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Full text of "Les arbres gutta-percha : leur culture mission relative l'acclimatation de ces arbres aux Antilles et la Guyane"

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LES  ARBRES  A  GUTTA-PERCHA 


LEUR  CULTURE 


CHARTRES.      —     IMPRIMERIE     DURAND,      RUE     FULBERT. 


LES 


\  B  R  A  /^ 

wsw  York' 

B  O  T  A  N  I  C  A  L 


ARBRES  A  GITTA- PERCHA 

LEUR    CULTURE 

MISSION  RELATIVE  A  LACCLIMATATION  DE  CES  ARBRES 
AUX   AiNTILLES   ET   A    LA   GUYANE 


l'A  II 


Henri  LECOMTE 

Agrégé  de  l'Université,  Docteur  es  sciences, 

Professeur  au  Lycée  Saint-Louis, 

Lauréat  de  l'Institut. 


^ 


P  A  R I S 

Georges  CARRÉ  ET  C.  NALD,  Éditeurs 

3   ,     R  V  E     R  A  c  I  .\  E  ,      3 

1899 


?11 


PREMIERE  PARTIE 


CONSIDERATIONS    GENERALES    SUR    LES    ARBRES    A    GLTTA 


Uorigine  botanique  de  la  gutta-percJia. 

La  giitta-percha,  pas  plus  que  le  caoutchouc,  dont 
<ille  diffère  bien  plus  d'ailleurs  par  les  propriétés 
physiques  que  par  la  composition  chimique,  n'est 
un  produit  unique  et  chimiquement  défini.  En  réa- 
lité, sous  le  nom  de  gutta-percha,  se  cachent  des  pro- 
duits très  divers  constitués  par  des  mélanges  dont  la 
formule  est  singulièrement  variée. 

L'étude  de  Torigine  botanique  des  produits  qui 
se  groupent  sous  la  dénomination  commune  de  gutta- 
percha  est  rendue  de  ce  fait  très  difficile  et  il  faut 
avouer  que  malgré  les  travaux  de  nombreux  savants 
elle  est  encore  peu  avancée. 

Les  travaux  de  Hooker,  Murton,  J.  CoUins,  S. 
Wray,  E,  Sérullas,  Pierre,  Beauvisage,  J.-R.  Jack- 
son, Burck,  et  de  tant  d'autres,  n'ont  pas  encore  pu 

Lecomte.  I 


2  LES  ABBRES  A    GUTTA-PEBCHA 

jeter   une    lumière    complète   sur   cette    importante 
question. 

Sans  vouloir  faire  Thistorique  de  la  gutta-percha 
depuis  son  introduction  en  Europe  (i832)  parle  chi- 
rurgien anglais  Montgomery  jusqu'à  nos  jours,  il 
convient  d'envisager  la  question  de  'l'origine  bota- 
nique comme  l'une  des  plus  importantes,  car  elle 
seule  permettra  de  se  livrer  efficacement  aux  opéra- 
tions de  culture  des  arbres  à  gutta-percha. 

D'ailleurs,  nous  adoptons  sans  réserve  l'opinion 
de  Léon  Brasse  [Lumière  électrique,  t.  XL VI,  1898), 
quand  il  dit  :  «  II  n'y  a  pas  une  bonne  espèce  de  gutta- 
jjercJia,  mais  plusieurs  bonnes  espèces  qui  répondent  cha- 
cune à  un  but  et  ce  sont  ces  espèces  qu  il  faut  propac/er.  » 
En  s'exprimant  de  cette  façon,  Léon  Brasse  se  montre 
un  industriel  avisé  fort  au  courant  de  tout  ce  qui 
concerne  les  propriétés  et  les  emplois  de  la  gutta- 
pei'cha. 

Dans  la  réalité,  le  nombre  des  végétaux  produc- 
teurs de  gutta  est  assez  considérable,  mais  ceux  qui 
fournissent  les  sortes  les  plus  estimées  appartiennent 
exclusivement  à  la  famille  des  Sapotacées. 

W.  Burck,  dont  il  est  diliicile  de  ne  pas  recon- 
naître la  compétence  en  cette  matière  et  qui  a  repris, 
après  Beauvisage,  Téludi^  des  origines  botanicjues  do 
la  gutta-percha,  allait  même  jusqu'à  admettre,  en 
188G,  que  ((  V [sonancha  Gutta,  llooker  [Palaquium 
Gutta,  Burck),  la  plante  considérée  jusqu'à  présent 
comme  l'arbre  à  gutta  par  excellence,  n'existe  plus 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  3 

à  l'état  spontané  et  que  par  conséquent  la  giitta-percha 
commune  ne  provient  pas  de  cet  arbre.  » 

M.  Burck  est  ai'rivé  à  cette  conclusion  après  une 
étude  attentive  du  sujet  et  après  avoir  séjourné  trois 
mois  sur  les  plateaux  supérieurs  de  Padang,  à  la 
recherche  des  arbres  producteurs  de  gutta  (i). 

La  gutta-percha  produite  exclusivement  au  début 
par  ïhonandra  Gititaest  donc  aujourd'hui  fournie  par 
d'autres  arl^res.  On  savait  que  depuis  longtemps  (1857) 
le  dernier  ar])re  à  gutta  primitif  (1.  Gutta)  avait  été 
abattu  dans  Tile  de  Singapore,  mais  sur  la  foi  d'un 
certain  noml^re  de  voyageurs,  on  le  croyait  répandu 
à  Bornéo,  Sumatra,  Gélèbes,  Banka,  Iliouw  et  dans 
la  presqu'île  de  Malacca.  11  n'est  plus  possible  de 
l'admettre  aujourd'hui  après  les  recherches  de  W. 
Burck  corroborées  d'ailleurs  par  l'enquête  à  laquelle 
s'est  livré  le  savant  D'  Treub,  directeur  du  jardin 
botanique  de  Buitenzorg.  Ce  dernier  s'est  adressé 
aux  fonctionnaires  du  département  de  l'intérieur  et 
les  a  priés  de  lui  fournir  les  informations  qu'ils  pour- 
raient recueillir  sur  les  sortes  de  guttas  récoltées 
par  les  indigènes  de  leurs  districts  respectifs,  leui' 
demandant  en  même  temps  de  lui  envoyer  des  échan- 
tillons d'herbier  de  chaque  arbre  producteur  et  des 
échantillons  de  gutta. 


(i)  Rapport  omirent  een  onderzoek  naar  de  Getah-pertja  produce- 
erende  boomsoorten  in  de  Padangsche  Bovenlanden,  Batavia,  Lands- 
drukkerij,    i884.  (Broch.  in-8  de  75  pages.) 


U  LES   ARBRES   A    GUTTA-PERCHA 

Fait  singulier  et  qui  vient  bien  à  l'appui  de  la 
thèse  soutenue  par  M.  Burck,  Therbier  du  jardin  de 
Buitenzorg,  pourtant  si  riche  en  plantes  à  gutta,  ne 
contient  pas  un  seul  échantillon  du  véritable  Pala- 
quium  Gutta  et  Burck,  de  même  que  Teysmann,  n'ont 
pas  rencontré  ce  végétal  dans  leurs  importants  voya- 
ges. En  réalité,  les  personnes  qui  ont  parlé  de  l'ex- 
tension considérable  du  Palaquiimi  Gutta,  comme  sir 
James  Brooke  etMotley  n'ont  pas  apporté  de  preuves 
certaines  à  l'appui  de  leurs  assertions  et  c'est  seule- 
ment sur  des  resseml)lances  de  feuilles  qu'ils  ont 
établi  des  analogies  d'es[)èces. 

Suivant  Teysmann,  le  Palaquiuin  Gutta  porterait 
dans  la  partie  occidentale  de  Bornéo  le  nom  de  Getah- 
Doerian  ;  mais  l'inspection  des  ])lantes  de  l'herbiei* 
de  Buitenzorg  existant  sous  ce  nom  a  montré  qu'on 
a  affaire  non  pas  au  Palaquium  Gutta,  mais  bien  au 
Pal.  ohlongifoUum  ;  c'est  d'ailleurs  cette  dernière 
espèce  c[ui  est  exploilée  dans  la  partie  orientale  de 
l'île  et  qui  fournit  la  meilleure  sorte  de  gutta-percha. 

Il  est  remarquable  de  constater  que  les  relations 
concernant  l'habitat  viennent  encore*  à  l'appui  de  cette 
manière  de  voir,  car  Thomas  Lobb  et  le  D'  Oxley, 
les  seuls  qui  aient  eu  Toccasion  d'observer  la  vraie 
plante  de  Singapore  [Pal.  Gutta) ,  ont  déclaré  dans 
leurs  rapports  (pfils  Tavaient  trouvée  uniquement 
dans  les  terres  d'alluvions,  au  pied  des  collines  où 
V humidité  est  perùstantc.  Au  contraire,  d'après  Oxley, 
les  principaux  arbres  actuellement  exploités  se  ren- 


COXSIDÉRATIOXS   GÉSÉRALES  5 

contrent  sur  des  collines  ou  sur  des  sommets  plus 
ou  moins  élevés,  mais  toujours  à  l'abri  des  eaux 
stagnantes  et  des  inondations. 

Si  le  Pal.  Gutta  n'existe  pas  à  Bornéo,  il  paraît 
manquer  aussi  à  Sumatra,  car  les  échantillons  rap- 
portés par  Miquel  à  cette  espèce  ou  à  sa  variété, 
Sumatrana  appartiennent  réellement  au  Palaquium 
oblongifoliimi,  d'après  W.  Burck. 

De  môme  à  Malacca,  à  Banka  et  à  Riouw,  il  n'est 
pas  démontré  que  le  Palaquium  Gutta  ait  jamais 
existé  mais  par  contre  on  est  sur  de  la  présence  du 
Pa l.  oblongifo Hum . 

M.  Burck  en  conclut  que  le  produit  àviPal.  Gutta 
ne  se  trouve  plus  actuellement  dans  le  commerce, 
mais  le  jardin  de  Buitenzorg  possède  deux  plants  de 
ce  précieux  arbre. 

Actuellement  toute  la  gutta-percha  récoltée  est 
donc  produite  par  d'autres  arbres  appartenant  d'ail- 
leurs à  la  même  famille  des  Sapotacées  et  la  plupart 
au  même  genre  Palaquium. 

Dans  les  Indes  néerlandaises  les  six  principaux 
producteurs  sont  les  suivants: 

Palaquium  Gutta  ; 

—  .        oblongifolium  ; 

—  Borneense  ; 

—  Treubii  ; 

—  —       var.  parvifolium; 
Payena  Leerii. 

11  faut  ajouter  à  cette  liste  le  Mimusops  Balata  qui 


6  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

fournit,  dans  les  Guyanes,  un  succédané  de  la  gutta- 
percha,  connu  sous  le  nom  de  Balata. 

Le  genre  honandra  et  le  genre  Palaquiuni  sont 
d'ailleurs  nettement  distincts  et  ne  constituent  pas, 
comme  on  le  répète  souvent,  un  même  genre. 

honandra  :  fleurs  tétramères.  Lobes  de  la  corolle 
plus  longs  que  le  tube.  Etamines  8.  Graines  albumi- 
nées. Stipules  petites  et  caduques. 

Palaquium:  fleurs  hexamères.  Lobes  de  la  corolle 
plus  longs  que  le  tube  ou  parfois  un  peu  plus  courts. 
Etamines  12.  Albumen  nul.  Stipules  petites  et  cadu- 
ques. 

Ces  caractères  diff'érentiels  permettent  actuelle- 
ment de  séparer  ces  deux  genres  autrefois  réunis 
dans  le  grenre  honandra.  Ce  dernier  est  d'ailleurs  re- 
présenté  aux  Indes  néerlandaises  par  deux  espèces 
dont  Tune  est  assez  répandue  à  Sumatra  [Is.  pulchra 
Burck)  où  elle  fournit  le  produit  «  Xjatoeb  Balam 
Doerian  ». 

Bien  cpic  le  Pal.  Culla  ne  suil  plus  actuellement 
exploité  en  raison  de  sa  rareté,  il  n'est  pas  inutile 
d'en  donner  ici  les  caractères  essentiels  avec  ceux 
des  autres  arl^res  producteurs  de  gutta. 

Palaquium  Gutta  BuRCK 
Svn.  honandra  Gutta,  llook. 

■y 

Dir/fopsis  Gutta.  Benth  et  Hook.  f. 
7\rl)re    dv    i3-t^i    mètres   (d'après   Hooker;    pour 


CONSIDÉRÂT IO.\S   GÉXÉRALES  7 

SeniUas,  un  arJjre  de  3o  ans  mesure  i3  à  l^  mè- 
Ires  jusqu'aux  premières  branches)  ;  écorce  rude, 
grise,  teintée  de  jaune  ou  de  rouge  ;  les  rameaux 
les  plus  jeunes  sont  couverts  de  poils  roux. 

Feuilles  à  pétiole  assez  long  (2  à  3  centimètres), 
à  limbe  ovale-oblong,  coriace^  atténué  à  la  ])ase, 
arrondi  au  sommet  ou  légèrement  acuminé  ;  d'un 
beau  vert  à  la  face  supérieure,  tandis  que  la  face 
inférieure  est  couverte  d'un  duvet  roussâtre  ;  la 
nervure  principale  donne  de  chaque  côté  2\  à 
<3o  nervures  secondaires  à  peine  saillantes,  ar- 
([uées,  parallèles  les  unes  aux  autres  et  donnant 
naissance  elles-mêmes  à  un  fin  réseau  de  nervures 
tertiaires.  Les  dimensions  des  feuilles  sont  très  varia- 
bles ;  chez  Tarbre  jeune,  d'après  Serullas,  elles  peu- 
vent atteindre  23^™  sur  7,  tandis  que  chez  l'arbre 
adulte  ces  dimensions  se  réduisent  à  la  moitié. 

Fleurs  de  2  millimètres  de  long  disposées  en 
faisceaux  à  l'aisselle  des  feuilles  ;  pédoncules 
assez  courts  (3  millimètres),  ne  portant  qu'une  seule 
fleur. 

Calice  légèrement  campanule,  à  six  divisions 
profondes  ;  lobes  ovales,  obtus,  tomenteux,  disposés 
en  deux  verticilles. 

Corolle  gamopétale,  légèrement  rotacée,  à  6  lo- 
bes elliptiques  obtus  ;  le  tube  de  la  corolle  dépasse  à 
peine  le  calice. 

Etamines  au  nombre  de  12,  en  2  verticilles,  à  filets 
filiformes  de    même    longueur  que   les   lobes   de  la 


8  LES  ARBRES   A    GUTTA-PERCHA 

corolle,    à    anthères    ovales,    glabres,  pointues    au 
sommet,  extrorses. 

Pistil  composé  d'un  ovaire  globuleux,  pubescent, 
à  6  loges  uniovulées,  surmonté  d'un  style  filiforme 
un  peu  plus  long  que  les  étamines  et  se  terminant 
par  un  stigmate  obtus  à  peine,  renflé. 

Le  fruit  est  une  petite  baie  ovoïde,  charnue,  de 
o"'o25  à  o™o3o  de  diamètre  sur  o"'o3o  à  o'"o35  de 
long.  Des  six  loges  de  l'ovaire,  quatre  ou  cinq  avor- 
tent généralement  et  il  ne  reste  dans  le  fruit  mûr  que 
I  ou  2  loges  monospermes  ;  les  graines  sont  ellipti- 
ques, comprimées  et  possèdent  un  hile  très  déve- 
loppé. 

Se  rencontre  dans  les  montao-nes  de  Sinofar>our. 
Thomas  Lobb  (n°  290)  ;  l)"^  Oxley. 


Palaquium  oblongifolium  Pierre 

Syn.  honandra  Gutta  vai'.  ublongifolia  de  Vriese. 
Dichopsis  obloïKjlfoiia.  Burck. 

Arbre  élancé  duiil   les  rameaux  jeunes  sont  cou- 
verts d'un  duvet  roussàtre. 

Feuilles    pourvues     d\ui    [)ctiole    court,     oblon- 
gues  ou    lancéolées-oblongues,    assez    longuement 
acuminées,    un  peu  coriaces,  vertes  à  la  face   supé-  • 
l'ieure,  mais  couvertes  d'un  duvet  jaune  d  or  brillant 
à  la  face   inférieure.   Les   feuilles  jeunes  atteignent 


CO\SI DÉRATIONS   GENERALES 


FiG.    I.  —  Rameau  de  Palaquium  ohlongifoUum. 


lo  LES  ARBRES  A    GITTA-PERCHA 

22  centimètres  de  longueui*  et  7,5  centimètres  de 
largeur  et  le  pétiole  a  i,5  à  2,5  centimètres  de  long; 
ses  feuilles  se  distinguent  de  celles  du  P.  Gutta  par 
ce  caractère  qu'elles  sont  atténuées  plus  longuement 
à  leur  partie  inférieure.  Leurs  nervures  latérales 
perpendiculaires  à  la  nervure  principale,  un  peu  re- 
courbées, sont  parallèles  les  unes  aux  autres  et  sont 
au  nombre  de  20  à  3o  de  chaque  côté  de  la  nervure 
principale;  elles  sont  presque  complètement  immer- 
gées dans  le  parenchyme. 

Fleurs  groupées  (généralement  de  i  à  6)  à 
l'aisselle  des  feuilles  tombées,  pourvues  de  pédon- 
cules de  1.5  à  2  millimètres. 

Calice  ovoïde,  campanule,  à  divisions  ovales  obtu- 
ses, les  intérieures  plus  grêles  que  les  autres. 

Corolle  à  tube  dépassant  lo  calice  ;  ses  lobes  sont 
de  même  longueur  (jue  le  tube. 

Etamines  12  en  2  verticilles;  filets  lilifoi'mes  éga- 
lant en  lonouour  les  lobes  de  la  corolle  ;  anthères 
ulabres,  aio-uës. 

Baie  charnue  surmontée  pnr  le  rc^stc  du  style,  ac- 
(*ompagné(*  par  le  calice  persistant,  couverte  d'un 
(Uivet  roux,  longue  de  3,5  à  4  centijiièlres  et  ayant 
un  diamètie  de  3  à  3,5  centimètres.  Pbisieurs  loges 
avortent.  Los  graines,  au  nombre  de  i,  2  ou  3,  sont 
ellipsoïdes  ou  com|)rimées  latéralement,  à  tégument 
crustacé  et  brillant.  Le  bile  couvre  une  grande  partie 
de  la  surface. 

Aux    Indes   Néerlandaises,    c'est-à-dire   dans   les 


CO.\SIDÉRATIO.\S   GÉNÉRALES  n 

pays  producteurs  de  gutta,  le  Palaquium  oblon/jlfo- 
liiim  est  la  plante  à  gutta-percha  par  excellence. 
On  la  rencontre  à  Sumatra,  à  Bornéo  et  dans  la  pres- 
qu'île de  Malacca.  Une  plante  répandue  sur  une  aire 
aussi  considérable  doit  nécessairement  porter  de 
nombreux  noms  indio-ènes  différents   suivant  les  ré- 


gions 


/  Njatoeh  Balani  Tcniboga  ; 
1  —  Sirah  ; 

c         .      /  ^  )  —  ^^er2\i  ; 

Sumatra  (i).(  c^ 

i  —  socsoen  ; 

—  Pirang  ; 

—  Abang. 

_,  ,  N      i  Niatoeh  Balam  Doerian  ; 

Bornco  (i).    .     ^  ,. 

(   Ka-Malam-Faridi. 

Malacca.  .      .  |  Taban  Merah  (d'après  Beauvisage). 

C'est  le  nom  de  Balam  Temboga  qui  est  le  plus 
répandu  dans  rarchipel  étalais  pour  désigner  le 
Pal.  oblongifoliuw  \  ce  nom  rappelle  la  couleur  jaune 
de  la  face  inférieure  des  feuilles  (Temboga,  cuivre 
jaune  en  malais). 

La  gutta  fournie  par  cette  plante  est  compacte  et 
homogène.  Plongée  dans  l'eau  chaude  elle  se  pétrit 
sans  devenir  oluante  et  conserve  en  se  refroidissant 
toutes  les  formes  qu'on  lui  a  communiquées.  Sa  cou- 
lure rouge  ou  rouge  brunâtre  est  due  au  mélange 
avec  le  latex  de  petits  morceaux  d'écorce  dont 
la  matière  tinctoriale  se  répand  dans  la  gutta  sous 
l'influence  de  la  cuisson. 


(i)  Noms  sous  lesquels  se  trouvent  ces  plantes  dans  l'herbier  de  Bui- 
lenzorg. 


12  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

Le  gouvernement  néerlandais  a  donné  Tordre  de 
cultiver  ce  Palaqitiiim  à  Java,  concurremment  avec  le 
Pal.  Gutta,  dont  le  Jardin  possédait  deux  pieds  seu- 
lement, il  y  a  une  dizaine  d'années. 

Les  produits  fournis  par  les  autres  espèces  du 
genre  Palaquium  signalées  plus  haut  présentent  à 
peu  près  les  mêmes  qualités  et  la  culture  de  ces  di- 
verses espèces  présente  un  intérêt  considérable. 

Palaquium  Krantzianum  Pierre 
Syn.   Dichopsis  Krantziana  Pierre. 

Arbre  de  3o  à  35  mètres,  pourvu  de  feuilles  al- 
ternes, oblongues  ou  ellipticpies,  arrondies  ou  acu- 
minées  au  sommet,  à  face  inférieure  plus  ou  moins 
pubescente. 

D'après  le  I)'^  Bcauvisage,  les  caractères  de  la  fleur 
sont  les  suivants  (i)  : 

((  Les  fleurs  ont  un  réceptacle  à  [)eii  j)rès  plan  et 
«   plutôt  légèrement  concave. 

«  Le  calice  est  doul)le,  construit  le  plus  souvent 
«  siu^  le  type  3  redoublé.  Les  3  sépales  extei^nes  sont 
«  triangulaires,  équilatéraux,  presque  plans,  épais, 
«  coriaces,  rugueux  à  Textérieur,  lisses  à  Tinlérieur, 
«  donnant  au  sommet  du  bouton,  par  leur  réu- 
«   nion    avant     Tanthèse,    l'aspect     d'une     pyramide 


(i)  Beal'visage,  Contvihut.  à  l'rtudc   de  la   Gutta-pevclia,  Pari«, 
i88i,  p.  \2. 


aONSIDËBATIOXS   GENERALES  i3 

«  triangulaire,  légèrement  imbriqués  ou  subval- 
(c  vaires  ;  l'un  d'eux  paraît  situé  directement  en  haut, 
«  les  deux  autres  sur  les  côtés.  Les  3  sépales  inté- 
a  rieurs,  alternes  avec  les  précédents,  sont  ovales- 
«  arrondis,  très  concaves,  coriaces  et  très  épais  au 
<(  milieu,  surtout  à  leur  base,  minces  et  scarieux  sur 
<f.les  l)ords,  nettement  imbriqués  ;  leur  face  interne 
<(  est  lisse  dans  toute  son  étendue,  tandis  que  leur 
«  face  externe,  mate  dans  la  plus  grande  partie  de 
<(   son  étendue,  est  lisse  et  brillante  sur  les  bords. 

«  La  corolle,  à  peine  gamopétale,  se  compose  de 
«  6  divisions  presque  entièrement  distinctes,  orbi- 
«  culaires-concaves,  assez  épaisses,  amincies  sur 
<(  les  bords,  tordues  dextrorsum  dans  la  préfloraison, 
«  alternes  avec  les  6  sépales.  Le  tube  de  la  corolle  est 
«  réduit  à  un  simple  anneau  sur  lequel  s'insèrent  les 
<(  étamines. 

«  Celles-ci  sont  au  nombre  de  12,  disposées  sur 
c(  deux  rangs;  elles  ont  des  filets  très  courts,  élargis 
«  à  leur  base,  insérées  par  leur  sommet  subulé  au 
<(  quart  inférieur  de  la  hauteur  de  la  face  interne  du 
«  connectif;  leurs  anthères  sont  ovales-lancéolées- 
«  aiguës,  extrorses,  couvertes  sur  leur  face  externe 
<c  d'un  duvet  fin  et  serré.  Les  6  étamines  externes, 
«  plus  grandes,  sont  opposées  aux  lobes  de  la  corolle  ; 
«  les  6  étamines  internes,  alternes  avec  les  précé- 
«  dentés,  sont  entièrement  recouvertes  par  elles 
<c  dans  le  bouton, 

«  L'ovaire,   très  petit,  semble   presque  immergé 


i4  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

a  dans  le  réceptacle;  il  se  compose  de  6  loges.  Gha- 
((  CLine  de  ces  loges  contient  un  ovule  court,  incom- 
«  plètemenl  anatrope,  ascendant,  à  micropyle  en  bas 
(c  et  en  dehors.  L'ovaire  est  surmonté  d'un  style  gros, 
((   court,  cylindrique,  à  sommet  obtus. 

«  Le  fruit  est  charnu,  réduit  par  avortement  à 
«  une  seule  loge  monosperme.  La  graine  est  ovoïde 
((  et  munie  d'un  tégument  crustacé.   » 


Palaquium  calophyllum  Pierre 

Syn.   honandra  calophylla  T.  et  B. 

—  cJirfjsonotJia  et  costata  de  Yriese. 

Dichopsis  calophylla  Benth.  et  Hook. 

Arbre  élevé,  à  rameaux  jeunes  couverts  d'un  duvet 
iaune. 

Feuilles  pétiolées,  coriaces,  ovales-oblongues, 
vertes  à  la  l'ace  supérieure,  couvertes  d'un  duvet 
jaune  à  la  face  inférieure;  Hmbe  terminé  par  un  acu- 
men  court  et  obtus;  lo  à  12  nervures  proéminentes 
de  chaque  côté  de  la  nervure  principale. 

Fleurs  axillaires,  fasciculées;  |)é(loncules  de  20 
à  25  niilllnictres,  grêles. 

Galice  ovoïde-campanulé  à  divisions  ovales-ob- 
tuses. 

Tube  de  la  coioUe  aussi  long  que  le  calice,  à  lobes 
ovales,  aigus,  plus  longs  que  le  tube. 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES  i5 

Etamines  12,  à  filets  égaux,  grêles,  glabres,  aussi 
longs  que  les  lobes  de  la  corolle  ;  anthères  ovales, 
atténuées  mais  non  aiguës  au  sommet. 

Ovaire  globuleux  pubescent  surmonté  d'un  style 
filiforme,  plus  long  que  les  etamines  et  terminé  par 
un  stigmate  obtus. 

Baie  charnue,  globuleuse,  accompagnée  par  le 
calice  persistant,  couverte  de  poils  jaunes;  son  dia- 
mètre est  de  2  centimètres  et  demi  et  sa  longueur 
d'un  pôle  à  l'autre  de  2  centimètres;  elle  est  donc 
déprimée.  Graine  unique  à  hile  très  développé  et  à 
tégument  brillant. 


Palaquium  malaccense  Pierrp: 

Feuilles  ellipti([ues  ou  oblongues  pourvues  d'un 
pétiole  assez  long  et  terminées  par  un  prolongement 
obtus;  le  limbe  possède  48  à  56  nervures  secon- 
daires. 

Fleurs  groupées  par  faisceaux  de  2  à  6;  briève- 
ment pédonculées. 

Calice  à  6-7  sépales  libres,  atténués  au  sommet. 

Corolle  à  6-7  lobes  arrondis,  ciliés. 

Etamines  12  à  i/i  à  anthères  elliptiques,  poilues 
en  dehors. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  dans  la  presqu'île  de 
Malacca  près  de  Lahat-Perak.  M.  Pierre  dit  qu'elle 
«   donne  une  gutta  de  première  qualité  ». 


i6  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 


Palaquium  formosum  Pierre 

Ce  Palaquium  commun  à  Malacca  se  trouve  aussi 
à  Sumatra  dans  les  environs  d'Assakan. 

Il  se  distingue  des  précédents  par  le  nombre  des 
nervures  (48  à  5o),  par  le  style  cilié  à  la  pointe  et  par 
la  graine  munie  d'un  arille  incomplet. 

M.  Pierre  pense  que  la  variété  Siimatrana  de  Vlso- 
nanclra  giit.ta  devrait  être  rapportée  à  cette  espèce. 

Palaquium  princeps  Pierre 
Espèce  de  Bornéo. 

Palaquium  Borneense  Burck 

Arbre  élevé  ;  rameaux  jeunes  couverts  d'un  duvet 
roux. 

Feuilles  longuement  pétiolées,  subcoriaces,  obo- 
vales-elliptiques,  vertes  à  la  face  supérieure  et  cou- 
vertes à  la  face  inférieure  d'un  duvet  jaune;  i5  à  20 
nervures  secondaires  de  chaque  côté. 

Fleurs  axillaires  en  faisceaux  comprenant  i  à  6 
(leurs. 

La  longueur  des  fleurs  est  de  11  millimètres  et 
celle  des  pédoncules  de  3  millimètres. 

Galice  ovoïde  à  lobes  ovales-obtus. 

Corolle  à  tube  égal  à  la  longueur  du  calice  ;  lobes 


CONSIDÉBATIONS   GÉXÉRALES  17 

ovales-lancéolés,  plus  longs  que  le  tube  de  la  co- 
rolle. 

Etamines  12  en  deux  verticilles,  à  filets  égaux, 
grêles,  égaux  en  longueur  aux  divisions  de  la  corolle. 
Anthères  poilues,  ovales,  terminées  en  pointe  au 
sommet. 

.Ovaire  subglobuleux,  pubescent  ;  style  filiforme, 
plus  long  que  les  etamines  ;  stigmate  obtus. 

Le  fruit  est  une  baie  charnue,  ovoïde,  contenant 
I,  2,  3  graines  ellipsoïdes  ou  comprimées  latérale- 
ment et  présentant  un  hile  très  développé. 

Trouvé  à  Bornéo  par  Teysmann. 

Palaquium    Treubii    Burck 

Se  dislingue  par  ses  feuilles  pourvues  d'un  pé- 
tiole de  4  à  5  centimètres  de  long  et  dont  le  limbe 
conticuit  i3  à  16  nervures  secondaires  de  chaque 
côté  de  la  nervure  principale. 

Cette  espèce  comporte  une  variété  distincte  :  Pal. 
Treubii  var.  pamifolium. 

Se  trouve  à  Banka. 

D'après  Bûrck,  les  seules  espèces  présentant  un 
véritable  intérêt  au  point  de  vue  industriel  sont  les 
Pal.  Gutta,  oh  long  if  0  Hum  j  Bonieense  et  Treubii. 

Le  genre  Palaquium  comprend  d'ailleurs  un  assez 
grand  nombre  d'autres  espèces  et  Biirck  n'en  énii- 
mère  pas  moins  de  38. 

Lecomte.  2 


ï8  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

Toutes  les  espèces  connues  produisant  de  la 
gutta-percha  possèdent  des  feuilles  couvertes  à  leur 
face  inférieure,  au  moins  quand  elles  sont  jeunes, 
d'un  duvet  jaune  de  teinte  plus  ou  moins  foncée. 
Nous  ne  fournirons  pas  même  l'énumération  des  au- 
tres espèces  puisque  leur  utilisation  paraît  plus  que 
douteuse. 


Payena    Leerii    BE>'Tn.   et   Hooker 

Syn.  Azaola  Leeini  T.  et  B. 

Keratophorus  Leerii  Hassk. 
CeratopJiorus  Leerii  Micj. 

Feuilles  ovales-oblongues,  acuminées,  un  peu  on- 
duleuses  sur  les  J)ords,  coriaces,  glal^res,  mesurant 
5-IO  centimètres  de  long  sur  2,5  à  /|  centimètres  de 
large  ;  pétiole  grêle  mesurant  seulement  5  à  7  milli- 
mètres de  long. 

Fascicules  de  fleurs  au  sommet  des  rameaux. 

Lobes  du  calice  arrondis,  ayant  3  millimètres  de 
long. 

Corolle  à  peu  près  di^w^  fois  j)lus  longue  (|ue  le 
calice,  pourvue  de  8  lohcs  mesurant  chacun  ,'>  milli- 
mètres de  longueur. 

Elamines  16  ;  filets  à  peu  près  de  même  longueur 
que  les  anthères,  glabres. 

Ovaire  coni(jue,  couvert  de  poils,  10-12  locuhure  ; 
style  allongé,  exserte. 


C  0  XS I  DEBAT  10  XS    G  E  X  Eli  A  LE  S  19 

Fruit  charnu,  conique,  souvent  un  peu  recourbé, 
mesurant  3-''i  centimètres  de  long,  surmonté  par  une 
pointe  qui  est  le  reste  du  style. 

Une  graine  unique,  allongée,  mesurant  i8  à  25 
millimètres  de  long,  à  tégumentcoriace,  brun  pâle; 
all^umen  aljondant  et  corné  ;  cotylédons  charnus, 
cippliqués. 

Se  rencontre  à  Sumatra  fTeysmann  ,  à  Banka 
(Teysniann),  k  Fiornéo,  îx  Amboine,  etc. 

Le  Pcujena  Croixiana,  décrit  par  Pierre,  serait  très 
rapproché  du  précédent,  dont  il  ne  diffère  que  par 
les  léuilles  un  peu  plus  petites  et  possédant  un  moins 
grand  nombre  de  nervures  secondaires  ;  par  les 
étamines  qui  ont  le  lilet  un  peu  plus  court  et  par 
l'ovaire  qui  a  8  loges  au  lieu  de  lo  ou  12. 

IJIsonandra  Benjamina  créé  par  de  Vriese  paraît 
aussi  se  rapprocher  beaucoup  du  Paijena  Leerii. 

Le  Pof/f'na  Leerii  est  extrêmement  répandu  dans 
les  Indes  Néerlandaises  ;  aussi  lui  connaît-on  une 
nudtitude  de  noms  indigènes. 

■Sjatoeh  Balam  Baringin  ; 

—  ^^  aringin  ; 

—  Soendai  ; 

—  Pipis. 
Sumatra. .      .   /  Balam  Tandjoeng  ; 

—  Tjabée  ; 

—  Tandoek  ; 

—  Troenk  ; 

—  Soute. 
Bornéo.      .      .  j  Njatoeh  Ka-malan  ranas. 
Banka..      .      .  1  Koelan. 


20 


LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 


La  gutta  qu'elle  fournit  est  de  bonne  qualité  ;  elle 
reste  plus  blanche  que  celle  des  Palaquiums,  car  le 
lait  s'écoulant  abondamment  des  incisions  pratiquées 
dans  l'écorce  on  en  peut  recueillir  de  grandes  quan- 
tités sans  mélange  avec  des  morceaux  d'écorce, 
ce  qui  n'est  pas  toujours  le  cas  des  arbres  à  Gutta. 


Composition  de  diverses  guttas  provenant  de  Palaquium 
Gutta  et  de  PAYE^A  (d'après  Obach). 


ORIGINE 

GUTTA 

RÉSINE 

IMPU- 
RETÉS 

EAU 

Getah  Taban,  provenant  de  Pal. 
Gutta.  Analyse  de  Ridicy 

Getah  Soondie ,  j)rovenant  de 
Payena  Leerii.  Analyse  de  Hugh 
Low 

00,7 
/.3,o 

I  1  , 0 
32,0 

0,2 
5,1 

l3.I 
19,3 

Le  haut  prix  atteint  par  les  lionnes  guttas  depuis 
que  la  construction  des  cables  sous-marins  s'élend 
de  plus  en  plus  a  iiuilé  à  la  iccherche  des  phuilcs 
qui  pourraient  Tournir  des  produils  analogues  à  la 
gutta. 

Nous  venons  de  voir  déjà  que  hi  gutta  livrée 
acluellement  au  commei'ce  est  Ibuinie  par  des  es- 
pèces dillércntcs  de  celle  qui  était  primitivement 
exploitée  et  même  par  des  arbres  appartenant  à  des 
genres  diflerents  [Pafjena).  Tous  les  représenlanls 
de  la  famille  des  Sapotacées  ont  été  tour  à  tour  Tobjet 
de  recherches  dans  le  but  d'en  extraire  de  la  gutta. 


COXSIDÉBATIOXS    GÉyÉRALES  21 

De  ce  nombre  il  faut  compter  au  premier  rang  le 
Miimisops  Balata  Gaertn.,  commun  à  la  Guyane,  où 
on  le  rencontre  un  peu  partout  dans  les  forets, 
<lepuis  la  côte  jusqu'aux  régions  les  plus  éloignées 
(le  la  mer.  Je  Tai  trouvé  pour  ma  part  dans  les 
bois  qui  avoisinent  le  pénitencier  de  Pariacabo,  près 
de  Kourou.  Geoffroy  Fa  sig-nalé  aux  Hattes,  à  Saint- 
Laurent,  et  au  village  d'Apatou,  dans  la  vallée  du 
Maroni,  sur  les  rives  de  l'Awa,  de  Tltani,  etc. 


Mimusops    Balata    G-ERTN 

Svn.  Achras  Balata  Aublet  ; 

Luciuna  mammom  de  Vriese; 
Sapota  Mullfri  Blunie; 
Mimusops  hidentata  D.   G. 

Le  Mimusops  Balata  est  un  des  beaux  arbres  qui 
peuplent  les  forêts  de  la  Guyane.  Il  peut  atteindre 
facilement  25  mètres  de  hauteur;  son  bois  est  très 
recherché  autant  pour  sa  belle  couleur  rougeàtre 
que  pour  la  propriété  qu'il  possède  de  résister  aux 
attaques  des  insectes. 

Les  rameaux  sont  assez  gros  et  couverts  de  lenti- 
celles  arrondies. 

Feuilles  oblongues-lancéoléesou  elliptiques,  acu- 
minées  ;  le  pétiole  mesure  2  à  5  centimètres  de 
longueur;  le  limbe  10  à  22  centimètres  de  longueur 
sur  4-IO  centimètres    de  largeur  et    il  présente   56 


22  LES   ABBRES   A    GUTTA-PERCIIA 

à  64  nervures  secondaires  très  fines.  La  face  supé- 
rieure du  limbe  est  verte  ;  la  face  inférieure  est  bru- 
nâtre avec  des  poils  souvent  agglutinés. 

Fleurs   fasciculées    en  groupes  de    lo  à  20   avec 
des  pédicelles  couverts  de  lenticelles  linéaires. 

Galice   à   6   sépales  ciliés  à  l'intérieur,    longs  de 
5  à  6  nnllimètres. 

Corolle  aussi  longue  que  le  calice  ou  même  plus 
courte,  glabre,  à  6  ou  8  lobes  réfléchis. 

Étamines  fertiles  au  nond^re  de  6  ou  8  avec  un  filet 
un  peu  dilaté  à  la  base.  Étamines  stériles  ligulées. 

Ovaire  et  style  glabres.  Ovaire  à  8-10  loges. 

Le  fruit  est  une  baie  ovoïde  brune  portant  à  sa 
surface  des  sillons  indiquant  les  séparalions  entre  les 


graines. 


Graines  nombreuses,  allongées,  à  albumen  charnu 
entourant  deux  cotviédons  foliacés. 

D'autres  Mimiisops  sont  employés  ou  pourraient 
être  utilisés  dans  le  même  but: 

Mimusops  (jlobosa  Gaertn.   tlu   Venezuela; 

Mlmusops  olata  (massaranduba)  du   Brésil; 

Mimusops  Kunimcl  Hochst,   d'Abyssiiiie  ; 

Mimusops  Schimperi  llôchst,   d'A])yssinie  ; 

Mimusops  sp.  (M'binio,  sur  toute  la  côte  du  Gabon 

et  M'/imou  à  Loaiigo). 

Mimusops  coriacea;  Madagascar. 

Mais  il  faut  bien  le  dire,  en  dehors  du  Mimusops 
Balata    les   produits    fournis  par  les   autres  espèces 


CONSIDÉRÂT  10. \ s  GÉyÉRALES  28 

(lu  genre  ne  paraissent  avoir  qu'une  valeur  très  mé- 
diocre. Le  produit  que  j'ai  obtenu  avec  le  M'bimo, 
par  exemple,  ne  possède  que  quelques  caractères 
communs  avec   la  gutta-percha. 

Le  produit  appelé  Balata  figurait  déjà  à  Texposi- 
tion  universelle  de  i855  et  sir  W.  Hooker  en  parle 
daiis  le  rapport  qu'il  fut  chargé  de  rédiger.  Le 
1)'  Bleckrod,  de  l'Académie  de  Delft,  ayant  reçu  de 
Surinam  le  suc  d'un  arbre  nommé  Bolletrie  (ou  Bul- 
lettree  des  Anglais)  et  dont  le  bois  était  appelé  chair 
de  cheval,  y  constata  la  présence  d'un  produit  ana- 
logue à  la  gutta-percha  et  l'arbre  l'ut  décrit  par 
Blume  sous  le  nom  de  Sapota  Muileri,  du  nom  de 
J.-A.  Millier,  qui  avait  adressé  les  premiers  échan- 
lions  à  Bleckrod  (i). 

L'introduction  de  la  Balata  en  Europe  ne  date 
donc  pas,  comme  on  le  répète  souvent  à  tort, 
d'après  Bernardin,  de  l'envoi  fait  en  1860  à  MM.  Sil- 
ver  et  G'*"  de  Londres,  par  le  f)*"  ^lelville,  de  Ber- 
bice.  La  Balata  était  connue  en  France  au  moins 
cinq  ans  auparavant,  et  au  mois  de  novembre  1809, 
un  industriel  parisien,  après  avoir  fait  l'analyse 
des  échantillons  déposés  à  l'Exposition  permanente 
des  colonies,  sollicitait  du  ministère  de  l'Algérie  et 
des  Colonies  la  récolte  gratuite  de  la  Balata  dans  tou- 
tes les  forêts  de  la  Guyane  dépendant  de  l'État  (2).  Mal- 


(i)  Bleckrod.  Notice  sur  la  gutta-perctia  de  Surinam.  Ann.  se.  nat., 
série  IV,  tome  VII,  page  220  et  suiv. 

(2)  Archives  de  l'exp.  permanente  des  colonies. 


2h 


LES  ARBRES  A    OUTTA-PERCHA 


heureusement,  comme  nous  le  verrons  plus  loin, 
malgré  rabonclance  des  M.  Balata  clans  les  forêts  de 
la  Guyane,  l'exploitation  en  est  aujourd'hui  à  peu 
près  abandonnée  dans  notre  colonie.  On  vend  seule- 
ment à  Gayenne  quelques  objets,  et  entre  autre  des 
cravaches  fabriquées  par  les  libérés,  avec  le  suc  de 
Balata. 

Des  analyses  effectuées  par  divers  chimistes  an- 
glais et  hollandais,  ont  montré  que  la  Balata  a  la 
composition  suivante  (Obach)  : 


ORIGINE 


Guyane  anglaise. 
Id. 


mnnam. 


GUTTA 


3l  ,  I 
53,/, 

43,5 


R  KSI  NE 


27,0 
39,8 

30,9 


IMPU- 
RETÉS 


^3 


4 

5,3 
i4,3 


EAU 


37,6 
3,5 

5.3 


Ges  analyses  ont  élé  effecUiées,  la  ju-emière  par 
Jackson  de  Ivew,  la  deuxième  par  Ilowell  Jones 
de  Londres  et  la  troisième  \rAv  V .  ^^^  Van  Eedeii  de 
[laarhMii. 

On  peut  récolter  (Tailleuis  à  hi  Guyane  le  latex 
d'autres  arbres  et  le  nudanger  à  celui  du  M'nuusops 
Balata  \  nous  citerons:  Phuneria  art'ualata  \'ahl  ;  Ba- 
gasm gui/anpnsis  Au])l.  ;  Ferolia  (/uj/anrnsis  Aul)l.  ; 
Coama  guijanensis  Aubl.  ;  etc. 

A  cette  longue  listi^  nous  ajouterons  : 

Bufi/roupermiim  Parhii  G.  ])on. []'itel/a ria paradoxa 
Gaertn.)  =  Biitf/r.  nlloticani  Kotschv  ==:  Bassia  Parlai 


COXSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES  25 

Don)  des  régions  tropicales  crAfrique  où  il  est  dési- 
gné sous  les  noms  de  Karité,  Ce  et  Ghi.  D'après 
MM.  Heckel  et  Schlagdenhauffen,  le  produit  obtenu 
avec  le  latex  de  cet  arbre  serait  très  voisin  de  la 
gutta  (i).  Mais  les  essais  n'ont  été  faits  jusqu'à  ce  jour 
que  sur  de  très  petites  quantités  et  il  n'est  pas  encore 
possible  de  se  prononcer  d'une  façon  certaine  sur  la 
valeur  industrielle  de  ce  produit. 

Sapota  Ac liras  ^l\\\  [=Achras  Sapota  L.)  ou  Sapo- 
tillier. 

Achras  australis^  du  Ouensland. 

honandra  acuminata  Miq.  ou  Bassia  elliptica  Dal- 
zell,  découvert  en  i85o  dans  l'Inde  ;  connu  dans  les 
forêts  de  Malal^ar,  du  Goorg,  de  Travancore,  etc.  (2). 

Imbricaria  coriacea  L.  ; 

Sideroxylon  ; 

OmpJialocarpum. 

Luc  lima  cjigantea;  L.  fissilis  ;  L.  lasiocarpa^  L.  pro- 
cera,  du  Brésil. 

ChrysopJiyllum  ramiflorum  Brésil. 

—  africaniim  D.  G.  d'Afrique. 

Bassia  longifolia  Roxl)g.  et 

-s-     latifolia  Roxbg.  de  l'Inde. 

Bassia  Mode  y  ana  Glarke,  de  Malaccaet  de  Bornéo. 

Mais  on  a  cherché  aussi  à  employer  les  latex  de 


(i)  La  Nature,  1897.  G.  Rendus  i885. 
(2)  Kew  Reports,  1881,  p.  44- 


26  LES  ARBRES  A    GU TTA-P ERCII A 

plantes  appartenant  à  d'autres  familles  et  qui  donnent 
par  la  coagulation  de  leur  latex  des  produits  durs 
dans  lesquels  on  a  voulu  voir  des  succédanés  de  la 
gutta,  mais  qui  sont  généralement  inutilisables. 

Famille  des  Ascléplvdées  : 

Calotropis procera  R.  Br.  de  l'Inde  et  du  Sénégal; 
Calotropis  gigantea  et  un  Cynanchum. 

Famille  des  Apocynées  : 
Ahtonia  scholaris  R.  Br.  de  l'Inde  (i). 

Famille  des  Euphorbiacées  : 
Euphorbla  TirucaUi  L.  de  TAfiique  orientale. 

Tous  les  voyageurs  qui  ont  pris  la  peine  de  pro- 
voquer la  coagulation  des  latex  fournis  dans  les  forets 
tropicales  par  une  multitude  d'arl)res  ou  de  lianes  de 
diverses  familles  ont  constaté  que  certains  produits 
obtenus  se  rapprochent  beaucoup,  du  moins  par 
Faspcct  général  et  j)ai'la  consistance,  des  guttas  pro- 
venant desPalaquium  ;  malheureusement,  cespseudo- 
guttas  ne  sont  autre  chose,  le  plus  souvent,  que  des 
caoutchoucs  plus  ou  moins  résineux.    Pour  ma  part, 


(i)  J'ai  moi-même  expérimenté  le  latex  de  cette  plante  sans  succès. 
D'autre  part  j'ai  reçu  le  produit  coagulé  de  M.  Chalot.  directeur  du  Jardin 
<lc  Libeville  ;  je  ne  crois  pas  qu'il  puisse  être  employé  utilement  dans 
l'industrie,  au  moins  tel  qu'on  l'obtient  aujourd'hui. 


COXSIDERATIOXS    GENERALES  27 

j'ai  obtenu,  au  Congo,  des  produits  qui  avaient  les 
caractères  très  nets  de  certaines  guttas.  De  nombreux 
voyageurs  ont  eu  Toccasion  défaire  des  constatations 
identiques  ;  mais  tant  que  des  études  suivies,  tant 
que  des  essais  d'ordre  industriel  n'interviennent  pas 
il  est  sage  de  montrer  la  plus  grande  circonspection, 
car  juger  un  produit  sur  les  apparences  c'est  se  pré- 
parer de  cruelles  désillusions. 

Il  est  surtout  dangereux  de  donner  à  de  tels  ré- 
sultats une  certaine  publicité.  11  nous  souvient  par 
exemple  d'avoir  lu  au  Journal  officiel  des  extraits 
étendus  d'un  rapport  circonstancié  sur  la  découverte 
d'une  nouvelle  plante  à  gutta-perclia  dans  une  de  nos 
colonies  d'Afrique  (i).  Ce  rapport  spécial  qui  a  été 
cité  dans  diverses  publications  ou  dans  des  rapports 
ultérieurs  contenait  diverses  indications  sur  lagutta- 
percha  empruntées  à  un  ouvrage  important  de  M.  de 
Lanessan,  mais  les  soi-disant  observations  que  l'au- 
teur du  rapport  avait  cru  devoir  y  ajouter  ne  consti- 
tuaient qu'un  tissu  d'erreurs  grossières  et  sans  la 
moindre  valeur.  On  reconnaîtra  avec  nous  qu'il  est 
l^ien  regrettable  de  voir  accorder  l'honneur  d'une 
publication  officielle  à  des  travaux  ne  méritant  aucun 
crédit,  car  c'est  leur  attribuer  une  importance  qui 
peut  avoir  pour  l'avenir  des  conséquences  fâcheuses. 


(i)  Journal  officiel  à\\  1 4  septembre  1896,  p.  5171 


RECOLTE 


Malheureusement ,  les  hommes  occupés  à  la 
récolte  du  latex  et  à  sa  manipulation  pratiquent 
presque  toujours  des  mélanges  très  préjudiciables 
à  la  qualité  du  produit  définitif.  Si  encore  ils  secon- 
tentaient  de  faire  entrer  dans  ces  mélanges  des  latex 
fournis  par  diverses  espèces  de  Palaquium,\^  mal  ne 
serait  pas  très  grand  ;  mais  ils  utilisent  tous  les  latex 
([u'ils  peuvent  trouver  à  leur  disposition  et  ils  ob- 
tiennent ainsi  des  guttas  qui  sont  non  seulement  de 
cjualité  très  médiocre,  mais  encore  qui  présentent 
d'un  point  à  l'autre  d'un  même  lot  des  différences 
très  appréciables,  (^e  (|ui  constitue  wnç",  grande  dif- 
licHilté  pour  l'utilisation  ultérieure.  De  |)lus,  ces 
produits  peuvent  bien  posséder  h^  j)ouvoir  isolant 
qu'on  réclame  de  la  gutta-percha  pour  la  fabrication 
des  câbles,  mais  ils  se  travaill(Mit  plus  diiïicilement 
(jue  la  l)onne  gutta  et  se  détériorent  très  vite. 

D'ailleurs,  dans  les  entrepôts  de  Singapour,  on 
pi'ali(|ue  sui"  une  vaste  échelle  ces  mêmes  mélanges 
et  il  serait  ])resque  toujours  très  diOicile   d'assigner 


RECOLTE  2<j 

une  origine  botanique  certaine  aux   guttas  actuelle- 
ment livrées  au  commerce. 

A  Sumatra,  l'exploitation  entraîne  toujours  l'abat- 
tage de  Tarbre  ;  les  indigènes  récolteurs  de  gutta, 
quand  ils  ont  découvert  un  arbre  producteur  de 
gutta — :  et  pour  cela  ils  n'ont  pas  même  besoin  de  voir 
le  leuillao-e,  l'examen  du  tronc  et  de  Técorce  leur 
sufïit  —  ils  abattent  cet  arbre  en  se  servant  de  haches 
de  diverses  formes  et  quand  il  est  à  terre,  ils  font 
sur  l'écorce,  à  des  distances  variant  de  o°',3o  à  o^'jôo, 
des  incisions  annulaires  dans  lesquelles  s'accumule 
le  latex. 

Dans  ces  conditions,  on  le  comprend  facilement, 
il  se  perd  une  grande  quantité  de  latex  qui  tombe  à 
terre  ;  de  plus  celui  qui  reste  dans  les  incisions  est 
toujours  mélangé  à  des  morceaux  d'écorce.  Bien 
mieux,  en  certaines  régions,  pour  empêcher  la  perte 
du  latex  le  récolteur  déchire  avec  la  hache  les  bords 
de  l'incision  et  détache  ainsi  de  nombreux  petits  frag- 
ments d'écorce  qui  se  mélangent  au  latex,  l'empâtant 
et  l'empêchant  de  s'écouler. 

((  Les  chercheurs  de  gutta  qui  viennent  d'exploiter 
un  arbre  dans  les  forêts  et  qui  se  sont  procurés  une 
certaine  quantité  de  son  produit  n'en  ont  point  assez 
pour  la  vendre  à  profit.  Ils  se  mettent  en  route  pour 
trouver  un  autre  pied  qui  leur  donnera  une  gutta  de 
même  qualité,  et  comme  généralement  ils  ne  le  trou- 
vent pas  assez  vite,  à  cause  de  l'exploitation  des- 
tructive pratiquée  depuis  longtemps,  ils  s'adressent. 


3o  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

pour  ne  pas  perdre  de  temps,  au  premier  arbre  à 
gutta  qu'ils  rencontrent,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  obtenu 
une  quantité  suffisante.  Revenus  dans  leurs  villages 
ils  ont  en  main  diverses  sortes  de  guttas  ;  mais  de 
chaque  sorte  une  trop  petite  quantité  pour  pouvoir  la 
vendre;  c'est  alors  qu'ils  se  livrent  à  ce  mélange 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Ils  savent  bien  eux- 
mêmes  que  si  l'opération  du  mélange  ne  réussit  pas 
à  souhait  ils  ne  pourront  stipuler  qu'un  prix  peu 
élevé,  beaucoup  j^lus  bas  que  celui  qu'ils  seraient  en 
droit  d'exiger  si  la  gutta  était  sans  mélange.  Mais  pour 
eux  l'affaire  est  d'écouler  le  produit  aussi  vite  que 
possible.  Ne  faut-il  pas  qu'ils  vivent  et,  pour  vivre, 
comment  attendraient-ils  qu'ils  aient  séparément  des 
gantans  àc  chaque  sorte  de  gutta-percha  ?  (i) 

Le  latex  épaissi  et  mélangé  de  fragments  d'écorce 
est  jeté  dans  un  pot  rempli  d'eau  chaude  ;  la  gutta  se 
ramollit  ;  on  la  pétrit  à  la  main  et  on  enlève  générale- 
ment les  plus  gros  fragments  de  bois  ou  d'écorce. 
(]ctle  opération  peut  être  pratiquée  une  seule  fois 
seulement  ou  au  contraire  répétée  plusieurs  fois: 
C'est  ce  qui  expli(|ue  Taspect  feuilleté  des  pains; 
c'est  aussi  ce  qui  pi'oduit  leur  coloration  car  les 
matières  colorantes  contenues  dans  les  écorces  se 
mélangent  intimement  à  la  masse. 

Burck  évalue  à  200  grammes  la  quantité  de  gutta 
complètement  épurée  que  peut  fournir  un  Palaquium 


(i)  W.  BuucK.    Loc.  cit.,  p.  78. 


RÉCOLTE  3i 

oblongifolium  de  20  mètres  de  hauteur  et  de  o°',6o  de 
circonférence  à  hauteur  d'homme. 

Serullaz  dit  qu'un  arbre  de  3o  ans  peut  fournir 
'j5o  à  260  grammes  de  gutta. 

Il  faut  ajouter  d'ailleurs  que  les  indigènes  saignent 
larement  des  arbres  aussi  jeunes  et  que  les  quantités 
réellement  obtenues  sont  toujours  plus  considérables. 
Il  serait  évidemment  bien  préférable  de  saigner 
l'arbre  sur  pied,  sans  l'abattre.  Les  expériences  que 
Burck  a  entreprises  à  ce  sujet  montrent  bien  que 
cette  opération  serait  sans  danger,  au  moins  si  elle 
était  pratiquée  avec  un  peu  de  soin. 

Les  renseignements  que  nous  possédons  actuelle- 
ment sur  la  production  et  sur  la  récolte  de  la  gutta- 
percha  à  Bornéo  ne  sont  ni  assez  précis,  ni  assez  com- 
parables aux  données  précédentes  pour  qu'il  paraisse 
utile  de  s'v  arrêter. 

Pour  ce  qui  concerne  la  récolte  et  la  coagulation 
du  latex  de  Balata  on  est  beaucoup  mieux  renseigné. 

Au  Venezuela  et  dans  la  Guyane  hollandaise  (le 
long  des  rivières  Corantyn,  Nickerie  et  Coppename), 
des  collecteurs  peu  scrupuleux  abattent  les  arbres 
pour  en  extraire  le  plus  de  latex  possible.  Quand  les 
arbres  sont  ainsi  abattus  et  maintenus  à  une  certaine 
hauteur  sur  des  traverses,  on  fait  des  incisions  circu- 
laires de  0^^,30  en  o°',3o  environ  et  le  latex  s'écoule 
dans  des  récipients  placés  au-dessous.  On  emploie 
même  des  presses  portatives  pour  exprimer  l'écorce 
détachée  de  l'arbre  et  en  retirer  tout  le  contenu. 


32  LES  ARBBES  A    GUTTA-PERCHA 

Dans  la  Guyane  anglaise  (aux  environs  de  Berbice, 
dans  les  bas-fonds  de  Swampey  Ganje),  on  se  contente 
de  saigner  méthodiquement  les  arbres  sans  les 
abattre.  D'après  M.  Th.  Rousseau,  le  meilleur  moyen 
consisterait  à  enlever  et  à  laisser  alternativement  des 
rectangles  d'écorce  égaux  en  surface  et  de  presser 
ensuite  l'écorce  détachée  pour  en  exprimer  tout  le 
latex  qu'elle  renferme  (i).  M.  Hayes,  agent  général 
des  cultures  de  l'Administration  pénitentiaire,  pense 
que  pour  exploiter  la  balata  sans  amener  la  des- 
truction des  arbres,  il  faudrait  soumettre  ceux-ci  au 
rjemmage  à  temps,  c'est-à-dire  ne  les  saigner  que  sur 
un  tiers  de  la  circonférence  tous  les  5  ans.  Cet 
aorent  recommande  d'enlever  d'abord  les  mousses 
qui  recouvrent  l'écorce,  puis  de  pratiquer  une  entaille 
dirigée  verlicalement.  Sur  cette  entaille,  qui  sert  de 
collecteur  viennent  aboutir  d'autres  entailles  dirigées 
oblicpiement  de  haut  en  bas  et  espacées  de  o'",3o 
à  o^'jSô  les  unes  des  autres  environ.  Au  bas  de  l'in- 
cision verticale  un  récipient  est  disposé  pour  recevoir 
le  latex. 

On  se  contente  souvent  de  praticjuer  des  incisions 
oblicpies  sans  collecteur  vertical  ;  le  latex  coule  alors 
à  la  surface  de  l'écorce  et  on  le  recueille  comme  il 
est  dil  |)lus  hanl. 

(^)uant  à  la  coagulation  elle  se  fait  dans  des  jjacs 


(i)  Lecomte  (II.)     I-a    Balala  ù  la  Guyane   française.    Revue  colo- 
niale, juin  i8g5,  p.  'i~3. 


RÉCOLTE  S.'î 

assez  larges  mais  peu  profonds  (au  plus  o"",!©)  où  on 
verse  le  latex.  Celui-ci  se  coagule  spontanément  à  la 
surface  et  forme  une  croûte  qu'on  enlève  pour  per- 
mettre une  nouvelle  coagulation.  Les  plaques  ainsi 
obtenues  sont  mises  à  sécher  —  comme  du  linge  — 
sur  des  cordes  tendues  à  cet  effet.  Les  expériences 
que  nous  avons  effectuées  nous  ont  donné  environ 
3o  pour  loo  de  balata  sèche  sur  des  latex  venant  de  la 
Guyane.  Il  est  clair  que  ces  résultats  sont  suscepti- 
bles de  varier  dans  d'assez  larges  limites  suivant  la 
richesse  du  latex  en  eau  et  par  conséquent  suivant 
les  saisons  (Geoffroy,  44  pour  loo  ;  Bleckrod,  1^,28 
pour  100). 

Un  règlement  adopté  par  le  Conseil  génér;d  de  la 
Guyane  française  et  qui  a  été  rendu  exécutoire  par 
arrêté  du  Gouverneur  de  la  Colonie  en  date  du  18  jan- 
vier 1896  a  réglementé  le  régime  des  concessions 
pour  éviter  la  destruction  des  arljres  à  Ijalata. 

Extraction  des  feuilles.  —  Quand  on  déchire  déli- 
catement le  limbe  d'une  feuille  fraîche  ou  même 
sèche  d'un  Palacjuium  fournissant  de  la  gutta  utili- 
sable on  voit  de  nombreux  filaments  de  ouita  réunis- 
sant  les  deux  lèvres  de  la  déchirure.  L'observation 
microscopique  montre  d'ailleurs  de  nombreux  latici- 
fères  parcourant  les  tissus  de  la  feuille.  Il  était  donc 
tout  naturel  de  penser  à  retirer  la  gutta  des  feuilles. 

En   mars    1892,  Dieudonné   Rigole  (i)    proposait 


(i)  Engl.  Pat.  Spec.  Mars  1892. 
Lecomte. 


3^1 


LES   ARBRES   A    GUTTA-PERCHA 


'?,  "S 


d'employer  à  cet  usage  le  sulfure  de    carbone  pour 
le  traitement  des  feuilles. 

Presque    au  même    moment  MM.   Jungfleisch   et 
Serullas  indiquaient  un  autre  procédé  et  en  réalité  il 

n'est  pas  possible  de  leur  refuser 
la  paternité  de  cette  méthode  car 
si  la  communication  de  M.  Jung- 
fleisch à  la  Société  d'Encourage- 
ment date  du  lo  juin  1892,  deux 
mois  auparavant,  M.  Serullas,  dans 
une  communication  antérieure, 
avait  fait  allusion  à  cette  méthode 
nouvelle  et  bien  longtemps  avant, 
MM.  Jungfleisch  cl  Serullas 
avaient  dressé  un  programme 
(féludes.  Le  dissolvant  le  plus 
facilement  utilisable  leur  a  paru 
être  le  toluène.  «  Il  dissout  simul- 
tanément, sans  les  altérer,  les 
trois  composants  essentiels  de  la 
gutla-percha  ;  il  est  très  facile  à 
séparer  du  produit  dissous;  il  est 
très  maniable*  sans  grandes  pertes 
quand  on  le  met  en  œuvre  dans 
des  appareils  a))propi'i('*s  :  il  est  |)ar  suite  écono- 
mie] ue  (1).  » 


FiG.      3. 


(i)  .luNCFLEiscii.   /.'i  i>rod action  de  la  gutta-prrcha,   communica- 
lloii  il  la   Soc.  (rcncouriigfMiiciil .    lo  juin   189'i. 


RECOLTE  35 

«  Le  débris  végétal  est  pulvérisé  assez  finement, 
puis  mis  en  suspension  dans  le  toluène  ;  la  bouillie 
fluide  ainsi  obtenue  est  mise  en  digestion  au  bain-ma- 
rie  pendant  quekjue  temps.  La  gutta  se  dissout  dans  le 
toluène  avec  une  certaine  lenteur;  sa  dissolution  est 
facilitée  par  des  agilalions  rapides  et  par  des  chauf- 
fages intermittents  au  bain-marie.  »  On  fdtre  ensuite 
et  on  épuise.  11  s'agil  alors  de  se  débarrasser  du 
dissolvant;  celui-ci  boul  à  110°  et  ii  ne  serait  pas 
possible  de  porter  la  gulta  à  cette  température  sans 
la  détériorer.  Aussi  M.  Jungfleisch  s'est-il  servi  de 
la  vapeur  (Leau  à  too"  (\u[[  fait  j^asser  dans  la  solu- 
lioii  clIc-méme  inainteiuie  à  cette  température.  La 
vapeiii-  d  eau  enlraîiie  lapidement  le  toluène.  Actuel- 
leinenl  M.  .luiigfleisch  |)i(''cipite  la  gutta  parTacétone. 

Les  résultats  sont  i-emar(|ual)les.  ^^)ici  les  chifTi'es 
in(li(|u<''s  par  M.  .lungnciscli  : 

Le  vieux  bois  sec  a  fourni.     .      .      q    iT)   à   10. '1 5   p.    100  de  gutta; 
Les  bourgeons  secs  ont  fourni.  10,20  — 

Les  feuilles  scclies  ont  fourni.      .      9,06  à   10,02  — 

On  peut  donc  comj)ter  sur  un  rendement  de  9  à 
10  pour  100.  D'après  Serullas  un  arbre  de  00  ans 
j)eut  donner  11  kilogrammes  de  feuilles  sèches,  ce 
qui  porte  le  rendement  à  1,000  ou  1,100  grammes  de 
gutta,  «  alors  que  1  arbre  abattu  en  donne  à  peine 
1265  grammes  )>. 

En  1897  le  P'  liamsay  a  proposé  d'employer  Lhuile 
de  résine  comme  dissolvant  et  de  précipiter  le  pi'o- 
duit  par  Lacétone. 


56  LES  ARBBES  A    GUTTA-PERCHA 

Enfin  M.  Obach  a  lui-même  indiqué  un  procédé 
de  dissolution  par  l'essence  de  pétrole  bouillante  et 
la  précipitation  de  la  gutta  par  relVoidissement  à  I5^ 
Ce  procédé  a  été  ensuite  modifié  et  un  brevet  a  été 
pris  à  cet  effet  par  MM.  Siemens  et  Obach  pour 
l'emploi  de  divers  dissolvants,  comme  la  benzoline. 

Ces  procédés,  tout  intéressants  qu'ils  soient,  ne 
peuvent  entrer  actuellement  dans  la  pratique  cou- 
lante et  ceux-là  seuls  qui  n'ont  jamais  eu  Tocca- 
sion  de  parcourir  une  foret  tropicale  peuvent  s'en 
étonner. 

Comment  ])ourrait-on,  en  effet,  recueillir  les 
feuilles  ou  les  rameaux  des  arl)res  à  gutta  dans  la 
forêt  vierge  quand  les  essences  les  [)lus  diverses  se 
trouvent  mêlées  d'une  façon  inextrical)le  ?  Il  est  clair 
(|ue  cette  récolte  ne  i)ourra  se  faire  facilement  et 
(|ue  par  conséquent  les  procédés  d'extraction  que 
nous  venons  de  décrire  ne  |)ourront  être  mis  en 
(cuvre  cpie  si  on  ciM''e  des  forêls  din  lues  à  gutta  ;  alors 
seulement  la  récollt^  des  reuilles  c[  des  branches 
sèches  deviendra  possible.  A  ce  j)oint  dr.  vue  il  est 
donc  désirable  (pi'on  organise  do  vastes  plantations 
(Tarbres  à  gutia  dans  les  régions  tropicales. 

T^a  structure  même  et  la  disposition  des  laticifèies 
(hins  les  plantes  de  la  famille  des  Sapotacées  ex- 
|)li(pient  amplement  ce  fait  (pion  obtient  de  très 
laibh^s  récoltes  d'arbres  de  très  grande  taille  et  jus- 
tifient rem|)loi  de  la  méthode  nouvelle  crextraclion 
par  les  feuilles. 


liÉCOLTE  37 

En  elïel  les  rlucles  d'Œsterlc  (i),  de  Gliiiiiaiii  (2) 
ot  d'autres  ])olanisles  sur  les  lalieilères  des  Sapola- 
<:écs  ont  mon  tic  (|ue  ees  laticilères  n'existent  pas 
seulement  dans  lécorec  de  la  tige  ;  mais  encore  dans 
la  moelle  et  (ju  ils  se  prolongent  jusque  dans  les 
feuilles  où  ils  suivent  nt)n  seulement  les  nei'vui'es 
mais  se  répantlent  aussi  dans  le  parenehymc. 

De  plus  ces  latic  ifères  ne  consliluent  pas  des  luhes 
continus  (3)  comme  ceux  des  Euphorbiacées  et  des 
Apo(  ynéesmaisdes  filesde  cellules  contenant  chacune 
<lu  lalexet  séparées  par  des  cloisons;  en  un  mol  on  a 
allai re  ici  à  des  lolkifi'rcis  (irtirulés.  Cette  circonstance 
l'ail  (ju'iuie  section  de  Técorcc  ne  laiss(^  échappCT  que 
le  latex  des  tissus  directement  situés  au  voisinage  de 
la  lésion  tandis  cpTil  s'en  échapj)e  une  grande  quan- 
tité j)ar  les  incisions  dun  Hprcd ,  ^\\\\\  Manilwl  ou  d'un 
Landolphia.  La  méthode  préconisée  jusqu'ici,  par  des 
incisions  deTécorce,  n'est  donc  pas  juslitiable  en  théo- 
rie et  en  réalité  dans  la  j^raticpic  elle  ne  donne  que 
des  résultats  médiocres. 


(i)  OEsterle.    O.    l^harmakogn.   Stûdieii  ul)er  Gulta-pcrctia.  Borne, 
1893. 

(2)  Chimani.  Uulcrsucliungcn  lil^er  Ban  und   Anonliiung  dcr  Mil- 
chroliren.  Botan.  Centraliilatt,  iSgô. 

(3)  A  1  encontre  de  ce  qu'avance  Œslcrlé,  loc.  cit. 


LA  PRODUCTION  ET  LE  COMMERCE 


DES    GUTTAS 


Presque  toutes  les  guttas  si  on  excepte  la  Balata 
exploitée  en  Guyane  sont  expédiées  à  Singapore  qui 
est  le  marché  le  plus  ancien  et  de  beaucoup  le  plus 
important.  11  n'est  j)eut-etre  pas  inutile  par  conséquent 
de  montrer  quelle  a  été,  pour  cet  entrepôt  spécial^ 
la  marche  des  expoj'tations. 

QUA>TITÉS    DE     GUTTA-PERCIIA     BRUTE     EXPORTEES 

DE     SINGAPORE    DE     l8/|4     A     1 8()(j 

D'après  Sfraits  Settlements  Govprnwenf  Gazette. 


iS'ri 

2  1 

cwls 

i85', 

12.5O2  (wls 

1804 

30,4  10  cnts. 

i8',5 

202 

i855 

0,000 

i805 

22,4 I  \ 

i8/i() 

0.384 

i850 

12,305 

18OO 

15.395 

i847 

1 1  ,()()3 

1857 

14,752 

18O7 

i'.,iO'i 

i8',8 

1  '1,070 

1 858 

lO,  8()8 

18O8 

10.720 

i8/,() 

1 1 ,585 

i85() 

21,522 

1809 

I 0.755 

1 8ÔO 

3,700 

1 8O0 

24,878 

1870 

37,753 

i85i 

0,8'io 

18O1 

12,224 

1871 

30.991 

i853 

8,io0 

18O2 

I 0.855 

1872 

4o  943 

i853 

1 3,858 

cw  Is 

1 803 

2I,07'l 

1873 

43.803 

75,5o0 

159,  i3o  c\\  Is 

^!()9,  '1  I  'j  C\NlS 

PHODIC  nos   ET   COMME  II  CE   DES    C  i  T  TA  S 


39 


1874 

2.1,794  CAVts 

i884 

59,565  c\\ 

Is 

1894 

5o ,  935  cwts 

1875 

17,454 

i885 

53,849 

1895 

Ji'797 

1876 

2o,33i 

1886 

4o,4ii 

1896 

5i ,64o 

1877 

3o, i54 

1887 

3o,388 

1878 

32,817 

1888 

28,164 

1879 

66,558 

1889 

60,933 

1880 

60,391 

1890 

89,035 

I88I 

.73,870 

1891 

63,327 

1882 

77,059 

1892 

49,701 

i883 

71,098 

1893 

44,907 

520,  330  CAA 

ts 

470,526  cwts 

Comme  ou  le  voil  parce  tal)leau,  el  pi  iiicipalemeiiL 
si  on  tient  compte  des  moyennes  décennales,  les 
exportations    suivent   très    nettement     une     marche 


Quantités  de  Gutta-percha.  brute 
importées  en  Angleterre 

Quantités  de  Gutta- percha-brute 
exportées  de  Singapore 

IS^t*-  -  '996 


Si-'fci 


Années 


FiG.  3." 


croissante  malgré  la  destruction  (|ue  les  récolteurs 
font  journellement  des  arbres  à  gutta  ;  l'explication 
de  cette  anomalie  se  trouverait  probablement  dans  ce 
fait  qu'on  fabrique  actuellement  de  la  gutta  non 
seulement  avec  le  lait  des  meilleurs  arbres,  mais 
encore  qu'on  y  mélange  celui  d'un  grand  nombre 
•d'autres  végétaux. 


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LES   ARBRES   A    GUrTA-PERCHA 


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Ce  tableau  tiré  de  Straits  Settlements  Government 
(razette  montre  très  nettement  que  si  les  exportations 
totales  de  Singapore  sont  plutôt  en  décroissance,  les 
importations  en  France  et  en  Allemagne  ont  pris  dans 
ces  demi  ères  année  s  une  valeur  de  pi  us  en  plu  s  grande. 

QUANTITÉS   ET    VVLELU   DE   LA   GUTTA   BRUTE   IMPORTEE 
A    SINGAPORE     AVEC     EA      PROVENANCE     (d'aPRÈS      UBACIi) 


'    Penan^ 3,o2C|  ovt-^ 

Perak 


Selangor.  . 
Suiiijei  Ujong. 
Malacca.    . 
Jolior.  . 
Rliio     .      .      . 


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Paliang. 
1  riiiggaim. 
Kelantau.. 


Palàni 

Suigina 

Est  (le  la  prninsule  malaiso. 


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Nord  du  Bornt'O  anglais. 


Brunci. 
Labuaii.  . 
Saïawalv.  . 
Bornéo. 

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Célèbes.     . 
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Aiilres    contrées. 


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Le  diagramme  suivant  indique  encore  mieux  que 
ce  tableau  rorioine  de  la  outta  vendue  sur  le  marché 
de  Singapore  et  les  variations  de  la  production  dans 
ces  diverses  contrées. 


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LES   ARBRES   A    GUTTA-PERCHA 


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pnoDVCTi()\  ET  Commerce  des  clttas 


FLUCTUATIONS   DU   PRIX  DE  LA   LIVRE  DE    GUTTA-PERCHA 
SUR   LE  MARCHÉ  DE    SINGAPORE   DE    1889  A    1897 

(Tiré  de  Singapore  MarJcets  Reports). 


MARQUES 

1889 

1890 

1891 

1892 

1893 

189', 

1895 

1896 

1^97 

(9     PREMlEIiS 

mois) 

Pahang 

',5'",2 

',7"  5  5 

5o"8o 

'|2''2  2 

36''76 

35"i9 

3G''8o 

4i''3i 

/,5"GG 

Ranger  red. 

',3"28 

',i"9(5 

Wo'ô 

39"39 

2G''35 

28''8o 

29'7' 

29"o9 

3o''-2  8 

Strapong  soondie. 

3o"35 

2  8''83 

V^'"^2 

Si'^go 

19"  71 

22''oG 

20'*20 

2  3"  58 

23"G5 

lîagan  soondie. 

3V'85 

35^02 

/(0''72 

37"r.o 

2  5"o8 

2  5''or) 

27''7G 

30"  2  4 

3i"i7 

lianjer  white.  . 

'7"9-^ 

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9"35 

9"37 

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iV'i.") 

9"8o 

Il''29 

Hulongau  white.   . 

17O72 

1 9'*o  I 

i8''o() 

I2'''43 

I2''39 

9''38 

10"  G  9 

I  i''o5 

ii":)3 

Ce  tableau  est  très  instructif  car  il  montre  quelle 
énorme  dillcience  de  prix  sépare  les  guttas  de  bonne 
qualité  de  celles  qui  ont  seulement  une*  ((ualité  mé- 
diocre. Il  serait  donc  diCficile  de  se  l'aire  une  idée 
exacte  de  la  valeur  de  la  gutta-percha  en  prenant  une 
moyenne  des  prix  de  vente  de  l'année.  Les  guttas 
médiocres  étant  recherchées  pour  un  grand  nombre 
d'usages  entrent  pour  une  part  considérable  dans  les 
importations  européennes  ;  leur  prix  de  vente  tend  à 
s'abaisser.  Au  contraire  les  meilleures  guttas,  comme 
le  Pahang,  maintiennent  leur  prix. 

Le  prix  de  vente  du  Pahang  à  Singapore  pour  1S97 
ressort  comme  on  le  voit  ci-dessus  à  45'', 66  la  livre 
anglaise,  soit  [\  fr.  76  la  livre  anglaise,  ou  10  fr.  ^- 
le  kilogramme. 


Vi  lES   ARBRES   A    GITTA-PERCIIA 

Nous  iravons  pas  besoin  d'ajouter  que  les  chiffres 
ci-dessus  représentant  les  prix  de  vente  sur  le 
marché  de  Singapore  sont  bien  au-dessous  des  prix 
de  vente  en  Europe. 

Ce  qui  manque  surtout  à  l'industrie  actuellement 
ce  n'est  pas  précisément  la  gutta,  car  elle  arrive 
encore  en  assez  grande  quantité  ;  mais  elle  se  trouve 
à  peu  près  toujours  en  mélange  et  les  bonnes  sortes 
pures  se  font  de  plus  en  plus  rares.  Or  ce  sont  ces 
dernières  qui  sont  surtout  rechercliées  et  qui  attein- 
dront un  jour  des  prix  de  vente  très  élevés;  c'est 
])ourquoi  on  a  pensé  à  entreprendre  la  culture 
rationnelle  d(*s  abres  à  gutta.  Les  Hollandais  surtout 
nous  ont  j)récédés  dans  cette  voie,  comme  on  va  le 
voir  par  l'expose''  succinct  dc^s  essais  tentés  jusqu'à 
cv  jour. 

La  gutta  de  lîalata  est  exploitée  à  la  (luyane  an- 
glaise (i)  et  à  la  (iuyane  hollandaise  et  ces  deux  colo- 
nies, connue  on  pouiia  le  voii-  pai-  les  cliiUres  qu(^ 
nous  fournissons,  en  livrent  des  quant itc's  assez  con- 
sidéi'aJjU^s.  ()uant  à  la  Guyane  française,  malgré  ta 
présence  des  I  ransport(''s  dont  on  poui-iait  et  dont  on 
devrait  tirer  un  travail  utile,  (die  n'expoi'te  pas  de 
iialata.  Un  tiou\e  seuleuKMit  à  (Mayenne  quelcpies 
objets  fal>riqués  à  Toide  de  cette  substance  par  d'an- 
ciens traiispoi'lés  vagabondant  dans  les  bois. 


(i)  Je>m\n>.  lialala  aiid  llic  13alala  Induslrv.  188."). 


PRODUCTIOX  ET   COMMERCE  DES    C  UT  TA  S 


EXPORTATIONS  DE  BAL  AT  A  DE  LA  GUYANE  ANGLAISE  (l) 


i88r 

18  tonnes 

1890-91 

102  tonnes 

i885 

2.")  — 

1891-92 

52   — 

188G 

3i 

1892-93 

107 

1887 

37  - 

1893-94 

92 

1888 

112   — 

1894-90 

94  - 

1889 

i64  — 

1895- 96 

73  - 

Pour  CCS  i5  dernières  années  les  prix  payés  à 
Londres  ont  oscillé  entre  i  sh.  i  d.  et  2  sh.  6  d.  la 
livre  avec  une  moyenne  de  i  sh.  10  deniers  la  livre 
ce  qui  représente  environ  5  fiancs  le  kilogramme. 

Les  exportations  de  la  Guyane  hollandaise  sont  à 
[)eu  près  équivalentes  à  celles  de  la  Guyane  anglaise. 
D'après  les  rapports  du  Consul  anglais  à  Paramaribo 
(dles  ont  atteint  les  chiffres  suivants  : 

EXPORTATIONS    DE    BAL  AT  A    DE   LA   GUYANE    HOLLANDAISE 

1889  1,5  tonnes         1893   32  tonnes 

1890  7O    —  1894   107  — 

1891  95    —  1890  i33  — 

1892  120  189G       125       — 

Comme  on  le  voit  ces  exportations  ne  sont  pas 
très  considérables  ;  mais  elles  dénotent,  du  moins, 
dans  les  colonies  anglaises  et  hollandaises,  une 
certaine  activité  (pii  [)arait  manquer  dans  notre 
Guyane. 


(i)  Foreign  office  Mlscellan.,  n^  4o6. 


Z,G  LES    ARBRES    A    Gl  TTA-PEBCIIA 

ESSAIS   DE    CULTURE    DES   ARBRES   A   GUTTA-PERCHA 

Depuis  qiron  a  reconnu  les  précieuses  propriétés 
de  la  gutta-percha  et  qu'on  a  vu  ce  produit  acquérir 
sur  les  marchés  européens  un  prix  de  vente  de  plus 
en  plus  élevé,  on  a  eu  Tidée  d'assurer  par  la  culture 
rationnelle  les  récoltes  de  l'avenir  rendues  très 
projjlénîatiques  par  la  destruction  barbare  que  les 
récoltevrrs  font  des  aibres  à  gutta. 

Il  n'est  guère  j)ossible  de  considérer  sérieuse- 
ment comme  \\\\  ess;ii  de  culture  l'inlroduction  de 
quelques  plaiils  de  gulta  au  Jaidin  royal  de  Kew 
en  1847.  Ces  plants  reçus  de  Singapoore  pai- 
MM.  Wilkinson  el  Jcwesbury,  de  Londres,  avaient 
été  confiés  à  llooker,  (jui  les  avait  accueillis  avec 
reconnaissance  pour  le  Jaidiii  de  Kew. 

Dès  i848  d(*s  tentatives  sérieuses  dc^  culture 
étaient  faites  dans  l'ib^  de  Siiigapoui-e  et  on  n  y  éta- 
blissait jKis  moins  d(^  -  phinlations  du(^s  à  Tinitiative 
de  trois  hommes  dont  les  noms  sont  indissoluble- 
nu;nl  liés  à  riiisloirc  de  la  gutta-peiciia  :  Oxley, 
^tontgomerv  cl  d'Almeida.  Mais  peu  à  |)eu  les  Chi- 
nois, lassés  (res(M)in|)tei-  un  icMidement  qui  se  faisait 
trop  allcndic  a  leur  gi'é,  (U't iiiisiicnt  ces  cultures 
précieuses  pour  les  reinplaciM-  par  d'autres  j)lus  ré- 
jnunératrices.  La  plantation  du  D'  Oxley  ne  compre- 
nait g'uère,  paraîl-il .  (|ue  des  arbres  à  gulla  de  la  meil- 
leure sorte,  provenant  tous  de  la  foret  de  Hukit  f imah. 


PRODUCTION  ET   COMMERCE  DES   GUTTAS  A7 

tandis  que  les  autres  plantations  étaient  surtout 
constituées  par  des  arbres  appartenant  au  genre 
F  ici/ s. 

La  plantation  de  Sir  José  d'Ahneida,  établie  à  Sé- 
rangong,  comptait  plus  de  4,ooo  arbres.  En  1888,  il 
n'en  subsistait  plus  que  quelques-uns;  encore  se 
trouvaient-ils  en  tiès  mauvais  état  et  le  latex  de 
<'eux  qui  suljsistent  actuellement  dans  le  nord  de 
1  lie  n'est  guère  employé  que  pour  falsifier  ropium 
Straits  Tinifs,  ]^u'\\\  1892;. 

Au  Jardin  botanique  de  Buitenzorg,  dont  les  Hol- 
landais ont  fait  depuis  quekjues  dizaines  d'années 
lin  établissement  scientifique  de  premier  ordre, 
unique  dans  les  régions  trcjpicales,  on  recevait,  dès 
18^7,  de  Singapour,  un  certain  nombre  déjeunes  plants 
d  arbres  à  gutta  ;  mais,  soit  que  le  terrain  ait  été 
mal  chosi,  soit  que  les  soins  de  cullure  n'aient 
pas  été  sulfisants,  il  restait  à  peine  au  l)out  de  2  ans 
la  moitié  des  Palaquiuin  mis  en  terre.  Un  certain 
nombre  de  ces  arbres  ont  résisté  aux  diverses  cau- 
ses de  destruction  et,  en  1880,  deux  d'entre  eux 
produisaient  des  fruits  et  desgraines  en  abondance. 
Au  mois  de  février  de  Tannée  suivante  i5o  jeunes 
plants,  provenant  de  ces  graines,  transplantés  dans 
le  Kultur  Tuim  de  Tjikeumeuh  S'Lands  Platentuin 
te  Buitenzorg,  Batavia  1892  p.p.  44-^  à  ^^^^. 

En  i856  le  Jardin  botanique  de  Buitenzorg  rece- 
vait aussi  2,000  jeunes  plants  de  Niato  balam  temboja 
provenant  de  la  côte  ouest  de  Bornéo  et  le  directeur 


^8  LES   ARBRES   A    G  UT TA-P ERC JIA 

du  Jardin,  J.-E.  Teysmann,  les  faisait  placer  en  3  sta- 
tions différentes  de  l'île  de  Java.  Deux  de  ces  planta- 
tions disparurent  ;  celle  de  Puwokarta  fut  aussi  dé- 
truite en  partie  ;  mais  80  arbres  environ  purent 
résister,  atteignirent  leur  taille  adulte  et  les  arbres 
vigoureux  qu'ils  sont  devenus  pioduisent  régulière- 
ment des  graines  depuis  i883.  Ces  graines  sont 
soigneusement  recueillies  (S'Lands  Plantentuin  te 
Buitenzorg,  Batavia,  1898,  p.  36,  106,  170  et  180). 

En  1884  l'établissement  de  Buitenzorg  recevait  un 
certain  nombre  de  plants  bien  authentiques  de  Pala- 
quiimi  et  de  Payena  en  bon  état  qui  furent  utilisés 
pour  l'organisation  d'une  plantation  à  Tjikeumeuh. 
Les  principales  espèces  étaient  : 

Palaquiuin  oblongifolium  (rapporté  de  Padang  par 
le  D"^  Burck)  ; 

Pal.  Giitta; 

Pal.  Treubii; 

Pal.  Bornernse  ; 

Paijena  Leeri. 

Le  gouvernement  hollandais  est  allé  plus  loin.  I']ii 
i885  il  a  fait  établir  an  jardin  d'expérience  spéciale- 
ment réservé  aux  arljres  à  gulla,  à  Tjipeter,  dans  la 
])rovince  de  Preanger.  On  y  a  piaulé  les  mêmes  ar- 
bres qu'à  Tjikeumeuli  et  la  plantation  parait  avoir 
donné  d  excellents  résultats  car,  cin([  ans  plus  tard, 
le  I)"^  Eug.-F.-A.  Obach  a  pu  en  prendre  des  photo- 
graphies. Les  j(Mines  Pai/rna  Lceri  sont  abrités  par 
des  Albizzia  moluccaiia  plantés  en  même  temps. 


PfiODUCTIOX  ET   COMMERCE  DES    GUTTAS  Vj 

De  renseignements  fournis  au  1)'' Eug.  Obach  par 
le  directeur  du  Musée  colonial  de  Haarlem,  il  résulte 
que,'  dès  i885,  ces  arbres  ont  produit  une  récolte 
abondante  de  graines  qui  ont  été  utilisées  pour  des 
semis  et  ont  ainsi  permis  d'étendre  les  cultures.  On 
a  même  pu  saigner  les  arbres  et  Obach  a  reçu  des 
échantillons  de  la  gutta  oljtenue. 

A  titre  de  renseignement,  on  peut  encore  citer, 
pour  les  colonies  anglaises,  quelques  plants  d'arbres 
à  gnlta  phicés  dans  les  jardins  botaniques  de  Pera- 
deiiiya  et  de  Henaratgoda  à  Ceylan.  Ces  plants  prove- 
naient de  graines  rapportées  de  Perack  par  Sir  llug]i 
Lowen  en  1882  et  représentaient  Taibre  productem* 
duGetah  taban  pufeJi  (probablement  Dichopsis poltjan- 
//^/Bentli)  et  (piekpies  arl)res  producteurs  de  Gctah 
sundek  \Paf/ena  LpeniBvwiik). 

^I.  Seligmann-Lui  (i),  envoyé  par  le  gouvcu-nc- 
ment  à  Sumatra  [)our  y  trouver  des  arbres  à  gutta 
et  pour  en  tenter  l'importation  en  Indo-Chine,  re- 
commandai! de  faire  une  tentative  dans  notre  colonie, 
tout  en  indiquant  qu'elle  pourrait  très  bien  ne  pas 
donner  de  bons  résultats,  en  raison  de  la  natiii'c 
même  du  climat. 

M.  Seligmann-Lui  indique  comme  pouvant  être 
choisies  pour  Tétalilissement  de  ces  cultures  les 
montagnes  de   Kamchay   et  leur  prolongement  vers 


(i)  Séligman.n-Lui.    Rapport    à   M.  le    Ministre   des   postes  et  télé- 
graplies  sur  les  origines  de  la  gutta-pcrcha.  Paris,   i883. 

Lecomte.  4 


5o  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

les  montagnes  de  Cardamome.  D'après  des  indica- 
tions qu'il  a  recueillies,  on  pourrait  aussi  établir  des 
plantations  d'arbres  à  gutta  dans  «  le  pays  qui  s'étend 
depuis  Baria  et  Bien-Hoa,  vers  les  sources  du  Donnai 
au  nord,  et  à  l'est  vers  les  montagnes  du  Binh-Thuan 
et  du  Tsiampa  ».  Malheureusement  la  température 
y  est  assez  fraîche  pendant  la  nuit  et  la  matinée  ;  c'est 
peut-être  là  le  danger  le  plus  grand  à  redouter.  Les 
pluies  y  sont  abondantes;  la  végétation  se  rapproche 
de  celle  de  Sumatra.  M.  Seligmann  conseillait  d'y 
introduire  le  Mayang-Derian,  le  Batou  et  leSundek, 
dont  on  peut  se  procurer  des  plants  à  Sumatra. 

((  Quels  que  soient  les  soins  apportés  à  la  recherche 
des  meilleurs  terrains  de  culture,  toute  entreprise  d'ac- 
climatation en  Cochinchine  renferme  en  elle-même 
un  élément  aléatoire,  et  l'on  ne  saurait  répondre  de 
la  réussite.  Au  contraire,  le  hasard  serait  supprimé, 
le  succès  deviendrait  certain,  si  on  pouvait  créer  un 
établissement  dans  un  pays  de  production  actuelle, 
où  la  présence  spontanée  des  arbres  à  gutta  est  la 
plus  sure  preuve  qu'ils  y  peuvent  [)rospérer  (i).  » 

En  raison  des  diflicultés  ([ue  présenterait  la  créa- 
tion d'un  étal)lisseinent  dans  les  possessions  néer- 
landaises ^1.  Seligmann  préconisait  la  cote  orientale 
de  la  prescju'ile  de  Malacca  et  en  particulier  l'Etat 
de  Pahang  qui  lournit  déjà  «  ce  qu'il  y  a  de  meilleur 
et  de  plus  recherché  dans  le  commerce  ». 


(i)  Séligman.n-Lui,  lor.  cit. 


PRODUCTION  ET   COMMERCE  DES   GUTTAS  5i 

^lallieureusement  les  indications  fournies  par 
!M.  Seligmann-Lui  ne  furent  point  utilisées  et  la 
question  resta  au  point  où  elle  se  trouvait  aupara- 
vant. 

D'un  autre  côté,  M.  Crozat  de  Fleury  avait  été 
frappé  de  certaines  analogies  entre  le  Cambodge  et 
les  îles  de  la  ^lalaisie  oîi  se  trouvent  les  arbres  à 
gutta  ;  il  recommandait  d'afiPecter  à  ces  cultures  la 
région  du  Cambodge  (pii  s'étend  entre  le  canal  de 
Ilatien  jusqu'à  la  province  de  Rattambang  et  oii  on 
rencontre  à  peu  près  la  même  végétation  qu'à  Java. 

En  1886  une  nouvelle  mission  fut  confiée  à  ^I.  Serul- 
las  qui  fut  arrêté  par  la  maladie  dans  son  premier 
voyage  ;  mais  Tannée  suivante  (1887)  il  réussissait  à 
pénétrer  dans  les  forêts  de  l'Etat  de  Perak  et  il  rame- 
menait  à  Singapoui-  une  certaine  quantité  de  jeunes 
arbres  trouvés  dans  la  forêt.  Il  rencontra  même,  pen- 
dant son  séjour  à  Singapour,  dans  la  région  autrefois 
explorée  par  Lobb  et  Oxley,  le  Pal,  Gutta  qui  avait  été 
signalé  par  ces  deux  voyageurs. 

Des  plants  d'arbres  à  gutta,  rapportés  par  M.  Serul- 
las,  furent,  il  y  a  quelques  années,  distribués  à  quel- 
ques-unes de  nos  colonies.  J'ai  vu  pour  ma  part,  au 
jardin  de  Saint-Pierre  (Martinique),  un  plant  qu'on 
m'a  signalé  comme  étant  de  cette  provenance  ;  on 
lavait  laissé  en  pot  et  il  était  resté  maigre  et  chétif. 
Cet  essai  ne  parait  avoir  donné  aucun  résultat  car 
on  n'a  pas  cherché  à  placer  les  plants  dans  les  con- 
ditions qui  sont  les  plus  favorables  à  leur  végétation. 


52  LES   ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

Enfin,  en  18S9,  M.  Humblot,  résident  honoraire 
de  la  Grande-Gomore,  emportait  dans  cette  colonie 
quatre  pieds  de  Palaquiiim,  dont  trois  purent  arriver 
en  assez  bon  état  pour  être  mis  en  terre.  «  Ils  avaient 
perdu  toutes  leurs  feuilles  et  ne  mesuraient  que  o",t 5 
de  haut.  »  M.  Humblot  plaça  un  de  ses  plants  près 
du  littoral,  un  autre  à  25o  mètres  d'altitude  et  le  troi- 
sième à  5oo  mètres.  Pendant  deux  ans  ces  plantes 
restèrent  à  peu  près  stationnaires  ;  mais  au  bout  de 
ce  temps  celle  qui  était  à  25o  mètres  prit  un  déve- 
loppement rapide  et  devint  l^icntot  un  bel  arbre  de 
5  à  6  mètres  de  haut.  Le  plant  (pii  se  trouvait  à  5oo 
mètres  se  décida  aussi  à  s'accroître  mais  il  ne  prit 
pas  le  développement  du  j)récédent.  Quant  à  celui 
qu'on  avait  laissé  sur  le  littoral  il  resta  petit  et 
chétif 

Il  paraît  donc^  démontré  par  cette  expérience  que 
les  arbres  à  gu tta  peuvent  se  développer  à  une  lati- 
tude différente  de  celle  des  régions  où  on  les  ren- 
contre habituellenu'jit  ;  mais  il  fuit  pour  cuda  leur 
l'ournir  l'humidité  et  la  clialeur  dont  ils  ont  besoin. 
Encore  n'est-il  pas  prouvé  (jue  les  résultats  seront 
en  tous  points  satisfaisants  c^ar  M.  Humblot  déclare 
lui-même  qu'avant  incisé  l'écorce  de  son  plus  bel 
arbre  il  n'a  j)U  en  extraire  de  latex  tandis  que  les 
pousses  et  les  l'euilles  en  contenaient  une  assez  forte 
l^i'oportion. 

Des  feuilles  de  cet  arbre  à  gulta  ont  été  soumises 
par    M.    Milne-Edwards.     directeur    du    Muséum,    à 


PRODUCTIOX  ET   COMMERCE  DES   GLTTAS  53 

^I.  le  l^""  Guignarcl,   meiu])r('  de  Tlnstitiit,-  qui  a  re- 
connu un  vrai  Palaquium  producteur  de  gulta. 

Enfin,  le  dernier  et  le  plus  important  essai  d'ac- 
climatation des  plantes  à  gutta  l'ut  confié  par  le  ^li- 
nistre  des  Colonies  aux  soins  du  regretté  Raoul, 
pharmacien  en  chef  des  Colonies,  qui  contracta  mal- 
heureusement, dans  les  forets  de  Sumatra,  la  maladie 
qui  devait  fenlever.  Ce  sont  les  ])laîites  rapportées 
par  ce  savant  dévoué  que  le  Ministre  des  Colonies  a 
J^ien  voulu  me  charger  de  transporter  aux  Antilles 
et  à  la  Guyane  pour  tenter  leur  acclimatation;  pen- 
dant ce  tem])s  un  autre  lot  de  ces  plantes  à  gutta 
était  dirigé  sur  le  (]ongo;  d  autres  doivent  être  four- 
nies à  diverses  colonies  de  la  zone  tropicale. 


CHOIX  DES  TEUUAIXS  PROPRES  A  LA  CLLTURE  DES  ARBRES 

A  GUTTA.  CLLMAT 

11  n'est  guère  [)()ssil)le.  on  le  comprend  facile- 
ment, de  préciser  les  conditions  exactes  que  doit 
remplir  le  sol  choisi  pour  une  plantation  d'arbres  à 
gutta.  11  est  clair,  en  effet,  que  de  tels  arbres  peu- 
vent, comme  la  phq^art  des  autres  végétaux,  vivre 
sur  des  sols  de  nature  assez  différente  ;  il  ne  s'agit 
donc  pas  de  savoir  si  les  arbres  à  gutta  peuvent  croî- 
tre dans  certaines  conditions  ;  mais  de  rechercher 
sous  quelles  influences  ils  acquièrent  rapidement  leur 


54  LES  ARBRES  A    GIJ TTA-P ERCH A 

plus  grand  développement  et  fournissent  le  maxi- 
mum de  gutta  utilisable  de  bonne  qualité. 

Thomas  Lobb  et  le  D'  Oxley  qui  ont  observé  la 
vraie  plante  de  Singapour  constatent  dans  leurs  rap- 
ports qu'ils  n'ont  trouvé  le  Pal.  Gutta  que  sur  des 
terrains  d'alluvions,  au  pied  des  collines  où  l'humi- 
dité est  constante. 

D'après  Oxley  les  conditions  sont  bien  différentes 
à  Bornéo  ;  «  c'est  sur  les  montagnes  de  médiocre 
altitude  ou  des  collines  moins  élevées,  exemptes 
d'inondations,  que  l'on  trouve  les  plus  beaux  arbres; 
en  outre,  on  a  remarqué  qu'ils  croissent  d'autant 
mieux  que  leur  situation  les  expose  moins  à  l'in- 
lluence  de  l'eau  stagnante.  »  Ce  terrain  que  décrit 
Oxley  est  précisément  le  même  où  se  développe  le 
Palaquium  oblomjifolium  sur  les  plateaux  de  Padang. 
C'est  probablement  cette  dernière  espèce  qui  avait 
été  trouvée  à  Bornéo  par  Oxley  et  non  pas  le  Pal. 
(hitta,  comme  il  le  croyait.  11  en  résulte  que  les  exi- 
gences paraissent  différentes  poui'  ces  doux  espèces. 
Les  observations  de  Seligmann-T.ui  (i)  concordent 
avec  celles  de  Miirloii  à  Perack.  «  Les  îles  de  la 
«  Sonde,  dOrigine  ériiplive  et  renfernjant  encore 
«  plusieurs  volcans  en  activité,  présentent,  en  raison 
«  de  cette  nature,  deux  sortes  de  terrains  bien  dis- 
«  tincts.  Au  centre  est  une  région  montagneuse, 
((   quelquefois  très  élevée;   les  rivières,    recevant   à 


(i)  Loc.  cit.,  p.  13  et  suiv 


PBODUCTIOX  ET   COMMERCE  DES    GLTTAS  55 

«  l'époque  des  pluies  une  masse  d'eau  énorme,  des- 
«  rendent  avec  impétuosité,  ravinent  profondément 
«  les  berges  des  vallées  supérieures  et  se  chargent 
<'  d'une  quantité  considérable  de  limon  qu'elles  dé- 
((  posent  plus  loin  lorsque  leurs  cours  est  ralenti. 
«  Ainsi.se  forme  au  pied  des  montagnes  une  cein- 
<(  ture    de    terres     basses     qui     s'élargit     tous    les 

«  jours De  ces  alluvions  les  plus  récentes  sont 

<(  encore  noyées   à   demi Au   delà,    des    dépôts 

«  plus  anciens,  déjà  asséchés  par  le  soleil,  forment 
<(  un  sol  ferme,  mais  absolument  plat,  peu  élevé  et 
«  souvent  inondé  par  les  crues  des  rivières.  » 

C'est  dans  cette  deuxième  zone  ({u'on  trouve  les 
plantations  de  tabac  de  Delli  et  de  Langkat,  les  cul- 
tures de  canne,  de  poivre  et  de  café  de  la  province  de 
Palembang,  etc. 

((  Plus  haut,  enfin,  dès  que  les  premiers  mouve- 
<(  ments  du  sol  encaissent  les  rivières  dans  des  val- 
«  lées  plus  profondes  et  emj^échent  les  déborde- 
«  ments;  dès  que,  par  suite,  les  terrains  rocheux 
(c  commencent  à  émerger  des  couches  épaisses  des 
«  terrains  de  transports,  on  entre  dans  la  région  des 
«  grandes  forets  :  c'est  là  que  sur  des  bancs  de  grès 
«  recouverts  d'un  humus  peu  profond,  se  rencontrent 
<c  les  Mavano^s  arbres  à  Ofutta'  :  de  nombreux  ruis- 
((  seaux  qui  ne  tarissent  pas  dans  la  saison  sèche  et 
«  des  pluies  fréquentes  réparties  sur  toute  l'étendue 
«  de  l'année  conservent  la  fraîcheur  et  l'humidité 
«  du  sol.  L'altitude  est  trop  faible  encore  pour  que  la 


O      C     E     A 


N 


INDIEN 


10° 


95° 

Cl  •iiuèpayA.  SiniOTi. ,  12,  Jtixe.  Nicole,  l'eir'is . 


100" 


105° 


58  LES  ARBRES   A    GUTTA-P ERCII A 

«  température  soit  sensiJ^lemeiit  abaissée  et  à  la  eôte 
((  la  moyenne  des  mois  les  moins  chauds  de  Tannée 
«  ne  descend  pas  au-dessous  de  25  degrés.  Que  ces 
<(  conditions  de  sol  et  de  climat  soient  les  seules  qui 
«  conviennent  aux  Mayangs,  sans  doute  je  n'oserai 
«  l'affirmer;  tout  ce  que  je  puis  dire  c'est  qu'il  en  est 
«  ainsi  partout  où  j'ai  vu  de  ces  arbres  et  c'est  égale- 
«   ment   là  que  Murton  les  a  rencontrés  avant  moi.  » 

Au  point  de  vue  de  la  nature  du  sol,  s'il  s'agit  de 
cultures  de  Palaquium  oblompfoliiim,  ces  arbres  re- 
doutant les  eaux  stagnantes,  il  n'est  guère  possible 
d'établir  les  ])lantations  dans  le  fond  des  vallées  où 
on  aurait  quelque  chance  de  trouver  un  sol  profond, 
car  l'humidité  du  sol  y  serait  un  obstacle  ;  il  paraît 
préférable  de  choisir  les  escarpements,  car  la  racine 
pivotante  peut  ainsi  glisser  obliquement  sur  le  sous- 
sol.  Les  pentes  des  ravins  encaissés  au  fond  desquels 
coulent  des  ruisseaux  conviennent  tout  particulière- 
ment. En  ce  (|ui  concerne  la  conq)osition  chimique^ 
du  sol  il  parait  seulement  nécessaire  d'éviter  les 
sols  argileux  com])acts  dans  lesquels  ne  viendraient 
pas  bien  les  racines  i)iv()lantes. 

Les  arbi'es  à  gutta  demandent  une  humidité  con- 
stante de  l'ail'  mais  non  pas  du  sol.  Tous  les  voya- 
geurs qui  ont  rencontré  ces  arbres  sont  d'accord  pour 
sio'naler  l'humidité  excessive  de  l'air.  D'ailleurs  dans 
toute  la  région  des  arbres  à  gutta  les  chutes  de  pluie 
sont  fréquentes  et  abondantes  comme  le  montre  le 
tableau  ci-dessous  qui  est  em])runlé  à  Seligmann. 


PRODUCTIOX  ET   COMMERCE  DES   GUTTAS 


59 


CHUTES    DE    PLUIES    EN    MILLIMETRES 


PENA.NG 

SINGAPOIRE 

PAD\NG 

BUITE.NZORG 

Janvier.. 

ii4 

289 

587 

298 

Février.. 

75 

297 

338 

39 '^ 

Mars. 

65 

159 

25l 

4oi 

Avril.      .      .      . 

i35 

192 

4o8 

423 

Mai 

176 

189 

397 

363 

Juin. 

i45 

168 

327 

326 

Juillet.    .      .      . 

l52 

168 

263 

2o3 

Août. 

i63 

171 

386 

249 

Septembre.. 

2l5 

207 

390 

2  36 

Octobre. 

207 

172 

4oo 

242 

^iovembre.  . 

368 

281 

587 

33 1 

Décembre.  . 

2l4 

260 

462 

285 

2,080 

2 ,533 

^'797 

3,751 

Xon  seulement  les  chutes  de  pluies  annuelles 
sont  a])ou(lantes,  mais  encore  elles  sont  d'une  très 
grande  fréquence.  Ainsi  à  Singapour  on  peut  comj)- 
ter  sur  200  jours  de  pluie  par  année,  le  mois  le  plus 
favorisé  n'en  comptant  pas  moins  de  i3.  A  Palembang 
les  tableaux  fournis  par  Seligmann-Lui  en  signalent 
2i5,  pour  une  moyenne  d'un  certain  nombre  d'années, 
le  mois  le  plus  sec  comptant  encore  10  jours  de  pluie. 

Gomme  on  le  voit,  les  pays  d'origine  des  arbres 
producteurs  de  gutta  sont  particulièrement  favorisés 
au  point  de  vue  des  chutes  de  pluie.  Or  les  observa- 
tions qui  précèdent  ont  été  recueillies  dans  les  villes  ; 


Go  LES  ARBRES  A    GUTTA-PERCHA 

il  est  clair  que  dans  les  régions  montagneuses  où  on 
recueille  la  gutta  ces  chutes  de  pluie  sont  encore 
plus  abondantes. 

En  ce  qui  concerne  la  température  on  peut  dire 
que  la  moyenne  annuelle  des  pays  où  se  trouvent  les 
arbres  à  gutta  oscille  entre  26°  et  27°  (Penang,  26*^,8; 
Singapoure,  26^,6;  I^adang,  26^6;  Palembang,  27°,©) . 

Telles  sont  les  conditions  cliinatériques  obser- 
vées. Elles  limitent  singulièrementraire  sur  laquelle 
pourraient  être  tentées  ces  cultures  ;  elles  imposent 
dans  tous  les  cas  la  nécessité  de  n'établir  les  planta- 
tions que  dans  des  pays  montagneux  où  les  précipi- 
tations atmosphériques  sont  particulièrement  fré- 
([uentes  et  abondantes.  Mais  d'un  autie  coté  Taltitude 
ne  doit  pas  être  trop  élevée  car  elle  entraînerait  un 
abaissement  de  température  très  préjudiciable  aux 
arbres  à  gutta.  11  convient  donc  de  choisir  une  altitude 
convenable  et  le  plus  sage  seraitde  recueillir  d'aJjoid 
des  observations  météorologiques  dans  les  localités 
où  on  se  propose  d'établir  une  j)lantati<)n. 

Dans  leur  pays  d'origine,  les  arl)res  à  gutta  ne 
dépassent  guère  le  y  degré  dv  bitilii(U'  nord  et  sud. 
Il  n'est  pas  prouvé  qu'on  ne  pourrait  tiouver  à  une 
autre  latitude  un  ensemjjle  de  conditions  favoral)les  ; 
mais,  (^omnu'  le  l'ail  sagement  remarqu(M^  Seligmann- 
Liii,  u  /ps  nrhres,  tranxjjlantés  sur  un  sol,  sous  un  cl'wuit 
'<  (jul  11  est  jias  celui  qui  leur  coneieni,  [jériront  ;  ou  hien^ 
((  rnuludifs  et  (léi/énérés,  ils  végéteront,  ne  donnunt 
«  qu'un  produit  dune  quulité  inférieure.  » 


PRODUCTIOA  ET   COMMERCE  DES   GUTTAS  Gi 

Enfin  il  sera  bon  d'abriter  les  jeunes  plants  pen- 
dant les  premières  années;  le  mieux  serait  de  les 
placer  en  foret  après  avoir  abattu  les  plus  grands 
arbres  dont  la  destruction  ultérieure  serait  trop 
préjudiciable  à  la  plantalion. 


REPRODUCTION    ET    MULTIPLICATION    DES   ARBRES   A   GUTTA 

La  plupart  des  auteurs  qui  traitent  de  la  gutta  et 
des  arbres  qui  la  produisent  déclarent  que  la  repro- 
duction par  graines  est  impratical)le.  D'après  le 
C  Treul),  dont  Tautorité  est  incontestal)le,  cette 
oj)inion  est  erronée  et  on  peut  o])tenir  des  plants 
venant  de  graines.  ^lais  il  est  ])ien  établi  ([ue  ces 
graines  perdent  très  rapidement  leur  faculté  gernii- 
native  ;  elles  ne  peuvent  donc  être  transportées  à 
une  grande  distance  sans  devenir  improductives.  Le 
moven  le  plus  sur  est  le  marcottage  qui  consiste  à 
enterrer  sur  une  parlie  de  sa  longueur,  en  la  recour- 
bant ou  bien  en  l'entourant  d'un  tube  de  bambou, 
une  branche  tenant  encore  à  l'arbre  et  de  la  séparer 
seulement  de  ce  dernier  quand  les  racines  adventives 
ont  pu  se  développer. 

Le  bouturage  peut  lui-même  donner  de  bons 
résultats  quand  on  a  soin  de  prendre  les  Ijoutures  sur 
des  plants  bien  développés.  Quelques  Chinois  utili- 
sentce  moyen  et  vendent  sur  les  marchés  de  Penang 


02  LES  ARBRES   A    GUTTA-PERCIIA 

et  de  Batavia,  à  raison  de  5o  centimes  la  pièce,  des 
plants  ainsi  obtenus  de  boutures.  Serullas  a  employé 
ce  moyen  de  môme  que  Piaoul. 

Le  D""  Treub  accorde  la  préférence  au  bouturage 
et  d'après  lui  (opinion  rapportée  par  Obach),  les 
plants  obtenus  de  marcottage  se  montrent  plus  vigou- 
reux que  ceux  obtenus  de  graines. 

M.  Ridley  déclare  que  la  greffe  est  impossible  car 
les  bacilles  et  les  champignons  se  développent  très 
rapidement. 

Les  graines  qui  tombent  au  pied  des  arbres 
entrent  souvent  en  germination  et  fournissent  alors 
de  jeunes  plants  très  vigoureux.  Spofts  Encyclopœdia 
(5°  partie)  rapporte  qu'on  en  a  trouvé  en  très  grand 
nombre  sur  les  formations  granitiques  de  Perak  et  jus- 
qu'à une  altitude  de  3,5oo  pieds.  Le  regretté  Raoul 
dit  lui-même  dans  une  de  ses  lettres  qu'il  a  rencontré 
et  recueilli  un  grand  nombre  de  ces  jeunes  plants. 
Quand  il  s'agit  de  les  transporter,  il  est  bon  de  choisir 
des  sujets  vigour(uix  ayant  au  moins  un  pied  de  hau- 
leuj-  et  de  les  enlever  avec  leur  racine  pivotante.  Les 
jeunes  plants  rapportés  par  Piaoul  et  obtenus  dans  ces 
conditions  ont  supporté  très  facilemenl  de  longs 
transports  en  serres  \\'ard  et  mis  en  place  en  terrain 
convenal^le  ils  n'ont  pas  lardé  à  produire  de  nou- 
velles feuilles.  Au  contraire,  les  plants  provenant 
de  boutures  avaient  conservé  leurs  feuilles,  mais  un 
grand  nombre  d'entre  eux  ne  possédaient  que  des 
racines  insuflisantes  et  ne  se  conservaient  en  serre 


PRODUCTIOy  ET  COMMERCE  DES   GUTTAS  GS 

que  grâce  à  l'humidité  excessive  qu'on  y  avait  main- 
tenue. 

En  ce  qui  concerne  les  plants  transportés  dans 
nos  colonies  il  est  bon  de  préciser  les  conditions 
dans  lesquelles  devra  se  faire  ultérieurement  la  mul- 
tiplication. Le  marcottage  parait  le  meilleur  moyen  <) 
employer  ;  mais^  comme  nous  l'cwons  dit  plus  haut,  il  ne 
faudra  le  pratiquer  qu'au  moment  où  les  plants  auront 
atteint  une  taille  assez  élevée. 


DEUXIEME  PARTIE 


RAPPORT  A  M.  LE  MIMSTRE  DES  COLOMES  SUR  L  ACCLI- 
MATATION DES  ARBRES  A  GUTTA  AUX  ANTILLES  ET  A 
LA    GUYANE. 


Monsieur  le  Ministre, 

Conformément  à  vos  instructions,  je  me  disposais,  dès  le 
commencement  de  juillet,  à  me  rendre  aux  Antilles  et  à  la 
(juyane. 

Le  9  juillet,  je  quittais  Paris  pour  me  rendre  à  Marseille, 
où  je  devais  veiller  à  la  bonne  organisation  des  serres  Ward, 
contenant  les  plantes  à  gutta  dont  j'étais  chargé  d'assurer  le 
transport. 

La  mise  en  serres  avait  été  confiée  par  M.  Heckel,  profes- 
seur à  la  Faculté  des  sciences,  à  son  chef  de  cultures, 
M.  Davin,  qui  a  réalisé  l'emballage  dans  les  meilleures  condi- 
tions. 

L'examen  que  j'ai  pu  faire,  à  Marseille,  des  plants  rap- 
portés par  le  regretté  Raoul,  ne  pouvait  être  que  très  super- 
ficiel, puisque  les  matériaux  se  réduisaient  à  de  très  jeunes 
plantes  pourvues  seulement  de  quelques  feuilles;  il  ne  pouvait 
Lecomte.  5 


GG  RAPPORT  A    M.    LE  MINISTRE  DES   COLONIES 

guère  porter  que  sur  la  nature  de  ces  derniers  organes.  Il  me 
permit  cependant  de  reconnaître  que  les  plants  déposés  à  Mar- 
seille et  qui  constituaient  encore  à  mon  arrivée  dans  cette  ville 
un  lot  de  5oo  à  600  échantillons  vivants  comprenaient  : 

lo  Des  plants  de  Palaquium  (probablement  Pal.  ohlon- 
gifoliiim)  susceptibles  de  fournir  une  excellente  gutta  ; 

2°  Des  plants  d'autres  espèces  du  genre  Palaquium  et 
probablement  du  genre  Sideroxylon,  dont  les  latex  peuvent 
être  utilisés,  mais  ne  fournissent  que  des  produits  de  qualité 
inférieure. 

Malheureusement,  les  plants  de  Palaquium  ohlongifo- 
lium?  étaient  représentés  par  des  boutures  peu  enracinées  ou 
même  parfois  dépourvues  de  racines.  Peu  de  ces  derniers 
végétaux  avaient  été  expédiés  à  la  côte  occidentale  d'Afrique^ 
car  la  personne  chargée  du  transport  avait  considéré,  paraît-il, 
la  coloration  jaune  de  la  face  inférieure  des  feuilles  comme 
un  indice  de  mauvais  état,  alors  que  c'est  précisément  un  des 
caractères  des  feuilles  chez  les  espèces  de  Palaquium  utilisées 
pour  la  production  de  la  gutta.  J'en  trouvai  donc  encore  un 
nombre  assez  grand  et  je  priai  la  personne  chargée  de  l'embal- 
lage de  m'en  confier  le  plus  possible. 

Les  plants  rapportés  par  la  mission  Raoul  provenaient  de 
deux  origines  dilférenles  ;  en  ellel,  d'après  un  rapport  qu'il 
avait  adressé  en  cours  de  voyage  à  M.  le  Ministre  des  colonies 
et  qui  m'a  été  communiqué,  le  gouvernement  des  Indes  néer- 
landaises lui  avait  concédé  quelques  centaines  de  plants  (pro- 
bablement les  boutures)  ;  les  autres  avaient  été  recueillis  par 
la  mission  dans  les  forêts  de  Sumatra,  sous  les  arbres  produc- 
teurs de  gutta  ;  ils  ne  pouvaient  donc  qu'appartenir  à  des 
espèces  et  peut-être  à  des  genres  difTérents,  car  il  est  bien 
difficile,  dans  ces  conditions,  d'opérer  un  triage  parfait.  Ces 
derniers  plants,  bien  enracinés,  pouvaient  être  transportés 
facilement  ;  il  n'en  était  pas  de  même  des  boutures  qui  exi- 
geaient des  soins  particulièrement  minutieux. 


Sril    LES  ARBRES  A    GUTTA    AUX  AMILLES  67 

Le  lot  de  plantes  dont  javais  à  assurer   le   transport  aux 

Antilles  et  à  la  Guyane  comprenait  : 

71   plants  de  Palaquim  ohlongifolium; 

202  plants  de  diverses  espèces  de  Palaquium  et  peut-être  de 

Sideroxylon  ; 

35  Diptérocarpées  (rapportées  aussi  par  Raoul). 

J'ai  fourni  au  chef  de  cultures  de  la  ville  de  Marseille  un 

reçu  de 

325  plants  de  g^utta; 

et     35  Diptérocarpées. 

Il  existait  donc,  en  réalité,  un  écart  de  2  unités  dans  le 
nombre  des  plants  de  Palaquium.  Cet  écart  provient  d'une 
erreur  au  moment  de  la  mise  en  caisse. 

Le  paquebot  Ferdinand-de-Lesseps  de  la  Compag^nie  trans- 
iitlantique  devant  appareiller  le  12  juillet  dans  Taprès-midi,  les 
caisses  furent  amenées  à  quai,  le  12  au  matin,  par  les  soins 
de  l'Administration  des  serres  de  la  ville  et  le  commissariat 
colonial  de  Marseille  voulut  bien  se  charg'er  des  formalités 
relatives  à  l'embarquement. 

Les  8  serres  contenant  les  plantes  furent  placées  par  les 
soins  de  ^L  Darlan,  commandant  du  Ferdinand-de-Lesseps, 
sur  le  pont  supérieur  (spardeck)  du  navire,  abritées  sous  une 
tente,  amarrées  solidement  et  complètement  à  labri  des 
paquets  de  mer.  Je  ne  saurais  trop  me  louer  de  loblig'eance 
que  jai  rencontrée  chez  le  commandant  du  Ferdinand-de- 
Lesseps  et  chez  tous  les  officiers  du  bord;  j'ai  pu,  grâce  à  cette 
oblig-eance,  entourer  facilement  les  plantes  dont  j'étais  charc^é 
de  tous  les  soins  qu'elles  réclamaient. 

Dans  un  premier  rapport  adressé  de  Barcelone,  le  i4  juil- 
let, j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  vous  signaler  tous  ces  faits  et  je 
ne  crois  pas  utile  d'y  insister  davantage. 

Malgré  les  précautions  prises  pour  la  mise  en  caisses,  les 
plantes  ne  se  trouvaient  pas  complètement  à  l'abri  de  l'air 
salin  et  je  dus,  au  bout  de  quelques  jours  de  traversée,  pro- 


68         RAPPORT  A   M.   LE  MINISTRE  DES   COLONIES 

céder  à  des  arrosages  peu  abondants.  Ces  arrosages  furent 
répétés  quatre  fois  pendant  la  traversée  à  l'aide  d'un  pul- 
vérisateur que  j'avais  eu  soin  de  me  procurer  à  Marseille 
avant  mon  départ.  Grâce  à  ces  précautions,  grâce  au  soin  que 
je  prenais  de  les  garantir  de  l'action  directe  du  soleil,  les 
plants  se  trouvaient  en  bon  état  à  leur  arrivée  à  Fort-de- 
France,  le  29  juillet,  après  une  longue  traversée  de  17  jours, 
et  c'est  à  peine  si  quelques-uns  avaient  leurs  feuilles  légère- 
ment fanées;  encore  ces  derniers  plants  appartenaient-ils  à  la 
catégorie  de  ceux  pour  lesquels  j'avais,  dès  le  début,  mani- 
festé des  craintes. 

Le  Ferdinand-de-Lesseps  étant  arrivé  devant  Fort-de- 
France,  le  29  juillet  dans  la  soirée,  le  débarquement  put  seu- 
lement avoir  lieu  le  lendemain  3o  juillet.  Encore  fallut-il 
compter  avec  les  formalités  de  la  douane  avant  de  procéder  à 
cette  opération.  Je  dus  courir  de  bureau  en  bureau  dans  les 
rues  de  Fort-de-France  pendant  une  journée  entière,  sous  un 
soleil  ardent,  pour  obtenir  le  permis  de  débarquement  ;  la 
douane,  en  effet,  se  demandait  si  les  plants  de  gutta  élaienl 
des  objets  à  mettre  en  consommation^  et  pendant  qu'on  agi- 
lait  cette  grave  question,  mes  caisses  de  plantes  restaient 
exposées  au  soleil  C'est  seulement  après  une  journée  passée 
en  démarches  fastidieuses  et  faliiranles,  et  sur  l'assurance 
formelle  donnée  par  le  secrétaire  général  du  gouvernement 
que  les  plants  appartenaient  au  Ministère  des  colonies,  qu'on 
voulut  bien  consentir  à  me  délivrer  le  permis  nécessaire.  Il 
est  dinicile  de  pousser  plus  loin  et  plus  mal  à  propos  le  forma- 
lisme et  je  tiens,  en  passant,  à  signaler  ce  fait,  car,  si  ces  tra- 
casseries se  répèlent  souvent,  elles  doivent  être  très  préjudi- 
ciables au  commerce  de  la  Martinique. 

Dès  mon  arrivée  à  Fort-de-France,  c'est-à-dire  le  3o  juil- 
let, je  me  présentais  chez  M.  Gabrié,  gouverneur  de  la  colonie, 
qui,  très  récemment  installé  dans  la  colonie,  n'était  pas  encore 
au  courant  des  mstructions  antérieurement    reçues  du  Mmis- 


SUR   LES   Al;BHES  A    G  ITT  A    ALX  ANTILLES  Cq 

1ère  des  colonies.  Il  fit  effectuer  des  recherches  et  m'apprit 
que  les  instructions  ministérielles  n'avaient  pas  été  exécutées 
et  qu'aucun  terrain  n'avait  été  préparé  pour  recevoir  les 
plantes  que  j'apportais.  Devant  cette  situation,  et  étant  donné, 
d'autre  part,  que  le  Jardin  de  Saint-Pierre  ne  convient  en 
aucune  façon  pour  des  plantations  de  gutta,  car  il  se  trouve 
trop  directement  au  voisinage  de  la  mer,  nous  convînmes  de 
confier  les  plants  de  gutta  à  un  certain  nombre  d'agriculteurs 
sérieux  de  la  colonie  et,  à  cet  effet,  pour  provoquer  les 
demandes  dans  le  plus  bref  délai  possible,  un  avis  fut  préparé 
pour  être  inséré  dans  le  Moniteur  de  la  colonie  devant  paraître 
quelques  jours  après. 

En  attendant,  M.  le  Gouverneur  de  la  colonie  voulut  bien 
m'autoriser  à  me  servir  de  la  chaloupe  à  vapeur  du  port  de 
Fort-de-France  pour  transporter  provisoirement  les  8  serres 
Ward  contenant  les  plantes,  au  Jardin  de  Saint-Pierre,  où 
devaient  rester  celles  qui  étaient  destinées  à  la  Martinique  et 
à  la  Guyane,  pendant  le  voyage  que  j'allais  effectuer  à  la 
Guadeloupe. 


GUADELOUPE 

Le  lendemain,  oi  juillet,  je  m'embarquais  à  Fort-de-P>ance 

sur   le   vapeur   Salvador,   de   la  Compagnie  transatlantique, 

pour  aller  à  la  Guadeloupe  et  transportais  avec  moi  3  caisses 

contenant  : 

97  plants  de  Palaquium  ; 

i5      —      de  Diptérocarpées. 

Les  conditions  climatériques  de  la  Guadeloupe  paraissent 
très  favorables  à  la  culture  des  arbres  à  gutta,  surtout  si  on 
choisit  une  localité  suffisamment  élevée  pour  qu'elle  reçoive 
des  pluies  abondantes,  et  si  on  a  soin,  en  même  temps, 
d'éviter  les  altitudes  où  la  température  s'abaisse  notablement. 


70  BAPPOBT  A    M.    LE  MINISTRE  DES   COLOMES 

Au  point  de  vue  de  la  température,  on  peut  dire  que  les 
régions  basses,  comme  la  Pointe-à-Pitre  et  Basse-Terre  pos- 
sèdent une  température  moyenne  annuelle  de  26°.  Les  varia- 
tions les  plus  grandes  n'atteignent  pas  5°  au-dessus  et  au- 
dessous  de  cette  moyenne.  Mais  dans  les  parties  élevées, 
comme  le  Camp  Jacob  (545  mètres  d'altitude)  les  variations 
diurnes  sont  beaucoup  plus  considérables  et  ne  se  prêteraient 
pas  à  la  culture  d'une  plante  aussi  délicate  que  le  Pala- 
quium. 

Quant  au  régime  des  pluies,  il  est  bien  indiqué  dans  le 
tableau  suivant  emprunté  au  consciencieux,  travail  de  Rau- 
lin  : 


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FiG.   5.   —    Diagramme  des  chutes  de  pluie 
à  Basse-Terre  ('1827-1870). 


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FiG.    0.    —    Diagramme  di  s  chutes  de  pluie 
au  Camp  Jacob  (1855-1870). 


-j'i  RAPPORT  A    M.    LE  MINISTRE  DES   COLONIES 

Comme  on  le  voit  par  le  tableau  ci-dessus  et  par  les 
diagrammes  qui  raccompagnent,  les  chutes  de  pluies  sont 
d'autant  plus  abondantes  que  l'altitude  est  plus  élevée  et  on 
peut  trouver  l'humidité  suffisante,  même  pendant  la  période 
la  plus  sèche  de  l'année,  à  partir  de  i5o  mètres  d'altitude,  si 
toutefois  la  localité  choisie  appartient  au  massif  élevé  de  la 
Soufrière. 

Le  T*^^  août,  j'arrivais  à  Basse-Terre,  chef-lieu  de  la  colo- 
nie, où  j'avais  le  bonheur  de  rencontrer  immédiatement 
M.  Moracchini,  Gouverneur,  qui  voulut  bien  m'ofîrir  l'hospi- 
talité dans  sa  résidence  du  Camp  Jacob,  à  proximité  de  la 
colline  de  Matouba,  préconisée  avec  raison  par  Raoul  pour 
effectuer  des  plantations  de  gutta. 

Le  Camp  Jacob  se  trouve  à  environ  55o  mètres  d'altitude 
sur  le  flanc  du  massif  couronné  par  la  Soufrière.  Le  sommet 
de  la  Soufrière,  situé  à  i,/454  mètres  d'altitude,  est  presque 
constamment  couvert  de  nuages,  et  1  humidité  atmosphérique 
devient  de  plus  en  plus  prononcée  à  mesure  qu'on  atteint  des 
altitudes  plus  élevées;  malheureusement  la  température 
s'abaisse  en  même  temps  et  il  ne  faut  déjà  plus  songer  à  établir 
des  plantations  de  gutta  à  l'altitude  du  Camp  Jacob,  étant 
donné  surtout  que  la  Guadeloupe  se  trouve  entre  les  i6°  et 
i6°  3o'  de   latitude  Nord  environ. 

Si  l'administration  de  la  Guadeloupe  n'avait  pas  fait  pré- 
parer de  terrain  spécialement  affecté  à  la  culture  des  arbres  à 
gutta,  elle  avait  du  moins  provoqué  des  demandes,  et  je  pus, 
dès  le  lendemain  de  mon  arrivée,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le 
Gouverneur,  me  mettre  en  communication  avec  des  planteurs 
sérieux  qui  désiraient  recevoir  des  plants  et  promettaient  de 
leur  accorder  les  soins  les  plus  minutieux.  Aucune  demande 
n'émanait  d'habitants  de  la  Grande  Terre  et  d'ailleurs  la  confi- 
guration de  cette  partie  de  l'île  ne  convient  pas  à  la  culture 
de  la  gutta,  car  on  n'y  rencontre  pas  les  altitudes  nécessaires 
pour  provoquer  une  humidité  atmosphérique  extrême. 


•     SUR   LES  ARBRES   A    GUTTA    AUX  ANTILLES  78 

Les  planteurs  auxquels,  d'accord  avec  M.  le  Gouverneur, 
je  décidai  de  remettre  des  plants  furent  les  suivants  : 
MM.  de  la  Roncière,  à  Trois-Rivières  ; 
Clavssen,  a  Gourbevre  ; 
de  Lagarde,  à  Saint-Claude  ; 
Cabre,  à  Saint-Claude. 
Je  me  rendis  tout  d'abord  à  \  hahitalion  de  M.  delà  Ron- 
cière  dans  la  commune   de  Trois-Rivières.  Cette  localité  se 
trouve  située  au  Xord-Ouest  de  la  Rasse-Terre,  et  au  pied  de 
la  Soufrière.  C'est  là  qu'aboutissent  les  eaux  provenant  de  la 
source  du  Galion. 

L'habitation  de  l'IIermitage  appartenant  à  M.  de  la  Ron- 
cière se  trouve  à  3  kilomètres  environ  de  la  localité  et  à  une 
altitude  qui  varie  de  i5oà  3oo  mètres  suivant  les  points  que 
l'on  considère. 

La  superficie  totale  des  terres  dont  M.  de  la  Roncière  est 
propriétaire  est  considérable  et  les  défrichements  actuelle- 
ment efïectués  s'étendent  sur  près  de  200  hectares  dont  [\o 
sont  déjà  plantés  en  cacaoyers  et  en  caféiers. 

Les  travaux  de  débroussaillement  de  la  forêt  nécessités  par 
la  plantation  de  g-utta  auraient  nécessité  plusieurs  journées 
et  je  dus  me  contenter  d'établir  une  pépinière  à  200  mètres 
d'altitude  environ  sur  la  pente  sud  d'un  petit  vallon  dont  le 
fond  est  occupé  par  un  ruisseau  d'eau  claire. 

Le  sol  y  est  meuble,  profond  et  l'inclinaison  du  sol  est 
suffisante  pour  éviter  la  stagnation  de  l'eau. 

Je  procédai  moi-même  à  la  mise  en  place  des  plants  com- 
prenant : 

26  Palaquium  ; 

3  Diptérocarpées. 

Des  plants  de  Madeira  [Colocasia  escalenta)eide  Malanga 
[Xaiithosoma  sagittifolium)  furent  placés  entre  les  plants  de 
gutta  pour  les  abriter  provisoirement  contre  le  soleil.  Des 
cacaoyers  et  des  bananiers  complètent  d'ailleurs  cet  abri.  Je 


7/i  RAPPORT  A   M.   LE  MINISTRE  DES   COLONIES    • 

suis     persuadé    que   dans    ces    conditions  les   plants   confiés 
à  M.  de  la  Roncière  pourront  se  développer  et  être  prochaine 
ment  mis  en  place  dans  la  forêt. 

Dix  autres  plants  de  g-utta  ont  été  confiés  à  M.  Glayssen, 
ancien  conseiller  général  de  la  Guadeloupe,  propriétaire  de 
riiabitation  Saint-Charles,  dans  la  commune  de  Gourbeyre  à 
trois  kilomètres  de  la  ville  de  Basse-Terre. 

L'altitude  est  de  210  mètres  et  la  situation  même  de  la 
localité  au  col  de  Gourbeyre  la  met  à  Tabri  des  vents  de 
mer. 

L'habitation  de  M.  de  Lagarde  se  trouve  sur  les  pentes 
mêmes  du  Matouba  à  5oo  mètres  d'altitude;  malheureusement 
le  sol  y  est  constitué  par  une  argile  un  peu  trop  compacte  et 
il  a  fallu  chercher  dans  Tétendue  de  la  plantation  le  terrain  le 
plus  favorable,  l^a  plantation  comprend  i5  hectares  de  café 
et  2  ou  3  hectares  de  cacao.  On  y  rencontre  en  outre  de  la 
vanille,  des  muscadiers,  des  cannelliers,  des  girofliers,  des  poiT 
vriers,  etc.  M.  de  Lagarde,  secrétaire  du  Conseil  général  de 
la  Guadeloupe,  chargé  il  y  a  quelques  années  d'une  mission 
au  Venezuela  pour  l'étude  de  la  culture  et  de  la  manipulation 
du  cacao  accordera  certainement  tous  ses  soins  aux  plants  de 
gutta  qui  lui  sont  confiés  et  il  en  fournira  quelques  pieds  à  son 
voisin  M.  Raulin,  agriculteur  distingué,  qui  jouit  dans  la 
colonie  d'une  réputation  méritée,  mais  qui  se  trouvait  en 
voyage  au  moment  de  mon  séjour  à  la  Guadeloupe. 

AL  de  Lagarde  a  reçu  : 

33  plants  de  Pulaqiiiiim  ; 
6       —     de  Diptérocarpées. 

Les  plantations  de  café  et  de  cacao  de  MM.  Cabre  et  fils 
s'étendent  depuis  le  Camp  Jacob  jusqu'à  Basse-Terre  à  des  al- 
titudes qui  varient  par  conséquent  de  100  à  55o  mètres.  Elles 
ont  une  superficie  totale  de  plus  de  100  hectares  et  on  y  ren- 
contre des  séchoirs  très  bien  installés  pour  le  café,  des  appa- 
reils à  dépulper  et  à  décortiquer.  M.  Cabre  fils,  dont  l'habita- 


SUE   LES   ARBRES  A    GUTTA    AUX  AXTILLES  fo 

lion  se  trouve  sur  remplacement  dune  ancienne  plantation  du 
Père  Labat,  fabrique  même  un  chocolat  qui  est  très  estimé. 

J'ai  livré  à  M.  Cabre  père  : 

2  2   plants  de  Palaquium  ; 
6      —     de  Diptérocarpées, 
qui  ont  été  placés  à  diverses  altitudes  dans  la  plantation. 

Enfin  j'ai  encore  laissé  6  plants  de  Palaquium  qui  ont  été 
confiés  au  jardinier  de  la  résidence  du  gouverneur  au  Camp 
Jacob. 

Un  rapport  sommaire  a  été  adressé  à  M.  le  Gouverneur  de 
la  Guadeloupe  sur  les  plantations  effectuées  dans  la  colonie 
qu'il  administre.  Je  lai  prié  de  vouloir  bien  confiera  M.  Elot, 
agronome  de  la  colonie,  le  soin  de  visiter  périodiquement  ces 
plantations  et  de  le  renseigner  sur  leur  état. 

Après  une  semaine  de  séjour,  je  quittais  la  Guadeloupe 
le  8  août  pour  revenir  à  la  Martinique. 

Si  les  plantations  de  gutta  effectuées  à  la  Guadeloupe  ne 
donnent  pas  de  bons  résultats  il  faudra  en  attribuer  la  cause  à 
la  situation  géographique  de  1  île  qui  se  trouve  véritablement 
trop  loin  des  limites  habituelles  des  contrées  qu'habitent  ces 
plantes  à  gutta  et  aussi  à  la  nature  argileuse  du  sol  qui  ne 
convient  peut-être  pas  très  bien  à  la  culture  de  plantes  à  raci- 
nes pivotantes  comme  les  Palaquium. 

En  résumé  les  plantes  destinées  à  la  Guadeloupe  ont  été 
distribuées  de  la  façon  suivante  : 


-G  RAPPORT  A    M.    LE  MINISTRE  DES  COLONIES 


NOMS 

LOCALITÉS 

ALTITUDE 

MM.  de  la  Roncière.  . 

Trois -Rivières. 

25o™' 

26 

3 

plants  de  Palaquium. 
Diptérocarpées. 

Claysscn. 

Gourbeyre . 

210"^ 

10 

plants  de  Palaquium. 

de  Lagarde. 

Saint-Claude.. 

3oo-5oo™'  ,, 

plants  de  Palaquium. 
Diptérocarpées. 

Cabre.    . 

Saint-Claude.. 
Basse-Terre.    . 

(22 

200-000™      ,, 

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plants  de  Palaquium . 
Diptérocarpées. 

le  Gouverneur  . 

Camp-Jacob.  . 

5^om|  6 

plants  de  Palaquium. 

Total  :  97  plaxiis  de  Palaquium. 

i5  Diptérocarpées. 

Des  reçus  joints  à  ce  rapport  ont  été  demandés  aux  con- 
cessionnaires de  plantes. 

Avant  mon  retour  pour  la  France,  M.  le  Gouverneur  de  la 
Guadeloupe  a  bien  voulu  me  communiquer  une  lettre  qui  lui 
avait  été  adressée  par  M.  Élot,  agronome  de  la  colonie,  chargé 
sur  ma  demande  de  visiter  les  plantations.  En  voici  le  passage 
essentiel  : 

«  A  part  M.  Cabre  que  je  n'ai  pas  vu,  malgré  ma  dé- 
«  marche,  il  ma  été  possible  de  rencontrer  chez  eux  les  dilTé- 
«  rents  concessionnaires  des  plants  de  gutta  et  de  voir  ces 
u  végétaux  en  place.  Le  peu  de  temps  depuis  lequel  ils  ont  été 
«  transplantés  ne  me  permet  pas  de  juger  avec  certitude  de 
u  la  proportion  de  la  réussite  ;  mais  létat  actuel  des  sujets 
u  est  généralement  satisfaisant,  et  avec  les  soins  dont  ils  sont 
((  l'objet  le  succès  est  à  prévoir  »  (9  septembre). 


MARTINIQUE 


Notre  colonie  de  la  Martinique  se  trouve  située  entre  les 
i4"33'43"  et  i4°52'47"  de  latitude  N.  et  63'^6'i9"-63°3i'34"  de 


Sun  LES   ARBRES   A    GUTTA    AUX  ANTILLES  77 

lono^itude  0.  du  méridien  de  Paris  et  elle  se  trouve  séparée  de 
la  Guadeloupe  par  un  bras  de  mer  de  100  kilomètres  environ 
au  milieu  duquel  se  trouve  l'Ile  de  la  Dominique. 

L'île  est  traversée  du  N.-O.  au  S.-E.  par  une  longue  chaîne 
de  hautes  montagnes  entrecoupées  de   vallées    et  de  gorges. 

Trois  sommets  principaux  dominent  cette  chaîne  de 
hauteurs;  d'une  part  la  Montagne  Pelée  qui  atteint  i,35o  mè- 
tres et  d'autre  part  les  deux  pitons  du  Garbet  dont  l'un,  celui 
du  sud,  s'élève  à  1,207  mètres  et  l'autre,  celui  de  l'ouest, 
à  1,161  mètres. 

Au  nord  et  au  nord-ouest,  c'est-à-dire  au  voisinage  de  la 
Montagne  Pelée,  le  fond  et  les  flancs  des  ravins  et  des  vallées 
sont  constitués  par  une  terre  meuble  dont  la  surface  est  cou- 
verte d'une  épaisse  couche  dhumus.  Au  sud,  au  contraire, 
dominent  les  terres  argileuses;  le  choix  des  terrains  propres  à 
la  plantation  des  Palaquium  devait  donc  surtout  se  faire 
dans  la  région  de  la  Montagne  Pelée  où  le  sol  relativement 
meuble  recouvre  un  sous-sol  généralement  constitué  par  de  la 
ponce. 

Au  point  de  vue  climatérique,  la  Martinique  comprend  trois 
saisons  :  la  saison  fraîche  commence  en  décembre  et  finit  en 
mars  ;  le  thermomètre  oscille  entre  21^  et  28*^,7  avec  une 
moyenne  de  24", 4  pour  les  localités  situées  au  voisinage  immé- 
diat et  au  niveau  même  de  la  mer.  L'humidité  relative  de  l'at- 
mosphère pendant  cette  saison  ne  descend  guère  au-dessous 
de  75  centièmes  et  il  tombe  environ  ooo  millimètres  d'eau  ; 
c'est  le  printemps. 

La  saison  chaude  et  sèche  commence  en  avril  et  finit  en 
juillet  ;  le  thermomètre,  au  niveau  de  la  mer  à  Saint-Pierre, 
oscille  entre  22°, 9  et3i°,8  avec  une  moyenne  de  26^,08. 

La  saison  chaude  et  pluvieuse  comprend  les  mois  de  juillet, 
août,  septembre,  octobre  et  novembre.  Le  thermomètre 
oscille  entre  28°, 4  et  3i°,4  avec  une  moyenne  de  27'', 4-  L'hu- 
midité relative  de  l'atmosphère  est  de  76  centièmes   environ. 


78  RAPPORT  A   M.   LE  MIMSTRE  DES   COLONIES 

et  il  tombe  i,3oo  à  i,4oo  millimètres  d'eau  à  Saint-Pierre  et 
à  Fort-de-F'rance.  C'est  Thivernag^e. 

Les  températures  moyennes  indiquées  ci-dessus  sont  celles 
qu'on  a  observées  au  niveau  de  la  mer  ;  mais  à  mesure  qu'on 
s'élève,  cette  moyenne  s'abaisse  notablement  et  au  camp 
Balata,  à  unealtitude  de55o  mètres  environ,  la  moyenne  de  tem- 
pérature de  l'année  s'abaisse  notablement.  Il  ne  faut  donc  pas 
compter  pouvoir  établir  des  cultures  d'arbres  à  gutta  à  une 
altitude  supérieure  à  3oo  ou  4oo  mètres,  car  si  on  réalise  de 
mieux  en  mieux  les  conditions  hyj^rométriques,  ons'éloig-ne  en 
même  temps  de  plus  en  plus  des  conditions  de  température 
exi^^ées  par  cette  culture. 

Les  vents  les  plus  fréquents  qui  se  font  sentir  sur  l'île 
étant  les  vents  alizés  dirif:^és  de  l'est  au  nord-est,  il  fallait  aussi 
se  proposer  de  trouver  des  emplacements  abrités  contre  les 
vents  ayant  cette  direction. 

En  ce  qui  concerne  les  chutes  de  pluie  on  a  surtout  des 
observations  faites  à  Saint-Pierre  et  à  Fort-de-France,  c'est-à- 
dire  au  niveau  de  la  mer.  Disons  en  passant  qu'il  est  regretta- 
ble de  ne  pas  trouver  dans  les  principaux  établissements  de 
nos  colonies  les  instruments  nécessaires  aux  observations  mé- 
téorologiques. Ainsi  les  jardins  botaniques  de  Saint-Pierre,  de 
Basse-Terre  et  de  Baduel  (Guyane)  ne  possèdent  rien  de  ce 
qu'il  faut  pour  réaliser  ces  observations. 

Par  contre,  au  jardin  botanique  de  Port-d'Espagne  (Trini- 
dad),  le  directeur,  ^L  Hart,  est  chargé  non  seulement  de  faire 
des  observations  dans  le  jardin  qui  lui  est  confié,  mais  encore 
de  contrôler  les  observations  faites  en  divers  points  de  Hle 
pour  les  adresser  ensuite  au  bureau  central  de  la  Métropole. 
l^]t  non  seulement  le  directeur  possède  les  appareils  nécessaires, 
mais  il  reçoit  encore  pour  ce  service  une  subvention  annuelle 
de  25  £  (G25  francs)  qui  vient  s'ajouter  à  son  traitement.  Les 
Anglais,  si  soucieux  de  répandre  les  diverses  cultures  dans 
leurs  colonies  ont  en  elTet  compris  que  la  connaissance  aussi 


SLR   LES  ARBRES   A    GIT  TA    AUX  ANTILLES  7.J 

exacte  que  possible  des  conditions  climatériques  d'un  pays 
est  indispensable  pour  y  organiser  des  cultures  avec  quelque 
chance  de  succès.  Il  est  à  désirer  de  voir  les  colonies  françaises 
entrer  résolument  dans  cette  voie  et  il  faut  bien  convenir  que 
le  budget  de  chaque  commune  permettrait  de  distraire  faci- 
lement quelques  centaines  de  francs  des  frais  de  secrétariat  de 
mairie,  qui  sont  exagérés,  pour  organiser  un  service  météoro- 
logique. 

Le  tableau  suivant  résume  les  observations  faites  en  quel- 
ques points  de  la  colonie  : 

LOCALITÉS     ALTITUDE  MOYENNES  DES  CHUTES  MENSUELLES  DE  PLUIE 

Sainf-Pierre.    .        12™  127,3   io5,i    io5,G  97,8   107,7   2'i7,ô  807,6  3'|8,7  208,0 

(1830-1870).  232,3  277,5  193,0  =  2^29,3, 

Fort-de-Francc.  2™  119,1    10^,9  78,6  98,7   118,9   189,1  287,9  ^Ga.S   235, ^ 

(1835-1870).  25o,i    199,8  i5o,o  =:  20^2,8. 

Comme  on  le  voit  les  chutes  de  pluie  sont  suffisantes 
même  à  une  très  faible  altitude  pour  permettre  la  culture  des 
plantes  à  gutta. 

A  mon  retour  à  la  Martinique,  après  une  semaine  de  séjour 
à  la  Guadeloupe,  je  trouvais  Tune  des  caisses  de  plantes  en 
assez  mauvais  état  ;  cette  caisse  avait  été  ouverte  dans  le  jardin 
même  et  à  l'abri  des  vents.  Les  feuilles  étaient  presque  toutes 
fanées,  tandis  qu'à  l'arrivée  les  plantes  se  trouvaient  en  par- 
fait état.  Je  fis  immédiatement  vider  la  caisse  ;  les  plants 
furent  placés  dans  des  pots  en  bambou  et  transportés  près  de 
la  cascade  du  jardin  dans  un  endroit  où  l'air  contient  cons- 
tamment une  buée  abondante.  Quelques  plants  plus  compro- 
mis que  les  autres  furent  débarrassés  de  la  terre  qui  les  accom- 
pagnait et  je  reconnus  qu'ils  étaient  constitués  par  des 
boutures  à  peu  près  complètement  dépourvues  de  racines.  Je 
fis  immédiatement  rafraîchir  ces  boutures  et  je  les  plaçai 
aussi  dans  des  pots  en  bambou.    Au   moment  de  mon  départ 


8o  RAPPORT  A    M.    LE  MINISTRE  DES   COLONIES 

pour  la  France,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  constater  que  presque 
tous  les  plants  se  trouvaient  en  bon  état  et  pourraient  être  mis 
en  terre  très  prochainement  sans  aucun  danger. 

M.  Nollet,  directeur  du  Jardin  botanique  de  Saint-Pierre, 
que  M.  le  Gouverneur  avait  prié  de  se  mettre  à  ma  disposition 
pendant  mon  séjour  dans  la  colonie,  avait  reçu,  après  Tavis 
inséré  dans  le  Moniteur  de  la.  Martinique,  un  certain  nombre 
de  demandes  émanant  de  planteurs  désireux  d'acclimater  dans 
leurs  habitations  les  arbres  à  gutta-percha.  Ces  demandes 
émanaient  des  personnes  suivantes  : 
MM.  Dormoy,  habitation  Pecoul,  près  de  Saint-Pierre  ; 

Sainte-Luce,  J.,  juge  au  tribunal  de  Saint-Pierre,   pour 

son  habitation  du  F'onds-Galion  ; 
Diobine,  propriétaire,  Le  Lorrain  ; 

Cornée,    pour    Thabitation    Mackinstock     du     Morne- 
Rouge  ; 
Carassus,  conseiller  général  du  Morne-Rouge,  pour  son 

habitation  du  Morne-Rouge  ; 
Clos,  Ajoupa-Bouillon  ; 
Littée,  frères,  habitation  du  Parnasse  ; 
i^a   comtesse  d'Espinay  Saint-Luc,   habitation  Leyritz  à 

Basse-Pointe  ; 
Kneight,    conseiller    général,    pour    son    habitation    de 
Grand'Rivière. 
\i\\  raison  des  exigences  des  plantes  à  gutta  et  des  difficultés 
de  communication,  jai  dû  mettre  de  côté  un  certani   nombre 
de  ces  demandes,  soit  parce  que  les  terrains  proposés  ne  me 
paraissaient  pas  convenables,  soit  parce   qu'il  ne   m'était  pas 
possible  de  me  rendre  dans  les  localités  sans  une  grande  perte 
de  temps. 

En  définitive,  j'ai  distribué  les  plantes  de  la  façon  suivante: 
i"  M.NL  Littée  frères  au  Parnasse. 

L'habitation  porte  le   nom  de  Morne-Ktoile  et  se  trouve 
à  3^0  mètres  d'altitude  à  Lest  de  Saint-Pierre.  C'est  une  très 


Sun   LES   AliBRES     l   <j  i  T  l  A    AiX  AMILLES  8i 

belle  plantation,  certainement  l'une  des  mieux  ordonnées  de  la 
colonie.  Elle  comprend  environ  Go  hectares  plantés  pres- 
que exclusivement  en  canne.  Jai  trouvé  dans  cette  plantation 
une  série  de  plants  venus  de  graines  attestant  chez  les  proprié- 
taires le  vif  désir  d'arriver  à  obtenir  les  meilleurs  rendements. 
Une  multitude  darbres  exotiques  ont  été  introduits  dans  la 
plantation  et  y  sont  lobjet  de  soins  minutieux. 

M.  Littée  a  reçu  5  plants  de  Palaquiam  qui  ont  été  placés 
sur  le  versant  dun  petit  vallon  traversé  par  la  canalisation  qui 
amène  l'eau  à  la  rhummerie  pour  y  produire  la  force  motrice. 

2"  M.  Dormoy,  habitation  Pecoul,  près  de  Saint-Pierre. 

L'habitation  Pecoul  est  une  des  plus  importantes  de  la 
colonie;  ses  propriétés  s'étendent  depuis  Saint-Pierre  jusqu'à 
Basse-Pointe  de  l'autre  côté  de  l'île,  en  passant  par  les  con- 
treforts de  la  montap^ne  Pelée.  Sur  le  versant  ouest  la  pro- 
priété est  limitée  par  deux  rivières,  au  Nord,  la  Rivière  des 
Pères  et  au  Sud,  la  rivière  Madame.  La  maison  d'habitation 
et  la  rhummerie  se  trouvent  à  environ  60  mètres  d'altitude  et 
à  2  kilomètres  à  l'E.-N.-E.  de  Saint-Pierre.  Des  échantillons 
de  terre  prélevés  en  divers  point?  de  la  plantation  ont  été 
soumis  à  l'analyse  par  Lagarrigue  de  Survilliers;  les  résultats 
de  cette  analyse  pour  la  terre  de  Polijle,  parcelle  la  plus  rap- 
prochée de  celle  où  ont  été  placés  les  plants  d'arbres  à  g"utta, 
sont  donnés  par  le  tableau  suivant  : 

Résidu  insoluble 75,^90 

Azote o,i45 

Potasse 0,062 

Soude o,3i5 

Magnésie..      .      .      , 0,1 48 

Chaux 1,218 

Acide  phosphorique 0,2o5 

Acide  carbonique 0,907 

Chlore o,o43 

Matières  organiques 12,167 

Oxyde  de  fer  et  aluoiine 9,35o 

Lecomte.  6 


83  RAPPORT  A    M.    LE  MINISTRE  DES  COLONIES 

L'emplacement  choisi  pour  la  planlalion  est  la  pente  un 
peu  escarpée  d'un  ravin  au  fond  duquel  coule  un  petit  ruis- 
seau affluent  de  la  rivière  Madame.  Le  sol  y  est  profond,  riche 
en  humus  ;  la  végétation  se  compose  de  Fougères  arborescentes, 
de  bois  canon  [Cecropîa  peltala)^  àlleliconias,  de  gommiers 
[Bursera  giimmlfera)^  de  bois  savonnettes  [Sapiudiis  sapo- 
naria),  etc.,  tous  végétaux  se  rencontrant  principalement 
dans  les  endroits  où  lair  est  exceptionnellement  humide;  le 
sol  y  est  couvert  de  détritus  végétaux  et  le  Tri'gonocéphale  est, 
paraît-il,  très  abondant  en  cette  région.  L'altitude  est  d'envi- 
ron 4oo  mètres,  c'est-à-dire,  un  peu  moins  que  le  Morne- 
Rouge  qui  n'en  est  distant,  à  vol  d'oiseau,  que  de  2  kilomètres 
au  plus.  La  Montagne  Pelée  qui  domine  ces  contreforts  est 
presque  constamment  couverte  de  nuages;  les  pluies  y  sont 
fréquentes  même  pendant  la  saison  sèche  et  l'humidité  at- 
mosphérique est  extrême.  J'ai  pensé  que  cette  localité  pouvait 
réaliser  aussi  complètement  que  possible  les  conditions 
exigées  pour  la  culture  des  arbres  à  gutta  et  j'y  ai  fait  placer 
3i  plants  qui  ont  été  mis  en  terre  à  G  mètres  de  distance  les 
uns  des  autres  en  tous  sens;  chacun  d'eux  a  été  entouré  d'une 
garniture  de  piquets  et  le  gérant  de  la  propriété,  M.  AUain,  m'a 
formellement  promis  de  faire  établir  une  barrière  en  ronce 
artificielle  autour  de  la  plantation. 

L'abri  est  constitué  par  les  Fougères  arborescentes  et  les 
arbres  de  la  forêt;  plus  tard  ces  derniers,  qui  sont  d'ailleurs 
détaille  moyenne,  seront  soigneusement  éliminés.  Dix  jours 
après  la  mise  en  place,  j'ai  visité  la  plantation  avec  M.  Allain, 
gérant  de  la  propriété  ;  la  reprise  était  assurée  pour  tous  les 
plants,  et  quelques-uns  commençaient  déjà  à  pousser  de  nou- 
velles feuilles. 

L'unique  ennemi  probable  des  plants  de  gutta  dans 
l'habitation  Pecoul  sera  le  crabe  de  terre  qui  coupe  parfois 
avec  ses  pinces  les  racines  des  jeunes  arbres  et  qui  est  un 
lléau  pour  les  cacaoyers  du  pays.   Il  faut  escompter,   de    ce 


s  un   LES   ARBRES   A    G  l  T  TA    AUX  AMILLES  SS 

chef,  quelques  dégâts  qu'il  est  à  peu  près  impossible  d'éviter. 

Au  voisinage  de  l'endroit  choisi  pour  la  plantation  se  voit, 
en  très  bel  état,  un  quinquina  planté  il  y  a  près  de  80  ans, 
par  le  fondateur  de  l'habitation. 

3°  M.  Carassus,  maire  et  conseiller  général  du  Morne- 
Rouge  (7  kilomètres  de  Saint-Pierre),  a  reçu  cinq  plants  de 
Palaqaium  qui  ont  été  placés  dans  un  terrain  sableux  à  sous- 
sol  de  ponce  à  peu  de  distance  de  sa  maison  d'habitation  et  au 
voisinage  d'un  petit  ruisseau  qui  traverse  une  cacaoyère.  Les 
plants  sont  abrités  par  des  cacaoyers  et  par  des  Malangas 
(Xanlhosoma  sa(jiHifoUum).  M.  Carassus  cultive,  près  de  son 
habitation  un  grand  nombre  de  plantes  ;  j'y  ai  rencontré  la 
Kola,  la  Coca,  l'IIevea,  le  Castilloa,  le  Manihot  Glaziovii,  le 
poirier,  l'acajou,  le  mahogani,  le  Mammea,  etc.  Il  accordera 
aux  plants  de  PaUiquîum  qui  lui  sont  confiés  les  mêmes 
soins  qu'il  prodigue  à  tousces  végétaux. 

4°  M.  Cornée,  Aug.,  entrepreneur  de  travaux  à  Saint- 
Pierre,  conseiller  municipal  de  Morne-Rouge,  a  reçu  3  plants 
de  gutta  pour  son  habitation  Makinstock,  située  à  3  kilomètres 
du  Morne-Rouge,  sur  la  rive  droite  de  la  rivière  Capote. 
L'emplacement  choisi  se  trouve  à  300  mètres  d'altitude  sur  le 
versant  d'un  ravin  au  fond  duquel  coule  un  petit  allluent  de 
la  rivière  Capote.  Le  sol  est  constitué  par  une  terre  argilo- 
sableuse  recouverte  d'humus  et  reposant  sur  un  sous-sol  pon- 
ceux.  Il  est  exposé  à  l'Ouest.  La  végétation  constituée  presque 
uniquement  par  des  Fougères  arborescentes  de  toute  beauté 
dénote  une  humidité  atmosphérique  extrême.  Les  plants  de 
gutta  ont  été  mis  en  terre  à  leur  place  définitive  et  à  environ 
G  mètres  les  uns  des  autres.  Les  abris  sont  constitués  par  des 
Fougères  arborescentes  et  par  des  Pois  doux  gris.  Au  moment 
de  mon  départ  de  la  colonie  (10  septembre),  les  plants  de 
gutta  confiés  à  M.  Cornée  se  trouvaient  en  excellent  état. 

[\°  Une  concession  de  i5  plants  a  été  faite  à  M.  Clos,  pour 
son  habitation  de  l'Ajoupa  Bouillon.   Le  sol  est  constitué  par 


84  RAPPORT   A    M.    LE  MI.MSTRE  DES    COLONIES 

une  terre  sablonneuse  sur  un  sous-sol  ponceux.  L'emplace- 
ment choisi  est  le  versant  ouest  d'une  colline  au  bas  de 
laquelle  coule  la  rivière  Capote. 

La  plantation  de  M.  Clos  comprend  près  de  loo  hectares 
de  terres  dont  60  en  canne  à  sucre,  3o  en  cacoyers  et  10  en 
café  de  Libéria.  On  rencontre,  au  voisinai^e  de  Thabitation, 
des  muscadiers,  des  castilloa,  des  cotonniers,  des  arbres  à 
Kola,  etc.  M.  Clos  jouit  en  qualité  d'agriculteur  d'une  excel- 
lente réputation  et  les  plants  qui  lui  sont  confiés  se  trouvent 
en  très  bonnes  mains. 

5°  M,  de  Chasteigner  m'a  demandé  quelques  plants  pour 
l'habitation  qu'il  possède  à  Basse-Pointe  (habit.  Leyritz)  en 
commun  avec  sa  cousine  la  comtesse  d'Epinay-Sajnt-Luc. 

L'emplacement  choisi  est  une  petite  vallée  dominée  par  la 
Montagne  Pelée  et  située  à  aao  mètres  d'altitude.  Le  sol  est 
sableux  avec  un  sous-sol  ponceux.  Les  plants  ont  été  mis  en 
place  à  G  mètres  les  uns  des  autres.  Le  nombre  des  plants 
concédés  est  de  10. 

6°  M.  Massieux,  inspecteur  des  douanes  en  retraite^  ex- 
ploite avec  son  gendre,  M.  Cotrelle,  l'habitation  dite  IVIontlouis 
au  Prêcheur,  à  5  kilomètres  nord  de  Saint-Pierre.  M.  Massieux 
est  un  visiteur  assidu  du. Tardin  botanique  de  Saint-Pierre  et  j'ai 
pu  me  convaincre  qu'il  possède  des  connaissances  botaniques 
et  agricoles  très  étendues.  Je  lui  ai  confié  i5  plants  de  gutta 
qui  ont  été  placés  à  environ  370  mètres  d'altitude  sur  le  flanc 
nord-ouest  d'une  colline  élevée  et  escarpée  qui  constitue  l'un 
des  contreforts  de  la  Montagne  Pelée  et  qui  est  constamment 
couverte  de  nuages.  Les  pluies  y  sont  fréquentes  et  Ihumi- 
dité  atmosphérique  très  grande.  Le  sol  est  léger  avec  un  sous- 
sol  de  ponce.  M.  Massieux  est  bien  certainement  parmi  les 
concessionnaires  de  plants  de  gutta  celui  qui  leur  accordera 
les  soins  les  plus  constants  et  les  plus  minutieux;  il  m'a  for- 
mellement promis  de  me  mettre  régulièrement  au  courant  des 
résultats  obtenus. 


N  I  I!  L  E S   ^  1  /.'  /.'  /.'  ES    A    (]  l '  T  r  l      1  IX  A  X  TIL  L  E S 


85 


11  rcslait  encore  au  Jardin  de  Saint-Pierre  09  plants  de 
Pulaquium  qui  avaient  soull'ert  à  l'ouverture  des  caisses. 
Ayant  reconnu  à  ma  dernière  visite  qu'ils  étaient  à  peu  près 
tous  en  bon  état,  j'ai  prié  M.  XoUet,  directeur  du  Jardin 
botanique,  d'en  concéder  10  à  M.  Reybaud,  gérant  de  Ihabi- 
lation  Saint-James,  et  10  à  M.  Laugier,  agent  de  la  Compagnie 
transatlantique  à  Saint-Pierre.  Les  autres,  de  même  que  les 
Diptérocarpées,  seront  provisoirement  conservés  au  Jardin  de 
Saint-Pierre. 

En  résumé,  les  plants  de  gutta  destinés  à  la  Martinique  ont 
été  distribués  de  la  façon  suivante  : 


NOMS 

LOCALITKS 

.\LTIT(  DE 

M.M.  Littcc  frères.     . 

au  Parnasse.. 

020'" 

5  plantsciejPrt/«/y?///////. 

Dormov  . 

%j 

Pécoul.     . 

'|00'» 

3i 

Carassus. 

Morne- RoLi^e.    . 

'120"» 

5                 — 

Cornée.   . 

Makinstock.  . 

0.")0'^^ 

5                 — 

Clos 

Ajoiipa  Bouillon. 

I.")0"» 

i5                 — 

de  Chasteignler. 

Levritz.    . 

25o"' 

10                 — 

Massieux. 

iNtonllouis.      . 

2  7r)'« 

Total  : 

I .")                 — 

80   [)lants  de  Palaquium . 

Il  convient  d'ajouter  les  concessions 

suivantes  : 

Reylîaud.            .!  Saint- James  . 

10                    — 

Laugier.  .      .      .  Saint-Pierre . 

Total  : 

10                   — 

loG  plants  de  Pa/rt^?a'«m. 

GUYANE    FRANÇAISE 


La  Guyane  française  comprise  entre  les  2®  et  6^  degrés  de 
latitude  Nord  se  trouve  précisément  dans  la  zone  qui  corres- 
pond aux  pays  à  gutta-percba.  Près  de  la  côte  se  trouvent  des 


8G         n  A  P P  0 R  T     l     1/.    /.  E  M  I  \  [S  T /.'  E   I)  E S    C  0  L  O  MES 

terres  basses  constituées  surtout  par  des  alluvions  ;  elles 
s'élendent  jusqu'aux  premiers  sauts  de  rivières.  A  la  suite  de 
ces  terres  basses,  si  on  s'avance  vers  Tintérieur,  on  rencontre 
une  sorte  de  plateau  dont  l'altitude  moyenne  est  de  5oo  à 
6oo  mètres  et  qui  commence  à  6o  ou  8o  kilomètres  des  côtes. 
C'est  là  que  se  trouvent  les  immenses  forêts  de  la  Guyane. 

On  possède  peu  de  documents  sur  les  conditions  climaté- 
riques  de  l'intérieur;  mais  par  contre  les  renseignements  sur 
la  climatologie  de  Gayenne  sont  nombreux. 

Caycnne.  —  La  température  ne  varie  pas  beaucoup;  la 
movenne  des  mois  les  plus  froids  est  de  26'^,  et  celle  des  mois 
les  plus  chauds  de  27°.  Le  climat  de  la  Guyane  se  fait  donc 
remarquer  par  l'uniformité  de  la  température.  Pendant  la 
saison  chaude  (août,  septembre,  octobre)  le  thermomètre 
monte  généralement  à  So*^  pendant  le  jour;  mais  il  accuse 
rarement  plus  de  3i°.  Pendant  la  saison  la  plus  fraîche  il  des- 
cend très  rarement  à  21"  et  la  movenne,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit,  est  de  26°. 

Au  point  de  vue  des  chutes  de  pluie,  nous  avons  pu  nous 
procurer  les  moyennes  décennales  de  i85o  à  1880  (Gayenne). 


SLR   LES  ABBBES  A    GLTTA    AUX  A  \  TILLES 


87 


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chutes   de    pluie    à    Cayenne 
(1871-1880). 


88  liAPPOnT  A    M.    LE    ][  IMS  THE   DES    COLO.MES 

Dans  cette  long-ue  période  nous  relevons  seulement  2  mois 
sans  pluie,  le  mois  de  septembre  1861  et  le  mois  de  no- 
vembre 1878, 

Mais  il  faut  bien  le  remarquer,  ces  données  relatives 
à  la  climatolog'ie  de  Cayenne  ne  donnent  qu'une  idée  très 
imparfaite  du  climat  de  l'intérieur;  on  sait  seulement  que 
les  chutes  de  pluie  sont  plus  abondantes  sur  le  plateau  in- 
térieur et  que,  par  conséquent,  la  saison  sèche  est  moins 
prononcée. 

En  outre,  l'humidité  atmosphérique  est  extrême.  L'hygro- 
mètre descend  rarement  au-dessous  de  77  et  se  tient  le  plus 
souvent  dans  le  voisinage  de  85  ou  au-dessus  de  ce  chilfre.  La 
moyenne  des  années  1860,  (ji,  62,  65,  72,  78,  74  et  75  est  de 
83, 10  et,  d'après  Van  Leent,(lans  la  Guyane  hollandaise,  cette 
movenne  est  de  82,5. 

Toutes  les  conditions  climatériques  paraissent  donc  con- 
venables pour  la  culture  du  PaUiquium,  car  le  climat  de 
la  Guyane  se  rapproche  autant  que  possible  de  ceux  de 
Sumatra  et  de  Java,  aussi  bien  par  la  température  élevée  que 
par  l'humidité  atmosphérique  extrême  et  la  répartition  des 
chutes  de  pluie  sur  l'année  tout  entière. 

Il  conviendrait  peut-être,  pour  établir  ces  cultures  de  ne 
pas  choisir  les  premières  collines  déjà  visibles  de  la  mer  et 
dont  la  présence  donne  un  cachet  spécial  à  la  Guyane  fran- 
çaise à  côté  des  Guyanes  anglaises  et  hollandaises,  dont  les 
régions  cotières  forment  d'immenses  plaines  sans  élévation  du 
sol.  Mais  les  cultures  de  Palaquiam,  du  moins  les  premières, 
n'exigent  pas  seulement  des  conditions  climatériques  détermi- 
nées; elles  demandent  encore  des  soins  et  une  surveillance 
qu'on  ne  pourrait  malheureusement  assurer  dans  les  régions 
éloignées  qui  forment  le  seuil  du  plateau. 

Sans  aucun  doute  il  est  possible  de  trouver  dans  notre 
colonie  de  la  Guyane  des  régions  correspondant  à  celles  que 
Seligmann-Lui    a    décrites.    Mais     pour    l'établissement    des 


s  LU    LES    AUBRES    A    (j  i  T  l  [    AL\   A  \r  IEEE  S  89 

premières  plantations,  j"ai   dû    choisir  des  sommets  plus  rap- 
prochés de  la  côte  et  des  régions  habitées. 

Le  3  août,  je  m'embarquais  à  Fort-de-P"rance,  sur  la  Ville- 
de-Tnnrfei\  à  destination  de  Cayenne,  où  nous  arrivions  le  8, 
dans  laprès-midi  après  des  escales  à  Sainte-Lucie,  à  Port- 
d'Espagne,  à  Démerari,  à  Surinam  et  aux  Iles  du  Salut. 

Le  jour  de  l'arrivée  à  Cayenne  étant  un  dimanche,  je  me 
présentais  le  lendemain  matin  9  août,  chez  ^L  le  Gouverneur 
par  intérim  pour  mentendre  avec  lui  au  sujet  de  l'accomplis- 
sement de  ma  mission.  Malheureusement,  M.  le  Gouverneur 
par  intérim  n'était  pas  au  courant  des  instructions  transmises 
par  le  Département.  Après  quelques  recherches  on  parvint  à 
découvrir  que  ces  instructions  avaient  été  réellement  reçues 
et  quelles  avaient  été  transmises  à  la  Direction  du  service 
pénitentiaire.  On  n'avait  rien  préparé  pour  recevoir  les  plants 
de  gutta  et  malgré  la  présence  à  Cayenne  d'un  jeune  agronome, 
directeur  du  Jardin  botanique  de  Baduel,  malgré  les  res- 
sources que  le  service  pénitentiaire  possède  au  point  de  vue 
agricole,  les  instructions  ministérielles  étaient  restées  lettres 
mortes.  Je  me  trouvais  ici  dans  une  situation  plus  dilhcileque 
dans  les  colonies  de  la  Guadeloupe  et  de  la  Martinique,  car 
les  colons  sont  particulièrement  rares  à  la  Guyane  et  le  prix: 
élevé  de  la  main-d'œuvre  ne  permet  guère  à  ceux  qui  existent 
de  se  livrer  à  des  expériences. 

Cependant  la  Guyane  possède  un  service  considérable,  qui 
dispose  de  grandes  étendues  de  territoire  et  auquel  la  main- 
d'œuvre  ne  fait  pas  défaut  :  c'est  le  Service  pénitentiaire. 
D'accord  avec  ^L  le  Gouverneur,  j'allais  immédiatement  pro- 
poser à  AL  le  Directeur  de  ce  Service  de  vouloir  bien  recevoir 
les  plants  de  gutta  dans  un  de  ses  pénitenciers.  Il  voulut  bien 
accepter,  et  une  dépèche  fut  adressée  sur-le-champ  au  péni- 
tencier du  Maroni  pour  savoir  de  M.  Hayes,  chef  de  cultures, 
si  on  pourrait  y  trouver  un  emplacement  convenable.  Mais 
devant  la  difficulté  des  communications  avec  cette  station  et 


'.)0 


liAl'POllT  A    M.    LE    MIMSTHE    DES    CO LUMES 


étant  donné  qu'il  faut  remonter  assez  haut  dans  la  vallée  du 
Maroni  pour  trouver  des  altitudes  un  peu  élevées,  je  me  dé- 
cidai à  transporter  les  plants  dont  j'étais  chargé  au  péniten- 
cier de  Kourou  sur  la  rivière  du  même  nom.  Le  service 
pénitentiaire  voulut  bien  mettre  à  ma  disposition  pour  ce 
transport  le  bateau  à  vapeur  le  Capi,  commandé  par  M.  le 
lieutenant  de  vaisseau  xMornu,  et  habituellement  employé  au 
service  des  Iles  du  Salut.  Le  mardi  lo  août,  je  me  rendais 
donc  à  Kourou.  Le  lendemain  t  i,  je  remontais  le  Kourou  avec 
M.  Bardoux,  commandant  du  pénitencier  jusqu'à  la  station 
de  Pariacabo,  où  se  trouvent  120  transportés  sous  la  surveil- 
lance d'un  certain  nombre  d'agents  commandés  par  M.  le 
surveillant-chef  Bonini.  La  vallée  qui  couronne  le  pénitencier 
et  qui  vient  se  terminer  sur  la  rivière  est  actuellement  occupée 
par  des  cultures  vivrières  et  par  des  plantations  de  café  et  de 
cacao.  De  l'autre  côté  se  trouve  la  colline  de  Carapa,  ainsi 
nommée  en  raison  de  l'abondance  des  arbres  du  même  nom. 
En  explorant  la  forêt  qui  couvre  cette  colline,  je  reconnus  la 
présence  d'un  ^irand  nombre  de  Minuisops  Bahita,  arbres  de 
la  famille  des  Sapotacées,  très  voisins  du  P<iJn([uium  et  four- 
nissant le  produit  spécial,  succédané  de  la  gutta-percha,  qui 
est  connu  sous  le  nom  de  Balata.  Ces  arbres  m'ont  paru  très 
abondants  et  le  surveillant  chef  Bonini  m'a  assuré  qu'un  grand 
nombre  avaient  déjà  été  abattus  pour  leur  bois  qui  est  très 
recherché.  Je  pensai  que  les  Palnf/uiiim  pourraient,  près  des 
Miinusop,s,  trouver  les  conditions  nécessaires  à  leur  dévelop- 
pement et  le  sommet  de  Carapa  qui  atteint  une  centaine  de 
mètres  fut  choisi  comme  emplacement  futur  de  la  plantation. 
Mais  il  ne  fallait  pas  songer  à  établir  détinilivement  la  planta- 
tion à  ce  moment,  car  on  traversait  une  période  de  sécheresse 
qui  aurait  nécessité  des  arrosages  pendant  les  premiers  temps 
de  la  transplantation.  Je  jugeai  plus  prudent  d'établir  d'abord 
une  pépinière  et  de  charger  le  surveillant  chef  de  la  mise  en 
place   détinitive    au  commencement  de    la  saison   pluvieuse, 


s  il!    LUS     [lil;l!l-:S    A    CITTA     1/    \      \  MILLES  (ji 

c'est-à-dire  en  novembre.  La  pépinière  fut  organisée  sous  mes 
yeux,  près  des  cultures  vivrières,  dans  un  endroit  frais,  om- 
bragé par  de  grands  arbres  et  sur  le  domaine  même  du  péni- 
tencier. 

L'emplacement  choisi  pour  la  mise  en  place  définitive  est 
exposé  au  sud-ouest  et  complètement  à  l'abri  des  vents  du 
nord  qui  sont  souvent  si  préjudiciables  aux  cultures  de  la 
Guyane. 

Le  sol  de  Pariacabo,  légèrement  sableux,  profond,  ma 
paru  beaucoup  plus  avantageux  que  celui  des  collines  de 
Cavenne,  constitué  par  une  argile  rouge  compacte  provenant 
dé  la  désagrégation  de  la  roche  à  ravets. 

Les  plants  laissés  à  Pariacabo  comprennent  : 

(S-   Palaquinm  ; 
lo   Diptérocarpées. 
Total  :        t)7   plants. 

In  lot  de  H)  plants  de  Palric/niuDf  a  été  en  outre  réservé 
pour  le  Jardin  botanique  de  Baduel  près  de  Cavenne.  Le  jar- 
din se  trouvant  établi  sur  un  terrain  plat  et  mal  abrité,  jai 
prié  ^L  Bassières,  directeur  du  jardin,  de  faire  défricher  une 
petite  surface  de  terrain  sur  le  flanc  sud  de  la  montagne  de 
Baduel  pour  y  établir  la  plantation. 

Les  plants  de  Palaquiiim  à  l^ariacobo  aussi  bien  qu'à 
Baduel  auront  à  compter  avec  un  ennemi  redoutable  qui  est 
le  fléau  des  cultures  en  Guyane  ;  c'est  la  fourmi  manioc  qu'on 
rencontre  partout  et  qui  dévaste  les  plantations.  Il  n'est  pas 
possible  de  mettre  les  plantations  complètement  à  l'abri  de 
ses  déprédations. 


SurreiUance  des  plants. 

Dans  les  trois  colonies  où  j'ai   eu  l'occasion   d'établir  des 
cultures  j'ai  adressé  au  gouverneur  un  rapport  spécial  sur  les 


()?  RAPPORT   A    M.    LE  MIMSTRE  DES   COLONIES 

conditions  dans  lesquelles  ces  cultures  ont  été  organisés  et  je 
lai  prié  de  prendre  les  mesures  nécessaires  pour  organiser 
une  surveillance  efTective. 

A  la  Guadeloupe  j'ai  demandé  à  M.  le  gouverneur  de  con- 
fier cette  surveillance  à  M.  Elot,  agent  des  cultures.  A  la 
Martinique,  c'est  M.  Nollet  directeur  du  Jardin  botanique  de 
Saint-Pierre  qui  doit  en  être  chargé.  Enfin,  à  la  Guyane,  je  ne 
pouvais  demander  de  faire  visiter  les  plantations  du  service 
pénitentiaire  par  un  agent  étranger  à  ce  service,  mais  j"ai 
instamment  prié  M.  le  Directeur  du  service  de  confier  cette 
surveillance  à  l'un  des  agents  de  culture  des  pénitenciers  et 
j'ai  insisté  pour  qu'au  début  de  la  saison  humide  un  certain 
nombre  de  plants  soient  adressés  à  M.  Hayes  agent  de  cul- 
tures au  pénitencier  du  Maroni  qui  s'est  déjà  fait  remarquer 
par  des  études  intéressantes  sur  l'exploitation  du  suc  de  balata 
et  qui  est  à  la  Guyane  la  personne  la  plus  autorisée  pour 
mener  à  bien  cette  tentative. 

Dans  les  trois  colonies  aussi  j'ai  fourni  les  instructions 
nécessaires  pour  permettre  la  multiplication  des  plants  par 
bouturage  ou  par  marcottage  aussitôt  que  la  chose  sera 
possible.  Mais  il  convient  pour  cela  d'attendre  un  certain 
nombre  d'années,  car  les  boutures  obtenues  de  jeunes  plants 
n'ont  jamais  donné  de  bons  résultats. 

Il  n'était  pas  inutile  non  plus  de  recommander  aux  admi- 
nistrations qui  ont  assumé  la  responsabilité  de  faire  cultiver  et 
de  surveiller  ces  plants  d'arbre  à  gutta,  de  ne  pas  laisser  sai- 
gner ces  arbres  avant  i5  ou  20  ans  (même  à  titre  d'essai)  pour 
assurer  autant  que  possible  leur  plein  développement  et  pour 
permettre  de  les  multiplier  dans  le  plus  bref  délai.  Il  serait 
désirable  que  ces  administrations  voulussent  bien  organiser 
des  inspections  périodiques  des  arbres  dont  elles  ont  la  charge, 
afin  de  rendre  compte  au  Département  des  conditions  dans 
lesquelles  ils  se  trouvent. 

Telles  sont.  Monsieur  le  Ministre,  les  mesures  que  j'ai  cru 


Srn   LES   ARBRES   A    CITTA    ALX  AMIf.LES  r,3 

devoir  prendre  pour  remplir  la  mission  que  vous  aviez  bien 
voulu  me  confier  ;  elles  auraient  pu  être  considérablement  sim- 
plifiées et  les  chances  de  réussite  seraient  peut-être  plus 
Jurandes  si  les  administrations  locales  avaient  eu  soin  de  pré- 
parer à  l'avance  des  terrains  de  culture  conformément  aux 
instructions  qui  leur  avaient  été  transmises  par  votre  Dépar- 
tement. 

Veuillez  ag'réer,  Monsieur  le  Ministre  des  Colonies,  l'assu- 
rance de  mon  respectueux  dé\ouement. 

Henri  LECOMTE 

lo  octobre   i8q8. 


(Des  reçus  fournis  par  les  dépositaires  de  plants  sont  joints 
à  Torif^inal  du  rapport,  déposé  au  Ministère  des  Colonies.) 


f)'.  H  APPORT   A    M.    LE  MI.MSTliE  DES    COLOMES 


Au  dernier  moment  nous  recevons  de  M.  Nollet, 
D"^  du  Jardin  d'essais  de  St-Pierre  (Martinique)  les 
renseignements  suivants  sur  la  situation  actuelle  des 
plants  confiés  à  un  certain  nombre  de  personnes  de 
la  colonie  : 

Habitation  Cornée   :    ^  plants  en  bon  état  ; 

Habitation  Carassus  :  3  plants  en  bon  état  ;  un  sans 
feuilles  ; 

Habitation  Massieu  :  4  plants  en  bon  état  ; 

Habitation  Littée  :  3  plants  en  bon  état  ;  un  sans 
feuilles  ; 

Habitation  Leyritz  :  5  plants  en  très  bon  état  ; 

Ha])itation  Clos  :  lo  plants,  presque  tous  en  très 
bon  état  ; 

Habitation  Pécoul  :   17  plants  en  bon  état. 

Jardin  botanique  :  6  plants  poitant  des  bourgeons. 
Jusqu'ici  les  résultats  sont  donc  satisfaisants  malgré 
les  nombreuses  causes  de  destruction  auxquelles 
sont  exposés  les  plants  dans  des  propriétés  non  fer- 
mées. 

24  avril  1899. 


TABLE  DES  MATIERES 


PREMIÈRE   PARTIE 


Pages. 


Considéra  lions  générales  sur  les  arbres  à  gutta i 

Récolte 28 

La  production  et  le  commerce  des  gutlas 87 

DEUXIÈME  PARTIE 

Rapport  à  M.  le  Ministre  des  Colonies  sur  lacclimatalion  des  arbres 

à  gutta  aux  Antilles  et  à  La  Guyane 65 


C  MARTRES 


IMPRIMERIE  DURAND,  RUE  FULBERT