  l'a?; 

Vu  les  nombreux  exemples  que  fournissent  de  cette  transformation  en  aus  , 
eus ,  ous,  divers  auteurs  des  XI  et  XIP  siècles  (voir  page  177,  n"  475  et  suiv.)  ; 

Considérant  que  l'emploi  de  Vx ,  dans  les  cas  susdits,  est  une  violation  con- 
stante des  principes  de  dérivation  et  de  filiation  (voir  page  85  et  suiv.)  ,  et  qu'il 
engendre  une  multitude  de  difficultés  orthographiques  ; 

Considérant,  en  outre,  que,  dans  la  formation  du  pluriel  des  substantifs 
en  ou ,  ainsi  que  dans  celle  du  féminin  de  plusieurs  adjectifs,  il  donne  lieu  à  une 
foule  d'exceptions  puériles,  sur  le  nombre  des  quelles  les  grammairiens  mêmes  ne 
s'entendent  pas  ; 

Vu  l'urgence  de  débarrasser  la  langue  de  ces  inutiles  et  nuisibles  difficultés 
vraiment  décourageantes  pour  les  Français  mêmes,  et  bien  plus  encore  pour  les 
étrangers  ; 

Accédant  aux  voeux  des  grammairiens  les  plus  raisonnables,  tels  que  Boin- 
villers ,  le  Tellier ,  La  Loy ,  etc  ,  qui  tous  ont  réclamé  l'uniformité  dans  la  ma- 
nière de  former  le  pluriel  des  noms  en  ou  ;  —  décrète  : 

Art.  V-  L'usage  de  Vx  comme  finale  des  mots  en  aux ,  eux ,  oux 
est  aboli,  excepté  dans  ceux  où  elle  remplace  un  c  comme  dans  doux ^ 
courroux  y  etc.;  l's  est  réintégrée  dans  ses  fonctions  et  dans  la  pleine 
jouissance  de  tous  ses  droits. 

Art.  2.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs  dignes  de  ce  nom, 
sont  chargés ,  chacun  en  ce  qui  les  concerne ,  de  l'exécution  du  présent 
décret.  —  Que  Dieu  nous  garde  des  pédants  et  des  ignorants  ! 

Donné  à  Vienne  le  3  juillet  1852.  jr       w 

Cinquième  décret. 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs,  tels  que  Fran- 
cis Wey,  Ch.  La  Loy,  etc., 

L'Auteur  de  la  Grammaire  Française ^ 

Attendu  que  la  suppression  du  t  du  pluriel  des  noms  en  ant  et  eni  n'est 
qu'une  absurde  abbréviatioa  qui  détruit  les  règles  de  la  formation  du  pluriel  dans 
les  substantifs  ; 

Attendu  que  cette  suppression  forme  une  exception  d'autant  plus  nuisible, 
qu'elle  admet,  sans  aucune  espèce  de  fondement,  une  surexception  pour  les  mo- 


Théorie  du  nombre.  Décrets.  191 

nossyllabes,  tels  que  tlfntt,  yants,  parmi  les  quels  le  mot  gem  forme  uae  tecooda 

surexccptiun  ; 

Attendu  qu'elle  empêche  les  étudiants,  surtout  les  étrangers,  de  recoanattrr 
par  tu  terminaison  du  pluriel,  si  le  .sini^ulier  doit  être  ant  ^  eiU ,  ou  bien  itn,  en, 
c'est  à  dire,  si  l'on  doit  écrire  un  aman  y  un  »ermen ,  etc.,  terminaisons  analo- 
gues à  celles  di*   roman-,  examen ,  etc.  ,  ou  un  amant ,  un  lerment  ; 

Considérant  (|ue  le  retranchement  du  /  eause  en  outre  une  inutile  et  nuisible 
diniculté  relativement  à  la  prononciation  ,  en  ce  qu'on  ne  peut  plus  savoir  alors 
8|il  faut  prononcer  termens  y  rommc  examens;  patiens ,  i nconvtf nient ,  comme 
Kyyptienu  ,  .-1  rme'niens  ; 

Considérant  que  le  retranchement  du  t  est  de  plus  une  violation  du  principe 
de  dérivation  ,  car  eu  t  nous  vient  de  l'ablatif  latin  ; 

Sur  les  conclusions  de  l'Académie  elle-même,  qui  s'est  prononcée  pour  le 
maintien  du  t;  —  décrète: 

Avt.  i"'  La  rèple  donnée  par  MM.  Noël  et  Chapsal,  d'après  d'autres 
8ol-dis;ints  «i^ranmuiirlens,  et  suivie  par  l:i  plupart  des  grands  journaux 
de  Paris,  à  savoir:  que  »le»  subatantifs  terminéft  par  ant  et  par 
«ut  conservent  ou  perdent  le  t  au  pluriel j*  est  déclarée  fausse  et 
pernicieuse. 

Art.  2.  L'orthographe  des  subslanlifs  en  ant  et  ent^  par  ang  et  en» 
au  pluriel ,  sera  regardée  désormais  comme  un  solécisme. 

Art.  3.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  vrais  philologs,  sont  chargés» 
chacun  en  ce  qui  les  concerne ,  de  l'exécution  du  présent  décret.  —  Que 
Dieu  nous  garde  des  pédants  et  des  ignorants! 

Fait  H  Vienne  le  3  JuiUet  1852.  Mi*    !¥• 

Sixième    décret» 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs, 
L'Auteur  de  la  Grammaire  Française , 

Considérant  que,  dans  l'esprit  des  grammairiens,  les  nomu  compostas  ne  dif- 
fèrent des  noms  simples  que  parce  que  les  parties  en  sont  distinguées  par  un 
trait  d'union  ; 

Considérant  que  le  trait  d'union  n'a  pas  pour  objet  de  diviser  mais  d'unir  i 
qu'il  ne  s'interpose  entre  les  parties  d'un  nom  compost^  que  pour  en  tenir  les 
ailes  éployées ,  pour  empt^chcr  certaines  consonnes  antipathiques  de  se  heurter 
trop  violemment;  qu'ainsi  les  vrais  wo/hs  co//i/;o.s7''a  ne  diffèrent  pas  des  noms  sim~ 
ptes ,  puisqu'ils  ne  désignent  également  qu'un  objet  unique  sous  plusieurs  mots; 

Considérant  qu'à  rég;ird  des  noms  compose's  l'esprit  ne  procède  itoiut  par 
analyse,  mais  par  synthèse;  qu'il  ne  s'attache  pas  aux  sens  partiels  d'un  mot, 
dans  une  phrase  écrite  ou  parlée  ,  mais  au  sens  total  ;  qu'il  ne  s'inquiète  point . 
par  exemple,  des  divers  sens  de  qui,  de  pro  y  et  de  quo ,  dans  quiproquo,  et 
qu'il  ne  voit ,  dans  cette  expression  qu'un  quasi-synonyme  de  méprise  ;  qu'ainsi 
l'absence  ou  la  présence  du  trait  d'union  ne  change  point  la  nature  des  «o»i.ï 
composés  ;  qu'au  point  de  vue  de  la  syntaxe  il  est  tout  à  fait  indifférent  d'écrire, 
par  exemple,  hec-jaune  ou  héjaune ,  portefeuille  ou  portefeuille,  etc.;  que  ces 
mots,  dans  l'un  ou  l'autre  cas,  n'en  demeurent  pas  moins  soumis  aux  mèjncs  lois; 

Considérant  que,  dans  des  mots  tels,  par  exemple,  que  chef-lieu,  chef- 
d'oeuvre,  etc.,  chef,  qui  signifie  originairement  tête,  ainsi  accolé  à  un  autre 
mot  dont  il  renforce  la  signification,  perd  sa  qualité  de  substantif  et  devient, 
comme  son  analog  allemand  t;au)}t,  une  sorte  de  particule  invariable ,  qui  ne  sau* 
rait  prendre  la  marque  du  pluriel; 

Attendu  que,  s'ils  étaient  susceptibles  d'analyse,  les  noms  composés  ne  se- 
raient pas  des  substantifs  proprement  dits,  mais  des  locutions  analogues  à  cou- 
ronne fie  lierre ,  magazin  a  ffoudre  ,  marché  aux  herbes  ,  etc.  ; 

Attendu  que  le  pluriel  des  noms  composés  ne  s'explique  que  par  la  syUepsey 
de  même  que  celui  des  noms  propres  employés  comme  appellatifs,  dans  des  phra- 


i9t  La  grammaire   française. 

ses  analogues  à  celle-ci:  La  France  a  eu  ses  Césars  et  ses  Pompées,  c'est  à  dire, 
des  généraux  comme  César  et  comme  Pompée  ; 

Vu  les  preuves  accumulées  dans  les  notions  préliminaires  (page  177  et  suiv.)  ; 
d'où  il  résulte  évidemment  que  le  système  de  l'accord  partiel,  adopté  par  les  soi- 
disants  grammairiens,  est  contraire  à  tous  les  principes  de  philologie;  qu'il 
répugne  a  la  logique  ;  qu'il  donne  lieu  à  mille  contradictions ,  et  engendre  mille 
difficultés  ; 

Vu  l'exemple  donné  par  plusieurs  bons  auteurs  d'écrire  au  pluriel  des  chef- 
d'oeuvres ,  des  coq-à-l'ânes ,  des  paille-en-culs ,  des  tête-à-têtes  (Regnard,  Pi- 
ron,  Genlis); 

Attendu  qu'il  est  vraiment  de  la  dernière  absurdité  de  décomposer  ces  mots 
pour  en  faire  des  têtes  (chefs)  d'oeuvre ,  des  pieds  à  terre,  des  coqs  à  l'âne , 
des  pailles  en  cul,  des  têtes  à  tête;  qu'il  est  inconcevable  comment  une  erreur 
aussi  grossière  a  pu  être  sanctionnée  par  l'Académie  elle-même,  etc.,  etc.; 

Attendu  que  les  noms  composés  ne  remplissent  pas  dans  le  discours  d'autres 
fonctions  que  celles  des  noms  simples  qui  y  correspondent  ;  —  décrète: 

Art.  !"•  Sont  déclarées  fausses  les  règles  des  grammairiens  ainsi 
conçues  :  » —  V  Quand  un  nom  composé  est  formé  de  deux  noms  placés 
«immédiatement  l'un  après  l'autre,  ils  prennent  tous  les  deux  la  marque 
»du  pluriel;  —  2"  lorsqu'un  nom  composé  est  formé  de  deux  noms  unis 
»par  une  préposition,  le  premier  de  ces  noms  prend  seul  la  marque  du 
»pluriel  ;  —  3"  quand  un  nom  composé  est  formé  d'un  nom  et  d'un  ad- 
»jectif,  ils  prennent  tous  deux  la  marque  du  pluriel.* 

Art.  2.  Les  noms  composés  proprement  dits ,  c'est  à  dire,  ceux  qui, 
formés  de  plusieurs  mots,  ne  présentent  qu'une  idée  unique,  différente  de 
celle  que  ferait  naître  l'analyse  de  leurs  parties,  suivent,  pour  la  forma- 
tion du  pluriel ,  la  même  règle  que  les  7ioms  simples. 

Art.  3.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs  dignes  de  ce  nom, 
demeurent  chargés,  chacun  en  ce  qui  les  concerne,  de  l'exécution  du  pré- 
sent décret.  —  Dieu  nous  garde  des  pédants  et  des  ignorants  ! 

Donné  à  Vienne,  le  3  juillet  1852.  -je       »• 

Sepiiéine  décret. 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs, 
L'Auteur  de  la  Grammaire  Française  ^ 

Considérant  que  l'abus  du  trait  d'union  entraîne  un  immense  désordre  dans 
la  théorie  des  noms  composés; 

Considérant  que  le  trait  d'union  est  l'attribut  exclusif  des  vrais  noms  compo- 
sés ,  où  il  ne  figure  que  pour  marquer  l'union  des  parties ,  à  défaut  d'une  adhé- 
rence, d'une  cohésion  plus  intime  entre  elles,  quand  elles  manquent  de  l'afiinité 
nécessaire  pour  se  fondre  ensemble  entièrement; 

Attendu  que  la  présence  du  trait  d'union  a  pour  effet  immédiat  de  rendre 
invariable  le  nom  qui  précède  ;  —  décrète  : 

Art.  1"'  Le  trait  d'union  est  banni  de  toutes  les  locutions  siib- 
stantives  y  adverbiales  ^  conjonctives  qvl  prépositives  j  dont  les  par- 
ties ne  font  que  se  compléter  l'une  l'autre ,  et  gardent  chacun  leur  sens 
direct,  comme  arc  de  triomphe ,  nez  à  nez ^  c'est  à  dire,  très  bien, 
etc.,  ou  qui  n'ont  qu'un  de  leurs  termes  employé  au  figuré,  comme  ciel 
de  lit  j  oeil  de  dôme  y  etc.  (Voir  page  185,  n°'  525,  526.) 

Art.  2.  L'emploi  du  trait  d'union  est  rigoureusement  maintenu  entre 
les  parties  d'un  nom  composé  qui  ne  sauraient  se  mettre  en  contact  immé- 
diat, sans  violer  certaines  conditions  nécessaires,  relativement  au  système 
d'orthographe  et  de  prononciation.  (Voir  page  182 ,  n"  505  et  suiv.)  - 


Théorie  du  nombre.  Déerets.  193 

Art.  3.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs  di^es  de  ee  nom, 
denuMirent  charjjfés,  chacun  en  ce  qui  les  concerne,  de  Texécution  du  pré- 
sent décret.  —  Dieu  nous  içarde  des  pédants  «M  (!<'s  lt,'noninf«! 

Donné  à  Viennir  le  4  JuiJIel  IhV/.  j|^^   J^^ 

lluiliëinc»  dé«ret. 

Au  nom  de  la  Lopfique  et  de  tous  les  vrais  pliiiologs. 
L'auteur  de  la  Grammaire  Française  y 

Attciulti  qiio  les  siiltstantifs  rrani;:<is  dôrivent  de  l'ablatif  latin  ;  qu'aiosi  V» 
Hnale  des  mots /ï/.v,  A^ros,  r<»r/»<,  tfinps,  ptiiti,  n'est  pas  juslKléc  jiar  l'étymofôgie; 

Considérant  qu'elle  détruit  tout  rapport  de  liliation  eutn*  flh  ,  héron,  corpi, 
t«mp$  ,  et  leurs  dérivés  fille,  héroïnf  ,  corporel,  temporel,  etc.; 

Four  ce  qui  est  du  mot  fils,  —  considérant,  en  outre,  que  nos  ancêtres  écri- 
vaient le  plus  souvent  fil ,  cl  *|u'ils  ne  t)ronoii(;<*i<'»t  pas  autrement  que  fi  ; 

Considérant  que  la  prononciation  de  l'.v  ilans  le  mol  fila  est  contraire  à  tou- 
tes les  bonnes  Iradilions;  qu'au  seul  point  de  vue  de  l'euphonie,  la  liaison  la  plus 
douce  et  la  plus  coulante  est  assurément  colle  qui  se  prati(|ue  sur  une  liquide  ; 
\\\\a  fil  ingrat  est  certainement  prélérable  à  fisse  inyrate  ; 

Pour  ce  qui  est  des  mots  rorps  et  temps  ,  —  considérant  que  le  son  du  p 
dans  les  liaisons  rappelé  mieux  leur  ori|(ine  et  leur  nature; 

Four  ce  qui  est  du  mol  puits  ,  —  considérant  que  la  suppression  de  1'»  dé* 
truirail  le  rapport  de  liliation  qu'il  y  a  entre  ce  mot  et  ses  uérivés  épuisement, 
puUer;  —  que  le  respect  de  l'ordre  passe   avant   celui  de  l'étymologic  ;  décrète: 

Art.  unie.  L'usage  de  Vs  est  aboli,  dans  rorlhofrraphe  des  mois 
/?/« ,  héros  y  corpu.  temps,  employés  au  sinj^ulier;  il  est  maintenu  dans 
le  mot  puits,  d'où  le  t  doit  disparaître  comme  inutile.  Ainsi  on  écrira 
«'t  Ton  prononcera  fil  y  comme  gentil ,  fusil,  etc.  On  écrira  hcro ,  corp. 
temp  y  puis.  (Voir  p.  25,  n°  71  et  suiv.) 

Meuviéme   décret. 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs. 
L'auteur  de  la  Grammaire  Française , 

Attendu  que  l'orthojçrapbc  des  mots  reinord  ou  remords  et  prix  ,  s'éloigne 
de  toute  analogie,  puisque  le  premier  dérive  de  l'abl.  latin  remorsu ,  par  la  sup- 
pression de  la  voyelle  finale ,  et  que  le  second  est  le  primitif  de  mépris  ,  comme 
fuit  celui  de  méfait; 

Attendu  que  te  pris  (ber  ^rei8)  ne  sera  pas  plus  difficile  à  distinguer  de 
pris  (^ïfaugen)  que  Vété  (ber  (Sommer) ,  le  fait  (bie  îb^O  >  '«  dit  (ber  vS)>ru(^), 
etc.,  de  leurs  homonymes  été  (gcwtfen),  fait  (getban),  dit  (^tfagt),  etc.;  — 
"décrète  : 

Art.  unie.  On  écrira  désormais  invariablement  ^m^  comme  mépris^ 
remors,  comme  mors ,  et  non  pas  prix,  remord  ou  remords. 

Donné  h  Vienne  le  4  Jiiinel  IS'<V. 

li.  JV. 


13 


194 


ILTIII 

Règles  sur  la  formation  du  pluriel  dans  les  substantifs. 

(Voir  p.  22,  n"  6i  et  suiv. ,  ainsi  que  les  décrets  7",  8'^,  9%  p.  192.) 

I 

Règle  générale  et  unique. 

55  ).  On  forme  le  pluriel  des  substantifs  en  ajoutant  une  s  au  sin- 
gulier. Un  homme.  Des  hommes.  Une  femme.  Des  femmes.  Un 
jardin.  Des  jardins.  Une  rose.  Des  roses.  Un  serpent.  Des  ser~ 
pents.  Un  tout.  Des  tonts.  Un  tombeau.  Des  tombeaus  (auparavant 
tombeaux).  Un  feu.  Des  feus  (auparavant  feuxj. 

551.  A  moins  qu'ils  ne  soient  déjà  terminés  au  singulier  par  une  s,  une  x, 
ou  un  x;  au  quel  cas  ils  ne  changent  pas  au  pluriel;  attendu  qu'aucun  mot  fran- 
çais ne  saurait  avoir  pour  linale  une  consonne  redoublée  (voir  page  86,  n"  79)  ; 
ce  qui  ne  saurait  manquer  d'arriver  même  avec  l'a?  et  le  s;  puisque  Vx,  à  la  fin 
des  mots,  équivaut  -à  u  s  (voir  page  177,  n*  4-75)  et  que  le  z,  doué  de  la  faculté 
de  communiquer  à  tout  e  qui  le  précède  le  son  fermé,  ne  fait  de  même  que  rem- 
placer Vs  comme  finale.  —  Un  bas.  Des  bus.  Un  buis.  Des  bois.  Le  sens.  Les  sens. 
—  Un  crucifix.  Des  crucifix.    —    Un  nez.  Des  nez. 

552.  Les  noms  en  -al  (qui  jusqu'à  présent  ont  fait  au  pluriel  -an!K,  ce 
qui  équivaut  à  -uuuus ,  voir  p.  177)  changent  préalablement  1'  l  en  m;  un  che- 
val, des  chevaus  ;  à  l'exception  des  suivants  qui  gardent  l'  l: 


ctn  aSatt  aSâttc 

bte  (Sc^Wtefc  (Scï)»)telcn 

cin  t^afc^infl  lïafc^ittge 

ein  Scvemontcnbuc^  (Scrcmonienbûd^er 

ein  ©c^tu^ftûcf  (Scî)(u^fiucfc 

etn  (Baflmaf)!  ©ajîma^fe 

ber  tnbifc^e  iîetgen=  bie  tnbifd^en  tjetgen» 

baum  bciumc 

ber  ©o(bl»otf  bie  @oIbi»ô(fe 

ein  (Seceinf)orn  Ocecinljijrner 

ettte  Stgerfa^e  Xtgcrfa|cit 


un  bal  des  bals 

le  cal  des  cals 

un  carnaval  des  carnavals 

un  cérémonial  des  cérémonials 

_ua  final  des  finals 

(et  non  plus  finale^ 

un  régal  des  régals 

le  nopal  les  nopals 

le  chacal  les  chacals 

un  narval  des  narvals 

un  serval  des  servals 

et  autres  noms  d'animaus,  tels  que  pipai  (lit  furtuami[(^e  ^rote) ,  te  gamal  (etne 

5lrt  ^rofobtt),  le  crotal  (et  non  pas  crotale^),  etc.;  mais  pourquoi  ne  dirait-oa 

pas  les  gavians ,  les  pipaus  ?  (Voir  plus  loin  p.  196,  n"  56i.) 

553.  Remarques.  1"  MM.  Noël  et  Cliapsal  prescrivent  absolument  les  pals,  mais 
l'Acadéaiie,  plus  tolérante,  admet  les  pals  et  les  paM>s"  (avec  x,  cela  va  sans  dire).  Il 
porte  d'argent  à  trois  paux  (lanibants  de  gueules  (Acad.).  Il  porte  d'or  à  deux  paux  ou 
pals  de  sinople  (id.). 

554.  '^^  Les  mêmes  auteurs  disent  des  avals  ;  mais  je  doute ,  que  ce  mot  s'emploie 
Jamais  au  pluriel.  On  dit:  Mettre  son  aval  (souscription,  giro)  au  bas  d'une  lettre  de 
change.  L'aoal  peut  être  fourni  par  acte  séparé;  donneur  d'aval;  mais  je  ne  connais 
point  d'exemple  de  ce  mot  employé  au  pluriel. 

3"  Le  pluriel  de  cantal  n'est  justifié ,  comme  celui  des  noms  propres  et  des  noms 
composés  (voir  plus  loin ,  p.  205)  que  par  la  syllepse.  On  dit  sylleptiquement  des  can- 
tals, pour  des  fromages  du  Cantal;  comme  on  dit  des  Raphaels ,  des  Murillos ,  pour  des 


')  À  moins  qu'on  ne  fasse  ce  nom  féminin,  comme  eu   allemand  (bie  Rla\)\)tt^<!^lanit) , 
et  qu'on  ne  dise  la  crotale,  ce  qui  serait  préférable. 


Formatinn  du  phiticl  dans  les  flubstantift.  196 

UbleRii*  de  Hnphacl,  «le  Mnriilo.  FrnmiujtlCnnl»l^* ,  tabltaiK Rm^bnel,  Marlllo)«.  (Voir 
p«Ce  \Hl ,  n*  i>0\.}  L'«  ne  rapitorle,  non  pM  mi  nom  propr»  fanM ,  %nï  Ml  teajount  an 
alngiilier,  iniil!i  an  nom  comniiin  HO(i!«-L-nlt*ndu.  Onl  ainNl  qu'il  en  est  4e  tooa  IrN  nomi 
propre»  ciuployt-H  au  pluriel. 

555.  Uiicl(|uc.s  siibstantils  en  rII  font  aussi  leur  pluriel  en  nu$  (auparavant 

aux).  Ce  sunt  les  six  suivants  : 

le  bail  les  baus 

le  corail  les  coraus 

l'émail  tos  éuiaus 

le  soupirail  les  soiipiraiis 

le  vantail  les  vantaus 

le  travail  les  travaus 


bit  9}rr))a(^tunt}  bic  Sirrpac^tungrn 

bie  AoraUe  bit  5toraUrn 

ba9  (Sc^mel^totrf  bir  Sd^mtljtvtrtc 

ba<>  Vuftlod^  bte  ^ufiIÔd^rr 

ber  2^ûr* ,  X^or'  bir  îl^tir' ,  2^or< 

fIAae(  fliit^tl 

btf  ÇTrbeit  bie  'îtrbtitcn. 


Hemarquea.  i"  Encore  travAil  fait-il  trMvalla  au  pluriel,  dans  le  sens 
('.e  9trd^nuUi)i(ab(ejung  et  dans  celui  de  dtot^flaU. 

'l"  Dans  le  Cour»  de  M.  V.  E.  (p.  183  et  ISfi)  trnvnil  ne  compte  point  parmi  Ma 
exception»,  où  11  est  remplacé  par  ventail  (^tlmfriijltr),  qui  ne  .n'emploie  gaère  au  pluriel, 
et  par  vitrait  qui  n'a  que  le  pluriel  vltraua. 

Remarques   philotogiques.    1"   Hait,  curait,  émail,  travail,  etc.,  font  bauM  (aopa- 
rav.    baux),  vorau» ,  èmaus ,   travau»,   etc  ,     comme  si   l'on    écrivait   au  ningulier  bat, 
rural,  émal ,  traval ,  etc.  ,  parce  que,  dans*  le  fait,  on  a  écrit  et  prononcé  de  la  aorte: 
Kt  bien  doi  mettre  en  guerredon 
Peine  et  traval  de  ni  fait  don. 

^Veille  et  travau  de  tel  don,  </i  tiffato  dono* 

I.a  confusion  était  perpétuelle  entre  ait  et  al.  Elle  durait  encore  au  XVII*  siècle. 
Ménage  écrit  un  quintal.  y,lfuintait  fait  quintaus  ,  dit-il.  —  Il  faut  prononeer  métal ,  et 
non  pHH  métail ;  cristal,  et  non  pas  crlstait  ;  coral ,  et  non  pas  corail;  poitral ,  el  non 
pas  poitrail.*  (Ménage,  Obsere.  p.  331.) 

Par  où  l'on  voit  clairement  que  la  distinction  entre  ail  et  al  n'était  dan.i  l'origine 
que  pour  les  yeux;  que  ces  finales  sonuiilent  primitivement  de  même,  c'est  adiré,  au 
singulier  <i/ ,  suivies  d'une  voyelle,  au  (aou)  ,  suivies  d'une  con.sonne  ;  le  pluriel  en  au 
(août),  tout  naturellement.  (Voir  p.  32,  a"  105—107.) 

556.  „Ail  (^nobtaut^)  fait  aita  ou  autx."  (Noël  et  Chapsal.)  C'est  aitt  ou 
aus  qu'il  faut  dire. 

557.  Remarque''  philologiques.  1"  Comme  dans  les  mots  qui  précèdent  l'i  est  id  de 
snrérogatiun ,  car  nos  ancêtres  prononçaient  al.  «Il  a  été  introduit,  dit  M.  F.  Génin,  dans 
la  seconde  époque  de  la  langue ,  pour  ouvrir  le  son  naturellement  fermé  de  l'a,  et ,  comme 
toutes  les  lettres  d'un  usage  analogue  à  relul-ci,  tantdt  il  est  marqué,  tantôt  supprimé. 
Les  plus  anciens  textes  écrivent  al.*  Pans  un  couplet  monorime  en  al ,  dont  les  rimes  sont 
loial ,  val,  cendal,  mal,  cheval,  batintal ,  le  poète  raconte  la  chute  de  Manprine  de 
Gerbal  abattu  par  Gerins: 

nSes  fors  escus  ne  li  valut  un  al  : 

Tote  li  faut  la  borle  de  cristal.*  (La  Desconfite  de  Roncevans  p.  56.) 
^Sort  fort  bouclier  ne  lui  valut  un  ail.* 

558.  ^^  l'O  pluriel  a/«  se  prononçant  au-i ,  comme  il  est  ^rit  dans  plnsienr^  antears. 
Rateboeuf,  parlant  d'un  vilain: 

Tant  ot  niangie  de  bnef  au»  auâ 

Kt  duii  gras  hume  qui  fu  rhaus 

Ouc  1.1  paucc  ne  fu  pas  mole.  (Dou  l'et  an  Vilain.  Barb.  1.  110.) 

559.  3'  Ans,  est  donc,  au  pluriel,  l'orlliograplic  régulière  du  mot  ait. 

56().  ^'  Mais  quelle  inconséquenre  d'orthographe,  dans  le»  aulx,  écrit  avec  une 
l  et  une  x.'  Puisque  1'/  équivaut  à  un  u  et  i'x  à  un  u  et  à  une  «,  c'est  absolument  comme 
si  l'on  écrivait  les  anuus ,  avec  trois  u.  C'est  de  nos  y«ux  que  notre  langue  a  appris  cette 
irrégularité  d'ail  produisant  aulx. 

18  ♦ 


196  La  grammaire   française. 

Nous  empruntons  k  M.  F.  Génin  les  observations  suivantes  ,  au  sujet  du  mot  ail: 

„11  est  curieux  de  voir  combien  l'opinion  a  varié  sur  une  question  si  simple,  étant 
ramenée  k  ses  véritables  termes. 

y,Ail ,  dit  Ménage ,  n'a  point  de  pluriel  ;  cependant  M.  de  Balzac  et  quelques  autres 
„modernes  ont  dit  des  aulx.*^ 

>,L'auteur  des  Réflexions  sur  l'usage  présent  de  la  langue ,  qui ,  de  son  temps  fai- 
sait autorité,  soutient  qu'on  doit  dire  des  ails;  l'Académie  se  déclare  pour  aulx. 

»Latouche,  dans  l'Art  de  bien  parler  français,  rapporte  diverses  opinions,  et  con- 
clut: Je  crois  qu'on  ne  dit  ni  ail  ni  aulx  au  pluriel.  Mais  il  ne  dit  pas  comment  il  faut 
dire.  C'est  son  secret. « 

561.  L'Académie  ne  s'est  pas  seulement  déclarée  pour  aulx;  elle  nous  ap- 
prend naïvement  que  les  botanistes  disent  également  ails ,  au  pluriel.  Il  y  a  des 
aulx  sauvages  et  des  aulx  cultivés.  CAcad.).  Il  cultive  des  ails  de  plusieurs  espè- 
ces Obid.J. 

562.  Plus  raffinés  que  l'Académie,  les  grammairiens  modernes  ne  trouvent 
pas  ce  pluriel  de  leur  goût,  et  ils  veulent  qu'on  dise  des  gousses  d'ail;  comme 
si  cultiver  des  ails  ou  des  gousses  d'ail ,  c'était  la  même  chose!  il  y  a  diverses 
espèces  d'ails:  des  ails  sauvages  et  des  ails  cultivés;  mais  il  n'y  a  pas  diverses 
espèces  de  gousses  ;  ou,  du  moins,  la  diversité  des  gousses  ne  foit  pas  la  diver- 
sité des  ails. 

Tu  peus  cboisir  ou  de  manger  trente  aus, 
J'entends  sans  boire  et  sans  prendre  repos,  etc. 

(La  Fontaine,  Le  Paysan  qui  avait  offensé  son  Seigneur.) 

563.  Du  reste ,  le  pluriel  als  et  ails ,  est  bien  plus  conforme  au  système  de 
prononciation  adopté  par  les  modernes  que  le  pluriel  atix ,  son  sec  et  voilé,  qui 
n'est  qu'une  réminiscence  de  l'ancienne  prononciation  (voir  p.  32,  n*"  105—107). 
Les  finales  al  ou  ail,  el ,  oi,  suivies  d'une  consonne,  se  prononçaient,  tant  au 
singulier  qu'au  pluriel,  aoii ,  éou ,  oou ,  à  la  manière  latine,  italienne,  ou  alle- 
mande ;  diphthongues  claires  et  sonores ,  que  ne  sauraient  remplacer  les  voyelles 
modernes  au  (o) ,  en,  ou,  d'une  maigreur  et  d'une  sécheresse  extrêmes.  Le  sin- 
gulier al  ow.  ail  et  le  pluriel  aulx  ;  les  pluriels  hais  y  cals,  carnavals,  servals, 
régals  ,  bails ,  mails  ,  attirails ,  épouvantails  ,  et  les  pluriels  paux ,  baux , 
locaux ,  travaux  ,  chevaux  ,  égaux ,  émaux ,  maux ,  soupiraux ,  vantaux  ,  ne 
sont  que  le  témoignage  d'une  grande  inconséquence ,  dans  le  travail  de  ces  éla- 
gueurs,  appelés  ^r«/rt/rt«/We/is  ,  qui,  pour  tailler  selon  certaines  régies  à  eux, 
des  arcades  prétendues  correctes  dans  un  massif  de  marronniers,  en  retranchent 
impitoyablement  les  parties  le  plus  saillantes,  les  plus  belles,  les  plus  harmonieu- 
ses, et  qui,  —  ayant  déjà  oublié  leur  premier  plan  au  bout  de  dix  pas,  —  finissent 
par  faire,  —  d'un  tout  magnifique,  qui  charmait  par  la  grandeur,  par  la  variété,  par 
l'éclat ,  par  la  richesse  infinie  des  détails  ,  par  les  mille  façons  splendides  dont 
s'y  développait  l'intarissable  fantaisie  de  la  nature ,  —  la  chose  à  la  fois  la  plus 
mesquine  sous  le  rapport  de  l'exécution  et  la  plus  ridicule  par  les  contradictions 
qu'elle  présente. 

Ou  il  fallait  conserver  l'ancien  mode  de  prononciation,  et,  d'après  l'ortho- 
graphe moderne,  écrire  au  singulier  al  devant  une  voyelle,  au  devant  une  con- 
sonne, comme  on  écrit  encore  bel,  nouvel,  mol,  fol,  et  beau,  nouveau,  mou, 
fou,  selon  l'occurrence,  et  au  pluriel  toujours  aus;  ou,  en  adoptant  la  pronon- 
ciation des  consonnes ,  écrire  partout  al  au  singulier  et  als  au  pluriel.  En  quoi 
serait-il  plus  ridicule,  par  exemple,  de  dire  des  bans ,  des  carnavaux ,  des  ser- 
vaus ,  etc. ,  si  tel  est  le  système  adopté ,  que  des  paus  ,  des  combats  navatix,  des 
chevaus,  etc.  ?  En  quoi  serait-il  plus  ridicule  de  dire  des  bails,  des  vantails,  etc. , 
que  des  mails,  des  portails ,  etc.?  Et,  d'un  autre  côté,  après  avoir  dit  au  sin- 
gulier cheval,  au  lieu  de  chevnu,  pourquoi  faut-il  que  je  dise  au  pluriel  chevaus, 
au  lien  de  chevals?  En  définitive,  le  quel  était  le  plus  ridicul  de  celui  qui  disait: 
>,Je  sors  de  riiopitaii ,  mon  général,  ou  de  celui  qui  répondait:  dis  donc  de 
l'hôpital,  animai! ?"  —  Voilà  pourquoi  ceux  qui  veulent  qu'on  dise  au  plu- 
riel, des  bocals ,  tels  que  Caminade ,  Catineau  ,  Freville,  et  Boiste,  ne  sauraient 
manquer  d'avoir  raison  ;  et  que  ceux  qui  préfèrent  bocaux  tels  que  B.  de  S'- 
Pierre,  Boinvilliers,  Laveaux,  et  l'Académie,  ne  sauraient  avoir  tort. 


Formation  *lii  pluriel  dans  lea  svkstantifs.  197 

564.  Il  i*'y  A  P*M  lonff-lempN  <|iron  «^rivail  eneare  miUiU   p«ar  mUal ,  r*mm«  •■ 

continue  U'écrir»  ail ,  émail ,  i-tc.  Ol  i  paranil  qnl  n  prU  racine  «tiinH  nll  ,  êmatt  ,  rir.  ,  « 
éié  exclu  du  mitai,  La  prononcinlion  vlritruNc ,  nniti*  d'une  orllio|traph(>  oihI  romprtoe, 
n'a  pu  prévnloir  dnnN  mrlail. 

L'tilotoire  de  ce  mot  n'ent  pna  nioinn  curieuM  que  rHIe  du  nol  uU. 

Aur  mètail  et  métal,  Ménn^t**  rctunnalt  qu'où  dit  l'un  et  l'autre,  mala  II  profère  métal. 

I/Acadéntie ,  édition  de  1?*JH,  ne  donne  que  mêlai,  en  obKrrvanI  tonltfois  qu'on 
prononce  pIn.H  ordinairement  mutait.  I^atooche  en  tire  cette  eonnéquence  qa'^il  fa«t  nécea- 
tiairement  écrire  métail* 

M.  V.  IIuKo  renchérit  encore  Nur  eux ,  an  rapport  de  M.  F.  Génin ,  a  qui  noaii  em- 
pruntonn  ce»  remarque»  sur  le  mot  métal.  Non  imprimeur  ayant  mia  une  porte  de  métal, 
l'auteur  du  Hhin  fait  tout  exprès  un  Iouk  errata  pbiir  enjoindre  de  lire  porte  de  mélall  ; 
tant  la  dilTérence  lui  parait  importante!  «.Quant  au  mot  mêlait,  il  n'ext  paa  moina  prédenx, 
»I.e  métal  eM  la  xultMtanre  métallique  pure  :  l'argent  e^t  un  métal.  Le  nétail  eat  la  *Mh-, 
stanie  métallique  composée  t  le  hron7.e  est  un  métail.* 

»M.  Hugo  (c'est  M.  F.  Génin  qui  parle)  n'a  trouve  que  dana  wn  imagination  cette 
distinction  subtile  et  chimérique:  il  «e  fait  des  idoles  pour  les  adorer.  I/A endémie  ne 
mérite  par  le  blAme  qn'll  lui  adrenae  pour  avoir  écarta  de  »a  nonveUe  ë4itloa  le  pré» 
cieux  mélall.* 

Je  nuis  h  cet  if^rd  de  Tavia  de  M.  Gëniu. 

.565.   vticuall  (btt  Zi)aii)  ,   t.  do  Clinsse,  bercAll  (bie  'Béfaitjuxtt) , 
bëtnil  (bttt<  ::lsicb),  n'ont  point  do  pluriel. 

566.  Remarques.  1"  Bercail ,  ne  se  dit  plu»  guère  au  propre  ;  on  préfère  apji>ur- 
d'hnl  bergerie  (Sc<)affl>ill).  —  Au  figuré,  bercail  (Sc^iafiliiU,  Sckof^  btr^irctf),  ou  giron 
de  l'Kglise  catholique,  est  censé  le  lieu  on  les  Adels  peuvent  être  en  siUeté,  et  hors  dn 
quel  il»  sont  égarés.  Hamener  an  bercail  une  brebie  égarée  (rtii  rcrirrtcé  S<Çof  in  bru 
©tall  jnrûcffùbrrii) ,  Hamener  un  hérétic  dans  le  sein  de  l'fcglise;  ramènera  des  .sentiments 
de  piété,  à  une  conduite  pieuse,  une  personne  qui  s'en  était  ét'artée.  On  dit,  dan»  un  sens 
anaiog  :  Revenir,  rentrer  au  bercail. 

567.  i"  Bétail,  nom  collcctil,  .se  tlil  tles  Iti-tes  ;i  quatro  picd.s  qu'on  mène 
paître,  comme  boeufs,  vaches,  hrebies  ,  chèvres,  lochotis.  Gros  bétail  (boeufs, 
vaches,  etc.).  Menu  bétail  (moutons,  chèvres,  etc.).  Uurtler  fp  hi-tnil.  Vo'-rrr  i- 
ttétait.  Ce  fermier  a  perdu  tout  son  bétail. 

668.  S"  .flf'A/irti/A- [auparavant  bestiaux]  (bas"  ,')Urtitvicli)  ,  ;tulre  nom  ooHeilil, 
l'ornié  de  l'adjectif  bestial  ( tt)t<rifd?)-  signitic  la  in(>me  cKoso  ((ue  bétail.  Ce  fer- 
mier a  beaucoup  de  bestiaits.  il  est  riche  en  bestiaus.  Ses  étabtes  sont  remplies 
de  différents  bestiaus.  —  plus  snhlils  (|iie  r.\c;idômie ,  Trévoux,  Korand ,  (îattel , 
Wailly,  etc.,  voient  dans  hestiau.r  le  pluriel  de  bétail.  —  Laveauv  croit  que  Dé- 
rail  se  dit  de  l'espcce:  te  ffros  bétail,  le  petit  bétail ,  —  et  Itestiatw  des  indivi- 
dus :  allez  soiyner  les  bestiaux.  —  Brave  Laveanx  !  comme  dirait  Jules  Janin. 

569.  Par  (juelle  extrême  bizarrerie,  universel,  substantif,  terme  4ç 
scolastiquc,  fait-il  au  pluriel  universiaux?  On  distinguait  cintf  universaux  : 
le  genre,  la  différence,  l'espèce ,  le  propre  ,  et  l'accident.  Par  suite  de  cet  étrange 
pluriel  ne  faudrait-il  pas  dire,  au  singulier,  tmiversat?  Heureusement  que  la 
rhosc  n'existe  plus. 

ciel,  aell ,  alenl.  (Voir  n"  Ô7i.) 

570.  Cleaa  (auparav.  rieur}  est  bien  certainement  le  plnrlel  de  rlel ,  qne  nos 
ancêtres  prononçaient  cieu  devant  une  consonne,  et  qu'ils  avaient  d'abord  prononcé  ciè,  k 
la  façon  de»  Allemands,  qui  disent  odié  an  lien  û'adieu  ;  ce  que  pronve  un  ancien  rébtu 
où  l'on  voit  „pourtrait  ung  lirt  San»  ciel  pour  ung  licencié;*^  —  maia  Teaa  (aoparav. 
yeux)  ne  me  semble  pas  pins  le  pluriel  d'aell  que  bestiau*  celui  de  bêlait;  qaoi  qn'll 
signifie  la  même  chose,  au  propre;  ou  s'il  vient  réellement  du  mot  oeil,  il  faat  c*uveak 

«qu'en  venant  de  là  Jnsqu'ici 
11  a  bien  changé  sur  la  route.* 
Je  sais  bien  qne  le  son  eu  s'e.nt  noté  k  diverses  époques  oe  .  ue ,  el;  nais  d'eè  vient 
l'y  dn  plHrielV  N'4)at-il  qn'une  trauapositioa  de  l'i  4a  singulier^  Kn  t««t  «m,  U  aeitiilMn 


198 


La  grammaire  française. 


d'écrire  au  singulier  «î/»7  et  au  pluriel  ieus,  tant  pour  resserrer  davantage  le  lien  de  pa- 
renté qui  existe  entre  ces  deux  mots  que  pour  diminuer  le  nombre  des  difficultés  d'ortho- 
graphe et  de  prononciation. 

Aïeus  Canparav.  aïeux}  dans  le  sens  A'ancêtres  (SBorfaîjtfn ,  Sl^nnt)  ne  parait  pas 
avoir  de  singulier.  Cependant  il  y  a  un  drame  de  Grillparzer  intitulé  bte  3I|n.  Comment 
traduira-t-on  ce  mot,  si  ce  n'est  par  Y  Aïeule? 

571.  Voici  les  prescriptions  que  donne  la  grammaire  à  l'égard  des  trois 
mots,  ciel}  oeil)  aïeul. 

Ciel;  dans  son  sens  primitif  et  collectif,  fait  au  pluriel  cieus  (auparav.  deux}. 


Exemples.  L'immensité  des  cieus. 
Parcourir  les  cieus.  —  Les  anciens 
croyaient  à  l'existence  de  plusieurs  cietis 
de  matière  solide  et  transparente.  —  Les 
cieus  des  planètes.  —  La  voûte  du  ciel, 
des  cieus.  —  Vn  ciel,  des  cieus  d'airain.  — 
Un  temp  (auparav.  temps)  sec  et  aride.  — 

Ciel ,  dans  un  sens  détourné  *)  et  distributif,  ne  s'écarte  point  de  la  règle 
générale,  et  fait  au  pluriel  ciels  par  l'addition  d'une  s. 


Le  royaume  des  cieus.  Notre  père  qui 
êtes  dans  les  cieus.  —  Voir  les  cieus 
ouverts.  Avoir  une  grande  joie.  —  Poét., 
Vivre  sous  un  ciel  inconnu,  sous  des  cieus 
inconnus,  dans  un  pays  étranger  où  l'on 
n'a  ni  parents  ni  amis. 


Exemples.  L'Italie  est  sous  un  des 
plus  beaus  ciels  de  l'Europe.  Le  ciel  de 
la  France,  le  ciel  de  l'Ilalie  sont  des 
ciels  favorisés  des  diens  (auparav.  dieux}. 
—  Des  ciels  de  tableaus.  Ce  peintre  fait 
bien  les  ciels.  Ses  ciels  sont  légers,  va- 
poreus  (nwpnvAy.  vaporeux}.      Des  ciels 

Oeil  devient  au  pluriel  i/eus  (ou  ieus} ,  pour  signiiier  l'un  et  l'autre  oeil 
(ou  euiQ  envisagés  collectivement. 


de  tapisserie.  Les  ciels,  dans  les  tapis- 
series, réussissent  mal  à  cause  du  grenu 
des  points.  —  Des  ciels  de  lit.  —  Des 
ci'ef*  de  carrière.  —  Galerie  à  c/ef  ouvert. 
—  Ouvrir  plusieurs  ciels  dans  une  car- 
rière. 


Exemples.  Avoir  mal  aus  y  eus.  Le 
blanc  des  yetis.  Cliyner  les  yeus.  Les 
y  eus  Itn  pleurent.  Avoir  de  grands ,  de 
petits  yeus.  Avoir  les  yens  beaus  ,  de 
beaus  yeus.  Avoir  les  yeus  bleus,  noirs, 
gris ,  verts  ,  pers ,  bien  fendus  ,  à  fleur 
de  tête ,  vifs,  perçants,  brillants.  Avoir 
les  yeus  louches  ,  creus  ,  enfoncés ,  ha- 
gards ,  de  travers ,  battus  ,  chassieus, 
cernés ,  rouges,  morts.  Ouvrir,  fermer, 
baisser,  ciller  les  yeus.  Lever  les  yeus 
au  ciel.  Rouler  les  yeus  dans  la  tête.  Se 
frotter,  s^essuyer  les  yeus.  J'ai  peine  à 
voir  ,  le  soleil  me  donne  dans  les  yeus. 
J'ai  le  jour ,  le  soleil  dans  les  yeus. 
Avoir  la  larme  à  l'oeil,  les  larmes  aus 
yeus.  Les  larmes  ont  coulé  de  ses  yeus. 
Ses  yeus  ont  versé ,  ont  répandu  des 
larmes ,  se  sont  mouillés ,  humectés  de 
larmes.  Ses  yeus  étaient  humides ,  bai- 
gnés, noyés  de  larmes.  —  Par  exagéra- 
tion. Les  yeus  lui  sortent  de  la  tête  (bt'c 
Sïugen  treten,  f^ringen  iî)m  auê  bcm^o» 
t)fc),  Il  a  de  fort  gros  yeus,  ou  ses  yeus 
sont  enflammés  de  fureur.  —  Avoir  un 
oeil ,  des  yeus  de  verre. 

Fig. ,  Un  bel  oeil ,  de  beaus  yeus  , 
deus  beaus  yeus.  Une  belle  femme.  Il 
est  de  ces  hommes  que  deus  beaus  yeus 


subjuguent.  —  Avoir  l'oeil  spirituel,  ou 
les  yeus  spirituels  ,  malins ,  doux,  ten^ 
dres  ,  amoureus  ,  mélancolies  ,  riants, 
stupides ,  distraits  ,  inquiets ,  méchants, 
durs ,  etc.  Elle  a  l'oeil  fripon,  ou  les 
y  mis  fripons,  éveillés,  agaçants.  Il  a 
les  yeus  ,  des  yeus  moitratits ,  languis- 
sants ,  langoureus  ,  ardents  ,  pleins  de 
feu.  La  gaieté,  la  joie,  l'espoir,  le  cou- 
rage brille  dans  ses  yeus.  Les  yeus  sont 
le  miroir  de  l'âme.  ~  Arrêter  ,  fixer  , 
jeter ,  porter  ses  yeus  sur  quelqu'un, 
sur  quelque  chose.  Tous  les  yeus  étaient 
tournés  vers  lui,  étaient  dirigés  vers 
lui,  étaient  fixés  sur  lui.  Il  avait  les 
yeus  fixés  en  terre.  Etre  exposé  aus 
yeus  du  public.  Ce  spectacle  arrête,  at- 
tache agréablement  les  yeus.  Détourner 
les  yeus  de  dessus  quelque  objet.  Suivre 
quelqu'un  des  yeus.  Il  attire  sur  lui  les 
yeus.  L'orage  a  dérobé  le  ciel  à  nos 
yeus.  Ses  yeus  se  sont  tournés  vers  moi, 
arrêtés,  fixés  sur  moi.  Nos  yeus  furent 
témoins  de  cette  étrange  aventure.  Cet 
objet  fait  plaisir  à  l'oeil,  aus  yeus,  plaît 
aus  yeus ,  charme  les  yeus.  Nos  yeus 
ont  été  frappés  d'un  spectacle  nouveau 
pour  nous.  J'ai  jeté  les  yeus ,  en  pas- 
sant, sur  cette  boutique.  —  Je  n'ai  fait 


0  C'est  à  dire ,  appliqué ,  étendu  par  analogie  à  divers  objets  autres  que  le  cUl  même. 


ForniMtiun  du  |ihirip|  dan»  les  mibitantifs. 


199 


Jue  jeter  le$  yeiis  sur  celte  broc/ivre^ 
p  n'ai  lait  «pic  la  l'airoiiiir  Mipcrll- 
eicllriiirnt. 

Fig.  ol  farii. ,  //  porte  tes  yeus  tloim 
la  poche  ,  il  a  wihlit'  ses  puis  chez  lui , 

ses  luiiotics. 

Aimer  t/velçn'uit  cowmt  Ken  yetiê , 
plus  que  ses  yetis ,  L'aimer  beaiiroup  , 
l'ainioi'  tend  10  nie  II  t. 

Fiji^.  et  f;im.  ,  Aroir  îles  yevs  (^wa^tw 
bflfcfn ,  x\'\àii  blinb  ffiii),  Se  pas  l'tre 
dupe,  s'appneevdir  de  ee  (|iii  se  passe. 
Aroir  de  lions  yeus  (i^utf  ^du^n  t?ti' 
bfn) ,  Voir  proniptement  et  distincte- 
ment de  certaines  rhuses  qui  échappe- 
raient aus  autres. 

Fig. ,  Aroir  ries  yeus  ri'aiyle  (^tltr- 
flugtn  ^ûtfn),  Avoir  les  yeus  vils  et 
perdants  ;  et .  au  sens  moral ,  avoir  une 
grande  pénétration  d'esprit. 

Fig. ,  Aroir  ries  yrvs  rie  lynx  (ilwéf' 
auf)rn  i^abttx)  ,  Voir,  découvrir  les  ob- 
jets de  loin,  et,  au  sens  moral,  v»)ir 
clair  dans  les  alFaires,  dans  les  desseins, 
dans  les  pensées  des  autres. 

Fig.  et  fain. ,  Aroir  ries  yeus  ri^ Argus 
Otr^u^duç^cn  1o<xbtx\),  Être  fort  vigilant, 
observer  tout  avec  soin ,  exercer  une 
active  surveillance. 

Fig.  ,  Aroir  ries  y  eus  un  bout  ries 
rioiffts.  Avoir  le  tact  très  lin,  faire  avec 
habileté  des  ouvrages  de  main  très  dé- 
licats. 

Fig.  et  fam. ,  Aroir  ries  yeus  rie  boeuf. 
Avoir  de  gros  yeus.  —  Aroir  des  yeus 
de  chat  y  Avoir  les  yeus  entre  gris  et 
rous  (auparav.  rouxj. 

Fig.  et  pop. ,  Aroir  les  yeus  plus 
grands  que  la  panse  (Me  Stugen  grcper 
^abtn  aii  btu  SBanfl) ,  Annoncer  un 
appétit  vorace,  et  se  trouver  bientôt 
rassasié. 

Fig.  et  fam. ,  Avoir  tes  yeus  malades, 
les  yeus  bouchés  ,  les  yeus  de  travers. 
Ne  pas  voir  les  choses  telles  qu'elles  sont 
et  qu'elles  paraissent  à  ceus  (auparav. 
ceux)  qui  ont  de  bons  yeus.  On  dit  de 
même  à  une  personne  à  qui  l'on  repro- 
che de  n'avoir  pas  apperçu  ce  qui  de- 
vait la  frapper  :  Où  ariez-rous  donc  les 
yeus  '/  Ariez-rous  les  yevs  aus  (auparav. 
auxj  talons  ? 

Fig. ,  Aroir  l'oeil  à  quelque  chose,  sur 
quelque  chose  (tin  Slu^e  auf  einf  Sadbe 
habtn),  En  avoir  soin,  y  veiller,  y  pren- 
dre garde.  Ayez  les  yeus  sur  tout.  Ayez   i 
les  yeus  sur  les  ouvriers. 

Fig. ,  Aroir  les  yeus  sur  quelqu'un  (tin 
Xuge  auf  3tnit)nben  ^aben;  6in(n  btob' 
a«^ten),  Le  regarder,  l'observer  attenti- 
vement,  il  se  dit  au  sens  pbysie  et  au 


ttena  moral.  On  Aoit  rMûrm/  de  le  iv- 
roir  ,  tout  le  vn-nrie  avait  les  yeus  tur 
lui.  Tout  te  uionrie  avait  les  yevM  sur  lui. 
Tout  le  monrie  a  les  yevs  sur  l'hcmme 
tu  place ,  il  ne  peut  cacher  auctme  de 
"tes  df'marrhe*. 

Fig. ,  Avoir  tm  bandeau  strr  tes  jtevs 
(tint^intt  fer  ttn  ?*  ■  '  ^rn).  Etre 
préoccupé  de  quelqn.  de  quel- 

que prévention   (|ui   <M.r..  i..    déjuger 
sainement  des  choses. 

Fig. ,  Aroir  quelque  chose  devant  les 
yeus  (fine  <Bad}t  t?cr  5lu<^fn  fi'abfn),  Kn 
avoir  la  pensée  lellement  remplie,  qu'on 
en  fasse  la  règle  de  sa  conduite.  //  a 
son  devoir,  il  a  l'honneur  rierant  les  yevs. 
Fig.  et  au  sens  inor;il ,  Blesser  les 
yens  (bif  ^xio^tn  totrttunbrn  ;  9îeib  erre» 
grn),  Déplaire,  causer  du  ehagrio,  de 
la  jalousie,  etc. 

Fam. .  •Conserver  tme  chose  comme  la 
prunelle  de  l'oeil,  comme  la  prunelle  de 
ses  yeus  (tint  ^aâ)t  tvit  ffincn  %uç{apfti 
tialttn) ,  La  conserver  soigneuschient , 
précieusement. 

Fig.  et  fam.,  Cottrer  des  yen»  une 
personne  (mit  unffrwanbtrm  i&rtUétn 
3?ti(f  auf  C^intm  ru^rn),  une  chose,  Re- 
garder cette  personne,  cette  chose  avec 
intérêt .  avec  complaisance. 

Fig.  et  fam. ,  l'ot/.s-  cherchez  votre 
livre,  il  rous  crhe  les  yeus  (ti  iit^t 
it)ntn  t»cr  bfr  9îaff)-  Au  sens  moral , 
i'otis  disputez  à  tort;  la  chose  est  évi- 
dente,  elle  crève  les  yeus  (  . . . .  ifl  |anb> 
greiflitfe). 

Déciller  (atiparav.  dessiller)  les  yeus 
à  quelqu'un  (éintm  bit  Sïug<n  ôffntn). 
Le  désabu.ser,  le  détromper ,  lui  faire 
voir  clair  sur  quelque  chose. 

Fig.  et  au  sens  moral ,  Donner  dans 
les  yeus  de  quelqu'un  ;  à  quelqu'un  (in 
bie  Slugen  fl<c^fn  ,  in  bit  ^iia^tn  faUfn; 
bltnben;  tfrbtfnbfti),  L'éblouir,  le  ten- 
ter, le  séduire  par  un  certain  éclat. 

Fig.  et  fam..  Cette  femme  lui  a  don- 
né rians  l'oeil  (biffe  Çrau  fltc^t  iljm  in 
bie  Slugm,  qtf&Ut  ihm). 

Fig.  et  fam. ,  Être  prh  de  s'orra^ 
cher  les  yeus  (fitfe  bit  îlu^fn  au8  htm 
Sicpft  Tti^tn  tt?cllfn)  ,  se  dit  de  deux 
personnes  qui  ont  ensemble  une  alterca- 
tion violente.  On  dit  dans  le  même  sens, 
se  manger  les  yeus  ,  le  blanc  ries  yeus. 
On  dit  aussi  ,  se  sauter  aus  yeus. 

Fig.  et  fam..  Faire  les  yeus  doux, 
les  rious  yeux  (fû§e5^ti(ft  »<rffn)  à  umê 
personne,  Lui  témoigner  de  l'amour  par 
ses  regards. 

Fig. ,  Fasciner  les  yeus  (hit  Vusrtt 
))erbUnb(n) ,  Les  éblouir  par  des  toart 


200 


La   grammaire   française. 


de  subtilité,  ou  tromper  par  un  faus 
(auparav.  faux}  éclat,  par  une  fausse 
apparence. 

Fig. ,  Fermer  les  yeus  (bt'e  Slugen 
toerfd()tte|en;  cîn  %\xa^t  jubriirfen)  sur 
quelque  chose,  Faire  semblant  de  ne  pas 
s'en  appercevoir  (auparav.  apercevoir), 
ou  se  refuser  à  voir  ce  qui  est  évident, 
ce  qui  est  prouvé. 

Fig. ,  Fermer  les  yeus  de  quelqu'un 
(6tncm  bic  5ïugen  ^ubrûcfcn).  L'assister 
à  ses  derniers  moments. 

Fig. ,  Fermer  les  yeus  (bic  5lugen 
fci^ltcfen,  flerben)  ,  Mourir. 

Fig. ,  Frapper  les  yeus  (tn  bie  2(u= 
gen  falïcn ,  f^rtngen) ,  Être  fort  visible, 
être  évident. 

Fig.  et  fam. ,  Jeter  de  la  poudre 
aus  yeus  ((Sanb  in  bic  Stugcn  ftrcucn), 
Éblouir,  surprendre  par  quelque  éclat 
extérieur,  par  quelque  apparence  trom- 
peuse. 

Fig. ,  Jeter  les  yeus  sur  quelqu'un 
pour  quelque  chose.  Songer  à  lui  par 
rapport  à  cette  chose. 

Fig. ,  La  chronologie  et  la  géogra- 
phie sont  les  yeus  de  l'histoire. 

Prov.  et  iîg. ,  Les  yeus  fermés ,  les 
yeus  ctos  (mit  gcfciyloJTênenStugcn;  biinb^ 
ttngê). 

Prov. ,  Loin  des  yeus ,  loin  du  coeur 
(auê  bcn  5(ugctt ,  «uê  bcm  ©inn). 

Fig.  et  fam. ,  Manger,  dévorer  quel- 
qu'un des  yeus  ((Siitcn  mit  bcn  5lugcn 
ttcrfdj(ingen). 

Fig. ,  N'avoir  des  yeus  (nur  5(ugcn , 
nue  ®tnn  ^aben)  que  pour  une  personne, 
N'avoir  d'affection  que  pour  elle,  lui  ac- 
corder une  préférence  exclusive. 

Fig.,  Ne  pouvoir  fermer  l'oeil,  n'avoir 
pas  fermé  l'oeil ,  les  yeus  de  toute  la 
nuit  (bic  ganjc  ^a^t  fcin  ^tugc  ^utf)un, 
nid^t  fd^tafen  fonncn). 

Fig.  ,  Ne  rien  voir  que  par  les  yeus 
d'autrui  (Slltcê  nur  mit  frembcn  2tugcn 
fet)cn). 

Fig.  ,  Ouvrir  les  yeus  (bic5tugcn  off* 
ncn  ;  bctrarfytcn),  Regarder.  Au  sens  mo- 
ral. Découvrir  des  choses  que  la  pré- 
vention avait  empêché  de  voir. 

Fig. ,  Ouvrir  les  yeus ,  faire  ouvrir 
les  yeus  à  quelqu'un  sur  quelque  chose 
(étncm  bie  3tugcn  ù6cr  Hwaè  ôffncn) , 
Lui  donner  sur  cette  chose  des  connais- 
sances qu'il  n'avait  pas. 

Fig.  et  fam..  Ouvrit  de  grands  yeus 
(grof c  5ïugcn  mad^en  ;  fef)t:  crflaunt  fcin). 

Fig.  et  fam. ,  Pour  les  beaus  yeus 
de  quelqu'un  {'{nx  Gtncn,  fur  ©incô  àScr= 
gniigen) ,  Pour  lui,  en  vue  de  lui  faire 
plaisir. 


Fig. ,  Sauter  aus  yeus^(xn  btcSïugcn 
f^ringcn;  offcnbar  fcin) ,  Être  évident, 
manifeste. 

Fig. ,  Voir  une  personne ,  une  chose 
d'un  oeil  indifférent  ou  avec  des  yeus 
iîidifferents  (cine  ^crfon,  cinc  (Ba^e  mit 
glcirf)gû(ttgcm  5lugc  anfctjcn) ,  jaloux, 
dédaigneus ,  chagrins ,  etc. 

Fig. ,  Voir  une  chose  par  les  yeus  de 
l'esprit ,  des  yeus  de  l'esprit  (cinc  ®ad^c 
mit  bem  SSerftanbe ,  mit  bcn  5ïugcn  bc§ 
©ctftcê  bctracï)tcn) ,  L'examiner  par  la 
raison.  La  voir  avec  les  yeus  de  la  foi. 
La  considérer  avec  les  dispositions,  les 
sentiments  que  donne  la  foi.  —  Ironiq. , 
Il  faut  donc  voir  cela  des  yeus  de  la 
foi ,  c'est  à  dire,  le  croire  sans  le  com- 
prendre. 

Fig. ,  Voir  tout  par  ses  yeus  (2ïttc8 
mit  fctncn  cigcnen  5lugcn  fc^cn,  bctrac^î 
tcn) ,  Ne  s'en  rapporter  qu'à  soi  pour- 
voir  les  choses  et  pour  en  juger ,  etc. 

Aus  yeus ,  sous  les  yeus,  locutions 
prépositives  (untcr  bcn  5tugcn  ;  in  (Sc« 
gcniuart),  Sous  les  regards,  en  présence. 

Fig.,  Aus  yeus  (tn  bcn  Slugcn,  toor 
bcn5(ugcn),  Suivant  la  manière  de  voir, 
selon  le  sentiment.  Aus  yeus  du  monde 
la  vertu  est  souvent  ridicule, 

Adv. ,  Regarder  entre  deusyeus,  en- 
tre les  detis  yeus  (fd^arf,  fcft),  Fixement. 

Fam. ,  Entre  quatre  yeus  (unter  toicr 
5lugen) ,  Tête  à  tête. 

Bemarque.  »Oii  prononce  ordinairement 
par  euphonie  entre  quatre-z-yeus^  ditl'Aca^ 
demie ,  sans  en  donner  d'autre  raison  ;  se 
contentant  ainsi  du  rôle  de  greffière  de 
l'usage ,  pour  emprunter  un  mot  de  M.  F. 
Génin,e<  d'être  à  l'usage  ce  que  le  daguer- 
rèotyp  est  aux  foi  mes  extérieures.  Pour  se 
rendre  compte  de  cet  usage,  qu'on  aurait 
tort  de  trouver  singulier,  voir  p.  36,  n"  120  et 
suiv.  Nos  ancêtres  écrivaient  entre  quatres 
yeux.  Tous  les  noms  numéraus  prenaient  l's, 
pour  les  liaisons,  hormis  cens  à  qui  l'éty- 
mologie  fournissait  une  autre  consonne. 

S'uns  hom  loue  un  pasteur  pour  ses  brebis 

garder , 
Il  li  doit  sauvemtînt  mener  et  ramener. 

(Jubinal.) 

Les  Espagnols  disent  de  même  unos.  On 
s'en  étonne,  l'on  a  tort.  L'erreur  vient  de 
ce  qu'aujourd'hui  ïs  ajoutée  à  la  fin  d'un 
mot  ne  réveille  plus  que  l'idée  du  pluriel  ; 
tandis  que ,  comme  Ve  muet ,  elle  cumulait 
autrefois  deus  fonctions  bien  distinctes. 

La  première  forme  de  deux  Cqu'il  faut 
désormais  écrire  deus)  a  été  dui,  dou,  et 
devant  une  voyelle ,  dons. 

„0n  écrit  quelquefois  jMs</«es,  avec  une 
s  à  la  fin  ,  quand  une  voyelle  suit  et  l'on 
fait  sentir  la  liaison."  Ainsi  parle  l'Acadé- 
mie. Pourquoi  le  même  privilège  ne  serait- 
il  pas  accordé  au  mot  quatre,  du  moins 
avec  le  mot  yeus,  plutôt  que  de  laisser  suh- 


Formation  du  pluriel  dans  les  substantifs. 


fOl 


Fi  g. ,  Par  deê$tu  têê  yeuê  (bî*  âber 
\>\t  %\xa,tr\,  nu(>r  a(ê  man  t^un  obrr  rr* 
trai)rn  ranni. 

IVotN*  1^1  (çrainiiiairc  étant  l'art  de 
parli'i-,  il  iiétait  pa«  inutilr  de  rapporter 
ici  (iticlqiies  unes  des  nombreuses  loeu- 
tions  où  s'emploient  les  mots  ofil  et  yeu». 

Oeil,  dans  un  sens  détourné  et  tIiUnbiiU/\  iic  s'écarte   point  de  la   réfle 
générale,  et  lait  au  pluriel  oeila  ,  par  l'addition  d'une  k. 


HÏHtet  un«  bixmrerle  comme  celle  que  non« 
HlKiinlon». 

Ali*'ii(lu  que  rrla  ne  préneiito  aucun 
Inconvéïilciil,  l'Hulfur  An  la  Urammiiirr  dir- 
crèie  :    On  i-crira  dénormala  :    quatre*  yaua. 

Vienne,  5  Juillet  IHAV. 

I.    ^ 


Exemples.  Un  oeil  de.  Mme.  /tes  oeils 
tie  Mme.  Vn  pain  qui  a  des  oeils  ,  qui 
u  tle  yrands  oeils  ;  un  fiomaye  qui  n'a 
point  d' oeils  ;  ce  houilion  est  très-yrtis, 
il  a  beaucoup  d'oeils  ;  en  t.  de  Jard.  , 
Tailler  à  deus  oeils,  à  trois  oeils  (Land. , 
La  Loy).  —  Je  vous  nomme  mes  auteurs, 
pour  montrer  que  Je  ne  suis  pas  seul 
d'un  avis  contraire  à  eelui  de  l'Aca- 
démie. Car  l'Académie  dit  bien  réelle- 
ment: l'n  pain  qui  n  des  i/eu.r,qui  a  de 
grands  yeux,  etc.  l'our  ma  part,  je  ne 
.saurais  entendre  parler  </(■»■  yrands  yeux 
d'un  pain,  sans  croire  que  ce  pain  a 
de  la  barbe  au  menton  et  des  lunettes 
sur  le  nez  ,  à  la  façon  de  M.  L***.  Ce- 
pendant le  besoin  déjouer  sur  les  mots 
peut  faire  excuser  le  pluriel  yeus,  dans 
cette  espèce  de  proverbe  :  //  faut  choi- 
sir du  fromaye  sans  yeus  ,  du  pain  qui 
ait  des  yens  ,  et  du  vin  qui  saute  ans 
yeus  (man  muft  .^dff  cbnt  ^tui^fn,  a?rot 
mit  3(ui^cn,  unb  SBfin  tvoJMfn,  bcr  in  btn 
kop\  (leiat).  —  Quant  aux  mots  oeil- 


lajfe) ,  oeil-de-chal  (pierre  précieuse). 
opi7-</f-*orM/' (fenêtre  ronde),  etc.,  s'il 
y  avait  jamais  idée  de  pluralité  pour  le 
mot  oeil ,  c'est  bien  des  yeux-^te-hoeuf, 
des  yeux'de-chat ,  etc.,  qu'il  faudrait 
dire,  et  non  pas  des  o«7*-de-boeuf,  etc., 
parce  que,  pour  être  employés  figuré- 
ment,  les  mots  ne  changent  pas  de  na- 
ture; mais,  comme  ce  sont  la  des  .sub- 
stantifs composés  qui  ne  souffrent  point 
d'analy.se,  attendu  (pie  l'idée  de  plura- 
lité ne  porte  que  sur  le  mot  sous-enten- 
du ,  désignant  un  objet  tout  autre  oue 
celui  qui  est  dénommé  par  chacune  des 
parties  composantes ,  c'est  des  oeil-de- 
hoeufs  ,  des  oeil-de-chhres  ,  etc. ,  qu'il 
faut  écrire  sylleptiquement;  d'autant 
plus  (|ue  tous  les  oeil-de-boeufs,  tous  les 
oeil-de-cht-rres  de  l'univers  ne  sauraient 
jamais  constituer  plusieurs  oeils  ni  plu- 
sieurs espèces  A'oeils  et  que  ce  ne  sont 
jamais  que  des  espèces  de  coquillages, 
des  espèces  de  fenêtres,  qui  offrent  quel- 
que ressemblance  avec  un  oeil  de  chè- 
vre, un  oeil  boeudef. 


de-chèrre  (plante),  oeil-de-bouc  (coquil- 

Aieul ,  devient  au  pluriel  aïetts  ,  pour,  désigner  collectivement,  1" 
ont  vécu  dans  les  siècles  passés  (bif  S8orfaf)rfn)  :  c^ était  lu  mode  chez  n 
et  1"  les  personnes  dont  on  descend  :  ce  droit  lui  vient  de  ses  aïeus. 


ceus  qui 
nos  aïeus  , 


SOorâltfrn).  Nous  sommes  les  enfants  de 
nos  pères ,  les  nevcus  de  nos  afens ,  et 
la  postérité  de  nos  ancêtres  (wir  finb  btf 
J^inber  unferer  ^dtev ,  bie  ^nfel  unferfr 
aSordltern,  unb  bie  Slac^fommenfci^aft 
unferer  îBorfa^ren). 


Exemples.  Nos  aïeus  ont  devancé  nos 
pères,  dont  le  siècle  touche  au  n»Ure 
(unffrt  a.^ordttfrn  jïnb  unfcrn  aSâttrn 
borûuégfaanijcn  ,  bcren  ^eitalter  an  taS 
unffre  gciirfnit  i)at).  Nos  ancêtres  sont 

filus  reculés  que  nos  aïeus  (unfere  SSor= 
af^ren  rficfien  lofiter  ^jurûrf ,  ali  unfere 

Aïeul,  dans  le  sens  distrihutif,  signiliaiit  grand-père  (©roftiater),  ne  s'écarte 
point  de  la  règle  générale,  et  fait  au  pluriel  aïeuls ,  par  l'addition  d'une  s. 

Exemples.  Ses   deux    aïeuls    assis-  1  grand-père  paternel  et  son  grand-père 
laient  à  son  mariage ,  c'est  à  dire ,  son      maternel. 

Rf  marques.  1<>  Le  mot  i'ateul  n'a  point  de  compose  «u  delà  de  cens  de  btêateut , 
et  de  trisaïeul,  et,  quand  on  parle  des  degrés  pins  éloignes,  «a  dit,  quatrième  aïeul , 
cinquième  aïeul. 

2«  Aieul ,  bisaieul ,  etc. ,  deviennent  au  féminin  a)eu/e ,  bitaieule ,  etr. ,  pour  dési- 
gner la  grand-mère,  etc.  Aïeule  paternelle.  Aïeule  maternelle.  Citait  bon  du  temps  4« 
N0(  ateulet. 

col- 
grammainens,  y  com- 
pris l'Académie,  et  dites-moi  s'il  ne  faut  pas  conclure  de  leurs  contradictions 
qu'il  n'existe  encore  aacuo  livre  où  l'on  puisse  apprendre  le  français. 


57S.  Quoi  de  plus  simple  que  cette  explication  par  la  distinction  du  sens 
iectif  et  du  sens  distributif!  Consultez  maintenant  les  divers  grammairiens,  v  c 


202  La   grammaire  française. 

573.  Cette  simple  distinction  explique  nettement ,  comme  on  le  verra  plus 
loin,  une  multitude  âe pluriels,  soit  absolus,  soit  relatifs,  qui  sont  pour  les  gram- 
mairiens autant  d'énigmes  indéchiffrables. 

574.  Observations.  1"  On  sait  que  les  substantifs  en  ati  et  en  eu,  tels  que 
chapeau,  manteau,  lieu,  moyeu  (^laie) ,  etc.,  tenaient  pour  l'a?  au  pluriel.  Mais  le 
règne  anarchique  *)  de  Yx  est  passé  sans  retour.  Romulus  a  rétabli  Numitor;  et 
désormais  on  écrira  au  pluriel  les  manteavs,\ts  chapeaus,  les  liens,  les  moyeus,  etc. 

Note  intercalaire.  Je  demande  si  moyens,  lieu  s ,  au  pluriel  avec  s,  seront  plus 
facils  (auparav.  faciles)  à  confondre  avec  moyens,  liens,  que  lieu,  moyeu,  au  Mngulier 
avec  lien,  moyen.  CVoir  page  177,  n»  474.) 

8"  Sous  la  conduite  de  MM.  Noël  et  Cliapsal  et  autres  bavards,  les  sept  noms 
suivants  en  ou:  bijou  (Srfjmudf),  caillou  (.^tcfct),  c/iou  (^oi)l) ,  ffenou  (^nh) , 
joujou  (®:|)tc(jeu9) ,  hibou  (@ntc) ,  et  pou  (Saxië),  étaient  aussi  allés  grossir  le 
parti  du  désordre.  11  est  vrai  que  joujou ,  bijou,  hibou,  verrou,  manquaient  sou- 
vent à  l'appel.  En  revanche,  glouglou,  personnage  bien  digne  de  ces  clubs  bachics 
(autrefois  bachiques,  terminaison  réservée  désormais  pour  le  féminin)  se  faufilait 
toujours  dans  la  foule. 

Qu'ils  sont  doux, 
Bouteille  jolie. 

Qu'ils  sont  doux 
Tes  jolis  gloîigloux  (désormais  glouglous)  ! 

575.  Tous  les  autres  substantifs  sont  restés  fidels  (auparav.  fidUes)  à  la 
cause  de  l'ordre;  et  il  n'en  a  pas  moins  suffi  de  cette  mince  minorité  pour  boule- 
verser toute  la  grammaire.  Mais  je  tiens  la  plume  d'une  main  ferme,  et  j'écraserai 
l'anarchie  des  mots ,  tout  comme  celle  des  idées,  ou  je  périrai, 

576.  11  y  a  encore  le  mot  m^ent  qui  tranche  du  Cossuth  et  du  Proudhon , 
et  qui,  non  content  des  absurdités  qu'il  a  engendrées,  sous  le  rapport  du  genre 
(voir  p.  13,  n"  41),  refusera  sans  doute  de  se  soumettre  aux  nouvelles  prescrip- 
tions décrétées,  page  190.  Afin  que  nul  n'en  puisse  prétendre  cause  d'ignorance, 

voici  les  mesures  que  nous  croyons  devoir  prendre  à  son  égard. 

Dixiéme'^' décret» 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs, 

L'Auteur  de  la  Grammaire  Française  y 

Attendu  que  le  mot  gens  vient  du  latin  gentes; 

Attendu  que  la  suppression  du  t  étyraologic  n'a  pu  être  l'effet  que  de  l'igno- 
rance des  grammairiens  ; 

Attendu  que,  si  nos  pères  ont  écrit  genz,  comme  granz,  petiz  ,  quatre- 
vinz,  deux-cenz,  etc.,  c'est  parce  que  le  z  avait  le  privilège  de  représenter  un  t 
ou  un  d  et  une  s,  comme  en  allemand;  qu'ainsi  le  retour  de  Vs  devait  néces- 
sairement amener  celui  an  t ,  comme  on  voit  que  cela  s'est  fait  pour  grands, 
petits ,  etc.  ; 

Considérant,  en  outre,  que  ce  qu'on  nomme  Vusage  n'est  que  l'opinion  des 
viles  multitudes;  que  l'opinion  des  viles  multitudes  est  peu  de  chose  dans  la  ba- 
lance de  la  raison; 

Vu  cette  sentence  de  Lévizac,  reproduite  par  Laveaux:  »Si  l'usage  avait 
établi  une  exception,  la  raison  devrait  l'abolir;"  —  décrète: 

Art.  unique.  Gensy  écrit  sans  t,  est  décl&ré  barbarisme,  et  comme 
tel  proscrit  de  la  langue.  —  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs, 
dignes  de  ce  nom,  sont  chargés  de  tenir  la  main  à  l'exécution  du  présent 
décret. 

Donné  à  Vienne ,  le  6  jnUIet  185V.  li»   W» 


>)  Nous  écrivons  anarchique  an  lien  A'anarchic,  pour  que  Je  lecteur  soit  plus  vite  tentç 
de  rendre  an  mot  règne  son  véritable  genre. 


Formation  du  pluriel  dans  le§  substantifs.  tûZ 

EiempIfH  de  nubstantirs  emplotét  tant  ai  Niugulier  ^a'an  pluriel. 

I.it  vriilti  liberté  fllle  de  Ih  Houmlsition. 

Si  Itt  lihfrtë  n'est  (jiie  Vautorité  même 

F;is.s;iiit  (les  rois  :iu  peuplf ,  muitlitme  :  atuithème .' 

Aiuithhnp  à  la  liberté  ! 

Uui  n'oht  alors  que  le  yt^nie 

Ihi  mal  et  de  In  rviiaulé 
Sur  le  dos  de  la  foule  en  triomphe  porté  ; 

^ui  n'est  plus  que  la  tyrannie 
Dans  sa  plus  grande  et  plus  horrible  intensité. 

Gloire  nu  grnnd  Loyola ,  gloire  à  saint  Dominique , 

Ces  liéroê  de  Vautorité , 
Armés  de  piett  eu  cap  eoutre  la  liberté  ; 
Plutôt  qu'A  ces  tyrans  à  la  face  bachique 
(jui  s'en  vent  proclamant  d'une  voix  frénétique 

L' u  n i  versel le  répnblit/ue  ! 
Incapables  d'avoir  une  itie'e  entre  tous! 
Kt,  de  Sparte  ou  de  Home  éternels  plagitiire$ , 
S'effor^;anl  d'accorder,  comme  feraient  des  fous, 

I.es  éléments  les  plus  contraires! 
Ne  sachant  pas  encore,  après  (juatre  mille  ans 
De  tumultes  affreus  et  de  combats  sanglants , 
Que  la  liberté,  c'est  une  chose  absolue 
Qui  n'est  pas  compatible  avec  {'autorité, 

Kt  que  c'est  peine  superflue 
De  vouloir  mettre  un  terme  à  leur  rivalité , 

Ku  les  fondant  dans  Vunité: 

Vous  avez  beau  citer,  soit  Rome,  soit  la  Grèce, 
Où  l'une  brille,  il  faut  que  l'autre  disparaisse. 

L'autorité,  c'est  l'eau;  la  liberté,  le  feu; 
Pour  les  faire  accorder  il  faut  te  main  de  Dieu. 

L'une  sera  toujours  le  ttissoivatU  de  l'autre; 

Et ,  du  jour  où  Vautorité 
Croit  pouvoir  pactiser  avec  la  liberté, 

Elle  abdique.  —  Le  grand  apôtre 
De  la  rédemption  universelle  a  beau , 
Par  pure  courtoisie  ,  exalter  V Angleterre  , 

Four  Vexetnple ,  —  rare  et  nouveau 

Parmi  les  peuples  de  la  terre,  — 

Qu'elle  donne  au  monde  ébloui 
D'un  roi  faisant  asseoir  sur  le  tràne  avec  lui 

La  liberté  y  cette  rivale. 
Qui  veut  bien  n'être  là  que  son  humble  vassale  ; 
Il  a  beau  célébrer  sa  constitution, 

Dont  la  belle  réception 
Qu'on  lui  fait  sufllrait  pour  prouver  V excellence  : 
L'état  de  l'Angleterre  est  pire  qu'on  ne  pense. 


En  France,  il  n'en  est  pas  ainsi. 
Éperdument  épris  de  sa  chimère  vaine. 
Notre  peuple  n'a  rien  d'un  amoureus  transi. 
Content  de  soupirer  près  de  son  inhumaine. 
Sa  maîtresse  à  ses  vœus  doit  se  rendre  ;  ou ,  sinon , 
Il  lui  fait  violence.  Et  de  là  les  désastres 

Qui  vont  troublant  le  cours  des  astres 
Et  répandent  partout  la  désolation 

Tout  ou  rien.  Voilà  sa  devise. 
.Mais,  pour  que  son  voeu  se  réalise, 


204  La  grammaire  française. 

Il  ne  sait  pas  s'y  prendre.  Et  voilà  le  malheur! 
Il  ne  sait  pas  en  quoi  la  liberté  consiste. 
11  ne  la  connaît  pas.  Cependant  il  persiste 
À  l'aimer  d'un  amour  qui  tient  de  la  fureur. 

La  liberté  n'est  pas  cette  terrible  femme 

A  la  voix  rauque,  aus  yeus  de  flamme, 
Qui  s'avance,  toujours  ivre  de  sang  humain, 
A  travers  des  débris  une  torche  à  la  main. 
C'est  une  belle  vierge ,  au  regard  angélique. 
Dont  le  plus  grand  héro  d'aucune  république 
Ne  peut  pas  se  vanter  d'avoir  connu  les  traits; 
Type  de  Raphaël  ainsi  que  du  Corrège!  — 
Dont  la  robe  de  lin,  plus  blanche  que  la  neige, 
D'une  goutte  de  sang  ne  se  souilla  jamais; 
Qui,  se  voilant  à' horreur  au  bruit  de  nos  forfaits, 
Remonta  vers  le  ciel  avec  tous  ses  bienfaits. 
Et ,  depuis  Yâge  d'or  jusqu'au  siècle  où  nous  sommes , 
Ne  s'est  pas  remontrée  un  seul  jour  chez  les  hommes. 

Voilà  celle  pour  qui  mon  coeur  brûle  à' amour  ; 
Dont  la  douce  beauté  respire  mille  charmes, 
Et  dont  je  vous  supplie,  atnis ,  avec  des  larmes, 
De  hâter  parmi  nous  le  bienheureus  retour 

Plus  de  dissensions ,  plus  de  cris ,  plus  à'alarmes  ! 
Plutôt  que  de  vouloir  triompher  par  les  armes , 
Laissez-vous  égorger  pour  elle  vaillamment. 

Et,  pour  pris  d'un  tel  dévouement, 
Vous  la  verrez  bientôt,  belle  comme  V aurore , 
La  bouche  souriante  et  le  fi-ont  gracieus 
Descendre  parmi  vous  de  la  hatiteur  des  cieus  , 
Vous  combler  de  ses  dons  que  rien  ne  décolore, 
Du  coeur  le  plus  charmant  répondre  à  tous  vos  voeus , 
Et  partout,  mes  amis,  sur  vos  pas  faire  éclore 
Mille  fleurs  de  tendresse  et  de  félicité 
Dont  n'approche  ici-bas  aucune  volupté. 

Voilà  la  liberté  qui  doit  sauver  le  monde. 
Voilà  la  liberté  qu'il  nous  faut  conquérir. 
Vouons-lui,  mes  amis,  une  ardeur  sans  seconde. 
Pour  elle,  mes  amis,  sachons  vaincre  ou  périr. 
Mais,  pour  pouvoir  lui  plaire,  il  faut  savoir  souffrir. 
Laissons-nous  égorger  pour  un  sourire  d'elle, 
Plus  précieus  cent  fois  que  tous  les  vains  lauriers 
Dont  l'autre  liberté  va  de  sa  main  cruelle 
Ornant  dans  les  combats  le  front  de  ses  guerriers. 

Cette  autre  liberté,  qu'elle  soit  sur  la  terre 
Mise  au  rang  des  plus  grands  fléaus, 
Redoutée  à  l'égal  des  plus  horrible  maus, 
A  l'égal  de  la  peste,  a  l'égal  du  tonnerre  ! 


Tel  est  l'affreus  danger  que  cette  liberté, 

Gra-nde  coureuse  ù' aventures  , 
Fait  désormais  courir  à  la  société, 
Que  l'inquisition  et  toutes  ses  tortures 
Sont  près  de  devenir  une  nécessité. 

(Le  livre,  t.  VIll.) 

Écrit  à  Téplitz,  le  19  november  1851. 

La  gloire  des  hommes  se  doit  toujours  mesurer  aus  moyens  dont  ils  se  sont 
servis  pour  l'acquérir.  (La  Rochefoucauld.)  Le  monde  récompense  plus  souvent  les 
apparences  du  mérite  que  le  mérite  même.  0^0 


Kxemples  de  subst.  eaployés  tant  au  tlni^.  qu'a*  plnr. 


Les  vertus  se  perdent  dans  Yintérêt ,  rumroe  le»  flrure»  dans  la  wtfr.  Oà.) 

Ce    que   nous   prenons  puur  des  vertu»  nVst   souvent  qu'un  uêêewtbtape  4« 

diverses  actions  et   df   divers    inlf'rt'f/i   qur   la   f'urliinc   ou    notre  iiutustrie-nureat 

arranger  ;  et  ce  n'est  pas  toujours  par  vnitUince  et  par  vhaatettf  que  leM  komwteM 

sont  vaillants  et  que  les  fcmmen  sont  chastes,  (id.) 

Si  nous  résistons  à  nos  passions,  c'est  plus  par  leur  faiblesse  que  par  notre 
force,  (id.) 

La  forcir  et  lu  faibtessf  de  V esprit  sont  mal  nommées;  elles  ne  sont  en  effet 
que  la  bonne  ou  In  mauvaise  disposition  des  uryanes  du  corp.  (id.) 
Les  passions  ne  sont  que  des  torrents  i\'iil>'r\ 
yui  circulent  dans  i'àine  en  vaynes  débonl.  r^ 

(Le  t.irre,   {.   VII.) 
Les  château»  que  l'on  bâtit  en  Kspagne  empochent  de  trouver  beau  celai  que 
l'on  a  dans  son  pays. 

Les  tahleaus  de  [histoire  inspirent  la  résiynation.  Quand  les  homme»  furent- 
ils  moins  nialheureus? 

Il  n'y  a  point  de  liens  communs  pour  celui  qui  sait  écrire  et  qui  sait  penser. 
(nuaatnilt.) 

Travaillons.  Le  travail,  source  de  la  richesse, 
En  nous  rendant  heureus  peut  seul  briser  nos  fers. 
Travaillons.   Le  travail,  c'est  Vesprit  de  sayesae. 
C'est  l'ordre  et  la  beauté  dont  brille  ['wiivers. 

(Le  Livre,  t.  IV.) 

Les  travaus  du  corps  et  cens  de  l'esprit  se  soulagent  mutuellement. 
Ù  côté  percé  d'une  lance  ! 

(s  pieds  et  mains  percés  de  clous!  (Le  Livre  ,  t.  IX.) 
Ce  n'est  que  devant  Dieu  qu'on  doit  être  à  yenous.  (Chénier.J 
Que  vos  yeus  ne  soient  pas,  sous  leur  faible  paupière , 
t'omme  cens  des  hihous  que  blesse  la  lumière.  (Le  Littre.) 
>,Je  le  vois  à  travers  les  trous  de  ton  manteau,'  disait  Socrate  à  .Antistbènes. 
Diogène,  lavant  ses  chous,  criait  à  Aristippe:  »Si  tu  savais  manger  des  cAouff, 
tu  ne  ferais  pas  ta  court  ans  yrands.   --  Et  toi,  répliquait  .Vristippe,  si  tu  savais 
faire  ta  court  aus  yrands ,  tu  ne  serais  pas  réduit  à  manger  des  chous." 

\]i\c  servante  comptait  ainsi  sa  dépense:  »le  petit  pain  d'un  sou  de  madame, 
deux  sous ,  etc." 

«Pour  riioiinenr  du  pa^s,  avec  un  AUrmand 

Ct^rtniii  tinscon  disputait  Tivenienl. 

» —  Nous  l'emportons  sur  tous  l»*s  Hiitres. 
„Beaufè ,  mérite,  esprit,  talent,  tout  brille  en  nftns. 
I»  -  Clier  vou.H,  dit  le  (iiTinain,  y  trouve-t-on  des  fousf 
»—  Abl  .saiidis!  et  nos  fous  Hont  plus  fou»  qne  les  vAlre^.'  (Anonyme.) 


II 

Substantifs  composés. 

CVoIr   le  flixième  décret,    page  191.) 

Voici  la  liste  k  peu  près  complète  des  noms  conipn<i^ ,  atfn  qu'il  ne  reste  pla.<i  trace 
d'une  dimrulté  qui  h  tlonné  tant  de  tablature  aus  e.<«prits. 


Singulier.  Pluriel, 

abat-jour,  m.  'B^t&ç\ftn^tY,  abat-jours 
hit-vent,  MJ.  âSfttfrba*,  abat-vents 
a«-eompte, m. 'Jtbfrfilai^Siiabtun^,  à-comptes 
à-coup  ,  m,  ^"Kurf  ,  oto§  ,  à-coups 
aigre-doux  .  «/(/.   faucrfù^  ,   aigre-doux 
aigne-inarine,  f.  btr  Sd'iuamarin  ,  aigue- 

niarines 
annonce-omnibus,  f    annonce-omnibus 


Singniier.  Pluriel, 

appui-main,  m.  îOîaltrflocf,  appui-mains 
après-dînée, /!  ^îactimittaiV  après-<lînées 
après-inidie  ,  /".  dUcbmittati ,  après-mi- 
di es 
après-soupée  , /".  3l6enb,  après-soupées 
à-propos  ,  m.  à-propos 

arc-boutaut,  m.  9tt«6(be|)ff  t(tr,  arc-bou- 
tants 


206 


La  grammaire  française. 


singulier.  Pluriel, 

arc-doubleau,  m.  ^fet(cr6ogen,  arc-dou- 

bleaus 
arc-en-ciel,  «i.  SdegcnBogcn,  arc-en-ciels 
arrière-ban,  m.  .^cerbann  ,  arrière-bans 
arrière-bec,  m.    ber  fjtntere  ^fci(cr\)or= 

ftorung  obcr  S^jorn ,  arrière-becs 
arrière-boutique,/*,  .^tntcrfabcn,  arrière- 

boutiqnes 
arrière-corp,  m.  .^^intergebâubc,  arrière- 
corps 
arrière-court,  f.  J^lnter^of,arrière-courts 
arrière-fais,  m.  ^aéja^ihuxt,  arrière-fais 
arrière-fief,  m.  3lftertcf)cn,  arrière-fiefs 
arrière-garde,  f.  9lacf)tra6  ,  arrière-gar- 
des 
arrière-goût,  m.  9îad;gefc^ma(f,  arrière- 
goûts 
arrière-main ,   m.   9lûcf  fd^tag  ,   arrière- 
mains 
arrière-neveu,  m.  Urnejfe,  arrière-neveus 
arrière-pensée  ,  f.  gef)ctmcr  58orbct>att , 

arrière-pensées 
arrière-petit-fil,    m.    Urenfet,    arrière- 
petit-fils 
arrière-petite-fille,  f.  Urcnfetin,  arrière- 
petite-filles 
arrière-point,   m.   (Ste^j^jltdE) ,  arrière- 
points 
arrière-saison,  f.   (3^atf)erbjî,  arrière- 
saisons 
arrière-vassal,  m.  îlfterfe^cnSmann,  ar- 

rière-vassaus 
arriére-voussure,/*,  toerticftcê Xtjur-  obcv 

éenflcrgeiwotbe ,  arrière-voussures 
Autodafé,  m.  5ïutobafe,  Autodafés 
avant-bec,  m.  @egcu|)fcltev,  avant-becs 
avant-bras ,  m.  SSorbcrarm ,  avant-bras 
avant-corp,  m.  Sorgcbâube,  avant-corps 
avant-court,  f.  âîorl^of,  avant-courts 
avant-coureur,  w.SSortâufcr,  avant-cou- 
reurs 
avant-courrière ,   f.   SSorbotin,    avant- 

courrières 
avant-dernier,  m.  aîorf c^tc,  avant-der- 
niers 
avant-garde,  f.  SSortru^^cn ,  avant-gar- 
des 
avant-goût,  m.  aSorgef(^marf,  avant-goûts 
avant-main,  m.  9lù(ffcï)tag,  avant-mains 
avant-pêche,/".  %xûi))?^r'\xé^ ,  avant-pèches 
avant-port,/».   SSorf)ûfen ,   avant-ports 
avant-poste,  m.  SSor:^ojîen,  avant-postes 
avant-propos,  m.  SSorbcvtc^t,  avant-pro- 
pos 
avant-quart,  »j.  SSorf^tag,  avant-quarts 
avant-scène ,  f.  3Sorbû()nc,  avant-scènes 
avant-toit,  m.  (Sc^ivmbad>,  avant-toits 
avant-train ,   m.   âSovbevgeftelt ,   avant- 
trains 


Singulier.  Pluriel. 

avant-veille,  f.  ber  jttjette  Sag  ttor^er, 
avant-veilles 

avé-maria,  m.  ber  engïtfc^e  ©mf ,  avé- 
marias 

ayant-cause,  m.  Sf{erf)tê6et^ei(tgter,  ayant- 
causes 

ayant-droit,  «ï.  SScrcd^tfgter,  ayant-droits 

bain-marie,  m.  SJÎartenbab,  bain-maries 

barbe-de-capucin,  f.  .Ka^u^tnerbart,  bar- 
be-de-capucins 

barbe-de-moine  ,  f.  ^^tac^ôfetbc ,  barbe- 
de-moines 

barbe-de-Jupiter,  f.  <3t(berbuf(^,  barbe- 
de-Jupiters 

barbe-de-boue,  f.  ?8o(fêbart,  barbe-de- 
boucs 

barbe-de-chèvre,  f.  ©ctpbart,  barbe-de- 
chèvres 

barbe-de-renard,  f.  SSorfêborn,  barbe- 
de-renards 

bas-fond,  m.  Unticfe,  bas-fonds 

bas-relief,  m.  ^act)er^a6enc  5lrbett,  bas- 
relief 

basse-contre ,  f.  Kontrebap ,  basse-con- 
tres 

basse-court,   f.   SStcl^îiof,  basse-courts 

basse-fosse ,  f.  untertrbtfd^cS  SlnUxUà^, 
basse-fosses 

basse-lisse,  /:  tieffd^âftigeXa^cte,  basse- 
lisses 

basse-lissier  (ou  — lisseur),  m.  58itbte^)s 
^ji^lwirfev ,  basse-lissiers 

basse-taille,  f.  îenor,  basse-tailles 

basse-taille  (ou  bas-relieO ,  f-  basse- 
tailles 

battant-l'oeil ,  m.  etnc  5trt  lïrauenmû^c, 
battant-l'oeils 

beau-fil,  m.  ®ttcffo^n,  beau-fils 

beau-frère ,  m.   (Sc^icagcr ,  beau-frères 

beau-père,  m.  ©cfjnjiegevbater ,  beau- 
pères  ,  ou  heaits  pères ,   beatis  frères 

bec-de-lièvre,  m.  .^afenfc^avtc ,  bec-de- 
lièvres 

bec-de-grue,  m.  (Storcf)f^nabe( ,  bec- 
de-grues 

bec-de-caue,  m.  6ntenf(^nabe(,  bec-de- 
canes 

bec-de-cygne,  7».  (3d)j»aneufc^nabel,  bec- 
de-cygnes 

bec-de-vautour,  m.  ©eterfc^nabet,  bec- 
de-vautours 

bec-de-corbin  ,  m.  ,^rât)enfcï>na6c(/  bec- 
de-corbins 

bec-figue,  m.  S'etgenf^ue^jfc,  bec-figues 

belle-dame,  f.  SOicrbe^S)tfictttogc(,  belle- 
dames 

belle-fille,  f.  iSticftoc^tcr,  belle-filles 

belle-mère,  f.  (S^ivicgermutter,  belle- 
mères 

belle-soeur,  f.  (Sc^wagerin,  belle-soeurs 


Formation  du  pluriel.  Substiatifs  composés. 


W9 


Singniier.  Pluriel, 

bette-rave,  fi  Blunfelnibf ,  btrtte-ravea 
bicn-tciiaut,  r/i.  (>ivilbfjlçtr,  bitMi-teiiaots 
blauc-b(*c  ,  m.  (9f(b|'ctviab(( ,  biaiic-bses 
blanc-iiiaii(((T ,    m.    \vt'\\it    (BaUrrte   mit 

^J}{ild;,   ^ucfrr  unb  â)laitbfln,  blaac- 

iii:iii|çer.s 
iilaiic-scing,  m.  $BoQnia(l^td)>a))ier,  blauc- 

seiii((s 
lioii-chrctien  ,  m.  (^.f>r(flbirii/  bo»-chré- 

ti«MIS 

boiiiio-damc  ,  /".  9}tf  Ibe  ,  bonne-tlauic» 
biui-heiu'i ,  m.  l^aiiftfu^  ,  boa-heiu'is 
boiiiic-voKlit>,wi.fr(i)viUii{tr  dtubtrtuec^t, 

boiiiio-vo^lies 
bonic-fontaiiio,  f.  sorte  de  «etitc  fon- 
taine en  forme  de  borne ,  Dorne-fon- 
taines 
bouche-trou,  wi.  9iot()aa9rl,  boucbo-trous 
bouillon-btauo,  wi.  Jloniijii^rerje,  bouillon- 
blancs 
boulc-dc-uei|i^c ,   /'.    (Bc^neebaUeublumr , 

boulc-de-nci|fcs 
boutc-hors,  m.  (S^jiere ,  boute-hors 
l)i)ute-en-train,  m.  ^efc^ât^tn^jl,  boute- 

cn-traius 
boute-feu,  m.   8untenflorf,    boute-feus 
boute-selle,  m.   ^eid^eii  junt  ^^iifft^eu, 

boute-selles 
boute-tout-cuire,>n.9îerf(^icenber,boute- 

tout-cuiros 
bout-rinic,  «i.  ©nbreimt ,  bout-riincs 
brancbc-ursine, /'.  l^iStrenf (au ,  branche- 

ursines 
brèche-dent,  m.  et/*,  jâ^nfiicfiç)/  brèche- 
dents 
brise-jjlace,  m.  (Siôborf ,  brise-glaces 
brise-motte,  »/i.  grope  SDJalje,  ic.  brise- 
mottes 
brise-raison,   m.     (opftofec   (Sc^ioâ^tc, 

brise-raisons 
brise-scellé  ,  m.  ^'xt^tUxhvté^tv ,  brise- 
scellés 
brise-tout,   m.    <S(^abeutvin(r( ,    brise- 

touts 
brise-vent,  m.  SBinbfc^irm,  brise-vents 
briile-tout,  m.  ^parrcnbe ,  brùle-touts 
caille-botte,  M»,  iïaftquarf,  caille-bottes 
caille-lait,  m.  léabfraut,  caille-laits 
caillot-rosat,  «».  OJoffubirn,  c:nllot-rosats 
casse-cou,  m.  .'ijalObrcdjf,  ca.^se-cous 
casse-noie,  nt.  bcr9lu|»f uacf  er,cassc-noies 
casse-noisette,   m.    9iupfnacfcr,  casse- 
noisettes 
casse-tète,   w.  SDiorbffutt,    cassc-tètes 
cent-suisse  (Av.),  m.  tiutr berSc^Wfi' 

jcri^arbe ,  les  cent-suisscs 
cerf-volant,   «i.   ^irft^fàftr,   (ja^ierncr 

SDracbc ,  cerf-volants 
char-à-banc,  tn.  tint  %vt  fS^a^tn,  char- 
A-bancs 


Singulier.  Flarl«l. 

chasse-cousin,  m.  Stxi^tt ,  cbasie-eou- 

sias 
chasse-marée,  m.  ^ifc^fû^rcr»  cbasse- 

marées 
chasse-mouche,  m.  &(teg(nto(b(f/  chasse- 

mouebes 
chat-buant,  m.  iîult ,  chat-huants 
chaulTe-cire,  m.  ÎSiixdfiwàrnur,  chauiTe- 

cires 
ehaulTelit,   m.    Setttodrmrr ,  cbauiïeliU 
cbaulTepied,  tn.  ^iXMtopû  chaufTcpieds 
chaussepied ,    m.     ttv    3cbubdn^ir^er , 

chausse|)ieds 
chausse-tra|)e,/'.3fu§ant)t(,cbausse-trapes 
chauve-souri ,  m.  ^Ubrrmaud,  cbauve- 

souris 
chef-d'oeuvre,   m.    9iti^ttftûâ,   chef- 
d'oeuvres 
chef-lieu  ,  m.  ^a\tptovt ,  chef-lieus 
chevauléger ,  m.  tinfr  brr  (ric^ten  Kel* 

tfr  ,  chevauléjfers 
chèvrefeuille,  m.  tSeipbfatt,  chèvrefeuilles 
chèvrepied  ,  m.  hodixx^x^  ,  chèvrepieds 
chie-cn-lit,  mi.  33«ttfd^ti]j*r,  ehie-en-lits 
choutleur,  m.  :ib(umcnf0()( ,  choufleurs 
chourave,  /«.  Ao^lrûbe ,  chouraves 
chounavets,  «1.  îi3obcnfol;(riibe,  chouna- 

vets 
un  choupille   (sorte  de  chien),  m.  des 

choupilles 
Christemarine,  /!  SJle trfe n(f>f ( ,  Christe- 

uiarincs 
clair-semé ,  <i/(/.   m.  bitnn gtfiict ,  clair- 
semés 
clairevoie,  f.  Sïuôfldjtiiiliicfe,  elairevoies 
claquedeat,  m.  armer  3c^lu(ftr,  claque- 
dents 
coffre-fort ,  m.  ©tlbtifie ,  coffre-forts 
coffnefétu ,  m.  (Selbjlpiarfer,  cognefctus 
colin-maillard ,  m    blinbe   jfCub  /   colin- 
maillards 
contre-allée,/'.  9ieb(nk)ait(),  contre-allées 
contre-amiral,/».  Unter'^bmiral,  contre- 
ami  ra  us 
contrebasse,  f.  Çontraba§,  contrebasses 
contrebatterie,  f.  @egrnbatt(cit/ contre- 
batteries 
coutre-boutant,  m.  (3trfb<)jffiffc ,  con- 

trc-boutants 
contre-charme,  m.  (Bcsenjaubcr,  contre- 
charmes 
contre-châssis,   m.  Sîorftnjttr,  contrc- 

chàssis 
eontreclef ,  f.  9lebenf(^lu§jlein ,  contre- 
clefs 
contrecoeur,   m.   ilamtnvditte ,  contre- 
coeurs 
contrecoup  ,  m.  @(aenftc§  ,  contrecoups 
contre-courant,  wi.  ©tgenflrômung,  con- 
tre-courante 


208 


La  grammaire  française. 


singulier.  Pluriel. 

contredanse,  /".  (Sontretanj,  contredanses 

contre-échange,  m.  ©egeiitauf^,  contre- 
échanges 

contre-enquête,  f.  ©egcnunterfu(^ung , 
contre-enquêtes 

contre-épreuve,  /".  ©egcnaèbvurf,  con- 
tre-épreuves 

contre-espalier,  »î.  ©cgcngelânber,  con- 
tre-espaliers 

contrefaçon,  /*.  9lad)bru<f  en,  contrefaçons 

contrefiche,  f.  ©trcbefeanb,  contrefiches 

contre-finesse,  f.  ©egcnttft,  contre- 
finesses 

contrefort,»».   SOBibertage,    contreforts 

contre-fugue ,  f.  Kontrafuge ,  contre- 
fugues 

contre-garde ,  f.  9Sorf(f)an3c ,  contre- 
gardes 

contre-hachure,  f.  ©cgenfc^rofftrung , 
contre-hachures 

contre-indication,  f.  ©cgenanjcigc,  con- 
tre-indications 

contre-latte,  f.  ©egcntatte,  contre-lattes 

contre-lettre ,  f.  @egcnf(j)cttt  ,  contre- 
lettres 

contre-maître,  m.  SBootêmann,  contre- 
maîtres 

contre-marche,  f.  ©cgenmarfc^,  contre- 
marches 

contre-marée,  f.  ©egenflut;^,  contre- 
marées 

contremarque,  f.  @cgenjci(^en,  contre- 
marques 

contremine ,  f.  ©egcnmtne,  contremines 

contremur,  m.  ©egenmauer,  contremurs 

contre-ordre,  m.  ©egenbefe^ï,  contre- 
ordres 

contre-partie,  f.  ©egcnfttmmc,  contre- 
parties 

contre-platine  ,  f.  (S^raubenbted^,  con- 
tre-platines 

contre-poids ,  si.  ©egengctwid^t,  contre- 
poids 

contre-poinçon,  m.  ©egen^jatnje,  con- 
tre-poinçons 

contrepoint ,  m.  (Sontra:|)unft ,  contre- 
points 

contre-poison,  m,  ©egcngtft,  contre- 
poisons 

contre-porte,  f.  SSortf)ûre,  contre-portes 

contre-révolution ,  f.  ©egcnrctjotutton , 
contre-révolutions 

contre-ruse,  f.  ©egenfift,  contre-ruses 

contre-sanglon,  m.  ©cgcngurt  am  '^oàith 
bogcn,  contre-sanglons 

contrescarpe,/",  ©egenroatf,  contrescarpes 

contre-scel,  m.  2Jci|ïcge(,  contre-scels 

contre-seing,  m.  ©egenunterfd^rift,  con- 
tre-seings 

contre-sens,  wj.  ©egenftnn,  contre-sens 


Singulier.  Pluriel, 

contretemp,  m.  iDtbrtger  Swfatf,  contre- 
temps 
contre-terrasse,  f.  ©egcnterraffe,  contre- 
terrasses 
contrevallation,  f.   ©egentjerfd^anjung , 

contrevallations 
contrevent,  i».  S'euflerfaben,  contrevents 
contre-vérité,    f.    ©egcnftnn,    contre- 
vérités 
coq-à-l'àne,   m.    autb:|)roquo,    coq-à- 

l'ânes 
coupe-gorge,  m.  SJiôrbcrgrube ,  coupe- 
gorges 
coupe-jarret,  m.  S)îeuci>elmôrbcr,  coupe- 
jarrets 
court-bouillon  ,  m.  fuv^e  93rû^c ,  court- 
bouillons 
courte-botte,  m.  ^mx)^^ ,  courte-bottes 
courtepointe,  f.  «Bcttbccfe,  courtepointes 
couvrechef,  m.  .Ko^f(;ù(ïe,   couvrechefs 
couvrefeu,  m,  ©tutbedfel,  couvrefeus 
couvrepied,   m.   ^u^bcrfc,  couvrepieds 
crête-de-coq,  f.  ^\çy'^'\fixlx<xy\i,  crête-de- 
coqs 
crèvecoeur,  m.  ^er^cfcib,  crèvecoeurs 
crincrin  ,  m.  fd^fecf^te  ©ct'gc ,  crincrins 
croc-en-jambe,  m.  ^etnjleflcn,  croc-en- 
jambes 
croquemort,  m,  Seicï)entrâger,  croque- 
morts 
croquenote,  m.   S^onfîinftter,  bcr  fcrttg 
aber  gef4>macffoê   toom  SStatte  fpieit, 
croquenoles 
cul-de-jatte,   m.   freujta^mcr  SDîenfc^ , 

cul-de-jattes 
cul-de-lampe,  m.  :^crob^ângenber  îDecÊcn» 

^terratf),  cul-de-lampes 
cul-de-sac,   m.  (Sacfgaflfc,    cul-de-sacs 
eul-blanc ,  m.  SBet^fct^iwan^ ,  cul-blancs 
curedent,  m.  Saf^njlod^er ,  curedents 
cure-langue,  m.   ^ungenftoc^cr,    cure- 
langues 
curemôle,  ni.  (Sc^tammt)cber,  curemôles 
cure-oreille,  m.  D^rtôffef,  cure-oreilles 
dame-jeanne,  f.  %xi  gro^er  %{<x\écjtxy,  ic. 

dame-jeaunes 
demi-aune  ,  f.  ^aX^t^t ,  demi-aunes 
demi-livre,  /.  ïjatbcê  ^funb,  demi-livres 
demi-heure,    f.    t)afbc   @tuitbe,   demi- 
heures 
demi-dieu,  m.  ^albgott,  demi-dieus 
demi-frère  ,  m,  .^atbbruber,  demi-frères 
demi-soeur,  f.  .i^albfci^wcjîer,  demi-soeurs 
demi-fortune ,  f.  %xi  etnf^jânntgci;  ^<X' 

gcn,  demi-fortunes 
demi-lune,  f.  .Çiatbmonb ,  demi-lunes 
une  eau-forte ,   f.  et'ne  ^rt  .^u:|)ferjiic^, 

des  eau-fortes 
un  ecce-homo ,  m.  etn  (S^rifluô  mit  bet 
SDorncnfronc ,  des  ecce-horaos 


Formation  du  pluriel.  Substantifs  composés. 


Mingullfr. 


Plarlol. 


un  écoute-s*il-j)leut,  wi.  9)lû^ft,  bie  b(oi 
burdj  ^(ijitu^tn  ^ti^t ,  des  ét-oute-s'il- 
pleuts 
entracte,  wi.  ^\o'\\é)t\\\t\t ,  entractes 
«ntre-colunue ,  m.  ®âu(eutvcitc>  entre» 

colonnes 
«ntre-eolunncmcnt,  m.  @âu(eniveitr,  en- 

trc-colonnenieiits 
entrccùle,»!.  3»»ift^»nr«<'î"n|^"«f»  entre- 
côtes 
ontrcdeus,  m.  3»v3if(f>fnriiiim  ,  cntredeiis 
eotreliij^ne,  m.  dtaum  j)vifd)(n  jtuti  ^Stt' 

Un  ,  entrelijçnes 
entre-noeud  ,   m.    i^notrntoeite ,   entre- 
noeuds 
entrepont,  im.  ^S>»ifd)ciibfcf ,  entreponts 
eiitre-sol,  m.  ^"«albiif)'dio§  ,  entre-sols 
tiitretaillure,  /;    aiJHnbt  »om  'Jtnflrfifen 
ber  %\\%t  an  finanbfr,    entretaillures 
entretenip,  r/i.  ^mifd>tHieit ,  entretenips 
épine-vinctte,    /.    Sautrborn,     épinc- 

vinettcs 
essuie-main,  ,n.  ,!0aiibtud>,  essuie-mains 
ix-député,   f».   fbcmalifler   Dejjutirtfr, 

ex-députés 
lac-siuiilé ,  m.   ifacftmilc,   fac-similés 
taus-l'uyant,  wi.    aîerftrrf,    laus-fuyants 
un  fei--a-eheval,  m.  bo^pflte  .îrepjjc  in 
§orm  t'wxti  JpuftifeuS,  des  t'er-à-clie- 
vals 
fer-blanc,  m.  ©ifenbUt^,  fer-blancs 
lier-à-bras,  m.  '^rû^tbané,  fier-à-bras 
flic-flac,  «I.  pitf(bV»>»frf)'  Ilie-flacsMr.; 
forté-piano,  w.  jjortfpiano,  forlé-pianos 
fouille-au-pot ,  «i.  fictncr  i^ùd^enijinge, 

fouillc-au-pots 
tourmi-lion,  m.  31m«iff nlôwe ,  fourmi- 
lions 
franc-alleu,  «i.  îfrti^ut,  franc-alleus 
franc-ma^'on,  m.  j^rfimaucr,  franc-ma- 
çons 
franc-réal,  f.  3trt  aîirne,  franc-réals 
fripe-sauce,  m.  ff rt fff r ,  fripe-sauces 
gagner-denier,  m.  Sa^rlobner,  gagne- 
deniers 
gagne  -  pain  ,     /«.     9îabruni\ô»DfrfjtUi^ , 

gagne-pains 
gagne-petit ,  m.  btf»>nji(b'n^t  ^c^ertn^ 

frf)lfiftr,  gagac-petits 
garde-boutique,  m.  It^ubtubiiter,  garde- 
boutiques 
garde-chasse,  m.   SOi^tlbnieifler,   garde- 
chasses 
garde-côte,  »i.   IfûftennjiSc^ttr,    garde- 
côtes 
garde-feu  ,  m.   jïeutr^itlfr  ,   garde-feus 
gardefou,  m.  ©eltînbfr,  gardefous 
»n  garde- française,    m.   cincr   ton  b*m 
(Sarbtrtcjimeut,  uar  syllepse;  c'est  ù 
dire,  un  homme  de  la  garde  française 


Ningullir.  Plariel. 

ou  des  gardes  françaises  ;  au  plur. , 
un  ,  deus  ,  trois  yarde-françaite» 

garde-magasin,    m.   SRa^ajintertoalter , 
garde-niaga<iins 

garde-malade ,  m.  et  (.  JtranfchWàrter  , 
garde-malades 

garde-manche,  m.   Utb(r<iirmt( ,  garde- 
manches 

gardc-nianger,  m.  <3);eifePammrr,  garde- 
mangers 

garde-meuble,  m.  (Serâtbfammrr,  gard^ 
meubles 

gard«*-note ,  m.  9lofar,  garde-notes 

garde-pèche,  m.  ^ufùb'r  ûbrr  bir  9i' 
fd^erri  ,  garde-pO-clies 

garde-robe ,  /*•   j^ltiberfammer,   garde- 
robes 

garde-robe,  m.  ÎBtivjfUi^,  garde-robes 

garde-scel ,  m.    Ciitric^téilf^ttbfwabrtr , 
garde-scels 

garde-vcntc  ou  facteur,  m.  9(uffeb(r  itber 
ben  ^oliVtrfauf,  garde-ventes 

garde-vue,  m.  2tui<fnf*irm  ,  garde-rues 

gàte-enfant,  m.  et  /.   Jtinbenxrjieber , 
gàte-cnfants 

gàte-métier,  m,   ^re idt^trbtrber ,  gite- 
métiers 

gàte-pÂte,  m.  îet^ferberber,  «Stûm^tr, 
gàte-p.Mes 

gàte-sauce,   iw.  fd>(fd)ter   Jîo4>,   gàte- 
sauces 

gobemouchc ,    m.    ^lieç^fntjo^el ,    gobe- 
nionclies 

gomme-gutte  ,  f.  ^ummtçiutte ,  gomme- 
guttcs 

grand-cordon,  m.  (Sro^ritter/  ic. ,  grand- 
cordons 

grand-crois  (antref.  croix} ,  m.  grand- 
crois 

grand-maître,  «i.    (Sro^mtifter ,  grand- 
maîtres  ou  yraiuls  maitres 

grand-maîtrise,  /'.  baô  ©ro^mfiflfrtbum, 
grand-maîtrises  ou  t/mntles  maîtrises 

grand-mère,  f.  Wropmuttcr,  grand-mères 

grand-père,  «i.  Wroj?fatfr ,  grand-pères 

gratte-cul,   m.   .'paçjtbutte,    gratte-culs 

gratte-papier,  »i.  ^jtctrufc^mifrcr,  gratte- 
papiers 

grippe-sou  .  m.  (Srofc^tnmac^rr, grippe- 
sous 

guet-aiiens,  01.  9îarf»jl<Uuni^,  guct-apens 

guide-ane,  m.  J^fflfalfiibcr,  ($fbrnfbud^, 
guide-ànes 

hache- paille,    m.    'Strob)'(6n(ibc|lub(f 
hàche-pailles 

hausse-col,  //i.  ^'Hin^^frai^fn,  hausse-coLs 

hausse-pied,  w.  i&oïiinti^,  hau.sse-pieds 

un  haut-à-bas,  wr.  îabuletfrâmtr,  haut» 
à-bas 

haut-bois ,  m.  .^oboe ,  haut-bois 

14 


210 


La  grammaire  française. 


Singulier.  Pluriel. 

haut-de-chausse ,  m.   ^ofen,    haut-de- 
diausses 

haute-contre,/".  Sïftfttmme,  haute-contres 

haut-fond,  m.  fct(f)tcv  ©runb,  haut-fonds 

haute-lisse,  f.  ^od^fc^afttgc  Sa:|)etcn, 
haute-iisses 

haute-lisseur  ou  lissier,  m.  haute-lis- 
seurs 

haut-Ie-corp ,  m.  (Bptun^  ,  haut  -  le- 
corps  C^cad.J 

un  haut-le-pied ,  tu.  bcr  .Çierumftrctd^er, 
Sanblàufcr,  des  haut-le-pieds 

havre-sac,  m.  <Bà)napp\aâ ,  havre-sacs 

hors-d'oeuvre,  m.  SîcbctiiDcrf ,  hors- 
d'oeuvres 

un  hôtel-dieu ,  ®^ttal,  des  hôtel-dieus 

un  in-dix-huit,  iDctobej=i5^ormat,  des  in- 
dix-huits 

un  in-douze,  ®uoî»ejsî?ormat ,  des  in- 
douzes 

un  in-folio,  %oiio'%ovmat,  des  in-folios 

un  in-octavo,  Dcta»  =  rJormat,  des  in- 
octavos 

un  in-plano  ,  ^(ano  «  'format ,  des  in- 
planos 

un  in-quarto  ,  Ouart  =  t^ormat ,  des  in- 
quartos 

un  in-seize,  ©cd^jc^ntefî^Jormat,  des 
in-seizes 

un  loup-eervier,  ber  Sud^ê,  des  loup- 
cerviers  ou  Urnps  cerviers 

loup-garou ,  ber  3Sa^rJDoff,  loup-ga- 
rous  ou  loups  garons 

mainlevée,  f.  Sluf^cbunçj,  mainlevées 

maintenue,  f.  obrtgfeitlîc^er  ®cf)u| , 
maintenues 

maître  -  autel ,  m.  J^au^taltar,  maître- 
autels 

la  malle-poste  ou  simpl.  malle,  bte  93rtef= 
po^,  malle-postes 

marchepied,  m.  ^u^trttt,  marchepieds 

une  martin-sec,  5trt  Sîirnc,  des  martin- 
secs 

une  messire-jean,  5ïrt  SSirne ,  des  mes- 
sire-jeans 

un  meurt-de-faim,  etcnbcr  SJîcnfc^  ,  des 
meurt-de-faims 

un  mezzo-terminé,  SRtttcticcg,  des  mez- 
%0-terminés 

un  mezzo-tinto,  ^u^ferjîtci^  in  fc^iuar^cr 
9)îantcr,  des  mezzo-tintos 

une  millefeuille,  îaufenbbïatt,  des  mille- 
feuilles 

un  millepied,3;aufcnbfuf,  des  millepieds 

un  mont-de-piété,  ^a^  ^fanbt)aiiê,  des 
mont-de-piétés  ou  monts  de.  piété ,  à 
cause  du  sens  analyticque  présentent 
ces  mots 

une  morte-paye,  ©nabenfotbncr,  des 
morte-payes 


Singulier.  Pluriel. 

morte  -  saison ,   f.    na'^rungStofe   ^ixi , 
■    morte-saisons 

mort -gage,   m.   tobteS  ^fanb ,   mort- 
gages 

mouille-houche,  f.  SSafiferfeirnc,  mouille- 
bouches 

non  -  pareille  ,  f.   (Stco^bcinbc^en  ,  non- 
pareilles 

non-sens,  m.  Unftnn,  non-sens 

nu-propriété,  f.  bto^cr  58efï^,  ic.   nu- 
propriétés 

un  oeil-de-boeuf,  sDd^fenaugc,  des  oeil- 
de-boeufs 

un  oeil-de-bouc,  2Bettergattc,  des  oeil- 
de-boucs 

un  oeil-de-chèvre,  âiegcnauge,  des  oeil- 
de-chèvres 

un  oeil-de-chat ,  .^a^cnaugc ,  des   oeil- 
de-chats 

un  oeil-de-serpent,  petite  pierre,  des 
oeil-de-serpents 

un  on-dit,  ctn  i>Cof  ce  ©crûd)t,  des  on-dits 

oreille-d'ours  ou  cortuse,  -f.  ttaljentf(ï>er 
SSdrfanifet,  oreille-d'ours 

un  ouï-dire,  m.  ein  btopcê  Oerebc,  des 
ouï-dires 

un  paille-en-cul,  S^ro^ffentc,  des  paille- 
en-culs 

un  paille-en-queue ,  fltegenber  ^^acton, 
3;roVtfentc ,  des  paille-ei>-queues 

pas-d'âne  ou  tussilage,  m.  ^uflatttd^ , 
©âtgcngcbi^  ,  pas-d'ànes 

passavant,  m.  ^a\\ivietUi ,   passavants 

passe-carreau,  m,    SSûgcïbret,    passe- 
carreaus 

passe-cheval ,   m.   spferbcfa^rc ,    passe- 
chevals 

passe-debout,  m.  SDurciigangà  «  6rfaub= 
ni^ ,  passe-debouts 

passe-droit,  m.  Ueberf|)rtngen,  passe- 
droits  C^c.) 

passe-fleur  ou  anémone,  f.  SDBinbrôêc^ctt, 
passe-fleurs 

passe-méteil,ïw.  SSJîtfc^forn,  passe-méteils 

passe-parole,   m.  .^riegêticfc^f ,  passe- 
paroles 

passe-partout,  m.  .Çiau^tfc^tûffêf,  passe- 
partouts  C^c.) 

passe-pied ,  m.  2{rt  S^anj ,  passe-pieds 

passe-pierre  ou  perce-pierre ,  f.  SJleer= 
fcn(i)c( ,  passe-pierres 

passe-poil,  m.  SSorfto^,  passe-poils  (Ac.) 

passe-port ,  m.  SRetfc^a^ ,   passe-ports 
CAc.) 

passerage,  f.   spfcffcrfraut,   passerages 

passe-rose  ou  rose-trémière ,  f.  ^erbfl= 
rofe,  passe-roses  CAcO 

passe-temp,  m.  ^ettttertretb,  passe-temps 

passe-velours  ou  amarante,  m.  2lauj"enb= 
fd^ôtt/  passe-velours 


Formation  du  pluriel.  Substantifs  composés. 


211 


MlnRiilicr.  Pluriel. 

Itassp-volaiit,  m.  b(iilbrr  iSotbat,  passfr- 

volaiits  (Ac.) 
patlp-il'oie ,    /".    t9diifffup,    patte-d'oiea 
patte-pelu  ,  patte-pfliii',  m.  cl  f.  <Béflti' 

d)er,  paltc-pelus,  patl»'-|)p|ucs 
perce-bois,  m.    jpoljtwurm ,   pereê-bois 
peree-feuille  ou  hu/tlt'vre^  f.'S>uv<btoaéfi, 

peroefeuilles 
perce-forôt,  m.  îliu^<b\i\ç[tr,  perec-forèts 
perce-iicige  ,  /•  Sdjnee^locfct^di ,  perce-. 

neiges 
perce -oreille,    m.    Cl^nwurm ,    perce- 
oreilles  (Ar.  léUiiil.) 
pèse-liqueur,m.  ^riifroai^r,  pèse-liqueurs 
pctit-til.  m.  (Suffi,  j»ctit-lils 
petite-tille,  f.  (*nffliu,  petitc-lilles 
pet-en-l'air .  m.  ^lac^tlfibc^fu ,  pet-en- 

l'airs 
un  neut-i^tre,  m.  wlr llflc^t,  des  peut-ètres 
Itied-à-tcrre,  wi.  *.?(bflfli<fquartltr,  pied- 
à-terres 
un  pied-bot,  bfr^iunimfu^,  des  pied-bots 
pied-d'alouette,  m.  âtittfrfporn,    pied- 

d'aloucttes 
pied-de-biche,  m.  .^(autn^ammer,  pied- 

de-biclics 
pied-de-chat,   m.   ÎBer^uljrfraut,  pied- 
de-chats 
pied-de-«'hèvre,  iri.   05eif fu^ ,   pied-de- 

chèvrcs 
pied-de-grilTon  ,  m.  ftinffube  9lie^>wurj, 

pied-de-jçrifTons 
picd-de-lion  o\i  alchiutiUe,m.  gôwenfu^, 

pied-de-lio»s 
picd-de-loup,  m.   SBotfSfu^  ,    pied-de- 

louits 
pied-ae-veau  ,   tm.    ^Jfalbôfup  ,    pied-<le- 

veaus 
pied-droit ,  m.  9lebciipffilf r,  pied-droits 
un   pied-plat    ou     plat-pied  ,     flfitiflnfr 

2)îenfct^,  des  pied-plats,  des  plat-pieds 
un    pied- poudroUvS  ,    JiaubflrfK^er,  des 

pied-poudreus 
une  pie-jçrièche  ou  pigrièche  (Acad.) , 

fltiuer  a^untfptt^t ,    jânfifc^ed  SEScib, 

des  pic-grièches  C^c.) 
piucemaille ,   m.   Auatifrr ,  pincemailles 
pincc-saus-rire,  m.  pince-saus-rires 
pinnc-marine,   f.    Otf rf mufc^fl ,  pinne- 

uiarincs 
pique-assiette,  tn.  ber@(^maro^fr,piquc- 

assiettes 
piquc-ni((ue,  i/i.  .^rûnild^f  n,  pique-niques 
plain-chant,   m.   Jtir(benijf)anj,   plain- 

chants 
plat-bord,  m.  (Sc^anbbtcf,  plat-bords 
plate-bande,/".  (S*malbftf,  plate-bandes 
plate-forme,   /:  Stltan,   @uIUr,    plate- 
formes 
plate-longc, /*.  Sangriemen,  plate-longes 


HliigiiliiT.  Martel. 

un  pleure-pain  ou  pleure-misère,  Oel|* 
^>ale,  picure-paius,  itleure-roisères 

plus-pétitiou  ,  f.  Ufbtrforberung ,  plus- 
pétitions 

plus-que-parfait,  m.  plusquainperfectum, 
plu.s-<|ue-parfaits 

un  pont-neuf,  ber  (Aa^tni^autt,  des  pont- 
neufs 

porc-épic,  m.  ®tatbflf<f>h)fin,  porc-èpics 

porte-aiguille,  m.   dtabf ll^altrr ,  porte- 
aiguilles 

porte-allumette,  m.  porte-allumettes 

porte- arquebuse  ,   m.   33ûd)frnft>anntr , 
porte-arquebuses 

porte-baguette,  m.  ^abtflocfrin^,  porte- 
baguettes 

porte-balle,   m.  J^auflrer,    porte-balles 
(Ac.) 

porte-bougie,   m.  S(tr\tnUitn ,    porte- 
bouffies 

portechape,   m.  ÇIjorrorftrtJgfr,  porte- 
chapes  (Ar.) 

portechou,  m.  SKarttritt)per,  portechous 

porte-clef,   m.  (Sd^lûffeltrd^fr,   porte- 
clefs  C^c.J 

portecollet,  m.  ^va^tntviqtt,  portecot-^ 
lets  Ci'') 

portecrayon,  tn.  9{fi§feber,  portecrayons 
CAc.) 

porte-crois,  m.  Sirtuitrâçitv,  porte-crois 

porte-crosse ,   m.    S>tnbtviç^tr ,    porte- 
crosses 

porte-dieu,  m.  ^brnbma^trtic^tr,  porte- 
dieus 

porte-drapeau.  »n.  Jâ^nbrîc^,  portc-dra- 
peaus  • 

porte-enseigne,    »i.    i^o^ubridj ,  porte- 
enseignes 

porte-épéc,  m.  ^tçjiC\u}ti)tnt,  porte-épéea" 

porte-étendard,  »3taubartentrdj|«r,porte-' 
étendards 

portefais  ,  wi.  Jafltrâgfr,  portefais 

portelVr  ,  m.  .'ôufoifcutrâ»^fr  ,    portefers 

portefeuille  ou  portefeuil,  m.  iBrifftafc^f, 
portefeuilles 

porte-hache,  »i.  îtrttrti^er,  porte-haches 

portemalhcur,  m.  ilnç^lwâSitiâftn,  porte- 
malheurs 

porte-manteau,  m.  9Rantt(tr4ger,  porte- 
nianteaus  (x  Ac.) 

portemontre ,  m.    U^rrutri^er,    porte- 
montres 

portemors  ,    m.   ffitbifiUttr  ,  portemors 

portemouchettes  ,    m.    ^i*t)?u^fnttUfr  , 
portemouehettes 

porte-mousqueton  ,  m.  Jtarabintriyartn  , 
porte-mousquetons 

portepage.  m.  llntfrfagt ,  portepages 

portepierre.  m.  .^ôUcnfttinrô^rc^cn,  por- 
te-pierres 

14  • 


212 


La  grammaire  française. 


singulier.  Pluriel. 

porterespect ,  m.  SDro^lwaffc,  porte-re- 
spects 

portetrait,  m.  ©trangtcber,  portetraits 

portèrent,   m.   SBinbrô^rc,    portevents 

porteverge,  m.  «Stabtrager,  porteverges 

portevis  ou  contreplatine ,  m.  ®ci^rau= 
hixibUé^ ,  portevis 

portevoye  (  autref.  portevoixj ,  m. 
@:|)ra<^roî)r ,  portevoyes 

post-scriptum ,  m.  9la(^fd^rtft ,  post- 
scriptums 

pot-au-feu ,  m.  ^(etfc^to)3f,  pot-au-feus 

pot-de-vin,  m.  Set^fauf,  pot-de-vins 

pourboire,  m.  ïvtnfgctb,  pourboires(01c.J 

pourparler,  m.  58cf))recï)ung,  pourparlers 
(AcO 

pourpoint,  m.  9Bammê,  pourpoints 

pousse-eul,»i.  (3cï)cr9e,pousse-culsC.4c.J) 

pousse-pied  ,  m.  ©tttcnmufc^ct,  pousse- 
pieds 

pou-de-soie,  m.  2trt  fïarfer  ©eibenjetig, 
pou-de-soies 

prete-nom,  7rt.  9iamenlctf)cr,  prête-noms 
CAcO 

prie-dieu,  m.  Set^utt,  prie-dieus 

quartier -maître,  m.  Cluortîermeijîer, 
quartier-maîtres 

quasi -délit,  m.  ^atbuergeî^en ,  quasi- 
délits 

queue-de-coehon,  f.  (Soufd^Ujan^,  queue- 
de-cochons 

queue-de-lion  ou  léonurus ,  f.  Sowcn' 
f^twanj ,  queue-de-lions 

queue-de-pourceau,  f.  Sîo^fendfjcï^queue- 
de-pourceaus 

queue-de-rat,  f.  runbe  <? ette,  queue-de- 
rats 

queue-de-renard, /".  ^u^êfd^Jwanj/queue- 
de-renards 

queue-de-souri ,  f.  9)ld«fegra§,  queue- 
de-souris 

un  quinze-vingt,  m.  eincr  ber  brci^unbcrt 
SSttnben  in  ^ariê ,  les  quinze-vingts 

rabat-joie,  m.  ^rcubenftônuig ,  rabat- 
joies 

rail-way,  m.  rail-ways 

reine -Claude,  5lrt  guter,  ^e^r  faftiger 
spfïaumen,  reine-elaudes 

remue-ménage,  m.  5luêjug,  SîerttJtrrung, 
remue-ménages 

réveillematin ,  m.  SOScrfu^r,  réveille- 
matins 

revenant-bon,  m.  9let»cnnu^cn,  revenant- 
bons 

rez-de-chaussée,  m.  ©rbgef^o^,  rez-de- 
chaussées 

rognepied,  m.  SCBtvfmcffei',  rogne-pieds 

rond-point ,  m.  Sîimb^unft,  rond-points 

ronde-major,  f.  Sîunbe  beê  SOîaiorê; 
ronde-majors 


singulier.  Pluriel, 

rouge-bord,  m.  verre  plein,  rouge-bords 
rougegorge,   m.    Sfîotî^fc^fc^cn ,   rouge- 
gorges 
rougequeue ,   m.    9îotf)fci^t»attj ,    rouge- 
queues 
sang-de-dragon,  m.  Sî)rarf)cn6tut,  sang- 
de-dragons 
sang-sue,  f.  berSSrutcgcI,  sang-suesC^c.J) 
sainte-barbe,  m.  sputsjerfammer,  sainte- 
barbes 
saint-germain ,  f.  3ïrt  SBtrne,  saint-ger- 
mains 
saint-simonien  ,  m.  saint-simoniens 
sans-culotte ,  nu  Un6ef)ofeter,  sans-cu- 
lottes 
sans-dent ,  f.  alte  ja'^nlofe  tJrau ,  sans- 
dents 
sans-peau,   f.  2lrt  SSirnc ,    sans-peaus 
sauf-conduit,    m.    ©ctcitë&rtef ,    sauf- 
conduits  O^cO 
sénatus-consulte,    m.    ®enat86efc!^(u^ , 

sénatus-consultes 
serre-file,/w.J^tntcrmann,serre-files(ylc.^ 
serrepapier,fft.  SSrteffjatter,  serrepapiers 
sot-l'y-laisse,     m.     «Pfaffcnfd^nitt^en , 

sot-l'y-laisses 
souffre-douleur ,  m.  SWarter^oIj ,  ®tt(j^« 

hiaii ,  souffre-douleurs 
sous-bail,  m.  Untcr:|)ad^t,  sous-bails  ou 

sous-baus  Çx  Ac.^ 
sous-barbe ,  f.  Untcrftnn ,   sous-barbes 
sous-faîte ,  m.  ©teberf^te^  ,  sous-faîtes 
sous-garde,  f.  .Çsanbbiigef ,  sous-gardes 
sous-gorge,  f.  .ft^et)lrtcmcn,  sous-gorges 
sous-location,  f.  5lfterbermtet^ung,  sous- 
locations 
sous-normale,  f.  ®ubnormantmc,  sous- 
normales 
sous-pied,  m.  SSûgef,  sous-pieds 
sous-sel ,  m.  Untcrfaf j ,  sous-sels 
sous-tangente,  f.   (Su&tangente ,  sous- 

tangeates 
sous-tendante ,  f.  ®ubtenbontc ,  sous- 

tendantes 
sous-ventrière,  f.  23auci^gurt,  sous-ven- 
trières 
une  taille-douce ,  ^u^jferfîtd^,  des  taille- 
douces 
taille-doucier ,  m.  taille-douciers 
taillemer,  m.  S3ruftf)o{j,  taillemers 
tapecul,  m,  9ttj):>)cnfloper ,  tapeculs 
tàtevin ,  m.  Sffieinfofîer  ,  tàtevins 
un  te-deum ,  m.  des  te-deums 
terre-plein,   m.  SCSattgang,    :c.   terre- 
pleins 
tête-à-tête ,  m.  ©cfprac^  untcr  toier  5(m« 

gcn ,  tête-à-têtes 
tire-balle,  //L^ugcf^angc,  tire-balles(04c.J) 
tire-bol  te  CAc.^,  m.  ©ttefetjteîjcr,  tire- 
bottes  C-^c.J 


Formation  du  pluriel.  Substantif»  composés. 


Mingnlier.  Pinrial. 

tire-bouchon  ,  m.  Xcvtiitiftt ,  tire-bou- 
chons 
tire-bourre,  wi.  itrd^tr,  tire-bourrca 
tire-bouton,  m.  ^tuo^jf^iffjer ,  tire-bou- 
tons 
tire-d'aile ,    mi,    WdKjelfdtioung ,     tlr*- 

d'niles 
tii-efond  ,  »».    *^uflbol)rer ,    S^obenjan^e, 

tirefonds 
tire-li(fno,    m.  iiinieuiir^fr,  tire-iijçnes 
tire-moelle,//».  SDîarf^ieljfr,  tire-moellea 
lirepied  ,  wi.  .<^nifrifntfn  ,  lirepieds 
torehecul,  m.  *Jlr)"d}i»ifd; ,  torchccul 
torche-nez  ou  serre-nez,  m.  23rf  mff,  tor- 
che-nez 
tourncbride,  m.  ^bftfigequartiec,  tour- 

nebridcs  (Ac.) 
tournobroohe,  wi.  liBrûtfntwenbfr ,  tour- 

nebroches  (Ac.) 
tournevis,»!.  ^Srfjraubfn^if^fr,  tournevis 
tniiichelife,  m.  0>-apità(d)en,  trancheliles 
tranchelard ,  m.   Sjjecfmtffer,    tranche- 
lards  (Ac.) 
tranche-niontajçne,  m.  ©iftnfrtffer,  tran- 
che-montagnes 
trique-madame,/",  ber  2)lauer))fefffr,  tri- 

que-madames 
trompe-l'oeil,  01.  ©emalbe,  ic,  trompe- 

l'oeils 
trouble-fête,  m.  Çreubenflôrtr,  trouble- 

fètes 
trou-madame,   m.   iTammccfpief,   trou- 

madames 
trousse-galant  ou  choléra -morbus,  m. 
©attenfuc^t,  trousse-gaJants 


ainKoUer.  Plariffl. 

trouHse-pète,  f.  9XaStrot\î,  trousse-pétes 
trousse  -  queue ,    m.     ®(^toan;)rttnun, 

truusHC-queues 
tue-chien  ou  colchic,  m.   bte   3(<t(of(, 

tue-chiens 
vade-meciim  ou  veni-mecum,  m.  Zâf(^i|i« 

burf; ,  vade-mecum.s 
nu  vanupied ,  t'wx  lBarfiifer>  des  rana- 

pieds 
un   vat-ct-vient ,   (Sattrt,   des  vat-etf 

vients 
vessc-de-loup  ou  vesse-loup,  m.  ftn^tU 

fc^ivamm  ,  vesae-loups 
vis-à-vis,  wi.  3(rt  93trltnt,  vis-à-vis 
vicc-miral,in.  iBiceabmicaf,  vice-aroirau» 
vicc-nniirauté,m.  93tcrabmira(êamt/  vic^- 

amirauté 
vice-baillif,  m  SStcf  amtmann.vice-baillirs 
vice-chancelier,   m.   Qîicffanjler ,  vice- 
chanceliers 
vice-consul,  m.  Sicffonfuf,  vice-consuls 
vice-U'gat,  m.  9Jtcf(ïgat,  vice-légats 
vice-légation  ,  /".  %mt  tiwti  ÎBtcflegaten, 

vice-légations 
vice-présidence,  f,    9îice))r4nbentf<^aft , 

vice-présidences 
vice-président,  wi.  5Bic<prâfibtnt,  vice- 
présidents 
vice-reine  ,  /;   ajicefônijtn ,   vice-reines 
vice-roi ,  m.  Jlîtccfôniij ,  vice-rois 
vicomte,  wi.  îUtct^raf,  vicomtes 
vidcbouteille ,    m.   Sujt^uëc^en,    vide- 
bouteilles 
vol-au-vent,m.  5Irt  SBarfnjerf  mit  JVtfifc^, 
ic. ,  vol-au-vents. 


Exemples  et  remarques. 

On  nomme  appiù-mains  de  petites  baguettes  dont  se  servent  les  peintres 
pour  soutenir  leur  main  dans  le  travail. 

577.  Rtinnrque.  Sans  doute  il  n'y  a  qu'une  oiain  qui  H'appuie  wur  la  bagnette.  Mais 
Il  «'Mgit  bien  de  considérer  le  mot  dans  av»  élôiueiits  ,  dans  »en  racines,  dans  «tes  partiels  ! 
C'est  dans  son  ensemble  que  l'esprit  le  voit.  I/esprit  ne  procède  point  à  l'égard  des  Mots 
par  analyse,  mais  par  synthèse.  Il  ne  sépare  pas  plus  ici  l'idée  d'aftpui  de  l'idée  d«  main, 
pour  les  considérer  chacune  à  part,  qu'il  ne  sépare  les  mots  pan  (tout)  et  agiiriê  (aKsemhlcvJ 
dans  panégyrique.  Il  n'apperçoit  sous  ce  mot  qu'une  idée  unique  ,  une  idée  de  baguette. 
Sans  cela  ,  Je  le  répète ,  comment  l'esprit  admettrait-il  le  pluriel  de  pourparUr» .  de  po^r^ 
boires,  do  sangsues  ,  de  parapluies ,  de  contrecenU  ,  i'auvenls  ,  de  patsarants,  de  |NWse 
partouts^  Av:  pissenlits,  etc.,  etc.  F  —  Cette  observation  s'applique  à  tous  les  noms  composai. 

Il  a  une  basse-court  bien  fournie  de  bestiaus,  de  voUille.  Des  baxse-coMrt*. 

578.  Hemarque.  Dès  que  l'on  considère  un  mot  dans  ses  éléments,  dans  chacun  de 
ses  radicaus,  —  naturellement,  il  y  a  scission  des  parties.  Dans  l'exemple  suivant,  anti- 
thèse forcée,  espèce  de  calembour  fondé  sur  une  simple  similitude  de  sons,  battt'CPUrt, 
évidemment,  n'est  plus  un  nom  composé:  Les  hautt*  courts  sont  maint  utile»  et  à  coup 
tûr  moins  innocentes  que  les  basses  courts. 

Le  hecfigue  qui ,  comme  l'ortolan  fait  les  délices  de  nos  tables ,  n'est  pas 
aussi  beau  qu'il  est  bon.  (Buff.y 

579.  Remarque.  Comment  y  a-t-U  des  grammairiens  qai   «sent  «crire  :   Vm   bec- 


214  La  grammaire  française. 

figues ,  sous  prétexte  que  ce  nom  est  celui  d'un  oiseau  dont  le  bec  pique  les  figues  ?  Peut- 
on  pousser  plus  loin  la  naïveté  de  l'analyse? 

Les  bonnevofflies  s'appelaient  autrement  mariniers  de  rame.  C^c.) 

580.  Remarque.  L'Académie  écrit  bonnes-voglies ,  sans  songer  que  bonne  voglie 
signifie  bonne  volonté  (homtnes  de  bonne  volonté)  et  qu'ainsi  la  marque  du  pluriel ,  dans 
ce  mot,  ne  peut  être  justifiée  que  par  la  syllepse ,  amie  de  la  synthèse.  Faisons  aussi 
observer  en  passant  que  l'Académie  écrit  à  tort  mariniers  de  rames.  Rame,  dans  cette 
expression ,  n'emporte  aucune  idée  de  pluralité  ;  car  des  mariniers  de  rame  ne  sont  auire 
chose  que  des  hommes  qui  manient  la  rame.  Dirait-on  des  gents  d' épèes ,  Aes  gents  de 
robes ,  des  gents  de  plumes?  Evidemment  non. 

Avignon  entretenait,  pour  la  garde  du   viceconsul  et  de  la  ville  cinquante 
chevaulégers  vêtus  de  rouge  et  cent  hommes  d'infanterie  vêtus  de  bleu. 

581.  Remarque.  Grand  tumulte,  on  le  sait,  parmi  les  grammairiens,  au  sujet  de 
ce  mot.  M.  Napoléon  Landais  vous  crie  k'tue-téte  que  chevau  sans  x  n'est  pas  tolérable. 
Plus  calme ,  M.  Boniface  se  borne  à  vous  dire  qu'on  écrit  chevau  sans  x  par  ce  qne  l'usage 
le  vent  ainsi.  Ce  mode  d'explication  est  celui  de  beaucoup  de  maîtres  de  langue.  À  toutes 
les  questions  que  vous  leur  faites,  c'est,  l'usage,  répondent-ils.  Cependant  il  n'y  a  pas 
d'usage  qui  n'ait  sa  raison  d'être.  On  écrit  chevau-lègers  sans  x ,  par  ce  qu'il  ne  s'agit  pas 
de  chevaux  légers  ,  mais  A' hommes  à  cheval  légers ,  c'est  à  dire ,  légèrement  armés  ;  que 
au,  selon  le  génie  de  notre  langue,  est  la  contraction  naturelle  de  al,  et  qu'ainsi  l'on 
écrit  par  contraction  chevau-légers ,  pour  à  cheval  légers,  comme  on  écrit  avau-l'eau  pour 
aval-l'eau.  Towt  ce  qu'il  y  a  à  reprendre  dans  l'orthographe  de  ce  mot,  c'est  le  trait  d'union. 
La  loi  de  contraction  vent  qne  vous  écriviez:  un  chevauléger ,  des  chevaulégers.  Comme 
on  peut  le  voir ,  un  cheval-léger  eût  fait  équivoque. 

Que  s'il  en  est  qui  se  révoltent  contre  cette  décision  ,  je  leur  pardonne  volontiers  ; 
mais  la  raison  leur  perdonnera-t-elle ?  Hélas  !  ô  grammairiens,  la  raison  a  déjà  tant  souf- 
fert de  vos  luttes ,  qu'il  serait  vraiment  beau  à  vous  de  lui  laisser  un  peu  de  répit. 
Sous  les  berceaus  de  chèvrefeuilles , 
Le  vent  soupira  dans  les  feuilles: 
—  Je  te  salue ,  ô  toi ,  dont  l'amour  ceint  le  front 
De  ses  splendeurs  indéfinies; 
C'est  pour  toi  qu'aujourd'hui  seront 
Mes  plus  suaves  harmonies.  (Le  Livre,  t.  III.) 
Les  étrangers  ont  appris  ans  Russes  à  cultiver  les  chotifletirs,  les  carottes,  les  pa- 
nais, les  betteraves,  le  céleri,  et  diverses  sortes  de  salades  qui  leur  étaient  inconnues. 

582.  Remarque.  En  quoi  le  pluriel  chou/leurs,  chouraves,  serait-il  plus  étrange 
que  le  pluriel  betteraves?  Est-ce  que  la  betterave  n'est  pas  une  espèce  de  bette;  comme 
le  chou/leur,  le  chourave ,  le  chounavet ,  sont  des  espèces  de  chous?  Cependant  on  n'écrit 
pas  au  pluriel  bettes-raves  ;  on  écrit  simplement  betteraves.  On  n'écrit  pas  non  plus  saufs- 
conduits ,  sauves-gardes ,  vins-aigres,  bons-bons,  justes-au-corps ,  mais  seulement  sauf- 
conduits,  sauvegardes,  vinaigres,  bonbons ,  Justaucorps.  Il  faut  donc  suivre  l'analogie. 

La  loi  oblige ,  dans  certains  cas ,  à  contremtirer  les  lieus  d'aisance ,  les  con- 
tre-coeurs de  cheminées.  C^cad.) 

583.  Remarque.  Contrecoeur  fait  d'autant  mieus,  ainsi  .simplifié,  qu'il  ne  doit 
nullement  réveiller  l'idée  de  coeur.  Soit  dit  en  passant,  l'Académie  qui  écrit  rames 
avec  la  marque  du  pluriel ,  dans  mariniers  de  rames ,  écrit  cheminée  sans  cette  mar- 
que, dans  contrecoeurs  de  cheminées,  comme  s'il  pouvait  n'être  question  ici  que  d'uMC 
cheminée  !  Parlez-moi  encore  de  l'autorité  de  l'Académie  en  matière  grammaticale  ! 

Il  y  a  des  gents  qui  ne  louent  ou  qui  ne  blâment  que  par  des  contrevérite's.  CAc.} 
Ce  que  j'ai  toujours  plus  détesté  que  les  oisons  bridés  du  bon  ton  ,  que  les 

bruyants  cassecous  de  la  gaieté,  ce  sont  les  donneurs  de  leçons.  C/^'.  Soulié.) 
Un  gardefou  est  une  balustrade,  un  parapet,  ou  une  barrière  que  l'on  met  au 

bord  des  ponts,  des  quais,  des  terrasses,  pour  empêcher  de  tomber  en  bas  *).  C^cJ 


*)  Je  suis  sûr  qu'il  y  aura  des  niais  qui  se  récrieront  contre  cette  expression  et  vous 
demanileront  d'un  air  malin:  est-ce  qu'on  peut  tomber  en  haut?  Ils  ne  songeront 
pas  que  l'on  peut  tomber  sans  tomber  en  bas. 


Formation  du  pluriel.  Substantifs  composés.  flft 

Faites-donc  mettre  au  moins  des  gardfftnu  là-haut  (Rac.j 
584.     Remaniiie.    MM.   H«'m;herfl|«  «•crivent    ijarde-fini* ,    ra»*e-cou ,   aa    «ingiiller 
comme  «n  plorlel,  H  il.H  Nont  en  rcla  imitëa  pur  I»  plupart  di-ft  grammalii^na ,  qui  m>  mo* 
quent  k  qui  niieuH  mIeuH  de  l'autorité  de  l'Aradémle.  PIUMieurs  écrivent  dea  contre -eiriti. 

Les  supéricur.s  des  communautés  avaient  des  patsepartout»  puur  ouvrir  tou« 
tes  les  portes.  iÀvad.) 

Les  passepoils  servent  à  distinguer  les  diiï«''r»'ni<i  <•.!«•!>•;  'I'»  troupes.  (Id.)  — 
Il  a  essuyé,  éprouvé  bien  des  passe-ttroits.  (id.) 

58d.  Remarque.  L'Académie  écrit  aliiMi  ;  niaix  li  vn  ^.iii'<  uiif  que  la  plupart  dri 
grammairiniiii,  it  l'exi-niple  de  MM.  Heitcliirelle ,  écrivi-nt ,  MaiiH  la  marque  du  pluriel,  4M 
pa»*e-parlout ,  dt-n  pimte-poil ,  de.s  pantr-ilioil ,  et  qu'en  cela  iU  se  piqu«*nt  d'habileté. 

Je  mets  cet  habit,  quand  il  fait  beau;  c'est  le  timlf^re-âouteur.  (Acad.J 

586.  Hemarque.  Les  grammairiens  écrivent  un  »ouff'rt-Aouteurt,  comme ,  un  pèie- 
liqurur»  ,  un  perce-nreillra .  rU\  ,  tant  au  slnfEuiier  qu'au  pluriel.  Tel  eut  leur  respect 
pour  l'autorité  de  l'Acadénii' 

Les  caleçons,  les  gilets,  les  serre-têtes,  et  les  bas  de  laine,  doivent  être 
réserves  uour  un  iige  plus  avancé,  et  pour  des  cas  particuliers;  il  ne  faut  pas 
habituer  les  enfants  à  en  faire  usage.  (V.  J.  Houssenu.J 

587.  Remarque.  Oui,  Ae»  serretète» ,  avec  la  marque  du  pluriel,  parce  ^ue  X'idie 
ne  porte  ni  sur  terre  ni  sur  tête ,  mais  sur  plosienre  cotffet  ainsi  nommées. 

Un  auti-e  racontait  toutes  les  petites  ruses  qu'il  mettait  en  usage  pour  mul- 
tiplier ses  courses  et  pour  augmenter  ses  pourboires.  C^e  Joui/.) 

Oh!  oh!  mon  petit  Gusman,  méditez-vous  par  hasard  quelqu'un  de  œs 
tours  de  passe-passe  que  vous  savez  si  bien  faire  ?  (Le  Sage.) 

588.  Remarque.  On  lit  dnns  la  Grammaire  Nationale ,  h  la  quelle  sont  emprun- 
tés ce.s  deus  derniers  exemples,  que  pour-boire,  passe-pas»e ,  etc.,  „»e  rmniitnt  de  tout 
mots  invariables,  ne  sont  pas  susceptible»  de  se  plurall.ser.**  Pourboire  prend  pourtant 
nue  \  un  pluriel,  de  l'aveu  même  de  l'Aradémie.  Quant  h  passe-passe ,  tant  qu'on  n'ad- 
mettra que  la  locution  tour  de  passe-passe ,  naturellement  il  ne  saurait  être  piuralisé. 
A  la  bonne  beare,  si  l'on  disait  clliptiquemenl  des  passe-passes  pour  des  tours  de  passe- 
passe.  Alors,  sûrement,  il  serait  susceptible  de  se  pluraliser. 

La  quintefeuille  est  une  plante  rosacée,  ainsi  nommée  parce  qu'elle  a  cinq 
feuilles  sur  un  même  pétiole ,  rangées  en  forme  de  main  ouverte.  On  l'appelé 
autrement  potentille.  —  Des  quintefeuilles. 

589.  Remarque.  Il  e.<tt  aussi  ridicul  d'étrire  avec  le  trait  d'union  quinte-feuille, 
mille-feuille ,  qu'il  le  serait  d'éccire  quin-dèca-gone ,  quin-dèvem-rir ,  quinque-noce , 
quinque-rème.  C'est  pourtant  ainsi  que  l'écrivent  la  plupart  des  grammairiens  et  des 
lexicognraphs.  M.  Napoléon  Landais  veut  mAmo  qu'on  écrive  au  singulier,  la  mille-feuilles, 
parce  qu'on  écrit  mille-fleurs.  Cela  est  absurde,  cela  est  ridicul  de  la  part  d'un  homme 
qui,  se  posant  comme  le  premier  des  grammairiens  et  des  lexicographs ,  donne  à  ses 
oeuvres  des  titres  tels  que  ceux-ci:  Grammaire  générale  des  Grammaires ,  Dictionnaire 
des  Dictionnaires.  Cela  suppose  plus  que  de  l'ignorance. 

£t  d'abord  il  n'y  a  point  d'analogie  entre  ces  deux  mots,  car  on  ne  dit  pas  la  mille- 
fleurs,  comme  on  dit  la  mille-feuille.  Mille-fleurs  est  un  mot  qui  ne  s'emploie  qoe  dans 
ces  locutions  :  Rosolis  de  mille- fleurs,  eau  de  mille-fleurs.  De  cette  manière  il  présente 
lotUours  une  idée  de  pluralité,  et  il  ne  serait  pas  moins  déraisonnable  d'écrire,  sans  U 
marque  du  pluriel,  eau  de  mille-fleur  que  flotte  de  mille  roile.  11  n'en  est  pas  de  mime 
du  substantif  m<f/e-/>Mi{/e  ,  qai  deiive  immédiatement  du  latin  miltefoUum ,  comme  cké- 
rrefeuille  de  caprifulium ,  quintefeuille ,  de  quinquefolium.  Ainsi,  même  en  latin,  on 
n'écrivKit  pas  mille folia,  quinquefnlia.  Ce  qui  prouve  qu'il  est  quelquefois  bon  de  savoir 
le  latin.  Si  les  grammairiens  avaient  su  le  latin  ,  la  grammaire  ne  serait  pas  devenue 
nue  établi'  d'Augias ,  et  n'aurait  pas  attendu  deus  cents  ans  le  nouvel  Hercule  qui  devait 
la  purifier.  S'il  faut  écrire  la  mille-feuilles ,  alors  pourquoi  pas  le  décem-rirs  ,  le  quin- 
itécem'Oirs  f 


216  La  grammaire  française. 

Toutes  les  observations  critiqnes  de  M,  Napoléon  Landais  sur  le  dictionnair  de 
l'Académie  sont  absolument  de  la  même  force. 

Ah  !  Monsieur  Landais  ,  soyez  persuadé  qu'à  elle  seule  l'Académie  a  pour  le  moins 
autant  d'esprit  que  quatre  comme  vous. 

Pourquoi  M.  Napoléon  Landais  n'écrit-il  pas  de  même  la  quinte- feuilles  comme  la 
mille-feuilles  ?  Sûrement  le  pluriel  existe  tout  aussi  bien  pour  cinq  que  pour  mille. 

Mais  cette  fois  M.  Landais  va  plus  loin ,  il  écrit  au  pluriel  des  quintes-feuilles. 

En  vérité,  il  n'est  pas  permis  d'abuser  à  ce  point  de  la  liberté  de  la  presse  et  de 
la  simplicité  des  maîtres  de  langue,  les  quels  ne  jurent  plus  que  par  Napoléon  Landais, 
tandis  qu'ils  professent  le  plus  grand  mépris  pour  l'Académie,  depuis  qu'ils  ont  vu  le 
libraire  Didier  s'intituler  fièrement  :  Éditeur  des  oeuvres  de  Thiers ,  de  Guizot ,  et  de  — 
Napoléon  Landais. 

Les  marchands  ont  des  abat-jours  (ou  abajoursj  dans  leurs  magasins  pour 
faire  paraître  leurs  marchandises.  C-^cad.')  —  Les  persiennes  sont  des  espèces 
à'abat-venfs. 

590.  Remarque.  Ni  abat-Jour  ni  abat-vent  ne  prennent  s  au  pluriel,  dit  l'Acadé- 
mie. Mais  pourquoi?  Pourquoi  \'s,  si  libéralement  accordée  à  contre-vents,  au -vents, 
est-elle  si  brutalement  refusée  à  abat-jour ,  à  abat-vent  ?  pourquoi  ces  préférences ,  ces 
injustices,  ces  actes  criants  de  partialité?  La  synthèse!  la  synthèse!  Rappelez-vous  la 
synthèse  et  la  syUepse  ! 

Pour  les  après-dînées ,  je  les  livrais  totalement  à  mon  humeur  oiseuse  et 
nonchalante.  (J.  J.  Rousseau.) 

591.  Remarque.  II  faut  convenir  que  les  grammairiens  sont  de  drôles  de  corps.  Ils 
écrivent  tous  au  pluriel  des  après-dînées,  des  aprés-soupées ,  etc.,  et  ils  n'osent  écrire 
Aes  abat-jours ,  des  abat-vents,  des  appui-mains,  des  cassecous,  des  gratteculs ,  etc. 
Cependant  il  ne  s'agit  pas  plus  ici  de  plusieurs  dîners,  de  plusieurs  soupers,  qu'il  ne 
s'agissait  tout  à  l'heure  de  plusieurs  jours,  de  plusieurs  vents.  Après-dînée,  après-soupée, 
signifient  l'espace  de  temps  qui  s'écoule  depuis  le  dîner  jusqu'au  soir,  depuis  le  souper 
jusqu'au  coucher.  Il  passe  toutes  les  après-dînées  en  famille,  cela  veut  dire  qu'il  passe, 
tous  les  jours,  en  famille,  le  temps  qui  s'écoule  depuis  le  diner  jusqu'au  soir.  Par  con- 
séquent syllepse ,  accord  sylleptiqne ,  comme  nous  l'avons  déjà  démontré  tant  de  fois. 

Et  voilà  les  hommes  qui  osent  faire  nargue  aus  poètes  !  Les  insensés  !  ils  ne  savent 
pas  qu'un  poète  est  autant  au  dessus  d'eus  tous  que  l'étoile  est  au  dessus  de  la  terre  ! 

L'Académie  l'a  bien  prouvé  le  jour  où  elle  a  admis  dans  son  sein  l'écrivain  célèbre 
dont  les  oeuvres  complètes  se  réduisent  à  ce  quatrain  assez  cynic  : 
„La  divinité  qui  s'amuse 
  me  demander  mon  secret, 
Si  j'étais  Apollon,  ne  serait  pas  ma  muse: 
Elle  serait  Thétis  ,  et  le  jour  finirait." 

On  appelé  hattant-Voeil ,  un  bonnet  de  femme,  une  coifTure  négligée,  dont 
la  garniture  retombe  en  partie  sur  les  yeus.  —  Des  battant-Voeils, 

592.  Remarque.  Des  battant-Voeils  !  quel  scandale  !  vont  s'écrier  tous  nos  pédants. 
Oui,  des  battant-Voeils  et  même  des  coq-à-Vânes ,  malgré  l'article  singulier  qui  accom- 
pagne ces  mots  ;  parce  qu'il  y  a  syllepse  ;  parce  que  battant-Voeil ,  coq-à-Vâne ,  ne  pré- 
sentent à  mon  esprit  chacun  qu'une  seule  idée. 

Je  sais  bien  qu'au  premier  abord  il  doit  paraître  choquant  de  voir  la  marque  du 
pluriel  à  la  fin  d'un  mot  précédé  de  l'article  singulier;  mais  faut-il,  ô  analyseurs  damnés, 
faut-il  vous  le  répéter  mille  fois ,  que  dans  un  nom  composé  de  plusieurs  mot»  il  n'y  a 
pourtant  qu'un  seul  nom ,  comme  dans  les  trois  personnes  divines  il  n'y  a  qu'un  seul 
Dieu ,  comme  dans  une  âme  et  un  corp  il  n'y  a  qu'un  seul  homme?  Faut-il  vous  corner 
ans  oreilles  (style  académie)  qu'un  mot  composé  n'est  pas  un  mot  divisé,  que  le  sens 
composé  est  l'opposé  de  sens  divisé ,  que  ce  qui  est  vrai  dans  le  sens  divisé  est  faus  dans 
Je  sens  composé  et  vice-versa? 

S'il  est  incorrect  de  mettre  l'a  à  la  fin  de  coq-à-Vâne  ,  de  battant-Voeil ,  est-il  plus 
correct ,  dites,  de  mettre  cette  s  à  la  fin  de  la  troisième  personne  du  verbe  suer  dans  sang- 


Formation  du  pluriel.  Sabstantifs  composés.  fl7 

iUêit  Pour  U  Mntiime  foU,  l'citprll  ne  ■'•lUcbe  pa»  »■«  «en*  partiels  A'u»  h«|,  dana 
une  plirane  écrite  ou  pHrlë«,  malit  an  Mcnn  loUl.  C'eat  pourquoi  le  Hutmtanlir  alentour, 
rormû  d«  la  loculiot'i  prc|iu»i(ive  <i  ienlour  ,  ne  laliuie  pa*  de  prendre  la  marque  dn  pln> 
riel, en  (It'pit  derarlicle  niiiKulier.  De  bt-auM  alenlinin.  Auvent  afit  de  même:  dea  auvents. 
£t  tenez,  vaiii  ileux  vera  de  HeKn.nrd  qui  doivent  li*ver  Iou.h  vo<«  ncrupulea: 

Pour  être  un  bel  esprit  , 

il  faut  avec  dédain  écouter  ce  qu'on  dit  ; 

Hèver  dana  un  fauteuil ,  répondre  en  roq-ù-l'àne»  , 

Kt  voir  tona  lea  mortela  alnal  que  dea  profane». 

(Le  Utitratl ,  act.  IV  i 

Quoi  de  plna  choquant  que  d'enlendri-  an  ain^nlier  coq-à-l'àne  ,  et  .iu  pin-iel  eo^*- 
à-t'âne  ;  car  il  y  a  dea  grammairien!)  qui  é<  rivent  roqi^it-l'iine  !  Ne  dirait-on  paa  qoa 
c'est  nn  antre  mot?  I.a  niAme  (ll.oparate  avait  existé  Jnaqn'a  pré?«rnt  dana  le  mot  croc-«ii- 
Jambt ,  arc-en-ciel,  purc-êpic  ,  oranij-oiitang,  etc.,  qu'on  changeait  au  pluriel  ea  crocs- 
tn-jawibti,  arcê-en-clel ,  porca-èpic»,  orangi-oulangt.  N'ét«il-ce  pni«  admirable  < 

Allez  dan»  h  prairie,  et  vous  pourrez  admirer  >  l»  foi-;  mille  mr-t-n-riri-i 
peints  sur  chaque  goutte  de  rosée.  {Aimé  Martin.) 

593.  H»nmrifur.  Certe»  ,  Il  ne  a'aglt  pas  ici  de  plnsinut  i/n»  linn^  .r  .  .r.  .  luxi^ 
de  mille  rcfletj»  hrillnntx  comme  r<r/«  anr  chaqne  gontte  de  rosée.  Pour  ma  part,  Je  ne 
comprend»  pa.*»  comment  on  a  pu  tolérer  Jusqu'Ici  ara-en-clel. 

Je  voudr.iis  avoir  autant  do  pied-ù-lerres  qu'il  y  a  de  saisons. 

594.  Htmaniiie.  Autant  de  pieds-à-terre  aérait  plaisant,  à  moins  qn'U  ne  a'aflsse 
d'un  vrai  quadrupède  on  animal  k  quatre  pied». 

Dans  les  tite-à-tétej:  les  plus  secrets,  Êmil  n'oserait  solliciter  la  moindre 
faveur,  pas  mémo  y  paraître  aspirer.  (J.  J.  Rousseau.) 

595.  Remarque.  Marmontel  a  bien  écrit  des  tétes-à-léten,  ce  qal  est  bien  plus  fort. 
On  n'en  mettra  pas  plus  grand  pot  au  feu ,  c'est  à  dire ,  on  n'en  fera  pas 

plus  de  cérémonie,  ou  ne  s'en  mettra  pas  plus  en  peine.  (Acad.) 

596.  Remarque.  Dans  cette  phrase,  pot  au  feu  n'est  pas  un  nom  composé.  C'est 
a  U  fols  le  régime  direct  et  le  régime  indirect  du  verbe  mettre.  Mais,  dans  l'exemple  sol- 
vant, cette  expres.sion  présente  nu  neiiM  détourné: 

Une  dame  du  hou  ton  ,  entrant  aus  Tuileries  à  l'heure  où  les  bourgeois  eu 
sortaient  pctur  aller  dîner  .  dit  assez  haut  pour  être  entendue  :  «Voilà  les  pot-au- 
feus  qui  s'en  vont.  —  Oui.  Madame;  lui  répliqua  une  bourgeoise,  c'est  pour  faite 
place  au  gibier." 

597.  Remarque.  Giranlt-Duvivicr  rapporta  que  J.  J.  Rons.Hean  écrit  lui-même  an 
pluriel,  dans  ce  sens,  des  pot-au-feux.  Voilà,  Je  l'espère  une  autorité  qui  nons  lave 
d'avance  du  ridicul  que  quelques  pédants  seraient  bien  aises  de  ponvoir  déverser  sur  le 
système  exposé  ici.  N'a-t-on  pas  écrit  quelquefois  des  volauvents ,  mot  tout  k  fait  analng? 

Les  oeit-de-boeufs  de  la  cour  du  lx)uvre  sont  ornés  de  sculptures.  (Ac.) 

598.  Remarque.  Il  va  «ans  dire  que  boeuf,  dans  ce  mot,  se  prononce  au  pluriel 
comme  au  singulier.  L'Académie ,  qui  écrit  tantùt  des  oeil*-de-boenf,  tantAt  des  oetl$-<le- 
boeufi .  devrait  avoir  fait  cette  remarque  avant  mol.  —  Le  Journal  des  Débats,  si  pro- 
digue du  trait  d'union,  le  supprime  totalement  dans  oeil  de  boeuf. 

Le»  chtf-d'oeurrei  humains  sont  la  cendre  des  vents.  (Lamartine.) 

599.  Remarque.  Quelle  oreille  ne  serait  pas  choquée  d'entendre  le«  chef-d'oeuvr' 
humains?  Quelle  oreille,  au  contraire,  n'est  pleinement  satisfaite  dn  son  produit  par  le$ 
chef-d'oeuvres  humains  f  II  est  vrai  que  Lamartine  ou  son  ëditear  donn«  l'(  an  mat  ekêf: 
chefï-d' oeuvres;  ce  qui  est  contraire  k  tons  les  principes. 

I>ieu  crée  ainsi  parfois  d'admirables  natures, 

Qui  nous  font  croire  en  lui , 
Chef-d'oeurres  éclatants,  célestes  créatures. 

Où  tout  un  ciel  reluit.  CLe  Livre,  t.  III.) 

600.  JUmâr^ue.  Qui  pourrait  se  faire  one  idée  do  pluriel  avec  dUf-d'oeitvr'êc/afaJits? 
Les  bec-d'argents  ne  voot  pas  eo  troupes,  mais  toujours  par  paires. 


218  La  grammaire  française. 

601.  Remarque.  Est-ce  qu'il  s'agit  ici  de  plusieurs  becs  d'argent  ou  de  plusieurs 
oiseaus  au  bec  d'argent? 

Les  paille-en-queues  ou  phaétons ,  genre  d'oiseaus  de  l'ordre  des  palmipè- 
des ,  que  l'on  nomme  anssi  oiseaus  des  tropiques ,  ressemblent  par  leur  forme , 
leur  taille,  et  l'étendue  de  leur  vol,  ans  hirondelles  de  mer. 

602.  Remarque.  Est-ce  qu'il  s'agit  de  plusieurs  pailles  à  la  queue? 

Ce  n'étaient  qu'intersections  de  maisons,  cul-de-sacs ,  patle-(Voies ,  au  mi- 
lieu des  quels  il  hésitait  et  doutait  sans  cesse,  plus  empêché  et  plus  englué  dans 
cet  enchevêtrement  de  ruelles  noires  qu'il  ne  l'eût  été  dans  le  dédalus  même  de 
l'hôtel  des  Tournelles.  CF.  Hugo.J 

Une  édition  ornée  de  vignettes,  fleurons,  et  cul-de-lampes. 

603.  Remarques.  „Le  peuple,  dit  Voltaire,  a  prononcé  un  cul-de-sac ,  et  la  Reine 
a  été  obligée  de  dire  un  cul-de-sac.^^  —  »Qnelle  impertinence  !"  s'écriait  une  précieuse  en 
entendant  ces  mots:  cul-de-sac,  cul-de-lampe,  cul-de-Jatte ,  paille-en-cul,  cul-blanc, 
etc.  aQuelle  idée  sale  ils  présentent!  —  Madame,  dans  la  conversation  ordinaire,  il  vous 
serait  difficile  d'éviter  l'expression  qui  vous  blesse.  —  Je  défie  bien,  monsieur,  que  vous 
m'en  citiez  des  exemples.  —  Mais  comment  dites-vous,  quand  il  s'agit  d'un  écu?  —  Trois 
livres  ou  soixante  sols.  —  Comment  appelez-vous  le  vêtement  dans  lequel  les  hommes 
passent  leur  cuisses,  et  qui  monte  jusqu'aus  reins?  —  Un  haut-de-chausse.  —  Mais 
enfin,  madame,  comment  nommez-vous  la  lettre  de  l'alphabet  qui  suit  le  p?  Oh,  mon- 
sieur ,  je  ne  m'attendais  pas  que  vous  me  feriez  l'affront  de  me  remettre  à  l'a-6-f.«  —  Si 
l'esprit  procédait  par  analyse,  à  la  façon  des  grammairiens,  qui  oserait  prononcer  le  mot 
concurrence?  Autant  de  preuves  en  faveur  de  la  synthèse,  que  nous  prenons  pour  base 
de  notre  système. 

Les  orang-outangs ,  ou  simplement  orangs  sont  extrêmement  sauvages  ;  mais 
il  paraît  qu'ils  sont  peu  méchants ,  et  qu'ils  parviennent  assez  promptement  à 
entendre  ce  qu'on  leur  commande.  (Buffon.) 

Il  ne  manque  aux  orattg-outangs ,  dit  M.  Lesson ,  que  la  parole  pour  les 
rapprocher  de  notre  espèce;  et  c'est  ce  qui  fait  dire  aus  nègres:  «Çà,  petit  peuple, 
qui  ne  voulez  pas  parler  pour  ne  pas  travailler." 

On  lit  dans  un  sermon  du  cordelier  Olivier  Maillard  :  >,Les  apothicairs  ne 
sont  pas  les  seuls  de  notre  temp  qui  font  des  quiproquos  (sic)  exprès.  Tous  les 
marchands  en  font,  quand  ils  vendent  de  la  mauvaise  marchandise  pour  de  la 
bonne.  Mais  la  fin  de  ces  quiproquos  volontairs  est  d'être  damné." 

604.  Remarque.  L'Académie  est  bien  timide  de  n'oser  écrire  au  pluriel  des  quipro- 
quos., comme  si  ce  mot  portait  écrit  sur  son  front  le  sceau  visible  pour  tous  de  ses  origines 
latines.  —  Dans  les  XIIP  et  XIV'  siècles ,  les  médecins  intitulaient  quid  pro  quo  les 
chapitres  où ,  au  lieu  de  telle  on  telle  drogue,  ils  en  substituaient  une  autre  équivalente 
ou  meilleure  ;  les  apothicairs,  au  lieu  des  drogues  ordonnées  qu'ils  n'avaient  pas,  en  don- 
naient de  leur  chef  d'autres  moins  bonnes.  De  là  l'expression  proverbiale  :  >,I1  faut  se  gar- 
der du  quid  pro  quo  des  apothicairs."  Avec  le  temp ,  le  quid  pro  quo  s'est  changé  en 
quiproquo  pour  les  gents  (auparav.  gens)  a,  qui  une  lettre  de  plus  ou  de  moins  ne  fait 
rien  et  insensiblement  pour  tout  le  monde,  qui  a  appelé  quiproquo  toute  sorte  de  méprise. 

Sous  la  loi  de  Moïse ,  on  offrait  à  Dieu  les  enfants  premier-nés  (première- 
ment nés). 

Les  emprunteurs  ont  la  faculté  de  se  libérer  par  à-comptes  (sic)  mensuels. 
(Journal  des  Débats.) 

Liste  des  locutions  substantives , 
que  les  grammairiens  confondent  avec  les  noms  composés. 

605.  C'est  de  ces  locutions  seulement  que  l'on  peut  dire  qu'elles  s'écrivent 
au  singulier  et  au  pluriel,  suivant  que  la  nature  et  le  sens  particulier  des  mots 
dont  elles  sont  formées  exigent  l'un  ou  l'autre.  (Voir  p.'  180 ,  181 ,  n"'  489  »  498.) 


Formation  du  pluriel.  Locutions  substantivef. 


606.  1*'*  R^ffle.  Quand  c«»  locutions  sont  formées  de  deus  noms  plaeés 
immédialcment  l'iiii  aiu-ès  l'autre,  il»  prennent  tous  deu.s  la  niar«|iie  du  piiiriel. 
Un  aide  mitjor.  Den  aides  majors,  l'n  aide  maçon.  De*  aides  maçons,  t'n  Urute- 
nant  colonel.  Des  lieutenants  colonels. 

6()7.  2'  nèKle.  Quand  elles  sont  furmées  d'un  substantif  et  d'un  adjec- 
tif, l'tin  et  raiitio  prennent  «''jfalempnt  la  mart|ue  du  pluriel.  Un  gentU  homme. 
Des  gentils  hommes.   Un  petit  pois.  Des  petits  pois. 

608.  3"  Kèi^le»  Quand  elles  .sont  furniée.s  de  deus  noms  unis  par  une 
préposition,  le  ormiier  prend  toujours  la  mnr<|ue  du  pluriel,  tandis  que  le  second 
se  met  au  sin((ulier  ou  au  pluriel,  selon  qu'il  présente  une  idée  d'unité  uu  de  plu- 
ralité. Un  arr  '/<•  friompf"'  ih\  ,iri<  ,/,■  triimifihi'  t'n  cul  d'artichaut.  De$  cuU 
d'artichauts. 

609.  Htmiiiiiur.    Kvniiiiiiiiriit  .    un    :«ui    .iiiMit.oil    ne  MUnilt  MVOir   plOSienrM  C.  .  .. 

c'est  M  que  IV^prlt  d'analy;»»'  eMt  d'un  grand  Mrcourit. 


Singiilit-r.  Pluriel, 

aide  de  camp,  m.  brr  @enfrar>9tbjutant, 

aides  de  camp 
aide  de  cuisine,  m.  bcr  Untrrfoc^,  aides 

de  cuisine 
aide  maçon,  m.  brr  .^anblanger,  aides 

maçons 
amour  propre ,  bit  @t((»fl(tfbf 
arc  de  triomphe,  m.  Srtum))^bo()rn,  arcs 

de  triomphe 
basse  de  viole,  f.  ^agcftii^e  mit  jleben 

®attrn,  basses  de  viole 
basse  de  violon,   f.  fifintrt  SBa^geige, 

basses  de  violon 
basse   aue  ou   basse   mer,  f.  niebrigeS 

SKafffr,  basses  aues 
basse   fosse,  f.    tttfer  ^txUt ,    basses 

fosses 

batte  à  beurre,  f.   ^utterflô§e(,  battes 

à  beurre 
bel  esorit,  «i.  fc^i^ner  ©ftfl,  beaus  esprits 
belle  ae  jour ,  f.   bit  2ac;fc^ône ,  belles 

de  jour 
belle  de  nuit,  f.  bif  Sîadjtfc^cnf ,  belles 

de  nuit 
bien  fond,/».  \>Ai  (Bruubfiricf,  biens  tonds 
blanc  de  baleine,  m.  bcr  3BaUratlj,  blancs 

de  baleine 
blanc  d'F)spajçne,   m.   f)?anifc^e  ^rtibt, 

blancs  d'Kspai^ne 
bon  mot ,  m.   baé  SBi^tvort ,   des  bons 

mots 

bonne  femme,  f.  tint  jute  Jrou  ,  bon- 
nes femmes 

bout  dhomme,  m.  tin  Pie  inc8  îDïânnc^f  n, 
bouts  d'hommes 

bouton  d'or,  m.  bcr  (Sotbfnojjf,  boutons 
d'or 

camp  volant,  m.  jItcgenbc8Sagcr,  camps 
volants 

capitan  pacha ,  m.  @ro§-t2(bmtra(,  capi- 
tans  pachas 

chapeau  chinois,  m.  bcr  ^atbmoitb,  cha- 
peaus  chinois 


Singulier.  Pluriel, 

chânc  vert,   m.    bic  Stccf^cic^c,    cbénes 
verts 

7/1.  baé  (3cc)>fcrb/  chevaus 


m.  bcr  @ccl>unb,  chiens 
m.  bcr  J(o)7ffo^(,  cbous 


cheval  marin  , 

marins 
chien   marin  , 

marins 
chou   pommé 

pommés 
ciel  de  lit ,  m.  bcr  Î8cttf)tmmc(,  ciels  de 

lits 
clin  d'oeil,  m.  bcr  ^ugcnwinf,  clins  d'oeil 
clou  de   girofle,    m.   bic   @ctvtirjnelfr, 

clous  de  girofle 
commissaire  priseur,  m.  9ctiond<(Som' 

miffariuô  ,  commissaires  priseurs 
compte  courant,  m.  comptes  courants 
compte  rendu,   m.   bic   abgclcgtc  9lcd^= 

nuniî,  comptes  rendus 
corp  de  garde,  m.  baê  2Sa(^t^au«,  corps 

de  garde 
corp   de  logis ,  m,   baS  ^au^tgcbâubc , 

corps  de  logis 
double  croche  ,   f.    bie  (Scc^jc^ntclnotc , 

doubles  croches 
double  dent,  /.  bcr  î)o)}pc(ja^n,  doubles 

dents 
eau  de  vie ,  f.  bcr  S^rannttvctn,  aues  de 

vie 
eau  forte,  f.  t<xi  ®(9eibctvafTcr ,  aues 

fortes 
eau   minérale,  f.   SRincraltvaffcr ,   aues 

minérales 
état  ma.jor,  m.  bcr  2tab,  états  majors 
fausse  alarme,  f.  blinber  Sarm,  fausses 

alarmes 
fausse  attaque,  f.  fofftfeer  ?(ngriff,  filas- 
ses attaques 
fausse  clef,  f.  falfc^er  «S(^(ûffc( ,  faus- 
ses clefs 
fausse  porte,  f.   fatfc^e  Z^âr,   fausses 

portes 
fausse  position,  f.  fa(f(^e  Sage,  fiasses 

positions 


220 


La  grammaire  française. 


Singulier.  Pluriel. 

fausse  l'oute,  f.  fatfrftcr  SBeg,  fausses 
routes 

faus  accord,  m.  falfd^cr  5ïccorb ,  faus 
accords 

faus  emploi ,  m.  falfd^e  2ïngabe ,  faus 
emplois 

faus  pas ,  m.  %t^tx'\ii ,  faus  pas 

faus  plancher  ,  m.  b(tnber  SSoben ,  faus 
planchers 

faus  prophète,  m.  faïfd^cr  ^ro^l^ct,  faus 
prophètes 

faus  témoin,  m.  faffd^cr  3fugc,  faus  té- 
moins 

faus  titre,  m.  bcr  (Sd^mu^ttteï,  faus  titre 

feu  d'artifice,  m.  baê  t^eucrtuerf,  feus 
d'artifice 

feu  de  joie,  m.  baS  xJreubenfeuer ,  f.eus 
de  joie 

folle  enchère,  f.  ber  Sîcufauf,  folles  en- 
chères 

garde  avancée ,  f.  aSor:})oftcnn)aci^c,  gar- 
des avancées 

garde  champêtre ,  m.  bcr  iïctbi»âc^tcr, 
gardes  champêtres 

garde  du  corp ,  m.  (Sotbattion  ber2etb= 
ttja^e  ^u  ^fcrbe,  gardes  du  corp 

garde  des  sceaus,  m.  ^ronftegclbcjcaï)^ 
rcr ,  gardes  des  sceaus 

garde  forestier,  m.  ber  ^ôrfler,  gardes 
forestiers 


singulier.  Pluriel. 

garde  nationale,  f.  btc  9lattonafgarbe , 
gardes  nationales 

garde  royal,  m.  fôntgïtd^cr  ©arbtjl,  gar- 
des royaus 

garde  royale ,  f.  bte  f ômgïtc^e  ©arbe , 
gardes  royales 

loup  marin ,  m,  ber  (Secnjoïf,  loups  ma- 
rins 

maréchal  ferrant  ou  vétérinaire ,  m.  bêr 
J^uffc^mteb ,  maréchaus  ferrants 

maréchal  de  camp ,  m.  ber  ©cncratmas 
jor,  maréchaus  de  camp 

maréchal  de  France,  m.  SDîarfc^aff  toon 
tïranfretd^,  maréchaus  de  France 

maréchal  des  logis ,  m.  ber  Sfîcgtmentê:» 
quarticrmctftcr ,  maréchaus  des  logis 

maréchal  des  logis  chef,  m.  maréchaus 
des  logis  chefs 

morte  saison,  f.  btc  naï)rung8Iofe  3ett, 
mortes  saisons 

pied  de  roi,  m.  ber  tïuf ,  pieds  de  roi 

pot  de  chambre,  de  nuit,  m.  ba8  Statut» 
gefrf)irr,  pots  de  chambre,  de  nuit 

receveur  général,  »i.  ber  Dbercinnetimer, 
receveurs  généraus 

sergent  fourrier,  m.  ber  Ouarh'ermacfier, 
sergents  fourriers 

sergent  major,  m.  ber  ^elbttjeèet,  ser- 
gents majors 

ver  à  soie ,  m.  ber  ©etbenttjurm ,  vers 
à  soie 

ver  luisant,  m.  ber  ©lù^iDurnt,  vers  lui- 
sants. 


garde  national ,  m.  ber  Slationatgarbtjl, 
gardes  nationaus 

610.  Encore  une  fois,  comment  des  hommes  qui  se  croient  grammairiens 
ont-ils  pu  confondre  ces  locutions  analytiques  avec  les  noms  composés ,  dont  les 
éléments  se  refusent  à  toute  analyse?  Quelle  différence  y  a-t-il  entre  ces  locutions 
et  les  suivantes,  où  le  second  des  deus  mots,  substantif  ou  adjectif,  ne  fait  que 
compléter  le  sens  du  premier? 


Locations  sobstantives. 


Acte  (.^anblung)  de  vertu,  de  folie,  de 
démence,  etc.  Acte  (Slegung,  UcSung) 
de  foi,  de  contrition,  d'humilité.  Acte 
d'autorité.  Acte  arbitraire.  Acte  hos- 
tile. Acte  d'hostilité.  Acte  de  soumis- 
sion. Acte  de  présence.  Acte  de  com- 
plaisance. Acte  de  bonne  volonté.  Acte 
d'héritier.  Acte  (SSertjanbtung)  nul , 
faus.  Acte  (5lcte,  ©d^ctn,  Urfunbe)  de 
comparution  ,  de  désaveu.  Acte  de 
dernière  volonté  (î^ejîoment).  Acte 
sous  seing  privé  (^rtsatfc^rift).  Acte 
double.  Acte  public  ;  privé.  Acte  de 
naissance,  de  décès,  de  mariage.  Acte 
de  notoriété.  Acte  d'accusation.  Acte 
d'amnistie. 

Affaire  d'honneur.   Affaire  de  coeur. 


Apreni  de    change   (SBed^felmdflet). 

Agent  d'affaires  (©cfrftdftêagent). 
Aifrrette    de   verre  ;   aigrette  d'eau. 

Aigrettes  lumineuses   (bte  @tra^(cn» 

bûfc^el). 
Ailes  de  mouche  (T.  d'Architecture) , 

les  ancres  employées  aux  angles  des 

coffres  de  cheminées  de  brique. 
Air  de  famille  (ber  fÇamtfien^ug)  ;  air 

de  tête  (bte  iÇo^fjlettung). 
■  Aire  de  vent  (ber  SBinbjirtd^). 
Ami  (tÇreunb)  d'enfance,   de  collège, 

etc.    Ami  de  table,  de  bouteille,  de 

débauche.  Ami  de  cour  (^offreunb). 

Faus  ami.  Ami  de  la  maison. 
Ang:e  de  mer,  ©ngefftfcf). 


Formation  de  pluriel.  Lueationt  substantives. 


tfl 


Jkngltf  (ber  SE&infcOde  réflexion,  d'in- 
cidence. Angle  facial. 

Arc  de  carrosse  (btr  (Srt^ivantn^alé). 

Arc<3nt  .sec,  baartit  (9tlb. 

Arme»  fausses  (uurrcirlmâ^tgtè  9&a» 
ptn).  Armes  parlantes  (rebenbrjt  9Ba> 
ptn). 

Armée  (bai^eer)  de  réserve,  d'ob- 
servation, de  siè((e.  .Vrniée  déterre, 
ïanbaïniff.  .\rniee  de  mer  ou  n:ivale. 

Arr^t  (bai>  Urtl^ril)  de  mort,  d'abso- 
lution, de  renvoi.  Arn^ls  (3lrrf)'l)  for- 
cés ou  de  ri|?ueur.  Arrêts  simples. 

Art*  libéraus  (\\tit  Jlûn)lr);  arts  nié- 
cauics  (  mec^anift^e  Jlûnftc).  Arts 
d'agrément. 

Artlcl«->  de  foi  ((SlaubfUO^unct). 

Av»ncein«?iit  d'hoirie  (S^oraut^otr* 
niact^tiii^). 

B»tl  (ber^pac^t)  à  ferme,  à  loyer.  Bail 
â  cheptel  (âîirbpod^t).  Bail  de  maison. 
Bail  à  vie.  Bail  conventionnel,  etc. 

Balu  (taS  idab)  de  propreté,  de  santé. 
Bain  de  rivière.  Bain  de  mer.  Bain  de 
lait.  Bain  de  grenouilles,  de  crapauds 
(^rofc^bab),  Lieu  où  l'aue  est  sale  et 
bourbeuse.  Bain  local  ou  topio  (6rtli< 
âftS  Hôab).  Bain  de  pieds  (-^u^bab). 
Bain  de  vapeurs  (S)ani))fbab).  Bain 
d'air  (iJuftbab).  Bain  de  marc  de  rai- 
sin, de  cendres,  de  sable,  de  boue, 
de  bourbe,  etc. 

Balle  (i^ujfl)  de  calibre;  balles  ra- 
mées, S^ral^tfUi^fln,  «Stançirnfu^elu 

Ballun  aéroslàtic  (ber  léuftbaUon  ). 
Ballon  perdu  ;  ballon  captif.  Ballon 
d'essai. 

Ban  (<2(nfi)(bot)  de  mariage.  Ban  (ber 
'ituëruf)  de  vendange,  de  fauchaison, 
de  moisson. 

Banc  (bit  iôant)  de  bois,  de  pierre, 
de  gazon.  Banc  ados.  Banc  de  rameurs. 
Banc  d'église,  ber  .Rircbcnflu^l.  Banc 
de  l'oeuvre  ou  des  marguilliers.  Banc 
de  procureur,  banc  d'avocat.  Banc  des 
avocats.  Banc  des  accusés.  Le  grand 
banc  (bit  i^ro^e  ^anf).  Banc  du  roi, 
bit  Jti5ntç\ètbanr  (  Kingsbench  }.  Banc 
d'Hippocratc((5inrfnflrtbc).Banc(.Rlip' 
pt,  ibanf)  de  sable,  de  vase.  Banc  do 
corail.  Banc  de  poisson,  btr  3"^  î'f^?*. 
Banc  de  pierre,  Chaque  lit,  chaque 
assise  naturelle  de  pierre  dans  une 
carrière. 

nHptèiiie  de  sang,  Le  martyre. 

BarbcM  de  plume  (î^ebtrbart). 

Baril  (^^uj^ciitn)  d'huile,  de  moutarde, 
d'olives,  de  pommade,  de  sucre,  de 
riz,  d'anchois,  de  harengs,  etc. 

Bansen  classes  (nitbtrt  .ttlaJTtn).  Bas 
pris.  Bas  âge.  Basse  Autriche. 


Bâ<  (btr  ^a(ffattt()  de  mulet,  de  elM- 
val,  d'àne. 

BateAH  (ber  katfn)  plat,  couvert.  Ba- 
teau de  passage.  Bateau  de  pAcbeor 
ou  de  pèêhe.  Bateau  a  vapeur.  Bateau 
lestii;  T:  '  m  porte.  Bateau  de  loch, 
ba«  l'ont   de    bateaus,    bit 

<Si(^ini'riutr.  Hateau  de  sel,  de  foin, 
de  bois,  etc  ,  Chargé  de  sel ,  etc.  Ba- 
teau volant ,  C9onbfI    am   ^uftbatlon. 

Biàtun  de  vieillesse,  Btti^t  bt0  VUtr0. 
Bâton  de  commandement ,  btr  (fom* 
inanbcflab.  Bâton  de  maréchal ,  btr 
anarfrt^allflab.  Bâton  pastoral,  btr  3)1* 
fc^of^ltab.  Bâton  de  chantre,  btr  5tan< 
torftocf.  Bâton  de  prieur,  btr  ^rior» 
flat).  Bâton  augurai,  ^Ui^urftab.  Bâton 
de  confrérie  ,  bit  .Snnftfabnt.  Bâton 
de  mesure ,  btr  Xartflab.  Le  bâton  de 
Jacob,  btr  3t)fcbilfiab ,  La  baguette 
des  escamoteurs. 

Batterie  de  canons  ;  batterie  rasante, 
batterie  masquée,  batterie  à  barbette, 
batterie  de  côte,  batterie  flottante, 
batterie  de  campagne,  batterie  de 
siège.  Batterie  électrique ,  titf  trift^e 
^atttrit.  Batterie  de  cuisine,  tai  JtiV 
(^tnfltrcitbt.  Batterie  de  tambour,  btr 
îrcmmtlfd^taçi. 

Batteur  degents,  tin  fltaufbolb.  Bat- 
teur en  grange,  btr  SDrtfthtr.  Batteur 
de  plâtre,  tin  @i))}éifd)(âk)tr;  batteur 
d'or,  ©olbft^Iâtifr;  batteur  de  fer, 
©iftnfrtfftr;  batteur  de  pavé,  ^^a- 
fltrtrtttr;  batteurs  d'estrade,  Aunb- 
fd>aft«rtittr. 

Beau  sexe,  baë  feront  ®t\âfUd)L 

Bec  de  lampe,  bit  Itfamptnro^re.  Bec 
de  gaz  hydrogène. 

Berceau  (bit  î^aubt)  de  ohèvrefeuil, 
de  jasmin.  Berceau  de  verdure. 

Bt^te  épaulée,  tin  (at>mt8  ^ftrb,  tin 
(5trot>to^f.  Bètes  fauves,  baS  Sotb' 
«jilb  (les  cerfs,  les  chevreuils,  les 
dains,  etc).  Bètes  noires  (les  sangliem, 
etc.),  baé  (Sc^ttjarjnjilb  ;  bètes  puan- 
tes (les  renards,  les  blaireaus  ,  etc.), 
baô  (Stinftrilb  ;  bètes  sauvage,  toilbt 
îbi*r*.  Bètes  à  cornes  ,  ^orntjitb. 

Beurre  tort,  ran^iç^t  ajutttr;  beurre 
n*ir,  brannt  ï^ntttr;  beurre  de  ca- 
cao, (Çacaobutttr  ;  beurre  d'antimoine, 
®))it§9la*bntttr  ;  beurre  d'arsenic,  de 
bismuth,  de  zinc. 

Bien  public,  bien  général,  bal  aU%*» 
mtint  i^t^t. 

Billet  ^bafi  5Brttfd;tn)  doux,  ou  billet 
d'amour,  de  galanterie.  Billet  (bit  Sln» 
fûnbii)nni))  de  convocation,  de  mariafc, 
d'enterrement.  Billet  de  faire  part,  oa 
elliptiquement.  Billet  de  part    Billet 


222 


La  grammaire  ifrançaise. 


de  l'Epargne,  (Sd^a^fammerfc^etn.  Bil- 
let (Slnroetfung)  à  ordre.  Billet  payable 
au  porteur,  ou  Billet  au  porteur.  Bil- 
let (fêtutrtttêfarte)  de  loge ,  de  par- 
terre, etc.  Billet  de  loterie,  2otterte= 
iooS.  Billet  de  logement,  Guattierjct= 
tel.  Billet  de  confession ,  SSeic^tjettef. 
Billet  de  santé  ,  (Scfunbfjcltê^euiînt^. 

Olanc  d'oeuf,  (Siwci^.  Blanc  de  cha- 
pon,  de  poulet,  de  perdri,  La  cliair 
de  l'estomac  de  ces  oiseaus ,  quand 
elle  est  cuite.  Blanc  de  fard ,  wetpc 
Oc^minfc.  Blanc  de  cliaue,  ^alftwaJTcv. 

Blé  noir  ou  blé  sarrasin,  ber  33uc^t»et= 
3cn.  Blé  de  Turquie,  blé  d'Espagne , 
ou  Maïs,  %ûvti\ê)tovn. 

nieu  de  montagne,  SSergèlau,  ^u^fcr^ 
ajur. 

Boeuf  gras,  ber  ffaftnac^têo^ê.  — 
Boeuf  à  la  mode,  gefc^morteê  9ltnb= 
fïeifc^. 

Bois  (^ofj)  d'acajou,  de  chêne,  de 
hêtre ,  de  sapin  ,  de  cèdre ,  de  meri- 
sier, de  noyer,  d'ébène,  de  gaïac, 
d'aloës  ,  de  santal ,  de  campêche,  etc. 
Bois  de  charpente.  Bois  d'équarrissa- 
ge.  Bois  de  brin.  Bois  de  refend.  Bois 
de  menuiserie.  Bois  de  rouage.  Bois 
de  Brésil  ou  de  Fernambouc ,  93ra= 
fîttcnfioti.  Bois  de  Sainte -Lucie  ou 
Mahaleb,  (Stetm»ctcï;fe(6aum^o(j.  Bois 
puant  ou  anagyris,  ®tinfboî)nen6aum. 
Bois  gentil  ou  lauréole  femelle ,  @ei= 
betbaft.  Bois  neuf.  Bois  flotté.  Bois 
canards  (tierfuufeneô  ^olj).  Bois  pe- 
lard,  gcfcf)â(teê  ^olj.  Bois  vif,  im 
®afte  jlcf)cnbcê  ^olj.  Bois  mort,  a6= 
geftorbeneê  ^otj.  Bois  de  lit,  btc  ÎQetU 
ftettc.  Bois  (ber  (Sc^aft)  de  fusil,  de 
pistolet.  Bois  de  corps  (Imprim.),  etc. 

Boîte  à  Perrette,  bte  ge^etme  ^affc. 
Boîte  de  lanterne  ou  de  réverbère,  ctn 
fiatcrnenfcijîd^en.  Boîte  fumigatoire , 
Slâurf^erbwdjfe. 

Bon  sens,  ber  SSerflanb.  Bonne  foi,  bte 
Sftebttd^felt.  Bonnes  grâces,  bte  @cJ»o= 
gen^cit.  Bon  voilier,  ctn  gutcr  (Scglcr. 
Bon  homme,  etn  brader  S)îann.  Bon 
plaisir,  bte  6tnt»itttgung  ,  ber  6tgen= 
ttjttte. 

Botte  de  soie,  etn  ^aâ  (Setbc.  Bbtte 
de  carrosse,  ber  SSagentrttt. 

Bouée  de  sauvetage,  bte  9lettuttgê= 
6ojc ,  ou  salvanos. 

Bouillon  (bte  S*tetfc^6rû-^e)  d'os ,  de 
gélatine.  Bouillons  de  grenouilles,  de 
tortue,  de  poulet,  de  veau,  d'herbes, 
etc.  —  Bouillon  d'eau ,  etn  SSrubel; 
f:^rtn9brunnen. 

Boulet  rame  ou  boulet  à  deus  têtes, 
^ettenfugcf. 


Bourre  de  laine  ou  bourre  lanice,  bte 
iÇlocfjootte.  Bourre  de  soie,  bte  tïtorfs 
fetbc. 

Bourreaud'argent,  cinSSerfd^iwenber. 

Bourrelet  d'enfant,  ber  %a{i\:j}xt. 

Bout  (@tû(fcï)cn)  de  ruban,  de  ficelle. 
Un  bout  de  bougie,  de  chandelle.  Bout 
de  fleuret,  ein  Staiptcrfno^jf.  Un  bout 
d'homme ,  etn  .^ntr^ê. 

Oouton  (.fno))f)  de  soie,  de  drap,  etc. 
Bouton  de  culasse,  bteSlraube  ber^a» 
none.  Bouton  de  feu,  ba8  93rcnnetfcn. 

Branche  de  tranchée,  ber  @ang,  Boyau 
d'une  tranchée. 

Bras  de  balance,  ber  2trm  etnerSIBage. 
Bras  de  levier.  Bras  de  rivière,  %i\x'^-- 
arm;  bras  de  mer,  ®eearm. 

Brevet  d'invention ,  etn  6rftnbungâ« 
ifxxHnt.  Brevet  d'apprentissage,  etn 
Se^rsjertrag. 

Bride.«  à  veaus ,  atberncê  3cMg. 

Brin  d'estoc,  ber  (S^jrtngftocf. 

Bris  de  scellé,  btc  Stcgclerbrcc^ung. 

Brise  (gctinberâBtnb)  de  terre,  brise 
de  mer  ou  brise  de  large  ;  brise  cara- 
binée,  vent  qui  souffle  avec  une  vio- 
lence extraordinaire. 

Brisement  de  coeur,  bte  ^ttînxt^ 
fc^ung  bcg  J^cr^cnâ. 

Bureau  (baâ  5Îmt)  d'enregistrement, 
etc.  Bureau  d'esprit,  etn  t»i|fenfd^aft= 
Itcfjer  SSerctn. 

Cabinet  d'orgue,  ber  JDrgetfafîen. 

Camp  de  manoeuvres  ,  Uebungêfager. 

Canal  de  dérivation,  etn  SlbtcttungS* 
fanaf.  Canaus  d'arrosage,  canaus  d'ir- 
rigation, SScmafferungôfanâfe. 

Carré  de  mouton  ou  haut  côté,  tin 
^ammetStotertct.  Carré  de  toilette,  etn 
ïoifettcnfdftdjcn. 

Carreau  de  vitre,  etnc  ©taôfd^eibe. 
Carreau  électric,  btc  efcftrtfc^c®ci^et= 
hi.  Carreau  d'arbalète,  etn  bierecftgcr 
SGBurfbotjcn. 

Carte  de  visite,  bîc  SSifttcnfarte.  Carte 
d'adresse,  9lbre^farte. 

Ciiaine  d'arpenteur,  btc  SDZePette. 

Champ  de  bataille,  baê  ©cfjlod^tfelb. 
Champ  clos,  eingcfc^loJTcncr  ^ta§. 
Champ  du  repos ,  ber  tïrtcbf)of. 

Chapelle  ardente,  baê  Set^engerûfî. 

Char  de  deuil,  S^rauerwagen.  Char 
funèbre.  Char  de  triomphe. 

Chargée  d'affaires,  ber  (Bef^aftêtrager. 

Chemin  de  fer ,  btc  ©ifcnba^n.  Che- 
min de  halage ,  ber  Sctn^fab.  Chemin 
des  rondes  ou  de  ronde,  ber  Sftiinbcn» 
gang.  Chemin  couvert,  beberfter  9Seg. 
Chemin  de  Saint-Jacques,  bte  SKilc^* 
ftrafe. 

Chemise  de  mailles,  baS  ^anjer^emb. 


Formation  du  pluriel.  Locations  «tibstaiitives. 


Chir«  anffélique,  hit  9étterma^(jrit. 

Ch«%al  (ba«  ^ftrb)  de  b&t,  de  som- 
me ou  de  cliary^c.  Cheval  do  sellt*,  de 
ftostc,  de  relais,  etc.  (.'hcval  cii  arba- 
ète ,  JHifmfnpffrb,  -  Cheval  fciiidu, 
^oini^dftv  y^ocf ,  Sorte  de  jeu.  ('he- 
val  de  bois,  bcl^friifô  Bprin^Vftrb. 
Cheval  de  Irise,   fpanifdjf  JHïiter. 

Cheville  ouvrière,  btr  (Sd^lu^na^d. 

Chute  d'eau ,  brr  aBatJrrfaU. 

Cire  d'Kspagne.ou  cire  à  cacheter, 
bai  <Bitç^tHa<t. 

Clameur  de  haro  ,  bai)  .*paroijffd)rti. 

Clef  de  ehilTre,  btr  ^Aliiûel,  bail  'Hi- 
^^abrt.  Clef  de  pistolet,  ^i)to(cuf)>an< 
ner.  <'lef  de  inoutre,  elef  de  pendule, 
lllKfrfjtufT'l-  Clef  de  pressoir,  bit 
®<^raubf.  Clef  de  lit,»fttlabfnfd>irif. 
fel.  Clef  de  voiture.  Clef  aujçlaise.  Clef 
de  voûte,  ber  ^r^tu^flrtn,  JË^auptpunft. 
Clefs  de  meute,  bit  be flen  •t'unbf.  Kijç., 
Clef  de  meute,  btr  îonanijeber,  ^n^ 
fûf^rer. 

Clerc  de  l'oeuvre,  5tirt^fpielr)orfle^«r. 
Clerc  d'ofllce,  Siùd}tn^d}Ttibtv. 

Cloche  de  plongeur,  ou  cloche  à 
plonger,  bie  Jdudjfr^locff. 

ColITe  de  nuit  ou  bonnet  de  nuit,  bie 
9la(bt^aub( ,  9ia(^tmùÇr.  Coiiïe  de 
chapeau. 

Col<»nne  d'attaque,  Stncîrifféfotonnf. 
Colonne   mobile,  betufi^lidje  O'olonn*. 

Cwmédie  de  moeurs,  (2(tt(lU](nloi(^t, 
(Sittfnf^jift.  Comédie  de  caractère , 
(SIjarafttrfpifl.  Comédie  d'intrigue , 
3"triivieiif))tel.  Comédie  ballet.  Co- 
médie héroïque. 

C^ouiiniNMAir  du  gouverneineut,  @0U' 
Ofrnfmfutô .  Gommiffcir.  Commissair 
des  guerres ,  ^riti\dcomuu'n'âr.  Com- 
missair des  vivres,  spropiant»,  aîerjjflt» 
i^un^éicomniiffcir,  etc. 

C'Oinpoie  (btid  iSDbflmud)  de  poires, 
de  pommes ,  etc. 

ConNeil  d'état,  ber  (Staatârat^.  Con- 
seil privé,  bfr  çifl)fime  9îatt).  Conseil 
de  cabinet,  btr  Çabiurtdratb.  Conseil 
des  ministres ,  ber  SDiiniflerrat^. 

Conseil  auli<|iie«  brr  lfKfirt)(<t)ofrati7. 
Conseil  de  guerre,   Jtrifii«ratb ,  etc. 

Coq  de  bruyère  ou  des  bois,  btr  9Jutr« 
I^abtt. 

€'oqMllled'escalicr,bitîrfj)peitmuf(bf(. 

Corde  d'estrapade,  ber  «âcburUitai^rn^ 
(!rit^.    Corde  de  montre,  S>armfaitf. 

Corne  d'abondance  ou  corne  d'Amal- 
thée,  baô  iJûUbcrn.  Corne  de  cerf, 
^irf(^born.  Corne  d'amorce ,  ^ul»tr= 
born.  Cornes  d'aminon  ou  ammonites, 
StmmoniJ^èrner ,  (îenre  de  coquilles 
fossiles,  qui  ressemblent  à  des  cor- 


nes de  bélier.  Corne  d'artimon,  9aM 

am  f8t\anma^. 

C'wrnet  à  bouquin  ,  9ll)>i)orn. 

f 'orp  mort ,  bfr  l^eit^nam.  Corp  mort, 
bfr  J^jffnanffr.  Corp  glorieus  ,  tjfr» 
flirter  iîeib.  (,'orp  de  earrosse,  ber 
Jtuil'dtfaflen.  Corp  de  ballet,  La  troupe 
des  danseurs  qui  exécutent  un  ballet; 
par  opposition  à  cens  qui  dansent  un 
pas.  Corp  ligneus,  ber  ®tamm.  Cor;» 
de  bàtiiiicnt ,  ou  corp  de  logis,  bai 
^au))ti)rbâube.  ('orp  de  délit,  ^^etotitf 
fiir  ba»  Dafein  eine*  JBerbred^enil.  Corp 
iiéréditaire,  bad  (*rb<<ut.  Corp  (bie 
;Sunft,  3nnuni^,  Aôr^)frfd)aft)  de  ville 
ou  ('orp  municipal.  Corp  diplomatie. 
Corp  (ber  J^eerlyaufe)  d'armée,  de  trou- 
pes. Corp  de  réserve.  Corp  de  bataille. 
Corp  d'infanterie,  de  cavalerie.  Corj) 
d'alliés,  ('orp  (bie  (^aminlung)  de  droit 
civil,  de  droit  canon,  t'orp  de  lois.  — 
Corp  de  doctrine ,  ïebr<^ebâube.  Corp 
de  preuves ,  fdmmtlif^c  2?eh)eife,  etc. 

Coup  (ber  <Scibu^)  de  canon,  de  fusil, 
de  pistolet,  etc.  Coup  de  foudre,  coup 
de  tonnerre,  ber  i^ti^ft^ta^.  Fi  g..  Coup 
de  foudre,  coup  de  tonnerre,  Sbonncr^ 
fc^ta^.  Coup  de  grâce ,  ber  ^naben» 
flo^.  Kig.  et  fain..  Coup  de  bec,  coup 
de  dent,  coup  de  langue,  ber  .^un' 
gen^ifb.  Coup  fourré,  ber  (jei^fnfeitiiîe 
vBto^.  ('oiip  de  partance,  iilbfabrtfd>uf . 
Coup  (iStric^)  de  ciseau,  de  lime. 
Coup  de  tilet ,  ber  ^iehmiirf.  Coup  de 
chapeau ,  baè  J^utabjiei^en.  Coup  de 
main,  .^anbflreit^.  Coup  de  sang,  ber 
(gc^la^pu^.  Coup  de  soleil,  ber  @on^ 
uenftid).  Coup  d'air,  bfrïuftiu^.  Coup 
de  vent,  ber  !ïëinbj!o§.  ('oup  de  dés, 
ber  SKurf.  Coup  de  partie ,  ^au\pt' 
fcblaij.  Coup  de  fortune,  coup  de  bon- 
heur, ber  (5li'i(fi?faU.  Coup  de  théâtre, 
il()eaterflrei(b.  <'oup  d'ami,  berffreunb» 
fc^aftêbienft.  Coup  d'essai,  baS  "^robe« 
flùrf.  Coup  de  maître,  9)lei)lerjlû<f. 
Coup  d'éclat,  C^lanjflreid).  Coup  d'état, 
@taat«)1retcb.  Coup  d'autorité.  9Dia*t. 
jtreic^.   Coup  de  silTlet ,  eiii  ^fiff. 

Coupeurde  bourses,  btri^tutelfinei» 
ber.  •' 

Courant  d'air,  ber  l^uft^Uit.  Courant 
d'alTaires.  ber  (Sefd)âft^frei«.  Courant 
du  inonde,  ber  SBeltlauf. 

CourN  de  ventre,  ber  SDur(^Iauf ,  Dé- 
voiement. 

('Ourn  d'assise  (Architect.) ,  ununtet' 
hvcâftnt  iSteinrei^e. 

Cristal  de  roche .  ber  Ser^friflaQ. 

C^ulr  bouilli,  i^ummirted  l^eber.  Ciiirde 
laine ,  Étoffe  de  laine  croisée  et  très- 
lorte. 


224 


La   grammairefrançaise. 


Cuivre  jaune  ou  laiton,  2)lefftng.  Cui- 
vre blanc,  SCSet^fu^fcr.  Cuivre  noir, 
(SdjiDar^f  u^fer.  Cuivre  de  rosette,  iBav- 
tupfev.  Cuivre  vierge,  ungefc^mot^cneê 

Drap  d'or,  drap  de  soie,  ber  @ofb> 
floff,  ber  (Scibcn^cug.  Drap  de  pied, 
baêWuptuc^.  Drap  de  lit,  baê  23ctttuc^. 

Mroit  (baê  9lccï)t)  de  péage,  d'ancrage, 
d'entrée.  Droits  d'octroi.  Droit  de  gref- 
fe. Droit  d'expédlion.  Droit  de  dépôt. 
Droit  de  rédaction.  Droit  de  signature. 
Droit  de  consultation.  Droit  de  pré- 
sence. Droit  d'avis. 

Drôle  (broltig)  d'homme  de  corp. 

Kau  [mieux  aue,  voir  p.  4ï,  n"  70j  {ha& 
SESaiJcv)  de  source,  de  puis,  de  citer- 
ne ,  de  ruisseau  ,  de  rivière,  de  mare. 
Aue  de  pluie  ou  pluviale.  Aue  de  ro- 
che. Aue  de  neige.  Aue  de  mer.  Aue 
douce,  fûpfê  aSaffcr.  Aue  ferrée,  6t= 
fenhjajjer.  Aue  panée,  a3rotJvafl"er.  Aue 
battue.  Aue  blanche.  Aue  de  savon , 
©cffeniDaffcr.  Aue  d'empois,  ®târfe= 
ttjaffer.  Aue  lustrale.  Aue  baptismale. 
Aue  bénite,  aSei^lwaffer.  Aue  de  plan- 
tain. Aue  de  chicorée.  Aue  de  groseil- 
les. Aue  de  fraises.  Aue  de  cerises. 
Aue  de  veau.  Aue  de  poulet.  Aue  d'or- 
ge. Aue  de  senteur.  Aue  de  Cologne. 
Aue  de  mélisse  ou  des  carmes.  Aue  de 
Luce.  Aue  vulnéraire.  Aue  cordiale. 
Aue  seconde.  Aue  de  départ.  Aue  ré- 
gale. Aue  de  chaue.  Aue  mercuriel- 
le.  Aue  de  boule,  baè  SStetiwajJcr.  Etc. 

iilçlielle  de  corde,  bie  ©trtrftetter. 
Échelle  de  pompe.  —  Échelle  de  pro- 
portion, bie  SScv^âltnt^teiter. 

Éclipse  (bie  5?tnfternt^)  de  soleil,  de 
_  lune. 

École  (bie  (Scrute)  de  médecine ,  de 
droit. 

Éconoinie  domestique,  ^auëtoirtt^c 
fdjaft.  Économie  rurale,  iianbJBtrtt)= 
fc^aft.  Économie  politique,  @taatê« 
Jtjtrt^f^aft. 

Knfant  trouvé,  baê  S'inbelfinb.  En- 
fant de  choeur,  ber  (S^orfnabc. 

Kpî  d'aue,  épi  de  diamants,  épi  de 
^  cheveus. 

Kpitre  dédicatoire,  bie  ^ueignungês 
ft^rift. 

Kspéccsi  sonnantes,  ffingcnbeSKunjcn. 

Ksprit  (ber  ©etft)  follet.'  Esprit  fami- 
lier. Esprit  de  vertige.  Esprit  de  corp. 
Esprit  de  retour.  Esprit  d'ordre.  Esprit 
^  fort,  ein  ^-retgeifl. 

jktai  de  siège,  ber  aSclagerungê^uflanb. 
États  généraus,  ©cncrafftaaten. 

F*i»çon  de  parler,  bie  3îebenëart. 

ff'auB  (fatf(^)  rapport.  Fausse  nouvelle. 


F'er  de  botte,  ba§  (Sttefeteifen. 

F'ièvre  de  cheval,  ï)efttgeê  iïiefecr. 

ff^il  de  famille,  fil  de  maître. 

F'ille  d'honneur,  fille  de  boutique,  fille 
de  chambre,  fille  de  service,  etc. 

F'in  de  non  recevoir,  6tnJt)cnbung  beê 
SSeflagten,  ba^  bcê  Jllâgerê  ©efud^  ober 
^tage  nic^t  ftattfinbe. 

Vièclie  de  lard.  Ce  qu'on  a  levé  de 
Tun  des  cotés  d'un  cochon ,  depuis 
fépaule  juisqu'à  la  cuisse. 

■«''leurs  de  rhétorique,  r^etortfc^e  58Iu« 
tnen, 

F'lux  de  sang,  58(utfïu§.  Flux  hépati- 
que, SeOcrpup.  Flux  de  bile  ou  flux 
bilieus.  Flux  d'urine.  Flux  de  lait. 
Flux  de  paroles ,  2Kortfïu§. 

F'ou  rire,  toltcê  Sac^cn.  Folle  avoine 
ou  avoine  stérile.  Folle  farine ,  la 
plus  subtile  fleur  de  la  farine. 

Francs  archers ,  ^ïreifc^û^cn.  Franc 
tenancier,  Sreibefî^er  cineê  23aucrn= 
guteê.  Franche  lippée,  i^reieffen.  Franc 
carreau ,  5trt  ®5piet. 

Frère»  jumeaus,  3>»itttngêbrûber. 
Frères  de  lait,  S)Zit(i)(>riiber.  Frères 
d'armes ,  3Saf enbrûbcr. 

CWalant  homme,  aÛer(ic6jîer  SOîann. 

(galerie  de  tableaus ,  de  peintures , 
bie  @emd(begaUerie,  ber  àîitberfaal. 
Galerie  d'Église,  ®m))orftrc^e. 

Oaz  (baê  @aê)   oxygène,  hydrogène. 

C*éuéral  de  brigade  ou  maréchal  de 
camp ,  ©eneratmajor. 

fwousse  d'ail,  bie  .^no6(au(^jef>e. 

CSoutte  sciatique,  J^uftwe:^.  Goutte 
sereine,  fc^jcarjcr  «Staar. 

ISratlins  de  gazon,  Sïafenftufe. 

«rand  jour,  \>a^  Xageêtid^t.  Grandes 
aues ,  gro^eê  SPSapr. 

fwrille  de  feu ,  ber  iÇeuerroft. 

HaclKe  à  main,  baê  .^anbbeit.  Hache 
d'armes,  bie  @treitflj:t.  Hache  de  pier- 
re, ®tetnbei(. 

Herbe  ans  charpentiers,  la  Millefeuil- 
le.  Herbe  ans  chats.  Herbe  aus  chan- 
tres, etc. 

Homme  de  guerre,  .^rtegêmann.  Hom- 
me d'épée.  Homme  d'église  ,  ^rteftcr. 
Homme  de  lettres,  ©cïeljrter.  Homme 
de  robe,  bie  SJîagtftratê^jerfon.  Homme 
d'état,  ©taatêmann.  Homme  de  jour- 
née, 3;ag(ôt)ner.  Homme  de  mer.  Homme 
de  bien.  Homme  d'honneur.  Homme  de 
tête.  Homme  de  coeur.  Homme  d'esprit, 
de  génie,  etc.  Homme  de  résolution.  — 
Homme  de  pied,  3nfantertjl,  Su^gân= 
gcr.  Hommes  de  recrue,  Slefruteii. 
Homme  d'armes.  Homme  de  Dieu ,  ein 
Mann  ©otteê.  Homme  des  bois,  2SaIb« 
menfd^,   L'orang-Outang.  Homme  de 


Formation  du  pluriel,  hoeations  labstantives. 


tf5 


Raille,  (Stroi^niann ,  Homme  de  n^'ant. 
ommcd'nffaircs.  (9efcfe.ïft»fiil)rfr,  etc. 

■l«irlo9«  solaire,  bir  3iOtiiuruibr.  Ilui*- 
lo((c  (le  snU\c  ou  sablier .  ^anbui^r. 
H()rlo((e  (l'atie ,  S]iia)Trriil)r.  HuiioKc 
de  Flore,  ^Blumenut^r. 

■iuuHM«*  (bif  3dtiibni(ft)  de  pied  ou 
housse  en  souliers.  Housse  de  carroMe. 

Mull*^  (batiDd)  d'olives,  de  faine,  de 
noies.  Huile  d'.-im.indes  douces.  Huile 
de  eliénevis,  de  n;ivet(e,  de  eol/.a,  de 
ricin,  de  lin,  d'oeilletle.  Huile  de  pois- 
son. Huile  vierffe ,  ^uni^fernbl.  Huile 
d'absinthe.  Huile   de  fleurs  d'orange. 

Hunieura  froides,  ou  écrouelU>s,(Sfro' 

Jet  (bcr  aSJurf)  de  pierre.  Jet  de  lu- 
mière. Jet  d'abeilles,  Nouvel  essaim. 

Jeu  de  boule,  \>iii  ilujulfpif  I-  Jeus  d'es- 
prit, SBi^i'^itlf.  Jeus  de  main,  .^dnbr^ 
Ipiflt.  Jeu  de  mots,  S\Jortf})tei.  Jeu  de 
voiles,  boUjlJnbii^td  3ri;tl)i)f rf.  Jeus  de 
pris, ^reiôfpieU.  Jeus  floraus,  ^;i3lumcn< 
fpiflf.  Jeu  d'orjfues,  Cr^elfpitl. 

Jeune  âjçe  ,  ba«t  iuijenblidjf  SClter. 

Jiiiçemeiit  témérair,t>orfilii}f*Urt^et(. 

Ju«  (ber  Saft)  de  citron  .  d'orange, 
d'herbes.  Jus  de  réglisse,  (Sûpl^cljfaft. 

liHit  clair  (ou  petit  luit),  ^UiUw.  Lait 
de  beurre,  bici^uttermild).  Lait  coupé, 
ffrbûnntf  SDiild).  Lait  de  poule,  Jpùl)« 
iifrmilcb.  Laitd'auiandes,9)ianbclmi((^. 
Lait  de  chaue,  SliitWdfitr. 

liumbriM  d'appui,  baê  îyrufti^ttûftL 

Ijitnce  fournie,  ber  iîau]fnfùbrfr. 

JLettre  de  crédit,  ber  (Srebitbriff.  Let- 
tre de  marque,  ^aperbriff.  Lettre  de 
voiture,  iÇrac^tbrief.  Lettre  de  créance, 
iytk^laubijunijdfd^rfibcn.  Lettre  de  re- 
créance. Lettres  patentes,  offtnt  JBrif  fe. 
Lettres  de  rémission ,  âît^nabii^ing^-- 
fd;rfibfn.  Lettres  de  relief  ou  de  ré- 
habilitation de  noblesse,  etc. 

liieu  de  sîlreté,  Drt  bcr  <éiétrl)tit. 
Lieu  de  plaisance.  Lieu  de  franchise. 
Lieu  d'asil,  bif  jïrfifltïtte. 

liiwne  équiuoxinle,  9ttc)uator.  Ligne 
méridienne  ,  bie  Si){ittajd(inic.  Lignes 
d'eau ,  aSafferlinien.  Ligne  de  démar- 
cation, Sd)eibun^)#nni(.  Ligne  de  di- 
rection, îDireftioui^tinif.  Ligne  d'opé- 
ration ,  £>perattonâ(iutf.  Lignes  con- 
tinues, T.  de  Fortif.  Lignes  d'appro- 
che. Lignes  de  contre-approches.  Li- 
gnes de  circonvallation.  Lignes  de 
contrevallation.  Lignes  de  communi- 
cation. Lignes  parallèles.  Ligne  de 
défense,  ou  Ligne  de  frontière.  Ligne 
de  douanes.  Ligne  de  postes.  Ligne 
de  sentinelles  avancées.  Ligne  télé- 
graphique.   Ligne  d'eau,  SBafftrltnie. 


L.l«ue  (rrise,  brr  uraut  Sunb.  Uc 
trois  petites  républiques  qui  compo- 
saient le  corp  des  (îrisons. 

L<iine  douce,  bit  (9lattfeilc.  Lime  sour- 
de, bir  fllUe  ètilt. 

ttlt  de  mi.sère,  bal  <  Lit  de 

douleur,    bol    i2Sd)ii  ;fr.     Lit 

nuptial,  C^brbett.  Lit  de  parade,  "^ct' 
rabf  bttt.  Lit  de  repos ,  9{ui)f  brtt.  Lit 
de  sangle,  (Burtbrtt.  Lit  de  camp. 
9«lbbrtt.  Lit  de  veille.  Lit  de  plume. 
ÎÇfberbftt.  Lit  de  justice.  ri*trr(iÉb*r 
.Jbron.  fritrtid^fe  Qitriâtt,  Lit  d'hon- 
neur, 23ftt  b»r  (?br». 

■.lunette  d'approche,  lunette  de  lon- 
gue vue ,  îÇfrnrobr.  Lunette  d'opéra  , 
caè  Cprrn^lad. 

.Hacliine  architectonique ,  bit  .^rbe» 
mafd;int.  IVlachine  de  compression  ou 
de  condensation,  bit  aîtrbtd^tun^êma- 
fd»iuf.  Machine  électrique,  (fttftrifir' 
mafc^int .  .Machines  de  guerre,  krifo^i' 
loerf^tUiV  Machine  hydraulique  où  à 
aue,  SBafTtrJutrf.  .Machine  pneumati- 

3UC.  Machine  pvriqiie.  .Machines  souf- 
antes.  —  Macfiine  à  vapeur,  Dampf> 
mafc^tnt.  —  Machine  infernale,  ^tV 
Itnmafd^int. 

.Vlatn  courante  ou //roMi7/^/n/,bit3tra||e. 

Haison  royale,  bai  iîunfcbloB.  Mai- 
son de  santé,  tai  iîranftnbaud.  .Mai- 
son de  prêt,  ^cihbaud.  Maison  de 
commerce,  .^anbddbaud.  Maison  de 
commission.  —  Maison  de  ville,  maison 
commune,  ©tabtbauô.  @tmeinbtbauè, 
9iatbb<>ui$.  Maison  d'arrêt.  Maison  de 
détention  ,  mais()n  de  force  ,  maison 
de  correction.  Maison  de  charité. 

Vlaiire  d'école,  'Sd)u(mttjttr.  Maitre 
d'étude.  Maitre  de  langue,  (Sprac^ltb* 
rtr.  Maître  valet,  maitre  garçon,  maî- 
tre clerc.  Maître  d'équipage,  <2*iff8« 
mti|ltr.  Maître  des  hautes  oeuvres, 
btr  .^tnftr.  Maître  homme,  maitre  sire. 
Maître  gonin,  lifliiitr  knu\.  Maitre 
aliboron,  i^Uuftumacbrr.  Maitre  de 
chapelle,  ÂaptUmti)ltr.  Maître  des 
requêtes.  Maître  des  comptes. 

.Wanteau  de  deuil,  btr  îrautmtanteL 
Manteau  de  cérémonie ,  Çtrt monitn* 
mantti.  Manteau  de  cour.  Manteau  de 
nuit,  ou  manteau  de  lit.  —  Manteau  de 
cheminée,  Jtaminftrfltibunj^. 

.Ilarrliand  forain.  Marchand  de  drap. 

.tlarin^e  de  conscience,  bit  (9tn;if« 
ftn^btiratb.  Mariage  sous  la  cheminée, 
btimlic^t  â)trbinbunç|.  Mariage  in  ex- 
tremis ,  .^tiratb ,  too  btr  tint  2b(i( 
btm  itobt  nabt  ifl.  Mariage  en  dé- 
trempe, ou  mariage  de  Jean  des  Vignes. 
15 


226 


La  grammaire   française. 


—  Mariage  de  la  main  gauche  ou  mor- 
ganatique, @^c  jur  Itnfen  ^anb. 

Marques  d'honneur,  (gf)renjcid^en, 
e^renjiûcfe  (Blas.). 

iHarronti  d'Inde,  tvt(be  ^afianten. 

Marteau  d'armes,  ter  ®trett^ammer. 
Marteau  d'horloge,  ^ammcr.  Marteau 
de  porte,  %i)iïvUo\)^ev. 

Masse  d'armes,  ou  seul,  masse,  ^oihin. 

Mât  (bcr  SJîajl)  de  vaisseau;  d'avant, 
d'arrière,  de  misaine,  d'artimon ,  de 
hune,  de  beaupré.  —  Mât  de  cocagne. 

Menu  plomb,  ^ogetbunfi.  Menu  bétail. 
Menus  grains.  Menus  plaisirs,  Za\(i)t\u 
fletb.  Menue  monnaie,  fleinc  âJîûnje. 
Menu  peuple,  gemeineê  SSolf. 

Mère  branche,  bcr  SOÎutterjlDctg.  Mère 
perle ,  bte  ^pertenmufc^el. 

Messe  basse  ou  petite  messe,  fltttc 
SKeffe.  Messe  haute  ou  grande  messe 
ou  grand  -  messe ,  J^o^amt.  Messe 
votive.  Messe  rouge. 

Mine  de  plomb  ,  baS  SBIeter^,  9let^6(ct. 

Ministère  public,  bte  offentltc^e  ÎQt= 
^ôrbe. 

Miroir  ardent,  ber  aBrcnuf^tcgel. 

Mise  en  possession,  (Sinfe^ung  in  ben 
?8cft§.  Mise  en  accusation,  SSerfe^ung 
in  ben  Slnftageftanb.  Mise  en  liberté. 
Mise  en  scène,  baS  in  (Sjene  fefeen.  Mise 
en  vente.  Mise  hors.  Argent  déboursé. 
Mise  en  oeuvre,  baê  inô  SBerf  fe^cn. 
Mise  en  pages  (Impr.).  Mise  en  train. 

Moine  bourru,  bev  ©neSgram. 

Monnaie  de  compte  ou  monnaie  ima- 
ginaire,  Slec^nungêmûnje.  Etc. 

Monstre  d'ingratitude,  etn  ^uêbunb 
i)on  Unbanfbarfett. 

Montre  d'orgues,  uorber jîe  Drgcf^3fet= 
fen.   —   Montre  marine,  bte  (Seeul^r. 

Moulin  (bte  Sîiii^Ie)  à  vent,  à  aue, 
à  vapeur.  Moulin  à  foulon ,  à  huile , 
à  papier,  à  poudre,  à  tabac,  à  sucre, 
à  tan.  Moulin  à  café,  ^affeemût;Ie. 

Moyen  âge,  ba8  SJitttetalter. 

Werf  de  boeuf,  £)d)fenjtcmer. 

Moeud  coulant,  bte  ©d^teifc.  Noeud 
gordien,  gorbtfc^er  ^noten.  Noeud 
d'épée,  SDegenfc^fetfe. 

Wom  de  guerre,  bcr  ^ncgênamc,  fa(= 
fc^er  9lamc,  (S^ott* ,  ©Jjt^naine.  Nom 
de  religion ,  .Ktofiername. 

Oiseau  (ber  SSogeï)  de  proie.  Oiseau 
domestique.  Oiseau  nocturne.  Oiseau 
de  jour.  Oiseau  de  nuit.  Oiseau  aqua- 
tie.  Oiseau  de  mer.  Oiseau  de  rivière. 
Oiseau  pêcheur.  Oiseau  voyageur. 
Oiseau  passager.  Oiseau  de  passage 
(3wgto«>g«0.  Oiseau  de  volière.  Oiseau 
de  paradis.  —  L'oiseau  de  Jupiter, 
l'Aigle.  L'oiseau  de  Junon ,  Le  paon. 


L'oiseau  de  Minerve ,  La  chouette. 
L'oiseau  de  Vénus,  Le  pigeon  ou  la 
colombe.  Fig.  et  pop. ,  L'oiseau  de 
saint  Luc,  Le  boeuf.  Léger  comme 
l'oiseau  de  saint  Luc.  —  Oiseau  (ber 
%(x{U)  de  haut  vol.  Oiseau  branchier. 
Oiseaus  de  leurre. 

Or  de  Manheim,  Composition  de  cuivre 
et  de  zinc  qui  a  l'apparence  de  l'or. 
Or  blanc,  bie  ^(atina.  Or  fulminant, 
baê  ^naCgotb. 

Ordre  de  marche,  ordre  de  bataille , 
9)iarfc^= ,  ®ci^lad^torbnung.  Ordre  min- 
ce, brctte  (Sc^tac^torbnung.  Ordre  obli- 
que, f(^râge  «Sc^Iad^torbnung.  Ordre 
de  choses,  bte  Drbnung  bcrSDinge.  Or- 
dre d'idées,  ©ebanfenovbnung.  Ordre 
du  jour,  îageSorbnung.  Ordre  (ber  Dr= 
ben)  de  Saint-Basile,  de  Saint-Benoît, 
etc.  L'ordre  de  Saint-Louis,  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  etc. 

Orfèvre  bijoutier,  Celui  qui  fabrique 
et  vend  des  bijous  d'or.  Orfèvre  jouil- 
1er,  Celui  qui  met  en  oeuvre  et  vend 
des  diamants,  des  pierres  précieuses, 
des  perles. 

Org-ue  de  Barbarie,  bte  ©re^orgef, 
bcr  iDrgdfaftcn.  Orgue  de  mer,  bte 
(Secorget,  espèce  de  madrépore. 

Ornement  courant,  Tout  ornement 
qui  se  continue,  qui  se  repète  dans 
une  frise  ou  une  moulure.  Les  entre- 
lacs, les  rinceaus,  les  oves  y  sont  des 
ornements  courants. 

Ortie  blanche,  ortie  jaune,  ortie  puan- 
te. Plantes  labiées,  qui  ne  sont  point 
du  même  genre  que  l'orfte  (bte  Sieffcl)/ 
mais  qui  ont  avec  elle  une  certaine 
ressemblance. 

Os  de  seiche.  Partie  dure  et  friable  qui 
soutient  le  dos  de  la  seiche. 

Paille  d'avoine  (bte  J^aferfpreu) ,  La 
balle  du  grain  ,  que  l'on  en  sépare 
par  le  van  ou  par  la  crible. 

Pain  (baê  58rot)  de  froment,  de  seigle, 
d'orge,  etc.  Pain  de  pommes  de  terre, 
de  châtaignes,  etc.  Pain  de  pâte  fer- 
me. Pain  de  ménage.  Pain  de  cuisson 
ou  pain  de  bourgeois.  Pain  de  Go- 
nesse.  Petit  pain.  Pain  mollet.  Pain 
à  la  reine.  Pain  au  lait.  —  Pain  de 
munition,  .^ommi^brot,  5Dtenft6rot. 
Pain  des  prisonniers,  ©efangenenèrot. 
Fig.,  Pain  de  douleur.  —  Pain  de  chien. 
Pain  de  cretons.  —  Pain  d'épice,  2eb» 
fud^cn.  —  Pain  bénit,  gcttjct^tcê  SSrot. 
—  Pain  à  cacheter,  bte  Dbtate.  —  Pain 
à  chanter,  bte  Dbfate,  Pain  sans  le- 
vain, coupé  en  rond,  etc.  Fig. ,  le  pain 
des  anges,  le  pain  céleste,  baê  9l6enb« 
mai}l  ,lfiaà)tmaf)i ,  l'Eucharistie.  Pain 


Formation  du  pluriel.  Locutions  substantires. 


ti7 


azyme,  unt^ffduerttiJ  S)rot.  —  Pain  de 
«ucrc  (;Surf*rl)uO-  l'ai»  de  «'re.  Pain 
de  bonifie.  Pain  de  savun.  Paiu  de 
ehénevi.s.  Petit  pain  de  heurre.  —  Pain 
de  noies,  d'olives,  de  roses,  etc.  — 
Pain  de  pourceau.  Plante.  Pain  de 
singe ,  Fruit. 

PaI«  fourrée,  paix  plâtrée,  trr^d^ein' 
frifbf. 

I*aliki«  (le  justice,  ber  5uftijpalaft. 

PtftnAclie  de  mer,  tic  ^ttpalmt.  Ani- 
mal acjuatic. 

l*Mpi«r  de  Chine,  â^int^^é^tii  'papier, 
Papier  l'ait  avec  la  seconde  pellicule 
de  l'écorce  du  bambou  ,  réduite  en 
pùte.  Papier  timbré  ou  marqué,  t^teni' 
pelpdpirr.  Papier  libre  ou  mort,  un^f  « 
)tfmpf(tf8,  \vt\\iti  ^apitv.  Papier  ré- 
tçlé ,  tinif  rtf  iJ  "Papier.  Papier  brouil- 
lard, îéofdjpapter.  Papier  peint  ou  pa- 
pier tenture,  iapftfnpapirr.  Papier 
volant,  ftifjîfnbeiï  À.Matt ,  Feuille  déta- 
cbéc  sur  la(|uelle  ou  a  écrit  (|uel<|ue 
chose.  Papier  terrier,  Hejçistre  con- 
tenant le  dénombrement  de  toutes  les 
terres  et  de  tous  les  tenanciers  qui 
relevaient  d'une  sei^^neurie ,  etc.  Pa- 
piers publics,  papiers  nouvelles,  bit 
;S«itunçien,  iJffMitlidjeu  ^lîldttfr.  Pa- 
pier monnaie  ,  bad  'papier ^db. 

Pttroln   d'honneur,    bai   ^^rtnivort. 

■"Mrti  (3treifcorpi>)  bleu,  Petit  parti 
de  gcnts  de  guerre,  sans  commissiou 
et  sans  aveu. 

Harlif*  d'oraison,  i>lfbft()ei(e.  Par- 
tie récitante,  bit  £>bfr)limme.  Parties 
concertantes  ou  parties  de  choeur. 
Partie  de  chasse  (3tï^bpk»rtit),  de 
pAchc,  de  promenade,  de  campagne. 
Partie  de  plaisir.  Ptirlic  cttrre'f.  Par- 
tie de  plaisir  faite  entre  deus  hommes 
et  deus  femmes.  Partie  fine.  Partie 
de  plaisir  où  l'on  met  quelque  mystère. 
—  Partie  civile  ,  bcr  .ft^tû^tr.  Partie 
publique,  Le  procureur  général  ou  ses 
substituts.  Parties  helliye'rantes  ,  bit 
frifgful^reuben  9)iàd;tt.  Parties  pre- 
nantes ,  Créanciers ,  etc. 

P««  de  Clerc,  tin  3cbni|fr,  2Î0(f  Faute 
commise  par  imprudence,  dans  une 
alTaire.  Pas  de  géant,  btr  9tiïffnfd)ri«. 
Pas  de  deus ,  pas  de  trois.  *)iuftrittd< 
tanj  f on  jtoti  ober  brci  ■ptrfonfu.  Pas 
géométrie,  ^eomïtrifcber^àcbritt.  Mau- 
vais pas,  fin  fc^limmer  'pajp. 

I"«ité  (bir  '^afltte)  de  canard,  de  per- 
dri,  de  lièvre,  do  cerf,  de  .sanglier, 
de  venaison.  Pâté  de  veau,  de  jambon, 
etc.  P.^té  de  saumon ,  de  truites ,  etc. 
Pâté  d'ermite,  Figue  sèche  dans  la- 


quelle on  a   renfermé  une  noie,  «ne 
noisette,  ou  une  amande. 

Piftite«  d'écreviiise  (  Jtrcbtfd^crrfn  ), 
d'araignée. 

Pérhé  (M(  (Sûnbt)  d'orgueil,  d'ava- 
rice ,  etc.  Péché  mignon ,  léiebtingl' 
fdnbr;  ®d>i>o^ffinbf. 

HédAlea  de  harpe.  Touches  de  fer  qui 
sont  placées  au  bas  du  corp  de  la 
harpe ,  et  qui ,  étant  abaissées  avec 
le  pied ,  servent  à  faire  les  dièses  et 
les  bémols.  Pédales  de  piano.  Touches 
de  bois  qui  sont  placées  sous  l'instru» 
ment,  et  qu'on  abaisse  avec  le  pied 
pour  modiber  le  son  de  différentes 
manières. 

■*«lote  de  neige,  brr  (Sc^ntrbaU. 

I*«lul«»n  de  (-iieniltes ,  Tne  grande 
quantité  de  chenilles  qui  sont  toutes 
ensemble  en   un  tas. 

I*cntlant<i  d'oreilles,  bail  Cbr^rijân^r. 

Pér«  de  famille,  brr  $antilicnoater , 
.feaudttatfr.  —  Père  noble.  L'acteur 
chargé  de  l'emploi  des  pères  dans  la 
tragédie  et  la  haute  comédie,  —  Père 
nourricier.  —  Les  pires  ileitlyUse,  bit 
Jtirdyrnvdttr.  I^es  pères  du  désert  y 
bit  a>âttr  btr  âSûflf.  Ptre  spirituel, 
ïBficbttjater.  —  Pop.,  Un  père  la  joie, 
ein  lufti^er  S^rubtr. 

l*erlea  fines.  Perles  fausses. 

l'elIte  vérole,  bif  ^oâtn .  ^Btatteru. 

Hlëee  (badStiicf)  de  viande,  de  chair, 
de  boeuf,  de  bois.  Pièce  de  rapport. 
Pièces  d'honneur,  (ybffujlûrff,  la  cou- 
ronne ,  le  sceptre,  l'épée ,  etc.,  qui 
sont  portés  par  les  grands  dignitairs 
aus  obsèques  du  roi,  et  dans  d'autres 
grandes  cérémonies.  Ku  termes  de 
lilason ,  pièces  honorables  ((^^rtnftû' 
(ff),  Certaines  pièces  de  Técu,  comme 
le  chef,  la  bande,  le  pal,  etc.  Pièce 
d'estomac,  ajrufttucfe.  Pièce  de  four, 
pièce  de  pâtisserie ,  ba*  'f&aâtvttt. 
Pièce  de  cabinet ,  Objet  rare  et  cu- 
rieus,  propre  à  orner  un  cabinet.  — 
Pièce  d'orfèvrerie.  Pièce  de  tapisse- 
rie. Pièce  de  charpente.  Pièce  de  bé- 
tail ,  (Stûrf  aîif^.  Pièce  de  volaille. 
Pièce  de  gibier.  -  Pièce  de  blé.  Pièce 
d'avoine.  Pièce  de  luzerne.  —  Pièce 
d'eau,  fiinftlid^fr  aSJaff'rbf b<îltf r.  Pièce 
d'écriture,  bit  Scbrift.  —  Pièce  de 
résistance,  ftattlicbf*  3tû(f,  Pièce  con- 
sidérable de  viande ,  où  il  y  a  beau- 
coup à  manger.  —  Pièces  de  batterie, 
et  mieus  Pièces  de  siège,  ajatttrifjlû' 
<ff.  Pièce  de  théâtre  (aosolument  piè- 
ce}, î^eatcrflûrf.  —  Pièce  de  compa- 
raison. —  Pièces  justificatives.  Pièces 


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La  grammaire  française. 


à  l'appui. —Pièce  de  monnaie  ,  ©etb= 
ftûcf.  —  Pièce  de  crédit ,  Pièce  d'or 
ou  d'argent ,  n'ayant  pas  cours ,  et 
que  quelques  personnes  portent  ordi- 
nairement sur  elles,  afin  de  n'être  ja- 
mais sans  argent  ou  sans  gage.  Pièce 
de  mariage,  Médaille  d'or  ou  d'argent 
que  le  mari  donne  à  sa  femme ,  pen- 
dant la  célébration  du  mariage. 

Pieds  de  mouche,  SJiûrf enfûf e  ;  baê 
©efn^cl.  Pied  cornier,  bcr  9)iaf)(baum, 
2)Zarfbaum,  ecfjîoûen. 

Pierre  (bcv  (Stctn)  de  liais.  Pierre  de 
taille.  Pierres  sèches ,  trorf enc ,  fjavtc 
@teinc.  Pierres  d'attente,  SScr^aI)nun= 
gen ,  9Bartfictne.  Pierre  parpaigne , 
©trecfjîcin.  Pierre  d'évier,  (Su^ftcin. 
Pierre  à  laver,  SSafdjfîetn.  Pierre  an- 
gulaire ,  ©d flein.  Fig. ,  Pierre  fonda- 
mentale, bcr  ©runbftctn  ;  baê  @runb= 
gefe§.  La  justice  est  la  pierre  fonda- 
mentale des  états.  Pierre  d'autel ,  511^ 
tarftetn.  Pierre  milliaire,  2)ht(enftcin. 
Pierre  à  broyer ,  Sflctbjlctn  ;  fÇar6en= 
reièer.  Pierres  levées ,  ®tcinbcnfmâ= 
ter,  Pierre  calcaire,  ^atfjîetu.  Pierre 
à  chaue.  Pierre  gypseuse,  @^^8flctn. 
Pierre  à  plâtre.  Pierre  vitrescible  ou 
vitrifiable,  vjcrglaêbarer  ©tetn.  Pierre 
de  meule  ou  pierre  meulière,  f9îû^I= 
ftetn.  Pierre  lithographique,  3«it^n«n' 
ftctn.  Fig.  et  fam. ,  Pierre  d'achoppe- 
ment, (Stein  bcê  2Injïo§eê.  Fig. ,  Pierre 
de  scandale,  (Stein  beê  Stnflo^cS,  iicii 
5(crgcrnt^.  Pierre  de  touche,  ^robter* 
ftctn.  Pierre  à  fusil,  ^(fntenfictn. 
Pierre  à  aiguiser,  (Srf)(cifjîetn.  Pierre 
à  brunir,  ^olicrfietn.  Pierre  ponce, 
SStmêftein.  Pierre  d'aigle,  5(b{er,ftctn. 
Pierre  d'aimant,  SJîagnetftcin.  Pierre 
de  bézoard,  SSejoarftein.  Pierre  de 
jade,  Sltercnftcin.  Pierre  de  mine,  6i= 
fenjîein.  Pierre  noire,  5lrt  fcf)j»ar3er 
jîretbe.  Pierre  infernale,  ou  Pierre  à 
cautère,  2lc|jîctn,  .§)ottcnfïetn,  Nitrate 
d'argent  fondu.  Pierre  à  détacher, 
i^tctfftejn.  Pierre  philosophale,  <Stctn 
bcr  SBcifcn.  Pierres  précietises,  ^ttU 
ftcinc ,  Les  diamants ,  les  rubis ,  les 
émeraudes ,  les  saphirs  ,  les  topazes  , 
les  opales,  etc.  Pierres  fines,  Les  aga- 
tes ,  les  onyx,  les  cornalines,  etc. 
Pierres  fausses.  Celles  qui  contrefont 
les  pierres  précieuses.  Pierres  de  cou- 
leur. Les  rubis,  les  saphirs,  et  autres 
pierres  colorées.  Pierres  gravées,  gc= 
fci^nittcnc  (Stcine. 

Pile  (bcr  ®to^)  de  bois,  d'écus.  Pile 
de  cuivre,  bcr  6tnfa|  tton  ^u^fcr. 
Pile  voltaïque  ou  galvanique ,  ou  pile 
de  Volta  (gattoantf^e  @âu(c). 


Pilier  (bcv  ^fcttcr)  de  dôme.  Pilier 
butant,  Corp  de  maçonnerie  élevé  pour 
contenir  la  poussée  d'une  voûte.  Pilier 
de  moulin  à  vent.  Pilier  de  carrière. 
Fig.  et  fam.,  C'est  un  pilier  de  pa- 
lais, cr  ticgt  bcftanbt'g  bor  ©ert^t. 
Pilier  de  cabaret ,  de  café  ,  de  cou- 
lisses ,  etc. 

Pilote  coder,  bcr  Sotfc. 

Piquet  (bte  ^ctbujac^e)  de  cavalerie, 
d'infanterie. 

Place  marchande  ,  bcr  ^anbtUpla^. 
Place  d'armes,  2Baffcn:|3(a^  ;  bte  ^e- 
ftung. 

B'ianche  (baê  58cet)  de  pourpier,  de 
chicorée. 

Plaque  (bte  ^(atte)  de  fonte,  de  fer, 
de  cuivre.  Plaque  de  feu,  de  cheminée, 
^cucr^tattc,  ^amtn:^(attc. 

Plat  pays,  taè  piatU,  flad^e  Sanb. 
Plate  peinture.  Les  ouvrages  de  pein- 
ture qui  se  font  sur  des  superficies 
plates;  par  opposition  aus  figures  de 
relief. 

Plat  (baê  ©crtcïjt,  bte  (Sc^t'ijTeO  de 
viande,  de  légumes,  de  poisson,  de 
gibier.  Plat  d'asperges,  d'artichauts. 
Plat  de  fruit.  Plat  de'crème.  Plat  d'en- 
trée ,  plat  de  rôti ,  plat  d'entremets , 
SSorgertdjt,  SScatcngertc^t.  Plat  de 
verre,  ©(aâtafcf.  Plat  de  balance, 
aSagf^atc. 

I*la«eau  électrique,  ©Icftnftrfd^ctSc. 

Plomb  de  sonde  (ou  simpl.  plomb), 
baê  2ot^. 

Pluie  de  feu,  lî^eucrrcgcn. 

Plumes  hoUandées ,  Celles  dont  on 
a  passé  le  tuyau  dans  de  la  cendre 
chaude  ou  dans  une  lessive,  pour  en 
ôter  la  graisse  et  l'humidité. 

B*luinet  de  pilote  (ou  penon) ,  bcr 
SScrfn(f)cr. 

l"oids  de  marc ,  Le  marc  avec  toutes 
les  subdivisions  d'onces  et  de  gros 
qui  y  sont  comprises.  Le  poids  de 
marc  est  de  huit  onces, 

l»oil  follet,  tn  %Uwmbatt. 

Point  (ber  ^unft)  d'équilibre,  de  con- 
tact, d'appui,  etc.  Point  de  section 
ou  d'intersection ,  bcr  SDurd^fd^ntttS* 
Ijunft.  Points  équinoxiaus ,  Stcquinoc* 
tial^unft.  Points  solsticiaus.  Point  cul- 
minant, ©utminattonêî,  ©t^jfet^junft. 
—  En  t.  d'Opt. ,  Point  de  concours  , 
SSrcnn^junft,  SScrctntgungê^junft.  Point 
d'incidence.  Point  de  dispersion.  Point 
de  réflexion.  Point  radieus.  —  En  t. 
d'Hydr.,  Point  de  partage,  %^ni\xnQ,%' 
pwnîU  —  En  t.  de  Méc. ,  Point  d'ap- 


Formation  du  pluriel.  I.oeations  sub.stantives. 


pui,  (Ztix^puntt.  —  Point  de  vue,  ®f» 
firfjtOpurift  «ti»fi*f-  Kn  t.  d'Aiiat. , 
Point»  t'iliaires,  îlui^friliftfrlot^ltin. 
—  Eu  inipr. ,  points  conducteiirH  ou 
points  cariés,  ïcitt punftf .  Point  voyel- 
lt>»  (absol.  points),  2.\cfalpunftr.  Point 
d'orgue,  JDrjt<lpunft.  —  Point  d'hon- 
neur, bf  r  Ç'brf  npunft.  --  Point  du  jour, 
bfr  iaiiffiianbrudv 

I*«iin4<t  do  diamant  (birX^iamantfpt^r). 
Pointe  du  jour,  bf  r  îtiibrurf)  bti  îaç^tt. 

l*(»i«Mun  volant,  flirt^rnbcr  ?r\id>. 

l"ok%r«4  l»n((,  laHi^ft  %^fffffr.  Poivre 
d'Inde  (o\i  piment),  bai*  laubMifrant. 

l"oi«  noire  (ou  sinipliMuent  pois),  baiJ 
■«^Jf di.  Poix  rf'sinr,  poix  fit-  liouryoyne, 
poi.r  jaune  ,  llésiiie  ordinaire. 

■■«iiiine  (bcr  Stpfcl)  de  reinette,  de 
eapendu,  de  ramboiir.  d'api ,  de  cal- 
ville. Pomme  à  cidre,  SOloflapffl.  Fiif. 
et  pop. ,  La  ponune  d'Adam,  btr  3(bani0. 
ap]ti.  Fiff. ,  Pomme  de  discorde . 
@trelt«,  ^S»»nfapfcl.  Pomme  de  pin. 
îannjapfen.  Pomme  de  cligne  (»u  noie 
de  gfalle,  ^idiapffl,  ©aUapffl-  Pomme 
(i'éjçlanticr.  pomme  épineuse  (ou  stra- 
inonium),  Stedjapfel.  Pomme  de  terre, 
©rbapftl.  Pomme  d'amour  (ou  tomate), 
Sitbféapfcl,  (Solbupfet.  Pomme  de 
chou  ,  fin  ^otjlfopf. 

Pompe  funèbre,  £<td>enijcpri!inç<e. 

Punipo  pneumatique,  ou  machine 
pneumatique.  îuftpnntpe. 

Pon<  de  bateans,  bit  ®d^tjfbril<fe.  Pont 
volant,  bie  fliei^f nbe  ïBrûcff .  Pont  tour- 
nant, j^tfljbriirfe.  Pont  suspendu,  Adn^ 
gfbrùrff.  Pont  de  corde,  ii(n\x* ,  @ei(. 
brûcfe.  Ponts  et  chaussées ,  bit  Î8rii« 
(fcn  unb  Strapen. 

Port  de  salut,  (2id)frl>eitô^afen. 

Port  d'armes .  baô  SKaffentrûiun. 

Porte  (  bif  îbùr,  '^Pfortc  )  bâtarde. 
Porte  carrée.  Porte  ronde.  Porte  en- 
chère. Porte  charretière.  Porte  vitrée, 
bit  ©iJiSttjiir.  Porte  coupée,  iibiK|**nit. 
tene  Jbiire.  Porte  brisée ,  ivl>f<'d)cnc 
îtjnrf.  Porte  teinte,  iMrnbtbiir,  blinbc 
î^iir.  Porte  perdue.  Porte  battante  , 
châssis  couvert  d'étofle,  qu'on  met 
devant  les  portes  des  chambres  pour 
empêcher  le  vent  d'y  entrer;  et  qui 
se  referme  de  lui-même,  après  qu'on 
l'a  ouvert.  Kiff. .  Porte  de  derrière,  bit 
.^intertfjûrf,  Vtu^flucht.  —  Porte  de 
secours,  gfljtimtr  éinla§,  t^r^rimtii 
^fôrtd)fn. 

Portée  de  fusil,  cinc  9(i"tfnfc^uf< 
Wfitf. 

Porteur  de  chaise  (ou  simnlement 
porteur))  btc  ©dnftentràger.  Porteur 


d'eau ,  fBaffrrtrdgrr.  Porteur  de  ron* 
traintes.  Porteur  de  parolen. 

Po«te  d'honneur  ,  brr  (*hrfnpo|!»n. 

Po«  '.  n.  eoMp.). 

SOimifflucf  aue  nifbrtrMi  befanntfti 
SKrIobirn  ;  SWifd)mafd>.  Pot  à  feu , 
Jtuertopf  ;  3turmbaftn. 

Poteau  (bit  ^foftt)  d'huis.4«rie ,  de 
croisée,  de  lucarne,  de  membrure. 
Poteau  cornier.    Poteau  de  décharge. 

Potfe   d'enfants,  tin  .^auftn  Ainbcr. 

Potier  d'étain.  btr  .SiHn<|itffr. 

Pouce  d'eau,  .SoUroalTtr. 

Pondre  impalpable,  unftihlbartl,  a(> 
If rfftnflfi»  '^ul\?fr.  Poudre  de  diamant.*), 
X)iamantftaub.  Poudred'or,  Qotbflattb. 
Poudre  de  projection.  Kig.  et  pop.. 
Poudre  de  perlinpinpin.  -  Poudre  â 
((iboyer.  Spûrfrfipuirtr.  Pondre  de 
mine,  «Pîintn',  Sprtni^pulttr.  Pondre 
fulminante,  .Hnatlpulvtr. 

Poule  faisande,  bit  îVafanbtnnt.  Poule 
pintade.  Poule  de  Barbarie,  '^trlbubn. 
Ponle  d'Inde,  îrut^tnnt.  Poule  d'eau, 
2BafTtrbuljn. 

Préiience  d'esprit,  bit  Ottfttt^tgcn' 
trart. 

Prénent  de  noces ,  bit  ^ecfijtitêi^abe. 
Présents  de  ville ,  ou  présents  de  la 
ville,  (StabtgtfAtnf,  Le  vin,  les  con- 
fitures, etc.  ,  qu'un  corp  de  ville  don- 
ne en  de  certaines  occasions  à  des 
personnages  de  distinction,  rois,  prin- 
ces, ministres,  ambassadeurs.  Fig. , 
présent  du  ciel,  Oîcfft'tnf  btô  •Ç'tmmtt*. 

Préwdt  roval,  fôniglic^tr  rbtrricftttr. 
Prévôt  de  IhAtel.  rbfrfjofnéttr.  Pré- 
vôt des  marchands,  3tabtri*ttr.  Pré- 
vôt de  salle,  SSorftcbttr. 

Prime  d'assurance.  2?frri(^trungê|>râ« 
mit. 

Priite  d'ean,btt  ^bftttung  btêSBafTtré. 
Prise  d'armes,  Pr^rtifung  btr  SBafftn. 
Prise  d'habit  (ou  r<»7t/rp>,  ©infltibung. 
Prise  de  possession  ,  fétfiîitrgrtifung. 
Prise  de  corp,  JBtr^ûftung.  Prise  â 
partie. 

PrlNonnter  d'état,  (Staattgtfangtntr. 
Prisonnier  de  guerre  ,  jfritgêgtfange» 
ntr. 

Priiion  privée  ou  chartre  privée,  ^rf» 
ratijtfângni^. 

Procureur  général ,  @tntra(f)rocu' 
rater. 

ProfesMion  de  foi,  Slanbtnf btftnnt' 
ni$. 

ProMtii  de  fiefs.  ?o 

Promemie  de  mari'  .atblwett 

{>rt(^(n. 


230 


La   {grammaire  française- 


Provision  de  carême,  tÇajlentiortdtî)e. 

Prudence  mondaine,  prudence  de  la 
chair,  prudence  du  siècle,  tic  9SeIt= 
f(«g^cit.  Prudence  chrétienne. 

Puissance  du  glaive,  Sîici^tgewalt; 
9led^t  ûèer  Sebcn  unb  îob.  Puissance 
des  clefs ,  Le  pouvoir  de  remettre  ou 
de  retenir  les  péchés.  Puissance  de 
fief,  ïet)enê:^errtici^c  ©ett>a(t. 

Puis  artésien,  artcftf^ec  aSrunncn. 

Pulmonaire  de  chêne,  Sungcnfïectjtc. 

I^uart  d'éeu ,  SStcrtclt^alcr.  Quart  de 
cercle,  ber  iQuabrant.  Quart  de  cercle 
mural,  bcr  SKauerquabront.  Quart  de 
vent,  quart  de  rumb  (t.  de  Mar.),  bcr 
Sffiinbftrctc^.  Quart  de  conversion,  bic 
SStcrtcfWcnbung.  Quart  de  rond  (t. 
d'Archit.),  bcr  SSiertctjîab.  Quart  de 
soupir  (t.  de  Mus.),  (3cd;jcî^ntcl^)aufc. 

Quartier  de  réduction,  ber  9fïcb«c= 
ttonê^îQuabrant.  Quartier  de  lard,(3tùcf 
@^)ccf .  Quartiers  de  pierre,  gro§e  ®tci= 
ne.  Quartier  tournant  (t.  d'Arch.),Les 
marches  qui  sont  dans  l'angle  d'un 
escalier,  et  qui  tournent  autour  du 
noyau.  Quartier  de  soulier,  baê  D«ar= 
tter.  —  Quartier  (baê  Sager)  de  cava- 
lerie, d'infanterie.  Quartier  des  vivres. 
—  Quartier  d'hiver,  baê 2Bintcrquar= 
tter.  Quartier  de  rafraîchissement,  6r= 
^otungêquarttcr.  Quartier  du  roi ,  du 
gjénéral,  ou  quartier  général.  Quar- 
tier d'assemblée,  bcr  <Bammtipia%.  — 
Quartier  de  la  lune,  a)îonbtotcrtet. 

Quenouilles  de  lit,  bte  58ctt^foften, 
Les  colonnes,  les  piliers  qui  sont  aus 
quatre  coins  de  certains  lits. 

Querelle  d'Allemand,  (Streit  oî)nc 
©runb. 

^ueue  prenante ,  bcr  SBtcfctfd^JDanj. 
En  parlant  des  chevaus,  Queue  à  l'an- 
glaise, cngtif^cr  ®tu^fd)tj?anj.  Queue 
en  balai.  Queue  en  trompe,  etc.  — 
Queue  de  mouton ,  ®rf)njanjftû(f  »om 
^ammcf.  Queue  de  martre,  2îtarbcr= 
fc^jcan^. 

Race  de  vipères,  iOtterngciûc^t. 

Rag-oûi  (baêSftagont)  de  champignons. 
--   Ragoût  de  couleur ,  ^arbenrci^. 

Rais  de  coeur  (t.  d'Arch.) ,  baê  J^er^= 
ïaufc. 

Raisin  d'ours,  bte  SBarentraubc  ;  ?9îeï)t= 
fecerc  ;  ©tcinbccrc.  Grand  raisin,  Sorte 
de  papier. 

Raison  d'état,  bcr  (Staatêgrunb.  Rai- 
son de  famille.  Raisons  de  convenance. 
Livre  de  raison  ou  grand  livre ,  baê 

Rappel  deban,  bcr  SBJtbcrruf  bcr5(^t. 
Rappel  à  l'ordre,  baê  jurDrbnung  ru= 
fcn.  Rappel  à  succession.  — Rappel  de 


lumière  (t.  de  Peint.) ,  9lùrf|îrot)Iung 
bcê  Stc^teê. 

Rapport  (bte  5Scr6tnbutig,  aScjtel^ung) 
de  convenance ,  de  disconvenance,  de 
similitude,  de  différence ,  etc. 

Rase  campagne,  flad^cê,  e6cneê  t??lb. 

Ras  de  marée ,  Bouillonnement  occa- 
sionné par  la  rencontre  de  deus  ma- 
rées, de  deus  courants  opposés. 

Rayon  de  miel,  Morceau  du  gâteau 
de  cire  fait  par  des  abeilles,  lorsque 
le  miel  y  est  encore. 

Recours  en  grâce,  Demande  par  la 
quelle  on  s'adresse  au  prince  pour 
obtenir  la  remise  ou  la  commutation 
d'une  peine  infligée  par  jugement. 

Rég^iine  dotal ,  baê  a3raiitfci^a^ber= 
^dltnî^. 

Reliquat  (bcrStîirfftanb)  de  compte. 

Remède  de  bonne  femme,  5(lttDctbcr= 
mlttct.  ~  Remède  de  loi  ou  tolérance, 
Sîingcrung  am  ^oriie  obcr  S^ctngc^tt 
(t.  de  Monnayage). 

Renard  marin ,  @cefd^lt)cin. 

Repas  prié ,  einc  angcftctttc  a)îot)(jcit, 
ctn  ©afîgebût. 

Requête  civile,  Voie  extraordinaire, 
admise  dans  certains  cas  déterminés 
par  la  loi,  pour  obtenir  qu'un  juge- 
ment ou  un  arrêt  rendu  en  dernier 
ressort  soit  rétracté. 

Respect  humain,  La  crainte  qu'on  a 
du  jugement  et  des  discours  des  hom- 
mes. Il  a  fait  cela  par  respect  humain, 
cr  f)at  btc§  auê  fRûrfftd^t  fur  baê  Ur= 
t^ctf  bcr  SGBc(t  gct^an. 

Rétention  d'urine  (ou  simplement 
rétention},  bic  ^amticrjîopfung,  .^larn- 
tocr^aftung. 

Retour  de  chasse,  Sâgcrmal^L  Retour 
d'équerre,  rcdEittuinfcttge  S3rcd^ung. 
Retour  à  angle  droit. 

Retrait  lignager,  baê  Slâ^crrcd^t,  bte 
©rbrofung.  Retrait  féodal.  Retrait  con- 
ventionnel ou  réméré. 

Retraite  de  voleur,  de  brigands, 
SDiefcêncft,  Sfîaubcrîici^Ie. 

Revers  de  fortune  (ou  simplement  re- 
vers),  ctn  UngfûcBêfatt,  UnfaK.  Fig. 
et  fam, ,  Le  revers  de  la  médaille, 
bte  (S(^attcnfcttc.  Revers  de  pavé,  baô 
<Sctten:|)Pajler,  Partie  inclinée  du  pavé 
d'une  rue  depuis  les  maisons  jusqu'au 
ruisseau. 

Revirement  de  parties,  de  fonds,  de 
deniers  (ou  simplement  revirement), 
baê  2(b=  unb  ^u\é)tt\htn  ber  ^ojlcn. 

Révolution  d'humeurs.  Mouvement 
extraordinaire  dans  les  humeurs. 

Rliu barbe  des  moines,  ^rt  ^m^fer. 


Formation  du  pluriel.  Loentions  sabstantires. 


231 


lthuni<^   de  oprvcaii ,  ou  coryza,  ber 

Roirnurn  |^a0 'îlbft^nittfd)  de  papier, 
de  livres,  de  ((niits,  d'oiiKies,  de  loois- 
d'or ,  de  pirccs  (l':ir(^<>nt. 

Rul  d'armes,  brr  S\^at;(nr^ni9,  Le  chef 
des  hérauts  d'armes.  Le  roi  de  la  ha- 
soehe,  ber  SSorjl^fr.  Le  roi  de  l'oiseau, 
bfr  SBoi^flfcttijî,  '^chutiftifonia. 

Rnnd  d'eau  .  ruribcr  SEBafTfrbfbiSftfr. 
Ronde  de  lahle  (ou  simpl.  nnule)  , 
('haiisnn  à  refrain  où  chacun  chante 
tour  à  tour. 

Hoae  (bir  d{off)  douhle.  Rose  à  cent 
feuilles.  Kose  des  quatre  .saisons  ou 
de  Damas.  Rose  panachée.  Rose  ve- 
loutée. Rose  blanche.  Rose  jaune.  Rose 
pâle.  Rose  rouge.  Rose  muscade.  Rose 
mousseuse.  Rose  pompon.  —  La  rose 
d'or,  bif  gotbtne  îHoft.  —  Rose  de 
diamants,  de  rubis,  etc.  —  Rose  de 
compartiment ,  ffflbrofe.  —  Rose  des 
vents  ou  du  compas,  SBtubroff. 

Ronalsnol  d'Arcadie,  arfabifcf^t  9{a(^> 
tigaU,  ^ffl. 

Rôtie  ((^rrèftrtf  SBrotfc^nitte)  au  vin, 
à  l'huile,  au  beurre.  Une  rùtie  de  ge- 
lée de  groseilles,  l'ne  rôtie  de  miel, 
de  beurre,  fine  .^onig»,  i^utttrfd^nittt. 

Roue  (baêSab)  de  charrette,  de  car- 
rosse, de  cabriolet,  etc.  Roue  de  ren- 
contre ,  ©tei^erab.  Rotie  de  câble  ou 
pli  de  câble,  Chacun  des  cercles  ou 
cerceaus  <ju'on  fait  faire  à  un  cable 
pour  le  plier.  Roue  de  fortune,  (Sliirfê- 
rab. 

Rouelle  (bte  <Bé)t\bt)  de  citron,  de 
pomme,  de  betterave,  de  concombre. 
Rouelle  de  reau ,  Partie  de  la  cuisse 
d'un  veau  coupée  en  travers ,  et  qui 
se  trouve  ainsi  de  ligure  ronde. 

Rouet  d'arquebuse  ,  bic  9tab6ûrf>ft. 

Rouleitu  (bif  9{oUr)  de  papier,  de 

fiarchemin,  de  ruban,  de  tabac,  de 
ouis  d'or.  Rouleau  d'ortfeat,  de  sirot, 
de  ffuimauce,cte.  ,  rneliolc  de  forme 
cylindrique,  contenant  du  sirot  d'or- 
geat .  etc. 

Roulette  d'enfant  .  bft  StoUtvaijtn. 

RuuMMln  d'Arcadie,  (in  C^frt. 

RouR  vents  ou  vents  vous.  Vents  d'avril 
froids  et  secs,  qui  font  tort  aus  ar- 
bres fruitiers. 

RubHD  d'eau,  ba9  'S^tç^tntvaut. 

RublN  (brr  9{ubtn)  hiilais ,  (Vlui  qui 
est  d'un  rouge  léger.  Rubis  spinel , 
Celui  qui  est  d'un  rouge  mêlé  d'une 
légère  teinte  de  jaune. 

■ac  de  papier,  ber  ^apierfarf;  bit 
T)ûtt.  Sac  à  blé,  ©etreibefarf.  Sac  à 
charbon,  sac  à  avoine,  sac  à  terre,  etc. 


Sac  à  poudre,  bie  ^ubrrtafi^r.  Sac  de 
blé,  ®a<f  Wftrribf,  mit  ffittrribr.  Sac 
de  farine.  Fig.  et  pop..  Sac  i  vin, 
rin  2Bfinfd?laurf>,  Irunfcnbelb.  —  Sac 
à  ouvrage,  bfr  5trbcit*bfutfl.  Sac  de 
nuit.  Sac  où  l'on  met,  en  voyage,  se» 
bardes  de  nuit.  Sac  d'agate.  Sac  où 
les  femmes  mettent  leurs  livre»  de 
dévotion  pour  aller  à  l'église.  —  Sac 
de  procès,  Sïctenfflrf.  --  Sac  lacry- 
mal. Sac  herniair. 

■  •friin  bâtard  ou  cartkame.  Safran 
des  Indes  ou  curcuma.  Safran  dea 
prés  ou  colchic. 

■ntne  raison,  bir  <t(funb(  93rrnunft. 
Saine  doctrine,  La  doctrine  orthodoxe. 

Nninte  Famille,  bit  ^(ilit^f  îïamilie. 
Saint  des  saints,    bai    SUrrl^tili^flr. 

•  «laon  nouvelle,  bat  iVrûf^jal^r.  La 
belle  saison,  bir  fcf^ënr  ^ii^rrtirit.  l^ 
saison  des  frimas,  des  pluies,  des  ora- 
ges. 1^  saison  des  fleurs,  bir  S(iJt|K' 
;|(it.  La  saison  des  fruits.  Saison  des 
mars,  des  semailles,  des  foins.  —  I^ 
saison  des  perdreaus,  des  cailles,  des 
bécasses,  etc. .  9lf)?|jljijl)nrr;(rit,  f&aéf- 
trl^rit,  <S(^nrj)frn^fit. 

■alHde  (brr<Sa(at)  de  petites  herbes, 
de  laitue,  de  pourpier,  de  concom- 
bres, de  raiponce,  de  betteraves,  de 
chicorée ,  de  céleri.  —  Salade  de  câ- 
pres .  d'anchois ,  de  volailles.  —  Sa- 
lade d'oranges. 

Halle  du  trône,  brr  î^rcnfaaf.  —Salle 
de  verdure,  salle  verte. 

Union  (brr  (Baal'  de  musique.  Salon 
d'hiver.  Salon  d'été. 

SalutK  de  mer.  «Srri^riî^r  ;  Sc^iff^^rii^r. 

Halutatiou  angélique ,  brr  rn^ltfd^r 
©ru6. 

Salve  (bir  @ûlfr)  d'artillerie,  de  mou.s- 
queterie.     Salve    d'applaudissement.s. 

Sauce  (bir  a?rùbr)  blanche,  rousse, 
verte,  courte,  etc.  —  Sauce  du  tabac, 
Xabatibtiit. 

Htknt  de  carpe,  brr  5tarJ>frnfï»runiV  Saut 
périlleus,  .Çiauptfprun^.  K»  I.  de  Ma- 
nt'-ge,  Saut  de  mouton.  ^dfipUn' 
fVrun^,  (Sritrnfjjruni^.  Kam. .  Saut  de 
Breton.  Le  saut  .  la  chute  d'un  hom- 
me qu'on  fait  tomber  par  un  certain 
tour  de  lutte.  Saut  de  motitin.  Chute 
d'eau  qui  fait  aller  un  moulin.  S««t 
de  loup ,  bir  JBolf^jrubr. 

Saute  de  vent ,  baè  Umfpringtn,  Um> 
fr^icn. 

Science  infme  ,  Celle  qui  Tient  de 
Dieu  par  inspiration. 

Scieur  (brr  >Sdi)rr)de  long. Celui  qoi 
scie  le  bois  en  long  pour  en  faire  des 
planches. 


232 


La  grammaire  française. 


Scrupule  de  conscience  ,  bcr  ©eictf' 
fcnêjttjcifet. 

Secrétair  d'état,  fcer  <Staatêfcfretâr. 
Secrétair  d'ambassade ,  ber  @efanbt= 
fc^aftêfefrctâr. 

Secteur  sphédc,  bcr  ^ugefauêfcî^nttt. 

Sein  d'Abraham  ,  5l6raf)amêfc^oof . 

Sel  attic,  attif^cê   @a(j,  La  manière 
tine  et  délicate  de  penser  et  de  s'ex- 
primer qui  était  ordinaire  ans  Athé-'' 
niens  et  à  leurs  écrivains. 

Selle  à  tonts  chevaus,  bcr  @cmctn^)la^. 

Semaine  Sainte,  bte  ^i)atïOcà)i  ;  ®t'- 
btthuâ)  fur  bte  (S^artrod^c. 

Semelle  (bte  ®o^tc)  de  buffle.  Se- 
melles de  liège,  de  feutre,  .^orffoi)» 
len,  %xii\oiiUn. 

Semence  de  perles,  (Samen^erfcn. 
Semence  de  diamants,  Très  petites 
parcelles  de  diamants  dont  on  orne 
des  bijous. 

Séné  bâtard  ou  émérus ,  ber  aSIafen^ 
jlrauci^. 

Sens  commun ,  ber  gefunbe  SDîenfc^en» 
ticrfîanb. 

Sentiments  naturels,  natûrttc^e  @e< 
flirte. 

séparation  des  métaus ,  bte  ^é)tu 
bung.  Séparation  de  corps,  (Sd^etbung 
ijon  3)tfc^  unb  SSett.  Séparation  de 
biens. 

Serment  de  joueur,  ber  (S^tc(erfd)n)ur. 

Serre  chaude,  wanncê  @ct»â(ï)êt)auê  ; 
2;retb^auê. 

Serrure  (baê  (Srf)(op)  à  double  tour, 
à  deus  attaches,  à  trois  pênes.  Ser- 
rure à  bosse.  Serrure  de  siirelé.  Ser- 
rure à  secret.. 

Services  fonciers ,  tÇro^nbienfte. 

Serviteur  des  serviteurs  de  Dieu,  bcr 
^ncd^t  ber  ,^ned)te  ©otteê,  Le  pape. 
Serviteur  de  l'état,  bcr  @taat§btener. 

Siég-e  (bcr  ScffcQ  de  paille,  de  jonc, 
de  cannes,  de  tapisserie,  etc.,  dont 
le  fond  est  garni  de  paille,  de  jonc, 
de  cannes  ,  etc.  Sièges  de  pierre ,  de 
marbre,  de  gazon,  @tctn= ,  S)îartnor-, 
giafcnbanf.  Le  siège  d'un  cocher,  bcr 
.Sutfcï)crrt^.  Le  siège  d'un  selle ,  ber 
©attefft^. 

Sivnal  (baê  ^t\6)txi)  de  détresse,  de 
départ ,  de  ralliement ,  etc. 

SiKnature  de  justice,  signature  de 
grâce ,  bcr  ©nabenbrtcf. 

Silène  (ba8  3e«t^cn)  d'alliance,  de  vie. 
Le  signe  de  l'alliance,  ber  giegcnbogcn. 
Le  signe  de  la  crois  ,  baô  ^txé^tn  bcê 
.^rcMjcê. 

Simple  clerc,  etn  btopcr  Slcricuê. 


Sirop  fmieus  sirot]  (bcr  (Stru^))  de  vi- 
naigre ,  de  groseilles ,  de  mûres ,  de 
grenades,  de  limons,  etc.  Sirot  de 
roses  pâles ,  de  fleurs  de  pêcher,  etc. 
Sirot  violât. 

Société  (bte  @efcttfcï)aft ,  ber  SSeretn) 
de  financiers ,  de  marchands.  Société 
de  commerce.  Société  léonine,  Scont^ 
nif(^c  ©cfcÛfdÈiaft  (tu  jweld^er  bcr  etnc 
3;^ett  nur  Soften  unb  fetncn  ©eivtnn 
^at).  Société  littéraire ,  n)tffcn[cï>aft= 
{\A)tx  fBcretn. 

Soeur  de  père  et  de  mère ,  ou  soeur 
germaine,  Ietb(tcf)e  (Sd^njcfter.  Soeur 
de  père  ou  soeur  consanguine.  Soeur 
de  mère  ou  soeur  utérine.  Soeur  na- 
turelle, natûrttc^c  ®d)n)efîcr.  Soeur 
de  lait,  SJÎtfrfifd^ttjefîcr.  Soeur  laies 
ou  soeurs  converses.   Soeur  écoute. 

Sommation  respectueuse,  c^rcrbtc= 
ttgc  SStttc. 

Somme  (bte  (Summe)  d'argent.  Som- 
me totale,  ^au^Jtfumme. 

Sort  des  armes ,  tci^  S8affeng(û<f . 

Soufflet  (bcr  58(afe6afg)  à  deus  vents, 
à  double  vent,  à  double  âme.  Soufflet 
dont  une  partie  aspire  l'air,  pendant 
que  l'autre  le  chasse ,  en  sorte  qu'il 
souffle  sans  interruption. 

Soupe  (bte  (Su:|):|3c)  aus  éerevisses,  à 
la  tortue,  aus  herbes,  à  la  purée,  à 
l'oignon,  aus  navets,  aus  chous,  au 
lait,  etc.  Soupe  de  santé.  Soupe  au 
vin  (2!Sctnfa{tf(^are) ,  soupe  au  perro- 
quet, soupe  à  perroquet,  Des  tran- 
ches, des  morceaus  de  paindans  du  vin. 

Source  du  vent,  berCStrtd^  bcê  ^om= 
^japê,  njo  bcr  âStnb  ^crfommt. 

Spectre  solair,  baê  t?ar6cnbtlb,  @ott= 
nenbttb. 

Sperme  de  baleine,  ber  SBaffratl^. 

Sphère  d'activité,  ber  2Btrfungêfrct8, 
et  Fig. ,  ©cfc^âftêfretê. 

Stil  de  grain,  ixxè  (Scf)ûttgc(b. 

Style  de  l'Écriture,  bte  «Sd^rtftf^rad^e. 
Style  du  palais ,  ber  9lcrf)tê|ï^t. 

Succès  (ber  (Srfotg,  ti^i  @c(tngen)de 
circonstance ,  d'estime. 

Sucre  brut,  roî)cr  ^ixittx.  Sucre  candi, 
^anbtê^urfer.  Sucre  de  pomme.  Sucre 
d'orge.  Sucre  tors.  Sucre  rosat. 

Suisse   d'église,   ber   ^tr^ttjûrftel^er. 

Suite  (bte  iÇotge)  de  médailles,  de  mon- 
naies, d'estampes ,  de  portraits.  Suite 
de  rois,  de  magistrats.  Suite  d'aïeus. 
Suite  d'aritméthique. 

Suivants  d'Apollon,  Les  poètes. 

Suj  et  (ber (Btoff)  de  comédie,  de  poème. 

Supplices  éternels,  bte  .^ôttcnflras 
fen,  bte  ciDtge  ^cin. 


Formation  du  pluriel.  Loentions  substantives. 


k 


HuppoMltUin  (tit  Unttrfdiirbung)  de 

ituiii  ,  (l'ciiraiit ,  (Itr  part. 
VuppreMMioH    (lu   part  ou   d>iifnnt, 

93rr^(iinli(^unâ  tintU  ntuç^tboxntn  Ain* 

ilurcruh  (ber  ,Sutvti(i)<>  )  (!<*  roiiipn(i^ni<>. 
Surcroît  (le  iiialluMir,  de  misère,  d'em- 
barras, etr.  Siiroroil  de  douleur,  d'af- 
flifliou  ,  de  peine. 

Murtfeon  d'eau,  ^prinçi(\u tU ,  Petit 
jet  d'eau  (|ui  sort  naturellement  de 
terre  ou  d'une  roche. 

VuapeiiMiuii  (bic  !2tuffd)iebunit)  de 
poursuite.  Suspension  d'armes,  ber 
SWaffcMftillflaub. 

MyuipttViiie  (bai)  3(id^fn)de  maladie, 
de  peste,  de  décadence,  d'amour,  d'am- 
bition. 

Myiiiëmo  (bie  ^rt  unb  SBeife)  de  con- 
duite, de  gouvernement. 

TnbernacleN  éternels,  bie  tloigcn 
J^iitten,  Le  ciel,  la  demeure  des  bien- 
heureux. 

Table  (ber  Xi^âf)  de  chêne,  de  noyer, 
d'acajou ,  etc.  Table  de  marqueterie. 
Tablé  volanta,  j^lu^tild).  Table  de  nuit, 
9Udjttif(b.  ~  Fig.  ,  Table  de  marbre, 
9)larmortafe(,  nom  uu'on  donnait  autre- 
fois àcertainesjurldictionsde  itremière 
instance,  qui  connaissaient  (les  affai- 
res de  la  connétablie,  de  l'amirauté, 
et  des  aues  et  forêts.  -  Les  cheva- 
liers de  la  table  ronde,  bie  îRitter  sou 
ber  îafftrunbe.  —  La  première  table, 
ber^errcntifd).  Table  d'htite.—  La  sain- 
te table,  baô  3(benbma^l,  -  Table  rase 
ou  table  d'attente,  (eerc  flatte.  Fig. , 
Table  rase  ,  SDîtufc^,  ber  nod)  fur  jebe 
9trt  »on  Piubnlcf  en  enH)fànkïti(f>  1^1.  - 
Les  tables  du  crâne ,  bie  J^irnfdjtSbef- 
tafeln.  —  Table  des  chapitres ,  baô 
JÇoViteft^erieicftnip.*  Tables  météo- 
rologiques ,  SBcttcrbeobacbtungêtafeln. 
La  table  Isiaque ,  bie  3ptafet.  Tables 
astronomiques,  aflronomifdie  îabelleu, 
îafetn.  Table  pythapri(iue  ou  de 
Pythagore,  pttttai^orilifcbe  îafel ,  %a- 
belle.  Table  de  logarithmes.  Table  des 
sinus.  Table  de  réduction,  JHebufttcnfl' 
tabetle.  Table  (baS  i^ret ,  (aaitenbret) 
de  guitare  ,  de  piano  ,  de  basse ,  etc. 
On  dit  aussi ,  table  d'harmonie.  — 
Table  de  rubis  ,  d'émeraudes.  Fitc. 

TnbleAu  (baë(^enidtbe)  de  prix.  Ta- 
bleau de  chevalet.  Tableau  d'histoire. 
Tableau  d'église.  Tableau  de  genre. 
Tableau  mouvant.  En  phys. ,  Tableau 
magnilic,  bie  ^aubertafel. 

Tablette  (tai  ©efimft)  de  marbre, 
de  pierre.  Tablette  d'appui.  — Tablette 
de  chocolat,  6^ofo(atetafei. 


Takiler  de  timbale,  bie  ^auttnfd»Ur\t. 

Taffetati  d'.Angleterre,  engltfd^e*  ^fla' 
fier. 

Taie  d'oreiller,  bie  Xcpfti^tn\itdtt. 

Talon  lie  umche  ,  Sorte  de  chilTte 
ou  de  vignette  imprimée  en  forme  de 
bande  à  l'endroit  d'un  reg  .strc  à  »«»u- 
che  où  doivent  être  couiiés,  avec  les 
ciseau.4.  le.s  feuillets  (font  on  veut 
détacher  une  partie. 

Tambour  de  basque ,  bie  Sto^reit» 
trcmmel,  •t'onbtrommet. 

Tampon  (ber  ^fro^f,  <St9}>fe(,  3o' 
ffen,  î»cbel)  de  liège,  de  bois.  Tam- 
pon (^tô^jfet)  de  linge ,  de  papier. 
Tampon  de  charpie  ,  d'amadou  ,  ba« 
3cf>wammbiiuf{(>(reu. 

Tapi»  (ber  îejjjjic^)  de  table,  de  pied. 
Tapis  de  billard,  ber  <8iUarbfiberiuo|. 

Tarif  (ber  îarif,  9tnfafti  des  droitîi , 
des  douanes.  Tarif  des  glaces.  Tarif 
des  monnaies. 

Tartre  émétique  (ou  simpl.  éui/tiqit»Jf 
ber  93red)n)einjtein. 

Tartuf  de  moeurs.  Homme  vicieus  qui 
affecte  de  grands  principes  de  morale. 

Tas  (ber  .^aufen)  de  gerbes,  de  foin, 
de  pommes,  de  fagots,  d'échalas ,  de 
pierres,  de  blé.  Tas  de  coquins,  de 
fainéants,  de  fripons,  de  filous. 

TaiRe  (bie  @(^ale .  Za^t)  d'argent, 
de  cristal ,  de  faïence,  de  porcelaine. 
Tasse  de  café ,  de  chocolat. 

Ténioicnace  de  la  conscienee,  hai 
âeu^ni^  beô  ©emiffen*.  Le  témoignage 
des  sens,  bad  ^eu<)ni^  ber  iSinne. 

Témoin  (ber  jtiid')  oculair ,  auri- 
culair.  Témoin  à  charge.  Témoin  à 
décharge.  Témoins  nécessairs ,  9lot^' 
jeu^en,  notljHjenbifle  3«"i<fn-  Témoin 
muet,  flummer  ;SfUiJ«'  2îettjei*. 

Temp  vrai  ou  apparent,  tva^re  ober 
f(i)einbare  ^Seit.  Temp  moyen.  —  Temp 
d'orage,  gros  temp,  ftiirmtfdieô  SBetter. 
remp  (ba«  ^fitma^,  îempc)  de  ga- 
lop. Temp  d'arrêt. 

Tendon   d'.Vchille,  bie    9((i?i(leffe^ne. 

Tenalon  d'esprit,  ^nfvannung.  ilil' 
flreu^un^  be6  ©eifleJ. 

Tentative  (ber  a}erfud^)de  vol,  d'as- 
sassinat. 

Tenue  de  livres,  bie  ^udyfù^run^. 

Ternie  de  comparaison  ,  de  relation, 
ber  a.^er(^letd)unii««.  9?ejie^una«begriff. 
Terme  d'un  rapport,  d'une  proportion 
(ba«  a>erb»îltnip^lieb)  d'une  progres- 
sion. Terme  (ber  îermin)  de  rigueur. 

Terne  (bie  îerne)  «ec.  Trois  numéros 
qu'on  prend  sans  jouer  l'extrait  ni 
l'ambc. 


234 


La  grammaire  française. 


Terres  rapportées,  aufgcfd^ûttetc,  auf= 
gettorfcnc  (Srbc.  Terre  à  potier  (ou 
simpl.  terre'),  S^ô^fcrerbc  Terre  cuite, 
gcbranntc  (Srbe.  —  La  terre  de  pro- 
mission ou  la  terre  promise,  baê  2anb 
bcr  S^cr^eif ung  ;  baê  \)crï)ei^ene,  gc= 
(o6tc  2anb.  —  Terre  (baê  Sanbgut) 
seigneuriale.  Terre  noble.  —  Terre 
ferme  (baê  ifejifanb)  ou  la  grande 
terre. 
Testament  (btê  ©rbctnfc^ung,  baê 
S^ejlamcnt)  olograph,  par  acte  public, 
mystic  ou  secret,  inofficieus,  ab- 
irato.  Testament  militair,  ^Çcfbtcfla^ 
ment.  —  Testament  de  mort,  berte^tc 
SCBittc.  L'ancien  Testament ,  baê  altc 
2)cjîamcnt,  ber  atte  SSunb.  Le  nouveau 
Testament.  —  Testament  politic,  :|30lt- 
tifc^cê  SScrmâ^tntf. 
Tête  de  mort,  ber  3;obtenfo:|)f.  Tête 
pelée ,  tête  chauve ,  .f  a^tf oî>f.  Tête 
couronnée,  ctn  gefronteê  ^au^jt.  Une 
bonne  tête,  une  excellente  tête,  une 
forte  tête,  une  tête  carrée,  ctn  flar= 
fer  ®ct|l.  —  Tête  d'étude.  —  Tête  à 
perruque,  ber  sperrùrfcnjîocf.  —  En 
Arch. ,  Tète  de  nef,  tête  de  voussoir, 
tête  de  mur.  —  Tête  de  pont,  93rû= 
dcnfo^f. 
Tliénie  céleste  (ou  simpl.  thème,  t. 

d'Astrol.),  ber  .^Immetêflanb. 
Tiers  état,  ber  bn'tte  (Stanb.  —  Tiers 
détenteur,  brttter  93eft^.  Tiers  saisi, 
ber  bn'tte  SSerfùmmerte.   Le  tiers  et 
le  quart,  btcfer  unb  j|encc  ;  jcbermann. 
Le  tiers  consolidé,  Le  capital  des  ren- 
tes sur  l'état  qui  a  été  réduit  au  tiers. 
Timon  (bte  S5ctd^fel)  de  charriot,  de 
carrosse,  de  voiture.  Timon  de  charrue. 
Tireur  de  laine,  nâdf)t(tci^er  (Str(i^en= 
bteb,  SWantctbtcb.    Tireuse  de  cartes, 
^artcnfd^ïâgcrin. 
Tison  d'enfer,  ber  :g)oCcn6ranb ,  Mé- 
chant homme  ou  méchante  femme,  qui 
excite  au  mal.  Tison  de  discorde,  éluf= 
iwtegtcr  ;  ^anfa^fet- 
Toile  (bte  Setntuanb)  de  lin,  de  chan- 
vre, etc.  Toile  de  crin.  Toile  d'amiante. 
Toile  métallique.   Toile  de  mai ,  mit 
SSutter  bejlrtc^ene  Seintcanb  juSESunb= 
))flajler.  Toile  cirée,  aSarf)ê(etnttjanb. 
Toile  peinte,  ^attun.  Toile  imprimée, 
gebrurfter  .^attun.  Toile  d'or,  \w\i  @elb 
bur ^ttJtrftcr  biinner  3f  "9.  Toile  d'arai- 
gnée, ®^tnngcwct»e. 
Toison  d'or,  baê  gotbene  SSïic^;  ber 

Crben  beê  gotbenen  SSttcf  ce. 
Toit  (bas  $5aci^)  paternel.  Toit  hospi- 
talier. 


Tolérance    civile,    bte    bûrgertid^c 

jDutbung ,  ©taubenêbutbung. 
Torrent  (bec  (Stroin)  de  paroles,  d'in- 
jures, de  larmes,  d'éloquence. 
Toupie  d'Allemagne,  ber  SJîond^,  ^otit* 

fretfet. 
Tour  (ber  ïf)urm)  de  dôme,  de  mou- 
lin à  vent.  Fig.  et  fam. ,  Tour  de  Ba- 
bel, ber  3;ï)urm  ju  SSabet. 
Tour  (ber  Umtauf,  ^rctëtauf  )  de  boule, 
de  roue ,  de  meule.    Tour  de  reins , 
3Serrenfung  tm   .^reuje.    Un  tour  de 
trictrac,  etnc  partie  tm  33ret.  Le  tour 
du  visage,    bte    ©cft^têbilbung.    En 
Jurispr. ,  Tour  de  l'échelle,  Setterraum. 
Tour  du  chat,  58ranbgaffe.  Tour  de  la 
sourie ,  SJiâMfefctynv^je.    Fig.  et  fam. , 
Tour  du   bâton  ,  wnertaubter  ^ihtn' 
tiort^ctt.  —  Tour  de  cou  ,  ^otêbtnbe. 
Tour  de  gorge,  SSufenftrctf.  Tour  de 
bonnet.   Tour  de  cheveus.    Tour  (bte 
.Kuitjî,   baê  ^unftftittf)  de  bateleur, 
de  gibecière,  de  gobelets,  de  passe- 
passe,  d'adresse,  de  souplesse.  Tour 
de  cartes,  de  main.  Tour  de  force.  — 
Fig. ,  Tour  de  force ,  baâ  ^raftfliirf  ; 
ber  ^raftftrctd^.    Un  tour  de  maître 
Gonin,  Un  tour  d'homme  rusé.  — Tour 
de  faveur.  Etc. 
Train  (ber  3u9)   de  boeufs,  de  che- 
vaus.  Train  d'artillerie  ou  absolument 
train  ,  ber  ®tû(fjug ,  3u9  bon  fc^tt3e= 
rein  ©cf^û^c. 
Trait  de  caractère,  ctn  ©^araftcrjug. 
Tranchée   de  mur,  bte  ^erbc ,  En- 
taille en  longueur  faite  dans  un  mur 
pour  y  recevoir  une  solive,  ou  pour 
retenir  les  tuyaus  des  cheminées. 
Transport  (ber  5luêbrurf))  de  joie, 
de  colère,  d'amour.  Transport  au  cer- 
veau (ou  absolument  transport),  ^ev- 
rûdPt^cît. 
Traquct    de    moulin,   tint   ^fa^^ec== 
mû^tc,  Personne  qui  parle  beaucoup. 
Travail  d'enfant  (ou  simplement  tra- 
vailj,  ©cburtêarbcit.  —  Travaus  for- 
cés, 3ioan9?«<^&^îtf"' 
Travée    de  comble,  bte  <Btui)iwanh. 
Travée  de  balustres ,  Rang  de  balus- 
tres  entre  deus  colonnes  ou  piédes- 
taus.  Travée  de  grille  ,  Rang  de  bar- 
reaus  entre  deus  pilastres. 
Trèfle  d'eau  ,  Sorte  de  plante  aqua- 
tique. 
Tremblement  (baS  ^tttern,  ^eben) 
de  nerfs.  Tremblement  de  terre,  ©rb^ 
bebcn. 
Trésor  public,  trésor  de  l'état,  ber 
©taatêfd^a^.  Les  trésors  de  la  terre, 
bte  6r3cugutfl"c  ber  6rbc. 


Formation  du  pluriel.  Loeations  sabstantires. 


Treiiae  (hit  Ireffe ,  SfUàftt)  de  che- 
veiis ,  dp  soie,  d'arj^ent. 

Tré**  ma  relia  ndf,  .Çtanbft  \\vi^é)tn 
frifflftiljrfnbfn  ®taatfn.  TnH»'  df  IMcii 
ou  trêve  diiSnjfijciir.  bfr  (Sottf^ifriftf. 

Tribun  riiilitair.  .I^rifi^fenbuti. 

Trlbunnl  (^a«  (Sfric^t ,  «mt«i?fnd>t) 
civil,  criininrl,  de  prt'mièr»'  instaricp, 
d'appel,  de  nais,  etc.  Tribunal  do 
faniillp ,  Jamillfni^rirfit. 

Tribune  d'orjfups,  (îrandp  tribune 
{6itH5orfirdK) ,  <>ù  est  jdacé  le  buffcl 
d'orgues  ,  dans  une  église. 

Triple  croche,  brt Imal  i^fflrid^f  ne  9Jo(f . 

Trompe  d'Kustaelie ,  iit  £)l)rfntrom« 
pttt.  Trompes  d»'  la  matriec  ou  de 
Fallopc.  Ku  t.  d'AiTli. ,  Trompe  (bu» 
îronipftcniîfU''ôlbf )  dans  l'angle,  trom- 
pe eu  nirlie,  trompe  en  tour  ronde, 
trompe  rampante. 

Trumpefte  |>arlante  ou  portevoia: , 
ba8  ®))radjrol>r.  Trompette  marine, 
bit  ©fetrompetf. 

Tronc  (bfr(Stamm)  darhre.  Kn  Areh., 
Tronc   de  colcuine  .  bfr  iSduIfufrfjaft. 

Troplié  (bif  JroplhU)  d'armes.  Tro- 
plié  (bit ^ifrratljfnjde  musique,  d'as- 
tronomie, de  chasse,  de  labourage,  etc. 
Remorque.  Trophée ,  féminin  comme 
en  allemand,  n'en  vaudrait  que  miens. 
(Voir  page  164.) 

Truu  (baé  IBod>)  de  taupe,  de  renard, 
de  lapin  ,  de  souri ,  de  vers. 

Troupe  (bfr  .^auffu,  .^aufe)  de  pay- 
sans, d'archers,  de  voleurs.  Troupe 
d'aniinaus,  d'oies  sauvages.  Troupe 
de  comédiens,  (2*ûuf>>iflfrtru)?}jc. 

TrousKeau  (baet  i^iinbel)  de  clefs, 
de  flèches. 

Tumulte  du  monde,  bad  S&f(tg(tiim< 
\nt{. 

Walne  pâture.  Terre  dont  la  pâture 
est  libre.  Vaine  gloire.  Orgueil. 

TainMenu  (ba#  ®diiff)  de  guerre,  de 
ligne,  à   deus   ponts,  à  trois  ponts. 

l'Hliifielle  (ba«©tfd^lrrf  )  d'or.d'argcnt, 
de  vermeil,  d'étain.etc.  Vaisselle  mon- 
tée, flflf tbftf*  (Rf fdtirr.  Vaisselle  plate, 
ungflct^etfe  (Scfcbirr. 

¥alet  de  chambre,  .ïfammfrbtf net.  Va- 
let de  place.  Valet  de  comédie.  Valet 
(bfr  58ubf)  de  carreau.  —  Valet  de 
miroir,  (S})ift|flfnf*t. 

Valeur  nominale,  bfr  9lfnnWfrt^.  Va- 
leur réelle  ou  intrinsèque. 

¥eau  de  lait ,  fduçifnbfé  StaXh.  Veau 
de  rivière,  5lu§fûlb.  Veau  marin,  ®f f . 
falb. 

%eille  d'armes,  bit  aBajftnttjac^t. 


Veine  poétique  et  abttolamfnt  vHnêy 
bit  )>oftifrf)f  *J(bfr,  Le  génie  poétic,  le 
talent  pour  la  poé.iie.  —  KnCiéolog. . 
Veine  de  sable  ,  de  glaise  ,  de  eraie. 
Veine  de  terre  franche,  etc.  Veine  d'or, 
d'argent ,  (Solb' .  'Silbtrabtr.  Veine 
d'eau  ,  SBîafff rabtr  ,  aSalTfrqutttt. 

Vendenr  d'orviétan,  de  mithridate, 
btr  SWarftft^rtitr,  (^Ijarlatan. 

Vent  eonli.s ,  btr  ^u^winb.  Vent  de 
terre  ou  brise  de  terre .  i!anbtvinb. 
Vent  fait,  bfftdnbigtr  SBinb.  Vents  ali- 
zés ,  ^affa titJi'nbf.  Vent  frais,  frif*t 
jefiMf. 

V«ntou«eii  sèches,  trotfne  ®(^rô))f' 

fô^ff,  ::Vtf>fôï>ff. 

Ver  luisant,  btr  l^tuc^ttvurm ,  @(û^' 
irurm.  Ver  à  soie,  3fibfn»c»rm.  Ver 
solitair ,  i^aubtrurm.  Fig. ,  Ver  ron- 
geur ,  nui^mbrr  SSurm. 

Verre  dormant,  châssis  à  verre  dor- 
mant, ftfltë  @lâdftnfttr.  Verre  ardent, 
2.^rfnnflla8.  Verre  de  plomb,  iBItigta*, 
>3pit§j(anjg(ad. 

Ver»  fSBtrft)  de  société.  Vers  desitaa- 
tion.  Vers  libres ,  frtlt  SStrft.  Vers 
blancs  ,  rt iinicft  aîtrft. 

Védicule  aérienne,  bit^ifc^btaft,  2uft' 
bidft. 

%'éto  absolu,  veto  suspensif,  unbt« 
bini^tf*     auffdjitbtnbté  9îtte. 

Viande  blanche  (tvti§td  t^ltifc^),  La 
viande  de  volaille,  de  lapin  ,  de  veau, 
etc.  Viande  noire  ,  La  viande  de  liè- 
vre, de  bécisse,  de  sanglier,  etc. 
Grosse  viande  ou  viande  de  bouche- 
rie ,  Le  boeuf,  le  veau ,  le  mouton. 
Itlenite  viatule ,  Ijj  volaille,  le  gibier. 
Viande  faisandf^e  ,  hasardée,  Viande 
de  gibier  qui  est  près  de  se  gâter. 
Viandes  de  carême,  Çantnfptiftn.  Fig. 
et  fam. ,  Viande  creuse,  ic^t,  maç^trt 
@|)tiff. 

Vice  (btrSfbtrr,  îD{anç|t()  de  nature, 
de  conformation,  de  construction.  Vice 
de  forme,  de  style,  de  raisonnement, 
de  prononciation,  de  caractère,  de 
coeur.  Vice  de  pérégrinité  (31uJIdn« 
btrflonb).  Incapacité  résultant  de  la 
qualité  d'étranger.  Vice  de  clerc.  Voyet 
pas  de  clerc. 

Vlirne  vierge,  bit  ^ungftrnrtbt;  btr 
fûnfbftSfttrii^t  Cf|?bfw. 

Vin  du  cru.  tinbtimifffctr  SBtin.  Vin  de 
copeau,  mit  ©pântn  jitfliîrttr  SKtin. 
Vin  de  prunelles  ,  ©Àltbfntctin.  Vin 
de  veille ,  9îa*tnjtin.  Vin  d'honneur, 
Çbrtiurttn.  On  dit  aussi:  vin  de  riUe. 

Vinainre  rosat ,  Stoftntffî^.  Vinairre 
des  quatre   voleurs,  SBitrrdubcrefitg. 


236 


La  grammaire  française. 


Virement  de  parties  (ousimpl.  vire- 
ment) ,  ba§  5Ï6'  unb  3ufd^retbcn  bcr 

Vis  sans  fin ,  etnc  ®d6rauf»c  o^ne  (Snbc. 
Vis  d'Arehimède  ou  limace,  bie  Slr^t's 
mebifci)e  ®dE)raube ,  SSafferfd^raube. 

Visinn  (baê  (Set)cn)  béatifiqtie ,  vision 
intuitive,  Celle  par  laquelle  les  bien- 
heureus  voient  Dieu. 

Visite  (bcr  aicfuc^)  en  robe  de  troussée, 
Visite  de  cérémonie.  Visite  de  cadavre, 
Sc{c^en«nterfud)uttg. 

Voeu  (baê  ©ctùbbe)  de  virginité,  de 
pauvreté,  de  chasteté,  d'obéissance. 
Voeu  de  stabilité. 

Voie  lactée,  bic  SJiîl^ftrafe.  Les  voies 
digestives  ou  premières  voies,  bie  9Ser= 
bauungêwege,  Les  organes  qui  reçoi- 
vent immédiatement  les  aliments  ,  tels 
que  l'ésophage ,  l'estomac,  les  intes- 
tins. Les  voies  tirinaires  ,  les  voies 
biliaires,  les  voies  spermatiques,  etc. , 
Les  conduits  de  l'urine,  de  la  bile, 
etc.  —  Voies  de  droit,  Sfled^têlvcge, 
Ste^têmtttet.  Voies  de  fait.  —  Voies 
et  moyens,  Les  revenus  de  tout  genre 
que  l'État  applique  à  ses  dépenses. 


Discuter  le  budget,  les  voies  et  moyens. 
Voie  (bîc  %\xi}ti)  de  bois,  de  pierre, 
de  plâtre.  —  Voie  de  charbon,  sachée 
de  charbon.  —  Voie  d'eau,  %Yad)t 
SBafTcr. 

Voile  du  palais,  t)tntercr  Z^eii  beS 
©aumcnê.  Voile  (baê  ®egcl)  d'artimon, 
de  misaine,  de  trinquet,  de  perroquet. 
Voiles  d'e'tai ,  Voiles  attachées  sans 
vergue  aus  étais. 

Voiture  (bcr  SBagcn)  de  place,  de 
remise. 

Volée  (bcr  S'tug)  de  pigeons,  d'étour- 
neaus ,  de  moineaus.  —  Fig. ,  Une 
volée  de  canons ,  etnc  ^attonenfattoc. 
Une  volée  de  canon,  cin  ^anonchid^u§. 
Fig.  et  fam. ,  Une  volée  de  coups  de 
bâton,  ctnc  Slrac^t  (StocPfd^tâgc. 

Voûte  (baê  @ett)ô(be)  en  plein  cintre, 
en  anse  de  panier,  en  ogive.  La  voûte 
du  ciel,  la  voûte  des  cieus,  baê  ^tm= 
mctSgciDÔIbc ,  et  la  voûte  azurée,  la 
voûte  étoilée,  la  voûte  céleste.  Le  ciel. 
La  voûte  palatine  qw  du  palais ,  La 
cloison  horizontale  qui  sépare  la  bou- 
che et  les  fosses  nasales.  La  voûte  du 
crâne,  La  partie  supérieure  du  crâne. 


611.  La  plupart  de  ces  locutions  forment  en  allemand  de  véritables  noms 
composés,  par  suite  de  l'inversion  ou  renversement  qu'elles  subissent;  renverse- 
ment propre  à  toutes  les  langues  transpositives  ;  et  par  là  même  le  corp  du  mot, 
comme  on  le  voit,  devient  inviolable  (cin  ®^ôngcift,  au  lieu  de  ctn  fd^ôncr  ©ctft, 
etc.)  ;  ce  qui  est  le  privilège  de  tout  nom  composé.  Mais  placez  les  mots  ,  comme 
en  français,  suivant  l'ordre  analytique  de  la  pensée;  vous  n'aurez  plus  alors  que 
des  locutions  substantives ,  dont  chaque  partie  demeure  soumise  aus  lois  ordinai- 
res de  la  syntaxe,  et  rejeté  ou  prend  la  marque  du  pluriel,  selon  qu'elle  présente 
une  idée  d'unité  ou  de  pluralité ,  un  sens  collectif  (©cfammtftnn)  ou  distribntif 
(etnt^citeab). 

Exemples.  Du  lait  de  vache ,  de  chèvre.  Un  sac  de  blé,  de  farine.  Un  sac 
de  pommes  de  terre.  Des  sacs  de  blé ,  de  farine,  de  pommes  de  terre.  Huile 
d'olives.  Htdle  d'amandes  douves.  Gâteau  d'amandes ,  pâte  d'amandes.  Gelée  de 
pommes ,  de  groseilles,  de  coings.  Un  pied  d'oeillet.  Des  pieds  d'oeillets.  Des 
pieds  de  basilics,  d'arbres.  Une  couverture  de  mulet,  de  cheval.  Des  couvertures 
de  mulets ,  de  chevatis.  Des  caprices  de  femme.  Une  pension  de  demoiselles.  Un 
tas  ,  une  touffe  d'herbe ,  des  tas ,  des  touffes  d'herbe.  Un  tas  d'herbes  médicinales. 
Un  coup,  des  coups  de  pied ,  de  poing,  d'ongle  ou  d'ongles.  Un  coup  de  fusil.  Des 
coups  de  fusil  ou  de  fusils.  Un  vaisseau,  des  vaisseaus  chargés  de  toile,  de  drap  ; 
chargés  de  toiles  de  Hollande  et  de  Silésie ,  de  draps  d'Elboeuf  et  de  Sedan.  Un 
pot  ;  des  pots  de  beurre.  Un  pot ,  des  pots  de  fleurs  ,  d'oeillets.  Un  marchand , 
des  marchands  de  plume  (pour  lit).  Un  marchand ,  des  marchands  de  plumes  à 
écrire.  Un  marchand ,  des  marchands  de  foin,  de  fruit  on  de  fruits ,  de  vin,  de 
vins  fins.  Un  maréchal  de  camp.  Des  maréchaus  de  camp.  Unité  de  vues.  Unité 
de  principes.  Etc. ,  etc. 

612.  Remarque.  L'Académie,  ce  juge  suprême,  dont  on  veut  que  les  Jugements 
soient  reçus  avec  un  respect  qui  n'admette  pas  même  l'idée  d'un  appel,  ne  laisse  pourtant 
pas  que  d'écrire,  en  dépit  de  toute  logique  et  de  toute  analogie:  pâte  d'amande  et  gâteau 
d'amandes;  huile  d'olive  et  huile  d'amandes ,  gelée  de  pomme,  de  groseille,  et  gelée 
de  coings,  un  pied  d'oeillets  et  des  pieds  de  basilic,  etc.,  etc.;  comme  si  le  hasard  le 
plus  aveugle  avait  été  son  seul  guide.  On  ne  dit  pas  collectivement:  l'amande,  V olive, 
la  pomme,  la  groseille;  de  l'amande,  de  l'onze,  etc.,  comme  on  dit:  le  blé,  la  farine, 
le  lait,  le  beurre;  du  blé,  de  la  farine,  du  lait,  etc.  On  dit,  dans  le  sens  distribntif: 


I 


Formation  du  plurifl.  Nomi  étrangeri.  §87 

vne  amande,  lie»  amimd«$ ,  etc.  Par  conn^iinent  II  f««l  dire:  huiU  à'amandu ,  <f'o/irtf«; 
geli^  de  )>i,mine$  ,  de  groteitlft  l/Aoïiimi»  Ht*  dil  collectlveaH*nt  pour  liuiê  le»  hommet  ; 

lu  femme,  \\otiT  toute*  let  femmet.  rVttt  pourquoi  femme  ne  prend  point  In  marqne  àm 
plnrlrl  dauM  ,  det  caprlre»  de  femme  ;  mr  il  «Hglt  d»«  caprice»  qu'on  «Itrlhue  à  U  (rmmm 
en  grni^ral.  —  Ueg  rniifu  de  futil  fient  i\en  coup<»  llréft  avec  un  fitâit.  Ue$  coupt  de  futilt 
«ont  drx  coups  llrén  avi-c  pliiiteiini  futilt.  —  On  peut  dirp  murthnud  de  fruit  on  do  frultt, 
parce  que  finit,  ne  prend  dann  l'on  et  l'antre  aen«i  :  coltertif  rt  dittributif.  \^  aobittanlir 
poitttiti  Jouit  du  inùme  privilège,  ainsi  que  lt*«  mots  plume  ,  papier,  etc.  Noua  aurons 
occasion  de  n-venlr  sur  r»-lte  question  ,  dont  les  prt^tendns  grHniniairlens  «e  sont  fait  nn 
monstre,  et  qui  ne  présente  pas  même  l'omltre  d'une  diflicullé  k  crus  qui  voudront  bien 
réfléchir  un  peu  sur  le  sens  des  mots  et  se  donner  la  peine  de  disiinKUer  entre  l  idée 
i'unitè  volleitire  et  l'Idée  t\  unité  ditlributive  ;  ce  qui  se  rédull  à  faire  la  différence  de* 
noms  de  choses  qui  se  comptent  aus  noms  de  choses  qui  ne  se  comptent  pas.  Il  eat  vrai 
que  leM  cuiitradictions  de  l'Acndémie  n'ont  pas  dil  contribuer  pour  peu  de  choM  an  traable 
qui  règne  i«  cet  égard  dans  l'esprit  des  grammairiens. 

m 

Nombre  des  noms  étrangers. 

Prctimbule. 

C'est  ici  surloHt  que  les  contradictions  se  multiplient  dans  une  telle  mesure, 
qu'il  nous  faudrait  un  volume  pour  les  sijçnaler  toutes.  Nous  renvoyons  les  lec- 
teurs aus  grammaires  de  (Îirault-I)uvivier,  Napoléon  landais,  Beselierelle ,  Noël 
et  Cliapsal ,  etc.,  etc.  M.  (Îirault-I)uvivier  les  informera  que  La  Hruyère,  Scadéry, 
Saint- Kvremond  ,  Kacine,  d'Alembert,  J.  B.  Housseau  et  la  Harpe  écrivent  tou- 
jours des  opéras  avec  une  «  ;  mais  que  Hoileau ,  Arnauld  ,  Fontenelle,  Voltaire, 
J.  J.  Housseau,  Marmontel,  Hejçnard,  et  t'oudillac,  lécrivent  sans  cette  lettre  au 
pluriel;  que,  d'après  le  dictionnaire  de  l'Académie,  il  faut  écrire,  avec  la  mar- 

3ue  du  pluriel,  des  fléhets ,  des  échos  ,  des  fitctttnus ,  des  pUicets  ,  des  quolibets, 
es  récépissés,  et  «sans  cette  marque  caractéristique,"  des  alibi ,  des  aparté,  des 
are,  des  concetti ,  dea  déficit ,  des  tluo ,  des  trio,  des  quatuor,  des  errata  y  des 
exeat,  des  impromptu,  des  Utz-^i  ■,  des  quiproquo,  des  «oW  ,  des  soto ,  des  s/ro, 
et  même  des  alinéa.  L'Académie  écrit  pourtant  des  duos,  des  trios,  des  zéros: 
de  beaux  duos  C^c.)  ,  de  charmants  trios  (id.)  ,  trois  zéros  après  u»  quatre, 
font  quatre  mille  (id.}.  Elle  avoue  même  naïvement  qu'il  en  est  d'aucuns  qui  don- 
nent aux  mots  impromptu  et  lazzi  une  *  au  pluriel.  Elle  ajoute  même  non  moins 
naïvement  que,  lorsqu'il  ne  s'agit  que  d'une  faute  à  relever,  quelques  uns  disent, 
erratum,  au  lieu  d'errata;  comme  si  ce  mot  signifiait  une  faute ,  des  fautes,  et 
non  pas  tableau,  liste  de  fautes.  —  Nos  bien-aimés  lecteurs  apprendront  encore 
de  M.  (Îirault-Duvivicr  que  Girard  ,  Demandre  ,  Féraud,  Laveau,  (Jattel,  écrivent 
aussi  sans  s  les  mots  alléluia ,  bravo,  numéro,  bénédicité,  confite  or  ;  queWailly 
n'est  pas  non  plus  d'avis  de  mettre  1'*-  au  pluriel  des  mots  alléluia ,  uuto-da-fé , 
imbroylio ,  pensum;  qu'il  y  a  du  reste  plusieurs  littérateurs  qui  ne  se  font  pas 
scrupule  d'écrire  avec  une  .v  des  bravos,  des  concertos ,  des  pianos  ;  et  que  Boin- 
villicrs  voudrait  même  que  l'on  écrivît  avec  cette  marque  caractéristique,  des 
quiproquos ,  des  accessits  et  tous  les  mots  qu'on  a  francisés.  Pour  ce  qui  est  du 
mot  accessit,  quelques  uns,  de  l'aveu  de  l'Académie,  sont  du  même  avis.  —  Plus 
hardis,  MM.  Noël  et  Cliapsal,  diront  à  nos  chers  lecteurs  que  l'on  doit  écrire 
avec  l'Ac^idémie  :  des  accessits,  des  altos,  des  bravos,  des  débets,  des  duos  ,  des 
examens  ,  des  factotums  ,  des  factums  ,  des  folios  ,  des  impromptus  ,  des  ladifs  , 
des  lazzis ,  des  macaronis ,  des  numéros  ,  des  opéras ,  des  panoramas  ,  des  pen- 
sums ,  des  placets  ,  des  quolibets  ,  des  récépissés  ,  des  spécimens ,  des  tilburys  , 
des  trios  ,  des  zéros  ,  et  leur  proposeront  d'écrire  de  même  au  pluriel .  contre  le 
gré  de  l'.Académie  :  des  agendas  ,  nés  albums  ,  des  aUbis ,  des  alinéas ,  des  apar- 
tés,  des  concettis  ,  des  déficits,  des  duplicatas,  des  erratas ,  ûts  oratorkts ,  4m 
pianos ,  des  quatuors,  des  quiproquos,  des  satisfécils ^  des  solot ,  «parce  qoe  M8 
substantifs  font  partie  de  la  langue  usuelle ,  parce  qu'ils  sont  analogues  aux  sub> 


238  La  grammaire  française. 

stantifs  cités  plus  haut,  et  enfin  par  la  raison  qu'un  certain  nombre  d'entre  eux, 
en  adoptant  notre  accentuation,  ont  pris  un  caractère  français."  Eli  bien!  comment 
trouvez-vous  que  ces  messieurs  respectent  l'infaillibilité  de  l'Académie  ?  —  MM. 
Bescherelle  leur  interdiront  formellement  de  dire  au  pluriel  des  lazzis ,  des  con- 
cettis,  sous  peine  d'avouer  une  entière  ignorance  de  la  langue  qui  est,  après  la 
nôtre,  la  plus  répandue  des  langues  européennes;  »concetti  et  lazzi  étant  déjà, 
disent-ils,  des  pluriels  en  italien."  Ils  essaieront  de  leur  faire  prendre  pour  des 
substantifs  les  locutions  primo,  secundo,  tertio,  ab  intestat,  ab  irato,  ad  patres, 
a  latere ,  a  remotis ,  ex  professa,  in  extremis,  in  partibus ,  etc.,  et  leur  re- 
commanderont de  s'abstenir, de  Vs  à  l'égard  de  ces  mots.  —  Le  cours  raisonné  de 
langue  française  de  M.  C.  E.  leur  offrira  ce  curieux  passage:  >.Les  mots  suivants 
se  pluralisent  selon  les  lois  de  la  langue  dont  ils  sont  tirés.  Ainsi ,  on  dit  au 
singulier:  un  concetti ,  des  concettis ;  un  lazzi,  des  lazzis,  etc."  Nos  lecteurs 
trouveront  que  cela  est  un  peu  fort,  surtout  en  se  rappelant  les  paroles  pronon- 
cées par  MM.  Bescherelle,  au  iujet  de  ces  deus  mots,  qu'ils  condamnent  à  ne 
jamais  prendre  le  signe  du  pluriel.  Du  reste  M.  C.  É.  ne  se  gêne  pas  pour  écrire 
au  pluriel  avec  s,  contre  l'avis  de  tous  les  grammairiens,  A  ts  farté -pianos ,  des 
iit-folios  ,  des  tfuattiors  ,  des  a  mens  ,  des  maximums  ,  des  magisters ,  des  paters, 
et  même  des  «f^«;  et  pour  le  coup  il  joue  de  bonheur.  Seulement,  puisquil  écrit 
des  forté-pianos ,  quoiqu'il  soit  évident,  au  dire  de  MM.  Bescherelle,  que  l'ad- 
jonction de  forte  rend  au  mot  piano  sa  physionomie  italienne ,  M.  C.  É.  aurait 
bien  pu  écrire  de  même  des  auto-da-fés  ou  autodafés ,  des  fac-similés  ou  facsi- 
miiés.  C'est  égal.  Avoir  osé  écrire  des  amens,  des  avés ,  des  paters,  des  maxi- 
mums, des  forte-pianos,  des  in-folios,  quand  MM.  Noël  et  Chapsal  interdisent  for- 
mellement la  marque  du  pluriel  pour  ces  noms ,  voilà  qui  mérite  considération. 
—  M.  Gieschig,  lui,  n'est  pas  si  hardi. 

^Certains  substantifs ,  dit-il ,  ne  prennent  point  la  marque  du  pluriel  ;  ce  sont  : 
«l"  Certains  mots  étrangers  auxquels  l'usage  refuse  la  pluralisation ,  comme:  alibi,  allè- 
ngro ,  crescendo,  exéquatur,  déléatur ,  maximum,  minimum,  veto,  vivat.  2*  Les  mots 
i,latins  qui  donnent  leurs  noms  aux  prières,  aux  psaumes,  aux  hymnes  qu'ils  commen- 
„cent,  p.  ex.  Les  ave ,  les  pater ,  les  miserere ,  les  Stabat  mater ,  etc.  ;  on  écrit  aussi  des 
y,amen.  S"  Les  substantifs  étrangers  composés  de  plusieurs  mots ,  p.  ex.  des  infolio ,  des 
„fac-simile  ,  liea  post-scriptum ,  des  auto-da-fè ,  etc.* 

Voilà  tout  ce  que  M.  Gischig  a  trouvé  à  dire  à  propos  du  nombre  des  noms 
étrangers,  cette  grande  difliculté  toujours  debout,  contre  laquelle  les  grammai- 
riens ne  cessent  de  s'escrimer.  En  vérité,  M.  Gischig  croira-t-il  avoir  fait  une 
grammaire  française,  quand  il  aura  noirci  quelques  centaines  de  pages  de  beau 
papier  blanc,  dont  on  eut  pu  faire  un  meilleur  usage,  avec  des  règles  ainsi  for- 
mulées? On  pourra  bien,  après  la  sienne,  en  faire  encore  dix  mille  et  cent  mille 
du  même  genre ,  sans  que  la  science  grammaticale  fasse  un  seul  pas  en  avant. 
Encore  une  fois ,  au  feu ,  au  feu  tous  ces  fatras ,  cent  fois  plus  nuisibles  qu'utils, 
à  travers  les  quels,  vous  le  voyez,  la  logique  a  tant  de  peine  à  se  faire  jour!  Je 
ne  demanderais  pas  miens,  pour  ma  part,  que  d'être  bref  et  concis;  que  d'aller 
au  but  d'un  pas  rapide  et  sans  m'arrêter;  mais  voyez  les  décombres  dont  la  route 
est  partout  obstruée.  Croyez-m'en  sur  parole ,  quand  je  vous  dis  que  toutes  les 
grammaires,  tous  les  dictionnaires,  ne  valent  rien,  absolument  rien;  n'étant 
que  des  copies  de  copies ,  faites  mécaniquement  par  des  gents  sans  talent ,  sans 
littérature ,  à  qui  la  langue  française  n'a  jamais  dévoilé  le  mystère  de  ses  char- 
mes infinis;  et  je  n'aurai  pas  besoin  de  m'étendrc  si  longuement  pour  vous  le 
prouver;  ce  qui  soulagera  singulièrement  ma  bourse  autant  que  ma  santé,  forte- 
ment atteintes  l'une  et  l'autre  dans  ce  moment,  par  l'excès  même  de  mes  travaus 
et  le  désir  fanatic  que  j'ai  de  me  rendre  util.  Soumettez-vous  tout  bonnement  à 
mes  décrets,  et  tout  sera  dit. 


i; 


Formation  du  pluriel.  Nems  étrangers. 
Unxlëuie   décret. 

Au  nom  de  la  Logique  et  de  tous  les  vrais  philologs, 
L'Auteur  de  la  (frnmmaire  Finnçnne y 

Attendu  qiio  les  .substaiitifs  eiupruiitt's  du  latin  ou  d'autres  langues  oe  M 
rôtcnt  pas  plus  à  l'analyse  que  les  uouis  composés  et  n'obéissent  de  mftnie  qa'à 
n  synthèse  ; 

Attendu  qu'en  pnssant  dans  in  langue  Trançaisc  ils  s'éloignent  plus  ou  moins 
de  leur  signilication  primitive,  avec  laquelle  ils  ne  conservent  pour  la  plupart 
qu'un  rapport  étyniologie  ;  que,  par  exemple,  les  mots  alibi,  accesiU  ,  débet, 
tliio  ,  facluin  ,  impromptu,  plucet ,  récépissé,  déficit,  ayenda ,  errata,  etc.,  ne 
signifient  plus  proprement,  comme  en  latin:  aitteurs  (adv.),  •"' «  apftroché  (verbe), 
H  doit  (verbe),  dnia  (adj.  numéral),  fait  (participe  neutre  employé  substantive- 
ment), sur  le  champ  (loc.  adv.),  //  plait  (verbe),  avoir  reçu  (verbe).  //  manque 
(verbe),  choses  à  faire  (sous-entendu  h^</o///i  ,  pluriel  neutre  du  participe  futur), 
erreur  (subst.) ,  etc.;  mais  qu'a/i6i  veut  dire,  Présence  dans  un  lieu  autre  que 
celui  où  a  été  conimis  le  crime;  accessit.  Distinction  accordée  à  ceus  qui  ont  le 
plus  approché  du  pris  ;  débet ,  Ce  qu'un  comptable  doit  après  l'arrMé  de  son 
compte  ;  thio ,  Morceau  de  musique  fait  pour  être  chanté  par  deus  voyes  ou  exé- 
cuté par  deus  instruments;  factum,  iMémoir,  exposé  sommair  des  faits  d'un  pro- 
cès, etc.;  impromptu,  Chose  faite  sur,  le  champ;  placet ,  Tabouret,  et  demande 
succincte  par  écrit,  etc.;  récépissé,  Kcrit  par  lequel  ont  reconnaît  avoir  reçu 
des  papiers,  des  pièces,  etc.;  déficit,  Ce  qui  manque;  ayenda.  Petit  livret  destiné 
pour  y  écrire  les  choses  que  l'on  se  propose  de  faire;  errata.  Liste  des  fautes 
survenues  dans  l'impression  d'un  ouvrage,  soit  que  cette  liste  indique  plusieurs 
fautes,  soit  qu'elle  n'en  indique  qu'une;  qu'enfin  ces  mots  sont  bien  réellement 
des  substantifs  français,  plus  ou  moins  usités; 

Attendu  que,  s'il   fallait  dire,  par  exemple,  un  errata,  quand    il  s'agit  de 

Silusieurs  fautes  à  relever,  et  un  erratum,  lorsqu'il  n'est  question  que  d'une  seule 
aute,  ce  serait  l'introduction  des  déclinaisons  latines;  que,  si  cette  étrange  in- 
novation était  adoptée,  dans  peu  l'on  dirait  un  duplicatum ,  quand  il  n'y  en  aurait 
qu'un  ,  et  un  duplicata ,  quand  il  y  en  aurait  plusieurs  ;  et  par  le  même  motif 
un  agendum  et  un  ayenda,  un  opus  et  un  opéra,  comme  quelques  savants  di- 
sent encore  contre  toute  raison  un  maximum  et  des  maxima ,  un  minimum  et  des 
mi  ni  ma  ;  que,  d'innovation  en  innovation,  il  faudrait  en  venir  jusqu'à  dire:  uu 
frater  et  des  fratres  ,  mi  pater  et  des  patres;  et  même  peut-être,  avec  autant 
de  raison,  un  temple,  des  templa;  un  membre,  des  viemèra,  un  corps,  deâ 
corpora ,  etc.  ; 

Vu  l'absurdité  d'un  pareil  système  ; 

Considérant  que,  s'il  est  choquant  d'ajouter  un  signe  de  pluralité  à  un  mot 
indiquant  déjfi  le  pluriel;  que,  si  Ion  considère  positivement  cette  llnale  a  comme 
signe  de  pluralité,  il  n'y  a  pas  de  raison  d'employer  ces  mots  avec  nos  articles 
singuliers;  que,  rigoureusement  parlant ,  l'a^^/u/a  (sous-entendu  neyotia) ,  un 
errata,  \e  duplicata,  ne  doivent  pas  moins  choquer  les  latinistes  que  le  feraient 
les  expressions:  une  choses  à  faire,  une  erreurs,  le  doubles; 

Attendu  que  ce  qui  est  véritablement  choquant  pour  le  génie  de  notre  lan- 
gue, c'est  cette  rencontre  de  nos  articles,  de  nos  adjectifs  pluriels  avec  des  noms 
a  finales  singulières  en  a,  en  é,  en  o,  en  u,  en  um:  de  beaus  Mlbum^  «'^ 
courts  alinéa,  deus  aeresslt ,  des  quiproquo,  des  aparté,  etc.;  que  natu- 
rellement la  plume  s'arrête  avec  peine  à  ces  finales,  et  va  toujours  pour  y 
ajouter  \'s  indicative  de  la  véritable  idée  à  exprimer ,  comme  le  remarque  M. 
Ch.  La  Loy  ; 

Attendu  que  ce  sont  bien  réellement  U  des  contre-sens,  comme  le  seraient 
des  cheval ,  des  boeuf,  etc.  ; 

Attendu  que ,  quand  nous  disons  im  ayetula  ,  nous  n'entendons  pas  désigner 
plusieurs  objets;  que,  si  l'on  prétend  qu'il  faut  écrire  au  singulier  des  mpturt^ , 
des  in-promptu ,  parce  que  cela  signilie:  des  choses  dites  aparté,  des  cko$es  /W- 
tes  in-promptu,  il  faudrait  aussi  dire  alors,  par  analogie ,  comme  le  fait  encore 
observer  M.  La  Loy:  des  appuie ^  des  aerélëréei  ces  mots  étant  bien 
réellement  l'abrégé  de  choses  sur  lesquelles  on  s'appuie,  voiture  dont  la  cowrt« 
est  accélérée; 


240  La  grammaire  française. 

Attendu  que ,  s'il  fallait  admettre ,  d'après  l'Académie ,  le  principe  d'invaria- 
bilité pour  ces  sortes  de  noms,  il  faudrait  aussi  l'admettre  pour  des  mots  tels  que 
7in  entre-ponts,  un  entre-côtes  ,  vn  entre-lignes ,  etc.,  que  l'Académie  écrit  pour- 
tant sans  s  au  singulier  ;  quoiqu'il  ne  s'agisse  pas  sûrement  d'un  espace  entre  le 
pont,  entre  la  ligne ,  d'un  morceau  entre  la  côte  ; 

Attendu  que,  de  la  part  des  grammairiens,  rien  n'est  plus  absurde  que  de 
proscrire  r.v  du  pluriel  à  la  fin  des  mots  latins ,  quand  ils  l'accordent  touts  ans 
mots  grecs ,  turcs  ,  allemands ,  etc.  :  des  panoramas ,  des  dioramas ,  des  lexicons, 
des  siphons  ,  des  pachas,  les  ulémas,  des  heys ,  des  voilons,  des  thaltvegs ,  des 
kreutzers,  des  radjepotts,  des  rajas,  des  silos  ,  etc.  (Acad. ,  Land.J  ;  qu'il  serait 
par  trop  curieus  de  prétendre  que  cela  est  moins  incorrect,  moins  irrégulier  que 
des  alinéas ,  des  erratas ,  des  apartés  ,  des  impromptus  ,  des  pensums ,  des  duos, 
des  trios ,  des  solos  ,  des  quatuors  ,  des  té-déums ,  etc.  ; 

Attendu  que,  pour  ce  qui  est  de  ce  dernier  mot,  par  exemple,  Vs  ne  porte 
pas  sur  Deum,  car,  selon  l'esprit  d'analyse  propre  ans  grammairiens,  il  faudrait 
dire  au  pluriel  des  vos  Deos ,  comme  le  fait  observer  M.  Aug,  Lemaire  ;  qu'elle 
porte  uniquement  sur  le  mot  hymne  sous-entendu  ;  que  cette  marque  du  pluriel 
est  parfaitement  justifiée  par  la  syllepse,  comme  le  pronom  féminin  allemand  fie 
Celle)  appliqué  au  mot  neutre  ^rauletn ,  demoiselle; 

Considérant,  d'un  autre  côté,  que  l'objection  qu'on  tire  de  l'usage  peu  fré- 
quent de  certains  de  ces  mots ,  qui  ne  seraient  pas  encore  naturalisés  dans  notre 
langue,  et  ne  pourraient,  pour  cette  raison,  être  soumis  à  son  orthographe; 
considérant  que  cette  objection  ne  repose  sur  aucune  base  ;  qu'il  serait  absurde 
de  prétendre  que  les  noms  factum ,  débet ,  placet ,  reliquat ,  que  l'Académie  écrit 
avec  s  au  pluriel,  sont  plus  usités,  plus  connus,  plus  français  que  les  mots: 
alinéa,  alibi,  accessit,  impromptu,  quiproquo,  sulo ,  etc.;  que  c'est  justement 
et  incontestablement  l'inverse  ; 

Vu  que  la  synthèse  est  la  seule  méthode  qu'on  puisse  invoquer  dans  la  for- 
mation du  pluriel  des  substantifs  ; 

Vu  l'exemple  que  nous  ont  légué  les  Romains,  qui  ne  manquaient  pas  de 
latiniser  tous  les  mots  qu'ils  empruntaient  des  autres  langues  ; 

Vu  les  contradictions  qui  régnent  dans  les  grammaires  et  les  dictionnairs, 
touchant  l'importante  question  qui  nous  occupe,  d'où  il  résulte  une  confusion 
effroyable  ; 

Vu  la  nécessité  d'arrêter  cette  confusion  et  de  fixer  toutes  les  incertitudes 
à  l'égard  du  pluriel  des  noms  étrangers  ,  en  les  soumettant  à  la  règle  générale  ; 
ce  qui  est  d'ailleurs  l'usage  suivi  par  la  plupart  des  auteurs  modernes  ; 

Consulté  les  philologs  les  plus  distingués,  tels  que  Ch.  La  Loy,  Boinvil- 
liers ,  etc.  ;  —  décrète  : 

Art.  1"'  Tous  les  noms  étrangers,  tels  que  factum ^  imbroglio^ 
concetti,  opéra  y  etc.,  reçus  par  adoption  dans  notre  langue,  en  subis- 
sent les  lois  et  les  usages. 

Art.  2.  Les  poètes,  les  linguistes,  les  professeurs  digues  de  ce 
nom,  demeurent  chargés,  chacun  en  ce  qui  les  concerne,  de  l'exécution 
du  présent  décret.  —  Dieu  nous  garde  des  pédants  et  des  ignorants! 

Donné  à  Vienne  ,  le  7  jniUet  1852.  Ij«   !¥• 


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ber  .^ummd 

bie  éiiminfl 
baê  Sanb 

81     I,  39  métoplast 

méloplast 

18 

fccï  2Balb 

83          après  portefeiii 

lie  ajoutez  :  et  tous 

28    1. 

15  faîne 

faime 

cens  en  euil  et  eu/,  moins  feuil- 

38   1. 

22  foi 

foie 

le  ,  gueule 

,  et  meule 

39    1. 

35  le  faim 

la  faim 

87n»301  1.4  Navarre 

la  Navarre 

51  n» 

192  aStcbe 

aiJfibe 

89  n»  316        six 

neuf 

et  ajoutez  prison  aux  noms 

103  n»  384  1,8  perdu 

perdue 

en  son 

10Hn«399v.lces 

ses 

81    1 

14  donc 

dont 

137    1,  52      polichinel 

polichinel  littéraire 

De  l'imprimerie  de  L.  Sommer, 


^/ 


PC    Noël,  L^ger 

2201    Les  anomalies  de  la  langiM 

N6    française.  1857. 


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