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Full text of "Les chants du bivouac (ler août-31 décembre 1914). Avec une préf. de Maurice Barres. 107 dessins a la plume de Carlegle et un portrait de l'auteur par Paul Jobert"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  witii  funding  from 

University  of  Ottawa 


littp://www.arcli  ive.org/details/lescliantsdubivouOObotr 


Les  Chants  du  Bivouac 


Il  a  été  tiré  de  cet  ouvrage 

QUINZE  EXEMPLAIRES  NUMÉROTÉS  SUR   PAPIER  DE  HOLLANDE 


Tous  droits  de  reproduction,  de  traduction  et  d'adaptation  réservés 

pour  tous  pays. 

Copyright,  by  Payot  &  C'°,  191 5. 


THEODORE  BOTREL 


REFRAINS  DE  GUERRE 

/«   série. 

Les 

Chants  du  Bivouac 

(!"■  aoùt-3i  décembre  1914) 

THÉODORE.BOTREL 


Avec  une   Préface  de   M.   Maurice   BARRÉS 

de  l'Académie  française. 


107   dessins  à   la  plume  de  CARLÈGLE 
et  un  portrait  de  l'auteur  par  Paul  Jobert. 


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*  PARIS 

LIBRAIRIE  PAYOT  ET  0= 

46,    RUE    SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS,   46 
Tous  droits  réservés. 


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PREFACE 


LE  CHANSONNIER  DES  ARMEES 

Millerand  a  fait  une  jolie  chose.  Il  a  chargé  Botrel 
de  se  rendre  «  dans  tous  les  cantonnements,  casernes, 
ambulances  et  hôpitaux,  pour  y  dire  et  chanter  aux 
troupes  ses  poèmes  patriotiques  ».  Et  depuis  trois 
mois  le  bon  chansonnier  circule  au  milieu  de  nos 
troupes,  amusées  et  intéressées.  Je  rêvais  de  l'entendre 
et  de  voir  son  public,  et  justement  voici  qu'à  Belfort, 
au  rez-de-chaussée  de  l'hôtel  où  vivent  familièrement 
tous  les  officiers  et  l'aimable  préfet  patriote,  quelqu'un 
me  dit  : 

—  Botrel  est  ici. 

—  Ah  !  c'est  un  brave  garçon  plein  de  cœur  et  qui 
sait  son  affaire.  Je  voudrais  beaucoup  l'applaudir. 

—  Rien  de  plus  aisé.  Matin  et  soir,  on  groupe  au- 
tour de  lui  les  soldats,  et  dans  l'intervalle  il  s'en  va 
chanter  auprès  des  blessés. 

Le  lendemain  matin,  fort  aimablement,  on  est  venu 
me  chercher  et  me  conduire  au  quartier,  dans  l'im- 
mense salle  du  manège  où  deux  mille  soldats  en  bon 
ordre  étaient  déjà  rangés  devant  une  estrade  très 
haute  et  peu  solide,  gentiment  décorée  de  faisceaux 
tricolores.  On  m'installe,  j'en  suis  tout  confus,  dans 
le  fauteuil  présidentiel,  au  milieu  du  petit  groupe  des 
officiers  ;  mais,  faute  de  place,  les  deux  mille  soldats 
demeurent  debout  et  fort  serrés.  Diable  !  me  disais-je, 
c'est  moi  qui  ne  voudrais  pas  être  à  la  place  de  Botrel  ! 
Comment  va-t-il  dégeler  son  monde  et  se  dégeler  lui- 


même  ?  Comment  va-t-il,  dans  cette  salle  plutôt 
froide  et  sombre,  saisir  la  pensée  de  ses  hommes  à 
jeun  et  la  faire  rayonner? 

Il  arrive  d'un  pas  ferme,  un  peu  balancé,  à  la  ma- 
nière des  matelots  ;  il  monte  là-haut,  la  figure  ave- 
nante et  tranquille,  et,  tout  de  suite,  d'une  voix  usa- 
gée mais  chaude  et  forte,  il  s'explique,  il  dit  ses  titres, 
ses  raisons  d'être  bien  accueilli  et  adopté.  Le  tout 
clairement  et  modestement,  d'une  manière  qui  passe 
la  rampe  et  intéresse  le  public.  Il  se  met  à  chanter  : 

«  N'attendez  pas,  mes  camarades,  —  que  j'aille 
amollir  votre  ardeur  —  par  de  vaines  jérémiades  — 
qui  ne  viendraient  pas  du  cœur  !  —  Quand  l'Alsace 
criait  à  l'aide,  —  sous  la  botte  de  son  larron  —  petit 
sergent  de  Déroulède,  —  j'ai  vingt  ans  sonné  du  clai- 
ron... » 

Il  se  réclame  de  Déroulède,  il  est  un  de  ses  fils  en 
esprit,  et  près  de  moi,  parmi  ces  officiers,  voici  un 
jeune  lieutenant,  fils  de  mon  cher  ami  le  marquis  de 
Mores,  dont  les  patriotes  gardent  la  mémoire.  Ainsi 
apparaissent  de  nouvelles  générations  qui  accomplis- 
sent les  rêves  de  leurs  pères.  Dans  quel  noble  milieu 
je  me  trouve  !  C'est  vraiment  un  foyer  tout  prêt,  d'où 
sortiront  demain  l'enthousiasme  de  la  bataille,  l'accep- 
tation du  sacrifice,  le  grand  frisson  de  l'héroïsme.  Et 
ces  héros  en  puissance,  pour  le  plus  grand  nombre 
des  paysans,  regardent  le  chanteur  avec  ébahissement 
et  circonspection,  comme  la  lampe  mystérieuse  des 
contes  magiques.  Eux  qui  possèdent  une  telle  puis- 
sance de  calorique  latent,  ils  s'émerveillent  de  cette 
petite  flamme  de  lumière  et  de  chaleur.  Beaucoup 
d'entre  eux,  simples  gens  de  la  campagne,  trouvent 


pour  la  première  fois  une  expression  à  leurs  senti- 
ments. Botrel  les  attendrit,  puis  il  les  fait  rire  ;  il  les 
réunit  en  leur  proposant  des  pensées  chères  à  tous  et 
surtout  en  leur  donnant  physiquement  un  rythme. 

«  11  nous  faut  la  victoire,  pour  venger  le  drapeau», 
leur  chante-t-il  sur  un  vieil  air  populaire.  Et  puis 
c'est  la  Lettre  du  soldat  à  sa  grand'mère  :  «  Si  je 
meurs  (dame  !  faut  tout  prévoir),  —  priez  Dieu,  pour 
moi  chaque  soir,  —  et  réconfortez  la  Marie  :  —  dites- 
vous,  fîères  de  cela  —  que  je  suis  mort  en  bon  soldat, 

—  pour  la  Patrie  ».  Mais,  au  moins,  n'allez  pas  lar- 
moyer !  Voici  sur  l'air  de  Marlborough  un  «  Guil- 
laume s'en  va-fen  guerre-»  qui  déchaîne  un  immense 
rire.  Et  quel  succès  pour  Les  Goths,  chanson  d'actua- 
lité :  «  Je  viens  d'explorer  en  Champagne,  —  châ- 
teaux et  maisons  de  campagne  —  d'où  l'état-major 
allemand  —  vient  de  déguerpir  lestement.  »  La  pro- 
priétaire revient.  «  A  ses  hôtes  d'une  semaine,  — 
montrant  le  sac  de  son  domaine,  —  elle  dit,  jupon 
haut  troussé  —  et  le  nez  gentiment  pincé  :  —  La 
France  a  subi  les  ravages,  —  messieurs,  de  trois 
hordes  sauvages,  —  Goths,  Ostrogoths  et  Visigoths  : 

—  il  lui  manquait  les  Saligoths  !  •»  Avouez  que  ça 
n'est  pas  mal.  Puis  c'est  Les  lauriers  vont  fleurir. 
Le  Paimpolais,  Plumons-la  donc,  En  revenant  de 
guerre,  etc. 

Et,  pour  finir,  la  Kaisériole,  sur  l'air  de  la  Carma- 
gnole :  «  Le  Kaiser  s'était  bien  promis  —  d'être  en 
sept,  huit  jours  à  Paris.  —  Mais  il  ne  l'a  pas  pu,  — 
grâce  au  Belge  têtu  »,  etc.,  etc. 

Vous  sentez  bien  qu'à  ces  couplets-là,  depuis  long- 
temps, la  verve  de  Botrel  avait  achevé  de  se  répandre 


XII 

dans  la  salle  et  de  se  réfléchir  sur  la  physionomie  de 
ses  auditeurs.  Ils  étaient  à  l'unisson,  et  sans  eff'ort,  dès 
qu'il  le  leur  demanda,  ils  commencèrent  de  chanter 
avec  lui.  Il  ne  les  quitta  pas  qu'ils  n'eussent  appris 
ses  refrains  les  mieux  cadencés  et  les  plus  limpides. 
Tout  le  monde  était  ravi,  et  c'est  de  bien  bon  cœur 
que  je  lui  donnai  l'accolade. 

—  Alors,  mon  cher  Botrel,  ce  bon  apostolat  de  la 
chanson,  vous  le  menez  depuis  plusieurs  semaines  ? 

—  Depuis  le  3o  août,  qui  est  la  date  où  le  ministre 
a  pris  sa  décision.  Voilà  mon  carnet  avec  les  attesta- 
tions des  chefs  militaires  qui  m'ont  accueilli.  Vous 
voyez  que  je  ne  me  suis  pas  reposé  un  seul  matin  ni 
un  seul  soir. 

—  Dites-moi,  Botrel,  ce  carnet,  voulez-vous  me 
permettre  de  le  feuilleter  à  mon  aise  ? 

J'ai  emporté  le  petit  agenda  à  l'hôtel.  On  y  trouve 
en  quelques  lignes  l'opinion  du  chef  de  service  chez 
qui  Botrel  a  chanté  ;  et  puis,  en  travers,  deux,  trois 
lignes  du  chansonnier  sur  sa  journée.  Quel  joli  bibe- 
lot, oh  !  pardon,  quelle  précieuse  et  touchante  relique 
de  la  guerre  sera  plus  tard  ce  modeste  livret,  témoin 
de  la  bonne  volonté  d'un  poète  et  des  plaisirs  de  nos 
blessés. 

Voulez-vous  avec  moi  y  jeter  un  coup  d'oeil  ?  Le 
i^r  septembre,  Botrel  part  de  Paris  à  i  h.  32  ;  il  arrive 
à  la  Ferté-Milon  à  4  heures,  il  est  obligé  de  retourner 
à  Paris  :  on  se  bat  vers  Villers-Cotteret,  et  l'armée 
anglaise,  protégée  par  son  artillerie,  défile  sur  la  voie. 
—  Le  2,  il  repart  de  Paris  à  6  heures,  pour  arriver  à 
T  oui  à  9  heures  du  soir.  «  Ville  absolument  fermée. 
Rien  à  manger  ni  à  boire.   Pas  d'hôtel.  »  Il  couche 


dans  la  gare.  N'est-ce  pas  que  cet  abrégé  donne  sché- 
matiquement  certaines  couleurs  de  la  guerre  ?  Le  3, 
le  4  et  le  5,  Botrel  chante  à  Nancy  au  milieu  des  am- 
bulances ;  le  6,  à  Mirecourt,  le  7  et  le  8  à  Epinal  et  à 
Neuchâteau,  au  pays  de  Jeanne  d'Arc.  Ecoutez  cette 
note  du  9  septembre  :  «  Parti  à  8  heures,  je  fais  à 
pied  les  cinq  kilomètres  qui  séparent  la  gare  et  Dom- 
remy.  Temps  idéal.  Deux  hommes  seulement  pour 
faire  les  foins.  Les  prés  sont  mauves  de  peilleuses  qui 
annoncent  déjà  l'automne.  Au  loin  le  canon.  Je  com- 
pose une  poésie  :  Che{  Jeanne.  » 

J'aime  cette  indication,  que  le  chanteur  des  foules 
sache  maintenir  autour  de  son  être  un  peu  de  désert, 
assez  d'espace  pour  que  sa  muse  et  le  pays  se  parlent. 
A  feuilleter  ensemble  plus  longuement  ce  carnet, 
nous  y  trouverions  beaucoup  de  traits  à  recueillir,  et 
qui  font  de  nous  tous  des  amis  de  Botrel.  Celui-ci  par 
exemple,  à  la  date  du  14  septembre  :  Botrel  a  chanté 
à  Brienne  devant  six  ou  sept  cents  éclopés  et  blessés 
du  dépôt,  et  le  médecin-chef  écrit  d'une  belle  écriture 
claire  :  «Résultat  inattendu  de  la  visite  de  M.  Botrel  : 
la  plupart  des  éclopés  ont  demandé  à  repartir  en 
avant.  N'est-ce  pas  le  meilleur  éloge  à  adresser  au 
chansonnier  ?  » 

Là-dessus,  j'ai  mis  le  carnet  dans  ma  poche  et  je 
suis  sorti  en  rêvant  que  Botrel,  ainsi  accepté,  ap- 
plaudi, entouré  par  le  plus  noble  et  le  plus  vrai  des 
publics,  agrandît  et  fortifiât  son  genre,  et  qu'il  ajoutât 
au  meilleur  de  son  acquit  ce  que  lui  proposent  de 
largement  national  les  moments  extraordinaires  où  il 
se  meut.  Le  voilà  côte  à  côte  avec  des  réalités  gran- 
dioses. Puisse-t-il  en  accueillir  la  leçon  1  Parlons  plus 


tiv 

net  :  je  voudrais  que  sa  chanson,  dorénavant  contînt 
quelque  semence  que  ses  rythmes  persuasifs  dépose- 
raient dans  les  esprits. 

Mais  qu'est-ce  que  je  veux  de  plus  ?  Tout  à  l'heure, 
au  manège,  quand  il  achevait  de  chanter,  j'ai  entendu 
un  capitaine  dire  à  mi-voix  :  «  Voilà  de  la  bonne  se- 
mence. Les  Allemands  s'en  apercevront.  » 

J'en  étais  là  de  mes  réflexions,  tout  en  suivant  le 
quai  de  la  Savoureuse,  quand  deux  soldats  s'arrêtent 
et  me  font  le  salut  militaire.  Naturellement,  je  leur 
tends  la  main  : 

—  Bonjour,  camarades  !  Vous  me  connaissez  ? 

—  Oui,  monsieur  Botrel. 

—  Non,  pas  Botrel.  Je  suis  son  ami  et  je  l'admire, 
mais  je  m'appelle  Barrés. 

—  Ah  !  Maurice  Barrés  !  ça,  c'est  bien  aussi. 

Le  «  ça  »  était  charmant  de  délicatesse,  de  désir  de 
plaire  !  Allons,  mon  cher  Botrel,  qu'est-ce  que  j'avais 
à  vouloir  secrètement,  dans  mon  esprit,  vous  con- 
seiller, vous  guider?  C'est  Grosjean  qui  veut  en  re- 
montrer à  son  curé.  Vous  menez  votre  affaire  admi- 
rablement. Votre  besogne  est  salubre.  L'Académie 
devrait  bien  vous  donner  un  joli  prix.  Et  vous,  un 
jour,  après  la  guerre,  est-ce  que  vous  ne  pourrez  pas 
me  faire  une  place  dans  l'une  de  vos  chansons,  en 
souvenir  de  notre  rencontre  à  Belfort  et  pour  m'in- 
troduire  dans  la  sympathie  de  cet  immense  public 

qui  vous  aime  ? 

Maurice  Barres, 

de  l'Académie  française. 
Novembre  1914. 


REFRAINS  DE  GUERRE 


i^^  série. 


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En  Bretagne. 


LES  CHANTS  DU  BIVOUAC 


HARDI,   LES  GAS! 


HARDI,  LES  GAS  ! 


Quoi  ?  Le  tocsin  tonne  à  l'église  ? 
C'est  donc  vraiment  le  branle-bas  ? 
Eh  bien  !  puisque  l'on  mobilise, 
Hardi,  les  gâs  I 

Le  Kaiser,  d'un  ton  de  rogomme, 
Vient  nous  provoquer  aux  combats  ? 
Rallions  tous  comme  un  seul  homme 
Hardi,  les  gâs  1 


Depuis  trop  longtemps  il  nous  berne 
Tout  en  faisant  le  fier-à-bras  ; 
Bouclons  le  sac  et  la  giberne  : 
Hardi,  les  gâs  ! 


Les  Aigles  de  l'Autriche  et  celles 
De  la  Prusse  planent,  là-bas  ? 
Rognons-leur  donc,  un  peu,  les  ailes  : 
Hardi,  les  gâs  ! 

Prise  d'une  sainte  colère, 
La  France  appelle  ses  soldats  ? 
C'est  bon  I  ne  tremble  pas,  la  Mère  : 
Voici  tes  gâs  ! 

Et  les  voilà  tous,  ô  Patrie  ! 
Prêts,  sitôt  que  tu  le  voudras, 
A  te  donner,  gaiement,  leur  Vie  : 
Hardi,  les  gâs  ! 

Et,  narguant  fatigue  et  souffrance. 
Chantant  pour  mieux  rythmer  le  pas. 
Comme  ils  vont  te  venger,  ma  France 
Hardi,  les  gâs  11  ! 

(Port-Blanc,  samedi  i"  août.) 


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MES  CLAIRONNEES 


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MES  CLAIRONNÉES 


N'attendez  pas  que  je  vous  plaigne 
Fiers  soldats,  rudes  matelots'; 
Que,  sur  votre  sort  ma  voix'geigne 
Avec  de  sombres  trémolos  ; 

N'attendez  pas,  mes  camarades, 
Que  j'aille  amollir  votre  ardeur 
Par  de  vaines  jérémiades 
Qui  ne  me  viendraient  pas  du  coeur 

Le  vin  tiré,  reste  à  le  boire  : 
Le  nôtre  est  tiré,  compagnons  ! 
Buvons-le  vite  à  la  victoire 
Finale  de  nos  bataillons! 


10 


Nous  n'avons  pas  cherché  la  guerre, 
Mais,  vingt  dieux  I  puisqu'on  nous  la  fait. 
Nous  ne  nous  arrêterons  guère 
Que  Guillaume  à  jamais  défait. 

Quand  l'Alsace  criait  :  «  A  l'aide!  » 

Sous  la  botte  de  ce  larron. 

Petit  sergent  de  Déroulède 

J'ai,  vingt  ans,  sonné  du  clairon  ; 

Et,  jusqu'à  ce  que  l'on  m'égorge. 
Tant  bien  que  mal  —  même  râlant  — 
Je  veux  sonner  à  pleine  gorge 
Comme  Déroulède  et  Roland; 

Et  ma  chanson,  alerte  et  pure. 

Rythmant  votre  sublime  essor 

Ne  s'arrêtera  —  je  le  jure  — 

Que  vous  triomphants...  ou  moi  mort  ! 


(Pont-Aven,  4  août.) 


LA  LETTRE   DU  SOLDAT 


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Allegro. 


LA  LETTRE  DU  SOLDAT 

Sur  la  chanson  «  La  lettre  du  gabier i  ». 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL. 


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«  Hier  ma -tin,  no-tre  com-man- 


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dant   Nous   a     dit   que    le      ré  -  gi-inent    S'en 


»^^^^=^  ;  I  r  I  ^"^^^^ 


al  -  lait  par  -  tir     à      la    guer-re  :    Par    la    pré- 

1  Georges  Ondet,  éditeur  de  l'accompagnement  de  piano,  Faubourg 
Saint-Denis,  83,  Paris. 


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-iL\}\>,  fj   r   p   ^-  -p-^-  -^   J^   P—  ''—h—  Y- 

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1 


sen-te,  vo-tre   fieu    S'en  vient  vous  di -re  son  a- 

e?!<re  <es  couplets 


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dieu.         Bon  -  ne  grand'  mè  -  re  I 


J'au- 


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dat,        Pour  la     Pa   -    tri    -    e  1  » 


I 

«  Hier  matin,  notre  commandant 
Nous  a  dit  que  le  régiment 
S'en  allait  partir  à  la  guerre  : 
Par  la  présente,  votre  fieu 
S'en  vient  vous  dire  son  adieu, 
Bonne  grand'mère  1 

II 

J'aurais  bien  voulu,  core  un  coup. 
Mettre  mes  bras  à  votre  cou 
Tout  comme  au  temps  de  mon  enfance, 
Mais,  l'un  et  l'autre,  oublions  pas 
Qu'à  présent  votre  petit  gâs 
Est  à  la  France  1 


III 

Paraît  qu'on  va  voir  les  Prussiens 
Avec  tout  un  tas  d'autres  chiens  : 
Ils  seront  battus  par  les  nôtres  1 
Si  je  vas  au  «  front  »,  faudra  voir 
Je  saurai  faire  mon  devoir 
Comme  les  autres  ! 


i5 


IV 

Toujours  d'attaque  et  point  bancal, 
Je  veux  revenir  caporal 
Ou,  naieux  encor,  sergent  peut-être  ! 
Avec  mes  galons  frais  cousus 
Je  rirais  si  vous  n'alliez  plus 
Me  reconnaître  t 

V 

Embrassez  pour  moi,  voulez-vous, 
La  Marie  aux  bons  yeux  si  doux. 
Celle  à  qui,  chaque  jour,  je  pense  ; 
Qu'elle  me  conserve  son  cœur  : 
Il  sera,  si  je  suis  vainqueur. 
Ma  récompense  I 

VI 

Adieu  !  pour  de  bon  cette  fois. 
D'autant  que,  vraiment,  je  ne  vois 
Plus  rien  autre  chose  à  vous  mettre... 
Jean-Louis, 

votre  petit  dernier. 
Qui,  sans  finir  de  vous  aimer, 
Finit  sa  lettre  I   » 

Vil 
Parlé  :  Post-scriptum. 

Si  je  meurs  (dam  !  faut  tout  prévoir  !  ) 
Priez  Dieu  pour  moi  chaque  soir 
Et  réconfortez  la  Marie  : 
Dites-vous  —  fières  de  cela  — 
Que  je  suis  mort  en  bon  soldat. 
Pour  la  Patrie  !  » 


LEURS  AMIS  ET  LES  NOTRES' 


LES   CHANTS  DU    BIVOUAC 


LEURS  AMIS  ET  LES  NOTRES 


C'en  est  fait  :  le  crime  est  commis. 
Guillaume  est  heureux  :  la  Camarde 
Avec  tendresse  le  regarde; 
Tous  les  vautours  sont  ses  amis  ; 

Les  nôtres  entrent  en  courroux 
Et  l'Europe  entière  se  ligue 
Afin  d'opposer  une  digue 
Entre  notre  agresseur  et  nous; 

Chacun  nous  amortit  le  choc  : 
Danemark,  Hollande  et  Norvège 
Veulent  garder  pure  leur  neige, 
L'Espagne  veille  le  Maroc; 

Contre  les  pandours  allemands, 
La  libre  Belgique  se  dresse. 
Son  Roi  —  beau  de  calme  jeunesse  — 
En  tête  de  ses  régiments; 


20 


Le  vaillant  petit  Luxembourg, 
Si  français  d'âme  et  de  culture. 
Vient  d'être  avec  désinvolture 
Envahi  dès  le  premier  jour  ; 

Et,  se  rappelant  Magenta, 
L'Italie  —  où  vas-tu,  Triplice?  — 
Ne  veut  pas  se  faire  complice 
D'un  si  misérable  attentat; 

L'Anglais  a  peine  à  contenir 
Sa  flotte  immense  et  redoutable. 
Et  la  Russie  est  formidable 
Qui,  vers  nous,  commence  à  venir  I 

Allemands,  tremblez  I  chaque  jour 
Un  maillon  s'ajoute  à  la  chaîne: 
Vous  serez  vaincus  par  la  Haine  ! 
Nous  serons  sauvés  par  l'Amour  ! 


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C'EST  TA  GLOIRE 
Q_U'IL  NOUS  FAUT!... 


23 


C'EST  TA  GLOIRE  QU'IL  NOUS  FAUT! 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  >. 
Allegretto. 


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Quand,  par    de  -  là     la    fron- 


pztTTjr^i   /'  .'   ^'1  J^i;^^^ 


tiè-re,       On  in -su! -ta     le    dra-peau,     Dans  un 


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é     * 


é  -  lan    de      co  -  le  -  re        Nouschan-tâ  -  mes 

REFRAIN,  en  chœur. 


^^^^^^=iL_nj^_i=i 


aus  -  si   -   tôt:      «C'est    la     guerr',  la  guerr',  la 


^^tr;>^;)|j  ;)_j_jf,ci!^=^ 


guer-re,     C'est  la  guer-re  qu'il  nous  faut;     C'est   la 


^—J^  r    î\J-Ji 


^ 


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guerr',  la   guerr',  la    guer-re,      C'est    la    guer-re 


entre  les  couplets     i"  pour  finir 


&»  j  ;'  I  ri53=iNN^^^ 


qu'il  nous  faut  I  »      Kx  -  pul-  faut  1 1 1  » 


1,  Pour  la  musique  d'accompagnement,  s'adresser  à  M.  Ondet,  éditeur, 
83,  Faubourg  Saint-Denis. 


Quand,  par  delà  la  frontière, 
On  insulta  le  drapeau, 
Dans  un  élan  de  colère 
Nous  chantâmes  aussitôt  : 

C'est  la  guerr',  la  guerr',  la  guerre. 
C'est  la  guerre  qu'il  nous  faut  ! 

Expulsons  du  territoire 
Le  kaiser  et  son  troupeau... 
Et  trinquons  à  la  victoire 
En  lichant  un  dernier  pot: 


C'est  à  boire,  à  boire,  à  boire, 
C'est  à  boire  qu'il  nous  faut  l 


25 


Et  voilà  gaiement  la  troupe 
Qui  s'en  va,  le  sac  au  dos  ; 
A  travers  la  plaine  on  coupe, 
Et  l'on  fredonne,  au  repos  : 

Cest  la  soup\  la  soitp',  la  soupe, 
C'est  la  soupe  qu'il  nous  faut  ! 


Quand  la  diane  sonne  :  «  En  route  !  » 
On  se  réveille  en  sursaut  I 
Camarade,  on  n'y  voit  goutte  ; 
Passe-moi  le  tord-boyau: 

Cest  la  goutt',  la  goutt',  la  goutte, 
C'est  la  goutte  qu'il  nous  faut  ! 

Tout  à  coup  une  décharge 
Nous  couche,  un  tas,  sur  le  dos... 
Le  clairon,  d'un  souffle  large. 
Nous  fait  frémir  jusqu'aux  os  : 

C'est  la  charg',  la  charg',  la  charge, 
C'est  la  charge  qu'il  nous  faut  ! 

Et  voilà  que  se  déclanche 
Le  fameux  plan  du  Pruscot  : 
Nous  fondrons  son  avalanche 
Car  nous  avons  le  cœur  chaud  : 

C'est  la  R'vanch'  la  R'vanch',  la  R'vanche, 
C'est  la  R'vanche  qu'il  nous  faut  l 


36 


France,  il  est  dans  ion  histoire 
Une  page  noire  en  trop  : 
France  !  il  nous  faut  la  victoire 
Pour  venger  notre  drapeau  : 

C'est  ta  Gloir',  ta  Gloir',  ta  Gloire, 
Cest  ta  Gloire  qu'il  nous  faut  ! 


FLEUVE  DE  LARMES 


FLEUVE  DE  LARMES 


Vive  Dieu  I  la  race  française 
Superbement  se  ressaissit 
Et,  fredonnant  la  Marseillaise 
En  vérifiant  son  fusil, 


Elle  s'élance  à  la  Frontière 
Que  viole  un  lâche  ennemi. 
Farouche,  résolue  et  fière 
Comme  ses  «Anciens»  de  Valmyl 


iLiiUi  il  m  1.1    II  iiiiiilli 


...Mais  les  épouses  et  les  mères 
Qui,  jusques  au  dernier  moment, 
Cachaient  leurs  angoisses  amères 
En  souriant  stoïquement. 

Les  vaillantes  de  tout  à  l'heure. 
Les  longs  trains  disparus  au  loin. 
Vite,  ont  regagné  leur  demeure. 
Se  terrant  chacune  en  son  coin  ; 

Et  les  pleurs  de  désespérance 
Ruissellent  dans  tous  les  logis: 
Tous  les  yeux  des  femmes  de  France, 
Tous  les  yeux  aimés  sont  rougis! 


Et  c'est  un  spectacle  tragique!... 
Larmes  chaudes  tombant,  ici, 
Tombant  en  Russie,  en  Belgique, 
En  Angleterre...  en  Prusse  aussi  ! 


3i 


Pleurs  de  la  fille  et  de  la  Veuve, 
Fleuve  salé  toujours  montant. 
Jusqu'où  dois-tu  monter  —  ô  Fleuve  !  — 
Pour  que  le  Kaiser  soit  content  ? 


Monte!...  Et  débordel...  Et,  lourd  d'alarmes 
—  Dieu  t'ayant  crié:  Halte-là I  — 
Va-t'en,  dernier  Fleuve  de  larmes, 
Nover  le  dernier  Attila! 


(Guingamp,   ii  Août  1914.) 


GUILLAUME 
S'EN  VA-T-EN  GUERRE 


LES    CHANTS   DU    BIVOUAC 


A  A  A. 


GUILLAUME  S'EN  VA-T-EN  GUERRE 

Sur  l'air  de  «  Malbrough  ». 

Guillaum'  s'en  va-t-en  guerre 
(Colossal,  ya,  ya,  colossal) 
Comme  un  tigre  en  colère 
Ou  comme  un  vieux  chacal,  (ter.) 

Il  possède  une  Armée 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale) 
Qui  n'est  disciplinée 
Qu'  par  la  «  schlague  »  nationale. 


Il  possède  un'  Marine 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale) 
Dont  l'Anglais,  j'imagine, 
S'ra  bientôt  l'Amiral  1 


36 


Il  possède  un  Kronprinz...e 
(Colossal,  ya,  ya,  colossal) 
A  qui  notr'  soixante-quinze 
Bouche  un  coin  magistral  1 


Du  «  front  »  jusqu'à  «  l'arrière  » 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale) 
Taillons-lui-z-un'  croupière. 
Qu'il  en  crèv',  l'animal  I 

Qu'  Madame  à  sa  tour  monte 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale) 
Et  qu'un  corbeau  lui  conte 
Le  grand  deuil  impérial  ; 

«  Maudit  par  tout's  les  mères, 
(Colossal,  ya,  ya,  colossal), 
J'  l'ai  vu  porter-z-en  terre 
Par  ses  quat'  Maréchals  : 


37 


L'un  portait  son  épée 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale) 
Quoique  de  sang  trempée. 
Ce  n'est  qu'un  vieux  «  bancal  »  ; 

L'autre  son  casque  à  pointe 
(Colossal,  ya,  ya,  colossal) 
Et  sa  cuirass'  disjointe 
Par  le  grand  coup  final  ; 

L'  troisièm'  portail  sa  veste 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale  !  !  1) 
Et  le  dernier  qui  reste 
Ne  portait  que  peau  d'  balle  ! 

La  cérémonie  faite, 
(Colossale,  ya,  ya,  colossale) 
Les  Quat'-z-AUiés,  en  fête. 
Dans  un  chant  triomphal 

Ont  dit  leur  Joie  profonde 
(Colossale,  hurrah  !  colossale!) 
D'avoir  purgé  le  Monde 
De  ce  monstre  infernal  !  » 


LES  COIFFES  BLANCHES 


4» 


Allegretto. 


A  nos  dévouées  ambulancières. 
LES  COIFFES  BLANCHES 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  K 


^^Ep^^gE^=q=^_ji:^,^ 


Pe  -  ti    -   tes     coif  -  fes     mi- 


i 


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^^^t^ 


gnonnes  Que  chez  nous  l'on  garde  en-  cor,Vousqui 

poco  raU. 


m=^  JLjUrr*^  >\  .^  ^^^ 


met-tez  des  cou-ronnes  Au  front  des    fil  -  les  d'Ar- 

,    ^        adagio 


feè 


f^J^^>^ 


^Ei^ 


vor,  Dans  les     sen-tiers,  sous  les  branches, Pleins  d'a- 

^^        7 empo  bien  rythmé 


^IH!=^=^=J^=:^=^^=j^=j>=^^ 


*: 


joncs  é  -  tin  -  ce  -  lants,  Vo  -  lez,     vo  -  lez,  coif- fes 

adagio 


^m. 


j?=^-i)-^^i&^ 


^ 


3^ 


blancheSjComme  des   pa-pil-lons    blancs. ..Vo- lez 


i 


^M-r;   i^  >^  ^^^3 


en/re  les  couplets  ^        pour  /înir         j 


^m 


:^2 


beaux  pa -pil-lons       blancs!        blancs! 


1  La  musique  d'accompagnement    est    éditée  par   la  Lyre  bretonne, 
83,  Faubourg  Saint-Denis,  Paris. 


I 

Petites  coiffes  mignonnes 
Que  chez  nous  i'on^garde  encor, 
Vous  qui  mettez  des  couronnes 
Au  front  des  filles  d'Arvor, 
Dans  les  sentiers  sous  les  branches. 
Pleins  d'ajoncs  étincelants, 
Volez,  volez,  coiffes  blanches. 
Comme  des  papillons  blancs... 
Volez,  beaux  papillons  blancs  1 


II 

Grandes  coiffes  des  aïeules, 
A  vous  nos  saluts  fervents, 
A  vous  qui  rayonnez  seules 
Dans  nos  souvenirs  d'enfants. 


43 


Grandes  ailes  qui  se  penchent 
Sur  les  berceaux  chancelants. 
Volez,  volez,  coiflfes  blanches. 
Comme  des  papillons  blancs... 
Volez,  vieux  papillons  blancs  l 

III 

Fines  coiffes  de  dentelles 
Des  promises  au  cœur  pur, 
O  vous  à  travers  lesquelles 
Apparaît  un  peu  d'azur. 
Quand  nos  filles,  les  dimanches. 
Dansent  avec  leurs'galants. 
Volez,  volez,  coiffes  blanches. 
Comme  des  papillons  blancs!... 
Volez,  gais  papillons  blancs  ! 


44 


IV 

Coiffes  de  nos  sardinières 
Que  les  pêcheurs  voient  toujours 
Les  dernières,  les  premières. 
Aux  départs  comme  aux  retours. 
Sur  les  yeux  couleur  pervenches, 
Près  des  flots  ensorcelants, 
Volez,  volez,  coiff"es  blanches. 
Comme  des  papillons  blancs!... 
Volez,  doux  papillons  blancs! 


Et  vous,  coiffe  humble  et  sévère 
De  la  sœur  de  Charité, 
Blanc  bonnet  d'ambulancière 
Par  la  Croix-Rouge  abrité. 
Dans  l'ouragan  des  Revanches, 
Vers  tous  les  blessés  sanglants. 
Volez,  volez,  coiffes  blanches. 
Comme  des  papillons  blancs... 
Volez,  chers  papillons  blancs  ! 


VAS-Y,  MON  HOMME! 


VAS-Y,  MON  HOMME  ! 

Musique  de  ANDRÉ  COLOMB  >. 


â^tzjrj^^bibi^'    J  I  J—i^ 


* 


«Je      t'é  -  cris  c'bil-let,  mon  bon  Jean,  Pour   te 


rii^'i^'^-T^^'yWrrp^^^ 


dir' que    je    suis  ben   fiè-re  D'apprendr' qu'on  t'a  nom- 


^^1^^^^^^^^^-=^^-^-^ 


mé   ser-gent        Pour  ta      bell'  con-duite    à        la 

'  L'accompagnement  pour  piano  est  édité  par  M.  Ondet,  83,  Fau- 
bourg Saint-Denis. 


48 


Allegretto. 


^^^J^^^^^^^JXT^F^ 


guer-re.  Tout      ça,  du  rest',  ne  m'étonn'  pas,  Car  de  tous 


$ 


les  homm'sdu  vil  -  la  -  ge     T'es  non  seul'ment 


^^^^^^^^^Ù 


le  plus  beau  gâs.  Mais 'cor  c'ti    -    là    Qu'al'plusd'cou- 

Lourd. 


JS^MI;-   J-^^g=ff3 


ra    -    ge  ! 


Vas  -  y,   mon  homme,et  cogn' dans 


i 


fe^^^^^ 


fc=f 


^T=^ 


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l'tas  1  Moi,    je  n'pleurnich'    ni       ne     sou  -  pi  -  re 


^m 


^ 


ii=i-- 


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i 


^ 


Tu  fais  ton  d'voir  lors-que  tut'batsPMoi,  je  faisl'mien 


^=p=f-]^^^m 


quand  j'ai  l'sou  -  ri  -   re  1  » 


I 

«  Je  t'écris  c'billet,  mon  bon  Jean, 
Pour  te  dir'que  je  suis  ben  fière 
D'apprendr'qu'on  t'a  nommé  sergent 
Pour  ta  bell'conduite  à  la  guerre; 
Tout  ça,  du  reste,  n'm'étonn'pas, 
Car  de  tous  les  homm's  du  village 
T'es  non  seul'ment  le  plus  beau  gâs 
Mais,  'cor  c'ti-là  qu'a  l'plus  d'courage. 


M 


>:!Sô^.iW: 


>  ^. 


3kl,~t 


Vas-y,  mon  homme  et  cogn'dans  l'tas  ! 
Moi,  je  n'pleurnich'ni  ne  soupire  : 
Tu  fais  ton  D'voir  lorsque  tu  t'bats... 
Moi  je  fais  l'mien  quand  j'ai  l'sourire  1 


II 

«Par  chez  nous,  à  c't'heure,  entre  voisins 
On  ne  fait  plus  qu'un'famille  unique  : 
Ya  plus  d'poivrots,  plus  d'assassms. 
On  n'caus'plus  jamais  politique. 
Nos  blés  sont  coupés  d'puis  lundi, 
Ben  engerbés,  ben  mis  en  meule  : 
Avec  notr'fieu  qui  s'dégourdit 
J'pourrai...  bientôt...  les  rentrer  seule; 

C'est  un  petit  homme  aux  bras  musclés  : 
Les  pieds  d'aplomb  dans  ses  galoches 
Il  m'a  dit,  hier  :  j'vas  battre  les  blés 
Pendant  que  l'pèr'  va  battr'  les  Boches! 

LES   CHANTS   DU    BIVOUAC 


5o 


III 

«  Et  puis,  grand'nouvell'pour  la  fin, 
Cherche  voirl  devin'devineite  !.  . 
Eh  ben  I  voilà:  depuis  c'matin 
T'es  papa  d'un'gross'pouponnette! 
EU'te  ressemble;  oh  1  que  c'est  ben  toi  ! 
Elle  a  tes  bons  grands  yeux  que  j'aime 
Et  comme  elle  est  solid',  ma  foi. 
On  t'espér'ra  pour  le  baptême  ; 

Adieu,  mon  homm'l  Fais  pour  le  mieux  I 
J'finis  ma  lettr':  v'ià  la  nuit  noire. 
Tâch'de  revenir  victorieux 
Pour  que  la  p'tit'se  nomme  Victoire  !  » 


LA  TERRE  NATIONALE 


LA  TERRE  NATIONALE 

Réponse  à  !'«  Internationale  ». 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  K 


Mouvement  de  Marche  accélérée. 


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M-ifH  ;■'  ;»  jj^ 


ëEÎEÈ 


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De  mê-me  que  du  fond  de 


^  r  i  iAu-=i^-^^^=f=i^m 


l'â  -  me  Nous  n'ai-mons  d'un     a-veugle   a- 


1 


mour  Que    la  vail-lante  et     no-ble  fem-me 


ji+^-v^=F^j  j-'  ji|  r^ 


Qui,  ja-dis,  nous  don  -  na      le     jour, 


*  L'accompagnement  pour  piano  est  édité  par  M.  Mazo,  8,  Boulevard 
Magenta,  Paris. 


54 


^^^g|^^gip^i^ 


Dans  l'u  -  ni-vers   en -lier,  de  même  II  n'est  sous 


^^^^m^^^^^^ 


le     bleu  fir-ma-ment     Qu'u-ne      seu  -  le       ter- 


^p'^^^ï^^î^îm^^^^^^^ 


re  qu'on  aim'  Comme  une     se-con-de  ma-  man. 

REFRAIN,  en  chœur. 


C'est  la    ter  -  re  na-ti-o  -  na-le,     Qui  de  nos 


& 


t-=* 


rg       ^:     *^  l_g 


-m- ^ 

morts  est    l'im-men-se     tom-beau;       Pour  gar- 


#. :0'  — •-- ' • -^ J—J jti 9 ^ • • •— — ^# ' 

la    ter  -  re     na  -  ta     -      le      Soy-ons  tous 


der 


^^m^^^^ 


prêts     à      ris  -  quer    no  -  tre    peau,         Pour  la 


te=i^ji^feg^^N^Fto^^ 


1» 

ter-  re       na  -  ti    -    o   -   na  -  le,    Ser-rons    nos 


t.^^— J— J)-ii 


fc=S 


a^ 


rangs  sous     le      mê  -  me    dra  -  peau  1 


55 


I 

Ue  même  que  du  fond  de  l'âme 
Nous  n'aimons  d'un  aveugle  Amour 
Que  la  vaillante  et  noble  femme 
Qui,  jadis,  nous  donna  le  jour, 
Dans  l'Univers  entier,  de  même 
Il  n'est  sous  le  bleu  firmament 
Qu'une  seule  Terre  qu'on  aime 
Comme  une  seconde  maman  : 

C'est  la  Terre  nationale 
Qui  de  nos  morts  est  l'immense  tombeau  ; 

Pour  garder  la  Terre  natale 
Soyons  tous  prêts  à  risquer  notre  peau  : 

Pour  la  Terre  nationale 
Serrons  nos  rangs  sous  le  même  drapeau  ! 

II 

C'est  la  Terre  douce  et  féconde 

Oiî  la  brise  de  Messidor 

Fait  onduler  la  Moisson  blonde 

Comme  un  Océan  d'épis  d'or. 

C'est  la  Terre  où,  tous  les  Automnes, 

La  vigne  cuite  au  gai  soleil 

Verse,  joyeuse,  à  pleines  tonnes. 

Au  monde  entier  son  sang  vermeil  1 

C'est  la  Terre. 

III 

C'est  la  verdoyante  campagne 
Qu'à  Tolbiac  sauva  Clovis  ; 
C'est  la  Terre  de  Charlemagne, 
De  Roland,  du  «  bon  Roi  Loys  »  ; 


56 


C'est  la  Terre  qui,  déchirée, 
Vit  soudain  bondir  au  rempart 
Duguesclin,  Jeanne  l'Inspirée 
Et  le  fier  chevalier  Bayard  ! 

C'est  la  Terre. 

IV 

C'est  la  glèbe  ardente...  et  jalouse 
Des  Libertés  de  ses  sillons  : 
La  Terre  qu'en  Quatre-vingt-douze 
Sauvèrent  ses  fils  en  haillons  1 
C'est  la  Terre  de  sang  trempée 
D'où  la  Grande  Armée  en  fureur 
Surgit,  mûre  pour  l'Epopée, 
A  la  voix  de  son  Empereur  : 

C'est  la  Terre. 

V 

C'est  la  Terre  hier  mutilée 
En  repoussant  l'envahisseur  ; 
La  Terre  aujourd'hui  violée 
Par  le  même  lâche  agresseur  ; 
Mais  notre  France  est  immortelle  : 
Pour  la  défendre  et  la  venger. 
Français,  —  fraternises  dans  Elle  — 
Entourons  la  Mère  en  danger  ! 

C'est  la  Terre  nationale 
Qui  de  nos  morts  est  l'immense  tombeau; 

Pour  garder  la  Terre  natale 
Soyons  tous  prêts  à  risquer  notre  peau  : 

Pour  la  Terre  nationale 
Serrons  nos  rangs  sous  le  même  drapeau  1 


KÉNAVO,  BRETAGNE! 


KÉNAVO,  BRETAGNE  M 

I 

Kénavo  1  Kénavo,  Bretagne  t 

Ton  cœur  tiède  est  trop  loin  du  «front*, 

Je  pars;  les  Belges  font  campagne: 

Avec  eux  ils  m'enrôleront. 

«Les  Bretons  ont  des  cœurs  fidèles» 

Leur  ai-je  dit  sur  tous  les  tons: 

Prouvons,  en  ces  heures  cruelles, 

La  Fidélité  des  Bretons! 


II 

Kénavo!  Kénavo,  ma  «douce»; 
Que  tes  pleurs  de  tes  yeux  rougis 
Roulent,  tout  doux  et  sans  secousse 
Comme  au  fond  de  tous  nos  logis  ; 
Mais  que  l'âpre  Désespérance 
N'amollisse  jamais  ton  cœur: 
Dieu  protège  à  nouveau  la  France 
Et  la  France  sera  Vainqueur  ! 


'  Adieu,  Bretagne  ! 


6o 


III 
Kénavol  Kénavo,  ma  Muse 
Reste  en  Bretagne  et,  de  ce  jour, 
Jamais,  jamais  plus  ne  t'amuse 
A  rimer  de  doux  vers  d'amour. 
Un  grand  «Chant  de  Geste»  commence 
Dont  tu  n'entends  qu'un  faible  écho: 
Le  Canon  couvre  la  romance  I 
La  lyre  a  fait  place  au  flingot  1 

IV 

Jusques  à  la  fin  de  la  Guerre 
(la,  vat:  bete  finn  arBrezel)  ' 
Adieu,  ma  Bretagne  si  chère  1 
(Kénavo  d'it,  ô  Breiz-Izel!)  ' 
Prépare  un  laurier  de  Victoire 
A  chacun  de  les  fiers  enfants 
Pour  le  jour  où,  soûlés  de  Gloire, 
Nous  te  reviendrons,  triomphants  ! 
(Rennes,  le  i6  Août.) 

'  Oui  bien  :  jusqu'à  la  fin  de  la  Guerre. 
2  Adieu  à  toi,  o  Basse-Bretagne  1 


En  Belgique... 


SALUT,  BELGIQUE  ! 


SALUT,  BELGIQUE 


Salut,  Bruxelles!  Me  voici! 
Veux-tu  de  moi,  Belgique  aimée  ? 
Si  oui,  vite  un  sabre,  un  fusil 
Et  ma  place  au  front  de  l'armée  ! 

Je  t'avais  dit  l'hiver  dernier 
Que  je  te  reviendrais  peut-être... 
C'était  au  mois  de  Février  : 
Août,  déjà,  me  voit  reparaître. 

Parce  que  ton  coeur  tourmenté 
Pleure  du  sang  mêlé  de  larmes. 
Moi,  qui  partageai  ta  gaieté, 
J'accours  partager  tes  alarmes. 

Fais  de  moi  ce  que  tu  voudras  : 
Ma  France  première  servie 
Je  viens  t'offrir  mon  cœur,  mon  bras, 
El,  s'il  te  le  fallait,  ma  vie. 


LES    CHANTS    DU    BIVOUAC 


66 


A  tes  fils  souvent  j'ai  chanté  : 

«  Les  Bretons  ont  des  cœurs  fidèles.. 

Du  pays  de  Fidélité 

Vois  :  mes  chansons,  à  tire  d'ailes, 

S'en  viennent,  par  ce  triste  soir. 
Douces  alouettes  bretonnes, 
Te  crier  leur  joyeux  :  Espoir 
Sous  le  bec  des  Aigles  teutonnes  1 

Lorsque  le  Fourrier  de  la  Mort 
Lance  ses  hordes  cannibales, 
Tout  est  bon  qui  meurtrit  et  mord  : 
Les  chansons,  aussi,  sont  des  balles  I 

Je  périrais  d'angoisse  au  loin  : 
Laisse-moi  rêver  ta  Victoire 
Humblement  perdu  dans  un  coin 
Ainsi  que  mon  «  petit  Grégoire  ». 

Et,  là,  peut-être  —  dans  le  rang  — 
Viennent  des  heures  triomphales 
Graver  mon  nom  de  barde  errant 
Dans  tes  glorieuses  Annales, 

En  succombant  avec  fierté 

(Si  tel  est  mon  Destin  tragique), 

Pour  ma  France  et  ta  Liberté 

«  Sous  l'étendard  de  la  Belgique  !  » 


(Bruxelles,  i8  août.) 


SUR  LA  ROUTE  DE  LOUVAIN 


SUR  LA  ROUTE  DE  LOUVAIN... 

Sur  l'air  populaire  «  Sur  la  route  de  Louviers  ». 
Solo  Chœur 


m^=jL^^^=LMSIh^j_jii^^^ 


m 


Sur    la     rou-te      de    Lou-vain,  Sur    la 

^-^  Solo 


m 


^ 


rou  -  te      de     Lou-vain, 
Chœur 


Con-tre    mill'  nous 


^^P^^l^g^pi 


é-tionsvingt,        Con-tre  mill' nous  é-tions vingt. 
Solo  Chœur  Solo 


^ 


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Un'  p'tit'    lai  -  tièr',  Un'  p'tit'    lai  -  tièr'  Près 
Chœur 


^==^^J,^E^^P  I  P     .f^TZg 


d'nous  s'en  vint,fprès  d'nous  s'en  vint,TUn'  l-p'tit'   lai- 


70 


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Solo 


'^^ 


^. 


tièr' près  d'nous  s'en   vint  Dans    sa     p'tit    voi- 

Chœur  ad  libitum  D.  C. 


^ 


--X 


^^=^cî^^^ 


ture       à  chiens,  chiens,chiens,etc- 


1^! 


I 

Sur  la  route  de  Louvain  (bis) 
Contre  mill'  nous  étions  vingt  (bis) 
Un'  p'tit'  laitière  (bis) 
près  d'  nous  s'en  vint  (bis) 
Un'  p'tit'  laitier'  près  d'  nous  s'en  vint 
Dans  sa  p'tit'  voiture  à  chiens  ! 

II 

—  «  Sur  vos  joues  couleur  carmin  (bis) 
Un  baiser  ça  f  rait  du  bien  »  (bis) 

—  «  Mon  amoureux  (bis) 

n'en  saura  rien  (bis) 
Mon  amoureux  n'en  saura  rien  : 
S'il  le  sait  dira  qu'  c'est  bien  I  » 


III 

—  «  Un  peu  d'  lait  ça  vous  soutient  (bis) 
Quand  on  a  grand  soif,  grand  faim  »  (bis) 

—  «  Prenez-en  vite  (bis) 

et  buvez  bien  :  (bis) 
Prenez-en  vite  et  buvez  bien  : 
Ça  vaut  mieux  qu'un  verr'  de  vin  !» 


IV 

«  Prenez  tout;  ne  m'  laissez  rien  (bis) 
Ne  m'  laissez  que  mes  bons  chiens  ;  (bis) 

Ces  deux-là  sont  (bis) 

pour  les  Prussiens  (bis) 
Ces  deux-là  sont  pour  les  Prussiens  : 
Quand  ils  mordent,  ils  mordent  bien  !  » 


V 

Elle  a  lâché  ses  bons  chiens  (bis) 
Dans  r  mitan  des  rangs  prussiens:  (bis) 

Comme  à  la  chasse  (bis) 

aux  gros  lapins  (bis) 
Comme  à  la  chasse  aux  gros  lapins 
Ont  mordu  dans  l'arriér'-train  1 


72 


VI 

Tant  mordu  jusqu'au  malin  (bis) 
Qu'ils  sont  morts  sur  le  chemin  (bis) 

Empoisonnés  (bis) 

c'est  bien  certain  (bis) 
Empoisonnés,  c'est  bien  certain, 
D'avoir  mangé  du  Prussien  1 


(Malines,  20  août.) 


LES  FAUVES 


LES  FAUVES 

(Sonnet  composé  dans  le  célèbre  Jardin  zoologique  d'Anvers, 
le  21  août  1914.) 


Durant  qu'en  toute  la  Belgique 
Corps,  cœurs,  maisons,  tout  est  meurtri, 
Dans  le  Jardin  Zoologique 
Tout  est  doux,  et  tiède,  et  fleuri  ; 


76 


Le  tigre  n'a  rien  de  tragique  : 
Il  va,  vient,  sans  pousser  un  cri; 
Le  lion  rêve,  nostalgique  ; 
L'ourson  danse  et  la  hyène  rit  ; 

Et  chez  eux  parfois  je  me  sauve 
De  l'homme  barbare  :  le  fauve 
Semble  avoir  plus  d'humanité; 

Et  je  trouve  injuste,  et  j'enrage 
De  voir  les  carnassiers  en  cage 
Quand  Guillaume  est  en  liberté! 


AUX  SOLDATS  BELGES 


AUX  SOLDATS  BELGES 


Vaincus,  vous  ?...  qui  donc  a  dit  ça 
Ce  pendant  qu'en  pleine  épopée 
Nul  et  rien  encor  n'émoussa 
Ni  votre  ardeur,  ni  votre  épée  ? 


Vous  avez  fait,  oui,  lentement. 
Un  contre  mille,  une  retraite 
Devant  le  sinistre  Allemand, 
Afin  que  la  France  soit  prête. 


8o 


Prête  à  bondir,  prête  à  venger 
Aerschot*,  Louvain,  Termonde  et  Liège  ; 
Vous  avez  su  la  protéger  : 
A  présent,  qu'Elle  vous  protège  ? 

Jetez-vous  dans  ses  bras  ouverts  ; 
Prenez  ses  palmes  de  Victoire 
O  sublimes  enfants  couverts 
De  sang,  de  poussière  et  de  Gloire  1 

Savourez  vos  premiers  succès 
Qui  vous  ont  conquis  à  la  ronde 
L'amour  délirant  des  Français 
Et  l'admiration  du  Monde  ! 

Comptez  vos  Morts...  mais  n'allez  pas 
Les  pleurer  ceux-là  que  j'envie 
D'avoir,  par  un  noble  trépas, 
Mérité  l'éternelle  Vie. 

Laissez  votre  Roi  tendre  et  fort 
Auprès  de  sa  douce  Egérie 
Vous  préparer  l'ultime  effort 
Qui  délivrera  la  Patrie, 

Prouvant  jusqu'au  bout,  conquérants 
A  l'Ame  farouche  et  stoïque. 
Que  les  «  petits  Belges  »  sont  grands 
Comme  les  Héros  de  l'Antique  1 

'  Prononcez  «  Erkott  ». 


ALLONS,  PLUMONS-LA  DONC! 


LES    CHANTS    DU    BIVOUAC 


A  710S  fidèles  et  vaillants  Alliés. 


ALLONS,  PLUMONS-LA  DONC!... 

Sur  l'air  populaire  «  Allons,  plumons-la  donc,  l'allouette  tout  du  long 
„  u    Chœur 0 


^ 


r. M é^ •— 


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Al- Ions,  plumons-la   donc,  L'Ai-gle     bo-che, 


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l'Ai-gle    bo-che,  Al-lons,  plumons-la  donc,  L'Ai-gle 
FIN  Solo 


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bo-che  tout  du  longl  La    Bel-gique  a    plu- 


84 


'^^^^^^^ 


S^ 


mé    l'u  -  ne    des  patt's  à      Lié  -  ge,  An  -  vers   a 

Chœur < 


plu-mé  l'autre  a-vant   la      fin    du     siè-ge.   Al- 


Allons,  plumons-la  donc, 
L'Aigle  «boche»,  l'Aigle  «boche», 
Allons,  plumons-la  donc, 
L'Aigle  «boche»  tout  du  longl 


85 


I 

La  Belgique  a  plumé  l'une  des  patt's,  à  Liège: 
Anvers  a  plumé  l'autre  avant  la  fin  du  siège! 


II 

L'Angleterre  a  déjà  retenu  l'aile  droite 

Qu'elle  plume  en  détail  d'une  manière  adroite! 


III 


Allons... 


Allons. 


L'aile  gauche  est  à  toi.  Français,  allume  !  allume  ! 
S'agit  de  la  plumer,  jusqu'au  sang,  plume  à  plume  ! 

Allons... 

IV 

Victorieux,  le  Russe  aura  pour  récompense, 

La  joie  d'  lui  plumer  1'  dos,  et  la  queue,  et  la  panse! 

Allons... 


Nous  l'écartèlerons,  ensuite,  à  demi-morte, 
Comme  l'on  cloue,  chez  nous,  les  chouett's  sur  les  portes! 

Allons... 


sous  L'ÉTENDARD 
DE    LA    BELGIQUE 


sous  L'ÉTENDARD  DE  LA  BELGIQUE 

Marche  de  la  jeune  armée  belge. 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  K 
„  Solo 


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j)    ai  D    n- 


feÈ 


Fils  d'une  an-tique  et    no  -  ble 


ra-ce      Que  nul    ja-mais      n'as-ser-vi  -  ra. 


1  L'accompagnement   pour   piano   est   édité   par   la    Lyre    Bretonne, 
83,  Faubourg  Saint-Denis,  Paris. 


90 


[^-i!-^U--=^^m^=^i^^^=m 


Nous  sommes    la  moisson     vi-va-ce      Que  l'a-ve- 

REFRAIN 


p-^f^^^^jLlfJl^^^ 


nir    en-gran-ge  -  ra. 
Chœur 


Sous  l'é  -  ten-dard  ché  -  ri 
Solo 


*^ — ■*■    f.      û      \]  '     ^    ^^ 


de     la    Bel-gi-que,    Ser-rant,  toujours, les  rangs 
Chœur  \         ,, —  k      \       \        ^       h 


m 


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cœur  con-tre  coeur,       No-tre   jeu- nés -se  forte 


et  pa-ci  -  fî-que        De  tout  lâche  a  -  gres-seur 
Solo 


.  1^  I  SOLO 


^i^nr'^PT^'' 


^=^ 


m 


Se  -  ra  vain-queur.  Dans  un    fa-rouche  é  -  lan 
Chœur  \        ,. — .  ,         Solo 


jv 


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pa-tri-  o  -  ti -que.  Tous,  fra -ter- nel  -  le-ment, 
Chœur  s  ,  \       \       ^        J^       |^       ,■ — ^ 


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Pe-tits    et  grands.  Sous  l'é  -  ten-dard  ché-ri 


9' 


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de       la     Bel  -  gi-que,     Wal-lons,  Flamands, 


^^-=àEêi 


m 


1^   ^'  FdJ 

Ser-rons    les    rangs! 

I 

Fils  d'une  antique  et  noble  race 

Que  nul  jamais  n'asservira 
Nous  sommes  la  moisson  vivace 

Que  l'avenir  engrangera. 

Rejrain. 

Sous  l'étendard  chéri  de  la  Belgique 
Serrant  toujours  les  rangs,  cœur  contre  cœur, 
Notre  Jeunesse  forte  et  pacifique 
De  tout  lâche  agresseur 

Sera  vainqueur  I 
Dans  un  farouche  élan  patriotique 
Tous,  fraternellement,  petits  et  grands, 
Sous  l'étendard  chéri  de  la  Belgique, 

Wallons,  Flamands, 

Serrons  les  rangs  ! 


II 

Nous  chérissons  la  Paix  féconde 
Au  Monde  entier  tendant  les  bras 

Mais  quand,  trahi,  le  lion  gronde 
Nous  bondissons  prêts  aux  combats... 

Sous  l'étendard. 


92 


III 

Pour  le  Pays  luttons  sans  cesse  ! 

Avec  courage,  avec  fierté 
Suivons  le  Roi  de  la  Jeunesse 

Ayant  la  Grâce  à  son  côté  ! 

Sous  l'étendard. 

IV 

Que  Dieu  nous  guide  et  nous  soutienne 

Et  nous  serons  victorieux  : 
N'avons-nous  pas  la  Foi  chrétienne  ? 

L'exemple  aussi  de  nos  Aïeux  ? 

Sous  l'étendard. 


Jusqu'à  nos  minutes  dernières 

Nous  défendrons  les  Libertés 
Que  le  sang  versé  par  nos  Pères 

A  fait  germer  dans  nos  Cités  1 

Sous  l'étendard. 


UN    HEROS    BELGE 

(le  commandant  gilson) 


a.c 


>-^^7^ 


UN  HÉROS  BELGE 
(le  commandant  gilson) 

Après  trois  semaines  d'un  siège 
Qui  stupéfie  l'Univers 
Les  braves  défenseurs  de  Liège 
Ont  ordre  de  gagner  Anvers. 


Mais  la  Retraite  est  rude  et  lente 
Et  l'Ennemi,  féroce  et  prompt, 
Monte  une  garde  vigilante 
Nous  traquant  de  flanc  et  de  front. 

La  route  d'Aerschot  *  occupée 
Et  tout  finit  tragiquement 
Car  c'est  la  Retraite  coupée 
Qu'escompte  déjà  l'Allemand. 


•  Prononcez  «   Erkott 


96 


Quoi  I  pour  toute  l'arriére-garde 
Est-ce  la  Mort  ?  ou  la  prison  ? 
Non  I  entre  nous  et  la  Camarde 
Un  Héros  s'est  dressé  :  Gilson  ! 


11  est  là  dans  une  tranchée 
Avec  cent  cinquante  soldats, 
Compagnie  à  demi  fauchée 
Qui  combat  sur  ses  morts  en  tas. 

On  n'est  plus  bientôt  que  quarante 
Dans  le  fond  du  sombre  ravin... 
On  vise,  on  tirel  —  Plus  que  trente  I 
Qu'importe  ?...  Et  l'on  n'est  plus  que  vingt 


Vingt  grandes  âmes  orgueilleuses 
Seules  contre  dix  escadrons 
Sous  le  feu  de  dix  mitrailleuses 
Et  de  huit  pièces  de  canons  I... 


Gilson  dit  :  «  Fuyez  !  Moi,  je  reste  I  » 
Mais,  tous,  ont  froncé  le  sourcil 
En  esquissant,  muets,  le  geste 
D'un  serment  sur  leur  bon  fusil; 


Et  c'est  une  froide  tuerie 
De  Hulans  et  d'artificiers; 
Le  chef,  lui,  par  coquetterie, 
S'est  réservé  les  officiers  ; 


97 


On  n'est  plus  que  douze...  Qu'importe  ! 
On  tient  :  on  tiendra  jusqu'au  bout  I 
Gilson,  blessé,  tombe  :  on  l'emporte. 
Colère,  il  se  remet  debout; 

Le  nez  fauché,  la  lèvre  ouverte 
—  Terrible  à  voir  —  de  ses  deux  bras 
Frappant  sur  sa  poitrine  offerte. 
Il  rallie  encor  ses  soldats  1 

Enfin  1  la  panique  tragique 
Evitée,  il  part,  triomphant!... 
Horatius  Coclès  —  ô  Belgique  !  — 
N'a  pas  fait  mieux  que  ton  enfant! 


Mais  vous  allez  croire  peut-être 
Que  Gilson  dort  sur  ses  lauriers  ? 
Ah!  mes  amis,  c'est  mal  connaître 
L'entêtement  de  nos  guerriers  1 

Désignant  son  noble  visage 
Défiguré  par  le  Germain 
Et  souriant  sous  son  bandage 
N'a-t-il  pas  dit,  le  lendemain  : 

«  Ils  me  la  paieront,  cette  entaille  : 
Je  jure  —  et  soyez-en  témoins  — 
Que  dès  la  prochaine  bataille 
Je  m'en  vengerai...  nez  en  moins  !  » 

(Anvers,  22  Août.) 

LES  CHANTS  DU   BIVOUAC 


QUATRE  ET  HUN... 


QUATRE  ET  HUN... 

Poincaré,  Nicolas,  George,  Albert...  et  Guillaume  1 
Peuples  neutralisés  par  de  vains  préjugés, 
Approchez,  cependant  qu'un  instant  la  mort  chôme. 
Contemplez-les  ces  Quatre  et  ce  Hun...  puis,  jugez  : 


Poincaré,  souriant,  claironne  l'Espérance 

En  fixant  l'Avenir  de  ses  yeux  azurés  : 

C'est  le  coq,  l'alouette  et  le  pioupiou  de  France  : 

Tête  haute,  pied  leste  et  petits  poings  carrés. 


102 


Le  doux  Libérateur  de  la  Pologne  esclave, 
Nicolas,  de  son  Peuple  est  le  Pape-Empereur  : 
Blanc  sur  le  steppe  blanc  c'est  le  grand  Aigle  slave 
Planeur,  contemplatif...  terrible  en  sa  fureur  1 

George  V  entouré  des  brumes  du  mystère 
Prépare,  l'oeil  mi-clos,  son  formidable  élan, 
C'est  le  fin  léopard  du  blason  d'Angleterre  : 
Farouche  et  résolu,  mystérieux  et  lent. 

Albert,  face  au  danger,  fier  comme  un  Alexandre, 
Marche  au  milieu  des  siens  le  laurier  d'or  au  front  ; 
C'est  le  Roi-Chevalier;  c'est  le  lion  de  Flandre  : 
Loyal,  fidèle  et  sûr,  souple,  nerveux  et  prompt! 

Guillaume  I...  A  ce  nom  sombre  un  frisson  mortel  passe 

Il  se  dit  l'envoyé  d'un  cruel  Jéhovah  : 

Noir  sur  l'horizon  rouge  il  est  le  grand  rapace 

Fruit  d'un  œuf  de  vautour  qu'un  aigle  noir  couva. 


Sur  le  bon  Droit  meurtri  pour  mettre  votre  baume 
Qu'attendez-vous  encor.  Peuples  neutralisés  ? 
Poincaré,  Nicolas,  George,  Albert...  et  Guillaume, 
Allons  !  entre  ces  Quatre  et  ce  Hun,  choisissez! 


ROYAUME    DE    BELGiaUE 
Ministère  de  la  Guerre 

CABINET     CIVIL    DU     MINISTRE 


Cher  Monsieur  Botrel, 

Je  suis  au  regret  de  ne  pouvoir  agréer  l'offre  que 
vous  me  faites,  avec  une  générosité  qui  me  touche,  de 
servir  dans  l'armée  belge.  Nous  ne  pouvons  accepter 
que  les  engagements  de  Belges,  et  cette  règle  nous  a 
obligés  de  refuser  le  concours  d'amis  anglais  et 
français  que  nous  aurions  été  heureux  d'accepter. 

Vous  retournerez  donc  en  France,  mais  vous  ne 
partirez  pas  tout  à  fait.  Dans  nos  villes  comme  dans 
nos  campagnes  on  connaît  et  on  aime  votre  Chanson 
et  je  suis  sûr,  que  le  long  de  nos  colonnes,  il  y  a  plus 
d'un  soldat  qui  trompe  la  fatigue  en  faisant  résonner 
vos  mélodieux  appels  à  l'héroïsme,  au  devoir  et  au 
sacrifice. 

Nous  avons,  nous  aussi,  nos  «  Petit  Grégoire»  et  le 
barde  breton  dont  la  Chanson  exalte  et  console,  pourra, 
même  de  très  loin,  se  dire  qu'il  sert  noblement  ses 
amis  les  Belges  dans  la  lutte  gigantesque  qu'ils  livrent 
avec  leurs  alliés  à  la  puissance  allemande. 

J'espère,  cher  Monsieur  Botrel,  que  nous  nous 
reverrons  en  des  temps  meilleurs,  et  je  vous  prie  de 
croire  à  mes  sentiments  de  cordiale  amitié. 

Le  Ministre  de  la  Guerre, 
Signé  :  de  Broqueville. 

(Anvers,  le  22  août  1914.) 


En  Lorraine... 

En  Champagne. 


/• 


RÉPUBLiaUE     FRANÇAISE 
Ministère  de  la  Guerre 

CABINET     DU      MINISTRE 


Paris,  le  30  août  1914. 


M,  Théodore  Botrel  est  autorisé  à  se  rendre  dans 
tous  les  Dépôts,  Camps  et  Hôpitaux  pour  y  dire  et 
chanter  ses  poèmes  patriotiques. 

Toutes  les  autorités  militaires  sont  priées  de  lui 
réserver  bon  accueil  et  de  lui  faciliter  l'accomplis- 
sement de  sa  mission. 

Il  est  autorisé  à  prendre  tous  les  trains. 

Pour  M.  Millerand,  Ministre,  et  par  son  ordre. 
Le  lieutenant-Colonel  s.  Chef  du  Cabinet, 
Signé:  Duval. 


LE  BULLETIN  DES  ARMÉES 


LE  «BULLETIN  DES  ARMÉES» 

Notre  Bulletin  de  la  Guerre 

Est  pour  ceux-là  qui  sont  au  front; 

Oui,  les  gardiens  de  la  frontière 

Ceux-là,  tout  seuls,  le  recevront. 

Quand  le  liront  ceux  de  l'arrière  ? 

Bientôt  1  qu'ils  «  espèrent  »  un  peu  : 

Notre  Bulletin  de  la  Guerre 

N'est  qu'aux  guerriers  qui  sont  au  feu. 


Notre  Bulletin  de  Bataille, 

Ses  pages  ouvertes  au  vent, 

A  nos  héros  sous  la  mitraille 

Va  crier  :  «  Courage  !  En  avant  1  » 


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11  ne  se  lit,  vaille  que  vaille. 
Qu'entre  deux  appels  de  clairon  : 
Le  Bulletin  de  la  Bataille 
Est  pour  ceux  qui  la  gagneront  I 

Notre  Bulletin  de  Victoire 

Ne  coûte  rien...  et  coiite  tant 

Qu'un  froussard  claquant  la  mâchoire 

Ne  le  pourrait  payer  comptant. 

Il  est  sans  prix...  comme  la  Gloire 

Et  l'abonné  reconnaissant 

Nous  le  paye,  un  soir  de  Victoire, 

D'un  brin  de  laurier  teint  de  sang  ! 

Paris  (Ministère  de  la  Guerre),  26  août. 


LES  LAURIERS  VONT  FLEURIR 


LES  CHANTS  DU   BIVOUAC 


LES  LAURIERS  VONT  FLEURIR!. 

Sur  l'air  populaire  «  Auprès  de  ma  blonde...  ». 
Solo 


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Dans   les     jar-dins  de    Fran  -  ce     Les     lau  -  riers 
Chœur 


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Pour  sau  -  ver      la    F'ran-ce,      Qu'il    fait     bon,  fait 


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bon,   fait    bon...    Pour  sau  -  ver      la      Fran  -  ce, 

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Qu'il   fait    bon  souf-frir! 

Dans  les  jardins  de  France  ) 
Les  lauriers  vont  neunr  :     ) 
Deux  vautours  qui  s'avancent 
Voudraient  y  faire  leurs  nids... 

Refrain, 

Pour  sauver  la  France 

Qu'il  fait  bon,  fait  bon,  fait  bon, 

Pour  sauver  la  France 

Qu'il  fait  bon  souffrir. 

Y  a  le  vautour  d'Autriche 

Et  le  Prusco  maudit  ; 

Mais  cinq  chasseurs  s'en  fichent 

Qui-z-ont  leurs  bons  fusils... 


au  Refrain. 


117 


Les  chasseurs  d'Angleterre 
De  France  et  de  Serbie, 
Le  p'tit  Belge  en  colère 
El  rCosaque  de  Russie, 

Prêts  à  lutter,  farouches. 
Et  tous  les  cinq  unis. 
Jusqu'aux  dernièr's  cartouches, 
Jusqu'au  dernier  soupir  : 

Dernier  Refrain. 

Pour  venger  la  France 

Qu'il  frait  bon,  Trait  bon.  Trait  bon, 

Pour  venger  la  France 

Qu'il  frait  bon  mourir  1 


an  Refrain. 


VOILA   LES  «  KAKIS  !  » 


A  nos  Alliés,  les  Anglais. 
VOILA  LES  «  KAKIS» 

(Chanson  improvisée  à    la  Ferté-Milon,   le  i'"  septembre,  pendant  que 
défilaient  les  troupes  anglaises.) 

Sur  l'air  de  la  «  Polka  des  Anglais  ».  ' 
1 

Dès  l'premier  jour  de  guerre 
La  loyale  Angleterre 
Envoyait  aux  combats 
Ses  plus  vaillants  soldats 

'  En  vente  Maison  Ister  Beausier,  éditeur  de  musique,  rue  Lafayettç, 
pt  chez  M.  Ondet,  85,  faub.  St-Deni?. 


Conduits  par  French-le-brave, 
Toujours  correct  et  grave, 
Ah  !  qu'ils  ont  donc  bon  air 
Les  guerriers  d'Kitchener  ! 

Refrain. 

Voilà  les  «  Kakis  » 
Qui  nous  ont  conquis 
Tant  ils  sont  exquis 
{Aoh  I  yès!  Very  Well  !) 
Lorsque,  bravement, 
F"legmatiquement, 
Ils  cogn'nt  sur  l'AlTmand  : 
Aoh  !  yès  !  Very  Well  ! 


II 

Froid'ment,  comm'  sans  fatigue, 
Sur[un  petit  air  de  gigue 
Ils  font  sauter  en  l'air 
Les  soldats  du  Kaiser  ; 
Et  pour  rythmer  la  danse. 
Les  grands  pibroks  s'avancent 
Qui  sont,  chacun  le  sait, 
Les  binious  écossais  : 

Refrain. 

L'Higlander  accourt 
A  notre  secours 
En  p'tit  jupon  court 
{Aoh  !  yès  !  Very  Well  I) 


^=*?^ 


Il  a,  c'est  connu, 
L'  jarret  bien  tendu  : 
Ça  s'voit  à  l'œil  nu  ! 
Aoh!  yès  !  Very  Welll 


III 

Tant  et  plus  qu'on  en  d'mande 
Après  les  gâs  d'Irlande 
S'amèn'nt  les  Canadiens 
Qui  sont  nos  petits-cousins  ; 
En  vient  d'Alexandrie, 
De  l'Inde  et  d'I'Ausiralie  : 
S'il  nous  en  faut  toujours 
En  viendra  d'chez  les  «  Bours  » 


124 


Refrain. 

Ajoutez  qu'trois  cents 
Cuirassés  géants 
Gard'nt  nos  Océans 
{Aohiyès!  Very  Wcll  !) 
El  croyez,  têtus, 
Qu'l'Allemagne  est  battue 
L'Kaiser  est  f..,ichu 
Aohlyèsl  Vcry  Wcll! 


FAMEUX  LAPINS  ! 


FAMEUX  LAPINS! 


Ah  1  ce  sont  de  fameux  lapins 
Que  les  soldats  de  l'Allemagne! 
Non,  depuis  ceux  de  Charlemagne, 
On  n'avait  pas  vu  plus  rupins! 
Nez  ridés,  qui  toujours  trembloitent, 
Tels  qu'Hansi  nous  les  a  dépeints, 
Ah  !  ce  sont  de  fameux  lapins  : 
Comme  ils  dégottentl 


Et  ce  sont  des  lapins  fierrots  : 
Avec  un  petit  air  bravache 
Ils  dressent  leur  rêche  moustache, 
S'efForçant  de  la  mettre  en  crocs  ; 


128 


Quand  du  derrière  ils  torlillonnent. 
Ils  riboulent  des  yeux  poupins; 
Ah  1  ce  sont  de  fameux  lapins  : 
Comme  ils  plastronnent  1 


Et^ce  sont  des  lapins  gourmets  : 
Dans  leurs  gros  ventres  en  futailles. 
Chaque  jour,  que  de  victuailles 
Viennent  s'engouffrer  pour  jamais! 
Aussi,  faut  voir  ce  qu'ils  bedonnent. 
Ce  qu'ils  sont  lourdauds  et  clampins 
Ah!  ce  sont  de  fameux  lapins  : 
Comme  ils  entonnent! 


I2q 


Et  ce  sont  des  lapins  de  chouX 
Aux  performances  magnifiques  ; 
Vrai,  de  leurs  vertus  prolifiques 
Nous  avons  droit  d'être  jaloux. 
Leurs  Gretchens  se  démantibulent 
A  leur  couver  des  galopins... 
Ah  !  ce  sont  de  fameux  lapins  : 
Comme  ils  pullulent  1 

Ce  sont  des  lapins  courageux 
Qui,  fièrement,  vont  en  maraude  ; 
Mais,  si  l'affaire  devient  chaude, 
Ils  préfèrent  rentrer  chez  eux. 
Dans  leurs  trous  nos  cris  les  atterrent; 
Rien  n'en  fait  sortir,  ces  taupins... 
Ah  !  ce  sont  de  fameux  lapins  : 
Comme  ils  se  terrent  l 

Ce  sont  des  lapins  gras  à  point 
Bons  à  mettre  à  la  casserole  : 
Voici  trop  longtemps,  ma  parole, 
Qu'ils  nous  narguent...  toujours  de  loin 
Contre  eux  de  l'Alsace  à  la  P'^landre, 
Français,  Belge,  Anglais  sont  copains  : 
«  La  chasse  est  ouverte  :  aux  lapins  !  !  !  » 
Ce  qu'ils  vont  prendre!  !  ! 


LES   CHANTS    DU    BIVOUAC 


"^""-I^ 


LE  PAIMPOLAIS 


i33 


LE  PAIMPOLAIS 

Sur  l'air  de  «  L;i  Paimpol.iise  ».  ' 


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Pour  re-pous-ser  l'Aigle  al  -  le- 


man-de,  Quand  le    Bre  -  ton    se    fait    sol  -  dat,  Quit- 


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tant  ses    ge  -  nets     et       sa      lan-de,    Il      va     gai- 


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ment  droit   aux  com-bats,  Et     le     bra  -  ve    gas  Fre- 


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don-ne  tout  bas  :  «J'ai-me       Paim-pol    et     sa     fa- 


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lai-se,Son  é-glise   et    son    fin    clo-cher,  J'aime  en- 


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cor  mieux  ma  Paim-po  -  lai  -  se,  Plus  en -cor  ma 


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France  en    dan  -  ger  1 


'  La  musique  d'accompagnement  est  éditée  par  M.  G.  Ondet,  85,  Fau- 
bourg Saint-Denis,  Paris. 


'^^^,  ^ 

^  J^^^ 


I 

Pour  repousser  l'Aigle  allemande 
Quand  le  Breton  se  fait  soldat, 
Quittant  ses  genêts  et  sa  lande, 
Il  va  gaiement  droit  au  combat; 

Et  le  brave  gâs 

Fredonne  tout  bas  : 
«  J'aime  Paimpol  et  sa  falaise, 
Son  église  et  son  fin  clocher, 
J'aime  encor  mieux  ma  Paimpolaise, 
Plus  encor  ma  France  en  danger  1  » 

II 

Le  petit  Breton,  sans  murmure, 
Met  la  baïonnette  au  flingot, 
Puis,  embusqué  sous  la  ramure, 
Il  commenc'  la  chasse  au  Pruscot... 

Et  le  brave  gâs 

Fredonne  tout  bas  : 
«  Je  serais  bien  mieux  à  mon  aise 
Dans  le  nid  oij  j'allais  nicher. 
Mais  c'est  défendr'  ma  Paimpolaise 
Que  défendr'  la  France  en  danger!  » 


i35 


III 
Mais  le  flot  prussien  toujours  monte 
(Cyniquement  lâche  et  cruel. 
Et  lorsque  le  soir  on  se  compte 
Bien  des  noms  manquent  à  l'appel... 

Et  le  brave  gâs 

Fredonne  tout  bas  : 
•<  Pour  grossir  la  Flotte  française 
Puisqu'il  faut  plus  d'un  moussaillon, 
J'épouserai  ma  Paimpolaise 
En  rentrant  au  pays  breton  !  » 

IV 
Puis,  lorsque  la  mort  le  désigne 
L'appelant  de  sa  rude  voix. 
Le  petit  Breton  se  résigne 
En  faisant  un  signe  de  croix  ; 
Et  le  brave  gâs 
Quand  vient  le  trépas, 
Serrant  la  médaille  qu'il  baise, 
Agonise  au  creux  d'un  sillon 
En  songeant  à  la  Paimpolaise 
Qui  l'attend  au  pays  breton  l 


LE  SANG  DES  BLESSÉS 


tnr 


LE  SANG  DES  BLESSES 

Blessés,  mes  frères,  mes  enfants. 
Je  voudrais  vous  dire  des  choses 
Comme  on  en  dit  aux  triomphants 
Par  les  grands  soirs  d'apothéoses; 

Je  voudrais  pleurer  doucement 
Sur  votre  chair  endolorie, 
Elancher  le  sang  noblement 
Versé  pour  la  Mère-Patrie  ; 

E\.,  de  me  sentir  impuissant 
A  soulager  un  peu  vos  peines, 
Je  m'épuise...  de  tout  ce  sang 
Qui  coule  de  vos  jeunes  veines; 


Et,  moi,  votre  chantre,  il  me  faut 
Vous  jalouser  en  ma  nuit  noire, 
O  vous  qui  rayonnez,  là-haut, 
Sur  le  seuil  du  Temple  de  Gloire  ! 


140 


O  vous  dont  les  siècles  diront 
Que,  narguant  fatigue  et  souffrance, 
Vous  avez,  en  couvrant  son  «front», 
Sauvé  le  cœur  de  votre  F"rancc  I 

O  vous  dont  nos  pelil-ncvcux, 
Se  sentant  comme  d'orgueil  ivres, 
Apprendront  les  noms  glorieux 
En  les  épelant  dans  des  livres  1 

O  vous  qui  venez  de  verser 
—  Victimes  propitiatoires  — 
Le  Sang  qui,  seul,  doit  arroser 
Les  palmes  des  justes  Victoires, 

Ce  sang  qu'il  faut  pour  le  salut 
Des  Peuples  sur  qui  la  Mort  plane... 
Tout  comme,  autrefois,  [[fallut 
Celui  d'un  Christ  et  d'une  Jeanne  ! 

(Anibulaiices  de  Nancy,  4  Septembre.) 


LES  VANDALES 


LES  VANDALES 

A  Loti  l'a  in. 

Avec  méthode  et  patience, 
En  brûlant  l'Université, 
Qui  fut  —  Belgique  !  —  ta  fierté, 
Ils  ont  cru  vaincre  la  Science  I... 
De  tes  livres,  nul  ne  subsiste. 
Mais  qu'importe,  va,  c'est  en  vain 
Qu'ils  s'acharnèrent  sur  Louvain  : 
La  Science  acquise  persiste  ! 


A  Reims. 

Ils  ont  brûlé  la  Cathédrale 
De  nos  vieux  Saints  et  de  nos  Rois, 
Croyant  supprimer  à  la  fois, 
Vingt  siècles  de  Gloire  ancestrale. 
Mais  que  flambe,  et  s'écroule,  et  meure 
Le  Reliquaire  des  Aïeux... 
Qu'importe,  ô  Reims  !  plus  furieux. 
Notre  farouche  Orgueil  demeure  ! 


'•14 


A  Sampigny. 

Ils  ont  bombardé  le  cottage 

Du  trop  bon  Lorrain  Poincaré... 

De  le  savoir  tant  exécré, 

Nous  l'en  chérissons  davantage  ! 

Et  puis,  qu'importe  !  Après  la  Guerre, 

Tous  les  nids  seront  reconstruits  : 

Debout  sur  les  foyers  détruits, 

L'Ame  familiale  «  espère  »  ! 


LA  KAISÉRIOLE 


LES  CHANTS  DU   BIVOUAC 


LA  KAISERIOLE 


Sur  l'air  de  «  I,a  Carmagnole  ». 


Allegro. 


^fe^iS 


Chœlr 


m^^i 


1^ 


~M-\ 


Le    Kai-ser  s'é-lait  bien  pro-mis,  Le   Kai-ser  s'é- 

SOLO 


[j^  j.  J  ;'1T:"feg 


^?::^ 


tait  bien  pro-mis        D'être  en  sept,  huit  jours  à      Pa- 


148 


Chœuk 


Solo 


ris,  D'être  en     sept,  huit  jours     à       Pa  -  ris;    Mais 

REFRAIN 


i 


3^5^-: 


EÊ 


teE=fe 


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il     ne  l'a    pas   pu  Grâce  au   Bel-ge     tê-tu!Chan- 


^l^^^^È^^ï^^:^ 


tons    la    Kai  -  se  -  rio  -  le,  Vi-ve    le    son,  vi  -  ve    le 


pgË^£iEJ^=^-=pigz^^-:^^ 


son;  Chan-tons    la     Kai  -  se  -  rio  -  le,    Vi  -  ve     le 


m 


Chœur 


■^^£^J-ùM=^ 


3EE 


son  du     ca  -  non!  Chan-tons  la    Kai-  se  -  rio  -  le, 


^i^^^^É^g 


^^- 


3^=t: 


Vi-ve    le     son,  vi-ve    le  son  ;  Chantons  la  Kai  -  se- 


^^-^ 


Hr=Ç: 


^^^3^^= 


1^3: 


rio  -  le,    Vi  -  ve     le      son   Du     ca  -  non. 


Le  Kaiser  s'était  bien  promis  ) 

D  être  en  sept,  huit  jours  a  Pans  ;  ) 

Mais  il  ne  l'a  pas  pu 

Grâce  au  Belge  têtu  1 


•49 


Refrain. 

Chantons  la  Kaiscriole,    \ 
Vive  le  son,  vive  le  son;  /  ,  . 

r       ■        ,     ■       ,  '     bis 

Chantons  la  Kaiseriole, 
Vive  le  son  du  canon  ! 


Devait  traverser,  l'orgueilleux, 
La  Belgique  en  un  jour  ou  deux  ; 
Mais  il  en  a  mis  vingt 
Pour  prend'  Liège  et  Louvain. 

Chantons.. 

11  devait  taire  prisonnier. 

Dans  Bruxell's  même,  Albert  premier. 
Et  voilà  que  son  fils 
N'a  pris  que  l'Mann-ken-pis  ! 

Chantons.. 

Il  va  massacrant  et  brûlant, 
Volant,  pillant  el  violant  : 

Attila  dans  son  temps 

N'en  a  pas  fait  autant  ! 

Chanlons.. 

Il  est  descendu  quinze  jours  : 
Nous  l'descendrons  à  notre  tour  ! 

Quand  on  le  descendra, 

Mein  Golt!  qu'est-ce  qu'il  prendra! 

Chantons.. 


i5o 


Chez  lui  ça  sent  déjà  l'roussi, 
Car  le  Cosaq'  descend  aussi  : 

Nous  allons  le  hacher 

Comme  chair  à  pâté! 

Chantons. 

Grondez,  tambours!  Hurlez,  clairons  : 
Nous  les  aurons!  nous  les  vaincrons! 

La  Justice  en  chemin 

Nous  vengera  demain  ! 

Chantons. 

(Chàlons,  le  2  septembre.) 


LES  GOTHS 


LES  GOTHS 

Je  viens  d'explorer  en  Champagne 
Châteaux  et  maisons  de  campagne 
D'où  l'état-major  allemand 
Vient  de  déguerpir  lestement. 


Quels  stupides  cambriolages! 
Quels  gâchis  bêtes!  quels  pillages 
De  la  cave  jusqu'au  grenier  1 
Pis  que  Bonnot,  pis  que  Garnier  ! 


.5| 


Sur  chaque  mur  (car  la  muraille 
Esl  le  papier  de  la  canaille) 
lis  nous  insultent,  doublement 
Nous  insultant  en  allemand  ! 

Ils  traitent  les  vases  de  Sèvres, 
Les  vases  du  Japon,  si  mièvres, 
Les  vases  de  Rouen,  les  biscuits 
Comme  s'ils  étaient  tous...  de  Nuits; 

Bien  que  surpris  à  l'improvistc 
Nous  les  pourrions  suivre  à  la  piste  : 
Levons  les  piedsl  Pouah!  quelle  odeur! 
Enfin  I  !  !  cela  porte  bonheur! 

Et  cela  soudain  me  rappelle 

La  boutade  spirituelle, 

—  Fleurant,  meilleur,  l'ancienne  Cour  - 

De  la  marquise  de  Biencourt  : 

A  ses  hôtes  d'une  semaine 
Montrant  le  sac  de  son  domaine. 
Elle  dit  —  jupon  haut  trousse 
El  le  nez  gentiment  pincé  —  : 

(1  La  France  a  subi  les  ravages, 
Messieurs,  de  trois  hordes  sauvages, 
Goths,  Ostrogoths  et  Visigoths  : 
Il  lui  manquait  les  Saligoths  !  » 

(Vitry- le-François,  14  septembre.) 


A  BRIENNE 


A  BRIENNE 


(Sonnet  rimé  le  12  semptembre  durant  que  le  canon  tonnait  sur 
Sompuis,  Sommesous,  Courdeinange,  Les  Rivières,  Huiron,  entre 
Vitry-le-François  et  Brienne.) 


En  mil  huit  cent  quatorze,  ici  —  nul  ne  l'ignore 
Napoléon,  soudain,  entrevit  son  Destin  : 
Où  l'écolier  frémit  d'ivresse  à  son  aurore 
L'Empereur  frissonna  d'angoisse  à  son  déclin. 


Brienne  !  es-tu  donc  là  comme  un  écho  sonore 
Pour  nous  rendre  le  bruit  du  Désastre  en  chemin, 
Prédire  à  l'orgueilleux  qui  veut  monter  encore 
Que  le  Malheur,  vers  lui,  rampe  comme  un  félin  ? 


i58 


Car  voici  que  cent  ans  sonnés  d'hier  à  peine, 
Penché  lugubrement  sur  ton  immense  plaine, 
Ecoutant  de  la  Mort  le  funèbre  galop, 

Un  pâle  imitateur  de  ton  élève  Corse 

S'écrie  en  frissonnant  malgré  sa  rude  écorce  : 

«.  Où  vais-je  ?» 

l'^t  tu  réponds,  sinistre  : 

«  A  Waterloo  !  * 

(Brienne,  le  12  septembre.) 


W        9 


CHEZ  JEHANNE 


CHEZ  JEHANNE, 

A    DOMRÉMY 

Quand,  «  dans  le  royaume  de  France, 
11  y  a  vraiment  grand'pitié»  ; 
Lorsque  le  Doute  et  l'Espérance 
Partagent  nos  cœurs  par  moitié; 


A  l'heure  où  tout  le  long  des  routes 
Tant  et  tant  d'émigrés  dolents, 
Courbés  sous  le  vent  des  déroutes. 
Vont,  fuyant  devant  les  Ilulans; 


LES  CHANTS  DU  BIVOUAC 


ib2 


Afin  de  retremper  mon  âme. 
Reforger  mon  coeur  et  ma  foi, 
O  Jeanne!  à  ta  divine  fliamme, 
Vois  :  je  m'en  suis  venu  vers  loi. 

Au  loin  —  sur  Bar  —  le  canon  tonne 
Dans  son  jardinet  tout  en  fleurs 
Ta  petite  maison  s'étonne  ; 
Ses  murailles  suintent  des  pleurs; 

Or,  par  ce  matin  de  septembre, 
Entré  chez  toi  tout  soucieux, 
Voici  que  je  sors  de  ta  chambre 
Le  front  clair  et  le  cœur  joyeux. 


C'est  que  —  guidé  par  toi  peut-être. 
Comme  d'instinct,  sans  y  songer, 
J'ai  couru  jusqu'à  ta  fenêtre 
Donnant  sur  ton  petit  verger. 


Et  que  soudainement  —  si  proches!  - 
Trois  cloches  sonnant  à  la  fois. 
Se  mêlèrent  au  chant  des  cloches 
Des  voix,  Jeanne,  des  voix:  tes  Voix; 


Voix  de  tes  saintes,  douces,  fortes. 
Planant  toujours  sur  Domrémy, 
Chères  Voix  que  l'on  croyait  mortes, 
Quand  leur  son  n'était  qu'endormi; 


i63 


Voici  que,  soudain,  réveillées 
Par  le  bruit  double  de  l'airain, 
(Canonnade  et  carillonnées). 
Par-dessus  le  pays  lorrain, 

A  la  «idoulce  France»  envahie, 
Elles  criaient  :  <i.Siirsum  Corda  ! 
Va,  va  toujours!  Même  meurtrie. 
Va,  bataille  le  bon  Combat! 

»  La  Victoire  n'est  pas  prochaine  : 
11  faut  lutter,  souffrir  encor... 
Qu'importe!  puisqu'elle  est  certaine, 
Au  ciel  inscrite  en  lettres  d'or  ; 

»  Courage!  le  grand  jour  se  lève. 
Car  Dieu  le  veut  qui  veille  là: 
Dieu  de  Jeanne  et  de  Geneviève 
Et  non  pas  celui  d'Attila  !  ■» 


Puis,  les  douces  Voix  entendues 
Moururent  avec  l'Angélus  ; 
Les  Voix  des  Saintes  s'étaient  tues. 
Mes  sens  ne  les  percevaient  plus 

Que  mon  cœur  entendait  encore 
Avec  la  foi  des  vieux  Croisés 
L'annonce  de  la  grande  Aurore 
Promise  à  nos  C(ï;urs  angoissés. 


164 


Alors,  baisant  avec  tendresse 
Ses  quatre  dalles  de  granit, 
Fou  d'espoir,  ivre  d'allégresse. 
Je  repassai  le  seuil  béni  : 


«Merci,  Jeanne!  Adieu,  bonnes  Saintes! 
A  Domrémy  nous  reviendrons 
L'an  prochain,  les  haines  éteintes 
Et  bouté  dehors  l'Ennemi!  » 


M^ 


En  Alsace. 


LA  CHANSON  DE  L'ALSACE 


«  Après  quarante-quatre  années  de 
«  Kultur  »  boche,  l'Alsace  est-elle 
«  encore  française  ?  » 

(Les  Journaux.) 


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LA  CHANSON  DE  L^ALSACE 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  i. 


Allegretto  assai. 


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te?_^î^^ 


Quand  nous  fran-chî-mes 


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S 


la    fron  -  tiè  -  re    Pour    re  -  con-qué  -  rir    le     pa- 


r^vi'  I  ^^^tit±±^  w^îm 


ys       Où    de- puis    la  guer-re    der-niè-re    Tant 


5^S=Î5: 


h=g^j^f=fe^^j 


#=i5^ 


^^-- 


-* — *- 


d'e-xi  -  lés  sont  en- dor-mis,    Sur  un  ton  nos-tal- 


p^z^j-f-r-^g^^?-^^ 


lîï: 


# 


gique  et      ten-dre  Dans     le    vent  les     sa-pins  chan- 

poco  adagio 


^ 


^â^Eg^^^i^^gEg 


talent:  Nous  fû- mes  sur-pris  de   com-pren-dre   Ce 


qu'entre  eux  ils  se  chucho-taient...  Des  Vosges  fi- 


^ 


^-^ 


^^^-^a^ 


^ 


rt?'=itd 


dè-les  Sombres  sen  -ti  -  nelles,Comme  aux  anciens 


1  En   vente,    avec   accompagnement  de    piano,  à  la  Lyre    Bretonne, 
83,  Faubourg  Saint-Denis,  Paris. 


IJO 


jours,  Les    sa-pinsd'Al  -  sa  -  ce    Par-lent     à    voix 


Ê^ 


B=5* 


entre  tex  roupleta  |0 


EigË3Ê 


^=F^^  = 


bas-se     En  fran-çais  tou  -  jours,  tou -jours  1 


I    pour  finir 

^       3         I        N=piR — * — g 


jours,  tou  -  jours  ! 


'7' 


1 

Quand  nous  franchîmes  la  frontière 
Pour  reconquérir  le  pays 
Où,  depuis  la  guerre  dernière, 
Tant  d'exilés  sont  endormis, 
Sur  un  ton  nostalgique  et  tendre, 
Dans  le  vent,  les  sapins  chantaient  ; 
Nous  fûmes  surpris  de  comprendre 
Ce  qu'entre  eux  ils  se  chuchotaient  : 

Des  Vosges  fidèles, 

Sombres  sentinelles. 

Comme  aux  anciens  jours. 

Les  sapins  d'Alsace 

Parlent  à  voix  basse, 

En  français  toujours. 
Toujours  ! 

II 

Le  lendemain,  —  c'était  dimanche,  — 
D'un  talon  sonore  et  joyeux, 
Nous  martelions  la  route  blanche 
Qui  descend  jusqu'à  Montreux-Vieux: 
Les  cloches  du  petit  village 
Carillonnaient  à  l'unisson... 
Et  nous  comprenions  leur  langage  : 
Et  leur  prière  et  leur  chanson  : 
Des  vertus  chrétiennes, 
Ferventes  gardiennes. 
Comme  aux  anciens  jours. 
Les  cloches  d'Alsace 
Sonnent  dans  l'espace. 
En  français^toujours, 
Toujours! 


172 


III 

C'est  à  qui,  la  journée  entière, 
Nous  fêta  dans  le  vieux  hameau, 
Et,  dédaignant  la  lourde  bière. 
Nous  régala  de  vin  nouveau... 
Et  le  vin  montant  à  la  tête 
Ainsi  que  «  l'eau  du  cœur  »  aux  yeux, 
Chacun  nous  dit  sa  chansonnette, 
Dans  le  vieux  parler  des  Aïeux  1 

Oui,  quand  il  faut  boire, 

O  France  1  à  ta  gloire. 

Comme  aux  anciens  jours, 

Le  vin  blanc  d'Alsace 

Fait  chanter  la  Race 

En  français  toujours. 
Toujours! 

IV 

En  rouvrant  l'école  publique 
Aux  petits  Alsaciens  ravis 
On  dicta  cette  phrase  unique: 
«  La  douce  France  est  mon  Pays.  » 
Et  tous  les  écoliers  de  dire 
A  leur  nouvel  instituteur  : 
«Sans  faute  nous  saurons  l'écrire. 
Cette  phrase,  on  la  sait...  par  cœur!» 
Ahl  vive  l'aurore 
Qui  nous  rit  encore 
Comme  aux  anciens  jours  : 
Fidèle  et  tenace 
Le  Peuple  d'Alsace 
Est  Français  toujours, 
Toujours  1 

(Dannemarie,  le  8  octobre.) 


LE  LION   DE  BELFORT 


A  u  général  Thévenet, 

Gouverneur  de  Belfort. 


175 


LE  LION  DE  BELFORT 

Sur  l'air  de  «  Meunier,  tu  dors...  ». 
CHŒun     0 


Vieux  li  -  on   de  Bel-fort,        Lè-ve  -  toi, bondis, 


^^^^ 


'^^ 


3^£3 


m 


vi  -  te,  Vieux     li    -   on      de     Bel  -fort.    Ru -gis 
Solo 


^S^ 


q^=l2t 


m 


clair,  ru  -  gis         fort  1  Le  -  ve  -  toi,    le  -  ve  -  toi  bien 


m 


ï 


5^ 


^ — ^- 


vi  -  te,  Dres-se  -  toi,dres  -se-  toi  d'un  bond: Des cha- 


m 


h-W-hJ^ 


i ^ f: 


cals    la    hor-de  mau-di-te    Est     là -bas  dans  le 
Chœuu         ^ 


B=FP=J^ 


bois   pro -fond. Vieux    li- 

Vieux  lion  de  Belfort 
Lève-toi,  bondis,  vite  ! 
Vieux  lion  de  Belfort 
Rugis  clair...  rugis  fort! 

Lève-toi,  lève-toi  bien  vite 
Dresse-toi,  dresse-toi  d'un  bond  : 
Des  chacals  la  horde  maudite 
Vient,  là-bas,  dans  le  bois  profond 


Vieux  lion. 


176 


Ils  ont  pris  et  repris  Mulhouse 
La  perdront,  la  perdront  encor; 
Colmar  veille  et  Strasbourg  jalouse 
Se  prépare  à  l'ultime  effort. 

Dresse-toi,  secoue  ta  crinière 
A  l'écho,  lance  tes  longs  cris  : 
Les  chacals  sur  notre  frontière 
Lèveront  leurs  museaux  surpris. 

Jette  un  cri  de  noble  vaillance: 
Les  chacals  s'enfuient  vers  le  F<hin; 
Un  deuxième:  ils  sont  à  Mayence; 
Un  troisième  :  ils  sont  à  Berlin  ! 


Vieux  lion. 


Vieux  lion.. 


Vieux  lion. 


Quarante  ans,  tu  restas  garde 
Accroupi  mais  flairant  le  vent  : 
L'heure  approche  —  écoute  et  regarde 
De  bondir,  debout,  en  avant! 


Vieux  lion. 


Puis,  demain,  quand  la  horde  noire 
Aura  fui  dans  le  soir  vermeil, 
Tu  pourras,  rayonnant  de  gloire. 
Vieux  soldat,  céder  au  sommeil  1 

Mais,  vieux  lion  de  Belfort, 
Aujourd'hui  bondis  vite, 
Grand  lion  de  Belfort 
Rugis  clair...  rugis  fort  I 

(Belfort,  4  octobre  1914.) 


LE  PETIT  FUSIL  DE  BOIS 


LhS   CHANTS   DU    BIVOUAC 


^^^^     ^^-È 


LE  PETIT  FUSIL  DE  BOIS 


Romagny!...  Le  beau  village 
Par  ce  jour  ensoleillé  ! 
Mais,  nul  n'y  rit  au  passage  ; 
Il  a  l'air  tout  endeuillé  1 


Il  l'est,  en  effet,  d'un  crime 
Hélas!  des  plus  révoltants 
Puisque  la  douce  victime 
N'avait  pas  encor  sept  ans. 


i8o 


Tout  au  début  de  la  Guerre 
Un  gai  petit  Alsacien 
Debout  au  seuil  de  sa  mère 
Tenait  un  fusil,  le  sien  : 

Un  flingot  bien  à  la  taille 

De  ses  deux  tout  petits  poings, 

Terrible  engin  de  bataille 

De  vingt  sous,  peut-être  moins. 

Soudain,  voici  que  débouche 
L'avant-garde  d'Attila 
Brandissant,  déjà  farouche. 
Des  «  Mausers  »  —  des  vrais,  ceux-là 

Et  la  chose  énerve  et  vexe 
Ce  petit-fils  des  Gaulois  : 
Par  un  mouvement  réflexe. 
Levant  son  fusil  de  bois 

Il  l'épaule  —  ô  crime  horrible 
Dont  la  Victoire  dépend  1  — 
Il  vise,  imitant  —  terrible  1  — 
Les  coups  de  feu  :  pan,  pan,  pan  l 

A  ce  geste  du  bon  môme 
(Poulbot  revu  par  Hansi) 
Un  des  soldats  de  Guillaume 
Répond  à  coups  de  fusil  1 

Il  tombe,  le  pauvre  gosse; 
Il  appelle  sa  maman  ; 
On  l'achève  à  coups  de  crosse  : 
«  Gloire  au  Kaiser  allemand  !  » 


«  Hoch  1  Gott  mit  uns  I  Gloire  1  gloire  !  » 

Wolff  annoncera  demain 

Cette  première  Victoire 

Du  vaillant  Peuple  germain  1 


Moi,  j'ai  conté  ton  histoire, 
Enfant-martyr,  doux  héros. 
Pour  que  l'on  garde  mémoire 
Du  crime  de  tes  bourreaux  ; 

Et,  si  ton  corps,  petit  brave, 
Peut  se  retrouver  encor 
Je  demande  que  l'on  grave 
Sur  ta  tombe,  en  lettres  d'or  : 

«  Ci-gît  l'enfant  qui,  naguère, 
Mit  l'Allemagne  aux  abois 
En  partant,  contre  Elle,  en  guerre 
Avec  un  fusil  de  bois  1  » 

(Romagny,  9  octobre  1914.) 


Note  de  l'Editeur  : 

Le  préfet  du  Territoire  a  écrit  à  l'auteur,  après  lecture  de  cette  poé- 
sie :  «  Je  réaliserai  votre  rêve,  cher  poète  et  ami  :  Après  la  Victoire,  le 
petit  gars  de  Romagny  aura  sur  sa  tombe  l'épitaphe  de  Botrel.  » 


CHANTONS  L'ARTILLERIE! 


CI» 


* 


CHANTONS  L'ARTILLERIE  ! 

Sur  l'air  de  «  La  belle  Françoise  »  et  de  «  La  belle  Corvette  »  '. 

Allegretto. 

.  Solo 


j-^-j^^j=;|^'^.Ui 


* 


Chœur 


Chers  a -mis  de  tous  grades,  Lon- 

SOLO 


^=n-r^^^^t^^^^: 


/a /Chers     a  -  mis  de  tous   gra- des, Chantons    nos 


f=Q^P^ 


^ 


m 


ca-  ma  -  ra- des,  Lon-/a  /  Chan-tons   nos   ca  -  ma- 
SoLO  Chœur 


^^^^ 


S^ 


ra-des.       Les  vail-lants    ar-ti- flots   (Vi  -  ve      le 

1  La  musique  d'accompagnement  se  trouve  chez  M.  Ondet,  éditeur, 
83,  Faubourg  Saint-Denis. 


i86 


Solo 


soi-xant'-quin-ze  !)       La     ter-reur    des   Prus-cots 


(Vi-ve      le     Ri-mai-lhol) 


Chers  amis  de  tous  grades,  lonla. 
Chers  amis  de  tous  grades. 

Chantons  nos  camarades,  lonla, 
Chantons  nos  camarades 
Les  vaillants  artiflots. 
(Vive  le  «  Soixant'-Quinze  »  !) 
La  terreur  des  pruscots 
Vive  le  «  Rimailho  »  ! 

II 

De  leurs  pièce,  ils  rafolent. 
Les  servent,  les  cajolent  ; 
Pour  elles,  ces  héros, 
(Vive  le  «  76  »  I) 
Donneraient  tous  leur  peau, 
(Vive  le  «  Rimailho  »  !) 


III 

C'est  qu'elles  sont  fringuettesl 
Quelles  fines  margoulettes, 
Auprès  des  gros  museaux 
(Vive  le  «  75  »  !) 
Baveurs  de  crapouillauds  1 
(Vive  le  «  Rimailho  »  I) 


187 


IV 

Aussitôt  que  commence 
Leur  petite  romance. 
Ah  I  le  joli  duo 
(Vive  le  «  75  »  ! 
Que  répète  l'écho  ! 
(Vive  le  «.  Rimailho  »  !) 

V 

L'une  a  la  voix  limpide. 
L'autre  a  le  creux  solide, 
L'une  est  le  soprano, 
(Vive  le  «  75  »  !) 
L'autre  est  le  contralto 
(Vive  le  «  Rimailho  »  1 

VI 

Pas  un'  batt'rie,  un'  seule, 
Résiste  à  leur  coup  d'  gueule 
Les  Boch's  et  leurs  chevaux, 
(Vive  le  «  75  »  1) 
Tout  danse  le  Tango  I 
(Vive  le  «  Rimailho  »  1) 

VII 

En  face,  à  droite,  à  gauche. 
On  arrose  et  l'on  fauche... 
Quand  au  bas  du  coteau, 
(Vive  le  «  75  »  !) 
On  crie  :  merci  là-haut  I 
(Vive  le  «  Rimailho  »l) 


i88 


VIII 

Ce  sont  nos  autres  braves  : 
Lignards,  chasseurs  et  zouaves. 
Qui  s'en  vont  à  l'assaut, 
(Vive  le  «  75  »  I) 
Baïonnette  au  flingot, 
(Vive  le  «  Rimailho  »  I 

IX 

C'est  la  «  charge  »  héroïque 

Achevant  la  panique... 

«  Poussons  ferme,  il  le  faut 

(Vive  le  «  75  »  !) 

«  Pour  l'honneur  du  Drapeau  I  » 

(Vive  le  «  Rimailho»  I) 

X 

Enfin  !  c'est  la  Victoire  ! 

«  Mignonn's,  assez  de  gloire. 

Jusqu'à  demain  repos  ! 

(Vive  le  «  75  ») 

Faites  un  bon  dodo  1  » 

(Vive  le  «  Rimailho  »  !) 

XI 

—  «  Que  dit  d'nous  l'Infant'rie  ? 

—  «  Eir  dit  :  Vive  l'ArtilTrie  ! 

—  «  Qu'en  disent  Joffre  et  Pau  ? 

—  «  Vive  le  «  yS  »  I 

—  «  Et  que  dit  Castelnau  ? 

—  «  Vive  le  «  Rimailho  »  !  » 


PRIERE  AU   ((  JEUNE   BON   DIEU  » 


PRIERE  AU  «JEUNE  BON  DIEU» 


Jeune  bon  Dieu  qui,  dans  la  Crèche, 
Rajeunis  ton  Eternité, 
Toi,  dont  la  tendre  Loi  ne  prêche 
Que  l'Amour  et  la  Charité, 


192 


Doux  Roi  du  plus  doux  des  Royaumes, 
C'est  Toi  que  nous  invoquei^ons 
Et  non  les  vieux  dieux  des  Guillaumes, 
Des  Attilas  et  des  Nérons  : 


«Jeune  Dieu  rayonnant  de  Gloire 
Aux  yeux  clairs  jamais  courroucés, 
D'un  Geste  accorde  la  Victoire 
Aux  descendants  de  tes  Croisés  ; 

Cette  Victoire  —  très  prochaine  — 
Nous  la  demandons  par  Clovis, 
Par  Jeanne  la  bonne  Lorraine, 
Par  Bayard  et  par  Saint  Louis  ; 

De  Toi,  fils  de  la  Vierge  pure. 
Nous  l'implorons  par  la  douleur 
De  nos  vierges  que  la  Luxure 
Traque  et  viole  sans  pudeur; 

Nous  l'exigeons  de  Toi,  le  Tendre 
Qui  fus  l'ami  des  tout  petits. 
Par  les  cris  que  tu  dois  entendre 
D'enfants  meurtris  par  des  bandits; 

Tous  nos  chers  blessés  en  détresse 
Te  la  réclament  à  genoux 
A  Toi  dont  le  gibet  se  dresse, 
Croix  rouge,  entre  le  ciel  et  nous; 


igS 


Nous  l'implorons  de  Toi,  le  Juste 
Mort  pour  expier  nos  péchés, 
Par  nos  fils  au  trépas  auguste 
Sur  leur  calvaire,  aussi,  couchés  1 

Par  les  pleurs  de  millions  d'êtres  : 
Epouses,  vieillards  endeuillés; 
Par  les  massacres  de  tes  prêtres  ; 
Par  tes  Sanctuaires  souillés; 

Par  Louvain,  par  Senlis  croulantes 
Et  par  Reims  qui,  près  de  mourir, 
Tend  vers  Toi  ses  tours  suppliantes 
Comme  les  moignons  d'un  martyr; 

Par  notre  farouche  Endurance; 
Par  nos  otages  en  exil. 
Jeune  bon  Dieu,  rends  à  la  France 
Justice  et  Gloire  1... 

Ainsi  soit-il.  » 


LES    CHANTS    DU    BIVOUAC 


CEST   LA   JEUNESSE! 


>^^ 


Andantino. 


C'EST  LA  JEUNESSE! 

Stances  à  la  Jeunesse  française. 

Musique  de  THÉODORE  BOTRELK 

5  W 


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Qui  donc  rem-plit   de    ses  chan- 


''^^^^^m^^^^m 


sons,  Nos  champs,  nos  bois  et  nos  maisons  ?  C'est  la  Jeunesse  1 


l^j=^^^E:ji^-=.^-^gia=^=J-=^^ 


Qui  donc  é-clai-re   no-tre  ciel  Comme  un  chaud 


bÉE^è=:jc^|!gT.-JE=ÈE^^g 


ray  -  on      de       so     -     leil? C'est    la    Jeu-nes-se! 

'  La  musique  d'accompagnement  est  éditée   à  la  Lyre  Bretonne,  83 
Faubourg  Saint-Denis,  Paris. 


^ipp-E;^-^E^g^^-=4:^_=^^^ 


Qui  ré-con-forte  et   rend  plus  gais  Nos  cœurs  ai- 


ZMZZ — 4 — —*-  —JL 


A-ë 


-^ — JJ — ^^— 


gris     ou       fa   -  ti     -     gués? C'est  la    Jeu-nes-sel 


pnco  adagio 


Quand  l'ho-ri-zon  nous  sem-ble  noir,  Qui  nous  re- 


entre  les  couplets 


donneun  peu  d'es  -  poirPC'estla    Jeu-nes    -     se! 


pour  finir 


i^=^^ 


^^^^m 


:f 


ra? C'est   la    Jeu-nes 


se  1 


I 

Qui  donc  remplit  de  ses  chansons 
Nos  champs,  nos  bois  et  nos  maisons? 

C'est  la  Jeunesse  I 
Qui  donc  éclaire  notre  ciel 
Comme  un  chaud  rayon  de  soleil  ? 

C'est  la  Jeunesse! 
Qui  réconforte  et  rend  plus  gais 
Nos  cœurs  aigris  ou  fatigués  ? 

C'est  la  Jeunesse  ! 
Quand  l'avenir  nous  semble  noir. 
Qui  nous  redonne  un  peu  d'Espoir  ? 

C'est  la  Jeunesse  ! 


'99 

II 

Quand  nos  cheveux  deviendront  blancs, 
Qui  soutiendra  nos  pas  tremblants  ? 

C'est  la  Jeunesse  ! 
Plus  tard,  qui  fermera  nos  yeux 
D'un  doux  geste  dévotieux  ? 

C'est  la  Jeunesse  ! 
Qui  donc  nous  ensevelira 
Et  —  quelques  jours  —  nous  pleurera? 

C'est  la  Jeunesse  1 
Lorsque  nous  serons  au  tombeau 
Qui  ramassera  le  Flambeau  ? 

C'est  la  Jeunesse  1 


Alors,  nos  Rêves  les  plus  doux. 
Qui  les  rêvera  comme  nous  ? 

C'est  la  Jeunesse  1 
Qui  rêvera  Fraternité, 
Justice,  Amour  et  Liberté  ? 

C'est  la  Jeunesse  ! 
Qui  donc,  instruite  à  nos  malheurs 
Profitera  de  nos  labeurs  ? 

C'est  la  Jeunesse  1 
Le  blé  semé  par  notre  main 
Qui  le  récoltera.  Demain  ? 

C'est  la  Jeunesse! 


IV 

Après  nous  qui  veillera,  mieux, 
Sur  l'héritage  des  Aïeux  ? 
C'est  la  Jeunesse  1 


Qui  rêvera  de  l'agrandir, 
Prête  à  lutter,  prête  à  souffrir  ? 

C'est  la  Jeunesse  1 
Qui  donc,  pour  être  un  jour  vainqueur. 
Se  fait  des  muscles  et  du  cœur  ? 

C'est  la  Jeunesse  I 
O  France  !  qui  te  gardera 
Et  qui  —  Demain  —  te  vengera  ? 

C'est  la  Jeunesse  ! 


^K  I  ■ 


«  ROSALIE  » 


A  l' Infanterie  française  et, 
particulièrement,  aux  catnarades 
de  tnon  Régiment,  le  41'"^,  [de 
Rennes. 


203 


((  ROSALIE» 


C'est  la  hatoiuiette. 

D'où  lui  vient  ce  nom  ?  Je  ne  sais  pas.  De  père  inconnu. 

Avec  un  éclat  de  rire,  il  a  dû  naître  au  soleil  dans  la  bouche  d'un  caporal 
gui  sifflait,  en  train  d'astiquer  a  l'enfanta.  Aussitôt,  comme  un  amadou 
battu  par  la  pierre  à  fusil,  il  a  pris  feu,  il  a  brillé,  brûlé...  sur  toute  la 
ligne...  Rosalie  !...  On  n'est  pas  bête.  On  avait  compris.  On  avait  deviné  du 
premier  coup,  sans  demander  à  personne,  qui  ça  voulait  dire.  Et  voilà  que 
précisément,  à  cette  minute,  arrivant  de  Bretagne,  ainsi  que  dans  les  vieux 
refrains,  Botrel  «r  vint  à  passer  par  là  ».  Il  ne  manqua  donc  pas  de  sauter 
sur  cette  Rosalie  si  avenante  et  d'en  faire  avec  amour,  en  deux  temps  et  trois 
mouvements,  la  chanson  qui  porte  haut  ce  titre,  et  que  vous  connatssex_  déjà. 

Elle  est  très  belle. 

Henri  Lavedan,  de  l'Académie  française. 

Grâce  à  la  Chanson  si  française,  si  joyeusement  crâne  de  notre  moderne 
Tyrtée,  les  partants  de  demain  iront  gaiement  à  la  Victoire  en  fredonnant 
Rosalie  1 

Général  V.  Goigoux,  Gouverneur  de  la  place  de  Lyon. 

...  Dans  les  tranchées,  ils  sont  gais,  ils  ont  de  l'esprit,  des  mots  à  l'em- 
porte-boche; ils  chantent  la  Marseillaise  et  Rosalie... 

Maurice  Donnât,  de  l'Académie  française. 

...  Nos  soldats  n'ont  pas  besoin  seulement  du  bon  ravitaillement  que  leur 
distribue  l'intendance  ;  il  leur  faut  aussi  des  vers  et  des  chansons  :  Rosalie 
et  la  Marseillaise;  sans  cela,  ils  se  battraient,  non  avec  moins  de  courage, 
certes,  mais  peut-être  aiec  moins  d'entrain,  pour  la  France I 

Gabriel  Hanotaux,  de  l'Académie  française. 


«  ROSALIE  » 

Chanson  à  la  gloire  de  la  terrible  petite  baïonnette  française. 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  K 
Chœur 


Mouvement  de  marche 
,,  Solo 


i=i=tï: 


1 — rr 


:ifct 


^ti 


-^=^ 


Ro  -  sa  -  li  -  e,  c'est    ton  his-toi  -  re,  Ro  -  sa- 
.        Solo 


=i==t): 


11^ 


^Pè 


ï^* 


li  -  e,  c'est    ton    his-toi  -  re   Que  nous  chan-tons 

1  L'accompagnement    pour    piano   est   en  vente     chez  M.    Ondet, 
83  Faubourg  Saint-Denis,  Paris. 


204 


Chœur 


M! 


r 


Solo 


-^ 


p  r 


à     ta    gloi-re, Verse   à     boi  -  re!  Tout  en    vi  -  dant 


Chœur 


^ 


^EÈ 


k* — ^- 

nos    bi- dons,  Buvons   donc  1 

Rosalie,  c'est  ton  histoire, 
Que  nous  chantons  à  ta  gloire, 

Verse  à  boire, 
Tout  en  vidant  nos  bidons. 

Buvons  donc  1 

* 
♦  * 

Rosalie  est  si  jolie 

Que  les  galants  d'Rosalie, 

Verse  à  boire  1 
Sont  au  moins  deux,  trois  millions. 

Buvons  donc  ! 

Rosalie  est  élégante 

Sa  robe  fourreau-collante, 

Verse  à  boire  ! 
La  revêt  jusqu'au  quillon. 

Buvons  donc  ! 

Mais  elle  est  irrésistible. 
Quand  elle  surgit,  terrible, 

Verse  à  boire  ! 
Toute  nue  :  baïonnette...  on  '  ! 

Buvons  donc  1 


Ou  bien  :  «  La  baïonnette  au  canon  1 


Sous  le  ciel  léger  de  France, 
Du  bon  soleil  d'Espérance 

Verse  à  boire! 
On  dirait  le  gai  rayon. 

Buvons  donc  1 

Elle  adore  entrer  en  danse 
Qaand,  pour  donner  la  cadence. 

Verse  à  boire  1 
A  préludé  le  canon. 

Buvons  donc  1 


La  polka  dont  ell'  se  charge 
S'exécute  au  pas  de  charge, 

Verse  à  boire  ! 
Avec  tambours  et  clairons. 

Buvons  donc  I 


206 


Au  mitan  de  la  bataille 
Elle  perce  et  pique  et  taille, 

Verse  à  boire  ! 

Pare  en  tête  et  pointe  à  fond. 

Buvons  donc! 


Et  faut  voir  la  débandade 

Des  mecs  de  Lembourg  et  d'Bade, 

Verse  à  boire  ! 
Des  Bavarois,  des  Saxons, 

Buvons  donc  I 


Rosalie  les  cloue  en  plaine  : 
Ils  l'ont  eue,  déjà,  dans  l'aine.. 

Verse  à  boire  ! 
Dans  l'rein  bientôt  ils  l'auront. 

Buvons  donc  1 


Toute  blanche  elle  est  partie. 
Mais,  à  la  fin  d'ia  partie. 

Verse  à  boire  I 
Elle  est  couleur  vermillon, 

Buvons  donc  l 


Si  vermeille  et  si  rosée 
Que  nous  l'avons  baptisée 

Verse  à  boire  ! 
«  Rosalie  »,  à  l'unisson. 

Buvons  donc  I 


207 


Rosalie  1  sœur  glorieuse 
De  Durandal  et  Joyeuse, 

Verse  à  boire  I 
Soutiens  notre  bon  renom. 

Buvons  donc  1 

Sois  sans  peur  et  sans  reproches 
Et  du  sang  impur  des  Boches, 

Verse  à  boire  l 
Abreuve  encor  nos  sillons  1 

Buvons  donc  ! 


Nous  avons  soif  de  vengeance  : 
Rosalie,  verse  à  la  France 

Verse  à  boire  ! 
De  la  Gloire  à  pleins  bidons  ! 

Buvons  donc  1 


En  Flandres... 


LES    CHANTS   DU   BIVOUAC 


14 


LA  CHANSON  DU  BRANLE-BAS 


2l3 


LA  CHANSON  DU  BRANLE-BAS 

Marche  des  fusiliers-marins.  Sur  l'air  de  «  En  avant,  les  gâs  I  » 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  ». 
Solo  <^ 


p^,  1 1  ^-^-i-=^^=^ijij:  ji  ^^^ 


Les  ma  -  rins   ont   un  cœur   fi- 
Chœur 


pv^^:^zf^m—rnrj^?¥^^ 


de  -  le    Qui    ne«mol-lit  »pas,  Les  ma-rins  ont  un 

Solo 


E^  i'  iTs=^^  i  i  n=^ 


coeur  fi  -  dè-le    Qui    ne  «mol-lit»  pas!   Le    de- 


voir  au  feu  nous  ap  -  pel-le.      En     a  -  vant,  les 


Chœur 


WP-iè==^=^^^=r]  ^.  J    .^  ^ 


:û=i^ 


gâs  !  Le    de-voir   au  front  nous  ap -pel-le,    En    a- 


V»:^  j,  J  ;  I  j  ^^^ 


vant,  En     a -vant,  les     gâs!...        Les  ma- 


Les  marins  ont  un  cœur  fidèle 


bis 


Qui  ne  «mollit  pas».     S 
Le  Devoir  au  «feu»  nous  appelle  :     i    . 
En  avant,  les  gas!  ) 


•  L'accompagnement  de  piano  est  édité  par  M.  Ondet,  83,  Faubourg 
Saint-Denis,  Paris. 


214 


Les  marins  savent  en  cadence 

Défiler  au  pas... 
S'il  nous  faut  entrer  dans  la  danse  : 

En  avant,  les  gâsl 

Les  marins  ont  tous  l'espérance 
D'un  bien  doux  trépas.... 

Mais,  s'il  faut  mourir  pour  la  France, 
En  avant,  les  gâs  ! 

Les  marins  ont  fameuse  «pogne» 
Pour  «souquer  dans  l'tas»  : 

S'il  s'agit  de  cogner,  l'on  cogne  I 
En  avant,  les  gâs  ! 

Les  marins  sont  à  la  frontière 
Au  front  des  combats  : 

On  n'est  pas  des  gaillards  d'arrière! 
En  avant,  les  gâs  ! 

Les  marins  aiment  la  bataille 

Et  le  branle-bas  : 
S'il  nous  faut  braver  la  mitraille. 

En  avant,  les  gâs! 

Les  marins  —  drapeau  tricolore  !  — 
Ne  «  t'amèn'ront  »  pas  : 

Pour  te  mieux  baptiser  encore. 
En  avant,  les  gâs  ! 

Les  marins  plus  la  tâche  est  rude 
Et  moins  ils  sont  las  : 

Pour  venger  les  Morts  de  Dixmude 
En  avant,  les  gâs  ! 

(Nieuport-Dixmude,  décembre  1914.) 


A  LA  FRANÇAISE 


A  LA  FRANÇAISE 


tf 


Sur  ma  chanson  de  «  Kergariou  ». 

Musique  de  GEORGES  MARIETTI  '. 


m 


11     s'ap-pe-lait   de    Ker-go- 


fci 


m 


lan.  N'admettait  que  le    drapeau  blanc  Tant  il     é- 


^^=4 


3^fe 


^PlTi 


* 


tait    lé  -  gi  -  ti  -  mis     -      te  ;  Il       l'é  -  tait 


i 


com  -  me     ses      a  -ïeux;Fier     et     tê  -  tu,  pau- 


^m-â^^  j  I  f^-_u^Ju:^ 


vre  comme  eux.  Et,  comme  eux  aus  -  si,    fa  -  ta- 


1  L'accompagnement  pour  piano  est  édité  par  M.  Ondet,  83,  Faubourg 
Saint-Denis,  Paris. 


2l8 


Égrg^^3ii:-if-j  dx:^ 


le  :        Por  -  tait  l'ha  -  bit   des     an-ciens 


'g^JEJE5g^^p;g^^^.=j=J=J| 


jours  Et  mettait  le  mê    -   me  toujours, Hi-ver,  é- 


fa=£^^^g^^^^=EM 


i 


iS 


* 


té,  prinlemps,au-lom-ne;Vint    à    Pa-ris  en 


bragou-braz',  Ap-puy-  é     sur  un  grand  penn-haz' 


-±k\    1     f» — î — -R^  n=^  -^-  -1 i  *>  l    \)—  ■ 

gp*^^i{  *'- — i — ^ — \~ p ^^-J^ji — 

A     la    bre  -  ton 


Ca- 


I 

Il  s'appelait  de  Kergolan, 
N'admettait  que  le  Drapeau  blanc 
Tant  il  était  Légitimiste. 
11  l'était  comme  ses  Aieux; 
Fier  et  têtu,  pauvre  comme  eux 
Et,  comme  eux  aussi,  fataliste  1 
Portait  l'habit  des  anciens  jours 
Et  mettait  le  même  toujours. 
Hiver,  été,  printemps,  automne; 
Vint  à  Paris  en  bragou-braz  * 
Appuyé  sur  un  grand  penn-baz^  : 
A  la  Bretonne  ! 


1  Larges  braies  bretonnes. 

2  Bâton  breton. 


219 


II 

Cavalier  souple  aux  clairs  regards, 
Il  s'enrôla  dans  les  Hussards 
Dont  il  fui  bientôt  capitaine... 
Devint  la  terreur  des  époux  : 
Eut  deux,  trois,  quatre  rendez-vous 
Et  puis  les  compta  par  douzaine; 
De  tous  les  cœurs  fut  triomphant  : 
Du  farouche  qui  se  défend 
Et  du  craintif  qui  se  hasarde; 
Hop  là!  tous  ne  faisaient  qu'un  saut  : 
Il  vous  les  emportait  d'assaut: 
A  la  Houzarde! 

III 
Mais  voilà  qu'au  dernier  mois  d'Août 
L'orage  éclatant  tout  à  coup 
De  Kergolan  part  à  la  Guerre. 
Il  s'y  bat  gaîment,  sans  souci  : 
La  Mort  est  une  femme  aussi 
Le  beau  Breton  ne  la  craint  guère  ! 
Or,  au  matin  de  Charleroi, 
Nous  ayant  crié  :  «  Suivez-moi  !  » 
Il  s'élança  dans  la  fournaise  : 
Y  mourut  parmi  ses  sabreurs 
En  embrassant  les  Trois  Couleurs  : 
A  la  Française  1 


DANS  LA  TRANCHÉE 


A  mon  jeune  et  vaillant  ami, 
le  Capitaine  A.  Bruant. 


^^ 


K 


DANS  LA  TRANCHÉE 


Sur  l'air  de  «  A  Batignolles  »,  d'Aristide  Bruant  i. 


^^ 


*=tc 


Chœur 


^m 


^ 


=f^=t 


«Je  vous   é  -  cris,  ma  cher' ma-man,  Ma 


Solo 


i 


fe^Êï 


;î^ï 


cher'    ma-man,  Du  -  rant  que,  pour   un     bon    mo- 
Chœur  Solo 


|/r  p=^^g^p^^^=p=^^ 


ment.  Un  bon  moment,  No-tre  sec-tion  est  bien  ca- 


^m 


^^ 


PI  r  ^  ^  Ht 


s^ 


ché  -  e  Dans   la    tran-ché  -  e  ! 


1  L'accompagnement  pour  piano  est  édité  par  M.  Ondet,  83,  Faubourg 
Saint-Denis,  Paris. 


224 


Je  vous  écris,  ma  cher'  maman. 
Chœur  :  Ma  cher'  maman, 
Durant  que,  pour  un  bon  moment, 
Chœur  :  Un  bon  moment. 
Notre  section  est  bien  cacliée 
Dans  la  tranchée    I 

Tous  pas  bileux,  tous  bons  copains, 
On  est  là,  comm'  des  p'tits  lapins 
—  Face  aux  Pruscots  —  toute  un'  nichée. 
Dans  la  tranchée  ! 

C'est  vraiment  le  p'tit  trou  pas  cher  : 
Y  a  pas  à  dir',  c'est  «  la  grande  air  »... 
Quoiq'  la  vue  soit  un  peu  bouchée 
Dans  la  tranchée  I 

Mais,  par  l'orchestr'  d'un  casino, 
Par  les  tzigan's  ou  le  piano. 
On  n'a  pas  l'oreille  écorchée 
Dans  la  tranchée  I 

Nos  «  75  »,  nos  «  Rimailhos  », 
Nous  berçant  à  leurs  trémolos. 
On  rêve  à  la  Franc'  revanchée 
Dans  la  tranchée! 

Dès  qu'apparaît  le  quart  seul'ment 
De  la  moitié  d'un'  gu...  d'AU'mand, 
Nous  la  rentrons,  très  amochée, 
Dans  la  tranchée! 


225 


Alors,  commenc'nt,  sempiternels, 
Les  arrosages  de  leurs  schrapnels  : 
La  terre  en  est  toute  jonchée 
Dans  la  tranchée  ! 

Nous  rigolons  dans  nos  clapiers  : 
«  Queir  collection  de  press'-papiers, 
Pour  le  retour,  sera  pèchée 
Dans  la  tranchée  I  » 

L'un  d'nous  est  mort  —  et  mort  joyeux  — 
En  s'écriant  :  «  Tout  est  au  mieux, 
Voilà  ma  tomb'  toute  piochée  : 
Dans  la  tranchée  I  » 

Le  sergent  —  qu'est  curé  —  lui  dit  : 
«  Repose  en  paix,  héros  béni 
Sur  qui  la  Gloire  s'est  penchée 
Dans  la  tranchée  ! 

»  Nous  te  veng'rons,  nous  ['jurons  tous. 
Car  la  Victoire  est  avec  nous  : 
Elle  mont'  la  gard',  près  d'  nous  couchée 
Dans  la  tranchée  1  » 


LES  CHANTS  DU  BIVOUAC 


LE  PETIT  PAQUET 


LE  PETIT  PAQUET 

Chanson  reconnaissante,  dédiée  à  la  Française,  sur  l'air  du  Petit  Panier  *. 


La  vaillante  Française 
Que  je  chante  ici 
Serait,  j'  crois,  bien  aise 
De  combattre  aussi; 
Mais  sa  tâche  est  belle, 
Amis,  qu'en  dit's-vous  ? 
Nous  luttons  pour  elle: 
Eli'  tricot'  pour  nous  1 

Refrain  : 
Ah  i  la  bonn'  patriote  1 

Voyez  sa  menotte. 

Comme  elle  tricote  ! 
C'est  son  p'tit  coeur  qu'ell'  met 

Dans  le  «p'tit  paquet» 

Dans  le  «  p'tit  paquet  •»  ! 

*  Musique  chez  Dorey,   éditeur,  Paris  (et  chez   M.  Ondel,  83,  Fau- 
bourg Saint-Denis.) 


23o 


Jadis,  les  Bretonnes 
Pour  leur  Duguesclin 
Filaient,  les  mignonnes. 
Le  chanvre  et  le  lin  : 
Pour  les  gens  de  Guerre, 
La  femm'  d'aujourd'hui, 
Comm'  ceir  de  naguère, 
Travaiir  jour  et  nuit... 

(Refrain) 

Ah  1  les  paquets  chouettes. 
Si  bien  ordonnés  : 
Cal'çons  et  chaussett's. 
Chandails  et  cach'-nez! 
Sans  qu'il  y  paraisse 
(En  plus  du  tricot), 
Femm',  c'est  ta  tendresse 
Qui  nous  tiendra  chaud  1 

(Refrain) 


23 1 


Puis,  y  a  des  gât'ries  : 
Des  cart's,  du  tabac  ; 
Des  petit's  chat'ries  : 
Bonbons,  chocolat; 
Et  moi  qu'aim'  la  Gloire, 
J' viens  mêm'  d'y  trouver 
Ce  gag'  de  victoire  : 
Un'  feuiir  de  laurier  I 

(Refrain) 

Pour  ton  point  d'  chaînette. 
Ton  crochet  t'  suffit, 
Comm'  notr'  baïonnette 
Nous  suffit  aussi  : 
Fière  tricoteuse, 
Notr'  aiguiir  d'acier 
Est  une  travailleuse 
Qui  sait  son  métier... 

Ohl  la  bonne  patriote  : 
Dans  l'armée  Pruscote, 
Comme  elle  tricote  ! 
Faut  voir  ce  qu'elle  en  met 
Dans  les  gros  paquets. 
Dans  les  gros  paquets  1 


LE  TRAIN  DES  SOLDATS 


:>^U\ 


LE  «TRAIN  DES  SOLDATS» 


—  Bien  1'  bonjour,  Monsieur  1'  chef  de  gare  : 
Est-il  passé  1'  train  des  soldats  ? 

—  Non  !  Il  n'  pass'  point  sans  crier  gare; 
Espèr',  ma  fille  :  il  n'  tard'ra  pas. 

—  Ouf  I  tant  mieux!  Vrai,  j'en  suis  tout  aise  ; 
J'  tremblais  d'être  en  r'tard  à  c'  coup-ci  ! 

—  Mais,  pourquoi  donc,  ma  pauvr'  Gervaise, 
Viens-tu,  quatr'  fois  par  jour,  ici  ? 


236 


C'est-il  point,  dis,  ma  p'tit'  drôline, 
Que  tu  cherch's  à  voir  un  parent  ? 

—  NonI  vous  r  savez  :  j'  suis  orpheline... 
Ni  pèr',  ni  frèr'  I  —  C'est  différent! 
Donc,  c'est  un  galant  que  tu  guettes  ? 

Ne  rougis  point,  va!  Ya  pas  d'  quoi  : 
T'as  beau  n'êtr'  qu'un'  gardeuse  d'  bêtes, 
T'es  gente  ainsi  qu'  la  fiU'  d'un  roi  ! 

—  Oh  !  les  homm's  ne  m'argardent  guère  : 

J'  suis  si  pauvr'  que  j'  compt'  point  pour  eux... 

Mais  n'empêch'  que,  depuis  la  guerre, 

Ils  sont,  tertous,  mes  amoureux  : 

Oui,  tous  ceux-là  qui,  pour  la  France, 

S'en  vont  s'  fair'  tuer,  là-haut,  chaqu'  jour, 

J'  les  aim'...  que  c'en  est  un'  souffrance! 

Mais,  comment  leur  prouver  c'  t'amour  ? 

Nos  «  dam's  »  et  nos  «d'moisell's»  —  des  riches 

(En  ont-ell's  de  la  chanc',  cell's-là  I) 

Peuv'nt  leur  offrir  de  plein's  bourriches 

De  fruits,  de  gâteaux,  d'  chocolat... 

Mais,  moi,  d'  l'autr'  côté  d'  la  barrière. 

Quoi  fair'  ?...  Ben,  v'ià  :  j'  les  r'gard'  passer 

Et,  n'ayant  qu'  ça  dans  ma  misère, 

J'  leur  envoie,  à  chaque,  un  baiser  ! 


LE  CONSCRIT  CHANTE 


>5.^**.   ^- 


LE  CONSCRIT  CHANTE!... 

Musique  de  THÉODORE  BOTREL  K 


Allegro  marche. 

* 


^^^i 


P^^  i'  ^  i'-f^^ 


U  -  ne  troupe  à    tra-vers  les    ru -es 


*^ 


^Lj.  ;i  ;i  I  ;,  ^^^^r-]rM^ 


S'avance  en     fre-don-nantgaî-ment  :  Ce  sont  les 


J* 


yr  J    J,    P        ^Py-;,    ^    .M^L_^ 


nou-vel-les    re  -  cru -es  Que  l'on    a -mène    au 


'  Pour    se   procurer    la    musique     d'accompagnement,    s'adresser    à 
M.  G.  Ondet,  éditeur,  85,  Faubourg  Saint-Denis,  Paris. 


240 


^^^^^^E±^^y=r^ 


$ 


ré  -  gi  -  ment,  On     les      ad -mire,  on      les      ac- 


.1* 


Eï^J'~£ïj^^^^=^^^ 


cla  -  me.    On     est      é  -  mu,  joy- eux,  pour -tant 


^^^^^y^_j^_^^_f 


Dès    que      le      de  -  voir  le       ré  -  cla  -  me. 


^i=^j'"lJ:  ■t^^^Ej^=?=^ 


Le    cons-crit    part    en   chan-tant,  Tra    la       la 


i 


tf 


la       la       la       la        la,      en   chan-tant. 


* 


Dernier  couplet. 


^ 


*= 


h^:.^rj^m^ryrTj 


C'est  le  com-bat,  le   ca-non  ton-ne. 


^^^^^^^^^^ 


«De  quoiPdit      le   cons-crit  joy- eux,  Cet- te  «  ro- 


4fe 


p=J^r^=p^TT~;^=M=3t^ 


5^ 

mance»est  mo-no  -  to-  ne;  La  Mar-seil  -  lai  -  se 


^^^j^j^\E^,i^i^^^ 


vaut  bien  mieux:  Allons, en-fants  de     la    Pa  -  tri  -  e  I 


241 


un  peu  plus  lent 

h 


^^3^^^ip^^ 


el»  A  ces  mots,  un    o  -  bus  l'é- tend...     Ain-si 


tzt=t.i^^i^^mwT^ 


qu'il    a     vé  -  eu     sa      vi  -  e.     Le  Fran-çais  meurt 


tf 


p:g^3^fe^^^ 


p=* 


en  chan-tant;  Pour  la     Pa-trie    il  meurt  con  -  tent. 


^^^E^g^ 


En   chan-tant  111 


Une  troupe  à  travers  les  rues 
S'avance  en  fredonnant  gaiement 
Ce  sont  les  nouvelles  recrues 
Que  l'on  amène  au  régiment. 
On  les  admire,  on  les  acclame"; 
On  est  ému,  joyeux  pourtant... 
Dès  que  le  Devoir  le  réclame 
Le  conscrit  part  en  chantant  : 
«vTra,  la,  la,  la,  la,  la,  la,  la!» 
En  chantant  ! 


II 

Ohé  I  petit  «  bleu  »,  vite,  à  l'œuvre 
En  hâte,  apprends  ton  dur  métier  ! 
Gaiement  le  brave  gâs  manœuvre 
El  pivote  le  jour  entier; 

I.ES   CHANTS   DU    BIVOUAC 


16 


242 


Il  s'entraîne,  il  irime  avec  rage 
Sans  s'arrêter  un  seul  instant  : 
Pour  avoir  du  cœur  à  l'ouvrage 
Le  conscrit  trime  en  chantant  : 
«  Tra,  la,  la,  la,  la,  la,  la,  la  !  » 
En  chantant  ! 

III 

Mais  le  jeune  «  bleu  »  de  naguère 
Est  presqu'un  «  grognard  »  aujourd'hui 
Le  voilà  «  paré»  pour  la  Guerre 
Dès  qu'on  aura  besoin  de  lui  ; 
Alors,  vite,  on  casse  une  croûte 
Et  l'on  s'en  va,  tambour  battant: 
Afin  de  raccourcir  la  route 
Le  Conscrit  part  en  chantant  : 
«Tra,  la,  la,  la,  la,  la,  la,  la  !  » 
En  chantant! 

IV 

C'est  le  combat  !  Le  canon  tonne  ! 
»  De  quoi  ?  dit  le  conscrit  joyeux 
»  Cette  «  romance  »  est  monotone  : 
»  La  Marseillaise  vaut  bien  mieux. 
»  Allons,  enfants  de  la  Patrie  !...  » 
A  ces  mots,  un  obus  l'étend  : 
Ainsi  qu'il  a  vécu  sa  vie 
Le  Français  meurt  en  chantant; 
Pour  la  Patrie  il  meurt,  content. 
En  chantant  I 


EN  REVENANT  DE  GUERRE 


EN  REVENANT  DE  GUERRE 


Sur  l'air  «  En  revenant  de  noce  ». 


m^^^ 


^=?=g^ 


*= 


En  re-ve-nant  de  guer-re     Je   s'rai  bien   fa  •  ti- 


ES=;3J^aa=^ 


*=Ù: 


gué;  Mais  ne  m'en  plaindrai  guère  Tant  j'aurai     le  cœur 
Chœur  ^         1__JL_J!L_JL. 


i 


gai  !  Ah  !  j'I'attends,  j'I'atlends.j'l'attends,  Le  jour  de 


MS^^^ 


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loi  -  re     Et     de     vie  -toi   -  re  I    Ah!  j'I'attends,  j'I'at- 


1 


t±±J=è: 


^ 


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tends,  j'I'attends  Pour  la    Pa  -  tri'  que  j'ai -me    tant!... 


246 


En  revenant  de  guerre 

Je  s'rai  bien  fatigué; 

Mais  ne  m'en  plaindrai  guère 

Tant  j'aurai  le  cœur  gai  ! 

Ah  !  j'  l'attends,  j'  l'attends,  j'  l'attends 

Le  jour  de  Gloire 

Et  de  Victoire  ! 
Ah!  j'  l'attends,  j'  l'attends,  j'  l'attends 
Pour  la  Patrie  que  j'aime  tant  ! 

Je  dirai-z-à  mon  père  : 
«  J'  t'ai  point  déshonoré  : 
D'  la  médaiir  militaire. 
Vois,  je  suis  décoré!» 


Ah  !  f  l'attcmis... 

J'  dirai-z-à  mon  p'tit  frère  : 
«  Viens  me  désharnacher  !  » 
Je  dirai-z-à  ma  mère  : 
«Fais-moi  d'  la  soupe  au  lait!  » 

Ah  !  y  l'attends... 

J'embrass'rai  Marie-Claire, 
Ma  jolie  fiancée  ; 
Je  lui  dirai  :  «Ma  chère, 
J'  te  reviens  tout  entier  ; 

Ah  !  j'  l'attends... 

Avertis  Monsieur  1'  Maire 
Et  Monsieur  le  Curé... 
L'AH'mand  battu-z-en  guerre 
J'allons-t-y  nous  aimer!» 

Ah  !  j'  l'attends... 


VOICI  LA  NOËL.  MON  HOMME! 


VOICI  LA  NOËL,  MON  HOMME!, 

Sur  l'air  de  «  Va,  mon  ami,  va,  la  lune  se  lève...  ». 


Andantino  quasi  allegretto 
Solo 


p^EE^i^^^^^^ 


Voi  -  ci      la    No  -  ël  I...  Hé-las!  cette  an  -  né  -  e. 


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Voi  -  ci      la    No  -  ël  1...  Hé  -  las!  cette   an  -  né  -  e 


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A: 


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Tu    ne    fe  -  ras     pas      La  «ré  -  veil  -  Ion  -  né  -  e  I  » 
Chœur 


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EsSj~nB 


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r-r-r-5-«rfTTTTiF 

Va,  mon  homme,  va,     La  France  est  blés -se  -  e, 


Va,  mon  homme,  va:    Tu    la     ven-ge-rasl 


25o 


Voici  la  Noël  !...  Ilclas!  celle  année  (bis) 
Tu  ne  feras  pas  la  «  réveillonnée  !  » 

Va,  mon  homme,  va, 
La  France  esl  blessée; 
Va,  mon  homme,  va, 
Tu  la  vengeras  ! 

Tu  n'enlendras  pas  les  carillonnées  (bis) 
De  nos  vieux  clochers  aux  tours  dentelées. 

Va,  mon  homme,  va... 

Tu  ne  verras  pas  la  ribambellée  (bis) 
Des  petits  sabots,  dans  l'âtre  alignée. 

Va,  mon  homme,  va... 

Où  la  feras-tu  la  sainte  Veillée  {bis) 

Dans  le  fond  d'un  bois  ?  ou  dans  la  tranchée  ? 

Va,  mon  homme,  va... 

Mais  que  cette  nuit,  par  moi,  soit  passée  (bis) 
De  garde  avec  toi...  du  moins  en  pensée! 

Va,  mon  homme,  va... 

N'ai-je  pas  l'Amour  qui  m'a  cuirassée  ?  (bis) 
La  Prière  aussi  qui  vaut  une  épée  ? 

Va,  mon  homme,  va... 

Or,  de  tous  les  coeurs,  en  cette  nuitée  (bis) 
La  même  prière  au  Ciel  est  montée  : 

Va,  mon  homme,  va... 

«  Jésus,  que  la  paix  nous  soit  redonnée  (bis) 
Par  la  douce  Loi  dans  la  Crèche  née.  » 

Va,  mon  homme,  va... 


25l 


«  Noël  !  Fais  pleuvoir  du  haut  des  nuées  (bis) 
Des  brins  d'olivier  dans  nos  maisonnées  !...  » 

Va,  mon  homme,  va, 
La  France  vengée. 
Va,  mon  homme,  va, 
Tu  me  reviendras  1 


A  L'ONCLE  SAM 


A  L'ONCLE  SAM!... 

(poésie  dédiée  à  rAmérique  pour  la  remercier  des  cadeaux  de  Noël 
envoyés  aux  petits  enfants  de  France.) 

Oncle  Sam,  écoute  et  regarde 
Tous  ces  petits  Français  heureux 
Qui  me  prient,  moi,  leur  humble  barde, 
De  te  remercier  pour  eux  ; 

On  leur  avait  dit  :  «  Cette  année 

»  Père  Noël  ne  pourra  pas 

»  Descendre  dans  la  cheminée 

»  Car,  chez  nous,  c'est  la  Guerre,  hélas! 

»  Nul  ne  peut  franchir  avant  l'aube 
»  La  «  zone  armée  »;  et  puis,  du  ciel, 
»  Un  sacrilège  et  méchant  «  Taube  » 
»  Pourrait  bien  mitrailler  Noël  1 


»  Sur  instance  pontificale 
»  La  Crèche  est  cachée  avec  soin 
»  (>omme  une  simple  cathédrale 
»  On  la  bombarderait  de  loin  ! 


250 


»  Quand  il  est  revenu  de  mode, 

»  Innocents,  de  vous  massacrer, 

»  Il  est  prudent  de  craindre  Hérode  : 

»  Couchez-vous  sans  bruit,  sans  pleurer  ; 

»  Mettez  dans  un  coin  de  la  chambre, 
»  Et  non  dans  l'âtre,  vos  souliers  : 
»  Par  ce  triste  vingt-cinq  Décembre 
»  Les  joujoux  seront  oubliés  I  » 

Et  voici  Noël  —  ô  merveille  !  — 
Qui  nous  vient  à  bord  du  Jason 
Et  qui  nous  débarque  à  Marseille 
Sa  mirifique  cargaison  ; 

Et,  soudain,  dans  chaque  chaumière 
Retentissent  de  joyeux  cris  ; 
Et  l'Espoir,  comme  une  lumière. 
Eclaire  les  fronts  assombris  : 

Des  mamans  au  cœur  lourd  d'alarmes 
Les  bons  rires  sont  retrouvés 
Et  —  là-bas  —  les  pères  en  armes 
Rient  de  se  sentir  approuvés  ! 

*  * 

Ah!  sois  donc  béni  par  l'Enfance, 
Oncle  Sam,  et  sois-le  par  nous 
Toi  qui  viens  semer  sur  la  France 
De  l'Espoir  avec  des  joujoux  ; 

Et  que  les  vents  de  l'Atlantique 
Portent  —  lancés  à  tour  de  bras  — 
Aux  petits  enfants  d'Amérique 
Les  baisers  de  nos  petits  gâs. 

(25  décembre.) 


SERRONS  LES  RANGS 


LES  CHANTS  DU    BIVOUAC  I? 


îbg 


SERRONS  LES  RANGS!... 

Mushiiie  de  THÉODORE  BOTREL  ', 


Allegro. 


î^^=j=JMJ^^^=?^F^ 


Les  Cel-tes  roux      aux   ro-bus-tes  é- 


ï^.=^-^\-.-j^E^]^=îEm^=^=m 


pau   -    les.     Les  fiers  Gau-lois    et  les  Francs  va- leu- 


f^^T=^^^^^^^ 


reux 


Ont    fé-con-dé 


le    sol  des  vieil-les 


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Gau   -    les     En     le    baignant  de    leur  sang  gé  -  né- 


i 


*=^s* 


t^~i'-A-^ 


Et^ 


* 


Ils  sont    à     nous,  ils   sont  notre  hé  -  ri- 


^S^^^^ 


e 


N        N- 


ta    -    ge,  Ces  champs,  ces  bois,  ces  coteaux    et    ces 


Où    des  ban-dits  pleinsde   haine  et     de 


près. 


% 


ra     -     ge,  Lièvres  peureux,  tremblants,  se  sont  ter- 


'  Musique  d'accompagnement  chez  M.  G.  Ondet,  éditeur,  83.  Fau- 
bourg Saint-Denis,   Paris. 


200 


REFRAIN 


^^^^^=^=jB^UZ^^l_^_li!^ 


rés  !  Ser-rons  les  rangs,      A  -  mis, Toujours  u- 


i^^-^^=^^trTj\-j-r^^ 


nisl        Tous  aux  combats,      Sol-dats,  Du  mê-me 


pas!         Plus  hauts  les  fronts.  Les  cœurs,  les       â- 


fp^ffr^^^=^^)czX:^^ 


mes.     Et    ces    in  -  fâ  -  mes  Nous  les    vain-crons 


^^^^■=^_^aj=jEE^;NE^g^ 


:i=t)=tt 


Ser-rons    les    rangs,       Vi  -  vants   Et     tri  -  cm- 


m 


^^- 


3^*: 


jn-y-j-J=g: 


sd=:=*: 


phants.       Et  plus  en -cor,     mou-rants, Ser-rons  les 


i 


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rangs 


Le    front    dé   -  jà     bai-gné  de      gloi- 


^TTT^lITTlI^g^ 


re,  Vers  la    vie  -  toi- re Courants, Ser-rons         ser- 


entre  les  couplets 


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3^ 


* 


'    pour  finir 


P^M=^ 


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rons    les    rangs  t 


rons    les     rangs  I 


201 


I 

Les  Celles  roux  aux  robustes  épaules, 
Les  tiers  Gaulois  et  les  Francs  valeureux 
Ont  fécondé  le  sol  des  vieilles  Gaules 
En  le  baignant  de  leur  sang  généreux  : 
Ils  sont  à  nous  ;  ils  sont  notre  héritage 
Ces  champs,  ces  bois,  ces  coteaux  et  ces  prés 
Où  des  bandits,  pleins  de  haine  et  de  rage. 
Lièvres  peureux,  tremblants,  se  sont  terrés! 

Serrons  les  rangs,  amis. 

Toujours  unis  ! 
Tous  au  combat,  soldats, 

Du  même  pas  ! 
l'ius  hauts  les  fronts, 

Les  cœurs,  les  Ames 

Et  ces  infâmes 

Nous  les  vaincrons  ! 
Serrons  les  rangs,  vivants 

Et  triomphants 
Et  plus  encor,  mourants, 

Serrons  les  rangs  ! 
Le  front  déjà  baigné  de  Gloire, 

Vers  la  Victoire 
Courants 
Serrons,  serrons  les  rangs  1 


II 

Ah  1  que  de  fois  au  cours  de  son  Histoire 
Quand  on  croyait  tout  sombré,  tout  perdu, 
Notre  Pays  du  fond  de  la  nuit  noire 
A  vu  surgir  le  sauveur  attendu  : 


202 


C'étaient,  jadis,  un  Bayard,  une  Jeanne  ; 
C'étaient,  hier,  un  Kléber,  un  Marceau... 
Et  quand,  sur  Lui,  de  nouveau  la  mort  plane. 
C'est,  aujourd'hui,  Joffre  et  de  Castclnau  ! 

Serrons  les  rangs  !. 

III 

Gloire  à  nos  chefs!  Jurons  tous  de  les  suivre 
Jusques  au  but  qu'ils  nous  désigneront  1 
Plutôt  mourir,  mourir  dix  fois,  que  vivre 
Demi-vaincus  avec  la  Honte  au  front. 
Coeur  contre  cœur,  entonnons,  triomphante, 
La  Marseillaise  aux  farouches  élans 
Et  nous  verrons  reculer  d'épouvante 
Attila  Deux  et  ses  guerriers  sanglants! 

Serrons  les  rangs!. 


SONNEZ,  CLAIRONS! 


265 


SONNEZ,  CLAIRONS  !... 

Sonnez,  clairons  de  la  Justice  : 
Clamez  au  monde  épouvanté 
Du  Kaiser  la  duplicité  ; 
Pour  que,  sur  lui,  s'appesantisse 
Le  mépris  lourd  des  cœurs  bien  nés. 
Sonnez,  clairons  de  la  Justice, 
Sonnez  1 

Sonnez,  clairons  de  la  Bataille  : 
A  travers  monts,  et  prés,  et  bois, 
Sonnez  le  réveil  des  Gaulois  ! 
Pour  que  se  ruent,  cambrant  la  taille, 
Les  jeunes  comme  leurs  aînés, 
Sonnez,  clairons  de  la  Bataille, 
Sonnez  !  Sonnez  1 

Sonnez,  clairons  de  la  Victoire  : 
Que  l'orgueil  alsacien-lorrain 
Rugisse  en  votre  voix  d'airain  1 
Pour  nous  rouvrir  —  ô  Joie  !  o  Gloire  ! 
Les  deux  Pays  abandonnés, 
Sonnez,  clairons  de  la  Victoire, 
Sonnez!  Sonnezl 
Sonnez  ! 

(51  décembre  1914.) 


N.  D.  E.  —  La  2'"'  série  des  «  Chants  de  Guerre  »   paraîtra    sous 
titre  :  Chansons  de  rouie. 


TABLE  DES  MATIERES 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Préface  :    «  Le    Chansonnier   des  Armées  »,  (Maurice 
Barrés,  de  l'Académie  française). 

EN    BRETAGNE 

Pages 

1.  Hardi,  les  gas  ! 5 

2.  Mes  claironnées 9 

3.  La  lettre  du  soldat 13 

4.  Leurs  amis  et  les  nôtres 19 

5.  C'est  ta  Gloire  qu'il  nous  faut  ! 23 

6.  Fleuve  de  larmes 29 

7.  Guillaume  s'en  va-t-en  Guerre 35 

8.  Les  Coiffes  blanches 41 

9.  Vas- Y,  MON  homme  ! 47 

10.  La  Terre  nationale 53 

11.  Kénavo,  Bretagne  ! 59 


12, 
13 

14 
15 
16 

17 
18 
19 
20 


EN  BELGIQUE 

Salut,  Belgique  ! 65 

Sur  la  route  de  Louvain 69 

Les  Fauves 75 

Aux  SOLDATS  Belges 79 

Allons,  plumons-  la    donc  ! 83 

Sous   l'étendard    de    LA    BELGIQUE      ....  89 

Un  Héros  belge  (le  Commandant  Gilson)   .     .  95 

Quatre  et  Hun loi 

Lettre  de  M.  de  Bioqueville,  Ministre  de  la  Guerre,  li  Vauteur  103 


270 


21. 
22. 

23 
24. 

25- 

26. 

27. 
28. 
29. 

30- 
31- 
32. 


33 
34 
35 
36. 
37 
38 
39 


EN  LORRAINE,  EN  CHAMPAGNE 

Pages 

Décision  de  M.  Milleraitd,  Ministre  de  la  Guerre     .       .       .  107 

Le  Bulletin  des  Armées m 

Les  lauriers  vont  fleurir 115 

Voila  les  «  Kakis  »! 121 

Fameux  lapins  ! 127 

Le   Paimpolais 133 

Le  sang  des  blessés 139 

Les   Vandales 143 

La  Kaisériole 147 

Les  Goths 153 

A  Brienne 157 

Chez  Jehanne 161 

EN    ALSACE 

La  Chanson  de  l'Alsace 169 

Le  lion  de  Belfort 175 

Le  petit  fusil  de  bois 179 

Chantons  l'Artillerie! 185 

Prière  au  «  jeune  Bon  Dieu  * 191 

C'est  la  Jeunesse  ! .     .     .  197 

«  Rosalie  » 203 


EN   FLANDRES 


40. 

La  chanson  du  branle-bas 

41. 

A  LA  Française  !     .     .     . 

42. 

Dans  la  tranchée     . 

43- 

Le  «  PETIT  PAQUET  »... 

44- 

Le  train  des  soldats    . 

45- 

Le  Conscrit  chante. 

213 

217 

223 

229 

235 
239 


271 

Pages 

46.  En  revenant  de  Guerre 245 

47.  Voici  la  Noël,  mon  homme 249 

48.  A  l'oncle  Sam 255 

49.  Serrons  les  Rangs 259 

50.  Sonnez  clairons  ! 265 


IMPRIMERIES   RKUNIES    LAUSANNE. 


i.A      r^s^ 


/ 


jotrel,  Théodore  Jean  l-îaris 
-1-730         Les  chants  du  bivouac 
37^C5 


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