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Full text of "Les chemins de fer a faible trafic en France; lignes secondaires des grand réscaux, chemins de fer d'intérét local et tramways a vapeur, établissement et exploitation"

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socs 


I.DS 


CHEMINS  DE  FER 


A  FAIBLE  TRAFIC 


EN    FRANCE 


i 


LES 


CHEMINS  DE  FER 

A  FAIBLE  TRAFIC 

EN    FRANGE 

LIGNES    SECONDAIRES    DES    GRANDS    RÉSEAUX 
CHEMINS    DE    FER    DMNTÉRÊT    LOCAL    ET   TRAMWAYS    A  VAPEUR 

ÉTABLISSEMENT    ET    EXPLOITATION 


PAR 


A.  aAMPITÉ 


Ingénieur    des    Ponts    et    Chaussées 
Sous-Chef  de  l'Exploitation  des  Chemins  de  fer  de  l'État 


Avec  un  Atlas  de  16  Planches  in-4* 


PARIS 

LIBRAIRIE  POLYTECHNIQUE,  BAUDRY  ET  C",  ÉDITEURS 

15,    RUE    DES     SAINTS-PÈRES,    15 
MAISON     A  LIÈGE,     RUE    LAMBERT-LEBBGUE,     49 

1888 


à 


INTRODUCTION 


L'exploitation  économique  est  une  des  questions  de  Theure 
présente  qui  sollicitent  le  plus  Tattention  des  compagnies  de 
chemins  de  fer. 
%  Cette  question  s'est  peu  posée  pour  les  grandes  compagnies 

>:  tant  qu'elles  n'ont  eu  à  s'occuper  que  de  leurs  artères  principales, 
^  et  môme  des  lignes  dites  du  nouveau  réseau,  que  les  conven- 
^  tions  de  1859  ont  mises  à  leur  charge.  Toutes  ces  lignes  avaient 
^  en  effet  un  trafic  important,  qui  permettait  difficilement  l'intro- 
\  duction  des  petits  moyens  dans  les  procédés  d'exploitation. 
P*  Il  n'en  est  plus  de  même  aujourd'hui.  Les  conventions  du 

%       20  novembre  1883  ont  incorporé  dans  le  réseau  d'intérêt  gé- 
S       néral  une  foule  de  lignes  secondaires  auxquelles  les  grandes 
t)       administrations  de  chemin  de  fer  n'avaient  pas  accordé  jusque- 
^       là  beaucoup  d'attention,  soit  qu'elles  fussent  exploitées  provi- 
soirement par  elles  pour  le  compte  de  l'Etat,  soit  qu'elles  eussent 
appartenu  à  des  compagnies  locales  en  faillite.  Les  recettes  de 
ces  lignes  étaient  le  plus  souvent  insuffisantes  à  couvrir  les 
dépenses  d'exploitation,    et  n'atteignaient  que  pour  un  bien 
petit  nombre  d'entre   elles    un  chiffre   égal    ou  supérieur  à 
10000  francs  par  kilomètre. 

Il  faut  bien  le  reconnaître,  les  grandes  compagnies  de  che- 
mins de  fer  étaient  mal  préparées  pour  exploiter  avec  économie 
ces  lignes  secondaires.  D'une  part,  l'exploitation  provisoire 
pour  le  compte  de  l'État  était  un  précédent  fâcheux,  car  on 
s'était  peu  préoccupé  de  la  question  de  dépense  et  il  s'était  créé 
dans  cette  exploitation  des  habitudes  avec  lesquelles  il  était 

33«965 


II  INTRODUCTION 

difficile  de  rompre.  D'autre  part  on  hésitait  à  emprunter  aux 
compagnies  locales,  dont  les  lignes  avaient  été  rachetées,  leurs 
procédés  économiques,  procédés  que  Ton  connaissait  mal,  qui 
devaient  différer  selon  la  nature  et  l'importance  du  trafic  et 
dont  l'application  nécessite  d'ailleurs  le  plus  souvent  des  ins- 
tallations de  gares  différentes  de  celles  en  usage  sur  les  grandes 
lignes,  i^TOcédés  d'épicier,  comme  les  a  appelés  Tun  des  hommes 
qui  ont  le  plus  contribué  au  développement  des  lignes  d'intért^t 
local  *. 

Il  convient  du  reste  d'ajouter  que  beaucoup  de  compagnies 
d'intérêt  local  elles-mêmes  ne  donnaient  pas  l'exemple  de  l'éco- 
nomie, et  s'attachaient  plus  à  imiter  Texploitation  des  grandes 
lignes  qu'à  rechercher  la  simpHcité  qui  convenait  à  leurs 
faibles  ressources  et  à  leur  maigre  trafic. 

Mais  la  crise  qui  pèse  si  lourdement  sur  l'industrie  des 
transports  a  promptement  amené  toutes  les  compagnies,  grandes 
et  petites,  à  s'ingénier  pour  réduire  leurs  dépenses.  Toutes  ont 
mis  cette  question  à  l'ordre  du  jour. 

A  la  compagnie  du  Nord  revient  l'honneur  de  Tavoir  le 
mieux  comprise  :  cette  compagnie  a  formé  de  toutes  ses  lignes 
secondaires,  c'est-à-dire  de  plus  de  1500  kilomètres,  une  dou- 
zaine de  petits  réseaux  locaux  de  80  à  250  kilomètres  d'étendue, 
indépendants  de  Tadministration  des  grandes  lignes,  et  mettant 
en  usage,  en  les  perfectionnant,  les  modes  d'exploitation  em- 
ployés antérieurement  sur  les  lignes  rachetées  ;  le  Nord  revenait 
ainsi,  au  moins  en  partie,  à  la  situation  préexistante  aux  con- 
ventions de  1883,  moins  les  embarras  financiers  des  petites 
compagnies  et  les  détournements  qu'elles  faisaient  à  son  pré- 
judice. Grâce  à  l'économie  obtenue  par  ces  procédés,  jointe  aux 
réductions  de  dépenses  que  justifiait  sur  les  grandes  Hgnes,  la 
réduction  du  trafic,  et  par  suite  celle  du  nombre  des  trains  et 
du  personnel,  la  Compagnie  du  Nord  a  atteint  ce  remarquable 
résultat,  pour  l'année  1885,  de  réduire  ses  dépenses  d'exploi- 
tation de  5407000  francs,  alors  que  la  diminution  de  recettes 
n'atteignait  que  5184000  francs. 

*  M.  Emile  Level. 


INTUUDUCTION  m 

Sans  aller  peut-être  aussi  loin  que  la  Compagnie  du  Nord, 
les  autres  administrations  de  chemins  de  fer  ont  aussi  obtenu 
par  leurs  efforts  de  louables  résultats.  Néanmoins,  la  question 
des  économies  est  loin  d'être  résolue  complètement,  aussi  bien 
en  ce  qui  concerne  les  grandes  lignes  que  pour  les  petits  che- 
mins, et  nous  avons  entendu  d'excellents  esprits  émettre  Topi- 
nion  qu'il  n'était  peut-être  pas  impossible  de  réaliser  dans  les 
dépenses  d'exploitation  des  chemins  de  fer  d'intérêt  général  une 
économie  annuelle  de  nature  à  réduire  considérablement  les 
sommes  à  payer  pour  la  garantie  d'intérêt. 

Sans  doute,  pour  obtenir  un  pareil  résultat,  les  efforts  des 
compagnies  de  chemins  de  fer  ne  suffiraient  pas  seuls  :  il  fau- 
drait qu'elles  fussent  aidées  dans  cette  voie  par  les  pouvoirs 
publics,  et  que  ceux-ci  consentissent,  par  exemple,  à  la  suppres- 
sion de  trains  notoirement  inutiles.  La  question  comme  on  voit 
est  aussi  délicate  qu'intéressante. 

Des  simplifications,  et  partant  des  économies  importantes, 
peuvent  de  même  souvent  être  introduites  sur  les  petites  lignes 
d'intérêt  local. 

Hàtons-nous  de  dire,  au  reste,  que  l'exploitation  ne  saurait 
être  envisagée,  comme  cela  a  lieu  trop  souvent,  indépendam- 
ment de  l'établissement  de  la  ligne. 

Les  dispositions  que  l'on  donnera  aux  gares,  l'assiette  de  la 
voie  de  fer,  le  choix  du  matériel  roulant  et  surtout  des  locomo- 
tives, influeront  d'une  manière  considérable  sur  les  dépenses 
de  l'exploitation  ;  et  selon  que  l'établissement  aura  été  bien  ou 
mal  conçu,  l'exploitation  sera  économique  ou  irrémédiablement 
onéreuse.  Un  chemin  de  fer  à  faible  trafic  doit  être  construit 
comme  tel,  avec  des  dispositions  toutes  spéciales,  et  c'est  une 
grave  erreur,  malheureusement  trop  commune,  que  de  lui  ap- 
pliquer les  types  qui  conviennent  aux  grandes  lignes. 

Il  importe  de  se  garder  de  toute  généralisation  exclusive,  et 
de  ne  pas  se  renfermer  dans  des  formules  fixes  en  matière  de 
chemins  de  fer.  S'il  est  un  petit  nombre  de  règles  définies  ap- 
plicables à  l'exploitation  de  tout  chemin  de  fer  de  faible  trafic, 
la  mise  en  pratique  de  bien  des  procédés  des  plus  importants 
est  surtout  une  question  d'espèces  :  tel  convient  à  une  ligne  qui 


IV  INTRODUCTION 

ne  produirait  sur  une  autre  que  de  très-mauvais  résultats  ;  ils 
varient  sous  rinflucnce  de  bien  des  causes  :  le  développement 
de  la  ligne,  le  trafic,  le  pays,  Tesprit  du  public.  A  l'exploitant 
de  rechercher  ceux  qui  conviennent  et  de  s'ingénier  à  en  trouver 
de  nouveaux  ;  il  ne  doit  pas  oublier  qu'il  n'est  autre  chose 
qu'un  commerçant,  et  agir  comme  tel. 

Du  reste,  le  chemin  de  fer  est  un  instrument  de  progrès  ; 
qui  prétendrait  enserrer  le  progrès  dans  une  formule  ?  Ce  qui 
est  progrès  pour  nous  n'apparaîtra-t-il  pas  comme  tout  l'inverse 
à  nos  successeurs  ?  On  considérait  il  y  a  dix  ans  comme  très 
bas  le  coût  de  120,000  francs  par  kilomètre  de  chemin  de  fer: 
on  construit  aujourd'hui  à  raison  de  40  à  50,000  francs  le  ki- 
lomètre, y  compris  le  matériel  roulant.  Sans  doute,  l'instrument 
n'est  pas  tout  à  fait  le  même  ;  qu'importe,  si  le  môme  but  est 
atteint  ! 

La  présente  étude  a  été  entreprise  en  dehors  de  toute  idée 
théorique  préconçue,  elle  a  eu  simplement  pour  but  de  recueillir 
sur  place  tous  les  faits  intéressants  de  construction  et  d'exploi- 
tation des  lignes  à  faible  trafic. 

En  raison  du  temps  considérable  (jui  eût  été  nécessaire  pour 
visiter  tous  les  petits  chemins  d'intérêt  local,  on  a  dû  se  borner, 
en  général,  à  examiner  des  lignes  ayant  au  moins  25  à  30  kilo- 
mètres de  développement  ;  celles  d'un  moindre  parcours 
sont  en  effet  dans  des  conditions  particulières  :  le  service  des 
trains  y  est  fait  en  navette,  le  nombre  des  stations  y  est  res- 
treint à  une  ou  deux,  chiffre  trop  faible  pour  qu'on  puisse  con- 
clure à  un  système  défini  d'exploitation. 

Cependant,  on  trouvera  plus  loin  des  exemples  intéressants 
de  lignes  de  très-petits  parcours. 

On  a  divisé  cette  étude  en  5  parties  : 

La  première  partie  donne  la  relation  des  procédés  spéciaux 
adoptés  dans  l'exploitation  des  lignes  d'intérêt  général  àlaible 
trafic  par  quelques  grandes  administrations  de  chemin  de  fer. 

1*"  La  compagnie  du  Nord. 

2"*  La  compagnie  de  Paris-Lyon-Méditerranée  (Dombes). 

3*  Les  chemins  de  fer  de  l'Etat  (Traction). 


% 


INTRODUCTION  v 

Dans  la  seconde  partie,  on  a  rendu  compte  de  l'exploitation 
des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  voie  normale  :  deux  de  ces 
chemins,  le  Médoc  et  Lvon-Croix-Rousse-Sathonav,  dont  la 
concession  est  antérieure  à  la  loi  du  13  juillet  1865  sur  les 
chemins  de  fer  d'intérêt  local,  sont,  il  est  vrai,  des  lignes  d'in- 
térêt général  ;  mais  elles  n'ont  de  l'intérêt  général  que  le  nom  ; 
les  lignes  décrites  sont  les  suivantes  : 

1*  Chemin  de  fer  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais  (Level). 

2*  Saint-Quentin  à  Guise. 

3"  Chemins  de  fer  de  l'Eure. 

4*  Chemins  de  fer  de  l'Orne. 

5*  Chemins  de  fer  de  Mamers  à  Saint-Calais. 

6*  Est  de  Lyon. 

7*  Compagnie  du  Rhône  (Lyon  à  Sathonay  et  Trévoux). 

8"  Chemins  des  Bouches-du-Rhône. 

9*  Chemins  de  fer  de  THérault. 
10*  Compagnie  du  Médoc. 
11°  Ligne  de  Nizan  à  Sore  et  Luxey. 
12*  Chemins  de  fer  des  Landes  de  la  Gironde. 


Cette  seconde  partie  est  précédée  d'une  étude  comparative 
des  deux  lois  relatives  aux  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  la  loi 
du  12  juillet  1865  et  la  loi  du  11  juin  1880. 

La  troisième  partie  traite  de  chemins  de  fer  à  voie  étroite  : 

r  Hermès  à  Beaumont  (Oise  et  Seine-et-Oise). 
2**  An  vin  à  Calais. 

3°  Chemins  de  fer  départementaux  d'Indre-et-Loire. 
4^  Valmondois  à  Epiais-Rhus  (Seine-et-Oise). 


La    quatrième  partie  donne   l'exemple    de    quelques   che- 


VI  INTRODUCTION 

iiiins  (le  fer  sur  routes,  si  intéressants  par  leur  bon  marché 
(l'établissement  et  d'exploitation  : 

1*^  Chemins  de  la  Meuse  (Haironville  à  Triaucourt). 
2°  Tramways  de  la  Sarthe. 
3^  Chemins  du  Cambrésis. 

¥  Tramways  divers.  —  Valenciennes,  Saint-Etienne, 
Lille-Tourcoing,  Rueil-Marly. 

Un  résumé  de  ces  22  exemples,  complétés  par  la  description 
des  procédés  en  usage  à  l'étranger  pour  Texploitation  des 
lignes  secondaires,  permet  de  mettre  en  lumière  les  conclu- 
sions qui  en  découlent  tout  naturellement,  et  qui  font  Tobjet 
de  la  cinquième  partie. 

Nous  adressons  tous  nos  remerciements  aux  Directeurs  et 
fonctionnaires  supérieurs  des  Compagnies  dont  nous  avons 
visité  les  lignes,  pour  Tobligeance  dont  ils  ont  fait  preuve  à 
notre  égard. 


i 


PREMIÈRE    PARTIE 


LIGNES    SECONDAIRES 


DES   GRANDS   RÉSEAUX 


^ 


CHAPITRE   PREMIER 


COMPAGNIE  DES  CHEMINS  DE  FER  DU  NORD 


Lignes  secondaires.  —  Trains  légers.  —  Trains-tramways. 


Le  réseau  secondaire  de  la  Compagnie  du  Nord  a  été  constitué 
partie  par  les  lignes  d'anciennes  Compagnies  locales  tombées  en 
faillite,  telles  que  les  Compagnies  de  Picardie  et  Flandres,  du 
Nord-Est,  duTréport  à  Abancourt,  deFréventà  Gamaches,  etc., 
et  partie  par  des  lignes  construites  par  TEtat  et  exploitées  pro- 
visoirement pour  son  compte  jusqu'en  1883,  date  à  laquelle  celles- 
ci  et  celles-là  ont  été  incorporées  à  la  Compagnie  du  Nord  par  la 
convention-loi  du  20  novembre. 

Le  réseau  secondaire,  accru  depuis  1883  par  les  lignes  nou- 
velles dont  ladite  convention  a  mis  l'exécution  à  la  charge  de  la 
Compagnie  du  Nord,  atteint  aujourd'hui  un  développement  d'en- 
viron 1,400  kilomètres,  qui  sera  porté  à  1,000  kilomètres  environ 
par  les  ouvertures  ultérieures. 

Dès  l'abord,  la  Compagnie  se  montra  hésitante  à  prendre  en 
mains  l'exploitation   de   ces   lignes  à   faible  trafic; 


i  LIGNES   SECONDAIRES 

Mais  après  mûre  réflexion,  la  Compagnie  prit  le  parti  de  recou- 
rir à  ses  propres  moyens,  tout  en  se  gardant  d'appliquer  à  ce  ré- 
seau les  procédés  d'exploitation  en  vigueur  sur  ses  grandes  artères. 

On  divisa  le  réseau  secondaire  en  une  douzaine  do  groupes 
auxquels  on  donna  un  développement  variant  de  80  à  250  kilo- 
mètres, selon  l'importance  des  lignes,  leur  situation  géographique, 
et  la  similitude  de  leur  trafic.  Ces  groupes  furent  constitués  indé- 
pendants les  uns  des  autres,  et  avec  une  certaine  autonomie  par 
rapport  aux  divisions  administratives  du  réseau  principal. 

Sans  doute  cette  indépendance  et  cette  autonomie  étaient  suffi- 
samment limitées  pour  qu'on  n'eût  pas  à  redouter  les  inconvé- 
nients d'un  particularisme  exagéré,  qui  sont  fréquents  dans  les 
petites  Compagnies  de  chemins  de  fer  et  qu'il  n'est  pas  rare  de 
rencontrer  dans  les  grandes,  tels  que  détournements  do  trafic  au 
prix  de  parcours  plus  longs  sur  des  profils  moins  bons,  accapare- 
ment de  matériel  au  détriment  du  voisin,  etc. 

Mais  on  donnait  aux  chefs  de  groupe  une  autorité  directe  sur 
leur  personnel,  des  pouvoirs  suffisants  pour  régler  promptemcnt 
les  indemnités  à  payer  au  public;  on  leur  affectait  un  matériel 
de  traction  spécial.  On  leur  laissait  une  grande  liberté  d'action, 
partant  une  grande  responsabilité;  et  une  sorte  de  concours  était 
ouvert  entre  tous  les  groupes,  dont  les  résultats  d'exploitation, 
dépenses  et  recettes,  faisaient  l'objet  de  comptes  distincts  per- 
mettant d'établir  des  comparaisons  et  d'en  tirer  des  conclu- 
sions. 

On  en  revenait,  en  résumé,  au  système  dos  Compagnies  locales, 
avec  les  embarras  financiers  et  la  mésintelligence  en  moins,  avec 
l'unité  de  vues  et  l'émulation  en  plus  ;  eût-il  été  possible  de 
pousser  plus  loin  encore  Tassimilation  avec  les  petites  Compa- 
gnies, en  concentrant  entre  les  mains  des  chefs  de  groupe  les 
trois  divisions  du  service  :  entretien  de  la  voie,  traction  et  exploi- 
tation commerciale?  On  ne  s'est  pas  arrêté  à  cette  solution 
radicale,  au  moins  jusqu'à  présent,  et  les  services  de  voie  et  de 
tractio.n,  tout  en  étant  spécialisés  autant  que  possible  sur  les 
groupes,  restent  indépendants  du  service  du  mouvement. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  résultats  obtenus  ont  été  considé- 
rables. 


DES    GRANDS   RÉSEAUX  5 

La  Compagnie  du  Nord  n'a  d'ailleurs  pas  borné  là  ses  investi- 
gations dans  la  voie  dos  économies.  On  relatera  seulement  celles 
qui  ont  été  réalisées  sur  les  lignes  à  faible  trafic.  Sur  un  grand 
nombre  de  ces  lignes,  les  exigences  des  populations  avaient 
entraîné  la  création  de  4  à  5  trains  par  jour  dont  plusieurs  étaient 
très  accélérés  par  suite  de  la  tension  des  correspondances  aux 
points  de  bifurcation  ;  la  Compagnie  demanda  et  obtint  du  mi- 
nistre Tautorisation  de  supprimer  dans  ces  trains  la  voiture  ou 
fourgon  de  choc,  par  suite,  de  faire  l'économie  d'un  garde-frein, 
sous  la  réserve  que  la  composition  do  ces  trains  ne  dépasserait 
pas  6  véhicules  au  maximum  et  qu'ils  seraient  munis  du  frein 
continu;  le  conducteur  devait  être  placé  dans  le  fourgon  do 
queue.  Ces  trains  étaient  dénommés  trai?is  légers  ou  écono- 
miques. 

On  a  même  été  plus  loin  dans  cet  ordre  d'idées  :  sur  certaines 
lignes  à  trës-faible  mouvement  de  voyageurs,  la  composition  des 
trains  légers  a  été  réduite  à  une  seule  voiture  à  73  places,  avec  com- 
partiment à  bagages,  et  la  Compagnie  a  été  autorisée  dans  ce  cas, 
à  supprimer  le  chauffeur;  le  personnel  du  train  est  par  suito 
réduit  au  mécanicien  et  au  conducteur;  une  communication 
existe  entre  la  machine  et  la  voiture,  afin  que  le  conducteur  puisse 
arrêter  la  machine  au  cas  où  le  mécanicien  serait  hors  d'état  de 
continuer  son  service. 

•  Ces  trams-tramways f  avant  d'être  appliqués  aux  petites  lignes, 
ont  été  expérimentés  entre  Lille  et  Tourcoing,  où  ils  rendent  de 
très-grands  services. 

Les  trains  légers  et  les  trains-tramways^  ont  des  arrêts  facultatifs 
prévus  à  certains  ponts  ou  passages  à  niveau  ;  le  conducteur 
effectue  les  perceptions. 

Des  exemples  feront  bien  voir  les  excellents  résultats  de  ces 
divers  procédés  économiques. 

On  a  pris  comme  type  le  groupe  n®  2  (planche  I)  qui  embrasse 
250  kilomètres  de  lignes,  et  qui  représente  assez  bien  la  moyenne 


*  La  mise  en  circulation  des  trains  li^pers  sur  la  ligne  de  Bonlog:ne  à  Saint-Omer, 
et  de  trains  tramways  sur  la  ligne  de  Lille  à  Tourcoing,  a  élé  autorisée  par  Arrêté 
du  Ministre  des  Travaux  Publics  en  date  du  15  Juin  1885.  Chaqu^.  application  nouvelle 
donne  lieu  à  autorisation  spéciale. 


6  LIGNES   SECONDAIRES 

des  lignes  secondaires  au  point  de  vue  des  recettes  et  des  dépenses 
kilométriques. 

La  petite  ligne  de  Perrière  à  Gonsolre  donnera  l'application 
des  trains-tramways  * . 

GROUPE   N»  2 

Conditions  d'établissement  et  outillage.  —  Les  lignes  qui  cons- 
tituent le  2*  groupe  sont  les  suivantes  : 

Le  Tréport  à  Saint-Pol  par  Abbeville,  longueur  100  kilomètres  ; 
cette  ligne  a  été  construite  par  la  Compagnie  du  Nord. 

Frévent  à  Gamaches,  92  kilomètres  ;  cette  ligne,  parallèle  à  la 
précédente,  a  été  construite  par  une  Compagnie  portant  le  même 
nom,  et  qui  Ta  exploitée  de  1872-74  à  1881,  date  à  laquelle  elle  a 
été  déclarée  en  faillite. 

Doullens  à  Arras,  34  kilomètres,  et  Canaples  à  Amiens,  24  ki- 
lomètres, concédées  d'abord  à  des  Compagnies  locales,  puis 
rétrocédées  à  la  Compagnie  du  Nord  qui  les  a  exécutées. 

Ces  lignes  ont  été  établies  sans  plan  nettement  défini  et  deux 
d'entre  elles,  Frévent  à  Gamaches  et  Frévent  au  Tréport,  font 
double  emploi. 

Les  déclivités  sont  limitées  à  15  "/™  par  mètre  sur  Frévent-Ga- 
maches,  elles  atteignent  17  "/"  sur  le  Tréport-Saint-Pol. 

Les  rayons  des  courbes  descendent  souvent  à  325  mètres;  à 
rapproche  des  courbes  de  moins  de  400  mètres  de  rayon,  des 
signaux  indiquent  le  ralentissement. 

La  voie  ne  présente  aucune  particularité,  et  les  vitesses  des 
trains  peuvent  atteindre  50  kilomètres  à  Theure. 

Le  plan  joint  de  la  station  d'Oisemont  (planche  II,  fig.  1)  peut 
être  considéré  comme  représentant  le  type  des  stations  de  la  ligne 
de  Frévent  à  Gamaches;  ce  type  est  très-défectueux;  on  ne  peut 


•  Dans  une  Note  sur  les  Trains-Tramways,  M.  Cossmann,  Ingénieur  de  l'Exploita- 
lion  (le  la  C»«  du  Nord,  fait  connaître  que,  à  la  date  du  1««"  Mars  1887,  les  trains- 
tramways  fonctionnent  sur  131  kil.,  et  les  trains  légers  sur  300  kil.  La  longueur  totale 
des  lignes  de  la  C»«  du  Nord,  sur  lesquelles  doivent  circuler  des  trains-tramways  ou 
des  trains  légers  sera  prochainement  portée  à  860  kilomètres,  ce  qui  rçprésente 
le  quart  de  son  réseau. 


DES   GRAiNDS  RÉSEAUX  7 

accéder  au  quai   et   à  la  halle  qu'au  moyen  do  plaques  tour- 
nantes, ce  qui  nécessite  des  manœuvres  longues  et  pénibles. 

Le  type  des  stations  construites  par  la  Compagnie  du  Nord  sur 
les  autres  lignes  du  2*  groupe  est  meilleur  et  permet  aux  ma- 
chines de  trains  de  passage  de  prendre  et  de  laisser  des  wagons 
sur  les  voies  de  marchandises,  quel  que  soit  le  sens  de  la  marche 
des  trains. 

Les  plans  de  la  plupart  de  ces  stations  seront  ultérieurement 
revisés  et  ramenés,  autant  que  faire  se  peut,  aux  dispositions  des 
gares  des  lignes  secondaires,  dispositions  décrites  dans  le  numéro 
de  novembre  1884  de  ]sl  Bévue  générale  des  Chemins  de  fer  y  et  qui 
sont  reproduites  dans  la  figure  2.  (PI.  IL) 

Un  simple  coup  d'œil  suffit  pour  reconnaître  Texcellenco  de  ces 
dispositions;  toutes  les  manœuvres  peuvent  se  faire  rapidement  à 
la  machine,  quel  que  soit  le  sens  de  la  marche  du  train,  d'où  éco- 
nomie de  personnel  dans  la  station  ;  il  n*y  a  pas  de  plaques  tour- 
nantes ;  en  même  temps,  do  sages  précautions  ont  été  prises  en 
vue  d'assurer  les  extensions  que  Tavenir  peut  nécessiter. 

Le  matériel  à  voyageurs  de  l'ancienne  Compagnie  de  Frévent  à 
Gamaches  et  du  Tréport  à  Abancourt  n'est  plus  employé  que  dans 
les  trains  de  marchandises-voyageurs  ;  ce  matériel  est  à  couloir 
extérieur  avec  compartiments  distincts,  il  est  difficile  de  le  munir 
du  frein  continu,  condition  sine  quâ  non  des  trains  économiques  ; 
il  est  trop  léger,  et  en  outre  le  couloir  prend  une  proportion  im- 
portante des  places. 

Le  matériel  à  marchandises  est,  au  contraire,  resté  en  service 
continu,  et  les  trains  sont  remorqués  par  les  locomotives-tenders 
des  anciennes  Compagnies  de  Frévent  à  Gamaches  et  du  Tréport 
à  Abancourt;  ces  locomotives  ont  six  roues  accouplées  de  1  m.  40 
de  diamètre  ;  elles  pèsent  34  tonnes  en  charge  et  peuvent  atteindre 
une  vitesse  de  marche  de  50  kilomètres.  Ces  machines,  en  raison 
de  leur  faible  empattement,  tournent  sur  les  plaques  ordinaires, 
ce  qui  permet  de  faire  très-rapidement  le  service  aux  points  de 
bifurcation;  trois  ou  quatre  hommes,  mécanicien  et  chauffeur 
compris,  effectuent  le  tournage  en  cinq  minutes.  Elles  se  prêtent 
très-bien  aux  manœuvres  en  cours  de  route  dans  les  stations. 


8  LIGNES   SECONDAIRES 

Elles  ont  rinconvénient  de  posséder  do  Irfes-pelîts  foyers,  ce 
qui  ne  permet  pas  d'employer  d'autre  combusliblo  que  les  bri- 
quettes, combustible  peu  économique. 

Entretien  de  la  voie.  —  L'organisation  du  service  de  la  voie 
sur  les  groupes  ne  présente  aucune  particularité;  le  service 
n'y  est  pas  autre  que  sur  les  grandes  lignes,  toute  propor- 
tion gardée  quant  à  Timportance  de  la  circulation.  Il  y  a  cepen- 
dant une  tendance  à  spécialiser  les  chefs  de  section  et  le  personnel. 
Il  convient  d*ajouter  que  les  lignes  des  anciennes  Compagnies 
locales  sont  en  général  d'un  entretien  assez  dispendieux,  en  raison 
des  vices  de  construction  de  ces  lignes,  traverses  de  second  choix, 
balast  mauvais  ou  absent,  etc. 

Les  dépenses  d'entretien  de  la  voie,  ainsi  que  les  frais  généraux 
sont  localisées  par  groupe. 

Traction.  —  Le  service  de  traction  sur  le  groupe  no  2  relève  de 
deux  ingénieurs  d'arrondissement,  celui  d'Amiens  pour  la  ligne  de 
Tréport  à  Saint-Pol,  celui  d'Arras  pour  le  reste  du  groupe;  mais  les 
machines  et  le  personnel  sont  exclusivement  affectés  au  groupe, 
de  même  que  le  matériel  à  voyageurs.  Cette  spécialisation  a  une 
grande  importance  au  point  de  vue  de  la  marche  du  service  ;  les 
mécaniciens  sont,  en  effet,  habitués  aux  procédés  particuliers 
d^exploitation  en  usage  sur  des  lignes  dont  ils  font  tous  les  jours 
le  service;  exemple,  àFrévent,  station  de  bifurcation  importante 
au  point  de  vue  des  échanges,  une  machine  a  un  stationnement 
d'une  heure  et  demie  au  milieu  du  jour;  pendant  que  le  mécanicien 
déjeune,  soit  pendant  3/4  d'heure,  le  chauffeur  conduit  les  ma- 
nœuvres, aidé  par  un  homme  d'équipe  exercé  ;  le  mécanicien 
revient  ensuite  diriger  les  manœuvres  pendant  que  le  chauffeur 
déjeune.  La  machine  est  donc  complètement  utilisée  pour  le  ser- 
vice spécial  du  groupe. 

C'est  grâce  à  cette  spécialisation  et  à  la  parfaite  connaissance 
des  stations  que  possèdent  les  mécaniciens,  que  les  manœuvres 
de  passage  pour  prendre  ou  laisser  un  wagon  sont  extrêmement 
rapides;  dès  Tarrivée  du  train,  la  coupure  est  faite  et  la  manœuvre 


DES   GRANDS   RÉSEAUX  9 

a  lieu  sans  quo  lo  chef  de  station  perde  de  temps  à  fournir  des 
explications. 

Un  pareil  service  ne  peut  du  reste  être  fait  que  grâce  à  une 
entente  parfaite  entre  les  agents  du  service  de  la  traction  et  ceux 
du  service  de  Texploitation  ;  on  parviendrait  sans  doute  à  réaliser 
mieux  encore  cette  entente  en  mettant  les  deux  services  dans  la 
main  du  chef  de  groupe. 

En  dehors  du  deuxième  groupe,  sur  un  certain  nombre  de 
lignes  secondaires  qui  ne  sont  pas  desservies  par  des  trains 
mixtes,  circule  un  et  quelquefois  deux  trains  de  marchandises. 
Pour  éviter  des  trains  facultatifs,  ces  trains  sont  remorqués  par 
des  machines  très-puissantes;  on  y  diminue,  d'autre  pari,  le 
nombre  dos  agents  de  trains  en  faisant  desservir  deux  freins  par 
un  seul  garde-frein. 

Le  deuxiènne  groupe  dispose  de  14  machines  dont  5  appar- 
tiennent au  dépôt  du  Tréport  et  9  au  dépôt  d'Arras;  le  roulement 
en  exige  seulement  9;  les  autres  machines  assurent  le  service  des 
trains  facultatifs,  ou  sont  en  excédent:  le  secours  est  assuré,  en 
cas  de  besoin,  par  les  machines  de  réserve  d'Arras  ou  d'Amiens, 
du  Tréport  et  d'Abbeville.  Le  groupe  ne  dispose  pas  d'ateliers 
spéciaux  pour  les  réparations  de  son  matériel. 

Mouvement  et  trafic.  —  Le  service  de  l'exploitation  propre- 
ment dite  est  celui  qui  présente  le  plus  d'intérêt  dans  les  groupes: 
c'est,  en  effet,  celui  qui  jouit  de  la  plus  grande  autonomie. 

Le  chef  de  groupe  est  un  inspecteur  indépendant,  qui  remplit  à 
peu  près  les  fonctions  d'un  chef  d'arrondissement  ou  inspecteur 
principal.  Il  adresse  directement  au  Service  central  de  l'exploita- 
tion ses  propositions  pour  la  marche  de  ses  trains;  il  a  seul  auto- 
rité sur  son  personnel,  dont  il  propose  le  renvoi  ouïe  changement 
sans  passer  par  l'inspection  principale  à  laquelle  est  nominalement 
rattaché  son  groupe;  il  établit  les  feuilles  de  solde  do  ses  agents; 
il  dispose  du  matériel  roulant  affecté  au  groupe,  mais  il  avise 
l'Inspecteur  principal  de  ses  disponibles  ou  manquants,  afin  que 
celui-ci  puisse  assurer  une  bonne  répartition  d'ensemble;  il  règle 
directement  les  indemnités  à  allouer  pour  avaries  ou  pertes  de 
marchandises  et  retards, etc.,  jusqu'à  concurrence  de  300  francs. 


% 


10  LIGNES   SECOiNDAIBES 

L'Inspcclciir  principal  ninlervient  guère  que  dans  les  questions 
techniques;  par  exemple,  les  projets  de  modifications  ou  exten- 
sions de  gares  doivent  lui  être  soumis  avant  d'être  proposés  au 
Service  central  de  l'exploitation. 

Lorsque  le  groupe  embrasse  un  développement  de  lignes  étendu, 
un  inspecteur  en  sous-ordre  est  adjoint  au  chef  de  groupe,  qui 
dispose  en  outre  d'un  certain  nombre  d'agents  intérimaires  pour 
les  remplacements  occasionnés  par  les  congés  ou  maladies.  Il  en 
est  ainsi  pour  le  deuxième  groupe. 

Service  des  stations.  —  En  raison  du  faible  trafic  des  lignes 
qui. constituent  ce  groupe,  les  gares  et  stations  ont  en  général  un 
personnel  très-restreint  :  un  chef  de  station  avec  un  facteur  ou 
homme  d'équipe  au  plus,  le  plus  souvent  un  chef  de  station,  parfois 
aidé  de  sa  femme.  Sur  nn  total  de  38  haltes  et  stations,  6  stations 
sont  gérées  exclusivement  par  des  femmes  de  cantonniers  de 
même  que  les  7  haltes. 

Les  stations  gérées  par  des  femmes  offrent  un  intérêt  tout  parti- 
culier sur  lequel  il  y  a  lieu  d'insister. 

Ces  femmes  connaissent  le  maniement  du  télégraphe,  et  peuvent 
faire  une  demande  de  secours  ou  aviser  la  gare  voisine  d'une  cou- 
pure de  voie,  etc.,  mais  comme,  eu  principe,  on  ne  fait  pas  de 
croisements  de  trains  dans  les  stations  gérées  par  des  femmes,  le 
télégraphe  y  est  sur  communication  directe. 

Elles  ne  concourent  pas  aux  manœuvres  des  trains  de  passage, 
qui  sont  faites  par  les  agents  des  trains;  les  femmes  remettent  à 
cet  effet  la  clef  des  cadenas  des  aiguilles  au  garde-frein,  qui 
remplit  momentanément  les  fonctions  de  chef  de  manœuvres; 
mais  elles  doivent  faire  et  vérifier  les  aiguilles  après  et  avant  le 
passage  des  trains. 

Lorsqu'il  y  a  un  wagon  à  pousser  sous  halle  dans  l'intervalle 
des  trains,  la  femme  fait  faire  cette  manœuvre  à  titre  gratuit  par 
le  public  qui  ne  réclame  jamais;  les  marchandises  de  détail 
sont  chargées  ou  déchargées  au  passage  par  les  agents  des 
trains. 

En  général,  les  femmes  font  seules  toutes  leurs  écritures  et  leur 
comptabilité;  elles  effectuent  leurs  versements  par  dizaine  seule- 


DES    GRANDS  RÉSEAUX  il 

ment,  lorsque  la  recelto  est  inférieure  à  500  francs  par  dizaine, 
tous  les  deux  jours  dans  le  cas  contraire.  La  complabilito  est  arrê- 
tée par  mois. 

La  comptabilité  mensuelle  et  les  versements  par  décades  ont 
été  adoptés  récemment  par  la  compagnie  du  Nord  pour  les  petites 
stations,  en  remplacement  de  la  comptabilité  décadaire  et  des  ver- 
sements quotidiens.  Il  en  résulte  une  diminution  d'imprimés  et 
de  travail  qui  n*est  pas  sans  importance  pour  les  gares  aussi  bien 
que  pour  le  service  de  contrôle  des  recettes. 

Lorsque  les  femmes  chefs  de  halte  no  sont  pas  suffisamment 
exercées  pour  tenir  seules  leur  comptabilité,  elles  sont  instruites, 
non  par  un  intérimaire  ou  chef  de  station,  mais  par  une  autre 
femme  très  au  courant  du  service,  qui  vient  dans  Tintervalle  dos 
trains. 

Les  femmes  chefs  de  halte  reçoivent  15  francs  par  mois  comme 
salaire  de  début;  elles  peuvent  atteindre  un  traitement  de  500  à 
600  francs  par  an;  de  plus,  elles  ont  droit  aux  primes  de  régu- 
larité, soit  0  fr.  02  par  train  partant  régulièrement  à  Theure,  ce  qui 
représente  5  à  6  francs  par  mois. 

Service  des  trains.  —  Trains  légers.  —  Les  lignes  du  deuxième 
groupe  sont  desservies  par  i  trains  de  chaque  sens,  deux  accé- 
lérés le  matin  et  le  soir,  et  deux  de  moindre  vitesse  dans  le  cours 
de  la journée. 

Jusqu'en  1886,  tous  ces  trains  étaient  mixtes,  les  trains  accélé- 
rés servant  au  transport  des  wagons  complets,  soit  de  bout  en  bout, 
soit  d'un  terminus  à  une  gare  de  bifurcation;  ils  servaient  aussi 
au  transport  des  denrées,  des  bestiaux,  etc..  Le  service  du  détail, 
de  la  répartition  des  wagons  vides,  ainsi  que  Tenlèvement  des 
marchandises  peu  pressées  étaient  faits  par  les  trains  de  marchan- 
dises-voyageurs. L'ensemble  de  ces  trains  assurait  un  bon  service, 
économique  et  très-régulier,  bien  que  les  correspondances  aux 
divers  points  de  jonction  fussent  très-serrées. 

Il  n'arrivait  que  fort  rarement  qu'on  dût  recourir  à  la  mise  on 
marche  de  trains  facultatifs,  qui  entraînent  toujours  une  dépense  im- 
portante supérieure  à  celle  des  trains  réguliers  ;  car  ils  nécessitent 
des  déplacements   de  personnel  et  des   parcours   de  machines 


i2  LIGiNES   SECOiNDAIRES 

haut'le-piedj  c'est-à-dire  sans  utilisation  dans  l'un  des  sens  du 
parcours. 

Au  service  d'été  de  1886,  on  a  été  amené  à  tendre  la  marche 
des  trains  des  grandes  lignes  ;  les  correspondances  des  trains  du 
deuxième  groupe  sont  dès  lors  devenues  plus  difficiles  aux  points 
de  jonction  et  il  a  fallu  renoncer  à  utiliser  comme  trains  mixtes 
les  trains  du  matin  et  du  soir,  afin  de  leur  donner  plus  de  vitesse 
en  les  déchargeant,  et  de  diminuer  leurs  stationnements  en  ne  leur 
permettant  plus  les  manœuvres. 

Dans  ces  conditions,  on  devait  forcément  être  amené  à  mettre 
plus  fréquemment  en  marche  des  trains  facultatifs,  d'où  une 
dépense  en  plus. 

On  est  parvenu  à  compenser  cette  dépense  nouvelle  en  transfor- 
mant les  anciens  trains  mixtes  accélérés  en  trains  légers  ou 
économiques,  et  par  suite  en  supprimant  un  agent  à  chacun  de 
ces  trains,  ce  qui,  en  tenant  compte  du  salaire  et  des  frais  de  dépla- 
cement, donne  une  économie  moyenne  de  i  francs  par  jour  par 
agent  supprimé. 

Ce  n'est  pas  par  système  que  la  Compagnie  du  Nord  a  adopté 
les  trains  légers,  mais  chaque  cas  particulier  a  fait  l'objet  d'une 
étude  approfondie. 

Les  trains  légers  ne  doivent  être  substitués  aux  trains  mixtes 
que  si  la  tension  des  correspondances  ne  permet  plus  l'emploi  de 
ceux-ci,  ou  bien  si  le  trafic  P.  V.  de  la  section  est  assez  faible  pour 
qu'un  ou  deux  trains  de  marchandises-voyageurs  puissent  suffire 
à  en  assurer  le  service. 

Sur  une  même  ligne  un  train  léger  peut  être  justifié  à  une  sai- 
son où  le  trafic  est  réduit  et  doit  être  remplacé  par  un  Irain  mixte 
aux  époques  où  le  trafic  est  assez  important  pour  nécessiter,  à 
défaut  de  celui-ci,  la  mise  en  marche  de  trains  facultatifs. 

Et  même,  tel  train  peut  être  normalement  léger  qui  doit  être 
transformé  en  train  mixte  à  certains  jours.  Les  ordres  de  service 
relatifs  à  Temploi  de  ces  trains  prévoient  en  effet  ce  cas  :  si  les 
nécessités  du  trafic  obligent  à  dépasser  la  composition  limite  de 
6  véhicules,  la  gare  qui  force  la  composition  doit  ajouter  au  per- 
sonnel du  train  soit  un  garde-frein,  soit  un  homme  au  courant  des 
règlements  de  conducteur. 


DES    GRANDS    RÉSEAUX  13 

Ea  résumé,  Temploi  des  trains  légers  est  une  question  d'espèces, 
dépendante  des  nécessités  des  correspondances,  des  satisfactions 
à  donner  au  public,  du  trafic,  de  la  saison  et  même  du  jour; 
mais  on  doit  se  garder  do  les  mettre  en  marche  pour  n'obtenir 
d'autre  résultat  que  d'augmenter  le  nombre  des  trains,  ou  bien 
d'accroître  la  vitesse  au  lieu  de  remorquer  des  charges  utiles. 

Les  trains  légers  occasionnent  au  passage  dans  les  stations  un 
surcroit  de  travail  pour  celles-ci  ;  le  chef  de  station  ou  la  gardienne 
du  passage  à  niveau  à  desservir  doit  en  effet  ouvrir  et  fermer  les 
portières,  appeler  le  nom  de  la  gare,  station  ou  halte,  aux  lieu  et 
place  du  garde-frein,  pendant  que  le  conducteur  charge  et  décharge 
les  colis.  Il  y  a  eu,  dans  le  principe,  quelque  résistance  de  la  part 
du  chef  de  station. 

TRAINS-TRAMWAYS* 

Sur  certaines  lignes,  à  très-faible  mouvement  do  voyageurs 
et  de  marchandises,  les  trains  légers  ont  été  remplacés  par  des 
trains-tramways.:  ceux-ci  ont,  du  reste,  un  lien  avec  ceux-là,  et  le 
train-tramway  peut  être  transformé  en  train  léger  par  Tadjonction 
d'un  chauffeur  et  de  voitures,  de  même  que  le  train  léger  peut  être 
transformé  en  train  mixte  par  l'adjonction  d'un  garde-frein  et  de 
wagons. 

L'exemple  le  plus  intéressant  de  ce  service  est  celui  de  la  petite 
ligne  de  Maubeuge  à  Consolre,  d'une  quinzaine  de  kilomètres  de 
longueur  :  cinq  trains-tramw^ays  dans  chaque  sens  desservent  cette 
ligne  [Groupe  n^  11). 

Le  service  des  marchandises  y  est  exclusivement  fait  par  la  ma- 
chine d'un  train  de  marchandises  de  grande  ligne,  stationnant 
dans  la  gare  de  Maubeuge  assez  longtemps  pour  que  la  machine 
ait  le  temps  d'aller  prendre  ou  conduire  sur  la  petite  ligne  les 
marchandises  de  détail  ou  les  wagons  complets. 

Ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  les  trains- tramways  ont  été 
d'abord  essayés  dans  un  tout  autre  but  que  celui  d'assurer  le'  ser- 
vice des  lignes  à  très-faible  trafic. 

*  La  Compa^ic  de   TEst,  imitant  la  compagnie  daNord,  a  appliqué  récemment 
les  trains-tramways  à  un  certain  nombre  de  ses  lignes. 
La  Compagnie  de  l'Ouest,  l'Etat  se  préparent  également  ù  entrer  dans  cette  voie. 


14  LIGNES  SECONDAIRES 

On  les  a  mis  en  service  en  1885,  entre  Lille  et  Tourcoing,  par- 
cours sur  lequel  la  population  est  extrêmement  dense. 

En  multipliant  les  trains-tramways  qui  étaient  portés  au 
nombre  de  7  dans  chaque  sens,  aux  heures  où  les  déplacements 
sont  le  plus  nombreux,  en  leur  donnant  une  grande  accélération, 
50  kilomètres  àTheure,  et  fixant  de  nombreux  points  d'arrêts,  un 
par  kilomètre,  on  espérait  obtenir  d'excellents  résultats  et  concur- 
rencer très-efficacement  le  tramway  à  vapeur  de  Lille  à  Roubaii. 

C'est  en  effet  ce  qui  est  arrivé,  et  ces  trains  ont  atteint,  l'été, 
des  recettes  de  250  francs  par  jour,  avec  des  dépenses  qui  restaient 
inférieures  à  50  francs^ . 

Le  matériel  du  train-tramway  est  composé  d'une  seule  voiture  à 
couloir  central,  ou  plutôt  de  deux  voitures  jumellées  de  manière 
à  n'en  faire  qu'une  seule  :  la  voiture  contient  73  places,  y  compris 
un  compartiment  de  secondes  et  un  de  premières;  elle  renferme 
en  outre,  un  compartiment  pour  les  bagages.  De  nouvelles  voitures 
sont  en  construction  et  pourront  contenir  jusqu'à  110  places. 

Les  machines  sont  d'anciennes  locomotives  de  vitesse  du  Nord, 
du  type  Stéphenson,  à  50  unités,  que  l'on  avait  songé  à  vendre 
comme  ferraille,  et  qui,  moyennant  '3  à  4,000  francs  de  réparations 
ont  été  luises  en  état  d'assurer  le  service.  On  a  supprimé  le  tender 
de  ces  locomotives  et  on  les  a  transformées  en  machines-ten- 
der  ;  une  ouverture  a  été  pratiquée  dans  le  garde-corps  d'arrière 
pour  permettre  au  Conducteur  de  venir  au  besoin  prendre  la  place 
du  mécanicien. 

La  charge  remorquée  étant  très-faible,  les  démarrages  sont 
très-rapides,  de  même  que  les  arrêts  :  une  minute  et  demie 
suffit  pour  Tarrêt,  le  stationnement  et  la  mise  en  vitesse  du 
train.  La  vitesse  commerciale  des  trains-tramways  reste  ainsi 
très-satisfaisante  malgré  les  nombreux  arrêts  auxquels  ils  sont 
assujettis. 

Les  machines  qui  remorquent  les  trains-tramways  brûlaient^ 
avant  d'être  affectées  à  ce  service,  des  briquettes  et  du  tout- venant  ; 

*  On  a  constaté  un  accroissement  notable  du  nombre  des  voyageurs  sur  toutes  les 
lignes  ou  s'arrêtent  des  trains  légers  ou  des  trains-tramways.  Cet  accroissement  a 
a  atteint  9  p.  100  sur  la  ligne  de  Lille  à  Tourcoing,  15  p.  100  sur  celle  d'Aulnoye  à 
Erquelines,  etc.* 


i 


DES    GRANDS  RÉSEAUX  15 

les  trains-tramways  exigeaient  une  moindre  dépense  de  vapeur, 
en  raison  de  leur  légèreté  ;  il  est  devenu  inutile  de  forcer  le  tirage 
et  la  production  de  la  vapeur,  et  les  grilles  ont  été  suffisantes  pour 
brûler  du  charbon  menu,  des  fines,  dont  le  prix  sur  le  carreau  de 
la  mine  est  de  6  francs  la  tonne  au  lieu  de  11  à  12  francs,  prix  du 
charbon  lout-venant. 

La  consommation  kilométrique  de  charbon  n'a  du  reste  pas 
sensiblement  diminué.  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  eût  fallu 
construire  des  machines  spéciales,  de  faible  poids,  à  diamètres 
de  cylindres  réduits  ;  on  a  préféré  se  servir  des  machines  dont  on 
disposait,  plutôt  que  d'en  construire  de  nouvelles  dont  Téco- 
nomie  de  consommation  n'eût  pas  suffi  à  payer  Tintérêt  et  l'amor- 
tissement du  capital  de  premier  établissement. 

Telle  quelle,  la  dépense  kilométrique  des  trains- tramways  ne 
dépasse  pas  0  fr.  29,  en  y  comprenant  les  dépenses  do  personnel, 
combustible  et  graissage;  elle  s'élèverait  à  0  fr.  40  environ  si  on 
tenait  compte  des  frais  généraux,  de  l'entretien  et  des  grosses  ré- 
parations. 

Les  trains-tramways  ont  donné  lieu  à  une  expérience  de 
traction  toute  nouvelle  en  France  et  qui  offre  un  intérêt  consi- 
dérable« 

On  sait  qu'en  Amérique,  les  Compagnies  de  chemins  de  fer 
font  assurer  le  service  de  chaque  machine  par  une  ou  plusieurs 
équipes  de  mécaniciens  et  chauffeurs;  tandis  que  le  système  qui 
prévaut  en  Europe  est  celui  du  roulement^  qui  marie  la  machine 
avec  le  mécanicien. 

Les  Américains  obtiennent  incontestablement  un  meilleur  ren- 
dement du  capital  de  premier  établissement';  les  ingénieurs  euro- 
péens, de  leur  côté,  contrôlent  par  le  roulement  la  dépense  d'en- 
tretien et  de  conduite  d'une  machine  par  toutes  les  machines  qui 
entrent  dans  le  roulement. 

L'essai  du  système  américain  a  été  fait  par  la  Compagnie  du 
Nord  à  l'occasion  des  tramways  de  Lille  à  Tourcoing,  dont  les 


*  Les  Chemins  de  fer  en  Aménque,  (Lavoinne  et  Pontzen.) 
Revue  générale  des  Chemins  de  fer.  (Mai  1885.  Bandérali.) 

Id.  (Avril  1887,  de  Fonbonne  et  Sauvage.) 


i6  LIGNES    SECOiNDAIRES 

deux  machines  sont  desservies  indifféremment  par  un  mécanicien 
ou  par  Tautre. 

Un  essai  du  même  genre  a  été  fait  récemment  sur  la  ligne 
belge  d'Anor  à  Hastière  par  Chimay  et  Mariembourg* .  En  desser- 
vant deux  machines  par  trois  équipes  de  mécaniciens  et  chauffeurs» 
on  est  parvenu  à  augmenter  notablement  les  parcours  journaliers 
des  machines. 

Ces  deux  essais  ont  parfaitement  réussi,  et  seront,  sans  nul 
doute,  étendus  à  bref  délai.  Il  importe  du  reste,  pour  obtenir  de 
bons  résultats,  de  choisir  d'excellents  mécaniciens,  vivant  en  par- 
faite intelligence. 

Par  la  suppression  du  roulement,  on  évite  souvent  les  déplace- 
ments des  mécaniciens,  et,  par  suite,  les  mauvaises  habitudes 
qu'ils  contractent  quand  ils  sont  éloignés  de  leurs  familles. 

Pour  les  arrêts  des  trains-tramways  de  Lille  à  Tourcoing,  on  a 
choisi  des  points  déjà  gardés,  tels  que  passages  à  niveau,  postes  sé- 
maphoriquesdeblock-system;  on  s'est  contenté  de  construire  en  ces 
points  un  trottoir  en  terre.  Pour  éviter  les  réclamations  du  public, 
qui  ne  trouve  pas  d'abri  à  ces  arrêts,  on  s'est  astreint  à  marcher 
avec  une  extrême  régularité. 

Le  conducteur  délivre  des  billets  à  souche  aux  voyageurs  pris 
aux  points  d'arrêt;  il  les  retire  à  l'arrivée.  Un  contrôleur  passe  de 
temps  à  autre  dans  les  trains-tramways  pour  vérifier  au  moyen 
des  souches  des  billets  délivrés  s'il  n'y  a  pas  eu  entente  entre  le 
voyageur  et  le  conducteur. 

Les  billets  recueillis  sont  versés  chaque  soir  par  le  conducteur  à 
la  gare  terminus  en  même  temps  que  la  recette. 

Sur  la  petite  ligne  do  Maubeuge  à  Gonsolre,  ainsi  que  celle  de 
Maubeuge  à  Hautmont,  où  circulent  des  trains-tramways,  de 
même  que  sur  les  lignes  où  des  passages  à  niveau  en  pleine  voie 
sont  desservis  par  des  trains  économiques,  les  conducteurs  ne  déli- 
vrent pas  de  billets  spéciaux,  mais  ils  effectuent  la  perception  en 
échange  d'un  bulletin  à  souche. 

*  Exploitée  par  la  Compagnie  du  Nord. 


DES    GRANDS    RÉSEAUX  17 

Résultats  de  Texploitation  des  lignes  secondaires. 

Les  dépenses  en  1886  du  groupe  secondaire  que  nous  avons 
pris  pour  exemple  ont  été  les  suivantes  : 

1*>  Voie  et  bâtiments i.GO.'i  fr.  par  kilomètre. 

2*^  Matériel  et  traction 1.862  — 

3«  Mouvement  et  traGc 937  — 

Total.   .   .   .     4.404  fr. 

Cette  dépense  ne  comprend  pas  les  frais  des  gares  communes 
avec  le  réseau  principal  ni  les  frais  d'administration  centrale; 
mais  elle  comprend  une  part  proportionnelle  des  frais  des  services 
centraux  de  voie^  traction  et  exploitation. 

Lès  dépenses  de  Tensemble  des  groupes  du  réseau  secondaire 
diffèrent  peu  du  résultat  indiqué  pour  le  groupe  dont  nous  avons 
parlé  et  le  coefficient  d'exploitation,  pour  une  recette  kilomé- 
trique de  plus  de  8,000  francs,  s'écarte  pou  de  60  p.  100. 

Depuis  l'incorporation  des  lignes  secondaires  dans  son  réseau, 
et  le  sectionnement  de  ces  lignes  en  groupes,  les  dépenses  kilomé- 
triques totales  ont  été  réduites  d'environ  1,500  francs,  soit  plus  de 
deux  millions  par  an. 

C'est  la  meilleure  preuve  que  l'on  puisse  donner  à  l'appui  d'un 
système  qui  revient  en  somme  à  l'application  intelligente  de  cette 
idée  simple  :  proportionner  l'outil  au  travail  à  produire. 


CHAPITRE   II 


GOMPAQNIE     DE     PARIS-LTON-MÉDITERRANÉE 


Lignes  des  Dombes 

La  Compagnie  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée  a  conclu, 
le  28  juillet  1881,  avec  la  Compagnie  des  Dombes  et  du  Sud-Est 
deux  traités  :  Tun  pour  la  prise  à  bail  du  réseau  des  Dombes  et 
Sud-Est,  l'autre  pour  l'achat  de  ce  réseau. 

Ces  deux  traités  ont  été  approuvés  par  l'article  3  de  la  conven- 
tion-loi du  20  novembre  1883. 

Le  réseau  des  Dombes  et  Sud-Est  comprenait  : 

1**  Ligne  de  Sathonay  à  Bourg 52  kil. 

2^*    —      de  Bourg  à  Bellegarde 65 

3°    —      de  Lyon  à  Montbrison 80 

4®  Embranchement  de  Sathonay  à  Lyon-St-Clair 

(à  construire) 7 

5*    —     de  Mâcon  à  Paray-le-Monial 78 

6°    —     de  Châlons-sur-Saône  à  Lons-le-Saulnier.  .  .  66 

V    —      de  Bourg  à  Saint-Germain-du-Plain 62 

8**    —      d'Ambérieu  à  Montalieu 18 

Total 428  kil. 

Ces  lignes  étaient  cédées  à  la  Compagnie  P.-L.-M.  avec  le  maté- 
riel roulant,  le  mobilier  des  stations,  l'outillage  des  ateliers  et  des 
gares. 

En  outre,  la  Compagnie  P.-L.-M.  était  substituée,  par  le  traité 
d'achat,  à  la  Compagnie  des  Dombes  et  Sud-Est  dans  les  droits  que 
celle-ci  avait  acquis  sur  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  du 


k 


GRANDS    RÉSEAUX  i9 

Rhône  (Lyon  -  Croix  -  Rousse  à  Trévoux)  par  traité  en  date 
du  24  juin  1879. 

Les  conditions  du rachatétaient  que  laCompagnicP.-L. -M.  devait: 

1°  Prendre  à  sa  charge  le  service  de  80,000  obligations  de  la 
Compagnie  des  Dombes,  exigeant  annuellement  pour  intérêts, 
primes  et  amortissement  une  somme  de  1,280,000  francs. 

2°Remettre  à  la  Compagnie  des  Dombes  le  nombre  d'obligations 
du  type  fusion  nouvelles  nécessaire  pour  lui  assurer,  à  raison  de 
15  fr.  par  obligation,  un  revenu  annuel  égal  à  2,400,000  fr.,  sauf 
déduction  d'nne  somme  de  730,000  fr.  représentant  l'écart  entre 
les  charges  des  80,000  obligations  précitées  et  l'annuité  de 
5,502,266  fr.  payés  par  l'État  à  titre  de  subventfon  pour  le  chemin 
de  Lyon  à  Montbrison. 

Le  but  de  cette  opération  de  rachat  était  de  faire  cesser  une  con- 
currence qui  gênait  la  Compagnie  de  Lyon  ;  le  rachat  a  du  reste  été 
effectué  à  des  conditions  très-onéreuses  pour  celle-ci,  conditions 
que  la  baisse  constante  du  trafic  depuis  cette  époque  fait  paraître 
aujourd'hui  fort  lourdes,  d'autant  plus  que  la  plupart  des  loco- 
motives des  Dombes  ont  dû  être  depuis  mises  à  la  réforme  par  suite 
d'usure  et  que  la  Compagnie  de  Lyon  s'est  vue  dans  l'obligation 
de  remplacer  immédiatement  la  presque  totalité  des  traverses. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  Compagnie  de  Lyon  a  maintenu  sur  plu- 
sieurs de  ces  lignes  le  système  d'exploitation  économique  de  la 
Compagnie  des  Dombes;  elle  y  a  de  plus  introduit  le  mode  spécial 
d'exploitation  qui  était  à  l'étude,  au  moment  de  la  reprise  des 
Dombes,  sur  quelques  lignes  maigres  (Bonson  à  Saint-Bonnet),  et 
qu'elle  applique  aujourd'hui  à  toutes  ses  lignes  à  faible  trafic.  A 
ce  double  point  de  vue,  les  lignes  des  Dombes  offrent  un  intérêt 
tout  particulier. 

En  général,  le  tracé  des  lignes  des  Dombes  est  bien  fait  ;  en 
dehors  delà  ligne  de  Bourg  à  Bellegarde  par  Nantua,  les  déclivités 
ne  dépassent  pas  15  millimètres  par  mètre;  encore  n'atteint-on  ce 
chiffre  que  sur  des  petits  parcours. 

Les  courbes  sont  à  grands  rayons. 

Les  passages  à  niveau  sont  tous  gardés,  et  les  lignes  sont  par- 
tout clôturées. 

Les  services  de  voie  et  de  traction  sont  assurés  suivant  le  mode 


20  LIGNES  SECOND.VIRKS 

habituel  de  la  Compagnie  P.-L.-M.,  el  à  ce  titre  ils  n'offrent  en 
leur  examen  aucun  intérêt  au  point  de  vue  do  la  présente  étude. 

Mouvement   et   Trafic 

Dispositions  des  stations,  —  Contrairement  a  ce  que  Ton  a  vu 
pour  l'exploitation  économique  du  Nord,  l'inspecteur  chargé  d'une 
ligne  des  Dombes  possède  en  même  temps  des  lignes  ou  tronçons 
de  lignes  à  trafic  plus  important.  Il  y  a  là  une  certaine  incom- 
patibilité. 

Le  croquis  de  la  station  de  Saint-Etienne  en  Bresse  (fig.  3, 
pi.  II)  représente  le  type  de  la  station  des  Dombes. 

Une  voie  directe,  affectée  à  la  circulation  des  trains,  longe  le 
bâtiment  des  voyageurs  ;  une  voie  de  halle  reliée  par  les  deux 
bouts  à  la  précédente  sert  exclusivement  aux  marchandises. 

Il  y  a  en  effet  lieu  de  remarquer  que,  sur  ces  lignes,  tout  point 
dénommé  station  no  doit  obligatoirement  pas  servir  au  croisement 
des  trains  ^ 

Dans  les  stations  à  très-faible  trafic,  le  cul-de-sac  figuré  sur  le 
croquis  est  supprimé. 

Les  bâtiments  sont  larges  et  bien  construits,  les  chefs  do  stations 
bien  logés. 

La  station  est  couverte  à  800  mètres  environ  de  distance  par 
des  signaux  en  bois,  fixés,  peints  en  vert,  éclairés  le  soir,  indi- 
quant aux  trains  l'approche  de  la  station  et  les  obligeant  à  ralentir. 
Ces  disques  verts  d'avertissement  ne  sont  d'ailleurs  que  provi- 
soires ;  ils  seront  remplacés  par  des  signaux  ordinaires  du  type 
P.-L.-M.,  qui  existent  déjà  dans  les  gares  de  bifurcation. 

Service  des  trains.  —  Sur  les  lignes  très-peu  importantes, 
comme  celle  de  Châlons-sur-Saône  àLons-le-Saulnier,  tous  les  trains 
sont  mixtes  :  trois  trains  dans  chaque  sens,  dont  un  au  milieu  du 
jour,  plus  particulièrement  affecté  au  service  des  marchandises, 
avec  des  stationnements  de  5,  8  et  même  12  minutes  pour  les 
manœuvres. 

La  composition  minima  d'un  train  en  voitures  à  voyageurs  est  de  : 

*  C'est  là  un  procédé  spécial  h  la  Compagnie  P.-L.-M.  et  employé  par  elle  en 
général  sur  scb  li^iicb  a  laible  Iralic. 


DES   GRANDS   RÉSEAUX  21 

Une  voiture  mixte  à  compartiments,  comportant  2  compar- 
timents de  seconde,  un  de  première  et  un  coupé; 

Une  voiture  de  troisième  classe  à  couloir  central  et  à  frein  avis. 

Les  gares  de  croisement  sont  très-distantes  :  par  exemple*, 
29  kilomètres  séparent  Lons-le-Saulnier  et  Louhans  ; 

Service  des  stations.  —  La  Compagnie  des  Bombes  avait  adopté 
le  système  de  la  demande  télégraphique  de  la  voie,  préalablement 
à  l'expédition  de  tout  train. 

La  Compagnie  P. -L. -M.  en  appliquant  ses  règlements  a  supprimé 
ce  système  que  rien  ne  justifie  pour  les  trains  réguliers. 

En  outre,  comme  les  points  dénommés  stations  n'ont  pas  de 
voies  d'évitement,  et  que,  par  suite,  aucun  croisement  ne  peut  s'y 
effectuer,  on  a  jugé  à  propos  de  ne  pas  leur  laisser  Tusage  du  télé- 
graphe, afin  qu'elles  ne  puissent  jamais  intervenir  dans  la  circu- 
lation des  trains. 

On  a  même  été  jusqu'à  enlever  dans  toutes  les  stations  les  appa- 
reils télégraphiques  installés  par  la  Compagnie  des  Dombes. 

Ainsi,  de  Lons-le-Saulnier  à  Louhans,  29  kilomètres,  il  n'existe 
pas  de  poste  télégraphique  intermédiaire,  d'où  résulte  qu'en  cas 
de  détresse  survenant  au  milieu  du  parcours  (cas  qui  s'est  produit) 
l'agent  chargé  de  demander  le  secours  peut  avoir  à  parcourir 
14  kilomètres  et  demi  à  pied. 

Il  résulte  encore  de  cette  suppression  que  les  gares  de  croisement 
ne  peuvent  être  avisées  des  retards  qui  se  produisent  aux  stations 
intermédiaires. 

La  Compagnie  P.-L.-M.  a  maintenu  cette  suppression  du  télé- 
graphe, malgré  les  réclamations  du  service  du  contrôle. 

En  fait,  les  détresses  sont  rares  :  d'autre  part,  il  n'arrive 
presque  jamais  sur  de  semblables  lignes  qu'on  ait  à  faire  des  trains 
spéciaux  ou  facultatifs.  L'absence  de  télégraphe  n'est  pas  non  plus 
une  cause  de  gène  dans  le  cas  où  circulent  des  trains  de  matériaux, 
en  raison  des  intervalles  de  cinq  à  six  heures  qui  séparent  les  trains. 
Néanmoins,  l'économie  réalisée  par  la  suppression  des  appareils 
télégraphiques  est  si  minime,  qu'elle  ne  saurait  être  admise. 

On  n'eût  pas  augmenté  la  consommation  de  matières  en  laissant 
les  appareils  à  chaque  station  et  y  maintenant  les  fils  sur  commu- 
nication directe.  Tandis  que  s'il  survenait  un  accident  grave,  on 


22  LIGNES    SECONDAIRES 

courrait  le  risque  de  voir  les  secours  retardés  de  plusieurs  heures, 
par  suite  de  Tabsence  de  télégraphe  à  portée. 

Les  stations  sont  gérées  par  des  femmes  lorsque  les  expéditions 
et  arrivages  n\  dépassent  pas  le  chiffre  de  2  ou  3  par  jour,  que  la 
manutention  n^excède  pas  une  tonne  et  que  le  nombre  des  voya- 
geurs reste  inférieur  à  10^  Le  traitement  journalier  de  la  femme 
varie  de  1  franc  à  1  fr.  50. 

Dans  ces  stations,  la  manutention  et  les  manœuvres  sont  faites 
par  les  agents  des  trains  qui  ont  à  décadenasser  et  recadenasser  les 
aiguilles,  abaisser  les  taquets,  etc. 

Lorsque  le  trafic  excède  les  chiffres  qui  précèdent,  la  station  est 
gérée  par  un  homme  qui  est  toujours  aidé  par  sa  femme,  moyen- 
nant une  rétribution  quotidienne  de  0  fr.  50. 

Les  colis  de  faible  dimension  sont  déchargés  au  passage  sur  le 
trottoir  et  emportés  ensuite  par  la  femme  sous  la  halle. 

S'il  s'agit  de  colis  lourds,  on  amène  le  fourgon  ou  le  wagon 
devant  le  quai  couvert  ou  découvert,  et  les  agents  du  train  effectuent 
le  chargement  ou  le  déchargement. 

Lorsqu'il  y  a  à  manutentionner  des  wagons  complets,  avant  ou 
après  le  passage  des  trains^  la  femme  chef  de  station  doit  demander 
au  brigadier-poseur,  sur  réquisition  écrite,  un  ou  plusieurs  agents 
de  la  voie  pour  effectuer  ce  travail.  Un  imprimé  existe  à  cet  effet, 
et  le  brigadier  établit  le  décompte  du  temps  employé  au  service  de 
la  station,  ou  perdu  pour  se* rendre  du  chantier  à  la  station  ou 
vice  versa,  La  somme  correspondante  est  facturée  au  service  de 
l'exploitation  par  celui  de  la  voie. 

Cette  manière  de  faire  n'est  du  reste  pas  particulière  aux  lignes 
des  Dombes.  Elle  est  en  usage  sur  tout  le  réseau  P.-L.-M.,  dans  les 
stations  de  peu  d'importance. 

Les  tarifs  sont  ceux  de  la  Compagnie  P.-L.-M.,  qui  les  a  appliqués 
dès  la  reprise  ;  ils  sont  sensiblement  plus  élevés  que  ceux  de  la 
Compagnie  des  Dombes  ^  D'autre  part,  la  Compagnie  locale  avait 
des  habitudes  beaucoup  plus  commerciales  que  la  grande  Compa- 
gnie: ses  agents  étaient  constamment  à  la  recherche  de  nouveaux 

*  Il  s'agit  lii  d'une  indication  exacte  dans  la  pratique,  mais  non  d'une  rèplc  absolue. 

*  La  Compagnie  «les  Dombes  ne  se  renfermait  pas  toujours  strictement  dans  les 
tarifs  homologuc^s,  et  faisait  souvent  des  prix  de  gré  à  pré. 


DES  GRANDS  RÉSEAUX 


23 


transports,  en  relation  étroite  avec  la  population  de  la  région  et 
attiraient  ainsi  le  trafic  sur  les  rails  des  Dpmbes.  Il  résulte  de  ces 
deux  causes  jointes  à  la  dépression  générale  des  transports,  que  le 
trafic  des  lignes  des  Dombes  a  très-notablement  baissé,  ce  qui  fait 
ressortir  plus  encore  l'élévation  du  prix  de  rachat. 


Service  des  haltes.  —  Le  service  des  haltes  ouvertes  aux 
voyageurs,  bagages  et  chiens,  présente  une  intéressante  par- 
ticularité :  suppression  complète  de  la  comptabilité.  De  plus,  elles 
ne  font  pas  de  perception,  le  paiement  du  billet  étant  effectué  à 
destination.  D'où  il  résulte  que  ces  haltes  peuvent  être  confiées  à 
des  femmes  d'une  instruction  et  d'une  intelligence  très-peu  déve- 
loppées, avec  un  traitement  infime.  Toutes  les  femmes  des  can- 
tonniers, à  la  condition  do  savoir  lire  et  écrire,  sont  aptes  à  tenir 
ces  haltes,  qui ,  n'entraînant  aucun  frais  ni  de  premier  établis- 
sement ni  d'exploitation,  peuvent  être  ainsi  très-multipliées. 

Voici  comment  on  opère  : 

Chaque  halte  est  munie  de  deux  carnets  de  bulletins  d'ori- 
gine, l'un  pour  les  trains  pairs,  l'autre  pour  les  trains  impairs  ; 
ce  sont  les  gares  de  destination  ou  les  gares  de  bifurcation  qui 
sont  chargées  de  faire  les  encaissements. 

Les  bulletins  comprennent  à  droite  le  coupon  B  (voir  le  spé- 
cimen ci-contre),  à  gauche  le  coupon  A  sur 
lequel  sont  portés  le  n®  d'ordre,  le  nom  de 
la  halte  de  départ  et  la  classe  du  billet. 
Entre  les  deux  coupons  sont  indiqués  les 
noms  des  gares  qui  se  trouvent  entre  la 
halte  de  départ  et  la  gare  terminus  du  train 
ou  la  gare  de  bifurcation  la  plus  rappro- 
chée. 

On  délivre  au  voyageur  le  coupon  B  du 
bulletin  que  Ton  découpe  de  manière  à 
y  laisser  joints  les  noms  des  gares  jusques 
et  y  compris  celle  désignée  par  le  voyageur 
comme  destination. 

Le  numéro  do  la  classe  du  billet  est 
porté  à  la  main  sur   les    deux  coupons  A   et  B. 


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24  LIGNKS  SECONDAIRES 

La  gare  d'arrivée  ou  do  bifurcation,  on  consul  tant  le  coupon  B 
remis  au  voyageur,  détermine  la  perception  à  effectuer. 

Les  coupons  A  sont  envoyés  en  lin  do  journée  à  l'Inspection 
principale  qui  reçoit  d'autre  part,  sur  le  rapport  journalier  des 
gares  ayant  effectué  des  perceptions  sur  bulletin  d'origine,  men- 
tion de  ces  perceptions.  Le  rapprochement  des  souches  et  des 
rapports  permet  de  s'assurer  si  toutes  les  perceptions  ont  bien 
été  effectuées.  C'est  un  travail  insignifiant,  attendu  que  les  bul- 
letins d'origine  sont  toujours  peu  nombreux,  vu  le  faible  trafic 
des  haltes. 

Lorsque  des  voyageurs,  au  départ  d'une  halte,  ont  des  ba- 
gages ou  dos  chiens,  la  garde-halte  porte  au  dos  du  bulletin  la 
mention  de  la  nature  et  du  nombre  des  colis.  Cette  indication  suffit 
à  renseigner  la  gare  destinataire  qui  fait  le  nécessaire  pour  effec- 
tuer la  perception,  ou  la  gare  de  bifurcation,  qui  procède  à  Tenrc- 
gistrement,  si  les  bagages  et  les  chiens  doivent  continuer  au  delà. 

Comptabilité  des  stations,  —  Les  stations  gérées  par  des  fem- 
mes n'ont  pas  de  comptabilité  ou  plutôt  les  femmes  ne  tiennent 
que  les  écritures  indispensables  pour  renseigner  au  point  de  vue 
comptable,  la  gare  importante  la  plus  voisine,  dénommée  gare- 
centre,  qui  est  chargée  de  la  comptabilité  complète  des  stations. 

La  gare-centre  peut  être  comptable  de  deux  stations,  mais 
.rarement  de  trois.  Elle  tient  des  registres  distincts  pour  chacune 
et  fournit  au  contrôle  toutes  les  pièces  comptables  prescrites,  aux 
lieu  et  place  des  stations  elles-mêmes. 

Les  stations  effectuent  d'ailleurs  les  perception^,  tant  en  grande 
qu'en  petite  vitesse,  et  font  chaque  jour  leur  versement,  à  la 
gare-centre,  à  découvert,  sur  bordereau  général  G.V.  etP.V. 

Les  relations  des  stations  gérées  par  dos  femmes  sont  limitées 
aux  gares  et  stations  du  réseau  P.L.M. 

En  ce  qui  concerne  les  voyageurs,  les  renseignements  à  en- 
voyer à  la  gare-centre  sont  inscrits  sur  un  bordereau  des  billets 
délivrés  qui  n'est  que  la  copie  du  décompte  des  billets  établi  en 
fin  de  journée  sur  le  registre  ad  hoc, 

A  ce  bordereau  sont  jointes  les  souches  des  billets  passe- 
parlout  émis  par  les  stations. 


I 


DES   GRANDS    RÉSEAUX  2r> 

Pour  les  bagages,  elles  envoient  le  bordereau  d'enregistré- 
ment  des  bagages  et  les  souches  des  fouilles  de  route,  etc.. 

Pour  les  marchandises  grande  ou  petite  vitesse,  à  l'expédition, 
attachement  est  pris  sur  un  registre  d'expéditions ,  avec  tous 
les  renseignements  habituels,  non  compris  la  taxe  ;  le  récépissé 
timbré  et  les  autres  écritures  sont  établies  par  la  station,  et  les 
opérations  journalières  sont  détaillées  sur  un  bordereau  d'expé- 
ditions envoyé  à  la  gare-centre  ;  les  déclarations  d'expéditions 
sont  jointes  à  ce  bordereau.  La  gare-centre  établit  et  inscrit  la 
taxe  sur  les  pièces. 

A  l'arrivée,  les  stations  reçoivent  les  écritures  qu'elles  inscri- 
vent sur  un  registre  d'arrivages  ;  elles  tiennent  un  livre  de  sortie, 
effectuent  les  perceptions  ep  port  payé,  comme  elles  effectuent 
les  perceptions  en  port  dû  à  l'expédition,  et  envoient  à  la  gare- 
centre  un  bordereau  d'arrivages  joint  aux  feuilles  d'expéditions 
•reçues. 

C'est  grâce  à  la  simplification  procurée  par  cette  comptabilité 
rudimentaire  que  la  Compagnie  de  Lyon  a  pu  confier  le  service 
de  stations  peu  importantes  à  des  femmes  ayant  assez  peu  d'ins- 
truction. 

Les  receltes  kilométriques  des  Bombes  varient,  suivant,  les 
lignes,  do  5,000  à  11,000  francs.  Les  dépenses  sont  généralement 
supérieures  aux  recettes,  et,  à  une  ou  deux  exceptions  près,  le 
coefficient  d'exploitation  oscille  entre  100  et  140  p.  100. 


CHAPITRE   III 


CHEMINS    DE    FER    DE    L'ÉTAT 


Locoxnotives-Tenders-Fourgons 

On  a  vu  plus  haut  que  la  Compagnie  du  Nord  avait  créé  des  trains 
économiques  dans  le  but  de  réduire  son  personnel  do  conduc- 
teurs ;  le  service  de  ces  trains  est  en  efTot  assuré  par  un  seul  agent. 

La  Compagnie  du  Nord  a  pris  soin  de  faire  remorquer  ces  trains 
par  des  machines  légères  de  ses  anciens  types,  ayant  une  consom- 
mation réduite,  et  devenues  trop  faibles  pour  traîner  les  trains 
express  actuels  dont  la  charge  s'accroît  chaque  année  en  même 
temps  que  la  vitesse. 

On  a  vu  enfin  que  cette  Compagnie,  allant  plus  loin  encore  dans 
la  voie  de  la  réduction  du  personnel  dos  trains,  mettait  en  marche 
des  trains-tramways  composés  seulement  d'une  machine  légère 
et  d'une  voiture  ou  plutôt  de  deux  voitures  jumellées,  avec  un  mé- 
canicien  seulement  sur  la  machine,  et  pour  le  train  un  conduc- 
teur-receveur qui  peut  en  cas  de  besoin  prendre  la  place  du  méca- 
nicien. La  Compagnie  du  Nord  s'est  du  reste  attachée  à  ne  pas 
augmenter  le  nombre  des  trains  mis  en  marche  sur  les  sections 
ainsi  desservies  par  des  trains  de  voyageurs  à  îFaiblcs  charges  : 
à  cet  effet  elle  assure  le  service  do  l'un  des  trains  de  chaque  sens  le 
train  de  marchandises-voyageurs,  par  des  machines  très-puissantes. 

Des  essais  analogues  sont  à  l'étude  sur  les  lignes  à  faible 
trafic  de  plusieurs  autres  grandes  Compagnies  françaises*.  En 

•    *  LOuPst,  l'Est,  rKtat. 


^ 


GRANDS    RÉSEAUX  27 

général,  on  emploi  pour  les  trains  de  ces  lignes  des  locomotives 
de  tjrpes  anciens  et  à  faibles  poids.  Il  serait  en  olTet  absurde  de 
traîner  des  trains  dont  la  charge  descend  parfois  à  25  ou  30  tonnes, 
c'est-à-dire  à  3  ou  4  véhicules,  avec  les  locomotives  actuelles  à 
voyageurs,  qui  pèsent  50  tonnes  avec  leur  tender. 

Il  est  vrai,  cependant  que  les  machines  de  types  démodés 
dépensent  souvent  plus  de  charbon  que  les  excellentes  machines 
de  vitesse  que  l'on  construit  aujourd'hui,  et  qu'on  ne  conserve  en 
service  les  vieilles  locomotives  que  parce  que  l'intérêt  et  l'amortis- 
sement do  locomotives  neuves  seraient  supérieurs  à  l'économie 
de  combustible  qu'elles  permettraient  de  réaliser. 

On  en  vient  alors  à  se  demander  si  c'est  un  intérêt  bien  compris 
que  de  prolonger  pendant  vingt-cinq,  trente  ou  même  quarante 
années  l'existence  des  locomotives.  Ne  vaudrait-il  pas  mieux  les 
user  en  douze  ou  quinze  années  en  augmentant  dans  de  très-no- 
tables proportions  leurs  parcours  annuels?  C'est  là  une  bien  grave 
question,  résolue  en  Amérique  d'une  manière  tout  autre  qu'en 
Europe,  ainsi  qu'il  a  été  dit  déjà  à  propos  des  trains-tramways 
de  la  Compagnie  du  Nord. 

Quoi  qu'il  en  soit  delà  solution  à  donner  à  cet  intéressant  pro- 
blème, l'Administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat  s'est  trouvée 
chargée  d'exploiter  un  réseau  étendu  avec  un  matériel  presque  en- 
tièrement neuf  ;  elle  n'avait  pas  par  suite  à  se  préoccuper  de  l'em- 
ploi de  vieilles  machines  sur  ses  lignes  à  très-faible  trafic,  et 
pouvait  recourir  à  un  matériel  spécial. 

On  a  tout  d'abord  songé  à  utiliser  sur  ces  lignes  la  voiture  à  va- 
peur de  M.  Belpaire,  ingénieur  en  chef  de  la  traction  des  chemins 
de  fer  de  l'Etat  belge.  Cette  machine,  mise  en  service  sur  la  ligne 
de  Saint-Mariens  àBlaye*,  nécessitait  des  réparations  constantes, 
elle  était  d'un  roulement  très  désagréable  aux  voyageurs,  et  la 
fumée  aveuglait  ceux-ci,  qui  étaient  trop  rapprochés  de  la  ma- 
chine. Sur  les  plaintes  incessantes  du  public,  on  a  dû  la  retirer 
du  service  après  cinq  années  d'expérience,  pour  faire  une  nouvelle 
étude.  La  locomotive-lender-fourgon,  qui  est  le  type  adopté  à  la 

*  Vn  décret  du  Président  de  la  llépiibliqiie  (20  mai  1880)  a  autorisé  la  réduction 
à  un  mécanicien  et  à  un  conducteur  parde-frcin  du  personnel  de  la  voilure  à 
vapeur,  par  dérogation  à  rarlicle  18  do  l'ordonnance  du  ib  novembre  18iG. 


28  LIGNES  SECONDAIRES 

suite  do  celte  étude,  a  été  mise  à  l'essai  en  1885,  et  est  complète- 
ment expérimentée  aujourd'hui  ;  elle  a  donné  toute  satisfaction  * . 

En  proposant  ce  type  à  l'Administration  des  chemins  de  fer  de 
l'Etat,  M.  Ricour,  ingénieur  en  chef  du  matériel  et  de  la  traction, 
poursuivait  un  double  but  :  réduction  de  consommation  pour  la 
machine  et  réduction  de  personnel  pour  le  train. 

La  machine-lender  possède  à  l'arrière  un  compartiment-fourgon 
pouvant  porter  une  charge  de  1,000  kilos,  et  communiquant  avec 
la  plate-forme  du  mécanicien,  de  telle  sorte  que  le  conducteur 
puisse,  en  cas  de  besoin,  aider  le  mécanicien  soit  au  chargement 
du  feu,  soit  à  l'alimentation  ou  au  frein,  ou  même  arrêter  la  ma- 
chine au  cas  où  le  mécanicien  viendrait  à  tomber  ou  se  trouverait 
hors  d'état  d'assurer  la  conduite  de  la  machine. 

La  machine^  représentée  fig.  4,  pi.  III,  est  portée  par  trois 
essieux  dont  deux  accouplés  seulement.  Ses  conditions  d'établis- 
sement sont  les  suivantes  : 

Dianlètre  des  cylindres 0,250 

Course  des  pistons 0,400 

Surface  de  chauffe  du  foyer 4  mq.,  050 

Surface  de  chauffe  des  tubes 25  m.  q.  515 

Timbre  de  la  chaudière  .  .  .  .  / 12  kilos. 

Diamètre  des  roues  motrices  au  contact 1  m.  320 

Longueur  entre  plaques  tubulaires 2  m.  250 

Longueur  totale  de  la  chaudière 4  m.  045 

Diamètre  moyen  de  la  chaudière 0  m.  246 

Volume  d'eau  avec  100  °/™  au-dessus  du  ciel  ...  1  m.  q.  220 

Volume  de  vapeur 0  m.  675 

Eau  et  combustible  dans  les  soutes 3,250  kilos 

Ecartement  des  essieux  accouplés 2  m.  100 

Ecartement  des  essieux  extrêmes 3  m.  750 

Poids  total  de  machine  à  vide 20,310  kilos 

Poids  total  de  la  machine  en  service 24,800  kilos 

L'empattement  de  la  machine  n'est  donc  pas  supérieur  à  l'em- 
pattement du  matériel  voitures  et  wagons,  qui  varie  de  2  m.  70  à 

*  La  locomotive-fourgon  est  employée  depuis  plusieurs  années  en  Allemagne  et  en 
Autriche,  notamment  sur  certaines  lignes  de  la  Sùdbahn  et  de  la  Nordwestbahn. 


^ 


DES  GBANDS  RÉSEAUX  20 

3  nr.  75.  Par  suite,  elle  peut  tourner  sur  les  plaques  tournantes  or- 
dinaires, ce  qui  permet  de  faire  réconomie  d'un  pont  tournant 
pour  les  petites  lignes  où  ces  machines  sont  en  usage. 

Les  deux  essieux  extrêmes  sont  chargés  à  7,900  kilos,  Tessieu 
intermédiaire  à  9,000  kilos;  le  poids  adhérent  est  par  suite  de 
16,900  kilos,  ce  qui  donne  avec  le  coefficient  de  7?  une  adhérence 
de  2,410  kilos,  supérieure  à  Teffort  maximum  théorique  de  traction 
de  2,272  kilos   que  peuvent  développer  les  cylindres. 

Le  diamètre  des  cylindres  est  légèrement  trop  faible.  En  le  por- 
tant à  0  m.  26,  on  eût  accéléré  le  démarrage,  qui  est  un  peu  lent 
lorsque  le  train  est  chargé  ;  d'où  perte  de  temps  sensible  dans  les 
manœuvres. 

On  pourrait  croire  à  première  vue  que  le  porte-à-faux  du  four- 
gon, qui  atteint  2  m.  535,  doit  déséquilibrer  la  machine.  Il  n'en  est 
rien.  Le  fourgon  est  au  contraire  d'un  poids  trop  faible  s'il  n'est 
pas  chargé  de  près  de  1,000  kilos  de  colis,  charge  que  l'on  atteint 
fort  rarement.  Aussi  en  service  normal,  où  il  est  à  peu  près  vide,  il 
n'est  pas  suffisamment  équilibré,  et  le  conducteur  y  est  assez  mal 
à  Taise  en  raison  des  vibrations. 

Telles  quelles,  ces  machines  atteignent  facilement,  sans  fatigue 
pour  les  organes,  la  vitesse  maxima  de  70  kilomètres  à  l'heure,  en 
traînant  une  charge  de  70  à  80  tonnes  en  profil  facile. 

Elles  ont  été  construites  à  Belfort  par  la  Société  alsacienne. 

Les  locomotives-fourgons  sont  spécialement  afiectées  au  service 
des  lignes  de  : 

Port-Boulet,  Port-de-Piles  et  Ligré-Richelieu,  d'une  part  ; 

Blois  à  Pont-de-Braye,  d'autre  part. 

Sept  machines  sont  afiTectées  au  service  des  premières  lignes  et 
trois  à  celui  des  secondes. 

La  consommation  moyenne  de  ces  machines  est  de  5  kilos  400 
par  kilomètre  de  train,  alors  que  la  consommation  des  machines 
qu'elles  ont  remplacées  atteignait  7  kilos  400. 

Ces  consommations  comprennent  les  allumages,  et  il  faut  remar- 
quer aussi  que  la  mise  en  pression  exige  beaucoup  moins  de  com- 
bustible avecla  machine-fourgon,  eu  égard  aux  dimensions  réduites 
de  la  chaudière.  De  même  la  consommation  est  moindre  pendant 
les  stationnements. 


i 


30  LIGNES   SKCONDAIRES 

Le  traitement  annuel  d'un  chauffeur,  qui  est  de  120  francs  par 
mois,  est  tout  entier  ^économisé. 

Quant  à  sa  prime  mensuelle,  qui  s'élève  à  15  ou  20  francs,  elle 
est  affectée  au  conducteur  à  titre  d'indemnité. 

Il  y  a  lieu  de  faire  encore  ressortir  l'économie  d'entretien  que 
présentent  les  locomotives-fourgons;  le  graissage  en  est  également 
moins  onéreux  que  le  graissage  des  machines  ordinaires. 

Ces  diverses  économies  s'élèvent  en  résumé  à  un  chiffre  impor- 
tant. Prenons  pour  exemple  le  groupe  Port-Boule t-Port-de-Piles- 
Richelieu. 

Le  parcours  moyen  journalier  par  machine  est  de  100  kilo- 
mètres :  4  machines  sont  en  service,  3  en  dépôt  ou  réserve.  L'é- 
conomie journalière  de  combustible  est  par  suite  de  : 

4  machines  x  100  kilomètres  x  2  kilos  i-800  kilos  ;  soit  *par  an 
292  tonnes,  soit  à  20  fr.  la  tonne,  5,840  francs. 

Il  faut  ajouter  l'économie  annuelle  de  chauffeurs,  soit  4 
équipes  x  120  fr.  x  12  ou  5,760  francs,  et  l'économie  réalisée 
dans  le  graissage,  l'entretien,  les  manœuvres,  la  suppression  d'un 
fourgon,  etc.,  etc.,  soit  environ  2,400  francs. 

Au  total  14,000  fr.  pour  7  machines,  ou  en  fin  de  compte  2,000  fr. 
par  machine  et  par  an. 

On  voit  que  l'acquisition  de  machines  légères  pour  chemins  à 
très-faible  trafic  est  largement  justifiée. 

La  suppression  du  chauffeur  est  plus  discutable. 

En  effet,  si  dans  les  manœuvres  et  pendant  le  remplissage  du 
tender  aux  prises  d'eau,  le  concours  du  conducteur  est  effectif,  il 
n'en  est  plus  de  même  en  pleine  marche.  Le  mécanicien  doit  alors, 
outre  ses  occupations  ordinaires,  alimenter  la  chaudière  et  charger 
le  feu  ;  cette  dernière  opération  demande  un  certain  temps  et 
aveugle  encore  l'agent  pondant  quelques  secondes  après  qu'elle  est 
terminée.  Les  conducteurs-chefs  de  train,  qui  peuvent  communiquer 
avec  le  mécanicien  par  la  porte  existant  entre  le  fourgon  et  la 
plate-forme  de  la  locomotive,  ont  ;^bien  été  mis  au  courant  des 
moyens  à  employer  pour  arrêter  les  machines  s'ils  aperçoivent 
soit  un  signal  fermé,  soit  un  obstacle,  pendant  que  le  mécanicien 
s'occupe  du  feu  ou  amorce  son  injecteur. 

Mais  il  faut  observer  que  le  conducteur  doit  normalement  rester 


DES    GRANDS    RÉSEAUX  31 

dans  le  fourgon  pour  assurer  le  service  du  frein  :  il  doit,  d'autre 
part,  remplir  les  feuilles  de  marche,  de  mouvement,  de  matériel  et 
classer  ses  écritures.  Son  attention  est  forcément  distraite  de  la 
surveillance  constante  de  la  voie. 

D'où  il  suit  que  l'emploi  de  la  locomotive-tender-fourgon  serait 
sans  inconvénient  sur  des  lignes  bien  gardées  et  clôturées,  ce  qui 
n'est  précisément  pas  le  cas  des  lignes  ordinaires  à  trës-faible 
trafic. 

Aussi  les  mécaniciens  de  ces  machines,  ne  pouvant  compter 
sur  l'aide  efficace  du  conducteur-chef  de  train,  sont-ils  unanimes  à 
demander  l'adjonction  d'un  chauffeur. 

D'autre  part,  la  suppression  du  chauffeur  nécessite  obligatoire- 
ment deux  conducteurs  au  train,  un  chef  de  train  sur  la  machine- 
fourgon  et  un  garde-frein  dans  le  fourgon  de  queue;  mais  le  frein 
de  la  machine  et  celui  du  fourgon  de  tête,  distincts  par  l'emploi 
d'une  machine  ordinaire,  sont  confondus  sur  la  locomotive- 
fourgon  ;  d'où  il  résulte  qu'on  est  obligé  de  prendre  un  garde- 
frein  supplémentaire  toutes  les  fois  que  la  composition  du  train 
dépasse  de  10  à  6  véhicules,  selon  la  vitesse  et  les  déclivités. 

Mais  cet  avantage  de  la  réduction  d'un  agent  sur  Tensomble  du 
personnel  du  train,  et  cette  obligation  de  ramener  ce  personnel  au 
nombre  habituel  en  cas  de  forcement  de  la  charge  du  train  ne 
sont  pas  inhérents  à  la  locomotive-fourgon. 

On  trouverait  exactement  le  même  avantage  et  le  même  incon- 
vénient si  on  laissait  un  chauffeur  sur  la  machine,  et  si  on  repor- 
tait le  conducteur  à  l'arrière  du  train,  en  supprimant  le  garde- 
frein  . 

De  cette  manière,  plus  d'amoindrissement  de  la  sécurité  en 
pleine  marche  ;  on  rentre  dans  le  cas  ordinaire  et  on  réalise  éga- 
lement l'économie  d'un  agent,  à  peu  près  au  même  traitement 
qu'un  chauffeur. 

Mais  de  même  que  le  conducteur  prête  son  concours  à  l'agent 
de  traction  dans  le  système  de  l'exploitation  par  machine-fourgon, 
de  même,  si  on  réduit  le  personnel  d'agents  de  train  à  un  seul,  il 
importe  que  le  chauffeur  et  au  besoin  le  mécanicien  pnissentprêter 
leur  concoui*s  pour  les  manœuvres  ou  manutentions  au  passage 
dans  les  stations. 


32  LIGNES  SECONDAIRES  DES  GRANDS  RÉSEAUX 

On  110  peut  obtenir  un  résultat  tout  à  fait  satisfaisant  qu'on 
réunissant  les  agents  do  traction  et  de  mouvement  sous  Tautorité 
d'un  même  chef.    , 

On  a  vu  que  le  fourgon  de  la  locomotive-fourgon  est  plutôt  nui- 
sible qu'utile  à  la  stabilité  de  la  machine  :  ce  fourgon,  dont  la 
présence  réduit  la  largeur  de  la  plate-forme  de  la  locomotive  offre 
aussi  des  inconvénients  pour  les  lavages  et  l'entretien  dans  les 
dépôts. 

Doit-on  conclure  de  la  disposition  de  la  machine- fourgon  qu'elle 
permet  de  réaliser  la  suppression  d'un  véhicule,  le  fourgon,  qui 
doit  normalement  être  placé  immédiatement  derrière  la  machine? 
Mais  il  faut  observer  qu'on  tend  aujourd'hui  à  renoncer  à  cette 
sujétion,  longtemps  considérée  comme  indispensable  à  la  sécu- 
rité. 

On  verra  plus  loin,  à  l'occasion  des  chemins  de  fer  d'intérêt 
local  du  Pas-de-Calais  et  de  diverses  autres  lignes  d'intérêt  local 
à  trafic  réduit,  que  des  Compagnies  ont  été  autorisées,  dans  plu- 
sieurs cas,  par  arrêtés  préfectoraux,  à  supprimer  le  fourgon  ou  la 
voiture  de  choc,  qui,  aux  termes  de  l'article  20  de  l'ordonnance 
du  15  novembre  1846,  doit  être  interposé  entre  la  machine  et  les 
voitures  à  voyageurs. 

Cette  suppression,  qui  ne  présente  aucun  inconvénient,  a  été  au- 
torisée en  principe  par  décret  présidentiel  du  20  mai  1880,  et  peut 
être  normalement  étendue  aux  trains  de  faible  composition  des 
lignes  à  trafic  restreint,  sous  réserve  de  certaines  précautions. 

En  résumé,  ce  qu'il  y  a  lieu  de  retenir  de  l'essai  de  l'Adminis- 
tration des  chemins  de  fer  de  l'Etat,  c'est  remploi^  sur  les  lignes 
peu  importantes,  de  machines  légères  suffisantes  pour  les  faibles 
charges  à  remorquer  et  qui,  par  leurs  dépenses  réduites  de  char- 
bon, graissage,  etc.,  etc.,  permettent  de  réaliser  des  économies 
moyennes  annuelles  d'un  millier  de  francs  par  machine. 

La  circulation  des  locomotives-fourgons  sur  les  lignes  des  che- 
mins de  fer  de  l'Etat  a  été  autorisée  par  arrêté  ministériel  du 
16  juillet  1886,  en  exécution  du  décret  présidentiel  précité. 


DEUXIÈME    PARTIE 


CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 


A  VOIE   NORMALE 


i 


à 


CHAPITRE  IV 


ÉTUDE   COMPARATIVE 
DES  LOIS  DU   12   JUILLET  1866   ET  DU  11  JUIN  1880 
SUR  LES  CHEMINS   DE   FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 


Loi  du  12  JniUet  1866 

Les  conventions  de  1859,  qui  ont  complété  les  grandes  artères 
du  réseau  français  et  créé  les  transversales  constituant  le  nouveau 
réseau,  avaient  laissé  de  côté  un  certain  nombre  de  lignes  ne  pré- 
sentant pas  un  caractère  d'intérêt  général,  mais  dont  Texécution, 
vivement  désirée  par  les  départements  et  les  communes,  sollicitée 
par  des  concessionnaires,  ne  pouvait  être  assurée  par  les  seules 
ressources  que  pouvaient  réunir  les  uns  et  les  autres  ;  il  fallait 
encore  le  concours  de  l'Etat. 

Aussi,  dès  1861,  se  produisit-il  un  mouvement  en  faveur  de  la 
construction  de  lignes  secondaires;  ce  mouvement  s'accentua,  et  en 
1864,  les  Conseils  généraux  s'en  firent  les  échos. 

Un  projet  de  loi  sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  et  indus- 
triel fut  déposé  par  le  gouvernement  sur  le  bureau  du  Corps  légis- 
latif le  18  mai  1865,  et  la  loi  fut  promulguéele  12  juillet  suivant. 

Les  chemins  d'intérêt  local  pouvaient  être  établis  : 

1®  Par  les  départements  ou  les  communes,  avec  ou  sans  le  con- 
cours des  propriétaires  intéressés  ; 

2'' Par  des  concessionnaires,  avec  le  concours  des  départements 
ou  des  communes  (article  l''). 

Le  Conseil  général  arrêtait,  sur  la  proposition  du  préfet,  la  direc- 


^ 


36  CHKMINS    DK    FER    D'LNTÉRÊT    LOCAL 

tion  du  chemin,  le  modo  et  les  condilions  de  construction,  ainsi 
que  les  traités  et  dispositions  relatives  à  Texploitation. 

Un  décret  délibéré  en  conseil  d'Etat,  sur  le  rapport  des  ministres 
de  rintérieur  et  des  travaux  publics,  déclarait  Futilité  publique 
et  autorisait  Texécution. 

Le  préfet  approuvait  ensuite  les  projets  définitifs,  homologuait 
les  tarifs  et  contrôlait  Texploitation  (art.  2). 

Les  ressources  créées  en  vertu  de  la  loi  du  21  mai  1836  pouvaient 
être  affectées  en  partie  par  les  départements  et  les  communes 
à  la  dépense  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  Tarticle  13  de 
ladite  loi  étant  applicables  aux  centimes  extraordinaires  imposés 
en  vue  de  Texécutiondeces  chemins  (art.  3). 

La  loi  du  15  juillet  1845  sur  la  police  des  chemins  de  fer  était 
applicable  aux  chemins  do  fer  d'intérêt  local,  sauf  en  ce  qui  con- 
cerne les  clôtures,  qui  pouvaient  être  supprimées,  et  les  barrières, 
que  Ton  pouvait  se  dispenser  d'établir  au  croisement  des  chemins 
peu  fréquentés  (art.  4). 

Pour  la  construction  de  ces  chemins, des  subventions  pouvaient 
être  accordées  sur  les  fonds  du  Trésor,  sous  réserve  que  la  somme 
totale  affectée  chaque  année  par  l'Etat  à  ces  subventions  ne  dépas- 
serait pas  6  millions  ;  la  subvention  de  l'Etat  pouvait  être  de  1/3  de 
la  dépense  totale  de  construction  prévue  au  traité  d'exploitation  et 
même  s*élever  à  moitié  pour  les  départements  dans  lesquels  le 
produit  du  centime  additionnel  au  principal  des  4  contributions 
directes  était  supérieur  à  20000  fr.;  en  revanche,  pour  les  dépar- 
tements dans  lesquels  ce  produit  était  supérieur  à  40000  fr.,  la 
subvention  de  l'Etat  était  réduite  au  quart  (art.  5  et  6). 

Les  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  recevant  une  subvention  du 
Trésor,  pouvaient  seuls  être  assujettis  envers  TEtat  à  un  service 
gratuit  ou  à  une  réduction  du  prix  des  places  (art.  7). 

On  verra,  par  les  exemples  qui  suivent,  que  les  chemins  de  fer 
concédés  sous  Tempire  de  la  loi  du  12  juillet  1865  ont  en  général 
une  situation  financière  fort  peu  prospère.  Un  grand  nombre  de 
ces  chemins  qui  ne  sont  pas  décrits  ici,  ont  été  repris  par  les 
grandes  Compagnies  à  la  suite  de  faillite. 

Dans  son  ouvrage  sur  les  Chemins  de  fer  français ^  M.  Alfred 
Picard  juge  sévèrement  la  loi  de  1865.  Bien  que  ses  conclusions 


LOIS  DE  1865  ET   DE  4880  37 

ne  soient  pas  applicables  à  tous  les  cas,  il  parait  intéressant  de  les 
reproduire  : 

«  L'expérience  n'est  pas  venue  confirmer  les  espérances  premières.  Les 
«  causes  principales  de  cet  échec  sont  les  suivantes: 

:<  Au  lieu  de  rester  dans  leur  rôle,  dans  leur  sphère  d^action  ;  au  lieu  de  se 
«<  pénétrer  de  la  nécessité  d*une  stricte  économie  ;  au  lieu  d'éviter  soigneuse- 
«  ment  toute  prodigalité  dans  la  construction,  comme  dans  l'exploitation  ;  au 
«  lieu  de  se  considérer  comme  les  alliés,  les  auxiliaires  des  grandes  Compa- 
w  gnies  ;  au  lieu  de  comprendre  qu'ils  couraient  inévitablement  à  leur  perte, 
«  en  voulant  faire  concurrence  aux  lignes  d'intérêt  général,  les  concession- 
«  naires  des  chemins  de  fer  dlntérêt  local  avaient  trop  souvent  établi  et 
«(  exploité  ces  lignes  avec  un  luxe  de  dépenses  tout  à  fait  excessif,  et  oublié 
«  qu'en  toute  chose  il  fallait  proportionner  Toutil  au  service  qui  lui  était 
«<  demandé.  Trop  souvent  aussi  on  les  avait  vus  s'efforcer  de  souder  entre  elles 
<c  les  concessions  obtenues  sur  le  territoire  de  divers  départements,  chercher 
u  à  créer  ainsi  de  véritables  lignes  de  transit  et  même  des  réseaux  entremêlant 
«  leurs  mailles  ku  milieu  de  celles  des  grands  réseaux  d'intérêt  général,  enga- 
«  ger  une  lutte  qui  ne  pouvait  que  leur  être  fatale  et  les  conduire  à  des  catas- 
«  trophes. 

u  A  côté  de  ce  vice,  exclusivement  imputable  à  la  manière  dont  la  loi  avait 
u  été  appliquée,  il  en  était  un  autre  inhérent  à  la  loi  elle-même.  Le  législateur 
«  de  4865  avait  commis  une  faute  lourde,  en  instituant  un  système  de  subven- 
«  tions  en  capital  ;  il  avait,  ainsi,  involontairement  encouragé  la  spéculation^ 
«  en  lui  procurant  une  première  mise  de  fonds  et  en  lui  donnant  un  aliment 
a  qui  lui  permettait  de  se  soutenir  pendant  la  période  de  construction  et  de 
«  faire  illusion  au  public,  sans  attribuer  aux  capitaux  engagés  aucune  garantie 
M  de  rémunération,  sans  fournir  aux  départements  intéressés  aucune  garantie 
0  d'exploitation.  Plus  d'une  fois,  les  concessionnaires  des  chemins  secondaires 
a  s'étaient  empressés  de  réaliser  d'énormes  bénéfices,  au  moyen  de  l'émission 
«  des  titres  et  au  moyen  de  marchés  de  construction  consentis  avec  des  majo- 
«  rations  scandaleuses,  puis  d'abandonner  les  entreprises  dont  ils  avaient  pris 
«  l'initiative,  laissant  ainsi  les  départements  en  face  de  difficultés  et  d'em- 
9  barras  inextricables  ^  Cette  situation  avait  encore  été  aggravée  par  la  loi 
«  du  24  juillet  1867,  qui,  en  émancipant  les  sociétés  anonymes,  avait  porté 
«  atteinte  aux  mesures  tutélaires  édictées  par  la  loi  du  4  5  juillet  4845,  pour 
«  mettre  un  frein  à  l'agiotage,  pour  sauvegarder  les  droits  des  intéressés, 
«<  pour  maintenir  une  sage  proportion  entre  le  capital-actions  et  le  capital- 
«  obligations,  pour  assurer  le  bon  emploi  des  fonds  souscrits  par  le  public  ou 
«  fournis  par  l'Etat  et  par  les  départements.  Le  Conseil  d'Etat  s'était  à  la  vérité, 
«  appliqué,  depuis  4872  notamment,  à  couper  court  aux  abus,  en  insérant 
(^  dans  les  actes  de  concession  des  dispositions  particulières  à  chaque  espèce  ; 


*  Parmi  les  exemples  d'abus  les  plus  frappants,  on  peut  citer  celui  d'un  conces- 
sionnaire qui,  après  avoir  obtenu  une  subvention  de  900.000  fr.  du  département, 
avait  constitué  une  société  dont  la  charte  lui  réservait  la  totalité  de  cette  subvention, 
à  titre  de  part  de  fondateur. 


38  CHEMINS   DE   FER    D'INTÉRÊT    LOCAL 

o  mais  il  importait   évidemment   de  faire   davantage   et    de    prendre  des 
«  mesures  d'ensemble  consacrées  par  le  Parlement.  » 

(Picard,  Les  Chemins  de  fer  français,  t.  V,  p.  169.) 

Loi  du  11  Juin   1880 

Dès  le  29  avril  1878,  M.  de  Froycinet  déposa  sur  le  bureau  du 
Sénat  deux  projets  de  loi. qui  avaient  été  longuement  élaborés  au 
sein  du  Conseil  d'Etat  et  qui  étaient  relatifs,  Tun  aux  chemins  de 
fer  d'intérêt  local  et  Fautre  aux  voies  ferrées  établies  sur  les  voies 
publiques,  c'est-à-dire  aux  tramways,  qui  prenaient  de  plus  en  plus 
d'importance,  et  dont  le  régime  n'avait  encore  été  réglé  par  aucune 
législation. 

La  discussion  aux  Chambres  fut  assez  longue,  et  la  loi  ne  put 
être  promulguée  que  le  11  juin  1880. 

Les  caractères  fondamentaux  de  cette  loi  résident  dans  les 
articles  2,  13,  14  et  18. 

Aux  termes  de  l'article  2  et  contrairement  aux  dispositions  de  la 
loi  du  12  juillet  1865,  il  ne  suffit  plus,  pour  autoriser  l'exécution 
d'une  ligne,  d'un  décret  délibéré  en  conseil  d'Etat  ;  mais  si  le  Con- 
seil général  du  département  ou  la  commune  (lorsque  le  chemin 
ne  sort  pas  du  territoire  de  celle-ci),  ont  le  droit  d'arrêter  la  direc- 
tion des  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  le  mode  et  les  conditions 
de  la  construction,  ainsi  que  les  traités  d'exploitation,  seule  une 
loi  peut  autoriser  l'exécution  après  examen  du  Conseil  général  des 
ponts  et  chaussées  et  du  Conseil  d'Etat. 

L'article  13  règle  la  subvention  de  l'Etat.  Cette  subvention  est 
formée:  l""  d'une  somme  fixe  de  500  fr.  par  kilomètre  exploité; 
2*  du  quart  de  la  somme  nécessaire  pour  élever  la  recette  brute 
annuelle  (impôts  déduits)  au  chiffre  de  10000  fr.  par  kilomètre  de 
ligne  à  voie  normale,  au  chiffre  de  8000  fr.  par  kilomètre  de  ligne 
à  voie  étroite.  Cette  subvention  ne  peut  du  reste,  en  aucun  cas, 
élever  la  recette  brute  kilométrique  au-dessus  de  10500  pour  la 
voie  normale  et  8500  pour  la  voie  étroite,  ni  attribuer  au  capital 
de  r'  établissement  plus  de  5  p.  100  par  an. 

Enfin,  elle  n'est  exigible  qu'autant  que  partie  au  moins  équiva- 
lente sera  payée  par  le  département  ou  la  commune,  avec  ou  sans 
le  concours  des  intéressés. 


I.OIS   DE    1865    ET  DE    1880  36 

Ainsi  la  subvention,  au  lieu  d'être  composée  d'une  somme 
fixe,  comme  sous  le  régime  de  la  loi  de  4865,  est  désormais 
annuelle. 

L'article  14  fixe  à  400000  fr.  le  maximum  de  la  charge 
annuelle  à  imposer  au  Trésor,  par  département. 

D'après  l'article  18,  il  ne  peut  être  émis  d'obligations  pour  une 
somme  supérieure  au  montant  du  capital-actions,  qui  sera  fixé  à  la 
moitié  au  moins  de  la  dépense  jugée  nécessaire  pour  le  complet 
établissement  et  la  mise  en  exploitation  de  la  voie  ferrée;  et 
aucune  émission  d'obligations  ne  peut  être  autorisée  avant  que 
les  4/5  du  capital-actions  ait  été  versés  en  argent  et  employés  en 
achats  de  terrains  et  approvisionnements  sur  place,  ou  en  dépôt 
de  cautionnement. 

Toutefois,  exception  peut  être  faite  aux  dispositions  prévues 
par  l'article  1 8  pour  une  Compagnie  déjà  concessionnaire  d'autres 
chemins  en  exploitation,  si  le  ministre  des  Travaux  Publics  recon- 
naît que  les  revenus  nets  de  ces  chemins  sont  suffisants  pour 
assurer  l'acquittement  des  charges  résultant  des  obligations  à 
émettre. 

Cette  exception  a  reçu  dans  la  pratique  une  extension  qui  réduit 
singulièrement  les  garanties  que  l'article  18  avait  données  aux 
obligataires. 

La  Société  des  chemins  de  fer  économiques  et  la  Compagnie  des 
chemins  de  fer  départementaux  ont  construit  des  lignes  dont  elles 
étaient  concessionnaires  à  l'aide  d^un  capital-actions  restreint; 
elles  ont  été  autorisées  à  émettre  des  obligations,  les  lignes  ou 
parties  de  lignes  une  fois  terminées,  pour  rendre  disponible  le 
capital-actions,  qui  sert  ainsi  de  fonds  de  roulement  en  vue  de 
construire  d'autres  chemins;  ces  émissions  ne  peuvent,  bien  entendu, 
être  autorisées  que  jusqu'à  concurrence  du  chiffre  forfaitaire 
déterminé  dans  Tacte  de  concession  pour  les  dépenses  de  premier 
établissement,  et  les  charges  des  titres  ne  doivent  pas  dépasser 
l'annuité  garantie. 

«  Cette  combinaison,  poursuit  M.  Picard,  réduit  incontestablement  les 
«  garanties  des  obligataires. 

«  La  dérogation  au  principe  est  d'autant  plus  grave,  qu'aux  termes  de  ses 
«  statuts,  la  Compagnie  peut  engager  son  capital  dans  des  opérations  qui, 


40  CHEMINS   DE  FER  DINTÉRÊT    LOCAL 

«  sans  être  étrangères  à  Tindustrie  des  chemins  de  fer,  le  seraient  du  moins 
c  aux  concessions  de  lignes  d'intérêt  local.  11  serait  prudent  d'exiger  l'immo- 
«  bilisation  dans  les  travaux  d^une  quote-part  au  moins  du  capital-actions,  de 
«  manière  à'  ménager  entre  le  revenu  assuré  à  la -Compagnie  d'après  les 
«  barèmes  contractuels  et  les  charges  des  obligations  un  écart  sufGsant  pour 
«  faire  face  à  Téventualité  des  mécomptes  d'exploitation.  >' 

(Les  Chemins  de  fer  français ^  t.  V,  p.  Î07.) 

Postérieurement  à  ces  observations  de  M.  Picard,  il  a  été  posé  en 
principe,  qu'à  Tavenir  1/5  du  capital-actions  serait  immobilisé  sur 
les  nouvelles  lignes  concédées  à  chacune  des  Sociétés  précitées. 

En  dehors  des  articles  2,  13,  14  et  18,  qui  renferment  les 
principes  fondamentaux  de  la  loi,  il  convient  encore  de  citer  à 
titre  secondaire  : 

L'article  5  aux  termes  duquel  le  préfet  homologue  les  tarifs 
lorsque  la  ligne  ne  sort  pas  du  département  et  que  ces  tarifs  ne 
dépassent  pas  les  maxima  fixés  par  le  cahier  des  charges  type, 
qui  ne  diffère  pas,  sous  ce  rapport,  du  cahier  des  charges  des 
grandes  Compagnies. 

Si  la  ligne  s*étend  sur  plusieurs  départements,  Thomologation 
est  demandée  au  ministre. 

L'élévation  des  tarifs  au-dessus  des  maxima  ne  peut  avoir  lieu 
qu'en  vertu  d'un  décret  rendu  en  conseil  d'Etat  (art.  10). 

L'article  12  applique  en  partie  à  la  dépense  des  voies  ferrées 
les  ressources  créées  en  vertu  de  la  loi  du  21  mai  1836,  pour  les 
communes  qui  ont  assuré  l'exécution  de  leur  réseau  subventionné 
et  l'entretien  de  tous  les  chemins  classés. 

L'article  15  partage  entre  l'Etat,  les  départements  ou  les  com- 
munes là  moitié  du  surplus  delà  recette  d'une  ligne  subventionnée, 
quand  cette  recette  couvre  les  dépenses  d'exploitation  et  6  p.  100 
par  an  du  capital  de  premier  établissement. 

L'article  19  oblige  la  Compagnie  à  fournir  tous  les  trois  mois, 
sur  un  modèle  arrêté  par  le  ministre  des  Travaux  Publics,  le 
compte  rendu  détaillé  de  l'exploitation,  comprenant  les  dépenses 
d'exploitation  et  d'établissement  et  les  recettes  brutes. 

Les  articles  20,  21  et  24  reproduisent  les  dispositions  des 
articles  4  et?  de  laloi  du  12  juillet  1865  concernant  l'application, 
avec  réserves,  de  la  loi  de  police  de  1845  et  l'obligation,  pour  les 


LOIS  DE  1865  ET  DE  1880  41 

chemins  subventionnés,  à  un  service  gratuit  envers  TElat  ou  à  une 
réduction  du  prix  des  places. 

Le  chapitre  ii  de  la  loi  du  11  juin  1880  a  trait  aux  tramways, 
et  leur  applique  à  peu  près  les  dispositions  relatives  aux  chemins 
de  fer  d'intérêt  local. 

La  subvention  de  TEtat  est  portée  par  Tarticle  36  à  une  somme 
fixe  de  500  fr.  par  kilomètre  exploité,  augmentée  du  quart  de  la  ' 
somme  nécessaire,  pour  élever  la  recette  brute  au  chifTre  de  6000  fr. 
par  kilomètre,  cette  subvention  no  pouvant  en  aucun  cas  élever  la 
recette  au-dessus  de  6500  fr.,  ni  attribuer  au  capital  de  premier 
établissement  plus  de  5  p.  100  par  an. 

La  loi  du  11  juillet  1880  a  été  complétée  : 

1**  Par  un  décret  du  18  mai  1881  portant  règlement  d'admi- 
nistration publique  sur  la  forme  des  enquêtes  en  matière  de  che- 
mins de  fer  d'intérêt  local  et  de  tramways  ; 

2"*  Par  un  décret  du  6  août  1881,  portant  règlement  d'admi- 
nistration publique  pour  rétablissement  et  l'exploitation  des  voies 
ferrées  sur  le  sol  des  voies  publiques  (art.  38  de  la  loi)  ; 

3""  Par  un  décret  du  20  mars  1882  déterminant,  conformément  à 
Tarticle  16  de  la  loi  : 

V  Les  justifications  à  fournir  par  les  concessionnaires  pour  éta- 
blir les  recettes  et  les  dépenses  annuelles; 

2''  Les  conditions  fixant  le  chiffre  de  la  subvention  due  par  TEtat, 
le  département  et  les  communes,  et  lorsqu'il  y  a  lieu,  la  part  reve- 
nant à  l'Etat,  le  département  et  les  communes  ou  les  intéressés,  à 
litre  de  remboursement  de  leurs  avances  sur  le  produit  net  de 
l'exploitation. 

Enfin  deux  cahiers  des  charges  types,  l'un  pour  la  concession 
des  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  Tautre  pour  la  concession  des 
tramways,  ont  été  approuvés  par  décret  du  6  août  1881  délibéré 
en  Conseil  d'État. 

Sans  doute,  la  loi  du  11  juin  1880  n  est  pas  parfaite;  mais  elle  a 
néanmoins  produit  des  résultats  considérables,  et  c'est  à  elle  qu'on 
doitcette  expansion  remarquable  des  chemins  de  fer  à  voie  étroite 
et  des  chemins  de  fer  sur  routes,  dont  le  coût  de  premier  établisse- 
ment descend  à  60000  et  même  40000  fr.  le  kilomètre,  y  compris 
le  matériel  roulant  et  qui  sont  exploités  avec  une  extrême  économie. 


42  CHEMINS    DE  FER    D'INTÉRÊT    LOCAL 

On  a  vivement  reproché  à  la  loi  de  1880  d*avoir  donné  naissance, 
dans  Tapplication,  à  des  formules  qui  n'intéressent  l'exploitant 
qu'à  réduire  le  plus  possible  ses  dépenses  et  non  à  chercher  à 
augmenter  ses  recettes  brutes.  Ce  reproche  n'est  pas  fondé  et  tout 
dépend  du  choix  de  la  formule  elle-même. 

Qu'on  suppose  par  exemple,  qu'un  département  fixe  les  dépenses 
kilométriques  d'exploitation  d'une  ligne  d'intérêt  local  d'après  la 
formule  suivante  fréquemment  suivie  : 

2500  +  ^ 

R  représentant  la  recelte  brute  kilométrique.  En  général,  les 
tarifs  applicables  aux  lignes  d'intérêt  local  sont  à  base  élevée,  et  le 
trafic  y  est  des  plus  réduits. 

Dès  lors,  le  terme  4-  ^^^  assez  insignifiant  pour  que  l'exploi- 
tant n'ait  pas  d'intérêt  à  chercher  à  augmenter  R  au  prix  d'un 
abaissement  de  tarifs,  s'il  en  résulte  pour  lui  une  légère  augmen- 
tation de  dépenses;  d*où  réclamations  du  public. 

La  faute  en  est  à  la  formule  et  non  à  la  loi. 

Le  système  de  la  garantie,  que  consacre  l'article  13  de  la  loi,  a 
aussi  prêté  à  la  critique.  On  on  fera  l'objet  d'une  étude  appro- 
fondie dans  les  conclusions  de  cet  ouvrage. 


CHAPITRE   V 


LIGNES  DINTÉRÊT  LOCAL    DU  PAS-DE-CALAIS  ET   DE 

L'AISNE 


Boisleux  à  Marquion.  —  Aohiet  à  Bapanme  et  à  Marooing. 
—  Vélu-Bertincoiirt  à  Saint-Quentin.  —  Crôoy-Mortiers  à 
La  .Fère. 


I.   -    ÉTABLISSEXE.^T    DE»    CHEMINS 

Les  lignes  d'intérêt  local  dites  du  Pas-de-Calais  et  de  TÂisne 
appartiennent  à  quatre  Compagnies  entièrement  distinctes,  bien 
que  leur  exploitation  soit  confiée  à  la  même  Société,  dirigée  par 
M.  Emile  Level. 

Ces  lignes  ont  respectivement  les  longueurs  suivantes  : 


Boisleux  à  Marquion.  26kilom.     livrées  à  Texploitalion  en  1877-1878. 

Achietà  Marcoing    .  32    —                          —                      1871-1877-1878. 

VéluàSaint-Quentin.  52     —                         —                      1878-1879-1880. 

Crécy  à  la  Fère.    .    .  21    —                          —                       1877  1879. 

Total.    .  131  kilomètres 


44 


CHEMINS    DE   FER    D'IiNTÉRÊT   LOCAL 


La  première  partie  de  la  ligne  d'Âchiet  à  Marcoing  a  été  cons- 
truite sous  le  nom  de  ligne  d'Âchiet  à  Bapaume,  dans  le  but  de 
desservir  l'agglomération  de  Bapaume,  centre  agricole  et  indus- 
triel, qui  représente  une  population  d'environ  12000  habitants. 
La  ligne  d'Achiet  à  Bapaume,  longue  de  7  kilomètres,  a  été  ou- 
verte en  1871. 

En  dehors  de  cette  petite  section,  toutes  les  autres  lignes  ont  été 
construites  essentiellement  dans  le  but  de  desservir  des  fabriques 
de  sucre  ou  des  distilleries. 

Aussi  ont-elles  reçu  des  subventions  très-importantes  de  la 
part  des  fabricants.  A  ces  subventions  sont  venues  s'ajouter  celles 
de  TEtat,  des  départements,  des  communes,  et  des  dons  indivi- 
duels. 

Les  ressources  financières  des  diverses  Compagnies,  pour  réta- 
blissement de  leurs  lignes,  se  résument  ainsi  : 


Boisleux-Marquion  . 

SDBTlXTIOIiS 

de 

l'«tat 

AUIHIB 

SUBVENTIONS 

CAPITAL 

ACTIUNS 

par 
obligations 

AVANCES 
de  la 

COKPAORIKDCITORD 

75.000 

393.401  50 

1.200.000 

» 

2.015.137  18 

Achiet-Marcoing .  .  . 

125.000 

376.253  28 

1.000.000 

76.800 

1.352.181  96 

Vélu-Sainl-Quenlin   • 

200.000 

606.000    - 

2.400.000 

> 

4.622.755  17 

Crécy- Mortier- UfèM. 

65.000 

439.300    . 

1.000.000 

500.175 

400.000    . 

% 


Un  des  principaux  actionnaires  des  trois  premières  Compagnies 
n'est  autre  que  la  Compagnie  du  Nord,  dont  les  avances  à  titre 
d*obligations  sont  remboursables  par  annuités. 

La  Compagnie  de  Crécy-Morlier  à  La  Fère  a  eu,  dès  le  début 
de  sa  mise  en  exploitation,  des  embarras  financiers  tels  qu'elle  a 
dû  emprunter  à  la  Compagnie  du  Nord  une  somme  de  400000  fr. 
Cette  dernière  Compagnie  a  d'ailleurs  mis  fin  à  un  système  d'ex- 
ploitation défectueux  eu  rattachant  la  petite  ligne  à  la  société 
d'exploitation  E.  Level. 

La  Compagnie  du  Nord,  on  le  voit,   traite  avec  beaucoup  de 


A   VOIE   NORMALE  45 

bienveillance  ces  petites  lignes  qu'elle  considère  comme  ses  af- 
fluents; d'un  autre  côté,  en  devenant  le  principal  actionnaire 
de  ces  entreprises,  elle  les  met  hors  d'état  de  lui  faire  jamais  con- 
currence et  de  renouveler,  par  leur  entente,  la  tentative  de  Phi- 
lippart. 

Toutes  ces  lignes  ont  été  concédées  sous  Tempire  de  la  loi 
de  1865. 

Le  cahier  des  charges  est  par  suite  du  même  typ^,  et  ne  pré- 
sente aucune  particularité. 

Description  des  lignes. — Les  régions  traversées  sont  agricoles 
et  sucrières  ;  les  stations  desservent  pour  la  plupart  des  usines  à 
sucre  ;  il  est  assez  surprenant  qu'aucune  de  ces  usines  ne  soit 
desservie  par  un  embranchement  particulier  qui  permettrait 
d'éviter  tout  transbordement  de  wagon  à  charrette  ou  inversement. 

Du  reste,  les  stations  sont  très-rapprochées  des  usines  ou  des 
localités. 

Les  lignes  sont  construites  économiquement.  Il  parait  certain 
cependant  que  si  elles  avaient  été  construites  à  l'heure  présente, 
on  eût  eu  recours  àla  voie  étroite  et  on  eût  emprunté,  sur  plusieurs 
points,  les  accotements  des  routes. 

Le  court  tronçon  d'Achiet  à  Bapaume  seul  devait  nécessaire- 
ment être  construit  à  voie  normale  :  Bapaume  représente  en  effet 
un  mouvement  de  70  à  80  wagons  par  jour,  dont  la  majeure  par- 
tie est  en  provenance  ou  destination  des  au-delà  d'Achiet  sur  le 
réseau  du  Nord. 

Les  courbes  ne  descendent  pas  au-dessous  de  300  mètres  de 
rayon  et  les  déclivités  n'atteignent  qu'exceptionnellement  13  mil- 
limètres par  mètre. 

Le  rail  est  en  acier  à  25  kilos  par  mètre  ;  son  profil  est  figuré 
(pi.  IV,  fig.  5).  Il  a  9  mètres  de  longueur.  La  voie  est  posée  à 
joints  alternés,  sur  traverses  distantes  de  1  mètre  d'axe  en  axe  ;  le 
joint  est  soutenu  et  la  traverse  de  joint  est  à  75  centimètres  de 
distance  axiale  des  deux  traverses  voisines  (pi.  IV,  fig.  6).  Il  y 
a  donc  10  traverses  par  rail. 


46  CaEMINS    DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

En  raison  du  faible  poids  du  rail /les  \itesses  des  trains  sont 
limitées  à  45  kilomètres  à  Theure. 

Le  type  des  gares  est  représenté  par  la  station  de  Fins  (fig.  7)  ; 
la  voie  d'évitement  et  la  voie  directe,  entre  lesquelles  est  placé  le 
trottoir  (en  terre],  ont  330  mètres  de  pointe  en  pointe  d'aiguille, 
soit  la  longueur  nécessaire  à  un  train  composé  de  trente  véhicules, 
qui  représente  la  limite  de  charge  correspondante  au  trafic  et  à 
la  puissance  des  machines.  Le  b&timent  des  voyageurs  est  accolé 
à  la  halle  des*  marchandises  et  au  quai  découvert,  lequel  est 
muni  d'une  rampe  d'accès  et  d'une  cage  à  tampons.  Une  voie 
spéciale  de  débord  est  reliée,  par  plaques,  quand  l'importance  du 
trafic  le  justifie,  avec  la  voie  de  marchandises  qui  passe  devant 
le  bàtimeat  des  voyageurs. 

Ce  type  de  station  est  de  tous  points  excellent. 

Le  b&timent  est  spacieux  et  commode. 

La  station  est  couverte  par  des  disques  avancés  que  la  vitesse 
limitée  des  trains  a  permis  de  ne  placer  qu'à  350  mètres  de  l'axe 
du  b&timent  des  voyageurs,  qu'il  y  ait  ou  non  pente  ou  rampe. 

Ces  disques,  lorsqu'ils  sont  fermés,  sont  franchissables  par  ra- 
lentissement. 

D'après  l'avis  des  exploitants,  ces  signaux  pourraient  fort  bien 
être  supprimés  à  la  condition  que  les  aiguilles  d'entrée  fussent 
muoies  de  signaux  indicateurs  d'aiguille  ;  ceux-ci  donneraient 
en  effet  une  sécurité  plus  grande  en  cas  de  croisement,  en  indi- 
quant au  mécanicien  si  la  voie  est  bien  faite  et  la  vitesse  des 
trains  n'est  pas  assez  grande  pour  qu'il  y  ait  intérêt  à  couvrir 
les  stations  à  distance;  la  couverture  par  le  signal  d'aiguilles  suf- 
firait. 

L'alimentation  se  fait  exclusivement  au  moyen  du.  pulsomètre 
de  Hall.  Les  dépôts  seuls  possèdent  des  réservoirs  qui  sont,  du 
reste,  alimentés  à  l'aide  de  cet  appareil  ;  mais  dans  les  gares  or- 
dinaires de  prise  d'eau,  la  prise  est  faite  directement  au  puits.  Les 
locomotives  portent  à  cet  effet  une  tubulure  sur  laquelle  le  mécani- 
cien visse  le  tuyau  d'amenée  de  vapeur  dans  le  pulsomètre;  dès 
que  le  robinet  de  vapeur  est  ouvert,  l'eau  est  refoulée  dans  la 
grue. 

Du  reste,  au  point  de  vue  du  temps  dépensé  pour  le  remplissage 


k 


A   VOIE  NORMALE  47 

des  caisses  à  eau,  il  n'y  a  pas  de  différence  sensible  entre  le  ré- 
servoir avec  grue  hydraulique  et  le  pulsomëtre  sans  réservoir  ; 
car  le  délai  nécessaire  pour  visser  et  dévisser  le  tuyau  de  con- 
duite de  vapeur  sur  la  locomotive  est  insignifiant,  et  le  débit  du 
pulsomëtre  est  tout  à  fait  comparable  à  celui  des  grues  hydrau- 
liques ordinaires,  à  la  condition  qne  la  nappe  d'eau  du  puits  ne 
descende  pas  au-dessous  de  15  à  20  mètres. 

Le  pulsomëtre  est  d'un  très-mauvais  rendement,  car  la  vapeur, 
en  se  condensant  au  contact  de  l'eau  dans  l'appareil,  cède  inu- 
tilement à  celle-ci  un  grand  nombre  de  calories. 

Une  expérience  intéressante  a  été  faite  à  cet  égard  en  Alle- 
magne. Il  s'agissait  de  remplacer  une  vieille  machine  à  vapeur 
élevant  l'eau  d'un  puits  dans  un  réservoir  par  une  excellente  ma- 
chine Compound  à  condensation,  et  qui  ne  pouvait  être  mise  en 
place  qu'après  qu'on  eût  enlevé  la  première.  Pendant  l'interrup- 
tion de  marche  de  la  machine  élévatoire,  c'est-à-dire  pendant 
quatorze  jours,  on  a  fait  usage  d'un  pulsomëtre.  Les  trois  en- 
gins ont  donc  eu  à  faire  le  même  travail  et  la  vapeur  était,  dans 
les  trois  cas,  fournie  par  la  même  chaudière,  marchant  à  six 
atmosphères  de  pression. 

On  a  trouvé  que  les  dépenses  de  vapeur  du  pulsomëtre,  de  la 
machine  ordinaire  et  de  la  machine  Compound,  étaient  dans  le 
rapport  de  vingt,  dix  et  quatre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  pulsomëtre  représente  une  dépense  insi- 
gnifiante de  premier  établissement,  2,500  francs  en  moyenne 
avec  le  puits,  et  ce  n'est  qu'à  la  condition  d'avoir  une  consom- 
mation d'eau  continue  et  importante  (ce  qui  n'a  jamais  lieu  sur 
des  lignes  d'intérêt  local),  que  la  dépense  supplémentaire  due 
au  mauvais  rendement  du  pulsomëtre  peut  être  mise  en  parallèle 
avec  rintérèt  et  l'amortissement  d'une  machine  fixe  avec  réser- 
voir, et  les  faux-frais  qui  en  résultent. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  Wagons.  —  Le  matériel  à  voya- 
geurs et  marchandises  a  été  construit  par  la  Société  générale  des 
ateliers  de  Saint-Denis.  Il  ne  diffère  pas  sensiblement  du  maté- 
riel habituel,  et  il  suffira  de  donner  les  renseignements  etprixsui- 


48 


CHEMINS    DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 


vants,  qui  se  rapportent  au  chemin  de  Velu  à  Saint-Quentin  et  ne 
présentent,  pour  les  autres  lignes, que  des  différences  insignifiantes. 


DÉSIGNATION  DU  MATÉRIEL 

-s 

m 
9i 
o 
ie, 

5 
6 
4 

0 

40 
10 
20 

POIDS 

MOIT 

CHARGE 

CTILS 

Ecarte- 

rocitt 

des 

B88IBUX 

PRIX 
de 

L'oiflTÉ 

lAPMIT 

klloiétriq. 

NATURE 
des 

PISIKTi 

Voitures  mixtes,  1* et  2*  cl. 
Voitures,  3*  cl.  à  frein  .  . 
Voitures,  3*  cl.  sans  frein. 
Fourgons  à  bagages.  .  . 

Wagons  couverts 

Wagons  tombereaux.  .  . 
Plates-formes 

6,350 
6,200 
6,800 
6,800 
5,300 
4,900 
4,500 

u 

H 

5,000 
10,000 
10,000 
10,000 

3,00 
3,00 

3,00 
2,70 
•2,70 
2,70 
2,70 

7,125 
5,240 
4,550 
4,225 
3,000 
2,500 
2,250 

0,096 
0,115 
0,077 
0,096 
0,769 
0,192 
0,385 

Stilmant 

Id. 

Freii  à  itii 

Id. 

îd. 

Armature  par  kilomètre  matériel  G.  V.     .     .     0,384. 
—  matériel  P.  V.     .     .     1,346. 


Sur  les  lignes  d'Achiet  à  Marcoing  et  de  Boisleux  à  Marquion 
les  proportions  sont  les  suivantes  : 


Matériel  G.    V.    par  kilomètre 

Matériel  P.  V.  par  kilomètre 

ACHIET 
A    UABCOING 

BOISLEUX 
A    MARQUION 

0,393 
1,393 

0,333 

1,185 

Il  convient  de  dire  d'ailleurs  que  Ton  ne  peut  arriver  à  une 
proportion  kilométrique  si  faible  en  matériel  P.V.  que  parce  que  la 
Compagnie  du  Nord  expédie  sur  ces  lignes  un  grand  nombre  de 
wagons  qui  lui  sont  réexpédiés  chargés.  L'outillage  en  matériel 
G.Y.  est  largement  suffisant. 


Machines.  —  Les  locomotives  sont  des  machinos-tenders,  à 
six  roues  accouplées  :  les  cylindres  et  le  mécanisme  de  distribution 
sont  placés  à  l'extérieur. 

Les  machines  des  lignes  d'Achiet  à  Marcoing  et  de  Boisleux  à 


A    VOIE   NORMALE 


49 


Marquion  ont  été  fournies  par  la  Société  de  construction  des  Ba- 
tig^oUes  (anciennement  Ernest  Gouin  etC^""),  au  prix  de  30000  fr. 
Tune.  —  Celles  de  Velu  à  Saint-Quentin  ont  été  fournies  par 
la  maison  Cail  et  G^**  au  prix  de  1  fr.  60  le  kilog.,  soit  environ 
à  40000  francs  Tune. 

Les  données  principales  sont  les  suivantes  : 


Longueur  de  la  grille 

Largeur  de  la  grille 

Surface  de  chauffe  des  foyers  .... 
Surface  de  chauffe  des  tubes    .... 

Surface  de  chauffe  totale 

Diamètre  moyen  du  corps  cylindrique    . 
Timbre  de  la  chaudière  (effectif)    .     .     . 

Diamètre  des  cylindres 

Course  des  pistons 

Diamètre  des  roues  au  contact  .  .  . 
Écartement  des  essieux  extrêmes  .  . 
Poids  sur  rails,  machine  vide  .  .  .  . 
Approvisionnement  complet  d'eau.  .  . 
Approvisionnement  complet  de  charbon. 
Poids  de  la  machine  à  charge  complète. 


BATIGN'OLLES 


1150  mm. 
930  mm. 
5  m.  q.  120 
67  m.  q. 
72  m.  X\.   120 
1100  mm. 
8  k.  1/2 
400  mm. 
560  mm. 
1200  mm. 

2  m.  760 

23  t.  1/2  à  24  t. 

3  t.  600. 
1  t.  400 

31  t.  à  31  t.  1/2. 


CAIL 


1150  mm. 
1000  mm. 
6m.q.  20 
74  m.q.  20 
80  m.  q.  40 
1  m.  150  • 
8  k.  1/2 
400  mm. 
500  mm. 

1  m.  150 

2  m.  600 
25  t.  1/2 

3  t.  500 
1  t.  000 
32  t. 


Les  nombres  de  machines  en  service  sont  les  suivants  : 


r 
1 

Boisleux  à  Marquion 

Achiet  à  Marcoing 

Velu  à  Saint-Quentin  ..... 
Crécy  à  La  Fère 

LONGUEURS 

« 

NOMBRE 

de  machines 

RAPPORT 

kilométrique 

27  kil. 
33 
52 
22 

3 
5 
6 
2 

0,115 
0,156 
0,116 
0,090 

Ateliers  de  réparation.  —  Les  ateliers  de  Bapâume  desservent 
les  lignes  de  Marquion,  de  Marcoing  et  de  Vélu-Saint-Quentin  ; 

4 


50 


CHEMINS  DE   FER    D'JNTÉRÊT   LOCAL 


ils  sont  assez  puissamment  outillés  pour  faire  le  levage  et  les 
grosses  réparations  des  machines  ;  cependant  le  remplacement 
des  foyers  et  la  grosse  chaudronnerie  ont  été  faits  jusqu'ici  soit 
aux  usines  de  Denain,  soit  à  celles  de  la  Compagnie  de  Fives- 
Lille,  mais  seront  bientôt  exécutés  à  Bapaume  même. 

Les  ateliers  de  Bapaume  sont  armés  pour  un  personnel  de 
douze  à  quinze  ouvriers. 

Les  réparations  du  matériel  de  la  ligne  de  Grécy-Mortiers  à  la 
Fëre  sont  faites  par  la  Compagnie  du  Nord,  aux  frais  de  la  ligne 
d'intérêt  local  :     . 

Dépenses  de  premier  établissement  au  3i   décembre  1884 


Construction  des  chemins. 

Matériel  et  mobilier.  .  .  . 

Approvisionnements.  .  .   . 

Intérêts  pendant  la  cons- 
truction   

Totaux 

BOISLEUX- 
MARQUION 

ACHIET- 
UARCOINQ 

VÉLU- 
SAINT-QUENTIN 

CRÉCY- 
LA  FÈBE 

2.822.558  85 
278.273  35 

m        » 

375.296  49 

2.574.403  28 

440.749    . 

16  094  91 

179.446  42 

6.217  397  37 
585.192  12 

j»        m 

667.291  99 

2.019  045  69 
29  i  358  97 

m        m 

133.785  10 

3.476  128  69 

3.210.693  61 
100.334  75 

7.469.883  40 
143.632  36 

2.447.187  76 
116.532  80 

Prix  de  revient  kilométriq* 

133.697  27 

U.—   EXPLOITATIOIV 


Administration    et    Direction 


Chacune  des  lignes  d'intérêt  local  est  administrée  par  un  Conseil 
d'administration  distinct.  Ces  lignes  n*ont  entre  elles  aucun  lien 
au  point  de  vue  financier. 

Le  directeur  qui  les  réunit,  au  point  de  vue  de  l'exploitation, 
réside  à  Paris;  les  services  d'exploitation  sont  à  Arras  et  en  rap- 
port cfonstant  avec  le  directeur. 


A   VOIK   NORMALE  51 

Voie    et    Bâtiments 

Le  service  de  la  voie  et  des  bâtiments  est  dirigé  par  un  ingé- 
nieur résidant  à  Arras,  qui  est  en  même  temps  chargé  du  service 
de  la  traction  ;  un  chef  de  bureau  lui  est  spécialement  attaché.  ■ 

L'ingénieur  est  chargé  des  lignes  de  Marquion,  de  Marcoing  et 
de  Velu;  ses  attributions  s'étendent  en  outre,  sur  la  ligne  à  voie 
étroite  d'Anvinà  Calais,  dont  il  sera  parlé  plus  loin;  mais  le  ser- 
vice de  la  ligne  de  Crécy-Mortiers  à  La  Fère  est  dirigé  de  Paris 
par  un  ingénieur  attaché  au  service  central  de  la  Société  et  qui 
est  en  outre  chargé  de  la  petite  ligne  d'Enghien  à  Montmorency. 
—  Sur  chacune  des  lignes  de  Marquion,  Marcoing  et  Vélu-Saint- 
Quentin  est  placé  un  piqueur  comme  chef  du  service  actif  de  la 
voie  et  des  bâtiments,  sous  les  ordres  de  l'ingénieur. 

Cet  agent  est  exclusivement  un  agent  actif.  Il  n*a  pas  d'écri- 
tures, pas  de  bureau;  toute  la  comptabilité  se  fait  au  service  cen- 
tral, à  Arras  ;  à  cet  effet,  les  éléments  de  dépenses  sont  envoyés 
tous  les  deux  jours  à  ce  service,  inscrits  sur  le  rapport  du  chef 
cantonnier. 

Chaque  chef-cantonnier  est  garde-magasin  sur  son  parcours  ;  il 
y  a  un  magasin  dans  chaque  gare. 

Les  brigades  sont  uniformément  composées  d'un  chef-canton- 
nier et  trois  hommes  pour  8  kilomètres,  ce  qui  correspond  en 
moyenne  à  une  gare. 

Tous  les  chefs-cantonniers  sont  logés,  et  au  traitement  mensuel 
de  85  à  90  francs;  les  cantonniers  ne  sont  pas  logés  et  en  général 
n'ont  pas  un  traitement  supérieur  à  70  francs  ;  ceux  qui  sont- 
logés  payent  7  fr.  50  par  mois,  ce  qui  représente  à  peu  près  Tin 
térèt  à  3  1/2  p.  100  de  2,700  francs,  prix  de  revient  d'une  maison 
de  garde. 

Le  matériel  de  voie  étant  en  acier  ne  donne  pas  lieu  à  renou- 
vellement; l'entretien  se  fait  en  recherche  et  porte  surtout  sur 
les  traverses.  Le  ballast  composé  de  calcaire  crayeux  sur  Vélu- 
Saint-Quentin,  de  schistes  houillers  sur  les  autres  lignes,  est  en 
général  de  médiocre  qualité. 

Les  passages  à  niveau  de  première  catégorie,  c'est-à-dire  les 
passages  des  routes  nationales  et  des  chemins  de  grande  commu- 


52 


CHEMINS   DE   FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 


nication  fréquentés,  ainsi  que  ceux  des  rues  des  villes,  bourgs  et 
villages,  sont  seuls  gardés. 

Les  passages  à  niveau  sont  munis  de  contre-rails;  ils  sont  em- 
pierrés, mais  rarement  pavés;  on  trouve  à  cela  Tavantage  suivant  : 
tandis  que  les  pavés  sont  coûteux  de  premier  établissement  et 
nécessitent  des  ouvriers  spéciaux,  la  pierre  cassée  peut  être  em- 
ployée par  tout  cantonnier  et  est  d  un  prix  de  revient  bien  infé- 
rieur. 

Les  dépenses  ne  sont  que  rarement  spécialisées  par  ligue;  ce 
n'est  qu'en  fin  d'année  qu'on  établit  une  ventilation  par  à  peu  près 
entre  les  diverses  lignes,  d'après  la  longueur  kilométrique. 

Les  dépenses  de  la  voie  et  des  bâtiments  se  résument  comme 
suit,  par  ligne,  pour  1884  : 


• 

Boisleux-Marauioii 

DÉPENSES 

totales 

DÉPENSES 

par  kilomètre 

26.990.23 
32.233.37 
50.379.13 
17.005.65 

1.038.05 

1.007.29 

968.82 

809.79 

Achiet-Marcoins' 

Vélu-Saint-Quentin 

Crécv-La  Fère.        

Traction 

Ainsi  qu^il  a  été  dit  déjà,  le  service  du  matériel  et  de  la  traction 
est  placé  sous  la  direction  de  Tingénieur  de  la  voie.  Celui-ci  est 
secondé  par  un  inspecteur  de  la  traction,  qui  a  autorité  sur  les 
trois  lignes  de  Marquion,  Marcoing  et  Vélu-Saint-Quentin.  L'ins- 
pecteur est  chargé  de  la  comptabilité  en  même  temps  que  de  la 
direction  active   du  service. 

Sur  chacune  des  lignes,  le  service  est  placé  sous  la  surveillance 
d'un  chef-mécanicien  ou  d'un  chef  d'atelier,  qui  a  autorité  aussi 
bien  sur  le  personnel  actif,  mécaniciens  et  chauffeurs,  que  sur  le 
personnel  des  ateliers  (s'il  y  a  lieu). 

Le  traitement  fixe  des  mécaniciens  varie  de  1,200  à  1 ,800  francs 
par  an,  celui  des  chauffeurs  de  1,000  à  1,200  francs. 


A  VOIE   NORMALE  53 

Il  y  a  au  moins  un  dépôt  sur  chacune  des  lignes  :  Marquion, 
Bapaume  constituent  les  dépôts  des  deux  premières  lignes  ;  Ro- 
côurt  et  Epéhy  ceux  de  la  ligne  de  Velu  à  Saint-Quentin.  Les 
roulements  sont  faits  de  telle  sorte  que  les  mécaniciens  n'ont 
jamais  à  coucher  hors  de  leur  dépôt. 

« 

Combustible  y  allocations,  —  On  a  brûlé  tout  d'abord  des  briquettes 
mêlées  au  charbon  sur  les  diverses  lignes  ;  on  y  a  renoncé  en  rai- 
son de  l'avantage  de  prix  que  procure  réemploi  du  charbon  tout 
venant,  qui  doit  être  fourni  avec  45  p.  100  de  gaillette. 

Les  charbons  du  Pas-de-Calais  coûtent  11  fr.  50  la  tonne  sur 
wagons,  à  la  gare  d'embranchement  de  la  mine  (Lens,  mines  de 
Courrières). 

Transportée  aux  dépôts,  la  tonne  de  charbon  revient,  tout 
compris,  à  17  ou  19  francs. 

Disons,  à  titre  de  renseignement,  que  le  poussier  de  charbon 
reviendrait  à  6  francs  la  tonne,  pris  sur  le  carreau  de  la  mine  de 
Liévin,  mais  les  grilles  des  machines  de  la  Société  Level  ne  per- 
mettent  pas  de  brûler  de  poussier.  On  voit  combien  il  importe  de 
disposer  de  foyers  pouvant  brûler  toute  espèce  de  charbons. 

Dans  le  principe,  les  allocations  de  combustible,  par  kilomètre 
parcouru,  étaient  variables  avec  le  nombre  de  véhicules  entrant 
dans  la  composition  du  train. 

On  a  jugé  plus  simple  de  donner  une  allocation  fixe,  qui  com- 
prend les  stationnements  de  jour  et  de  nuit  et  les  manœuvres  de 

gare. 

On  accorde  par  kilomètre  parcouru,  et  sans  avoir  'égard  au 
nombre  de  véhicules  :  Tété  7  kilos 300;  l'hiver  8  kilos  200. 

Pour  chaque  allumage,  les  machines  prêtes  à  partir  on  alloue 
200  kilos,  été  comme  hiver,  ce  qui  correspond  à  25  kilomètres 
de  parcours. 

Si  la  formule  prête  à  la  critique  au  point  de  vue  de  l'exactitude, 
elle  a  du  moins  l'avantage  d'être  très-simple. 

La  prime  allouée  par  mille  kilogrammes  économisés  est  de 
3  francs  pour  les  mécaniciens,  1  fr.  50  pour  les  chauffeurs. 

Toute  consommation  de  charbon  excédant  les  allocations  ci- 
dessus  donne  au  contraire  lieu  à  une  retenue  de  1  fr.  50  par  tonne 


à 


54  CHEMINS  DE   FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 

pour  les  mécaniciens,  et  75  centimes  pour  les  chauffeurs.  Pour 
le  graissage  des  machines,  il  est  alloué  28  grammes  par  kilomètre 
de  parcours  avec  une  prime  d'économie  de  20  centimes  et  une 
retenue  de  10  centimes  par  kilogramme  pour  le  mécanicien,  les 
sommes  afférentes  au  chauffeur  étant  moitié  moindres. 

Enfin,  toutes  les  fois  qu'une  machine  dépasse  15,000  kilomètres 
de  parcours  sans  exiger  d'autres  réparations  que  les  réparations 
courantes  de  dépôt,  il  est  alloué  une  prime  d'entretien  qui  est, 
par  1,000  kilomètres  de  parcours  en  sus  des  15,000  : 

Pour  le  chef  d'atelier 1  fr.  50 

Pour  le  mécanicien 3  fr.    » 

Pour  le  chauffeur 1  fr.  50 

Le  chef  d'atelier  est  magasinier;  il  délivre  le  combustible  et  les 
matières  de  graissage  aux  mécaniciens,  mentionne  à  son  rapport 
journalier  les  livraisons  faites,  et  joint  à  l'appui  les  bons  signés 
par  les  mécaniciens.  Ils  ne  peut  participer  aux  économies  réali- 
sées; mais  une  gratification  peut  lui  être  allouée  en  raison  de  la 
bonne  marche  du  service. 

Il  est  fait,  sans  avis  préalable,  des  inventaires  de  matières  res- 
tant en  magasin;  on  établit  une  balance  entre  les  entrées  et  les 
sorties  pour  contrôler  l'exactitude  des  livraisons  faites  aux  méca- 
niciens. 

Le  décompte  des  primes  est  établi  à  la  fin  de  chaque  mois  à 
Taidede  la  consommation  et  des  parcours  kilométriques. 

La  somme  payée*  mensuellement  à  chaque  mécanicien  pour 
l'ensemble  des  primes,  s'élève  en  moyenne  à  30  ou  40  francs. 

La  comptabilité  de  la  traction  est  dirigée  par  l'inspecteur  de  la 
traction  assisté  de  deux  comptables. 

L'ensemble  du  personnel  du  service  central  voie  et  traction  se 
compose,  outre  les  agents  précédents,  d'un  chef  de  bureau,  un 
caissier,  deux  expéditionnaires,  deux  dessinateurs  et  un  commis 
d'ordre. 

Il  est  à  noter  que  ce  personnel  est  en  outre  utilisé  pour  la  ligne 
en  exploitation  d'Anvin  à  Calais  (voie  étroite)  et  pour  la  prépara- 
tion des  projets  de  300  kilomètres  de  lignes  à  voie  étroite  dans 
la  Somme. 


A    VOIE   NORMALE 


55 


Les  dépenses  de  traction  ressortent  à  50  centimes  en  1884,  par 
kilomètre  de  train.  Elles  se  résument  ainsi,  par  lignes  : 


BoisJeux-Marquion 
Achiel-Marcoing  . 
Vé]u-SainUQuentin 
Crécy-la  Fère    .    . 


DEPENSES 
TOTALES 


27.741,92 
66.258,48 
57.861,98 
18.226,99 


KILOMÉTRIQUES 


1.067  fr. 
2.133 
1.112 
868 


Mouvement    et    Trafic 


Le  service  de  l'exploitation  a  son  siège  à  Ârras  :  il  est  dirigé 
par  un  ingénieur  de  l'exploitation  auquel  est  adjoint  un  chef  de 
service  central,  qui  supplée  le  premier  aussi  bien  dans  le  service 
actif  que  dans  le  service  de  bureau. 

La  ligne  de  Grécy-Mortiers  à  la  Fère,  qui  ne  relève  pas,  comme 
on  l'a  vu,  du  service  central  d' Arras,  sous  le  rapport  de  la  voie 
et  de  la  traction,  est  rattachée  à  ce  service  au  point  de  vue  de 
l'exploitation.  La  ligne  à  voie  étroite  d'Anvin  à  Calais  est  égale- 
ment exploitée  par  ce  service. 

L'exploitation  d'une  part,  la  voie  et  la  traction  d'autre  part, 
constituent  deux  services  parallèles  et  indépendants,  placés  sous 
l'autorité  du  directeur,  qui  réside  à  Paris,  et  confère  chaque 
mois  avec  ses  chefs  de  service. 

Le  bureau  de  l'exploitation  est  des  plus  restreints,  comme 
nombre  de  personnel  :  un  agent  capable  de  faire  l'intérim  d'ins- 
pecteur, assure  le  service  du  mouvement  et  des  réclamations;  un 
employé  assisté  d'un  surnuméraire  est  chargé  du  service  général  : 
correspondance,  ordres  de  service,  feuilles  de  solde,  caisse  de 
régie,  parcours  des  wagons,  petit  matériel,  etc.,  etc.  Enfin  le  con- 
trôle des  recettes  est  constitué  par  un  chef  de  section  et  trois 
employés.  Au  total  neuf  agents,  en  y  comprenant  l'ingénieur  de 
l'exploitation. 

Le  service  de  la  ligne  de  Boisleux  à  Marquion  est  assuré  direc- 


56  CHEMINS    DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

tement  par  le  personnel  des  bureaux  d'Arras  ;  le  chef  du   contrôle 
effectue  les  vérifications  de  comptabilité. 

Un  inspecteur  est  chargé  du  mouvement  et  de  la  comptabilité 
d'Achiet  à  Bapaume  et  prolongements.  Cet  inspecteur  assure  éga- 
lement les  intérims  avec  un  conducteur  en  réserve  à  Bapaume. 

Enfin,  le  service  complet  de  la  ligne  de  Crécy-Mortiers  à  La  Fera 
est  fait,  moyennant  redevance,  par  un  inspecteur  de  la  Compagnie 
du  Nord. 

Au  point  de  vue  de  lexploitation  comme  au  point  de  vue  de  la 
voie  et  de  la  traction,  les  diverses  compagnies  de  ]\farquion, 
Achiet,  Yélu  et  La  Fère  ont  des  comptes  séparés,  aussi  bien  entre 
elles  que  vis-à-vis  de  la  Compagnie  du  Nord. 

Mouvement.  —  On  a  dit  que  le  mouvement  était  placé  sous  la 
surveillance  d'un  apprenti-inspecteur.  En  fait,  ce  service  est  suivi 
de  très-près  par  Tingénieur  de  Texploitation  et  son  adjoint. 

Service  des  traiiis.  —  Toutes  les  questions  importantes  concer- 
nant le  mouvement  sont  soumises  au  directeur  qui  les  traite  avec 
les  préfets.  Ces  derniers  approuvent  sur  le  rapport  des  ingénieurs 
du  contrôle. 

D'une  manière  générale,  les  marches  de  trains  sont  fort  diffi- 
ciles à  établir  sur  de  petites  lignes  transversales  raccordées  aux 
deux  extrémités  avec  une  ligne  d'intérêt  général.  Les  correspon- 
dances avec  les  trains  des  grandes  lignes  sont  le  plus  souvent  fort 
pénibles  à  assurer,  et  si  Ton  ne  veut  pas  multiplier  le  nombre  des 
trains,  on  court  le  risque  de  mécontenter  le  public  par  le  défaut 
des  correspondances,  et,  par  suite,  de  ne  pas  avoir  de  voyageurs. 

Il  n'est  possible  d'arriver  à  un  résultat  satisfaisant  qu'à  la 
condition  d'être  parfaitement  d'accord  avec  la  grande  Compagnie, 
qui  peut  avancer  ou  retarder  ses  heures  de  passage  aux  bifurca- 
tions et  accorder  des  délais  d'attente  aux  trains  affluents  de  la 
ligne  locale. 

C'est  du  reste  de  cette  manière  que  la  Compagnie  du  Nord  traite 
les  lignes  que  nous  examinons,  et  à  la  prospérité  desquelles  elle 
est  intéressée,  comme  on  l'a  vu. 

Le  Nord  accorde  aux  points  de  jonction    5  ou  10  minutes  de 


A    VOIE   NORMALE  57 

délai  d'attente,  et  d'ailleurs  Tingénieur  de  l'exploitation  des  petites 
lignes  punit  d^une  manière  très-sévère  les  agents  responsables  des 
correspondances  manquées.  Aussi  le  service  est-il  extrêmement 
régulier,  ce  qui  est  une  condition  sine  quâ  non  de  bonne  exploi- 
tation. 

Tous  les  trains  sont  mixtes.  On  en  prévoit  les  marches  de 
telle  manière  que  chaque  station  puisse  disposer  d'au  moins  5  mi- 
nutes de  stationnement  pour  un  train  de  chaque  sens  dans  la 
journée. 

Il  n'y  a  de  service  de  nuit  sur  aucune  des  lignes.  La  durée  du 
service  de  certaines  gares  atteint  14  heures.  Chacune  d'elles  est 
desservie  par  4  trains  dans  chaque  sens,  sauf  la  ligne  de  Crécy- 
Mortiers  à  La  Fère  sur  laquelle  ne  circulent  que  3  trains.  La 
vitesse  commerciale  de  ces  trains  varie  de  20  à  25  kilomètres  à 
l'heure. 

Deux  des  trains  d'Achiet  à  Marcoing  sont  prolongés  sur 
Cambrai,  et  vice  versâ^  en  tronc  commun  sur  l'ancienne  ligne  de 
Picardie  et  Flandres,  qui  appartient  aujourd'hui  à  la  Compagnie 
du  Nord. 

Exceptionnellement,  on  met  en  marche  des  trains  facultatifs  de 
marchandises  entre  Achiet  et  Bapaume,  où  le  mouvement  atteint 
parfois  120  wagons  dans  une  journée. 

Mais  en  général  pas  de  trains  de  marchandises. 

Un  arrêté  préfectoral  en  date  du  15  novembre  1885  a  autorisé 
la  réduction  à  un  seul  agent  du  personnel  de  conduite  des  trains, 
toutes  les  fois  que  la  composition  de  ces  trains  n'excède  pas 
12  véhicules. 

La  machine  peut  être  attelée  directement  en  tête  des  voitures 
à  voyageurs,  sans  interposition  de  fourgon,  quand  la  composition 
du  train  n'excède  pas  5  véhicules. 

L'^arrêté  préfectoral  n'exige  pas  que  le  matériel  soit  muni  du 
frein  continu  ;  il  est  comme  on  voit  très-libéral.  Il  est  reproduit 
en  annexe. 

La  composition  normale  des  trains  eH  matériel  à  voyageurs  est 
de  deux  voitures,  une  mixte  première  et  seconde  et  une  troisième, 
plus  un  fourgon. 

En  outre^  les  machines  peuvent  remorquer  une  charge  variable 


k 


8é  .       CHEMINS   DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

avec  le  profil  de  la  ligne  et  le  type  de  la  machine,  et  qui  est,  géné- 
ralement, pour  les  plus  fortes  machines,  de  10  wagons  chargés 
à  10  tonnes  sur  les  rampes  ne  dépassant  pas  10/1000;  le  wagon 
tarant  5  tonnes,  la  charge  variable  peut  atteindre  150  tonnes. 
Une  voiture  en  charge  ou  un  fourgon  est  considéré  comme  repré- 
sentant un  demi-wagon  chargé  à  10  tonnes,  soit  7  tonnes  et  demie. 

La  limite  de  charge  totale  est  donc  180  tonnes  sur  les  rampes 
de  10/1000.  Elle  descend  à  120  tonnes  sur  les  rampes  de  15/iOOO 
comprises  entre  Marcoing  et  Cambrai. 

Dans  le  cas  où  les  circonstances  atmosphériques  sont  très-défa- 
vorables, le  chargement  maximum  doit  être  réduit.  Par  contre, 
par  suite  d'une  prescription  singulière,  les  mécaniciens  ne  sont 
jamais  autorisés  à  prendre  de  surcharge,  même  en  cas  de  beau 
temps. 

Les  voitures  à  voyageurs  ne  sont  chauffées  Thiver  que  dans  les 
compartiments  de  premières  et  secondes.  Le  mode  de  chauffage 
est  très-économique,  mais  très-malsain.  Il  consiste  en  une  chauffe- 
rette à  briquettes  Stocker,  constituées  par  du  charbon  extrait  des 
cornues  à  gaz  et  comprimé. 

Les  briquettes  brûlent  lentement  et  durent  environ  7  heures  ; 
elles  dégagent  une  quantité  de  chaleur  telle  qu  il  n'est  pas  pos- 
sible de  tenir  les  pieds  sur  les  chaufferettes,  et,  ce  qui  est  plus 
grave,  Tacide  carbonique,  que  produit  en  abondance  la  combus- 
tion, incommode  les  voyageurs  au  point  qu*ils  sont  forcés  de 
laisser  les  fenêtres  ouvertes,  ce  qui  revient  à  très -peu  près  à 
Tabsence  de  chatiffage. 

Cet  inconvénient  est  trop  grave  pour  faire  admettre  l'avantage 
de  la  suppression  de  tout  le  matériel  et  du  personnel  qu  occa- 
sionne le  chauffage  par  bouillottes. 

L'éclairage  des  voitures  est  fait  par  des  lampes  à  bec  plat. 
Il  est  suffisant.  Il  n*y  a  pas  plus  de  service  spécial  d'éclairage 
que  de  service  de  chauffage.  De  même  que  les  conducteurs  de 
trains  placent  dans  les  chaufferettes  les  briquettes  allumées  avant 
le  départ,  de  même  ils  entretiennent,  garnissent  et  allument 
les  lampes  des  voitures.  Les  conducteurs  et  graisseurs  ont  leurs 
bidons,  chiffons  et  mèches  enfermés  dans  le  coffre  de  leurs  four- 
gons,  et  préparent  les  lampes  à  la  gare  extrême  entre  deux  trains. 


A    VOIE   NORMALE 


%i 


Les  conducteurs  entretiennent  encore  les  voitures,  nettoient  les 
banquettes,  les  cuivres,  etc.,  etc.  Le  service  des  agents  de  trains 
est  peu  chargé  en  général,  c'est  ce  qui  leur  permet  de  faire  ces 
travaux  accessoires,  d'où  résulte  une  grande  économie  d'exploi- 
tation. Ce  service  fonctionne  très-bien,  mais  il  a  été  très-difficile 
à  organiser. 

Les  parcours  des  trains  ont  été.les  suivants  pour  Tannée  1884  : 


Boisleux  à  Marquion 

Achiet  à  Marcoing 

Velu  à  Saint-Quentin 

Crccj  à  la  Fère 

PAICOmS  JOUI!fALIEIS 

movens 

PAICOUIS  AinOTELS 

156  kilom. 
326       — 
416       — 
132 

62.348  kilom. 
126.306 
i:i2.612 

48.180 

1                                    Total ' 

389.446  kiiom. 

1                                    _  - 

1 
1 

Service  des  gares.  —  Toutes  les  stations  sont  outillées  pour 
effectuer  un  croisement  de  trains,  c'est-à-dire  pourvues  d'une  voie^ 
d'évitement;  mais  les  changements  de  croisement  sont  très-rares. 

Le  chef  de  la  voie  unique  est  Tinspecteur  ou  le  chef  de  la  gare 
la  plus  importante,  celle  où  se  trouve  la  machine  de  réserve. 

En  cas  de  détresse,  ce  qui  est  exceptionnel,  le  chef  de  la  voie 
unique  fait  le  secours. 

Toutes  les  stations  sont  pourvues  du  télégraphe  Bréguet,  mais 
on  ne  fait  usage  du  télégraphe,  au  point  de  vue  du  mouvement, 
que  pour  les  trains  facultatifs  ou  de  matériaux,  et  en  cas  de  chan- 
gement de  croisement.  Ou  ne  demande  pas  la  voie  pour  les  trains 
réguliers. 

Chaque  matin  on  doit  demander  par  le  fil  omnibus  Theure  à  la 
gare  de  réserve,  et  chaque  soir  lui  adresser  l'heure  de  clôture  du 
service. 

Les  règlements  se  rapprochent  des  règlements  de  la  Compagnie 
du  Nord,  mais  sont  très-simplifiés.  La  répartition  du  matériel  est 
assurée  sur  chaque  ligne  par  Tagent  spécial  de  la  voie  unique. 


60  CHEMINS  DE    FER   b'fNTÉRÊT   LOCAL 

auquel  chaque  chef  de  station  adresse  en  fin  de  journée  un  état 
relatant  le  restant  en  gare,  les  disponibles  et  besoins;  tous  les 
trains  peuvent  concourir  à  la  répartition.  Lorsque  le  matériel  fait 
défaut,  Tagent.  spécial  demande  du  matériel  Nord  à  la  gare  de 
transit  ;  c'est  d'ailleurs  là  un  cas  fort  rare,  attendu  que  les  lignes 
locales,  recevant  du  Nord  plus  qu'elles  ne  lui  réexpédient,  ont  tou-^ 
jours  du  matériel  Nord  à  disposition. 

Le  personnel  des  stations  est  très-réduit,  et  comporte  rarement 
plus  d'un  homme  d'équipe  adjoint  au  chef  de  station.  Plusieurs 
stations  ou  haltes  sont  gérées  exclusivement  par  des  femmes,  qui 
font  un  excellent  service  ;  elles  délivrent  les  billets,  font  le  service 
du  télégraphe,  des  bagages,  mais  sont  dispensées  des  écritures 
comptables.  Elle  reçoivent  5,  10,  15  ou  20  fr.  par  mois  pour  ces 
travaux.  On  reviendra  plus  loin  sur  l'organisation  particulière- 
ment intéressante  du  service  des  haltes  sur  ces  petites  lignes. 

Les  femmes  sont  encore  employées  dans  les  stations  de  croi- 
sement. La  femme  du  chef  de  station  fait  le  télégraphe  et  distri- 
bue les  billets  pendant  que  son  mari  est  occupé  au  service  des 
trains.  Elle  a  un  traitement  de  lOfr.  par  mois. 

Pour  Tadjonction  ou  le  retrait  des  wagons  au  passage  des 
trains,  aussi  bien  que  pour  la  formation  au  départ  et  la  déforma- 
tion à  l'arrivée,  le  personnel  des  stations,  toujours  extrêmement 
restreint,  ne  prête  son  concours  qu'en  ce  qui  concerne  la  direction 
à  donner  aux  manœuvres,  ou  pour  faire  les  aiguilles.  Les  agents 
du  train  :  conducteur,  graisseur,  mécanicien,  et  le  chauffeur 
assurent  les  manœuvres,  qui  sont  d'ailleurs  facilitées  par  l'excel- 
lente disposition  des  gares. 

Dans  les  stations  gérées  par  des  femmes,  ou  les  haltes  à  voie  de 
garage,  les  aiguilles  sont  maintenues  dans  la  position  normale 
par  une  goupille  cadenassée  ;  la  clef  du  cadenas  reste  entre  les 
mains  de  la  garde  qui  doit  visiter  ses  aiguilles  avant  et  après  le 
passage  des  trains.  Quand  un  train  doit  manœuvrer,  la  clef  du 
cadenas  est  remise  au  conducteur,  qui  remplit  les  fonctions  de  chef 
de  station  pendant  les  manœuvres.  Il  est  responsable  de  la  ma- 
nœuvre des  aiguilles,  des  disques,  des  taquets  d'arrêt,  de  la  fer- 
meture des  portes,  etc. 

Le  trafic  de  ces  lignes  industrielles  et  agricoles  est  surtout  un 


A   VOIE  NORMALE  61 

trafic  de  grosses  marchandises,  par  wagons  complets  :  houille^ 
betteraves,  sucres,  mélasses,  acides,  noir  animal,  grains,  paille, 
lin  en  tiges,  huiles,  phosphates  et  engrais,  matériaux  de  cons- 
truction, briques,  sable,  pierre  cassée,  etc.,  etc. 

La  proportion  des  marchandises  par  wagons  complets  repré- 
sente 80  à  85  p.  100. 

Tous  les  trains  transportent  des  marchandises,  mais  ils  ne  ma- 
nœuvrent pas  dans  toutes  les  stations  où  il  y  aurait  à  prendre  ou 
à  laisser,  en  raison  de  la  nécessité  des  correspondances  aux  points 
de  jonction  ;  mais  on  fait  en  sorte,  en  traçant  les  marches,  que 
chaque  station  dispose  par  jour  d'un  arrêt  de  cinq  minutes  au 
moins.  Cela  ne  permettrait  généralement  pas  au  même  train  de 
prendre  un  wagon  à  une  gare  intermédiaire  pour  le  laisser  à  une 
autre  gare  intermédiaire  située  plus  loin  ;  mais  on  n'a  guère  à  s'oc- 
cuper de  ce  cas,  car  il  faut  remarquer  que  les  wagons  complets 
sont  presque  exclusivement  en  provenance  ou  en  destination  du 
réseau  du  Nord. 

Le  service  des  marchandises  de  détail  est  fait  d'une  manière 
toute  différente  :  ces  marchandises  sont  transportées  sans  le 
moindre  retard;  la  marchandise  remise  le  matin  par  Texpéditeur 
est  enlevée  le  matin.  Les  petits  colis  de  détail  sont  pris  ou  laissés 
au  passage  du  train. 

On  procède  autrement  pour  les  marchandises  encombrantes 
ou  d'un  poids  assez  important  pour  que  la  manutention  au  passage 
nécessite  un  délai  supérieur  au  stationnement  réglementaire.  Un 
wagon  de  détail  est  aftecté  à  ces  marchandises;  il  est  mis  au 
premier  train  du  matin  qui  le  laisse  à  la  première  station  expédi- 
trice ou  destinataire  de  fûts  ou  autres  marchandises  lourdes;  le 
train  suivant  reprend  le  wagon  chargé  ou  déchargé,  qui  est  laissé 
à  la  station  suivante  et  ainsi  de  suite. 

La  disposition  excellente  de  la  halle  et  du  quai  à  marchandises 
accolés  au  bâtiment  des  voyageurs  permet  d'effectuer  très-rapi- 
dement le  chargement  ou  le  déchargement  au  passage.  Elle 
présente,  sous  ce  rapport,  un  grand  bénéfice  de  temps  sur  la 
disposition  habituelle  d'un  bâtiment  distinct  pour  le  service  des 
marchandises. 
Là  n'est  pas  le  seul  avantage  :  outre  l'économie  réalisée  dans 


Ô2  CHEMINS   DE   FER    D'JNTÉRÈT    LOCAL 

le  premier  établissement,  ce  type  de  station  permet  d'éviter  les 
allées  et  venues  et  détours  du  public^  pour  se  rendre  du  bureau 
de  la  gare  à  la  halle  aux  marchandises  ;  le  chef  de  la  station  ou 
ses  agents  ne  perdent  pas  de  temps  à  aller  du  bâtiment  des 
voyageurs  au  quai  de  chargement;  manœuvres  de  wagons  réduites, 
vols  de  colis  rendus  impossibles;  tels  sont  les  nombreux  avan- 
tages de  ces  dispositions  qui  sont  excellemment  appropriées  aux 
stations  courantes  des  lignes  secondaires. 

Lorsque  les  chefs  de  station  ont  à  faire  des  manœuvres  de 
wagons  dans  l'intervalle  des  trains,  ils  font  le  plus  souvent  appel 
au  concours  gratuit  du  public,  paysans  ou  charretiers  venus  à  la 
gare  pour  des  expéditions  ou  livraisons,  et  qui  ne  marchandent 
que  bien  rarement  leur  concours. 

Service  en  gare  de  jonction, —  Ce  service  diffère  suivant  qu'il 
s'agit  du  point  de  jonction  entre  deux  lignes  exploitées  par  la 
Société  Level  ou  de  la  bifurcation  d'une  de  ces  lignes  sur  la  Com- 
pagnie du  Nord. 

Les  gares  de  bifurcation  sur  le  Nord  appartiennent  à  cette  Com- 
pagnie; le  service  de  composition  et  de  décomposition  des  trains 
de  manutention  et  transbordement  est  assuré  par  le  personnel 
d'équipe  de  la  Compagnie  du  Nord. 

A  Vélu-Bertincourt,  au  contraire,  gare  de  bifurcation  des  lignes 
d'Achiet  à  Marcoing  et  de  Velu  à  Saint-Quentin,  ce  service  est  fait 
par  les  agents  des  trains,  pendant  les  stationnements.  Un  ordre 
de  service  prévoit  même  l'emploi  des  chauffeurs  et  mécaniciens 
soit  aux  manutentions  sur  quai,  soit  aux  transbordements  ;  d'où  il 
résulte  que  les  gares  de  bifurcation  n'ont  pas  plus  de  personnel 
que  les  stations  courantes,  contrairement  à  la  pratique  habituelle. 
Les    agents  qui  dirigent  l'exploitation   font  très-judicieusement 
observer  ]que  si  les  agents  des  trains  n'étaient  pas  ainsi  utilisés 
pendant  les  stationnements  prolongés  aux  gares  terminus,  soit  au 
nettoyage  des  voitures  et  des  lampes,  soit  aux  manutentions  et 
transbordements,,  ou  bien  ils  se  croiseraient  les  bras,  ou  bien  ils 
iraient  au  cabaret. 

A  la  bifurcation  de  Velu,  passent  sans   transbordement  d'une 
ligne  sur  Tautre  tous  les  wagons  complets  et  les  wagons  de  détail 


A    VOIE   NORMALE  63 

chargés  à  1,500  kilogrammes  et  au-dessus;  le  reste  donne  lieu  à 
transbordement. 

Ne  passent  sur  le  Nord,  sans  transbordement,  que  les  wagons 
complets. 

Pour  assurer  dans  ses  gares  de  bifurcation  le  service  des  Corn* 
pagnies  dlntérèt  local,  la  compagnie  du  Nord  demande  à  ces  Com- 
pagnies des  rétributions  établies  sans  règle  fixe  :  c'est  ainsi  que 
pour  les  gares  de  Boisleux,  Achiet,  Marcoing,  Grécy-Mortiers,  la 
compagnie  du  Nord  ne  réclame  aucun  loyer  et  répartit  les  dépenses 
d'exploitation  entre  elle  et  les  Compagnies  locales  au  prorata  du 
nombre  de  trains  de  chaque  administration  qui  passent  dans 
chaque  gare,  qui  y  sont  reçus  ou  qui  en  sont  expédiés.  Pour  Ver- 
signy-la-Fëre,  la  part  annuelle  de  la  Compagnie  locale  est  un  for- 
fait de  1,200  francs,  duquel  il  y  a  lieu  de  déduire  les  dépenses  de 
manœuvres  qui  auront  pu  être  faites  dans  Tannée  par  les  machines 
delà  Compagnie  locale. 

Pour  Saint-Quentin,  forfait  de  15,000  francs,  sans  déduction 
des  manœuvres. 

Pour  Epéby  et  Roisel,  pas  de  participation  au  premier  établisse- 
ment; frais  d'exploitation  répartis  au  prorata  du  nombre  de  voya- 
geurs et  de  tonnes  manutentionnées. 

En  somme,  les  rapports  avec  la  Compagnie  du  Nord  sont 
excellents. 

» 

Service  commercial.  —  Le  service  commercial  est  dirigé 
comme  celui  du  mouvement  par  l'ingénieur  de  l'exploitation  et  le 
chef  du  service  central  qui  surveillent  l'exécution  de  ce  service 
dans  ses  moindres  détails. 

Les  principaux  éléments  du  trafic  se  rattachent,  comme  il  a 
été  dit,  à  la  production  agricole  et  sucriëre  ;  cette  dernière  a  un 
intérêt  tout  particulier  :  on  compte  en  effet  qu'un  sac  de  sucre 
fabriqué  a  produit  cinq  fois  son  prix  de  transport;  cette  formule 
est  loin  d'être  exagérée,  car  avant  de  transporter  le  sac  de  sucre, 
il  a  fallu  amener  à  l'usine  la  houille,  les  betteraves,  les  acides  et 
le  noir  animal  ;  de  plus,  l'agriculteur  qui  produit  les  betteraves  a 
eu  besoin  d'engrais,  et  enfin  après  la  fabrication,  il  reste  encore  à 
exploiter  les  mélasses. 


64  CHEMINS    DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

La  période  active  du  trafic  correspond  à  la  période  de  fabrica- 
tion du  sucre,  c'est-à-dire  de  Septembre  à  Mars. 

Les  voyageurs  sont,  comme  partout,  un  peu  plus  nombreux 
aux  vacances  ;  leur  mouvement  fléchit  en  Juin  et  Juillet,  pendant 
les  travaux  des  champs.  Le  reste  du  temps,  les  recettes-voyageurs 
sont  à  peu  près  uniformes.  Les  marchés  donnent  lieu,  dans  le 
nord  de  la  France,  à  un  mouvement  de  voyageurs  plus  accentué 
que  dans  les  autres  régions. 

Les  tarifs  ne  présentent  aucun  caractère  particulier.  Comme 
sur  toutes  les  lignes  de  faible  parcours,  ils  sont  à  base  élevée. 
Aussi  les  tarifs  généraux  donnent-ils  lieu  à  la  plus  large  part  des 
recettes,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  sur  les  grands  réseaux.  Les 
tarifs  spéciaux  sont  très-peu  nombreux.  Les  réductions  des  billets 
d'aller  et  retour  sont  les  mêmes  que  sur  le  réseau  du  Nord,  c'est- 
à-dire,  25  p.  100  pour  les  première  et  seconde  classes,  15  p.  100 
pour  la  troisième. 

Le  trafic  est  partagé  avec  la  Compagnie  du  Nord  suivant  la  règle 
de  la  plus  courte  distance,  sans  réserve  afférente  à  la  transmission 
ou  aux  déclivités. 

La  plupart  des  tarifs  spéciaux  créés  par  les  Compagnies  d'inté- 
rêt local  ont  pour  but  de  rendre  à  leurs  lignes  les  transports  qui 
leur  sont  dus  en  vertu  de  la  règle  de  la  plus  courte  distance,  et 
que  les  tarifs  réduits  du  Nord  auraient  pour  effet  de  leur  enlever. 

Les  relations  avec  le  public  sont  partout  très-bonnes.  Cela  tient 
au  bon  service  fait  par  la  Société  d'exploitation,  à  la  libé- 
ralité et  à  la  rapidité  avec  lesquelles  elle  tranche  toutes  les 
réclamations,  pour  lesquelles  toute  latitude  est  laissée  au  service 
d'Arras,  qui  règle  tout  différend  dans  les  vingt-quatre  heures, 
suivant  la  méthode  américaine  dont  le  directeur  aime  à  s'inspirer; 
d'autre  part,  les  actionnaires  sont  répartis  dans  la  région,  ils  sont 
intéressés  à  la  bonne  marche  du  service  et  facilitent  par  leur 
autorité  la  solution  des  difficultés  qui  peuvent  naître. 

Service  des  haltes.  —  Les  Compagnies  locales  ont  été  amenées 
à  ouvrir  au  service  un  assez  grand  nombre  de  haltes  qui  sont 
exploitées  d'une  manière  très-économique. 

Plusieurs  de  ces  haltes  sont  constituées  par  un  simple  abri  en 


A    VOIK   NORMALK  6H 

bois  où  se  rond,  à  Theure  des  trains,  la  femme  chargée  du  ser- 
vice :  ces  haltes  ne  sont  ouvertes  qu  aux  voyageurs  sans  hagages. 

Mais  la  plupart  des  haltes  sont  ouvertes  aux  voyageurs  avec 
bagages  et  au  service  des  messageries  en  port  dû.  Quelques- 
unes  d'entre  elles  même,  pourvues  de  garages,  sont  ouvertes  au 
service  des  marchandises  par  wagons  complets. 

Les  haltes  de  ces  deux  dernières  catégories  disposent,  pour  le 
service  du  public,  de  la  pièce  de  devant  d'une  maison  de  chef 
cantonnier. 

Les  femmes  font  le  service  moyennant  une  rétribution  men- 
suelle variant  entre  5  francs  pour  les  haltes  à  voyageurs  et 
20  francs  pour  les  autres. 

Le  point  le  plus  intéressant  dans  l'organisation  du  service  de 
toutes  ces  haltes,  c'est  que  les  femmes  n'ont  pas  à  s'occuper  delà 
comptabilité,  et  que  cette  comptabilité  est  établie  dans  une  gare 
voisine  de  la  façon  suivante  : 

Voyageurs.  —  Les  haltes  délivrent  des  billets  dits  à  jarretière 
munis  d'une  souche  et  d'un  petit  talon  ;  le  nom  de  la  halte  qui 
délivre  le  billet  est  imprimé  en  tête  du  billet  et  de  la  souche,  ces 
deux  pièces  portent  successivement  les  noms  de  toutes  les  stations 
et  haltes  de  la  ligne  ;  la  préposée  à  la  halte  barre  sur  la  souche  et 
le  billet  à  l'aide  d'un  crayon  lithographique  la  destination  deman- 
dée par  le  voyageur. 

Le  billet  et  sa  souche  sont  numérotés,  de  même  que  le  talon,  et 
sont  frappés,  lors  de  la  délivrance,  du  composteur  à  date. 

Tous  les  jours,  la  garde-halte  envoie  à  la  station  chargée  de  sa 
comptabilité,  son  versement  qu'elle  détaille  sur  un  livre  de  caisse 
qui  accompagne  la  caisse  renfermant  les  espèces;  le  livre  est  ren- 
voyé avec  la  caisse  après  émargement  du  chef  de  gare.  Tous  les 
huit  jours  au  moins,  le  chef  de  gare  se  rend  à  la  halte,  contrôle 
les  versements  avec  les  souches  des  billets  et  met  son  visa  au  dos 
delà  souche  du  dernier  billet  délivré  après  l'avoir  frappé  du  com- 
posteur à  date. 

Le  chef  de  gare  verse  chaque  jour  les  produits  de  la  halte  avec 
ceux  de  sa  gare  en  les  distinguant  sous  la  rubrique  :  a  Produits  de 
la  halte  de...  » 


66  CHEMINS    DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

La  comptabilité  des  stations  se  faisant  par  mois  et  non  par 
dizaine\  un  bordereau  spécial  mensuel  est  établi  pour  la  halte  et  le 
chef  de  gare  y  joint  toutes  les  souches  qui  sont  rapprochées  par  le 
contrôle,  des  billets  délivrés. 

Le  relevé  distinct  des  bagages  est  établi  de  même,  et  le  chef 
de  gare  tient  également  un  relevé  statistique  pour  la  halte  :  les 
rectifications  sont  à  la  charge  de  ce  chef  de  gare. 

Les  billets  recueillis  à  l'arrivée  dans  les  haltes  sont  envoyés 
chaque  jour  à  la  station  chargée  de  la  comptabilité  qui  établit  un 
état  des  billets  recueillis  pour  elle  et  pour  la  halte,  état  qui  est 
contrôlé  trës-sérieuscment.  Du  reste,  si  les  halles  délivrent  des 
billets  à  jarretière  pour  tous  les  points  de  la  ligne,  les  stations 
délivrent  pour  toutes  les  haltes  des  billots  Edmundson,  de  façon 
à  réduire  au  strict  minimum  la  délivrance  des  billets  à  souche. 

Messageries.  —  Les  haltes  n'acceptent  les  messageries  qu  en 
port  dû  et  ne  reçoivent  pas  de  marchandises  grevées  de  rembour- 
sements. 

Lorsque  les  femmes  garde-haltes  sont  instruites,  les  écritures 
sont  entièrement  faites  par  elles  ;  elles  tiennent  le  livre  d'expédi- 
tion, dont  le  chef  de  la  gare  comptable  fait  le  relevé.  Il  faut 
remarquer,  du  reste,  que  les  haltes  ouvertes  aux  messageries  ont 
rarement  à  assurer  plus  de  quatre  à  cinq  expéditions  par  semaine. 

Dans  les  haltes  dont  les  femmes  sont  peu  exercées,  Texpédition 
est  faite  par  la  station  comptable  à  laquelle  la  garde-halte  envoie  la 
note  de  remise  de  l'expéditeur  et  le  colis.  A  l'arrivée,  le  conduc- 
teur ne  remet  à  la  halte  que  la  Icltre  de  voiture  et  le  colis;  la 
feuille  de  route  est  remise  à  la  station  qui  l'inscrit  sur  son  livre 
d'arrivages.  La  halte  encaisse  le  transport  et  envoie  l'argent  avec 
les  recettes  des  voyageurs.  En  cas  de  réclamation,  le  nécessaire 
est  fait  par  la  station.  Il  y  a,  bien  entendu,  un  registre  de  sortie 
à  la  halte. 

Les  haltes  font  le  service  de  colis  postaux  (intérieur  de  la 
France),  la  station  tient  les  livres. 

Dans  les  haltes  qui  sont  ouvertes  aux  wagons  complets,  leser- 

*  La  comptabilité  mensuelle  permet  de  réaliser  une  notable  économie  de  temps  et 
d'imprimés. 


A  VOIE  NORMALE 


67 


vice  se  fait  exactement  comme  pour  la  messagerie;  la  garde-halte  y 
peut  suffire,  car  les  manœuvres  sont  faites  par  les  agents  des  trains. 

Le  contrôle  des  recettes  est  fait  à  Arras.  Quant  à  la  statistique, 
au  lieu  de  la  confier  à  un  agent  spécial,  on  la  fait  faire  par  un 
chef  de  station  peu  occupé  et  à  qui  on  donne  à  cet  effet  une  in- 
demnité  de  300  frsuics  par  an. 

Les  recettes  sont  versées  chaque  jour  à  la  Compagnie  du  Nord; 
une  feuille  de  route  accompagne  la  caisse  à  finances.  Le  Nord  est  le 
banquier  des  compagnies  locales,  et  tient  pour  elles  un  compte 
courant.  Pour  les  payements  à  faire  au  personnel,  aux  fournis- 
seurs, etc.,  etc.,  c'est  au  caissier  général  du  Nord  qu'on  adresse 
le  bon  signé  du  directeur  des  compagnies  locales  ;  les  sommes 
sont  apportées  à  Arras  par  un  payeur. 

Dépenses.  —  Les  dépenses  de  l'exploitation   sont  pour  1884  : 


DEPENSES  TOTALES 


Boisleux-Marquion 
Achiet-Marcoing  . 
Vélu-Saint-Quentin 
Crécy-La  Fère.  .    . 


33.506  50 
o4.019  18 
58.939  81 
32.264  81 


KILOMETRIQUES 


1.288 

1.707 
1.133 
1.536 


Ces   dépenses  correspondent  à  un  prix  de  revient   moyen  de 
47  centimes  par  kilomètre  de  train. 


Service   médical 


Les  médecins  ne  sont  généralement  pas  payés  :  la  carte  de 
circulation  sur  le  réseau  est  considérée  comme  un  payement. 
Leurs  sections  sont  faibles. 

Tout  agent  malade  jouit  de  sa  solde  entière  pendant  quinze 
jours;  il  est  à  demi-solde  après  cette  période.  Par  exception,  les 
très-bons  agents  peuvent  être  payés  sans  retenue  pendant  toute 
la  durée  de  leur  maladie. 

Tout  agent  blessé  en  service  a  droit  à  la  solde  entière  pendant 
toute  la  durée  du  traitement. 


68 


CHEMINS   DE   FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 


Les  médicaments  sont  gratuits  sur  toutes  les  lignes,  sauf  celle 
de  Yélu  à  Saint-Quentin. 

Il  n'existe  malheureusement  pas  de  caisse  de  retraite  ;  tnais 
les  Compagnies  accordent  parfois  des  secours. 

Des  gratifications  ou  augmentations  de  traitement  peuvent  être 
données  en  fin  d'année  par  les  conseils  d'administration  sur  la 
proposition  du  directeur. 


Résultats    comparatifs    des  recettes   et   dépenses 

Pour  les  cinq  années  1881,  1882,  1883,  1884,  1885. 


U 

'r. 

< 


1881 
1882 
1883 
188i 
1885 


1881 
1882 
1883 
1884 
1885 


1881 
1882 
1883 
188i 
1885 


LONGUEUR 

moyenne 
exploitée 


RÉSULTATS    TOTAUX 


Recettes 
totales 


Dépenses 


Produit 

net 

total 


RÉSULTATS    PAR  KILOM. 


bépeates 

de 
l'exploi 
tatioD 


Predoit 
let 


Boisleuz-Marquion 


26  k. 

26 

26 

26 

26 


32  k. 

32 

32 

32 

32 


118.065  44 
137.747  . 
148.982  22 
139. 8i7  71 
118.028  96 


109.218  02 

99.062  12 

107.716  36 

104  590  85 

9i.l58  62 


8.817  42 
38.684  88 
41.265  86 
35.256  86 
23.870  34 


4. 541 
5.033 
5  606 
4.762 
4  180 


4.010 
3  657 
3.978 
4.023 
3.621 


Achiet-Bapaume  et  Marcoing 


284.902  99 
285. 3n  10 
311.542  93 
289.767  69 
267.961  44 


180.899  95 
181.095  55 
193.037  41 
181.607  72 
163.115  23 


104  003  04 
104.218  55 
118.505  52 
108.159  97 
104.846  21 


8.886 
8.037 
8.620 
8.845 
8.108 


4.686 
5.067 
5.313 
5.675 
5.097 


531 

1.376 

1.628 

739 

559 


4.200 

2  970 
3.307 

3  170 
3.011 


1881 

52  k. 

292.996  39 

1882 

52 

298.479  62 

1883 

52 

322.050  95 

1884 

52 

324.938  94 

1885 

52 

254.252  90 

Vélu-Bertincoort  à  Saint-Quentin 

256.182  061 
267  693  32 
249.256  42 
234.701  36 
214  474  52 

Grécy-Mortiers  à  La  Fère 


36.814  33 

5.568 

4.472 

1.096 

30.786  30 

5.789 

4  420 

1.369 

72  794  53 

5.803 

4.156 

1.647 

90.237  58 

5.736 

4.513 

1  223 

39.778  38 

4.696 

4.205 

491 

21  k. 

21 

21 

21 

21 


118.477  85 
123.917  . 
147.655  28 
148.674  85 
167.959  27 


101.647  41 
89.358  60 
85.898  16 
84.103  68 
89.069  39 


16.830  44 
34.558  40 
61.757  12 
64.571  17 
78.089  88 


5.572 
5.797 
7.031 
7.080 
7.998 


4.448 
3.727 
3.513 
4.004 
4  241 


1 .  124 
2.070 
3.518 
3.076 
3.757 


RAPPORT 
p.  100, 

des 
dépenses 

aux 
recettes 


88 
73 
71 
84 
86 


50 
63 
62 
64 
62 


80 
76 
72 
79 
89 

80 
64 
50 
56 
53 


A  VOIE   NORMALE  69 

La  colonne  «  Recettes  totales  d  comprend  à  la  fois  les  recettes 
de  l'exploitation  et  les  bénéfices  provenant  de  fonds  disponibles, 
comptes  courants,  etc.  Les  recettes  kilométriques  tiennent  seule- 
ment compte  des  recettes  de  l'exploitation. 


CHAPITRE    VI 


^ 


SAINT-QUENTIN    A    GUISE    (AISNE) 


I.  —  établisseme:vt  dl*  rHEai:v 

La  ligne  de  Saint-Quentin  à  Guise  relie  la  ville  de  Saint- 
Quentin  et  la  vallée  de  la  Somme  où  se  trouve  cette  ville  indus- 
trieuse et  commerçante,  avec  la  vallée  de  TOise  supérieure,  où 
Ton  rencontre,  en  dehors  de  la  ville  de  Guise,  beaucoup  de  gros 
villages  et  d'usines  dont  les  relations  avec  Saint-Quentin  sont 
extrêmement  suivies. 

Guise  possède,  avec  5,000  habitants,  des  filatures,  deux  usines  à 
sucre  et  de  plus  une  grande  fabrique  de  poêles  en  fonte  moulée 
'.Godin)  dont  les  expéditions  s'élèvent  à  20  ou  25  tonnes  par  jour. 
—  Origny  a  aussi  des  filatures,  une  fabrique  d'huile  et  une  fa- 
brique de  sucre  produisant  annuellement  5,000  tonnes  de  sucre 
avec  une  population  de  près  de  4,000  habitants.  —  Ribemont- 
Lucy  (3,000  habitants),  fabrique  de  sucre,  filatures  et  usine  de 
produits  chimiques  etc.,  etc.  Le  pays  est,  en  outre,  d^une  richesse 
agricole  toute  particulière. 

De  telles  conditions  assuraient  à  l'avance  le  succès  de  la  ligne  : 
aussi  les  études  furent-elles  entreprises  dèsTannée  1868  ;  la  conces- 
sion date  de  1869  et  l'ouverture  à  l'exploitation  a  eu  lieu  en  1874. 

Les  actionnaires  sont  des  industriels,  propriétaires  et  capita- 
listes de  la  région;  il  en  est  de  même  des  obligataires. 


A    VOIE    NORMALE  71 

Les  capitaux  engagés  au  31  décembre  1884  se  répartissent  en  : 

Subvention  de  TEtat,  du   département, 

des  communes. • 1.903.000  fr. 

Capital-actions 1.700.000 

Capital-obligations 2.337.000 

Ensemble 5.930.000  Ir. 


Description  delà  ligne.  — Au  sortir  de  Saint-Quentin,  le  Iracé 
franchit  le  faite  dltancourt,  qui  sépare  la  vallée  de  l'Oise  et  la 
vallée  de  la  Somme  :  ce  faite  est  à  50  mètres  d'altitude  au-dessus 
de  la  vallée  de  l'Oise,  40  mètres  au-dessus  de  Saint-Quentin.  On 
le  gravit  par  des  rampes  do  15/1000,  tandis  que  l'ensemble  de  la 
ligne,  dans  la  vallée  de  l'Oise,  ne  présente  que  de  très-courtes  dé- 
clivités supérieures  à  5/1000. 

La  ligne  de  Guise  se  trouve,  par  la  présence  des  rampes  d'Itan- 
court,  dans  des  conditions  d'exploitation  défectueuses  au  point  de 
vue  de  l'utilisation  des  charges.  Cet  inconvénient  ne  se  fait  sentir 
gravement  qu'aux  moments  d'activité  du  trafic  ;  en  temps  normal, 
le  nombre  des  trains  réguliers  est  plus  que  suffisant  pour  permettre 
d'enlever  les  wagons  de  petite  vitesse. 

La  ligne  traverse  trois  fois  l'Oise  et  une  fois  le  canal;  elle  suit 
sur  la  plus  grande  partie  de  son  parcours  la  rive  gauche  de  l'Oise, 
sur  laquelle  se  trouvent  Ribemont,  Origny  et  Guise.  La  ligne  est 
constamment  au  pied  du  coteau.  Elle  a  un  développement  total  de 
40  kilomètres. 

Les  stations  sont  très-rapprochées  des  localités. 

Les  courbes  sont  très-multipliées  :  elles  ont  au  minimum 
300  mètres  de  rayon. 

Il  n'y  a  pas  de  clôtures  pour  défendre  la  ligne,  sauf  aux  abords 
des  passages  à  niveau  et  jusqu'à  23  mètres  de  chaque  côté,  et 
autour  des  stations. 

Les  talus  en  remblai  sont  plantés  d'osiers,  dont  la  coupe  est 
faite  chaque  année  par  des  vanniers  du  Nord,  moyennant  une  re- 
devance de  2,500  francs. 

Ne  sont  gardés  que  les  passages  à  niveau  situés  sur  les  grandes 


72  CHEMINS   DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

voies,  soit  une  douzaine  sur  un  total  de  cinquante.  Les  gardes- 
barrières  sont  logées  et  ont  un  salaire  de  30  francs  par  mois,  ce 
qui  parait  excessif. 

Le  rail  était  primitivement  en  fer,  de  33  kilos  le  mètre  cou- 
rant ;  on  renouvelle  annuellement  un  kilomètre  en  raîls  de  30  kilos 
en  acier,  les  rails  de  fer  sortis  de  la  voie  servent  à  Tentrelien  des 
voies  non  renouvelées.  Le  rail  est  à  patin;  il  a  sept  mètres  de  lon- 
gueur et  repose  sur  huit  traverses.  C'est  le  même  plan  de  pose 
que  pour  les  lignes  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais,  précédemment 
décrites  ;  c'est,  du  reste,  le  plan  de  pose  du  Nord. 

Le  type  des  stations,  représenté  (pi.  IV,  fig.  8)  par  la  station 
de  Mézières-sur-Oise,  est  très-défectueux. 

Toutes  les  stations  disposent  d'une  voie  d'évitement,  ce  qui 
est  nécessaire  sur  une  ligne  où  circulent  cinq  trains  par  jour  dans 
chaque  sens;  la  voie  d^évitement  permet  de  recevoir  des  trains  de 
20  véhicules.  Mais  les  voies  des  marchandises  sont  en  cul-de-sac, 
d'où  résulte  que  si  les  trains  qui  entrent  en  gare  en  prenant 
l'aiguille  des  marchandises  par  la  pointe  ont  à  laisser  des  wagons 
à  la  gare,  ces  wagons  doivent  être  abandonnés  par  le  train  sur  la 
voie  principale  ou  la  voie  d'évitement;  ils  sont  ensuite  repris  par 
la  machine  du  train  suivant  de  sens  inverse,  qui  les  conduit  sous 
halle  ou  sur  la  voie  de  débord.  La  même  complication  se  présente 
lorsqu'il  s'agit  d'un  wagon  à  prendre. 

Dans  les  stations  de  croisement  ou  qui  ont  un  trafic  suffisam- 
ment actif  pour  qu'il  ne  soit  pas  possible  de  recourir  à  ce  procédé 
peu  expéditif,  il  faut  ou  avoir  des  hommes  pour  pousser  àTépaule, 
ou  disposer  d'un  cheval. 

Le  bâtiment  des  voyageurs  est  beaucoup  trop  vaste,  en  général; 
néanmoins  dans  le  principe,  aucun  chef  de  station  n'était  logé.  On 
a  dû  dans  la  suite  construire  des  annexes  pour  leur  logement. 

La  gare  de  Saint-Quentin  est  commune  avec  la  Compagnie  du 
Nord. 

Les  stations  sont  très-rapprochées  :  il  n'y  en  a  pas  moins  de 
onze,  en  dehors  des  deux  gares  extrêmes,  pour  un  parcours  total 
inférieur  à  40  kilomètres,  ce  qui  donne  un  arrêt  par  trois  kilo- 
mètres. 


A  VOIE    iNORMALE  73 

Elles  sont  couvertes  de  chaque  côté  par  un  signal  à  distance 
placé  à  500  mètres. 

L'alimentation  en  eau  se  fait  à  Saint-Quentin  où  Teau  est  four- 
nie par  la  compagnie  du  Nord,  à  Origny  et  à  Guise.  Sur  ces  deux 
derniers  points  on  a  installé  dès  le  principe  des  pompes  d'alimen- 
tation avec  réservoirs  ;  la  pompe  de  Guise  fonctionnant  mal,  on 
a  dû  y  suppléer  par  un  pulsomètre  qui  est  actionné  par  la  locomo- 
tive. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Le  matériel  à 
voyageurs  se  compose  de  quinze  voitures,  dont  six  mixtes  à  deux 
étages,  une  mixte  ordinaire  et  huit  troisièmes.  Ces  troisièmes  ont 
0  m.  45  de  largeur  de  plus  que  les  caisses  ordinaires;  aussi  en 
a-t-on  profité  pour  mettre  six  voyageurs  par  banquette,  ce  qui 
donne  soixante  voyageurs  par  voiture. 

Ce  matériel  est  défectueux  et  incommode  :  dans  les  troisièmes 
les  voyageurs  sont  trop  serrés;  les  voitures  à  étage,  admissibles 
dans  la  banlieue  des  grandes  villes^  pour  des  parcours  de  quelques 
kilomètres,  sont  généralement  peu  en  faveur,  eu  égard  au  peu 
de  hauteur  des  compartiments  et  à  l'obligation  de  monter;  ces 
voitures  ont  de  plus  des  roues  de  faible  diamètre  et  un  poids  mort 
qui  en  rend  la  traction  pénible,  et  elles  supportent  mal  des  vi- 
tesses supérieures  à  40  kilomètres  à  Theure*  ;  au  point  de  vue  de  la 
charge,  les  mécaniciens  préfèrent  généralement  avoir  dans  un 
train  deux  voitures  ordinaires  plutôt  qu'une  seule  à  étage  :  le  ren- 
dement est,  du  reste,  bien  meilleur. 

Le  prix  de  revient  moyen  du  matériel  à  voyageurs  s'est  élevé  à 
8,000  fr.,  chiffre  très-considérable:  les  troisièmes  n'ont  coûté  que 
4,500  francs  la  pièce. 

Les  fourgons  sont  de  deux  systèmes  ;  il  existait  au  début  trois 
fourgons  comprenant  un  compartiment  pour  voyageurs  ou  pour 
le  service  de  la  poste.  Plus  tard  on  a  été  forcé,  par  suite  de  l'in- 
suffisance de  ce  matériel,  de  munir  du  frein  à  vis  et  de  transformer 
en  fourgons  quatre  wagons  couverts. 

*  Les  voitures  à  étage  présentent,  en  outre,  une  grande  résistance  à  l'air,  ce  qui  se 
traduit  par  une  dépense  supplémentaire  de  charbon  d'autant  plus  grande  que  la  vitesse 
du  train  est  elle-même  plus  considérable 


/ 


74  CHKMINS  DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Le  matériel  de  petite  vitesse  est  composé  de  : 

Wagons  couverts 27 

Wagons-tombereaux   en  bois 50 

d«     .        en  tôle 10 

Plates-formes 30 

Bergeries 2 


Total 119 

On  a  jugé  inutile  de  munir  le  matériel  de  petite  vitesse  de  freins 
à  vis,  attendu  que  ce  matériel  entre  toujours  dans  la  composition 
des  trains  de  voyageurs,  peu  chargés  sur  les  rampes  dltancourt, 
et  que  par  suite,  les  freins  du  tender  et  des  fourgons  peuvent  tou* 
jours  suffire  ;  mais  le  frein  abattu  existe  sur  tous  les  wagons,  ce 
qui  est  une  excellente  précaution  sur  un  chemin  de  fer  où  presque 
toutes  les  manœuvres  sont  faites  au  lancé,  à  la  machine. 

Le  matériel  de  grande  et  de  petite  vitesse  sort  des  'ateliers 
Bonnefond  à  Texception  de  dix  vieux  wagons-tombereaux,  achetés 
à  la  Compagnie  allemande  de  Berg  et  Marche  au  prix  de  1,200  fr. 
la  pièce. 

L'armature  par  kilomètre  en  matériel  G.  V.  est  de  0.55. 
—  —  P.  V.  est  de  3. 

La  Compagnie  n'emprunte  au  Nord  que  peu  de  matériel,  bien 
que  son  trafic  P.  V.  soit  assez  actif.  Son  matériel  est  donc  suffi- 
sant. 

Locomotives.  —  Les  six  locomotives  de  la  ligne  appartiennent 
à  deux  types  différents  : 

3  sont  à  6  roues  couplées  et  sont  en  réalité  des  machines  à 
marchandises. 

3  sont  des  machines  de  vitesse  et  ont  4  roues  couplées. 

Les  6  machines  sont  d'ailleurs  des  machines-tenders.  Elles  ont 
été  construites  par  Tusine  de  Graffenstaden  au  prix  moyen  de 
50,000  fr.  la  pièce. 

■ 

Elles  servent  indifféremment  à  tous  les  trains,  aussi  bien  à  ceux 
qui  font  plus  spécialement  les  marchandises  qu'aux  trains  de  voya- 


A    VOIE    NORMALE 


75 


geurs;cequi  a  pour  résultat  de  détraquer  très-rapidement  les  ma- 
chines à  3  essieux  couplés,  qui  sont  impropres  à  un  service  de  vitesse. 
Les  conditions  des  locomotives  des  deux  types  sont  les  sui- 
vantes : 


DEUX  ESSIEUX 

TROIS    ESSIEUX  • 

Surface  de  la  grille    .   •. 

COUPLÉS 

COUPLÉS 

1   m.  200 

i  m.  lo64 

Surface  de  chauffe  totale 

87  m.  040 

77  m.  132 

Timbre  de  U  chaudière 

0  kil. 

0  kil. 

Diamètre  des  cylindres      

0  m.  420 

0  m.  400 

Course  dés  pistons 

0  m.  600 

0  m.  500 

Diamètre  des  roues  motrices  au  con- 
tact  

1  m.  500 

1  m.  200 

Poids  de  la  machine  à  vide    .... 

26.000  kil. 

23.500  kil. 

Approvisionnement    d'eau   dans  les 
lenders 

3.000  lil. 

3.000  lit. 

Approvisionnement   d'eau    dans     la 
chaudière  jusqu'à  iOcts.  sur  le  foyer 

3.000  lil. 

2.400  lit. 

Approvisionnement  de  combustible. 

1.200  kil. 

1.200  kil. 

Poids  de  la  machine  à  charge  com- 
plète  

33.200  kil. 

30.100  kil. 

Charge  sous  les  roues  couplées.    .    . 

23.000  kil. 

30.100  kil. 

Longueur    totale    de    la    machine 
entre  tampons 

8  m.  73 

8  m .  30 

Empattement  total 

3  ni.  30 

3  m. 

On  voit  d'après  l'empattement  que,  les  plaques  tournantes  or- 
dinaires ayant  3  m.  80  de  diamètre,  il  n'est  pas  nécessaire  d'avoir 
de  plaques  spéciales  pour  les  locomotives^  que  Ton  tourne  comme 
un  véhicule  ordinaire. 


Ateliers  de  réparation.  —  Les  ateliers  de  réparation  sont  placés 
à  Saint-Quentin.  On  y  dispose  d'une  raboteuse,  une  perceuse,  un 
tour,  trois  forges,  une  scie  circulaire  et  une  scie  à  ruban  ;  le  tout 
est  actionné  par  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de  quatre  che- 
vaux; on  peut  par  suite  faire  les  réparations  courantes;  on  a 
même  remplacé  une  plaque  tubulaire  d'avant.  Mais  en  général,  les 
grosses  réparations,  le  tournage  des  roues  et  le  remplacement  des 


76  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

bandages   sont  confiés   à  la  Compagnie  du  Nord  qui  les  exécute 
dans  ses  ateliers  de  Tergnier. 

Le  personnel  des  ateliers  s'élève  à  treize  agents  ;  ils  font  non 
seulement  les  réparations  du  matériel  roulant,  mais  aussi  celles 
du  matériel  des  voies,  et  même  Tentretien  des  bâtiments  des  gares. 


Dépenses  de  premier  établissement  au  31   décembre  1884 

Construction  du  chemin 4.659.605  61 

Matériel  et  mobilier 036.379  80 

Intérêts  pendant  la  construction 376.256  74 

Totaux 5.972.131  15 

Prix  de  revient  kilométrique 149.300 

Le  prix  de  revient  kilométrique  a  été  majoré  d'environ  10,000  fr. 
par  le  prix  élevé  des  fers  et  du  matériel  au  moment  de  la  cons- 
truction du  chemin. 


11.-  expl01tati0:\ 

Admi.mstration    et    Service  central 

Le  conseil  d'administration  de  la  Compagnie  se  compose  do  onze 
membres,  qui  se  réunissent  une  fois  par  mois  à  Saint-Quen- 
tin, et  arrêtent  le  service  des  trains,  approuvent  les  tarifs  nou- 
veaux, les  marchés  et  conventions  particulières. 

Le  service  courant  est  dirigé  par  un  comité  de  direction  com- 
posé de  trois  membres.  L'un  d'eux  est  en  permanence  au  service 
central  et  fait  fonctions  de  directeur. 

Le  service  actif  est  .placé  sous  la  surveillance  d'un  inspecteur 
qui  dirige  à  la  fois  les  services  de  la  voie,  de  la  traction  et  de 
l'exploitation. 

Voie  et  Bâtiments 

Un  chef  de  travaux  est  adjoint  à  Tinspecteur  pour  le  service 
de  la  voie  et  pour  la  traction;  un  piqueur,  onze  équipes  de  can- 
tonniers, dont  huit  à  trois  agents  et  trois  à  quatre  agents  pour 


I 


A   VOIE  NORMALE  77 

les  parties  de  voie  plus  instables,  tel  est  le  personnel  de  la  voie, 
personnel  assez  nombreux  et  réparti  sans  raison  plausible,  en  can- 
tons qui  paraissent  trop  courts  (moins  de  4  kilomètres).  Cinq  chefs 
cantonniers  sont  logés,  leurs  femmes  sont  garde-barrières  :  les 
chefs  cantonniers  logés  n'ont  que  70  francs  par  mois  au  lieu  de 
90  francs  que  touchent  les  autres.  Les  cantonniers  ont  de  80  à 
85  francs  et  le  piqueur  150  francs  par  mois. 

Les  gros  travaux  en  dehors  de  Tentretien  courant  consistent, 
ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  dans  le  remplacement  annuel  d'un 
kilomètre  de  rails  de  fer  par  des  rails  d'acier. 

L'entretien  des  ouvrages  et  des  bâtiments  est  fait,  en  ce  qui 
concerne  les  maçonneries,  par  un  cantonnier-maçon  qui  exécute 
ces  travaux  pendant  Tété  ;  pour  la  charpente,  menuiserie,  pein- 
ture, etc.,  on  a  recours  aux  ateliers. 

Les  dépenses  annuelles  de  la  voie,  entretien  et  réfection  se 
répartissent  ainsi  : 

Personnel  des  cantonniers  poseurs 26.315  40 

—            gardes-barrières 4.595  50 

Travaux  à  rheure  et  à  la  tâche 2.493  55 

Objets  et  fournitures  diverses i4.557  85 


Total 47.960  30 

Soit  par  kilomètre i.l99 


Traction 

Ce  service  est  dirigé,  sous  les  ordres  de  Tinspecteur  et  de  son 
adjoint,  par  un  chef  de  dépôt  qui  est  en  même  temps  chef  d'atelier. 

Le  personnel  de  conduite  se  compose  de  trois  mécaniciens  à 
135  francs  par  mois  et  trois  chauffeurs  à  90  et  100  francs.  Deux 
des  chauffeurs  sont  capables  de  conduire  une  machine  et  font  les 
remplacements  pendant  les  repos  des  mécaniciens,  qui  disposent 
de  deux  jours  par  mois. 

Le  personnel  de  la  traction,  non  compris  celui  des  ateliers,  est 
complété  par  un  garde*magasin  qui  tient  la  comptabilité  du 
dépôt,  personnel  et  magasin,  et  fait  la  distribution  des  matières, 
combustible,  etc. 


78  CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Combustible^  allocations.  —  Le  combustible  se  compose  pour 
1/3  de  briquettes  de  Charleroi,  à  12  fr.  50  à  Tusine,  19  fr.  94  rendu 
à  Saint-Quentin,  pour  2/3  de  tout-venant  de  Béthume,  payé 
11  fr.  50  sur  kt  carreau  de  la  mine  et  18  fr.  07  à  Saint-Quentin. 

Les  briquettes  servent  surtout  à  Tallumage;  on  s'en  sert  aussi 
pour  les  mélanger  avec  le  tout-venant  quand  il  devient  trop  fin  ; 
on  accepte  pour  le  tout-venant  35  p.  100  de  gros  et  65  p.  100  de 

« 

menu  ;  les   foyers  ne   sont  pas  disposés  pour  brûler  du   pienu 
seul. 

Les  briquettes  ne  doivent  pas  donner  plus  de  5  1/2  p.  100  de 
cendres. 

Les  allocations  sont  uniformément  de  9  kilos  par  kilomètre, 
quelle  que  soit  la  machine,  ce  qui  laisse  un  avantage  injustifié 
aux  mécaniciens  qui  conduisent  les  machines  à  deux  essieux 
couplés. 

De  plus,  on  alloue  200  kilos  de  charbon  pour  Tallumage  lorsque 
le  parcours  de  la  journée  n'excède  pas  120  kilomètres;  si  le  par- 
cours est  supérieur  à  120  kilomètres,  pas  d'allocation  d'allumage, 
On  donne  8  kilogrammes  par  heure  de  réserve. 

L'allocation  pour  graissage  est  de  3  kilog.  500  d'huile  par 
10  myriamètres;  l'huile  revient  à  1  fr.  10  le  kilogramme. 

La  prime  accordée  par  tonne  de  charbon  économisé  est  de 
i  francs.  Le  charbon  est  distribué  à  chaque  mécanicien  par 
10  tonnes  à  la  fois.  Chacun  d^eux  dispose  sur  une  estacadc,  d'un 
parc  pouvant  contenir  30  tonnes,  ce  qui  représente  à  peu  près 
l'allocation  d'un  mois.  Un  inventaire  est  fait  à  la  fin  de  chaque 
mois  par  l'ingénieur  lui-même,  à  l'effet  de  régler  le  compte  du 
garde-magasin  et  la  prime  des  mécaniciens,  d'après  le  nombre 
de  kilomètres  faits  par  eux. 

La  prime  mensuelle  s^élève  en  moyenne  à  65  francs  pour  les 
mécaniciens,  35  francs  pour  les  chauffeurs. 

Le  dépôt  est  à  Saint-Quentin;  la  gare  de  Guise  possède  un  abri 
pour  deux  machines. 

Le  roulement  se  compose  de  3  machines  qui  font  absolument 
le  même  service,  c'est-à-dire  en  tout  400  kilomètres  par  jour  :  trois 
trains  le  premier  jour  du  roulement,  quatre  le  deuxième  et  trois 
le  troisième. 


A   VOIE  NORMALE  79 

Comme  les  eaux  sont  excellentes,  le  lavage  n'a  lieu  que  tous  les 
quinze  jours;  il  correspond  aux  jours  de  repos  des  mécaniciens. 

Les  dépenses  de  traction  et  des  ateliers  se  répartissent  ainsi  qu  il 
suit  : 


Personnel   du  dépôt 34.755  30 

Entretien  du  matériel  roulant 33.346  24 

Objets  de  consommation,  déchets,  cordes,  plombs,  elc  .    .  i  .041  25 

Combustibles  pour  machines 32.621  50 

Huiles  et  graisses  pour  machines 5.616  50 

Redevance  de  matériel 478  52 


Total  ....     107.859  31 

Le  parcours  kilométrique  s'élevantpour  Tannée  1884  à  177,056  ki- 
lomètres, le  prix  de  revient  de  la  traction  par  kilomètre  de  train 
atteint  60  centimes.  Il  est  de  2,696  fr.  48  par  kilomètre  de  ligne. 
Le  parcours  moyen  des  machines  a  été  de  34,766  kilomètres.  La 
machine  u?  12  a  parcouru  47,128  kilomètres. 


Mouvement   et   Trafic 

Le  personnel  du  service  central  de  Texploitation  se  compose, 
outre  rinspecteur,  de  : 

Deux  expéditionnaires  ; 

Deux  employés  au  contrôle,  dont  un  chef  du  contrôle  et  un 
agent  capable  de  faire  les  fonctions  d'intérimaire  et  d'assurer  le 
remplacement  des  chefs  de  station,  de  conducteurs  et  de  contrô- 
leurs des  trains. 

Un  caissier; 

Un  employé  aux  titres. 

Au  total  sept  agents. 

Mouvement.  —  Service  des  trains,  —  Le  service  est  assuré  par 
cinq  trains  dans  chaque  sens,  avec  des  vitesses  de  marche  de 
45  kilomètres  à  rheure;  les  stationnements  de  ces  trains  ne  dépas- 
sent pas  deux  minutes,  sauf  pour  un  train  de  chaque  sens  où  ils 
sont  de  5  minutes,  afin  de  pouvoir  assurer  le  service  des  mar- 
chandises.   A    l'exception  de    ces  deux   trains,   tous  les  trains 


80  CHEMINS   DE  FER   D  INTÉRÊT   LOCAL 

ne  peuvent  transporter  de  wagons  qu'à  distance  entière,  de 
Saint-Quentin  à  Guise  ou  vice  versa,  toute  manœuvre  dans  les 
gares  intermédiaires   leur  étant  interdite. 

Pendant  trois  années,  du  15  avril  1882  au  1*'  juin  1885,  il  y  a 
eu  un  service  de  nuit,  qui, croyait-on,  devait  développer  le  trafic. 
Ce  service  coûtait  environ  30.000  francs;  la  poste  donnait  une 
subvention  de  7,000  francs.  Les  gares  de  Saint-Quentin,  Origny, 
Ribemont  et  Guise  étaient  seules  ouvertes  au  service  de  nuiL 
Le  conducteur  du  train  délivrait  les  billets.  Ce  service  n'ayant 
absolument  rien  produit,  on  l'a  supprimé  dès  que  le  traité  avec  le 
ministre  des  postes  fut  expiré,  ce  qui  a  permis  de  congédier  onze 
agents. 

Dans  le  service  actuel,  le  personnel  se  compose  de  trois  con- 
ducteurs et  de  trois  garde-freins  de  queue  graisseurs.  De  plus  un 
agent  du  contrôle  et  un  agent  du  dépôt,  tous  deux  en  résidence  à 
Guise,  font,  en  venant  à  Saint-Quentin  le  matin,  et  en  partant  le 
soir  le  service  d'un  train  dans  chaque  sens,  l'un  comme  conducteur, 
l'autre  comme  garde-frein. 

On  se  propose  de  supprimer  le  serre-frein  graisseur  en  faisant 
manœuvrer  le  frein  du  fourgon  de  tête  par  le  chaufTeur.  A  cet 
effet,  on  installerait  sur  ce  fourgon  un  frein  à  contre-poids  et  à 
déclanchement  que  le  mécanicien  ou  le  chauffeur  pourrait  abattre 
en  tirant  une  corde.  Pour  que  ce  dernier  puisse  relever  le  frein 
sans  être  obligé  de  descendre  de  la  machine,  une  ouverture  serait 
percée  dans  la  balustrade,  à  l'arrière  de  la  machine-tender,  et 
une  porte  de  communication  dans  le  fond  de  la  caisse  du  fourgon. 
Le  conducteur  se  tiendrait  dès  lors  en  queue  du  train. 

Outre  les  conducteurs  et  garde-freins,  le  personnel  des  trains 
comprend  encore  deux  contrôleurs  de  route,  qui  sont  toujours 
dans  les  trains  et  qui  rapportent  le  double  de  ce  qu'ils  coûtent. 
Il  y  a  beaucoup  de  voyageurs  sur  la  ligne  et  le  conducteur  n'aurait 
pas  le  temps  de  faire  le  contrôle. 

Au  moment  de  la  récolte  des  betteraves  on  a  souvent  à  faire  un 
train  facultatif,  parfois  même  deux  dans  la  journée. 

La  composition  normale  des  trains  est  ainsi  réglée  :  marchan- 
dises en  tête,  un  fourgon,  une  voiture  de  troisième,  une  mixte 
à  étage  et  en  queue  un  fourgon. 


A   VOIE   NORMALE  84 

Là  charge  des  trains  pourrait  facilement  atteindre  par  beau  temjSs 
soixante  unités  Nord,  soit  seize  véhicules  chargés  à  dix  tonnes 
ou  deux  cent  quarante  tonnes.  Mais  on  ne  dépasse  pas  dans  la 
pratique  quarante  unités,  soit  dix  wagons  chargés  à  dix  tonnes, 
soit  encore  cent  cinquante  tonnes. 

L'éclairage  des  trains  ne  présente  aucune  particularité. 

Pour  le  chauffage,  deux  systèmes  sont  employés  : 

1^  Les  bouillottes  pour  la  voiture  de  troisième  et  pour  les 
compartiments  'inférieurs  de  la  voiture  mixte.  Une  bouillotterie 
existe  à  cet  effet  à  Saint-Quentin,  une  autre  à  Guise; 

2**  Pour  les  compartiments  supérieurs  de  la  voiture  à  étage,  on 
faitusage  des  chaufferettes  à  briquettes  Stocker,  dont  il  a  été  parlé 
à  propos  des  lignes  du  Pas-de-Calais,  auxquelles  du  reste  ce  sys- 
tème a  été  emprunté  par  la  Compagnie  de  Saint-Quentin  à  Guise. 
Il  n'y  a  pas  à  revenir  sur  les  défauts  de  ce  chauffage.  Les  chauf- 
ferettes sont  fixées  au  plancher,  afin  que  les  voyageurs  ne  puissent 
les  ouvrir  ou  les  renverser.  Avant  le  départ  du  train  on  transporte 
les  briquettes  rouges  dans  un  panier  de  fer  et  on  ferme  à  clef  les 
chaufferettes  garnies. 

Le  parcours  des  trains  a  été  en  1884  de  177,036  kilomètres,  résul- 
tant de  4,439  trains  mixtes  et  18  trains  facultatifs  de  marchandises. 

Le  parcours  moyen  des  voitures  a  été,  pour  la  même  année,  de 
34,782  kilomètres,  celui  des  fourgons  de  50,575  kilomètres. 

Service  des  gares,  —  Toutes  les  stations  sont  armées  d'une  voie 
d*évitement;  les  changements  de  croisement  ne  se  présentent 
toutefois  que  dans  des  cas  tout  à  fait  exceptionnels. 

L'inspecteur  est  agent  de  la  voie  unique. 

Aucune  station  n'est  ouverte  à  la  télégraphie  privée. 

Les  règlements  appliqués  sont  les  anciens  règlements  de  la 
Compagnie  du  Nord. 

La  répartition  du  matériel  est  faite,  par  la  gare  de  Saint- 
Quentin. 

Le  personnel  des  stations  est  réduit  à  un  agent  pour  quatre 
stations;  il  est  de  trois  à  six  agents  pour  les  autres  et  de  dix-sept 
agents  pour  la  gare  de  Guise. 

Ainsi  qu'il  a  été  dit,  le  plan  des  gares  est  mauvais  et  donne  lieu 

6 


82  CHEMINS  DE   FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

à  des  dépenses  de  manœuvres  qu'on  eut  pu  éviter  par  une  meil- 
leure disposition.  On  est  souvent  forcé  de  louer  à  raison  de  i  franc 
rheure,  un  cheval  aux  cultivateurs  voisins  de  la  station  ;  les  ma- 
nœuvres se  font  le  matin,  à  midi  ou  au  soir,  pendant  l'interrup- 
tion des  travaux  des  champs.  ** 

Le  service  des  messageries  est  assez  important  :  par  exemple, 
Origny  expédie  chaque  soir  sur  Paris  des  tissus  dont  les  matières 
premières  sont  envoyées  de  Paris  par  des  industriels  qui  font 
fabriquer  dans  cette  localité. 

En  dehors  des  charbons,  qui  voyagent  toujours  par  chargement 
de  10,000  kilos,  le  chargement  moyen  des  wagons  est  de 
3,000  kilos.  C'est  le  chargement  des  poèleries  Godin,  en  fonte 
moulée  très-légère;  on  ne  pourrait  du  reste  dépasser  cette  charge 
sans  risquer  des  bris.  Ces  marchandises  ne  sont  jamais  transbor- 
dées lors  de  la  remise  à  Saint-Quentin  à  la  Compagnie  du  Nord, 
bien  que  toutes  les  autres  marchandises  chargées  dans  des  wa- 
gons de  la  Compagnie  de  Saint-Quentin  à  Guise  doivent,  en  prin- 
cipe subir  le  transbordement. 

Dans  le  sens  Nord  sur  Guise,  les  wagons  de  charbon  passent 
sans  transbordement. 

D'après  le  traité  de  communauté  relatif  à  la  gare  de  Saint-Quen- 
tin, les  deux  Compagnies  doivent  s'attacher  à  équilibrer  les  rede- 
vances réciproques  de  matériel. 

Dans  le  principe  les  dépenses  delà  gare  commune  étaient  répar- 
ties au  prorata  du  nombre  des  trains  ;  le  traité  de  1880  a  substitué 
à  cette  règle  un  forfait  de  7  1/2  p.  100  à  la  charge  de  la  Compagnie 
locale,  forfait  légèrement  supérieur  à  la  redevance  antérieure.  Ce 
forfait  s'applique  aussi  bien  à  l'intérêt  et  amortissement  du  capital 
de  premier  établissement  de  la  gare  de  Saint-Quentin,  calculé  à 
5  fr.  45  p.  100,  qu'aux  dépenses  d'exploitation  comprenant  :  per- 
sonnel, petit  matériel,  service  télégraphique,  éclairage,  chauffage, 
manœuvres  de  gare  calculées  à  6  fr.  l'heure,  transbordement,  im- 
primés, entrelien  des  bâtiments,  assurance,  impôts,  etc..  Les  rede- 
vances pour  gare  commune  sont  réglées'par  trimestre.  Les  autres 
redevances  pour  échange  de  matériel,  avaries,  indemnités,  etc..., 
sont  réglées  par  décompte  de  dizaine  et  payées  en  argent  à  la  gare 
de  Saint-Quentin. 


A    VOIE   NORMALE  83 

Servioe  commeroial.  —  L'inspecteur  se  réserve  tout  spéciale- 
ment la  direction  de  ce  service. 

Le  trafic  se  répartit  par  moitié,  à  peu  près,  entre  la  grande  et  la 
petite  vitesse,  dont  le  produit  est  cependant  un  peu  supérieur  à 
celui  de  la  grande  vitesse. 

Les  voyageurs  donnent  un  mouvement  moyen  de  300  par 
jour. 

Le  trafic  de  petite  vitesse  se  compose  de  charbon,  betteraves, 
poéleries  Godin  (8  wagons  à  3,000  kilos  par  joiir),  huiles  d'Origny, 
pommes,  sucres,  produits  chimiques  et  agricoles. 

La  plus  large  part  du  trafic  est  en  provenance  ou  à  destination 
des  au-delà  de  Saint-Quentin  sur  le  Nord.  Le  trafic  intérieur  de 
la  ligne,  de  station  à  station,  est  très-faible  en  dehors  des  bette- 
raves. 

Les  marchandises  par  wagons  complets  à  10,000  ou  5,000  kilos, 
constituent  les  3/4  du  trafic  de  petite  vitesse. 

La  Compagnie  de  Saint-Quentin  à  Guise  n'a  pas  devant  elle  la 
perspective  d'un  avenir  aussi  brillant  que  Ta  été  le  passé.  Déjà,  en 
1885,  l'ouverture  de  là  ligne  de  Busigny  à  Hirson  lui  a  enlevé 
une  part  notable  du  trafic  de  la  région  située  au  nord  d'Origny  et 
Guise.  La  ligne,  actuellement  en  construction,  du  Gâteau  à  Laon 
par  Guise,  menace  de  lui  enlever  la  plus  large  part  du  trafic  de 
Guise,  qui  représente  le  1/6  des  recettes  de  la  Compagnie. 

Il  n'y  a  aucune  particularité  à  signaler  dans  les  tarifs.  Les  tarifs 
abaissés  ont  généralement  pour  but  de  concurrencer  le  canal  de  la 
Sambre  qui  se  réunit  près  de  La  Fère  au  canal  de  Saint-Quentin. 
On  devra  créer  de  nouveaux  prix  spéciaux  pour  lutter  contre  la 
ligne  du  Gâteau  à  Laon. 

Le  trafic  direct  n'existe  avec  la  Compagnie  du  Nord  que  pour  les 
voyageurs  et  pour  un  petit  nombre  de  relations  :  .toutes  les  gares  de 
la  ligne  de  Saint-Quentin  à  Guise  avec  Paris  et  les  gares  inter- 
médiaires depuis  Tergnier  jusqu'à  Busigny,  ces  deux  dernières 
comprises. 

La  Compagnie  locale  a  adopté  sans  la  moindre  modification  le 
système  de  comptabilité  du  Nord,  avec  les  mêmes  imprimés. 

La  ligne  n'ayant  que  40  kilomètres  est  soumise  au  point  de  vue 
de  l'impôt  sur  la  grande  vitesse,  à  la  loi  du  11  juillet  1879,  c'est-à- 


84  CHEMINS    DE   FER   U'LNTÉRÊT    LOCAL 

dire  que  Timpôt  est  perçu  par  place  et  par  voiture,  à  raison  de 
10  fr.  par  place  et  jusqu'à  50  places  inclus,  et  de  5  fr.  par  place  en 
sus,  lorsque  la  voiture  comprend  plus  de  50  places.  La  redevance 
totale  est  ainsi  de  11,000  fr.  environ  au  lieu  de  40,000  fr.  qu'elle 
serait  si  on  avait  appliquer  la  loi  du  11  septembre  1871,  c'est-à- 
dire  le  dixième  plus  double-décime  et  un  dixième  en  sus^ 

Le  contrôle  des  recettes  a  un  fonctionnement  calqué  sur  celui  de 
la  Compagnie  du  Nord.  De  même  pour  la  statistique. 

Un  caissier  centralise  les  recettes  à  Saint-Quentin  et  les  verse 
en  banque.  Le  caissier  et  l'employé  aux  titres  sont,  en  outre,  char- 
gés de  la  comptabilité  centrale. 

Les  feuilles  de  solde  et  factures  sont  arrêtées  par  Tinspecteur  de 
l'exploitation  et  visées  par  un  administrateur  délégué. 

Les  dépenses  d'exploitation  proprement  dite  se  résument  ainsi 
qu'il  suit: 

Personnel  des  pares  et  stations -62.779  75 

Menues  dépenses  des  gares,  etc 2.676  95 

Billets  et  imprimés 4-486  66 

Chauffage  des  gares  et  bureaux 2.451  70 

Eclairage  des  gares  et  bureaux 6.319  35 

Personnel  des  trains 11.592  50 

Indemnités  pour  avaries,  pertes  de  colis 1.788  35 

Communauté  de  la  gare  de  Saint-Quentin  avec  la  Compagnie 

du  Nord 39.216  23 

Subventions  aux  messagers  et  correspondants 6.334  90 


Total  ......  137.646  39 

Ce  qui  fait  ressortir  la  dépense  d'exploitation  : 

Par  kilomètre  de  ligne  à 3,441  fr.  15 

Par  kilomètre  de  train  à 0        77 

Services  divers,  —  Le  service  médical  comprend  deux  méde- 
cins, l'un  à  Saint-Quentin,  l'autre  à  Guise,  tous  deux  au  trai- 
tement de  200  fr.  par  an. 

La  Compagnie  paye  les  médicaments  aux  malades  ;  on  accorde 
le  traitement  intégral  aux  agents  blessés  en  service,  et  la  demi- 

*  Il  en  est  de  môme  pour  les  lig^ies  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais  et  de  TAisne, 
qui  font  l'objet  du  chapitre  précédent. 


A    VOIE   NORMALE 


80 


solde  aux  bons  agents  malades  ;  on  laisse  sans  solde  les  agents 
médiocres  lorsqu'ils  sont  malades. 

Des  secoiu*s  peuvent  être  accordés  aux  agents  méritants. 

En  fin  d'année,  on  distribue  au  personnel  des  gratifications 
d'importance  variable,  suivant  le  mérite,  et  qui  n'excèdent  pas  une 
moyenne  de  30  fr.  par  agent. 

Il  n'existe  pas  de  caisse  de  retraite  ni  de  Société  de  secours 
mutuels. 

Les  agents  sont  habillés  à  leurs  frais,  suivant  les  conditions 
fixées  par  le  règlement.  Cependant,  la  Compagnie  donne  les 
insignes. 

Résultats  comparatifs  des  Recettes    et   Dépenses 

POUR  LES  CINQ  ANNÉES  1881-1882-1883-1884-1885 


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i" 

KÉSULTATS  TOTAUX                | 

RiSDLTiTS  llLOliTliaUBS 

•il 

£.5.2 

en 

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S  *" 

eu  M 

"kîT 

miTÏU  TOTALES 

(  IMPÔT    DBODIT  ) 

DÉPENSES 

PRODUITS 

NKTfl 

RECETTES 

dCpekses 

PRODUITS 

NBTfl 

1881 

40 

698.399  31 

376  109  78 

322.289  53 

17.460 

9  049 

8.411 

52 

1882 

40 

724.702  43 

409.317  41 

315.385  02 

17  151 

9.834 

7.317 

57 

1883 

40 

661.589  06 

390.340  27 

285.913  59 

16.540 

9  450 

7.090 

57 

1884 

40 

624.505  96 

356.628  50 

267.877  46 

15.672 

8.916 

6.697 

57 

1885 

40 

596.651  90 

363.486  90 

251.240  40 

14.316 

9.087 

5.229 

63 

Le  produit  net  accuse  une  décroissance  continue  :  la  crise  des 
transports  d'une  part,  la  ligne  nouvelle  de  Busigny  à  Hirson 
d'autre  part,  sont  les  causes  de  cette  décroissance.  Les  capitaux 
engagés  par  la  Compagnie  n'excédant  pas  100.000  francs  par 
kilomètre,  on  voit  que  malgré  sa  réduction,  le  produit  net  est 
encore  très-rémunérateur. 


CHAPITRE  VII 


CHEMINS    DE    FER    DE    L'EURE 


Ligne  de  Glos-Montiort  à  Pont-Audemer.  ...  16  kil. 

—  Dreux  à  Elbeuf 90   — 

—  Gisors  à  Pont-de-r Arche 53   — 

—  Gisors  à  Pacy-sur-Eure 67   — 

—  Évreux  à  Acquigny 21    ~ 


Longueur  exploitée 237  kil. 


I.    —    ÉTABLISSEMEIVT 

Historique.  —  Les  diverses  lignes  qui  constituent  les  chemins 
de  fer  d'intérêt  local  de  TEure  ont  été  concédées  à  quatre  Com- 
pagnies différentes  : 

1*^  Glos-Montfort  à  Pont-Audemer  (16  kilomètres),  concédée 
au  sieur  Girard,  par  décret  du  9  juin  1866,  avec  une  subvention 
comprenant  les  terrains,  plus  500,000  francs,  a  été  ouverte  en 
août  1867. 

2*^  Gisors  à  Pont-de-r Arche  (53  kilomètres),  décret  du  9  juin 
1866,  concessionnaires  Teuré,  Férot  et  Chéron,  subvention  :  ter- 
rains, plus  1,500,000  francs;  ouverture  en  août  1869. 

3*^  Gisors  à  Vernonnet  (35  kilomètres),  concédée  le  31  juillet 


A   VOIE  NORMALE  87 

1867  aux  sieurs  Teuré,  Férot  et  Chéron,  ouverture  le  1"  Jan- 
vier 1870. 

4**  Vemon  à  Vernonnet  (2  kilomètres),  avec  traversée  de  la 
Seine,  concédée  en  avril  1858  ;  ouverture  en  mai  1873. 

5*^  Evreux  à  Elbeuf  (43  kilomètres)  décret  du  1"  mai  1869,  con- 
cessionnaire Girard,  subvention  terrains  :  plus  1,609,500  francs; 
ouverture  de  1872  à  1875. 

6**  Dreux  à  Acquigny  (57  kilomètres)  et  Pacy  à  Vernon  (19  ki- 
lomètres), concessionnaire  Desroches,  décret  du  1"  mai  1869, 
subvention  4,125,000  francs,  ouverture  de  1872  à  1875. 

Les  concessions  d'Evreux  à  Elbeuf,  et  de  Dreux  à  Acquigny 
s'arrêtent  à  la  limite  du  département  de  TEure,  c'est-à-dire  à 
3  kil.  300  d'Elbeuf  d'une  part,  et  à  7  kil.  897  de  Dreux,  d'autre 
part,  ces  deux  tronçons  situés  le  premier  dans  la  Seine-Inférieure, 
le  second  dans  l'Eure-et-Loir,  concédés  ultérieurement  à  la 
Compagnie  d'Orléans  à  Rouen  (Philippart),  qui  les  a  construits. 

Le  réseau  de  l'Eure  proprement  dit  a  donc  un  développement 
de  225  kilomètres. 

La  Compagnie  d'Orléans  à  Chàlons  a  repris  les  diverses  lignes 
de  ce  réseau  le  1""'  juillet  1870,  à  la  suite  de  traités  avec  les 
concessionnaires  primitifs,  et  les  a  exploitées  jusqu'au  V^  juillet 
1872,  date  à  laquelle  cette  Compagnie  en  a  confié  l'exploitation 
à  la  Compagnie  d'Orléans  à  Rouen. 

Celle-ci  fut  déclarée  en  faillite  en  décembre  1876,  et  les  lignes 
qu'elle  possédait  en  propre  furent  reprises  par  l'Administration  des 
chemins  de  fer  de  l'Etat  ;  les  chemins  de  TEure  restèrent  quelque 
temps  sous  séquestre  et  la  Compagnie  d'Orléans  à  Chàlons  rentra 
en  possession  le  T' juin  1877.  Cette  Compagnie  se  mit  elle-même 
eii  liquidation  le  1"  juillet  1884  et  fut  déclarée  en  faillite  en  oc- 
tobre 1884.  La  Compagnie  de  l'Ouest  avait  repris  à  la  suite  des 
conventions  de  1883  les  lignes  d'Elbeuf  à  Rouen  et  de  Dreux 
à  Chartres.  Les  lignes  de  TEure  sont  actuellement  gérées  par  un 
syndic. 

Description.  —  La  ligne  de  Glos  à  Pont-Audemer  relie  cette 
dernière  ville  à  la  ligne  de  Serquigny  à  Oissel,  c'est-à-dire  à 
RouQn  d'une  part,  à  la  ligne  de  Paris  à  Cherbourg  d'autre  part  ; 


88  CHEMINS   DE   FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

les  déclivités  de  cette  ligne  ne  dépassent  pas  11   millimètres  par 
mètre. 

Gisors  à  Pont-de-l' Arche  rattache  à  la  ligne  de  Paris  à  Rouen 
rimportante  vallée  de  TAndelle,  qui  renferme  de  nombreuses 
filatures  et  des  villages  très-rapprochés  :  limite  des  déclivités 
1 1  millimètres  par  mètre. 

La  ligne  de  Dreux  à  Elbeuf  suit  la  vallée  agricole  de  TEure  sur 
la  plus  grande  partie  de  son  parcours  ;  les  déclivités  y  sont  limi- 
tées à  10  millimètres  de  Dreux  à  Louviers,  mais  elles  atteignent 
15  et  16  millimètres  entre  Louviers  et  Elbeuf. 

La  ligne  de  Pacy  à  Gisors  est  la  plus  pauvre  ;  elle  est  très-mal 
construite  entre  Pacy  et  Vernon,  où  elle  présente  des  déclivités 
de  16  à  17  millimètres  qu'on  pouvait  très -facilement  éviter  sans 
allongement  de  parcours. 

Louviers  à  Evreux  n'offre  aucune  particularité  ;  les  rampes  n'y 
dépassent  pas  10  millimètres. 

Les  courbes  de  pleine  voie  de  ces  diverses  lignes  ne  descendent 
pas  au-dessous  de  300  mètres  de  rayon;  mais  elles  sont  très- 
multipliées. 

Dans  certaines  gares,  comme  Vernon  par  exemple,  les  rayons  des- 
cendent à  200  mètres  et  même  à  130  mètres  dans  les  changements, 
souvent  placés  en  pleine  courbe  de  200  à  300  mètres  de  rayon. 

Ces  courbes  causent  une  usure  très-rapide  des  bandages  des 
roues  avant  des  machines. 

Sur  un  total  de  456  passages  à  niveau,  127  seuls  sont  gardés, 
dont  49  avec  maison  de  garde  et  23  avec  guérite.  Pour  55  d'entre 
eux ,  le  service  est  assuré  par  les  gares  ou  haltes  à  proximité 
desquelles  ils  se  trouvent. 

Les  gares  sont  clôturées,  ainsi  que  les  abords  des  passages  à 
niveau.  On  met,  en  outre,  des  clôtures  partout  où  le  préfet  y 
oblige,  près  des  habitations  par  exemple. 

Le  rail,  en  fer,  pèse  35  kilos  par  mètre;  il  est  à  patin  et  fixé 
par  des  crampons. 

Sur  la  ligne  de  Dreux  à  Elbeuf,  parcourue  par  les  express 
d'Orléans  à  Rouen,  on  remplace  sur  trois  ou  quatre  kilomètres 
par  an,  le  rail  de  fer  par  un  rail  d'acier  de  30  kilos,  également  à 
patin,  et  fixé  par  des  tire-fonds. 


A  VOIE   NORMALE  89 

Le  rail  de  fer  a  6  m.  60  de  longueur,  le  rail  d'acier  8  m.  50; 
celui-ci  est  posé  à  joints  alternés  et  repose  sur  10  traverses  ;  le 
rail  de  fer  est  posé  à  joints  correspondants,   sur  sept  traverses. 

Celles-ci  sont  en  chêne  du  pays,  non  injecté  :  le  ballast  a 
50  centimètres  d'épaisseur. 

Les  voies,  qui  avaient  été  laissées  dans  un  état  déplorable  par 
la  Compagnie  d'Orléans  à  Rouen,  sont  aujourd'hui  excellentes. 

Les  stations  sont  trës-multipliées:  le  réseau  comprend  70  sta- 
tions et  haltes,  soit  une  par  3  kil.  4.  Ce  grand  nombre  de  stations 
grève  lourdement  l'exploitation  comme  le  premier  établissement  : 
on  eût  eu  le  même  trafic  et  bien  moins  de  dépenses  en  supprimant 
une  gare  sur  deux . 

Le  type  adopté  pour  les  stations  est  généralement  bon  :  la  gare 
d'Ivry-la-Ba taille  (pl.V,  fig.  9)  représente  ce  type.  Pourtant  on  ren- 
contre aussi  fréquemment  les  dispositions  défectueuses  de  Pont- 
Saint-Pierre  (fig.  10),  qui  obligent  les  trains  venant  de  la  droite  à 
abandonner  les  voitures  de  voyageurs  au  milieu  des  voies  pour 
faire  leurs  manœuvres  de  wagons  avant  d'arriver  au  bâtiment  de 
la  station. 

La  jonction  avec  les  lignes  de  la  Compagnie  de  l'Ouest  se  fait 
en  gares  communes  à  Dreux,  Bueil,  Louviers  et  Elbeuf.  Toutes 
les  autres  gares  de  jonction  avec  cette  Compagnie  sont  des  gares 
accolées,  reliées  par  une  voie  d'échange  ;  cette  solution  regret- 
table a  dû  être  adoptée  par  suite  des  résistances  opposées  par  la 
grande  Compagnie  à  la  mise  en  communauté  et  à  l'établissement 
d'aiguilles  sur  ses  grandes  lignes.  C'est  à  cause  de  ces  résistances 
qu'on  a  dû,  en  particulier,  desservir  Vernon  par  un  rebrous- 
sement. 

La  gare  de  Gisors  est  commune  avec  la  Compagnie  du  Nord 
pour  la  ligne  de  Gisors  à  Beauvais. 

Toutes  les  stations  sont  couvertes  par  des  signaux  avancés,  pla- 
cés à  600  ou  800  mètres  de  distance  de  l'aiguille,  selon  le  profil. 
Les  bifurcations  sont,  en  outre,  couvertes  par  des  signaux  carrés 
fixes,  avant  lesquels  les  trains  doivent  s'arrêter  quand  ils  ont 
trouvé  le  signal  avancé  fermé. 

Les  réservoirs  d'alimentation  sont  remplis,  les  uns  par  des 
machines  fixes,   comme  à  Pacy,  Evreux,  Gisors-Ville  et  Pont- 


90  CHEMINS  DE  FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

Audemer,  les  autres  par  des  pompes  à  main,  manœuvrées  pendant 
deux  à  trois  heures  par  jour. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  Wagojis  : 

Les  voitures  et  wagpns  ne  diffèrent  pas  du  matériel  ordinaire  : 
Tarmature  du  réseau  se  compose  de  : 


1*.  —    Grande  vitesse 

9  voitures  de  1"  classe, 

15  voitures  mixtes,  1"  et  2*  classes, 

16  secondes, 
56  troisièmes, 

8  voitures    à    étages,   pour  trains   de    marchandises 
voyageurs, 


Soit  104  véhicules  à  voyageurs  ou  0,4  par  kilomètre. 

En  plus  :  28  fourgons, 

6  écuries  ou  voitures  à  lait, 

6  voitures  de  service  et  wagons  de  secours. 


2°.  —  Petite  vitesse 

500  wagons,  soit  2,1   par  kilomètre. 

Cette  armature  est  largement  suffisante,  car  elle  permet  do 
louer  à  la  Compagnie  de  rOuest  pour  40,000  francs  environ  de 
matériel,  le  service  intérieur  du  réseau  de  l'Eure  assuré. 

Locomotives.  —  Toutes  les  machines  sont  des  locomotives- 
tender  à  trois  essieux  accouplés.  Elles  se  rattachent  à  trois  types: 

3  machines  Gouin,  23  tonnes  en  charges  (Glos-Pont-Audemer); 

10  machines  Creuzot,  35  tonnes  en  charges,  affectées  au  dép6t 
de  Gisors,  font  plus  spécialement   le  service  des  trains  lourds; 

14  machines  Fives-Lille  etCail,  33  tonnes  en  charge,  affectées 
au  dépôt  do  Pacy. 


   VOIE   NORMALE 


91 


Les  conditions  des  deux  derniers  types  sont  les  suivantes  : 


Diamètre  des  cylindres 

Course  des  pistons 

Diamètre  des  roues  motrices  au  contact. 

Timbre  de  la  chaudière 

Surface  de  grille 

Surface  de  chauffe  totale 

Poids  à  vide 

Poids  maximum  en  service 

Empattement   total 

Puissance  de  traction 


CREUZOT 

CAILKTFIVES- 
LILLE 

0,40 

0,40 

0,60 

0,60 

1,31 

1,40 

8  k.5 

8  k.  o 

1  m.  730 

1  m.  10 

86,70 

91 

27  t. 

26  t. 

35  t. 

33  t. 

3,30 

3,10 

3.570  k. 

3.340  k. 

L'armature  en  machines,  bien  que  s'élevant  à  la  proportion  im- 
portante de  une  machine  par  moins  de  neuf  kilomètres,  est  à 
peine  suffisante,  en  raison  des  difficultés  du  roulement. 

Ateliers  de  réparation.  —  En  dehors  du  petit  entretien  et  du 
lavage  des  machines,  qui  se  font  aux  dépôts  de  Pont-Àudemer , 
Pacy  et  Gisors,  les  réparations  de  toute  nature,  y  compris  tour- 
nage des  roues,  remplacement  de  plaques  tubulaires,  etc.,  sont 
exécutées  dans  les  ateliers  de  Gisors,  qui  sont  très-suffisamment 
outillés  à  cet  effet.  Une  machine  fixe  à  condensation,  de  25  che- 
vaux, met  en  œuvre  : 


1  toiu*  à  roues  de  wagons  et  voitures, 

1  tour  à  roues  de  machines, 
4  tours  parallèles, 

4  perceuses, 

2  taraudeuses, 
2  raboteuses, 

1  ventilateur. 

Les  ateliers,  ajustage,  montage^  forge,  menuiserie,  peinture, 
garniture,  etc.,  comprennent  un  outillage  d'environ  150,000  fr., 
et  nécessitent  72  ouvriers  d'atelier. 


92 


CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 


Dépenses  de  premier  établissement  au  31  Décembre  1885 


Ligne  de  Glos-Montforl  à  I*onl-Audenier  . 

DÉPENSE 

TOTAL! 

DÉPENSE 

à  la  charge 

Di  Là  comrkonn 

DÉPENSE 

KILOUTRIQUI 

tout    compris 

5  589.924 

4.798.247 

350.000 

—    de  Gisors  à  Pont-de-rArche.  .    .    . 

12. 181..  700 

9.879.311 

242.000 

—    de  Gisors  à  Vernon 

8.418.934 

5.839.246 

334.000 

—    d'Evreux-EIbeuf,  Saint-Georges    à 

Acquigny  et  Pacy-Vernon.  .    .    . 

32  702.781 

25.596.692 

270.000 

Ces  prix,  très  élevés,  ne  sont  pas  suffisamment  justifiés^  les 
lignes  étant  en  général  très-simplement  établies. 


11.--   EXPL01T.1TI0:\ 


Administration    kt    Direction 

L'administration  est  représentée  par  le  syndic  de  la  faillite, 
qui  passe  les  marchés,  approuve  et  ordonnance  les  dépenses,  etc.. 

Le  directeur  réside  à  Paris  :  il  est  assisté  d'un  ingénieur  adjoint; 
l'ensemble  du  personnel  du  service  central,  y  compris  celui  du 
contrôle  des  recettes,  s'élève  à  ti  agents. 

Les  dépenses  d'administration  centrale  et  de  direction,  y  com- 
pris assurances  et  loyers,  charges  d'administration  publique,  per- 
sonnel de  dfrection  et  de  contrôle  des  receltes,  s'élève  pour  Tan- 
née 1885  à  120,685  fr.  98,  soit  par  kilomètre  exploité  à  509  fr.  22. 

Voie    et   Bâtiments 

L'ingénieur  chargé  du  service  de  la  voie  réside  à  Pacy-sur- 
Eure,  de  même  que  l'inspecteur  principal  placé  à  la  tète  du  mou- 
vement. 

Le  réseau  est  divisé,  au  point  de  vue  de  la  voie,  en  trois  sec- 
tions; chaque  chef  de  section  est  assisté  do  trois  piqueurs  et  d'un 
expéditionnaire. 

Le  bureau  central  de  l'ingénieur  comprend  six  agents,  dessina- 
teurs et  expéditionnaires. 


A    VOIE    NORMALE  93 

Les  cantons  de  la  voie  embrassent  en  moyenne  5  kilomètres, 
soit  au  total  39  cantons;  chaque  équipe  est  normalement  compo- 
sée de  quatre  hommes  y  compris  le  chef  d'équipe;  dans  les  can- 
tons à  fortes  rampes  et  courbes  roides,  et  dans  ceux  qui  contiennent 
une  gare  importante.  Téquipe  s'élève  à  cinq  hommes. 

Pendant  trois  ou  quatre  mois  d'hiver,  chaque  équipe  est  ren- 
forcée d*un  auxiliaire. 

Il  semble  qu'on  pourrait,  sans  grand  inconvénient,  étendre  à 
8  kilomètres  la  longueur  des  cantons,  sans  augmenter  le  person- 
nel des  équipes. 

L'entretien  des  bâtiments  est  assuré  par  une  équipe  volante 
composée  de  8  hommes,  qui  font  les  maçonneries,  la  menuise- 
rie, etc....  et  assurent  encore  la  réparation  des  outils  des  agents 
de  la  voie. 

L'entretien  de  la  voie  a  été  assez  pénible  pendant  les  i  ou 
5  années  qui  ont  suivi  la  reprise  des  lignes  de  la  Compagnie 
d'Orléans  à  Rouen.  On  a  dû  remplacer  environ  65  p.  100  des  tra- 
verses et  apporter  du  ballast  sur  un  grand  nombre  de  points  où  il 
était  ou  absent  ou  de  qualité  médiocre. 

La  voie  est  arrivée  aujourd'hui  à  une  période  d'entretien  normal. 

Outre  l'entretien,  on  fait  annuellement,  en  adjoignant  des  auxi- 
liaires aux  cantonniers,  3  à  4  kilomètres  de  renouvellement  en 
rails  d'acier  et  traverses  neuves  sur  la  ligne  de  Dreux  à  Elbeuf, 
les  matériaux  retirés  des  voies  servant  à  l'entretien  des  autres 
sections.  Ces  travaux  sont  compris  dans  les  dépenses  d'exploita- 
tion: le  kilomètre  renouvelé  revient  en  moyenne  à  7,000  ou 
9,000  francs,  selon  le  prix  des  fers,  défalcation  faite  des  maté- 
riaux à  réemployer. 

Les  chefs-cantonniers  ont  d^s  salaires  variant  entre  1,080  francs 
et  1,200  francs  par  an,  les  cantonniers  entre  900  francs  et 
1,020  francs. 

Parmi  les  gardes-barrières,  celles  qui  sont  logées  ont  de  6  à 
8  francs  par  mois,  celles  qui  ne  le  sont  pas,  25  francs. 

Les  dépenses  de  voie  et  bâtiments,  pour  1885,  s'élèvent  à 
402,095  fr.  51  pour  225  kilomètres,  soit  par  kilomètre  à  1,800  fr., 
chiffre  dans  lequel  les  renouvellements  et  réfections  entrent  pour 
310  francs  environ. 


■\ 


94  CHEMINS  DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

Traction 

Le  chef  du  service  de  la  traction  qui  réside  à  Gisors,  dirige 
en  même  temps  les  ateliers  sans  autres  intermédiaires  que  des 
contre-maîtres. 

Pour  le  service  de  traction  proprement  dit,  il  a  sous  ses  ordres 
un  inspecteur  de  traction  à  Pacy,  un  chef  de  dépôt  à  Gisors  et  un 
chef  de  réserve  à  Pont-Audemer. 

19  machines  sont  en  roulement  journalier,  7  autres  en  réserve 
ou  réparation. 

Le  personnel  do  traction  comprend  20  mécaniciens,  5  chauf- 
feurs autorisés  et  30  chauffeurs,  dont  2  mécaniciens  et  2  chauf- 
feurs pour  le  service  en  navette  de  Glos-Montfort  à  Pont-Au- 
demer. 

t  machine  de  réserve  à  Louviers  n'est  pas  comprise  dans  le  rou- 
lement, ce  qui  porte  le  nombre  des  machines  en  feu  à  20  par 
jour. 

La  réserve  est,  en  outre,  assurée  par  deux  machines,  Tune  à 
Gisors,  Tautre  à  Pacy,  et  qui  sont  comprises  dans  le  roulement. 

Les  roulements  sont  les  suivants  : 

1  navette  sur  Pont-Audemer,  Téquipe  du  dépôt  travaillant  aux 
réparations  de  dépôt,  au  lavage,  etc.. 

9  machines  rattachées  au  dépôt  de  Gisors  avec  un  roulement  de 
8  jours,  dont  un  jour  de  réserve  et  lavage. 

9  machines  rattachées  au  dépôt  de  Pacy  avec  un  roulement 
de  9  jours,  dont  un  jour  de  réserve  et  lavage. 

Dans  le  cours  du  roulement,  les  mécaniciens  couchent  une  ou 
deux  nuits  chez  eux. 

Le  combustible  se  compose  de  moitié  tout-venant  de  Béthune, 
payé  à  11  fr.  50  à  la  mine  et  moitié  briquettes  à  18  francs.  On  fait 
principalement  usage  de  celles-ci  pour  l'allumage,  et  dans  les 
fortes  rampes. 

Le  mélange  revient  en  moyenne  à  19  fr.  70  la  tonne,  y  compris 
les  frais  de  transport. 

Les  allocations  de  combustible  sont  variables  suivant  le  type  de 
machine,  la  nature  du  train  et  sa  charge. 


A  VOIE   NORMALE  95 

Pour  les  trains  de  voyageurs  ou  mixtes,  on  alloue  jusqu'à 
40  tonnes  de  charge  remorquée  : 

Pour  les  machines  Creuzot 8  kilog. 

Pour  les  machines  Fives-Lille  et  Cail.     .      7    — 

Pour  les  trains  de  marchandises  ou  de  marchandises-voyageurs, 
jusqu*à  40  tonnes  de  charge  remorquée  : 

Machines  Creuzot 9*^^500 

Machines  Fives-Lille  et  Cail     ....       8,    250 

En  outre,  quel  que  soit  le  train  ou  la  machine,  il  est  alloué  un 
supplément  de  40  graipmes  par  tonne  remorquée  au  delà  de 
40  tonnes. 

Ces  allocations  comprennent  l'allumage,  ainsi  que  les  station- 
nementSy  quand  ceux-ci  n'excèdent  pas  3  heures  de  durée  consé- 
cutive. 

La  dépense  effective  par  kilomètre  est  de  7  kilos  et  demi  à 
8  kilos. 

Le  graissage  se  fait  moitié  à  l'huile  végétale,  moitié  à  l'oléo- 
naphte;  l'allocation  kilométrique  est  de  35  grammes  pour  les 
machines  du  Creuzot,  25  grammes  pour  les  machines  Fives-Lille 
et  Cail. 

Les  allocations  sont  les  mêmes  l'hiver  et  l'été  ;  en  tenant 
compte  des  primes  pour  minutes  gagnées,  soit  0  fr.  03  par 
minute,  les  primes  mensuelles  des  mécaniciens  atteignent  55 
et  60  francs  en  été  ;  les  chautfeurs  ont  droit  au  tiers. 

Les  machines  font  un  service  extrêmement  pénible  et  pour  lequel 
elles  ne  sont  pas  construites  :  en  raison  de  la  difficulté  d'assurer 
les  correspondances  aux  nombreux  points  de  jonction,  elles 
doivent  marcher  à  55  et  même  60  kilomètres  dans  les  pentes, 
lorsqu'elles  ont  à  gagner  du  temps,  alors  que  50  kilomètres  consti- 
tuent une  vitesse  exceptionnelle  pour  des  machines  à  3  essieux 
accouplées.  11  faut  encore  ajouter  à  cette  cause  de  destruction  le 
déplorable  entretien  dans  lequel  les  a  tenues  la  Compagnie  d'Orléans 
à  Rouen,  qui  les  a  laissées  à  la  Compagnie  d'Orléans  à  Châlons 
entartrées  sur  plusieurs  centimètres  d'épaisseur. 

Aussi  ces  machines  sont-elles  sans  cesse  en  réparatiou,  pour 


96  CHEMINS  DE    FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

bielles  cassées,  plaques  tubulaires  brûlées,  bandages  usés  et  tiges 
de  tiroir  rompues  dans  les  courbes  trop  raides. 

Depuis  rétablissement  des  lignes,  les  locomotives  ont  nécessité 
en  moyenne  phis  de  15,000  francs  de  réparations,  soit  la  moitié 
de  leur  prix  d'achat.  Il  eût  été  préférable  de  les  user  complè- 
tement et  d'en  acquérir  d'autres  mieux  appropriées  au  service  à 
faire. 

Les  constructeurs  de  ces  lignes  ne  se  sont  nullement  souciés 
des  nécessités  de  Texploitation,  et  les  machines  eussent  pu  être 
choisies  d'après  de  tout  autres  types,  si  on  s'était  préoccupé  de 
celles-ci;  ce  qui  confirme  ce  principe  si  évident  et  pourtant  si  rare- 
ment appliqué  :  la  co^istruction  et  F  armement  d'une  ligne  doivent 
être,  sinon  arrêtés,  du  moifis  rigoureusement  contrôlés  par  celui 
qui  aura  charge  de  l'exploitation. 

Les  parcours  journaliers  des  locomotives  sont  très-réduits.  On 
s'est  vainement  efforcé  de  modifier  les  roulements  pour  diminuer 
le  nombre  des  machines  en  service  quotidien;  la  multiplicité  des 
correspondances,  le  sectionnement  des  lignes  en  courts  tronçons 
n'ont  pas  permis  d'y  arriver;  la  réduction  même  du  nombre  des 
trains  ne  produirait  pas  de  résultat  satisfaisant  sous  ce  rapport. 

Les  dépenses  de  traction  et  matériel  sont  majorées  par  les  grosses 
réparations. 

Elles  s'élèvent,  pour  1885,  à  302,935  fr.  37  pour  la  conduite,  le 
combustible,  l'alimentation  et  le  petit  entretien,  et  à  158,572  fr.  62 
pour  l'entretien  et  les  réparations  aux  ateliers,  soit  par  kilomètre  : 

(237  kilomètres)  à  1,276  francs  pour  la  traction  ; 

—  669     —     pour  les  réparations. 

Total .  .  .     1,945  francs  par  kilomètre  de  ligne,  et 
par  kilomètre  de  train  à  0  fr.  56. 


Mouvement  et   Trafic 

Mouvement.  —  L'inspecteur  principal  qui  dirige  ce  service 
réside  à  Pacy.  Il  est  assisté  de  deux  inspecteurs  pour  tout  le 
service  du  mouvement  et  la  vérification  de  la  comptabilité  des  gares. 


A  VOIE  NORMALE  97 

Un  chef  de  bureau,  un  comptable  et  5  agents,  y  compris  un 
chef  de  magasin  pour  les  imprimés,  constituent  le  personnel  de 
bureau  de  ce  service,  qui  n  a  pas,  comme  on  Ta  vu,  à  s'occuper 
du  contrôle  des  recettes. 

Service  des  trains.  —  Le  service  des  trains  est  en  général  assez 
chargé  : 

Glos  à  Pont-Audenier  .    4  trains  mixtes  dans  chaque  sens,   dont  1   de 

marchandises-voyageurs  ; 

GisorsàPont-de-rArche.    4  trains  mixtes  dans   chaque   sens,  dont  1    de 

marchandises-voyageurs; 

Gisors  à  Vernon 3  Irains  mixtes  dans    chaque   sens,  dont  1  de 

marchandises-voyageurs  ; 

Pacy  à  Vernon 4  trains  tous  mixtes; 

Dreux  à  Louviers.   ...     5  trains  dont,  1  train  direct,  1  de  marchandises 

et  3  mixtes  ne  manœuvrant  qu'aux  gares 
importantes; 

Louviers  à  Elbeuf.  .  .  6  trains^  dont  1  direct,  1  de  marchandises- 
voyageurs  et  4  mixtes. 

Acquigny  à  Ëvreux.   .    .    4.  trains,   dont  1   de  voyageurs  allant  jusqu'à 

Louviers,  et  3  mixtes  d'Acquigny  à  Ëvreux 
dont  1  de  marchandises-voyageurs. 

Il  n'y  a  de  service  de  nuit  sur  aucune  ligne. 

Les  vitesses  inscrites  aux  livrets  sont  de  50  kilomètres  pour  le 
train  direct  de  la  grande  ligne,  de  40  kilomètres  pour  les  trains 
mixtes  et  25  kilomètres  pour  les  trains  de  marchandises-voyageurs  ; 
mais  ces  vitesses  sont  beaucoup  dépassées.  Elles  sont  encore  exa- 
gérées quand  les  trains  de  la  Compagnie  de  TOuest  sont  en  retard, 
les  trains  de  la  Compagnie  locale  pouvant  attendre  ceux-ci  pen- 
dant 15  à  20  minutes  ;  en  somme,  le  service  des  trains^  de  celle-ci 
est  très-régulier. 

On  a  cherché  à  réduire  le  grand  nombre  des  trains,  qui  ne  sont 
pas  tous  absolument  justifiés,  maison  a  soulevé  les  réclamations 
des  conseillers  généraux  et  des  communes.  Le  réseau  de  TEure 
étant  un  réseau  départemental  est,  par  là  même,  obligé  de  tenir 
largement  compte  des  réclamations  qui  se  produisent.  On  a  dû 
rétablir  les  trains  qui  avaient  été  supprimés,  bien  que  les  dépenses 
qui  en  résultent  soient  très-supérieures  aux  économies  que  leur 
suppression  eût  permis  de  réaliser. 

7 


I 


98  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Un  des  Iraîns  qui  offrent  le  moins  d'intérêt  est  assurément  le 
direct  de  Dreux  à  Elbeuf,  ou  d'Orléans  à  Rouen,  qui  ne  transporte 
à  travers  le  département  de  l'Eure  qu'un  nombre  de  voyageurs 
tout  à  fait  insignifiant. 

Une  autre  cause  de  la  multiplicité  des  trains  réside  dans  le 
grand  nombre  de  correspondances  à  assurer  aux  huit  points  de 
transit. 

En  résumé,  on  fait  annuellement  815,000  kilomètres  de  trains, 
alors  que  600,000  kilomètres  devraient  largement  suffire. 

Le  personnel  de  chaque  train  est  composé  d'un  conducteur 
et  d'un  garde-frein. 

Les  trains  de  marchandises  peuvent  atteindre  une  composition 
de  30  à  35  véhicules  dans  les  périodes  de  fort  trafic,  et  descendre 
à  5  ou  6  wagons.  Ils  ont  lieu  chaque  jour,  même  quand  le  trafic 
est  très-faible,  ce  qui  est  le  cas  général,  parce  que  les  trains  mixtes 
ont  des  stationnements  trop  courts  pour  assurer  le  service  des 
marchandises  dans  les  stations. 

Les  trains  de  marchandises  ont  toujours  trois  conducteurs,  pour 
assurer  la  rapidité  des  manœuvres. 

Il  n*y  a  pour  ainsi  dire  jamais  de  facultatifs. 

L'utilisation  moyenne  des  trains  en  1885  est  de  19  voyageurs  et 
de  11  tonnes,  61  de  marchandises. 

Le  train  moyen,  composé  à  48  tonnes  de  poids  mort,  et 
13  tonnes  de  poids  net,  utilise  43  p.  100  de  la  force  des  machines. 

Tous  les  compartiments  sont  chauffés  Thiver  avec  des  bouil- 
lottes :  des  bouillotteries  sont  à  cet  effet  installées  aux  tètes  de 
ligne;  la  vapeur  de  la  machine  peut  néanmoins  être  employée  à 
réchauffer  les  bouillottes  pour  les  petits  parcours  ;  c'est  ce  qui  a 
lieu  à  Vernon,  pour  le  premier  train  du  matin. 

Service  des  stations,  —  Le  service  des  stations  courantes  est 
normalement  assuré  par  un  chef  de  station  à  1,400  ou  1,500  fr., 
et  par  un  homme  d'équipe  à  1 ,000  fr. 

Les  femmes  sont  dans  la  plupart  des  cas  receveuses  et  reçoivent 
300  fr.;  les  haltes  sont  gérées  par  des  femmes  de  cantonniers. 

On  a  cherché  à  supprimer  l'homme  d'équipe  dans  un  certain 
nombre  de  stations  de  peu  d'importance;  mais  ces  stations  se 


A   VOIE   NORMALE  99 

trouvant  sur  la  grande  ligne,  où  le  service  est  à  5  trains  par  jour, 
dont  1  direct,  on  y  a  renoncé,  par  crainte  de  compromettre  la 
sécurité;  de  plus,  il  y  a  presque  toujours  à  manœuvrer  les  bar- 
rières d'un  ou  deux  passages  à  niveau  situés  à  proximité  de  la 
station,  ce  qui  deviendrait  difficile  par  la  réduction  du  personnel 
delà  station  à  un  seul  agent. 

Toutes  les  gares  sont  outillées  pour  assurer  au  besoin  les  chan- 
gements de  croisement. 

Le  télégraphe  employé  est  le  Bréguet;  on  ne  fait  pas  de  télé- 
graphie privée.  Les  règlements  appliqués  sont  ceux  de  la  Compagnie 
de  l'Ouest  simplifiés. 

Le  service  de  détail  est  assez  important  dans  chaque  station. 
Pendant  que  le  chef  de  station  procède  à  la  reconnaissance  des 
écritures,  l'homme  d'équipe  ou  le  facteur  aide  le  conducteur  au 
service  des  bagages,  ou  à  la  manutention  des  wagons  et  colis,  ou 
bien  il  fait  les  aiguilles  et  commande  les  manœuvres. 

Les  conducteurs  de  réserve  jouent,  dans  les  gares  d'attache,  le 
rôle  d'employés  aux  écritures  ou  d'hommes  de  la  manutention. 

Pour  les  manœuvres  ou  manutentions  à  faire  dans  l'intervalle 
des  trains,  les  gares  peuvent  recourir  aux  agents  de  la  voie, 
moyennant  remboursement  à  ce  service  du  nombre  des  heures 
employées.  On  évite  du  reste  autant  que  possible  ce  moyen,  en 
raison  du  mécontentement  qu'il  provoque  généralement  de  la  part 
des  chefs  d'équipe  et  de  leurs  supérieurs. 

Gares  communes  et  gares  de  jonction,  —  Dans  toutes  les  gares  de 
jonction,  les  agents  de  la  Compagnie  locale  vont  prendre  dans  la 
gare  de  la  Compagnie  de  l'Ouest  et  avec  leurs  machines,  les  mar- 
chandises qui  sont  à  destination  de  la  première,  ou  amener  à 
l'Ouest  celles  qui  doivent  lui  être  passées.  La  Compagnie  de 
rOuest,  qui  fait  usage,  pour  ses  propres  manœuvres,  des  machines 
des  trains  d'échange,  rembourse  les  dépenses  de  manœuvres,  cal- 
culées à  raison  de  5  fr.  l'heure. 

Les  transbordements  sont  effectués  sous  le  couvert  des  règles  à 
suivre  :  ils  sont,  du  reste,  plus  fréquents  aujourd'hui,  où  chaque 
Compagnie  a  pléthore  de  matériel,  qu'ils  ne  l'étaient  il  y  a  quelques 


-■  .  -  -  - 


iOO  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

années  :  TOuost  évite  ainsi  des  redevances  pour  location  de  maté- 
riel, qui  étaient  assez  élevées  antérieurement. 

Dans  les  gares  de  jonction,  la  Compagnie  locale  rembourse  à  la 
Compagnie  de  TOuest  les  frais  d'aiguillage. 

Dans  les  quatre  gares  communes,  les  dépenses  sont  fixées  à 
forfait,  tant  pour  rétablissement  que  pour  l'exploitation  sur  les 
bases  suivantes  : 

Dreux.  .   */»  ^^^  dépenses  à  la  charge  de  l'Eure. 
Bueil.  .  .  V3  —  — 

Louviers  '/a  —  — 

Ces  dépenses  grèvent  considérablement  la  Compagnie  locale, 
dont  le  trafic  n'est  nullement  en  rapport  avec  les  chiffres  qui  pré- 
cèdent. 

Pour  Elbeuf,  prorata  des  unités  de  trafic. 

Pour  Gisors,  gare  commune  avec  la  Compagnie  du  Nord, 
celle-ci  paye  à  la  Compagnie  de  l'Eure  les  dépenses  d'exploitation 
au  prorata  du  nombre  des  trains,  et  le  loyer  à  forfait. 

Service  commercial.  — Les  tarifs  ne  présentent  guère  de  par- 
ticularités :  ce  sont  ceux  du  cahier  des  charges,  avec  quelques 
tarifs  spéciaux  de  couverture  contre  les  détournements  de  la 
Compagnie  do  l'Ouest. 

Une  part  importante  du  trafic  de  la  grande  ligne  est  le  trafic 
de  transit  voyageant  sous  le  couvert  d'un  tarif  commun  réduit, 
établi  entre  les  chemins  de  fer  de  l'Etat  et  la  Compagnie  de 
l'Eure  et  maintenu  comme  tarif  commun  Ouest-Eure. 

Le  trafic  de  grande  vitesse  constitue  à  peu  près  la  moitié  du 
trafic  total:  le  parcours  moyen  d'un  voyageur  est  de  20  kilo- 
mètres et  son  produit  1  fr. 

Le  trafic  de  petite  vitesse  consiste  en  produits  agricoles,  en 
charbons  du  Nord,  en  transit  de  Gisors  à  Dreux  ;  en  cotons, 
cuivres,  bois  et  zinc  (usine  de  la  Vieille-Montagne  à  Bray-Ecos)  sur 
Gisors  à  Pont-de-l'Arche;  en  bestiaux  et  grains  sur  Pacy;  et  en 
écorces  à  tan  et  peaux  sur  Glos-Pont-Audemer.  Le  parcours  moyen 
d'une  tonne  de  marchandises  est  de  33  kilomètres  et  son  produit 
de  2  fr.  93. 


y 


:r 


A  VOIE   NORMALE  lOi 

La  comptabilité  des  halles  est  centralisée  par  la  gare  voisine, 
qui  en  est  responsable  et  doit  introduire  le  décompte  des  billets 
dans  son  livre  de  liquidation. 

La  comptabilité  est  décadaire. 

En  raison  de  la  diversité  des  concessions,  qui  ont  donné  lieu 
à  des  émissions  d'obligations  différentes,  la  statistique  des  recettes 
doit  être  tenue  par  groupe  de  lignes  correspondant  à  chaque 
concession,  les  obligataires  prétendant,  à  juste  titre,  que  chacun  a 
droit  sur  sa  ligne.  C'est  un  travail  très-compliqué,  qui  est  fait 
par  le  contrôle  des  recettes  à  Paris. 

Les  dépenses  du  mouvement  et  du  service  commercial  s'élèvent, 
pour  1885,  au  total  de  507,322  fr.  02,  soit  par  kilomètre  de  ligne 
à  2,140  fr. 

Services  divers,  —  La  Compagnie  délivre  gratuitement  les  médi- 
caments à  ses  agents  malades,  à  qui  est  payée  la  demi-solde  ;  la 
solde  entière  est  allouée  aux  agents  blessés  eu  service. 

Le  magasin-matières  et  matériel  est  sous  les  ordres  du  chef  de 
traction  :  un  chef  de  magasin  et  deux  employés  sont  spécialement 
préposés  à  ce  service. 

Les  combustibles  constituent  un  compte  d'approvisionnement 
spécial. 

Les  imprimés  sont  placés  sous  le  contrôle  de  l'inspecteur  prin- 
cipal de  l'exploitation. 

Il  n'existe  pas  de  caisse  de  secours:  on  distribue  en  fin  d'année 
quelques  gratifications  aux  agents  les  plus  méritants. 

Résultats   généraux  pour  1885 
Les  dépenses  d'exploitation  sont  au  total  les  suivantes  : 

Administration  et   direction 120.685  98 

Voie  et  bâti naenU 402.095  51 

Traction  et  matériel 530.303  82 

Mouvement  et  trafic 507.322  02 

Dépenses  diverses,  péages  et  loyer  des  gares  communes.  H3.533  44 


Total 1.073.940  77 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 7.0G3     » 

Par  kilomètre  de  train 2  04 


102 


CHEMINS   DE   FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 


En  résumé,  le  réseau  de  l'Eure  est  exploité  aussi  économi- 
quement que  le  comporte  le  service  de  grand  réseau  qui  lui  a  été 
appliqué. 

Si  les  gares  étaient  moins  rapprochées,  les  trains  moins  mul- 
tipliés et  si  les  redevances  de  gares  communes  grevaient  moins 
lourdement  son  budget,  les  dépenses  kilométriques  d'exploitation 
pourraient  être  très-notablement  réduites. 

La  proportion  kilométrique  du  personnel  est  de  3  agents,  3. 

Les  produits  pour  Tannée  1885,  impôt  déduit,  sont  les  suivantes  : 

Grande  vitesse 902.407  75 

Petite  vitesse , 830.433  85 

Recettes  diverses  (location  de  matériel,  gare  commune).  .  56.043  44 

Total 1.788.885  04 

Recette  par  kilomètre  de  ligne 7.548  03 

Recette  par  kilomètre  de  train 2  18 

Résultats  comparatifs  pour  les  années  1881-1882-1883-1884-1885 


en 

U3 

Sri 

r. 

T. 

< 


1881 

1882 
1883 
188i 
1885 


kil 
237 

237 

237 

237 

237 


KÉSULTATS  TOTAUX  (impôt  déduit) 


RECETTES 


1.767.933  08 
1  960.900  88 
1.831.783  75 
1.850.086  34 
1.788.885  01 


DÉPENSES 


1.385.405  29 
1.588.6i3  83 
1.663.273  06 
1.690.960  16 
1.673.940  77 


PRODUIT 

IVBT 


431.527  79 
372.257  05 
168.510  69 
159.126  18 
114.944  27 


liSULTiTS  ULOliTIIQOIS 


RECETTES 


7    460 

8  274 
7,729 
7.806 
7.548 


ftfPEKSlS 


5.816 
6.703 
7.018 
7  135 
7.023 


PROKIT 

MT 


1.614 

1.571 

711 

671 

435 


8. 

"As 

■4-3   « 


78 
81 
91 
91 
94 


CHAPITRE   VIII 


CHEMINS   DE    FER   DE  L'ORNE 


Ligne  d'Alençon  à  Gondé 


1.  —  ÉTABLISSEMENT 

La  ligne  d'Alençon  à  Condé  a  été  concédée  en  février  1869  par 
le  département  de  TOrne  à  une  société  qui  s'est  constituée  avec 
le  nom  de  Compagnie  des  chemins  de  fer  de  l'Orne,  sous  le  pa- 
tronage de  la  Société  de  dépôts  et  comptes  courants  et  de  la  Société 
financière  de  Paris;  un  décret  du  12  mars  1870  a  sanctionné  cette 
concession  : 

Le  département  fournissait  une  subvention  de.  .     2300000  fr. 

Les  communes 500000 

L'Etat UOOOOO 

Total ^200000 

Soit  environ  par  kilomètre 63600  fr. 

Le  fonds  social  de  la  Compagnie  a  été  lixé  à  2500000  fr.  di- 
visés en  5,000  actions  de  500  fr. 

La  Compagnie  traita  avec  la  Compagnie  de  Fives-Lille  pour 
l'exécution  de  la  ligne  et  son  armature  fixe  et  roulante  à  un  prix 


104  CHEMINS   DE  FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 

forfaitaire  de    9700000   fr.,   soit  environ   115000    fr.  par  kilo- 
mètre. 

La  ligne  fut  ouverte  à  l'exploitation  le  6  mai  1873  ;  la  cons- 
truction avait  été  parfaitement  exécutée,  et  le  matériel  était 
suffisant  pour  assurer  un  bon  fonctionnement. 

Mais  les  recettes,  suffisantes  pour  couvrir  les  dépenses  d'ex- 
ploitation au  moins  pendant  les  premières  années,  n'ont  jamais 
permis  de  faire  face  aux  charges  financières  de  la  société  qui 
s'élevaient  à  20,000  obligations  représentant  un  emprunt  de 
5,000,000  fr. 

Dans  l'espoir  d'améliorer  sa  situation,  au  moins  par  le  partage 
de  ses  frais  d'administration,  la  Compagnie  de  l'Orne  se  chargea 
à  ses  risques  et  périls,  dans  le  cours  de  1877,  de  l'exploitation 
de  lignes  locales  situées  dans  le  voisinage  de  la  sienne,  Mamers  à 
Saint-Calais  etBriouze  à  laFerté-Macé. 

Cette  combinaison  ne  donna  que  de  médiocres  résultats  qui 
n^ont  pu  faire  sortir  la  société  des  embarras  dans  lesquels  elle  se 
trouvait. 

L'ouverture  de  lignes  nouvelles  construites  par  l'Etat  dans  la 
région,  Mamers  à  Mortagne,  Mortagno  à  Laigle  et  Sainte-Gau- 
burge,  aggrava  encore  la  situation  en  enlevant  à  la  ligne  d'Alençon 
à  Condé  une  part  importante  de  son  trafic,  et  les  recottes  devinrent 
inférieures  aux  dépenses  d'exploitation. 

La  Compagnie  s'adressa  alors  à  l'État  en  demandant  le  rachat 
de  sa  ligne. 

Le  groupe  financier  qui  avait  créé  la  Compagnie  et  qui  l'admi- 
nistrait créa,  sous  la  dénomination  de  Syndicat  professionnel  des 
chemins  de  fer  régionaux  une  société,  au  capital  de  10  millions, 
destinée  à  réunir  diverses  lignes  et  à  les  offrir  à  l'Etat. 

Le  Syndicat  qui  comprenait  parmi  ses  administrateurs  des 
sénateurs  et  des  députés,  s'est  dissous  le  31  décembre  1883, 
avant  de  parvenir  à  ses  fins. 

Cependant,  à  la  date  du  1"  août  1883,  une  convention  provi- 
soire avait  été  passée  avec  le  ministre  des  travaux  publics  pour 
le  rachat  sur  la  base  de  3,582,835  fr.,  dépréciation  comprise  et 
déduction  faite  des  subventions;  le  matériel  roulant,  le  mobilier 
et  les  approvisionnements  devaient  être  repris  à  dire  d'experts. 


A   VOIE   NORMALE  105 

Cette  convention  ne  put  être  sanctionnée  par  les  Chambres,  et 
le  ministre  des  travaux  publics,  eu  égard  aux  difficultés  budgé- 
taires, ne  proposa  plus  en  1885  que  le  payement  de  ce  qui  pou- 
vait appartenir  à  la  Compagnie  dans  les  gares  d'Alençon,  Mortagne 
et  Condé  et  le  prix  du  matériel  à  dire  d'experts,  les  67  kilomètres 
de  voies  et  les  gares  intermédiaires  devant  être  abandonnés  gratui- 
tement. 

En  présence  de  cette  situation,  les  actionnaires  votèrent  la 
dislocation  de  la  société;  mais  celle-ci  fut  déclarée  en  faillite  le 
30  juillet  1885.  L'exploitation  est  actuellement  poursuivie  par  le 
syndic  de  la  faillite. 

.Description.  —  La  ligne  d'Alençon  à  Condé  part  d'Alençon,  en 
gare  commune  avec  la  Compagnie  de  l'Ouest,  pour  remonter  la 
vallée  de  la  Sarthe  jusqu^aux  collines  du  Perche  qu'elle  franchit 
avec  des  rampes  de  15""/"  près  de  la  ville  de  Mortagne. 

Elle  redescend  ensuite  dans  une  vallée  secondaire  de  l'Huisne, 
et  longe  cette  rivière  pour  aboutir  à  Condé-sur-Huisne  en  gare 
également  commune  avec  la  Compagnie  de  l'Ouest. 

La  ligne,  établie  en  pays  facile  d'ailleurs,  a  été  très-bien 
construite,  avec  des  courbes  de  500  mètres  de  rayon  au  minimum, 
et  des  rampes  de  1 5  ""/"». 

Le  rail,  en  fer  et  à  patin,  pèse  35  kilos  le  mètre  courant,  ce 
qui  est  un  poids  exagéré.  Les  barres  ont  6  mètres  de  longueur  et 
reposent  sur  6  traverses  à  1  m.  10  d'écartement  d'axe  en  axe,  le 
joint  étant  distant  de  60  centimètres  de  Taxe  de  la  dernière 
traverse. 

Les  traverses  sont  pour  la  plupart  en  chêne  du  pays  :  cependant 
15  kilomètres  ont  été  armés  en  hêtre  lors^de  la  construction. 

Le  ballast  est  en  sable  et  cailloux  sur  le  versant  de  l'Huisne, 
en  calcaire  argileux  de  médiocre  qualité  sur  le  versant  de  la 
Sarthe. 

La  vitesse  maxima  des  trains  est  limitée  à  45  kilomètres,  ce  qui 
donne  30  à  35  kilomètres  de  vitesse  moyenne. 

Pas  de  clôtures,  sauf  le  long  des  pâturages  :  la  Compagnie  a 
charge  de  leur  entretien. 

Peu  de  passages  à  niveau  gardés. 


i06  CHEMINS   DE   FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 

Les  stations,  au  nombre  de  12,  sont  distantes  de  5  kilomètres  et 
demi  ;  5  d'entre  elles,  indépendamment  des  terminus,  sont  dénom- 
mées gares^  et  peuvent  seules  assurer  les  croisements  ou  change- 
ments de  croisements  :  à  ce  titre  elles  possèdent  une  voie  d'évi- 
tement  et  le  télégraphe. 

Les  stations  proprement  dites  disposent  seulement  d'une  voie 
de  halle,  et  non  du  télégraphe. 

Sous  cette  réserve,  les  dispositions  des  stations  se  rattachent 
à  celles  des  gares  :  le  plan  de  la  gare  du  Meslc-sur-Sarthe  (pi.  V, 
fig.  11)  représente  le  type  des  gares  ;  en  enlevant  deux  voies,  on 
aurait  le  type  des  stations. 

Les  manœuvres  doivent  se  faire  exclusivement  à  la  machine, 
ce  qui,  de  l'avis  des  exploitants,  est  excellent  quand  on  a  plu- 
sieurs wagons  à  prendre  ou  laisser,  mais  est  moins  justifié  quand 
il  ne  s^agit  que  d'une  seule  manœuvre  ;  on  préférerait  beaucoup 
avoir  les  dispositions  adoptées  sur  la  ligne  de  Mamers  à  Saint- 
Calais,  qu'on  verra  ci-après  : 

Les  gares  de  croisement  sont  seules  protégées  par  des  signaux 
placés  à  800  ou  1000  mètres. 

Outre  les  gares  d'Alençon  et  de  Condé-sur-Huisne,  communes 
à  la  Compagnie  locale  et  à  la  Compagnie  de  l'Ouest,  et  qui  appar- 
tiennent à  cette  dernière,  la  gare  de  Mortagne,  dont  le  chemin  de 
fer  départemental  est  propriétaire ,  est  également  commune  : 
Texécution  d'extensions  considérables,  projetées  diins  cette  gare  et 
insuffisamment  justifiées,  est  provisoirement  suspendue. 

Deux  machines  fixes  d'alimentation  existent  sur  le  parcours 
intermédiaire,  au  Mesle  et  à  Mauves  ;  aux  terminus,  l'eau  est 
fournie  par  les  alimentations  de  la  Compagnie  de  l'Ouest. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagom,  —  Aucune  particu- 
larité dans  le  matériel  roulant,  construit  par  la  maison  Chevalier. 

7  voitures  mixtes,  première  et  seconde,  10  troisièmes,  6  four- 
gons à  bagages  et  2  wagons  écuries  composent  le  matériel  de 
grande  vitesse;  ce  matériel  pèse  en  moyenne  6  tonnes. 

30  wagons  couverts  à  5  t.  700  de  tare,  24  tombereaux  et 
36  plates-formes  à  4  tonnes,  soit  90  véhicules,  constituent  l'arme- 


A    VOIE   NORMALE  107 

ment  en  matériel  de  petite  vitesse,  ce  qui  donne  une  proportion 
kilométrique  de  1  m.  34. 

Ce  matériel  est  suffisant,  eu  égard  au  faible  trafic. 

Locomotives,  —  Les  locomotives,  au  nombre  de  cinq,  sont  dos 
machines-tender  à  trois  essieux  couplés.  Construites  par  la  Com- 
pagnie de  Fives-Lille,  elles  sont  absolument  du  même  type  que 
celles  décrites  précédemment  dans  le  chapitre  relatif  aux  lignes 
de  TEure. 

Ces  machines  remorquent  sur  les  rampes  de  15  millimètres, 
14  véhicules  donnant  une  charge  totale  de  150  tonnes  à  la  vitesse 
de  25  kilomètres  à  Theure. 

Ateliers  de  réparation.  —  La  compagnie  possède  à  Alençon 
des  ateliers  outillés  pour  assurer  toutes  les  réparations  de  son 
matériel. 

L'outillage  est  aussi  simple  que  bien  compris  : 

Une  machine  demi-fixe  de  6  chevaux  actionne  : 

1  tour  à  roues  de  machines  el  wagons. 

2  lours  parallèles. 
i  perceuse. 

i  raboteuse. 

i  machine  à  tarauder. 

4  scie  circulaire. 

Une  forge  à  deux  feux  avec  son  outillage,  un  atelier  de  menui- 
serie et  de  peinture  complètent  les  ateliers  dont  le  service  est  as- 
suré, sous  les  ordres  du  chef  de  traction,  par  un  contre-maître, 
un  tourneur,  deux  ajusteurs,  un  forgeron,  un  menuisier,  un  fer- 
blantier, un  charron,  un  peintre,  un  sellier  et  un  nettoyeur. 


II.  —  EXPLOITATIOrV 

.^DMIiMSTHATlON     KT    DIRECTION 

L'administration  est  actuellement  représentée  par  le  syndic  de 
la  faillite,  auquel  sont  soumises  toutes  les  questions  importantes, 
et  particulièrement  celles  qui  engagent  des  dépenses,  marchés, 
traitements,  du  personnel,  etc. 


108  CHEMINS   DE   FER   D'IiNTÉRÊT   LOCAL 

Le  directeur  de  Texploitation  réside  à  AleDçoD. 

Le  personnel  du  service  central  se  compose  d'un  chef  du  con- 
trôle et  de  lacomptabilité  avec  12  agents  pour  ces  deux  branches 
du  service. 

Tout  ce  personnel,  y  compris  le  directeur,  assure  en  outre  le 
service  central  de  la  ligne  de  Mamers  à  Saint-Galais. 

Le  service  d'Alençon  est  représenté,  à  Paris,  par  un  sous- 
directeur  assisté  d'un  agent,  qui  sert  d'intermédiaire  auprès  du 
syndic  de  la  faillite. 

Les  dépenses  de  l'administration  centrale  :  personnel,  service 
du  contrôle,  de  la  comptabilité  et  du  magasin  central,  assurances, 
loyers,  charges  diverses,  s'élèvent,  pour  1885,  au  chiffre  rela- 
tivement important  de  54.614  fr.  86,  soit  par  kilomètre  815  francs. 

Voie  et  Bâtiments 

Un  ingénieur  est  spécialement  attaché  au  service  de  la  voie  et 
des  bâtiments;  il  n'a  pour  son  bureau  aucun  personnel. 

Deux  piqueurs  le  secondent  dans  le  service  actif,  Tun  pour  la 
section  d'Alençon  au  Mesle,  l'autre  pour  celle  du  Mesle  à  Condé. 

Les  brigades  sont  normalement  composées  à  trois  hommes  pour 
cinq  kilomètres,  y  compris  le  chef  d'équipe,  ce  qui  donne 
13  cantons.  Une  seule  éqiiipe  est  à  quatre  hommes,  en  raison  de 
la  qualité  argileuse  des  terrains  que  traverse  son  canton. 

Les  chefs  d'équipe  seuls  sont  commissionnés  à  90  ou  100  fr.  par 
mois  ;  les  poseurs  sont  payés  uniformément  à  l'heure,  à  raison  de 
0  fr.  25,  et  travaillent,  par  période  de  trois  mois,  pendant  9,  10, 
11  et  12  heures  par  jour  selon  la  saison. 

Le  chef  d'équipe  est  chargé  de  la  surveillance  et  fait  une  tour- 
née chaque  matin  avant  le  passage  du  premier  train. 

Les  rails  sont  d'excellente  qualité  et  très-lourds  ;  aussi  n'y  a-t-il 
pas  lieu  à  leur  renouvellement.  Mais  les  traverses  de  hêtre  sont 
entièrement  à  remplacer,  de  même  qu*un  certain  nombre  de  tra- 
verses de  chêne.  Le  renouvellement  porte  annuellement  sur  sept 
à  huit  kilomètres,  et  la  moitié  des  traverses  de  hêtre  a  fait  place 
au  chêne. 

En  raison  du  poids  du  rail,  de  la  légèreté  du  matériel  roulant  et 


A  VOIE   NORMALE  109 

des  faibles  vitesses  des  trains  d'une  part;  en  raison  d'autre  pari  du 
soin  tout  particulier  qu'on  apporte  aux  courbes,  dans  lesquelles 
on  s'attache  à  avoir  toujours  une  traverse  d'excellente  qualité  aux 
joints  et  une  au  milieu  de  la  barre,  la  voie  peut  être  considérée 
comme  très-suffisante  en  général. 

D'ailleurs,  chaque  équipe  doit  visiter  et  dégager  toutes  les  tra- 
verses de  son  canton  dans  le  cours  de  Tannée. 

Les  maçonneries  et  menuiseries  des  bâtiments  sont  entretenues 
par  une  équipe  volante  affectée  à  chaque  dictrict  et  comprenant 
un  maçon,  im  menuisier  et  un  charpentier. 

Sur  150  passages  à  niveau,  15  seulement  sont  gardés  avec 
maison  de  cantonnier.  Aux  abords  de  chaque  gare  existent  un  ou 
deux  passages  à  niveau,  dont  le  gardiennage  est  confié  au  personnel 
de  la  gare,  sans  maison  spéciale. 

Les  gardiennes  de  passages  à  niveau  reçoivent  100  fr.  par  an. 

Les  dépenses  de  voie  et  bâtiments,  pour  l'année  1885,  s'élèvent 
à  84,133  fr.  24,  soit  par  kilomètre  1,255  fr. 

Traction 

Un  chef  de  traction  est  chargé  du  dépôt  et  des  ateliers  ;  il  est 
assisté  4'un  chef  mécanicien  qui  conduit  une  machine  et  a  autorité 
sur  les  mécaniciens. 

Deux  machines  sont  en  service  journalier  et  couchent  alterna- 
tivement à  Alençon  et  à  Condé  ;  elles  ont  six  jours  de  service  et 
trois  jours  de  dépôt  pour  lavage  et  entretien  courant. 

Le  personnel  actif  de  la  traction  se  compose  de  trois  méca- 
niciens, dont  un  chef,  et  de  trois  chauffeurs,  dont  deux  autorisés 
à  conduire  une  machine  en  cas  de  besoin. 

Chaque  équipe  passe  trois  jours  au  dépôt  d'Alençon  avec  sa 
machine. 

Deux  chauffeurs  de  nuit,  l'un  à  Alençon,  l'autre  à  Condé,  ont 
pour  fonction  de  mettre  les  machines  en  pression  avant  le  premier 
départ,  qui  a  lieu  le  matin  vers  cinq  heures  et  demie. 

Enfin,  un  chauffeur  est  affecté  aux  alimentations.  Les  méca- 
niciens ont  des  traitements  variables  de  200  à  250  fr.  par  mois, 
les  chauffeurs  de  125  à  175  fr. 


110  CHEMINS   DE  FER    D'INTÉRÊT    LOCAL 

L^allocation  'de  combustible  est  composée  d'une  part  fixe  de 
cinq  kilogrammes  par  kilomètre  pour  la  machine  et  cinq  véhicules, 
et  d'une  part  variable  de  400  grammes  par  wagon  ou  voiture  en 
sus. 

Ces  chiffres  comprennent  l'allumage. 

La  dépense  réelle  est  d'environ  cinq  kilogrammes. 

Le  combustible  est  exclusivement  composé  de  briquettes  anglaises 
prises  àCaen  à  raison  de  20  à  21  fr.la  tonne,  non  compris  les  frais 
de  transport  qui  atteignent  5  fr.  55  par  tonne. 

Le  graissage  se  fait  à  l'aide  de  l'huile  de  colza  et  d'oléonaphte 
mélangés  par  moitié:  on  alloue  25  grammes  du  mélange  par  kilo- 
mètre. 

Ces  allocations  permettent  au  mécanicien  d'obtenir  la  primo 
moyenne  de  100  fr.  par  mois,  ce  qui  est  un  chiffre  élevé  ;  le  chauf- 
feur à  droit  au  1/4  de  la  prime  du  mécanicien. 

Le  parcours  journalier  de  chaque  machine  est  toujours  le 
même,  soit  201  kilomètres  par  jour  ou  la  moitié  du  parcours  jour- 
nalier total. 

Les  cinq  machines  sont  suffisantes  et  nécessaires  :  deux  sont  en 
roulement,  une  au  lavage  et  à  l'entretien,  une  aux  ateliers  et 
une  autre  disponible  pour  les  facultatifs,  doubles  tractions,  etc.. 
La  réserve  n'est  pas  en  feu. 

Ces  machines  sont  très-bien  utilisées,  sinon  par  le  trafic  qui  est 
très-faible,  au  moins  comme  parcours. 

Le  chef  de  traction  est  aussi  chargé  de  la  tenue  du  magasin 
général,  matériel  et  matières;  il  est  assisté  pour  ce  service  d'un 
garde-magasin  et  d'un  aide  magasinier. 

Le  magasin  des  imprimés  est  au  service  central  d'Alençon. 

Les  dépenses  de  traction  et  entretien  du  matériel  pour 
Tannée  1885,  sont  les  suivantes  : 


Traction  :  personnel,  combustible  et  dépôts.    36.733,78  par  kilom.  548  fr. 
Entretien  et  réparation  aux  ateliers 20.647,68        —  308 

Totaux.    .     37.381  46  856 


A    VOIE   iNORMALE  111 


Mouvement    et  Trafic 


Mouvement.  —  Un  inspecteur  est  chargé  de  la  surveillance  du 
service  des  gares  et  des  trains  et  des  vérifications  de  comptabilité. 
Un  contrôleur  lui  est  adjoint  pour  remplacer  les  chefs  de  station 
absents,  et  pour  Tintérim  des  autres  agents;  mais  cet  agent  n'a 
aucune  autorité  sur  Tensemble  du  service  des  trains  ou  des 
gares. 

Les  chefs  des  gares^  c'est-à-dire  des  stations  de  croisement,  ont 
un  traitement  variant  de  1,500  à  1,800  fr.;  ils  sont  aidés  de  leurs 
femmes  comme  receveuses  à  250  fr.  par  an,  et  d'un  facteur  à  1,000 
ou  1,500  fr. 

Les  chefs  de  stations  gèrent  la  station  sans  autre  personnel  :  le 
chef  de  station  est  dans  plusieurs  cas  la  femme  d'un  cantonnier, 
elle  assure  tout  le  service,  y  compris  la  comptabilité,  moyennant 
un  salaire  de  25  à  30  fr.  par  mois. 

Le  chef  de  la  gare  de  Mortagne  est  agent  spécial  de  la  voie 
unique. 

Un  vieil  agent  est  chargé  du  service  de  la  répartition  ;  ce  ser- 
vice, fort  peu  important,  pourrait  être  facilement  assuré 
par  un  chef  de  gare,  moyennant  une  faible  rétribution  supplé- 
mentaire. 

Le  service  des  trains  est  assuré  par  trois  trains  dans  chaque 
sens.  Les  correspondances  avec  les  trains  de  la  Compagnie  de 
rOuest  sont  difficiles  et  peu  favorisées  par  cette  Compagnie.  Aussi 
le  mouvement  des  voyageurs  n'est-il  pas  si  important  qu'il  pour- 
rait être  en  raison  de  ce  que  la  voie  «  Alençon-Condé  »  est  un  peu 
plus  courte  pour  la  direction  de  Paris  que  la  voie  Ouest,  via  Sur- 
don. 

Tous  les  trains  sont  mixtes  et  indifféremment  affectés  au  service 
de  détail  de  route  ou  de  wagons  complets.  Ce  n'est  que  dans  le 
cas  où  les  correspondances  seraient  compromises  par  un  retard 
qu'un  train  ne  fait  pas  de  manœuvres. 

Les  stationnements  sont,  en  moyenne,  de  deux  minutes  et  la 
vitesse  commerciale  est  de  25  à  30  kilomètres  à  l'heure. 

Chaque  train  est  conduit  par  un  chef  de  train  et  un  garde-frein. 
Deux  équipes  constituent  tout  le  personnel  des  trains  ;  chaque  agent 


112  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

a  deux  jours  de  congé  par  mois,  et  rintérim  est  assuré  par  ]e  con- 
trôleur. 

Les  conducteurs  supplémentaires  nécessités  soit  par  le  nombre 
des  véhicules  des  trains,  soit  par  la  mise  en  marche  de  trains 
extraordinaires,  sont  empruntés  soit  aux  gares,  soit  au  personnel 
d'ouvriers  de  la  traction. 

Le  service  des  trains  est  du  reste  d'une  régularité  par- 
faite. 

Tous  les  croisements  ont  lieu  régulièrement  à  Mortagne  ;  en  cas 
de  retard,  ils  sont  reportés  à  Tune  des  gares. 

La  composition  des  trains  est  normalement  de  deux  fourgons, 
Tun  en  tète,  Tautrc  en  queue,  d'une  mixte  à  28  places  et  de  deux 
troisièmes  à  50  places  chacune. 

La  limite  de  charge  est  de  14  véhicules  d'Alençon  à  Mortagne 
[rampe)  et  de  24  dans  le  sens  inverse  [pente);  elle  est  de  24  véhi- 
cules de  Mortagne  à  Condé  [petite)  et  de  18  dans  le  sens  inverse 
[rampe). 

On  ajoute  un  garde-frein  au  delà  de  12  véhicules,  jusqu'à  18,  et 
un  autre  au  delà  de  18. 

Il  convient  du  reste  de  remarquer  que  la  ligne  d'Alençon  à 
Condé  est  une  ligne  qui  exporte  beaucoup  plus  qu'elle  n'importe  ; 
son  principal  trafic,  généralement  composé  de  chevaux  et  bestiaux 
du  Perche,  est  du  trafic  descendant  à  partir  de  Mortagne  soit  vers 
Alençon,  soit  vers  Condé. 

Au  passage  des  trains  dans  les  stations  gérées  par  des  femmes, 
les  aiguilles  sont  faites  par  le  garde-frein,  les  manœuvres  et  manu- 
tentions assurées  par  le  personnel  des  trains. 

En  dehors  des  trains,  les  manœuvres  sont  faites  avec  l'aide  d'un 
homme  de  la  voie  requis  à  cet  effet;  mais  les  femmes  ne  sont  pas 
dispensées  de  pousser  les  wagons,  ce  qu'elles  font,  du  reste,  sans 
réclamation. 

Le  parcours  kilométrique  des  trains,  pour  l'année  1885,  s*est 
élevé  à  148,000  kilomètres. 

Gares  communes,  —  La  Compagnie  de  l'Ouest  assure  tout  le  ser- 
vice, sauf  en  ce  qui  concerne  la  traction,  dans  les  gares  communes 
d'Alençon  et  de  Condé. 


A  VOIE   NORMALE  4i3 

La  redevance  pour  loyer  et  dépenses  d'exploitation  s'élève  à  1/6 
pour  Alençon  et  à  1/3  pour  Condé. 

Ces  redevances  constituent  pour  la  Compagnie  locale  une  charge 
assez  lourde. 

Pour  la  gare  de  Mortagne,  qui  appartient  à  la  Compagnie  locale, 
et  dont  le  service  est  fait  par  elle,  la  part  de  chacune  est  réglée 
au  prorata  du  nombre  des  trains  expédiés  ou  reçus,  qu'ils  soient  de 
passage  ou  non. 

Service  oommeroial. —  Toutes  les  questions  commerciales  sont 
traitées  par  l'inspecteur. 

Les  tarifs  sont  les  tarifs  ordinaires  du  cahier  des  charges;  mais 
la  Compagnie  locale  a  établi  des  prix  fermes  à  base  réduite  pour  le 
transport  des  chevaux  d'une  part,  des  bestiaux  d'autre  part,  entre 
le  Mesle  et  Alençon  etBoissy-Maugis  et  Condé. 

La  région  desservie  est  surtout  productive  en  bestiaux  ;  aussi 
ces  transports  constituent-ils  une  large  part  du  trafic  de  la  ligne 
d' Alençon  à  Condé.  Les  autres  produits  sont  fournis  par  les  voya- 
geurs, les  denrées  en  grande  vitesse  pour  Paris  d'une  part,  l'Angle- 
terre ri4  Honfleur  d'autre  part,  les  pommes  à  cidre,  etc.,  etc. 

La  ligne  a  été  ouverte  au  service  des  colis  postaux  le 
1"  octobre  1886,  la  Compagnie  de  l'Ouest  abandonnant  1/3  de  sa 
part  à  la  Compagnie  locale. 

Pendant  les  premières  années,  les  recettes  ont  été  suffisantes 
pour  couvrir,  sinon  les  charges  du  chemin,  du  moins  les  dépenses 
d  exploitation. 

Il  n'en  a  plus  été  de  même  à  partir  de  1882,  à  la  suite  de 
l'ouverture  par  l'Etat  des  lignes  de  Mortagne  à  Mamers,  àLaigle  et 
à  Sainte-Gauburge,  lignes  rétrocédées  à  la  Compagnie  de  l'Ouest 
parla  convention-loi  du  20  novembre  188  3;  les  recettes  sont  aujour- 
d'hui notablement  inférieures  aux  dépenses. 

Le  contrôle  des  recettes  est  assuré  a  Alençon  par  douze  agents 
et  un  chef  du  contrôle,  chargés  du  même  service  pour  la  ligne  de 
Mamers  à  Saint-Calais,  ainsi  que  de  la  comptabilité  des  deux 
lignes.  On  ne  fait  pas  de  statistique  en  raison  du  pou  de  personnel 
dont  on  dispose. 

Les  recettes  sont  centralisées  à  Alençon. 

8 


114  CHEMINS    DE    FER    D  INTÉRÊT    LOCAL 

La  liquidation  des  recettes  est  arrêtée  chaque  jour  dans  los 
gares. 

Les  dépenses  des  services  du  mouvement  et  du  trafic  pour  Tan- 
née 1885  (contrôle  des  recettes  et  comptabilité  non  compris), 
s'élèvent  à  100,271  fr.  90,  soit  par  kilomètre  à  1,500  fr. 

Le  service  médical  est  gratuit,  y  compris  les  médicaments. 

Les  agents  malades  reçoivent  leur  traitement  intégral. 

L'ensemble  du  personnel  est  satisfaisant. 

La  proportion  kilométrique  du  personnel,  tout  compris,  est  de 
1  agent  73. 


Résultats  généraux  poar    1885 

Les  dépenses  totales  d'exploitation  sont,  en  résumé,  les  suivantes 
pour  Tannée  1885  : 


Administration,   direction,  contrôle  des  recettes 54.614  86 

Voie  et  bâtiments 84.133  24 

Traction  et  entretien  du  matériel  roulant H7.381  46 

Mouvement  et  trafic 100.271  90 

Total.   ...  *  1496.40  62 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 4.420    » 

Soit  par  kilomètre  de  train 2    » 


Les  recettes  pour  la  même  année  se  divisent,  impôt  déduit,  en 


io  Grande  vitesse 162.237  41 

2«  Petite  vitesse 110.331  22 

3o  Recettes  diverses 683  23 

Total.   .   .    .  271.888  40 

Recettes  par  kilomètre 4.058    » 

Insuffisance  de  produit  total 24.613  06 


• 


A  VOIK   NORMALE 


115 


Résultats  comparatifs  pour  les  années  1881-1883-1883-1884-1885 


itSDLTATS  ULOIÉTUQUES 


u 

y. 

< 


1881 
1882 
1883 
1884 
188Ô 


—'  5 


kil. 
67 

67 

67 

67 

67 


HKSULTATS  TOTAUX 


RECETTES 


370.050  35 
322.286  66 
32i.901  84 
313. 73Ô  06 
305.383  07 


DEPENSES 


298  911  40 
334.364  28 
310.106  05 
319.194  20 
329.896  13 


PRODUIT 

RKT 


+71.138  95 

—  12.077  62 
+14  785  79 

—  7.459  14 
-24  513  06 


Dl   L  BXPLOITATlOIf 


RECETTES 


5.607 

4.883 
4.923 
4.682 
4.058 


dCpehses 


4.529 
5  066 
4.699 
4  76i 
4.420 


PRODUIT 
nrr 


1.078 
—183 

+224 
—  82 
—362 


"•Il 

•  *  a 


81 
104 

95 
102 
108 


Les  résultats  totaux  comprennent  des  recettes  et  dépenses 
d'ordre  qui  ne  figurent  pas  dans  les  recettes  kilométriques,  celles-ci 
ne  renfermant  que  les  recettes  et  dépenses  de  l'exploitation  propre- 
ment dite. 

Il  y  aurait,  en  somme,  peu  à  faire  pour  équilibrer  les  receltes  et 
les  dépenses. 


CHAPITRE   IX 


LIGNE  DE  MAMERS  A  SAINT-GALAIS   (Sarthe) 


I.  —  ÉTABLIS8EHEIWT    DV   CHEXIIV 


Le  chemin  de  fer  d'intérêt  local  de  Mamers  à  Saint-Galais  a  été 
concédé  en  1867,  pour  une  durée  de  cinquante  ans,  par  le  dépar- 
tement de  la  Sarthe,  à  une  Société  formée  par  MM.  Haentjens,  de 
la  Rochefaucauld-Bisaccia^  marquis  de  Talhouët  et  prince  de 
Beauvau. 

Les  concessionnaires  recevaient  les  terrains  jusqu'à  concur- 
rence de  125  hectares;  ils  devaient  bénéficier  de  la  différence 
entre  le  prix  réel  d'acquisition  et  l'évaluation  de  20.000  francs 
par  kilomètre.  Une  subvention  kilométrique  do  100.000  francs 
leur  était  accordée.  Ils  devaient  exploiter  la  ligne  au  moyen  de 
trois  trains  par  jour. 

Les  tarifs  étaient  ceux  de  TOuest,  mais  avec  une  réduction  de 
50  p.  100  sur  les  taxes  des  voyageurs  se  rendant  aux  marchés  voi- 
sins. 

Un  décret  du  16  août  1867  autorisa  l'exécution  du  chemin  et 
alloua  au  département  une  subvention  de  2.690.000  francs. 

L'ouverture  à  Texploitation  eut  lieu  en  1872-1873. 

Les  avantages  offerts  par  le  département  étaient  considérables  ; 
les  concessionnaires  réalisèrent  des  bénéfices  sur  la  construction, 
qui,  du  reste,  a  été  très-satisfaisante. 

Malheureusement  le  chemin  de  fer  de  Mamors  à  Saint-Calais 


A   VOIE  NORMALE  447 

n'avait  pas  à  desservir  de  sérieux  intérêts;  il  eût  pu  réussir  s'il 
eût  été  directement  rattaché  au  Mans,  chef-lieu  du  département. 
Excentrique  comme  il  Tétait,  il  ne  devait  donner  qu'un  médiocre 
produit. 

Aussi,  dès  l'achèvement  de  la  construction,  les  concessionnaires 
chargèrent-ils  de  l'exploitation  la  Compagnie  d'Orléans  à  Châlons 
qui  se  substituait  à  eux  pour  tous  les  droits  et  obligations,  pen- 
dant toute  la  durée  de  la  concession. 

La  Compagnie  d'Orléans  à  Chàlons  a  été  déclarée  en  faillite  en 
octobre  1884. 

La  ligne  de  Mamers  à  Saint-Calais  est  actuellement  gérée  par 
le  syndic  de  la  faillite. 

Desoription  de  la  ligne. —  La  ligne  de  Mamers  à  Saint-Calais 
relie  deux  chefs-lieux  d'arrondissement  du  département  de  la 
Sarthe,  ainsi  que  plusieurs  chefs-lieux  de  canton  importants,  Bon- 
nétable,  Connerré,  Thorigué. 

Elle  est  construite  avec  des  déclivités  limitées  à  15  millimètres 
et  des  courbes  dont  les  rayons  ne  descendent  au-dessous  de 
450  mètres  qu'à  l'entrée  de  la  station  de  Moncé. 

Le  département  a  imposé  au  constructeur  la  clôture  du  chemin 
sur  toute  sa  longueur,  bien  qu'il  n'y  ait  que  fort  pou  de  passages 
à  niveau  gardés  et  pas  une  seule  maison  de  garde. 

Le  terrain  est  en  général  très-facile  ;  aussi  rencontre-t-on  fort 
peu  de  terrassements.  La  ligne  a  77  kilomètres  de  longueur. 

Le  rail  à  patin  est  en  fer  et  pèse  30  kilos.  Le  renouvellement  se 
fait  en  rail  d'acier  de  même  poids  et  profil,  ce  qui  paraît  être  une 
erreur,  le  rail  d'acier  de  25  kilos  étant  préférable,  au  point  de  vue 
de  la  résistance,  au  rail  de  fer  de  30  kilos  ;  si  donc  ce  dernier  est 
suffisant,  le  rail  de  25  kilos  acier  l'est  à  fortiori. 

Le  rail  de  fer  a  6  mètres  de  longueur  de  barre  et  repose  sur 
7  traverses,  écartées  de  90  centimètres  d'axe  en  axe,  les  traverses 
extrêmes  étant  à  60  centimètres  du  joint,  qui  est  éclissé  en  porte 
à  faux. 

La  traverse  est  en  chêne,  le  ballast  en  sable  de  Bonnétable. 

Les  stations  sont  au  nombre  de  dix-sept,  ce  qui  leur  donne  un 
écartemenl  moyen  de  4  kil.  5. 


118  CHEMINS   DE    FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

Le  type  des  stations  est  représenté  parla  station  de  Moncé  (pi. VI, 
fig.  12).  Ce  t}rpe  est  très-satisfaisant;  voies  courtes,  bâtiment  des 
voyageurs  et  halle  à  marchandises  accolés,  même  dans  les  gares 
de  Mamers  et  de  Saint-Calais. 

Les  voies  sont  coupées  par  une  traversée  de  plaques  qui  per- 
mettent de  faire  les  manœuvres  avec  une  très-grande  célérité, 
quand  il  n'y  a  qu'un  wagon  à  ajouter  au  train,  ou  à  en  retirer. 
Dans  le  cas  où  il  y  a  plusieurs  wagons,  les  manœuvres  se  font  par 
un  coup  de  machine. 

Les  croisements  des  trains  se  faisant  normalement  à  Connerré, 
la  plupart  des  stations  n'ont  pas  la  voie  d'évitement  figurée  au 
plan  de  Moncé. 

Les  bâtiments  des  stations  sont  simples  et  suffisants. 

Chaque  station  est  couverte  par  deux  signaux  carrés,  fixes, 
rouges,  éclairés  le  soir  ou  lo  matin,  quand  il  y  a  lieu,  par  deux  feux, 
Tun  par  réflexion.  Ces  signaux  sont  placés  à  100  mètres  des 
pointes  d'aiguilles  et  indiquent  le  ralentissement  pour  entrer  en 
gare. 

Les  alimentations  sont  assurées  : 

A  Mamers  par  Teau  de  la  ville  ; 

A  Connerré  par  la  pompe  des  ateliers; 

A  Saint-Calais  par  un  bélier  hydraulique; 

A  Saint-Aignan  par  une  pompe  à  main,  manœuvrée  par  un 
homme  de  la  voie.  Cette  dernière  alimentation  ne  sert  du  reste 
que  par  extraordinaire. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Les  voitures  sont 
au  nombre  de  douze,  dont  six  à  étage,  qui  donnent  lieu  aux  récla- 
mations qu'occasionne  ce  genre  de  véhicules  sur  tous  les  chemins 
de  fer  d'intérêt  local. 

Quatre  fourgons  munis  d'un  compartiment  pour  le  service  de 
la  poste  complètent  l'armature  du  matériel  de  grande  vitesse. 

Le  matériel  de  petite  vitesse  se  compose  de  24  wagons  cou- 
verts et  de  25  plates-formes,  soit  49  wagons  ou  0,6  par  kilomètre, 
armature  suffisante  en  raison  du  très-faible  trafic. 

Locomotives. — Les  machines,  au  nombre  de  cinq,  du  même  type, 


A   VOIE  NORMALE  H9 

machines-tender  à  trois  essieux  accouplés,  ont  été  construites 
dans  les  ateliers  de  Fives-Lille. 

Elles  Sont  de  tous  points  semblables,  sauf  les  dimensions,  à 
celles  du  chemin  de  fer  de  TEure,  construites  par  la  même  maison. 

Timbrées  à  8  kilos  25,  avec  des  roues  de  1  m.  19  de  diamètre 
au  contact,  et  un  empattement  de  2  m.  85,  ces  machines  pèsent 
25  tonnes  en  charge. 

Elles  remorquent  125  tonnes  en  rampe  de  15  mill.,  soit  14  vé- 
hicules chargés,  à  la  vitesse  de  25  kilomètres  à  Theure. 

Le  faible  poids  de  ces  machines  montre  que  le  rail  de  25  kilos 
acier  aurait  largement  suffi. 

Ateliers  de  réparatioii.  —  Les  ateliers  sont  installés  à  Connerré. 
Us  permettent  de  faire  toutes  réparations. 
Une  machine  de  quatre  chevaux  actionne  : 
Un  tour  à  roues  ; 
Un  tour  parallèle  ; 
Une  perceuse  ; 
Un  étau  limeur. 
Une  forge  et  un  atelier  de  menuiserie  complètent  l'outillage. 
Le  personnel  est  composé  de  huit  agents,  sous  les  ordres  du 
chef  de  dépôt,  soit  deux  ajusteurs,  un  forgeron,  un  apprenti,   un 
menuisier,  deux  charpentiers  et  un  peintre. 

Dépenses  de   premier   établissement  au  31  décembre   1885 

i^'CoDstruction  du  chemin 6.748.9o9  04 

2»  Matériel  et  mobilier 692.669  66 

3*  Intérêts   et  amortissement  pendant  la  construclion  et 

résultats  de  l'exploitation  au  compte  d'établissement.   .  214.567  8o 

Total   cénéral.  *.   .    .     7.723.912  94 

Soit  par  kilomètre 100.300    » 


II.  -  EXPLOITATIO:\ 

Administration   kt   Direction 

L'administration  du  chemin  de  Mamers  à  Saint-Calais  est  toute 
concentrée  dans  les  mains  du  syndic  de  la  faillite  de  la  Compagnie 


120  CHEMINS   DE   FER  D'LNTÉRÊT   LOCAL 

d'Orléans  à  Ghàlons,  auquel  sont  soumises  toutes  les  questions  de 
principe  et  Tordonnancement  des  dépenses,  etc. 

Le  directeur  n'est  autre  que  celui  du  chemin  de  fer  d'Alençon 
à  Condé  ;  le  personnel  de  direction  et  de  contrôle  des  recettes 
seul  est  commun  aux  deux  lignes. 

Les  dépenses  d'administration  centrale,  de  direction  et  contrôle 
des  recettes  s'élèvent  pour  1885  à  48,053  fr.  43,  soit  par  kilo- 
mètre à  624fr.  Elles  sont  relativement  élevées. 

Voie    et    Bâtiments 

Un  ingénieur  résidant  à  Connerré  est  chargé  à  la  fois  des  ser- 
vices de  la  voie  et  de  la  traction. 

Il  est  assisté,  pour  la  voie  proprement  dite,  de  deux  piqueurs, 
l'un  pour  la  section  de  Mamers  à  Connerré,  l'autre  pour  celle  de 
Connerré  à  Saint-Calais. 

Le  personnel  est  divisé  en  15  équipes  de  trois  hommes,  chaque 
équipe  embrassant  cinq  kilomètres. 

Les  chefs  d'équipe  seuls  sont  commissionnés  et  reçoivent  90  à 
100  fr.  par  mois;  les  hommes  sont  payés  à  l'heure  à  raison  de 
0  fr.  25. 

Il  n'y  a  pas  une  seule  maison  de  garde  ;  à  chacun  des  neuf  pas- 
sages gardés  est  placée  une  guérite;  la  garde-barrière  reçoit 
200  fr.  par  an. 

La  voie  est  très-bonne;  les  charges  sont  faibles,  le  rail  est  lourd 
et  le  balast  d'excellente  qualité. 

On  renouvelle  par  an  environ  un  kilomètre  en  rails  d'acier,  de 
côté  et  d'autre,  et  3,000  traverses.  Toutes  les  traverses  sont  visi- 
tées dans  le  cours  de  l'année. 

Un  ouvrier,  qui  est  à  la  fois  maçon,  couvreur,  vitrier  et  peintre, 
suffit  à  l'entretien  des  bâtiments. 

Les  dépenses  de  voie  et  bâtiments  pour  l'année  1885  s'élèvent 
à  87,924  fr.  66,  soit  par  kilomètre  à  l,142fr. 

Th  ACTION 

Un  chef  de  dépôt,  chargé  en  même  temps  de  la  conduite  des 
ateliers^  est  adjointe  l'ingénieur  pour  le  service  de  la  traction. 


A  VOIE  NORMALE-  421 

Le  personnel  de  bureau  est  composé  d'un  magasinier  ci  d'un 
comptable. 

Le  roulement  est.  assuré  par  deux  machines,  dont  chacune 
couche  un  jour  à  Saint-Calais,  le  lendemain  à  Mamers  ;  il  néces- 
site, par  suite,  deux  mécaniciens  et  deux  chaufTeurs  ;  le  roulement 
de  chaque  équipe  porte  sur  quatre  jours,  après  lesquels  deux  jours 
sont  consacrés  aux  réparations  de  dépôt  et  au  lavage, 

Le  personnel  de  traction  est  au  total  de  trois  mécaniciens  et  trois 
chauffeurs. 

Les  allocations  de  combustible  sont  fixées  d'après  la  règle  adop- 
tée sur  la  ligne  d'Alençon  à  Condé,  c'est-à-dire  six  kilos  pur  kilo- 
mètre pour  la  machine  et  cinq  wagons  chargés,  et  400  grammes 
par  wagon  au  delà  de  cinq  wagons. 

Les  primes  d'économie  des  mécaniciens  atteignent  au  total 
80  fr.  par  mois  en  moyenne;  celles  des  chauffeurs  le  1/4  de  cette 
somme. 

Les  parcours  journaliers  de  chaque  machine  en  service 
sont  de  231  kilomètres,  ce  qui  constitue  une  excellente  utilisation. 

L'ingénieur  de  la  traction  est  chargé  du  magasin  matières  et 
matériel  pour  les  trois  services  de  voie,  traction  et  mouvement  ; 
uu  magasinierest  préposé  à  la  comptabilité  et  satisfait  aux  demandes 
des  services. 

Les  dépenses  de  traction  et  matériel  pour  1885  sont  les  sui- 
vantes: 

Conduite,  combustible  et  alimentation 58.718  43 

Entretien  et  réparation  aux  ateliers 29.155  53 


Total 90.373  96 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 1.174    » 

Soit  par  kilomètre  de  train 0  53 


Mouvement   et   Trafic 

Mouvement.  —  Le  service  du  mouvement  et  du  trafic  est  assuré 
par  un  inspecteur  de  Texploitation,  en  résidence  à  Mamers*;  un 
contrôleur  lui  est  adjoint  pour  les  intérims  de  chef  do  station. 

Les  gares^  c'est-à-dire  les  stations  munies  d'une  voie  d'évitement 


122  CHEMINS  DE    FER   DLNTÉRÊT  LOCAL 

et  du  télégraphe,  sont  au  nombre  de  7.  Elles  sont  gérées  par  un 
chef  de  gare  à  1,600  fr.  et  un  homme  d*équipe  à  900  fr. 

Les  stations  n'ont  ni  voie  d'évitement  ni  télégraphe  ;  elles  sont 
gérées,  soit  par  un  homme  seul,  soit  par  une  femme. 

Le  service  des  trains  comporte  trois  trains  dans  chaque  sens,- 
faisant  indistinctement  là  grande  et  la  petite  vitesse  et  manœuvrant 
au  besoin  dans  chaque  station,  où  ils  ont  en  moyenne  deux  minutes 
d'arrêt. 

Les  vitesses  sont  de  35  kilomètres  à  l'heure;  les  machines 
peuvent  aller  à  45  kilomètres,  au  maximum.  Chaque  train  est  des- 
servi par  deux  agents,  un  conducteur  et  un  garde-frein  :  deux 
équipes  suffisent  pour  tout  le  service.  Ces  agents  assurent  les 
manœuvres  des  wagons  au  passage  des  trains  dans  les  stations.  S'il 
y  a  des  manœuvres  ou  manutentions  à  faire  dans  l'intervalle  des 
trains,  les  hommes  de  la  voie  sont  au  besoin  réquisitionnés. 

La  composition  normale  des  trains  en  matériel  à  voyageurs  est 
d'un  fourgon  et  une  voiture  mixte  à  étage  et  une  troisième  à 
frein. 

Les  compartiments,  sauf  ceux  de  troisième  classe,  sont  chauffés 
l'hiver  avec  des  bouillottes  réchauffées  aux  extrémités  du  parcours 
par  la  vapeur  de  la  locomotive. 

Le  maximum  de  charge  est  de  quatorze  véhicules  sur  tout  le 
parcoure,  la  puissance  des  machines  étant  limitée  à  125  tonnes 
sur  les  rampes  de  15  millimètres. 

Les  règlements  de  sécurité  sont  les  mêmes  que  ceux  appliqués 
sur  le  chemin  de  l'Orne.  Les  gares  sont  ouvertes  à  la  télégraphie 
privée.  Le  chef  de  gare  de  Mamers  est  agent  spécial  de  la  voie 
unique,  celui  de  MaroUes  assure  la  répartition. 

Tous  les  croisements  de  trains  se  font  à  Connerré.  Les  corres- 
pondances sont  faciles  à  assurer  à  Mamers  et  à  Connerré  ;  elles 
n'existent  pas  à  Saint-Calais. 

Les  trois  gares  de  jonction  avec  les  réseaux  voisins  sont  en  com- 
munauté :  Mamers  et  Saint-Calais,  qui  appartiennent  à  la  Compa- 
gnie  locale,    sont  gérées   par  elle;    le    loyer   et  les    dépenses 
d'exploitation  sont  répartis  au  prorata  du  nombre  des  trains. 
Pour  la  gare  de  Connerré,  qui  appartient  à  la  Compagnie  de 


A   VOIE   NORMALE  123 

rOuest,  la  Compagnie  locale  paye  1/3  du  loyer  et  des  dépenses 
d^  exploitation. 

Les  échanges  de  matériel  avec  la  Compagnie  deTOuest  et  TAd- 
ministration  des  chemins  de  fer  de  TEtat  se  soldent  généralement 
au  débit  de  cette  dernière,  et  au  crédit  de  la  première;  et  ensemble 
par  Téquilibre. 


Serrice  commercial.  —  Ce  service  offre  bien  peu  d'intérêt. 

Les  tarifs,  comme  on  Ta  dit  au  début,  sont  ceux  de  la  Compa- 
gnie de  rOuest  avec  réduction  de  50  p.  100  pour  les  voyageurs  se 
rendant  aux  marchés. 

Le  trafic  est  purement  agricole  :  pas  d'autre  industrie  desservie 
qu'une  verrerie  à  Coudrecieux,  donnant  un  mouvement  de  trois  à 
quatre  wagons  par  jour;  peu  de  bestiaux,  quelques  denrées  à  des- 
tination de  Paris  ;  pas  de  trafic  de  transit. 

La  ligne  a  été  ouverte  au  service  des  colis  postaux  à  partir  du 
1"  octobre,  la  Compagnie  de  TOuest  accordant  1/3  de  sa  part  à  la 
Compagnie  locale. 

Les  liquidations  sont  arrêtées  chaque  jour;  les  femmes  tiennent 
elles-mêmes  leur  comptabilité. 

Les  recettes  sont  centralisées  à  Mamers  et  reversées  au  service 
central  à  Âlençon. 

Le  nombre  limité  du  personnel  ne  permet  pas  défaire  de  statis- 
tique. 

Les  dépenses  du  mouvement  et  du  service  commercial  se  sont 
élevées  en  1885  à  70,183  fr.  60,  soit  par  kilomètre  à  910  fr.;  elles 
ne  comprennent  pas  les  dépenses  du  service  du  contrôle. 

Service  médical,  —  Ce  service  est  gratuit,  y  compris  les  médi- 
caments que  la  Compagnie  prend  à  sa  charge. 

Les  agents  malades  sont  à  solde  entière  jusqu'à  cinq  jours 
d'absence,  en  demi-solde  au  delà  de  cinq  jours. 


124 


CHEMINS    DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 


Résultats  généraux  pour  1885 


M 


Les  dépenses  sont  en  somme  ainsi  totalisées  : 

Administration  direction   et  contrôle 48.053  4 

Voie   et  bâtiments 87.924  6 

Traction  et  matériel 90.373  9 

Mouvement  et  trafic 70.183  6 

ToTAi 296.540  6 

Soit  par  kilomètre  de    ligne 3.851  i» 

Les  recettes  pour  la  même  année  se  décomposent  comme  suit 

1»  Grande  vitesse,  impôt  déduit 146.743  0 

20  Petite  vitesse       121.613  0 

3*  Recettes  diverses  :  gares  communes,  location  du  maté- 
riel, magasinage 5.046  9 

Total.   .   .   .  290.713  8 

3./ /O  p 

5.826  8 

;   .    .    .    .  76  » 


Soit  par  kilomètre  de  ligne  .   . 
D'où  une  insuffisance  totale  de 
Etpar  Kilomètre  de  ligne  de.  . 


Résultats  comparatifs  pour  les  années  1881,   1882^   1883, 

1884  et  1885 


on 
là 

< 


1881 
1882 
1883 
1884 
1885 


BOJHie 

exploitée 


77 
77 
77 
77 
77 


RÉSULTATS  TOTAUX   (Impôt  déduit) 


Recettes 


316.069  49 
312.046  18 
312.359  91 
298.058  05 
290.713  80 


Dépenses 


297  685  23 
304.349  77 
344.916  11 
297.571  10 
296.540  65 


Produit 
net 


18.38r36 

7.696  41 

—32.556  20 

+      486  95 

—  5.826  85 


RÉSULTATS  KILOUÉTRIQUES  1 

Reçut  les 

Dépenses 

Produit 
net 

i.IOo 

3.866 

239 

4.053 

3.953 

100 

4.056 

4.479 

—  423 

3.870 

3.865 

+      5 

3.775 

3.851 

—    76 

S  s 


9i 

98 

110 

100 

102 


En  résumé,  la  ligne  de  Mamers  à  Saint-Calais  est  bien  con 
truite  et  exploitée  économiquement,  avec  un  personnel  qui  i 
dépasse  pas  2,5  par  kilomètre. 

Son  trafic  est  malheureusement  trës-restreint. 


CHAPITRE    X 


CHEMINS    DE    FER    DE    L'EST    DE    LYON 


Lignes  de  Lyon  à  Ssdnt-Geniz-d'Aoste.  ...     72  kil. 

•  —       de  Sablonnières  à  Montalieu 18  — 

—       de  Montalieu  à  Amblagnieu 3    — 


L  —  ÉTABLISSEMENT    DES    CHEHI.^S 

La  ligne  de  Lyon  à  Saint-Genix-d'Aoste  a  été  concédée  par  dé- 
cret du  14  août  1877  à  M.  Bachelier  quia  vendu  ses  titres  à  la 
Société  belge  des  chemins  de  fer.  Cette  dernière,  après  l'exécution 
des  travaux,  a  créé  la  Société  anonyme  actuelle,  dont  elle  est  restée 
maîtresse,  sans  émettre  ni  actions,  ni  obligations.  Les  titres  non 
émis  sont  restés  en  portefeuille  dans  les  mains  des  banquiers  de  la 
Société  belge.  Le  capital-actions  est  nominalement  do  6,000,000  fr. 
d'ailleurs  réalisés. 

La  Compagnie  de  TEst  de  Lyon  a  obtenu,  en  janvier  1879,  la  con- 
cession de  Tembranchement  de  Sablonnières  à  Montalieu- Vercieu 
et  postérieurement  en  août  1883,  celui  do  Montalieu  aux  carrières 
d'Amblagnieu-Pourcieu,  ce  dernier  devant  être  exclusivement 
aCTecté  au  service  des  marchandises. 

Les  subventions  accordées  aux  ligues  de  Lyon  àSaint-Genix  et 
de  Sablonnières  à  Montalieu  se    sont  élevées  respectivement  à 


126  CHEMINS   DE   FER   D1NTÉRÊT    LOCAL 

500,000  francs  et  à  150,000  francs.  L'embranchemeDi  d*Âmbla- 
gnieu  a  été  construit  sans  subvention! 

La  ligne  de  Saint-Genix  a  été  ouverte  en  1881,  Fembranche- 
ment  de  Sablonnières  à  Montalieu  eu  1882. 

Ces  deux  lignes  sont  sous  le  régime  do  la  loi  de  1865. 

La  ligne  d'Âmblagnieu  récemment  ouverte  est,  au  contraire, 
placée  sous  le  régime  de  la  loi  de  1880. 

L'ensemble  de  ces  lignes  avait  pour  but  de  desservir  des  car- 
rières, fours  à  chaux  et  à  ciment,  en  même  temps  que  la  banlieue 
de  Lyon,  et  Villeurbanne.  La  région  traversée  est  du  reste  fort 
pauvre  en  produits  agricoles. 

La  ligne  part  de  l'extrémité  du  quartier  des  Brotteaux  où  elle 
est  reliée  à  la  gare  P.-L.-M.  de  ce  nom. 

Elle  traverse  Villeurbanne,  commune  de  la  banlieue  de  Lyon; 
jusqu'à  Crémieu  (32  kilomètres),  le  tracé  reste  en  pays  plat  et  fa- 
cile; au  delà  le  profil  est  plus  ondulé.  Les  déclivités  sont  généra- 
lement limitées  à  lOmill.,  sauf  sur  deux  points  où  elles  attei- 
gnent 16  mill.  ;  encore  sont-elles  dans  le  sens  favorable  au 
trafic. 

L'embranchement  de  Montalieu  ne  présente  qu'exceptionnelle- 
ment et  sur  de  très-petits  parcours  la  déclivité  de  10  mill.;  celui 
d'Amblagnieu  au  contraire  est  en  rampe  de  20 mill.,  ce  qui  n'offre 
aucun  inconvénient,  le  sens  du  trafic  étant  suivant  la  pente.  La 
gare  de  Montalieu  est  reliée  avec  la  gare  de  la  Compagnie 
P.-L.-M. 

Les  rayons  des  courbes  ne  descendent  pas  au-dessous  de 
400  mètres  ;  encore  cette  limite  ne  se  rencontre-t-elle  qu'aux  abords 
des  stations. 

Le  rail  pèse  30  kilos  le  mètre  courant,  il  est  en  acier  et  à  patin. 
Les  traverses  sont  en  chêne  non  injecté,  à  raison  de  neuf  traverses 
par  rail  de  8  mètres. 

La  ligne  a  été  construite  avec  soin  et  se  prête  facilement  à  des 
vitesses  pouvant  atteindre  70  kilomètres  à  l'heure. 

Les  stations  sont  très-rapprochéos  des  localités  desservies.  Le 
plan  de  la  station  courante  de  Saint-Hilaire  est  représenté  fig.  13, 
pi.  VL  Les  stations  courantes  ne  sont  généralement  pas  munies  de 
quai,  ni  de  halle,  suivant  le  mode  belge. 


A   VOIK    NORMALK  127 

La  disposition  des  voies  rend  difficile  la  manœuvre  des  trains 
mixtes;  en  effet,  lorsqu'on  dispose  d'une  voie  d'évitement  devant 
le  bâtiment  des  voyageurs,  on  peut  laisser  stationner  les  voitures  à 
voyageurs  devant  ce  bâtiment  pendant  que  la  machiac  va  prendre 
ou  laisser  des  wagons  sur  les  voies  de  marchandises;  ici  au  con- 
traire, comme  le  montre  le  plan  de  Saînt-Hilaire,  on  est  forcé  de 
laisser  sur  la  demi-lune  les  voyageurs  placés  en  queue  du  train, 
de  faire  les  manœuvres,  puis  do  venir  les  rechercher  pour  les 
amener  devant  le  bâtiment  de  la  station,  où  ils  descendent  du 
train.  Il  en  résulte  une  gêne  pour  le  public  et  une  perte  de  temps 
dans  les  manœuvres. 

La  proscription  systématique  de  plaques  tournantes  n'est  pas 
non  plus  pour  faciliter  les  manœuvres  dans  les  gares  où  le  mou- 
vement est  important. 

En  somme,  la  disposition  des  stations,  admissible  sur  une  ligne 
où  ne  circulent  pas  de  trains  mixtes,  n'est  pas  à  recommander 
pour  une  ligne  à  faible  traftc. 

Les  bâtiments  sont  soignés  et  confortables. 

Les  stations  sont  couvertes  par  des  signaux  carrés  d'arrêt  absolu 
manœuvres  à  distance  et  dont  la  cocarde  est  placée  très-bas,  ce  qui 
offre  le  double  inconvénient  de  permettre  de  les  confondre  avec 
les  signaux  des  trains  et  de  diminuer  leur  champ  de  visibilité. 

Pour  l'alimentation,  il  y  a  des  machines  fixes  d'alimentation  à 
Villeurbanne,  Crémieu,  Sablonniëres  et  Saint-Genix  ;  en  outre,  il 
existe  trois  alimentations  avec  pompes  à  main. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  L'outillage  de  la 
ligne  en  matériel  roulant  est  plus  que  suffisant  pour  les  besoins  du 
service:  il  comprend  46  voitures  du  type  ordinaire  dont  31  cons- 
truites par  la  Société  Bonnefond  et  C*  de  Paris,  15  par  les  ateliers 
de  Malines.    Ce  matériel   se  divise  en  : 

30  voitures  de  troisième  classe  ; 
8  mixtes  première,  seconde  et  troisième; 
8  mixtes  première  et  seconde  ; 

17  fourgons  à  compartiment  pour  la  poste  complètent  l'outillage 
de  grande  vitesse. 


428  CHEMINS    DE    FER   DMNTÉRÊT   LOCAL 

Les  wagons  ont  été  construits  en  Belgique  pour  une  très-grande 
part.  Il  y  a  : 

• 
40  wagons  couverts  tous  munis  du  frein  à  vis; 

126  wagons  tombereaux  à  bords  de  0  m.  80  de  hauteur,  63 

ont  le  frein  à  levier. 

80  demi-tombereaux  à  bords  de  0  m.  40  de  hauteur,  5  ont 

lô  frein  à  vis  ; 

5  wagons  plats. 

Soit  au  total  251  wagons^  ce  qui  constitue  un  outillage  large. 
L'armature  en  wagons  ressort  à  2,7  par  kilomètre,  et  en  voi- 
tures et  fourgons  à  0,5  par  kilomètre. 

Locomotives,  —  Les  locomotives  présentent  un  intérêt  tout 
spécial,  en  ce  sens  qu'elles  ont  été  construites  en  vue  de  brûler 
des  charbons  menus  ;  on  leur  a  donné  à  cet  effet  une  très-grande 
surface  de  grille. 

Elles  sont  à  foyer  Belpaire  et  sortent  des  ateliers  de  Gouillet 
(Belgique),  dont  la  Société  belge  des  [chemins  de  fer  est  pro- 
priétaire. 

Les  machines  au  nombre  de  dix  sont  toutes  du  même  type  : 
locomotive-tender  à  trois  essieux  accouplés  et  à  roues  de  1  m.  42 
de  diamètre.  Le  mouvement  est  extérieur;  le  faible  diamètre  des 
roues  ne  permet  pas  de  dépasser  des  vitesses  absolues  de  50  à 
53  kilomètres  à  Theure. 

On  projette  de  construire  quatre  nouvelles  machines  à  deux  es- 
sieux  couplés  et  à  roues  de  1  m.  80  de  diamètre  pour  atteindre  de 
plus  grandes  vitesses. 

Les  dimensions  principales  des  machines  en  service  sont  les 
suivantes  : 

Diamètre  des  cylindres 0  m.  430 

Course  des  pistous 0  m.  600 

Diamètre  des  roues  au  roulement 1  m.  420 

Timbre   de  la  chaudière 9  atmosph. 

Longueur  de  la  grille 1  m.  980 

Largeur  de  la  grille 1  m.  050 


k 


A   VOIE    NORMALE  129 

Surface  de  la  grille 2  mq.  080 

Hauteur  du  ciel  du  foyer  au-dessus  du  mi- 
lieu de  la  grille 1  mètre. 

Nombre  des  tubes 216 

Surface  de  chauffe  par  les  tubes 93  mq. 

Surface  de  chauffe  par  le  foyer 7  mq. 

Surface  de  chauffe  totale 100  mq. 

Capacité  des  soutes  à  eau 4.500  litres 

Capacité  des  soutes  à  charbon 1.100  kilos 

Longueur  totale  de  la  locomotive 7  m.  085 

Largeur 2  m.  90 

Ecartement  extrême  des  essieux 3  m.  800 

Poids  de  la  locomotive  à  vide 30.000  kilos 

Poids  de  la  locomotive  en  ordre  démarche.  37.S00  kilos 
Poids  sur  chaque  paire  de  roues  a  vide:  Av.  10.800.  Mil.  10.800. 
Ar.  8.400. 

Poids  sur  chaque  paire  de  roues  en  charge:  Av.  13.000.  Mil.  13.000 
Ar.  11.500. 

La  puissance  de  ces  machines  est  de  300  chevaux, 

Les  barreaux  de  grille  sont  disposés  par  paquets  de  10;  ils  ont 
0  m.  63  de  longueur,  70  mill.  de  hauteur  et  sont  écartés  de  5  mill., 
ce  qui  est  à  la  fois  suffisant  et  nécessaire  ;  un  ecartement  trop 
faible  gênerait  la  circulation  de  Tair;  un  ecartement  plus  con- 
sidérable laisserait  passer  le  poussier.  Avec  cette  dimension, 
le  poussier  ne  passe  pas  à  travers  les  barreaux,  car  la 
houille  mouillée  colle  et  lorsqu'elle  est  au  rouge,  elle  s'agglo- 
mère en  laissant  des  vides  suffisants  pour  le  passage  de  Tair,  à 
la  condition  toutefois  que  Ton  charge  à  très-peu  d'épaisseur, 
0  m.  15  au  plus,  et  par  conséquent  très-fréquemment. 

Il  est  impossible  de  brûler  du  poussier  sur  des  grilles  de  faible 
surface,  parce  que  ce  poussier  serait  entraîné  dans  la  boîte  à 
fumée  par  le  tirage.  Dans  les  très-grands  foyers  comme  celui 
des  machines  de  TEst  de  Lyon,  au  contraire,  les  énergiques 
appels  d'air  produits  par  Téchappcment  dans  la  cheminée  sont 
atténués  et  régularisés  par  la  grande  capacité  du  foyer  qui  cons- 
titue en  quelque  sorte  volant  et  ne  détermine  à  travers  la  couche 

9 


130  CHEMINS    DE  FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

do  poussier  qu^un  tirage  modéré  et  très-régulier;  il  s'ensuit  sans 
doute  une  combustion  moins  active,  mais  la  grande  surface  de 
grille  vient  compenser  Tinsuffisance  d'élévation  de  tempé- 
rature. 

Lorsque  Ton  veut  brûler  du  poussier  dans  des  machines  à  très- 
grande  vitesse,  il  devient  plus  difficile  d'éviter  Tentraînement; 
car,  d'une  part,  on  ne  peut  augmenter  indéfiniment  la  surface  de 
la  grille;  d'autre  part,  le  nombre  des  coups  de  piston  par  seconde 
devenant  plus  considérable,  le  tirage  devient  plus  énergique. 
Dans  les  dernières  machines  qu'il  a  construites,  M.  Belpaire  a  di- 
minué très-notablement  la  hauteur  du  foyer,  afin  de  porter  le 
ciel  du  foyer  à  une  température  élevée,  et  par  suite,  d'augmenter 
la  production  de  vapeur.  Mais  comme  la  capacité  du  foyer  était 
insuffisante  pour  faire  office  de  régulateur  de  tirage,  il  a  dû 
charger  de  cette  fonction  la  boîte  à  fumée  dont  il  a  accru  consi- 
dérablement la  capacité;  à  cet  effet,  il  lui  a  ajouté  le  volume  obtenu 
en  menant  du  sommet  de  la  cheminée  deux  plans  tangents  au 
corps  cylindrique. 

Grâce  à  cette  disposition,  M.  Belpaire  brûle  exclusivement  des 
poussiers  à  6  et  7  francs  la  tonne  au  lieu  de  charbons  à  13  francs. 
La  consommation  resterait  plutôt  inférieure,  avec  du  poussier,  à  ce 
qu'elle  est  avec  des  tout-venants  ou  des  briquettes,  car  le  charbon 
en  poussier  se  trouvant  dans  un  grand  état  de  division,  la  com- 
bustion en  est  immédiate  et  il  n'y  a  pas  de  chaleur  perdue  à  ré- 
chauffement progressif  d'une  masse  importante  de  briquettes  ou 
de  gaillette 

«  Je  suis  même  convaincu,  nous  disait  M.  Belpaire,  qu'il  y  au- 
«  rait  avantage,  le  jour  où  on  manquerait  de  poussier,  à  réduire 
«  préalablement  le  tout- venant  en  poussière  plutôt  que  de  le  brûler 
((  tel  quel.  » 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  digression,  les  machines  de  la  Com- 
pagnie de  l'Est  de  Lyon  font  un  excellent  service,  et  le  charbon 
qu'elles  brûlent,  composé  exclusivement  de  fines  de  Saint-Etienne, 
revient  à  10  fr.  25  la  tonne  sur  wagons  à  la  mine,  et  à  14  fr.  80 
en  gare  de  Lyon-Est,  alors  que  la  briquette  reviendrait  à  26  fr. 
la  tonne  et  le  tout- venant  à  17  fr.  50  (13  francs  a  la  mine),  soit  des 


A  VOIE  NORMALE 


ISi 


différences  de  11  fr.  20  par  rapport  aux  briquettes  et  de  2  fr.  70  par 
rapport  au  tout- venant. 

On  peut  mesurer  par  là  quelle  importance  il  y  a  à  disposer  de 
très-grands  foyers  dans  les  locomotives.  Un  autre  avantage  des 
grandes  grilles,  c'est  qu'elles  permettent  de  brûler  des  charbons 
mêmes  médiocres,  et  par  suite  moins  coûteux. 


Ateliers  de  réparatioti. —  Les  ateliers  de  réparation  sont  installés 
à  Villeurbanne.  Leur  outillage  comprend  : 

1  forge  double  ; 

2  tours,  dont  un  tour  à  roues; 
1  presse  à  caler  les  roues; 

1  étau  limeur  ; 
1  perceuse; 
1  petite  raboteuse; 

Et,  en  outre,   des  installations  suffisantes  pour  la  pein- 
ture et  la  menuiserie. 

L'outillage  est  suffisant  pour  toutes  les  réparations  courantes. 
Le  remplacement  des  bandages  est  fait  aux  usines  de  Saint-Cha- 
mond  (Forges  et  Aciéries  de  la  marine). 

Le  personnel  des  ateliers  comprend  douze  ouvriers  et  une  dizaine 
de  laveurs,  manœuvres,  chauffeurs  de  nuit,  etc.  Il  est  placé  sous 
les  ordres  du  chef  de  dépôt  et  d'un  chef-mécanicien. 


Dépenses  de  rétablissement  des  trois  lignes  au  31  décembre  1884 


!•  Construction 

2"  Matériel  et  Mobilier 

3»  Approvisionnements 

Total 

Totaux  par  kilomètre.    .    . 

LYON 
A  SAINT-GEMX 

SABLONNIÈKE 
A     MONTALIEi; 

MONTALIEU 
A    AMULAGNIEU 

9. OU. 870     . 

l.i2ô.2K0     - 

20.000     - 

2.483  800     - 

3Ô0.200     • 

ô.OOO     - 

26i.250      • 

35.750     » 

10.460.150     . 
liô.418     - 

2.745.000    - 
152.500     . 

335.000     - 
111.900     . 

132  CHEMINS   DE   FER   D1NTÉRÊT   LOCAL 

L'ensemble  des  lignes  a  donné  Heu  à  une  dépense  totale  de 
13,540,150,  dont  12,720,150  à  la  charge  de  la  Compagnie. 

Le  prix  de  revient  moyen  du  kilomètre  ressort  au  chiffre  modéré 
de  145,500  fr. 

II.—  EXPLOITATION 

Administration 

L'administration  est  concentrée  dans  les  mains  du  directeur 
auquel  toute  latitude  est  laissée,  sauf  pour  les  questions  graves  et 
de  principe,  qui  doivent  être  soumises  au  Conseil  d*adminis- 
tration. 

Le  directeur  est  du  reste  effectivement  le  chef  des  trois  services 
de  voie,  traction  et  exploitation;  son  siège  est  à  Lyon. 

Le  service  central  de  la  Compagnie  se  compose,  outre  le  direc- 
teur, de  : 

1  chef  de  comptabilité  ; 

3  agents  au  contrôle  des  recettes  ; 

1  caissier  payeur  ; 

t  secrétaire  pouvant  faire  des  remplacements  ; 

1  expéditionnaire. 

Toutes  les  dépenses  sont  liquidées  sur  la  signature  du  direc- 
teur, sans  rintervention  du  Conseil  d'administration. 

Voie  et  Bâtiments 

Le  service  actif  de  la  voie  est  assuré  par  un  chef  de  section 
auquel  sont  adjoints  trois  piqueurs  et  un  dessinateur. 

Les  équipes  de  la  voie  sont  au  nombre  de  13;  elles  ont  en 
moyenne  quatre  hommes  et  un  brigadier. 

Les  lignes  sont  exemples  de  clôtures  ;  beaucoup  de  passages  à 
niveau  sont  gardés,  ce  qui  a  permis  de  loger  tous  les  agents  de 
la  voie. 

Les  femmes  gardes-barrières  ont  15  fr.  par  mois 

Les  poseurs 75  fr.        — 

Les  brigadiers 100  fr.        — 

I-es  piqueurs 150  fr.        — 


A  VOIE  NORMALE  133 

Les  travaux  de  voie  consistent  principalement  en  renouvelle- 
ment de  traverses.  Les  traverses  sont  restées  longtemps  exposées 
aux  intempéries  pendant  la  construction,  qui  a  été  fort  lente  ;  elles 
se  sont  échauiTées,  et  malgré  le  peu  de  temps  que  la  ligne  est  en 
exploitation,  on  est  déjà  forcé  de  faire  un  renouvellement  très- 
étendu.  C'est  ainsi  qu'en  1884  le  renouvellement  a  absorbé  une 
somme  de  14,002  fr.  21. 

L'entretien  des  bâtiments  est  insignitiant  ;  il  est  assuré  par  les 
équipes. 

Les  dépenses  de  la  voie  et  des  bâtiments,  pour  l'anncc  1884, 
s'élèvent  à  123,436  fr.  12  c.  ;  soit  par  kilomètre  de  voie, 
1,327  fr.  27  c. 

Traction 

Un  chef  de  dépôt  assure  le  service  de  la  traction  sous  les  ordres 
du  directeur. 

Le  nombre  des  machines  en  service  est  de  six  à  la  fois  ;  une 
est  au  lavage,  et  quatre  sont  en  réserve;  le  personnel  de  traction 
se  compose  de  sept  mécaniciens  et  de  sept  chauffeurs.  —  La  na- 
ture des  eaux,  bonnes  à  Lyon,  mauvaises  sur  la  ligne,  nécessite 
le  lavage  des  machines  tous  les  sept  jours.  Le  lavage  correspond 
au  jour  de  repos  du  mécanicien  et  de  son  chauffeur. 

Outre  ce  personnel,  il  y  a  encore  un  chauffeur  autorisé  pouvant 
assurer  le  remplacement  d'un  mécanicien,  et  un  chauffeur  d'ali- 
mentation pour  les  alimentations  do  Crémieu  et  de  Sublonnières. 

Le  service  de  la  machine  d'alimentation  de  Villeurbanne  est 
assuré  par  le  chauffeur  de  la  machine  des  ateliers. 

L'allocation   de   combustible  est  de  : 

6  kilos  par  kilomètre  pour  les  trains  de  40  tonnes  de  charge 
et  au-dessous  (machine  non  comprise)  ; 

9  kilos  en  été,  10  kilos  en  hiver  pour  les  trains  mixtes  ou  de 
marchandises  ayant  comme  charge  moyenne  100  à  150  tonnes. 

On  alloue  100  kilos  pour  l'allumage,  qui  se  fait  avec  du  charbon 
grenu  à  16  francs  la  tonne. 

L'heure  de  stationnement  est  comptée  pour  6  kilomètres. 

L'heure  de  manœuvre  est  comptée  pour  10  kilomètres. 


134  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Le  graissage  se  fait  à  l'huile  minérale,  même  dans  les  cylin- 
dres, sans  aucune  disposition  spéciale.  L'allocation  d'huile  est  de 
35  grammes  par  kilomètre. 

Les  primes  d'économie,  tant  pour  le  combustible  que  pour  le 
graissage  et  l'entretien,  atteignent  mensuellement  une  moyenne 
de  50  francs  pour  les  mécaniciens,  25  francs  pour  les  chauffeurs. 

La  consommation  moyenne  de  charbon  ne  dépasse  pas  6  kil.,  5 
par  kilomètre  de  train. 

Bien  que  les  mécaniciens  soient  autorisés  à  accepter  des  sur- 
charges jusqu'à  concurrence  de  20  p.  100  de  la  charge  inscrite  sur 
les  marches  de  train,  on  ne  leur  accorde  pour  cela  aucune 
allocation  supplémentaire;  le  contraire  serait  cependant  rationnel. 

Le  parcours  moyen  des  machines  est  de  35,000  kilomètres 
par  an. 

Les  dépenses  de  traction  pour  l'année  1884  montent  à 
154,649  fr.  07  c. 

Ce  qui  fait  ressortir  le  prix  de  revient  du  kilomètre  de  train  à 
0  fr.  615,  et  du  kilomètre  de  ligne  à  1,680  francs. 


Mouvement  et  Trafic 

Mouvement.  — Le  service  du  mouvement  est  assuré  par  un  chef 
du  mouvement  qui  a  autorité  sur  les  trains  et  les  gares;  il  est 
aussi  chargé  de  l'instruction  des  litiges  ;  un  employé  lui  est  spé- 
cialement attaché. 

Le   directeur  se  réserve  exclusivement  le  service  commercial. 

Les  lignes  comprennent  22  gares  et  stations,  plus  un  bureau 
de  ville  à  Lyon, 

Service  des  trains.  —  La  ligne  de  Lyon  à  Saint-Genix  a  un 
mouvement  de  deux  trains  de  voyageurs  et  de  deux  trains  mixtes 
de  bout  en  bout  dans  chaque  sens  :  entre  Lyon  et  Crémieu,  il  y  a 
quatre  trains  de  voyageurs. 

En  outre,  pendant  Tété,  saison  de  construction,  le  transport 
des  pierres  et  de  la  chaux  nécessite  deux  trains  de  marchandises; 
un  seul  l'hiver. 


A  VOIE   NORMALE  435 

L'embranchemeDt  de  Sablonnières  à  Montalieu  n'est  desservi 
que  par  des  trains  mixtes. 

La  vitesse  des  trains  do  voyageurs  varie,  suivant  le  profil,  de  42 
à  48  kilomètres  à  Theure  ;  celle  des  trains  de  marchandises  de 
18  à  30  kilomètres. 

Il  n'y  a  pas  de  service  de  nuit.  Toutes  les  gares  ne  sont  pas 
outillées  pour  assurer  les  croisements  ;  huit  seulement  les  per- 
mettent, les  gares  extrêmes  non  comprises. 

La  composition  des  trains  en  matériel  grande  vitesse  est  de  : 

i  fourgon  de  tête  ; 

3  ou  4  voitures,  dont  une  troisième  à  frein  à  vis  on  queue; 

1  wagon  soieries. 

Les  trains  de  marchandises  peuvent  être  composés  à  25  véhi- 
cules ;  on  ne  peut  dépasser  ce  chifFre  en  raison  du  grand  poids  des 
marchandises  transportées  (pierre,  chaux,  ciment).  —  Aussi  les 
voies  de  garage  ne  sont-elles  pas  disposées  pour  recevoir  plus 
de  25  véhicules. 

La  répartition  du  matériel  est  assurée  par  le  chef  du  mouve- 
ment. 

Le  chauffage  est  fait  à  l'acétate  de  soude  et  donne  d'excellents 
résultats.  Les  bouillottes  séjournent  pendant  une  heure  dans  un 
bain  d'eau,  qui  est  bouillante  quand  on  les  y  plonge  et  que  Ton 
maintient  à  80\ 

Les  trois  classes  sont  chauffées. 

L'éclairage  ne  présente  aucune  particularité. 

Le  parcours  des  trains  de  toute  nature  a  été  de  248,446  kilo- 
mètres en  1884. 

Service  des  gares  et  stations.  —  Toute  station  comporte  au  mi- 
nimum un  chef  de  station  et  une  receveuse,  femme  du  chef  de 
station.  La  receveuse  assure  le  service  du  télégraphe  et  le  chef 
de  station  concourt  à  la  manutention  et  aux  manœuvres  il  fait 
les  aiguilles. 

Le  chef  de  station  reçoit  75  francs  par  mois,  et  la  receveuse  25; 
en  outre,  le  ménage  est  logé,  chauffé  et  éclairé. 


136  CHEMINS  DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Dans  toute  station  comportant  croisement,  il  y  a  au  moins  un 
homme  d'équipe,  quelquefois  deux,  dont  un  est  élève  facteur. 

Le  chef  de  station  reçoit  dans  ce  cas  de  110  à  125  francs  par 
mois. 

Le  télégraphe  Morse  existe  dans  toutes  les  stations,  deux  haltes 
exceptées.  Le  maniement  de  cet  appareil  est  difficile  à  apprendre 
aux  femmes;  les  télégraphistes  sont  tenues  de  traduire  les  signes 
du  Morse  en  langage  ordinaire  sur  les  procès-verbaux  télégra- 
phiques. 

On  ne  se  sert  du  reste  pas  du  télégraphe  pour  les  trains  régu- 
liers. 

Les  grosses  manutentions  sont  généralement  faites  par  le  pu- 
blic, qui  y  est  assujetti  par  les  tarifs  spéciaux.  Lorsque  la  manu- 
tention reste  à  la  charge  de  la  Compagnie,  le  chef  de  station 
demande  au  brigadier  de  la  voie  les  poseurs  nécessaires  pour  y 
subvenir. 

Le  service  d'échange  avec  la  Compagnie  P.-L.-M.  est  assuré  par 
les  soins  de  cette  dernière,  tant  aux  Brotteaux  qu  à  Montalieu;  les 
manœuvres  restent  à  sa  charge. 

Les  raccordements  avec  les  gares  des  Brotteaux  et  de  Montalieu 
ont  été  construits  aux  frais  de  la  Compagnie  de  TEst  de  Lyon. 
La  gare  de  Saint-Génix  sera  également  raccordée  prochaine- 
ment avec  la  ligne  P.-L.-M.  de  Saint-André-de-Gaz  à  Virieu-le- 
Grand. 

Les  grosses  marchandises  ne  subissent  pas  de  transbordement 
en  passant  d'une  Compagnie  sur  Tautre.  Pour  les  parcours  infé- 
rieurs à  100  kilomètres  sur  les  rails  du  P.-L.-M.,  la  Compagnie 
locale  peut  charger  sur  son  propre  matériel;  pour  les  parcours 
supérieurs  à  100  kilomètres,  elle  est  tenue  de  demander  du  matériel 
à  la  grande  Compagnie. 

Le  matériel  échangé  est  loué  à  raison  de  3  fr.  par  jour,  suivant 
les  conditions  habituelles. 

Les  marchandises  de  détail  sont  transbordées  par  la  Compagnie 
sur  laquelle  la  marchandise  est  réexpédiée  et  aux  frais  de  cette 
Compagnie.  Cette  réciprocité  est  équitable.  On  ne  peut  que  regretter 
de  ne  pas  la  voir  plus  fréquemment  appliquée  ailleurs. 


A   VOIE   NORMALE  i37 

Service  oommercial.  —  Les  marchandises  P.  Y.  transportées 
au  tarif  général  sont  divisées  en  quatre  séries,  dont  les  prix  d'ap- 
plication sont  respectivement  de  0  fr.  16,  0  fr.  14,  0  fr.  10  et 
0  fr.  08  par  kilomètre,  sans  réduction  proportionnelle  <\  la  distance. 

Il  existe  un  certain  nombre  de  tarifs  spéciaux,  applicables  par 
wagoos  complets  de  3,  5,  8  ou  10,000  kilos,  selon  la  nature  des 
marchandises,  et  visant  spécialement  les  pierres,  les  chaux  et 
ciments,  bois  de  charpente,  vins  et  alcools,  farines  et  céréales, 
métaux,  foins  et  pailles,  et  animaux  vivants. 

Tous  ces  tarifs  spéciaux  comprennent  les  frais  de  gare.  Ils  pré- 
sentent cette  particularité  non  encore  rencontrée  jusqu'ici,  sur  les 
chemins  de  fer  d'intérêt  local,  que  les  barèmes  d'application  ont 
des  bases  décroissantes  avec  la  distance,  suivant  le  système  belge. 

Les  conditions  d'application  sont  d'ailleurs  les  mêmes  que  sur  la 
Compagnie  de  la  Méditerranée. 

Les  écritures  sont  tenues  comme  à  la  Compagnie  P.-L.-M.,avec 
cette  différence,  que  la  feuille  d'expédition  est  distincte  de  la  décla- 
ration d'expédition. 

La  comptabilité  est  mensuelle,  ce  qui  présente  ici  un  inconvénient 
sérieux  ;  en  effet,  les  agents  comptables  ne  sont  pas  assujettis  au 
cautionnement;  dès  lors,  il  ne  reste  à  la  Compagnie  aucune  sanc- 
tion contre  les  détournements,  que  rend  plus  faciles  la  comptabilité 
mensuelle. 

Le  remède  consisterait  à  augmenter  le  nombre  des  contrôleurs 
et  par  suite  celui  des  vérifications  comptables  qui  ont  lieu  actuel- 
lement toutes  les  six  semaines  et  sont  faites  par  le  chef  de  comp- 
tabilité. 

Le  contrôle  des  recettes  est  assuré  par  le  chef  de  la  comptabilité, 
assisté  de  trois  agents. 

Les  recettes  sont  centralisées  par  le  caissier-payeur. 

Les  dépenses  du  service  de  Texploitation  pour  Tannée  1884  sont 
les  suivantes,  administration  centrale  non  comprise. 

Service  central 8.840  38 

Gares 42  080  08 

Trains 07.431     >» 


Total  .   .   .  12:i.ol7  08 

Soit  par  kilomèlre  de  ligne 1.350    » 


138  CHEMINS  DE   FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

Les  dépenses  d* exploitation,  rapportées  au  kilomètre  de  train, 
ressortent  à  0,85. 

Dans  ces  dépenses  ne  figurent  pas  les  dépenses  du  service  du 
contrôle  des  recettes,  ni  les  indemnités  et  avaries;  celles-ci 
rentrent  dans  les  dépenses  de  direction. 

Services  divers.  —  Le  service  matières,  petit  matériel  et  impri- 
més, est  tenu  par  un  magasinier. 

Le  service  médical  et  pharmaceutique  est  gratuit. 

Les  agents  malades  sont  à  demi-solde  ;  ils  ont  droit  à  la  solde 
entière  quand  ils  ont  été  blessés  en  service. 

Une  caisse  de  retraite  a  été  organisée  à  partir  du  1*'  jan- 
vier 1886.  Elle  est  alimentée  partie  par  les  versements  de  la  Com- 
pagnie, partie  par  une  retenue  de  i  p.   100  sur  le  salaire  des 

■ 

agents  et  de  25  p.  100  sur  Taugmentation  des  traitements  pendant 
la  première  année  qui  suit  cette  augmentation. 

La  retraite  peut  être  de  40  p.  100  du  salaire  après  dix  ans  de 
service  et  est  limitée  à  80  p.  100.  Les  femmes  veuves  ont  droit  à 
la  moitié  de  la  retraite  du  mari  et  chaque  enfant  à  10  p.  100. 

La  Compagnie  a  fait  preuve  d'une  très-grande  libéralité  ;  car  ce 
système  se  traduira  pour  elle  par  une  charge  assez  lourde. 

Les  agents  sont  habillés  sur  retenue. 

Les  dépenses  de  direction,  services  divers,  etc.,  se  résument 
comme  suit  pour  l'année  1884. 


Résultats  généraux  pour  rannée  1884 
En  résumé,  les  dépenses  sont  les  suivantes  pour  Tannée  1884  : 

Service  central  (direction,  contrôle,  frais  fiénéraux,  etc.'  .  04.980  08 

Service  de  la  voie  et  des  bâtiment? 123.436  12 

—  du  matériel  et  de  la  traction 154.647  07 

—  du  mouvement 12;>.;il7  08 


Total  des  dépenses  d'exploitation.   .     468..'>80  35 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 5.038  49 

Soit  par  kilomètre  de  train 1  88 


% 


A    VOIE   NORMALE  439 

Les  recettes,  pour  la  même  année,  sont  : 

!•  Grande  vitesse  (impôt  déduit) 397.524  50 

5«  Petite  vitesse 376.977  51 

a«  Recettes  diverses 5,338    » 

Total.  .  .  .  779.442  01 

Recettes  par  kilomètre  de  ligne 8.385  37 

—        kilomètre  de  train 3  14 


Résultats   comparatifs    des  Recettes  et  Dépenses 

POUR  LES  CINQ  ANNEES  1881-1882-1883-1884-1885 


te 

< 


1881 
1882 
1883 
1884 
1885 


1^ 

S   M 


£? 


kil. 
14 

82 

91 

91 

92 


RESULTATS  TOTAUX 


RECmiS  TOTALES 
(f  Ans  L'iar^r) 


78  960  10 
582.624  90 
752.648  46 
779.840  01 
678.485  08 


DEPENSES 


90.598  93 
483.776  71 
466.830  14 
468.580  35 
493.383  05 


PRODUIT 

1»BT 


-11.638  83 

98  848  19 

285.818  32 

311.259  66 

185.102  03 


BKSOLTiTS  E1L0IETRIQDI8 


RECETTES 


5.040 
7.101 

8.267 
8.i58 
7.317 


bî?mu 


6.223 
5.900 
5.118 
5  038 
5.305 


PROBEIT 
nKT 


—583 
1  201 
3  149 
3  120 
2.012 


110 
83 
62 
60 
71 


L'exploitation  des  lignes  de  la  Compagnie  de  TEst,  à  Lyon,  est 
à  classer  parmi  celles  qui  offrent  le  plus  d'intérêt. 
La  proportion  kilométrique  du  personnel  s'y  élève  à  3,1. 


CHAPITRE   XI 


COMPAGNIE    DES    CHEMINS  DE  FER  DU  RHONE 


Ligne  de  Lyon  (Croiz-Ronsse)  à  Trévoux.      26  kil. 


I.    —    ÉTABLISSEMEIXT    DL'    CHEMIi^ 

Historique.  —  L'histoire  de  la  ligne  de  Lyon  à  Trévoux  est 
remplie  de  péripéties,  qui  sont  loin  d'être  terminées. 

La  population  qui  se  trouve  sur  le  plateau  de  la  Croix-Rousse 
et  de  Caluiro  s'élève  à  plus  de  50,000  habitants;  elle  se  compose 
de  tisseurs,  de  cultivateurs  et  de  maraîchers.  Avant  1859, 
cette  population  laborieuse  et  active  était  privée  de  tout  chemin 
do  fer. 

C'est  de  cette  année  que  date  la  construction  du  plan  incliné 
de  Lyon  à  la  Croix-Rousse,  appelé  communément  le  chemin  de  la 
Ficelle. 

La  création  d'un  chemin  de  fer  plus  étendu  et  prolongeant  en 
quelque  sorte  le  plan  incliné  était  justifiée  par  l'importance  de  la 
population  du  plateau  et  par  la  nombreuse  garnison  que  conte^ 
nait  alors  le  camp  de  Sathonay,  situé  à  7  kilomètres  de  la  Croix- 
Rousse. 


VOIE    NORMALE  141 

MM.  le  comte  du  Hamel  et  consorts  sollicitèrent  et  obtinrent 
en  1861,  en  faisant  valoir  Tintérèt  stratégique,  la  concession  du 
chemin  de  fer  de  la  Croix-Rousse  au  camp  do  Sathonay,  qui  était 
classé  d'intérêt  général  par  le  décret  de  concession. 

La  ligne  fut  ouverte  en  1863. 

La  construction  avait  été  onéreuse  :  les  terrains  de  la  Croix- 
Rousse  étaient  fort  chers,  et,  de  plus,  la  Compagnie  dut  faire, 
sous  le  fort  de  Montessuy,  des  travaux  de  terrassement  pour 
glacis  et  délardement  de  terrains  qui  absorbèrent  plus  do 
1,500,000  fr.  Les  dépenses  totales  s'étaient  élevéesà  5.600.000 fr. 
pour  7  kilomètres  de  longueur  totale. 

Aussi,  dès  Tannée  1864,  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  la 
Croix-Rousse  au  camp  de  Sathonay,  se  trouvant  aux  prises  avec 
de  grands  embarras  financiers,  sollicita  la  mise  sous  séquestre  du 
chemin,  demande  qui  fut  accueillie  par  décret  du  26  octobre  1864. 

La  Compagnie  fut  déclarée  en  faillite  en  1865,  avec  un 
passif  de  3,300,000  fr.,  et  le  chemin  de  fer  resta  sous  séquestre 
jusqu'en  1872. 

Cependant,  en  1863,  une  Société  formée  sous  le  nom  de  Com- 
pagnie des  Dombes  avait  obtenu,  avec  une  forte  subvention,  la 
concession  d'une  ligne  de  Sathonay  à  Bourg,  ligne  qui  fut 
ouverte. en  1866;  les  trains  de  cette  ligne  étaient  prolongés  jusqu'à 
la  Croix-Rousse  moyennant  péage,  et  apportaient  ainsi 
un  élément  important  de  recettes  au  chemin  de  la  Croix-Rousso  à 
Sathonay. 

La  Compagnie  des  Dombes  offrait  d'acheter  la  ligne  de  Sathonay 
au  prix  de  800,000  fr.  Les  créanciers,  ne  voulant  pas  accepter  de 
semblables  conditions,  se  formèrent  en  syndicat  et  réussirent, 
en  1872,  à  vendre  la  ligne  au  prix  do  3,000,000  fr.  aune  Société 
dont  Philippart  était  Tâme,  et  qui  se  proposait  de  prolonger  la 
ligne  "vers  Paris,  par  Belleville  et  Beaujeu. 

Un  décret  du  12  juillet  1872  autorisa  la  substitution,  à  l'ancienne 
Société,  de  la  nouvelle  Compagnie  dite  Société  anonyme  des  che- 
mins de  fer  du  Rhône, 

Après  la  chute  de  Philippart  en  1875,  son  principal  créancier,  le 
Crédit  Mobilier,  reprit  la  ligne  qu'il  exploite  encore  aujourd'hui. 

En  1879,  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  du  Rhône  obtint  la 


142  CHEMINS    DE  FER   DLNTÉRÈT  LOCAL 

concession  d'un  chemin  d'intérêt  local  de  Sathonay  à  Trévoux, 
chemin  qui  prolongeait  la  ligne  de  la  Croix-Rousse  à  Sathonay, 
sur  la  rive  gauche  de  la  Saône,  et  qui  fut  ouvert  en  1882:  la  nou- 
velle ligne  avait  des  pentes  de  20  millimètres  à  la  descente  du  pla- 
teau. Chacun  des  départements  du  Rhône  et  de  TAin  avait  versé 
une  subvention  de  300,000  fr.  On  ne  comprend  pas  très-nettement 
ridée  qui  a  poussé  la  Compagnie  à  solliciter  cette  concession, 
dont  le  résultat  ne  pouvait  être  de  la  tirer  de  ses  embarras  finan- 
ciers. 

Dans  la  même  année  1879,  à  la  date  du  24  juin,  la  Compagnie 
du  Rhône  passa  avec  la  Compagnie  des  Dombes  un  traité  qui 
fut  approuvé  par  décret  du  Président  de  la  République,  le  22  dé- 
cembre 1879. 

D'après  ce  traité,  la  Compagnie  du  Rhône  vendait  à  celle  des 
Dombes  tout  son  réseau,  pour  être  livré  dans  quinze  ans  et  moyen- 
nant un  prix  à  fixer  d'après  le  revenu,  en  capitalisant  à  5  fr.  75 
p.  100  le  produit  net  moyen  des  trois  dernières  années. 

De  plus,  ce  traité  faisait  cesser  une  rivalité  devenue  intolérable, 
par  suite  du  défaut  d'entente  sur  les  prix  de  péage  que  les  Dombes 
devaient  payer  à  la  Compagnie  du  Rhône,  pour  la  circulation  de 
ses  trains  entre  la  Croix-Rousse  et  Sathonay;  les  prix  de  péage 
étaient  abaissés.  Enfin,  la  Compagnie  des  Dombes  garantissait  à  la 
Compagnie  du  Rhône  un  trafic  annuel  minimum  et  net  de 
172,500  fr.,  somme  que  cette  dernière  se  proposait  d'affecter  à  la 
garantie  et  au  paiement  des  obligations  qu'elle  voulait  émettre 
pour  construire  la  ligne  de  Sathonay  à  Trévoux. 

Dans  la  pensée  commune  des  deux  parties,  le  traité  constituait 
en  outre  leur  union  contre  la  Compagnie  de  la  Méditerranée.  La 
lutte  devait  être  rendue  plus  efficace  par  la  construction  du  raccor- 
dement de  Sathonay  à  Lyon-Saint-Clair,  sur  la  ligne  de  Genève, 
raccordement  concédé  à  la  Compagnie  des  Dombes,  et  qui  devait 
relier  son  réseau  avec  les  lignes  situées  à  Test  et  au  sud  de  Lyon. 

Mais  en  1881,  la  Compagnie  des  Dombes  passa  elle-même  avec 
la  Compagnie  P.-L.-M.,  un  traité  aux  termes  duquel  celle-ci  rache- 
tait toute  la  concession  des  Dombes  et  se  substituait  à  cette  der- 
nière pour  l'exécution  du  traité  du  24  juin  1879,  relatif  à  l'achat 
de  la  ligne  de  la  Croix-Rousse  à  Trévoux. 


A  VOIH:   normale  143 

Ce  traité  fut  sanctionné  par  la  loi  du  20  novembre  1883,  qui  a 
approuvé  la  convention  passée  le  26  mai  1883  entre  le  Ministre 
des  Travaux  Publics  et  la  Compagnie  P.-L.-M. 

La  Compagnie  des  chemins  de  fer  du  Rhône  vit  une  grave 
atteinte  à  ses  droits  dans  Texécution  du  traité  de  rachat  des 
Dombes  ;  la  Compagnie  des  Dombes  faisait,  en  effet,  à  celle  de  la 
Méditerranée,  grâce  à  l'abaissement  de  ses  tarifs,  un  détournement 
important  qui  venait  alimenter  les  recettes  que  la  Compagnie  du 
Rhône  tirait  du  péage  sur  le  tronçon  de  Sathonay  à  la  Croix- 
Rousse;  le  détournement  allait  cesser  et  diminuer  d'autant  ces 
recettes. 

La  Compagnie  du  Rhône  déclara  que  les  Dombes  ne  pouvaient 
conclure  sans  elle  un  traité  dont  Texécution  portait,  selon  elle, 
une  si  grave  atteinte  au  traité  d'union  du  24  juin  1879.  Elle  pro- 
testa successivement  auprès  du  Ministre  des  Travaux  Publics  et  de 
la  Compagnie  de  la  Méditerranée,  à  qui  elle  demandait,  pour  le 
préjudice  causé,  une  somme  de  dix  millions  à  retenir  sur  le  prix 
à  payer  aux  Dombes. 

En  fin  de  compte,  la  Compagnie  a  intenté,  devant  le  tribunal  de 
commerce  de  Lyon,  une  action  contre  la  liquidation  des  Dombes 
et  la  Compagnie  de  la  Méditerranée.  Elle  a  été  déboutée  de  sa 
demande  que  le  tribunal  de  commerce  a  trouvée  prématurée,  la 
Compagnie  du  Rhône  pouvant  faire  valoir  ses  droits  le  jour  où  le 
rachat  s'effectuera. 

La  Compagnie  a  fait  appel  de  ce  jugement.  Elle  ne  semble  pas 
douter  que  l'issue  ne  lui  soit  favorable  ;  car  elle  a  sollicité  en  1885, 
du  Conseil  général  du  Rhône,  la  concession  du  prolongement  de 
la  ligne  de  Trévoux  jusqu'à  Villefranche,  de  manière  à  relier  les 
deux  rives  de  la  Saône.  La  Compagnie  demandait  à  cet  effet  une 
avance  de  1,500,000  fr.  et  se  proposait  même  de  prolonger  ulté- 
rieurement la  ligne  jusqu'à  Mâcon. 

Le  prolongement  jusqu'à  Villefranche  a  été  accordé  en  principe, 
en  1886,  par  le  département  de  l'Ain,  qui  s'est  engagé  à  fournir 
une  subvention  de  20,000  fr.  par  kilomètre;  mais  les  ingénieurs 
du  contrôle  ont  demandé  l'étude  d'une  variante. 

Description  de  la  ligne.  —  La  ligne  de  la  Croix-Rousse  à  Tré- 


144  CHEMINS    DE  FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

voux  est  à  proprement  parler  une  ligne  de  banlieue.  Jusqu'à  Satho- 
nay,  elle  reste  en  profil  facile  et  a  été  établie  en  double  voie. 
Au  delà  de  Sathonay,  la  ligne  quitte  le  plateau  pour  descendre  sur 
la  rive  gauche  de  la  Saône  par  des  pentes  de  1 8  à  20  millimètres 
par  mètre  sur  un  parcours  très -tourmenté  de  près  de  4  kilomètres, 
où  Ton  a  dû  construire  de  coûteux  ouvrages  d'art;  on  n'y  ren- 
contre pas  moins  de  six  viaducs  de  20  à  25  mètres  de  hauteur  en 
courbes  de  300  à  350  mètres  de  rayon  :  deux  d'entre  eux  sont  en 
métal  et  ont  200  mètres  de  longueur.  Dans  la  vallée  de  la  Saône, 
on  trouve  des  rampes  de  12  et  15  millimètres. 

Le  rayon  minimum  des  courbes  est  de  300  mètres. 

Entre  Sathonay  et  Trévoux,  le  rail  Vignole  est  en  acier,  du 
poids  de  30  kilos  le  mètre  courant;  il  a  8  mètres  de  longueur.  De 
Sathonay  à  la  Croix-Rousse,  le  rail  est  en  fer  et  du  poids  de 
35  kilos  ;  on*le  remplace  au  fur  et  à  mesure  par  le  rail  de  30  kilos 
acier. 

Les  vitesses  sont  limitées  à  45  kilomètres  à  Theure  entre  Lyon 
et  Sathonay  et  à  35  kilomètres  au  delà.  La  descente  ou  la  montée 
du  plateau  s'effectue  à  la  vitesse  de  20  kilomètres. 

Les  stations  sont  très-multipliées  :  il  n'existe  pas  moins  de 
15  points  d'arrêt  pour  un  parcours  de  26  kilomètres,  en  comprenant 
les  gares  extrêmes  et  une  halte  facultative. 

Si  Taspcct  des  stations  de  Sathonay  à  Trévoux  est  très-satis- 
faisant, et  les  bâtiments  soignés,  il  n'en  est  pas  de  même  entre 
la  Croix-Rousse  et  Sathonay,  où  les  bâtiments  très-vastes,  cons- 
truits provisoirement  eu  1863,  sont  en  bois,  et  sont  loin  d'avoir 
le  caractère  qui  convient  à  des  stations  voisines  d'une  grande 
ville. 

Si  on  laisse  cette  considération  de  côté,  on  doit  reconnaître  que 
la  gare  de  la  Croix-Rousse  est  disposée  d'une  manière  très-ration- 
nelle, eu  égard  aux  difficultés  du  terrain.  Le  plan  de  cette  gare 
est  représenté  fig.  14,  pi.  VL  Dans  le  principe,  la  gare  de  voya- 
geurs était  à  l'emplacement  qu'occupe  actuellement  la  gare  des 
marchandises. 

Lors  de  l'ouverture  de  la  ligne  des  Dombes  en  1866,  la  gare 
construite  par  la  Compagnie  de  la  Croix-Rousse  à  Sathonay  devo- 


A    VOIE    NORMALE  14;> 

nait  insufG santé  pour  assurer  le  service  des  marchandises,  et,  sur 
les  instances  de  la  Compagnie  des  Dombes,  on  résolut  de  traverser 
à  niveau  le  boulevard  de  la  Croix-Rousse  et  de  transférer  au  delà 
la  gare  des  voyageurs,  en  la  juxtaposant  à  la  gare  haute  du  che- 
min de  fer  de  la  Ficelle,  sur  un  terrain  appartenant  à  celui-ci  et 
qui  est  loué  moyennant  une  redevance  annuelle  de  6,000  fr.  ;  les 
voyageurs  n'avaient  ainsi  qu'à  traverser  à  couvert  un  trottoir  pour 
passer  d'un  chemin  sur  l'autre. 

Il  est  vrai  que  là  aussi  on  était  limité  par  le  terrain  :  les  voies 
ne  peuvent  contenir  plus  de  10  véhicules  en  sus  de  la  machine 
et  des  fourgons.  Lorsque  la  composition  du  train  est  plus  forte,  on 
laisse  jusqu'au  moment  du  départ  les  véhicules  complémentaires 
à  la  gare  des  marchandises,  avec  la  machine,  et  on  les  refoule  à  la 
dernière  limite. 

La  traversée  fréquente  du  boulevard  de  la  Croix-Rousse  par  les 
trains  et  machines  offre  bien  des  inconvénients  ;  mais  cette  tra- 
versée se  fait  au  pas  et  les  inconvénients  sont  largement  compensés 
par  l'avantage  de  la  correspondance  immédiate  du  chemin  de  fer 
de  la  Ficelle  avec  la  ligne  de  Sathonay,  qui,  dans  le  patois 
lyonnais,  est  désigné  sous  le  nom  de  chemin  de  fer  de  la  Ga- 
loche. 

Le  type  des  stations  de  la  ligne  de  Sathonay  à  Trévoux  est  repré- 
senté (fig.  1 5,  pl.VII)  par  la  station  de  Reyrieux  ;  on  peut  y  faire  des 
croisements  ;  la  voie  des  marchandises  est  reliée  parles  extrémités, 
mais  le  trafic  de  marchandises  est  si  peu  important  que  le  quai  à 
marchandises  n'est  pas  construit  en  général. 

Les  stations  de  la  Croix-Rousse  à  Sathonay  sont  couvertes  ar 
des  signaux  rouges,  à  plaque  ronde,  placés  à  300  mètres  et  qui 
commandent  l'arrêt  absolu. 

De  Sathonay  à  Trévoux,  on  s'est  contenté  de  signaux  fixes, 
verts,  éclairés  par  un  feu  vert  pendant  la  nuit,  placés  également  à 
300  mètres,  et  qui  n'ont  d'autre  but  que  d'annoncer  la  station  et 
d'obliger  le  mécanicien  à  ralentir. 

Les  alimentations  sont  assurées,  à  la  Croix-Rousse  par  l'eau  de 
la  ville  ;  à  Sathonay,  par  la  machine  qui  alimente  le  camp;  à  Tré- 
voux, par  une  pompe  à  main  que  manœuvrent  les  hommes  de  la 
gare. 

iO 


446  CHEMINS  DE   FER   D  INTÉRÊT   LOCAL 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Toutes  les  voitures 
sont  à  étage.  Il  eu  existe  20^  dout  10  coustruites  daus  les  chan- 
tiers  de  la  Buire  et  10  par  la  Société  Dyle  et  Bacalan. 

Les  voitures  de  la  Buire  ue  pëseut  que  8  tounes  ;  7  d'entre 
elles  sont  exclusivement  alfectées  à  la  troisième  classe  et  com- 
portent 78  places,  40  en  bas  et  38  en  haut;  3  sont  mixtes  et  ont  les 
trois  classes. 

Les  voitures  Dyle  et  Bacalan  sont  toutes  mixtes  :  quatre  sont  à 
85  places,  et  6  à  73  places  seulement,  parce  que  les  bancs  de 
l'impériale  sont  longitudinaux.  Ces  voitures  pèsent  de  10  à  1 1  tonnes 
et  ont  été  achetées  lors  de  l'ouverture  de  la  ligne  de  Trévoux. 

Toutes  les  voitures  sont  munies  de  la  conduite  du  frein  Wes- 
tinghouse:  10  seulement  ont  le  frein  lui-même,  en  même  temps 
du  reste  que  le  frein  à  main.  Dans  la  pratique,  on  ne  fait  pas 
usage  du  frein  Westinghouse,  en  raison  des  fortes  déclivités;  car 
il  disloque  les  bandages. 

Les  fourgons  sont  au  nombre  de  quatre  :  deux  d'entre  eux  ont  un 
compartiment  de  28  places  pour  chasseurs  et  fumeurs.  Les  four- 
gons ont  à  la  fois  le  frein  à  main  et  le  frein  Westinghouse. 

Le  matériel  P.  Y.  se  compose  seulement  de  deux  plates-formes  à 
frein  abattu. 

Locomotives.  —  Les  locomotives  sont  au  nombre  de  six  ;  quatre 
d'entre  elles  proviennent  de  la  Compagnie  de  Sathonay  ;  cons- 
truites en  vue  d'une  ligne  facile,  elles  n'ont  que  deux  essieux  cou- 
plés. Le  constructeur  est  Gouin. 

Deux  autres  machines,  à  six  roues  accouplées,  ont  été  acquises 
à  l'ouverture  de  la  ligne  de  Trévoux. 

Les  premières  font  difficilement  le  service  sur  la  rampe  de 
20  millimètres;  elles  y  remorquent  à  grand  peine  huit  véhicules. 
Aussi,  la  section  de  Sathonay  à  Trévoux  est-elle  desservie  par  les 
machines  à  trois  essieux  couplés. 

Ces  diverses  machines  n'offrent  d'ailleurs  aucune  particularité 
intéressante. 

Ateliers  de  réparations. —  Presque  toutes  les  réparations  sont  exé- 
cutées à  Lyon,  par  Tindustrie  privée,  bien  que  la  Compagnie  primi- 
tive ait  installé  à  la  Croix-ilousse  des  ateliers,  où,  il  est  vrai,  les 


A    VOIE   NORMALE 


441 


outils  achetés  par  elle  n'ont  jamais  été  montés.  On  n'y  fait  que  les 
petites  réparations  n'exigeant  pas  d'autre  outillage  que  la  forge, 
Fétau  et  la  lime:  un  chef  monteur  et  deux  hommes  suffisent  pour 
les  machines,  les  voitures  et  même  les  bâtiments.  Encore  le  chef 
monteur  assure- t-il  les  remplacements  des  mécaniciens. 

Tant  qu'a  duré  la  Compagnie  des  Dombes,  on  faisait  faire  les 
réparations  à  ses  ateliers  de  Bourg.  Après  la  reprise  par  la  Compa- 
gnie de  P.-L.-M.,  ces  ateliers  ont  été  supprimés. 

Dépenses  de  premier  établissement  au  31   décembre  1884 


{**  Construction  des  chemins 

2»  Matériel ,   mobilier  et  approvisionne- 
ments  

3^  Intérêts  pendant  la  construction.  .  .  . 


Totaux  

Prix  de  revient  par  kilomètre. 


LYON 
(Croix-Rousse) 
A     SATHONAY 


4.405.149  66 

o67  867  54 
210.475  15 


SATHONAY 
A  TRÉVOUX 


5.253.967  50 
750.566  80 


3.782.015  58 

373.500  » 
80.000  » 


4.315.51^  58 
227.132  30 


Ainsi  qu'on  Ta  dit,  la  ligne  de  Sathonay  à  Trévoux  a  bénéficié 
d*une  subvention  de  600,000  fr. 


II.   —    EXPLOITATIO:^ 


Administration 

Le  conseil  d'administration  a  son  siège  à  Paris. 

Un  comité  de  direction,  composé  de  deux  administrateurs  se 
réunissant  à  Lyon  une  fois  par  mois,  examine  et  règle  les  affaires 
courantes,  marche  des  trains,  travaux  importants,  etc.,  etc.  La 
situation  financière  est  adressée  chaque  mois,  à  Paris,  au  prési- 
dent du  conseil  d'administration. 

Le  service  actif  est  dirigé  par  un  directeur,  chef  d'exploita- 
tion, qui  a  pleine  autorité  sur  la  marche  du  service,  règle  les 
dépenses,  etc.  Le  directeur  est  effectivement  le  chef  de  chacune 


148 


CHEMINS    DE  FER  D  INTÉRÊT   LOCAL 


branches,  voie,  traction  et  exploitation,  en  même  temps  qu'il  cen- 
tralise la  marche  de  ces  service^. 

Un  chef  de  bureau  assure  la  comptabilité  de  tous  les  services.  Il 
est  assisté  au  service  central  par  quatre  employés  aptes  à  remplir 
toutes  les  fonctions  dans  les  gares  et  les  trains,  et  qui  font  les  rem- 
placements. 

Voie  et    Bâtiments 

Un  piqueur  dirige  le  service  de  la  voie  sous  les  ordres  immé- 
diats du  directeur. 

Un  chef  poseur  a  autorité  sur  tout  le  personnel  des  cantonniers. 

L'entretien  des  7  kilomètres  de  double  voie  est  confié  à  une  bri- 
gade de  huit  cantonniers  ;  mais,  au  delà  de  Sathonay,  les  brigades 
sont  limitées  à  six  agents  et  n'embrassent  pas  plus  de  6  kilomètres. 

Les  agents  de  la  voie  concourent  aux  chargements  des  grosses 
marchandises  dans  les  gares.  En  outre,  les  dimanches  et  fêtes, 
jours  d'affluence,  Téquipe  de  chaque  station  est  renforcée  par  un 
cantonnier. 

Enfin,  les  agents  de  la  voie  remplacent  encore  les  hommes 
d'équipe  malades  ou  en  congé. 

La  plupart  des  cantonniers  (20  sur  24)  sont  logés  dans  des  mai- 
sons de  garde  où  leurs  femmes  sont  gardes-barrières. 

Le  magasin  est  au  service  central,  aussi  bien  pour  les  imprimés, 
rhuile,  etc.,  que  pour  le  matériel. 

Les  dépenses  du  service  de  la  voie,  pour  Tannée  1884,  sont  les 
suivantes. 


Personnel 

Entrelien  de  la  voie 

Entretien  des  bâtiments,  etc.,  et  ouvrages 

d'art 

Divers 

Totaux  .  .  . 
Soit  par  kilomètre 


LYON 

(Croix-Rousse) 

A     SATHONAY 


15.064  20 

lo.aao  44 

1.691  92 
339  55 

28.031   U 
4  ..004  44 


SATHONAY 
A    TRÉVOUX 


22.013  35 
10.572  66 

448  70 
2.179  42 


35.214  13 
1.853  37 


A    VOIE  NORMALE  149 


II  convient  de  remarquer  au  sujet  de  la  ligne  de  Lyon-Croix- . 
Rousse  à  Sathonay,  que  cette  ligne  est  à  double  voie,  en  rails  de 
fer,  et  qu'elle  est  en  renouvellement. 


Traction 

Le  chef-monteur  qui  dirige  Tatelicr  a  autorité  sur  les  mécani- 
ciens. 

■ 

Le  personnel  actif  de  la  traction  se  compose  de  quatre  mécani- 
ciens et  de  quatre  chauffeurs,  dont  les  traitements  mensuels  sont 
respectivement  de  175  et  100  fr. 

Il  y  a  trois  machines  en  roulement  à  la  fois.  Les  eaux  étant 
excellentes,  le  lavage  n'a  lieu  qu  après  trois  semaines  de  ser- 
vice ;  chaque  machine  avec  ses  servants  passe  une  semaine  au 
dépôt  pour  repos,  lavage,  et  réparations  diverses  ;  ces  travaux 
sont  faits  par  le  mécanicien,  le  chauffeur  et  les  ouvriers  de 
l'atelier. 

La  machine  qui  est  au  lavage  assure  au  besoin  le  service  de 
réserve  ;  on  ne  Tallumc  qu'en  cas  de  besoin. 

Le  combustible  se  compose  exclusivement  de  briquettes  payées 
26  fr.  50  la  tonne  sur  quai  de  la  Croix-Rousse. 

Les  mécaniciens  ne  rei^oivent  pas  d'allocation  fixe,  ni  pour  le 
combustible,  ni  pour  l'huile. 

On  fait  un  relevé  de  la  consommation  tous  les  trimestres,  et  on 
accorde  une  gratification  de  15  à  20  fr.  par  mois  au  mécanicien  qui 
a  fait  le  plus  d'économies,  en  tenant  compte  de  l'entretien  de  la 
machine,  de  la  conduite  privée,  etc.. 

Ce  système  est  défectueux. 

La  dépense  de  charbon  par  kilomètre  varie  de  8  kilog.  500  à 
9  kil.  300  suivant  l'état  de  la  machine  et  le  tonnage  remarqué. 

Cette  forte  consommation  s'explique  par  trois  raisons  :  absence 
d'allocations  fixes,  fortes  rampes  et  arrêts  très-fréquents. 

Le  parcours  annuel  de  chaque  machine  uitleint  en  moyenne 
43,000  kilomètres. 


i50 


CHKMINS  DE   FER   DINTÉRÊT   LOCAL 


Les  dépenses  de  traction  pour  Tannée  1884,  sont  : 


LYON 

(Croix-Rouase) 

SATHONAY 


Personnel 

Combustible 

Graissage 

Primes  d*économie 

Alimentalion 

Entrelien  du  matériel  roulant  .... 
Dépenses  diverses 

TuT.\UX 

Par   kilomètre 


13.808  27 

lo.390  75 

1.982  25 

842  10 

162  42 

9.594  19 

3.917  93 


45.697  91 
6.528  26 


SATHONAY 
A    TRÉVOUX 


10.025  60 

30.476  82 

3.097  21 

780  70 

162  42 

8.283  69 

4  089  27 


56.615  71 
2.927  14 


Ce  qui  fait  revenir  le  prix  du  kik)mëtro  de  train  au  prix  moyen 
de  0  fr.  52. 


Mouvement  et  Trafic 

Moavement.  —  Le  service  du  mouvement,  est  dirigé  par  un 
inspecteur  assisté  d'un  sous-inspecteur,  qui  est  en  même  temps 
caissier.  Tous  deux  font  les  vérifications  de  comptabilité  en  même 
temps  qu'ils  assurent  le  service  du  mouvement. 


^ 


Service  des  trains,  —  Sur  un  total  de  15  trains  par  jour 
dans  chaque  sens  (service  d'été),  huit  trains  ne  circulent  que  dans 
la  banlieue  proprement  dite,  c'est-à-dire  entre  la  Croix-Rousse  et 
Sathonay.  Ces  trains  sont  remorqués  par  les  machines  à  deux  roues 
couplées.  Les  sept  autres  trains  ont  lieu  de  bout  en  bout,  et  sont  faits 
sans  changement  de  machine  par  les  locomotives  à  trois  essieux 
couplés. 

Tous  les  croisements  ont  lieu  à  Sathonay,  de  telle  sorte  qu'il 
ne  circule  jamais  qu'un  seul  train  à  la  fois  sur  la  section  de  voie 
unique  de  Sathonay  à  Trévoux. 

Il  n'y  a  pour  ainsi  dire  pas  de  marchandises.  Le  tonnage  de 


A   VOIE    NORMALE  151 

petite  vitesse  ne  s'est  élevé  en  totalité,  en  1884,  qu'à  3,875  tonnes, 
dont  la  majeure  partie  consistait  en  sable  et  gravier  destiné  à  des 
entrepreneurs  de  travaux  de  la  ville,  qui  ont  un  dépôt  à  la  gare  de 
la  Croix-Rousse.  Ces  matériaux  sont  amenés  par  des  trains  spé- 
ciaux de  sable,  qui  sont  en  réalité  des  trains  de  balast. 

Il  résulte  de  là  que  le  service  des  marchandises  joue  un  rôle  à 
peu  près  nul  dans  les  trains,  et  bien  qu'ils  soient  tous  nominale- 
ment mixtes,  les  stationnements  sont  extrêmement  courts  :  les 
trains  étant  peu  chargés,  les  démarrages  sont  très-rapides  et  les 
arrêts  ne  dépassent  pas  une  minute  dans  chaque  station.  A  Satho- 
nay,  on  a  donné  un  stationnement  compensateur  de  cinq  mi- 
nutes. 

Les  trains  de  la  Méditerranée  (anciennement  Dombes),  qui  cir- 
culent en  tronc  commun  entre  la  Croix-Rousse  et  Sathonay,  ne 
desservent  pas  les  stations  intermédiaires  et  n'y  ont  pas  d'arrêt: 
ils  reçoivent,  pour  le  compte  de  la  Compagnie  du  Rhône,  les  voya- 
geurs de  la  Croix-Rousse  à  Sathonay  ou  vice  versa.  En  dehors  de 
ces  trains,  tous  les  autres  s'arrêtent  à  toutes  les  stations. 

Il  n'y  a  pas  de  service  de  nuit,  le  dernier  train  arrivant  do  Lyon 
à  10  heures  23  minutes  du  soir. 

Les  trains  ont  un  fourgon  en  tête  et  un  en  queue.  La  Compagnie 
est  autorisée  à  n'avoir  qu'un  seul  frein  desservi  pour  tous  les  trains 
qui  circulent  entre  Lyon-Croix-Rousse  et  Sathonay  :  ces  trains 
n'ont  donc  qu'un  seul  conducteur. 

Entre  Sathonay  et  Trévoux,  on  est  obligé  de  mettre  deux  agents 
au  train,  jusqu'à  dix  véhicules  par  train,  trois  au  delà,  ce  qui 
n'arrive  jamais.  Le  conducteur  supplémentaire  fait  par  suite  la 
navette  entre  Sathonay  et  Trévoux. 

L'hiver,  les  voitures  étaient  primitivement  chauffées  avec  des 
briquettes.  On  a  fait  ressortir,  à  propos  du  chemin  de  Saint-Quen- 
tin à  Guise,  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  de  chauffage 
au  point  de  vue  de  l'hygiène.  Il  s'en  présentait  en  outre  ici  un 
autre  qui  a  promptement  obligé  à  renoncer  à  ces  briquettes  :  les 
voyageurs  ouvraient  les  chaufferettes  et  répandaient  les  briquettes 
sur  le  plancher,  exposant  le  train  à  l'incendie. 

On  chauffe  aujourd'hui  avec  des  bouillottes  à  eau.  L'éclairage  se 
fait  avec  des  lampes  à  huile  à  bec  plat. 


152  CHEMINS   DE   FER  D1NTÉRÊT  LOCAL 

Le  parcours  total  des  trains  a  été,  en  1884,  de  72,534  kilomètres 
sur  la  ligne  de  Sathonay,  et  de  116,527  kilomètres  sur  la  ligne  de 
Sathonay  à  Trévoux. 

Service  des  gares.  —  En  général,  chaque  station  est  gérée  par 
la  femme  d'un  employé  de  bureau  ou  d'un  chef  poseur. 

A  Lyon  et' à  Sathonay,  le  personnel  est  composé  d'un  chef  de 
gare  et  de  quatre  hommes  d'équipe;  à  Trévoux,  un  €hef  de  gare, 
sa  femme  receveuse,  et  deux  hommes  d'équipe  dont  un  pour  la 
pompe  d'alimentation. 

Les  femmes  chefs  de  station  ont  un  traitement  annuel  de  300  à 
500  fr.  Les  chefs  de  gare  reçoivent  100  fr.  par  mois. 

Les  règlements  adoptés  sont  les  anciens  règlements  des  Dombes, 
moins  la  demande  de  voie  pour  les  trains  réguliers.  Le  télégraphe 
Bréguet  existe  dans  toutes  les  stations,  et  les  femmes  sont  aptes  à 
le  manipuler,  de  même  que  les  chefs  de  train,  pour  les  cas  de 
détresse  ;  mais  dans  les  stations  gérées  par  des  femnnes,  l'appareil 
est  normalement  sur  communication  directe. 

Le  trafic  do  marchandises  est,  on  Ta  dit,  extrêmement  peu 
important:  pour  les  chargements,  qui  se  font  le  plus  souvent 
directement  dans  le  fourgon  au  passage  du  train,  la  femme  ou  le 
chef  de  station,  s'ils  n'y  peuvent  suffire  avec  les  agents  du  train, 
se  font  aider  par  les  poseurs  de  la  voie,  ou  même  par  les  expédi- 
teurs, si  ces  derniers  doivent  faire  le  chargement,  aux  termes  des 
tarifs  appliqués. 

Le  trafic  de  petite  vitesse  étant  pour  ainsi  dire  nul,  la  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  du  Rhône  avait  abandonné  à  la  Compagnie 
des  Dombes,  dès  l'ouverture  des  lignes  de  cette  dernière,  le  soin 
de  gérer  à  ses  frais,  les  gares  n***  2  et  3  de  la  Croix-Rousse,  gares 
spécialement  affectées  aux  marchandises.  La  Compagnie  de  la 
Méditerranée  a  repris  ce  fonctionnement.  Aucune  location  n'est 
payée  de  ce  chef  à  la  Compagnie  des  chemins  du  Rhône  et  la  Com- 
pagnie P.-L.-M.  conser\'e  exclusivement  tous  les  frais  accessoires, 
qui  n*entrent  pas  en  compte  dans  le  péage. 

Le  péage  est  réglé  d'après  le  produit  brut  voyageurs  et  mar- 
chandises par  la  Compagnie  de  la  Méditerranée,  et  au  prorata 
kilométrique;  par  exemple,  pour  un  voyageur  allant  de  Lypn  à 


A   VOIE    NORMALE  lîi3 

Bourg  (59  kilom.),  ou  vice  versa,  la  part  de  la  Compagnie  du 
Rhône  est  de  ^  et  celle  de  la  Compagnie  de  Lyon  de  ^|-. 

En  échange  de  la  gratuité  accordée  par  la  Compagnie  du  Rhône 
pour  Tusage  des  gares  de  marchandises  de  la  Croix-Rousse,  cette 
Compagnie  a  le  droit  d'user  de  tous  les  trains  P.-L.-M.  pour  les 
voyageurs  de  Lyon  (Croix-Rousse)  à  Sathonay,  ou  vice  versa;  la 
recettes  de  ces  voyageurs  est  entièrement  acquise  à  la  Compa- 
gnie du  Rhône  moyennant  un  prix  forfaitaire  de  traction  fixé  à 
2  francs  par  train,  ce  qui  revient  par  kilomètre  à  -j-  soit  environ 
0  fr.  285. 

Le  service  de  la  Compagnie  P.-L.-M.  à  la  gare  do  Croix-Rousse 

■ 

voyageurs  est  fait  exclusivement  aux  frais  de  cette  Compagnie, 
ses  messageries  sont  reçues  dans  un  bureau  de  ville  placé  au  bas 
du  chemin  de  la  Ficelle;  les  colis  montent  ou  descendent  par  cette 

voie. 

• 

Enfin,  à  Sathonay,  le  service  commun  est  assuré  entièrement  par 
les  soins  et  aux  frais  de  la  Compagnie  du  Rhône. 

Ces  diverses  conditions  sont  loin  d'être  à  l'avantage  de  cette 
dernière. 


Service  commercial.  —  Le  seul  trafic  intéressant  est 
celui  des  voyageurs,  pour  lesquels  les  tarifs  sont  respectivement 
de  : 

0  fr.  10     pour  la  1'*  classe   ] 

0        075      —       2*  classe   [   impôt  compris. 

0        0;)        —       3*  classe   1 


Les  voyageurs  bénéficient  de  billets  d'aller  et  retour  à  25  p.  100 
de  réduction,  délivrés  de  toute  gare  à  toute  gare. 

La  comptabilité  est  faite  par  jour;  les  femmes  n'en  sont  pas 
dispensées. 

Le  service  du  contrôle  est  assuré  par  le  chef  de  bureau  et  ses 
quatre  employés. 


iH4 


CHEMINS   DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 


\ 


Les  dépenses  du  service  du  mouvement  et  du  trafic  sont    les 
suivantes,  pour  Tannée  1884  : 


Personnel 

Entretien  et  réparation  du  mobilier 

Frais  divers  (de   bureau,   éclairage,    chauf- 
fage, etc.)    

Totaux.  .  . 
Soit  par  kilomètre  de  li^'ue 


LYON 


A  SATHONAY 


24.314  20 
581  17 

4.r>88  51 


2y..*)8:?  88 
4.226  27 


SATHONAY 


A  TREVOUX 


29.091  53 
697  10 

6.435  91 


36.224  54 
1.906  55 


Services  divers.  —  Les  versements  des  recettes  sont  faits 
chaque  jour  à  la  Société  lyonnaise.  Les  coupons  des  obligations 
sont  payés  par  cette  société.  Pour  les  besoins  du  service,  le 
directeur  de  la  Compagnie  tire  un  chèque  sur  la  Société  lyonnaise. 

Le  service  médical  et  les  médicaments  sont  gratuits.  Les  agents 
malades  sont  à  demi-solde. 

La  casquette  constitue  le  seul  insigne  des  agents  de  la  Compa- 
gnie, elle  est  acquise  à  leurs  frais. 

Pas  de  caisse  de  retraites  ni  de  secours. 

Résultats  généraux  pour  Tannée  1884 
Enrésumé,Iesdépensesderannécl884serépartissentcommesuit: 


Voie  et  travaux 

Matériel  et  traction 

Mouvement  et  trafic 

Administration  centrale  de  Lyon  et  de  Paris. 

Dépenses  diverses,  loyerdes  gares  communes, 

timbre  des  actions  et  obligations,  etc.  .  .  . 

ToTAlX.    .    .    . 


LYON 
A  SATHONAY 


28.031    11 

43.097  91 
29.583  88 
10.329  94 

9.095  46 


SATDONAY 
A  TRÉVOUX 


35  214  13 
56.615  71 
36.224  54 
11.304  69 

0.436  80 


120.738  30 
17.234  04 


Soit  par  kilomètre  de  ligne 

Soit  par  kilomètre  de  train  pour  l'ensemble  des  deux  lignes  :  1  95 


148.795  87 
7.831  36 


A    VOIE  NORMALE 


155 


Les  recettes  se  décomposent  comme  suit  S  sans  impôl  : 


r 


Voyageurs 

Péages  et  redevances 

Bagages  et  chiens 

Messageries 

Marchandises  de  petite  vitesse 

Produits  du  domaine,  des   bâtiments   et  des 
marchandises 

ToTAr'x.  .  . 

Par  kilomètre  de    ligne 

Par  kilomètre  de  train 


LYON 


A    SATHONAY 


198.880  50 
78.180  12 

3.060  20 
572  85 

3.227  06 


21.707  88 

305.628  61 

43.597  10 

4  21 


SATHONAY 


A  TREVOCX 


160.287  55 
»  » 
3.569  85 
2.675  63 
3  622  20 
»  » 
2.220  22 

172.375  45 

9.072  40 

1.48 


Le  total  des  recettes  pour  Tensomblo  des  deux  lignes  s'élfeve  à 
477,555  fr.  20,  donnant  un  bénéfice  net  de  208,121  fr.  03,  soit  de 
26,363  fr.  06  par  kilomètre  sur  Lyon-Sathonay,  et  de  1241  fr.  04 
sur  Sathonay-Trévoux. 

Les  coefficients  d'exploitation  sont  : 


Pour  la  première  ligne,  de. 
Pour  la  seconde  ligne,  de.  . 


40  p 
86  p. 


100 
100 


Celte  dernière  ligne  est  exploitée  chèrement  :  cela  tient  aux 
fortes  rampes  qui  majorent  les  dépenses  de  traction,  et  surtout  à 
rinsignifiance  du  trafic  de  marchandises,  ce  qui  ne  permet  pas 
d'utiliser  les  trains. 

Les  3,815  tonnes  de  marchandises  de  petite  vitesse  ont  produit 
6,849  fr.  26. 

Il  y  a  eu  en  1884,  par  rapport  à  1 883,  une  diminution  de  recet- 
tes importante,  en  partie  compensée  par  une  diminution  de 
dépenses. 

*  La  ligne  ayant  moins  de  40  kilomètres  de  longueur,  Timpôt  est  perçu  par  place  et 
par  Yoiture,  par  application  de  la  loi  du  11  juillet  1879.  —  Il  a  été,  en  1884,  de 
4,582  fr.  42  pour  Tensemble  des  deux  lignes,  au  lieu  de  50,000  fVancs  qu*eùt  donnés 
Tapplication  de  la  loi  de  1871. 


456 


CHEMINS    DK   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 


La  diminution  de  receitesa  été  causée  par  une  décroissance  dans 
les  péages  et  redevances  relatifs  à  la  ligne  de  Bourg,  décroissance 
qui  a  atteint  15,384  35  à  la  suite  de  la  reprise  par  la  Compa- 
gnie P.-L.-M.,  et  de  la  cessation  des  détournements  qui  en  est 
résultée. 

En  fin  de  compte,  on  voit  que^  si  du  bénéfice  net  d'un  exercice 
on  retranche  la  charge  do  plus  de  12,000  obligations  à  15  francs 
Tune,  il  ne  reste  que  bien  peu  de  chose  pour  Tactionnaire,  c'est-à- 
dire  pour  le  Crédit  Mobilier. 

On  comprend  moins  encore,  en  présence  de  ces  résultats,  les 
raisons  qui  ont  conduit  la  Compagnie  du  Rhône  à  construire  la 
ligne  de  Sathonay  à  Trévoux,  laquelle  représente  presque  la 
moitié  de  ses  charges,  el  seulement  le  tiers  de  ses  produits. 


Résultats  comparatifs  des  Recettes  et  Dépenses  des  lignes  du  Rhône 

Pour  les  cinq  années  1881,  1882,  1883,  18^4,  1885. 


u 
'r. 

"T. 

< 


exploitée 


RESULTATS    TOTAUX 


Recettes 
totales 

(  impôt 
déduit) 


Dépenses 


Produit 

net 

total 

i 


RÉSULTATS   KILOMÉTRIQUES 


Recettes 


Dépenses 


Produit 
net 


10  _  Lyon-Groix-Rou88e 

à   Sathonay 

1881 

240. 5 i3  80 

157.670  68 

82.873.12 

34.367 

21.749 

13.618 

1882 

280.448  57 

150.979  49 

129.469  08 

40  06i 

20.775 

19.289 

1883 

331  390  72 

127.621  01 

203.769  71 

47  3il 

17.564 

29.777 

1884 

305.179  75 

120.638  30 

184. 5il  45 

43.597 

17.234 

26.363 

1885 

300.103  01 

106.780  80 

193  322  21 

42.872 

15.254 

27.618 

2" 

—  Sathonay  à  Trévoux 

1881 

■ 

M             M 

1»    » 

n         « 

.              » 

« 

1882 

10 

79.150  09 

75.089  68 

4.060  il 

7.915 

7  428 

487 

1883 

19 

174.674     . 

152  639  98 

22.034  02 

9.193 

7.914 

1.279 

1884 

19 

172  375  45 

148.795  87 

23  579  58 

9.072 

7.831 

1.241 

1885 

19 

177.378  55 

145.286  75 

32  091  80 

9.335 

7.647 

1.688 

RAPPORT 
p.    100 

des 
dépenses 

aux 
recettes 


63 
51 
37 
39 
35 


93 

86 
86 

82 


Dans  les  recettes  totales  et  kilométriques  de  la  ligne  de  Lyon- 
Croix-Rousse  à  Sathonay  figure  le  péage  payé  par  la  Compagnie 
des  Dombes  et,  après  elle,  par  la  Compagnie  de  la  Méditerranée, 
pour  la  circulation  de  leurs  trains. 


\ 


A    VOIE   NORMALE  157 

Ce  péage  a  été  successivement  de  : 

Eq  1881 807,594.7 

1882 95,632,65 

1883 94,471,53 

1884 79,087,18 

1885 76,888,06 

C*est  en  partie  sur  ces  décroissances  que  la  Compagnie  du 
Rhône  fonde  ses  réclamations  contre  le  rachat  de  ses  lignes  par  la 
Compagnie  de  la  Méditerranée. 


CHAPITRE   XII 


CHEMINS     DE    FER    D'INTÉRÊT    LOCAL 
DES    BOUGHES-DU-RHONE 


LOircnui 

Lignes  de  Pas-de-Lanciers  à  Martigues 19  kil. 

Tarascon  à  Saint-Rémy 15 

—  Arles  aux  Carrières  de  Fontvieille*.    .    .         9 

—  Miramas  à  Port-de-Bouc . 26 


Historicnie.  —  Les  deux  premières  lignes  ont  été  concédées  par 
décret  du  19  février  1870,  à  la  société  Henri  Michel  et  compagnie, 
qui  obtint  également  la  concession  de  la  troisième  par  décret  du 
2  mai  1873.  Les  concessions  étaient  faites  pour  46  ans. 

La  ligne  de  Pas-des-Lanciers  à  Martigues  a  été  ouverte 
en  1872,  Tarascon  à  Saint-Rémy  en  1874  et  Arles  à  Fontvieille 
en  1875. 

Le  chemin  de  Miramas  à  Port-de-rBouc  a  été  concédé  le 
12  avril  1875  à  MM.  Dolamarre  et  Digeon  pour  une  durée  de  qua- 
tre-vingt-six ans  et  ouvert  à  Texploitation  de  1879  à  1881. 

Tandis  que  le  chemin  de  Miramas  à  Port-de-Bouc  a  été  construit 
sans  subvention,  les  lignes  de  M.  Henri  Michel  ont  regu  de  l'Etat, 

*  Le  prolon^^emcnt  de  Fontvieille  à  Salon  (27  kilomètres)  a  été  ouvert  à  rexploitatioD 
le  5  mai  1887. 


VOIE   NORMALE  159 

du  département,  des  communes,  des  industriels  intéressés,  de  très- 
importantes  subventions  qui  se  chiffrent  conune  suit  : 

Pas-des-Lanciers  à  Martigues 1,349,500  fr. 

Tarascon  à  Saint-Rémy 1,538,500 

Arles  à  Fontvieille 1,158,500 

Total 4,247,500  fr. 

Malgré  ses  faibles  charges  de  construction,  la  société  Henri 
Michel  fit  faillite.  Les  lignes  furent  placées  sous  séquestre 
d*août  1878  à  mai  1880,  date  à  laquelle  elles  furent  remises  à 
M.  Casimir  Delamarre,  qui  en  avait  été  décl6U*é  adjudicataire  au 
prix  de  550,000  francs,  non  compris  le  matériel  roulant  évalué  à 
dire  d'experts  à  la  somme  de  293,870  francs,  et  non  compris  l'ou- 
tillage et  les  approvisionnements  estimés  à  41,130  francs.  La  vente 
a  donc  produit  885,050  francs. 

M.  Delamarre  forma  après  le  rachat,  sous  le  nom  de  Société 
Nouvelle  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  des  Bouches-du-Rhône, 
une  société  qui  est  aujourd'hui  propriétaire  des  trois- chemins. 
Cette  société  est  au  capital  social  de  1,000,000.  Les  actions  ont  été 
souscrites  sans  émission  publique. 

D'un  autre  côté,  un  décret  du  30  août  1884  a  donné  à  la  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  régionaux  des  Bouches-du-Rhône,  formée 
spécialement  à  cet  effet,  la  concession  des  quatre  lignes  suivantes 
dont  deux  sont  les  prolongements  des  chemins  construits  par 
Henri  Michel. 

Fontvieille  à  Salon 37  kil. 

Saint-Rémy  à  Orgon 20 

Barbentanne  à  Plan-d'Orgon 23 

La  Ciotat-gare  à  La  Ciotat- ville 5 

Fontvieille  à  Salon  a  été  ouvert  à  l'exploitation  en  mai  1887. 

La  construction  des  autres  chemins  est  à  l'étude  ^ 

Mais  la  Société  Nouvelle  des  chemins  de  fer  des  Bouches-du- 

*  Une  loi  du  27  juillet  1886  a  concédé  à  la  môme  compagnie  la  ligne  d*Eyguières  à 
Peyroiles,  à  oonstroire  sur  la  rive  gauche  de  la  Durance. 


N 


160  CHKMINS    DE  FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

Rhône  a  passé,  les  6  et  27  juillôt  1885,  avec  la  Compagnie  des 
chemins  de  fer  régionaux  des  Bouches-du-Rhôue,  un  traité  aux 
termes  duquel  cette  dernière  Compagnie  se  chargeait  d'effectuer 
par  ses  soins  l'exploitation  des  trois  lignes  appartenant  à  la  pre- 
mière : 

Pas-des-Lanciers  —  Martigues. 

Tarascon  —  Sainl-Rémy. 

Arles  ^—  Fontvieille. 

Ce  traité  a  été  sanctionné  par  une  loi. 

Ëniin  M.  Delamarre,  déjà  concessionnaire  de  la  ligne  de  Mira- 
mas  à  Port-de-Bouc,  a  constitué  pour  cette  ligne  une  société  dite 
Compagnie  des  chemins  de  fer  méridionaux  français,  au  capital 
nominal  de  2,100,000  francs. 

Bien  que  cette  société  soit  distincte,  l'exploitation  en  est  assu- 
rée par  le  même  service  que  pour  les  lignes  delà  Société  Nouvelle. 

I.  —  ÉTABLISSEMENT 

Description  des  lignes. — Toutes  ces  lignes  sont  à  voie  normale. 

Le  chemin  de  fer  du  Pas-des-Lanciers  à  Martigues  dessert  une 
région  essentiellement  agricole.  La  gare  de  Pas-des-Lanciers  est 
commune  avec  la  Compagnie  P.-L.-M. 

Pour  la  ligne  de  Miramas  à  Port-de-Bouc,  qui  traverse  aussi 
une  région  agricole,  la  tète  de  ligne  est  en  gare  distincte  de  la 
gare  P.-L.-M. 

Le  chemin  de  Tarascon  à  Saint-Rémy  a  pour  principal  trafic,  en 
dehors  des  voyageurs,  les  fruits,  légumes,  primeurs  en  destination 
de  Paris.  Il  a  son  origine  dans  le  bas  de  la  station  P.-L.-M.  de 
Tarascon,  entre  le  chemin  de  fer  de  Marseille  à  Cette  et  la  caserne 
de  cavalerie.  Un  escalier  construit  sur  le  talus  du  chemin  de  fer 
de  la  Méditerranée  sert  de  liaison  entre  les  deux  gares  pour  les 
voyageurs,  bagages  et  messageries  passant  de  Tune  à  Tautre.  Une 
voie  spéciale  de  raccordement  avec  la  ligne  de  Marseille  à  Cette, 
dont  Taiguille  se  trouve  à  800  mètres  do  la  gare  de  Tarascon 
P.-L.-M.,  sert  au  passage  des  wagons  transitant  de  la  grande 
ligne  sur  la  ligne  d'intérêt  local,  ou  vice  versa. 

La  ligne  d'Arles  à  Fontvieille  a  été  spécialement  construite  en 


A   VOIE  NORMALE  161 

vue  de  Texploitatioa  des  magaifiques  carrières  de  Fontvieille  (le 
Castellet),  d'où  Ton  extrait  la  pierre  dite  d'Arles.  L'origine  de  la 
ligne  à  Arles  se  trouve  placée  exactement  dans  les  mêmes  condi- 
tions que  celle  de  la  ligne  de  Saint-Rémy  à  Tarascon.  La  station 
de  la  ligne  locale  située  près  de  la  gare  d'Arles  P.-L.-M.  est  en 
relation  avec  cette  dernière  pour  les  voyageurs  et  messageries  par 
un  chemin  d'accès  établi  sur  le  talus  de  la  ligne  de  la  Méditer- 
ranée, et  une  voie  de  raccordement  relie  les  deux  chemins  de  fer. 
Ces  diverses  lignes  ont  les  déclivités  suivantes  : 

Pas-des-Lanciers  à  Martigues,  rampe  maxima  14  ""  5 

Tarascon  à  Saint-Rémy.  ...  —  15"™ 

Arles  à  Fontvieille —  17  """  6 

Miramas  à  Port-de-Bouc.  ...  —  15"" 

Le  rayon  des  courbes  ne  descend  pas  au-dessous  de  300  mètres. 

Les  terrassements  sont  peu  importants  ;  mais  les  petits  ouvrages 
d'art  sont  assez  nombreux,  en  raison  des  canaux  d'irrigation 
que  Ton  traverse. 

La  voie  est  partout  en  rail  Vignole.  Le  rail  est  de  35  kilos  fer 
sur  les  trois  lignes  de  la  Société  Nouvelle.  Sur  Miramas-Port-de- 
Bouc,  le  rail  est  en  acier  et  pèse  30  kilos  par  mètre.  Ces  poids  sont 
élevés  pour  des  lignes  d'aussi  faible  trafic.  Les  traverses  sont 
en  chêne  ;  elles  ont  2  m.  30  de  longueur,  0  m.  20  de  largeur  et 
0  m.  12  d'épaisseur.  En  raison  du  poids  du  rail,  onn'a  qu  une  tra- 
verse par  mètre  courant  de  voie. 

Stations.  —  La  ligne  de  Martigues  comprend,  en  dehors  des 
gares  extrêmes,  deux  stations  et  deux  haltes.  L'une  des  haltes 
est  un  simple  arrêt  avec  guérite  en  bois  servant  de  salle  d'attente. 

La  ligne  de  Saint-Rémy  a,  outre  les  gares  terminus,  une  station 
et  trois  haltes  intermédiaires,  dont  deux  sans  bâtiment  ni  guérite, 
avec  simple  trottoir. 

La  ligne  de  Fontvieille  ne  possède  qu'une  halte  intermédiaire, 
sans  bâtiment  ni  guérite. 

Enfin,  la  ligne  de  Miramas  comprend  les  deux  gares  extrêmes, 
quatre  stations  et  deux  gares  intermédiaires.  La  station  deParadou, 
dont  le  plan  est  représenté  figure  16  (pi.  VII),  donne  le  type  adopté 

11 


162  CHEMINS   DE  FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 

pour,  les  stations,  pour  tous  les  chemins  secondaires  des  Bouches- 
du-Rhône,  y  compris  les  lignes  de  la  Compagnie  des  chemins  de 
fer  régionaux.  Ce  type  est  simple  et  suffisant  pour  un  service  qui 
se  fait  exclusivement  en  navette. 

Les  bâtiments  sont  très-confortables  ;  le  rez-de-chaussée  com- 
prend un  bureau,  une  salle  d'attente,  une  cuisine  et  un  dégage- 
ment; Fétage,  dei^  chambres  à  coucher  indépendantes  et  une 
chambre  d'enfant. 

Les  stations  sont  couvertes  par  des  signaux  fixes,  à  cocarde 
rouge,  placés  suivant  les  déclivités,  à  500  ou  800  mètres  de  la  sta- 
tion. Ces  signaux  n'obligent  pas  à  Tarrêt  :  ils  ont  pour  signification 
de  commander  au  mécanicien  de  siffler  pour  avertir  la  station  de 
l'arrivée  du  train. 

L'alimentation  est  assurée  à  Tarascon  et  Arles  par  des  réser- 
voirs remplis -par  la  conduite  de  la  ville;  à  Pas-des-Lanciers,  l'eau 
estfournieparla  Compagnie  P.-L.-M.  Aux  autres  gares  extrêmes, 
y  compris  Miramas,  sont  installés  des  réservoirs  alimentés,  à  l'aide 
d'une  pompe  à  main,  par  les  hommes  d'équipe  dans  l'intervalle  des 
trains.  A  Martigues,  où  il  n'y  a  pas  d'eau  sur  place,  on  est  obligé 
d'amener  un  wagon-citerne. 

Matériel  roulant.  —  l*'  Voitures  et  wagons.  —  En  dehors  de  la 
ligne  de  Miramas  à  Port-de-Bouc,  desservie  par  des  voitures  ordi- 
naires mixtes,  les  lignes  d'intérêt  local  des  Bouches-du-Rhône  ne 
possèdent,  comme  matériel  à  voyageurs,  que  des  voitures  mixtes 
à  étage,  matériel  qui,  ainsi  qu'on  a  déjà  eu  occasion  de  le  faire 
ressortir,  est  reconnu  détestable  partout.  Dans  ce  pays  balayé  par 
le  mistral,  il  y  a  encore,  eu  égard  à  la  résistance  du  vent,  une 
aggravation  qui  se  traduit  par  une  très-notable  dépense  supplé- 
mentaire de  charbon. 

De  plus,  ces  voitures  ayant,  en  raison  de  leur  longueur,  des 
essieux  relativement  écartés,  les  courbes  de  faible  rayon  occa- 
sionnent une  usure  rapide  des  boudins. 

La  composition  normale  de  chaque  train  en  matériel  à  voya- 
geurs est,  sur  les  trois  premières  lignes,  d'une  seule  voiture  mixte, 
soit  de  72  places,  10  de  première,  10  de  seconde,  52  de  troisième. 

Sur  Miramas,  où  les  voitures  sont  du  type  ordinaire,  le  nombre 


% 


A   VOIE  NORMALE  163 

des  places  oiïertes  est  de  4  premières,  10  secondes  et  30  troisièmes. 
Une  seule  voiture  suffit  généralement,  avec  un  poids  mort  bien  plus 
faible  que  celui  des  voitures  à  étage. 

La  ligne  de  Miramas  possède  seule  des  fourgons  proprement 
dits,  chaque  fourgon  contient  un  compartiment  pour  voyageurs. 
Sur  les  autres  lignes,  les  wagons  couverts  à  frein  tiennent  lieu  de 
fourgons,  avec  Taddition  d'une  armoire  à  billets;  car  le  chef  de 
train  distribue  les  billets  aux  haltes  sans  bâtiment. 

Le  matériel  à  marchandises  est  des  plus  réduits:  11  wagons 
plats,  6  wagons  à  pierres  à  trois  essieux  pouvant  circuler  sur 
les  rails  P.-L.-M,  6  wagons  tombereaux  employés  au  trans- 
port des  moellons  destinés  aux  endiguements  du  Rhône  et 
20  wagons  à  ballast,  constituent  tout  le  matériel  P.  Y.  des  chemins 
des  Bouches-du-Rhône,  la  ligne  de  Miramas  exclue.  L'armature 
du  matériel  P.  V.  ressort  pour  l'ensemble  de  ces  chemins,  à 
0  w.  92  par  kilomètre,  chifTre  d^autant  plus  faible  que,  les  lignes 
étant  séparées,  l'utilisation  du  matériel  est  beaucoup  plus  défec- 
tueux que  sur  un  réseau  continu.  Ce  matériel  serait  du  reste, 
insuffisant  à  l'exploitation  des  lignes  des  Bouches-du-Rhône;  la 
Compagnie  régionale  utilise  largement  les  wagons  P.-L.-M.  loués 
à  raison  de  2  fr.  par  wagon,  sous  la  condition  qu'il  ne  séjourne 
pas  plus  de  douze  heures  sur  les  lignes  locales  (heures  de  nuit,  de 
six  heures  soir  à  six  heures  matin,  non  comprises).  Les  wagons 
livrés  par  P.-L.-M.  et  rendus  chargés  le  lendemain  de  k  remise, 
sont  exonérés  de  redevance.  Les  locations  mensuelles  payées  à  la 
Compagnie  P.-L.-M.  varient  au  total  de  1,000  à  1,500  fr. 

C'est  pour  réduire  la  location  que  la  Compagnie  régionale  a  fait 
construiresixwagons  destinés  au  transport  des  pierres  deFontvieille, 
transport  généralement  à  longue  distance.  Ces  wagons,  à  trois  es- 
sieux, ont  coûté  3,500  fr.  la  pièce,  et  sont  loués  à  P.-L.-M.  pour  le 
parcours  sur  ses  rails,  dans  les  conditions  ordinaires,  soit  deux 
centimes  par  kilomètre  avec  une  indemnité  de  3.fr.  par  jour  de  re- 
tarda la  restitution,  le  parcours  journalier  étant  de  120  kilomètres. 

Locomotives.  —  On  a  vu  que  les  rails  étaient  trop  lourds  pour 
lignes  à  faible  trafic.  Les  locomotives  ne  sont  nullement  en  rapport 
avec  les  poids  de  ces  rails  :  elles  sont  à  faible  poids. 


i64 


CHEMINS   DE  FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 


Toutes  sont  des  locomotives-tendors  ;  Tarmature  est  la  suivante: 

3  sur  Pas-des-Lanciers  à  Martigues,  4  sur  Tarascon  à  Saint- 
Rémy.  6  de  ces  machines  sont  du  même  type  :  construites  de  1872  à 
1874,  parla  maison  Gorpet  de  Paris,  6  roues  couplées  et  IG  tonnes 
à  vide.  Puissance  de  75  tonnes  sur  rampes  de  15  ™"  à  15  kilo- 
mètres à  Theure.    • 

3  sur  Arles  à  Fontvieille,  dont  2  ont  été  construites  en  1875, 
par  la  société  de  Saint-Léonard  à  Liège  (Belgique),  2  essieuii: 
couplés,  foyer  Belpaire,  charge  à  vide  18  tonnes;  remorquent 
90  tonnes  dans  les  mêmes  conditions  que  ci-dessus. 

Deux  machines  ont  été  achetées,  en  1880,  d'occasion  à  Lyon. 
Elles  sont  on  réserve.  Ces  machines  ont  quatre  roues  couplées  et 
sont  d'un  type  analogue  au  type  Corpct  avec  la  puissance  des 
machines  belges;  elles  ont  été  construites  par  Anjubault,  prédé- 
cesseur de  Gorpet.  Les  autres  machines  ayant  suffi  jusqu^ici  à  assu- 
rer le  service,  on  n'a  pas  eu  occasion  de  faire  usage  de  ces  deux 
machines,  qui  pèsent  17  tonnes  avide. 

Enfin,  la  ligne  de  Miramas  à  Port-de-Bouc  possède  un  outillage 
plus  fort  :  2  machines  à  6  roues  couplées,  d^un  poids  de  26  tonnes 
à  vide,  remorquant  140  tonnes  sur  rampes  de  15  "*"  à  la  vitesse 
de  30  kilomètres.  Société  de  construction  de  Passy-Paris. 

Les  principales  données  de  ces  diverses  machines  sont  : 


Diamètre   des  cylindres 

Course  des  pistons 

Diamètre  des  roues 

Timbre  de  la  chaudière 

Surface   de   la   grille 

N'ombre  des  tubes 

Approvisionnement  d'eau    .    .    .    . 

—  de  combustible. 
Poids  de  la  machine  à  vide.    .    .    . 

—  en  charge    .  •  . 
Effort  de  traction  à  la  circonférence 

des  roues 

Adhérence  de  la  machine  en  charge. 


BELGES 


0,330 
0,500 
1,0Ô0 
9almosp. 
0,945 
130 

2.500  lit. 

900  lit. 

18  tonn. 

23  t.  500 


3.375  kil. 
3.357  kil. 


AHJDBAELT 


0,340 
0,500 
1,100 
7  atm.  5 
0,730 
146 

3.500  lit. 
1.200  lit. 
19  tonn. 
24  t.  400 

2.760  kil. 
3.480  kil. 


CORPET 


0,300 
0,450  ^ 
1,000  * 
7  atm.  5 
0.640 
84 

3.000  lit. 
1.000  lit. 
16  tonn. 
21  t.  300 

2.126  kil. 
3.040  kil. 


PASSY 


0,420 
0,500 
1.200 
Satm.SOO' 
1,25 
lU 

5.000  lit. 
1.000  lit. 
26  tonn. 
33  tonn. 

4.700  kil. 
5.300  kil. 


A    VOIE  NORMALE  165 

La  ligne  de  Miramas  à  Port-de-Bouc  est,  comme  on  peut  s'en 
rendre  compte,  beaucoup  mieux  construite  et  outillée  que  les 
lignes  Henri  Michel. 

Ateliers  de  réparation.  —  A  chaque  tête  de  ligne  est  un  atelier 
de  petit  entretien,  où  on  ne  fait  que  de  très-petites  réparations, 
L'atelier  est  dirigé  par  un  chef  mécanicien  qui  travaille  lui-même. 

Toutes  les  grosses  réparations  se  font  à  Textérieur,  y  compris  le 
tournage  des  bandages. 

L'armature,  qui  est  la  même  pour  les  divers  ateliers,  comprend  : 

1  forge  à  1  feu  avec  son  outillage; 

2  étaux  avec  l'outillage  de  deux  ajusteurs;  un  marbre  et 
une  meule  ; 

i  cisailleuse  poinçonneuse; 
1  machine  à  percer. 


Dépenses  de  premier  établissement  au  31  décembre  1884 

LIGNES  Henri  Michel 

10  Construction  des  chemins 4.285.676  30 

2»  Matériel 485.708  80 

Total 4.775.385  40 

Soit  par  kilomètre 111.055  50 

LIGNE  DE  MiRAlIAS  A  PORT-DE-BoUC 

!•  Construction  du  chemin 3.299.031  30 

2*  Matériel,  mobilier  et  approvisionnements 364.300    » 

Total 3.663.331  30 

Soit  par  kilomètre 146.535  26 

Il  n'a  pas  été  possible  d'obtenir  pour  les  lignes  construites  par 
Henri  Michel,  et  appartenant  aujourd'hui  à  la  Société  nouvelle, 
des  renseignements  détaillés  par  ligne. 

Il  convient  d'ailleurs  de  dire  que  les  prix  de  revient  kilomé- 
trique de  1*'  établissement  no  sont  pas  exagérés. 


166  CHEMINS   DK    FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 


II.  —  EXPLOITATIO:^ 


Administration 


Le  Conseil  d'Administration  a  son  siège  à  Marseille.  Il  n'a 
pas  de  réunions  fixes.  Le  Conseil  délibère  lorsque  les  affaires  se 
présentent. 

L'ensemble  de  l'exploitation  est  dirigée  par  un  ingénieur  chef 
de  l'exploitation,  qui  centralise  tous  les  services  et  est  en  même 
temps  chargé  de  la  construction  des  lignes  nouvelles  et  des  tra- 
vaux d'agrandissement.  Le  chef  de  l'exploitation  a  des  pouvoirs 
très-étendus,  que  lui  confère  le  Conseil  d'Administration.  Il  nomme 
et  révoque  les  agents,  règle  les  factures,  etc.,  sans  avoir  besoin 
d'en  référer  à  l'Administration. 

Un  agent  principal  est  spécialement  chargé  de  la  traction,  de  la 
voie  et  du  matériel  fixe  et  roulant. 

Un  seul  agent  suffit  à  la  comptabilité  générale.  La  comptabilité 
des  magasins  est  tenue  par  un  comptable,  et  la  vérification  des 
écritures  des  gares  est  faite  par  deux  contrôleurs.  Enfin,  il  y  a 
un  caissier. 

Le  personnel  du  service  central  et  de  direction  comprend  donc 
au  total  sept  agents. 


Voie    et    Bâtiments 

Le  personnel  d'entretien  do  chaque  ligne  se  compose  de  quatre 
hommes  et  d'un  brigadier,  sur  les  trois  lignes  de  la  Société  nouvelle. 

Sur  la  ligne  de  Miramas,  il  y  a  trois  équipes. 

Le  service  de  la  surveillance  est  assuré  deux  fois  par  semaine 
par  un  poseur  désigné  à  cet  effet  par  le  brigadier  et  qui  parcourt 
toute  la  ligne. 

Le  renouvellement  s'est  borné,  jusqu'à  ce  jour,  aux  traverses, 
que  l'on  remplace  à  raison  de  30  à  100  fr.  par  kilomètre  et 
par  an. 


A   VOIE   NORMALE  167 

En  cas  de  travaux  pressés  on  prend  des  auxiliaires  ;  on  y  a  par- 
ticulièrement recours  en  été  pour  renlèvement  des  herbes  sur  les 
lignes,  afin  d'éviter  des  incendies. 

Les  réparations  de  l'outillage  des  agents  et  du  matériel  de  la 
voie  se  font  aux  ateliers  de  la  Compagnie. 

Le  personnel  delà  voie  fait  aussi  les  déchargements  de  combus- 
tible et  autres  manutentions  du  même  genre  pour  le  semce  de  la 
traction  et  du  magasin  général.  Il  concourt  également  à  la  manu- 
tention des  marchandises* quand  les  gares  sont  encombrées. 

Les  passages  à  niveau  sont  gardés  sur  les  routes  nationales  et 
départementales  et  les  chemins  do  grande  communication.  Les 
chefs  cantonniers  ou  les  poseurs  y  sont  logés,  et  leurs  femmes 
assurent  le  service  des  barrières  moyennant  une  rétribution  men- 
suelle de  5  à  10  francs. 

Sur  les  trois  lignes  de  la  Société  nouvelle,  il  y  a  au  total  10  pas- 
sages gardés  et  109  non  gardés. 

Les  clôtures  n'existent  qu'autour  des  stations  et  jusqu'à 
six  mètres  de  chaque  côté  des  passages  pourvus  de  barrières. 

Les  dépenses,  pour  le  service  do  la  voie,  des  bâtiments  et  du 
matériel  fixe,  s'élèvent,  pour  les  diverses  lignes  en  1883,  aux 
chiffres  suivants,  par  kilomètre  : 

Pas-des-Lanciers  à  Martigues.  .  .  749  fr.  32 

Tarascon  à  Saint-Rémy 728       41 

Arles  à  Fontvieille 1,138       52 

Miramas  à  Port-de-Bouc 959       93 

Ce  sont  des  chiffres  très-réduits. 


Traction 


Tous  les  trains  sont  faits  en  navette  par  une  seule  machine. 
Une  seconde  machine  assure  la  réserve,  et  la  troisième  est  do 
dépôt  pour  les  lavages  et  les  réparations  courantes  du  petit 
entretien.  Deux  machines  eussent  suffi  à  la  rigueur  sur  chaque 
ligne. 


168  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

La  machine  en  circulation  fait  le  service  pendant  une  semaine 
avec  les  mêmes  mécanicien  et  chauffeur,  puis  elle  rentre  au 
dépôt. 

Les  mécaniciens  ont  un  traitement  qui  varie  de  1 ,560  à  1 ,680  fr., 
les  chauffeurs  do  i,200à  i,440  fr. 

Il  n'y  a  que  deux  mécaniciens  et  deux  chauffeurs  sur  chaque 
ligne,. en  dehors  du  chef  de  dépôt. 

Pendant  la  semaine  de  dépôt,  le  mécanicien  et  le  chauffeur  font 
le  lavage  de  leur  machine,  et  assurent,  sous  les  ordres  du  chef  du 
dépôt  et  avec  Taide  d'un  auxiliaire,  les  travaux  du  petit  entretien. 
De  plus,  ils  concourent  aux  manutentions  des  marchandises  lourdes 
dans  la  gare. 

Le  combustible  employé  se  compose  exclusivement  d'agglo- 
mérés de  la  Société  de  Rochebclle  (Gard),  qui  sont  livrés  au  prix 
de  22  fr.  la  tonne  sur  wagon  en  gare  de  Tamaris.  Le  transport 
revient  en  moyenne  à  6  fr.,  ce  qui  fait  ressortir  le  combustible  au 
prix  élevé  de  28  fr.  la  tonne.  On  no  brûle  que  des  briquettes,  même 
dans  les  machines  à  foyer  Belpaire,  malgré  leur  grande  surface 
de  grille.  La  teneur  en  cendres  des  briquettes  no  doit  pas  dépasser 
iOp.  iOO. 

Le  graissage  se  fait  avec  de  Thuile  d'olive  mélangée  et  avec  de 
l'huile  minérale  :  celle-ci  n'est  cependant  pas  employée  dans  les 
cylindres  ou  tiroirs. 

Les  mécaniciens  n'ont  pas  d'allocations  de  combustible  ou 
d'huile.  La  raison  que  l'on  donne  pour  cela  est  que  les  parcours  sont 
trop  faibles  et  les  stationnements  prolongés  trop  fréquents.  Les 
mécaniciens  et  chauffeurs  n'ont  par  suite  aucun  intérêt  à  réaliser 
des  économies  dans  la  traction. 

Pour  éviter  les  abus,  on  contrôle  sévèrement  les  états  de  con- 
sommation. 

Ce  moyen  est  évidemment  insuffisant.  C'est  une  des  raisons 
pour  lesquelles  les  prix  de  traction  sont  relativement  assez  élevés, 
pour  des  machines  de  si  faibles  poids.  Une  autre  cause  réside 
dans  la  séparation  des  lignes,  qui  ne  permet  pas  l'établissement 
d'un  atelier  assez  complètement  outillé  pour  faire  face  à  toutes  les 
réparations. 


A  VOIE  NORMALE 


169 


Les  dépenses  de  traction  par  kilomètre  (frais  généraux  non  com- 
pris) ressortent,  pour  Tannée  1883,  aux  chiffres  suivants  : 


Combustibles 

Frais  de  conduite 

Graissage  machines  et   wagons.  . 
Entretien   et   réparation  du  maté- 
riel roulant 

Alimentation  d'eau 

Chefs  de  dépôt  et  frais  divers  .    . 

DÉPENSES    TOTALES.      .      .      . 


MARTIGUES 

TARASCON 

FONVIEILLE 

MIRAMAS 

0,1684 

0,I93Ô 

0,2371 

0,1878 

0,U03 

0,1934 

0,2345 

0,1316 

0,028 i 

0,0221 

0,0278 

0,0353 

0,0169 

0,0092 

0,0287 

0,0389 

0,0107 

0,0219 

0,0277 

0,0350 

0,0649 

0,0759 

0,1183 

0,1188 

0,4306 

0,5140 

0,6741 

0,547  i 

Les  consommations  des  combustibles  ont  été  les  suivantes  : 


Par  kilomètre  de  train 

Par  tonne  kilométrique  remorquée. 


MAHTIGURS 


5kil.650 
0        213 


TARASCON 


7kiI.165 
0        193 


FONVIEILLE 


8kil.783 
0        117 


MIRAMAS 


6kil.  709 
0        346 


Mouvement  et  Trafic 


Monvexnent.  —  Il  n'y  a  pas  de  personnel  spécial  affecté  à  la 
direction  du  mouvement. 

Service  des  traifis.  —  Le  service  des  trains  est  assuré  par  un  seul 
agent,  le  chef  de  train,  qui  est  généralement  au  traitement  de 
1,350  francs. 

Lorsqu'il  y  a  plus'de  16  véhicules  au  train,  ce  qui  arrive  parfois 
sur  la  ligne  de  Miramas,  où  les  machines  sont  plus  puissantes,  on 
est  obligé  d'ajouter  un  frein  en  queue.  Ce  frein  est  desservi  par 
un  homme  d'équipe,  pris  à  la  gare  extrême. 

Sur  toutes  les  lignes  circulent  trois  trains  mixtes  dans  chaque 
sens.  Cependant,  l'été,  les  dimanches  et  fêtes,  un  quatrième  train 


170  CHEMINS   DE  FER  DINTÉRÊT  LOCAL 

aller  et  retour  a  lieu  sur  la  ligne  de  Martigues,  pour  les  voya- 
geurs de  Marseille. 

Les  traius  qui  assurent  le  transport  des  moellons  destinés  aux 
endiguements  du  Rhône  entre  les  carrières  du  Gastellet  (Font- 
vieille)  et  Arles,  sont  considérés  comme  des  trains  de  matériaux  et 
circulent  comme  tels. 

Sur  la  ligne  de  Tarascon  à  Saint-Hémy,  on  fait  quelques  trains 
facultatifs  à  Tépoque  des  foires  et  fêtes  d'Arles. 

La  vitesse  moyenne  des  trains,  arrêts  déduits,  est  de  30  kilo- 
mètres à  rheure;  cette  vitesse  peut  être  portée  à  40  kilomètres  en 
cas  de  retard,  en  vue  d'assurer  la  correspondance  des  trains  de  la 
ligne  principale. 

Les  trains  ne  contiennent  généralement  qu'une  seule  voiture  à 
voyageurs,  un  fourgon  à  bagages,  et  s'il  y  a  lieu,  des  wagons  de 
marchandises  jusqu'à  concurrence  des  charges  limites  de  75,90  ou 
140  tonnes,  selon  qu'il  s'agit  d'une  machine  Gorpet,  Saint-Léo- 
nard ouAnjubault  et  Passy. 

L'ordre  de  composition  est  le  suivant  :  machine,  fourgon,  voi- 
ture, wagons  en  queue.  Il  y  a  une  plaque  ordinaire  à  chaque  extré- 
mité, afin  de  tourner  la  machine,  dont  l'empattement  ne  dépasse 
pas  celui  des  wagons. 

Service  des  gares.  —  Le  personnel  des  stations  se  compose 
généralement  d'un  chef  de  station  et  d'un  facteur. 

Dans  chacune  des  gares  extrêmes,  il  y  a,  en  outre,  1  homme 
d'équipe. 

Quelques  stations  de  peu  d*importance  n'ont  pas  de  facteur.  Les 
chefs  de  station  ont  constamment  réclamé  cette  adjonction,  jus- 
qu'au jour  où  on  a  donné  25  francs  par  mois  à  leur  femme 
pour  les  aider.  Le  service  y  fonctionne  maintenant  sans  récla- 
mation. 

Sur  la  ligne  de  Martigues,  les  deux  stations  intermédiaires  sont 
gérées  exclusivement  par  des  femmes,  dont  les  maris  sont  poseurs 
de  la  voie  et  qui  assurent  tout  le  service,  y  compris  la  comptabi- 
lité. 

Les  haltes  ne  sont  ouvertes  qu'au  service  des  voyageurs,   les 


A  VOIE  NORMALE  171 

billets  y  sont  distribués  par  le  chef  de  traia  ;  on  a  vu  que  le  four- 
gon est  muni,  à  cet  effet,  d'un  casier  à  billets. 

Les  chefs  de  station  ont  un  traitement  de  1,500  francs,  ils  sont 
logés,  éclairés  et  chauffés.  Les  facteurs  reçoivent  de  80  à  90  francs 
par  mois. 

Le  personnel  des  gares  et  stations  est  comme  on  le  voit,  exces- 
sivement réduit.  Lorsque,  par  suite  de  circonstances  imprévues,  ce 
personnel  ne  peut  suffire  à  assurer  la  manutention  des  marchan- 
dises, le  brigadier  de  la  voie  met  à  la  disposition  du  chef  de  gare 
le  nombre  de  poseurs  nécessaire,  afin  d'éviter  de  recourir  à  des 
supplémentaires . 

Dans  les  gares  où  sont  placés  les  ateliers,  les  agents  au  dépôt 
concourent  aussi  aux  manutentions,  s'il  y  a  lieu. 

Le  télégraphe  n'est  installé  que  dans  les  stations  tenues  par  des 
hommes.  Le  service  des  trains  se  faisant  en  navette,  on  n'a  recours 
au  télégraphe  que  pour  demander  le  secours  ou  pour  réclamer 
des  wagons. 

Tous  les  trains  mixtes  assurent  indifféremment  le  service  du 
détail  ou  des  wagons  complets. 

La  plupart  des  chargements,  au  moins  pour  les  wagons  complets 
sont  faits  par  les  expéditeurs  moyennant  l'abandon  des  frais  acces- 
soires. 

Chaque  gare  tète  de  ligne  classe  et  répartit  le  matériel. 

Le  chef  de  cette  gare  est  garde-magasin  pour  la  ligne,  et  tient 
un  magasin  de  charbon,  huiles,  etc.,  etc.,  à  l'exclusion  des  impri- 
més qui  doivent  être  demandés  directement  au  service  central  à 
Marseille. 

La  comptabilité  des  magasins  est  tenue  par  un  agent  de  service 
central. 

Les  relations  avec  la  Compagnie  P.-L.-M.,  aux  points  de  jonc- 
tion sont  excellentes. 

La  Compagnie  locale  paye  à  celle-ci  pour  surveillance  et  entretien 
des  raccordements  à  Arles,  et  Tarascon,  les  redevances  annuelles 
suivantes  : 

Tarascon 2.400  francs. 

Arles 1.S70 


i78  CHEMINS    DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

La  gare  de  Pas-des-Lanciers,  qui  est  commune,  donne  lieu  à 
une  redevance  fixe  de  7.000  francs  par  "an.  En  outre,  les  trans- 
bordements sont  faits  par  la  grande  Compagnie,  moyennant  une 
somme  de  40  centimes  par  tonne  transbordée  dans  un  sens  ou 
dans  Tautre  (traité  du  10  décembre  1882). 

Antérieurement  à  cette  date,  le  partage  des  dépenses  avait  lieu 
au  prorata  du  nombre  des  branches,  ce  qui  était  fort  lourd  pour 
la  Compagnie  locale.  La  grande  Compagnie  a  cédé  aux  réclama- 
tions de  cette  dernière. 

Pour  Miramas,  où  la  ligne  de  la  Compagnie  locale  est  reliée  par 
rails  avec  celle  de  la  Compagnie  P.-L.-M.,  il  est  payé  à  celle-ci 
une  redevance  fixe  de  2.280  francs  pour  les  aiguilles.  Le  régime 
des  échanges  est  ici  très-difl'érent  de  ce  qu'il  est  dans  les  autres 
gares  de  jonction;  la  Compagnie  locale  est  considérée  comme  un 
camionneur  et  doit  payer  les  taxes  de  transport  quand  les  marchan- 
dises lui  sont  passées. 

En  résumé,  les  dépenses  totales  d'exploitation  des  trois  gares  de 
ïarascon,  Arles  et  Miramas  sont  beaucoup  plus  élevées  qu'elles 
ne  le  seraient  par  la  communauté  avec  les  gares  de  la  Compagnie 
P.-L.-M.  On  a  commis  dans  le  principe  une  erreur  coûteuse  qui  a 
pour  autre  conséquence  un  mauvais  service. 

Service  commerciaL  —  Ce  service  est  exclusivement  concen- 
tré dans  les  mains  du  chef  de  Texploitation.  Il  n'offre  d'ailleurs 
pas  de  particularités. 

On  a  vu  précédemment  quel  est  le  trafic  spécial  à  chacune  des 
lignes. 

Les  tarifs  sont  ceux  du  cahier  des  charges,  avec  sa  classification. 

Les  frais  pour  les  marchandises  et  autres  transports  ne  différent 
pas  des  frais  accessoires  en  vigueur  sur  les  grands  réseaux. 

Deux  tarifs  spéciaux  ont  été  créés  sur  la  ligne  de  Miramas  à 
Port-de-Bouc,  Tun  pour  wagons  complets  de  4.000  kilos  et  pour 
certaines  catégories  de  marchandises,  l'autre  pour  les  bestiaux. 

Il  n'existe  pas  de  tarifs  spéciaux  sur  les  lignes  de  la  Société 
Nouvelle,  à  l'exception  de  la  ligne  d'Arles  à  Fontvieille  pour 
laquelle  a  été  établi  un  prix  ferme  de  1  fr.  70  par  tonne  (frais  de 
manutention  compris),  applicable  par  wagons  complets  deS.OOOkil. 


A    VOIE    NORMALK 


473 


au  moins,  pour  les  produits  des  carrières  de  Fontvieille.  On 
déduit  30  centimes  par  tonne  lorsque  le  chargement  est  fait  par 
Fexpéditeur. 

Les  écritures  sont  tenues  suivant  le  même  mode  et  sur  les  mêmes 
imprimés  qu'à  la  Compagnie  P.-L.-M.  —  La  comptabilité  est  dé- 
cadaire. 

Les  versements  des  gares  sont  effectués  d'une  manière  différente 
selon  les  lignes. 

Sur  la  ligne  de  Saînt-Rémy  et  sur  celle  de  Fontvieille,  les  ver- 
sements sont  faits  entre  les  mains  de  banquiers,  Tun  à  Saint-Rémy, 
Tautre  à  Arles.  Ces  banquiers  sont  en  compte  courant  avec  une 
maison  de  Marseille  près  de  laquelle  la  Compagnie  d'exploitation 
a  un  compte  ouvert. 

Les  versements  des  stations  de.  lignes  do  Martigues  et  de  Mi- 
ramas  sont  envoyés  au  service  central  à  Marseille. 


Résultats    Généraux 


Les  dépenses  et  recettes  du  service  de  l'exploitation  sont  ligurées 
dans  les  résultats  ci-après,  relatifs  à  Tannée  en  1883,  par  ligne 
et  par  kilomètre. 


®   DÉPENSES   PAR  KILOMÈTRE 


Direction.  —  Frais  généraux.    . 
Mouvement,   trafic   service   des 

gares     

Matériel    el  traction 

Voie,  matériel  fixe 


Dépenses  par  kilomètre  de  lig[nc. 
—  —         de  train. 


martigi:es 

TARASCON 

FONTVIEILLE 

MIRAMAS 

418  67 

91Ô  33 

1.390  48 

749  32 

370  90 

918  44 

1.8G3  24 

728  It 

39:.  09 

1 . 4G8  42 
3.264  39 
1.138  .Vi 

754  95 

1.568  06 

1 . 3()9  07 

959  93 

3.474  110 
1  Cm 

• 

3.780  7  4 
i  74 

6.267  02 
2  62 

4.642  31 
2  09 

174 


CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 


2°  RECETTES  DE  l'exploitation  (Impôls  et  détaxes  déduits). 


Voyageurs •    .    . 

Bagages,  messageries,  produits 
G.   V 


Marchandises  P.  V.,  bestiaux,  etc. 

Recettes  en  dehors  du  trafîc  : 
domaine  de  la  compagnie.    . 

Totaux  des  recettes.    .    . 

Recettes  par  kilomètre  de  ligne. 

—  de  train. 

Dépenses  par  kilomètre  de  ligne. 

Produit  net 

Rapports  p.  100  des  dépenses  aux 
recettes     


MARTIGI'ES 


FONTVIKILLE 


61.112  05 


6.294    » 
14.514  17 

450    . 


82.370  02 

4.335  29 

1  93 

3.474  60 
860  69 

80  p.  100 


26.068  69 

3.098  30 
37.702  10 

335    3» 

61.704  09 

4.581  26 

2  08 

3.780  74 
799  52 

82  p.  100 


TARASCON 


13.470  33 

365  45 
103.513  90 

189  50 


UIRAM4S 


117.739  24 

10.703  55 

4  51 

6.267  02 
4.436  53 

59  p.  100 


26.88i  75 

4.185  05 
IOi.688  05 


135.757  85 

5.221  45 

2  37 

4.642  31 
579  14 

89  p.  100 


Ces  lignes  sont  incontestablement  exploitées  d'une  manière  très 
économique. 

Le  tableau  ci-après  donne  le  mouvement  des  dépenses  et  des 
recettes  pendant  les  cinq  années  1881,  1882,  1883,  1884  et  1885 
d'une  part  pour  l'ensemble  des  trois  lignes  delà  Société  Nouvelle; 
d'autre  part  pour  la  ligne  de  Miramas  à  Port-de-Bouc  : 


g3 

•r, 

< 

•M 

>^ 

«kl 

s  • 

m  S 

if 

10^ 

RÉSULTATS     TOTAUX 

RÉSULTATS  KILOMÉTRIQUES 

si 
II 

Uere  ttes 

Dépenses 

Produit 
net 

1  Recettes 

Dépenses 

1 

Produit 
net 

1              1              1 

1«^- 

-  Soci 

.été    nouvelle  (Pas-des-Lanciers  à  Marti  gués,  Tarascon  à     1 
Saint-Rémy  et  Arles  à  Fontvieille)                                     | 

1881 

44  k. 

253.849  30 

179.027  99 

74.821  31 

5.769 

4  069 

1.700 

71 

1882 

44 

255.923  23 

198.893  90 

57.030  88 

5  816 

4.178 

1.638 

72 

1883 

44 

267.839  45 

189.526  27 

78.313  18 

6.087 

4.307 

1.780 

72 

1884 

44 

254.400  43 

192.432  43 

61.908    . 

5.782 

4.373 

1.409 

1885 

44 

256.642  79 

196.702  92 

59.939  85 

5  810 

4  470 

1.340 

76 

2«)  —  Miramas  à  Portde-Bouc                                 | 

1881 

21k. 

146.294  50 

100.027  57 

40.206  93 

6.966 

5.049 

1.917 

73 

1882 

25 

127.833  30 

108.010    . 

19.823  30 

5.113 

4.320 

793 

85 

1883 

25 

137.300  25 

110.950  55 

26.355  70 

5.492 

4.438 

1.054 

80 

1884 

25 

117.241  25 

112.351  32 

4.889  93 

4  650 

4. 494 

156 

96 

1885 

25 

109.614  75 

107.468  40 

2.146  35 

4.384 

4  298 

86      95 1 

CHAPITRE   XIII 


CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL  DE  L'HÉRAULT 


Ligne    de   Montpellier  à  Palavas 12  kil. 

—  Montpellier  à  Gessenon  (y  compris  18  kilomètres 
de  troDc  commun  avec  la  compagnie  du  Midi  entre 
Montpellier  (Arènes)  et  Montbazin) 104  kil. 


I*    —    ÉTABLISSEHEIWT   DES    CHEHINS 

Le  département  do  THérault  so  trouvant  insuffisamment  doté 
en  chemins  de  fer,  à  l'époque  de  sa  plus  grande  prospérité  vini- 
Gole,  demanda  et  obtint  par  décret  du  d4  août  18G7,  la  concession 
de  cinq  lignes  d'intérêt  local,  savoir  : 

Saint-Chinian  à  Montbazin,  par  Béziers,  Pézonas 

et  Mèze 94  kil. 

Agde  à  Mèze 49 

Montpellier  à  Rabieux 47 

Montpellier  à  Palavas 42 

Roquessels  à  Pézenas 14 

Total 186 

La  durée  de  la  concession  était  de  quatre-vingt-dix-neuf  ans. 
Les  tarifs  étaient  ceux  du  Midi,  avec  un  rabais  de  0  fr.  02  sur  cha- 


176  CHEMINS    DE    FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

que  classe,  sous  la  réserve  qu'il  n'y  aurait  que  deux  classes  de 
voyageurs,  taxées  àO  fr.  08  et  0  fr.  05  sans  l'impôt 

Le  département  de  TUérault,  qui  recevait  du  Trésor  une  subven- 
tion de  3,410,000  francs,  demanda  aux  Compagnies  du  Midi  et  de 
la  Méditerranée,  de  se  charger  de  la  construction  et  de  l'exploita- 
tion des  chemins  qui  lui  avaient  été  concédés. 

En  présence  du  refus  de  ces  Compagnies,  le  département  recher- 
cha un  concessionnaire  :  M.  Joret  accepta  les  conditions  du  cahier 
dos  charges. 

Par  décret  du  4  août  1869,  la  subvention  fut  modifiée  et  fixée 
à  75,000  francs  par  kilomètre,  non  compris  les  terrains  pour  l'as- 
siette des  lignes,  gares  et  dépendances  qui  ont  été  livrés  gratuite- 
ment au  concessionnaire  par  le  département. 

La  section  relativement  facile  de  Montpellier  à  Palavas  a  été 
ouverte  en  1872. 

Pézenas  à  Mèze,  tracé  difficile,  a  été  ouvert  en  janvier  1873; 
Pézenas  à  Bassan  en  octobre  de  la  même  année;  Bassan  à  Béziers, 
où  l'on  rencontre  des  ouvrages  d'art  considérables,  en  juin  1874; 
Mèze  à  Montbazin,  en  juillet  1876;  Béziers  à  Cazoules,  en  novem- 
bre 1876;  et  Cazoules  à  Cessenon  en  décembre  1877. 

Les  demandes  des  populations  étaient  tellement  pressantes,  par 
suite  do  l'abondance  des  produits,  qu'on  était  forcé  d'ouvrir  à  l'ex- 
ploitation par  petits  tronçons. 

98  kilomètres  seulement  ont  été  construits,  bien  que,  diaprés 
le  cahier  des  charges,  les  travaux  du  réseau  complet  dussent  être 
exécutés  en  8  années,  c'est-à-dire  en  1876. 

Les  raisons  de  ce  retard  résident  en  premier  lieu  dans  les  diffi- 
cultés exceptionnelles  rencontrées  dans  la  construction.  En  effet, 
soit  dans  le  but  de  se  rapprocher  de  villes  qu'il  eût  été  préférable 
de  laisser  de  côté,  comme  c'est  le  cas  pour  Montagnac,  entre 
Mèze  et  Pézenas;  soit  qu'on  ait  adopté  des  tracés  défectueux,  ainsi 
qu'on  l'a  fait  de  Pézenas  à  Béziers  et  de  Béziers  à  Cessenon,  on 
s'est  trouvé  en  présence  de  difficultés  telles  qu'il  a  fallu  recourir  à 
des  rampes  de  30  ™™  et  des  courbes  de  200  mètres  de  rayon  qui 
n'ont  pas  toujours  permis  d'éviter  la  construction  d'ouvrages  d'art 
importants. 

En  second  lieu,  dans  les  premières  années  de  l'exploitation,  la 


A    VOIE   NORMALE  477 

production  vinicole  du  département  de  THérauIt  atteignait  jusqu'à 
iS  millions  d'hectolitres  par  an.  En  1875,  les  attaques  du  phyl- 
loxéra l'avaient  réduite  à  iO  millions,  et,  en  1883,  elle  descendait 
à  4  millions. 

Il  devenait  dès  lors  très-difficile  au  département  de  payer  la  sub- 
vention qu'il  avait  souscrite;  d'autre  pari,  les  recettes  kilométri- 
ques décroissant  progressivement,  les  ressources  du  concession- 
naire s'épuisaient.  De  là  des  tiraillements  et  des  procès. 

Bien  que  le  Conseil  d'État,  par  arrêt  au  contentieux  en  date  du 
21  décembre  1883,  ait  donné  en  partie  raison  aux  réclamations  de 
la  Compagnie,  en  rendant  le  département  de  l'Hérault  responsable 
d'une  partie  des  pertes  subies  par  celle-ci,  la  Compagnie  a  été 
mise  en  faillite  le  9  août  1884. 

Desoription  de  la  ligne.  —  Les  tracés  sont  sur  bien  des  points 
défectueux;  il  semble  qu'on  n'ait  pas  assez  tenu  compte,  en  les 
adoptant,  des  difficultés  d'exploitation  sur  des  rampes  de  30  """ 
et  des  courbes  de  200  mètres  souvent  concomitantes. 

La  petite  ligne  de  Montpellier  à  Palavas  elle-même,  tracée  en 
pays  de  plaine,  n'est  pas  exempte  de  fortes  rampes,  ni  même  d'ou- 
vrages d'art  importants.  Dans  le  but  de  placer  la  tête  de  cette 
ligne  à  l'Esplanade,  c'est-à-dire  aussi  près  que  possible  du  centre 
de  la  ville  de  Montpellier,  on  a  établi  le  premier  kilomètre  en 
pente  de  25  ""  et  en  partie  sur  viaduc. 

Sur  le  parcours  de  Montbazin  à  Mèze,  plaine  facile,  on  n'a  pas 
craint  de  recourir  à  des  rampes  de  20  à  25  ""°  ;  de  Mèze  à  Monta- 
gnac,  la  traversée  du  faite  de  la  Madone  s'effectue  par  de  longues 
rampes  de  30  "■  et  des  courbes  de  200  mètres  de  rayon.  Enfin, 
dans  les  plaines  de  Pézenas  à  Béziers  et  de  Béziers  à  Cessenon, 
onaeu  recours  à  des  rampes  de  20,  25  et  30"",  qui  ne  sont  pas  tou- 
jours suffisamment  justifiées  ;  la  gare  de  Béziers  a  été  placée  dans 
la  partie  haute  de  la  ville,  ce  qui  ne  permet  pas  le  raccordement 
avec  la  gare  du  Midi,  qui  se  trouve  en  contrebas,  et  ce  quidoune, 
eaoutre^  lieu  à  de  sérieuses  difficultés  de  camionnage. 

La  gare  de  Montbazin  est  commune  avec  la  Compagnie  du  Midi  ; 
le  parcours  de  Montbazin  à  Montpellier  est  également  commun 

12 


178  CHEMINS    DE  FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

avec  le  Midi  jusqu'à  Arènes,  bifurcation  des  lignes  de  Rodez  et  de 
Cette  à  Montpellier;  le  tronc  de  Montbazin  à  Arènes  est  de 
18  kilomètres;  Arènes,  à  2  kilomètres  de  Montpellier,  est  une 
gare  d'échange  de  marchandises  commune  au  Midi,  au  P.-L.-M. 
et  aux  chemins  de  fer  de  FHérault. 

La  ligne  de  Montpellier  à  Rabieux  est  en  construction;  Texpé- 
rience  des  lignes  précédentes  semble  avoir  porté  ses  fruits;  car 
suf  cette  ligne,  on  a  réduit  les  rampes  et  on  n'a  pas  admis  de 
rayons  inférieurs  à  400  mètres.  Mais  on  a  jugé  à  propos  de  cons- 
truire à  Montpellier,  à  l'occasion  de  cette  ligne,  une  nouvelle  gare 
dite  gare  centrale  de  l'Hérault;  cette  gare  est  actuellement  la  tète 
de  ligne  des  trains  de  la  ligne  de  Montbazin-Pézenas-Béziers;  elle 
est  raccordée  avec  la  ligne  de  Palavas. 

Ces  dispositions  coûteuses  et  compliquées  sont  injustifiables.  D 
eût  été  bien  préférable,  et  pour  le  public  et  pour  la  Compagnie 
exploitante,  de  concentrer  le  service  de  la  ligne  de  Palavas  aussi 
bien  que  celui  des  lignes  de  Rabieux  et  de  Pézenas-Béziers  dans 
une  gare  unique,  celle  de  la  Compagnie  de  la  Méditerranée. 

Dans  le  principe,  on  avait  armé  la  ligne  en  rail  Yignole,  en  fer. 
Ce  rail  a  été  progressivement  remplacé  par  un  rail  Vignole,  acier 
du  poids  de  25  kilos  le  mètre  courant,  il  ne  reste  plus  que  10  kilo- 
mètres de  voie  en  rail  de  fer.  Le  rail  a  6  mètres  de  longueur. 

LastationdeTourbes(fig.l7,pl.VlI)  représente  le  type  des  petites 
stations.  Le  plan  en  est  commode  et  simple  ;  le  bâtiment  des  mar- 
chandises est  accolé  à  celui  des  voyageurs*.  Dans  les  stations  des 
lignes  nouvelles,  on  a  supprimé  la  plaque  tournante  et  le  cul-de- 
sac  auquel  elle  donne  accès,  comme  rendant  peu  de  services. 

Les  stations  sont  couvertes  par  des  signaux  à  distance  placés  à 
1,000  mètres,  et  qui  commandent  l'arrêt  absolu  quand  ils  sont 
tourués  au  rouge. 

Les  prises  d'eau  sont  assurées  à  l'aide  de  machines  d^alimenta- 
tion  et  de  réservoirs. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Les  voitures,  four- 
gons et  wagons  ont  été  construits  par  la  maison  Chevalier,  de  Paris. 
Toutes  les  voitures  sont  à  couloir  central  et  à  frein  à  vis,  manœu- 
vré par  les  agents  des  trains  placés  sur  la  plate-forme.  Ce  matériel 


A  VOm  NORMALE  179 


.comporte  que  deux  classes,  suivant  le  cahier  ^les  charges  ;  il  y 
lependant  des  compartiments  de  luxe  dits  coupés.  Le  nombre 
(voitures  est  de  55. 
is  6  fourgons  comportent  tous  un  compartiment  de  seconde 
;  dans  le  fourgon  proprement  dit  est  installé  un  casier  à  bil 
ï  et  un  guichet  donnant  sur  la  plate-forme,  afin  de  permettre  la 
'tribution  des  billets  en  pleine  voie,  aux  passages  à  niveau  les 

plus  importants;  c'est  là  une  excellente  disposition. 

Tout  le  matériel  de  petite  vitesse  est  muni  du  frein  à  vis,  ce  qui 

est  une  exagération  ;  ce  matériel  se  compose  de  : 

10  wagons  couverts,  à  bestiaux; 
64  wagons  plates-formes  ; 
10  wagons  à  houille. 

Ce  qui  constitue  un  armement  faible  de  0  w.  7  par  kilomè- 
tre. On  pare  aux  insuffisances  de  matériel  en  louant  des  wagons 
à  la  Compagnie  du  Midi  ou  à  celle  de  la  Méditerranée. 

Locomotives.  —  Le  choix  des  locomotives  n'a  pas  été  plus  heu- 
reux que  le  choix  des  tracés. 

Toutes  les  machines  sont  des  machines-tenders.  —  Il  en  existe 
16  de  6  modèles  différents  : 

4  machines  à  2  essieux  accouplés  du  poids  de  23  tonnes  en 

charge  (Graffenstaden)  ; 
2  machines  à  voyageurs,  3  essieux  couplés,  pesant  28  tonnes 

(Cail); 
4  machines  à  4  essieux  accouplés,  pesant  34  tonnes  (Gail); 
2  machines  à  3  essieux  accouplés,  pesant  32  tonnes  (Gouin); 
2  machines  à  —  24  tonnes  (Corpet); 

2  machines  à  2  trains  articulés  de  trois  essieux  chacun,  pesant 
54  tonnes  (Cail). 

Ces  dernières  machines  sont  très-assujettissantes  :  d'entretien 
difficile  et  de  réparation  délicate;  pour  des  travaux  qui  retiennent 
2  jours  aux  ateliers  les  machines  ordinaires,  celles-ci  exigent 
8  jours. 


80  CHEMINS  UE   FER  DINTÉBÈT   LOCAL 

Les  coodilioas  d'établissemoal  de  ces  diverses  machines  sont 
as  BuivaDtes  : 


Diamètredescylindres.. .  , 

Course  du  piston 

DiamÈlre  des  roues  motrices. 

Surface  de  r.hauITe  du  foyer. 

—               des  mbes. 

Poiiisilelarnachineâvlde.. 

il 

1 

î 

i 

1 

4 
i  i 

1 

1 
"  S 

0.3(M) 
O.i60 
1.300 
3"90 
il- 50 
17.300k 
23.200 

0.350 
0.650 
1.310 
4-65 
53-26 

21.600  k. 

Ï7.80O 

O.iOO 
0.460 
1.060 
5-23 
65-  27 
21.700  k 
32.600 

0.400 
0.560 
1.2D0 
5-M2 
61-  25 
23.600  k 
31.800 

0.310 
0  500 
I.OTO 
i"63 
45-37 
le.OOOk 
25.000 

0.350 

0.550 

1.200 

8-95 

112-39 

13.100  k. 

55.000 

Ateliers.  —  Les  ateliers  soht  installés  k  MoDtpellier  dans  la  gare 
centrale  des  chemins  de  fer  de  l'Hérault.  Us  sont  beaucoup  trop 
importants  et  pourraient  suffire  à  uue  exploitation  de  500  kilomé- 
trés. 

Une  machine  de  25  chevaux  actionne  : 

3  tours  à  roues,  6  tours  ordinaires  ; 

4  perceuses  ; 

2  raboteuses,  2  étaux limeurs; 

1  marteau  pilon  ; 

1  cisaille; 

i  presse  hydraulique. 

On  dispose,  en  outre,  d'un  outillage  important  pour  la  forge  et 
l'atelier  do  menuiserie. 

Ces  installations  permettent  de  faire  toutes  réparations  et  même 
la  construction. 

Il  va  de  soi  que  le  personnel  employé  est  fort  nombreux. 


Dépenses  de  premier  établiBeement  au  31  dioembre  1884 

Il  n'a  pas  été  possible  d'obtenir  des  renseignements  détaillés  par 
ligue  sur  les  dépenses  de  premier  établissement. 


A  VOIE  NORMALE  181 

Les  chiffres  donnés  ci-après  so  rapportent  donc  à  Tensemble  des 

lignes  de  Montpellier  à  Palavas 12kii. 

et  de  Montbazin  àCessenon 86 

Total 98  kil. 

i«  Gonslraction  du  chemin 17.413.510    » 

29  Matériel,  mobilier  et  approvisionnements 2.205.766    » 

3®  Intérêts  et  amortissement  pendant  la  construction.        6.578.126    » 

Total  GÉNÉRAL.  .      26.197.402    » 
Soit  par  kilomètre 267.330    » 

Ce  qui  est  une  dépense  très-élovée. 

Les  subventions  reçues  pour  cette  construction   ont  atteint  le 
chiffre  de  8,358,379  francs. 


ii.  —exploitation 

Administration 

Avant  la  mise  en  faillite,  le  conseil  d'administration,  qui  sié- 
geait à  Paris,  se  composait  de  sept  membres  et  se  réunissait  chaque 
semaine.  Un  administrateur  délégué  à  Paris,  un  autre  à  Mont- 
pellier étaient  chargés  de  la  solution  des  questions  urgentes. 

C'est  le  syndic  de  la  faillite  qui  représente  aujourd'hui  toute 
rAdminis  tration . 

Un  directeur,  chef  d'exploitation,  centralise  tous  les  services, 
et  s'occupe  tout  spécialement  du  mouvement  et  de  la  partie  com- 
merciale. 

Sous  ses  ordres,  un  ingénieur  est  chargé  de  la  voie,  un  autre 
de  la  traction. 

La  comptabilité  de  tous  les  services  est  tenue  dans  les  bureaux 
du  service  central  de  l'exploitation. 

Les  feuilles  de  solde  et  factures  sont  certifiées  par  les  chefs  des 
services  et  approuvées  par  le  directeur. 

Voie  et  Bâtiments 
L'ingénieur  qui  dirige  ce  service  est  assisté  d'un  piqueur. 


182  CHEMINS  DE   FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

Lesbrigades  delà  voie  sont  généralement  composées  à  5  agents; 
elles  ont  à  assurer  le  service  de  4  à  6  kilomètres  de  voie;  cepen- 
dant, dans  les  fortes  rampes  à  courbes  raides,  la  longueur  affectée 
à  la  brigade  descend  à  3  kilomètres. 

La  ligne  facile  de  Palavas,  qui  n'a  que  12  kilomètres,  ne  com- 
porte qu'une  seule  brigade. 

Les  passages  à  niveau  des  routes  importantes  sont  gardés  par 
les  femmes  des  chefs-cantonniers  ou  des  cantonniers.  Les  gardes- 
barrières  ne  sont  pas  toujours  logées  ;  celles  qui  le  sont  reçoivent 
15  francs  par  mois,  et  les  autres  20  francs. 

n  n'y  a  pas  de  clôtures,  sauf  autour  des  gares,  et  aux  abords 
immédiats  des  passages  à  niveau  gardés. 

Dépenses  du  service  de  la  voie  en  1885  : 

• 

Personnel 80.659  55 

Matériel  de  la  ,voie 88.215  47 

Balast 455    » 

Entretien  des  plaques  tournantes,   chariots,  etc 2.726  55 

Entretien  des  ouvrages  d'art 2.063  56 

Entretien  des  bâtiments. 3,750  93 

Dépenses  diverses 4.633  19 

Total.  .  .  .     152.524  25 
Soit  par  kilomètre  de  ligne  (les  18  kilomètres  de   tronc 
commun   avec  le  Midi  défalqués) 1.556  37 


Traction 

Le  chef  du  service  de  la  traction  a  sous  ses  ordres  un  chef  de 
dépôt  à  Montpellier  et  un  chef-mécanicien  à  Béziers. 

Les  machines  sont  conduites  par  8  mécaniciens  et  autant  de 
chaufTeurs  ;  les  mécaniciens  peuvent  être  suppléés  par  3  chauffeurs 
autorisés.  Les  mécaniciens  sont  payés  à  raison  de  150  à  165  francs 
par  mois,  les  chauffeurs  110  à  123  francs. 

Le  chef  de  dépôt  dirige  les  ateliers,  qui  comprennent  un  per- 
sonnel de  34  ouvriers  ;  il  a  en  outre  4  employés  de  bureau. 

Les  allocations  de  combustible  sont  variables  suivant  le  type  de 
machine  ;  elles  atteignent  10  kil.  par  kilomètre  pour  les  grosses 
machines,  avec  200  kil.   pour  allumage;  pour  ces  mêmes  ma- 


A   VOIE  NORMALE  183 

chines,  Tallocalion  pour  graissage  est  de  34  grammes  d*huile  par 
kilomètre. 

Les  primes  d'économies  et  d'entretien  s'élèvent  à  50  ou  60  francs 
par  trimestre  pour  les  mécaniciens  des  petites  machines,  80  francs 
pour  ceux  des  grosses  machines. 

Les  chauffeurs  reçoivent  une  prime  moitié  moindre. 

Le  service  de  la  ligne  de  Montpellier  à  Cessenon  comporte  un 
roulement  à  trois  jours,  d'où  résultent  des  déplacements  pour  les 
mécaniciens  et  chauffeurs.  Le  roulement  complet  ne  présente  pas 
d'intérêt  lorsqu'on  a  des  machines  de  types  si  différents  ;  le  roule- 
ment a  pour  but  de  comparer  les  services  des  mécaniciens  entre 
eux.  Or,  comment  établir  une  comparaison  lorsqu'on  ne  dispose 
que  d'éléments  différents  ?  Il  eût  mieux  valu  couper  le  roulement 
à  Pézenas  et  éviter  ainsi  tous  déplacements. 

Les  parcours  de  machines  varient  de  100  à  160  kilomètres  par 
jour. 

Le  combustible  employé  se  compose  exclusivement  de  bri- 
quettes, en  provenance  d'Alais  et  de  Graissessac  et  qui  reviennent 
à  26  fr.  50  à  Montpellier. 

Les  eaux  sont  généralement  calcaires  et  exigent  un  lavage  delà 
machine  chaque  semaine. 

Dépenses  du  service  delà  traction  en  1885  : 

Personnel  de  la  traction 51.924  10 

Personnel  des  ateliers 44.220  40 

Déplacements  et  gratiGcations,  primes,  de 16.071  70 

Combustibles 58.255  96 

Alimentation 6.342  46 

Entretien  et  réparation  des  machines 32.030  72 

Entretien  et  réparation  du  matériel 15.514  95 

Total.  .  .  .    224.360  29 
Soit  par  kilomètre  de  train 0  80 

Mouvement  et  Trafic 

MouTemeiit.  —  Le  directeur  est  lui-même  chef  du  service  du 
mouvement  ;  un  secrétaire  de  l'exploitation  est,  sous  ses  ordres, 
spécialement  chargé  du  personnel.  Un  agent  tient  à  la  fois  la  sta- 
tistique commerciale  et  celle  du  mouvement. 


18i  CHKMINS  DE   FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 

Tel  est  le  personnel  du  service  central  du  mouvement,  pour  un 
total  de  25  gares  et  stations. 

Service  des  trains.  —  La  ligne  de  Palavas  comporte  l'hiver  un 
service  à  4  trains  dans  chaque  sens,  Tété  un  service  à  7  trains. 
La  ligne  de  Montpellier  à  Gessenon  est  desservie  par  deux  trains 
de  voyageurs  et  un  train  mixte  dans  chaque  sens  ;  il  n'y  a  pas  de 
trains  réguliers  de  marchandises,  mais  seulement  des  trains  fa- 
cultatifs. 

Pas  de  service  de  jiuit  en  temps  normal. 

Quelque  réduite  que  soit  la  composition  des  trains,  chacun  d'eux 
comporte  deux  agents,  un  conducteur  et  un  garde-frein. 

Quand  les  trains  sont  chargés,  on  ajoute  à  ce  personnel  un 
homme  d'équipe. 

La  composition  normale  des  trains  de  la  ligne  de  Palavas  est  de 
12  voitures  en  été.  Il  n'est  pas  possible  de  dépasser  cette  compo- 
sition en  raison  de  la  rampe  de  25°"/°^  qu'on  rencontre  dans  le  sens 
pair,  à  l'arrivée  à  Montpellier. 

Sur  les  autres  lignes,  les  voies  d'évitement  ont  été  établies  pour 
assurer  le  croisement  des  trains  de  24  véhicules,  maiâ  les  grosses 
machines  seules  peuvent  remorquer  de  semblables  charges  ;  avec 
les  machines  ordinaires,  on  est  obligé  de  recourir  à  la  double  trac- 
tion, machine  en  tète  et  machine  en  queue,  dès  qu'on  dépasse  45 
à  18  véhicules.  Ce  sont  là  des  conditions  d'exploitation  aussi 
incommodes  que  peu  économiques.'La  composition  en  voitures  des 
trains  de  la  ligne  de  Montpellier  à  Gessenon,  est  normalement 
d'une  mixte  et  d'une  seconde  ;  un  fourgon  est  en  tète,  il  n'y  a  pas 
de  fourgon  en  queue.  Tous  les  10  à  15  kilomètres,  une  ou  deux 
voitures  sont  en  réserve  dans  les  stations  pour  les  cas  d*affluence 
de  voyageurs. 

Il  y  a  peu  de  marchandises  Tété  sur  la  ligne  de  Gessenon  ;  mais 
l'hiver  un  train  facultatif  y  circule  à  peu  près  chaque  jour. 

La  vitesse  maxima  des  trains  est  50  kilomètres  à  l'heure  sur  la 
ligne  de  Palavas  ;  45  kilomètres  en  plaine  sur  la  grande  ligne  ;  les 
trains  mixtes  sont  limités  à  30  kilomètres  de  vitesse. 

Jusqu'en  1885,  les  voitures  ont  été  chauffées  l'hiver  avec  des 
briquettes  Stocker,  auxquelles  on  a  renoncé  depuis  pour  recourir 


A   VOIE   NORMALE  185 

aux  bouillottes  à  eau,  réchaufTées  par  la  vapeur  prise  à  la  loco- 
motive. 

Le  nettoyage  et  le  balayage  des  voitures  est  assuré  par  les 
hommes  d'équipe  des  gares  terminus. 

Service  des  gares  et  stations.  —  i3  stations  sur  25  sont  gérées 
par  un  seul  agent,  assisté  de  sa  femme  pour  le  service  des  billets 
et  du  télégraphe,  service  dont  elle  s'acquitte  généralement  fort 
bien  ;  la  femme  reçoit  15  francs  par  mois. 

Un  petit  nombre  de  stations  ont  deux  agents. 

Les  gares  ont  un  personnel  en  rapport  avec  leur  importance  ;  à 
Béziers,  par  exemple,  il  y  a  2i  agents. 

Les  stations  sont  rapprochées  ;  toutes  sont  munies  d'une  voie 
d'évitement,  les  haltes  exceptées. 

Toutes  les  stations  sont  pourvues  du  télégraphe. 

Les  règlements  sont  identiquement  ceux  de  la  Compagnie  du 
Midi.* 

Dans  les  gares  à  un  seul  agent,  les  manœuvres  sont  exé- 
cutées par  le  personnel  du  train,  le  garde-frein  faisant  les 
aiguilles. 

Les  trains  qui  ont  à  prendre  ou  à  laisser  des  marchandises  de 
détail  suivent  la  voie  de  halle.  Les  autres  trains  suivent  soit  la  voie 
directe,  soit,  en  cas  de  croisement,  la  voie  directe  et  la  voie  d'évi- 
tement. 

Pour  les  manutentions  ou  manœuvres  des  wagons  dans  l'inter- 
valle des  trains,  on  n'a  pas  ici  recours  aux  agents  de  la  voie  pour 
compenser  l'insuffisance  de  personnel  des  stations,  mais  on  envoie 
en  cas  de  besoin  un  ou  deux  hommes  d'équipe  de  la  gare  impor- 
tante la  plus  voisine. 

Le  service  ainsi  organisé  fonctionne  à  Tentiëre  satisfaction  du 
public  et  de  la  Compagnie. 

La  répartition  du  matériel  est  faite  par  le  chef  de  gare  de 
Béziers  pour  la  ligne  de  Montpellier  à  Cessenon,  par  celui  de  la 
gare  de  l'Esplanade  pour  la  ligne  de  Palavas. 

Chaque  chef  de  gare  répartiteur  reçoit  journellement  des  sta- 
tions et  gares  un  état  du  l'estant  en  gare,  des  demandes  et  des 
wagons  disponibles. 


186  GHEMhNS   DE   FER   D^  INTÉRÊT  LOCAL 

Les  deux  répartiteurs  sont  en  même  temps  agents  de  la  voie 
unique. 

Le  service  de  transit  dans  la  gare  d'Arènes  est  assuré  par  la 
Compagnie  P.-L.-M.,  soit  pour  ses  propres  échanges  avec  la 
Compagnie  du  Midi,  soit  pour  les  échanges  de  la  Compagnie  de 
l'Hérault  avec  le  P.-L.-M.  ou  le  Midi.  Les  dépenses  d'exploitation 
étaient  primitivement  réparties  au  prorata  du  nombre  des  branches, 
ce  qui  mettait  un  quart  à  la  charge  de  la  Compagnie  locale.  Aujour- 
d'hui chacun  paye  suivant  le  prorata  des  tonnes  manutentionnées. 

La  gare  de  Montbazin  est  commune  avec  la  Compagnie  du  Midi 
pour  tous  les  services  ;  la  dépense  d'exploitation  est  répartie 
d'après  le  nombre  des  branches,  ce  qui  met  un  tiers  à  la  charge  de 
la  Compagnie  locale. 

Les  dépenses  de  premier  établissement  de  ces  deux  gares  com- 
munes sont  réparties  sur  la  base  d'un  intérêt  annuel  de  5,75  p.  100, 
et  suivant  la  formule  adoptée  pour  chacune  d'elles  pour  le  partage 
des  dépenses  d'exploitation. 

On  a  projeté  de  raccorder  les  gares  de  Béziers  et  de  Pézenas 
avec  celles  de  la  Compagnie  du  Midi;  mais  on  a  jusqu'ici  reculé 
devant  les  difficultés  et  la  dépense. 

Les  trains  de  la  Compagnie  de  l'Hérault  circulant  entre  Mont- 
pellier et  Montbazin  sont  assujettis  au  péage  de  6/10  des  recettes 
brutes. 

Les  parcours  kilométriques  des  trains  se  sont  élevés  en  1885  à 
279,981  kilomètres,  y  compris  14,121  kilomètres  de  trains  de 
ballast  et  de  service,  ce  qui  donne  pour  les  parcours  des  trains  de 
l'exploitation  265,860  kilomètres. 

Service  oommeroial.  —  Le  directeur  s'est,  comme  on  Ta  vu, 
exclusivement  réservé  le  service  commercial. 

Ce  service  offre  du  reste  pou  de  particularités. 

Le  trafic  de  la  ligne  de  Palavas  est  à  peu  près  exclusivement 
composé  de  voyageurs  qui  se  rendent  aux  bains  de  mer  ou  en 
reviennent. 

Sur  la  ligne  de  Cessenon,  le  principal  élément  du  trafic  en 
dehors  des  voyageurs  est  le  vin,  et  tout  ce  qui  peut  servir  à  sa 
production,  ou  à  la  défense  contre  le  phylloxéra. 


A  VOIE  NORMALE  187 

Les  régions  où  les  vignes  sont  anéanties  produisent  des  grains, 
des  fourrages,  etc....  Mais  la  reconstitution  des  vignes  a  suivi  de 
grands  progrès  dans  l'Hérault,  où  Ton  ne  désespère  pas  de  retrou- 
ver, dans  un  petit  nombre  d'années  la  prospérité  d'autrefois. 

Aux  teimes  du  cahier  des  charges,  les  tarifs  de  voyageurs  ne 
comportent  que  deux  classes,  pour  lesquelles  les  perceptions  kilo- 
métriques sont  réduites  : 

Pour  la  première  à  0,0896. 

Pour  la  seconde  à  0,0560. 

Les  billets  d'aller  et  de  retour  comportent  une  réduction  de 
30  p.  100  sur  le  double  des  billets  simples  qui  sont  délivrés  de  toute 
gare  à  toute  gare. 

Pour  les  marchandises,  ou  a  adopté  à  peu  près  la  classification 
et  les  conditions  d'application  de  la  Compagnie  du  Midi,  seule- 
ment les  prix  d'application  des  4  classes  sont  des  prix  respective- 
ment réduits  à  14,  12,  8  et  6  centimes  par  kilomètre. 

Sur  le  parcours  de  Montpellier  àMontbazin,  les  marchandises 
sont  taxées  0,02  en  plus  par  classe  pour  les  18  kilomètres  appar- 
tenant au  Midi. 

Les  prix  très-réduits  adoptés  pour  les  chemins  de  fer  de  l'Hé- 
rault ont,  il  est  vrai,  pour  effet  d'éviter  des  détournements  de  la 
part  de  la  Compagnie  du  Midi  ou  même  d'effectuer  des  détourne- 
ments au  détriment  de  celle-ci;  mais  cette  réduction  est  contraire  à 
ce  principe  très-rationnel  et  généralement  admis  que  sur  les  lignes 
de  faible  parcours  et  à  faible  trafic,  les  tarifs  doivent  être  élevés. 

Uue  compagnie  de  chemins  de  fer  n'est  autre  chose  qu'un  com- 
merçant ;  si  ses  affaires  sont  très-développées,  les  bases  de  ses 
tarifs  pour  les  grosses  parties  ou  les  longs  parcours  peuvent  être 
très-abaissées.Si^  au  contraire,  son  trafic  estfaible,  qu'elle  n'aitpas 
à  espérer  de  grosses  expéditions,  et  que  ses  parcours  soient 
réduits,  il  est  de  toute  évidence  qu'elle  a  besoin  pour  vivre  d'ap- 
pliquer des  tarifs  élevés.  A  fortiori  est-on  dans  Terreur  lorsque,  et 
c'est  le  cas  pour  l'Hérault,  les  prix  appliqués  à  de  petits  parcours 
et  un  faible  trafic  sont  des  prix  inférieurs  aux  tarifs  habituels. 

Les  marchandises  à  destination  des  gares  de  la  ligne  de  Mont- 
pellier à  Cessenon  et  en  provenance  du  réseau  P.-L.-M.  ou  d'au 
delà,  transitent  à  Montbazin.  Les  marchandises  à  destination  du 


188  CHEMINS   DE  FER   D  INTÉRÊT  LOCAL 

réseau  P.-L.-M.,  et  en  provenance  de  cette  ligne,  transitent  à 
Montpellier- Arènes. 

Les  gares  de  la  ligne  de  Gessenon  sont  ouvertes  au  trafic  direct 
avec  le  Midi  pour  toutes  directions  en  ce  qui  concerne  la  petite 
vitesse,  pour  certains  points  importants  seulement  en  ce  qui  con- 
cerne la  grande  vitesse. 

Les  écritures  sont  les  mêmes  que  celles  de  la  Compagnie  du 
Midi,  et  la  comptabilité  s'établit  de  même  par  dizaine. 

Le  service  du  contrôle  est  dirigé  par  un  comptable  principal, 
chef  du  contrôle  ;  il  est  assisté  par  4  agents  qui  font  en  même 
temps  les  vérifications  de  comptabilité  dans  les  gares. 

Les  recettes  sont  centralisées  par  un  caissier. 

Les  dépenses  du  service  de  l'exploitation  ont  été  les  suivantes 
en  1885  : 

Personnel  (service  centra]  compris) 139.063  65 

Fournitures  de  bureau 16.012  10 

Eclairage  et  chaufiage 4.968  03 

Entretien  et  réfection  du  petit  matériel  des  gares 3.577  36 

Dépenses  diverses 1.244  90 

Total  pour  les  dépenses  d'exploitation  proprement  dites.     164.866  04 

Soit  par  kilomètre  de  train 0  62 

—  de  ligne 1.397     • 

Services  divers.  —  Le  matériel  et  les  matières  de  la  voie  et  de  la 
traction  sont  distribués  par  un  garde-magasin  qui  en  a  charge. 

De  même  un  commis  d'économat  est  préposé  au  service  des 
imprimés  et  fournitures  diverses. 

Une  retenue  de  1  p.  iOO  est  faite  à  tous  les  agents  pour  assurer 
le  service  médical  et  pharmaceutique. 

La  Compagnie  de  THérault  est  moins  libérale  en  cela  que  la 
plupart  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  d'intérêt  local. 

Pas  de  caisse  de  retraite  ni  de  secours. 


Résultats  généraux. 

Les  dépenses  données  plus  haut  par  service  sont  incomplètes 
en  ce  sens  qu'elles  ne  comprennent  pas  la  participation  dans  les 


A   VOIE  NORMALE  189 

frais  d'exploitation  des  gares  communes  et  du  tronc  commun 
d'Arènes  à  Montbazin,  frais  qui  n'ont  pas  été  répartis  par  service 
dans  les  comptes  de  la  Compagnie. 

Ces  frais  s'élèvent  à 63,487  10 

Il  faut  encore  y  ajouter  : 
l^^Les  frais  de  location  du  matériel  étranger,  soit    .     17,380     » 
2*  Les  dépenses  d'administration  centrale,  du  ma- 
gasin   central,   et  les   charges  d'administration  pu- 
blique, de  contribution,  etc 34^516  52 

Les  dépenses  résumées  pour  l'exercice  1883  sont,  par  suite  les 
suivantes  : 

Voie  et  bâtiments 152.524  25 

Traction 224.360  29 

Exploitation 164.866  04 

Gares  communes,  tronc  commun   et  loyer  du  malériel 

étranger 80.867  10 

Administration  centrale   et  charges  diverses.  : 34.516  52 


Totaux.  .  .    657.134  20 

Soit  par  kilomètre  de  ligne  (y  compris  le  tronc  commun).        5.664  95 
Par  kilomètre  de  train 2  34 

* 

Les  recettes  ont  été  pour  le  même  exercice,  impôt  compris  : 

{o  Grande  vitesse 468.020  20 

20  Petite  vitesse 319.036  85 

3«  Recettes  diverses 14.220  85 


Total  des  recettes  brutes.  .  .    801.277  90 
Impôt 75.903  70 


Recettes  nettes 725.374  20 

Recette  nette  kilométrique.  .        6.253  22 
Recette  par  kilomètre  de  train  de  Texploitation.  .  3  01 


En  résumé,  de  très-grosses  erreurs  ont  été  commises  dans  la 
construction  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  de  THérault.  On 
n'a  pas  été  plus  heureux  dans  le  choix  des  locomotives  et  Tou-^ 
tiUage   des  ateliers.  Ces  chemins  sont  à  classer  parmi  les  plus 


190 


CHEMINS    DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 


défectueux  qu'il  y  ait  en  France  sous  le  rapport  de  l'établisse- 
ment. 

L'exploitation  rendue  très-ardue  par  les  erreurs  de  premier 
établissement  est  assez  bien  conduite,  mais  nécessairement  oné- 
reuse  sous  le  rapport  de  Tentretien  et  de  la  traction.  D'une  part, 
les  charges  qui  pèsent  sur  l'exploitation  par  suite  de  ces  erreurs; 
d'autre  part,  la  faiblesse  injustifiée  des  tarifs  ne  permettent  pas 
d'espérer  de  longtemps  une  situation  prospère  pour  les  chemins 
de  l'Hérault  qui,  mieux  construits  et  outillés  simplement,  eussent 
pu  être  en  mesure,  avec  les  tarifs  habituels,  de  donner  une  rému- 
nération suffisante  des  capitaux  engagés,  même  au  milieu  de  la 
crise  phylloxérique. 


RÉSULTATS  DE   L'EXPLOITATION    DES  CHEMINS   DE   FER  DE   L'HÉRAULT 

Pendant  les  années  1881,  1882,  1883,  1884,  1885 


as 

•< 

M*      * 

a  s- 

es     ** 

S 

RÉSULTATS    TOTAUX 

RÉSULTATS  PAR  Kl 

[LOMÈTRE 

Produit 
net 

-fi 

il 

il 

73 

Recettes 

(impôt  déduit) 

Dépenses 

Produit 
net 

Recettes 

Dépenses 

1881 

116 

1.285.247 

940.201 

345.046 

11.079 

8.105 

2.974 

1882 

lie 

912.610 

837.727 

74.883 

7.867 

6.352 

1.515 

81 

1883 

116 

773.811 

796  868 

—  23.057 

6.671 

6.869 

-198 

103 

188i 

116 

797.132 

800.188 

—    3.056 

6.872 

6.898 

-  26 

101 

1885 

116 

725.37 i 

657.134 

68.240 

6.253 

5.065 

588 

90 

CHAPITRE   XIV 


CHEMINS  DE  FER  DU  MÉDOG  (Gironde). 


LOROOIVft 

Ijignes  de  Bordeaux  au  Verdon 101  kil. 

—         Màrgaux  à  Gastelnau 10  id. 


Total.    111  kU. 


I.    —    ÉTABLISSEXE.HT    DES    CHEHI.HS 

Concédée  antérieurement  à  la  loi  de  1865,  la  ligne  de  Bordeaux 
au  Verdon  est  une  ligne  d'intérêt  général,  bien  qu'ayant  essentiel- 
lement le  caractère  d'une  ligne  d'intérêt  local. 

La  ligne  de  Margaux  à  Gastelnau  est  au  contraire  placée  sous  le 
régime  de  la  loi  de  1865. 

Le  17  octobre  1857,  le  gouvernement  concéda  à  une  Compagnie 
spéciale,  un  chemin  de  Bordeaux  au  Verdon,  appelé  à  desservir  les 
vignobles  les  plus  renommés  du  Bordelais.  La  dépense  de  cons- 
truction était  évaluée  à  15  millions  et  le  produit  net  à  700,000  fr. 
Mais  les  souscripteurs  anglais,  qui  devaient  contribuer  à  fournir 
la  plus  large  part  du  capital,  se  refusèrent,  en  1858,  à  tenir  leurs 
engagements,  et  la  Compagnie  demanda  le  remboursement  de  son 
cautionnement. 

Un  décret  du  21  juin  1861,  prononça  la  résiliation  de  la  con- 
cession. 

La  ligne  fut  mise  en  adjudication,  sur  un  cahier  des  charges 


192  CHEMINS    DE    FER   D'INTÉRÊT    LOCAL 

• 

conforme  à  celui  des  Charentes.  MM.  Poujardhieu   et    consorts 
furent  déclarés  adjudicataires  par  décret  du  2  juin  i863. 

L'ouverture  à  Texploitation  eut  lieu  par  sections,  de  1868  à 
i875.  (Picard.  Les  Chemins  de  fer  français,  t.  II.) 

Le  département  de  la  Gironde  avait  donné  une  subvention  de 
1,600,000  francs,  et  l'Etat  une  subvention  de  4,500,000  francs. 

La  petite  ligne  de  Margaux  à  Gaslelnau  a  été  concédée  par 
décret  du  22  avril  1880  et  ouverte  en  mars  1884.  Le  département 
accordait  comme  subvention  l'exécution  à  ses  frais  de  la  totalité 
des  travaux,  sauf  remboursement  partiel  en  15  annuités  de 
10,000  francs.  L'acte  de  concession  portait  la  faculté  de  ne  faire 
qu'un  train  de  voyageurs  et  de  marchandises  par  jour,  dans 
chaque  sens,  et  l'immunité,  au  profit  de  la  Compagnie  des  Landes 
de  la  Gironde,  pour  l'usage  commun  de  plusieurs  sections  du 
chemin  du  Médoc. 

Antérieurement  à  l'établissement  de  la  ligne  du  Médoc,  une 
voie  avait  été  construite  entre  le  Verdon  et  la  pointe  de  Grave  par 
le  service  des  Ponts  et  Chaussées,  en  vue  de  travaux  de  défense 
contre  les  érosions  de  la  mer.  Cette  voie,  longue  de  3  kilomètres, 
a  1  mètre  d'écartement.  L^Etat  a  autorisé  la  Compagnie  du  Médoc 
à  faire  circuler  sur  cette  voie,  sans  redevance,  des  trains  remorqués 
par  des  chevaux,  et  qui  établissent  une  correspondance,  à  la  pointe 
de  Grave,  entre  les  trains  du  Verdon  et  le  bateau  de  la  Grave  àRoyan. 

Le  capital  social  se  compose  de  : 

20,000  actions  à  500  francs   .    .     .     10,000,000  fr. 
Environ  30,000  obligations  à  250  francs .     .      7,500,000 

Les  actions  sont  en  majorité  entre  les  mains  des  entrepreneurs 
qui  ont  construit  la  ligne,  et  qui  ont  été  payés  partie  en  argent| 
partie  en  actions. 

La  ligne  de  Bordeaux  au  Verdon  a  été  construite  chèrement. 
Les  terrains  ont  été  très-coûteux;  leur  acquisition  constitue  une 
charge  de  plus  de  20,000  francs  par  kilomètre.  Les  frais  généraux 
ont  absorbé,  avec  les  intérêts  pendant  la  construction,  le  tiers  de 
la  dépense  totale  de  premier  établissement. 

La  Compagnie  se  dispose  à  construire,  à  la  charge  du  départe-^ 
ment  de  la  Gironde,  un  embranchement  de  500  mètres  de  Ion- 


A   VOIR  NORMALE  193 

gueur  reliant  la  gare  de  Pauillac  au  port  des  Pilotes;  cette  voie  est 
destinée  à  supprimer  le  camionnage  de  la  gare  au  port  et  à  donner 
ainsi  de  grandes  facilités  à  certains  articles  de  trafic,  tels  que  les 
traverses,  planches  et  poteaux  de  mine  qui  ont  besoin  de  moyens 
de  transport  économiques  et  que  tient  éloignés  le  prix  trop  élevé 
du  camionnage.  Cet  embranchement  a  été  concédé  par  une  loi  du 
27  juillet  1886,  en  exécution  de  la  loi  do  principe  du  11  juin  1880. 

D'un  autre  côté,  l'Etat  construit  un  embranchement  de  o  kilo- 
mètres de  la  gare  de  Moulis  au  port  de  Lamarque,  dont  Texploita- 
tion  doit  être  confiée  à  la  Compagnie  du  Médoc.  Cet  embranche- 
ment est  destiné  à  mettre  en  relations  la  région  du  Médoc  avec 
celle  du  Blayais  par  l'intermédiaire  d'un  service  de  correspon- 
dance sur  la  Gironde,  entre  Lamarque  et  Blaye. 

Enfin,  des  pourparlers  sont  engagés  avec  la  Compagnie  du  Midi 
d'une  part,  le  ministre  des  Travaux  Publics  d'autre  part,  pour 
relier  la  gare  du  Médoc,  à  Bordeaux,  avec  les  quais  et  les  docks,  et 
par  suite,  pour  permettre,  par  la  voie  des  quais,  l'échange  des  mar- 
chandises avec  les  grandes  lignes  du  Midi,  de  l'Etat  et  de  l'Orléans. 

Un  premier  projet  étudié  dans  ce  but,  empruntant  le  Cours  du 
Médoc,  a  été  abandonné  et  remplacé  par  un  autre  comprenant  un 
raccordement  direct  avec  les  docks  et  les  quais  par  les  prairies; 
ce  projet  a  donné  lieu  à  une  convention  passée  entre  le  départe- 
ment et  la  Compagnie  du  Midi,  convention  sanctionnée  par  le 
Conseil  général  dans  sa  session  d'août  1886. 

D'autre  part,  la  gare  Saint-Louis  ou  du  Médoc  doit  être  ulté- 
rieurement reliée  avec  la  gare  Saint-Jean  ou  du  Midi  par  le 
chemin  de  fer  de  ceinture  de  Bordeaux,  dont  Tavant-projet  a  été 
soumis  à  l'enquête  d'utilité  publique. 

Dispositions  des  lignes. — Les  déclivités  sont  on  général  limitées 
à  8*"  par  mètre,  sauf  une  rampe  exceptionnelle  de  10"".  Les 
rayons  des  courbes  ne  sont  pas  inférieurs  à  800  mètres. 

Les  rails  ont  pour  les  2/3,  6m. 20  de  longueur,  et  pour  l'autre 
tiers  6  mètres.  Ils  sont  en  fer  et  pèsent  36  kilogrammes. 

Les  stations  sont  plus  vastes  qu'il  n'est  nécessaire  en  raison  du 
peu  d'importance  du  trafic  de  petite  vitesse  ;  toutes  possèdent  une 

13 


194  CHEMINS   DE   FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

voie  d'évitoment  de  400  mètres  de  longueur;  la  voie  directe  est 
toujours  celle  qui  longe  le  bâtiment  des  voyageurs.  La  voie  qui 
dessert  le  quai  à  marchandises  est  reliée  de  chaque  côté  aux  voies 
principales.  Les  types  des  stations  sont  figurés  (PI.  VIII,  fig.  48 
et  19)  par  les  stations  de  Blanquefort  et  de  Ludon.  Des  types 
plus  réduits  auraient  suffi. 

Les  signaux  couvrent  les  gares  à  une  distance  variable  de  800 
à  1,200  mètres;  quand  ils  sont  fermés,  ils  commandent  l'arrêt,  le 
mécanicien  doit  ensuite  s'avancer  doucement  et  s'arrêter  avant  la 
pointe  de  Taiguille  d'entrée  pour  recevoir  les  instructions  de  la  gare. 

Toutes  les  prises  d'eau  sont  assurées  au  moyen  de  Véjecieur  à 
culotte,  qui  fonctionne  d'après  le  même  principe  que  l'injecteur 
Giffard.  La  vapeur  est  empruntée  à  la  locomotive,  avec  laquelle 
l'éjecteur  est  mis  en  relations  par  un  tube.  Cet  appareil  plus  simple 
que  le  pulsomètre,  est  installé  dans  les  mêmes  conditions,  et 
dépense  comme  lui  beaucoup  de  vapeur;  il  en  a  les  avantages  et 
les  inconvénients,  précédemment  décrits  à  l'occasion  des  chemins 
de  fer  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais.  La  figure  20  en  reproduit 
les  dispositions.  L'éjecteur  permet  de  remplir  le  tender  en  5  mi- 
nutes. Il  n'a  jamais  besoin  de  réparations. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons,  —  La  plupart  des 
voitures  sont  à  étage,  et  contiennent  en  moyenne  75  places;  ces 
voitures  sont  ou  mixtes,  ou  affectées  exclusivement  à  une  seule 
classe.  Elles  ont  été  construites  par  la  maison  Bonnefond,  pèsent 
do  7  à  8  tonnes  et  ont  coûté  en  moyenne  10,393  francs  la  pièce. 
On  a  dit  déjà  que  les  voitures  à  étage  sont  absolument  impropres 
à  un  service  de  vitesse  et  de  grand  parcours;  la  Compagnie  du 
Médoc  n'en  est  que  trop  convaincue  aujourd'hui. 

En  outre  des  20  voitures  à  étage,  la  Compagnie  dispose  encore 
de  12  troisièmes  ordinaires  à  50  places  et  de  3  mixtes  premières  et 
secondes  ordinaires  à  36  places. 

Ce  matériel  de  33  voitures,  soit  0,3  par  kilomètre,  est  souvent 
insuffisant,  pendant  l'été;  on  ne  pare  à  cette  insuffisance  qu'avec 
de  grandes  difficultés. 

Les  freins  employés  sont  des  freins  Stilmant,  dont  sont  aussi 
munis  les  11  fourgons. 


i 


A.   VOIE   NORMALE  19S 

Le  matériel  de  petite  vitesse  se  compose  de  152  wagons,  ce  qui 
constitue  une  proporlion  de  1,5  par  kilomètre. 

En  outre,  le  petit  chemia  du  Verdon  à  la  pointa  de  Grave  est 
desservi  par  9  wagonnets  qui  sont  aménagés  l'été  pour  les  voya- 
geurs,  l'hiver  pour  te  transportdesmatérîaus.  Ces  wagonnets  con- 
Uennent  18  ou  24  places. 

Locomotives.  —  Les  machines  sont  au  nombre  de  10,  apparte- 
nant à  K  types  différents,  ce  qu'on  ne  saurait  trop  bUmer. 

4  sont  des  machines- tenders  à  3  essieux  accouplés;  elles  se 
rattachent  à  deux  types  et  ont  été  construites  par  les  ateliers  de 
Fives-Lille  en  1870  et  1883. 

Les  6  autres  sont  des  machines  de  vitesse  à  2  essieux  couplés 
et  à  tender  séparé;  ces  dernières  se  répartissent  deux  à  deux  en 
trois  types  différents  : 

2ontétéconstruîteseul8Siparlesateliersdu chemin deferdel'E^t,  ' 

2  —  en  1864  par  les  ateliers  de  Graffenstaden. 

2  —  en  1868  par  les  ateliers  André  Kœchlin  et  C. 

Les  conditions  d'établissement  de  ces  diverses  machines  sont 
ainsi  résumées  : 


Diamètre  des  cylindres 
Course  des  pistons    . 
Diamètre  des  ro 
Timbre  de  la  chaudière. 
Surface  de  la  grille     .    . 
Surface  de  chauFTe  du  foyi 

Id.  des  tul}cs. 

Id.  totale 

Eurtement  dcE  essieux   entrËmcs. 
Poids  des  loeomoli 


Id. 
Poids  adhérent . 


S2  RfMt 
3  300 
22'iOO 


i-oïi 
e  soo 

70  i63 


196  CHEMINS   DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

Ateliers  de  réparations,  —  Les  ateliers  sont  installés  à  la  gare 
Saint-Louis,  à  Bordeaux  :  une  locomobile  de  10  chevaux  actionne 
un  tour  ordinaire,  une  raboteuse,  une  perceuse,  etc.. 

Les  grosses  réparations  sont  faites  en  ville,  et  le  tournage  des 
roues  aux  ateliers  de  la  Compagnie  du  Midi. 


Dépenses   de   premier  établissement  au  31   décembre  1884 

BORDEAUX  AU    MARGAUX  A 
V EU DON       CASTELNAU 

1«  Coiistruction i9.038.164  17        418.150 

2°  Matériel,  mobilier  et  divers 1.407. 169  17               850 

3^  Intérêts  et  amortissement  pendant  la  cons- 
truction    3.344.717  60 

Totalgénéraldesdépensesd'établissemcnl.  .      24.780.051  03        419.000 

(H  y  a  lieu  de  s'étonner  en  ce  qui  concerne  la  ligne  de  Bordeaux  au  Verdon 
de  la  somme  énorme  affectée  aux  frais  généraux  compris  dans  le  paragraphe 
construction  du  chemin,  et  qui  s'élèrvcnt  à  4.832.920  fr.  13,  ce  qui  donne  le 
tiers  de  la  dépense  totale  du  1er  établissement  de  celte  ligne,  si  Ton  y  ajoute 
rintérôt  et  l'amortissement  pendant  la  construction.) 

Lo  kilomètre  do  la  ligne  de  Bordeaux  au  Verdon  ressort  comme 
établissement  à  243,345  francs,  ce  qui  est  inadmissible  pour  une 
semblable  ligne. 

La  ligne  de  Margaux  à  Castelnau  n'a  coûté  que  41,900  par 
kilomètre. 


11.   —   EXPLOITATION! 


Administration 


Le  conseil  d'administration  a  son  siège  à  Paris.  Il  est  composé 
de  9  membres,  et  se  réunit  chaque  mois. 

Les  pièces  de  dépenses,  établies  à  Bordeaux,  sont  adressées  à 
Paris  et  soumises  à  l'approbation  d'un  administrateiu*  délégué. 

D'ailleurs  beaucoup  de  latitude  est  laissée  à  ringénieur  de  la 
Compagnie  qui  dirige  tous  les  services  à  Bordeaux. 


A   VOIE   iNORMALE  197 

Le  bureau  du  service  central  à  Bordeaux  comporte  9  agents, 
dont  les  fonctions  sont  les  suivantes  : 

1  chef  de  comptabilité  chargé  en  même  temps  du  contrôle  des 
recettes; 

2  agents  pour  la  comptabilité  et  les  écritures  de  la  voie  et  de  la 
traction.  Pas  de  dessinateurs; 

2  vérificateurs  de  taxes; 

1  caissier  qui  vérifie  les  bordereaux  récapitulatifs  des  opérations 
de  la  dizaine,  et  établit  les  rectifications  ; 

1  agent  pour  la  vérification  des  billets  recueillis; 

2  agents  à  la  statistique. 

Les  dépenses  d'administration  et  du  service  central  sont  les  sui* 
vantes  pour  1884: 

i^  Administration  de  paris 

Conseil  d'administration.   .   .   .  • 12.000    » 

Secrétariat  général  et  complahilité  centrale 17.249  30 

Dépenses  diverses  (publicité,  etc.) 2.572  80 


:H. 822.10 


2°  Frais  généraux 

Impôts 22.465  63 

Loyers,  liépiacemcnts,  ctc 4.348  95  26.814  48 

3®  Service  central  de  bordeaux 

Personnel  du  service  central.   •  .   .  39.122    » 

Dépenses  diverses 31.395  6.1 

Indemnités  pour  avaries  ou  pcrle<  .  2.036  98 

Service  de  correspondance 6.078  15 

Service  de  la  Pointe  de  Grave.   .   .  .  35.903  50 

Service  médical 5.622  72  120.158  96 


Total  pour  l'administration  et  le  service  central.    .   .     178,795  64 
Dans  ce  total  la  ligne  de  Margauxà  Castelnau  figure  pour.        5.643  84 

Voie  et  Bâtiments 

L'ingénieur  de  la  Compagnie  est  assisté,  pour  la  direction  de  ce 
service,  par  un  surveillant-chef  et  trois  surveillants.  —  Le  pcr- 


198  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

sonnel  des  cantonniers  forme  15  équipes  à  4  agents  chacune,  et 
dont  le  canton  varie  de  3  à  8  kilomètres. 

En  raison  du  très-grand  nombre  de  passages  à  niveau  gardés, 
les  agents  de  la  voie  sont  à  peu  près  tous  logés  :  le  Médoc  est  très- 
peuplé,  et  dans  sa  traversée,  il  y  a  environ  un  passage  à  niveau 
par  kilomètre. 

Les  travaux  de  la  voie  n'ont  consisté  jusqu'ici  qu'en  renouvel- 
lements partiels  de  traverses  et  de  rails  ;  environ  12000  traverses  par 
an  et  depuis  l'origine  850  rails. 

Les  cantonniers  sont  payés  ainsi  qu*il  suit: 

Chefs  d'équipe  :  85  à  90  francs  ; 
Poseurs:  70  à  72  fr.  50. 

Les  dépenses  du  service  de  la  voie  et  de  bâtiments  pour  1884 
ressortent  à  : 

-,  .      .       IX  •  1  «       (*  Personnel  et  entretien 77.454  12 

Voie  et  matériel  fixe  {  _  ^^  ^^^  ^« 

(   Traverses 55.056  58 

Terrassements  et  ouvrages  d'art 2.639    » 

BâtimenU 15.285  71 

Total..  .  .     153.654  26 

Dans  ce  total  sont  comprises  les  dépenses  de  la  ligne  de  Margaux 
à  Gastelnau,  ouverte  en  mars  1884.  Si  on  ne  tient  pas  compte  de 
cette  ligne  qui  figure  pour  une  dépense  de  3,442  fr.  45  au  chapitre 
de  la  voie,  la  dépense  kilométrique  d'entretien  est  de  1,502  fr.  11. 

Traction 

Un  chef  de  dépôt,  en  même  temps  chef  d'atelier,  a  autorité  sur 
tout  le  personnel  de  la  traction. 

5  machines  sont  en  service,  une  en  réserve,  ce  qui  fait  un  rou- 
lement de  6  mécaniciens  et  6  chauffeurs. 

L'été,  il  y  a  en  plus  2  machines,  et  par  suite  4  agents  en 
service. 

Les  mécaniciens  sont  payés  à  raison  de  1,500  fr.  à  2,400  francs 
par  an. 

Les  chauffeurs  sont  payés  à  raison  de  1300  francs  à  1500  fr. 


A   VOIE    NORMALE  199 

L'allocation  en  charbon  est  composée  d'une  part  fi  xe  de  3  kilos 
700  ou  4  kilos  700  par  kilomètre,  selon  le  type  de  machine,  part  à 
laquelle  on  ajoute  0  kil.  350  par  wagon  ou  voiture,  le  wagon  vide 
comptant  pour  une  demi-unité. 

Ces  allocations  sont  d'autant  plus  fortes  que  le  charbon  est  du 
tout-venant  anglais,  en  provenance  de  Cardiff,  c'est-à-dire  qu'il 
est  de  première  qualité.  Le  prix  de  revient  à  Bordeaux,  gare  Saint- 
Louis,  est  de  25  francs  la  tonne. 

La  prime  d'économie  de  chaque  mécanicien  atteint  par  mois  le 
chiffre  élevé  de  80  francs. 

Le  roulement  des  machines  oblige  les  mécaniciens  et  chauffeurs 
à  découcher  à  tour  de  rôle  ;  il  ne  leur  est  rien  alloué  pour  ces 
déplacements.  • 

Le  parcours  moyen  des  machines  atteirtt  39,000  kilomètres  par 
an  :  deux  machines  ont  parcouru  60,000  kilomètres  en  1884,  4  ont 
dépassé  53,000  kilomètres. 

Les  machines  sont  donc  très-bien  utilisées;  du  reste  leur  nom- 
bre est  loin  d'être  exagéré. 

Les  dépenses  de  traction  pour  1884  sont: 


f 


Machines  (personnel,  cçmbustible,  entretien,   etc.).   .   .   .  147.431  64 

Voitures  et  wagons  (entretien,  etc.) 35.903  67 

Total.  .  183.335  31 

Soit  par  kilomètre  de  train 0  60 

—                 de  ligne 1.800    » 


Mouvement  et  Trafic 

Mouvement.  —  Un  inspecteur  chargé  en  même  temps  du  con- 
tentieux assiste  l'ingénieur  de  l'exploitation  dans  la  direction  du 
service  du  mouvement. 

Service  des  trains.  —  Le  service  de  chaque  train  est  assuré  par 
un  conducteur  et  au  moins  un  garde-frein  *. 


*  La  circulation  de  trains  légers,  à  un  seul  apcnt,  a  été  autorisée  en  juin  1887, 
pour  la  ligne  de  Marsaux  h  Castelnau. 


200  CHEBflNS  DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

L'hiver,  la  ligne  de  Bordeaux  au  Verdon,  est  desservie  par  trois 
trains  de  voyageurs  dans  chaque  sens;  un  train  de  marchandises 
circule  entre  Bordeaux  et  Lesparre. 

L'été  le  nombre  des  trains  de  voyageurs  dans  chaque  sens  est 
porté  sur  la  ligne  du  Verdon  à  5  trains  réguliers,  par  Taddition  de 
deux  express  Tun  le  matin,  l'autre  le  soir.  En  outre,  plusieurs 
trains  facultatifs  à  marche  rapide  sont  prévus  pour  les  jours  d'af- 
fluence,  et  des  trains  de  plaisir  ont  lieu  les  dimanches  et  fêtes. 
—  Entre  Lesparre  et  le  Verdon  existe  un  sixième  train  pendant 
l'été. 

La  ligne  de  Margaux  à  Castelnau  est  desservie  par  trois  trains 
en  toute  saison  :  les  dimanches  et  fêtes  d'été,  on  met  en  marche 
un  quatrième  train. 

La  vitesse  des  trains  ordinaires  de  voyageurs  est  limitée  à  45  ki- 
lomètres à  l'heure,  celle  des  trains  express  atteint  55  kilomètres  : 
les  trains  de  marchandises  n'ont  pas  de  vitesse  supérieure  à 
25  kilomètres  à  l'heure. 

Le  service  des  marchandises  de  détail,  ainsi  que  des  wagons 
complets  de  station  à  station,  est  assuré  par  les  trains  de  mar- 
chandises réguliers  entre  Bordeaux  et  Lesparre.  Entre  Lesparre 
et  le  Verdon,  ce  service  est  fait  par  deux  trains  mixtes,  un  dans 
chaque  sens;  ces  trains  ne  sont  autorisés  à  prendre  ou  laisser  des 
marchandises  dans  les  stations  de  cette  section  que  tous  les  deux 
jours.  Ils  peuvent  de  plus  servir  au  transport  des  wagons  complets 
entre  Bordeaux  et  Lesparre  ou  ses  au-delà,  mais  ils  ne  font  aucune 
manœuvre  entre  Bordeaux  et  Lesparre. 

Les  wagons  de  marchandises  sont  placés  en  tête  des  trains 
mixtes,  entre  la  machine  et  les-  voitures  à  voyageurs. 

Pendant  l'hiver,  la  composition  des  trains  do  voyageurs  dépasse 
rarement  7  à  8  voitures:  on  ne  met  au  train  qu'un  seul  fourgon 
en  tête  ;  une  voiture  à  frein  est  placée  à  la  queue.  Les  deux  véhi- 
cules extrêmes  sont  retournés  à  l'extrémité  du  parcours. 

L'été,  la  composition  des  trains  de  voyageurs  peut  atteindra 
15  voitures  sans  le  fourgon. 

Les  trains  de  marchandises  sont  limités  théoriquement  à  50  vé- 
hicules, pratiquement  à  la  charge  que  peuvent  remorquer  les 
machines,  soit  de  22  à  27  véhicules,  selon  la  machine. 


A   VOIE  NORMALE  20« 

Les  compartiments  des  voilures  de  première  classe  sont  seuls 
chauffés  rhi ver  :  on  emploie  des  bouillottes  à  eau,  que  l'on  réchauffe 
à  Bordeaux,  avec  la  vapeur  prise  à  la  locomobile  de  Talelier,  au 
Verdon,  avec  la  vapeur  prise  directement  à  la  locomotive  ;  deux 
minutes  suffisent  pour  réchauffer  à  la  fois  deux  bouillottes. 

L'éclairage  ne  présente  aucune  particularité  :  un  lampiste  pré- 
pare les  lampes  et  les  allume  à  Bordeaux. 

Le  lavage  et  le  balayage  des  voitures  .est  fait  à  Bordeaux  par  les 
hommes  d'équipe. 

Le  parcours  kilométrique  des  trains  en  1884,  non  compris 
2,348  kilomètres  parcourus  par  les  trains  de  travaux,  s'est  élevé  à 
305,020  kilomètres. 

Service  des  gares  et  stations,  —  Dans  toute  station,  il  y  a  au  moins 
un  agent,  dont  la  femme  est  receveuse^  et  reçoit  un  salaire  de 
15  francs  par  mois. 

Il  n'y  a  d'hommes  d'équipe  que  dans  les  stations  ou  gares  im- 
portantes ;  aussi  les  agents  des  trains  doivent-ils  concourir  aux 
manœuvres  et  à  la  manutention  avec  le  chef  de  station. 

Dans  les  haltes,  les  gardes-barrières  font  tout  le  service, 
y  compris  leiir  comptabilité;  elles  reçoivent  15  francs  par  mois 
en  plus  des  15  francs  qui  leur  sont  alloués  pour  le  service  des 
barrières. 

Le  télégraphe  existe  dans  toutes  les  stations.  Les  règlements 
adoptés  sont  ceux  de  la  Compagnie  du  midi. 

Lorsque  les  chefs  de  station  ont  à  faire  des  manœuvres  ou  des 
manutentions  dans  l'intervalle  des  trains,  ils  doivent  autant  que  pos- 
sible recourir  aux  bons  offices  du  public,  et  si  celui-ci  fait  défaut,  ils 
réquisitionnent  un  ouplûsieurs  agents  de  lavoiede  l'équipe  voisine, 
le  nombre  d'heures  employées  étant  inscrites  contradictoirement 
sur  le  bulletin  de  réquisition,  et  servant  à  établir  le  décompte  de 
reprise  du  service  de  la  voie  sur  celui  de  l'exploitation. 

L'inspecteur  de  l'exploitation  assure  la  répartition  du  matériel. 

L'ingénieur  de  la  Compagnie  est  agent  de  la  voie  unique. 

Pendant  l'été,  les  facteurs  des  gares  de  Moulis  et  Lesparre  sont 
envoyés  chaque  jour  en  renfort,  pendant  plusieurs  heures,  à  Sou- 
lac-1  es-Bains. 


202  CHEMINS    DE   FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

Dans  les  gares  de  croisement,  les  chefs  d'équipe  de  la  voie  sont 
chargés  de  faire  les  aiguilles,  lorsqu'il  n'y  a  pas  d'aiguilleur  on 
titre. 

Aux  termes  de  Tacte  de  concession  de  la  ligne  de  Margaux  à 
Castelnau,  la  Compagnie  du  Médoc  a  dû  recevoir  les  trains  do  la 
Compagnie  des  Landes  de  la  Gironde  dans  ses  gares  de  Lesparre 
et  de  Bordeaux.  La  Compagnie  du  Médoc  prétend  que  cette  der- 
nière Compagnie  a  été  exonérée  des  dépenses  de  premier  éta- 
blissement, mais  non  des  dépenses  d'exploitation.  —  D'après 
elle,  les  dépenses  d'exploitation  et  d'entretien  des  gares  com- 
munes, ainsi  que  les  dépenses  du  tronc  commun  de  Bruges  à 
Bordeaux  doivent  être  partagées  entre  les  deux  Compagnies  au 
prorata  du  nombre  de  leurs  trains.  La  Compagnie  des  chemins  de 
fer  économiques  prétend  au  contraire  qu'elle  est  dispensée  de  toute 
participation,  aussi  bien  dans  les  dépenses  d'exploitation  quedans 
celles  d'établissement.  L'affaire  est  en  litige. 

Service  commercial.  — Ce  service  est  exclusivement  dirigé  par 
l'ingénieur  de  la  Compagnie. 

Les  voyageurs  constituent  le  principal  élément  du  trafic  :  les 
recettes  de  la  grande  vitesse  sont  plus  que  triples  des  recettes  de  la 
petite  vitesse. 

En  outre  des  voyageurs  locaux,  qui  ont  des  relations  suivies 
avec  Bordeaux,  la  ligne  du  Médoc  a  Tété,  un  mouvement  très-im- 
portant de  voyageurs  de  bains  de  mer,  allant  au  Verdon,  Soulac- 
les-Bains  et  Royan. 

Enfin,  un  nombre  important  de  voyageurs  d'outre-mer  emprunte 
le  Médoc  entre  le  Pauillac  et  Bordeaux  pour  éviter  la  navigation 
fluviale  et  gagner  du  temps. 

Les  transports  de  petite  vitesse  ont  subi  une  dépression  par 
suite  de  la  destruction  des  magnifiques  vignobles  du  Médoc;  ces 
transports  ont  du  reste  toujours  été  assez  faibles,  en  raison  de  la 
concurrence  fluviale. 

Les  conditions  d'application  des  tarifs  sont  celles  de  la  Com- 
pagnie d'Orléans. 

Les  tarifs  généraux  ne  présentent  aucune  particularité  :  les  mar- 


A   VOIE  NORMALE  203 

chandises  sont  classées  en  six  séries  à  16,  14,  12,  10^  9  et  8  cen- 
times, plus  une  série  spéciale  à  6  centimes. 

Il  est  délivré  tous  les  jours  des  billets  d'aller  et  retour  de  toute 
gare  à  Bordeaux  ou  vice  versa,  et  de  toute  gare  à  Soulac  et  au 
Verdon. —  Ces  billets  comportent  une  réduction  de  40  p.  100;  ils 
sont  valables  jusqu'au  lendemain  soir. 

En  outre,  Tété,  il  est  délivré  des  billets  d* excursions  à  prix  très- 
réduits,  pour  Soulac,  le  Verdon  et  Royan. 

Les  tarifs  spéciaux  sont  de  même  très-réduits  ;  les  vins,  bes- 
tiaux, bois  et  matériaux  sont  les  principaux  produits  appelés  à 
bénéficier  de  ces  tarifs. 

La  comptabilité  est  tenue  par  dizaine. 

On  a  vu,  à  propos  de  Torganisation  du  service  central,  quel  est 
le  fonctionnement  du  contrôle.     • 

Les  dépenses  de  l'exploitation,  en  1884,  sont  : 

Trains  (personnel) 28.430  65 

Gares  (personnel) .  .  .  • 95.136  85 

Dépenses  diverses  de.*  Iràins 6.354  70 

Dépenses  diverses  des  gares 21.831     » 

Télégraphie 1.781  50 

Total.  .  .    .     153.534  70 

La  ligne  de  Margaux  à  Castelnau  entre  dans  ce  total  pour 
5,839  fr.  45.  En  défalquant  cette  somme,  le  kilomètre  de  ligne 
revient  pour  le  service  de  l'exploitation  à  1,462  fr.  33  ;  le  kilo- 
mètre de  train  à  0,50. 

Services  divers.  —  Le  magasin  des  matières  nécessite  un  per- 
sonnel de  deux  agents. 

Quant  aux  imprimés^  c'est  le  fournisseur  lui-même  qui  en  est 
le  magasinier.  Il  ne  peut,  bien  entendu,  livrer  aucune  fourniture 
sans  un  bon  émanant  du  service  central. 

Le  service  médical  et  pharmaceutique  est  gratuit.  Après  trois 
jours  de  maladie,  les  agents  sont  mis  en  demi-solde.  Le  service 
médical  donne  une  charge  annuelle  de  5,000  à  6,000  francs. 

Le  personnel  est  habillé  sur  retenues. 

Il  n'y  a  pas  de  caisses  de  retraites  ni  de  secours. 


204  CHEMINS  DE  FER   DINTÉRÊT   LOCAL 

Résultats    statisticpies    et    financiers 

Les  dépenses  de  Tannée  1884  se  récapitulent  comme  suit  pour 
la  ligne  du  Yerdon  seule  : 

Administration  de  Pari^ 29.411  25 

Frais  généraux 26.427  72 

Services  centraux  de  Bordeaux 417.312  73 

Entretien  et  surveillance  de  la  ligne 150.211  81 

Matériel  et  traction 173.167  21 

Mouvement  et  traflc 147.695  25 

Total.   .  644.226  07 

Ce  qui  donne  par  kilomètre  de  ligne 6.378  47 

—         par  kilomètre  de  train 2  11 

Les  dépenses  totales  de  la  ligne  de  Margaux  à  Castelnau  se 
sont  élevées  à  25,093  fr.  84. 

Les  recettes  de  l'exploitation  pour  la  ligne  du  Verdon  seule 
sont  les  suivantes  : 

Jo  Transports  à  grande  vitesse  (impôt  déduit) 864.968  72 

20  Transports  à  petite  vitesse 287.014  80 

30  Recettes  diverses 45.557  83 


Total  des  recettes.  .   .     1.197.541  35 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 10.856  84 

—    par  kilomètre  dé  train 3  78 

Les  recettes  de  la  ligne  de  Castelnau  se  sont  élevées  à  20,i  83  fr.  22 
donnant  une  insuffisance  de  4,910  fr.  62  sur  les  dépenses. 

Le  produit  net  de  l'ensemble  des  deux  lignes  a  été  par  suite  de 
553,315  fr.  28. 

Dans  les  recettes  totales,  Bordeaux  figure  pour  344,975  fr.  70, 
soit  bien  près  de  la  moitié. 

Les  charges  de  l'exercice  1884  ont  été  les  suivantes  : 

Intérêt  et  amortissement  des  emprunts 507.400    » 

Intérêts  sur  créances  diverses 38.710    » 


Total.     546.110    n 


Ce  qui  laisse  une  somme  de  7,205  fr.  28  pour  solde  à  nouveau. 
Iln'a^été  payé  aux  actionnaires  ni  intérêt,  ni  dividende. 


A  VOIE  NORMALE 


205 


En  somme,  la  situation  médiocre  où  se  trouve  la  Compagnie  du 
Hédoc  est  en  partie  imputable  à  cette  Compagnie.  Les  frais  géné- 
raux et  intérêts  pendant  la  construction  ont  été  en  eiïet  tellement 
élevés  qu'ils  représentent  le  1/3  de  la  dépense  totale  de  premier 
établissement. 


RÉSULTATS  COMPARATIFS  DES  RECETTES  ET  DÉPENSES  DE  LA  LIGNE 

DE  BORDEAUX  AU  VERDON 

Pour  les  cinq  années  1881,  1882,  1883,  188i  et  1885 


S 

Sri    • 
X 
T. 

< 

1881 

ES 

a*  ^ 

>^    M 

—a 

100 

RÉS 

ULTATS    TOT. 

Dépenses 

\i:x 

RÉSULTATS    KILOMÉTRIQUES 

•S  s 
s  ^ 

.     M 

si 

54 

Recettes  totales 
(impôt  déduit) 

Produit 
net 

Recettes 

Dépenses 

Produit 
net 

1.122.936  92 

613.692  47 

509. 2 i4  45 

11.229 

6.043 

5  186 

1882 

100 

1.177.840  55 

615.739  83 

562  100  72 

11.778 

6.064 

5.714 

52 

1883 

100 

1.182.431  10 

628.477  05 

553.954  05 

11.729 

6.192 

5  537 

53 

188  i 

100 

1.197.5il  35 

6U.226  07 

553.315  28 

11.857 

6.378 

5.479 

53 

1885 

100 

1.168.825  05 

662.109  75 

506.715  30 

11.573 

6  556 

5.017 

56 

CHAPITRE   XV 


CHEMIN  DE  FER  DINTÉRËT  LOCAL 
DE  NIZAN  A  SAINT-STBiPHORIEN,  SORE  ET  LUXEY 

(Gironde  et  Landes) 


Nizan  à  Sore 31  kil. 

Sore  à  Luxey 9 


1.   —  ÉTABLlSSEXErVT   DU   CHEXIHV 

Historique.  —  Le  chemin  de  fer  de  Nizan  à  Saint-Symphorien 
(longueur  17  kilomètres)  a  été  projeté  en  vue  de  l'exploitation 
des  bois  :  la  région  à  desservir  était  d'autre  part  assez  peuplée. 

Ce  chemin  a  été  concédé  en  1870  à  MM.  Faugère  et  Bernard, 
entrepreneurs  de  travaux  publics,  et  ouvert  en  1873.  Ces  conces- 
sionnaires ont  obtenu  au  commencement  de  1876  de  prolonger  la 
ligne  jusqu'à  Sore.  Ce  tronçon,  de  13  kilomètres  de  longueur,  a  été 
ouvert  dans  la  même  année.  Enfin,  le  prolongement  de  Sore  à 
Luxey  (9  kilomètres)  concédé  en  1883,  et  qui  a  fait  l'objet  d'un 
décret  de  concession  spécial,  a  été  ouvert  en  septembre  1886. 

La  concession  de  Nizan  à  Sore  est  placée  sous  le  régime  de  la 


A    VOIK   NORMALE 


20: 


loi  du  12  juillet  1865;  celle  de  Sore  à  Luxey,  sous  la  région  de  la 
loi  du  11  juin  1880. 

Los  concessionnaires  ont  eu,  il  y  a  quel^ques  années,  le  dessein  de 
prolonger  la  ligne  jusqu  aLabouheyre,  station  de  la  ligne  de  Bor- 
deaux à  Bayonne;  la  demande  en  concession  n'a  pas  abouti,  mais 
l'extension  prochaine  jusqu'aux  lignes  d'intérêt  local  du  départe- 
ment des  Landes,  qui  se  construisent  de  ce  côté,  ne  fait  aucun 
doute. 

Ou  verra  plus  loin,  au  sujet  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local 
des  Landes  et  de  la  Gironde,  que  la  Société  Générale  des  chemins 
de  fer  économiques  a  pris  l'engagement,  aux  termes  de  son  acte  de 
concession,  do  racheter  à  ses  frais,  et  sans  garantie  d'intérêt,  la 
ligne  de  Nizan  à  Sore  et  prolongements;  ce  rachat  n'a  pu  encore 
s'otfectuer  par  suite  de  défaut  d'entente  avec  les  concessionnaires, 
mais  il  aura  lieu  nécessairement  à  bref  délai. 

L'Etat,  le  département  et  les  communes  ont  fourni  des  subven- 
tions dont  le  montant  total  est  assez  élevé. 


Part  de  l'Etat 


Part  du  département   .   .   .   .   • 
Part  des  communes 


Tut  AL. 


Soit  par  kiloinèlre, 


A  NIZAN 


SAINT-SYMPHORIEN 


300.000  » 
847.000  P  GirMde 
o3.000  » 


1.200.000  .) 
CO.GGG  » 


SAINT-SYMPUORIEN 


A  SORE 


126.000    > 
120.000  »  Gîreade 

37.200  >*  Uidet 

57.800  » 

346.000  » 
26.61:)  » 


Les  subventions  totales  pour  la  ligne  de  Nizan  à  Sore  se  sont 
élevées  à  i,olG,000  francs,  c'est-à-dire  aux  3/5  de  la  dépense 
totale  du  premier  établissement. 

Il  n'y  a  pas  eu  d'émission  d'actions  ni  de  charges  d'obligations, 
MM.  Faugère  et  Bernard  ayant  réiXlisé  par  leur  propre  crédit  les 
sommes  nécessaires  à  la  construction. 


208  CHEMINS  DE   FER  D'INTÉRÊT    LOCAL 

Tracé  de  construction.  —  Entre  Nizan  et  Villandraut,  le  tracé 
descend  dans  la  vallée  du  Ciron  par  des  pentes  de  15™"*  par  mètre  ; 
au  delà  de  Villandraut,  il  est  très-peu  accidenté.  Les  courbes  ont 
500  mètres  de  rayon,  au  minimum.  Très  peu  de  terrassements; 
pas  d'ouvrages  d'art  à  l'exception  d'un  pont  de  20  mètres  d'ou- 
verture sur  la  rivière  flottable  du  Ciron. 

La  station  de  Villandraut  est  reliée  par  embranchement  avec  le 
port  de  Villandraut,  sur  le  Ciron.  A  Saint-Symphorien  existe  un 
autre  embranchement  desservant  une  scierie  importante. 

Le  rail  en  fer  pèse  30  kilos  le  mètre;  le  balast  est  en  sable  du 
pays. 

Les  stations  distantes  en  moyenne  de  4  kilomètres  sont  d'une 
très-grande  simplicité.  Presque  toutes  comportent  une  voie  de 
garage,  une  voie  de  cour  et  souvent  deux,  raccordées  à  chaque 
extrémité  de  la  station  et  traversant  le  chemin  d'accès  à  celle-ci. 

Le  bâtiment  des  marchandises  est  accol:é  au  bâtiment  des  voya- 
geurs. 

Le  plan  (fig.  21,  pi.  IX)  représente  la  disposition  de  la  station  de 
Sore. 

Les  stations  sont  couvertes  à  300  mètres  de  distance  par  un 
signal  d'arrêt  absolu,  éclairé  le  soir. 

La  principale  prise  d'eau  est  à  Saint-Symphorien  :  le  réservoir 
est  alimenté  par  une  pompe  mise  en  action  par  la  machine  à  vapeur 
de  l'atelier.  En  outre,  les  locomotives  peuvent  s'alimenter  à  Nizan 
et  à  Saint-Symphorien. 

* 

Matériel  roulant.  —  Voitures,  —  Les  voitures  sont  mixtes,  à 
3  classes,  avec  accès  aux  extrémités  ;  elles  contiennent  50  places. 

Les  fourgons  comportent  un  compartiment  de  12  places  pour 
les  voyageurs. 

3  voitures  et  2  fourgons,  tous  munis  du  frein  à  vis,  constituent 
l'armement  de  la  ligne  de  Nizan  à  Sore,  en  matériel  de  grande 
vitesse;  depuis  l'ouverture  de  Sore  à  Luxey  on  n'a  pas  augmenté 
le  matériel,  le  même  train  faisant  le  service  en  navette  sur  la 
ligne  prolongée. 

Le  matériel  de  petite  vitesse  se  compose  de  2  wagons  couverts 
à  frein  à  vis  et  de  24  plates-formes.  Il  y  a  en  outre  30  wagons  à 


A  VOIE   NORMALE  209 

ballast  qui  servent  plutôt  aux  entreprises  de  MM.  Faugère  et  Ber- 
nard qu'à  l'entretien  de  la  ligne  en  exploitation  proprement  dite. 

Les  deux  fourgons  servent  concurremment  avec  les  wagons 
couverts  au  transport  du  peu  de  marchandises  qui  ne  peuvent 
voyager  qu'abritées. 

On  se  sert  du  reste  beaucoup,  pour  les  expéditions  de  bois,  du 
matériel  de  la  Compagnie  du  Midi,  ces  transports  étant  toujours  à 
destination  des  au-delà  de  Nizan.  Sans  cette  ressource,  l'armature 
en  matériel  P.-V.,  réduite  à  0'',90  par  kilomètre,  serait  tout  à 
fait  insuffisante. 

Locomotives.  —  Leslocomotives-tenders,  construites  à  Graffens- 
taden  et  du  poids  de  30  tonnes  en  charge,  sont  au  nombre  de  4, 
ce  qui  est  largement  suffisant.  Elles  ont  3  essieux  accouplés. 
.  Les  données  de  ces  locomotives  sont  les  suivantes  : 

Diamètre  des  cylindres 0  m.  40 

Course  des  pistons 0  m.  50 

Timbre  de  la  chaudière 9  kil. 

Surface  de  la  grille 1  m.  16 

Surface  de  chauffe  du  foyer 5  m.  73 

Surface  de  chauffe  totale 77  m.  13 

Diamètre  des  roues  au  contact 1  m.  20 

Empattement  total 3  m.  00 

Poids  de  la  machine  à  vide 23,000  kil. 

—  en  charge.  .  .  .  30,000  kil. 

Effort  de  traction 4,600  kil. 

Atelier  de  réparation.  —  L'atelier  de  Saint-Symphorien  permet 
de  faire  les  réparations  courantes. 

Dépenses  d'établissement  au  31  décembre  1884 

(Nizan  à  Sore) 

1°  Construction  du  chemin 1.938.072  94 

2o  Mobilier  et  matériel  roulant 389.200-34 

3®  Int«?r6Ls  pendant  la  construction,    amortissement, 

déficit  de  l'exploitation 369.674  62 

Total 389.200  34 

Soit  par  kilomètre 86.998  32 

La  construction  a  été  remarquablement  économique. 

14 


«fl^^rritSl 


210  CHEMINS  DE  FEU  DlNTEUhT  LOCAL 

11.  —  EXPLOITATIOIK 

Administration 

L'administration  et  la  direction  effective  sont  concentrées  dans 
les  mains  des  concessionnaires. 

Les  résultats  donnés  ci-après  concernent  exclusivement  la  ligne 
de  Nizan  à  Sore. 

Le  personnel  de  Tadministration  centrale  se  compose  d'un 
secrétaire  et  de  2  agents  de  bureau. 

Les  dépenses  de  ce  service  en  1885  se  divisent  ainsi  : 

Salaires^  frais  de  bureau,  chauffage,  publicité,  etc.  .  •  .  6.207  27 
Assurances,   loyers   et  charges    diverses,    contributions, 

indemnités,   etc 3.207  72 

Service  médical,  secours,  etc 300    » 

Total 1(^.209  17 

Soit  par  kilomètre 329  33 

Voie  et  Bâtiments 

Ce  service  est  dirigé  par  un  surveillant  qui  a  sous  ses  ordres 
4  équipes  composées  en  moyenne  à  3  cantonniers;  le  canton 
embrasse  normalement  8  kilomètres. 

L'emploi  de  quelques  auxiliaires  a  porté  à  17,  y  compris  le  sur- 
veillant, le  personnel  d'entretien  de  la  ligne  en  1885. 

Les  chefs-cantonniers  reçoivent  de  80  à  85  francs  par  mois,  les 
cantonniers  de  55  à  60  francs . 

Les  travaux  d'entretien  consistent  principalement  en  remplace- 
ment de  traverses  ;  4  à  5000  traverses  sont  changées  annuellement; 
ce  remplacement  se  fait  en  recherche. 

Tous  les  passages  à  niveau  sont  libres,  même  à  la  traversée  des 
routes  départementales,  ce  qui  ne  paraît  présenter  aucun  inconvé- 
nient sérieux. 

Les  dépenses  de  voie  et  bâtiments  pour  l'année  1885  sont  les  sui^ 
vantes  : 

Personnel 13.813  42 

Entretien  de  la  voie 4.809  82 

Entretien  des  bâtiments 251  54 

Dépenses  diverses 3.418  65 

Total.  .  . 22.293  43 

Soit  par  kilomètre 719  44 


A  VOIE  NORMALE  211 

Ce  chiffre  est  extrêmement  réduit,  ce  qui  se  justifie  par  le  petit 
nombre  de  trains  quotidiens  circulant  sur  la  ligne  et  par  la  nature 
particulièrement  perméable  du  sol  des  Landes,  qui  assure  une 
bonne  et  solide  assiette  à  la  voie. 


Traction 

Le  personnel  de  ce  service  est  réduit  à  un  chef-mécanicien  qui 
dirige  à  la  fois  la  traction  proprement  dite  et  Tatelier,  et  à  deux 
mécaniciens  et  deux  chauffeurs;  au  total  5  agents. 

Le  service  des  trains  se  faisant  en  navette  et  étant  réduit  à  deux 
trains  de  chaque  sens,  un  mécanicien  et  un  chauffeur  sont  tou- 
jours à  Tatelier,  où  ils  travaillent  non  seulement  aux  réparations 
du  matériel  de  la  ligne,  mais  encore  aux  wagons  et  machines  de 
travaux  qui  constituent  Toutillage  de  MM.  Faugère  et  Bernard 
pour  leurs  diverses  entreprises. 

Les  allocations  de  combustible  sont  de  6  kilos  par  kilomètre 
de  machine;  on  alloue  en  outre  Ok. 300  par  wagon  vide  et  Ok.  100 
par  tonne  kilométrique.  Ces  allocations  comprennent  implicite- 
ment l'allumage . 

Le  combustible  est  exclusivement  de  la  briquette  anglaise,  qui 
revient  à  28  fr.  20  la  tonne. 

Le  dépôt  des  machines  est  à  Saint-Symphorien  ;  3  machines  au 
lieu  de  4  pourraient  à  la  rigueur  suffire  à  l'armement  de  la  ligne. 

Une  machine  assure  le  roulement  journalier;  elle  couche  à 
Luxey. 

La  machine  do  réserve  n'est  pas  maintenue  en  feu. 

Les  dépenses  de  traction  pour  1885  sont  : 


• 


Personnel  de  conduite  et  primes  d'économie 7.278  50 

Combustible. 10.500    » 

Graissage * 1.^36  90 

Alimentation  .   ♦ 4r08    » 

Entretien  des  machines  et  véhicules 2.029  35 

Dépenses  diverses 283  75 

Total 22.436  50 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 723  76 

Et  par  kilomètre  de  train 0  48 


212  CHEMINS   DE   FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

Chiffres  très-réduits  qui  s'expliquent  parle  faible  lonnage trans- 
porté, par  l'entretien  un  peu  sommaire  du  matériel  roulant  et  par 
Texcellente  qualité  des  machines. 


Mouvement  et  Trafic 

Mouvement.  —  Le  mouvement  est  dirigé  par  un  inspecteur;  en 
outre,  un  chef  du  trafic  assure  le  contrôle  et  la  comptabilité  géné- 
rale des  stations,  avec  un  vérificateur  de  taxes. 

Le  personnel  des  stations  se  compose  de  4  chefs  de  station  et 
de  4  receveuses  dont  deux  assurent  seules  le  service  des  haltes 
de  La  Barthe  et  de  Magenta. 

La  gare  de  Saint-Symphorien  seule  possède  un  homme  d'équipe, 
depuis  la  mise  en  communauté  avec  la  Société  des  chemins  de  fer 
économiques. 

Le  personnel  des  trains  est  réduit  normalement  à  un  seul  agent. 
Pour  les  vitesses  inférieures  à  30  kilomètres,  on  doit  avoir  un 
garde-frein  par  9  véhicules,  pour  les  vitesses  de  30  à  40  kilo- 
mètres, un  garde-frein  par  8  véhicules,  pour  les  vitesses  de  40  à 
50  kilomètres,  un  garde-frein  par  7  véhicules,  pour  les  vitesses 
au  delà  de  50  kilomètres,  un  garde-frein  par  6  véhicules. 

Les  garde-freins  supplémentaires  sont  pris  dans  le  personnel 
de  la  voie  et  de  la  traction.  Le  télégraphe  existe  dans  toutes  les 
stations.  Les  chefs  de  station  ont  des  traitements  mensuels  de  85 
à  100  francs,  les  receveuses  de  10  à  15  francs  et  les  chefs  do  train 
100  francs. 

• 

Service  des  trains.  —  Les  trains  sont  en  correspondance  à  Nizan 
et  Saint-Symphorien,  respectivement  avec  les  trains  de  la  Com- 
pagnie du  Midi  et  ceux  de  la  Société  des  chemins  de  fer  écono- 
miques. 

11  n'y  a  que  deux  trains  réguliers  dans  chaque  sens  entre  Nizan 
et  Saint-Symphorien,  un  le  matin  avant  10  heures,  un  le  soir 
après  5  heures;  entre  Saint-Symphorien  à  Sore,  il  n'y  a  qu'un 
train  régulier  de  chaque  sens,  prolongeant  l'un  des  trains  de  Nizan 
à  Saint-Symphorien. 


A  VOIE  NORMALE  213 

Ces  divers  trains  sont  faits  en  navette,  avec  un  fourgon  et  une 
voiture  comme  composition  normale  de  matériel  à  grande  vitesse. 

Les  jeudis,  jours  de  marché  à  Yillandraut,  et  les  samedis, 
jours  de  marché  à  Bazas,  un  train  facultatif  est  mis  en  marche 
dans  chaque  sens  et  de  plus,  les  trains  de  section  de  Nizan  à 
Saint-Symphorien  sont  prolongés  jusqu'à  Sore. 

La  vitesse  de  marche  de  ces  divers  trains  est  de  30  à  40  kilo- 
mètres. 

Trains  de  gravité,  —  On  a  vu  plus  haut  que  de  Nizan  à  Villan- 
draut,  le  tracé  suit  une  pente  continue  de  15  ™™  par  mètre.  On 
utilise  cette  disposition  les  jours  de  foire  ou  d'affluence  excep- 
tionnelle à  Yillandraut  pour  faire  au  départ  de  Nizan  des  trains 
dits  de  gravité^  circulant  sans  machine. 

Une  voiture  mixte  avec  un  agent  au  frein,  est  poussée  au 
départ  de  la  gare  de  Nizan  soit  par  une  machine,  soit  par  des 
hommes  jusquà  ce  qu'elle  ait  atteint  la  pente  de  15""  qu'elle 
descend  ensuite  seule,  et  maintenue  par  le  frein. 

On  constitue  ainsi  des  trains  supplémentaires  très-écono- 
miques.Les  trains  de  gravité  ne  sont  utilisés  que  pour  les  voya- 
geurs. 

Us  ont  été  autorisés  par  arrêté  préfectoral. 

La  charge  des  trains  mixtes  peut  atteindre,  outre  la  voiture  à 
voyageurs  et  le  fourgon,  18  à  20  wagons  chargés  de  bois,  soit 
200  tonnes  environ. 

Le  nombre  total  dos  kilomètres  de  train  pendant  Tannée  1885^ 
a  atteint  le  chiffre  de  16,427. 

Service  des  marchandises.  —  Le  service  des  marchandises  dans 
les  gares  présente  encore  une  particularité  fort  intéressante. 

En  raison  de  nombreux  dépôts  de  bois  qu'elles  doivent  per- 
mettre, les  stations  ont  généralement  des  superficies  très-consi- 
dérables :  Saint-Symphorien  occupe  5  hectares  et  demi,  Sore 
4  hectares  et  demi,  etc.. 

Les  terrains  pour  dépôts  sont  loués  à  l'année  aux  marchands 
de  bois,  qui  font  eux-mêmes  leurs  chargements,  condition  obliga- 
toire d'après  les  tarifs. 


214  CHEMINS    DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

Dans  chaque  station,  un  de  ces  marchands  est  choisi  cq^ime 
magasinier;  il  accepte  pour  la  Compagnie  les  marchandises  de 
détail  dont  il  effectue  le  chargement  dans  les  wagons  qu'il  doit 
amener  à  quai;  et  réciproquement,  il  décharge  sous  halle  après 
les  y  avoir  conduits  par  ses  propres  moyens,  les  wagons  de  mar- 
chandises que  lui  remet  la  Compagnie.  Celle-ci  n'intervient  donc 
pas  dans  la  manutention  des  marchandises. 

La  somme  allouée  au  magasinier,  par  tonne  de  marchandises 
chargée  ou  déchargée,  manœuvres  comprises,  est  de  0  fr.  30. 

Pour  les  arrivages,  le  magasinier  n*a  pas  d'autre  charge  que  de 
mettre  la  marchandise  sous  halle  ;  la  livraison  est  faite  par  le  chef 
de  station. 

Gares  communes.  —  La  gare  de  Nizan  est  commune  avec  la 
Compagnie  du  Midi  ;  les  dépenses  en  sont  partagées  au  prorata  du 
nombre  des  branches,  soit  pour  1885,  à  la  charge  de  la  Com- 
pagnie locale,  un  total  de 8,478  55 

Se  subdivisant  en  : 

Loyer  de  la  gare 3,600  50 

Frais   d'exploitation 4,678  05 

La  gare  de  Saint-Symphorien,  commune  avec  la  Compagnie 
des  chemins  de  fer  économiques,  est  gérée  par  la  Société  de  Nizan 
à  Sore. 

La  redevance  de  l'embranché  a  été  fixée  à  forfait  à  3,600  francs 
par  an,  et  comprend  le  loyer  et  les  dépenses  d'exploitation  de  la 
gare  commune.  Il  convient  de  dire  que  la  Société  des  chemins  de 
fer  économiques  a  construit  à  ses  frais  les  installations  complé- 
mentaires nécessaires  pour  recevoir  ses  trains. 

Service  oommeroial.  —  Le  service  commercial  est  peu  com^ 
pliqué;  les  concessionnaires  suivent  eux-mêmes  toutes  les  ques- 
tions de  tarifs  ;  le  contrôle  est  fait  au  bureau  de  Bordeaux  par  deux 
agents. 

Tari/s.  —  Les  tarifs  des  voyageurs  sont  les  tarifs  habituels,  et 
les  conditions  d'application  sont  celles  de  la  Compagnie  du  Midi. 


A  VOIE   NORMALE  215 

Les  marchandises  de  petite  vitesse  sont  divisées  on  5  classes 
pour  lesquelles  les  prix  kilométriques  sont  respectivement  de 
O-fr.  24,  0  fr.  18,  0  fr.  14,  G  fr.  10  et  0  fr.  05. 

Des  tarifs  spéciaux  tempèrent  l'élévation  de  ces  prix,  et  des 
tarifs  communs  avec  la  Compagnie  du  Midi  ont  été  établis  sur  des 
bases  réduites  pour  le  transport  des  bois. 

■ 

Trafic.  —  La  ligi^e  de  Nizan  à  Sore  a  été  construite  en  vue  de 
l'exploitation  des  forets. 

Son  trafic  consiste  principalement  en  expéditions  de  bois  ;  cette 
nature  de  marchandises  représente  exactement  les  3/4  du  tonnage 
annuel  transporté  et  environ  la  moitié  des  recettes  totales  de  la 
ligne. 

Les  chiffres  ci-après  donnent  le  mouvement  du  trafic  pour 
Tannée  1885  : 

i»  Grande  vitesse 32.047  44 

2»  Petite    vitesse 84.272  85 

3*  Receltes  diverses  (^arcs  communes,  produits  divers).  .      29.365  40 


Total  des  recettes 436.685  39 

Soit  par  kilomètre  de  lig:ne 4.409  20 

Id.               de  train 2  94 

Les  dépenses  du  service  de  l'exploitation  commerciale  {mouve- 
ment et  trafic)  pour  Tannée  1883  sont  : 

Service  central,  éclairage,  chauffage,  etc 8.246  55 

Service  des  pares,  éclairage,  chauffage  et  mobilier.   .   •  .  i0.403  57 

Service  des  trains i.300  99 

Indemnités,  rectifications,  timbres  de  lettres  de  voiture,  etc.  5.565  45 

Dépenses  diverses 3.943  39 


Total 29.459  94 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 950  30 

Id.  de  train 0  64 


Il  convient  de  remarquer  que  dans  ces  sommes  figurent  les 
dépenses  do  service  central  afférentes  aussi  bien  aux  services  de 
la  voie  et  de  traction  qu'au  service  de  l'exploitation  commerciale, 
telles  que  frais  du  personnel  comptable,  loyer,  etc... 


216 


CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 


Résultats  comparatifs  des  dépenses  et  des  recettes 


4«    Année  1885 

Les  dépenses  totales  d'exploitation  sont  les  suivantes  : 

Administration 84.209  27 

Voie  et  bâtiments 22.293  43 

Traction 22.436  60 

Mouvement  et  trafic 29.459  94 

Total 84.399  14 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 2.754  81 

Id.               de  train 1  82 


2»  Années  1881,  1882,  1883,  1884,  1885 


«0 


1881 
1882 
1883 
1884 
1885 


si 

SS  M 


31 
31 
31 
31 
31 


RÉSULTATS  TOTAUX 


RECETTES 


148.813  21 
160.405  33 
177.869  61 
152.586  52 
136.685  39 


DÉPENSES 


91.926  54 
91.392  81 
87.841  32 
82.406  48 
84.399  14 


PRODUIT 

IflT 


56.886  67 
69.012  52 
90.028  29 
70.180  04 
52.286  25 


RÉSULTATS  PAR   KILOHÈT. 


RECETTES 


4.801 
5.17i 

5.738 
4.922 
4.409 


IEPEHSES 


2.966 
2.948 
2.834 
2.658 
2.755 


PIODCIT 

WtT 


1.835 
2.226 
2.004 
2.364 
1.654 


8 


0.    B  - 


9 


i       ** 


02 
57 
49 
54 
62 


II  y  a  bien  peu  d'exemples  en  France  d'une  exploitation  aussi 
remarquablement  économique,  et  de  petites  lignes  aussi  prospères. 


CHAPITRE   XVI 


SOCIÉTÉ  GÉNÉRALE  DES  CHEMINS  DE  FER  ÉCONOMIQUES 


LIGNES  DU  BLAYAIS  ET  DES  LANDES  DE  LA  GIRONDE 


Lesparre  à  Saint-Sjrmphorien 139  kil. 

Lacanau  à  Bordeaux 44 

Hostens  à  Beautiran 34 

St-André-de-Cubzac  à  St-Giers-la-Lande.  50  (en construction.) 


I.  —  ÉTABLISSEMEi^T    DU    CHEMIIM 

Le  conseil  général  de  la  Gironde  a  eu  l'idée,  il  y  a  environ  dix 
ans,  de  construire  un  chemin  de  fer  de  grande  ceinture  autour  du 
département,  en  reliant  ce  chemin  à  Bordeaux  par  des  lignes 
transversales  ou  rayons.  Le  but  principal  qu'on  poursuivait  était 
la  mise  en  exploitation  des  immenses  forêts  de  pins  des  Landes  et 
de  la  Gironde. 

Le  département  traita  avec  MM.  Bernard  et  Faugère,  entre- 
preneurs des  travaux  publics,  déjà  concessionnaires  de  la  petite  ligne 
de  Nizan  à  Sore. 

Cette  concession  fut  abandonnée  par  les  titulaires  qui  cédèrent 
leurs  droits  à  la  Société  Générale  des  chemins  de  fer  économiques\ 

*  Directeur  M.  Emile  Level. 


218  CHEMINS    DE   FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

Cette  dernière  entra  do  nouveau  en  pourparlers  avec  le  dépar- 
tement :  on  ajouta  à  la  concession  première  la  ligne  du  Blayais 
(Saint-André-de-Cubzacà  Saint-Ciers-la-Lande),  qui  traversait  une 
région  riche  en  vins,  aujourd'hui  dévastée  par  le  phylloxéra,  et  on 
renonça  à  établir  à  Bordeaux  une  gare  spéciale  reliée  avec  le  futur 
chemin  de  fer  de  ceinture  de  cette  ville. 

La  concession  eut  lieu  en  exécution  de  la  loi  du  11  juin  1880  et 
fut  prononcée  par  une  loi  du  22  août  1881. 

M.  Picard  expose  de  la  manière  suivante  les  conditions  de  cette 
importante  concession  : 


«  Aux  termes  de  la  convention,  le  département  fournissait  les  terrains 
«  moyennant  un  versement  de  4,000  francs  à  forfait  par  kilomètre;  toutefois, 
«  en  cas  d'insuffisance  de  ce  versement,  il  devait  ôtre  fait  état  des  terrains 
»  cédés  gratuitement  par  ks  communes  ou  les  particuliers,  pour  une  somme 
«  de  200,000  francs  que  la  Compagnie  était  tenue  de  rembourser  au  môme 
«  titre  que  les  avances  pour  garantie  d'intérêt. 

«  Le  département  garantissait  les  dépenses  d'exploitation  etr>  p.  100  du  ca- 
€  pital  de  premier  établissement,  sauf  participation  de  TEtat,  dans  Jes  limi- 
«  tes  des  maxima  fixés  par  Ja  loi  du  11  juin  1880.  Il  encaissait  d'ailleurs  la 
«  subvention  de  300,000  francs  de  l'administration  forestière. 

a  Les  frais  d'établissement  étaient  fixés  à  forfait  à  117,500  fr<  par  kilo- 
€  mètre  pour  la  ligne  du  Blayais  et  à  62,000  fr.  pour  les  trois  autres.  Ces 
«  chiffres  étaient  établis  en  prévision  d'une  circulation  de  deux  trains  par  jour 
«  dans  chaque  sens,  sur  les  lignes  des  Landes  ;  si  les  besoins  du  service 
«  nécessitaient  un  plus  grand  nombre  de  trains,  la  dépense  ailérente  à  ces 
«  lignes  pouvait  ôtre  portée  à  63,330  francs. 

«  Les  frais  d'exploitation  étaient  également  arrêtés  à  forfait  par 
•<  kilomètre  : 

«  1®  A  3,786  fr.  pour  deux  trains  circulant  par  jour  dans  chaque  sens, 
«  quand  la  recette  brute  serait  inférieure  à  ;>,500  fr.  par  kiIom6tre,  le  dépar- 
«  tement  ayant  la  faculté  d'exiger  des  trains  supplémentaires  payés  à  raison 
«  de  0  fr.  70  par  kilomètre. 

«  20  A  2,300  fr.,  plus  le  tiers  des  recettes  brutes,  impôts  déduits,  avec 
«  minimum  de  4,300  fr.,  à  partir  du  jour  'où  ces  recettes  atteindraient 
«  5,500  fr.  par  kilomètre,  limite  au  delà  de  laquelle  la  Compagnie  s'engage- 
<i  rait  à  faire  le  nombre  de  trains  nécessaires  pour  une  bonne  exploitation. 

«  Les  avance?  de  l'Etal,  du  département  ou  des  intéressés,  devaient  ôtre 
«  remboursées  au  moven  de  la  moitié  des  excédents  de  recettes  sur  le  revenu 
«  garanti. 

«  Le  département  souscrivait  à  l'incorporation,  dans  le  réseau,  do  la  ligne 
«  de  Nizan  vers  Sore,  mais  sans  subvention  ni  garantie  d'intérôt. 

«  Le  projet  de  loi,  par  application  du  dernier  paragraphe  de  l'article  18  de 
u  la  loi  du  11  juin  1880,  autorisait  la  Compagnie  à  faire  face  aux  dépenses 


A   VOIE    NORMALE  219 

«  de  premier  établissement,  au  moyen  d'émissions  d'obligations  réalisées 
«  après  la  mise  en  exploitation  des  lignes  ou  sections  de  lignes,  sans  que  ces 
«  émissions  pussent  être  supérieures  aux  dépenses  correspondant  auxdites 
«  lignes  ou  sections,  et  sous  la  condition  expresse  que  les  charges  des  titres 
«  ne  dépasseraient  pas  l'intérêt  garanti  sur  ces  dépenses  et  que  le  ministre 
«  aurait  procédé  aux  constatations  préalables  prescrites  parl'article  18  précité 
f  de  la  loi.  La  combinaison  financière  proposée  par  la  Compagnie  et  admise 
«  par  les  pouvoirs  publics  consistait,  on  le  voit,  à  exécuter  progressivement 
u  les  travaux,  au  moyen  d'un  capital  social  restreint,  remplacé  par  des  obli- 
«  gâtions  au  fur  et  à  mesure  de  la  mise  en  exploitation  pour  être  reporté 
«  sur  d'autres  points. 

a  Le  ministre  des  finances,  tout  en  adhérant  à  cette  combinaison,  avait  fait 
u  observer  que,  au  cas  où  la  Compagnie  obtiendrait  ultérieurement  d'antres 
<(  concessions,  il  y  aurait  lieu  d'examiner  si  le  capital  social  ne  devrait  pas 
c  être  augmenté  ou  d'assigner  une  limite  aux  émissions  d'obligations;  ils 
«  s'était,  d'ailleurs,  refusé  à  laisser  reporter  sur  les  exercices  suivants  l'excé- 
«  dent  de  la  charge  de  la  garantie  de  l'Etat,  au  cas  où  elle  devrait  être  mise 
<c  en  jeu  pour  une  somme  de  plus  de  400,000  francs  *. 

«  Le  maximum  du  capital  de  premier  établissement  était  fixé  à  forfait  à 
<c  21  millions. 

a  Le  cahier  des  charges  était  conforme  au  type. 

«  La  voie  avait  1"44  de  largeur.  » 


La  ligne  du  Blayaîs  doit  être  prolongée  ultérieurement  dans  le 
département  de  la  Charente-Inférieure,  jusqu'à  Pons  d'une  part, 
jusqu'à  Royan  d'autre  part.  Des  pourparlers  sont  activement  pour- 
suivis dans  ce  but. 

Le  premier  tronçon,  Ares  à  Facture,  a  été  ouvert  à  l'exploitation 
le  7  janvier  1883,  Facture  à  Saint-Symphorien  le  16  mars  de  la 
même  année,  Ares  à  Lesparre  le  20  octobre  1884.- 

Le  rayon  nord  (Lacanau-Bordeaux)  a  été  ouvert  le  21  décembre 
1883,  et  le  rayon  sud  le  21  février  1886. 

Deux  prolongements  sont  d'ores  et  déjà  réclamés  par  divers 
intéressés,  Tun  d'Ares  au  cap  Ferret,  à  l'entrée  du  bassin  d'Ar- 
cachon,  oh  on  voudrait  créer  une  station  balnéaire  ;  un  autre  de 
Lacanau  à  l'Océan,  tant  pour  un  but  analogue  que  pour  l'exploi- 
tation des  pins. 

*  On  a  vu  plus  haut  (p.  40)  que  ces  obs*^rvations  du  ministre  des  finances  ont  été 
prises  en  consid«'Tation,  puisque  le  cinquième  du  capital-actions  doit  être  maintenant 
immobilisé  sur  les  nouvelles  lignes  concédées. 


220  CHEMINS   DE   FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

Ainsi  qu'il  a  été  dit  déjà  au  sujet  de  la  ligne  de  Sore  à  Saint- 
Symphorien,  cette  dernière  ligne  n'a  pas  été  incorporée  dans  le 
réseau  des  chemins  de  fer  économiques  de  la  Gironde  par  suite  des 
difficultés  d'entente  sur  le  prix  du  rachat. 

Description  des  lignes.  —  De  Saint-Symphorien  à  Facture,  on 
rencontre  quelques  accidents  de  terrain,  des  collines  de  sable^  et 
on  a  dû  recourir  à  des  rampes  de  IC""  par  mètre  ;  les  localités  sont 
sur  ce  parcours  assez  rapprochées. 

De  Facture  à  Ares,  la  ligne  longe  le  bassin  d'Arcachon,  et  Ton 
espère  développer  sur  ce  parcours  des  stations  de  bains  de  mer 
qui  possèdent  déjà  quelques  baigneurs  :  l'élevage  des  huîtres  et 
l'industrie  du  bois  constituent  actuellement  les  principaux  élé- 
ments de  transport. 

D'Ares  à  Lesparre  on  traverse  un  pays  plat,  de  marais  et  de 
bois. 

Entre  Facture  et  Lesparre,  les  déclivités  ne  dépassent  pas  5  à 
6  millimètres  par  mètre. 

Les  transversales  ou  rayons  de  Lacanau  à  Bordeaux  et  de 
Beautiran  à  Hostens  se  rapprochent,  comme  tracé,  de  la  section 
de  Saint-Symphorien  à  Facture. 

Enfin  la  ligne  de  Saint-André-dc-Cubzac  à  Saint-Ciers-la-Lande 
traverse  une  région  assez  mouvementée,  où  il  est  nécessaire 
de  recourir  à  des  rampes  supérieures  à  15°".  La  dépense  kilomé- 
trique d'établissement  de  cette  ligne  est  du  reste  prévue  au  double 
environ  de  la  dépense  des  autres  lignes. 

Sur  les  lignes  situées  au  sud  de  la  Garonne,  les  rayons  des 
courbes  ne  descendent  pas  au-dessous  de  500  mètres  :  pour  le 
Blayais,  on  a  adopté  300  mètres  comme  minimum. 

L'écartement  normal  des  rails  était  ici  tout  indiqué,  au  moins 
pour  les  lignes  placées  au  sud  de  la  Garonne.  En  effet  les  terras- 
sements y  sont  pour  ainsi  dire  nuls,  les  terrains  étaient  ou  gratuits 
ou  à  très-bon  marché  et  il  n'y  avait  aucune  raison  de  tracé  qui 
nécessitât  des  courbes  de  faible  rayon.  De  plus  les  traverses 
prises  sur  place  sont  à  un  prix  des  plus  avantageux  et  le  balast 
est  constitué  par  le  terrain  naturel  lui-même,  c'est-à-dire  par  le 
sable. 


A   VOIE  NORMALE  221 

Toutes  ces  raisons  jointes  aux  facilités  d'échange  que  devait 
procurer  l'adoption  de  la  voie  large  dans  les  relations  nombreuses 
avec  la  ligne  du  Médoc,  celle  de  Nizan  à  Sore,  et  surtout  avec  le 
Midi,  ne  permettaient  pas  d'hésitations  sur  le  choix  de  Técartc- 
ment  des  rails  pour  les  lignes  au  sud  de  la  Garonne. 

L'adoption  de  la  voie  normale  est  moins  justifiée  pour  la  ligne 
du  Blayais.  Là  au  contraire  on  se  trouve  en  présence  de  sérieuses 
difficultés  de  tracé;  mais  cette  raison  n'a  pas  suffi  à  fixer  le  choix 
du  département  sur  la  voie  étroite.  On  a  pensé  qu'avec  la  voie 
normale,  les  trains  pourraient  être  prolongés  d'une  part  jusqu'à 
Bordeaux,  en  empruntant  les  rails  de  l'Etat;  d'autre  part,  si  ulté- 
rieurement le  département  de  la  Charente-Inférieure  concédait  le 
prolongement  de  la  ligne  du  Blayais  soit  sur  Gozes,  soit  surRoyan, 
on  arriverait  à  concurrencer  pour  le  trafic  entre  Bordeaux  et  cette 
station  balnéaire  importante,  les  lignes  de  PËtatet  du  Médoc,  ainsi 
que  le  service  fluvial.  On  retomberait  ainsi  dans  la  lutte  du  che- 
min de  fer  d'intérêt  local  contre  les  grandes  lignes,  lutte  à 
laquelle  la  loi  de  1880  avait  pour  but  de  mettre  fin. 

On  a  examiné  avant  la  construction,  l'intéressante  question  de 
l'établissement  des  chemins  des  Landes  de  la  Gironde  sur  Tac- 
cottement  des  routes. 

Cette  solution,  impossible  pour  la  région  accidentée  du  Blayais, 
ne  Tétait  pas  davantage  pour  les  rayons  ni  pour  la  section  mou- 
vementée de  Saint-Symphorien  à  Facture. 

De  Facture  à  Lesparre  au  contraire,  le  tracé  longe  constamment 
les  routes  ;  mais  ces  routes  sont  étroites  d'une  part;  d'autre  part, 
le  bon  marché  des  terrassements  a  fait  hésiter  le  concessionnaire; 
le  voisinage  immédiat  d'une  route  lui  a  paru  une  source  d'incon- 
vénients nombreux,  et  de  plus  une  voie  noyée  dans  une  chaussée 
a  semblé  onéreuse  d^entretien  comme  d'établissement. 

Le  ballast  a  0  m.  50  d'épaisseur,  le  rail,  à  patin,  est  en  acier  et 
pèse  25  kilos  le  mètre  :  il  a  8  mètres  de  longueur  et  repose  sur 
8  traverses. 

La  vitesse  légalement  autorisée  est  de  50  kilomètres  et  on  pour- 
rait sans  le  moindre  inconvénient  atteindre  cette  vitesse;  mais, 
dans  la  pratique,  les  marches  ont  jusqu'ici  été  limitées  à  la  vitesse 
de  30  kilomètres  à  l'heure. 


222  CHEMINS  DE   FER  DTOTÉRÊT   LOCAL 

Il  a  été  construit  des  maisons  de  garde  près  des  passages  à 
niveau  les  plus  importants,  tous  les  8  ou  10  kilomètres  environ, 
de  telle  manière  que  chaque  chef-cantonnier  est  généralement 
logé  dans  une  maison  de  garde. 

Les  clôtures  n'existent  qu'autour  des  stations  et  jusqu'à  25  mètres 
de  chaque  côté  des  passages  à  niveau. 

La  figure  22  (pi.  IX)  représente  le  type  d'une  station  com- 
plète dite  de  première  classe.  Toutes  les  stations  se  rattachent  à 
ce  type. 

La  voie  n*  1  est  affectée  aux  trains  de  passage;  la  voie  n*"  2, 
qui  sert  au  croisement  des  trains,  existe  tous  les  10  à  12  kilomètres, 
mais  son  emplacement  est  prévu  dans  toute  station. 

La  voie  n°  3  est  établie  dans  toutes  les  stations,  quelle  que  soit 
leur  classe  ;  elle  sert  pour  le  chargement  et  le  déchargement  des 
marchandises  ordinaires  qui  doivent  emprunter  la  surface  décou- 
verte du  quai  ou  la  surface  couverte  de  la  halle.  Cette  voie  peut 
être  également  affectée  au  chargement  du  bois. 

La  voie  n^  4  ou  voie  de  cour  est  posée  dans  les  stations  voisines 
des  centres  forestiers  où  l'on  peut  compter  sur  un  trafic  de  bois 
assez  important.  Cette  voie  n'est  généralement  reliée  à  la  voie 
n""  3  que  du  côté  où  les  bois  doivent  être  expédiés.  Du  reste,  la 
traversée  de  la  cour  des  voyageurs  par  cette  voie  ne  présente  aucun 
inconvénient  pratique. 

La  voie  n""  5  existe  dans  les  stations  qui  sont  les  points  de  départ 
et  d'arrivée  des  trains. 

Dans  les  haltes,  qui  sont  surtout  destinées  au  service  des  mar- 
chandises sur  le  réseau  des  Landes  de  la  Gironde,  on  a  toujours 
une  voie  en  cul-de-sac  posée  soit  sur  l'emplacement  de  la  voie  n"»  3 
lorsque  la  surface  des  emprises  de  la  halte  est  peu  développée, 
soit  sur  remplacement  de  la  voie  n^  4  lorsque  les  terrains  de  la 
halte  sont  plus  vastes. 

Ce  tjrpe  unique  dans  lequel  rentre  toutes  les  stations,  est  un  type 
très-satisfaisant  et  très-rationnel  ;  toutes  les  voies  sont  reliées  par 
les  deux  extrémités,  ou  peuvent  l'être,  et  la  station  est  symétrique 
par  rapport  à  l'axe  du  b&timent  des  voyageurs  et  concentrée  sur 
350  mètres. 

On  retrouve  dans  les  bâtiments,  remarquablement  construits,  et 


A   VOIE    NORMALE  223 

d'aspect  très-satisfaisant,  la  mémo  logique  qui  a  présidé  aux  dis- 
positions des  voies  :  ils  sont  bâtis  d'après  un  type  unique,  dans 
lequel  toutes  les  constructions  peuvent  rentrer.    . 

Dans  la  station  de  première  classe  A  et  B  sont  affectés  au  ser- 
vice des  voyageurs  :  A  comprend  au  rez-de-chaussée,  un  vestibule 
avec  guichets  et  banc  à  bagages,  et  un  bureau  pour  le  chef  de  sta- 
tion ;  au  premier  étage  un  logement  pour  celui-ci. 

B  comprend  une  salle  d'attente  au  rez-de-chaussée  et  une  cham- 
bre au  premier. 

C  est  une  halle  à  marchandises,  à  deux  travées^  communiquant 
de  plein  pied  avec  le  quai  découvert. 

Dans  la  station  de  deuxième  classe,  le  bâtiment  A  n'a  qu'une 
travée,  le  bâtiment  B  sert  à  la  fois  de  salle  d'attente  et  de  vestibule, 
et  la  halle  C  n'a  également  qu'une  travée.  Mais  le  tout  est  exécuté 
de  manière  à  permettre  la  transformation  facile  en  bâtiments  de 
première  classe. 

De  même,  dans  les  haltes,  les  bâtiments  B  et  G  sont  supprimés, 
et  le  bâtiment  A  est  réduit  aux  dispositions  de  la  station  de 
deuxième  classe,  mais  avec  facilités  de  transformation  en  station 
de  deuxième  classe. 

Enfin  la  maison  de  garde  est  le  bâtiment  de  la  halte  avec  sup- 
pression du  premier  étage,  de  telle  sorte  qu'elle  peut  être  trans- 
formée en  halte  à  l'occasion.    . 

Les  trottoirs  sont  en  gravier  pilonné  et  suivant  la  forme  de  dos 
d'âne  ;  ils  ont  cinq  mètres  de  largeur. 

Le  prix  moyen  d'établissement  d'une  station  de  deuxième 
classe  est  de  25,000  francs  dont: 

Terrains  et  terrassements.  3  à    4,000  fr* 

Bâtiments     .....  10  à  12,000 

Quais 1,500 

Empierrement  ....  1,500 

Voies  et  appareils .     .     .  6  à  8,000 

Les  stations  sont  couvertes,  à  100  mètres  de- la  pointe  de  chaque 
aiguille  d'entrée,  pat  un  signal' de  ralentissement,  fixe  et  peint  en 
vert.  Aux  bifurcations  on  a  installé  un  signal  à  distance,  à  la 


224  NS    DE    FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

pointe  d'aiguille;   ce    signal  est  permissif  et  commande  Tarrêt 
avant  de  franchir  l'aiguille. 

Avant  de  prendre  Taiguille  de  dédoublement  de  toute  station  où 
a  lieu  un  croisement^  les  trains  doivent  s'arrêter  et  le  mécanicien 
vérifier  si  Taiguille  est  bien  faite. 

Il  n'est  fait  usage  que  de  pulsomètres  pour  alimenter  le  tender 
des  locomotives  et  les  réservoirs  d'eau:  le  diamètre  intérieur  d'as- 
piration d'eau  a  90™",  celui  de  refoulement  80°"  et  celui  do  va- 
peur 17"™.  Le  prix  de  cet  appareil  est  de  1,200  francs;  on  l'ins- 
talle d'une  manière  très-simple  et  très-économique  à  l'orifice  ou  à 
l'intérieur  du  puits  d'alimentation  en  le  faisant  reposer  sur  des 
madriers  en  bois  ou  sur  des  coupons  de  rails  encastrés  dans  les 
parois  du  puits. 

La  hauteur  d'aspiration  ne  dépasse  généralement  pas  2  m.  50; 
celle  du  refoulement  ne  dépassant  pas  6  à  8  mètres,  le  débit  par 
minute  peut  atteindre  500  litres  avec  une  pression  de  5  kilos  dans 
la  chaudière.  L'installation  du  pulsomètre  coûte  200  francs  et  le 
puisard  environ  300  francs  pour  de  faibles  profondeurs,  soit  au 
total  de  1,800  à  2,000  francs. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Le  matériel  a  été 
construit  par  la  maison  Désouches,*  David  et  G'^,  de  Pantin.  Ce  ma- 
tériel est  excellent  et  supérieur  au  matériel  des  lignes  secondaires 
de  la  plupart  des  grandes  Compagnies. 

L'armature  en  voitures  se  compose  pour  toutes  les  ligues,  y 
compris  celle  du  Blayais,  de  : 

12  mixtes  première,  seconde  et  troisième; 
10  troisièmes  sans  frein  ; 
12  troisièmes  à  frein  à  vis. 

Les  fourgons  sont  au  nombre  de  12,  tous  munis  de  frein  à  vis, 
et  comprenant  un  compartiment  de  troisième  classe  affecté  au 
service,  c'est-à-dire  aux  agents  de  la  Compagnie. 

Les  wagons  ont  tous  le  frein  abattu,  excellente  précaution 


A   VOIE    NOBMALE  225 

pour  les  manœuvres.  Leur  nombre   est   de   210,  se  décomposant 
en  : 

60  plates-formes  ordinaires. 

30  plates-formes  à  traverse  mobile  pour  bois  de  longueur. 

40  wagons  couverts  dont  10  à  vis. 

80  wagons  tombereaux  dont  20  à  frein  à  vis. 

Tous  ces  wagons  peuvent  porter  10  tonnes,-  et  sont  du  nouveau 
type  de  la  Compagnie  du  Midi,  afin  de  pouvoir  circuler  sans  dif- 
ficultés sur  les  lignes  du  Midi,  ou  les  lignes  des  autres  réseaux. 
L'armature  kilométrique  du  matériel  de  petite  vitesse  ressort  à 
0  w.  80,  ce  qui  sera  insuffisant  après  l'ouverture  du  Blayais. 

Machines,  —  Les  machines  ont  été  étudiées  par  M.  Bandérali, 
ingénieur  du  service  central  du  matériel  et  de  la  traction  de  la 
Compagnie  du  Nord,  à  qui  est  également  dû  tout  le  reste  du 
matériel. 

16  machines  sont  du  même  type,  sans  tendcr,  à  trois  essieux  cou- 
plés. Elles  ont  été  construites  par  la  Société  Alsacienne. 

Ces  machines  sont  excellentes,  mais  seraient  un  peu  faibles  pour 
un  trafic  plus  développé. 

On  a  acheté  récemment  une  machine  de  la  ligne  de  Nizan  à  Sore, 
qui  était  à  vendre,  et  qui  est  plus  forte  que  les  machines  Bandérali. 

Les  conditions  principales  de  celles-ci  sont  les  suivantes: 

Diamètre  des  cylindres 0.35 

Course    des  pistons 0.S6 

Surface  de  la  grille 1,0S 

Surface  de  chauffe  du  foyer 5.200 

—  des  tubes    ....  50.670 

—  totale 55.870 

Timbre  de  la  chaudière 9  atm. 

Diamètre  des  roues ,    .  1",260 

Empattement  des  roues 3 

Poids  à  vide 21  tonnes. 

Poids  en  charge 26  t.  5 

Chaque  dépôt  possède  une  plaque  pour  tourner  les  machines. 

15 


226  CHKMINS    Ï)E   FEH   DINTÉRKT   LOCAL 

Ateliers  de  réparation.  —  Les  grosses  réparations  ainsi  que 
le  tournage  des  roues  se  font  actuellement  aux  ateliers  de  la 
Compagnie  du  Midi  à  Bordeaux. 

La  gare  de  Lacanau  dispose  d'un  atelier  pour  petites  répara- 
tions. Le  matériel  neuf  n'a  pas  encore  nécessité  do  grosses  répa- 
rations; mais  on  projette  de  construire  à  Lacanau  un  grand 
atelier  suffisamment  outillé  pour  tous  les  besoins  du  réseau. 

L'atelier  que  possède  actuellement  à  Saint-Symphorien  la 
Compagnie  .du  chemin  de  fer  de  Nizan  à  Sorc  doit  d'autre  part 
être  conservé  après  l'incorporation  de  ce  chemin  au  réseau  de  la 
Gironde. 

Il  n'a  pas  été  possible  d'obtenir  des  renseignements  détaillés 
en  ce  qui  cencerne  les  dépenses  de  premier  établissement.  Il  y  a 
donc  lieu  de  s'en  tenir  aux  chiiïres  forfaitaires  très-modérés  d'ail- 
leurs de  117,500  francs  par  kilomètre  pour  le  Blayais,  62,000  francs 
pour  le  réseau  des  Landes  de  Gironde. 

Il  convient  d'ajouter  que  les  concessionnaires  ont  réalisé  sur 
ce  dernier  chiffre  un  bénéfice  raisonnable,  tout  en  établissant  le 
chemin  et  le  matériel  dans  des  conditions  de  solidité  et  de  luxe 
tout  particuliers. 

La  construction  du  Blayais  est  en  cours. 


H.  —  EXPLOITATIOIW 

Administration  et  Direction 

L'administration  des  chemins  de  fer  économiques  a  son  siège 
à  Paris.  On  a  vu  dans  Texposé  quelles  facilités  considérables  ont 
été  accordées  à  cette  Société  au  point  de  vue  financier. 

Toutes  les  affaires  importantes  telles  que  marchés,  traités,  sont 
soumises  à  l'approbation  du  conseil. 

Le  directeur  réside  également  à  Paris.  Il  est  assisté  d'un  Ingé- 
nieur, d'un  chef  de  comptabilité,  d'un  caissier  et  d'un  comptable. 
Tout  ce  personnel  est  du  reste,  affecté  à  la  construction  comme  à 
l'exploitation  des  multiples  entreprises  de  la  Société  des  chemins 
de  fer  économiques. 


A   VOIE  NORMALE  227 

Un  chef  dexploitation  avec  des  pouvoirs  étendus,  dirige  à  Bor- 
deaux Tensemble  des  services  de  Texploitation. 

Son  bureau  se  compose  d'un  chef  de  comptabilité  avec  deux 
expéditionnaires  pour  la  comptabilité,  la  voie,  la  traction  et  Texploi- 
tation  commerciale  ;  un  agent  suit  spécialement  le  service  de  la 
voie  et  de  la  traction,  et  trois  agents  assurent  le  contrôle  des 
recettes,  au  total  sept  agents  au  service  central. 

Les  feuilles  de  soldes  et  factures  sont  envoyées  à  Paris,  d*où 
elles  sont  renvoyées  revêtues  de  la  signature  du  directeur. 

Le  chef  d'exploitation  possède  d^ailleurs,  une  grande  liberté 
d'action. 

Voie  et  Bâtiments 

Le  chef  d'exploitation  a  sous  ses  ordres,  pour  diriger  le  service 
de  la  voie  et  des  bâtiments,  deux  conducteurs  ;  Tun  à  Hostens, 
avec  deux  surveillants  ou  piqueurs,  l'autre  à  Lacanau,  avec  trois 
surveillants. 

Ces  divers  agents  ont  activement  concouru  à  la  construction. 

Les  équipes  sont  à  trois  ou  quatre  agents,  et  leur  canton  s'é- 
tend généralement  sur  10  kilomètres,  ce  qui,  du  reste,  ne  peut 
pas  être  considéré  comme  une  situation  normale,  les  voies  étant 
toutes  neuves. 

On  s'attache  à  réduire  uniformément  le  personnel  des  équipes 
à  3  trois  hommes,  en  réduisant  aussi  la  longueur  du  canton  à 
8  kilomètres.  Depuis  l'uoverturc  des  rayons,  presque  toutes  les 
équipes  ont  été  ramenées  à  trois  hommes. 

Les  chefs-cantonniers  sont  tous  logés  ;  il  reçoivent  80  francs 
par  mois,  les  femmes  gardes-barrières  d2  francs  ;  les  poseurs  ont 
65  francs. 

Le  service  de  la  voie  n'offre  guère  de  particularités,  en  raison 
de  l'âge  récent  des  lignes. 

Pour  cette  même  raison,  il  n'est  pas  possible  de  fournir  des 
chiffres  de  dépense  d'entretien;  il  n'y  a  en  effet  ni  renouvellement 
ni  gros- travaux  d'entretien  sur  une  ligne  neuve  et  bien  cons- 
truite, et  ce  n'est  qu'au  bout  de  quatre  ou  cinq  années  que  les  dé- 
penses kilométriques  peuvent  être  considérées  comme  assises  et 
normales,  ou  à  peu  près. 


228  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT    LOCAÎ. 

Les  chitrres  qui  pourraient  être  actuellement  donnés  n'auraient 
aucun  sens.  Il  en  est  de  même  pour  la  traction,  le  matériel  étant 
neuf  et  l'entretien,  par  le  fait^  nul  ;  et  pour  Texploitation,  le  trafic 
étant  à  peine  développé. 

Il  convient  d'ajouter  cependant  que  les  dépenses  d'entretien  de 
la  voie  sont  extrêmement  réduites. 


Traction 

Ce  service  est  dirigé  en  sous-ordre  par  un  chef  de  traction  ; 
en  outre,  il  y  a  un  chef  de  dépôt  à  Lacanau,  chargé  en  même 
temps  de  -la  conduite  de  Tatelier. 

Trois  dépôts  :  Lacanau,  Ares  et  Belin  sont  répartis  sur  la  ligne. 

L'ensemble  des  trains  est  desservi  par  6  machines  en  service 
journalier,  non  compris  une  réserve  en  feu  à  Lacanau,  qui  fait 
des  manœuvres  dans  cette  gare  importante  de  bifurcation,  et  une 
seconde  machine  de  réserve  à  Hostens. 

La  machine  do  Lacanau  remplace  au  besoin  les  machines  de 
Lesparre,  Bordeaux  et  Ares,  celle  d'Hostens  les  machines  de 
Belin  et  do  Saint-Symphorien. 

Le  personnel  se  compose  de  dix  mécaniciens  et  dix  chauffeurs; 
une  brigade  est  constamment  occupée  en  remplacement  des  ma- 
lades et  une  autre  est  au  lavage  et  aux  ateliers. 

Le  traitement  des  mécaniciens  est  de  125  francs  par  mois. 
—  des  chauffeurs       —        90  — 

Les  chefs-mécaniciens  reçoivent  3.000  francs  par  an. 

Le  combustible  est  composé  pour  les  2/3  de  briquettes  anglaises 
en  provenance  de  Cardiff,  et  pouri/3  de  charbon  tout- venant  de 
même  provenance. 

Le  prix  de  revient  des  briquettes  est  de  24  fr.  20  la  tonne  en 
gare  du  Médoc  ou  de  Beautiran. 

Les  allocations  kilométriques  sont  de  o  kilos  pour  une  charge 
inférieure  ou  égale  à  5  véhicules  vides  ou  chargés. 

6  kilos  de  5  à  10  véhicules. 

7  kilos  de  10  à  15  véhicules. 

Le  décompte  des  allocations  par  machine^    d*après  le   nombre 


A    VOIE  NORMALE  229 

des  véhicules,  est  établi  au  moyen  de  feuilles  de  trains  par  un 
chef  de  gare  (Belin). 

En  outre  de  ces  allocations  de  parcours,  il  est  accordé  200  kilos 
pour  allumage,  10  kilos  par  heure  de  stationnement  et  30  kilos  par 
heure  de  manœuvre. 

L'huile  de  graissage  est  un  mélange  par  parties  égales  d^huiles 
de  colza  et  d'huile  de  résine;  Tallocation  est  de  30  grammes  par 
kilomètre. 

Les  primes  d'économie  et  d'entretien  rapportent  30  à  40  francs 
par  mois  aux  mécaniciens,  moitié  aux  chauffeurs. 

On  a  pour  principe  que  les  mécaniciens  doivent  rentrer  chez 
eux  tous  les  soirs  ;  on  évite  ainsi  les  déplacements,  c'est-à-dire  des 
frais  supplémentaires,  et  les  ménages  en  partie  double,  résultat 
général  des  roulements  à  long  terme.  Les  points  d'attache,  où 
couchent  les  mécaniciens  et  les  machines,  sont  les  suivants  :  1  ma* 
chine  à  Lesparre,  1  à  Bordeaux,  1  à  Lacanau  (réserve),  2  à  Ares, 
i  à  Belin,  1  à  Saint-Symphorien,  1  à  Hostons  (réserve). 

De  même  que  le  décompte  des  allocations  do  charbon  est  établi 
par  un  chef  de  gare  moyennant  une  légère  augmentation  de  trai- 
tement, de  même  un  autre  chef  de  gare  est  chargé  de  la  statis- 
tique des  parcours  des  machines  et  véhicules  ;  ces  états  sont  véri- 
fiés à  l'aide  de  ceux  du  chef  de  dépôt. 

Les  parcours  des  machines  varient  de  86  à  188  kilomètres  par 
machine  et  par  jour  avec  une  moyenne  journalière  de  135  kilo- 
mètres par  machine. 

Certaines  machines  atteignent  des  parcours  annuels  de  50,000  kilo- 
mètres. 

Le  prix  de  traction  du  kilomètre  ne  dépasse  pas  40  centimes; 
mais  comme  on  Ta  déjà  dit,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'arrêter  à  ce 
chiffre,  où  n'entre  en  ligne  de  compte  aucune  dépense  d'entretien. 

Mouvement  et  Trafic 

Mouvement.  —  Le  chef  de  l'exploitation  a  sous  ses  ordres,  pour 
la  direction  du  mouvement,  un  inspecteur  à  Lacanau  et  deux  sous- 
inspecteurs,  en  résidence  Tun  à  Belin,  l'autre  à  Saint-Sym- 
phoFien. 


230  CHEMINS  DE    FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Service  des  stations.  —  4  stations  seulement,  Ares,  Lacanau, 
Belin  etHostcns  ont  un  personnel  composé  d'un  chef  de  station, 
un  facteur  et  un  homme  d'équipe. 

Dans  toutes  les  autres  stations,  le  chef  de  station  est  seul,  à  Tex- 
ception  d*Andernos  qui,  en  raison  de  ses  importantes  expéditions 
d'huîtres,  possède  un  élève  facteur. 

Lanton  est  la  seule  station  gérée  par  une  femme,  qui  assure 
tout  le  service  y  compris  la  comptabilité.  Il  est  assez  difficile, 
dans  les  Landes,  d'étendre  l'emploi  des  femmes  comme  chefs  de 
station  en  raison  de  leur  peu  d'instruction  en  général. 

Les  sept  haltes  sont  toutes  pourvues  d'une  voie  en  cul-de-sac 
pour  l'expédition  des  bois  par  wagons  complets  ;  les  haltes  ont 
plutôt  pour  but  d'assurer  ces  transports  que  le  service  des  voya- 
geurs dont  le  mouvement  y  est  à  peu  près  nul.  Toutes  les  haltes 
sont  gérées  par  des  femmes. 

Les  règlements  adoptés  sont  ceux  de  l'ancienne  Compagnie  des 
Dombes. 

Avant  l'expédition  d'un  train,  les  gares  sont  tenues  de  deman- 
der la  voie  par  télégraphe  à  la  station  suivante.  Ce  mode  d'emploi 
du  télégraphe  est  presque  universellement  abandonné  par  les 
Compagnies;  c'est  une  complication  sans  garantie,  difficilement 
justifiable  sur  des  lignes  à  mouvement  chargé,  et  qui  ne  saurait 
être  admise  sur  des  lignes  à  deux  ou  trois  trains  par  jour,  comme 
c'est  ici  le  cas. 

Dans  toute  station  gérée  par  un  seul  agent,  les  manœuvres  sont 
faites  par  le  personnel  des  trains;  le  chef  de  station  donne  à  cet 
effet  la  clef  des  cadenas  d'aiguilles  au  garde-frein. 

Il  y  a  très-peu  de  marchandises  de  .détail;  aussi  tous  les  trains 
peuvent-ils  en  assurer  le  service  ;  ces  marchandises  sont  chargées 
au  passage  par  les  agents  du  train  aidés  par  le  chef  de  station. 

L'excellente  disposition  des  gares  facilite  ce  travail  de  même 
qu'elle  permet  d'accélérer  les  manœuvres  de  wagons. 

Le  service  de  la  répartition  du  matériel  est  fait  par  le  chef  de 
station  d'Ares,  auquel  les  gares  adressent  chaque  jour  la  situa- 
tion du  matériel,  avec  les  disponibles  et  les  demandes. 

L'état  d'échange  du  matériel  avec  les    Compagnies    étrangères 


A    VOIE    NORMALE  23i 

est  tenu  par  le  chef  de  la  station  de  Belin,  qui  reçoit  h  cet  effet 
les  feuilles  des  conducteurs  des  trains. 

Un  chef  do  station  (Lacanau)  est  chargé  du  magasin  des  huiles. 
Un  autre  chef  de  station  (Ares)  du  magasin  des  imprimés.  Moyen- 
nant une  redevance  mensuelle  de  10  à  20  francs  par  chef  de  gare, 
on  fait  ainsi  l'économie  de  un  ou  plusieurs  agents. 

On  retrouve  ici  les  procédés  économiques  déjà  remarqués  sur 
d'autres  lignes  dont  M.  Emile  Level  a  la  direction,  sur  les  lignes  du 
Pas-de-Calais  par  exemple. 

Le  travail  d'écritures  est  divisé  le  plus  possible  et  confié  aux 
chefs  de  station,  en  vue  d'économie  d'agents. 

Quant  aux  chefs  de  station  oux-mômes,  on  s'attache  à  les  rap- 
procher le  plus  possible  de  la  localité  dont  ils  sont  originaires.  Bien 
logés  et  à  proximité  de  leur  famille,  ils  font  plus  d'économies  avec 
100  francs  par  mois  qu'avec  ioO  quand  ils  sont  éloignés. 

L'inspecteur  de  l'exploitation  est  agent  spécial  de  la  voie  unique. 

Service  des  trains.  —  Les  trains  sont  au  nombre  de  deux  dans 
chaque  sens,  un  le  matin,  un  le  soir,  sauf  entre  Ares  et  Facture, 
où  la  population  ostréicole  et  les  baigneurs  donnent  un  mouvement 
assez  important  et  où  le  nombre  des  trains  est  porté  à  trois. 

Tous  ces  trains  correspondent  soit  avec  les  trains  du  Midi  ou 
ceux  de  la  ligne  de  Nizanà  Sore. 

Tous  les  trains  sont  mixtes  ;  leur  vitesse  de  marche  est  calculée 
à  30  kilomètres  à  l'heure,  et  pourrait  sans  le  moindre  inconvé- 
nient être  portée  à  45  ou  50  kilomètres,  s'il  était  nécessaire. 

Les  stationnements  sont  très-réduits  :  \  minute  dans  les  petites 
stations,  2  minutes  dans  les  stations  de  moyenne  importance.  Ils 
sont  suffisants  pour  assurer  le  service  des  marchandises  de  détail, 
très-peu  développé. 

Le  personnel  de  chaque  train  est  composé  d'un  conducteur  à 
iOO  francs  par  mois,  et  d'un  garde-frein  à  80  francs  :  6  équipes 
de  conducteurs  constituent  tout  le  personnel;  ces  agents  ont  la 
charge  d'entretenir  les  voitures  du  train,  ce  qui  leur  est  facile  en 
raison  des  stationnements  prolongés  dont  ils  disposent. 

Chaque  train  est  composé  comme  matériel  à  grande  vitesse  d'un 
fôur;b^on.  d'une  voiture  mixte  contenant  un  compartiment  de  pre- 


232  CHEMINS   DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

mière  classe,  2  de  seconde  et  1  de  troisième  pour  la  poste,  et  d'une 
voiture  de  troisième  classe  à  frein.  Cette  composition  est  placée  en 
queue  du  train  ;  en  avant  sont  attelés  les  wagons  à  marchandises. 
La  composition  du  train  atteint  aumaximun  i5  véhicules;  d'où  il 
suit  que  la  longueur  du  train  est  au  plus  de  120  mètres.  Il  résulte 
de  là  que  les  gares  sont  un  peu  plus  longues  qu'il  n'est  nécessaire 
et  que  les  manœuvres  donnent  lieu  à  des  pertes  de  temps,  incon- 
vénient de  peu  d'importance  du  reste. 

Le  conducteur  relève  sur  une  même  feuille  les  incidents  de 
marche  du  train,  la  composition  de  ce  train  et  le  mouvement  du 
matériel. 

Le  mécanicien  est  chargé  de  la  tenue  de  la  feuille  de  traction. 

Les  compartiments  de  première  classe  sont  seuls  chauffés  l'hiver; 
encore  le  sont-ils  avec  des  chaufferettes  à  briquettes,  chauffage  mal- 
sain et  même  dangereux  comme  on  Ta  déjà  vu  à  plusieurs  reprises. 

L'éclairage  est  fait  à  l'huile  de  colza;  les  lampes  sont  entrete- 
nues par  les  hommes  d'équipe  des  gares  de  formation. 

Les  parcours  en  1885  se  sont  élevés  pour  152,5  kilomètres  de 
ligne,  à  212,300  kilomètres  dont  3, 183 kilomètres  de  trains  debalast. 

Service  des  gares  communes.  —  Le  trafic  de  détail  étant  très- 
faible,  il  en  résulte  peu  de  transbordements  dans  les  gares  de 
jonction  avec  les  réseaux  étrangers. 

Les  dépenses  à  la  charge  de  la  Société  des  chemins  de  fer 
économiques  pour  les  gares  communes  avec  la  Compagnie  du 
Midi,  qui  assure  par  ses  propres  moyens  tout  le  service  de  l'em- 
branché (excepté  pour  ce  qui  concerne  la  traction,  l'alimenta- 
tion, etc.),  sont  fixées  à  forfait,  loyer  compris,  à  10,000  pour  Fac- 
ture, 7,000  pour  Beautiran,  tant  que  le  trafic  de  l'embranché  restera 
inférieur  à  4,500  francs  par  kilomètre.  Au  delà,  les  dépenses 
seront  partagées  au  prorata  des  unités  de  trafic  local. 

Tandis  que  dans  les  gares  communes  avec  la  Compagnie  du 
Midi  d'importants  travaux  d'appropriation  ont  été  exécutés  par 
cette  Compagnie,  à  ses  frais,  les  agrandissements  nécessaires  dans 
la  gare  de  Saint-Symphorien,  commune  avec  la  Compagnie  de 
Nizan  à  Sore  ont  été  faits  par  la  Compagnie  départementale  et  à  sa 
charge.  La  Compagnie  de  Nizan  à  Sore  assure  l'exploitation  com- 


A   VOIE    NORMALE*  233 

munc  et  perçoit  de  ce  chef  de  Tcmbranché  une  redevance  annuelle 
de  3,600  francs  (loyer  compris). 

Enfin  pour  les  gares  de  Lesparre  et  de  Bordeaux-Saint-Louis, 
communes  avec  la  Compagnie  du  Médoc,  ainsi  que  pour  le  tronc 
commun  de  Bruges  à  Bordeaux,  la  Compagnie  départementale 
comme  on  Ta  vu  à  propos  du  chemin  du  Médoc,  se  prétend  exo- 
nérée de  toute  participation  aux  dépenses  de  la  communauté,  soit 
en  ce  qui  concerne  l'exploitation,  soit  en  ce  qui  concerne  la  cons- 
truction. 

Le  Médoc  est  d'accord  sur  ce  dernier  point  mais  non  sur  le  pre- 
mier. 

L'affaire  est  en  instance. 

Service  commercial.  —  Tarifs,  —  Les  tarifs  généraux  sont 
à  base  élevée  au  moins  pour  la  petite  vitesse,  ce  qui  donne  lieu  à 
des  réclamations  assez  vives. 

Les  tarifs  des  voyageurs  sont  les  tarifs  habituels  des  grandes 
Compagnies. 

Des  billets  d'aller  et  retour  comportant  une  réduction  d'envi- 
ron 25  p.  100  sur  le  double  des  billets  simples  sont  applicables 
pour  un  certain  nombre  de  relations,  les  dimanches,  jours  de  mar« 
ché,  de  foire  et  de  fête,  entre  Bordeaux  et  les  stations  du  littora 
du  Bassin  d'Arcachon  ;  ces  billets  d'aller  et  retour  sont  délivrés  tout 
les  jours. 

D'autre  part  on  a  établi  des  tarifs  réduits  pour  le  transport  des 
huîtres  en  grande  vitesse. 

Les  conditions  d'application  pour  la  grande  comme  pour  la 
petite  vitesse  sont  celles  de  la  Compagnie  du  Midi.  Les  marchan- 
dises sont  divisées  en  5  classes  dont  les  4  premières  correspon- 
dent à  peu  près  aux  séries  du  Midi,  et  dont  les  prix  d'application 
par  kilomètre  sont  respectivement  de  24,  18,  14, 10  et  5  centimes. 

La  5'  classe  ne  comprend  que  des  matériaux  d'empierrement. 

Des  tarifs  spéciaux  applicables  par  wagons  complets  de 
5,000  kilogrammes,  corrigent  un  peu  ce  que  les  tarifs  généraux  ont 
d'excessif,  pour  les  grosses  marchandises,  tout  en  restant  beaucoup 
plus  élevés  que  les  tarifs  similaires  en  vigueur  sur  les  grandes 
lignes. 


234  CHEMINS   DE   FER   D'LNTÉRftT   LOCA!. 

Après  les  bois  qui  constituent  le  principal  élément  de  trafic,  le 
tonnage  le  plus  important  est  fourni  par  les  matériaux  de  cons- 
truction :  cette  région  en  est  complètement  dépourvue  (les  bois 
exceptés). 

La  comptabilité  est  tenue  par  dizaine;  l'inspecteur  et  les  sous- 
inspecteurs  assurent  les  vérifications  dans  les  gares. 

Le  contrôle  des  recettes  est  assuré,  dans  les  bureaux  du  service 
central  à  Bordeaux,  par  trois  employés  dont  Tun  est  chef  do  station 
intérimaire. 

On  avait  pensé  à  suivre  pour  le  contrôle  des  recettes  le  procédé 
employé  pour  la  répartition  et  l'échange  du  matériel,  ainsi  que 
pour  les  magasins,  c'est-à-dire  en  charger  plusieurs  chefs  de  sta- 
tion; mais  on  a  reconnu  qu'il  y  aurait  de  graves  inconvénients  à 
charger  un  agent  de  se  contrôler  lui-même. 

La  statistique  commerciale  est  tenue  par  le  chef  de  station 
d'Hourtin. 

Services  divers.  — Le  service  médical  est  gratuit,  les  médecins 
ne  reçoivent  pas  de  traitement. 

.  Les  médicaments  donnent  lieu  à  une  retenue  de  10  p.  i 00  de 
leur  valeur;  on  a  pensé  par  là  éviter  les  abus. 

On  a  mis  à  l'étude  la  question  de  l'instruction  d'une  caisse  de 
retraite  pour  les  employés  de  l'ensemble  des  lignes  de  la  Compa- 
gnie des  chemins  de  fer  économiques. 


Résultats  du  trafic  pour  Tannée  1885 

(Longueur  moyenne  des  kilomètres  exploités  :  142,5) 

On  n'a  pu  obtenir  les  dépenses  kilométriques  totales  d'exploita- 
tion; on  ne  pourrait  du  reste  tirer  aucune  conclusion  de  chiffres 
dans  lesquels  ne  figurent,  en  raison  de  l'âge  récent  des  lignes,  ni 
le  renouvellement  des  rails  et  traverses,  ni  les  grosses  réparations 
du  matériel  roulant  et  des  machines,  ni  les  frais  d'une  exploitation 
arrivée  à  son  complet  développement  quant  au  trafic. 

Il  suffira  de  dire  que  présentement,  le  chiffre  de  3786  francs  par 


A    VOIE  NORMALE  235 

kilomètre  est  très-rémunérateur  pour  l'exploitant;  il  le  sera  cer- 
tainement moins  au  bout  de  4  ou  5  années  d^exploitatiou. 

Bien  que  le  tableau  des  produits  ne  soit  pas  non  plus  l'expres- 
sion d'un  trafic  normal,  il  peut  être  intéressant  de  le  reproduire  : 

1°  Grande  vitesse 108.. *m2  77 

20  Petite  vitesse 213.383  02 

3«  Recettes  diverses 2.007  7;i 

215. 3m)  77 
Soit  par  kilomètre 1.510    » 

On  voit  que  la  construction  du  réseau  départemental  n'a  pas  été 
une  brillante  affaire  pour  le  département  de  la  Gironde.  Il  n'en  est 
pas  de  même  pour  la  Compagnie  concessionnaire.  Il  en  résulte 
des  tiraillements  entre  le  département  et  la  Compagnie. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  convient  de  dire  que  celle-ci  exploite  aussi 
bien  qu'elle  a  construit. 


TROISIÈME    PARTIE 


CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 


A  VOIE   ETROITE 


CHAPITRE   XVll 


I 
ï 


GHEBON    DE    FER    DE     HERMES    A     BEAUMONT 

(Oise  et  Seine-et-Oise.) 


Longueur 32  kilomètres 


La  ligne  de  Hermès  à  Beaumont  est  le  premier  chemin  de  fer 
à  voie  étroite  construit  en  France;  il  existait  bien  avant  lui  des 
lignes  industrielles  à  largeur  de  voie  réduite,  mais  ce  n'est  que 
le  jour  de  Touverture  de  la  ligne  de  Hermès  à  Beaumont  au  ser- 
vice des  voyageurs  et  marchandises  qu'est  véritablement  né  le 
chemin  de  fer  à  voie  étroite,  en  tant  que  chemin  approprié  au 
service  des  intérêts  locaux. 

C'est  Texpérience  de  la  ligne  de  Hermès  à  Beaumont  jointe  à 
celle  du  chemin  de  fer  d'Anvin  à  Calais,  construit  vers  la  même 
époque  et  d'après  les  mêmes  principes,  qui  a  fait  sortir  le  chemin 
de  fer  d'intérêt  local  de  l'état  de  déliance  où  l'avaient  placé  les 
malheureuses  tentatives  issues  de  la  loi  du  12  juillet  1865;  cette 
double  expérience  a  certainement  accéléré  le  mouvement  d'où  est 
sortie  la  loi  du  il  juin  1880,  de  laquelle  date  le  merveilleux  déve- 


240  CHEMINS  DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

loppement  actuel  des  petits  chemins  de  fer,  si  remarquables  de 
bon  marché  dans  leur  exploitation  comme  dans  leur  construction. 

Le  chemin  de  fer  de  Hermès  à  Beaumont  (voir  Revue  générale 
des  Chemins  de  fer^  mai  et  septembre  i881)  dessert  par  9  stations, 
une  population  d'environ  10,000  habitants,  dont  6,000  appartien- 
nent aux  localités  de  Hermès  et  Beaumont  déjà  desservies  par  les 
lignes  de  la  Compagnie  du  Nord. 

La  région  est  à  la  fois  industrielle  et  agricole  ;  en  dehors  de  la 
fabrication  du  sucre  qui  donne  lieu  aux  plus  gros  transports,  il  y  a 
dans  tout  le  jpays  une  très-importante  production  de  brosserie  fine, 
éventails,  tabletterie,  etc..  Ainsi,  Noailles  occupe  500  ouvriers  à 
la  brosserie;  une  très-grande  part  des  éventails  espagnols  sont 
fabriqués  à  Sainte-Geneviève,  etc..  Enfin  Ercuis  possède  une 
fabrique  de  couverts  en  métal  alfénide,  une  autre  de  fils  de  coton. 

Ces  éléments  de  trafic  pouvaient  permettre  de  vivre  à  une  Com- 
pagnie de  chemin  de  fer,  à  la  condition  que  la  dépense  de  premier 
établissement  et  les  charges  financières  fussent  peu  élevées. 

C'est  pour  cette  raison  qu'on  a  fait  choix  de  la  voie  étroite. 

D'autre  part,  on  s'est  efforcé  de  limiter  les  emprunts  en  donnant 
plus  d'importance  au  capital-actions  et  en  s'attachant  à  recueillir 
les  souscriptions  parmi  les  habitants  du  pays,  afin  d'éviter  des 
frais  d'émission  par  la  voie  de  banquiers. 

La  Société  a  été  constituée  au  capital  de  1,300, 000  francs,  dont 
200,000  souscrits  par  la  Compagnie  du  Nord  qui,  toujours  libérale 
avec  les  Compagnies  affluentes,  offrait  en  outre  une  subvention 
de  0  fr.  10  par  tête  de  voyageur  de  ou  pour  le  réseau  du  Nord. 

Le  capital-obligations  ne  dépasse  pas  730,000  francs  dont 
612,500  seulement  réalisés. 

Les  subventions  fixes  accordées  ont  été  les  suivantes  : 

Eut 100.000     » 

Départements 130.000    » 

Communes 146.500    » 


Total 376.500 


» 


La  ligne  a  été  concédée  par  décret  du  14  juillet  1877  et  a  été 
ouverte  par  parties  en  1879  et  1880;  elle  est  placée  sous  le  régime 
de  la  loi  de  1865. 


A   VOIE    ÉTROITE  24* 


1.  —  ÉTABLISSEMENT  DU  CHEMIN 

Description.  —  La  ligne  aboutit  à  ses  extrémités  aux  gares  de 
la  Compagnie  du  Nord  avec  lesquelles  elle  est  reliée  par  voies  et 
quais  de  transbordement. 

Le  profil  et  le  plan  sont  assez  accidentés  par  suite  de  la  tra- 
versée du  coteau  de  Bray  :  les  déclivités  de  15  à  20**  par  mètre 
existent  sur  17  kilomètres,  c'est-à-dire  sur  plus  de  la  moitié  du 
parcours  total;  les  côtes  extrêmes  franchies  ont  une  différence 
d'altitude  de  123  mètres;  2  kilomètres  seulement  de  la  ligne  sont 
en  Seine-et-Oise,  le  reste  est  dans  TOise. 

En  pleine  voie,  le  rayon  minimum  est  toujours  de  300  mètres 
et  les  courbes  de  rayon  inférieur  n'ont  été  adoptées  qu'aux  abords 
des  gares  d'un  accès  difficile.  On  a  pris  soin  de  réduire  les  rampes 
dans  les  courbes  de  manière  à  ne  jamais  dépasser  la  déclivité 
nette  de  20"°. 

On  a  examiné  au  moment  de  la  construction  la  question  de 
savoir  si  l'on  devait  ou  non  emprunter  les  accotements  des  routes, 
ce  qui  était  possible  sur  environ  1/3  du  parcours.  On  ne  s'est  pas 
arrêté  à  cette  solution  qui  eût  trop  limité  la  vitesse  des  trains. 

La  voie  a  un  mètre  d'écartement  entre  les  bords  intérieurs  des 
rails. 

Le  rail  Vignole,  en  fer,  pèse  20  kilos  le  mètre  courant;  il  a 
0  m.  095  de  hauteur  avec  0  m.  080  de  largeur  de  patin  et  0  m.  046 
de  largeur  de  champignon;  il  a  8  m.  de  longueur.  Ce  rail  s'est 
trouvé,  à  l'usage,  résister  assez  mal  aux  efforts  latéraux.  Aussi  le 
remplace-t-on  annuellement  par  un  rail  en  acier  de  même  poids 
et  profil,  que  l'on  substitue  par  voie  d'entretien. 

Les  traverses,  partie  en  chêne,  partie  en  pin  des  Landes  injecté 
au  sulfate  de  cuivre,  ont  1  m.  70  de  longueur,  0  m.  15  de  largeur 
et  Om.  12  d'épaisseur;  elles  sont  écartées  de  Om.  88  d'axe  en 
axe  en  aligement  et  multipliées  dans  les  courbes. 

Le  ballast,  d'excellente  qualité,  en  sable  de  rivière  et  cailloux 
roulés,  a  0  m.  40  d'épaisseur  avec  2  m.  30  de  largeur  au  niveau 

16 


242  CHE3UNS  DE   FER   D'LNTÊRÊT  LOCAL 

des  rails  et  3  m.  10  sur  la  plate-forme,  ce  qui  constitue  un  cube 
de  1  m.  080  par  mètre  courant. 

Avec  ces  éléments  on  peut  obtenir  des  vitesses  pratiques  de 
45  kilomètres  à  rheure. 

Deux  embranchements  relient  à  la  lig^e  une  fabrique  de  sucre 
(Mesnil,  Saint-Denis)  et  une  usine  à  gaz  (Xeuilly-en-ThelIe). 

La  distance  moyenne  entre  les  stations  est  de  3  kilomètres. 

La  figure  23  (PI.  X),  station  de  Fresnoy-Morangles,  représente  le 
type  des  stations.  C'est  le  type  plusieurs  fois  rencontré  avec  quai 
et  halle  à  marchandises  accolés  au  bâtiment  des  voyageurs;  il  est 
commode  et  suffit  dans  Tespèce.  Aucune  station  ne  dispose  de 
plaques  tournantes,  le  matériel  de  grande  et  de  petite  >îtesse 
n'étant  jamais  tourné.  Les  bâtiments  sont  très-bien  construits; 
les  chefs  de  station  sont  logés  largement. 

Les  dispositions  spéciales  prises  dans  les  gares  extrêmes  de 
Beaumont  et  de  Hermès  pour  assurer  le  transbordement  des 
wagons  de  la  ligne  à  voie  étroite  dans  les  wagons  de  la  grande 
ligne,  ou  vice  versa^  ne  présentent  pas  grand  intérêt;  les  voies  de 
transbordement  sont  parallèles  et  de  même  niveau,  à  l'exception 
d*une  voie  surélevée  sur  laquelle  sont  amenés  les  wagons  de 
charbon  de  la  Compagnie  du  Nord,  afin  de  permettre  le  décharge- 
ment rapide  et  par  la  gravité  de  la  houille  dans  les  wagons  de  la 
Compagnie  locale. 

Les  stations  sont  couvertes  par  des  signaux  à  distance  type  Nord, 
munis  de  sonneries  électriques.  On  les  avait  tout  d'abord  placés 
à  800  m.  de  la  station.  Cet  éloignement  ayant  été  reconnu  inutile, 
on  a  rapproché  les  signaux  à  300  m.  de  la  pointe  de  Taiguille 
lorsque  la  voie  est  en  pente  dirigée  vers  la  station,  et  à  ioO  m. 
lorsqu'elle  est  en  palier  ou  en  rampe  vers  la  station. 

Les  exploitants  seraient  d'avis  de  supprimer  tout  signal. 

Les  passages  à  niveau  ne  sont  pas  gardés;  sur  78  passages  à 
niveau,  3  qui  se  trouvent  à  la  sortie  des  gares  sont  munis  de 
barrières  manœuvrées  de  la  gare. 

Les  stations  sont  clôturées  ;  il  en  est  de  même  des  passages  à 
niveau  jusqu'à  10  mètres  de  distance  de  chaque  côté  du  chemin. 

L'alimentation  d'eau  est  assurée  : 

A  Beaumont  par  le  réservoir  de  la  Compagnie  du  Nord  ; 


A   VOIE  ÉTROITE  243 

A  Neuilly-en-ThelIe,  par  la  distribution  de  la  ville; 

A  Hermès,  par  une  pompe  dite  universelle,  système  Daulton. 
{Revue  générale  des  chemins  de  fer,  novembre  1884.)  Cette  pompe, 
actionnée  par  la  vapeur  de  la  locomotive,  alimente  un  réservoir. 
Ce  dernier  système  n'est  pas  à  Tabri  de  toute  critique  ;  le  pulso- 
mètre  ou  Téjecteur  sont  préférables. 

Matériel  roulant.  —  Le  matériel  roulant  a  été  étudié  par 
M.  Bandérali,  ingénieur  du  service  central  du  matériel  et  de  la 
traction  à  la  Compagnie  du  Nord,  qui  en  a  donné  une  des- 
cription détaillée  dans  la  Revue  générale  des  chemins  de  fer 
(septembre  1881). 

Le  matériel  à  voyageurs  et  à  marchandises  a  été  construit  par 
la  Société  Dyle  et  Bacalan  ;  les  locomotives  par  la  Société  alsa- 
cienne. 

Tout  le  matériel  est  à  tamponnement  central. 

Voitures.  —  Les  voitures  à  voyageurs  sont  de  4  types  : 

Voitures  de  troisième  classe  à  34  places,  poids  :  5,000  kilos; 

—  mixtes  à  8  places  de  seconde,  26  places  de  troisième, 

poids  :  5,000  kilos  j 

—  mixtes  à  6  places  de  première,  26  places  de  troisième, 

poids  :  5,200  kilos; 

—  mixtes  à  6  premières,  8  secondes,  18  troisièmes,  poids  : 

5,225  kilos. 

Les  compartiments  sont  séparés;  la  largeur  intérieure  de  2  m.  05 
est  faible  en  raison  du  nombre  de  places  ;  les  places  de  première 
elles-mêmes  sont  insuffisamment  confortables. 

Toutes  les  voilures  sont  pourvues  du  frein  à  vide.  Il  en  est  de 
même  des  fourgons  qui  ont  en  plus  le  frein  à  vis  Slilmant. 

Les  wagons,  qui  pèsent  de  3  à  4,000  kilos,  peuvent  porter 
10  tonnes;  ils  portent  des  raccords  qui  permettent  de  les  intercaler 
dans  les  trains  munis  du  frein  à  vide  et  sont  tous  pourvus  du  frein 
à  main. 


244  CHEMLNS   DE    FER   DINTÉRÉT    LOCAL 

L'effectif  ejg.  matériel  est  le  suivant  : 

8  voitures  à  voyageurs,  2  de  chaque  type  ; 

2  fourgons  avec  compartiment  pour  la  poste  ; 

2  wagons  à  lait; 
20  plates-formes  ; 
25  tombereaux  ; 
13  wagons  couverts. 

L'armature  en  matériel  P.  Y.  ressort  à  2  wagons  par  kilomètre. 

Le  matériel,  trop  considérable  en  temps  normal,  fait  défaut 
dans  les  périodes  de  trafic.  C'est  un  des  principaux  inconvénients 
des  chemins  à  voie  étroite. 

Dans  le  cas  de  grande  affluence  de  voyageurs,  on  aménage,  à 
Faide  de  bancs,  les  wagons  couverts  qui  peuvent  contenir  30  voya- 
geurs chacun. 

Locomotives.  —  Les  locomotives-tenders  sont  à  trois  essieux 
accouplés  et  à  arrière-traiu  monté  sur  truc  indépendant  du  sys- 
tème Bissel,  pour  la  facile  inscription  dans  les  courbes  ;  elles  sont 
pourvues  du  frein  à  vide  et  du  frein  à  vis. 

L'empattement  rigide  de  la  machine  n'est  que  de  2  m.  07;  aussi 
son  inscription  dans  les  courbes  n'exige-t-elle  que  très-peu  de  jeu 
longitudinal  dans  les  boîtes;  les  bielles  d'accouplement  sont  à  arti- 
culation sphérique. 

La  Compagnie  possède  4  locomotives,  dont  2  en  service  nor- 
mal; toutes  sont  du  même  type;  ce  sont  d'excellentes  machines. 

Les  conditions  principales  de  la  locomotive  sont  les  suivantes  : 

Diamètre  des  cylindres 0m.350 

Course  des  pistons 0  m.  460 

Surface  de  la  grille 1  m. 

Surface  de  chauffe  du  foyer 4  "' 

—  des  tubes 50  m.  22 

—  totale 54  m.  22 

Timbre  de  la  chaudière 8  k.  5 

Diamètre  des  roues  couplées 0  m.  900 


A   VOIE    ÉTROITE  246 

Empattement  total  des  roues  couplées 2  m.  070 

—  de  la  machine 3  m.  970 

Longueur  totale  de  la  machine 7  m.  690 

Poids  de  la  machine  à  vide 17  t.  650 

—  en  service 23  t.  700 

Charge  maxima  sur  les  roues  accouplées.     ...  20  t. 

—  sur  le  Bissel     .......      3  t.  700 

Effort  de  traction.  =  0,65  ^  =  0,65  x  626  x  8''5  =  3,458  kil. 
Charge  remorquée  sur  une  rampe  de  20'""  en  ali- 
gnement droit  à  la  vitesse  de  22  kil.  à  Theure.  94  t. 

Le  dépôt  est  à  Neuilly-en-Thelle,  mais  les  gares  de  Hermès  et 
de  Beaumont  possèdent  chacune  une  remise  pour  une  locomotive 
qui  y  couche  chaque  nuit. 

Deux  plaques  tournantes  de  4  m.  80  ont  été  placées  aux  extré- 
mités de  la  ligne  pour  les  locomotives. 

Atelier  de  réparation.  —  L'atelier  de  réparation  a  été  installé  à 
Neuilly-en-TheJle,  station  la  plus  importante  de  la  ligne  et  rési- 
dence de  ringénieur-directeur. 

Une  machine  à  vapeur  demi-fixe  de  la  force  de  5  chevaux 
actionne  un  tour,  une  machine  à  percer  et  un  ventilateur  :  une 
forge  à  2  feux,  un  étau  de  forge  et  3  étaux  d'ajusteur  complètent 
un  outillage  très-suffisant  pour  toutes  réparations,  sauf  le  tour- 
nage des  roues  qui  est  fait  au  dehors. 

Le  personnel  de  Tatelier  est  composé  d'un  ajusteur,  un  forge- 
ron, deux-hommes  de  peine  et  un  apprenti. 

Résumé  des  Dépenses  de  premier  Établissement 

au  31  décembre  1884 


i^  Construction  du  chemin.  •  .  • 

2^  Matériel  et  mobilier 

3<^  Intérêt  pendant  la  construction. 

Total. 
Soit  par  kilomètre 


i.QH.306  23 

379.220  20 

9i.451  87 

2.414.978  30 
76.000    n 


Il  convient  de  remarquer  que  les  rails  de  fer  ont  été  payés  très 
bon  marché,  et  qu'il  en  a  été  de  même  des  travaux. 


246  CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT    LOCAL 

Quoi  qu'il  en  soit  le  prix  de  revient  par  kilomètre  est  peu  élevé, 
si  Ton  tient  compte  des  difQcultés  de  la  construction  :  les  terras- 
sements et  Tacquisition  des  terrains  entrent  dans  le  prix  de  revient 
kilométrique  pour  la  somme  élevée  de  25.000  francs  environ. 


II.   —    EXPLOITATIOIW 


Administration 


Le  siège  social  de  la  Compagnie  est  à  Neuilly-en-Thelle.  Le 
conseil  d'administration  composé  de  neuf  membres,  dont  un  délé- 
gué de  la  Compagnie  du  Nord  se  réunit  environ  quatre  fois  par 
an.  Les  fonctions  d'administrateur  sont  gratuites,  les  membres 
du  conseil  ayant  fait  abandon  des  jetons  de  présence  qui  leur  avaient 
été  alloués  par  l'assemblée  générale  des  actionnaires. 

Ne  sont  soumises  au  conseil  d'administration*  que  les  questions 
suivantes  :  service  des  trains,  marchés,  propositions  d'avance- 
ment et  gratifications  de  fin  d'année,  compte  d'administration. 

L'ingénieur-directeur  est  chargé  de  tous  les  services,  et  a  des 
pouvoirs  étendus  concernant  le  personnel,  qu*il  nomme  et  révoque, 
il  assure  seul  le  mouvement  des  fonds,  etc.,  etc.  Il  a  comme  agent 
de  bureau,  un  expéditionnaire  et  un  comptable. 

Les  frais  d'administration,  assurances,  loyers,  charges  d*admi- 
nistration  publique,  indemnités,  secours,  etc.,  s'élèvent  pour  1885 
au  total  de  24.233  fr.  56.  Soit  par  kilomètre  de  ligne  757  fr.  30. 

Voie  et  Bâtiments 

Le  service  de  la  voie  est  dirigé  par  un  inspecteur.  Les  brigades 
de  cantonniers  sont  au  nombre  de  trois  :  chacune  comprend  quatre 
agents  et  embrasse  une  dizaine  de  kilomètres. 

Les  chefs-cantonniers  ont  100  francs  par  mois  et  les  cantonniers 
90  francs.  Aucun  passage  à  niveau  n'étant  gardé,  il  n'y  a  pas  de 
cantonniers  logés. 

Le  principal  travail  des  brigades  consiste  dans  le  renouvelle- 
ment partiel  en  rails  d^acier. 


là' 


A   VOIE    ÉTROITE  247 

Les  cantonniers  assurent  à  la  fois  Tentretien  des  voies  et  celui 
des  bâtiments;  ils  sont  chargés  d'entretenir  et  renouveler  les 
peintures,  remettre  les  carreaux,  etc. 

Les  dépenses  du  service  de  la  voie  et  des  bâtiments  pour  Tannée 
1885  se  résument  ainsi  qu'il  suit  : 

Personnel 41.220  44 

Entretien  de  la  voie 1.593  25 

Entretien  des  bâtiments 345  10 

Divers 493  93 

Total 13.78275 

Soit  par  kilomètre 430  71 

Traction 

Un  chef  de  dépôt,  qui  est  en  même  temps  chef  d'atelier,  dirige 
le  service. 

Deux  mécaniciens  et  deux  chauffeurs  constituent  le  personnel 
de  conduite,  qui  est  suppléé  en  cas  de  congé  ou  de  train  supplé- 
mentaire par  deux  ouvriers  de  Tatelier,  dont  un  peut  conduire  une 
machine,  l'autre  faire  fonctions  de  chauffeur. 

Ce  service  est  peu  chargé,  chaque  machine  faisant  journelle- 
ment deux  trains  dans  les  deux  sens,  soit  environ  8  heures  de 
travail  coupées  par  des  stationnements  prolongés  aux  extrémités 
du  parcours.  Aussi  n'est-il  pas  accordé  de  repos  aux  mécaniciens. 
Pendant  le  lavage  qui  a  lieu  tous  les  dix  jours  au  dépôt  deNeuilly- 
en-Thelle  par  les  soins  des  ouvriers  de  Tatelier,  le  mécanicien 
et  le  chauffeur  font  le  service  avec  la  machine  de  réserve,  qui 
n'est  allumée  que  dans  ces  circonstances  et  en  cas  de  détresse. 

D'autre  part,  les  agents  de  traction  obtiennent  des  congés,  sans 
réduction  de  traitement,  quand  ils  en  ont  besoin. 

Les  salaires  mensuels  sont  respectivement  de  125,  150  et 
175  francs  suivant  la  classe. 

Il  n'y  a  pas  d'allocation  fixe  de  combustible. 

Le  roulement  ne  permet  pas  de  comparaison  entre  les  deux  mé- 
caniciens, qui  font  toujours  le  même  service,  l'un  au  départ  de 
Hermès  pour  y  revenir  coucher,  l'autre  au  départ  de  Beaumont. 

Or,  dans  le   sens  de  la  plus  grande  montée,   c'est-à-dire  de 


248  CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Beaumont  à  Hermès,  a  lieu  un  train  de  marchandises-voyageurs 
toujours  très-chargé,  tandis  que  le  train  de  détail  de  Hermès  à 
Beaumont  Test  beaucoup  moins,  ce  qui  rend  la  comparaison 
impossible. 

Cette  raison  ne  justifie  peut-être  pas  suffisamment  le  rejet  du 
système  des  allocations  pour  le  combustible  et  le  graissage. 

On  se  borne  à  comparer  la  consommation  de  chaque  mécanicien 
d*un  jour  à  Tautre.  Lorsqu'elle  ne  dépasse  pas  la  quantité  nor- 
male, on  alloue  une  prime  fixe  de  25  francs  par  mois  ;  dans  le  cas 
contraire,  la  prime  est  retirée  à  moins  de  justification  valable. 

Le  mécanicien  est  chargé  du  graissage  des  wagons  et  des  voitu- 
res aussi  bien  que  du  graissage  de  la  machine. 

En  raison  de  Texiguïté  des  foyers,  on  ne  peut  brûler  que  des 
briquettes  d'Anzin  d'excellente  qualité,  dont  le  prix  est  de  16  fr.  50 
à  Anzin  et  de  25  fr.  à  Neuiliy.  Le  charbon  tout-venant  lui-même 
ne  pourrait  être  employé  pour  la  cause  précitée. 

Les  parcours  sont  uniformément  de  128  kilomètres  pour  chaque 
machine. 

L'intelligent  directeur  de  cette  petite  ligne  a  soigneusement 
étudié  la  possibilité  de  supprimer  le  chauiTeur,  ce  qui  permettrait 
de  réaliser  une  notable  économie  de  traction  ;  il  a  bien  vite  reconnu 
qu'il  n*y  fallait  pas  songer  en  raison  du  grand  nombre  de  passages 
à  niveau  non  gardés  que  comporte  la  ligne. 

Le  mécanicien  doit  être,  en  effet,  constamment  à  son  régulateur 
pour  arrêter  son  train,  en  cas  d'obstacles  pouvant  se  rencontrer 
dans  les  courbes,  ou  de  voitures  traversant  un  passage  à  niveau. 

Son  attention  serait  par  trop  distraite  s'il  avait  à  s'occuper  de 
Talimentation  de  la  chaudière,  du  chargement  du  foyer  et  surtout 
de  casser  les  briquettes  dont  on  fait  ici  exclusivement  usage,  ce 
qui  constitue  une  opération  relativement  longue. 

La  suppression  du  chauffeur  est  possible  sur  une  grande  ligne, 
bien  gardée  et  clôturée,  comme  on  l'a  vu  à  propos  des  trains- 
tramways  de  la  compagnie  du  Nord,  plutôt  que  sur  une  petite 
ligne  sans  clôtures  et  à  passages  à  niveau  non  gardés. 

Enfin,  et  ce  point  est  plus  grave  encore,  y  a-t-il  intérêt  à  ré- 
duire à  l'extrême  limite  le  nombre  des  agents  d'un  train  mixte, 
alors  que  ceux-ci,  et  c'est  le  cas  sur  la  ligne  de  Hermès  à  Beau- 


• 


A  VOIE  ÉTROITE  249 

mont,  concourent  tous  aux  manœuvres  et  aux  manutentions  qui 
se  font  en  cours  de  route  dans  des  stations  gérées  par  une  femme 
seule,  ou  tout  au  plus  par  un  homme  seul  ? 

Réduire  d'un  agent  le  personnel  d'un  train  peut  souvent  avoir 
pour  résultat  d'augmenter  d*un  agent  le  personnel  de  plusieurs 
stations.  La  question  est  donc  très-complexe  ;  c'est  une  question 
d'espèces,  qui  ne  peut  être  résolue  qu'en  faisant  soigneusement 
entrer  en  ligne  de  compte  tous  les  éléments. 

Au  bout  de  six  mois  de  parcours,  soit  environ  22.500  kilomètres, 
les  bandages  de  chaque  machine,  usés  dans  les  courbes,  doivent 
être  repassés. 

Les  dépenses  de  traction  et  d'entretien  pour  1885  se  décompo- 
sent ainsi  : 

Personnel i6.135  61 

Combustible 14.003  40 

Graissage  et  petit  entretien  des  machines  et  véhicules  .  1.248  05 

Alimentation 407  16 

Entretien  et  réparation  aux  ateliers 2.890  85 

Total 34.685  07 

Soit  par  kilomètre  de  train 0  34 

Mouvement  et  Trafic 

Mouvement.  —  Le  mouvement  est  dirigé,  sous  les  ordres  de* 
l'ingénieur-directeur,  par  le  chef  de  bureau  qui  est  en  même 
temps  inspecteur  d'exploitation. 

Un  intérimaire  attaché  au  bureau  assure  l'intérim  des  chefs  de 
station  et  des  conducteurs  de  train. 

Service  des  gares.  —  Dans  4  stations  sur  9  le  service  est  fait 
exclusivement  par  des  femmes  de  cantonniers  ;  dans  ces  4  stations, 
le  télégraphe  est  sur  communication  directe,  mais  les  femmes 
chefs  de  station  connaissent  assez  bien  le  maniement  du  télégra- 
phe pour  demander  le  secours  en  cas  de  nécessité. 

Ces  femmes  tiennent  toutes  les  écritures  de  la  station,  à  l'excep- 
tion du  livre  de  compte  courant  qui  est  rempli  par  Tintérimaire. 

Deux  stations  seulement,  Neuilly  et  Noaiiles,  ont  un  chef  de 
station  et  un  homme  d*équipe;  enfin,  dans  les  trois  autres  stations. 


250  CHEMINS  DE    FER   DINTÉRÊT  LOCAL 

on  a  adjoint  au  chef  de  station  sa  femme  pour  distribuer  et  retirer 
les  billets  et  même  pour  la  manœuvre  du  télégraphe  :  ces  femmes 
font  un  excellent  service  et  reçoivent  un  traitement  de  200  francs 
par  an. 

Les  règlements  adoptés  sont  ceux  de  la  Compagnie  du  Nord  ou 
à  peu  près. 

Les  exploitants,  reconnaissant  que  les  procès-verbaux  télégraphi- 
ques qui  sont  tenus  avec  le  télégraphe  Bréguet  n'offrent  aucune 
garantie,  préféreraient  Tinstallation  de  téléphones  qui  ne  présen- 
tent ni  plus  ni  moins  de  garantie  au  point  de  vue  des  procès- 
verbaux,  mais  qui  offrent  Tincontestable  avantage  de  la  rapidité 
et  de  la  simplicité. 

Les  marchandises  par  wagons  complets  sont,  aux  termes  de 
l'application  des  tarifs,  manutentionnées  par  le  public. 

Les  marchandises  de  détail  sont  chargées  dans  les  trains  ou  ren- 
trées sous  halle  par  les  chefs  de  station  ou  Thomme  d'équipe  aidés 
par  des  agents  du  train,  c'est-à-dire  du  conducteur  en  général,  et 
même  quand  le  poids  et  le  volume  sont  trop  considérables^  par  le 
chauffeur  et  le  mécanicien. 

Dans  les  stations  où  il  n'y  a  qu'une  femme,  la  manutention  est 
faite  au  passage  des  trains  par  le  conducteur  aidé  au  besoin  par  le 
personnel  ^e  la  machine.  Pour  faciliter  cette  opération,  lorsque  de 
gros  ou  nombreux  colis  doivent  être  déchargés  dans  une  gare,  le 
conducteur  en  prévient  le  mécanicien  et,  à  l'approche  de  la  station, 
celui-ci  demande,  à  Taide  du  sifflet  do  la  machine  que  la  voie  de 
la  halle  lui  soit  donnée.  Il  arrête  son  train  do  manière  à  placer  le 
fourgon  au  droit  du  quai,  et  les  colis  sont  déchargés  directement 
sous  halle. 

De  son  côté,  la  station  qui  a  de  lourds  colis  à  charger  donne  au 
train  la  voie  delà  halle  en  ayant  soin  de  faire  le  signal  de  ralentis- 
sèment  à  l'aiguille  décadenassée  et  prise  en  pointe. 

Dans  les  stations  gérées  par  des  femmes,  le  public  fait  généra- 
lement, à  titre  gratuit,  les  manœuvres  des  wagons,  s'il  y  a  lieu, 
dans  l'intervalle  des  trains.  Les  femmes  se  bornent  à  vérifier  les 
poids  sur  la  bascule.  Il  n'en  résulte  aucune  récrimination. 

Les  relations  entre  la  Compagnie  et  le  public  sont,  comme  on  le 
voit,  tout  particulièrement  cordiales.  La  Compagnie  fait  du  reste 


A    VOIE  ÉTROITE  251 

tout  lo  possible  pour  éviter  des  réclamatioas  ;  elle  consent  mème^ 
quand  besoin  est,  à  laisser,  dans  Tintervalle  des  trains,  des  wagons 
en  pleine  voie  pour  y  être  chargés  de  betteraves,  bois  et  autres 
grosses  parties. 

La  répartition  du  matériel  est  chose  facile  en  temps  normal, 
mais  dans  la  période  de  transport  de  betteraves,  il  n'en  est  plus 
de  même,  et  l'inspecteur  de  l'exploitation  doit  être  constamment 
sur  la  ligne  pour  presser  les  chargements  et  déchargements  et  faire 
prendre  patience  aux  expéditeurs  non  satisfaits. 

Service  des  trains.  —  Le  service  est  fait  à  4  trains  dans  chaque 
sens. 

La  composition  normale  des  trains,  en  matériel  de  grande 
vitesse,  est  d*un  fourgon  à  compartiment,  de  2  voitures  mixtes  et^ 
en  queue  du  train,  d'un  wagon  couvert  muni  du  frein  à  vis,  qui 
sert  de  wagon  de  choc  dans  l'autre  sens  du  parcours. 

Les  jours  de  marché,  jeudi  et  samedi,  ainsi  que  le  dimanche,  le 
nombre  des  voitures  est  doublé. 

La  composition  maximum  du  train  peut  atteindre  15  véhicules. 

Tous  les  trains  sont  mixtes;  mais  un  train  de  chaque  sens  est 
plus  généralement  affecté  au  service  des  marchandises. 

Le  trafic  des  betteraves  donne  souvent  lieu  à  la  mise  en  marche 
de  trains  facultatifs. 

Le  service  du  train  est  fait  par  un  seul  agent  placé  en  queue. 
Cet  agent  fait  le  contrôle  de  route,  assure  le  service  des  bagages  et 
des  messageries  avec  l'aide  du  personnel  des  stations  et  de  la 
machine,  s'il  y  a  lieu;  il  suffit  à  la  surveillance  des  15  véhicules 
dont  peut  se  composer  le  train  au  maximun.  Le  conducteur  est 
porteur  d'une  clef  ouvrant  tous  les  cadenas  des  aiguilles  de  la  voie 
et  remplit  les  fonctions  d'aiguilleur,  ainsi  que  de  chef  de  manœu- 
vre dans  toute  station  où  la  promptitude  des  manœuvres  l'exige; 
le  chaulfeur  décroche  et  accroche  les  wagons.  Enfin,  le  conduc- 
teur est  encore  chargé  du  nettoyage  des  voitures  de  son  train. 

Le  service  des  trains  est  extrêmement  régulier;  jamais  de  cor- 
respondances manquées. 

Les  1"  et  2*  classes  sont  chauffées  l'hiver  :  à  Beaumont,  la  Com- 
pagnie du  Nord  assure  le  service  des  bouillottes;  à  Hermès,  où 


252  CHEBflNS    DE   FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

il  n'existe  pas  de  chaufTeretterie,  les  bouillottes  sont  réchauffées 
par  la  vapeur  de  la  locomotive  à  Taide  d'un  tube  que  Ton  visse 
sur  le  Giffard.  Chaque  bouillotte  nécessite  une  minute,  soit  6  mi- 
nutes pour  les  6  bouillottes. 

Les  parcours  des  trains  s'élèvent  pour  l'année  1885  à  99,917  kilo- 
mètres. 

Gares  de  jonction,  —  Les  gares  de  la  petite  Compagnie  à  Her- 
mès et  à  Beaumont  sont  accolées  à  celles  de  la  Compagnie  du  Nord 
qui  assure  tout  le  service  ;  les  billets  des  voyageurs  sont  délivrés 
aux  guichets  de  la  gare  de  la  grande  ligne. 

On  a  dit  plus  haut  que  les  transbordements  se  font  de  wagon  à 
wagon;  un  pont  volant  réunit  le  wagon  de  la  grande  ligne  à  celui 
de  la  petite  ligne.  Ces  wagons  sont  placés  sur  des  voies  parallèles 
et  de  même  niveau;  il  en  résulte,  il  est  vrai,  une  différence  de 
0  m.  20  entre  les  planchers  des  deux  wagons  :  le  pont  volant  est  par 
suite  en  pente,  mais  cela  ne  présente  aucun  inconvénient  pratique. 

Un  quai  de  transbordement  qui  avait  été  construit  dans  le  prin- 
cipe n'est  jamais  utilisé. 

La  houille  est  transbordée  à  Beaumont  d'une  façon  spéciale;  les 
wagons  Nord  sont  amenés  sur  une  voie  surélevée;  on  faisait  tout 
d'abord  usage  de  goulottes  en  tôle  pour  conduire  le  charbon  du  wagon 
Nord  dans  le  wagon  de  la  petite  Compagnie  placé  en  contre-bas.  On 
n'utilise  plus  ces  goulottes,  car  on  a  trouvé  plus  simple  de  transbor- 
der simplement  à  la  pelle.  Les  wagons  de  la  ligne  locale  contenant 
10  tonnes  comme  ceux  de  la  grande  ligne,  il  n'y  a  pas  de  temps 
perdu,  et  10  tonnes  sont  transbordées  par  un  seul  homme  en 
deux  heures  et  demie  au  plus,  ce  qui,  à  raison  de  0,35  c.  l'heure, 
donne  un  prix  de  revient  de  0,10  c.  par  tonne. 

Les  redevances  payées  par  la  Compagnie  locale  et  la  Compagnie 
du  Nord  pour  le  service  de  transbordement  qu'assure  celle-ci,  sont  : 

1®  pour  Hermès,  de  0  fr.  25  par  tonne  pour  tout  service  et  tou- 
tes marchandises  ; 

2®  Pour  Beaumont,  de  0  fr.  25  par  tonne  de  betteraves;  pour  le 
transbordement  des  marchandises  de  détail,  et  pour  le  service  des 
trains,  qui  est  fait  par  la  Compagnie  du  Nord,  la  Compagnie  locale 
fournit  la  valeur  de  2,400  francs  en  journées  d'hommes. 


A  VOIE  ÉTROITE  253 

Le  Nord  ne  perçoit  aucune  autre  taxe  et  fait  gratuitement  le 
service  des  bouillottes,  ladistribution  des  billets,  etc.,  sauf  Téclai- 
rage  des  trains  qui  reste  à  la  charge  de  Tafiluent. 

D'un  autre  côté,  la  Compagnie  du  Nord  subventionne  celui-ci 
à  raison  de  : 

i**  0  fr.  23  c.  par  tête  de  voyageurs  en  provenance  ou  à  desti- 
nation de  ses  propres  lignes  pour  les  5,000  premiers  voyageurs 
arrivés  ou  partis  à  chacune  des  stations  extrêmes; 

2^  0  fr.  20  c.  pour  les  10,000  suivants; 

3®  0  fr.  10  c.  pour  les  autres. 

Il  n'est  perçu  du  public,  pour  les  transbordements,  aucune  taxe 
spéciale  autre  que  les  frais  accessoires. 

Service  commercial.  —  Le  service  commercial  est  plus  spécia- 
lement suivi  par  Tingénieur-directeur  de  la  ligne. 

Les  tarifs  sont  à  base  élevée  ;  ils  sont  pour  lés  voyageurs  : 


0.1344  par  kilomètre  pour  la  1'*  classe 
0.112  —  2«     — 

0.0784  —  3«     — 


Les  tarifs  des  bagages,  messageries  et  denrées  sont  majorés 
dans  les  mêmes  portions,  par  rapport  aux  tarifs  habituels. 

Les  marchandises  de  petite  vitesse,  pour  lesquelles  on  a  adopté 
la  classiPicalion  en  vigueur  sur  la  Compagnie  du  Nord,  compor- 
tent les  bases  suivantes  : 


i«  série 0.24  par  kilomètre 

2»   id 0.21  — 

3«   id 0.15  — 

4«,  5«  et  6«  séries.  0.12  — 


Les  conditions  d'application  sont  également  les  mêmes  que  sur 
la  Compagnie  du  Nord,  sauf  en  ce  qui  concerne  les  frais  de 
manutention  qui  sont  de  2  francs  par  tonne  pour  les  marchandi- 


254 


CHEMINS    DE   FER    D'INTÉRÊT  LOCAL 


ses  de  grande  vitesse,  et  qui,  pour  la  petite  vitesse,  se  décomposent 
comme  suit  : 


4*  Frais  de  chargement  au  départ.    .    . 
2«  Frais  de  déchargement  à  Tarrivée.     . 

3**  Frais  de  gare  au  départ 

4®  Frais  de  gare  à  l'arrivée 


MARCHANDISES 
transportées 

SANS    CONDITION 

de  tonnage 


f.  c. 
0.50 

0.50 

0.40 

0.40 


Total 

lfr.80 

par 

tonne 


MARCHANDISES 

transportées 

par 

WAGON     COMPLET 

de  4,000  kilos 
et  au-dessus 


Quand  l'expéditeur  effectue  lui-même  le  chargement  et  le  des- 
tinataire le  déchargement  de  marchandises  transportées  par 
wagons  complets  pour  lesquels  cette  faculté  est  accordée,  ils  sont 
exonérés  des  frais  de  manutention. 

La  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Hermès  à  Beaumont  n'est 
considérée,  en  raison  de  la  voie  étroite,  que  comme  un  corres- 
pondant par  terre;  aussi  fait-elle  payer  pour  deux  opérations  dis- 
tinctes le  transbordement  de  ses  wagons  complets  sur  ceux  de  la 
Compagnie  du  Nord,  ou  vice  versa,  à  Hermès  ou  à  Beaumont, 
soit  : 

Déchargement  des  wagons  Nord  ou  rechargement  dans  ces 
wagons  (tarif  général  de  la  Compagnie  du  Nord).  ...     0  fr.  30 

Déchargement  des   wagons  H.-B.   ou   rechargement 
dans  ces  wagons  (tarif  indiqué  plus  haut) 0  fr.  40 

On  a  déjà  eu  occasion  de  dire  dans  le  cours  de  cette  étude  que 
des  taxes  élevées  sont  parfaitement  justifiées  quand  il  s'agit  d'une 
voie  de  transport  courte  et  à  trafic  peu  développé.  On  a  donc  eu 
raison  d'adopter  sur  la  petite  ligne  de  Hermès  à  Beaumont  des 
tarifs  supérieurs  aux  tarifs  habituels  des  grandes  Compagnies. 

Toutefois,  ils  eussent  été  excessifs  pour  les  marchandises  trans- 
portées par  grosses  parties.  Aussi  a-t-on  adopté,  pour  un  certain 
nombre   de   marchandises  courantes   transportées  par   wagons 


A    VOIE    ÉTROITE  25d 


/ 


complets  de  5,000  kilos,  des  tarifs  réduits  à  la  base  d'environ 
0,10  c.  par  kilomètre. 

Tels  quels,  ces  tarifs  paraissent  donner  au  public  toute  satisfac- 
tion, puisqu'ils  ne  soulèvent  aucune  réclamation.  Il  convient  de 
dire  d'ailleurs  que  la  diffusion  des  actions  de  la  Compagnie  dans 
la  région  est  très-importante  au  point  de  vue  du  règlement  des 
difficultés. 

On  ne  reviendra  pas  sur  les  éléments  du  trafic  qui  ont  été  indi- 
qués au  commencement  de  cette  note.  Les  marchandises  par 
wagons  complets  forment  90  p.  100  du  tonnage  total. 

La  ligne  ayant  moins  de  40  kilomètres  de  développement,  l'im- 
pôt sur  la  grande  vitesse  y  est  perçu  par  abonnement,  à  la  place  et 
à  la  voiture,  conformément  à  la  loi  du  11  juillet  1879. 

Les  écritures  sont  celles  de  la  Compagnie  du  Nord.  Depuis 
1883,  la  comptabilité  est  tenue  par  mois,  ainsi  que  cela  a  lieu  sur 
les  lignes  du  Pas-de-Calais;  les  avantages  principaux  procurés 
ici  par  cette  modification  ont  été  : 

1^  de  diminuer  la  consommation  des  imprimés  et,  par  suite,  de 
simplifier  les  opérations  du  contrôle  des  recettes  ; 

2**  De  donner  lieu  à  moins  de  déplacements  de  la  part  de  Tintéri- 
maire,  qui  tient  la  comptabilité  des  stations  gérées  par  des  femmes. 

Le  service  central  de  la  Compagnie  ne  possède  pas  de  personnel 
affecté  au  contrôle  des  recettes.  Toutes  les  pièces  sont  vérifiées  par 
le  service  du  contrôle  de  la  Compagnie  du  Nord,  qui  ne  demande 
aucune  rémunération  pour  ce  travail. 

Les  recettes  sont  centralisées  par  un  caissier  comptable  qui  fait 
en  même  temps  le  service  des  titres  et  paye  les  coupons. 

Les  dépenses  du  service  du  mouvement  et  du  trafic  pour  Tan- 
née 1885  se  résument  comme  suit  : 

Personnel 48.180  6o 

Gares  et  stations  {Frais  de  bureau,  éclair.  elcbauff.,elc. .  852  99 

Divers 430  77 

Service  des  trains,  éclairage,  chauffage,  etc 3.406  65 

Total 22.571  06 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 705  38 

—  de  train 0  23 

Chiffres  extrêmement  réduits. 


256  CHEMINS  DE   FER  01NTÉKÊT   LOCAL 

Le  service  médical  est  gratuit  pour  les  agents,  sauf  en  ce  qui 
concerne  les  médicaments,  qui  sont  à  leurs  frais. 

Il  n'y  a  pas  de  règle  déterminée  pour  le  traitement  des  agents 
malades.  On  est  dans  Tusage  de  leur  accorder  leur  salaire  intégral 
quand  leur  service  habituel  donne  toute  satisfaction,  ce  qui  est  le 
cas  général. 

Des  gratifications  variant  entre  un  mois  et  deux  mois  de  traite- 
ment peuvent  être  accordées  en  fin  d'année. 

Le  personnel  est,  en  somme,  excellent  et  ne  change  pas. 


Résultats  généraux  pendant  Tannée  1885 

Les  dépenses  totales  de  l'exploitation  se  récapitulent  ainsi  qu'il 
suit  : 

Administration  et  direction 24.233  56 

Voie  et  bâtiments 13.782  75 

Traction  et  ateliers 34.685  07 

Mouvement  et  trafic 22.571  06 


Total 95.272  44 

A  ajouter  :  dépenses  d'ordre  et  annexes,  intérêts  des 
comptes  courants,  dépenses  d'exercices  clos  ....  2.152  55 


Dépenses  totales 97.424  99 

Les  dépenses  d'exploitation  proprement  dites  sont  par 

kilomètre  de  ligne  de 3.044  53 

—    de  train  de 0  97 

Les  recettes  pour  la  même  année  sont  : 

1»  Grande  vitesse ...  96.297  11 

2»  Petite  vitesse 49.003  45 

30  Recettes  diverses  et  subventions  du  Nord.   .   .  10.149  83 


Total  général  des  recettes 151.526  67 

Ce  qui  fournit  par  kilomètre 4.735  21 

Les  recettes  de  la  grande  vitesse  comprennent  Timpôt,  qui  ne 
saurait  en  être  dégagé  puisque  celui-ci  est  perçu  d'après  le  nombre 
de  voitures  en  circulation. 


A    VOIE  ÉTROITE 

Le  produit  net  de  54.101  fr.  68  a  été  consacré  : 
1°    pour  une  part  de    38.515  28  au  service  des  emprunts. 


257 


20 
3» 
4« 


10.400    »  à  un  dividende  de  4  fr.  par  action. 
1.000    9  à  i'amorlisseraent. 
4.186  40  au  fonds  de  réserve  qui  atteint  actuelle- 
ment une  somme  de  52.858  83. 


Total  .  .     54,101  68 

On  voit  que  la  petite  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Hermès  à 
Beaumont,  bien  qu'assez  fortement  éprouvée  par  la  crise  actuelle 
et  en  particulier  par  la  diminution  considérable  de  la  production 
sucrière,  fait  honneur  à  ses  engagements.  Si  les  actionnaires, 
presque  tous  petits  cultivateurs,  propriétaires,  industriels  ou 
même  paysans  de  la  région,  touchent  un  dividende  de  moins  de 
1  p.  100,  ils  s'en  consolent  par  les  multiples  bénéfices  indirects 
qu'ils  retirent  de  la  présence  du  chemin  de  fer  qu'ils  ont  créé. 


RÉSULTATS   COMPARATIFS  DES  RECETTES   ET   DES   DÉPENSES  PENDANT 

les  années  1881,  1882,  1883,  1884,  1885 


M 

•     -< 

M* 

Sa 

«0  ■ 

s 

32 

RÉS 
RECETTES 

TOTALM 

ULTATS  TOT 
DÉPENSES 

AUX 

PRODUIT 

HIT 

RÉSULTA 

KBCITTIl 

da 
rezpleiUUon 

TS  KILO! 

ifmsis 

HÉTRIQ. 

PtONIT 

KIT 

§53 

67 

1 

1881 

140.218  37 

94.353  78 

45.864  59 

4.385 

2.931 

1.454 

1882 

32 

157.586  53 

105.532  82 

52.053  71 

4.924 

3.328 

1.596 

67 

1883 

32 

179.640  76 

118.837  37 

60.803  39 

5.613 

3.752 

1.861 

67 

1884 

32 

155.851  61 

102.175  31 

53.676  30 

4.873 

3.296 

1.577 

68 

1885 

1 

32 

151 .526  67 

95.272  44 

54.101  68 

4.735 

3.073 

1.662 

65 

Dans  les  recettes  totales  et  kilométriques  sont  comprises  les 
subventions  de  la  Compagnie  du  Nord,  pour  voyageurs  transitant 
à  Hermès  et  à  fieaumont,  soit  une  dizaine  de  mille  francs  par  an. 


17 


CHAPITRE   XVIII 


LIGNE    D'AN  VIN    A    CALAIS    (Pas-de-Calais) 


Longueur 94  kilomètres 


I.   —   ÉTABLISSEMENT   DU    CHEMIIV 

Le  chemin  de  fer  à  voie  étroite  d*Anvin  à  Calais    a  été  con- 
cédé en   1876  à  M.  Emile  Level,  avec  une  subvention  totale  de 
1.188.600  francs,  dont  250.000  francs  à  la  charge  de  TÉtat. 
'   Ce  chemin  a  été  ouvert  à  l'exploitation  en  1882. 

La  Compagnie  d'Anvin  à  Calais  a  été  patronnée  parla  Compagnie 
du  Nord,  qui,  sur  un  capital  de  5,000  actions  de  500  francs,  a  sous- 
crit 3,900  actions,  les  1,100  autres  étant  placées  dans  la  région.  La 
Compagnie  du  Nord  possède  en  outre  toutes  les  obligations,  soit 
3.600.000  francs. 

Le  tracé  de  la  ligne  part  de  la  gare  d'Anvin,  sur  le  chemin  de 
fer  d'Arras  à  Étaples  ;  cette  gare  a  été  aménagée  de  manière  à 
permettre  le  transbordement  facile  des  marchandises  transitant  du 
chemin  de  fer  du  Nord  sur  le  chemin  à  voie  étroite  ;  les  disposi- 
tions adoptées  ne  diffèrent  pas  sensiblement  de  celles  déjà  rencon- 
trées à  Hermès  et  à  Beaumont. 

Le  tracé  passe  avec  des  déclivités  atteignant  15  millimètres  par 
mètre  do  la  vallée  de  la  Canche,  où  se  trouve  Anvin,  dans  celle 
de  la  Lys  où  il  rencontre  l'important  bourg  de  Fruges,  puis  de  la 


VOIE   ÉTROITE  .259 

vallée  de  la  Lys  dans  celle  de  TAa,  rivière  qu'il  longe  pendant 
20  kilomètres,  et  sur  laquelle  se  trouvent  les  villes  de  Fauquem- 
bergue  et  de  Lumbres.  La  gare  de  Lumbres  est  commune  avec 
la  Compagnie  du  Nord  (ligne  de  Boulogne  à  Saint-Omer);  des 
installations  spéciales  y  ont  été  exécutées  pour  assurer  les  trans- 
bordements. 

En  s'éloignant  de  Lumbres,  le  tracé  franchit  les  collines  de  TAr- 
tois  avec  des  déclivités  de  15  millimètres  qui  régnent  sur  une 
dizaine  de  kilomètres  de  part  et  d'autre  de  la  ligne  de  faite  ;  dans 
cette  partie  du  parcours,  les  rayons  des  courbes,  qui  sont  très 
nombreuses,  descendent  fréquemment  à  150  et  même  à  130  mètres. 
A  partir  de  Tournehem,  qui  est  au  pied  des  collines  de  TArtois 
du  côté  du  Nord,  le  tracé  est  beaucoup  moins  accidenté.  La  ligne 
dessert  la  région  populeuse  comprise  entre  Ardres,  Guines  et  Saint- 
Pierre-lès-Galais,  où  elle  a  un  terminus  provisoire,  accolé  à  la 
gare  de  la  Compagnie  du  Nord,  terminus  qui  doit  être  reporté  ulté- 
rieurement dans  une  gare  commune  avec  cette  Compagnie  et 
projetée  entre  Calais  et  Saint-Pierre-lès-Calais. 

En  raison,  du  très-faible  trafic  à  attendre  de  la  ligne,  on  aurait 
pu  porter  les  déclivités  à  20  millimètres,  comme  on  Ta  fait  sans 
hésitation  sur  la  ligne  de  Hermès  à  fieaumont  ou  même  à  25  milli 
mètres;  on  aurait  pu  de  cette  manière  desservir  beaucoup  de 
villages  qu'on  a  dû  laisser  de  côté,  et  on  serait  parvenu  à  réduire 
très-sensiblement  la  longueur  de  la  ligne. 

Le  rail  pèse  20  kil.  au  mètre  courant.  Ce  rail  est  à  patin  et  en 
fer  ;  il  est  de  qualité  médiocre.  On  le  remplace  par  un  rail  de 
20  kilos  acier  entre  Saint-Pierre  et  Ardres,  c'est-à-dire  sur  les 
17  kilomètres  qui  constituent  la  banlieue  de  Calais,  et  où  la  circu- 
lation est  très-active  ;  au  delà  d'Ardres  et  jusqu'à  Anvin,  on  a  le 
dessein  de  remplacer  le  rail  de  fer  par  un  rail  de  15  kilos  acier, 
poids  qui  parait  faible.  L'écartement  des  traverses  est  de  O^'SS, 
avec  10  traverses  par  rail  de  8  mètres  de  longueur. 

Le  ballast  n'a  que  0°'35  d*épaisseur  dont  0''15  seulement  sous 
la  traverse,  qui  a  1°60  de  longueur  et  0"12  d'épaisseur. 

La  station  de  Fauquembergue  (figure  24,  pl.X)  représente  un  type 
auquel  se  ramènent  toutes  les  stations.  La  station  courante  possède 
en  moins  la  voie  de  garage  extérieure,  la  voie  de  cour  et  la  trans- 


260  CHEMINS  DE   FER   D  INTÉRÊT   LOCAL 

versale  des  plaques  ;  on  éviterait  aujourd'hui  d'installer  des  plaques 
et  on  s'arrangeraitde manière  àfaire  toutes  manœuvres  à  la  machine. 

La  halle  et  le  quai  à  marchandises  sont  accolés  au  bâtiment  des 
voyageurs. 

Les  bâtiments  sont  très-bien  construits  et  le  logement  du  chef 
de  station  est  largement  suffisant  ;  le  système  de  portes  de  la  halle 
aux  marchandises  est  à  noter  :  au  lieu  do  portes  à  charnières  et 
vantaux,  on  a  installé  des  fermetures  en  tôle  ondulée  analogues  à 
celles  employées  pour  les  devantures  des  magasins  de  Paris. 

Les  stations  ont  été  couvertes  à  la  distance  de  300  mètres  par 
un  signal  dont  on  eût  pu  aisément  faire  l'économie. 

Les  alimentation^  se  font  exclusivement  au  moyen  du  pulso- 
mètre,  dont  les  avantages  et  les  inconvénients  ont  été  précédem- 
ment décrits. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagom.  —  Le  matériel  roulant 
se  rapproche  beaucoup  du  matériel  de  la  ligne  de  Hermès  à 
fieaumont. 

Les  voitures  â  voyageurs  qui  sont  les  mêmes  que  sur  cette  ligne 
sont  par  suite  d'un  type  peu  satisfaisant. 

Mais  on  a  fait  ici  un  essai  qui  présente  un  grand  intérêt. 

Entre  Saint-Pierre-lès-Calais  et  Guise,  la  circulation  des  voya- 
geurs est  très-importante,  et  on  a  dii  porter  sur  ce  parcours  le 
nombre  des  trains  à  8  par  jour  dans  chaque  sens  ;  la  composition 
des  trains  en  matériel  devait  en  outre  y  être  forcée. 

On  a  dès  lors  été  amené  à  construire  de  nouvelles  voitures  et  on 
a  choisi  le  type  de  matériel  américain  :  la  voiture,  de  grande'  lon^ 
gueur,  montée  sur  deux  trucks  ou  bogies,  contient  55  places  et 
pèse  8  tonnes;  elle  est  à  couloir  central,  avec  2  places  de  chaque 
côté  du  couloir,  et  dispose  de  deux  larges  plates-formes  à  l'avant 
et  â  l'arrière.  Ces  voitures  ont  une  très^grande  stabilité,  passent 
facilement  dans  les  courbes  raides  et  le  roulement  en  est  très- 
doux  ;  aussi  le  public  a-t-il  une  préférence  marquée  pour  les  trois 
bogies  de  3*  classe  qui  circulent  dans  les  trains  de  banlieue  ;  ces 
voitures  sont  envahies  instantanément,  et  le  public  n'entre  d^ns  les 
compartiments  ordinaires  que  lorsque  les  voitures  à  bogies  sont 
remplies. 


A  VOIE  ÉTROITE  261 

L'essai  a  été  tellement  satisfaisant  que  la  Société  des  Chemins 
do  fer  économiques,  que  dirige  M.  Emile  Level,  a  décidé  d'armer 
exclusivement  en  matériel  américain,  avec  compartiments  de 
première  et  deuxième  les  300  kilomètres  de  ligne  à  voie  étroite 
dont  elle  a  obtenu  la  concession  dans  la  Somme,  à  raison  de 
64,000  francs  le  kilomètre,  ainsi  que  les  autres  lignes  dont  elle  a 
la  concession. 

Les  voitures  à  bogies  sont  munies  du  frein  à  vis  système  Stil- 
mant,  de  même  que  les  voitures  ordinaires  et  les  fourgons. 

Le  matériel  de  petite  vitesse  est  un  peu  plus  faible  que  celui  de 
Hermès  à  Beaumont  ;  il  porte  seulement  8  tonnes  ;  la  roideur  des 
courbes  présente  ici  un  inconvénient  qui  ne  se  rencontre  pas  sur 
Hermès  à  Beaumont;  les  wagons  couverts  manquent  de  stabilité, 
en  raison  de  la  largeur  qu'on  a  dû  leur  donner  pour  pouvoir  y 
embarquer  des  bestiaux  en  travers. 

Les  vagons  ne  possèdent  pas  d'autre  frein  que  le  frein  à  main. 

Les  locomotives  sont  exactement  celles  de  Hermès  à  Beaumont  ; 
elles  ont  coûté  32,000  francs  l'une. 

L'armature  en  matériel  roulant  est  de  : 

7  voitures  mixtes  à  frein  (!'•  et  2')  : 
5  voitures  mixtes  sans  frein  (1",  2*  et  3')  ; 
20  voitures  de  3*  classe; 
3  voitures  à  bogies; 
Soit    35  voitures  constituant    une    armature    kilométrique 
de  0.372. 
10  wagons  à  bagages. 

L'armature  en  wagons  est  de  : 

58  wagons  couverts  ; 
50  wagons-tombereaux  ; 
32  plates-formes  ; 
10  wagons  à  bois  : 
Soit  150  wagons  ou  1,6  par  kilomètre,  proportion  largement 
suffisante  en  raison  du  très-faible  trafic. 
Enfin,  il  y  a  encore  30  wagons  à  ballast  et  9  locomotives;  l'ar- 
mature en  locomotives  ressort  ainsi  à  un  peu  moins  de  0,1  par 
kilomètre. 


262 


CHEMINS   DE  FER   D  INTÉRÊT   LOCAL 


Ateliers.  —  Lumbres  possède  des  ateliers  de  réparations  suffi- 
sants pour  l'entretien  courant  du  matériel. 

Les  éléments  constitutifs   de  la  ligne  d'Anvin  à  Calais  sont 
résumés  dans  les  tableaux  ci-après  : 


1»     éTABLlSSEMENT  DE  LA    PLATE-FORME 

Largeur  de  la  voie  entre  les  rails. 1  mètre 

Rayon  minimum  des  courbes 130  mètres 

Maximum  des  déclivités 0,016 

Surface  moyenne  des  terrains  par  kilomètre 1  hectare  25 

Longueur  de  la  plate-forme  de  terrassement  <        ,.'.''  ^  «^ 

^                   ^                                               (remblai.   .  3™70 

Nombre  moyen  de  mètres  cubes  de  terrassement  par 

mètre  courant 7™  350 

2»      ÉLÉMENTS  DE  LA  VOOS 

I  Longueur  du  rail 8"^ 

Poids  par  mètre  courant 20^ 

Prix  de  la  tonne  à  l'usine  ....  160  francs 

/Longueur i"70 

Traverses  en  sapin  pour  lesl  Margeur 0,170 

alignements                        ^Épaisseur 0,120 

en  chêne  pour  les  courbes Jp^.^  ^^^^^  ^.^^^  ^^^^^^^^  2  fr.  15 

Prix  d'un  changement  de  voie 1.000  00 

Prix  d'une  plaque  tournante 1*150  00 

—  pont  à  bascule 1.580  00 

—  pont  tournant  pour  locomotives 5.000  00 

—  poteau  kilométrique 10  00 

—  barrière  économique  y *^  ^ 

—  disque  à  distance 500  00 

—  grue  de  5,000  k" 2.850  00 

—  alimentation  au  pulsomètre 3.500  00 

—  d'un  pulsomètre 1.400  00 

3»      BATIMENTS 

Prix  d'une  maison  de  halte 4.300  00 

Prix  des  bâtiments  d'une  station  de  village,  avec  halle 

à  marchandises 9.090  00 

Prix  des  bâtiments  d'une  station  de  chef-lieu  de  canton  14.890  00 

^                 des  ateliers  et  dépôt  de  Lumbres.   .  50.000  00 


A  VOIE  ÉTROITE 

^     MATKRTEL  ROULANT 

8  locomotives  de  18  t.  1/2  à  vide  l'une 

3  voitures  à  bogies  (56  places) 

7  voitures  mixtes  l'*  et  2»  classes  (22  places)  Tune.   .   . 
5  id.  1",  2*  et  3«  classes  (19  places)  Tune  • 

20  voitures  de  Z^  classe  (24  places) 

8  fourgons   à  bagages   portant  8,000  kilos 

60  wagons  couverts  —  

50  wagons-tombereaux  —  

32  wagons-plates-formes  —  

10  wagons  à  bois  —  

30  wagons  à  ballast  —  

Machines  et  outillage  des  ateliers  de  Lumbres 

5^      DÉPENSES  DE  PREMIER  ÉTABUSSEMENT 


263 


32.375  00 
8.000  00 
5.725  00 
5.000  00 
3.650  00 
3.650  00 
2.350  00 
2.000  00 
1.575  00 
1.700  00 
1.123  00 

60.000  00 


POUR  LA  LIGNE 

PAR 

Frais  généraux  (constitution  de  la  Société, 

ENTIÈRE 

KILOMETRE 

études,  personnel,  intérêt  des  capitaux)  .  • 

1.158.235 

» 

12.321^8 

Acquisition  des  terrains 

1.815.980 

» 

19.318  93 

Terrassements  et  ouvrages  d'art.  Plantations 

1.170.046 

» 

12.447  29 

Bâtiments  des  stations,  haltes  et  ateliers.   . 

373.250 

» 

3.970  74 

Matériel  de  voie  et  matériel  fixe.  Pose  de 

voie.  Balastage.  Télégraphe 

1.830.424 

)> 

19.472  59 

Matériel  remorqueur  et  roulant 

806.040 

» 

8.574  89 

Mobilier • 

44.625 

» 

474  73 

Totaux 

7.198.600 

9 

76.580  85 

6»      RESSOURCES 

Capital  social  :  5,000  actions  de  500  francs ^  2.500.000  00 

Emprunt 3.600  000  00 

Subvention   de  lÉtat 250.000  00 J 

—  du  département 800.000  00?  1.188.600  00 

—  des  communes 138.800  00  )  

Total 7.288.600  00 


IL—  EXPLOITATION 


Administration    et    Direction 


L'administration  de  la  ligne  d'Anvin  à  Calais  est  dirigée  par 


264  CHEMINS  DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

M.  Emile  Level,  qui  en  à  confié  Texploitation  au  personnel  déjà 
chargé  des  lignes  d'intérêt  local  à  voie  normale  du  Pai-de-Galais 
et  de  TAisne,  précédemment  décrites. 

Gomme  pour  ces  lignes,  le  service  de  la  voie  et  celui  delà  trac- 
tion sont  assurés  sous  les  ordres  d'un  ingénieur  résidant  à  Arras  ; 
le  mouvement  et  le  trafic  sont  de  même  sous  la  direction  de  Tin- 
génieur,  chef  de  Texploitation  des  lignes  à  voie  normale. 

Le  même  personnel  de  bureaux  sert  à  la  ligne  d'Anvin  à  Calais 
comme  aux  autres  lignes. 

Voie  et  Bâtiments 

Un  conducteur  est  à  la  tète  de  ce  service  ;  il  est  assisté  de  deux 
piqueurs. 

Les  brigades  sont  réduites  à  3  hommes  dont  un  chef  cantonnier, 
pour  des  cantons  variant  de  6  à  9  kilomètres  de  parcours. 

Tous  les  cantonniers  sont  logés,  et  leurs  femmes  assurent  le 
service  des  barrières. 

Le  traitement  des  cantonniers  varie  de  85  à  95  fr.  par  mois. 

Celui  des  cantonniers de  60  à  70  — 

Celui  des  gardes-barrières     ...     de  15  à  20  — 

La  construction  du  chemin  d'Anvin  à  Calais  a  été  mal  faite: 
aussi  y  est-on  déjà  en  grands  travaux  d'entretien  ;  on  remplace 
*  les  traverses,  ainsi  que  les  rails  de  fer,  par  des  rails  d'acier  :  la 
substitution  a  déjà  porté  sur  10  kilomètres  ;  elle  se  fait  du  reste  au 
fur  et  à  mesure,  en  imputant  la  dépense  au  compte  du  premier 
établissement. 

Les  dépenses  de  voie  et  bâtiments  pour  Tannée  1885  s'élèvent 
à  53,696  fr.  52  pour  l'entretien  proprement  dit,  renouvellement 
non  compris,  ce  qui  fournit  par  kilomètre  un  chiffre  de  571  fr.  24. 

Traction 

Le  service  de  la  traction  relève  d'un  inspecteur  de  traction, 
placé  sous  les  ordres  d'un  ingénieur  de  la  voie  et  de  la  traction,  et 
qui  a,  de  même  que  celui-ci,  la  charge  des  lignes  d'intérêt  local  à 
voie  normale  du  Pas-de-Calais  et  de  l'Aisne  ;  de  plus,  un  chef  d'à- 


A  VOIE    ÉTROITE  265 

telier,  dirigeant  Tatelier  de  Lumbres,  a  autorité  sur  les  méca- 
niciens. 

Les  machines  sont  rattachées  aux  dépôts  de  Guines,  Tournehem 
et  Frugcs:  le  service  exige  5  machines  en  roulement,  12  méca- 
niciens et  chauffeurs,  dont  2  pour  les  remplacements,  pour  un  par- 
cours journalier  de  686  kilomètres. 

Le  combustible  se  compose  d'un  mélange  de  tout-venant  à  16  fr. 
la  tonne  et  de  briquettes  anglaises  à  22  fr. 

Les  règles  applicables  aux  primes  et  retenues  sont  les  mêmes 
sur  la  ligne  d'Anvin  à  Calais  que  sur  les  lignes  à  voie  normale  du 
Pas-de-Calais  et  de  l'Aisne. 

Cependant  les  allocations  de  combustible  sont,  par  kilomètre  et 
sans  tenir  compte  du  nombre  de  véhicules,  de  : 

7  kilos  400  l'été; 

8  kilos  200  l'hiver. 

Ces  consommations,  très-élevées,  se  justifient  par  la  longueur 
des  rampes. 

Les  charges  remorquées  varient  suivant  le  profil  de  28  unités 
Nord  à  48  unités,  une  voiture  à  voyageurs,  un  fourgon  ou  un  wagon 
vide  représentant  2  unités,  une  voiture  à  bogie  ou  un  wagon 
chargé  à  moins  de  5,000  kilos,  3  unités  et  un  wagon  chargé  à  plus 
de  5,000  kilos,  4  unités. 

Les  dépenses  de  traction  pour  Tannée  1885  s'élèvent  en  totalité 
à  69,651  fr.  76,  soit,  par  kilomètre,  à  740  fr.  98,  et  par  kilomètre 
de  train  à  0  fr.  27.  —  Ce  chiffre  réduit  est  justifié  par  l'âge  récent 
du  matériel  qui  n'a  pas  encore  donné  lieu  à  grosses  réparations; 
la  dépense  de  charbon  est  au  contraire  importante. 

Mouvement  et  Trafic 

Le  chef  de  l'exploitation  a,  comme  il  a  été  dit,  ses  bureaux  à  Arras. 

Un  inspecteur  résidant  à  Guines  est  chargé  du  service  actif;  il 
est  aidé  pour  le  travail  de  bureau  par  un  conducteur  intérimaire. 

Le  service  des  gares  et  stations  ne  présente  pas  de  différence  avec 
ce  qui  a  été  dit  déjà  à  propos  des  lignes  à  voie  normale  du  Pas- 
de-Calais  et  de  l'Aisne. 


266  CHEMmS   DE   FER    D'INTÉRÊT   LOCAL 

Il  y  a  lieu'  cependant  de  noter  Temploi  du  téléphone  entre  Guines 
et  Saint-Pierre-lès-Calais,  c'est-à-dire  sur  10  kilomètres,  avec  cou- 
pure à  la  halte  intermédiaire  de  Fontinettes,  qui  peut,  soit  être 
sur  fil  omnibus,  soit  donner  communication  directe  aux  deux 
postes  extrêmes. 

On  a  eu  occasion  de  dire  déjà  que  le  télégraphe  Bréguet  ne  peut 
donner  aucune  garantie  de  plus  que  le  téléphone,  et  qu'il  présen- 
tait en  outre  sur  ce  dernier  un  grand  désavantage  sous  le  rapport 
de  la  rapidité,  de  la  simplicité  et  de  l'économie. 

L'essai  fait  entre  Saint-Pierre  et  Fruges  a  décidé  la  Société  des 
chemins  de  fer  économiques  à  supprimer  le  télégraphe  sur  la  ligne 
de  Yalmondois  à  Epiais-Rhus,  sur  le  réseau  départemental  de  la 
Somme,  etc.,  etc.. 

Les  haltes  sont  gérées  par  des  femmes  ;  elles  sont  formées  d'une 
simple  guérite,  et  les  billets  qui  y  sont  délivrés  sont  des  billets  à 
jarretière. 

Service  des  trains.  —  Le  personnel  des  trains  est  composé  de 
5  brigades  de  conducteurs,  chaque  brigade  comprenant  un  chef  de 
train  et  un  garde-frein  graisseur. 

Le  service  des  trains  comporte  : 

8  trains  dans  chaque  sens  entre  St-Pierre-lès-Galais  et  Guines. 
5  —  Guines  et  Ardres. 

4  —  Ardres  et  Tournehem. 

2  —  Tournehem  et  Lumbres. 

3  —  Lumbres  et  Anvin. 

On  a  eu  jusqu'à  l'T  trains  dans  chaque  sens  entre  Guines  et 
Saint-Pierre,  les  jours  do  fêtes  de  Guines. 

La  vitesse  de  marche  des  trains  varie  de  22  à  35  kilomètres  à 
l'heure  ;  la  vitesse  commerciale  du  train  le  plus  rapide  n'excède 
pas  19  kilomètres,  ce  qui  est  assez  peu  satisfaisant. 

La  composition  des  trains  de  Calais  à  Guines,  en  voitures  à 
voyageurs  est  normalement  d'un  fourgon,  de  deux  voitures  mixtes  et 
de  deux  bogies,  l'un  des  bogies  se  trouvant  en  arrière  avec  frein 
desservi. 

Un  bogie  continue  ordinairement  dans  les  trains  de    Guines 


A   VOIE   ÉTROITE  267 

à  Tournehem.  De  Touruehem  à  Anvin  la  composition  est  réduite 
à  une  voiture  mixte  et  une  troisième. 

Le  trafic  marchandises  est  extrêmement  réduit  ;  aussi  les  trains 
ne  sont-ils  qu'exceptionnellement  à  charge  complète.  Il  n'y  avait 
aucune  raison  pour  se  limiter  à  des  rampes  de  15  ou  16™"*. 

Le  parcours  des  trains  de  toute  nature  s'est  élevé  pour  1885  au 
total  de  250,204. 

La  répartition  du  matériel  est  assurée  par  l'inspecteur  qui  est 
en  même  temps  agent  spécial  de  la  voie  unique. 

Gares  de  jonction.  —  Les  gares  de  jonction  d' Anvin  et  de  Lum* 
bres  sont  communes,  le  service  y  est  fait  par  la  Compagnie  du 
Nord,  sauf  en  ce  qui  concerne  les  ateliers  de  Lumbres,  qui  appar- 
tiennent à  la  Compagnie  locale. 

Les  installations  prévues  pour  assurer  les  transbordements  à 
Anvin  et  à  Lumbres  sont  assez  compliquées  et  servent  peu  :  une 
voie  de  1  mètre  de  largeur  surhaussée  permet  d'effectuer  les  trans- 
bordements des  wagons  de  la  Compagnie  locale  dans  ceux  de  la 
grande  Compagnie  placés  sur  une  voie  en  contrebas  ;  de  même  une 
voie  normale  surhaussée  commandant  une  voie  étroite  surbaissée 
permet  le  transbordement  des  grosses  marchandises  de  la  grande 
Compagnie  sur  la  petite  ;  une  batterie  de  plaques  tournantes  a  été 
armée  de  manière  à  assurer  le  tournage  des  wagons  de  la  grande 
comme  de  la  petite  ligne.  Il  y  a  de  plus  un  quai  découvert  de  trans- 
bordement. 

Toutes  ces  installations  fonctionnent  assez  mal  et  sont  peu  uti- 
lisées. 

Les  dépenses  de  communauté  sont  rép&rties  entre  les  deux 
Compagnies  au  prorata  du  nombre  des  trains  de  chacune. 

Service  commercial.  —  Ce  service  est  presque  exclusivement 
dirigé  des  bureaux  centraux  d'Arras. 

Les  tarifs  de  grande  vitesse  présentent  peu  de  particularités  : 

Pour  les  ouvriers,  il  existe  un  tarif  de  billets  de  troisième  classe 
réduit  à  0  fr.  25  entre  Guines  et  Calais. 

Des  billets  d'aller  et  retour,  comportant  25  p.  100  de  réduction 
sur  le  double  des  billets  simples  sont  délivrés  de  toute  gare  à  toute 


268  CHEBIINS  DE  FEft  D'INTÉRÊT  LOCAL 

gare  ;  pour  un  parcours  excédant  25  kilomètres,  la  durée  de  vali- 
dité est  de  18  heures. 

Les  tarifs  de  petite  vitesse  sont  à  base  élevée  ;  les  marchandises 
sont  divisées  en  4  classes  dont  les  prix  d'application  sont  respec- 
tivement de  25.,  20,  16  et  12  centimes  par  kilomètre. 

Des  tarifs  spéciaux  applicables  aux  céréales,  betteraves  et  ma- 
tériaux de  construction,  ont  des  bases  plus  réduites. 

Enfin  des  tarifs  communs  existent  avec  le  Nord  pour  le  transport 
delà  houille  et  des  papiers  d'emballage. 

Les  frais  accessoires  sont  exactement  les  mêmes  que  sur  la  ligne 
de  Hernes  à  fieaumont,  et  les  conditions  d'application  sont  celles 
de  la  Compagnie  du  Nord,  hormis  en  ce  qui  concerne  les  frais 
accessoires. 

Trafic.  — Entre  Calais  etGuines,  le  trafic  est  important,  et  forme 
plus  de  la  moitié  des  recettes  totales  de  la  ligne  :  il  dépasse 
15,000  francs  par  kilomètre,  bien  que  Guines  soit  en  outre  reliée 
à  Calais  par  un  tramway  qui  avait  été  concédé  antérieurement  à  la 
ligne  d'Anvin  à  Calais,  et  qui  n'eût  pas  été  construit  si  le  cahier 
des  charges  n'y  eût  forcé  le  concessionnaire. 

En  outre  du  mouvement  des  voyageurs,  très-actif  en  raison  du 
grand  nombre  d'ouvriers  qui  y  habitent,  la  banlieue  de  Calais 
donne  lieu  à  un  mouvement  important  de  marchandises  de  faible 
poids,  mais  de  très-grande  valeur,  comme  les  tulles  par  exemple, 
dont  la  plus  grande  partie  est  fabriquée  à  la  campagne. 

Les  autres  transports  importants  de  la  ligne  d'Anvin  à  Calais 
consistent  en  : 

1®  Phosphates  naturels  de  Fauquembergue,  destinés  à  l'agri- 
culture et  qui  représentent  un  mouvement  de  5  à  7  wagons  par 
jour; 

2"*  Briques  et  ciments  ; 

3"*  Pailles  pour  pâte  à  papier. 

Une  grande  partie  des  phosphates  et  des  pailles  sont  dirigés  sur 
TAngle terre  par  la  voie  de  Lumbres  et  Boulogne,  n'accomplissant 
sur  les  rails  de  la  ligne  à  voie  étroite  qu'un  parcours  réduit. 

L'exécution  de  la  gare  centrale  commune  de  Calais-Saiut-Pierre, 


A  VOIE  ÉTROITE  269 

permettra  à  la  Compagnie  locale  de  conserver  ces  transports  jus- 
qu'à Calais,  qui  deviendra  le  port  d'embarquement. 

La  comptabilité  des  recettes  est  mensuelle. 

Les  dépenses  du  mouvement  et  du  service  commercial  pour 
Tannée  1885  se  résument  ainsi  : 


Service  central. 4.159  20 

Service  des  gares 64.860  96 

Service  des  trains 13.277  44 


Total 82.297  60 

Soit  par  kiiomèlre 832  95 


Résultats  généraux 

Les  dépenses  d'exploitation  se  résument  en  définitive  pour  Tan- 
née  1885,  aux  chiffres  suivants: 

Administration 40.033  14 

Voie  etbâtimenls .  53.696  52 

Traction 69.651  76 

Mouvement  et  traQc 82.297  60 


Total 247.162  02 

Soit  par  kilomètre  de  ligne 2.629  38 

Et  par  kilomètre  de  train 0  92 

Il  convient  de  rappeler  que  ces  chiffres  très-réduits  ont  besoin 
d'un  correctif  :  le  renouvellement  des  traverses  et  le  remplacement 
des  rails  de  fer  par  des  rails  d'acier  est  en  effet  porté  au  compte 
des  travaux  neufs  ;  en  outre,  le  matériel  est  encore  trop  récent 
pour  qu'il  y  ait  lieu  à  grosses  réparations.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Texploitation  de  la  ligne  d'Anvin  à  Calais  est  incontestablement 
très-économique. 

Les  receltes  en  1885  sont  les  suivantes  1 


10  Grande  vitesse  (impôt  déduit) 172.257  06 

2»  Petite  vitesse 62.815  25 

30  Recettes  diverses * 12.710  3.') 


Total 247.782  66 

Soit  par  kiiomètrei  ...«.*««..«  2.635  98 


270 


CHEMINS  DE   FER   D'INTÉRÊT    LOCAL 


Résultats  comparatifs  des  recettes  et  dépenses  pour  les  années 

1882,  1883,  1884  et  1886 


S — 

m 

«    M 

e  <B  a 

l-s- 


114 
103 
100 


w 


1882 
1883 
1884 
1885 


il 

S 


M 


11 

94 
94 
94 


RÉSULTATS  TOTAUX 


RECETTES 


238.879  80 
258.684  94 
247.782.66 


DÉPENSES 


273.819  15 

267.820  60 
247.162  02 


PRODUIT 

ITBT 


—34.939  35 

—  9.135  66 

H-  620  64 


RÉSULTATS  KILOMÉTRIQ. 


RECETTES 


2.541 
2.752 
2.636 


ifpnsEs 


2.886 
2.849 
2.629 


rioiciT 

HIT 


—345 
—  97 

+    7 


I 


CHAPITRE   XIX 


COMPAGNIE  DES   GHEIONS  DE  FER  DÉPARTEMENTAUX 


RÉSEAU    DINDRE-ET-LOIRE 


Ligne  de  Port-Boulet  à  Ghftteaurenault .    .    .  1031dl. 

—  Grand-PressignyàEsvresparLigueil        51       )       „ 

-  LigueUàMontrôsor  parlioohes.  .    .        41       jcoMCTmocnoîi 

Total.    .    .    .       195  kil. 


I.  »  ÉTABLISSEMENT  DU  CMEMIIV 

Le  réseau  départemental  d'Indre-et-Loire  est  une  conception 
désastreuse;  il  a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  la  Gironde. 

Dans  le  but  de  doter  d'un  chemin  de  fer  plusieurs  cantons  qui 
en  étaient  dépourvus,  le  Conseil  général  a  eu  l'idée  d'établir  une 
première  ligne  concentrique,  de  Port-Boulet  à  Châteaurenault,  dé- 
crivant 1/3  de  cercle  le  long  de  la  limite  nord  et  ouest  du  dépar- 
tement qui  a  été  concédé  pour  75  ans  par  une  loi  du  26  septembre 


272  CHEMINS   DE   FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

1862.  Le  capital  du  premier  établissement  était  fixé  à  forfait  à 
50,000  francs  par  kilomètre,  y  compris  le  matériel  roulant  ;  en  cas 
d'insuffisance  du  produit  brut  pour  couvrir  les  dépenses  d'exploi 
tation  et  les  charges  à  5  p.  100  du  capital  du  premier  établissement, 
le  département  s'engageait  à  subvenir  aux  9/10  de  Tinsuffisance, 
avec  le  concours  de  TEtat  dans  les  limites  déterminées  par  la  loi 
du  11  juin  1880.  Les  frais  d'exploitation  étaient  fixés  à  forfait  à 
2,000  francs  par  kilomètre,  plus  3/10  de  la  recette  brute,  impôts 
déduits.  La  subvention  annuelle  de  l'Etat  était  limitée  à  un  maxi- 
mum de  131,000  francs.  Les  tarifs  étaient  fixés  aux  chiffres  trop 
bas  de  10,7  et  5  cent.  5  pour  les  voyageurs,  et  de  16,  14,  10  et 
8.  centimes  pour  les  marchandises  avec  tarif  de  6  centimes  par 
wagon  complet. 

Le  cahier  des  charges  limitait  les  déclivités  à  15 ""par  mètre. 

Cette  concession  fut  suivie  en  1885  par  celle  : 

V  D'une  ligne  du  Grand-Pressigny  à  Esvres,  également  concen- 
trique et  suivant  la  limite  sud-est  du  département  ; 

2""  D'un  rayon  de  Ligueil  à  Esvres,  reliant  la  précédente  au 
chef-lieu  du  département  par  la  ligne  de  Tours  à  Montluçon. 

La  dépense  de  construction  était  fixée  : 

Pour  Ligueil  à  Montrésor  à  65,215  francs  par  kilomètre. 
Pour  le  Grand-Pressigny   à  Esvres  à  59,300  francs  par  kilo- 
mètre* 

La  durée  de  concession  était  portée  à  99  ans  et  la  formule 
d'exploitation  à  2000  + -y-,  formule  qui,  ainsi  qu'on  a  déjà  eu 
Toccasion  de  le  dire,  offre  l'inconvénient  d'intéresser  peu  le 
concessionnaire  à  développer  son  trafic;  le  département  devait 
rembourser,  sans  déduction,  les  insuffisances  entre  les  charges 
d'établissement  et  d'exploitation  et  le  produit  brut. 

Les  déclivités  limites  de  ces  deux  lignes  étaient  portées  à  25  "" 
par  le  cahier  des  charges;  sage  disposition,  car^  en  raison  de 
l'extrême  faiblesse  du  trafic  à  attendre  en  général  des  lignes  dépar- 
tementales, les  machines  ont  presque  toujours  plus  de  puissance 
que  ce  trafic  n'en  nécessite,  même  sur  de  très-fortes  rampes. 


A   VOIE   ÉTROITE  273 

Le  réseau  Sud  qui  est  en  construction,  n'a  aucun  lien  avec  le 
réseau  Nord  du  département,  même  à  Tétat  de  projet. 

Au  lieu  de  créer  des  lignes  de  ceinture,  qui  ne  sont  appelées  à 
desservir  aucun  intérêt  sérieux,  le  département  d'Indre-et-Loire 
eût  mieux  fait  de  suivre  l'exemple  de  son  voisin,  le  département 
de  la  Sarthe,  qui,  après  avoir  fait  avec  la  ligne  de  Mamers  à 
Saint-Galais  la  fâcheuse  expérience  d'une  ligne  du  même  genre, 
s'est  décidé  en  1880  à  ne  plus  construire  que  des  rayons  conver- 
gents vers  le  cheMieu  du  département,  où  sont  concentrés  les 
intérêts  véritables. 

Le  coût  réel  de  premier  établissement  de  la  ligne  de  Port- 
Boulet  à  Gbâteaureuault,  bien  que  non  encore  complètement  arrêté 
dépassera  certainement  60,000  francs  par  kilomètre,  soit  de  10,000 
francs  le  chiffre  prévu  par  l'acte  de  concession  ;  c'est  donc  une 
perle  d*au  moins  un  million  pour  le  concessionnaire. 

La  section  de  Port-Boulet  àNeuillé  a  été  ouverte  à  l'exploitation 
le  10  mars  1885;  (^elle  de  Neuillé  à  Ghàteaurenault  le  T' juillet 
1883. 

Les  recettes  brutes  ne  dépassent  pas  depuis  l'ouverture  1,200  fr. 
par  kilomètre. 

On  voit  que  l'affaire  n'a  pas  été  meilleure  pour  le  département 
que  pour  la  Compagnie  concessionnaire. 

La  Compagnie  des  chemins  de  fer  départementaux,  qui  s'était 
présentée  à  l'adjudication  concurremment  avec  la  Société  Générale 
des  chemins  de  fer  économiques,  n'a  pris  cette  concession  à  aussi 
bas  prix  qu'à  titre  d'affaire  de  début  et  pour  se  faire  connaître. 

Une  certaine  jalousie  régnait  alors  entre  ces  deux  Sociétés,  ap- 
puyées la  première  par  une  Société  financière  belge  et  la 
seconde  par  le  Comptoir  d'escompte.  Elles  ont  cessé  de  se 
faire  la  guerre,  en  reconnaissant  qu'il  y  avait  en  prévision 
pour  chacune  d'elles  plus  de  concessions  qu'elle  n'en  pouvait 
prendre. 

Aussi,  le  réseau  Sud  du  département  d'Indre-et-Loire  a-t-il 
été  concédé  à  des  conditions  plus  avantageuses  pour  le  cons- 
tructeur. 

18 


27i 


CHEMINS   DE   FER   DINTËRËT   LOCAL 


Les  diverses  concessions  qu'à  obtenues  depuis  sa  constilution 
la  Compagaie  des  chemins  de  fer  départementaux  sont  les  sui- 
vanles: 


i 


iii 


-,-+ 


S  5  i 
sis 


*    1 
||-| 


A   VOIE   ÉTROITE  275 

De  plus,  un  décret  du  17  mars  1887  a  approuvé  un  trailé  passé 
entre  la  Compagnie  Franco- Algérienne  et  la  Compagnie  des  che- 
mins de  fer  départementaux,  en  vue  d'assurer  le  concours  de  cette 
dernière  pour  la  construction  de  la  ligne  de  Mostaganem  à  Tiaret. 

Il  convient  de  rappeler  que  la  Compagnie  des  chemins  de  fer 
départementaux  a  obtenu  les  mêmes  fapilités  financières  que  la 
Société  des  chemins  de  fer  économiques,  c'est-à-dire  qu'elle  a  été 
autorisée  àn'aiïecter  son  capital-actions  à  chacune  des  lignes  que 
pendant  la  période  de  construction,  ce  capital  pouvant  être 
remplacé  par  un  capital-obligations  correspondant  dès  la  mise  en 
exploitation,  et  reporté  sur  de  nouvelles  lignes. 

Description  delà  ligne  de  Port-Boulet  à  Ghâteaorenault.  —  On 

ne  s'occupera  dans  tout  ce  qui  va  suivre  que  du  réseau  Nord,  la 
construction  du  réseau  Sud  étant  en  cours. 

La  ligne  ne  suit  aucune  direction  naturelle,  c'est-à-dire  ne 
dessert  aucune  vallée.  Le  département  s'est  imposé  pour  règle  de 
desservir  le  plus  de  villages  possibles  ;  mais  la  solution  qu*il  a 
adoptée  dans  bien  des  cas  va  à  rencontre  de  son  but  :  un  chemin 
appelé  à  desservir  des  intérêts  secondaires,  comme  l'est  un  chemin 
de  fer  départemental,  doit  aller  solliciter  ces  intérêts  au  point 
même  où  ils  se  trouvent,  c'est-à-dire  dans  l'intérieur  des  localités 
elles-mêmes;  mais  si  cette  solution  eût  été  adoptée  en  principe,  on 
eût  été  amené  obligatoirement  à  laisser  do  côté  d'autres  villages  ; 
pour  éviter  des  réclamations  qu'eût  le  plus  souvent  provoquées 
une  jalousie  de  clocher  plutôt  que  des  intérêts  réels,  on  a  préféré 
établir  les  stations  à  mi-distance  entre  deux  localités,  d'où  résulte 
qu'aucune  d'elles  n'est  desservie;  il  n'y  a  rien  de  changé  à  la  situa, 
tion  antérieure  à  la  création  du  chemin  de  fer  ;  les  paysans  en  font 
peu  ou  point  usage,  d'autant  mieux  que  leurs  intérêts  les  appellent 
au  centre  du  département  et  non  à  la  périphérie. 

Les  déclivités  ont  été  limitées  à  15  i]^illim.,  ainsi  qu'il  a  été  dit  ; 
c'est  là  une  condition  malheureuse  qui  a  obligé  le  constructeur  à 
ouvrir  des  tranchées  importantes,  dont  l'une  de  1.200  mètres  de 
longueur,  dans  des  terrains  argileux  qui  ont  nécessité  des  travaux 
de  revêtement  très  importants  (Château-la- Vallière). 

La  rampe  de  20  à  23  millim.  eût  permis  d'éviter  des  terrasse- 


s 


276  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

ments,  qui  sont  relativement  considérables,  et  par  suite  d'obtenir 
une  voie  stable  et  saine,  ce  qui  n'est  pas;  les  courbes  en  pleine 
voie  ne  sont  généralement  pas  inférieures  à  450  mètres  de  rayon, 
et  ne  descendent  qu'exceptionnellement  à  100  mètres. 

L'expérience  du  réseau  Nord  a  servi  pour  le  réseau  Sud,  où  les 
rampes  ont  été  portées  à  20  et  2S  mill.,  et  où  les  stations  sont  en 
général  établies  à  proximité  immédiate  des  localités  à  desservir. 
Les  rayons  des  courbes  en  pleine  voie  ont  été  fixés  au  minimum 
de  200  mètres. 

Le  rail,  à  patin  et  en  acier,  pèse  15  kilog.  le  mètre  courant.  Ce 
rail  est  trop  faible,  principalement   dans  les  changements.  La 
Compagnie  des  chemins  de  fer  départementaux  l'a  reconnu  et  a 
adopté  pour  ses  concessions  ultérieures,  le  rail  d'acier  de  18  kilog. 
qui  est  le  type  véritable  de  ces  chemins  à  très-faible  trafic. 

Le  rail  a  8  mètres  de  longueur  et  porte  sur  10  traverses, 
écartées  de  0  m.  89  d'axe  en  axe,  les  traverses  extrêmes  étant  à 
0  m.  80  des  joints.  Les  traverses  sont  en  pin  créosote  dans  les 
alignements  droits  où  le  sous-sol  est  bon;  mais  les  traverses  sont 
en  chêne  aux  joints  et  dans  les  courbes. 

La  traverse  de  pin  a  coûté  2  fr.  75  ; 
La  traverse  de  chêne  a  coûté  3  fr.  25  ; 
Les  dimensions  sont  de  :  ~q-^-^^f^^ 

Le  balast  a  0  m.  35  d'épaisseur  ;  le  rail  ayant  0  m.  08  de  hau- 
teur, il  reste  normalement  0  m.  18  d'épaisseur  de  balast  sous  la 
traverse  ;  cette  dernière  épaisseur  a  été  portée  à  0  m.  40  ou  0  m.  50 
par  des  encoffrements  dans  les  tranchées  argileuses. 

Le  prix  de  revient  de  la  voie  proprement  dite,  y  compris  pose 
et  ballastage,  peut  être  évalué  dans  ces  conditions  à  20,000  fr.  par 
kilomètre  en  raison  du  bas  prix  actuels  des  fers. 

Les  passages  à  niveau  sont  garnis  de  contre-rails  :  6  seulement 
sont  gardés,  dont  3  avec  maison  de  garde,  les  autres  avec  guérite. 

Les  stations,  au  nombre  'de  21,  sont  distantes  de  5  kilomètres  ; 
le  type  adopté  pour  les  voies  est  représenté  (fig.  25,  pi.  X)  par  le 
plan  de  la  station  de  Channay-Courcelles  ;  ce  type  est  suffisant,  il 
permet  le  croisement  des  trains  dans  toutes  les  stations  ;  le  bâti- 
ment des  voyageurs  et  les  quai  et  halle  à  marchandises  sont  accolés. 


A  VOIE   ÉTROITE  277 

Le  bâtiment  est  médiocrement  satisfaisant,  il  est  trop  réduit  et 
peu  habitable;  on  a  résolu  d'adopter  des  dimensions  plus  impor- 
tantes pour  les  bâtiments  du  réseau  sud. 

En  raison  du  trës-faible  trafic  do  détail,  les  halles  accolées  au 
bâtiment  des  voyageurs  servent  généralement  d'annexé  au  loge- 
ment du  chef  de  station,  qui  s'en  sert  comme  de  cuisine  et 
débarras. 

Les  gares  de  jonction  de  Port-Boulet,  Neuillé  et  Ghâteaure- 
nault  avec  la  Compagie  d'Orléans,  celle  de  Château-la- Valli ère 
avec  les  chemins  de  fer  de  l'Etat,  sont  des  gares  séparées  et  reliées 
par  des  voies  et  quais  de  transbordement.  Il  eût  été  préférable 
pour  le  public  et  plus  économique  pour  la  Compagnie  départe- 
mentale d'avoir  la  communauté  pour  le  service  des  voyageurs, 
ainsi  que  cela  a  lieu  aux  points  de  jonction  des  lignes  de  Hermès  à 
Beaumont  et  d'Anvin  à  Calais  avec  la  Compagnie  du  Nord;  mais 
la  Compagnie  d'Orléans  s'est  montrée  si  peu  favorable  à  la  Com- 
pagnie départementale  que  force  a  été  à  cette  dernière  de  recourir 
à  ses  propres  moyens  ;  quant  à  la  gare  de  Château-la-Vallière, 
(grande  ligne),  elle  n'a  été  ouverte  au  service  des  chemins  de  fer 
de  l'Etat  que  près  de  18  mois  après  la  mise  en  exploitation  de  la 
ligne  de  Port-Boulet  à  Neuillé,  et  la  Compagnie  locale  ne  pouvait 
attendre  cette  ouverture. 

La  mauvaise  solution  adoptée  pour  les  gares  de  jonction  n'est 
donc  pas  imputable  à  la  Compagnie  départementale. 

Les  stations  courantes  sont  signalées  à  100  mètres  de  distance 
de  la  pointe  d* aiguille  par  des  signaux  fixes  de  ralentissement 
peints  en  vert.  Ces  signaux  n'ont  aucune  utilité. 

Les  alimentations  sont  assurées  : 

1°  A  Neuillé  par  la  pompe  de  la  machine  fixe  qui  fait  le  service 
des  ateliers  de  réparation  ; 

2°  A  Port-Boulet,  Savigné,  Souvigné,  Marray,  Le  Sentier  et 
Chàteaurenault,  par  une  pompe  à  main,  avec  réservoir  de  12  mètres 
cubes  ;  les  réservoirs  sont  remplis  par  les  chefs  de  station  moyen- 
nant une  faible  rétribution  que  leur  alloue  le  service  de  la  trac- 
tion. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons,  —  Les    voitures   et 


b 


278  CHEMINS   DE   FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

wagons  ont  été  construits  par  les  ateliers  de  Marly  (  Valenciennes). 
Les  voitures  sont  à  compartiments. 

Les  compartiments  de  !'•  classe  sont  à  3  places  par  banquette, 
ceux  de  2*  et  3*  à  4  places  ;  on  y  est  bien  assis,  ce  qui  n'a  pas  lieu 
au  moins  pour  la  1'*"  et  la  seconde  classes  dans  les  voitures  des 
lignes  de  Hermès  à  Beaumont  ou  d*Anvin  à  Calais. 

Les  six  voitures  mixtes  1"  et  2*  contiennent  3  compartiments, 
soit  22  places  et  pèsent  4,380  kilog.;  les  3",  4  compartiments,  soit 
32  places  et  pèsent  3,700  kilog. 

L'écartement  des  essieux  est  de  2ra.  10  pour  tout  le  matériel  de 
grande  ou  de  petite  vitesse. 

Le  matériel  de  grande  vitesse  est  complété  par  une  voiture  à 
bogie  analogue  à  celles  de  la  ligne  d'Anvin  à  Calais,  qui  sert  en 
cas  d'affluence  et  dont  le  public  se  montre  très-satisfait. 

Le  matériel  G.  V.,  dont  la  proportion  est  de  0,2  par  kilomètre, 
est  insuffisant  dans  les  cas  de  mouvement  important  de  voyageurs; 
on  y  supplée  à  Taide  des  wagons  couverts,  où  le  public  doit  se 
tenir  debout,  ce  qui  suscite  à  bon  droit  ses  réclamations. 

Le  département  a  commis  une  erreur  en  imposant  au  conces- 
sionnaire le  choix  du  matériel  à  compartiments  pour  le  réseau 
nord  ;  la  Compagnie  avait  déjà  commandé  du  matériel  à  couloir 
et  a  dû  retirer  sa  commande  en  présence  de  Tinsistance  du  dépar- 
tement ;  le  matériel  à  couloir,  et  en  particulier  les  voitures  bogies, 
suspendues  sur  deux  trains  articulés,  constituent  le  matériel  le 
mieux  approprié  à  de  faibles  trajets,  et  à  des  voies  parfois  mal 
assises  et  à  courbes  prononcées  pour  lesquelles  un  empattement 
même  réduit  à  2  mètres  ou  1  m.  80  est  encore  trop  important,  et 
occasionne  Tusure  rapide  des  bandages  et  par  suite  des  réactions 
désagréables  pour  les  voyageurs,  et  dangereuses  pour  la  stabilité 
de  la  voie. 

Le  département  d'Indre-et-Loire  a  reconnu  son  erreur,  et  le 
réseau  sud  sera  doté  de  matériel  à  couloir  longitudinal. 

La  ligne  de  Port-Boulet  à  Châteaurenault  possède  6  fourgons 
pesant  3,700  kilog.  et  munis  de  freins  à  vis  dont  aucune  voiture 
ne  dispose. 

Le  matériel  de  petite  vitesse  se  compose  de  : 


A   VOIE   ÉTROITE  279 

35  wagons-tombereaux  du  poids  de  2,900  kilog.; 

66  plates-formes  de  1,800  kilog.  de  tare,  dont  20  à  frein  et 
à  traverse  mobile  pour  le  transport  des  bois  de  lon- 
gueur. 

13  wagons  couverts  pesant  3,230  kilogr. 


Total:  114  ou  1  w,l  par  kilomètre,   ce  qui  suffit  largement  en 
raison  du  très-faible  trafic. 
Ce  matériel  porte  uniformément  une  charge  de  8  tonnes. 

Locomotives,  —  Les  8  machines-tenders  sont  du  même  type  à 
3  essieux  couplés  et  pesant  12  t.  o  à  vide,  et  15  tonnes  en  charge  ; 
5  d'entre  elles  ont  été  construites  par  les  ateliers  de  Gouillet,  et 
3  par  ceux  de  Saint-Léonard  (Belgique). 

La  Compagnie  des  chemins  de  fer  départementaux  commande 
aujourd'hui  tout  son  matériel  en  France,  mais  ne  pouvait  le  faire 
il  y  a  quelques  années,  où  on  construisait  dans  ce  pays  fort  peu  de 
locomotives  pour  voies  de  1  mètre  et  à  des  prix  très-élevés. 

Le  diamètre  des  roues  de  ces  machines  est  de  0  m.  80,  ce  qui 
est  trop  faible;  leur  empattement  est  de  2  m.  40.  On  a  commis 
Terreur  de  prévoir  pour  le  matériel  roulant  des  plaques  tournantes 
qui  ont  un  diamètre  tout  juste  suffisant  pour  Tempattement  de 
2  m.  10  de  ce  matériel;  d'où  résulte  qu'on  ne  peut  les  employer 
pour  le  tournage  des  machines  ;  et  comme  on  n'a  pas  construit  de 
plaques  spéciales  pour  les  machines,  celles-ci  ne  sont  jamais  tour- 
nées, et  doivent  marcher  tender  en  avant  sur  la  moitié  de  leur 
parcours. 

Ces  machines  présentent  un  double  inconvénient  assez  grave  : 
le  faible  diamètre  des  roues  et  l'ensemble  des  organes  ne  permet 
pas  de  dépasser  la  vitesse  limite  de  30  kilomètres  à  l'heure,  ce  qui 
est  insuffisant;  d'autre  part,  le  mécanisme,  très-bas,  n'est  pas 
protégé  contre  le  sable  tenu  qui  constitue  le  ballast  sur  une  grande 
partie  du  parcours  ;  aussi  l'usure  est-elle  très-rapide. 

On  s'est  décidé  à  choisir  pour  le  réseau  sud  un  type  de  machine 
plus  puissant. 

Les  conditions  de  la  locomotive  de  12  t.  5  sont  les  suivantes  : 


280  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

Diamètre  des  cylindres 270  mm. 

Course  des  pistons 360 

Timbre  de  la  chaudière 10  kilog. 

Surface  de  chauffe  totale 36  mètres. 

Diamètre  des  roues  motrices  au  contact.  0,80 

Charge  par  essieu  (machine  en  charge).  Ti  tonnes. 


Ces  locomotives,  de  même  que  la  plupart  des  locomotives  cons- 
truites en  Belgique,  ont  des  grilles  suffisantes  pour  pouvoir 
brûler  du  charbon  tout-venant  très-menu. 

Elles  remorquent  en  moyenne  de  6  <à  8  wagons  chargés,  soit 
70  tonnes  au  maximum  ;  le  cahier  des  charges  limite  la  longueur 
des  trains  à  60  mètres,  machine  comprise. 


Ateliers  de  réparations.  —  Les  ateliers  de  Neuillé-Pont-Pierre 
sont  outillés  de  manière  à  assurer  les  réparations  courantes,  mais 
non  les  grosses  réparations,  ou  le  tournage  des  roues,  qui  ont  lieu 
à  Tours  ou  au  Mans. 

L'outillage  se  compose  d'un  tour  parallèle  et  d'une  perceuse, 
actionnés  par  une  machine  de*  deux  chevaux  qui  sert  également  à 
Talimentation  d'un  réservoir  de  30  mètres  cubes  ;  une  forge  et 
4  étaux  complètent  cette  installation  simple  ;  2  ajusteurs,  1  forge- 
ron et  1  aide  forment  le  personnel  de  l'atelier. 

En  résumé,  la  ligne  de  Port-Boulet  à  Chàteaurenault  constitue 
au  point  de  vue  du  premier  établissement,  pour  la  Compagnie  des 
chemins  de  fer  départementaux  une  entreprise  désastreuse,  dans 
laquelle  le  prix  forfaitaire  est  loin  de  couvrir  la  dépense  réelle. 

Indépendamment  de  la  conception  du  chemin  lui-même, 
quelques  erreurs  ont  été  commises  dans  l'établissement  et  Texpé- 
rience  paraît  avoir  profité  aussi  bien  au  département  qu'au  conces- 
sionnaire. 

En  raison  des  travaux  importants  qu'a  nécessités  la  construction, 
on  ne  peut  que  trouver  très  réduit  le  chiffre  réel  de  l'établissement 
du  chemin. 


k 


A   VOIE   ÉTROITE  281 

II.  ~  EXPLOITATIO.li 

Administration  et  Direction 

L'administration  de  ]a  Compagnie  des  chemins  de  fer  départe- 
mentaux a  son  siège  à  Paris. 

Elle  s'occupe  d'affaires  multiples,  ainsi  qu'on  Ta  vu  plus  haut, 
et  n'a  pas  de  personnel  supérieur  tout  spécialement,  affecté  à  l'ex- 
ploitation du  chemin  de  Port-Boulet  à  Ghàteaurenault. 

M.  Zens,  directeur  de  la  Compagnie,  assisté  d'un  ingénieur  en 
chef,  règle  la  marche  du  service  de  cette  ligne,  en  même  temps 
qu'il  poursuit  et  la  concession  et  la  construction  de  lignes  nou- 
velles. 

Le  contrôle  des  recettes  ainsi  que  la  comptabilité  sont  centra- 
lisés à  Paris,  auprès  du  directeur. 

En  raison  du  peu  de  temps  pendant  lequel  la  ligne  a  été  exploitée, 
il  n'a  pas  été  possible  de  réunir  des  chiffres  précis  relativement  aux 
dépenses  d'exploitation;  d'autre  part,  il  est  assez  difficile  do  fixer 
le  prorata  des  frais  généraux  d'une  ligne  qui  ne  constitue  qu'une 
part  minime  des  affaires  suivies  par  le  conseil  d'administration  et 
par  le  service  central. 

Aussi  se  bornera-t-on,  comme  on  l'a  fait  déjà  pour  les  lignes  de 
la  Gironde  {Société  générale  des  chemins  de  fer  économiques),  à 
relater  les  faits  intéressants  de  l'exploitation  sans  fournir  des 
chiffres  qui  ne  pourraient  être  considérés  comme  éléments  d'ap- 
préciation, eu  égard  à  la  jeunesse  des  lignes. 

Voie  et   Bâtiments 

Ce  service  est  dirigé  par  un  ingénieur,  résidant  à  Tours,  qui  a 
construit  la  ligue,  et  qui  est  encore  chargé  de  la  construction  du 
réseau  sud  du  déparlement  d'Indre-et-Loire,  ainsi  que  la  ligne 
d'Angoulême  à  Rouillac. 

Deux  chefs  do  district  lui  sont  adjoints,  l'un  pour  la  section  de 
Sonzay  à  Chàteaurenault,  l'autre  pour  la  section  de  Sonzay  à  Port- 
Boulet. 

Le  personnel  compte  17  équipes  de  3  hommes,  le  canton  portant 


282  GHEMLNS   DE  FER  DINTÉRÉT   LOCAL 

sur  6  kilomètres  en  moyenne.  Le  traitement  de  ces  agents  varie  de 
75  à  110  francs. 

Les  travaux  d'entretien  ont  consisté  exclusivement  jusqu'ici  en 
relevages  de  voie  par  suite  des  tassements  ou  gonflements  du  sous- 
sol  argileux,  et  dans  Texécution  d'encoffrements  de  sable  sous  la 
voie.  Les  travaux  complémentaires  tels  que  revêtement  de  tran- 
chées et  autres  sont  classés  au  compte  de  premier  établissement. 
Ces  divers  travaux  ont  été  très-importants  au  début  de  l'exploita- 
tion ;  on  a  dû  à  diverses  reprises  enlever  de  nuit  les  argiles 
fluentes  qui  obstruaient  la  voie  dans  les  tranchées  afin  de  livrer 
passage  aux  trains  du  lendemain  matin. 

L*entretien  des  bâtiments  est  assuré  par  des  ouvriers  spéciaux 
du  pays  quand  il  s'agit  de  maçonneries,  peintures,  etc. 

Les  hommes  de  la  voie  peuvent  être  réquisitionnés  parles  chefs 
de  stations  pour  les  manœuvres  ou  manutentions  à  faire  en  dehors 
du  passage  des  trains. 

Les  femmes  chargées  du  gardiennage  des  6  passages  à  niveau 
sont  des  femmes  de  cantonniers  :  3  d'entre  elles  qui  ne  sont  pas 
logées,  reçoivent  mensuellement  20  à  30  francs. 

8  stations  sont  exclusivement  gérées  par  des  femmes  de  can- 
tonniers. 

Traction  et  Matériel 

Ce  service  est  dirigé  par  un  chef  de  traction;  un  chef-mécanicien 
assiste  le  chef  de  traction  pour  la  direction  du  service  actif  aussi 
bien  que  des  ateliers;  cet  agent  assure  d'ailleurs,  en  cas  de  besoin, 
le  remplacement  des  mécaniciens. 

Le  personnel  de  conduite  se  compose  de  S  mécaniciens  à 
150  francs  par  mois  et  de  5  chauffeurs  à  100  francs. 

Les  machines  en  service  journalier  sont  au  nombre  de  5;  il  n'y 
a  pas  à  proprement  parler  de  roulement,  chaque  machine  faisant 
toujours  le  même  service  et  couchant  toujours  au  même  point  : 
1  à  Gizcux. 

1  à  Château-la-Vallière  ] 

2  à  Neuillé-Pont-Pierre''^^"^P^^^^'  terminus  et  d'origine  de 

1  à  Châteaurenault         )     ^^^^^^' 


•   •  A   VOIE  ÉTROITE  283 

En  outre  une  machine  de  réserve  est  maintenue  en  feu  à 
Neuillé,  et  deux  sont  au  dépôt  pour  lavage,  ou  aux  ateliers. 

Les  jours  de  repos,  le  service  du  mécanicien  et  du  chauffeur  est 
assuré  par  deux  ouvriers  de  Tatelier. 

Enfin,  un  chauffeur  de  nuit  chargé  du  nettoyage,  de  Tallumage 
et  de  la  mise  en  pression  est  placé  à  chacun  des  points  d'origine 
des  trains. 

Le  combustible  se  compose  exclusivement  de  tout-venant  fin  du 
Nord;  on  ne  fait  usage  de  briquettes  que  pour  l'allumage. 

L'allocation  de  combustible  par  kilomètre  est  fixée  à  4  kilos 
pendant  Tété,  à  4  kilos  3  pendant  Thiver,  allumage  compris,  et 
quelle  que  soit  la  charge,  qui  est  toujours  très-faible,  de  même  que 
les  vitesses. 

Le  graissage  se  fait  avec  de  Thuile  de  pied-de-bœuf;  c'est  un 
graissage  peu  économique. 

Les  primes  des  mécaniciens  atteignent  mensuellement  15  à 
20  francs,  celle  des  chauffeurs  1/3  de  cette  somme. 

Les  machines  sont  assez  bien  utilisées  ;  elles  font  130  kilomètres 
de  parcours  journalier  moyen. 

Les  réparations  si  petites  qu'elles  soient,  se  font  aux  ateliers  de 
Neuillé. 

En  raison  de  Tinstabilité  des  marches  de  trains,  que  le  Conseil 
général  du  département  a  déjà  obligé  la  Compagnie  à  modifier 
trois  fois,  il  n'a  pas  été  possible  de  pourvoir  de  remises  à 
machines  toutes  les  gares  où  couchent  les  machines.  Port-Boulet, 
Neuillé  et  Chàteaurenault  seules  en  possèdent. 

Le  service  de  la  traction  est  chargé  de  la  tenue  du  magasin 
matériel  et  matières  pour  l'ensemble  des  services  :  un  magasinier 
y  est  préposé. 

Mouvement  et  Trafic 

Mouvement.  —  Ce  service  est  assuré  par  un  inspecteur  auquel 
est  adjoint  un  intérimaire  pour  les  remplacements. 

8  stations,  y  compris  une  halte,  sont  gérées  par  des  femmes  de 
chefs-cantonniers;  ces  femmes  assurent  tout  le  service  sans  excep- 
tion, y  compris  le  télégraphe  et  la  comptabilité. 


284  CHEMEVS   DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL 

En  principe,  les  stations  où  ont  lieu  des  croisements  réguliers 
de  trains  sont  dirigées  par  des  hommes,  mais  les  femmes  peuvent 
assurer  les  changements  de  croisements. 

Au  chef  de  station  est  adjoint  un  homme  d'équipe  àBourgueil 
et  à  3  des  gares  de  jonction  avec  les  réseaux  voisins;  la  gare 
de  Port-Boulet  dispose  de  deux  hommes  d'équipe. 

Toutes  les  stations,  sauf  une  seule,  sont  pourvues  du  télégraphe 
Bréguet.  Les  chefs  de  station  sont  astreints  à  demander  la  voie 
par  le  télégraphe  avant  l'expédition  des  trains  réguliers,  ce  qui 
est  d'autant  moins  justifié  qu'on  a  pu  constater  ici,  comme  par- 
tout où  ce  système  est  en  vigueur,  que  la  demande  est  le  plus 
souvent  inscrite  sur  le  procès-verbal  télégraphique  sans  qu'elle  ait 
été  eiïectivement  passée  à  la  gare  suivante. 

Le  recours  à  la  demande  de  voie  pour  les  trains  réguliers  est 
condamnable;  il  n'est  jamais  pratiqué  effectivement;  carie  chef 
de  station  devrait  assurer  le  servrce  du  télégraphe  au  moment  où  il 
attend  un  train,  ou  bien  au  moment  où  il  le  reçoit,  c'est-à-dire 
quand  il  a  le  plus  besoin  de  surveiller  ses  voies  et  le  service  exté- 
rieur. Par  suite,  ce  mode  d'emploi  donne  une  fausse  sécurité. 

Service  des  trains,  —  La  marche  des  trains  est  très-pénible  à 
assurer;  les  intérêts  de  la  région  de  Port-Boulet  à  Gizeux  sont 
appelés  vers  Chinon  et  Tours  via  Port-Boulet  ;  de  Gizeux  à  Neuillé, 
ils  sont  sollicités  vers  Tours,  via  Neuillé,  ou  vers  Paris,  via 
Château-la-Vallière.  Enfin,  la  section  de  Neuillé  à  Châteaurenault 
a  des  correspondances  obligatoires  avec  les  trains  de  la  Compagnie 
d'Orléans  qui  passent  en  ces  deux  points. 

D'un  autre  côté,  les  sections  ont  peu  de  rapports  entre  elles,  la 
ligne  étant  excentrique. 

Aussi  les  marches  et  les  correspondances  des  trains  sont-elles 
difficiles  à  établir;  d'autre  part,  certaines  localités,  appuyées  par  le 
Conseil  général,  demandent  qu'aux  points  de  jonction  avec  les 
grands  réseaux  voisins,  le  train  de  la  grande  ligne  soit  relevé  par 
deux  trains  de  la  Compagnie  locale,  Tun  descendant  pour  amener 
les  voyageurs  à  destination  de  la  grande  ligne,  l'autre  remonUint 
pour  amener  les  voyageurs  en  provenance  de  cette  ligne  ;  soit  pour 
un  train  de  grande  ligne,  deux  trains  locaux. 


A   VOIE  ETIIOITE  283 

Lo  vœu  des  populations  est  légitime;  mais,  d'autre  part,  les 
recettes  brutes  de  la  ligne,  qui  atteignent  à  peine  1,200  francs  par 
kilomètre,  ne  justifient  pas  l'augmentation  du  nombre  des  trains, 
qui  sont  déjà  beaucoup  trop  multipliés  pour  le  trafic  qu'ils  assu- 
rent : 

De  Port-Boulet  à  Bourgueil.  .  .  o  trains  dans  chaque  sens. 

De  Bourgueil  à  Gizeux 3  —  — 

De  Gizeux  à  Château-la-Vallière  4  —  — 

De  Château-la-Vallière  à  Neuillé  3  —  — 

De  Neuillé  à  Châteaurenault.  .  .  3  —  — 

Les  vitesses  commerciales  ne  dépassent  pas  20  kilomètres  à 
l'heure  ;  il  y  a  lieu  de  remarquer  d'ailleurs  que  les  marches  de 
trains  ne  sont  pas,  en  général,  tendues  par  les  correspondances, 
mais  qu'au  contraire,  les  trains  doivent  perdre  beaucoup  de  temps 
à  certains  points  intermédiaires  importants  tels  que  Ghâteau-la- 
Vallière  et  Bourgueil  par  suite  du  long  délai  qui  s'écoule  entre  le 
passage  des  trains  de  grande  ligne  à  deux  points  de  jonction 
consécutifs. 

Les  stationnements  dans  les  gares  intermédiaires  sont  en  général 
de  2  à  3  minutes. 

Tous  les  trains  sont  mixtes  et  peuvent  assurer  le  service  de 
détail  comme  celui  des  wagons  complets.  Ce  service  est  assuré 
parles  deux  agents  qui  conduisent  chaque  train,  l'un  comme  chef 
de  train,  l'autre  comme  garde-frein. 

Il  est  à  noter  que  bien  que  les  règlements  de  la  Compagnie  ne 
l'obligent  pas  à  avoir  deux  agents  dans  chaque  train,  celle-ci  a  cru 
devoir  les  y  maintenir  dans  tous  les  cas,  même  lorsque  la  charge 
du  train  ne  le  nécessiterait  pas.  Le  garde-frein  est,  en  effet,  consi- 
déré non  comme  agent  de  train  proprement  dit,  mais  comme 
homme  d'équipe  volant,  chargé  d'aider  le  chef  de  train  ou  de  sta- 
tion pour  les  manœuvres  et  les  manutentions,  opérations  aux- 
quelles la  Compagnie  n'a  pas  cru  devoir  faire  concourir  le  chauf- 
feur. 

Les  agents  de  trains  assurent  encore,  dans  les  intervalles  du  ser- 
vice, le  nettoyage  des  voitures,  Tentretien  des  poignées,  le  ser- 
vice de  l'éclairage,  etc.. 


286  CHEMINS   DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL 

Cinq  équipes  de  deux  agents  oomposent  le  personne  des  trains. 

En  cas  de  train  extraordinaire,  un  garde-frein  est  détaché 
comme  chef  de  ce  train,  qui  est  dirigé  par  un  seul  agent,  de  même 
que  le  train  régulier  dont  le  garde-frein  a  été  distrait. 

La  composition  des  trains  est  normalement  de  deux  fourgons, 
l'un  en  tète,  l'autre  en  queue,  et  de  deux  voitures,  Tune  mixte  et 
l'autre  de  3"'  classe. 

Dans  toute  station  de  croisement,  les  deux  trains  doivent 
s'arrêter  à  la  pointe  de  l'aiguille  d'entrée,  et  le  chef  de  station, 
homme  ou  femme,  va  successivement  de  l'un  à  l'autre  avec  un 
drapeau  rouge  ;  chaque  train  ne  peut  entrer  que  lorsque  le  dra- 
peau a  été  abaissé. 

L'Inspecteur  est  agent  spécial  de  la  voie  unique  et  le  chef  de 
station  de  Neuillé  est  chargé  de  la  répartition  du  matériel. 

Les  trains  ne  sont  pas  chauffés  l'hiver;  le  climat  de  la  Touraine 
est  d'ailleurs  fort  doux. 

Service  en  gare  de  jonctioîi.  —  La  Compagnie  d'Orléans  s'est 
montrée  peu  bienveillante  envers  la  Compagnie  départementale  ; 
après  avoir  fait  toutes  difficultés  pour  laisser  passer  les  voyageurs 
allant  de  sa  ligne  à  la  ligne  locale  ou  vice  versd,  elle  a  imposé  aux 
trains  de  cette  dernière  des  conditions  fort  dures  pour  la  traversée 
à  niveau  de  la  ligne  de  Tours  ou  Mans  par  la  ligne  de  Port-Boulet 
à  Neuillé  ;  tout  train  de  la  Compagnie  locale  doit  franchir  le  passage 
un  quart  d'heure  au  moins  avant  l'arrivée  d'un  train  de  la  grande 
ligne;  en  cas  de  retard  du  premier  train,  le  passage  est  fermé 
même  si  le  train  de  grande  ligne  avait  lui-même  du  retard;  enfin 
il  est  formellement  interdit  de  franchir  la  traversée  à  niveau  la 
nuit,  même  pour  un  train  de  matériaux,  ou  un  envoi  ou  retour  de 
machine  de  secours.  Aussi  la  Compagnie  départementale  a-t-elle 
décidé  de  supprimer  toute  traversée  à  niveau  sur  les  lignes  du 
réseau  sud,  même  au  prix  de  travaux  considérables. 

La  Compagnie  d'Orléans  ne  s'est  pas  montrée  plus  libérale  pour 
réchange  des  marchandises  passant  d'un  réseau  sur  l'autre  ;  elle  a 
exigé  de  la  Compagnie  départementale  une  redevance  de  0,80  par 
tonne  pour  le  transbordement  des  marchandises  de  détail,  et  de 
0,60  par  tonne  pour  le  transbordement  des  wagons  complets. 


A   VOIE   ÉTROITE  287 

sommes  dont  la  Compagnie  locale  a  dû  nécessairement  majorer 
les  transports  transitant  de  son  réseau  sur  celui  de  la  Compagnie 
d'Orléans,  ou  vice  versa. 

Moyennant  ces  taxes,  auxquelles  doivent  être  ajoutées  des  rede- 
vances pour  entretien  des  voies  d'échange,  la  Compagnie  d'Orléans 
assure  tout  le  service  de  transbordement. 

L'Administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat  effectue  égale- 
ment dans  la  gare  de  Château-la- Yallière  le  transbordement  des 
marchandises  en  provenance  ou  à  destination  de  la  ligne  de  la 
Compagnie  départementale,  et  perçoit  de  celle-ci  une  taxe  de 
transbordement  de  0,50  par  tonne. 

Les  autres  frais  accessoires,  frais  de  gare,  de  chargement  et  de 
déchargement,  ne  diffèrent  pas  des  taxes  habituelles. 

Il  serait,  en  somme,  préférable  délaisser  à  la  Compagnie  locale 
le  soin  d'effectuer  à  ses  frais  les  transbordements;  au  lieu  d'y 
employer  un  personnel  spécial,  comme  sont  obligées  de  le  faire  les 
Administrations  voisines,  elle  se  servirait  à  cet  effet  de  ses  agents 
de  trains,  qui  disposent  d'une  temps  suffisant  dans  l'intervalle  de 
leur  service;  les  frais  de  transbordement  seraient  par  suite  très 
réduits  et  on  éviterait  les  incessantes  réclamations  du  public,  qui 
proteste  à  bon  droit  contre  des  taxes  qui  sont  souvent  plus  élevées, 
pour  les  petits  parcours,  que  celles  résultant-  de  l'application  des 
tarifs  eux-mêmes. 

Service  commercial.  —  Les  tarifs  adoptés  sont  beaucoup  trop 
faibles  en  raison  du  peu  de  trafic  et  de  la  petite  distance  que  les 
voyageurs  ou  marchandises  ont  à  parcourir  sur  le  réseau.  Le  peu 
d'élévation  des  tarifs  de  marchandises  en  particulier,  qui  sont  à 
peu  près  ceux  du  cahier  des  charges  général,  avec  addition  d'un 
tarif  spécial  à  la  base  de  6  centimes  par  wagon  complet  de  toute 
marchandise,  fait  encore  ressortir  ce  que  les  taxes  de  transborde- 
ment ont  d'exagéré. 

Le  trafic  est  insignifiant,  autant  en  raison  du  peu  d'éléments 
qu'on  trouve  dans  la  région  que  de  la  faible  longueur  que  ces  élé- 
ments parcourent  sur  la  ligne  départementale,  qu'ils  quittent  à 
chaque  point  de  transit. 

On  eût  pu  cependant  espérer  voir  dans  quelques  années  les 


288  CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT  LOCAL 

recettes  do  la  secLîou  de  Port-Boulet  à  Chàteau-la-Valliëre  c 
vrir  les  dépenses  d'exploitatioa  de  cette  section,  sur  laquelle 
trouve  un  certaÎD  Iraiic  de  voyageurs,  do  bestiaux,  de  vins,  et  t 
tout  de  denrées  en  provenance  du  groupe  important  de  Bourg] 
(6,000  habitants)  et  à  destination  de  Paris,  et  qui  sont  remises  i 
trains  de  l'Etat  à  Chftteau-la-Vallifere  après  avoir  parcouru  p 
de  40  kilomèlres  sur  les  rails  de  la  Compagnie  locale. 

Le  trafic  de  cette  station  est  très  en  progrès  depuis  l'ouvert 
de  la  ligne  nouvelle  de  l'Etat  vers  Paris. 

Mais  la  section  de  Neuillé  à  Cb&teaurenault  ne  donne  pas 
produit  supérieur  à  500  francs  par  kilomètre. 

La  comptabilité  est  décadaire,  les  versements  sont  faits  tous 
dfux  jours  à  la  gare  de  Neuillé-Orléans,  la  Compagnie  d'Orlé 
ayant  un  compte  courant  avec  la  Compagnie  des  chemins  de 
départementaux  pour  la  ligne  de  Port-Boulel  à  Chàteaurenault. 

Le  contrôle  desrecelles  est,  ainsi  qu'on  l'a  dit  plus  haut,  elTec 
au  service  central  à  Paris,  de  même  que  la  comptabilité  centri 

Le  service  médical  est  assuré  moyennant  une  retenue 
1  p.  100  exercée  sur  le  traitement  des  agents. 

Les  agents  malades  ont  droit  àl'inlégralité  de  leur  traitem< 

Quelques  gratifications  sont  accordéesen  fin  d'année  aux  âge 
dont  le  service  a  donné  particulièrement  satisfaction. 


Résultats  généraux 


Il  est,  comme  on  l'a  dit,  fort  difficile  de  donner  des  chill 
précis:  ceux-ci,  du  reste,  ne  représenteraient  rien  en  raison 
l'âge  récent  des  Hgnes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  évaluer  à  peu  près  à-  700  francs 
dépense  annuelle  d'entretien  des  voies,  dans  leur  état  actuel, 
pense  qui  sera  portée  à  800  ou  i  ,000  francs  lorsqu'on  sera  arriv 
la  période  des  remplacements  do  traverses. 

1,200  francs  pourraient  donner  la  part  de  la  traction  et  de  1' 
tretien  du  matériel  roulant. 

900  à  1,000  francs  celle  de  l'exploitation. 

Soit  eaviroa  3,000  francs  par  kilomètre. 


A    VOIE  ÉTROITE  289 

Il  paraît  bien  difficile  de  descendre  sensiblement  au-dessous  de 
ces  chiffres,  avec  3  à  4  trains  par  jour  dans  chaque  sens,  et  si 
faible  que  soit  le  trafic. 

Quant  aux  recettes,  elles  atteignent  actuellement  en  moyenne 
1200  francs  par  kilomètre^  soit  à  peu  près  2000  francs  sur  la  sec- 
tion de  Port-Boulet  à  Château-la- Vallière,  1000  francs  de  Château- 
la- Vallière  à  Neuillé,  et  500  francs  de  Neuillé  à  Châteaurenault. 

En  résumé,  la  ligne  de  Port-Boulet  à  Châteaurenault  est  une 
entreprise  désastreuse  pour  le  département  comme  pour  le 
concessionnaire. 

Aucune  nécessité  de  trafic  ne  pouvait  justifier  Texécution  de  ce 
chemin  parallèle  à  la  ligne  d'intérêt  général  de  Saumur  à  Château- 
du-Loir,  longeant  la  limite  du  département  au  lieu  de  converger 
vers  le  centre,  et  réunissant  des  localités  sans  relations  possibles 
dans  le  présent  ou  Tavenir. 

Le  seul  centre  utilement  desservi  est  Bourgueil,  situé  à  4  kilo- 
mètres de  Port-Boulet;  mais  si  l'on  envisage  le  point  de  vue 
général,  on  reconnaît  que  cette  localité,  dont  tous  les  intérêts  sont 
tournés  vers  Tours  ou  Paris  eût  été  satisfaite  par  l'exécution  d'un 
chemin  à  voie  normale  de  4  kilom.,  et  que  le  trafic  qu'elle  donne 
à  la  ligne  départementale  étant  à  destination  de  Paris,  par  le  transit 
de  Château-la- Vallière,  il  n'y  a  eu,  par  suite  de  l'exécution  de  la 
ligne  de  Port-Boulet  à  Châteaurenault,  qu'un  déplacement  de  trafic 
au  détriment  de  la  Compagnie  d'Orléans,  sans  que  Bourgueil  y 
ait  beaucoup  gagné  ni  comme  rapidité,  ni  comme  différence  de 
prix. 


19 


CHAPITRE  XX 


VALMONDOIS   A   ËPIAIS-RHUS    (Seine -et- Oise) 
Longueur 14  kilomètres 


(Société  générale  des  Chemins  de  fer  économiques) 


I.—   ÉTABLISSEMENT 

Bien  que  la  petite  ligno  do  Yalmondois  à  Epiais-Rhus  n'ait  été 
livrée  à  rexploitation  qu'ea  juillet  1886,  elle  est  intéressante  en 
raison  de  ce  qu'elle  présente  le  type  d'exploitation  auquel  parait 
s'être  définitivement  arrêtée  la  Société  générale  des  Chemins  de 
fer  économiques  pour  les  nombreuses  lignes  à  voie  étroite  dont 
elle  a  obtenu  la  concession  dans  ces  dernières  années. 

La  ligne  de  Yalmondois  à  Epiais-Rhus  a  été  projetée  sous  l'in- 
fluence de  M.  Léon  Say.  Elle  a  été  déclarée  d'utilité  publique  par 
une  loi  du  2  août  1883. 

La  durée  de  la  concession  est  de  99  ans. 

Lesdépensesd'établissement,ycomprislematérielroulantévaluéà 
25,600  francs  par  kilomètre,  ont  été  fixées  à  forfait  à  96,492  francs 
par  kilomètre,  soit  1,269,830  francs  pour  la  ligne  totale  qui 
mesure  13,160  mètres;  la  formule  adoptée  pour  les  dépenses 
kilométriques  était  2,000  +-^)  ^^^^  <iuc  Tapplication  de  cette 
formule  put  faire  descendre  les  charges  kilométriques,  tant  de  pre- 


VOIE  ÉTROITE  .         291 

micr  établissement  que  d'exploitation,  au-dessous  de  la  somme  do 
7,300  francs. 

La  ligne  remonte  la  vallée  du  Sausseron,  ruisseau  qui  se  jette 
dans  l'Oise  à  Valmondois,  et  forme  une  extension  de  la  ligne  à 
voie  normale  de  Paris  à  Valmondois  par  Ermont. 

Elle  doit  être  prolongée  d'une  dizaine  de  kilomètres  jusqu'à 
Ws-Marines;  mais  on  n'a  pas  le  dessein,  au  moins  jusqu'à  présent, 
de  la  raccorder  en  ce  point  avec  la  ligne  de  Paris  à  Dieppe. 

Les  déclivités  sont  limitées  au  maximum  de  15  millimètres  par 
mètre  ;  encore  ne  règnent-elles  que  sur  des  longueurs  qui  n'excè- 
dent en  aucun  point  500  mètres  consécutifs. 

Les  rayons  des  courbes  ne  descendent  pas,  en  pleine  voie,  au- 
dessous  de  200  mètres  ;  ils  sont  le  plus  généralement  do  250  à 
300  mètres. 

Ces  bonnes  conditions  d'établissement  permettent  d'atteindre  des 
vitesses  de  marche  de  35  à  40  kilomètres  à  Theurc,  mais  elles  ont 
nécessité  des  terrassements  importants  à  la  sortie  de  la  gare  de 
Valmondois  et  aux  abords  d'Epiais. 

Le  rail,  en  acier,  et  à  patin,  pèse  20  kilos  le  mètre  courant  ;  les 
barres  ont  9  mètres  de  longueur  et  reposent  sur  li  traverses  de 
chêne. 

Le  balast  est  en  excellent  gravier  de  l'Oise,  d'épaisseur  variant 
entre  30  et  45  centimètres,  selon  la  nature  du  sous-sol  et  selon 
qu'on  est  en  déblai  ou  remblai. 

Les  stations  sont  au  nombre  de  6,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  dis- 
tantes en*  moyenne  de  2  kil.  1. 

Malgré  ce  faible  écartement,  la  Compagnie  a  décidé  d'accéder  à 
des  demandes  qui  lui  ont  été  adressées  en  arrêtant  les  trains  à  deux 
passages  à  niveau  avoisinant  des  localités. 

D'ailleurs,  les  stations  elles-mêmes  sont  placées  à  la  porte  des 
villages,  à  l'exception  de  celle  d'Epiais,  qui  se  trouve  éloignée  des 
agglomérations  d'Epiais  et  do  Rhus. 

Les  voies  des  stations  ont  la  disposition  qui  a  été  précédemment 
décrite  à  propos  du  réseau  départemental  d'Indre-et-Loire,  si  ce 
n'est  que  le  cul-de-sac  a  été  ici  supprimé  :  les  trains  circulant  en 
navette,  il  n'y  avait  en  effet  pas  de  croisements  à  prévoir.  Mais  les 
voies  de  gare  ont  sur  la  ligne  de  Valmondois  à  Epiais-Rhus  une 


292  CHEMINS   DE  FER    D'INTÉRÊT    LOCAL 

longueur  injustifiée  par  Timportauce  du  trafic,  qui  est  des  plus 
restreints. 

A  Tin  verse  des  types  dlndre-et-Loire,  les  bâtiments  sont  ici  spa- 
cieux et  extrêmement  satisfaisants,  plutôt  luxueux,  suivant  le 
mode  adopté  par  la  même  Compagnie  pour  les  chemins  des  Landes 
de  la  Gironde  ;  la  halle  et  le  quai  aux  marchandises  sont  accolés 
au  bâtiment  des  voyageurs. 

On  a  commis  Terreur  de  construire  un  bâtiment  de  station  à 
Yalmondois,  où  le  service  est  assuré,  en  gare  commune,  par  le 
chef  de  la  gare  de  la  Compagnie  du  Nord. 

Le  télégraphe  a  été  supprimé.  Toutes  les  communications  de 
gare  à  gare  se  font  par  le 'téléphone. 

Les  stations  sont  couvertes  par  des  signaux  fixes,  verts,  indiquant 
le  ralentissement,  et  qui  sont  parfaitement  inutiles. 

Une  seule  prise  d'eau,  placée  à  Epiais,  suffit  à  Talimentation. 
Le  réservoir  est  rempli  à  Taide  d'un  pulsomëtreque  fait  fonction- 
ner la  vapeur  d'une  locomotive. 

Matériel  roulant.  —  La  matériel  de  grande  vitesse  est  composé 
de  trois  voitures  à  couloir  et  plates-formes  extrêmes  ;  ces  voitures 
sont  montées  chacune  sur  deux  trains  à  bogies. 

Il  n'existe  que  deux  classes. 

L'une  des  voitures  est  de  deuxième  classe  et  contient  S6  places. 

Les  deux  autres  (PI.  XI,  fig.  26  et  26  6/5)  sont  mixtes  et  à32places, 
dont  12  de  première  classe  et  20  de  seconde.  Elles  contiennent  en 
outre,  unfourgon  pour  les  bagages  et  un  compartiment  pour  laposte. 

Le  compartiment-fourgon  est  séparé  du  compartiment  première 
classe  par  une  plate-forme.  Un  couloir  règne  de  bout  en  bout  du 
véhicule;  mais  la  porte  du  fourgon,  ainsi  que  la  porte  de  sépara^ 
tion  entre  la  première  classe  et  la  deuxième  classe,  ne  peut  être 
ouverte  que  par  le  conducteur,  qui  possède  à  cet  effet  une  cleL 

Ce  matériel  est  muni  du  frein  à  vis  et  on  projette  de  lui  appli* 
quer  le  frein  continu,  à  vide,  en  installant  la  conduite  seule  sur  le 
matériel  de  petite  vitesse. 

Le  matériel  de  grande  vitesse  a  été  projeté  par  M.  Bandérali  et 
construit  par  les  ateliers  de  Saint-Denis  (Maze  et  Voisine). 

Le  matériel  de  petite  vitesse  se  compose  de  wagons  couverts,  de 
wagons  tombereaux  et  de  plates-formes  à  traverses  fixes  destinées 


A   VOIE   ÉTROITE  293 

au  transport  des  pierres  de  dimension  qu'on  espère  tirer  d^Epiais 
et  de  Vallangoujard. 

On  ne  sait  pas  encore  exactement  quelle  sera  Tarmaturo  en  ma- 
tériel de  petite  vitesse  de  la  ligne  de  Valmondois  à  Ëpiais-Rhus  ; 
car  une  partie  de  ce  matériel  va  être  transportée  sur  les  nouvelles 
lignes  de  TAUier  que  construit  la  Société  des  chemins  de  fer  éco- 
nomiques. 

Les  locomotives  sont  de  deux  types  : 

Le  type  Anvin-Calais  ou  Hermes-Beaumont,  c'est-à-dire  à  3  es- 
sieux couplés  et  1  Bissel  à  l'arrière,  pesant  21  t.  700  à  vide, 
28  t.  500  en  charge  avec  un  poids  adhérent  de  24  tonnes,  et  ayant 
un  empattement  total  de  4  m.  170. 

Ces  machines  à  roues  de  1  mètre  de  diamètre  sont  beaucoup 
plus  puissantes  que  ne  le  comporte  le  trafic  de  la  ligne  ;  elles  ont  Fa- 
vantage  de  pouvoir  marcher  à  35  et  40  kilomètres  de  vitesse 
limite.  Elles  doivent  être  transportées  sur  les  lignes  de  l'Allier, 
qui  présentent  des  rampes  de  20  à  25  millimètres,  auxquelles  elles 
sont  parfaitement  appropriées. 

L'autre  type  est  une  locomotive  de  15  tonnes  en  charge  qui  a 
beaucoup  d'analogie  avec  les  machines  du  réseau  départemental 
d'Indre-et-Loire. 

Elles  pèsent  comme  elles  15  tonnes  en  charge,  ont  des  roues  de 
80  centimètres  de  diamètre,  et  présentent  les  mêmes  inconvénients 
au  point  de  vue  de  la  vitesse. 

Les  réparations  sont  faites  aux  ateliers  de  Neuilly-en-ThoUe 
(Hermes-Beaumont). 

II.  —  EXPLOITATIOi\^ 

L'exploitation  de  la  ligne  de  Valmondois  à  Epiais-Rhus  a  été 
confiée  au  personnel  chargé  de  l'exploitation  du  chemin  do  fer  do 
Hermès  à  Beaumont  ;  ces  deux  lignes  sont  en  effet,  très- voisines, 
et  cette  solution  était  plus  économique  que  d'affecter  à  la  nouvelle 
ligne  un  personnel  spécial. 

L'administration  relève,  bien  entendu,  du  conseil  d'administra- 
tion de  la  Société  générale  des  chemins  de  fer  économiques,  au- 
quel sont  soumises  toutes  les  affaires  importantes.  La  direction 
générale  est  de  même  assurée  par  le  directeur  de  cette  Société. 


294  CHEMINS  DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Voie    et    Bâtiments 

L'inspecteur  do  la  voie  du  chemin  de  fer  de  Hermès  à  Beau- 
ment  dirige  les  travaux  et  le  personnel,  qui  est  composé  de  5  can- 
tonniers et  d'un  chef-cantonnier,  réunis  en  une  seule  équipe  ;  le 
chef-cantonnier  est  spécialement  chargé  de  la  surveillance  de  la 
voie,  et  fait,  à  cet  effet  une  tournée  générale  tous  les  deux  jours. 

L'entretien  consiste  en  relevages  de  la  voie  ;  les  cantonniers 
éloignés  se  rendent  à  leur  travail  par  le  premier  train  du  matin. 

Plusieurs  cantonniers  peuvent  aussi  être  employés  aux  trans- 
bordements des  wagons  complets  à  Yalmondois,  particulièrement 
dans  la  saison  des  betteraves,  pendant  laquelle  5  à  6  wagons  sont 
transbordés  par  jour  avec  Taide  de  deux  cantonniers    . 

6  passages  à  niveau  sont  gardés  ;  deux  munis  de  barrières  à  bas- 
cule manœuvrées  des  stations,  et  4  gardés  au  passage  des  trains 
par  des  femmes  habitant  les  villages  voisins,  et  auxquelles  il  est 
alloué  15  francs  par  mois. 

Traotion.  —  Le  personnel,  placé  sous  la  surveillance  de  l'ins- 
pecteur de  l'exploitation  de  la  ligne  de  Hermès  à  Beaumont,  se 
compose  d'un  mécanicien  et  d'un  chauiïeur. 

Une  seule  machine  assure  le  service  :  elle  couche  à  Epiais; 
chaque  soir  le  chaufTeur  charge  de  charbon  la  grille  de  la  machine 
et  il  reste  assez  de  feu  le  matin  pour  que  la  mise  en  pression  soit 
rapidement  obtenue.  La  machine  consomme  '400  kilogrammes  de 
briquettes  par  jour,  soit  5  kilogrammes  par  kilomètre. 

La  machine  en  service  habituel  est  une  machine  à  4  essieux, 
dont  1  Bissel. 

Une  autre  machine,  de  15  tonnes,  tient  lieu  de  réserve;  elle 
est  mise  en  service  lorsque  la  première  reste  au  dépôt  pour  lavage 
ou  réparations,  opérations  qui  sont  effectuées  par  un  ouvrier  do 
l'atelier  de  Neuilly-en-Thelle,  venant  à  Epiais  à  cet  effet. 

Toutes  les  règles  appliquées  au  service  de  la  traction  sont  celles 
en  vigueur  sur  le  chemin  de  fer  de  Hermès  à  Beaumont. 

Du  reste,  les  machines  sont  fort  mal  entretenues;  il  n'en  saurait 
être  autrement  avec  une  seule  équipe  d'agents.  Le  service  de  la 
ligne  de  Yalmondois  à  Epiais-Rhus  n'est  pas  encore  organisé 
d'une  façon  définitive. 


A   VOIE   ÉTROITE  295 

Mouvement  et  Service  commercial 

A  Texception  de  la  station  de  Nesle,  qui  possède  une  voie  de  ga- 
rage spéciale,  et  qui  est  le  point  de  concentration  de  tout  le  maté- 
riel roulant,  toutes  les  stations  sont  gérées  par  des  femmes,  deux 
par  des  femmes  de  cantonniers,  une  (Epiais)  par  la  femme  du 
chauffeur  et  la  halte  de  la  Naze  par  la  femme  du  conducteur. 

Ces  femmes  font  tout  le  service  y  compris  la  comptabilité, 
et  reçoivent  300  francs  par  an. 

Le  mouvement  est  de  trois  trains  dans  chaque  sens  :  un  conduc- 
teur assure  seul  le  service  de  tous  ces  trains,  qui  ont  lieu  en  na- 
vette; un  homme  de  la  voie  le  remplace  quand  il  est  en  congé.  Le 
conducteur  ne  distribue  les  billets  qu'aux  deux  passages  à  niveau 
où  les  trains  s'arrêtent  ;  dans  les  stations,  ils  sont  distribués  par 
les  chefs  de  station. 

La  vitesse  commerciale  des  trains  est  de  20  kilomètres  à  l'heure. 

Une  seule  voiture  mixte  première,  seconde  et  fourgon  constitue 
la  composition  habituelle  des  Irains,  au  point  de  vue  de  la  grande 
vitesse  :  Tété,  où  le  mouvement  des  voyageurs  est  assez  actif  en 
raison  de  la  proximité  de  Paris,  les  trois  voitures  entrent  souvent 
simultanément  dans  la  composition  des  trains. 

Outre  la  voiture,  les  machines  à  4  essieux  remorquent  aisé- 
ment 10  wagons  chargés. 

Le  téléphone  remplace  le  télégraphe  :  on  a  déjà  eu  l'occasion 
de  dire  que  le  télégraphe  n'est  nullement  à  sa  place  sur  les  chemins 
d'intérêt  local.  L'emploi  du  téléphone  dans  les  stations  estune  très- 
heureuse  innovation  de  la  Société  générale  des  chemins  de  fer 
économiques,  quisepropose  d'en  munir  toutes  ses  lignes  nouvelles. 

Les  manœuvres  et  manutentions  dans  les  stations  sont  faites  par 
le  conducteur,  aidé  au  besoin  du  chauffeur. 

Les  tarifs  sont  à  base  élevée,  comme  il  convient  à  un  chemin 
d'aussi  faible  développement. 

Les  taxes  applicables  aux  voyageurs  sont  0,1344  pour  la  pre- 
mière classe  et  0,084.  pour  la  deuxième  classe. 

Le  minimum  de  distance  d'application  a  été  réduit  de  6  à  3  kilo- 
mètres. 


296  CHEMINS   DE  FER   D'INTÉRÊT   LOCAL 

Les  taxes  kilométriques  de  marchandises  sont,  suivant  la  classe, 
de  24,  18,  44  et  10  centimes;  la  classification  correspond  à  celle 
de  la  Compagnie  du  Nord,  ainsi  modifiée  : 

La  1"  classe  correspond  auxl"  et  2*  séries  nord  ; 

La  2"  classe  correspond  aux  3'  et  4'  séries  nord  ; 

La  3'  classe  correspond  à. la  5^  série  nord  ; 

La  4^  classe  correspoiid  à  la  6"  série  nord. 

Les  frais  accessoires  ne  diffèreat  pas  des  frais  ordinairement 
appliqués,  sous  cette  réserve  que  pour  les  marchandises  transbor- 
dées, le  chemin  de  Yalmondois  à  Epiais-Rhus  est  considéré 
comme  un  correspondant  parterre,  et  que  par  suite,  les  marchan- 
dises arrivant  à  Yalmondois  doivent  en  principe  y  acquitter  les 
frais  de  gare  à  Tarrivée  et  la  taxe  de  déchargement,  les  frais  de 
gare  au  départ  et  la  taxe  de  rechargement. 

La  taxe  de  déchargement  et  celle  de  rechargement,  dont  l'en- 
semble constitue  les  frais  de  transbordement,  sont  toutefois  ré- 
glées chacune  à  20  centimes  par  tonne  pour  les  marchandises  de 
détail,  et  à  15  centimes  par  tonne  pour  les  marchandises  par  wagons 
complets. 

Tous  les  transbordements,  sauf  pour  les  betteraves,  sont  effec- 
tués par  les  soins  de  la  Compagnie  du  Nord,  et  moyennant  rever- 
sement de  ces  taxes. 

Le  contrôle  des  recettes  est  assuré,  comme  pour  la  Compagnie 
de  Hermès  à  Beaumont,  par  la  Compagnie  du  Nord,  à  qui  sont 
versées  les  recettes. 

Le  trafic  de  la  ligne  de  Yalmondois  à  Epiais-Rhus  est  loin 
d'avoir  acquis  tout  sont  développement  :  il  se  compose  principale- 
ment, en  été,  de  voyageurs,  et  en  hiver,  de  betteraves.  Tel  quel,  il 
serait  actuellement  d'environ  2,500  francs  par  kilomètre.  On  ne  peut 
encore  savoir  au  juste  quelles  seront  les  dépenses  kilométriques. 

Le  personnel  kilométrique  est,  tout  compris,  d'environ  1  agent,  S. 

Mais  il  n'est  pas  douteux  que,  si  faibles  que  soient  les  produits 
de  la  jolie  vallée  du  Sausseron,  la  proximité  de  Paris  n'élève  ra- 
pidement les  recettes  brutes  à  un  chiffre  notablement  supérieur. 

Toutefois,  l'entreprise  restera  vraisemblablement  longtemps 
encore  peu  fructueuse  pour  le  concessionnaire,  qui  ne  se  fait  à  cet 
égard  aucune  illusion. 


A  VOIE    ETROITE  »7 

CUaprès  le  résumé  des  entreprises  actuelles  de  la  Société    des 
chemins  de  fer  économiques  : 




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298  CHEMINS   DE   FER   DMNTÉRÊT  LOCAL 

Soit  au  total  972  kilomètres  de  lignes  et  76  millions  engagés. 

La  durée  de  concession  de  ces  diverses  lignes  est  de  99  ans, 
sauf  pour  celle  de  Gudmont  à  Rimaucourt,  75  ans,  et  celle  de 
Bourges  à  Dun,  dont  la  concession  expire  en  même  temps  que 
celle  de  la  Compagnie  d'Orléans... 

En  outre,  un  décret  du  47  mars  1887  a  approuvé  un  traité  passé 
entre  la  Compagnie  de  TOuest  et  la  Société  des  chemins  de  fer 
économiques,  en  vue  de  l'exploitation  par  cette  dernière,  du  réseau 
à  voie  étroite  construit  en  Bretagne  par  la  Compagnie  de  TOuest. 


QUATRIÈME    PARTIE 


CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES 


CHAPITRE   XXI 


CHEMIN  DE  FER  DE  HAIRONVILLE  A  TRIAUGOURT  (Meuse) 

Longueur :     .     .        61  kilomètres 


I.— HISTORIQUE   ET    ÉTABLiSSEMErVT    DU   CHE 


Le  chemin  do  for  à  voie  étroite  de  Haironville  à  Triaucourt  est 
lo  premier  chemin  de  fer  sur  routes  construit  en  France. 

Peu  de  temps  après  la  promulgation  de  la  loi  du  12  juillet  iSGo, 
le  département  de  la  Meuse  fut  sollicité  à  établir  une  voie  ferrée 
dans  la  vallée  delà  Saulx,  pour  relier  cette  industrieuse  vallée  au 
chemin  do  fer  de  TEst  à  Sermaize  ou  Révigny,  et  en  même  temps 
au  canal  de  la  Marne  au  Rhin,  voie  que  suivent  les  charbons  et 
marchandises  lourdes 

Les  habitants  de  la  vallée  réclamaient  une  voie  normale. 

Mais  un  concessionnaire  se  présenta,  le  sieur  Soulié,  qui  dési* 
rait  faire  un  essai  de  chemin  de  fer  sur  route,  à  voie  étroite,  et 
qui  proposait  de  prolonger  le  chemin  au  nord  de  la  ligne  de  Stras- 
bourg vers  TArgonne,  c'est-à-^dire  jusqu'à  Triaucourt.  Le  trafic  à 
attendre  de  la  région  de  Révigny  à  Triaucourt  ne  justifiait  nulle- 
ment ce  dernier  projet,  qui  du  reste  n'était  soumis  au  Conseil  géné- 
ral que  dans  le  but  de  gagner  à  la  cause  du  chemin  sur  route  les 
conseillers  de  cette  partie  du  département  et  par  suite  d'assurer  le 
succès  de  la  demande  en  concession. 


302  CHEMINS   DE   FER    SUR    ROUTES 

Cette  concession,  signée  en  octobre  1876,  fut  régularisée  par 
décret  du  6  février  1877. 

Le  département  livrait  gratuitement  les  terrains  et  accordait 
une  subvention  de  10,000  francs  par  kilomètre  ;  la  subvention  de 
TEtat  était  portée  à  5,000  francs. 

Le  Conseil  général  s'engageait  en  outre  à  accorder  à  la  Com*^ 
pagnie  pendant  trois  années,  délai  qui  a  été  porté  ultérieurement 
à  six  années,  la  préférence,  à  conditions  égales/pour  la  concession 
de  tout  nouveau  chemin  de  fer  d'intérêt  local  à  construire  dans  le 
département. 

La  ligne  a  été  partiellement  ouverte  à  l'exploitation  de  1878 
à  1881. 

Elle  n'était  pas  viable,  au  moins  dans  la  section  de  Révigny  à 
Triaucourt;  elle  était  plus  justifiée  danç  la  vallée  de  la  Saulx,  en 
raison  des  importantes  usines  que  possède  cette  vallée.  Mais  on 
n'avait  à  compter  ni  pour  le  tronçon  nord,  ni  pour  le  tronçon  sud, 
sur  le  transport  des  voyageurs  ou  des  marchandises  de  détail  ;  car 
la  ligne  était  excentrique  et  contournait  le  chef-lieu  à  une  distance 
moyenne  de  10  à  12  kilomètres.  Or,  comme  on  a  déjà  eu  plusieurs 
fois  l'occasion  de  le  dire,  une  ligne  d'intérêt  local  doit  être  essen- 
tiellement radiale,  et  non  périphérique. 

Cependant  les  recettes  des  premières  années  couvraient  à  peu 
près  les  dépenses  d'exploitation.  Mais  en  1882  eut  lieu  l'ouverture 
de  la  ligne  à  voie  normale  de  Révigny  à  Vouziers,  parallèle  à  la 
section  de  Révigny  à  Triaucourt,  très-rapprochée  de  celle-ci  et  dont 
la  concession,  datant  de  1875  et  étant  par  suite  antérieure  à  celle  de 
la  ligne  d'intérêt  local  elle-même,  eût  dû  faire  reculer  le  départe- 
ment et  le  concessionnaire  devant  une  entreprise  condamnée 
d'avance  à  l'insuccès. 

D'autre  part,  une  nouvelle  ligne,  également  à  voie  normale,  de 
Révigny  à  Saint-Dizier,  concédée  ultérieurement,  et  ouverte 
en  1885  allait  également  concurrencer  la  section  de  Révigny  à 
Haironville,  dont  elle  se  tenait  immédiatement  rapprochée,  et 
donner  a  posteriori  raison  aux  populations  de  la  vallée  de  la  Saulx, 
qui  avaient  instamment  réclamé  une  ligne  à  écartement  ordinaire. 

Le  concessionnaire  avait  évalué  le  trafic  de  la  ligne  de  Hairon- 
ville à  Triaucourt  à  6,000  fraucs  le  kilomètre.  Or,  même  avant 


CHEMINS  DE  FER   SUR   ROUTES  303 

Touverture  de  la  ligne  de  Révigny  à  Saint-Dizier,  le  chemin  de  fer 
d'intérêt  local  ne  dépassait  pas  une  moyenne  de  recette  annuelle.de 
2,500  francs  par  kilomètre. 

La  Compagnie,  endettée,  s'adressa  en  1883,  à  une  Société  d'ex- 
ploitation de  chemins  de  fer,  qui  lui  avança  300,000  francs  et 
qui  se  chargea  de  continuer  l'exploitation,  après  avoir  obte- 
nu des  créanciers  la  priorité  pour  le  remboursement  de  son 
avance. 

L'affaire  n'a  pas  mieux  prospéré  sous  cette  nouvelle  gestion,  et 
en  1886  la  Société  d'exploitation  adressait  au  préfet  de  la  Meuse 
une  lettre  par  laquelle  elle  se  déclarait  à  bout  de  ressources  et  se 
proposait  de  suspendre  l'exploitation  à  dater  du  15  juillet. 

Le  chemin  de  fer  fut  immédiatement  mis  sous  séquestre. 

Dès  1885,  la  Société  avait  adressé  au  département  un  mémoire 
dans  lequel  elle  réclamait  une  indemnité  à  raison  de  la  concur- 
rence que  lui  faisaient  les  nouvelles  lignes  construites  par  l'Etat, 
et  du  préjudice  qu'allait  lui  causer  la  concession  à  une  autre  Com- 
pagnie de  nouveaux  chemins  de  fer  à  voie  étroite  dans  le  dépar- 
tement. 

La  première  raison  no  concernait  pas  le  département,  et  pour  ce 
qui  était  de  la  seconde,  il  était  dégagé  entièrement  par  l'expiration 
de  la  période  sexennale  du  privilège  de  la  Compagnie  de  Hairon- 
villo  à  Triaucourt. 

11  est  à  présumer  que  la  Compagnie  abandonnera  son  entre- 
prise et  que  le  déparlement  ne  trouvera  aucun  concessionnaire  nou- 
veau, au  moins  sans  subvention. 

Celui-ci  a  dès  lors  jugé  de  son  intérêt  de  conserver  le  matériel 
roulant  et  l'outillage. 

Une  estimation  a  été  faite,  et  le  préfet  a  proposé  au  Conseil 
général  d* acquérir  ce  matériel  au  moyen  d'une  annuité  à  laquelle 
on  affecterait  le  produit  d'un  centime  additionnel,  soit  25,000  francs 
jusqu'à  concurrence  d'une  somme  totale  de  435,000  francs.  Le 
Conseil  général  a  été  d'avis  de  réduire  la  somme  à  300,000  francs, 
soit  à  12  annuités  de  25,000  francs,  en  raison  du  mauvais  état  du 
matériel.  La  Société  d'exploitation  réclame  le  payement  en  capi- 
tal de  la  première  estimation. 


304  CHEMINS   DE   FER  SUR  ROUTES 

La  question  en  est  là.  Il  est  vraisemblable  que  le  département, 
qui  s'est  arrêté  un  instant  à  la  pensée  d'abandonner  purement  et 
simplement  un  chemin  qui  fait  double  emploi  sur  presque  tout  son 
parcours,  excepté  dans  la  haute  vallée  de  la  Saulx,  confiera  l'ex- 
ploitation de  la  ligne  de  Haironville  à  Triaucourt  à  la  Société 
Yarinot,  concessionnaire  en  i884  des  nouveaux  chemins  départe- 
mentaux de  la  Meuse. 

Pour  ces  nouveaux  chemins,  le  département  a  changé  radicale- 
ment de  système. 

La  ligne  principale,  longue  de  50  kilomètres,  est  un  rayon  par- 
tant de  Bar-le-Duc  pour  aboutir  à  Glermont  en  Argonne  sur  la  ligne 
de  Paris  à  Metz. 

On  a  profité  en  outre  de  cette  ligne  pour  transformer  en  ligne 
également  radiale  la  partie  la  plus  intéressante  de  la  section  de 
Révigny  à  Triaucourt,  soit  celle  qui  joint  les  deux  cantons  de 
Yaubecourt  et  Triaucourt,  par  un  embranchement  des  Merchines 
à  Rambercourt. 

D'un  autre  côté,  les  populations  des  communes  traversées  par 
la  ligne  de  Haironville  à  Triaucourt  se  sont  montrées  extrêmement 
peu  satisfaites  du  système  adopté  pour  ce  chemin,  et  ont  formulé 
des  plaintes  continuelles  contre  le  peu  de  vitesse  des  trains  et 
contre  le  danger  qu'ils  présentent  :  en  pleine  voie  par  suite  de 
l'effroi  qu'ils  inspirent  aux  chevaux  et  aux  bestiaux  ;  dans  la  tra- 
versée des  villages,  soit  pour  la  même  raison,  soit  à  cause  de  la 
présence  des  enfants.  Enfin,  les  routes  de  la  Meuse  sont  construites 
avec  des  matériaux  argilo-calcaires  ;  bien  que  Ton  pratique  de 
fréquentes  saignées  dans  le  ballast,  l'écoulement  des  eaux  est 
imparfaitement  assuré  ;  par  suite  l'entretien  des  routes  est  rendu 
très-difficile  par  la  présence  du  chemin  de  fer,  et  leur  viabilité  est 
détestable. 

Tenant  grand  compte  de  ces  diverses  raisons,  le  Conseil  général 
se  décida  à  construire  les  nouvelles  lignes  en  dehors  des  routes  et 
chemins. 

Au  lieu  de  courbes  de  50  à  100  mètres  de  rayon,  et  de  rampes 
de  25  à  30  millim.  par  mètre,  on  adopta  des  rayons  de  200  mètres 
et  des  rampes  de  0  m.  015. 

La  réaction  était  beaucoup  trop  forte  ;  des  courbes  de  150  mètres 


CHEMINS    DE    FER    SUR  ROUTES  305 

de  rayon  et  des  rampes  de  20  à  25  millimètres  eussent  permis  de 
réduire  le  parcours  et  d'éviter  les  tranchées  considérables  qu'on  a 
dû  exécuter  pour  gravir  le  plateau  qui  limite  au  nord  la  vallée  de 
rOrnain,  où  est  situé  Bar-le-Duc,  et  pour  descendre  dans  la  vallée 
de  l'Aire,  que  le  tracé  suit  sur  une  grande  partie  de  son  parcours 
avant  d'arriver  à  Clermont. 

Par  ces  courbes  et  ces  rampes,  on  aurait  d'autre  part  pu  se 
rapprocher  beaucoup  plus  qu'on  ne  Ta  fait  de  quelques  villages, 
et  il  n'est  que  trop  certain  qu'elles  n'eussent  pas  constitué  la 
moindre 'gène  pour  le  trafic,  qui  sera^  comme  dans  la  plupart  des 
chemins  départementaux,  inférieur  à  la  puissance  des  machines. 

Le  rail  adopté  sur  ces  lignes  est  du  même  type  que  celui  de 
Haironville  à  Triaucourt,  soit  15  kilog.  acier,  poids  un  peu  faible 
pour  des  machines  de  20  tonnes  en  charge  ;  le  rail,  de  8  mètres 
de  longueur  est,  il  est  vrai,  soutenu  par  11  traverses. 

Les  voitures  sont  à  compartiments,  ce  qui  est  encore  une 
erreur. 

Enfin  le  type  des  stations  est  figuré  (PI.  XI,  fig.  28)  de  même  que 
celles  du  chemin  de  Haironville  à  Triaucourt  (PI.  XII,  fig.  27). 

Bien  que  les  lignes  concédées  à  M.  Varinot  viennent  seulement 
d'être  livrées  à  l'exploitation  (juin  1887),  il  a  paru  intéressant  de 
relater  les  conditions  de  leur  établissement,  qui  découlent  de  l'ex- 
périence faite  dans  la  Meuse,  d'un  chemin  sur  route. 

Description  de  la  ligne  de  HaironTille  à  Triauoonrt.  —  Le  che- 
min de  fer  de  Haironville  à  Triaucourt  décrit  autour  de  Bar-le- 
Duc,  sur  la  majeure  partie  de  son  parcours,  un  cercle  d'une 
douzaine  de  kilomètres  de  rayon. 

De  H£|,ironville  à  Révigny,  le  tracé  suit  la  vallée  de  la  Saulx,  où 
se  rencontrent  d'importantes  usines  :  deux  papeteries,  une  forge, 
une  fonderie  et  deux  fabriques  de  bleu  d'outre-mer.  Toutes  ces 
usines  sont  reliées  par  embranchement  au  chemin  de  fer,  qui  les 
relie  lui-même  aux  lignes  de  la  Compagnie  de  l'Est  à  Révigny  et 
au  port  de  Contrisson  sur  le  canal  de  la  Marne  au  Rhin,  où  une 
gare  maritime  importante  a  été  construite  aux  frais  des  industriels 
de  la  vallée  de  la  Saulx  réunis  en  syndicat. 

La  jonction  avec  la  gare  de  Révigny  se  fait  par  double  rcbrous- 

20 


306  CHEMINS    DE    FER    SUR  ROUTES 

sèment;  des  voies  de  transbordement  sont  installées  dans  la  gare 
des  marchandises. 

Entre  Révigny  et  Triaucourt,  le  tracé  n'est  commandé  par 
aucune  considération  naturelle  ;  on  s'est  attaché  à  réunir  les  loca- 
lités les  plus  importantes,  Lahaycourt,  Vaubecourt  et  Triaucourt. 

Sur  le  tronçon  Nord  comme  sur  le  tronçon  Sud,  la  ligne  est 
pour  la  plus  grande  partie  assise  sur  les  accotements  des  routes, 
dont  la  largeur  ne  dépasse  pas  de  8  à  10  mètres.  Elle  aban- 
donne les  routes  toutes  les  fois  que  la  largeur  de  celles-ci  devient 
inférieure  à  8  mètres,  ce  qui  a  lieu  dans  la  traversée  de  la  plupart 
des  villages,  ou  bien  lorsque  leurs  déclivités  dépassent  30  mil- 
limètres par  mètre;  1/3  du  parcours  environ  se  trouve  hors 
route. 

Dans  les  parties  sur  accotements  des  routes,  la  voie  et  le  balast 
ne  sont  pas  protégés  par  une  bordure  en  saillie,  précaution  qui  a 
été  ultérieurement  prise  par  l'article  7  du  cahier  des  charges  (tram- 
ways) dressé  en  exécution  de  la  loi  du  11  juin  1880. 

Mais  lorsque  la  voie  est  établie  sur  route,  elle  est  munie  de 
contre-rails  et  est  noyée  dans  la  chaussée. 

Les  déclivités  courantes  sont  de  10,15,  20  ou  même  25  milli- 
mètres; elles  montent  exceptionnellement  à  30  millimètres,  mais 
sont  toujours  fort  courtes,  200  à  400  mètres  au  plus. 

Les  rayons  des  courbes  sont  de  100  mètres,  80  mètres,  75  mètres 
et  descendent  assez  souvent  à  60  mètres  et  même  à  50  mètres  en 
pleine  voie. 

Aussi  la  vitesse  de  marche  des  trains  ne  dépasse-t-elle  que  rare- 
ment 20  kilomètres  à  Theure,  limite  d'ailleurs  imposée  par  le 
cahier  des  charges  sur  les  sections  où  la  ligne  suit  les  accotements 
des  routes,  la  vitesse  ne  devant  pas  excéder  10  kilomètres  à  la 
traversée  des  villages. 

La  vitesse  commerciale  n'excède  pas  12  à  13  kilomètres  à  l'heure, 
c'est-à-dire  celle  d'une  voiture  de  poste,  bien  que  la  distance 
moyenne  entre  stations  ne  descende  pas  au-dessous  de  4  kil.  4. 
Aussi  les  voyageurs  préfèrent-ils  se  rendre  à  Bar-le-Duc  directe- 
ment plutôt  que  d'emprunter  le  chemin  de  fer;  on  comprendrait 
difficilement  qu'il  en  fût  autrement. 

A  l'exception  d'un  pout  en  fer  de  24  mètres  d'ouverture  qui    a 


CHEMINS  DE  FEU  SUR    ROUTES  307 

été  jeté  sur  la  Saulx  dans  une  partie  où  la  ligue  est  éloignée  de 
la  route,  et  d'un  passage  au-dessus  du  chemin  de  fer  de  Révigny 
à  Saint-Dizier  exécuté  aux  frais  de  celui-ci,  tous  les  ouvrages  d'art 
qui  se  trouvent  sur  le  parcours  de  la  ligne  de  Haironville  à  Triau- 
court  sont  les  ouvrages  des  routes  elles-mêmes. 

Le  rail  est  du  poids  de  15  kilos  en  acier;  il  est  à  patin.  Le 
balast  n'a  que  25  centimètres  d'épaisseur,  ce  qui  est  insuffisant. 

Les  trains  ne  s'arrêtent  pas  à  la  demande  des  voyageurs,  mais 
dans  des  stations  qui  sont  toujours  placées  à  l'extrémité  même 
des  localités,  c'est-à-dire  dans  les  meilleures  conditions  possibles. 
Ces  stations  ont  consisté  jusqu'à  ce  jour  en  une  voie  de  garage 
sans  quai  ni  bâtiment,  la  Compagnie  ayant  dans  chaque  localité  un 
représentant,  cultivateur,  marchand  de  vin  ou  tout  autre,  désigné 
sous  le  titre  de  chef  de  gare,  et  chargé  de  l'encaissement  des  ports 
dûs,  et  de  l'établissement  des  taxes  sur  les  feuilles  d'expédition. 

Cependant  la  Compagnie  reconnaissant  les  inconvénients  mul- 
tiples de  ce  système,  tant  au  point  de  vue  des  voyageurs  que  des 
marchandises,  avait  dressé  un  projet  de  bâtiment  comprenant  salle 
d'attente  et  magasin  pour  abriter  les  colis  de  détail  qui  ne  peuvent 
sans  inconvénient  être  exposés  au  dehors.;  le  projet  comportait 
en  outre  rétablissement  d'un  petit  quai  en  terre  pour  l'embarque- 
ment'des  bestiaux. 

Ce  projet  a  été  mis  en  exécution  depuis  que  le  chemin  .d©  fer 
est  placé  sous  séquestre  ;  le  département  a  affecté  à  cette  construc- 
tion un  reliquat  de  26,000  francs  que  l'Etat  devait  encore  à  la  Com- 
pagnie locale  pour  compléter  le  versement  de  sa  subvention. 

Ce  type  est  représenté  (fig.  27,  PI.  XII). 

Le  bâtiment  ne  comporte  pas  de  logement  pour  le  chef  de  sta- 
tion, ce  qui  est  regrettable. 

Bien  entendu,  les  stations  ne  sont  pas  couvertes  par  des  signaux 
et  il  n'existe  pas  do  télégraphe. 

Il  n'y  a  pas  d'alimentation  fixe,  soit  à  l'aide  do  pulsomètrc  ou 
tout  autre  appareil. 

Des  puits  sont  installés  dans  presque  toutes  les  stations,  avec 
une  profondeur  de  3  à  5  mètres. 

Chaque  machine  porte  un  tuyau  en  caoutchouc  de  8  mètres  de 
longueur  qui  est  plongé  dans  le  puits,  ou  mémo  au  besoin  dans  le 


308  CHEMINS   DE    FEU    SUR   KOLTES 

lit  de  la  Saulx,  et  un  injecteur  à  vapeur  permet  le  remplissage  du 
tender  :  12  minutes  pour  2  mètres  cubes. 

Ces  tuyaux  repliés  sur  la  chaudière  à  Tavant  des  locomotives 
donnent  à  celles-ci  un  aspect  quelque  peu  fantastique. 

Matériel  reniant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Le  matériel  à  voya- 
geurs est  composé  de  8  voitures  mixtes  à  4  places  de  i"  classe  et 
18  de  2'' classe;  il  n'y  a  que  deux  classes  de  voyageurs. 

8  fourgons  à  freins  servent  de  wagons  couverts  pour  les  mar- 
chandises de  détail. 

30  plates-formes,  50  tomberaux  dont  30  à  bords  tombants  pour 
pierres  et  bois,  et  12  wagons  à  coke  pour  les  usines,  constituent  le 
matériel  de  petite  vitesse,  qui  ressort  ainsi  ai  w.  S  par  kilomètre. 

La  force  de  ce  matériel  est  en  général  de  5  tonnes,  à  Texccp- 
tion  de  10  tombereaux  et  de  10  plates-formes  à  bords  tombants 
qui  peuvent  porter  8  tonnes. 

Locomotives.  —  5  machines  toutes  du  même  type  constituent  un 
armement  de  1  machine  par  12  kilomètres. 

Ces  machines,  construites  dans  les  ateliers  de  Passy  (Paris), 
pèsent  12  tonnes  à  vide,  15  tonnes  en  charge. 

Elles  ont  le  foyer  trop  élevé,  le  premier  rang  des  tubes  est 
noyé  dans  le  charbon  ;  il  s'ensuit  que  la  plaque  tubulaire  exposée 
aux  coups  de  feu  est  fréquemment  détraquée,  et  que  les  tubes 
doivent  être  souvent  remis  en  place. 

D'autre  part,  le  mouvement  est  placé  trop  bas,  la  bielle  motrice 
descend  à  4  centimètres  du  rail,  c'est-à-dire  du  sol,  la  machine 
étant  neuve  ;  mais  Tusure  des  bandages  et  l'afTaiblissement  des 
ressorts  tendent  à  diminuer  encore  cette  faible  distance  ;  de  là  des 
chocs  contre  le  sol  et  des  ruptures  de  bielles  assez  fréquentes. 

La  machine  est  timbrée  à  10  kilos,  les  roues  ont  seulement 
75  centimètres  de  diamètre,  donnant  un  empattement  total  de 
1  m.  80  pour  les  essieux  extrêmes,  ce  qui  est  plus  que  sufGsant 
pour  rinscription  dans  les  courbes  de  50  mètres  de  rayon,  sans 
addition  de  boites  radiales  à  la  machine. 

Des  plaques  sont  disposées  à  chaque  extrémité  du  parcours 
ainsi  qu'à  Révigny  pour  le  tournage  des  wagons  et  des  machines. 


CHEMINS  DE    FER   SUR  ROUTES  309 

Ateliers.  —  Les  ateliers  de  Révigay  comportent  un  outillage  suf- 
lisant  pour  assurer  toutes  les  réparations  courantes,  soit  : 

i  tour  à  roues  ; 

2  tours  parallèles; 

1  perceuse; 

1  étau  limeur; 

1  cisaille  poinçonneuse. 

Le  moteur  est  une  machine  de  12  chevaux  qui  serait  suffisante 
pour  actionner  un  outillage  triple  ou  quadruple.  2  ajusteurs,  i  for- 
geron, 3  apprentis,  1  visiteur,  1  chauffeur  et  1  charpentier  consti- 
tuent le  personnel  des  ateliers. 


II.—    EXPLOITATIOr\' 


Administration 


L'Administration  est  présentement  réduite  au  séquestre,  effecti- 
vement confié  aux  ingénieurs  du  département,  qui  passent  les 
marchés,  contrôlent  et  ordonnancent  les  dépenses,  et  ont  toute 
autorité  sur  le  personnel  d'exploitation. 

Un  chef  d'exploitation  résidant  à  Révigny  dirigeait  tous  les 
services  avant  la  mise  sous  séquestre,  et  a  conservé  ses  fonctions 
depuis  cette  époque.  Deux  employés  placés  sous  ses  ordres  directs 
sont  occupés  à  la  tenue  de  la  comptabilité. 

Les  frais  d'Administration  se  sont  élevés  en  1885,  c'est-à-dire 
sous  la  gestion  de  la  Société  d'exploitation,  à  16,915  fr.  23  tout 
compris,  soit  au  chiffre  réduit  de  277  fr.  par  kilomètre. 

Voie  et  Bâtiments 

Ce  service  est  dirigé  par  un  chef  de  section  et  deux  piqueurs, 
l'un  pour  le  tronçon  au  sud  de  Révigny,  l'autre  pour  le  tronçon 
Nord. 

i)  équipes  de  3  hommes  constituent  l'ensemble  du' personnel 


310  CHEMINS   DE   FER  SUR   ROUTES 

d^entretien,  les  cantons  embrassent  par  suite  i2  kilomètres  en 
moyenne.  Ces  agents  sont  payés  à  l'heure,  à  raison  deO  fr.  35  pour 
le  chef  d'équipe  et  de  0  fr.  25  pour  les  hommes. 

Outre  ce  personnel  spécialement  affecté  aux  travaux,  H  can- 
tonniers sont  employés  à  la  surveillance  de  la  voie,  que  chacun 
doit  parcourir  sur  toute  la  longueur  de  son  canton  de  5  à  6  kil., 
avant  et  après  le  passage  des  trains.  Ces  agents  doivent  inscrire 
sur  leur  rapport  journalier  l'heure  exacte  du  passage  de  chaque 
train  au  point  où  ils  l'ont  rencontré  ;  le  rapprochement  du  rapport 
journalier  et  de  la  feuille  de  marche  du  train  sert  de  contrôle  au 
service  central,  qui  punit  les  cantonniers  en  cas  d'indications 
inexactes. 

Les  cantonniers  doivent  se  joindre  aux  équipes  pour  travailler 
à  la  vbie. 

Cette  organisation  bien  singulière  a  été  empruntée  à  une  grande 
Compagnie  qui  vient  de  l'abandonner,  après  en  avoir  reconnu  les 
vices. 

Les  piqueurs  sont  de  leur  côté  chargés  de  contrôler  chaque 
jour  les  billets  dans  deux  trains. 

L'entretien  consiste  en  travaux  de  relevage  d'une  part,  de  Vautre 
en  remplacement  de  traverses.  On  renouvelle  environ  2,000  tra- 
verses par  an,  en  ayant  soin  de  porter  à  12  le  nombre  des  traverses 
dans  les  courbes  de  100  mèires  de  rayon  et  au-dessous,  taudis  que 
dans  les  alignements,  le  rail  (8  mètres  de  longueur)  repose  sur 
11  traverses. 

L'assiette  do  la  voie  est  assez  mauvaise  sur  le  tronçon  Nord,  où 
l'on  rencontre  des  argiles  et  des  sables  verts. 

Les  dépenses  d'entretien  de  la  voie  en  1885  s'élèvent  au  total 
de  33,770  fr.  46,  ce  qui  représente  un  prix  de  revient  kilométrique 
de  550  francs. 


Traction  et  entretien  du  matériel 

Un  chef  de  dépôt  dirige  le  service  actif  et  les  ateliers. 
Deux  machines  sont  en  roulement  journalier  ;  chacune  couche 
à  tour  de  rôle,  un  jour  à  Haironville,  et  le  lendemain  à  Triaucourt. 


CHEMINS   DE   FER  SUR   ROUTES  3il 

Une  machine  de  réserve,  en  feu,  sert  aux  manœuvres  pour  la 
gare  de  Révigny  et  le  port  de  Contrisson. 

Trois  mécaniciens  et  3  chauffeurs  assurent  le  service:  le  roule- 
ment comporte  2  ournées  et  demie  de  marche  et  une  journée  et 
demie  de  réserve  ;  après  avoir  accompli  deux  fois  ce  roulement  de 
trois  jours,  soit  après  6  jours,  la  machine  passe  un  jour  au  lavage 
et  au  dépôt. 

Un  chauffeur  de  nuit  est  placé  à  chaque  extrémité  du  parcours 
pour  le  nettoyage  et  la  mise  en  pression  des  machines. 

Le  dépôt  de  Révigny  possède  en  outre  un  visiteur. 

Le  combustible  consommé  se  compose  exclusivement  de  bri- 
quettes. 

L'allocation  kilométrique  est  de  6  kilos  pour  une  charge  remor- 
quée égale  ou  inférieure  à  50  tonnes.  Au  delà  de  50  tonnes  on 
ajoute  50  grammes  par  tonne. 

Malgré  ces  allocations  énormes  pour  des  machines  de  si  faible 
poids,  les  mécaniciens  ne  parviennent  pas  à  réaliser  d'économies. 

La  recherche  de  la  véritable  cause  de  cette  consommation  exa- 
gérée ne  parait  pas  avoir  attiré  Tattention  des  exploitants. 

L'allocation  d'huile  s'élève  à  50  grammes  par  kilomètre,  chiffre 
qui  convient  plus  à  de  grandes  machines  qu'à  des  locomotives  de 
15  tonnes. 

Les  dépenses  de  l'année  1885  s'élèvent  : 

Pour  la  traction  proprement  dite 35.781  30 

Pour  l'entretien  et  les  réparations  du  matériel  ....  20.234  49 

Dépenses  diverses 3.571  14 


Total 59.586  93 

Soit  par  kilomètre.   ...  98000 


Mouvement   et  Trafic 


Mouvement.  —  Le  service  du  mouvement  et  du  trafic  est  dirigé, 
sous  les  ordres  du  chef  d'exploitation,  par  un  inspecteur  aidé  d'un 
employé  spécial  chargé  du  contrôle  des  recettes  et  du  service  de 
la  gare  maritime  de  Contrisson. 

La  gare  de  Révigny  seule  est   gérée  par  un  chef  de  gare  rési- 


312  CHEMINS   DE   FER   SUR  ROUTES 

dant  sur  place  et  chargé  en  même  temps  du  magasin  matières  et 
matériel  pour  tous  les  services;  il  est  aidé  d'un  employé  surnu- 
méraire pour  les  écritures  et  l'établissement  des  bordereaux  de 
remise  des  marchandises  à  la  Compagnie  de  TEst. 

Dans  toutes  les  autres  localités  il  existe  bien  un  chef  de  gare, 
mais  n'ayant  de  la  fonction  que  le  titre.  Cet  agent  ne  s'occupe  pas 
du  tout  du  service  des  voyageurs,  les  billets  étant  délivrés  par  le 
conducteur  du  train.  Il  est  spécialement  affecté  au  service  des 
marchandises.  Il  remplit  les  écritures,  c'est-à-dire  la  feuille  de 
route,  le  récépissé,  les  relevés  de  dizaine  et  tient  le  livre  de  comp- 
tabilité. Il  reçoit  les  colis  et  les  marchandises  de  détail,  les 
transporte  aux  trains  ou  vice  versa j  et  fait  émarger  le  livre  d'ar- 
rivages. 

Le  chef  de  gare,  qui  est  souvent  un  marchand  de  vin  de  la 
localité,  résidant  rarement  à  proximité  immédiate  de  la  station , 
est  tenu  d'être  présent  aux  trains  spécialement  affectés  au  service 
des  marchandises  de  détail,  c'est-à-dire  au  train  qui  a  lieu  dans 
chaque  sens  le  matin. 

Le  traitement  de  ce  représentant,  12  fr.  50  à  15  fr.  par  mois, 
démontre  que  ses  fonctions,  dont  Ténumération  est  assez  longue, 
sont  pratiquement  réduites  à  fort  peu  de  chose,  en  raison  de  l'ex- 
trême faiblesse  du  trafic. 

Les  wagons  complets,  qui  constituent  la  presque  totalité  du 
trafic  de  petite  vitesse,  sont  dans  la  plupart  des  cas  en  provenance 
ou  à  destination  des  usines,  qui  disposent  d'embranchements  par- 
ticuliers ou  de  la  gare  maritime  de  Contrisson. 

Lorsqu'il  s'en  trouve  à  l'expédition  ou  à  l'arrivage  dans  les  sta- 
tions, l'expéditeur  ou  le  destinataire  en  a  toutes  charges,  y  com- 
pris le  bàchage  en  cas  de  pluie  avec  les  bâches  de  la  Compagnie. 

Si  l'on  ajoute  que  la  gare  des  marchandises  n'est  ordinairement 
autre  que  la  route  elle-même,  on  reconnaîtra  que  ce  système  est 
bien  primitif  et  peu  satisfaisant. 

Les  billets  sont  délivrés  par  le  conducteur  du  train,  qui  dispose 
à  cet  effet  d'un  carnet  à  souche  ne  comportant  pas  le  nom  des 
stations,  mais  seulement  les  prix  appliqués  ;  le  nom  dos  stations 
est  inscrit  à  la  main  sur  la  souche  et  le  talon. 

Le  personnel  du  train  se  compose  d'un  seul   conducteur.  Deux 


CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES  3i3 

I 

sont  en  roulement  journalier;  un  autre,  à  disposition,  surveille  les 
remises  et  transbordements  des  marchandises  en  transit  sur  la 
Compagnie  de  TEst  ou  inversement,  il  donne  ou  prend  des 
réserves.  Enfin,  un  quatrième  agent  de  train,  également  à  dispo- 
sition, e3t  occupé  à  divers  travaux. 

Le  conducteur  tient  la  comptabilité  voyageurs,  il  établit  le 
bulletin  de  ses  recettes  par  journée  ;  le  chef  de  gare  de  Révigny 
centralise  les  recettes  de  grande  vitesse. 

Au  passage  dans  les  stations,  les  manœuvres  ou  manutentions 
sont  assurées  par  le  conducteur  et  le  chauffeur,  et  au  besoin  par  le 
mécanicien. 

Deux  trains  seulement  circulent  dans  chaque  sens,  Tun  le  matin, 
l'autre  le  soir;  leur  service  est  fait  en  navette  sur  chacun  des  deux 
tronçons. 

En  cas  de  détresse,  on  a  recours  au  télégraphe  de  la  localité  la 
plus  proche  qui  en  possède  :  Révigny,  poste  de  dépôt,  a  un  bureau 
télégraphique  à  titre  de  chef-lieu  de  canton*. 

Une  voiture  suffit  normalement  dans  les  trains;  elle  est  séparée 
de  la  machine  par  un  fourgon. 

Un  seul  agent  suffit  pour  la  conduite  du  train  et  la  tenue  du  frein, 
tant  que  la  composition  du  train  ne  dépasse  pas  8  véhicules;  cela 
n'arrive  jamais. 

L'hiver,  les  compartiments  de  seconde  sont  chauffés,  aussi  bien 
que  ceux  do  V  classe,  avec  des  bouillottes  réchauffées  par  la 
locomotive. 

Les  manœuvres  à  faire  pour  conduire  des  wagons  sur  les 
5  embranchements  particuliers  ou  pour  les  en  tirer  sont  toujours 
faites  au  passage  des  trains. 

Plusieurs  do  ces  embranchements  sont  reliés  à  une  station,  et 
dans  ce  cas  la  manœuvre  est  toute  simple;  mais  deux  embranche- 
ments ont  leur  aiguille  de  jonction  en  pleine  voie.  Lorsqu'un  train 
devant  aborder  Taiguille  par  la  pointe,  a  un  ou  plusieurs  wagons 
à  conduire  sur  l'embranchement,  il  fait  dans  la  gare  qui  précède 
une  manœuvre  ayant  pour  effet  de  placer  devant  la  machine  le  ou 
les  wagons  destinés  à  cet  embranchement.  Puis  le  train  ainsi 
composé  s'arrête  avant  l'aiguille  de  jonction,  la  machine  est 
coupée  de  la  queue  du  train,  qui  est  abandonnée  en  pleine  voie, 


3i4  CHEMINS    DE  FER  SUR   ROUTES 

Taiguille  est  décadenassée  par  le  conducteur  et  faite  pour  rem- 
branchement,  et  la  machine  pousse  les  wagons  à  Tusine  toujours 
située  à  faible  distance  du  chemin  de  fer. 
On  procède  de  façon  analogue  pour  les  wagons  à  prendre. 

Service  en  gare  d'échange.  —  Le  service  commun  à  Révigny, 
gare  de  transbordement  se  fait  par  les  soins  de  la  Compagnie  de 
TEst  qui  se  contente  d'une  taxe  de  transbordement  de  20  centimes 
par  tonne  en  sus  de  ses  frais  accessoires.  Les  échanges  se  font 
entre  les  wagons  placés  sur  deux  voies  parallèles  et  voisines,  la 
voie  normale  étant  surbaissée  de  0",30  environ  afin  que  les  plan- 
chers des  wagons  soient  de  niveau. 

Il  existe  également  un  quai  de  transbordement;  mais  on  n'en 
fait  jamais  usage. 

On  a  dit  que  le  chemin  de  fer  de  Haironville  à  Triaucourt  a  à 
Révigny  un  double  rebroussement. 

Chacun  d'eux  sert  de  tête  de  ligne,  Tun  pour  les  trains  de 
Haironville,  l'autre  pour  les  trains  de  Triaucourt.  Les  trains  des 
deux  sections  sont,  en  effet,  indépendants,  et  sans  correspondance 
entre  eux,  en  raison  de  l'absence  de  tout  trafic  de  voyageurs  ou 
de  marchandises  passant  de  l'une  sur  l'autre. 

Cependant  chaque  machine  couche  alternativement  à  Haironville 
et  à  Triaucourt,  ce  qui  ne  parait  pas  offrir  d'autre  résultat  effectif 
que  des  dépenses  supplémentaires  à  payer  pour  déplacements  au 
chauffeur  et  au  mécanicien. 

Service  oommercial.  —  Les  tarifs  de  voyageurs  sont  de  0  fr.  15 
pour  la  première  classe  et  0  fr.  12  pour  la  seconde,  impôt 
compris  avec  réduction  de  25  p.  100  pour  les  billets  d'aller  et 
retour.  Ces  tarifs  sont  trop  élevés. 

Pour  les  marchandises,  les  taxes  kilométriques  sont  de  Ofr.  20 
pour  les  marchandises  de  détail,  0  fr.  J  5  pour  les  marchandises 
par  wagons  complets. 

Des  tarifs  spéciaux  à  la  base  de  9  et  10  centimes  sont  applicables 
aux  phosphates  de  Triaucourt  et  Lahaycourt,  aux  bois  de  l'Ar- 
gonne  à  destination  du  port  de  Contrisson,  et  à  la  houille. 


CHEMINS  DE  FER  SUR    ROUTES  315 

Toutes  ces  taxes  comprennent  les  frais  accessoires  ou  de  trans- 
bordement. 

Le  trafic  du  tronçon  nord  consiste  principalement  en  bois  et 
phosphates  ;  sur  le  tronçon  sud  arrivent  de  vieux  fers,  des  fontes, 
des  kaolins,  des  chiffons,  de  la  houille,  du  coke,  etc..  Les  expédi- 
tions consistent  eu  fers  en  barres,  fontes  ouvrées,  papier,  bleu 
d'outre-mer,  etc. 

Pour  l'exploitation  de  la  gare  maritime  de  Contrisson,  cons- 
truite aux  frais  des  industriels  de  la.  Saulx  et  qui  a  coûté 
60,000  francs,  la  Compagnie  partage  par  moitié  ses  bénéfices  avec 
le  syndicat  des  industriels  qui  profitent  en  outre  de  taxes  réduites 
pour  le  transbordement  de  bateaux  h  wagons  ou  vice  versa. 

Le  contrôle  des  recettes  et  la  statistique  sont  faits  par  l'inspec- 
teur et  son  aide. 

Les  recettes  sont  versées  entre  les  mains  de  l'ingénieur  chargé 
du  séquestre. 

Les  dépenses  du  mouvement  et  du  service  commercial  pour 
1885,  s'élèvent  à  29,752  fr.  44,  soit  par  kilomètre  à  490  francs, 
chiffre  extrêmement  réduit. 

Une  caisse  de  secours,  alimentée  par  une  retenue  de  2  p.  100 
sur  les  salaires,  paye  les  frais  de  médecin  et  les  médicaments. 

La  Compagnie  ne  fait  pas  de  retenue  aux  agents  malades,  pour 
ne  pas  grever  la  caisse  de  secours. 

Le  personnel  ressort  au  total  à  1  agent,  4  par  kilomètre. 


Résultats  généraux  pour  1885 

Les  dépenses  se  récapitulent  comme  suit  : 

Administration 16.915  23 

Voie  et  bâtiments. 33.770  46 

Traction  et  entretien  du  matériel  roulant 59.586  93 

Mouvement  et  trafic 29.752  44 

Divers 249  75 


Total 140.274  87 

Soit  par  kilomètre.   .   .   .  2.300  00 


316  CHEMINS   DE   FER   SUR  ROUTES 

Les  recettes  pour  la  même  année  se  décomposent,  impôt 
déduit,  en  : 

!•>    Grande  vitesse 20.827  27 

Par  kilomètre 340  00 

20    Petite  vitesse 119.731  85 

Par  kilomètre 1.960  00 

Total.   .   .   .    140.559  12 

Soit  par  kilomètre 2.370  00 

En  comprenant  les  dépenses  d^ordre,  supérieures  aux  recettes 
d'ordre,  le  produit  net  devient  négatif  et  offre  une  insuffisance  de 
677fr.  51. 

On  voit  combien  peu  d'importance  a  le  produit  des  voyageurs 
et  de  la  grande  vitesse. 

RÉSULTATS  COMPARATIFS  POUR    LES  ANNÉES  1881,  1882,  1883,  1884  et  1885 


OS  S 

RÉSULTATS  TOTAUX*  (impôt  déduit) 

RÉSULTATS  K1L0MÉTKIQ.  | 

=  1 
2  o 

Ml 

^ -^^^^-i^ 

>                  ^^^ 

'A. 

•< 

S- 

55 

RECETTES 

DÉPENSES 

PRODUIT 

NIT 

RECETTES 

DlPEXSES 

PROD[IT 

WBT 

lis 

76 

1881 

142.367  52 

108.842  53 

33.524  99 

2.589 

1.966 

623 

1882 

61 

153.742  05 

159.807  70 

—  6.065  65 

2.520 

2.608 

—  88 

104 

1883 

61 

157.166  52 

183.467  63 

—26.301  11 

2.577 

3.008 

431 

117 

188  i 

61 

157.069  22 

162.017  51 

—  4.948  29 

2.575 

2.656 

—  81 

103 

1883 

61 

1U.749  70 

145.427  21 

—      677  51 

2.372 

2.384 

—  12 

100 

*  Y  compris  recettes  et  dépenses  non  classées. 


CHAPITRE  XXII 


TRAMWAYS  DE  LA   SARTHE 


Le  Mans  au  Grand-Lucé 31  kil. 

Le  Grand-Lucé  à  la  Ghartre 17  — 


Total 48  kU. 


L  -  ÉTABLISSEMEIVT 

Historique.  —  L'idée  de  construire  des  chemins  de  fer  sur 
routes  dans  le  département  de  la  Sarthe  est  due  à  l'ingénieur  qui 
en  est  devenu  concessionnaire,  M.  Faliès,  dont  l'énergie  et  Tintel- 
lîgence  sont  parvenues,  non  sans  grande  peine,  à  faire  triompher 
ce  type  de  voie  ferrée  non  seulement  dans  la  Sarthe,  mais  encore 
dans  doux  départements  voisins,  Loir-et-Cher  et  Maine-et-Loire, 
ainsi  que  dans  le  département  de  la  Loire. 

Dès  1872,  M.  Faliès  qui  avait  pour  lui  l'expérience  de  la  cons- 
truction de  divers  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  et  qui  venait  de 
visiter  en  Europe  un  grand  nombre  de  lignes  de  ce  genre,  proposa 
au  Conseil  général  de  la  Sarthe  de  doter  le  département  de  che- 
mins do  fer  sur  routes,  dont  le   service  d'exploitation  serait  fait 


3^8  CHEMINS   DE  FEH    SUK    ROUTES 

exclusivement  parles  agents  des  trains,  et  dont  le  prix  d'établisse- 
ment, y  compris  le  matériel  roulant,  devait  osciller  autour  du 
chiffre  séduisant  de  40,000  francs  par  kilomètre. 

Une  commission  fut  nommée  qui  examina  les  chemins  de  fer 
de  ce  genre  existant  en  Angleterre  et  en  Allemagne  ;  elle  conclut 
au  rejet  des  propositions  de  M.  Faliès. 

Ce  dernier  pressa  vivement  le  département  de  faire  au  moins 
un  essai  de  son  système.  Le  Conseil  général  finit  par  s'y  résoudre 
et  choisit  à  dessein,  pour  champ  d'expériences,  la  région  la  plus 
pauvre  de  tout  le  département,  région  qui  ne  pouvait  espérer  êlre 
jamais  dotée  d'un  chemin  de  fer  à  voie  normale. 

Si  Fessai  réussissait,  on  pourrait  constituer  sur  les  mêmes  bases, 
dans  les  parties  riches  du  département,  le  réseau  local  très-étendu 
que  Ton  projetait  d'établir  ;  si  au  contraire,  il  échouait,  rien  ne 
serait  compromis. 

La  convention  acceptée  par  le  département  le  26  décembre  4878 
fut  ratifiée  par  décret  du  6  mars  1880,  qui  déclarait  d'utilité 
publique  un  chemin  de  fer  sur  routes  entre  le  Mans  et  le  chef-lieu 
de  canton  le  Grand-Lucé.  Le  département  avait  ajouté  à  cette 
concession  un  petit  chemin  de  fer  industriel  de  8  kilomètres,  pour 
relier  Ballon  à  la  Forge  d'Antoigné  et  dont  il  ne  sera  pas  fait 
d'autre  mention  dans  le  cours  de  cette  étude,  dans  le  cadre  do 
laquelle  il  ne  rentre  pas. 

Le  département  de  la  Sarthe  établissait  directement  l'assiette 
de  la  plate-forme  et  le  concessionnaire  devait  exécuter  la  super- 
structure et  armer  le  chemin  de  fer  en  matériel  roulant  pour  le 
prix  forfaitaire  de  29,300  francs  par  kilomètre,  qui  a  laissé  au 
concessionnaire  un  bénéfice  raisonnable  de  4,000  francs. 

Aucune  garantie  n'était  accordée  au  concessionnaire  pour  les 
dépenses  d'exploitation  ;  mais  il  devait  remettre  au  département 
23  p.  100  des  recettes  brutes  lorsque  celles-ci  dépasseraient 
3,500  francs  par  kilomètre  et  que  les  insuffisances  des  années  pré- 
cédentes auraient  été  couvertes  jusqu'à  concurrence  de  cette 
somme,  intérêts  compris  ;  une  part  du  bénéfice  ainsi  acquis  au 
département  devait  êlre  partagée  avec  l'Etat  proportionnellement 
au  montant  de  la  subvention  de  celui-ci,  subvention  qui  s'élevait 
au  total  de  394,083  francs. 


^ 


CHEMINS    DE   FEK   SUK    ROUTES  310 

Enfin  lo  droit  de  préférence  était  réservé  au  concessionnaire 
pendant  trois  années  pour  les  autres  chemins  à  voie  étroite  à  établir 
dans  le  département.  Le  nombre  des  trains  était  fixé  à  trois  dans 
chaque  sens. 

Le  prix  de  revient  kilométrique  de  l'infrastructure  s'étant  élevé 
à  une  quinzaine  de  mille  francs,  le  chemin  du  Mans  au  Grand-Lucé 
est  revenu  tout  compris  à  44,000  francs  environ. 

Il  a  été  livré  à  l'exploitation  en  1882. 

Dans  la  même  année,  M.  Faliës  obtenait  le  prolongement  de  la 
ligne  jusqu'à  la  Ghartre,  autre  chef-lieu  de  canton  du  département. 
Les  conditions  de  la  concession  de  cette  nouvelle  ligne  étaient  à 
peu  près  analogues  à  celles  de  la  ligne  du  Mans  au  Graud-Lucé 
qui  avait  été  concédée  sous  le  régime  de  la  loi  de  1863,  tandis  que 
la  loi  de  i880  était  applicable  au  prolongement,  qui  fut  ouvert  à 
l'exploitation  en  4884. 

L'expérience  avait  pleinement  réussi.  En  dépit  de  la  pauvreté 
de  la  région  traversée,  les  tramways  de  la  Sarthe  convergeant  au 
chef-lieu  du  département,  ville  de  60,000  habitants,  pénétrant 
jusqu'au  centre  des  localités  quand  cela  était  possible,  ou  se  tenant 
dans  le  cas  contraire,  à  leur  proximité  immédiate,  arrivaient,  dès 
le  principe,  contrairement  aux  prévisions  du  concessionnaire  lui- 
même,  à  fournir  un  produit  brut  de  3,000  francs  par  kilomètre, 
c'est-à-dire  largement  suffisant  pour  couvrir  les  dépenses  d'exploi- 
tation. 

Aussi  le  département  résolut-il  de  poursuivre  l'application  du 
système,  en  le  modifiant  toutefois  malgré  l'opinion  contraire  de 
M.  Faliës. 

Désireux  de  pouvoir  obtenir  au  besoin,  soit  dans  le  présent,  soit 
dans  l'avenir,  une  vitesse  supérieure  à  celle  de  20  kilomètres  à 
l'heure  à  laquelle  sont  limités  les  chemins  de  fer  sur  routes,  le 
Conseil  décidait  d'abandonner  généralement  les  routes  en  pleine 
voie,  et  de  n'emprunter  leurs  accotements  que  dans  des  cas  for- 
tement motivés,  par  exemple  aux  abords  des  localités,  à  la  tra- 
versée des  cours  d'eau,  ou  dans  le  but  d'éviter  des  expropriations 
coûteuses. 

C'est  dans  ces  conditions  qu'est  exécutée  la  ligne  nouvelle  du 
Mans  à  Saint-Denis-d'Orques^  dans  la  direction  de  Laval,  ligne 


320  CHEMINS    DE  FEU   SUR   ROUTES 

d'un  tracé  plus  accidenté  que  la  ligne  du  Mans  à  la  Chartre  et  qui 
a  été  concédée  à  M.  Faliës  en  1885. 

C'est  encore  dans  ces  conditions  qu'est  présentement  étudié 
l'achëvement  du  réseau  de  la  Sarthe  par  les  lignes  du  Mans  à 
Bonnétable,  du  Mans  à  la  Flèche,  du  Mans  à  Thorigné,  etc. 

Ces  lignes  toutes  rayonnantes  autour  du  Mans,  seront  exécutées 
suivant  la  méthode  employée  pour  le  chemin  du  Grand-Lucé, 
c'est-à-dire  que  le  département  fera  directement  l'infrastructure 
en  laissant  au  concessionnaire  la  superstructure  et  Tarmement  en 
matériel  roulant  suivant  un  prix  forfaitaire. 

Mais  le  prix  de  revient  kilométrique  de  l'infrastructure  sera 
nécessairement  augmenté  et  même  doublé,  et  on  atteindra  ainsi 
le  chiffre  de  60,000  francs  au  lieu  do  40  à  45,000  francs  le  kilo- 
mètre. 

Voici  à  l'égard  de  cette  question  de  principe,  l'opinion  de 
M.  Faliès  lui-même  : 

c  Le  choix  pouvait  être  douteux  alors  que  la  traction  par  locomotives  sur 
«  routes  donnait  lieu  à  des  craintes  et  à  des  hésitations  de  toute  nature.  Mais 
«  aujourd'hui  l'expérience  est  faite. 

«  Elle  est  concluante. 

«  La  traction  par  locomotives  sur  routes  est  entrée  dans  le  domaine  de  la 
«  pratique,  et  la  statistique  des  accidents  prouve  que  la  circulation  des  trains 
«  de  voyageurs  et  de  marchandises  sur  les  routes  ne  présente  pas  plus  de 
«  dangers  qu'un  chemin  de  fer  à  travers  champs. 

«  Indépendamment  de  la  question  d'économie^  il  y  a  encore  celle  de  la 
«  rapidité  d'exécution  qui  doit  faire  donner  la  préférence  à  l'emploi  des 
«  routes. 

«  N'ayant  ni  longues  études,  ni  expropriations  considérables,  ni  travaux 
a  importants,  le  chemin  de  fer  sur  routes  demande  un  an  au  plus  pour  être 
a  livré  à  la  circulation,  tandis  que  trois  ans  au  moins  sont  nécessaires  à 
«  l'exécution  d'une  ligne  à  plate-forme  indépendante. 

«  D'ailleurs  si  Ton  considère  les  services  rendus  par  les  deux  systèmes,  on 
«  peut  afOrmer  qu'ils  sont  identiques,  car  il  est  incontestable  qu'un  chemin 
«  sur  routes  peut  desservir  le  môme^trafic  que  celui  à  travers  champs,  et  en- 
«  core  il  le  fera  dans  de  meilleures  conditions  pour  le  public,  puisqu'il  pénè- 
«  tre  généralement  au  centre  ou  plus  près  des  localités,  et  suit  les  courants 
«  déjà  établis. 

o  II  est  vrai  que  l'établissement  sur  routes  oblige  à  réduire  la  vitesse 
«  à  20  kilomètres  à  l'heure.  Mais  cette  prescription  du  cahier  des  charges  n'a 
«  rien  d'absolu.  Elle  a  été  sans  doute  dictée  par  les  craintes  qu'inspirait  à 
«  l'origine  la  traction  par  locomotive  sur  routes,  alors  qu'elle  était  encore 
(c  ù  l'état  d'essai.  Après  la  consécration  de  la  pratique,  nous  pensons  que,  si 


CHEMINS  DE  FEK  SUR  ROUTES  321 

«  besoin  était,  cette  vitesse  pourrait  être  portée  saos  danger  à  25  et  môme 
«  à  30  kilomètres  à  l'heure. 

«  Mais  pour  un  service  purement  local,  cette  augmentation  de  vitesse  n'est 
«  pas  généralement  nécessaire.  La  limitation  à  20  kilomètres  est  suffisante  et 
«  elle  procure  par  surcroît  l'avantage  d'assurer  la  bonne  conservation  de  la 
«  voie  et  du  matériel  roulant,  et,  en  cas  d'accident,  obvie  aux  conséquences 
€  dangereuses  qui'résultent  d'une  grande  vitesse. 

«  En  somme,  d'après  l'expérience  des  résultats  acquis,  se  priver  volontai- 
«  rement  de  1-emprunt  des  routes,  partout  où  cela  est  possible,  c'est  gaspiller 
«  en  pure  perte  la  dépense  relative  à  l'infrastructure  correspondante.  » 

Il  y  a  lieu  encore  de  remarquer  le  système  financier  qui  a  pré- 
valu dans  la  Sarthe.  Il  est  excellent. 

Au  lieu  de  charger  le  concessionnaire  de  faire  l'avance  des  frais 
de  premier  établissement  et  de  lui  rembourser  cette  avance  par 
une  annuité  comprenant  l'intérêt  et  l'amortissement,  c'est  le 
département  lui-même  qui  a  supporté  directement  la  dépense  de 
l'infrastructure  ;  il  a  remboursé  au  fur  et  à  mesure  et  sans  intérêt 
les  dépenses  de  la  superstructure  et  du  matériel  roulant  faites  à 
forfait  par  le  concessionnaire. 

Celui-ci  n'est  donc  tenu  à  disposer  que  d'un  capital  restreint, 
sans  obligations  ;  soit  nominalement  1,000,000  pour  le  cas  de  la 
Sarthe.  Cette  combinaison  oiTre  un  avantage  considérable.  En 
effet,  bien  souvent  le  crédit  du  concessionnaire  ne  lui  permet  pas 
d'avoir  de  l'argent  à  un  taux  inférieur  à  6  ou  7  p.  100,  tandis  que  le 
Crédit  foncier  prête  aux  départements  à  un  taux* bien  moindre  ;  d'où 
il  suit  que  le  concessionnaire,  pour  ne  pas  être  en  perte,  est  forcé 
d'enfler  le  prix  de  premier  établissement  du  kilomètre  de  chemin 
de  fer,  et  qu'en  fin  de  compte  le  département  et  FEtat  sont  lésés. 

Le  système  adopté  dans  la  Sarthe  est  infiniment  préférable  et 
plus  économique. 

D'autre  part,  mieux  vaut  entreprendre  la  construction  de  che- 
mins de  fer  successivement,  en  y  introduisant  au  fur  et  à  mesure 
les  perfectionnements  que  l'exploitation  antérieure  aura  fait  recon- 
naître, plutôt  que  de  créer  d'emblée  et  sans  réflexion,  ainsi  que 
cela  a  été  entrepris  dans  plusieurs  départements,  un  réseau 
complet,  dont  la  conception,  le  type  et  l'outillage  apparaissent 
vicieux  dès  les  premiers  temps  de  l'exploitation,  c'est-à-dire 
alors  qu'il  n'est  plus  possible  d'y  porter  remède. 

21 


322  CHEMINS    DE   FEU   SUU    ROUTES 

La  formule  d'exploitation  des  chemins  de  fer  de  la  Sarthe 
ne  paraît  pas  moins  recommandablc  que  le  mode  de  cons- 
truction. 

Pas  de  garantie  de  la  part  du  département  ;  exploitation  tout 
entière  aux  risques  et  périls  du  concessionnaire  ;  de  cette  ma- 
nière, celui-ci  n'est  plus  incité  à  se  désintéresser  presque  complè- 
tement du  résultat  de  Texploitation,  ainsi  que  cela  pourrait  avoir 
lieu  dans  la  plupart  des  cas,  si  les  concessionnaires  se  renfermaient 
strictement  dans  la  formule  de  garantie  qui  forme  la  base  habi- 
tuelle des  concessions. 

Avec  le  système  de  la  Sarthe,  il  doit  au  contraire  s'ingénier,  se 
mettre  activement  à  la  recherche  du  trafic,  le  faire  naître.  L'in- 
térêt du  concessionnaire  dans  la  construction  n'est  plus  que  de 
peu  d'importance  et  vise  principalement  l'exploitation  qui  doit  être 
le  principal  et  non  l'accessoire  de  l'entreprise. 

En  d'autres  termes,  le  système  généralement  adopté  à  la  suite 
de  la  loi  de  1880  est  quelquefois  la  continuation  des  erreurs  nées 
de  la  loi  de  1865  :  le  plus  souvent,  une  concession  de  chemins  de 
fer  est  une  entreprise  de  construction.  Au  département  do  la 
Sarthe  et  à  M.  Faliès  revient  l'honneur  d'avoir  envisagé  le  chemin 
de  fer  d'intérêt  local  sous  son  véritable  aspect,  qui  est  de  desservir 
utilement  les  intérêts  des  populations  et  non  de  constituer  une 
entreprise  * . 

■ 

Description  de  la  ligne  du  Mans  à  la  Ghartre.  —  La  tête  de 
ligne  est  placée  dans  Tintérieur  de  la  ville  du  Mans,  à  proximité 
de  la  gare  de  la  Compagnie  de  l'Ouest  ;  la  gare  des  voyageurs  et 


*  Les  concessions  nouvelles  du  Mans  à  Saint-Denis-d'Orqucs  (Sarlhe)  et  de  Blois  à 
Ouzouer,  Blois  à  la  Motte-Beuvron  (Loir-et-Cher)  portent  à  près  de  200  kilomètres  les 
chemins  de  fer  sur  routes  concédés  à  M.  Faliès. 

Les  100  kilomètres  de  lignes  du  Loir-et-Cher  sont  concédés  au  prix  forfaitaire 
d'établissement  de  40.000  francs  par  kilomètre,  payables  par  le  département,  au  fur 
et  à  mesure  de  l'exécution  des  travaux.  L'exploitation  est  aux  risques  et  périls  du 
concessionnaire  tant  que  la  recelte  brute  ne  dépasse  pas  3,500  francs  par  kilomètre. 
Au  delà,  partage  avec  le  département.  (Décret  du  25  décembre  1880.) 

Une  concession  a  été  faite  sur  des  bases  analogues  dans  la  Dordogne.  (Décret  du 
22  décembre  1886.)  Eiiviron  100  kilomètres  de  chemins  de  fer  sur  roules  ont  été 
concédés  à  M.  Empain  au  prix  de  45,000  francs  par  kilomètre,  payable  au  fur  et  à 
mesure  de  l'exécution  des  travaux,  et  avec  exploitation  à  la  charge  du  concessionnaire 
tant  que  la  recette  brute  (impôt  déduit)  reste  inférieure  à  2,820  francs  par  kilomètre, 
partage  du  surplus  des  recettes  au  delà. 


CHEMINS  DE  FER  SUR   ROUTES  323 

des  marchandises,  le  dépôt,  les  bureaux  do  gare  et  le  service  d'ex- 
ploitation sont  réunis  sur  un  même  emplacement  et  seraient 
insuffisants  pour  assurer  le  service  de  tout  le  réseau  départemental 
projeté.  Aussi  le  départiement  a-t-il  résolu,  en  principe,  à  l'occasion  * 
de  la  ligne  du  Mans  à  Saint-Denis-d'Orques  de  faire  abandon  de 
la  gare  actuelle  et  de  créer  une  gare  plus  importante  tout  à  fait 
au  centre  de  la  ville  du  Mans,  à  l'emplacement  de  l'hôpital  insuf- 
fisant et  ruiné  qui  doit  être  démoli  et  reconstruit  extra-muros. 

Le  réseau  départemental  sera  ainsi  desservi  au  Mans  d'une 
manière  tout  à  fait  rationnelle  et  avantageuse. 

Au  sortir  de  la  gare  actuelle,  la  ligne  de  la  Chartre  emprunte 
le  milieu  de  la  chaussée  des  rues  et  chemins  jusqu'à  Pontlieue^ 
faubourg  du  Mans,  situé  à  2  kilomètres  de  la  tête  de  ligne  ;  il  eût 
été  possible  de  se  tenir  sur  les  accotements  de  la  route  sur  les 
3/4  au  moins  de  ce  parcours,  et  on  a  le  dessein  de  faire  prochai- 
nement cette  modification  à  laquelle  on  ne  s'est  pas  arrêté  tout  d'a- 
bord en  raison  de  l'incertitude  et  des  tâtonnements  bien  excusables 
pour  un  début. 

De  Pontlieue  à  Parigné,  12  kilomètres,  le  tracé  suit  généralement 
l'accotement  de  la  route  départementale  du  Mans  à  Tours  qui  a 
15  mètres  de  largeur,  dont  8  mètres  de  chaussée,  et  ne  s'en  écarte 
que  lorsque  les  déclivités  y  sont  supérieures  à  30  millimètres  par 
mètre,  limite  fixée  par  le  cahier  des  charges. 

De  Parigné  au  Grand-Lucé,  17  kilomètres,  le  chemin  est  à  peu 
près  constamment  à  travers  champs,  sauf  l'emprunt  d'un  chemin 
vicinal  de  grande  communication  qui  n'a  que  8  mètres  de  largeur 
entre  fossés.  Enfin  du  Grand-Lucé  à  la  Chartre,  il  est  presque 
exclusivement  établi  sur  l'accotement  d'une  route  qui  n'a  pas  plus 
de  12  mètres  de  largeur  dont  6  mètres  de  chaussée. 

Dans  laplupart  des  localités  à  par  tir  de  Parigné,  celle-ci  comprise, 
les  stations  sont  en  général  établies  tout  près  des  villages,  à  leur 
sortie  même  ;  mais  le  chemin  de  fer  ne  pénètre  pas  au  centre  de  ces 
localités,  soit  en  raison  des  difficultés  du  terrain,  soit  en  raison  du 
peu  de  largeur  des  rues,  soit  encore  parce  qu'il  eût  été  impossible 
de  trouver  dans  Tintérieurde  la  localité  un  emplacement  suffisant 
pour  pouvoir  y  installer  une  station. 

Avant  d'arriver  à  la  Chartre,  le  chemin   franchit  à  niveau  la 


324  CHEMINS   DE  FEU   SUIi   ROUTES 

ligne  de  TEtat  de  Paris  à  Niort,  et  bien  que  le  passage  soit  livré  au 
premier  train  qui  se  présente  sans  distinction,  soitqu'il  appartienne 
au  grand  réseau,  soit  à  la  Compagnie  d'intérêt  local,  celle-ci  a 
trouvé  cette  traversée  à  niveau  assez  incommode  et  les  dépenses 
de  gardiennage  assez  élevées  pour  demander  au  département  de 
supprimer  cette  sujétion  sur  les  nouvelles  lignes  en  exécution  ou 
projetées  ;  le  département  a  accédé  à  cette  requête,  bien  qu'elle  en- 
traînât pour  lui  la  charge  de  rétablissement  de  passages  supérieurs. 

Conformément  au  cahier  des  charges,  la  ligne  a  tout  d'abord  été 
établie  avec  contre-rails  sur  les  sections  où  elle  emprunte  la  chaus- 
sée des  routes  ;  le  vide  entre  contre-rails  était  fixé  à  0,029  en  ali- 
gnement. Mais  ce  faible  écartement  était  insuffisant  pour  assurer 
librement  le  jeu  des  boîtes  et,  d'autre  part,  il  était  encore  assez 
important  pour  que  les  roues  des  véhicules  légers  s'y  engageassent 
avec  coincement. 

Divers  accidents  ont  amené  le  public  à  demander  la  modification 
de  cet  état  de  chose.  Le  concessionnaire  n'a  pas  trouvé  de  meil- 
leure solution  que  la  suppression  du  contre-rail;  lorsque  les  or- 
nières creusées  dans  l'empierrement  le  long  des  rails  par  le  bou- 
din des  véhicules  deviennent  trop  accusées,  soit  par  suite  du  jeu 
dans  les  boîtes,  soit  par  suite  du  passage  des  voitures  privées,  on 
se  borne  à  y  entasser  fortement  des  cailloux,  de  telle  sorte  que  le 
rail  se  trouve  comme  encastré  dans  une  maçonnerie;  on  enlève  à 
la  main  les  cailloux  qui  touchent  le  rail  et  le  boudin  se  fraye  lui- 
même  un  passage.  Il  n'en  est  jamais  résulté  de  déraillement,  mais 
il  convient  de  dire  que  les  vitesses  sont  réduites  à  10  kilomètres 
sur  ce  parcours.  La  suppression  des  contre-rails  eût  été  moins 
facile  si  la  voie  publique  eût  été  construite  en  pavés;  on  eût  dû, 
pour  y  arriver,  remplacer  les  pavés  d'entre-rails  par  du  macadam. 

Le  concessionnaire  a  fait  régulariser  par  arrêté  préfectoral  la 
suppression  des  contre-rails  qui  a  eu  lieu  à  la  satisfaction  de  tout 
le  monde. 

On  a  de  même  supprimé  les  contre-rails  aux  passages  à  niveau, 
ainsi  qu'on  le  fait  en  Allemagne.  Le  choc  que  peuvent  occasionner 
les  roues  des  véhicules  franchissant  perpendiculairement  le  rail, 
n'est  en  eiïet  pas  plus  important  si  la  chaussée  est  bien  entretenue 
que  le  choc  que  n'évite  pas  la  présence  du  contre-rail. 


CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES  323 

* 

La  voie  établie  sur  accotements  entre  le  Mans  et  le  Grand- 
Lucé  n'a  pas  été  protégée  contre  les  véhicules  par  une  bordure  en 
saillie;  le  cahier  des  charges  ne  comportait  pas  cette  précaution  qui 
a  été  postérieurement  introduite  dans  le  cahier  des  charges  annexé 
à  la  loi  de  1880. 

Mais  lorsque  la  ligne  du  Grand-Lucé  à  la  Chartre  a  été  cons- 
truite, en  exécution  de  la  loi  de  1880,  on  a  jugé,  d'après  l'exemple 
précédent,  que  la  bordure  de  trottoir  était  trop  onéreuse  et  que  la 
saillie  du  balast  constituait  une  protection  suffisante.  Aussi  n'a-t-on 
pas  cru  devoir  appliquer  à  la  lettre  l'article  7  du  cahier  des  charges 
type. 

Dans  un  assez  grand  nombre  de  cas,  où  les  déclivités  delà  route 
dépassaient  30  millimètres,  on  a  évité  une  déviation  en  écrètant 
l'accotement  sur  une  profondeur  dépassant  quelquefois  1  mètre, 
la  route  étant  protégée  du  côté  de  la  tranchée  par  une  banquette  en 
terre. 

Le  profil  de  la  ligne  du  Mans  à  la  Chartre  est  assez  mou- 
vementé :  les  déclivités  supérieures  à  25  millimètres  s'y  ren- 
contrent très-fréquemment,  même  dans  les  déviations,  et  sans 
qu'elles  soient  toujours  pleinement  justifiées. 

De  même  on  a  souvent  eu  recours  en  pleine  voie  aux  courbes 
roides  concomitantes  avec  les  fortes  déclivités;  le  rayon  de 
100  mètres  est  fréquemment  adopté  et,  dans  plusieurs  cas  des 
rayons  moindres  de  80  et  même  60  mètres.  Sous  ce  rapport  cepen- 
dant, la  ligne  du  Mans  à  la  Chartre  est  mieux  construite  que  celle 
de  Haironville  à  Triaucourt. 

Dans  la  traversée  du  Mans  où  la  vitesse  est  limitée  à  10  kilo- 
mètres à  l'heure,  on  a  eu  recours  sans  le  moindre  inconvénient  au 
rayon  de  50  mètres. 

Le  rail  est  en  acier,  à  patin  et  du  poids  de  15  kilogrammes  au 
mètre.  Les  barres  ont  8  mètres  de  longueur  etle  cahier  des  charges 
fixe  à  9  le  nombre  de  traverses  par  rail,  nombre  que  le  conces- 
sionnaire a  spontanément  et  fort  judicieusement  porté  à  12  dans 
les  courbes  de  faible  rayon. 

Ces  traverses  sont  en  chêne  du  pays  et  ont  un  écartement  axial 
en  alignement,  de  95  centimètres,  et  de  Om.  60  au  joint.  Les  joints 
sont  d'équerre  et  en  porte-à-faux. 


326  CHEMINS  DE  FER   SUR   ROUTES 

Le  balast  a  30  centimètres  d^épaisseur  lorsque  le  sous-sol  est 
bon,  35  à  40  centimètres  quand  le  sous-sol  est  humide  ou  argi- 
leux. Le  balast  est  d'ailleurs  de  bonne  qualité,  quoique  un  peu 
trop  fin,  tout  au  moins  sur  la  section  du  Mans  au  Grand-Lucé  où 
on  a  dû  le  recouvrir  avec  de  Texcellent  gravier  du  Loir  pris  à  la 
Chartre. 

Avec  ces  éléments,  la  voie  supporte  parfaitement  les  vitesses  de 
30  à  35  kilomètres  que  peuvent  au  maximum  atteindre  les  ma- 
chines. 

La  figure  29  (PI.  XII)  représente  le  type  des  stations,  construites 
de  telle  sorte  que  toutes  manœuvres  ou  manutations  doivent  être 
faites  par  les  agents  des  trains  au  passage. 

Ce  type  convient  parfaitement  au  but  qu'on  s'est  proposé.^ 
Les  stations  sont  abandonnées  sans  surveillance  en  dehors  des 
heures  de  trains;  il  n'y  a  n'y  télégraphe,  ni  bâtiment. 

Cependant  on  y  a  installé  une  guérite  en  briques  et  fer  qui  sert 
au  rangement  des  outils,  des  papiers  du  correspondant  et  du  con- 
ducteur, et  au  besoin  de  petits  colis. 

Cette  installation  trop  primitive  ne  satisfait  que  médiocrement 
le  public,  obligé  d'attendre  les  trains  en  restant  exposé  aux  intem- 
péries, s'if  ne  veut  pas  faire  usage  delà  maison  du  correspondant; 
celui-ci  est  généralement  un  marchand  de  vins  très-voisin  de  la 
station  qui  met  gratuitement  une  salle  à  la  disposition  des  voya- 
geurs, avec  l'espoir,  le  plus  souvent  réalisé,  que  ceux-ci  l'indem- 
niseront largement  de  ce  bon  office  par  les  consommations  qu'ils 
prendront. 

Diverses  localités,  trouvant  cette  gratuité  ou  trop  onéreuse  ou 
incommode,  ont  réclamé  l'établissement  dans  la  station  de  petits 
abris  pour  les  voyageurs;  le  concessionnaire  y  a  consenti  à  la  con- 
dition que  le  département  et  la  commune  prissent  chacun  à  leur 
charge  un  tiers  delà  dépense  d'établissement,  qui  est  de  1,000  fr. 
en  moyenne. 

Le  chemin  de  fer  du  Mans  à  la  Chartre  n'est  pas  relié  par  des 
voies  d'échange  aux  grandes  lignes  voisines,  ni  à  la  gare  du  Mans 
ni  à  celle  de  la  Chartre. 

La  liaison  avec  la  gare  du  Mans  deviendra  toutefois  inévitable 
après  l'ouverture  de  la  ligne  du  Mans  à  Saint-Denis-d'Orques  ;  car 


CHEMINS  DE   FER   SUR   ROUTES  327 

les  frais  de  camionnage  et  de  transbordement,  qui  représentent  de 
1  fr.  50  à  2  francs  par  tonne,  sont  une  trop  lourde  charge  pour  le 
concessionnaire,  qui  les  supporte  intégralement  sans  les  réclamer 
au  public. 

L'alimentation  en  eau  est  assurée,  au  Mans  par  la  distribution 
de  la  ville,  et  dans  trois  stations  du  parcours,  par  une  grue-réser- 
voir avec  pompe  à  main  manœuvrée,  à  la  Cbartre,  par  le  chauffeur 
de  nuit,  au  Grand-Lucé  et  à  Parigné  par  le  correspondant  auquel 
on  donne  une  rétribution  spéciale  de  25  centimes  pour  1  mètre 
cube,  qui  suffit  par  jour  en  chacun  de  ces  points,  où  Ton  prend  peu 
d'eau  à  dessein. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Le  concessionnaire 
s'est  attaché  à  obtenir  un  matériel  léger,  afin  que  les  manœuvres 
dans  les  stations  pussent  être  faites  avec  une  grande  célérité,  et 
qu'en  cas  de  déraillement,  le  personnel  du  train  pût  suffire  au  be- 
soin à  remettre  sur  rails  voitures  et  wagons. 

L'écartcment  des  ossieuxafait  l'objet  de  nombreuses  expériences; 
le  matériel  primitif  a  été  construit  à  l'écartement  de  1  m.  50;  on 
a  reconnu  ensuite  que  le  matériel  à  écartement  de  2  mètres  pas- 
sait sans  difficulté  dans  les  courbes  ;  mais  on  s'est  arrêté  par  pru- 
dence à  l'écartement  de  1  m.  80. 

Toutes  les  voitures  sont  à  couloir  et  frein  à  vis  ;  elles  sortent 
des  ateliers  de  Nivelles  (Belgique).  Elles  ne  comportent  que  deux 
classes  (fig.  30,  PI.  XII). 

Lés  voitures  primitives  contiennent  14  places  à  l'intérieur;  les 
nouvelles  16  places.  Les  deux  plates-formes  extérieures  ont 
80  centimètres  de  longueur  et  la  largeur  de  la  voiture. 

Le  poids  de  ces  véhicules  varie  de  3,200  à  3,500  kilos. 

Le  nombre  des  voitures  est  de  15,  dont  2  mixtes  ;  cet  armement 
étant  insuffisant  les  jours  de  fête,  on  y  adjoint  les  fourgons  dans 
lesquels  on  place  des  bancs. 

Les  fourgons  sont  au  nombre  de  5,  tous  munis  de  freins  :  deux 
d'entre  eux,  dont  chacun  entre  toujours  dans  la  composition  des 
trains,  renferment  Tun  un  compartiment  de  1"  classe,  l'autre  un 
compartiment  de  2''  classe;  il»  sont  attelés  derrière  la  machine  sans 
interposition  d'autre  fourgon  ou  wagon  de  choc. 


328  CHEMINS   DE   FER  SUR  ROUTES 

Tous  les  véhicules,  fourgons  et  voitures,  sont  disposés  de  ma- 
nière à  permettre  la  circulation  de  bout  en  bout  du  train  soit  au 
conducteur,  soit  même  aux  voyageurs,  qui  se  montrent  très-satis- 
faits de  ce  matériel. 

En  raison  des  fortes  rampes,  on  est  obligé  d'ajouter  un  garde- 
frein  au  personnel  normal  do  2  agents,  lorsque  la  composition  du 
train  dépasse  6  véhicules.  Bien  que,  pour  éviter  ce  supplément  de 
personnel,  on  fasse  déjà  usage  du  frein  à  déclanchement  Eberlein, 
que  le  mécanicien  peut  mettre  en  action  à  Taide  d'une  corde,  on 
a  cependant  le  projet  de  munir  tout  le  matériel  de  grande  vitesse 
du  frein  à  vide,  la  conduite  seule,  et  non  le  frein,  devant  être  ins- 
tallée sur  les  wagons  de  petite  vitesse. 

Le  matériel  à  marchandises  se  compose  de  : 

3  wagons  couverts  pour  bestiaux; 
12  wagons  plats,  dont  2  à  traverse  mobile  et  flèche  d'ac- 
couplement pour  transport  de  pièces  de  plus  de 
6  mètres  de  longueur; 

5  tombereaux. 


Total.  20  wagons,  soit  0  w.,  4  par  kilomètre. 

Locomotives.  —  4  machines,  pesant  10  tonnes  à  vide,  13  tonnes 
en  charge,  sortent  des  ateliers  de  Tubize  (Belgique). 

1  machine  de  12 tonnes  avide,  15  tonnes  en  charge, a  étécons- 
truite  par  Dubois  etC**  à  Anzin. 

L'armement  en  machines  ressort  à  1  par  10  kilomètres,  pour 
un  service  journalier  de  trois  trains. 

Le  mouvement  extérieur  est  hermétiquement  enveloppé;  on 
évite  ainsi  l'usure  rapide  par  la  poussière  et  le  sable  lorsque  les 
organes  sont  trop  bas,  et  en  même  temps,  on  ne  court  pas  le  risque 
d'accrocher  les  objets  reposant  sur  le  sol  et  de  fausser  ou  casser 
les  bielles,  ce  qui  est  fréquent  sur  la  ligne  de  Haironville  à  Triau- 
court. 

Les  machines  sont  munies  d'une  forte  cloche  dont  le  mécani- 
cien doit  faire  usage  dès  qu'il  aperçoit  une  voiture  ou  des  voya- 
geurs sur  les  routes,  ou  pour  annoncer  son  arrivée  aux  stations. 
L'usage  du  sifflet,  <jui  effrayerait  les  chevaux,  est  proscrit. 


CHEMINS  DE    FER  SUR   ROUTES  329 

Les  conditions  de  la  locomotive  belge,  la  plus  employée,  sont 
les  suivantes  (fig.  31)  : 

Diamètre  des  cylindres    ....      0°23 

Course  des  pistons 0  36 

Diamètre  des  roues 0  83 

Timbre  de  la  chaudière  ....  12  kilos. 

Surface  de  la  grille 0*^764 

Surface  de  chauffe  du  foyer.     .     .  3    704 

—  des  tubes    .     .  15   56 

Poids  à  vide 11  tonnes. 

Poids   en   charge 13     — 

Empattement 1"80 

Largeur  toutes  saillies  comprises.  2     » 

Les  machines  de  Turbize  remorquent  sur  la  ligne  35  tonnes 
brutes  en  tempâ  normal,  soit  7  véhicules. 

Les  machines  Dubois,  45  tonnes,  soit  9  véhicules. 

Présentement  il  n'y  a  pas  d'ateliers  de  réparations  ;  on  fait  au 
dépôt  les  réparations  courantes  ;  mais  on  a  le  dessein  de  cons- 
truire un  atelier  dans  la  gare  nouvelle.  Les  grosses  réparations 
sont  faites  en  ville. 


U.  —  EXPLOITATION 

Administration    et    Direction 

M.  Faliès  est  l'administrateur  délégué  chargé  de  la  direction 
du  chemin  ;  le  conseil  d'administration  se  réunit  chaque  mois,  et 
règle  le  service  des  trains,  approuve  les  marchés,  les  tarifs,  etc.. 

Tous  les  services  sont  conduits  au  Mans  par  un  directeur  de 
l'exploitation,  chargé  en  même  temps  de  la  superstructure  des 
lignes  neuves. 

Le  service  central  comprend  4  employés  à  la  comptabilité  et 
3  agents  au  contrôle  des  recettes  placés  sous  les  ordres  d'un  chef 
du  service  central. 

Tous  les  chiffres  qui  seront  donnés  dans  la  suite,  dépenses  ou 


330  CHEMINS  DE    FEU  SUR   ROUTES 

receltes,  sont  afférents  à  la  section  du  Mans  au  Grand-Lucé,  le 
prolongement  du  Grand-Lucé  à  la  Chartre  ayant  été  ouvert  à 
Fexploitation  depuis  trop  peu  de  temps  pour  que  Ton  puisse  con- 
sidérer comme  définitifs  les  chiffres  qui  s'y  rapportent. 

Les  dépenses  de  l'administration  centrale  en  1885  s'élèvent  pour 
la  1"  section  à  7,678  fr.  54,  soit  à  la  somme  kilométrique  très 
modeste  de  250  francs. 

Les  dépenses  du  service  central  du  Mans  sont  comprises  dans 
celles  de  chacun  des  trois  services,  voie,  traction,  mouvement 
et  trafic. 

Voie  et  Bâtiments 

Un  chef-poseur  surveille  l'ensemble  de  ce  service  sous  les  ordres 
du  directeur  de  l'exploitation. 

Le  personnel  d'entretien  est  limité  pour  toute  la  ligne  du  Mans 
à  la  Chartre,  à  4  équipes  de  3  agents^  spit  une  équipe  par  12  ki- 
lomètres. Un  cantonnier  est  spécialement  affecté  à  la  traversée  du 
Mans  jusqu'à  Pontlieue. 

Grâce  à  la  perfection  de  la  pose  au  moment  delà  construction, 
à  l'excellence  du  balast  et  des  traverses  et  à  la  précaution  prise 
de  forcer  le  nombre  de  celles-ci  dans  les  courbes  de  petits  rayons 
et  grâce  aussi  au  faible  poids  du  matériel,  ce  personnel  restreint 
suffit  pour  entretenir  la  voie  dans  un  excellent  état,  et  trouve 
encore  le  temps  de  faire  des  travaux  neufs,  rectification  de 
courbes,  amélioration  du  profil,  etc. 

Il  est  vrai  que  l'on  n'en  est  pas  encore  arrivé  à  la  période  des 
remplacements  et  que  l'entretien  de  la  voie  consiste  seulement  en 
relevages. 

On  a  parlé  plus  haut  de  l'absence  de  contre-rails  aux  passages 
à  niveau  et  dans  la  traversée  du  Mans  à  Pontlieue.  Pour  réduire 
les  ornières  provoquées  par  le  passage  du  boudin  de  la  roue,  et 
accrues  par  le  jeu  latéral,  on  a  réduit  sur  ce  parcours l'écartement 
de  la  voie  à  0,985  dans  les  alignements  et  proportionnellement 
dans  les  courbes.  Cette  disposition  a  produit  un  très-bon  résultat, 
grâce,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  à  la  vitesse  réduite  à  6  kilomètres 
à  l'heure. 


CHEMINS   DE   FER   SUR   ROUTES  :<3< 

Les  dépenses  de  voie  pour  la  ligne  du  Mans  4iu  Grand-Imcé  se 
sont  élevées  en  i88o  à  8,902  fr.  92,  soit,  par  kilomètre,  au  chiffre 
presque  invraisemblable  de  290  francs. 


Traction 

,  Un  chef  de  dépôt  est  chargé  de  la  conduite  de  ce  service,  dont 
4  mécaniciens  et  4  chauffeurs  forment  le  personnel  actif  ;  3  équi- 
pes sont  en  service,  une  est  au  dépôt  pour  réparations  ou  lavage. 
Le  roulement  comporte  un  jour  de  dépôt  après  4  jours  de  marche 
et  un  déplacement  :  une  nuit  est  en  effet  passée  à  la  Chartre. 

Le  personnel  d'entretien  du  dépôt  se  compose  d'un  ajusteur, 
qui  est  au  besoin  mécanicien  suppléant,  d'un  chaudronnier  et  d'un 
élève  mécanicien. 

Un  coketier  aide  le  garde-magasin,  nettoie  le  dépôt  et  le  bureau, 
tient  le  journal  d'entrée  des  matières  au  dépôt  et  assure  la  distri- 
bution du  combustible. 

Enfin  2  chauffeurs  de  nuit,  un  au  Mans,  un  à  la  Chartre,  com- 
plètent le  personnel  du  service  de  la  traction,  qui  comprend  par 
conséquent  15  agents  pour  toute  la  ligne  du  Mans  à  la  Chartre. 

L'allocation  de  combustible  est  uniformément  de  5  kilos  par 
kilomètre,  quelle  que  soit  la  charge,  et  allumage  compris  :  les 
machines  ne  consomment  guère  plus  de  3  kilos  et  demi  à  4  kilos, 
ce  qui  laisse  au  mécanicien  une  prime  mensuelle  de  60  francs  en- 
viron. Le  chauffeur  a  droit  au  tiers. 

Le  graissage  se  fait  avec  un  mélange  par  moitié  d'huile  de  pied 
de  bœuf  et  d'huile  d'olive  ;  le  mécanicien  est  tenu  d'assurer  lui- 
même  le  graissage. 

Le  parcours  journalier  des  machines  est  en  moyenne  de  96  kilo- 
mètres. 

Les  dépenses  de  traction  pour  1885  s'élèvent  à  la  somme  de 
33,455  fr.  56,  soit  1,080  fr.  par  kilomètre,  chiffre  qui  paraît  rela- 
tivement élevé  si  Ton  tient  compte  de  la  faible  consommation  des 
machines,  de  l'absence  d'ateliers,  et  de  l'&ge  récent  du  matériel 
qui  n'a  pas  encore  eu  à  supporter  de  grosses  réparations. 


332  CHEMINS  DE   FER   SUR   ROUTES 


Mouvement   et   Trahc 


Un  agent  principal  d^exploitation,  agent  essentiellement  actif, 
assure  le  service  des  gares  et  des  trains  que  le  directeur  surveille 
d'ailleurs  constamment  comme  toutes  les  branches  du  service. 

La  gare  du  Mans  comporte  seule  un  personnel  sédentaire, 
composé  d'un  chef  do  gare,  d'un  sous-chef  de  gare  et  d'un  facteur 
de  grande  vitesse. 

Dans  les  villes  et  villages,  la  Compagnie  a  un  correspondant  qui 
doit  être  présent  à  tous  les  trains  ;  c'est  autant  que  possible  un 
aubergiste  voisin,^  qui  est  tenu  de  recevoir  et  d'abriter  les  voya- 
geurs sans  leur  demander  de  rétribution.  Dans  plusieurs  cas,  on 
a  ÛTié  l'emplacement  de  la  station  en  tenant  compte  de  la  proximité 
d'un  débit  de  vins  ;  le  plus  souvent  le  correspondant  choisi  a  lui- 
même  trouvé  avantage  à  construire  une  maison  immédiatement  à 
côté  de  la  station. 

L'aubergiste  correspondant  est  tenu  d'installer  à  ses  frais  une 
bonne  horloge  dans  la  salle  commune. 

Il  ne  distribue  pas  de  billets. 

A  l'arrivage,  il  reçoit  les  colis  de  grande  et  de  petite  vitesse  et 
la  feuille  d'expédition,  et  les  transporte  ou  camionne  au  besoin  à 
domicile,  moyennant  une  taxe  de  camionnage  arrêtée  par  la  Com- 
pagnie ;  il  perçoit  les  ports  dûs  et  les  verse  au  conducteur  avec  la 
feuille  d'expédition  émargée  par  le  destinataire. 

La  Compagnie  ne  délivre  de  récépissé  timbré  au  public  qu'en 
cas  de  réclamation,  ce  qui  n'a  jamais  lieu,  celui-ci  préférant 
économiser  70  centimes. 

A  l'expédition,  le  correspondant  reçoit  des  expéditeurs  les  colis 
de  grande  et  de  petite  vitesse,  avec  la  déclaration  d'expédition. 
En  cas  de  transport  en  port  payé,  ce  qui  est  rare,  il  demande  à 
l'expéditeur  une  provision,  car  il  ne  connaît  les  tarifs  que  par  à 
peu  près  et  n'est  pas  chargé  de  la  tenue  des  écritures  qui  est  dévo- 
lue spécialement  au  conducteur  de  train. 

Le  correspondant  a  un  salaire  fixe  de  15  francs,  le  produit  de 
son  factage  est  ordinairement  très-faible.  Mais  son  véritable  trai- 
tement consiste  dans  les  bénéfices  qu'il  réalise  sur  les  consomma- 


CHEMINS  DE  FER   SUR  ROUTES  333 

lions  livrées  aux  voyageurs.  Aussi  co  poste  de  correspondant 
est-il  assez  recherché  en  général. 

Le  service  de  chaque  train  est  assuré  par  un  conducteur  et  un 
garde-frein. 

Chaque  conducteur  est  chargé  de  délivrer  les  billets  au  guichet 
de  la  gare  du  Mans  avant  le  départ  de  son  train. 

En  cours  de  route,  les  billets  sont  distribués  aux  voyageurs  au 
fur  et  à  mesure  qu'ils  montent  dans  les  voitures  ;  un  contrôle  est 
efTectué  pendant  la  marche. 

Chaque  conducteur  dispose  d'un  casier  à  billets  portatif,  conte- 
nant des  carnets  à  souche  de  billets  de  toute  gare  à  toute  gare  ;  le 
billet  doit  être  détaché  de  la  souche  sous  les  yeux  du  voyageur 
qui  est  ainsi  chargé  de  contrôler  le  conducteur,  concurremment 
avec  Tagent  principal  do  l'exploitation. 

Le  conducteur  retire  lui-même  les  billets  aux  voyageurs  qui 
descendent.  Lorsque  son  train  parti  du  Mans  y  revient,  il  établit 
à  l'aide  des  souches  et  du  talon  un  bordereau  de  recettes  voyageurs 
relatif  au  train. 

On  procède  d'une  manière  analogue  pour  les  bagages  et  messa- 
geries ou  la  petite  vitesse.  La  feuille  d'expédition  est  détachée 
d'un  carnet  à  souche  et  remplie  par  le  conducteur  qui  est  ainsi  en 
même  temps  taxateur  ;  il  remet  la  feuille  d'expédition  avec  le  colis 
au  correspondant,  lui  fait  émarger  la  souche  qu'il  conserve  pour 
la  joindre  à  son  bordereau  de  grande  ou  de  petite  vitesse  ;  à  l'aide 
de  ces  divers  bordereaux,  le  conducteur  établit  un  état  résumé  des 
recettes  du  train. 

En  fin  do  journée,  chaque  conducteur,  à  tour  de  rôle,  dresse  un 
résumé  général  des  recettes  de  la  journée. 

La  comptabilité  est  ainsi  journalière  et  accompagne  les  verse- 
ments. Le  chef  de  station  du  Mans  centralise  toutes  les  écritures  et 
les  recettes  sont  versées  tous  les  jours  à  la  caisse  du  service  central. 

On  a  dit  que  les  stations  ne  disposaient  pas  de  télégraphe;  en 
cas  de  détresse,  on  a  recours  au  télégraphe  privé  de  Parigné,  du 
Grand- Lucé  ou  do  la  Chartre. 

Le  nombre  des  trains  est  de  trois  par  jour  dans  chaque  sens  ;  de 
plus,  il  y  a  deux  trains  supplémentaires  le  dimanche,  un  jusqu'à 
la  Chartre,  un  jusqu'à  Parigné  qui  compte  3,000  habitants.  Enfio^ 


334  CHEMINS  DE  FER   SUR   ROUTES 

le  vendredi,  jour  de  marché  au  Mans,  un  train  est  mis  en  marche 
de  bout  en  bout. 

A  chaque  station  de  croisement,  le  premier  arrivé  entre  en  gare  ; 
le  conducteur  prend  dans  la  guérite  une  plaque  de  manœuvre  ;  lo 
second  train  doit  marquer  Tarrèt  à  la  pointe  de  Taiguille  et 
ne  peut  entrer  en  gare  qu^autant  que  la  plaque  de  manœuvre  est 
présentée  au  mécanicien  qui  doit  s'assurer  qu'elle  porte  en  grosses 
lettres  lo  nom  de  la  station.  De  même  au  départ,  le  premier  train 
ne  peut  quitter  la  station  qu'autant  que  le  conducteur  du  second 
lui  présente  la  plaque  de  manœuvres. 

En  cas  de  retards,  le  train  qui  vient  du  Mans  a  droit  de  pré- 
séance: si  après  un  délai  d'attente  de  15  à  30  minutes,  variable 
suivant  la  station,  le  train  allant  au  Mans  n'est  pas  arrivé,  l'autre 
train  reprend  sa  marche  ;  il  est  formellement  interdit  au  second 
train  de  se  mettre  en  marche  s'il  ne  peut  arriver  à  la  station  de 
croisement  dans  le  délai  ci-dessus  indiqué.  On  trouve  dans  ce  règle- 
ment, qui  est  loin  d'être  à  l'abri  de  la  critique,  l'avantage  de  porter 
ainsi  secours  au  train  en  retard,  s'il  a  été  arrêté  par  une  détresse. 

Il  convient  d'ailleurs  d'ajouter  que  la  marche  des  trains  est 
très-régulière. 

La  vitesse  commerciale  des  trains  est  de  46  kilomètres  à  l'heure. 

A  Tarrivée  en  gare,  c'est  le  personnel  de  la  machine  qui  est 
responsable  de  l'aiguillage.  Qu'il  y  ait  ou  non  croisement,  chaque 
train  doit  s'arrêter  avant  la  pointe  d'aiguille,  et  le  chauffeur  doit 
vérifier  et  maintenir  l'aiguille  pendant  le  passage  du  train. 

Dans  quelques  stations  où  il -n'y  a  pas  habituellement  de  croise- 
ment, Taiguille  est  Cadenassée,  mais  le  chauffeur  n'est  pas  dispensé 
de  descendre  de  la  machine,  précaution  excellente  pour  des 
gares  abandonnées. 

La  composition  des  trains  est  limitée  par  le  cahier  des  charges  à 
une  longueur  totale  de  60  mètres,  ce  qui  correspond  à  10  véhicules, 
machine  comprise.  En  fait,  comme  il  a  été  dit  à  propos  des  loco- 
motives, celles-ci  ne  remorquent  guère  plus  de  7  à  8  véhicules. 

Les  voies  d'évitement  pour  croisemeats  sont  prévues  à  une 
distance  moyenne  de  6  kilomètres;  elles  ont  strictement  la  lon- 
gueur libre  de  60  mètres. 

Les  manœuvres  de  wagons  dans  les  stations  sont  eflectuées  à  la 


CHEMINS  DE   FEK   SUH    ROUTES  335 

plaque  quand  il  n'y  a  qu'un  wagon  à  prendre  ou  laisser,  à  la  ma- 
chine quand  il  s'agit  d'une  rame.  Les  manœuvres  ou  manutentions 
sont  assurées  normalement  par  le  conducteur  et  le  garde-frein 
assistés  par  le  correspondant,  ou  un  agent  de  la  voie  quand  il  s'en 
rencontre  dans  la  station  au  passage  du  train. 

Le  transbordement  dans  les  gares  de  transit,  le  Mans  ou  la 
Chartre,  est,  comme  il  a  été  dit  déjà,  entièrement  à  la  charge  de 
la  Compagnie,  sans  participation  du  public;  d'où  il  appert  que  la 
taxe  totale  perçue  du  public  par  la  Compagnie  est  fréquemment 
inférieure  aux  dépenses  de  camionnage  qu'elle  a  à  supporter  et 
qui  sont: 

Au  Mans,  de.  .  .  .     1  fr.  50  par  tonne, 
A  la  Chartre,  de.  .     2  fr.  — 

Tarifs  et  Trafic  —  Les  tarifs  fixés  par  le  cahier  des  charges  sont  : 

Pour  les  voyageurs  (impôt  non  compris),  0  fr.  10  pour  la 
1"  classe  et  0  fr.  075  pour  la  2'  classe  ; 

Pour  les  marchandises,  de  16,  14,  10  et  8  centimes,  suivant  la 
classe. 

En  fait  les  tarifs  réellement  appliqués  ont  été  réduits  de  près  de 
50  p.  100  sur  ceux  du  cahier  des  charges  par  la  Compagnie  qui 
attribue  à  cette  réduction  le  trafic  important  de  voyageurs  qu'elle 
est  parvenue  à  obtenir  et  qui  représente  environ  80  p.  100  de  son. 
trafic  total. 

La  ligne  du  Mans  à  la  Chartre  a  effectivement  48  kilomètres 
de  longueur,  mais  moins  de  40  kilomètres  à  vol  d'oiseau  ;  aussi 
les  transports  de  grande  vitesse  bénéficient-ils  des  dispositions  de 
la  loi  du  11  juillet  1879,  c'est-à-dire  que  l'impôt  est  perçu  par 
abonnement  à  la  place  et  à  la  voiture. 

Vis-à-vis  de  la  Compagnie  de  l'Ouest  et  de  l'Administration  des 
chemin  de  fer  de  TEtat^  c'est-à-dire  au  Mans  et  à  la  Chartre,  la 
Compagnie  est  considérée  non  comme  un  correspondant,  mais 
comme  un  expéditeur  ou  destinataire  ordinaire,  c'est-à-dire  qu'elle 
règle  à  présentation  les  débours,  avances  ou  ports  dus,  etc.. 

Les  dépenses  du  mouvement  et  du  trafic  pour  1885,  contrôle  des 
recettes  compris,  s'élèvent,  pour  la  ligne  du  Mans  au  Grand-^Lucé ^ 
à  28,352  fr.  21,  soit  à  914  fr.  par  kilomètre. 


336  CHEMINS  DE    FEH  SUH   ilOUTES 

Dispositions  diverses.  —  Les  visites  du  médecin  sont  à  demi- 
tarif,  et  les  consultations  à  la  gare  du  Mans,  gratuites.  Les  médi- 
caments sont  fournis  par  le  pharmacien  de  la  Société  de  secours 
mutuels  au  tarif  de  cette  Société. 

Une  caisse  de  secours  sera  organisée  quand  le  réseau  sera 
complété. 

Des  gratifications  proportionnelles  aux  recettes  sont  accordées 
en  fin  d'année,  jusqu'à  concurrence  d'environ  5  à  6,000  fr. 

La  proportion  du  personnel  est  de  1  agent,  5  par  kilomètre. 


Résultats  généraux  pour  Tannée  1885. 


En  résumé,  les  dépenses  se  récapitulent  comme  suit  : 


• 


Administration 7.678  54 

Voie  et  bâtimenU 8.902  92 

Traction 33.435  56 

Mouvement  et  trafic 28.325  2i 

Dépenses  diverses 2.735  70 

Total 80.924  93 

Soit  par  kilomètre 2.610    » 

Ces  dépenses  ne  tiennent  pas  compte  de  2,734  fr.  01   pour 
dépenses  d'ordre. 
Les  recettes  pour  le  même  exercice  sont  : 

\^    GRANDE  VITESSE  (impôt  déduit) 

Voyageurs • 81,672  80 

Accessoires 9.154  05 

Total 90.826  85 

20    petite  vitesse 

Marchandises  et  accessoires 24.307  65 

3^      RECETTES   DIVERSES 

Factage,  etc 206  40 

Total 115.340  90 

Soil  par  kilomètre 3.720    » 


CHEMINS   DE   FEIt    SUR  ROUTES 


337 


L'exploitation  de  la  ligne  du  Mans  au  Grand-Lucé  a  donc  fourni 
en  1885  un  produit  net  de  34,395  fr.  97. 

Soit  par  kilomètre  de  4,110  fr.  dépenses  d'ordre  non  comprises. 

Par  contre  la  ligne  du  Grand-Lucé  à  la  Chartre,  ligne  neuve, 
a  produit  une  insuffisance  de  recettes  de  8,786  fr.  86,  ce  qui  a 
réduit  à  25,609  fr.  11  le  produit  net  total  dont  il  y  aurait  encore 
lieu  de  déduire  une  réserve  pour  renouvellement  de  voie  et  de 
matériel,  ainsi  que  pour  les  risques  d'accidents  et  d'incendie  qui 
ne  peuvent  être  couverts  qu'en  partie  par  les  assurances. 

RÉSULTATS  COMPARATIFS  POUR   LES  ANNÉES  1883,  1884  et  1885 


en 

^3 

RÉSULTATS   TOTAUX 

RÉSULTATS  KILONÉTRIQllS 

-Il 

< 

*=>   Ai 

i 

31 

RECETTES 

DÉPENSES 

PHODLIT 

IflT 

RECETTES 

DfPESSCS 

PRODUIT 

IfBT 

90 

1883 

95.256     - 

86.204  35 

9.051  65 

3.073 

2.764 

309 

1884 

31 

106.205  35 

80.453  58 

25.751  77 

3.426 

2.595 

831 

75 

i885 

31      115.340  90 

80.924  93 

3i.415  97 

3.720 

2.610 

1.110 

70 

22 


CHAPITRE  XXIII 


CHEMINS    DE    FER    DU    GAMBRËSIS 


De  Cambrai  au  Gateau-Cambrésis.  .  .    26  kil. 
Du  Gâteau  au  Gatillon 10   — 


Total 36  kil. 


1.   —   ÉTABLlSSEME.lîT 

La  ligne  de  Cambrai  au  Catillon,  qui  est  établie  sur  raccotement 
de  la  route  nationale  n®  39,  de  Montreuil-sur-MeràMézières,aété 
déclarée  d'utilité  publique  par  décret  en  date  du  17  août  1880, 
sous  le  nom  de  «  tramway  à  traction  de  locomotives  »  destiné  au 
service  des  voyageurs  et  des  marchandises. 

Les  concessionnaires,  MM.  Chevalier,  ingénieur-constructeur 
de  matériel  de  chemin  de  fer,  et  Lambert  et  i\ey,  ingénieurs, 
recevaient  une  subvention  totale  d'environ  14,000  fr.  par  kilo- 
mètre. 

La  section  de  Cambrai  au  Caleau  a  été  livrée  à  l'exploitation  en 
1881,  celle  du  Cateau  au  Catillon  en  1885.  Le  cahier  des  charges 
provisoire  qui  avait  été  annexé  à  l'acte  de  concession,  a  été  rem- 


CHEMINS  DE    FER   SUR  ROUTES  330 

placé    par  le  cahier  des  charges  type  qui  résulte  de  la  loi  du 
41  juiu  1880. 

L'établissement  du  chemin  sur  accotements  de  route  n'avait  pas 
donné  toute  satisfaction  aux  concessionnaires,  qui  avaient  dû, 
d'une  part,  faire  des  dépenses  importantes  pour  le  séparer  de  la 
route  par  une  bordure  de  trottoir,  et  d'autre  part  suivre  un  profil 
accidenté,  à  déclivités  atteignant  souvent  30  et  même  33""  par 
mètre,  ce  qui  était  un  inconvénient  assez  grave,  en  raison  de  l'im- 
portance relative  du  trafic;  de  plus,  les  accidents  n'étaient  pas 
rares,  d'où  plaintes  du  public,  procès,  et  avaries  au  matériel,  et 
enfin,  la  longueur  des  trains  est  limitée  à  60  mètres  par  l'article  15 
du  cahier  des  charges,  ce  qui  est  une  grave  sujétion  quand  le 
trafic  est  important.  Aussi  la  Société  du  Cambrésis  se  décida- t-elle 
à  ne  pas  emprunter  les  routes,  d'ailleurs  trop  étroites,  dans  les 
-entreprises  dont  elle  sollicitait  la  concession,  et  qui  ont  été 
déclarées  d'utilité  publique  sous  le  régime  de  la  loi  de  1880,  à 
titre  de  chemins  de  fer  d'intérêt  local.  Les  lignes  nouvelles,  dont 
la  première  seule  est  eu  construction,  sont  les  suivantes  : 

Denain  au  Catelet* 50  kil. 

Le  Catelet  à  Saint-Quentin 28  — 

Le  Catelet  à  Cambrai,  par  la  vallée  de  l'Escaut.       26  — 

Soit  un  ensemble  de  140  kilomètres,  y  compris  la  ligne  de 
Cambrai  au  Catillon. 

Pour  toutes  ces  lignes,  la  subvention  kilométrique  s'élevait  à 
peu  près  au  même  chiffre  que  pour  le  tramway,  et  la  dépense 
d'établissement  était  limitée  à  un  maximum  d'environ  83,000  fr 
par  kilomètre,  y  compris  les  frais    de    constitution  de    capital. 

Les  déclivités  limites  adoptées  par  la  Compagnie  étaient  de  0,015 
par  mètre,  ce  qui  est  justifié  par  le  trafic  relativement  considé- 
rable que  Ton  attend  de  ces  lignes,  traversant  un  pays  très-riche, 
actuellement  mal  desservi,  et  dont  l'une,  la  transversale  de  Denain 
à  Saint-Quentin  par  le  Catelet,  est  appelée  à  avoir  un  important 
trafic  de  bout  en  bout  en  charbons,  et  doit,   dans  la  pensée  des 

<  Un  tronçon  de  la  li^^ne  de  Denain  au  Catelet,  Caudry   à  Walincourt  10  kil.,  a  été 
ouvert  à  rdxploitation  au  commencement  de  1887. 


340  CHEMINS   DE   FER  SUR  ROUTES 

constructeurs,  atteindre  dès   les  premières  années  d'exploitation 
un  trafic  kilométrique  supérieur  à  10,000  fr. 

Les  rayons  des  courbes  sont  fixés  au  minimum  de  150°*  en 
pleine  voie,  et  le  rail  sera  du  poids  de  18  kilos  acier. 

Malgré  des  conditions  de  tracé  bien  moins  favorables,  et  des 
expropriations  beaucoup  plus  importantes,  la  Société  duCambrésis 
espère  établir  ses  lignes  d'intérêt  local  à  un  prix  de  revient  kilo- 
métrique inférieur  à  celui  de  la  ligne  sur  route. 

Enfin  le  réseau  du  Cambrésis  doit  être  relié  à  Denain  avec  celui 
de  la  Société  des  Chemins  de  fer  Economiques  du  Nord,  ou 
autrement  dit,  aux  Tramways  de  Valenciennes.  Les  chemins  du 
Cambrésis  seront  composés,  en  fin  de  compte,  de  deux  lignes 
radiales  autour  de  Cambrai,  ville  de  23,000  habitants,  à  laquelle 
elles  rattachent  une  population  riche,  dense,  et  se  déplaçant  aisé, 
ment,  et  d'une  ligne  à  trafic  assuré  et  à  grand  parcours  (Denain  à 
Saint-Quentin)  raccordée  à  Caudry  et  au  Catelet  avec  les  deux 
précédentes,  et  jouant  entre  le  Catelet  et  Saint-Quentin  (46,000  hab.) 
le  rôle  de  rayon  par  rapport  à  cette  dernière  localité  fort  impor- 
tante, de  même  qu'entre  Denain  (15,000  hab.),  Lourches  (4,000  hab.) 
etDouchy  (1,500  hab.) 

Un  autre  rayon  partant  de  Cambrai  pour  aboutir  à  Arras,  en 
empruntant  l'accotement  de  la  route  nationale  de  Montreuil  à 
Mézières,  a  également  fait  l'objet  d'une  demande  on  concession; 
cette  ligne  prolongerait  en  ligne  droite,  vers  l'Ouest,  celle  de 
Cambrai  au  Catillon,  et  compléterait  un  réseau  qui,  établi  dans 
une  des  régions  les  plus  riches  et  les  plus  populeuses  de  la  France, 
est,  on  doit  le  reconnaître,  conçu  avec  toutes  chances  de  succès, 
en  dépit  de  la  faible  subvention  qui  lui  a  été  accordée. 

Description  de  la  ligne  de  Cambrai  au  Catillon^ .  —  La  ligne 
suit  presque  constamment  la  route  nationale  n®  32,  entre  Cambrai 
et  le  Cateau;  elle  n'abandonne  cette  route  qui  a  20  mètres  de  lar- 
geur que  pour  se  rapprocher  de  l'importante  agglomération  do 
Caudry  (5,000  hab.)  située  en  dehors  de  la  route,  pour  contourner 
le  village  d'Inchy  et  pénétrer  dans  la  ville  du  Cateau  (9,600  hab.). 

*  Les  conditions  techniques  d'établissement  de  ce  chemin  ont  été  décrites    récem- 
ment dans  la  Revue  générale  des  Chemins  de  fer  (janvier  et  lévrier  1887;. 


CHEMINS   DE   FER    SUR   ROUJES  341 

Du  Cateau  au  Catillon  (2,500  hab.)  le  tracé  est  plus  fréquemment 
hors  route,  en  raison  des  fortes  rampes  de  celle-ci. 

II  est  d'ailleurs  certain  que  si,  dans  ce  cas  particulier  assez  rare, 
Ton  ne  s'était  pas  astreint  à  emprunter  la  route  nationale  sur 
la  plus  grande  partie  de  son  parcours,  les  localités,  qui  en  sont  en 
général  relativement  éloignées,  eussent  été  mieux  desservies. 

La  tète  de  ligne  est  placée  à  la  porte  de  la  ville  de  Cambrai,  sur 
les  glacis  des  fortifications;  on  avait  pensé  dans  le  principe  à  la 
reporter  au  centre  de  la  ville  ;  on  y  a  renoncé  en  raison  de  l'ac- 
tivité de  la  circulation  dans  la  rue  qui  sert  d'accès  aux  deux  gares 
de  la  Compagnie  du  Nord  et  de  l'ancien  chemin  de  Picardie  et 
Flandres,  et  aussi  en  raison  de  ce  que  cette  rue  présente  des 
déclivités  de  40  millim.  par  mètre. 

Le  Catillon,  terminus  de  la  ligne,  est  situé  sur  le  canal  de  la 
Sambre,  par  lequel  arrivant  des  grains  et  surtout  des  charbons; 
aussi  le  trafic  de  petite  vitesse  a-t-il  très-notablement  augmenté 
depuis  l'ouverture  de  la  section  du  Cateau  au  Catillon. 

Dans  son  ensemble,  le  tramway  est  parallèle  à  la  ligne  de  Cam- 
brai à  Busigny,  et  dessert  les  mêmes  localités,  au  moins  jusqu'au 
Cateau;  mais  il  offre  sur  la  grande  ligne  l'avantage  d*ètre  plus 
rapproché  d'elles  et  de  pénétrer  dans  l'intérieur  même  du  Cateau 
et  aux  portes  de  Cambrai,  dont  la  gare  de  la  Compagnie  du  Nord 
est  distante  de  1,300  mètres;  aussi  a-t-il  enlevé  à  cette  Compagnie 
la  presque  totalité  des  voyageurs  de  la  région. 

La  distance  du  rail  à  la  bordure  de  trottoir  est  limitée  à  1™,15 
au  minimum,  et  la  largeur  du  matériel  à  2°',50,  d^où  une  protec- 
tion de  0",40  entre  le  train  et  la  bordure  de  trottoir,  protection 
que  le  cahier  des  charges  définitif  réduit  à  0°',30. 

On  a  exigé  du  concessionnaire  qu'il  maintînt  à  la  hauteur  du 
rail,  la  plate-forme  de  Taccotement  emprunté  pour  faciliter  la  cir- 
culation des  piétons  ;  par  suite,  le  balast,  qui  a  0  m.  30  d'épaisseur 
et  2  mètres  do  largeur  en  tête,  est  noyé  dans  la  terre,  l'assèche- 
ment de  la  voie  est  rendu  très-difficile,  et  les  traverses  pourrissent 
rapidement. 

La  route  est  pavée  jusqu'au  Cateau  ;  le  mètre  courant  de  bordure 
exigée  pour  protéger  le  chemin  contre  les  voitures  a  coûté  sur 
cette  section  2  francs  environ.  Mais  du  Cateau  au  Catillon,  la  route 


342  CHEMINS   DE   FER    SUR  ROUTES 

est  empierrée,  et  les  matériaux  d'empierromeiit  y  forment  une 
maçonnerie  extrêmement  dure  dans  laquelle  on  a  dû  creuser  une 
tranchée  de  Om.  30  de  largeur  pour  asseoir  la  bordure  dulrottoir, 
dont  la  pose  est  ainsi  revenue  à  5  ou  6  francs  le  mètre.  Si,  sur 
cette  section,  on  avait  emprunté  la  route  dans  les  rampes  supé- 
rieures à  30  millimètres,  on  eût  dû,  aux  termes  de  l'article  7  du 
cahier  des  charges,  défendre  la  bordure  par  un  caniveau  de  Om.30 
de  largeur,  et  le  tout  eût  coûté  plus  de  10  francs  le  mètre  courant. 
Ces  conditions  onéreuses  que  prévoit  le  cahier  des  charges  annexe 
à  la  loi  de  1880,  rendent  très-justifié  l'abandon  des  routes,  qui 
a  été  fait  pour  les  lignes  nouvelles. 

Les  déclivités  atteignent  très-souvent  la  limite  de  33  millimètres, 
et  le  profil  est  très  mouvementé  (fig.  32,  PI.  XIII).  Ces  rampes  limi- 
tent à  30  tonnes  la  charge  des  trains,  c'est-à-dire  à  6  véhicules  en 
charge,  ce  qui  nécessite  assez  souvent  la  mise  en  marche  de 
trains  extraordinaires  pour  l'enlèvement  des  marchandises,  parti- 
culièrement l'hiver,  période  de  transport  des  betteraves  et  du 
charbon. 

Bien  que  les  rayons  autorisés  par  le  cahier  des  charges  puissent 
descendre  à  40  mètres,  on  n'a  pas  cru  devoir  admettre  moins  de 
100  mètres. 

Le  rail  pèse  18  kilog.;  il  est  en  fer;  on  se  propose  de  le  rem- 
placer par  un  rail  de  même  poids  en  acier  quand  on  arrivera  à  la 
période  du  renouvellement.  Ce  dernier  type  a  du  reste  été  adopté 
pour  les  nouvelles  concessions. 

Les  barres  ont  8  mètres  de  longueur  et  sont  soutenues  par 
9  traverses.  Les  traverses  sont  en  sapin  créosote  ;  on  les  remplace 
en  entretien  par  des  traverses  de  chêne. 

On  s'est  attaché  à  rapprocher  le  plus  possible  les  stations  des 
localités  desservies,  même  au  prix  de  l'abandon  de  la  route,  ce  qui 
est  le  cas  pour  Caudry,  Inchy,  le  Cateau  et  Bazuel,  et  sans  reculer 
devant  des  acquisitions  de  ter/ain,  qui  ont  atteint  13,000  francs 
l'hectare  sur  certains  points. 

L'écartement  moyen  des  stations  et  haltes  est  de  3  kilomètres. 

Les  stations  sont  généralement  situées  à  proximité  de  la  route  : 

on  leur  a  donné  une  emprise  beaucoup  trop  vaste.  La  station  de 

Beauvois  (fig.  33)  représente  le  type  adopté,  mais  partiellement 


CHEMINS   DE  FER   SUR   ROUTES  343 

exécuté;  car  on  n'a  nulle  part  établi  de  quai,  ni  halle  aux  mar- 
chandises, ni  de  voie  dévitement,  le  service  se  faisant  en  navette. 
Chaque  gare  dispose  donc  seulement  d'une  voie  de  marchandises 
reliée  à  la  voie  principale  et  prolongée  par  un  cul-de-sac  ;  le  trafic 
des  marchandises  est  à  peu  près  exclusivement  un  trafic  de  wagons 
complets,  charbons,  betteraves,  grains,  etc.,  et  ne  nécessitera  pas 
de  longtemps  la  construction  d'une  halle  à  marchandises. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  type  adopté  dans  cette  prévision  est  peu 
recommandable.  La  halle  accolée  au  bâtiment  des  voyageurs  [eût 
été  mieux  à  sa  place. 

Le  bâtiment  des  voyageurs,  quand  il  en  existe  un,  se  compose 
seulement  d'une  salle  d'attente  avec  bureau  de  distribution  des 
billets,  le  logement  du  chef  do  gare,  qui  devait  être  attenant 
d'après  le  projet  définitif,  ayant  été  supprimé  ou  reporté  plus 
loin. 

Dans  la  moitié  des  stations,  et  principalement  dans  celles 
dénommées  haltes,  qui  n'ont  pas  de  voie  de  marchandises,  la  salle 
d'attente  n'est  autre  que  la  salle  commune  de  Vestaminet  le  plus 
voisin,  où  se  fait  la  distribution  des  billets. 

Dans  plusieurs  gares,  Caudry,  le  Cateau,  etc.,  on  a  adopté  pour 
loger  le  chef  de  gare  une  disposition  économique  qui  a  sa  justifi- 
cation dans  les  habitudes  particulières  de  la  population  de  la 
région. 

La  Compagnie  a  traité  avec  un  brasseur,  qui  construit,  à  ses 
frais,  dans  la  gare,  sur  le  terrain  appartenant  à  la  Compagnie,  un 
estaminet,  et  un  logement  attenant  pour  le  chef  de  gare  ;  la  Com- 
pagnie obtient  ainsi  un  logement  sinon  absolument  gratuit,  car 
elle  doit  rembourser  en  18  ans  la  dépense  des  matériaux  du  loge- 
ment et  de  l'estaminet,  du  moins  très-économique. 

On  a  le  dessein  d'appliquer  le  même  système  à  toutes  les  gares 
desservant  à  la  fois  voyageurs  et  marchandises. 

Dans  aucune  partie  de  la  France  en  effet,  Vestaminet  n'est  une 
annexe  aussi  indispensable  à  toute  entreprise  que  dans  le  dépar- 
tement du  Nord.  Tout  établissement,  agricole,  industriel  ou  autre, 
est  doublé  d'un  estaminet,  ce  qui  justifie  le  dicton  du  pays  :  «  Le 
nombre  des  kilomètres  se  compte  par  celui  des  chopes,  w 

Aussi  l'emprunt  par  une  Compagnie  de  tramways  de  l'estaminet 


344  CHEMINS  DE  FER   SUR   ROUTES 

comme  salle  d'attente  et  lieu  de  distribution  de  billets  est-il  extrê- 
mement recherché. 

La  gare  du  Cateau  est  une  gare  en  cul-de-sac,  ce  qui  ne  présente 
du  reste  aucun  inconvénient,  le  service  se  faisant  en  navette  entre 
le  Cateau  et  le  Catillon,  de  même  qu*entre  Cambrai  et  le  Cateau. 
La  gare  du  Cateau  doit  être  ultérieurement  reliée  à  la  gare  du 
Nord,  située  à  1  kilomètre  et  demi,  en  vue  d'assurer  les  échanges 
d'un  réseau  à  l'autre. 

A  Cambrai  deux  voies  de  transbordement  parallèles  ont  été 
installées,  dès  le  début,  à  l'extrémité  de  la  gare  de  la  Compagnie 
du  Nord;  la  ligne  locale  n'est  pas  reliée  avec  la  gare  de  Picardie 
et  Flandres,  dont  elle  est  très- voisine,  mais  à  laquelle  elle  est 
presque  superposée. 

Enfin,  outre  la  gare  tête  de  ligne,  située  comme  il  a  été  dit  aux 
portes  de  Cambrai,  la  Compagnie  locale  a  installé  à  une  distance 
d'environ  un  kilomètre,  près  de  ses  ateliers,  une  gare  de  marchan- 
dises pour  ne  pas  obliger  les  agriculteurs  ou  industriels  voisins  à 
venir  apporter  leurs  produits  ou  chercher  leurs  arrivages  à  la  gare 
haute. 

Il  n'y  a  pas  de  signaux  dans  les  gares,  et  on  a  exploité  jusqu'en 
1885  sans  appareils  télégraphiques;  mais  des  appareils  télépho- 
niques ont  été  installés  l'hiver  dernier  et  fonctionnent  à  la  grande 
satisfaction  des  exploitants. 

Les  alimentations  sont  assurées,  à  Cambrai  et  au  Cateau  par  les 
distributions  locales,  à  Beauvois  par  la  concession  gratuite  d'un 
industriel,  au  Catillon  par  une  pompe. 

Matériel  roulant.  —  Voitures  et  wagons.  —  Ce  matériel  a  été 
construit  par  M.  Chevalier,  un  des  fondateurs  du  chemin. 

Il  a  été  payé  fort  cher  :  en  1881,  les  usines  françaises  avaient 
grand'peine  à  fournir  tout  le  matériel  qui  leur  était  demandé,  et 
les  prix  étaient  élevés. 

Le  matériel  voyageurs  est  à  compartiments,  à  trois  classes,  ce 
qui  est  une  double  erreur;  le  nombre  des  voitures  s'élève  à  15,  en 
y  comprenant  4  voitures-fourgons. 

En  raison  du  très-graud  nombre  de  voyageurs,   cet   armement 


CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES  343 

est  parfois  insuffisant,  spécialement  au  moment  des  foires  et  fêtes; 
on  y  ajoute  des  wagons  couverts  que  l'on  a  munis  de  bancs. 

On  a  construit,  à  titre  d'essai,  une  voiture  bogie  canalogue  à  la 
voiture  de  3®  classe  adoptée  sur  le  chemin  d'Anvin  à  Calais,  et  on 
se  propose  d'étendre  Temploi  de  ce  matériel  nouveau  aux  chemins 
en  construction. 

Tout  ce  matériel  est  muni  du  frein  à  vide;  les  voitures-four- 
gons ont,  en  outre,  le  frein  ordinaire  à  vis;  ces  dernières  voitures 
sont  à  trois  compartiments,  les  deux  extrêmes  pour  voyageurs,  le 
compartiment  du  milieu  pour  les  bagages  et  le  conducteur. 

Les  wagons  sont  au  nombre  de  52,  soit  : 

iO  wagons  couverts  portant  8  tonnes; 

22  wagons  plats  portant  8  tonnes  ; 

20  wagons  à  houille  à  ridelles,  8  tonnes. 

Soit  environ  1  wagon,  2  par  kilomètre.  Les  wagons  ont  la  con- 
duite du  frein  continu;  quelques-uns  portent  le  frein  lui-même. 

Locomotives,  —  L'armement  en  machines  spécial  au  chemin  de 
Cambrai  au  Catillon  comprend  4  locomotives  construites  par  la 
Compagnie  de  Fives-Lille,  à  mouvement  extérieur,  qui  font  un 
excellent  service  :  elles  atteignent  sans  danger  pour  le  mécanisme, 
la  vitesse  de  30  kilomètres  à  l'heure. 

Les  conditions  d'établissement  sont  les  suivantes  : 

Diamètre  des  cylindres.  .  0°27 
Course  des  pistons.  .  .  0  38 
Timbre  de  la  chaudière  .       8kg5 

Diamètre  des  roues.     .     .  0"'*'80 

Surface  de  chauffe.  .  .  30  80 
Surface  de  grille.  ...  0  66 
Empattement  des    roues  .       I^IS 

Poids  à  vide 12  tonnes. 

Poids  en  service.     ...  15  tonnes. 

Dans  le  principe,  les  machines  étaient  exclusivement  munies  du 
sifflet  à  vapeur;  en   raison  de  Teffroi  qu'il  causait  aux  chevaux, 


346  CHEMINS   DE   FER   SUR   ROUTES 

Tusage  du  siffletaété  proscrit;  on  se  sert  aujourd'hui  d'unclrompo 
d'appel  analogue  à  celle  des  tramways  parisiens  et  qui,  appliquée 
à  un  train,  présente  le  grave  inconvénient  de  ne  pouvoir  être  enten- 
due à  distance,  le  bruit  du  train  couvrant  le  son  de  la  trompe. 

On  étudie  en  ce  moment  un  sifflet  à  vapeur  à  note  grave,  ana- 
logue à  celui  qui  est  en  usage  sur  les  bateaux  à  vapeur.  Une  forte 
cloche  vaudrait  mieux. 

Ateliers  de  réparation,  —  Ils  sont  provisoirement  installés  à 
Cambrai,  près  de  la  gare  du  Nord  ;  oii  a  le  dessein  d'établir  ulté- 
rieurement un  atelier  central  soit  à  Caudry,  soit  au  Catelet. 

L'atelier  de  Cambrai,  comprenant  un  tour  parallèle  et  une  ma- 
chine à  percer,  permet  de  faire  toutes  réparations  courantes.  Les 
grosses  réparations  et  le  tournage  des  roues  se  font  en  ville. 

Les  dépenses  de  premier  établissement  au  31  décembre  1883,  se 
résumaient  ainsi,  pour  la  ligne  de  Cambrai  au  Cateau  : 

Dépenses  de  premier  établissement 

Infra  et  superstructure 1.736.329     » 

Matériel 372.300     » 

Total 2.098.629    i» 

Soit  par  kilomètre 83.945    » 

Ce  qui  est  un  chiffre  très-élevé  pour  un  chemin  de  ce  genre. 


II.—  EXPLOITATION 


Administration 


En  dehors  du  Conseil  d'administration,  qui  se  réunit  soit  à  Cam- 
brai, soit  à  Paris,  et  auquel  sont  soumises  toutes  les  questions  de 
principe,  la  direction  effective  est  confiée  à  un  ingénieur  qui  est 
en  même  temps  administrateur  délégué,  et  chargé  à  la  fois  de  la 
construction  des  lignes  nouvelles  et  de  Texploitation  des  lignes 
ouvertes. 

Il  dispose,  en  outre,  du  personnel  affecté  à  la  construction,   de 


CHEMINS    DE   FER   SUR  ROUTES  347 

trois   agents,  dont   un  caissier-comptable  pour  le  service  de   la 
comptabilité  et  du  contrôle  des  recettes  du  tramway. 

On  ne  s'est  pas  jusqu'à  présent  préoccupé  de  dégager  exactement 
par  service  les  dépenses  annuelles,  dont  on  vient  seulement  do  se 
décider  à  faire  la  ventilation.  Aussi  ne  peut-on  fournir,  pour  les 
dépenses  d'exploitation,  que  le  chiffre  annuel,  en  bloc.  On  ne 
donnera,  du  reste,  que  les  résultats  relatifs  à  la  ligne  de  Cambrai 
au  Gâteau,  celle  du  Gâteau  au  Gatillon  ayant  à  peine  une  année 
d'exploitation. 

Voie   et  Bâtiments 

» 

Un  piqueur  dirige  le  service. 

Le  personnel  d'entretien  est  composé  pour  la  ligne  de  Gambrai 
au  Gâteau,  de  5  équipes  comprenant  chacune  1  chef  d'équipe  et 
2  hommes,  soit  3  hommes  par  5  kilomètres. 

Une  équipe  d'agents  de  la  voie  est  souvent  employée  aux  trans- 
bordements à  Gambrai,  principalement  l'automne,  période  active 
du  trafic. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  passage  gardé  que  la  traversée  à  niveau  de 
la  ligne  de  Gambrai  à  Busigny,  à  la  sortie  de  la  gare  de  Gambrai- 
Nord. 

Le  gardiennage  est  assuré  par  la  Compagnie  du  Nord,  aux 
frais  de  la  Compagnie  locale. 

L'entretien  de  la  voie  ressort  à  peu  près  à  16,996  francs  pour 
1885,  soit  par  kilomètre  à  650  francs.  On  a  dû  commencer  déjà  le 
remplacement  des  traverses  en  sapin,  en  raison  du  défaut  d'assai- 
nissement de  la  voie,  que  le  service  du  contrôle  a  forcé  d'encastrer 
dans  la  terre  jusqu'à  hauteur  de  l'accotement  :  1,000  traverses 
ont  été  remplacées  en  1886. 

Traction 

Un  chef  de  dépôt  a  autorité  sur  tout  le  service. 
Une    seule  machine  assure  la  traction  des  4  trains  de  chaque 
sens  qui  ont  Hou  entre  Cambrai  et  le  Gâteau,  soit  208  kilomètres 


348  CHEMINS  DE   FER    SUR   ROUTES 

par  jour;  une  autre  machine  fait  le  service  du  Cateau  au  Catillon; 
mais  chaque  machine  a  un  double  personnel  :  la  moitié  des  trains 
est  faite  par  une  équipe  d'un  mécanicien  et  d'un  chauffeur,  Tautre 
moitié  par  une  autre  équipe. 

Ce  système,  très-révolutionnaire  en  Europe  et  si  usité  en  Amé- 
rique, fonctionne  depuis  1881  à  l'absolue  satisfaction  delà  Compa- 
gnie dont  les  machines  n*ont  jamais  eu  ni  détresse,  ni  avarie  ;  le 
Cateau  est  le  point  d'attache  de  la  machine  et  des  agents. 

Chaque  équipe  assure  du  reste  journellement  deux  trains  de 
chaque  sens  de  Cambrai  au  Cateau,  et  un  ou  deux  trains  du 
Cateau  au  Catillon. 

Deux  cantonniers  sont  dressés  aux  fonctions  de  chauffeur^  en 
vue  du  cas  de  mise  en  marche  de  trains  extraordinaires  pouf  le 
transport  de  marchandises  que  les  trains  réguliers  sont  parfois 
impuissants  à  enlever. 

Les  deux  ajusteurs  de  l'atelier  peuvent  faire  fonctions  de  méca- 
niciens, pendant  le  repos  des  mécaniciens  et  chauffeurs  eu  titre. 
Outre  ces  ajusteurs,  le  personnel  de  l'atelier  comprend  encore 
1  forgeron  et  1  menuisier-charron. 

Le  combustible  est  exclusivement  composé  de  briquettes;  le 
tirage  violent  qui  a  lieu  dans  les  rampes  ne  permettrait  pas,  avec 
les  petits  foyers  de  ces  machines,  de  faire  usage  de  tout-venant 
menu,  qui  serait  on  grande  partie  entraîné  dans  la  boîte  à  fumée. 

La  consommation  kilométrique  du  combustible  est  de  4  kilg.,  4; 
ce  chiffre  comprend  l'allumage. 

L'allocation  en  huile  végétale  est  de  3  kilos  à3  k.  500  par  jour, 
selon  la  saison,  ce  qui  correspond  à  15  ou  17  grammes  par 
kilomètres. 

Les  primes  des  mécaniciens  atteignent  10  à  13  francs  par  mois 
avec  ces  allocations. 

Le  traitement  mensuel  des  mécaniciens  est  de  150  à  200  fr. 
—  des  chauffeurs  est  de  i50  fr. 

Les  dépenses  kilométriques  de  traction  s'élèvent  annuellement  à 
1,200  à  1,300  fr. 

Mouvement  et  Trafic 
Mouvement.  —  Un  inspecteur  est  chargé -à  la  fois  du  service  du 


CHEMINS   DE   FER  SUR   ROUTES  349 

• 

mouvement  et  de  la  vérification  de  comptabilité  des  gares.  Il  est 
aidé  d*un  intérimaire,  qui  est  en  même  temps  employé  au  bureau 
de  la  comptabilité. 

Dans  chacune  des  gares,  extrêmes,  y  compris  celle  du  Cateau,  le 
service  est  fait  par  un  chef  de  station  et  un  homme  d'équipe-facteur. 

Les  autres  gares  ouvertes  au  service  des  marchandises  sont 
gérées  par  un  chef  de  station  seul. 

Enfin  le  service  des  haltes,  Awoingt,  Estourmel,  Inchyet  Trois- 
villes,  est  assuré  par  la  femme  du  cabaretier  voisin,  moyennant 
un  salaire  de  15  fr.,  qui,  comme  on  Ta  dit,  ne  représente  qu'une 
très  faible  part  des  profits  dévolus  à  cette  fonction. 

Les  chefs  de  gare,  dans  les  stations,  les  cabaretiëres  dans  les 
haltes,  délivrent  les  billets,  à  l'exclusion  du  conducteur  des  trains; 
elles  ont  à  cet  effet  un  casier  à  billets  simples  ou  d'aller  et  retour 
pour  toute  destination.  Elles  remettent,  chaque  matin,  les  recettes 
de  la  veille  au  premier  train  vers  Cambrai. 

Dans  le  principe,  la  Compagnie  avait  commencé  l'exploitation 
de  la  ligne  sans  autres  bâtiments  que  ceux  des  points  extrêmes. 
On  s'est  décidé  à  construire  des  bâtiments  dans  les  gares  et  à  con- 
fier, dans  les  haltes,  le  service  de  la  distribution  des  billets  aux 
cabaretiëres,  pour  mettre  fin  aux  nombreux  détournements  que 
faisaient  les  conducteurs,  insuffisamment  contrôlés.  Le  tramway 
du  Cambrésis  a  donc,  au  point  de  vue  du  service  des  voyageurs, 
beaucoup  plus  d'analogie  avec  un  chemin  de  fer  ordinaire,  qu'avec 
les  deux  tramways  précédemment  décrits. 

Service  des  trains.  —  Un  conducteur  assure  seul  le  service  des 
8  trains  de  la  journée  :  on  lui  accorde  chaque  semaine  un  ou  deux 
jours  de  congé,  pendant  lesquels  le  service  des  trains  est  fait  par 
l'intérimaire. 

Les  trains  du  Calillon  au  Cateau  sont  en  correspondance  avec 
ceux  du  Cateau  à  Cambrai  ou  vice  versa. 

La  vitesse  des  trains  a  été  limitée  à  20  kilomètres  à  l'heure  par 

le  cahier  des  charges;  mais,  sur  la  réclamation  des  populations 

appuyées  par  le  conseil  général,  le  ministre  des  travaux  publics  a 

•   autorisé,  à  partir  d'octobre  1885,  l'essai  de  la  vitesse  limite  de 

25  kilomètres. 


350  GHEBUNS  DE    FER  SUR  ROUTES 

Grâce  à  cette  vitesse,  et  à  la  durée  très-réduite  des  stationne- 
ments, les  trains  parviennent  actuellement  à  atteindre  une  vitesse 
commerciale  de  18  kilomètres,  à  laquelle  la  Compagnie  locale  doit 
d'avoir  enlevé  à  la  Compagnie  du  Nord  presque  tous  les  voyageurs 
de  la  région. 

Dans  la  traversée  des  localités,  on  a  abandonné  la  vitesse  trop  fai- 
ble de  6  kilomètres  à  l'heure  pour  aller  jusqu'à  celle  de  10  kilomètres. 

L'adoption  définitive  de  ces  vitesses  a  été  soumise  à  l'enquête, 
qui  lui  a  été  favorable,  et  il  est  à  présumer  que  la  vitesse  de 
25  kilomètres  sera  dorénavant  sanctionnée  par  les  cahiers  des 
charges,  au  moins  sur  les  routes  larges  comme  celle  dont  il  s'agit. 

En  fait,  la  vitesse  de  30  kilomètres  est  fréquemment  dépassée 
dans  les  pentes,  et  cela  sans  inconvénient  pour  la  circulation  sur 
la  route,  les  chevaux  s'habituant  rapidement  au  passage  des  trains. 

Tous  les  trains  transportent  des  marchandises. 

La  composition  est  normalement  de  3  voitures  à  voyageurs  et 
d'un  fourgon,  soit  environ  100  places.  Le  dimanche  et  le  lundi, 
la  composition  monte  à  5  ou  6  voitures;  les  voitures  sont  directe- 
ment attelées  derrière  la  machine  sans  interposition  de  fourgon 
ou  wagon.  On  ajoute  ordinairement  2  ou  3  wagons  en  semaine,  de 
manière  à  compléter  la  charge  maxima  de  30  tonnes  que  peuvent 
remorquer  les  machines  sur  les  rampes  de  33"".  Les  wagons  sont 
généralement  placés  en  queue  des  trains;  la  longueur  maxima 
fixée  à  60  mètres  ne  peut  jamais  être  atteinte,  en  raison  des 
faibles  charges  que  la  machine  peut  remorquer. 

On  a  déjà  dit  que  le  trafic  de  petite  vitesse  était  suffisamment  inu 
portant  pour  qu'on  fût  assez  souvent,  surtout  à  l'automne,  dans 
l'obligation  de  mettre  en  marche  des  trains  spéciaux  pour  l'en- 
lèvement des  charbons  ou  betteraves;  c'est  là  la  plus  grave  objec- 
tion qu'on  puisse  élever  contre  l'emploi  de  Taccotement  de  la  route 
par  le  chemin  de  fer  du  Cambrésis  ;  car  les  déclivités  de  celle-ci  y 
sont  trop  accusées  et  trop  fréquentes,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre 
compte  par  le  profil  (fig.  32).  On  eût  du  reste  pu  obtenir  un 
meilleur  profil  en  recourant  plus  souvent  aux  déviations. 

C'est  aussi  en  raison  de  la  limitation  de  charge  occasionnée  par 
les  fortes  rampes  que,  en  cas  d'affluence  et  de  fêtes,  on  est  dans 
l'obligation  de  multiplier  les  trains  de  voyageurs,  et  de  créer  des 


CHEMINS    DE   FEU  SUR   ROUTES  351 

marches  spéciales.  On  a  fait  jusqu'à  24  trains  à  certains  jours  de 
fête,  en  effectuant  des  croisements  jtux  gares  pourvues  de  voies 
de  garage  :  Carnières,  Beauvais,  Caudry,  Inchy. 

Lorsque  les  manœuvres  ont  lieu  au  passage  des  trains,  tout  le 
personnel  y  concourt,  conducteur,  chauffeur  et  chef  de  station. 

Les  aiguilles  sont  partout  boulonnées  et  cadenassées. 

Peu  de  manutentions  au  passage,  le  transport  des  marchandises 
ayant  lieu  presque  exclusivement  par  wagons  complets. 

Service  des  échanges  avec  la  Compagnie  du  Nord.  —  La  Compa- 
gnie du  Nord  a  installé  les  voies  d'échange  aux  frais  de  la  Com- 
pagnie locale,  dont  elle  perçoit  une  location  de  terrain  de  1  fr. 
par  mètre  carré  et  une  taxe  de  Ofr.  12  par  tonne  en  provenance  ou 
à  destination  du  tramway. 

La  Compagnie  locale  effectue  elle-même  le  transbordement  des 
marchandises;  elle  y  emploie,  quand  c'est  nécessaire,  une  équipe 
de  cantonniers,  et  se  borne  à  percevoir  du  public  une  taxe  de 
transbordement  de  0  fr.  20  par  tonne. 

Service  commercial.  —  Les  tarifs  du  cahier  des  charges  sont 
de  10,  7,  5  et  5,  5  pour  les  voyageurs  (iippôt  non  compris),  et  de 
20,  18  et  13  cent,  pour  les  marchandises,  suivant  la  classe;  avec 
tarif  spécial  de  13  cent,  par  wagon  complet  pour  les  marchandises 
des  2  classes,  indistinctement. 

Ce  tarif  est  réduit  à  10  cent,  pour  les  charbons  et  graines. 

En  outre,  les  voyageurs  bénélicient  de  billets  d'aller  et  retour 
comportant  23  p.  100  de  réduction. 

Le  trafic  des  voyageurs  constitue  80  p.  100  du  trafic  total;  les 
trains  transportent  journellement  500  voyageurs  en  semaine, 
1,000  le  dimanche. 

Bien  que  le  chemin  passe  devant  un  assez  grand  nombre 
d'usines,  spécialement  de  fabriques  de  sucre,  aucune  d'elles  n'est 
reliée  par  rails  en  raison  des  conditions  exagérées  qui  ont  été  ins- 
crites à  l'article  61  du  cahier  des  charges,  soit  un  droit  d'embranche- 
ment de  Ofr.  23  par  tonne  et  un  droit  de  fourniture  et  envoi  de  maté- 
riel de  0  fr.  15  par  tonne,  ou  au  total  Ofr.  40  par  tonne. 

Aucun  industriel  n'a  pu  se  décider  à  prendre  à  sa  charge,  outre 


352 


CHEMINS   DE  FER  SUR    ROUTES 


la  construction  de  l'embranchement,  des  conditions  aussi  oné- 
reuses, et  chacun  a  continué  à  se  servir  dos  moyens  de  transport 
plus  économiques  dont  il  disposait,  c'est-à-dire  de  ses  charrettes. 

Il  y  a  là  une  erreur  commerciale  regrettable. 

La  comptabilité  et  les  écritures  ne  présentent  aucune  particu- 
larité. Le  contrôle  est  assuré  au  service  central. 


Résultats  généraux  pour  Tannée  1885 
Les  dépenses  sont  les  suivantes  : 

Entretien  de  la  voie i6.996  » 

Droits  de  régie 3.333  » 

Autres  dépenses  (admiiiisl.,  traction  et  mouvement,  etc.).  75.072  » 

Total 95.401  T 

Soit  par  kilomètre 3.816  • 

Les  recettes  brutes,  impôt  déduit,  s'élèvent  à 129.370  » 

Soit  par  kilomètre 5.175  » 

D'où  un  produit  net  total  de 33.969  • 

—                kilométrique 1,359  » 


1 

RÉSU 

LTATS  COMPARATIFS  POUR  LES  ANNÉES  1882, 

1883, 1884,  1885 

en 
^  S 

RÉSULTATS   TOTAUX 

RÉSULTATS  KILOMÉTRIQ. 

tû 

h!! 

'mi    S 

• 

^ -^ii^-^^.^^- ^ 

f-ls    p 

-< 

26 

RECETTES 

DÉPENSES 

PRODUIT 
inrr 

RECETTES 

DÉriXSES 

PEODCIT 

KIT 

«•3    C 

m 
« 

1882 

134.911 

» 

» 

5.866 

» 

» 

1883 

26 

142.503 

87.933 

54.570 

6.196 

3.823 

3.373 

62 

1884 

26 

136.612 

81.081 

55.531 

5.464 

3.243 

2.221 

59 

1885 

26 

129.370 

95.401 

33.969 

5.175 

3.816 

1.359 

73 

CHAPITRE  XXIV 


TRAMWAYS  DIVERS  A  TRACTION  MÉCANIQUE 


I.  — TRAX^AYS    DE    VALENC  I  E  !%':!«  ES 


Établissement 

Les  tramways  qui  rayonaent  autour  de  Valenciennes  ont  un 
développement  total  de  50  kilomètres.  Ils  sont  formés  des  lignes 
suivantes  : 

Valenciennes  à  Saint-Amand 13  kil. 

La  Croix-d'Anzin  à  Condé  et  Vieux-Condé 14    — 

Valenciennes  à  Quiévrain  (frontière) 10    — 

La  Croix-d'Anzin  à  Denain ii     ^ 

Chemin  de  ceinture  des  Alliés 2    — 

Total 50  kil. 

Ces  divers  rayons  traversent  une  région  à  population  très-dense, 
et  déjà  antérieurement  desservie  par  7  lignes  de  chemins  de  fer. 

La  première  concession,  accordée  en  1877  à  la  ville  de  Valen- 
ciennes, était  destinée  à  relier  à  ce  centre  les  deux  faubourgs  de 
Raismes  et  de  Bruay,  situés  tous  deux  à  5  kilomètres  environ  de 
la  ville. 

23 


354  CHEMINS    DE  FEU    SLR  ROUTES 

Après  bien  des  vicissitudes,  cette  concession  a  été  rétrocédée  à 
une  Société  belge  qui  a  obtenu  de  prolonger  les  lignes  primitives 
jusqu'à  Saint-Amand  et  Vieux-Condé  et  de  construire  celles  de 
Denain  et  do  Quiévrain  (vers  Mons).  Le  capital  social  de  la  Société 
est  de  3,002,000  fr.  auxquels  il  faut  ajouter  1,438,000  fr.  d'obli- 
gations. 

La  tète  de  ligne  de  ces  tramways  est  au  centre  de  la  ville  do 
Valenciennes;  à  la  traversée  de  la  ville  (dont  les  rues  sont  étroites), 
la  voie  est  établie  sur  la  chaussée,  de  manière  à  réserver  un 
minimum  de  2  m.  60  entre  Taplomb  des  voitures  du  tramway  et 
la  bordure  des  trottoirs. 

Hors  ville,  les  tramways  de  Valenciennes  sont  établis  sur  l'acco- 
tement des  larges  routes  nationales  de  Cambrai,  de  Lille,  de 
Bruxelles  et  de  Mons  :  le  rail  est  à  0  m.  80  de  la  bordure  du 
trottoir. 

La  voie  a  1  m.  d'écartement,  le  rail  pèse  18  kilos;  il  est  en  fer 
sur  les  lignes  de  Valenciennes  et  de  Bruay,  en  acier  sur  les 
autres;  les  traverses  en  pin  injecté,  remplacées  annuellement  par 
des  traverses  en  chêne,  ont  Om.  80  d'espacement  axial. 

La  voie  est  double  depuis  la  sortie  de  Valencieunes  jusqu'à  la 
Croix  d'Anzin  (1  kil.). 

Les  rampes  atteignent  assez  fréquemment  30  "/"  par  mètre  ;  la 
rampe  de  la  Croix-d'Anzin  est  même  de  34"/"". 

Hors  ville,  les  courbes  ont  en  général  100  mètres  de  rayon, 
quelques-unes  descendent  même  à  50  mètres. 

A  la  traversée  de  Condé  et  de  Valenciennes,  elles  sont  fréquem- 
ment de  30  mètres  et  25  mètres  de  rayon. 

Le  plus  mauvais  point  est  sur  le  passage  de  la  route  de  Lille 
par-dessus  le  chemin  de  fer  du  Nord,  à  la  sortie  de  Valenciennes, 
où  une  courbe  de  30  mètres  de  rayon  coïncide  avec  une  rampe  de 
0  m.  030,  ce  qui  correspond  à  une  déclivité  nette  de  plus 
de  0  m.  06. 

Dans  le  principe,  on  s'est  beaucoup  préoccupé  d'assurer  un 
service  de  marchandises  ;  on  a  même  fait  construire  dans  ce  but 
25  wagons.  Mais  la  plupart  des  industries  de  la  région  sont  reliées 
par  embranchements  aux  grandes  lignes  do  chemins  de  fer,  qui 
desservent  aussi  fort  bien  les  centres  agricoles;  la  Compagnie  des 


CHEMINS    DE   FER  SUH  ROUTES  355 

tramways  de  Valenciennes  a  donc  dû  renoncer  à  la  petite  vitesse 
et  remiser  ses  wagons  à  ses  ateliers  de  Raismes;  son  trafic  se 
borne  aux  voyageurs  et  aux  messageries. 

Dès  lors,  on  n'avait  pas  d'installations  particulières  à  assurer 
dans  les  stations  qui  se  composent  uniquement  d'une  salle  d'at- 
tente. 

Des  salles  d'attente  spéciales  n'ont  été  établies  par  la  Com- 
pagnie que  sur  un  petit  nombre  de  points,  en  particulier  à  la  tète 
de  ligne  de  \alenciennes. 

En  général  les  salles  d'attente  sont  fournies  gratuitement  par 
un  cabaretier,  qui  se  charge,  moyennant  une  taxe  de  factage  de 
0  fr.  10  par  colis,  des  colis  de  messagerie  à  destination  ou  en 
provenance  du  tramway;  cette  fonction  de  facteur  de  la  Com- 
pagnie est  extrêmement  recherchée  par  les  cabaretiers,  en  raison 
des  avantages  indirects  procurés  par  la  vente  des  boissons,  si 
importante  dans  la  région  du  Nord,  et  en  particulier  dans  les 
districts  miniers. 

La  plupart  des  22  stations  des  tramways  de  Valenciennes  corres- 
pondent ainsi  à  des  estaminets. 

Les  voies  d'évitement,  qui  coïncident  souvent  avec  les  stations, 
ont  été  établies  à  des  distances  telles  que  les  croisements  de  trains 
puissent  être  assurés  sur  la  base  d'un  départ  par  demi-heure.  En 
fait  les  départs  ont  lieu  d'heure  en  heure. 

Pas  de  télégraphe  ni  de  téléphone. 

Du  reste,  les  trains  peuvent  s'arrêter  en  dehors  des  stations,  à 
la  demande  des  voyageurs. 

Le  matériel,  voitures  et  wagons,  est  le  même  que  celui  précé- 
demment décrit  à  propos  des  tramways  de  la  Sarthe. 

Le  matériel  roulant  se  compose  de  20  machines,  1  pour  2  k.  5; 

13  voitures  de  première  classe; 
4      —       mixtes  ; 
20      — -       de  deuxième  classe. 


Soit.  .      39   voitures  et  2  fourgons. 

Les  ateliers  de  Raismes  sont  suffisamment  outillés  pour  assurer 
toutes  réparations,  et  même  au  besoin  la  construction. 

Le  prix  d'établissement  des  tramways  de  Valenciennes  ressort, 


356  CHEMINS   DE    FER    SUR  ROUTES 

tout  compris,  à  près  de  90,000  francs  par  kilomètre,  chiffre  élevé. 
La  conception  de  ce  petit  réseau  est  très-heureuse;  les  lignes, 
courtes,    rayonnantes,    donnent   une    excellente   utilisation   du 
matériel,  tout  en  desservant  parfaitement  les  localités. 


Exploitation 

L'entretien  de  chacune  des  lignes  est  assuré  par  une  brigade 
de  5  agents. 

Un  conducteur  et  un  aide  surveillent  l'ensemble  du  service  de 
la  voie. 

Le  service  de  traction  exige  1  chef  de  dépôt  et  14  mécaniciens 
et  chauffeurs  dont  10  en  route,  1  en  réserve,  2  au  lavage  et  1  en 
repos  ou  congé. 

Chaque  machine  est  conduite  par  deux  agents  :  un  mécanicien 
et  un  chauffeur. 

L'allocation  de  charbon  est  de  4  à  5  kilos,  suivant  le  profil,  non 
compris  48  kilos  pour  allumage. 

Le  charbon  est  composé  de  fines,  demi-grasses,  do  la  Compagnie 
d'Anzin,  à  11  francs  la  tonne  sur  la  carreau  de  la  mine,  et 
12  francs  rendu  aux  dépôts. 

Les  mécaniciens  sont  payés  à  l'heure,  à  0  fr.  45. 

Les  parcours  journaliers  sont  de  150  kilomètres  en  moyenne 
par  machine. 

Les  trains  sont  normalement  composés  de  2  voitures  et  d'un 
fourgon;  mais  les  machines  sont  assez  puissantes  pour  remorquer, 
en  cas  d'affluence,  6  voitures  sur  les  diverses  lignes. 

La  vitesse  des  trains  est  de  15  kilomètres  à  l'heure  en  cam- 
pagne, de  10  kilomètres  au  passage  des  agglomérations  et  de 
6  kilomètres  à  la  traversée  des  villes;  la  durée  de  parcours  des 
diverses  lignes  varie  de  54  minutes  à  1  h.  15  pour  des  distances 
de  H  à  13  kilomètres;  on  pourrait  facilement  accélérer  ces 
marches. 

Les  croisements  de  trains  sont  fixés  d'une  manière  ferme  par 
les  marches;  ils  no  peuvent  être  modifiés  que  sur  un  ordre  écrit 
du  chef  de  gare  de  Yalenciennes-,  agent  spécial  de  la  voie  unique, 


CHEMINS   DE  FER   SUR    ROUTES  357 

OU  bien  sur  un  ordre  verbal  de  Tun  des  trois  contrôleurs  chefs 
du  mouvement. 

Les  jours  de  fête,  des  ordres  spéciaux  règlent  la  marche  des 
trains  facultatifs. 

Chaque  train  est  accompagné  d'un  conducteur  qui  délivre  les 
billets  dans  la  gare  de  Yalenciennes  avant  le  départ  du  train,  et 
dans  les  voitures  en  cours  de  route.  Le  même  agent  retire  les 
billets;  c'est  le  procédé  employé  sur  les  tramways  de  la  Sarthe. 

Les  conducteurs  ont  un  traitement  fixe  de  100  francs  par  mois^ 
plus  4  p.  100  de  la  recette  brute  réalisée,  système  qui  permet  de 
forcer  la  durée  du  service  les  jours  de  fête,  sans  avoir  à  redouter 
de  récriminations. 

Le  service  des  messageries  est  fait  de  la  même  manière  que  sur 
les  tramways  do  la  Sarthe. 

Un  comptable  et  un  commis  suffisent  au  contrôle  des  recettes. 

L'ensemble  du  personnel  est  placé  sous  les  ordres  d'un  directeur 
aidé  d'un  ingénieur,  et  auquel  le  conseil  d'Administration  laisse 
les  pouvoirs  les  plus  étendus. 

Les  tarifs  de  voyageurs  sont  à  la  base  de  0  fr.  08  par  kilomètre 
pour  la  première  classe,  0  fr.  06  par  kilomètre  pour  la  deuxième 
classe,  avec  minima  de  0  fr.  20  et  0  fr.  15  quelle  que  soit  la  dis- 
tance parcourue  au-dessous  de  2  kilomètres. 

Les  voyageurs  ont  droit  à  la  gratuité  pour  leurs  bagages,  jusqu'à 
30  kilos. 

Les  messageries  et  marchandises  de  toute  classe  payent  0  fr.  40 
par  tonne  et  par  kilomètre. 

Résultats.  —  Le  nombre  des  voyageurs  kilométriques  varie  par 
année  de  28,000  sur  la  ligne  de  Quiévrain  à  45,000  sur  celle  de 
Raismcs;  moyenne  38,000. 

Les  recettes  et  dépenses  par  train-kilomètre  ont  été  successive- 
ment, en  moyenne  : 

1882  Recette  par  train-kil.      0.98      Dépense  par  traiu-kil.      0.62 

1883  —  1.10  —  0.61 

1884  —  1.02  —  0.56 

La  dépense  de  traction  du  train-kilomètre  ressort  en  moyenne  à 


358 


CHEMINS   DE   FER    SUR   ROUTES 


0  fr.  33,  y  compris  l'entretien.  Ce  chiffre  peu  élevé  correspond  à 
un  matériel  neuf  et  à  des  prix  de  personnel  et  de  charbon  excep- 
tionnellement bas. 
Les  résultats  comparatifs  sont  les  suivants  : 


C/) 

•a 


1882 
1883 
1884 
1885 


3  ■ 

^  S 

o  S 

o  s 

mi 


22 
29 
38 
50 


RÉSULTATS  TOTAUX  (impôt  déduit) 


RECETTES 


DÉPENSES 


278.709 
358.696 
437 . 759 
509.376 


176.766 
201.910 
242.633 
276.567 


PRODUIT 

RET 


101. 9i3 
156.786 
195.122 
232.809 


RÉSULTATS  KILOMÉTRIQ. 


RECETTES 


BfPISSlS 


12. 5U 
12.284 
11.328 
10.492 


7.962 
6.915 
6.278 
5.696 


PROKIT 


4.582 
5.369 
5.050 
4.796 


m 


63 
56 
55 
54 


En  somme,  les  tramways  de  Valenciennes  constituent  une 
entreprise  avantageuse  pour  la  Compagnie  *. 

Pour  ce  qui  est  du  public,  nous  ne  saurions  mieux  exprimer 
son  opinion  que  ne  l'a  fait  un  ingénieur  du  contrôle  : 

f  L'impression  du  public  est  excellente.  Personne  ne  saurait  plus  mainle- 
u  nant  se  passer  de  ce  moyen  de  communication  essentiellement  commode 
«  et  intime,  pénétrant  dans  les  agglomérations,  s'arrêtant  à  la  demande  du 
(c  voyageur^  n'ayant  ni  gares,  ni  distribution  de  billets,  ni  tout  cet  appareil 
«  propre  aux  grandes  voies  ferrées  et  intimidant,  même  aujourd'hui,  dans 
«  une  certaine  mesure,  Tagriculteur  et  le  paysan.  » 

II.  »  TRAHl^l'AYS    DE    S AIIVT-ÉTIEIVIVE 


Établissement 

Les  tramways  de  Saint-Etienne  embrassent  trois  lignes  à  service 
distinct  : 

1®  Une  ligne  urbaine^  partant  de  la  Terrasse,  quartier  bas,  au 
nord  de  la  ville,  où  est  située  la  manufacture  d'armes,  et  remon- 
tant dans  toute  sa  longueur  la  grande  rue  axiale  de  Saint-Etienne 
(rues  Gambetta,  d'Annonay)  pour  aboutir  à  la  place  Bellevue,  située 

*  La  Société  des  Chemins  de  fer  économiques  du  Nord,  qui  exploite  les  tramways  de 
Valenciennes,  vient  d'obtenir  la  concession  de  250  kilomètres  de  chemins  de  fer  sur 
routes  dans  le  département  du  Nord. 


\ 


m        *      • 


CHEMINS  DE  FER  SUR   ROUTES  359 

dans  la  partie  haute,  àTextrémité  sud;  la  ligne  urbaine  se  poursuit 
de  Bellevue  au  faubourg  de  la  Digonnière. 

La  longueur  de  la  terrasse  à  Bellevue  est  de.     .     5  kil.  300 
—  de  Bellevue  à  la  Digonnière  est  de.     0  kil.  700 

Soit  pour  la  ligne  urbaine  proprement  dite.     .     6  kil.      » 

Les  déclivités  de  la  ligne  urbaine  n'excèdent  pas  35  millimètres 
par  mètre;  la  rue  axiale  étant  une  longue  ligne  droite,  il  n'y  a  pour 
ainsi  dire  pas  de  courbes  ;  la  ligne  urbaine  est  tout  entière  éta- 
blie sur  la  chaussée. 

2**  Une  ligne  de  banlieue  de  la  place  Bellemie  à  Firminy^  longue 
de  9  kil.  700,  et  qui  traverse  les  grandes  agglomérations  de  la 
Ricamario,  du  Ghambon,  etc.  Les  rampes  de  cette  ligne  atteignent 
60  millimètres;  elles  sont  longues,  les  courbes  descendent  à 
25  mètres  de  rayon.  En  dehors  des  agglomérations,  la  voie  est 
assise  sur  Taccotement  des  routes;  à  leur  traversée,  elle  est  éta- 
blie sur  la  chaussée. 

3®  Une  ligne  de  Saint-Etienne  à  Saint-Chamond  et  Rive-de-Gier. 

La  tète  de  cette  ligne  est  située  dans  un  quartier  voisin  de  la 
gare  de  Saint-Etienne;  elle  est  reliée  à  la  ligne  urbaine  sur  la 
place  de  THôtel-de-Ville  par  une  voie  qui  suit  la  rue  de  la  Répu- 
blique, rue  perpendiculaire  à  Tartère  principale  (rue  Gambetta); 
mais  cette  ligne  de  raccordement  n'est  pas  utilisée  commerciale- 
ment, en  raison  de  la  gêne  qu'apporterait  la  circulation  des  tram- 
ways au  mouvement  considérable  qui  se  fait  par  cette  rue  étroite 
entre  la  gare  et  la  ville;  la  ligne  de  raccordement  ne  sert  que  la 
nuit  pour  le  passage  des  véhicules  ou  locomotives  allant  aux  ate- 
liers de  réparation  de  la  place  Bellevue  ou  en  revenant. 

La  ligne  de  Rive-de-Gier  a  24  kilomètres  de  longueur,  soit  : 

De  Saint-Etienne  à  Saint-Ghamond  13  kilomètres. 

De  Saint-Ghamond  à  Rive-de-Gier  il  kilomètres. 

Les  agglomérations  sont  moins  rapprochées  sur  cette  ligne  que 
sur  celle  de  Firminy  ;  les  rampes  y  atteignent  70  millimètres  par 
mètre;  les  courbes  descendent  aussi  à  25 mètres  de  rayon. 

De  même  que  sur  la  ligne  de  Firminy,  la  voie  est  sur  accote- 
ment en  dehors  des  localités. 

Les  profils  en  long  des  lignes  de  tramways  de  Saint-Etienne  sont 
représentés  figurés  35,  35  bis,  35  ter  (PI.  XIV). 


360  CHEMINS  DE   FER   SUR   ROUTES 

La  longueur  de  Tensemble  des  lignes  est  de  40  kilomètres 
(39kil.  684). 

Une  double  erreur  a  été  commise  dans  l'établissement  de  la  voie; 
d'abord,  le  choix  du  rail;  le  rail  do  Demerbe,  représenté  fig.  36, 
planche  XIV,  a  donné  de  très- mauvais  résultats.  Bien  que  ce  rail 
soit  en  acier  et  pèse  30  kilos  le  mètre  courant,  il  s'est  fendu  longi- 
tudinalement  au  bout  de  peu  d'années,  suivant  la  gorge,  et  on  a 
dû  le  remplacer  par  le  rail  Marsillon  (fig.  37),  déjà  employé  sur 
les  voies  de  Lille,  Nantes,  Lyon,  etc.,  et  qui  donne  un  excellent 
roulement. 

Une  autre  erreur,  non  moins  coûteuse,  a  consisté  à  employer  le 
rail  à  gorge,  non  seulement  sur  la  chaussée,  à  la  traversée  des 
agglomérations,  mais  encore  sur  l'accotement  des  routes,  où  rien 
ne  le  justifiait,  et  où  le  rail  ordinaire,  de  15  à  20  kilos,  était  tout 
indiqué.  Cette  erreur  a  eu  comme  conséquence  une  dépense  de 
rails  à  peu  près  double  de  ce  qu'elle  aurait  pu  être. 

La  voie  a  un  mètre  d'écartement. 


Exploitation 

Les  trains  des  tramways  de  Saint-Etienne  ne  s'arrêtent  pas  à  la 
demande  des  voyageurs,  pas  plus  dans  la  section  urbaine  que  hors 
ville,  mais  seulement  en  des  points  déterminés,  arrêts  ou  stations. 

Les  arrêts  sont  marqués  par  un  écriteau  ;  les  stations  comportent 
une  voie  d'évitement  dont  les  aiguilles  sont  automatiquement 
ramenées  à  leur  position  normale  lorsqu'elles  en  ont  été  écartées 
par  une  prise  en  talon. 

Les  rues  de  Saint-Etienne  sont  très-étroites,  et  on  a  dû,  sur  plu- 
sieurs points,  réduire  la  largeur  dos  trottoirs  pour  donner  à  la 
chaussée  les  7m.  20  de  largeur  nécessaires  pour  l'établissement  des 
voies  d'évitement. 

Il  n'y  a  de  salles  d'attente  qu'aux  tètes  de  lignes  ;  la  distribu- 
tion des  billets  est  toujours  faite  par  le  conducteur  du  train,  sou- 
mis du  reste  à  un  contrôle  fréquent. 

Les  machines  sont  de  deux  types;  les  unes  ont  été  construites 
à  Winterthur  (Suisse),  les  autres  en  Belgique.  Elles  pèsent  envi- 
ron 13  tonnes  en  charge  et  remorquent  leur  poids  sur  la  rampe  do 


CHEMINS    DE   FEU   SIH   UOUTES  361 

70  millimètres.  L'aspect  extérieur  de  ces  machines  ne  diffère  pas 
de  celui  des  locomotives  ordinaires. 

Elles  brûlent  exclusivement  du  coke  ne  donnant  pas  plus  de 
o  p.  iOO  de  cendres,  et  que  Von  trouve  à  Saint-Etienne  au  prix  de 
23  francs  la  tonne. 

Aux  termes  du  cahier  des  charges,  il  est  interdit  au  mécanicien 
de  charger  le  feu  à  la  traversée  des  villes;  dans  le  cas  particulier 
de  Saint-Etienne,  on  procède  ainsi  :  on  charge  complètement  le 
foyer  à  Bellevue,  avant  de  s'engager  sur  la  pente  continue 
qui  va  de  Bellevue  à  la  Terrasse,  et  sur  laquelle  on  n'a  pas 
à  faire  usage  de  la  vapeur;  à  l'arrivée  du  train  à  la  Terrasse, 
le  coke  est  au  rouge,  et  permet  de  fournir  toute  la  vapeur  pour 
le  trajet  en  rampe  de  la  Terrasse  à  Bellevue. 

La  Compagnie  des  tramways  se  base  avec  quelque  raison  sur 
rinterdiction  de  charger  le  feu  dans  le  parcours  urbain,  pour 
solliciter  la  suppression  du  chauffeur  sur  ce  parcours.  Le  chauf- 
feur est  au  contraire  indispensable  sur  la  ligne  de  Firminy  et  sur 
celle  de  Saint-Chamond-Rive-de-Gier. 

Le  nombre  total  des  machines  en  service  sur  les  tramways  de 
Saint-Etienne  s'élève  à  34. 

Le  nombre  des  voitures  est  de  110;  construites  soit  en  Suisse, 
soit  en  Belgique  et  d'un  poids  moyen  de  2,300  kilos,  sauf  toutefois 
7  grandes  voitures  à  30  places,  pesant 3,300  kilos,  et  spécialement 
destinées  au  service  de  Saint-Etienne. 

Un  certain  nombre  de  voitures  ouvertes  latéralement,  sont 
mises  en  service  pendant  l'été  et  fort  appréciées  du  public. 

Il  n'y  a  qu'une  seule  classe  de  voyageurs. 

Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas  fait  de  transport  de  messageries  ou 
do  marchandises  entre  Saint-Etienne  et  Firminy  ou  Rive-de-Gier; 
mais  on  vient  de  construire  12  fourgons  à  l'effet  d'assurer  ce  service. 

Des  ateliers  de  réparation  sont  installés  à  Bellevue,  d'autres  à 
Saint-Chamond;  mais  ceux  de  Bellevue  sont  les  plus  importants, 
et  on  y  amène  le  matériel  de  la  ligne  de  Rive-de-Gier  aussi  bien 
que  celui  de  la  ligne  de  Firminy  pour  les  réparations  importantes. 

Les  trains  sont  composés  de  2,  3  et  même  4  véhicules,  au  moins 
sur  la  ligne  urbaine  :  on  ne  peut  dépasser  3  véhicules  sur  les  lignes 
de  banlieue,  en  raison  de  leurs  fortes  déclivités. 


362  CHEMINS   DE   FER    SUR   ROUTES 

La  vitesse  des  trains  est  de  10  kilomètres  à  travers  ville,  20  kilo- 
mètres hors  ville  ;  les  trains  ont  lieu  toutes  les  dix  minutes  sur  le 
parcours  urbain,  toutes  les  demi-heures  sur  la  ligne  de  Bellevue  à 
Firminy  et  d'heure  en  heure  sur  celle  de  Saint-Chamond-Rive-de- 
Gier. 

Comme  les  trains  ne  font  qu'un  service  de  voyageurs,  les  arrêts 
sont  très-courts  et  la  vitesse  commerciale  très-satisfaisante,  ce  qui 
a  permis  à  la  Compagnie  des  tramways  d'enlever  à  la  Compagnie 
de  la  Méditerranée  la  presque  totalité  des  voyageurs  de  la  banlieue 
de  Saint-Etienne,  bien  que  toutes  les  localités  de  cette  banlieue 
soient  déjà  desservies,  d'une  façon  imparfaite  il  est  vrai,  par  les 
trains  de  cette  dernière  Compagnie. 

Il  y  a  dans  la  banlieue  un  arrêt  environ  par  deux  kilomètres  ;  en 
ville,  deux  arrêts  par  kilomètre. 

Malgré  les  déclivités  exceptionnelles  qu'on  rencontre  sur  les 
lignes  des  tramways  de  Saint-Etienne,  malgré  la  vitesse  des  trains, 
le  peu  de  largeur  des  rues,  et  l'énorme  circulation  à  pied  ou  en 
voiture,  le  matériel  du  tramway  n'est  pas  muni  de  freins  continus, 
ce  qui  est  une  faute. 

Les  accidents  sont  assez  fréquents  et  pourraient  incontestable- 
ment être  réduits  par  l'adoption  du  frein  continu. 

Le  réseau  urbain  transporte  une  moyenne  de  10,000  voyageurs 
parjour,la  ligne  de  Firminy  3,500,  la  ligne  de  Rive-de-Gier  2,000, 
soit  environ  7,000,000  voyageurs  par  an  jpour  l'ensemble  du  réseau. 

Les  tarifs  sont  exceptionnellement  bas  ;  c'est  ainsi  que  le  par- 
cours de  Bellevue  à  la  Terrasse  (6  kil.  300)  coûte  10  centimes.  Ce 
prix  semble  trop  faible;  une  taxe  de  13  centimes  mettrait  l'exploi- 
tant dans  une  situation  très-prospère. 

Résultats.  —  Les  recettes  kilométriques  sont  en  moyenne  les 
suivantes,  pour  les  dernières  années  : 

Terrasse-Bellevue v  .  70.000  francs 

Bellevue-Digonnière 7.000  — 

Bellevue-Firminy 26.000  — 

Saint-Etienne-Saint-Chamond 20.000  — 

Sainl-Chamond-Rive-de-Gier 15.000  — 

Soit  en  moyenne 27.000  — 

La  dépense  kilornélriaue  ressort  à 21.000  — 

Ce  qui  ressort  à  un  coefficient  d'cxploilalion  de  80  p.  100. 


CHEMINS   DE   FER   SUR  ROUTES  363 

La  dépense  kilométrique  d'établissement  s'est  élevée  à  envi- 
ron 130,000  francs  par  kilomètre,  chiffre  dans  lequel  rentrent 
d'énormes  frais  de  constitution  de  société. 

La  dépense  kilométrique  de  traction  ressort  àOfr.  43,  et  le 
parcours  moyen  journalier  d'une  locomotive  à  120  kilomètres. 

En  somme,  les  tramways  à  vapeur  de  Saint-Etienne  ont  toute 
la  faveur  de  la  population.  Malgré  le  peu  de  largeur  des  rues,  et 
l'activité  de  la  circulation,  malgré  les  accidents  qu'on  a  eus  à 
déplorer,  l'usage  du  tramway  à  vapeur  est  entré  dans  les  habi- 
tudes tout  autant  que  celui  des  omnibus  et  des  tramways  à  trac- 
tion de  chevaux  à  Paris.  Saint-Etienne  a  sans  conteste  l'avantage 
de  la  rapidité  et  du  confortable. 

Le  tramway  à  vapeur  a  de  plus  été  une  cause  de  moralisation 
pour  la  population  ouvrière,  à  laquelle  ce  moyen  de  transport 
rapide  et  économique  a  permis  d'aller  prendre  tous  ses  repas  en 
famille,  alors  qu'auparavant,  elle  se  trouvait  obligée  de  déjeuner 
chez  le  marchand  de  vin  le  plus  proche. 

Les  tramways  de  Saint-Etienne  fournissent  l'argument  le  plus 
concluant  en  faveur  de  la  traotion  mécanique  sur  routes  et  à 
travers  les  agglomérations;  leur  exemple  seul  suffirait  à  démontrer 
l'inanité  des  objections  élevées  contre  son  usage. 


in.   —  TRAMWAYS    A    TRACTI01!V   DE .  LOCOMOTIVES  SAIVS  FOYER. 


Tram-ways  de  Rueil  à  Marly,  de  Lille  à  Roubaix  et  Tourcoing 

et  de  Lyon  à  Vénissieux. 


1.   —  Tramway  de  Rueil  à  Marly. 

Le  tramway  de  Rueil  à  Marly  a  été  concédé  par  décret  du 
15  juillet  1854  à  M.  deMazenod. 

Ce  tramway  devait  relier  au  chemin  de  fer  de  Paris  à  Saint-Ger- 
main les  importantes  localités  deBougival,  la  Malmaison,  et  Marly. 


364  CHEMINS    DE   FER    SUR  ROUTES 

Apres  être  passée  dans  plusieurs  mains,  la  concession  a  élé 
rétrocédée  en  1874  à  M.  Edmond  Tarbé,  qui  a  construit  le  chcntiin 
et  Texploite. 

La  ligne  a  un  développement  total  de  9  kilomètres.  La  tête 
de  ligne  de  Rueil  est  située  en  contre-bas  de  la  gare  de  la  Compa- 
gnie de  rOuest.  En  dehors  de  quelques  centaines  de  mètres  qui 
séparent  la  tête  de  la  ligne  de  la  ville  de  Rueil,  où  il  passe  à  tra- 
vers champs,  le  tramway  est  établi  sur  l'accotement  des   routes. 

On  a  jugé  nécessaire  d'imposer  au  concessionnaire  le  gardien- 
nage à  la  traversée  des  routes  importantes,  qui  sont  fermées  par 
une  chaîne  au  moment  du  passage  des  trains. 

La  voie  est  à  écartement  normal.  Le  rail  à  patin,  de  20  kilos, 
primivement  en  fer,  a  été  remplacé  en  grande  partie  par  un  rail 
acier  de  mêmes  poids  et  profil. 

Entre  Rueil  et  Port-Marly  (7  kil.)  les  déclivités  n'excèdent  pas 
30""  par  mètre  ;  de  Port-Marly  à  Marly  (2  kil.)  elles  varient  de 
40  à  60"""  par  mètre  (pi.  XIII,  fig.  34).  Les  rayons  des  courbes  des- 
cendent à  30  mètres  et  même  23  mètres. 

La  ligne  comprend  14  stations  ou  haltes;  les  trains  ne  s'arrêtent 
pas  à  la  demande  du  public,  mais  seulement  aux  haltes  et  stations. 

Les  stations  sont  pourvues  d'une  voie  d'évitement  et  d'une  salle 
d'attente  où  le  chef  de  station  distribue  les  billets. 

Les  haltes  n'ont  ni  salle  d'attente,  ni  voie  d'évitement;  la  distri- 
bution des  billets  y  est  faite  par  le  chef  de  train,  qui  procède  du 
reste  partout  au  retrait  des  billets  à  l'arrivée  (Rueil-gare  excepté). 
.  Les  voitures  du  tramway  de  Rueil  à  Marly  devaient,  d'après 
l'acte  de  concession,  être  traînées  par  des  chevaux;  mais  on  eut 
bientôt  recours  à  la  traction  mécanique. 

On  commença  par  acquérir  4  machines  à  foyer  dont  deux  à 
chaudière  verticale,  construites  en  Belgique  par  la  Société  de 
Saint-Léonard.  Ces  machines  ne  suffisant  pas,  le  concessionnaire 
accepta  en  1878  les  propositions  de  M.  Léon  Francq,  qui  avait 
repris,  en  la  perfectionnant  notablement,  la  machine  sans  foyer 
mise  en  service  par  le  docteur  Lamm  sur  les  tramways  de  la 
Nouvelle-Orléans  (1873). 

Moteur,  —  La  machine  sans  foyer  Lamm  et  Francq  a  été  essayée, 


CHEMINS    DE    FEU    SUU  ROUTES  365 

tout  d'abord,  sur  le  tramway  de  la  Madeleine  à  Courbevoio;  elle  a 
été  perfectionnée  après  ces  essais  ;  la  description  en  a  été 
faite  par  M.  Lavoinne,  dans  les  Annales  des  Ponts  et  Chaussées 
(septembre  1878);  nous  n'en  dirons  que  quelques  mots  : 

Ces  machines  consistent  essentiellement. 

1°  En  un  réservoir  en  grande  partie  rempli  d'eau  que  Ton 
échauffe  progressivement  par  un  courant  de  vapeur  de  manière  à 
la  porter  à  200"*,  ce  qui  corresponde  15  atmosphères  de  pression; 
pour  les  machines  de  Rueil-Marly,  qui  ont  un  réservoir  de 
1,800  litres,  le  remplissage  dure  20  minutes. 

Le  réservoir  est  isolé  par  une  première  enveloppe  emprison- 
nant un  matelas  d'air,  et  par  une  seconde  enveloppe  de  coton  sili- 
cate; l'amiante  essayée  primitivement  a  donné  de  moins  bons 
résultats.  Le  tout  est  recouvert  d'une  troisième  enveloppe  en 
bois. 

2**  Un  détendeur  automatique  dans  lequel  se  rend  la  vapeur  sor- 
tant du  dôme,  et  qui  est  disposé  de  telle  sorte  que  la  vapeur  en 
sorte  toujours  à  la  pression  que  l'on  a  réglée  au  départ  au  moyen 
d'un  balance  (système  Francq). 

3**  Des  cylindres,  et  une  distribution  qui  ne  présente  aucune  par- 
ticularité, mais  qui  permet  de  faire  usage  de  la  détente,  ce  qui 
n'existait  pas  dans  les  machines  primitives  de  Lamm. 

4*  Un  condenseur  dans  lequel  se  rend  la  vapeur  d'échappement; 
le  réfrigérant  employé  est  l'air  extérieur  appelé  du  dehors  par  un 
grand  nombre  de  tubes  verticaux  et  s'échappant  dans  la  cheminée 
avec  ce  qui  reste  de  vapeur  non  condensée.  Le  but  du  condenseur 
est  de  réduire  à  une  quantité  imperceptible  le  volume  de  vapeur 
s'échappant  dans  la  cheminée  avec  ce  qui  reste  de  vapeur  s'échap- 
pant à  l'air  libre.  On  sait,  en  effet,  que  c'est  le  bruit  de  l'échap- 
pement de  la  vapeur  plus  que  le  panache  de  fumée,  qui  effraye 
les  chevaux. 

Le  condenseur  n'a  pas  donné  tout  ce  qu'en  attendait  M.  Léon 
Francq;  la  vitesse  de  l'air  dans  les  tubes  verticaux  n'ont  guère  que 
de  l'^par  seconde  au  lieu  de  3'",00  que  l'on  avait  espéré  obtenir, 
le  refroidissement  est  incomplet  et  il  s'échappe  encore  par  la 
cheminée  environ  60  p.  100  de  la  vapeur.  Toutefois,  le  but  proposé 
est  en  grande  partie  atteint,  car  le  bruit  de  l'échappement  est  à 


366  CHEMINS  DE  FEH  SUR  ROUTES 

peine  perceptible.  M.  Léon  Francq  étudie  une  nouvelle  disposition 
des  tubes  dans  le  but  d'augmenter  la  condensation. 

50  Enfin  Técartement  des  essieux  de  2",  10  n'aurait  pas  permis 
le  passage  dans  des  courbes  de  25™  de  rayon  en  voie  normale,  si 
le  rectangle  des  essieu^t  avait  été  indéformable.  La  disposition 
adoptée  par  M.  Francq  laisse  les  essieux  parallèles,  mais  permet 
au  châssis  de  prendre  une  position  oblique  par  rapport  aux  essieux. 
Grâce  à  ces  dispositions,  le  roulement  des  machines  est  d'une  dou- 
ceur remarquable. 

Les  générateurs  de  vapeur,  au  nombre  de  trois,  sont  installés  à 
Port-Marly  dans  un  hangar  en  bois;  chacun  d'eux  est  recouvert 
d'une  simple  enveloppe  en  tôle;  ces  conditions  ne  suffisent  pas 
pour  empêcher  la  déperdition  de  calorique,  déperdition  qui  est 
très-importante. 

Les  générateurs  sont  des  chaudières  tubulaires  de  50  mètres 
carrés  de  surface  de  chaufTe;  en  service  normal,  l'un  est  en  fonc- 
tionnement, un  autre  en  réparation,  le  troisième  est  disponible;  le 
dimanche  et  les  jours  d'affluence,  on  met  deux  générateurs  en 
service. 

Le  combustible  employé  à  Port-Marly  est  exclusivement  de  la 
briquette. 

Il  serait  cependant  bien  facile  de  modifier  les  foyers  de  manière 
à  pouvoir  faire  usage  d'un  combustible  plus  économique. 

Les  6  machines  Lamm  et  Francq  en  usage  sur  la  ligne  deRueil 
à  Marly  ont  été  construites  en  vue  de  remorquer  des  charges  de 
15  tonnes;  en  fait  elles  en  remorquent  généralement  près  du 
double,  soit  4  à  5  voitures,  entre  Rueil  et  Port-Marly.  Le  poids  de 
ces  machines  est  de  8  t.  500  en  charge. 

De  Port-Marly  à  Marly,  la  rampe  de  60""  ne  permet  pas  de 
remorquer  plus  de  deux  voitures  (10  tonnes). 

Les  vitesses  sont  de  20  kilomètres  à  l'heure  à  travers  champs  et 
10  kil.  à  la  traversée  des  agglomérations.  Ces  vitesses  ne  subis- 
sent pas  de  réduction  à  la  montée  de  Marly,  et  c'est  véritablement 
un  curieux  spectacle  que  celui  de  la  montée  rapide  de  cette  rampe 
dé  6  centimètres. 

Malgré  les  conditions  défectueuses  dans  lesquelles, est  employé 
le  moteur  sans  foyer  de  M.  Francq,  conditions  qui  ne  sont  nulle- 


CHEMINS   DE  FER  SUR  ROUTES  367 

ment  inhérentes  au  système,  et  contre  lesquelles  l'inventeur  n'a 
cesse  de  protester,  ce  moteur  paraît  généralement  plus  écono- 
mique que  les  machines  à  feu. 

En  effet,  la  machine  locomotive  à  foyer  est  d'un  rendement 
mécanique  d'autant  plus  imparfait  que  ses  dimensions  sont  plus 
réduites;  dans  les  petites  locomotives,  le  charbon  est  mal  utilisé, 
la  combustion  ne  pouvant  s'y  faire  d'une  manière  rationnelle. 

Leurs  foyers  de  faibles  dimensions  nécessiteraient,  plus  encore 
que  les  graûdes  machines,  des  mécaniciens  et  chauffeurs  expéri- 
mentés ;  c'est  le  contraire  qui  arrive  dans  la  pratique,  car  on 
cherche  toujours,  sur  les  petits  chemins  do  fer,  à  économiser  sur 
le  personnel;  d'où  coups  de  feux  fréquents,  réparations  multi- 
pliées, et  inutilisation  prolongée  des  machines. 

Déplus,  le  poids  du  foyer  et  la  charge  des  approvisionnements 
d'eau  et  de  charbon  donnent  une  mauvaise  assiette  à  la  locomotive 
qui  fatigue  et  s'use  rapidement. 

Rien  de  semblable  avec  les  locomotives  sans  foyer. 

Ici  la  vapeur  est  produite  en  grande  masse  en  un  lieu  unique, 
dans  des  chaudières  fixes  qui  permettent  d'obtenir  le  meilleur 
rendement  possible  du  combustible;  quant  au  combustible  lui- 
même,  on  peut  le  prendre  aussi  économique  que  possible,  con- 
trairement à  ce  qui  a  été  fait  jusqu'ici  à  Port-Marly,  et  contraire- 
ment à  ce  qu'on  est  généralement  forcé  de  faire  sur  les  petites 
locomotives  à  foyer. 

Enfin,  s'il  n'est  guère  possible  do  songer  à  conduire  une  ma- 
chine à  foyer  avec  un  seul  agent,  dont  l'attention  est  forcément 
distraite  pendant  qu'il  chargerait  le  feu  ou  alimenterait  la  machine, 
un  mécanicien  seul  suffit  sur  la  machine  Francq  ;  encore  peut-il 
n'être  pas  très-expérimenté.  Il  faut,  il  est  vrai,  des  chauffeurs  et 
des  mécaniciens  aux  générateurs,  mais  en  nombre  moindre. 

Economie  d'entretien,  économie  de  combustible,  économie  de 
personnel,  tel  est  le  triple  avantage  des  locomotives  sans  feu. 

Sans  doute,  leur  emploi  est  limité  à  un  service  de  trains  fré- 
quents et  réguliers  et  à  de  faibles  parcours^  ce  qui  est  le  cas  des 
tramways  qui  desservent  la  banlieue  des  très-grandes  villes;  on 
ne  saurait  songer  à  étendre  leur  application  aux  lignes  à  petit 
nombre  de  trains,  où  l'on  aurait  trop  de  déperdition  de  calorique. 


Vj. 


368  CHEMINS  Db)  KEH   SUH    ROUTES 

Sur  le  tramway  de  Rueil  à.  Marly,  les  dépenses  de  traclioa 
comparatives  sont  relevées,  pour  les  machines  Francq  et  pour 
les  machines  à  foyer,  qui  continuent  à  faire  le  service  les  jours 
d'affluence. 

Le  prix  de  revient  de  la  traction  pour  les  locomotives  à  foyer 
est  de  0  fr.  93  par  kilomètre,  et  pour  les  locomotives  sans  foyer 
de  0  fr.  43. 

Le  premier  chilTre  démontre  que  les  machines  à  foyer  en  usage 
sur  Rueil-Marly  sont  particulièrement  défectueuses.  - 

Le  trafic  du  tramway  de  Rueîi-Marly  est  un  trafic  assez  variable; 
très-réduit  en  semaine,  il  est  considérable  le  dimanche,  surtout 
l'été,  où  Bougival,  la  Malmaison  et  Marly,  attirent  un  énorme 
concours  de  promeneurs. 

C'est  en  raison  de  cette  affluence  que  l'on  a  été  forcé  de  distri- 
buer les  billets  et  enregistrer  les  bagages  dans  les  stations  ;  les 
conducteurs  des  trains  n'eussent  jamais  pu  suflire  à  ce  service  ; 
cependant  un  certain  nombre  de  chefs  de  station  sont  supprimés 
l'hiver. 

Les  résultats  comparatifs  de  l'exploitation  sont  les  suivants  pour 
les  6  dernières  années  : 


i 

Si 

IIÉSILTAT 

.roT..x, 

11-61  .lililull, 

,*,u. 

TS    KLLOMllTnLQI.ES 

-i^ 

i 

5  = 

..„„., 

DÉPE.\S£S 

rnoin^iT 

.„T,., 

OÉPE.VSES 

PRODLIT 

lii 

1881 

Ql-ijl) 

102. «li 

20.823 

^ 

I88i 

0  2o0 

2ie.76e 

148.708 

70.8iB 

23.7J8 

16.098 

7.660 

G7 

1S8J 

9  2o0 

2Ô2  97i 

212. 80 i 

i0.li4 

27.318 

33.012 

1.336 

SI 

1881 

9  i)0 

206.972 

217.170 

-10,198 

22  375 

23.173 

—  1.098 

101 

l»8o 

9  2,0 

I7li.90i 

JS4.yU 

+  31.6«l 

19  002 

li.600 

*  3.422 

83 

t886 

0  1dC\ 

ni.  438 

Ii9,970 

+2:^  162 

18.066 

16.213 

2,7i3 

»-o 

Le  tramway  de  Rueil  à  Marly  n'est  pas,  comme  on  le  voit,  dans 
une  situation  très-prospère.  On  pourrait  sans  difficulté  réaliser  de 
sérieuses  économies  dans  son  exploitation;  la  baisse  de  recettes 
que  l'on  constate  k  partir  de  188i  est  due  h  l'ouverture  de  la 


CHEMINS   DE   FER   SUR    ROUTES  369 

ligne  de  TEtang-la-Ville  à  Sainl-Cloud,  qui  dessert  Marly;  Taug- 
mentation  de  dépenses  qu'accusent  les  exercices  1883  et  1884 
tient  au  renouvellement  de  la  voie. 

En  somme  le  tramway  de  Rueil  à  Marly  rend  de  très-grands 
services  à  Ténorme  population  flottante  des  localités  du  par- 
cours. 

On  se  propose  de  le  prolonger  d'une  part  sur  Saint-Germain, 
d'autre  part  sur  Paris  (Porte-Maillot),  à  travers  Asnières  et  Cour- 
bevoie. 

2°  Tramways  de  Lille  a  Roubaix  et  Tourcoing 

Les  tramways  de  Lille  comprennent  un  réseau  urbain  à  traction 
de  chevaux,  et  un  réseau  suburbain  à  traction  mécanique. 

Les  deux  réseaux  sont  à  la  voie  de  1  mètre  44. 

Les  lignes  à  traction  mécanique  nous  intéressent  seules. 

L'une  part  du  centre  de  la  ville  (place  de  l'Hôtel-de- Ville),  passe 
par-dessus  le  chemin  de  fer  de  Roubaix  et  arrive  à  Roubaix  après 
un  parcours  de  11  kilomètres,  dont  la  moitié  environ  en  double 
voie. 

La  traction  par  locomotives  sans  foyer  se  fait  sur  cette  ligne 
depuis  1880,  date  à  laquelle  elle  a  remplacé  la  traction  par  loco- 
motives ordinaires  de  construction  belge. 

La  ligne  de  Lille  à  Tourcoing,  longue  de  13  kilomètres,  part  de 
la  porte  de  Gand  et  va  jusqu'à  Tourcoing  en  se  tenant  au  nord 
du  chemin  de  fer  de  Lille  à  Roubaix,  tandis  que  le  tramway  de 
Roubaix  est  au  sud  de  ce  chemin.  La  tête  de  ligne  de  Tourcoing 
est  reliée  à  Lille  par  les  voies  urbaines  que  le  matériel  aurait  à 
emprunter  pour  se  rendre  aux  ateliers  tiu  Pont  du  Lion  d'Or 
(ligne  do  Roubaix)  ;  mais,  en  fait,  la  ligne  de  Tourcoing,  dont 
l'ouverture  est  imminente,  est  destinée  à  rester  absolument  indé- 
pendante de  celle  de  Roubaix  :  elle  a  ses  générateurs  spéciaux 
installés  au  pont  de  Marcq,  vers  le  milieu  du  parcours,  et  les 
trains  ne  pourront  passer  d'une  ligne  sur  l'autre  que  le  jour  où 
les  deux  lignes  seront  raccordées  par  une  jonction  à  travers 
Roubaix  et  Tourcoing,  dont  le  projet  est  à  l'étude. 

La  ligne  de  Tourcoing  est  d'un  profil  facile. 

2i 


370  CHEMINS   DE    FEU  SUU  ROUTES 

La  ligne  de  Raubaix  a  dos  courbes  descendant  à  20  mètres  de 
rayon,  en  particulier  dans  la  traversée  de  la  ville  de  Lille,  où  elle 
emprunte  des  rues  trcs-étroites  :  2  kil.  900  seulement  sont  établis 
sur  accotements;  le  reste  est  sur  chaussée. 

Les  déclivités  sont  longues  :  elles  sont  généralement  de  20  à 
23  millimètres  ;  cependant  une  rampe  de  53  millimètres  existe 
vers  le  milieu  du  parcours. 

Le  rail  employé  sur  la  ligne  de  Roubaix,  comme  sur  celle 
de  Tourcoing,  est  le  rail  Marsillon  ;  mais  la  voie  est  en  général 
assez  mauvaise,  en  raison  du  sous-sol  argileux. 

Les  machines  sont  plus  fortes  que  celles  de  Rueil-Marly  ;  elles 
pèsent  9  t.  800  en  charge  et  ont  un  récipient  do  2,500  litres  ;  la 
charge  remorquée  est  de  15  tonnes,  soit  3  à  4  véhicules. 

Le  nombre  des  machines  en  service  est  de  15  ;  la  vitesse 
maxima  est  de  20  kil.  à  l'heure;  le  trajet  de  Lille  à  Roubaix  se 
fait  en  50  minutes.  Les  trains  se  suivent  de  quart  d'heure  en 
quart  d'heure  ;  ils  s'arrêtent  à  la  demande  des  voyageurs. 

Deux  installations  distinctes  fournissent  la  vapeur  aux  machines 
sans  foyer  :  Tune  située  au  pont  du  Lion  d'Or,  h  2  kilomètres  de 
Lille,  où  sont  installés  des  générateurs  Belleville  ;  une  autre  au 
Brœucq,  point  situé  à  moitié  du  parcours,  où  on  fait  usage  de 
générateurs  du  même  type  que  ceux  de  Port-Marly. 

Cette  double  installation  est  une  erreur  :  elle  a  été  rendue  né- 
cessaire par  l'insuffisance  du  récipient  des  machines  :  aussi  ce 
récipient  est-il  porté  à  4  mètres  cubes  pour  les  machines  desti- 
nées au  réseau  suburbain  de  Lyon. 

La  ligne  de  Lille  à  Roubaix  dessert  un  mouvement  quotidien 
de  4,500  voyageurs,  qui  va  progressant  chaque  année,  malgré  la 
concurrence  que  font  depuis  1885  les  trains-tramways  de  la 
Compagnie  du  Nord. 

Traction  mécanique  et  traction  animée.  —  Les  comptes  d'ad- 
ministration de  l'ensemble  des  tramways  de  Lille,  dont  les  deux 
réseaux,  urbain  et  suburbain,  appartiennent  à  la  Compagnie  des 
Tramways  du  département  du  Nord,  font  apparaître  les  prix  de 
revient  comparés  de  la  traction  animale  et  de  la  traction  mécani- 
que, par  kilomètre  de  train. 


CHEMINS  DE   FEH  SUR  ROUTES 


371 


Cette  comparaison  est  particulièrement  intéressante;  elle  ressort 
aux  chiffres  suivants  : 


1883 
188  i 
188o 
1886 


DEPENSE 

d'kxi»loitation  kilométrique  totale 


LIGNES 

A  TRACTION    ANIMÉE 

(45  kilomètres) 


0  53 
0  49 
0  46 
0  43 


LIGNES 

A   TRACTION  MÉCANIQUE 

(11   kilomëlres) 


1  10 
0  89 
0  74 
0  64 


PRIX 

DE  REVIENT    KILOMÉTRIQUE 

de  traction  mécanique 
proprement  dite 


0  5i 
0  38 
0  35 
0  33 


Ainsi,  contrairement  à  Topinion  de  M.  Léon  Francq,  qui  attri- 
bue à  son  mode  de  traction  un  énorme  avantage  d'économie  sur 
la  traction  par  chevaux,  cette  dernière  semblerait,  à  première  vue, 
plus  économique  que  Tautre. 

Mais  il  importe  tout  d'abord  de  remarquer  que,  dans  l'espèce, 
l'exploitation  par  chevaux  no  saurait  remplacer  l'exploitation  avec 
traction  mécanique.  En  effet  la  ligne  de  Lille  à  Roubaix  a  une 
recette  kilométrique  de  32,000  francs,  alors  que  celle  des  tram- 
ways urbains  de  Lille  n'atteint  pas  22,000  francs  ;  le  succès  de  la 
ligne  suburbaine  tient  à  la  vitesse  des  trains,  vitesse  que  ne 
pourrait  atteindre  la  traction  animale,  et  qui  est  moins  nécessaire 
sur  le  parcours  urbain  que  sur  la  ligne  de  banlieue  ;  si  donc  la 
traction  animale  était  substituée  à  la  traction  mécanique  sur  cette 
dernière  ligne,  il  paraît  probable  que  les  recettes  kilométriques 
seraient  réduites  dans  des  proportions  considérables. 

D'un  autre  côté,  les  chiffres  qui  précèdent  ne  sont  pas  tout  à 
fait  comparables  :  en  effet,  le  nombre  de  voyageurs  par  train-kilo- 
mètre est  de  :  4,30  sur  la  ligue  suburbaine  ; 

3,20  —  urbaine. 

Rapporté  au  même  nombre  de  voyageurs  par  train-kilomètre, 
le  prix  de  revient  kilométrique  de  l'exploitation  sur  la  ligne  de 


372  CHEMINS   DE  FER  SUR  ROUTES 

Roubaix  devrait  être  diminué   de  près  de  23  p.  100,  ce  qui  don- 
nerait pour  chaque  année 1883     1884     188S     1886 

au  lieu  des  chiffres  de.  ..  .     1,10     0,89     0,74     0,64 

les  chiffres  de 0,82     0,67     0,33     0,48 

les  lignes  à  traction  mécani- 
que ayant  donné 0,33     0,49     0,46     0,43 

Enfin  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  de  ce  triple  fait  que  : 

1°  La  voie  de  Lille  à  Roubaix  est  établie  sur  une  plate-forme 
argileuse,  et  que,  malgré  un  entretien  onéreux,  la  traction  y  est 
difficile  : 

2®  La  proportion  de  double  voie  est  plus  forte  sur  la  ligne 
suburbaine  que  sur  la  ligne  urbaine  ; 

3®  Et  qu'enfin,  les  voies  des  tramways  à  traction  de  chevaux 
exigent  un  entretien  bien  moins  soigné,  et  une  pose  beaucoup 
moins  parfaite  que  les  lignes  à  traction  mécanique  ;  c*est  en 
grande  partie  devant  la  nécessité  de  remanier  au  préalable  toutes 
les  voies,  qu'on  a  reculé  jusqu'ici  devant  l'emploi  de  la  traction 
mécanique  sur  les  lignes  des  tramways  suburbains  de  Paris  qui 
restent,  par  suite,  dans  un  regrettable  état  d'infériorité  par  rapport 
à  Saint-Etienne,  Lille,  Lyon,  etc..  Car  il  résulte  de  toutes  les 
raisons  qui  précèdent  que  la  traction  mécanique  par  moteurs 
Francq  est  en  somme  comparable,  au  point  de  vue  de  l'économie, 
avec  la  traction  animée,  bien  qu'elle  ne  semble  pas  réaliser  par 
rapport  à  celle-ci  les  énormes  avantages  que  lui  attribue  cet 
ingénieur. 

La  dépense  kilométrique  de  la  ligne  de  Lille  à  Roubaix  est  de 
22,000  francs  pour  une  recette  de  32,000  francs,  soit  un  coefficient 
d'exploitation  de  67  p.  100. 

Moteur  Mékarsky.  —  Puisque  nous  nous  sommes  laissé  entraî- 
ner dans  cette  digression,  il  parait  utile  de  la  compléter  en  disant 
quelques  mots  des  moteurs  à  air  comprimé  de  l'ingénieur  Mékarsky 
qui  soutient  depuis  dix  ans  une  querelle  retentissante  avec 
M.  Léon  Francq. 

Dans  le  système  Mékarsky,  qui  fonctionne  depuis  plusieurs 
années  sur  les  tramways  de  Nantes,  et  qui  doit  être  appliqué  pro- 


CHEMINS  DE  FER  SUR   ROUTES  373 

chainement  aux  tramways  de  Nogent-sur-Marne,  la  voiture  porte 
elle-même  son  moteur  et  son  approvisionnement  d'air;  pour  éviter 
la  congélation  des  huiles  qui  résulterait  de  la  détente  de  Tair  com- 
primé, celui-ci,  avant  de  se  rendre  dans  les  cylindres,  se  réchauffe 
dans  un  récipient  ou  bouillotte  contenant  de  Teau  chaude  à 
150  degrés. 

L'air  est  comprimé  à  une  pression  de  30  kilog.  dans  une  usine  . 
centrale  où  les  voitures  viennent  se  charger  après  chaque  parcours 
aller  et  retour. 

Il  n'est  pas  difficile  de  voir  qu*au  point  de  vue  économique,  le 
moteur  Mékarsky  est  très-inférieur  au  moteur  Francq  et  comme 
premier  établissement  et  comme  exploitation. 

Au  point  de  vue  du  premier  établissement,  Tusine  centrale 
nécessite,  dans  le  système  Mékarsky,  de  puissantes  machines  à 
vapeur  et  des  appareils  de  compression  coûteux,  tandis  que  le 
système  Francq  exige  seulement  des  générateurs;  la  dépense 
d'établissement  est  de  quatre  à  cinq  fois  plus  élevée  dans  le  pre- 
mier système  que  dans  le  second. 

Pour  le  matériel  roulant,  les  dépenses  sont  comparables;  dans 
l'un  des  systèmes,  toutes  les  voitures  doivent  être  munies  du 
moteur  et  du  réservoir,  ce  qui  majore  notablement  le  prix  d'ac- 
quisition, et  le  rapproche  de  la  dépense  des  moteurs  spéciaux  et 
des  véhicules  ordinaires  employés  dans  l'autre  système. 

En  exploitation,  les  locomotives  à  air  comprimé  ou  à  air  chaud 
ont  le  même  rendement,  soit  63  p.  100. 

Sans  doute,  dans  la  locomotive  Francq,  Toau  chaude  subit  un 
refroidissement  important  qui  donne  une  réduction  notable  du 
nombre  de  calories  extraites  des  générateurs  ;  mais  cette  perte  ne 
saurait  être  comparée  à  celle  qui  résulte,  dans  le  système  Mékarsky, 
des  transformations  successives  de  Ténergie;  en  effet,  la  machine 
fixe  qui  actionne  les  compresseurs  ne  peut  rendre  plus  de  73  p.  100, 
et  les  compresseurs  d'air  eux-mêmes  plus  de  70  p. '100  d'oîi 
il  résulte  que  le  rendement  do  l'énergie  disponible  sous  forme 
de  vapeur  dans  les  générateurs  n'est  pas  supérieure  à 

^lôô"  ^  TôiT  ^  "îôcr=  ^*  P-  *^ 
dans  le  système  Mékarsky,    alors  que  le  rendement  du  moteur 


374  CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES 

Francq  ne  descend  certainement  pas  au-dessous  de  5«^  à  60  p.  iOO, 
eu  évaluant  largement  les  pertes  dues  au  refroidissement. 

A  côté  de  cette  infériorité,  la  voiture  Mékarsky  présente  de 
sérieux  avantages;  elle  risque  moins  d*eiïrayer  les  chevaux,  et  de 
plus  la  voiture,  ayant  un  nombre  restreint  de  places,  doit  avoir 
des  départs  très-fréquents,  ce  qui  est  essentiellement  conforme  aux 
nécessités  d'un  service  urbain,  et  ce  qui  conviendrait  peu  au  moteur 
Francq,  construit  pour  remorquer  plusieurs  voitures  à  la  fois  et 
par  suite  pour  des  départs  plus  espacés. 

Mais  le  système  Mékarsky  n'est  guère  extensible;  il  donne  en 
effet  une  traction  plus  onéreuse  que  la  traction  par  chevaux,  sans 
avantage  bien  marqué,  tandis  que  le  système  Francq  convient 
bien  aux  lignes  de  banlieue. 

3®   Tramway   de  Lyon  a  Vénissieux 

M.  Léon  Francq  a  encore  obtenu  récemment  d'appliquer  son 
système  sur  le  parcours  de  Lyon  (place  Bellecour)  à  Saint-Fons  et 
à  Vénissieux,  ligne  de  9  kilomètres  avec  rampes  de  44  millim. 
et  courbes  de  23  mètres  de  rayon. 

Les  générateurs  installés  à  Saint-Fons,  auront  tous  les  perfec- 
tionnements que  les  expériences  de  Rueil-Marly  et  de  Lille-Roubaix 
ont  amené  à  reconnaître. 

On  a  renoncé  aux  générateurs  Belleville  ;  l'eau  de  condensation 
des  locomotives  sera  renvoyée  dans  les  chaudières;  on  brûlera  des 
combustibles  économiques,  etc. 

On  a  apporté  un  soin  tout  particulier  au  mode  de  remplissage. 

Un  des  desiderata  des  moteurs  à  eau  chaude  réside  dans  ce  fait 
que  malgré  la  précaution  prise  de  faire  barbotter  la  vapeur  dans 
toute  la  masse  d'eau  du  récipient,  celle-ci  s'échauffe  d'une  manière 
très-inégale  ;  les  couches  supérieures  sont  à  la  température  de  200** 
alors  que  les  couches  inférieures  restent  souvent  au-dessous  de 
100®.  La  cause  de  ce  mauvais  chargement,  d'où  résulte  nécessai- 
rement une  chute  de  pression  rapide  en  marche,  et  une  impuis- 
sance do  la  machine,  est  la  différence  de  pression  entre  la  vapeur 
des  générateurs  (io  atmosphères)  et  le  récipient  de  la  locomotive 
(1  atmosphère).  La  vapeur  se  précipite  dans  ce  récipient  avec  une 


CHEMINS   DE  FER  SUR  ROUTES  375 

vitesse  d'écoulement  trop  grande  pour  permettre  réchauffement 
de  toutes  les  couches  d'eau. 

Les  mécaniciens  expérimentés  atténuent  en  partie  cet  inconvé- 
nient en  ouvrant  progressivement  et  lentement  la  valve  d'admis- 
sion de  la  vapeur  du  générateur,  et  consacrant  environ  20  minutes 
au  chargement. 

M.  Léon  Francq  espère  faire  disparaître  entièrement  l'inconvé- 
nient par  remploi  d'une  valve  livrant  automatiquement  à  la  va- 
peur un  passage  d'autant  plus  grand  que  la  pression  du  récipient 
sera  plus  rapprochée  de  celle  des  générateurs. 

De  plus,  la  locomotive  aura  un  récipient  de  4  mètres  cubes. 

Enfin  on  étudie  en  ce  moment  une  ligne  de  Lyon  à  Oullins, 
dont  les  déclivités  atteindront  65  millimètres. 

Le  moteur  à  eau  chaude  est  encore  employé  pour  le  remorquage 
des  bateaux  dans  le  souterrain  de  Mauvages  (canal  de  TEst)  et  sur 
les  tramways  suburbains  de  Batavia. 


CINQUIÈME    PARTIE 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 


\ 


CHAPITRE  XXVI 


RÉSUMÉ 


I.  —  CHEMINS  DE  FER  A  FAIRLE  TRAFIC  DES  GRANDS 

RÉSEAUX 


En  résumé,  on  a  vu  que  les  grandes  Compagnies  se  sont  effor- 
cées d'introduire  de  notables  économies  dans  l'exploitation  de 
leurs  lignes  à  faible  trafic,  surtout  à  partir  des  conventions  du 
20  novembre  1883,  qui  ont  mis  défmitivement  à  leur  charge  une 
foule  de  lignes  improductives  construites  par  TEtat  ou  rachetées 
à  la  suite  de  la  faillite  de  Compagnies  locales. 

Deux  d'entre  elles,  la  Compagnie  de  Paris-Lyon-Méditerranée 
et  surtout  la  Compagnie  du  Nord,  ont  appliqué  à  ces  lignes  un 
mode  d'exploitation  tout  différent  de  celui  qu'elles  ont  adopté 
pour  les  grandes  lignes  de  leurs  réseaux. 

Compagnie  da  3kord 

La  Compagnie  du  Nord,  désireuse  à  juste  titre  de  ne  pas  ren- 
fermer son  exploitation  dans  une  formule  unique,  a  détaché  de 
ses  inspections  principales  1,400  kilomètres  de  lignes  secondaires 
et  les  a  divisés  en  une  douzaine  de  groupes  autonomes,  non 
enserrés  dans  les  règles  étroites  qui  peuvent  convenir  à  l'exploita- 


380  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

tion  stricte  et  quasi  militaire  des  grandes  artères,  mais  qui  sont 
souvent  inconciliables  avec  la  recherche  de  multiples  économies, 
dont  Tensemble  a  pu  atteindre  plus  de  1,000  fr.  par  kilomètre  sur 
le  réseau  secondaire  de  la  Compagnie  du  Nord.  Les  chefs  de 
groupe  n*ont  plus  avec  les  inspections  principales  que  des  rela- 
tions nominales.  Ils  ont  autorité  absolue  sur  leur  personnel  et 
apportent  à  Texécution  de  leurs  fonctions  toute  Tardeur  et  Tinté- 
rèt  que  peuvent  faire  naître  la  responsabilité  directe  et  Témula- 
tion,  et  que  des  règles  administratives  trop  étroites  tendent  au 
contraire  à  étouffer. 

Sans  doute  ce  système  nécessite  des  hommes  intelligents  et 
actifs,  mais  il  a  justement  pour  effet  de  les  mettre  en  lumière. 

En  même  temps  qu'elle  divisait  en  groupes  ses  lignes  secon- 
daires, la  Compagnie  du  Nord  s'attachait  à  réduire  le  personnel 
de  ses  stations  et  de  ses  trains.  Elle  remplaçait  les  trains  mixtes 
par  des  trains  légers  à  marche  accélérée,  toutes  les  fois  que  le  ou 
les  trains  de  marchandises  existant  sur  la  section  pouvaient  suf- 
fire à  assurer  le  service  de  la  petite  vitesse  sans  qu'il  fût  néces- 
saire de  recourir  à  la  mise  en  marche  de  trains  nouveaux.  Les  trams 
lég€7*s  ou  économiques,  essenlieWemeni  munis  du  frein  continu,  et 
limités  à  6  véhicules,  d'après  les  arrêtés  ministériels^  n'ont  qu'un 
conducteur  comme  personnel  de  train  proprement  dit  :  ils  peu- 
vent du  reste  être  transformés  en  trains  mixtes,  dès  que  le  trafic 
l'exige,  par  l'adjonction  d'un  homme  d'équipe  pris  comme  garde- 
frein  à  la  gare  qui  force  la  composition  du  train. 

Enfin,  la  Compagnie  du  Nord,  réduisant  à  une  grande  voiture  à 
couloir  la  composition  du  train  léger,  a  été  autorisée,  dans  cer- 
tains cas,  à  réduire  du  même  coup  à  un  seul  agent  le  personnel  de 
la  machine.  Le  train-tramway  ainsi  constitué,  dessert,  de  même 
que  le  train  léger,  certains  passages  à  niveau  et  fournit  accrois- 
sement de  recettes  en  même  temps  que  réduction  de  dépenses  et 
accélération  de  vitesse. 

Telles  sont  les  intéressantes  améliorations  introduites  récem- 
ment dans  l'exploitation  des  lignes  secondaires  de  la  Compagnie 
du  Nord.  Il  convient  du  reste  de  faire  ressortir  qu'il  n'y  a  pas  là  un 

*  Rendus  en  extension  du  décret  présidentiel  du  20  mai  1880. 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  381 

système  absolu,  mais  que  chaque  cas  particulier  fait  Tobjet  d'une 
étude  attentive,  facilitée  par  la  division  en  groupes  indépendants, 
entre  lesquels  est  établi  un  concours  d'économie  et  de  bon  service. 
On  ne  peut  que  regretter  que  la  Compagnie  du  Nord  n'ait  pas 
cru  devoir  donner  à  ses  groupes  une  autonomie  et  une  spécialisa- 
tion plus  complète  encore  en  réunissatit  dans  la  même  main,  au 
lieu  do  les  tenir  séparées,  les  trois  divisions  du  service  :  voie, 
traction  et  mouvement. 

Compa§^e  de  Paiis-Lyon-lléditerranée 

L'exemple  de  l'exploitation  des  Dombes  par  la  Compagnie  de 
Paris-Lyon-Méditerranée,  présente  aussi  un  grand  intérêt.  Un 
petit  nombre  de  stations,  dénommées  gares^  peuvent  intervenir 
dans  le  mouvement  des  trains,  et  sont  munies  à  cet  effet  de 
voies  de  croisement  et  du  télégraphe.  Dès  lors,  le  service  des 
autres  stations  peut  être  assuré  par  un  personnel  restreint  le  plus 
généralement  à  une  femme.  Certains  passages  à  niveau  ont  été 
transformés  en  haltes  sans  qu'il  en  résulte  aucun  travail  spécial 
pour  la  garde-halte,  d'une  instruction  souvent  insuffisante,  car 
elle  se  borne  à  distribuer  un  bulletin  d'origine,  sans  effectuer  de 
perception. 

D'un  autre  côté,  lorsque  la  station  a  des  manœuvres  ou  manu- 
tentions à  faire  dans  l'intervalle  des  trains,  elle  peut  requérir  des 
hommes  de  la  voie,  en  remboursant  à  ce  service  les  heures 
employées. 

On  peut  critiquer  la  suppression  systématique  du  télégraphe 
dans  les  stations  gérées  par  les  femmes,  ce  qui  oblige  les  agents 
de  train  à  de  trop  longs  parcours  à  pied  en  cas  de  détresse  ;  le 
report  à  la  gare  centre  des  opérations  comptables  des  femmes 
chefs  de  station  est  en  principe  une  idée  excellente;  mais  en  fait, 
eu  égard  au  travail  que  la  Compagnie  P.  L.  M.  exige  de  ces 
femmes,  elle  aurait  bien  peu  à  faire  pour  leur  apprendre  la  tenue 
complète  de  leur  comptabilité. 

État 

L'Administration  des  chemins   de  fer  de  TElat  a  eu,  dès  le 


382  HÉSUMÉ    ET  CONCLUSIONS 

principe,  à  exploiter  de  nombreuses  lignes  improductives.  Bien 
qu*elle  se  soit  attachée  en  général  à  la  réduction  du  personnel 
de  ces  lignes,  elle  n'est  pas  entrée,  comme  la  Compagnie  du 
Nord,  dans  la  voie  de  la  division  en  groupes  soustraits  aux  règles 
d'exploitation  applicables  aux  lignes  plus  importantes.  Elle  n'a  pas 
non  plus,  comme  la  Compagnie  Paris-Lyon-Méditerranée,  dis- 
tingué ses  stations  en  gares  de  croisement,  à  personnel  plus 
important,  et  en  stations  gérées  économiquement  par  des  femmes 
de  cantonniers.  Ses  efforts  ont  plutôt  porté  sur  l'allégement  de  la 
machine  et  sur  la  réduction  du  personnel  des  trains.  Après  Tin- 
succès  de  la  voiture  à  vapeur  Belpaire,  elle  a  fait  construire  pour 
ses  lignes  à  très-faible  trafic,  à  rampes  de  15  ™/°  et  où  les  trains 
ont  des  charges  variant  entre  30  et  100  tonnes,  des  locomotives- 
tenders' fourgons,  d'un  poids  limité  à  25  tonnes  en  charge,  et 
inférieur  à  10  tonnes  par  essieu,  pouvant  atteindre  en  palier  des 
vitesses  maxima  de  70  kilomètres  à  l'heure  ;  on  a  supprimé  le 
chauffeur,  et  le  chef  do  train,  placé  dans  le  fourgon  que  porte  la 
machine,  peut  au  besoin  en  tenir  lieu. 

Economie  de  près  de  30  p.  100  de  combustible  ;  même  économie 
dans  le  personnel  de  conduite  de  la  machine  ;  tel  est  le  résultat 
sanctionné  par  l'expérience  de  10  machines  pendant  deux 
ans. 

Les  trois  exemples  qui  précèdent  donnent  une  solution  diffé- 
rente du  problème  de  l'exploitation  économique  des  lignes  à 
faible  trafic. 

Réduction  du  personnel  des  stations  et  du  personnel  des  trains, 
tel  est  le  but  poursuivi  par  la  Compagnie  du  Nord. 

Stations  gérées  par  un  seul  agent,  homme,  ou  le  plus  souvent 
femme  ;  concours  des  hommes  de  la  voie  aux  manœuvres  des 
wagons  et  manutentions  des  marchandises  :  c'est  la  solution  Paris- 
Lyou-Méditerranée. 

Enfin ,  l'Administration  des  Chemins  de  l'Etat  se  préoccupe 
surtout  de  la  machine,  adopte  des  locomotives  légères  et  réduit 
ainsi  la  consommation  du  combustible,  et  supprime  le  chauf- 
feur. 

Aucune  particularité  spéciale  n'est  à  signaler  pour  le  service 
d  entretien  des  voies  ;  il  est  rare  qu'on  descende  au-dessous  de  la 


HÉSI'MÉ  ET  CO.NCLISIONS  38;i 

proportion  d'un  homme  par  deux  kilomèlros  ;  encore  celle  pro- 
portion n'est-elle  pas  fréquente. 

Pour  bien  juger  la  valeur  de  ces  diverses  solutions  du  problème 
de  Téconomie  sur  les  lignes  secondaires,  il  convient  de  jeter  les 
yeux  hors  de  France,  et  de  rechercher  ce  qui  se  fait  à  l'étranger*, 
par  comparaison  avec  les  procédés  qu'on  vient  de  rappeler. 


LI(]i.^CS    SECONDAIRES    DES    GR.13iDS    RÉSEAL'X    E:V    ALLEMAGNE, 
ALTRICHE-HONGRIE,   IT.1LIE,   HOLLANDE   ET    HELGIQUE 


1"  . —   Allemagne 

C'est  en  Allemagne  que  les  chemins  de  fer  secondaires  ont  été 
le  mieux  étudiés  :  c'est  aussi  dans  ce  pays  qu'ils  ont  regu  le  plus 
d'extension. 

Les  chemins  de  fer  secondaires  (Secundârbahnen)  sont  régis  par 
une  ordonnance  très-libérale  du  Conseil  fédéral  (12  juin  1878). 
Cotte  ordonnance  a  un  effet  rétroactif  et  a  été  appliquée  à  un 
grand  nombre  de  lignes  exploitées  jusqu'alors  comme  grandes 
lignes  (Hauptbahnen)  et  déclassées  à  l'effet  de  bénéficier  des  faci- 
lités nouvelles. 

Les  vitesses  supérieures  à  30  kilomètres  à  Theure  sont  interdites 
sur  les  Secundârbahnen.  —  Sous  cette  condition,  pas  de  clôtures 
sur  ces  lignes,  pas  de  surveillance  ni  de  barrières  aux  passages  à 
niveau,  pas  de  signaux  fixes. 

Les  divers  pays  de  TEmpire  ont  tiré  un  parti  différent  des 
facilités  de  l'ordonnance  du  12  juin  1878. 


*  Une  partie  des  renseignements  qui  suivent  ont  été  puisés  dans  une  étude  sur 
V Exploitation  économique  des  lignes  secondaires  des  grands  réseaux  de  Chemins  de 
fer  dans  les  différents  pays  de  l'Europe^  par  de  Busschere,  de  Jaer  et  Niels,  ingé- 
nieurs attachés  aux  Chemins  de  fer  de  TEtat  belge,  chargés  d'une  mission  spéciale 
par  le  Ministre  des  Chemins  de  fer,  Postes  et  Télégraphes  de  Belgique. 


384  RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS 

Prusse.  —  KEtàt  prussien  possède  environ  3,000  kilomètres 
de  lignes  secondaires  sur  un  total  de  22,000  kilomètres. 

Voie.  —  Les  voies  sont  en  général  armées  en  rails  de  réemploi 
provenant  des  grandes  lignes  ;  la  visite  de  la  voie  n'a  lieu  qu'une 
fois  par  jour,  le  matin,  lorsque  les  cantonniers  se  rendent  au 
travail. 

Le  personnel  d'entretien  est  extrêmement  réduit  :  il  est  d'un 
homme  par  3  à  4  kilomètres.  Les  dispositions  des  stations  et  des 
bâtiments  sont  des  types  les  plus  simples. 

Matériel  roulant.  —  Les  machines  des  Secundârbahnen  sont 
exclusivement  des  machines  légères,  dont  le  poids  par  essieu  ne 
dépasse  pas  10  tonnes  ;  on  fait  usage,  selon  les  cas,  de  deux  types 
de  locomotives-tenders  :  l'une  est  à  deux  essieux  pesant  20  tonnes, 
l'autre  à  trois  essieux  pesant  30  tonnes.  Ces  locomotives  sont  à 
grande  surface  de  chauffe  :  un  mètre  carré  par  300  kilogrammes 
de  poids  en  service,  ce  qui  leur  permet  de  développer  une  force 
respective  de  160  et  250  chevaux.  Elles  sont  munies  de  cloches 
que  le  machiniste  fait  sonner  aux  abords  des  passages  à  niveau 
non  gardés,  ou  lorsque  la  voie  est  longée  par  un  chemin  public. 
Le  diamètre  des  roues  est  de  1"",080.  Ces  machines  coûtent  res- 
pectivement 18,000  marcks  (22,500  francs)  et  24,000  marcks 
(30,000  francs). 

Sur  la  plupart  des  ligues  secondaires,  la  première  classe  de 
voyageurs  est  supprimée,  et  on  y  fait  surtout  usage  de  voitures 
mixtes  2*  et  3*  classes  (16  places  2%  28  en  3').  La  composition  de 
train  la  plus  habituelle  comprend  la  locomotive,  un  wagon  mixte 
pour  poste  et  bagages,  et  une  ou  deux  voitures  mixtes  2*  et 
3*  classes. 

Ces  voilures  sont  à  compartiments,  éclairées  au  gaz  autant  que 
possible,  et  munies  du  frein  continu  :  une  décision  du  Ministère 
des  Chemins  de  fer  de  Prusse  (1"  mai  1886)  permet  en  effet  de 
supprimer  le  serre-frein  dans  tous  les  trains  munis  du  frein 
continu. 

Service  des  yares  et  des  trains,  —  Dans  les  stations  d'une  cer- 


RÉSUMÉ  ET   CONCLUSIONS  38o 

laine  importance,  le  chef  de  slation  est  aidé  soit  d'un  homme 
d'équipe  permanent,  soit  d'un  poseur  de  la  voie  ou  d'un  supplé- 
mentaire, aux  heures  les  plus  chargées  de  la  journée.  Les  billets 
sont  toujours  délivrés  par  le  chef  de  station. 

Dans  les  stations  de  moindre  importance  on  a  réduit  le  personnel, 
et  on  emploie  comme  chefs  de  station  des  agents  d'ordre  inférieur. 

Les  horaires  des  trains  sont  calculés  de  manière  que  le  service 
des  stations  n'excède  pas  15  heures  par  jour. 

En  général,  on  cherche  à  séparer  autant  que  possible  le  service 
des  voyageurs  de  celui  des  marchandises,  au  moins  sur  les  lignes 
longues,  où,  en  raison  de  la  limitation  de  vitesse  des  trains,  la 
durée  du  trajet  serait  trop  prolongée  si  les  trains  de  voyageurs 
devaient  assurer  le  service  des  marchandises.  Toutefois  les  wagons 
transitant  sur  la  ligne  sont  ajoutés  en  queue  de  ces  trains. 

Saxe.  —  Le  réseau  Saxon  embrasse  2,200  kilomètres,  dont 
640  kilomètres  de  chemins  de  fer  secondaires.  Il  semble  qu'on 
soit  allé  jusqu'à  l'extrême  limite  de  l'économie  dans  l'exploitation 
de  ces  derniers. 

Voie.  —  Sur  les  lignes  déclassées,  on  a  laissé  tomber  les  clô- 
tures faute  d'entretien  ;  le  gardiennage  a  été  supprimé.  On  a  loué 
à  des  particuliers  les  locaux  rendus  disponibles  par  la  suppression 
du  gardiennage  ou  le  déclassement  des  stations;  on  a  même 
démoli  toutes  les  maisons  qui  ne  pouvaient  servir  au  logement 
des  agents  et  qu'on  ne  trouvait  pas  h  louer.  On  a  pu  réaliser,  par 
ces  diverses  mesures,  1,630  francs  d'économie  par  kilomètre. 

Les  voies  nouvelles  sont  en  rails  légers,  à  23  kilos  acier.  Pas 
de  signaux:  des  poteaux  d'avertissement  indiquent  seulement  au 
machiniste  les  endroits  où  il  doit  sonner,  lorsque  le  chemin  de  fer 
longe  une  route  fréquentée. 

Matériel  roulant.  —  Rien  de  particulier  au  point  de  vue  du 
matériel  roulant  :  l'adminislration  use  ses  machines  et  ses  voitures, 
dont  elle  a  un  stock  important,  avant  de  construire  des  types  plus 
légers.  Cependant,  sur  quelques  lignes  nouvelles,  on  emploie  des 
locomotives  dont  le  poids  est  limite  à  10  tonnes  par  essieu. 

25 


386  RÉSUMÉ  ET   CONCLUSIONS 

Pas  de  compartiments  de  V^  classe  dans  les  trains,  composés 
comme  en  Prusse,  aune  ou  deux  voitures  mixtes  2^  et3'. 
Les  voitures  sont  à  intercommunication. 

Service  des  trains  et  des  gares,  —  Le  nombre  des  trains  est  très- 
limité. 

Tous  les  trains  sont  mixtes  sur  les  lignes  courtes  ;  mais  sur  les 
lignes  longues,  les  trains  assurant  des  correspondances  impor- 
tantes ne  transportent  que  des  voyageurs  ;  les  autres  sont 
mixtes. 

Ils  ont  généralement  un  conducteur  et  un  serre-frein. 

Dans  les  stations,  le  chauffeur  coopère  au  chargement  et  au 
déchargement  des  colis,  ainsi  qu'à  l'accrochage  et  au  décrochage 
des  wagons. 

Les  stations  importantes  seules  so*nt  munies  d'appareils  télégra- 
phiques et  gérées  par  un  fonctionnaire  de  l'administration.  Le 
personnel  de  ces  stations  délivre  des  billets  aux  voyageurs  pour 
tout  le  réseau  Saxon. 

Les  haltes  sont  au  contraire  dirigées  par  un  particulier  nommé 
Gûteragenty  ordinairement  un  cabaretier,  qui  doit  habiter  à  proxi- 
mité de  la  halte  et  fournir  au  public  une  salle  d'attente,  mais  qui 
ne  lui  délivre  pas  de  billets.  La  distribution  des  billets  est  faite 
parle  conducteur,  pendant  l'arrêt  du  train:  le  fourgon  comporte 
à  cet  effet  un  casier  à  billets,  tous  du  modèle  Ëdmondson.  Les 
billets  ne  sont  délivrés  que  pour  les  points  d'arrêt  du  train.  Pour 
réduire  le  nombre  des  billets,  on  fait  servir  chacun  d'eux  entre 
deux  stations,  quel  que  soit  le  sens  du  train  ;  à  cet  effet,  il  porte  la 
mention  :  De  A  en  B  on  vice  versa.  Le  conducteur  accepte  égale- 
ment les  bagages  et  les  expéditions  de  messagerie,  jusqu'àSO  kilos; 
il  pèse  à  l'aide  d'un  peson  suspendu  au  fourgon. 

Le  Gûteragent  est  présent  au  passage  des  trains  ;  il  aide  aux 
manœuvres  des  aiguilles,  des  wagons,  veille  à  la  réception  et  à 
l'expédition  des  colis. 

Les  marchandises  en  provenance  d'une  halte   gérée    par  un 
Gûteragent  sont,   autant  que  possible,  expédiées  en  port  dû,  les 
marchandises  à  destination  de  celte  halte,  en  port  payé. 
  l'expédition,  le  Gûteragent  marque  avec  son  timbre  la  lettre 


RÉSUMÉ  ET   CONCLUSIONS  387 

de  voiture,  qu'il  envoie  avec  la  marchandise  à  la  station  la  plus 
voisine,  qui  est  chargée  de  rétablissement  des  écritures. 

A  l'arrivée,  la  marchandise  est  accompagnée  d'un  laisser-passer 
portant,  le  cas  échéant,  mention  de  la  somme  à  percevoir  du  des- 
tinataire. La  feuille  de  route  est  envoyée  à  la  gare  dont  relève  le 
CMÛteragent, 

Celui-ci  ne  reçoit  aucune  rémunération  de  l'administration  ; 
mais  il  est  autorisé  à  percevoir  des  habitants  de  la  localité  une 
taxe  supplémentaire  de  1  marck  par  wagon  complet  de  5,000  ki- 
logs,  et  de  5  pfennigs  par  fraction  indivisible  de  100  kilos  de 
marchandises  de  détail. 

Sur  un  total  de  52  stations  et  haltes  ouvertes  aux  voyageurs  et 
marchandises  que  comprennent  les  8  lignes  secondaires  du  réseau 
Saxon,  34  haltes  sont  gérées  de  cette  façon. 

Organisation  administrative.  —  Une  autre  particularité  des 
lignes  secondaires  do  ce  réseau  réside  dans  leur  organisation 
administrative. 

Chacune  d'elles  est  dirigée  par  un  régisseur  [Bahnverwalter)  ayant 
dans  ses  attributions  tous  les  services,  et  relevant  directement; 
pour  tout  ce  qui  concerne  l'exécution' proprement  dite,  de  la 
direction  générale. 

Le  Bahnverwalter  est  ordinairement  le  chef  de  la  gare  la  plus 
importante  de  la  ligne. 

Outre  son  service  propre  comme  chef  de  station,  dans  lequel  il 
est  assisté  par  des  auxiliaires,  il  doit  veiller  à  l'entretien  de  la  voie 
de  toute  la  ligne,  s'occuper  de  l'utilisation  et  de  la  consommation 
des  machines,  du  petit  entretien  des  voitures,  wagons  et  locomo- 
tives, de  l'alimentation,  du  mouvement  des  trains  et  des  stations. 

Il  reçoit  chaque  jour  les  versements  des  conducteurs  des  trains, 
contrôle  leurs  opérations  dans  ses  tournées,  centralise  les  recettes 
de  toute  nature  de  la  ligne  et  les  envoie  à  la  direction  générale, 
effectue  les  payements,  etc. 

Le  Bahnverwalter  a  autorité  sur  tout  le  personnel  y  compris  les 
Gûteragent  :  il  adresse  à  la  direction  générale  toutes  les  proposi- 
tions qu'il  croit  devoir  faire  dans  l'intérêt  de  la  ligne. 

L'administration  fait  faire  chaque  année  le  compte  séparé  des 


388  RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS 

dépenses  et  des  recettes  de  ses  diverses  lignes  secondaires  et  en 
publie  les  résultats,  ce  qui  est  à  ses  yeux  un  excellent  moyen  de 
stimuler  Tamour-propre  des  Bahnverivalter. 

Grâce  à  ces  divers  procédés  les  dépenses  des  Secundarbahnen, 
dont  plusieurs  ont  de  fréquentes  et  longues  rampes  atteignant 
25  millimètres  par  mètre,  restent  au-dessous  de  3,500  francs  par 
kilomètre. 

Bavière.  —  L'organisation  des  chemins  de  fer  secondaires  de 
Bavière  a  été  calquée  sur  celle  en  vigueur  en  Saxe. 

De  même  que  dans  ce  dernier  pays,  «  on  a  pensé  en  Bavière 
«  qu'on  ne  pouvait  arriver  à  une  exploitation  économique  pour 
a  Tadministralion,  satisfaisante  pour  le  public,  que  par  une  con- 
«  centration  d'autorité  qui  permette  de  mettre  en  mouvement, 
«  pour  les  faire  concourir  à  un  but  commun,  tous  les  moyens, 
«  en  hommes  et  en  matériel,  dont  on  dispose;  on  a  pensé  que 
c(  Tagent  unique  doit  avoir  l'indépendance  et  la  liberté  nécessaires 
«  pour  approprier  ces  moyens  aux  besoins  constamment  variables 
«  du  trafic,  et  qu'il  doit  en  même  temps  posséder  les  aptitudes 
«  voulues  pour  pouvoir,  dans  les  moments  difficiles,  faire  oublier, 
«  par  l'opportunité  de  ses  mesures  et  la  rapidité  de  leur  exécution, 
«  la  pauvreté  des  installations  de  la  ligne  et  la  parcimonie  avec 
«  laquelle  elle  a  été  outillée  et  armée  *.  » 

Le  Bahnverwalter  saxon  s'appelle  en  Bavière  Betriebsleiter  (con- 
ducteur de  l'exploitation);  mais  il  aies  mêmes  fonctions;  il  est 
habituellement  le  chef  de  la  station  tête  de  la  ligne  secondaire. 

Les  lignes  secondaires  du  réseau  Bavarois  sont  pour  la  plupart 
des  lignes  en  impasse. 

Voie.  —  Sur  les  lignes  nouvelles  on  n'emploie  que  des  machines 
très-légères;  le  poids  du  rail  est  limité  à  18  kilos  par  mètre.  Le 
personnel  d'entretien  delà  voie  y  est  très-restreint;  sur  certaines 
lignes,  la  proportion  atteint  à  peine  un  homme  par  4  kil.  5.  Les 
brigades  sont  renforcées  en  hiver  pour  l'enlèvement  delà  neige. 

*  De  Vexploitation  économique  des  lignes  secondaires  des  Grands  réseaux  de 
Chemins  de  fer  dans  les  différents  pays  de  ^Europe,  par  de  Busschèrc,  de  Jaer  et 
Niels  (page  9Ô). 


RÉSUMÉ  ET   CONCLUSIONS  389 

Matériel  roulant,  —  Les  machines  ne  doivent  pas  donner  une 
charge  supérieure  à  8,500  kilos  par  essieu  ;  elles  sont  à  2  ou  3  es- 
sieux, selon  les  déclivités,  et  pèsent  respectivement  17,000  et 
25,300  kilogrammes  ;  les  roues  ont  0",97  de  diamètre  et  les  chau- 
dières sont  timbrées  à  12  atmosphères. 

Les  voitures  sont  à  couloir;  il  n'y  a  pas  de  première  classe; 
le  train  est  ordinairement  composé  d'une  troisième  et  d'une  mixte 
deuxième  et  troisième  classes. 

Service  des  trains  et  des  gares.  —  Les  trains  sont  généralement 
mixtes;  on  attelle  en  queue  les  wagons  qui  doivent  parcourir  la 
ligne  entière  et  en  tête  les  voitures  à  voyageurs  et  les  wagons  à 
déposer  en  cours  de  route. 

Le  conducteur  délivre  des  billets  en  cours  de  route. 

En  dehors  de  quelques  gares  gérées  par  des  employés  de  l'ad- 
ministration, les  stations  ou  haltes  sont  dirigées  par  des  particu- 
liers qui  portent  ici  le  nom  de  Baltesteller,  mais  dont  le  service 
est  le  même  que  celui  des  Gûteragent  saxons,  à  part  l'améliora- 
tion suivante  :  si  une  expédition  doit  être  faite  d'une  halte  en  port 
payé,  le  Haltesteller  demande  à  la  gare  dont  il  relève,  par  le  télé- 
phone, qu'il  a  à  sa  disposition,  la  taxe  à  appliquer  :  il  la  perçoit 
et  en  fait  mention  sur  son  livre. 

Les  gares  de  croisement  seules  sont  munies  du  télégraphe  : 
les  stations  et  les  halles  intermédiaires  disposent  du  téléphone, 
comme  il  vient  d'être  dit. 

La  Bavière  comme  la  Saxe  est  arrivée,  par  l'adoption  do  ces 
mesures,  à  des  résultats  remarquables.  Les  dépenses  de  personnel, 
qui  fournissaient  autrefois  sur  les  lignes  secondaires  une  part  de 
68  p.  100  de  la  dépense  totale,  sont  aujourd'hui  réduites  à  35p. 100 
et  sur  quelques  lignes  même  à  30  p.  100. 

Hanovre.  —  On  n'a  guère  à  signaler  ici,  en  dehors  de  ce  qui 
a  été  dit  pour  la  Prusse,  que  l'emploi  sur  les  lignes  secondaires 
neuves,  de  locomotives  Compound,  construites  par  M.  von  Borries; 
ces  machines  sont  à  deux  essieux  non  couplés;  elles  pèsent 
18  tonnes  en  ordre  de  marche  avec  une  charge  de  10  tonnes  sur 
l'essieu  moteur. 


390  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

Elles  remorquent  sur  les  lignes  ordinaires,  à  profil  facile,  4  à 
5  voitures  à  la  vitesse  de  40  kilomètres  à  Theure,  et  leur  consom- 
mation ne  dépasse  pas  3  kilogrammes  de  charbon  par  kilomètre. 

Le  diamètre  du  petit  cylindre  est  de  270  millimètres,  celui  de 
grand  cylindre  410  millimètres. 

Alsace-Lorraine.  —  Peu  de  particularités  autres  que  celles 
relatées  pour  la  Prusse. 

Dans  les  gares,  pas  de  signaux  autres  que  ceux  de  position  des 
aiguilles. 

Les  voies  sont  solidement  établies,  et  on  ne  doit  pas  dépasser 
pour  leur  entretien,  la  proportion  d'un  cantonnierpar  3  kilomètres. 

Deux  types  de  locomotives,  à  trois  essieux  chargés  à  8,700  ou 
8,900  kilos  au  maximum;  le  premier  type  a  deux  essieux  couplés, 
l'autre  les  trois  essieux. 

Tous  les  trains  ont  des  compartiments  de  première  classe. 


2*  Autriche-Hongrie 


Des  lois  à  peu  près  identiques  et  portant  les  dates  du  23  mai 
1880  (Autriche)  et  13  juin  1880  (Hongrie)  ont  délégué  la  conces- 
sion des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  des  Chambres  aux  gouver- 
ments  respectifs  d'Autriche  et  de  Hongrie. 

Par  une  ordonnance  du  1"  août  1883,  rendue  en  exécution  de  la 
loi  de  1880,  le  gouvernement  Autrichien  a  spécifié  les  facilités  et 
simplifications  qui  peuvent  être  accordées  aux  chemins  de  fer  d'in- 
térêt local  à  construire  et  étendues  aux  chemins  précédemment 
construits. 

Pas  de  clôtures  le  long  de  la  voie;  pas  de  barrières  aux  pas- 
sages à  niveau,  ni  de  gardiennage;  pas  de  signaux  ni  de  télégraphe; 
suppression  de  la  voiture  de  choc,  sauf  quand  le  train  est  trop 
long  ou  le  profil  trop  accidenté;  réduction  du  personnel  de  con- 
duite à  un  seul  agent  dans  les  trains  de  voyageurs,  mixtes  ou  de 
marchandises,  toutes  les  fois  que  la  composition  du  train  ne  ré- 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  394 

clamo  pas  plus  d'un  frein  desservi  ;  détermination  de  la  vitesse 
maxima  laissée,  pour  chaque  cas  particulier,  au  ministre  du  com- 
merce; le  train  doit  pouvoir  être  arrêté  sur  une  distance  de 
100  mètres  à  la  rencontre  des  traversées  à  niveau  non  protégées 
par  des  barrières  ;  suppression  possible  du  chauffeur  dans  des 
cas  particuliers. 

Tels  sont  les  avantages  accordés  par  la  nouvelle  réglementation, 
avantages  qui,  aux  termes  de  Tarticle  3  de  la  loi  de  1880,  sont 
acquis  à  tous  les  chemins  de  fer  existants  exploités  avec  une  vitesse 
modérée  et  de  la  même  manière  que  les  chemins  de  fer  d'intérêt 
local. 

Ces  dispositions  avantageuses  viennent  d'être  complétées  par 
la  loi  du  17  juin  1887,  applicable  aux  chemins  de  fer  d'intérêt 
local  préexistants  ou  nouveaux,  de  même  que  la  loi  de  1880.  La 
loi  de  1887  dispense  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  des  obliga- 
tions relatives  au  service  postal,  des  dépenses  de  police  et  de  sur- 
veillance, des  droits  de  timbre  relatifs  à  certains  pactes  et  contrats, 
de  certains  impôts,  etc.,  etc.;  elle  atténue  en  faveur  de  ces 
chemins,  tant  au  point  de  vue  de  l'établissement  que  de  Texploita- 
tion,  la  part  contributive  dans  les  dépenses  des  gares  communes 
avec  les  lignes  de  l'Ëtat  ou  des  Compagnies  garanties  par  TËtat  ; 
enfin  le  Gouvernement  donne  des  subventions  aux  Compagnies 
de  chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  la  condition  que  celles-ci  aient 
pu  obtenir  une  contribution  des  provinces,  des  communes  ou  des 
particuliers. 

Voie.  —  Les  rails  adoptés  pour  les  lignes  neuves,  secondaires 
ou  d'intérêt  local,  ont  des  poids  réduits,  descendant  à  21  kil.  25 
acier. 

Matériel  roulant.  — Les  locomotives  qui  y  sont  employées  ne 
doivent  pas  avoir,  par  essieu,  un  poids  supérieur  à  10  tonnes. 

La  Sùdbahn  et  la  Nordweslbahn  font  usage  sur  certaines  lignes 
de  locomotives- fourgons  à  trois  essieux,  pesant  7à  8  tonnes  par 
essieu,  et  ayant  un  poids  adhérent  de  13  tonnes  environ. 

Mais  la  Nordwestbahn  seule  profite  des  dispositions  de  ces  ma- 
chines pour  supprimer  le  chauffeur;  la  Siidbahn  a  renoncé  à  cette 
suppression,  à  la  suite  d'accidents,  en  raison  de  la  difficulté  que 


392  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

préseuto  le  service  pour  un  seul  agents  et  de  la  diminution  de  sécu- 
rité qui  en  résulte. 

En  ce  qui  concerne  les  voitures,  toutes  les  administrations  autri- 
chiennes sont  d'avrs  que  le  type  à  couloir  convient  particulière- 
ment pour  Texploitatien  des  lignes  à  faible  trafic;  outre  qu'il  per- 
met, mieux  que  le  matériel  à  compartiments,  de  faire  desservir 
et  surveiller  le  train  par  un  seul  conducteur,  le  matériel  à  couloir 
donne,  en  général,  une  meilleure  utilisation  des  places  disponibles; 
c'est  ainsi  qu'on  estime  en  Autriche  à  40  p.  100  l'occupation 
moyenne  du  nombre  des  places  avec  ce  matériel,  tandis  qu'elle 
n'est  que  de  2S  p.  100  avec  le  matériel  à  compartiments,  soit  un 
rapport  de  3  à  3. 

Sur  la  majeure  partie  des  lignes  secondaires,  les  trains  n'ont 
pas  de  compartiments  de  première  classe;  par  contre,  sur  quelques- 
unes  il  y  a  des  quatrièmes  classes  (debout). 

Service  des  trains  et  des  gares.  —  Le  personnel  des  trains  est 
réduit  à  un  seul  agent  toutes  les  fois  que  la  charge  du  train  le 
permet;  on  s'attache  à  supprimer  les  trains  mixtes  sur  les  lignes 
longues,  lorsque  le  service  des  marchandises  peut  être  intégrale- 
ment assuré  par  un  seul  train. 

En  général,  la  distribution  des  billets  se  fait  dans  les  stations 
ou  haltes  ;  les  administrations  autrichiennes  trouvent  dans  ce 
système  plus  de  garantie  que  dans  celui  de  la  distribution  des  bil- 
lets par  le  conducteur  du  train. 

Les  stations  et  haltes  sont  toujours  gérées  par  des  fonctionnaires 
de  la  Compagnie,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  en  Saxe  et  en 
Bavière. 

On  rencontre  en  Autriche  beaucoup  de  points  d'arrêts  intermé- 
diaires facultatifs,  c'est-à-dire  où  le  train  ne  s'arrête  que  si  un 
voyageur  est  à  prendre  ou  à  laisser;  le  ou  les  voyageurs  à  laisser 
avertissent  le  conducteur  à  l'avance;  quand  il  y  en  a  à  prendre, 
l'agent  delà  voie  à  qui  est  confié  le  service  de  Tarrêt  plante  sur 
l'accotement  troussé  en  forme  de  trottoir  un  disque  rouge. 


*  On  a  vu  que  TEtat  français  fait  aider  le  mécanicien  par  le  chef  du  train^  moyennant 
une  légère  indemnité  à  ce  dernier. 


RÉSUMÉ    ET  CONCLUSIONS  393 

Ces  points  d'arrêt  ne  distribuent  de  billets  que  pour  les  stations 
ou  les  haltes  de  la  ligne. 

Les  lignes  secondaires  autrichiennes  sont  en  somme  exploitées 
avec  beaucoup  d^économie. 


3""  Italie 


L'Italie  ne  possède  aucune  législation  spéciale  aux  chemins  de 
fer  secondaires. 

Une  commission  a  bien  été  nommée  en  1879  à  TefTetde  recher- 
cher les  économies  qui  pourraient  être  introduites  dans  la  cons- 
truction et  l'exploitation  des  nombreux  chemins  de  fer  décrétés 
par  la  loi  du  29  juillet  1879;  mais  aucune  sanction  législative  ou 
administrative  n'a  été  donnée  au  rapport  très-bien  fait  de  la  com- 
mission qui  concluait  à  l'adoption  d'un  grand  nombre  des  procé- 
dés qui  sont  aujourd'hui  employés  en  Allemagne,  et  à  une  large 
utilisation  des  accotements  des  routes  ordinaires. 

La  seule  particularité  qu'on  rencontre  en  Italie  est  le  grand 
développement  des  tramways  à  vapeur. 

Ceux-ci  sont  installés  sur  l'accotement  des  routes  et  font  une 
concurrrence  très-grande  aux  chemins  de  fer  ordinaires.  Ils  sont 
en  général  à  écartement  normal  et  peuvent  ainsi  avoir  un  service 
mixte  avec  les  grandes  lignes  auxquelles  ils  sont  reliés  par  rails. 

La  plus  remarquable  exploitation  de  tramways  est  celle  de  la 
Société  Yénéta  qui,  en  dehors  des  300  kilomètres  de  chemins  de 
fer  ordinaires  qu'elle  possède,  exploite  un  réseau  de  tramways  à 
vapeur  qui  a  aujourd'hui  90  kilomètres  et  qui  enaurabientôtSOO: 
tramways  et  chemins  de  fer  sont  du  reste  exploités  identiquement 
de  la  même  manière,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  vitesse  et  la  lon- 
gueur des  trains,  limités  sur  les  tramways  respectivement  à  18  ki- 
lomètres à  Theure  et  30  mètres,  machine  comprise. 

Chaque  ligne  forme  un  groupe  distinct,  et  son  exploitation  est 
dirigée  par  un  Ingegnere  deW  Esercizio,  qui  réunit  dans  sa  main 
les  trois  services  de  voie,  traction,  mouvement  et  trafic,  et  qui  a 
absolument  les  mêmes  attributions  que  le  Bahnverwalter  saxon  ou  le 


394  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

Betriebsleiter  bavarois  ;  c'est  le  système  qu'on  appelle  en  Italie  «  sys- 
tème  de  la  concentration  des  services  et  de  l'indépendance  des  lignes  » . 

Le  matériel  est  spécialisé  par  lignes  :  sur  les  lignes  à  faible 
trafic  on  fait  usage  de  machines  à  trois  essieux  dont  deux  accouplés, 
pesant  24  tonnes,  pouvant  remorquer,  sur  des  rampes  de  15  milli- 
mètres, 30  tonnes  en  marchant  à  50  kilomètres  à  l'heure,  et 
84  tonnes  à  15  kilomètres. 

Sur  ces  lignes  le  poids  du  rail  descend  à  23  kilos  par  mètre. 

Les  voitures  sont  tantôt  à  couloir,  tantôt  à  compartiments  ;  l'a- 
doption du  frein  continu  permettra  prochainement  de  supprimer 
le  serre-frein  dans  les  trains. 

Contrairement  à  ce  qui  se  pratique  sur  les  autres  tramways  à 
vapeur  du  nord  de  Tltalie,  la  Compagnie  Vénéta  n'admet  pas  le 
système  de  distribution  des  billets  dans  les  trains. 

La  plus  intéressante  des  lignes  do  la  Société  Yénéta  est  le 
tramway  de  Padoue  à  Venise,  qui,  établi  sur  Taccotement  de  la 
route  reliant  ces  deux  villes  et  pénétrant  partout  dans  le  centre 
des  villages,  enlève  tout  le  trafic  local  au  chemin  de  fer,  dont  les 
stations  desservant  ces  mêmes  villages  sont  souvent  trop  éloignées. 

4®  Hollande 

La  Hollande  possède  depuis  le  9  août  1878,  une  loi  sur  les  che- 
mins de  fer  secondaires;  cette  loi  a  un  e  (Te  t  rétroactif. 

Aux  termes  de  cette  loi,  les  chemins  de  fer  sur  lesquels  aucun 
essieu  n'a  une  charge  supérieure  à  10  tonnes  et  où  la  vitesse  de 
marche  des  trains  est  limitée  à  30  kilomètres  au  plus,  sont  affran- 
chis des  stipulations  relatives  aux  clôtures,  au  gardiennage,  etc.: 
le  personnel  du  train  peut  y  être  réduit  à  un  mécanicien-chauffeur 
et  un  conducteur,  si  le  nombre  des  freins  à  desservir  le  permet. 

Les  Compagnies  hollandaises  n*ont  guère  profité  de  ces  avan- 
tages pour  l'exploitation  des  lignes  secondaires  ;  mais  elles  ont 
créé  autour  des  villes  importantes  des  trains-légers,  remorqués 
par  des  machines  de  faible  poids,  à  personnel  restreint  et  desser- 
vant les  relations  locales  ;  ces  trains  ne  peuvent  dépasser  la  vi- 
tesse de  35  kilomètres  à  Thcure  et  s'arrêtent  aux  passages  à  niveau 
les  plus  importants;  on  a  profité  de  ce  que  leur  dépense  est  faible 


RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS  395 

pour  les  multiplier;  ils  procurent  une  sensible  augmentation  de 
trafic. 

5°  Belgique 

Les  Compagnies  de  chemins  de  fer  belges,  et  en  particulier 
l'administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat,  qui  exploite  plus  de 
3,000  kilomètres  de  lignes,  se  sont  surtout  occupés  de  Tallègement 
des  trains  et  de  la  multiplication  des  points  d'arrêts  ;  la  Belgique 
a  une  population  très-dense,  voyageant  beaucoup,  et  il  importait 
de  mettre  en  circulation  des  trains  fréquents,  par  suite  légers  et 
à  faible  dépense,  et  de  les  arrêter  le  plus  souvent  possible,  aux 
passages  h  niveau  avoisinant  les  localités,  très-rapprochées  et 
toujours  très-peuplées,  pour  ne  pas  obliger  les  habitants  des 
campagnes  à  faire  3,  4,  5  kilomètres  et  parfois  plus  pour  se 
rendre  à  une  station. 

L'Administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat  belge  a  introduit 
l'exploitation  par  trains  légers  sur  1,300  kilomètres  de  lignes. 

Ces  trains  sont  constitués  ou  bien  avec  moteur  indépendant 
(locomotive-fourgon  ou  locomotive  légère)  ou  bien  avec  voiture 
à  vapeur  Belpaire  ;  la  charge  par  essieu,  quel  que  soit  le  moteur, 
reste  au-dessous  de  10  tonnes. 

La  locomotive-fourgon  remorque  3  à  6  voitures  sur  des  lignes 
à  rampes  moyennes  de  0"*,10,  à  la  vitesse  de  33  ou  40  kilomètres 
à  rheure. 

La  voiture  à  vapeur  est  de  deux  types  : 

Le  premier  type  comprend  trois  classes  de  voyageurs, 
43  places  assises  et  un  petit  compartiment  pour  les  bagages  ;  cette 
voiture  circule  seule,  et  son  moteur  ne  permet  pas  de  lui  adjoindre 
d'autres  véhicules. 

La  voiture  à  vapeur  du  deuxième  type  contient  un  moteur 
plus  puissant,  un  compartiment  à  bagages  et  un  compartiment  à 
voyageurs  de  3'  classe,  comprenant  seulement  20  places.  Ce 
moteur  peut  remorquer  deux  ou  trois  voitures  sur  des  rampes 
deO^jlO,  et  est  employé  sur  des  lignes  à  trafic  plus  important. 

La  vitesse  des  voitures  à  vapeur  est  limitée  à  33  kilomètres. 

Leur  personnel  est  réduit  à  un  machiniste  et  un  conducteur. 


396  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

Les  dépenses  propres  du  service  des  trains,  y  compris  person- 
nel, entretien  et  réparations  du  matériel,  et  intérêt  et  amortisse- 
ment du  capital  engagé  dans  ce  matériel,  descendent  à  G  fr.  30 
par  train-kilomètre  avec  la  voiture  à  vapeur  du  premier  type; 
0  fr.  33  avec  la  voiture  à  vapeur  du  deuxième  type  ;  alors 
qu'elles  sont  de  : 

0  fr.  40  pour  les  trains-tramways  de  la  Compagnie  du  Nord 
français  ; 

0  fr.  60  pour  les  trains  légers  de  cette  Compagnie  ; 

0  fr.  85  pour  les  trains  de  grandes  lignes. 

La  dépense  de  premier  établissement  de  ces  divers  trains  varie 
à  peu  près  dans  la  même  proportion. 

«  Avez-vous  remarqué  quelquefois,  messieurs,  »  s'écriait  récem- 
ment (10  mars  1887),  devant  la  Chambre  des  représentants  de 
Belgique,  M.  Vandenpeereboom,  ministre  des  chemins  de  fer, 
postes  et  télégraphes,  «<  l'organisation  des  trains  circulant  sur 
«  nos  petites  lignes  secondaires,  avant  l'adoption  des  trains  légers  ? 
«  En  tète,  une  locomotive  de  40  à  50  tonnes,  suivie  de  son  ten- 
«  der,  avec  un  machiniste  et  un  chauffeur;  puis  vient  un  véhicule 
«  de  choc,  qui  ne  sert  à  rien,  puisqu'il  n'y  a  pas  de  bagages  ; 
a  ensuite  trois,  quatre  ou  cinq  voitures  ;  enfin  un  fourgon  pour 
«  les  bagages.  Outre  le  machiniste  et  le  chauffeur,  il  y  a  un  chef- 
«  garde,  un  garde,  un  serre-frein  ;  total  une  dizaine  de  véhicules 
«  et  cinq  agents.  Et  tout  cela,  messieurs,  pour  transporter  quel- 
«  ques  personnes  :  j'ai  vu  de  ces  trains  contenant  trois,  quatre, 
u  cinq,  dix  personnes  au  plus  !  » 


EXPLOITATIO.'V  PAR  TRALliS  MIXTES  OU  HiDÉPEXDAl^XE  DES 
SERVICES  VOYAGEURS  ET  MARCHil^ DISES  SUR  LES  UG3ÎES 
SECOIKDAIRES  ? 

L'indépendance  des  services  de  voyageurs  et  de  marchandises 
doit-elle  être  la  règle  pour  les  lignes  à  faible  trafic  comme  pour 
les  grandes  artères  ? 

On  y  tend  en  Allemagne  et  en  Autriche-Hongrie,  au  moins  sur 
les  lignes  longues.  En  France  l'extension  des  trains  légers  et  des 
trains-tramways  est  aussi  un  grand  pas  en  avant  dans  cette  voie. 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  397 

Doit-on  conclure  de  ces  exemples  à  l'abandon  prochain  des 
trains  mixtes  ? 

C'est  là,  comme  presque  toujours  en  matière  d'exploitation  de 
chemins  de  fer,  une  question  d'espèces  :  tout  dépend  des  condi- 
tions particulières  à  la  ligne.  Un  exemple,  qu'on  rencontre  sou- 
vent dans  la  pratique,  le  fera  hien  comprendre  : 

Soit  une  ligne  suffisamment  desservie  par  trois  trains  de  chaque 
sens  ;  les  correspondances  aux  points  de  soudure  avec  les  autres 
lignes  ne  nécessitent  pas  de  vitesses  supérieures  à  30  ou  40  kilo- 
mètres à  l'heure,  et  le  service  des  trains  est  facilement  assuré  par 
deux  machines  et  par  deux  équipes  de  personnel,  chaque  équipe 
et  chaque  machine  fait  trois  des  trains  ;  les  deux  machines, 
remorquant  successivement  les  mêmes  trains,  sont  nécessaire- 
ment du  même  type. 

L'exploitation  par  trains  mixtes  est  ici  absolument  ration- 
nelle. 

En  effet,  veut-on  changer  le  mode  d'exploitation  et  affecter 
Tun  des  trains  de  chaque  sens  au  service  des  marchandises-voya- 
geurs, les  deux  autres  transportant  exclusivement  des  voyageurs? 
D'une  part  on  devra  desservir  le  train  de  marchandises-voyageurs, 
auquel  on  donnera  la  totalité  des  wagons,  par  une  machine  plus 
puissante  ;  d'autre  part,  les  trains  de  voyageurs  devront,  ration- 
nellement, être  remorqués  par  des  machines  légères  ;  mais  alors 
toutes  les  machines  employées  sur  la  ligne  ne  pourront  plus  ren- 
trer  dans  le  même  roulement,  et  une  seule  machine  légère  ne  suf- 
fira pas  à  faire  le  service  des  quatre  trains  de  voyageurs.  D'un 
côté  on  aura  pu  économiser  un  serre-frein  et  du  combustible  sur  ^ 
les  trains  légers,  mais  de  l'autre,  il  faudra  une  machine  en  plus, 
avec  son  personnel,  c'est-à-dire  accroissement  au  lieu  de  réduc- 
tion de  dépenses. 

Que  l'on  suppose  au  contraire  que,  sur  la  même  ligne,  les  récla- 
mations du  public,  le  mouvement  des  voyageurs  nécessitent  la 
création  d'un  quatrième  train  de  chaque  sens,  ce  qui  entraine 
comme  conséquence  :  une  machine  en  plus,  avec  son  personnel, 
et  une  équipe  de  personnel  de  conduite.  Il  y  aura  tout  intérêt  à 
faire  de  ce  train  un  train  léger,  avec  locomotive  légère  et  un  seul 
conducteur,  et  on  trouvera  généralement  sans  difficulté  la  possi- 


398  RÉSUMÉ    ET   CONCLUSIONS 

bilité  de  faire  de  l'un  des  trains  mixtes  préexistants  un  train  léger, 
dont  le  matériel  et  le  personnel  rentreront  dans  le  roulement  du 
train  créé. 

Les  exemples  pourraient  varier  à  Tinfmi.  Celui  qui  précède 
suffit  à  montrer  que  si  le  train  léger  est  souvent  justifié,  le  train 
mixte  ne  Test  pas  moins,  et  que,  pour  le  choix  de  Tun  ou  de 
l'autre,  on  doit  soigneusement  peser  toutes  les  considérations  : 
longueur  de  la  ligne,  vitesse  des  trains,  mouvement  des  voya- 
geurs, importance  des  correspondances,  nature  et  tonnage  des 
marchandises  y  utilisation  du  matériel  et  du  personnel,  etc.,  etc. 

L'une  des  grosses  objections  que  Ton  fasse  en  Allemagne  et  en 
Autriche  contre  le  train  mixte,  c'est  sa  lenteur;  d'autre  part,  on 
limite  dans  ces  pays  à  30  kilomètres  à  l'heure  la  vitesse  de  tous 
les  trains  des  lignes  secondaires,  qu'ils  soient  affectés  ou  non  au 
service  exclusif  des  voyageurs. 

L'objection  n'est  pas  valable  ;  il  n'y  a  aucune  raison  pour 
donner  aux  trains  mixtes  peu  chargés  de  moindres  vitesses  qu'aux 
trains  de  voyageurs. 

Il  y  a  en  efl*et  deux  natures  de  trains  mixtes  :  1°  le  trciin  qui 
assure  le  service  de  détail,  train  de  marchandises-voyageurs,  qui 
manœuvre  dans  les  stations,  et  par  suite  y  stationne  longuement, 
et  dont  la  vitesse  de  marche  doit  être  aussi  réduite  que  la  charge 
à  remorquer  le  nécessite  ;  et  2*  le  train  qui  transporte  des  wagons 
complets  ne  faisant  que  transiter  sur  la  ligne  ;  celui-là  n'a  pas  à 
stationner  dans  les  gares  du  parcours  plus  qu'un  train  de  voya- 
geurs ordinaire,  et  peut  avoir  en  marche  la  même  vitesse  que  celui- 
ci.  La  seule  différence,  c'est  qu'il  nécessite  des  machines  plus 
puissantes  et  par  suite  plus  coûteuses.  Est-ce  une  infériorité? 
C'est  là  une  question  d'espèces,  comme  on  vient  de  le  mon- 
trer. 

Ajoutons  que  le  train  léger ^  tel  qu'il  est  compris  en  France, 
n'est  pas  une  entité  parfaitement  rationnelle.  Pourquoi  ce  chiffre 
absolu  de  6  véhicules  au  delà  duquel  il  faut  deux  agents  de  con- 
duite? 

On  a  vu  plus  haut  qu'en  Prusse,  tout  train  muni  du  frein  con- 
tinu peut  être  desservi  par  un  seul  conducteur,  quel  que  soit  le 
nombre  de  véhicules. 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  399 

Et  d'autre  part,  tous  les  règlements  en  vigueur  en  France, 
tout  en  obligeant  les  Administrations  de  chemins  de  fer  à  avoir 
deux  conducteurs  par  train  (hormis  les  exceptions  qui  découlent 
du  décret  du  20  mai  1880),  reconnaissent  explicitement  qu'un 
frein  suffit  pour  12, 10  ou  8  véhicules,  selon  que  les  déclivités  sont 
de  10,  12  ou  io  »/",  et  les  vitesses  de  36,  40  ou  SO  kilomètres  à 
rheuro*. 

Si  donc  il  est  désirable  que  les  trains  munis  du  frein  continu 
puisscjit  être  desservis  par  un  seul  conducteur,  sans  limitation  de 
véhicules,  comme  cela  se  pratique  en  Prusse,  il  n'est  pas  moins 
désirable  que  les  trains  mixtes  puissent  bénéficier  de  la  suppres- 
sion du  serre-frein,  toutes  les  fois  que  cet  agent  n'est  pas  néces- 
sité par  Tobligation  du  frénage.  Serait  alors  train  léger  tout  train 
à  un  seul  conducteur. 


DE    LA    VITESSE    DES    TRAITS   SLR    LES    LIGIVES    SECO.\DAUlES 

Les  lois  et  règlements  allemands,  autrichiens,  hollandais  limi- 
tent à  30  kilomètres  la  vitesse  des  trains  des  lignes  secondaires. 
En  Belgique,  les  trains  légers  atteignent  35  et  40  kilomètres  de 
vitesse. 

Rien  de  semblable  en  France,  où  des  vitesses  de  50,  55  et 
60  kilomètres  ont  été  autorisées,  suivant  les  cas,  pour  les  trains 
légers  et  les  trains- tramway  s. 

Sans  doute  la  réduction  des  vitesses  permet  la  réduction  du 
poids  des  machines,  et  ipso  facto  celle  du  rail  ;  elle  permet  la 
suppression  des  clôtures,  du  gardiennage,  des  passages  à  niveau, 
des  signaux,  etc.,  etc. 

Mais  tous  ces  résultats  ne  peuvent-ils  être  obtenus  autre- 
ment? 

L'exemple  de  l'Administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat 
(locomotive-fourgon)  prouve  qu'on  peut  construire  des  machines 
légères,  pesant  moins  de  10  tonnes  par  essieu  et  pouvant  atteindre 
une  vitesse  de  marche  de  70  kilomètres  à  Theiire. 

*  Le  frein  continu  est,  il  est  vrai,  obligatoire  pour  tous  les  trains  de  voyageurs 
(circulaire  ministérielle  du  29  mars  1886),  mais  cette  prescription  n'est  pas  applicable 
aux  trains  mixtes. 


400  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

Aux  grandes  vitesses,  ces  machines  remorquent  de  faibles 
charges,  partant  la  masse  du  train  est  faible,  et,  si  les  véhicules 
sont  munis  du  frein  continu,  Tarrèt  est  possible  sur  une  aussi 
faible  longueur  que  pour  un  train  de  même  masse  limité  à  30  ou 
40  kilomètres  sans  frein  continu;  dès  lors,  clôtures,  gardiennage 
et  signaux  ne  sont  pas  plus  justifiés  dans  un  cas  que  dans  Tautre. 

Est-ce  à  dire  que  les  trains  des  lignes  secondaires  doivent  être  à 
grande  vitesse? 

Cela  peut  être  utile  dans  certains  cas  particuliers,  où  les  corres- 
pondances à  assurer  sont  importantes  et  serrées,  où,  en  accélérant 
les  trains,  on  peut  éviter  la  mise  en  roulement  du  matériel  et  du 
personnel  qui  serait  indispensable  sans  cela. 

Si  donc,  en  général,  les  trains  des  lignes  à  faible  trafic  doivent 
être  à  faibles  vitesses,  soit  30  ou  40  kilomètres,  il  faut  se  réserver 
la  possibilité  d'aller  au  delà,  puisque!  n'en  résulte  pas  obligatoi- 
rement dépense  supplémentaire  appréciable  d'établissement,  ni 
amoindrissement  de  la  sécurité. 

Le  système  français,  c'est-à-dire  l'absence  de  limitation,  parait, 
sous  ce  rapport,  le  meilleur  ;  mais  il  implique,  pour  les  grandes 
vitesses,  l'obligation  du  frein  continu. 

Revenons  maintenant  à  Texamen  séparé  des  diverses  solutions 
du  problème  de  l'exploitation  économique  des  lignes  à  faible  trafic. 

Kéduotion  du  personnel  de  station 

Que  Ton  suppose  une  gare  courte,  bien  aménagée,  à  voies  de 
service  bien  reliées  aux  voies  principales.  Est-il  possible,  sans  in- 
convénient, de  n*avoir  dans  une  semblable  station  qu'un  personnel 
réduit  à  un  agent  pour  desservir  6  à  8  trains  au  total,  et  un  trafic 
n'excédant  pas  une  cinquantaine  de  voyageurs  par  jour,  une  tonne 
de  bagages  ou  marchandises  de  détail  et  4  ou  o  wagons  tant  à 
l'arrivée  qu'au  départ.  C'est  le  cas  le  plus  général  des  stations  des 
lignes  à  faible  trafic;- il  peut  encore  représenter  \d  à  30,000  francs 
de  recettes. 

Avant  le  passage  d'un  train  de  voyageurs,  le  travail  d'un  chef 
do  station  consiste  à  vérifier  la  position  de  ses  aiguilles,  ouvrir  le 


RÉSUMÉ    ET    CONCLUSIONS  401 

signal,  délivrer  les  billets,  enregistrer  les  bagages.  —  Au  passage 
du  train,  il  procède  à  la  vérification  des  colis  et  écritures  qui  lui 
sont  laissés  parle  conducteur  et  remet  à  celui-ci  les  écritures  qui 
accompagnent  les  bagages,  pendant  que  le  garde-frein  annonce  la 
station,  ouvre  et  ferme  les  portières  et  aide  au  besoin  au  charge- 
ment ou  déchargement  des  colis  ;  le  chef  de  station  vise  en  outre 
la  feuille  de  marche  du  train,  etc.... 

Le  signal  du  départ  donné,  il  retire  les  billets  des  voyageurs 
descendus  et  délivre  les  bagages. 

S'agit-il  d'un  train  mixte  ou  de  marchandises-voyageurs,  il  doit, 
en  dehors  des  occupations  précédentes,  procéder  à  la  reconnais- 
sance des  colis,  wagons  ou  écritures  qui  lui  sont  remis,  diriger 
les  manœuvres,  pousser  les  wagons  avec  l'aide  du  conducteur  et 
du  garde-frein. 

Tous  ces  travaux  n'excèdent  pas  les  forces  d'un  seul  homme,  si  le 
nombre  des  voyageurs  est  réduit,  les  manutentions  restreintes  et 
les  manœuvres  de  wagons  peu  fréquentes. 

Une  femme  seule  peut  encore  y  suffire  ;  ce  n'est  pas  seulement 
l'exemple  des  Bombes  et  de  certains  groupes  de  la  Compagnie  du 
Nord  qui  le  démontre,  c'est  aussi  celui  d'un  grand  nombre  de 
chemins  de  fer  d'intérêt  local  ;  mais  une  femme  seule  ne  peut 
diriger  une  station  qu'à  la  condition  que  les  agents  du  train  fassent 
eux-mêmes  manœuvres  et  manutentions.  Et  plus  le  trafic  sera 
réduit,  plus  Temploi  de  la  femme  sera  justifié. 

Selon  le  degré  de  son  instruction,  l'agent  qui  dirige  seul  la  sla^ 
tion,  homme  ou  femme,  devra,  ou  bien  tenir  ses  écritures,  ou  bien 
en  adresser  les  éléments  à  Tune  des  stations  voisines  :  ce  dernier 
procédé  est  en  usage  sur  les  lignes  secondaires  de  la  Compagnie 
P.-L.-M.,  non  sans  quelques  complications  dont  on  a  su  s'aff'ran- 
chir  sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais,  et  sur 
les  Secimdarbahneii  du  réseau  Saxon  ou  Bavarois. 

Mais  un  agent  seul^  homme  ou  femme,  ne  pourra  plus  que  très 
difficilement  remplir  les  multiples  fonctions  qui  lui  incombent  au 
moment  du  passage  d'un  train,  s'il  a  à  assurer  en  outre  le  service 
du  télégraphe  ou  le  croisement  des  trains. 

Il  faudrait,  pour  qu'il  pût  y  parvenir,  que  le  mouvement  des 

26 


402  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

voyageurs  fût  infime  et  le  trafic  de  petite  vitesse  à  peu  près  nul, 
ce  que  nous  ne  supposons  pas. 

Conséquemment,  la  demande  de  voie  pour  les  trains  réguliers, 
qui  présente  d'ailleurs  toute  sorte  d'inconvénients  sans  nul  avan- 
tage, n'est  pas  compatible  avec  la  gestion  d'une  station  par  un  seul 
agent  *  ;  de  même  on  n'y  peut  guère  effectuer  de  croisements  ou 
de  changements  de  croisement  de  trains. 

Si  Ton  veut  conserver  la  possibilité  de  faire  éventuellement  des 
croisements  dans  la  station,  il  faut  adjoindre  un  agent  au  chef  de 
station  ;  ce  qui  est  le  plus  simple  et  le  plus  économique,  est  de 
charger  sa  femme  de  la  tenue  du  lélégraphe  et  de  la  distribution 
des  billets. 

Mais  il  paraît  infiniment  préférable  d'adopter  le  système  P.-L.-M., 
c'est-à-dire  d'interdire  à  toute  une  catégorie  de  stations  d'interve- 
nir dans  le  mouvement  des  trains  ou  d'effectuer  des  changements 
de  croisement,  plutôt  que  de  s'exposer  à  des  catastrophes  toujours 
à  redouter  de  la  part  d'agents  nécessairement  moins  expérimentés 
que  ceux  que  l'on  met  à  la  tète  des  stations  de  croisements  réguliers. 

Sans  doute,  il  faut  que  les  trains  aient  une  régularité  absolue, 
sans  quoi  le  moindre  retard  risquerait  d'entraîner  la  désorganisa- 
tion complète  du  service.  Il  est  peut-être  plus  facile  d'obtenir 
cette  régularité  sur  les  sections  à  faible  trafic  si  elles  sont  décen- 
tralisées que  si  elles  rentrent  dans  l'organisation  générale  ;  car 
la  surveillance  est,  dans  le  premier  cas,  plus  étroite  et  le  lien 
entre  les  divers  services  plus  resserré  ;  l'exemple  des  groupes  du 
Nord  et  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  le  prouve;  le  service  y 
est  toujours  en  effet  d'une  extrême  régularité,  à  la  condition 
bien  entendu  que  les  trains  de  grandes  lignes,  que  relèvent  ceux 
des  petites,  soient  eux-mêmes  réguliers,  ce  qui  est  le  cas  général. 

D'autre  part  il  est  plus  économique  de  payer  une  indemnité 
aux  réclamants  en  cas  de  retard  exceptionnel,  que  de  s'astreindre 
à  avoir  dans  une  station  un  personnel  exagéré,  exposé  à  commet- 
tre de  lourdes  fautes  en  effectuant  des  changements  de  croisement 
auxquels  il  n'est  pas  habitué  par  la  pratique  journalière. 

*  La  Compagnie  de  TEst  vX  quelques  Compagnies  d'intérêt  local  seules  font  usage 
de  la  demande  de  voie.  L'administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat  qui  Tavait 
adoptée  au  début  de  son  exploitation,  vient  d'en  décider  la  suppression. 


T  . 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  403 

Dans  rinlervalle  des  trains,  les  manutentions  et  surtout  les 
manœuvres  de  wagons  dans  une  station  gérée  par  un  seul  agent 
sont  faites  le  plus  souvent  parle  chef  de  station,  aidé  du  destina- 
taire ou  de  l'expéditeur  à  titre  gratuit. 

Si  le  trafic  est  faible,  que  le  personnel  supplémentaire  no  doive 
être  employé  que  pendant  peu  de  temps,  il  faut  recourir  le  moins 
possible  à  des  auxiliaires  du  dehors^  dont  le  chef  de  station  est 
toujours  tenté  de  faire  régulariser  l'emploi  à  titre  permanent.  Il 
vaut  bien  mieux  suivre  l'exemple  de  la  Compagnie  P.-L.-M.  et, 
moyennant  paiement^  des  heures  employées,  prendre  des  hommes 
de  la  voie,  qui  ne  peuvent  être  distraits  de  leur  service  normal 
que  pendant  le  temps  strictement  indispensable. 

Il  est  vrai  que  le  recours  au  personnel  des. équipes  do  la  voie 
n'est  possible  qu'au  moment  où  ces  équipes  ne  sont  pas  elles- 
mêmes  surchargées  de  travail  ;  et  que  les  chefs  d'équipe  sont  tout 
naturellement  incités  à  ne  pas  laisser  leur  personnel  hors  de  leur 
surveillance  immédiate  ;  d'où  peu  d'empressement  à  répondre  aux 
demandes  de  personnel  qui  leur  sont  adressées  par  les  stations. 

Mais  bien  que  le  juste  point  soit  difficile  à  obtenir,  il  n'y  a  là 
aucune  impossibilité.  Tout  tiraillement  disparaîtra  si  le  chef  de 
groupe  est  à  la  fois  chargé  de  t exploitation  proprement  dite  et  de 
l'entretien  de  la  voie:  il  reportera  en  effet  dans  les  stations  le  per- 
sonnel de  la  voie  quand  les  travaux  le  permettront  et  même  au 
besoin,  sur  la*voio,  les  hommes  d'équipe  inutilisés  dans  les  gares. 
—  On  arrivera  encore  à  un  excellent  résultat  en  intéressant  le 
chef  d'équipe  au  bon  service  de  la  station,  c'est-à-dire  en  plaçant 
sa  femme  à  la  tête  de  celle-ci. 

On  a  supposé  que  la  station  était  bien  aménagée.  Il  est  désira- 
ble que  les  voies  y  soient  courtes,  bien  reliées  par  aiguilles  aux 
voies  principales,  de  manière  à  permettre  les  manœuvres  à  la  ma- 
chine pour  les  trains  circulant  dans  un  sens  ou  dans  un  autre,  que 
le  quai  à  marchandises  et  la  halle  soient  très-rapprochés  du  bâti- 
ment des  voyageurs,  ou  mieux  encore  accolés,  pour  éviter  toute 
perte  de  temps  et  au  public  et  au  personnel  de  la  station  ou  des 
trains. 

'  Payement  pour  ordre,  par  simple  jeu  d'écriture* 


404  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

Si  les  aiguilles  sont  au  contraire  éloignées,  les  voies  difficile- 
ment accessibles  aux  machines,  le  quai  distant,  les  manœuvres  ou 
manutentions  deviennent  fatalement  onéreuses  et  lentes. 

On  ne  saurait  trop  insister  sur  ce  point  :  un  chemin  de  fer  ne 
peut  être  exécuté  indépendamment  de  la  considération  des  besoins 
de  l'exploitation,  comme  cela  a  lieu  le  plus  fréquemment.  On 
pouvait  autrefois  ne  pas  trop  se  préoccuper  des  dispositions  inté- 
rieures des  gares,  car  le  personnel  y  était  toujours  nombreux. 
Mais  construire  de  petites  stations  sur  des  lignes  à  faible  trafic 
suivant  les  types  adoptés  pour  les  grandes  lignes,  comme  cela  se 
fait  bien  souvent  encore  à  l'heure  présente,  c'est  pure  ignorance 
ou  hérésie,  et,  ce  qui  est  plus  grave,  c'est  condamner  presque  irré- 
médiablement  l'exploitant  à  des  dépenses  injustifiées. 

Ce  n'est  pas  à  dire  que  le  type  à  choisir  soit  absolument  défini. 
On  a  pu  voir  dans  les  nombreux  exemples  qui  précèdent  qu'il  y  a 
un  assez  grand  nombre  de  dispositions  différentes,  dont  chacune 
est  excellente  ou  défectueuse  selon  la  nature  du  trafic  ou  du  ser- 
vice qu'elle  doit  assurer.  C'est  encore  ici,  comme  presque  toujours, 
question  d'espèces. 


à 


Réduction  du  personnel  des  trainii 

Il  est  très-difficile  de  faire  à  la  fois  des  économies  dans  le  per- 
sonnel des  trains  et  dans  celui  des  stations. 

En  effet,  l'exemple  des  trains  légers  de  la  Compagnie  du  Nord 
le  prouve,  on  peut  encore,  sans  avoir  à  lutter  contre  d'autres  obs- 
tacles que  la  mauvaise  volonté  initiale  des  agents,  réduire  à  un 
conducteur  le  personnel  des  trains  affectés  au  service  exclusif  des 
voyageurs,  alors  que  la  station  est  gérée  par  un  homme  ou  une 
femme  seule.  Le  chef  de  station  est  alors  dans  l'obligation  de 
nommer  à  haute  voix  la  station,  d'ouvrir  et  fermer  les  portières. 
Il  lui  faut  déployer  beaucoup  d'activité  ou  de  zèle  pour  ne  pas 
occasionner  de  retards  aux  trains. 

Mais  la  question  se  complique  si  le  train  à  un  seul  agent  doit 
prendre  ou  laisser  au  passage  des  colis  nombreux  ou  pesants.  La 
réduction  du  personnel  de  train  peut  avoir  dans  ce  cas  pour  con- 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  405 

séquence  raugmentation  du  personnel  de  la  station,  ce  qui  ferait 
bien  plus  que  compenser  Téconomie  réalisée. 

Cette  réduction  peut  encore  présenter  un  autre  danger,  elle 
revient  en  eiïet  à  supprimer,  au  moins  en  partie,  les  trains  mixtes  ; 
il  ne  faut  pas  dès  lors  qu'il  en  résulte  ni  une  diminution  de  vitesse 
dans  le  transport  des  marchandises,  ni  un  accroissement  du  nom- 
bre des  trains  par  la  mise  en  marche  de  trains  facultatifs  destinés 
à  suppléer  à  Tinsuffisance  des  trains  de  marchandises  réguliers. 

Chaque  cas  particulier  nécessite,  comme  on  voit,  une  étude 
approfondie. 

Il  est  cependant  possible  de  supprimer  un  garde-frein  tout  en 
disposant  de  deux  agents  pour  les  manutentions  ou  manœuvres 
dans  les  stations.  C'est  le  résultat  qui  a  été  obtenu  sur  plusieurs 
lignes  d'intérêt  local  par  l'obligation  imposée  au  chauffeur,  et  au 
besoin  au  mécanicien,  de  prêter  la  main  au  conducteur;  mais  cette 
adjonction  est  bien  difficile  à  obtenir  si  le  personnel  de  traction  ne 
relève  pas  directement  du  chef  de  l'exploitation  de  la  ligne. 

On  en  revient  donc,  en  fin  de  compte,  à  charger  un  seul  chef  de 
l'ensemble  des  trois  services  de  la  ligne  ou  du  groupe  :  voie,  traction 
et  mouvement. 

C'est  le  système  du  Bahnverwalter  saxon,  du  Betriebsleiter  bava- 
rois, système  qui  a  été  si  heureusement  défini  en  Italie  sous  le 
nom  de  système  de  la  concentraiion  des  services  et  de  l'indépendance 
des  lignes. 

Dès  lors,  plus  de  tiraillements  entre  les  agents  des  divers 
services  d'exploitation  d'un  chemin  de  fer,  comme  il  arrive  par- 
fois à  un  tel  degré  qu'on  en  est  à  douter  que  tous  ces  agents  aient 
pour  mission  de  servir  les  intérêts  d'une  même  administration  ;  le 
chef  de  groupe  a  au  contraire  toutes  facilités  pour  faire  concourir 
au  même  but  tout  son  personnel. 

C'est  parce  qu'ils  sont  placés  sous  une  direction  unique  et  sans 
intermédiaires  à  plusieurs  degrés  que  les  Secundàrbahnen  saxon- 
nes et  bavaroises  et  les  lignes  secondaires  de  la  Société  italienne 
Veneta  à  l'étranger,  et  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  en  France, 
sont  pour  la  plupart  exploités  avec  une  économie  qu'on  cherche- 
rait vainement  sur  les  lignes  similaires  de  nos  grandes  adminis- 
trations. 


406  RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIOiNS 


Emploi  de  machines  légères  et  réduction  du  personnel 

de  la  machine 


En  ce  qui  concerce  le  premier  point,  c'est-à-dire  l'emploi  des  ma- 
chines légères  sur  les  lignes  secondaires,  il  y  a  unanimité  à  l'étran- 
ger sur  la  nécessité  de  cet  emploi,  qui  entraîne  comme  conséquence, 
outre  l'économie  dans  l'acquisition,  les  consommations  et  l'entre- 
tien  de  la  machine,  la  réduction  de  poids  du  rail. 

En  France,  on  est  généralement  aussi  de  cet  avis  ;  mais  on 
préfère  user  le  stock  important  de  locomotives  que  la  baisse  du 
trafic  laisse  à  la  disposition  des  Compagnies  plutôt  que  d'en  cons- 
truire do  neuves  ;  par  suite,  on  continue  à  armer  en  rails  lourds 
les  lignes  nouvelles  ;  c'est  là  un  cercle  vicieux  et  une  économie 
mal  entendue.;  et  l'objection  que  ce  système  permet  sur  toutes  les 
lignes  l'emploi  indistinct  de  toutes  les  machines  n'est  pas  valable, 
puisque,  pour  une  bonne  exploitation,  le  matériel  locomotives  et 
voitures  doit  être  spécialisé  sur  les  lignes  secondaires,  et  qu'en 
fait  il  l'est  le  plus  souvent. 

Du  reste,  on  ne  peut  aller  très-loin  dans  cette  voie  de  l'allége- 
ment des  machines,  c'est-à-dire  descendre  à  des  charges  de  8  et 
7  tonnes  par  essieu,  que  sous  la  condition  de  renoncer  à  la  vitesse, 
ce  qui,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  n'est  pas  toujours  une  sage 
mesure. 

On  doit  entendre  par  machines  légères  des  machines  dont  la 
charge  par  essieu  reste  limitée  à  10  tonnes,  ce  qui  permet  l'emploi 
de  rails  de  25  kilos  acier,  et  do  vitesses  de  50  à  60  kilomètres  à 
l'heure  si  besoin  est. 

Pour  ce  qui  est  de  la  réduction  du  personnel  de  la  machine, 
elle  a  été  réalisée  par  la  Compagnie  du  Nord  pour  ses  trains- 
tramways,  sur  les  chemins  do  fer  de  l'Etat  par  l'adoption  des 
locomotives-fourgons,  et  à  Télranger,  par  les  voitures  à  vapeur 
de  Belgique,  et  les  trains  secondaires  de  la  Nordwestbahn  autri- 
chienne et  des  chemins  hollandais. 

Cette  réduction  n'est  compatible  qu'avec  une  consommation  de 
charbon  restreinte,   c'est-à-dire   avec   des  machines   de    faible 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  407 

poids.  Elle  no  présente  aucun  inconvénient  sur  des  lignes  bien 
gardées,  où  le  mécanicien  peut  distraire  son  attention  de  la  voie 
pour  casser  le  charbon,  charger  le  feu  et  alimenter  la  chaudière. 
Il  n'en  est  plus  de  même  sur  des  lignes  non  clôturées,  incomplè- 
tement gardées,  où  le  mécanicien  doit  apporter  plus  d'attention  à 
la  voie. 

Sur  les  locomotives-fourgons,  le  conducteur  peut,  il  est  vrai, 
prêter  aide  au  mécanicien  ;  mais  le  frein  de  la  machine  et  le  frein 
du  fourgon  sont  confondus  ;  il  y  a  donc  un  frein  desservi  en 
moins,  et  par  suite  nécessité  d'adjoindre  un  second  garde-frein  au 
train  dès  que  la  composition  dépasse  G  à  10  véhicules  selon  les 
rampes. 

D'où  il  suit  que  Téconomio  résultant  de  la  suppression  complète 
d'un  chauffeur  n'est  réelle  que  pour  les  très-faibles  charges,  c'est- 
à-dire  qu'elle  n'est  admissible  que  pour  des  trains  légers. 

Aussi,  pour  ce  qui  concerne  la  France,  ce  qu'il  faut  surtout 
retenir  de  l'essai  do  l'administration  des  chemins  de  fer  de  l'Etat, 
c'est  l'heureuse  idée  de  desservir  les  lignes  à  très-faible  trafic  avec 
des  machines  do  poids  réduit,  et  par  suite  de  consommation  res- 
treinte ;  mais  il  paraît  préférable  de  maintenir  un  chauffeur  en 
titre  sur  la  machine,  en  le  faisant  concourir  au  service  du  train 
daus  les  stations. 


Réduction  du  personnel  d'entretien  et  de  surveillance 

de  la  voie. 


La  proportion  kilométrique  du  personnel  d'entretien  est 
fixée  par  le  nombre  et  la  vitesse  des  trains,  la  charge  des 
essieux,  la  nature  du  terrain  et  du  ballast.  Il  est  rare  que  Ton 
descende  au-dessous  d'un  homme  par  2  kilomètres  sur  les  lignes 
secondaires  de  nos  grands  réseaux.  A  l'étranger,  avec  des  rails 
de  faibles  poids,  des  voies  saines,  des  trains  lents,  légers  et  peu 
nombreux,  on  a  pu  atteindre  la  proportion  d'un  homme  par 
4  kilomètres    et  même  par  4  kil.,S. 

La  question  de  surveillance  dépend  essentiellement  de  la  légis- 
lation et  on  ne  peut  à  cet  égard  que  regretter  que  les  lois  fran- 


408  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

çaises  du  H  juin  1880  et  du  27  décembre^  de  la  même  année  n'aient 
pas  d'effet  rétroactif,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  partout  à 
rétranger  pour  les  lignes  secondaires  préexistantes  aux  lois 
nouvelles. 

En  résumé,  on  peut  réduire  à  un  seul  agent,  homme  ou  femme, 
le  personnel  des  stations  peu  importantes  sur  les  lignes  à  faible 
trafic,  à  la  condition  de  ne  pas  faire  intervenir  ces  stations  dans 
le  mouvement  des  trains,  et  de  faire  concomnr  au  besoin  les 
hommes  de  la  voie  aux  manutentions  et  manœuvres  peu  fré- 
quentes qui  y  ont  lieu,  en  dehors  du  passage  des  tfains.  En  char- 
geant de  la  tenue  des  écritures  Tune  des  stations  voisines  plus 
importante,  on  pourra  confier  la  station  de  trës-faiblo  trafic  à  un 
agent  peu  instruit  et  par  suite  peu  rétribué. 

Il  est  bon  que  la  femme  chef  de  station  soit  femme  d'un  chef 
cantonnier.  Il  est  indispensable  que  les  aménagements  des  stations 
soient  disposés  de  manière  à  permettre  de  faire  rapidement  tout 
le  service  de  voyageurs  ou  marchandises  au  passage  des  trains. 

Dans  les  stations  de  faible  trafic,  où  ont  lieu  des  croisements  de 
trains,  la  femme  doit  être  adjointe  au  chef  de  station  pour  le  ser- 
vice du  télégraphe  et  des  billets. 

Les  trains  mixtes  peuvent  être  allégés  et  on  peut  réduire  à  un 
seul  agent  le  personnel  des  trains  de  voyageurs  à  composition 
restreinte,  s'il  ne  résulte  pas  de  là,  création  de  trains  nouveaux  ou 
mise  en  service  de  machines  et  d'équipes  supplémentaires,  mais 
sous  ces  conditions  seulement. 

Les  trains  légers  doivent  être  remorqués  par  une  machine  de 
faible  poids  et  par  suite  de  faible  consommation,  mais  à  vitesse 
pas  trop  limitée  ;  il  est  utile  que  les  véhicules  soient  armés  du 
frein  continu,  au  moins  si  les  vitesses  atteignent  ou  dépassent, 
en  pleine  marche,  une  cinquantaine  de  kilomètres  à  Theure.  Le 
chauffeur  doit  aider  au  service  du  train  et  aux  chargements  et 
déchargements  des  colis. 


i  La  loi  du  27  décembre  1880  autorise,  dans  certains  cas,  en  ce  qui  concerne  les 
clôtures  et  les  barrières  des  passages  à  niveau,  une  dérogation  à  Tarticle  4  de  la  loi 
du  15  juillet  1845  pour  Ico  chemins  de  fer  d'intérêt  général  à  construire  et  pour  les 
chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  incorporer  dans  le  réseau  d'intérêt  général. 


RÉSUMÉ  ET   CONCLUSIONS  409 

Le  personnel  d'entretien  et  de  surveillance  des  voies  peut  être 
réduit  à  un  homme  pour  3  ou  4  kilomètres  pourvu  que  les  lignes 
soient  armées  en  rails  légers,  non  clôturées  et  non  gardées. 

Ces  diverses  économies  pourront  être  recherchées  avec  la  plus 
grande  chance  de  succès  par  la  division  des  lignes  à  faible  trafic 
en  groupes  de  peu  d'étendue,  embrassant  des  lignes  de  trafic  ana- 
logue, et  où  les  trois  services  de  voie,  traction  et  mouvement, 
seront  concentrés  dans  la  main  d'un  même  chef  de  groupe  jouis- 
sant de  toute  l'autorité  compatible  avec  la  responsabilité  qui  lui 
est  imposée,  et  soustrait  aux  règles  en  vigueur  sur  les  grandes 
artères. 

Ce  système,  qui  procède  du  système  en  faveur  en  Amérique  ou 
en  Allemagne,  revient  à  appliquer  aux  lignes  secondaires  des 
grands  réseaux  le  mode  d'exploitation  des  Compagnies  de  che- 
mins de  fer  d'intérêt  local. 

Nous  allons  voir,  en  résumant  rapidement  les  exemples  qui 
font  l'objet  de  l'étude  qui  précède,  jusqu'à  quelles  limites  on 
peut  aller  dans  cet  ordre  d'idées. 


II.  —  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT   LOCAL  A  VOIE 

NORMALE 

Traeés.  —  Parmi  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  qui  ont  été 
décrits,  un  certain  nombre  sont  justifiés  soit  par  le  caractère 
industriel  de  la  région  qu'ils  desservent,  soit  par  la  densité 
de  la  population,  soit  encore  par  le  trafic  toujours  assuré 
à  une  ligne  convergeant  vers  un  centre  important  ou  une  grande 
artère,  lorsqu'elle  reste  dans  le  rayon  d'attraction  de  ce  centre  ou 
de  cette  artère. 

D'autres  chemins  de  fer  d'intérêt  local  ont  été  exécutés  sans 
but  bien  défini  :  concédées  sans  étude  suffisante  des  intérêts  à 
desservir,  ou  encore  sans  autre  raison  que  celle  de  créer  des  che- 
mins de  fer,  qui  sont  tracés  à  droite  plutôt  qu'à  gauche  selon  que 
les  influences  politiques  de  droite  ou  de  gauche  l'emportent,  ces 
conceptions  étaient  destinées  à  semer  tôt  ou  tard  la  ruine   ou 


4i0  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIOiNS 

tout  au  moins  le  mécontentement  :  c'est  le  cas  général  des  che- 
mins de  fer  excentriques  ou  supérieurs  en  longueur  au  rayon 
d'attraction  du  centre  ou  de  la  grande  ligne  auxquels  ils  abou- 
tissent. 

Tels  quels,  ces  chemins  existent,  comme  les  premiers.  Résu- 
mons ce  que  sont  les  uns  et  les  autres. 

Les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais  et  de  TAisne 
sont  des  lignes  industrielles,  reliant  à  la  Compagnie  du  Nord  de 
nombreuses  fabriques  de  sucre. 

Saint-Quentin  à  Guise,  rayon  de  40  kilomètres,  reliant  à  une 
ville  de  40,000  habitants  une  vallée  industrielle,  riche  et  peuplée, 
qui  a  des  rapports  nombreux  avec  Saint-Quentin. 

L'Est  de  Lyon,  rayon  convergeant  vers  la  ligne  de  Lyon,  mais 
qui,  au  delà  de  50  kilomètres,  a  déjà  un  trafic  réduit. 

Les   chemins   du  Rhône  (Lyon  à  Sathonay),  autre  rayon   de 
26  kilomètres  de  longueur,  qui  a  malheureusement  coûté  trop  . 
cher  d'établissement. 

Parmi  les  chemins  des  Bouches-du-Rhône  un  seul  est  nettement 
justifié,  c'est  le  court  rayon  industriel  qui  joint  à  Arles  les  carrières 
de  Fontvieille. 

Montpellier  à  Palavas,  courte  ligne  balnéaire,  ayant  malheu- 
reusement un  mauvais  profil. 

Le  Médoc,  autre  ligne  balnéaire,  traversant,  pour  arriver  à  Bor- 
deaux, une  région  riche  et  peuplée.  Celte  ligne  était  malheureu- 
sement trop  rapprochée  de  la  Gironde  pour  qu'on  pût  espérer 
autre  chose  qu'un  faible  trafic  de  marchandises,  que  le  phylloxéra 
a  encore  réduit. 

Toutes  les  lignes  qui  précèdent  sont  plus  ou  moins  prospères, 
mais  viables  ;  leurs  recettes  paient  largement  les  dépenses  d'ex- 
ploitation. 

De  plus,  elles  sont  toutes,  sinon  complètement  indépendantes 
des  grands  réseaux  au  point  de  vue  de  leur  service  de  traiqs, 
du  moins  assez  autonomes  quant  aux  vitesses  à  donner  à  ces 
trains. 

La  ligne  de  Saint-Rémy  aboutit  à'Tarascon,  ville  peu  impor- 
tante. 

Pas-des-Lanciers  à  Martigues,  Miramas  à   Port-de-Bouc  sont 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  411 

bien  aussi  des  rayons  par  rapport  à  Marseille,  mais  des  rayons 
éloignés  et  ne  conduisant  qu'indirectement  à  cette  ville,  au  prix 
de  détours  et  do  changements  do  train. 

Nizan  à  Sore  et  Luxey  est  aussi  un  rayon^  mais  doublement 
indirect,  et  éloigné  par  rapport  à  Bordeaux. 

Les  recettes  des  quatre  dernières  lignes  ne  couvrent  leurs 
dépenses  que  grâce  à  une  exploitation  remarquablement  écono- 
mique. 

Le  réseau  de  l'Eure  n'a  aucune  autonomie  :  le  grand  nombre 
de  ses  points  de  jonction  avec  le  réseau  de  TOuest  écrase  son 
exploitation  par  la  multiplicité  de  ses  correspondances,  c'est-à- 
dire  des  trains,  et  par  leurs  vitesses.  Réseau  mal  conçu  :  les  lignes 
reliant  Louviers  à  Elbeuf  et  Evreux,  Pont-Audemer  à  la  ligne  de 
rOuest,  sont  des  rayons  d'une  vitalité  suffisante  :  Tembranche- 
ment  qui  relie  à  Pont-de-l' Arche  l'industrieuse  vallée  de  TAn- 
delle  était  non  moins  justifié  ;  le  reste  n'a  servi  qu'à  rendre  oné- 
reuse l'exploitation  de  ces  lignes,  en  les  surchargeant  de  trains. 

Alençon  à  Condé,  ligne  longue  (67  kilomètres),  ayant  avec 
la  Compagnie  de  l'Ouest  trois  points  de  jonction,  plus  nuisibles 
qu'utiles  au  trafic  de  la  ligne. 

Mamers  à  Saint-Galais,  chemin  excentrique  traversant  un  pays 
de  peu  de  ressources. 

Montpellier  à  Cessenon,  ligne  agricole,  justifiée  avant  l'inva- 
sion du  phylloxéra. 

Lignes  des  Landes  de  la  Gironde,  en  grande  partie  périphé- 
riques, tracées  en  pays  de  bois,  très-peu  habité. 

Plusieurs  de  ces  dernières  lignes,  et  principalement  celles  des 
Landes  de  la  Gironde,  constituent  autant  d'entreprises  condam- 
nées d'avance  à  l'insuccès. 

Conditions  et  dépenses  d'établissement.  —  Les  déclivités  de 
la  plupart  de  ces  lignes  n'atteignent  que  sur  des  parcours  excep- 
tionnels la  limite  de  IS  à  16  °/°*.  Exception  est  faite  pour  Satho- 
nay-Trévoux  (20  -/•»)  et  les  chemins  de  l'Hérault  (30  T)- 

La  limite  de  13  à  16  "»/",  peut-être  un  peu  forte  pour  la  ligne 
à  trafic  important  de  Saint-Quentin  à  Guise,  eût  convenu,  à  cette 
exception  près,  à  toutes  les  lignes  de  la  première  catégorie.  Pour 


412  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

celles  de  la  seconde,  20,  2S,  30"/"  ou  même  davantage  étaient 
de  mise,  si  c'eût  été  nécessaire. 

Les  rayons  sont  partout  restés  supérieurs  à  300  mètres  en  pleine 
voie,  sauf  sur  THérault  où  on  a  admis  200  mètres. 

Sur  le  réseau  des  Landes  de  la  Giroiide,  le  poids  du  rail  des- 
cend à  25  kilos  acier  ;  il  en  est  de  même  pour  les  renouvellements 
de  THérault  où  ce  poids  est  faible,  en  raison  des  courbes  et  du 
profil. 

A  ces  exceptions  près,  le  rail  pèse  le  plus  souvent  de  30  kilos 
(fer  ou  acier)  à  36  kilos  (fer),  ce  qui  est  le  plus  souvent  exagéré. 

Les  dispositions  des  stations  sont  généralement  appropriées 
au  service  qu'elles  ont  à  assurer  :  cependant  celles  de  Saint- 
Quentin-Guise  et  de  TEst  de  Lyon  sont  défectueuses,  celles  du 
Médoc  trop  vastes  :  les  plus  satisfaisantes  sont  celles  de  Mamers- 
Saint-Galais  et  des  Landes  de  la  Gironde. 

Excepté  sur  le  Médoc,  où  on  fait  usage  d'éjecteurs  à  culotte, 
actionnés  par  la  vapeur  de  la  locomotive,  et  sur  les  Landes  de  la 
Gironde,  où  on  a  installé  des  pulsomètres,  l'alimentation  est  assu- 
rée par  les  moyens  ordinaires,  pompe  à  bras  ou  à  vapeur. 

Le  matériel  roulant  est  presque  partout  à  compartiments,  il  n'est 
à  couloir  que  sur  l'Hérault  et  Nizan  à  Sore.  On  n'a  pas  eu  à  se 
louer  du  matériel  à  étage,  partout  où  on  en  a  fait  usage  :  Saint- 
Quentin-Guise,  Bouches-du-Rhône,  Médoc,  etc. 

Le  poids  des  machines  varie  en  général  de  23  à  35  tonnes  ;  il 
atteint  55  tonnes  pour  certaines  machines  de  THérault  (2  trucs  à 
trois  essieux).  Le  Médoc  seul  possède  un  groupe  de  machines  à 
tender  séparé. 

On  n'attache  pas  en  général  suffisamment  d'importance  à 
l'avantage  qu'il  y  a  sur  des  lignes  à  faible  trafic  et  à  personnel 
d'une  instruction  souvent  incomplète,  à  ne  posséder  qu'un  type 
unique  de  matériel  remorqueur,  deux  au  plus  :  le  Médoc  a  cinq 
types  différents,  l'Hérault  six. 

L'outillage  des  ateliers  est  le  plus  souvent  suffisant  pour 
assurer  les  réparations  courantes  ;  il  est  exagéré  sur  l'Hérault. 

Les  dépenses  d'établissement,  par  kilomètre,  ne  dépassent  pas 
62,000  francs  pour  les  Landes  de  la  Gironde,  lignes  exception- 
nellement faciles  ;  elles  sont  de  87,000  francs  pour  Nizan  à  Sore  ; 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS  413 

varient  de  100,000  à  150,000  francs  pour  la  plupart  des  lignes, 
atteignent  245,000  francs  pour  le  Médoc,  267,000  francs  pour 
THérault,  350,000  francs  pour  certaines  lignes  de  TEure  et 
750,000  francs  pour  Lyon-Sathonay  (intérêt  général). 

Organisation  des  services.  —  Sur  la  plupart  des  lignes,  tous 
les  services  sont  concentrés  dans  la  main  d*un  chef  d'exploitation, 
ingénieur  ou  directeur,  qui  fait  concourir  au  même  but  tout  l'en- 
semble du  personnel,  en  maintenant  un  lien  étroit  entre  les 
diverses  branches,  voie,  traction  et  mouvement. 

Plus  grande  est  l'autorité  du  chef  d'exploitation,  et  meilleurs 
sont  en  général  les  résultats.  Cet  agent  supérieur  prend  ordinai- 
rement la  direction  effective  de  tous  les  services,  et  s'occupe  des 
moindres  détails  de  chacun  d'eux  ;  il  est  aidé  dans  chaque 
branche  par  un  inspecteur,  piqueur  ou  chef  de  traction,  le  plus 
souvent  chargé  à  la  fois  de  la  surveillance  quotidienne  des  ser- 
vices et  des  remplacements  qui  des  mécaniciens,  qui  des  chefs  de 
station  ou  conducteurs  de  trains. 

C'est  ainsi  que  sont  dirigées  les  lignes  de  Saint-Quentin  à 
Guise,  Alençon  à  Gondé,  de  l'Est  de  Lyon,  les  chemins  du  Rhône 
et  des  Bouches-du-Rhône,  de  l'Hérault,  le  Médoc,  Nizan  à  Sore 
et  Luxey  et  les  Landes  de  la  Gironde. 

Sur  les  lignes  du  Pas-de-Galais  et  de  l'Aisne  et  de  Mamers  à 
Saint-Galais,  la  voie  et  la  traction  sont  réunies  sous  la  même  direc- 
tion immédiate,  le  mouvement  est  distinct. 

Indépendance  absolue  entre  tous  ces  services  sur  le  réseau  de 
TEure,  réseau  d'ailleurs  assez  développé  et  par  suite  plus  difficile  à 
conduire.  Le  lien  entre  les  diverses  branches  du  service  est  repré- 
senté, pour  ces  dernières  lignes,  par  un  directeur  éloigné,  et  par 
suite  placé  dans  de  moins  bonnes  conditions  pour  assurer  une  ges- 
tion aussi  économique  que  s*il  pouvait  procéder  sur  place  à  la  sur- 
veillance instante  de  toutes  les  parties  du  service. 

Entretien  de  la  voie.  —  La  règle  qui  parait  en  général  adop- 
tée pour  l'entretien  de  la  voie,  est  la  règle  humoristique  formulée 
par  un  directeur  de  chemins  de  fer  d'intérêt  local  :  «  Moins  on 
touche  à  la  voie,  meilleure  elle  est.  »  II  est  clair  que  cette  règle  a  pour 


414  RÉSUMÉ    KT  CONCLUSIONS 

but  de  prévenir  un  excès  de  zèle,  mais  non  d'interdire  Tentretien 
des  voies. 

Et  d'abord,  les  chemins  do  fer  d'intérêt  local  sont  des- 
servis par  un  petit  nombre  do  trains,  peu  chargés  et  ayant  de 
faibles  vitesses  ;  le  matériel  roulant  est  léger,  le  rail  lourd,  les 
courbes  à  grands  rayons  (Hérault  excepté).  Toutes  ces  condi- 
tions concourent  à  réduire  l'entretien  au  strict  minimum. 

II  y  a  d'ailleurs  très-grand  intérêt  à  établir  solidement  les  voies; 
la  dépense  de  construction  en  est  faiblement  majorée  et  Técono- 
mie  de  l'entretien  rachète  bien  au  delà  cette  majoration.  Les  voies 
sont  meilleures  sur  un  sol  sain,  avec  de  médiocre  ballast,  que  sur 
une  plate-forme  argileuse  ou  humide  avec  d'excellent  ballast. 

Les  traverses  doivent  être  visitées  aumoins  une  foisl'an,  et  toutes 
irrégularités  dans  la  voie  évitées. 

Telles  sont  les  règles  suivies  à  peu  près  sur  toutes  les  lignes  d'in- 
térêt local  qui  ont  été  décrites;  telles  quelles  les  voies  y  sont  bien 
souyent  meilleures  que  sur  les  lignes  analogues  des  grands  réseaux. 

En  outre,  les  cantonniers  assurent  en  général  l'entretien  des 
bAtiments;  il  y  a  le  plus  fréquemment  parmi  eux  des  hommes  suf- 
fisamment exercés  pour  exécuter  les  maçonneries,  charpentes  ou 
menuiseries;  dans  d'autres  cas,  ce  sont  les  ouvriers  de  l'atelier 
qui  font  ces  travaux. 

Le  personnel  d'entretien  est  de  i  homme  par  3  kilomètres  sur 
le  réseau  des  Landes  de  la  Gironde  (lignes  neuves)  à  4  trains  par 
jour,  les  deux  sens  compris,  et  sur  Nizan  à  Sore  (4  trains). 

Un  homme  pour  2  kilomètres  sur  les  lignes  du  Pas-de-Calais  et 
de  l'Aisne  et  de  celles  des  Bouches-du-Rhône  (6  trains). 

Trois  hommes  pour  S  kilomètres,  Alençon-Condé,  Mamers, 
Saint-Calais  (6  trains)  et  Médoc  (8  trains). 

Deux  hommes  pour  3  kilomètres,  Eure  (6  à  10  trains). 

Un  homme  par  kilomètre,  Saint-Quentin, Rhône  et  Hérault  et  sur 
ce  dernier  jusqu'à  2  hommes  par  kilomètre  dans  les  parties  difficiles. 

L'infériorité  générale,  sous  le  rapport  de  l'économie  d'entretien 
de  nos  chemins  de  fer  d'intérêt  local  par  rapport  aux  lignes  secon- 
daires d'Allemagne  et  d'Autriche-Hongrie,  tient  à  l'exagération 
du  poids  du  rail  et  des  locomotives  et  à  la  différence  de  vitesse 
des  trains. 


RÉSUMÉ  ET  CONCI.rSlONS  4i:> 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  dépense  kilométrique  annuelle  descend  à 
700  à  800  francs  pour  certaines  lignes  du  Pas-de-Calais  et  do 
l'Aisne,  des  Bouches-du-Rhône,  et  pour  Nizan  à  Sore  et  les  Landes 
de  la  Gironde. 

Elle  est,  en  général,  comprise  900  et  1,200  francs,  soit  en 
moyenne  \  ,000  francs. 

Elle  monte  à  1,300  francs  pour  le  Médoc  et  l'Est  de  Lyon,  et 
s'élève  à  1,600  et  1  ,€00  francs  pour  rHéraull,  l'Eure  et  Sathonay- 
Trévoux. 

Traction.  —  La  traction  est  la  partie  la  plus  technique  d'une 
exploitation  de  chemins  de  fer,  partantla  plus  difficile.  Aussi  est-ce 
en  général  le  service  le  moins  satisfaisant  sur  les  lignes  d'inté- 
rêt local;  les  chefs  de  traction  ou  de  dépôt  connaissent  à  peu  près 
le  matériel  qu'ils  ont  sous  la  main  et  sont  souvent  aptes  à  en  bien 
assurer  les  réparations;  mais  il  est  rare  qu'ils  possèdent  des  con- 
naissances suffisantes  pour  introduire  des  améliorations  sérieuses 
soit  dans  la  traction,  soit  dans  les  consommations.  La  question 
est  encore  fréquemment  compliquée  par  l'erreur  qu'ont  commise 
des  constructeurs  ignorants  des  nécessités  de  l'exploitation,  en 
armant  la  ligne  avec  divers  types  de  machines,  que  les  nécessités 
du  service  forcent  d'employer  indistinctement  aux  mêmes  trains, 
d'où  une  usure  rapide  et  en  fin  de  compte  des  dépenses  fort 
lourdes. 

Enfin  les  machines  sont  le  plus  souvent  beaucoup  plus  pesantes 
qu'il  ne  serait  nécessaire.  C'est  ainsi  qu'en  général,  les  consom- 
mations sont  exagérées  ;  mais  cette  exagération  de  dépenses  est 
Tachetée  par  l'absence  de  roulement,  c'est-à-dire  de  déplacements, 
qui  prévaut  sur  presque  tous  les  chemins  d'intérêt  local,  machines 
et  mécaniciens  rentrant  chaque  soir  à  un  point  d'attache  qui  est 
toujours  le  même  pour  chacun. 

Exception  est  faite  pour  THérault  et  quelques  autres  chemins. 

Dans  plusieurs  cas,  Pas-de-Calais,  Bouches-du-Rhône,  etc.,  etc., 
les  mécaniciens  et  chauffeurs  concourent  d'une  façon  affective  aux 
manutentions  et  manœuvres  dans  les  stations  gérées  par  un  seul 
agent,  homme  ou  femme,  et  lorsque  le  personnel  de  conduite  du 
train  est  lui-même  réduit  à  un  seul  conducteur. 


416  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS- 

L'Est  do  Lyon  est  le  seul  qui  ait  adopté  des  machines  du  système 
Belpaire,  à  grands  foyers,  permettant  de  brûler  des  charbons 
«  fines  »  à  14  fr.  80  au  lieu  de  tout-venant  à  17  fr.  50  ou  de  bri- 
quettes à  26  francs. 

Les  dépenses  kilométriques  de  traction  pour  les  lignes  desser- 
vies à  6  trains  seulement  par  jour,  varientdepuis  800  francs  (Nizan 
à  Sore)  et  900  à  1,200  francs  (Orne,  Pas-de-Calais,  Mamers-Saint- 
Galais)  jusqu'à  1,400  francs  (Bouches-du-Rhône).  Elles  sont  do 
1,700  à  2,000  francs  pour  les  lignes  à  8  trains. 

Service  des  trains  et  des  gares.  —  En  général,  le  service  des 
trains  est  de  trois  dans  chaque  sens  ;  il  est  difficile  de  descendre 
au-dessous  de  ce  nombre.  Mais  il  ne  devrait  jamais  être  dépassé 
sur  des  chemins  à  faible  trafic  :  un  train  accéléré  le  soir  et  le  matin, 
un  train  de  machandises-voyagenrs  au  milieu  du  jour,  telle  devrait 
être  la  règle  absolue  pour  ces  chemins. 

Les  lignes  de  Nizan  à  Sore  et  des  Landes  de  la  Gironde  ont 
seules  deux  trains  dans  chaque  sens. 

On  atteint  4  trains  sur  le  Médoc,  entre  Bordeaux  et  Lesparre^ 
sur  TEst  deLyon  et  certaines  lignes  de  TEure,  5  trains  sur  d'autres 
lignes  de  ce  dernier  réseau  et  sur  Saint-Quentin-Guise. 

Le  Pas-de-Calais,  Lyon  à  Sathonay,  les  Bouches-du-Rhône, 
Margaux  à  Gastelnau  et  Nizan  à  Sore  et  Luxey  sont  les  seules 
lignes  sur  lesquelles  le  personnel  des  trains  soit  réduit  à  un  seul 
agent.  Un  arrêté  préfectoral  autorise  pour  le  Pas-de-Calais  cette  ré- 
duction lorsque  la  composition  du  train  n'excède  pas  12  véhicules. 

Les  vitesses  commerciales  des  trains  varient  de  20  kilomètres  à 
rheure  sur  l'Hérault,  à  30  ou  même  35  kilomètres  (Eure).  Elles 
sont  le  plus  généralement  de  22  à  25  kilomètres. 

Les  stations  où  ne  se  font  pas  de  croisements  de  trains  sont, 
dans  la  plupart  des  cas,  gérées  par  un  seul  agent,  homme  ou 
femme,  qui  réquisitionne  les  hommes  de  la  voie  pour  les  manu- 
tentions ou  manœuvres  à  faire  dans  l'intervalle  des  trains.  Il  en 
est  ainsi  pour  un  grand  nombre  de  stations  sur  les  lignes  du 
Pas-de-Calais  et  de  l'Aisne,  de  Saint-Quentin  à  Guise,  d'Alençon 
à  Condé,  de  Mamers  à  Saint-Calais,  du  Rhône,  des  Bouches-du- 
Rhône,  du  Médoc,  de  Nizan  à  Sore  et  des  Landes  de  la  Gironde. 


HÉSUMK  ET   CONCLUSIONS 


41 


Dans  les  stations  où  ont  lieu  des  croisements,  on  se  borne  sou- 
vent à  adjoindre  la  femme  du  chef  de  station  à  son  mari  pour  le 
service  du  télégraphe  et  des  billets. 

Ces  procédés  économiques  ne  sont  pas  en  usage  sur  TEure  et 
TEst  de  Lyon. 

Les  dépenses  kilométriques  du  service  des  trains  et  des  gares, 
c'est-à-dire  du  mouvement  et  trafic,  descendent  au-dessous  de 
1,000  fr.  sur  Mamers-Saint-Calais,  Pas-des-Lanciers  àMartigues, 
Tarascon  à  Saint-Rémy,  Nizan  à  Sore  et  les  Landes  de  la  Gironde. 

Elles  sont  en  général  de  1,200  à  1,500  fr.,  dépassent  2,000  fr. 
sur  TEure,  et  atteignent  3,400  fr.  sur  la  ligne  de  Saint-Quentin 
à  Guise. 

Résultats  généraux  par  kilomètre 

Les  dépenses  d'exploitation  les  plus  réduites  sont  celles  de 
Nizan  à  Sore,  donnant  une  somme  de  2,800  fr.  pour  un  service  à 
deux  trains  de  chaque  sens,  et  des  recettes  de  4,500  fr.,  soit  un 
coefficient  d'exploitation  de  62  p.  100. 

Les  lignes  des  Landes  de  la  Gironde  (2  trains),  ont  des  dépenses 
d'exploitation  qui  se  rapprochent  des  précédentes;  mais  ces  lignes 
sont  neuves,  et  leur  trafic  est  extrêmement  faible  (1,500  fr.).  On 
n'en  peut  encore  tirer  de  conclusion. 

Pour  les  autres  lignes,  les  résultats  sont  les  suivants  : 


DÉPENSES 


RECETTES 


^  2 

•r,  .2 

S2  "5 

U  TU 

M  M 


Lignes  à  3  trains  dans  chaque  sens 

Pas-dcs-Lancicrs-Marligues  ....            3.400  4.300 

Tarascon-Sainl-Rémy 4.o00 

Mamers-Saint-Calais (  3.600  à  3.800  3.775 

Boisleux-Marquion ]  4.000 

Achiet-Marcoing \  7.500 

Vélu-Sainl-Quenlin /  5.000 

Miramas.Porl-de-Bouc [  4.000  à  4. 400 

Orne 


Crécy-La  Fère  .  . 
Arles-Fontvieille, 


5.000 
6.200 


5.200 

4,000 

8.000 

10.700 


80 
82 

105 
85 
53 
80 
89 

108 
62 
59 


27 


UÉSLMÈ    ET   CONCLUSIONS 


Lignes  de  4,  5  trains  et  plus 


Esl  de  Lyon  (4  trains)  .  . 

Uêdoc  (i  trains) 

Eure  (3  à  4  trains)  .... 
Saint-Qjfintin-Guise  (3  trai 
Sathonay-Trévouï  (6  train; 
Lyoa-Salhonay  [iti  trains) 


5.00O 


8.200 
11.51)0 


9.300 

43.000 


En  résumé,  si  Ton  doit  reconnaître  que  quelques  Compagnies 
de  chemins  de  fer  d'intérêt  local  exploitent  avec  une  remar- 
quable économie,  on  peut  reprocher  à  plusieurs  d'entre  elles 
d'avoir  manqué  d'initiative,  et  de  s'être  trop  souvent  hornées  à 
imiter  servilement  les  procédés  en  usage  sur  les  grands  réseaux 
voisins. 

Aussi  un  grand  nomhre  d'économies  qui  ont  été  indiquées 
comme  applicables  aux  lignes  secondaires  des  grands  réseaux, 
le  sont-elles  ipso  facto  h  certains  chemins  de  fer  d'intérêt  local. 


III.  —  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL  A  VOIE 
ÉTROITE 

Nous  no  reproduirons  pas  les  considérations  qui  précèdent  le 
résumé  des  conditions  d'établissement  et  d'exploitation  des  che- 
mins de  fer  à  voie  normale. 

Elles  s'appliquent  aux  chemins  do  fer  à  voie  étroite^ 
Parmi  les  quatre  exemples  de  chemins  do  fer  à  voie  étroite  qui 
ont  été  donnés  ',  il  n'en  est  qu'un  complètement  justifié,  c'est  le 
premier. 


'  Il  faut  ajouter  il  ces  lignes  celle»  ouvertes  fin  1886  :  1»  dans  l'Allier  (Moulins  à 
Biiiière-les-Minea,  4ô  kilomètres),  pu  la  Société  des  Ctiemins  de  far  économiques  ; 
2"  dans  le  Bhûne  (Lyon-Saint-Just  à  Vaugnoray  et  à  Messimy,  21  kilon)èirea\  par 
rOnp=i-I.vnnnais;  3"    dans   le    Nord  (Caudry   à  Walincourt,  iO   kilomètres)    par   le 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  419 

La  ligne  de  Hermès  à  Beaiimont  (32  kilomètres),  la  première  en 
date,  la  mieux  construite  et  Tune  des  mieux  exploitées,  dessert  une 
région  à  population  dense  et  industrieuse,  ayant  de  nombreuses 
relations  vers  Paris,  dont  rattraction  est  très-sensible  encore  à 
cette  distance. 

Anvin  à  Calais,  ligne  à  peu  près  contemporaine  de  la  précé- 
dente (94  kilomètres),  desservant  la  banlieue  de  Calais-Saint- 
Pierre  sur  20  à  25  kilomètres,  mais  absolument  injustifiée  au 
delà;  car  la  région  est  des  plus  pauvres. 

Ces  deux  lignes  sont  exploitées  sans  garantie. 

Réseau  dlndre-et-Loire,  dont  une  seule  ligne  en  exploitation  : 
Port-Boulet  à  Châteaurenault  (103  kilomètres).  Ligne  périphé- 
rique, tracée  à  tort  et  à  travers,  conception  déplorable,  ruineuse 
pour  le  département  et  le  concessionnaire,  qui  s'est  chargé  de  la 
construction  à  trop  bas  prix.  Garantie  incomplète  et  s'élevant  aux 
9/10  seulement  des  insuffisances.  Régime  de  la  loi  du  11  juin  1880. 

Valmondois  à  Epiais-Rhus  (14  kilomètres),  tout  récemment 
ouverte,  tracée  dans  une  vallée  sans  trafic,  ligne  dont  le  voisinage 
de  Paris  ne  peut  faire  espérer  de  couvrir  les  charges.  Garantie 
incomplète  des  insuffisances.  Régime  de  la  loi  du  11  juin  1880. 

Conditions  et  dépenses  d*établissement.  Hermes-Beaumont. 
Déclivités  de  20  millimètres,  grands  rayons,  300  mètres  en  pleine 
voie.  Rail  de  fer  20  kilog.  remplacé  annuellement  par  rail  acier 
de  même  poids.  Machines  de  24  tonnes  à  arrière-train  monté  sur 
truc  indépendant,  roues  de  0  m.  90  de  diamètre,  2  m.  07  d'em- 
pattement rigide,  trois  essieux  accouplés,  charge  maxima  par 
essieu  7  tonnes.  Matériel  à  compartiments,  à  frein  à  vide.  Dépense 
d'établissement  76,000  fr.  par  kilomètre. 

Anvin-Calais.  Déclivités  limitées  sans  raison  à  15  et  16  milli- 
mètres, d'où  très-longues  rampes,  et  courbes  de  100  à  ISO  mètres 
de  rayon,  allongement  inutile  et  localités  mal  desservies.  Même 
rail  et  à  peu  près  même  matériel  que  sur  Hermes-Beaumont,  sans 
frein  avide.  Mêmes-dispositions  des  stations.  On  a  expérimenté  pour 
les  voyageurs  de  grandes  voitures  montées  sur  deux  bogies  ou 
trains  articulés,  qui  sont  très  en  faveur  auprès  du  public.  Dépense 
d'établissement  76,000  fr.  par  k^ilomètrc. 


420  RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 

Indre-et-Loire.  —  Déclivités  limitées  à  15  millimètres,  d'où 
terrassements  importants,  courbes  de  100  mètres.  Rails  de 
ISkilog.  acier,  faible.  Machines  de  15  tonnes,  trois  essieux  accou- 
plés. Prix  forfaitaire  d'établissement  50,000  francs  par  kilomètre, 
dépassé  en  fait  de  plus  de  10,000  fr. 

Valmondois-Epiais-Rhus.  —  Déclivités  de  15  millimètres, 
courbes  de  200  mètres.  Rail  de  20  kilog.  acier.  Machines  de  15  et 
28  tonnes  (8  tonnes  par  essieu  accouplé),  ces  dernières  provisoires. 
Voitures  exclusivement  à  deux  trains  articulés  ou  bogies. 
Stations  reliées  non  par  le  télégraphe  mais  par  le  téléphone.  Prix 
forfaitaire  d'établissement  très-élevé  :  96,500  fr.  par  kilomètre. 
Cette  ligne  représente  le  type  auquel  paraît  s'être  arrêtée  la 
Société  générale  des  chemins  de  fer  économiques. 


Organisation  des  services . —  Le  directeur  a  charge  effective 
de  tous  les  services  sur  la  ligne  de  Hermès  à  Beaumont.  Ce  même 
directeur  est  également  chargé  de  l'exploitation  de  la  ligne  de 
Valmondois  à  Epiais-Rhus. 

Le  personnel  supérieur  de  l'exploitation  est  pour  Anvin-Calais 
le  même  que  pour  les  lignes  du  Pas-de-Calais. 

Sur  le  réseau  d'Indre-et-Loire,  les  trois  branches  du  service 
sont  indépendantes. 

Entretien  de  la  voie.  —  Hermes-Beaumont  :  2  agents  pour 
5  kilomètres  (8  trains  par  jour),  dépense  kilométrique  annuelle  : 
430  francs. 

Anvin-Calais  :  1  homme  par  2  à  3  kilomètres  (2  trains  sur  la 
plus  grande  partie  du  parcours),  dépense  d'entretien  :  570  francs 
par  kilomètre,  courbes  roides. 

Indre-et-Loire  :  1  homme  par  2  kilomètres  (3  à  4  trains),  dé- 
pense d'entretien  :  650  francs  par  kilomètre,  ligne  neuve,  courbes 
roides. 

Sur  la  ligne  de  Hermès  à  Beaumont  et  sur  celle  de  Valmondois 
à  Epiais-Rhus,  les  cantonniers  peuvent  être  employés  aux  manu- 
tentions dans  les  gares,  et  en  particulier  aux  transbordements  aux 
points  de  jonction. 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  421 

Traction.  —  La  traction  n'offre  pas  de  particularités  bien  sail- 
lantes. Sur  tous  les  chemins  de  fer  à  voie  étroite  on  a  renoncé  au 
roulement  proprement  dit,  c'est-à-dire  à  l'idée  de  faire  assurer 
successivement  tous  les  trains  de  chaque  ligne  par  la  même 
machine  et  le  même  personnel. 

Les  machines  d'Indre-et-Loire,  machines  belges,  sont  à  grands 
foyers  et  consomment  du  tout-venant,  les  autres  locomotives  des 
briquettes. 

Les  alimentations  ont  lieu  au  pulsomëtre  sur  Anvin-Galais. 

Les  dépenses  de  traction,  par  kilomètre  de  ligne,  varient  depuis 
740  fr.  (2  trains  sur  le  plus  long  parcours  — Anvin-Calais)  jusqu'à 
1,100  fr.(4  trains  —  Ilermes-Beaumont)  et  1,200  fr.  (3  et  4  trains  — 
Indre-et-Loire),  où  les  machines  sont  fort  mal  utilisées,  en  raison 
des  trains  multipliés  et  à  faible  parcours. 

Mouvement  et  Service  commercial .  —  Le  service  de  chaque 
train  est  assuré  par  un  seul  agent  sur  la  ligne  de  Valmondois  à 
Epiais-Rhus  ;  sur  cette  seule  ligne  on  a  pris  le  parti  de  desservir 
certains  passages  à  niveau  en  y  arrêtant  les  trains. 

Le  nombre  et  la  vitesse  des  trains  sont  : 

4  trains  sur  Hermes-Beaumont, vitesses  commerciales    25  kil. 

2  ou  3  trains  sur  Anvin-Galais,  selon  les  sections 
vitesses  commerciales 18   — 

3  à  4  trains  sur  Port-Boulet-Châteaurenault 20  — 

3  trains  sur  Valmondois-Epiais-Rhus 20  — 

Toutes  ces  lignes  sont  plus  ou  moins  dépendantes  des  grands 
réseaux  voisins  sous  le  rapport  des  correspondances,  ce  qui  leur 
constitue  un  service  tendu  en  cas  de  retards  des  trains  de  grandes 
lignes  : 

Valmondois-Epiais-Rhus  n'a  qu'un  seul  point  de  jonction  ; 
Hermes-Beaumont  en  a  deux  ; 
Anvin-Calais  en  a  trois  ; 
Indre-et-Loire  en  a  quatre  ; 

Sur  cette  dernière  ligne,  le  personnel  des  trains  est  systémati- 


4»  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

quement  fixé  k  deux  agents,  dont  un  homme  d'équipe  volant  pour 
manœuvres  et  manutentions  dans  les  sLations.  Sur  cette  ligne  seule, 
les  chefs  de  station  demandent  la  voie  préalablement  à  l'expédition 
des  trains,  ce  qui  n'a  aucune  raison  d'être. 

Les  dépenses  de  mouvement  et  trafic,  gares  et  trains,  ne  s'élè- 
vent pas  au-dessus  de  700  francs  sur  Hermes-Beaumont,  à  800 
ou  850  francs  sur  Anvin-Calais  et  lo  réseau  d'Indre-et-Loire. 

Les  résultats  totaux  sont  les  suivants  : 


s  s 

LIGNES 

DÉPENSES 

RECETTES 

=  1 

o  " 

Henr 

es-Beaumoiit  (4  Iraiu-J  .  .  . 

3.UO0â  3.500 

t.700àS.01)0 

iiS 

Anvi 

i-Culai=  (2  il  3  Iraius)  .  .  ,  . 

a.  000 

2.600 

„ 

Indv 

-el-Loire  (3  à  i  truius)  .  .  . 

3.000 

t.  800 

IV.  —  CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES 


Les  chemins  de  la  Meuse,  delà  Sarthe  et  du  Camhrésis,  les  seuls 
qu'il  ait  paru  intéressant  de  relater  d'une  manière  complète,  at- 
tendu que  ce  sont  les  seuls  qui  aient  à  la  fois  un  service  de  voya- 
geurs et  de  marchandises,  sont  établis  pour  la  plus  grande  partie 
sur  l'accotement  des  routes;  ils  n'abandonnent  celles-ci  que 
lorsque  les  déclivités  y  deviennent  trop  fortes,  c'est-à-dire  dépas- 
sent 30  à  33  mîllim.  par  mètre. 

La  largeur  des  routes  varie  de  8  mètres  (fiaironvillc  à  Triau- 
court  et  certains  parcours  de  tramways  de  la  Sarthe]  à  IS  mètres 
(Sarthe)  et  20  mètres  (Cambrésis). 

La  ligne  de  Haironville  à  Trlaucourt  {til  kil.)  est  en  partie  une 
ligne  industrielle;  mais  c'est  une  ligne  excentrique,  décrivant  un 
urc  de  cercle  do  12  à  lo  kilomètres  de  rayon  autour  de  Bar-le- 
Duc;  partant  son  trafic  voyageur  est  à  peu  près  nul. 

Le  Maus  à  la  Ghartre  (48  kil.)  est  une  ligne  rayonnante,   trar 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  423 

versant  une  région  très-pauvre;  grâce  à  rallraction  de  la  ville  du 
Mans  (60,U00  habitants),  les  recettes  couvrent  amplement  les 
dépenses,  au  moins  jusqu'au  Grand-Lucé  (31  kilomètres). 

Cambrai  au  Catillon  (36  kil.)  traverse  au  départ  de  Cambrai 
(23,000  hab.)  une  région  riche  et  peuplée,  pour  aboutir  au  canal 
de  la  Sambre  ;  bien  que  le  pays  soit  déjà  sillonné  de  chemins  de 
fer,  les  recettes  du  Cambrésis  sont  satisfaisantes. 

L'expérience  de  ces  trois  chemins  de  fer  ne  parait  pas,  à  pre- 
mière vue,  favorable  à  l'extension  des  lignes  sur  routes. 

En  effet,  le  département  de  la  Meuse  y  a  renoncé  pour  ses  lignes 
nouvelles,  rayonnantes  au  départ  de  Bar-le-Duc,  à  la  suite  du 
fâcheux  essai  de  Hairon ville  à  Triaucourt;  mais  il  convient  de 
faire  ressortir  que  la  route  empruntée  par  ce  chemin  est  étroite, 
les  vitesses  très-faibles,  le  service  défectueux,  le  danger  perma- 
nent, et  surtout  que  la  ligne  est  excentrique;  les  populations  de  la 
région  ne  pouvant  se  servir  de  ce  chemin  à  vitesses  comparables 
à  celle  d'une  chaise  de  poste,  et  qui  n'aboutit  à  aucun  centre,  ont 
conclu  à  la  défectuosité  de  principe  du  système. 

Le  département  de  la  Sarthe  a  conservé  pour  ses  nouveaux 
rayons  le  même  mode  d'exploitation,  mais  tant  en  raison  de  la 
limitation  de  vitesse,  que  de  la  difficulté  des  tracés,  il  n'emprunte 
plus  les  routes  qu'exceptionnellement. 

Enfin  la  Compagnie  du  Cambrésis  a  résolu  de  construire  ses 
nouvelles  lignes  à  travers  champs,  soit  à  cause  des  dépenses  cau- 
sées par  l'obligation  de  protéger  la  voie  ferrée  par  des  bordures 
de  trottoir,  soit  parce  que  les  déclivités  trop  fortes  limitent  les 
charges  des  trains,  soit  encore  parce  que  les  routes  sont  étroites. 

Il  était  nécessaire  de  rechercher  si  le  danger  incontestable  que 
présentent  les  chemins  de  fer  sur  route  pour  les  piétons  d'une 
part^  pour  les  chevaux  d'autre  part,  pouvait  être  considéré  comme 
une  objection  de  principe  suffisamment  valable  pour  faire  rejeter 
systématiquement  les  chemins  de  fer  sur  routes. 

Les  exemples  des  tramways  à  vapeur  de  Yalenciennes,  de  Lille 
à  Tourcoing,  de  Rueil  à  Marly  et  de  Saint-Etienne  à  Firminy, 
Saint-Chamond  et  Rive-de-Gier,  dont  la  description  sommaire  a 
été  jointe  aux  exemples  de  la  Meuse,  do  la  Sarthe  et  du  Cambrésis, 
démontrent  péremptoirement  le  contraire. 


424  RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS 

Tous  les  ingénieurs  du  contrôle  consultés  ont  déclaré  avec  la 
plus  grande  netteté  leur  préférence  pour  le  chemin  sur  routes. 
Nous  citerons  l'opinion  de  Tun  d'eux  qui  résume  celle  de  tous  les 
autres  :  «  Un  bon  tramway  à  vapeur  est  bien  préférable  à  un  mau- 
«  vais  chemin  de  fer,  et  cette  vérité  ne  serait  jamais  mise  en  dis- 
«  cussion  si  le  mot  de  tramway  n'éveillait  à  tort  chez  beaucoup 
a  do  gens  Tidée  d'un  simple  omnibus,  plus  ou  moins  perfec^ 
((  tionné.  » 

Conditions  et  dépenses  d'établissement.  —  Rampes  de  30  mil- 
limètres et  courbes  de  100,  80,  60  et  50  mètres  sur  Haironville* 
Triaucourt. 

Rampes  de  30  millimètres,  courbes  de  100  mètres  de  rayon 
en  pleine  voie,  et  de  50  mètres  à  la  traversée  des  agglomérations 
sur  les  tramways  de  la  Sarthe. 

Rampes  de  33  millimètres,  courbes  de  100  mètres  de  rayon  sur 
le  Gambrésis. 

Rampes  do  30  à  34  mm.,  rayons  descendant  à  25  et  30  m.  au 
passage  des  agglomérations  sur  les  tramways  de  Yalenciennes. 

Rampes  de  60  à  70  mm.,  rayons  descendant  à  25  et  30  m.  sur 
les  tramways  de  Saint-Etienne. 

Rail  de  15  kilog.  acier  sur  les  deux  premières  lignes. 

—  18  kilog.  fer  sur  le  Gambrésis. 

—  30  kilog.  acier,  à  gorge  sur  Saint-Etienne,  aussi  bien  sur 
les  accotements  (ce  qui  est  une  grave  erreur)  que  sur  les  chaussées. 

Les  machines  sont  de  15  tonnes  au  maximum,  et  à  3  essieux 
accouplés,  au  moins  sur  les  chemins  de  fer  proprement  dits. 
Les  empattements  du  matériel  sont  partout  de  1  m.  80  environ. 
Les  dépenses  kilométriques  d'éUiblissement  sont  : 

Pour  le  Mans  et  la  Ghartre 44.000  francs 

—  Haironville-Triaucourt 60.000    — 

—  Gambrésis 84.000    — 

Ges  dernières  ont  été  majorées  par  de  coûteuses  expropriations 
pour  les  gares  et  les  déviations,  et  par  Tobligation  d'établir  par- 
tout des  bordures  de  trottoirs. 


RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS  42o 

Organisation  et  fonotionnement  des  services.  —  Les  diverses 
branches  du  service  de  tous  ces. chemins  de  fer  sur  routes,  sans 
exception,  sont  dirigées  dans  les  moindres  détails  par  le  direc* 
teur  chef  d'exploitation. 

Le  Gambrésis  seul  a  des  chefs  de  station  proprement  dits,  pour 
le  service  des  marchandises  comme  pour  celui  des  voyageurs. 
Sur  ces  chemins,  un  estaminet  placé  en  face  de  la  station  sert  dans 
la  plupart  des  cas  d'abri  au  public  :  la  femme  du  cabaretier  distri- 
bue les  billets.  Le  téléphone  est  installé  entre  les  diverses  stations. 

Sur  les  tramways  de  la  Sarthe,  pas  de  chefs  de  station  propre- 
ment dits;  les  cabaretiers,  dénommés  correspondants^  remettent  les 
marchandises  aux  destinataires  ou  les  reçoivent  des  expéditeurs; 
mais  leur  fonction  se  borne  généralement  à  abriter  le  public.  Les 
conducteurs  de  train  délivrent  les  billets  et  établissent  les  taxes  de 
petite  vitesse. 

C'est  aussi  ce  dernier  système  qui  prévaut  sur  Haironville- 
Triaucourt. 

Sur  tous  ces  chemins,  ainsi  que  sur  les  tramways  de  Saint- 
Etienne,  les  trains  ne  s'arrêtent  qu'aux  gares  exclusivement. 

Les  tramways  de  Yalenciennes  s'arrêtent  aux  stations  et  à  la 
demande  des  voyageurs. 

Les  manœuvres  de  wagons  en  cours  de  route  sont  affectuées 
par  les  agents  des  trains,  aidés  au  besoin  du  chauffeur  et  du 
mécanicien. 

Le  matériel  est  muni  du  frein  à  vide  sur  le  Gambrésis,  il  le  sera 
prochainement  sur  la  Sarthe. 

L'entretien  de  la  voie  comporte  un  homme  par  3  ou  4  kilomè- 
tres sur  toutes  les  lignes. 

Le  roulement  entraîne  déplacement  pour  les  mécaniciens  et 
conducteurs  sur  la  Meuse  et  la  Sarthe. 

Sur  le  Gambrésis,  les  machines  sont  banales,  une  même 
machine  roule  toute  la  journée,  deux  équipes  de  mécanicien  et 
chauffeur  assurent  chacune  la  moitié  du  service. 

Un  seul  conducteur  au  train  sur  la  Meuse  et  le  Gambrésis, 
deux  agents  sur  la  Sarthe. 

4  trains  sur  le  Gambrésis,  3  sur  la  Sarthe,  2  seulement  sur  la 
Meuse. 


42G 


HÉSLMÈ    ET  CONCLUSIONS 


Vilesaes  commerciales,  respectivement  de  20,J6cHakiIomfetres. 

Une  expérieuco  <le  marche  à  25  kil.  en  pleine  voie  a  été  faite 
depuis  un  an  sur  le  Cambrésis;  elle  n'a  prouvé  que  des  avantagea. 
La  limitation  à.  20  kil.  du  cahier  des  charges  ne  peut,  par  suite, 
pas  être  considérée  commo  une  objection  contre  le  chemin  de  fer 
sur  route. 

Les  résultats  kilométriques  sont  respectivement  les  suivants  : 


ël 

LIGNES 

UÉPENSES 

RECETTES 

il 

Cambrcsij  (4  trains) 

3.30O&3.8O0 

S.iOOàS.WO 

6<i 

3.630 

2.S7a 

101 

Citons  encore  les  tramways  de  Valencienues,  embrassant  4  lignes 
en  rayon  de  12  à  ii  kilomètres,  dont  les  recettes  s'élèvent  en 
moyenne  à  11,300  francs,  les  dépenses  à  6,280  francs  et  le  coef- 
ficient d'exploitation  à  55  p.  100. 


Pour  arriver  à  tirer  des  conclusions  relativement  aux  chemins 
de  fer  d'intérêt  local,  il  importe  de  résoudre  au  préalable  les  deux 
questions  suivantes  : 

1°  Du  choix  à  faire  entre  la  voie  normale  et  la  voie  étroite. 

2°  Du  choix  à  faire  entre  le  chemin  de  fer  sur  routes  et  le  che- 
min de  fera  travers  champs. 


-  DU  CHOIX  A   FAIBE    ENTRE  LA   VOIE   KORXALE    ET    LA.    VOIE 
ÉTROITE 


Les  avantages  couramment  reconnus  de  la  voie  étroite  sur  la 
voie  normale  sont  les  suivants  : 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  427 

Floxibilité  plus  grande,  emprises  plus  réduites,  poids  moindre 
de  la  voie  et  du  matériel;  d'où  économie  dans  le  premier  établis- 
sement. 

Réduction  de  l'entretien  de  la  voie  et  du  matériel,  manœuvres 
do  gares  rendues  plus  faciles,  d'où  économie  danjs  l'exploitation. 

Les  inconvénients  sont  : 

Nécessité  d'avoir  des  installations  et  gares  distinctes  au  point 
de  contact  avec  la  grande  ligne;  impossibilité  d'emprunter  du 
matériel  au  grand  réseau  voisin,  c'est-à-dire  :  obligation  d'être 
armé  en  prévision  du  maximum  du  trafic;  enfin,  obligation  du 
transbordement. 

La  flexibilité  de  la  voie  normale  est-elle  réellement  aussi  limitée 
qu'on  le  croit  généralement? 

Une  étude  récente  ^  met  en  lumière,  par  des  exemples  multipliés, 
que  des  rayons  de  250  mètres  en  voie  ordinaire  permettent  sans 
difficulté  une  vitesse  de  60  kilomètres  à  l'heure,  des  rayons  de 
200  mètres  une  vitesse  de  45  kilomètres,  et  dos  rayons  de  150  mè- 
tres une  vitesse  de  25  kilomètres. 

Dans  plusieurs  exemples,  ces  courbes  sont  combinées  avec  des 
déclivités  de  25  à  30  milimètres  par  mètre. 

On  a  vu  dans  le  cours  de  cette  étude  qu'il  est  bon  de  ne  pas 
descendre,  pour  la  voie  de  1  m.  00,  à  des  rayons  inférieurs  à 
150  mètres;  mais  avec  cette  condition  la  voie  étroite  est  excel- 
lente, tandis  que  la  voie  normale  doit  être  fortement  soutenue 
dans  les  courbes  par  de  nombreuses  traverses,  très-solidement 
construite  avec  rails  lourds,  fixés  sur  les  traverses  par  des  coussi- 
nets; et  telle  quelle,  elle  use  très-rapidement  le  matériel  roulant 
et  exige  des  locomotives  spéciales,  à  faible  empattement,  boites 
radiales  ou  trains  articulés. 

Le  rayon  de  150  mètres  en  voie  étroite  correspond  aux  rayons 
de  250  à  300  mètres  en  voie  normale;  mais  si  le  tracé  l'exige,  la 
voie  étroite  à  1  mètre  d'écartement  peut  sans  danger  être  cons- 
truite avec  des  rayons  de  100  m.,  75  m.  ou  même  50  mètres  do 
rayon,  ce  qui  correspond  à  200  ou  180  mètres  en  voie  normale. 


*  Note  sur  la  réduclion  des  rayons  des   courbes  ;  Annales  des  Ponts  et  Chaussées, 
août  1886.  —    M.  Jules  Martin. 


428  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

Donc  incontestablement  la  voie  normale  a  une  moindre  flexibilité. 
Elle  nécessite  une  emprise  un  peu  supérieure. 

Le  poids  du  rail  de  la  voie  normale  peut  se  rapprocher  assez 
sensiblement  de  celui  de  la  voie  étroite,  si  la  ligne  est  à  faible  tra- 
fic, et  le  terrain  facile,  comme  c'est  le  cas  pour  les  chemins  des 
Landes  de  la  Gironde,  où  le  rail,  en  acier,  pèse  25  kilos  le  mèlre 
et  est  suffisant.  Le  véritable  rail  de  la  voie  de  1  mètre  est  le  rail 
acier  de  18  kilos  le  mètre  courant. 

La  différence  de  poids  est  donc  d'environ  15  à  20  tonnes  par  kilo- 
mètre, gares  comprises,  soit  au  prix  actuel  dés  rails  d'acier,  une 
différence  de  dépense  no  dépassant  pas  2,500  à  3,000  francs  par 
kilomètre;  on  irait  à  5,000  francs  en  faisant  entrer  en  ligne  de 
compte  les  traverses  et  attaches. 

L'avantage  du  faible  poids  du  matériel  roulant  de  la  voie  étroite 
peut  être  considéré  comme  amplement  racheté  par  l'obligation 
d'armer  le  chemin  en  vue  de  pouvoir  satisfaire  au  maximum  du 
trafic,  tandis  que  nous  voyons  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  à 
voie  normale  se  servir  du  matériel  des  grands  réseaux  pour  tous 
les  transports  en  transit. 

L'établissement  de  gares  distinctes  aux  points  de  jonction  avec 
les  grands  réseaux  ne  se  traduit  pas  par  une  dépense  notablement 
plus  élevée  avec  la  voie  étroite  qu'avec  la  voie  normale.  En  effet, 
le  chemin  de  fer  d'intérêt  local  a  besoin  de  voies  propres,  qu'il  ait 
sa  tête  de  ligne  en  gare  commune  ou  en  gare  indépendante;  elles 
ne  seront  guère  moins  importantes  dans  un  cas  que  dans  un 
autre.  Et  pour  ce  qui  est  des  quais  et  bâtiments,  ils  peuvent  tout 
aussi  bien  être  mis  en  communauté,  que  l'embranchement  soit  à 
étroite  ou  à  voie  normale. 

Ainsi,  au  point  de  vue  du  1*'  établissement,  peu  de  différence 
entre  les  deux  genres  de  chemins  de  fer  quant  à  l'armature  en 
matériel  roulant;  peu  de  différence  également  quant  à  la  super- 
structure s'il  s'agit  d'un  pays  facile;  l'avantage  de  la  voie  étroite 
s'accentue  dès  que  le  pays  devient  plus  tourmenté,  par  suite  de  la 
nécessité  de  renforcer  la  voie  normale.  Mais  oh  l'économie  àfi  la 
voie  étroite  éclate  surtout,  c'est  dans  l'établissement  de  la  plate- 
forme; elle  peut  s'élever  dans  certains  cas  à  la  moitié  de  la 
dépense  d'un  chemin  à  voie  large,  ou  même  davantage. 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  429 

Voyons  maintenant  les  différences  des  deux  chemins  en  exploi- 
tation. 

L'entretien  de  la  voie  étroite  est  évidemment  plus  économique 
que  celui  de  la  voie  normale;  en  particulier  la  même  courbe  qui 
est  très-roide  en  voie  normale  est  presque  comparable  à  un  aligne- 
ment en  voie  étroite;  il  en  est  de  même  pour  l'usure  du  matériel 
roulant,  que  la  courbure  augmente  si  rapidement. 

La  consommation  de  combustible  dépend  de  la  charge  des 
trains,  de  la  vitesse,  du  profil,  etc.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs 
elle  peut  s'exprimer  ^ros5o  modo  par  la  proportion  de  1  kilogramme 
par  5  tonnes  de  poids  de  machine  :  ainsi. 

Une  machine  tender  ayant  un  poids  adhérent  de  15  tonnes 

consomme  de  4  kilos  à  5  kilos. 
Une  machine  de  20  tonnes  d'adhérence.      5  à  6  kilos. 

—  25—  —  6à7     — 

—  30—  —  7à8    — 

—  35      —  —  8  à  9    — 

Le  poids  adhérent  peut  être  le  même,  quel  que  soit  l'écartement 
de  la  voie;  par  suite  la  puissance  et  la  consommation  de  combus- 
tible peuvent  être  identiques  si  les  machines  sont  bien  cons- 
truites. 

Donc  pour  ce  qui  concerne  le  moteur,  la  voie  étroite  ne  présente 
pas  d'avantage  sur  la  voie  normale,  ni  sous  le  rapport  de  la 
dépense  de  1'*^  établissement,  ni  sous  le  rapport  de  la  consomma- 
lion  de  combustible. 

Le  matériel  roulant  de  la  voie  étroite,  à  puissance  égale  de 
chargement,  pèse  moins  que  le  matériel  de  la  voie  normale  ;  d'où 
réduction  de  poids  mort  dans  les  trains  ;  de  plus,  ce  moindre  poids 
permet  des  manœuvres  beaucoup  plus  rapides  dans  les  gares,  un 
personnel  moins  important.  Ces  deux  avantages  sont  à  ajouter  au 
précédent. 

Ainsi  qu'il  a  été  dit  précédemment, la  spécialisation  du  matériel, 
au  moins  pour  les  locomotives  et  le  matériel  à  voyageurs,  s'impose 
sur  toutes  les  lignes  secondaires,  qu'elles  soient  à  voie  normale 
ou  à  voie  étroite;  il  n'y  a  donc  pas  de  ce  chef  un  désavantage  pour 
celle-ci. 


430  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

La  question  du  transbordement,  dont  on  ne  parle  plus  beaucoup 
aujourd'hui,  a  été  longtemps  une  grave  objection  contre  le 
chemin  à  voie  étroite.  Il  convient  d'en  montrer  brièvement  la 
valeur. 

Examinons  d'abord  le  cas  de  la  voie  normale,  dans  l'intérieur 
d'un  même  réseaif,  ou  dans  les  relations  de  grand  réseau  à  grand 
réseau. 

Quand  un  voyageur  passe  d'un  embranchement  sur  un  autre 
ou  sur  une  grande  ligne,  il  doit  le  plus  souvent  subir  un  trans- 
bordement, qui  est,  par  suite,  le  même  dans  tous  les  cas,  que 
l'embranchement  soit  à  voie  large  ou  à  voie  étroite. 

Toute  marchandise  de  détail  en  provenance  ou  à  destination 
d'un  embranchement  est  généralement  transbordée  au  point  de 
jonction. 

Sur  le  même  réseau,  les  marchandises  par  wagons  complets 
passent  sans  transbordement  d'un  embranchement  sur  un  autre. 
—  Au  transit  d'un  grand  réseau  sur  un  autre,  la  même  règle  est 
applicable  depuis  le  i**^  octobre  1886  seulement;  antérieurement  à 
cette  date,  plusieurs  catégories  de  marchandises  par  wagons 
complets,  devaient  subir  le  transbordement. 

S'il  s'agît  au  contraire  du  passage  d'un  grand  réseau  sur  les  rails 
d'un  réseau  d'intérêt  local  à  voie  normale,  ou  vice  versay  ce  n'est 
plus  qu'un  petit  nombre  de  marchandises  par  wagons  complets, 
telles  que  charbons,  pierres  oubetteraves  qui  transitent  sans  trans- 
bordement. 

La  différence  d'écartement  de  voie  ne  nécessite  donc  de  trans- 
bordement supplémentaire  que  pour  un  petit  nombre  de  marchan- 
dises par  wagons  complets.  D'un  autre  côté,  la  proportion  des 
marchandises  en  wagons  complets,  d'autant  plus  importante  que  le 
trafic  du  réseau  est  lui-même  plus  important,  varie  de  50  à 
80  p.  100  du  trafic  P.V.  total.  —  Prenons  une  moyenne  de 
70  p.  100  et  appliquons  à  l'un  des  cas  les  plus  défavorables  qui 
précèdent  : 

Une  des  lignes  précédemment  décrites,  longue  de  53  kilomè- 
tres, ayant  une  recette  kilométrique  d'environ  10,000  francs, 
divisée  également  entre  la  grande  et  la  petite  vitesse,  a  au  point  de 
transit  un  trafic  d'échange  de  15  à  20  wagons  par  jour,  atteignant 


RÉSL'MK    ET   CONCLUSIONS  431 

annuellement  48,000  tonnes.  Dans  ce  total  35,000  tonnes  arrivent 
en  wagons  complets  et  20,000  tonnes  seulement  passent  sans 
transbordement. 

Si  la  ligne  eût  été  construite  à  voie  étroite  quelle  charge  sup- 
plémentaire en  fût-il  résulté?  Le  transbordement  des  marchandises 
par  wagons  complets  peut  être  évalué  à  0  fr.  40  par  tonne.  Encore 
ce  chiffre  est-il  souvent  un  maximum  quand  il  s'agit  de  chemins 
d'intérêt  local,  qui  appliquent  à  ce  travail  soit  leurs  conducteurs  ou 
chauiïeurs  dans  l'intervalle  des  trains,  les  cantonniers,  hommes 
d'équipe,  etc.,  etc.,  et  non  un  personnel  spécial.  En  admettant 
Ofr.  40,  on  arrive  à  une  dépense  annuelle  de  8,000  francs,  soit  do 
150  fr.  par  kilomètre  pour  une  ligne  ayant  un  trafic  de  10,000  fr. 
par  kilomètre. 

Pour  une  ligne  d'un  trafic  ordinaire  de  3,000  à  4,000  fr.,  cette 
dépense  ne  chargerait  pas  Texploitation.  de  plus  de  50  fr.  par 
kilomètre. 

Or,  la  différence  d'écartement  permet  de  réaliser  sur  l'entretien 
de  la  voie  et  du  matériel  roulant,  les  manœuvres,  etc.,  une  éco- 
nomie kilométrique  certainement  équivalente  sinon  supérieure  à 
150  francs. 

D'où  il  suit  que  pour  des  lignes  exploitées  suivant  les  mêmes 
principes  d'économie,  et  armées  comme  il  convient  à  leur  trafic, 
les  dépenses  d'exploitation  sont  à  peu  près  indépendantes  de  l'é- 
cartement  de  la  voie. 

Au  point  de  vue  du  premier  établissement,  l'avantage  de  la  voie 
étroite  peut  être  faible  si  Ton  est  en  pays  plat,  et  c'est  avec  raison 
qu'on  a  adopté  la  voie  normale  dans  les  Landes  de  la  Gironde. 

Mais  cet  avantage  peut  être  considérable  en  pays  accidenté. 
D'après  une  étude  récente  *,  la  comparaison  portant  sur  1,000  kilo- 
mètres de  chemins  à  voie  étroite  et  600  kilomètres  de  chemins 
à  voie  normale  construits  en  Norwège  fait  ressortir  la  dépense 
du  kilomètre  de  voie  étroite  aux  2/3  de  celle  du  kilomètre  de 
voie  large. 

Encore  faut-il  ajouter  qu'en  Norwège,  les  chemins  à  voie  étroite 


'  Les  uoies  de  communicalion  en  Norwège^  par  MM.  Petsche  et  Delebecque  [Annales 
des  Ponts  et  Chaussées,  avril  1887). 


432  RÉSUME   ET   CONCLUSIONS 

sont  construits  en  pays  de  montagnes  et  les  autres  en  pays  de 
plaines. 

En  pays  accidente,  on  peut  généralement  dire  qu'un  chemin 
de  fer  à  voie  étroite  coûtera  moitié  moins  qu'un  chemin  à  voie 
normale. 

Or  tous  les  chemins  de  fer  qui  restent  à  construire  ne  sont-ils 
pas  précisément  en  pays  de  montagnes  ?  Et  combien  de  lignes, 
même  d'intérêt  général,  pour  lesquelles  aucune  considération  stra- 
tégique ne  justifiait  la  voie  normale,  eussent  pu  être  exécutées  à 
moitié  prix  par  l'adoption  delà  voie  étroite?  Quelle  considération 
a  pu  fixer  le  choix  de  la  voie  normale  en  Algérie,  par  exemple  ? 

En  résumé,  au  point  de  vue  de  l'exploitation,  la  voie  normale 
ne  présente  aucun  avantage  sur  la  voie  étroite  ;  au  point  de  vue 
de  l'établissement,  elle  est  beaucoup  plus  coûteuse  en  général. 
Donc,  il  en  faut  faire  abandon  pour  les  nouvelles  lignes. 

Que  d'économies  la  France  eût  pu  réaliser  si  cette  vérité  simple 
n'avait  pas  été  longtemps  méconnue  ! 

Quelle  qu'en  soit  l'erreur,  le  chemin  de  fer  secondaire  à  voie 
normale  existe.  On  a  vu  quels  modes  d'exploitation  lui  ont  été 
appliqués,  quel  parti  ou  a  su  en  tirer. 

11.  —  DL  €  HOIX  A  FAIRE  E3kTRE  LE  CHEXL\  DE  FER  SLR  ROUTES 
ET  LE  CHE»i:\  DE  FER  A  TRAVERS  CHAXPS. 

co:«DiTio:\s  de  tracé  et  d*étarlissexe:«t  d'v\  chemlh  de  fer 

SLR  ROLTES. 

De  l'étude  des  20  chemins  de  fer  d'intérêt  local  ou  tramways  à 
vapeur  qui  fait  l'objet  du  présent  ouvrage,  ressort  d'une  façon 
éclatante  cette  conclusion  :  une  ligne  ou  un  réseau  de  chemins  de 
fer  ne  peut  réussir  que  s'il  converge  vers  un  centre  important. 

Une  ligne  qui  assurerait  la  jonction  d'une  vallée  industrieuse  ou 
peuplée  avec  un  grand  réseau  est  encore  une  ligne  convergente. 

Tout  chemin  de  fer  excentrique,  comme  les  réseaux  départe- 
mentaux d'Indre-et-Loire  ou  de  la  Gironde,  comme  les  lignes  de 
Mamcrs  à  Saint-Calais,  de  Haironville  à  Triaucourt,  etc.,  est 
voué  à  un  double  insuccès  :  d'une  part,  trafic  de  voyageurs  nul, 
d'autre  part,  dépendance  étroite,  au  point  de  vue  de  la  marche 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  433 

■ 

des  trains,    des  lignes  qu'il  rencontre,   d'où  charges  anormales 
résultant  de  la  multiplicité  des  trains. 

Il  no  suffit  pas  qu'un  chemin  de  fer  soit  convergent  vers  un 
centre  important.  Il  faut  encore  qu'il  ne  sorte  pas  du  cercle  d'at- 
traction de  ce  centre,  et  cela,  comme  on  va  le  voir,  pour  une 
double  raison. 

Et  d'abord,  remarquons  que  le  réseau  des  grandes  lignes  de 
chemins  de  fer  dans  notre  pays  est  à  mailles  trës-serrées.  Dès 
lors,  une  ligne  d'intérêt  local,  en  s'éloignant  du  centre  duquel 
elle  rayonne,  arrivera  soit  à  se  rapprocher,  soit  à  rencontrer  ou 
traverser  une  ligne  d'intérêt  général. 

Or,  quel  est  le  rayon  d'attraction  d'un  centre  important  pour  les 
populations  à  peu  près  exclusivement  agricoles,  difficiles  à  dépla- 
cer, que  le  chemin  de  fer  d'intérêt  local  est  appelé  à  desservir? 

On  peut  admettre,  au  moins  pour  ces  voyageurs,  qu'au  delà  d'une 
centaine  de  kilomètres,  l'influence  de  Paris  se  fait  peu  sentir. 

Une  cinquantaine  de  kilomètres  pourront  à  la  rigueur  repré- 
senter le  rayon  d'attraction  pour  Lyon,  Marseille,  Bordeaux, 
Toulouse,  Nantes,  etc.. 

30  à  40  kilomètres  pour  des  villes  de  50  à  60,000  habitants, 
comme  Tours,  le  Mans,  Dijon,  Limoges. 

20  à  30  kil.  pour  les  chefs-lieux  des  départements  ordinaires, 
15  à  20  pour  les  chefs-lieux  d'arrondissement  importants. 

Dépasse-t-il  ces  limites,  le  chemin  d'intérêt  local  ne  trouve  plus 
d'éléments  voyageurs?  Se  rapproche-t-il  d'une  grande  ligne  ou  la 
traverse-t-il  ?  Il  no  peut  plus  lutter  contre  celle-ci,  ni  sous  le  rap- 
port de  la  vitesse,  ni  sous  le  rapport  des  moindres  tarifs  de 
miarchandises;  il  no  sert  plus  que  d'affluent  à  la  grande  ligne  : 
le  point  de  jonction  est  un  point  de  fuite  de  son  trafic  propre:  il 
est  aussi  une  cause  d'asservissement,  en  raison  des  correspon- 
dances à  assurer. 

Rappelons  un  exemple:  du  Mans  au  Grand-Lucé,  31  kilomètres, 
pays  très-pauvre,  les  recettes  kilométriques  du  tramway  de  la 
Sarthe  dépassent  de  1,000  fr.  ses  dépenses  ;  du  Grand-Lucé  à  la 
Chartre,  pays  riche,  faible  attraction  du  Mans,  la  Chartre  desservie 
par  une  grande  ligne  (Paris  à  Niort),  recettes  kilométriques  infé- 
rieures de  300  francs  aux  dépenses. 

28 


434  RÉSUME  ET  CONCLUSIONS 

Ainsi,  d'une  part,  Tinfluenco  du  centre  d'attraction  décroit  en 
raison  inverse  de  la  distance  ;  d'autre  part,  toute  grande  ligne  dont 
on  se  rapproche  donne  lieu  à  un  point  de  fuite. 

Une  autre  cause  sérieuse  milite  encore  en  faveur  de  la  réduction 
de  longueur  du  chemin  local;  c'est  la  loi  du  11  juillet  1879,  qui 
taxe  par  abonnement  et  à  la  voiture,  au  lieu  et  place  de  l'impôt 
de  septembre  1871,  les  chemins  de  fer  qui  n'ont  pas  un  dévelop- 
pement de  40  kilomètres  à  vol  d'oiseau.  —  Beaucoup  d'intéressés 
voudraient  voir  cette  mesure  bienveillante  étendue  en  principe  à 
tous  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  quelle  que  soit  leur  longueur. 
Nous  considérons  au  contraire  la  limite  fixée  par  la  loi  du  17  juil- 
let 1879  comme  une  très-sage  précaution,  dont  l'effet  doit  être  de 
maintenir  dans  le  rayon  de  40  kilomètres  les  petits  chemins  de 
fer  d'intérêt  local  à  créer. 

Enfin  le  chemin  de  fer  d'intérêt  local  doit  encore  satisfaire  à 
une  troisième  condition  de  principe  :  pour  qu'il  puisse  desservir 
utilement  les  localités,  il  faut  qu'il  en  soit  aussi  rapproché  que 
possible,  qu'il  y  pénètre  même  au  besoin. 

Sans  doute,  l'organisation  administrative  centralisée  de  notre 
pays  est  bien  en  général  concentrée  au  point  où  sont  sollicités  les 
intérêts  des  populations  agricoles,  c'est-à-dire  au  chef-lieu  de 
département  ou  d'arrondissement. 

C'est  là  que  le  paysan  trouvera  à  lafois,  dans  la  même  journée, 
un  acheteur  pour  ses  produits,  un  marchand  pour  les  objets  de 
consommation  ou  de  travail  dont  il  a  besoin,  un  tribunal,  une 
étude  de  notaire,  une  préfecture,  etc.  ;  donc  le  paysan  ira  au 
chef-lieu. 

Mais  il  s'y  rendra  par  ses  propres  moyens,  avec  sa  charrette, 
s'il  doit  faire  un,  deux  ou  trois  kilomètres  pour  aller  prendre  le 
chemin  de  fer  * . 

L'avantage  du  chemin  de  fer  doit  être  pour  lui  deux  fois  évident 
pour  qu'il  puisse  se  résoudre  à  en  faire  usage  :  il  faut  que  ce 
moyen  de  transport  économique  soit  non  seulement  à  sa  proximité, 


*  Vn  etemple  bien  topique  à  cet  égard  est  celui  du  tramway  à  vapeur  de  Padoue 
A  Venise  (Italie),  qui  enlève  au  chemin  de  fer  reliant  ces  deux  villes  tout  le  trafic 
local  des  villages  intermédiaires,  villages  qu'il  traverse  alors  que  les  stations  du  che- 
min de  fer  en  restent  éloignées. 


RÉSUMÉ    ET    CONCLUSIONS  435 

mais  à  sa  porte.  Il   n'ira  pas  au  chemin  de   fer  si  celui-ci  ne  va 
pas  à  lui. 

Tout  calcul  ayant  pour  objet  de  déterminer  à  l'avance  le  trafic 
probable  d'un  chemin  de  fer  d'intérêt  local  est  vicieux  s'il  ne  tient 
pas  compte  de  cet  important  élément;  une  même  localité  peut 
donner  un  trafic  à  peu  près  nul  ou  très-important  selon  l'éloigne- 
ment  ou  le  rapprochement  du  chemin  do  fer  qui  a  pour  objet  do 
la  desservir:  la  route  traverse  ou  touche  le  village,  et  la  voiture 
publique  vient  chercher  les  voyageurs  au  village  même;  il  n'en 
saurait  être  autrement  du  chemin  de  for,  et  c'est  se  tromper 
étrangement  que  s'imaginer  que  les  populations  doivent  aller 
trouver  le  chemin  de  fer,  et  que  celui-ci  n'a  pas  à  faire  pour  elles 
le  moindre  effort. 

En  résumé,  trois  conditions  essentielles,  de  principe  fonda- 
mental, sont  nécessaires  pour  assurer  le  succès  d'un  chemin  de 
fer  d'intérêt  local.  Il  doit: 

1*  Converger  vers  un  centre  important  ; 

2*  Ne  pas  s'écarter  du  cercle  d'attraction  de  ce  centre,  c'est-à- 
dire  être  court  ; 

3^  Solliciter  les  populations  en  s'introduisant  dans  les  localités 
mêmes. 

Ces  trois  conditions  déterminent  ipso  facto  le  choix  du  tracé 
dans  la  plupart  des  cas. 

Il  n'y  a  pas  lieu  en  effet  de  s'ingénier  à  rechercher  des  courants 
de  trafic  qui  n'existent  pas. 

Les  grandes  lignes  suivent  les  grandes  vallées,  ou  les  grandes 
routes,  autant  du  moins  qu'elles  le  peuvent,  en  raison  des  grands 
rayons  et  faibles  déclivités  qui  leur  sont  imposés  par  les  exigences 
de  leur  trafic  développé. 

Un  centre  important  est  desservi  par  deux,  trois,  quatre  ou  cinq 
grandes  lignes,  rayonnant  dans  des  directions  diverses,  et  laissant 
généralement  entre  elles  des  secteurs  plus  ou  moins  égaux. 

Des  routes  également  rayonnantes  existent  dans  ces  secteurs  : 
routes  nationales  que  n'ont  pu  longer  les  grandes  voies  ferrées, 
soit  à  cause  de  leur  profil  trop  accusé,  soit  pour  contourner  les 
localités  que  les  routes  traversent  ;  routes  départementales  reliant 
au  chef-lieu   villages  et  chefs-lieux  de  cantons;  chemins  d'intérêt 


436  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

commun.  Toutes  ces  routes  ont  des  largeurs  de  8,  10,  12,  15  et 
20  mètres. 

Ce  sont  ces  courants  de  trafic  déjà  existants,  que  le  chemin  de 
fer  d'intérêt  local  doit  desservir.  En  d'autres  termes,  il  doit  être, 
autant  que  possible,  construit  sur  routes  ;  et  du  même  coup,  il  est 
rayonnant,  et  en  général  pénétrant  dans  les  localités  à  desservir. 
Le  danger  qu  il  présente  pour  les  piétons  et  les  chevaux  est-il 
suffisant  pour  le  faire  rejeter?  Non,  car  en  ce  qui  concerne  les  pié- 
tons, les  accidents  sont  extrêmement  rares,  ainsi  que  le  démon- 
trent les  exemples  relatés  dans  cet  ouvrage,  et  parmi  lesquels  les 
plus  probants,  en  raison  de  Factivité  de  la  circulation  et  du  grand 
nombre  des  trains,  sont  les  tramways  à  vapeur  de  Yalenciennes, 
de  Saint-Etienne,  de  Lille  et  de  Rueil-Marly. 

Et  pour  ce  qui  concerne  les  chevaux,  Thabitude  du  chemin  de 
fer  est  bientôt  prise;  il  suffit  de  marcher  lentement  et  avec  pru- 
dence dans  les  premiers  mois  de  l'exploitation. 

Il  est,  du  reste,  au  point  de  vue  de  la  sécurité,  une  précaution 
aussi  simple  qu'efficace  que  nous  voudrions  voir  introduire  dans 
les  cahiers  des  charges  de  tous  les  chemins  de  fer  sur  routes  ;  le 
matériel  devrait,  sans  exception,  être  muni  du  frein  continu  ;  en 
raison  des  faibles  vitesses  et  de  la  légèreté  des  trains,  moins  de 
50  mètres  suffisent  pour  l'arrêt. 
Pas  de  sifflet^  qui  effraye  les  chevaux,  mais  une  cloche. 
La  limitation  de  la  vitesse  à  20  kilomètres  est-elle  une  objection 
fondamentale  ? 

Elle  pourrait  être  considérée  comme  telle  dans  certains  cas  si 
elle  était  irrémissible. 

Mais  on  a  vu  que  l'expérience  de  marche  à  25  kilomètres  faite 
pendant  une  année  sur  le  Cambrésis  n'a  donné  que  pleine  satisfac- 
tion pour  tout  le  monde. 

Il  nous  a  été  donné  de  faire  dans  le  cours  de  nos  recherches, 
sur  deux  chemins  différents,  des  essais  prolongés  de  vitesses  de 
35  kilomètres,  sur  routes,  sans  qu'il  en  soit  résulté  la  moindre 
frayeur  de  la  part  des  chevaux  rencontrés. 

Il  n'y  a  donc,  et  nous  donnons  ici  l'avis  de  tous  ceux  qui  ont 
étudié  la  question,  aucun  inconvénient  à  atteindre  sur  les  routes 
des  vitesses  maxima  do  25,  30,  35  kilomètres  à  l'heure. 


RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS  437 

Seulement,  nous  le  répétons,  il  importe  au  plus  haut  point  que 
le  matériel  soit  muni  du  frein  continu. 

Les  mêmes  vitesses  peuvent  donc  être  admises  sur  les  chemins 
do  fer  à  voie  étroite,  qu'ils  soient  sur  routes  ou  à  travers  champs. 

Est-ce  utile?  Sans  aucun  doute. 

Remarquons  en  effet  qu'il  est  des  points  où  la  vitesse  démarche 
des  trains  sur  routes  est  forcément  réduite. 

D'abord,  par  les  conditions  techniques  de  l'établissement  ;  les 
routes  ont  en  effet  très-fréquemment  de  fortes  rampes. 

En  second  lieu,  le  ralentissement  est  nécessaire  quand  des  pié- 
tons ou  des  voitures  circulent  sur  la  route. 

En  troisième  lieu,  la  vitesse  doit  être  forcément  limitée  à  10  kilo- 
mètres à  rheure  à  la  rencontre  des  agglomérations,  et  même  à 
6  kilomètres  à  travers  ville. 

D'où  il  résulterait,  en  ajoutant  les  pertes  de  temps  dues  aux 
stationnements  et  aux  manœuvres,  que  la  vitesse  commerciale 
ne  dépasserait  guère  12  à  13  kilomètres,  si  on  se  limitait  à  la 
vitesse  absolue  de  20  kilomètres. 

Or,  bien  que  l'une  des  conditions  du  chemin  de  fer  d'intérêt 
local  soit  le  peu  de  longueur,  on  ne  peut  admettre  que  ce  chemin 
n'ait  pas  des  vitesses  sensiblement  différentes  de  la  voiture  de 
poste  ou  d'une  charrette  tratnée  par  un  bon  cheval. 

Chaque  année  voit  s'accroître  la  vitesse  des  trains  des  grandes 
lignes  ;  on  tend  de  plus  en  plus  à  supprimer  les  trains  mixtes  pour 
les  remplacer  par  des  trains  à  service  exclusif  de  voyageurs.  Au 
reste,  il  est  intéressant  d'indiquer  les  vitesses  commerciales 
actuelles  des  trains  de  grandes  lignes  : 

Trains  rapides 55  à  60  kil.  à  l'heure. 

—  express 45  à  50  —  — 

—  directs 40  —  — 

—  omnibus 30  à  35  —  — 

—  mixtes 25  —  — 

Le  chemin  de  fer  d'intérêt  local  peut  avoir  une  vitesse  de  15  à 
18  kilomètres;  mais  il  faut  qu'il  ait  la  possibilité  d'obtenir,  si  le 
besoin  se  fait  sentir,  et  cela  arrivera  toujours  tôt  ou  tard,  des 
vitesses  commerciales  de  20  et  même  25  kilomètres. 


438  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

Donc  ce  chemin  doit  être  construit  et  outillé  en  vue  de  vitesses 
de  30  à  33  kilomfelres  en  pleine  voie. 

Une  dernière  considération  est  encore  à  envisager  en  vue  de  la 
fixation  des  conditions  techniques  du  chemin  de  fer  d'intérêt  local; 
c'est  la  nature  et  l'importance  du  trafic. 

Si  la  population  est  exceptionnellement  dense,  comme  c'est  le 
cas  pour  la  banlieue  de  Lille  et  de  Saint-Etienne  ou  les  environs 
de  Yalenciennes,  et  que  Ton  n'ait  à  espérer  à  peu  près  exclusi- 
vement qu'un  trafic  de  voyageurs,  les  trains  seront  multipliés, 
peu  chargés,  la  vitesse  forcément  réduite,  et  par  suite,  on  peut 
adopter  des  déclivités  de  40,  50  et  même  60  millimètres  ou 
70  millimètres  comme  sur  les  tramways  de  Saint-Etienne,  et  des 
rayons  de  30,  30  ou  23  mètres. 

Mais  c'est  le  chemin  de  fer  à  faible  trafic,  transportant  mar- 
chandises et  voyageurs,  et  non  le  tramway  proprement  dit,  qui 
fait  l'objet  de  la  présente  étude. 

Sur  ce  chemin,  les  trains  journaliers  seront  peu  nombreux, 
3  en  général,  4  au  plus,  les  jours  de  marchés  ou  dimanches.  Ils 
doivent  pouvoir  enlever  normalement  tout  le  trafic  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  mettre  en  marche  des  trains  extraordinaires, 
toujours  onéreux. 

Les  déclivités  seront  donc  essentiellement  dépendantes  du 
trafic. 

Pour  un  trafic  égal  ou  inférieur  à  3,000  fr.,  déclivités  de  30  à 
40  millimètres. 

De  3,000   à  4,000  fr 23  à  30  millimètres. 

De  4,000  à  3,000  fr 20  à  23         — 

De  3,000  à  7,000  fr 13  à  20        — 

De  7,000  à  8,000  fr 10  à  13        — 

Au  delà  de   8,000  fr 10        — 

Les  déclivités  ne  limitent  pas  la  vitesse  moyenne,  si  les  pentes 
et  rampes  se  compensent  à  peu  près  :  12  à  13  kilomètres  de 
vitesse  en  rampe,  33  en  pente,  donnent  en  effet  une  moyenne  de 
20  kilomètres. 

Le  choix  des  courbes  ne  dépend  au  contraire  que  des  vitesses 
et  non  du  trafic;  une  courbe  roide  ne  présente  aucun  inconvénicn 


RÉSILMÉ   ET   CONCLUSIONS  439 

lorsqu'elle  est  placée  aux  abords  d'un  point  culminant,  où  la 
vitesse  des  trains  venant  de  l'un  ou  de  l'autre  sens  est  forcément 
ralentie  ;  elle  est  encore  sans  inconvénient  si  elle  se  rencontre  au 
passage  d'une  agglomération  ou  d'une  ville,  ou  lorsqu'elle  se 
présente  à  l'entrée  d'une  station.  Il  n'en  est  pas  de  même  en 
pleine  voie,  au  cours  d'une  pente  ou  d'un  profil  facile. 

Ainsi,  le  rayon  de  40  ou  50  mètres  peut  être  admis  à  la  tra- 
versée d'une  localité,  60  à  80  mètres  aux  abords  d'une  station  ou 
d'un  point  culminant  ;  mais  il  est  bon  de  ne  pas  descendre  au- 
dessous  de  150  mètres  en  pleine  voie. 

Nous  devons  signaler  à  cet  égard  la  répugnance  de  tous  les 
ingénieurs  que  nous  avons  rencontrés,  à  faire  usage  des  rayons 
de  100  à  150  mètres.  Beaucoup  prétendent  que  même  pour  la  voie 
étroite  on  ne  devrait  pas  descendre  au-dessous  do  200  à  250  mè- 
tres ;  certains  même  n'admettent  que  le  rayon  do  300  mètres  en 
pleine  voie.  Ils  s'appuient  sur  ce  que  même  dans  ces  courbes  do 
grands  rayons  les  machines  grincent  et  les  mentonnets  des  roues 
d'avant  s'usent  rapidement. 

Il  y  a  là  une  erreur  évidente  et  qui  tient  à  ce  que,  dans  la  pose 
de  la  voie  étroite  en  courbes,  on  a  exagéré  le  surécartement,  qui 
a  été  porté  à  20,  30  ou  même  40  millimètres,  d'où  augmentation 
de  l'angle  de  cisaillement*.  Le  surécartement  est  inutile,  avec  le 
matériel  ordinairement  employé,  quand  les  rayons  restent  supé- 
rieurs à  100  mètres. 

Il  va  de  soi  que  la  longueur  des  trains  ne  saurait  être  limitée 
par  d'autres  considérations  que  la  puissance  des  machines;  la 
limitation  à  40  ou  60  mètres,  fixée  par  les  cahiers  de  charges  n'a 
pas  d'inconvénients  en  raison  des  profils  adoptés;  elle  en  offrirait 
de  sérieux  si  les  profils  étaient  réduits  et  le  trafic  important. 

Pour  déterminer  le  trafic  probable  d'une  ligne  en  étude,  les  for- 
mules habituelles,  contrôlées  par  la  comparaison  des  cas  analo- 
gues, offrent  une  approximation  suffisante,  à  la  condition  que 
les  localités  soit  effectivement  desservies  ;  mais  il  ne  faut  leur 
demander  que  des  approximations. 

*  Voir  à  ce  sujet  rintéressante  note  de  M.  Jules  Michel,  dans  la  Revue  générale 
des  Chemins  de  fer^  septembre  1884  :  n  La  circulation  des  locomotives  et  des  wagons 
dans  les  courbes,  » 


440  RÉSUMÉ   ET  CONCLUSIONS 

On  vient  de  voir  que  le  trafic  définit  les  déclivités,  et  que  les 
vitesses  déterminent  les  courbes.  Mais  les  conditions  d'établisse- 
ment de  la  route  n'ont  pas  été  arrêtées  suivant  ces  prévisions.  D'où 
il  suit  que  plus  le  trafic  prévu  est  important,  plus  le  chemin  de  fer 
aura  souvent  à  s'écarter  de  la  route,  si  un  écrêtement  de  l'accote- 
ment ne  suffit  pas.  En  général,  pour  un  trafic  de  6  à  8,000  fr.,  la 
route  ne  serait  plus  empruntée  que  sur  une  faible  partie  du  par- 
cours, et  pourrait  même,  dans  certains  cas,  être  une  gêne  sérieuse 
pour  le  tracé  si  l'on  s'astreignait  à  venir  l'emprunter  ;  aussi  vau- 
dra-t-il  mieux  l'abandonner  complètement.  Mais  quels  sont  les 
chemins  d'intérêt  local  dont  on  peut  attendre  un  trafic  de  6  à 
8,000  fr.  par  kilomètre? 

Cet  exemple  prouve  en  tout  cas,  qu'il  ne  faut  pas  considérer 
comme  absolu  l'emprunt  des  accotements  de  routes. 

Du  reste,  si  les  routes  sont  trop  étroites  ou  trop  accidentées,  il 
convient  d'en  faire  abandon,  tout  en  restant  aussi  rapproché  que 
possible  de  ce  courant  de  trafic. 

Il  est  encore  un  autre  cas  où  on  ne  devra  pas  trop  s'astreindre  à 
suivre  les  routes  :  c'est  à  la  traversée  des  localités.  Sans  doute  il 
est  intéressant  de  pénétrer  jusqu'au  milieu  des  villes  importantes; 
et  surtout  du  centre  principal  d'attraction  du  chemin  de  fer.  On 
ne  saurait  trop  louer,  à  cet  égard,  la  décision  prise  par  le  dépar- 
tement de  la  Sarthe,  qui  a  pour  effet  d'établir,  au  cœur  même  de 
la  ville  du  Mans,  la  gare  à  laquelle  viendront  converger  tous  les 
chemins  de  fer  départementaux,  au  prix  de  dépenses  importantes. 
Cette  décision  est  tout  à  fait  rationnelle,  puisque  c'est  le  centre 
même  que  les  chemins  de  fer  départementaux  ont  pour  but 
d'atteindre. 

Mais  à  la  traversée  des  villages,  les  routes  ont  souvent  une  lar- 
geur réduite;  de  plus  les  villages  sont  fréquemment  en  terrain 
accidenté,  et  une  gare,  si  réduite  qu'elle  soit,  nécessite  une  super- 
ficie qui  ne  pourrait  être  obtenue  sans  grosse  dépense  au  centre 
du  village;  en  outre,  à  la  traversée  d'une  localité  la  vitesse  des 
trains  est  réduite  à  6  et  8  kilomètres  à  l'heure,  et  enfin  il  y  a  là 
danger;  ces  traversées  diminueraient  donc  par  trop  les  vitesses 
commerciales. 

Pour  toutes  ces  raisons,  il  est  souvent  préférable  de  contourner 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  441 

la  localité  plutôt  que  de  la  traverser;  si  la  localité  est  allongée, 
on  peut  établir  une  gare  complète  sur  un  point,  et  une  halte  sur 
un  autre  point.  Mais  il  ne  faut  pas  multiplier  les  gares  complètes, 
c'est-à-dire  les  gares  à  service  de  voyageurs  et  de  marchandises, 
car  outre  la  majoration  de  dépense  d'établissement  qu'elles  occa- 
sionnent, elles  majorent  notablement  la  dépense  d'exploitation. 

La  halte  sera  ou  non  à  proximité  d'une  auberge,  d'un  estaminet, 
peu  importe.  Mais,  en  dépit  de  l'exemple  des  tramways  du  Gam- 
brésis  et  de  la  Sarthe,  et  des  Secundarbahnen  saxonnes  et  bava- 
roises, il  est  assez  difficile  d'admettre  que  la  gare  complète  soit 
abandonnée,  et  que  la  livraison  ou  la  réception  des  marchandises 
soit  subordonnée  aux  loisirs  d'un  marchand  de  vin  ou  d'un  maré- 
chal ferrant,  que  la  Compagnie  soit  représentée  par  un  commer- 
çant ayant  des  intérêts  propres,  des  amitiés  ou  des  rivalités  dans 
la  localité,  et  qu'enfin  la  sécurité  de  la  circulation  soit  nécessai- 
rement amoindrie. 

On  eu  est  venu  à  reconnaître  la  nécessité  d'avoir  un  représentant 
à  poste  fixe  (femme  de  cantonnier  à  très-faible  traitement)  sur  les 
lignes  de  Haironville  à  Triaucourt  et  du  Cambrésis  ;  on  y  tend 
dans  la  Sarthe. 

'  Donc  la  gare  devra  offrir  aux  voyageurs  uu  abri  ;  elle  devra 
disposer  du  téléphone  la  reliant  à  l'ensemble  de  la  ligne,  et  le 
public  devra  pouvoir  y  trouver  un  représentant  à  toute  heure  du 
jour.  Ce  représentant  pourra  être  la  femme  d'un  chef-cantonnier, 
ce  qui  donnera  lieu  à  faible  dépense,  et  il  est  désirable  qu'elle  soit 
logée.  C'est  une  dépense  do  5  à  6,000  francs  de  plus  par  station, 
soit  de  1,000  fr.  par  kilomètre  de  ligne,  devant  laquelle  il  n'y  a 
pas  à  reculer,  si  faible  que  doive  être  le  trafic. 

La  gare  sera  aussi  courte  et  concentrée  que  possible,  pour 
permettre  des  manœuvres  rapides  :  les  dispositions  de  voies  des 
gares  de  la  Sarthe  paraissent  très-satisfaisantes. 

Pas  d'arrêts  en  pleine  voie  à  la  demande  des  voyageurs. 

Vole.  —  Rail  Vignole,  en  acier,  de  15  à  20  kilos  au  mètre 
courant,  plutôt  18  kilos. 

Rail  tramway,  à  gorge,  de  32  à  35  kilos,  lorsque  la  voie  est 
établie  sur  chaussée.  Pas  de  contre-rails  aux  passages  à  niveau. 


442  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

Tire-fonds  et  non  crannpons. 

Traverses  en  chêne,  multipliées  dans  les  courbes  roides.  Les 
bordures  de  trottoir  destinées  à  protéger  la  voie  contre  les  voitu- 
res sont  une  précaution  aussi  onéreuse  qu'inutile  ;  la  saillie  du 
ballast  ou  de  Taccotement  suffit  (Sarthe). 

Matériel  roulant.  —  Machines  à  trois  essieux  tous  accouplés  ; 
roues  de  O^jSS  à0",9o  de  diamètre;  empattement  do  1°,80  à  2°,00 
au  maximum,  mécanisme  recouvert,  soustrait  à  la  poussière. 

Grands  foyers,  permettant  de  brûler  du  charbon  tout-venant, 
au  besoin  des  menus.  Poids  de  15  à  20  tonnes.  Vitesses  possibles: 
35  ou  même  40  kilomètres  à  Theure.  Le  personnel  de  conduite  de 
de  la  machine  doit,  ici  surtout,  comprendre  deux  agents. 

Matériel  à  couloir  à  1"*,80  ou  2°*,00  d'empattement,  ou  mieux 
encore,  matériel  monté  sur  trucs  articulés  ou  à  bogies,  qui  a  plus 
de  stabilité  et  est  bien  mieux  approprié  à  des  chemins  dont  l'en- 
tretien  est  forcément  inférieur  à  celui  des  grandes  lignes,  et  dont 
les  voies  sont  d'ailleurs  plus  susceptibles  de  dérangement,  direc- 
tement exposées  qu'elles  sont  au  choc  des  voitures  ou  à  la 
malveillance. 

Deux  classes  seulement  de  voyageurs  ;  moindre  est  le  trafic, 
moins  sont  fréquentées  les  places  de  luxe  ;  sur  le  Cambrésis,  la 
proportion  des  voyageurs  de  i"  classe  ne  dépasse  pas  9  p.  1,000  ; 
ceux  de  seconde  classe  ne  fournissent  encore  qu'un  prorata  de 
40  p.  1,000.  ! 

Wagons  pouvant  porter  5  à  8  tonnes. 

Tout  le  matériel  muni  partie  du  frein  continu,  partie  de  la  con- 
duite de  ce  frein.  —  Le  frein  à  adopter  est  le  frein  à  vide  :  il  est 
plus  robuste,  plus  économique,  puisqu'il  ne  dépense  rien,  alors 
que  les  freins  à  air  comprimé  dépensent  4  à  5  p.  100  de  la  vapeur 
de  la  locomotive  ;  le  défaut  du  frein  à  vide  consiste  en  ce  que  son 
action  se  fait  peu  sentir  sur  les  véhicules  des  trains  de  longueur, 
c'est-à-dire  de  20  à  24  véhicules.  On  ne  peut  songer  que  difficile- 
ment à  atteindre  ici  la  moitié  de  ces  compositions. 

Un  conducteur  suffira  aux  trains,  il  délivrera  les  billets  seule- 
ment aux  haltes  sans  auberge  ;  il  effectuera  avec  le  mécanicien  et 
le  chauffeur  les  manœuvres  des  véhicules  en  gare. 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  443 

Gares  de  Jonction.  —  La  jonction  avec  les  grands  réseaux  est 
une  question  aussi  délicate  qu'importante. 

Et  d'abord,  bien  que  le  trafic  du  petit  chemin  de  fer  soit  pour 
la  plus  large  part  un  trafic  destiné  au  centre  d'attraction  ou  en 
provenant,  ce  chemin  ne  peut  pas  laisser  complètement  de  côté  le 
trafic  d'au  delà,  à  peine  de  grever  la  marchandise  d'un  droit  de 
camionnage  supérieur  à  la  taxe  même  qu'elle  supporte,  comme 
ce  serait  souvent  le  cas  en  raison  de  la  faible  longueur  du  chemin 
local  ;  celui-ci  doit  venir  se  souder  à  la  gare  de  marchandises  de 
la  grande  ligne,  pour  que  les  transbordements  s'effectuent  le  plus 
économiquement  possible  :  une  courte  voie  étroite  le  long  d'un 
quai  existant,  une  autre  parallèle  à  une  voie  normale  et  rapprochée 
d'elle,  telles  sont  les  installations  qui  peuvent  suffire. 

Les  trains  du  chemin  local  doivent  en  outre  concorder,  au  moins 
approximativement,  avec  les  trains  arrivant  au  chef-lieu  ou  s'en 
éloignant  qui  présentent  le  plus  d'intérêt  pour  les  voyageurs  de 
ce  chemin:  trains  desservant  une  région  ou  un  marché  voisins, 

BIC,    61C.«« 

Etabli  dans  les  conditions  qui  viennent  d'être  décrites,  c'est-à- 
dire  convergent,  et  par  suite  affluent  du  réseau  de  la  grande  Com- 
pagnie et  non  son  concurrent,  le  chemin  local  ne  peut  qu'attirer 
la  bienveillance  de  celle-ci,  et  nous  ajouterons,  il  y  a  intérêt, 
bonne  politique  pour  les  grands  réseaux  à  aider  les  chemins 
affluents,  comme  ceux-ci  ont  intérêt  à  être  aidés. 

C'est  en  les  aidant,  en  ne  les  écrasant  pas  sous  des  charges  in- 
justifiées de  gares  communes,  en  suivant  en  d'autres  termes 
l'exemple  de  la  Compagnie  du  Nord,  que  les  grandes  Compagnies 
parviendront  à  empêcher  les  détournements  qui,  sans  cela,  ne 
manqueront  pas  de  se  faire,  et  qui  peuvent  aujourd'hui  avoir  de 
tout  aussi  graves  conséquences  que  par  le  passé. 

Qu'arrive-t-il  en  effet? 

Sans  doute  la  loi  du  11  juin  1880  a  eu  pour  but  de  mettre  un 
terme  à  la  concurrence  qu'avait  produite  la  loi  de  1865.  Mais,  qu'on 
y  prenne  garde,  on  est  envoie  de  retomber  dans  les  mêmes  erreurs 
que  celles  qui  ont  produit  les  tentatives  de  Philippart  et  autres. 

Nous  assistons  à  une  grande  expansion  de  chemins  à  voie 
étroite.  Beaucoup  d'entre  eux  ne  sont  encore  que  des  entreprises 


444  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

do  construction,  dont  certaines  supputent,  on  vue  de  leur  exploi- 
tation, les  détournements  qu'elles  pourront  faire  à  un  trafic  qui 
appartient  légitimement  à  la  grande  ligne  préexistante. 

D'autres  sont  exploités  :  ils  sont  souvent  reçus  avec  hostilité  aux 
points  de  jonction  par  la  grande  Compagnie  qui  les  écrase  par  des 
taxes  de  transbordement  ou  des  charges  de  service  commun,  ou 
encore  qui  cherche  à  détourner  le  maigre  trafic  qui  leur  revient. 
Et  déjà  ils  cherchent  à  se  souder  au  chemin  de  fer  à  voie  étroite  du 
département  voisin  qui  les  aidera  à  éviter  des  transbordements  et 
à  faire  à  leur  tour  des  détournements  de  trafic. 

Mais  alors,  c'est  dans  un  avenir  prochain,  le  renouvellement  des 
tentatives  Philippart  ou  autres,  avec  cette  seule  différence  que  les 
chemins  seront  à  voie  étroite. 

Et  il  y  aura  ici  cette  aggravation  que  pour  les  chemins  d'intérêt 
local  construits  sous  le  régime  de  la  loi  de  1865,  les  départements 
n'avaient  plus  d'intérêt  dans  l'exploitation  de  ces  chemins,  la  sub- 
vention une  fois  versée. 

Tandis  que  les  chemins  construits  en  vertu  de  la  loi  nouvelle 
appartiennent  aux  départements,  qui  doivent  établir  chaque  année 
leur  budget  en  tenant  compte  des  résultats  de  leur  exploitation,  et 
qui  naturellement  prendront  parti  pour  leurs  chemins  contre  les 
grandes  Compagnies. 

Devons-nous  assister  dans  l'avenir  à  une  lutte  des  départements 
contre  les  grandes  Compagnies? 

Il  est  regrettable  que  le  législateur,  éclairé  par  les  résultats  pro- 
duits par  la  loi  de  1865,  n'ait  pas  inscrit  danâ  la  loi  de  1880  une 
clause  relative  au  partage  du  trafic. 

A  défaut  du  législateur,  l'Etat  et  le  département,  dans  la  prépa- 
ration des  concessions,  les  Compagnies  dans  les  traités  de  corn* 
munauté  peuvent  parer  à  ce  danger. 

Que  les  Compagnies  reçoivent  libéralement  les  petits  affluents; 
elles  auront  dès  lors  tous  droits  à  inscrire  dans  les  traités  destinés 
à  régler  le  régime  des  échanges,  des  stipulations  destinées  à  évi- 
ter les  détournements  de  part  et  d'autre,  dût  au  besoin  l'embran- 
ché modifier  une  partie  de  son  tracé.  Celui-ci,  qui  a  besoin  de  l'aide 
de  la  grande  Compagnie  ne  refusera  pas  cette  juste  satisfaction. 

Il  appartient  à  l'Etat,  intéressé  des  delix  côtés,  d'imposer  des 


HÉSUMÉ    LT   CONCLUSIONS  445 

règles  à  l'un  et  à  l'autre.  Mais  on  ne  saurait  admettre  plus  long- 
temps que  TEtat,  qui  garantit  les  recettes  du  grand  réseau,  garan- 
tisse en  même  temps  des  lignes  d'intérêt  local  dont  le  but  avéré 
est  de  concurrencer  celui-ci. 

On  a  supposé  un  seul  point  de  jonction  :  il  peut  s'en  rencontrer 
deux;  dans  ce  cas,  le  chemin  local  perd  toute  autonomie;  on  doit 
l'éviter,  non  le  rechercher. 

Dépenses  de  premier  établissement.  —  Dans  les  considérations 
qui  précèdent,  nous  n'avons  pas  fait  intervenir  à  dessein  la 
dépense  d'établissement  comme  une  des  justifications  du  chemin 
de  fer  sur  routes. 

Les  raisons  données  paraissent  suffisamment  concluantes  ;  mais 
celle-ci  est  loin  d'être  négligeable. 

On  construit  aujourd'hui,  en  Maine-et-Loire,  des  chemins  de  fer 
sur  routes  à  moins  de  40,000  francs  le  kilomètre  (36,000  francs 
Angers  à  Beaugé). 

Avec  les  conditions  d'établissement  que  nous  avons  indiquées 
plus  haut,  il  faut  considérer  40  à  45,000  francs  comme  un  mini- 
mum possible,  matériel  roulant  compris. 

Pour  un  chemin  de  fer  établi  entièrement  à  travers  champs,  on 
ne  saurait  compter  une  majoration  inférieure  de  15  ou  20,000  fr., 
soit  d'un  tiers  ou  moitié  en  sus. 

En  somme,  50,000  francs  par  kilomètre  semblent  être  une  bonne 
évaluation,  permettant  de  donner  au  chemin  sui:  routes  toute 
la  solidité  et  le  confortable  qui  manquent  souvent  aux  chemins  de 
fer  d'intérêt  local,  et  de  l'armer  en  prévision  d'une  exploitation 
entièrement  satisfaisante. 

Il  n'est  pas  bon,  croyons-nous,  de  chercher  à  descendre  beau- 
coup au-dessous  de  cette  somme,  car  on  ne  peut  que  se  placer 
dans  de  moins  bonnes  conditions  d'établissement  et  d'exploitation. 

Tarifs.  —  La  question  des  tarifs  est  sans  contredit  l'une  des 
plus  délicates  :  il  ne  suffit  pas  de  venir  solliciter  les  populations 
rurales  jusqu'à  leur  porte;  il  ne  faut  pas  oublier  que  ces  popula- 
tions sont  généralement  économes  et  préféreront  faire  un  long 
trajet  à  pied  plutôt  que  de  payer  un  prix  élevé.  Les  tarifs  des 


446  UÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

voitures  publiques,  quaud  il  en  est  de  préexistantes,  sont  le  plus 
souvent  très-bas. 

Or,  les  voyageurs  représenteront  toujours  de  60  à  90  p.  100  du 
trafic  total. 

Donc  les  tarifs  de  voyageurs  doivent  être  bas  ;"réductions  impor- 
tantes sur  les  billets  d'aller  et  retour.  C'est  ainsi,  du  reste,  que  la 
question  a  été  comprise  et  dans  la  Sarlhe  et  dans  le  Cambrésis  :  on 
peut  affirmer  que  c'est  à  cette  cause  qu'est  dû  le  succès  de  ces 
petits  chemins. 

Pour  ce  qui  est  des  tarifs  de  marchandises,  il  n'en  est  plus  tout 
à  fait  de  même  :  et  d'abord,  il  n'y  a  pas  à  espérer  transporter 
beaucoup  de  grosses  marchandises,  en  dehors  des  produits  agri- 
coles. Et  pour  ceux-ci  même,  la  dépense  de  traction  par  chevaux 
apparaît  beaucoup  mieux  aux  yeux  de  l'agriculteur  que  réconomie 
de  temps  qu'il  peut  lui-même  faire  comme  voyageur  en  empruntant 
le  chemin  de  fer  plutôt  qu'en  se  rendant  à  la  ville  à  pied  ou  en 
voiture. 

Et  pour  la  marchandise  de  détail,  des  tarifs  élevés,  vu  le  faible 
parcours,  représentent  toujours  une  somme  peu  importante. 

Donc,  en  général,  tarifs  élevés  pour  les  marchandises  de  détail; 
pour  les  produits  agricoles,  voyageant  par  wagons  complets,  les 
tarifs  peuvent  descendre  à  10  ou  8  centimes,  ce  qui  est  encore  un 
prix  très-rémunérateur. 

Mais  en  tout  état  de  cause,  les  tarifs  doivent  être  peu  nombreux 
et  d'application  facile. 

Pas  de  frais  accessoires,  de  gare,  de  chargement  ou  décharge- 
ment. 

Et  surtout,  pas  de  camionnage  ou  de  taxe  élevée  de  transbor- 
dement. Le  mieux  est  de  supprimer  complètement  ceux-ci  en  pre- 
nant des  dispositions  pour  eiïectuer  les  transbordements  do  la  ma- 
nière la  plus  économique  au  point  de  jonction;  et  c'estlà  surtout 
que  peut  se  faire  sentir  le  bon  vouloir  de  la  grande  Compagnie. 

C'est,  du  reste,  ainsi  que  sont  établis  les  tarifs  des  chemins  de 
fer  sur  routes  existants. 

Autre  point  très-important.  Si  le  chemin  local  a  la  bonne  for- 
tune de  rencontrer  sur  son  parcours  une  ou  plusieurs  usines,  il  ne 
faut  pas  commettre  l'erreur  que  Ton  a  à  déplorer  sur  le  Cambrésis, 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  447 

c'est-à-dire  adopter  des  taxes  prohibitives  qu'aucun  industriel  ne 
saurait  accepter,  et  dont  le  résultat  est  tel  que  nul  ne  consent  à 
établir  un  embranchement,  au  détriment  de  Tindustricl  comme  à 
celui  du  transporteur.  —  Redevances  dites  d'embranchement  par- 
ticulier réduites,  ou  mieux  encore  complètement  supprimées  ;  et 
si  rindustriel  recule  devant  la  dépense  d'établissement  de  l'embran- 
chement, lui  en  faire  au  besoin  l'avance,  ou  même  l'abandon;  on 
évitera  ainsi  l'extension  de  la  gare  voisine,  et  des  manœuvres  ou 
manutentions  embarrassantes  ou  coûteuses. 

Une  modification  dans  ce  sens  libéral  de  l'article  34  du  cahier 
des  charges  ne  saurait  être  refusée  par  l'autorité  compétente, 
pourvu  que  tous  les  industriels  fussent  traités  de  façon  analogue. 

Forme  delà  concession.  —  Enfin,  il  nous  parait  utile  de  reve- 
nir encore  une  fois  sur  la  forme  de  la  concession,  bien  que  ce 
point  ait  été  traité  déjà  dans  le  chapitre  relatif  aux  tramways  de 
la  Sarthe. 

Deux  systèmes  sont  en  présence  : 

Ou  le  système  de  la  garantie^  destinée,  en  cas  d'insuffisance  de 
recettes,  à  couvrir  non  seulement  les  dépenses  d'exploitation,  mais 
encore  l'intérêt  à  5  p.  100  du  capital.  C'est  le  régime  général  prévu 
par  l'article  13  de  la  loi  du  11  juin  1880. 

Ou  le  système  de  la  construction  directe  ou  de  la  subvention  fixe^ 
qui  consiste,  pour  le  département,  à  réaliser  le  capital  nécessaire, 
au  moyen  d'un  emprunt  amortissable,  et  à  exécuter  les  travaux 
soit  directement,  soit  par  l'intermédiaire  du  concessionnaire,  en 
remboursant  à  celui-ci,  au  fur  et  à  mesure,  les  dépenses  faites.  Le 
concessionnaire  prend  à  sa  charge  tous  les  risques  de  l'exploitation 
et  partage  avec  le  département  les  produits  de  la  ligne.  C'est  le 
système  de  la  Sarthe. 

Dans  le  premier  système,  c'est  le  concessionnaire  qui  doit  faire 
l'avance  intégrale  du  capital  de  premier  établissement,  le  départe- 
ment remboursant  par  annuités  la  différence  entre  la  garantie  et 
les  recettes  d'exploitation. 

Mais,  à  l'exception  de  la  Société  Générale  des  Chemins  de  fer 
économiques  et  desChemins  de  fer  départementaux,  qui  s'appuient 
sur  des  Sociétés  financières  puissantes^  le  crédit  du  concession- 


448  RÉSUME   ET   COiNCLUSIOiNS 

naire  est  en  général  bien  moindre  que  celui  du  département;  par- 
tant, la  garantie  prévue  par  la  loi  n'étant  que  de  5  p.  100,  le  con- 
cessionnaire, qui  ne  peut  souvent  trouver  à  emprunter  qu'à  6,  7 
ou  7  1/2  p.  100,  amortissement  compris,  sera  forcément  amené  à 
majorer  le  capital  garanti  dans  la  proportion  de  6  ou  7  1/2  à  5, 
c'est-à-dire  jusqu'à  moitié  en  sus.  En  outre,  pour  diminuer  les 
charges  de  l'amortissement,  la  durée  de  la  concession,  c'est-à-dire 
celle  de  la  garantie  devra  être  aussi  longue  que  possible,  soit  de 
quatre-vingt-dix-neuf  ans. 

Passons  à  l'exploitation  :  la  totalité  des  recettes  doit  être 
employée  en  diminution  de  la  garantie;  mais  alors,  l'exploitant 
n'a  aucun  intérêt  à  développer  le  trafic.  En  effet,  pourquoi  faire 
des  trains  supplémentaires,  diminuer  les  tarifs,  courir  les  chances 
d'accidents,  etc.,  etc.,  en  un  mot,  faire  une  exploitation  intensive 
pour  n'avoir  toujours  que  ses  frais  d'exploitation  et  5  p.  100  du 
capital? 

En  ne  se  donnant  aucun  mal,  en  ne  courant  aucun  risque,  le 
résultat  sera  le  même. 

Il  reste,  il  est  vrai,  un  stimulant  puissant  pour  inciter  le  conces- 
sionnaire à  exploiter  économiquement  et  à  développer  son  trafic, 
le  désir  de  se  créer  de  nouvelles  entreprises  en  témoignant  d*une 
excellente  exploitation  dans  celles  qui  sont  en  cours. 

A  titre  d'exemple,  on  ne  saurait  trop  louer  les  méthodes  de 
construction  aussi  bien  que  d'exploitation  des  deux  Sociétés  les 
plus  importantes,  les  chemins  de  fer  économiques  et  les  chemins 
de  fer  départementaux. 

Les  1,800  kilomètres  de  lignes  actuellement  concédées  à  ces 
deux  Sociétés  sous  le  régime  de  la  garantie  pour  quatre-vingt-dix. 
neuf  ans  en  général,  donnent  un  prix  forfaitaire  moyen  d'établis- 
sement d'un  peu  plus  de  80,000  francs  par  kilomètre,  chiffre  assez 
élevé  pour  être  rémunérateur. 

Quoi  qu'il  en  soit  du  régime  de  la  garantie,  qui,  on  le  voit,  n'est 

pas  irréprochable,  ce  régime  est  très  en  faveur  et  les  capitaux  sont 

aujourd'hui   presque  introuvables  pour  une  entreprise  qui  n'est 

pas  couverte  parla  garantie  d'intérêts.  C'est  un  fait  contre  lequel 

•  il  est  difficile  de  s'insurger. 

Dans  l'autre  système,  celui   de   la  subvention  fixe  on  de  la 


UÉSL'MK    KT   CONCLUSIONS  440 

construction  directe^  le  département,  par  son  crédit,  peut  emprun- 
ter directement  au  taux  moyen  de  S  à  3,25  p.  100,  amortissement 
compris;  le  capital  de  premier  établissement  peut,  par  suite, 
souvent  être  réduit  dans  une  proportion  égale  ou  inférieure  au 
tiers,  de  même  l'annuité  à  payer. 

Le  concessionnaire,  ne  faisant  pas  les  fonds,  n'a  pas  besoin  d*une 
durée  de  concession  de  quatre-vingt-dix-neuf  ans  ;  il  peut  se  con- 
tenter de  cinquante  ou  même  de  trente  ans,  ce  qui  permet  au 
département  de  rentrer  en  possession  de  ses  lignes  à  plus  bref 
délai,  de  les  exploiter  lui-même  ou  de  les  affermer  avec  une  rede- 
vance si  elles  sont  productives. 

Le  concessionnaire,  au  lieu  d'être  un  entrepreneur  de  coyistruc- 
tion^  ce  qui  est  souvent  le  cas  dans  le  système  de  la  garantie,  est 
ici  incité  au  développement  du  trafic,  il  y  est  stimulé  par  son  inté- 
rêt, de  même  qu'il  a  tout  intérêt  à  assurer  une  exploitixtion  écono- 
mique. 

Un  autre  avantage  de  ce  régime,  c'est  que  les  capitaux  néces- 
saires étant  très-réduits,  le  nombre  des  concurrents  peut  être  plus 
considérable,  partant  plus  d'émulation  et  de  rabais. 

Mais  on  a  d'autre  part  plus  de  chances  de  tomber  sur  un  adjudi- 
cataire incapable  de  mener  à  bien  Tentreprise,  ce  qui,  il  est  vrai,  no 
présente  d'autre  risque  que  celui  d'un  retard. 

Il  est  d'ailleurs  bien  entendu  que  la  construction  doit  être  faite 
par  le  concessionnaire,  car  le  rabais  de  l'adjudication  du  chemin  de 
fer  peut  ainsi  porter  à  la  fois  et  sur  la  construction  et  sur  l'exploi- 
tation, au  lieu  de  porter  seulement  sur  cette  dernière,  comme  ce 
serait  le  cas  si  le  département  se  chargeait  de  la  construction.  Il  y 
a  en  outre  tout  intérêt  à  ce  que  l'établissement  soit  fait  en  vue 
d'une  bonne  exploitation,  et  le  concessionnaire  est  mieux  placé  à 
cet  effet  que  qui  que  ce  soit. 

En  somme,  le  prix  de  revient  kilométrique  des  chemins  de  fer 
sur  routes  construits  ou  entrepris  suivant  le  système  de  la  construc- 
tion directe  dans  la  Sarthe,  le  Maine-et-Loire  et  le  Loir-et-Cher 
oscille  autour  de  40  à  45,000  francs. 

Il  est  assez  difficile  do  faire  un  choix  entre  le  régime  de  la  garan- 
tie d'intérêt  et  celui  de  la  construction  directe  :  c'est  souvent  une 
question  d'espèces. 

20 


450  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

On  pourrait  encore  recourir  a  un  régime  mixte  :  construction 
directe  par  les  soins  du  département  ou  de  la  commune  et  garan- 
tie pour  Texploitation. 

Mais  quel  que  soit  le  régime  financier  à  adopter^  il  faut  soigneu- 
sement éviter  de  construire  des  chemins  de  fera  tort  et  à  travers 
au  gré  des  intérêts  électoraux,  comme  nous  en  voyons  cons- 
truire dans  maint  département  :  chemins  voués  à  un  insuccès 
certain. 

A  cet  égard,  les  concessions  faites  sous  le  régime  des  frais  et 
risques  du  concessionnaire  au  point  de  vue  de  l'exploitation 
auront  pour  oITet  de  faire  réfléchir  concédants  et  concessionnaires, 
et  de  n'amener  à  exécution  que  des  lignes  pouvant  vivre,  c'est-à- 
dire  pouvant  payer  leurs  dépenses  d'exploitation. 

Or,  il  ne  devrait  pas  y  avoir  de  chemins  d'une  autre  nature,  en 
dehors  des  lignes  stratégiques.  Tout  chemin  de  fer  dont  les  recettes 
ne  pourraient  couvrir  les  dépenses  d'exploitation  est  un  chemin 
de  fer  injustifié,  il  ne  doit  pas  être  construit. 

On  peut  admettre  que  l'Etat  et  les  départements  concourent  à 
établir  et  armer  des  voies  de  fer  en  faisant  en  principe  l'abandon 
de  la  dépense  de  premier  établissement.  C'est  une  augmentation 
du  domaine  national,  et  il  y  a  au  moins  autant  d'intérêt  à  entre- 
prendre celte  construction,  lentement,  sagement,  en  profitant 
chaque  année  de  l'expérience  des  années  précédentes,  qu'il  peut  y 
en  avoir  à  construire  des  routes,  des  chemins  vicinaux,  des  canaux 
et  des  écoles,  toutes  constructions  faites  à  fonds  perdus. 

Mais  ce  qu'on  ne  peut  admettre,  c'est  que  ces  chemins  de  fer 
ne  puissent  vivre  et  viennent  accroître  chaque  année,  par  leurs 
insuffisances,  les  charges  déjà  si  lourdes  des  budgets  de  l'Etat  et 
des  départements. 

Donc,  à  cet  égard,  l'absence  de  garantie  est  un  frein  contre  les 
prodigalités  auxquelles,  il  faut  bien  le  reconnaître,  l'article  13  de 
la  loi  du  H  juin  1880  ouvre  un  peu  imprudemment  la  porte. 


XXVL     —    CONCLUSIONS 


L'examen  comparatif  des  lignes  secondaires  de  notre  pays  avec 
les  lignes  similaires  de  l'étranger  fait  ressortir  Tinfériorité  des 
premières  au  point  de  vue  économique,  tant  en  exploitation  qu'en 
établissement. 

La  législation  est  une  des  causes  de  cette  infériorité;  tous  les 
pays  étrangers,  sans  exception,  ont  en  effet  donné  aux  lois  relati- 
ves à  leurs  lignes  secondaires  un  caractère  rétroactif  qui  a  permis 
le  déclassement  des  lignes  maigres  préexistantes  ;  en  France,  au 
contraire,  les  lignes  anciennes  ne  peuvent  bénéficier  ni  de  la  loi 
du  11  juin  1880  sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  ni  de  la  loi 
du  27  décembre  de  la  mèmç  année  relative  à  la  suppression  des 
clôtures  et  du  gardiennage  des  nouveaux  chemins  de  fer  d'intérêt 
général. 

La  réglementation  administrative  est  de  même  souvent  plus 
libérale  à  l'étranger  que  dans  notre  pays;  c'est  ainsi,  pour  ne 
prendre  que  les  trains  pour  exemple,  qu'en  Prusse,  les  trains  à 
frein  continu  sont  dispensés  du  serre-frein,  quel  que  soit  le 
nombre  de  leurs  véhicules,  et  qu'en  d'autres  pays,  le  serre-frein 
n'est  obligatoire,  dans  les  trains  mixtes  ou  autres,  que  lorsqu'il 
est  nécessité  par  les  considérations  de  déclivités,  vitesse  ou 
composition. 

Le  décret  présidentiel  du  20  mai  1880  a  été  chez  nous  le  point 
de  départ  de  progrès  incontestables  ;  mais  il  reste  bien  des  éla- 
gages  à  faire  dans  l'ordonnance  de  1846,  qui  est  sans  doute  un 
admirable  monument  administratif,  surtout  si  l'on  tient  compte 
de  ce  qu'il  a  été  érigé  presque  à  l'origine  des  chemins  de  fer,  mais 
qui,  par  malheur,  date  de  plus  de  40  ans,  c'est-à-dire  d'une  épo- 
que où  le  chemin  de  fer  secondaire  n'existait  pas  et  où  on  ne 
soupçonnait  pas  même  qu'il  pût  jamais  exister. 


452  RÉSUMÉ    ET   CONCLUSIONS 

Du  côté  des  grandes  administrations  françaises  de  chemins  do 
fer,  nous  trouvons  de  louables  efforts  dans  la  voie  de  rexploitation 
économique   de  leurs  lignes  secondaires;  malheureusement   ces 
efforts  ne  sont  pas  combinés  :  chez  Tune,  c'est  le  service  do  l'ex- 
ploitation qui   introduit  d'heureuses  innovations  dans  ses  trains, 
sépare  ses  lignes  maigres  en  groupes  à  peu  près  indépendants  de 
ses  grandes  artères;  chez  une  autre,  ce  même  service  s'attache  à 
la  gestion  économique  des  stations;  chez  une  troisième,  le  ser- 
vice de  traction  recherche  l'allégement  des  machines,  etc....  Mais, 
dans  aucune  d'elles,  les  services  de  voie,  traction  et  exploitation, 
ne  réunissent  leurs  efforts  vers  un  but  commun. 

En  comment  en  serait-il  autrement  alors  qu'un  quatrième  ser- 
vice, souvent  indépendant  de  l'exploitant,  livre  à  celui-ci  des 
lignes  armées  comme  pour  un  grand  trafic,  avec  rails  lourds, 
clôtures,  signaux,  maisons  de  garde,  et  des  gares  se  prêtant  mal 
à  une  gestion  économique? 

Et  comment  pourrait  faire  le  constructeur  lui-même,  alors  que 
l'exploitant,  possédant  en  excédent  des  machines  lourdes,  demande 
au  premier  des  voies  qui  puissent  les  porter  ? 

Nul  ne  se  rend  parfaitement  compte  que  le  chemin  de  fer  secon- 
daire est  un  outil  différent  de  la  grande  ligne,  qu'il  doit  être 
exploité  séparément,  et  par  suite  armé  et  outillé  d'une  façon  dis- 
tincte. 

Ce  n'est  qu'auprès  de  quelques  Compagnies  d'intérêt  local  que 
nous  voyons  appliquer  cette  règle  si  simple.  Aussi  quelle  diffé- 
rence dans  les  résultats  ! 

Il  a  paru  intéressant  de  mettre  en  regard  les  chiffres  que  donne 
la  situation  actuelle  tant  en  établissement  qu'en  exploitation,  et 
ceux  qu'on  eût  pu  obtenir  avec  le  mode  d'établissement  et  d'ex- 
ploitation qui  conviennent  aux  lignes  secondaires. 

Dans  la  planche  XV  sont  figurées  les  dépenses  kilométriques  de 
premier  établissement  (au  31  décembre  1884)  etdans  laplancheXVI, 
les  résultats  kilométriques  d'exploitation  (pour  l'année  1883)  de 
tous  les  chemins  de  fer  français  dont  la  recette  kilométrique 
annuelle  ne  dépasse  pas  1 0,000 /rûwc5  ; 


RÉSUME   ET   COiNGLLSIONS  453 

1"  Chemins  de  fer  d'intérêt  général  (grands  réseaux)  : 

Nord 988  kil. 

Est 1,089 

Ouest 1,295 

Orléans 1,338 

Paris-Lyon-Méditerranée 2,292 

Midi 412 

Etat 1,004 

Total 8,418 

2o  Chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  voie  normale.  .  1,408 

3°  Chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  voie  étroite.  .  230 

4*  Chemins  de  fer  sur  routes 148 

Total  GÉNÉRAL 10,204  kil. 

c'est-à-dire  le  1/3  du  réseau  français. 

Sur  les  8,418  kilomètres  de  chemins  de  fer  d'intérêt  général, 
il  y  a  lieu  de  défalquer  environ  1,000  kilomètres  de  lignes  straté- 
giques, ou  de  courts  embranchements  ou  raccordements  qui  ne 
pouvaient  manifestement  être  exécutés  d'une  manière  différente 
de  celle  adoptée  pour  les  grandes  lignes  du  réseau  français. 

Il  y  a  lieu  également  d'en  défalquer  les  2,000  kilomètres  pro- 
venant de  lignes  construites  par  des  Compagnies  d'intérêt  local 
et  incorporées  ultérieurement  dans  le  réseau  d'intérêt  général 
à  la  suite  de  faillites  ou  de  rachat. 

Les  5,500  kilomètres  restants  ont  donc  été  exclusivement 
construits  par  l'État  ou  par  les  grandes  Compagnies  :  ils  repré- 
sentent une  dépense  totale  de  1,550  millions,  soit  en  moyenne 
280,000  francs  par  kilomètre. 

Si  à  ces  5,500  kilomètres  on  ajoute  les  7,200  de  lignes  con- 
cédées  aux  Compagnies,  soit  à  titre  ferme,  soit  à  titre  éventuel, 
par  les  conventions  du  20  novembre  1883,  et  qu'on  prenne  comme 
base  d'évaluation  le  même  chiffre  de  280,000  francs  par  kilomètre, 
chiffre  au-dessous  de  la  vérité,  dans  l'espèce,  car  la  plupart  de 
ces  nouvelles  lignes  sont  en  pays  de  montagnes,  on  arrive  à  une 
dépense  nouvelle  de  deux  milliards  pour  des  lignes  qui,  à  de 
bien  rares  exceptions  près,  auront  un  trafic  kilométrique  bien 
inférieur  à  10,000  francs. 


454  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

L'ensemblo  des  lignes  françaises  d'intérêt  général  ayant  au 
plus  10,000  francs  de  recettes  kilométriques  donne  donc,  avec 
des  évaluations  bien  modestes,  une  dépense  totale  de  3  milliards 
et  demi. 

Or  les  4,300  kilomètres  de  chemins  de  fer  d'intérêt  local  à 
voie  normale,  soit  anciens,  soit  incorporés  dans  le  réseau  d'inté- 
rêt général,  depuis  les  conventions  du  20  novembre  1883,  don- 
nent, pour  une  dépense  totale  de  700  millions,  un  prix  do  revient 
kilométrique  moyen  de  165,000  francs. 

Les  chemins  de  fer  à  voie  étroite,  tant  les  300  kilomètres  qui 
sont  en  exploitation  que  les  1,500  kilomètres  concédés  soit  à  la 
Société  générale  des  chemins  de  fer  économiques,  soit  aux  che- 
mins de  fer  départementaux  ou  à  d'autres  Compagnies,  donnent 
un  prix  de  revient  kilométrique  moyen  de  80,000  francs  et  une 
dépense  totale  de  145  millions. 

Enfin,  les  chemins  de  fer  sur  routes  oscillent  autour  du  prix  de 
revient  de  40  à  50,000  francs  le  kilomètre. 

11  n'est  certes  pas  exagéré  de  dire  que,  parmi  les  12,700  kilo- 
mètres de  chemins  de  fer  d'intérêt  général  dont  la  recette  kilomé- 
trique est  ou  sera  égale  ou  inférieure  à  10,000  francs,  et  qui  ne 
comprennent  pas  les  lignes  stratégiques,  ni  les  lignes  provenant 
d'anciennes  Compagnies  d'intérêt  local,  la  voie  normale  pouvait 
tout  au  plus  se  justifier  pour  la  moitié  d'entre  eux,  et  que  50  p.  100 
do  l'autre  moitié  auraient  dû  être  établis  comme  chemins  de  fer  à 
voie  étroite  sur  accotements  des  routes. 

En  outre,  si  la  législation  l'eût  permis,  ce  n'est  pas  au  prix 
réel  do  280,000  francs  qu'aurait  dû  revenir  le  kilomètre  de  voie 
normale,  mais  tout  au  plus,  au  prix  moyen  des  chemins  do  fer 
d'intérêt  local  à  voie  normale  (rails  et  matériel  légers,  dispense  de 
clôtures  et  de  gardiennage,  etc.),  soit  à  165,000  francs. 

Ainsi,  sur  *-^^  (voie   normale)  ont   eût  pu 

économiser 730  millions. 

_  11^  (voie  étroite) 640      — 

—         1?2^^.  (chemins  sur  routes) 730       — 

Total 2,100  millions. 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  453 

On  Irouverait  de  même  qu'on  eût  pu,  avec  une  construction 
différente,  réaliser  en  exploitation  une  économie  annuelle  de 
40  millions,  c'est-à-dire  les  deux  tiers  du  chiffre  qu'ont  atteint 
les  garanties  d'intérêts  en  1886  (63  millions). 

Malheureusement  telles  quelles,  les  lignes  à  faible  trafic  existent 
et  il  n'est  pas  possible  de  les  remanier.  On  ne  peut  que  regretter 
qu'elles  n'aient  pas  été  autrement  conçues. 

La  planche  XVI  donne  les  résultats  d'exploitation  pour  1885; 
ces  résultats  ont  été  traduits  graphiquement  par  des  lignes  qui 
représentent  la  moyenne  des  dépenses  kilométriques  par  rapport 
aux  recettes  ;  ces  moyennes  ou  lois  sont  les  suivantes  : 

Lignes  secondaires  des  grands  réseaux  :  D  =  4,500  +  -^.  R 
Chemins  d'intérêt  local  à  voie  normale  :  D  =  2,300  +  -^.  R 
Chemins  à  voie  étroite  et  sur  routes  :  D  =  1,800  +^.  R 

Cette  dernière  loi  n'est  basée  que  sur  un  petit  nombre  d'exemples, 
dont  plusieurs  n'ont  pas  la  sanction  d'une  exploitation  prolongée. 

En  somme,  les  8,418  kil.  do  lignes  (grands  réseaux)  à  recettes 
kilométriques  limitées  à  10,000  fr.  donnent  les  résultats  suivants  : 

Recettes  totales  :  51  millions.  Recettes  moyennes  kilométri- 
ques :  6,000  francs. 

Dépenses  totales  :  61  millions.  Dépenses  moyennes  kilométri- 
ques :  7,200  francs. 

Soit  un  coefficient  d'exploitation  moyen  de  120  p.  100. 

Les  Seciindarbahnen  allemandes  et  austro-hongroises  qui  ont 
des  recettes  kilométriques  à  peu  près  équivalentes  sont  exploitées 
avec  des  coefficients  d'exploitation  de  60  à  65  p.  100. 

Les  chemins  do  fer  d'intérêt  local  à  voie  normale  en  France 
fournissent  : 

Recettes  totales  :  8,150,000  fr.  Receltes  kilométriques  :  5,700  fr. 
Dépenses  totales  :  7,500,000  fr.  Dépenses  kilométriques:  5,300  fr. 
Coefficient  d'exploitulion  moyen  :  92  p.  100. 

Si  l'on  pouvait  arriver  à  exploiter  les  lignes  secondaires  des 
grands  réseaux  avec  le  même  coefficient,  on  réaliserait  encore  le 


450  KÉSLMÉ   ET   CONCLUSIONS 

beau  bénéfice  d'une  vingtaine  de  millions  sur  les  lignes  actaelie- 
ment  en  exploitation. 

Est-ce  là  un  résultat  qu'il  soit  possible  d'atteindre  ?  On  a  été 
beaucoup  plus  loin  à  l'étranger,  pourquoi  n'y  parviendrait-on  pas 
en  France? 

On  y  tendrait  sans  aucun  doute  s'il  était  donné  satisfaction  aux 
desiderata  suivants  : 


1.   —   LIGNES    SECONDAIRES    DES    €iRA3iDS    RÉ 


A.  —  Législation  et  Réglementation 

V  Application,  à  titre  rétroactif,  aux  lignes  secondaires 
préexistantes,  des  avantages  conférés  aux  nouveaux  chemins  de 
fer  d'intérêt  général  ou  local  par  les  lois  du  H  juin  et  du  27  dé- 
cembre 1880. 

Extension  rétroactive  aux  lignes  préexistantes  (autant  que  faire 
se  peut),  des  sages  précautions  par  lesquelles  les  articles  13  ou  14 
(selon  les  compagnies)  des  conventions-lois  du  20  novembre  1883 
ont  limité  le  nombre  des  trains  sur  les  lignes  nouvelles  à  un  train 
par  3,000  fr.de  recettes  brutes,  sans  service  de  nuit,  avec  minimum 
de  trois  trains  dans  chaque  sens. 

2''  Extension  du  bénéfice  de  la  suppression  du  serre-frein,  et 
sans  limitation  du  nombre  des  véhicules,  aux  trains  munis  du  frein 
continu. 

3*^  Application  du  même  bénéfice  aux  trains  de  toute  nature, 
non  munis  du  frein  continu,  en  tant  que  la  suppression  du  serre- 
frein  est  compatible  avec  la  composition  du  train,  telle  qu'elle 
est  fixée  par  les  règlements  selon  les  conditions  de  vitesse  et  de 
profil. 

4°  Suppression  de  la  1"  classe  dans  tout  train  où  le  nombre  des 
voyageurs  de  r*  classe  ne  dépasse  pas,  en  moyenne,  deux  ou 
trois  ;  suppression  dans  la  plupart  des  cas,  des  compartiments  de 
dames  seules,  fumeurs,  etc. 


KKSUMK    ET   COiNCLUSIONS  457 

B.  —  Etablissement  et  Armement 

5**  Sur  les  lignes  neuves  : 

Pas  de  clôtures,  ni  de  signaux  sur  les  lignes  neuves  à  très- 
faible  trafic.  Gardiennage  maintenu  aux  seules  routes  trës-fré- 
quentées.  Au  besoin,  courts  rayons  (200  à  230  mètres),  fortes 
déclivités  (25,  30  à  40  millimètres)  ;  cboix  d'un  rail  léger  (25  kilos 
acier)  ;  stations  courtes,  à  voies  bien  reliées,  avec  hangar  à  mar- 
chandises accolé  au  bâtiment  des  voyageurs  ;  installations  pour 
croisement  dans  un  petit  nombre  de  gares,  les  plus  importantes; 
télégraphe  dans  celles-là  seulement  ;  téléphone  dans  les  autres. 

6^  Sur  les  lignes  neuves,  et  par  remplacement  en  suite  d'usure 
sur  les  lignes  anciennes  : 

Adoption  de  machines  légères  tournant  sur  les  plaques  ordi- 
naires, ayant  des  charges  limitées  à  10  tonnes  par  essieu,  et  à 
foyers  de  grande  dimension,  afin  de  pouvoir  faire  usage  des  com- 
bustibles les  plus  économiques.  Il  peut  être  utile  de  ne  pas  trop 
limiter  la  vitesse  de  ces  locomotives. 

Spécialisation  du  matériel  sur  les  lignes  secondaires,  et  emploi 
du  matériel  h  intercommunication,  et  surtout  des  grandes  voitures 
montées  sur  bogies,  qui  donnent  un  meilleur  roulement,  moins 
d'usure,  sont  mieux  appropriées  aux  lignes  à  courbes  roides;  le 
matériel  à  intercommunication  permet  en  outre  une  surveillance 
plus  facile. 

G.  —  Exploitation 

7^  Indépendance  des  lignes  secondaires  ;  division  de  ces  lignes 
en  groupes  de  75,  100  ou  150  kilomètres  régis  par  des  chefs  auto- 
nomes [Bahnverwalter  saxon,  Betriebsleiter  bavarois,  bigegnere 
deir  Exercizio  italien)^  chargés  de  la  conduite  de  tous  les  ser- 
vices :  voie,  traction,  mouvement  et  trafic,  et  ayant  toute  autorité 
pour  faire  concourir  au  même  but  l'ensemble  du  personnel  placé 
sous  leurs  ordres. 

8*^  Possibilité,  sous  la  condition  que  les  trains  (et  machines)  soient 
légers,  peu  nombreux  (3  à  4  dans  chaque  sens)  et  à  vitesses  limi- 


458  RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS 

lées,   do  réduction  du  personnel  d'entretien,    au-dessous  de  la 
proportion  d'un  homme  par  doux  kilomètres. 

9""  Etablissement  des  roulements  des  mécaniciens  et  conduc- 
teurs de  telle  sorte  que  chacun  d'eux  puisse  coucher  chaque  soir 
dans  sa  résidence. 

Recherche  d'une  meilleure  utilisation  du  capital  de  premier 
établissement  des  machines  en  les  faisant  conduire  par  des  équipes 
différentes  de  mécaniciens  et  chauffeurs^  en  vue  d'atteindre  des 
parcours  journaliers  plus  étendus. 

Emploi  des  chauffeurs,  et  au  besoin  des  mécaniciens,  à  la  ma- 
nutention des  colis  et  à  la  manœuvre  des  wagons,  soit  au  passage 
dans  les  stations,  soit  aux  tètes  de  ligne  dans  l'intervalle  des  trains. 

10®  Gestion  économique  des  stations  de  très-faible  trafic  n'assu- 
rant pas  de  croisements  :  report  des  opérations  comptables  aux 
gares  plus  importantes,  renseignant  au  besoin  les  premières  par 
le  téléphone  ou  le  télégraphe.  Par  suite,  emploi  d'un  personnel 
peu  instruit,  et  dès  lors  peu  rétribué,  en  particulier  des  femmes. 

Exploitation  par  trains  mixtes,  en  tant  que  cette  exploitation  est 
compatible  avec  la  longueur  de  la  ligne,  les  correspondances  à 
assurer,  et  par  suite  la  vitesse  des  trains,  la  charge  de  ceux-ci. 

Exploitation  par  trains  légers  (mixtes  ou  non)  avec  machines 
légères,  toutes  les  fois  que  ce  procédé  n'entraîne  pas  création  de 
trains  nouveaux,  ou  mise  en  marche  d'un  nombre  de  machines 
ou  d'équipes  supérieur  à  celui  que  nécessite  l'exploitation  par 
trains  mixtes. 

Arrêt  facultatif  des  trains  aux  passages  à  niveau  importants, 
sans  installations  spéciales,  les  billets  étant  délivrés  de  préférence 
parle  conducteur.  On  évitera  ainsi  l'établissement  souvent  coûteux 
d'une  halte  dans  la  plupart  des  cas. 

Suppression  de  tout  train  notoirement  injustifié  et  dont  les 
recettes  ne  parviennent  pas  à  payer  sa  dépense,  si  réduites  que 
soient  celles-ci  par  l'adoption  de  ces  diverses  mesures. 

11*»  Possibilité,  par  la  mise  en  œuvre  de  ces  divers  procédés, 
auxquels  il  faut  ajouter  les  procédés  spéciaux  à  chaque  cas  parti- 
culier, d'arriver  à  exploiter  des  lignes  à  très-faible  trafic,  desservies 
par  3  ou  4  trains  par  jour,  dans  chaque  sens,  moyennant  des  dé- 
penses kilométriques  de  3,000  à  3,000  francs,   et  des  coefficients 


É 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  4o9 

d'exploitation  de  60  à  80  pour  100,  frais  généraux  d'administration 
non  compris. 

D. 

12''  Enfin,  il  est  désirable  que  les  fonctionnaires  du  Contrôle 
administratif  facilitent  aux  Compagnies  de  chemins  de  fer  Tappli- 
cation  de  ces  diverses  mesures,  et  qu'ils  n'oublient  pas  que  toute 
économie  réalisée  sur  une  ligne,  soit  en  établissement,  soit  en 
exploitation,  est,  ipso  factOj  un  allégement  au  budget  de  TËtat. 

Nota.  —  On  ne  saurait  nier  la  difficulté  d'application  de  toutes 
les  mesures  précitées,  mais  ce  qui  est  non  moins  indéniable, 
c'est  l'importance  du  résultat. 


II.   —   CHEMIIVS    DE    FER    D'I.HTÉRÉT    LOCAL 

La  plupart  des  conclusions  précédentes  sont  applicables  aux 
lignes  des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  voie  normale  aussi 
bien  qu'à  voie  étroite. 

En  outre  : 

Il  est  très-désirable  en  particulier  que  tous  les  chemins  de  fer 
d'intérêt  local  puissent  bénéficier,  à  titre  rétroactif,  des  avantages 
de  la  loi  du  11  juin  1880. 

11  est  désirable  que  les  administrations  des  grands  réseaux  se 
montrent  bienveillantes  envers  les  petites  compagnies  d'intérêt 
local,  et  traitent  celles-ci  libéralement  aux  points  de  jonction. 

Il  est  également  désirable  que  des  règles  précises  pour  le  par- 
tage du  trafic  mettent  fin  aux  détournements  que  les  petites  com- 
pagnies font  aux  grandes  ou  inversement  :  les  services  du 
contrôle  peuvent  utilement  intervenir* 

Le  choix  de  la  voie  normale  pour  les  chemins  de  fer  d'intérêt 
local  est  une  erreur,  à  moins  que  l'embranchement  ne  soit  indus- 
triel, très-court,  et  établi  en  pays  exceptionnellement  facile. 

Les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  ne  doivent  être  construits  à 
travers  champs  que  si  l'emprunt  des  routes  est  impossible  en 
raison  des  conditions  d'établissement  de  celles-ci. 


460  RÉSUMÉ   ET   COiNGLUSIONS 


III.  —  CHEMI.HS  DE  FER  SUR  ROUTES 

•  •  • 

Un  chemin  de  fer  départemental  doit  essentiellement  converger 
vers  un  centre  important,  chef-lieu  du  département  ou  chef-lieu 
d'arrondissement.  Il  doit  être  court  ;  il  doit  pénétrer  dans  les 
localités  mêmes  qu'il  est  appelé  à  desservir. 

On  a  vu  que,  dans  certaines  régions,  on  a  interprété  dans 
le  sens  rigoureux  les  prescriptions  de  l'article  7  du  cahier  des 
charges,  type  relatif  aux  tramways  sur  accotements,  prescriptions 
qui  concernent  la  défense  de  l'accotement  contre  la  route  par 
une  bordure  d'une  solidité  suffisante.  Cette  interprétation  revient 
le  plus  souvent  à  l'exclusion  de  la  solution  du  chemin  de  fer  sur 
accotements.  Il  est  désirable  que  des  tempéraments  soient  apportés 
à  cette  interprétation,  au  moins  pour  les  parties  de  routes  à 
déclivités  inférieures  à  0  m.  03  par  mètre,  et  qu'une  saillie  en 
terre  ou  balast,  de  0  m.  25  à  0  m.  30  soit  considérée  comme  une 
protection  suffisante. 

Le  service  des  chemins  sur  routes  dans  les  localités  peut  être 
assuré  par  un  particulier,  établi  dans  le  voisinage  du  point 
d'arrêt,  et  disposant  d'une  salle  d'attente  pour  le  public.  Mais  il 
est  peut-être  préférable  que  les  gares  des  chemins  de  fer  sur  routes 
soient  gérées  par  un  agent  placé  à  poste  fixe  dans  la  station 
(femme  de  cantonnier),  et  que  les  stations  soient  reliées  entre 
elles  par  le  téléphone. 

Il  est  désirable  que  les  vitesses  de  marche  des  trains  sur  routes, 
en  dehors  des  agglomérations,  ne  soient  pas  limitées  à  20  ou 
25  kilomètres  à  l'heure,  mais  puissent  atteindre  30  ou  35  kilo- 
mètres, de  manière  que  les  vitesses  commerciales  puissent  être 
au  moins  de  20  à  22  kilomètres  à  l'heure. 

Tout  le  matériel  des  chemins  de  fer  sur  routes  doit  être  muni  du 
frein  continu. 

En  ce  qui  concerne  le  régime  financier,  si  le  système  de  la 
garantie  d'intérêts  a  souvent  du  bon,  il  faut  bien  se  garder  d'y 
voir  une  panacée  infaillible,  et  de   se  laisser   entraîner,  par  les 


RÉSUMÉ   ET   CONCLUSIONS  401 

facilités  qu'il  donne,  à  exécuter  (hormis  dos  exceptions  parfaite- 
ment justifiées)  des  lignes  incapables  de  payer  leurs  frais  d'exploi- 
tation. 

Un  chemin  de  fer  sur  routes  desservi  par  6  ou  8  trains  par  jour 
peut  être  exploité,  tout  compris,  à  2,500  ou  3,000  fr.  de  dé- 
penses par  kilomètre;  la  construction  ne  doit  pas  excéder 
S0,000  francs  par  kilomètre. 


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AiNNEXE  •    463 

CHEMINS    DE   FER  RÉPUBLIQUE    FRANÇAISE 

d'intérêt  local 


d 


PRÉFECTURE    DU    PAS-DE-CALAIS 


Modification  du  Règlement  gêné-  

rai  pour  les  scrtices  de  l'Ex- 
ploitation, de  la  Voie  et  de  la 
Traction.  EXTRAIT     DU     REGISTRE     AUX     ARRÊTES     DU     PRÉFET 


Arras,  le  iO  novembre  i88a. 

Le  Préfet  du  Pas-de-Calais,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur, 

Vu  la  lettre  du  i7  octobre  1885  par  laquelle  M.  le  directeur  du 
chemin  de  fer  demande  Tautorisation  : 

i»  De  ne  faire  accompagner  que  par  un  seul  agent  actionnant 
un  frein  à  vis  manœuvré  à  la  main  tout  train  dont  la  composition 
ne  dépassera  pas  12  véhicules; 

2®  De  supprimer  le  véhicule  de  choc  et  d'atteler  la  machine 
directement  à  tout  train  ne  contenant  que  des  voitures  à  voya- 
geurs au  nombre  de  6  au  plus; 

Vu  les  rapports  des  ingénieurs  du  contrôle,  en  date  des  30  octo- 
bre et  19  novembre  1885; 

Vu  Tordonnance  du  15  novembre  1816,  et  la  loi  du  11  juin 
1880, 

Arrête  : 

Article  premier.  —  Les  articles  63  et  64  du  règlement  général 
pour  les  services  de  l'exploitation,  de  la  voie  et  de  la  traction  du 
chemin  de  fer,  seront  remplacés  par  les  articles  suivants  : 

Art.  63.  —  Le  nombre  minimum  des  freins  pour  chaque  train 
est  fixé  de  la  manière  suivante: 

Traiîis  de  voyageurs  ou  de  marchandises  composés  rfe  12  voitures 
et  au-dessous. 

Un  frein  gardé,  lesté  ou  chargé  sur  la  dernière  voiture  conte- 
nant des  voyageurs  ou  à  l'arrière  de  cette  dernière  voiture,  et, 
dans  tous  les  cas,  placé  dans  le  dernier  tiers  du  train. 

Trains  de  voyageurs  composés  de  13  d  15  voitures. 

Deux  freins  gardés,  dont  un  lesté  ou  chargé  en  tête  du  train  et 
le  second  sur  la  dernière  voiture  contenant  des  voyageurs  ou  à 
l'arrière  de  cette  dernière  voiture  dans  l'un  des  cinq  derniers 
véhicules  du  train,  etc.. 

(Le  reste  de  l'article  63  sans  modification.) 


464  ANNEXE 

AaT.  64.  —  Il  devra  toujours  y  avoir  en  tète  de  chaque  train 
entre  le  tender  de  la  machine  et  la  première  voiture  contenant 
des  voyageurs,  autant  de  voitures  ne  contenant  pas  de  voyageurs 
qu*il  y  aura  de  locomotives  en  feu  attelées  au  train. 
(Cette  prescription  n'est  pas  applicable  aux  cas  de  secours.) 
Sont  exceptés  de  cette  règle  les  trains  ne  contenant  que  des 
voitures  à  voyageurs  au  nombre  de  6  au  plus  dans  lesquels  la 
machine  pourra  être  attelée  directement  au  train  sans  véhicules 
de  choc. 

Art.  2.  —  Cette  modification  aux  articles  63  et  64  précités  ne 
sera  appliquée  que  provisoirement  et  à  titre  d*essai,  et  ne  préjuge 
en  rien  les  nouvelles  mesures  administratives  dont  Texpérience 
pourra  ultérieurement  révéler  la  nécessité. 

Art.  3.  —  M.  l'ingénieur  en  chef  .des  ponts  et  chaussées,  direc- 
teur du  contrôle  des  chemins  de  fer  d'inférét  local  du  départe- 
ment du  Pas-de-Calais,  est  chargé  de  Texécution  du  présent  arrêté 
dont  ampliation  sera  adressée  à  la  Compagnie  du  chemin  de  fer. 

ArraSy  le  19  novembre  1885. 


LE  PREFET  DU  PAS-DE-CALAIS, 

Signé  :  VEL  DURAND. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


PAGES 

Introduction i 


PREMIÈRE    PARTIE 

UGNES  SECONDAIRES  DES  GRANDS  RÉSEAUX 

1®  —  Compagnie  du  Nord  :  Groupes  du  réseau  secondaire 3 

Trains  économiques  ou  légers 11 

Trains-tramways 13 

2^  —  Compagnie  de  Lyon-Méditerranée  :  Ligne  des  Bombes.  ...  18 

3<>  —  Chemins  de  fer  de  TEtat  :  Locomotives-fourgons 26 

DEUXIÈME   PARTIE 

CHEMINS   DE   FER   d'iNTÉRÂT   LOCAL    A    VOIE  NORMALE 

4<>  —  Etude  comparative  des  lois  du  12  juillet  ^865  et  du  11  juin  1880 

sur  les  Chemins  de  fer  d'intérêt  local 35 

5**  —  Chemins  de  fer  d'intérêt  local  du  Pas-de-Calais  et  de  l'Aisne.  .  43 

6<>  —  Saint-Quentin  à  Guise 70 

7*>  —  Chemins  de  fer  de  l'Eure 86 

80  —  Chemins  de  fer  de  TOrne 103 

90  —  Mamers  à  Saint-Calais  (Sarthe) 116 

100  —  Est  de  Lyon  (Rhône) 125 

11  o  —  Compagnie  du  Rhône  (Lyon,  Croix-Rousse  à  Sathonay  et  à 

Trévoux 140 

120  —  Chemins  des  Bouches-du-Rhône 158 

130  —  Chemins  de  l'Hérault.. 175 

140  —  Médoc  (Gironde) 191 

150  —  Nizan  à  Sore  et  Luxey  (Gironde) 206 

16"  —  Chemins  de  fer  des  Landes  de  la  Gironde    (Société  générale 

des  Chemins  de  fer  économiques) 217 

30 


466 


TABLE   DES   MATIÈRES 


17o 
200 


TROISIÈME  PARTIE 

CHEMINS    DE    FER    d'lNTÉRÊT    LOCAL    A    VOIE    ÉTROITE 

Hermès  à  Beaumont  (Oise  et  Seine-et-Oise) 

Anvin  à  Calais  (Pas-de-Calais) 

Chemins  départementaux  dIndre-et-Loire 

Valmondois  à  Epiais-Rhus  (Seine-et-Oise) 


239 
258 
271 
290 


219 
22« 
230 

240 


QUATRIÈME    PARTIE 

CHEMINS  DE  FER  SUR  ROUTES 

Chemins  de  la  Meuse 

Tramways  de  la  Sarthe 

Chemins  du  Cambrésis 

Tramways  divers  à  traction  mécanique 

Tramways  de  Valenciennes 

Tramways  de  Saint-Etienne ...... 

Tramways  à  traction  de  locomotives  sans  foyer 

Rueil-Marly 

Lille,  Roubaix  et  Tourcoing 

Traction  mécanique  et  traction  animée. 

Moteur  Mékarski 

Lyon  à  Vénissieux 


301 
317 
338 
353 
353 
358 
363 
363 
369 
370 
372 
374 


I 


CINQUIÈME  PARTIE 

RÉSUMÉ    ET     CONCLUSIONS 

25»  —  Résumé 

I.  —  Chemins  de  fer  à  faible  trafic  des  grands  réseaux.  .  .  • 

Lignes  secondaires  des  grands  réseaux  en 
Allemagne,  Autriche-Hongrie,  Italie,  Hol- 
lande et  Belgique 

Exploitation  par  trains  mixtes  ou  indépen- 
dance des  services  voyageurs  et  marchan- 
dises sur  les  lignes  secondaires?  .... 

De  la  vitesse  des  trains  sur  les  lignes  secon- 
daires   

Réduction  du  personnel  de  station  .... 
—  des  trains  ,  .   •   . 

Emploi  de  machines  légères  et  réduction  du 
personnel  de  la  machine 

Réduction  du  personnel  d'entretien  et  de 
surveillance  de  la  voie 


379 
379 


383 

396 

399 
400 
404 

406 

407 


TABLE    DES   MATIERES  467 

II.   —  Chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  voie  normale 409 

nï.  —  Chemins  de  fer  d'intérêt  local  à  voie  étroite 418 

IV.  —  Chemins  de  fer  sur  routes 422 

V.  —  Du  choix  à  faire  entre  la  voie  normale  et  la  voie  étroite.  426 

Du  choix  à  faire  entre  le  chemin  de  fer  sur  routes  et  le 
chemin  de  fer  à  travers  champs.  Conditions  de  tracé 

et  d'établissement  d'un  chemin  de  fer  sur  routes  .   .  432 

26®  —  Conclusions 451 

I.    —  Lignes  secondaires  des  grands  réseaux 456 

IL  —  Chemins  de  fer  d'intérêt  local 459 

m.  —  Chemins  de  fer  sur  routes 460 

Annexe 463 


ÉVREUX,    lilPRIUERlE    DE   ClIAnLES    UÉRISSEY 


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L    VAPEUR 


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PLANCHES 

FIGURES 

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2 

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ïnne-en-Bresse  (Compagnie  de  Lyon), 
burgon  (État).  —  Élévation. 
—  Plan. 


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6 


5 
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7 
8 
9 
10 
il 
12 
13 


fé  et  son  raccordement  avec  le  chemin  de  fer  de 

pe)  au  Camp  de  Sathonay  (Lyon  à  Trévoux). 

.(Rhône). 

(Bouches-du-Rhône) . 

[Hérault). 

Drt  (Médoc). 

lédoc). 

an  à  Sore  et  à  Luxey). 

les  de  la  Gironde  (Soc.  des  Ch.de  fer  économiques) . 


RES 


A  VOIE   ETROITE 


6b» 


B 


longitudinal,  avec   trains   articulés  et  compartiments  pour  les 
bagages  et  la  poste  (Yalmondois  à  Ëpiais-Rhus). 

Coupe  horizontale  de  la  caisse  à  couloir  longitudinal  avec  trains  arti- 
culés et  compartiments  pour  les  bagages  et  la  poste  (Yalmondois  à 
Epiais-Rhus). 

Type  de  station  de  croisement  (Meuse). 


OUTES 


4 

5 

5 

Stcr 

3 

7 


Profil  en  long  du  tramway  de  Rueil  à  Marly-le-Roi. 

Tramway  de  S t-Étienne.  — Profil  en  long  de  la  Terrasse  à  Bellevue. 

—  —  de  St-Étienne  à  Rive-de-Gier. 

—  —  de  St-Étienne  à  Firminy. 

—  Rail  Demerbe. 

—  —  Marsillon. 


•> 


Graphiques  comparatifs  des  résultats  kilométriques  d'exploitation 
des  chemins  de  fer  français  ayant  moins  de  10,000  francs  de  recette 
brute  (impôt  déduit)  par  kilomètre. 


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CHEMINS  DE  FEfi  I 


^ÊT  LOCAL  A  VOIE  ÉTROITE. 


PL.  11. 


fF.%1   POUR  TRAIN    A    2    CLASSES     A  jf  Oll.Om  I.ONGITLDLNAI. 

«FJÏTS   POUR    LES   BAG.WKS    KT    LA    POSTK., 


Ht  Classe.  il9  Plaoesl. 


STATION   DE    CROISEMENT. 

OlIC    A   V.trBECOUHT  ET  A  CLERMOJJT 


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Kig.  29. 


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FER  SUR  ROUTES. 


PL.  12 


DE    LIîSLE-EN-RIGALLT 
'NVILLE  A  TRLUXOIRT 


^* — ^      Jeatud^hcurw V**" 


A»-  m^ut/let''  fJtiihtut  /■!  <r 


î    DE   PARIGNE-L'ÉVÊQUE. 

S   DE  LA  SARTHE. 


K-- •  Ifùùn*<e  tM/fv  iéy  at^t*//At  ej/rr/MM  M^-    » 


Le  Grand Lucé 


Fitj.   31..    Locomotive. 


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DE  LA 


SARTHE. 


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CHEMIN 


Fig.    32. 


CHEHJNS  DE  FKR  DU  Cl 

Cambrai  à  Cateau  Cambrésis  A; 


Fifj.    33 

(HEMLNS  DE  FER  DU  C 


Cambrai 


Ficj 
TR.\M\ 


w...  (fâû'^OO 


FKR  SUR  ROUTES. 


PL.  13 


LS   EN  LONG. 

s  -  TRAMWAY  DE  CAMBRAI  A  CATILLON 


h^i*^...  xSSfi'^ôc 


Fi  g .   3  2  '^*  Le  Caleau  a  C  atillon . 


r ^g^â'^ffO      ^ 


ATION   DE    BEAU  VOIS. 

IS  — TRAMWAY  DE  CAMBRAI  A  CATILLÛN. 


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J.e   Cei/(*/ii/ 


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PROFIL    EN  LONG. 


RL'KUi   A  MARLY-LK-ROl 


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CHEMINS 


PROFIIiS  EN   LONG 

Fig.  35*»>   S' ETIENNE  A  RIVE-DE-GIER. 


Piy.   36.      RAIL  DEMERBE 


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SUR  ROUTES, 


PL. 14. 


VMWAÏS   DE  s;  ETIENNE. 

Kig.   35        LA  TERR.t.SSÉ    A   BEIXE^TE.  Fig .  ih'-T   STETILSNE    A  KIRMWÏ. 


P"!)     37.      RAIL   MAR.S1U,0.N. 


PL.  15. 


DK   KKR 
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iS  DEPENSES  HLOMETRIOIE 

I  AYANT   MOINS   DE  10,000  FR.O 

GÉNÉRAL 

t  COUPAGI^ES. 


CHF.MINS    l\y.    l-Klt  fl'L\Tt 
A  VOIE  \UR.iil\LE. 


leime  280,000  l' rancs 

Llgnei  du  l'/ff'ntu/i 


ligne*  A   l'£mrt 


Bn^Mie.  i  /tr  fivéf'Ha/r 


TABIJSSEMKNT  iMATKKIELROUUNTCOMPBlS) 

HKCETTK   BRITE    I IMPÔT  nÈDUIT»    l'AR  KII.OMKTRK.      ^1--.  13. 


Lrycntle. 

(if  tU'.'J.i  /«///■  Jft,(ifl(i  f'/'it//r.f 


CHKMINS  DE  KEK  D'INTÉRÊT  LOCAL 
AVOIR  ÉTKorra. 


CIIKMINS    DK  KKR 

SIR   ItÛL'TES. 


,é  fh.f^^^A^{!^ 


Miiyenne  80.i)00  r  mncs 


^j;:^r  'l 'r'Pc/îï'.. 


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